La guerre d'indépendance des Canadas: Démocratie, républicanismes et libéralismes en Amérique du Nord 9780228013150

Une relecture provocatrice et transnationale des Rébellions du Bas-Canada. Longtemps considérée comme une rébellion mi

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La guerre d'indépendance des Canadas: Démocratie, républicanismes et libéralismes en Amérique du Nord
 9780228013150

Table of contents :
Couverture
Copyright
Table des matières
Liste des figures
Note
Remerciements
Introduction Concevoir une guerre d’indépendance aux Canadas
1 L’Amérique révolutionnaire des années 1830
2 Amalgame des nations
3 Droits naturels et égaux
4 « Laissez-nous faire »
5 Guerre d’indépendance
6 République canadienne à « deux étoiles »
7 « Finir » la révolution américaine
Conclusion
Notes
Bibliographie
Index

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L a g u e r r e d ’ in d é p e n dance des Canadas

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Études d’histoire du Québec / Studies on the History of Quebec Magda Fahrni et/and Jarrett Rudy Directeurs de la collection / Series Editors 26 Des sociétés distinctes Gouverner les banlieues ­bourgeoises de Montréal, ­1880­–1939 Harold Bérubé 27 Nourrir la machine humaine Nutrition et alimentation au Québec, 1860–1945 Caroline Durand 28 Why Did We Choose to Industrialize? Montreal, 1819–1849 Robert C.H. Sweeny 29 Techniciens de l’organisation sociale La réorganisation de l’assistance catholique privée à Montréal (1930–1974) Amélie Bourbeau 30 Beyond Brutal Passions Prostitution in Early NineteenthCentury Montreal Mary Anne Poutanen 31 A Place in the Sun Haiti, Haitians, and the Remaking of Quebec Sean Mills 32 The Pauper’s Freedom Crime and Poverty in Nineteenth-Century Quebec Jean-Marie Fecteau 33 Au risque de la conversion L’expérience québécoise de la mission au XXe siècle (­1945–1980) Catherine Foisy

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34 From Old Quebec to La Belle Province Tourism Promotion, Travel Writing, and National Identities, 1920–1967 Nicole Neatby 35 Genre, patrimoine et droit civil Les femmes mariées de la ­bourgeoisie québécoise en ­procès, 1900-1930 Thierry Nootens 36 L’Église et la politique ­québécoise, de Taschereau à Duplessis Alexandre Dumas 37 Grossières indécences Pratiques et identités ­homosexuelles à Montréal, 1880-1929 Dominic Dagenais 38 Taking to the Streets Crowds, Politics, and the Urban Experience in Mid-NineteenthCentury Montreal Dan Horner 39 Colonialism’s Currency Money, State, and First Nations in Canada, 1820–1950 Brian Gettler 40 Deindustrializing Montreal Entangled Histories of Race, Residence, and Class Steven High 41 La guerre d’indépendance des Canadas Démocratie, républicanismes et libéralismes en Amérique du Nord Julien Mauduit

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La guerre d’indépendance des Canadas Démocratie, républicanismes et ­libéralismes en Amérique du Nord

J u l i e n M au du it

McGill-­Queen’s University Press Montreal & Kingston • London • Chicago

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©  McGill-Queen’s University Press 2022 ISB N ISB N ISB N ISB N

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Dépôt légal, troisième trimestre 2022 Bibliothèque nationale du Québec Imprimé au Canada sur papier non acide qui ne provient pas de forêts anciennes (100% matériel post-consommation), non blanchi au chlore. Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines, dans le cadre du Prix d’auteurs pour l’édition savante, à l’aide de fonds ­provenant du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts. Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada Titre : La guerre d’indépendance des Canadas : démocratie, républicanismes et libéralismes en Amérique du Nord / Julien Mauduit. Noms : Mauduit, Julien, 1979– auteur. Description : Comprend des références bibliographiques et un index. Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20220191565 | Canadiana (livre numérique) 20220191689 | IS BN 9780228011330 (couverture rigide) | I SB N 9780228011347 (couverture souple) | IS BN 9780228013150 (P D F ) | I SB N 9780228013167 (eP U B ) Vedettes-matière : RVM  : Canada—Histoire—1837–1838 (Rébellion) | R V M  : Canada— Politique et gouvernement—1837–1838. | RVM  : Républicanisme—Canada— Histoire—19e siècle. | RVM  : Nationalisme—Canada—Histoire—19e siècle. Classification : L CC F C450 .M38 2022 | CDD 971.03/8—dc23

Mise en page par Marquis Interscript en 10,5/13 Sabon.

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Table des matières



Liste des figures  ix

Note xi Remerciements xiii

Introduction : concevoir une guerre d’indépendance aux Canadas 3

  1 L’Amérique révolutionnaire des années 1830  22   2 Amalgame des nations  51   3 Droits naturels et égaux : démocratiser l’expérience républicaine 80   4 « Laissez-nous faire » : démocratiser la société commerciale  109   5 Guerre d’indépendance  140   6 République canadienne à « deux étoiles »  171   7 « Finir » la révolution américaine  200 Conclusion 230 Notes 241 Bibliographie 305 Index 339

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Liste des figures

1.1 5.1 5.2 7.1

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Région frontalière des États-Unis et des colonies ­britanniques d’Amérique du Nord  23 Région des Grands Lacs  142 Région du lac Champlain et de Kingston  142 Agents des journaux des exilés canadiens aux États-Unis 208

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Note

Afin d’alléger la lecture et de respecter l’esprit de l’époque, les extraits cités dans cet ouvrage sont reproduits presque textuellement, sans égard aux erreurs syntaxiques ou aux graphies incorrectes. De même, l’utilisation du masculin neutre, englobant le féminin, a dû être privilégiée.

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Remerciements

L’espace serait trop court pour pouvoir remercier toutes les personnes à qui je pense au moment de publier ce livre, et qui m’ont aidé à le réaliser de près ou de loin. Je tiens cependant à remercier chaleureusement mes directeurs de recherche, qui ont supervisé ce travail lors de ses différentes étapes. Je suis extrêmement reconnaissant envers Allan Greer, Martin Petitclerc et Jason Opal, qui m’ont soutenu au cours de mes longues études doctorales, mais également après. Je pense aussi à Jean-Marie Fecteau, qui m’a chaudement accueilli à l’UQAM et dont je tiens à honorer la mémoire. Cette recherche a commencé en France, il y a bien longtemps, et je remercie Jean-Pierre Poussou d’avoir été celui qui m’a encouragé à explorer les Rébellions, ainsi que François Weil pour avoir parfaitement testé la solidité de ce projet. J’ai pu continuer mes travaux et ma réflexion après mes études doctorales, et je tiens à remercier Ian Mackay de m’avoir accueilli à l’Institut Wilson. J’ai eu la chance d’y rencontrer de formidables collègues, mais je n’en nommerai qu’un, avec qui j’ai partagé mon intérêt pour la Rébellion et entrepris des projets universitaires, Maxime Dagenais. Je remercie également l’équipe du Centre d’histoire des régulations sociales de l’UQAM pour toute son aide et sa convivialité, ainsi que le French Atlantic Group de l’Université McGill et l’Institut universitaire paroles d’excluEs pour leur soutien durant mon doctorat. Je remercie également François Furstenberg d’avoir supervisé mon projet postdoctoral, ce qui m’a aussi permis d’affiner la recherche présentée dans ce livre, ainsi que le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada pour son aide financière.

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xii Remerciements

J’ai eu le privilège de recevoir plusieurs bourses afin de mener à bien mes recherches, et je suis à ce titre extrêmement reconnaissant envers la Philadelphia Company, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, l’American Antiquarian Society, l’Institut Wilson, le Centre d’histoire des régulations sociales ainsi que les départements d’histoire de l’U Q A M et de l’E H E S S . Je pense également aux départements d’histoire de Bishop’s, de McMaster, de McGill et de l’U Q AM pour m’avoir permis de me joindre à leurs équipes et, à ce titre, d’avoir de riches discussions avec mes étudiants, notamment dans les cours consacrés à la Rébellion. Je tiens aussi à remercier les spécialistes que j’ai pu rencontrer au cours de mon parcours, notamment les participants aux projets ­collectifs Revolutions across Borders et L’économie et les Rébellions de 1837-38. Je suis aussi particulièrement reconnaissant envers les évaluateurs de ma thèse de doctorat, dont les commentaires résonnent depuis plusieurs années dans mon esprit, Jean-Philippe Garneau, LouisGeorges Harvey et Yvan Lamonde. Je pense également à ceux que je ne connais pas personnellement, mais que j’ai lus abondamment, de même qu’aux évaluateurs anonymes de mes publications. À ce propos, je remercie tout particulièrement les deux personnes qui ont lu ce manuscrit pour leurs rapports pertinents et détaillés. L’occasion m’est aussi donnée de rappeler à quel point la recherche et la publication d’un livre s’appuient sur le travail d’un ensemble de professionnels et d’intervenants, comme les archivistes et les bibliothécaires, mais aussi les responsables de revues, les éditeurs et les membres de différents jurys, pour finir par être lu et discuté par un public érudit avec qui j’aime échanger. Sans me lancer dans une longue liste nominative, je tiens néanmoins à remercier Jonathan Crago, l’équipe de MQUP, ainsi que l’éditrice de la collection, Magda Fahrni, sans oublier Jarrett Rudy qui nous a malheureusement quittés bien trop brusquement. Puisque cette étape fut l’une des dernières, je remercie égale­ment l’équipe du C H R S , qui m’a permis d’agrémenter mon texte de plu­sieurs cartes. Je me garderai de nommer tout le monde afin de n’oublier personne, mais je remercie tous mes amis, collègues et camarades de classe avec qui j’ai discuté, parfois débattu, de l’histoire nord-américaine, du métier d’historien ou de la connaissance historique d’une manière plus générale. Je ne peux cependant pas passer sous silence l’immense travail de Chantal et Philippe, ainsi que le soutien continu de Sophie, Lila et Jack, mes trois étoiles.

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Introduction Concevoir une guerre d’indépendance aux Canadas In defence of principles which are dear to the mass of the inhabitants of the British North America we hesitate not to publish them to the world, satisfied that our views need only to be known to be respected. Assemblée du Bas-Canada1

Une guerre singulière a eu lieu de 1837 à 1842 en Amérique du Nord, et elle a fait vaciller l’équilibre du continent. La tentative de révolution canadienne aurait pu changer le cours de l’histoire du Québec, de la confédération canadienne, mais également, à un degré moindre évidemment, celui des États-Unis. Ce qu’il est convenu d’appeler la « Rébellion » ou les « Rébellions de 1837-1838 » est aujourd’hui un élément majeur de l’imaginaire et du roman national québécois, au point de s’immiscer régulièrement dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. Nous percevons son importance dans la mémoire collective du fait d’une forte présence toponymique, de pièces de théâtre, de films, de romans – dont celui de Jules Verne – de représentations iconographiques, de chansons, d’un musée, de manifestations citoyennes, d’une journée nationale officielle, de la présence de drapeaux lors de diverses marches populaires, jusqu’à la bière Patriote brassée à Matane. L’historiographie sur la Rébellion est également bien plus soutenue au Québec qu’au-delà de la province francophone, où l’épisode historique a pratiquement disparu de la mémoire collective et, à bien des égards, de l’attention des historiens, même si l’adaptation récente d’un roman de Margaret Atwood pour la télévision, Alias Grace, a rappelé qu’à la fin des années 1830 le Canada a été en proie à une crise majeure2.

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L’évènement reste néanmoins un tournant de l’histoire à l’échelle internationale, justement parce que cette tentative de révolution soutenue par des milliers de combattants, et des dizaines de milliers de sympathisants, a échoué à transformer la face et l’histoire du continent. Il a donc été partiellement réducteur d’avoir longtemps parlé de simples « troubles », d’une « insurrection », et peut-être même d’une « rébellion », un terme qui de surcroît comporte une certaine connotation morale dénigrant la légitimité des rebelles. Les armées britannique et étasunienne ont été mobilisées pour affronter celle que les patriotes ont constituée, ce qui a engendré de nombreuses opérations militaires sur un vaste territoire et au-delà de novembre 1838, date à laquelle l’évènement est très souvent considéré comme fini. Les armes ont parlé et, relayées par un arsenal juridique, elles ont fait taire ceux, et celles, qui partageaient l’espoir des patriotes de remodeler la nature de la colonisation européenne en Amérique du Nord. À la surprise de divers acteurs et observateurs, cette guerre qui a provoqué la mort de ­centaines d’individus et ébranlé l’ordre continental durant plusieurs années s’est finalement achevée par un quasi-statu quo.

F ro n t iè res Ce constat et ce vocabulaire peuvent surprendre tant ils tranchent avec ce que nous lisons souvent sur la Rébellion. Allan Greer avait cependant souligné il y a quelques années les difficultés des historiens pour l’expliquer de façon simple et limpide3. D’excellentes études ont été publiées sur le sujet, et la masse d’informations disponibles témoigne du travail réalisé. Nous observons même une tendance à une internationalisation de la recherche, documentant notamment la façon dont l’Australie, la France, l’Irlande ou l’Angleterre ont vécu ou perçu la guerre aux Canadas4. Cependant, ce livre s’autorise une relecture audacieuse de l’évènement, qui s’accompagne d’une réflexion approfondie sur le langage et le lexique à adopter pour nommer certains de ses aspects. Cela signifie que d’importantes zones d’ombre persistent, et persisteront. Plusieurs dimensions majeures demeurent inexplorées, dont l’exil des patriotes canadiens sur le sol étasunien que ce livre souhaite creuser. On interprète aujourd’hui les Rébellions en laissant largement dans l’ombre l’année charnière de 1838, passant par exemple sous silence l’existence d’un projet de république unifiant les deux Canadas, une république aux « deux étoiles ». Les informations trouvées dans la littérature savante sur ce qui s’est passé au cours de

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Introduction

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l’exil forcé des patriotes sont éparpillées, et nous en savons finalement très peu sur les lendemains des premières défaites militaires, sur leur vécu une fois sur le sol étasunien, ou encore sur les raisons qui ont conduit les plus déterminés à prolonger la tentative de révolution. Au-delà de l’utilisation ou non de certaines méthodologies et approches historiques, l’une des raisons de nos carences provient de la segmentation de l’analyse et de l’écriture d’une histoire souvent bornée par des cadres étatiques et nationaux, et fragmentée dans le temps et l’espace. Ces choix ont créé des sortes d’œillères empêchant de concevoir les Rébellions en un seul phénomène historique, ou en une Rébellion dans son unicité. S’il y a bien des distinctions et des différences à souligner entre les phases de l’évènement et les groupes de patriotes, ou encore entre les régions touchées par cette vaste révolte, il y a également un conflit plus global à identifier, chantier que ce livre entreprend. La trame narrative sera enrichie, mais l’intention n’est toutefois pas de proposer une synthèse de la guerre qui éclate aux Canadas en 1837. La présente étude se concentre avant tout sur ­l’historicité des idées politiques et économiques des patriotes et de ceux qui les soutenaient. Et, alors qu’une forte tendance historiographique dénigre plus ou moins explicitement la rationalité de ces révolutionnaires, nous faisons le choix d’insister tout particulièrement sur la cohérence de leurs réflexions, sans pour autant passer sous silence certains aspects de leur subjectivité, de leurs contradictions comme de leurs dissensions. L’analyse porte également sur l’évolution parfois très rapide de certaines positions et met en relief certaines dimensions de l’opposition d’idées qui charpente la crise. L’ambition est ainsi, à partir d’un cadre continental, de dessiner une interprétation novatrice axée autour des idées politiques et économiques patriotes, afin de présenter sous un nouveau jour un évènement que les historiens ont eu tendance à trop parcelliser. Il est ainsi frappant de constater une profonde étanchéité entre deux grands ensembles de travaux qui semblent presque s’ignorer, puisque les historiens considèrent très majoritairement que le Haut-Canada (ancêtre de l’Ontario) et le Bas-Canada (ancêtre du Québec) répondent à deux processus historiques trop distincts pour être englobés dans une même étude5. Jean-Paul Bernard, l’un des plus fins connaisseurs des Rébellions, y voit par exemple deux mouvements « jumeaux » sans pour autant estimer nécessaire de les analyser conjointement6. Les deux ensembles historiographiques ainsi créés sont, de surcroît, séparés par la langue et la culture.

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Les historiens étasuniens et canadiens-anglais se penchent en effet surtout sur le Haut-Canada et sur les régions frontalières de la république. Il est généralement admis que le mouvement révolutionnaire dans cette colonie s’apparente à une pathétique tentative de coup d’État fomentée par un journaliste arrivée d’Écosse en 1820, William Lyon Mackenzie, suivie de raids désorganisés venus des États-Unis. Cette conclusion s’appuie sur deux éléments que nous allons relativiser, d’un côté le fait que ces évènements sont isolés de ceux de la colonie voisine du Bas-Canada, et de l’autre l’idée qu’il s’agit d’une révolte de faible ampleur populaire. Mackenzie, principale figure républicaine du HautCanada, polémiste notoire, élu pour la première fois à l’Assemblée coloniale en 1828, puis comme premier maire de Toronto en 1834, a eu tendance à monopoliser l’attention des observateurs contemporains comme celle des historiens, au point de régulièrement réduire la contestation à sa personne7. La première tentative militaire pour renverser les autorités haut-canadiennes au début de décembre 1837 a en effet tourné court et résulte largement de son initiative, mais, par exemple, les invasions ultérieures depuis les États-Unis, auxquelles participent Mackenzie et de nombreux colons haut-canadiens, sont différenciées par les historiens et présentées comme l’œuvre de citoyens étasuniens, phase nommée « Patriot War ». Consciemment ou non, cette interprétation permet entre autres d’accorder ces évènements avec la dimension loyaliste de l’histoire canadienne8. Les colonies britanniques d’Amérique du Nord, et le Haut-Canada en particulier, sont en effet des territoires largement peuplés par des sujets loyaux à la Couronne britannique ayant fui la révolution américaine. Ils ont été rejoints par des dizaines de milliers de late loyalists, des citoyens de la jeune république plus attirés par les profits offerts par la colonisation de cette région que par une sincère dévotion envers la monarchie britannique. Durant la guerre de 1812, les résidents des colonies ont néanmoins démontré dans leur ensemble la force de leur sentiment d’appartenance à l’Empire britannique. Selon l’historien Alan Taylor, cette guerre s’apparente même davantage à une guerre civile et à un conflit politique, monarchistes contre républicains, qu’à un affrontement de type national entre un Canada et les États-Unis9. Cependant, divers indices suggèrent que le désir de rompre les liens avec la métropole en 1837 n’était pas limité à une poignée de conspirateurs, et que la réalité dans la région des Grands Lacs rompt avec les schémas des conflits précédents. Alors que Stanley Clark a documenté il y a plus de soixante ans la force du mouvement révolutionnaire dans la colonie

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Introduction

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du Haut-Canada, les récents travaux de Thomas Richards Jr et d’Albert Schrauwers démontrent notamment que l’idée d’une invasion dans le but d’étendre les États-Unis est trompeuse, car les patriotes portaient une idéologie républicaine bien distincte de celle de Washington et souhaitaient plutôt établir une nouvelle entité politique10. Le second ensemble historiographique est francophile et focalisé sur le Bas-Canada. Les particularités culturelles et historiques de la colonie ont longtemps encouragé les historiens à y voir, comme lord Durham dans son fameux rapport de 1839, un conflit dit de « race », assis sur « la haine mortelle » qui séparait « Français et Anglais11 ». L’importance donnée à ce conflit ethnoculturel ou nationalitaire (dit également « ethnique ») a longtemps été partagée par les historiens ayant une vision dépréciative ou rétrograde du mouvement, tout comme ceux qui décrivent un combat plus légitime, y compris les historiens d’inspiration marxiste12. Cependant, aboutissement d’une succession de doutes sur l’interprétation durhamienne de l’histoire, Gérard Bouchard et Yvan Lamonde ont élaboré une autre conception réduisant la centralité d’un nationalisme ethnique : leur notion de nationalisme civique traduit l’ouverture de la majorité francophone envers les autres populations de la colonie sur des bases politiques, et elle tend depuis à s’imposer dans l’historiographie, du moins celle sur la colonie majoritairement francophone13. Cette réévaluation du fait national, qui est par ailleurs appelé à être étudié méticuleusement tant il demeure un aspect structurel14, a conduit à la précision d’un ensemble d’éléments. C’est le cas par exemple de la distinction entre le Parti canadien, créé au début du XIXe siècle pour défendre les colons français au Bas-Canada, et le Parti patriote, qui apparaît dans les années 1820. Cette nouvelle terminologie correspond à une évolution politique et fait référence aux mouvements contemporains d’Europe et d’Amérique. La tentative de révolution canadienne de 1837 a d’ailleurs été récemment présentée comme la dernière des révolutions atlantiques par l’historien Michel Ducharme15. Outre son accent républicain, le mot « patriote » vise à fédérer l’ensemble de la population de la colonie, alors que « canadien » renvoie avant tout aux héritiers de la Nouvelle-France. Dans les années 1830, en effet, les patriotes du Bas-Canada, qu’ils soient d’origine française, britannique ou étasunienne, évoquent un sentiment d’appartenance à une patrie commune. Le terme « patriote » traduit également une nouvelle ligne politique, d’essence républicaine, tournée vers les États-Unis et au bénéfice des colons devenus « citoyens ». Ne

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pas prendre en compte ce virage alimente trop souvent l’idée d’un mouvement essentiellement franco-canadien, dans laquelle la place du nationalisme ethnique ou culturel est surévaluée16. Nous verrons ainsi que des convergences politiques et des liens forts se tissent entre les républicains des deux Canadas dans les années précédant le conflit armé, ce qui encouragera un noyau dur de révolutionnaires à envisager la création d’une entité commune au cours de la guerre. Conséquence de la parcellisation de l’historiographie, mais aussi de sa marginalisation par les historiens des États-Unis, nous ne soupçonnons pas encore l’ampleur de l’évènement. Aborder la tentative de révolution dans son unicité, en englobant les deux Canadas, mais surtout en franchissant la frontière de la république, permet de ­connecter d’innombrables recherches et de multiplier de nouvelles mises en relation de sources primaires17. D’autres frontières et d’autres barrières devront être franchies pour que nous puissions mieux saisir cet épisode historique majeur, mais en analysant l’évènement sur un espace plus vaste et une chronologie plus étendue, jusqu’au traité anglo-américain Webster-Ashburton de 1842, ce livre permet néanmoins de soutenir l’idée qu’une véritable guerre a eu lieu, issue d’une tentative de révolution largement planifiée visant l’indépendance de nouvelles entités politiques aux Canadas, au nom de principes républicains et d’ambitions qui ont été propres à ce mouvement. C’est en partie pour ces raisons que nous nommerons ce phénomène historique la « guerre d’indépendance des Canadas », malgré l’échec des patriotes. Une histoire remaniée de la « Rébellion » apparaît donc en jouant avec les échelles, et surtout en reliant des faits et des évènements au nord comme au sud de la frontière, qui demeurent analysés de façon cloisonnée. Les patriotes ont entrepris leur révolution en revendiquant leur statut d’Américains, ce qui est constamment rappelé pendant le conflit. « People of America, your cause and that of Canada is one », soutenait William Lyon Mackenzie alors en exil aux États-Unis18. Les sympathisants étasuniens acquiesçaient, comme Solomon Southwick, l’un des principaux organisateurs du Parti antimaçonnique (AntiMasonic Party) au début des années 1830 et alors éditeur à Albany, capitale de l’État de New York : « Your cause is the cause of every American citizen19. » La révolution américaine de 1776 de même que la possibilité d’une annexion à une république en pleine expansion sont présentes dans tous les esprits et, en 1837, elles représentent des sources d’espoir et d’inspiration pour certains, d’effroi et de rejet pour d’autres. Dès les premières semaines du conflit armé, les États-Unis

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Introduction

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sont impliqués par l’intermédiaire de leurs citoyens qui se joignent aux patriotes, mais leur territoire est également le théâtre de préparatifs militaires et a même été envahi par des troupes britanniques à quelques reprises. L’élan de révolte s’est aussi propagé au sud de la frontière, s’agrégeant parfois à des luttes politiques distinctes comme celle à la frontière entre le Maine et les colonies britanniques voisines – région alors surnommée le « disputed territory » (« territoire disputé ») – pour créer une force tentaculaire contestant l’ordre établi par divers moyens et toucher à différents degrés l’ensemble du continent. Signe de l’envergure de la crise, il est possible de considérer que la clé de la guerre a été l’hostilité des autorités étasuniennes envers les patriotes canadiens et leurs alliés, déplorant et dénonçant publiquement l’esprit révolutionnaire qui « infestait » alors les États frontaliers de la république. L’influence de la vie politique des États-Unis sur les patriotes canadiens est documentée depuis les années 1930, et régulièrement rappelée depuis20. Plus récemment, la notion d’américanité a aidé à resituer les Français d’Amérique au sein de leur continent, et elle a structuré l’une des monographies majeures sur la Rébellion21. Pour certains historiens, l’histoire des États-Unis et l’ambition de ses citoyens est même ­l’explication principale de la crise dans la colonie du Haut-Canada, alors que d’autres ont exploré les liens des patriotes avec l’essor d’un mouvement radical émanant de New York, les Locofocos22. Si nous nous engouffrons dans cette dernière direction, nous nous apercevons que la position antipatriote du président Martin Van Buren et du Congrès fait écho à l’opposition politique qui anime la jeune ­république. Autrement dit, la crise qui éclate en 1837 témoigne de l’existence de différentes expressions républicaines en Amérique du Nord, dont le rapport de force s’est en partie joué avec les armes lors de la guerre aux Canadas. Il s’avère donc déterminant de nuancer l’utilité de certaines catégories d’analyse qui identifient des blocs idéologiques (trop) bien définis, car elles n’expliquent pas ce qui s’est passé aux États-Unis durant l’exil des patriotes canadiens et estompent les singularités et les excentricités propres à cet évènement révolutionnaire. Les études inspirées des travaux provenant de l’école de Cambridge ont ainsi éclairé notre compréhension en affermissant le paradigme républicain, les patriotes étant avant tout des républicains opposés aux monarchistes loyaux à la Couronne britannique ; mais cela n’explique cependant pas, semblet-il, la profonde adversité des autorités de la république envers les

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révolutionnaires canadiens23. Or, cette rivalité politique nous encourage au contraire à penser le républicanisme dans sa pluralité. Les révolutionnaires portent un message politique qui tranche avec les pratiques des États-Unis et dénonce sans ambiguïté ce qui est considéré comme les carences démocratiques de celles-ci. Tout en l’adaptant au contexte nord-américain des années 1830, les patriotes prolongent la tradition radicale de « vrais » républicains espérant démocratiser la république dès les lendemains de la révolution américaine. Les républicains canadiens s’inspirent en grande partie du vif débat public qui anime la vie politique aux États-Unis, mais ils exportent aussi leur élan révolutionnaire lorsqu’ils tentent de mobiliser leurs voisins, ou lorsqu’ils trouvent refuge dans les territoires limitrophes et accueillent des citoyens étasuniens dans leurs rangs. L’espace de la révolution canadienne s’élargit donc aux États-Unis, et les histoires nationales s’entremêlent24. Une multitude de travaux ont tracé diverses pistes méthodologiques pour lire l’histoire à travers les frontières administratives et les histoires nationales. Les terminologies sont variées, connectée, croisée, intégrée, transnationale, partagée, hypernationale, mais ces pratiques ont en commun certaines caractéristiques, dont la volonté de nuancer les téléologies nationales excessives. Le regard est porté sur les réseaux, les flux, les points de contact, les interconnexions, de même que sur les singularités qui peuvent en ressortir. Ces démarches ne prétendent pas imposer un nouveau paradigme mais compléter les autres méthodes, y compris les histoires nationales25. L’approche transnationale est attrayante pour relire la Rébellion, car elle aide à présenter une histoire polycentrée qui tente d’articuler le local et le plus global. C’est par exemple le cas avec la microhistoire et ses réflexions portant sur les échelles d’analyse, dont l’ambition est de délimiter un cadre géographique en fonction de sa pertinence heuristique26. Si les historiens ont démontré l’influence des États-Unis sur les patriotes, la tentative de révolution canadienne a elle-même menacé l’équilibre politique de la république et contribué à déterminer le cours de l’histoire de l’Amérique du Nord. Or, le seul champ à avoir effleuré cette envergure continentale est celui des relations diplomatiques27. L’un des intérêts majeurs d’une ­perspective connectée et continentale est ainsi de mieux cerner l’onde de choc révolutionnaire que provoque la Rébellion, car, dans les termes de la United States Democratic Review de Washington, « It is in fact one of the best tests to apply to the professed republicanism of Americans28 ».

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L’analyse présentée dans ce livre n’est par conséquent pas issue d’une démarche comparative dans laquelle les deux colonies canadiennes et les États-Unis seraient abordés distinctement, ce qui reviendrait à renforcer l’hermétisme historiographique qui nous empêche de concevoir l’ampleur du conflit et de bien saisir le sens politique de la tentative de révolution. L’histoire connectée qui structure cette étude aspire au contraire à explorer et à interpréter l’évènement à partir des liens et des processus qui se sont développés à travers les frontières, comme la profonde crise politique le long du territoire frontalier étasunien, qui est exacerbée par le conflit aux Canadas. Cette perspective met en valeur un processus historique qui transcende les frontières sans préjuger du sens du mouvement, plutôt qu’une simple influence unidirectionnelle ou une circularité régulière29. L’ambition est ainsi de contribuer simultanément aux historiographies québécoise, canadienne et étasunienne, sans toutefois américaniser les Rébellions, et encore moins « canadianiser » l’histoire des États-Unis. L’étude vise à mettre en relief certaines dynamiques, en particulier la réflexion économique, d’une communauté politique chevauchant plusieurs frontières administratives et qui s’est forgée autour de la tentative de révolution aux Canadas30. Adopter un angle d’analyse de type transnational pour ausculter cette guerre signifie également que le regard sera porté en priorité sur un ensemble de nouvelles sources primaires pour analyser la Rébellion, à commencer par les écrits des patriotes canadiens lors de leur exil aux États-Unis, depuis leurs correspondances personnelles jusqu’à leurs nombreuses et diverses publications31. Ces sources seront explorées parallèlement à celles émanant des citoyens des États-Unis qui expriment un message politique similaire ou se revendiquent euxmêmes patriotes, tout en dénonçant l’anglophilie des autorités de la république. Nous les mettrons aussi en relation avec un ensemble de sources inexploitées provenant de leurs nombreux adversaires à travers les États-Unis, en particulier les correspondances des officiers militaires fédéraux qui témoignent expressément de l’ampleur de la crise et de la difficulté à réprimer l’élan révolutionnaire. Concevoir une guerre d’indépendance aux Canadas à la fin des années 1830 nous conduit donc à présenter un corpus archivistique original et à entamer la discussion sur le vocabulaire d’analyse. Aujourd’hui, les historiens emploient par exemple différents termes afin de distinguer les patriotes entre eux, alors que les acteurs utilisent aussi un vocabulaire politique varié pour se nommer, chez les francophones comme chez les anglophones : « patriotes »/« patriots », « citoyens »,

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« réformistes », « républicains », « démocrates », « philanthropes », « radicaux », « libéraux », etc. Nous privilégierons « patriotes » pour qualifier les républicains des deux colonies canadiennes et ainsi souligner leur convergence politique. Mais le terme sera également appliqué aux citoyens étasuniens qui se joignent à eux, d’autant plus qu’ils se ­présentent en héritiers des Patriots de 1776 et expriment leur désir de « finir », ensemble, la révolution américaine. Ce choix aide donc ­également à retranscrire la communauté politique transfrontalière qui s’est formée lors de la guerre d’indépendance des Canadas32. Ces patriotes sont politiquement et idéologiquement liés à des tendances plus larges. Outre les traditions républicaine et libérale que nous nous appliquerons à déconstruire dans ce contexte particulier, la catégorie d’analyse des « Lumières radicales » contribue à situer leurs idées politiques et économiques. L’historien Jonathan Israel, parmi d’autres, désigne par ce terme un courant né à la fin du XVIIIe siècle, qui aspire contraindre les monarques et les dirigeants à gouverner pour le bien du peuple, ce que l’historien considère comme l’essence des démocraties contemporaines. Dans le cas contraire, Thomas Paine, Paul Thiry d’Holbach, Denis Diderot et les autres Lumières radicales considèrent que la révolte violente devient naturelle et totalement justifiée. Ce courant des Lumières espère une révolution des esprits par la raison, selon Israel, mais devant la violence des États monarchiques, la révolution par la force devient pour eux être une « ­résistance » tout à fait légitime33. Les patriotes nord-américains des années 1830 ne doivent cependant pas être simplement considérés comme l’une des multiples manifestations d’un courant imaginé homogène : s’il existe une certaine affinité idéologique avec ces Lumières radicales, nous soulignerons également les particularités observées pendant la guerre d’indépendance des Canadas, dont leur libéralisme affirmé. D’ailleurs, l’idée d’une tentative de révolution aux Canadas ne fait aujourd’hui pas consensus pour parler de la Rébellion, même si le terme est souvent utilisé ou sous-entendu puisqu’un certain nombre d’études soutiennent que les patriotes aspirent à une refondation profonde du pouvoir politique34. En suivant la littérature savante, nous pouvons cependant considérer que la différence entre une rébellion et une révolution ne provient ni du degré de violence ni de la réussite de l’entreprise, ni même de son degré de modernité, mais de l’ampleur du dessein : alors qu’une rébellion ne s’appuie pas sur un projet politique établi, qu’elle est donc le soubresaut passionnel d’un ensemble d’individus, une révolution implique une vision préalable

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aspirant à reformuler le contrat politique, voire l’univers social, ­économique et culturel35. La notion de « révolution », sans l’associer à une soif de violence, apparaît en ce sens plus adaptée pour décrire la crise de 1837 que celle de « rébellion », une reconsidération terminologique qui sous-entend aussi une certaine cohérence intellectuelle chez les patriotes. Elle semble d’autant plus à propos que ces derniers prennent la révolution américaine comme modèle et source de légitimité, exprimant régulièrement leur volonté de prolonger et d’achever l’entreprise entamée dans les années 1770.

U n c o n t in e n t e n révoluti on Entre la formation du Parti patriote et l’éclatement de l’affrontement armé en novembre 1837, la contestation se radicalise dans les deux colonies canadiennes, même si c’est la tension au Bas-Canada qui donne le ton et détermine le chemin de la révolte36. L’un des moments clés menant à la tentative de révolution est l’annonce, en mars 1837, des 10 Résolutions de lord John Russell, secrétaire d’État de l’Intérieur et futur premier ministre du Royaume-Uni, qui rejettent l’ensemble des griefs du Parti patriote contenus dans les 92 Résolutions de l’Assemblée du Bas-Canada, envoyées à Londres en 1834. Russell s’attaque par la même occasion au pouvoir de l’Assemblée sur les dépenses publiques. Condamnant tout espoir de conciliation à court terme, la force répressive des Résolutions Russell est d’autant plus évidente que la naissance du parlementarisme colonial résulte notamment du Taxation of Colonies Act de 1778, en pleine révolution américaine, qui interdit de taxer les colons d’Amérique sans leur accord, acte obtenu par le vote d’une assemblée locale élue qui obtient de facto le contrôle de ces revenus. Ce pouvoir des Assemblées coloniales a été renforcé par le Canadian Revenue Control Act de 1831, avant qu’il soit contesté de manière frontale par les Résolutions Russell. En plus de refuser toute réforme d’envergure, les autorités britanniques « resolved to rob the Canadian treasury, under the safeguard of their troops » en 1837 dans les termes de Mackenzie37. Londres n’a en effet pas attendu la prise des armes des colons pour préparer un affrontement militaire afin d’imposer cette décision. Sous cet angle, la politique impériale s’assimile clairement à une agression politique et militaire38. Sous ce même angle, les patriotes ont résisté, perception qui structure leur discours, mais il s’agit d’une « résistance » qui s’inscrit dans la vision de l’histoire des Lumières radicales. Leurs propos rejetant sur

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les autorités l’unique responsabilité de la violence sont ainsi contredits par leurs activités. Ils réclament d’un côté l’établissement d’institutions inspirées par la logique républicaine, une révolution politique, et professent un message univoque défiant l’autorité et la loi. De l’autre, leurs préparatifs militaires sont indéniables, et la résistance s’est accompagnée de plans visant le renversement de l’autorité par les armes. Sans préjuger de la légitimité des uns et des autres, cette précision vise à souligner la trop faible prise en considération par les ­historiens de la maturation du projet révolutionnaire en 1837. Insister sur leur stratégie insurrectionnelle avant leur exil aux États-Unis constitue également le premier jalon d’une meilleure compréhension de l’activité patriote sur le sol de la république, et du déroulement de la guerre en général. Cette guerre ne se limite ni au Bas-Canada, ni aux deux Canadas, et au lendemain des premières batailles, même si le gouvernement de Washington se déclare officiellement « neutre », ce dernier devient un acteur déterminant du conflit en appuyant les autorités britanniques de manière décisive. À la surprise des patriotes qui anticipaient une alliance républicaine contre un ennemi historique, les autorités ­étasuniennes se sont mobilisées pour empêcher la création d’entités républicaines aux Canadas, alors qu’elles avaient espéré et encouragé un tel soulèvement pendant la révolution américaine, puis pendant la guerre de 1812. Pourquoi un tel revirement ? Il n’existe pas encore de monographie explorant les raisons de cette alliance qui tranche avec les deux précédentes guerres, mais il est probable que le besoin de respectabilité internationale, la profonde crise économique et sociale dans laquelle sont alors plongés les États-Unis, de même que les liens commerciaux, en particulier l’exportation du coton, expliquent la ­complicité américano-britannique contre les patriotes39. Un autre élément de réponse est l’opposition, dans les États du Nord, entre un ensemble de citoyens espérant des réformes qui renforceraient la démocratie en Amérique et infléchiraient les grandes lignes de la politique fédérale en œuvre depuis les années 1790. Bien sûr, l’équilibre politique est plus complexe que ce qui sera couvert dans ce livre, notamment sa dimension ethno-culturelle puisque les années 1830 confirment que le pays maintiendra son régime esclavagiste, contrairement à l’Empire britannique qui vote l’abolition de cette pratique en 1833, et s’autorisera l’expulsion génocidaire des Premières Nations de leurs territoires. Le conflit politique a néanmoins mené des citoyens, principalement des colons blancs et masculins des États du Nord, à

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revendiquer des réformes au nom de principes dits démocratiques et moraux, souvent résumés par l’expression « droits égaux ». Ces citoyens prônent une démocratisation du Nouveau Monde par différents aspects politiques, sociaux, économiques ou culturels, même si leur vision reproduit aussi un ensemble de rapports de pouvoir et de distinctions qui entrent en contradiction avec l’idéal démocratique contemporain, notamment au détriment des femmes et des populations racisées. Leurs aspirations ne remettent pas non plus en cause un impérialisme euro-américain qui véhicule une conception étroite de la civilisation. Même s’il est indéniable que le discours patriote aspire à démocratiser les sociétés coloniales canadiennes comme étasuniennes, l’analyse de la pensée politique et économique des républicains radicaux des années 1830 qui sera présentée dans ce livre devra donc être discutée davantage, en particulier pour bien mettre en relief certaines vues incompatibles avec un idéal fondé sur l’égalité et la liberté. Ce livre aspire cependant à souligner la nature démocratique des principes républicains et libéraux des patriotes, et corrélativement les tensions générées par ceux-ci afin de restructurer la discussion historiographique sur ces points plutôt que de la clore. Insistons donc dès à présent sur les grandes lignes du conflit politique qui se joue dans les sociétés coloniales des années 1830 en Amérique du Nord. Un régime républicain ou représentatif, tel celui des États-Unis, dans lequel il est proclamé que le peuple est souverain, ne suffit pas à en faire une entité démocratique. Une partie conséquente des citoyens de la république estime ainsi que les États-Unis des années 1830 sont loin de répondre aux exigences de l’idéal démocratique, qui est pour eux le socle du républicanisme, et réclament avec véhémence une démocratisation plus ferme de la politique fédérale et des États du Nord de l’Union. Ces ambitions s’expriment de manières diverses, mais très régulièrement contre la politique économique, le contrôle de la monnaie en particulier, tout comme l’éducation, la question constitutionnelle, l’esclavage racial et parfois l’agression continuelle des Premières Nations. Le terme « révolutionnaire » que nous emploierons pour analyser ces aspirations radicales porte encore davantage à la controverse que dans le contexte des Canadas ; c’est pourtant bien une refonte profonde de la transition au capitalisme contemporain et de l’expérience républicaine aux États-Unis – du moins des États du Nord – qui est envisagée. L’année 1837 est marquée aux États-Unis par une agitation politique accrue due à un dérèglement du système financier transatlantique, qui

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provoque une sévère récession économique et une profonde crise sociale, ce que les historiens nomment les Hard Times. En mai, la « panique » financière se répand en effet, depuis Wall Street, à travers tout le continent40. Les conflits politiques étasuniens comme canadiens sont attisés par cet effondrement financier et économique, ce qui se traduit en particulier par un langage politique contestataire très similaire. La nature des luttes diffère, mais elles aspirent en commun à rétablir les « droits égaux » considérés comme naturels, menacés par un capitalisme financier en plein essor dont la crise de 1837 démontre ses dérives. La panique financière et la guerre d’indépendance des Canadas créent ainsi les conditions d’une contestation citoyenne transfrontalière. Les colons canadiens s’inspirent politiquement de leurs voisins, quand ces derniers peuvent mesurer les limites d’une république étasunienne s’opposant de manière frontale au mouvement patriote qui, lui, s’arme pour réaliser son utopie : « finir » la révolution américaine et établir une « vraie » république, c’est-à-dire une république qui s’appliquerait à réaliser une radicale démocratisation ­politique, économique et sociale de la société euro-américaine. Alors que le vocabulaire fustigeant les inégalités, les iniquités et les injustices des deux régimes devient presque identique, une source ­commune à tous ces maux est également identifiée de façon consensuelle au nord comme au sud de la frontière : le pouvoir financier de Londres, mamelle de la domination économique et militaire de l’Empire ­britannique au XIXe siècle, puissance qui plane toujours au-dessus des États-Unis et qui pervertit l’élite républicaine aux yeux de ses critiques. Dans les années 1830, les radicaux nord-américains dénoncent ainsi de concert les « privilèges » d’une « aristocratie » qui s’oppose à la logique de l’histoire et corrompt les mœurs ainsi que le contrat social. Ce langage se retrouve dans les colonies britanniques comme dans les États américains, pendant les Rébellions comme lors de différents mouvements politiques ou insurrectionnels dans la république. Dans son cri de ralliement destiné aux autres colonies britanniques, la grande figure du républicanisme canadien, Louis-Joseph Papineau, affirme au nom  des parlementaires bas-canadiens que « the soil of America ­repudiates a privileged aristocracy41 ». Le discours républicain canadien aspire à renverser l’héritage du colonialisme européen en prônant l’égalité des colons, avant tout celle des propriétaires. Papineau est pourtant lui-même seigneur, et à ce titre il est l’héritier direct de l’Ancien Régime français partiellement préservé au Bas-Canada à la suite de la conquête britannique de la Nouvelle-France. Il personnifie l’élite

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coloniale puisqu’il est également avocat à Montréal, élu à l’Assemblée du Bas-Canada depuis 1808, et orateur (président) de cette même chambre depuis 1815. Pendant les années 1830, Papineau devient le porte-parole d’un républicanisme radical qui ambitionne de  révolutionner la colonie, mais sa position sociale n’est sans doute pas étrangère à sa prise de distance avec le front révolutionnaire une fois la guerre entamée42. Considérer le régime colonial britannique comme un adversaire du principe démocratique et qualifier les colonies d’aristocratiques comme le fait Papineau semble évident, employer le même terme pour décrire la République étasunienne peut paraître davantage surprenant. Cette critique est pourtant très répandue dans les années 1830, y compris chez les Européens venus trouver aux États-Unis une terre de liberté. Frédéric Gaillardet, éditeur du Courrier des États-Unis de New York, utilise par exemple sa plume pour insister sur le poids néfaste et ­récurrent du conservatisme dans la jeune république : « Je veux, en effet, démontrer que la République des États-Unis n’est point une démo­ cratie, dans le sens que l’on donne ordinairement à ce mot43 ». Alexis de Tocqueville, célèbre chantre de l’expérience démocratique américaine, souligne lui aussi l’une des dimensions « aristocratiques » de la ­république, la naissance d’une « aristocratie du négoce » qui bénéficie des transformations économiques pour s’établir en tant que nouvelle classe dominante : [S]i jamais l’inégalité permanente des conditions et l’aristocratie pénètrent de nouveau dans le monde, on peut prédire qu’elles y entreront par cette porte […] Ainsi donc, dans le même temps que la science industrielle abaisse sans cesse la classe des ouvriers, elle élève celle des maîtres […] Qu’est-ce ceci, sinon l’aristocratie44 ? Cette tension se retrouve dans l’opposition des Lumières radicales aux « Lumières modérées » – toujours selon la schématisation de Jonathan Israel – comme Voltaire, Hume, Burke, Hamilton et Adams, dont le conservatisme vise explicitement à limiter la démocratisation des sociétés atlantiques, y compris dans la République américaine45. Le consensus des Pères fondateurs s’est en effet porté sur l’établissement d’une république garantissant un ordre politique et social hiérarchisé guidé par une « aristocratie naturelle », un républicanisme incarné par les federalists qui est prégnant dans la Constitution. Conséquence de

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ce qu’ils estiment être les excès démocratiques du « Spirit of ’76 », les Pères fondateurs ont consciemment rejeté l’essence du principe démocratique hors de la Constitution de 1787. Il s’est ensuivi dans les États du Nord un conflit permanent et particulièrement virulent durant la période jacksonienne, polarisé entre une partie de la population qui aspire à voir se matérialiser les espoirs d’une société euro-américaine égalitaire, et « l’aristocratie naturelle » de la jeune république46. La tentative de révolution aux Canadas se déroule durant une période des plus tumultueuses aux États-Unis, marquée selon l’historien Sean Wilentz par une efflorescence de mouvements politiques alternatifs. « The country is full of rebellion; the country is full of kings », déplore alors le philosophe Ralph Waldo Emerson47. La place importante de Thomas Paine dans la discussion publique est un signe fort de l’esprit subversif qui règne, tendance également perceptible chez les républicains canadiens comme Amédée Papineau, fils de LouisJoseph, qui place Paine dans sa « trinité démocratique » aux côtés de Félicité de Lamennais et de Tocqueville48. Indice de la vitalité politique de cette période et des espoirs de profonds changements, des milliers d’« utopistes » s’établissent à travers les États du Nord et tout au long de la frontier à l’ouest pour expérimenter leurs idéaux. Ainsi, le voyage de l’Écossais Robert Owen en 1824 est triomphal, et il représente, au même titre que Paine, Adam Smith ou Jeremy Bentham, l’une des principales inspirations intellectuelles des patriotes49. Le mouvement locofoco agrège une partie de cet esprit radical dans la seconde moitié des années 1830, avec New York comme épicentre et le Parti des droits égaux (Equal Rights Party), ainsi que le journaliste William Leggett comme porte-voix. Les Locofocos vont jusqu’à rédiger une nouvelle constitution pour l’État de New York, fondée sur une vision radicalement démocratique de l’idéal républicain – une révolution politique. Le terme « révolution » semble d’autant plus à propos que l’ambition de nombreux radicaux étasuniens est également de transformer les mécanismes économiques de la république. L’économie politique est au cœur de leurs réflexions, et ils affirment vouloir réorienter l’émergence de la société commerciale au bénéfice des « petits capitalistes », ce qui régénérera selon eux un esprit républicain estimé corrompu aux États-Unis. Tout comme pour Adam Smith, l’intervention de l’État est contestée, car elle est jugée arbitraire, inégalitaire et profitant avant tout aux plus fortunés. Dès lors, les patriotes canadiens comme les républicains radicaux des États-Unis sont-ils des capitalistes ? Ils expriment en effet un esprit libéral glorifiant le commerce, le marché,

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l’industrie, et plus généralement le progrès de la modernité occidentale, mais leur discours porte aussi sur l’émancipation des travailleurs manuels et des petits marchands. Ils apparaissent donc comme des agents convaincus du libéralisme du XIXe siècle, mais il est fondamental de préciser qu’ils dessinent les contours d’une société commerciale relativement singulière, un libéralisme particulier que nous nommerons « laissez-nous faire » et que nous explorerons en détail, entre autres à travers une théorie monétaire élaborée par l’un des leaders patriotes, Charles Duncombe. En présentant un traité d’économie politique favorable à un système bancaire « authentiquement républicain », contrôlé par le public, ce médecin de formation, originaire des ÉtatsUnis, élu à l’Assemblée du Haut-Canada à partir de 1830, estime que la conduite hostile du gouvernement étasunien à l’égard des républicains canadiens provient de sa soumission à ceux qu’il nomme « capitalistes50 ». Il témoigne donc en même temps et à lui seul des dimensions transnationales et transatlantiques de la guerre d’indépendance des Canadas, de la crise du républicanisme en Amérique du Nord, du fragile équilibre géopolitique, de l’ampleur de la révolution économique envisagée, mais aussi des particularités intellectuelles des patriotes. À quel degré leur radicalisme a-t-il menacé les États-Unis, contribuant donc à expliquer l’alliance des autorités britanniques et étasuniennes ? La tentative de révolution canadienne révèle un nœud historique qu’il nous faut éclairer, car cette collaboration entre en contradiction avec l’histoire conflictuelle des deux régimes. La « ­neutralité » voulue par le président Martin Van Buren et le Congrès s’est heurtée à la résistance active des patriotes et d’une partie notable de l’opinion publique qui, à partir de 1837, souhaite au contraire ­prolonger le combat historique contre l’Empire britannique. Notre hypothèse est ainsi de soutenir que la force subversive du mouvement patriote, amplifiée sur le sol étasunien, a largement contribué à convaincre les autorités de la république de s’allier avec l’Empire britannique et de mettre un terme aux guerres de 1775 et de 1812, au détriment d’un avenir républicain aux Canadas et d’une expansion à court terme des États-Unis vers le nord du continent. Concevoir une guerre d’indépendance aux Canadas passe, enfin, par la prise en considération de certaines réalités propres à l’Amérique du Nord des années 1830. Elle est en effet contemporaine de l’incorporation du Michigan et de l’Arkansas dans l’Union, mais surtout de la fondation de la République du Texas, entité indépendante qui réclame son annexion aux États-Unis en 1837. La spatialité de

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l’Amérique du Nord est, dans l’esprit de tous, encore indéfinie, et les contours des souverainetés sont appelés à se modifier, en premier lieu par l’expansion occidentale vers l’ouest. Le continent est donc en pleine reconstruction sous l’égide de l’impérialisme euro-américain dont les frontières et la nature se modifient avec le temps – deux sociétés ­distinctes mèneront d’ailleurs une guerre fratricide de 1861 à 1865. Les projets envisagés par les patriotes témoignent de ces transformations et des multiples horizons du possible des années 1830 : annexion des Canadas aux États-Unis, république des seuls deux Canadas, fédération républicaine de l’ensemble des colonies britanniques, etc. Ainsi, nous ne pouvons comprendre la Rébellion sans concevoir ­l’indétermination du chemin que prendront le continent et la République américaine elle-même. Les différents États formant l’Union étasunienne sont d’ailleurs toujours considérés comme des États souverains, et l’historien David Hendrickson rappelle l’importance d’étudier leur association sous l’angle des relations internationales afin de retranscrire leurs particularismes ainsi que la fragilité de l’Union51. Il est également nécessaire d’avoir à l’esprit un conflit militaire asymétrique, opposant trois forces armées dans un contexte précis. La première, la plus puissante et dont l’objectif est le plus évident, est celle de l’Empire britannique qui manœuvre pour maintenir son ­autorité sur une partie du continent nord-américain. Elle est composée de troupes régulières, de plusieurs Premières Nations et de miliciens, même si ces deux derniers groupes font parfois preuve d’une certaine autonomie. La deuxième est l’armée régulière étasunienne, relativement faible face à sa rivale du nord et prise en tenaille entre la menace britannique et des patriotes qui refusent de se soumettre à l’autorité de Washington. Tout comme pour les Britanniques, elle est le bras armé d’un front antipatriote qui inclut les autorités civiles. Par contre, le gouvernement fédéral ne peut pas compter sur la milice des régions touchées, car celle-ci est largement favorable aux patriotes et désire prendre les armes non pas contre les révolutionnaires, mais à leurs côtés. La troisième force armée est donc celle des patriotes, partiellement organisée comme une armée régulière mais clandestine pour l’essentiel, dirigée par l’intermédiaire de réseaux extra-institutionnels et de sociétés secrètes, et minée par des tensions et des divisions internes ainsi que par sa précarité. Cette force militaire, dont ­l’organisation est embryonnaire, bénéficie d’alliés au sein des autorités étasuniennes et d’une complicité importante dans la population au nord comme au sud de la frontière. L’une des lignes directrices de l’évènement que nous

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expliciterons, qui témoigne en même temps des indécisions liées aux transformations de l’impérialisme euro-américain et des dissensions patriotes, se lit dans l’évolution des ambitions des révolutionnaires canadiens au cours de la guerre : si la possibilité d’une annexion des Canadas aux États-Unis est privilégiée à l’aube de la guerre, il est devenu évident en 1839 qu’ils conçoivent leur combat en opposition à Washington, donc en marge de l’expansion des États-Unis, pour privilégier une expérience républicaine distincte. Le raisonnement exposé dans ce livre requerra un cheminement progressif, une lecture lente d’une histoire qui se déroule sur un temps court, quelques années seulement. Le premier chapitre souligne l’ampleur de la réalité révolutionnaire à la veille de la guerre, aux Canadas (avant tout au Bas-Canada) comme aux États-Unis, ce qui contribuera à mieux appréhender les menaces contre l’ordre continental, qui seront exacerbées durant le conflit militaire. La constitution de cette force patriote se réalise à travers les frontières culturelles et administratives avec l’espoir de constituer un amalgame des nationalités, dimension explorée dans le deuxième chapitre, notamment à travers l’analyse des relations entre les républicains des Canadas, mais aussi avec ­l’ambition de fonder des États souverains qui s’annexeront aux ÉtatsUnis. Les troisième et quatrième chapitres se concentrent sur les idées ­politiques, puis économiques des patriotes, animés par le désir de porter plus avant l’idéal des « droits égaux », soit la volonté de mieux accorder république et démocratie, et de créer une société commerciale qui répond mieux à certains critères démocratiques, un libéralisme que nous nommons « laissez-nous faire ». Ces éléments en tête, nous plongerons au cœur de la guerre dans le cinquième chapitre au moyen d’une narration qui complète par certaines incises une historiographie déjà fournie, mais qui souligne surtout l’ampleur et l’étendue spatiale et chronologique d’un conflit qui s’étend de la côte atlantique aux Grands Lacs et qui ne prend véritablement fin qu’avec le traité anglo-américain Webster-Ashburton de 1842. L’utopie de créer une république des deux Canadas est au centre du sixième chapitre, un projet de république à « deux étoiles » qui s’impose au cours du conflit et dont l’ambition est de prendre la République américaine comme un contre-modèle. Enfin, le septième et dernier chapitre étudie la puissance politique et militaire des patriotes qui menacent la souveraineté des États-Unis sur la région frontalière et contraignent la république à mener une politique contre-révolutionnaire à la limite de la légalité.

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1 L’Amérique révolutionnaire des années 1830 Des proclamations comme celle du gouverneur ne sont que des chiffons. Louis-Joseph Papineau

Pouvons-nous affirmer qu’il n’y a pas eu de préméditation révolutionnaire aux Canadas en 1837 ? À cette question posée par Jean-Paul Bernard en 1983, certains historiens répondent que le Parti patriote est resté dans un combat strictement légal, prônant des réformes p ­ aisibles, interprétation qui dissocie l’action de ce parti de celle des conspirateurs de 18381. Nous insisterons au contraire sur l’existence d’un esprit révolutionnaire affiché durant les mois précédant l’explosion, de même qu’un ensemble d’activités défiant le pouvoir et la légitimité des autorités. La stratégie du Parti patriote et de Louis-Joseph Papineau penche ouvertement vers l’illégalité, lorsqu’ils ­encouragent la contrebande par exemple. Le 15 juin 1837, les assemblées publiques sont interdites dans la colonie ; or, les membres du parti continuent d’accorder leur bénédiction aux rassemblements, d’y assister et même d’en organiser. « Des proclamations comme celle du gouverneur [sur l’interdiction des assemblées publiques] ne sont que des chiffons », déclare Papineau sans ambages2. La crise politique des colonies canadiennes dégénère en novembre 1837 avec une série de combats meurtriers débouchant sur une guerre. Le Bas-Canada est le poumon de cette contestation, mais l’esprit subversif se diffuse ­largement au Haut-Canada, et aucune des deux colonies n’envisage de se révolter seule. Leur critique commune contre l’aristocratie et les privilèges fait elle-même écho à l’agitation transatlantique de ce que l’historien Eric Hobsbawm a nommé « l’ère des révolutions ». Au sud de la frontière, l’Amérique jacksonienne est également en ébullition, l’esprit séditieux est répandu, il se radicalise avec la panique de 1837, et des liens politiques se tissent progressivement entre radicaux d’Amérique du Nord.

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N

BAS-CANADA

MADAWASKA NOUVEAU-BRUNSWICK ÎLE-DU-PRINCE-ÉDOUARD MAINE Montréal Québec

Fort Winnebago MICHIGAN Prairie du Chien

Detroit

HAUT-CANADA Plattsburgh INDIAN STREAM Bangor Kingston VERMONT Toronto Rochester Utica Buffalo NEW YORK Albany Boston

NOUVELLE-ÉCOSSE Halifax

Forestville Commonwealth

Cleveland PENNSYLVANIE OHIO

New York Philadelphie

Washington Richmond

1.1  Région frontalière des États-Unis et des colonies britanniques d’Amérique du Nord

A m e rt u mes Dans les années  1770, deux des colonies continentales nord-­ américaines britanniques ne se sont pas associées à la révolte des Treize colonies qui ont formé les États-Unis, les colons de Québec et de Nouvelle-Écosse ayant dans leur ensemble maintenu leur loyauté envers Londres. Plusieurs affrontements armés ont eu lieu en NouvelleÉcosse, mais ils ont été rapidement contenus. Certains colons du Québec ont aussi œuvré pour que leur colonie rejoigne les Patriots, mais, malgré leur agitation et une passivité souvent complice des ­habitants qui a permis à l’armée continentale de conquérir Montréal et de marcher jusqu’à Québec, aucun mouvement d’ampleur n’a eu lieu et les révolutionnaires se sont finalement heurtés à la citadelle avant de rebrousser chemin. Les appels de George Washington, la présence de Benjamin Franklin à Montréal et l’existence d’un article autorisant le « Canada » à incorporer la fédération de son seul gré dans la première constitution de la nouvelle république (Articles of Confederation) n’ont pas fait basculer l’histoire de ces deux colonies. Lors des guerres n ­ apoléoniennes et la « guerre de 1812 », son front nord-américain, l’insubordination se répète dans la province de Québec, devenue le Bas-Canada, puisqu’une partie des colons refuse de défendre la colonie, au point de contraindre les autorités à user de

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violence pour maintenir l’ordre et la loyauté dans la région de Montréal. Mais cette subversion était trop faible pour créer une force révolutionnaire, d’autant que la plupart des Premières Nations ainsi que de nombreux colons ont de nouveau défendu l’Empire britannique et son monarque. Le loyalisme de ces colons peut se comprendre, notamment en comparant l’Irlande et le Bas-Canada, puisque l’empire avait été relativement généreux envers ces catholiques d’origine ­française à qui l’on reconnaissait la légitimité de leur religion, de leurs lois et de leurs propriétés, et à qui on ouvrait certaines portes de ­l’administration publique. Plusieurs figures patriotes ont ainsi activement soutenu l’empire en 1812 et ont accepté la légitimité de la logique aristocratique dans les colonies, tels Denis-Benjamin Viger, Louis-Joseph Papineau et Wolfred Nelson. Mais un ensemble de tensions brise progressivement ce sentiment de loyauté. La lenteur de la réalisation des promesses faites durant la guerre de 1812 touche les élus du peuple qui se heurtent à un gouverneur aux pleins pouvoirs, ou presque, comme les miliciens à qui l’on refuse les propriétés promises3. La crise des subsides au BasCanada, le contrôle des deniers publics, culmine à la fin des années 1820 lorsque le gouverneur Dalhousie tente de contourner la loi de 1778 qui octroyait à l’Assemblée le pouvoir de gérer ces fonds. Concomitante à l’apparition d’un esprit républicain dans l’espace public, cette crise génère une méfiance qui ne s’estompera pas, bien au contraire. Amer, « un milicien » déclare publiquement en 1837 que les habitants de la colonie ne combattraient plus contre les Américains si l’éventualité se présentait de nouveau4. Ces sources de crispation sont elles-mêmes alimentées par la tension récurrente entre le régime britannique et les colons d’origine française, les patriotes exigeant le redressement d’iniquités manifestes dues à des critères nationalitaires. Les crises se sont aussi enchaînées au Haut-Canada après la guerre de 1812. Le réformiste Robert Gourlay doit fuir la colonie en 1819 alors qu’il mène un mouvement réclamant des changements favorables aux colons. En 1826, les presses de l’éditeur William Lyon Mackenzie sont saccagées avec la complicité des notables de York (Toronto), avant qu’il soit lui-même expulsé de l’Assemblée en 1831 du fait de ses ­critiques envers l’élite dirigeante. Plus grave a été la campagne contre les colons originaires des États-Unis. Malgré la participation des late loyalists à la guerre de 1812 attestant leur loyauté, ils sont devenus la cible des foudres de l’administration, au point d’être temporairement déchus de leurs droits civiques et de leurs droits de propriété dans les années 1820. Londres est intervenue pour apaiser les esprits, mais une

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crise profonde avait vu le jour. L’élection de 1836 a achevé de convaincre de nombreux colons de se révolter, car elle a été perturbée par l’irruption du lieutenant-gouverneur Francis Bond Head et par la violence des gros bras des loges orangistes, mais aussi entachée de certaines irrégularités jetant une ombre sur la victoire du parti gouvernemental5. Au sud, les États-Unis sont en pleine expansion territoriale et économique, et semblent répondre aux espoirs des colons qui ont pris les armes pour fonder la République fédérale. Malgré des crises é­ pisodiques mais dévastatrices, l’« American System » dynamise le développement économique du Nord, alors que la production de coton fleurit au Sud grâce au travail forcé de millions d’individus réduits à l’esclavage, au point de devenir la principale richesse du pays. Par contraste, l’activité économique des colonies britanniques se grippe significativement, et seul le commerce du bois draine d’importants revenus dans les années  1830. De nombreux sujets britanniques, en particulier les patriotes, s’enthousiasment ainsi devant la prospérité des États-Unis durant cette décennie6. Les contextes économique et culturel contribuent à pousser les patriotes à la révolte, mais le nœud de la crise est la perte de légitimité du contrat social et politique. Le principe aristocratique a été affermi en rique britannique à la veille de la révolution américaine par l’Acte de Québec de 1774, qui scelle l’alliance entre les agents c­ oloniaux, les seigneurs (d’origine française pour la plupart) et l’Église catholique, un véritable « pacte aristocratique », selon certains ­historiens, piliers d’un esprit loyaliste qui permet de maintenir la colonie hors de la r­ évolution des Patriots7. Le caractère loyaliste et antirépublicain est ensuite renforcé par l’arrivée des réfugiés loyalistes fuyant l’établissement d’autorités républicaines qui se fédèrent contre l­’Empire b ­ ritannique. Avec l’Acte constitutionnel de 1791, les autorités impériales créent l’embryon d’un système parlementaire colonial aux Canadas et scindent la colonie de Québec en deux entités, sur des bases nationalitaires. Il ne s’agit toutefois pas d’équilibrer les pouvoirs, mais d’octroyer à une aristocratie locale émergente celui de gérer l’administration et de « conseiller » le ­gouverneur, tout en garantissant le lien impérial et en contrôlant le ­parlementarisme naissant. Au lendemain de la révolution américaine et dans le contexte de la Révolution f­ rançaise, la loi constitutionnelle de 1791 exprime donc la tendance contre-révolutionnaire et antidémocratique britannique. Cette philosophie politique s’accorde d’ailleurs avec celle des fédéralistes au sud de la frontière, une convergence de principes sanctionnée par le traité de Jay de 1794, qui crée un front contre la propagation des idéaux révolutionnaires français8.

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Les patriotes canadiens partagent cette grille de lecture historique, mais s’insurgent contre les aristocrates et leurs « suppôts », les shérifs, les greffiers, les constables, les ecclésiastiques, certains notables locaux ainsi que les marchands proches des cercles du pouvoir. Conséquences de privilèges aristocratiques et d’une forte concentration des pouvoirs, des coteries accaparent et distribuent honneurs et richesses, ce qui ­représente pour de nombreux colons le signe de la « ­corruption » qui règne. Cette amertume est contenue dans les termes qu’emploient les réformistes en général pour blâmer les oligarchies coloniales, le « Family Compact » au Haut-Canada, la « Clique du Château » dans la colonie francophone, « The System » dans les colonies maritimes, « The Cabal » à Terre-Neuve. Ils ciblent ce « petit corps » de « privilégiés », de véritables « oppresseurs », selon Mackenzie qui transforment les colons en « esclaves9 ». Pour le député et éditeur du très patriote La Minerve à Montréal, Ludger Duvernay, lui-même emprisonné dans le passé pour diffamation, il s’agit d’une « poignée de misérables officiels qui ne songent qu’à s’enrichir aux dépens du pays », et qui doivent par conséquent être mis « dans l’impossibilité de nous opprimer ». Le « résultat ne peut être douteux », selon lui, « le despotisme ne prendra pas racine en Amérique10 ». La prorogation répétée de l’Assemblée élue par le gouverneur alimente leur discours opposant démocratie et aristocratie. Cette utilisation du pouvoir tout comme les hiérarchies sociales provenant des modèles européens sont pour les patriotes incompatibles avec la culture américaine. « [L]es ­démocrates de ­l’Amérique sont aujourd’hui en trop grand nombre pour souffrir qu’on attaque impunément aucune partie de leur fraternité », explique Thomas Storrow Brown, un quincaillier montréalais issu d’une prestigieuse famille loyaliste ayant fui la république naissante, mais qui devient l’une des principales plumes du mouvement patriote en 1837 : « Nulle part la démocratie d’Amérique ne pourra être annihilée. C’est un produit du sol11. » L’histoire et l’ordre naturel deviennent ainsi progressivement les preuves de la légitimité de leur lutte. L’aristocratie est à leurs yeux contre nature, car l’Amérique est destinée à devenir la terre d’un monde nouveau, celle où les individus – avant tout les colons ­européens – peuvent profiter de l’égalité naturelle entre les hommes. Or, le principe aristocratique est la pierre angulaire de l’équilibre politique de l’empire, donc contester ses privilèges comporte un caractère s­ ubversif significatif, alors que l’opposition aux principes républicain et démocratique est existentielle pour l’Amérique britannique.

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R é vo l u t io nnai res En 1837, les langues et les plumes se délient contre le régime britannique, critiques qui s’accompagnent d’un fort accent républicain. La récente étude d’Yvan Lamonde et de Jonathan Livernois rappelle que Papineau était avant tout un républicain qui souhaitait une indépendance et un nouveau régime pour le Bas-Canada, une philosophie qui se traduit notamment dans ses demandes pour rendre électives plusieurs charges publiques12. Mais implanter cette logique politique qui octroie aux citoyens la source de la légitimité du pouvoir bouleverserait celle de 1791. Ainsi, John Neilson rompt avec les patriotes du fait de l’esprit républicain qui infuse les 92 Résolutions de 1834, qualifiées de « révolutionnaires », car elles réclament notamment l’électivité du Conseil législatif selon le modèle du Sénat des États-Unis. Souligner que les 92 Résolutions sous-entendent une refonte majeure de l’équilibre politique signifie aussi que la tentation révolutionnaire n’est pas apparue ex nihilo en novembre 1837. Dès 1832, La Minerve prévient que les « moyens constitutionnels » seront privilégiés pour obtenir le redressement des griefs présentés par les patriotes, mais « si ces moyens ne réussissent point [le peuple] verra ensuite ce qu’il aura à faire13 ». Le journal publie par la suite une correspondance anonyme qui fait grand bruit puisqu’elle affirme que seule une « révolution immédiate » pourrait sauver le pays. Les propos révolutionnaires sont, alors, surtout d’ordre privé ou anonyme, mais ils existent, à l’image de John Jones, l’ancien éditeur du Canadian Spectator de Montréal, qui évoque la possibilité d’une issue révolutionnaire à la crise : « Le temps viendra où nous pourrons montrer à nos maîtres que nous savons résister à une tyrannie aussi sévère qu’il montre envers un peuple soumis et fid[èle] jusqu’à ce moment ». « On croit assez à la possibilité d’une révolution, mais on la croit éloignée », entend-on, mais pour certains, « elle ne tardera pas14 ». Le virage est manifeste après les 92 Résolutions, et les journaux patriotes comme La Minerve se font plus menaçants : les Treize colonies « n’ont eu recours aux voies de la violence, qu’après avoir épuisé tous les moyens des prières et des remontrances – Les Canadiens épuiseront les mêmes moyens avant de recourir aux mêmes voies15 ». Papineau estime qu’il existe dès 1836 une séparation morale entre le Bas-Canada et l’empire. Duvernay et Mackenzie déclarent s’accorder avec les propos d’un journaliste anglais qui pense que « le Canada » se proclamera indépendant sous peu. Commentant l’impunité d’un

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shérif, Duvernay certifie qu’« [u]n jour de rétribution viendra pourtant ; il est proche16 ». Ainsi, avant même les Résolutions Russell de mars 1837, des patriotes de premier plan ont déjà adopté un ton révolutionnaire, et presque annexionniste : Le sort du Canada affecte l’Union [américaine]. Ses destinées sont liées aux États du Nord et de l’Ouest, et il approche ­rapidement de l’époque où sa position géographique même, à part les causes politiques agissantes, rendra son admission dans la grande F A MI L L E R É P UB L ICAI N E , un objet de désir mutuel et d’avantages réciproques17. Même si ces vues ne sont pas partagées par tous, elles démontrent que des journaux républicains des deux Canadas affirment ne pas exclure une issue révolutionnaire, qui est même présentée comme imminente. Les Résolutions Russell n’ont pas fait naître l’idée que la crise doit se résoudre par un changement de régime, mais pour Duvernay elles p ­ récipitent la « grande lutte dont l’Angleterre elle-même donne le signal18 ». Début avril, après l’annonce des décisions de Russell, les prises de ­position radicales sont de plus en plus nombreuses et séditieuses. Les journaux républicains diffusent ce qu’ils nomment des « appels à l’agitation », comme le Dr Edmund Bailey O’Callaghan, un médecin montréalais d’origine irlandaise, catholique et francophile, qui devient l’un des fers de lance du mouvement patriote au BasCanada grâce à son journal The Vindicator : « [T]here must be no peace in the province, no quarter for the plunderer. Agitate! Agitate!! Agitate!!!19 » L’historien Stanley Bréhaut Ryerson qualifie les résolutions de la première assemblée « anti-­coercitive » à Saint-Ours, le 7 mai, de véritable déclaration ­d’indépendance, inclination insurrectionnelle confirmée par la levée d’un « tribut Papineau » destiné à collecter des fonds dans l’éventualité d’une guerre20. Le discours patriote a d’autant plus de sens et de répercussion que les républicains canadiens ont conscience de vivre une période de profonds changements à l’échelle atlantique. L’agitation aux Canadas est, comme le souligne l’historien Michel Ducharme, un mouvement qui fait écho aux révolutions en chaîne de leur temps. La Révolution française de 1789 a été un moment déterminant de ce raz de marée politique, mais, à côté de celle des Patriots américains, c’est celle de 1830 qui est dans les esprits des patriotes francophones et qui les inspire. Cet élan déborde des cadres nationaux, et Papineau est

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régulièrement comparé à diverses figures de ces révolutions atlantiques, depuis les Pères fondateurs des États-Unis jusqu’à l’Irlandais Daniel O’Connell. Dans la même veine, les citoyens étasuniens justifient leur participation au mouvement patriote canadien en le présentant comme un nouveau chapitre du combat universel en faveur des révolutions républicaines, en Amérique, mais aussi plus récemment en Grèce et en Pologne. Un éditorial de Robert-Shore-Milnes Bouchette, avocat et cartographe issu d’une prestigieuse famille, paru dans son journal Le Libéral de Québec, synthétise l’esprit patriote : « tous les peuples du globe » renversent les monarchies ou acquièrent leur indépendance des métropoles impériales, surtout en Amérique où « on ne voit que des républiques » ; or, « notre pays est le seul, dont l’étendue couvre un assez grand espace de ce nouveau monde, [à être] écrasé sous le poids de l’administration d’un gouvernement corrompu21 ». Les États-Unis ont été l’étincelle ayant déclenché cette vague de bouleversements politiques, et la révolution de 1776 inspire largement les patriotes canadiens à l’image de Ludger Duvernay qui nomme l’un de ses fils Benjamin Franklin Lafayette. Les orateurs et éditeurs patriotes comparent leur combat aux différentes étapes ayant mené à cette révolution, parfois en arguant que leur situation est pire que celle des Treize colonies. Révolution légitime et victorieuse, elle est aussi présentée comme le modèle à suivre. « [E]n lisant attentivement ­l’histoire de la révolution [américaine] », écrit Bouchette dans un « avis aux gouvernants », « nous trouvons un tableau fidèle et exact des évènements qui se déroulent aujourd’hui dans notre province22 ». Lors du banquet de la Saint-Jean-Baptiste de Montréal de 1837, T.S. Brown, qui a lui-même vécu plusieurs années au Vermont, porte un toast aux États-Unis pour glorifier leur prospérité et leurs progrès, mais aussi pour « rappeler ce qu’ils ont fait dans une semblable conjoncture », car c’est « en les prenant pour modèle […] que vous pouvez espérer d’obtenir un jour le règne de la justice23 ». La filiation des patriotes avec la révolution de 1776 témoigne de leurs ambitions et des moyens qu’ils envisagent pour les réaliser, autant que d’une culture politique propre aux Amériques ; le Spirit of ’76 n’est pas réservé aux États-Unis, il est partagé à travers le continent. Tout au long du conflit, les patriotes canadiens comme étasuniens se réclament de cet « esprit », et ils se considèrent comme ses héritiers naturels. Lors d’une assemblée patriote tenue durant l’été 1838 à Cape Vincent, dans l’État de New York à l’embouchure du Saint-Laurent, des toasts sont par exemple portés à la gloire de Papineau, le « Jefferson of Canada », en

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même temps qu’à l’esprit révolutionnaire de 1776. Le républicanisme est sous cet angle intrinsèque à la culture et à l’histoire de l’Amérique, ce que retranscrit le discours patriote décrivant un continent destiné à abriter uniquement des idéaux démocratiques. Par répercussion, les « Européens » n’ont aucune légitimité à s’opposer à ce mouvement naturel, et la révolution canadienne devient une normalité historique. Les patriotes partagent en effet la certitude de Bou chette que « la démocratie fera des progrès rapides et gigantesques […] tout cédera devant elle sur le continent américain, et le peuple triomphera24 ». Depuis La Malbaie, au nord de Québec, un Français qui a vécu la révolution de 1830 avant de s’exiler, utilisant le pseudonyme « Vieux de la Montagne », diffuse le même message : « On ne peut arrêter la génération qui marche; on ne peut détourner le cours irrésistible de la civilisation25 ». Réactualiser la révolution américaine est également justifié par la tension autour du « territoire disputé» entre le Maine et les colonies britanniques. Le traité de Paris de 1783 mettant fin à la ­révolution ­américaine est vague sur le tracé de cette frontière, sa description étant interprétée différemment à Washington et à Londres. Elle y est désignée par la ligne de crête, ce qui la placerait bien plus au nord que celle finalement adoptée en 1842, du moins dans l’interprétation faite aux États-Unis. L’enjeu porte sur des milliers de kilomètres carrés d’une forêt très riche et sur un territoire qui permettrait de créer une voie de communication entre Halifax et Québec. L’arbitrage du roi de Hollande en 1831 n’a rien réglé, et l’essor du commerce du bois, qui provoque une véritable « lumber mania » spéculative dans les années 1830, attise les tensions. En 1837, les Bas-Canadiens observent et commentent les accrochages sur ce territoire, les patriotes espérant une guerre alors que les loyalistes restent convaincus que les deux empires souhaitent éviter l’escalade militaire. Durant l’été, néanmoins, l’Assemblée du Nouveau-Brunswick comme celle du Maine sont sur le pied de guerre. De plus, au cœur du territoire se trouvent des zones de colonisation comme l’Indian Stream et la communauté formée initialement par des Acadiens, le Madawaska, qui perturbent la ­stabilité de la région en manifestant leur désir d’autonomie, au point de déclarer des républiques indépendantes au tournant des années 1830. Les patriotes bas-canadiens considèrent donc que le contexte politique mêlant raidissement impérial (les Résolutions Russell) et tensions diplomatiques constitue une occasion favorable pour régler une crise qui s’enracine et rétablir l’ordre naturel et ­historique en Amérique du Nord26.

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E s c a l a d e au B as-Canada L’Assemblée du Bas-Canada n’ayant pas été convoquée par le gouverneur Gosford depuis l’hiver 1836, la réponse des patriotes aux  Résolutions Russell s’est exprimée dans un premier temps hors des ­institutions, notamment dans les journaux et sur les estrades des assemblées populaires. L’atmosphère se tend dès le début du printemps 1837, les mouvements de troupes sont observés et craints, les brimades et les accrochages se multiplient, et les discours se radicalisent. L’assemblée tenue à Saint-Laurent le 15 mai n’est pas la première assemblée patriote « anti-coercitive », mais, pour la première fois depuis l’annonce des Résolutions Russell, Louis-Joseph Papineau s’adresse à ses concitoyens. Le discours est d’autant plus marquant que le Comité central de Montréal, l’association civique récemment formée afin d’orchestrer la résistance, imprime ce texte-fleuve qui est également retranscrit et traduit dans les journaux. Ce discours détaille la nouvelle orientation que le Parti patriote entend prendre, et il est donc destiné à circuler et à scander la contestation. Papineau insiste sur la fin des espoirs dans la bonne gouvernance impériale d’un ­gouvernement « malfaisant » et « persécuteur », dont le dessein est de « préparer un avenir plus mauvais que ne l’a été un passé déjà insupportable ». Il annonce que la résistance devient une obligation morale et qu’elle n’est pas moins illégale que les décisions de lord Russell : « [S]’ils marchent dans la voie de l’illégalité et de l’injustice, marchons d’un pas égal ou plus rapide dans celle de la résistance. » La lutte ouverte, mais non violente, est engagée, les « temps d’épreuves sont arrivés ». Non seulement le Bas-Canada ne doit plus s’abaisser à demander une juste gouvernance, mais il doit aussi se préparer à ­l’assurer, annonce Papineau. Le tribun affirme ainsi que la perte de confiance envers Londres se double du besoin de préparer un autre avenir, conçu de leurs propres mains. L’idée d’une prochaine convention est exposée, et il déclare même lors de ce discours ne pas espérer que les autorités impériales reculent afin de ne pas briser cet élan. Il est donc évident que Papineau est prêt à s’engager plus avant dans l’horizon révolutionnaire qui se dessine. Faisant écho à l’inéluctable cours de l’histoire, il rappelle que le « flot démocratique a coulé ­irrésistiblement par une fente qui, devenant de plus en plus rapide, renversera sans violents efforts les impuissants obstacles que l’on peut tenter de lui opposer27 ».

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Prône-t-il donc publiquement une révolution ? Il n’appelle pas explicitement à la prise des armes, et son discours demeure prudent au premier abord. Il est aussi parfois ambivalent, comme sur le cas précis mais fondamental de la possibilité d’une annexion aux États-Unis, sur lequel nous reviendrons. Papineau reconnaît que certains veulent des mesures qu’il qualifie de plus « rigoureuses », mais il affirme que ce temps n’est pas encore venu et que celles qu’il ­préconise, comme la non-consommation des produits taxés, suffisent pour l’instant. La menace est cependant très claire puisque, si ces moyens s’avèrent ­inefficaces, il faudra « accroître ce degré d’action ». En toile de fond, le message de Papineau est explicite : le changement de régime est engagé, car Londres a perdu toute légitimité, il débute par des actes non violents, mais le cours des évènements pourra le convaincre de la nécessité d’actions plus déterminées. S’il ne prône pas la violence, elle est déjà présentée comme légitime et demeure une option qui est peutêtre, dans ses propres mots à Saint-Laurent, meilleure. L’ambiguïté de Papineau ne résume cependant pas l’état d’esprit de la colonie où l’humeur publique devient de plus en plus virulente, puisque le tribun n’appelle pas non plus au calme, au contraire. La Minerve encourage les habitants à défier les autorités, car la lutte est désormais engagée « entre les hommes qu’on appelle le pouvoir et les hommes qu’on appelle le peuple, qui est aussi un pouvoir, et dont les forces surpassent de beaucoup les premiers ! ». Le renversement du régime est évident pour Duvernay, « les principes électifs nous feront bientôt oublier que nous avons eu des maîtres 28 ». The Vindicator d’O’Callaghan, le plus proche associé de Papineau en 1837, reprend The Constitution de Mackenzie afin de poser deux questions explicites : « Will the Canadians declare Independence and shoulder their Muskets ? » et « Can the Canadians Conquer? », qui obtiennent des réponses affirmatives29. Lors du banquet de la SaintJean-Baptiste de Montréal, Brown explique qu’il ne s’agit plus de jeux d’enfants : « [P]réparons-nous, organisons tout et attendons30. » Les grands noms du mouvement se succèdent ainsi pour expliquer que le contrat social entre la colonie et l’empire est rompu, et que le temps de paix est révolu, ce qui provoque la multiplication d’accrochages violents au quotidien et de témoignages publics défiant le régime. « Qu’ils tremblent – leur règne s’en va finir », écrit un correspondant du Libéral, alors que certains journaux haut-canadiens sympathiques à leur cause écrivent dès le début de l’été que le Rubicon a été franchi31.

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Thomas Storrow Brown, collaborateur du Vindicator, est l’une des plumes patriotes les plus actives. Sous le pseudonyme « L.M.N. », il envoie une série de lettres retentissantes au New York Daily Express, qui sont ensuite traduites et publiées au Bas-Canada. Il y alerte le public étasunien afin de susciter son soutien moral, voire plus, mais expose également la stratégie révolutionnaire patriote. Aux propos désormais communs sur la légitimité de leur mouvement, Brown présente les colonies comme une poudrière qui n’a besoin que d’une étincelle pour repousser définitivement la monarchie britannique hors du continent. Il annonce même qu’en commençant une révolution en novembre ils seront en possession du pays six mois plus tard si d’aventure ils recevaient le soutien de leurs voisins : « Des préparatifs sont déjà commencés qui rendront [les leaders patriotes] invincibles sitôt que [le peuple] voudra dire : “Je suis prêt32.” » Pendant que Bouchette attire l’attention de ses lecteurs sur le caractère militaire des propos de Brown, ses adversaires estiment qu’il prêche la guerre civile de manière éhontée et qu’il prépare un conflit qui commence déjà à être vu comme inévitable33. Dans les discussions publiques, l’horizon qui se dessine est en effet celui d’un affrontement armé puisque la violence physique et militaire est envisagée par les loyalistes les plus radicaux, par les autorités qui opèrent des mouvements de troupes et, comme on l’a vu, par les patriotes. Le souvenir des précédentes guerres ressurgit lors des ­assemblées populaires, et l’un des arguments les plus mobilisateurs concerne les promesses non tenues de la Grande-Bretagne durant ces conflits. Lors de l’assemblée du comté de La Prairie, présidée par un vétéran de 1775 et de 1812, les « héros de Châteauguay » mènent les discussions pour rappeler que les miliciens n’ont jamais été récompensés. Ils encouragent une opposition ferme et physique contre le gouvernement, et verraient désormais « avec plaisir l’occasion qui leur donnerait les moyens de secouer le joug tyrannique qui pèse sur eux, et s’ils prennent jamais les armes, ce ne sera pas pour conserver un pouce de terre dans l’Amérique du Nord34 ». L’ancien éditeur patriote de Québec, Étienne Parent, décrit le conflit qui prend forme comme un affrontement entre les partisans de l’empire et de la monarchie, dont il fait partie, contre ceux qui envisagent  ­l’établissement d’une démocratie, un projet qui détruira « les ­institutions civiles et religieuses du pays » et qui sèmera le sang et la ­destruction. Il dénonce le Parti patriote qui pousse le peuple à la révolte et encourage les troupes étasuniennes à intervenir. « Le crime est flagrant, déclare Parent, il porte tous les caractères de la

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préméditation35. » Hyacinthe-Poirier Leblanc de Marconnay, un exilé français devenu l’éditeur du Populaire de Montréal, est encore plus véhément dans sa dénonciation de la « désorganisation sociale » menée par Papineau et ses complices. Il écrit à ce propos qu’O’Callaghan est coupable d’« annoncer que la république sera bientôt proclamée », tant ses prises de position sont devenues ouvertement séditieuses36. Les ­correspondances publiées dans les journaux de Parent et de Marconnay affichent la loyauté d’une partie de la population, mais elles témoignent également de la révolte qui gronde et du chaos qui se profile, pestant contre les « prétendus hommes du peuple qui ont réussi à amener dans leurs pays une révolution37 ». « Aujourd’hui, tout est bouleversé », se plaint « un habitant » qui ne peut plus commercer à sa guise du fait des restrictions patriotiques, « les artisans se mêlent de politique, et Mr. Papineau, qui ne sortait de Montréal que pour se rendre à la chambre, court les campagnes pour provoquer l’effusion du sang humain38 ». Ces propos sont tenus avant que l’escalade prenne une tournure plus marquée encore avec une série d’actes forts d’août à novembre, ne laissant presque aucune chance à une issue politique. Un indice concret de la perte de légitimité du régime britannique est d’ordre parlementaire. Inactive depuis l’hiver 1836, la Législature est convoquée au début de l’été 1837 par l’intermédiaire d’une publication extraordinaire de la Gazette de Québec publiée par autorité. Ce ­procédé étonne d’ailleurs Parent, car la convocation a été émise hors des publications régulières et alors qu’aucun navire provenant d’Angleterre n’est arrivé pour transmettre un ordre récent, ce qui traduit à ses yeux une inquiétante improvisation du gouverneur. Avant de rejoindre Québec pour la session parlementaire, Papineau n’a pas assisté à la cérémonie montréalaise pour proclamer reconnaissance et loyauté envers la nouvelle reine Victoria, « trop républicain », selon Le Populaire, pour ne pas saisir toutes les occasions de montrer sa « grossièreté ». En même temps, au Collège de Montréal, le God Save the King est reçu silencieusement, quand Vive la Canadienne se conclut par des tonnerres d’applaudissements, un camouflet que doivent subir en silence les notables locaux39. Le 18 août, l’Assemblée se réunit à Québec, avant d’être prorogée le 26. Dès le début des travaux, en effet, une motion pour continuer la session est rejetée par le Parti patriote. Mais « ce qu’il y a de plus beau encore », selon Brown, c’est qu’un « amendement pour déclarer fidélité à la couronne Britannique, et le désir de cimenter ou conserver la connexion avec l’Angleterre, fut négativé par une majorité de

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61 contre 1640 ». Les élus patriotes ont donc sciemment refusé d’afficher leur loyalisme, acte insurrectionnel fièrement exposé au public. Pour l’historien Gilles Gallichan, le parti mobilise la « loi fondamentale » de la tradition parlementaire britannique qui accorde un droit d’insurrection légitime contre un monarque jugé excessif. Sous couvert de cette « loi », l’historien estime qu’une insurrection parlementaire a eu lieu en 1837. Cette impasse parlementaire favorise une lutte politique extra-institutionnelle, et in fine violente. Le gouverneur Gosford ne cherche pas non plus à pacifier les esprits puisqu’il ajourne la nouvelle convocation de l’Assemblée tout d’abord au début d’octobre, puis de nouveau en novembre. Dès lors, les assemblées publiques patriotes dénoncent l’absence de la seule institution coloniale émanant du peuple et clament leur refus d’être gouvernés par le Parlement impérial dans lequel ils n’ont aucun représentant. L’effondrement du système parlementaire encourage aussi les patriotes à annoncer que le peuple convoquera lui-même la prochaine Assemblée41. En réaction à l’ampleur de la défiance contre les autorités, le gouverneur Gosford exige que les titulaires de charges publiques, en ­particulier les juges de paix et les capitaines de milice, fassent preuve d’une loyauté publique et affirmée. La conséquence de cette requête matérialise la division au sein de la colonie. Des dizaines d’officiers sont destitués à travers la colonie, destitutions souvent précédées par la démission, ce qui signifie que l’autorité publique, déjà peu présente physiquement dans les campagnes, s’effondre en quelques semaines dans ces comtés. Ce phénomène encourage les patriotes à faire un pas de plus dans l’autre direction en organisant leurs propres élections de juges de paix, une nouvelle figure de la justice considérée comme ­légitime et drapée de symbolique républicaine. Dans le comté des Deux-Montagnes, au nord de Montréal, ce mouvement débouche sur la création d’une véritable autorité publique parallèle, d’essence ­républicaine. Les patriotes ne défient donc pas uniquement les a­ utorités, ils les remplacent et créent les bases locales d’une future ­république. Le folklore révolutionnaire accompagne ce processus en même temps qu’il se propage, comme dans le comté de L’Acadie, au sud de Montréal, où une fête réunissant un millier de patriotes a lieu pour célébrer les magistrats et les officiers déchus de leur commission. Les hautes figures du mouvement encouragent publiquement l’établissement de ces ­institutions républicaines rurales, inspirées du modèle mis en place par le comté des Deux-Montagnes, en particulier lors de la solennelle convention des Six-Comtés en octobre 183742.

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E n ava n t, m arche ! Un autre indice de la radicalisation révolutionnaire du Parti patriote est la présence ostentatoire d’armes lors des rassemblements populaires. Ce phénomène est courant au cours de la vague des assemblées « anti-coercition », sans que cela heurte les têtes d’affiche du parti. À la fin de juin, à Bellechasse près de Québec, les patriotes accueillent par exemple Papineau avec leurs fusils ainsi qu’un canon, affichant « les meilleures dispositions », selon le rapport de La Minerve. Commentant ces réunions publiques, Mackenzie résume dans The Constitution la signification qu’il est possible d’associer à cet armement : Two or three thousand Canadians meeting within 25 miles of the fortress of Quebec, in defiance of the proclamation we have quoted, with muskets on their shoulders, and the Speaker of the House of Commons at their head, to pass resolutions declaratory of their abhorrence of British Colonial Tyranny, and their determination to resist and throw it off, is a sign not easily misunderstood 43. Un mois plus tard, Papineau et ses proches trouvent une garde en armes, constituée des jeunes cultivateurs de la région lorsqu’ils se rendent aux assemblées de Lachenaie et de L’Assomption au nord de Montréal, et vingt-deux coups de canon saluent leur arrivée. En même temps, l’hymne révolutionnaire de La Marseillaise rythme ces assemblées populaires44. Une organisation couronne la militarisation du mouvement patriote, l’association des Fils de la liberté, héritière à peine voilée des Sons of Liberty de la révolution américaine dont la devise est : « En avant ! » L’association est formée le 5 septembre à Montréal, lors d’une assemblée publique à laquelle participe le Dr Robert Nelson, l’un des députés qui viennent de refuser de déclarer leur fidélité à la nouvelle reine Victoria. L’adresse de l’association, rédigée par T. S. Brown, déclare vouloir « exciter la sympathie de la jeunesse du pays » afin de « [le] défendre contre l’arbitraire administration ». Pour l’historien Yvan Lamonde, le caractère républicain et sécessionniste de ce manifeste ne fait pas de doute. À la lecture du document, l’éditeur du Courrier des États-Unis de New York en conclut que « si les meneurs réels n’ont pas encore prêché une révolte ouverte, ils ont poussé les jeunes à le faire45 ». Soulignons néanmoins la présence de ténors

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patriotes parmi les membres honoraires des Fils de la liberté, O’Callaghan, Duvernay, Brown et même Mackenzie, ainsi que les rédacteurs du Daily Express de New York. Le propre fils de Papineau, Amédée, en est membre. Les Fils de la liberté appellent la jeunesse à se dévouer héroïquement et à se tenir prête à agir, car « ce serait nous montrer criminels et nés pour la servitude que de borner notre ­résistance à de simples représentations ». Les exercices militaires constituent l’essentiel de leurs activités, et les historiens s’accordent pour y voir une organisation paramilitaire. La résistance ne se cantonne donc plus à prêcher la non-violence : Une séparation est commencée dont il ne sera jamais possible de cimenter l’union de nouveau, mais qui se poursuivra […] jusqu’à ce qu’un de ces évènements […] nous ait fourni une ­occasion favorable de prendre notre rang parmi les souverainetés indépendantes d’Amérique46. L’un de ses membres, Édouard-Élysée Malhiot, qualifie en 1839 les procédés de l’association de « scandaleux et révolutionnaires », ­estimant qu’elle a eu un rôle déterminant puisque c’est le défilé de la jeunesse patriote le 6 novembre, orchestrée par les dirigeants du parti, qui précipite l’affrontement armé47. La naissance de l’association provoque une nouvelle vague de ­propos révolutionnaires dans l’espace public. Le Comité central et permanent de Montréal salue l’organisation militaire de la jeunesse patriotique, « un auxiliaire à la sagesse tempérée des hommes de plus d’expérience48 ». Pour Le Libéral, les patriotes lancent un cri universel, un « cri de la nature », pour « la destruction totale de cet abominable système » qui gouverne la colonie. « L’indépendance est un évènement dans l’état actuel des affaires désirable, ajoute-t-il, le peuple, doit enfin montrer à tout l’univers entier qu’il peut établir et se choisir tels ­systèmes de gouvernement qui lui plaira49. » La perspective d’une révolution se précise puisque la prise des armes est désormais encouragée. Les journaux patriotes évoquent une opinion publique favorable aux « grands mouvements convulsifs des masses » qui réparent ­l’injustice des siècles, et publient d’innombrables poèmes et éditoriaux sur la révolution qu’ils espèrent la moins meurtrière possible, mais qui est engagée. « Nous n’hésitons pas à le dire, clame Le Libéral, ­préparons-nous à repousser la force par la force. Celui qui n’est pas prêt à sacrifier sa vie pour la liberté n’est pas digne d’en jouir50. » « Si

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nous ne cessons d’ A J T [d’agiter], écrivent-ils dans une subversion à peine déguisée, [n]otre pays sera O C [aussi] [e]n république R I G [érigée]51. » Depuis La Malbaie, le « Vieux » prévient que si le gouvernement ne fléchit pas, « ce serait la révolution ». « Jamais révolution ne serait plus nécessaire, plus juste dans ses principes, ajoute-t-il, nous devrons attendre avec confiance cette grande régénération sociale des effets irrésistibles de l’entraînement de notre âge52. » Au quotidien, les brimades se succèdent et débordent souvent, provoquant des blessures graves, et parfois la mort. En relatant un épisode de ce genre au cours duquel un « citoyen » se fait « assassiner » par des soldats, Le Libéral ajoute les paroles de La Marseillaise, titre « Aux armes citoyens » et incite ses lecteurs à répondre par la force. Étienne Parent explique quant à lui dans son journal, et à son grand regret, qu’une guerre civile se profile, lors de laquelle les habitants devront choisir entre l’Empire britannique et les États-Unis53. À la fin d’octobre 1837, l’escalade marque une nouvelle étape avec l’établissement d’une entité politique patriote, d’essence républicaine dans les principes et dans la forme, nommée la « Confédération des Six-Comtés ». L’assemblée fondatrice est tenue à Saint-Charles, à l’est de Montréal, les 23 et 24 octobre, où se sont rassemblées de cinq mille à huit mille personnes selon les patriotes, quelques milliers de moins selon leurs adversaires. Dans les premiers articles de presse sur cette assemblée, les journaux patriotes comme La Minerve considèrent déjà que l’évènement « fera époque dans l’histoire du Canada54 ». Treize députés de l’Assemblée du Bas-Canada sont présents, dont Papineau qui est accueilli par la décharge de cent coups de fusil et des coups de canon. Une compagnie d’une centaine de miliciens en armes rend la scène solennelle, et le bruit de leurs mousquets berce la ­g igantesque réunion publique. Selon les récits des journaux ­républicains, la ­jeunesse jure de vaincre ou de mourir, les chants patriotiques ­s’enchaînent, et des bannières sont brandies par la foule sur lesquelles on peut lire « Nos amis du Haut-Canada : notre union ! » ou « INDÉPENDANCE !55 ». Cette confédération émergente est une fédération de six comtés de la grande région de Montréal, représentés par leurs délégués élus au cours des assemblées populaires du printemps et de l’été, qui forment ensemble un sixième de la population de la colonie. Ces délégués déclarent bâtir une nouvelle structure politique, car « la législature provinciale n’existe que de nom », et ils encouragent les autres comtés à se joindre à eux. Les orateurs explicitent leur rejet de l’aristocratie,

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des monopoles, des injustices, et rappellent qu’il n’y a plus rien à attendre de Londres, ce qui conclut magistralement la rhétorique de Papineau à Saint-Laurent. Dans l’adresse de l’assemblée rédigée par ce dernier et O’Callaghan, la Déclaration d’indépendance de 1776 y est déclarée « sacrée », le peuple, les principes démocratiques et la logique de l’élection sont célébrés, les pratiques impériales sont qualifiées de violentes, corrompues et insultantes, et l’état de la colonie est présenté comme déplorable. Ils incitent les habitants à élire leurs magistrats et officiers de milice, révolution politique accompagnée de la mise en circulation d’une nouvelle monnaie. Ils entérinent enfin la tenue prochaine d’une convention, projet qui circule depuis le discours de Saint-Laurent. Papineau n’appelle toujours pas explicitement à la violence à Saint-Charles, uniquement à se tenir prêts, mais pour d’autres comme le Dr Cyrille-Hector-Octave Côté du comté de L’Acadie, le temps est venu d’envoyer aux autorités des balles plus que des griefs56. « Si tout cela n’est point significatif, si tout cela ne sent pas la révolte, si tout cela n’est point un commencement d’exécution pour l’autorité, dénonce de Marconnay, il faudra que les amis de l’ordre se décident à augmenter le désordre pour en finir57. » Le Populaire et les autres journaux loyalistes sont alarmés et jugent les patriotes coupables de haute trahison évidente par leurs attaques contre la reine et les institutions britanniques, ainsi que par leurs appels à la désertion et à l’intervention des États-Unis. De Marconnay estime qu’ils en ont entièrement conscience et qu’il sera impossible pour Papineau « de dire qu’il n’a jamais compris ce qu’il faisait, qu’il n’en prévoyait pas les fatales conséquences58 ». Parent considère pour sa part que cette convention crée de facto un gouvernement, même si l’assemblée a préféré ne pas déclarer l’indépendance immédiatement. Le gouverneur Gosford juge lui aussi que le projet envisagé mènera au renversement de l’autorité, d’autant que la contestation révolutionnaire enfle aussi dans le Haut-Canada. Pour l’historien Fernand Ouellet, l’assemblée a bien émis une déclaration d’indépendance pour six comtés, et LouisGeorges Harvey y voit un document indépendantiste affirmant ­l’inévitable affranchissement des peuples américains. Il s’agit en effet d’un texte annonçant une imminente révolution, la perspective de la prise des armes n’étant même plus masquée : Notre jeunesse, l’espoir de la patrie, devrait partout s’organiser à l’instar de leurs frères, les Fils de la liberté, de Montréal, afin

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de se trouver prêts à agir avec promptitude et efficacité suivant que les circonstances pourront le requérir ; et les braves miliciens, qui deux fois par leur valeur et au prix de leur sang, ont défendu ce pays pour des dominations ingrates, devraient aussi s’associer dans ce moment sous des officiers de leur choix59. La création de la Confédération des Six-Comtés est un nouvel acte révolutionnaire concret dans un discours revendiquant l’héritage de la révolution américaine. Les journaux patriotes glorifient cet évènement pendant que la presse étasunienne évoque les « États confédérés » au Bas-Canada, et même une « déclaration d’indépendance », utilisant un vocabulaire directement issu de leur passé révolutionnaire. Des Haut-Canadiens partagent ce point de vue. « If we mistake not, écrit le Upper Canadian Liberal, we see the germs of a speedy revolution in the present movement of the Canadians60. » Le message envoyé depuis Saint-Charles est donc explicite, et le mandement de Mgr Lartigue, évêque de Montréal, exigeant la loyauté des colons n’y change rien puisque sa lecture est interrompue durant les messes par La Marseillaise et des « Vive Papineau »61. Comme l’expliquent les journaux patriotes, les habitants ont désormais les moyens de se joindre aux autres comtés pour renforcer la nouvelle Confédération républicaine. Leur discours affirme qu’ils n’ont besoin d’aucune loi humaine pour se justifier puisque, selon eux, ils se mettent uniquement en accord avec le droit naturel que le sol ­américain leur offre. Dans une « Adresse du peuple » au gouverneur publiée dans Le Libéral du 7 novembre, le ou les auteurs remercient ironiquement les autorités d’avoir démontré qu’il n’y a absolument plus rien à attendre d’eux. « Le Peuple a donc résolu de s’organiser définitivement, explique franchement le texte, afin de prouver au monde qu’une nation est la source de tout pouvoir et qu’avec une volonté formelle elle peut se passer du mauvais rouage d’une administration méprisée62. » Le récent Comité central de Québec déclare qu’il est désormais nécessaire de s’unir pour affronter les décisions illégitimes des autorités, tout en établissant sa propre association des Fils de la liberté. La tension militaire est palpable, les accrochages et les combats de rue sont quotidiens, pour culminer le 6 novembre à Montréal avec le violent affrontement entre le Doric Club et les Fils de la liberté. « Une révolution est quelquefois un évènement glorieux, quelquefois nécessaire, apprécie le Vieux de la Montagne, l’idée ­d’indépendance sait échauffer l’âme du patriote63. 

