Journée d’études égéennes: actes de la rencontre du 3 novembre 2012 à l’Université de Genève 9783034337762, 9783034339551, 9783034339568, 9783034339575, 3034337760

Cet ouvrage réunit une série de travaux portant sur la préhistoire et la protohis-toire de la Grèce et des régions avois

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Journée d’études égéennes: actes de la rencontre du 3 novembre 2012 à l’Université de Genève
 9783034337762, 9783034339551, 9783034339568, 9783034339575, 3034337760

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Table des matières
Avant-propos
Georgia Kourtessi-Philippakis: Les sociétés paléolithiques du monde égéen : approches et enjeux
Matthieu Honegger: La datation de l’occupation néolithique pré-céramique de Kataliondas Kourvellos (Chypre) par l’étude de l’industrie lithique taillée
Julien Beck et Despina Koutsoumba: À la recherche d’un établissement néolithique submergé dans la baie de Kiladha (Argolide) : données anciennes et données nouvelles
Robert C. Arndt: Wo sind die altpalastzeitlichen Paläste?
Tobias Krapf: Die mattbemalte sog. Lianokladi-Ware (Δ1β / Δ1γ) im Lichte der neuen Funde aus Platania bei Lamia
Barbara Montecchi: Counting, labelling and sealing: a fresh look at Linear A administrative practices
Ilaria Orsi: Géographie sacrée en Argolide entre la fin de la période mycénienne et la fin de l’époque géométrique
Catherine Trümpy: Enigme et clarté – la position des textes mycéniens dans le contexte des études égéennes
Michel Aberson, Patrizia Birchler Emery: Pylos polenta connection
Patrick Maxime Michel: Les pierres dressées en Anatolie : des cultes lithiques hittites aux reliefs phrygiens

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JOURNÉE D’ÉTUDES ÉGÉENNES

EGeA VOL. 7

Direction : Lorenz E. Baumer, Philippe Collombert Comité scientifique : Michel Aberson (Universités de Lausanne et de Genève), Miroslav Novak (Universität Bern), Joachim Quack (Universität Heidelberg), François Queyrel (EPHE, Paris)

JULIEN BECK (éd)

JOURNÉE D’ÉTUDES ÉGÉENNES ACTES DE LA RENCONTRE DU 3 NOVEMBRE 2012 À L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE

Bern · Berlin · Bruxelles · New York · Oxford · Wien

Information bibliographique publiée par «Die Deutsche Nationalbibliothek» «Die Deutsche Nationalbibliothek» répertorie cette publication dans la «Deutsche Nationalbibliografie»; les données bibliographiques détaillées sont disponibles sur Internet sous ‹http://dnb.d-nb.de›. Nous remercions pour leur soutien à la publication du présent ouvrage : le Département des sciences de l’Antiquité de l’Université de Genève et la Maison de l’Histoire de l’Université de Genève.

ISSN 2296-8628 • ISBN 978-3-0343-3776-2 (Print) E-ISBN 978-3-0343-3955-1 (E-PDF) • E-ISBN 978-3-0343-3956-8 (EPUB) E-ISBN 978-3-0343-3957-5 (MOBI) • DOI 10.3726/b16404 Cette publication a fait l’objet d’une évaluation par les pairs. © Peter Lang SA Editions scientifiques internationales Bern 2020 Tous droits réservés. Cette publication est protégée dans sa totalité par copyright. Toute utilisation en dehors des strictes limites de la loi sur le copyright est interdite et punissable sans le consentement explicite de la maison d’édition. Ceci s’applique en particulier pour les reproductions, traductions, microfilms, ainsi que le stockage et le traitement sous forme électronique. Printed in Germany www.peterlang.com

Table des matières

Avant-propos   VII Georgia Kourtessi-Philippakis

Les sociétés paléolithiques du monde égéen : approches et enjeux   1 Matthieu Honegger

La datation de l’occupation néolithique pré-céramique de Kataliondas Kourvellos (Chypre) par l’étude de l’industrie lithique taillée   15 Julien Beck et Despina Koutsoumba

À la recherche d’un établissement néolithique submergé dans la baie de Kiladha (Argolide) : données anciennes et données nouvelles   23 Robert C. Arndt

Wo sind die altpalastzeitlichen Paläste?   33 Tobias Krapf

Die mattbemalte sog. Lianokladi-Ware (Δ1β / Δ1γ) im Lichte der neuen Funde aus Platania bei Lamia   41 Barbara Montecchi

Counting, labelling and sealing: a fresh look at Linear A administrative practices   59 Ilaria Orsi

Géographie sacrée en Argolide entre la fin de la période mycénienne et la fin de l’époque géométrique   75 Catherine Trümpy

Enigme et clarté – la position des textes mycéniens dans le contexte des études égéennes   83 Michel Aberson et Patrizia Birchler Emery

Pylos polenta connection   89 Patrick Maxime Michel

Les pierres dressées en Anatolie : des cultes lithiques hittites aux reliefs phrygiens   97

Avant-propos Il n’y a pas de tradition d’études égéennes en Suisse. Si certaines universités consacrent de temps à autre un cours ou un séminaire à la préhistoire et à la protohistoire de la Grèce, seule l’Université de Genève, à ma connaissance, dispense chaque année un enseignement de mycénien et d’archéologie égéenne. D’où le souhait, dès le début des années 2010, de réunir quelques chercheurs suisses et étrangers autour de cette thématique commune, le temps d’une journée d’études égéennes. Cette dernière a eu lieu le 3 novembre 2012 à l’Université de Genève, sous la forme d’une douzaine de présentations, suivies de discussions, couvrant un large spectre chronologique et géographique. Ce sont les résultats de l’essentiel de ces travaux qui sont présentés ici, dans une version mise à jour. Ainsi, les chapitres qui suivent concernent autant l’archéologie que la philologie, et les sujets traités

ne se limitent pas au bassin égéen à proprement parler, mais s’étendent à Chypre et à l’Anatolie, et dans une moindre mesure à l’Italie. L’ordre est donné par la chronologie, du Paléolithique à l’Âge du Fer. Il est à noter, en l’absence de comité de lecture, que les auteurs sont pleinement responsables de leurs propos. Il me reste à remercier chaleureusement tous les participants, ainsi que Lorenz Baumer, Patrizia Birchler Emery et Clara Fivaz pour leur aide précieuse dans l’organisation et le bon déroulement de la journée en question. C’est encore à Lorenz Baumer, et au généreux soutien du Département des sciences de l’Antiquité et de la Maison de l’histoire de l’Université de Genève, que je dois la publication des actes de cette journée d’études égéennes dans la collection des Etudes genevoises sur l’Antiquité (EGeA). Julien Beck

Georgia Kourtessi-Philippakis

Les sociétés paléolithiques du monde égéen : approches et enjeux

Introduction En ce début de 21e siècle, l’étude des sociétés paléolithiques du monde égéen se trouve à un tournant. Dès les années 1960 et grâce à l’activité des écoles étrangères et l’éveil de la communauté archéologique grecque à la cause du Paléolithique, un grand nombre de sites en grotte, en abri sous roche et en plein air ont vu le jour, dont certains d’entre eux – une minorité, certes – ont été fouillés systématiquement (Kourtessi-Philippakis 1986 ; 2006 ; Runnels 1995 ; 2001). Ces sites répartis dans l’ensemble du pays (fig. 1), en laissant à l’heure actuelle très peu de régions exemptes de vestiges, confirment la présence humaine en Grèce au cours du Pléistocène depuis la Thrace jusqu’en Crète (Elefanti & Marshall 2015). Une quantité significative de données paléoanthropologiques et archéologiques associées à des séries de datations, qui commencent à s’étoffer de plus en plus, sont déjà récoltées. Leur étude – bien que parfois préliminaire ou souvent en cours – permet déjà d’établir le cadre chronologique au sein duquel les sociétés paléolithiques se sont développées depuis le tout premier peuplement jusqu’à ceux du Paléolithique supérieur final (Tourloukis & Harvati à paraître). L’inquiétude existentielle, qui s’était exprimée souvent auparavant par rapport à ce passé si lointain et peu perceptible, s’estompe au profit des résultats scientifiques produits par des recherches interdisciplinaires qui ont pris place au sein des collaborations internationales. Mais dans quelle mesure les données recueillies – déjà

prises en compte lors des constructions chrono culturelles – peuvent-elles aussi s’inscrire dans une perspective anthropologique en nous permettant d’éclairer l’organisation et le mode de vie de ces premières sociétés du monde égéen? La présente étude souhaiterait apporter quelques éléments de réponse dans un cadre qui, comme nous le verrons, ne cesse d’évoluer.

Les sites et leur répartition régionale Les sites paléolithiques connus sont répartis d’une manière inégale en Grèce. La Grèce du Nord, Thrace et Macédoine comprise, s’étendant du fleuve Evros jusqu’aux sommets du Pinde, est marquée par une relative pénurie de vestiges. Cette pénurie, soulignée pour la première fois au cours des années 1960 (Dakaris et al. 1964), a conduit une équipe anglaise sur place à quitter la région au bénéfice de l’Epire voisine. Des prospections qui ont eu lieu au cours des décennies suivantes en Macédoine et en Thrace n’ont pas beaucoup modifié l’image du peuplement paléolithique de la région (Kourtessi-Philippakis 1993 ; Harvati et al. 2008 ; Amermann et al. 1999). Des fouilles, comme celles qui ont eu lieu dans la grotte de Maara, près des sources du fleuve Anghitis (Trantalidou 1989) ou encore dans des sites de plein air du Pinde (Efstratiou et al. 2011) se sont avérées prometteuses tout en étant d’une portée limitée. Enfin, la question de l’occupation

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humaine de la grotte de Pétralona en Chalcidique, où un crâne d’Homo heidelbergensis (daté entre 15 et 250/350 BP) avait été trouvé (Kokkoros & Kanellis 1960), demeure encore ouverte. En revanche, en Grèce occidentale, les témoins abondent. Bien entendu, l’Epire est la région avec la plus longue tradition en matière de recherches sur le Paléolithique puisque celles-ci ont commencé au cours des années 1960 et se poursuivent jusqu’à nos jours. Des fouilles ont eu lieu dans plusieurs grottes et abris sous roche comme Asprochaliko, Kastritsa, Kleidi, Boila, Megalakkos. Des sites de plein air, dont le nombre dépasse largement les deux centaines (Elefanti & Marshall 2015), ont vu le jour lors des prospections ou à l’occasion des travaux d’aménagement comme le tracé de l’autoroute Egnatia qui relie la Thrace au port d’Igoumenitsa. En Thesprotie, deux projets récents, celui de l’Institut finlandais (Forsen et al. 2016) et celui entrepris dans le bassin du Moyen Kalamas par l’Université d’Athènes sous la direction de l’auteur (Kourtessi-Philippakis à paraître) contribuent à l’enrichissement de la carte paléolithique de la région tout en formulant des problématiques nouvelles. Aux environs de Nicopolis, la prospection américaine a également mis au jour de nombreux sites (Runnels & Van Andel 2003). Mais cette abondance des vestiges paléolithiques ne s’arrête pas en Epire. Plus au sud, dans la péninsule de Plaghia, en Etoloacarnanie, une prospection allemande a confirmé ce peuplement dense (communication personnelle), qui se poursuit en Péloponnèse occidental (Chavaillon 1967 ; 1969; Darlas 1989). Dans les îles ioniennes le peuplement semble être aussi riche que celui du continent et ce pour plusieurs raisons (Kourtessi-Philippakis 1999 ; 2011). Sur le plan paléogéographique d’abord, certaines îles ioniennes, étant restées rattachées au continent pendant les périodes de baisse du niveau de la mer (Lambeck 1996), ont fait partie intégrante de ce dernier et en même temps du territoire de subsistance des hommes paléolithiques. Sur le plan de l’activité archéologique, ensuite, et bien qu’il n’y ait eu qu’une seule fouille paléolithique, celle de la grotte de Grava à Corfou (Sordinas 1969), l’archipel ionien a connu de nombreuses recherches sur le

G eorgia K ourtessi -P hilippakis

terrain de portée variable allant de la récolte des vestiges, essentiellement lithiques, jusqu’à des prospections plus systématiques comme celle qui a eu lieu à Zakynthos (Van Wijngaarden et al. 2013) ou encore plus récemment à Méganissi (Galanidou 2015). Même si les études du matériel lithique récolté sont toujours en cours, il est évident que le nombre de sites paléolithiques est en nette augmentation. Le fait, enfin, que les îles ioniennes partagent le même substratum lithologique avec la Grèce occidentale, en se situant dans des zones riches en matières premières siliceuses d’excellente qualité, est un élément en faveur d’un peuplement paléolithique. La Thessalie apparaît riche en sites de plein air, localisés soit tout au long du cours du fleuve Pinios, soit dans des régions plus éloignées de celui-ci (Milojcic 1965 ; Runnels & Van Andel 1993). La grotte de Théopétra qui a fait figure pendant longtemps de site isolé s’inscrit, au vu des travaux récents, dans un réseau plus dense d’implantation humaine (Kyparissi-Apostolika 2000). Notons, toutefois, que la Thessalie semble être une des régions qui, pour des raisons géomorphologiques, conserve les vestiges moins bien que d’autres (Tourloukis & Karkanas 2012). En Grèce centrale et notamment dans sa partie orientale deux grottes sur les abords du lac asséché de Kopais ont livré des vestiges paléolithiques. Il s’agit de l’abri de Seidi, d’une part, un des premiers sites découverts et fouillés au cours de l’occupation allemande (Kourtessi-Philippakis 1986) et de la grotte de Sarakinos, d’autre part, dont la fouille a mis au jour une longue séquence allant du Paléolithique moyen jusqu’à l’âge du Bronze (Kourtessi-Philippakis et al. 2009). Le Péloponnèse a connu des fouilles récentes et systématiques dans des grottes dont certaines deviendront les sites majeurs du Paléolithique grec. Ces grottes se regroupent en deux régions distinctes. En Argolide, à côté de nombreux sites de plein air, nous retrouvons trois grottes, à savoir Franchthi, la première dans les années 1970 à livrer une longue séquence allant du Paléolithique moyen jusqu’au Néolithique, mettant surtout en évidence la présence des niveaux mésolithiques (Jacobsen 1973 ; Perlès 1987), Klissoura 1 (Koumouzelis et al. 1996 ; Kazanowska et al.

Les sociétés paléolithiques du monde égéen 3

2010) et Kephalari (Kourtessi-Philippakis 1986). Un deuxième groupement se forme dans le Péloponnèse méridional et notamment dans la péninsule du Magne, par le complexe des cavités d’Apidima (Pitsios 1999), les grottes de Kalamakia, Melitzia et Kolomnitsa (Darlas & De Lumley 1999, Darlas & Psathi 2016), et celle de Lakonis (Elefanti et al. 2008) situées à des courtes distances les unes des autres. Cet ensemble de grottes du Magne riche sur le plan archéologique, a conservé aussi de nombreux vestiges paléoanthropologiques attribués à l’Homme de Neandertal. Notons, enfin, les fouilles récentes dans le bassin de Megalopolis qui ont fait reculer le moment de l’apparition de l’homme en Grèce (Panagopoulou et al. 2015). Les îles de la Mer Egée se sont rajoutées tardivement sur la carte de la Grèce paléolithique avec des découvertes qui s’échelonnent sur toute la durée de la période. Il y a eu tout d’abord les ramassages de surface de D. Théocharis sur l’île d’Alonissos, dans les Sporades (Panagopoulou et al. 2001). Puis la découverte des mines d’ocre de Tzines dans l’île de Thasos, dont la fréquentation remonte au Paléolithique supérieur, d’après des restes archéozoologiques associés à une datation radiocarbone (Koukouli-Chryssanthaki & Weisgerber 1997). Les découvertes et les fouilles qui ont suivi dans deux îles de la partie orientale de la Mer Egée cette fois-ci, celle de Lesvos et celle de Limnos, présentent un intérêt particulier, de par leurs vestiges de l’Acheuléen (Galanidou et al. 2013), d’une part et de l’Epigravettien (Efstratiou et al. 2013) de l’autre. Quant à la Crète, les découvertes de Plakias (Strasser et al. 2011) apportent des informations qui pourront éclairer la question du peuplement ancien dans une perspective insulaire à l’échelle de la Méditerranée orientale.

Le cadre chrono culturel Bien que le Paléolithique ancien soit encore faiblement représenté à l’échelle du pays, notamment par des outils recueillis en surface, comme les bifaces de Kokkinopilos en Epire et celui de Palaiokastro en Macédoine occidentale, ou encore des pièces lithiques

venant de Thessalie, d’Argolide (Tourloukis 2010) et de Crète, les fouilles à Marathoussa I en Arcadie (Panagopoulou et al. 2015) et à Rodafnidia dans l’ile de Lesvos (Galanidou et al. 2013) dessinent peu à peu un tableau plus précis de cet ancien peuplement dont les débuts remontent à 500–400.000 BP. Toutefois, la rareté des vestiges ne cesse de nous interroger : s’agit-il là d’un reflet de l’état de la recherche ou d’une réalité correspondant à un peuplement épars au cours de cette période ? Ou bien les restes de cette occupation ont-ils été détruits par les conditions naturelles défavorables qui ont régné ultérieurement? Si à l’heure actuelle nous ne sommes pas en mesure d’apporter une réponse, nous pouvons constater du moins que l’image de cet ancien peuplement épars, telle qu’elle apparaît en Egée, n’est pas très différente de celle que nous renvoie la péninsule balkanique. Au Paléolithique moyen, dont les datations les plus anciennes remontent à 130.000 BP, le peuplement devient plus dense. Des vestiges lithiques stratifiés et datés proviennent de grottes comme celles de Maara en Macédoine orientale, d’Asprochaliko en Epire, de Théopétra en Thessalie, de Franchthi, de Kephalari et de Klissoura 1 en Argolide et, enfin, de Kalamakia, de Lakonis (III-Ib) et d’Apidima dans le Magne, en Péloponnèse méridional. Mais une importante quantité de matériel est issue surtout de sites de plein air répartis partout dans le pays. En Grèce occidentale, ces sites, particulièrement abondants, sont associés à des dépôts de terra rossa (fig. 2), paléosols érodés très riches en industries lithiques mais dépourvus de restes organiques à l’exemple de Kokkinopilos, site majeur de ce type (Van Andel 1998; Tourloukis et al. 2015). Le Moustérien reste la culture dominante au cours de cette période et l’homme de Neandertal, dont des restes (crânes, dents) de plusieurs individus ont été mis au jour dans la cavité Alpha du complexe d’Apidima (Pitsios 1999), à Lakonis (Harvati et al. 2009) et à Kalamakia (Harvati et al. 2013) est le principal auteur de ces industries. Ce Moustérien est caractérisé par la pratique des méthodes Levallois et discoϊde et comprend un outillage composé de bifaces, racloirs, pointes, coches et denticulés, couteaux

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à dos etc. Il apparaît sous des faciès régionaux variés (Kourtessi-Philippakis 1999), comme un Moustérien sur petits galets, qui se développe sur le littoral ionien et qui se rapproche de la tradition pontinienne connue en Italie centrale, ou encore un Moustérien à pointes foliacées bifaces, qui se rattache à des traditions balkaniques. Le Paléolithique supérieur qui suit est mieux documenté. La question de la transition s’est posée relativement récemment grâce à la mise au jour des données issues de contextes stratigraphiques datés (Klissoura 1, Lakonis). Auparavant, bien que la séquence de nombreuses grottes nous ait livré des niveaux moustériens surmontés par ceux du Paléolithique supérieur, l’absence de données stratifiées et datées ne permettait pas de documenter ce sujet. A Klissoura 1 (couche V) une industrie de transition à pièces à dos courbe qui évoque l’Uluzzien, tel qu’il apparaît en Italie voisine, a été récoltée (Kazanowska et al. 2010) et datée à 40,000 BP (Kuhn 2010). La fouille dans le site de Lakonis (couches Ia) a mis au jour une industrie de transition aussi dont la production est située chronologiquement à l’intervalle 44,000–38,000 BP (Elefanti et al. 2008). Enfin, la grotte de Kolominitsa a livré à son tour un niveau de transition Paléolithique moyen/ supérieur. Dans les sites de plein air, on rencontre abondamment des industries dites « mixtes » ou «transitionnelles», mais les conditions de collecte et les critères d’attribution chrono culturelle, uniquement techno morphologiques, ne leur permettent pas de contribuer au débat sur cette transition. De ces faits, la question de l’apparition de l’homme anatomiquement moderne (Homo sapiens) en Egée dans le cadre du processus du peuplement de l’Europe semble se préciser davantage. Il n’est pas néanmoins impossible que la Grèce, tout en se situant au carrefour des migrations humaines entre l’Orient et l’Occident, ait fonctionné comme un refuge pour les derniers Néandertaliens (Kozlowski 1992), comme cela a été le cas pour d’autres régions méditerranéennes et notamment la péninsule ibérique. L’Aurignacien, première culture du Paléolithique supérieur, qui commence vers 40.000 BP est représenté uniquement dans la séquence de quatre grottes, celles de Franchthi (phase I), de

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Klissoura 1 (couches IIIa et IV) et de Kephalari en Argolide, et celle de Kolominitsa dans le Magne. Parmi les sites de plein air, des industries aurignaciennes ont été recueillies dans des localités qui ne semblent pas avoir été fréquentées auparavant par les Moustériens comme le site de Spilaion, en Epire (Runnels et al. 2003) et celui d’Elaiochori en Achaïe (Darlas 1999). L’occupation aurignacienne est caractérisée par des industries laminaires à grattoirs carénés et à museau, à lames aurignaciennes, à coches et denticulés, et à burins. Bien qu’elle soit encore éparse en Grèce, elle s’inscrit dans la tradition européenne. Le Gravettien, dont les datations les plus anciennes remontent à 30–28.000 BP, est représenté dans la séquence d’Asprochaliko (couche 10), de Kastritsa (strates 3 et 5), dans certains niveaux de Théopétra (unit II11) et de Grava, dans les phases II et III de Franchthi (Adam 2007), la phase III de Klissoura I ainsi qu’à Melitzia et Tripsana (Darlas & Psathi 2016). Nous ne connaissons aucun site gravettien de plein air confirmé. La technologie de la pierre taillée s’oriente vers une production laminaire avec des nucléus à débitage unipolaire mais aussi bipolaire. Dans l’outillage dominent les lamelles à dos de types variés accompagnées de grattoirs sur lames retouchées, de burins, de microgravettes, de lamelles Dufour et de pièces à coches. L’industrie des matières dures animales, beaucoup moins connue, est composée d’aiguilles à chas, de pointes à base simple et de spatules (Adam & Kotjabopoulou 1997; Darlas & Psathi 2016). La détérioration des conditions climatiques en Europe semble avoir été à l’origine de migrations humaines vers des régions balkaniques et méditerranéennes qui, bénéficiant de conditions climatiques plus favorables et d’une disponibilité des ressources, auraient fonctionné comme des refuges. Mais si l’on en juge par les sites connus en Grèce, le peuplement humain au cours du Gravettien reste bref et discontinu. La fin du Gravettien coïncide avec le maximum glaciaire würmien (18.000 BP) et correspond à un hiatus observé dans la plupart des sites. L’Epigravettien qui suit est très largement représenté et s’inscrit dans un contexte méditerranéen bien défini. Des niches écologiques variées sont exploitées et l’habitat humain s’organise

Les sociétés paléolithiques du monde égéen 5

maintenant autour des grottes et abris où cette culture a été identifiée, à savoir les couches supérieures de Kastritsa, les niveaux de Boila, de Kleidi et de Megalakkos en Epire, de Sarakinos et de Seidi en Grèce centrale, Schisto 1 en Attique, les phases IV, V et VI de Franchthi, les couches IIaIIb de Klissoura 1, des grottes dans la baie d’Oitylo (Melitzia, Kastanis) et très probablement la cavité Gamma d’Apidima. Dans les îles égéennes, le site d’Ouriakos, situé dans la partie sud-est de Limnos et occupé à la fin de l’Epigravettien (10.000 BP), vient de se rajouter à cet ensemble. Dans les industries lithiques dominent toujours les lamelles à dos de types variés, suivies de grattoirs, de pièces à coches, de burins, de perçoirs, de troncatures et de microgravettes. Ce répertoire, connu depuis le Gravettien, est enrichi maintenant par les pointes à cran et les microlithes géométriques variés. La technique du microburin est bien attestée. Ces assemblages lithiques présentent, toutefois, une variabilité régionale et chronologique au sein de l’Epigravettien égéen qui mérite d’être approfondie.

L’habitat et le mode de vie Nous disposons de très peu d’éléments pour aborder la question de l’habitat et du mode de vie au cours du Paléolithique ancien. L’installation humaine semble se faire essentiellement en plein air, mis à part la grotte de Petralona dont l’occupation par l’homme reste à confirmer. La découverte et la fouille dans le bassin de Megalopolis des restes d’un éléphant – Elephas (Palaeoloxodon) antiquus – et d’autres d’autres mammifères, carnivores, bovidés, cervidés, micromammifères, tortues et oiseaux, associés à un assemblage lithique sur éclats, a ouvert le débat sur l’exploitation de la faune par l’homme à une période aussi reculée et les stratégies de subsistance (chasse, dépeçage d’animaux morts). Au cours du Paléolithique moyen l’homme s’installait dans des abris sous roche et des grottes mais aussi en plein air à des endroits stratégiques, importants pour sa subsistance. Le contrôle des voies de passage des animaux, associé à l’exploitation des ressources en eau, gibier et

plantes, ainsi que la proximité de sources de matières lithiques (silex, jaspes…) constituent les priorités des hommes de Neandertal, dont le territoire de subsistance s’organiserait autour de sites servant de camps de base et s’appuierait sur l’exploitation d’un biotope riche et diversifié aux alentours sans parcourir de longues distances. Cette organisation dans l’espace et notamment l’existence des haltes de chasse ou de sites de boucherie et les liens entre eux n’est pas encore évidente en Grèce. Les grottes occupées par l’homme de Neandertal connues à ce jour se trouvent à l’intérieur des terres (Maara, Asprochaliko, Théopétra, Kephalari, Klissoura I) et à des altitudes plutôt moyennes (200 à 300 m.). D’autres sont actuellement littorales (Franchthti, Kalamakia, cavité Alpha d’Apidima, Lakonis), notamment dans le Péloponnèse, bien que la ligne de rivage ne corresponde pas à celle de l’époque pendant laquelle ces grottes étaient occupées. Les sites de plein air se répartissent aussi selon le même schéma mais certains des sites littoraux, à cause de l’immersion des plaines côtières lors de la remontée du niveau marin après 18,000 BP, ont disparu sous l’eau à tout jamais. Récemment, la localisation de campements de plein air comme celui de Samarina sur le Pinde, à des altitudes dépassant 1000 m., ouvre une nouvelle perspective quant à l’extension du territoire des Néandertaliens en Grèce et à leur mobilité. Certains sites, enfin, reconnus en tant que lieux de taille, comme celui d’Aghios Nikolaos à Zakynthos (Kourtessi-Philippakis & Sorel 1996), pourraient compléter ce schéma d’implantation de l’habitat et d’exploitation des ressources. Au vu de ces données, riches et diversifiées, nous constatons qu’il reste un gros travail à faire sur le réseau d’occupation du territoire par les néandertaliens, la nature exacte des sites et les relations entre eux. Parmi les activités économiques pratiquées, la chasse est bien reconnue, mais les études archéoozoologiques faites sur du matériel issu de grottes sont en nombre limité et les sites de plein air, exempts de vestiges organiques, ne peuvent pas nous éclairer davantage. A Asprochaliko les animaux chassés étaient essentiellement les cerfs et le bouquetin. A Kalamakia la faune dominée par les cerfs, suivis du bouquetin et du sanglier, comprend aussi un nombre important d’ossements de tortue et quelques restes d’éléphants et de

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rhinocéros auxquels s’ajoutent des mollusques marins (Callista chione) que les hommes auraient façonnés en outils (Darlas & Psathi 2016), A Klissoura I les lièvres sont présents même s’ils n’ont pas été consommées d’une manière significative (Starkovich 2014). A côté des ressources animales, les ressources végétales ont été largement consommées par les Néandertaliens en Grèce. L’étude des traces d’usure des dents a démontré la consommation dans le Magne d’une variété de plantes, graines et noix (Harvati et al. 2013). A Theopetra les hommes ont récolté des plantes, des fruits, des graminées sauvages et des cypéracées (Tsartsidou et al. 2015). Au cours du Paléolithique supérieur, l’homme continue à occuper les grottes et les abris sous roche, qui sont beaucoup plus nombreux à avoir livré des vestiges que pour la période précédente. Mais d’ores et déjà de nombreuses questions se posent. La première est celle de l’importance et de la nature de l’habitat de plein air. En effet, si lors des prospections il est facile d’identifier les industries moustériennes, il devient extrêmement complexe d’attribuer au Paléolithique supérieur, sans contexte stratifié, des industries laminaires et des types d’outils associés dont certains, comme les grattoirs sur lames retouchées, survivent au cours des périodes plus récentes. De ce fait, le nombre des sites de plein air apparaît aujourd’hui réduit (Elefanti & Marshall 2015). Il est important de définir si cela correspond à l’image réelle d’un peuplement ou non. La deuxième question concerne l’organisation de l’occupation du territoire. Le modèle de transhumance, qui a été proposé pendant les années 1960 en Epire par E. S. Higgs, a été remis en question depuis (KourtessiPhilippakis 1983). Des travaux récents ont en effet démontré que les stratégies de subsistance en Epire étaient beaucoup plus complexes. Les groupes humains ne migraient pas seulement entre les zones occupées alternativement en hiver et en été mais ils exploitaient une variété de niches environnementales selon leur accessibilité et disponibilité (Bailey 1997). L’hypothèse d’une occupation saisonnière de certains grottes et abris et d’une organisation autour des sites généralistes ou spécialisés, comme l’abri de Kleidi, où la chasse

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exclusive du bouquetin et du chamois était la principale activité (Gamble 1997), a donné lieu à de nouvelles approches par le biais de la technologie lithique cette fois-ci (Elefanti 2008). La troisième question concerne l’aménagement de l’espace habité. L’analyse des structures d’habitat qui a été entreprise à Kastritsa et à Kleidi a pu éclairer ce sujet. La répartition différentielle des vestiges a mis au jour des aires d’activités (nourriture, débitage…) dans ces deux grottes ainsi qu’une zone de foyers située au fond de l’abri de Kleidi, qui semble avoir été intensément utilisée (Galanidou 1997). Sur le plan économique, les hommes continuent à exploiter les ressources minérales, animales et végétales de leur environnement en ayant recours aux activités de chasse, de pêche et de cueillette déjà pratiquées. Les données qui concernent la chasse sont de loin les plus nombreuses. A titre d’exemple, Klissoura 1 a fourni des données intéressantes qui nous permettent de constater que les occupants de la grotte avaient diversifié leur alimentation en incluant des lièvres, des perdrix et d’autres oiseaux (Starkovich 2014). Quant à la consommation des végétaux la même grotte a livré des structures en terre cuite qui ont servi à rôtir des graines de céréales. Mais en règle générale, les conditions de fouille et de collecte de matériel, souvent anciennes, ou encore l’état préliminaire des études font que nous manquons d’informations sur la densité des ossements dans l’espace fouillé, la représentation des espèces sur un plan saisonnier, et le degré d’utilisation et de conservation des ossements. En d’autres termes nous ne sommes pas en mesure de distinguer toujours si les restes osseux sont des restes d’alimentation, de matière première pour la fabrication des outils ou encore de combustible. Il est difficile aussi de se prononcer sur les techniques cynégétiques ou sur la dimension économique de la chasse en relation avec les autres activités (cueillette, pêche). L’exploitation des ressources littorales et marines constatée dans certains sites au cours de l’Epigravettien ajoute une nouvelle dimension au mode de vie des chasseurs-cueilleurs paléolithiques considéré jusqu’alors comme essentiellement continental. La découverte des

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ossements de poissons mais surtout d’obsidienne de Mélos dans les niveaux supérieurs de la grotte de Franchthi, a aussi conduit à l’hypothèse de la pratique de la navigation en mer Egée dès la fin du Paléolithique supérieur (Perlès 1978). De nos jours, cette question devient d’actualité dans le cadre d’une autre problématique, celle du peuplement des îles égéennes qui commencent à livrer des vestiges paléolithiques et qui sont aussi habitées au Mésolithique qui suit. Le cas du peuplement de la Crète, placé dans une perspective chronologique beaucoup plus ancienne (Strasser et al. 2011) est un des enjeux de la recherche. La vie spirituelle et symbolique, enfin, reste un domaine encore peu exploré dans le Paléolithique grec. Les restes humains attribués à des sépultures sont peu nombreux, comme le squelette d’une femme adulte qui a été trouvée accompagnée d’une parure de coquillages dans la cavité Gamma d’Apidima ou encore un fragment de crâne et quelques os longs issus de la grotte de Théopétra. Quant à la parure, des canines perforées de cerf élaphe et des coquillages perforés de Cyclope sp. et de Dentalium sp. ont été trouvés dans un contexte d’habitat du Paléolithique supérieur final dans les grottes épirotes avec de petits morceaux d’ocre (Adam & Kotjabopoulou 1997). Mais globalement la parure paléolithique égéenne reste encore insuffisamment connue et l’art, qu’il soit mobilier ou pariétal, est inexistant, comme il est d’ailleurs extrêmement rare dans l’ensemble du sud-est européen.