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Guerre Pire encore pour les partisans de l’ordre, les patriotes vont jusqu’à faire circuler publiquement des ébauches de plans militaires. Les correspondances de L.M.N. insistent sur ce point depuis la fin du printemps, « un plan de révolution aussi hardi que ridicule », rétorque un lecteur dans une correspondance pour Le Populaire64. Malgré une loi de neutralité aux États-Unis, il y a selon Brown dix-sept millions d’hommes le long des frontières, prêts à marcher sur le Canada, et leurs officiers seront un précieux atout. Le soulèvement doit avoir lieu en novembre selon ce plan, lors de la prise des glaces, ce qui empêchera le ravitaillement britannique. Les Fils de la liberté déclarent de leur côté qu’ils s’engagent à se tenir prêts, tout en expliquant qu’ils ne laisseront pas l’Empire britannique résister à l’expansion des ÉtatsUnis pour la troisième fois. Les miliciens sont actifs, rappellent leurs forces militaires lors des assemblées populaires, et des correspondances limpides sont publiées dans les journaux. Dès juin, « un milicien de 1812 » explique ainsi que les patriotes devront, en temps voulu, emprisonner les loyalistes des campagnes. Qu’il s’agisse d’un authentique milicien ou non, le message public demeure que l’heure est à la préparation d’un conflit armé. Un trésor de guerre, parfois appelé « tribut patriotique » ou « tribut Papineau » se constitue, mais comme l’explique Brown dans sa série de lettres publiques, c’est surtout sur la participation des « capitalistes » qu’ils comptent, car selon lui ils ont toujours su spéculer avantageusement lors des révolutions65. Le plan révolutionnaire s’est mis en branle, en partie du moins, parce que les autorités font preuve d’une fermeté coupable, envoyant des forces armées régler une crise politique qui, du fait des Résolutions Russell, ne pouvait que difficilement s’apaiser. Il est même dur de croire que les agents de l’Empire britannique n’avaient pas fait de l’affrontement armé le moyen privilégié pour reprendre définitivement la main sur le Bas-Canada. Parent déplore à ce titre l’absence de ­propositions de réformes ou de conciliation malgré l’urgence, ce qui ne laisse comme perspectives que la révolution d’un côté et le statu quo de l’autre. Il accuse même à demi-mot les officiers britanniques ­d’encourager le mouvement en laissant monter un soulèvement auquel les habitants s’attendent tous désormais. Sous cet angle, mais ce n’est pas le seul, il s’agit bien d’une résistance, ce qui a conduit certains historiens à souligner que c’est tout autant l’activisme et le radicalisme des loyalistes qui ont engendré les batailles rangées, un « double

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soulèvement ». Ainsi, d’un côté les troupes régulières britanniques convergent sur le Bas-Canada et Montréal en particulier, au grand plaisir du Doric Club qui parade fièrement aux côtés de l’artillerie dans les rues de Montréal, une « ridicule bravade dans un temps d’excitation » qui interroge également La Minerve. De l’autre, des républicains prônent l’armement de la population, s’organisent en conséquence et espèrent ­l’intervention des États-Unis. C’est dans ce contexte qu’ils accusent les autorités de provoquer la « guerre civile » et qu’ils présentent leurs préparatifs comme un moyen de se protéger contre une agression par les armes66. Au regard de l’ensemble de ces faits, et malgré les précautions prises et la destruction de documents sensibles, la révolution semble loin d’être improvisée. En novembre 1837, elle est envisagée par tous, encouragée et même espérée dans un avenir proche par les journaux patriotes. Baignée dans cette rhétorique et cette atmosphère révolutionnaire depuis plusieurs mois, la population est prête à prendre les armes. Plusieurs témoignages évoquent expressément cette préméditation, notamment Brown qui déclare publiquement au cours des premiers jours de l’exil que les républicains ont été pris de court par la contre-offensive des autorités, car « le soulèvement ne devait pas avoir lieu avant l’année prochaine ». La révolution était en cours de préparation de son aveu, mais l’enchaînement imprévu des évènements a empêché Papineau de prendre part aux combats, ce qui lui a fait perdre le soutien d’un peuple qui lui était jusqu’alors dévoué67. C’est d’ailleurs une version similaire que Papineau expose dans une lettre à Mackenzie, puis dans son Histoire de la résistance du Canada publié en 1839 : « Ce n’est pas que l’insurrection n’eût été légitime, mais nous avions résolu de ne pas y recourir encore68. » Il reconnaît donc la légitimité du mouvement révolutionnaire, mais aussi le fait d’avoir envisagé un soulèvement de concert avec les républicains du Haut-Canada. Les mêmes propos sont tenus en 1839 par Ludger Duvernay, dans Le Patriote canadien publié à Burlington, au Vermont, en précisant que la date du 4 décembre avait été fixée pour convoquer une convention. Certains témoignages, dont celui de Mackenzie, s’étonnent même de leur débandade au regard des ressources sur lesquelles ils pouvaient compter69. La force du mouvement révolutionnaire, et même l’issue de la crise, sont également évidentes pour les observateurs étrangers, qui prédisent une forme de guerre d’indépendance depuis plusieurs mois. Le long de la frontière, les journaux relatent les tensions qui explosent, comme le Detroit Weekly Post qui avertit : « Nous devons anticiper

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le boulet de la révolution70. » On évoque également à New York la révolution à venir, et l’on débat sur le rôle des États-Unis ainsi que sur une éventuelle annexion des Canadas, notamment dans les colonnes du Daily Express qui publie les correspondances de Brown depuis le printemps. Les républicains canadiens bénéficient alors d’une réputation favorable puisque Mackenzie est décrit de manière ­élogieuse par l’un des plus grands journaux de la république, l’Evening Post de New York, et les journaux radicaux de la ville expliquent qu’il est connu du public américain depuis plusieurs années. The Vindicator d’O’Callaghan est quant à lui présenté par le Boston Atlas comme l’un des journaux les plus « habiles » d’Amérique. Le célèbre William Leggett, dans The Plaindealer, ne cache pas non plus son intérêt et sa sympathie pour les républicains canadiens. Alors que les historiens estiment régulièrement que le soutien des Étasuniens est avant tout moral, voire intéressé, remarquons néanmoins qu’il est antérieur à l’éclatement de la violence militaire et qu’il découle d’une convergence principielle – ne pas accorder une légitimité aux patriotes canadiens signifie indirectement renier le sens de la révolution de 1776. L’opinion publique francophone de l’espace atlantique, la « francosphère », suit tout particulièrement la situation, comme à La Nouvelle-Orléans, où il est évident pour L’Abeille que « le tocsin de la guerre civile » se fait entendre d’un bout à l’autre des deux Canadas, un glorieux « ­torrent révolutionnaire » qui déborde déjà les autorités britanniques. Le B ­ as-Canada, tout comme le Haut-Canada, sont « à la veille d’une révolution décisive » et ils deviendront rapidement un ou deux États libres et indépendants. Favorables au mouvement ou non, les citoyens étasuniens perçoivent et décrivent une révolution imminente aux Canadas qui prend manifestement pour modèle leur propre ­histoire, constat partagé de l’autre côté de l’Atlantique, en France et en Angleterre71.

T u r b u l e n t e A méri que Les républicains canadiens s’inspirent en partie du débat public débridé qui anime les États-Unis de la période jacksonienne, du nom du ­président Andrew Jackson connu pour ses discours féroces contre « l’aristocratie financière » et sa « guerre » contre la toute puissante Bank of the United States. La situation de la république est elle-même extrêmement instable, voire explosive, puisque l’esclavage comme l’expansion vers l’ouest sont des sources majeures de conflits internes

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menaçant l’unité de la fédération. Dans le Nord, de nombreux citoyens expriment également leur défiance et leur impatience face à des gouvernants qui, à leurs yeux, ne s’engagent pas suffisamment sur le chemin de la démocratie. La fondation de la république est caractérisée par deux réalités qui façonnent en partie le conflit politique que nous voulons mettre en relief. D’un côté, le Spirit of ’76 a véhiculé des idéaux nouveaux d’égalité et de liberté, abstractions révolutionnaires inspirantes, mais aussi diversement définies et remplies de contradictions pratiques. De l’autre, les Pères fondateurs ont construit la république pour contenir l’esprit démocratique né de la révolution, ce qui est visible sur des sujets comme l’esclavage racial, le sort des Autochtones, le pouvoir politique et social des femmes, et même celui des hommes blancs devenus citoyens, qu’ils soient pauvres ou petits propriétaires. Les critiques comme Mirabeau ou Diderot ont rapidement discerné l’émergence d’une nouvelle aristocratie républicaine bénéficiant des inégalités de richesses ou de statuts sociaux pour prendre racine, voire de coteries comme l’Ordre de Cincinnati. Progressivement, les défenseurs de la démocratie ont imposé leur discours, évolution manifeste avec ­l’accession de Thomas Jefferson à la présidence en 1800. L’historien Seth Cotlar démontre cependant que Jefferson a certes adopté le terme « démocratie » pour s’opposer aux fédéralistes, mais également pour étouffer les exigences des plus radicaux. De même, si de nombreux travaux sur la période jacksonienne considèrent qu’elle s’apparente à une vague de démocratisation orchestrée par Jackson, divers historiens nuancent cette interprétation. Edward Pessen conteste la réalité même de la démocratisation, et pour lui la période s’apparente davantage à une « révolution cachée », conservatrice, sous couvert d’un discours démocratique. Au-delà de l’esclavagisme affirmé de Jackson et de son action génocidaire contre les Autochtones, l’historien souligne que l’aristocratie républicaine s’est toujours opposée à de profondes réformes démocratiques72. Les deux grandes organisations électorales de la période, le Parti démocrate de Jackson et le Parti whig, ne résument pas l’activité ­politique même s’ils surplombent les partis locaux ou régionaux : les Working Men’s Parties, l’Equal Rights Party, le Liberty Party abolitionniste ou encore le Parti antimaçonnique qui assimile la confrérie à une pratique aristocratique. Pour faire face aux transformations qui menacent la « république des artisans » apparue après la révolution, les citoyens se structurent hors des grands partis et fondent le premier

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Working Men’s Party en 1828, à Philadelphie, qui se greffe sur les organisations syndicales, sur un ensemble de journaux et sur diverses associations civiques. Inspirés notamment par Thomas Paine, les workingmen soulèvent les questions de la protection des travailleurs manuels, de l’accès au savoir, ainsi que du développement des banques et de l’argent-papier (les billets). Le Working Men’s Party de New York est créé en 1829 sous l’impulsion d’un ancien instituteur devenu « mechanic », Thomas Skidmore, dont la première bataille est de contester le passage de la journée de travail de dix heures à onze heures. Le nouveau parti adopte cependant rapidement une position profondément subversive, sur la nature de la propriété privée en particulier, avec pour stratégie avouée d’effrayer les « aristocrates » : « [S]o dangerous a question as that of how they came to be rich without merit, and the great mass of their fellow citizens poor without crime73. » Pour Karl Marx, le Working Men’s Party est le premier parti ouvrier au monde, alors que Pessen estime que les workingmen aspirent à créer une société s’apparentant à une forme de socialisme74. Dans Rights of Man to Property!, publié en 1829, Thomas Skidmore critique Paine, car il l’accuse de ne pas avoir entrepris de réflexion sur l’origine de la propriété privée. Il souhaite pour sa part déposséder l’agresseur de l’instrument de son agression, la richesse démesurée, notamment la privatisation de la terre au profit de grandes fortunes. Le résultat de cette absence de réforme agraire a eu pour résultat, selon lui, de créer une opposition qui mine la République entre deux classes, le « 1 % » ou le « hundred » qui est propriétaire, et les non-­ propriétaires : « [O]ne of slaves, whose duty it is to toil, but having a very great aversion to it; and the other, of despots, to whom it belongs to use the lash, and thus coerce their fellow to perform it75. » Skidmore propose de poursuivre la révolution et de redistribuer l’ensemble des biens matériels de façon égalitaire, puis de maintenir cette égalité par l’intervention de l’État. Dans le régime de propriété qu’il propose, la possession privée n’existerait donc que temporairement. Skidmore est loin de résumer la contestation radicale, mais il témoigne de l’ampleur des réformes espérées. Ces radicaux lisent et dissertent sur Paine, Owen, Fourier, mais également sur Locke, Rousseau, Sieyès, Smith, Blackstone. Sans former un front uni, ils n’en constituent pas moins une lame de fond qui ne peut être ignorée ; en témoignent les centaines de projets « utopiques » qui accompagnent le développement et l’expansion des États-Unis et qui stimulent la discussion politique dans le nord et l’ouest de la république76.

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La force politique radicale en plein essor dans la seconde moitié des années 1830 est surnommée péjorativement « Locofocoism », de son vrai nom l’Equal Rights Party, créé à New York en 1835 d’une scission avec le Parti démocrate. Cette nouvelle organisation se veut être celle des workingmen, même si elle inclut certains membres des professions libérales. Elle affirme vouloir s’affranchir des « leading politicians », de l’« aristocracy of wealth and its mental prostitutes » pour permettre aux « unambitious, humble men » de refonder la république, du moins l’État de New York. Les membres du parti se réclament de l’intellectuel public William Leggett et s’appuient sur un réseau de journaux relativement dense, comme le Democrat de John Windt et le New Era d’Alexander Ming, Jr (l’éditeur de Thomas Skidmore). Leur objectif est une réforme constitutionnelle, une révolution politique réactualisant l’esprit de 1776, « to bring into practice the principles on which the government of these United States were originally founded77 ». Autrement dit, terminer la révolution et renverser l’ordre établi par les Pères fondateurs, ce qui est logiquement perçu comme révolutionnaire par le Parti démocrate de la ville. La république qu’ils envisagent doit permettre aux citoyens de retrouver leurs droits naturels et l’égalité naturelle entre les individus (avant tout, les colons d’origine européenne), ce qui inclut une plus juste répartition des propriétés. Les Locofocos souhaitent en finir avec ce qui pervertit à leurs yeux la république et qu’ils nomment le « spirit of compromise […] between the advocates of Democracy and the friends of aristocracy  – compromise between the principles of right and wrong78 ». À l’automne 1837, ils se réunissent en convention à Utica pour rédiger une nouvelle constitution qui vise à établir un nouveau « social compact and system of government » émanant d’une « perfect democratic constitution ». Contrairement à la Constitution de 1787, le principe démocratique est présenté comme leur principale boussole79. Skidmore et les Locofocos ne sont que des exemples parmi d’autres d’un espoir répandu de régénérer la république vers plus de démocratie, mais leur constat cinglant contre la perversion des institutions et de la société commerciale par les « aristocrates » est consensuel. Pour l’Equal Rights Party et ses sympathisants, la clé réside dans les mécanismes économiques qui sapent la « république des artisans » au profit de l’esprit spéculateur, des possesseurs de capitaux et du monde industriel naissant. Ces bouleversements accompagnent un boum commercial et démographique, notamment à New York, qui engendre autant de misères sociales que de richesses matérielles, une forme de révolution économique pour l’historien Sean Wilentz qui couve une « bastardization » du monde du

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travail. À cette dérégulation sociale et cette paupérisation s’ajoute ­l’effondrement du système bancaire en 1837, principalement causé par une augmentation sans précédent du crédit à l’échelle transatlantique. En plus de propager la misère, cet évènement encourage l’insubordination. Ainsi, l’Equal Rights Party déclare vouloir saisir l’occasion « to overcome its enemy », la domination aristocratique, ce qui n’est à leurs yeux qu’une extension de la révolution de 1776 puisque les Pères ­fondateurs n’ont établi qu’un modèle républicain temporaire qui devra être perfectionné par les générations suivantes80. À côté de cette profonde contestation d’ordre politique, une augmentation de violences physiques qui lui est liée se remarque dans le pays. La révolution a généré une nouvelle forme de violence populaire, exercée au nom de principes égalitaires et démocratiques. Ainsi, les grèves ­professionnelles s’accompagnent régulièrement de violence, phénomène qui s’accélère dans les années 1830 à l’image des « bank riots » durant la « Bank War » menée par Jackson. Pour l’historien Paul Gilje, les ­différentes conceptions de l’ordre social sont souvent l’enjeu de ces affrontements, qui ne sont pas cantonnés aux grandes villes et qui secouent jusqu’à l’Université Harvard. La « Flour Riot » de février 1837 à New York, une émeute dirigée contre les entrepôts de farine de la ville à la suite d’une assemblée publique de l’Equal Rights Party, témoigne des débordements violents occasionnés par la contestation politique. L’« Anti-Rent War » qui éclate en 1839 dans le nord de l’État de New York à propos de la légitimité des grands propriétaires terriens, lors de laquelle l’esprit de ‘76 et les symboles de la révolution sont mobilisés, en est une autre illustration criante. Les citoyens les plus radicaux décrivent une « guerre » générale entre les travailleurs manuels et le monde des banques au sein de la république, un conflit qui n’est pas uniquement rhétorique. Lors d’une assemblée publique organisée dans la capitale, Washington, et consacrée à cette question, un individu tente en effet d’assassiner les organisateurs du rassemblement. En réponse, ceux-ci déclarent être prêts à se battre physiquement dans cette « guerre », sentiment largement partagé et exprimé par d’éloquents soldats comme Walt Whitman, pour qui le pays abrite un affrontement entre la démocratie qui bourgeonne et le capital qui répand son « air impur81 ». Dans cette perspective, la violence est en partie l’expression de la lutte permanente entre l’aristocratie républicaine et les citoyens amers, mécontents ou impatients. D’ailleurs, des observateurs et analystes comme Tocqueville ou Ralph Waldo Emerson, et avant eux Paine et Jefferson, associent la démocratie naissante à une expérimentation

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permanente sujette à amélioration. Il n’est donc pas rare de lire que l’éventualité d’une révolution est discutée au-delà des mouvements les plus radicaux, y compris chez les plus grands auteurs du pays, comme Emerson, Henry Thoreau ou Walt Whitman. Alors qu’Henry Clay, l’un des hommes politiques les plus influents de la république, déclare que le pays est « in the midst of a revolution » du fait de la politique agressive de Jackson, l’observateur français Michel Chevalier est incrédule devant la désobéissance répandue aux lois et déplore la volonté de justice populaire qui accompagne cette violence, d’autant plus qu’il remarque que la dissolution de l’Union et la perspective d’une révolution sont des sujets de discussion très communs. Pour les loyalistes de Montréal, non seulement cette violence est intimement liée au républicanisme, mais les dignitaires du régime et les journaux ne peuvent même pas la condamner par peur d’une population « contre laquelle on ne peut rien opposer ni résister82 ». Skidmore envisage effectivement une révolution, qui est non seulement un droit, mais surtout un devoir si les conditions de vie en société ne permettent pas à l’homme de jouir de ses droits naturels. Malgré sa radicalité, il reste opposé à la violence physique, imaginant que ses riches compatriotes ne peuvent qu’accepter des changements majeurs si d’aventure une large majorité les soutient. Nombreux sont les citoyens « radicaux » qui, comme Skidmore, ne veulent pas encourager la révolution violente, même si beaucoup pensent qu’elle est proche. Ces citoyens considèrent que les plus riches doivent combattre les inégalités et orchestrer de profondes réformes afin de dissuader les plus pauvres de les amorcer par une révolution sanglante. C’est dans ce cadre de réflexion que le syndicaliste de Philadelphie John Ferrall implore de réduire le temps de travail quotidien, et que le révérend et auteur Theophilus Fisk avertit les possédants qu’il serait judicieux de repenser le monde du travail, car « [b]eneath their feet an earthquake slumbers ». Pour le syndicaliste new-yorkais John Cummerford, une « moral revolution is silently but steadily progressing », préparant les travailleurs pour un prochain « day of retribution ». Aucune de ces voix n’appelle cependant à une prise des armes pour forcer le cours de l’histoire, ce qui fait dire à l’historien Edward Pessen que ces propos publics sont avant tout rhétoriques83. Une lutte politique permanente aux accents insurrectionnels existe néanmoins aux États-Unis. Dans les termes du Vieux de la Montagne, le Canada, comme l’espace atlantique, donc les États-Unis, est secoué par cette « fièvre continuel[le], tantôt plus, tantôt moins forte, mais

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toujours convulsive84 ». Les voix se multiplient en effet pour réclamer une régénération profonde de la république et, comme l’activiste radical Clinton Roosevelt, plusieurs déclarent qu’il est devenu nécessaire de se révolter, sinon il faudra inscrire sur les monuments patriotes du pays : Here lies The United States of America : Once The fairest country under heaven, For Her patriots poured out their blood like water; Now A mass of corruption Expect no good of her forever85 C’est sur ce terreau que la communauté politique radicale soutenant la révolution canadienne se forme. Des échanges et des relations se tissent même entre les patriotes canadiens et les Locofocos avant l’éclatement de la guerre. Les premiers lisent les journaux des seconds et insèrent leurs principes dans leur propre discours, ce qui est particulièrement visible chez Mackenzie qui souligne à plusieurs reprises son admiration envers Leggett et communique avec certains d’entre eux, basant nombre d’éditoriaux sur l’opposition entre les « droits égaux » des Américains et les privilèges aristocratiques. Les Locofocos sont également lus et repris par les Bas-Canadiens, par exemple par les patriotes qui gravitent autour du journal North American comme Édouard-Élysée Malhiot et surtout le Dr Côté, qui saluent l’« uncommonly vigourous intellect » de Leggett. O’Callaghan reconnaît aussi publiquement son admiration envers la figure de proue du locofocoïsme, « an able and bold champion of democratic principles », et retranscrit plusieurs articles repris des journaux locofocos. Dans son dernier numéro, à la veille de la révolution, The Vindicator prend même deux colonnes de sa première page pour présenter les grands principes de l’Equal Rights Party. En pleine fièvre révolutionnaire, l’associé de Papineau diffuse donc un exposé précis du mouvement, dont la conception des « droits égaux » signifie la volonté d’obtenir une réelle égalité de condition, et non une simple égalité des droits86. Républicains canadiens et radicaux étasuniens s’accordent sur un point qui est pour eux l’une des articulations majeures des transformations sociétales, la surpuissance de « l’aristocratie de l’argent » qui

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est incompatible avec leur vision démocratique de l’esprit républicain. Selon eux, ces aristocrates dominent la population grâce à un système corrompu qui impose un asservissement immoral au profit d’une petite minorité. Les Locofocos vont jusqu’à mobiliser Thomas More pour dénoncer l’avarice des plus riches et leur utilisation malhonnête des gouvernements afin de s’enrichir davantage, les États-Unis n’ayant pas rompu avec cette vieille pratique européenne. L’Equal Rights Party, parmi d’autres, constate que la république ne porte que le voile du républicanisme, cachant en réalité une véritable « tyrannie » aux mains d’une aristocratie fortunée qui dénigre l’égalité naturelle, et qu’il faut vaincre87. En novembre 1837, dans un contexte continental agité, le BasCanada baigne donc depuis de nombreux mois dans une atmosphère tendue, marquée par la défiance ouverte de l’Assemblée coloniale, de la presse patriote, et de nombreux représentants locaux envers un pouvoir public largement considéré comme illégitime. À l’intransigeance des autorités de Londres et de Québec, les patriotes, sous l’impulsion de Louis-Joseph Papineau, ont mené une intense campagne d’agitation, ils ont prôné des actes illégaux et menacé de suivre le chemin des Patriots, avant de mettre sur pied des structures publiques républicaines parallèles aux institutions coloniales, y compris une organisation paramilitaire. La possibilité d’une guerre révolutionnaire est ouvertement débattue dans le débat public, glorifiée par les uns, y compris les plus ardents loyalistes, et condamnée par d’autres, comme le journaliste Étienne Parent. Mis à part certains préparatifs militaires, en particulier la réorganisation de la milice, les autorités coloniales et le gouverneur, lord Gosford, restent relativement passifs, ne présentant par exemple aucun plan ambitieux pour sortir de l’impasse. Si l’indépendance de la colonie n’a pas encore été proclamée, la Confédération des Six-Comtés couronne néanmoins un processus politique qui tend irrémédiablement au renversement du lien impérial. Dans cette entreprise, les patriotes comptent sur le soutien de leurs voisins, en particulier au sud, alors que la révolution américaine est non seulement vantée, mais aussi prise pour modèle. Parallèlement, le débat politique dans les États du Nord des États-Unis est extrêmement animé, et les appels à la régénérescence de la république sont monnaie courante. L’émergence d’un public contestataire est ainsi manifeste au nord comme au sud de la frontière, un substrat qui permettra à la tentative de révolution canadienne de survivre aux premiers revers militaires de la fin de l’année 1837.

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2 Amalgame des nations Vieux enfans de la Normandie, Et vous, jeunes fils d’Albion, Réunissez votre énergie, Et formez une nation. Chant patriotique du Canada1

Le XIXe siècle est régulièrement présenté comme le siècle des nationalités. Avec la décolonisation et le morcellement des empires, les identités collectives évoluent sur des bases politiques et culturelles ; elles se défont pour se reformer, processus qui débouche sur la création de plusieurs États-nations auquel la Rébellion est souvent rattachée. Du fait de la prédominance du Bas-Canada et de sa population d’origine française dans le mouvement, mais aussi de la tendance à provincialiser l’écriture de l’histoire, l’aspect nationalitaire a longtemps dominé les travaux des historiens. D’ailleurs, le consensus récent autour de l’idée d’un projet national de type civique au Bas-Canada ne rompt pas avec la centralité de son caractère canadien-français. Comment se fait-il, se demande pourtant La Minerve, que les principes défendus soient similaires dans les deux Canadas, exprimés conjointement par une population d’origine britannique et française ? Le projet patriote aspire en effet à voir les « enfants de Normandie » et les « fils d’Albion » former une nation, ce que rappelle le Chant patriotique du Canada. L’utopie patriote est ainsi difficilement assimilable à l’idéal type des émancipations nationales du XIXe siècle et porte davantage sur la création d’un espace républicain où différentes nationalités européennes s’amalgameraient afin de ­respecter les droits naturels de chacun, à l’échelle de la colonie du BasCanada comme à celle du continent2. Un élément très pratique et fondamental pour comprendre la guerre qui éclate en 1837 est la relation entre les deux Canadas. L’Acte constitutionnel de 1791 fonde juridiquement les deux colonies, divisant le

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Québec d’alors sur des considérations surtout nationalitaires. Au début des années 1820, le projet d’une union sous l’égide de l’Empire britannique est combattu avec succès au Bas-Canada, justement pour ­préserver une certaine protection du fait français. Mais d’autres projets d’union ont aussi eu pour objectif de réformer ou de remplacer la loi de 1791. Au début des années 1830, Le Canadien et La Minerve, ainsi que William Lyon Mackenzie, défendent l’idée relativement similaire d’une fédération largement décentralisée et indépendante des ÉtatsUnis, mais toujours soumise à l’autorité britannique. Selon l’historienne Catherine Vance, la perception fédéraliste de Mackenzie est un projet politique équilibré, sans soumission des Canadiens français aux intérêts de la colonie voisine. Parallèlement, les griefs des colons des Canadas sont très semblables à ceux des autres colonies britanniques d’Amérique du Nord. Tous réclament une gouvernance plus démocratique, un meilleur accès à l’éducation, ou encore la fin des diverses formes de ce qu’ils appellent les « monopoles » et les « privilèges » économiques. Une réelle fraternité est discernable, la figure de LouisJoseph Papineau en vient à personnifier un combat commun contre les travers de la gouvernance impériale, et les républicains clament que leur union créera une force irrésistible3. La jeune, ambitieuse et désormais puissante république des États-Unis n’est pas oubliée lorsque les patriotes imaginent pouvoir écrire l’histoire, et la possibilité de réunir les différents peuples européens d’Amérique du Nord sous la bannière étoilée est d’une actualité brûlante. Cependant, aucun historien ne qualifie le mouvement patriote d’annexionniste. Nous soutiendrons au contraire l’hypothèse qu’à l’automne 1837 l’ambition dominante semble être de se joindre à l’union républicaine continentale qui prend forme avec les États-Unis, aspiration qui s’estompera au cours de la guerre. Cette annexion est attractive à leurs yeux, car la République ne forme pas encore un régime centralisé, chaque État conservant largement sa souveraineté4.

C a n a d iens La dimension nationalitaire est une composante complexe et importante de la guerre d’indépendance des Canadas, même si elle ne semble pas être un facteur aussi fondamental qu’on a pu le croire. Elle est majeure, car elle contribue à façonner les antagonismes. La politique impériale elle-même s’appuie sur une distinction des nationalités et des religions, par exemple en accordant un statut privilégié à l’Église

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anglicane. Les loyalistes les plus radicaux, tels le Doric Club et les orangistes, sont ouvertement francophobes et anticatholiques. Cet état de fait offre des arguments au mouvement patriote, qui dénonce les inégalités de traitement et le favoritisme sur des considérations nationalitaires. Ce sentiment est exacerbé durant la guerre qui éclate en 1837, lorsqu’une politique impériale assimilatrice est espérée par les uns et redoutée par les autres5. Pour des raisons stratégiques et morales, les patriotes du Bas-Canada revendiquent au contraire le caractère bilingue de leur ­mouvement, ce qui se retrouve dans leur souci de s’adresser au public dans les deux langues, puis dans leur insistance sur leur volonté d’abolir les préjugés nationalitaires. Il est pourtant régulièrement écrit par les historiens qu’ils se sont révoltés pour préserver l’héritage français et pour construire un État français d’Amérique qui, une fois établi, accueillera les non-Français et les assimilera de façon progressive. Les sources primaires utilisées ne peuvent toutefois pas prouver ces hypothèses, alors que les contre-exemples sont incommensurablement plus ­probants. Une partie de l’explication du contraste entre le rapport à la preuve et la force de cet énoncé réside dans la conception même de ces études, puisque les visions attribuées aux patriotes sont restreintes au Bas-Canada, duquel sont notamment exclus les townships anglophones6. L’une des dimensions structurantes du ­discours patriote bas-canadien est en effet de revendiquer l’égalité des colons nonobstant leur origine culturelle, à commencer par les iniquités endurées par les Canadiens français. Les 92 Résolutions de 1834 documentent et condamnent ces inégalités évidentes pour exiger des mesures ­réparatrices. La même année, sous l’impulsion de l’éditeur patriote Ludger Duvernay, est créée la fête de la Saint-Jean-Baptiste afin de défendre et d’honorer les Français du Canada. À la veille de la révolution, condamner les préjudices subis et décourager les Canadiens français de demeurer fidèles à l’empire sont des propos régulièrement tenus dans le débat public, tout comme l’assimilation du mouvement patriote à une émancipation aussi bien politique que nationale. Pour le Vieux de la Montagne, la politique impériale est opposée à la ­population canadienne-française, alors que le mouvement patriote exprime « l’amour national ». De plus loin, comme depuis Paris ou La Nouvelle-Orléans, c’est aussi parce que du sang français coule dans leurs veines que les patriotes se révoltent, ils sont issus de la « race française » et veulent « secouer le joug de la conquête » ­britannique négociée en 17637.

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Une partie du discours patriote porte ainsi sur la défense des héritiers de la Nouvelle-France, mais ils n’ont cependant pas le monopole du discours nationaliste et il s’avère impossible de juxtaposer les frontières nationalitaires et politiques. Le débat national canadien-français est alors très vif, deux fêtes de la Saint-Jean-Baptiste concurrentes sont d’ailleurs célébrées à Montréal en juin 1837. Certains colons, comme Étienne Parent, reprochent aux autorités de maintenir les Canadiens français à l’extérieur des réseaux d’influence, mais ils prônent tout de même le maintien du lien impérial. Le Canadien de Parent ainsi que Le Populaire imputent même aux patriotes le dessein de noyer la culture française en envisageant une annexion aux États-Unis, « et alors on pourra dire : adieu la religion, la langue et les institutions de nos braves habitan[t]s8 ». Les r­ épublicains accusent au contraire Parent de trahir le peuple canadien-­français, « il n’y a de Canadien dans votre feuille que le nom9 ». Ces raisonnements nationalitaires animent, par leur force et leur diversité, la décennie qui précède la Rébellion. Un ­éditorial paru dans La Minerve s’attelle dès 1827 à redéfinir la notion de « Canadien » en distinguant le Canadien « généalogique », soit le Canadien français, du Canadien « politique ». Dans ce second sens, « les Canadiens sont ceux qui font cause commune avec les ­habitan[t]s du pays, quelle que soit leur origine […] ceux qui ont un intérêt réel et permanent dans le pays […] et il y a dans le pays un grand nombre d’anglois respectables, que le pays reconnoit, parce que leurs intérêts sont les mêmes que les siens10 ». « Canadien » n’était donc pas réservé aux descendants des colons français, et des Anglais ­pouvaient être considérés comme de « vrais Canadiens ». Dans cet éditorial et dans le discours patriote, la cause commune et la patrie ne sont pas définies comme une lutte sous l’égide de la majorité ­française, mais entre le « petit nombre » et « la masse du peuple », l’éditorial concluant d ­ ’ailleurs que les « Canadiens-françois ne tendent pas à un pouvoir exclusif ». Historiquement, les termes « Canadien » et « Canadians » ­s’appliquent principalement aux colons français, mais nous observons un glissement sémantique durant cette période, en particulier au sein du ­mouvement patriote. Leur discours oppose avant tout Américains et Européens, et porte largement sur le besoin de dépasser les clivages nationalitaires, très souvent pour récuser les accusations de la presse « tory » assimilant la contestation à la population francophone. Alors que le mot « Américains » désigne généralement les colons du continent, ce qui a notamment été souligné au cours des dernières décennies

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par les travaux portant sur l’américanité des Bas-Canadiens, le terme « Européens » réfère dans le discours patriote aux agents impériaux et à ceux qui ne font que s’établir temporairement dans le Nouveau Monde, les marchands et les gouverneurs par exemple. Pour contrer la volonté publiquement reconnue de certains loyalistes de reléguer les Canadiens français à ce qu’ils nomment une « classe distincte », les patriotes mettent l’accent sur l’unicité de la population et sur l’intégration des différentes nationalités dans la patrie, en particulier des anglophones. Ils crient haut et fort qu’il ne s’agit pas d’un conflit de nationalités, que leurs principes sont communs à l’ensemble des colons, et que les changements qu’ils préconisent profiteront à tous, quelle que soit leur origine (européenne). Dans l’une des résolutions de l’assemblée de Saint-Laurent, il est ainsi affirmé que la nécessité d’adopter le système électif est aussi un moyen de « faire cesser en Canada d’odieuses distinctions nationales que nous répudions11 ». Les correspondances de Thomas Storrow Brown au New York Daily Express rappellent qu’après les 92 Résolutions « Français et Anglais, tous ceux qui votèrent du mauvais bord furent mis de côté – il n’y avait pas plus d’origines françaises dans le nouveau parlement que dans l’ancien, et plusieurs membres anglais furent élus par des commettan[t]s français12 ». La multitude d’appels à dépasser les clivages ethnoculturels est l’un des signes que la république en construction se fonde sur des critères avant tout politiques. « Les hommes que notre langue repoussait se rallieront sous le drapeau libéral », prédit Duvernay avant même l’annonce des Résolutions Russell13. Bien que les distinctions culturelles et historiques des Canadas soient bien connues, les citoyens des États-Unis utilisent aussi régulièrement le terme « Canadians » pour désigner conjointement les colons du Haut et du Bas-Canada, et uniquement ces deux entités, bien différenciées des colonies maritimes14. Le profond élan patriote des anglophones des Eastern Townships du Bas-Canada, le territoire frontalier au nord du Vermont, témoigne également de la complexité des réalités nationalitaires. La presse patriote locale, tenue par des éditeurs originaires des États-Unis, est particulièrement développée et véhémente, et elle propage un message radical et démocratique. Le clivage politique porte en premier lieu sur la question agraire dans cette région : la position monopolistique de la British American Land Company est dénoncée alors que le régime de propriété exclut des centaines de colons défricheurs qui deviennent juridiquement des squatteurs. Mais ces patriotes des

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townships insèrent leur lutte à celle plus générale de la colonie et ­n’hésitent pas à défendre ceux qui se font traiter de «  French ­ignorants », car si la supériorité commerciale des colons britanniques est bien réelle, elle s’est constituée selon les patriotes des townships grâce au travail des Canadiens français qui se font donc injustement voler les fruits de leur labeur15. Le glissement sémantique faisant des non-Français  des « Ca­nadiens »/« Canadians » s’opère d’autant plus facilement que les ­républicains anglophones, entre autres au Haut-Canada, s’approprient eux aussi le terme. Les républicains des deux Canadas ­s’interpellent même en se qualifiant de « compatriotes », évoquent un pays commun, et certains iront jusqu’à envisager une république des Canadas. Lorsqu’ils s’adressent à Mackenzie, Papineau écrit ainsi que l’éditeur se bat pour « my country », son fils Amédée signe « A compa­triot & fellow-citizen », et le Dr C.-H.-O. Côté mentionne « the freedom of our common country ». Il n’est donc pas surprenant de constater que les journaux bas-canadiens utilisent parfois le terme « patriotes » pour nommer les républicains du Haut-Canada, une terminologie qui renforce le sentiment et la volonté de convergence des deux colonies16. Les patriotes en viennent à affirmer que le « peuple » souverain est composé de différentes nationalités. L’article de La Minerve de 1827 parvenait déjà à cette conclusion et, en 1837, il est répété que, quelles que soient leurs origines, les patriotes ne forment qu’une seule et même famille, imaginant la création d’un peuple uni et d’un pays commun. Ce dessein fraternel soude en particulier les catholiques d’Irlande et du Canada, mais Français et Anglais ne sont pas non plus présentés comme des ennemis naturels, et les anglophones sont extrêmement nombreux dans les rangs patriotes, même à Québec. Les colons qui ont quitté les États-Unis pour s’établir dans les townships ne renient pas non plus leurs origines : « Américains nés, nous considérons les habitan[t]s de cette province comme un seul peuple et répudions tous préjugés d’origine17 ». En juillet 1837, ils organisent d’ailleurs l’une des plus importantes assemblées patriotes du Bas-Canada et élisent des délégués pour la convention qui se dessine, preuves de leur intégration dans le mouvement18. Les Canadiens français sont donc prompts à louer et à incarner l’esprit fraternel républicain en s’associant à leurs « frères » venus des États-Unis, d’Irlande et d’ailleurs qui, en réponse, s’engagent pleinement dans le combat patriote en tant que membres du peuple souverain.

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D ro it n at urel Leur discours tente d’unifier la population, pourtant les patriotes du Bas-Canada insistent tout particulièrement pour distinguer et mettre en valeur les nationalités. Ils les identifient entre autres pour montrer que leur mouvement n’est pas exclusif aux Canadiens français, mais aussi pour créer les conditions d’un front commun au nom d’un peuple uni. Jamais il n’est fait mention de fonder une communauté nationale assimilatrice avant la prise des armes – du moins il n’en existe aucune preuve à ce jour. Les banquets de la Saint-Jean-Baptiste symbolisent ces vues. À celui de Montréal de 1837, de nombreux Irlandais sont présents, dont Joshua Bell qui déclare être ravi de voir ses compatriotes honorer leurs « frères canadiens », « toujours l’on verra Jean-Baptiste et Patrick marcher ensemble sous les mêmes bannières19 ». À celui de Saint-Thomas, les patriotes appellent à l’extinction des préjugés nationaux, « notre cause » est aussi celle de « nos compatriotes irlandais ». De même, La Minerve se réjouit de voir que leurs frères irlandais de Québec se mobilisent contre les Résolutions Russell. Cette fraternité en partie religieuse l’est aussi envers les protestants. À l’assemblée de Berthier, Papineau présente les Anglais comme des coopérateurs du « nous canadiens », car « la population anglaise n’est pas adverse aux libertés du pays mais désire partager des droits communs avec nous, jouir de l’égalité aux yeux et sous la protection de la loi, que nous Canadiens, nous réclamons et pour eux et pour nous20 ». L’expérience américaine prouve, selon eux, que le modèle républicain permet aux peuples de coopérer pour bâtir le Nouveau Monde sans pour autant renier leurs différences culturelles, un phénomène qui concerne exclusivement, ou presque, les colons originaires d’Europe21. La nation en construction s’appuie en grande partie sur le principe philosophique des droits naturels qui structure, nous le verrons, leur réflexion collective. Les patriotes bas-canadiens présentent le maintien des nationalités comme un droit naturel ; il est inné et doit être ­protégé des interférences de la législation humaine. Cette conception rend illégitime toute forme d’assimilation culturelle (au sein des populations européennes) et garantit à chacun le droit de préserver sa n ­ ationalité. Les patriotes associent les différentes nationalités sous leur bannière et s’opposent fermement au nationalisme plus conservateur défendu par exemple par Étienne Parent. C’est ce que prend soin de détailler le journal patriote Le Libéral/The Liberal de Québec, lui-même bilingue :

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Les progrès de la civilisation se tracent partout par une ­progression co-ordonnée, plus ou moins marquante, dans la réforme « des ­institutions et des lois » et nous pourrions même dire « de la langue » d’un pays. – Ce qui convenait à une société dans son état d’enfance, ne lui suffira à peine dans son a­ dolescence et serait encore moins convenable à des ­circonstances d’agrandissement dans sa population, son ­commerce, les arts et les sciences, dont le développement exige la réforme des institutions ­primitives, des anciennes lois et de l’économie sociale […] Rien ne peut donc être plus absurde que d’entendre le Canadien sans cesse nous s­ onner dans les oreilles, avec une majesté tout à fait sibyllique, l’épigraphe [« Nos institutions, notre langue et nos lois »] absolument hors d’œuvre de son journal proscrit […] La langue familière d’un pays quelconque […] appartient au peuple de droit naturel, et l’utilité publique et le bonheur des habitan[t]s exigent sa ­préservation dans les actes exécutifs, législatifs, et ­judiciaires. Il est vrai que l’usage de deux langues n’est pas sans inconvénients ; mais la justice et la nécessité des choses ­l’emportent aujourd’hui ; nous pouvons néanmoins entrevoir que les ­liaisons de commerce et d’intérêts qui doivent exister dans la suite des tem[p]s entre les différentes peuplades de ­l’Amérique Septentrionale tendent à l’introduction assez générale de ­l’anglais même au Bas-Canada. L’utilité individuelle dictera imperceptiblement son application dans les affaires et cette langue partagera avec la française son empire sur toutes les classes de la société22. La culture est dépeinte ici comme un droit naturel nécessaire au bonheur, à commencer par celui des habitants canadiens-français. Par conséquent, toute forme d’assimilation culturelle au sein des colons européens est contre nature. Cela ne signifie ni l’unilinguisme, ­l’utilisation de l’anglais étant présentée comme une nécessité, ni l’assimilation des anglophones qui possèdent également ce droit naturel. Les patriotes souhaitent pérenniser la culture canadienne-française, et ils se scandalisent de voir la religion catholique être utilisée par le clergé et les autorités pour combattre leur mouvement. Alors qu’un projet d’assimilation culturelle au moyen d’un nouveau système scolaire est établi à Londres, il est également significatif de constater l’indignation des républicains anglophones des Canadas et de voir, entre autres,

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William Lyon Mackenzie, Edmund Bailey O’Callaghan, les patriotes des Eastern Townships, et Henry Chapman, à Londres, défendre de concert le droit naturel des Canadiens français23.

A m a l g a m e d e s nati onali tés Les patriotes n’établissent donc pas de hiérarchie culturelle ou ethni­ que au sein des colons et n’expriment pas non plus de volonté ­d’assimilation qui serait contraire aux droits naturels. Cette vision est une constante dans la décennie précédant la guerre. Dès 1831, Le Canadien (alors patriote) tout comme La Minerve expliquent que la cause est commune aux deux « parties de la population », et que leur union permettra « de former un peuple heureux et puissant ». Là encore, les deux composantes culturelles principales de la société coloniale sont distinguées, appelées à s’unir, mais sans mention d’une assimilation des Anglais ou d’une future entité politique francophone. Le Chant patriotique du Canada entonné à la veille de la révolution réitère le même propos, qui sera ensuite solennellement proclamé dans la Déclaration d’indépendance de 1838 : « Vieux enfans de la Normandie, et vous, jeunes fils d’Albion, réunissez votre énergie, et formez une nation24. » C’est le terme « amalgame » qu’ils utilisent pour nommer l’union des nationalités envisagée, terme qui ne signifie pas la création d’une nouvelle nationalité hybride, du moins dans l’immédiat, mais plutôt la cohabitation et la préservation des diverses cultures du peuple souverain. Dans la langue française du XIXe siècle, le sens figuré d’« amalgamer » signifie « rapprocher, unir, mêler des personnes ou des choses différentes25 ». Il traduit l’espoir de résoudre par le rapprochement la conflictualité des relations nationalitaires. Papineau déclare ainsi : « S’ils [les Anglais] ne peuvent s’amalgamer avec nous, qu’ils demeurent dans leur île26 ! » Il n’est pas question d’une assimilation, mais du respect de la culture française : « ils », les Anglais, doivent s’accorder avec « nous », les Canadiens français, ou rester en Europe. C’est la même idée qui était déjà exposée par John Neilson, alors un sympathisant patriote, à Tocqueville lors de sa visite dans la colonie : Je crois que les deux races vivront et se mêleront sur le même sol et que l’anglais restera la langue officielle des affaires. L’Amérique du Nord sera anglaise, la fortune a prononcé.

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Mais la race française du Canada ne disparaîtra pas. L’amalgame n’est pas aussi difficile à faire que vous le pensez27. Là encore, ce sont les États-Unis – manifestement idéalisés – qui servent de source d’inspiration. « [R]ien n’est plus agréable pour un philanthrope, explique Brown dans ses correspondances au Daily Express, que de voir dans des journaux américains, tous les noms nationaux d’Europe amalgamés28. » Le fait français est d’ailleurs toujours très présent aux États-Unis, même s’il commence à être menacé puisqu’en 1837 les Louisianais doivent défendre vertement l’utilisation de la langue française dans l’espace public contre les tentatives visant à « dénationaliser le langage de nos pères ». Ils rejettent eux aussi le nationalisme exclusif tel qu’il est exprimé par Mme de Staël et qui commence à fissurer leurs droits culturels, et considèrent les États-Unis comme un amalgame de nationalités européennes. Pour eux comme pour les patriotes du Bas-Canada, le respect de la culture française est l’un des principes fondateurs de la fraternité républicaine en Amérique. « De toutes les libertés, de tous les droits, les plus chers à l’homme de cœur, explique L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, c’est le respect de son origine29. »

L ’ u n io n fa it la force Pour les éditeurs loyalistes Étienne Parent et Hyacinthe-Poirier Leblanc de Marconnay, les républicains bas-canadiens sont « isolés et abandonnés du monde », alors que la campagne publique patriote s’appuie sur l’idée que la coopération naissante des colonies leur permettra de sortir victorieux de la crise. « S’il y a erreur de la part du peuple, écrit La Minerve, c’est une consolation que de songer que cette erreur est partagée depuis la Baie des Chaleurs jusques aux Lacs supérieurs30. » Lord Durham semble donner indirectement raison aux patriotes en notant dans son rapport la situation déplorable de l’ensemble des colonies, se lamentant en particulier devant leurs crises politiques endémiques31. L’actualité de la Nouvelle-Écosse est largement suivie et commentée au Bas-Canada, et de très nombreuses références au député Joseph Howe, également éditeur du Nova Scotian d’Halifax, se retrouvent dans les assemblées populaires et les journaux. S’ils ne sont pas majoritaires à l’Assemblée de Nouvelle-Écosse, La Minerve note toutefois le dynamisme des « amis du progrès et des réformes ». « Si l’on doit juger d’après les débats publics, écrit le journal en février 1837,

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l’opinion publique subit un changement visible et pour le mieux. » Pour les patriotes bas-canadiens, leurs « frères » de cette « colonie sœur » mènent un même combat et exigent des remèdes similaires. Dans un discours relayé à travers les colonies et traduit au Bas-Canada, Howe dénonce de son côté une situation opprimante et illégitime favorable à une « minorité peu nombreuse et impudente » qui exploite égoïstement « la masse du peuple ». Il explique que l’intérêt porté par les Néo-Écossais aux patriotes bas-canadiens est naturel, « car le sort de la Nouvelle Écosse et des autres Colonies, notre propre sort et celui de nos enfan[t]s, dépendent de l’issue de la lutte et des évènemen[t]s qui se préparent dans notre Sœur Colonie du Bas-Canada32 ». Aux yeux des patriotes, non seulement les colonies mènent une lutte politique similaire, mais cette convergence crée aussi les conditions d’une offensive générale contre la gouvernance impériale. Ils multiplient en outre les parallèles avec le Nouveau-Brunswick, et même avec Terre-Neuve dont la situation politique est régulièrement commentée. Les patriotes bas-canadiens manifestent leur solidarité en critiquant par exemple l’annulation de la victoire électorale des réformistes de Terre-Neuve au printemps 1837 ou en se réjouissant de leur réélection quelques semaines plus tard. Ludger Duvernay retranscrit dans son journal montréalais certains articles du Patriote de Terre-Neuve, qui dénoncent le régime impérial et concluent que les colonies « sont maintenant presque trop mûres pour être bafouées ou traitées avec mépris33 ». La force de la contestation dans l’Île-du-Prince-Édouard semble encore plus leur donner raison. Le conflit y est avant tout agraire, les colons, tout comme les Micmacs, refusant de reconnaître les titres des grands propriétaires terriens. Ils prennent pour nom « Escheators », également employé en Nouvelle-Écosse, qui signifie « révoquer » ; révoquer les titres de propriété octroyés illégitimement par l’empire. Depuis le Bas-Canada, on observe qu’il s’agit de la même corruption que celle à laquelle ils s’opposent, à savoir l’utilisation des ressources au profit d’une poignée d’hommes. À l’automne 1837, alors que les Escheators convoquent leurs assemblées publiques, Duvernay note que « l’esprit de réforme se fait jour dans la sœur-province », et le Dr Cyrille-Hector-Octave Côté fait l’éloge du combat des Escheators lors de la convention des Six-Comtés. L’historien Rusty Bittermann souligne d’ailleurs à quel point les colons de l’île perçoivent leur lutte dans un vaste affrontement transfrontalier opposant travailleurs et grands propriétaires bénéficiaires des largesses des autorités, et qui comprend aussi le régime seigneurial bas-canadien34.

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Les patriotes sont donc loin d’être isolés et, si le Bas-Canada est au cœur de la révolte, toutes les colonies sont secouées par des protestations qui se nourrissent mutuellement. Non seulement les Canadiens français accueillent les républicains d’autres nationalités à bras ouverts, mais ils n’envisagent pas non plus de se révolter seuls. La solidarité intercoloniale est constamment soutenue, comme dans l’adresse des Fils de la liberté qui est destinée à tous leurs « frères », les « jeunes gens d’Amérique du Nord », pour les inviter à former des associations similaires. Les patriotes des Eastern Townships se déclarent quant à eux solidaires avec « the people of all the Provinces » ; « Unite or die ». C’est ici que l’américanité joue, au Bas-Canada et ailleurs, car la révolte qui s’annonce est l’œuvre du « génie américain » et de son « esprit de liberté » commun à l’ensemble de l’hémisphère, selon les termes de T.S. Brown, et qui a – et va de nouveau – démontré sa force irrépressible et faire disparaître la monarchie du Nouveau Monde35. Les républicains canadiens s’emploient pour matérialiser cette alliance de principe, à commencer par le front commun des deux Canadas. En 1834, les radicaux de Toronto fondent la Canadian Alliance Society et évoquent leur désir d’établir une nouvelle constitution commune avec les autres colonies. En réponse, un « comité spécial » est formé à Montréal en décembre de la même année pour échanger avec les membres « libéraux » de l’Assemblée du HautCanada, dont font partie plusieurs des principales figures patriotes, Papineau, Viger, O’Callaghan et La Fontaine. La formation de ces comités de correspondance rappelle la révolution américaine et marque un tournant puisque les échanges, qui étaient auparavant limités, se multiplient jusqu’à la tentative de révolution. Divers ­projets politiques concrétisent cette alliance, à l’image de la collaboration entre O’Callaghan et Mackenzie sur une loi concernant les services postaux. En mars 1836, Papineau, au nom de l’Assemblée du Bas-Canada, rédige une correspondance aux orateurs des assemblées coloniales dans laquelle il insiste sur leurs intérêts conjoints, sur l’existence d’une gouvernance « anticonstitutionnelle » dont les différentes colonies sont les victimes communes, mais aussi sur ­l’inspiration que suscitent les sages hommes politiques étasuniens. L’exposé explique que les réformes souhaitées par l’Assemblée du Bas-Canada réclament des droits qui doivent être obtenus pour toutes les colonies, ce qui le sera grâce à leur coopération36.

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Les évènements de 1837 accélèrent le processus. D’innombrables résolutions, toasts, messages de soutien et appels à la coopération sont adoptés lors des assemblées et publiés dans les journaux. Duvernay insiste dans La Minerve sur le chemin conjoint qu’empruntent les différentes populations de cette immensité territoriale, car cela « surgit de raisons générales et de mêmes circonstances37 ». Les assemblées patriotes du Bas-Canada répètent que le temps est venu de s’unir, elles multiplient les honneurs envers les réformistes des autres colonies, ainsi que les appels à surpasser les clivages culturels. Parallèlement, les réseaux d’échanges s’étendent. Les patriotes des Deux-Montagnes mettent à leur tour en place une structure de communication intercoloniale lors de leur assemblée du 1er juin, affirmant que l’indépendance du Bas-Canada dépend de la coopération avec leurs « frères des colonies voisines », et même des républiques d’Amérique en général. Dans des lettres traduites et publiées au Bas-Canada, Mackenzie insiste sur la légitimité et l’importance de leur lutte commune contre les ennemis des droits de l’homme qui propagent la misère, il félicite le peuple patriotique de la colonie pour son courage et espère que celui-ci ira jusqu’à défendre ses droits à la baïonnette38. Derrière ce message, c’est donc la légitimité même de la présence de la monarchie britannique en Amérique du Nord qui est en jeu, une perception qui se retrouve jusqu’en Louisiane. « Le moindre évènement produira une collision, prévient Brown, qui comme une étincelle sur la poudre produira une explosion jusqu’aux parties les plus reculées des provinces, et rejettera le joug monarchique de l’autre côté de ­ l’Atlantique39. » L’union des colonies ne semble pas se traduire explicitement par une aspiration collective à établir une république ­commune, les États-Unis pouvant offrir une telle union. Néanmoins, il est impossible de comprendre les ambitions patriotes sans prendre en compte leur espoir de voir un soulèvement général pour mener une entreprise révolutionnaire périlleuse. Ils sont même persuadés que les États-Unis s’engageront à leurs côtés. O’Callaghan déclare de façon présomptueuse, au printemps 1837: [I]f inclined, the North American colonies, assisted as they would be, openly or secretly, by the United States, have at least men enough to afford a most formidable resistance to any force which might be sent against them. That all the colonies will join in an effort to obtain justice for any one of them which may be attacked, admits of little doubt40.

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C a n a das Uni s Les grands noms du mouvement réformiste haut-canadien revendiquent publiquement leur soutien moral envers les Bas-Canadiens, sentiment diffus puisqu’un certain nombre de journaux expriment leur fraternité, réclament plus de solidarité, se déclarent inspirés par leurs « frères » et dénoncent les Résolutions Russell avec eux. Une vague d’environ deux cents assemblées publiques balaye le Haut-Canada d’août à novembre 1837, ce qui débouche sur la création d’environ cent cinquante comités de vigilance chapeautés par un comité central. Tout comme pour leurs voisins, le modèle de la révolution américaine est reproduit et adapté au contexte du Haut-Canada. Au cours de ces assemblées, ces mêmes messages sont approuvés par la population : « Vive Papineau! Vive nos frères Canadiens! » Alors que la révolution se précise, les propos deviennent plus affirmatifs, les armes sont exhibées, et certains laissent entendre que l’affrontement qui gronde mettra également fin à la mauvaise administration du Haut-Canada. Pour le sociologue Stanley Clark, les résolutions adoptées lors des assemblées publiques dessinent un véritable programme révolutionnaire, alors que pour l’historien Stephen Smith l’aspect paramilitaire de la campagne démontre que les patriotes contestent ouvertement le monopole de la violence légitime des autorités britanniques, ce qui crée une profonde inquiétude chez leurs adversaires politiques41. Des actions subversives sont établies en écho à ce qui se passe au Bas-Canada, faisant apparaître un réel front commun voulu coordonné. Le boycottage des produits importés ainsi que le commerce de contrebande, stratégies visant à réduire les revenus du gouvernement qui ont été amorcées au Bas-Canada, mais qui sont inspirées là encore de la révolution américaine, sont répandues au Haut-Canada. Tout comme leurs voisins, les républicains haut-canadiens se présentent en public vêtus d’étoffes du pays, Mackenzie donnant lui-même l’exemple, et le boycottage des produits taxés se répand sous la bienveillance du révérend O’Grady de Toronto qui drape cette stratégie d’une légitimité divine. Mais ils ne font pas que suivre leurs voisins puisqu’ils appuient leur projet de libre commerce avec les États-Unis en envoyant une pétition à Washington, et les Bas-Canadiens les imitent ensuite. L’influence est donc réciproque même si l’inspiration provient souvent de la révolution américaine, à l’image de la formation des Fils de la liberté de Montréal, dont les membres déclarent prolonger l’initiative des patriotes de Vankleek Hill, au Haut-Canada42.

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L’un des moments clés de la contestation dans la colonie du HautCanada est la série d’assemblées à Toronto de la fin juillet 1837. Leurs travaux sont largement consacrés à la mise en place d’une stratégie conjointe avec le Bas-Canada, et il est annoncé que des représentants seront désignés pour s’y rendre. Ils rédigent et font surtout circuler la Declaration of the Reformers of the City of Toronto à travers la colonie, qui sera par la suite qualifiée de « déclaration d’indépendance » par les révolutionnaires eux-mêmes. Ces réunions et cette déclaration annoncent la tenue d’une convention, dans le même esprit que celle des Bas-Canadiens. Au cours des assemblées populaires qui se tiennent durant les mois suivants, la déclaration est acclamée et approuvée, et des délégués sont élus pour se rendre à la convention. De la même manière que Papineau a parcouru les campagnes du Bas-Canada, Mackenzie voyage dans la colonie pour participer à ces réunions et encourager la mobilisation43. Ces assemblées défient les autorités et sont loin de se tenir dans le calme. Une forte poussée de violence éclate, car les hommes de main des loges orangistes viennent régulièrement perturber les réunions patriotes. À celle de Boltontown du 17 août, par exemple, dans la région torontoise, les orangistes interrompent les débats, puis entament une bataille rangée. Selon le récit du Libéral, « le champ de bataille était jonché de blessés », et les patriotes ont remporté une glorieuse victoire qui leur a permis de devenir « maîtres de tout le village », avant de crier  enthousiasmés : « Vive Papineau, le libérateur, et ses braves Canadiens44. » Les accrochages et les actes de subversion prennent un nouveau sens. Ainsi, lorsqu’un collecteur de la douane se fait molester pour s’être interposé contre des contrebandiers, il s’agit d’une défiance ouverte de l’ordre britannique au nom du « libre commerce » patriotique, et Mackenzie prévient que ces agents doivent dorénavant faire preuve de précaution s’ils veulent appliquer la loi britannique. Il y a parfois des morts lors d’échauffourées et, à l’automne, les autorités réclament la plus grande vigilance devant la révolte qui gronde. « N’y a-t-il pas dans le Haut-Canada, se demande Mackenzie dans son ­journal, assez d’amis de la démocratie pour comprendre toute l’énergie de ce mot  – Indépendance45 ? » Quelques semaines plus tard, le 15 novembre 1837, il publie avec ses proches collaborateurs une proposition de constitution, une nouvelle étape en même temps symbolique et très concrète dans la perspective d’un soulèvement révolutionnaire46. Dans The Constitution du 29 novembre, Mackenzie, en tant que secrétaire du comité central pour le Haut-Canada, émet une convocation

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pour la convention qui devra se tenir le 21 décembre. Il s’agit de la dernière étape franchie avant que la violence prenne le pas sur les ­délibérations publiques, l’éditorial accompagnant cette convocation ne laissant pas planer le doute. « Some say, “we are reformers – but not revolutionists” », écrit Mackenzie, mais tout le monde sait selon lui qu’il s’agit d’un « foolish talking47 ». Très peu d’historiens s’attardent sur les liens qui se développent entre les républicains des deux Canadas et, malgré des indices démontrant ­d’évidentes convergences, il est admis qu’on ne peut pas parler de coordination. L’historien Phillip Buckner a même très récemment écrit que la convergence politique entre les révolutionnaires des deux colonies n’est rien de plus qu’un mythe48. Le rapprochement est pourtant suffisamment manifeste pour que Le Populaire accuse publiquement Papineau et Mackenzie d’œuvrer de concert. Les patriotes déclarent eux-mêmes se mobiliser pour une cause commune. La Déclaration de Toronto fait par exemple plusieurs mentions de leur combat conjoint, et le document nomme les Bas-Canadiens leurs « fellow citizens ». Parmi les griefs exposés contre les abus des lieutenants-gouverneurs figure justement celui d’avoir empêché l’Assemblée de coordonner l’action politique des deux colonies, alors que les deux seules résolutions ­adoptées dans ce document sont consacrées à organiser leur coopération. Les patriotes de Toronto se déclarent « called upon by every tie of ­feeling, interest and duty, to make common cause with their fellow citizens of Lower Canada » et annoncent que leur convention n’est qu’une étape vers la constitution d’un « Congrès » avec le Bas-Canada et les autres colonies49. Alors que sont exprimées d’innombrables marques de solidarité, et en même temps qu’ils approuvent la Déclaration de Toronto, des patriotes haut-canadiens se déclarent prêts à marcher aux côtés de Papineau et annoncent vouloir participer à la convention des Bas-Canadiens, qu’ils aimeraient être un « congrès des deux provinces ». Une résolution de l’assemblée de Markham, au nord de Toronto, rend par exemple hommage à la noble cause de Papineau et des Bas-Canadiens, avertissant que « WE ARE DETERMINED TO MAKE COMMON CAUSE WITH THEM », et qu’ils agiront en conséquence50. Au Bas-Canada, les républicains évoquent souvent la situation politique des Canadas conjointement, même si leur combat porte avant tout sur leur colonie. L’affirmation de leur alliance avec leurs « frères » est omniprésente en 1837, des colonnes de journaux aux estrades des assemblées. Un signe de ce front commun en construction est la présence de Mackenzie parmi les membres honoraires des Fils de la liberté de

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Montréal. Les Canadas sont ainsi mentionnés dans l’adresse de la Confédération des Six-Comtés, alors que des drapeaux mentionnant « Nos amis du Haut-Canada : notre union ! » flottent devant les orateurs. Les patriotes déclarent à cette occasion compter « sur la sympathie de nos voisins, sur la coöpération zélée de nos frères Réformistes du HautCanada et sur la providence pour l’occasion favorable de nous ­affranchir du système oppressif dont nous souffrons51 ». Dans des lettres adressées au Dr Wolfred Nelson, l’un des leaders du mouvement patriote dans la vallée du Richelieu, à l’est de Montréal, Papineau évoque des préparatifs et des plans pour les deux colonies, et rapporte que des  patriotes du Haut-Canada envisagent la création d’un « congrès des deux provinces » afin de préparer un projet de constitution ­commune. Il affirme enfin que le plan de révolution est concomitant aux deux Canadas52. Lorsque Papineau se met en retrait une fois la guerre entamée, Mackenzie lui rappelle, en privé puis publiquement, qu’il avait encouragé les Haut-Canadiens à se révolter et à coopérer contre ­l’ennemi commun. Malgré la destruction de la plupart des documents ­compromettants, nous savons que des préparatifs militaires ont eu lieu conjointement, ce qui confirme par ailleurs la préméditation de l’entreprise. Dans une lettre adressée à Mackenzie et rédigée en février 1838 pour expliquer ses réticences à poursuivre la guerre, Papineau écrit : Had the attempt been made sooner to introduce arms, the war against a people had begun sooner, because it is impossible to effectuate such a purpose secretly. Had the navigation closed as usual by the 20th of Nov., had the election of Magistrates been organised without violence and only in December as ­recommended, then the communication between the north and the south banks of the St. Lawrence had been impeded and better chances had been within reach. The Government had perilled the Safety of Upper Canada and even of Quebec by concentrating all their troops in Montreal. It is very clear that chance and uncontrollable accidents alone have defeated your attempt on Toronto. You had succeeded, had your direction been implicitly followed. In that case the whole turn of affairs had obtained a favourable course of the Patriots in the two provinces53. La coordination des deux fronts s’est matérialisée par plusieurs visites à l’automne 1837. Mackenzie, le Dr John Rolph, une tête ­d’affiche du mouvement réformiste depuis sa première élection à l’Assemblée du

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Haut-Canada en 1824, et le Dr Thomas Morrison, ancien maire de Toronto et membre en exercice de l’Assemblée coloniale, envoient par exemple à Montréal au début de novembre Jesse Lloyd, une grande figure locale de la région torontoise, d’origine étasunienne et qui sera membre du gouvernement provisoire sur Navy Island. Après sa ­rencontre à Montréal avec Papineau, O’Callaghan et le frère de Wolfred Nelson, Robert, Lloyd repart en ayant l’assurance que la coopération sera totale et que les patriotes lanceront les opérations en ayant p ­ révenu leurs alliés du Haut-Canada. Mackenzie affirme que plusieurs messagers ont aussi été envoyés à Toronto pour voir si la « Anglo-Canadian Race would assist the sister colony54 ». Lorsque les ­républicains de Toronto présentent leur proposition de constitution, le 15 novembre, aucune des deux colonies n’a encore déclaré ouvertement son indépendance. Les signes que cet acte se précise sont cependant synchronisés, en témoigne le fait que les deux conventions doivent se tenir de façon presque simultanée, le 4 décembre au Bas-Canada et le 21 dans le Canada voisin55. Les révolutionnaires des deux colonies se révoltent ensuite conjointement, ce qui n’est pas un hasard chronologique. La proposition de constitution pour le Haut-Canada de novembre 1837 tout comme la Déclaration d’indépendance du Bas-Canada de février 1838, soit deux des documents les plus importants du mouvement, utilisent en préambule la même formule qui fait référence à leur histoire commune : « Whereas the solemn covenant made with the people of Upper and Lower Canada [with the British Empire] has been continually violated. » Ces déclarations solennelles distinguent les colonies, mais elles évoquent également, et à l’unisson, l’union des deux peuples. L’aide des citoyens du sud de la frontière est aussi régulièrement évoquée, et les journaux font circuler l’idée qu’une assistance militaire viendra des États-Unis. À Detroit, la révolution est non seulement envisagée et préparée, mais cela est fait conjointement par des ­républicains des deux Canadas accompagnés de citoyens américains. Le représentant de Montréal est Théophile Dufort, libraire parti le 13 novembre avec une lettre de Papineau, dont le voyage jusqu’à Detroit est rythmé par des assemblées publiques. Henry S. Handy, un éditeur affilié au Parti démocrate venu rencontrer Mackenzie et Marshall Spring Bidwell à Toronto à l’automne, accueille Dufort à son arrivée à Detroit. Aidés de « prominent and influential members of the House of Representatives » du Michigan, ils y organisent un « war council » à la fin de novembre, avec l’appui d’officiers militaires de l’État et même de membres de l’armée fédérale56.

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A n n e x i on L’ambition d’amalgamer les nationalités européennes se retrouve également à une plus vaste échelle, avec la question de l’annexion des Canadas à l’Union américaine. La réunion de l’ensemble de la société coloniale continentale au sein d’une entité indépendante est une idée qui se pose dès le mouvement révolutionnaire des Treize colonies, puis ressurgit lors de la Révolution française et la guerre de 1812. Tout au long de l’année 1837, les patriotes imaginent, et affirment, que le soutien de la République américaine sera naturel, alors que l’association formelle entre la fédération républicaine et les futures républiques canadiennes est débattue au nord comme au sud de la frontière. Cette idée s’inscrit dans la perception plus large de la progression du principe républicain et des droits de l’homme, devenu citoyen, processus qui convainc divers acteurs et observateurs que le mouvement de l’histoire et la position géographique des colonies britanniques les conduiront, un jour, à intégrer l’Union. Les républicains parisiens considèrent à ce titre que la révolution canadienne constitue la troisième guerre ­d’indépendance américaine, après celles de 1775 et de 181257. Depuis les Articles of the Confederation élaborés par les Patriots en 1777, et bien après la guerre d’indépendance des Canadas entamée en 1837, la possibilité d’annexer tout ou partie des possessions britanniques continentales est une réalité lancinante aux États-Unis58. À la fin des années 1830, la question est brûlante du fait de l’expansion de la République américaine, vers l’ouest en particulier, mais également en direction des Caraïbes et de l’Amérique du Sud par l’intermédiaire de « filibusters » dont les opérations sont plus ou moins soutenues par les autorités. Le cas le plus récent et le plus significatif est la révolution au Texas, lors de laquelle d’anciens citoyens étasuniens, assistés officieusement par le gouvernement fédéral malgré sa neutralité officielle, ont orchestré la sécession du Mexique pour fonder la République du Texas en 1836. Les Texans demandent officiellement leur intégration aux États-Unis dès août 1837, pour ce qui deviendra une question politique importante jusqu’à l’annexion formelle de 1845. L’annexion des Canadas est particulièrement discutée au sein de l’espace public francophone. Il aurait été finalement très logique de voir un consensus émerger chez les Français des États-Unis, puisque citoyens d’une république et ayant une affinité culturelle avec une partie importante des patriotes, ils auraient pu se réjouir à la fois de l’expansion de leur pays d’adoption et du renforcement du fait

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français. Ce ne fut pas totalement le cas, ce qui démontre la complexité des sentiments nationalitaires et celle des réactions à la révolution canadienne. Pour les Louisianais, le combat patriote est généralement considéré comme noble et légitime, et ils rappellent qu’un choix ­fondamental se posera tôt ou tard, « la question si le Canada deviendra un gouvernement indépendant, ou formera une partie des États-Unis ». L’Abeille estime que la dimension nationalitaire joue un rôle important et que la future république-sœur aurait intérêt à se constituer en tant qu’État souverain au sein de l’Union. Mais Le Courrier des États-Unis de New York déplore la situation, car aux yeux de l’éditeur les patriotes ne sont qu’une vulgaire populace qui n’osera pas défier la Grande-Bretagne59. À partir de 1837, la tentative de révolution aux Canadas devient une question politique et géopolitique majeure aux États-Unis bien au-delà de la francosphère. Parallèlement à la possibilité d’une annexion, l’enjeu est tout de même une troisième guerre contre ­l’Empire britannique, les deux pays multipliant parallèlement les accrochages. Ainsi, non seulement la crise canadienne est largement couverte par la presse étasunienne, mais les autorités comprennent vite la dangerosité et l’importance de la situation. Le gouvernement fédéral, le Congrès, les hautes sphères de la plupart des États ainsi que les élites économiques et commerciales sont largement opposés à une guerre comme à une annexion. Cependant, l’actualité encourage une partie importante de la population, notamment le long des frontières du Maine au Michigan, à estimer que le temps est venu d’étendre la république vers le nord. Nombreux sont aussi les citoyens qui, tout en manifestant leur rejet d’une guerre, estiment que les États-Unis doivent mener une politique active en vue d’une annexion. La prestigieuse United States Democratic Review de Washington considère par exemple que la non-interférence étasunienne prônée par le président Martin Van Buren ne doit pas faire oublier la légitimité du soulèvement canadien, et que l’Union américaine reste un horizon bénéfique pour les futures républiques. L’éditeur du plus grand journal du pays, Samuel Bennett du Herald de New York, est pour sa part opposé à une ingérence dans un premier temps, avant de devenir un partisan convaincu d’une guerre et de l’annexion en 1839. Le pays est donc divisé, et l’éventail des réflexions et des solutions proposées est important, car d’autres encore, nous nous y attarderons, souhaitent une guerre et le renvoi des Britanniques, mais ils recommandent aux Canadiens de ne pas se joindre à leur république jugée corrompue60.

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Du fait des ressemblances du discours entre les républicains canadiens et le Parti démocrate d’Andrew Jackson à propos des banques et de « l’aristocratie de l’argent », les historiens ont eu tendance à voir une différence de réactions aux États-Unis en fonction des partis politiques. La réalité est plus nuancée, car « l’aristocratie naturelle » est dans l’ensemble opposée aux patriotes, et le président Van Buren, successeur de Jackson, se révèle un féroce adversaire à toute forme de politique conflictuelle avec la Grande-Bretagne. D’un autre côté, nous retrouvons parmi les voix les plus fortes soutenant l’annexion d’éminents membres du Parti whig. Le journal whig New York Daily Express est l’un des plus ardents avocats de l’annexion et publie les longues et nombreuses correspondances de Brown. Le journal est aussi nommé membre honoraire des Fils de la liberté de Montréal et imprime une série de lettres d’un élu whig du Massachusetts au Congrès, Caleb Cushing, dont la campagne pour l’annexion du Canada commence à la date symbolique du 14 juillet. Dans un éditorial qui fait le tour du pays, le journal explique que l’expansion de la république vers le nord répond à la loi du Nouveau Monde, mais l’union du continent doit cependant se faire pacifiquement et de façon harmonieuse, d’autant plus que les Articles of Confederation servent de fondement constitutionnel à une annexion. Il s’agirait d’une manœuvre bénéfique pour la république qui se délivrerait de la menace militaire britannique, ouvrirait le Saint-Laurent aux navires étasuniens et intégrerait le commerce des colonies britanniques dans le giron de la fédération. Tout comme les patriotes, ils considèrent enfin que l’homme du Nouveau Monde est issu d’un amalgame des nations européennes, et par conséquent le fait nationalitaire ne constitue pas un obstacle à leurs yeux61. Le rattachement des Canadas aux États-Unis est régulièrement défendu pour contrebalancer l’éventuelle adhésion de la République du Texas esclavagiste. S’il semble que le Sud ne soit pas enclin à ajouter de nouveaux États qui gonfleraient les rangs antiesclavagistes, des Louisianais francophones y voient un moyen d’équilibrer le pouvoir entre le Sud et le Nord. C’est surtout dans le Nord que l’annexion des possessions britanniques est perçue comme la contrepartie à une intégration du Texas, même si « l’indépendance du Canada est vingt mille fois plus importante sous tous les points de vue », déclare le Daily Express62. Le continent est en pleine reconstruction du fait de la colonisation, la présence des Britanniques est largement considérée comme une anomalie historique, et la crise canadienne s’insère dans le jeu géopolitique. « Nous prenons actuellement beaucoup d’intérêt dans

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ces affaires canadiennes, explique le journal whig new-yorkais à l’été 1837, car nous voyons que John essaye de donner échec à Jonathan au Texas, et par conséquent nous sommes décidément en faveur d’un mouvement vers l’autre bout du damier national63. »

P a p in e au l’ A méri cai n Les patriotes canadiens relaient cet intérêt dans leurs journaux. Non seulement ils ne contredisent pas les citoyens étasuniens qui prônent leur future annexion, mais nombreuses sont aussi les prises de parole similaires. Les historiens du Bas-Canada ont remarqué ce discours annexionniste et l’actualité de cette question dans le débat public. Ils s’accordent cependant pour ne pas y voir d’élan annexionniste en 1837, et il est admis que ce n’est qu’après la tentative de révolution que ­s’exprime le désir de s’unir aux États-Unis, car cette aspiration est difficilement compatible avec l’interprétation d’un mouvement n ­ ationaliste de type ethnique. Le travail de Louis-Georges Harvey illustre toute ­l’ambivalence de la question puisqu’il démontre qu’une annexion est régulièrement mentionnée dans les années 1830 et que les patriotes sont séduits par l’idée d’une « Fédération des républiques » d’Amérique, mais l’historien ne fait toutefois pas des patriotes des annexionnistes en 1837. Lorsque cet aspect de la rhétorique patriote n’est pas passé sous silence, les historiens estiment presque consensuellement que Papineau, l’une des voix les plus explicites sur la question, n’a été annexionniste qu’en 1839, car son Histoire de la résistance du Canada contient des passages limpides sur l’union du Bas-Canada avec la république voisine en cas d’indépendance. Il s’agirait pour le leader des républicains bas-canadiens d’une « confédération américaine » une et indivisible, une « agrégation » des anciennes colonies sous forme « d’États souverains, sous la protection du Congrès », qui octroierait « au jour de notre indépendance, le droit de commune citoyenneté et de commerce libre entre Québec et la Nouvelle-Orléans, entre la Floride et la Baie d’Hudson64 ». Son discours de mai 1837 à Saint-Laurent concorde pourtant déjà avec cette réflexion. Rappelons que ce discours a pour objectif l’adoption de nouvelles mesures, car l’espérance d’une juste gouvernance venant de Londres a disparu. La prochaine étape est le boycottage des produits taxés et le commerce de contrebande, stratégies explicitement reprises des « glorieux » Patriots. La république voisine est idéalisée dans le discours de Papineau, son histoire réécrite, sa situation enjolivée, son avenir brodé d’or. Leur « structure de gouvernement » est

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décrite comme « la plus parfaite, que le génie et la vertu aient encore élevée pour le bonheur de l’homme en société65 ». Il dépeint une république en pleine expansion, prospère, harmonieuse, et insiste sur la volonté des patriotes de faire disparaître les frontières et leurs taxes afin de développer l’économie, avant de se déclarer fier et joyeux de demander aux habitants de signer une requête de libre commerce au Congrès, dont il espère « justice et bienveillance ». Il ne se contente pas de quelques allusions, d’une vague menace ou d’une inspiration distante, ses propos s’apparentent plutôt à un argumentaire détaillé destiné à convaincre de l’extraordinaire destin des États-Unis que le Bas-Canada pourrait partager s’il devenait l’un de ses États membres. Plusieurs passages portent même précisément sur les conditions d’une union. Leur « gouvernement est si bien réglé » que les États « se gouvernent avec infiniment plus de facilité, d’harmonie ». S’unir avec eux peut être envisagé selon Papineau, car « leur constitution permet d’avance à ce qu’un territoire […] puisse se constituer en un état libre et indépendant », devenant de ce fait « le maître et l’arbitre de son sort » : c’est donc en intégrant la République fédérale qu’un territoire acquiert son indépendance, car il reste souverain au sein de l’Union. D’ailleurs, « un continent entier pourrait s’y adjoindre et s’y confédérer » sans briser le « progrès continu de l’ensemble ». Papineau soutient enfin ouvertement son désir de « procurer » au Bas-Canada les institutions étasuniennes, alors que nous ne lisons aucune autre possibilité pour placer la colonie sur la voie du bonheur : Cette union est séduisante, et la nôtre dans le moment actuel est humiliante. Est-ce à dire que de suite nous devons répudier l’une, pour épouser l’autre ? Doucement ! Si cet arrangement était le seul qui put rétablir la paix du ménage, oui, il y faudrait y avoir recours. S’il est bien clair et bien établi que la détermination de lord Russell est un plan fixe et arrêté auquel il donnera suite à l’avenir […] l’histoire des anciennes plantations recommencera avec le même résultat inévitable. L’horizon envisagé est résumé dans ce passage : il faudrait avoir recours à une union avec les États-Unis s’il est établi que la gouvernance britannique devient oppressante. Or, il insiste lui-même sur la fin des espoirs dans les intentions de Londres. Le pouvoir britannique a menti, « forfait à son honneur », c’est un « ennemi » qui doit être puni : « jamais ce gouvernement […] ne voudra rendre justice au Canada […] Vous

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ne leur donnerez jamais votre confiance. Leur tort est complet, il est consommé ». Les résolutions de l’assemblée, reprises à travers la colonie, confirment enfin la fin des espoirs de voir Londres accorder la justice espérée. Son argumentaire, qui se retrouvera dans Histoire de la résistance du Canada, explique donc pourquoi il est nécessaire de recommencer l’histoire des Treize colonies, de faire une révolution, ce qui débouchera en cas de succès sur une union avec les États-Unis. Au contraire de nombreux de ses compatriotes révolutionnaires, le chef alors incontesté des républicains bas-canadiens maintient cette position tout au long de la crise avant de la réaffirmer dans son pamphlet de 1839. Dans une lettre écrite en décembre 1837 à un membre éminent du Parti démocrate et proche du président Van Buren, George Bancroft, l’orateur de l’Assemblée du Bas-Canada récemment réfugié aux ÉtatsUnis, tente de le convaincre de soutenir les Canadiens en les aidant à financer leur guerre, mais aussi de faire infléchir le gouvernement fédéral qui s’est déclaré opposé à toute aide. En se référant aux lois de la nature et en soulignant l’accueil chaleureux des citoyens, Papineau insiste sur la sincérité de leur amour envers les institutions des États-Unis et sur les bénéfices que la république gagnerait en é­ tablissant une « union politique ». « Nous sommes détachés de l­’Europe et attachés aux ÉtatsUnis, conclut Papineau, et nos vœux unanimes appellent cette union66. » Dans une lettre écrite quelques mois plus tard au Dr Joseph-Guérard Nancrède, un Français établi à Philadelphie, Papineau évoque « la place qu’occupera dans un avenir plus ou moins prochain le Canada tout entier dans la confédération américaine », précisant : « J’ai cherché et j’ai trouvé dans mon malheur la meilleure société d’hommes67. » En 1842, il rappelle à O’Callaghan que « vous devez aussi chérir les États-Unis où nous avons trouvé des amis, hommes aussi vertueux et estimables qu’il soit possible d’en trouver au monde », et déplore la stratégie britannique qui cherche à « détruire la tendance que l’on avait fait naître au Canada, le désir d’une prochaine séparation et aggrégation aux États-Unis », propos qui confirment que le Parti patriote a encouragé l’annexion68. Dans une lettre envoyée depuis Paris en 1839, un Fils de la liberté explique que l’ancienne tête d’affiche patriote est si encline à défendre ­l’annexion lors de son séjour dans la capitale française que les Parisiens, « tout en ayant beaucoup à cœur le bien-être & l’indépendance du Canada, ne pouvaient s’accorder avec les opinions de Papineau qui ne voyait d’autres moyens de nous faire libres qu’en faisant partie des États-Unis69 ». Voir en Papineau un partisan de l’annexion avant 1837 semble enfin expliquer pourquoi le tribun exprimait parfois une vision

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plutôt ambiguë de l’assimilation des Canadiens français dans les années 1830, avant de défendre l’idée d’une nationalité « colombienne » dans les années 184070.

A n n e x io n n is m e patri ote Papineau n’est pas le seul républicain canadien à soutenir la perspective d’une annexion, et d’ailleurs quelques historiens qualifient certains patriotes d’« annexionnistes ». Pour Jack Verney, O’Callaghan prône l’annexion dans son Vindicator et présente cette éventualité comme désirable et accessible. C’est d’ailleurs la position qu’il expose une fois sur le sol étasunien à ses correspondants, comme auprès de Caleb Cushing qui partage cette ambition et à qui il confirme que les patriotes canadiens sont des « American Republicans, who are your neighbours & who wish to prove their admiration of your Institutions by adopting them!71 ». L’auteur des 92 Résolutions de 1834, Augustin-Norbert Morin, écrit pour sa part publiquement durant l’été 1837 que « nous serions mieux » si la colonie était annexée aux États-Unis72. Ludger Duvernay défend lui aussi une union avec la fédération républicaine dans une lettre envoyée à L’Estafette de New York. « La grande majorité du peuple, quoiqu’en disent les journaux tories, désire des ­institutions républicaines, déclare l’éditeur montréalais, [et] l’annexation du Canada aux États-Unis fera le bonheur du peuple. » Il précise en privé son caractère inévitable et le fait que « l’aigle qui plane sur le Canada » établira sa domination « tôt ou tard73 ». L’éditeur patriote imagine un amalgame des nations au sein de la république, avec un État du Bas-Canada qui serait un bastion du fait français. Le propos annexionniste diffère sensiblement chez Brown dans ses correspondances pour le Daily Express, dans lesquelles il présente les Canadiens français comme des « Américains » qui ne souhaitent pas vivre isolés, « ils n’ont aucun désir d’une république française », ils ont « beaucoup de choses à envier dans les institutions de vos États Confédérés », et « désirent maintenant que cette province puisse être ajoutée à leur nombre74 ». Brown, comme beaucoup d’autres, présente cette annexion comme la parfaite contrepartie à celle du Texas. Le même propos se retrouve aussi chez les Haut-Canadiens, comme en témoigne Donald McLeod lorsqu’il affirme publiquement que les colons britanniques aspirent collectivement à se joindre aux États-Unis75. Défendre une union des républiques d’Amérique du Nord s’inscrit dans leur discours glorifiant la révolution de 1776 et la prospérité de la république.

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Mackenzie explique ainsi dans son journal The Constitution, traduit et publié au Bas-Canada : Si cette province ainsi que celle du Bas-Canada devenait un état de la grande république qui nous avoisine, partout la propriété augmenterait de valeur, la population en peu d’années serait redoublée, nos marchés seraient toujours bons, notre esprit ­d’entreprise serait excité par une noble émulation, nos capitaux profiteraient énormément, toutes les ressources du pays seraient en œuvre et en pleine vigueur, toutes les contestations de partis seraient noyées dans l’immense océan républicain, les charges du gouvernement seraient recherchées moins pour leur appât et leurs émoluments que pour la confiance et l’honneur qui reflueraient sur les personnes qui en seraient honorés76. La volonté d’annexer les Canadas aux États-Unis semble être un sentiment largement partagé dans l’opinion publique, ce que laisse entendre Papineau dès 1835 lorsqu’il écrit à l’agent de l’Assemblée du Bas-Canada à Londres, John Arthur Roebuck. Il est somme toute logique de retrouver cette idée chez les colons qui ont immigré depuis les États-Unis, comme ceux des Eastern Townships du Bas-Canada qui, lors de leur assemblée de Stanbridge du 4 juillet, soit le jour de la fête nationale de la république, brûlent des drapeaux britanniques, célèbrent l’indépendance des Treize colonies et glorifient celle des colonies britanniques d’Amérique du Nord, tout en appelant à une future annexion. Sans être aussi démonstratives, de nombreuses assemblées du Bas-Canada évoquent leurs « frères » de la république voisine et votent des résolutions pour demander au Congrès de Washington une justice que Westminster piétine : « [P]uisse-t-il ne pas être sourd à la prière des Canadiens, mais par des lois sages et équitables établir entr’eux des rapports et des relations d’intérêt et d’amitié77. » On observe également lors de ces assemblées la symbolique républicaine étasunienne, comme à Sainte-Scholastique où le « pavillon national du Canada » (rouge, blanc et vert) est accompagné de deux aigles, l’un américain et l’autre canadien, et d’étoiles, dont celle du Bas-Canada. Le 4 juillet à Stanbridge, un drapeau affiche un rapace auréolé des six étoiles représentant les six colonies britanniques. Les miliciens et les Fils de la liberté annoncent que les erreurs de 1775 et de 1812 ne seront pas répétées, autrement dit qu’ils combattraient avec les États-Unis si une troisième guerre éclatait. Dans l’adresse de

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la Confédération des Six-Comtés, il est déclaré que les institutions des États-Unis sont les seules qui puissent procurer le bonheur et la prospérité aux Bas-Canadiens ; il ne s’agit donc pas seulement d’une ­inspiration. Les représentants du comté de L’Acadie expliquent lors de l’assemblée de Saint-Charles qu’ils se joignent à la nouvelle confédération bas-canadienne « en attendant, concitoyens, le jour où ­paraîtra la nouvelle étoile pour le bonheur du Canada78 ». La plupart de ces propos et de ces gestes ont été tenus dans l’espace public avant novembre 1837, donc ceux qui ont pris les armes comprennent qu’une union sous la bannière des États-Unis est une issue très probable d’une révolution victorieuse. La guerre ne s’est pas déroulée comme les patriotes l’espéraient, mais le vocabulaire et les indices évoquant leurs aspirations à se joindre aux États-Unis continuent de se manifester une fois les ­combats engagés. Lorsqu’ils déclarent solennellement l’indépendance de leur république en février 1838, les Bas-Canadiens alternent à plusieurs reprises les termes « État »/« State » avec celui de « république » pour nommer leur entité politique, un vocabulaire qui reprend la campagne publique de 1837. L’un des maîtres d’œuvre de cette Déclaration d’indépendance, le Dr Côté, sous-entend en 1841 dans The North American de Swanton, donc après avoir dû faire face à l’adversité du gouvernement de Van Buren et du Congrès, que l’ambivalence du texte est volontaire, car une victoire patriote aurait conduit soit à la création d’une république indépendante, soit à celle d’un État qui rejoindrait les États-Unis. Avant que la guerre éclate, l’ambition est bien plus limpide. Lorsque Mackenzie expose la constitution que les leaders de la révolution envisagent pour un Haut-Canada indépendant, il s’agit d’un texte fondant un « State of Upper Canada ». Elle est rédigée au nom de « We, the people of the State of Upper Canada », reprenant ainsi l’une des formules les plus importantes et les plus explicites de l’histoire politique des États-Unis. Dans cette proposition de ­constitution pour l’État du Haut-Canada, les termes « république » ou « président » n’apparaissent même pas, et les emprunts aux constitutions des États de la République sont innombrables, souvent mot pour mot. Comme dans chacun de ces États, le pouvoir exécutif est détenu par un « gouverneur » (plutôt qu’un président), une législature entièrement élue possède le pouvoir législatif, et une Cour suprême ­surplombe le système judiciaire. Un mois plus tard, lorsque les patriotes envahissent Navy Island, Mackenzie porte le titre de « Chairman pro. tem. of the Provincial Government of the State of

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Upper Canada », nouveau signe qu’ils se considèrent comme membres d’une fédération républicaine79. Dans leur proposition de constitution, les patriotes du Haut-Canada accordent à leur État certains pouvoirs régaliens, comme le contrôle de la monnaie, incompatibles tels quels avec le modèle fédéral des États-Unis. Ceux du Bas-Canada fondent quant à eux une république indépendante en 1838, avec à sa tête un président, ce qui pourrait nuancer leur penchant pour l’annexion. L’exemple du Texas, où les révolutionnaires viennent d’établir une république sous l’égide d’un président dont les attributs comprennent ces mêmes pouvoirs régaliens, mais qui envoient promptement une demande officielle pour être intégrés aux États-Unis, suggère que le projet annexionniste des patriotes canadiens n’était pas moins dans les esprits. La perspective d’une annexion est omniprésente tout au long de la campagne d’agitation qui précède l’affrontement militaire, ce qui doit nous encourager à relire ces documents solennels sous cet éclairage. Cela doit aussi nous permettre d’expliquer l’extrême rareté de propos présentant un autre horizon que l’annexion une fois l’indépendance acquise, comme la création de républiques isolées, d’une république des Canadas ou d’une fédération des colonies nord-américaines toujours britanniques. Les loyalistes ne se trompent donc pas en accusant eux aussi le « parti américain » des patriotes de prôner l’annexion, et plusieurs éditeurs axent leur contre-argumentaire sur les dangers d’une telle ambition. Quand les journaux loyalistes publient les constitutions des États esclavagistes pour rappeler cette sombre réalité, les patriotes impriment celles du Nord. Au Haut-Canada comme dans la colonie voisine, les « tories » accusent les républicains de prôner l’annexion plusieurs années avant la tentative de révolution, et de façon plus urgente à la veille de celle-ci. Le Populaire n’a ainsi aucun doute sur le fait que Papineau, Duvernay et Brown envisagent une union avec les États-Unis. L’adresse des Fils de la liberté a le mérite, selon Parent, de simplifier l’opposition politique, car il devient évident que « les habitants du pays auront à choisir entre la paix et la guerre civile, entre la Reine et M. Papineau, entre les États-Unis et l’Angleterre80 ». Parent répète que les espoirs placés dans les États-Unis et les bienfaits d’une annexion sont infondés, et qu’une telle issue serait dévastatrice pour les Canadiens français. Émerge ainsi une discussion publique sur le sort des Français du Canada qui verront leur culture « noyée » dans une république anglophone et protestante, selon Parent et de Marconnay, alors que les patriotes sont moins pessimistes et rappellent

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que l’Empire britannique a lui-même pris des mesures contre la culture française. Quelques semaines après le début de la guerre, le loyaliste Ami du peuple est soulagé de voir que Washington leur donne raison. L’éditeur rappelle : « Nous avons été plus de cent fois engagés dans de vives discussions avec nos confrères de la presse Canadienne, au sujet du caractère de nos voisins, de leurs institutions et de l’avantage ou du désavantage que ce pays retirerait d’une jonction avec les États-Unis […] les faits qui viennent de se passer récemment sont bien de nature à les convaincre81. » Malgré un rapprochement des nationalités qui comporte toujours, bien évidemment, diverses séquelles et une méfiance parfois palpable, les déclarations et les actes symboliques des républicains canadiens, surtout au Bas-Canada où la question est des plus brûlantes, se succèdent donc pour affirmer les bienfaits et la faisabilité de ce qu’ils nomment un « amalgame » des nationalités, une forme de contrat culturel républicain protégeant le droit naturel des individus d’origine européenne à préserver leurs spécificités nationales. La fraternité des réformistes des colonies britanniques, en particulier entre les républicains des deux Canadas, est également prégnante. La coopération entre les républicains canadiens est politique, stratégique, puis progressivement militaire, et cette synergie transfrontalière et transnationale inclut peu à peu les citoyens étasuniens. Ainsi, l’horizon révolutionnaire franchit les frontières coloniales et étatiques pour toucher dès la fin de l’année 1837 diverses populations réparties sur un vaste territoire. Les principes politiques ainsi que les considérations géopolitiques les convainquent d’envisager une future annexion aux États-Unis une fois la révolution victorieuse, aspiration qui est largement évoquée dans l’espace public. Cette ambition se fonde cependant beaucoup sur la croyance que les défenseurs des principes républicains s’uniront contre l’Empire britannique, ce que les autorités des États-Unis récusent ouvertement dès les premières semaines de la guerre.

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3 Droits naturels et égaux Démocratiser l’expérience républicaine Plusieurs cherchent à vous persuader que vous êtes vraiment libres, parce qu’ils auront écrit sur un morceau de papier le nom de liberté. Le Vieux de la Montagne1

La liberté, l’égalité, la démocratie, la république, les droits de l’homme sont des termes majeurs de l’histoire et de la philosophie politique, mais ils sont si polysémiques durant l’ère des révolutions que l’analyse herméneutique est une tâche délicate. L’époque est bouillonnante, parsemée de mouvements politiques et de révolutions animés par des univers intellectuels qui en même temps sont singuliers et se font écho, qui élargissent considérablement les horizons du possible, qui densifient l’histoire des idées et qui peuvent véhiculer des particularités déroutantes pour un regard extérieur. Ces réalités signifient qu’une histoire des idées linéaire, dans laquelle les patriotes seraient simplement intégrés, est par définition incomplète. Historiciser les idées d’un moment révolutionnaire réclame une immersion dans un temps court, instable et marqué par les passions, où la discussion savante ne peut pas s’organiser, ce qui confère aux sources nouvelles, éphémères et propres à l’évènement un statut heuristique supérieur aux classiques de philosophie. La difficulté réside dans la capacité de l’historien à rendre aux acteurs leur vérité, à saisir ce que Tocqueville appelle « les excentricités » d’une révolution, autrement dit à s’immerger dans son actualité. Notre démarche consiste donc à aborder l’histoire intellectuelle par la complexité du social et du politique, une histoire des concepts inspirée de Reinhart Koselleck, que certains pourraient nommer « histoire sociale des idées », en opposition à l’obsession envers la discussion ahistorique de grands philosophes consacrés2.

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L’histoire des idées des patriotes est un objet de controverses, ­ lusieurs études importantes ayant récemment relancé une longue p discussion. Elle reste largement celle des grands hommes, ou plus précisément de certains d’entre eux qui monopolisent l’attention au point de résumer souvent le mouvement, Louis-Joseph Papineau en particulier, mais également William Lyon Mackenzie et Abram D. Smith, un homme politique étasunien qui prendra la tête des Hunters pour le front contre le Haut-Canada. Des acteurs pourtant centraux sont peu étudiés, Robert Nelson notamment, le président de la République du Bas-Canada. La masse des colons a été par répercussion victime d’une certaine condescendance de la part des historiens qui abordent l’histoire des idées par le « haut », créant une hiérarchie de la pensée au profit d’élites sociales et politiques. Plusieurs travaux nuancent néanmoins l’image d’une descente des idées depuis des élites vers le peuple, démontrant que des colons plus anonymes expriment une réflexion logique et articulée, autonome, et arrivent parfois à la mettre en pratique avec succès. Aucun groupe social ne possède le monopole de la réflexion politique, ce qui suppose l’existence d’une discussion publique et d’une opposition d’idées. Plutôt qu’une ou plusieurs idéologies circonscrites, l’objet d’étude devient ainsi une culture politique partagée au sein d’un public dans le sens défini par le philosophe John Dewey, donc un échange intellectuel sur des problèmes pratiques qui transgresse les frontières sociales et reconnaît aux individus exclus de l’univers ­politique institutionnalisé un certain pouvoir. Si la réflexion des a­ nonymes sera intégrée afin de retranscrire le dynamisme social de la pensée politique étudiée, les principaux animateurs de la tentative de révolution nous serviront néanmoins de boussoles, des hommes certes bien lotis – avocats, médecins, éditeurs – mais une élite qui a aussi dû ­naviguer entre les salons du pouvoir d’un côté et la marginalisation sociale et les prisons de l’autre. Leurs réflexions ne sont d’ailleurs pas étrangères aux rapports de pouvoir qu’ils subissent eux-mêmes au quotidien3. L’une des raisons expliquant la difficulté à établir un consensus sur les idées politiques des patriotes est une réalité commune à tout mouvement de masse, à savoir l’agrégation de multiples réflexions autour de principes fédérateurs, l’indépendance par exemple. Au cours de la guerre d’indépendance des Canadas, les idées défendues par les patriotes toujours en ordre de bataille en 1838 se sont toutefois clarifiées du fait de l’émiettement du front et de sa recomposition par les plus radicaux. Ces patriotes sont demeurés un groupe relativement

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hétérogène; néanmoins, ils – car la révolution a été très masculine – ont partagé plusieurs idées politiques identifiables, en particulier sur les problèmes économiques. C’est à la définition pratique du républicanisme, de la liberté et de l’égalité qu’ils s’attaquent, et cela à l’échelle du continent. Ces radicaux égalitaristes, que nous nommerons « vrais » républicains, ont ainsi envisagé une refonte de l’expérience républicaine en s’appuyant sur l’idéal démocratique – un concept qui demeure marginalisé par les historiens de la Rébellion. L’identification par l’historien Jonathan Israel des Lumières radicales durant l’ère des révolutions s’avère parallèlement utile puisque les réflexions patriotes radicaux s’accordent globalement avec cette schématisation historique, même si elle reste insuffisante. L’horizon intellectuel des patriotes se construit en effet sur la croyance en des droits inaliénables provenant d’un ordre naturel égalitaire, conception métaphysique qu’ils mobilisent dans leur combat et qu’ils résument souvent par l’expression « droits égaux ». Si ce concept n’est pas nouveau, le sens qu’on lui donne en Amérique du Nord au tournant de 1840 l’est beaucoup plus, leur ambition étant de réviser l’héritage des Pères fondateurs et ­d’incliner la naissance de la société commerciale moderne afin de mieux agencer expérience républicaine et démocratie, ce qu’ils considèrent être le vrai sens d’une république4.

R é p u b l iq u e e t démocrati e Dans l’esprit de nombreux patriotes et colons étasuniens, la réalité des années 1830 est perçue comme une expérience, et à ce titre elle est sujette à amélioration. Les États-Unis, comme a pu le souligner Tocqueville, sont le laboratoire d’un monde nouveau qui génère des expérimentations politiques, sociales, économiques ou encore culturelles. « The experiment of the Constitution has now been subjected to a half of century of trial », rappelle la Democratic Review de Washington en 1840, perception qui suggère la légitimité et même la nécessité d’y apporter des réformes et d’amorcer de nouvelles expérimentations5. C’est sur ce terreau que la philosophie pragmatiste ­américaine trouve certains de ses germes, notamment chez des intellectuels comme Ralph Waldo Emerson, et qu’elle sera par la suite plus strictement définie, sous la plume de John Dewey en particulier. Cette conception de l’histoire et du contrat politique est inégalement partagée, et il existe une nette distinction entre la jeune république et les colonies britanniques au nord de la frontière, dont les colons sont plus

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convaincus de la nécessité de préserver l’héritage du passé, sauf les républicains. Néanmoins, les changements politiques permanents caractéristiques de l’ère des révolutions, donc la lutte pour orienter ces mutations, sont une réalité commune à l’ensemble du continent, et au-delà. L’idéal républicain a évolué et a été conçu et appliqué différemment dans le temps et l’espace, ce qui produit une discussion intellectuelle s’intensifiant tragiquement au cours des révolutions atlantiques, et en l’occurrence en Amérique du Nord dans les années 1830. Il n’existe par conséquent pas une seule théorie républicaine bien définie. Différents régimes offrent plusieurs modèles de républiques, Rome par exemple, mais leur variété et l’histoire du mot démontrent que le terme est en soi profondément polysémique puisqu’il a même longtemps été compatible avec un régime monarchique. Les historiens de la Rébellion ont en particulier utilisé les notions proposées par l’école de Cambridge pour interpréter les idéologies, schématisant ainsi une opposition entre les courants country, républicain, et court, d’essence aristocratique et auquel on peut associer l’idée de liberté moderne. Parallèlement, il est désormais convenu de voir un consensus country dans les États-Unis de la période jacksonienne. En toute logique, il y aurait donc dû avoir une alliance country et un front républicain entre les patriotes et la république, devant les tenants de l’idéologie court et de la liberté moderne (les loyalistes). Il n’en a rien été puisque, au contraire, les autorités étasuniennes et les Britanniques se sont alliés contre les patriotes. Le concept de républicanisme est donc parti­ culièrement délicat à manier, d’autant que certains analystes critiquent la légèreté méthodologique de nombreuses études qui l’ont rendu aujourd’hui très ambivalent dans la littérature savante6. Idéologiquement, c’est néanmoins aussi une redéfinition du républicanisme qui est en jeu avec la tentative de révolution de 1837. Cette bataille des idées n’est pas nouvelle, et diverses tendances républicaines s’affrontent durant la seule ère des révolutions. Condorcet et Paine s’évertuent par exemple à dénoncer ce qu’ils considèrent être de fausses républiques, Rome en particulier, qui ont été fondées sur un principe aristocratique et qui inspirent les hommes d’État de la fin du XVIIIe siècle en proie à l’émancipation politique des populations du monde atlantique. Pour Jonathan Israel, le républicanisme aristocratique instauré aux États-Unis privilégie le statu quo et la primauté de la propriété privée, et il s’attelle à freiner les changements à caractère démocratique. L’expérience républicaine pilotée par les Pères fondateurs

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s’oppose aux plus radicaux sur les questions de l’autorité religieuse, de l’extension du suffrage et de la liberté de pensée et d’expression. Dans les années 1790, des citoyens déçus de la forme qu’a prise la République souhaitent imposer leurs conceptions, ce qu’ils estiment être le « vrai » sens de la révolution, tel Benjamin Rush, une grande figure de l’épisode révolutionnaire fondateur des États-Unis, qui défend à la fois l’abolition de l’esclavage racial et l’amélioration des relations avec les Premières Nations. Parallèlement, les déistes se penchent sur la « vraie » philosophie devant guider la création du Nouveau Monde, et les socinianistes comme les unitariens sur le « vrai » christianisme. Aux yeux de la Democratic Review de Washington, cette remise en question des vérités philosophiques, religieuses et politiques est intrinsèque à la culture américaine, car « [t]he duty of man – the preëminent duty of Americans – is to seek truth ». La discussion sur le sens de la république est donc profonde à l’heure de la tentative de révolution canadienne de 1837, et elle est par exemple prégnante dans The Bravo de Fenimore Cooper, qui porte une attaque féroce à l’encontre de l’aristocratie républicaine. Cette bataille intellectuelle publique et permanente opposant diverses vérités philosophiques nourrit la tendance générale à considérer la réalité du temps comme un état du monde essentiellement temporaire7. Entremêlées à l’histoire tortueuse de l’idéal républicain se trouvent d’autres notions conceptuelles majeures, en particulier celle de démocratie. Or, ce concept est encore plus ambivalent. Nous pouvons certes utiliser son étymologie, à savoir un régime politique dans lequel le pouvoir appartient au peuple, deux notions ayant par a­ illeurs des contours fluctuants. Cependant, même si l’aspiration à égaliser les rapports de pouvoir est le trait fondamental de l’esprit démocratique, le concept est diversement interprété et décliné dans le temps et ­l’espace, et il semble primordial de conserver à l’esprit son caractère pratique indéfini et aporétique. Les citoyens de la République ­américaine sont parmi les premiers témoins modernes du flou ­ac­compagnant l’idéal démocratique. « It is a great word », fait ­remarquer le poète locofoco Walt Whitman au milieu du XIXe siècle, mais son histoire « remains unwritten, because that ­history has yet to be enacted 8 ». Le poète, comme de nombreux citoyens, espère que les mots vides de l’aristocratie républicaine paveront néanmoins la voie à une mise en pratique et à une expérimentation plus franche de l’idéal démocratique, afin de transformer les États-Unis en une « vraie» république.

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Ces brèves remarques signifient qu’une nette distinction existe entre « république » et « démocratie ». S’il est possible pour certains historiens et analystes d’assimiler la jeune république étasunienne à une démocratie, les indices sont également nombreux pour démontrer le contraire, y compris au sein de la seule population blanche et masculine, sans parler des femmes, des esclaves ou des Premières Nations. La démocratie est même en général considérée par les Pères fondateurs comme une tendance néfaste. Avant de se réunir à Philadelphie en 1787 pour la convention (non publique) visant à rédiger une constitution pour la nouvelle république, le général Henry Knox explique que leurs travaux ont notamment pour but de couper les ailes de la « démocratie folle », alors que Benjamin Franklin avertit ses collègues qu’il serait dangereux si le peuple « come to think that they can very easily do without us9 ». Le principal architecte de la Constitution, James Madison, a lui-même identifié la différence primordiale entre une république représentative et une démocratie, la première étant supérieure et conçue en opposition aux tendances égalitaristes de la seconde, en particulier parce qu’elle permet aux représentants du peuple de prendre une position différente de celle des représentés, et ainsi de protéger la minorité des possédants contre la majorité. La « vraie liberté », explique Alexander Hamilton lors de la convention, « n’existe pas dans un régime despotique, pas plus que dans les excès de la démocratie; elle existe dans les gouvernements modérés », comme celui qu’ils façonnent à huis clos10. Ce n’est que plus tard, dans les années 1830 selon le politologue Francis Dupuis-Déri, que le terme « démocratie » a perdu son sens péjoratif dans la discussion publique, même si l’adoubement du principe par le président Thomas Jefferson pourrait nous convaincre de modifier cette chronologie11. Si nous limitons l’analyse aux seuls deux Canadas, il y a néanmoins une première grille de lecture évidente pour interpréter la guerre qui éclate en 1837, même si elle n’a été diffusée dans l’historiographie que ces deux dernières décennies : le conflit est un mouvement de décolonisation qui découle d’une opposition entre des loyalistes partisans d’un maintien de l’ordre impérial, monarchique et aristocratique, en l’occurrence britannique, et des patriotes prônant l’établissement d’un régime républicain. Une république étant entendue comme un régime reconnaissant le peuple comme le souverain qui détiendrait le pouvoir pour le transmettre ensuite à des représentants, elle s’oppose fondamentalement aux ressorts d’une monarchie dont la légitimité découle du divin et de la tradition au profit de dynasties héréditaires. En

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légalisant les inégalités de statuts (la famille royale, l’aristocratie et l’Église anglicane pour le Royaume-Uni), et en privilégiant la ­pratique de la nomination sur celle de l’élection, la monarchie est antinomique avec un idéal démocratique fondé sur l’égalité12. Le conflit dans les Canadas des années 1830 oppose donc des républicains à des monarchistes, dans lequel la dimension démocratique interfère. D’un côté, la gouvernance britannique assume pleinement son opposition épidermique à la démocratie, à l’image du lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, Francis Bond Head, qui affirme dans un lexique alors répandu chez les loyalistes que le conflit oppose les « constitutionnalistes » (loyalistes) aux « démocrates » (patriotes). Lord Durham teinte cette opposition par des considérations natio­ nalitaires, puisqu’il confirme dans son rapport que la minorité (« anglaise ») du Bas-Canada doit préserver son pouvoir contre la majorité (canadienne-française) de la colonie, une conception politique finalement très proche de celle de Madison13. Au contraire, les patriotes revendiquent le caractère démocratique de leur combat et assument publiquement leurs espoirs de renverser « l’orgueilleuse aristocratie » par « l’invincible démocratie14 ».

Vraie r é p u b li que Avec la propagation de l’agitation patriote aux États-Unis un deuxième niveau d’analyse apparaît : un affrontement idéologique entre républicains. Durant les années 1790, ceux que l’historien Seth Cotlar nomme les « painites » dénoncent déjà aux États-Unis une république pervertie par l’héritage des sociétés européennes et composée de deux classes, les « many » ou « labor » d’un côté, les « few » ou « well-born » de l’autre. Les painites, parmi d’autres, jugent cette réalité incompatible avec l’idéal républicain et envisagent une nouvelle révolution pour l’annihiler, cette fois-ci véritablement favorable au peuple (principalement les colons d’origine européenne). Les Working Men’s Parties de la fin des années 1820 ravivent ce conflit de classe, dénonçant le « 1% » qui monopolise la propriété privée, le pouvoir et les honneurs, et qui maintient les « many » dans une situation de dépendance et même « d’esclavage » (blanc). Les années 1830 sont agitées par les diverses mais nombreuses velléités visant à transformer l’Union en une « pure » ou « vraie » république sur des bases plus démocratiques. « Time has arrived, prévient l’un des leaders du mouvement radical new-yorkais, George Henry Evans, when the people of the

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United States must decide whether they will be a Republic in fact, or only a Republic in name15. » Ces citoyens soutiennent qu’une réelle république doit se fonder sur une égalité des conditions de vie en société, bien au-delà de l’égalité devant la loi ou du droit de vote alors partiellement garantis, et en arrivent à la conclusion que le modèle étasunien n’est démocratique que de nom. Ces ambitions ont été galvanisées par le constat d’échec du modèle économique qui limite l’accès à la propriété pour une large partie des citoyens (sans parler des autres), créant de fait une hiérarchie sociale marquée, dont l’effondrement en 1837 plonge le pays dans la crise. C’est sur ce constat que s’appuient les Locofocos à New York (l’Equal Rights Party) pour exiger une régénération de la république. « It is not the less true that America is not yet a republic, déclare Alexander Ming, Jr, devant des milliers de citoyens new-yorkais en colère, Man is the slave of Money. ‘Law rules the poor, and Money rules the Law16.’ » Disserter, échanger, confronter les arguments et les propositions font partie du mode de réflexion et d’action des citoyens étasuniens les plus radicaux, comme des patriotes. Tout ou presque est remis à plat et questionné, et ils encouragent le public à accaparer la réflexion politique. Leur espoir de révolution repose sur leur optimisme dans la capacité de ce public, notamment intellectuelle, à forcer le cours de l’histoire. Il est donc logique de voir qu’un réseau dense d’imprimés et d’auteurs soutient cet activisme, y compris plusieurs publications prestigieuses telles que l’Evening Post de New York et la Democratic Review. Les jeunes éditeurs de cette dernière perçoivent « l’expérience américaine », les États-Unis, comme une combinaison entre le principe démocratique, jugé sacré, et des influences hostiles, corruptrices, h ­ éritées des pratiques coloniales et européennes. Alors que les Étasuniens sont « à une étape critique de leur progrès », ils appellent leurs lecteurs à réfléchir sur les vérités de la démocratie afin de purifier la république et d’accélérer son inévitable avènement, présenté de surcroît comme une volonté divine17. Un public d’une force sociale et politique incontestable tente ainsi de redéfinir les concepts abstraits d’égalité, de liberté, de républicanisme ou de « droits égaux », car selon eux trop de fausses idées ont voulu s’agréger à l’idéal démocratique. Les États-Unis de la période jacksonienne sont secoués par une profonde opposition entre divers républicains glorifiant pourtant tous la « démocratie » dans leur discours. Pour se démarquer, les radicaux se nomment très régulièrement

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« vrais » (« true ») ou « authentiques (« genuine ») républicains et démocrates. Cette précision sémantique s’accompagne d’une dénonciation de l’utilisation du terme « républicain » par les aristocrates de la république, qui n’ont pour but, selon eux, que de diviser les citoyens pour s’octroyer le droit de définir le mot. Ces aristocrates, explique par exemple le Loco Foco de Swanton à la frontière du Vermont et du Bas-Canada, « has sneaked through twenty names, to escape the stigma which is attached to their conduct and principles18 ». On trouve ce même type de remarques aux Canadas. Le journal loyaliste de Montréal Le Populaire distingue ainsi les « vieux » républicains de New York et les « jeunes » républicains du Bas-Canada, soulignant que les premiers se sont montrés polis et « savent mieux vivre », car ils ont entonné le God Save the Queen pour honorer la nouvelle reine, alors que « nos rigides républicains » ont refusé une telle révérence. Dans les termes de l’éditeur, ce sont donc les « vieux » républicains de New York qui sont les « vrais19 ». Ces nuances n’apparaissent véritablement chez les patriotes canadiens qu’au cours de la révolution, lorsqu’ils constatent l’hostilité de ces polis républicains. Ils considèrent ainsi, dans leurs termes, que les « vrais démocrates » et les « vrais républicains » sont ceux qui les soutiennent, que les contrebandiers du Vermont qui s’opposent à leur révolution par vénalité sont « ­antirépublicains », ou alors que le « vrai républicanisme » n’est porté que par une partie seulement des intellectuels étasuniens, Matthew Carey ou William Leggett par exemple20. Une fois la guerre entamée, les patriotes des Canadas comme des États-Unis se regroupent autour de certaines considérations communes, notamment une critique conjointe du « vieux » modèle républicain pratiqué depuis Washington, qui a su se faire une place dans un monde toujours dominé par les familles royales. À partir de 1838, les patriotes qui combattent pour révolutionner les Canadas sont donc avant tout de vrais républicains qui prennent en main le mouvement militaire, en opposition ouverte au gouvernement fédéral et au Congrès. Dans les mots de James Mackenzie, fils de William Lyon et lui-même éditeur, aucun parti politique des États-Unis n’est « réellement démocratique », et par conséquent la représentation du peuple souverain est profondément défaillante. Nombreux sont ceux qui, comme le commodore patriote Bill Johnston qui manœuvre dans la région des Mille-Îles, sont convaincus que le pouvoir financier britannique corrompt une république qui ose accuser des « vrais républicains » comme les patriotes de n’être que de vulgaires pirates21.

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P at r io t is m e e t démocrati e Les vrais républicains étasuniens érigent les « droits égaux » en étendard et utilisent un vocabulaire issu de la révolution américaine pour glorifier le patriotisme et fustiger les « tories » de la république, comme l’Equal Rights Party (Locofocos) qui oppose sa « practical democracy » au « practical toryism » mis en œuvre par l’aristocratie républicaine. Les documents solennels du parti décrivent un pays qui s’est profondément dégradé au fil des années, au point d’être revenu à une situation comparable à celle du temps des colonies, donc gouverné et orchestré par des « tories ». Le principe patriotique est alors invoqué dans le débat public pour qualifier certaines décisions ou certaines actions favorables au peuple, témoignage d’un esprit démocratique hérité de la révolution américaine, quand les adversaires de la démocratisation sont concomitamment accusés d’être antipatriotes. Au cours de la campagne présidentielle de 1836, les Locofocos constatent à ce propos que la communication évasive du candidat Martin Van Buren contraste avec les prises de position plus fermes de son futur vice-président, Richard M. Johnson, « a true patriot and honest man ». La tentative de révolution des Canadas qui s’enclenche en 1837 réactualise brusquement ce champ lexical dans l’espace public étasunien. Ainsi, lors de la campagne électorale de 1840, le président sortant devient chez les sympathisants de la révolution canadienne un pâle « fédéraliste » anglophile face à son adversaire, le « patriote » William Henry Harrison, un ancien officier de la guerre de 181222. Les patriotes canadiens baignent dans cette culture politique radicale, ils lisent abondamment les journaux et sont imprégnés des vives ­discussions publiques de la république, en particulier de celle qui agite l’État de New York. Ils sont aussi particulièrement réceptifs au discours des Locofocos, au point de colorer leur patriotisme d’un message démocratique similaire. The Vindicator de Montréal est ainsi prompt à relayer leurs propos et leurs principes lorsque la panique financière s’abat sur le continent, O’Callaghan publiant un article du Plaindealer dans lequel William Leggett rappelle que ce sont les intérêts des fermiers et des travailleurs manuels qui doivent être protégés, car ce sont eux, l’espoir de la démocratie, ce sont eux qui sont « necessary to the great blessing of equal political rights23 ». L’éditeur montréalais témoigne aussi publiquement de son admiration envers Leggett, « an able and bold champion of democratic principles », et il espère que « Mr LEGGETT’s eminent services will not be lost to Democracy24 ».

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Dans son dernier numéro du 7 novembre 1837, la première page du Vindicator détaille et met en valeur les « droits égaux » tels qu’ils ont été définis par l’Equal Rights Party, qualifiés de « very seeds of the civilization », tandis que Le Libéral de Québec réimprime lui aussi des articles traduits du Plaindealer portant sur les « droits égaux25 ». Mackenzie déclare pour sa part que le Plaindealer de Leggett « came nearer to our views on some very essential questions concerning ­government than any other journal we have yet met with26 ». « His politics, ajoute-t-il dans la notice nécrologique qu’il lui consacre, were democratic, just, true, generous, liberal and enlightened. The politics of rights as opposed to selfishness, or universal benevolence as opposed to English rapacity27. » C’est donc en partie dans le cadre de cet attrait envers les républicains radicaux des États-Unis qu’il nous faut lire les références ­fréquentes aux « droits égaux » dans le débat public canadien. Au Bas-Canada, Ludger Duvernay présente même le slogan des « droits égaux » comme étant la devise du mouvement patriote. Ces références ne se limitent pas aux journaux et aux têtes d’affiche, car nous trouvons cette même devise, le « principe démocratique de droits égaux », dans les résolutions adoptées lors des assemblées populaires. La première assemblée « anti-coercitive », tenue à Saint-Ours le 7 mai 1837, déclare que les Canadiens ont été trompés en 1812, lorsqu’ils ont pris les armes contre un peuple qui « nous offrait la liberté et les droits égaux ». À celle de Stanbridge, les patriotes installent au sommet d’un arbre de la liberté un drapeau où est inscrit : « Equal rights28! » Des principes dérivés de la devise des « droits égaux » parsèment également la d ­ iscussion publique, comme lors de la Saint-Jean-Baptiste des patriotes de Montréal en 1837 où une santé est célébrée en faveur de l’agriculture, de l’industrie et du ­commerce qui « fleurissent à l’ombre des lois égales29 ».  Les patriotes déclinent cette devise pour lui donner un sens pratique qu’ils estiment être démocratique, c’est-à-dire voué à matérialiser l’idéal d’égalité. Certaines divergences existent, traduisant les différents sens que les principes de république et de démocratie génèrent. Mais les patriotes bas-canadiens comme haut-canadiens s’accordent pour dénoncer les inégalités du régime britannique, celles de nature ­aristocratique en particulier, qui leur semblent fondamentalement incompatibles avec l’idéal démocratique qui est le propre du Nouveau Monde. « Dieu n’a fait ni petits ni grands, ni maîtres ni esclaves, ni rois ni sujets : il a fait tous les hommes égaux », écrit le Vieux de la Montagne qui paraphrase ici Félicité de Lamennais30. « [J]e suis républicain de

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cœur et de principe », résume Amury Girod qui estime que l’égalité du savoir ne peut découler que d’une égalité des propriétés, donc qu’une transformation de la société ayant pour but l’égalité s’apparente à un front bien plus vaste que les simples institutions politiques, ou la seule question de l’éducation31.  De même, le Dr Cyrille-Hector-Octave Côté se présente comme « mandataire honnête » de ses électeurs et, par conséquent, n’hésite pas à réclamer l’abolition du régime seigneurial alors toujours défendu par Papineau. Côté déclare aussi vouloir contribuer à l’instauration pratique de l’égalité des opinions, dénonçant la Gazette de Québec et l’Herald qui affirment que le peuple n’est pas assez instruit pour savoir ce qu’il désire. Il estime au contraire que les habitants doivent détenir le pouvoir d’intervenir dans la gouvernance, et que les représentants ne peuvent qu’œuvrer à la défense des droits des électeurs et suivre la volonté des représentés, au risque sinon de devenir des « traîtres à leur mandat32 ». Dans son intervention lors de la convention des Six-Comtés, le médecin s’épanche sur la démocratie dont il rêve et qui s’érigera tout naturellement, car le peuple « est fait pour dominer et non pas pour être maîtrisé; sa voix doit être écoutée; sa volonté consultée, ses lois respectées et ses ordres obéis ». Au nom des électeurs du comté de L’Acadie, il soutient que leur combat ambitionne de fonder la « démocratie la plus pure », soit « l’égalité pour tous » et le respect des « droits de l’homme33 ». En 1841, il publie dans The North American un article résumant ce qu’il entend par « démocratie », dans lequel la tradition des droits naturels et des droits égaux est mise en valeur : [Democracy] is based upon the eternal immutable principles of free thoughts, equal rights, and freedom of actions, lives in the light of christianity, whose essence is justice, whose object is human progress, sympathises with the down trodden and oppressed and rejoices in their elevation. The rights of man belong to him as of right by his nature, they are not the concessions […] nor does he owe his rights to the results of revolutions or battle, but they are the primary abstract and absolute right of his nature, derived through laws of his being, and pertain to his existence34. Les idéaux de démocratie, de droits naturels et de droits égaux se retrouvent également dans les documents les plus officiels du mouvement. L’adresse des Fils de la liberté insiste sur l’unique légitimité d’un gouvernement, le consentement des gouvernés, « et quelque changement

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artificiel qui survienne dans les affaires humaines, un gouvernement de choix n’en est pas moins un droit inhérent au peuple ». Le message est révolutionnaire puisque « l’autorité divine ou absolue » revendiquée par un monarque ou une aristocratie est qualifiée de « blasphématoire et absurde » ; seule une « démocratie » respecte les droits naturels, car elle se constitue par et pour la population35. L’adresse de la Confédération des Six-Comtés est destinée à tous les hommes, peu importent leur origine, leur langue ou leur religion, qui chérissent les « droits de l’homme » et les « lois égales ». La version anglaise de la première résolution de cette confédération reprend mot pour mot la Déclaration d’indépendance rédigée par Thomas Jefferson : « We hold as self-evident, and repeat, the following truths :–that all men are created equal ; they are endowed by their Creator with certain inalienable Rights ; that among these Rights are life, liberty and the pursuit of happiness36. » Les patriotes haut-canadiens établissent également les droits naturels et égaux comme le fondement du système démocratique qu’ils envisagent. Tout au long de l’année 1837, ils insistent sur le besoin d’établir une société plus égalitaire et, à l’image des Children of Peace, une communauté quaker de la région torontoise, s’efforcent de trouver des remèdes au paupérisme. Mackenzie mentionne régulièrement les « droits égaux » dans The Constitution et résume la révolution qui monte, « a bloodless one I hope », comme un combat entre les principes démocratique et aristocratique, « between privilege and equal rights […] between the privileged and the unprivileged, and a terrible one it is37 ». La Déclaration de Toronto puis les résolutions adoptées lors des assemblées publiques reprennent les formules de Jefferson et font référence aux « droits naturels » et aux « lois de la nature » pour affirmer qu’un « Government is founded on the authority, and is instituted for the benefit, of a people ». Les abus du gouvernement colonial justifient leur révolution : quand un gouvernement « ceases to answer the great ends of its foundation, the people have a natural right given them by their Creator to seek and establish such institutions as will yield the greatest quantity of happiness to the greatest ­number ». Leur ambition est ainsi d’établir un « cheap, honest, and responsible government », donc un État le plus simple possible qui gouverne mieux, car il gouverne moins38. La proposition de constitution pour l’État du Haut-Canada de novembre 1837 fait directement écho à la Déclaration d’indépendance américaine et à la Constitution de 1787, tout comme aux vrais

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républicains étasuniens. Les idéaux de liberté et d’égalité, des droits naturels et égaux, y sont déclinés dans un ensemble de dispositions pratiques, comme dans les quatre premiers articles qui visent à établir l’égalité des droits religieux et à empêcher toute interférence entre l’autorité publique et la vie spirituelle. Il est également précisé qu’aucune loi ne peut induire une différence de traitement entre les individus (charte, honneur, privilège, etc.), donc que chaque citoyen doit être égal, notamment devant la loi, ce qui implique une série de dispositions énumérées dans la proposition de constitution, visant par exemple à rendre la justice financièrement accessible et relativement indépendante. Le droit de primogéniture, qui crée une inégalité manifeste entre héritiers, est également aboli afin que tous, enfants, hommes et femmes, soient traités équitablement. Comme nous le verrons, les principales mesures prises en conformité avec la volonté de créer une vraie république portent surtout sur les mécanismes économiques, et il est délicat de lire dans ce texte une volonté de rompre fondamentalement avec l’expérience républicaine des États-Unis qui sont au contraire pris comme un modèle – visiblement afin de favoriser une éventuelle union. La common law est par exemple conservée, signe que la révolution juridique envisagée plus tard n’est pas encore d’actualité en 183739. Les patriotes canadiens mobilisent donc les droits naturels et exigent le rétablissement de l’égalité naturelle entre les hommes dans la ou les républiques qu’ils espèrent fonder. La Proclamation de Navy Island de Mackenzie rappelle leur attachement à ces principes lorsqu’il s’adresse aux « Friends of Equal Rights » qu’il espère convaincre de rejoindre la révolution pour créer un Haut-Canada « founded on a government of equal rights to all40 ». Lorsque les exilés haut-canadiens Charles Duncombe et Donald McLeod mobilisent les patriotes de la région du lac Michigan en février 1838, leur cri de ralliement stipule que « their present object was undertaken in defense of the inalienable rights of man », dans le but de procurer aux Canadiens « the enjoyment of equal rights41 ». La déclaration solennelle de Charles Bryant depuis Caldwell’s Manor au Bas-Canada en novembre 1838 explique également que l’ambition de l’armée patriote est d’établir « an Independent and liberal Government, securing equal rights to all classes and conditions in the land42 ». Sans être l’unique formule ou credo utilisé ou brandi par les patriotes à l’heure de la révolution, l’expression « droits égaux », issue de la philosophie des droits naturels, nous aide à mieux cerner leur champ lexical et par répercussion le sens de leurs idéaux politiques et de leur discours républicain.

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Avant de subir la force des armées régulières, ils font bien sûr face à un ensemble de contre-arguments. Au-delà des « tories » qui fustigent les patriotes pour leur amour de la démocratie, Étienne Parent dénonce la « tyrannie de la majorité » exercée à ses yeux par les patriotes – reconnaissant ainsi leur force populaire –, qui brime selon lui son « droit naturel imprescriptible de penser et d’exprimer sa pensée ». Derrière ces paroles, Parent se plaint de la pression populaire qu’il doit subir au cours de l’année 1837 du fait de son opposition aux patriotes. Remarquons surtout que, s’il invoque lui aussi l’idée de droit naturel, il n’utilise toutefois pas la notion des droits égaux et soutient, au contraire, que la démocratie prônée par les patriotes n’est pas souhaitable, car elle créera « un monstre réel, la tyrannie, sous le nom de majorité43 ».

D ro it s n at urels Une métaphysique prenant racine dans la croyance en des droits naturels inaliénables est donc un trait caractéristique structurant les idées politiques patriotes. La généalogie de la philosophie de la loi et des droits naturels remonte à l’Antiquité pour plusieurs analystes. Euripide explique en effet au Ve siècle avant Jésus-Christ que c’est la nature qui octroie aux hommes la loi garantissant des droits égaux, alors que les sophistes considèrent que le monde est fondé naturellement par la raison (de Dieu) et que la loi de la nature fait des hommes des êtres égaux et unis. Cicéron estime aussi que les lois de la nature, création divine, garantissent une égalité entre individus, idée qui circule pendant la révolution américaine puisque Thomas Jefferson et John Adams, en particulier, se déclarent être des admirateurs du penseur romain44. L’Europe moderne nous aide davantage à cerner, de façon sommaire, une culture politique et philosophique qui inspire manifestement les patriotes, et nous pouvons en particulier percevoir les méandres de l’histoire intellectuelle des droits naturels dans l’Angleterre du XVIIe siècle. D’un côté, John Locke affirme que la nature a créé les hommes égaux et que les inégalités ne proviennent que des artifices générés par la vie en société, mais il place aussi la préservation de la propriété privée au centre de sa réflexion, la création d’un contrat social se basant sur la garantie des propriétés antérieures de chacun. Locke est régulièrement cité et discuté en Amérique du Nord au XIXe siècle, y compris par les radicaux étasuniens, car il est possible de puiser certains arguments chez lui. Selon l’éminent philosophe,

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l’homme est en effet par nature « free, equal and independent » et doit bénéficier d’« an uncontrolled enjoyment of all the rights and privileges of the law of nature equally with any other man or number of men in the world45 ». On trouve cependant une conception naturaliste radicalement différente chez des compatriotes de Locke, les Diggers, qui utilisent l’idée de l’origine naturelle des droits pour en proposer un dessein collectif garantissant le partage des biens, en opposition stricte avec le principe de la privatisation des ressources naturelles. L’association entre égalité démocratique et droit naturel est aussi affirmée chez leur contemporain des colonies anglaises d’Amérique, John Wise, surnommé depuis le « premier grand démocrate américain ». Wise reprend l’idée que Dieu a créé la loi naturelle qui établit l’égalité des hommes, mais il précise que la liberté s’arrête lorsqu’un autre individu perd ses droits naturels, qu’aucun homme ne peut en dominer un autre et, qu’une fois « entré » en société « his personal liberty and equality is to be cherished and preserved to the highest degree46 ». La réflexion de Locke a bien sûr davantage pesé sur l’histoire, et on considère que ses idées du contrat social et de la loi naturelle ont nourri les philosophies de Voltaire, de Rousseau, des Pères de la République américaine, des auteurs de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, et du libéralisme de façon générale. Jefferson et à travers lui les Pères fondateurs, puis les premières générations d’Américains qui ont ensuite sanctifié ces mots, écrit par exemple dans la Déclaration d’indépendance : « We hold these truths to be self-evident, that all men created equal, that they are endowed by their Creator with certain inalienable Rights, that among these rights are Life, Liberty and the pursuit of Happiness47. » Thomas Paine reprend aussi comme fondement de Rights of Man l’idée formulée par Locke selon laquelle la nature a créé les hommes égaux, mais il insiste pour faire des sociétés entravant ces droits naturels des machinations humaines illégitimes vouées à des révolutions pleinement légitimes. « Man did not enter into society, explique-t-il pour saper la légitimité des régimes établissant des aristocraties, to become worth than he was before, nor to have fewer rights than he had before, but to have those rights better secured48. » La logique métaphysique est presque similaire à celle de Locke, mais ses conceptions de ce que sont les « droits » naturels diffèrent radicalement. « All men are born equal, and with equal natural rights », selon Paine, et un bon gouvernement doit permettre aux hommes de pouvoir vivre selon l’égalité naturelle, la plus vieille doctrine de l’humanité à ses yeux49. Il distingue donc deux formes de droits,

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ceux qui sont inhérents à l’homme (qualifiés de « droits naturels »), et les droits dits « civils » qui sont institués en société pour sécuriser ces droits naturels. Dans les années 1830, les droits naturels deviennent souvent des « vested rights », des droits acquis, terme et conception qui renforcent encore davantage la pression sur les gouvernants lorsqu’il est question de les mettre en pratique. Il existe également chez les colons défricheurs américains une longue tradition de faire référence à la loi naturelle lorsqu’ils s’engagent dans des actions illégales et rébellionnaires. La révolution américaine a par exemple popularisé l’idée que les terres de l’Ouest, autrement dit des territoires peuplés par des Premières Nations, représentent l’état de nature, création divine accordant à l’humanité une terre commune appartenant à chaque homme (surtout blanc) de façon égale. Cette conception légitime aux yeux des squatteurs le droit de s’opposer ouvertement aux lois (humaines, donc artificielles) qui entravent leur droit naturel d’accès au bien commun, réflexion qui dénigre le plus souvent un quelconque droit aux populations autochtones. Cette logique est néanmoins ouvertement subversive puisque ces colons défient l’État régulateur de la colonisation (­britannique puis étasunien) et estiment qu’aucun homme n’a légitimement le droit de posséder plus de terre qu’il ne peut en entretenir lui-même, en stricte opposition à la spéculation et aux immenses propriétés des plus riches50. De part et d’autre de l’Atlantique, de nombreux radicaux s’appuient donc sur Locke non pas pour son contractualisme, mais pour soutenir que la terre est à l’état de nature une propriété collective qui doit être accessible de façon équitable, que les hommes sont naturellement égaux, et que les inégalités de talent ou de savoir-faire résultent avant tout des imperfections des institutions humaines. Les vrais républicains étasuniens des années 1830 lisent et s’inspirent de Locke, de Jefferson et, surtout, de Paine. Au cœur du foisonnement de leurs idées se trouve leur ardent soutien aux lois de la nature et aux droits naturels, et ils considèrent dans leur ensemble que le bonheur ne pourra être atteint sans institutions humaines ayant pour but de protéger leurs droits inaliénables, ce qui n’est pas encore le cas. Pour Thomas Skidmore, l’un des penseurs les plus excentriques de cette génération, les « equal and unaliable rights » du peuple sont bafoués par une société de maîtres et d’esclaves, et une nouvelle révolution – de préférence non violente – est l’unique moyen de recouvrer leurs droits naturels. Le Working Men’s Party de Philadelphie déclare que la loi naturelle exige

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que les richesses soient réparties en fonction du travail réalisé pour leur production, donc plus partagées avec les travailleurs manuels, logique qui transforme le paupérisme en une réalité contre nature dans une société prospère comme celle des États-Unis. Les déistes ou « Freethinkers » prolongent la réflexion de Paine et réaffirment ­l’importance capitale des droits naturels, tout comme William Leggett et les Locofocos, dont l’économie politique découle des toutes-­ puissantes et harmonieuses lois de la nature. C’est aussi sur la base des droits naturels que s’appuient les femmes qui rédigeront la Seneca Falls Declaration of Sentiments en 1848, puis Abraham Lincoln pour abolir l’esclavage racial en 186351. Omniprésente dans la culture républicaine américaine, la philosophie des droits naturels l’est également chez les républicains canadiens. L’image et le concept apparaissent régulièrement dans la discussion publique, comme lors de la Saint-Jean-Baptiste de Montréal de 1837, pour célébrer les défenseurs du peuple qui protègent les « droits ­inaliénables » des individus. L’ordre naturel est un monde libre pour le Vieux de la Montagne, « l’amour de la liberté est naturel à l’homme qui sent ou qui pense ». Augustin-Norbert Morin reprend indirectement Paine lorsqu’il distingue la « loi naturelle » et la « loi de police » pour draper de légitimité le commerce de contrebande : la liberté des échanges est naturellement plus légitime que les lois humaines qui créent une légalité artificielle interdisant ce commerce patriotique. L’adresse des Fils de la liberté de Montréal et les déclarations lors de la convention des Six-Comtés accusent l’Empire britannique de renier les droits naturels des colons, et il est formellement déclaré qu’il existe un droit naturel pour renverser un empire tyrannique52. La logique est la même chez les patriotes du Haut-Canada. L’historien R.A. MacKay souligne, par exemple, que la théorie des droits naturels de Locke devient fondamentale dans la pensée de Mackenzie au tournant des années 1830. L’un des ses plus proches alliés politiques, le Dr James Hunter de Whitby, considère pour sa part que les Noirs possèdent les mêmes « droits naturels et inaliénables » que les autres individus, et en cela l’esclavage racial est condamnable dans ses fondements53. Le principe des droits naturels se retrouve également dans l’argumentaire présenté dans la Déclaration de Toronto : le gouvernement refuse de gouverner en faveur du peuple; or, les colons « have a natural right given them by their Creator to seek after and establish such institutions as will yield the greatest quantity of happiness to the greatest number54 ».

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Mobiliser comme guides politiques et idéologiques les lois et les droits naturels permettent aux patriotes de justifier leurs décisions, donc la révolte, car la domination impériale qu’ils subissent est présentée comme contraire à « l’ordre naturel » des sociétés civilisées, et d’autant plus dans le Nouveau Monde. Le pouvoir politique appartient de droit à la majorité, c’est « l’ordre des choses », selon Le Libéral de Québec, alors qu’un gouvernement réservé à une minorité ne fait que désorganiser le monde55. Ainsi, lorsque les patriotes du Bas-Canada élisent en 1837 des magistrats et des officiers pour ­remplacer l’administration judiciaire et la milice britanniques, ils affirment en même temps « qu’en cela le peuple se met dans un droit naturel qu’il a en vain demandé d’être confirmé par une loi56 ». En restant sourdes aux revendications patriotes, les autorités « n’entendent pas le cri de la nature qui leur dit [:] l’homme est né libre », déplore le Vieux de la Montagne, et il possède « des droits et des privilèges naturels » qui ne peuvent être légitimement entravés par des lois humaines57. On trouve les mêmes fondements philosophiques chez les citoyens étasuniens qui s’engagent dans la révolution canadienne. Dans la francosphère, on cite Chateaubriand : « La liberté est de droit naturel et non de droit politique. » Les hommes détiennent « les sentiments innés d’égalité et de liberté que la révolution française a fait revivre dans toute leur énergie », affirme L’Estafette de New York, et les Canadiens possèdent naturellement cette même flamme. L’éditeur conclut avec un accent painien que « les droits que la nature nous a donnés sont imprescriptibles », et que chaque génération possède le droit de modifier, ou révolutionner, des lois humaines antérieures58. Les patriotes étasuniens affirment que leur droit naturel est supérieur aux décisions des autorités et qu’ils ont toute la légitimité nécessaire pour s’engager, contre l’avis des élus de la République et de leurs lois, aux côtés des Canadiens qui sont sous le régime britannique « deprived of their inalienable and natural rights ». Cet argumentaire est utilisé pour leur vendre ou leur fournir des armes, pour circuler armés, pour se protéger des fouilles abusives, mais aussi plus généralement pour qu’ils n’aient pas à respecter l’application par le président Van Buren de la loi sur la neutralité – une loi jugée anticonstitutionnelle en plus d’être qualifiée d’« abridgement of our natural rights59 ». Déjà utilisée pour encourager la tentative de révolution aux Canadas, la philosophie des droits naturels justifie donc aussi le glissement vers une critique de la souveraineté de la république.

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D ro it s é gaux La métaphysique des droits naturels débouche sur l’idée que les hommes sont égaux à l’état de nature et que toute société qui ne ­respecterait pas ce principe deviendrait illégitime et vouée à être renversée. Cette conception est l’un des fondements de la démocratisation prônée par les Lumières radicales. Le Hollandais Pieter Paulus soutient ainsi que cet état de nature doit être préservé lorsque les hommes forment des sociétés justes, car il devient la matrice d’une gouvernance établissant une égalité morale, formelle et légale. C’est dans cet esprit que Paine conçoit ses « droits égaux » qui deviennent fondamentaux pour la culture politique radicale aux États-Unis, conception qui est également très répandue dans le socialisme naissant. Chez les radicaux étasuniens de la période jacksonienne, les droits naturels permettent en particulier de défendre l’idée que chacun doit pouvoir recueillir les fruits de son labeur. C’est donc le principe d’égalité entre individus, tout du moins entre colons blancs, qui en vient à caractériser la philosophie naturaliste radicale de l’ère des révolutions, et c’est justement la mise en pratique (là aussi relative) du concept d’égalité dans la République américaine qui frappe Alexis de Tocqueville lorsqu’il vient la visiter. Les droits naturels garantissent les « droits égaux » qui peuvent se résumer à un droit inaliénable d’expérimenter l’égalité sociale, spécialement dans une république, philosophie œuvrant pour démocratiser les sociétés60. Attardons-nous sur l’un des plus puissants mouvements politiques des États-Unis à la fin des années 1830, celui des Locofocos qui nomment justement leur organisation l’« Equal Rights Party ». Après s’être alliée au président Andrew Jackson qui professe alors un virulent discours contre les « aristocrates » fortunés de la république, une importante frange des radicaux de New York fait scission pour fonder l’Equal Rights Party lors d’une réunion tenue en octobre 1835 au Tammany Hall, une opposition aux « Dimmycrats » qui se cristallise autour de la question des banques. Ce jour-là, après un tumulte dans la salle, « a friend of Equal Rights » prend la chaise de président à un directeur de banque. La lumière est alors coupée, mais les allumettes – dites « Loco-Foco » – s’allument afin de poursuivre l’assemblée ; « a glorious illumination! » écrit Fitzwilliam Byrdsall, un membre du parti et premier historien des Locofocos. Ils se sentaient avant-gardistes et plus éclairés que les « Old Fashion democrats » – un jeune républicanisme s’opposant là aussi aux « vieux » républicains61.

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Dans l’optique de l’élection présidentielle de 1836, ils adoptent une « Declaration of Principles » qui doit être signée et défendue par les candidats qui souhaitent leur soutien, et dans laquelle le principe des « droits égaux » alterne avec celui des « droits naturels ». Le premier article établit les droits égaux comme le fondement d’une authentique république : « The true foundation of Republican Government is the equal rights of every citizen, in his person and property, and in their management62 ». Reprenant là encore l’idée publicisée par Paine, le deuxième article affirme que le « rigthful power of all legislation is to declare and enforce our natural rights and duties, and to take none of them from us », précisant que « No man has a natural right to commit agression on the equal rights of another63 ». En septembre 1837, le premier article de la proposition de constitution pour l’État de New York qu’ils rédigent, adoptent lors d’une convention et présentent au public porte sur les droits naturels et l’égalité des citoyens – à la différence de la Constitution de 1787. Ils font six références dans cet article à l’égalité, contre une seule à la liberté. Les droits naturels sont présentés comme inhérents à chaque homme, ils proviennent du « Créateur » et ne peuvent pas être usurpés par l’action « artificielle » d’un gouvernement : « On entering into society, man gives up none of those rights ; he only adopts certain modes of securing the peaceful enjoyment of them64. » Le New-Yorkais William Leggett est alors l’intellectuel en vogue chez ces radicaux, dont l’influence traverse, comme nous l’avons vu, les frontières du pays pour alimenter la réflexion aux Canadas. Grand défenseur de la loi et des droits naturels, il est aussi devenu l’une des figures de la théorie du « laisser-faire » économique. Leggett reprend en effet des penseurs tels que John Locke, Adam Smith, Thomas Jefferson et Jeremy Bentham, de même que Thomas More. Il fonde sa réflexion sur l’égalité d’accès de tous les citoyens à la liberté, sous toutes ses formes, une liberté qui ne peut provenir que d’une intervention minimale de l’État, dans tous les domaines de la vie en société, ou presque. Le législateur doit uniquement protéger les droits égaux et naturels, et il ne peut ambitionner de réguler les relations humaines. Le New-Yorkais applique religieusement cette doctrine à toutes les questions politiques, y compris contre ses propres intérêts, comme celui d’une loi garantissant la propriété intellectuelle. Leggett s’avère cependant subversif et révolutionnaire. Rappelons que la société ­étasunienne, et plus précisément new-yorkaise, est étrangère au monde rêvé par Adam Smith ; le législateur encadre étroitement les activités

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humaines, à commencer par la sphère économique. Or, Leggett déclare vouloir transformer cette république en imposant ce qu’il nomme une « nouvelle théorie de la démocratie », une structure politique uniquement animée par la volonté de préserver les droits naturels et égaux. Il s’oppose donc avec force aux mécanismes d’une république qui embrasse la Market Revolution capitaliste et « aristocratique ». S’il ne prône ni la violence physique, ni les menaces contre les citoyens les plus riches, son discours est révolutionnaire – et interprété à l’époque comme tel –, car celui-ci est orienté en permanence vers l’émancipation des travailleurs manuels, dénonce l’arbitraire de l’État et les «  selfish ­feelings » des « few », « a disguised despotism », une « aristocracy of wealth » qui gouverne en sa faveur, « their only business is to “take care of the rich that the rich may take care of the poor”65 ». La république a été selon lui pervertie pour être contrôlée par des aristocrates, et il propose une nouvelle théorie, celle de la « démocratie », pour que l’autorité publique puisse réellement œuvrer à la préservation des droits égaux : Our theory is, that men have equal rights; that government, which is the guardian of their equal rights, should confine itself within the narrowest circle of necessary duties, the mere ­protection of that equality, by preventing the encroachment of one man upon the rights of another; and that all beyond this should be left to the influence of publick opinion, and those ­natural principles of commercial intercourse which are called the laws of trade. This is our theory. This is the theory of a ­popular government. This is the theory of democracy. We ask again, when, where, and how, has it been demonstrated to be impracticable66? Comme le note l’historien Lee Benson, les Locofocos exigent une égalité tout en rejetant l’intervention de l’État, jugée superflue. L’égalité espérée est donc garantie par l’absence d’interférences « artificielles » du pouvoir politique et par sa tendance à accorder certains privilèges (chartes, licences, « monopoles », etc.). Ce rejet d’une politique interventionniste est somme toute logique dans la philosophie des droits naturels qui critique les travers des lois et des institutions humaines. Adaptant la distinction par le philosophe Isaiah Berlin entre la liberté négative et la liberté positive, Benson y voit la défense par les Locofocos d’un État dit « négatif », faible et distant, en opposition à un État interventionniste qualifié de « positif ». Les Locofocos soutiennent

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néanmoins que le maintien des droits naturels dans une société nécessite l’adoption de certaines lois humaines, donc l’établissement d’une autorité publique responsable de la protection de ces droits naturels à l’égalité des conditions de vie. L’État n’est donc pas entièrement « négatif », encore moins neutre, mais les Locofocos veulent le maintenir le plus faible possible et se méfient de son action. « The great object of a constitution, selon Byrdsall qui retranscrit la réflexion de ses camarades de l’Equal Rights Party, is to prevent the officers of government from assuming powers incompatible with the natural rights of man67. » Les chartes législatives accordant à certaines sociétés commerciales des « monopoles » sont par exemple assimilées à des privilèges inacceptables dans une république, et c’est cette réalité pratique qui détermine les principes fondateurs de la démocratie qu’ils envisagent : « The equal rights of mankind, and free competition in all departments of social industry, were held by our political fathers to be the primitive elements of republican governments68. » Leggett, les Locofocos, et les Lumières radicales de façon plus schématique, ce qui inclut les patriotes canadiens, soutiennent que l’État doit garantir de façon égale les intérêts de l’ensemble de la population (blanche et masculine avant tout, mais pas systématiquement) dans une structure la plus simple et la plus minimale possible, donc la moins coûteuse et la moins puissante possible. La particularité de Leggett est la radicalité extrême qu’il accorde à l’idée de non-intervention des institutions publiques. Sa méfiance envers la nature d’un quelconque gouvernement est presque sans bornes, et parfois contradictoire, à tel point qu’il est décrit par ses proches comme étant incapable d’entendre certaines critiques raisonnables69.

Se n s p r at iq u e s d e s « droi ts égaux » Les Locofocos et Leggett redéfinissent le sens des droits naturels alors que la république peine pour orchestrer une démocratisation du Nouveau Monde et que la société commerciale bouleverse la « république des artisans » établie au lendemain de la révolution : droit de vivre en paix, droit de pouvoir exprimer ses capacités mentales et physiques, droit de ne pas subir ce que l’on ne ferait pas à autrui, mais aussi et surtout droit de récupérer les fruits de son labeur, et enfin droit d’accéder aux richesses du monde offertes de façon égale à chacun. Ils remettent à plat une expérience républicaine dont la pratique contredit la beauté des principes théoriques : la république est « tyrannique »,

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car elle détruit l’égalité sociale naturelle au profit d’une aristocratie qui se voile derrière un discours valorisant la démocratie. L’essence même du développement économique et de l’expansion de la république, l’argent, est le cœur de cette corruption qui gangrène l’héritage de l’esprit de 177670. Derrière leurs principes s’accumule un ensemble de mesures et de propositions visant à améliorer l’expérience républicaine, mais la discussion et le dissensus demeurent vifs au sein de l’imposant public étasunien qui partage ce constat. Plusieurs traits communs ressortent cependant, par exemple à propos des institutions politiques. La plupart défendent le principe de représentation politique plutôt qu’une démocratie directe, c’est-à-dire qu’ils s’accordent à ce que le peuple souverain gouverne par l’intermédiaire de représentants qui légifèrent en leur nom. Mais ils constatent également les travers de la représentation politique républicaine. Ils souhaitent par exemple élargir le principe de l’élection à l’ensemble des postes publics, assainir les pratiques électorales et établir un droit de suffrage dit « universel ». Le public radical réclame aussi l’élection directe du président, donc la disparition d’un collège électoral trop ouvertement aristocratique, les Locofocos faisant également campagne pour limiter la présidence à un seul mandat. S’ils ont confiance en un système qui demande au peuple souverain de transmettre son pouvoir à des représentants, ils sont aussi méfiants. Cette méfiance est palpable jusqu’aux Canadas, notamment chez Mackenzie qui souligne dès 1835 qu’une législature élue peut être aisément corrompue par l’argent des détenteurs de capitaux, ceux qu’il nomme les « capitalistes », donc œuvrer à l’inverse de l’utopie politique qu’il prône, soit une « démocratie sociale ». Ces considérations sont communément exprimées, y compris par des militants de partis politiques comme la Democratic Review qui reconnaît qu’il est impossible de faire confiance à des élus pour agir au nom des « intérêts généraux de la société », car les intérêts privés corrompent inévitablement l’esprit des législateurs, quelle que soit la nature du régime. Ils en concluent par conséquent que le « Government should have as little as possible to do with the general business and interests of the people71 ». Thomas Paine a insisté sur le besoin d’une fiscalité juste et redistributrice, principe repris et agrémenté par les radicaux de la période jacksonienne. Alors que le Working Men’s Party de Philadelphie a fait d’une fiscalité égalitaire l’une de ses principales revendications, William Leggett a théorisé ce qu’il nomme « The True Theory of Taxation », censée s’accorder avec les droits égaux et le principe

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démocratique. La taxation indirecte (par exemple les droits de douane) doit disparaître, selon lui, car il s’agit d’une pratique inégalitaire et trop imperceptible pour les citoyens, ce qui favorise la déresponsabilisation du gouvernement envers les individus taxés. La vraie taxation, démocratique, est au contraire directe, « ouverte et honnête » dans ses termes, afin de renforcer la relation de réciprocité entre représentants et représentés. Cette taxation est également considérée comme démocratique, car elle contribuera à matérialiser le sacro-saint principe du libre commerce et à délester l’État d’une classe de « mushroom aristocrats » qui s’enrichit à vue d’œil, les agents de la douane et l’ensemble de ­l’administration douanière72. Les vrais républicains sont aussi particulièrement explicites sur le besoin de transformer le système judiciaire, prolongement de décennies de vives critiques contre les règles de la justice républicaine. Les avocats sont accusés de ne rechercher que la gloire, l’argent et le pouvoir ­politique, au lieu de protéger la justice, un pilier théorique du républicanisme. Ils sont régulièrement qualifiés de « parasites » et accusés de permettre qu’une double justice se mette en place, favorable aux plus riches et intransigeante avec les pauvres. En écho au credo répétant que le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins, le jargon incompréhensible par les profanes, la technicité des lois qui s’accumulent de même que le coût élevé de la justice convainquent un ensemble de citoyens que le système judiciaire des États-Unis est de nature aristocratique, au profit des « capitalistes ». Cette réalité est considérée comme une trahison injuste envers la loi naturelle, et démocratiser la république signifie pour eux établir un code de lois simplifié et un système judiciaire peu onéreux. Dans une république, peu de lois sont nécessaires, selon les Locofocos, et elles doivent être claires, simples et faciles d’accès. Leur proposition de constitution précise également qu’aucune loi ne doit provenir d’une terre étrangère – une attaque directe contre la common law – et qu’en cas d ­ ’absence de loi le jury doit juger « according to the principles of natural right and justice73 ». Les patriotes canadiens comme les vrais républicains des États-Unis conçoivent également les « droits égaux » dans leurs acceptions sociales, ce que Mackenzie nomme la « social democracy ». La révolution qu’ils envisagent déborde donc du cadre politique ou juridique. « L’avenir de l’humanité, écrit Ludger Duvernay, dépend entièrement de la manière d’envisager l’instruction et le travail74. » Depuis La Malbaie, le Vieux de la Montagne affirme que la liberté à laquelle il aspire n’est pas celle inscrite sur un morceau de papier, une simple

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égalité déclamée par des lois ou une constitution, la liberté est au contraire « une puissance vivante qu’on sent en soi et autour de soi, le génie protecteur du foyer domestique, la garantie des droits sociaux, est le premier de ces droits75 ». Cette liberté prise dans ses dimensions sociales ne peut provenir, selon lui, que d’une généralisation de l’éducation, une démocratisation du savoir qui s’avère l’un des traits les plus communs du républicanisme démocratique des années 1830. Le droit (naturel) à l’éducation est effectivement une idée phare des radicaux étasuniens, surtout depuis que l’étendard de la « démocratie » surplombe la discussion publique car, tout comme le Vieux de la Montagne, ils estiment que l’éducation universelle est la voie la plus sûre vers une régénération de la république. Le système scolaire existant est considéré comme l’une des principales sources d’inégalités (artificielles) au sein de la population, puisqu’il est dominé par des écoles privées réservées à la classe fortunée, alors que le système dit « public » est dégradé, marginalisé et ne survit que grâce à la charité religieuse. Pour de nombreux citoyens, ce système n’a rien de véritablement public, c’est-à-dire orchestré pour le bien commun, et ils accusent leurs riches ­compatriotes de maintenir un tel système dégradé par peur d’armer intellectuellement leurs concitoyens les plus pauvres. Les aristocrates sont « fearful of loosing their exclusive privileges, by imparting knowledge to the mass of the people », affirme à ce propos le Working Men’s Party de Philadelphie76. Les Free­ thinkers, au premier rang desquels se trouvent « Fanny » Wright et Robert Dale Owen, tout comme George H. Evans, sont particulièrement engagés dans la réforme de l’éducation et ­proposent une « Equal Universal Education » inspirée de Sparte et des écoles de Fellenberg. Pour R.D. Owen, cette révolution en douceur, dont les résultats ­pratiques ne se verront qu’au fil des générations, est justement le ­meilleur moyen de sauver le pays d’une sanglante révolution. Cette question est même l’une des très rares exceptions de Leggett envers l’idéal du laisser-faire, puisqu’il estime lui aussi que l’État doit offrir un système éducatif au service de l’épanouissement des droits égaux. Les républicains œuvrant pour démocratiser les États-Unis considèrent ainsi que la mise en place d’une éducation égalitaire et publique ­diffusera le savoir nécessaire pour libérer la société du vice, ce qui débarrassera progressivement le pays des prisons comme des maisons de correction. Cette profonde réforme est imaginée pour favoriser une égalité des chances, pour permettre aux plus pauvres d’utiliser leurs facultés intellectuelles et in fine pour empêcher les plus riches

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d’exploiter leurs concitoyens qui n’ont, sans éducation, pas les moyens de déchiffrer les vices d’une république corrompue77. Un ensemble d’autres propositions pratiques se retrouvent dans les divers mouvements radicaux qui se multiplient pendant l’ère jacksonienne. Un certain consensus porte sur l’absence nécessaire de toute législation en matière religieuse, sur une refonte générale des lois sur la milice, et sur les travers du système pénitencier. Sur cette dernière question, la critique porte en particulier sur le travail que l’on exige des prisonniers, fondamentalement contraire au droit naturel de recevoir les fruits de son labeur. Aux yeux de Leggett, par exemple, le système pénitencier et le travail des détenus créent une série de droits artificiels et de privilèges profondément immoraux qui ne profitent qu’aux « capitalistes » ayant accès à cette main-d’œuvre78. Des considérations consensuelles émergent donc, mais il ne s’agit pas d’un groupe politique uni en ordre de bataille derrière une idéologie qui lui serait propre ou dénuée de contradictions et de tensions. Si ces radicaux partagent le même constat amer sur l’état de la république, il existe aussi un débat interne, une discussion, des hésitations et des changements d’opinion. Certains, notamment Fanny Wright, défendent l’égalité des sexes, mais une tendance très forte s’oppose à un tel renversement des valeurs, ce qui se retrouve chez les patriotes canadiens79. Alors que les Working Men’s Parties ont favorisé l’essor du syndicalisme des années 1830, William Leggett et William Lyon Mackenzie n’ont pas toujours considéré que la syndicalisation des métiers était un moyen viable pour démocratiser l’économie, et ils invoquent les lois de la nature pour se justifier. De même, le débat est vif à propos de la question de la propriété intellectuelle, les demandes pour une telle mesure sont nombreuses, mais Leggett, en particulier, ne souscrit pas à cette idée80. L’esclavage racial est également une réalité qui clive. Thomas Skidmore fait presque figure d’avant-gardiste « utopiste » lorsqu’il prône en même temps l’égalité des sexes et des « races ». Même s’il a été conciliant envers l’esclavage au début de sa carrière, William Leggett est en 1837 un avocat de l’abolition et préférerait dissoudre les États-Unis ou encourager une révolte des esclaves plutôt que de continuer à accepter le statu quo d’une république esclavagiste. L’éditeur new-yorkais est aussi un ardent défenseur de l’extension des droits à tous les citoyens noirs, car ceux-ci possèdent les mêmes droits naturels que les Euro-Américains. « We are aware that we are taking the unpopular side of this question, déclare-t-il en argumentant contre

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l’esclavage, but satisfied that it is the just one, we are not to be deterred by any such consideration81. » Le point de vue abolitionniste de Leggett est minoritaire même s’il est l’un des plus célèbres penseurs de son temps, et la question divise tout autant les Étasuniens en général que les patriotes lors de la tentative de révolution canadienne. L’Empire britannique ayant voté l’abolition de l’esclavage en 1833, ses colonies nord-américaines sont devenues un lieu de refuge pour ceux qui peuvent fuir la république esclavagiste. Les patriotes canadiens dénoncent les horreurs de l’esclavage, ce qu’ils répètent et ce qui est inscrit dans la proposition de constitution pour l’État du Haut-Canada par exemple. « I am opposed to slavery, whether of whites or blacks, in every form », affirme publiquement Mackenzie de longs mois avant la tentative de révolution, mais son message universaliste relativise aussi l’inhumanité de cette pratique, et il ne prône pas explicitement l’abolition. Le patriote insère – noie – l’abolition de l’esclavage racial dans une émancipation générale du continent, « without reference to country, color, or wordly substance », et il déplore publiquement le loyalisme des sujets noirs du Haut-Canada qui s’opposent collectivement aux républicains et à leur projet d’annexion à une république esclavagiste82. Tout comme Mackenzie, de nombreux patriotes canadiens et leurs alliés étasuniens ne portent pas un fort message abolitionniste. Pour l’historien Thomas Richards, Jr, les Hunters – une société secrète patriote composée avant tout d’Étasuniens et focalisée sur le HautCanada  – ne prônent même pas « l’égalité raciale » dans leur « République du Canada ». Les divisions provoquées par la question de l’esclavage s’observent également au sein des abolitionnistes. Au  Vermont, par exemple, les patriotes comme la population ­s’accommodent largement de l’esclavage racial, ce qui pousse les ­abolitionnistes de la région, qui sont pourtant solidaires avec les républicains canadiens, à critiquer le mouvement et à dénoncer l­ ’annexion des Canadas en même temps que celle du Texas. Le célèbre éditeur bostonien William Lloyd Garrison, l’un des abolitionnistes les plus engagés aux États-Unis, s’oppose ouvertement à la révolution canadienne, car une potentielle annexion de ces colonies britanniques signifierait l’expansion d’une république esclavagiste83. En contraste avec ces désaccords, nous verrons que les considérations d’ordre économique sont bien plus consensuelles et qu’elles sont présentées comme la clé d’une véritable démocratisation de l’expérience républicaine. Au-delà de la doctrine républicaine qui se révèle

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insuffisante pour bien cerner les révolutionnaires patriotes puisqu’ils s’affirment en critiques convaincus des autorités étasuniennes, nous constatons donc l’existence d’un socle philosophique amplement partagé chez les vrais républicains étasuniens comme chez les ­républicains des deux Canadas : une métaphysique qui considère que les colons sont dotés de droits naturels inaliénables par les législations humaines, des « droits égaux » qui doivent se traduire dans l’ensemble de la vie en société. Selon eux, le vrai État républicain permettra à cette égalité naturelle des hommes blancs de structurer le Nouveau Monde, mais au moyen d’une administration publique des plus simples, dénuée de technicités incompréhensibles pour le commun des citoyens. Leur conception des droits égaux justifie également leur subversion et leur quête pour rétablir « l’ordre naturel » des sociétés civilisées, que ce soit aux Canadas ou aux États-Unis. À partir de 1838, ce sont ainsi ces vrais républicains qui animent la tentative de révolution militaire aux Canadas et défient ouvertement les autorités fédérales étasuniennes.

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4 « Laissez-nous faire » Démocratiser la société commerciale [U]ne finance sage, économique et bien réglée, est le premier élément du bonheur public. Amury Girod1

Les enjeux économiques jouent un rôle déterminant pendant la guerre d’indépendance des Canadas, et il s’agit probablement d’un facteur décisif ayant conduit les États-Unis à mener une politique de « ­neutralité ». Il est donc fondamental de remettre l’économie dans notre conception du politique et de ne plus reléguer les enjeux ­politiques du système monétaire, par exemple, à une simple subtilité. « Par des voies indirectes j’ai connu les sentimen[t]s qui prévalent à Washington. De toutes parts ils sont pour la paix à tout prix », déplore Louis-Joseph Papineau, qui pointe « l’influence avilissante des banques » afin d’expliquer une réalité difficile à accepter pour les ­révolutionnaires2. Parallèlement, les vrais républicains souhaitent se lancer dans un conflit militaire contre l’Empire britannique par ­fraternité républicaine, mais aussi afin de renverser l’ordre économique. L’éditeur locofoco new-yorkais Theron Rudd explique ainsi à William Lyon Mackenzie que « the independence of Canada is with me a ­secondary consideration. I wish a war with Great Britain on our account, if n ­ othing else but to get rid of our infernal funding and banking ­system3 ». Radicaux canadiens et étasuniens estiment de concert que les législateurs et ce qu’ils nomment la « classe mercantile » anglo-­américaine brisent l’harmonie naturelle de la vie en société et du commerce, qu’ils sont des obstacles à une « finance sage, ­économique et bien réglée » comme l’écrit le patriote d’origine suisse Amury Girod. De ce fait, ils maintiennent aux yeux des plus radicaux

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un système considéré comme féodal, au profit d’aristocrates privilégiés et au détriment des travailleurs manuels qui deviennent les « esclaves blancs » des « capitalistes ». Les multiples formes d’inégalités qui apparaissent, ou ne disparaissent pas, durant la transition au ­capitalisme moderne du XIXe siècle sont assimilées aux vestiges aristocratiques européens, et les vrais républicains, comme les patriotes, s’inspirent en particulier d’Adam Smith pour envisager une révolution du monde économique d’envergure touchant le régime seigneurial, la politique monétaire, la propriété privée, l’encadrement légal des ­sociétés ­commerciales ou encore le salariat. Il s’agit d’une « radical revolution » pour la figure publique new-yorkaise George Henry Evans, « which would secure for each man the fruits of its own labor4 ». « Laissez-nous faire », exigent ainsi William Leggett comme de nombreux patriotes souhaitant mieux accorder la société commerciale avec le principe démocratique. L’une des principales interrogations historiographiques sur les patriotes canadiens qui restent sans réponse consensuelle est la nature de leur réflexion économique. Un courant longtemps dominant prolonge finalement les propos de lord Durham et présente les patriotes, en particulier les Bas-Canadiens, comme des anticapitalistes ultraconservateurs, coupables d’un refus obstiné du progrès et de la ­modernité. Plusieurs recherches récentes nuancent ces conclusions, mais ne les contredisent pas entièrement puisqu’elles insistent sur l’idéal d’une république fondée sur les petits propriétaires terriens. Si les républicains canadiens sont élogieux envers les agriculteurs et ciblent la corruption des capitalistes, ils n’en appellent pas moins aux progrès industriels, à la liberté des échanges, au développement de l’esprit d’entreprise et de la science moderne, soit des canons du libéralisme économique. Ainsi, plusieurs travaux présentent davantage les patriotes, et parfois uniquement, comme des capitalistes au discours antimercantiliste et entrepreneurial affirmé5. Cet achoppement est le signe de la richesse et de la discontinuité de leurs idées économiques, mais également de l’existence d’apparents paradoxes, ce qui nous encourage à aborder leurs réflexions sur ­certains points précis dans le contexte propre à l’Amérique du Nord au tournant de 1840. Les patriotes défendent en effet la liberté de commerce, mais dénoncent simultanément les mécanismes bancaires. Ils ambitionnent de développer l’industrie et les entreprises commerciales, qu’ils estiment être des marqueurs civilisationnels, sans pour autant s’accorder pour reconnaître que les droits seigneuriaux

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entravent la liberté de production, de commerce et de propriété. William Lyon Mackenzie présente ainsi Louis-Joseph Papineau comme un ennemi des monopoles et un avocat du libre commerce, alors même que la figure de proue des patriotes bas-canadiens défend le régime seigneurial. L’anthropologue Albert Schrauwers a récemment tenté de définir les particularités idéologiques des Children of Peace, des républicains de la grande région torontoise, et nomme « joint stock ­democracy  » leur économie politique orientée vers la coopération et l’égalité tout en faisant preuve d’un réel esprit entrepreneurial. Aux États-Unis, les « Anti-Renters » du nord de l’État de New York, comme de nombreux workingmen des centres urbains, imaginent également l’essor d’une société commerciale dans un cadre plus égalitaire, protégée en particulier des mécanismes spéculatifs et des manufactures qui réduisent le pouvoir des groupes socioprofessionnels travaillant de leurs mains. Sous cet angle, être libéral signifie être révolutionnaire et combattre la transition au capitalisme « aristocratique » à partir d’une volonté de démocratiser la société commerciale : « Laissez-nous faire6 ! »

É c o n o m ie «   a r is tocrati que » Mettre en lumière la perception des patriotes des rapports de pouvoir au sein de la sphère économique est la première étape pour saisir la nature de la révolution économique envisagée, ainsi que la méfiance qu’elle a suscitée. Les républicains canadiens s’attaquent à divers mécanismes économiques qui réduisent la liberté d’action et la concurrence équitable, ce qui crée un ensemble d’inégalités. Les « ­monopoles », conséquence de l’octroi de chartes royales ou législatives, sont particulièrement ciblés. Le terme « monopole » déborde d’ailleurs de la sphère économique pour acquérir un sens politique fort, synonyme d’arbitraire et d’injustice. The Vindicator de Montréal a ainsi pour devise : « Justice to all classes – Monopolies and Exclusive Privilege over none. » Les chartes sont une délégation du pouvoir public au bénéfice d’intérêts privés permettant l’incorporation d’une structure administrative et la création d’une personnalité juridique qui profite d’une dimension déterminante, la responsabilité limitée des a­ ctionnaires. Puisque tous les individus n’ont pas les mêmes droits et p ­ ouvoirs du fait de ces chartes, celles-ci sont perçues comme des p ­ rivilèges et, en écho aux Lumières radicales, elles sont associées à un héritage médiéval qui obstrue l’émancipation des colons par le commerce et la propriété. L’historien Jean-Marie Fecteau estime que ce mécanisme est ancré dans

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les rapports féodaux de dépendance et d’arbitraire, et par conséquent qu’il est l’exact contraire d’un libéralisme prônant le développement harmonieux de la société civile7. La critique de cette intervention de l’État est omniprésente aux Canadas comme aux États-Unis. Louis-Joseph Papineau incrimine ouvertement le système économique colonial marqué par un encadrement strict des échanges favorable à la métropole, qui pille la colonie au profit de « monopoleurs étrangers » bénéficiant de chartes. Dans une série de textes pour La Minerve au cours de l’été 1837, Amury Girod analyse l’histoire du développement économique de la colonie pour démontrer, entre autres, que les « monopoles » et le mercantilisme français puis britannique ont toujours été néfastes, car l’ambition est toujours « d’enrichir quelques individus au[x] dépen[s] du grand nombre8 ». Le discours est le même chez les républicains du HautCanada, où Mackenzie dénonce les vices d’un système utilisant les appareils législatifs et judiciaires au profit de quelques familles, ce qui crée selon lui une oppression des « monopoles légaux » au préjudice de la prospérité de la colonie. Dans son texte fondateur, la Canadian Alliance Society de Toronto annonce quant à elle vouloir détruire toute forme de « monopole ». Les radicaux des États-Unis utilisent dès les années 1790 un langage politique similaire pour dénoncer un encadrement comparable de l’économie, critique qui prend de l’ampleur avec les Working Men’s Parties de la fin des années 1820, qui accusent les chartes d’accorder des privilèges contraires à l’intérêt du public, puisqu’elles empêchent une équitable mise en concurrence. Il s’agit d’un thème central chez les Locofocos des années 1830, l’Equal Rights Party se structurant même autour de ce qu’ils nomment la « Doctrine of Anti-Monopoly », et accusant les chartes de créer des privilèges incompatibles avec les droits égaux. Cette pratique fait, selon eux, disparaître la distinction entre « practical democracy » et « practical toryism », et détruit l’Amérique jeffersonienne9. Les chartes bancaires sont particulièrement décriées, car, dans l’économie nord-américaine des années 1830 où le numéraire est rare, la possibilité d’émettre des billets de banque, de « l’argent de papier », sans être légalement responsable des conséquences du fait de la ­responsabilité limitée, constitue un pouvoir considérable. Nombreux sont ceux qui présentent les actionnaires des banques comme des criminels œuvrant en parfaite impunité, et aux États-Unis il est largement c­ onsidéré que leurs pratiques corrompent l’idéal républicain. Pour le New-Yorkais George Evans, « a Bank shareholder feels as

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guilty as a sheep stealer, and a Bank Director dare not look an honest man in the face ». Pourquoi une telle impunité ? se demande-t-il. « I ­verily believe, because the law makers are in most cases their coadjutors, directly or indirectly, in their Paper Money schemes10! » Les imputations s’étendent donc aux législateurs qui légalisent et légitiment ce système, et qui sont accusés d’en tirer des bénéfices ­personnels. Mackenzie s’autorise lui-même à dénoncer, documents à l’appui et une fois l’échec de la révolution canadienne consommée, « l’arnaque monstrueuse » orchestrée par le Parti démocrate d’Andrew Jackson dans le cadre de ses réformes du système bancaire des années 1830. Pour Charles Duncombe, les banques étasuniennes ont complètement échoué dans leur rôle de régulateurs de la monnaie, et il affirme qu’il n’existe aucune raison politique ou financière de permettre à des banques privées, protégées par des chartes, de contrôler le papier-monnaie et le commerce du crédit dans une vraie république11. La colère cible également les rapports de pouvoir et les inégalités dans la propriété agraire. Pour les citoyens étasuniens, combattre les « monopoles » signifie par exemple interroger la légitimité des anciens privilèges qui se sont maintenus malgré la révolution. L’activiste new-yorkais Thomas Skidmore cible à ce propos quelques cas contemporains, comme les « Patroons » de la région d’Albany, la famille Van Rensselaer, dont la propriété est jugée illégale en plus d’être perçue comme illégitime, car elle a été obtenue par une charte sous le régime impérial hollandais, héritage qui aurait donc dû être révisé à ses yeux lors de la révolution. Par conséquent, « the titles to all men’s property, are things which all communities have a right to inquire into12 ». Skidmore conteste ici l’un des postulats du célèbre juriste William Blackstone pour qui une telle enquête serait inutile et ennuyeuse, tout en admettant qu’il est difficile de justifier l’origine d’une propriété privée13. Le parallèle avec les colonies britanniques est révélateur, puisque le régime seigneurial français s’est maintenu au Bas-Canada malgré la conquête britannique, et alors que des chartes offraient également à des compagnies privées de vastes étendues de terres, en particulier la British American Land Company qui a acquis plus d’un million d’acres à des conditions avantageuses au Bas-Canada. La légitimité de cette ­compagnie appartenant à des investisseurs britanniques et des membres de la « Clique du château » est ouvertement dénoncée par les patriotes, notamment dans les 92 Résolutions de 1834 qui stigmatisent « le monopole étendu des terres en faveur de spéculateurs résidant hors du pays ». Cette question est déterminante pour le mouvement patriote

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puisqu’elle permet de fédérer les colons d’origine étasunienne des Eastern Townships qui subissent la puissance de cette compagnie. Elle illustre aussi un certain esprit féodal persistant, car les dettes de ces colons sont parfois honorées par un travail manuel qui rappelle le régime seigneurial hérité de la Nouvelle-France14. Dans le Haut-Canada, le système d’attribution des terres est aussi largement lié à la formation de sociétés commerciales bénéficiant des largesses complices du Family Compact au pouvoir, ce qui rentabilise les investissements, mais qui alimente corrélativement la contestation des colons15. La question agraire est d’autant plus importante que la reconstruction euro-américaine du continent est liée à une éventuelle redéfinition des règles reconnues de propriété16. La République de l’Indian Stream proclamée en 1832, refuge pour aventuriers et endettés à cheval sur l’actuelle province de Québec et les États du Vermont et du New Hampshire, s’est constituée par le refus des colons de reconnaître les titres de propriété exhibés simultanément par une compagnie du Massachusetts et par les autorités britanniques. Si, lors de la guerre de 1812, les seize familles de cette « république » se sont rangées sous la bannière des États-Unis, elles affirment en 1832 leur indépendance face à Washington. Ce type de projet est l’un des exemples d’une tendance présente dès les années révolutionnaires, au Vermont comme en Caroline du Nord, qui se prolonge dans les années 1830 avec par exemple la création de la République du Madawaska à l’accent ­acadien au cœur du « territoire disputé17 ». Le régime de propriété seigneurial est une illustration proprement bas-canadienne des mécanismes économiques « monopolistiques » et aristocratiques que ciblent les patriotes radicaux. Cette question crée toutefois des tensions internes, car, comme l’a démontré Allan Greer, le Parti patriote n’a pas encouragé de réforme, utilisant même les 92 Résolutions pour présenter le régime seigneurial en une solution viable aux abus de la British American Land Company. Le dernier seigneur à demeurer patriote est Louis-Joseph Papineau, et la fracture de leur message politique devient évidente en 1837, lorsque de ­nombreuses assemblées populaires votent pour abolir ce régime de p ­ ropriété. Par sa nature inégalitaire, le régime seigneurial s’oppose pourtant à divers éléments du discours patriote, qu’il s’agisse de l’idéal démocratique, de la glorification de la petite propriété privée ou encore de la destruction des monopoles puisque les seigneurs bénéficient de certains, comme celui de la mouture. Cette position paradoxale éclate dès 1836 avec une discussion publiée dans La Minerve, mettant en scène « Jean-Paul »

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(Amury Girod), qui tente de convaincre les habitants de la légitimité du régime, et « Agricola » (Cyrille-Hector-Octave Côté) qui mobilise tout le lexique radical pour exiger son abolition. Côté insère la contestation contre le régime seigneurial dans le combat plus large pour l’établissement d’un nouveau monde euro-américain : « Le Haut-Canada avec ses lois monstrueuses de primogéniture et le Bas-Canada avec son système féodal semblent vouloir se refuser de marcher avec le reste de l’Amérique qu’un destin heureux pousse vers la démocratie la plus pure18. » Cette tension est exacerbée durant la révolte, ce qui contribue à convaincre Papineau de s’écarter des r­ évolutionnaires. Dans le premier numéro du Patriote canadien publié lors de son exil à Burlington, au Vermont, Ludger Duvernay tient le régime seigneurial principal responsable de la pauvreté des campagnes bas-­canadiennes et de l’apathie industrielle et commerciale de la colonie19. Parallèlement à ces discussions sur l’héritage du régime de propriété français, la question de la propriété privée est très présente dans le discours patriote, elle est même considérée comme un « droit sacré ». Il est à ce titre symptomatique de voir, en pleine révolution, les patriotes dénoncer les atteintes aux biens de leurs adversaires, comme Mackenzie et Duncombe qui affirment publiquement que le respect de la propriété des loyalistes est une valeur défendue par chaque « true patriot, whether Canadian or American20 ». La proposition de constitution pour le Haut-Canada est d’ailleurs particulièrement affirmative sur ce point : « Private property ought, and will ever be held inviolate21. » Le monde du travail est une autre réalité économique stigmatisée par les patriotes et les vrais républicains. Cependant, tout comme il existe une dissension interne au sujet du régime seigneurial, les réalités de l’univers économique urbain créent certaines tensions au sein du mouvement patriote. Cette situation est plutôt similaire dans les deux Canadas, puisque leur discours prônant la démocratisation de la société commerciale contraste avec leurs propres difficultés à soutenir les revendications de leurs employés22. Le consensus est plus affirmé en ce qui concerne l’accès à la propriété terrienne des colons et, par conséquent, la récupération du fruit de leur travail manuel. À côté de la critique du régime seigneurial, ils dénoncent la formation d’une population surendettée qui défriche et cultive avec la menace permanente de se retrouver emprisonnée pour dettes. La Déclaration de Toronto est à ce titre limpide lorsqu’elle dénonce la situation économique déplorable de la colonie, alors que l’abondance des terres qui accompagne la progression coloniale devrait leur garantir une certaine

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prospérité. Or, la terre « have been sold at a low valuation to ­speculating companies in London, and resold to the settlers at very advanced rates, the excess being remitted to England to the serious impoverishment of the country23 ». Au sud de la frontière, la situation diffère sensiblement du fait d’une industrialisation et d’une urbanisation plus marquées, mais le discours de principes est presque similaire. Il porte un regard plus précis sur les  changements observés par l’apparition des manufactures et la ­progression du salariat, ce que l’historien Sean Wilentz nomme la « ­bastardization » du monde du travail qui détruit progressivement la « république des artisans » jeffersonienne. L’expression « esclaves blancs » est manipulée pour décrire le nouveau rapport entre ceux qui sont nommés « capitalistes » et leurs salariés. Les vrais républicains dénoncent notamment l’obligation matérielle, surtout pour les femmes et les enfants, de travailler dans l’unique but de ne pas mourir de faim. Cette pauvreté n’est pas naturelle à leurs yeux et constitue une nouvelle forme de servitude qui est, pour la Democratic Review, « the immediate consequence of undue privileges – of undue obstacles to the free circulation and natural reward of labor, the most sacred of all properties24 ». Selon la National Reform Association de New York, un projet de type « utopiste » auquel participe Mackenzie durant son exil, l’homme est tombé dans un état « d’esclavage industriel » presque aussi terrible que celui du Sud, qui fait des travailleurs et des travailleuses les « serfs des capitalistes ». Au contraire, Dieu a créé la terre et a offert à chacun l’usufruit de celle-ci, donc « the right of using the common property of the Race, – of cultivating the Soil and enjoying the fruit of [the] labor25 ». Cette critique du capitalisme industriel naissant défend avant tout les citoyens des États du Nord, ce qui relègue au second plan les mécanismes qui soutiennent alors la prospérité de la république, ­l’esclavage racial et l’économie du coton dans le Sud. Dans cette analyse des mécanismes économiques plongeant de nombreux colons dans une profonde misère sociale et matérielle, ce sont les banques qui apparaissent très régulièrement comme l’élément fondamental du vice qui mine le Nouveau Monde. Les radicaux, mais pas seulement eux, associent les banques aux vestiges du monde féodal puisque l’énorme pouvoir de créer la monnaie et de contrôler le crédit est monopolisé par une aristocratie ayant bénéficié de l’arbitraire de l’État, ce que répètent aux Canadas O’Callaghan, Girod, Mackenzie et Duncombe. « Le négoce est une source nouvelle qui s’ouvre à la puissance, et les financiers deviennent un pouvoir politique qu’on

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méprise et qu’on flatte », écrit Tocqueville en écho, à son retour d’Amérique26. Pour de nombreux citoyens étasuniens, notamment les Locofocos de New York, cette nouvelle aristocratie est plus pernicieuse et plus puissante que la noblesse européenne, car elle contrôle indirectement la république et répond à la « worst passion of the human heart – avarice27 ». William Leggett décrit un désordre économique et social qui est la conséquence des agissements des actionnaires des banques, présentés comme des seigneurs féodaux à la tête d’un système qui « has deranged the whole organization of society, destroyed its equilibrium28 ». Les évènements révolutionnaires des Canadas alimentent ces sentiments et convainquent de nombreux patriotes que l’hostilité du monde de la finance est la principale cause de l’opposition des autorités des États-Unis. Selon Amédée Papineau, « les banques et le commerce sont partout les ennemis naturels de la liberté », et c’est « l’or anglais » qui achète les journaux de la république afin de mener une campagne contre eux29. James Mackenzie voit dans l’élite commerciale américaine des « pillars of liberty » qui se réjouissent des échecs des patriotes, « [t]he mercantile class… loves not you or me », alors qu’« our cause was a more necessary revolution than that of the Fathers of the Republic ». La corruption est pour lui aussi commune à l’Angleterre et à la république, il s’agit de « l’esclavage blanc » dans un système industriel dominé par les détenteurs de capitaux, « it is but the following up the false libel on the Declaration of Independence of Equality for one class and none for another30 ». Selon le Dr Smyles, un patriote étasunien, la république s’avère fondamentalement éloignée du « genius of equal rights and true republicanism » du fait de la prédominance des entreprises commerciales et des banques31. Les vrais républicains opposent ainsi deux classes bien déterminées, les « aristocrates » et les « producteurs », et la domination de l’élite fortunée est totale, car elle gouverne également. Dans les termes de Ludger Duvernay : les gouvernan[t]s étant riches et non-productifs, et les gouvernés, les travailleurs et les productifs, ces deux classes sont opposées d’intérêts contraires comme une division naturelle et une division artificielle fortifient et augmentent la contrariété des intérêts ­provenant de la différence entre les gouvernan[t]s et les gouvernés, le riche et le non-productif, et les travailleurs et productifs32.

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R é vo l u t io n l i bérale Ces perceptions s’accompagnent d’une glorification du commerce et de l’acquisition d’une propriété privée, y compris chez les patriotes bas-canadiens pourtant largement considérés comme plus conservateurs que leurs voisins d’origine britannique. « On accuse les Canadiens [français] de manquer d’esprit d’entreprise, dénonce par exemple Duvernay, [l]orsque cette imputation n’est pas une injure, elle est une bévue33. » La liberté de commerce et de propriété est perçue par les patriotes des Canadas comme la source de l’émancipation des colons et du bonheur social. Ils proposent en effet des conceptions é­ conomiques d’un réel esprit libéral dans un discours aux tournures démocratiques et sociales, association discursive de la morale fraternelle et de la recherche du gain matériel par l’utilisation du capital financier. Nous nommerons cette forme de libéralisme « laissez-nous faire », en reprenant un ­vocabulaire que nous retrouvons chez les radicaux étasuniens. Celle-ci fait écho à l’importance de la morale dans la pensée d’Adam Smith et s’inscrit dans un héritage républicain étasunien et transatlantique qui s’exprime depuis la fin du XVIIIe siècle34. Les Canadiens français contestent leur infériorité économique dès les années 1820 et s’affairent à rééquilibrer les rapports de force économiques, notamment avec la Maison canadienne de commerce fondée en 1832, qui bénéficie d’une opinion publique favorable pour se ­développer. Patriotisme et esprit commercial s’agglomèrent donc au Bas-Canada. Lors d’un banquet de la société Aide-toi et le ciel t’aidera de Duvernay, un toast est par exemple adressé à la Maison canadienne et aux « marchands détailleurs » : « [P]uissent leurs efforts et leur persévérance ramener le commerce entre les mains des Canadiens35. » Dans une rhétorique qui fait résonner celle d’Adam Smith, le désir de développer le commerce est associé à celui d’emprunter la voie de la civilisation. « Le commerce, sans privilège, exerce sur une nation une heureuse influence », répète La Minerve pour encourager les patriotes et les habitants à entreprendre, car « les vœux et les besoins du Canada demandent un commerce manufacturier36 ». Il semble ainsi nécessaire de relativiser les conclusions qui font d’Étienne Parent le précurseur de l’esprit d’entreprise chez les Canadiens français et qui présentent l’idée de liberté des échanges comme un idéal rare dans le Bas-Canada des années 183037. Les patriotes des Canadas souhaitent en effet supprimer les privilèges afin d’émanciper les colons par l’industrie et le commerce. À l’image du journaliste et élu du peuple Ludger Duvernay, ils déclarent

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que la liberté est « l’âme » d’un commerce qui guérira les maux sociaux, alors que « la tyrannie » le tue. Leur pensée s’articule autour de l’agriculture, « le plus noble et le plus utile des arts », mais l’univers agricole est voué à se réformer afin de soutenir l’essor commercial et industriel, donc à se défaire du régime seigneurial. À côté de sa critique du régime hérité de la Nouvelle-France, Duvernay présente ainsi la production agricole comme l’indispensable étape vers le progrès économique, mais aussi vers la constitution de forces navales et militaires : « La charrue du laboureur est le sceptre du monde38. » Il critique ainsi le « carcan stationnaire » des patriotes moins audacieux qui restreignent l’horizon dans une simple indépendance politique et refusent de s’engager dans une révolution économique. L’avenir du peuple, mais aussi de la nationalité canadienne-française, découle pour lui du développement de l’industrie et de la science, « ce dont nous avons besoin c’est de l’agitation industrielle, à la place de l’agitation politique », écrit-il avant l’annonce des Résolutions Russell. Le pouvoir reviendra aux Canadiens qui se lancent dans le commerce, car « l’industrie, c’est l’aristocratie de notre continent, c’est la puissance première du siècle. C’est la liberté et la fortune […] They who have the key of wealth are lords of all39 ». Duvernay et les patriotes qui partagent son radicalisme sont-ils capitalistes ? Le terme est régulièrement utilisé par les patriotes, et d’une manière générale chez les vrais républicains, mais il comporte la plupart du temps un sens péjoratif. Lorsqu’il est mentionné pour cibler les riches détenteurs de capitaux, le mot se couvre d’immoralité. Il est néanmoins parfois utilisé de façon positive par les radicaux des Canadas et des États-Unis. Une correspondance publiée dans La Minerve sur la « Grande entreprise nationale » estime ainsi qu’il « n’y a pas assez de capitalistes pour cette sorte d’entreprise » et appelle à la synergie des patriotes pour y remédier. Duvernay nomme pour sa part les entrepreneurs patriotes des « capitalistes réformistes ». « [J]e ne vois pas pourquoi l’argent serait interdit aux patriotes », écrit Thomas S. Brown, alors que pour La Minerve « l’esprit d’entreprise […] est le désir d’acquérir, de se faire un bien-être plus ou moins brillant ; or où sont les hommes qui ne cherchent pas à améliorer leur sort40 ». Pour pouvoir bénéficier de la société commerciale naissante, ils réclament la fin des interférences néfastes des autorités publiques, particulièrement dans un régime colonial comme aux Canadas. « We want free trade, répète Mackenzie, and every man to buy in the cheapest market and sell in the dearest – low taxes on imports and exports – these taxes equalized – and each man to follow the [torn] or

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profession he can live best by41. » Les patriotes, y compris les francophones du Bas-Canada, s’affirment en défenseurs de l’esprit d ­ ’entreprise et de la libre recherche du profit, et ils multiplient les appels à la création d’entreprises afin d’engager la colonie vers le « progrès ». Durant les premiers mois de 1837, deux entreprises commerciales bas-canadiennes témoignent de leurs ambitions. La première aspire à briser le « monopole » du transport entre Montréal et Québec par une « compagnie d’opposition » administrant un vapeur baptisé Le Patriote canadien. La recherche du profit est associée à la moralité et au bien commun, car s’engager (investir) dans cette compagnie « serait placer de l’argent très avantageusement, et rendre un grand service au public ». Un autre projet concerne une compagnie de pêcheries dans le golfe de Gaspé, présenté par La Minerve comme bénéfique pour les investisseurs, mais aussi pour le développement économique du pays. Le discours promotionnel relayé par les journaux patriotes explique également que ces entreprises sont profitables pour la population et nécessaires dans la lutte politique. Ainsi, comme le fait remarquer l’historien Louis-Georges Harvey à propos d’Edmund Bailey O’Callaghan, leur discours ne rejette pas le développement industriel et commercial, mais plutôt les mécanismes et la nature des transformations économiques. Ils ne sont donc ni pleinement anticapitalistes ni sourds aux sirènes d’un marché imaginé libre42. L’anthropologue Albert Schrauwers a pour sa part bien documenté la démarche des Children of Peace du Haut-Canada, qui mettent en place des structures commerciales protégeant les colons contre les dangers de la spéculation et du crédit incontrôlé, et qui s’apparentent à des entrepreneurs prônant une forme alternative de capitalisme43. Les patriotes expriment donc leur propre esprit capitaliste, centré sur les colons d’origine européenne et utilisant les promesses du Nouveau Monde pour reprendre de façon enthousiaste et optimiste la société commerciale libérée décrite par Adam Smith et d’autres. L’industrie, l’agriculture, l’esprit d’entreprise et le progrès du commerce sont encensés au même titre que l’émancipation politique. « Until independance is won, proclame Mackenzie sur Navy Island en promettant aux révolutionnaires une future prospérité, trade and industry will be dormant, houses and lands will be unsaleable, merchants will be embarrassed, and farmers and mechanics harrassed and troubled44. » Les patriotes canadiens observent même à la veille de la guerre ­d’indépendance que la diffusion de l’esprit d’entreprise est bien engagée et qu’elle tend à une inévitable révolution, mais « une révolution

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purement morale, une révolution des fortunes par une concurrence légale45 ». « Oui certainement il faut une RÉVOLUTION dans le pays !!! Elle est inévitable ! Chacun peut s’y attendre et s’y préparer et faire tout en son pouvoir pour que cette révolution depuis si longtemps désirée s’accomplisse ! » affirme Duvernay à la veille des combats militaires. Cependant, « ce n’est pas une révolution de sang et de ­carnage, que nous appelons pour le présent, c’est une révolution industrielle46 ». Le Libéral de Québec loue également les talents commerciaux de ceux qui arrivent à entreprendre des projets commerciaux malgré une situation économique et monétaire déplorable, « dont le remède ne se trouvera que dans la réforme des Institutions civiles et politiques du Pays telle que demandés par le Peuple », estime son éditeur Robert-Shore-Milnes Bouchette47. Le nouveau monde espéré par ces éditeurs patriotes devra s’orienter vers la démocratie, mais aussi s’intéresser au progrès, à la vapeur, à la mécanique, au commerce, et à l’industrie, pour « donner la vie et la vigueur à ces malheureuses provinces48 ». Dans un verbe qui glorifie la colonisation de peuplement, et en cela la conquête des territoires des Premières Nations, Mackenzie déclare sur Navy Island que la liberté de commerce entre les Canadas et le monde doit permettre aux plus grands navires commerciaux de rejoindre le lac Supérieur, ainsi que la « distribution of the wild lands of the country to the industry, capital, skill, and enterprise of worthy men of all nations49 ». Les changements que les républicains canadiens réclament au nom de la liberté des échanges incluent donc le commerce international. Au cours de l’hiver 1836-1837, les patriotes haut-canadiens traduisent leur désir d’un commerce libre entre les colonies et la république par l’envoi d’une pétition à Washington, réclamant une franche ouverture des frontières. S’inspirant directement de cette initiative, les républicains bas-canadiens font parvenir un document similaire au Congrès durant les premières semaines de la campagne d’agitation, démarche relayée dans l’Evening Post de New York qui cite à cette occasion le Vindicator d’O’Callaghan. Cet engouement pour la liberté du ­commerce est ensuite immortalisé dans plusieurs documents solennels, dont la Déclaration de Toronto qui critique l’absence de liberté ­commerciale et affirme le droit naturel d’échanger librement : « [T]he right of obtaining articles of luxury, or necessity, in the cheapest ­market, is inherent to the people. » Dans la proposition de constitution pour le Haut-Canada qui est rédigée quelques mois plus tard, le ­principe de libre-échange est traduit dans l’abolition des « laws of

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Entail » (art. 17), et Mackenzie proclame solennellement sur Navy Island la mise en place du « Freedom of Trade » dans le nouvel État50. La campagne de boycottage de 1837 dans les deux Canadas contre les produits importés et taxés converge avec cette volonté de libérer l’économie, le commerce de contrebande devenant une traduction subversive du libre commerce. Puisque la législation britannique a, selon les révolutionnaires, aidé les bénéficiaires de chartes à opprimer la population, la contrebande est présentée comme légitime dans la mesure où elle permet de « lutter à armes égales avec les monopoleurs51 ». Elle est dépeinte comme le moyen de briser les inégalités artificielles imposées par le législateur, et en ce sens de retrouver l’ordre naturel du commerce. Ainsi, Louis-Joseph Papineau ne présente pas le boycottage comme la mort du commerce, mais comme sa réorientation. La Déclaration de Toronto affirme que le droit d’obtenir des biens dans les marchés les plus avantageux est inhérent au peuple, et lors de l­ ’assemblée de Boltontown, toujours au Haut-Canada, les lois ­mercantilistes britanniques sont décrites comme une « pretended ­legislation52 ». « Vive la liberté de commerce ! Courage aux contrebandiers ! » crient de leur côté les patriotes à l’assemblée de Stanbridge le 4 juillet 183753. Les révolutionnaires voient dans cette stratégie un moyen de réduire les revenus des autorités britanniques, mais aussi d’encourager le développement de l’industrie et des arts locaux, comme la culture et le commerce des bêtes à laine et du lin. Les correspondances du public envoyées aux journaux abondent pour proposer, rappeler et diffuser des idées afin d’améliorer le commerce et l’agriculture dans le cadre de cette insurrection économique jugée moralement légitime, mais qui reste totalement illégale. Le combat patriotique représente en ce sens « une circonstance qui doit éveiller l’esprit d’entreprise des marchands canadiens », dans les termes de Duvernay, et doit permettre « de faire les profits admis dans le commerce54 ». La contrebande répond aussi au désir de ne pas payer de taxes au profit d’autorités considérées comme opprimantes. Le principe de taxation est généralement accepté par les républicains canadiens, mais il doit être minimal et profiter uniquement à la population, principe souvent rattaché au libéralisme. En d’autres termes, ils annoncent vouloir créer un État distant et prudent, dont les revenus ne doivent pas enrichir ses dignitaires ou leurs réseaux, mais être utilisés pour certains programmes ou projets bénéfiques aux citoyens, à commencer par l’éducation. Comme Amury Girod au Bas-Canada, ils dénoncent les vices et les dérives qui accompagnent la taxation dans un régime « tyrannique »,

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tel celui qu’ils subissent : « Il se pourrait bien qu’en une dizaine d’années vous payassiez des taxes non seulement sur vos terres […] mais pour la lumière qui vous éclaire, pour l’eau des rivières que vous buvez, pour le grain que vous cultivez, pour l’air que vous respirez55. » Pour Duvernay, qui reprend la méfiance répandue contre les emprunts publics, les mécanismes du crédit et de l’endettement nourrissent l’immoralité d’une société dominée par un État interventionniste et une classe exploitante. Il estime en effet que les intérêts d’une dette nationale permettent à « un nombre considérable de paresseux » d’entretenir leur vie luxueuse et de maintenir leurs privilèges matériels, alors que la taxation n’est qu’un moyen pernicieux d’usurper les richesses des colons. En tant que maire de Toronto, Mackenzie s’est particulièrement appliqué à ne pas contracter de dettes afin de ne pas alourdir les taxes des colons, l’endettement public étant décrit par le républicain haut-canadien comme un mécanisme « satanique » puisqu’il provoque une augmentation structurelle de l’imposition au seul profit des créanciers. La Déclaration de Toronto est enfin explicite sur cette question : « Public loans have been authorized by improvident legislation at nearly eight millions of dollars, the surest way to make the people both poor and dependent56. »

«   L a is s e z - nous fai re » De nombreux historiens insistent pour distinguer la démocratie du libéralisme, notamment pour désapprouver l’expression consacrée de « démocratie libérale » qualifiant les régimes occidentaux contemporains. Pour Jonathan Israel, c’est un désastre historiographique d’associer radicalisme politique et économie libérale, car le terme « libéral » masque l’opposition des Lumières radicales aux inégalités générées par le marché. Pourtant, en Amérique du Nord dans les années 1830, l’esprit libéral est interprété par des révolutionnaires comme le moyen de promouvoir la démocratisation. C’est le nœud auquel s’est attaqué Albert Schrauwers avec sa notion de joint stock democracy, et qui fait dire à l’historien Andrew Bonthius que la généalogie intellectuelle des Hunters s’étend de John Locke à Thomas Skidmore. William Leggett comme Adam Smith ont été des apôtres du libre commerce et du marché, mais ils avaient aussi comme ambition de dénoncer certaines injustices et inégalités, et d’y remédier – à différents degrés – par une révolution économique. Un détail sémantique nous permet d’introduire la singularité et la radicalité de l’esprit

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libéral des vrais républicains, car Leggett se réclame du « laissez-nous faire », et non du « laisser-faire », en français dans le texte et qui est traduit par les acteurs de l’histoire eux-mêmes en « let us alone ». Laissez le peuple prendre en main le marché, exigent-ils, car c’est ce procédé qui permettra une réelle émancipation des colons européens les plus pauvres par le travail et le commerce57. Les idéaux de démocratie et de libre marché marchent main dans la main pour les vrais républicains et les patriotes radicaux, ils sont les conditions d’une régénération conjointe du monde politique et de la sphère économique de la société coloniale euro-américaine. Cette association, sur laquelle se greffe un ensemble de considérations sociales, culturelles et institutionnelles esquissées au chapitre précédent, est le cœur du républicanisme radical nord-américain des années 1830 – une période charnière pour l’établissement du capitalisme industriel et financier contemporain. C’est ce qui ressort par exemple de la « Doctrine of Anti-Monopoly » exposée par l’Equal Rights Party, dont la définition du républicanisme démocratique ­comprend la « free competition in all departments of social industry ». Les grands capitalistes qui dominent le pays ainsi que les gouvernants étant corrompus aux yeux de ses membres, il est donc nécessaire de repenser la république afin de mieux servir les intérêts de ceux qu’ils nomment les « small capitalists58 ». Même si les indices sont nombreux pour prouver l’attrait intellectuel que Leggett a suscité, chez les républicains canadiens par exemple, d’autres réseaux et auteurs ont contribué à façonner leurs réflexions économiques. Leggett est néanmoins incontestablement un phare intellectuel incontournable exprimant un esprit libéral radical dont il est l’avocat emblématique59. Il insiste pour imposer l’idéal démocratique comme la boussole morale qui doit modeler l’ensemble des rapports sociaux, et c’est dans ce cadre de pensée qu’il affirme que « democracy and political econmy both assert the true dignity of man ». Démocratie et économie politique sont les deux jambes d’un modèle républicain qui marche vers un monde nouveau, car « [they] can only truly flourish where they exist in companionship, and, hand in hand, achieve their kindred purposes60 ». L’histoire démontre, selon Leggett, que la puissance publique a toujours été détournée par les « selfish few », et c’est pourquoi il ­s’oppose à son intervention. Son acharnement à tout fonder sur la non-­intervention de l’État s’accompagne de quelques considérations dérogeant à cette règle, notamment pour armer les moins puissants.

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Il critique ainsi les syndicats professionnels qui se multiplient et qui sont à ses yeux une forme de « monopole » entravant la loi naturelle des échanges, mais il en vient à défendre l’idée que les workingmen doivent exprimer leur pouvoir collectivement et former une force politique autonome61. Les vrais républicains comme Leggett souhaitent enrayer un processus qu’ils considèrent être une réduction en esclavage des citoyens, et certaines questions comme celle d’une « lien law » afin de protéger les travailleurs des employeurs qui agissent illégalement sont consensuelles, mais les moyens d’y arriver et les solutions proposées diffèrent. Alors que Leggett est relativement passif, se contentant d’alimenter le public de ses réflexions, l’Equal Rights Party rédige et fait adopter une nouvelle constitution pour l’État de New York, qui encadrera l’essor d’une société commerciale plus égalitaire, et George Evans réclame une politique législative fédérale plus prompte à supprimer le système bancaire. La Democratic Review appelle pour sa part les législateurs à agir afin de libérer les esclaves blancs, et noirs, mais elle explique aussi qu’il est nécessaire de revenir aux enseignements d’Adam Smith en supprimant les ­restrictions sur le commerce, en particulier les droits de douane : « [L]aissez-nous faire62 ». Les vrais républicains défendent ainsi des groupes sociaux considérés comme faibles sur les plans économique et social, tout comme la liberté de se constituer un capital sur un pied d’égalité et sans entrave étatique. Or, cette recherche du profit sur des bases individuelles est un trait important de l’esprit capitaliste, un individualisme que d’autres radicaux leur reprochent d’ailleurs. Ce que les avocats du laissez-nous faire ciblent en revanche, ce qui en fait un public subversif, ce sont les inégalités et la domination que subissent les travailleurs manuels qui ont perdu leur droit naturel de profiter du produit de leur travail. De ces principes découlent des revendications pratiques, comme une loi permettant à des individus de se constituer en société marchande dans le domaine bancaire sans bénéficier d’une charte. Et l’une des étapes décisives de ce renversement des rapports de force est l’éducation, car ils estiment que, pour que la masse de la population puisse agir et prospérer seule, le savoir est essentiel. « You are told that banking is an affair above your feeble comprehension, and a subject that exclusively belongs to the mercantile community », dénoncent par exemple les Locofocos, alors que selon eux la morale démocratique exige que la république soit fondée sur l’intelligence du peuple, en particulier pour orienter l’essor de la société commerciale63.

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Au cours de la guerre d’indépendance des Canadas, le conflit se structure en partie entre des radicaux favorables à un marché voulu libre, mais bien évidemment nourri de divers préjugés et angles morts, en opposition à leurs adversaires qui défendent une intervention de l’État plus marquée, notamment à travers l’attribution par le législateur de pans de l’économie par des chartes profitant à certains intérêts privés. Cependant, la « liberté » économique (le libre-échange, le libre marché) qui caractérise le laissez-nous faire possède aussi, et peut-être même surtout, un sens démocratique marqué et exprime une forme particulière de ce qui a été appelé ailleurs le « commerce démocratique64 ».