Conclusions Les données disponibles et présentées ici sont-elles en mesure de nous permettre

d’appréhender l’organisation sociale et le mode de vie des hommes paléolithiques qui ont vécu en Grèce ? Il est certain qu’à ce jour la recherche s’est surtout orientée vers des problématiques liées davantage à la question du peuplement et à la chrono stratigraphie. Cela est tout à fait judicieux dans un pays comme la Grèce où l’étude du Paléolithique est encore jeune et l’établissement des séquences chrono culturelles reste une priorité. Les enjeux liés à cette approche sont d’ailleurs de taille, d’autant que l’emplacement géographique du pays aux portes de l’Europe impose l’acquisition de séquences chrono stratigraphiques solides qui nous permettront les comparaisons régionales. Mais les progrès réalisés depuis, conjugués à des approches actuelles, éclairent de plus en plus des aspects du mode de vie de ces hommes. L’organisation de l’habitat sur une échelle régionale semble préoccuper la recherche en association avec les modèles d’occupation du territoire. L’aménagement de l’espace habité se place aussi au centre des débats. Ce sont les pratiques économiques qui restent encore peu documentées à cause de la rareté d’études archéozoologiques et paléobotaniques poussées. Quant à la vie spirituelle et symbolique, la quasi absence de vestiges est à l’origine de nombreuses interrogations. Bien entendu, il reste encore un long chemin à faire avant de pouvoir aborder ces groupes humains d’un point de vue anthropologique et sociologique. Ce chemin ne pourra que passer par de nouvelles fouilles où la formulation de problématiques actuelles se trouve associée à des outils méthodologiques adaptés.

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Fig. 1.  Carte de la Grèce avec les sites mentionnés dans le texte : 1. Maara, 2. Tzines, 3. Petralona, 4. Ouriakos, 5. Rodafnidia, 6. Alonissos, 7. Palaiokastro, 8. Theopetra, 9. Megalakkos, 10. Kleidi, 11. Boila, 12. Grava, 13. Kastritsa, 14. Asprochaliko, 15. Kokkinopilos, 16. Spilaion, 17. Sarakinos, 18. Seidi, 19. Schisto, 20. Eleohori, 21. Klissoura, 22. Kephalari, 23. Franchthi, 24. Marathoussa, 25. Lakonis, 26. Grottes de Oitylo, 27. Plakias.

Fig. 2.  Site de plein air en terra rossa, Epire, Grèce.

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Geoarchaeology : An International Journal, 13, 1998, p. 361–390. Van Wijngaarden et al. 2013 Van Wijngaarden, G., Kourtessi-Philippakis, G. et Pieters, N., « New archaeological sites and finds on Zakynthos », Pharos, 19, 1, 2013, p. 127–159.

Matthieu Honegger

La datation de l’occupation néolithique pré-céramique de Kataliondas Kourvellos (Chypre) par l’étude de l’industrie lithique taillée

Le Néolithique pré-céramique de Chypre est célèbre depuis des décennies par la fouille du village de Khirokitia, classé en 1998 au patrimoine mondial de l’humanité (UNESCO). Depuis une quinzaine d’années, les recherches sur ce premier néolithique se sont intensifiées et ont révélé une situation fascinante, où les liens avec le foyer de néolithisation du Proche-Orient ont pu être précisés, tout comme les particularités propre au caractère insulaire du lieu (cf. Guilaine & Le Brun 2003 ; Guilaine et al. 2011). C’est dans ce contexte que des fouilles ont été menées en 2010 et 2011 sur le site de Kataliondas par Julien Beck de l’Université de Genève. A sa demande, nous avons passé deux semaines en août 2011 pour étudier l’industrie lithique taillée du site. L’un des objectifs de cette étude était de proposer une datation de l’occupation pré-céramique. Cette dernière, profondément remaniée par un établissement plus tardif, n’a malheureusement pas livré de matériaux organiques en place, qui auraient permis de mener des analyses au radiocarbone. En l’absence de céramique, c’est l’industrie lithique taillée, réalisée principalement en silex, qui évolue le plus rapidement sur le plan chronologique et culturel. Le présent article propose de décrire brièvement certaines caractéristiques de cette industrie, puis de situer chronologiquement l’occupation préhistorique en comparaison avec les autres sites connus de l’île. Le caractère préliminaire de notre approche nous a conduit à limiter les comparaisons aux deux sites les plus

proches de Kataliondas, dont l’industrie lithique a fait l’objet d’une étude approfondie, soit les sites de Shillourokombos et Khirokitia.

Premières recherches sur le site de Kataliondas La majorité des sites pré-céramiques de Chypre se situe à proximité de la côte, alors que Kataliondas représente un des rares sites de grande étendue se trouvant à l’intérieur des terres (fig. 1). Ce dernier a été signalé pour la première fois en 1957, puis a fait l’objet en 1972 de ramassages de mobilier en surface, à l’occasion de prospections menées par l’Université d’Edimbourg (Morrison & Watkins 1974 ; Watkins 1979). Le site est localisé à environ 20 km de Nicosie et s’étend sur une petite colline nommée Kourvellos, à l’est du massif du Troodos, à environ 400 mètres au-dessus du niveau de la mer. En surface, l’étendue du site est considérable et couvre environ 15 hectares. Cependant, les fouilles récentes ont montré que cette étendue était largement surestimée, le mobilier archéologique récolté en surface n’étant souvent pas dans sa position d’origine. L’érosion et le colluvionnement ont contribué à disperser les vestiges provenant vraisemblablement d’une occupation limitée aux hauteurs de la colline.

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L’industrie lithique taillée récoltée lors des prospections de 1972 a été estimée à 13,500 outils, lames et éclats. Les premières considérations sur cet assemblage tendent à le considérer comme étant homogène sur le plan chronologique. Bien qu’il n’ait pas fait l’objet d’une étude détaillée, les comparaisons le rapprochent des industries de Khirokitia et d’Andreas-Kastros (Buchholz & Ender 1992). Cependant, il faut reconnaître qu’il y a une vingtaine d’années, peu de sites avaient fait l’objet de fouilles modernes et leur industrie n’était que partiellement publiée. Ces premiers résultats doivent donc être considérés avec une certaine prudence.

L’industrie lithique taillée des fouilles de 2010 et 2011 L’industrie en pierre taillée découverte lors des fouilles récentes n’a pas été retrouvée in-situ, mais en position secondaire, remaniée par un établissement plus récent situé au sommet de la colline de Kourvellos. Le corpus s’élève à 3327 pièces ; il est composé d’outils, lames, éclats, débris, nucléus et blocs. Il s’agit d’un ensemble homogène du point de vue chronologique ; aucun élément typologique n’indique un mélange entre des vestiges de différentes périodes du Néolithique. Le fait que les vestiges aient été remaniés par une occupation plus récente ont conduit à ne pas pratiquer de tamisage, ce qui a réduit la proportion des petits éclats. Les produits majoritaires sont, de ce fait, de dimensions supérieures à 2 cm. Cet aspect n’a cependant que peu d’incidence sur l’analyse de cette industrie. De manière générale, les produits de débitage présentent un taux de fragmentation relativement important, ce qui n’est guère étonnant pour un habitat dont la couche a subi un important remaniement par une occupation plus récente. Les silex ne sont que rarement patinés mais ils présentent souvent des traces de feu dans une proportion qui varie entre 5 et 20% selon les secteurs. Cela a quelque peu handicapé la détermination des matières premières.

M atthieu H onegger

Matière première Au vu du temps à disposition pour étudier la série lithique, le classement de la matière première s’est limité à la reconnaissance des principales variétés siliceuses utilisées. Ces dernières, malgré leur diversité apparente, proviennent toutes des craies de la formation de Lefkara, qui représente la source de matière siliceuse la plus importante de l’île. Les affleurements les plus proches se situent à une distance comprise entre 5 et 10 km de Kataliondas et les types de silex reconnus se retrouvent notamment sur les gisements de Khirokitia et de Shillourokombos, où leurs caractéristiques ont été décrites à l’occasion de l’étude de l’industrie de ces sites (Astruc 2002, p. 28–37 ; Briois 2011, p. 664–667). Nous avons ainsi distingué six catégories de silex (ou chert selon la terminologie anglo-saxonne) auxquelles s’ajoute une catégorie de divers et indéterminés (fig. 2). Cette dernière se compose en majorité de produits brulés dont la matière n’était pas reconnaissable, ainsi que de quelques variétés rares. Il faut souligner ici que l’obsidienne importée du continent n’est représentée que par un fragment d’éclat. A la suite de F. Briois (Briois 2011, p. 664), nous désignons par cherts les matériaux opaques ou granulaires et réservons le terme de silex aux variétés translucides. Les matières de Kataliondas désignées par les sigles « C1 et C2 » correspondent à des cherts opaques de couleur claire, blanc à beige, de qualité moyenne (fig. 2). Ceux nommés « S1 et S2 » représentent des silex translucides de bonne qualité, de couleur beige à ocre-brun, moins fragile que la variété précédente. Quant au silex de type « G », il s’agit d’un chert granulaire gris à matrice opaque litée qui se présente sous forme de plaquettes. Enfin, la dernière matière reconnue sous le sigle « J », appelée parfois jaspe, est un chert granulaire d’un rouge vif, fragile et cassant, de faible aptitude à la taille. Le décompte des matières premières montre une nette dominance des cherts opaques qui représentent environ 56% du total de l’industrie. Quant aux cherts granulaires, ils atteignent près de 7% de l’ensemble. Enfin, les deux principales

La datation de l’occupation néolithique pré-céramique 17

variétés de silex translucides affichent une proportion légèrement supérieure à 19%. Si l’on fait abstraction de la catégorie des divers et indéterminés dont le fort pourcentage (près de 17%) s’explique par le taux élevé de silex brûlés, l’ensemble des cherts opaques ou granulaires représente 77% des matériaux déterminés, tandis que les silex translucides ont un taux de 23%. L’étude de l’industrie de Shillourokombos a montré que le recours à ces deux catégories de matériaux siliceux évoluait de manière significative durant la longue occupation de ce site (Briois 2011, p. 667–668). Alors que durant la phase ancienne, vers 8500–7500 av. J.-C., les silex translucides dominent largement le spectre des matières premières avec un taux dépassant 80%, ceux-ci décroissent à la phase moyenne pour atteindre seulement 12% durant la phase récente (vers 7200–6900 av. J.-C.). Les cherts opaques suivent eux une évolution inverse, tandis que les cherts granulaires représentent une proportion moindre de l’ensemble. L’industrie de Khirokitia confirme cette tendance, même si le classement des matières premières opéré par L. Astruc ne permet pas de regrouper toutes les variétés de silex selon le même principe qu’à Shillourokombos. Sur ce site plus récent, datés environ entre 7000 et 5500 av. J.-C., les silex translucides sont bien moins utilisés que les cherts opaques, pour atteindre une proportion de l’ordre de 10 à 20 % de l’ensemble.

Technologie Si l’on met de côté les débris et les éclats inférieurs à 2 cm, l’ensemble de l’industrie est dominé par les éclats supérieurs à 2 cm, dont le nombre atteint 1754 unités. Quant aux lames et lamelles, elles sont au nombre de 389. De manière générale et conformément aux observations faites à Khirokitia (Astruc 2002, p. 38–43), les produits ont été débités par percussion directe. A l’exception du chert granulaire se présentant sous forme de plaquette dont les produits ont été introduits sur le site sous une forme déjà débitée, toutes les grandes catégories de matières

premières ont livré quelques blocs testés ou nucléus, ces derniers ayant été utilisés pour le débitage d’éclats, du moins dans leur phase finale. Pour ces matériaux, les plages corticales sont généralement rares et laissent supposer que la mise en forme des blocs a été réalisée hors du site, alors que le débitage à proprement parler a été pratiqué sur place. On note par ailleurs l’absence de pièces techniques attestant d’une préparation ou d’un entretien spécifique des nucléus comme des lames à crêtes, des néocrêtes ou encore des tablettes de réavivage de plan de frappe. Les talons des lames et des éclats sont en majorité lisses et épais. Dans le cas des lames, les corniches sont souvent réduites par quelques enlèvements en direction de la surface de débitage (fig. 3, nos 5 à 7). Lames et éclats ont été essentiellement obtenus par débitage unipolaire, mais quelques exemplaires en chert opaque de dimensions plus importantes ont été réalisés par percussion bipolaire (fig. 3, nos 1 à 3). Si seulement trois exemplaires ont pu être identifiés, la fragmentation relativement importante de ces supports allongés nous a probablement conduit à ne pas tous les identifier. La rareté du débitage bipolaire au profit d’un débitage unipolaire nous rapproche à nouveau de l’industrie de la phase récente de Shillourokombos et de celle de Khirokitia. En effet, le débitage bipolaire caractérise avant tout les périodes plus anciennes. L’industrie de Kataliondas livre en majorité des produits obtenus à l’aide d’une préparation relativement simple, sans aménagement du nucléus, si ce n’est la mise en place d’un plan de frappe lisse. Dans le cas du chert granulaire en plaquette, on retrouve d’ailleurs le même schéma de production laminaire décrit à Khirokitia (Astruc 2002, fig. 22), où les arêtes des plaquettes ont servi de guide à l’amorce du débitage, favorisant l’obtention de produits à dos cortical (fig. 3, nos 4, 5 et 7).

Typologie Nous avons décompté 510 éclats et lames portant des traces d’enlèvements, soit de morphologie

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irrégulière résultant généralement de leur utilisation, soit d’un véritable aménagement réalisé par une retouche intentionnelle (fig. 4). L’inventaire typologique indique une dominance des pièces à enlèvements irréguliers, qui comprennent des lames ou des éclats présentant des bords plus ou moins grignotés, des coches ou de vagues denticulations. A ces types que nous considérons comme peu caractéristiques s’ajoute une proportion non négligeable de pièces esquillées (fig. 5, nos 6 et 7). Parmi les produits façonnés par une retouche intentionnelle, il faut souligner la proportion relativement importante de grattoirs (fig. 5, nos 1–4) et la bonne représentation des encoches vraies (fig. 5, no 8). Viennent ensuite toute une gamme de types plus rares, dont la proportion s’approche de 5% ou lui est inférieure. Il faut y souligner la présence de lames ou éclats à retouche latérale, qui semble représenter le type dominant à Khirokitia où il est désigné par le terme de pièce à dos (Astruc 2002, p. 45). On mentionnera également la présence de burins ou chanfreins, ainsi que la rareté des pièces à retouche abrupte (bords abattus, troncatures et perçoirs). Enfin, nous avons créé une catégorie désignée par le terme de pièces géométriques. Il s’agit de lames, plus rarement d’éclats, fragmentés par flexion, dont une des extrémités, parfois les deux, ont pu être reprises par une retouche semi-abrupte à abrupte (fig. 5, nos 9–11). Il arrive aussi que le dos de ces pièces de dimensions relativement réduites ait été aménagé. Leur partie tranchante présente assez souvent des traces de lustre ou alors un grignotage s’apparentant à une microdenticulation. Ce type, même s’il ne résulte pas d’un procédé standardisé, paraît correspondre à des armatures de faucille destinées à être emmanchées. Malgré qu’il ne soit pas très abondant, il semble se substituer aux pièces géométriques signalées pour des périodes plus anciennes (Briois 2011, fig. 15 ; Mac Cartney 2007, fig. 2, a-d). Sur deux de ces armatures ont été identifiés des traces d’impact qui suggère leur utilisation en tant que tête de projectile, ce qui représente un certain intérêt, sachant que les armatures de flèches sont inconnues dans les industries lithiques de Chypre, entre les 8e et 6e millénaires av. J.-C.

M atthieu H onegger

Les comparaisons typologiques avec d’autres séries lithiques sont délicates car l’appréciation des types et leur reconnaissance varie de manière non négligeable selon les auteurs, notamment pour des produits dont le caractère intentionnel de la retouche n’est pas toujours évident à évaluer. Les types les plus caractéristiques qui pourraient avoir une valeur chronologiques et/ ou culturelle sont finalement peu nombreux pour la période dans laquelle semble s’inscrire l’industrie de Kataliondas. En se penchant sur les séries de Shillourokombos et de Khirokitia, un seul aspect de la typologie semble pouvoir être relevé. Il s’agit des grattoirs dont la fréquence à Kataliondas est légèrement supérieure à 16%, faisant de ce type, le plus abondant dont l’intentionnalité dans la réalisation ne fait aucun doute. A Shillourokombos, les grattoirs sont particulièrement bien représentés à la fin de la phase ancienne et dans la phase récente. A Khirokitia par contre, cet outil est totalement absent du corpus des pièces retouchées. Cette différence aurait tendance à rapprocher notre série de celle de la phase récente du premier site.

Proposition de datation du site Suite à cette étude préliminaire dont l’objectif était de proposer une datation du site de Kataliondas, nous pouvons retenir un certain nombre d’observations pertinentes sur le plan chronologique. Elles concernent aussi bien la matière première, que la technologie et la typologie (fig. 6). Les deux principaux sites de comparaison utilisés n’étant pas très éloignés du gisement étudié, il n’y a pas lieu de penser que des obstacles particuliers aient pu entraver la diffusion des techniques et des styles. Par ailleurs, les matières premières utilisées appartiennent toutes à la même formation qui affleure dans le secteur. Le principe d’une datation par comparaison est donc parfaitement acceptable dans ce contexte. Nous pouvons d’emblée écarter l’idée que Kataliondas puisse appartenir à l’une des premières phases du Néolithique chypriote,

La datation de l’occupation néolithique pré-céramique 19

les pointes de flèches en sont en effet absentes alors qu’elles sont présentes au 9e millénaire av. J.-C. à Shillourokombos, dans la phase contemporaine du PPNB ancien et moyen du continent, ou encore sur le site d’Asprokremnos, dont une phase contemporaine du PPNA du continent a été récemment identifiée (Manning et al. 2010). Durant les phases anciennes de Shillourokombos, le silex translucide domine l’industrie, l’obsidienne est présente même si elle demeure peu abondante et le débitage bipolaire est bien attesté. Cette tendance est en déclin pendant la phase moyenne du même site. Le silex translucide n’y représente plus que 50% de l’industrie mais le débitage bipolaire est encore pratiqué régulièrement. Ces caractéristiques ne sont pas représentées dans notre série qui s’inscrit donc dans une période plus tardive. C’est finalement à la phase récente de Shillourokombos que l’industrie de Kataliondas se rapproche le plus, avec un silex opaque dominant et un débitage bipolaire devenu rare. Certes, le site de Khirokitia présente lui aussi de nombreuses

similarités, mais il semble que le silex translucide y soit encore moins bien représenté et la typologie montre une absence totale de grattoir. Bien qu’il soit difficile de faire de cette dernière observation un critère chronologique déterminant, le fait que les grattoirs soient fréquents tout au long de la séquence de Shillourokombos, tout comme à Kataliondas, nous incite à rapprocher ce dernier site du précédent. Finalement, nous proposons de situer le site de Kataliondas juste après la séquence de Shillourokombos et probablement un peu avant celle de Khirokitia ou au début de celle-ci. Comme l’occupation de ce dernier site couvre une longue période (7000–5500 av. J.-C.) et que le phasage des occupations successives du lieu n’a pas été clairement établi, il est difficile d’être plus précis quant au positionnement chronologique de Kataliondas. Finalement, ce dernier doit s’inscrire dans le 7e millénaire av. J.-C., probablement même dans sa première moitié. Pour conforter cette première proposition, il est clair qu’il faudrait la confronter à d’autres moyens de datation, si l’occasion se présente.

Andreas-Kastros

Asprokremnos Massif du Troodos

Kataliondas

Mylouthkia Kalavasos-Tenta Shilourokambos

Khirokitia

30 km

Fig. 1.  Localisation du site de Kataliondas Kourvellos et des principaux sites du Néolithique pré-céramique de Chypre.

20

M atthieu H onegger

Matières premières

C1

C2

J

S1

S2

G

Divers et indéterminés

Total

Total

631

1235

123

392

245

106

595

3327

%

19.0

37.1

3.7

11.8

7.4

3.2

17.9

100

Fig. 2.  Tableau de décompte des principales matières premières utilisées dans l’industrie lithique taillée de Kataliondas Kourvellos. Cherts opaques (C1, C2), silex translucides (S1, S2), chert granulaire en plaquette (G) et jaspe ou chert granulaire rouge vif (J).

Fig. 3.  Lames brutes ou retouchées, en silex ou en chert de Kataliondas Kourvellos. Lames à débitage bipolaire (1–3), lames sur silex en plaquette (4–7), lamelles (8–9). Ech : 2/3.

Typologie des outils

Total

%

Enlèvements irréguliers

160

31.4

Pièce esquillée

82

16.1

Grattoir

78

15.3

Encoche

63

12.4

Retouche latérale

32

6.3

Géométrique

25

4.9

Burin/chanfrein

23

4.5

Bord abattu

12

2.4

Denticulé

10

2.0

Troncature

7

1.4

Perçoir

6

1.2

Lame apointée

3

0.6

Pièce bifaciale

2

0.4

Total

510

100.0

Fig. 4.  Tableau de décompte des principales catégories d’outils en silex et en chert de Kataliondas Kourvellos.

La datation de l’occupation néolithique pré-céramique 21

Fig. 5.  Outils en silex ou en chert de Kataliondas Kourvellos. Grattoirs (1–4), pièces esquillées (5–6), encoche (9) et pièces géométriques (9–11). Ech : 2/3.

av. J.-C.

pointes flèches

5500

silex obsidienne translucide

débitage bipolaire

grattoirs

Khirokitia Kataliondas 6900 Shillourokambos phase récente 7200 7500

Shillourokambos phase moyenne Shillourokambos phase ancienne

8500

Fig. 6.  Tableau de comparaison entre les sites de Kataliondas, Khirokitia et Shillourokombos, avec les principales caractéristiques de l’industrie lithique taillée qui permettent de proposer une datation de l’industrie étudiée dans le présent article.

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Bibliographie Astruc 2002 Astruc, L., L’outillage lithique taillé de Khirokitia : analyse fonctionnelle et spatiale (Collection de recherches archéologiques – Monographies 25), Paris, 2002. Briois 2011 Briois, F., « Les industries lithiques du Néolithique pré-céramique », in : Guilaine, J., Briois, F. et Vigne, J.-D., dir., Shillourokambos, un établissement néolithique pré-céramique à Chypre. Les fouilles du secteur 1, Paris, 2011, p. 663–687. Buchholz & Ender 1992 Buchholz, H.-G. et Ender, W., « KataliontasKourvellos, eine präkeramische Siedlung im Zentrum Zypern », Prähistorische Zeitschrift, 67, 2, 1992, p.163–182. Guilaine & Le Brun 2003 Guilaine, J. et Le Brun, A., dir., Le Néolithique de Chypre (Actes du colloque international organisé par le Département des antiquités de Chypre et l’Ecole française d’Athènes, Nicosie, 17–19 mai 2001), Paris, 2003. Guilaine et al. 2011 Guilaine, J., Briois, F. et Vigne, J.-D., dir., Shillourokambos, un établissement néolithique

M atthieu H onegger

pré-céramique à Chypre. Les fouilles du secteur 1, Paris, 2011. Mac Cartney 2007 Mac Cartney, C., « Assemblage diversity in the early middle Cypriot aceramic Neolithic », in : Astruc, L., Binder, D. et Briois, F., dir., Systèmes techniques et communauté du Néolithique pré-céramique au ProcheOrient, Antibes, 2007, p. 215–225. Manning et al. 2010 Manning, S.W., Mac Cartney, C., Kromer, B. et Stewart, S.T., « The earlier Neolithic in Cyprus: recognition and dating of a Prepottery Neolithic A occupation », Antiquity, 84, 325, 2010, p. 693–706. Morrison & Watkins 1974 Morrison, I. et Watkins, T., « KataliondasKourvellos  : a Survey of an Aceramic Neolithic Site and its Environs in Cyprus », Palestine Exploration Quarterly, 106, 1974, p. 67–75. Watkins 1979 Watkins, T., « Kataliondas-Kourvellos : The Analysis of the Surface-Collected Data », in : Karageorghis, V., éd., Studies Presented in Memory of Porphyrios Dikaios, Nicosie, p. 12–20.

Julien Beck et Despina Koutsoumba

À la recherche d’un établissement néolithique submergé dans la baie de Kiladha (Argolide) : données anciennes et données nouvelles

Depuis 2012, une équipe gréco-suisse mène des recherches sous-marines dans la baie de Kiladha, au sud de l’Argolide1. L’objectif y est l’étude des sites et des paysages préhistoriques submergés. Le choix de l’endroit est lié à la grotte de Franchthi, un site préhistorique d’importance qui se trouve sur la rive orientale de la baie (fig. 1 et 2). La grotte a été fouillée dans les années 1960 et 1970 par des chercheurs de l’Université d’Indiana, sous la direction de Th. Jacobsen2. Les travaux ont montré qu’elle a été occupée pendant au moins 35,000 ans, du Paléolithique supérieur à la fin du Néolithique. Or au Néolithique, l’occupation n’est plus centrée uniquement sur la grotte. Elle se fait en partie à l’extérieur, comme en témoignent les vestiges découverts proches d’une petite plage de galets, dans le secteur dit « Paralia » (fig. 2). Les vestiges en question, qui comprennent des murs, pourraient appartenir à la périphérie d’un site de plein air (un établissement ?). La plus grande partie de ce dernier se trouverait actuellement dans la baie, sous les sédiments marins, à cause de la montée du

1

Il s’agit d’un projet de l’Université de Genève, sous l’égide de l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce et en collaboration avec l’Ephorie des antiquités sousmarines. Nous tenons à remercier A. Simosi, directrice de l’Ephorie des antiquités sous-marines, et K. Reber,

niveau de la mer qui fait suite à la dernière période glaciaire. Les premières recherches dans la baie remontent à la fin des années 1970 et au début des années 1980 (Gifford 1990 ; van Andel & Sutton 1987). Des profils sismiques y ont été réalisés (en 1979) pour en connaître le sous-sol, et deux campagnes de carottage (en 1981 et 1985) y ont été effectués. Quelques unes des carottes ont livré des tessons de céramique datant du Néolithique, ainsi que d’autres indices faisant penser à la présence d’un établissement (Gifford 1990). Cependant, malgré ces résultats prometteurs, les recherches n’ont pas été poursuivies. En 2012, au moment de reprendre les investigations dans la baie, il était nécessaire de préparer le terrain, d’une part en effectuant un levé bathymétrique (en vue d’éventuels travaux sous-marins), et d’autre part en consultant les archives de la fouille de Franchthi, dans l’espoir d’y glaner quelque information supplémentaire sur l’étendue, au-delà du secteur « Paralia » et du rivage, de l’établissement néolithique.

2

directeur de l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce, de leur soutien. Les résultats des fouilles ont été publiés dans de nombreux articles et une série de monographies (la collection Excavations at Franchthi Cave, Greece, qui compte déjà une quinzaine de volumes).

24

J ulien B eck

et

D espina K outsoumba

Tableau 1:  comparaison des profondeurs calculées (par mesure directe en 1985 et d’après le levé bathymétrique de 2012) pour chaque site de carottage de 1985 (pour l’origine des mesures directes, voir Gifford 1990, p. 89, Table 2) Carottes de 1985

Profondeur calculée en 1985

Profondeur bathymétrie 2012

Carottes de 1985

OK 85/1

4.0

4.0–4.5

OK 85/7

3.95

3.5–4.0

OK 85/2

5.5

5.5–6.0

OK 85/8

3.0

3.5–4.0

OK 85/3

4.2

4.0–4.5

OK 85/9A

5.1

5.0–5.5

OK 85/4

4.0

4.0–4.5

OK 85/10

9.1

9.0–9.5

OK 85/5

5.25

5.0–5.5

OK 85/11

10.2

10.0–10.5

OK 85/6A

4.3

4.5–5.0

OK 85/1B

4.1

4.0–4.5

OK 85/1A

4.1

4.0–4.5

OK 85/12

3.6

3.5–4.0

La bathymétrie Le levé bathymétrique a été réalisé à l’été 20123 (Beck et al. 2013), à l’aide d’un échosondeur mono-faisceau (le Marimatech E-Sea Sound 206 du Département F.-A. Forel de l’Université de Genève) monté sur le côté d’un navire de type zodiac et couplé à un GPS. Durant plusieurs jours, la zone entre la grotte de Franchthi et l’île de Koronis a été sillonnée de manière à produire un levé détaillé (fig. 1). Un premier levé bathymétrique avait déjà été établi à partir des mesures sismiques mentionnées supra (van Andel et al. 1980, fig. 5). Il avait fait l’objet de critiques au début des années 1980, lors des deux campagnes de carottage dans la baie, car il ne correspondait pas à la profondeur d’eau calculée pour chaque carotte (différence de 1–2 m) : il avait donc été « corrigé » en conséquence, mais de manière assez approximative (Gifford 1990, p. 89). Qu’en est-il des résultats obtenus avec le levé bathymétrique de 2012 ? Sont-ils conformes aux profondeurs indiquées par les carottages ? Si on fait figurer l’emplacement des carottes de 1981 (FC 1 et FC 2, dont les positions respectives correspondent à peu près à celles des carottes OK 85/1 et OK 85/2 de 1985, voir Gifford 1990, p. 88) et de 1985

3

Les mesures ont eu lieu du 16 au 20 juillet. Elles ont été faites par V. Sastre, de l’Université de Genève. Les recherches étaient sous la responsabilité de A. Simosi, directrice de l’Ephorie des antiquités sous-marines, et de K. Reber, directeur de l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce. Sur le terrain, les travaux étaient menés

Profondeur calculée en 1985

Profondeur bathymétrie 2012

sur le levé en question (fig. 2), on constate que, dans la grande majorité des cas, la profondeur correspond remarquablement (Tableau 1). Seuls deux sites de carottage posent problème : OK 85/6A (décalage de 0.2 m) et OK 85/8 (décalage de 0.5 m). Ces décalages peuvent s’expliquer de plusieurs manières : par une imprécision du levé bathymétrique de 2012, par une erreur de calcul de la profondeur d’eau pour les carottes en question (considérée à l’époque comme précise à ±0.05 m, voir Gifford 1990, p. 89), par une erreur de calcul de l’emplacement des carottes en question, par des irrégularités du fond marin qui ne seraient pas prises en compte par la modélisation résultant des mesures bathymétriques, etc. Ici, données anciennes et données nouvelles se marient presque parfaitement, l’utilisation des deux méthodes de mesure indépendantes permettant de croiser les résultats et, dans le cas présent, d’en confirmer la qualité.