U to p ie l ib é r a l e , d é mocrati que, m o r a l e   e t   r e s ponsable Cette tendance libérale singulière, donc cette forme d’esprit capitaliste, comporte trois dimensions discursives majeures qui se complètent, qui se renforcent, qui entrent même en contradiction, mais qui nous aident à donner une certaine cohérence à l’utopie collective des vrais républicains. La première est la relation intime entre leurs réflexions économiques et politiques : une vraie république ne peut se réaliser sans que la recherche d’égalité infuse les rapports économiques. La deuxième est la moralité qui imprègne leur économie politique, une éthique qui est très souvent adossée au christianisme durant cette période de Great Awakening65. La troisième est d’ordre social ou communautaire et peut se résumer par le souci de responsabilisation envers autrui : la recherche individuelle du profit doit s’accorder avec le respect des droits naturels des autres acteurs du marché. La dimension démocratique du discours économique des républicains radicaux s’exprime diversement, comme lorsqu’ils veulent œuvrer pour le bien des colons, accorder leur réalité quotidienne en fonction des droits égaux et naturels, ou rendre aux workingmen, aux « prolétaires » ou aux « esclaves blancs » leur dignité et leur juste part des richesses. Ils partagent l’espoir d’égaliser les perspectives économiques, d’où leur acharnement contre les chartes ou leur contestation de la légitimité des titres de propriété des grands propriétaires terriens. Puisque, selon eux, dans « tous les pays c’est la masse du peuple, ce sont les classes moyennes et les classes pauvres qui forment le revenu [alors que] ce sont les classes supérieures qui le dévorent », explique Duvernay dans La Minerve, ils insistent pour que le monde industriel en gestation demeure étranger au processus de prolétarisation qu’ils observent66.

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Progressivement, les patriotes canadiens estiment que le commerce moral et démocratique ne s’accorde qu’avec l’esprit républicain ; les armateurs de la république, par exemple, « ont toujours le soin d’intéresser leurs équipages dans leurs expéditions de pêche67 ». Un Fils de la liberté expose à ce titre une réflexion qu’il espère « digne d’un vrai républicain », lorsqu’il souhaite mettre fin à un système qui permet aux marchands de rester les bras croisés alors que les travailleurs manuels se tuent au travail. Duvernay prévoit pour sa part que les entrepreneurs n’oublieront pas les intérêts « des nombreux employés qu’ils auront à leur service et qu’ils n’en feront pas à l’imitation des maisons qui ont exploité jusqu’à présent… de misérables prolétaires, une population écrasée et arriérée68 ». Au Haut-Canada, il est considéré par les « réformistes » plusieurs années avant la tentative de révolution qu’il est nécessaire d’orienter les politiques publiques « as a reward to labour, and an encouragement to usefull industry », ou alors « Upper Canada will remain a poor, imporverished, discontented Province69 ». Les vrais républicains attribuent parallèlement un caractère immoral aux grands détenteurs de capitaux. On peut entre autres y voir l’influence religieuse, qu’il s’agisse d’une certaine tradition anticonformiste et radicale, voire démocratique, chez les protestants des Canadas et des États-Unis, mais aussi du plus récent « socialisme chrétien » insufflé en particulier par Félicité de Lamennais depuis la France, apprécié aux Canadas comme en Angleterre. Les patriotes bas-canadiens sont des lecteurs assidus de l’abbé, le lien est tel qu’une amitié lie Papineau à Lamennais lors de l’exil du premier à Paris. Le Patriote canadien de Duvernay publie des extraits des écrits de l’ecclésiastique dans la plupart de ses premières pages, très souvent sur des questions économiques. Lamennais aspire à renouveler la chrétienté pour en faire le moteur de la démocratie, le « vrai christianisme » devenant pour lui le fondement d’une société fraternelle, car Dieu « a fait tous les hommes égaux ». Il est juste, à ses yeux, que les plus forts aident les plus faibles contre leurs intérêts, donc que le bien public prenne le pas sur l’individualisme. Ainsi, l’homme « maudit du ciel » est celui qui ne veut pas travailler, celui qui force ses frères « avec les verges et le fouet » à besogner pour « manger le fruit de leur travail ». L’abbé appelle également les hommes à se libérer de leur nouvelle servitude, le travail salarié, et dénonce la situation de ceux qu’il appelle « prolétaires » tant ils sont dominés par l’association de l’argent et de la législation, les législateurs perpétuant les abus de pouvoir « du petit nombre sur le plus grand70 ». Lamennais comme les patriotes et les vrais républicains ne condamnent pas le commerce ni la

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propriété privée, mais plutôt la réalité des nouveaux rapports de force qui créent des « prolétaires », situation qu’ils jugent contraire à la morale chrétienne. Ils dénoncent ensemble la soif de richesse individuelle qui semble faire disparaître tout sens des responsabilités sociales. Ainsi, durant leur exil aux États-Unis, les patriotes canadiens se lamentent des ravages de l’avarice sur les mœurs républicaines, de la prépondérance des intérêts personnels et matériels, du « almighty dollar – the only god they worship », selon James Mackenzie71. Considérations libérales, aspiration démocratique, éthique sociale et moralité ressortent aussi dans leur conception de l’encadrement légal des compagnies commerciales. L’ambition est d’en finir avec des sociétés commerciales « sans âme », qui « rendent malades » les vrais républicains. Parmi les pratiques qui leur répugnent, la protection juridique des entreprises privées qui déresponsabilise les actionnaires est particulièrement critiquée. « We have no confidence in these ­soulless corporations, managed in secret by a mysterious junto, and shrouded altogether from the wholesome scrutiny of the publick eye », assène Leggett72. C’est la forme juridique et non l’association commerciale elle-même qui est visée. Afin de moraliser et de responsabiliser les activités commerciales, ils proposent de s’appuyer sur une forme d’association dénuée de responsabilité limitée, telle que la société en commandite au Bas-Canada, entité juridique qui se rapproche des « joint stock companies » britanniques. Malgré la nature utopique de leur discours et de leur démarche, les Children of Peace comme ­l’Association fouriériste de New York se constituent en associations commerciales de ce type. La Banque du peuple de Montréal, la Bank of the People de Toronto, les projets bancaires de Duncombe ou encore la Maison canadienne sont tous établis sur le modèle de sociétés à responsabilité illimitée, c’est-à-dire que les actionnaires sont entièrement et personnellement responsables des aléas de leur entreprise73. Responsabiliser et moraliser les capitalistes qui se protègent derrière la loi est particulièrement encouragé pour le système bancaire, ce qui s’apparente à une réponse concrète, libérale et révolutionnaire aux pratiques dominantes. Girod condamne à ce propos l’« irresponsabilité » accordée légalement aux banquiers qui peuvent s’enrichir en faisant faillite, tandis que les détenteurs de billets plongent dans la misère, « il est impossible de se faire une idée d’un système plus pernicieux74 ». Les chartes bancaires sont jugées immorales avant tout, car la première victime des trous d’air des mécanismes financiers est le public plutôt que les banquiers75. Dans la théorie monétaire qu’il présente au public

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en 1841, Duncombe fait de la responsabilité illimitée l’un des piliers d’un véritable système républicain et présente cette disposition comme une obligation morale76. La volonté de responsabiliser les acteurs du marché passe aussi par l’autorité publique, garante des droits égaux et naturels, et même Leggett concède dans sa « théorie de la démocratie » que l’État doit superviser les échanges commerciaux. L’enjeu est donc de redélimiter les prérogatives de la puissance publique tout en conservant un État le plus distant et le plus frugal possible. Cela explique par exemple pourquoi les éditeurs de la Democratic Review, qui adhèrent pourtant aux principes qu’un bon gouvernement gouverne moins et que l’économie doit être libre, estiment que l’inaction politique envers les « esclaves blancs », mais aussi à propos de l’esclavage racial, est synonyme d’une « cruelty worthy of the darkest ages of error and feudalism77 ». Le laissez-nous faire des vrais républicains soumet donc la recherche du profit à la moralité et à l’éthique sociale, ce que l’autorité publique est responsable d’imposer. Cet aspect se retrouve dans la proposition de constitution pour le Haut-Canada qui affirme que la propriété privée doit demeurer inviolée, même si elle sera « always subservient to the public welfare » (art. 20). Le document déclare aussi que la Législature n’aura pas le pouvoir d’émettre des chartes commerciales, notamment en matière bancaire (art. 56), et il est précisé (art. 51) qu’elle est la régulatrice de plusieurs pans de l’économie (monnaie, faillites, taxes). Ce texte remet donc en question la vision économique imposée par la Constitution américaine et la Cour suprême. Le déroulement de la guerre d’indépendance des Canadas renforce ce trait, et Mackenzie, parmi beaucoup d’autres, en déduit que la « partie faible » de la Constitution américaine réside dans l’absence de protection des citoyens et de la république elle-même devant les compagnies commerciales privées. « [C]orporations, monopolies, have so expounded their acts », écrit l’éditeur patriote, ce qui a créé un esprit de « mercenaire » au sein du peuple américain qui est loin d’avoir rompu avec les vices du système britannique : « [The] rotten, dishonest and antirepublican Banking and British manufactures importing system, must be changed, or the Constitution of the Union abandoned78. »

L a va l e u r du travai l Dans cette discussion critique des équilibres économiques, les vrais républicains se penchent tout spécialement sur la valeur du travail, dont la réforme est jugée indispensable. Ils distinguent les classes

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productrices « utiles » d’une aristocratie oisive de « parasites » qui vit dans une opulence immorale. Le travail socialement utile est l’unique source légitime de propriété individuelle pour les républicains ­radicaux, qui souhaitent à travers une réforme profonde détruire la h ­ iérarchie des métiers au sein de la société euro-américaine. Ils ­s’opposent en particulier à la spéculation qu’ils constatent et déplorent, car elle n’est ni utile ni morale, et est souvent associée à la figure du travailleur se faisant illégitimement usurper les fruits de son labeur. « What is called wealth, therefore, is nothing less than the power to make prisoners of our fellow men », dénonce Thomas Skidmore79. Nous lisons ainsi dans la proposition de constitution pour le Haut-Canada « Labor is the only means of creating wealth » (art. 56), alors que pour Papineau le gouvernement colonial veut « voler » les colons, « vous arracher le fruit de vos sueurs et de vos travaux80 ». Les radicaux des Canadas comme des États-Unis expriment ce que l’historiographie a identifié et nommé la « théorie de la valeur travail » (labor theory of value). Déjà formulée par John Locke, elle acquiert une place primordiale en économie politique au XVIIIe siècle, notamment sous la plume d’Adam Smith. Le principe est plutôt consensuel puisque la théorie clame que toute richesse doit provenir du travail. L’éventail des interprétations est toutefois notable, résultant en premier lieu des différentes définitions accordées à la notion de travail. La théorie est reprise par les vrais républicains qui recentrent sa conception autour des travailleurs manuels, avant tout d’origine européenne, afin de les revaloriser. La révolution du monde du travail doit se faire à leur profit, selon eux, car ces travailleurs ont été dépourvus de leur droit naturel de profiter du développement commercial et industriel au même titre, si ce n’est plus, que les détenteurs de capitaux81. Cette perspective signifie également que l’individualisme et l’impérialisme structurent la société commerciale qu’ils espèrent instaurer. Les radicaux canadiens comme étasuniens discernent d’un côté le travailleur industrieux, honnête, souvent frugal et modeste dans ses habitudes de vie, qui tente de travailler dignement et de contribuer au progrès de la société euro-américaine, mais qui se fait exploiter et maintenir dans un état misérable. De l’autre, un ensemble de parasites, de spéculateurs et de riches propriétaires qui non seulement ne produisent rien, ou presque, mais accumulent aussi les richesses produites par autrui. « Démocratie » et « travail » deviennent ainsi des mots clés du discours patriote comme du laissez-nous faire. Dans leur réponse au message de soutien des workingmen londoniens pendant leur

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campagne publique de 1837, les patriotes bas-canadiens déclarent à ce titre mépriser « l’oisif qui végète », honorer « celui qui fait naître deux épis de blés là où il n’en poussait qu’un seul, celui qui va de l’avant et fait reculer la forêt devant ses pas », mais aussi redouter « la dangereuse accumulation d’énormes richesses entre les mains de quelques-uns82 ». Les Children of Peace du Haut-Canada stigmatisent également ces grands propriétaires oisifs qui monopolisent les richesses matérielles en même temps que le pouvoir politique, pendant que Mackenzie accuse le Family Compact « to keep the people working for others, and in ignorance83 ». Dans un appel aux colons du comté de York, il détaille les métiers qui méritent de procurer une certaine prospérité en se basant sur le principe d’utilité, ce qui inclut même les pasteurs. Le travail féminin n’est pas oublié, mais il est cantonné aux rôles maternel et marital : « She prepares the food of man – she watches over his tender years – she preserves order and cleanliness through all her household – she smoothes down the asperities of life, and is the ornament alike of the palace and the cottage. » Son exposé vise avant tout à démontrer que les banques n’ont ni utilité ni légitimité et qu’elles agissent de manière malhonnête contre la prospérité du pays, au contraire des fermiers, des ouvriers, des meuniers, des maçons et de toute la chaîne qui alimente sainement l’activité commerciale84. Au cours de la tentative de révolution aux Canadas, un texte intitulé Equality, Labor, Speculation circule depuis New York jusqu’aux journaux patriotes de la frontière et soutient que la quête d’égalité, principe démocratique fondamental, ne peut pas devenir une réalité tant qu’il existera une hiérarchie dans le monde du travail. Le remède proposé par l’auteur est d’octroyer à tout travail honnête et utile une valeur égale. Ce désir d’égalité ne s’oppose pas à l’acquisition individuelle des richesses, mais une dimension morale doit l’encadrer et responsabiliser les agents du marché, une fortune personnelle n’étant légitime que si elle n’a pas été acquise par l’exploitation de ses égaux85. Les radicaux tracent à travers ces argumentaires une frontière nette entre les occupations légitimes, définies avant tout par leur utilité, et celles qui sont jugées antidémocratiques et irresponsables. La notion de pénibilité est parfois adossée à celle d’utilité, au point de suggérer que s’il doit y avoir une inégalité elle devrait profiter aux travaux les plus exigeants86. Ce renversement envisagé de la valeur du travail ne signifie cependant pas que seuls les travailleurs manuels sont légitimes, car les marchands possèdent également une utilité sociale : ils sont les acteurs indispensables d’un marché permettant à chaque producteur

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de prospérer. Néanmoins, pour Leggett par exemple, repris par O’Callaghan, il existe un « debasing spirit of trade » chez certains d’entre eux, qu’il est nécessaire de contenir, une forme d’égoïsme au service d’intérêts individuels qui a toujours été l’adversaire de la liberté. Les spéculateurs sont particulièrement ciblés et considérés comme illégitimes puisqu’ils ne rendent pas à la collectivité l’équivalent des richesses qu’ils amassent ; ils sont donc coupables d’un vol envers le producteur ainsi que le consommateur, phénomène dont les banques sont, là encore, jugées complices87. Cette volonté de reconnaissance économique et sociale du travail manuel touche directement le monde agraire et fait même converger Girod et Côté. Le premier estime en effet que des « classes privilégiées » vivent dans le luxe « aux dépens du travail et de l’industrie des producteurs », sans pour autant y associer les seigneurs88. Or, c’est précisément en redéfinissant la valeur du travail que Côté défend l’abolition du régime seigneurial : en étant contraint de donner une partie de sa production au seigneur, « l’honnête cultivateur » ne peut que constater qu’il est « l’esclave d’un pouvoir supérieur ». Les droits seigneuriaux sont par conséquent décrits comme une « taxe injuste » payée sur « le fruit de nos labeurs » à un individu improductif89. Allan Greer souligne que cette conception est bien ancrée chez les habitants du BasCanada, qui considèrent que la terre appartient légitimement à ceux qui la défrichent et la labourent plutôt qu’aux seigneurs, et encore moins aux Premières Nations. La convergence des radicaux du continent est ensuite remarquable sur ce point, comme l’a noté l’historien Rusty Bittermann à propos de l’Île-du-Prince-Édouard où les Escheators réclament eux aussi un droit de propriété légitime, car ils vivent sur ces terres, y travaillent et leur ont donné leur valeur. De même, la National Reform Association de New York d’inspiration fouriériste, à laquelle participent Mackenzie, George Evans et divers Locofocos, défend les « Anti-Renters » du nord de l’État de New York au nom de l’émancipation des « laboring classes » qui possèdent le droit de retirer les pleins bénéfices de leur travail, tout autant que d’accéder à une éducation qui leur permettra d’acquérir les moyens d’améliorer leur production90. La morale et la responsabilité s’entremêlent donc dans le ­laissez-nous faire avec un idéal démocratique enclin à valoriser les travailleurs manuels, sans pour autant stigmatiser excessivement les marchands qui ont eux aussi leur utilité sociale et économique. Pour les radicaux étasuniens, il s’agit de mieux définir les principes économiques annoncés dans la Déclaration d’indépendance de Jefferson et de recouvrer

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leur droit naturel en désarmant les plus grands détenteurs de capitaux, alors que pour les patriotes l’ambition devient peu à peu de préserver leur modèle républicain des travers d’une économie aristocratique qu’ils discernent dans la république étasunienne. Tous ou presque souhaitent donc, mais sans l’abandonner, démocratiser et réorienter la transition vers une société libérale et commerciale91.

R é vo l u t io n m onétai re Cette volonté de changement est particulièrement manifeste sur la question de la création monétaire et des pratiques bancaires, qui est brûlante aux États-Unis lors de la Bank War des années 1830. Cet objet de réflexion pratique illustre également à quel point les patriotes vont progressivement prendre les États-Unis comme contre-modèle pour façonner la république qu’ils espèrent bâtir aux Canadas. La Constitution américaine de 1787 encadre certaines pratiques monétaires, mais seuls l’or et l’argent sont reconnus constitutionnellement comme monnaie. Le pouvoir fédéral détient cependant le droit de fixer les cours légaux, ce qui lui permet d’accorder une valeur monétaire à autre chose que ces métaux précieux. La Constitution réserve par ailleurs aux institutions fédérales la gestion de la monnaie – la politique d’Andrew Jackson autour des « Pet Banks » pourrait donc être perçue comme anticonstitutionnelle à cet égard. Malgré les controverses dues au flou du texte, les fédéralistes, Alexander Hamilton en tête, ont façonné un système monétaire inspiré du modèle britannique s’appuyant sur le crédit et dont le cœur est une banque dite « nationale », une compagnie principalement privée, détentrice d’une charte qui agit de concert avec l’État, la Bank of the United States (BU S ). L’opposition au système d’Hamilton a pu trouver en Thomas Paine un avocat éloquent, et en Thomas Jefferson un magistrat compréhensif qui s’est notamment évertué à rembourser les dettes de l’État fédéral auprès de cette banque. Jefferson s’appuie d’ailleurs lui aussi sur la Constitution, mais pour s’opposer à la BU S , arguant que le Congrès ne possède pas le pouvoir d’accorder une quelconque charte bancaire. La crise financière de 1819 finit par le convaincre des dangers du ­système d’Hamilton, au point de souhaiter l’interdiction éternelle du papier-monnaie comme des chartes. Le développement du système bancaire de la république s’est ainsi réalisé dans une certaine confusion constitutionnelle, situation qui a autorisé le président Jackson à ne pas renouveler la charte de la BU S 92.

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Lorsque la guerre d’indépendance des Canadas éclate, l’argent-papier, les billets de banque, n’a pas de valeur en soi, ni aux États-Unis ni aux Canadas, seule la possibilité d’être converti en argent métallique lui conférant sa valeur. Les billets émis à travers le continent ne sont donc, légalement, que des reconnaissances de dettes par les centaines de banques qui impriment cet argent de papier. La création de cette monnaie se réalise par l’endettement des banques envers les détenteurs de billets, car elles ne possèdent pas les sommes correspondantes en numéraire. « The Banks start upon credit ; they continue to do business upon credit ; they live, breathe, and subsist upon credit, fait remarquer un membre inquiet du Congrès. Look into their vaults – what is there ? Emptiness93. » Le système permet au capital de circuler et de se constituer (sur papier) sans avoir à se limiter aux réserves en numéraire, ce qui stimule l’économie de la république dont la prospérité impressionne au-delà de ses frontières, mais qui encourage aussi une spéculation parfois inconsidérée. Seule la confiance collective permet à ce mécanisme de perdurer, seule la croyance collective en la valeur des billets convainc les détenteurs de ne pas réclamer du vrai argent, ce qui provoquerait instantanément l’effondrement de ce mécanisme monétaire. John Taylor, représentant la Caroline du Sud au Congrès, s’affole devant ses confrères de leur dépendance à cette confiance collective94. Lorsque le montant des crédits atteint un niveau qui ne peut être résorbé ni par la croyance du public ni par une mesure financière, les banques, dans une réaction en chaîne, refusent de rembourser les billets et cet argent de papier perd tout ou partie de sa valeur nominative. C’est ce scénario qui provoque ce que l’on nomme les « paniques » au XIXe siècle. Comme l’a démontré Albert Schrauwers à propos de la situation au Haut-Canada, l’endettement est par conséquent asymétrique et génère une réalité sociale et politique logiquement considérée comme injuste par de nombreux colons. En effet, d’un côté ces derniers finissent en prison et ruinés lorsqu’ils ne peuvent honorer leurs dettes, et de l’autre les grands marchands comme les banquiers sont bien plus endettés, mais très souvent protégés sur le plan juridique par des chartes. Girod estime que les fondations de la monnaie sont chancelantes, car les billets sont « une espèce d’anticipation sur quelque chose, qui sera ou (ce qui arrive le plus souvent) qui ne sera pas produit par le travail. Le papier devient donc en effet rien95 ». Même si les enjeux et les risques économiques et sociaux sont énormes, les chartes, aux États-Unis comme aux Canadas, accordent concrètement aux banques le droit de ne pas rembourser leurs dettes (les billets)96.

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Au-delà de cette apparente iniquité, plusieurs incohérences, voire des irrégularités, sont palpables dans la république comme dans les colonies britanniques. Au Bas-Canada, un faussaire est par exemple libéré durant la panique de 1837, car la Cour du banc du roi reconnaît que les billets qui ne sont pas remboursables immédiatement n’ont aucune valeur juridique. À Québec, une femme est accusée de vol de billets, mais puisque les banques ont suspendu leurs remboursements, ces billets n’ont aucune valeur légale, et par conséquent elle est déclarée non coupable, ce qui provoque un « [s]ourire d’approbation dans l’auditoire ». Le Township Reformer de Stanstead relate l’argumentaire audacieux d’un endetté emprisonné qui propose à son créancier de le libérer et même de lui verser un dollar par semaine ; son emprisonnement coûtant un dollar vingt-cinq au créancier, il pourra garder les vingt-cinq cents restants pour le remboursement de sa dette97. Le déséquilibre entre l’importance croissante de la finance et la présence récurrente de fausse monnaie encourage les critiques et, dans l’ambivalence générale, les billets contrefaits sont parfois encouragés par les banques elles-mêmes et reconnus comme du capital réel98. Les vrais républicains légitiment leur réflexion en s’appuyant sur Jefferson et ils n’hésitent pas à juger anticonstitutionnelles un ensemble de pratiques. La crise financière de 1837 accélère la perte de confiance envers un système qui produit autant de misères que de richesses, et elle encourage les plus radicaux à exiger une réforme immédiate. Leggett et divers observateurs ne sont pas surpris de cette panique annoncée de longs mois à l’avance, au regard d’une spéculation qui s’accélère. Mackenzie et Leggett estiment de concert, et avec raison, que l’effondrement du système financier provient des énormes emprunts étasuniens effectués à Londres, puis de l’exigence précipitée des créanciers de leur remboursement en métal précieux, ce qui prouve à leurs yeux l’énorme pouvoir des capitalistes londoniens sur la ­république. La grande figure des Locofocos new-yorkais affirme même que la panique a été sciemment orchestrée afin de permettre à un ­conglomérat de grandes institutions bancaires britanniques de placer les États-Unis sous son contrôle, ce qui est pour lui un autre signe qu’une nouvelle expérience républicaine doit inclure une « Great Reformation » bancaire. La présence massive de capitaux britanniques dans le système bancaire de la jeune république est d’ailleurs une vieille source d’inquiétude, réalité critiquée dès l’instauration du système d’Hamilton, puis plus particulièrement à la veille de la guerre de 1812. La peur envers les maisons bancaires de Londres s’amplifie au

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lendemain de la crise de 1837, ces grands « capitalistes » devenant la principale cause des malheurs de la république dans le discours locofoco. Avant même l’éclatement de la guerre aux Canadas, Leggett accuse ainsi la banque Baring de soudoyer la presse du pays pour qu’elle s’oppose aux patriotes canadiens et pour qu’elle convainque le public « qu’aucun Américain ne pensera même aider ces esclaves blancs à river leurs chaînes99 ». « L’aristocratie de l’argent » devient l’une des cibles principales des vrais républicains et des patriotes après la panique de 1837. The Vindicator rappelle tout le mal qu’il pense d’un mécanisme fondé sur l’endettement et affirme que les banquiers ont aveuglé le peuple pour favoriser égoïstement les intérêts des « few » au détriment du « ­mechanic », du « tradesman », du « man of fixed income » et du « hard working farmer100 ». En étudiant le cas haut-canadien, Albert Schrauwers souligne à quel point la sociabilité ainsi que la respectabilité interfèrent dans les rouages de l’endettement, mais aussi « l’ironie » de ce système puisque ce sont les détenteurs des billets qui payent les intérêts alors que ces mêmes billets sont en premier lieu un endettement des banques101. « Il est temps de mettre fin à tant d’abus », déclare un correspondant du Libéral à la veille de la révolution102. Patriotes comme vrais républicains défendent une politique dite de la « monnaie sonnante » (« hard money policy ») qui soutient, comme son nom l’indique, la suprématie des métaux précieux sur l’argent de papier. Elle aspire à réduire l’endettement généralisé et se traduit par diverses mesures pratiques : disparition des dettes publiques structurelles, interdiction des billets de faible montant, obligation de remboursement du billet après un court délai, suppression de la responsabilité limitée pour les maisons bancaires, etc. L’un des tremplins pour cette réflexion a été l’ouvrage de William M. Gouge, A Short History of Paper Money and Banking, publié en 1833, cité et retranscrit dans les deux Canadas comme par les journaux et les hommes politiques étasuniens, ainsi que par William Cobbett et les chartistes anglais, et même traduit en français pour La revue universelle de Bruxelles. Gouge fait référence à plusieurs économistes célèbres pour présenter le système bancaire et monétaire comme foncièrement dangereux et inégalitaire. David Ricardo est cité pour dénoncer l’utilisation de l’argent public par une banque privée, car le penseur anglais insiste pour faire du papier-monnaie un pouvoir régalien103. Mais Gouge s’appuie davantage sur Adam Smith qui dénonce les méfaits des chartes d’incorporation, estime que la monnaie de papier n’est nécessaire que

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pour les transactions commerciales importantes et insiste sur le besoin d’encadrer le commerce bancaire pour éviter ses dérives, autant de principes repris et étendus par l’économiste étasunien104. Comme l’a récemment souligné l’historien Robert Richard, cette critique des mécanismes de la monnaie qui fleurit aux États-Unis pimente la campagne révolutionnaire aux Canadas. Pour glorifier les États-Unis auprès de ses concitoyens, Papineau souligne par exemple le fait que « l’Union est presque le seul des gouvernements indépendants qui jouissent de l’incalculable avantage de n’avoir pas de dette publique105 ». Thomas Storrow Brown précise que le Bas-Canada est préparé pour son indépendance « by not owing one dollar of debt. Her legislators have not been duped by the cry of “public improvements” into mortgaging themselves and their posterity106 ». Dans la même veine, la proposition de constitution pour le Haut-Canada autorise l’autorité publique à contracter des dettes, mais dans un cadre uniquement temporaire (art. 51); elle ne reconnaît que l’or et l’argent comme moyens légaux de payer des dettes (art. 52) et déclare que les billets à faible montant n’ont aucune valeur constitutionnelle (art. 57)107. Adam Smith tout comme les patriotes canadiens, les Locofocos et les vrais républicains en général s’accordent pour se méfier de l’arbitraire de l’intervention politique. Leggett n’adoube par exemple pas les « Pet Banks » de Jackson et envisage plutôt une institution publique qui abriterait le Trésor, qui serait composé uniquement de numéraire et qui s’abstiendrait de toute opération liée au crédit. Selon lui, cette structure doit permettre de séparer l’État du commerce du crédit, qui doit être accessible aux individus et dépourvue de « privilèges », et le pouvoir public se contentera de punir la fraude et de s’abstenir d’utiliser de l’argent-papier lorsqu’il collecte des taxes, émet des bons ou des billets, paye ses dépenses, etc. Leggett dessine une forme de free banking, système dans lequel chacun, en association ou non, devrait avoir le droit de créer de la monnaie ou de spéculer sur du crédit, « any individual has a right to stamp his name, and his image too, if he pleases, on a piece of silver or gold108 ». Signe de l’indétermination du système monétaire étasunien, mais aussi de l’influence des principes de free banking défendus, entre autres, par Leggett, l’État de New York adopte en avril 1838 la General Banking law, et est progressivement imité par d’autres États, puis par le gouvernement fédéral qui autorise un individu à faire profession de banquier, ce qui démocratise en apparence le privilège de créer de la monnaie. Ce changement a fait dire à l’historien Bray Hammond que

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cette loi est l’évènement le plus important de l’histoire bancaire aux États-Unis, même si pour diverses raisons elle ne changera pas fondamentalement les mécanismes monétaires109. George Evans estime néanmoins au tournant des années 1840 que la monnaie fondée sur la dette et l’argent de papier est sur le point de disparaître, submergée par la force du principe démocratique qui ne peut que remporter cette bataille favorable à une industrie décrite comme « honnête110 ». La guerre d’indépendance des Canadas exacerbe les tensions liées à la question de la création monétaire et du commerce du crédit, en théorie, mais aussi en pratique. Les réseaux des républicains canadiens se sont étendus aux banques, avec la Bank of the People de Toronto ou la Banque du peuple de Montréal, cette dernière étant partiellement financée par plusieurs figures patriotes et dirigée par un cousin de Papineau en 1837, Louis-Michel Viger. Les liens sont de notoriété publique, les visages de Papineau et de Denis-Benjamin Viger apparaissant par exemple sur les billets d’une banque qui doit financer la révolution. Plusieurs patriotes s’opposent cependant à ces entreprises, comme l’avocat et député montréalais Étienne Rodier qui critique l’opportunisme et le manque d’esprit démocratique des « ambitieux patriotes plus riches que moi », qui « ont toujours Peuple, patriotisme, liberté, égalité sur les lèvres », mais qui « dédaignent de s’asseoir à table avec un honnête marchand-tailleur, avec un brave marchand-épicier, etc., et qui pour faire leur chemin à la célébrité prêtent à la Cause de la patrie ce qu’ils en recevront avec usure111 ». À l’heure de la révolution, et contrairement à ce que croyaient les patriotes comme les autorités, la banque refuse de financer la guerre que lancent les patriotes112. L’amertume est profonde contre « la coquinerie » de ces grands patriotes, puisque « ces directeurs de la banque révolutionnaire » ont au contraire accordé la plupart de leurs fonds aux loyalistes pendant le conflit. « They betrayed in the most rascally manner the hint placed in them, déplorent de jeunes Fils de la liberté. [C]es gens là sont bons pour pousser les autres en avant et se retirer eux de ­l’arrière, toujours prêts à blâmer ceux qu’ils ont poussé en avant, s’ils n’ont pas de succès, et s’ils en ont, toujours prêts aussi de s’en attribuer la gloire et les bénéfices113. » Le rôle de la Banque du peuple n’est pas négligeable, l’une des faiblesses des patriotes ayant été le manque de moyens financiers. Papineau en vient à regretter de s’être laissé convaincre par ces entrepreneurs qui s’affirmaient patriotes, reconnaissant avec amertume : « [J]e ne suis ni surpris ni affligé de leur inconduite114. » La révolution du système monétaire républicain soutenue par les patriotes s’affinera

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avec les plus radicaux durant la guerre, pour trouver sa forme théorique la plus aboutie sous la plume de Charles Duncombe. En somme, les républicains canadiens, de même que les vrais républicains de façon plus générale, constatent et déplorent le maintien d’un ensemble de relations de pouvoir et d’inégalités structurelles dans la sphère économique coloniale, qui non seulement restreignent les horizons des « petits capitalistes », mais qui résultent aussi très souvent de l’intervention des autorités publiques (les chartes par exemple) ou de l’absence malvenue de réformes (sur la propriété agraire, le travail salarié et parfois l’esclavage). Les plus radicaux envisagent une révolution économique qui égaliserait les chances de s’enrichir sur le plan individuel, mais qui permettrait aussi de développer les manufactures et le commerce, et en cela ils expriment clairement un esprit libéral et capitaliste. Ce dernier est toutefois singulier. S’il reproduit un ensemble de rapports de pouvoirs, notamment au détriment des nations autochtones et des femmes, tout en restant ambigu sur l’esclavage racial, il est aussi teinté d’un discours glorifiant la démocratie, la morale et la responsabilité sociale, prône un réajustement de la valeur du travail en fonction de son utilité et parfois de sa pénibilité, et porte un regard très attentif sur les dangers des mécanismes bancaires. La notion de « laissez-nous faire » traduit cette économie politique libérale, dont la traduction en anglais montre bien l’essence de leur perspective, « let us alone » ; laissez-nous gérer, commercer, gouverner, et réduisons un État dont l’action perpétue certains privilèges. Au cours de la guerre et de leur exil aux États-Unis, les révolutionnaires canadiens s’imprègnent de la contestation des citoyens les plus critiques et imaginent progressivement un contre-modèle présenté comme un moyen de démocratiser la transition au capitalisme moderne.

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5 Guerre d’indépendance Welcome Patriots to our lands Though a small and weary land To you we cheerfully give one hand Welcome to liberty! Chanson patriote, 18381

La guerre éclate aux Canadas en novembre 1837, une issue qui ne surprend que peu d’observateurs étant donné l’impasse politique et les propos sans volonté de compromis des uns et des autres. Malgré la victoire patriote le 23 novembre à Saint-Denis, à l’est de Montréal, les succès de l’armée régulière et des volontaires loyalistes à SaintCharles et à Toronto poussent les républicains qui le peuvent à se réfugier aux États-Unis. Ces premiers combats désorganisent l­’embryon d’armée patriote, mais les citoyens, du Vermont au Michigan, les accueillent par des « Welcome to liberty! », et nombreux sont ceux qui se joignent à la révolte. Étendre la république vers le nord est une ambition ancrée dans l’imaginaire depuis la révolution américaine, lorsque John Adams affirmait qu’il serait impossible d’avoir « a real peace so long as Canada or Nova Scotia are in the hands of the English2 ». Les velléités belliqueuses des Étasuniens sont indispensables pour les patriotes, car leur sort en dépend largement. Or, dès les p ­ remiers jours de la guerre, d’éminents dignitaires leur font comprendre que toute analogie avec la révolution américaine est anachronique, que les Canadas ne sont pas le Texas, et que le président Martin Van Buren ne s’interposera pas dans les plans britanniques. La « neutralité » des États-Unis devient même rapidement une volonté affirmée de réprimer les patriotes. Cette attitude rassure les Britanniques en même temps qu’elle brise les espoirs de beaucoup de leaders comme Louis-Joseph Papineau, Denis-Benjamin Viger, Louis-Hippolyte La Fontaine et le Dr John Rolph, qui prennent leurs distances avec le

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front révolutionnaire. De très nombreux patriotes étasuniens, et bien sûr canadiens, refusent cependant de se conformer aux vues de Van Buren, car mener une guerre contre les Britanniques représente également pour eux le moyen de régénérer le Nouveau Monde. Ces lignes de fracture créent une guerre asymétrique dans laquelle deux empires rivaux, la Grande-Bretagne et les États-Unis, s’allient pour écraser un vaste soulèvement armé transfrontalier. À Washington, on a très vite conscience que ce que les rapports militaires nomment la « Canadian War » qui s’engage comporte de nombreux dangers. Il ne fait en effet aucun doute pour les officiers militaires déployés à la frontière que le front révolutionnaire est commun aux deux Canadas, et qu’ils ont les moyens de provoquer un affrontement militaire ­général. Les patriotes deviennent ainsi des éléments perturbateurs infestant les États-Unis, et la république les considère comme des ennemis plus dangereux que l’armée britannique pourtant menaçante3. La guerre touche les territoires depuis la côte atlantique jusqu’aux Grands Lacs, et ne s’achève qu’en 1842 avec la signature du traité signé par lord Ashburton, l’émissaire britannique, et Daniel Webster, le ­secrétaire d’État du président John Tyler. La guerre d’indépendance des Canadas est intelligible uniquement lorsque l’ensemble du conflit est pris en compte, ce qui réclame de rompre avec le morcellement chronologique et géographique de l’historiographie qui réduit l’ampleur du conflit militaire. L’exemple des invasions de février 1838 est frappant puisque les historiens ne s’attardent pas sur la simultanéité des combats du Michigan au Vermont, constatent les défaites patriotes à m ­ icroéchelle et en concluent qu’il s’agit d’un échec humiliant, dérisoire ou lamentable4. Les patriotes ont certes échoué, en février 1838 comme à d’autres reprises, au Bas-Canada comme ailleurs, mais leur force est bien supérieure à ce que laissent entendre ces interprétations.

A dv e rsa ir e s e t sy mpathi sants au x É tat s-Uni s L’armée régulière britannique répond promptement au déchaînement de violence puisqu’elle est déjà en ordre de bataille. Mobilisée avant tout contre les sujets britanniques rebelles, cette armée et les milliers de volontaires loyalistes qui l’accompagnent se préparent aussi à répondre à une offensive venue du sud. Leurs forces sont suffisantes pour exercer une pression sur Washington, par exemple en novembre 1837 en les avertissant – et non en les sondant – que le

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N

Sault-Sainte-Marie

Lewiston Comstock Lockport Thorold Schlosser SHORT HILLS Navy Island Chippewa

Bois Blanc Island

Black Rock Pointe Abino Lac Huron

Markham

Boltontown

Toronto Lac Ontario

River Credit

MICHIGAN

HAUT-CANADA

Sarnia Detroit Fighting Island

Buffalo

Penetenguishene

Lockport

Thorold Pointe Abino

Rochester

NEW YORK

Buffalo

Windsor Lac Érié Amherstburg Pointe au Pelée Cleveland

PENNSYLVANIE

OHIO

5.1  Région des Grands Lacs

N

Saint-Ours Saint-Denis Saint-Charles

Vankleek Hill

DEUX-MONTAGNES Saint-Eustache Montréal Saint-Laurent BAS-CANADA La Prairie

HAUT-CANADA

Prescott

Plattsburgh

Ogdensburg NEW YORK

MILLES-ÎLES Kingston

Napierville Caldwell’s Manor Stanbridge Potton Stanstead Moore’s Oddeltown Derby Corner Alburgh Troy Swanton Saint Albans

Lac Champlain VERMONT Burlington Montpelier

Hickory Island Cape Vincent

Sackett’s Harbor

Watertown

Middlebury Woodstock

Lac Ontario Oswego

5.2  Région du lac Champlain et de Kingston

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43e régiment rejoindra Québec en traversant le « territoire disputé » au nord du Maine, pourtant censé rester démilitarisé. Le secrétaire d’État ­étasunien, John Forsyth, acquiesce et s’empresse de demander aux autorités de l’État de faire preuve de compréhension. Dès le 7 décembre, et semble-t-il sans la moindre requête britannique officielle, Forsyth demande également aux gouverneurs du Vermont, de New York et du Michigan d’interférer contre tout mouvement menaçant l’ordre établi aux Canadas, et aux procureurs de faire respecter la loi pour maintenir la paix. Lors de son message annuel sur l’état de l’Union du 5 décembre, Van Buren explique de son côté qu’aucun nouvel évènement international n’est à signaler, que les relations avec l’Empire britannique sont « of the most friendly character », et que le maintien de la paix est le souhait de l’opinion publique5. Contrairement à ce que clame Van Buren, une guerre a bien éclaté, et cette opinion publique est en fait loin d’être unanime, ce que les autorités fédérales ne sont pas sans ignorer. Les officiers militaires et les autorités judiciaires rapportent en effet qu’une très large majorité de la population frontalière soutient les patriotes et que ce sentiment est largement partagé à l’intérieur du pays. Avant même les combats, des éditeurs de Boston, New York, Philadelphie ou La NouvelleOrléans encouragent les républicains canadiens. L’Abeille de la Nouvelle-Orléans prédit une répétition du conflit texan, et il est « inutile de vouloir se cacher que cette assistance serait offerte, même sans être demandée6 ». La crise canadienne ouvre un nouveau terrain d’opérations pour certains filibusters, des aventuriers militaires plus ou moins privés agissant au nom de la « liberté ». Les prises de position du gouvernement fédéral altèrent cependant cette opinion publique. L’Abeille (affiliée au Parti démocrate) reconnaît par exemple dès ­janvier qu’il y a des « circonstances où l’opinion des gouvernés se trouve en opposition avec la sagesse des gouvernants », ce qui doit – finalement – convaincre leurs compatriotes de ne pas prendre les armes7. La réalité est tout autre à la frontière. À Buffalo, avant même les premiers coups de feu dans le Haut-Canada, plusieurs assemblées publiques se tiennent pour encourager leurs voisins révolutionnaires et organiser leur participation. Le 6 décembre, la veille de la tentative de coup d’État à Toronto, Mackenzie fait parvenir une lettre aux journaux de la ville, annonçant que le peuple de la colonie se soulève afin d’obtenir son indépendance et en appelle à leur aide. Le lendemain et pendant que les patriotes de Toronto lancent leur coup d’État, une nouvelle assemblée est organisée dans la ville, réunissant environ mille

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cinq cents personnes, lors de laquelle plusieurs officiers de l’armée fédérale prennent la parole et où un message de soutien de l’ancien secrétaire à la Guerre, le général Peter B. Porter, est lu. Après son échec, Mackenzie rejoint Buffalo le 11 décembre et s’adresse le lendemain à une foule de près de trois mille personnes pour encourager la mobilisation. Les citoyens sont enthousiastes, la musique retentit toute la nuit, la ville est en ébullition. « Je n’ai jamais vu les habitants de Buffalo aussi excités », explique un résident inquiet, alors que le maire constate qu’il s’agit de la plus grande assemblée de l’histoire de Buffalo. Les patriotes paradent en brandissant leurs drapeaux, puis s’emparent de deux canons et de deux cents fusils au palais de justice8. Le commandant en chef de cette force armée est Rensselaer Van Rensselaer, un éditeur issu de la prestigieuse famille du Patroon ­d’Albany qui se targue d’être diplômé de West Point et qui tente de raviver la gloire militaire de sa famille, affirmant avoir été nommé par le Dr Rolph. Il est secondé par un avocat et imprimeur engagé dans le Parti antimaçonnique, Thomas Jefferson Sutherland. Plusieurs dignitaires alarmés avertissent immédiatement Washington des dangers d’une situation qui risque de forcer les États-Unis à entrer en guerre. De l’avis du collecteur de la douane, une armée s’est constituée publiquement, a brandi ses propres étendards, et il est impossible d’arrêter les meneurs, car « the feeling here is so strong in favor of the patriots, that it would lead to violence and bloodshed9 ». Dès les premiers jours de la guerre, les autorités fédérales savent donc que la situation réclame l’intervention urgente des officiers civils et militaires10. Ce souffle est commun sur l’ensemble de la frontière avec les deux Canadas. Les Canadiens français, longtemps perçus comme des lâches, font oublier par leur patriotisme les stigmates du passé et des différences culturelles. Les assemblées publiques se multiplient autour du lac Champlain, au cours desquelles la Déclaration d’indépendance de 1776 est recopiée dans les résolutions. Au Vermont, les héritiers des Green Mountain Boys de la révolution américaine se joignent promptement aux préparatifs militaires. Des marques de sympathie proviennent aussi du Maine, où les citoyens souhaitent provoquer une guerre du fait du conflit sur le tracé frontalier. Ils g­ arantissent leur collaboration active, notamment en envoyant l’officier Charles G. Bryant, un révolutionnaire aguerri qui a fait ses classes au Texas et qui dirige alors sa propre école militaire à Bangor. Les volontaires se comptent par centaines dans diverses localités le long de la frontière, et plusieurs officiers de l’armée fédérale se joignent à l’entreprise. « [I]l faut être sur le bord des lignes

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comme je le suis pour voir combien il est facile d’avoir des volontaires », se réjouit le Dr C.-H.-O. Côté11. Un marchand montréalais de passage à Plattsburgh, dans l’État de New York, est déconcerté par cet engouement et rapporte au gouverneur William Marcy qu’un bataillon s’est formé pour marcher sur les Canadas avec à sa tête un étudiant en droit, que ceux-ci s’arment publiquement et qu’ils sont en communication avec leurs homologues d’Oswego et de Rochester. Dans le Vermont, ils récupèrent des milliers de fusils et de nombreux canons, les portraits de Papineau et de Brown sont affichés sur le palais de justice de Middlebury, de nombreux dignitaires sont actifs, comme l’ancien membre du Congrès James Fisk, et le gouverneur Silas Jennison déplore la sympathie générale dont les patriotes bénéficient. Ce dernier n’a d’ailleurs pas attendu les demandes de Washington pour tenter de calmer les esprits, en refusant notamment de procurer des armes aux habitants de Swanton et de Saint Albans dont les représentants se sont rendus jusqu’à son bureau12. L’élan pro-patriote ne se limite pas à ces régions frontalières, et plusieurs villes abritent diverses manifestations, telles que Boston, Albany, Cleveland, Philadelphie et Cincinnati. L’exilé Edmund Bailey O’Callaghan participe par exemple à l’assemblée de New York du 27 décembre, organisée par un comité composé de plusieurs membres de l’Equal Rights Party. Deux mille cinq cents citoyens sont présents malgré une campagne publique dénonçant cette réunion, tandis qu’une importante foule n’a pas pu entrer. Le portrait de Papineau trône dans la salle, Alexander Ming, Jr, fait de la révolution canadienne l’héritière de 1776, puis O’Callaghan est poussé à conspuer la « tyrannie » anglaise devant une foule survoltée. Malgré cette ferveur populaire, celui-ci prévient Papineau qu’il sera impossible d’obtenir de prêts à Wall Street, car « the millionaires and the speculators are not with us », à moins que la puissance de l’opinion publique ne les fasse plier13. Cette assemblée galvanise les patriotes à la frontière, mais le comité de soutien new-yorkais éprouve les plus grandes difficultés à collecter des fonds. L’appui est ainsi important et immédiat au sein de l’opinion publique étasunienne, y compris parmi les partisans de Van Buren comme la United States Democratic Review de Washington qui affirme que les patriotes canadiens – moins les Étasuniens – ont toute légitimité puisque leur soif de démocratie correspond au « spirit of the age » et leur quête d’indépendance au droit naturel des colons d’Amérique. Leurs adversaires ne peuvent que constater, et regretter, que des citoyens de toutes les catégories sociales se joignent à l’armée révolutionnaire.

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L’Ami du peuple de Montréal s’étonne ainsi de les voir sacrifier leur confort pour affronter l’armée britannique en plein hiver, et consacrer leur argent « pour soutenir, nourrir et habiller tous les vagabonds échappés de notre province […] malgré leur attachement si connu au précieux métal auquel ils sacrifient tout14 ». Certains « vagabonds » sont toutefois de respectables révolutionnaires. Papineau est par exemple hébergé dans la capitale de l’État de New York par James Porter, le greffier à la chancellerie et membre de l’Albany Regency, le clan politique de Van Buren. Avant même ­d’arriver, il fait envoyer ses lettres chez Edwin Croswell, l’éditeur de ­l’Albany Argus, la voix du gouvernement dans la région. Les assemblées publiques sont souvent le fait de dignitaires locaux, et de nombreux éditeurs écrivent personnellement à Mackenzie pour l’assurer de leur appui. Les exilés estiment même avoir un certain soutien au sein des exécutifs des États de New York et du Vermont, alors que les autorités de Detroit participent ouvertement aux opérations patriotes. Ces citoyens s’engagent pour un ensemble de raisons, car la guerre qui se profile offre aussi une occasion favorable pour lancer certaines carrières, ou pour assouvir certaines ambitions individuelles. Ainsi, les fils du secrétaire d’État du New Jersey et du greffier de la Cour suprême de l’État, recommandés par un sénateur et le lieutenant-gouverneur, se déclarent « friends of rational liberty and the rights of man » et souhaitent obtenir un grade d’officier dans l’armée patriote15. Il est particulièrement révélateur de constater la respectabilité et l’ampleur du soutien à Albany, qui est pourtant le fief de Van Buren, mais également celui de Van Rensselaer. Le maire en personne participe à une grande assemblée de soutien, alors que Croswell ampute les documents officiels provenant de Washington afin de ne pas heurter l’opinion publique. « The truth is, confie-t-il à l’influent sénateur Thomas Benton, that the popular feeling – the democratic feeling particularly – is all with the suffering patriots16. » Des messages patriotiques sont exprimés lors de représentations au théâtre de la ville où est arboré le drapeau canadien, et de grandes figures publiques comme Turlow Weed soutiennent un Van Rensselaer présenté en nouveau La Fayette. Une compagnie de quatre cents volontaires est rapidement mise sur pied, en partie composée d’officiers de carrière. Il n’est donc pas étonnant de voir le colonel chargé de faire respecter la « neutralité » autour du lac Champlain, John Wool, qui s’était d’ailleurs lui-même proposé d’aider Papineau et les Canadiens, décrire très tôt le caractère illusoire de sa mission17.

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La première d’une longue série d’invasions se déroule à la frontière entre le Vermont et le Bas-Canada, le 6 décembre, œuvre de réfugiés bas-canadiens accompagnés de citoyens étasuniens. Un groupe de réfugiés est arrivé à Swanton le 26 novembre en provenance de L’Acadie, comprenant d’importantes personnalités patriotes dont Duvernay, Bouchette et le Dr Côté. Le 30, ils croisent Papineau et O’Callaghan qui fuient la vallée du Richelieu et la progression des troupes britanniques pour partir plus au sud. Lourdement armés de canons et de mousquets pour équiper les patriotes toujours en ordre de bataille dans la colonie, deux cents hommes environ franchissent la frontière, mais se font refouler par la milice le soir même à Moore’s Corner, situation explosive immédiatement rapportée à Washington. Cet épisode illustre à la fois leurs limites militaires et la désorganisation qui règne, puisque Côté n’a pas voulu y participer afin de respecter la stratégie plus prudente de Papineau. Non seulement la volonté du tribun n’est pas suivie par les hommes qui ont participé à l’offensive, mais Côté avertit déjà que l’heure n’est pas à la lâcheté. Les premières défaites s’ajoutent à la difficulté de financer la guerre et à l’opposition publique des autorités, mais elles ne calment pas l’ardeur d ­ ’innombra­bles patriotes tels que l’imprimeur montréalais Louis Perrault, réfugié à Burlington : « “En avant!” Vive la République et la Liberté !!! […] Ça ira, Ça ira, Ça ira18 ».

N av y Is land Le 14 décembre, les troupes britanniques écrasent la dernière concentration de patriotes armés au Bas-Canada, fortifiés dans l’église de Saint-Eustache dans le comté des Deux-Montagnes. Le même jour, à quelques encablures des cataractes du Niagara et à quelques kilomètres de Buffalo, s’ouvre un épisode qui aurait pu changer le cours de la guerre, voire de l’histoire du continent au sens large, tant le conflit est passé proche d’un embrasement incontrôlable. Van Rensselaer, Sutherland et une trentaine de patriotes envahissent Navy Island en territoire britannique, avec Mackenzie qui y est désigné « Chairman pro. tem. » de la nouvelle « république ». Ces quelques douzaines de patriotes considèrent ne faire que prolonger les projets envisagés au cours de l’année et déclarent organiser sur Navy Island la convention générale approuvée par les colons haut-canadiens. Un gouvernement provisoire est établi, dont fait partie Charles Duncombe toujours dans la colonie, un drapeau tricolore à deux étoiles représentant les deux

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Canadas flotte sur l’île, et une banque est créée et émet des billets pour financer la révolution19. Ces patriotes reçoivent des centaines de propositions d’assistance, et des bataillons s’organisent dans la région. Certains ont participé à la guerre au Texas et établissent un parallèle que les autorités se refusent de faire. Selon un journal de Buffalo, « [d]es deux côtés [de la frontière] accourent des volontaires qui viennent se ranger sous les drapeaux des patriotes20 ». Outre des officiers de carrière, des ingénieurs, médecins, charpentiers et divers artisans se joignent à eux. Ils bénéficient également d’un réseau de renseignements et sont en relation avec le reste du front. L’échange est ainsi soutenu avec les exilés haut-canadiens réfugiés près de Watertown, lesquels ont aussi constitué une force de quelques centaines d’hommes et de plusieurs petits navires. Cette armée patriote est placée sous le commandement de William « Bill » Johnston, un contrebandier notoire natif de TroisRivières, au Bas-Canada, issu d’une famille de fervents loyalistes, mais qui avait déjà participé à la guerre de 1812 aux côtés des Étasuniens. Des dépôts d’armes sont dévalisés autour de Navy Island, et quelques navires viennent les ravitailler sur l’île, devant des autorités locales impuissantes. La quantité d’armes à leur disposition est impressionnante : des centaines de fusils, plusieurs dizaines de canons, des tonnes de poudre, de l’acier, etc. Les boulets sont coulés dans trois fonderies, dont celle du général Peter B. Porter. En une semaine, ils comptent environ mille combattants, selon le procureur du district. Leur position est suffisamment forte pour permettre à Mme Mackenzie de venir dans cette « petite république », selon l’expression de Van Rensselaer21. Des officiers se sont en effet chargés de faire de l’île une forteresse, et aucune offensive britannique n’est envisageable malgré leur surnombre (environ cinq mille soldats et miliciens), ce qui rend cependant tout aussi hypothétique un débarquement sur la rive canadienne. Mackenzie informe les Bas-Canadiens qu’ils sont prudents et qu’ils envisagent même de quitter l’île afin de se joindre aux patriotes réunis près de Detroit. Les journaux étasuniens relaient les nouvelles de ­l’entreprise, et les patriotes de Navy Island deviennent dans l’espace public les figures de proue de la révolution. Le 23  décembre, le ­lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, Francis Bond Head, alerte l’ambassadeur britannique à Washington pour réclamer la coopération des États-Unis contre un soulèvement qui devient redoutable. Oubliant la participation notable des sujets britanniques, Head accuse les citoyens étasuniens de vouloir provoquer une « guerre nationale »,

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alors que les gouvernements entretiennent des relations amicales, et il suggère l’intervention de l’armée étasunienne même si l’île est en ­territoire britannique. Les autorités locales de la république partagent cet avis et sont également persuadées que seule l’intervention ferme des troupes fédérales évitera un embrasement22. Tandis que la situation est aussi confuse que tendue, un détachement militaire britannique franchit la frontière dans la nuit du 29 décembre sans l’accord de Washington, détruit le navire Caroline utilisé par les patriotes et tue plusieurs citoyens. Le navire porte pavillon étasunien, il avait descendu la rivière depuis Buffalo dans la journée avant de débarquer des hommes et du matériel sur Navy Island, recevant sur son parcours une volée de balles depuis le Haut-Canada, puis il avait accosté à Schlosser pour y accueillir vingt-trois citoyens non armés pour la nuit. De soixante-dix à quatre-vingts Britanniques armés prennent d’assaut le navire vers minuit : « No quarter, no quarter, fire! Fire! » Pendant que les occupants abandonnent le Caroline, le navire est incendié, puis précipité dans les cataractes sous les cris de joie des troupes à Chippewa. Selon l’affidavit utilisé dans les échanges diplomatiques, douze citoyens sont tués en plus d’Amos Durfee abattu sur le ponton. Cet épisode enflamme les patriotes qui crient vengeance, s’arment et assemblent spontanément la milice de Buffalo. Washington est immédiatement alerté du « flagrant invasion of our territory », de la prise des armes le long de la frontière et de la guerre qui se profile. Le gouverneur Marcy reconnaît publiquement la gravité de l’incursion et espère que Van Buren préservera l’honneur du pays. L’annonce de l’outrage est vite diffusée à travers le pays, et le correspondant du Morning Herald de New York considère que le tricolore à deux étoiles a déjà rassemblé une force assez puissante pour renverser les autorités haut-canadiennes23. Afin de préserver la paix, Van Buren envoie sur le champ le major général Winfield Scott, une gloire militaire et futur candidat à l’élection présidentielle pour le Parti whig. L’officier ne pourra cependant pas s’appuyer sur des troupes régulières, faute de moyens, et il devra ­composer avec les milices levées par les gouverneurs de New York et du Vermont. Il reçoit à ce propos l’ordre de privilégier le recrutement loin de la frontière, de s’assurer que ces miliciens sont étrangers à  ­l’agitation, et de placer des officiers réguliers à leur tête. Le 3 ­janvier 1838, Van Buren demande officiellement à la Chambre des représentants d’élargir ses pouvoirs afin de gérer une situation critique. Le 5, il proclame la neutralité des États-Unis et exige que les patriotes

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rentrent chez eux afin de cesser leurs opérations qualifiées d’« illégales ». La veille, l’ambassadeur britannique Henry S. Fox avait officiellement demandé la coopération des États-Unis au secrétaire d’État John Forsyth, qui lui a garanti en retour le zèle du président, en lui précisant cependant qu’il s’agissait aussi d’une crise interne à la république et qu’un nouvel épisode comme le Caroline provoquera la guerre24. La réponse de Washington ne sera donc militaire qu’en dernier recours, mais la situation dégénère à la frontière. La canonnade est devenue permanente entre Navy Island et Chippewa, alors que Scott, Marcy, plusieurs officiers supérieurs ainsi que des bataillons patriotes convergent vers Buffalo malgré les difficultés de l’hiver. Scott et Marcy arrivent sur place le 12 janvier et tentent de convaincre la milice de revenir en territoire étasunien pour se disperser. Scott estime alors les forces patriotes à deux mille hommes, avec tout le matériel nécessaire pour une offensive d’envergure. Signe de la confusion et de la tension de la situation, il prend immédiatement le soin de prévenir les officiers britanniques qu’il n’est pas là pour prendre la tête de cette armée. Certains citoyens réclament l’ordre, mais Marcy a beaucoup de mal à recruter des volontaires fiables. La situation se décante finalement le 15 janvier, lorsque les patriotes mettent en branle un large mouvement de troupes terrestre et maritime pour rejoindre Detroit. En apprenant la manœuvre, Scott se précipite pour s’interposer, car, il en est persuadé, les Britanniques auraient tiré de nouveau en territoire étasunien, ce qui aurait pu déclencher une guerre immédiate. Ce qu’il découvre est presque pire, car trois goélettes britanniques sont déjà dans les eaux de la république, prêtes à ouvrir le feu. Il positionne ses deux compagnies d’artillerie face à elles et envoie un message pressant ses ­homologues de se retirer et de ne pas tirer. Les navires patriotes remontent la rivière vers Buffalo entre les deux armées régulières, aucune n’ouvrant le feu dans cette scène quasi théâtrale. « It was a moment of deep interest and to me of high responsibility », insiste Scott25.  Dans son rapport officiel, celui-ci laisse entendre que les patriotes ont quitté l’île de leur propre chef, mais, selon Van Rensselaer, ils ont été contraints de se disperser, car le major général avait surenchéri sur le seul navire de la région qui aurait pu permettre un débarquement. Les patriotes retiendront que ce sont les autorités étasuniennes qui les ont empêchés de lancer l’offensive, et non les Britanniques, sans s’avouer vaincus. L’Estafette de New York veut y voir un bon présage : « Le Peuple, c’est l’Hydre de la fable, dont les têtes renaissent plus nombreuses et plus menaçantes à mesure qu’elles succombent26. »

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In vas io n g é n é r a l e (févri er 1838) Les autorités font tout pour empêcher l’armée de Navy Island de rejoindre Detroit : le collecteur de la douane bloque le port, leur vapeur Barcelona est immobilisé par les troupes fédérales du colonel Wool, et Scott dispose désormais du plus gros navire de la ville, le Robert Fulton. Les patriotes vont donc marcher par centaines en direction de Cleveland où ils espèrent trouver des bateaux, alors qu’une partie de ces troupes, dont Mackenzie et Van Rensselaer, se dirige vers l’est. Scott ordonne au colonel William Worth de vaincre (« defeat ») les patriotes en les empêchant de manœuvrer, que ce soit par l’action des autorités civiles ou en faisant intervenir l’armée si cette stratégie ne fonctionne pas. Le risque est donc réel de voir les deux empires entrer en guerre en dépit de leur volonté commune d’éviter un tel affrontement, mais également de pousser les troupes de la république à tirer sur leurs propres citoyens. Malgré la mobilisation des autorités, l­’armée rebelle est de son côté non seulement déterminée à poursuivre la guerre au point de contourner le lac Érié en hiver, mais elle est aussi capable de se déplacer au grand jour en étant lourdement armée27. Il serait trop long de nous attarder sur l’ensemble des mouvements militaires de cette guerre, de nombreux historiens ayant étudié la plupart des dizaines de batailles qui ont eu lieu entre novembre 1837 et décembre 1838. Arrêtons-nous cependant sur le plan établi à Navy Island d’une offensive coordonnée à l’ensemble de la frontière. Malgré cette première série d’échecs militaires, les patriotes possèdent toujours une force de frappe manifeste, et leurs réseaux s’étendent bien au-delà des régions frontalières, à l’image de l’activité déployée par Louis Bonnefoux à New York. Au début de février à Plattsburgh, sur le lac Champlain, Mackenzie rencontre le Dr Robert Nelson qui a pris la tête des patriotes bas-canadiens pour organiser l’offensive générale. « We have the most promising hopes, l’encourage Nelson, and we only wait instructions from you28. » Les nouvelles des Canadas et la situation les remplissent d’espoir : les volontaires continuent d’affluer, ils circulent avec fifres et tambours, ils sont convaincus que l’esprit de 1776 renaît, et les officiers militaires fédéraux concèdent que les miliciens ne tireront jamais sur eux – ceux du Vermont m ­ archant même en chantant : « Hourra pour Papineau! » L’invasion générale doit avoir lieu à la fin de février, elle commencera vers Detroit pour forcer les Britanniques à se déplacer à l’ouest afin de permettre à la majorité des

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troupes patriotes d’attaquer Kingston et le Bas-Canada, Mackenzie et Nelson ayant prévu de marcher ensemble sur Montréal29. La visite de Scott dans le Michigan après le démembrement de ­l’armée patriote à Navy Island n’empêche en effet pas la création d’une force d’au moins deux mille hommes sous le commandement de Donald McLeod. Cet instituteur haut-canadien, ancien membre de la Navy et de l’armée régulière britannique, et ancien éditeur du Greenville Gazette de Prescott, est assisté d’un marchand d’origine irlandaise et auparavant résident de Montréal, Edward A. Theller, et de Henry S. Handy, l’éditeur qui avait rencontré les républicains à Toronto. Ils sont rejoints notamment par cinq cents Autochtones de la nation Cattaraugus. Les « lawless and insane » révolutionnaires, selon l’expression d’un citoyen de Cleveland, attaquent le 24 février à Fighting Island près de Detroit et à Pointe-au-Pelée sur le lac Érié, mais ils se font déloger après quelques jours de bataille. À leur retour aux États-Unis, ils sont désarmés, mais laissés libres par les autorités30. Une autre armée se constitue à la frontière du Niagara, à Comstock au nord de Buffalo, où de cinq cents à mille patriotes sont déjà rassemblés. Une centaine d’hommes se trouve aussi au Haut-Canada, vers Pointe Abino, avec plusieurs canons et des centaines de mousquets, en train de monter un camp qui accueillera le gros des troupes – les rapports patriotes font par exemple état de mille cinq cents volontaires dans la seule ville de Rochester. Après avoir dispersé ce qu’il nomme l’« hostile camp » de Comstock, le colonel Worth traverse lui aussi la frontière le 26 février, la veille de la date prévue pour les opérations, avec ses maigres troupes régulières et quelques volontaires. Ils réussissent à convaincre les patriotes de rendre leurs armes sans coups de feu et brûlent leurs casernes, ce qui court-circuite les plans patriotes. Même si l’opération a totalement échoué, l’entreprise « was more formidable in quantity and quality than we had reason to ­suppose  », avoue l’officier dans son rapport31. La plus forte armée patriote se réunit à French Creek, sur l’embouchure du Saint-Laurent. Mackenzie et Van Rensselaer sont à la tête d’environ quatre mille hommes, selon Worth, dont Bill Johnston. Comme dans les autres régions frontalières, des arsenaux ont été ­dévalisés et ils possèdent au moins six mille mousquets. Le marshall de Watertown reconnaît que « les autorités de ce pays sont incapables de les disperser32 ». Cette armée envahit Hickory Island le 20 février, en ­territoire haut-canadien, mais un conflit interne entre Mackenzie et Van Rensselaer provoque leur dispersion et l’annulation

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de leur offensive sur ordre du premier, semble-t-il, avant de se transformer en controverse publique. En plus d’anéantir l’opération, ce nouvel échec signe le retrait des deux hommes de la tête du mouvement militaire, Mackenzie quittant la frontière pour lancer sa Gazette à New York33. L’annulation de l’offensive sur Kingston a pour conséquence immédiate de rendre celle de Robert Nelson inutile, mais ce dernier la maintient afin de proclamer solennellement l’indépendance du BasCanada. Il dispose de nombreuses armes et il est secondé par plusieurs officiers expérimentés. Le 28 février, environ mille hommes participent à l’invasion qui s’élance d’Alburgh, dans le Vermont. Ils campent une nuit au Bas-Canada pour déclarer l’indépendance avant de revenir se rendre au colonel Wool avec une grosse quantité d’armes, sans le moindre affrontement armé, car Nelson a préféré l’éviter alors qu’un certain nombre de volontaires voulaient tout de même faire face aux Britanniques. Dans son récit publié en 1841, Côté confirme que l’opération a été préparée avec Mackenzie, qu’il existait une « pressing solicitation of a great number of the Canadian refugees », et il accuse les « American Tories » d’avoir sapé leur opération de façon bien plus efficace que les troupes loyalistes. La dernière armée patriote de cette offensive est réunie à Troy et à Derby, dans le Vermont, pour attaquer les Eastern Townships. Elle est à son tour dispersée, même si une rapide expédition punitive a lieu. Les patriotes ont donc une armée et du matériel de guerre bien supérieur à celui de l’armée fédérale, mais ils ont échoué à coordonner un mouvement militaire d’envergure. Cependant, pour Nelson, Mackenzie et de nombreux patriotes, ces revers répétés ne signifient toujours pas la fin de la révolution34.

C o o p é r at io n a n g l o-améri cai ne Les premiers mois de guerre exposent au grand jour la collaboration américano-britannique, en dépit d’évènements comme le Caroline qui seraient en d’autres temps des casus belli. Van Buren n’a pas attendu le début de la guerre pour exposer ses vues, puisqu’il affirme sa politique pacifiste envers le Royaume-Uni dès son discours inaugural de mars 1837, ne faisant finalement que prolonger celle d’Andrew Jackson. L’entente est entretenue et cordiale tout au long de l’année, lorsque le brigadier général Abraham Eustis est honoré par les autorités militaires de Québec en juillet, par exemple, ou bien quand le président du Comité des affaires étrangères du Congrès, James Buchanan, est envoyé à Québec juste avant la bataille de Saint-Denis. C’est dans cet

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élan qu’il nous faut comprendre le mouvement de troupes britanniques dans le « territoire disputé» lors des premiers jours de la guerre ou l’échange complaisant du secrétaire d’État avec l’ambassadeur britannique à propos du Caroline. Le gouverneur du Bas-Canada, lord Gosford, récemment remplacé par l’officier militaire John Colborne, est même accueilli par un God Save the Queen lorsqu’il se rend au théâtre de New York sur son chemin de retour vers l’Europe35. Sur le terrain, les officiers des deux armées communiquent et essayent de coordonner leurs actions. Avant de mener son opération contre le Caroline, Allan N. MacNab, un influent membre de l’Assemblée du Haut-Canada qui s’est porté volontaire pour contrecarrer le soulèvement républicain, envoie par exemple une lettre à Buffalo pour demander aux autorités d’empêcher l’acheminement de renforts sur Navy Island, ce à quoi le procureur Garrow répond positivement et fait suivre la requête au président Van Buren – MacNab et l’officier Andrew Drew ont donc fait preuve d’impatience ou d’impulsivité en attaquant le Caroline. Autour du lac Champlain, des échanges similaires ont lieu, dans lesquels le gouverneur John Colborne, visiblement mieux informé, envoie personnellement des informations sensibles à Wool, ce dernier lui répondant qu’il utilisera « all the means in my power » pour préserver la paix36. Robert Nelson accuse même Colborne d’avoir financé et armé la milice de Wool. Afin de réduire les tensions, mais surtout les forces patriotes, l’officier étasunien se fait également l’intermédiaire entre Colborne et des exilés qui souhaitent retourner chez eux, le gouverneur acceptant que les Canadiens français rentrent au contraire des habitants des townships. La collaboration est ­analogue aux frontières du Michigan et de l’État de New York, « The government of the United States is so sincere and determined to repress and punish their aggressions, as that of Her Majesty’s to repel them », insiste Worth auprès de ses homologues britanniques37. Ces communications remontent à Toronto, Québec et Washington pour mieux orchestrer leur alliance et leur coopération. Les informations sont échangées et circulent tout au long de la guerre, la législation étasunienne s’étoffe pour répondre à ces besoins, et la collaboration américano-britannique est bien huilée lors du soulèvement de la fin de l’année 1838. Cette coopération rend incrédules les patriotes qui ne l’avaient pas anticipée, et elle est vertement dénoncée, par exemple par Bill Johnston qui se dit chassé nuit et jour dans les îles du Saint-Laurent, « by the British and Americans who act in ­concert with each other38 ».

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Cette stratégie signifie que l’armée et les autorités des États-Unis interviennent activement pour protéger les colonies britanniques d’une révolution, Wool expliquant tout faire pour « protect the inhabitants [of Upper Canada] from aggressions39 ». Les patriotes sont considérés comme les « ennemis » de la république, ce qui aide à comprendre le laxisme lors de la destruction du Caroline. À certaines reprises, il s’en faut même de peu qu’un affrontement armé n’éclate entre l’armée fédérale et des citoyens étasuniens, évènements rapportés à Washington dans un vocabulaire martial. Les autorités de la république souhaitent aussi se prémunir elles-mêmes contre l’insubordination régnante. Les rapports alarmistes font en effet craindre à Washington que la violence ne soit utilisée contre les autorités de la république dès les premiers jours de la guerre, et le cours des évènements nourrit la défiance entre la population et le gouvernement fédéral. La crise est donc profonde et en grande partie morale, comme le montre la démission du maire de Buffalo, mal à l’aise de devoir accompagner le gouvernement dans son intervention militaire contre ses citoyens40.

S o c ié t é s s ecrètes L’armée patriote s’est constituée et a opéré à visage presque découvert lors des premières semaines de la guerre. L’aide des citoyens, y compris par les armes, est publique, car elle est considérée comme légitime et naturelle. Mais la répression des autorités pousse les patriotes à faire preuve de discrétion et à fonder des sociétés secrètes pour mener leurs opérations. De nombreuses structures charitables et militaires voient le jour sur le sol étasunien. La société secrète militaire des Frèreschasseurs (qui deviendra Hunters’ Lodges à l’ouest) surplombe ­progressivement les entreprises similaires le long de la frontière. D’inspiration maçonnique, tout comme l’étaient les sociétés patriotiques montréalaises des années 1830, la confrérie hante les autorités jusqu’en 1842. Le cérémonial de l’initiation doit impressionner les volontaires et les convaincre de donner leur vie pour la cause : l’initié est à genoux, les yeux bandés, et doit répéter un serment dicté avant de se voir menacé par les armes au moment de retirer son bandeau. La hiérarchie est militaire, avec Robert Nelson comme « Grand Commandeur » pour le Bas-Canada, suppléé par plusieurs « Grands Aigles » ayant chacun des « Aigles » à la tête de compagnies de cent « Raquettes », soit les soldats, elles-mêmes divisées en groupes de dix sous la direction d’un « Castor ».

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Les loges sont parsemées au nord comme au sud de la frontière et regroupent des dizaines de milliers d’initiés41. Il est globalement convenu que la société des Frères-chasseurs naît au lendemain de l’invasion de février 1838, mais, comme l’a souligné le politologue Denis Monière, sa création est antérieure. Elle date probablement de la fin du mois de décembre précédent, fondée grâce à l’activité du Dr Côté et de Charles Bryant, à Plattsburgh où s’est réfugié Robert Nelson. La société est parfois qualifiée de rudimentaire par les historiens, mais elle se développe en réalité très rapidement le long de la frontière, alors que même le clergé catholique étasunien forme des loges. Malgré les réserves de plusieurs patriotes influents, comme Mackenzie et O’Callaghan, les effectifs tournent autour de quarante mille Frères-chasseurs et Hunters, chiffres jugés fiables par des autorités que nous savons bien renseignées. Les initiés sont ­suffisamment nombreux parmi la milice haut-canadienne et l’armée régulière pour que des signes soient établis afin que les Hunters ne se s’entretuent pas42. La frontière reste par conséquent sous haute tension entre les invasions de février et le soulèvement de novembre 1838, avec de multiples incidents et des épisodes de plus grande ampleur qui maintiennent un climat de tension. Le but de ces opérations est en premier lieu de créer des débordements afin de forcer le gouvernement étasunien à entrer en guerre, car dans ce climat tendu des évènements mineurs peuvent également se transformer en affaires d’État. La seconde conséquence envisagée est d’obliger le maintien d’une coûteuse armée pour précipiter l’abandon de la colonie, ce qui pousse effectivement le Parlement de Londres à remettre en question sa présence aux Canadas. Les activités patriotes et la dangerosité de la crise contraignent les forces militaires fédérales à rester mobilisées tout au long de l’année 1838, en particulier pour tenter de récupérer les armes provenant des ­arsenaux dévalisés. Dès avril, les demandes en renforts militaires parviennent à Washington, car les officiers savent qu’il y aura de ­nouvelles opérations, d’autant que les réfugiés affluent depuis le Haut-Canada pour prendre les armes. Du fait d’un manque de moyens palpable, l’armée fédérale improvise parfois, comme lorsqu’un lieutenant de l’US Navy, alors à Plattsburgh pour des raisons personnelles, vient leur prêter main-forte de son propre gré43. Les patriotes tiennent une importante réunion à la mi-mai à Saint Albans, au nord du Vermont, avec R. Nelson, Bryant, Côté, mais aussi Donald McLeod qui récupère la mission de propager la société secrète

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des Frères-chasseurs vers l’ouest pour aider à coordonner les opérations. Bryant retourne de son côté dans le Maine, très probablement pour mettre en œuvre une coopération similaire. L’un des évènements marquants de l’année est la destruction, le 30 mai, du navire civil ­britannique Sir Robert Peel dans le labyrinthe des îles du Saint-Laurent, œuvre de Bill Johnston, pirate pour les autorités, commodore pour les patriotes, et « boucanier du lac » pour la presse. Depuis le début de la crise, sa petite armée a pris possession de plusieurs îles en territoire haut-canadien, et selon le colonel Wool elle s’est constitué une flotte conséquente et possède une grande quantité d’armes. Dans son opération contre le Sir Robert Peel, qui ne fait que des dégâts matériels, il est accompagné d’une trentaine de ses hommes vêtus de costumes autochtones. Johnston publie une déclaration le 10 juin, relayée à travers la république, dans laquelle il affirme appartenir à l’armée patriote et avoir agi sur ordre pour cette opération spectaculaire44. Le Haut-Canada est en même temps le théâtre de nouvelles incursions. Le 7 juin, le capitaine de milice étasunien, James Moreau, fait une déclaration à la frontière du Niagara, annonçant la libération du Canada. La région est peuplée de plusieurs centaines de réfugiés, et les armes sont omniprésentes. Le 20 juin, il pénètre dans la colonie et y est rejoint par cent cinquante à deux cents colons, puis ils se rendent jusqu’à la région des Short Hills. L’invasion dure plusieurs jours, ils détruisent des casernes, tuent un certain nombre de soldats, en font prisonniers des dizaines d’autres, mais ils sont finalement dispersés, et Moreau est tué avec de nombreux patriotes. Le 22 juin, une attaque est lancée sur Dundee depuis le Michigan, qui fait plusieurs morts dans les deux camps. Le 4 juillet, divers mouvements sont répertoriés à Sarnia, Bear Creek, Fighting Island et Pointe-au-Pelée. L’Estafette explique que « [d]es bandes ont apparu à la fois sur divers points, et, dans tous les engagemen[t]s qui ont eu lieu, les Patriotes ont plus d’une fois eu l’avantage45 ». Ces mouvements sont le fruit de groupes en partie étrangers aux Hunters, mais leurs échecs signent le début de la structuration de cette société secrète dans la région. Le harcèlement patriote couplé à la répression contribue à entretenir l’esprit ­révolutionnaire aux Canadas, à accélérer le départ de colons vers les États-Unis, à encourager les désertions et à convaincre d’anciens ­loyalistes à devenir – au moins tacitement – patriotes. L’objectif est aussi de remporter une grande victoire symbolique et rassembleuse. Comme l’espère McLeod, « the shout of that victory would have roused the whole Provinces in rebellion, from Lake St Clair to Newfoundland46 ».

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Du 16 au 23 septembre 1838, soixante-dix délégués Hunters se réunissent à Cleveland pour une convention lors de laquelle un « republican Government for Upper Canada has been founded », selon un participant. Les hommes forts sont surtout étasuniens, et la République américaine est prise pour modèle puisque sont désignés un président, un vice-président, un secrétaire d’État, un secrétaire au Trésor et un secrétaire à la Guerre. Un nouveau commandant en chef est nommé, Lucius Verus Bierce, procureur puis maire d’Akron en Ohio, mais aussi brigadier général de la milice de l’État. Selon plusieurs historiens, le président de cette république en formation est un juge de paix et médecin qui se fera connaître par la suite pour son combat en faveur de l’abolition de l’esclavage, le Dr Abram D. Smith, mais les autorités britanniques et étasuniennes considèrent que le futur président sera le marchand et colonel de milice de Cleveland, Nathan Williams. Que ce soit l’un ou l’autre, la présidence est donc confiée à un citoyen étasunien. Mackenzie est mis au courant de ce projet, mais il n’en fait pas partie, alors que Duncombe, McLeod et Johnston, vêtus selon certains codes des combattants des Premières Nations, sont présents à la convention, de même qu’un chef autochtone, John Grant. Les Hunters s’appuient sur un système hiérarchisé de loges, avec celle de Cleveland à leur tête. S’il n’y a pas, semble-t-il, de représentant du Bas-Canada lors de leur convention, les deux fronts s’accordent pour fixer la date d’une offensive commune au début de novembre47. Certains sont optimistes, mais McLeod l’est beaucoup moins le 1er novembre, décrivant à Mackenzie l’état « spéculatif » des préparatifs et du projet : « They talk much, but do nothing48. » L’historien Oscar Kinchen estime d’ailleurs que les loges sont fréquemment utilisées à des fins intéressées et électorales. La convention a aussi été infiltrée par des espions, et à la veille de leur prétendue attaque, la presse de Toronto pavane en publiant les noms et les commissions des membres de leur armée, ainsi qu’un billet de la Republican Bank of Upper Canada et le calendrier des opérations. Le lieutenant-­gouverneur du Haut-Canada, George Arthur, avertit néanmoins Washington que leur force reste importante et répartie en plusieurs points49.

S oul è v e m e n t g é n é r a l (novembre 1838) Les grands traits des évènements de novembre 1838 au Bas-Canada sont dans l’ensemble bien connus. L’ampleur de l’insurrection, et plus globalement celle de l’élan révolutionnaire au sein de la population

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des Canadas, est sans doute le point le plus faible des études d ­ isponibles, car nous pouvons encore régulièrement lire que ce s­ oulèvement est moins important qu’en 1837 et qu’il « ne payait pas de mine ». Or, plusieurs milliers de Bas-Canadiens se soulèvent simultanément pour soutenir l’arrivée de troupes venues des États-Unis, ce qui fait dire à d’autres historiens qu’il s’agit au contraire de la révolte de tout un peuple. Les témoignages, comme celui de sympathisants restés aux Canadas, affirment que les loyalistes « sont dans la plus grande consternation, ils s’aperçoivent que l’idée de révolution est générale50 ». Des miliciens qui étaient loyalistes en 1837 refusent désormais de reprendre les armes contre les patriotes. Le long de la frontière, les officiers militaires étasuniens ne peuvent que déplorer ce soutien général. Robert Nelson affirme quant à lui que « the people of Lower Canada had been consulted as early as the month of June last, and with some exceptions, but one sentiment prevailed51 ». Le soulèvement a lieu le 3 novembre dans diverses localités du sud du Bas-Canada, mais les plans envisagés sont loin d’avoir été exécutés. Nelson prévoyait d’attaquer simultanément Sorel, Chambly, La Prairie, Saint-Jean, Montréal et Québec, pendant que les navires britanniques seraient arraisonnés. La quantité d’armes à disposition est, selon eux, suffisante pour cette opération. Arrivé à son quartier général de Napierville, Nelson relit la Déclaration d’indépendance et, depuis Caldwell’s Manor, le Grand Aigle Charles Bryant exhorte ses compatriotes à venir garnir les rangs de la « patriot army of Canada ». Les autorités militaires de la république sont toutefois bien renseignées et interceptent une quantité d’armes conséquente. Les agents du gouverneur Colborne ont également infiltré les Frères-chasseurs et vont jusqu’à faire prisonnier temporairement Nelson par « ses » hommes pendant le soulèvement. Un correspondant de la Mackenzie’s Gazette relaie quant à lui le désordre qui règne chez les patriotes : « You cannot imagine how the leaders contest themselves. They can hardly agree in one point52. » Plusieurs affrontements armés éclatent au cours de ce soulèvement, et des dizaines de morts sont à dénombrer dans les deux camps. C’est l’armée étasunienne qui déloge Bryant, pourtant au BasCanada et, après la bataille d’Odelltown du 9 novembre, Nelson abandonne et se réfugie aux États-Unis. Son armée se désagrège rapidement, car Colborne marche sur eux avec une force armée qui impressionne même le brigadier général Abraham Eustis aux États-Unis53. En dépit de l’apathie des Hunters, deux attaques sont à répertorier sur le front ouest, contre Prescott le 11 novembre et Windsor le

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3 décembre, opérations lors desquelles les combats durent plusieurs jours et occasionnent des dizaines de morts, ce qui force Scott à se rendre à nouveau à Detroit. Les exactions des miliciens britanniques sont nombreuses, signe de la violence de l’évènement. Beaucoup de patriotes faits prisonniers sont exécutés publiquement, et il est défendu de dégager les corps qui deviennent le repas d’animaux. L’attitude des miliciens rebute les officiers de l’armée régulière : « Pour l’amour de Dieu, ne laissez pas un blanc assassiner ceux que les sauvages ont épargnés !54 » Certaines opérations ont aussi été menées de manière surprenante. C’est le cas de celle contre Prescott, lancée par John W. Birge, qui a conduit à la mort un bataillon commandé par Nils Szoltevcky Von Schultz, un officier natif de Finlande ayant participé à la tentative de révolution polonaise de 1830. Birge précipite en effet les opérations contre les ordres du commandant en chef L.V. Bierce, puis refuse d’accompagner les cent cinquante à deux cents révolutionnaires qui ont franchi la frontière, alors que son armée compte environ mille cinq cents hommes. Ces derniers, dont les rapports montrent que plusieurs viennent de « bonnes familles », sont contraints d’observer les affrontements depuis la rive étasunienne, contenus par l’armée fédérale qui intercepte aussi deux vapeurs et six canons de la « very considerable force » patriote, selon le brigadier général Eustis. Encerclés par l’armée britannique qui coordonne ses opérations avec l’armée de la république, les révolutionnaires tiennent plusieurs jours avant de se faire écraser55. Les patriotes en armes se comptent donc par milliers, ils sont relativement bien équipés et se lancent dans de nombreuses offensives malgré l’accumulation des défaites et la mobilisation des armées ­ré­­gulières. Le caractère transfrontalier et transnational du front ­révolutionnaire est manifeste, puisque les patriotes sont natifs des Canadas et des États-Unis, mais également d’Europe et de quelques nations autochtones. Un réel décalage est même perceptible entre l’importance des ressources militaires disponibles et leur faiblesse sur les champs de bataille. Il est donc nécessaire de ne plus prendre les révolutionnaires pour des insensés sans plus de recherches sur les causes de leurs défaites tant leur insuccès peut interpeler. « Il y a pour moi quelque chose d’inconcevable dans cette affaire », explique à chaud un Théophile Dufort déconcerté56. Ils sont néanmoins suffisamment puissants et déterminés pour prolonger la guerre d’indépendance malgré ces nouvelles défaites.

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Maintenir l’ordre continental Le maintien de l’ordre aux Canadas a nécessité une mobilisation importante des autorités civiles et militaires, la suspension de l’habeas corpus, l’instauration de la loi martiale ainsi que la fin du parlementarisme au Bas-Canada et de l’Acte constitutionnel de 1791. Le Parlement britannique vote de surcroît plus d’un million de livres sterling en dépenses extraordinaires pour la seule année 1838, et l’armée impériale est composée d’environ quinze mille soldats réguliers en 1839. L’ardeur déployée par Van Buren, son gouvernement et le Congrès témoigne également de la difficulté à réprimer la révolution, et l’opinion publique est en large partie convaincue qu’une guerre entre les États-Unis et la Grande-Bretagne est inévitable. Cet investissement politique, législatif, juridique et surtout militaire ne s’estompe pas en 1839, bien au contraire. À peine les défaites patriotes de 1838 actées, Washington est informé que de nouveaux plans sont élaborés, ce qui motive un travail de renseignement de grande ampleur, qui s’appuie sur l’étroite collaboration entre autorités britanniques et étasuniennes. Sur le terrain, les officiers militaires poursuivent leurs opérations, car une partie significative des colons, au nord comme au sud de la frontière, souhaite toujours forcer l’éclatement d’un conflit général. Des douzaines de pétitions de citoyens inquiets parviennent à Washington pour les pousser à enfin pacifier la frontière, ce qui réactualise le projet d’une « Court of Nations » internationale57. Les récits « des Rébellions » s’arrêtent très régulièrement en novembre 1838, mais les patriotes se lancent en réalité à ce moment-là dans une nouvelle stratégie militaire, s’apparentant davantage à une guérilla destinée à envahir sporadiquement et par petits groupes les colonies canadiennes pour y commettre un ensemble de méfaits, et ainsi provoquer une riposte sur le sol de la république qui enclencherait une escalade irrémédiable. L’anniversaire du Caroline est par exemple l’occasion pour des patriotes emmenés par James Grogan et encouragés par Côté à retourner à Caldwell’s Manor pour incendier des bâtiments, obligeant les troupes fédérales à se redéployer à la frontière et à d ­ emander à Scott de revenir dans la région. Sur place, le major général estime que « there is much cause for the utmost vigilance on the part of all our authorities, civil and military » et annonce à Washington que ­l’armée est toujours sur le pied de guerre sur ­l’ensemble de la ­frontière58. Les officiers militaires étasuniens se plaignent aussi de leur impuissance du fait de la complicité entre la population et les « villains »,

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mais également du manque de moyens. Les demandes de renforts ­parviennent toujours aussi régulièrement à Washington pendant que les incursions incendiaires se multiplient depuis les Eastern Townships jusqu’à Kingston. Le colonel Worth dirige pourtant désormais sept compagnies d’artillerie, ainsi que le 8e régiment qui compte six cents hommes. Parfois, comme lors de la nouvelle incursion du 2 février 1839 à Caldwell’s Manor, les patriotes font des blessés parmi leurs victimes, même si la plupart du temps il s’agit surtout d’incendier des granges et leur contenu, de briser ou de voler du matériel, et de dérober des animaux59. L’une de ces expéditions tente même de couler des navires à Kingston, un bastion militaire au Haut-Canada. « It is greatly to be apprehended the patience of our neighbors maybe exhausted, s’inquiète Worth, and that this most villainous aggression will provoke retaliation60. » L’officier étasunien rapporte qu’il existe non seulement un plan patriote général et organisé, mais surtout que les troupes fédérales sont incapables de les arrêter, et encore moins de résister à d’éventuelles représailles britanniques. Cette nouvelle stratégie, qui est critiquée par certains patriotes comme le Dr Wolfred Nelson et Ludger Duvernay, contraint l’armée fédérale à déployer encore davantage de forces sur une frontière qu’ils considèrent être peuplée de « pirates ». Scott admet alors officiellement son impuissance face aux incendiaires, qui agissent « without the least fear of being exposed by any American citizen61 ». Les officiers étasuniens reconnaissent également que les autorités britanniques font preuve de patience et « manifest a most honorable and zealous wish, to co-operate with us in every lawful and honorable effort62 ». Au-delà d’un échange permanent d’informations, des opérations sont menées conjointement. Ainsi, le capitaine Comeau de la police de Montréal est envoyé à Plattsburgh pour accompagner, sans succès cependant, les troupes étasuniennes afin de débusquer les caches d’armes patriotes. Depuis Napierville, un officier britannique n’hésite pas à louer le zèle des autorités militaires de la république malgré leurs difficultés à contenir l’activité patriote. Winfield Scott arpente en effet en personne la frontière depuis le Maine jusqu’au Michigan au gré des opérations rebelles. Parmi diverses entreprises, les patriotes des Mille-Îles ouvrent à plusieurs reprises le feu sur des navires britanniques et les troupes régulières en juin 1839, un acte de piraterie « disgraceful to civilization » aux yeux d’un officier basé à Kingston, et les deux armées coordonnent de nouveau leurs manœuvres

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contre l’ennemi commun. « I have my hands full of like predatory efforts in this quarter, but altogether of a bandit character, confie Worth lorsqu’il parcourt les îles à la recherche de ces « pirates63 ». Les patriotes des Eastern Townships réfugiés au Vermont mènent pour leur part une violente attaque punitive à la mi-juillet à Barnston, situé à plusieurs kilomètres à l’intérieur du territoire bas-canadien. Les officiers é­ tasuniens décident de ne pas y envoyer l’armée afin de minimiser l’importance de l’évènement, mais ils en concluent tout de même que l’ensemble de la frontière doit rester en état d’alerte. La discussion publique autour de la question canadienne perdure également, à l’image du New Empire de New York du célèbre Horace Greeley qui commente l’union des deux Canadas qui se met en place, mais aussi les opérations militaires à la frontière. Ses confrères évoquent désormais les « Canadian Symptoms » pour relater les évènements violents qui perturbent toujours l’ordre dans la république64. Le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, George Arthur, comme le brigadier général Hugh Brady, en poste à Detroit, rapportent à la fin de l’année 1839 que les patriotes de la région possèdent un armement considérable, qu’ils sont toujours actifs, et en grand nombre. Arthur avertit les officiers étasuniens que les républicains de la colonie britannique disposent d’armes et attendent un mouvement depuis les États-Unis pour les faire résonner. Le lieutenant-gouverneur est d’autant plus inquiet que, depuis l’été 1839, le sud du Haut-Canada est secoué par une vague d’assemblées publiques réunissant des centaines, voire jusqu’à quelques milliers de colons qui revendiquent l’application des recommandations de lord Durham, à commencer par l’union des deux Canadas avec la mise en place d’un gouvernement responsable devant les élus du peuple. Cet activisme s’accompagne de certains tumultes qui occasionnent parfois des morts. Le loyalisme des organisateurs est affiché, sous peine de voir ces assemblées interdites par le Family Compact opposé à Durham, mais ils critiquent aussi ouvertement l’élite gouvernante, rappellent parfois le bien-fondé du combat politique de Mackenzie et réclament que le peuple gouverne afin de faire valoir ses « inherent rights ». Généralement considérées comme un phénomène éphémère et local, ces assemblées sont en réalité partiellement organisées et encouragées par les patriotes. Lors d’une réunion tenue à l’automne 1839 à Lockport, dans l’État de New York, trois délégués haut-canadiens sont par exemple présents et les « ­reformers » sont encouragés à continuer d’agiter la colonie à travers ces assemblées. D’un côté, elles maintiennent dans le Haut-Canada un

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climat de contestation et de peur d’un nouveau déchaînement de violences, voire d’une invasion venue des États-Unis, de l’autre les patriotes s’organisent militairement sur le sol étasunien où ils peuvent compter sur des milliers d’armes et de volontaires. À l’assemblée des « reformers » tenue en septembre 1839 à Thorold, à quelques kilomètres de Navy Island, un drapeau tricolore flanqué d’une étoile affichant « Durham and Responsability » est ainsi brandi. En réaction à cette activité toujours menaçante, Scott considère nécessaire de mobiliser encore plus de moyens65.

D u M a in e au x G r ands Lacs Malgré de rares exceptions, les historiens distinguent de façon presque hermétique l’agitation révolutionnaire des Canadas et le conflit entre le Maine et le Nouveau-Brunswick en 1839. Or, dès 1837, les autorités étasuniennes comme britanniques abordent ces questions ensemble afin de dénouer des nœuds diplomatiques interreliés, et la situation canadienne rend urgent le règlement de toutes les crises parallèles entre les États-Unis et l’Empire britannique. À la frontière, l’activité patriote encourage les citoyens du Maine à vouloir profiter des évènements pour conquérir, par la force ou la diplomatie, une partie avantageuse du « territoire disputé ». Nombreux sont ceux qui expriment ­publiquement leur espoir d’une convergence avec les patriotes, une aspiration qui se réalise à travers l’action de Charles Bryant, par exemple, et les journaux témoignent d’une opinion publique très favorable à la guerre contre les Britanniques. La classe politique du Maine semble même presque unie pour exploiter les tensions à l’avantage de l’État, les campagnes électorales se jouent autour de la crise contre l’Empire britannique, et c’est même le gouverneur Edward Kent qui envoie Bryant à la frontière canadienne. En novembre 1838, le commandant des Frères-chasseurs, alors en territoire bas-canadien, invite expressément ses concitoyens à rejoindre les rangs patriotes66. L’implication du Maine élargit le front et nourrit la crise interne dans la république, une crise de souveraineté qui menace l’Union ellemême. Kent, élu whig, s’oppose fermement à Van Buren, un adversaire politique qui agit de surcroît contre les intérêts du Maine. L’admi­ nistration fédérale est alors nommée le « British Party » par plusieurs journaux de l’État, ceux affiliés au Parti whig en premier lieu. John Fairfield, élu du Maine pour le Parti démocrate à la Chambre des représentants et membre de la Commission des affaires étrangères,

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relaie le même message à Washington dès la fin de l’hiver 1836 : « [I]f resistance of all forcible attempts to take our property from us be war, then war it must be67. » Signe des tensions qui surgissent, Kent menace même d’agir sans l’aval de Van Buren et, au printemps 1838 il lance un ultimatum relayé à travers le pays : si l’Union ne se solidarise pas, le Maine s’engagera seul dans la guerre aux côtés des patriotes. La discussion publique est intense et nerveuse, et des soutiens de Van Buren, telle la Democratic Review, considèrent que le pays « must support the State. There is no option – no alternative – unless our Federal system is a failure – our Constitution a mockery – our Treaty a farce – and our national honor a by-word and a laughing stock68 ». Au Nouveau-Brunswick, le lieutenant-gouverneur John Harvey prône lui aussi une stratégie agressive, ce qui effraie les autorités impériales. Précaire sur le plan diplomatique, l’équilibre est, en plus, menacé par les réalités du terrain du fait de la difficile cohabitation entre bûcherons, officiers civils et groupes armés (régiments et miliciens) venus du Maine et du Nouveau-Brunswick69. « The Canadian difficulties are becoming daily more and more interesting, écrit le Bangor Whig and Courier en novembre 1838, and sympathy for the “rebels” on the part of our citizens is daily increasing, and it is natural that it should be so70. » Après son échec au BasCanada dont la rapidité a fait avorter la mise en place d’une réelle collaboration militaire avec le Maine, Bryant repart dans son État où les accrochages se multiplient et les préparatifs militaires s’accélèrent. Ce que l’historiographie nomme la « guerre d’Aroostook » éclate en février 1839. La milice du Maine est levée, l’atmosphère militaire se répand, et les messages de soutien et de promesses d’aides se multiplient, notamment de la part des patriotes. Bryant se dit « hasten to inform [Mackenzie] that war has commenced upon our North-eastern boundary […] now is the time for the patriots to strike, for God’s sake let us be united and act in concert71 ». Dans la capitale Augusta, un citoyen rapporte que les « windows of the houses were filled with the faces of the fair sex, some crying & some laughing, the bells were ringing for meeting, no Sundays, Revolutionary times. The fife and drums began to play, the soldiers took up the march72 ». Des hommes armés sont donc mobilisés au nord comme au sud de la frontière et convergent dans le territoire disputé, mais il n’y a finalement aucun évènement irréversible. La diplomatie de Scott, arrivé sur place en catastrophe, évite que l’escalade ne débouche sur un conflit armé qui semblait pourtant inéluctable. Il alerte immédiatement tous

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les officiers de la frontière en proie aux expéditions incendiaires, car la paix est « in great danger of a rupture », et Washington que sa ­mission a été d’un « extreme danger » puisque deux armées étaient présentes dans un territoire censé rester démilitarisé. Profitant de la crise dans les Canadas, le Maine aurait pu plonger dans la guerre une Union divisée. La moralité et la constitutionnalité des démarches de Scott, qui supervise les procédures législatives en vue de retirer la milice, sont très rapidement mises en doute par les citoyens qui souhaitaient l’éclatement de la guerre, analyse partagée par plusieurs historiens. La guerre d’Aroostook démontre surtout que, malgré leur collaboration contre l’ennemi commun, une complication diplomatique devient rapidement une affaire d’État qui peut embraser le continent73. À l’autre extrémité de la frontière, la situation est moins explosive, mais l’activité patriote se répand autour des Grands Lacs. Les patriotes du Michigan sont particulièrement déterminés, et la presse locale rapporte jusqu’en 1841 que des milliers d’hommes sont prêts à s’armer et à s’équiper, à leurs frais et pour une période de six mois. À peine sorti de la crise du Maine, et malgré la vague incendiaire dans les Canadas, Scott se prépare très rapidement à se déplacer jusqu’au Fort Winnebago, ce qui atteste de l’ampleur du danger que les autorités tentent de contenir. Donald McLeod et Thomas Sutherland sont en effet partis sur la frontier au sud des Grands Lacs et y rassemblent une force militaire de plusieurs centaines d’hommes, incluant des membres de Premières Nations. Le major général Scott est ainsi contraint de demeurer à la frontière et de patrouiller à la demande pressante de Washington, près de deux ans après le début de sa mission à Navy Island. Les autorités étasuniennes apprennent même au printemps 1840 qu’un plan d’invasion a été monté par des Canadiens français et des Métis de la région des Grands Lacs, ce qui les oblige à procéder à des arrestations préventives jusqu’à Prairie du Chien, dans le Wisconsin. Le danger est jugé suffisamment sérieux pour que Scott envisage, de nouveau, de parcourir les Grands Lacs durant l’été 1840. Le major général souhaite parer aux préparatifs patriotes, mais aussi répondre à la menace britannique parce que les autorités coloniales ont mobilisé, lors d’un grand conseil tenu à River Credit, au sud de Toronto, un vaste réseau de nations autochtones de Montréal à SaultSainte-Marie pour défendre (ou attaquer) la frontière depuis l’île Manitoulin et Penetenguishene. Les chefs ont été couverts de cadeaux et d’argent, et Arthur leur a promis des terres en échange de leur engagement dans la guerre qui se profile74.

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T r a it é W e b s t e r- A s hburton (1842) Jusqu’en 1841, les raids patriotes sont courants et parfois meurtriers contre des loyalistes de la frontière et, jusqu’au traité de 1842, ils partagent toujours l’espoir de révolutionner les Canadas. L’un des épisodes les plus explosifs de ces dernières années de la crise est l’arrestation, en novembre 1840 à Lewiston, dans l’État de New York, d’Alexander McLeod accusé d’avoir participé à la destruction du Caroline. McLeod est un vétéran de l’armée impériale arrivé d’Écosse en 1825 au Haut-Canada, épicier de profession, mais surtout l’adjoint du shérif de Kingston au moment de l’opération contre le Caroline, et un informateur aux États-Unis pour le lieutenant-gouverneur Arthur – il n’a par ailleurs aucun lien de parenté avec son homonyme patriote. Les autorités impériales préviennent qu’en cas de condamnation et d’exécution de McLeod elles déclencheront la guerre. Les patriotes, de leur côté, envisagent d’utiliser cet évènement afin de forcer les deux puissances à entrer en guerre, l’éventualité d’assassiner McLeod étant même imaginée en cas d’acquittement. Les journaux patriotes comme The North American de Swanton commentent abondamment le procès en insistant sur ses enjeux, mais l’opinion publique s’empare aussi d’une question qui menace sérieusement la paix. Un correspondant du New World de New York, lui-même opposé à une guerre alors que le « bellicose spirit » se répand de nouveau, dénonce certaines manœuvres des autorités autour du procès et espère que les gouvernements « will take care to accomodate the difficulty in an honorable and amicable manner75 ». La dangerosité de cette affaire poussera le secrétaire d’État Daniel Webster à établir la Caroline Doctrine en 1842 afin de donner plus de pouvoir judiciaire aux autorités fédérales et de justifier, a posteriori, la violation territoriale par les Britanniques76. Tout comme lors de la crise du Maine, c’est le gouverneur de l’État de New York, le whig William Seward, un futur proche d’Abraham Lincoln, qui a entre ses mains la possibilité de déclencher la guerre, car le procès pour meurtre et incendie volontaire tombe sous la législation de l’État. Avant d’avoir pu instaurer la Caroline Doctrine, cette situation délicate pousse l’exécutif fédéral à interférer diversement afin d’éviter que cette situation ne dégénère. Au moment de la passation de pouvoir entre Van Buren, défait en 1840, et le 9e président des États-Unis, William Henry Harrison, il est par exemple envisagé de relâcher McLeod. Les patriotes s’interposent cependant sur-le-champ

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en se montrant publiquement menaçants, ce qui contribue à faire avorter cette tentative de sortie de crise. Les débats sont vifs au Congrès sur le cas du prisonnier, dont plusieurs membres espèrent ouvertement une condamnation. La nouvelle administration whig, en particulier Daniel Webster, veut toutefois éviter tout risque de conflit et collabore avec les Britanniques, même si certains préparatifs militaires sont entrepris en parallèle. L’ingérence fédérale ainsi que la coopération anglo-américaine sont particulièrement évidentes dans la nomination d’un conseiller juridique pour McLeod, Joshua Spencer, dont le titre officiel est « United States district attorney for the northern district of New York », et ce, même s’il est rémunéré par des fonds anglais. Le gouvernement fédéral est d’autant plus désireux de s’immiscer dans le procès que Webster rapporte, après une inspection à la frontière, la dangerosité de la menace patriote : « We should take all possible care that no violence be used on McLeod. If a mob should kill him, war will be inevitable in ten days77. » Le présumé incendiaire du Caroline est finalement jugé et acquitté à Utica en octobre 1841, puis escorté par l’armée jusqu’à la frontière. Tout comme lors de la pacification au Maine, une commission parlementaire est rapidement ouverte sur la nature de l’ingérence fédérale dans cette affaire. Le banquier anglais Alexander Baring (lord Ashburton), dont les investissements en Amérique du Nord sont colossaux, déplore une situation qui n’a que trop duré : « We are in a good deal of anxiety, for in spite of the pacific disposition of the two Governments, the border population may go to war and eventually involve the two countries78. » Selon lui et la plupart des dirigeants des deux empires, la raison d’État et celle du commerce doivent s’imposer et stabiliser un contexte où chaque incident peut faire basculer le fragile équilibre diplomatique, sans oublier que des épisodes parallèles, comme celui de l’Amistad, peuvent également déraper et mener à une guerre. Cette situation encourage les autorités britanniques à confier au banquier une mission spéciale en vue d’un accord pérennisant leur relation pacifique. L’une des caractéristiques du traité qui est finalement signé en août 1842 est d’avoir été négocié par un banquier (lord Ashburton) et un avocat et homme politique (Daniel Webster), qui a été dans le passé rémunéré par ce même banquier, ce qui fait dire à l’historien Stanley Ryerson que la pacification de la région est une solution adoptée par les grands milieux d’affaires anglo-américains, et à leurs profits79. Pour les vrais républicains, il ne fait aucun doute que les considérations économiques ont pris le dessus sur les principes politiques au sein de l’élite du pays,

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ce qui résulte à leurs yeux de la puissance du crédit anglais devenu clé dans le développement de la République américaine. Constatant l’ampleur de la complicité entre diplomatie et intérêts des grands capitalistes, le North American écrit dès 1839, amer : [T]hose commercial men who would willingly sacrifice the lives of their fellow citizens to add dollars and cents to their wealth, go hand in hand with the tories of Canada in justifying the ­desolation by fire and sword of her blood stained soil – the land of Chenier, Perrault and De Lorimier. We warn the American people to guard against this Trojan horse – this political engine, when its influence is brought to bear upon a single object it ­seldom fails in accomplishing the aim of those who manage the machinery, unless the people penetrate their designs80. Les patriotes sont unanimes à dénoncer la dure réalité géopolitique qui pousse les États-Unis à obtenir une respectabilité internationale par la voie d’une politique anglophile. « How could the American government conduct a war against England, extend commerce, or even increase domestic manufactures, with the purse strings of the treasury in the hands of capitalists, whether foreigners or Americans, who were opposed to the measure? » s’interroge le patriote Charles Duncombe quelques mois avant la signature du traité Webster-Ashburton81. Malgré leur force armée importante, qui ne pouvait cependant pas rivaliser seule contre les deux armées régulières, leur détermination et leur résilience devant les très nombreuses déconvenues militaires, les révolutionnaires voient leurs derniers espoirs s’envoler lorsque Webster et Ashburton parviennent à rétablir une relation diplomatique plus sereine en 1842. La guerre a débuté en novembre 1837 dans la région de Montréal, avant de se répandre instantanément au Haut-Canada, puis très vite aux territoires limitrophes au sud de la frontière, depuis l’océan Atlantique jusqu’aux Grands Lacs, régions troublées par diverses opérations militaires jusqu’en 1841. Tous ces évènements dessinent, ensemble, les contours d’une guerre d’envergure visant à forcer l’indépendance des Canadas et la fondation d’une ou de plusieurs républiques. Ces évènements ne forment toutefois pas un processus homogène, ce qui explique en partie le morcellement historiographique. Les entreprises et les stratégies militaires ont par exemple profondément évolué entre les premiers soulèvements et la guérilla qui a suivi les lourdes défaites patriotes de 1838. L’intensité

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du conflit n’a pas non plus été la même dans le Wisconsin, dans la péninsule du Niagara ou dans le « territoire disputé», tout comme il est possible de distinguer divers groupes de patriotes malgré leur objectif commun. Bien que l’active politique de neutralité menée par le président Van Buren et ses successeurs ait presque scellé le sort des révolutionnaires, il est évident que plusieurs épisodes, comme celui de Navy Island, de la guerre d’Aroostook ou du procès d’Alexander McLeod, ont été très proches de provoquer un affrontement général entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, et de créer ainsi un terrain sur lequel la tentative de révolution, donc la stratégie militaire patriote, aurait pu connaître un sort différent.

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6 République canadienne à « deux étoiles » [I]f any one of us were asked whether the patriots intend to form a ­separate republic or to be united with the federacy of these states ; what answer could be given? Abbé Chartier, février 18391

Cette question posée par Étienne Chartier à William Lyon Mackenzie au lendemain de l’échec du soulèvement de novembre et de décembre 1838 témoigne des incertitudes et de la désorganisation des révolutionnaires, mais aussi de l’évolution de leur réflexion puisque la p ­ ossibilité de créer une république distincte des États-Unis n ­ ’apparaît presque jamais dans le débat public antérieur à la prise des armes. Le chaos révolutionnaire, la remise en question d’un ensemble d’éléments structurels des sociétés euro-américaines, l’accélération du temps politique, mais aussi et surtout l’hostilité des autorités étasuniennes ont fait naître chez les patriotes un esprit frondeur aspirant à renouveler radicalement l’expérience républicaine en Amérique du Nord. À partir de 1838, et même si cela reste confus et hypothétique, l’émancipation patriote ne passe plus par une annexion aux États-Unis, devenus à leurs yeux le pâle reflet des travers européens, mais par une république propre aux Canadas, une république à « deux étoiles » qui reformulerait le modèle républicain. Signe de cette évolution, Mackenzie déclare en 1846 qu’il n’a « not a wish left to see Canada incorporated with this Union2 ». Les historiens insistent sur les distinctions qu’il nous faut garder à l’esprit pour interpréter la convergence transfrontalière du mouvement républicain canadien, mais ils ne se sont jamais penchés sur le projet de république à « deux étoiles ». Seuls quelques-uns notent que le drapeau à deux étoiles, hissé par exemple à Navy Island en

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décembre 1837 et à Napierville en novembre 1838, représente les deux Canadas. L’ambition de fonder une république des Canadas constitue aujourd’hui un véritable angle mort historiographique. Une première explication peut provenir de l’inexistence d’un document portant sur une telle république, mais ce silence apparent ne signifie pas l’absence de ce dessein qui a commencé à prendre forme avant la prise des armes, lorsque les patriotes des deux colonies se déclaraient « frères » et « concitoyens » d’un même pays. L’aspiration à établir une république des Canadas devient progressivement dominante en 1838, même s’il s’agit d’une aspiration mal définie, et peut-être irréalisable3. Selon toute vraisemblance, cette union créerait une fédération républicaine et non une prise de pouvoir des colons de l’une des deux entités sur l’autre, et elle se limite à ces deux colonies qui partagent un héritage commun plutôt qu’à l’ensemble des colonies britanniques d’Amérique du Nord. Les Fils de la liberté de Montréal rappellent à ce propos que la colonie du « Canada » a été divisée en deux en 1791, et ils réservent le terme « Canada » uniquement à ces deux provinces. La plupart des Étasuniens, à l’instar de la Democratic Review, ­analysent aussi le combat révolutionnaire comme celui des Canadas, sans être aveugles par rapport aux tensions nationalitaires qui y existent. L’histoire n’est toutefois pas limpide, car apparaît progres­ sivement un ensemble de désaccords stratégiques, politiques et ­philosophiques au sein des patriotes. Les révolutionnaires des Treize colonies avaient eu le temps de se réunir dans un congrès et d’y débattre deux ans avant d’écrire la Déclaration d’indépendance, ellemême proclamée plus d’un an après le début de la guerre. Les républicains canadiens n’ont pas pu mettre en place leur entreprise révolutionnaire comme ils l’envisageaient, à commencer par les deux conventions prévues pour décembre 1837, ce qui explique en grande partie le flou de leur projet, ou le fait que la république à « deux étoiles » ait aussi été imaginée dans le cadre d’une confédération continentale. En outre, les déclarations d’indépendance des deux Canadas ont été réalisées séparément. Un certain clivage entre Canadiens et Étasuniens se dessine également dans la tension entre les exilés et les Hunters, et l’espoir d’un amalgame des nationalités devient parfois source de division. La précarité matérielle de leur utopie est enfin évidente à partir de 1839, puisque leur révolution est devenue largement dépendante d’une guerre entre deux gouvernements qui se déclarent amis et s’entraident pour éviter l’affrontement4.

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C a n a d ie n s uni s Dès les premières semaines de la guerre, la collaboration des patriotes des deux Canadas est désordonnée, mais bien réelle ; une correspondance est entretenue, et certains plans sont esquissés. La Proclamation de Mackenzie sur Navy Island précise qu’ils « act in strong and regular concert with Mr. Papineau and the Lower Canadian Patriots5 ». Au même moment, Thomas S. Brown l’invite à venir se joindre aux « ­leading men of the two provinces in some central spot where we can establish our Government […] We want the name of a government6 ». Louis-Joseph Papineau, encore actif en décembre 1837, se présente alors comme le représentant des deux Canadas et évoque leur projet de gouvernement commun dans ses démarches. Les appels des patriotes se multiplient aussi dans les rangs pour mieux orchestrer les opérations sur les deux colonies, pour rédiger une déclaration d’indépendance et pour établir un gouvernement commun7. Un symbole fort témoigne de cette coopération et de cette aspiration à une indépendance conjointe, l’utilisation du drapeau flanqué des deux étoiles des Canadas, qui flotte dans les airs dès les premières semaines des combats. Lorsque les observateurs évoquent les couleurs patriotes à Buffalo à la veille de l’invasion de Navy Island, « leurs » couleurs, il s’agit déjà du tricolore orné des deux étoiles. C’est ce même étendard qui est formellement brandi par Mackenzie et Rensselaer Van Rensselaer sur l’île, sous le regard bienveillant des Bas-Canadiens. Les journaux étasuniens, y compris ceux qui s’opposent aux patriotes comme le Morning Herald de New York et le Madisonian de Washington, rapportent dès ces premières semaines que les ­révolutionnaires se rallient sous la « double starred banner » ou le « ­twin-starred tri-colored flag », même s’ils estiment que cet étendard reste blême comparé à celui de Sam Houston au Texas, la « lone star republic ». Pour le public étasunien comme pour les patriotes, c’est une guerre commune qui est engagée pour faire briller deux nouvelles étoiles sur le continent, qui s’ajouteront peut-être à terme à la « Starspangle-banner8 ». L’association des deux étoiles traduit une perspective politique, mais aussi une nécessité militaire, car les patriotes ont conscience, comme ils l’affirment depuis de nombreux mois, que seule cette alliance peut leur permettre de renverser les autorités britanniques. Former un ­gouvernement commun doit donc aussi structurer le front militaire, ce sur quoi Charles Bryant insiste dès qu’il arrive auprès des réfugiés

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bas-canadiens : « The two provinces must stand and fall together9. » Alors que Papineau et Edmund Bailey O’Callaghan tergiversent à leur arrivée sur le sol étasunien, c’est le Dr Cyrille-Hector-Octave Côté qui s’active pour doter les patriotes de cette structure militaire commune. Mackenzie se trouve alors sur Navy Island, et le médecin insiste sur l’importance de mener une opération militaire simultanée contre le BasCanada, « ou bien nous laisserons massacrer notre ami Mackenzie10 ». Le « Chairman » de la « république » haut-canadienne de Navy Island envisage de son côté, et même si leur gouvernement commun n’est pas encore établi, de diriger son armée vers Montréal dans le cas où les ­Bas-Canadiens ne réussiraient pas à s’organiser, donc de libérer les deux Canadas dans une même opération pour suppléer aux carences de l’armée de Papineau. Devant la solide position ­britannique, cependant, Mackenzie demande finalement aux Bas-Canadiens de coopérer afin d’élargir le front et de permettre à l’armée de Navy Island de tenter un débarquement. Signe des incertitudes et des inquiétudes qui circulent, il réclame de recevoir des nouvelles directement de Papineau ou ­d’O’Callaghan, qui demeurent discrets, et se dit à l’écoute de leurs propositions afin de contribuer à leurs efforts conjoints. Mais les tentatives pour coordonner le front pancanadien sont à ce moment condamnées par les hésitations et l’inaction des d ­ irigeants bas-­canadiens. La perplexité de Mackenzie quant à leur énigmatique stratégie est palpable dans sa réponse à Brown : « [T]o your suggestion of a central government, I do not know what to say to it. There is no force in L[ower] C[anada] to uphold a liberal government anywhere and there can be none till such  forces have assembled11. » Côté et Bryant réussissent néanmoins à mettre en place la société des Frères-chasseurs afin d’orchestrer les opérations. Le patriote venu du Maine continue ensuite vers Navy Island pour aider à mettre sur pied une organisation militaire commune et efficace. À la fin de février  1838, une réelle coordination soutient leur offensive sur ­l’ensemble de la frontière, même si leur front commun est toujours miné par un ensemble de désaccords et d’incompréhensions qui s’ajoutent à d’évidentes difficultés logistiques et matérielles. À la veille de se retirer de l’invasion lancée sur Hickory Island, Mackenzie accuse ainsi Papineau d’avoir non seulement abandonné la lutte, mais surtout d’avoir œuvré contre les patriotes et refusé toute forme d’aide. Plusieurs, comme Brown, déplorent non seulement l’absence d’un « concentrated government » permettant d’impulser la révolution, mais aussi le manque d’efficacité des chefs qui n’arrivent pas à tirer profit

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des ressources importantes mises à leur disposition. Divers ­projets circulent parallèlement pour établir cette structure commune aux deux Canadas, ce qui complique l’établissement d’une stratégie ayant de réelles chances de réussite. Pourtant, tous s’accordent sur l’importance de créer « one general cause12 ». Malgré ces difficultés, de nombreux patriotes persévèrent dans cette voie, convaincus que cette convergence est vitale pour leur succès. La réunion de la mi-mai à Saint Albans au Vermont témoigne de ces efforts, puisque y participent Robert Nelson, Cyrille-Hector-Octave Côté, François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier, mais également Donald McLeod, venu pour diffuser la société des Frères-chasseurs à l’ouest, et Charles Bryant, qui l’exporte au Maine. Lors de la vague d’invasions contre le Haut-Canada de juin et juillet 1838, Théophile Dufort est de nouveau envoyé sur le front ouest. Nelson est alors en communication avec McLeod et tente d’organiser, enfin, une attaque simultanée contre le Bas-Canada dans laquelle Bill Johnston serait intégré : « J’espère que le Haut-Canada pourra tenir bon quelques semaines de plus, seulement quelques semaines, et l’on pourra alors lui prêter main-forte13. » Ce ne fut pas le cas. La communication entre Nelson et les Hunters de Cleveland est ensuite régulière pour préparer le soulèvement général de novembre 1838, même si le succès est une fois de plus très mitigé. Néanmoins, comme annoncé à la veille de la révolution, les colons des Canadas unissent leurs forces pour élever deux nouvelles étoiles dans le ciel républicain14. Au-delà des opérations militaires et des balbutiements politiques, leur coopération prend différentes formes. Certains organismes charitables sont fondés. O’Callaghan, Papineau et Mackenzie forment ainsi à New York, durant le printemps 1838, le Committee of Supply pour tenter d’influencer et de convaincre les élus américains de soutenir l’indépendance canadienne. Les Bas-Canadiens E.-B. O’Callaghan et John Ryan père travaillent pour la Mackenzie’s Gazette, puis pour The Volunteer de Mackenzie, et Robert Nelson y envoie aussi certaines correspondances. Les patriotes agissent comme agents les uns pour les autres, Mackenzie étant par exemple celui du Patriote canadien de Ludger Duvernay et du North American de Swanton, quand Louis Perrault et Amédée Papineau le sont pour lui. En juillet 1838, c’est d’ailleurs Mackenzie qui essaye de réconcilier Papineau et Nelson. Un autre fait illustre cette collaboration : en novembre 1838, simultanément à l’offensive des armées patriotes sur les deux colonies, Mackenzie et Duvernay, accompagnés d’autres patriotes et de Locofocos, se

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joignent à l’effort de guerre et organisent plusieurs réunions publiques à New York. L’ancien éditeur de La Minerve envisage alors de fonder un nouveau journal pour accompagner l’offensive militaire, La révolution canadienne, qui ne verra semble-t-il jamais le jour15.

«  P a p in e au n o u s a a bandonnés » L’une des principales raisons de leur difficulté à créer une organisation efficace, sans être la seule, découle de l’inaction de plusieurs leaders, dont Louis-Joseph Papineau, la grande figure du patriotisme canadien. Pendant que de nombreux observateurs dissertent sur les mouvements militaires à la frontière haut-canadienne, L’Estafette de New York s’interroge dès le 26 janvier 1838 sur l’absence d’opérations au BasCanada, car l’armée britannique s’est massivement déplacée dans la colonie anglophone, ouvrant la voie à une ambitieuse opération contre Montréal. Le journal new-yorkais se fait l’écho de questions que se pose alors l’ensemble des exilés : que fait Papineau, chef incontesté d’une révolution pour laquelle des milliers d’hommes prennent les armes ? Pourquoi la présidence de la République du Bas-Canada revient-elle finalement à Robert Nelson ? Il n’existe pas de consensus historiographique sur le retrait de Papineau, et aucune étude ne s’est penchée sur Nelson, un député plutôt discret du Parti patriote dans les années 1830. La plupart des historiens adoptent globalement une interprétation complaisante envers Papineau et restent laconiques sur cet épisode, qui a pourtant un impact majeur sur la guerre. Deux causes principales semblent néanmoins s’imposer pour expliquer son retrait : la volonté de préserver ses propriétés, notamment sa seigneurie menacée par le radicalisme ambiant comme la répression britannique, et surtout la difficulté de mener une telle entreprise en opposition aux autorités des États-Unis. Si certains exilés s’accordent avec Papineau sur la nécessité d’abandonner les opérations révolutionnaires, une importante partie d’entre eux souhaite toujours saisir l’occasion pour forcer l’indépendance des Canadas, et les bataillons attendent ses ordres impatiemment durant les premières semaines de la guerre. Après l’expédition de Moore’s Corner, le député Étienne-Édouard Rodier évoque le « silence mortel » qui règne, alors que Brown, ostensiblement désabusé, exprime ouvertement son impatience : « The Navy Island affair should make us blush at our own inactivity16. » On presse Papineau d’établir un plan et de préparer une déclaration d’indépendance, on lui demande de se rendre

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à Plattsburgh, qui est le lieu de rendez-vous pour structurer le mouvement, et on le prévient rapidement qu’il a été « décidé à ne plus demander d’avis, mais bien à solliciter la coopération des bons amis du pays », ce qui signifie franchir la frontière pour déclarer l’indépendance avec ou sans lui17. « We are losing a most glorious opportunity of striking a decisive blow », constate un Bryant dépité puisque les volontaires et les armes sont disponibles18.  La division éclate le 2 janvier 1838 lors d’une réunion générale à Middlebury, au Vermont. Papineau s’y est rendu sans réelle volonté de poursuivre la révolution, mais sans pour autant l’annoncer clairement à ses compagnons d’exil, puisque ces derniers espèrent jusqu’à la fin du mois qu’il reste à la tête des opérations et de la future république, ou ne veulent pas croire qu’il puisse se mettre en retrait à ce moment critique19. Tout comme les patriotes haut-canadiens qui se déclarent trahis par Marshall Bidwell et le Dr John Rolph, qui refusent également de s’engager plus avant dans la révolution, Papineau et Denis-Benjamin Viger deviennent la cible de la colère des exilés qui veulent persévérer. « Aux armes, implore Côté. Pour l’amour de dieu et de l’humanité j’espère qu’il n’entre pas dans la tête de qui que ce soit de laisser là les affaires de notre pays20. » En gardant ce qu’ils nomment l’« incognito », c’est-à-dire en ne se manifestant pas publiquement, Papineau refuse de faire des démarches coordonnées afin d’influencer l’opinion publique et de tenter de convaincre les dignitaires de la république, ce que ses compagnons d’exil attendent au moins de lui21. Ils le blâment, car sa position affaiblit la révolution et ampute le mouvement de sa figure tutélaire. Papineau étant jugé ­responsable de la situation, son départ est vécu comme un abandon. Les critiques restent privées dans un premier temps pour ne pas nuire à la cause, mais dans le contexte acrimonieux d’une guerre qui ne se déroule pas comme dans les livres d’histoire, elles deviennent virulentes contre le « grand agitateur » traité de « lâche » et de « poltron ». Nelson écrit, avant de prendre la tête du mouvement bas-canadien : « Papineau nous a abandonnés pour des motifs d’égoïsme et de famille, concernant les seigneuries, et pour son amour invétéré des mauvaises vieilles lois françaises […] c’est un homme bon seulement pour la parole, mais aucunement pour l’action22 . » Les symboles sont forts : à la fin de février 1838, alors que des patriotes proclament solennellement la naissance de la République du Bas-Canada, Papineau s’est volontairement éloigné de la frontière et cherche à se distraire à Philadelphie, se perdant notamment dans les

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milliers d’ouvrages de la bibliothèque comme pour oublier la révolution et ses misères. Ces quelques semaines marquent un tournant dans la carrière de Papineau, qui devient la cible de virulentes critiques publiques. Par exemple, en décembre 1838, l’éditeur de L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, stupéfait de son opposition désormais ouverte aux patriotes toujours en armes, écrit : « Quelque soit les motifs de cet homme [n]ous ne pouvons le juger que d’après ses actes et, il faut le dire, il n’en est pas un qui ne le couvre pas d’infamie23. »  Dans la confusion de cette crise interne, c’est le Dr Robert Nelson qui prend la tête du mouvement. Médecin de réputation internationale, et accessoirement proche de la famille Papineau à Montréal, il n’est pas le patriote le plus exubérant, mais exprime souvent la radicalité de sa vision politique. Nelson est brièvement emprisonné à la fin de novembre 1837. Il hésite alors à se mettre en retrait, mais il est poussé et sollicité par les réfugiés, y compris par des proches de Papineau comme E.B. O’Callaghan et Louis Perrault, à s’engager pleinement dans la guerre, puis à accepter la lourde tâche de mener à bien une révolution mal engagée. Malgré sa notoriété et le grand respect dont il jouit au sein des patriotes, Nelson est fréquemment moqué ou  ­dénigré par les historiens, par principe plus que sur des éléments historiques tangibles d’ailleurs24. Il est en réalité le seul député patriote historique, élu à Montréal depuis 1827, en vie, libre et souhaitant poursuivre la révolution, ce qui explique ce choix bien qu’il soit loin d’avoir l’aura de Papineau. Sur un plan plus personnel, il déclare à maintes reprises s’être porté à la tête de la révolution pour secourir son frère, Wolfred, alors prisonnier au Bas-Canada. La Democratic Review, qui soutient davantage la ligne de Papineau, souligne que Nelson s’est engagé « by urgent and influential ­invitations which he received from the country itself – he being the only person on the frontier whose name was deemed of sufficient p ­ opularity for the purpose25 ». Son accession à la tête de la révolution témoigne ainsi d’un certain processus démocratique, dans la mesure où il reconnaît le poids politique des habitants et accepte la volonté des exilés. O’Callaghan rappelle en ce sens à Mackenzie que seuls ceux qui sont avec les habitants ont un quelconque pouvoir, ce qui reste une réalité au moins jusqu’en 183926. Le penchant de Nelson pour un républicanisme radical ne fait pas non plus de doute pour les révolutionnaires. « The people should be thought of first, affirmait Nelson lors d’un discours de campagne pour l’élection de 1834, for the country belonged to the people (Loud

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cheers)27. » Selon la déposition d’une domestique de Papineau, il est présent aux réunions où l’on planifie une future prise de pouvoir et fait donc partie du petit cercle dirigeant le mouvement révolutionnaire. Quelques semaines avant la prise des armes, il encourage ­d’ailleurs les Fils de la liberté à se soulever, à moins qu’ils ne se sentent pas prêts à donner leur vie pour la cause. Lors de la grande assemblée publique patriote de Montréal de juin 1837, il explique clairement que le peuple ne doit plus rien attendre du régime impérial et que l’élection du Conseil législatif « n’est plus rien dans l’affaire ». Il ­s’affirme également à cette occasion en adversaire des droits seigneuriaux, avant de se faire escorter en triomphe jusqu’à son domicile. Le changement de visage de la révolution canadienne, avec le retrait de Papineau et Rolph notamment, correspond donc aussi à un virage politique radical28.

L ’ é to il e du B as-Canada Malgré son importance historique, la Déclaration d’indépendance de la République du Bas-Canada ne possède qu’une place très secondaire dans l’historiographie, seule une poignée d’études consacre plus d’un paragraphe à ce texte. Son caractère radical et démocratique, c’està-dire l’expression de principes sociaux « avancés », « moins élitistes », « avant-gardistes », structurant une profonde « transformation sociale », est cependant régulièrement mentionné par les historiens. Le silence sur le caractère bilingue de la république en construction est par contre récurrent. Par rapport au discours du Parti patriote, seule la rupture avec les pratiques de l’Ancien Régime pourrait justifier cette marginalisation historiographique. Cependant, comme le précise Stanley Clark, l’abolition du régime seigneurial est conforme aux vœux de nombreuses assemblées populaires de 1837. La Déclaration d’indépendance signée par Nelson a été reconnue comme légitime en 1838 puisque, après avoir circulé à partir de février à travers le Bas-Canada et les États-Unis, jusqu’à New York, à La Nouvelle-Orléans et au Missouri, elle a mobilisé un vaste soulèvement en novembre. Ce do­ cument est donc incontestablement une réponse aux aspirations de milliers d’habitants prêts à prendre les armes pour voir l’application des principes qu’il contient29. Tout comme la Déclaration d’indépendance de 1776 et la proposition de constitution pour l’État du Haut-Canada, le texte commence par un argumentaire démontrant la politique oppressive de l’Empire

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britannique qui « viole nos droits les plus chers ». Cette réalité légitime une révolution devant établir « l’empire de la justice » et « la tranquillité domestique », promouvoir le « bien général » et assurer « la liberté civile et religieuse ». Le préambule de la constitution pour l’État du Haut-Canada est repris presque mot pour mot. Le texte signé par Nelson est loin d’être aussi précis que la proposition de constitution haut-canadienne, résultat du désordre interne que nous avons souligné et qui se lit dans le document original lui-même, puisque des fautes de frappe, et même d’orthographe, parsèment une déclaration imprimée sans caractères d’imprimerie français. Le document n’a pas vocation non plus d’être une constitution, et il est précisé que celle-ci sera établie « dans le délai le plus court possible », lorsque des représentants élus par le peuple se réuniront pour constituer « une Convention, ou Corps Législatif, afin de baser et d’établir une Constitution […] conformément aux dispositions de cette Déclaration, sujette à être modifiée selon la volonté du Peuple » (art. 15). Le texte est donc avant tout l’annonce de grands principes, « the broad principles of civil and ­religious liberty and of equal rights », selon les commentaires ultérieurs de Côté, accompagnés de quelques dispositions pratiques30. La nature républicaine du futur régime est affirmée dès le deuxième article, juste après avoir déclaré l’indépendance du Bas-Canada (article 1). Nelson, entouré d’un gouvernement, en est le président provisoire. Si nous avons peu de précisions sur les institutions imaginées, il est précisé qu’une « Législature du Bas-Canada », puis une « Législature de l’État du Bas-Canada » aura la charge d’établir les dispositions de la Déclaration (art. 8, 10 et 12). Comme au HautCanada, la « Législature » est donc l’institution centrale du futur régime, plus que la branche exécutive ou le gouvernement provisoire. C’est d’ailleurs un « Corps législatif » élu, une « Convention », qui possédera l’autorité d’établir la loi suprême du futur État (art. 15). La culture républicaine nord-américaine se lit également dans certaines dimensions esquissées, telles que la mise en place des procès par jury (art. 12) et la liberté de la presse (art. 11). Mais le texte fondateur de cette république innove radicalement sur certaines mesures, par exemple sur l’adoption du vote à bulletin secret (art. 14). Cette disposition est aussi présente dans le projet de constitution des Haut-Canadiens, mais elle n’est pas encore adoptée aux États-Unis, encore moins aux Canadas, et constitue une avancée ­démocratique notable du principe représentatif. Il est en outre décidé ­d’abolir la peine de mort, excepté en matière de meurtre (art. 9), alors

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qu’aucun État étasunien, par exemple, n’a alors pris une telle mesure et que cette résolution n’est pas non plus présente parmi les quatrevingt-un articles de la proposition de constitution pour le ­Haut-Canada. Le droit à l’éducation est également proclamé (art. 13), question sur laquelle les vrais républicains sont particulièrement engagés, alors qu’il est seulement sous-entendu dans la constitution pour le Haut-Canada et absent de la Déclaration d’indépendance des États-Unis comme de leur Constitution. En accord avec la ligne politique de Côté et de Nelson avant la prise des armes, le texte retranscrit aussi leur esprit libéral et leur méfiance envers les détenteurs de capital et les « monopoleurs ». La révolution agraire qu’ils souhaitent mettre en place est bien plus radicale que celle de 1776 puisque l’ensemble des droits seigneuriaux sont abolis sans compensation, ce qui n’a pas été le cas aux États-Unis. Leur inclination libérale et antiseigneuriale se trouve aussi dans l’établissement d’un registre officiel en matière de transactions immobilières afin de réguler ces échanges (art. 10), une disposition qui a longtemps été rejetée par le Parti patriote. Au même titre que la proposition de constitution présentée dans The Constitution de Mackenzie en novembre 1837, la nouvelle autorité prend possession sans contrepartie des terres « dites de la Couronne », de celles de la réserve du clergé et de celles possédées par « une certaine compagnie de spéculateurs en Angleterre, appelée “Compagnie de[s] Terres de l’Amérique Britannique du Nord” » (art. 17). Il s’agit donc d’une attaque frontale contre les privilèges aristocratiques du régime impérial et ses « monopoleurs », mais profitable aux colons qui conservent leur droit de propriété dans ce processus d’expropriation. L’une des particularités de la Déclaration d’indépendance du ­Bas-Canada porte sur une question très débattue à l’heure du développement de la société commerciale, l’emprisonnement pour dette, pratique que les patriotes bas-canadiens interdisent, sauf pour fraude évidente (art. 8). Cette dimension est absente de la constitution ­présentée par Mackenzie, critiquant pourtant lui-même cette pratique, mais elle a été abolie aux États-Unis sur le plan fédéral en 1833 sous l’impulsion des vrais républicains comme les Working Men’s Parties, et laissée à l’appréciation des États. Il ne s’agit pas d’une tentative des patriotes de limiter l’expansion de l’esprit commercial, mais de protéger les petits débiteurs tout en s’attaquant aux privilèges des plus fortunés, notamment les banques qui devront désormais justifier leur manipulation du crédit31.

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S’ils réduisent de façon draconienne les distinctions entre les hommes en faisant disparaître toute forme de cens électoral, les patriotes instaurent aussi une hiérarchie des sexes manifeste, en conformité avec les pratiques de la république voisine. Les femmes ne pouvant pas participer à l’élection des délégués ayant la tâche d’établir la future constitution (art.16), elles sont donc exclues du corps des citoyens actifs, perdant un droit de vote qu’elles utilisent depuis 1791. Cette perte de droits déborde du seul cadre politique puisque les révolutionnaires abolissent également le douaire coutumier, une pratique héritée de la Coutume de Paris et qui leur est favorable (art. 8)32. Pourtant, Stephen Smith a récemment souligné qu’elles ne se sont pas cantonnées au rôle d’auxiliaires soumises et passives. Côté et Ryan glorifient et sous-entendent en ce sens, dans leur « Histoire du Canada », l’importance jouée par les femmes durant ces années de crise, y compris lors des opérations militaires : Perhaps we shall not find in the course of our history, a more appropriate place to bestow on female patriotism, that tribute of praise which it so richly merits in the records of the Canadian insurrection. On many occasions the Canadian females displayed such feats of valor as would have immortalized a Roman or Grecian lady. They often surpassed the men in devising ­expedients to elude the vigilance of the tories, and even when their ­husbands and brothers were disheartened and despairing, they cheered them on to renewed efforts by their own heroic examples. We might cite instances of female bravery, unsurpassed in the annals of history, but it would exceed the limits of our work, we must leave their noble deeds to be recorded when Canada shall become disenthralled and free33. Plusieurs mesures font aussi écho à l’amalgame des nationalités que les patriotes veulent réaliser, à commencer par la fin de la hiérarchisation des religions grâce à la mise en place de la liberté de culte, ainsi que de la séparation de l’Église et de l’État (art. 4). En jumelant cette laïcité avec l’affirmation du droit à l’éducation publique, ils réduisent donc radicalement la place des clergés dans la sphère publique bas-­canadienne. La Déclaration instaure par ailleurs la coexistence des langues française et anglaise « dans toutes les matières publiques » de l’État du Bas-Canada (dix-huitième et dernier article). Alors que la Louisiane a supprimé le bilinguisme de sa constitution en 1812, les patriotes bas-canadiens souhaitent au contraire permettre aux « jeunes fils d’Albion » et aux

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« vieux enfants de Normandie » de former ensemble la nouvelle nation évoquée à la veille de la révolution34. La Déclaration d’indépendance est enfin remarquable dans son ambition d’amalgamer les EuroCanadiens avec des nationalités non européennes. Ils vont en effet plus loin que leurs voisins du Haut-Canada qui annoncent uniquement vouloir protéger les droits territoriaux autochtones, sans parler des États-Unis et de l’Empire britannique pour qui de telles mesures sont inconcevables, car la République du Bas-Canada intègre les membres des Premières Nations dans la cité. Il s’agit là d’une disposition unique dans l’ensemble du mouvement de ­décolonisation des Amériques au XIXe  siècle, même si cette apparente démocratisation signifie aussi une assimilation politique : « sous le Gouvernement libre du BasCanada, toute personne jouira des mêmes droits, les Sauvages35 cesseront d’être sujets à aucune disqualification civile [quelconque], et jouiront des même[s] droits que les autres citoyens de l’État du BasCanada » (art. 3). Cet article contraste néanmoins avec les politiques impérialistes euro-américaines en faisant écho à certaines voix qui appellent à une égalité formelle et, le plus souvent, au respect de certains de leurs droits36. Contrairement à plusieurs retranscriptions37, le texte initial de la Déclaration d’indépendance mentionne le Haut-Canada, identifie un seul et unique « peuple » pour les deux Canadas, rappelle leur héritage mais aussi leur combat commun, et reprend les mots introductifs de la constitution présentée aux Torontois en novembre 1837 : « Vu que le pacte solennel fait entre le Peuple du Haut et du Bas-Canada [avec le Royaume-Uni]. » Et tout comme dans le texte de leurs congénères, les Bas-Canadiens utilisent une expression commune aux constitutions des différents États d’Amérique du Nord : « NOUS, au nom du Peuple du Bas-Canada. » La formulation diffère cependant de l’expression consacrée qui réfère au peuple d’un « État » (au sein d’une fédération), mais la « république » est aussi régulièrement nommée l’« État » du Bas-Canada (art. 3, 12 et 17), et une fois « l’État du Canada » tout court. La Proclamation de Nelson qui accompagne la Déclaration d’indépendance est également émise « par ordre du gouvernement provisoire de l’État du Bas-Canada », ce qui semble faire référence à un régime fédéral. Du moins, comme Côté le précise en 1841, le résultat de la révolution aurait été soit une annexion aux États-Unis, soit un « État indépendant », et la Déclaration d’indépendance témoigne de ces incertitudes en laissant planer un certain flou sur les contours de l’avenir républicain au Bas-Canada38.

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R é p u b l iq u e à d e ux étoi les L’ambivalence de la Déclaration d’indépendance du Bas-Canada est somme toute compréhensible puisque aucune structure politique pancanadienne n’a été formellement instaurée en février 1838, alors que les autorités étasuniennes ont parallèlement et clairement affiché leur opposition à la révolution. D’ailleurs, dans sa Proclamation de Navy Island, Mackenzie glorifie la révolution de 1776 et proclame l’existence de l’État du Haut-Canada, mais il déclare aussi vouloir établir « a new and gallant nation » en brandissant le tricolore aux deux étoiles39. En même temps que le gouvernement de Van Buren, le Congrès et une partie notable des journaux du pays s’opposent de plus en plus violemment aux patriotes. Ces derniers, qu’ils soient sujets britanniques, citoyens étasuniens ou d’une autre nationalité, évoquent progressivement la mise en place d’une nouvelle forme de république. Côté, parmi d’autres, répète que les patriotes du Haut et du Bas-Canada défendent un même étendard, le « twin starred banner of Canadian freedom40 ». Un seul et même drapeau signifie donc une seule et même cause, et vraisemblablement un destin commun. Cette prise de distance vis-à-vis des États-Unis qui ont prouvé leur anglophilie se répand aussi aux Canadas. Il n’y a plus de confiance à accorder au gouvernement de Washington, selon Le Fantasque de Québec, et la solution se trouve aux yeux de son éditeur dans l’union de toutes les colonies britanniques pour former une société nouvelle : « Je fais la proposition d’un plan général de gouvernement sous lequel pourront vivre à l’aise les populations les plus contraires dans leurs habitudes, leurs usages, leurs langues, leurs religions et leurs lois41. » La possibilité de créer une république à deux étoiles n’est pas apparue ex nihilo en 1838 ; elle prolonge les liens noués depuis plusieurs années qui ont créé les conditions de son assentiment dans l’opinion publique. Le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, Francis Bond Head, a ainsi ouvertement œuvré pour combattre le dessein qu’il attribue à Marshall Bidwell et Louis-Joseph Papineau d’imposer dans l’imaginaire collectif le principe que les colons des Canadas ne forment qu’un peuple, uni contre l’empire. La proposition de constitution haut-canadienne comme la Déclaration d’indépendance du Bas-Canada évoquent d’ailleurs de concert « un peuple » des deux Canadas, et la Déclaration des patriotes de Toronto de juillet 1837 suggérait déjà l’organisation d’une convention commune, une possibilité qui a largement circulé. Avant l’éclatement militaire, Papineau évoque auprès de Wolfred Nelson que le plan

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révolutionnaire est conjoint aux deux Canadas, avec la possibilité de rédiger une constitution commune pour former deux entités autonomes. Selon les récits patriotes, des drapeaux appelaient à l’union des deux Canadas parmi la foule réunie à la convention de Saint-Charles et, au lendemain de celle-ci, Le Populaire de Montréal se moque publiquement du projet de république des deux Canadas, confirmant donc la circulation de l’utopie dans la discussion publique. On en parle même jusque dans les journaux new-yorkais, comme le Daily Budget qui qualifie de « crédules » ceux qui pensent qu’une république des Canadas indépendante de Washington n’est pas envisageable, ajoutant qu’il s’agit alors de la question la plus importante du Nouveau Monde42. La réalité militaire et géopolitique, donc l’adversité de Washington, accélère le processus durant la guerre. Au printemps 1838, une Address of the delegates of the convention of the Republic of North America to the People of the United States circule par exemple parmi les exilés. S’ils affilient la révolution canadienne à celle de 1776, déclarant par exemple qu’ils veulent mettre en pratique les droits proclamés par le Congrès américain en 1774, ces « délégués » annoncent l’établissement d’une nouvelle république indépendante, au point d’insister pour « prevent war between the two republics43 ». La tendance est confirmée par les défaites de novembre 1838, qui poussent les Canadiens en exil à se réorganiser et à réimaginer leur avenir. Nouveau secrétaire du gouvernement provisoire pour le Bas-Canada, l’abbé Étienne Chartier s’efforce de clarifier les contours institutionnels de la république pour laquelle ils se battent. La question ne porte pas sur les principes politiques, la Déclaration d’indépendance les ayant proclamés, mais sur l’étonnante réalité que, « after fifteen months of revolution, the bases of the organization of the future government for both provinces are not yet agreed upon by the patriotic body of both provinces ». Il propose par conséquent à Mackenzie d’œuvrer à la mise sur pied d’une « confédération » des deux Canadas, divisée en « cantons » équivalant à des « États » : « Let us agree on the plan of a future government for both provinces, let that constitution be agreed upon and subscribed by the leaders of both Canadas44. » Même si le projet politique n’est qu’embryonnaire, la représentation des deux étoiles est alors très présente dans l’opinion publique. Un poème intitulé « The Stars of Canada », publié initialement dans le Lewiston Telegraph de l’éditeur haut-canadien en exil Samuel Hart, et repris notamment par le North American dirigé par d’autres exilés canadiens, décrit par exemple la création d’une « nation » composée de ces deux étoiles:

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Twin Stars of glory and of fame, Shine brighly on forever now, ‘Mong nations fix thy noble name, With vict’ry crown’d upon thy brow Thro’ time’s wide bound still hold your way, Live brilliant Stars of Canada45 Outre Mackenzie qui brandit l’étendard aux deux étoiles à Navy Island avant de reprendre l’image dans sa Gazette, ou Côté qui y fait régulièrement référence dans son journal, on trouve l’idée chez plusieurs des principaux artisans de la révolution. Charles Bryant utilise la représentation des deux étoiles lorsqu’il considère que l’invasion du Bas-Canada « must have been successful » si les offensives avaient été simultanées ; « the “twin stars” of Canada would at this time be waving in triumph in Montreal, Kingston and Toronto46 ». À l’autre extrémité du front, à Detroit, Edward Theller se défend lors de son procès pour avoir contrevenu à la loi sur la neutralité en soulignant qu’il s’est battu pour la révolution des Canadiens, pour leur république et leur drapeau : « Let but the Canadians raise their banner themselves to-morrow, on the opposite shore – let them loosen their tri-colored stripes and the twin stars of liberty to the breeze, and I will join them, and fight, and die, that flag defending47. » La représentation des deux étoiles est aussi présente dans l’un des documents les plus connus de la Rébellion au Bas-Canada, le testament politique de Chevalier de Lorimier rédigé la veille de son exécution : Je ne désirais que le bien de mon pays dans l’insurrection, et son indépendance […] Le paisible Canadien verra renaître le bonheur et la liberté sur le Saint-Laurent; tout concourt à ce but, les e­ xécutions mêmes, le sang et les larmes versées sur l’autel de la patrie arrosent aujourd’hui les racines de l’arbre qui fera ­flotter le drapeau marqué des deux étoiles des Canadas48. Les voix se multiplient au cours de la guerre pour décrier la République américaine et se distancier d’une possible annexion, mais les « deux étoiles » sont aussi souvent associées à une fédération des républiques nord-américaines, et même explicitement aux États-Unis. L’étendard comportant les deux étoiles est ainsi souvent accompagné de l’aigle américain. Chartier, tout en estimant qu’il est nécessaire d’établir une république des Canadas indépendante, ne condamne pas

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non plus l’idée d’une union dans une fédération continentale, se contentant de douter de ses bénéfices « in the present state of government feelings ». À l’assemblée publique de Cape Vincent dans la région des Mille-Îles, tenue durant l’été 1838, on célèbre la république à deux étoiles et sa future association aux États-Unis : « [M]ay the time soon arrive when it shall be reared never again to be lowered except it be to comingle with the stars & stripes49. » Ces patriotes, nombreux étant réfugiés du Haut-Canada, n’excluent donc pas l’éventualité d’intégrer la république des Canadas aux États-Unis. Dans son livre publié en 1841, Donald McLeod défend lui aussi l’idée d’une fédération continentale sous les institutions des États-Unis, « one great, whole, and happy republic », dans laquelle s’intégrerait la république de deux Canadas désignée comme telle. La perspective est finalement similaire à celle du North American, dont les critiques contre l’administration de la République américaine et ses régulières mentions de la république à deux étoiles n’empêchent pas les éditeurs de se considérer comme « Américains » et de soutenir l’idée d’une inévitable république unie à l’échelle du continent50. Indice du flou politique et de l’ambivalence patriote, la nature du cadre fédératif des États souverains qu’ils espèrent créer aux Canadas demeure donc indécise durant la guerre, même si l’exemple du Texas démontre qu’il s’agit avant tout d’une question qui se réglera une fois la révolution victorieuse. Nous pouvons néanmoins discerner une réelle évolution entre les mois qui ont précédé la prise des armes, lors desquels l’annexion à la République américaine était présentée comme la principale voie du bonheur pour les Canadas, et les mois de guerre au cours desquels la situation géopolitique les a contraints à relativiser leurs croyances et à se pencher sur la possibilité d’une république distincte. Ce processus est loin d’être linéaire, y compris à la tête de la révolution, comme le fait remarquer l’abbé Chartier. Après les premiers mois de l’affrontement, Washington n’a de son côté pas de doute sur le fait que les patriotes ne s’allieront pas aux États-Unis en cas de guerre contre les Britanniques, et qu’ils prendront les armes pour fonder leur propre gouvernement51. Si les patriotes sont ambivalents sur cette question c’est peut-être aussi qu’elle n’est pas la plus urgente, car, dans tous les cas, il s’agirait de deux États républicains souverains libérés du joug britannique. Ils sont cependant bien plus loquaces sur leurs principes républicains ou sur certaines décisions structurantes, comme l’abolition du régime seigneurial et l’interdiction des chartes.

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C o s m o p o l it is m e e t ses li mi tes L’amalgame des nationalités tant loué à la veille de la révolution continue d’animer le discours patriote une fois la guerre engagée. Un certain nombre de patriotes canadiens ont d’ailleurs été citoyens étasuniens, comme Charles Duncombe et Samuel Lount au Haut-Canada, voire les frères Bidwell qui ont animé le mouvement réformiste dans les années 1830, et Jacob De Witt, John Ryan et les républicains des Eastern Townships au Bas-Canada. Dès les premiers jours de la guerre, au cours des invasions de Moore’s Corner et de Navy Island, des citoyens participent aux combats aux côtés des Canadiens. L’ambassadeur britannique à Washington souligne aussi rapidement qu’il y a d’autres nationalités engagées dans le combat, ce qui se vérifie tout au long de la guerre. Les exemples des officiers français et polonais sont connus, la participation allemande l’est moins. Stephen Molitor, l’éditeur du journal allemand de Buffalo Der Weltburger, informe en effet Mackenzie que les patriotes allemands de Philadelphie (le soutien est le même à New York), qui ont participé à une tentative de révolution en Europe et qui ont été membres d’associations patriotiques en France, en Suisse, en Allemagne et en Angleterre, désirent se joindre à la révolution canadienne pour défendre l’« equality of rights in all their conditions of life ». Un hymne des patriotes canadiens écrit sur l’air de La Marseillaise, entonné tout le long de la frontière, fait écho à cette génération de révolutionnaires voyageant au gré des aléas politiques de l’espace atlantique. « La révolution n’a pas, selon nous, pour cause une mesquine jalousie de peuple à peuple, de français à anglais», ainsi que l’explique l’éditeur de L’Estafette de New York, Henry D. Robinson, lui-même originaire d’Angleterre : « [T]ous ses enfan[t]s, à quelque sang qu’il appartient, ne formeront plus qu’un seul peuple52. » La révolution américaine offre une source d’inspiration à cet égard, les exemples de La Fayette et des autres rebelles venus d’Europe pour aider les Treize colonies à renverser la Couronne britannique sont régulièrement glorifiés. Ces figures servent à justifier la révolution canadienne elle-même, mais aussi à encourager la participation des citoyens de toutes les origines. Au dire des Étasuniens, leur engagement est souvent le résultat de ce qu’ils considèrent être une solidarité historique et naturelle, « repaying the debt of gratitude which [our] country had incurred to Lafayette », selon les habitants de Rochester. Bryant appelle ainsi ses compatriotes à se joindre à l’armée patriote mobilisée contre leurs « conquérants » britanniques, en soulignant que

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les Européens ont fait la même chose en 1776. L’essence cosmopolite du front patriote se retrouve dans l’armée constituée par Donald McLeod sur la frontier au sud des Grands Lacs, où nous savons que les Métis du French Corridor étaient également agités : en plus des « ­yankees », nous y comptons des membres des Premières Nations, des Irlandais catholiques, des Canadiens français et des Hollandais. Dans un contexte de déformation et de reformation des identités collectives, le major général Winfield Scott en vient même à utiliser le terme « Canadian Patriots » pour tous ceux qui se joignent à la révolution, y compris ses compatriotes53. Les autorités de la république ont néanmoins eu tendance à rejeter le blâme de l’agitation révolutionnaire sur les seuls exilés canadiens, ce qui alimente certaines tensions nationalitaires. Les Canadiens se plaignent en effet régulièrement du traitement partial de la justice des États-Unis sur des considérations nationales. Les montants des cautions sont dans plusieurs cas supérieurs pour les Canadiens, et l’impunité de certains citoyens suscite la colère, à l’image de Lucius V. Bierce : « justice gave them no trouble », car « they were American, influential ones54 ». Une campagne publique est lancée par le patriote Edward Theller, soutenu par le gouverneur du Michigan Stevens T. Mason, sur la protection des naturalisés de la république qui, comme lui, sont nés dans l’Empire britannique, en Irlande en l’occurrence. Fait prisonnier en 1838, le patriote explique qu’il a dû subir un procès au Haut-Canada pour haute trahison, le magistrat refusant de prendre en considération sa citoyenneté étasunienne en arguant que les sujets britanniques n’ont pas le pouvoir de s’expatrier de leur propre gré. Theller estime qu’il a échappé à la potence uniquement parce que les patriotes irlandais de la colonie se seraient précipités au combat si tel avait été le jugement. Se refait donc jour pendant la guerre d’indépendance des Canadas un conflit latent entre l’Empire britannique et les États-Unis sur le droit d’expatriation, qui a notamment largement contribué à déclencher la guerre de 1812. Conscients de ce précédent, les Irlandais des États-Unis comme Theller interpellent les autorités sur le principe d’allégeance perpétuelle du droit anglais qui n’est toujours pas contrecarré par les lois de la république, alors qu’ils déclarent souhaiter s’engager avec les États-Unis dans la guerre qui s’annonce entre les deux pouvoirs55. L’amalgame des nationalités et des cultures esquissé pour la république à « deux étoiles » se lit bien évidemment dans le troisième article de la Déclaration d’indépendance pour le Bas-Canada, par lequel les

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« citoyens » des Premières Nations acquièrent l’égalité des droits dans la nouvelle cité. À la veille de la révolution, les patriotes bas-canadiens ne doutent pas du soutien qu’ils recevront de leur part. Les Mississaugas de la réserve de Credit, au sud de Toronto, entretiennent aussi d’étroites relations avec Mackenzie et sont des lecteurs assidus de ses journaux, l’éditeur soutenant en retour leurs demandes afin de mieux protéger leurs terres. Les patriotes ont été effectivement rejoints par plusieurs nations autochtones, en particulier les Cattaraugus au cours des opérations sur le lac Érié, participation symbolisée par la présence du chef John Grant à la convention des Hunters. Mais l’utopie républicaine patriote n’a pas été conçue comme une collaboration entre Européens et Autochtones, ces derniers étant généralement considérés comme de simples auxiliaires. Selon l’historien Matthieu Sossoyan, cette incompréhension a nourri une méfiance réciproque, par exemple avec les Mohawks de la région de Montréal qui s’attendaient à se faire massacrer et expulser par les patriotes, ce qui les a convaincus de maintenir leur loyauté envers les autorités britanniques, mais aussi leur relative autonomie. Cette alliance des Premières Nations et de la Couronne britannique a également été forte au HautCanada. Les Chippewas et les Mississaugas ont notamment fait preuve d’une solide loyauté envers l’Empire britannique, ayant été très actifs dans la lutte armée avant tout par peur d’une annexion aux États-Unis. L’historienne Rhonda Telford démontre même qu’ils ont parfois suppléé à un certain manque d’élan de la part des colons pour défendre la colonie, ce qui leur a permis d’en tirer quelques avantages dans leurs relations pourtant conflictuelles avec les autorités britanniques. La rancœur des patriotes envers les Autochtones est ainsi très vive au cours de la guerre puisqu’ils leur offraient davantage de droits, une animosité qui reprend finalement les lignes de fracture de la révolution américaine quand les Patriots ont exclu les Premières Nations de leur nouvelle république56. Le parallèle avec 1776 s’observe aussi dans l’hostilité croissante entre les patriotes et les sujets britanniques noirs qui résident aux Canadas. Là encore, le discours patriote comporte une certaine ­glorification de la liberté et de l’égalité sous toutes leurs formes, ce qui inclut une dénonciation de l’esclavage racial. Les journaux publient des poèmes glorifiant le révolutionnaire haïtien FrançoisDominique Toussaint Louverture, et ils déclarent dans leur projet de constitution pour l’État du Haut-Canada que l’esclavage sera interdit (art. 7). Mais les sujets noirs de Sa Majesté au Haut-Canada ont été

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particulièrement prompts à s’engager contre eux, car, étant en majorité d’anciens esclaves réfugiés dans un empire qui a aboli l’esclavage, ils considèrent qu’une victoire patriote étendrait le modèle républicain esclavagiste. De nombreux abolitionnistes étasuniens mènent d’ailleurs campagne pour que les anciens esclaves réfugiés aux Canadas prennent les armes afin de préserver les libertés anglaises et faire taire les révolutionnaires. Dans l’imaginaire des patriotes, le tableau de 1837 devient similaire à celui de 1775 : l’Empire britannique s’allie avec les nations autochtones et les populations noires contre la révolution. Les révolutionnaires osent même se plaindre publiquement que la campagne contre l’esclavage racial, à laquelle ils adhèrent pourtant, fait oublier les « esclaves blancs » des Canadas, d’Irlande ou d’Angleterre57. L’amalgame des nationalités a également eu du mal à se maintenir entre les colons d’origines française et britannique. Les difficultés à mener la révolution espérée s’accompagnent de tensions, notamment religieuses, mais surtout de l’expression d’une nouvelle sensibilité, chez Ludger Duvernay en particulier, de plus en plus pessimiste quant à la possibilité de réaliser une cohabitation pacifique. Dans une correspondance anonyme pour L’Estafette du printemps 1838, l’initiateur de la fête nationale des Canadiens français soutient que le conflit se transforme et qu’un « amalgame de ces deux peuples est impossible ; il faut que l’un des deux succombe, et fasse place à l’autre!58 ». D’anonyme en 1838, cette tendance devient assumée dans Le Patriote canadien qu’il publie à partir de l’été 1839 à Burlington, au Vermont. L’aspect nationalitaire du conflit ressort aussi dans le Courrier des États-Unis qui passe d’une opposition aux patriotes fondée sur des critères politiques en 1837 à un soutien au mouvement en 1838, au nom de la nationalité canadienne-française attaquée par les Britanniques, sentiment largement partagé dans la francosphère des États-Unis. Bien que cette évolution soit limitée au sein du mouvement patriote, elle n’en demeure pas moins exprimée par l’un de ses leaders historiques. La nouveauté de la position de Duvernay provoque cependant des remous, particulièrement chez Côté qui lui rappelle que La Minerve « déclarait que l’on ne voulait pas établir exclusivement la langue française et le sang français dans le Bas-Canada59 ». Enfin, l’alliance des Canadiens en exil et des Étasuniens qui ont notamment pris la main sur les Hunters à Cleveland s’est soldée par un désamour manifeste, ce qui a contribué à rendre les patriotes inefficaces sur le plan militaire. La faiblesse retentissante des Hunters à

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l’hiver 1838 persuade la plupart des exilés que leur salut passe par une organisation proprement canadienne, une république à deux étoiles qui s’appuierait avant tout sur les colons de ces deux colonies. À leurs yeux, les Hunters « spéculent » et n’utilisent la cause que pour des intérêts personnels. Mackenzie est alors encouragé à reprendre la main et à créer une nouvelle structure fédérant les Canadiens, un « plan of general or federal organization along us – our state organization60 ». Après avoir participé au changement de direction à la tête des Hunters durant l’hiver 1838-1839, l’éditeur veut redevenir le fer de lance du mouvement sur le Haut-Canada et il annonce à Papineau qu’un « cooperative body » pour coordonner le front sur l’ensemble de la frontière va être installé à Rochester, lui-même s’y établissant avec sa presse. L’ambition de créer une république à deux étoiles renaît avec leur tentative de refonder conjointement leur structure fédérative, d’un côté à Rochester avec Mackenzie qui crée la Canadian Association, de l’autre, à Plattsburgh, avec un nouveau comité dirigeant bas-­ canadien dominé par Wolfred Nelson, le frère du président provisoire qui prend ses distances avec la tête de la révolution, tout comme Côté. Ce plan éprouve cependant les plus grandes difficultés à se réaliser, Mackenzie se faisant condamner à de la prison ferme par la justice étasunienne en juin 1839, ce qui précipite de nouvelles divisions internes et des oppositions de clans. Malgré l’espoir de pouvoir profiter d’une éventuelle guerre entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, W. Nelson et les autres leaders patriotes canadiens reconnaissent en 1840 qu’aucune structure, qu’aucun gouvernement provisoire n’existe pour soutenir leur révolution61.

U n e vraie r é p u b l iq u e aux Canadas L’idée d’une république à deux étoiles découle de plusieurs facteurs, mais en particulier de l’opposition du gouvernement et des dignitaires étasuniens qui, loin d’être les alliés naturels décrits en 1837, sont rapidement apparus comme des républicains corrompus pour les patriotes. À la surprise d’Amédée Papineau : « [O]utre le gouvernement anglais, nous avions à combattre le gouvernement américain ! Oui ! Le successeur de Washington se montra dès le commencement l’ennemi des Canadiens !62 » « [Je n]’aurais jamais cru qu’une nation se nommant “républicaine” pu[isse] traiter leurs voisins avec autant de dureté et de froideur », constate l’un de ses compagnons d’exil63. Devant l’adversité de Washington et traduits en justice, les patriotes les plus

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téméraires en viennent à imaginer une république indépendante des États-Unis, dans un premier temps tout du moins, mais également différente : ils rêvent d’une vraie république, épurée des travers qu’ils observent aux États-Unis. La République américaine est selon eux largement inachevée et imparfaite, « a hollow system » et « a splendid hypocrisy », selon les termes de James Mackenzie, alors que son père estime que l’expérience étasunienne est un échec pur et simple. Les révolutionnaires canadiens sont encouragés en ce sens par les patriotes étasuniens qui, comme le Dr John Smyles, déclarent sans détour que la Constitution des États-Unis n’a « no earthy affinity with the genius of equal rights and true republicanism64 ». Les patriotes critiquent les États-Unis sur divers aspects politiques, économiques et culturels. Bill Johnston est ainsi outré d’avoir été traité de pirate par le juge durant son procès et estime que seuls ceux qui combattent l’influence néfaste des Britanniques et de l’aristocratie de l’argent sont de « vrais républicains ». Les têtes d’affiche des deux grands partis politiques dénoncent la révolution patriote, pendant que les exilés canadiens remarquent que leurs discours électoraux ne font que s’efforcer de démontrer qu’il n’existe pas d’aristocratie aux ÉtatsUnis. Aux yeux des patriotes canadiens, non seulement la classe ­politique en général s’oppose à leur émancipation politique, mais elle s’accommode aussi de l’esclavage racial et d’autres réalités incompatibles avec leur idéal de démocratie. « To look at any present party for true, pure Democratic principles is wrong, déplore James Mackenzie, Both have an Augean stable of aristocratic tendencies which will require a new party to change65. » Le fils de Mackenzie, alors éditeur à Lockport, se distancie fermement d’une union avec les États-Unis afin de ne pas s’associer au « destestable slave system » qui y a cours et qui rebute un grand nombre de républicains canadiens66. « I must confess that my notions while being in Canada of the superior ­intellectual knowledge & elevated patriotism, & moral character of the Americans, were chimerical in the highest degree, écrit un exilé haut-canadien, I have found them (speaking of the mass) to have an imperfect conception of patriotism, almost entirely ignorant of ­political economy, very deficient in knowledge of their political rights and ­duties, & of the history of their country67. » Comme lui, une grande partie des exilés considère que des privilèges détruisent l’égalité ­naturelle dans leur régime républicain, créent une forme pernicieuse de noblesse héréditaire et, globalement, un système plus proche du ­despotisme que des « droits égaux ».

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Établir une république des Canadas signifie donc aussi expérimenter un nouveau modèle républicain fondé sur une définition radicale des droits égaux. Les patriotes déclarent être des démocrates « in the full sense of the word » et, en améliorant le modèle étasunien, ils veulent établir une « equalising democracy », une « sturdy democracy ». Par conséquent, plusieurs préféreraient ne pas dépendre d’une guerre entre la Grande-Bretagne et la République américaine pour obtenir l’indépendance. Afin de façonner un « genuine republicanism », Smyles affirme que les Canadiens « might learn a lesson from and teach an example to, those at present constituting the union, by rearing their political institutions de novo, and banishing from their laws and ­constitutions aught that pertains to feudalism, barbarism, kingly and aristocratic ages68 ». Smyles et les vrais républicains opposent la « nouvelle idée » des droits égaux aux anciens principes hérités du féodalisme qui minent la République américaine, et il est impossible de les « amalgamer » (« mingle ») car ils sont irréconciliables69. Les principes démocratiques « les plus purs » représentent donc pour eux l’unique moyen de fonder une vraie république aux Canadas, qui romprait définitivement avec l’ère aristocratique européenne. Parmi les principes qu’ils veulent expérimenter figurent l’égalité civique accordée aux Premières Nations dans la Déclaration d’indépendance du Bas-Canada, mais également une égalité des droits pour les citoyens noirs dans l’article 7 de la constitution pour le HautCanada, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis. Depuis sa prison de Rochester, Mackenzie planche de son côté sur un nouveau modèle de constitution qui doit définir une « true republic », dans un esprit plus démocratique que celui qui anime la proposition des patriotes haut-­canadiens de novembre 1837. Il se penche aussi, tout comme les membres du gouvernement provisoire pour le Bas-Canada, sur un nouveau code de lois qui aspire à rompre avec la common law, toujours présente dans la République américaine, et qui constituera un socle pour former une « nouvelle communauté ». Le pouvoir politique des citoyens est aussi réévalué, car l’ambition est d’établir davantage de contrôle populaire sur les représentants du peuple et sur le processus législatif, alors que les États-Unis semblent avoir adopté aux yeux des révolutionnaires la doctrine d’Edmund Burke, réservant le pouvoir politique au « petit nombre ». Mackenzie stigmatise dans sa Gazette l’incompétence et la condescendance des représentants du peuple étasunien, d’autant que ce sont les citoyens qui les payent. Si la Législature est l’organe central dans la description de l’État du

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Haut-Canada dessiné en novembre 1837, son amère expérience aux États-Unis l’amène à considérer que ce n’est pas aux représentants de posséder le pouvoir décisionnel supérieur en matière politique, mais au peuple, et qu’en toute logique démocratique c’est à ce dernier de faire les lois. Si la délégation du pouvoir du peuple à des représentants est un mal nécessaire, Mackenzie et de nombreux patriotes, tels Côté ou R. Nelson, défendent l’idée d’une indispensable responsabilité des représentants auprès du peuple et d’un nécessaire encadrement ­contraignant pour les élus. Pendant que Mackenzie goûte au système pénitentiaire étasunien, un jeune compatriote en exil lui envoie des maquettes manuscrites d’un projet de journal, The Prisoner’s Friend, dans lequel il disserte sur ce qu’il considère être une imperfection des institutions étasuniennes, le statut antidémocratique accordé aux « agents » du peuple, les élus. En conséquence, le peuple ne possède pas le pouvoir qui lui est dû : The people who constitute a nation, are the source and fountain of all authority, and are free to transact their common concerns by any agent they think proper, to change these agents whenever they please, and all acts done by these agents are the acts of the Nation. It is a standard axiom, that our liberties can never be safe, but in the hands of the People70. Dans la même veine que les vrais républicains étasuniens, la volonté est d’accorder plus intimement république et démocratie, donc de rompre avec la politique du compromis qui caractérise les États-Unis, car, comme l’écrira Mackenzie dans son livre sur Van Buren, la République « ha[s] failed, in many respects, to secure to the people the practical advantages of those equal civil and religious rights71 ».

D u n c o m b e ’ s F r ee Banki ng L’un des domaines dans lesquels nous possédons le plus de documentation pour saisir précisément leur utopie républicaine est la monnaie ; les mécanismes bancaires, mais aussi la place et la nature du système financier dans une société dite démocratique. Étant donné l’importance de cette question en Amérique du Nord dans les années 1830, il est intéressant de s’y attarder, d’autant plus que le travail de Charles Duncombe permet de présenter une vision canadienne – patriote – dans une discussion alors très passionnée. Duncombe, l’un des

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principaux acteurs de la guerre d’indépendance des Canadas, publie en effet à Cleveland un traité sur la monnaie de plus de trois cents pages en 1841, Duncombe’s Free Banking. Ce livre fait résonner ­certaines idées communes aux vrais républicains, mais il est également le résultat d’une réflexion personnelle entamée dans le cadre de travaux parlementaires au Haut-Canada, notamment comme président d’une commission qui débouche sur un rapport publié en 1835, et de sa propre expérience de banquier. Durant la guerre, les révolutionnaires tentent de fonder leurs propres institutions bancaires afin de financer leur entreprise, à l’image de l’embryon de banque d’État sur Navy Island, puis de la Republican Bank of Canada des Hunters qui est l’œuvre de Duncombe. Cette dernière prend la forme d’une « joint stock company », le crédit étant garanti par les terres publiques de la future république, mais Duncombe précise dans le prospectus que le peuple devra contrôler cette banque et que seuls l’or et l’argent constitueront la monnaie du pays72. L’ambition fondamentale de Duncombe dans son traité de 1841 est en effet de démocratiser les mécanismes monétaires ou, comme il l’explique, de rompre avec la pratique « aristocratique » des États-Unis pour permettre au peuple de contrôler et de bénéficier d’un système financier qui se veut authentiquement républicain. L’une des principales raisons d’un tel projet touche directement la révolution canadienne, car les patriotes estiment que l’hostilité des États-Unis est liée à leur dépendance envers le crédit britannique. Le révolutionnaire canadien cible ainsi expressément les représentants du peuple trop souvent « indebted to some monetary power, or are f[ed] and employed by some bank as agent, attorney or counsel, or they have some powerful friend whose interest favors credit power, and the party are carried against the people73 ». Son constat est commun aux vrais républicains, mais sa théorie lui est propre, accordant de façon originale les principes de droits égaux, de liberté de commerce, de la valeur du travail, du besoin de papier-monnaie et de la souveraineté des citoyens. Les grands traits de son plan sont la séparation entre la monnaie et le crédit, la centralisation de la politique monétaire, la division administrative de la gestion de la monnaie, la fin de la responsabilité limitée, la liberté pour les individus d’entreprendre dans le commerce du crédit, et le contrôle de la monnaie par le public. L’activité bancaire est donc jugée tout à fait légitime par Duncombe qui classe les banques en trois catégories : les « banks of deposite » dont la fonction est d’être un coffre-fort, les « banks of discount » qui

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opèrent grâce à un capital en métal précieux et en accordant des prêts sur de courtes périodes, et enfin les « banks of circulation » qui ­s’appuient sur le crédit pour spéculer à plus haut risque ; ce sont ces dernières qui provoquent selon lui les fluctuations, les enrichissements spectaculaires, mais aussi les paniques. Alors que le système étasunien présente la particularité de permettre aux banques de cumuler ces trois fonctions, il souhaite au contraire séparer les deux premières, dont les opérations ne comportent pas de risques excessifs, du commerce du crédit qui peut menacer la stabilité de la monnaie. Les banks of circulation ont une fonction précise, spéculer, et elles sont libres de le faire à ses yeux. Cependant, leurs émissions (la monnaie de papier sous toutes ses formes, que Duncombe nomme « commodity-currency ») ne devraient pas être considérées comme de la monnaie ayant cours légal. C’est par ce mécanisme qu’il propose de séparer la monnaie (« money-currency »), intimement et uniquement fondée sur le métal précieux, du crédit « commodity-currency74 ». Adepte de la politique de la « monnaie sonnante » (« hard money »), Duncombe souhaite que la monnaie soit créée en rapport strict et prudent avec les quantités d’or et d’argent détenues, et que son administration soit protégée de la logique spéculative. S’inspirant de la décentralisation des institutions républicaines, il imagine une division de la gestion monétaire entre une « Bank of issue » centrale ou fédérale, une antenne de cette banque dans chaque État, et des banks of discount locales. La Bank of issue fédérale, en partie financée par des ­investisseurs privés, a le mandat de définir la politique monétaire, principalement d’augmenter ou de réduire la quantité de monnaie en circulation, et de répartir cette manne entre chaque État selon les besoins de chacun et l’intérêt général. Les banks of issue locales sont ensuite autonomes pour alimenter les banks of discount, dont l’activité de crédit doit être fermement encadrée. Ainsi, la durée des prêts est limitée à trois mois, leur montant ne peut dépasser trois fois les réserves en espèces présentes dans les coffres, et les billets inférieurs à vingt dollars sont prohibés afin de circonscrire l’expansion de la monnaie de papier. Parallèlement, les banques doivent constituer un « Safety Fund » en cas d’urgence, les directeurs seront élus annuellement par le peuple (comme dans toute institution républicaine) et auront un salaire fixé publiquement afin de ne pas chercher des primes récompensant une spéculation efficace, car l’objectif est de confier la gestion de la monnaie à des individus à la fois compétents, prudents et honnêtes, ce que Duncombe attend de chaque représentant du peuple.

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Ces mesures doivent permettre de stabiliser la valeur de la monnaie (maîtriser l’inflation et limiter les banqueroutes), de l’homogénéiser et de réduire ses fluctuations (essentiellement dues à la spéculation et aux « paniques75 »). Ce système monétaire est présenté comme républicain, car il se veut démocratique et moral. Lorsque Duncombe déclare vouloir séparer la monnaie et les banques de la politique, il vise surtout les relations décriées entre législateurs et bénéficiaires de chartes, donc le pouvoir des riches « capitalistes » qui usent de leurs fortunes pour orienter les décisions politiques. En réalité, il politise profondément la question : avec son projet, il souhaite permettre aux citoyens et à l’autorité publique de réguler la monnaie pour le bien commun. L’une des dimensions clés du plan de Duncombe est de rendre accessibles au public les informations sur l’activité bancaire, d’empêcher les directeurs de lui cacher les mécanismes et l’état de la monnaie, mais surtout de démystifier la réflexion économique et monétaire afin d’initier les citoyens aux enjeux qu’elle contient : « When will the fallacy of calling promises-to-pay by the interesting title money, be exploded? » demande-t-il76. Comme de nombreux patriotes, il soutient que rien, ni dans la logique commerciale ni dans la « loi morale », ne justifie la responsabilité limitée dont bénéficient les banques. La dépravation de la culture républicaine, qu’il observe lors de la guerre d’indépendance des Canadas, est à ses yeux liée à une perte de moralité dans le monde commercial, source d’une irresponsabilité des détenteurs de capitaux envers leurs concitoyens qui pratiquent une industrie estimée honnête. Le patriote considère donc que la responsabilité illimitée est fondamentale dans le commerce, surtout en matière de crédit, ce qui est un prolongement des droits naturels et de la loi du commerce libre. « Liberty and liability go hand in hand, explique-t-il, limited liability is a privilege, that has not the slightest foundation in natural right77. » Duncombe adhère au principe de liberté commerciale, mais, contrairement à Leggett, il considère que la monnaie et le domaine bancaire ne peuvent pas être abordés comme un commerce quelconque. Il annonce vouloir rendre l’activité bancaire plus morale, plus honnête, sans bannir l’esprit d’entreprise et l’envie de spéculer. Tempérer et encadrer la spéculation, permettre aux citoyens d’avoir un réel pouvoir dans les mécanismes bancaires, interdire les petits billets afin de privilégier les salariés sur les employeurs sont autant de décisions qui ont un profond caractère politique. En un mot, la monnaie est d’intérêt public, et Duncombe ambitionne de la rendre imperméable aux

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intérêts privés qui se résument souvent à ceux des plus riches, donc d’en faire un véritable service public. Alors que les États-Unis sont divisés sur la question de la Bank of the United States, qui agissait comme banque régulatrice sans être une institution publique, Duncombe souhaite, à l’instar du Royaume-Uni mais dans un autre sens politique, lier intimement les citoyens avec leur gouvernement à travers une banque centrale dans un nouvel univers monétaire, et selon un nouveau modèle républicain78. En même temps que les révolutionnaires canadiens en exil envisagent une république à « deux étoiles », une république des deux Canadas souveraine et indépendante des États-Unis (du moins dans un premier temps), ils espèrent donc expérimenter un modèle ­républicain radicalement distinct. L’évolution de leur vision politique est marquée entre 1837, lorsque l’annexion aux États-Unis leur ­apparaissait la voie la plus sûre pour leur prospérité une fois l’indépendance acquise, et 1839, lorsqu’ils expriment la nécessité de prendre la république gouvernée depuis Washington comme un contre-modèle. Au-delà des grands principes souvent abstraits, et mis à part le traité sur la monnaie de Duncombe, il reste délicat de cerner en détail ce qu’aurait été ce contre-modèle. Certaines inégalités, comme celle des sexes, auraient perduré, certains rapports de pouvoir culturels ou racialisés auraient également contredit leur discours glorifiant la liberté et l’égalité naturelle des individus, et il ne fait aucun doute que l’essence impérialiste de la société euro-américaine et la prise de possession des territoires autochtones se seraient maintenues, même si leur ampleur et leur force auraient été altérées. Mais nous savons aussi que les révolutionnaires travaillaient sur un nouveau code de loi, qu’ils dissertaient sur le besoin d’accroître le pouvoir politique des citoyens, qu’ils portaient une attention toute particulière à l’éducation publique et à l’émancipation intellectuelle des individus, et, comme nous l’avons souligné, qu’ils souhaitaient que la transition au capitalisme contemporain soit respectueuse des travailleurs manuels. L’ambition de fonder une république à « deux étoiles » ­s’apparente à l’une des expressions de ce que nous avons nommé le vrai républicanisme, soit une société républicaine et capitaliste dominée par les hommes blancs, mais é­ galement soucieuse de s’engager dans une démocratisation plus affirmée. À quel point la nature de ce contre-­modèle a-t-elle convaincu les autorités des États-Unis de se lancer dans une campagne de dénigrement des patriotes, mais aussi dans une ferme répression de ­l’agitation révolutionnaire  ?

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7 « Finir » la révolution américaine Citizens of America! We continue the war of independence where you left it and will never sheath the sword until it is acknowledged! Délégués de la « République d’Amérique du Nord », 18381

Héritiers de la révolution américaine, les patriotes ambitionnent ­d’abolir ce qu’ils jugent être des privilèges artificiels dans un Nouveau Monde voué à devenir une démocratie, ce qui passe aussi par une certaine régénérescence de la république. Cette renaissance assumée de l’esprit de 1776 contribue cependant à convaincre les autorités des États-Unis de s’engager plus avant dans la répression. La position « neutre » de ces dernières cache en effet une profonde hostilité contre les patriotes, les soldats étasuniens devenant des « agents de police à Miss Vic[toria] » aux yeux d’Amédée Papineau2. En ce sens, la tentative de révolution canadienne témoigne d’une crise de légitimité du modèle étasunien, ouvertement contesté par les patriotes comme par une partie de l’opinion publique. La guerre asymétrique entre deux gouvernements rivaux, mais alliés contre leur ennemi commun, les patriotes, marginalise ces derniers et les encourage à s’identifier comme une communauté politique distincte. Plus les autorités optent pour la répression, plus les patriotes dénoncent l’hypocrisie des principes démocratiques qu’elles prônent. Ils se plaisent même à faire trembler les dignitaires de la république, parfois les armes à la main. « In advocating the Canadian Cause and in battling for Canadian freedom, we shall not forget that we claim to be an American Patriot, explique le North American des exilés canadiens à Swanton, to expose foreign and domestic tyrants3. » Selon un citoyen du Vermont, un « faint and distant murmur » se lève pour détrôner les « purse-proud aristocrats and nobles who rule over you with a rod of iron », ce dont témoigne leur répression de la tentative de révolution canadienne4.

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De nombreux journaux soutiennent néanmoins le président Martin Van Buren et relatent les évènements avec l’image de brigands enfreignant la loi. Les patriotes persévèrent, leur cause imprègne le débat public, et la révolution canadienne devient un enjeu électoral, avant tout dans le Nord, contribuant à sceller le sort de nombreux représentants du peuple. Si Van Buren ne détruit pas les sociétés patriotes, prévient le lieutenant-gouverneur du Haut-Canada George Arthur avant l’élection présidentielle de 1840, « these lodges will revolutionize the United States and certainly decide who shall be the next president5 ». Les patriotes tissent des réseaux à travers le continent, ils contribuent à former une synergie radicale nébuleuse mais tentaculaire, une vaste et puissante communauté politique « authentiquement » républicaine, certes protéiforme, mais qui traverse diverses frontières administratives. C’est dans ce contexte que les patriotes et leurs soutiens déclarent vouloir « finir » la révolution de 1776, c’est-à-dire expulser les Britanniques, mais aussi démocratiser davantage la société euro-­ américaine. En repoussant cet esprit révolutionnaire aux marges de la république, en morcelant la contestation politique et en nous limitant à constater la faiblesse militaire des patriotes, nous avons jusqu’à ­présent eu tendance à déconnecter ce public de l’espace dans lequel il s’est constitué. Or, cette communauté politique a trouvé en la révolution canadienne une cause fédératrice, au point de constituer une force qui fait vaciller le fragile équilibre de l’Union américaine antebellum.

L ’ A m é r iq u e patri ote Les patriotes bénéficient d’un fort soutien au sein d’une Amérique jacksonienne encline à s’immiscer dans les joutes politiques, et leurs réseaux s’étendent des États frontaliers à La Nouvelle-Orléans, et de la Virginie aux Grands Lacs. Ils bénéficient de l’appui du public radical, comme l’auteur Theophilus Fisk, le phrénologiste George Combe et ce membre du Parti démocrate de Philadelphie qui estime que les Canadiens doivent agir indépendamment de Washington afin de s’émanciper des Britanniques « without being cursed with what you justly style the gross corruption of this country6 ». Les patriotes mentionnent et empruntent des passages de la Déclaration d’indépendance de Jefferson, nomment l’un de leurs journaux The Spirit of 76 (celui de Theller à Detroit) et déclarent que l’esprit révolutionnaire qui a vu le jour en 1776 ne doit s’estomper qu’une fois les Européens et leur héritage aristocratique entièrement défaits en Amérique du Nord. Le

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symbolisme de 1776 ne doit ainsi pas masquer un élan révolutionnaire, patriote, bien réel. « That cause of Canada is, and ought to be, the cause of all Americans », expliquent par exemple les héritiers des Green Mountains Boys du Vermont, car la prospérité passe selon eux par une dernière guerre contre l’Angleterre7. Mais persévérer dans cette voie revient aussi à contester la politique du président et du Congrès, ce dont ils sont parfaitement conscients. « Finir » la révolution de 1776 devient pour les patriotes un moyen de protéger les États-Unis contre le pouvoir économique britannique, donc de sauver la république comme la démocratie en Amérique. Leurs réseaux s’appuient en particulier sur le mouvement des Locofocos new-yorkais, dont la démarche est elle-même révolutionnaire. Les membres de l’Equal Rights Party, notamment Alexander Ming, Jr, communiquent avec Mackenzie et organisent des assemblées de soutien dans la ville, publicisées ensuite dans des journaux sympathiques à leur combat, tel l’influent Evening Post. Les Locofocos s’attellent également au recrutement de volontaires pour garnir l­’armée patriote. Ming, et probablement beaucoup d’autres, devient membre des Hunters. Le Who’s who du parti est présent à l’assemblée du 14 novembre 1838 en faveur des patriotes, tels les imprimeurs J.J. Bell et John Windt, ainsi que le journaliste Levi Slamm. Ils sont particulièrement proches de Mackenzie, puis extrêmement actifs durant la campagne pour sa libération. Windt utilise son New Era pour démontrer à quel point la guerre est nécessaire : « [W]e must either abandon our present form of government, or we must have a war with England8. » L’interrelation de la révolution canadienne et de l’esprit locofoco se trouve jusque chez les patriotes de Swanton, à la frontière du Vermont, qui nomment précisément l’un de leurs journaux Loco Foco. Les uns et les autres perçoivent la guerre comme une nouvelle étape vers l’émancipation des colons d’Amérique, et elle devient une question de « national independence, republicanism, and sound i­nternal prosperity, everything9 ». L’Amérique patriote se dessine également à travers l’appui des Freethinkers, héritiers du déisme de Thomas Paine et proches du so­ cialisme « coopératif » ou « utopique » de Robert Owen. Le fils de ce dernier, Robert Dale, est d’ailleurs la grande figure de ce courant avec « Fanny » Wright (Frances d’Arusmont), fondatrice de la communauté de Nashoba dans le Tennessee. Wright soutient activement et publiquement la révolution canadienne, elle offre sa voix et ses deniers personnels, et elle impressionne par son charisme Edmund Bailey

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O’Callaghan, Wolfred Nelson, John Ryan, et surtout William Lyon Mackenzie qui loue son talent à défendre « the principle of democracy and equal civil and religious rights10 ». Wright est cependant convaincue que les patriotes ne peuvent l’emporter qu’à la suite d’une crise générale de l’ordre euro-américain, comme l’effondrement total du système financier. Mackenzie entretient également une correspondance avec un proche collaborateur de Wright et Owen, George Evans, alors éditeur du Workingman’s Advocate de New York, qui prend soin d’envoyer son journal au révolutionnaire canadien durant son emprisonnement. L’imbrication du mouvement des Freethinkers avec la révolution canadienne est aussi personnifiée par l’éditeur de L’Estafette et beau-frère de Robert Owen, Henry D. Robinson, qui a dirigé le Free Enquirer avec Wright et Owen, et qui continue de porter ces idées en même temps qu’il prend fait et cause pour les patriotes11. Orestes Brownson est un autre intellectuel public qui présente la révolution canadienne comme légitime et la guerre des États-Unis contre la Grande-Bretagne comme nécessaire, et qui nous aide à cerner le public étasunien qui soutient les patriotes. Proche des Freethinkers et des workingmen new-yorkais, Brownson est au tournant des années 1840 l’une des figures du transcendantalisme naissant de Nouvelle-Angleterre, un courant philosophique et politique inspiré de la pensée de Ralph Waldo Emerson, dont l’espoir est d’émanciper les individus sur les plans intellectuel et spirituel pour transformer une République américaine minée par les injustices, les inégalités et ­l’esclavage racial, un nouveau monde « utopique » qu’ils expérimentent à Brook Farm. Brownson déclare que le gouvernement fédéral est conduit par des intérêts et non par des principes, et que l’indépendance même est incomplète, car « the commercial interest of this country is controlled by England ». Il estime donc que la répression dont sont victimes les exilés canadiens résulte d’une volonté de plaire à la Grande-Bretagne, par une république aux mains des marchands dont les intérêts ne concordent pas avec l’esprit démocratique. Malgré son dégoût de la guerre, Brownson en conclut – comme les Locofocos – qu’un conflit militaire avec l’Empire britannique « is the only thing which to me seems capable of saving the republic, and the sooner it comes the better12 ». De nombreux patriotes sont aussi imprégnés par les différentes formes d’« utopismes » qui fleurissent aux États-Unis, « associations » inspirées par divers penseurs européens comme Robert Owen, SaintSimon, Félicité de Lamennais ou Charles Fourier, et qui trouvent dans

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le Nouveau Monde un terrain d’expérimentations. La république à deux étoiles, si elle avait mis en pratique les discours de ses inspirateurs, aurait pu être une autre de ces expérimentations. Les Children of Peace de la région de Toronto, d’ardents patriotes ayant fondé la communauté oweniste de Hope, Mackenzie avec la National Reform Association de New York, par exemple, ou encore Edward Theller, directeur de l’Association fouriériste de Rochester, en témoignent. La perspective est assez similaire avec la république canadienne des Hunters si l’on en juge par l’importance intellectuelle du Dr Samuel Underhill qui revendique l’influence d’Owen, dont il a déjà expérimenté les idées à Forestville Commonwealth, dans l’État de New York, puis à Kendal, en Ohio13. Les révolutionnaires étendent également leurs réseaux, et par conséquent les contours de l’Amérique patriote, chez ceux qui se nomment « socialistes » à Philadelphie. Ces socialistes prolongent l’activité syndicale alors en plein essor et s’agrègent autour de John Ferral et du National Laborer, dont les réflexions sont remplies de « materials for thought, valuable to any people », selon Mackenzie. Ils se penchent notamment sur une idée qui séduit de plus en plus, la suppression de l’héritage privé afin de construire un monde où le travail constituerait réellement l’unique source de propriété individuelle. Avant d’entretenir une correspondance avec certains de leurs membres outrés par son emprisonnement, comme l’imprimeur John Wilbank, Mackenzie est séduit par leur ambition de créer « a new organization of the whole frame of human society14 ». La révolution canadienne est aussi reliée, plus ou moins directement, au mouvement des « Anti-Renters » au nord de l’État de New York. L’« Anti-Rent War » éclate en 1839 dans les campagnes d’Albany, car les tenants contestent la légalité des titres de propriété, et par conséquent celle des loyers. Outre la saisie des tribunaux, les ­Anti-Renters s’organisent politiquement, s’arment et s’habillent selon les codes des Premières Nations pour mener certaines opérations spectaculaires. Aucun historien ne s’est penché assidûment sur la relation entre ce mouvement et celui des patriotes, mais la géographie et la chronologie suggèrent un lien de causalité. Certains modes opératoires sont très proches, par exemple avec l’armée de Bill Johnston qui utilise le même code vestimentaire, ou encore parce que plusieurs patriotes comme O’Callaghan et Mackenzie s’engagent publiquement en faveur des tenants. Nous trouvons même un actif patriote à la tête du mouvement, le Dr Smith Boughton15.

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L’Amérique patriote s’insère également dans les milieux politiques. Malgré l’opposition des têtes d’affiche des deux partis nationaux, plusieurs politiciens les soutiennent ouvertement. L’élu démocrate du Vermont au Congrès, Isaac Fletcher, est un allié de choix qui utilise sa tribune pour les défendre. Le sénateur démocrate de l’État de New York au Congrès, Silas Wright, organise une rencontre en décembre 1838 entre le président Van Buren, Papineau et W. Nelson. Le vice-­ président Richard M. Johnson, dont le bruit court qu’il est un Hunter, intervient en faveur de Mackenzie pendant son incarcération, et il est dit que des hommes favorables aux patriotes gravitent autour du président. L’éditeur du Metropolis à Washington, Hobart Berrian, soutient lui aussi les patriotes, ce qui pousse le Parti démocrate à ­fermer le journal. À Philadelphie, plusieurs membres du parti s’engagent en faveur de la libération de Mackenzie, dont l’ancien secrétaire au Trésor de Jackson, William J. Duane. Les révolutionnaires canadiens bénéficient aussi de nombreux soutiens au sein du Parti whig, à c­ ommencer par Caleb Cushing, et il existe une intimité manifeste avec le Parti antimaçonnique, dont la rhétorique recoupe parfois celle des Locofocos au point de permettre certaines alliances. Plusieurs figures de ce parti, comme l’éditeur Solomon Southwick à Albany, ou l’ancien représentant au Congrès à Rochester, Gideon Hard, sont parmi les plus engagées pour légitimer la révolution canadienne16. Enfin, les liens des patriotes canadiens sont étroits, bien qu’évolutifs, avec deux des plus prestigieuses publications de la république, la Democratic Review de Washington et l’Evening Post de New York, deux titres qui sont rattachés au mouvement romantique, politique et culturel que l’historien Edward Widmer nomme « Young America ». La Democratic Review fait le trait d’union entre la radicalité politique des workingmen, la vitalité religieuse de cette époque et l’ambition de fonder une tradition littéraire et philosophique proprement américaine portée par des auteurs comme Walt Whitman, Herman Melville, Henry David Thoreau, James Fenimore Cooper, ou encore Ralph Waldo Emerson. Malgré le soutien de la revue à Van Buren, de nombreux articles détaillés et des poèmes favorables aux patriotes canadiens y sont publiés, de même que la réponse de Papineau au rapport de lord Durham. O’Callaghan et Mackenzie entretiennent une correspondance avec les éditeurs John O’Sullivan et Samuel Langtree. Ces derniers ne critiquent jamais la politique de Van Buren dans leur revue, mais ils dénoncent régulièrement les propos « antirépublicains » qui sont exprimés contre des patriotes, et interviennent auprès du président pour

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sortir Mackenzie de prison. Une autre publication majeure du Parti démocrate utilise ses colonnes pour présenter positivement les patriotes, l’Evening Post de New York, dont William Leggett est l’ancien éditeur. Le ton de ce journal et de la Democratic Review évolue cependant pour devenir plus critique envers les révolutionnaires à partir de 1839, même s’ils leur ouvrent toujours leurs colonnes17.

P o u vo ir p o li ti que Cette Amérique patriote pèse dans l’opinion et constitue un véritable pouvoir politique. Le public est mobilisé et encouragé à agir, en tant qu’électeur par exemple. Les assemblées sont un moyen privilégié pour faire entendre leur voix. Elles sont omniprésentes, notamment le long de la frontière, et attirent une foule importante. Pour soutenir l’offensive militaire, Mackenzie, Ludger Duvernay et John Ryan organisent une série d’assemblées populaires en novembre 1838 sur la côte atlantique, comme celle de New York, le 13, qui réunit près de deux mille personnes selon certains rapports. Plus du double de citoyens s’amassent le 17 novembre à Philadelphie, parmi lesquels le fils du secrétaire au Trésor, présent malgré les menaces publiques de son père. Le 20, à Washington, en dépit de l’opposition de l’exécutif fédéral qui les empêche de faire des annonces publiques, il est estimé qu’entre mille et mille cinq cents personnes, parmi lesquelles le fils de George Washington, assistent à cette assemblée, ce qui représente la plus importante réunion publique dans la capitale depuis plusieurs années. Baltimore accueille deux jours plus tard une assemblée d’environ trois mille personnes lors de laquelle Mackenzie et Theller sont acclamés. Malgré l’opposition ferme des autorités et de l’armée fédérales ainsi que la multiplication des déconvenues militaires, les patriotes jouissent donc toujours, du moins au dire de certaines sources, d’une forte popularité à la fin de l’année 183818. Le monde de l’imprimé est le terrain d’une profonde lutte lors de la guerre d’indépendance des Canadas, ce qui témoigne également du pouvoir politique de l’Amérique patriote. Une discussion acerbe éclate par exemple au sein de la francosphère nord-américaine, L’Estafette dénonçant sans détour les journaux francophones loyalistes du BasCanada, « Honte! Honte à jamais à ces apostats du journalisme qui, par intérêt ou par frayeur, s’agenouillent devant le pouvoir19. » Les Britanniques étant efficaces pour réduire au silence les presses favorables aux patriotes, l’accès à la publication sur le sol étasunien revêt

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une importance capitale. Le pouvoir politique des patriotes peut se lire dans leur promptitude à établir leurs journaux, comme le Canadian Patriot d’Hiram Blanchard à Derby (Vermont) ou un journal à Buffalo pendant l’occupation de Navy Island. La Gazette de Mackenzie est imprimée à cinq mille exemplaires en 1838, ce qui est loin d’être négligeable puisque le plus grand journal du pays en tire onze mille cinq cents. Outre Mackenzie et Duvernay, de nombreux patriotes établissent leurs journaux, Theller à Detroit, James Mackenzie à Lockport, Côté et Ryan fils à Swanton, ou Underhill à Cleveland. En parallèle, les titres qui les soutiennent sont répartis dans de nombreux États. Ces éditeurs communiquent entre eux, créant un réseau dense favorable à leur cause. Au-delà de maintenir en vie l’idée d’une république canadienne, d’informer et de convaincre les lecteurs, il s’agit d’écrire déjà l’histoire d’une révolution qui risque d’être racontée par les vainqueurs20. La carte des agents des trois principaux journaux des exilés canadiens aux États-Unis, la Mackenzie’s Gazette, The North American et Le Patriote canadien (figure 7.1), nous aide à matérialiser leur diffusion et à constater l’empreinte géographique du public patriote. En observant la localisation de ces relais de la parole patriote, nous remarquons que leur lectorat est extrêmement dense le long de la frontière, surtout au Vermont et dans l’État de New York, que leurs voix atteignent aussi presque tous les États du Nord, mais aussi qu’elles sont très rarement lues dans ceux du Sud. La nature des trois journaux ressort aussi de cette carte : le journal de Mackenzie est le plus diffus à travers le ­territoire de la république, donc vraisemblablement le plus influent, alors que le maillage du réseau du North American est beaucoup plus serré localement, avec une présence très forte autour du lac Champlain. Le Patriote canadien de Duvernay s’adresse pour sa part à la franco­ sphère, depuis les grands centres urbains de la côte atlantique jusqu’au bassin du Mississippi. Il est parallèlement intéressant de noter qu’aucun de ces journaux ne possède d’agent à Cleveland, ce qui fait sans doute écho aux divisions au sein des patriotes, en l’occurrence entre les exilés canadiens et les Hunters. Cette carte témoigne donc de la propagation de la question canadienne dans la discussion publique et permet de mieux apprécier la présence du verbe patriote dans la discussion publique aux États-Unis. Elle contribue notamment à expliquer pourquoi un proche de Mackenzie l’encourage à cesser d’évoquer l’actualité électorale de la république, soulignant que « your paper has a large circulation and it may have some effect upon future elections21 ».

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Sault-Sainte-Marie

Milwaukee Boston

Dubuque New York Philadelphie Saint Louis Richmond

Journaux

La Nouvelle-Orléans

Mackenzie’s Gazette (New York et Rochester, NY) The North American (Swanton, VT) Le Patriote canadien (Burlingtonn, VT)

7.1  Agents des journaux des exilés canadiens aux États-Unis

Les patriotes s’immiscent en effet dans l’équilibre électoral, y c­ ompris à l’échelle nationale en 1840. La question canadienne est difficile à manier puisque les états-majors des deux partis s’opposent à leur cause, mais le soutien populaire est tel que leurs membres doivent faire preuve d’ingéniosité pour ne pas s’aliéner des milliers d’électeurs. Ces membres cherchent même à convaincre les exilés canadiens – qui ne sont pourtant pas des électeurs – que leur camp est leur allié logique, ce qui démontre la nécessité d’obtenir leur appui afin de convaincre les citoyens. Papineau est même invité par le Parti démocrate à prendre une part active dans la vie politique, et les autorités de l’État de New York, pourtant proches de Van Buren, hésitent à s’interposer contre les patriotes avant les élections locales. Parallèlement, les Hunters utilisent la cause canadienne à des fins électorales pour promouvoir leurs propres carrières. Les élections sont donc l’occasion de vifs ­sarcasmes de la part des exilés canadiens22. La tension entre, d’un côté, les états-majors des deux partis nationaux, et de l’autre les milliers d’électeurs qui prennent fait et cause pour les patriotes, nourrit un sentiment antipartisan déjà marqué dans la jeune république où la loyauté électorale n’est alors qu’en construction. Les citoyens font encore largement preuve d’une autonomie de jugement et de vote, ce qui les conduit à remettre en question les discours

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et les actes de chacun. Des lecteurs de la Mackenzie’s Gazette se désabonnent par exemple, car Mackenzie prend position en faveur du Parti démocrate. Bien qu’ils soutiennent la révolution canadienne et l’épanouissement des « droits égaux » sur le continent, et qu’ils reconnaissent avec Mackenzie que la presse whig de la côte atlantique sert les intérêts britanniques, ils s’opposent au président Van Buren qui trahit la république. L’héritage de la révolution américaine les persuade de s’opposer au Parti démocrate, ce qui les pousse vers le Parti whig même s’ils renient également l’anglophilie des leaders du parti. S’affirmant « bone and sinew whigs », ils souhaitent avant tout « [to] rid that wretched country of the miscreants who are misgoverning it », Van Buren en tête23. De nombreux patriotes, canadiens comme ­étasuniens, s’accordent ainsi progressivement pour considérer qu’aucun des deux partis n’incarne réellement les principes démocratiques24. Le phénomène politique le plus spectaculaire lié à la guerre contre les Canadas est peut-être l’effritement de l’électorat de Van Buren dans les États frontaliers. Un membre du Parti démocrate du Vermont avoue à Mackenzie qu’il n’y a pas un habitant de l’État qui ne soit pas mortifié par les paroles du président, même s’il tente toujours de le convaincre que son parti est le plus à même de défendre les patriotes. De nombreux électeurs démocrates sont moins indulgents, et leurs propos contre le président sont âpres. D’anciens membres de l’administration Jackson sont effrayés par les conséquences de la politique de Van Buren, craignant qu’elle ne ruine le parti. Les dégâts sont parfois indéniables dans des fiefs comme Philadelphie, et les résultats des élections locales de 1838 prouvent déjà aux yeux des patriotes que l’opinion publique se retourne contre les démocrates à cause de la crise aux Canadas. L’Estafette résume l’amertume dans les rangs du parti, étant « on ne peut pas plus mortifiés d’avouer que les mesures prises par le président […] nous ont paru caractérisées, dans le principe par l’incertitude, et ensuite par la pusillanimité25 ». Les exilés canadiens participent à ce concert de critiques, dénonçant un écart flagrant entre le discours de Van Buren et ses actes, et estimant qu’il gouverne comme un monarque opposé à l’opinion de son peuple26. L’aversion envers Van Buren à cause de sa politique canadienne se traduit, dans les États du Nord, par un certain rapprochement avec ses opposants du Parti whig. Ce parti est pourtant bien plus ouvertement anglophile et favorable au commerce avec les Britanniques, mais il s’est aussi constitué comme une coalition hétérogène bénéficiant de la culture antipartisane. Le parti séduit en effet de nombreux radicaux,

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en particulier à travers son discours qui intègre désormais le principe démocratique. Certaines figures du parti encensent même la conception radicale des « droits égaux », à l’image d’Horace Greeley qui se revendique du socialisme, ou encore du nouveau gouverneur de l’État de New York et ancien dirigeant du Parti antimaçonnique, William Seward, qui dénonce la superficialité de l’« equality of civil rights » et la domination des « aristocrates » pour prôner l’« equality of social conditions27 ». Outre l’intervention de personnalités comme Caleb Cushing et la rumeur persistante faisant de Winfield Scott un allié, de nombreux témoignages précisent que les whigs aident davantage les patriotes sur le terrain et qu’ils sont d’authentiques adversaires des ­inégalités et de l’aristocratie. Ces éléments encouragent ainsi des patriotes de premier plan, comme Theller, Johnston et les frères Nelson, à défendre ce parti, notamment par des insinuations antimaçonniques. L’importance historique du Parti antimaçonnique dans la constitution du Parti whig est en effet un autre élément qui semble pousser les patriotes vers ce parti, d’autant plus aisément que certains de ses membres historiques, comme Solomon Southwick, soutiennent sans réserve les révolutionnaires28. L’ensemble de ces facteurs ont contribué à la défaite de Van Buren lors de l’élection de 1840. La question canadienne s’insère dans la campagne, Van Buren libérant par exemple Mackenzie en pleine campagne, et les deux partis cherchant de nouveau le soutien patriote. Comme William Duane, nombreux sont les citoyens qui expriment néanmoins leur « humiliation » de voir la République américaine devenir un instrument au service de la monarchie britannique et soulignent à quel point l’opposition de Van Buren aux patriotes sape son électorat. Au cours de la campagne, des milliers d’électeurs démocrates se tournent vers le candidat whig, William Henry Harrison, un héros de la guerre de 1812, avec l’espoir que la république retrouve son patriotisme mis à mal par le « fédéraliste » Van Buren. Les Locofocos et les vrais républicains de New York prennent également leurs distances avec le président à cause de son manque d’ambition sur la réforme monétaire, mais aussi sur sa politique canadienne. Sans promettre explicitement de s’opposer à la Grande-Bretagne, Harrison laisse pour sa part planer le doute en vantant son patriotisme. Il se présente en un ennemi des fédéralistes et parfois, comme par exemple lors d’un discours à Cleveland, en un ami de la cause canadienne. La défaite de Van Buren est cinglante dans le Nord, Harrison prenant aux démocrates les États de New York, de Pennsylvanie, du Michigan et

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du Maine, soit quatre-vingt-cinq des cent soixante-dix grands électeurs obtenus par le président élu en 1836. Seuls deux comtés de l’ensemble de la frontière avec les Canadas (incluant les berges des Grands Lacs) penchent pour le président sortant en 184029. Ainsi prend fin une campagne qualifiée de particulièrement turbulente et violente par la Democratic Review, lors de laquelle les patriotes ont conscience d’avoir joué un rôle. Van Buren a été pour le North American une parenthèse honteuse dans l’histoire, et les citoyens ont prouvé lors de l’élection « their good sense and propriety in refusing their support to an individual who is better calculated for a slave driver in British Van Diemen’s land30 ». Dans son discours inaugural, Harrison reconnaît de son côté le poids politique des vrais républicains, et indirectement leur rôle dans son élection, en soulignant la justesse de leurs critiques contre la République américaine, même s’il précise ne pas souscrire à leurs remèdes.