Les archives Rares sont les opportunités, dans les années 1970 et 1980, d’un accès direct au sous-sol marin dans la baie de Kiladha. C’est pourtant ce qui se produit en

du côté grec par D. Koutsoumba, assistée de deux plongeurs de l’Ephorie des antiquités sous-marines (Z.-L. Mersenié et G. Oikonomopoulos), et du côté suisse par J. Beck (Université de Genève) et F. Langenegger (Laténium).

À la recherche d’un établissement néolithique submergé 25

juillet 1976, à l’occasion de travaux de dragage au large de la grotte de Franchthi. Cet épisode, resté inédit à ce jour4, qui voit l’intervention de plongeurs dans une tranchée sous-marine, à la recherche de vestiges préhistoriques, est une première dans la baie, bien avant les carottages de 1981 et 1985. Il est relaté dans le « notebook » 560 de la fouille de Franchthi5 (p. 12–14 et 16–18, voir la transcription des notes en annexe). L’objectif des chercheurs6 est de vérifier la présence ou l’absence d’activité humaine préhistorique à cet endroit de la baie (p. 17). Les résultats ne sont pas concluants de ce point de vue, mais sont tout de même significatifs sur le plan géomorphologique et archéologique, raison pour laquelle ils sont présentés ici. L’emplacement de la drague (et des activités de dragage) est décrit en p. 12 du « notebook », datée du 12 juillet 1976, et sur le croquis de la p. 13. La drague est arrimée aussi près de la plage (et du secteur « Paralia ») que possible. Sa position est calculée à partir de deux points de la fouille : le coin nord-est du sondage L5 (point 1), et le coin sud-est du sondage Q5 (point 2). Depuis le point 1, l’azimut de la drague (ou de la tour de sa grue, pour être plus précis) est de 234°, et de 276° depuis le point 2. Sachant que les points 1 et 2 sont (virtuellement) alignés sur le Nord et distants de 30 m, la drague (la tour de sa grue) se trouve donc à 3,79 m au nord et à 36,06 m à l’ouest du coin sud-est du sondage Q5 (point 2)7. Les activités de dragage ont lieu de part et d’autre de la grue de la drague, en direction de la plage et en direction du large. Il en résulte une tranchée orientée d’est en ouest dont la base est estimée à 3 m sous le niveau de la mer pour l’extrémité en direction de la plage (par 1,5 m de fond), et à 3,5 m sous le niveau de la mer pour l’extrémité

en direction du large (par 2,7 m de fond). Sa longueur serait d’une dizaine de mètres (d’après le croquis de la p. 13). Ces estimations initiales (dimensions de la tranchée et profondeur de l’eau) sont démenties par la suite (voir infra). Trois échantillons de sédiment marin sont prélevés et tamisés lors des activités de dragage. La description en est faite à la p. 14 :

4

6

5

Nous remercions K.D. Vitelli (Université d’Indiana), l’actuelle directrice de la fouille de Franchthi, de nous avoir donné la permission d’en rendre compte ici. Les « notebooks » en question font partie des archives de Franchthi : ils contiennent les notes d’origine de la fouille, prises sur le terrain de 1967 à 1979. Ils sont conservés dans les réserves du Musée archéologique de Nauplie. Au nombre de 65, ils sont numérotés (de façon discontinue) de 501 à 569 (il manque les numéros 503, 504, 522 et 543).

– l’échantillon 1 est pris en direction du large par rapport à la drague. Il s’agit de limon sablonneux gris foncé. Dans le refus de tamisage, quelques graviers fins, et coquillages à plus de 95%. Aucun vestige ; – l’échantillon 2 est pris en direction de la plage par rapport à la drague. Il s’agit de gravier limoneux et sablonneux gris-brun. Dans le refus de tamisage, gravier fin avant tout, quelques pierres allogènes (« greenstone »8) et coquillages. Vestiges : un tesson de céramique, deux éclats d’obsidienne et quatre petits éclats de silex rouge. Il est précisé que l’échantillon pourrait être incomplet, à cause de la méthode utilisée (dragage) : son contenu le plus fin risque en effet d’avoir été entraîné par l’eau qui s’écoule lorsque le sédiment prélevé par la grue sort de la mer ; – l’échantillon 3 est pris à la base de la tranchée (à environ 1,3 m sous le fond marin), en direction de la plage par rapport à la drague. Il s’agit de gravier limoneux et sablonneux, comme pour l’échantillon 2. Vestiges : quatre tessons de céramique et trois éclats de silex rouge. Même remarque que pour l’échantillon précédent concernant le mode de prélèvement et ses conséquences sur la préservation du contenu le plus fin.

7 8

Il s’agit, selon les notes, de T. Wilkinson, S. Payne, F. Cooper, G. Elftmann, L. Wilcox, J. Dengate et D. Van Horn. Il y a plusieurs auteurs, d’après les différentes graphies. Le seul à être identifiable avec certitude est T. Wilkinson (p. 12–14). L’endroit est marqué d’une croix (et appelé « DR 76 » pour dragage 1976) sur la fig. 2 du présent chapitre. On trouve de la serpentine dans les environs de la grotte (Wilkinson & Duhon 1990, p. 3) et dans certaines carottes (ainsi que du quartz, par exemple. Voir Gifford 1990, p. 94 et suivantes).

26

La forme, l’orientation et les dimensions de la tranchée sont précisées à la p. 17, datée du 27 juillet 1976, et à la page suivante. Ces informations sont le résultat de plusieurs plongées, et diffèrent substantiellement de ce qui est décrit en p. 12 et 13 (voir supra). La tranchée est plus ou moins rectiligne, orientée grosso modo du nord-est au sud-ouest (si on en croit la mention de « northwestish scarp » en p. 17, quelque peu contredite par l’affirmation « sloping down from east to west » à la p. 18), sur une longueur de 2,63 m (entre les points A et B situés de part et d’autre du bord nord-ouest de la tranchée). Sa largeur est estimée à environ 2 m. Au fond de la tranchée, sous une couche de limon d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur (après les travaux de dragage), les plongeurs atteignent à plusieurs reprises une surface rocheuse faite de pierres et d’éclats calcaires. Cette surface accuse une forte pente en direction du large, plus marquée que celle du fond marin : entre les points A et B, distants de 2,63 m, la différence d’altitude est de 0,09 m pour le fond marin, et de 0,7 m pour la surface rocheuse en question, comme on peut le voir sur le croquis de la p. 16 du « notebook » (exagération horizontale : 2x). D’après le même croquis, les pierres et les éclats calcaires qui composent la surface rocheuse ne sont apparemment pas émoussés par leur séjour dans l’eau. Le nettoyage de la coupe nord-ouest de la tranchée, dans l’espoir d’y trouver des vestiges, s’avère impossible : les plongeurs brassent trop de sédiment marin par leurs mouvements pour que la visibilité sous l’eau soit suffisante. Toujours en p. 17, un paragraphe évoque un autre sondage sous-marin, ouvert le 22 juillet et poursuivi le 27. Sa position est impossible à établir en l’état (d’après le « notebook », elle pourrait être déterminée grâce aux notes prises à l’époque par F. Cooper). Ses dimensions sont inconnues. Un tesson de céramique y a été retrouvé, à 0,3 m sous le fond marin, ainsi que des éclats calcaires. L’opération de dragage de 1976 est intéressante en cela qu’elle permet un accès direct à la surface terrestre précédant la transgression marine, c’està-dire au paléosol de la fin du Pléistocène et du début de l’Holocène – le niveau sur lequel se

J ulien B eck

et

D espina K outsoumba

trouverait un éventuel établissement néolithique. Il s’agit de la surface rocheuse composée de pierres et d’éclats calcaires retrouvée au fond de la tranchée. La présence de mobilier archéologique (six tessons de céramique, deux éclats d’obsidienne, sept éclats de silex rouge, sans compter les pierres allogènes) est aussi significative, ne serait-ce que par sa quantité et sa répartition : on en trouve dans deux des trois échantillons prélevés lors des activités de dragage, et dans le sondage ultérieur. Comment l’expliquer ? S’agit-il d’éléments en place, ou déplacés par l’érosion ? Les chercheurs soulignent quant à eux la forte pente du paléosol, plus marquée que celle du fond marin (p. 18). Cela permet d’en apprendre davantage sur la géomorphologie de l’endroit à la fin de la préhistoire. La question a été abordée plus récemment (Wilkinson & Duhon 1990, p.78–81) en lien avec l’étendue de l’établissement néolithique submergé : les auteurs ont tenté d’extrapoler la position et l’inclinaison du paléosol à partir des vestiges du secteur « Paralia ». Deux hypothèses principales ont été retenues, menant à une conclusion qui tient compte des profils sismiques de 1979 et des carottages de 1981 et 1985, mais pas des résultats de l’opération de dragage de 1976 (alors même que T. Wilkinson se trouve être l’auteur des p. 12–14 du « notebook » 560, voir note 6). Ces deux hypothèses sont reprises ici dans une coupe est-ouest du secteur « Paralia » (d’après Wilkinson & Duhon 1990, p.79, fig. 34), qui inclut cette fois-ci la tranchée de dragage 1976 (fig. 3). La ligne a correspond à une estimation de la surface terrestre après accumulation des dépôts archéologiques du secteur « Paralia ». Elle rejoint le fond marin (la ligne c’) au point d (qui indiquerait en quelque sorte l’extension minimale de l’établissement néolithique vers l’ouest, à environ 18 m de la limite actuelle). La ligne b correspond à une estimation de la surface terrestre depuis que les dépôts archéologiques sont érodés. La ligne c’ illustre la première hypothèse, selon laquelle le paléosol correspond grosso modo au fond marin actuel. Quant à c’’, elle illustre la seconde hypothèse, celle d’un paléosol accusant une pente plus marquée qu’en c’, a priori plus compatible avec les résultats des profils sismiques

À la recherche d’un établissement néolithique submergé 27

et des carottages, qui identifient le paléosol à plusieurs mètres sous le fond marin. Les auteurs soulignent que, a et c’’ étant parallèles, dans la seconde hypothèse l’établissement néolithique pourrait, théoriquement du moins, s’étendre indéfiniment vers l’ouest (Wilkinson & Duhon 1990, p. 81). En tenant compte des résultats de l’opération de dragage de 1976, de la bathymétrie de 2012 et des carottages de 1981 et 1985 (fig. 3), on constate que le paléosol accuse effectivement une pente marquée, mais pas directement à l’ouest de la plage : c’est au niveau de la tranchée de dragage que sa déclivité est la plus forte (27%). Ainsi, quelle que soit la position exacte de la tranchée vis-à-vis de la grue de la drague, ou sa profondeur absolue (les mesures ayant été prises à partir de la « Paralia benchmark I » établie le 14 juin 1976 par F. Cooper à 3,196 m au-dessus du niveau de

la mer –mais quel niveau de la mer ? –, voir « notebook » 560, p. 16, et « notebook » 563, p. 1), il n’en reste pas moins que jusqu’à une vingtaine de mètres au minimum de la plage le paléosol forme une sorte de replat – endroit idéal pour installer un établissement néolithique proche de la grotte. Dans ce modèle, les deux hypothèses (Wilkinson & Duhon 1990, p.78–81) sont retenues (directement à l’ouest de la plage, le paléosol correspond grosso modo au fond marin actuel, avant d’accuser une pente marquée plus compatible avec les résultats des profils sismiques et des carottages), et les vestiges du secteur « Paralia » forment bel et bien la périphérie d’un site de plein air dont l’étendue vers l’ouest est conditionnée par la géomorphologie. Il s’agit désormais d’employer d’autres méthodes pour le vérifier.

Annexe : transcription des pages 12–14 et 16–18 du « notebook » 560 de la fouille de Franchthi

Dredger moored as close to shore as possible, sitings taken from both ends of Paralia long base line (as used by T.J.W. [Tony J. Wilkinson] 1974). For Position no 1 the angle of depression too low for accurate reading therefore readings taken from Q5 SE corner and L5 NE corner. These are plotted on the map.

N.B. la page 15 est vierge. Page 12 (texte) Offshore Dredging Monday 12th July 1976 Position 1 Base line Time N. end. S. end. 6.40–6.45pm   201°30’ 310°00’          |__________________|           Mast*

Q5 SE corner

L5 NE corner

258°00’ 276°00’

221°30’ 234°00’

*readings from North end inaccurate due to very high angle of depression. Q5/L5 readings better.

Water depths plumbed by S. Payne. a) Shoreward   b) Seaward  

1.50m 3.00m 2.70m 3.50m

(water depth) (base of dredged hole) (water depth) (base of dredged hole)

28

J ulien B eck

Page 13 (croquis de la grotte et de la baie) Dredge position 1 a and b rough locations mast of boat dredging crane Page 14 (texte) Samples from dredge 1) Offshore of boat Dark grey 10YR 4/1 – 10Y 4/0 (N4) sandy silt. In residue max. size of stone 1.5 cm (only one). Fine gravel is rare in sample but by far the greatest proportion of residue (> 95%) is shell. No Artifacts. 2) Near Shore of boat Dark grayish brown 2,5Y 4/2 (wet) silty sandy gravel stones up to 9 cm long axis, in residue stones > 3 cm are common but most of the residue consists of fine gravel. Commonly fine gravel are bead [?]‌rounded but greenstones and other foreign stones are rare [?]. Larger stones frequently gritted [?] by solution and also possess solution-rounded edges. Occasional shells. Artifacts:

7 sherds

 

2 obsidian flakes

 

4 very small flakes of red flint

pt B Elevation on rocks -3.999 m

2.50 m

et

D espina K outsoumba

N.B. this sample came up as slurry – probably much of the fine content was washed out during dredging activity; textual description may therefore be misleading. 3) (#6 T.W.J. [T. W. Jacobsen]) taken from shoreward side of boat from base of pit ‘dug’ by dredge – about 1.3 m below seabed. Slurry as 2). Dark grayish brown 2,5Y 4/2 (wet) silty sandy gravel. In residue maximum stone size 7 cm and stones > 3 cm common. Again abundant fine gravel. Gravel description as in 2). Artifacts:

4 sherds

 

3 flakes of red flint

Page 16 (croquis de la tranchée de dragage) Elevations are below Paralia benchmark (3.196) pt A Elevation -2.339 m on seabed surface pt B Elevation -2.429 m on seabed surface 2.63 m from point A Consistent bottom silt and an occasional pebble or limestone chip

2.00 m 1.50 m 1.00 m 0.50 m pt A -1.36 m -1.30 m -1.16 m -1.12 m Elevation below seabed below seabed below seabed below seabed on rocks surface surface surface surface -3.299 m   |___________| Points at which limestone chips, not apparently water worn, were encountered. All of bottom around these points appears to be of limestone. Some small some large, similar to the beach limestone but not water worn. Scale 1:20

Page 17–18 (texte) July 27, 1976 Point A and point B were the north-westish scarp of the hole dug by the dredge. It is not actually a straight line but meanders up to about 0.30 m on each side of the string strung in a line between points A and B.

A is nearer to the shore and floats were attached to the pins marking points A & B. Point Fred (that point set by F. Cooper and G. Elftmann out in the bay and not the one about a meter or two off shore) is 7.56 m from point A and 7.92 m from point B. We did not have an underwater compass to plot the angle of A & B with point Fred.

À la recherche d’un établissement néolithique submergé 29

The bottom of the dredge trench appears to be blue [?]‌limestone ranging in size from small chips to large size. No boulders were noted in the small pits dug in the ca. 20 cm of silt on the bottom of the dredge trench. A tape was strung between points A and B and measurements to the limestone chips were taken at 0.50 m intervals along the tape. The scarp of the dredge-trench does not appear to vary, although visibility is very poor due to the motion of the diver churning up the silt from the seabed. There is an occasional pebble and limestone chip in the silt before encountering the rock layer. Divers: Louisa Wilcox, Greg Elftmann, Jim Dengate. The elevations were taken with the same plastic 3meter rod with 2m folding rule attached that had been used earlier by F. Cooper to take the elevation of point Fred. The same range of error applies to these elevations as to the elevation of point Fred. We worked from about 11:00 am to 2:15 pm. On July 22, 1976 we worked from 2:00 to 6:00 pm, re-locating point Fred and putting a float on it and stringing a line with plastic flagging between it and the point just off shore. (See Fred Cooper’s architectural notes for the location of, distance between and elevation of these two points.) We then turned a right angle (approximated with a folding rule) and measured 1,00 m North of point Fred and

began to dig to test for any finds. 1 non-diagnostic sherd was found 0,30 m below seabed surface. Divers: David Van Horn, Greg Elftmann, Jim Dengate. This pit encountered limestone chips and was continued by Greg Elftman on July 27, 1976. In attempting to clean the scarp so much silt was stirred up that no sherds could be noted during the rest of the time spent down by the dredge trench, they may be there so no conclusions should be drawn about the presence or absence of human activity in this area. If any future work is thought of underwater, it should be done with the small portable dredges used at Halieis for undersea excavation. This clears the stirred up silt and keeps it clear so that a better study of the scarp of the dredge trench could have been made. The only conclusion from our work is that the rock layer appears to be sloping more rapidly than the present level of the seabed. Between the 2.63 m difference from point A to point B the seabed slopes only 0.10 m while the limestone rock layer ranges between 0.96 m below point A to 1.57 m below point B or 0.61 m difference between them. Therefore it is sloping down from East to West. We tried to draw the plan of the irregular rectangle of the dredge trench. The 2.63 m line appears to be the long side of the rectangle. We were not able even to estimate surely the short side due to silting up from our activity but it may be about 2 meters.

30

J ulien B eck

et

D espina K outsoumba

Baie de Kiladha : levé bathymétrique 2012

Fig. 1.  Baie de Kiladha, Grèce. Levé bathymétrique de 2012.

Baie de Kiladha : plan des carottes 1981-1985 (et de l’opération de dragage 1976) 4144200

OK K 85

4144100

OK K8 85//3

4144000 OK K8 85 85//7 OK 85/2 O 5//2 OK K 85 85/10 10

OK 85/9A /9

OK 85/1B O B OK K 85/1A 85/1A OK OK 85 5/8 8 OK 8 85/1 DR R7 76 6 OK 85/ O 85/12

Paralia

4143900

OK 85/6A / Franchthii OK 85/ 8 85 5/4 /4

4143800

OK 85/11 85

688000

688100

688200

688300

688400

688500

688600

Fig. 2.  Baie de Kiladha, Grèce. Plan du site de dragage de 1976 et des sites de carottage de 1981 et 1985.

À la recherche d’un établissement néolithique submergé 31

Baie de Kiladha : coupe est-ouest du secteur "Paralia" et de la tranchée de dragage 1976 10 m

Q4

Q5

Q6

Plage

Paléosol Dépôts archéologiques du secteur "Paralia"

0m

Position de la grue de la drague en 1976

a b

0m

-1 m

c'

Niveau de la mer

-1,5 m

-2 m

-2,5 m

-3 m

0m

d

c''

Emplacement de la tranchée de dragage 1976 (estimation)

Fond marin (d'après bathymétrie 2012) Paléosol (estimation)

-10 m 0m

10 m

20 m

30 m

40 m

10 m 0m 0m

-3 m

-3,5 m

-4 m

-4,5 m

-10 m

0m

-5 m

OK85/9A

OK85/1

50 m

100 m

-5,5 m

150 m

0m

OK85/2

200 m

Fig. 3.  Grotte de Franchthi (secteur « Paralia ») et Baie de Kiladha, Grèce. Coupe schématique est-ouest du paléosol et des sédiments, depuis le secteur « Paralia » jusqu’à la tranchée de 1976. En partie d’après Wilkinson & Duhon 1990, p.79, fig. 34.

Bibliographie Beck et al. 2013 Beck, J., Langenegger, F. et Koutsoumba, D., « Baie de Kiladha 2012 », Antike Kunst, 56, 2013, p. 107–109. Gifford 1990 Gifford, J., « Analysis of Submarine Sediments off Paralia », in : Wilkinson, T. et Duhon, S., Franchthi Paralia – the sediments, stratigraphy, and offshore investigations (Excavations at Franchthi Cave, Greece : Fascicle 6), Bloomington, 1990, p. 85–116. van Andel & Sutton 1987 van Andel, T. et Sutton, S., Landscape and People of the Franchthi Region (Excavations

at Franchthi Cave, Greece : Fascicle 6), Bloomington, 1987. van Andel et al. 1980 van Andel, T., Jacobsen, T., Jolly, J. et Lianos, N., « Late Quaternary History of the Coastal Zone near Franchthi Cave, Southern Argolid, Greece », Journal of Field Archaeology, 7, 4, 1980, p. 389–402. Wilkinson & Duhon 1990 Wilkinson, T. et Duhon, S., Franchthi Paralia – the sediments, stratigraphy, and offshore investigations (Excavations at Franchthi Cave, Greece : Fascicle 6), Bloomington, 1990.

Robert C. Arndt

Wo sind die altpalastzeitlichen Paläste?*

Seit dem Beginn der archäologischen Forschungen auf Kreta und den Freilegungen grossformatiger Gebäudekomplexe in bronzezeitlichen Siedlungszentren nimmt der Begriff des ‚Palastes‘ eine Sonderstellung ein: So findet er sich im Titel von Sir Arthur Evans‘ Monumentalwerk wieder1. Das Aufkommen der Paläste wurde mit der Entstehung einer Hochkultur gleichgesetzt2. Eines der primär genutzten relativen Chronologiesysteme beruht auf der Präsenz bzw. Absenz minoischer Paläste3. Und gerade die Suche nach solchen Palästen blieb über einen langen Zeitraum ausreichende Begründung für die Finanzierung von archäologischen Feldforschungsprojekten4.

Alles eine Frage der Definition Ein grosses Problem der Begriffsbezeichnung ‚Palast’ liegt in der Implikation, dass so bezeichnete Gebäudekomplexe eine Reihe von

Der Autor dankt der Abteilung für Altertumswissenschaften der Universität Genf und namentlich dem verantwortlichen Organisator, Herrn Dr. Julien Beck, für die Planung und Durchführung der ersten Tagung für Ägäische Studien sowie für die Möglichkeit zur Teilnahme an derselben. Frau Constanze Graml (Mainz) sei für die aufmerksame Korrektur gedankt. 1 Evans 1921–1935. 2 „Lang war der Weg, der zur Gründung der ersten Paläste auf Kreta und somit zur Entstehung der frühesten Hochkultur auf europäischem Boden führte.“ Panagiotopoulos 2000, S. 45. 3 Platon 1961, 671–676 cf. infra Fn. 10. 4 Z. B. in Palaikastro. 5 Vgl. Hägg 1987. Diese Problematik ist in der minoischen Bauforschung auch für andere Gebäudetypen bekannt,

Funktionen erfüllten. Mögliche Funktionen wurden in der Forschung ausführlich diskutiert5. Sir Arthur Evans hatte eine klare Vorstellung von einer monokratischen Struktur der minoischen Gesellschaft. Diese Sichtweise gründete auf den Studien benachbarter zeitgleicher Hochkulturen, auf der Analyse der späteren mykenischen Epoche und der Rezeption Kretas in historischen Quellen sowie auf der Sozialisierung Evans‘ selbst6. Sozialisierungsprämissen sind weitverbreitet und nie gänzlich zu vermeiden7. Um der Gesellschaftsstruktur einer prä- bzw. protohistorischen Kultur näherzukommen, lohnt es sich hingegen, erneut den archäologischen Befund, in diesem Fall die zu besprechenden Gebäudekomplexe in Zusammenhang mit den kontextualisierten Funden, möglichst unvoreingenommen zu betrachten. Bestrebungen, den Begriff des ‚Palastes‘ mit einem konnotationsfreien terminus zu ersetzen, dürften nicht zum Erfolg führen, da er eine leicht verständliche

*

6 7

z. B. für die „Minoische Villa“: Hägg 1997; und für die sog. „Guard Houses“: Chryssoulaki 1999, 78–83. Brown 1983 mit Literatur zu Evans‘ Person und Schaffen. Herausgegriffen seien willkürlich zwei Beispiele: „Häufig wurden nur die wichtigsten Räume schön herausgearbeitet…“ Fitton 2004, S. 20 unterliegt der Prämisse, dass architektonisch qualitätvolle Gebäudebereiche eine spezielle Funktion gehabt hätten. „…doch erst mit der Gründung der Paläste wurde die Verwendung von Schrift erforderlich.“ Fitton 2004, S. 76. Alternativ könnte auch postuliert werden, dass die Einführung der Schrift erst die Entstehung der Paläste ermöglichte.

34

Vorstellung vermittelt und in der Forschung, aber auch im allgemeinen Sprachgebrauch weit verbreitet ist. Der Autor zieht es vor, den,Minoischen Palast‘ als terminus technicus allein nach formalen Gesichtspunkten ohne primäre Funktionsinterpretationen zu definieren. Grundlage dafür bilden die gemeinsamen Nenner der drei zuerst ausgegrabenen Paläste in Knossos, Phaistos und Mallia. Demzufolge handelt es sich bei einem ‚Minoischen Palast‘ um einen sorgfältig geplanten und einheitlich angelegten Gebäudekomplex mit einem langrechteckigen Hof im Zentrum. Dieser Hof ist an allen Seiten von Gebäudeflügeln eingefasst und auf ihn sind die Flügel hin ausgerichtet. Die Hoffassaden waren – zumindest ebenerdig – geradlinig, die äusseren Fassaden hingegen meistens mit charakteristischen Vor- und Rücksprüngen versehen8. Für siedlungsübergreifende Betrachtungen sind bislang zwei relative Chronologiesysteme herausgearbeitet worden. Das erste orientiert sich an der knossischen Feinkeramik und geht in seinem Ursprung auf Duncan Mackenzie und Evans zurück, die eine doppelte Dreiteilung der minoischen Epoche vornahmen9. Dem zweiten liegen Architekturmerkmale und -veränderungen zugrunde, aufgrund derer eine Einteilung in eine Vor-, Alt-, Neu- und Nachpalastzeit erfolgte. Nikolaos Platon setzte dabei die Altpalastzeit mit MM IB – MM II und die Neupalastzeit mit MM III – LM IB gleich (Abb. 1)10.

Neupalastzeitliche Paläste Neben den drei grundlegenden Palästen in Knossos, Phaistos und Mallia wurden bislang vier weitere neupalastzeitliche Paläste in Kato Zakro11, Kommos12, Petras13 und Galatas14 freigelegt. Ihre Monumentalität äussert sich zum Preziosi & Hitchcock 1999, S. 89–92; Fitton 2004, S. 63, S. 99–114; Arndt 2012, S. 57. 9 Früh-, mittel- und spätminoisch I – III. In der Folge werden die originalen Abkürzungen EM, MM & LM verwendet. 10 Evans 1921, S. 25–31; Platon 1961, S. 671–676. Die Chronologie aufgrund der knossischen Keramik

R obert C. A rndt

einen in der prominenten Lage innerhalb der Siedlungen – an erhöhter Position im Zentrum oder an wichtigen Verkehrswegen, z. B. nahe des Hafens –, zum anderen in der Qualität kontextueller Funde und in der hochrepräsentativen Ausstattung der Gebäude.

Altpalastzeitliche Paläste? Der Charakter altpalastzeitlicher Siedlungen ist nur sehr schwer zu fassen, da diese nur in Ausnahmefällen in den Folgephasen nicht mehr genutzt und dementsprechend keinen invasiven Aktivitäten ausgesetzt waren. Die Suche nach altpalastzeitlichen Palästen führt deswegen unweigerlich in die grossen minoischen Zentren, deren kontinuierliche Besiedlung für alle Epochen der kretischen Bronzezeit nachgewiesen ist: Die ältesten Bereiche auf dem Gelände des Palastes von Knossos liegen unter dem bzw. gehören zum späteren neupalastzeitlichen Westflügel. Bereits Evans machte auf die abweichende Bauweise des ‚Keep/Dungeon‘ im Nordwesten mit stärkeren Mauern und abgerundeten Ecken aufmerksam. Für die Errichtung des Palastostflügels wurde zu Beginn der Neupalastzeit der gesamte Untergrund neu terrassiert, wodurch mögliche ältere Strukturen verlorengingen. Evans interpretierte für die der Altpalastzeit entsprechenden Phasen für Knossos einen Palast von einfacheren Formaten, aber nach dem Vorbild des erhaltenen neupalastzeitlichen Pendants. Es ist zu betonen, dass Evans dies explizit als diagrammatische Rekonstruktion verstanden hat. In der Folge wurden seine Ausführungen jedoch immer wieder als Grundlage für Vergleiche und Beweisführungen verwendet15. In Phaistos schien sich erstmals das bestätigt zu haben, was Evans für Knossos postuliert hatte.

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wurde immer wieder verfeinert und korrigiert, vgl. Momigliano 2007. Platon 1971, S. 79–232. Shaw 2006, S. 30–35; Shaw & Shaw 2006, S. 17–60. Tsipopoulou 1999, S. 851–853. Rethemiotakis 1999, S. 91–111. Evans 1921, S. 203–224; Arndt 2012, S. 61f.