F in ir l a r é vo l u t io n aux États-Uni s Les turbulences de la guerre d’indépendance des Canadas se greffent sur une opposition politique bien ancrée entre des citoyens qui aspirent à plus de démocratie et des dirigeants étasuniens, unis contre ces revendications jugées trop radicales. À New York, par exemple, les responsables du Parti démocrate considèrent qu’une guerre politique a émergé en 1829 contre le Working Men’s Party, puis contre les Locofocos que les autorités considèrent comme des révolutionnaires. Les assemblées publiques réunissant plusieurs dizaines de milliers de citoyens au cours de l’année 1837 réclament en effet que le peuple décide désormais des orientations politiques, accusent le système bancaire d’être la source des maux de la république, stigmatisent l’apparition d’une force policière pour réprimer la contestation, dénoncent la manipulation de la justice et estiment, comme Ming, que : « It is not the less true that America is not yet a republic ; Man is the slave of Money. “Law rules the poor, and Money rules the Law31.” » Ces propos montrent non seulement qu’ils ne considèrent pas la loi comme pleinement légitime, mais surtout que les institutions sont détournées au profit d’intérêts étrangers à l’idéal républicain. « Are we not on the eve of another revolution? » se demande le New York Herald avant même que la crise économique puis la révolution canadienne aggravent cette tension32. « Where will it all end? s’interroge un ancien maire de New York apeuré. In Ruin, Revolution, perhaps,

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Civil War33. » Pour George Evans, l’un des principaux activistes de la ville, c’est bien une révolution de grande ampleur qui est envisagée et  qui modifiera jusqu’aux principes de la propriété privée, une ­révolution qui mettra enfin les principes de 1776 en pratique34. Les patriotes embrassent ce discours, tel Mackenzie qui fustige depuis sa cellule une justice qui n’envoie que les pauvres en prison. Alors que les patriotes canadiens réfléchissent à un nouveau type de Code civil, la contestation dans l’État de New York est si forte qu’elle domine la convention de 1846 pour la révision de la constitution, même si le nouveau système judiciaire ne sera finalement jamais ­expérimenté. Les patriotes estiment également que le principe de représentation politique est détourné aux États-Unis : « l’aristocratie » contrôle les deux partis politiques nationaux, et les plus radicaux aspirent à fonder un nouveau parti qui défendra, par exemple, le ­suffrage annoncé « universel » et « illimité » ainsi que l’émancipation des « esclaves blancs et noirs ». Ils dénoncent le pouvoir de l’argent qui pervertit la presse et permet de contrôler l’opinion publique, transformant les citoyens en soldats votant machinalement pour leur parti. Ludger Duvernay considère que les États-Unis ont adopté, « par ­l’influence du riche, les lois, les habitudes et les coutumes de l’ancien monde35 ». La révolution canadienne aggrave le conflit politique dans le Nord, car le décalage devient manifeste entre le gouvernement fédéral et une importante partie de l’opinion publique, les citoyens utilisant l’élection présidentielle de 1840 afin de rappeler à Van Buren que « the majority of the people, and not an occasional flying Dutchman, or Bashaw of Kinderhook, governs this vast republic36 ». Les patriotes canadiens comme étasuniens dénoncent donc une République américaine qu’ils estiment être gouvernée par une aristocratie et qui se révèle être un « secret enemy of the equal rights and honest democracy » dans les termes de Mackenzie37. Les hommes qui incarnent cette république sont tournés en dérision et accusés d’être des monarchistes déguisés. Pour Wolfred Nelson, l’individualisme règne et gangrène le pays, et les représentants du peuple font preuve d’un « esprit de vil décadence en tout ». Les patriotes considèrent à ce titre que William Henry Harrison doit régénérer le pays pour tourner la morne page écrite par Van Buren, et surtout éviter qu’il ne sombre. La république serait donc à la croisée des chemins, « this Nation must soon, either become a kingly power or kingly power must be drove from the Continent », selon un exilé haut-canadien, alors que leur république à deux étoiles doit devenir son antithèse38.

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La révolution canadienne ne se limite donc pas aux colonies britanniques et provoque une onde de choc continentale, puisque la « tyrannie » a les mêmes racines pour les patriotes au nord comme au sud de la frontière et, selon le North American, elle a déjà « corrupted too large a portion of the American press with the view to create an […] unnatural feeling in the bosoms of Republican freemen39 ». Les citoyens désillusionnés s’expriment lors d’assemblées, dans des journaux et des pamphlets, et au moment des élections, mais également en prenant les armes pour rejoindre l’armée patriote. Un antagonisme géographique se structure même, selon eux, entre la région frontalière largement patriote et l’élite républicaine qui vit dans les grandes villes de la côte atlantique. Le 4 décembre 1838, par exemple, les patriotes qui ont participé à l’opération militaire sur Windsor sont reçus à la mairie de Detroit où ils prononcent des propos dénonçant les autorités fédérales dont la politique est jugée anticonstitutionnelle et vont jusqu’à contester la légitimité de la mobilisation de l’armée pour imposer la paix. Le message est sans équivoque : l’autorité légitime est celle du Michigan et de son « friendly governor » qui se révèle très conciliant envers eux, et non un gouvernement fédéral qui bafoue la Constitution et ose envoyer l’armée contre ses citoyens40. Le même discours séditieux est exprimé tout le long de la frontière. Le Loco Foco de Swanton accuse les gouvernants d’être des adversaires de la démocratie, « the ANARCHISTS of this country, the VIOLATORS of the law […] Democrats, will you longer submit to such insolence, and such injustice ?41 » On peut lire dans le Spirit of the Age de Woodstock, au Vermont, les propos d’un citoyen utilisant le pseudonyme « Equal Rights » défier la « noblesse américaine » qui contrôle les mécanismes monétaires et qui est accusée d’écraser l’esprit démocratique. « It is no longer a question of bank reform, insiste-t-il, it is a question of destruction. You must destroy the banks, or they will destroy your l­ iberties […] How much longer will you be governed by these licensed rogues, these legalised swindlers42? » Les rumeurs ­circulent au Vermont qu’une visite de Van Buren pourrait lui coûter la vie, mais aussi qu’il a sombré dans la folie. Certains de ces citoyens considèrent que le gouvernement manque à son devoir dans le conflit canadien et, par conséquent, ils en appellent publiquement à une prise des armes de façon autonome. Tout au long de la guerre d’indépendance des Canadas, nombreux sont ceux qui estiment ainsi que la crise politique crée un feu révolutionnaire qu’aucun gouvernement ne sera en mesure d’éteindre. La légitimité des autorités de la république

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est si massivement contestée que W. Nelson évalue le risque important de voir le pays plonger dans une guerre civile en cas de réélection de Van Buren43. L’Amérique patriote espère qu’à travers cette crise une révolution politique renverse les diverses formes de privilèges qui continuent de miner le Nouveau Monde. « People of America, your cause and that of Canada is one », martèle un Mackenzie aigri, car si « the Canadians are enslaved through your apathy, hope not to escape the punishment your selfishness will have merited44 ». Le New Era de New York partage cet espoir de voir une renaissance salutaire du modèle républicain, un prolongement naturel de la révolution de 1776 : « We should sacrifice money and human life, and so did our forefathers when our country was but little more under the control of England than it is at this moment; but we should renew and perpetuate our national existence as a republic […] The Canadians themselves tell us this, and we believe them45. » Par son caractère dramatique et immédiat, la question canadienne engendre une certaine polarisation du débat public sur l’avenir de la république, avec d’un côté un courant qui estime que la prospérité passe par la collaboration avec l’Empire britannique, donc par une complicité commerciale, et de l’autre une force politique qui souhaite repenser plusieurs piliers de l’expérience collective afin de mieux répondre aux exigences des « droits égaux ». Sur fond de marasme économique et social durant ces Hard Times, la guerre politique ­s’envenime au point de devenir armée, menaçant l’union des États et le modèle étasunien lui-même, ce qui contribue à convaincre les autorités de l’urgence de mener une ferme politique contre-révolutionnaire.

L ’ A m é r iq u e c o n t r e - r é voluti onnai re Les autorités étasuniennes constatent rapidement la dangerosité des tensions qui poussent des milliers de citoyens à sortir leurs armes et à dévaliser des arsenaux, ce qui les contraint à être immédiatement réactifs. « The Canada Business threatens to become more embarrassing than was anticipated », avoue le gouverneur William Marcy à l’aube de cette guerre singulière46. Les discussions au Congrès, auxquelles participent les plus grandes figures politiques de la république comme Henry Clay, John Calhoun et l’ancien président John Quincy Adams, démontrent qu’ils sont conscients des risques pour l’ordre continental dès les premières semaines du conflit. Une certaine déstabilisation des autorités est même perceptible. Les compagnies

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militaires sont recrutées dans l’urgence et dans la difficulté, car les officiers manquent, et la population ne souhaite pas prendre les armes contre les patriotes et, par conséquent, contre leurs concitoyens. Sur le terrain, les officiers militaires sont souvent laissés à eux-mêmes pour financer leurs troupes. Le colonel John Wool explique ainsi au ­secrétaire à la Guerre, Joel Poinsett, que le recrutement de ses trois compagnies pour arrêter Nelson et Côté à leur retour de l’expédition de février 1838, et l’opération elle-même, lui ont causé « infinite troubles and vexations, while it has been enormously expensive47 ». L’urgence provoque également un ensemble de décisions à la limite de la légalité, comme lorsque Wool prend sous son commandement la milice du Vermont48. L’investissement politique, humain et financier des États-Unis pour gérer la situation est considérable. Plusieurs officiers prestigieux sont envoyés auprès de Winfield Scott, dont la mission s’éternise, notamment les brigadiers généraux Hugh Brady dans le Michigan et Abraham Eustis autour du lac Champlain. Ces hauts gradés sont extrêmement actifs, y compris après les batailles de 183849. Le financement des opérations est problématique et les dépenses augmentent avec le temps. Scott avait assuré Poinsett qu’il limiterait les coûts des opérations, mais il doit rapidement promettre aux gouverneurs que la levée des troupes sera payée par les autorités fédérales, ce qui s’ajoute aux importantes dépenses de chaque officier. Wool, qui reçoit les demandes des miliciens et de ses informateurs réclamant leur dû, sollicite en vain la désignation d’un quartier-maître et d’un paymaster pour l’assister. La situation ne s’améliore pas en 1839, les officiers requièrent non seulement des troupes supplémentaires, mais surtout des fonds pour pouvoir soudoyer des patriotes afin d’obtenir des informations fiables, l’unique espoir de pouvoir enrayer leurs projets. Scott estime pour sa part qu’il est impératif de mieux financer cette guerre qui dure et sollicite le Congrès pour continuer à coopérer en ce sens50. Cette activité militaire a tout d’une stratégie contre-révolutionnaire très éloignée de l’héritage de la révolution. Pour les citoyens de Lockport, de Buffalo ou encore de Cleveland, réunis publiquement pour rédiger des pétitions envoyées à Washington, le gouvernement et le Congrès seraient aussi coupables que les Britanniques s’ils ne réclamaient pas, entre autres, justice à propos du Caroline, « the only course by which the Federal Government can retain that respect of the people », et dans le cas contraire ils considéreraient le gouvernement fédéral comme un ennemi51. Les citoyens du comté d’Orléans,

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à la frontière de l’État de New York, ajoutent que les autorités fédérales agissent « in direct contradiction of the spirit and principles of their fathers, and in violation of the Constitutional right of every citizen, to assist the oppressed – no matter who the oppressor may be – even England’s Queen52 ». Au premier anniversaire de la destruction du Caroline, les citoyens de Montpelier, dans le Vermont, envoient une pétition déclarant que s’opposer aux patriotes est une forme de prostitution en faveur de la Grande-Bretagne qui trahit les principes de 1776, et ils avertissent que si les autorités persévèrent cela entraînera une ferme résistance, y compris contre l’armée fédérale dont l’action s’apparente à un « despotisme militaire » qui doit être combattu par les hommes libres du pays. L’emprisonnement de Mackenzie provoque la même colère. Des centaines de pétitions arrivent à Washington, réclamant sa libération, accusant les États-Unis d’être corrompus par les Britanniques et la justice d’avoir été détournée : « A jury who could find Mackenzie guilty ought to be tared and feathered, and sent to Nova Scotia53. » Une lettre fustigeant « l’aristocratie » étasunienne de Mme Roebuck, la femme de l’agent historique des réformistes et républicains canadiens au Parlement de Londres, circule le long de la frontière avant d’arriver au Congrès: « [W]here is the boasted democratic spirit of the people of America54 [?] »

«   N e u t r a l i té » Cette position contre-révolutionnaire tant critiquée se traduit par le zèle employé pour faire respecter la loi et la « neutralité » des ­États-Unis. L’interprétation très cavalière de la législation puis la ­modification de celle-ci en mars 1838 témoignent cependant de la démarche politique derrière l’application de la loi. Dès le 7 décembre 1837, le secrétaire d’État John Forsyth demande aux gouverneurs et aux procureurs des États de New York, du Vermont et du Michigan d’interférer contre les mouvements patriotes et de faire respecter la loi pour ­préserver la paix dans les colonies britanniques. Or, si le Neutrality Act de 1818 interdit aux citoyens de s’engager dans une lutte armée ou de mettre sur pied une entreprise insurrectionnelle contre un pays ami, il ne permet pas d’intervenir avant qu’ils aient commis leur crime. En envoyant Scott à la frontière, Poinsett lui précise ainsi qu’il n’existe aucune loi pour empêcher les incursions militaires, et que ce dernier doit surtout faire preuve de diplomatie pour remplir sa mission. Toute l’ambiguïté de la situation se retrouve par exemple

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dans l’avertissement public de Thomas Benton au début décembre 1837, qui ne fait référence qu’à une loi inusitée de 1786, ou bien dans la demande du secrétaire au Trésor, Levi Woodbury, aux agents de la douane de « suppress any illegal or improper interference on the part of our citizens » contre les colonies britanniques55. L’ordre d’interférer et, surtout, les diverses interventions sur le terrain sont-ils donc légaux ? Les officiers civils s’accordent généralement avec la position de Washington, et à certains égards ils plient sous la pression, justifiant leurs agissements contre les patriotes par le fait que des préparatifs sont faits sur le sol étasunien, un élément qui semble violer la loi. Cependant, Woodbury demande également aux collecteurs de la douane d’empêcher l’utilisation d’armement étasunien pour combattre les Britanniques. Il ordonne aussi de surveiller et d’intercepter les armes en circulation, ce qui semble outrepasser la loi dont il reconnaît luimême les limites, mais qui est justifiée à ses yeux par la sévérité de la crise. Les demandes répétées du gouvernement de disperser les forces patriotes encouragent les autorités locales à mener des opérations que la loi n’autorise pas, comme les shérifs qui r­ assemblent les milices pour empêcher les invasions, les collecteurs de la douane aidés par les ­officiers militaires, répondant en cela aux ordres de Scott, qui bloquent les ports afin de ralentir leur circulation, l’armée qui intercepte les armes avant les invasions, ce qui s’ajoute au non-­respect conscient de la loi en matière de proportion des officiers. « I am aware of the responsibility I assume, témoigne Worth en détaillant à Scott ses opérations, which I trust may be accepted by you56. » Comme l’explique Worth, des mesures illégales ont certes été prises, mais elles étaient nécessaires pour l’« intérêt public » et pour répondre aux « exigences particulières » de la guerre. La confusion est telle que les officiers militaires sont contraints d’interpréter eux-mêmes la loi. Scott et Poinsett tentent ainsi de trouver un moyen d’utiliser le Neutrality Act afin de justifier leurs activités a posteriori. Thomas Benton cherche quant à lui à expliquer à Worth, perplexe devant des recommandations contradictoires, que les armes des patriotes ne peuvent, en fin de compte, pas être saisies légalement. Signe de ­l’extrême imbroglio, Benton avoue que le Congrès ne partage pas l’interprétation de la loi par le gouvernement, et par conséquent « much caution and circumspection » sont nécessaires. Il est cependant implicitement demandé d’appliquer la loi non pas dans son sens légal strict, et encore moins selon la jurisprudence, mais avant tout pour soutenir la position de Washington57.

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À la frontière, la plupart des officiers civils et surtout militaires reconnaissent l’ambiguïté légale de leur mission et s’accordent sur le besoin d’une nouvelle législation. Les autorités fédérales font le même constat puisque Van Buren demande au Congrès dès le 3 janvier 1838 que la loi soit élargie, et Scott informe les officiers britanniques à son arrivée à Buffalo, le 12 janvier, qu’une nouvelle loi est en préparation. Le 10 mars suivant, une loi accordant plus de moyens à l’exécutif fédéral est votée au Congrès. Elle débloque d’importants fonds et vise à prévenir toute manœuvre contre un pouvoir étranger ami : droit de lever la milice, de saisir des armes et de mobiliser des troupes ­régulières. Nombreux sont ceux qui mettent cependant en doute sa constitutionnalité, ambivalence qui est aussi commentée à Washington. O’Callaghan souligne les paradoxes que soulève la position fédérale, et il prend le prétexte de l’enlèvement de onze Canadiens en sol a­ méricain par les Britanniques pour alerter Caleb Cushing afin de susciter un sursaut d’orgueil au Congrès. O’Callaghan juge « antirépublicain et antiaméricain » ce projet de loi qui porte bien son nom : « A bill to prevent the further growth of Republican Institutions on this Continent. » « It is degrading to your character as Republicans », insiste-t-il, puisque aucun traité ni aucune loi n’obligent les États-Unis à réprimer activement les patriotes58. Dans les mois qui suivent, le rappel de cette loi devient l’une des principales revendications des patriotes. Elle accorde selon eux trop de pouvoir à l’exécutif, elle est source d’arbitraires et d’abus, et elle permet au gouvernement d’intervenir en faveur de l’un des belligérants. La loi est surtout jugée anticonstitutionnelle, contrevenant au quatrième amendement sur la protection des citoyens contre des fouilles arbitraires et au cinquième sur la protection de la liberté et de la propriété. Ces citoyens se plaignent d’un gouvernement qui se permet de mener des réquisitions par les troupes fédérales, et qui n’attend pas la tenue d’un procès pour saisir des biens et pour emprisonner certains d’entre eux. Les autorités sont jugées coupables de multiples crimes en ignorant les « natural and constitutional rights to bear arms », en envoyant leurs troupes militaires pour « awe the citizens into s­ ubmission », en utilisant l’armée comme une police militaire et en transformant les officiers militaires en agents pour un pouvoir étranger59. L’application de la loi démontre aussi que la « neutralité » de Washington est à géométrie variable. Les adversaires de l’esclavage racial, le Liberty Party en tête, les patriotes et leurs soutiens, mais également divers observateurs soulignent l’illogisme de la diplomatie qui fait preuve d’une « neutralité » complice avec les révolutionnaires

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texans, mais qui est hostile aux patriotes. « Our laws had one aspect and operation on the banks of the St Lawrence, and quite another on the borders of slave-freeing Mexico », remarque un sénateur en ce sens60. Pour les patriotes étasuniens, non seulement la loi sur la neutralité n’est qu’un prétexte utilisé contre la révolution canadienne, alors qu’elle avait été ignorée au cours des autres révolutions des Amériques, mais elle montre aussi que les États-Unis osent défier la plus faible République du Mexique tandis qu’ils se courbent devant les Britanniques. Parallèlement, les troupes britanniques envahissent temporairement le territoire étasunien à plusieurs reprises pour mener diverses opérations, violations répétées de la souveraineté territoriale qui créent un état virtuel de guerre pour les patriotes. Ce laxisme démontre surtout la complicité des deux nations souveraines puisqu’il est implicitement accepté que la frontière soit franchie si nécessaire, ce dont témoignent les légères remontrances de John Forsyth à propos du Caroline, ou les demandes polies du colonel Wool à son homologue pour mieux encadrer ce qu’il nomme des « visites61 ». Le procès et l’emprisonnement de Mackenzie illustrent également l’ampleur de la répression et l’utilisation singulière de la loi, en ­l’occurrence celle de 1818. Alors qu’aucun autre patriote n’a dû subir un emprisonnement prolongé aux États-Unis et que certains juges expliquent que même la nouvelle loi de 1838 est trop limitée pour les condamner, Mackenzie est déclaré coupable en juin 1839 d’avoir violé la loi sur la neutralité lors de l’invasion de Navy Island et il est condamné à dix-huit mois d’emprisonnement. Nombreux ont été les patriotes traduits en justice, mais comme le souligne Robert Nelson qui se fait acquitter à trois reprises, la loi stipule que seuls les citoyens sont concernés et qu’ils peuvent de surcroît s’engager dans un conflit organisé par des étrangers, ce qui s’ajoute à la sympathie des jurys. Le président provisoire de la République du Bas-Canada s’appuie notamment sur un ouvrage de James Kent pour sa défense, qui fait alors référence aux États-Unis, sur le « leading case » en la matière, celui d’Aaron Burr, mais aussi sur les débats du Congrès, autant de sources démontrant que la loi ne peut s’appliquer contre les patriotes, et encore moins contre les Canadiens62. Au-delà du symbole de voir un patriote se faire embastiller aux États-Unis (vocabulaire utilisé par les patriotes étasuniens), le verdict stupéfie une portion notoire de l’opinion publique qui ne tarde pas à se mobiliser en constatant la démesure de la décision par rapport aux éléments de preuve dont a disposé une cour spécialement créée pour

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l’occasion. Non seulement n’a pas été pris en compte le fait que ­l’expédition militaire a été organisée avant l’arrivée de Mackenzie à Buffalo, mais le procès a lui-même été entaché de plusieurs procédés litigieux qui convainquent d’innombrables citoyens qu’il s’agit d’une décision plus politique que judiciaire. Il existe même un témoignage – mais a priori un seul –, selon lequel le procureur aurait admis que le déroulement du procès avait été planifié à Washington. Dans un concert de protestations qui inclut un memorial du patriote emprisonné envoyé à Van Buren, l’éditeur et avocat Solomon Southwick est particulièrement loquace, considérant que l’interprétation de la loi a été ­proprement anticonstitutionnelle, un détournement si manifeste de la justice qu’il expose au public l’ampleur de l’influence britannique. Pour Ludger Duvernay, qui liste dans son journal les procédés d’un procès violant pour lui « toutes les formalités voulues par la loi », comme pour le Beacon de New York et beaucoup d’autres, le principe républicain a manifestement été vaincu par le torysme anglais et son or63. Environ trois cent mille citoyens signent une pétition qui circule de la frontier à la côte atlantique et qui contraint Van Buren à libérer Mackenzie pendant la campagne présidentielle, car le sort du prisonnier cristallise les indignations et ampute ses chances de succès, ce qu’il a pu constater aux élections de l’automne 1839. On observe ainsi un décalage frappant entre les propos publics du président et la réalité judiciaire, puisque le 21 novembre 1838, alors qu’aucun patriote n’a été condamné après une année de conflit militaire, Van Buren les qualifie de « bande malfaisante de hors-la-loi », ce qui provoque une vague de protestations de le voir interférer à ce point sur le rendu de la justice. La condamnation de Mackenzie semble également éclairer un passage ambivalent d’un message du président au Congrès, le 3 décembre 1838, qui précise que le pays fera respecter une stricte neutralité par l’intermédiaire de la loi, mais « this Government recognizes a still higher obligation to repress all attempts on the part of its citizens to disturb the peace of a country where order prevails or has been reestablished64 ». La loi n’est donc, de l’aveu public de Van Buren, qu’un dispositif soumis à une obligation morale supérieure.

S o u v e r a in e t é c h ancelante Malgré la collaboration des États-Unis avec l’Empire britannique et leur volonté conjointe de ne pas déclencher de guerre, le risque est important de voir la stratégie patriote être couronnée de succès.

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Comme le souligne l’historien Maxime Dagenais, les Britanniques ont également usé de leur domination financière et maritime en menaçant de ruiner le commerce de la république. L’épisode du Caroline crée une tension diplomatique qui ne se règle qu’après plusieurs années, les officiels étasuniens rappelant parcimonieusement à leurs homologues britanniques que des citoyens non armés ont été assassinés sur le territoire de la république, et que le navire ne faisait pas acte de ­piraterie, mais de contrebande, et que dès lors l’autorisation de Washington était nécessaire. Si les autorités militaires se concertent lors de l’évacuation de Navy Island, les navires britanniques sont néanmoins présents dans les eaux étasuniennes et près de tirer. La guerre d’Aroostook à la frontière du Maine, qui s’accompagne d’une présence militaire du territoire disputé par les Britanniques puis les citoyens du Maine, comme les dizaines d’incursions patriotes dans les deux Canadas, met à mal une paix fragile et instaure un climat de tension, alors que les colons des deux côtés de la frontière menacent de se faire justice eux-mêmes. Les officiers militaires comme les ­autorités fédérales s’inquiètent aussi de la concentration militaire britannique, et la défense de toute la frontière est renforcée en conséquence. « It is not a soldier’s duty to seek to penetrate the policy of the government, reconnaît le colonel Worth dans un rapport, « but as a good citizen I cannot resist the apprehension that we are first verging toward a c­ ontest, to meet which every thing around us denotes the absence of preparation65. » L’équilibre est donc précaire et menacé par les accrochages presque quotidiens qui menacent de faire basculer la situation à tout moment, comme lorsque des miliciens britanniques tirent et blessent des soldats réguliers étasuniens vers Cornwall, au Haut-Canada, durant l’offensive patriote de novembre 183866. Mis sous pression par la Grande-Bretagne, les États-Unis doivent également créer un front intérieur pour contrer les patriotes. Parmi les voix les plus pressantes se trouvent celles des abolitionnistes, comme The Colored American de New York qui estime que la crise pourrait être fatale pour la stabilité des États-Unis, se réjouissant de la fermeté de Van Buren qui va permettre de « put down the rebels in our Government67 ». Dès les premières semaines de la guerre, le secrétaire d’État, le secrétaire au Trésor, le secrétaire à la Guerre et le major général Winfield Scott, sous la supervision du président et en étroite collaboration avec les gouverneurs, ordonnent à leurs administrations de coopérer. Procureurs, collecteurs de la douane, marshalls, shérifs, conseils municipaux et officiers militaires œuvrent donc de concert, ou

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presque, pour former une impressionnante force répressive dans laquelle les autorités civiles se mettent régulièrement au service de l’armée. Scott assure les officiers britanniques qu’ils utiliseront « ­whatever legal means » et demande à ses subalternes de privilégier les moyens civils, mais d’user de la force militaire si nécessaire. Ces agissements soulèvent donc la question de la légalité, voire de la constitutionnalité, de la création en urgence de ce front contre-révolutionnaire. La promptitude et l’ampleur des moyens mobilisés découlent aussi de la suspicion des autorités envers la population. L’épisode de Navy Island est particulièrement révélateur du caractère explosif de la situation puisque Scott, le gouverneur Marcy, plusieurs procureurs et officiers militaires ainsi que le sénateur Benton sont appelés à se rendre sur place. Sur son chemin, Benton espère des arrestations et « it is to be hoped no violence will be used against the authority of our laws68 ». Il a en effet été informé que seule une force armée peut contraindre la population, mais qu’une répression trop ouverte risquerait de dégénérer en affrontements violents. Les autorités ne bénéficient alors ni de la légitimité populaire ni des moyens nécessaires pour imposer leurs vues. Pire, Benton reçoit sur sa route des requêtes du collecteur de la douane et du marshall afin qu’il renonce à venir à Buffalo pour ne pas accroître l’excitation, un véritable camouflet pour cette grande figure du Parti démocrate. La situation est similaire le long de la frontière où la population, en plus de dévaliser les arsenaux et de refuser de collaborer, contraint parfois les autorités à rendre les armes patriotes, lorsque celles-ci sont saisies, et à sécuriser les arsenaux et les forts avec des troupes régulières69. La question de la milice témoigne également de la crise de légitimité qui sévit, même si la fiabilité de celle-ci est depuis longtemps une source d’inquiétude pour les autorités fédérales. Les miliciens des États frontaliers sont en effet dans leur écrasante majorité favorables aux patriotes, et ils n’auraient jamais tiré sur eux. Les autorités civiles et militaires comprennent surtout que l’une des stratégies patriotes est justement de se servir des milices afin de s’armer en toute légalité, ce qui a par exemple eu lieu de façon autonome pour Navy Island. Il est ainsi demandé à Scott de recruter des hommes loin de la frontière et de les encadrer par des officiers réguliers. Ces derniers sont cependant des plus réticents à utiliser des miliciens qui expriment régulièrement et clairement leur insubordination. Les officiers ont ainsi dû renvoyer des milices à plusieurs reprises, car si la situation l’avait permis, leurs miliciens se seraient alliés aux patriotes au lieu de les combattre.

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Pendant que les autorités prennent toutes les précautions avant d ­ ’armer la population pour faire face aux menaces patriotes, mais aussi britanniques, les citoyens volontaires doivent insister sur leur loyauté et sur la sincérité de leur engagement. Cette question rejaillit durant l’élection présidentielle puisque Van Buren envisage de réformer la milice afin de créer une réserve militaire permanente, ce qui peut être assimilé à une décision autoritaire en ces temps de turbulences, et qui offre aux whigs un autre argument de campagne. Le conflit militaire qui se met en place sur le territoire étasunien oppose donc d’un côté les patriotes, la population et la milice, et de l’autre les officiers de carrière sous les ordres du gouvernement, quelques volontaires et les troupes régulières qui convergent à la frontière70. Plusieurs signes démontrent les faiblesses de l’autorité publique dans les territoires frontaliers, ce qui fait dire aux historiens Andrew Bonthius et Thomas Richards, Jr que les patriotes contrôlent certaines régions où ils défient la souveraineté du pouvoir fédéral. Le déploiement militaire contre des citoyens est d’ailleurs le plus important depuis la Whiskey Rebellion de 1794. Les colonels Worth et Wool constatent cette perte d’autorité puisque même la présence de l’armée ne décourage pas les patriotes, et ils concèdent que rien ne peut être fait tant que le pouvoir des magistrats reste inapplicable et que l’opinion publique soutient leurs agissements. Sans la collaboration de la population, il leur est par exemple très difficile de récupérer les armes prises dans les arsenaux, et ils se résignent très souvent à attendre que les patriotes acceptent de les remettre de leur propre gré. Leurs opérations sont souvent inefficaces, car l’information parvient presque systématiquement aux oreilles des patriotes. Lorsque deux des plus hauts gradés de l’armée fédérale, Scott et Eustis, se déplacent à Swanton pour prendre la parole lors d’une assemblée, la population n’hésite pas à contredire de manière frontale les raisons d’État invoquées. Malgré la perte de vitesse de l’élan révolutionnaire à partir de 1839, tous les officiers militaires à la frontière estiment que leurs actions sont inopérantes, si ce n’est pour maintenir la dignité de l’autorité publique, prouver que l’armée appuie le gouvernement et montrer aux patriotes comme aux Britanniques que l’Union n’abandonne pas sa souveraineté, même s’ils admettent que « one can already see the national honour for a time stricken to the dust71 ». Van Buren admet publiquement que la crise génère aussi des divisions au sein de l’administration publique. Certaines autorités locales ­soutiennent en effet les patriotes, dans le Michigan et le Maine en

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particulier, dont les gouverneurs Mason et Kent ont vraisemblablement prêté le serment des Hunters ou des Frères-chasseurs. Malgré sa collaboration avec les autorités fédérales, le gouverneur du Vermont refuse quant à lui d’arrêter certains patriotes. Confirmant les craintes du gouvernement fédéral sur le manque et même sur l’absence de zèle de certaines autorités locales, les magistrats en particulier, de nombreux agents fédéraux et locaux refusent d’appliquer la « neutralité ». Les citoyens arrêtés aux Canadas puis extradés ne sont ainsi presque jamais poursuivis. Parfois, comme avec le procureur Daniel Kellogg dans le Vermont, il s’agit au moins d’un manque de coopération évident puisque celui-ci refuse d’envoyer des noms à Washington et d’arrêter Charles Bryant. Mais certaines autorités civiles locales participent aussi aux opérations patriotes, ce que font par exemple les collecteurs de la douane de Swanton, le shérif de French Creek et certains capitaines de milices qui laissent les armes être volées. Il s’agit d’un « sad state of things » pour un Worth découragé, « private persons usurp the function of the authorities » pour renforcer l’armée patriote72. Un indice parmi d’autres de la perte de légitimité de la République américaine est l’implication du marshall S. Fairbanks dans les opérations contre Prescott en novembre 1838, puisque dans les termes de l’officier britannique basé à Kingston « an officer of the government [was] canvassing for the object of inducing persons to violate the laws of his country, when he ought to be engaged in the very contrary line of conduct73 ». La loyauté des troupes régulières est également incertaine, les soldats étant eux aussi réceptifs au discours patriote. Certains désertent lorsqu’ils sont stationnés à la frontière, et il arrive même que les troupes refusent ouvertement de suivre les ordres74. Les autorités accusent les « Canadian banditti » d’infester l’esprit des citoyens et de créer cette contestation parfois armée de la légitimité des institutions fédérales. La guerre d’indépendance des Canadas devient sous cet angle une crise de souveraineté qui pousse les autorités à s’opposer violemment à leur population. Pour un colonel étasunien, les patriotes sont coupables de « lawless efforts to disturb the peace either on Canada or on this side75 ». « Be not surprised if you hear of these nefarious rascals attacking us », prévient Wool76. En l’occurrence, lors du procès de R. Nelson et de C.-H.-O. Côté en mai 1838, la population intimide les témoins de l’accusation, menaçant de procéder à des assassinats en représailles d’une condamnation. La possibilité d’utiliser la violence militaire contre les patriotes est envisagée dès les premières semaines de la guerre, et à plusieurs reprises les officiers sont

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très près de se servir de leurs armes contre leurs concitoyens qui se trouvent « on the wrong side of law and order » et qui doivent être « defeated under all circumstances », selon Worth77. Dans les mots de Wool, l’armée doit tout simplement « quiet the people78 ». Même si le brigadier général Eustis se déclare mal à l’aise de réprimer la population, il ne fait pas de doute à ses yeux que les patriotes méritent la loi martiale, et que les États-Unis devraient s’équiper sur le plan législatif pour les envoyer aux Canadas y être jugés79. Nous observons donc une radicalisation réciproque puisque c’est l’autorité de la république qui commence à être menacée. Les observateurs qui sont du « bon » côté de la loi et de l’ordre alertent l’opinion publique et Washington du danger, considérant que les sociétés secrètes patriotes « will be the engine that is to shake the United States to the very center80 ». À Washington, la Democratic Review change de ton pour expliquer que Van Buren se doit de remplir son devoir, même s’il est déplaisant et impopulaire, car la société secrète qui s’étend du Michigan au Maine est « hostile to the spirit of American institutions », et « there can be no doubt either of the magnitude or of the imminence of the danger81 ». Le nouveau secrétaire d’État, Daniel Webster, inspecte la frontière en 1841 et insiste dans son rapport sur l’indépendance d’esprit des patriotes : « It is evidently full of danger, and I am quite surprised at the apparent ignorance of the government of New York who represent, evidently, that there is no danger of any violence82. » À la suite de ce rapport, le président John Tyler – le vice-président ayant succédé à Harrison après sa mort – demande aux « intelligent and well-disposed members of the community » de ­coopérer avec le gouvernement pour « maintaining the peace of the country83 ». L’ordre n’est donc pas uniquement contesté aux Canadas, la paix domestique est aussi en jeu. Prenons enfin une situation précise afin d’illustrer la contestation de l’autorité de la république. À la fin de décembre 1838, après les lourdes défaites des semaines précédentes, les patriotes d’Oswego, sur le lac Ontario, tiennent deux grandes assemblées malgré les tempêtes de neige, ce qui sème l’effroi chez leurs adversaires qui constatent que leur flamme ne s’éteint pas, dont l’agent de la douane de la ville : « [N]ot that I am apprehensive of movements against Canada, but of bitter domestic discord84. » Ces patriotes sont armés et, quelques jours après, refusent d’obtempérer lorsqu’un détachement de l’armée exige qu’ils remettent leurs armes. Ils défient et insultent les troupes fédérales, et menacent de faire couler le sang si leurs canons sont pris de

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force. Pour calmer la situation, le détachement se retire et les pièces d’artillerie sont confiées au capitaine de milice, mais ce dernier est aussi membre de l’armée patriote locale, qui parade ensuite avec les canons dans la ville, le capitaine à leur tête. L’agent de la douane souligne dans son rapport que les canons sont désormais pointés sur son bureau et que les patriotes les tirent à blanc : « I suppose they claim a triumph over US authorities civil and military85. » Plusieurs compagnies militaires sont immédiatement envoyées, mais il est impossible de reprendre les armes à ces « brigands » qui défient l’armée grâce aux armes de l’État. L’effet est désastreux pour Worth, car cet épisode « will extinguish the last spark of respect for the law in a class of our ­citizens86 ». Commentant ces évènements en même temps qu’un fait similaire à Detroit, Le Courrier des États-Unis de New York dresse le bilan d’une année 1838 caractérisée par de « nombreux mouvements séditieux sur plusieurs points de notre pays » : Nos premières cités ont maintenant leurs émeutes périodiques, quand l’ordre public est mis au défi; les troupes doivent ­s’assembler et les constables doivent se réunir en masse […] Les éléments de désorganisation peuvent être inertes aujourd’hui; mais l’esprit d’anarchie les couve, disposé qu’il est à les mettre en branle à tout instant87.

P a ix d e 1 842 Le traité Webster-Ashburton de 1842 rétablit l’ordre continental et détruit les derniers espoirs patriotes, mais il souligne également qu’une grave crise a bien eu lieu entre les deux puissances. La présence militaire britannique dans le « territoire disputé », et, globalement, le risque permanent d’une escalade de la situation ont persuadé le Congrès et le gouvernement fédéral qu’une guerre anglo-américaine était une réelle possibilité. Comme le rappellent les pétitions de citoyens, les nœuds à défaire sont nombreux, ce qui contribue à retarder la signature d’un traité désiré par les deux pouvoirs : la frontière du Maine, l’Oregon, le Caroline, puis le procès d’Alexander McLeod, le sort des  prisonniers patriotes étasuniens, les fouilles répétées par les Britanniques des navires de la république dans les eaux internationales pour réquisitionner des marins et, pour les pétitionnaires du Sud, le vol de propriétés privées (esclaves) lors de l’épisode du Creole. Peu de ces points sont réglés en 1842, mais l’accord entérinant la fin de la

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crise canadienne permet néanmoins aux deux pouvoirs de solidifier leurs bases diplomatiques malgré leurs différends88. À cela s’ajoutent des enjeux financiers et commerciaux majeurs puisque d’importants fonds étasuniens sont investis dans les colonies, et inversement. La recherche de paix durant la guerre d’Aroostook a ainsi été largement motivée par des considérations économiques ­privées. James Buchanan, auteur de la loi sur la neutralité de 1838, est par ailleurs propriétaire de terres au Haut-Canada, il a donc un intérêt personnel dans le règlement du conflit. À une autre échelle, lord Ashburton (Alexander Baring) possède la majorité de la dette publique du Haut-Canada, et sa banque a énormément investi dans la r­ épublique, au point d’y posséder un énorme pouvoir, tout comme au Haut-Canada puisque le gouverneur Charles Edward Poulett Thomson nommé en 1839 est l’un de ses collaborateurs89. Ces réalités économiques constituent pour les patriotes la preuve concrète qu’il existe bien une faction anglo-américaine entièrement soumise aux intérêts des grands capitalistes, personnifiée par les maisons Baring ou Rothschild, qui est la première adversaire de leur révolution. C’est pour cela que Duncombe considère la réforme de la monnaie comme la clé de l’avenir démocratique du continent, sinon « Republicanism would only exist in name90 ». Cette inquiétude plane depuis la mise en place de la Bank of the United States par Hamilton, d’autant que le président Van Buren reconnaît publiquement que la  santé monétaire de la république dépend des Britanniques91. Ce constat est l’un des points les plus consensuels chez les patriotes. Donald McLeod en vient à affirmer que les banquiers américains font partie du Family Compact et sont à ce titre les ennemis des « rational liberties and the rights of man92 ». Pour Mackenzie, les « pennyless exiles » sont écrasés par l’or anglais qui contrôle directement ou indirectement différents pans de la république. Cette corruption conduit à la répression des patriotes selon O’Callaghan, qui estime que les grandes figures de Wall Street « redoutent terriblement la guerre et n’éprouvent pas le moindre sentiment, sauf pour les balles de coton93 ». Les patriotes ont donc anticipé et prédit le règlement de la crise par la voie d’une diplomatie favorable aux grands intérêts commerciaux. C’est d’ailleurs aussi la position exprimée par ­l’économiste Condy Raguet dans une lettre publique à un agent de la Bank of England : l’horizon s’est ­obscurci du fait de la crise ­canadienne, mais il ne peut y avoir de guerre entre les deux pays tant leurs intérêts sont liés94.

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La résolution du conflit dans le Maine, la « neutralité », le procès McLeod, mais également la pacification des colonies canadiennes, confirment les craintes patriotes. L’historien et ancien patriote FrançoisXavier Garneau est catégorique : « Je le répète, et j’insiste, tout cela, tout cet arrangement est le fruit d’une intrigue mercantile. » Pour Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, l’une des figures politiques montantes au Bas-Canada, ces évènements signent une victoire des banquiers sur les politiciens, « si Baring leur dit : moi je le veux, enlacés comme ils sont aux filets de sa banque, ils n’ont rien à répondre95 ». Il semblerait hasardeux de contredire ces propos et la lecture patriote de l’histoire sur ce point. Rappelons notamment que les deux ­signataires du traité de 1842 collaborent professionnellement, Baring rémunérant les ­services de l’avocat Daniel Webster depuis 1831, ce qui fait dire aux historiens qu’il s’agit d’une négociation entre amis. L’anglophilie de Webster est ancienne, et l’avocat et homme politique whig se rend à Londres en 1839 aux frais de Baring et d’hommes d’affaires étasuniens pour y mener plusieurs négociations financières, mais aussi diplomatiques. Il est ainsi fort probable que les discussions en vue du traité de 1842 aient commencé lors de ce séjour. Ce voyage provoque parallèlement une controverse publique et l’ire de vrais républicains, comme la Social Reform Society de New York qui, « as a friendly warning to the capitalists », mène campagne sur l’inconstitutionnalité de ces tractations financières96. Baring associe cette o ­ pposition au radicalisme de Fanny Wright dans une réflexion qui assimile démocratie et anarchie, pendant que Webster lui explique qu’ils ont besoin d’un gouvernement conservateur pour imposer leurs vues. Avant même d’être nommé secrétaire d’État, il dessine sa future ligne diplomatique dans une lettre à Alexander Baring : « Pray keep cool on your side. It is of much importance to keep the Times cool, & that it should, ­frequently, repeat the suggestion, of a settlement by compromise – ­giving & taking97. » Cette vision témoigne de la volonté de maintenir le statu quo politique, économique et social au nord comme au sud de la frontière, et marque un temps fort du processus de construction euro-américain de l’Amérique du Nord. Devenu secrétaire d’État, Webster prépare les fondations d’un règlement pacifique qui passe par une nouvelle conception de la loi des nations, ce qui sera nommé la « Caroline doctrine » en droit contemporain : un pays peut pénétrer un territoire étranger et utiliser la force pour prévenir un danger menaçant sa souveraineté. Cette doctrine sera entérinée par le Congrès en août 1842, quelques jours après la

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signature du traité. En même temps, Baring est officiellement désigné pour se rendre sur le sol américain et pour signer une paix définitive au sujet du territoire disputé. Mais l’économiste William Gouge affirme que lord Ashburton est venu en Amérique pour ses propres intérêts, en particulier parce que le procès McLeod avait heurté les marchés financiers. Le processus menant à ce traité illustre ce que l’historien Jay Sexton a analysé, à savoir qu’il est impossible de comprendre la diplomatie des États-Unis, en particulier avec la Grande-Bretagne, sans se pencher sur le rôle de la banque Baring. Enfin, un certain consensus historiographique existe pour certifier que les pratiques qui ont permis de convaincre les intéressés, notamment l’État du Maine qui a dû renoncer à ses prétentions historiques avec le traité de 1842, ont été pour le moins malhonnêtes puisqu’il y a eu des manipulations de documents, des transferts financiers, de la propagande publique, ou encore des fonds secrets qui déclencheront une autre commission parlementaire quelques années plus tard98.

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Conclusion Come, I will make the continent indissoluble, I will make the most splendid race the sun ever shone upon […] For you these from me, O Democracy, to serve you ma femme! For you, for you I am thrilling these songs. Walt Whitman, « For You O Democracy », Leaves of Grass, 1856

La révolte qui éclate dans les années 1830 à Montréal et ses campagnes avoisinantes s’est progressivement étendue et transformée en un vaste soulèvement transfrontalier et transnational, dont la double ambition a été d’établir des institutions républicaines aux Canadas et de régénérer le Nouveau Monde par une plus franche démocratisation de la République américaine. La tentative de révolution a touché les Canadas ainsi que plusieurs États du nord de l’Union, et elle a forcé les États-Unis et l’Empire britannique à mobiliser des moyens ­considérables pour rétablir l’ordre. La quête patriote pour « finir » la révolution américaine de 1776 ne résume pas l’ensemble de ­l’évènement ni l’histoire nord-américaine de ces quelques années. Les patriotes prônent l’établissement d’une république démocratique, mais ils ont défendu leur définition de cet idéal, avec ses contradictions et ses limites. Ils ont également été vaincus sur les champs de bataille, et le sens de leur combat s’est dissipé dans la mémoire collective. Mais comme le rappellent entre autres Amy Greenberg et Alan Taylor, des voix minoritaires ou oubliées ne signifient pas l’absence d’un impact historique majeur, et il serait trompeur d’analyser ces acteurs de ­l’­histoire avec condescendance sous prétexte qu’ils apparaissent aujourd’hui hors de la logique historique1. Outre son statut de pierre angulaire historique au Canada, surtout au Québec, l’onde de choc provoquée par la tentative de révolution secoue indéniablement les États-Unis. Aux antipodes des guerres de

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1775 et 1812, les autorités de la république ont activement réprimé le mouvement patriote, le Congrès a voté plusieurs lois permettant à l’exécutif de les combattre plus efficacement, l’armée fédérale s’est déployée à la frontière, et la justice a condamné et emprisonné certains d’entre eux. L’impact de la Rébellion est aussi perceptible dans le conflit frontalier du Maine et dans la tension diplomatique accrue entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, lors des élections locales puis de la défaite du président Martin Van Buren en 1840, et plus généralement dans la dégradation des rapports entre les tenants de profondes réformes démocratiques et l’« aristocratie naturelle » de la république. Les gouvernements des présidents Van Buren, puis Tyler ont dû faire face à une force militaire patriote hostile et autonome, dans une guerre asymétrique impliquant l’Empire britannique et qui a causé la mort de centaines de combattants. Le conflit militaire ne s’est dissipé qu’en 1842, et non en 1838, avec le traité anglo-américain signé par Alexander Baring (lord Ashburton) et son conseiller juridique alors secrétaire d’État, Daniel Webster. Pendant ces années de crise, des microévènements, tels une escalade de la violence entre les bûcherons du « territoire disputé » ou le projet d’assassinat contre Alexander McLeod, font planer une menace permanente sur l’ordre continental et inquiètent sérieusement les dignitaires britanniques comme ­étasuniens. Ces derniers s’entraident pour éteindre le feu révolutionnaire, sous le coup de la loi martiale aux Canadas et parfois au-delà de la légalité aux États-Unis. Les historiens ont eu tendance à minimiser le dessein révolutionnaire des patriotes canadiens et le pouvoir politique qui a émergé de leur contestation. Malgré leurs divisions internes, leurs lacunes, la lente désintégration du front et leur défaite finale, la guerre d’indépendance des Canadas demeure un phénomène continental de grande ampleur. La force des patriotes a été manifeste, à commencer par le fait qu’ils ont constitué une véritable armée. Ils n’ont pas révolutionné les Canadas, mais ils ont par exemple aidé à vaincre le président Van Buren en 1840 et ils ont fait trembler leurs adversaires politiques. Ils ont aussi menacé un équilibre continental encore fragile et indéterminé, la légitimité du pouvoir de Washington dans de vastes régions, et in fine l’Union elle-même. Les patriotes ont eu conscience de pouvoir faire basculer l’histoire, et ils se sont même amusés publiquement de la perte d’autorité des administrations locales et fédérales dans les territoires touchés par la crise. « It only makes us people giggle to witness how you quiver », ironise l’impertinent Loco Foco de Swanton2. L’esprit

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révolutionnaire patriote alimente une atmosphère déjà tendue entre les représentants du peuple et les citoyens les plus radicaux – les « vrais » républicains. Ces derniers ressentent, et dénoncent, la naissance de la société commerciale moderne et tentent de contrôler le cours de l’histoire dans une démarche voulue démocratique : « In times of deep popular agitation, of turmoil, and revolution in commercial, financial and political affairs, a free people, regardful of their liberties, and jealous of their rights, will watch with care the course of public men3 », explique l’un de ces vrais républicains qui s’en prend à Daniel Webster. La fracture est devenue profonde au cours de la guerre entre, d’un côté, les législateurs et les « upper classes » identifiées par le patriote bas-canadien Edmund Bailey O’Callaghan, qui se mobilisent activement pour combattre la fièvre révolutionnaire, et de l’autre, l’Amérique patriote qui stigmatise cette « aristocratie » et souhaite reformuler l’expérience républicaine, ce qui passe par une ultime guerre contre l’Empire britannique. Aux yeux des vrais républicains qui soutiennent la révolution aux Canadas, la disparition du pouvoir britannique du continent représente une étape indispensable vers la mise en place d’un nouveau modèle de république, de démocratie ou encore de contrat social. L’ambition de William Lyon Mackenzie est ainsi de fonder une « social democracy – or equality of each man before society – and [a] political democracy, or the equality of each man before law4 ». Diverses réalités sont assimilées à des privilèges, qui deviennent la cible des républicains radicaux, en particulier le pouvoir corrupteur de l’argent et des « capitalistes » qui crée selon eux une nouvelle forme d’aristocra­ tie. Le penseur étasunien Orestes Brownson déplore avec Mackenzie l’absence de patriotisme à Washington : « Bankers, capitalists, ­corporators, stockjobbers, speculators, and trafficking politicians control the government, and, in nearly all cases, shape its policy5. » Dans une lettre adressée à O’Callaghan, Mackenzie précise que le « mean spirit of bastard aristocracy » est selon lui la source des ­malheurs de la république, car il transforme la population en une populace inculte, anesthésiant le peuple souverain et permettant aux banquiers de se couvrir d’or et par conséquent de pouvoir : « Banks rule, and it would seem as if they would overtime rule this republic6. » Le traité Webster-Ashburton de 1842 leur donne indirectement raison puisqu’il confirme la puissance et le rôle politique des intérêts économiques et financiers. Parmi les responsables politiques de la république, certains, à l’image de James Buchanan et de Daniel

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Webster, ont des intérêts personnels à préserver, ce qui contribue à les convaincre de maintenir la paix entre les deux puissances. Les banquiers anglais ne voient pas non plus l’utilité d’un éventuel conflit militaire contre les États-Unis. « England, in a war with this country, her largest debtor, the consumer of her manufacturers, has all to lose and nothing to gain », témoigne un agent de la maison Rothschild aux États-Unis7. Cette coopération anglo-américaine brise la révolution canadienne et s’inscrit dans un conflit qui remonte aux premières années de la république, lorsque les Britanniques se sont alliés aux fédéralistes contre un radicalisme nourri par la Révolution française qui stigmatise l’opposition des grands argentiers à la démocratisation de l’espace atlantique8. En 1837, l’horizon d’une annexion des deux Canadas aux États-Unis en pleine expansion est dans tous les esprits au nord de la frontière. La vaste révolte patriote a fait converger des Euro-Américains aux profils divers, et parfois des membres de Premières Nations, qui ont exprimé collectivement leur espoir d’une reformulation du modèle républicain et de la construction d’une fédération à l’échelle nord-­ américaine. L’ambition de réaliser l’amalgame des nationalités, une forme de coexistence des cultures gravée notamment dans la Déclaration d’indépendance du Bas-Canada, est un signe de l’ouverture à l’autre (républicain), ce dont témoigne aussi la mort de dizaines de citoyens étasuniens et européens lors des affrontements militaires. Dans ce mouvement de décolonisation considéré comme historiquement n ­ aturel, les patriotes des deux Canadas ont collaboré et uni leurs forces, ce qui s’est transformé pendant la guerre en un espoir de fonder une république conjointe, une république à « deux étoiles », qui aurait été ­l’antithèse du modèle étasunien dont les représentants ont mené entre 1837 et 1842 une politique anglophile et contre-révolutionnaire. Si la vision d’une république des deux Canadas s’insère elle-même dans l’histoire rêvée d’une Amérique destinée à être entièrement indépendante et républicaine, elle a été renforcée par l’hostilité entre les patriotes et Washington, mais aussi par le désamour entre les exilés canadiens et les Hunters de Cleveland. C’est dans ce contexte que les patriotes, et tout particulièrement ceux des deux Canadas, ont pensé préserver leur future république des écueils qui caractérisent les ÉtatsUnis. Leur guerre d’indépendance ne ressemble pas à un affrontement entre républicains et monarchistes comme ce fut le cas en 1775 et en 1812, mais plutôt, en reprenant les termes des acteurs, à un conflit entre de vrais républicains d’un côté, quelle que soit leur nationalité,

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et des « aristocrates » de l’autre, au pouvoir au nord comme au sud de la frontière. Elle représente l’occasion de « finir » la révolution ­américaine entamée un demi-siècle auparavant, y compris aux ÉtatsUnis, afin de mieux accorder l’idéal démocratique avec l’expérience républicaine. La guerre d’indépendance des Canadas, telle qu’elle est envisagée par ceux qui l’incarnent après novembre 1837, menace de renverser l’ordre des Pères fondateurs en créant une alternative, une forme de république concurrente et de contre-modèle politique, social, culturel et économique9. Les idées politiques et économiques des patriotes, qui font écho à celles des vrais républicains, rompent en effet avec une certaine linéarité antirévolutionnaire de l’histoire, pour reprendre la lecture du XIXe siècle de l’historienne Michèle Riot-Sarcey. Elles se révèlent être en décalage avec la formation discursive qui accompagne la mise en place de la démocratie représentative et du capitalisme contemporains, car elles proposent l’établissement d’une république libérale, mais égalitariste, bâtie sur un « laissez-nous faire » économique. La discontinuité que représente cet horizon s’appuie sur une communauté politique transfrontalière, connexion politique entre des radicaux du continent qui est exemplaire dans le parcours de certains acteurs, tel l’exilé canadien Mackenzie qui s’engage dans l’activité politique des workingmen étasuniens et des projets d’« associations » d’inspiration socialiste. Le clivage est devenu profond entre, d’une part, les autorités et les citoyens ayant des intérêts à préserver dans une paix avec l’ancienne mère patrie, et de l’autre les « pirates » que seraient les patriotes. « The mass of the people of the frontier – may in the Northern States, are for us – for liberty – and for Canadian liberty, estime James Mackenzie depuis Lockport, dans l’État de New York, but it is widely different with their rulers. Forgetful of their father’s glory – their course is d ­ ownward – they play the part of parasite to English monarchy10. » L’opposition du gouvernement fédéral, de certains exécutifs locaux, des détenteurs de capitaux, des grands marchands, des leaders des deux partis nationaux et des journaux qui leur sont affiliés, a poussé un certain nombre de républicains canadiens comme Louis-Joseph Papineau à s’éloigner du front révolutionnaire, ce qui a contribué à saper leur force collective. La situation a également dégénéré au point d’opposer profondément le président Van Buren aux citoyens favorables au projet républicain canadien. Les désaccords sur l’expression de la justice témoignent de cette crise morale et politique que provoque la révolution canadienne : l’antagonisme est évident lorsque nous

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observons le contraste entre des jurys qui innocentent les révolutionnaires à répétition, et le président qui les traite de « hors-la-loi » dans ses déclarations officielles. L’esprit patriote provoque une crise de légitimité dans le Nord, qui encourage les vrais républicains à multiplier les appels en faveur d’une révolution politique aux États-Unis, soit par l’opinion publique, soit par la création d’un nouveau parti politique, soit encore par une guerre contre la Grande-Bretagne. Lorsque le patriote Charles Duncombe expose son projet de transformation des mécanismes bancaires et monétaires, il a conscience que cette révolution ne pourra être entreprise que par une profonde ­mutation politique, en l’occurrence un « people’s party ». La communauté politique formée par les vrais républicains, à laquelle nous pouvons associer les patriotes radicaux qui ont animé la révolution canadienne à partir de 1838, tente ainsi de renverser l’ordre politique et économique continental, au nord comme au sud de la frontière, notamment en prenant les armes. Devant cette force politique, mais aussi les dangers de rompre les liens commerciaux avec la GrandeBretagne et d’engager des dépenses pharaoniques pour mener une guerre internationale, les autorités fédérales ont préféré envoyer ­l’armée et mettre en place un front antipatriote. Le « républicanisme » s’avère donc pluriel. L’ambition de ce livre a été de cerner et de nommer une tendance radicale de républicanisme, dont nous avons principalement exploré les aspects économiques. La notion de « vrais républicains » appliquée à cet esprit radical nous permet de relier divers acteurs qui partagent certains grands principes et qui forment ensemble un élan diffus plus qu’un mouvement organisé et centralisé. Ce radicalisme se déploie hors des partis, il est transfrontalier et transnational, il est formulé pour servir les « producteurs des richesses », autrement dit les travailleurs manuels et la majorité du « peuple souverain » (les colons blancs et masculins), et il se présente en ennemi déclaré des privilèges sous toutes leurs formes, ce qui inclut le régime seigneurial bas-canadien. La révolution canadienne a momentanément fait converger ces acteurs s’apparentant en partie aux Lumières radicales définies par l’historien Jonathan Israel, tendance à laquelle il est cependant délicat d’associer pleinement Louis-Joseph Papineau. Les réflexions des vrais républicains et des patriotes sont néanmoins propres à un espace, l’Amérique du Nord, et à un temps, la période jacksonienne marquée par de fortes transformations économiques et sociales d ­ écoulant de l’essor de la société commerciale moderne. Leurs idées regorgent de vivacité, d’originalité et, bien sûr, de désaccords et de

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paradoxes. Si la notion de vrais républicains aspire à restituer la singularité de leur énoncé politique, il est également nécessaire d ­ ’approfondir l’étude de la discussion publique, d’explorer ses nuances, ses préjugés et ses lignes directrices, notamment par un travail à microéchelle, une controverse, un individu atypique ou un texte oublié ; de même que le concept de « libéralisme » associe des individus dont les visions politiques sont parfois antinomiques, ce que Michael Freeden nomme la « famille libérale », il en va ainsi pour le « républicanisme11 ». L’originalité des vrais républicains, donc des patriotes qui mènent la révolution canadienne à partir de 1838, se lit néanmoins sur divers objets, à l’image de l’intégration de ceux qu’ils nomment « Sauvages » dans la cité au Bas-Canada. Leurs réflexions économiques ont constitué pour notre exposé la dimension la plus détaillée de leur singularité. L’historien Walter Hugins a précisé il y a longtemps que les subtilités et les nuances des radicaux nous empêchent de les qualifier globalement « d’anticapitalistes », de « prolétariat naissant » ou encore de « classe moyenne12 ». Ils prônent en effet une libération contre l’interférence de l’État en matière économique et encouragent l’essor d’une société commerciale et industrielle, tout en orientant systématiquement la réflexion en faveur des travailleurs pauvres et des petits marchands. Ce laissez-nous faire s’affirme en opposition aux grands « capitalistes », terme associé en premier lieu aux grands argentiers et aux riches investisseurs. Il défend l’essor d’une société productive, industrielle, ­commerciale et au profit des « petits capitalistes », comme ils se nomment parfois, mais il aspire aussi à plus de moralité, très souvent chrétienne, et à plus de responsabilités envers le corps social. L’ordre économique imaginé est subversif et vecteur de démocratisation puisque les vrais républicains se mobilisent pour instaurer un cadre favorable aux travailleurs manuels, aux workingmen, aux « prolétaires », aux « esclaves blancs ». Ils s’inscrivent dans la tradition de la philosophie des droits naturels et souhaitent établir un État qui se limiterait à demeurer le garant impartial et dévoué des « droits égaux ». L’autorité publique, bien que souhaitée minimale, devient pour eux la nécessaire régulatrice des mécanismes d’échanges et de production, et la protectrice de l’égalité naturelle des citoyens. Les vrais républicains, canadiens comme étasuniens, ne critiquent donc pas le développement capitaliste en lui-même, mais certaines de ses tendances inégalitaires légitimées et renforcées par l’intervention des législateurs et des dignitaires de l’État, dans l’Empire britannique comme dans la République américaine. Cette conception s’exprime lors de la révolution canadienne,

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mais également dans les divers projets d’« associations » et de communautés « utopistes » qui prônent une « réforme sociale ». L’Amérique patriote dénonce le mal qui pour eux ronge la république : le pouvoir de l’argent. En 1841, alors que le secrétaire d’État Daniel Webster alerte le président Tyler sur l’indocilité de ceux qui envisagent toujours de libérer les Canadas par les armes, Duncombe rédige et publie son traité sur la monnaie, qui vise à réduire l’emprise des « capitalistes » sur les élus du peuple et à soumettre le contrôle de l’argent à la volonté d’un public éclairé. Ce que nous avons appelé le « traité des banquiers » signé par Webster et Ashburton est le fruit, aux yeux des patriotes, de la convergence d’intérêts d’une seule et unique faction anglo-américaine, sous influence des « capitalistes » londoniens et de leurs associés en Amérique. Ils jugent donc que l’échec de la révolution est la conséquence de cette alliance qualifiée péjorativement de « mercantile » et dédaigneuse des principes exprimés lors de la révolution américaine. La radicalité de leur énoncé politique et économique permet de comprendre la peur que cet élan a suscitée chez les autorités. En plus d’apparaître en profond décalage avec les évènements contemporains au Texas, la coopération des États-Unis et de l’Empire britannique contre ce républicanisme radical peut donc être qualifiée de contre-révolutionnaire, voire d’antidémocratique. Ce livre a volontairement mis de côté le déterminisme historique présentant la révolution canadienne comme évidemment vaine, soit parce que les idées patriotes ont formé un horizon difficilement ­intelligible ou jugé irréaliste, soit parce que le rapport de force militaire est devenu exagérément défavorable dès l’instant où les États-Unis ont participé à la répression du mouvement. Nous avons mis de côté l’analyse de la « débandade » pour mieux historiciser leurs réflexions comme leurs actes, en tentant de comprendre et d’expliquer ­notamment pourquoi ils ont longtemps cru qu’une révolution à l’échelle continentale était à la fois nécessaire et à portée de fusil13. L’histoire des idées est en ce sens uniquement compréhensible dans sa contingence et, de 1837 à 1842, les armes contribuent pleinement à réguler un profond conflit politique et intellectuel. Le rapport des patriotes à l’argent est ainsi doublement déterminant : sur le plan des principes politique et économique, ils aspirent à accorder les besoins d’un crédit commercial avec la création d’une société plus égalitaire et, sur le plan militaire, le manque de moyens financiers les a empêchés de mettre sur pied une force armée capable d’affronter la Grande-Bretagne, voire les États-Unis.

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Les deux derniers exilés canadiens à obtenir le droit de rentrer aux Canadas sont Robert Nelson et William Lyon Mackenzie, soit le président de la République du Bas-Canada et le Chairman de l’État du Haut-Canada fondé à Navy Island. Le premier disparaît de la scène publique dès 1839 pour se consacrer avant tout à la médecine, et il ne reviendra jamais d’exil. Le second poursuit au contraire son engagement politique de façon très active, aux États-Unis, puis dans ce qui est devenu le Canada-Ouest (ancien Haut-Canada). Grâce aux amis whigs ­d’O’Callaghan qui ne rentrera pas, lui non plus, il met notamment la main sur des documents compromettants concernant plusieurs membres du Parti démocrate, y compris Andrew Jackson et Martin Van Buren. En 1846, avec un certain esprit de revanche, il publie The Life and Times of Martin Van Buren, dans lequel il présente Jackson comme la marionnette consentante d’une énorme escroquerie politico-bancaire dont ont profité les membres du Parti démocrate ainsi que les spéculateurs aux commandes des banques locales créées après le non-renouvellement de la charte de la Bank of the United States, et cela, au détriment des citoyens. Mackenzie écrit dans ce livre qui a largement circulé que les documents récupérés prouvent que « there was a secret combination among the leaders to keep power from the people, and to use it contrary to their well known will14 ». Le tableau de la république, présenté par celui qui y a été emprisonné onze mois, est très sombre : The Union runs more risk through the exertions of the party in power to extend and perpetuate slavery ; inflict on us the evils of an unsound currency ; keep millions of the people degraded and ignorant ; stir up such scenes as were witnessed in Philadelphia in 1844, through nativism and religious hatreds ; borrow large sums from foreign nations, spend the money in a profligate ­manner under the sanction of sovereign States, and then virtually ­repudiate the debts ; and omit to enforce equal law and a pure administration of justice15 […] There are many features in the United States system of government that approach much nearer to the British and French monarchical plan, than to democracy16 […] I earnestly desired to see Canada free from British power, in 1838. Had my wishes been fulfilled she would now have been ruled by the Polks and the Marcys, the Houstons and the Cambrelengs, the South Carolina and Virginia slave breeders and slave owners, the union of Tammany Hall stock and office ­brokers, with Mississippi blacklegs and Tennessee patriots17.

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Mackenzie résume toute l’amertume vécue par les patriotes pendant leur exil aux États-Unis, qui les a conduits à s’interroger progressivement sur une union politique avec la prospère république, alors qu’elle paraissait naturelle en 1837 : « I have not a wish left to see Canada incorporated with this Union », conclut-il18. Si le parcours de Mackenzie est unique, les patriotes, incluant des citoyens des ÉtatsUnis, partagent sa rancœur. Évidente dès le déclenchement de l’escalade militaire, cette conflictualité a encouragé des exilés canadiens et un ensemble de citoyens des États voisins, parfois au prix de leur vie, à imaginer une autre expérience républicaine, et par voie de conséquence à renverser l’ordre établi dans l’ensemble de la société euro-américaine. Ils ont pensé pouvoir fonder une vraie république et, à partir d’une grande variété d’idées théoriques et pratiques émises par un public très critique sur les chemins empruntés, formuler un républicanisme « authentiquement démocratique ». Cette communauté politique transfrontalière a voulu définir par une démonstration raisonnée les « broad principles of equal rights », et les expérimenter à La Malbaie, Montréal, Toronto, Detroit, Cleveland, New York et ailleurs sur le continent, mais sans succès immédiat.

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Notes

L i st e d e s a b r é vi at i o n s A NQ Q Archives nationales du Québec à Québec B US Bank of the United States CFA Committee of the Foreign Affairs CFR Committee of the Foreign Relations C MA Committee of the Military Affairs FD Fonds Ludger Duvernay F D NJ Fonds Ludger Duvernay dans le Numismatic Journal FP Fonds Louis-Joseph Papineau F WN Fonds Wolfred Nelson L R A G Letters received by the Adjutant General ML P Mackenzie-Lindsey Papers O MP Original Messages from the President OP Edmund Bailey O’Callaghan Papers R MC I Release of William Lyon Mackenzie of Canada from Imprisonment USDR United States Democratic Review

I nt roduct i o n   1 Fonds Louis-Joseph Papineau, Archives publiques du Canada, MG2 4 -B 2 (F P dans les notes subséquentes), brouillon d’une correspondance de ­l’Assemblée du Bas-Canada aux orateurs des Assemblées des autres ­colonies, 15 mars 1836.   2 Parmi les parutions récentes : Lamonde, Fais ce que dois et Aux quatre chemins ; Lamonde et Livernois, Erreur sur la personne ; Courtois et Guyot, Culture des patriotes ; Laporte, Brève histoire ; Duvernay,

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Lettres d’exil ; Bédard, Écrire en temps d’insurrections ; Deschamps, Prisme du Herald ; Guyot, Insoumis. Verne, Famille-Sans-Nom.   3 Greer, « Rebellion Reconsidered ».   4 À titre d’exemple : Ayala et Le Jeune, Les rébellions ; Chifflet, « Représentation des rébellions » ; Petrie, French Canadian Rebels ; Jones, Republicanism and Responsible Government ; Chase, Chartists ; Dagenais et Mauduit, Revolutions across Borders ; Blackstock, «  “­Papineau-O’Connell Instruments”  ».   5 Greer, « Rebellion Reconsidered », 7.  6 Bernard, Rébellions de 1837 et de 1838, 1.   7 Parmi les nombreuses études sur Mackenzie, mentionnons par exemple : Romney, « Types Riot to the Rebellion » et « Rebel as Magistrate » ; Gates, After the Rebellion ; MacKay, « Political Ideas » ; Rea, « Mackenzie – Jacksonian ? ».  8 Bouchard, Genèse des nations, 314-18. Cette vision se retrouve dans : Read, Duncombe Revolt ; Read et Stagg, Rebellion of 1837 ; Laporte, Brève histoire, 96-7 ; Tiffany, Relations ; Guillet, Lives and Times ; Corey, Crisis of 1830-42 ; Kinchen, Patriot Hunters ; Stagg, « Yonge Street Rebellion » ; Gates, After the Rebellion ; Graves, Guns Across the River ; McLaughlin, Patriot War ; Wright, « Harshness and forbearance ».  9 Taylor, Civil War of 1812 ; Bannister, « Canada as Counter-Revolution » ; Errington, The Lion, the Eagle ; Patterson, « Whiggery, Nationality ». 10 Clark, Political Protest, 331-42 ; Schrauwers, « Tilting at Windmills » ; Richards, « Lure » ; Smith, « Within Arm’s Reach », 89-91. 11 Durham, Rapport, 58. 12 Sur le vocabulaire : Bouchard, Nation québécoise, 20. Pour les premiers : Ouellet, « Insurrections » ; Filteau, Histoire des Patriotes ; Senior, Habits rouges. Pour les deuxièmes : Bourque, Question nationale, 313-14 ; Bourque et Légaré, « Résistance paysanne » ; Séguin, « Double soulèvement » ; Ryerson, « Luttes de classes ». Parmi les nombreux travaux discutant de l’historiographie sur les Rébellions, nous pouvons citer à titre d’exemple : Bernard, Mémoire collective et historiens ; Curtis, « State of the Nation » ; Coates, « Rebellions of 1837-38 » ; Collin, « Lignes de faîte » ; Arsenault, « Historiographie des Rébellions ». 13 Bouchard et Lamonde, La nation ; Bouchard, Genèse des nations ; Lamonde, Histoire sociale des idées. Les doutes sont par exemple exprimés dans : Bernier et Salée, Ordre et liberté, 27 ; Wade, Les Canadiens français, I, 174 ; Greer, Habitants, 120, et « Rebellion Reconsidered », 15. Certains historiens affirment cependant toujours qu’il s’agit d’un conflit avant tout nationalitaire, dont : Buckner, « Canadian Civil Wars ».

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14 Il est intéressant de souligner ici, à titre d’exemple, le travail de Richard LaRue, « Allégeance et origine ». 15 Ducharme, Concept de liberté. 16 Nous retrouvons l’association directe entre Parti canadien et Parti patriote dans : Courtois, « Culture des Patriotes », 12-14 ; Bellavance, Siècle des nationalités, 30-3 ; Laporte, Patriotes et loyaux, 27 ; Bouchard, Genèse des nations, 97 ; Balthazar, Nationalisme au Québec, 58-60. Pour saisir le ­changement de sens entre ces deux partis : Harvey, « Parti patriote », 157-61. 17 Plusieurs historiens ont commencé à analyser les deux Canadas ­conjointement : Greer, « Rebellion Reconsidered » ; Ryerson, Birth of Canadian Democracy ; Clark, Political Protest ; Vance, « Labor and Democratic Tradition » ; Harris, « Meaning of Patriot » ; Ducharme, Concept de liberté ; Smith, « Within Arm’s Reach ». 18 Mackenzie, Caroline Almanack, 65. 19 Mackenzie-Lindsey Papers, Archives publiques de l’Ontario, MS-5 1 6 (ML P dans les notes subséquentes), Southwick à Mackenzie, 3 août 1839. 20 New, « Rebellion of 1837 » ; Bruchési, « États-Unis et rébellions » ; Lanctôt, Canadiens français et leurs voisins ; Wade, « Some Aspects of the Relations » ; Bernard, « Idéologies québécoises », 47. 21 Harvey, Printemps. Sur l’américanité : Bouchard et Lamonde, Québécois et américains ; Lamonde, « Pourquoi penser l’américanité ». Pour une vision sceptique de ce concept, Thériault, Critique de l’américanité. 22 Sur l’importance de l’histoire des États-Unis : Craig, « American Impact » ; Landon, Western Ontario. Sur les liens entre radicaux : Gates, After the Rebellion, 13, et « Decided Policy » ; MacKay, « Political Ideas » ; Rea, « Mackenzie – Jacksonian ? » ; Harris, « Meaning of Patriot » ; Schrauwers, Union is Strength et « Tilting at Windmills » ; Bonthius, « Locofocoism with a Gun ». 23 Ducharme, Concept de liberté ; Harvey, Printemps. Pour l’école de Cambridge, voir en particulier Pocock, Moment machiavélien, et le dossier dirigé par Yves Sintomer dans Raisons Politiques, 36 (novembre 2009). En cela, nous approfondissons les observations de Francis Dupuis-Déri (« “Démocratie” au Canada et au Québec »). Le paradigme républicain s’est également affermi avec d’autres ouvrages, dont : Chevrier, L’idée de république ; Chevrier et al., République en Amérique française. 24 Cette dimension transfrontalière et continentale a déjà été explorée dans plusieurs études, dont : Bonthius, « Locofocoism with a Gun » ; Dagenais et Mauduit, Revolutions across Borders ; Smith, « Within Arm’s Reach » ; Hand, « Local Incidents » ; Wittke, « Ohioans and the Canadian-American Crisis » ; Duffy et Muller, « Great Wolf Hunt » ; Johnson, « New York State

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Press » ; Dagenais, « “[T]Hose Who Had Money” » ; Bernard, « Vermonters » ; Dunning, « Episode in Northern Borderland » ; Kenny, « Duvernay’s Exile » et « Stranger’s Sojourn » ; Redding, « “A Floating Population” » ; Mauduit, « American Republicanism ». 25 Parmi l’abondance des travaux disponibles, mentionnons à titre indicatif : Rodgers, Atlantic Crossings ; Tyrell, « American Exceptionalism » ; Thelen, « Nation and Beyond » ; Taylor, « Continental Crossings » ; Subrahmanyam, Explorations in Connected History ; Douki et Minard, « Histoire globale » ; Saunier, « Learning by Doing » ; Iriye et Saunier, Palgrave Dictionary ; Greer, « National, Transnational, and Hypernational » ; Charles et Wien, « Histoire connectée et histoire t­ ransnationale » ; Werner et Zimmermann, « Penser l’histoire croisée » ; Thibaud, « Histoire polycentrique ». 26 Revel, Jeux d’échelles ; Bell et al., « Rebonds transnationaux ». 27 Corey, Crisis of 1830-42 ; Stevens, Border Diplomacy ; Carroll, Good and Wise Measure. 28 United States Democratic Review (USDR dans les notes subséquentes), janvier 1838, 219. 29 Voir les remarques d’Annie Jourdan dans Bell et al., « Rebonds ­transnationaux  », 199. 30 Dans le contexte plus particulier du Haut-Canada et des territoires ­étasuniens frontaliers, Tom Dunning présente les patriotes comme une « communuté républicaine régionale », donc transfrontalière (« A Borderland War »). La création d’une communauté transfrontalière est également au cœur de deux récentes thèses de doctorat : Smith, « Within Arm’s Reach » ; Steedman, « “Feelings of Noble Patriots” ». 31 Les conditions de leur exil, la nature de leur entreprise et l’issue de la ­tentative de révolution rendent difficile l’accès aux archives personnelles. Si la correspondance de Louis-Joseph Papineau a bénéficié d’un ­remarquable travail d’édition, le monumental fonds de William Lyon Mackenzie est incontournable pour analyser l’exil des patriotes canadiens. 32 Le terme « patriote » est au XIXe siècle quasi-synonyme de « républicain » dans la langue française, signifiant celui qui soutient la révolution, le peuple, la patrie, et qui s’oppose à l’aristocratie et à l’Ancien Régime (Caron, La Nation, l’État). 33 Israel, Revolution of the Mind, 53-5, 85-100. 34 Bernard, Rébellions de 1837 et de 1838 ; Greer, « Rebellion Reconsidered », 13-17 ; Ducharme, Concept de liberté ; Smith, « Within Arm’s Reach », 42, 89-95.

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35 Ellul, Autopsie de la révolution, 50-6 ; Thibaud, « Idées et pratiques ­révolutionnaires  », 123-4. 36 Greer, « Rebellion Considered », 8. 37 Mackenzie, Caroline Almanack, 46, 50. Des propos similaires sont tenus par Papineau dans La Minerve, 29 mai 1837, et par Le Libéral, 10 octobre 1837. Voir également : Tousignant, « Constitution de 1791 » ; McNairn, Capacity to Judge, 33 ; Ouellet, Bas-Canada, 1791-1840, 294316 ; Filteau, Histoire des patriotes, 211-14 ; Ducharme, Concept de ­liberté, 71-2 ; Gould, « Virtual Nation », 486-7 ; Taylor, « Late Loyalists », 7-8 ; Senior, Habits rouges, 49. 38 Greer, Habitants et patriotes, 264, et « Rebellion Reconsidered ». Une autre interprétation de la relation impériale est présentée par Buckner, Transition to Responsible Government. Crainte des mouvements de troupes : La Minerve, 3, 13 et 20 juillet, 21 septembre, 16 et 30 octobre, 16 et 20 novembre 1837 ; Township Reformer, 21 novembre 1837 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 88, 91. 39 Belohlavek, Eagle Soar ; Sexton, Debtor Diplomacy ; Lepler, Many Panics ; Karp, Southern Empire ; Opal et Mauduit, « Panique de 1819 » ; Opal, « Patriots No More » ; Dagenais, « “[T]Hose Who Had Money” ». 40 Lepler, Many Panics. 41 F P , brouillon d’une correspondance de l’Assemblée du Bas-Canada aux orateurs des Assemblées des autres colonies, 15 mars 1836. 42 La complexité de la personne et de la position politique de Papineau est depuis longtemps source de discussions universitaires. Nous pouvons citer parmi ces travaux : Ouellet, Être divisé ; Lamonde, Fais ce que dois ; Guimond, « Paradoxe du seigneur républicain ». 43 Gaillardet, Aristocratie en Amérique, 7. 44 Tocqueville, Démocratie en Amérique, 132-4. Lire à ce propos Swedberg, Tocqueville’s Political Economy, 65-8, 84-6 ; Bernard, « Idéologies ­québécoises et américaines », 52. 45 Israel, Revolution of the Mind et Expanding Blaze. Le radicalisme de Karl Marx constitue pour Israel un tournant, Expanding Blaze, 49-50. 46 Sur l’aristocratie naturelle et les tensions politiques : Wood, Creation of the American Republic ; Wilentz, Chants Democratic ; Howe, What Hath God Wrought ; Ryan, Civic Wars ; Formisano, For The People ; Kloppenberg, Toward Democracy. Sur la Constitution : Bouton, Taming Democracy ; Houlton, Unruly Americans ; Wood, Creation of the American Republic, 485 ; Cotlar, Paine’s America, 159. 47 Emerson, cité dans Wilentz, Rise of American Democracy, 331.

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48 Harvey et Lamonde, « “Destin manifeste” dans les Amériques », 54 ; Ducharme, Concept de liberté, 125-6. Voir également dans le Fonds Ludger Duvernay, P680, Archives Nationales du Québec (FD dans les notes subséquentes) : Duchesnois à Duvernay, 9 juillet 1839, et « A Paine Man » à Duvernay, 16 septembre 1839. Les écrits de Paine influencent ­particulièrement Mackenzie qui les publie à un rythme régulier dans The Constitution. 49 Guarneri, Utopian Alternative ; Reynolds, Subversive Imagination ; Bestor, Backwood Utopias ; Wilentz, Chants democratic, 162-3, 336-8 ; Schrauwers, Union is Strength, 50-5 ; Redding, « “A Floating Population” ». 50 Duncombe, Free Banking, 178. Notons que le terme « capitaliste » renvoie alors avant tout aux détenteurs de capital et qu’il ne véhicule pas systématiquement une connotation négative dans l’esprit des républicains radicaux. 51 Hendrickson, Peace Pact. Voir aussi Richards Jr, Breakaway Americas, qui comporte un chapitre sur les Canadas.

C ha p i t r e 1  1 Bernard, Mémoire collective et historiens, 160-1. Filteau, Histoire des patriotes, 275 ; Laporte, Patriotes et loyaux, 386 ; Guyot, Insoumis, 11. Pour une interprétation inverse : Wade, Canadiens français, 185 ; Ouellet, « Papineau » ; Ducharme, Concept de liberté, 122, 214-15 ; Lindsey, Mackenzie, II, 358 ; MacKay, « Political Ideas », 14-15.   2 Discours à l’assemblée des comtés de L’Assomption et de Lachenaie, 29 juillet 1837, reproduit dans Papineau, Demi-siècle de combat, 463.  3 Harvey, Printemps, 134-41, 179-80 ; Ducharme, Concept de liberté, 122-3 ; MacKay, « Political Ideas », 5.  4 Le Libéral, 22 juillet 1837.   5 Wilton, Popular Politics ; Mills, Idea of Loyalty ; Cadigan, « Paternalism and Politics » ; Stagg, « Yonge Street Rebellion » ; Read, Duncombe Revolt, 178-204.   6 Voir par exemple l’adresse des Fils de la liberté ou celle de la Confédération des Six-Comtés.   7 Dubuc, « Classes sociales ».   8 Sur la « constitution » de 1791 : Hare, Origines du parlementarisme ; Tousignant, « Constitution de 1791 » ; Wallot, « Révolution et ­réformisme » ; Brun, « Constitution de 1791 » ; Taylor, Civil War of 1812, 5 ; Harvey, Printemps, 13. Pour une interprétation divergente : Ducharme, Concept de liberté, 51-60. Sur la création de l’aristocratie : Ryerson, Capitalisme et Confédération, 117-18 ; Tousignant, « Constitution de 1791 » ; Ouellet,

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Bas-Canada, 40. Sur le pouvoir politique accordé à ­l’aristocratie : Ducharme, Concept de liberté, 57.  9 Mackenzie, Caroline Almanack, 40. Lire également : Mackenzie, Sketches of Canada, 405-9 ; Girod, Notes diverses. Sur les privilèges de l’aristocratie : Harvey, Printemps, 42-3 ; Schrauwers, Union is Strength, 160-8, 24754 ; Bittermann, Rural Protest, 8-26 ; Little, Loyalties in Conflict, 4-6 ; Ryerson, Capitalisme et confédération, 117-43. Pour une récente relecture du Family Compact : McKim, « Upper Canadian Thermidor ». 10 La Minerve, 15 mai 1837. 11 T.S. Brown (« L.M.N. »), La Minerve, 21 septembre 1837. 12 Lamonde et Livernois, Erreur sur la personne ; Lamonde, Fais ce que dois, 60-2 ; Chassé et al., « Neilson ». Comme le notent Lamonde et Livernois, un grand nombre d’études ont considéré, au contraire, que Papineau ­manipulait la rhétorique républicaine uniquement pour pousser certaines réformes, comme le gouvernement responsable. Nous pouvons citer à titre d’exemple : Greenwood, « Patriotes et gouvernement responsable » ; Jones, Republicanism and Responsible Government. 13 La Minerve, citée dans Ducharme, Concept de liberté, 214-15. 14 F D  : Anonyme à Mr le Rédacteur, 14 février 1832 (« révolution ») ; John Jones à Duvernay, 18 mars 1832 ; Davignon à Duvernay, 22 août 1834. Controverse publique : Laurence, « Gosselin ». 15 La Minerve, 1er janvier 1835. Laporte, « 92 Résolutions », 36-7. 16 La Minerve, 9 février 1837. Mackenzie : La Minerve, 2 février 1837. Papineau : Lamonde, Fais ce que dois, 185. 17 La Minerve, 9 janvier 1837. 18 Ibid., 15 mai 1837. 19 The Vindicator, 21 avril 1837, cité dans Verney, O’Callaghan, 111. 20 Ryerson, « Luttes de classes », 244-62, et Capitalisme et Confédération, 112-13. 21 Le Libéral, 3 octobre 1837. Sur les liens et les parallèles avec les ­révolutions atlantiques  : Le Libéral, 9 septembre 1837 ; The Vindicator, 27 octobre 1837 ; Bernard, Rébellions de 1837 et de 1838, 24 ; Ducharme, Concept de liberté ; Lamonde, Histoire sociale des idées, I ; Guyot, Insoumis. Sur les citoyens étasuniens : Committee on Foreign Affairs: Burning of the Steamboat Caroline – HR 2 5 A -G6 .2 , Archives nationales des États-Unis (CFA – Caroline dans les notes subséquentes), « Proceedings of a Convention of the People of Montpelier, V T », 17 décembre 1838 ; Fitz, Sisters Republics. 22 Le Libéral, 26 septembre 1837. Sur l’inspiration puisée dans la révolution de 1776, voir par exemple : Mackenzie, Van Buren, 283-5 ; Harvey,

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Notes des pages 29–35

Printemps. Sur Duvernay : The North American, 23 juin 1841. Sur la situation pire du Bas-Canada : Le Libéral, 22 juillet, 10 et 31 octobre 1837. 23 La Minerve, 29 juin 1837. La glorification de la révolution américaine est similaire au Haut-Canada, Steedman, « “Feelings of Noble Patriots” », 89-92. 24 Le Libéral, 18 août 1837. Voir aussi Le Libéral, 5 septembre 1837. Sur l’héritage du Spirit of ’76, voir par exemple : Bonthius, « Underhill », 137 ; Dagenais, « “[T]Hose Who Had Money” », 6 ; Richards, « Lure », 96 ; Dunning, « Borderland War », 136 ; Smith, « Within Arm’s Reach », 182-3 ; Steedman, « “Feelings of Noble Patriots” », 102-3. 25 Le Libéral, 10 octobre 1837.  26 Sur l’intérêt des Bas-Canadiens pour les tensions frontalières : La Minerve, 26 juin et 7 août 1837 ; The Vindicator, 1er août 1837 ; Le Libéral, 8 ­juillet, 12 et 26 septembre 1837 ; Le Canadien, 26 juillet, 9 octobre, et 3 novembre 1837 ; Le Populaire, 21 juillet, 25 août, et 27 octobre 1837. Sur les tensions frontalières et la « lumber mania » : MacNutt, New Brunswick, 225-53 ; Lepler, Many Panics, 70-3. 27 Discours imprimé dans La Minerve des 18, 25 et 29 mai 1837, et ­retranscrit dans Papineau, Demi-siècle de combats, 417-49. 28 La Minerve, 5 juin 1837. 29 The Vindicator, 1er août 1837. Little, Loyalties in Conflicts, 75-7. 30 La Minerve, 29 juin 1837. 31 Le Libéral, 18 août 1837. UC Liberal cité dans Le Libéral, 26 juillet 1837. Consulter également Le Libéral des 29 juillet et 2 août 1837. Accrochages : Le Canadien, 30 juin et 17 juillet 1837. 32 L.M.N., traduit et cité dans Le Canadien, 12 juillet 1837. 33 Le Libéral, 8 juillet 1837 ; Le Canadien, 12 juillet 1837.  34 Le Libéral, 18 août 1837. Sur les promesses non tenues, consulter par exemple Le Libéral, 9 août 1837.  35 Le Canadien, 19 juin 1837. Voir également Le Canadien, 30 juin et 3 juillet 1837. 36 Le Populaire, 21, 23 et 26 juin 1837.  37 Un jeune ami, Le Populaire, 5 juillet 1837. 38 Le Populaire, 10 juillet 1837. 39 Collège de Montréal : Le Canadien, 31 juillet 1837. Convocation : ibid, 10 juillet 1837. Victoria : Le Populaire, 4 août 1837.  40 T.S. Brown pour le Daily Express, traduit dans La Minerve, 21 ­septembre 1837. Consulter aussi Le Libéral, 29 août 1837. 41 Représentativité du peuple : Le Libéral, 15 septembre et 3 novembre 1837. Prorogation de l’Assemblée : Gallichan, « Session de 1836 » ; Wade, Canadiens français, 187-9.

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Notes des pages 35–40

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42 Deux-Montagnes : Le Libéral, 20 octobre 1837 ; Greer, Habitants, 200-2, 263, 271, et « Rebellion Reconsidered », 12 ; Ryerson, « Luttes de classes », 248 ; Clark, Political Protest, 297-9. Six-Comtés : The Vindicator, 27 octobre 1837. 43 The Constitution, 5 juillet 1837, reproduit dans Mackenzie, Selected Writings, 358-9. Mackenzie souligne. La proclamation dont il est question est celle sur l’interdiction des assemblées publiques. 44 Gardes en armes : La Minerve, 26 juin et 31 juillet 1837. La Marseillaise : La Minerve, 29 juin 1837 ; Wade, Canadiens français, 187. 45 Le Courrier des États-Unis, 21 octobre 1837. Lamonde, Histoire sociale des idées, I, 240. 46 L’adresse des Fils de la liberté est retranscrite dans Bernard, Assemblées publiques, 214-22. Caractère militaire de l’association : Filteau, Histoire des patriotes, 329-34, 342 ; Senior, Habits rouges, 34-7 ; Rumilly, Papineau, I, 461-7 ; Greer, Habitants, 264-5 ; Ducharme, Concept de l­iberté, 215-16 ; Clark, Political Protest, 305-7 ; Ouellet, « Insurrections », 209 ; Ryerson, « Luttes de classes », 247 ; Smith, « Within Arm’s Reach », 67-74. 47 F D , Malhiot à Duvernay, 15 juin 1839. 48 Le Libéral, 9 septembre 1837.  49 Ibid., 29 septembre 1837.  50 Ibid., 24 octobre 1837. Consulter aussi ibid., 3 octobre 1837.  51 Ibid., 17 octobre 1837. 52 Ibid., 10 octobre 1837.  53 Le Canadien, 9 octobre 1837 ; Le Libéral, 17 octobre 1837.  54 La Minerve, 26 octobre 1837. 55 Ibid. Sur cette assemblée : Harvey, Printemps, 214-17 ; Greer, Habitants, 205-11 ; Ducharme, Concept de liberté, 215-16 ; Laporte, Brève histoire, 116-18. 56 Sens politique et propos de l’assemblée des Six-Comtés : MLP, Brown à Mackenzie, 15 octobre 1838 ; McLeod, Brief Review, 154-9 ; Greer, Habitants, 266-7 ; Bernard, Rébellions de 1837 et de 1838, 3-5 ; Clark, Political Prostest, 290-3, 301-5. Adresse : Bernard, « Vermonters », 255. Côté : Le Canadien, 30 octobre 1837 ; Le Populaire 27 octobre 1837. 57 Le Populaire, 27 octobre 1837.  58 Ibid. 59 L’adresse est publiée dans La Minerve du 2 novembre 1837 et reproduite dans Bernard, Assemblées publiques, 277-85. Consulter aussi : La Minerve, 26 et 30 octobre 1837 ; The Vindicator, 27 et 31 octobre 1837. Parent : Le Canadien, 9 et 30 octobre 1837. Gosford : Clark, Political Protest, 296. Ouellet, Être divisé, 16 ; Harvey, « Papineau », 42-3.

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Notes des pages 40–3

60 Upper Canadian Liberal cité par The Vindicator, 3 novembre 1837. Journaux étasuniens : L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, 17 novembre 1837 ; New York Evening Post, 13 décembre 1837. 61 Monière, Duvernay, 127. 62 Le Libéral, 7 novembre 1837. Consulter aussi : ibid., 10, 14 et 18 novembre 1837. 63 Ibid., 10 novembre 1837. Violences : ibid., 7 et 20 novembre 1837. Fils de la liberté de Québec : ibid., 3 novembre 1837. 64 Le Populaire, 16 août 1837.  65 Brown : Le Canadien, 12 juillet 1837. Tribut : Le Libéral, 29 septembre 1837. « Milicien » : La Minerve, 3 juillet 1837. 66 « Guerre civile » et « résistance » : Le Libéral, 18 août, 13 octobre, 7 et 20 novembre 1837. La Minerve citée dans Le Libéral, 27 octobre 1837. Appréhension des mouvements de troupes : Le Canadien, 18 et 6 novembre 1837 ; Le Libéral, 31 octobre et 3 novembre 1837. Parent : Le Canadien, 30 octobre et 6 novembre 1837. « Double soulèvement » : Séguin, « Double soulèvement » ; Deschamps, Prisme du Herald. Sur ­l’organisation militaire des colons loyalistes, voir aussi Smith, « Within Arm’s Reach », 50-67. 67 Burlington Sentinel, 12 et 13 décembre 1837, repris par Le Courrier des États-Unis, 20 décembre 1837. Lamonde, « Courrier des États-Unis », 228, 233.  68 Papineau, Histoire de la résistance, 22. Je souligne. Papineau à Mackenzie, 18 février 1838, dans Papineau, Lettres à divers correspondants, 378-82. Consulter également : FD, W. Nelson à Duvernay, 1er août 1839 ; FD, Robitaille à Duvernay, 7 avril 1838, reproduit dans le Numismatic Journal, VI, 99-103 (FDNJ dans les notes subséquentes).  69 Le Patriote canadien, 21 août 1839 ; FP, Mackenzie à Brown, 3 janvier 1838. 70 Cité dans Le Libéral, 7 et 10 novembre 1837.  71 Sur l’intérêt des journaux étasuniens pour les évènements canadiens : La Minerve, 11 septembre 1837 ; New York Evening Post, 19 décembre 1837 ; New Era and American Courier, 26 mai 1838 ; Mauduit, « American Republicanism ». New York : The Vindicator, 3 novembre 1837. Leggett : Plaindealer, 25 février, 15 juillet et 2 septembre 1837. Francosphère : L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, 17, 18, 21 et 30 novembre, et 7 décembre 1837 ; Mauduit, « “Livre du peuple” ». Superficialité du ­soutien : Lanctôt, Canadiens français et leurs voisins ; Duffy et Muller, Anxious Democracy, 45-72 ; Kinchen, Patriot Hunters, 50-5. 1776 comme modèle : Le Courrier des États-Unis, 21 octobre 1837. Le Jeune, « Presse française », 491-7 ; Chase, Chartists ; Lamonde, Histoire sociale des idées, I.

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Notes des pages 44–8

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72 Critiques contemporaines contre la jeune république : Israel, Revolution of the Mind, 44-6 ; Cotlar, Paine’s America, 3-11. Interprétations ­favorables à la « démocratie jacksonienne » : Wilentz, Rise of American Democracy ; Schlessinger, Age of Jackson. Interprétations plus critiques : Pessen, Jacksonian America ; Benson, Concept of Jacksonian Democracy ; Opal, Avenging the People. Discussion historiographique : Pessen, « Cliometric Attempt », « Beleaguered Myth » et « Labour Revisited » ; Pasley, « Minnows, Spies and Aristocrats ». 73 Evans, « History of the Working Men’s Party », 2-3. Sur ce radicalisme : Pessen, Most Uncommon Jacksonians et « Skidmore » ; Hugins, Jacksonian Democracy. 74 Feuer, « American Origin » ; Tuchinsky, « “Bourgeoisie” » ; Pessen, Uncommon Jacksonians, 173. 75 Skidmore, Rights of Man, 231. Critique de Paine : Skidmore, Rights of Man, 3-5. 76 Guarneri, Utopian Alternative ; Skidmore, Rights of Man, 126-44. 77 Equal Rights Party, « Declaration of Principles », cité dans Byrdsall, History Loco-Foco, 39-40. 78 Adresse de la convention d’Utica, Byrdsall, History Loco-Foco, 169-70. 79 Sur ce mouvement : Byrdsall, History Loco-Foco ; Degler, « Urban “­agrarians” » ; Hugins, Jacksonian Democracy, 112-28 ; Greenberg, Advocating the Man ; Comega, « Dupes of Hope » ; Trimble, « Diverging Tendencies » et « Social Philosophy » ; Rifkin « Leggett ». Critique ­contemporaine : Parti démocrate, « A numerous meeting ». 80 Equal Rights Party : Byrdsall, History Loco-Foco, 99-100, 167-9. Bouleversements économiques et leurs conséquences : Wilentz, Chants democratic, 107-43 ; Burrows et Wallace, Gotham, 434-5, 587-602 ; Pessen, Jacksonian America, 77-100 ; Lepler, Many Panics, 8-42 ; Blackmar, Manhattan For Rent. Panique bancaire : Lepler, Many Panics, 20-66, 94-122 ; Wilentz, Rise of American Democracy, 441-5, 463-4 ; Burrows et Wallace, Gotham, 613-15. Témoignage contemporain : Le Courrier des États-Unis, 6 et 10 mai 1837. 81 « Guerre » : Collectif, Address to the Working Men ; Widmer, Young America, 6. Violence et émeutes populaires : Gilje, Rioting in America et Road to Mobocracy ; Grimsted, American Mobing et « Ante-Bellum Labor » ; McCaughey, « Usable Past » ; Prince, « “Riot Year” » ; Wilentz, Rise of American Democracy, 402-3. « Anti-Rent War » : Gilje, Rioting in America, 76. 82 Montreal Herald, 26 septembre 1835, cité dans Deschamps, Prisme du Herald, 98. Clay et Chevalier : Chevalier, Society, Manners and Politics, 385-95.

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Notes des pages 48–53

83 Pessen, Most Uncommon Jacksonians, 191-6. Esprit révolutionnaire de Leggett : Comega, « Dupes of Hope ». 84 Le Libéral, 14 novembre 1837. 85 Roosevelt, Domestic Industry, 44. 86 Influence de Leggett et des Locofocos sur Mackenzie : Gates, « Decided Policy » ; Schrauwers, Union is Strength, 179 ; Mackenzie’s Gazette, 25 mai 1839 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 54 ; New York Evening Post, 12, 27 et 28 août 1839. O’Callaghan : The Vindicator, 26 mai, 13 octobre et 7 novembre 1837. Sur les Bas-Canadiens : Le Libéral, 15 septembre 1837 ; The North American, 12 juin 1839. 87 À titre indicatif : Byrdsall, History Loco-Foco, 168 ; Harvey, Printemps, 163-4 ; Township Reformer, 25 juillet 1837.

C ha p i t r e 2  1 Le Libéral, 17 juin 1837.  2 La Minerve, 2 avril 1835. Sur la formation des nations : Anderson, Imagined Communities ; Adelman, Sovereignty and Revolution. Rébellion et État-nation : Bellavance, Siècle des nationalités. Nationalisme civique : Bouchard et Lamonde, Nation ; Lamonde, « Papineau, Parent, Garneau ».   3 Projets d’union antérieurs à 1837 : Séguin « Double soulèvement », 181-4 ; Vance, « Labor ». Le lien politique entre les républicains des deux Canadas est mentionné dans : Ryerson, Capitalisme et la Confédération, 160-1, 181 ; Wade, Canadiens français, I : 174, 207, 213 ; Séguin, « Double soulèvement », 183 ; Vance, « Labor » ; Greer, « Rebellion Reconsidered » ; Ducharme, Concept de liberté, chap. 6 ; Senior, Habits rouges, 65-6 ; Labonté, Alias Anthony St-John, 90-4.  4 Hendrickson, Peace Pact ; Harvey, Printemps, 170-80 ; Dumont, Genèse, 181-2.   5 Francophobie : Deschamps, Prisme du Herald et Anti-Gallic Letters. Sur le projet impérial d’assimilation : Greenwood et Wright, State Trials, 17 ; Deschamps, Anti-Gallic Letters, 102-7, 188-92 ; Durham, Rapport, 221 et suivantes.   6 Nationalisme patriote comme assimilateur autour du fait français : Balthazar, Nationalisme au Québec, 57-71 ; Laporte, Brève histoire, 11, 101-6 ; Bellavance, Siècle des nationalités, 58-60 ; Dumont, Genèse, 184-5. Critique des sources utilisées dans ces travaux : Mauduit, « “Vrais républicains” », 172-8. Bilinguisme : FD, Parent à Duvernay, 7 novembre 1832 ; F D , Davies et Pickering à Duvernay, 11 octobre 1832. 

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Notes des pages 53–6

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  7 Vieux de la Montagne : Le Libéral, 10 octobre 1837. Consulter également : Le Libéral, 26 et 29 juillet, et 18 août 1837. À l’international : L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, 18 novembre et 7 décembre 1837 ; Le Jeune, « Presse française ».  8 Le Populaire, 28 juin 1837. Consulter également : Le Libéral, 2 août 1837 ; Lamonde, Fais ce que dois, 185-6.  9 Le Libéral, 26 septembre 1837.  10 La Minerve, 23 avril 1827. Consulter également Greer, Habitants, 126 ; Hare, Pensée socio-politique, 45-52. 11 La Minerve, 18 mai 1837. « Classe distincte » : The Vindicator, 14 février 1837. Surpassement des frontières culturelles chez les patriotes : La Minerve, 15 mai 1837 ; Le Libéral, 26 juillet, 22 août, 5 et 12 septembre 1837 ; Lamonde, Fais ce que dois, 185-6, et Histoire sociale des idées, I, 218-20 ; Harvey, Printemps, 242-6 ; Ducharme, Concept de liberté, 155-60 ; Bernard, Mémoire collective et historiens, 340 ; Bernier et Salée, Ordre et liberté, 180-1. 12 La Minerve, 9 janvier 1837. Brown souligne. 13 Ibid., 9 mars 1837. 14 Exemples d’utilisation du mot « Canadiens » aux États-Unis : L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, 21 novembre et 20 décembre 1837, 4 janvier et 30 novembre 1838 ; Le Libéral, 7 novembre 1837 ; L’Estafette, 20 février 1838. Certains éditeurs étasuniens prennent en considération les distinctions nationalitaires des Canadas : Harvey, « “Canadian Moment” ». 15 Mouvement patriote dans les townships : Little, Loyalties in Conflict, 65-6 ; Clark, Political Protest, 328-30 ; Bernard, « Vermonters », 252 ; Laporte Patriotes et loyaux, 341-77 ; Greer, Habitants, 152-3. Conflit agraire et patriotes : Township Reformer, 21 novembre 1837 ; Little, Nationalism, Capitalism, and Colonization, 36-63 ; Laporte, Patriotes et loyaux, 345 ; Bernier et Salée, Ordre et liberté, 109-14. 16 « Patriote » : Le Libéral, 29 août, 17 octobre, et 3 novembre 1837. Papineau : M LP, Papineau à Mackenzie, 21 avril 1838. Amédée : MLP, A. Papineau à Mackenzie, 16 mai 1839. Côté : MLP, Côté à Montgomery, 22 juillet 1840. Consulter également Le Libéral, 15 juillet 1837. 17 Cités dans Bernard, Assemblées publiques, 128. À titre indicatif sur le peuple uni : La Minerve, 10 août 1837. Irlandais : La Minerve, 21 août 1837 ; FP, Côté à Papineau, 2 janvier 1838 ; Clark, Political Protest, 324-7 ; Harvey, « “Exception irlandaise” ». Anglophones de Québec : Le Libéral, 15 septembre 1837. 18 Élan patriote dans les townships : Township Reformer, 2 mai 1837 ; Le Libéral, 15 juillet et 19 septembre 1837 ; La Minerve, 3 juillet 1837 ;

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Notes des pages 57–61

Kesteman, Cantons de l’Est, 208-12 ; Filteau, Histoire des Patriotes, xxxi, 211 ; Laporte, Patriotes et loyaux, 350-9. 19 La Minerve, 29 juin 1837. 20 Ibid., 22 juin 1837. Je souligne. Saint-Thomas : Le Libéral, 1er juillet 1837. Irlandais et Résolutions Russell : La Minerve, 22 mai 1837. Dans une même veine : Bellavance, Siècle des nationalités, 59 ; Ryerson, « Luttes de classes », 251-2 ; Bernier et Salée, Ordre et liberté, 181. 21 Consulter par exemple La Minerve, 20 février 1837. 22 Le Libéral, 5 juillet 1837. Je souligne. Greer, Habitants, 124-5. 23 Projet d’assimilation : Durham, Rapport, 221 et suivantes ; Curtis, Ruling by Schooling, 429, 437-9, et « Nationalism in Insurrectionary Canada », vi, ­325-49 ; Ryerson, « Luttes de classes », 242-3 ; Bourque et Légaré, « Résistance paysanne », 275-6. Défense de la culture française par des patriotes anglophones : MLP, (Samuel Chapman ?), « Russian Poling in Lower Canada », 24 juillet 1838 ; MLP, Chartier à Mackenzie, 14 février 1839 ; Township Reformer, 2 mai, 25 juillet et 21 novembre 1837 ; Laporte, « Philosophic Radicals ». Clergé catholique : Le Libéral, 12 septembre 1837. 24 Ibid., 17 juin 1837. La Minerve et Le Canadien cités dans Dumont, Genèse, 185. 25 Larousse, Grand dictionnaire, 243. Le sens figuré n’est donc pas celui d’une fusion comme en témoignent les exemples utilisés : « Amalgamer des vieillards avec des jeunes gens […] La civilisation et la nature semblent ne s’être pas encore bien amalgamées (Mme de Staël). » 26 Cité dans Laporte, Brève histoire, 102. 27 Tocqueville, Regards sur le Bas-Canada, 169-70. 28 La Minerve, 20 février 1837. 29 L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, 20 octobre et 17 novembre 1837. 30 La Minerve, 1er janvier 1835. Parent cité dans Le Libéral, 29 ­septembre 1837. Consulter également : Le Libéral, 18 août 1837 ; Le Populaire, 11 août 1837.  31 Hammond, Banks and Politics, 664. Voir également : Longley, « Crisis of 1837 ». 32 Cité et traduit dans Le Libéral, 22 septembre 1837. Consulter également : La Minerve, 12 janvier, 27 février, 3 avril, 18 mai, 12 et 29 juin 1837 ; The Vindicator, 2 et 6 juin 1837 ; Le Libéral, 12 août 1837 ; Jones, Republicanism and Responsible Government, 101-25. 33 Le Patriote de Terre-Neuve cité dans La Minerve, 12 juin 1837. Consulter également sur Terre-Neuve : La Minerve, 28 mai, 3 juillet, et 2 octobre 1837 ; The Vindicator, 17 janvier 1837. Nouveau-Brunswick : La Minerve, 6 mars 1837.

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Notes des pages 61–5

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34 Côté : Bittermann, Rural Prostest, 5. Duvernay : La Minerve, 21 ­septembre et 2 octobre (citation) 1837. Consulter également : Le Libéral, 26 septembre 1837. 35 Brown, Tenth Letter of L.M.N., 4-5 ; Le Libéral, 20 octobre 1837 ; Township Reformer, 25 juillet 1837. 36 F P , brouillon d’une correspondance de l’Assemblée du Bas-Canada aux orateurs des Assemblées des autres colonies, 15 mars 1836. Canadian Alliance Society : M LP, « Objects and Rules of the Canadian Alliance Society », 9 décembre 1834. Comité de Montréal : FP, Comité de correspondance de Montréal à Papineau, 11 décembre 1834. Sur ­l’amplification de la coopération : Mauduit « “Vrais républicains” », 55-8 ; ML P, Brown à Mackenzie, 4 août 1836. O’Callaghan et Mackenzie : Verney, O’Callaghan, 102-3. Voir également : Clark, Political Protest, 284-7. 37 La Minerve, 9 mars 1837. 38 Mackenzie (« Carolus ») : La Minerve, 15 mai et 1er juin 1837. DeuxMontagnes : Bernard, Assemblées publiques, 50 ; The Vindicator, 6 juin 1837 ; Clark, Political Protest, 291. 39 Brown cité dans : Le Canadien, 12 juillet 1837 ; Le Libéral, 18 août 1837 ; L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, 18 novembre 1837. 40 The Vindicator, 23 mai 1837. 41 Soutien des Haut-Canadiens : La Minerve, 1er et 15 mai, et 1er juin 1837 ; Le Libéral, 26 juillet, 22 août, 17 et 24 octobre 1837 ; The Vindicator, 13 octobre 1837. Assemblées : Le Libéral, 29 août, 5 et 29 septembre 1837 ; The Vindicator, 6 octobre 1837 ; Lindsey, Mackenzie, II, 32 ; Clark, Political Protest, 373-88 ; Smith, « Within Arm’s Reach », 75-8, 80-1. Affrontement qui gronde : Brockville Recorder cité dans Le Libéral, 10 novembre 1837. 42 Fils de la liberté : La Minerve, 28 août 1837 ; Senior, Habits rouges, 35 ; Rumilly, Papineau, I, 461. Boycottage : The Vindicator, 27 octobre 1837 ; Le Libéral, 5 et 29 septembre 1837. O’Grady : Le Libéral, 26 septembre 1837.  43 Activité de Mackenzie : Le Libéral, 29 août, 5 et 15 septembre 1837. Assemblées de Toronto : Mackenzie, Caroline Almanack, 70-1 ; Read et Stagg, Rebellion of 1837, xxxi ; Greer, « Rebellion Reconsidered », 13. La Declaration of the Reformers of the City of Toronto to their FellowReformers in Upper-Canada est parue dans The Constitution (2 août 1837) et elle est retranscrite dans Lindsey, Mackenzie, II, 334-42. Lindsey précise que ce sont le Dr Rolph et Mackenzie qui l’ont rédigée. 44 Le Libéral, 29 août 1837.

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Notes des pages 65–70

45 Cité dans Le Libéral, 24 octobre 1837. Agent de la douane : Le Libéral, 24 octobre 1837. Inquiétudes des autorités : Le Libéral, 13 et 17 octobre 1837. 46 Lindsey, Mackenzie, II, 52-7. 47 Cité dans Clark, Political Protest, 387. 48 Buckner, « Canadian Civil Wars », 96. 49 « Declaration of the Reformers » retranscrite dans Lindsey, Mackenzie, II, 334. Je souligne. Le Populaire, 23 août 1837. Sur l’absence de coordination : Laporte, Brève histoire, 97. Pour une vision inverse : Ducharme, Concept de liberté, 121 ; Greer, « Rebellion Reconsidered », 10-11. 50 The Vindicator, 6 octobre 1837. Consulter également : Papineau à W. Nelson, 7 août 1837, retranscrite dans Papineau, Lettres à divers ­correspondants, 368 ; McLeod, Brief Review, 160-1. 51 La Minerve, 30 octobre 1837. Consulter également : Le Libéral, 29 ­septembre et 31 octobre 1837. 52 Papineau à W. Nelson, 7 août 1837, retranscrite dans Papineau, Lettres à divers correspondants, 368. Voir également : Deschamps, Prisme du Herald, 106-7, 240-1. 53 Papineau à Mackenzie, 18 février 1838, retranscrite dans Papineau, Lettres à divers correspondants, 378-82. Encouragements de Papineau : F P , Mackenzie à Papineau, 5 janvier 1838 (1839 en réalité) ; Mackenzie, Own Narrative, 7-8 ; Greer, « Rebellion Reconsidered » ; Gates, After the Rebellion, 15, 115. 54 Mackenzie, Who Began?, 3. Lloyd : McLeod, Brief Review, 185 ; A. Papineau, Journal, 224-5 ; Senior, Habits rouges, 65-6 ; Read, The Rebellion, 11-13 ; Verney, O’Callaghan, 135. 55 Gates, « Decided Policy », 202-3 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 105. 56 ML P  : Mackenzie à Dufort, 27 décembre 1837 ; doc. nos 1097-1098, « A memorandum in William Lyon Mackenzie’s handwriting regarding Dr Wolfred Nelson, Dr O’Callaghan and L.J. Papineau at St Denis », non daté ; « Navy Island Memoranda », 18 décembre 1837. A. Papineau, Journal, 208 ; McLaughlin, Patriot War, 37-8 ; Gates, After the Rebellion, 15, 37 ; Lindsey, Mackenzie, II, 50. 57 Ayala et Le Jeune, Vues de Paris, 115-21. 58 Greenberg, « Practicability of Annexing Canada » ; Mauduit, « American Republicanism ». 59 Louisiane : L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, 20 octobre et 17 novembre 1837 ; Le Canadien, 26 juin 1837 ; La Minerve, 22 juin et 3 août 1837. New York : Le Courrier des États-Unis, 29 juillet 1837 ; Lamonde, « Courrier des États-Unis ». Voir également : Mauduit, « “Livre du peuple” ».

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Notes des pages 70–5

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60 Importance de la question canadienne aux États-Unis : Le Courrier des États-Unis, 29 juillet 1837 ; Dagenais, « “[T]Hose Who Had Money” » ; Lacroix, « Peace and Order » ; Bruchési, « États-Unis et rébellions », 11. Democratic Review : USDR , janvier 1838 ; Harvey, « “Canadian Moment” » ; Harvey et Lamonde, « “Destin manifeste” ». Bennett : Crouthamel et Jackson, « Newspaper Sensationalism », 310. 61 Mauduit, « American Republicanism ». New York Daily Express, 1er ­juillet 1837, cité dans La Minerve, 6 juillet 1837, et Le Libéral, 29 août 1837. Voir également : Corey, Crisis of 1830-42, 87. Cushing : The Vindicator, 1er août ; La Minerve, 7 août 1837 ; McLeod, Brief Review, 270-3 ; Belohlavek, Broken Glass, 95-6. 62 Daily Express traduit et cité dans Le Libéral, 29 août 1837. Louisiane : Le Canadien, 26 juin 1837 ; La Minerve, 22 juin et 3 août 1837. 63 Daily Express cité dans La Minerve, 6 juillet 1837. 64 Papineau, Histoire de la résistance, 19-21, 51. Harvey, Printemps, 117-18, 169-76, 186-91. Papineau : Ouellet, « Papineau », 26-7 ; Bruchési, « ÉtatsUnis et rébellions », 9 ; Séguin, Deux nationalismes, 307, 343-4 ; Harvey, « Papineau », 47-8 ; Lamonde, Histoire sociale des idées, I, 217 ; Lamonde et Livernois, Erreur, 156 ; Lamonde, Fais ce que dois, 64-5, 1 ­ 80-1. Annexionnisme incompatible avec le nationalisme ethnique : Bernard, « Idéologies québécoises », 59 ; Filteau, Histoire des Patriotes, 267-8. 65 Le discours est imprimé dans La Minerve des 18, 25 et 29 mai 1837. Résolutions : La Minerve, 18 mai 1837. Il existe diverses lectures du thème de l’annexion dans ce discours : Courtois, « Nation et république », ­115-17 ; Harvey, « Papineau », 45, et Printemps, 175 ; Bruchési, « ÉtatsUnis et rébellions », 9-10 ; Lamonde, Histoire sociale des idées, I, 211-13. 66 Papineau à Bancroft, 18 décembre 1837, Canadian Historical Review 38, no 2 (1957) : 296-299. La réponse de Bancroft est reproduite dans Marshall, « Bancroft ». Voir également Labonté, Anthony St-John, 231-5. 67 Papineau à Nancrède, 14 mai 1838, dans Papineau, Lettres à divers ­correspondants, I, 387-93. 68 Edmund Bailey O’Callaghan Papers, MSS-35014, Bibliothèque du Congrès (OP dans les notes subséquentes), Papineau à O’Callaghan, 9 septembre 1842. 69 F D , Gauvin à Duvernay, 27 novembre 1839. 70 Ajzenstat, « Collectivity and Individual Right » ; Lamonde et Livernois, Erreur, 155-75 ; Harvey et Lamonde, « “Destin manifeste” », 59-60. 71 F P , O’Callaghan à Cushing, 7 février 1838. O’Callaghan souligne. Consulter également : The Vindicator, 1er août 1837. Verney, O’Callaghan, 120. Sur l’existence d’idées annexionnistes : Little, Loyalties in Conflict, 75 ;

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Notes des pages 75–80

Read et Stagg, Rebellion of 1837, xxxiv-xxxv ; MacKay, « Political Ideas », 20-1. 72 Le Libéral, 5 août 1837. 73 L’Estafette, 17 avril 1838 ; FDN J, Duvernay au Dr Robitaille, 7 avril 1838, VI, 99-103. 74 La Minerve, 8 juin 1837 ; Le Libéral, 8 septembre 1837. Brown souligne. 75 McLeod, Brief Review, 6. 76 The Constitution, 4 octobre 1837, cité dans La Minerve, 19 octobre 1837, et Le Libéral, 24 octobre 1837.  77 Le Libéral, 29 août, 1837. Consulter également : Le Libéral, 29 juillet 1837. Roebuck: Harvey, Printemps, 186. Eastern Townships : Little, Loyalties in Conflict, 75 ; Laporte, Patriotes et loyaux, 352. 78 Le Libéral, 3 novembre 1837 ; Bernard, Assemblées publiques, 277-8. Sainte-Scholastique : La Minerve, 5 juin 1837 ; Harvey, Printemps, 211. Voir également : Ryerson, « Luttes de classes », 251. Stanbridge : La Minerve, 10 juillet 1837 ; Little, Loyalties in Conflict, 75. Fils de la liberté : Le Libéral, 20 octobre 1837. Miliciens : Le Libéral, 22 juillet 1837. 79 La constitution et la Proclamation de Navy Island sont reproduites dans Lindsey, Mackenzie, II, 344-58, 363-9. Côté : The North American, 12 mai et 3 juillet 1841. 80 Le Canadien, 9 octobre 1837. Consulter également : Le Canadien, 19 juin, 17 et 21 juillet, 2 et 16 octobre 1837. Constitutions des États de la république: Le Libéral, 22 août 1837. Accusations des loyalistes au HautCanada : Mills, Idea of Loyalty, 45 ; Patriot (Albion), 8 août 1837, et Patriot (Toronto), 15 août 1837, retranscrits dans Read et Stagg, Rebellion of 1837, 68 ; Treffry à Treffry, 24 juin 1838, retranscrite dans ibid., 204-5. Bas-Canada : Deschamps, Anti-Gallic, 121 ; Le Populaire, 28 juin et 5 juillet 1837. 81 L’Ami du peuple, 5 janvier 1838. Discussion nationalitaire en lien avec l’annexion : Le Populaire, 28 juin 1837 ; Le Libéral, 8 septembre 1837.

C ha p i t r e 3  1 Le Libéral, 14 novembre 1837.   2 Contre la linéarité de l’histoire des idées : Hayat, « Idées en révolution ». Tocqueville et actualité de l’histoire : Riot-Sarcey, « Histoire à rebrousse poil » ; Gaboriaux, « Lire et dire ». Histoire des concepts, histoire sociale des idées : Bourdieu, « Sciences sociales et philosophie » ; Rosanvallon, Histoire conceptuelle, 20, 27, et Peuple introuvable, 160 ; Koselleck, Futur passé et « Conceptual History » ; Riot-Sarcey, Réel de l’utopie, 91-111, et

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Notes des pages 81–5

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Procès de la liberté, postface ; Rancière, « Histoire des mots » et Nuit des prolétaires ; Wolin, Politics and Visions, 7-24 ; Foucault, Dits et écrits, I, 145. Une histoire sociale des idées dans le contexte du Québec a déjà été proposée par Yvan Lamonde, Histoire sociale des idées. L’intérêt d’une telle démarche est illustré par le travail de Dupuis-Déri, Histoire du mot « démocratie », et Costopoulous et Rosanvallon, « Word “Democracy” ».  3 Public : Dewey, Public et ses problèmes ; Ryan, Civic Wars, 6-14 ; Wolin, Politics and Vision, 61. Études récentes sur les idées patriotes : Harvey, Printemps ; Ducharme, Concept de liberté ; Lamonde et Livernois, Erreur ; Schrauwers, Union is Strength. Histoire par le haut : Ducharme, Concept de liberté, 122 ; Read, Duncombe Revolt, 57 ; Ouellet, « Insurrections », 218. Histoire sociale des idées : Schrauwers, Union is Strength ; Greer, Habitants ; McNairn, Capacity to Judge ; Bittermann, Rural Protest. Rapports de pouvoir et histoire des idées : Meiskins Wood, Liberté et ­propriété ; Wood, « Social History ».   4 Critique historiographique : Greer, « Canadian Democracy ». Marginalisation de la question démocratique : Ouellet, Histoire écono­ mique, 544 ; Ducharme, Concept de liberté, 213. Chester New en vient à parler de « democracy of loyalism » dans « Rebellion of 1837 », 6. Israel, Revolution of the Mind.  5 USDR , juin 1840, 475-6.   6 Rodgers, « Republicanism ». Exemple de définition réifiant le terme « ­républicanisme » : Nadeau, « Republicanism ». Sur les différents sens du mot « république » : Nicolet, Idée républicaine, 16-33 ; Wood, Creation of the American Republic, 47-50. Country et liberté moderne : Harvey, Printemps ; Ducharme, Concept de liberté ; Wilson, « “Country” versus “Court” ».   7 Ce paragraphe reprend en grande partie Israel, Expanding Blaze, 4-44. USDR , « Democracy », mars 1840, 215.  8 Whitman, Democratic Vistas, cité dans Frank, « Aesthetic Democracy », 402. Sur le concept de « démocratie », à titre indicatif : Mauduit et Tunnicliffe, Constant Struggles ; Pilon, Wrestling with Democracy ; Greer « Canadian Democracy » ; Rosanvallon, Histoire conceptuelle ; Lefort, Essais ; Wolin, Politics and Visions.   9 Franklin cité dans Vodovnik, « Original Meaning », 39. Knox cité dans Dupuis-Déri, Histoire du mot « démocratie », 207. 10 Hamilton cité dans Dupuis-Déri, Histoire du mot « démocratie », 210-11. Je souligne. Madison : Vodovnik, « Original Meaning », 40, 48. Cette ­distinction entre république représentative et démocratie est soulignée par exemple dans : Bellavance, Siècle des nationalités, 16-18 ; Cotlar, Paine’s America, 127-9.

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Notes des pages 85–90

11 Dupuis-Déri, Histoire du mot « démocratie » et « Mot “démocratie” ». 12 À propos de l’(in)égalité au Canada, lire en particulier Sager, Inequality in Canada. 13 Head est cité dans Dupuis-Déri, « Mot “démocratie” », 328. Le nœud ­idéologique entre républicains et monarchistes est bien synthétisé par Ducharme, Concept de liberté, 202-3. 14 Cités dans Dupuis-Déri, « Mot “démocratie” », 329. Voir également : Harvey, Printemps ; Lamonde, Histoire sociale des idées ; Harris, « Meaning of Patriot » ; Jones, Republicanism and Responsible Government ; Schrauwers, Union is Strength ; Courtois et Guyot, Culture des patriotes. 15 Evans, The Man, cité dans Wilentz, Chants Democratic, 237. Construire une « vraie » république : Wilson, « Country versus Court », 426 ; Kruman, « Second Party System », 525 ; Formisano, « Political Character », 695-6. Working Men’s Party : Skidmore, Rights of Man. Cotlar, Paine’s America, 121-58. 16 Byrdsall, History Loco-Foco, 147-51. 17 USDR , « Democracy », mars 1840, 215-29 ; Harvey, « “Canadian Moment” », 231-2. Consulter également le premier numéro de l’USDR , décembre 1837, 1-15. Sur les dynamiques de l’opinion publique patriote, voir notamment : Mauduit, « “Livre du peuple” » ; Smith, « Within Arm’s Reach ». 18 Loco Foco, 22 août 1839. Le journal souligne. À titre d’exemple, ­consulter : Patriot and Democrat, 10 novembre 1838 ; USDR, octobre 1837. 19 Le Populaire, 4 et 18 août 1837. 20 Carey : Le Patriote canadien, 25 septembre 1839. Contrebandiers : The North American, 12 mai 1841. « Vrais démocrates » : MLP, Davignon à Mackenzie, 23 septembre 1838. « Vrais républicains » : MLP, Johnston à Mackenzie, 19 février 1840. 21 ML P , Johnston à Mackenzie, 19 février 1840 ; MLP, James Mackenzie à Mackenzie, 6 août 1838. 22 Equal Rights Party, Doctrine of Anti-Monopoly, 1 ; Byrdsall, History Loco-Foco, 57 ; Mauduit, « Canadian Interference », 250-4. 23 The Vindicator, 26 mai 1837. 24 Ibid., 13 octobre 1837. 25 Ibid., 7 novembre 1837 ; Le Libéral, 15 septembre 1837. 26 Mackenzie’s Gazette, 29 mai 1839. 27 Mackenzie, Caroline Almanack, 54. 28 « Droits égaux » comme devise : La Minerve, 19 octobre 1837. Consulter pour les assemblées : La Minerve, 10 juillet 1837 ; Bernard, Assemblées publiques, 128 ; Clark, Political Protest, 289.

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Notes des pages 90–7

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29 La Minerve, 29 juin 1837. 30 Le Libéral, 14 novembre 1837. 31 Girod, Notes diverses, 7 ; Harvey, Printemps, 138. 32 « Agricola », La Minerve, 15 mai 1837 ; Greer, Habitants, 316. 33 Le Libéral, 3 novembre 1837. 34 The North American, 12 août 1841. 35 Adresse imprimée entre autres dans Le Libéral, 20 octobre 1837. 36 The Vindicator, 27 octobre 1837. L’adresse et les résolutions sont ­disponibles dans Bernard, Assemblées publiques, 259-85. 37 The Constitution, 26 juillet 1837, cité dans Schrauwers, Union is Strength, 179. Schrauwers, « Joint Stock Democracy », 241. 38 Déclaration de Toronto reproduite dans Lindsey, Mackenzie, II, 334-42. Pour les résolutions des assemblées publiques, Clark, Political Protest, 381-2. 39 Proposition de constitution reproduite dans Lindsey, Mackenzie, II, 344-58. 40 Proclamation retranscrite dans ibid., 364. 41 McLeod, Brief Review, 213. 42 L R A G, Bryant, « Proclamation », 5 novembre 1838. 43 Le Canadien, 19 juillet 1837. Parent souligne. 44 Abernethy, Idea of Equality, 17-21, 36 ; Wolin, Politics and Vision, 55, 72. 45 Abernethy, Idea of Equality, 24-5, 132-8 ; Wolin, Politics and Vision, 274-8. 46 Wise cité dans Abernethy, Idea of Equality, 139-44. Diggers : Abernethy, Idea of Equality, 24. 47 Voir en particulier Maier, American Scripture, 87-8, 124, 135-7, 146, 170, 174, 190-1, 200. Je souligne. Voir également Wolin, Politics and Vision, 283. 48 Paine cité dans Israel, Revolution of the Mind, 237-8. Lire également : Abernethy, Idea of Equality, 24-5 ; White, « Natural Law to Natural Rights » ; Ducharme, Concept de liberté, 194-5. 49 Abernethy, Idea of Equality, 161-3. 50 Gilje, Rioting, 60 ; Pisani, « Squatters and Natural Law » ; Taylor, Liberty Men. 51 Declaration of Sentiments et Lincoln : Abernethy, Idea of Equality, 182, 186. Schlereth, « Political Religion », 295, 310 ; Comega, « “Dupes of Hope” », 27-8 ; Pessen, « Simpson », 335-6 et Most Uncommon Jacksonians, 103-5, 191-3 ; Abernethy, Idea of Equality, 171. 52 Morin : Le Libéral, 5 août 1837 ; Le Canadien, 21 juillet 1837. Saint-JeanBaptiste : La Minerve, 29 juin 1837. Vieux de la Montagne : Le Libéral, 14 novembre 1837. 53 ML P , Hunter à Mackenzie, 18 octobre 1839. Sur le Dr Hunter, lire en particulier Guillet, Lives and Times, 11, 39-42. Il est important de noter que

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Notes des pages 97–103

la lettre de Hunter est un contre-argumentaire à celui de Mackenzie dans sa Gazette qui justifie l’esclavage aux États-Unis. 54 Déclaration de Toronto reproduite dans Lindsey, Mackenzie, II, 334-42. Voir également : MacKay, « Political Ideas », 11. 55 Le Libéral, 5 septembre et 3 octobre 1837. 56 Assemblée de Napierville, citée dans Le Libéral, 10 novembre 1837. 57 Le Libéral, 10 octobre 1837. 58 L’Estafette, 16 janvier, 20 février 1838. 59 C F A  – Caroline, « Proceedings of a Convention of the People of Montpelier, VT », 17 décembre 1838. Committee on Foreign Affairs : Neutrality Law – HR 25A-G 6.6, Archives nationales des États-Unis (CFA – Neutrality dans les notes subséquentes), « Memorial from Franklin County, Vermont (Saint Albans) », non daté. Voir également Bonthius, « Underhill », 146, 153, 155, 157. 60 Tocqueville, Démocratie en Amérique. Paulus : Israel, Revolution of the Mind, 61-2. Paine et socialisme : Claeys, « Early Socialism », 899 ; Pessen Most Uncommon Jacksonians, 173-83. 61 Byrdsall, History Loco-Foco, 19-36. 62 « Declaration of Principles » reproduite partiellement dans Byrdsall, History Loco-Foco, 39-40. Ils soulignent. 63 Ibid., 39. Ils soulignent. 64 Ibid., 163-7. 65 Evening Post, 21 novembre 1834. Un exposé synthétique de ses principes est publié dans The Plaindealer, 6 mai 1837. « New Theory of Democracy » : ibid., 29 juillet 1837. Droits d’auteur : ibid, 21 janvier 1837. Leggett comme figure du capitalisme bourgeois et individualiste : Hofstadter, « Leggett » ; Spann, Ideals and Politics, 64-78. Pour une autre lecture : Degler, « Urban “agrarians” » ; Trimble « Social Philosophy ». 66 The Plaindealer, 29 juillet 1837. Leggett souligne. 67 Byrdsall, History Loco-Foco, 168-9. Benson, Concept of Jacksonian Democracy, 94-6. 68 Equal Rights Party, Doctrine of Anti-Monopoly, 1. 69 Sedgwick, Writings of Leggett, viii. 70 Consulter par exemple l’« Address to the People of the State of New York » citée dans Byrdsall, History Loco-Foco, 168. 71 USDR , octobre 1837, 6-7. Suffrage universel : Israel, Revolution of the Mind, 64-9 ; Pessen, « Simpson », 331 ; Equal Rights Party, Doctrine of Anti-Monopoly, 1. Suppression du collège électoral et limitation du ­mandat présidentiel : Hugins, Jacksonian Democracy, 139-40 ; Equal Rights Party, Doctrine of Anti-Monopoly, 1. Mackenzie : Gates, « Decided Policy », 196-7, 206.

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Notes des pages 104–10

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72 Comega, « “Dupes of Hope” », 34-5 ; Pessen, « Simpson », 331. 73 Proposition de constitution reproduite dans Byrdsall, History Loco-Foco, 165. Houlton, Unruly Americans ; Hugins, Jacksonian Democracy, 142-4 ; Pessen, « Simpson », 331 ; Comega, « “Dupes of Hope” », 77. 74 Le Patriote canadien, 7 août 1839. 75 Le Libéral, 14 novembre 1837. 76 Pessen, « Simpson », 331, 337.  77 Pessen, Most Uncommon Jacksonians, 186-7. Freethinkers : Pessen, Most Uncommon Jacksonians, 184-5 ; Hugins, Jacksonian Democracy, 132-4. Leggett : Evening Post, 28 novembre 1834. 78 Prison : Pessen, Most Uncommon Jacksonians, 48 ; Comega, « “Dupes of Hope” », 21-2. Milice : Pessen, « Simpson », 331 ; Hugins, Jacksonian Democracy, 138-9. 79 Smith, « Within Arm’s Reach », 148-9. 80 Droits d’auteur : Comega, « “Dupes of Hope” », 38. Essor du syndicalisme : Pessen, Most Uncommon Jacksonians, 47-51. Contre le syndicalisme : Evening Post, 10 mars 1835 ; Armstrong, « Reformer as Capitalist », 195. 81 Cité dans Comega, « “Dupes of Hope” », 39. Ibid., 24-5, 40-1. Skidmore, Rights of Man. 82 The Colored American, 4 mars 1837. Voir aussi Smith, « Within Arm’s Reach », 49, 145-7, 158-9, 166-76. 83 Richards, « Lure », 112-15. Pour une discussion de cette hypothèse : Smith, « Within Arm’s Reach », 176-8. Garrison : Shields, « Power to be Reborn ». Vermont : The Colored American, 15 mars 1838. Lire également : Guimond, « Épreuve de l’esclavage » ; Dagenais, « American South, Slavery » ; Kinchen, Patriot Hunters, 14 ; Verney, O’Callaghan, 82-3 ; Dunley, Lost President.

C ha p i t r e 4  1 Girod, Notes diverses, 7.  2 F P , Papineau à O’Callaghan, 26 mars 1838. Voir également : FDNJ , Perrault à Duvernay, 9 avril 1838, VI, 103-9 ; Harvey, Printemps, 231. Monnaie déconnectée du politique : Paquet et Wallot, Québec moderne, 194-243 ; Shortt, « Commercial Crisis », 91-5.  3 ML P , Rudd à Mackenzie, 4 novembre 1839. Consulter également : MLP, Bayard à Mackenzie, 22 juillet 1838 ; M LP, Preston à Mackenzie, 11 novembre 1840 ; Mackenzie’s Gazette, 12 octobre 1839.   4 Evans, « History Working Men’s Party », 1-5. Smith et les patriotes : McNairn, « Why We Need », 147-50.   5 Sur le manque de connaissances à propos de l’économie politique patriote : McNairn, « Why We Need » ; Heaman, « Discussion ». Patriotes canadiens

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Notes des pages 111–13

comme anti-capitalistes : Durham, Rapport, 70 ; Ouellet, « Insurrections », et Histoire économique, 541-86 ; Creighton, « Fondements économiques ». Récentes études en ce sens : Ducharme, Concept de liberté, 6, 22-4, 34, 44, 99, 112, 200-3 ; Harvey, Printemps, 17-18, 33-5, 40-3, 56-61, 112-15, 1389, 163-6, 239-41 ; Bonthius, « Locofocoism with a Gun », 28. Voir aussi l’influente schématisation de Pocock, Vertu, commerce. Patriotes comme capitalistes : Bourque et Légaré, « Résistance paysanne », 278 ; Ryerson, « Luttes de classes » ; Bernier et Salée, Ordre et liberté, 194-206 ; Paquet et Wallot, Québec moderne, 21-3, 243 ; Greer, Habitants, 121-3 ; Armstrong, « Reformer as Capitalist ». Synthèse historiographique : Mauduit, « “On accuse” ». Argumentaires sur la réification des catégories d’analyse (à titre d’exemple) : Linebaugh et Rediker, Many-Headed Hydra ; Kramnick, « Republican Revisionism Revisited » ; Cotlar, Paine’s America, 142-3.   6 Libéralisme comme force révolutionnaire : Merrill, « Anticapitalist Origins ». Inspirations méthodologiques : Rosanvallon, Histoire conceptuelle, 30-1 ; Smadja, « Mise en controverse » ; Boltanski et Thevenot, De la justification. Mackenzie sur Papineau : Caroline Almanack, 86. Children of Peace : Schrauwers, Union is Strength, 18-29, 98-124, 202-6, 245-57. Voir aussi Guimond, « Paradoxe du seigneur républicain » ; Mauduit, « Économie politique des patriotes ». « Anti-Renters » : Huston, Land and Freedom, 55-66. Workingmen : Wilentz, Chants Democratic.   7 Fecteau, « “petites républiques” ». Combat contre les « monopoles » : Mackenzie, Who Began?, 6-7 ; Harvey, Printemps, 94-9 ; Bernier et Salée, Ordre et liberté, 195-9 ; Israel, Revolution of the Mind, 83 ; Bourque, Question nationale, 311-12 ; Schrauwers, Union is Strength, 70-8.  8 La Minerve, 10 juillet 1837. Girod intitule son long exposé « Quelques mots du commerce et de l’industrie du pays », publié dans La Minerve des 26 juin, et 10, 17 et 20 juillet 1837. Reproduit dans Mauduit, « “Vrais républicains” », 464-82. Papineau : La Minerve, 25 mai 1837.   9 Equal Rights Party, Doctrine of Anti-Monopoly, 2. Le parti souligne. Locofocos : Evening Post, 3 janvier 1835 ; The Plaindealer, 25 mars 1837. États-Unis : Bouton, Taming Democracy ; Cotlar, Paine’s America, 157 ; Skidmore, Rights of Man, 162-3 ; Pessen, « Simpson », 331. Mackenzie : Mackenzie, Sketches of Canada. Canadian Alliance Society : MLP, « Objects and Rules of the Canadian Alliance Society », 9 décembre 1834. 10 Evans, « History Working Men’s Party ». Dénonciation des chartes ­bancaires : Burrows et Wallace, Gotham, 450-1, 515 ; Sellers, Market Revolution ; Pessen, Jacksonian America, 208-9, 303-13 ; Harvey, « Banques », 278-9 ; Schrauwers, Union is Strength ; Richard, « Bank War ».

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Notes des pages 113–16

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11 Duncombe, Free Banking, 8-10. Arnaque du Parti démocrate : Van Buren, 85-92 ; Mackenzie’s Gazette, 12 octobre 1839 ; Caroline Almanack, 20-2.  12 Skidmore, Rights of Man, 129-36, 302, 335-6. 13 Cotlar, Paine’s America, 115-17. 14 Eastern Townships : Little, Nationalism, Capitalism, 36-63 ; Bernier et Salée, Ordre et liberté, 109-14. « Monopoles » agraires, voir également : ML P , Frey à Mackenzie, 9 octobre 1838 ; Tiffany, Relations of the United States, 63-6 ; Bonthius, « Locofocoism with a Gun ». 15 Voir en particulier Johnson, « U.C. Club », et Schrauwers, « “Terrible Engine” ». 16 Voir notamment à ce propos le récent travail de Greer, Property and Dispossession. 17 Doan et MacDougall, Indian Stream Republic ; Kars, Breaking Loose Together ; Craig, « Frontier Community » ; Richards, Jr, Breakaway Americas. 18 Les citations de Côté (« Agricola ») proviennent de ses correspondances dans La Minerve des 19 janvier, 2 et 9 mars, et 15 mai 1837. Discussion Girod-Côté : Bernier et Salée, Ordre et liberté, 201-5 ; Greer, Habitants, 233-55 ; Ducharme, Concept de liberté, 122-3. Consulter en particulier : La Minerve, 19 janvier, 9 et 27 février, 2, 9 et 30 mars, et 15 mai 1837. Inégalités du régime seigneurial : Grenier, Brève histoire, 22. Contestation du régime : La Minerve, 9 mars 1837 ; Greer, Habitants, 39-43, et Habitants, marchands et seigneurs, 174-9 ; Ouellet, Éléments d’histoire sociale, 91-110 ; Wallot, Québec qui bougeait, 225-51. 19 Le Patriote canadien, 7 août 1839. 20 Lettre publiée dans le Detroit Morning Post du 13 février 1838, retranscrite dans le Plattsburgh Republican, 10 mars 1838. Pour Mackenzie, voir sa Proclamation sur Navy Island, retranscrite dans Lindsey, Mackenzie, II, 366-7. Consulter également : FD, Assemblée du comité de Burlington, 29 août 1840. Sur la propriété privée : La Minerve, 15 mai et 29 juin 1837 ; Bernier et Salée, Ordre et liberté, 195-7 ; Harvey, Printemps, 111-12 ; Greer, Habitants, 121. 21 Le texte est retranscrit dans Lindsey, Mackenzie, II, 348. 22 Tremblay, « Artisans et ouvriers » ; Armstrong, « Reformer as Capitalist ». 23 Déclaration de Toronto reproduite dans Lindsey, Mackenzie, II, 336. McNairn, « “Common Sympathises” » ; Schrauwers, « “Money Bound You” » ; Read et Stagg, Rebellion of 1837, 47. Il est parallèlement à ­propos de rappeler ici que l’accès aux terres se fait par une conquête des ­territoires des Premières Nations. Lire notamment à ce propos Curthoys, « Dog that didn’t bark ». 24 USDR , septembre 1842, 260-72.

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Notes des pages 116–20

25 The Daily Plebeain, 12 juillet 1842. 26 Tocqueville, Démocratie en Amérique, 11. 27 Spirit of the Age (Woodstock, Vt), 16 octobre 1840. Consulter ­également  : USDR, « The Ancient Feudal and Modern Banking Systems » ­septembre 1842, 249-59 ; Equal Rights Party, Doctrine of ­Anti-Monopoly, 5 ; Sedgwick (« A Citizen of New York »), What is a Monopoly?. 28 Evening Post, 20 novembre 1834. 29 A. Papineau, Journal, 133-4. 30 ML P , James Mackenzie à Mackenzie, 23 août 1839. Consulter ­également  : M LP, Southwick à Mackenzie, 8 décembre 1838 ; MLP, O’Callaghan à Mackenzie, 4 juillet 1840 ; L.-J. Papineau à A. Papineau, 6 mai 1838, dans Papineau, Lettres à ses enfants, I, 53. 31 ML P , Smyles à Mackenzie, 12 novembre 1838. Consulter également : ML P , doc. no 2964, The Prisoner’s Friend, 1839. 32 Le Patriote canadien, 5 février 1840. 33 La Minerve, 13 février 1837. 34 Smith : Rasmussen, Problems and Promise ; Dermangue, Dieu du marché ; Guédon, « Lien social ». Pour une lecture de Smith divergente : Rosanvallon, Capitalisme utopique. Radicalisme étasunien (à titre ­indicatif)  : Shankman, Crucible of American Democracy ; Ingersoll, « Fear of leveling ». Radicalisme transatlantique (à titre indicatif) : Cotlar, Paine’s America, 121-58 ; Claeys « Origins of the Rights of Labor ». 35 F D , doc. no 225, « Santés portées par le Président » (1835). Maison ­canadienne de commerce : La Minerve, 26 juin 1837 ; Bernard, Les Rébellions de 1837 et de 1838, 18-19 ; Dumont, Genèse, 179-80 ; Bernier et Salée, Ordre et liberté, 195-9. 36 La Minerve, 14 juillet 1836. 37 Parent, Discours, 49, 53-8 ; Henley, « Nationalisme économique ». Pour une discussion économique entre Duvernay et Parent, consulter par exemple La Minerve, 27 avril 1837. 38 Le Patriote canadien, 7 et 28 août 1839 ; Harvey, Printemps, 112-13. 39 La Minerve, 20 mars 1837. Duvernay souligne. Ibid., 13 juillet 1837. 40 Ibid., 13 février 1837. « L.M.N. » (Brown) : ibid., 21 septembre 1837. « Capitalistes » patriotes ou réformistes : La Minerve citée dans Bernier et Salée, Ordre et liberté, 200-1 ; La Minerve, 13 février 1837. Voir ­également  : Harvey, Printemps, 151. 41 Mackenzie à John Neilson, 28 décembre 1835, reproduite dans Mackenzie, Selected Writings, 348. Cette formule est reprise presque mot pour mot dans la Proclamation de Mackenzie sur Navy Island.

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Notes des pages 120–5

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42 Harvey, « Banques », 267, 278-9. Vapeur : La Minerve, 20 février, 23 mars, 15 mai, et 1er juin 1837. Pêcherie : La Minerve, 13 février 1837. 43 Schrauwers, Union is Strength et « “Terrible Engine” ». 44 Lindsey, Mackenzie, II, 366. 45 La Minerve, 26 juin 1837. Consulter également : ibid., 29 juin, 3 et 20 juillet 1837. 46 Ibid., 19 octobre 1837. 47 Le Libéral, 5 septembre 1837. 48 Le Patriote canadien, 22 janvier 1840. 49 Proclamation restranscrite dans Lindsey, Mackenzie, II, 365. 50 La Proclamation, la proposition de constitution et la Déclaration de Toronto sont retranscrites et commentées dans Lindsey, Mackenzie, II, 334-69. « Libre-commerce » au Bas-Canada : La Minerve, 25 mai et 24 septembre 1837 ; Bernard, Girod, 137-8 ; Evening Post, 17 mai 1837. 51 La Minerve, 26 juin 1837. 52 Lindsey, Mackenzie, II, 28 ; Clark, Political Protest, 378. 53 La Minerve, 10 juillet 1837. Papineau : ibid., 29 mai 1837. 54 Ibid., 19 et 26 juin, et 21 septembre 1837. 55 Ibid., 15 juin 1837. Bernard, Girod, 134-9. 56 Déclaration de Toronto reproduite dans Lindsey, Mackenzie, II, 337. Mackenzie’s Gazette, 29 septembre 1838 ; MacKay, « Political Ideas », 17. Duvernay : Le Patriote canadien, 14 août 1839. 57 Sur la sémantique des vrais républicains : The Plaindealer, 13 mai 1837 ; Roosevelt, Domestic Industry, 12. Démocratie et libéralisme (à titre ­indicatif)  : Israel, Expanding Blaze, 14-15, et Revolution of the Mind, 94-9, 106-7, 111-12, 118 ; Rosanvallon, Capitalisme utopique. Aspects « démocratisants » de la pensée de Smith : Rothschild, Economic Sentiments ; Fitzgibbons, System of Liberty. Voir également : Kloppenberg, « Virtues of Liberalism » ; Bourdeau, « Travail des républicains » ; Schrauwers, Union is Strength ; Bonthius, « Locofocoism with a Gun », 28.  58 Equal Rights Party, Doctrine of Anti-Monopoly. 59 Voir les chapitres 1 et 3 pour l’attrait suscité par Leggett au sein de patriotes des Canadas. 60 The Plaindealer, 3 décembre 1836. 61 Evening Post, 10 mars 1835. 62 USDR , septembre 1842, 271-2. Evans, « History Working Men’s Party », 9-12. Constitution des Locofocos partiellement reproduite dans Byrdsall, History Loco-Foco, 163-7. Lien law : The Vindicator, 26 mai 1837 ; Pessen, Jacksonian America, 273, et « Simpson », 331.

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Notes des pages 125–30

63 Equal Rights Party, Doctrine of Anti-Monopoly, 6-7. Défense du travail manuel (à titre indicatif) : Loco Foco (Swanton), 22 août 1839. 64 Richard, « Bank War » ; Cotlar, Paine’s America, 134-5 ; Schrauwers, Union is Strength, 246-7. 65 Cotlar, Paine’s America, 131 ; Schrauwers, Union is Strength, 42-6. 66 La Minerve, 29 mai 1837. 67 Ibid., 16 mars 1837. 68 Ibid. Fils de la liberté : FD, Consigny à Duvernay, 13 juin 1840. 69 Résolution du Comité central de York, 9 décembre 1834, citée dans Clark, Political Protest, 364. 70 Lamennais, Livre du peuple, 18, et Paroles d’un croyant, sections VIII à X. « Socialisme chrétien » : Blaser, « Christianisme social », 79-80 ; Legendre, « Pensée économique de Lamennais ». Influence de Lamennais sur les patriotes : White, Papineau et Lamennais ; Lamonde, Histoire sociale des idées, I, 156-63, 178-80, et Dessaulles ; Papineau, Signé Papineau, 235-6 ; Gates, After the Rebellion, 42 ; Gallichan, Livre et politique, 88-91 ; Matheson, « Éducation au Bas-Canada ». Consulter également : FD, A. Papineau à Duvernay, 17 juin 1841 ; La Minerve, 20 mars 1837. Pour la tradition protestante radicale au Haut-Canada, Gauvreau, « Covenanter Democracy », et Forbes, « Religious Rhetoric ». 71 ML P , James Mackenzie à Mackenzie, 16 novembre 1839 ; Gates, After the Rebellion, 84. Consulter également : Le Patriote canadien, 29 janvier 1840. 72 The Plaindealer, 13 mai 1837. M LP, Smyles à Mackenzie, 12 novembre 1838. 73 Banques patriotes : Bernard, Les Rébellions de 1837 et de 1838, 18-19 ; Kinchen, Patriot Hunters, 36 ; Schrauwers, Union is Strength, 154-5, ­168-72. Sur l’association commerciale : La Minerve, 16 janvier et 13 février 1837. Children of Peace : Schrauwers, Union is Strength, 18-29, 98-124, 245-57. Association fouriériste : The Daily Plebeian, 19 août 1842. 74 La Minerve, 17 juillet 1837. Consulter également : ibid., 10 juillet 1837 ; L’Écho du pays, 17 décembre 1835. 75 La Minerve, 17 juillet 1837. 76 Duncombe, Free Banking, 106. 77 USDR , septembre 1842, « White Slavery », 270 ; Leggett : The Plaindealer, 29 juillet 1837. 78 Mackenzie’s Gazette, 31 octobre 1840 ; M LP, Mackenzie à Buell, 12 octobre 1839. Pour la politique économique étasunienne : Killenbeck, M’Culloch v. Maryland ; Opal et Mauduit, « Panique de 1819 ». 79 Skidmore, Rights of Man, 379.

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Notes des pages 130–5

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80 Papineau, Demi-siècle de combats, 420. Voir également : Gates, « Decided Policy », 186, 191 ; Ducharme, Concept de liberté, 133 ; Schrauwers, Union is Strength, 193. 81 Consulter par exemple Evans, « History Working Men’s Party », 1-5. Labor theory of value et patriotes : Bonthius, « Underhill », 143-5. Voir également : Bittermann, Rural Protest ; Ellis, « Radical Lockeanism » ; Kloppenberg, « Virtues of Liberalism » ; Kramnick, « Republican Revisionism Revisited » ; Claeys, « Paine’s Agrarian Justice », et « Origins of the Rights of Labor » ; Huston, Securing the Fruits of Labor ; Wilentz, Chants Democratic, 157-8 ; Cotlar, Paine’s America, 115-60. 82 Comité central et permanent de Montréal, septembre 1837, cité dans Vance, « 1837 : travail et tradition démocratique », 196. 83 Mackenzie cité dans Smith, « Within Arm’s Reach », 46. Schrauwers, Union is Strength, 145, 153-4, 193. 84 Appel reproduit dans Mackenzie, Selected Writings, 215-18. Voir ­également la vision du républicain haut-canadien Samuel Hart brièvement présentée dans Smith, « Within Arm’s Reach », 140-1. 85 North American, « Equality, Labor, Speculation », 10 avril 1839. Consulter également USDR , « White Slavery », septembre 1842. 86 North American, 10 avril 1839. 87 Ibid. ; The Vindicator, 26 mai 1837 ; The Plaindealer, 20 mai 1837 ; Harvey, « Banques », 267. 88 La Minerve, 17 juillet 1837. 89 Ibid., 9 mars, et 15 mai 1837. 90 Anti-Renters : Daily Plebeian, 12 juillet 1840 ; Gates, After the Rebellion, 111-13 ; Hugins, Jacksonian Democracy, 87 ; Huston, Land and Freedom, 108 ; Bittermann, Rural Protest, 180-1. 91 Commons, « Labor Politics », 326-7 ; Harvey, « Banques », 278-9 ; Equal Rights Party, Doctrine of Anti-Monopoly, 5. 92 B US  : Cohen, « First Bank ». Jefferson : Wood, Empire of Liberty, 293-9 ; Morgan, « Origins and Establishment » ; Wilentz, Rise of American Democracy, 208-9. 93 John Taylor cité dans Mackenzie, Caroline Almanack, 50. 94 Ibid. Voir aussi : Mihm, Nation of Counterfeiters, 11 ; Lepler, Many Panics. 95 La Minerve, 17 juillet 1837. Girod souligne. 96 Schrauwers, « “Money Bound you” », et Union is Strength, 12-13. 97 Township Reformer, 25 juillet 1837. Opinion de la population des Eastern Townships à propos des billets de banque : Mihm, Nation of Counterfeiters. Faussaire : La Minerve, 11 septembre 1837. Vol : Le Libéral, 15 juillet 1837.

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Notes des pages 135–8

 98 La Minerve, 26 juin 1837 ; Le Courrier des États-Unis, 17 février 1838 ; Mihm, Nation of Counterfeiters, 15-16.  99 The Plaindealer cité dans Le Libéral, 15 septembre 1837. Critique contre les investissements britanniques : Wilentz, Rise of American Democracy, 145. Anticonstitutionnalité supposée des pratiques bancaires : Evans, « History Working Men’s Party » ; Hammond, « Banks, States, Federal Government ». « Great Reformation » de Leggett : The Plaindealer, 27 mai, 29 juillet, et 10 décembre 1837. Mécanismes de la panique : Evening Post, 20 juin 1837 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 20-2 ; Mackenzie’s Gazette, 1er décembre 1838 et 12 octobre 1839 ; Lepler, Many Panics ; Sexton, Debtor Diplomacy, 24-5 ; Opal et Mauduit, « Panique de 1819 ». Anticipation de la panique : The Plaindealer, 20 juin 1837 ; Lepler, Many Panics, 43-66. 100 The Vindicator, 19 mai 1837. Soutien à Jackson : La Minerve, 13 mars 1837 ; Harvey, Printemps, 46-7, 114-22, 164-8 ; Verney, O’Callaghan, 96-7, 114-15, 171 ; Vance, « 1837 : travail et tradition ­démocratique  », 190-1. 101 Schrauwers, « “Money Bound You” ». 102 Le Libéral, 5 juillet 1837. Voir également : La Minerve, 10 juillet 1837 ; Longley, « Emigration and Crisis », 33. 103 Gouge, Short History of Money, 89. Ricardo ne remet pas en cause le papier-monnaie, mais son émission excessive (Ravix, Pensée économique, 26-30). Sur l’influence de Gouge : Rader, « Gouge » ; Gouge, Short History of Money, 5. Patriotes et politique de la monnaie sonnante : Ducharme, Concept de liberté, 132-4 ; Harvey, Printemps, 114-15 ; Richard, « Bank War ». 104 Utilisation de Smith par Gouge, Short History of Money, vi, 120-1. L’interprétation de la réflexion de Smith sur la monnaie porte à discussion : Ahiakpor, « Smith Retard the Development » ; Carlson, « Smith Support for Banking Regulation » ; Trescott, « Rothbard Confront Smith ». 105 Papineau, Demi-siècle de combats, 417-49. Richard, « Bank War ». 106 Brown, Tenth Letter. 107 Constitution retranscrite dans Lindsey, Mackenzie, II, 353-4. 108 The Plaindealer, 14 janvier et 18 février 1837. Voir également : The Plaindealer, 6 mai 1837 ; Lepler, Many Panics, 210-20, 232-3 ; Comega, « “Dupes of Hope” », 29.  109 Hammond, « Free Banks and Corporations », 184. Influence des Antimaçons sur cette question : Bodenhorn, « Bank Chartering ». Un « financier » de la révolution canadienne, Louis Bonnefoux, a publié plusieurs textes à ce propos, comme Vindication of the Free Banking System à New York en 1848. Consulter également Le Courrier des États-Unis, 6 janvier 1838.

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110 Evans, « History Working Men’s Party », 9-12. 111 F D , Rodier à Duvernay, 2 janvier 1834. Voir aussi : Harvey, Printemps, 164-5, et « Banques », 278-9 ; Rudin, Banking en français, 48. Liens entre les patriotes et les banques « réformistes » : FDNJ , Fabre à Duvernay, 10 et 17 septembre 1838, VII, 181-5 ; Ouellet, « Insurrections », 224-5 ; Harvey, Printemps, 199-201 ; Greenfield, « Banque du peuple » ; Schrauwers, Union is Strength, 154-5, 168-72. 112 Refus de la Banque du peuple de financer la révolution : Nelson, Déclaration d’indépendance, 60-3 ; FDN J , Fabre à Duvernay, 10 et 17 ­septembre 1838, VII, 181-5. 113 F D , Malhiot à Duvernay, 9 août 1839 ; MLP, « Thompson » [Neysmith] à Mackenzie, 28 novembre 1838 ; M LP, Neysmith à Mackenzie, 11 décembre 1838. Consulter également : FD, « Un proscrit » à « ­l’éditeur », 20 juillet 1840. 114 L.-J. Papineau à A. Papineau, 27 février 1842, dans Papineau, Lettres à ses enfants, 144. Voir également : Fonds Wolfred Nelson, MG2 4 -B 34, Archives publiques du Canada (FW N dans les notes subséquentes), Chartier à Nelson, 21 mai 1840 ; op, O’Callaghan à Brown, 5 octobre 1843 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 86 ; Rudin, Banking en français, 51.

C ha p i t r e 5   1 ML P , Folger à Mackenzie, 6 juin 1838.    2 Cité par O’Callaghan dans une lettre à Mackenzie, 4 juillet 1840 (MLP).    3 À titre d’exemple : Letters received by the Adjutant General General, Main Series, 1837, P175-Q, Archives nationales des États-Unis (LRAG dans les notes subséquentes), Wool à Scott, 27 janvier 1838. Prise de conscience du danger : LRAG, Plattsburg à Palmer et Wright, 4 décembre 1837 ; Original Messages from the President, Dec. 7 1837 – Jan. 8 1838, HR 21, Archives nationales des États-Unis (OMP dans les notes subséquentes), Dr Scott à Fillmore, 13 décembre 1837 ; OMP, Forsyth à Wright, 18 décembre 1837 ; OMP, Kellogg à Forsyth, 20 décembre 1837.   4 Senior, Habits rouges, 219 ; Laporte, Patriotes et loyaux, 218 ; Ouellet, « Insurrections », 205 ; Lamonde, Histoire sociale des idées, I, 186. Quelques mentions sur le front coordonné sont cependant faites : Senior, Habits rouges, 216-17 ; Laporte, Patriotes et loyaux, 41, et Brève ­histoire, 135 ; Gates, After the Rebellion, 28-31 ; Labonté, Anthony St-John, 130-6.

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Notes des pages 143–5

  5 Discours sur le site Internet « The American Presidency Project » : www. presidency.ucsb.edu/documents/first-annual-message-4 (page consultée le 28 juillet 2020). Mouvement de troupes dans le territoire disputé, OMP : Fox à Forsyth, 28 novembre 1837 ; Forsyth à Fox, 2 décembre 1837 ; Forsyth à Dunlap, 5 décembre 1837. Demandes de Forsyth aux ­gouverneurs et procureurs : OM P, Forsyth à Kellogg, 7 décembre 1837 ; O MP , Forsyth à Marcy, 7 décembre 1837.  6 L’Abeille citée dans Le Libéral, 15 septembre 1837. Soutien aux patriotes : O MP , Benton à Forsyth, 26 décembre 1837 ; LR A G, Wool à Marcy, 18 février 1838 ; L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, 14 décembre 1837 et 6 janvier 1838 ; Le Libéral, 15 septembre 1837.  7 L’Abeille, 16 janvier 1838. Filibusters : May, Manifest Destiny’s Underworld et « Young American Males » ; Watson, « Responses to Filibustering ».  8 O MP , Dr Scott à Fillmore, 13 décembre 1837 ; OMP, Trowbridge (maire) à Fillmore, 12 décembre 1837 ; Evening Post, 12 et 13 décembre 1837 ; Mackenzie, Who Began ?, 14-16 ; McLeod, Brief Review, 195-7 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 99, 103 ; Gates, After the Rebellion, 17-20 ; Lindsey, Mackenzie, II, 123-7.  9 O MP , Barker à Benton, 15 décembre 1837. OMP, Trowbridge à Van Buren, 14 décembre 1837 ; Le Courrier des États-Unis, 23 décembre 1837.  10 O MP , Trowbridge à Fillmore, 12 décembre 1837 ; OMP, Townbridge à Benton, 14 décembre 1837 ; OM P, Trowbridge à Van Buren, 14 décembre 1837 ; OM P, Forsyth à Benton, 21 décembre 1837. 11 Engagement des citoyens : FP, Côté à « St-John » (O’Callaghan), 10 janvier 1838. Consulter également : FP, Côté à Papineau, 2 janvier 1838 ; FP, Côté à « St-John », 19 décembre 1837 ; M LP, Brown à Mackenzie, 23 mai 1838 ; FP, Mackenzie à Brown, 12 janvier 1838. Green Mountain Boys : A. Papineau, Journal, 172. Maine : F DNJ , Cushman à Bell, Rodier et Côté, 6 décembre 1837, V, 184-6 ; FDN J, déposition de J.-B. Brien, 18 novembre 1838, VII, 8-9 ; Mundy et Shettleworth, Flight of the Grand Eagle. Canadiens français : Johnson, « New York State Press », 280. 12 Vermont et lac Champlain : LRAG , Plattsburg à Palmer et Wright, 4 décembre 1837 ; OM P, Jenison à Forsyth, 16 décembre 1837 ; FDNJ , Perreault à Rodier, Côté et Duvernay, 12 décembre 1837, V, 188-90 ; F D NJ , Rodier à [Duvernay ?], 20 décembre 1837, V, 191-3 ; FDNJ , Perreault à Duvernay, Gagnon, Beaudriau et autres, 23 décembre 1837, V, 195-8 ; Papineau [signée Perrault] à Duvernay, 23 décembre 1837, dans Perrault, Lettres, 17-21 ; Perrault à St-John, 31 décembre 1837, dans Perrault, Lettres, 22-4 ; FP, Côté à Papineau, 2 janvier 1838. Voir également : Duffy et Muller, Anxious Democracy, 72, et « Great Wolf Hunt » ;

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Notes des pages 145–7

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Bernard, « Vermonters » ; Link, « Vermont Physicians » ; Tiffany, Relations of the United States, 84-6. Marchand de Montréal : OMP, Lyman à Marcy, 14 décembre 1837. 13 F P , O’Callaghan à [Papineau, chez] Porter, 28 décembre 1837, retranscrite partiellement dans Labonté, Anthony St-John, 66-71 ; Verney, O’Callaghan, 158-60. Sur cette assemblée : Evening Post, 28 décembre 1837 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 107. Assemblées : A. Papineau, Journal, 130-1 ; Kinchen, Patriot Hunters, 16-22 ; Stevens, Border Diplomacy, 15-16 ; Corey, Crisis of 1830-42, 27-33 ; Jones, Webster-Ashburton, 26. 14 L’Ami du Peuple, 31 janvier 1838 ; USDR , janvier 1838. Difficulté à ­collecter des fonds : FP, O’Callaghan à [Papineau, chez] Porter, 28 décembre 1837 ; FP, Mackenzie à Brown, 12 janvier 1838 ; Evening Post, 10 janvier 1838 ; Verney, O’Callaghan, 163. 15 New Jersey : M LP, Westcott et Rossell à Mackenzie et Van Rensselaer, 28 décembre 1837. New York et Vermont : FDNJ , Perrault aux « Cit[izens] Duvernay, Gagnon, Beaudriau and others », 23 décembre 1837, V, 195-8 ; Gates, After the Rebellion, 23. Detroit et Michigan : Le Courrier des ÉtatsUnis, 27 janvier 1838 ; Rosentreter, « Free Upper Canada » ; Steedman, « “Feelings of Noble Patriots” », 137-65. Papineau à Albany : A. Papineau, Journal, 140 ; Labonté, Anthony St-John, 20. 16 Croswell à Benton, 13 décembre 1837, cité dans Gates, After the Rebellion, 21 ; Johnson, « New York State Press ». 17 Wool : Labonté, Anthony St-John, 145. Théâtre : A. Papineau, Journal, 133. Weed : Cole, Van Buren, 322. Bataillon : MLP, Gates à Van Rensselear, 29 décembre 1837 ; M LP, Thompson à Van Rensselaer, 28 décembre 1837. Voir aussi Steedman, « “Feelings of Noble Patriots” », 129-30. 18 F D NJ , Perrault aux « Cit[izens] Duvernay, Gagnon, Beaudriau and others », 23 décembre 1837, V, 195-8. Réfugiés : FDNJ , Duvernay au Dr Robitaille, 7 avril 1838, VI, 99-103 ; Papineau, Lettres à Julie, 360 ; Labonté, Anthony St-John, 9-14 ; Greer, Habitants, 266 ; Bernard, Les Rébellions de 1837 et de 1838, 9 ; Chabot, « Gagnon ». Bataille de Moore’s Corner : OM P, Wright à Forsyth, 16 décembre 1837 ; OMP, Hyde à Wright, 11 décembre 1837 ; New York Courier and Enquirer, 7 décembre 1837 ; Evening Post, 11 et 14 décembre 1837 ; Le Courrier des  États-Unis, 16 et 20 décembre ; Mackenzie, Caroline Almanack, 100 ; Labonté, Anthony Saint-John, 27-35 ; Senior, Habits rouges, 153-5. Côté : F P, Côté à « Saint John » (O’Callaghan), 6 décembre 1837 ; Labonté, Anthony Saint-John, 27-8.

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Notes des pages 148–50

19 Expédition militaire : McLeod, Brief Review, 197-8 ; OP, Mackenzie à O’Callaghan, 15 mars 1842 ; Tiffany, Relations of the United States, 28-34 ; Lindsey, Mackenzie, II, 129-31. Sens politique de l’invasion : Lindsey, Mackenzie, II, 363-9 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 105 ; Evening Post, 11 décembre 1837. Gouvernement provisoire : Tiffany, Relations of the United States, 30 ; Lindsey, Mackenzie, II, 131-2 ; Gates, After the Rebellion, 21-3. Banque : FP, O’Callaghan à Papineau, 9 avril 1838. 20 Commercial Advertiser de Buffalo, 16 décembre 1837, cité dans Le Courrier des États-Unis, 27 décembre 1837. Consulter également : FP, Mackenzie à Brown, 12 janvier 1838. 21 Le récit le plus détaillé est celui de Lindsey, Mackenzie, II, 130-64. Ampleur des forces : OM P, Garrow (procureur) à Benton, 21 décembre 1837 ; OM P, Garrow à Van Buren, 28 décembre 1837 ; Guillet, Lives and Times, 259-63. Sur la logistique (à titre d’exemple) : ML P , Bush à Van Rensselaer, 16 décembre 1837 ; MLP, Houlton à Mackenzie, 22 décembre 1837 ; M LP, général Morgan à Mackenzie, 2 janvier 1838. Watertown : M LP, Johnston à Mackenzie, 25 décembre 1837. Consulter également : OM P, Barker à Van Buren, 23 décembre 1837 ; O MP , Gould à Benton, 22 décembre 1837 ; OMP, Scovill à Benton, 21 décembre 1837 ; McLeod, Brief Review, 198-205.  22 O MP , Garrow à Van Buren, 28 décembre 1837. Head : OMP, Head à Fox, 23 décembre 1837. Stratégie militaire de Mackenzie : FP, Mackenzie à Brown, 3, 6 et 12 janvier 1838. Pour un rapide aperçu des évènements de Navy Island : Mackenzie, Caroline Almanack, 10-13 ; Tiffany, Relations of the United States, 29-34 ; Jones, Webster-Ashburton : 26-31. 23 O MP , Affidavit de Gilman Appleby, 4 janvier 1838 ; OMP, Barker à Woodbury, 30 décembre 1837 ; OM P, Rogers au président, 30 décempre 1837 ; F P , Mackenzie à Brown, 12 janvier 1838 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 107-8 ; McLeod, Brief Review, 199-204 ; L’Estafette, 6, 12, 19 et 23 janvier, et 9 février 1838. Message de Marcy traduit dans L’Estafette, 6 janvier 1838 ; Stevens, Border Diplomacy, 15-16, 28. Morning Herald, 22 janvier 1838. 24 Ordre de mission pour Scott : OM P, Poinsett à Scott, 5 janvier 1838 ; L R A G, département de la Guerre aux gouverneurs, 5 janvier 1838 ; OMP, Poinsett à Marcy, 5 janvier 1838. Consulter également : OMP, Van Buren au Congrès, 8 janvier 1838 ; OM P, Fox à Forsyth, 4 janvier 1838 ; OMP, Forsyth à Fox, 5 janvier 1838. 25 L R A G, Scott à Poinsett, 12 janvier 1838 (la date est erronée). Sur la ­gestion de la crise : LRAG , Scott à Poinsett, 10 janvier 1838 ; LR A G,

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Notes des pages 150–2

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Scott à Poinsett, 11 janvier 1838 ; LRAG , Scott à Poinsett, 12 janvier 1838 ; L R AG , Scott à Poinsett, 14 janvier 1838 ; LR A G, Scott à Hughes, 15 janvier 1838. Évacuation de l’île : LRA G, Scott à Poinsett, 16 janvier 1838. 26 L’Estafette, 23 janvier 1838. Version patriote et amertume envers Scott : McLeod, Brief Review, 199-207 ; Tiffany, Relations of the United States, 48 ; Lindsey, Mackenzie, II, 141-2 ; Gates, After the Rebellion, 25-6. 27 L R A G, Scott à Worth, 19 janvier 1838 ; L R A G, Scott à Poinsett?, 19 janvier 1838. Sur la marche vers Detroit : Smith, « Within Arm’s Reach », 214-15, 221-2. 28 ML P , « Chapman » (Nelson) à Mackenzie, 19 février 1838. Rencontre Nelson-Mackenzie : M LP, « Chapman » (Nelson) à Mackenzie, 13 février 1838 ; LRAG , Wool à Scott, 22 février 1838. Plan de Navy Island : M LP, doc. no 1035, Head Quarters, Navy Island, 28 décembre 1837 ; M LP, Head Quarters, Navy Island, à Dufort, 27 décembre 1837 ; Tiffany, Relations of the United States, 49. Bonnefoux : A. Papineau, Journal, 141-2 ; Labonté, Anthony St-John, 65, 118, 130. Pour un bon aperçu des batailles militaires : Senior, Habits rouges ; Guillet, Lives and Times. 29 Plan militaire patriote : M LP, « Chapman » (Nelson) à Mackenzie, 11, 13, 14 et 19 février 1838 ; FDN J, Beaudry à Duvernay, 12 février 1838, VI, 14-15 ; F D N J, Malhiot à Perrault, 19 juin 1838, VI, 172-6 ; FP, O’Callaghan à Papineau, 25 février 1838 ; McLeod, Brief Review, 206 ; A. Papineau, Journal, 142-4, 157 ; Gates, After the Rebellion, 28-9. Miliciens : ML P , Bells à « Daniel Brooks » (Mackenzie), 30 janvier 1838 ; Le Courrier des États-Unis, 21 février 1838 ; Perrault, Lettres, 32-8 ; Labonté, Anthony St-John, 195. Engouement aux Canadas et aux États-Unis : MLP, McLeod  à Van Rensselaer, 16 février 1838 ; Bonthius, « Locofocoism With a Gun », 18-19. 30 ML P , McLeod à Mackenzie, 24 janvier 1838 ; MLP, McLeod à Van Rensselear, 16 février 1838 ; M LP, McLeod au Buffalo Committee, 1er mars 1838 ; M LP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 9 mars 1838 ; McLeod, Brief Review, 206-20 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 27-30 ; Haut-Canada, Report, 6-7 ; Tiffany, Relations of the United States, 43-53 ; Guillet, Lives and Times, 88-103 ; McLaughlin, Patriot War, 57-72. Cattaraugus : LRAG , Homans à Brady, 5 février 1838. Visite de Scott : L R A G, Worth à Jones, 23 février 1838. Citoyen de Cleveland : LR A G, Stockweather à Scott, 10 février? 1838. 31 L R A G, Worth à Scott, 27 février 1838. Rochester : MLP, Reid à « Daniel Brooks » (Mackenzie), 23 février 1838. LR A G, Worth à Scott,

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Notes des pages 152–4

26 février 1838 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 27-8 ; McLeod, Brief Review, 229-30 ; Le Courrier des États-Unis, 7 et 19 mars 1838. 32 Cité dans L’Estafette, 2 mars 1838. Forces patriotes : LR A G, Worth à Scott, 9 février 1838. 33 ML P , Bells à Mackenzie, 30 janvier 1838 ; MLP, « Chapman » (Nelson) à Mackenzie, 11 et 23 février 1838 ; M LP, Watson à Mackenzie, 22 février 1838 ; M LP, Bagley à Mackenzie, 2 août 1838 ; L’Estafette, 2 mars 1838 ; McLeod, Brief Review, 229-33 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 28 ; Haut-Canada, Report, 5-6. Dissensions entre Mackenzie et Van Rensselaer : M LP, Fry à Mackenzie, 25 février 1838 ; MLP, Van Rensselaer à McMahon, 24 février 1840 ; McLeod, Brief Review, 233 ; Lindsey, Mackenzie, II, 181-3 ; Tiffany, Relations of the United States, 50-1 ; Gates, After the Rebellion, 27-34. 34 Invasion de Nelson : The North American, 23 juin 1841 ; MLP, « Chapman » (Nelson) à Mackenzie, 23 février 1838 ; LR A G, Wool à Poinsett, 2 mars 1838 ; LRAG , Wool à Marcy, 18 février 1838 ; LR A G, Wool à Scott, 21 et 23 février, 1er, 2 et 6 mars, et 2 avril 1838 ; LR A G, Wool à Jones, 9 mars 1838 ; FDN J, Côté à Rodier, 16 août 1838, VII, 10915 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 28 ; A. Papineau, Journal, 144 ; Senior, Habits rouges, 216-17 ; Labonté, Anthony St-John, 179-98 ; Little, Loyalties in Conflict, 87-8 ; Haraty, Vermonters Ahead, 80-1. Invasion depuis Derby : Nelson, Declaration d’indépendance, 23-5 ; FDNJ , Ryan à Duvernay, 12 janvier 1838, VI, 7-9 ; FDNJ , Duquet à Duvernay, 6 mars 1838, VI, 21 ; A. Papineau, Journal, 157 ; Duffy et Muller, Anxious Democracy, 62 ; Bernard, « Vermonters », 259 ; Laporte, Patriotes et loyaux, 361 ; Little, Loyalties in Conflict, 86-7. 35 Gosford : L’Estafette, 20 mars 1838. Eustis : Le Canadien, 19 juillet 1837. Buchanan : La Minerve, 20 novembre 1837. Échanges diplomatiques : O MP , Fox à Forsyth, 4 janvier 1838 ; OM P, Forsyth à Fox, 5 janvier 1838 ; O MP , Fox à Forsyth, 28 novembre 1837 ; OMP, Forsyth à Fox, 2 décembre 1837. Voir aussi : FD, anonyme à Perrault, 19 mars 1839 ; Le Courrier des États-Unis, 17 février et 11 juillet 1838 ; Mackenzie, Who Began?, 15, 20-1, et Caroline Almanack, 67 ; Belohlavek, Eagle Soar!, 53-73. 36 L R A G, Wool à Colborne, 21 février 1838. Consulter également : LR A G, Colborne à Wool, 20 février 1838 ; LRAG , Wool à Washington, 1er février 1838 ; LRAG , Wool à Scott, 6 et 22 février 1838 ; LR A G, Wool à Jones, 2 mars 1838. MacNab : OMP, Garrow à Van Buren, 28 décembre 1837. 37 L R A G, Worth à Cameron, 24 février 1838. New York : LR A G, Worth à Scott, 25 février 1838 ; LRAG , Cameron à Worth, 26 février 1838.

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Notes des pages 154–6

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Michigan : LRAG, Garland à Maitland, 25 février 1838 ; CFA – Caroline, « Resolutions passed by the House of Assembly on the subject of breach of neutrality ». Retour des exilés : LRAG, Wool à Colborne, 13 mars 1838 ; LRAG, Wool à Colborne, 16 mars 1838 ; L R A G, Colborne à Wool, 16 mars 1838. Accusations de Nelson : M LP, « Chapman » (Nelson) à Mackenzie, 23 février 1838. Coopération militaire : MLP, Sutherland au New York Daily Express, 26 avril 1838 ; Plattsburgh Republican, 4 décembre 1838 ; Le Courrier des États-Unis, 14 novembre 1838 ; Mackenzie’s Gazette, 25 mai 1839 ; McLeod, Brief Review, 235-7, 249-50 ; Stevens, Border Diplomacy, 29-31 ; Jones, Webster-Ashburton, 31; Duffy et Muller, Anxious Democracy, 61 ; Watson, « Responses to Filibustering ». 38 ML P , J. Johnston à Mackenzie, 18 juillet 1838. Remontée de l’information : L R A G , Cameron à Worth, 6 mars 1838. Échanges d’informations : ML P , Smith à Mackenzie, 23 septembre 1838 ; Kinchen, Patriot Hunters, 36, 101 ; Stevens, Border Diplomacy, 41 ; Miller, « Law of Nations », 243. Soulèvement de novembre 1838 : LRAG , Sandom à Worth, 23 octobre 1838 ; LRAG , Worth à Sandom, 1er novembre 1838 ; LR A G, Worth à Jones, 5 novembre 1838 ; LRAG, Clarke à Worth, 4 novembre 1838. Critiques patriotes : MLP, doc. no 2009, Johnston à Mackenzie, non datée ; CFA – Caroline, « Convention of the People of Montpelier, VT », 29 décembre 1838 ; L’Estafette, 19 janvier 1838. 39 L R A G, Wool à Handleton, 22 février 1838. 40 Crise morale : OM P, Barker à Benton, 23 décembre 1837. Peur de ­violences internes  : OM P, Benton à Marcy, 18 décembre 1837 ; OMP, Barker au président, 23 décembre 1837. Vocabulaire martial : LR A G, Worth à Scott, 26 février et 5 mars 1838. 41 Frères-chasseurs : FDN J, déposition de Brien, 18 novembre 1838, VII, 5-31 ; Caron « Société secrète » ; Corey, Crisis of 1830-42, 70-81 ; Kinchen, Patriot Hunters. Culture maçonnique : Cazzaniga, Frères Chasseurs, 10-13. 42 Date de fondation : FP, Bryant à Brown, 24 décembre 1837 ; Mauduit, « “Vrais républicains” », 152-8 ; Monière, Duvernay, 139. Nombre de membres : Kinchen, Patriot Hunters, 41 ; Guillet, Lives and Times, 132. Cazzaniga estime par exemple qu’ils sont deux mille à Montréal, et dix mille dans le comté de Richelieu (Frères Chasseurs, 14). Diffusion dans la milice et l’armée au Haut-Canada : Kinchen, Patriot Hunters, 42, 55-9. Clergé : M LP, Collom à Mackenzie, 2 novembre 1838. Réserves de Mackenzie et O’Callaghan : Smith, « Within Arm’s Reach », 227-9. 43 Officier de la Navy : LRAG , Hoovers à Wool, 28 février 1838. Activités patriotes : LRAG , Wool à Scott, 28 avril 1838 ; LR A G, Wright à Jones, 16 mai 1838 ; LRAG , Wool à Kellogg, 23 mars 1838 ; FDNJ , Malhiot

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Notes des pages 157–8

à Duvernay, 6 et 10 avril 1838, VI, 93-8 ; FDNJ , Malhiot à Perrault, 19 juin 1838, VI, 178-82 ; FP, O’Callaghan à Papineau, 29 avril 1838. Gravité : Stevens, Border Diplomacy, 55-62. LR A G, Wright à Jones, 16 mai 1838. Mobilisation de l’armée des États-Unis : LR A G, Worth à Scott, 7 mars 1838 ; LRAG , Wool à Scott, 28 mars et 13 avril 1838 ; LR A G, Wool à Sawyer, 6 avril 1838. 44 Robert Peel : M LP, Hill à Mackenzie, 3 juin 1838 ; L’Estafette, 5 juin 1838 ; A. Papineau, Journal, 178-9 ; Le Courrier des États-Unis, 2, 6 et 16 juin 1838 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 53-4 ; McLeod, Brief Review, 242-3 ; Haut-Canada, Report, 9-10 ; Stevens, Border Diplomacy, 37. Johnston : New Era and American Courier, 23 juin 1838 ; LR A G, Wool à Scott, 2 avril 1838. Patriotes démonstratifs : LR A G, Wool à Kellogg, 23 mars 1838 ; LRAG , Wool à Scott, 28 mars 1838 ; LR A G, Wool à Jones, 2 et 18 mai, et 11 juin 1838. Réunion de Saint Albans : LR A G, Wool à Jones, 18 mai 1838. 45 L’Estafette, 10 juillet 1838. Sur ces évènements : MLP, French à Mackenzie, 4 juillet 1838 ; M LP, [illisible] à Mackenzie, 5 juillet 1838 ; ML P , J. Mackenzie à Mackenzie, 12 juillet 1838 ; Le Courrier des ÉtatsUnis, 16, 27 et 30 juin, 4, 8, 11 et 14 juillet, et 25 août 1838 ; L’Estafette, 10 juillet 1838 ; Buffalo Commercial Advertiser, 17 juillet 1838 ; Plattsburgh Republican, 28 juillet 1838 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 56 ; McLeod, Brief Review, 243-4 ; Haut-Canada, Report, 11-12 ; Read, Duncombe Revolt, 137-48 ; Guillet, Lives and Times, 104-13 ; Lindsey, Mackenzie, II, 192-9 ; Kinchen, Patriot Hunters, 35-6. 46 McLeod, Brief Review, 237. Conséquences aux Canadas : FDNJ , Rodier à Duvernay et Perrault, 9 octobre 1838, VIII, 29-32 ; FDNJ , Côté à Duvernay, 12 octobre 1838, VIII, 32-5. Désertions : MLP, Folger à Mackenzie, 6 août 1838 ; M LP, Neysmith à Mackenzie, mars 1839 ; MLP, McLeod à Mackenzie, 24 avril 1839 ; Mackenzie’s Gazette, 29 septembre 1838. Loyalisme chancelant : Little, Loyalties in Conflict. Hunters : Kinchen, Patriot Hunters, 31-6. 47 Convention : M LP, Frey à Mackenzie, 9 octobre 1838 ; Lindsey, Mackenzie, II, 199-204 ; Kinchen, Patriot Hunters, 37-40, 63-4. Coordination des deux fronts : The North American, 17 juillet 1841. Présidence : Dunley, Lost President ; LRAG, « Details on Hunters », 26 octobre, 1838 (envoyés par le lieutenant-gouverneur Arthur). 48 ML P , McLeod à Mackenzie, 1er novembre 1838. 49 Espionnage : M LP, anonyme à Mackenzie, 7 novembre 1838 ; LR A G, « Arthur to US officer », 25 octobre 1838. Participation intéressée : Kinchen, Patriot Hunters, 54-5.

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Notes des pages 159–61

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50 F D NJ , Desmaray à Duvernay, 5 décembre 1838, VIII, 94-6. Vision d’une faible révolte : Senior, Habits rouges, 271 ; Filteau, Histoire des patriotes, 522 ; Bernier et Salée, Ordre et liberté, 186, 192. Vision d’un vaste soulèvement : Clark, Political Protest, 310-16 ; Bernard, Les Rébellions de 1837 et de 1838, 14 ; Ouellet « Insurrections », 212 ; Lamonde, « Courrier des États-Unis », 233. Récit des évènements militaires : Senior, Habits rouges, 231-70 ; Boissery, Sentiment d’injustice, 79-165. 51 ML P , Nelson à Mackenzie, vers le 15 novembre 1838. Sur ce point, voir par exemple : LRAG , Eustis à Washington, 8 novembre 1838 ; LR A G, Worth à Eustis, 10 novembre 1838 ; Senior, Habits rouges, 224-5. 52 ML P , Neysmith à Mackenzie, 10 novembre 1838. Plan militaire : MLP, « Cedar » (Nelson) à Mackenzie, 2 novembre 1838 ; MLP, Nelson à Mackenzie, vers le 15 novembre 1838 ; FDNJ , déposition de J.-B. Brien, 18 novembre 1838, VII, 5-31. Armement : Le Courrier des États-Unis, 10 novembre 1838 ; Mackenzie’s Gazette, 29 septembre 1838 ; FDNJ , Rodier à Duvernay et Perrault, 9 octobre 1838, VIII, 29-32. Déclaration de Bryant : LRAG , « Proclamation de Calwell’s Manor », 5 novembre 1838. Guet-apens contre Nelson : Archives nationales du Québec à Québec, E17 (1922-00-001\14), dossiers no 2712 (Défaillette), no 2718 (Paradis), no 1262 (Bourassa), no 2437 (Hébert), no 2714 (Latrérouille), no 2715 (Poinsonnault), (AN QQ dans les notes subséquentes). Consulter également : ML P, Smith à Mackenzie, 23 septembre 1838 ; MLP, Nelson à Mackenzie, vers le 15 novembre 1838 ; MLP, Neysmith à Mackenzie, 10 novembre 1838 ; Nelson, Déclaration d’indépendance, 41-9 ; LR A G, « Report », 8 novembre 1838. 53 L R A G, Eustis à Washington, 10 novembre 1838. 54 Le Courrier des États-Unis, 25 février 1839 ; Mackenzie’s Gazette, 1er décembre 1838. Detroit : LRAG , Bankhead à Jones, 8 et 12 décembre 1838 ; Guillet, Lives and Times, 132-52. 55 L R A G, « Report » de Eustis et Dimmick, 15 novembre 1838 ; LR A G, « Report » de Worth, 19 novembre 1838 ; LRAG, The North American (Watertown), 10 novembre 1838 ; LRAG , Worth à Eustis, 10 novembre 1838 ; Haut-Canada, Report, 18-20 ; Mackenzie’s Gazette, 1er décembre 1838 ; McLeod, Brief Review, 254-9 ; Smith, « Within Arm’s Reach », 226. 56 F D NJ , Dufort à Duvernay, 14 novembre 1838, VIII, 79-81. 57 Pétitions : Committee on Foreign Affairs : Methods of Settling International Disputes – HR 25A-G 6. 5, Archives nationales des ÉtatsUnis. Effectifs militaires britanniques : The North American, 7 août 1839. Mobilisation militaire des États-Unis : LR A G, Worth à Dundas,

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Notes des pages 161–4

26 décembre 1838 ; LRAG , Bankhead à Jones, 3 janvier 1839. Coopération militaire : LRAG , Dundas à Worth, 21 décembre 1838. 58 L R A G, Scott à Jones, 12 janvier 1839. Consulter également : LR A G, « Eustis Report », 1er janvier 1839 ; LRAG , Scott à Jones, 8 février 1839. 59 Guérilla : L RAG , Dimmick à Printiss, 3 février 1839 ; LR A G, Pierce à Worth, 6 février 1839 ; M LP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 15 avril 1839 ; ML P , Butler, Kent et Thompson à Mackenzie, 18 avril 1839 ; MLP, McLeod à Graham, 22 avril 1839 ; M LP, O’Birne et Heron à Mackenzie, 28 et 30 septembre 1839 ; FD, Perrault à Duvernay, 19 mars 1839 ; FD, Gauvin à Duvernay, 5 avril 1839 ; FD, assemblée du Comité de Burlington, 29 août 1840 ; W. Nelson, Écrits d’un patriote, 101-2, 136 ; Little, Loyalties in Conflict, 96-100. Worth : LRAG, Worth à Seward, 28 mars 1839. Demandes de renforts : LRA G, Worth à Paine et Peirce, 6 février 1839 ; LRAG , Worth à Jones, 14 février 1839 ; LR A G, Prinches à Dimmick, 6 février 1839 ; LRAG , Pierce à Worth, 8 février 1839 ; LR A G, Scott à Jones, 23 avril 1839 ; LRAG , Webb à Worth, 29 mars 1839 ; L R A G, Worth à Scott, 17 avril 1839 ; LRAG, Bankhead à Jones, 28 mars 1839 ; LRAG , Worth à Scott, 10 mars 1839. 60 L R A G, Worth à Scott, 5 février 1839. Opérations patriotes : LR A G, Webb à Worth, 29 mars 1839. 61 L R A G, Scott à Jones, 18 février 1839. LRA G, Worth à Scott, 9 février 1839 ; LRAG , Dimick à Printiss, 10 février 1839. 62 L R A G, Worth à Seward, 28 mars 1839 ; LRAG, Webb à Worth, 29 mars 1839. 63 L R A G, Worth à Peirce, 6 juillet 1839 ; LRAG, Worth à Poinsett, 5 juillet 1839. Mille-Îles : LRAG , Sandom à Worth, 30 juin 1839 ; LR A G, Worth à Sandom, 30 juin 1839 ; LRAG , Sandom à Worth, 1er juillet 1839. Scott : L R A G, Scott à Jones, 14 mai 1839. Napierville : LR A G, Taylor à Worth, 27 mars 1839. Comeau : LRAG , Leclerc aux autorités des États de New York et du Vermont, 6 février 1839 ; LRAG, Capson à Pierce, 4 février 1839 ; LRAG , Pierce à Worth, 7 février 1839. 64 « Canadian Symptoms » : The New World, 16 novembre 1839. Permanence du débat public (à titre d’exemple) : The Empire State, 21 novembre, 19 et 26 décembre 1839 ; The New World, 28 mars 1840 ; Democratic Republican New Era, 29 juin 1841. Barnston : LR A G, Worth à Pierce, 19 juillet 1839 ; LRAG , Pierce à Worth, 25 juillet 1839 ; LR A G, Worth à Cooper, 9 août 1839. 65 L R A G, Scott à Bankhead, 16 octobre 1839. Drapeau : Wilton « Durham Meetings », 358-9. Réunion patriote : LRAG, Bankhead à Scott, 10 octobre 1839. Morts : The Empire State, 24 octobre 1839. Assemblées

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publiques : Wilton, « Durham Meetings ». Patriotes de Detroit et Arthur : L R A G, Brady à Scott, 23 octobre 1839. 66 Hermétisme historiographique à propos du conflit frontalier dans ­l’historiographie : Jones, « Anglophobia », 539, et Webster-Ashburton ; Carroll, Good and Wise Measure ; Stevens, Border Diplomacy ; Wiltse, « Webster », 66. Vue globale contemporaine de la crise anglo-américaine : USDR , septembre 1838. Opinion publique du Maine : Bangor Whig and Courier, 8, 16 et 22 décembre 1837. Liens entre le Maine et les patriotes : F D NJ , déposition de J.-B. Brien, 18 novembre 1838, VII, 5-31 ; FP, Meomison à St-John (O’Callaghan), 20 janvier 1838 ; FDNJ , Duchesnois à Duvernay, 14 août 1838, VII, 87-9 ; FDNJ , Côté à Duvernay, 2 ­septembre 1838, VII, 127-30  ; M LP, doc no 2655 « Mackenzie’s ­opinion upon various matters », non daté ; FP, Jay à A. Papineau, 2 décembre 1837 ; Mackenzie‘s Gazette, 29 septembre 1838 ; Plattsburgh Republican, 23 mars 1839 ; Mundy et Shettleworth, Flight of the Grand Eagle ; Scott, Ties of Common Blood, 120-1. 67 Discours devant le Sénat des États-Unis, 7 mars 1838, cité dans Huot, « Man of Duty », 70. Crise de souveraineté : Arndt, « Northeastern Boundary Controversy ». « British Party » : Bangor Whig and Courier, 22 décembre 1837. 68 USDR , septembre 1838, 47 ; Mackenzie‘s Gazette, 29 septembre 1838. Ultimatum : Huot, « Man of Duty », 68-9 ; Arndt, « Northeastern Boundary Controversy », 213-16. 69 MacNutt, New Brunswick, 268-72. 70 Bangor Whig and Courier, 30 novembre 1838. Consulter également : ML P , doc no 2655 « Mackenzie’s opinion upon various matters », non daté ; Mundy et Shettleworth, Flight of the Grand Eagle, 97. 71 ML P , Bryant à Mackenzie, 14 février 1839 (la seconde partie de la ­citation est rayée dans le manuscrit original) ; MLP, Bryant à Mackenzie, 1er mai 1839. Consulter également : M LP, Cushing à Mackenzie, 31 mars 1839 ; M LP, Moulton à Mackenzie, 17 juin 1839 ; MLP, Moulton à Mackenzie, 3 décembre 1840. 72 Maine Historical Society, Coll S-198 misc. Box 7/8 : Ryerson à Cummings, 17 février 1839. 73 Mission de Scott : LRAG, circulaire de Scott à Brady, Worth, Bankhead et Kisby, 2 mars 1839 ; LRAG, Bankhead à Scott, 12 mars 1839 ; LRAG, Scott à Poinsett, 19 mars 1839. Sur l’importance de la crise et l’intervention de Scott : Mackenzie, Caroline Almanack, 26-7 ; Arndt, « Northeastern Boundary Controversy » ; Jones, Webster-Ashburton, 33-45 ; Merk, Fruits

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Notes des pages 166–9

of Propaganda, 55-6. Pour les liens avec les Canadas : Le Courrier des ­États-Unis, 25 février 1839 (édition spéciale) ; Plattsburgh Republican, 23 mars 1839 ; MLP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 24 mars 1839 ; MLP, Bernian à Mackenzie, 18 janvier 1840 ; MLP, O’Callaghan à Mackenzie, 1er avril 1840.  74 Mobilisation des Premières Nations des Canadas : LR A G, Rapport de McDermot? à Brady et Scott, 5 mai 1840. Activités patriotes : L R A G, Brady à Scott, 23 octobre 1839 ; LR A G, Bankhead à Scott, 10 octobre 1839 ; M LP, McLeod à Graham, 22 avril 1839 ; MLP, Doyle à Mackenzie, 22 décembre 1838. Arrestations : LR A G, Worth à Scott, 10 mai 1840. Activité de Scott : LRAG , Scott à Jones, 14 mai 1839 ; LR A G, Scott à Jones, 2 novembre 1839. Detroit : New York Mechanic, 17 avril 1841. 75 The New World, 8 mai 1841. 76 Violences frontalières : M LP, McLeod à Mackenzie, 15 juin 1840 ; MLP, O’Callaghan à Mackenzie, 4 juillet 1840 ; MLP, McLeod à Montgomery, 6 février 1841 ; Mackenzie’s Gazette, 12 octobre 1839 ; OC , Mackenzie à O’Callaghan, 15 mars, 1er avril 1842 ; Gates, After the Rebellion, 96-7 ; Stevens, « James Grogan ». Diplomatie : USDR , mai 1842 ; Stevens, Border Diplomacy ; Carroll, Good and Wise Measure ; Miller, « Law of Nations » ; Forcese, Destroying the Caroline. 77 Rapport de Webster : Kinchen, Patriot Hunters, 139-40. Procès McLeod : Stevens, Border Diplomacy, 71-166 ; Jones, Webster-Ashburton, 54-94 ; Merk, Fruits of propaganda, 10-14, 69 ; Corey, Crisis of 1830-42, 130-45. Les patriotes et le procès : FD, Pinguet à Duvernay, 26 mai 1841 ; MLP, McLeod à Mackenzie, 28 mars 1841 ; M LP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 3 avril 1841 ; OC, Mackenzie à O’Callaghan, 5 avril 1841. Consulter ­également The North American et la Mackenzie’s Gazette durant ­l’emprisonnement de McLeod. 78 Cité dans Sexton, Debtor Diplomacy, 30. 79 Ryerson, Capitalisme et Confédération, 277-9. 80 The North American, 29 mai 1839. Le journal souligne. 81 Duncombe, Free Banking, 178-9. Consulter aussi « A Letter to the Hon. The Secretary of State (D. Webster) », dans ibid, 7-11. Anglophilie des États-Unis : M LP, O’Callaghan à Mackenzie, 21 mars 1841 ; MLP, W. Nelson à Mackenzie, 12 juillet 1841 ; Gould, Among the Powers ; Sexton, Debtor Diplomacy.

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Notes des pages 171–6

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C ha p i t r e 6  1 ML P , Chartier à Mackenzie, 14 février 1839.  2 Mackenzie, Van Buren, 288. Je souligne.   3 Union comme soumission du Bas-Canada : Harvey, Printemps, 246 ; Bernard, Les Rébellions de 1837 et de 1838, 1 ; MacKay, « Political Ideas », 20. Deux étoiles : Lamonde, Histoire sociale des idées, I, 252 ; Greer, Habitants, 305 ; Cazzaniga, Frères Chasseurs, 13.   4 Rédaction de la Déclaration d’indépendance de 1776 : Maier, American Scripture. Democratic Review : USDR , janvier 1838 ; Harvey, « “Canadian Moment” ». Fils de la liberté : Le Libéral, 20 octobre 1837.   5 Proclamation retranscrite dans Lindsey, Mackenzie, II, 367.  6 ML P , Brown à Mackenzie, 26 décembre 1837.   7 À titre d’exemple : M LP, Holton à Mackenzie, 22 décembre 1837 ; MLP, Brown à Mackenzie, 26 janvier 1838. Papineau : Papineau à Bancroft, 18 décembre 1837, traduite et reproduite dans Labonté, Anthony ­St-John, 225-30. Voir aussi Harvey, Printemps, 224.  8 The Madisonian, 25 décembre 1837 ; Morning Herald, 8 et 22 janvier 1838. Navy Island : McLeod, Brief Review, 198, 201 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 13 ; FDN J, Perrault aux réfugiés de Swanton, 13 décembre 1838, X, 188-90. « Couleurs » : OMP, Barker à Benton, 15 décembre 1837 ; OM P, Trowbridge à Van Buren, 14 décembre 1837 ; Harvey, « “Canadian Moment” », 220.  9 F P , Bryant à Brown, 24 décembre 1837. 10 F P , Côté à « St-John » (O’Callaghan), 10 janvier 1838. Clark, Political Protest, 308-9. 11 F P , Mackenzie à Papineau et Brown, 3 janvier 1838 ; FP, Mackenzie à Brown, 12 janvier 1838. 12 Accusations de Mackenzie : MLP, O’Callaghan à Mackenzie, 17 février 1838. Critiques : M LP, Brown à Mackenzie, 20 mai 1838. Cause commune (à titre indicatif) : M LP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 3 avril 1838. 13 Nelson, Déclaration d’indépendance, 34-9. Réunion de Saint Albans : L R A G, Wool à Jones, 18 mai 1838 ; Smith, « Within Arm’s Reach », 224-5. Dufort : FDN J, Pairo à Duvernay, 31 mai 1838, VI, 136-8 ; FDNJ , Pairo à Duvernay, 16 juin 1838, VI, 163-8. 14 Communication entre les deux fronts (à titre d’exemple) : Duncombe, « Documents » ; M LP, doc. no 2336, lettre à Mackenzie attribuée à R. Nelson, vers le 15 novembre 1838.  15 La révolution canadienne : Kenny, « Stranger’s Sojourn », 185. Assemblées : Mackenzie’s Gazette de la période ; Le Courrier des États-Unis,

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Notes des pages 176–8

14 novembre 1838 ; FDN J, Malhiot à Duvernay, 4 décembre 1838, VIII, 90-1. Réconciliation : A. Papineau, Journal, 192 ; Gates, After the Rebellion, 41 ; Rumilly, Papineau, II, 27. Contributions à la Gazette : MLP, « Atrocities in Lower Canada », juillet 1838 ; Nelson, Déclaration d’indépendance, 41-9 ; OP, Mackenzie à O’Callaghan, 5 avril 1841 ; Gates, After the Rebellion, 88-9 ; Verney, O’Callaghan, 167-70. Agents : MLP, doc. no 1423, Perrault à Mackenzie, 8 janvier [1839] ; Mackenzie’s Gazette, 25 mai 1839. Committee of Supply : Kinchen, Patriot Hunters, 30. Organisations charitables : FDN J, Malhiot à Duvernay, 4 décembre 1838, VIII, 90-1 ; Duvernay, Lettres d’exil, 56-7. 16 F D NJ , Brown à Demarray, 21 janvier 1838, VI, 185-6 ; FDNJ, Rodier à [Duvernay?], 20 décembre 1837, V, 191-3. Lamonde, « Courrier des ­États-Unis », 228 ; OMP, Lyman à Marcy, 14 décembre 1837. Remarques laconiques : Labonté, Anthony St-John, 85 ; Filteau, Histoire des patriotes, 502. Visions critiques : Rumilly, Papineau, II, 159-65 ; Ouellet, « Papineau ». Régime seigneurial : FDN J, Boutillier à Perrault, 17 juin 1838, VI, 167-70 ; Senior, Habits rouges, 215-16 ; Labonté, Anthony St-John, 83-4 ; Ouellet, « Papineau », 27-8, et Être divisé, 18-21 ; Greer, Habitants, 300-1. Adversité étasunienne : Labonté, Anthony St-John, 82-3 ; Filteau, Histoire des Patriotes, 502 ; Harvey, Printemps, 226. 17 F P , Côté à « St-John » (O’Callaghan), 19 décembre 1837. 18 F P , Bryant à Brown, 24 décembre 1837. Consulter également : FP, Duvernay à Perrault, 21 décembre 1837 ; F P, Côté à « St-John » (O’Callaghan), 19 décembre 1837 ; FP, Côté à L.-J. Papineau, 2 janvier 1838 ; F D NJ, Jodoin à Perrault, 17 et 20 décembre 1837, V, 190-3 ; Papineau, Lettres à divers correspondants, I, 377-8. 19 ML P , Bidwell à Rolph, 2 janvier 1838 ; Mauduit, « “Vrais républicains” », 132-3. 20 F P , Côté à « St-John » (O’Callaghan), 10 janvier 1838. Bidwell et Rolph : F P , Perrault à « St-John », 10 janvier 1838 ; FP, Mackenzie à Papineau, 5 janvier 1838 ; The North American, 12 mai 1841 ; Clark, Political Protest, 387 ; Kenny, « Stranger’s Sojourn », 195-6. 21 Boutillier à Papineau, 10 février 1838, cité dans Labonté, Alias Anthony St-John, 114. Dans sa correspondance avec sa femme, Papineau prend soin d’exposer de nombreux conseils pour ne pas perdre les propriétés familiales (Lettres à Julie, 358, 362-4). 22 Nelson, Déclaration d’indépendance, 25. FDNJ , Côté à Rodier, 16 août 1838, VII, 109-15. 23 L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, 6 décembre 1838. Pour plus de détails : The North American, 23 juin 1841 ; Mauduit, « “Vrais républicains” », 129-38, 222-7. Philadelphie : Labonté, Anthony St-John, 205-6.