Wo sind die altpalastzeitlichen Paläste? 35

Die italienischen Grabungen brachten unter dem ‚Neuen Palast‘ einen älteren ans Tageslicht, der auch mit der architektonischen Definition des ‚Minoischen Palastes‘ übereinstimmte. Die Fortsetzung der Grabungen erbrachte unter dem Westflügel aber weitere Vorgängerbauten, so dass von Doro Levi am Ende fünf Palastbauphasen unterschieden wurden16. Mit Sicherheit altpalastzeitlich zu datieren sind die drei ältesten Phasen Ia, Ib und II. Die ersten Strukturen sind in ihren Ausmassen zwar noch relativ bescheiden, sie flankieren aber immerhin prominent den Platz LXX und sind durch starke Mauern und Fassadengliederung charakterisiert. In der Folge dehnt sich das Gebäude immer mehr nach Norden, den Hang hinauf, aus. Noch in der Altpalastzeit entsteht der ‚Theatral Court‘ genannte Platz westlich des Gebäudes inklusive seiner Treppenbegrenzung im Norden. Ebenso kommt es zur Anlage eines ersten Säulenpropylons. Auch der Zentralhof des Palastes hatte einen altpalastzeitlichen Vorgänger. Formal als ‚Palast‘ anzusprechen ist erstmalig der Bau der Phase III. Sowohl Levi als auch Silvia Damiani Indelicato datierten diese Phase in MM III. Dies führte zu Vorschlägen, die Altpalastzeit bis und mit MM III(A) zu verlängern17. Dies schafft aber insofern Probleme, als dass siedlungsübergreifende Vergleiche verunmöglicht werden, wenn man die diversen Datierungssysteme abhängig von Ort und Fragestellung unterschiedlich miteinander verknüpft. Nimmt man zudem die Architektur als Grundlage, worauf Platons Chronologisierung beruht, liegt die formale Zäsur zwischen den Phasen II und III des Gebäudekomplexes. Der sog. ‚Alte Palast‘ der Phase III von Phaistos, der sich von seinen Vorgängerbauten absetzt, ist demnach neupalastzeitlich zu datieren18. Der Palast von Mallia an der Nordküste Kretas entstand in der Neupalastzeit an leicht erhöhter Stelle in einem Guss. Altpalastzeitliche Strukturen konnten nur kleinflächig festgestellt werden und lassen keine Interpretation

über die Baucharakteristik zu. Dennoch wurden sie bisweilen als Vorgängerpalast gedeutet19. Nordwestlich des Palastes gab es einen in der Altpalastzeit genutzten, fast quadratischen Platz von ca. 40 x 30 m Fläche, der von den Ausgräbern als ‚Agora‘ bezeichnet wurde. Im Süden schloss daran eine Pfeilerkrypta mit Bänken an, die als Raum für Versammlungen öffentlicher Funktion interpretiert wurde20. Westlich davon befand sich das sog. ‚Quartier Mu‘ mit altpalastzeitlichen Gebäuden, die in der Neupalastzeit nicht überbaut worden waren und deshalb einen der seltenen Einblicke in die altpalastzeitliche Siedlungsform geben. Es gab diverse Privatgebäude, die sowohl als Werkstätten als auch als Wohnhäuser dienten, sowie zwei öffentliche Gebäude (A und B) mit Magazinräumen, Archiven und möglichen Kulträumen. Aufgrund der Ballung von Flächen mit Funktionszuschreibungen administrativer, ökonomischer und kultischer Art wurde das Viertel bisweilen auch als Palastvorgänger angesprochen. Nach den zuvor definierten formalen Prinzipien ist die Bezeichnung ‚Palast‘ für das ‚Quartier Mu‘ jedoch abzulehnen21. Die Untersuchung in den drei primären Palastsiedlungen konnte zeigen, dass bereits in der Altpalastzeit Plätze eingerichtet worden waren, die von Gebäuden von herausragender Architektur und mit postulierten öffentlichen Funktionen flankiert wurden. Allerdings gibt es bislang keinen strukturellen Nachweis dafür, dass bereits in der Altpalastzeit Paläste gemäss der formalen Definition errichtet worden sind. Dennoch wurde bereits mit den ersten Ausgrabungen in Knossos ein ‚Alter Palast‘ rekonstruiert und hat sich bislang in der Forschung unwidersprochen gehalten.

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20 Van Effenterre & Van Effenterre 1969; Poursat 1992, S. 51. 21 Poursat 1992, S. 9–48; Poursat 1996.

Levi 1964. Levi 1981, S. 48–59; Damiani Indelicato 1982, S. 87. Arndt 2012, S. 62f. Arndt 2012, S. 65.

Alternativen mit Folgen Alternativ zur Rekonstruktion von altpalastzeitlichen Palästen, dargestellt als vereinfachte Versionen

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der erhaltenen neupalastzeitlichen Paläste, bietet sich eine Interpretation an, die auf dem erhaltenen archäologischen Befund ruht: In den altpalastzeitlichen Siedlungen gab es öffentlich zugängliche Freiflächen, die das Zentrum bildeten. An diesen Plätzen befanden sich architektonisch herausragende Gebäude. Deren Entstehung ging möglicherweise mit der Einrichtung der Platzanlagen einher. Zusätzlich zu den – nur sehr bruchstückhaft erhaltenen – altpalastzeitlichen Befunden gibt es auch für den Alternativvorschlag Beispiele aus der Neupalastzeit: Am bekanntesten ist sicherlich Gournia mit dem ‚Town Square‘ und dem am Nordende des Platzes anschliessenden, ‚Palace‘ genannten Gebäude. In jüngeren Rekonstruktionen wurde versucht, das Gebäude zu vergrössern und ‚palastähnlicher‘ um den Platz anzulegen. Der Befund macht diese Interpretation jedoch nicht zwingend. Eine vollständige Einnahme des ‚Town Square‘ durch einen einzigen Gebäudekomplex fand niemals statt22. In Kato Zakro gab es vor der Errichtung des Palastes ein öffentliches Gebäude an der ‚Harbour Road‘ und einen Platz an der Stelle des späteren Palasthofs. Die Errichtungszeit des Bauwerks, welches sich über drei Terrassen erstreckte, entspricht der Altpalastzeit. Es wurde noch bis zur Errichtung des Palastes in LM IA genutzt. Die Entwicklung von einem öffentlichen Gebäude an einem Platz hin zum Palast lässt sich hier direkt ablesen, der Übergang fand allerdings erst innerhalb der Neupalastzeit statt23. Auch an der Nordseite der sog. ‚Plateia‘ von Pseira, die einen altpalastzeitlichen Vorgänger gehabt haben soll, befand sich mit dem ‚Plateia Building‘ ein neupalastzeitliches Gebäude öffentlicher Funktion24. Aufgrund der genannten Befunde kann gefolgert werden, dass es in der Altpalastzeit keine Paläste gab. Die Vereinnahmung eines zentralen öffentlichen Platzes und der Ausschluss der Öffentlichkeit von ihm durch die Errichtung

eines ihn umgebenden Gebäudekomplexes ist eine Entwicklung, die erst nach den Zerstörungen am Ende der Altpalastzeit nachgewiesen werden kann. Ein solch intensiver Eingriff setzt eine bisher nicht dagewesene Konzentration von Macht voraus, die aller Wahrscheinlichkeit nach in Knossos zu suchen ist25. Nach den weitreichenden Zerstörungen am Ende der Altpalastzeit scheint Knossos in der Neupalastzeit die Herrschaft über weite Teile der Insel innegehabt zu haben. Die Verbreitung und Errichtung der Paläste sind der einheitliche architektonische Ausdruck dieser veränderten Gesellschaftsstruktur. Neupalastzeitliche Siedlungsbeispiele zeigen aber, dass nicht überall Paläste errichtet wurden. Es bleibt jeweils am Einzelbeispiel zu untersuchen, ob dies aus regionalpolitischen Gründen nicht erwünscht oder ob der Einfluss schlicht zu schwach war.

2 2 Soles 1991, 17–78; Soles 2002, S. 124–127. 23 Platon 1975, S. 344–369; Hägg & Marinatos 1987, S. 80; Platon 1999, S. 673–678. 24 Floyd 1998; Betancourt & Davaras 1999, S. 139–171. 25 MacGillivray 1994, S. 51.

26 Hägg & Marinatos 1987, S. 47–56, S. 245–249, S. 255–260. 27 Hägg & Marinatos 1987, S. 135–143; Hitchcock 2000, S. 63–97; Arndt 2003, S. 5–18, S. 26–29; Fitton 2004, S. 99–114.

Conclusio Möglicherweise mit der Etablierung eines Redistributivsystems26 für Güter kommt es in der Altpalastzeit zur Anlage der ersten grossen Magazinkomplexe und Archive. In diesem Zusammenhang entstehen bei diesen öffentlichen Bauten die ersten grossen geplanten Freiflächen innerhalb der Siedlungen. Oft in deren Mitte und durch ein Netz aus Gassen und Strassen gut erreichbar, bilden diese öffentlichen Plätze das Zentrum altpalastzeitlicher Siedlungen. Nach den Zerstörungen am Ende der Altpalastzeit kommt es insbesondere in Knossos und Phaistos zur Vereinnahmung der Siedlungszentren durch einheitliche Gebäudekomplexe. Der Nucleus dieser Paläste ist der zentrale Hof. Auf ihn sind alle Palastflügel hin ausgerichtet und geöffnet. Die Zugänge zu Palast und Hof verlaufen indirekt und sind kontrollierbar. Somit besteht die Möglichkeit zur Begrenzung auf einen bestimmten Personenkreis27. Das Beanspruchen des Zentrums

Wo sind die altpalastzeitlichen Paläste? 37

der vermutlich grössten minoischen Siedlungen erforderte ein gewaltiges Machtpotential, welches sich vermutlich in Knossos etablierte und wohl den Grossteil der Insel umfasste. Dafür spricht die Verbreitung knossischer Waren und architektonischer Elemente nach dem Vorbild des Palastes von Knossos28. Paläste entstanden in der Folge in diversen Siedlungen auf der Insel, was ebenfalls auf eine einheitliche Gesellschaftsstruktur in der Neupalastzeit hinweist. Man kann jedoch nicht sagen, dass die Paläste direkt und ausschliesslich als repräsentative Machtzentren für Knossos gedient haben. Die Gleichung, je ‚palastähnlicher‘ ein Gebäude, desto enger die Beziehung zu Knossos, geht nicht auf. Zur Erläuterung mag der Vergleich der öffentlichen Zentralbauten in Gournia und Pseira dienen, da beide Siedlungen in derselben Landschaft am bzw. im Golf von Mirabello liegen, über eine zentrale Platzanlage mit angrenzendem öffentlichem Gebäude verfügten und verhältnismässig grossflächig ausgegraben worden sind: In beiden Fällen handelt es sich zwar nicht um Paläste, der ‚Palace‘ in Gournia erinnert dennoch in seiner Architektur weit mehr an einen solchen. Als Gründe dafür sind u. a. die Grösse, annähernde Ausrichtung auf eine Achse, prononcierte Westfassade mit Vor- und Rücksprüngen, Verwendung von Polythyra und Säulenstellungen usw. zu nennen29. Die kontextuellen Siedlungsbefunde von Pseira – insbesondere Feinkeramik und Stuckreliefs – zeigen

hingegen eine dermassen enge Anlehnung an knossische Vorbilder, wie sie kaum andernorts zu finden ist. Philipp Betancourt leitete daraus ab, dass Pseira – und nicht Gournia – als Basis und Kontrollpunkt einer knossischen Elite30 zu verstehen sei. Das Beispiel zeigt zudem, dass die Vereinnahmung des Siedlungszentrums wie in Knossos selbst und in Phaistos nicht überall möglich oder erwünscht war31. Daneben entstanden an mehreren Orten Paläste, die nicht das ehemalige Siedlungszentrum einnahmen, sondern nach einem einheitlichen Konzept neu errichtet wurden32. Die Entstehung der Paläste zu Beginn der Neupalastzeit (!) muss primär funktional begründet sein. Als herausragende Neuerung ist hervorzuheben, dass mit dem Zentralhof eine grosse nutzbare Freifläche zur Verfügung stand, zu der der Zugang von Waren und Menschen ebenso wie die auf ihr stattfindenden Handlungen kontrolliert werden konnten. Diese Kontrollmöglichkeit ermöglichte neue Nutzungsweisen auf dem Zentralhof und den umgebenden Gebäudeflügeln, veränderte zugleich aber auch das gesamte Siedlungsbild33. Es bleibt für jeden Ort anhand der Befunde einzeln zu überprüfen, zu welchen Nutzungen und Umnutzungen es zwischen der Alt- und der Neupalastzeit im Siedlungszentrum tatsächlich kam und wie weit daraus Ableitungen auf die Struktur des minoischen Gesellschaftssystem möglich sind.

28 Hägg & Marinatos 1987, S. 71–74; MacGillivray 1994, S. 51; Fitton 2004, S. 95–98. 29 Zum ‚Palace‘ von Gournia: Soles 1991, S. 17–78; Soles 2002, S. 124–127; zum ‚Plateia Building‘ von Pseira: Floyd 1998. 30 Unter dem Begriff der ‚Elite’ versteht der Autor im hiesigen Kontext die Personengruppe, die für die Errichtung öffentlicher Bauten verantwortlich zeichnete und ist unabhängig von einer implizierten minoischen Gesellschaftsstruktur.

31 Betancourt & Davaras 1998, S. 1–75, S. 121–130; Arndt 2012, S. 70–72. 32 In Mallia wurde nicht das altpalastzeitliche Zentrum überbaut, sondern ein benachbarter, leicht erhöhter Platz für den Bau des Palastes gewählt: Pelon 1992, S. 13, S. 40f.; Arndt 2003, S. 22–24. In Galatas entstand ausserhalb einer engen Siedlungsbebauung ein Palast: Rethemiotakis 1999, S. 91–111. 33 Arndt 2012, S. 72.

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19. Jh. n. Chr.

Kamares-Phase

Minoische Phase

Mykenische Phase

Mackenzie/Evans 1903 Feinkeramik Knossos LN EM I EM IIA EM IIB EM IIIA EM IIIB MM IA

Platon 1949 Architektur

Arndt 2008 Siedlungen Spätneolithikum

Vorpalastzeit (prä-palatial)

Vorpalastzeit I Vorpalastzeit II

MM IB MM IIA MM IIB MM III LM IA LM IB

Altpalastzeit (proto-palatial)

LM II LM IIIA1 LM IIIA2 LM IIIB LM IIIC SM PG

Vorpalastzeit III

Neupalastzeit (neo-palatial)

Nachpalastzeit (post-palatial)

Altpalastzeit I Altpalastzeit II Neupalastzeit I Neupalastzeit II Nachpalastzeit I Nachpalastzeit II Früheisenzeit

Fig. 1.  Graphische Darstellung der Chronologiesysteme der minoischen Epoche seit Beginn der Ausgrabungen im späten 19. Jh. n. Chr. und relative Abgleichung, nach: Evans 1921, S. 25–31; Platon 1961, S. 671–676; Arndt 2012, S. 54 Abb. 1.

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Tobias Krapf

Die mattbemalte sog. Lianokladi-Ware (Δ1β / Δ1γ) im Lichte der neuen Funde aus Platania bei Lamia

Forschungsüberblick Bei der Ausgrabung 1909 in Palaiomylos / Lianokladi (Wace & Thompson 1909), mitten im Spercheios-Tal in Zentralgriechenland gelegen, kam in der Schicht III, welche der Mittleren Bronzezeit zugerechnet wird, nicht nur die damals aus Orchomenos bestens bekannte grauminysche Ware, v.a. Schalen mit hohem geripptem Standfuss (sog. Lianokladi-Goblets), zum Vorschein, sondern auch eine bis anhin unbekannte, eher grobe, mattbemalte Keramik mit roter Oberfläche, die A. J. B. Wace und M. S. Thompson in ihrer Klassifikation von 1912 als ∆1β bezeichneten (Wace & Thompson 1912, S. 180–185). In den folgenden Jahrzehnten wurde diese Keramikgattung aufgrund – zugegeben – teils frappanter Ähnlichkeit der Motive und Formen mit spätbronzezeitlichen und früheisenzeitlichen Gefässen in Makedonien und Epiros in Verbindung gebracht1. Sogar R. J. Buck bezeichnete in seiner Übersicht der mittelbronzezeitlichen mattbemalten Keramik das Spercheios-Tal und im Besonderen Lianokladi als einen „outpost of Macedonian influence“ 1

2

Vgl. v.a. Heurtley 1939, S. 130–131 (zur mattbemalten Keramik und den Wishbone-Henkeln), sowie seine Grabung in Vardaroftsa / Axiochori (Heurtley 1926, S. 57–58). Aus Lianokladi selbst waren zu jenem Zeitpunkt noch keine entsprechenden Krüge publiziert: Dakoronia 2010, S. 579 Abb. 3–4, zeigt eine Saugflasche von

(Buck 1964, S. 292), was zuletzt noch von I. Vokotopoulou in der Auswertung der Nekropole von Vitsa in Epiros zitiert wurde (Vokotopoulou 1986, S. 272). Dies ist heute überholt, es wird aber – mit einer völlig anderen Interpretation – zum Schluss des Artikels nochmals auf diese Frage zurückzukommen sein. In eine ganz andere Richtung zielte die Interpretation von L. Dor et al., welche die mattbemalten Krüge aus Kirrha mit FH Keramik aus Lerna verglichen und – aufgrund der chronologischen Lücke – die wenig plausible Hypothese aufstellten, es handle sich um die Spur von Rückkehrern der vertriebenen FH-Einwohner der Gegend (Dor et al. 1960, S. 86–87). Der Rolle des Spercheios-Tals als Knotenpunkt zwischen Nord und Süd werden aber auch aktuellere Theorien gerecht, welche anhand dieser Ware, und im Speziellen anhand von Krügen mit schräger Mündung, eine Landverbindung von Kirrha am Korinthischen Golf bis nach Pevkakia am Pagasitischen Golf nachzeichnen (Dakoronia 2010, aber auch bereits Buck 1964, S. 301, sowie Maran 1992, S. 317/412, und Skorda 2006, S. 666)2. gleicher Form und Stil; Ioannidou fand 1972 einen unbemalten, kompletten Krug (Ioannidou 1973, S. 400 Abb. 7). Das Exemplar bei Wace & Thompson 1912, S. 183, Abb. 127a, gehört der Gattung ∆1γ an und unterscheidet sich durch die viel lockerere Dekoration.   Dies ändert sich nun mit der Grabung von M.-F. Papakonstantinou 2006–2011 in Lianokladi,

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Die Publikation und Auswertung der Funde aus Lianokladi ging nie über die Zusammenfassung von 1912 (Wace & Thompson 1912, S. 171–192) hinaus und auch die Grabung A. Ioannidous von 1972 wurde lediglich in einem Deltion-Artikel vorgelegt (Ioannidou 1973). Obwohl also von diesem Fundort schlussendlich gerade mal 23 Vasen / Fragmente dieser Gattung mit Abbildung, aber ohne Kontext publiziert sind3, wird diese charakteristische Ware ∆1β, welche seither an zahlreichen Fundstellen im Spercheios-Tal und Südthessalien gefunden wurde, unter der Bezeichnung Lianokladi-Ware / ∆1β als Referenz zitiert. Es sei auch darauf hingewiesen, dass die Publikation von 1912 durchaus Fragen offen lässt, vor allem betreffend der Chronologie, die – wie die Autoren selbst schrieben – detaillierter ausgearbeitet werden könnte (Wace & Thompson 1909, S. 149, sowie Maran 1992, S. 278), aber auch die Formen und Dekorationen scheinen teils eher untypisch, wenn man dies, obwohl es sich um den Hauptfundort handelt, so nennen darf. Darauf wird weiter unten noch eingegangen. R. J. Buck, dem noch erst wenige Funde zur Verfügung standen, behandelte in seiner oben genannten Übersicht von 1964 den LianokladiStil nur in Ansätzen als lokale Randgruppe,

wobei einige Zuweisungen problematisch sind (Buck 1964).4 Eine detaillierte Beschreibung dieser Keramikgattung und Stilgruppe verfasste erst 1992 J. Maran auf der Basis der stratifizierten Funde von Pevkakia, wo die Gattung ∆1β, von ihm als BK2 bezeichnet, in allen mittelbronzezeitlichen Schichten auftrat (Maran 1992, S. 151). Im eigentlichen Zentrum der Verbreitung dieser Ware, im Spercheios-Tal, sind vor allem nach dem Erscheinen der Pevkakia-Publikation viele neue Funde gemacht worden. Dazu liegen mehrere kurze Artikel vor: Taratsa Agia Paraskevi (Stamoudi 2003), Amouri (Papakonstantinou & Sakkas 2010) und Frantzi (Karantzali 2015, S. 44–45)5; sowie zu den Nachgrabungen in Lamia Kastro (Stamoudi 2010), Lianokladi (Papakonstantinou et al. 2012) und Platania bei Agia Paraskevi (Papakonstantinou et al. 2015)6. Zu erwähnen sind auch Neufunde weiterer Ausgrabungen entlang der Nordküste des malischen Golfes (z.B. Pavlina Magoula, Wiersma et al. 2016, S. 28), in Neo Monastiri (Phroussou 2007 und 2010) und allgemein in Südthessalien. Die zahlreichen Nennungen von ∆1β, zum Teil in recht unsicheren oder gar irreführenden Beschreibungen7, machen eine Neubesprechung dieser Ware notwendig. Es scheint – v.a. seit der

deren Keramik vom Autor zusammen mit ihr und N. Koutsokera für die Konferenz 2015 in Volos und die anschliessende Publikation sorgfältig gesichtet wurde (hier in diesem Artikel noch nicht berücksichtigt): Papakonstantinou et al. im Druck. Stand 2014. 11 Gefässe in Wace & Thompson 1912, S. 180–185; 8 weitere Gefässe / Fragmente in Maran 1992, Taf. 146 (wobei die Zeichnung von Nr. 5 nicht genau jener in Wace & Thompson 1912, S. 184 Abb. 131b, entspricht); 3 Fragmente in Papakonstantinou et al. 2012, S. 58 Abb. 4 (allerdings mindestens zwei davon in falscher Ausrichtung); 1 Gefäss in Dakoronia 2010, S. 576 und S. 579 Abb. 3–4. Zwei weitere mattbemalte Fragmente aus Lianokladi sind in Pavùk & Horejs 2012, S. 168–171 und Taf. 14d sowie 20 publiziert. Sie sind keiner bestimmten Ware zugeordnet. Lianokladi ist als Fundort unter der Grobkeramik in der sog. Red Ware aufgelistet, welche aber nicht nur ∆1β entspricht (vgl. die Verbreitung bis in die Argolis sowie einige Formen wie die Schnabelkanne B10, die in der ∆1β-Ware nicht vorkommen). Als Lianokladi jug

wird die Zylinderhalsamphora mit Tunnelhenkeln aus Wace & Thompson 1912, S. 181 Abb. 125, bezeichnet, während der typische Krug mit schräger Mündung B13 entspricht. Motiv 45 „multiple triangles“ wurde zu Recht als „Lianokladi style“ bezeichnet. 5 Die Erwähnung von Goldmica passt allerdings nicht zur Ware aus Platania. 6 Siehe Chourmousiadis 1979 für die erste Grabung sowie Hope Simpson & Lazenby 1959, S. 102–103 für den Survey. 7 A. Batziou-Efstathiou erwähnt beispielsweise 2010 das Vorkommen von ∆1β zusammen mit Urfirnis-Keramik in der ersten Besiedlungsschicht von Kastraki Almyrou (Batziou-Efstathiou 2010, S. 298), was gemäss dem Befund der Pevkakia-Magoula durchaus möglich ist (Maran 1992, S. 206; nicht aber in MH I wie in Batziou-Efstathiou 2010, S. 297), aber ihrer eigenen Beschreibung von 1997 widerspricht. In jener nämlich wird ∆1β erst ab einer späteren, mittelbronzezeitlichen Phase erwähnt und die bemalte Keramik der Phase FH III wird lediglich als „κόκκινα, μαύρα και μαύρακόκκινα βερνικωτά με μαύρη διακόσμης (τρίγωνα,

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Die mattbemalte sog. Lianokladi-Ware (Δ1β / Δ1γ)

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genaueren Beschreibung verschiedener verwandter Waren durch J. Maran (Maran 1992, z.B. S. 156) – dass die Bezeichnung ∆1β zum Teil etwas voreilig verwendet wird, gerade für die charakteristischen Krüge. Doch die Resultate der Ausgrabung unter der Leitung von M.-F. Papakonstantinou in Agia Paraskevi bei Lamia (2006 bis 2013, Platania / Megali Vrysi) erlauben es nun, ein völlig neues Licht auf den LianokladiStil zu werfen. Diese seit dem Neolithikum bewohnte Siedlung mit mehreren Apsidenbauten aus dem frühen und fortgeschrittenen MH II lag im Gegensatz zu Lianokladi während der mittleren Bronzezeit praktisch an der Küste (Vouvalidis et al. 2010) und scheint, auch aufgrund der vielen Importe, die wichtigste Siedlung der Region gewesen zu sein (Papakonstantinou et al. 2015, S. 998 Abb. 8).

von mattbemalter Keramik. Neben der einfach zu identifizierenden ∆1β, charakterisiert durch einen rötlichen Ton mit in der Regel unpolierter, ungeslippter Oberfläche (abgesehen von ein paar polierten Beispielen), auf die – eher unsorgfältig – die geometrischen Motive direkt in dünner schwarzer Farbe aufgetragen wurden, wird nämlich auch eine polierte Ware ∆1γ beschrieben, in welcher nur die Wishbone-Schalen sowie ein Krug mit im Vergleich zu den ∆1β-Krügen anderer Fundorte sehr lockerer Bemalung vorkommen. J. Maran, der das Material aus Lianokladi gesichtet hatte, beschreibt die Oberfläche der ∆1γ-Ware als hellrot bis rötlichgelb und vergleicht die Fragmente mit der spätbronzezeitlichen Mattmalerei aus Pevkakia (Maran 1992, S. 277). Die mattbemalte Keramik aus Agia Paraskevi Platania stellt die Unterscheidung dieser Kategorien, deren strikte chronologische Trennung (siehe unten) sowie die Datierung der WishboneHenkel ausschliesslich in die Spätbronzezeit in Frage, zumindest was deren gehörnte und trapezförmige Varianten betrifft8. Der Feststellung J. Marans (Maran 1992, S. 278) aber, dass die Schicht Lianokladi III einen beträchtlichen Teil der Mittelbronzezeit abdeckt, muss auf jeden Fall zugestimmt werden. Vor allem die Tunnelhenkel der Zylinderhalsamphora in Abb. 125 von Wace und Thompson (Wace & Thompson 1912, S. 181; ∆1β)9 würden spontan eher in eine frühe Phase datiert und tatsächlich stammen die beiden einzigen Exemplare vergleichbarer mattbemalter Henkel aus Platania aus Kontexten vom Anfang der Mittelbronzezeit, wenn nicht gar aus der Frühbronzezeit.

Lianokladi und Pevkakia: Chronologie der ∆1β-Ware Bevor nun ein Überblick über Formen und Dekors der ∆1β-Ware gegeben wird, soll aber mit Lianokladi selbst begonnen werden. Die mittelbronzezeitliche Schicht III unterschied sich gemäss A. J. B. Wace und M. S. Thompson deutlich von der darunter liegenden FH Schicht. Für eine mykenische Weiterbesiedlung gibt es soweit keine Hinweise, abgesehen von einer Scherbe in der BSA Sammlung (Hope Simpson & Dickinson 1979, S. 295). Für viel Kopfzerbrechen sorgte vor allem die Unterscheidung zweier Kategorien δικτυωτά), δηλαδή του ρυθμού σκοτεινό επί ανοιχτού” bezeichnet (Batziou-Efstathiou 1997, S. 81).   Für das MH III zeitliche Dimini schreibt B. AdrymiSismani, die mattbemalte Keramik bestände ausschliesslich aus der Kategorie ∆1β, was im Vergleich mit der nahen Pevkakia Magoula erstaunt (vgl. die Grafik in Maran 1992, S. 152 Abb. 10), und sei repräsentiert durch Kylikes, Schalen, Amphoriskoi und Kantharoi (Adrymi-Sismani 2010, S. 305). Die in Fussnoten angefügten Vergleichsbeispiele gehören aber weder zur Gattung ∆1β noch entsprechen sie den zitierten Formen.

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Die meisten Beispiele stammen zwar tatsächlich aus dem ersten Abhub, was aber nicht eher für eine Datierung in die Spätbronzezeit als in späte Phasen der Mittelbronzezeit spricht. Ein ungehörnter, trapezförmiger, grau polierter Wishbonehenkel stammt aus der Dromos-Schicht südlich von Haus 1 und die mattbemalte Wishbonehenkelschale abgebildet in Papakonstantinou et al. 2015, S. 997 Abb. 7.2 kommt aus Raum B des Apsidenbaus 1, möglicherweise aus den ausgepflügten Überresten einer zweiten Bauphase. Vgl. ein weiteres Beispiel aus Lianokladi in Maran 1992 Taf. 146.12.

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Aufschlussreicher in Fragen der Chronologie ist das stratifizierte Material aus Pevkakia, wo die ∆1β-Ware in allen mittelbronzezeitlichen Schichten vorkommt, und zwar bereits ab der Übergangsphase von der Früh- zur Mittelbronzezeit, und wo sie erst in Phase 7 keine Rolle mehr spielt (Maran 1992, S. 152). Obwohl der Bemalungscharakter generell konservativ zu sein scheint, lassen sich – mit Vorsicht – wenige phasenspezifische Charakteristika herausarbeiten wie die nach beiden Seiten ausschwingenden Spiralhaken an der Spitze der grossen Schulterdreiecke, die auf Phasen 4 und 5 beschränkt sind (vgl. allerdings Maran 1992 Taf. 91.11 aus der Phase 6 Mitte). Dies ist ein Motiv, das auch in Platania in jener Phase besonders beliebt war. Beiden Fundorten ist zudem eine grössere Vielfalt der Dekorationsschemata in den Phasen Pevkakia 4 und 5 (Maran 1992, S. 156) sowie eine Auflockerung der bemalten Fläche zum Ende der Mittelbronzezeit hin (Maran 1992, S. 156; siehe z.B. Abb. 4.4) gemein. Bei den Gefässformen hingegen stellt sich der grosse Unterschied der beiden Fundorte heraus. Obwohl die ∆1β-Ware in Pevkakia teils bis zu 90% der mattbemalten Keramik ausmachte (Maran 1992, S. 152 Abb. 10), ist das Gefässspektrum – neben wenigen hochhalsigen Gefässen der Phasen 4 und 5, einem kleinen Gefäss mit kurzem Trichterrand der Phase 6 spät und einer Kalottenschale mit ausladendem Rand der Übergangsphase von der Früh- zur Mittelbronzezeit – auf die charakteristischen Krüge beschränkt (Maran 1992, S. 152–153). Dies widerspricht deutlich den Befunden von Lianokladi und Agia Paraskevi Platania aus dem Spercheios-Tal, die beide eine viel breitere Auswahl an Formen aufweisen bei geringerer Bedeutung der Krüge und – falls dafür noch ein Beweis nötig war – damit das Zentrum dieser Ware ausmachen. Die Tatsache, dass auch in Kirrha (Maran 1992, S. 314–315)10 und Orchomenos (Sarri 2010, S. 83), beides Orte an der Grenze der Verbreitung von ∆1β, die Krüge 10 Siehe allerdings auch die Amphoren in Skorda 2000, S. 679 Abb. 6, 9 und 10. 11 Krapf, T. und Papakonstantinou, M.-F., „Η έρευνα της κατατωγής της αμαυρόχρωμης κεραμικής της ΥΕΧ

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klar dominieren, bestätigt dies weiter. Könnte man gar davon sprechen, dass die Krüge eine Art Exportartikel waren (siehe unten)?

Agia Paraskevi Platania: Beschreibung der ∆1β-Ware Damit kommen wir nun aber zu Agia Paraskevi Platania selber. Wichtige Fundensembles stammen aus Haus 1 (MH II, Pevkakia 6 Mitte) sowie der südlich davon verlaufenden Strasse, deren Material gleichzeitig datiert (Papakonstantinou et al. 2015, S. 996 Plan Abb. 1). Keramik der Stufe MH III wurde neben dem nur teilweise ergrabenen Gebäude 2 gefunden. Älter sind die Häuser 4 und 5 (Pevkakia 5), welche erstmals in Thessaloniki im Rahmen der 26. AEMTH-Konferenz vorgestellt worden sind11 und von denen ein Vorbericht in der Akten der AETHSE-Konferenz 2015 in Volos erscheinen wird (Papakonstantinou & Krapf im Druck). Das Ensemble kompletter, in situ gefundener Gefässe, darunter drei praktisch vollständig erhaltene mattbemalte Amphoren (rund 45, 70 und 75 cm Höhe), ein grosser Krater und ein Krug, soll separat ausführlich publiziert werden und wird hier nur für die Zusammenstellung der Motive und Formen verwendet. Noch ältere Keramik stammt aus den Schichten unterhalb letzterer Gebäude sowie aus der Sondage K. Bis zur Veröffentlichung der Befunde soll die Chronologie eine untergeordnete Rolle spielen und sich die Diskussion vorläufig auf eine Übersicht der vertretenen Gefässformen und Dekorationsmotive der ∆1β-Ware beschränken. Da die Auswertung der Keramik noch nicht abgeschlossen ist, muss damit gerechnet werden, dass sich die hier präsentierten Resultate noch leicht erweitern werden. Aufgrund der Schwierigkeit, ∆1β von ∆1γ klar zu trennen, scheint es sinnvoll, hier im Falle von Platania das στην Μακεδονία: νέες ενδείξεις από την ανασκαφή στην Αγία Παρασκευή Λαμίας“.

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komplette Spektrum der lokalen mattbemalten Keramik einfliessen zu lassen. Die Beispiele der übrigen Grabungen sollen sich aber auf Fragmente beschränken, welche der ∆1β-Ware zugeordnet werden, da unter ∆1γ generell eher mattbemalte Keramik der SBZ diskutiert wird, diese Epoche aber in Platania nur durch wenige Funde im ersten Abhub vertreten ist. Leider kann Platania also für die späteste mattbemalte Keramik keinen wichtigen Beitrag leisten. So tritt beispielsweise auch die polychrom bemalte Keramik nur selten auf. ∆1β hingegen macht z.B. im Apsidenbau 1 und in der Strassen-Schicht 7.5 bis 9 % der Gesamtheit der Scherben aus (Papakonstantinou et al. 2015, S. 997 Abb. 5), wozu man noch einen gleich hohen Anteil unbemalter Fragmente gleicher Qualität dazurechnen muss (von tatsächlich unbemalten Gefässen sowie von der meist undekorierten unteren Gefässhälfte). Daneben treten, in viel kleinerer Anzahl, auch zahlreiche andere mattbemalte Waren auf, unter denen nur diejenige mit einem feinen weissen bis beigen Überzug eine wichtigere Rolle spielt. In ihr kommen praktisch ausschliesslich Zylinderhalsamphoren vor und ihre Herkunft muss im südlicheren Zentralgriechenland gesucht werden. Innerhalb der ∆1β- / ∆1γ-Waren Platanias treten erhebliche Qualitätsunterschiede auf, abhängig von den Gefässformen. M.-F. Papakonstantinou und D. N. Sakkas hatten für die Keramik von Amouri mindestens zwei Gruppen von ∆1β vorgeschlagen: grosse Vorratsgefässe mit einer nur grob geglätteten Oberfläche resp. das Tafelgeschirr (Krüge und Kantharoi), welches poliert wurde (Papakonstantinou & Sakkas 2010, S. 585). Auch J. Maran stellte deutliche Qualitätsunterschiede fest (Maran 1992, S. 151) und erwähnt das Vorkommen fein geschlämmter Fragmente, obwohl er die Ware generell der mattbemalten Keramik grober Machart zuordnet. Die Unterschiede sind zwar gross, trotzdem lassen sich nur schwer strikte Grenzen ziehen.

Der Wishbone-Henkel (Abhub 2) in Abb. 2.4 beispielsweise mit seinem sehr hart gebrannten feinen Ton und heller, polierter Oberfläche liesse sich gut als ∆1γ bestimmen, doch generell kann man vergleichbare Schalen und Kantharoi (Abb. 2.2 und 3.2) ebenso gut einer feineren Qualität von ∆1β zuweisen, die wiederum mit der Ware der ebenfalls dünnwandigen, etwas gröberen Fragmenten von Amphoren verwandt ist (Abb. 2.1 und 3.1). Auch dickwandigere und gröber gemagerte Gefässe (vgl. das Zylinderhalsgefäss, möglicherweise ein grosser Krug, in Papakonstantinou et al. 2015, S. 997 Abb. 7.1, sowie hier Abb. 3.4) können eine fein polierte Oberfläche aufweisen, in Verbindung mit einem durch die Oberflächenqualität bedingten deutlicheren, aber nicht sorgfältigeren Malstil (vgl. Abb. 2.3). Besonders typisch sind Zylinderhalsamphoren, die sowohl in einer dünnwandigen (teils weniger als 0.5 cm), mittelgrossen Form als auch in sehr grossen, dickwandigen und gröberen Exemplaren vorkommen. Die dünnwandigen Amphoren sind sehr hart gebrannt, aussen poliert und innen rau mit Verstreichspuren. Sie sind meist gelblich braun und haben teils Einschlüsse bis 0.5 cm. Neben diversen Steinarten kommt v.a. Kalk vor sowie Magerung aus Lehm / Ton, möglicherweise von Scherben. Die gleiche Qualität weisen auch etwas dickwandigere Gefässe wie Kratere auf. Der gröbsten Variante von ∆1β gehören grosse Vorratsgefässe an: weitmundige Töpfe (Abb. 3.312) und grosse Amphoren (Abb. 2.5–6). Ihre Oberfläche ist deutlich dunkler, i.d.R. rötlich braun, und nur grob geglättet. Vor allem die untere Körperhälfte ist von niedrigerer Qualität, besonders bei den grossen Amphoren, die wie Pithoi im Fussboden eingegraben waren. Innen ist die Oberfläche sehr grob mit einem harten Werkzeug bearbeitet. Die Magerung ist noch grösser (bis 1 cm) und teils auf der Oberfläche sichtbar. Neben den bereits erwähnten Einschlüssen treten auch Spuren von organischer Magerung auf und ganz wenig Mica.

12 Es handelt sich um das Gefäss in Papakonstantinou et al. 2015, S. 996 Abb. 4.

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Auch die grossen Gefässe sind sehr hart gebrannt und haben teils einen grauen Kern. Diese Unterschiede – von der feinen polierten bis zur groben Variante – sollen aber nicht über die Zusammengehörigkeit der Ware hinwegtäuschen. Vor allem die Motive und der Stil der Bemalung, aber auch der Ton, die Magerung und die Art der Oberflächenbearbeitung machen dies deutlich. Alle Vasen dieser Ware sind handgemacht. Es handelt sich, zusammengefasst, um die lokale dekorierte Keramik, welche für ein breites Spektrum von Gefässformen und Funktionen angewandt und angepasst wurde. Einzig die ganz groben Fragmente würden sich abtrennen lassen, aber dies wäre nicht gleich der Trennung von ∆1β und ∆1γ.

Gefässformen und Motive Im Folgenden soll nun auf die Gefässformen der ∆1β und die damit verbunden Motive und Kompositionen eingegangen werden. Die wichtigen Züge der Dekoration, am Beispiel der Krüge, aber – wie sich zeigt – in weiten Teilen allgemein gültig, wurden bereits von J. Maran zusammengestellt (Maran 1992, S. 153–156). Das Formenspektrum kann aber durch die Funde aus Platania deutlich erweitert werden (Abb. 5 für die Formen, Abb. 6 für die Motive). Während die Dekoration für die grösseren und geschlossenen Formen, abgesehen von einigen Spezialfällen, gemeinsam besprochen werden kann, müssen die kleinen, eher flachen Schalen mit S-Profil separat behandelt werden, da die Fläche, welche bemalt werden kann (generell wurde in der ∆1β-Ware nur die obere Gefässhälfte dekoriert), bedingt durch die niedrige Form stark reduziert ist und sich auf ein einziges, schmales Feld, welches den Schulterbereich einnimmt, beschränkt. Auf diesem Feld findet sich, oben und unten durch horizontale Linien beschränkt, meist ein Zickzack-Muster, bestehend aus zwei bis vier parallelen Linien (Abb. 4.5 und 4.7). Die Leerfelder dazwischen können mit kreuzschraffierten Dreiecken ausgefüllt sein (vgl. Papakonstantinou et al. 2015, S. 997 Abb. 7.2). Seltener sind vertikale Metopenfelder (Abb. 4.6).

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Die Henkel (entweder vertikale und hochgezogene schmale Bandhenkel von der Schulter zum Rand oder horizontale gehörnte Wishbone-Henkel) unterbrechen das Schultermotiv, tragen aber selber eine Dekoration verschiedener Motive aus Gruppen paralleler Striche (Abb. 2.2, 2.4 und 4.5), oftmals eingerahmt durch zwei Linien, welche dem Verlauf des Henkels folgen. Bemerkenswert ist ein hoher Kantharoshenkel mit Steg aus Taratsa bei Lamia, der ein Zickzackmuster aus Linienbündeln trägt (Stamoudi 2003, S. 268 und S. 277 Abb. 8.3). Neben einer Linie auf der Lippe finden sich auch Motive auf der Randinnenseite wie Gruppen vertikaler oder leicht schräger Striche, ineinander eingeschriebene Dreiecke oder ein Zickzack-Muster (Abb. 4.5–8). Was die Dekoration betrifft, fallen in diese Kategorie auch die kleine Kalottenschale mit ausladendem Rand aus Pevkakia (Maran 1992, Taf. 3) sowie eine kleine Schale mit nach innen umbiegendem Rand aus Platania. Je eine Schale aus Lianokladi (Wace & Thompson 1912, S. 184, Abb. 131b) und Platania (Abb. 4.8) haben zudem horizontale Wulsthenkel auf dem Rand. Bei den höheren und grösseren Gefässen hingegen wurde neben der ihrerseits grösseren Schulterzone auch der Hals dekoriert, und zwar meist in der gleichen Weise mit kreuzschraffierten Rhomben, unabhängig ob es sich um einen eher niedrigen Rand oder einen hohen zylinderförmigen Hals handelt. Die beiden Zonen werden durch horizontale Linien (es können bis zu 11 gezählt werden) voneinander getrennt. Auf der Schulterzone dominieren grosse Dreiecke, deren Variationen J. Maran für die Krüge aus Pevkakia bereits detailliert beschrieben hat (Maran 1992, S. 153–156). Nur selten wird die Schulterzone durch eine weitere, schmalere Zone auf der Höhe des grössten Durchmessers oder leicht darunter ergänzt. Auf der flachen Gefässunterseite kommt oftmals ein Kreis mit eingeschriebenem Kreuz vor. Bevor detaillierter auf die Motive eingegangen wird, sollen zuerst die Formen selber beschrieben werden. Die häufigste Form geschlossener Gefässe mit Zylinderhals ist die Amphora mit horizontalen Wulsthenkeln auf der Höhe des grössten Durchmessers (Abb. 2.1 und 4.3–4). Nur wenige Exemplare mit vertikalen Bandhenkeln am Bauch

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sind bekannt, darunter ein fast vollständiges Exemplar aus Lianokladi (siehe oben). Einzigartig ist eine kleine Amphora, ebenfalls aus Lianokladi, welche anstelle der Henkel zwei Handhaben hat (Wace & Thompson 1912, S. 185 Abb. 133). Auch ihre sehr lockere Dekoration aus kurzen vertikalen Strichen ist auffällig. Bei den ganz grossen Exemplaren treten erweiterte Kombinationen der bekannten Motive auf und zudem kann die flache Lippe bemalt sein. Auch kleinere Gefässse mit zwei Bandhenkeln vom Bauch bis zum Rand haben einen Zylinderhals und teilen damit das gleiche Dekorationsschema. Während ein gut erhaltenes Beispiel aus Platania eine auch für die Amphoren typische, nach aussen umgebogene Lippe hat, ist der Rand der beiden Exemplare aus Lianokladi (Maran 1992 Taf. 147.1–2) senkrecht resp. ganz leicht nach aussen geneigt. Die Motivwahl dieser beiden Vasen aus Lianokladi ist untypisch (z.B. ein Zickzackmuster aus einem doppelten Leitermotiv auf der Randzone sowie weitere Kombinationen von Leitermotiven auf der Schulterzone (Abb. 4.9) resp. Dreiecke aus fünf parallelen Linien, die zu einem ZickzackMotiv degradiert sind), finden aber eine fast identische Parallele, auch was die Form mit dem senkrechten Rand betrifft, in einem Fragment vom Kastro von Lamia (Stamoudi 2010, S. 571 Abb. 2.8). Die breiten Bandhenkel dieser Form bieten zudem eine weitere Oberfläche für Dekoration (Gittermuster, vertikales Band mit kreuzschraffierten Rechtecken, kreuzschraffierte Rhomben).

Ein Gefäss aus Platania (Papakonstantinou et al. 2015, S. 997 Abb. 7.1) mit vergleichsweise hoch gelegenem grösstem Bauchdurchmesser muss mit nur einem hohen Henkel ergänzt werden und stellt damit eine Art grossen Krug dar. Die Krüge mit schräger Mündung stellen eine Leitform der ∆1β-Ware dar (Abb. 4.11 und vermutlich 4.12). Fast oder ganz vollständige Exemplare sind von verschiedenen Ausgrabungen oder von Zufallsfunden bekannt13: Kastraki Almyrou (Batziou-Efstathiou 1997, S. 83 Abb. 19), Magoula Aidiniotiki (Maran 1992, Taf. 144.7), Melitaia (Bakalakis 1959, S. 88 Abb. 11.2; siehe zur Interpretation auch Maran 1992, S. 272 Fussnote 742), Neo Monastiri (Dakoronia 2010, S. 576–577 und S. 581 Abb. 9–10)14, Perivoli (Dakoronia 2010, S. 575–576 und S. 579 Abb. 1–2)15, Achinos (Dakoronia 2010, S. 576 und S. 580 Abb. 5–8; Farbfotos in Papakonstantinou 2009, S. 317 Abb. 541)16, Kirrha (Dor et al. 1960, S. 86–87 und Taf. 42; Nikopoulou 1968, S. 145 Abb. 2)17, Pevkakia und Agia Paraskevi Platania. Fragmente von solchen Krügen stammen auch aus Orchomenos (Sarri 2010, S. 83, S. 157 und Taf. 66.1–10) und eine Zuweisung zu ∆1β ist für den Krug aus Eutresis zu vermuten (Goldman 1931, S. 158 und Taf. 11.4). Einige Krüge der gleichen Form und Ware sind undekoriert, wie z.B. in Ekkara nordwestlich von Domokos (Maran 1992, S. 272). Gewisse Vorsicht ist geboten, als auch Krüge anderer Machart in der gleichen Region

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Dreiecke mit Spiralen an der Spitze ist eher selten, findet aber in Agia Paraskevi Platania, dem Kastro von Lamia (Stamoudi 2010, S. 571 Abb. 2.9, falsch orientiert) und Pevkakia (z.B. Maran 1992, Taf. 41.4, verkehrt gezeichnet, aber auch allgemeiner die Verwendung von Leitermotiven als äusserster Begrenzung von Dreiecken wie in Taf. 50.9) Parallelen und scheint demnach noch in die erste Hälfte der Mittelbronzezeit zu datieren. 16 In Mommsen et al. 2001 als ∆1β bezeichnet, vorausgesetzt es handelt sich um die selben zwei Krüge. 17 Die Krüge werden in den entsprechenden Publikationen zwar nicht als ∆1β bezeichnet, J. Maran, der die Funde im Museum von Delphi sichtete, weist sie aber dieser Ware zu und erwähnt auch die Existenz zahlreicher weiterer Fragmente (Maran 1992, 314–315).

Die Bestimmung der hier aufgeführten Gefässe scheint zwar sicher, trotzdem muss man damit rechnen, dass mattbemalte Krüge auch automatisch und ohne grosse Überprüfung ∆1β zugewiesen wurden. 14 F. Dakoronia beschreibt den Krug als rötlicher als die anderen (Perivoli, Achinos und der „SaugflaschenKrug“ aus Lianokladi) sowie versehen mit einem Ton-Überzug. Dennoch ist sie der Meinung, er gehöre nicht einer anderen Kategorie an. Die NAA-Analyse von Mommsen et al. 2001 bestätigt die Zuweisung zu ∆1β (vorausgesetzt es handelt sich um den gleichen Krug aus Neo Monastiri). 5 Eine Zuweisung zu ∆1β wird zwar nicht explizit 1 erwähnt, kann aber aus der Beschreibung und den Vergleichen relativ sicher abgeleitet werden. Das Motiv sich überlagernder, aus Leitermotiven gebildeter

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bekannt sind, beispielsweise aus Pevkakia18 und Pteleon (Maran 1992, S. 282 und Taf. 150.1)19. Vielfach sind sie aber eng mit der ∆1β-Ware verwandt. Im Halsbereich weisen die Krüge eine der Gefässform angepasste Dekoration auf, der Schulterbereich hingegen entspricht den gängigen Schemata. Da die Übersicht der Pevkakia-Krüge bereits alle Variationen der Halsdekorationen aufweist (horizontale Linien hinten, senkrechte oder schräge, sich teils kreuzende Linien seitlich und verschiedene Motive vorne: Kreuzschraffur, unterschiedliche Anordnungen von Leiterbändern, Winkelmotive oder kleine kreuzschraffierte Rauten), wird hier nicht weiter darauf eingegangen. Als eher seltene Abweichungen von der StandardDekoration können auch ein paar Krüge mit Bemalung der unteren Gefässhälfte genannt werden. In Platania ist ein Krug beispielsweise mit Kreuzen verziert und ein anderer mutmasslicher Krug weist eine zusätzliche Dekor-Zone mit leeren Rhomben auf, welche sich allerdings verjüngt (Abb. 4.12). Zum Krug Maran 1992, Taf. 110.1 mit seinen leeren Metopenfeldern in der Schulterzone findet sich auch in Platania ein Beispiel, dort allerdings mit kleinen Füllmotiven in diesen Feldern. Auffallend ist ein Fragment aus Orchomenos, welches horizontale Linien bis zur Höhe des Bodens trägt (Sarri 2010 Taf. 66.9), sowie ein Krug aus Pevkakia mit einem Zickzack, im Negativ, gebildet durch zwei sich gegenüberliegende Reihen von Dreiecken, auf der Schulterzone (Maran 1992 Taf. 111.8). In Bezug auf ihre Form soweit einzigartig sind ein kleiner enghalsiger Krug aus Platania (aus Platzgründen mit einem Band kreuzschraffierter Rhomben anstelle der grossen Dreiecke; Abb. 4.10) sowie auch ein dank zweier Ausgüsse auf Bauchhöhe als Saugflasche nutzbarer Krug aus Lianokladi (Dakoronia 2010, S. 579 Abb. 3–4).

Kratere / Schüsseln und Töpfe (Abb. 4.1–2; Papakonstantinou et al. 2015, S. 996 Abb. 4) hingegen haben einen niedrigen, ausschweifenden Rand, der ein bis zwei Reihen kreuzschraffierter Rhomben aufweist, seltener eine offene Zone nur mit Füllmotiven wie Kreuzen (Abb. 4.1). Ihre Grösse variiert stark. Generell haben sie zwei horizontale Wulsthenkel auf der Höhe des grössten Durchmessers. Eine für die ∆1β-Ware untypische Form ist eine Schale aus Platania: ohne Randzone mit einziehender Schulter und kurzer, oben abgeflachter, nach aussen zeigender Lippe (Abb. 4.2). Den oberen Abschluss ihrer Dekoration, bestehend aus Dreiecksmotiven, bilden lediglich zwei horizontale Linien. Bei kleineren Töpfen kann die Randzone auch fehlen. Ein besonders grosser Krater aus Platania hat eine zweite Dekorationszone auf der unteren Gefässhälfte mit durch Leitermotive gebildeten Rhomben, welche Füllmotive (kreuzschraffierte Rechtecke) aufnehmen. Einen Einzelfall bildet ein bemalter zylindrischer Fuss aus Platania, dessen zugehörige Gefässform aber nicht rekonstruiert werden kann. Im Folgenden soll nun ein kurzer Überblick über die wichtigsten Züge der Dekoration der Gefässe gegeben werden. Die Halszone wird, abgesehen von den bereits erwähnten Ausnahmen, zur grossen Mehrheit von einer bis viereinhalb Reihen kreuzschraffierter Rhomben eingenommen. Ein hoher Zylinderhals einer sehr grossen Amphora mit vier Reihen ist aus Kirrha bekannt (Skorda 2000, S. 679 Abb. 9–10). Manchmal haben auch kleinere Gefässe mehrere Reihen deutlich kleinerer Rhomben. Das Motiv kann zudem zu einem Stundenglas-Dekor gewandelt werden, indem zwei Reihen halber Rhomben resp. Dreiecke übereinander gestellt werden (Abb. 2.3). Ein hoher, schlanker Zylinderhals aus Platania kombiniert eine Reihe kreuzschraffierter Rhomben mit einer Reihe leerer Rhomben,

18 Beispielsweise: Ein kompletter Krug aus Grab 464 (Phase 7 oder jünger) in mattbemalter Ware mit weissem Überzug (Maran 1992, 173–174, Farb.-Taf. 1 und Taf. 125), versehen mit einer Reihe ungewöhnlicher Füllmotive. 19 Grobe mattbemalte Ware mit rosa bis gelbem Überzug. Die beiden weiteren Krüge (Maran 1992 Taf. 149.2

und 150.2) finden keine Entsprechungen in Pevkakia und gehören definitiv nicht in diese Serie, ebenso wenig wie die beiden Krüge aus Pelasgia (Spyropoulos 1972; aber Dakoronia 2010, S. 578).

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getrennt durch eine horizontale Linie, und ein weiteres Gefäss weist eine leere Zone unterhalb einer Reihe kreuzschraffierter Rhomben auf. Vom Kastro von Lamia stammt ein Hals mit ineinander eingeschriebenen, nach unten ausgerichteten Dreiecken (Stamoudi 2010, S. 571 Abb. 2.2) und aus Pevkakia einer mit einem Zickzack, gebildet mit einem Leitermotiv (Maran 1992 Taf. 44.12). Mit mehr Aufwand und komplizierteren Motiven dekorierter Hälse stammen aus Melitaia (Bakalakis 1959, S. 89–91 Abb. 13–15) und dem Gebäude 4 von Platania. Die Dekoration der sich nach oben massiv verjüngenden Schulterzone mit grossen Dreiecken aus Linienbündeln ist auf die Gefässform angepasst und ermöglicht eine flächendeckende Bemalung des Gefässes. Sie ist vielfach noch verstärkt durch zusätzliche Dreiecke (erhöht in der Freifläche zwischen den grösseren Dreiecken, aber auch hängend20), durch Füllmotive und durch Spiralen an den oberen Enden jener Dreiecke, welche die obere Feldbegrenzungslinie nicht erreichen. Es wird denn auch von einem „horror vacui“ gesprochen (Sarri 2010, S. 157). Die Linienbündel der Dreiecke bestehen neben den einfachen Linien oftmals zusätzlich auch aus Leitermotiven und Bändern aus kreuzschraffierten Rechtecken. Für die Ausfüllung des Innenraums der Dreiecke gibt es verschiedene Möglichkeiten: ein Feld aus kreuzschraffierten Rhomben (Abb. 2.1 sowie Papakonstantinou et al. 2015, S. 997 Abb. 7.1)21, allgemeine Kreuzschraffur und sich kreuzende Leitermotive (vgl. ein Beispiel aus Pteleon in Verdelis 1952, S. 138 Abb. 7αβ)22 oder auch ganz einfach zwei Leitermotive resp. zwei Doppellinien in V-Form angeordnet. Die Linienbündel der Dreiecke können sich auch überschneiden, so dass sich die Dekoration der Schulterzone auf eine Art Gitternetz oder Zickzack reduziert. Wie erwähnt können die äussersten Linien der Dreiecke nach oben verlängert und mit Spiralen versehen sein. Selten wird dies zusätzlich auch

mit den zweitäussersten Linien gemacht, so dass sich vier Spiralen ergeben. Der sich durch die Verlängerungen ergebende Winkel oberhalb der Dreiecke ist gelegentlich mit einem kreuzschraffierten Rhombus ausgefüllt. In Lianokladi ist zudem ein Fall bekannt, bei dem Linien mit Spiralenden seitlich abstehen (Papakonstantinou et al. 2012, S. 58 Abb. 4), was auch mit mindestens zwei direkt anliegenden Spiralen (Maran 1992 Taf. 109.7) und seitlichen Gruppen von Fransen und Dreiecken in Pevkakia verglichen werden kann (Maran 1992 Taf. 57.6, 67.5 und 94.3). Seltener kommen vertikale Gliederungen und Trennlinien in der Schulterzone vor (Abb. 2.1 und 2.5; Lianokladi: Wace & Thompson 1912, S. 181, Abb. 125; Melitaia: Bakalakis 1959, S. 88–89 Abb. 12). Die Füllmotive (Abb. 6) der Freiflächen zwischen den Dreiecken bestehen meist aus Strichen mit Fransen, Winkelmotiven (siehe auch Abb. 2.5), Sternen und sich kreuzenden Linien, können aber auch aufwändiger sein, beispielsweise Kreuze mit Spiralenden. Spiralen können auch als unterer Abschluss der oberen Feldbegrenzung vorkommen sowie Girlanden (Abb. 4.11; in einem Beispiel auch oberhalb der unteren Begrenzung), hängende kreuzschraffierte Vierecken und Dreiecken (Abb. 4.4) und Fransen (Abb. 4.4 und 9). Seltener ist auch ein Band aus einer oder zwei Reihen von Spiralen (Maran 1992 Taf. 57.4) oder aus kreuzschraffierten Quadraten bereits weiter oben zwischen den horizontalen Linien eingeschoben. Die Einheitlichkeit der Dekoration innerhalb dieses Stils über die Gefässformen hinweg fällt auf und wird auch durch die zahlreichen Neufunde aus Platania bestätigt. Die Anzahl Motive ist eher gering und man bemerkt, abgesehen von den Spiralen und den mit ihnen verwandten konzentrischen Doppelkreisen (vgl. Achinos: Dakoronia 2010, S. 580 Abb. 5–6), das Fehlen jeglicher kurvilinearer Dekoration, obwohl für letztere – wie die Importgefässe in Platania

20 Respektive Winkel. Siehe Abb. 4.11 sowie weitere Beispiele aus Pevkakia (Maran 1992 Taf. 46.5 und 76.12). 21 Dies kommt vor allem bei Dreiecken vor, die nur aus ein bis zwei Linien gebildet werden.

22 Von N. M. Verdelis als Γ1ε bestimmt, von J. Maran aber eindeleuchtend der ∆1β-Ware oder jener mit rosa bis gelbem Überzug zugewiesen (Maran 1992, S. 281).

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(z.B. Papakonstantinou et al. 2015, S. 998 Abb. 8.2) und Pelasgia (Spyropoulos 1972, S. 471 Abb. 1) und auch die mattbemalte Ware BK 11 aus Pevkakia (Maran 1992, S. 162–169)23 zeigen – durchaus Inspirationsquellen vorgelegen hätten24. Die Linien sind meist sehr schnell, teils gar unsorgfältig gezogen und reichen oftmals über die Begrenzungen hinaus (Abb. 2.6). Es kommen auch durchaus Fehler vor, wie Rhomben mit unkompletter Schraffur (bspw. Maran 1992 Taf. 54.6) und bei den Rhombenreihen in der Halszone stellt man mehrfach fest, dass sich die Dekoration von der Anfangs- zur Endstelle hin vertikal verschiebt. Teils ist die Farbe fast weiss verblasst.

Verbreitung der ∆1β-Ware Abschliessend ist noch kurz auf die Verbreitung von ∆1β einzugehen (Abb. 1). Ihr deutlicher Schwerpunkt liegt in der Spercheios-Ebene, wo sie an allen Fundstellen vorkommt. Des Weiteren gehört sie entlang der Küste von der Spercheios-Mündung bis in den Pagasitischen Golf zum Keramikstandardinventar, was auf maritime Kontakte entlang des nördlichen Euböischen Golfes hinweist. Ebenso kommt sie in Südthessalien vor, im Besonderen entlang der Landverbindung von Lamia (Kastro) über Taratsa, Melitaia und Domokos25 nach Neo Monastiri. Je weiter man sich von ihrem Kerngebiet entfernt, desto mehr scheint sich ihr Gefässspektrum auf die charakteristischen Krüge zu reduzieren (Orchomenos, Pevkakia, Eutresis). Aus diesem Grund wurde oben die These geäussert, dass es sich dabei um einen speziellen Exportartikel handeln könnte. Diesen Befund bestätigt die Neutronenaktivierungsanalyse von zwei Krügen 23 BK 11: „Mattbemalte Ware mit monochromer oder polychromer Bemalung auf hellroter bis gelber Oberfläche bzw. auf weissem bis gelbem Überzug“. 24 A. Stamoudi erwähnt in Taratsa Wellenlinien auf Fragmenten der ∆1β oder verwandter Waren als Zeichen für die Spätbronzezeit, welche an dieser Fundstelle gut vertreten ist (Stamoudi 2003, S. 267). 25 Ein Krug kann möglicherweise der ∆1β-Ware zugerechnet werden (∆1β Wace & Thompson 1912, S. 215; Maran 1992, S. 272).

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aus Achinos, einem aus Neo Monastiri und zwei aus Perivoli, die – so das Resultat – alle aus derselben, nicht lokalisierten Werkstatt stammen (Mommsen et al. 2001, S. 347 und Tabelle 2). Nach Süden hin kommt die ∆1β-Ware nur ganz selten vor und bereits aus Mitrou in der opuntischen Lokris berichtet Ch. Hale lediglich von wenigen Scherben aus den Phasen, welche Pevkakia 5 bis 6 Mitte entsprechen26. Ein Spezialfall ist die Landverbindung nach Kirrha am Korinthischen Golf, die bereits oben beschrieben wurde. Zur Region Evrytania sind leider keine Informationen erhältlich, doch könnte man sich gut vorstellen, dass auch dort ∆1β vorkommt. Im Gegensatz zum südlicheren Zentral­griechenland, das seine eigene mattbemalte Tradition hatte, war der Einfluss des Spercheios-Tales nach Norden hin bedeutender. Die bisher nördlichsten sicher der ∆1β-Ware zugeordneten Fragmente fanden sich in Kypseli, verwandte und deutlich inspirierte Fragmente treten aber auch bis zur Argissa Magoula27 und Bournabaşi (Maran 1992, S. 251 und Taf. 145.16) auf. In Ermitsi wird zwar mattbemalte Keramik erwähnt, aber leider nicht weiter beschrieben (Chatziangelakis 2010). Für die ausgedehnten Grabungen in den mittelbronzezeitlichen Siedlungen von Aerino und Pheres liegen leider keine Informationen vor (Arachoviti 2000). Der Einfluss des mittelbronzezeitlichen mattbemalten Stils des Spercheiostales reicht aber noch viel weiter nach Norden. B. Horejs argumentierte überzeugend, dass die spätbronzezeitliche mattbemalte Keramik Zentralmakedoniens von jener des Pagasitischen Golfes inspiriert wurde (Horejs 2007, S. 281). Diese wiederum ist ein Produkt des Kontaktes mit dem mittelhelladischen Spercheios-Tal, wie dank der Resultate aus Agia Paraskevi eindeutig gezeigt werden kann (Krapf 26 Pers. Mitteilung Chris Hale (Universität Melbourne). Für mattbemalte Keramik aus Mitrou generell siehe Hale 2014. 27 E. Hanschmann bezeichnet die mattbemalten Fragmente als Importe (Hanschmann 1981, S. 114– 115 und Taf. 117–118). J. Maran weist sie der groben Ware mit weissem Überzug (BK1) zu (Maran 1992, S. 230).