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24 Un exemple récent, même si Labonté n’est pas historien de métier, est Robert le Diable, mais nous pouvons également mentionner : Laporte, Patriotes et loyaux, 41 ; Schull, Rébellion, 133 ; Little, Loyalties in Conflict, 89 ; Filteau, Histoire des patriotes, 383, 503. 25 USDR , janvier 1839, 21-2. Nelson : La Minerve, 2 octobre 1837 ; Rheault et Aubin, Médecins et patriotes, 277-8 ; Chabot et al., « Nelson ». Arrivée de Nelson à la tête de la révolution : Burlington Sentinel cité dans la Mackenzie’s Gazette, 1er décembre 1838 ; The North American, 23 juin 1841 ; Labonté, Anthony St-John, 184. Respectabilité de Nelson : FP, Côté à « St-John », 19 décembre 1837 ; FP, Côté à Papineau, 2 janvier 1838 ; FDN J, « JM FTM D » à Perrault, 23 décembre 1837, V, 199-VI, 2 ; Labonté, Anthony St-John, 35. 26 ML P , O’Callaghan à Mackenzie, 14 août 1838 ; MLP, Chartier à Mackenzie, 14 février 1839 ; Greer, Habitants. 27 The Vindicator, 28 octobre 1834. Consulter également : Nelson, Déclaration d’indépendance, 10-11 ; Soderstrom, Médecin rebelle, 153-4. 28 Assemblée de Montréal : La Minerve, 29 juin 1837 ; Le Populaire, 30 juin 1837. Voir également Clark, Political Protest, 267-8. Fils de la liberté : Ouellet, Bas-Canada, 444. Domestique : A NQQ, E1 7 (1922-00001\14), dossier no 843, Angélique Labadie, 9 décembre 1837. 29 Circulation de la Déclaration : Lamonde, « Courrier des États-Unis », 231 ; Lexington Union, 8 décembre 1838 ; L’Abeille, 30 novembre 1838. Marginalisation de la Déclaration (à titre d’exemple) : Laporte, Brève ­histoire, 135-6 ; Filteau, Histoire des patriotes, 503. Contre-exemple : Labonté, Anthony St-John, 186-92. Commentaires sur la Déclaration : Ouellet, Bas-Canada, 471 ; Bernard, Rébellions de 1837 et de 1838, 11 ; Lamonde, Histoire sociale des idées, I, 250 ; Labonté, Anthony St-John, 186-7 ; Laporte, Brève histoire, 135-6 ; Ducharme, Concept de liberté, 148. Régime seigneurial : Clark, Political Protest, 320-2 ; Greer, Habitants. Exceptions sur le bilinguisme : Senior, Habits rouges, 217-18 ; Ducharme, Concept de liberté, 157. 30 The North American, 23 juin 1841. 31 Sur l’emprisonnement pour dettes : Coleman, Debtors and Creditors ; Schrauwers, Union is Strength, 85-97 ; McNairn, « “Common Sympathies” » ; Kolish, « Imprisonment for debt ». 32 Sur l’importance du douaire coutumier pour les Bas-Canadiennes, lire en particulier Randall, Femmes dans l’espace rebelle, 43-7. 33 The North American, 17 juillet 1841. Duvernay réclamait timidement plus de pouvoir social, plutôt que politique, pour les femmes (Le Patriote ­canadien, 5 février 1840). Sur la question des femmes et de la Rébellion : Smith, « Within Arm’s Reach », 247-59 ; Greer, « République des

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Notes des pages 183–6

hommes » ; Randall, Femmes dans l’espace rebelle ; Bédard, Ecrire en temps d’insurrection ; Morgan, « “Bad Men Conspire” ». 34 Le Libéral, 17 juin 1837. 35 Le terme « Sauvages » est régulièrement changé en « Indiens » dans les retranscriptions. 36 Avocats d’une colonisation plus juste envers les Premières Nations : Skidmore, Rights of Man, 146, 158 ; Hershberger, « Struggle against Indian Removal » ; Wilentz, Rise of American Democracy, 326-7 ; Pessen, Jacksonian America, 296-303. Sur les patriotes et les Premières Nations plus généralement, lire aussi Smith, « Within Arm’s Reach », 147-8. 37 Retranscription amputant la Déclaration : Nelson, Déclaration d’indépendance, 25-31 ; Bernard, Assemblées publiques, 301-4. La version de Morin (« “République canadienne” », 486-8) reproduit le document ­original plus fidèlement, bien qu’il corrige les fautes. 38 The North American, 12 mai 1841. 39 Ibid., 23 juin 1841. 40 Ibid., 12 mai 1841. 41 Le Fantasque cité dans Le Courrier des États-Unis, 26 décembre 1838. 42 Daily Budget cité dans La Minerve, 11 septembre 1837, et Le Libéral, 15 septembre 1837. Le Populaire, 27 octobre 1837. Saint-Charles : The Vindicator, 27 octobre 1837 ; Le Libéral, 3 novembre 1837. Papineau à Nelson : Deschamps, Prisme du Herald, 106-7, 240-1. Head, Narrative, 100. 43 F P , « Address of the delegates of the convention of the Republic of North America to the People of the United States », 17 mars 1838. Les auteurs sont des Canadiens, mais ils sont difficilement identifiables. Plusieurs indices laissent croire que les auteurs sont soit des Canadiens francophones, soit des individus très soucieux de leur sort. 44 ML P , Chartier à Mackenzie, 14 février 1839. Sur la convergence des ­principes  : FD, Lacroix à Duvernay, 17 avril 1839 ; FD, Drolet à Duvernay, 8 novembre 1839 ; FDN J, R. Nelson [à Duvernay?], 1er novembre 183[9], VIII, 46-7 ; M LP, Gauvin et Wallace à Mackenzie, 13 mars 1839 ; MLP, doc. no 2655, « Mackenzie’s opinion upon various matters » ; MLP, ­collective à Mackenzie, 18 avril 1839. 45 The North American, 15 mai 1839. 46 ML P , Bryant à Mackenzie, 1er mai 1839. Exemples de mentions chez les patriotes canadiens : Mackenzie’s Gazette, 29 mai 1839 ; The North American, 25 décembre 1839, 12 mai 1839. 47 Theller cité dans The North American, 7 août 1839. Je souligne. 48 De Lorimier, Dernières lettres, 46-7. Je souligne. Ce testament politique est traduit dans la Mackenzie’s Gazette du 25 mai 1839.

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Notes des pages 187–90

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49 ML P , Folger à Mackenzie, 6 août 1838. Chartier : MLP, Chartier à Mackenzie, 14 février 1839. Présence de l’aigle américain sur les drapeaux aux deux étoiles : M LP, Fogler à Mackenzie, 6 août 1838 ; Mackenzie’s Gazette, 1er décembre 1838 ; Jones, Webster-Ashburton, 23 ; Guillet, Lives and Times, 134. 50 McLeod, Brief Review, 4-6. 51 Kinchen, Patriot Hunters, 108-9. Consulter également : MLP, doc. no 2009, Johnston à Mackenzie, non daté ; MLP, Fry à Mackenzie, 14 novembre 1838. 52 L’Estafette, 20 et 23 février 1838. Participation allemande : MLP, Duskau [?] à Mackenzie et Van Rensselaer, 3 janvier 1838 ; MLP, Molitor à Mackenzie, 14 janvier 1838 ; M LP, Wood à Mackenzie, 30 août 1838 ; FP, Sonne et Chambers à Ming Jr, 3 janvier 1838. Multiples nationalités sur les champs de bataille : OM P, Scovill à Benton, 21 décembre 1837 ; OMP, Fox à Forsyth, 4 janvier 1838. « Canadian Patriots’ Hymn », écrit par le Lt Henry Drapier, Mackenzie’s Gazette, 29 septembre 1838. 53 L R A G, Scott à Bankhead, 16 octobre 1839. Grands Lacs : LR A G, Worth à Scott, 10 mai 1840 ; M LP, McLeod à Graham, 22 avril 1839 ; MLP, Doyle à Mackenzie, 22 décembre 1838. Références aux héros de la révolution américaine : LRAG , Bryant, « Proclamation », 5 novembre 1838 ; Committee on Foreign Relations – S EN 2 7 A -D6, Archives nationales des États-Unis (CFR27 dans les notes subséquentes), pétition de Rochester, NY, 1er février 1842 ; « L.M.N. » dans Le Libéral, 8 septembre 1837. 54 ML P , Memorial de Mackenzie à Van Buren, 23 octobre 1839. Consulter également : M LP, J. Mackenzie à Mackenzie, 12 avril 1839 ; OP, Mackenzie à O’Callaghan, 15 mars 1842. 55 C F A  – Neutrality, pétition d’E.A. Theller : « For the passage of a law for the protection of naturalized citizens », Detroit, 1er janvier 1839 ; C FR 27, « Memorial of W. Robinson, from New Heaven, Conn. », 18 janvier 1842 ; ML P , Theller à Mackenzie, 5 janvier 1839 ; MLP, Memorial de Mackenzie à Van Buren, 23 octobre 1839 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 16. Gilje, Free Trade and Sailors’ Rights ; Schlereth, « Privileges of Locomotion » ; Smith, « Within Arm’s Reach », 242-4. 56 Ressentiment patriote (à titre d’exemple): The North American, 26 mai et 29 juillet 1841 ; Smith, « Within Arm’s Reach », 159-61, 167-8. Confiance des patriotes : « L.M.N. » dans Le Canadien, 12 juillet 1837. Mackenzie et Mississaugas : Mackenzie, Sketches of Canada, 130-4. Cattaraugus et Grant : L R AG , Homans à Brady, 5 février 1838 ; LR A G, « Details on Hunters » du lieutenant-gouverneur Arthur, 26 octobre 1838. Loyalisme des Premières Nations : Head, Canada, 449 ; Sossoyan, « Iroquois et

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Notes des pages 191–2

Rébellions » ; Telford, « Anishinabe and Rebellion » ; Brownlie, « “Our fathers fought for the British” », 263 ; Jones, History of the Ojebway, 264-5. 57 The North American, 17 juillet 1841. Abolitionnistes : The Colored American, 23 et 30 décembre 1837 ; Shields, « Power to be Reborn ». Noirs du Haut-Canada : LRAG , « Important Intelligence : Battle of Sandwich » (extrait de journal) ; Mauduit, « American Republicanism », 381-2. Louverture : Le Libéral, 17 juin 1837. Consulter également Smith, « Within Arm’s Reach », 157-62 ; Steedman, « “Feelings of Noble Patriots” », 128-9. 58 L’Estafette, 17 avril 1838. Consulter également : FDNJ , Beaudry à Duvernay, 21 juillet 1838, VII, 43-6. Sur les tensions religieuses lors de l’exil, voir en particulier Kenny, « Stranger’s Sojourn ». 59 F D , doc. no 381, Côté à Duvernay, non datée [1839]. Côté souligne. Consulter également : FD, Côté à Duvernay, 6 juillet 1839 ; The North American, 3 juillet 1839. Duvernay : Monière, Duvernay, 152-3 ; Kenny, « Duvernay’s Exile ». Tendances nationalitaires : FD, Duchesnois à Duvernay, 5 juin 1839 ; FD, doc. no 334, Charles Testut (L’Indicateur) à Duvernay, 14 ? 1839 ; FDN J, Boutillier à Duvernay, 21 juin 1838, VI, 161-3 ; F D N J, George [Cartier] à Duvernay, 15 octobre 1838, VIII, 42-4 ; F D NJ , Rodier à Duvernay, 18 octobre 1838, VIII, 44-5 ; FDNJ , Thompson (Neysmith) à Duvernay, 6 novembre 1838, VIII, 76-7 ; Nelson, Écrits d’un patriote, 121 ; Lamonde, « Courrier des États-Unis » ; Greer, Habitants, 168-73 ; Laporte, Brève histoire, 301-3. 60 ML P , Theller à Mackenzie, 10 décembre 1838. Consulter également : ML P , anonyme [Theller] à Mackenzie, 27 novembre 1838 ; MLP, Theller à Mackenzie, 10 décembre 1838 ; M LP, Theller à Mackenzie, 5 janvier 1839 ; ML P, Fry à Mackenzie, 14 décembre 1838 ; MLP, Johnston à Mackenzie, 24 décembre 1838 ; M LP, collective à Mackenzie, 18 avril 1839 ; M LP, Turner et Follett à Mackenzie, 7 mai 1839 ; Gates, After the Rebellion, 51, 56. Sur la spéculation des Hunters : FD, Drolet à Duvernay, 8 novembre 1839 ; M LP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 15 avril 1839 ; Gates, After the Rebellion, 56. 61 F P , Mackenzie à Papineau, 5 janvier 183[9] (la lettre est datée de 1838, mais il s’agit de 1839). Bas-Canada : Mauduit, « “Vrais républicains” », 222-9 ; Nelson, Écrits d’un patriote, 122-5 ; L. Papineau, Correspondance, 53-5, 86-94. Canadian Association : MLP, doc. no 2655, « Mackenzie’s opinion on various matters » ; MLP, Watson à Mackenzie, 9 avril 1839 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 33 ; Mackenzie’s Gazette, 12 octobre 1839 ; Gates, After the Rebellion, 56-61. Grands Lacs : LR A G,

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Notes des pages 192–6

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Brady à Scott, 23 octobre 1839 ; LRAG , Bankhead à Scott, 10 octobre 1839 ; M LP, McLeod à Mackenzie, 15 juin, 12 juillet, 13 et 31 août, et 20 septembre 1840. 62 A. Papineau, Journal, 134. 63 F D , Landry à Duvernay, 24 janvier 1840.  64 ML P , Smyles à Mackenzie, 12 novembre 1838. Sur Smyles : Gates, « A Note ». M LP, J. Mackenzie à Mackenzie, 16 novembre 1839 ; Mackenzie, Van Buren, 1. 65 ML P , J. Mackenzie à Mackenzie, 6 août 1838. Mackenzie souligne. Exemple de critiques envers les partis : « Un patriote canadien », Plattsburgh Republican, 31 octobre 1840. Consulter aussi : MLP, Johnston à Mackenzie, 19 février 1840. 66 J. Mackenzie cité dans Gates, After the Rebellion, 83-4. Consulter également : Papineau, Lettres à divers correspondants, 393-8 ; FP, O’Callaghan à Papineau, 27 janvier 1839 (je remercie François Labonté de m’avoir signalé cette référence.) ; M LP, Moore à Mackenzie, 3 février 1840 ; MLP, Hunter à Mackenzie, 2 septembre 1839 ; MLP, Hunter à Mackenzie, 18 octobre 1839 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 14-15. 67 ML P , Watson à Mackenzie, 16 décembre 1840. 68 ML P , Smyles à Mackenzie, 12 novembre 1838. Propos similaires : MLP, Durand à Mackenzie, 22? octobre 1838 ; MLP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 1er octobre 1838. Méfiance à propos d’une guerre générale : ML P , Fry à Mackenzie, 14 décembre 1838. 69 ML P , Smyles à Mackenzie, 12 novembre 1838. 70 ML P , The Prisoner’s Friend envoyé à Mackenzie, 18 juillet 1839. MLP, doc. no 2943, maquette de The Prisoner’s Friend de James Reid. Intervention législative des citoyens : Mackenzie’s Gazette, 25 mai 1839 ; Mackenzie, Van Buren, 1-2. Code de lois : MLP, Combe à Mackenzie, 17 décembre 1839 ; Gates, After the Rebellion, 40-1, 64 ; L. Papineau, Correspondance, 55-9. 71 Mackenzie, Van Buren, 1. 72 Le titre complet du livre est : Duncombe’s Free Banking: An Essay on Banking, Currency, Finance, Exchanges and Political Economy, by Charles Duncombe, A Native American. Expérience : Duncombe, Free Banking, 202 ; Schrauwers, « “Road Not Taken” », et Union is Strength, 154-6, 168. Voir également : Haut-Canada, Report, 27 ; Lindsey, Mackenzie, II, 202 ; Tiffany, Relations of the United States, 64-5 ; Kinchen, Patriot Hunters, 39-40. Autres informations sur Duncombe et la question monétaire : Lloréns, « Financial Crisis », 4 ; Schweikart, Banking in American South, 19, et « Currency Control », 80 ; Banner, Securities, Regulation, 212-13.

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73 Duncombe, Free Banking, 263. Authentiquement républicain : Duncombe, Free Banking, 149-150, 178-9 ; M LP, Duncombe à Mackenzie, 27 juillet 1841. Dépendance au crédit britannique : Duncombe, Free Banking, 1-2, 23-4, 174-5 ; Schrauwers, Union is Strength, 154-5. 74 Duncombe, Free Banking, 98-102, 201. 75 Création de la monnaie : ibid., 2-5, 41, 110-18, 166-71, 201, 316. Safety Fund : ibid., 290-3. Contrôle des directeurs : ibid., 102-11. 76 Ibid., 108. Consulter également : ibid., 31-7, 151-5, 250-1. 77 Ibid., 104-6. Responsabilité limitée : ibid., 4, 90-1, 102-10, 145-6. 78 Lien entre banque centrale et population : Duncombe, Free Banking, 3-5, 19-20 ; Pocock, Vertu, commerce, 101, 127-30, 139-40 ; Kramnick, « Republican Revisionism », 643-4. Activité à réguler : Duncombe, Free Banking, 119-24.

C ha p i t r e 7  1 F P , « Address of the delegates of the convention of the Republic of North America to the People of the United States », 17 mars 1838.   2 A. Papineau, Journal, 179. Kinchen, Patriot Hunters, 83-4.  3 The North American, 10 avril 1839. Je souligne.  4 Spirit of the Age, 16 octobre 1840. Contexte révolutionnaire : Schlessinger, Age of Jackson, 221-41.   5 Arthur cité dans Kinchen, Patriot Hunters, 44.  6 ML P , Doyle à Mackenzie, 28 novembre 1839. MLP, Combe à Mackenzie, 17 décembre 1839 ; Bonthius, « Underhill », 143.  7 ML P , Folger à Mackenzie, 6 août 1838. Consulter également : MLP, Vail à Mackenzie, 7 décembre 1838 ; M LP, Brown à Mackenzie, 21 juin 1838.  8 New Era and American Courier, 23 juin 1838. Activisme des Locofocos : Evening Post, 27 et 28 décembre 1837 ; New Era and American Courier, 26 mai 1838 ; Mackenzie’s Gazette, 29 septembre 1838. Bataillon : FP, Sonne et Chambers à Ming, 3 janvier 1838. Communication : MLP, doc. no 1148, Memorandum, non daté (Navy Island). Locofocos et Hunters : ML P , Fry à Mackenzie, 9 octobre 1838 ; Tiffany, Relations of the United States, 63-6. Assemblée de novembre 1838 : MLP, doc. no 2280 et no 2344 ; Gates, After the Rebellion, 53. Libération de Mackenzie : MLP, Cooper à Mackenzie, 3 juin 1839 ; M LP, Solves à Rudd, 19 octobre 1839 ; ML P , Rudd à Mackenzie, 4 novembre 1839 ; MLP, O’Callaghan à Mackenzie, 28 novembre 1839 ; M LP, Mackenzie à Buell, 17 juin 1840 ; ML P , Robinson à Mackenzie, 27 juin 1840 ; MLP, O’Callaghan à Mackenzie, 4 juillet 1840 ; Gates, After the Rebellion, 99.

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Notes des pages 202–5

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 9 New Era and American Courier, 30 juin 1838. Le journal Loco Foco est fondé en août 1839, mais il n’y a pas de mention d’éditeur ni d’imprimeur sur l’unique numéro consulté (conservé à l’American Antiquarian Society). 10 Mackenzie’s Gazette, 29 septembre 1838. Consulter également : Nelson, Écrits d’un patriote, 90 ; M LP, O’Callaghan à Mackenzie, 26 juillet 1838 ; F P , O’Callaghan à Papineau, 9 avril 1838 ; Corey, Crisis of 1830-42, 84 ; Gates, After the Rebellion, 56 ; Harvey, Printemps, 50-1. Sur les Freethinkers : Jacoby, Freethinkers ; Harrison, Owen and Owenites ; Wilentz, Rise of American Democracy, 352-6. 11 Wright sur la révolution : M LP, Darusmont (Fanny Wright) et Windt à Mackenzie, 18 juin 1839. Liens avec Evans : Schrauwers, Union is Strength, 52 ; Gates, After the Rebellion, 112, et « Decided Policy », ­201-2. Robinson  : L’Estafette, 3 juillet 1838 ; Le Courrier des États-Unis, 30 juin 1838 et 24 avril 1839 ; Polfliet, « Émigration et politisation », 360. Voir également : Smith, « Within Arm’s Reach », 142-4. 12 ML P , Brownson à Mackenzie, 22 avril 1840 ; Mackenzie, Van Buren, ­143-4. Voir aussi : Lamonde, Emerson, Thoreau, Brownson, 115-16. Sur Brownson et le transcendentalisme : USDR , novembre 1842, 481-96 ; Wilentz, Rise of American Democracy, 499-501 ; Gilhooley, Contradictions and Dilemma ; Widmer, Young America. 13 Underhill : M LP, doc no 3418, Fry à Mackenzie, non daté ; Bonthius, « Underhill » ; Kinchen, Patriot Hunters, 37 ; Link, Social Ideas, 90-4. Voir également : Read, « Theller » ; Schrauwers, « Tilting » et Union is Strength ; Huston, Land and Freedom, 108, 137-46 ; Gates, After the Rebellion, ­111-13 ; Smith, « Within Arm’s Reach », 138-40. 14 Mackenzie’s Gazette, 29 septembre 1838. MLP, Wilbank à Mackenzie, 11 février 1840. Ferral : Pessen, Uncommon Jacksonians. 15 Boughton : Huston, Land and Freedom, 100-2. Société secrète : ibid., ­116-17. Mackenzie : Gates, After the Rebellion, 135-7. O’Callaghan : Verney, O’Callaghan, 175-6, 183. Anti-Renters : Huston, Land and Freedom ; McCurdy, Anti-Rent Era ; Formisano, For The People. 16 Fletcher : M LP, Fletcher à Mackenzie, 8 février et 2 mai 1840. Wright : Mackenzie, Caroline Almanack, 103 ; Rochester Democrat, 19 décembre 1838 ; Nelson, Écrits d’un patriote, 123 ; MLP, Crumbeling à Mackenzie, 23 avril 1838 ; M LP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 9 mars 1839 ; M LP, O’Callaghan à Mackenzie, 5 mars 1840. R.M. Johnson : M LP, R.M. Johnson à Fegan, 11 mai 1840 ; Mackenzie, Van Buren, 291 ; Tiffany, Relations of the United States, 63 ; Kinchen, Patriot Hunters, 41-2. Entourage du président Van Buren : MLP, Young à Mackenzie, 15 juillet 18[39] ; M LP, A.K. Mackenzie à Mackenzie,

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Notes des pages 206–7

28 janvier 1839. Berrian : M LP, Berrian à Mackenzie, 5 et 28 septembre, et 21 novembre 1838, 12 mars et 11 avril 1840 ; MLP, doc. no 2566, note non datée et non signée sur le Metropolis. Philadelphie : MLP, [Democratic] Association à Mackenzie, 22 novembre 1839 ; MLP, Doyle à Mackenzie, 22 décembre 1839 ; M LP, Duane à R.M. Johnson, 6 mars 1840 ; M LP, Fitman à Mackenzie, 27 mars 1840 ; MLP, Duane à Mackenzie, 30 mars 1840. Cushing : M LP, Cushing à Mackenzie, 31 mars, 25 décembre 1839, 18 et 20 mars 1841 ; Gazette de Baton Rouge, 17 mars 1838 ; Belohlavek, Broken Glass, 95-6. Anti-maçons : C FA  – Caroline, « Petition and Resolutions from the citizens of Orleans County », 13 février 1838 ; Formisano, For the People ; Raible, « Mackenzie, Freemasonry » ; Benson, Concept of Jacksonian Democracy, 95-6 ; Smith, « Within Arm’s Reach », 228-9.  17 Young America : Scholnick, « Extermination and Democracy » ; Widmer, Young America. Soutien envers les patriotes canadiens : MLP, Langtree à Mackenzie, 15 septembre, 13 octobre, et 7 novembre 1839 ; MLP, doc. no 3410 (non daté) ; Evening Post, 14 et 19 décembre 1837, 12, 27 et 28 août 1839 ; M LP, Mackenzie à O’Reilly, 19 août 1839 ; MLP, O’Reilly à Bryant, 22 août 1839. Liens avec les Canadiens : MLP, O’Callaghan à Mackenzie, 26 juillet, 1er octobre 1838, et 28 novembre 1839 ; A. Papineau, Journal, 139 ; Le Patriote canadien, 14 août 1839 ; Mackenzie’s Gazette, 25 mai 1839 ; Gates, After the Rebellion, 38-9 ; Harvey et Lamonde, « Origines et formes diverses » ; Harvey, « “Canadian Moment” ». 18 ML P , doc. no 2280, « Public Meeting in favor of the suffering Canadian Patriots », non daté (novembre 1838) ; M LP, doc. no 2344, « Public Meeting », non daté (novembre 1838) ; OP, Mackenzie à O’Callaghan, 5 avril 1841 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 93-5 ; Mackenzie’s Gazette, 1er décembre 1838 ; Le Courrier des États-Unis, 14 novembre 1838 ; Haut-Canada, Report, 21-3 ; Corey, Crisis of 1830-42, 84 ; Gates, After the Rebellion, 53-4. 19 L’Estafette, 12 janvier 1838. Francosphère : Mauduit, « “Livre du peuple” » ; Polfliet, « Émigration et politisation », 359-64. Sur le sens ­politique de la presse : Riot-Sarcey, Réel de l’utopie, 22-9 ; Spann, Ideals and Politics, 110-21. Consulter également : Mackenzie’s Gazette, 1er décembre 1838. 20 Volonté d’écrire l’histoire : Mackenzie’s Gazette, 25 mai 1839 ; The North American, 10 avril 1839 ; M LP, O’Callaghan à Mackenzie, 14 août 1838 ; A. Papineau, Journal, 157, 159 ; M LP, « Atrocities in Lower Canada », juillet 1838 ; Nelson, Déclaration d’indépendance, 41-9 ; Mackenzie, Caroline Almanack, Own Narrative, et Who Began? ; FD, Côté à Duvernay,

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Notes des pages 207–9

293

18 avril, 29 novembre 1839, 22 juillet et 15 novembre 1840, et 26 avril 1841 ; McLeod, Brief Review ; Theller, Canada in 1837-1838 ; Sutherland, The Trial et A Letter. Répression par les Britanniques : FP, O’Callaghan à Papineau, 9 avril 1838 ; L’Estafette, 20 avril 1838 ; Le Courrier des États-Unis, 16 janvier 1839 ; Plattsburgh Republican, 12 ­janvier 1839 ; A. Papineau, Journal, 161. Importance de la presse pour les patriotes : FD, Masson à Duvernay, 28 décembre 1839 ; MLP, [illisible] à Mackenzie, 14 mai 1839 ; M LP, Bruce à Mackenzie, 9 février 1840 ; Mackenzie’s Gazette, 21 mai 1839 ; FW N, résolutions de l’assemblée de Swanton du 5 janvier 1839. Établissement de journaux patriotes : FP, Mackenzie à Brown, 12 janvier 1838 ; Kinchen, Patriot Hunters, 16 ; Little, Loyalties in Conflict, 66. Échanges entre éditeurs : MLP, McMahon à Mackenzie, 11 mai 1841 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 74 ; FDNJ , « Jean Thompson » (Neysmith) à Duvernay, 6 novembre 1838, VIII, 76-7 ; A. Papineau, Journal, 161 ; Kinchen, Patriot Hunters, 20-1 ; Gates, After the Rebellion, 82 ; Little, Loyalties in Conflict, 65-6. Lire également : Crouthamel, « Newspaper Revolution » ; Kenny, « Stranger’s Sojourn » ; Smith, « Within Arm’s Reach ». 21 ML P , Bruce à Mackenzie, 7 août 1838. 22 ML P , Sherman et Winston à Mackenzie, 18 septembre 1838. Papineau : F P , Porter à Papineau, 22 avril 1838. Patriotes et rivalité électorale : Gates, After the Rebellion, 52-3 ; Stevens, Border Diplomacy, 44-5. 23 ML P , collective à Mackenzie, 8 août 1838. Ils soulignent. Consulter ­également  : M LP, Sherman et Winston à Mackenzie, 18 septembre 1838. Mackenzie pro-démocrates : M LP, J. Mackenzie à Mackenzie, 6 août 1838 ; Mackenzie’s Gazette, 29 septembre 1838 ; A. Papineau, Journal, 190, 209. Antipartisanerie : Voss-Hubbard, « “Third Party Tradition” » ; Formisano, « Political Antipartyism » ; McCormick, Party Period, 5 ; Mauduit, « Canadian Interference ». 24 À titre d’exemple : M LP, J. Mackenzie to Mackenzie, 6 août 1838 ; MLP, Duncombe à Mackenzie, 27 juillet 1841. 25 L’Estafette, 20 mars 1838. Vermont : M LP, Moore à Mackenzie, 12 décembre 1838. Cabinet Jackson : MLP, Magrine à Mackenzie, 18 décembre 1838. Philadelphie : MLP, Fitman à Mackenzie, 13 ­juillet 1839. Élections de 1838 : MLP, doc. no 2161, J. Mackenzie à Mackenzie, non daté ; MLP, Hunt à Mackenzie, 7 février 1838 ; MLP, Durand à Mackenzie, 24 novembre 1838 ; MLP, Neysmith à Mackenzie, 11 décembre 1838 ; M LP, Sherman et Winston à Mackenzie, 18 ­septembre 1838  ; Patriot and Democrat (Watertown), 10 novembre 1838 ; M LP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 15 avril 1839 ;

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Notes des pages 209–11

ML P , McLeod à Mackenzie, 13 août 1840 ; Mauduit, « Canadian Interference » ; Gates, After the Rebellion, 52-3 ; Stevens, Border Diplomacy, 44-5. 26 ML P , doc. no 2161, J. Mackenzie à Mackenzie, non daté ; MLP, W. Nelson à Mackenzie, 8 décembre 1839 ; M LP, [O’Callaghan] à Mackenzie, 4 ­juillet 1840  ; M LP, McLeod à Mackenzie, 31 août 1840 ; MLP, Theller à Mackenzie, 29 mai 1840 ; M LP, Johnston à Mackenzie, 23 septembre 1840 ; Tiffany, Relations of the United States, 103-7.  27 Seward cité dans Townsend, Cause of Social Evil, 5, 30. Voir également : Greeley, Recollections, 144-58 ; Formisano, « Political Antipartyism », 709, « “Party Period” Revisited », et « New Political History » ; Holt, Whig, 30-2 ; Wilson, « “Country” versus “Court” », 639-41 ; Mauduit, « Canadian Interference » ; Wilentz, Rise, 482-507. 28 Patriotes et franc-maçonnerie : Nelson, Écrits d’un patriote, 122-5 ; MLP, W. Nelson à Mackenzie, 8 décembre 1839 ; MLP, McLeod à Mackenzie, 31 août 1840 ; M LP, Theller à Mackenzie, 29 mai 1840 ; MLP, Johnston à Mackenzie, 23 septembre 1840 ; Tiffany, Relations of the United States, 103-7 ; Plattsburgh Republican, 3 et 31 octobre 1840. Les patriotes et les whigs (à titre d’exemple) : FD, W. Nelson à Duvernay, 31 décembre 1839 ; Nelson, Écrits d’un patriote, 133-6 ; M LP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 2 mai 1839 ; M LP, Frey à Mackenzie, 16 mai 1839 ; MLP, Theller à Mackenzie, 29 mai 1840 ; M LP, Nelson à Mackenzie, 10 octobre 1840 ; ML P , McLeod à Mackenzie, 15 octobre 1840 et 26 avril 1841 ; LR A G, Bankhead à Scott, 10 octobre 1839 ; Gates, After the Rebellion, 67-9. 29 Poids de la question canadienne dans la défaite de Van Buren : Mauduit, « Canadian Interference » ; Tiffany, Relations of the United States, 105-7 ; Gates, After the Rebellion, 52-3, 70-1 ; Kinchen, Patriot Hunters, 43-4, 104 ; Corey, Crisis of 1830-42, 93-101 ; Stevens, Border Diplomacy, 45-7. Le Canada et la campagne présidentielle : MLP, O’Callaghan à Mackenzie, 1er avril 1840 ; M LP, [O’Callaghan] à Mackenzie, 4 juillet 1840 ; MLP, McLeod à Mackenzie, 20 septembre 1840 ; A. Papineau, Correspondance, I, 282-3 ; Mackenzie, Van Buren, 282 ; Gates, After the Rebellion, 69. Harrison et patriotes : M LP, McLeod à Mackenzie, 15 juin 1840 ; MLP, Johnston à Mackenzie, 20 septembre 1840. Démocrates devenant whigs : ML P , Fitman à Mackenzie, 13 juillet 1839 ; MLP, Brown à Mackenzie, 11 janvier 1840 ; M LP, McLeod à Mckenzie, 3 avril et 15 juin 1840 ; Mauduit, « Canadian Interference », 253. Duane : MLP, Sawner [Duane] à Mackenzie, 11 février 1840. Locofocos : MLP, Rudd à Mackenzie, 12 mai 1840 ; Wilentz, Rise, 533-4. 30 The North American, 23 juin 1841. USDR , novembre-décembre 1840, 387.

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Notes des pages 211–13

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31 Byrdsall, History Loco-Foco, 147-51. Guerre politique : Parti démocrate, Proceedings, 4-7 ; Byrdsall, History Loco-Foco, 28-9. Assemblées ­new-­yorkaises  : Byrdsall, History Loco-Foco, 101-37 ; Burrows et Wallace, Gotham, 610-14 ; Wilentz, Chants Democratic, 288-95 ; Lepler, Many Panics, 67-9, 186-9, 193, 198, 200, 206, 222. 32 Herald cité dans Burrows et Wallace, Gotham, 606. Voir également : Lepler, Many Panics, 189. 33 Philip Hone cité dans Lepler, Many Panics, 189. 34 Evans, « History Working Men’s Party », 1. 35 Le Patriote canadien, 5 février 1840. Mackenzie sur la justice : Mackenzie’s Gazette, 12 octobre 1839. Convention de 1846 : Galie, Ordered Liberty, 95-116 ; Huston, Land and Freedom, 100-10, 158 ; Gates, After the Rebellion, 131-9. Griefs patriotes contre les partis : MLP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 7 janvier 1841 ; MLP, J. Mackenzie à Mackenzie, 6 août 1838 ; Mackenzie’s Gazette, 29 septembre 1838, et 25 mai 1839 ; MLP, comité d’Alexander (État de New York) à Mackenzie, 18 avril 1839 ; MLP, Theller à Mackenzie, 9 décembre 1838 ; Mackenzie, Van Buren, 31. 36 ML P , McLeod à Mackenzie, 14 mai 1840. Consulter également : USDR , octobre 1837 ; Loco Foco (Swanton), 22 août 1839 ; MLP, Fry à Mackenzie, 14 décembre 1838 ; Patriot and Democrat (Watertown), 10 novembre 1838 ; Mackenzie’s Gazette, 29 septembre et 1er décembre 1838 ; M LP, « Comodore » Bill Johnston à Mackenzie, 19 février 1840 ; M LP, J. Mackenzie à Mackenzie, 6 août et 10 décembre 1838 ; M LP, Bayard à Mackenzie, 21 juillet 1838 ; MLP, Durand à Mackenzie, 1er décembre 1838 ; MLP, Southwick à Mackenzie, 8 décembre 1838 ; M LP, Duane à Mackenzie, 16 juillet 1839 ; Kenny, « Stranger’s Sojourn », 196-7. 37 Mackenzie, Who Began ?, 9-10. Consulter également : MLP, Mackenzie à O’Callaghan, 22 novembre 1838 ; Mackenzie, Van Buren, 26 ; MLP, Duane à Mackenzie, 24 juin 1841 ; M LP, Fisk à Mackenzie, 23 mars 1840. 38 ML P , A.K. Mackenzie à Mackenzie, 7 janvier 1841. Canadas comme ­antithèse  : M LP, Fry à Mackenzie, 14 décembre 1838 ; Loco Foco (Swanton), 22 août 1839. Consulter également : MLP, doc. no 3837, [McLeod] à Mackenzie, 13 juin 1840 ; MLP, Johnston à Mackenzie, 23 ­septembre 1840  ; Nelson, Écrits d’un patriote, 138 ; Mackenzie’s Gazette, 1er décembre 1838. 39 The North American, 10 avril 1839. Consulter également : MLP, doc. no 2455, texte pour la Mackenzie’s Gazette, 28 décembre 1838 ; Duffy et Muller, Anxious Democracy, 71.

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Notes des pages 213–16

40 Michigan : Kinchen, Patriot Hunters, 43-4, 83-4, 137-9 ; Stevens, Border Diplomacy, 28-9 ; Tiffany, Relations of the United States, 83-92. Tension géographique : M LP, J. Mackenzie à Mackenzie, 12 juillet 1838 ; L’Estafette, 22 mai 1838 ; Little, Loyalties in Conflict, 7-8. 41 Loco Foco, 29 août 1839. 42 Spirit of the Age, 16 octobre 1840. 43 ML P , W. Nelson à Mackenzie, 10 octobre 1840 ; MLP, Moore à Mackenzie, 12 décembre 1838 ; Mackenzie’s Gazette, 1er décembre 1838 ; Mackenzie, Who Began?, 22. Rumeurs au Vermont : MLP, Neysmith à Mackenzie, 11 décembre 1838. 44 Mackenzie, Caroline Almanack, 65. 45 New Era and American Courier, 30 juin 1838. 46 Marcy cité dans Gates, After the Rebellion, 26-7. OMP, Woodbury à Forsyth, 21 décembre 1837 ; Lacroix, « Choosing Peace and Order », 5-6. 47 L R A G, Wool à Poinsett, 2 mars 1838. Consulter également : LR A G, Garrison à Worth, 19 février 1838. Conscience des dangers : Richmond Enquirer, 9 janvier 1838 ; Southern Argus (Columbus, Mississippi), 23 janvier 1838. Difficultés pour constituer une force armée : LR A G, Brady à Worth, 15 février 1838 ; LRAG , Worth à Brady, 9 février 1838 ; L R A G, Cummings à Wool, 29 mars 1838 ; LR A G, Wool à Scott, 28 avril 1838 ; LRAG , Scott à Jennison, 21 février 1838. 48 Haraty, Vermonters Ahead, 79.  49 Activités des haut-gradés : LRAG , Eustis à l’adjudant général (Jones), 9 janvier 1839. 50 Financement en 1838 : LRAG , Scott à Poinsett, 12 janvier 1838 ; LR A G, Scott à Jennison, 21 février 1838 ; LRAG , Wool à Scott, 1er et 11 mars 1838 ; LRAG , Wool à Miller, 22 mai 1838. Demandes de fonds en 1839 : L R A G , Scott à Bankhead, 16 octobre 1839 ; LR A G, Scott à Jones, 18 février 1839 ; LRAG , Anderson à Price, 15 février 1839 ; LR A G, Adjutant General Office à Bankhead, 9 mars 1839 ; Haraty, Vermonters Ahead, 81.  51 C F A  – Caroline, « Memorial and Resolutions of a meeting of citizens of Niagara », 14 février 1838 ; CFA  – Caroline, « Memorial of the Citizens of Erie County », 12 février 1838 ; CFA – Caroline, « Memorial to the Senate and House of Representatives of the United States, in Congress assembled », Cleveland et comté de Cuyahoga, reçu le 4 avril 1838. 52 C F A  – Caroline, « Petition and Resolutions from citizens of Orleans County », 13 février 1838. 53 Release of William Lyon Mackenzie of Canada from Imprisonment – H R  2 6 A - H 1. 8, Archives nationales des États-Unis (R MC I dans les notes

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Notes des pages 216–19

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subséquentes), citation tirée du New Hampshire Patriot joint aux pétitions ; CFA – Caroline, « Proceedings of a Convention of the People of Montpelier, VT », 17 décembre 1838. 54 C F R 27, Pétition de Rochester, 1er février 1842. Elle souligne. 55 O MP , Woodbury à Dobbin, 4 janvier 1838. Je souligne. Benton : OMP, Mohawk Courier Extra (Little Falls), 16 décembre 1837. Demandes de Forsyth : OM P, Forsyth à Kellogg, 7 et 20 décembre 1837 ; OMP, Forsyth à Marcy, 7 décembre 1837 ; OM P, Forsyth à Wright, 18 décembre 1837. Limites de la loi sur la neutralité de 1818 : OMP, Van Buren au Congrès, 8 janvier 1838 ; OM P, Van Buren à la Chambre des représentants, 5 ­janvier 1838  ; OM P, Poinsett à Scott, 5 janvier 1838 ; LR A G, Scott à Hughes, 15 janvier 1838. 56 L R A G, Worth à Scott, 9 février 1838. Opérations visiblement illégales : O MP , Rogers au président, 30 décembre 1837 ; LR A G, Scott à Poinsett?, 19 janvier 1838 ; LRAG , Scott à Worth, 19 janvier 1838 ; LR A G, Wool à Scott, 20 février 1838 ; LRAG , Worth à Jones, 8 février 1838. Justifications de la répression : OM P, Barker à Benton, 15 décembre 1837 ; OMP, Garrow à Van Buren, 28 décembre 1837. Woodbury : OMP, Woodbury à Barker, 4 janvier 1838 ; OM P, Woodbury à Scovill, 5 janvier 1838.  57 L R A G, Scott à Poinsett, 12 janvier [février] 1838 ; LR A G, Benton à Worth, 19 février 1838 ; LRAG , Scott à Wool, 14 mars 1838 ; LR A G, Worth à Cuther, 10 février 1838 ; LRAG , Worth à Scott, 9 février 1838. 58 F P , O’Callaghan à Cushing, 7 février 1838. Constitutionnalité de la loi de 1838 : M LP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 18 janvier 1839 ; Mackenzie’s Gazette, 1er décembre 1838 ; Le Courrier des États-Unis, 8 décembre 1838. Besoin d’une nouvelle loi : LR A G, Scott à Poinsett, 16 janvier 1838 ; LRAG , Wool à Scott, 2 avril 1838 ; LR A G, Benton à Worth, 19 février 1838 ; LRAG , Scott à Hughes, 15 janvier 1838. Loi de 1838 : Mackenzie, Caroline Almanack, 31 ; Dumbauld, « Neutrality Laws », 263-4 ; Watson, « Responses to Filibustering », 503-6 ; Miller, « Law of Nations » ; Horwitz, American Law, 1780-1860, 17-18. 59 C F A  – Neutrality, « Memorial from Washington County, Vermont », 4 février 1839 ; CFA – Neutrality, « Memorial from Franklin County, Vermont (Saint Albans) », non daté ; LRAG, Bankhead à Jones, 8 décembre 1838. 60 Cité dans Mackenzie, Van Buren, 294-5. Voir également : McLeod, Brief Review, 225-6, 231-2 ; M LP, Magrine à Mackenzie, 18 décembre 1838 ; Vermont Republican, 17 août 1842 ; Le Courrier des États-Unis, 28 décembre 1837 ; Tiffany, Relations of the United States, 70-3 ; Corey, Crisis of 1830-42, 53 ; Karp, Southern Empire.

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Notes des pages 219–20

61 Invasions britanniques : CFA – Caroline, « Proceedings of a Convention of the People of Montpelier, VT », 29 décembre 1838 ; FP, O’Callaghan à Cushing, 7 février 1838 ; The North American, 17 juillet 1841 ; Hemenway, « Vermont Historical Gazetteer », 299-300 ; LR A G, Palmer à Wright, 4 décembre 1837 ; LRAG , « Plattsburg to Palmer », 4 décembre 1837 ; OM P, Kellogg à Forsyth, 20 décembre 1837 ; LR A G, Palmer à Poinsett, 19 décembre 1837 ; LRA G, Wool à Scott, 26 janvier 1838. Acceptation implicite des gouvernements : LR A G, Wool à Moore, 29 janvier 1838 ; OM P, Forsyth à Fox, 5 janvier 1838 ; LR A G, Sandom à Worth, 5 juillet 1839 ; LRAG , McClurd à Sandom, 4 juillet 1839 ; LR A G, Worth à Sandom, 5 juillet 1839 ; LRAG , Clarke à Sandom, 8 juillet 1839 ; L R A G, Sandom à Worth, 7 juillet 1839 ; LRA G, Worth à Sandom, 10 ­juillet 1839. Critiques patriotes : CFA – Caroline, « Petition and Resolutions from the citizens of Orleans County », 13 février 1838 ; C F A  – Caroline, « Convention of the People of Montpelier, V T », 29 décembre 1838 ; RM CI , pétition commune. 62 Nelson : M LP, Chapman (R. Nelson) à Mackenzie, 14 février 1838 ; ML P , Brown à Mackenzie, 23 mai 1838 ; F DNJ , Malhiot ? à Duvernay, 4 juin 1838, VI, 154-6 ; FDN J, Beaudry à Duvernay, 17 juin 1838, VII, 17-18 ; MLP, R. Nelson à Mackenzie, 6 octobre 1838. Consulter également : Kent, Commentaries, 108 et suiv. Sympathie des jurys : Corey, Crisis of 1830-42, 123 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 60 ; A. Papineau, Journal, 172-3 ; Le Courrier des États-Unis, 16 juin 1838 ; Miller, « Law of  Nations », 240-2. Réserves des juges : C FA  – Neutrality, Juge Alfred Conkling à Fillmore, 10 décembre 1838 ; MLP, A.K. Mackenzie à Mackenzie, 18 janvier 1839. Regards critiques sur le procès : Sutherland, Canvass ; Lindsey, Mackenzie, II, 243-53 ; Gates, After the Rebellion, 61-7. 63 Le Patriote canadien, 7 août 1839 ; The Beacon cité dans The North American, 24 juillet 1839. Protestations : MLP, Southwick à Mackenzie, 6 juillet 1839 ; Sutherland, Canvass ; M LP, Memorial de Mackenzie à Van Buren, 23 octobre 1839 ; M LP, Mackenzie à Buell, 12 octobre 1839 ; MLP, Mackenzie à Woodbury, 19 janvier 1841 ; Mackenzie’s Gazette, 23 janvier 1839 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 59-60 ; The North American, 24 juillet 1839 ; M LP, « Friendly Address to WL Mackenzie from the citizens of Sparta », 14 août 1839 ; M LP, Theller à Mackenzie, 17 ­juillet 1839  ; M LP, Stoever à Mackenzie, 23 juillet 1839 ; MLP, O’Reilly à W.C. Bryant (NY Evening Post), 22 août 1839 ; MLP, Rudd à Mackenzie, 12 mai 1840 ; M LP, Duane et Sutherland à Mackenzie, 26 juin 1839 ; M LP, O’Callaghan à Mackenzie, 28 novembre 1839 ; MLP, Berrian à Mackenzie, 28 décembre 1839 ; MLP, O’Callaghan à Mackenzie,

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Notes des pages 220–2

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4 juillet 1840. Sur les indices d’un procès piloté depuis Washington : MLP, doc. no 3013, « A Dilemma for Mr Van Buren » ; Lindsey, Mackenzie, II, 245, 252-3. 64 Message annuel du président au Congrès, 3 décembre 1838 (millercenter. org/the-presidency/presidential-speeches/december-3-1838-second-annualmessage-congress, page consultée le 21 août 2020). Je souligne. Pétitions : Corey, Crisis of 1830-42, 129 ; CFA – Neutrality, pétitions ; R MC I, pétition commune. Impact sur les élections : M LP, Fitman à Mackenzie, 13 juillet 1839, 20 mai et 13 juillet 1840 ; Mackenzie, Van Buren, 290 ; A. Papineau, Correspondance, I : 282-3 ; Stevens, Border Diplomacy, 45-7, 56-8 ; Gates, After the Rebellion, 70-1. Critiques contre Van Buren (à titre d’exemple) : Philadelphia Public Ledger, 24 novembre 1838, cité dans la Mackenzie’s Gazette, 1er décembre 1838. 65 L R A G, Worth à Scott, 9 février 1839. Consulter également : Committee of Military Affairs – HR 26A-D15. 2, Archives nationales des États-Unis (C MA dans les notes subséquentes), Rapport de Saunders, 31 mars 1841. Dagenais, « “[T]Hose Who Had Money” », 13. Caroline : C FA  – Caroline, Stevenson à Palmerston, 22 mai 1838. Navy Island : LR A G, Scott à British Commander, 15 janvier 1838 ; LRAG , Scott à Poinsett, 12 janvier [février] 1838. Menaces des colons : LRAG , Worth à Jones, 8 janvier 1839. Maine : L R A G, Scott à Poinsett, 2 mars 1839 ; Committee on Foreign Relations – S E N 2 6 A -D5, Archives nationales des États-Unis (C FR 26 dans les notes subséquentes), Buchanan, « Report from the Committee on Foreign Relations on the subject of the Northeastern Boundary », 14 avril 1840. Renforcement de la frontière : CM A, Totten et Thayer à Joel Poinsett, 20 février 1839 ; CM A, Rapport de Joel Poinsett, 11 avril 1840 ; C MA , « Report on the Military budget » à Poinsett, avril 1840. 66 L R A G, Worth à Scott, 19 et 21 avril 1839 ; LR A G, Phillips à Heniford, 17 avril 1839 ; LRAG , Worth à Sandom, 5 juillet 1839 ; LR A G, Clarke à Sandom, 8 juillet 1839. Cornwall : LRAG, Eustis à Washington, D.C., 12 novembre 1838 ; LRAG , Montgomery à Eustis, 9 novembre 1838 ; L R A G, Turner à Montgomery, 9 novembre 1838 ; LR A G, Worth à Eustis, 11 novembre 1838 ; LRAG , Worth à Sandom, 12 novembre 1838 ; LR A G, Sandom à Worth, 11 novembre 1838. 67 The Colored American, 13 janvier 1838. Le journal souligne. Consulter également : The Colored American, 30 décembre 1837 ; Shields, « Power to be Reborn ». 68 O MP , Benton à Marcy, 18 décembre 1837. Scott : LR A G, Scott à Hughes, 15 janvier 1838 ; LRAG , Scott à Worth, 19 janvier 1838. Coopération des autorités : OM P, Forsyth à Kellogg, 20 décembre 1837 ; OMP, Woodbury

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Notes des pages 222–4

à Barker, 4 janvier 1838 ; OM P, Woodbury à Forsyth, 21 décembre 1837, et 5 janvier 1838 ; LRAG , Scott à Poinsett, 12 janvier [février] 1838 ; L R A G, Scott à Wool, 14 mars 1838 ; OM P , Woodbury à Dobbin, 4 janvier 1838. 69 Le Courrier des États-Unis, 7 mars 1838 ; LR A G, Wool à Poinsett, 27 février 1838 ; LRAG , Wool à Scott, 6 mars 1838 ; LR A G, Eustis à Poinsett, 17 novembre 1838 ; LRAG , Worth à Seward, 28 mars 1839. Navy Island : OM P, Townbridge à Benton, 14 décembre 1837 ; OMP, Barker à Benton, 15 et 23 décembre 1837 ; OMP, Scovill à Benton, 21 décembre 1837 ; OM P, Benton à Forsyth, 18 et 26 décembre 1837 ; O MP , Garrow à Benton, 21 décembre 1837 ; OMP, Forsyth à Benton, 5 janvier 1838. 70 L R A G, Wool à Scott, 13 avril 1838 ; LRAG, Worth à Eustis, 27 décembre 1838. Tensions entre le pouvoir fédéral et la milice : Cornell, Well Regulated-Militia ; Hatter, Citizens of Convenience, 84-5 ; OMP, Poinsett à Scott, 5 janvier 1838. Patriotes et milice : FP, Bryant à Brown, 24 décembre 1837 ; FP, Côté à « St-John », 19 décembre 1837 ; Le Courrier des États-Unis, 28 février 1838 ; L’Estafette, 2 mars 1838 ; L R A G, Wool à Scott, 26 et 27 janvier 1838. Insubordination des ­miliciens  : LRAG , Wool à Scott, 6 mars 1838 ; LR A G, Worth à Scott, 19 février 1838 ; LRAG , Wool à Scott, 20 février 1838 ; LR A G, Worth à Eustis, 27 décembre 1838 ; LRAG , Worth à Scott, 17 avril 1839 ; Haraty, Vermonters Ahead, 80. Loyauté : LRAG , Swan à Poinsett, 18 septembre 1839 ; LRAG , O’Reilly à Poinsett, 18 septembre 1839. 71 L R A G, Worth à Scott, 9 février 1839. Consulter également : LR A G, Worth à Pierce, 14 février 1839 ; LRAG , Pierce à Worth, 9 février 1839. Constat d’impuissance : LRAG , Wool à Poinsett, 27 février 1838 ; LR A G, Worth à Jennison, 17 avril 1839 ; LRAG , Wool à Jones, 18 mai 1838 ; L R A G, Wool à Scott, 28 mars 1838. Swanton : LR A G, Eustis à Jones, 9 janvier 1839. Bonthius, « Locofocoism with a Gun », et « Underhill », 155-7 ; Richards, « Lure », 106-7. 72 L R A G, Worth à Eustis, 10 novembre 1838. Craintes à propos des ­magistrats  : OM P, Benton à Forsyth, 18 décembre 1837 ; OMP, Benton à Forsyth, 26 décembre 1837. Insubordination dans l’administration : Stevens, Border Diplomacy, 42-3 ; M LP, Theller à Mackenzie, 9 décembre 1838 ; M LP, Vail à Mackenzie, 18 décembre 1838 ; Le Courrier des États-Unis, 27 janvier 1838 ; OMP, Barker à Benton, 23 décembre 1837 ; LRAG , Scott à Jones, 18 février 1839 ; LR A G, Sandom à Worth, 1er juillet 1839. Kellogg : OMP, Forsyth à Kellogg, 20 décembre 1837 ; OM P, Kellogg à Forsyth, 20 décembre 1837 ; LR A G,

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Notes des pages 224–7

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Wool à Kellogg, 23 mars 1838. Collaboration avec les patriotes : L R A G, Wool à Kellogg, 23 mars 1838 ; L R A G, Wool à Hyde, 23 mars 1838 ; LRAG , Worth à Poinsett, 5 juillet 1839 ; LR A G, Worth à Sandom, 30 juin 1839. 73 L R A G, Dundas à Worth, 21 décembre 1838. Consulter également : OMP, Garrow à Benton, 21 décembre 1837. 74 L R A G, Scott à Poinsett, 14 janvier 1838 ; LR A G, Scott à Jones, 12 janvier 1839 ; L R AG , Wool à Poinsett, 2 mars 1838 ; LR A G, Wool à Scott, 6 mars 1838 ; LRAG , Eustis à Poinsett, 17 novembre 1838 ; LR A G, Worth à Scott, 10 mars 1839. 75 L R A G, Bankhead à Scott, Buffalo, 24 mars 1839. Consulter également : L R A G, Bankhead à Jones, 28 novembre et 31 décembre 1838 ; LR A G, Worth à Jennison, 17 avril 1839. 76 L R A G, Wool à Poinsett, 27 février 1838. 77 L R A G, Worth à Scott, 26 février 1838. Utilisation de l’armée contre les patriotes : LRAG , Scott à Worth, 19 janvier 1838. Procès de Nelson et Côté : L R AG , Wool à Macomb, 28 mai 1838. 78 L R A G, Wool à Jones, 9 mars 1838. 79 L R A G, rapport d’Eustis et Dimmick, 15 novembre 1838 ; LR A G, rapport d’Eustis, 1er janvier 1839 ; LRAG , Eustis à Jones, 3 janvier 1839. 80 Cité dans Kinchen, Patriot Hunters, 44. 81 USDR , janvier 1839, 13.  82 Webster cité dans Kinchen, Patriot Hunters, 139. 83 Tyler cité dans Kinchen, Patriot Hunters, 141. Notons pour l’anecdote que c’est la troisième fois que Tyler profite d’un similaire concours de circonstances. Le décès du titulaire lui a également permis d’accéder au gouvernorat de Virginie puis au siège de sénateur. 84 L R A G, Wharton à Worth, 31 décembre 1838. 85 L R A G, Wharton à Worth, 1er janvier 1839. Consulter également : LR A G, Guyon à Worth, 1er janvier 1839. 86 L R A G, Worth à Wharton, 7 janvier 1839. Consulter également : LR A G, Wright à Worth, 4 janvier 1839 ; LRAG , Worth à l’adjudant-général de l’État de New York, 7 janvier 1839. 87 Le Courrier des États-Unis, 16 janvier 1839. 88 Possibilité de guerre, nœuds diplomatiques : C FR 2 6 , Buchanan, « Report from the Committee on Foreign Relations on the subject of the Northeastern Boundary », 14 avril 1840 ; C FR 2 7 , résolutions des citoyens de New York, 8 juillet 1841 ; CFR27, pétition de Rochester, 1er février 1842 ; CFR27 , pétition de Hayneville, Alabama, 16 avril 1842.

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Notes des pages 227–30

89 Investissements britanniques : Ryerson, Capitalisme et Confédération, 274 et suiv. ; Baldwin, « Ashburton-Webster ». Aroostook : MacNutt, New Brunswick, 267-71. Buchanan : M LP, copie d’une dispatch de Buchanan à Arthur, 12 juillet 1838. Baring : Sexton, Debtor Diplomacy ; Faucher, « Impérialisme économique » ; McNairn, Capacity to Judge, 37. 90 Duncombe, Free Banking, 178. Voir également : Lepler, Many Panics ; Sexton, Debtor Diplomacy. 91 Publius, Remarks on Currency, 33 ; Roosevelt, Protecting Domestic Industry, 34-5. 92 ML P , McLeod à Mackenzie, 15 octobre 1840.  93 O’Callaghan cité dans Senior, Habits rouges, 273. Mackenzie : Mackenzie’s Gazette, 25 mai 1839 ; Mackenzie, Caroline Almanack, 74, et Who Began?, 10. Consulter également : Nelson, Écrits d’un patriote, 122-5. 94 Raguet, Traité des banques, 7. Anticipation patriote (à titre d’exemple) : ML P , McLeod à Mackenzie, 28 mars 1841 ; OP, Mackenzie à O’Callaghan, 15 avril 1841 ; Mackenzie’s Gazette, 25 mai 1839 ; Sutherland, The Trial, 69-70. 95 Garneau et Chauveau sont cités dans Bourque, Question nationale, ­320-2. Voir également : Faucher, « Impérialisme économique », et « Financial  Difficulties ». 96 Colton (« Junius »), Reply, 18. Sur cette controverse : Treadwell, State Bonds ; Sexton, Debtor Diplomacy, 26-7. Intimité des deux hommes : Webster, « Unpublished Letter » ; Baldwin, « Ashburton-Webster » ; Mackenzie’s Gazette, 2 mai 1839 ; Wiltse, « British Experience » ; Carter, « Webster and the Canadian Rebellions » ; Jones, Webster-Ashburton Treaty, 54, 98. 97 Webster, « Unpublished Letter ». Webster souligne. Voir aussi : Jones, Webster-Ashburton Treaty, 115. 98 Pratiques tendancieuses : Jones, Webster-Ashburton Treaty, xii, 180 ; Jones et Rakestraw, Prologue to Manifest Destiny ; Merk, Fruits of Propaganda ; Carroll, Good and Wise Measure ; Tiffany, Relations of the United States, 112-14 ; Lucey, « Some Correspondence », 333. Consulter également : OP, Mackenzie à O’Callaghan, 15 mars 1842 ; Sexton, Debtor Diplomacy, 21 ; Gouge, Journal of Banking, 75, 246. Sur la doctrine : Miller, « Law of Nations » ; Forcese, Destroying Caroline ; Jennings, « Caroline and McLeod ».

C onc l usio n   1 Alan Taylor, « Book Review Colloquium », 123 ; Greenberg, « Annexing Canada », 284.

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Notes des pages 231–9

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 2 Loco Foco (Swanton), 22 août 1839.  3 Colton, Reply, 1.  4 Mackenzie’s Gazette, 23 décembre 1840, cité dans MacKay, « Political Ideas », 19.   5 Brownson cité dans Mackenzie, Van Buren, 35-6.  6 OP, Mackenzie à O’Callaghan, 15 mars 1842, et 24 octobre 1843.   7 August Belmont cité dans Sexton, Debtor Diplomacy, 31. Consulter en particulier : USDR , « The Supreme Court of New York and Mr. Webster on the M’Leod Question », mai 1842, 487-500.  8 Cotlar, Paine’s America, 140-6.   9 Consulter par exemple : M LP, Smyles à Mackenzie, 12 novembre 1838. 10 ML P , J. Mackenzie à Mackenzie, 12 juillet 1838. Mackenzie souligne. Riot-Sarcey, Réel de l’utopie, 26-30 ; Foucault, Philosophie, 346. 11 Libéralisme : McKay, « Liberal Order Framework » ; Fecteau, « Theory of Possible History? » ; Freeden, Liberalism Divided ; Dewey, Liberalism and Social Action. Papineau : Harvey, Printemps, 101-2, 179-80 ; Greer, Habitants. Israel, Revolution of the Mind. 12 Hugins, Jacksonian Democracy, 131. 13 Fecteau, « Lendemains de défaite ». 14 Mackenzie, Van Buren, 56. 15 Ibid., 46. 16 Ibid., 56. 17 Ibid., 276. 18 Ibid., 288.

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Index

Acte constitutionnel (1791), 25, 51-2, 161, 172, 182 Acte de Québec (1774), 25 Adams, John, 17, 94, 140 Adams, John Quincy, 214 américanité, 9, 54, 62 Amistad (navire), 168 Angleterre (et England), 4, 28, 34, 43, 78, 94, 117, 127, 181, 188, 191, 203, 233 annexion discussion sur, 8-9, 54, 69-72, 78-9, 107, 140, 190 patriotes et, 21, 28, 32, 52, 72-9, 107, 183, 186-7, 199, 233, 239 « Anti-Rent War », 47, 204 « Anti-Renters », 111, 132, 204 Arkansas, 19 Arthur, George (lieutenant-­ gouverneur), 158, 163, 166, 167, 201 Articles of Confederation (­États-Unis), 23, 69, 71 Ashburton, lord, voir Baring, Alexander Assemblée du Bas-Canada 92 résolutions, 13, 28, 53, 75, 114

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création, 25 encourage la révolte, 34-5, 50 et autres colonies, 3, 62 et crise des subsides, 24 et Papineau, 17 inactive, 31, 34, 35 prorogation, 26, 34 Assemblée du Haut-Canada, 6, 19, 24, 62, 66, 67-8, 154 Atwood, Margaret, 3 Australie, 4 Bancroft, George (fonctionnaire, historien), 74 Bank of England, 227 Bank of the People (Toronto), 128, 138 Bank of the United States, 43, 133, 199, 227, 238 « Bank War », 47, 133 Banque du peuple (Montréal), 128, 138 banques, voir monnaie Baring, Alexander (lord Ashburton, banquier), 136, 141, 168-9, 227, 228-9, 231 Bell, J.J. (imprimeur), 202

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340 Index

Bell, Joshua (cordonnier), 57 Bennett, Samuel (éditeur), 70 Benson, Lee, 101 Bentham, Jeremy, 18, 100 Benton, Thomas (sénateur), 146, 217, 222 Berlin, Isaiah, 101 Bernard, Jean-Paul, 5, 22 Berrian, Hobart (éditeur), 205 Bidwell, Marshall Spring (avocat), 68, 177, 184, 188 Bierce, Lucius Verus (avocat), 158, 160, 189 Birge, John W. (officier militaire), 160 Bittermann, Rusty, 61, 132 Blackstone, William, 45, 113 Blanchard, Hiram (éditeur), 207 Bonnefoux, Louis (marchand), 151 Bonthius, Andrew, 123, 223 Bouchard, Gérard, 7 Bouchette, Robert-Shore-Milnes (avocat, éditeur), 29, 30, 33, 121, 147 Boughton, Smith (médecin), 204 Brady, Hugh (brigadier général), 163, 215 British American Land Company, 55, 113, 114, 181 Brook Farm (communauté), 203 Brown, Thomas Storrow, « L.M.N. » (quincailler) et annexion, 75, 78 et démocratie, 26 et dette publique, 137 et économie, 119 encourage la révolte, 32, 33, 35, 41, 42, 62, 63, 71 et Fils de la liberté, 36 et guerre, 176

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et Haut-Canada, 173, 174 et nationalités, 55, 60 et révolution de 1776, 29 symbole de la lutte, 145 Brownson, Orestes (philanthope), 203, 232 Bryant, Charles (filibuster), 93, 144, 156, 159, 164, 165, 173-4, 175, 177, 186, 188-9, 224 Buchanan, James (sénateur), 153, 227, 232 Buckner, Philip, 66 Burke, Edmund, 194 Byrdsall, Fitzwilliam (activiste), 99, 102 Calhoun, John, 214 Canadian Alliance Society (Toronto), 62, 112 Canadian Association (Rochester), 192 capitalistes encouragés, 118-22, 125-9, 199, 236 et patriotes, 18-19, 41, 103, 110, 119-21, 169, 181, 227 opposition aux, 16, 19, 47, 1034, 106, 109, 110, 116, 117, 135-6, 169, 181, 198, 227-8, 232, 236-7, 246n50 « petits », 18, 124, 139, 236 « réformistes », 119 transition au capitalisme, 15, 101, 110, 111, 124, 133, 139, 199, 232, 236 Carey, Matthew (éditeur), 88 Caroline (navire), 149, 150, 153, 154, 155, 161, 167, 215-16, 219, 221

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Caroline Doctrine, 167, 228-9 Chapman, Henry S. (marchand, éditeur), 59 chartes encadrement légal, 110, 128-9 et « monopoles », 39, 52, 101, 102, 111-15, 122, 125, 129, 181 privilèges, 93, 101, 111-14, 126, 137, 139, 187, 198 Chartier, Étienne (abbé), 171, 185, 186-7 chartistes, 136 Chateaubriand, François-René de, 98 Chauveau, Pierre-Joseph-Olivier (avocat), 228 Chevalier, Michel (auteur), 48 Children of Peace, 92, 111, 120, 128, 131, 204 Cicéron, 94 Clark, Stanley, 6, 64, 179 Clay, Henry, 48, 214 Cobbett, William (éditeur), 136 Colborne, John (commandant en chef), 154, 159 Colonisation (et impérialisme), 4, 6, 15, 19, 96, 121, 183, 190, 199 Combe, George (phrénologiste), 201 Condorcet, Nicolas de, 83 Congrès (États-Unis) démarches auprès du, 73, 76, 121, 216 et Caroline Doctrine, 228 et guerre, 153, 168, 214-15, 218, 226 et monnaie, 133, 134 et neutralité, 217, 219 favorable aux patriotes, 71, 205

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opposé aux patriotes, 9, 19, 70, 161, 184, 214-15, 218 pouvoir contesté, 88, 202 Constitution (États-Unis) débats sur la, 17, 46, 73, 98, 129, 135, 165, 166, 213, 216, 218, 220, 222, 228 esprit de la, 17-18, 46, 85, 100, 193 et éducation, 181 et monnaie, 133 influence, 92, 129 réforme de la, 82 Cooper, James Fenimore, 84, 205 Côté, Cyrille-Hector-Octave (médecin) encourage la révolte, 39 et annexion, 183 et autres colonies, 61, 174, 184, 186 et Déclaration d’indépendance, 77, 153, 180, 181, 183 et économie, 132 et femmes, 182 et Frères-chasseurs, 156, 174, 175 et guerre, 145, 147, 161, 174, 177, 192, 207, 215 et Leggett, 49 et nationalités, 56, 191 et régime seigneurial, 91, 115, 132 idées politiques, 91, 115, 181, 195 procès, 224 Cotlar, Seth, 44, 86 Croswell, Edwin (éditeur), 146 Cummerford, John (syndicaliste), 48 Cushing, Caleb (avocat), 71, 75, 205, 210, 218

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Dagenais, Maxime, 221 déistes, 84, 97, 202. Voir aussi Freethinkers démocratisation aspirations, 84, 86-8, 91-2, 99-108, 179-83, 194-9, 201, 230, 232, 234 et économie, 106, 107, 118, ­123-39, 196-9, 236 irrémédiable, 26-7, 30, 31, 90, 115, 200 limites, 15, 44, 85, 99, 102, 115, 183, 193-4, 199 opposition à la, 17-18, 25-7, 33-4, 85-6, 89-90, 94, 211-3, 228, 237 Voir aussi « droits égaux », « ­laissez-nous faire », républicanisme, « vrais » républicains Dewey, John, 81, 82 De Witt, Jacob (marchand, ­banquier), 188 Diderot, Denis, 12, 44 Diggers, 95 Doric Club, 40, 42, 53 Drew, Andrew (officier de la Marine), 154 droits de l’homme (rights of man), 63, 69, 80, 91-3, 95, 102, 146, 227 Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 95 « droits égaux » (« equal rights ») aux Canadas, 89-93 définition, 15, 49, 82, 89, 99 et capitalisme, 16, 21, 112, 126 et démocratisation, 15, 21, 49, 87, 90-3, 99-108, 193-5, 210, 214, 239 et droits naturels, 99

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et État, 100-2, 129, 236 et patriotes, 49, 90-3, 104-5, 180, 188, 193-4, 196, 209, 212, 214, 236 Voir aussi Locofocos droits naturels et colons défricheurs, 96 et démocratie, 46, 91-2, 99 et économie, 16, 122, 126, 130, 133, 236 et esclavage, 97, 106 et État, 95-6, 129 et nationalités, 51, 57-9 et patriotes, 16, 41, 57-9, 82, 91-4, 97-8, 108, 117, 121, 198, 218, 236 et propriété, 94-7 et révolutions, 41, 48, 97, 98, 218 généalogie, 94-5 Duane, William J. (secrétaire au Trésor), 205, 210 Ducharme, Michel, 7, 28 Dufort, Théophile (libraire), 68, 160, 175 Duncombe, Charles (médecin) et banques, 116, 128-9, 139, 169, 196-7 et « droits égaux », 93, 196 et États-Unis, 235 et Hunters, 158, 196 et monnaie, 19, 113, 195-9, 227, 237 et nationalité, 188 et Navy Island, 147 et propriété, 115 et responsabilité commerciale, 128-9, 198 Dupuis-Déri, Francis, 85 Durfee, Amos, 149

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Durham, lord (John George Lambton, gouverneur), 7, 60, 86, 110, 163, 205 Duvernay, Ludger (éditeur) critique Empire britannique, 26, 28 critique États-Unis, 212 encourage la révolte, 32, 37, 42 et annexion, 75, 78 et autres colonies, 61, 63 et boycottage, 122 et « droits égaux », 90, 104 et économie, 118-19, 121, 123, 126-7 et guerre, 147, 162, 175-6, 206 et Haut-Canadiens, 175-6 et Lamennais, 127 et nationalités, 53, 55, 75, 119, 191 et procès Mackenzie, 220 et rapport de pouvoir, 117, 119 et régime seigneurial, 115, 119 et révolution américaine, 29 Voir aussi Le Patriote canadien Eastern Townships, 55, 56, 59, 62, 76, 114, 153, 162, 163, 188 égalité définition, 80, 82, 87, 99 des conditions, 49, 87, 91, 99-102, 105-6 des sexes, 106 discours patriote, 16, 53, 57, 91-3, 97, 98, 105, 111, 138, 190, 194, 199 et démocratie, 15, 18, 44, 47, 85, 86, 90, 91, 95, 100, 131 et économie, 111, 125, 126, 131, 234-7

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naturelle, 26, 46, 50, 82, 93, 95, 99, 103, 108, 193, 199, 236 « raciale », 106-7, 183, 190 Emerson, Ralph Waldo, 18, 47, 48, 82, 203, 205 Empire britannique antidémocratique, 16-17, 25-7, 85-6, 237 antirépublicain, 25-7, 85-6 armée, 4, 9, 33, 41-2, 141-3, 149, 150, 160, 161, 176, 221, 226 critiques contre, 24-5, 26, 28, 31, 33, 35, 38-9, 50, 90, 97-8, 122, 179-80, 181, 189 et aristocratie, 25-7, 181 et late loyalists, 24 loyalisme, 6, 9, 23-5, 30, 33-4, 35, 39, 40, 41-2, 50, 53, 55, 60, 78-9, 85-6, 107, 157, 159, 163, 190-1, 206 puissance financière, 14, 16, 88, 117, 135-6, 169, 196, 202, 203, 220, 221, 227, 237 stratégie, 13, 20, 41, 50, 153-5, 161, 165, 168-9, 232-3 et sujets francophones, 24, 52-3, 55, 79, 86 Voir aussi guerre de 1812 Escheators, 61, 132 esclavage ambivalences patriotes envers, 78, 106-7, 116, 139, 190-1 aux États-Unis, 14, 25, 43-4 Creole (navire), 226 et guerre aux Canadas, 218-19, 221 opposition à, 15, 84, 97, 125, 193, 203, 212, 218 passivité envers, 71, 129, 139, 193

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Estafette, L’ (New York), 75, 98, 150, 157, 176, 188, 191, 203, 206, 209 États-Unis activités révolutionnaires, 46-9, 87, 101, 108, 211-14 « American System », 25 aristocratiques, 17, 44, 46, 47, 49-50, 83-4, 88, 89, 99, 101, 103, 105, 117, 200, 210, 212, 216, 232 armée, 150, 156, 160, 161-2, 166, 213, 214-15, 218, 221, 222-6 contre-révolutionnaire, 26, 21423, 237 critiques contre, 16, 44-50, 84, 86-9, 101, 102-3, 104, 105, 117, 189, 192-3, 203, 211-4, 216, 218, 238 déstabilisés, 149-51, 214-15, 223-6 économie, 25, 134, 214, 227 et citoyens francophones, 69-70 et démocratie, 15, 17-18, 44, 46, 47, 82, 84-5, 103, 195, 203, 209, 212-14, 216, 234, 237, 238 et la guerre, 8-9, 68, 117, 153-5 expansion, 8, 19, 25, 41, 43, 69, 70, 96, 107 filibusters, 143 légalité de la répression, 215-20, 222-3, 225, 231 neutralité, 70, 109, 140, 146, 150, 170, 200, 216-20, 224 opinion publique, 40, 42-3, 55, 70, 143-6, 164, 167, 202, 206-13, 219-20, 223, 225 opposition aux patriotes, 9-10, 14, 16, 19, 70, 71, 117, 141,

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143, 145, 153-5, 193, 210, 216-25 Pères fondateurs, 17-18, 44, 46-7, 82-5, 95, 117, 234 « république des artisans », 44, 46, 102, 116 souveraineté des États, 20, 52, 73, 167-8 stratégie militaire, 20, 140-1, 149, 150, 167, 169, 215-19, 221-2, 224-5, 235 violence populaire, 47, 224-6 Voir aussi révolution américaine Euripide, 94 Eustis, Abraham (brigadier général), 153, 159, 160, 215, 223, 225 Evans, George Henry (éditeur), 86-7, 105, 110, 112-13, 125, 132, 138, 203, 212 Fairbanks, S. (marshall), 224 Fairfield, John (procureur, ­gouverneur), 164-5 Fecteau, Jean-Marie, 111 Fellenberg (écoles), 105 Ferrall, John (syndicaliste, éditeur), 48, 204 Fils de la liberté de Québec, 40 et annexion, 78 et Banque du Peuple, 138 et colonies, 62, 64, 66-7, 172 et démocratie, 91-2 et droits naturels, 97 et économie, 127 et New York Daily Express, 71 formation, 36, 64 membres des, 74 révolutionnaires, 36-7, 39-40, 41, 76, 92

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Fisk, James (procureur), 145 Fisk, Theophilius (auteur), 48, 201 Fletcher, Isaac (avocat), 205 Forestville Commonwealth (­communauté), 204 Forsyth, John (secrétaire d’État), 143, 150, 216, 219 Fourier, Charles, 45, 203 fouriéristes, 128, 132, 204 Fox, Henry S. (ambassadeur), 150 France, 4 Franklin, Benjamin, 23, 85 Freeden, Michael, 236 Freethinkers, 97, 202-3 Frères-chasseurs (société secrète), 155-8, 159, 164, 174, 224, 225, 277n42. Voir aussi Hunters Gaillardet, Frédéric (éditeur), 17 Gallichan, Gilles, 35 Garneau, François-Xavier (notaire, historien), 228 Garrison, William Lloyd (­abolitionniste), 107 Gilje, Paul, 47 Girod, Amury (auteur), 91, 109, 112, 115, 116, 122-3, 128, 132, 134 Gouge, William M. (économiste), 136, 229 Gosford, lord (Archibald Acheson, gouverneur), 35, 39, 50, 154 Gourlay, Robert (réformiste), 24 Grant, John (chef autochtone), 158, 190 Greeley, Horace (éditeur), 163, 210 Greenberg, Amy, 230 Greer, Allan, 4, 114, 132 Grogan, James (agriculteur), 161

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« guerre d’Aroostook », 165-6, 170, 221, 227. Voir aussi « ­territoire disputé » guerre de 1812, 6, 14, 23-4, 69, 89, 114, 135, 148, 189, 210, 230-1 Hamilton, Alexander, 85, 133, 135, 227 Hammond, Bray, 137-8 Handy, Henry S. (éditeur), 68, 152 Hard, Gideon (avocat), 205 Harrison, William Henry (­président), 89, 167, 210-11, 212, 225 Hart, Samuel (éditeur), 185 Harvard, Université, 47 Harvey, John (lieutenant-­ gouverneur), 165 Harvey, Louis-Georges, 39, 72, 120 Head, Francis Bond (lieutenantgouverneur), 25, 86, 148-9, 184 Hendrickson, David, 20 historiographie, historiens école de Cambridge, 9-10, 83 et Rébellion, 3, 4-12, 14, 15, 22, 51, 52, 53, 66, 81-2, 141, 158-9, 165, 171-2, 231 histoire des idées, 80-2, 237 « Patriot War », 6 sur le Bas-Canada, 7-8, 22, 51, 53, 72, 110, 176, 179 sur le Haut-Canada, 5-7, 9 Hobsbawm, Eric J., 22 Holbach, Paul Thiry d’, 12 Hope (communauté), 204 Houston, Sam (président), 173 Howe, Joseph (éditeur), 60-1 Hugins, Walter, 236 Hunter, James (médecin), 97

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Hunters (loges) convention, 158, 190 création, 155 diffusion, 156, 201, 202, 205, 224, 225 effectifs, 156 et économie, 123 et élections, 208 et esclavage, 107 et mouvement « utopique », 204 financement, 158, 196 opérations militaires, 158, ­159-60, 175 présidence, 81, 158 tensions, 172, 191-2, 207, 233 Voir aussi Frères-chasseurs Île-du-Prince-Édouard, 61, 132 Indian Stream, 30, 114 Irlande, Irlandais, 4, 24, 28, 29, 56, 57, 152, 189, 191 Israel, Jonathan, 12, 82, 83, 123, 235 Jackson, Andrew, 43, 44, 47, 48, 71, 99, 113, 133, 137, 153, 238 Jay, traité de (1794), 25 Jefferson, Thomas, 30, 44, 47, 85, 92, 94, 96, 100, 132, 133, 135, 201 Jennison, Silas (gouverneur), 145 Johnson, Richard Mentor (vice-­ président), 89, 205 Johnston, William « Bill » (contrebandier), 88, 148, 152, 154, 157, 158, 175, 193, 204, 210 Jones, John (éditeur), 28 Kellogg, Daniel (procureur), 224 Kendal (communauté), 204

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Kent, Edward (Gouverneur), 164-5, 224 Kent, John (jusriste), 219 Kinchen, Oscar A., 158 Knox, Henry (général), 85 Koselleck, Reinhart, 80 La Fayette, Gilbert du Motier de, 146, 188 La Fontaine, Louis-Hypolite, 62, 140 « laissez-nous faire » définition, 19, 22, 111, 118, ­123-6, 129, 130, 133, 139, 234, 236 Leggett et, 110 vocabulaire, 124 Lamennais, Félicité de, 18, 90, 127, 203 Lamonde, Yvan, 7, 27, 36 Langtree, Samuel (éditeur), 205-6 Lartigue, Jean-Jacques (évêque), 40 Leggett, William (éditeur) et banques, 117, 135-6, 137, 198 et commerce, 123, 124, 132 et démocratie, 89-90, 101, 124 et « droits égaux », 100-1 et droits naturels, 97 et esclavage, 106 et État, 100, 102, 105, 124, 129 et Locofocos, 18, 45 et Parti démocrate, 206 et patriotes canadiens, 43, 49, 88, 89-90, 124 et sociétés commerciales, 128 et syndicalisme, 106, 125 et système carcéral, 106 et taxation, 103-4 libéralisme des patriotes, 12, 18-19, 21 ­110-11, 118-29, 139, 181, 234

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et démocratie, 123, 128, 133 et Locke, 95 pluralité, 19, 112, 123, 126, 236 révolutionnaire, 55, 111, 112, 118, 123-39, 139 Voir aussi capitalistes, « ­laissez-nous faire », monnaie liberté anglaises, 191 conservatrice, 85 de commerce (et d’échanges), 97, 104, 110, 118, 119-26, 196, 198 définir la, 80, 87, 104-5 des États-Unis, 17, 62, 90, 218 d’opinion, 84, 180 et démocratie, 15, 100, 104-5, 126, 190 et droits naturels, 95, 98 et économie, 111, 117-19, 132, 196 et État, 100-2 idéal révolutionnaire, 37, 44, 57, 80, 90, 97, 98, 138, 143, 147, 180, 186 Leggett et, 100 moderne, 83 patriotes et, 82, 93, 198-9 Liberty Party, 44, 218 Lincoln, Abraham, 97, 167 Livernois, Jonathan, 27 Lloyd, Jesse (marchand), 68 Locke, John, 45, 94-5, 96, 97, 100, 123, 130 Loco Foco (Swanton), 88, 202, 213, 231, 291n9 Locofocos (mouvement politique) constitution pour New York, 18, 46, 100, 104, 125 convention, 46, 100

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Declaration of Principles, 100 et démocratie, 18, 46, 87, 101-2, 112, 125 et droits naturels, 97, 100-2 et économie, 112, 117, 124, 125, 136 et légitimité des États-Unis, 46, 50, 87, 89, 125, 211 et historiographie, 9 et National Reform Association, 132 et Parti antimaçonnique, 205 et patriotes, 49, 89-90, 175-6, 202, 203 et Van Buren, 210 Voir aussi « droits égaux », Leggett, William, Parti des droits égaux Lorimier, François-Marie-Thomas Chevalier de (notaire), 169, 175, 186 Louisiane, 60, 63, 70, 71, 182 La Nouvelle-Orléans, 43, 53, 60, 143, 178, 179, 201 Lount, Samuel (forgeron), 188 « Lumières modérées », 17 « Lumières radicales », 12, 13, 82, 99, 102, 111, 123, 235 Mackay, R.A., 97 Mackenzie, James (éditeur), 88, 117, 128, 193, 207, 234 Mackenzie, William Lyon agressé, 24 biographie, 6 contre Empire britannique, 26, 28 emprisonnement, 210, 216, 219-20

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348 Index

encourage la révolte, 32, 65-6, 68, 181 et annexion, 76, 77, 171, 239 et Anti-Renters, 204 et banques, 103, 116, 131, 135, 227, 231, 238 et Bas-Canadiens, 36, 37, 42, 52, 56, 59, 62, 63, 66, 68, 148, 151, 153, 171, 173-6, 178, 186, 192 et boycottage, 63 et Canadian Association, 192 et code de lois, 194, 212 et colonisation, 121 et constitutions, 129, 194 et Democratic Review, 205-6 et démocratie, 65, 90, 92, 103, 104, 232 et « droits égaux », 92, 93, 195, 203, 212 et droits naturels, 97 et économie, 111-15, 119, 120, 122 et élections, 209 et endettement, 123, 181 et esclavage, 107, 262n53 et Étasuniens, 8, 43, 49, 68, 109, 143-4, 165, 193, 214, 238 et Freethinkers, 203 et Frères-chasseurs, 156, 158 et guerre, 6, 67, 192, 206 et Hickory Island, 152-3 et Leggett, 90 et National Reform Association, 116, 132, 204 et Navy Island, 147-8, 151, 173, 174, 184 et Premières Nations, 190 et représentation, 103, 194-5 et Résolutions Russell, 13

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et socialistes, 204, 234 et syndicalisme, 106 et travail, 131 monopolise l’attention, 81 symbole de la lutte, 163 Mackenzie’s Gazette, 153, 159, 175, 186, 194, 207-8, 209 MacNab, Allan (avocat), 154 Madawaska, 30, 114 Madison, James, 85, 86 Maine, 9, 30, 70, 143, 144, 157, 164-6, 174, 175, 211, 221, ­223-4, 228, 229 Voir aussi « territoire disputé » Maison canadienne de commerce, 118, 128 Malhiot, Édouard-Élysée (avocat), 37, 49 Marconnay, Hyacinthe-Poirier Leblanc de (éditeur), 34, 39, 60, 78 Marcy, William (gouverneur), 145, 149, 150, 214, 222, 238 Market Revolution, 101 Marx, Karl, 45 Mason, Stevens T. (gouverneur), 189, 224 McLeod, Alexander (épicier), ­167-8, 170, 226, 228, 229, 231 McLeod, Donald (instituteur, éditeur) et annexion, 75, 187 et banquiers, 227 et « droits égaux », 93 et Frères-chasseurs, 156-7, 158, 175 et opérations militaires, 152, 157, 166, 189 Melville, Herman, 205 mémoire collective, 3, 230 Métis, 166, 189

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Mexique, 69, 219 Michigan, 19, 68, 93, 143, 152, 154, 157, 166, 189, 210, 213, 215, 223-4 Detroit, 68, 146, 148, 150, ­151-2, 160, 163, 186, 201, 207, 213, 226 Ming, Alexander, Jr (éditeur), 46, 87, 145, 202, 211 Mirabeau, Honoré-Gabriel Riqueti de, 44 Molitor, Stephen (éditeur), 188 Monière, Denis, 156 monnaie chartes, 112-13, 125, 128-9, 133, 134, 136 dette, 115, 134, 135, 136, 138, 181, 197 dette publique, 123, 133, 136, 137, 227 enjeu politique, 109, 133, 195-6, 198, 227 et banque nationale, 133 et Constitution des États-Unis, 133 fausse, 135 free banking, 137-8, 195-9 General Banking Law, 137-8 « monnaie sonnante », 136, 197 papier-monnaie (argent de papier), 112, 113, 133-4, 136-7, 196-7 pouvoir, 87, 116-17 réforme, 110, 135, 136-8, 213 Voir aussi Duncombe, Charles More, Thomas, 50, 100 Moreau, James (capitaine de milice), 157 Morin, Augustin-Norbert (avocat), 75, 97

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Morrison, Thomas (médecin), 68 Nancrède, Joseph-Guérard (­médecin), 74 Nashoba (communauté), 202 nationalisme amalgame des nationalités, 21, 51, 59-60, 69, 71, 75, 79, 172, 182-3, 188-92, 233 canadien-français, 7-8, 52-60 Saint-Jean-Baptiste, 29, 53, 54, 57, 90, 97 « Young America », 205 National Reform Association, 116, 132, 204 Navy Island, ampleur de la crise, 154, 170, 221, 222 banque, 196 et « deux étoiles », 171-2, 173, 186 et milice, 222 et procès Mackenzie, 219-20 gouvernement provisoire, 68, 77-8 opérations militaires, 147-51, 174, 176, 188, 207, 221 Proclamation de, 93, 120, 121, 122, 173, 176, 184 Neilson, John (éditeur), 28, 59-60 Nelson, Robert (médecin) après-guerre, 238 et Fils de la liberté, 36, 179 et Frères-chasseurs, 155-6, 175 et Haut-Canadiens, 175 et opérations militaires, 68, 151, 153, 154, 159, 175, 177, 192, 215 historiographie, 81 idées politiques, 178-9, 181, 195, 210 présidence, 176, 177, 178-9, 180

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procès, 219, 224 Nelson, Wolfred (médecin), 24, 67, 162, 178, 184, 192, 203 205, 210, 212, 214 Neutrality Act (1818, 1838), 98, 186, 216-20, 227 North American, The (Swanton), 213 et annexion, 187 et corruption, 169, 200, 213 et Déclaration d’indépendance de 1838, 77 et démocratie, 91 et « deux étoiles », 185 et Leggett, 49 et procès Mackenzie, 167 et Van Buren, 211 réseau du, 175, 207-8 Nouveau-Brunswick, 30, 61, 164, 165 Nouvelle-Écosse (et Nova Scotia), 23, 60-1, 216 Halifax, 30, 60 O’Callaghan, Edmun Bailey (­médecin, éditeur) encourage la révolte, 28, 32, 34, 37, 39 et annexion, 74, 75 et Anti-Renters, 204 et banques, 116, 227 et colonies, 63 et Democratic Review, 205 et économie, 120, 132 et Étasuniens, 49, 63, 145, 238 et Fanny Wright, 202-3 et Frères-chasseurs, 156 et guerre, 145, 147, 174, 178, 232 et Haut-Canadiens, 62, 175 et Locofocos, 89-90

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et nationalités, 59 et neutralité, 218 réputation, 43, 122 O’Connell, Daniel (avocat), 29 O’Grady, William John (révérend), 63 O’Sullivan, John (éditeur), 205-6 orangistes, 25, 53, 65 Ouellet, Fernand, 39 Owen, Robert (philanthrope), 18, 45, 202, 203, 204 oweniste, 204 Owen, Robert Dale (philanthrope), 105, 202-3 Paine, Thomas, 12, 18, 45, 47, 83, 95-7, 99, 103, 133, 202, 246n48 painites, 86 panique de 1837, 15-16, 22, 47, 87, 134, 135 Papineau, Amédée (étudiant), 18, 37, 56, 117, 175, 192, 200 Papineau, Louis-Joseph assemblée de Saint-Charles, 38-9 biographie, 16-17 discours de Saint-Laurent, 31-2, 39, 72-3 encourage la révolte, 22, 31-2, 34, 38, 50, 65, 67, 68 et affrontement militaire, 42 et annexion, 72-5, 76, 78 et aristocratie, 16, 24 et banques, 109, 138 et colonies, 62 et dette publique, 137 et économie, 91, 111, 112, 120, 122 et guerre, 140, 146, 147, 174, 176-8, 179, 205, 234

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Index

et Haut-Canadiens, 42, 56, 62, 64-8, 173, 175, 184-5, 192 et Lamennais, 127 et nationalités, 56, 57, 59, 75 et Parti démocrate, 146, 208 et radicalisme, 17, 28, 235 et régime seigneurial, 91, 111, 114-15 et valeur travail, 130 et Van Buren, 205 républicain, 27 symbole de la lutte, 29, 30, 35, 39, 52, 63, 65, 81, 145, 151 Parent, Étienne (éditeur), 33-4, 38, 39, 41, 50, 54, 57, 60, 78, 93, 118 Paris, traité de (1783), 30 Parti antimaçonique (Anti-Masonic Party), 8, 44, 144, 205, 210 Parti canadien, 7 Parti démocrate, 44, 46, 70, 74, 113, 146, 164, 201, 205, 206, 208, 209-11, 222, 238 Parti des droits égaux (Equal Rights Party), 18, 44, 46-7, 49, 50, 87, 89, 99, 102, 112, 124, 202 Parti patriote, 7, 22, 35, 36, 114, 145, 179, 181 Parti whig, 44, 71, 149, 164, 168, 205, 209-11 Patriote canadien, Le (Burlington), 42, 115, 127 175, 191, 207-8 patriotes canadiens armement, 36-8, 39-40, 41-2, 63, 140, 141, 153, 159, 160, 177, 237 assemblées populaires, 22, 28, 31, 33, 35, 36, 38-9, 41, 55, 56, 57, 63-5, 66, 68, 74, 76-7, 90, 122, 163-4, 179, 185

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boycottage, 31, 64, 72, 122-3 comme Américains, 8, 54, 187 Comité central de Montréal, 31 Comité central de Québec, 40 Comité central de Toronto, 65 constitution Haut-Canada, 65, 68, 77, 78, 92-3, 107, 115, 121, 129, 130, 137, 179, 180, 181, 184, 194 convention, 31, 35, 39, 42, 56, 65-6, 68, 172, 180, 184, 185 coopération entre Canadas, 32, 38, 42, 52, 56, 59, 62, 63-8, 79, 151-3, 172-6, 183, 184-5, 192, 233 critiques contre, 33-4, 39, 54, 78-9, 93 Déclaration de Toronto, 65, 66, 92, 97, 115-16, 121, 122, 123, 184 Déclaration d’indépendance du Bas-Canada, 68, 77, 78, 153, 159, 179-84, 185, 18990, 194, 233 Durham Meetings, 163-4 émergence, 24 et autres colonies, 52, 60-3, 66 et démocratie, 26, 30, 39, 85-6, 90, 91-2, 104-5, 121, 193-6, 213, 230, 236, 239 et économie, 18-19, 117, 111-29, 139, 181, 234 et esclavage, 71, 78, 97, 107, 116, 139, 158, 190-1, 193, 218-19 et représentation, 212 et Résolutions Russell, 13-14, 29, 30, 31, 63, 73 financement, 41, 138, 148, 196, 237

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révolutionnaires, 28-9, 31-43, 63-5, 86 signification du mot, 7-8, 12, 244n32 stratégie, 14, 33, 79, 147, 151-2, 156, 159, 161-2, 167, 170, 174, 220-1, 222 tensions internes, 20, 114, 115, 172, 174-5, 176-8, 189-92 172, 207, 233 « tribut Papineau », 28, 41 Voir aussi annexion, chartes, Fils de la liberté, nationalisme, Parti patriote, républicanisme, Six-Comtés patriotes étasuniens armement, 144-5, 148, 152, 160 assemblées populaires, 29, ­143-6, 187, 202, 206, 213, ­215-16, 223, 225 cause commune, 8, 16, 29, 88, 108, 109-10, 115, 136, 141, 184, 188-9, 193, 200-6, 21214, 219-20, 232, 233-4 communauté politique transfrontalière, 11, 49-50, 108, 200, 201-8, 213-14, 234, 235, 239, 244n30 et élections, 208-11 et souveraineté des États-Unis, 98, 151, 155, 164-5, 200, 202, 208-14, 215, 219, 222-5, 235 financement, 145, 202 participation, 8-9, 68, 98, 144-8, 160, 188-9, 202, 213, 222, 224-6 Paulus, Pieter, 99 Perrault, Louis (imprimeur), 147, 175, 178

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Pessen, Edward, 44, 45, 48 Poinsett, Joel (secrétaire à la Guerre), 215, 216, 217 Porter, James (greffier), 146 Porter, Peter Buell (général), 144, 148 Poulett Thomson, Charles Edward (gouverneur), 227 Premières Nations (et Autochtones) agressées, 14, 15, 44, 45, 96, 121, 199 appropriations, 204 Cattaraugus, 152, 190 Chippewas, 190 exclues, 85, 132, 190 loyalisme, 20, 24, 160, 166, 190 Micmacs, 61 Mississaugas, 190 Mohawks, 190 relations avec, 84, 139, 183, ­189-90, 194, 236 soutiens envers patriotes, 152, 158, 160, 166, 189, 190, 233 Question nationale (Québec), voir mémoire collective Raguet, Condy (économiste), 227 régime seigneurial, 61, 91, 110, 111, 113-15, 179, 181, 187, 235 religion, clergé catholique, 24, 25, 53, 56, 57, 58, 63, 127, 156 discussion, 84 et démocratie, 91, 127 et économie, 127-8, 236 et république, 93, 106, 126, 182 Great Awakening, 126 liberté de, 180, 182 protestante, 57, 127

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tensions, 191 républicanisme et aristocratie, 44, 50, 83-5, 101, 193 et démocratie, 15, 17-18, 30, 50, 82, 84-92, 99-101, 194-6 et économie, 18-19, 109-39, 195-9 et éducation, 105-6, 122, 181 et État, 102, 123 et femmes, 15, 44, 85, 97, 106, 131, 139, 182, 199 et justice, 29, 48, 91, 93, 104, 194, 211-12 et monnaie, 19, 43, 49-50, 11213, 116-17, 133-9, 195-9 et représentation, 85-6, 91-2, 103, 180, 182, 194-5, 212 et taxation, 73, 103-4, 119-20, 122-3 pluralité du, 9-10, 83-4, 86-8, 171, 194, 199, 235-6 république à « deux étoiles » contours, 184-7, 192-9, 204, 212, 233-4 drapeaux, 147-8, 149, 171-2, 173, 184, 186 et opinion publique, 173, 185-7 genèse, 170-4, 184-5 gouvernement, 173-4, 187, 192 historiographie, 4, 171-2 révolution américaine à « finir », 12, 16, 46, 47, 185, 201, 202, 211-14, 230, 234 Déclaration d’indépendance, 39, 92, 95, 132, 144, 172, 179, 181 et colonies loyalistes, 23, 25, 69, 140 et esclavage, 44, 85, 190 et Premières Nations, 44, 85, 190

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et propriété, 113 source d’inspiration, 8-9, 12, 29, 36, 39, 50, 62, 63, 72, 74, 89, 145, 184, 188 « Spirit of ’76 » (esprit de 1776), 18, 29-30, 44, 46, 47, 103, 151, 200, 201 Révolution française, 233 révolutions atlantiques (ère des révolutions), 7, 22, 28-9, 80, 82, 83, 99, 188 Ricardo, David, 136 Richard, Robert, 137 Richards, Thomas, Jr, 7, 107, 223 Riot-Sarcey, Michèle, 234 Robinson, Henry D. (éditeur), 188, 203 Rodier, Étienne (avocat), 138, 176 Roebuck, Henrietta (Falconer), 216 Roebuck, John Arthur (avocat), 76, 216 Rolph, John (médecin), 67, 140, 144, 177, 179 Rome, 83, 94, 182 Roosevelt, Clinton (activiste), 49 Rothschild (banque), 227, 233 Rousseau, Jean-Jacques, 45, 95 Rudd, Theron (éditeur), 109 Rusell, lord John (10 Résolutions), 13, 28, 30, 31, 57, 73 Rush, Benjamin (médecin), 84 Ryan, John fils (éditeur), 182, 207 Ryan, John père (capitaine), 175, 188, 203, 206 Ryerson, Stanley Bréhaut, 28, 168 Saint-Simon, Louis de Rouvroy de, 203 Schrauwers, Albert, 7, 111, 120, 123, 134, 136

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Scott, Winfield (major général) difficultés de, 162, 164, 215 et « guerre d’Aroostook », 165-6 et Navy Island, 150-1, 222 et neutralité, 218 et patriotes, 189, 210 mission, 149, 216, 221, 222 opérations à la frontière, 152, 160, 161, 162, 166, 217, 223 Senecca Falls Declaration of Sentiments (1848), 97 Seward, William (gouverneur), 167, 210 Sexton, Jay, 229 Sieyès, Emmanuel-Joseph, 45 Sir Robert Peel (navire), 157 Six-Comtés (confédération), 35, 38-9, 40, 50, 67, 77, 91, 92, 97, 185 Skidmore, Thomas (activiste), 45, 46, 48, 96, 106, 113, 123, 130 Slamm, Levi (éditeur), 202 Smith, Abram D. (juge), 81, 158 Smith, Adam, 18, 45, 100, 110, 118, 120, 123, 125, 130, 136-7 Smith, Stephen, 63, 181 Smyles, John (médecin), 117, 193, 194 socialisme, 45, 99, 127, 202, 204, 210, 234 Social Reform Society (association), 228 socinianistes, 84 sophistes, 94 Sossoyan, Matthieu, 190 Southwick, Solomon (avocat, éditeur), 8, 205, 210, 220 Spencer, Joshua (procureur), 168 Staël, Mme de, 60 Stanstead, 135

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Sutherland, Thomas Jefferson (avocat), 144, 147, 166 Taxations of Colonies Act (1778), 13, 24 Taylor, Alan, 6, 230 Taylor, John, 134 Terre-Neuve, 26, 61 « territoire disputé », 9, 30, 114, 143, 154, 164-6, 170, 226, 229, 231 Texas, 19, 69, 71-2, 75, 78, 107, 140, 148, 173, 187, 219, 237 Thelford, Rhonda, 190 Theller, Edward A. (marchand), 152, 186, 189, 204, 206, 207, 210 Thoreau, Henry David, 48, 205 Tocqueville, Alexis de, 17, 18, 47, 59, 80, 82, 99, 117 Toussaint Louverture, François Dominique, 190 transcendentalisme, 203 travail émancipation, 19, 48, 101, 124, 125, 126, 130, 132, 235, 236 et patriotes, 115, 130-1 lutte, 47, 61, 110, 117, 125 pénitencier, 106 protection, 45, 89, 125 salariat, 110, 116, 127-8, 139 valeur, 97, 115-16, 129-33, 196 workingmen, 45-6, 111, 125, 126, 130-1, 203, 205, 234, 236 Voir aussi Working Men’s Parties Tyler, John (président), 141, 225, 231, 237 Underhill, Samuel (médecin, ­éditeur), 204, 207

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Index

United States Democratic Review et Constitution, 82 et culture américaine, 84, 205 et économie, 116, 125, 129 et esclavage, 125, 129 et guerre aux Canadas, 70, 145, 165, 172, 178, 205-6, 225 et républicanisme, 10, 87, 103 « utopique » (mouvement), 18, 45, 116, 128, 202-4, 237 Van Buren, Martin Albany Regency, 146 et élections, 89, 167, 201, 208, 209-11, 212, 214, 220, 231 et Empire britannique, 143, 153 et guerre, 149, 164-5, 218, 223 et Locofocos, 89 et monnaie, 227, 238 opposition aux patriotes, 9, 70, 71, 140, 149-50, 161, 170, 184, 210, 213, 220, 231, 234-5 rencontre les patriotes, 205 soutiens, 145, 165, 201, 205, 221, 225 Vance, Catherine, 52 Van Rensselaer (famille), 113, 144 Van Rensselaer, Rensselaer (éditeur), 144, 146, 147, 150, 151, 152-3, 173 Vermont, 42, 88, 107, 114, 144-5, 147, 149, 151, 153, 156, 163, 177, 200, 202, 205, 207, 209, 213, 215, 216, 224 Verne, Jules, 3 Verney, Jack, 75 « Vieux de la montagne », 30, 38, 40, 48, 53, 90, 97, 98, 104-5

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Viger, Denis-Benjamin (avocat), 24, 62, 138, 140, 177 Viger, Louis-Michel (banquier), 138 vocabulaire d’analyse histoire transnationale, 10 joint stock democracy, 111, 123 Rébellion, 4, 8, 11-13, 13-14 révolution, 7, 12-13, 15, 18 Voltaire, 17, 95 Von Schultz, Nils S. (officier militaire), 160 « vrais » républicains contours, 104-5, 235-6, 239 et corruption, 168-9, 228 et démocratie, 16, 82, 84, 124-5, 199, 236-7 et économie, 93, 110-19, 124-31, 135-9, 236-7 et éducation, 181 et emprisonnement pour dette, 181 et philosophes, 88, 96 et système judiciaire, 104 et vie politique, 210, 211 héritage, 86-7 patriotes et, 10, 88, 92-3, 108, 109, 193-9, 232-5, 239 vocabulaire, 88, 89 Washington, George, 23, 206 Webster, Daniel (avocat, secrétaire d’État), 141, 167-9, 225, 228-9, 231, 232-3, 237 Webster-Ashburton, traité (1842), 8, 141, 167-9, 226-9, 231, 232-3, 237 Weed, Thurlow (éditeur), 146 Whiskey Rebellion, 223 Whitman, Walt, 47, 48, 84, 205, 230

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Widmer, Edward, 205 Wilbank, John (imprimeur), 204 Wilentz, Sean, 18, 46-7, 116 Williams, Nathan (marchand), 158 Windt, John (éditeur), 46, 202 Wisconsin (État), 166,170 Wise, John, 95 Woodbury, Levi (secrétaire au Trésor), 217 Wool, John (colonel), 146, 151, 153, 154, 157, 215, 219, 223, 224, 225

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Working Men’s Parties, 44-5, 86, 96-7, 103, 105, 112, 181, 211 Worth, William (colonel), 151, 152, 154, 162, 163, 217, 221, 223, 224, 225, 226 Wright, Frances (philanthrope), 105, 106, 202-3, 228 Wright, Silas (sénateur), 205

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