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2017, S. 350–351). Der Name Lianokladi ist zwar in der Diskussion immer wieder gefallen, doch fehlte bisher für einen Beweis die Materialbasis (z.B. Horejs 2007, S. 278–281). Es sei hier als ein Beispiel das Auftreten ineinander eingeschriebener Dreiecke mit zwei Spiralen an der Spitze, dem charakteristischsten Leitmotiv der ∆1β-Ware, in der Toumba von Thessaloniki erwähnt (Aslaksen 2013, S. 187 Abb. 139 Obj. 989). Und wie für die Kontakte nach Thessalien eine Land- und eine Seeroute postuliert werden können, so wird dies auch für die Verbindungen nach Nordgriechenland der Fall gewesen sein. Man denke beispielsweise an die im Vergleich zur Chalkidiki recht unterschiedliche mattbemalte Keramik aus Aiani in Westmakedonien (Karamitrou-Mentessidi 2013). Diese Region ist aus Thessalien am einfachsten über Elassona erreichbar.

nicht repräsentierte Motive aus Lianokladi nahelegen. Dass ersteres Pevkakia besser entspricht, ist aufgrund der Küstennähe kaum verwunderlich. Seine Lage, die Importe und allgemein die reichen Funde sprechen dafür, dass Platania bei Agia Paraskevi als eines der Zentren des Spercheios-Tales angesehen werden muss. Mit der Auswertung der Keramik dieser bedeutenden Siedlung kann eine wichtige Forschungslücke geschlossen werden. Vor allem können weitere Aufschlüsse zur Chronologie und der Stilentwicklung der ∆1β-Ware erwartet werden, Fragen die hier noch weitgehend ausgeklammert worden sind. Unsicherheiten bestehen speziell noch betreffend des Übergangs von der Mittelbronzezeit in die frühe Spätbronzezeit vor der kompletten Mykenisierung, eine Phase die im ergrabenen Bereich von Platania leider nur schwach repräsentiert ist. Einige Einblicke zu jenen Phasen gewähren jedoch Neo Monastiri nördlich des Durchganges vom Spercheios-Tal nach Thessalien (Phroussou 2007 und 2010) und Frantzi (Karantzali 2015). Auch die mykenische Palastzeit selbst ist im Spercheios-Tal noch erst wenig erforscht, doch neue Ausgrabungen wie in der Kammergräber-Nekropole von Kobotades (Papakonstantinou et al. 2012, S. 61–62) versprechen wichtige neue Erkenntnisse.

Schlussfolgerungen und Ausblick Die Bedeutung der ∆1β-Ware war früh erkannt worden und wird nun durch die neuen Funde eindrücklich bestätigt. Das Spercheios-Tal war ein wichtiges regionales Zentrum am Schnittpunkt zwischen Nord und Süd, an bedeutenden Handelsrouten gelegen. Trotzdem oder gerade deswegen entwickelte sich ein eigener, distinkter Keramikstil, der auf benachbarte Gebiete, v.a. nach Norden und in die Phokis, erheblichen Einfluss ausübte. Neben der prominenten ∆1β lassen sich lokale Elemente gar in der grauminyschen Keramik feststellen (Papakonstantinou et al. 2015, S. 991– 992). Umgekehrt weist auch die ∆1β Einflüsse aus dem Süden auf28, die aber eine eigene Studie verdienen. Der Fortschritt in der Forschung erlaubt es allgemeiner innerhalb der mittelbronzezeitlichen Keramik immer mehr regionale Stile herauszuarbeiten. Es ist nicht ausgeschlossen, dass sich in Zukunft gar verschiedene lokale Traditionen innerhalb des Spercheios-Tales definieren lassen werden, wie dies im reichen Material von Platania

28 Man notiere hier beispielsweise das Vorkommen zentraler Motive wie der Reihe kreuzschraffierter Rhomben oder der aus sich oben teilweise schneidenden

Dank M.-F. Papakonstantinou, Vorsteherin der Ι∆’ Ε.Π.Κ.Α. und anschliessend der Ephorie für Altertümer von Phtiotis und Evrytania, gebührt mein grosser Dank für die Möglichkeit, die Keramik dieser vielversprechenden Grabung auszuwerten und hier ausgewählte Beispiele und Resultate für diesen Überblick zu verwenden. Die hier abgebildeten Zeichnungen und Fotos stammen, wo nichts anderes vermerkt ist, vom Verfasser. Es sei abschliessend erwähnt, dass die Grabung in Platania bei Agia Paraskevi bis in den

Linienbündeln gebildeten Dreiecken, gar in Kombination mit Leitermotiven, im FH III zeitlichen Lerna IV (bspw. Rutter 1995 Abb. 34 Nr. 534 und Abb. 98 Nr. 1170).

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Sommer 2017 unter der Leitung von M.-F. Papakonstantinou fortgesetzt wurde, der hier publizierte Vortrag von 2012 aber auf den zu jenem Zeitpunkt verfügbaren Resultaten basiert, ergänzt mit jenen bis 2013 (Papakonstantinou

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& Krapf im Druck). Die weiteren Funde bestätigen das hier gezeichnete Bild und werden es in Zukunft erlauben, die Chronologie zu verfeinern. Einzig die generelle Bibliografie konnte, wo noch möglich, aktualisiert werden.

Abb. 1.  Verbreitungskarte der ∆1β mattbemalten Keramik (nach Hope Simpson & Dickinson 1979 und Maran 1992, S. 300; Nachtrag der neuen Grabungen).

Abb. 2.  Beispiele versch. Bemalungs- und Oberflächenqualitäten der ∆1β-Ware aus Agia Paraskevi Platania: 1 (αρ. 809), 2 (αρ. 826), 3 (αρ. 819), 4 (αρ. 1450), 5 (αρ. 224), 6 (αρ. 815).

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Abb. 3.  Mikroskop-Aufnahmen verschiedener Qualitäten lokaler mattbemalter Keramik in Agia Paraskevi Platania: 1 (αρ. 809, entspricht Abb. 2.1), 2 (αρ. 826, entspricht Abb. 2.2), 3 (αρ. 831, entspricht Papakonstantinou et al. 2015, S. 996 Abb. 4), 4 (αρ. 824, entspricht Papakonstantinou et al. 2015, S. 997 Abb. 7.1).

Abb. 4.  ∆1β-Ware aus Agia Paraskevi Platania (1–8, 10 und 12), Lianokladi (9) und Pevkakia (11): 1 (αρ. 754), 2 (αρ. 715), 3 (αρ. 813), 4 (αρ. 1292), 5 (αρ. 786), 6 (αρ. 1216), 7 (αρ. 1217), 8 (αρ. 720), 9 (nach Maran 1992 Taf. 147.2), 10 (αρ. 1296), 11 (nach Maran 1992 Taf. 50.9), 12 (αρ. 1320).

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Abb. 5.  Übersicht der Gefässformen der ∆1β-Ware: Ach (Achinos), Li (Lianokladi), Pe (Pevkakia), Pl (Agia Paraskevi Platania).

Abb. 6.  Übersicht der Motive der ∆1β-Ware.

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Die mattbemalte sog. Lianokladi-Ware (Δ1β / Δ1γ)

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58

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T obias  K rapf

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Barbara Montecchi

Counting, labelling and sealing: a fresh look at Linear A administrative practices1

Introduction Linear A is a script attested in the Aegean, during the first half of the Second Millennium B.C., on a great variety of media, used for different purposes. Here we will focus only on administrative records written on small clay tablets (with a width that varies from about 3.50 cm to about 8 cm and about 5.50 cm to about 11 cm in length) and sealed clay lumps of different shapes. The latter are grouped into four main types, conventionally called roundels, noduli, flat-based (or packet-) nodules and hanging (or string-) nodules2. The latter are in turn divided into two- and single-hole hanging nodules (hereafter T-H and S-H nodules). Linear A is a syllabic script with logograms. This means that most of the signs correspond to a single vowel or to a syllable, i.e. a consonant plus a vowel, while a few should correspond to a word or abbreviation. This is also true for Linear B, which is the script used by the 1

2

I am grateful to the Organising Committee and particularly to Dr. Julien Beck for the opportunity to present my current research here, and to the Institute of Classical Studies of London for the financial support for my research period at the Institute for Classical Archaeology of Heidelberg University (October-November 2012), and to Prof. D. Panagiotopoulos and Dr. M. Anastasiadou who kindly facilitated my work there. Any residual errors or omissions are my responsibility. For the main types of Neopalatial sealed documents and their sub-types see Hallager 1996, p. 21–24, fig. 2.

Mycenaeans and which was derived from Linear A3. Linear A and B actually share more than 60 syllabograms, but whilst we know that Linear B was used to write Greek, we do not know what the language of Linear A is. Hence, we are not sure that the same sign had the same value in both scripts, even though it is probable4. In this paper, for the convenience of the reader and the sake of simplicity, Linear A syllabograms will be transliterated by applying the conventional phonetic values used for Linear B, which, in any case, do not necessarily reflect the actual phonological valence of the sign. Fig. 1 shows Linear A syllabograms and next to each sign the conventional phonetic transcription accepted for Linear B. Nevertheless, some of the signs in fig. 1, such as A *307, *321, *324, *329, *345, are poorly attested and never as an internal sign in a syllabic sequence; as a consequence their syllabic nature remains questionable. Moreover, some signs classified in GORILA V have been here deleted for the following reasons: 3 4

On this matter see recently Tomas 2017, p. 60–64. The matter is disputed, some scholars think that only some Linear B signs, among those clearly derived from Linear A, maintained their original phonetic value (inter al. Olivier 1975; Godart 1984, p. 122–128; Duhoux 1989, p. 66–76), others think that we have no reason to assume any change in the phonetic value of these signs (inter al. TMT; LinAPhT). A recent review of the evidence shows, however, that, even if a certain amount of adapatation must have taken place, these are likely to have worked on a principle of phonetic similarity (Steele & Meissner 2017).

60

• • • • • •

B arbara M ontecchi

A *314 (HT Wc 3006b) is considered equivalent to AB *295; A *315 (HT 9a.1, 17.2, 19.2, 42[+]‌59.2, 49a.4) is considered equivalent to AB *026; A *331 (HT 40.1) is considered equivalent to AB *54; A *332 (HT 97b; 107.3) might be a divertissement on HT 97b and equivalent to A *302 in HT 107.37; A *340 (HT 29.4̣) is a barely recognisable sign8; A *342 (HT 43.2) is considered equivalent to AB *118.

As for the logograms, the meaning of some of them is totally unknown, but these do not constitute the bulk of the evidence at our disposal. The majority of recorded products are represented by logograms whose general meaning is self-evident due to their shape (for example, ideograms for people and vessels) or whose resemblance to Linear B, both in shape and context of use, is close enough to assume that they had the same meaning. This is the case with certain logograms for staples, livestock, wool and cloth (fig. 2). Therefore, even though Linear A has not been deciphered yet, and our capacity to understand the content of the administrative records depends largely on the interpretation of the logograms, we can gain, at least in some cases, a good insight of the texts. My aims here are: 1) to clarify how clay document shapes are currently defined and stress the necessity to agree on a Linear A tablets’ conventional classification, before to pass to compare the shapes of Linear A and B tablets; 2) to show how we can understand the general content of a Linear A administrative text, even if we do not know the language; 3) to clarify which economic sectors were covered by the records written on Linear A tablets; 4) to compare 5 6 7 8 9 10

LinAPhT. LinAPhT; TMT. See also comments in TMT, p. 95. GORILA I; LinAPhT. Schoep 2002, p. 16. Schoep 2002, p. 16–17, fig. 1.1.

Linear A and Linear B tablets from the point of view of their contents; 5) to shed light on the mutual correlation of tablets and sealings in the Neopalatial Period.

Classification of the Linear A “tablets” according to their shapes Among the documents generally termed “tablets”, we can actually recognise four main shapes: page shaped tablets, elongated (or oblong) tablets, bars, and “blades” (also called two-sided bars). A page shaped tablet is a rectangular clay document, whose vertical height exceeds the horizontal width9. This format is only attested in Linear A and Linear B. An elongated/oblong tablet is a rectangular clay document, whose horizontal width exceeds the vertical height10. This format is attested in Cretan Hieroglyphic, Linear A and Linear B (in Linear B they are often termed “Palm-leaf tablets”). A bar is a four-sided or three-sided clay prism, most of the time pierced at one edge11. This format is only attested in Cretan Hieroglyphic and Linear A. The term “blade” translates French lame à deux faces, which refers to elongated flat clay documents, with a pierced pointed or rounded edge12. In order to avoid using the admittedly unclear term “blade” and to adopt a more uniform terminology, it seems better to call this kind of document two-sided bars13. As the four- and threesided bars, also this kind of flat pierced bar is only attested in Cretan Hieroglyphic and Linear A. If we apply the above definitions to the documents published in GORILA, we find out that all Linear A tablets from LM I(B) Arkhanes, AyiaTriada, Khania, Milos, Palaikastro, Pyrgos, Tylissos, and

1 1 Schoep 2002, p. 16–17, fig. 1.1. 12 Olivier & Godart 1996, p. 11 (for the best preserved examples, see documents from Malia #085–91 and #109–110); Karnava 2016, p. 69. 13 Tomas 2010, p. 345, fig. 26.1.

Counting, labelling and sealing: a fresh look 61

Zakros can be classified as page shaped, whereas among the documents from Kea (MM III), Knossos (MM III – LM IA?), Mallia (MM III), and Phaistòs (mostly MM IIB)14 we can recognise a wider range of formats. In my opinion, tablets from Kea, Knossos, Mallia, Papoura and Phaistos can be grouped according to their shapes as following, even if it remains difficult to classify fragmentary pieces15: Page shaped tablets (vertical height exceeds the horizontal width): KE 1 KN 1, 2, 28, 32 PH 1?, 2, 3, 6, 7, 8, 11, 18, 19?, 25?, 27?, 28, ?, 30? Elongated/oblong tablets (horizontal width exceeds the vertical height): MA 4 e 6 (Linear A?)16 PA 117 PH 10, 16?, 17?, 24 Four-sided bars: MA 1, 10 Three-sided bars: KN Hg 01 (Linear A?)18 MA 2 Two-sided bars: KN 22? MA 9? PH 9, 12?, 13?, 14?, 15?, 22, 26? Since, as we said, all Linear A tablets from secure LM I contexts are page shaped, some scholars argue that elongated tablets were not used by Linear A administrations and explain the large use of this kind of tablet in Linear B as influenced by Cretan Hiroglyphic practices, since we know four or five elongated tablets written in this script19.

Nevertheless, the above classification shows that we do have Linear A elongated tablets (and bars) as in Cretan Hieroglyphic. Therefore, the suggestion of an intense interply between Cretan Hieroglyphic and Linear A categories20, at least in the MM IIB-III, deserves to be taken into high consideration.

14 PH 1, 3, and 54 date back to the MM III and PH 30 to the LM IB. 15 A question mark is placed next to the pieces whose orginal shape is not certain. 16 By contrast, all the five tablets from Malia presumably written in Linear A are termed bars by M. Perna (Perna 2016, p. 97). 17 Stray find from Papoura. Its horizontal width slightly exceeds the vertical height. Palaeography fits a possible LM IB chronology. 18 This three-sided bar from the Knossos Palace is doubtfully catalogued as Hieroglyphic inscription (CHIC, p. 18,

#048), but V. Petrakis has recently argued that it is a Linear A inscription (Petrakis 2017, p. 81–83). 19 Recently Tomas 2017, p. 67 20 Petrakis 2017, p. 80–88. 21 For a convincing explanation of the reason why syllabogram NI was also used as the ideogram for figs see Neumann 1957. 22 Montecchi 2010, with substantial corrections and changes in Montecchi forthcoming, chapter III.2.

Analysis of Linear A tablets Clay tablets were used as records aimed at controlling the mobilization of resources and goods. I have selected two examples in order to show how and to what extent we can understand Linear A administrative texts. The first example is ZA 8. Two transcriptions of this tablet are shown in fig. 3: the one on the right is made by simply copying the signs, while on the left the text is written using the standard signs (those shown in fig. 1) and by grouping them in order to clearly show syllabic groups, i.e. words. In the first line, two small strokes are used as word dividers, therefore we have two syllabic groups and one single sign. The latter must have an ideographic value, since it is followed by a numerical indication (fraction J), and because the same syllabogram *30 is also used in Linear B both for the syllable NI and for figs21. Therefore, we can infer that this is a record of different amounts of figs. In adherence with the classification system I have previously suggested22, this tablet can be included in the N- class (records of figs only). Figs should be received or delivered by different entities indicated by the syllabic groups that precede numerals (vertical strokes are units,

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B arbara M ontecchi

while the signs after them represent fractions). Consequently, we can infer that the syllabic groups are probably place and/or personal names, relating to the senders and/or recipients of the recorded product (i.e. figs). The question which now arises is whether it is possible to decide if they are place or personal names. In the case of tablet ZA 8, the answer must be yes, because the syllabic group in line 5 also occurs in a Linear B tablet from Knossos (KN B 799.1) which records men, as is shown by the logogram conventionally transcribed as vir. In other words, in a Linear B list of male personal names from Knossos, we can recognise the same syllabic sequence that we find in the Linear A tablet from Zakors (ZA 8), da-i-pi-ta. Since it is highly plausible that Minoan personal names also survived in Mycenaean times, we can infer that da-i-pi-ta is a male name both in Linear A and B, and, as a last consequence, that all syllabic groups in ZA 8 are personal names, even if they are directly followed by numerals, with the logogram for figs being implicit. As a second example of Linear A text analysis, we will take tablet HT 123, from AyiaTriada in southern central Crete. This tablet is written on both faces and is a palimpsest. We can indeed detect some signs of the older text, which was erased when the clay had not yet completely dried out, so as to write a new text. The obverse records olives (logogram *122) and an unknown product indicated by logogram *308. The latter commodity is probably also recorded on the reverse, since sign *308 is noted in line 1 followed directly by numbers, but it remains difficult to explain the role played on the reverse by a sign of uncertain function (*188), because it precedes *308 in line 1 and is also repeated in line 2 directly followed by a number. Due to these uncertainties and the fact that no other specialised tablets for olives are known thus far, I have classified this

tablet in the M- class (records of miscellaneous products), instead of creating a specific class for olive records. We will focus here only on the obverse of the tablet (HT M 123a). Two transcriptions are shown in fig. 4: on the right the one made by simply copying the signs as they appear on the clay, and on the left the same text transcribed using the corresponding standard signs and Arabic numbers instead of Linear A tens and units. It must be stressed that the reading of several numbers is made unclear by the traces of the older text, and some are partially lost due to damage23. Thanks to the personal examination of the tablet in the Archaeological Museum of Heraklion, I can now confirm the reading suggested in GORILA I as apparatus24. If we carefully observe this text, we recognise a recording pattern made up of syllabic groups followed by quantities of olives, quantities of commodity *308, and amounts indicated by the word KI-RO. This pattern is strictly repeated four times, although at the end of the record (lines 7–9) a difference can be detected: syllabic group “KU-RO” is repeated twice, once followed by the logogram for olives, and the second time preceded by logogram *30825. This fact tells us that this word must differ from the previously listed syllabic groups. Moreover, we can easily understand that the numbers that follow each KURO respectively represent the total of the amounts previously written after the olive logogram (93+E) and after *308 (25+H). Nevertheless, the latter differs from the actual sum of the numbers that follow logogram *308 in lines 2–6. According to GORILA I, in line 5 an amount of *308 equal to 4+A would have been recorded. If this were the case, the actual sum would be 24+J+3E+A. Since the total noted in lines 8–9 is [2]‌5+H, we should deduce that 3E+J+A = 1+H, an equation valid with J = ½, E = ¼, H = 3/10, A = 1/2026.

23 Cf. CTLA2 and GORILA I with corrigenda in GORILA V. Was 1981, p. 94–95 and Schrijver 2014, p. 15–17, also discuss the reading of the signs, but without examining the original tablet. 24 I warmly thank the director of the Archaeological Museum at Heraklion, Dr. S.Mandalaki, for the study permits.

25 Was 1981b (thoroughly criticized in Bennett 1983 and 1985); Cash &Cash 2011 (discussed in Montecchi 2013, p. 12–14); Schrijver 2014, p. 15–19 (who does not know Cash &Cash 2011). 26 Montecchi 2009, p. 33; Cash &Cash 2011.

Counting, labelling and sealing: a fresh look 63

Nevertheless, as is shown below, in line 5 we can read 4+X, much better than 4+A. As a consequence the equation must be 24+J+3E+X = 25 H, i.e. 3E+J+X = 1+H, and we could infer that J = ½, E = ¼, H = 1/3 and X = 1/12. HT 123a 1–2

KI-TA-I

olives

*308 8 E

KI-RO 1 X

*308 8 Ẹ J

KI-RO 2̣ X̣

*308 4 X̣[]

KI-RO JE

*308 4 E

KI-RO JE

*308

KU-RO [2]‌5 H

31 3–4

PU-*131a

olives

31 J̣ 4–5

SA-RU

olives

16 6–7

DA-TU

olives

with fraction sign D (*303‘D’). In line a.4, four persons would receive an amount B of the same product measured according to the same subunit of measurement. From this, one could infer that 10:4 = J: B, and, as a consequence, that J = ½ and B = 1/5. J = 1/2 is also proved by the sum on tablet HT 104. All things considered, I think that we should wait for new texts, containing fractions in clear sums, in order to find a definitive solution for the values of fraction signs B, D, and H.

15 7–9

KU-RO

olives

KI-RO 6[

93 J

The hypothesis H = 1/3 was also suggested by E. Bennett, along with D = 2/3 and DD = 1/627. Nevertheless, if we assume that compound fractions are the sum of each simple fraction28, DD must be understood as D+D and, as a consequence, if D = 2/3, then DD should be equal to 4/3, however this value is not acceptable, because it corresponds to 1 whole unit + 1/3. Since the D fraction series is often attested and includes D, DD and DDDD, with the meaningful absence of DDD, values D = 1/6, DD = 1/3 e DDDD = 2/3 are plausible29. Nevertheless, this hypothesis contrasts with the calculations carried out on tablet HT 123a, from which we have deduced H = 1/3. In order to solve the problem, P. Schrijver, suggests D = 1/5 (and, as a consequence, DD = 2/5, DDDD = 4/5), which would allow H = 1/330. Nevertheless, the value 1/5 could be suggested for fraction B, on the basis of tablet KH 7a31. This tablets eems to record allocations of product *303 (wheat?)32 to different groups of people33. In line a.10, ten persons would receive an amount J of product *303 measured in ‘D’ fractions, instead of whole units, since logogram *303 is associated

2 7 Bennett 1950, p. 207. 28 Recently inter al. Schrijver 2014, p. 19–20. 29 Cash & Cash 2011; Montecchi 2013, p. 12–14. 30 Schrijver 2014, p. 21–22. 31 Montecchi 2009, p. 34.

Economic sectors covered by the records on Linear A tablets The issue of what the records written on the clay tablets relate to is closely linked to their classification. At first sight, we can simply distinguish between records of miscellaneous commodities and specialised records. In the first category, different products are recorded together on the same tablet, especially wheat, barley, olives, figs, olive oil, wine, vessels, wool, textiles and animals, as well as other products indicated by unknown logograms. The second category covers records of a single product: for example wheat, or a single resource, such as animals, or lists of personnel followed by regular amounts of foodstuffs. It is obvious that this simple observation does not satisfy our need for understanding the purposes for which the tablets were written. In order to achieve this goal, we can group tablets, firstly, according to the logograms used, and subsequently on the basis of the variation occurring in the arrangement of the texts. As I mentioned above, in a paper I published a few years ago, I reviewed previous classification proposals, and suggested my

32 For the possible identification of logogram A *303 with Linear B *121, and of the latter as the logogram for wheat see Schoep 2002, p. 92, fig. 3.1, and p. 111–112. 33 TMT, p. 125.

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own34. I have proposed grouping Linear A tablets according to the logograms that occur on each tablet. This is also the same criterion used to classify Linear B tablets. In my view, such a classification facilitates comparison of Linear A and Linear B tablets, since we can easily pass from these content-grouped categories to the economic sectors covered by the administrative records written on Linear A and Linear B tablets. My review of the texts published thus far has generated the following list of principal economic sectors covered by Linear A tablets:

B arbara M ontecchi

5. The disbursement of goods to both secular and religious recipients. 6. Auditing of goods and (religious/ritual) banqueting organisation.

1. Allocation of land granted. 2. The requisitioning of goods in the form of regular taxes. 3. The imposition of military obligations and other forms of service. 4. The control of certain craft activities (monitoring of raw materials, including sheep for wool, monitoring of workforce and rations, collection of finished products).

Although besides the areas that can be inferred from the hitherto known Linear A logograms, others could be hidden behind unknown logograms, this does not affect our ability to compare most of the main Linear A and Linear B administrative concerns. In other words, the lack of three important kinds of record in Linear A tablets, which are instead well attested in Linear B, cannot be down to chance. It seems safe to say, that we do not have Linear A tablets dealing with large numbers of sheep (intended for wool production), or the organisation of artisanal production, or land allotments. While for reflections regarding the organisation of craft activities I refer to the results of previous studies36, I would like to pause here to consider the issue of the recognition of possible cadastral documents in the Linear A documentation. First of all, it is worth recalling that in Linear B, cadastral records were identified thanks to the identification of certain terms referring to territorial subdivisions (e.g.te-me-no, ko-to-na, ka-ma, o-na-to) and land owners (e.g. ko-to-no-o-ko, ka-ma-e-we, o-nate-re), and also thanks to the understanding that logogram AB *120 was at times used as a unit of measurement for land37. Some attempts to detect Linear A cadastral records38, or at least terms linked to land vocabulary39, have indeed been made, but with no successful results, owing to the lack of secure knowledge of the Linear A language40. Even if it is plausible that the Minoans also measured their cultivated plots on the basis of the amount of seeds needed, we have no evidence that, in Linear A records,any of the *120 entries denote land area rather than actual barley. No Linear A text is, in fact, comparable to the long Linear B cadastral records from Pylos (in particular,

34 Montecchi 2010, with substantial changes in Montecchi forthcoming, chapter III.2. 35 See also Shelmerdine 2006, p. 74. 36 Montecchi forthcoming, chapter III.7, with previous references.

3 7 Del Freo 2005. 38 Was 1978a; Was1978b; Was 1981a. 39 Monti 2010, p. 40 contrasts Linear A u-mi-na-si to Hurrian omini ‘Land’. 40 As well shown by Bennett 1985.

1. Taxation: The collection of various kinds of goods from individuals and groups (e.g. places) 2. Craft: The collection of raw materials (e.g. wool) and finished products (e.g. cloth, vessels, perfumed oils) 3. Human Resources: Personnel lists (workers, perhaps also soldiers and/or religious personnel) 4. Livestock: Records of small numbers of animals 5. Feasting activities: Collection and distribution of agricultural and artisanal products for feasting, which probably occurred within a religious framework. It is interesting to compare the above list with the six main areas in which Mycenaean Palaces exercised administrative control35:

Counting, labelling and sealing: a fresh look 65

see series Eb, En, Eo and Ep). Only the tablets which show a specialised format, where syllabic sequences are followed by the *120 logogram (or one of its variants) and numbers, as for example HT 40, 102, 120, 128, can be compared with the short cadastral records from Knossos, particularly those in the E series (e.g. E 849, 1569, 9295). Nevertheless, these texts do not show a consistent pattern, which would enable us to interpret them as cadastral records: in HT 40 and 102 entries are in fact totalized; in HT 120, logogram *120 appears with different variants; in HT 128, the numbers are very small. Moreover, even tablets containing only logogram *120 and showing a recurrent pattern in text arrangement, such as HT 86 and 95, can be easily interpreted as records of barley, ruling out the hypothesis of land records. These texts are made up of a heading (i.e. a syllabic sequence followed by logogram *120 and/or its variants) and a list of syllabic groups followed by regular numbers41. Two observations lead us to interpret these texts as barley – not land – records: 1) the regularity of the numbers (for example, always 20 in HT 86, or, in HT 95, always 10, except for 7 in line 5); 2) the fact that the same recording pattern is also adopted in the case of wine and figs. Summing up, Linear A tablets seem to be suitable for temporary records of a few basic resources, and to have been written in order to monitor smallscale operations in the immediate environment of the centres, where they were found. From a quick survey of the documentation, it seems that large numbers (hundreds and thousands) in single entries occur only in records of vessels (e.g. HT 31.5–6 and HT 39.5), or people (e.g. HT 105), while large amounts of agricultural commodities appear only occasionally in totalizing tablets (e.g. HT 92.1 and 102.5)42. It might be objected that this preliminary conclusion does not take

into consideration tablet TY 2, which features hundreds of products indicated by different compositions of logogram *309a-c with syllabograms, with a maximum attested per single entry of 5̣00 (fig. 5)43. Nonetheless, in lines 3–4 of this list we find 84 persons, clearly indicated by logogram *100/*102. This make me think that the other entries might also refer to people, as for example different work groups. Due to the gaps in the tablet, the numbers now total 1497, but the original amount was possibly 1500 or 200044. The hypothesis that tablet TY 2 may record thousands of people can be compared with the suggestion that Cretan Hieroglyphic four-side bars, which are characterized by large numbers, were census records45. The larger time, space and thematic extention of the Linear B records on clay tablets is here therefore confirmed.

41 Tablets showing this format are called Single Commodity Tablets in Schoep 2002, p. 82 and 172. 42 Montecchi forthcoming, chapter III.8. 43 Note that the transcription in GORILA I, p. 325 is here accepted, as it is generally preferred to the “corrected” one in GORILA V, p. 76 (inter al. TMT, p. 193).

44 See also LinAPhT (http://people.ku.edu/~jyounger/ LinearA/misctexts.html, accessed on 09/03/2017). 45 Olivier 1990, p. 74–75. Nevertheless, big numerical “rounded” entries on Hieroglyphic bars might also refer to animal flocks, particularly to sheep (Karnava 2017, p. 38 and 40). 46 Inter al. Weingarten 1990, p. 108–112.

Relationships between tablets and sealings in the Neopalatial Period From the above analysis we can deduce that, although clay tablets tend to focus the attention of all who are interested in administrative practices, records on Linear A clay tablets do not seem to have played as significant a role as they did in the Mycenaen and Near Eastern administrations. On the other hand, in the Neopalatial period we have a great variety of sealings, which are numerous and widespread, both on Crete and some Aegean islands, and which seem to have played a more important role46. Sealings have been grouped into four main types, conventionally called roundels, noduli, flat-based nodules and hanging nodules. The so-called flat-based nodules are little clay lumps of about 2 x 1.5 cm, whose main

66

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characteristic is the negative impression on their reverse (or base), which shows traces of fairly thin threads. They have been interpreted as sealings placed upon folded pieces of small, thin and lightly worked leather, presumably documents written on parchment, around which was wound the thread47. As clay analyses have definitely proved, flat-based nodules are evidence for sophisticated intra- and perhaps inter-regional communication via ephemeral documents to which they were attached48. Hanging nodules are also small clay lumps, about 2 cm in length, characterized by string holes which show that this type of nodule was fastened by a string to something, i.e. a commodity or a document in perishable material. Two types of hanging nodules are known thus far. The two-hole type shows a string-hole that goes all way through the long axis of the nodule, while the single-hole has a single aperture at one end of the nodule. Single-hole hanging nodules may have different shapes, but it seems that these are the result of the different ways in which they were formed, held by fingers, stamped with a seal and maybe inscribed, rather than reflecting different functions49. As for the function of the hanging nodules, it is still under dispute whether they were labels for containers and commodities which could be removed by loosening or cutting the cords50, or for papyrus documents (at least the Single-hole type)51. Some scholars have tried to combine this latter hypothesis with those of a multilevel archiving process, suggesting that records on the tablets were copied onto documents in perishable material, which were then labelled by clay hanging nodules52. However, in my opinion, it is unlikely that records of little value, such as those messily written on clay tablets, would

then be copied ontosuch expensive materials as parchment or papyrus. Moreover, inscriptions on hanging nodules are not easily comparable with those on Linear A tablets53. Therefore, no real link between records on tablets and nodules can be proved. On the contrary, reliable evidence does exist for connections between clay tablets, roundels and noduli, as is demonstrated by: (a) contextual associations, and (b) shared logograms and syllabic groups. The focus here is not the general function of roundels and noduli, which can been seen as autonomous sealed documents, acting as receipts of outgoing and/or incoming items or services54. Instead, we will focus on the relationship between these and the records written on tablets. As far as the archaeological contexts are concerned, one can observe that administrative documents of all types can be found in the same room, especially in dumps and archives or office rooms, like room VII in House A at Zakros, or the north-western area of the Villa at Ayia Triada55. It is remarkable, however, that contextual associations of tablets with roundels and/or noduli more often include storerooms and possibly workshops. This is the case, for example, with the South-west area of the Villa at AyiaTriada, where tablet HT 24 and 45 noduli (CMS II,6.20) were found, and storeroom 59 in the same Villa56, from which many Linear A tablets, one roundel (Wc 3019), and perhaps one nodulus (We 1024) all come57, or with small storeroom 5 in theTylissos House A (former storeroom η of the “Palace”), where two tablets (TY 2 and 3), two roundels (CMS II,6.277 and .278), two noduli CMS II,6.274 and .275, and one Single-hole hanging nodule (CMS II,6.276) were found, as well asone bronze ox-hide ingot58.

4 7 48 49 50 51 52 53 54

55 The statement that Linear A tablets and sealings rarely appear together in the same archaeological context (Tomas 2011, p. 36) may give the false impression of a neat separation between tablets and sealings, depending on what one means with “rarely”. 56 Hallager 2002. 57 Montecchi forthcoming, chapter II.6.1. 58 Hatzidakis 1912, p. 213–216, pl. 16.

CMS II.6, p. 349–356. Palaima 1990, p. 93; Weingarten 2010. See discussion in Montecchi 2015, p. 57–58. Weingarten 1990, p. 108. Hallager 1996, p. 197–199. Militello 1992; Schoep 2002, p. 197. Hallager 1996, p. 231–234. Hallager1996, p. 79–133; for the function of noduli see also Montecchi 2015, p. 61–62.

Counting, labelling and sealing: a fresh look 67

The majority of the roundels bear short inscriptions. Besides numerals, some logograms for livestock, agricultural commodities, personnel, vessels and cloths are attested on both roundels and tablets59. On the contrary, the majority of the noduli are uninscribed, but a few syllabic sequences, logograms for agricultural commodities and fraction signs occasionally occur both on noduli and tablets, and a few also on roundels60. At the present stage of research, the most representative instance of correlation between tablets and roundels is the following: one face of roundel HT Wc 3019 (CMS II,6.33) features the logogram for cloth, the outline so closely resembling the one on tablets HT 20.4 and 16.2 that it seems to have been incised by the same hand61. Moreover, on HT 20.5 the logogram for cloth is followed by fraction E, and a fraction E sign is also incised on one of the three seal impressions on the edge of roundel Wc 3019.

Finally, as mentioned above, these three documents might come from the same find-spot (room 59 of the Villa at Ayia Triada). Therefore, it can be suggested that the roundel certified three transactions of cloth, one also recorded on tablet HT 20 along with other items, while the other two were recorded on one or two other tablets which have not survived. As the roundel is an authenticated minidocument used to record and, at the same time, guarantee the correctness of collections and/ or allocations of goods in whole units, a more general comparison can also be made between roundels and Linear A tablets of that specific kind recording single transactions of whole units of a single product (such as HT 43). This type of record is also reminiscent of the Linear B elongated tablets from the Room of the Chariot Tablet in the Palace of Knossos, with which Linear A roundels have been already compared62.

5 9 60

6 1 62

Hallager 1996, p. 108–112. Hallager 1996, p. 127.

Montecchi forthcoming, chapter II.4.2. Tomas 2008.

68

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Fig. 1.  Main Linear A phonetic signs and the corresponding value in Linear B (adapted from GORILA V, p. XXII)

Counting, labelling and sealing: a fresh look 69

Fig. 2:  Main Linear A logograms, including measurement and fraction signs (adapted from GORILAV, p. XXIII–XXVII)

Fig. 3:  Transcriptions of tablet ZA 8: on the left, normalized, on the right, tabulated (adapted from GORILA III, p. 165)

70

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Fig. 4:  Transcriptions of tablet HT M 123a: on the left, normalized, on the right, tabulated (adapted from GORILA I, p. 211)

Fig. 5:  Tabular transcription of tablet TY 2 (adapted from GORILA I, p. 325)

Counting, labelling and sealing: a fresh look 71

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Ilaria Orsi

Géographie sacrée en Argolide entre la fin de la période mycénienne et la fin de l’époque géométrique

Introduction La réflexion concernant la géographie sacrée en Argolide de la fin de la période mycénienne (HR IIIB/C) à la fin de l’époque géométrique (700 av. J. C.) s’inscrit dans la problématique qui se développe autour de la question suivante : faut-il envisager une continuité ou, plutôt, une rupture dans le phénomène religieux en Grèce entre la fin de l’Âge du Bronze et le début de l’époque historique ? L’objectif principal est de montrer qu’il est possible (et, même, souhaitable) d’introduire des nouvelles notions qui permettront d’abandonner l’antithèse « continuité vs rupture » et qui nuanceront beaucoup plus le tableau. En partant de l’étude de cas spécifiques, nous explorerons en particulier la notion de continuité religieuse non détectable archéologiquement, mais cependant bien enracinée dans la tradition culturelle et la notion de redécouverte du passé.

Histoire du peuplement Le territoire de l’Argolide correspond à l’ensemble de deux unités géographiques physiquement

1 2

Kourou 2003, p. 71–90. Or, comme Pascal Darcque (Darcque 1998, p. 110– 111) l’a noté, il n’est pas facile de déterminer l’identité des sièges du pouvoir politique et économique tout au long de l’époque mycénienne. En devant choisir, nous

différentes : la péninsule d’Akte, qui s’étend sur 70 km dans la mer égéenne entre le golfe argolique et le golfe saronique, montagneuse, et l’Argeia, qui domine le golfe argolique et dont le cœur est la plaine d’Argos. Telles différences morphologiques demeurent en grande partie à la base des schémas de peuplement bien distincts qui définissent, déjà à partir de la fin de l’Âge du Bronze, les deux zones. À l’HR IIIB l’Argeia se caractérise par des habitats situés près de ses bords et, dans la plupart des cas, en position surélevée. Leur hiérarchie, ainsi que leur organisation, reflète le modèle proposé, entre autres, par N. Kourou1: des acropoles fortifiées, sièges du pouvoir politique et des activités économiques et religieuses, contrôlant non seulement les habitats directement dépendants (les a – ste –a des tablettes ?), mais aussi d’autres villages, bien plus modestes et nombreux (les da – moi des tablettes ?)2. Dans la péninsule d’Akte, par contre, aucun centre palatial n’existe. En l’état actuel des connaissances, les données archéologiques attestent la présence d’habitats de dimensions variables et distribués de manière plutôt dense3. Bien évidemment, une certaine hiérarchie entre les sites apparaît d’après la qualité du mobilier archéologique, mais l’absence de tholoi, de

3

considèrerons ceux qui présentaient à l’HR III B une acropole fortifiée avec mégaron et qui ont livré des documents administratifs (soit des tablettes soit des nodules), donc Mycènes, Tirynthe et Midée. Foley 1988, p. 253.

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tombes à puits ou à chambre ainsi que de fortifications suggèrent que, très probablement, ils avaient une relation de dépendance envers une (ou plusieurs) élite politique bien plus puissante qui, très probablement, résidait près des centres palatiaux d’Argeia. Les bouleversements propres au XIIe siècle semblent avoir affecté le territoire de la plaine argienne de manière plutôt mesurée4. Les trois acropoles de Mycènes, Tirynthe et, à un moindre degré, Midéa, après les destructions de la fin du HR IIIB, ont été partiellement reconstruites, leurs murs cyclopéens en partie restaurés, et certains bâtiments réutilisés. Les « villes basses » des trois centres continuent à être occupées pendant l’HR IIIC, même si très probablement, comme K. Kilian l’a dit par rapport à Tirynthe5, elles cessent à telle époque d’avoir l’étroite dépendance politique, économique et idéologique qu’elles avaient par rapport aux acropoles pendant la période de l’apogée mycénienne. En ce qui concerne les autres sites de l’Argeia, une continuité d’occupation est attestée à Asine (qui ne présente aucun signe de destruction violente), à Argos (qui ne présente presque aucun signe de discontinuité avec la phase précédente) et à Chania, ainsi qu’aux nécropoles de Phyctia (Boliari) et Nauplie. Dans la péninsule, si on exclut les sites qui n’ont livré, lors de ramassages de surface, que des tessons de céramique, nous arrivons à identifier pour l’HR IIIC seulement deux habitats : Kandia et Iria, mais ce dernier a été détruit par un incendie au début de cette phase. Par rapport aux nécropoles, ce sont les sites de Panaya (Palaia Epidauros) et de Kazarma qui nous informent sur les pratiques funéraires du moment. Le Submycénien est représenté seulement par certains sites de la plaine qui étaient

particulièrement importants à la fin de la période mycénienne : Argos, Asine, Mycènes, Nauplie, Midéa et Tirynthe. Cela, bien évidemment, ne signifie pas que le reste du territoire (et, en particulier, la péninsule d’Akte) ait été complètement dépeuplé à cette époque, mais, simplement, que les indicateurs archéologiques relatifs (la céramique de type submycénien) n’y sont pas présents ou n’y ont pas (encore) été repérés. Comme ailleurs dans le reste de la Grèce, en Argolide la phase protogéométrique est caractérisée par une certaine reprise démographique et culturelle. La céramique et l’élaboration d’objets en métal s’améliorent en technique de production et en décoration. Malheureusement, en ce qui concerne les habitats (Argos, Asine, Tirynthe6), les informations sont très rares : cela dépend en partie des perturbations causées par les aménagements successifs ultérieurs et entraîne évidemment une difficulté importante pour la compréhension de l’organisation sociopolitique de la région. En suivant la thèse proposée par J. Whitley7, nous envisageons l’existence de centres de contrôle faibles, mais occupés de façon continue, à coté de centres instables et occupés de façon sporadique : cela aurait assurément provoqué des difficultés dans la gestion, l’organisation et l’exploitation du territoire ainsi que des communications. À l’époque géométrique (et surtout vers la fin de la période8), la reprise culturelle et démographique devient exponentielle. En phase avec la « renaissance »9 qui caractérise le continent grec, les habitats se multiplient ainsi que les nécropoles et, last but not least, c’est à ce moment (et en particulier à partir de la deuxième moitié du VIIIe siècle) que les principaux sanctuaires de la région sont fondés, dans la plupart des cas ex novo10. 9

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Schnapp–Gourbeillon 2002, p. 27–28 ; Maran 2006. Kilian 1985, p. 80–81 ; Kilian 1988, p. 135. Les sites de Lerne, Porto Cheli, Sambariza Magoula, Kazarma, Hermione, Methana, Magoula et Oga n’ont livré que des tessons. Whitley 1991. Les phases les plus anciennes peuvent être considérées comme la continuation du Protogéométrique.

Snodgrass 1977 ; 1980 ; Hägg & Aström 1983 ; Morris 1988, p. 750–761 ; De Polignac 1995 ; Coldstream 2003. 10 Les sanctuaires d’Athéna Polias, de Zeus Larisaios et d’Apollon Pythaieus à Argos, sont fondés au GR. De la même époque datent les fondations des sanctuaires d’Apollon Pythaieus à Asine, d’Apollon à Halieis (Porto Cheli) et de Zeus et Héra au Mont Arachnaion. La fondation de l’Héraion à Prosymna remonte au GM.

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Géographie du sacré en Argolide Et en effet, à l’exception du sanctuaire au Mont Kynortion, tous les espaces utilisés à but cultuel à l’époque mycénienne sont abandonnés entre la fin de l’HR IIIB et la fin de l’HR IIIC pour ne plus jamais être réoccupés : nous faisons référence aux mégarons de Mycènes, Tirynthe et Midéa11, aux centres cultuels insérés dans les habitats de Mycènes et Tirynthe (ville basse), aux bâtiments de Berbati et d’Haghios Konstantinos et au lieu de culte situé dans la grotte de Profitis Ilias. Avec la seule exception d’un espace cultuel domestique daté de l’époque protogéométrique à Asine12, aucune trace d’activité cultuelle n’a été identifiée avec certitude dans les Dark Ages, et ce n’est véritablement qu’à l’époque géométrique que la géographie sacrée de l’Argolide se redéfinit. À première vue, donc, en analysant l’évolution des espaces cultuels et de leur géographie pour la période considérée, c’est l’hypothèse de la rupture qu’il faudrait prendre en considération. Cependant, le cas du sanctuaire d’Apollon Maleatas, au Mont Kynortion, constitue une exception tellement importante qu’elle force à nuancer considérablement toute conclusion précipitée.

Le sanctuaire au Mont Kynortion : hypothèse d’une continuité cultuelle archéologiquement non manifeste Situé près du sommet du Mont Kynortion, il était dédié à l’époque historique à Apollon Maleatas, prédécesseur d’Asclépios en tant que puissance divine de la fertilité, du bien-être et de la santé. Même si le mobilier archéologique le plus ancien, relativement aux débuts de l’Âge du Fer (les tessons de céramique retrouvés par 11 Les mégarons de Tirynthe et Midéa ont été remplacés au début de l’HR IIIC par des bâtiments qui, à leur tout, ont été abandonnés à la fin de l’HR IIIC. Sur ce sujet voir : Maran 2001 ; 2003 ; 2006 ; Walberg 2007. 12 Wells 1982, p. 33–34.

J. Papadimitriou et par V. Lambrinoudakis sous les fondations du temple classique et dans la zone adjacente à l’autel13) date à partir de la fin du Géométrique Moyen / début du Géométrique Récent, la première structure bâtie relativement à cette phase est la construction en pierre de forme elliptique retrouvée directement au-dessous de l’emplacement de l’autel monumental classique, qui a été interprétée14, à cause des couches cendreuses superposées, comme un autel, et qui date de l’époque archaïque. Cette installation se trouve directement superposée à la couche cendreuse associée au grand foyer (90 m2) de plein air d’époque mycénienne, situé sur la grande terrasse en forme de « pi » localisée 10 mètres plus bas par rapport à l’habitat de la même période15. Dans les couches correspondantes, les fouilleurs ont récupéré non seulement des ossements animaux (surtout de bovidés et ovidés), mais aussi des tessons de céramique grossière, des tasses de type « Vapheio », des stemmed cups et des vases à pied. D’après ces trouvailles, quelles pratiques peut-on envisager dans cet espace à la fin de l’Âge du Bronze? La qualité des cendres (grasses et noires) ainsi que la présence abondante de restes animaux en association avec les typologies de céramique que nous venons de citer suggère que les repas communautaires étaient une pratique assez commune, mais nous ne pouvons pas dire s’ils suivaient, comme c’était le cas à l’époque historique, des actes sacrificiels. Plus spécifiquement, si d’un côté nous n’avons pas connaissance de l’existence d’études sur ces ossements, d’un autre côté nous croyions qu’envisager la pratique du sacrifice n’est pas trop hasardeux, vu que V. Isaakidou, P. Halstead, J. L. Davis et S. Stocker pour Pylos et Y. Hamilakis et E. Konsolaki pour Haghios Konstantinos ont montré qu’une telle pratique est déjà attestée à l’époque mycénienne16. 1 3 14 15 16

Papadimitriou 1949 ; Lambrinoudakis 1981. Lambrinoudakis 1981. Lambrinoudakis 1981, p. 63. Isaakidou et al. 2002, p. 86–92 ; Hamilakis & Konsolaki 2004, p. 135–151.

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D’après les données archéologiques, il paraît qu’à la fin de l’Âge du Bronze l’autre pratique répandue était celle de la déposition d’offrandes votives : des figurines en terre cuite (bovidés, chevaux, figurines humaines) ainsi que des armes en bronze (épées, poignards, fers de lance) ont été retrouvées lors des fouilles archéologiques et des fragments d’un rhyton suggèrent la pratique de la libation. En conclusion, la combinaison des éléments que nous venons de décrire nous pousse à envisager qu’à l’Âge du Bronze Récent existait un lieu de culte correspondant au sanctuaire d’Apollon Maleatas au Mont Kynortion. En ce qui concerne le rôle social et le statut du sanctuaire, son emplacement (il est très près de l’habitat, mais n’y est pas inséré) ainsi que l’organisation de son espace (une cour pavée avec foyer en plein air associée à des bâtiments17) et la typologie des certaines offrandes (nous faisons référence, par exemple, aux doubles haches ou à certains exemplaires de céramique) peuvent suggérer une fréquentation élitaire, mais aussi des fortes influences culturelles crétoises. Sans vouloir aborder ici la problématique relative aux limites de la méthodologie classificatoire appliquée au statut des espaces de culte dans la préhistoire18, nous croyions qu’il sera nécessaire d’attendre la publication relative à l’habitat mycénien pour mieux définir le contexte et comprendre les enjeux. En réfléchissant maintenant au rapport entre les vestiges mycéniens et les restes géométriques (plus précisément du GM), premières traces de la fréquentation du lieu en tant que sanctuaire, il faut dire qu’aucune continuité cultuelle n’est manifeste, qu’aucune trace archéologique ne supporte la thèse d’une fréquentation ininterrompue. Cependant il paraît assez improbable que le sanctuaire d’Apollon Maleatas ait été fondé exactement dans ce lieu par hasard. Que peut-on donc envisager ?

À notre avis, deux hypothèses s’esquissent. Selon la première, à la fin du Géométrique Moyen et en correspondance avec le repeuplement de la région d’Epidaure, les anciens vestiges liés à une activité cultuelle ont été découverts et le nouveau culte a été fondé exactement en correspondance de ces derniers. Cela paraît fort improbable : il se trouve que le sanctuaire d’Apollon Maleatas a été construit précisément sur l’emplacement de l’ancien lieu de culte (l’autel archaïque, comme nous venons de dire, a même été positionné sur l’autel mycénien) et non près des ruines de l’ancien village, abandonné, comme le sanctuaire, à la fin de l’HR IIIB. Il est vraiment difficile de croire qu’après presque quatre siècles d’abandon, les fondateurs du nouveau lieu de culte auront repéré les anciens vestiges et, de plus, auront fait la différence entre l’habitat et le sanctuaire en choisissant pour la nouvelle fondation l’emplacement de ce dernier. Et cela est encore moins crédible si on considère la présence envahissante de la végétation qui aura sans doute caché, au moins partiellement, les restes en question19. Un hasard donc ? Nous avancerons plutôt une deuxième hypothèse. Probablement, un certain souvenir du caractère sacré du lieu, souvenir fortement influencé par le contexte naturel environnant (et surtout par la richesse en eau, élément qui sera à l’époque historique tellement fondamental dans le culte d’Apollon Maleatas pour sa fonction purificatrice et fertilisante), aurait perduré dans la mémoire collective des groups de bergers qui fréquentaient avec leurs troupeaux le Kynortion, et cela de génération en génération pendant trois siècles. Ce n’est qu’à la fin du GM et en correspondance avec le repeuplement de la région et la fondation des nouveaux centres (notamment Vassa, Agios Leonidas, Agios Georgios et Epidaure), et aussi en lien, bien entendu, avec l’élaboration d’une nouvelle organisation socio-politique et économique, que le lieu est non seulement fréquenté à nouveau, mais aussi marqué par

1 7 Lambrinoudakis 1981, p. 63. 18 Hägg 1981.

19 Papadimitriou 1949.

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des actions spécifiques telles que la déposition d’offrandes, et, plus tard, la construction de l’autel. Aucun élément archéologique, c’est vrai, n’existe à l’appui de cette théorie et il paraît en effet difficile de définir une continuité non manifeste ou, encore mieux, un souvenir lié au sacré enraciné dans la mémoire collective pendant un grand intervalle de temps. Mais d’autre part, il faut tenir compte du fait que certaines actions humaines ne laissent pas de traces archéologiquement détectables, et il faut faire appel à la science anthropologique qui a théorisé l’important rôle de la mémoire dans la transmission de la culture20. En conclusion pour ce cas d’étude, c’est une continuité non archéologiquement attestée, liée, bien évidemment, au souvenir de la sacralité du lieu et de ses particularités environnementales plutôt qu’au déroulement des pratiques, à leur organisation et à leur destinataire (je rappelle qu’Apollon est « le grand absent » des tablettes en linéaire B), que je suggère de prendre en considération.

La redécouverte du passé : le culte des ancêtres Le cas d’étude que nous venons d’illustrer n’est pas le seul à nuancer l’histoire religieuse de l’Argolide de la fin de la période mycénienne à la fin de l’époque géométrique. En abandonnant le milieu des espaces cultuels c’est, cette fois, l’archéologie funéraire qui nous offre une opportunité intéressante d’essayer de comprendre, au moins en partie, le lien idéologique entre le passé mycénien et le sentiment religieux à la fin du VIIIe siècle. Nous faisons référence aux dépositions d’offrandes votives à l’époque géométrique tardive et subgéométrique dans au moins 3 tombes mycéniennes (la XIV, la XVII et la XIX) du cimetière de Deiras 2 0 Rowlands 1993, p. 141–151. 21 Antonaccio 1995, p. 17–25. De telles dépositions présentent des parallèles avec celles (datées de la même époque) dans 15 tombes

à Argos, situé entre les collines de Larissa et d’Aspis21. Il s’agit d’un phénomène nouveau et propre de la fin de la période géométrique : des objets (surtout des vases en céramique) sont déposés dans des tombes bien plus anciennes, précédemment utilisées pendant une période plus ou moins longue. Ces objets (et voilà la nouveauté) ne sont associés ni à une sépulture, ni à un habitat contigu. Que s’est-il donc passé ? Il est évident que ces tombes ont désormais perdu leur fonction primaire (celle d’abriter des sépultures) pour en acquérir une nouvelle, celle de lieu de culte, et, spécifiquement, du culte des ancêtres. Rupture donc ? Bien évidemment : la fonction du lieu a totalement changé et la nouvelle tendance n’existait pas du tout pendant les époques antérieures. Mais, en allant plus loin, l’attention du chercheur doit aussi tenir compte de la nature de l’élan qui demeure à la base d’une telle tendance : la volonté de créer un lien avec le passé en cours de mythisation, de redécouvrir des racines liées à l’époque précédente, de se légitimer grâce à un passé héroïque, comme l’ont proposé, entre autres, C. Antonaccio et N. Coldstream22, même si dans les cas en question nous ne sommes pas face à des cultes héroïques précis car toutes les tombes sont anonymes. Et ce n’est pas par hasard, selon N. Coldstream, si ce phénomène commence juste après le début du GR (vers 750 environ), en correspondance avec la diffusion de l’épopée homérique. De plus, omne ignoto pro magnificum est : il est facile d’imaginer le charme et le respect que des sépultures monumentales et grandioses comme celles de l’Argolide mycénienne auront exercé sur des gens (les habitants de l’Argolide à l’époque Géométrique) qui pratiquaient des coutumes funéraires bien plus simples. La nature de l’élan qui amène les habitants de l’Argolide à déposer des offrandes dans les tombes plus anciennes est donc claire : il à Prosymna et dans 9 tholoi, 2 tombes à chambres (Kalkani) et dans les cercles A et B à Mycènes. 22 Antonaccio 1994, 74–104 ; Coldstream 1976.

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s’agit, en résumant, de stupeur mélangée à la volonté de créer un lien avec le passé, et pour conclure à propos de ce dernier cas d’étude, il nous paraît légitime d’introduire une nouvelle formulation : nous nous référons à celle de redécouverte du passé, qui, petit à petit, s’assimile en contribuant à l’élaboration de l’idéologie et de la réalité historique du VIIIe siècle.

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Catherine Trümpy

Enigme et clarté – la position des textes mycéniens dans le contexte des études égéennes1

Dans les années 50 du siècle passé, après le déchiffrement du linéaire B par Michael Ventris2 et la confirmation du résultat par une nouvelle tablette de Pylos –qui énumère des trépieds tout en les illustrant par les idéogrammes correspondants3–, un grand optimisme s’est développé parmi de nombreux chercheurs spécialisés dans le domaine de la mycénologie.4 En effet, on pouvait croire que les histoires d’Achille et d’Ulysse se retrouvaient pour ainsi dire attestées à l’Âge du Bronze dans la mesure où le nom d’Achille est présent dans les tablettes5 et que l’on trouve dans celles-ci un grand nombre de traits linguistiques archaïques tombés en désuétude dans la langue parlée du Ier millénaire, mais conservés chez Homère.6 Paradoxalement, la grande majorité des philologues, des archéologues et des historiens de l’Antiquité ne tenait pas (et ne tient toujours pas) compte de la nouvelle situation. Il est vrai que les savants hypercritiques qui n’acceptaient pas le déchiffrement ont peu à peu disparu ; si l’on s’occupe sérieusement du déchiffrement, il n’est pas possible de remettre en question les évidences.7 Mais, étant donné que les tablettes en linéaire B contiennent uniquement des documents administratifs de certains palais

royaux8 et que l’écriture (un syllabaire dont les valeurs phonétiques s’adaptent mal au grec) est difficile à lire,9 la philologie mycénienne est restée une branche assez isolée, d’autant plus que le premier enthousiasme des hellénistes fut de courte durée : en effet, les épopées homériques ont beau conserver un certain nombre d’éléments qui remontent à l’Âge du Bronze, il faut néanmoins accepter aujourd’hui qu’il s’agit de récits qui contiennent des éléments très hétérogènes datant de toutes sortes d’époques et provenant de cultures fort diverses. Il est symptomatique de constater que l’Achille attesté dans les inventaires mycéniens (à Cnossos d’ailleurs, cf. la note 4) devait être une personne tout à fait normale n’ayant rien à voir avec le héros du mythe. Si un autre type de textes en linéaire B (des poèmes par exemple) ou du moins des quantités substantielles de nouvelles listes avaient été trouvés, attestant non seulement un vocabulaire supplémentaire, mais également une grammaire plus complexe, la mycénologie arriverait probablement plus facilement à manifester son existence. Les nouveaux documents de Thèbes10 – 400 environ –, qui ont été publiés un demi siècle après le déchiffrement, sont

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Je remercie vivement Michel Aberson (Genève) qui a bien voulu relire mon manuscrit et m’a fait part de nombreuses suggestions tant sur le fond que sur la forme. 2 Ventris & Chadwick 1953 ; Ventris & Chadwick 1973. 3 PY Ta 641. 4 E.g. Webster 1958. 5 KN Vc 106: a-ki-re-u /Akhilleus/.

Wachter 2009a ; Wachter 2009a ; Ruijgh 1967. Ventris & Chadwick 1973. La grande majorité des tablettes mycéniennes a été trouvée à Cnossos (ca. 4000), à Pylos (ca. 1000) et à Thèbes (ca. 400). 9 E.g. Ventris & Chadwick 1973, p. 42 et suivantes. 10 Aravantinos 2001 ; Aravantinos 2002 ; Aravantinos 2005.

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C atherine  T rümpy

sans doute passionnants pour un mycénologue mais, mis à part un petit élargissement du vocabulaire mycénien directement attesté (dont l’interprétation reste souvent incertaine), elles confirment surtout ce que l’on soupçonnait préalablement : à savoir qu’il y a très peu de chances de trouver autre chose que le même type d’inventaires palatiaux que l’on connaissait déjà à Cnossos, à Pylos, à Mycènes, à Tirynthe, et également à Thèbes.11 Dans le cadre de la philologie mycénienne, le manque de nouvelles découvertes a une double conséquence. D’une part, les sujets traités deviennent de plus en plus spécialisés – puisque les premiers mycénologues comme John Chadwick étaient déjà parfaitement en mesure de voir l’essentiel ; d’autre part, et par conséquent, les informations importantes que l’on peut tirer des documents sont restées plus ou moins les mêmes depuis des décennies – à propos du dialecte par exemple,12 ou des scribes,13 ou de la société,14 de l’armée,15 de l’organisation politique,16 de la religion,17 des anthroponymes,18 des toponymes19 ou encore de la géographie des états mycéniens,20 etc. En effet, les interprétations évidentes sont établies depuis longtemps alors que les interprétations douteuses demeurent toujours plus ou moins obscures. Il va de soi que cette situation n’inspire pas beaucoup les disciplines voisines. Je propose donc de changer de méthode ! Il faut insister sur les interprétations sûres et, dans le cas des interprétations incertaines ; au lieu de couper les cheveux en quatre, il faut réfléchir sur ce qui

est interprétable et sur ce qui ne l’est pas. À mon sens, le mycénologue sera pris au sérieux dès lors qu’il communiquera à ses collègues d’autres disciplines des données claires et indéniables tout en étant capable d’expliquer ce qu’est une donnée claire. En revanche, les interprétations ambiguës devraient être déclarées comme telles. Ainsi, maintes branches des sciences de l’Antiquité pourraient en tirer un profit remarquable.

11 Actuellement, quelques témoignages sporadiques s’ajoutent au corpus des tablettes en linéaire B : 1. Chania/Kydonia (Crète), cf. Hallager 1990 ; Hallager 1992. 2. Midea (Argolide), cf. Walberg 1992. 3. Agios Vasilios (Laconie), cf. Aravantinos & Vasilogamvrou 2012. 4. Iklaina (Messénie), cf. Shelmerdine 2012. 5. Kastro-Palaia (Thessalie), cf. Skafida 2012. 12 E.g. Ventris & Chadwick 1973, p.67 et suivantes ; Ruijgh 1967. 13 Olivier 1967 ; Palaima 1988 ; Driessen 2000. 14 Wundsam 1968 ; Ventris & Chadwick 1973 ; Schofield 2007 ; Cline 2010. 15 Ventris & Chadwick 1973, p. 351 et suivantes ; Godart 1987.

1 6 Carlier 1984. 17 E.g. Hiller & Panagl 1976, p. 289 et suivantes ; Trümpy 2001. 18 Ventris & Chadwick 1973, p. 155 et suivantes. 19 Ventris & Chadwick 1973, p. 139 et suivantes. 20 E.g. Hiller & Panagl 1976, p. 261 et suivantes. 21 Pour illustrer cette situation en la transposant au rendu d’un texte français bien connu, M. Aberson propose la transcription suivante : Me-te-re ko-po su u a-pe-re pe-she Te-ne-te a so pe-ke u fo-ro-ma-sha Me-te-re re-na pa lo-de a-le-she Lu-i tu-tu a pe pe-re se la-ka-she A po-jou me-si-je du ko-po Ke vou-zou e-te sho-li ke vou me sa-pe-le po

Il est vrai que cette démarche n’est pas simple : 1. Il faut évidemment tenir compte des particularités de l’orthographe mycénienne. Voici l’essentiel : l’écriture linéaire B ne rend que des voyelles et des syllabes dites ouvertes (ka, ke, ki, ko, ku ; pa, pe, etc. ; il n’y a pas de signe mycénien par ex. pour at, et, etc.) ; les voyelles longues et les voyelles brèves ne sont pas distinguées dans l’écriture ; la deuxième partie d’une diphtongue n’est pas toujours notée ; il n’y a pas de distinction graphique entre le r et le l ; il n’y a pas de distinction entre un p, un b ou un ph ni entre k, g ou kh, ni entre t et th  ; en outre les m, les n, les r, les l et les s ne sont pas notés à la fin d’une syllabe ; par conséquent, les graphèmes pour ces quatre sons manquent également en fin de mot.21

Enigme et clarté – la position des textes mycéniens 85

2. Si on trouve, pour un mot donné, un pendant en grec alphabétique, la probabilité que la solution soit juste est a priori relativement grande. Néanmoins, il faut, si possible, tenir compte du contexte. Si, par exemple, dans une liste qui énumère des théonymes, j’ai (en translittération) le terme ko-wa, j’ai le droit de le lire /korwā/ « jeune fille (divine) »; si ce mot apparaissait dans une liste (fictive) qui, par ailleurs, énumère des meubles, ko-wa devrait être interprété soit comme un mot disparu plus tard qui désignait un meuble particulier du palais soit comme le génitif singulier de korwā, à savoir /korwās/ « de la jeune fille » pour désigner un meuble qui appartenait à une jeune fille. Un exemple bien connu qui illustre l’ambigüité graphique est celui de pa-te qui offre deux solutions en grec puisqu’ on peut le lire soit comme /patēr/ « père », soit comme /pantes/ « tous » ; la probabilité que l’une de ces deux interprétations soit correcte est a priori très grande du moment que le contexte ne contredit pas la solution choisie. Par ailleurs, il faut remarquer qu’une interprétation grecque d’un mot plus long, de 3 ou 4 syllabes, doit être considérée comme particulièrement sûre dans la mesure où la probabilité de l’ambiguïté diminue avec chaque syllabe supplémentaire. Un mot comme a-to-ro-qo a très peu de chances d’avoir été autre chose que /anthrōquos/, lecture qui saute aux yeux puisqu’ il s’agit de la variante attendue pour anthrōpos, « être humain ». 3. Après avoir analysé et catégorisé le matériel mycénien selon ces critères, on constate qu’on a un assez grand nombre de mots grecs clairement identifiables ; cependant,



Sa ma-ti si vo-te-re ra-ma-she… Maître corbeau sur un arbre perché Tenait en son bec un fromage. Maître renard, par l’odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : « Ah ! Bonjour, Monsieur du Corbeau ! Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage… » (…)

à en juger par un survol rapide, près de la moitié du vocabulaire doit être qualifiée de « peu sûre » ou « pas sûre ».22 Le corpus que l’on peut ainsi considérer comme « sûr » contient un grand nombre d’informations sur toutes sortes de domaines : sur l’organisation politique des états mycéniens, sur leurs richesses matérielles, sur la complexité de l’organisation de la cour, sur certains aspects de l’armée ou de la religion, etc. Dans cette perspective, il faut insister sur l’existence d’une impressionnante administration palatiale dans la mesure où un grand nombre de fonctionnaires portant des titres divers et occupant des places variées dans la hiérarchie est indéniablement attesté. Il faut insister sur le grand luxe qui transparaît de la lecture des tablettes. On y trouve mention de récipients de toute sorte, de meubles, de tissus, de vastes troupeaux etc., mais aussi de beaucoup d’ouvriers et d’esclaves des deux sexes. Il faut souligner le rôle important de l’armée qui, visiblement, était soigneusement organisée et équipée. La religion était grecque – comme la langue – dans la mesure où on constate clairement, dans ce domaine, une évolution continue à partir de l’époque mycénienne : les divinités mycéniennes réapparaissent souvent plus tard. En guise de conclusion, voici des exemples destinés à illustrer la méthode que je propose : 1. Extrait d’une série de tablettes particulièrement bien connues (les tablettes « o-ka »)23 PY An 654 1 2 3

ku-ru-me-no-jo, o-ka, pe-ri-te-u, wo-ne-wa, a-ti-ja-wo, e-ru-ta-ra, o-*34-ta, me-ta-pi-jo, ke-ki-de,

22 Les nombreux anthroponymes et les toponymes constituent un problème particulier qu’il n’y a pas lieu de prendre en compte ici. Je mentionne seulement qu’en Crète – contrairement à ce que l’on constate sur le continent –, la majorité de ces noms ne sont pas grecs, ce qui peut sans doute être intéressant pour l’historien. 23 Schmitt-Brandt 1968 ; Hiller & Panagl 1976 ; Lang 1990.

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C atherine  T rümpy

VIR 50 vacat u-pi-ja-ki-ri-jo, ku-re-we VIR 60 me-ta-qe, pe-i, e-qe-ta, a-re-ku-tu-ru-wo, e-te-wo-ke-re-we–i-jo, vacat ta-ti-qo-we-wo, o-ka, to-wa, po-ki-ro-qo, pe-ri-no, de-u-ka-ri-jo, ra-pe-do, do-qo-ro, pe-ri-ra-wo, e-no-wa-ro, to-so-de, pe-di-je-we, wa-wo-u-de, ke-ki-de VIR 10 u-ru-pi-ja-jo VIR 10 ku-re-we VIR 20 i-wa-so VIR 10 o-ka-ra3 VIR 10

********** Le caractère militaire de cette tablette étant indéniable, nous n’insisterons pas sur les nombreux termes qui doivent être des toponymes ou des anthroponymes, mais dont l’interprétation phonétique n’est pas claire. En revanche, les lignes 7/8 (« et avec eux l’officier Alektruon, fils d’Étéocle » – interprétation qui ne laisse aucun doute) méritent notre attention. A en juger par son nom accompagné d’un patronyme de type indo-européen, il doit s’agir d’un membre de la classe aristocratique. D’autres « officiers » (/hequetai/) se trouvent ailleurs dans la série des « o-ka » ; datant de l’année qui précède l’incendie et témoignant d’une attention particulière apportée à la protection des côtes du royaume pylien, les tablettes « o-ka » doivent être considérées comme un témoignage direct de l’un des tout derniers essais (inutiles) de défense contre l’ennemi qui a finalement détruit le palais de Pylos. 2. Offrandes cultuelles PY Tn 316 1 2 3 4

po-ro-wi-to-jo, i-je-to-qe, pa-ki-ja-si, do-ra-qe, pe-re, po-re-na-qe PU-RO a-ke, po-ti-ni-ja AUR *215VAS 1 MUL 1 ma-na-sa, AUR *213VAS 1 MUL 1 po-si-dae-ja AUR *213VAS 1 MUL 1

5

ti-ri-se-ro-e, AUR *216VAS 1 do-po-ta AUR *215VAS 1 6 vacat 7 vacat 8 vacat 9 vacat 10 PU-RO vacat reliqua pars sine regulis 1 2 3a 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

i-je-to-qe, po-si-da-i-jo, a-ke-qe, wa-tu do-ra-qe, pe-re, po-re-na-qe, a-ke -ja PU-RO AUR *215VAS 1 MUL 2 qo-wi-ja […] ko-ma-we-tei-je-to-qe, pe-re-*82-jo, i-pe-me-de-ja-qe, di-u-ja-jo-qe dora-qe, pe-re-po-re-na-qe, a-, pe-re*82 AUR *213VAS 1 MUL 1 i-pe-me-de-ja AUR *213VAS 1 di-u-ja AUR *213VAS 1 MUL 1 PU-RO e-ma-a2 a-re-ja AUR 216VAS 1 VIR 1 i-je-to-qe, di-u-jo, do-ra-qe, pe-re, po-re-na-qe a-ke di-we AUR *213VAS 1 VIR 1 e-ra AUR *213VAS 1 MUL 1 di-ri-mi-jo di-wo, i-je-we, AUR *213VAS 1 [ ] vacat PU-RO  vacat vacat vacat vacat vacat PU-RO vacat

reliqua pars sine regulis ********** De nouveau, l’interprétation exacte des mots pose souvent des problèmes. Mais comme le contexte religieux ne saurait être remis en question, on peut tout de même en tirer quelques certitudes : un nombre important de divinités reçoit des dons très précieux – peu importe si les êtres humains mentionnés sur la même liste que les vases en or doivent être considérés comme des victimes sacrificielles ou comme des prêtres et des prêtresses ;

Enigme et clarté – la position des textes mycéniens 87

le scribe écrit très mal, les deux côtés de la tablette ne sont pas terminés. Y avait-il une urgence ? ************** Si l’on se concentre sur les données assurées, les relations complexes du monde mycénien avec la civilisation grecque postérieure deviennent très claires : Nous saisissons non seulement la fin des royaumes de l’âge du Bronze, mais également les conditions dans lesquelles la culture européenne a pu naître.

Bibliographie Abréviations JHS The Journal of Hellenic studies. London: Society for the Promotion of Hellenic Studies. SMEA Studi micenei ed egeo-anatolici. Roma: CNR, Istituto per gli Studi Micenei ed Egeo-Anatolici. Aravantinos 2001 Aravantinos, V. L., Godart, L. et Sacconi, A., Thèbes. Fouilles de la Cadmée I. Les tablettes en linéaire B de la Odos Pelopidou. Édition et commentaire, Pise / Rome, 2001. Aravantinos 2002 Aravantinos, V. L., Godart, L. et Sacconi, A., Thèbes. Fouilles de la Cadmée III. Corpus des documents d’archives en linéaire B de Thèbes (1–433), Pise / Rome, 2002. Aravantinos 2005 Aravantinos, V. L., Del Freo, M., Godart, L. et Sacconi, A., Thèbes. Fouilles de la Cadmée IV. Les textes de Thèbes (1–433). Translittération et tableaux des scribes, Pise / Rome, 2005. Aravantinos & Vasilogamvrou 2012 Aravantinos, V. L. et Vasilogamvrou, A., « The First Linear B Documents from Ayios Vasileios (Laconia) », in  : Carlier, P., De Lamberterie, Ch., Egetmeyer, M., Guilleux, N., Rougemont, F. et Zurbach, J., éds., Études mycéniennes 2010, Actes du XIIIe colloque international sur les textes égéens (Sèvres/ Paris/Nanterre, 20–23 septembre 2010), Pise et Rome, 2012, p. 41–54.

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C atherine  T rümpy

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Michel Aberson et Patrizia Birchler Emery

Pylos polenta1 connection

Dans le domaine archéologique, les relations entre le monde égéen et l’Italie au IIe millénaire av. J.-C. ont fait l’objet de nombreuses études. Elles sont de mieux en mieux connues et leur importance de plus en plus souvent relevée2. Mais, alors que les documents en linéaire B ont depuis longtemps été exploités dans le cadre des recherches sur les contacts entre les Mycéniens et le Proche-Orient, ils ne sont presque jamais évoqués lorsqu’il s’agit de relations avec l’Occident3. Cela est avant tout dû au fait que, contrairement aux civilisations de l’est de la Méditerranée, celles de l’ouest n’offrent pas, pour cette période, de documents écrits permettant d’établir des liens avec la documentation en grec mycénien ; mais il existe tout de même quelques pistes de recherche dans

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Le titre en clin d’oeil de cette contribution, illustrant un aspect des relations entre le monde égéen et l’Italie au IIe millénaire av. J.-C., devait initialement être « Pylos pizza connection ». Nos recherches nous ayant toutefois résolument orientés vers l’Italie du Nord, la pizza s’est métamorphosée en polenta. Nous remercions vivement nos collègues de l’Université de Genève, Catherine Trümpy et Julien Beck, pour leurs relectures attentives et leurs suggestions. Cf. par exemple Vagnetti 2000, Bettelli 2002, Laffineur & Greco 2005, Eder & Jung 2005, Bietti Sestieri 2008, Borgna & Càssola Guida 2009, Cazzella & Recchia 2009, Bietti Sestieri 2010a, Radina & Recchia 2010, Vagnetti 2011, Jung & Mehofer 2013. Font exception, par ex., Risch 1981, p. 576, n. 1 (sur la relation probable entre le mycénien torkwis, « spirale (?) » et le latin torquis / -ēs) et Scafa 1999, p. 273 (PY Cn 655.18 : ma-du-ro interprété, peut-être à raison, comme Mandurion, en Iapygie).

ce domaine et c’est l’une d’entre elles que nous nous proposons d’aborder ici. À Pylos, sur l’une des célèbres tablettes de la série o-ka, figure l’anthroponyme wo-ro-tu-mini-jo, porté par un personnage qui a rang d’e-qeta4. Ce titre, signifiant littéralement « suivant », dont les attributions sont mal connues, était revêtu par des hommes de haut niveau social, exerçant probablement des fonctions militaires importantes, comme le montrent justement les tablettes de cette série, à Pylos5. Le nom de ce personnage a fait l’objet de diverses interprétations, sans que l’on ne lui ait toutefois prêté beaucoup d’attention. Le dictionnaire de F. Aura Jorro en signale diverses lectures, en particulier Ϝροθ-ύμν-ιος (anthroponyme ou patronyme), dérivé de *ϝρόθ-υμνος, « aux

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L’identification proposée par Pugliese Carratelli 1962, p. 6–10, d’a-ta-ro (PY An 35) ou a3-ta-ro (PY Jn 415) avec Aithalos (l’île d’Elbe) nous paraît en revanche peu convaincante puisque ce nom, clairement grec, peut aussi bien renvoyer à la sphère interne du monde mycénien. Les auteurs remercient A. Gravina (Heidelberg) d’avoir attiré leur attention sur ces deux derniers exemples. PY An 661 (Chadwick 1973, p. 60), l. 7 : e-ḳị-no-jo o-ka e-o-te-u / a-ṭị-ṛọ-q̣ẹ i-da-i-jo e-se-re-a2 / e-nap̣ọ-ṛọ i-wa-so men 70 / [.]‌-o-ri-[                  ] men 30 /5 ka-ṛạ-do-ro ko-ro-ru-ra-i-jo men [nn] / ẓạ-eto-ro ko-ro-ku-ra-i-jo men 20 / me-ta-qe pe-i e-qe-ta wo-ro-tu-mi-ni-j̣ọ / vac.. On peut traduire par : « O-ka de E-ki-no : E-o-te-u et A-ti-ro, Idaios, E-se-ra2. De E-napo-ro à Iwasos: 70 hommes ; [lacune] 30 hommes ; de Ko-ro-ku-ra-jo à Kharadros (?): [?] hommes ; de Ko-ro-ku-ra-jo à Za-e-to-ro: 20 hommes ; et avec eux le “suivant” Wo-ro-tu-mi-ni-jo ». Sur les e-qe-ta, voir Deger-Jalkotzy 1978, p. 196–212.

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M ichel A berson

et

P atrizia B irchler  E mery

chants bruyants », ou Ϝλοτύμνιος > Λατύμνιος (ethnique). Mais il mentionne également la possibilité d’un rapprochement avec les noms latins Vertumnus et Voltumnia6. Cette dernière piste, qui nous oriente vers l’Italie, a en effet été évoquée par divers chercheurs mais ne semble guère avoir été explorée plus avant7. Nous souhaitons la réexaminer ici. Selon les règles « normales » de l’orthographe mycénienne, wo-ro- devrait plutôt transcrire /wro-/ ou /wlo-/ alors que /wor-/ ou /wol-/ devrait être rendu par wo-8. Mais ce n’est pas une règle absolue9. Une lecture Wortumnios ou Woltumnios est donc également possible. Il s’agirait alors d’un anthroponyme construit sur un théonyme bien attesté dans le monde étruscoitalique au Ier millénaire av. J.-C. : « Celuide-Wortumn- » ou « Celui-de-Woltumn- », formation comparable à celle que l’on a pour des noms tels que ∆ιονύσιος, Δημήτριος, Ἀπολλώνιος, etc. Comme on l’a dit, une divinité dont le nom est construit sur Veltumn- / Voltumn- / Vertumn- / Vortumn- est bien connue dans l’Italie du Ier millénaire. Ainsi, Varron considère Vertumnus comme un deus Etruriae princeps et Tite-Live mentionne à plusieurs reprises les réunions que les douze peuples de l’Étrurie tenaient au fanum Voltumnae, aujourd’hui identifié avec le santuaire du Campo della Fiera, près d’Orvieto10.

Un signum Vortumni est également mentionné par Tite-Live dans le uicus Tuscus à Rome11. La racine de ce nom se retrouve dans de nombreux anthroponymes, oronymes, hydronymes et toponymes de l’Italie antique, aussi bien en étrusque (Vltimne, CIE, 1254 ; 2364, etc.) qu’en latin (Arruns Veltymnus, Gromat., p. 350 Lachmann ; Iunius Veldumnianus, CIL VI, 319) ou en vénète12. Dans les inscriptions latines, des noms de ce type semblent particulièrement bien représentés en Vénétie, en Hispanie et en Dalmatie13. Selon G. Devoto, Voltumnus / Vortumnus serait construit à l’aide du suffixe -mn-, fréquent en étrusque mais aussi dans les langues indo-européennes (cf., en grec, les participes moyens en -μενο/α- et, en latin, alu-mn-us)14 ; sa formation semble remonter à l’italique commun prélatin et il pourrait être passé en étrusque à l’époque préalphabétique, sans doute au IIe millénaire déjà15. Les relations entre le monde mycénien et les régions situées au nord de l’Adriatique (delta du Pô, Vénétie) sont de mieux en mieux documentées. R. Peroni avait émis l’idée, il y a vingt ans déjà, que la culture des Terramare avait joué un rôle essentiel dans la koiné métallurgique européenne du Bronze récent16, attribuant ainsi à cette région un rôle fondamental dans l’échange de biens et techniques dans le monde méditerranéen de l’âge du bronze, et, depuis, de nombreux chercheurs

6 Aura Jorro 1999, p. 448, s. v. wo-ro-tu-mi-ni-jo. 7 Cf. Georgiev 1956, p. 81, s. v. ; Landau 1958, p. 152, s. v. ; Maddoli 1963, p. 113 (qui rapproche ce nom de celui de la déesse Ὀρθία) ; Morpurgo 1963, p. 368, s. v. 8 Cf. Gallarotti 1956, p. 406 (anaptyxe régressive). 9 Voir les contre-exemples cités par Gallarotti 1956, p. 406 : do-so-mo pour /dosmos/, sa-ra-pe-do comparé à Σαρπηδών. Pour wo-ro-tu-mi-ni-jo, voir aussi Georgiev 1956, p. 81, s. v., qui propose *ϝορθύμνιος ou *ϝροθύμνιος. 10 Cf. Varr. ling. 5, 46 ; Liv. 4, 23, 5 ; 4, 61, 2 ; 4, 5, 17, 6 ; 6, 2, 2. Voir aussi CIL XI, 5265. Pour l’identification du sanctuaire, voir Della Fina 2012, en particulier la présentation d’A. Concina (p. 5) et l’article de S. Stopponi, « Il fanum Voltumnae : dalle divinità Tluschva a San Pietro », p. 7–40. 11 Liv. 44, 16, 10. 12 Cf. Prosdocimi 1967, p. 207. 13 Cf. Prosdocimi 1967 ; Lörincz & Mócsy 2005, p. 183, s. v. Voltimesis ; Voltio ; Voltiomnus.

1 4 Cf. Devoto 1940. 15 Pour Prosdocimi 1967, p. 209, Voltiomno-, attesté en vénète, pourrait remonter à un participe présent passif construit sur le thème *wolti-yo- : « vouloir ». Il serait l’équivalent de noms comme le latin Optatus ou le français « Désiré ». 16 Carancini & Peroni 1997, p. 600. On désigne ainsi un ensemble d’objets de bronze, armes (épées de type Naue II, pointes de lance à douille, poignards), outils (couteaux et haches) et ornements vestimentaires (fibules), attesté de l’Europe centrale à la Méditerranée orientale, dont les types appartiennent aux traditions métallurgiques d’Europe centrale, d’Italie et des Balkans. On a pendant longtemps postulé une route de diffusion d’Europe centrale vers la mer Égée et le Proche-Orient passant à travers les Balkans, mais l’Adriatique représente une autre option plausible. Plus récemment : Jung & Mehofer 2009, Jung 2009a, Jung 2009b, Jung & Mehofer 2013.

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ont enrichi ce dossier17. Les objets d’origine égéenne retrouvés en Italie du nord restent rares : les plus anciens pourraient être, si on accepte l’hypothèse de leur origine mycénienne, deux perles en faïence découvertes dans la région padane et datées des XIVe-XIIIe s.18. Quant à la céramique de type mycénien retrouvée dans des sites de la plaine du Pô, ainsi que des régions de Vérone et de Venise, les analyses ont montré que la majorité des tessons provient d’ateliers italomycéniens situés en Italie méridionale (Apulie)19 et que certains sont même de production locale20. Ils datent essentiellement de l’HR IIIC21. La région de Vérone est le seul territoire de l’Italie padane qui ait livré des fragments importés de Grèce, plus précisément du Péloponnèse, mais datant de période postpalatiale22. On a émis aussi l’hypothèse d’un lien entre des poids et éléments de balance en pierre et métal retrouvés dans la plaine du Pô et le système pondéral égéen23. Le modèle accepté par la plupart des chercheurs pour l’instant est celui d’un commerce indirect entre l’Egée et le nord de l’Adriatique aux XIVe et XIIIe s., où des sites apuliens comme Scoglio del Tonno et Coppa Nevigata auraient joué le rôle d’intermédiaires, avec probablement une transition vers un commerce plus direct dépendant d’initiatives privées au XIIe s., après la chute des palais mycéniens24. Pour ce qui est de l’objet, ou plutôt des objets, de ce commerce avec l’Italie du Nord, les témoignages archéologiques ne permettent malheureusement pas de dessiner

un tableau très précis : l’ambre semble avoir été l’une des matières recherchées par les navigateurs égéens ou du Sud adriatique, sous forme brute ou déjà travaillée, puisque certains sites de la culture des Terramare dans le delta du Pô semblent s’être spécialisés dans l’artisanat des petits objets précieux, en ambre, mais aussi en corne, os, verre/faïence et ivoire25. On a aussi supposé que les métaux jouaient un rôle important dans les échanges, de l’étain importé depuis le nord de l’Europe dans les sites de la région padane et de Vénétie, et du cuivre du Trentino, exploité depuis la période énéolithique, largement utilisé en Italie, sites méridionaux compris, mais seulement sporadiquement en Grèce26. En ce qui concerne les marchandises apportées par les marchands d’Italie du Sud ou mycéniens, les éléments à disposition sont rares et la question mérite d’être encore approfondie27. Quant à l’établissement de groupes ou d’artisans égéens dans le Nord adriatique, il n’a que rarement été postulé28. Par ailleurs, une étude relativement récente de S. Wachsmann met en évidence les liens probables entre le nord de l’Adriatique et les « Peuples de la Mer », dont la présence est bien documentée en Méditerranée orientale, en particulier par des sources écrites égyptiennes et ougaritiques, au tournant des XIIIe et XIIe siècles av. J.-C., c’est à dire à l’époque, précisément, où les tablettes de Pylos ont été cuites dans l’incendie du palais où elles étaient conservées29. S. Wachsmann se fonde, pour ce faire, sur divers

17 Bietti Sestieri 2003, Rahmstorf 2005, Bianchin Citton 2009, Càssola Guida & Corazza 2009. 18 Rahmstorf 2005, Cazzella & Recchia 2009, p. 34. 19 Bianchin Citton 2009, p. 265 (avec la bibliographie), Cazzella & Recchia 2009, p. 36. 20 Cazzella & Recchia 2009, p. 36, Cupitò & Leonardi 2010, p. 162–163. 21 Des fragments plus anciens ont été mis au jour dans la lagune de Venise au siècle passé, mais leur contexte de trouvaille est problématique et ils ne sont donc pas pris en considération pour la question d’importations de céramique mycénienne en Italie du Nord : cf. Bianchin Citton 2009, p. 264, et Cazzella & Recchia 2009, p. 34. Fragments italo-mycéniens du Bronze récent : Bietti Sestieri 2010b, p. 158, et Bianchin Citton 2009, p. 265.

2 2 Cupitò & Leonardi 2010, p. 162. 23 Cazzella & Recchia 2009, p. 35 ; Bianchin Citton 2009, p. 267. 24 Eder & Jung 2005, p. 490 ; Cazzella & Recchia 2009, p. 33, 38–39 ; Cazzella 2009 ; Jung & Mehofer 2013, p. 178–181. 25 Cazzella & Recchia 2009, p. 34, 39 ; Bianchin Citton 2009, p. 269 ; Bietti Sestieri 2010b, p. 158–159. 26 Jung & Mehofer 2013, p. 178. 27 Cf. supra, note 25. 28 Cupitò & Leonardi 2010, p. 162. La question de l’établissement de groupes ou artisans égéens en Italie du Sud fait en revanche l’objet de discussions : cf. Bianchin Citton 2009, p. 269 ; Cazzella & Recchia 2009, p. 34, 38–39. 29 Wachsmann 2000.

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indices, en particulier sur la ressemblance entre certaines représentations de bateaux à doubles têtes d’oiseau que l’on trouve en Europe centrale et septentrionale au IIe millénaire av. J.-C., dans les Cyclades (horizon LH III C) et sur les reliefs égyptiens de Medinet-Habou illustrant un combat naval contre ces « Peuples de la Mer ». Il montre aussi comment ce type de motifs continue d’exister dans l’iconographie de l’Europe septentrionale et centrale (Danemark, Poméranie, Slovaquie) ainsi qu’en Vénétie, cela jusqu’à l’horizon halstattien30. Par ailleurs, on a de bonnes raisons de supposer la présence, dans le monde mycénien, de combattants allogènes intégrés dans les armées locales, peutêtre à titre de mercenaires31. L’introduction dès l’HR III B d’épées longues de taille, de poignards et de pointes de lance à douille, types appartenant à la « koiné métallurgique  européenne », mais rattachés plus spécifiquement à des productions italiennes32, est associée à la venue en Grèce mycénienne et en Méditerranée orientale de métallurgistes italiens, accompagnés d’experts des nouvelles techniques de combat pour l’utilisation de ces armes33. Cette hypothèse est la plus plausible au vu des récentes analyses effectuées sur les épées de type Naue II retrouvées en Grèce, en Syrie et en Italie : le cuivre des armes italiennes est d’origine italienne, tandis que celui des armes grecques et orientales est chypriote, à quelques rares exceptions près, ce qui traduit leur production locale34. La présence de métallurgistes italiens en Grèce dès l’HR III B peut être déduite également d’un moule pour hache à ailettes,

retrouvé à Mycènes dans la Maison du marchand d’huile, un type d’arme lui aussi caractéristique de l’âge du Bronze italien35. Un autre témoignage de l’immigration d’Italiens en Grèce est constitué par la présence de céramique d’impasto non tournée en argile locale dans plusieurs sites de Grèce et de Crète dès la fin de l’HR III B, donc avant la destruction des palais : cette céramique trouve ses parallèles les plus proches dans les productions d’Italie méridionale et centrale (côte Adriatique), mais les formes sont communes à celles d’Italie du Nord36. La recherche sur la présence de mercenaires italiens en Egée et de leur lien avec les « Peuples de la Mer » est loin d’être terminée : on peut encore citer à ce propos les études récentes portant sur les casques coiffant certains des guerriers « Philistins » appartenant aux « Peuples de la Mer » apparaissant sur les reliefs de Medinet-Habou, d’Enkomi (pyxide en ivoire et sceau en serpentine) ou encore sur des fragments de céramique mycénienne, représentations qui datent toutes de la fin du XIIIe et du début du XIIe s.37. De tels casques ont été retrouvés dans des tombes en Grèce, datées du XIIe s., mais le type semble avoir son origine en Apulie et en Vénétie, où des exemples plus anciens seraient attestés (XVe-XIVe s.)38. Dans ce contexte, le haut-gradé (hekwetās) nommé wo-ro-tu-mi-ni-jo sur la tablette PY An 671 pourrait-il être un *Woltumnios d’origine nordadriatique intégré dans l’aristocratie guerrière du royaume de Pylos ? Ce n’est pas impossible. On aurait une situation semblable, par exemple, à celle des officiers d’origine germanique qui,

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partage son répertoire formel, sa distribution chronologique et géographique avec la Handmade Burnished Ware, tout en semblant tirer son origine de la céramique minyenne grecque. Jung 2005, p. 180 ; Jung 2009a, p. 78 ; Jung 2009b, p. 148–149 ; Bettelli 2010, p. 126 ; Jung & Mehofer 2013, p. 181. 3 7 Casques formés d’une sorte de large couronne de bronze ornée de bandes de rivets superposés, qui entourait une calotte faite de fibres végétales et surmontée de tiges verticales, peut-être des crins de cheval (ou des plumes) ; cf. J ung 2009a, p. 83, note 2, pour une liste, et Y asur -L andau 2013, p. 36–37. 3 8 Moschos 2010, p. 356–359 ; Jung 2009a, p. 83.

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Wachsmann 2000, p. 132. Jung & Mehofer 2013, p. 184–186. Jung & Mehofer 2013, p. 175, note 2. Jung & Mehofer 2009, p. 134. Jung & Mehofer 2013, p. 178–184. Jung 2009b, p. 136–138 ; Jung & Mehofer 2013, p. 176. Handmade Burnished Ware ou Barbarian Ware : il s’agit de céramique à usage domestique retrouvée dans des contextes domestique, urbain ou palatial. Un autre marqueur de la présence d’immigrés italiens en Grèce (et éventuellement d’expatriés italiens retournés dans leur patrie après la chute des palais) est constitué par la céramique grise tournée, appelée aussi par certains chercheurs « subminyenne », qui

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dans l’Antiquité tardive, ont été intégrés dans l’armée romaine et y ont joué, comme on sait, un rôle considérable, y compris sur le plan politique. Certains d’entre eux, comme le célèbre Stilichon, ont été familiers des empereurs et ont revêtu des charges de très haut rang, telles que le consulat. Ces Germains haut-gradés dans l’armée romaine parlaient latin et, en dépit des critiques formulées par les représentants de l’aristocratie romaine traditionnelle, jouaient parfaitement leur rôle dans la défense des intérêts de l’Empire. Ce faisant, ils avaient naturellement à combattre contre d’autres Germains, restés « barbares », qui opéraient des raids en territoire romain. C’est peut-être une situation semblable que nous laisse entrevoir la présence de cet officier au nom étrange sur une tablette dont la conservation est due à l’incendie du palais dans lequel elle a été rédigée, à la fin du XIIIe siècle av. J.-C.39.

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39 Un autre de ces heqwetai, mentionné sur la tablette PY An 519 (Chadwick 1973, p. 57) l. 7 : tu-si-je-u (hapax), pourrait éventuellement être aussi interprété dans ce sens. Cet anthroponyme en -ιεύς, habituellement interprété comme *Θυσιεύς (hypocoristique de *Θυσίλᾱϝος ?), pourrait aussi être résolu en *Θυρσιεύς,

construit sur la racine *Turs- qui constitue la base du nom des futurs Étrusques (gr. Τυρσ-ηνοί / Θυρσ-ηνοί > Τυρρηνοί ; lat. *Turs-ci > Tusci ; *E-turs-ci > Etrusci) et qui trouve peut-être un écho dans le nom des Trš, l’un des « Peuples de la Mer » mentionnés dans les sources égyptiennes.

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Patrick Maxime Michel

Les pierres dressées en Anatolie : des cultes lithiques hittites aux reliefs phrygiens

En Anatolie, la pierre est partout. Il suffit d’admirer les paysages autour de Göreme (Cappadoce) pour s’en rendre compte. Ce paysage marqué par l’élément minéral ne laissa certainement pas les Anciens sans impressions. D’ailleurs, à l’époque impériale hittite, soit entre 1350 et 1200 environ, de nombreux rituels hittites, conservés sur des tablettes d’argile inscrites en cunéiforme, décrivent précisément divers cultes rendus aux montagnes divinisées, aux sources ou à la divinité de l’Orage matérialisées sous forme de pierre dressée (ḫuwaši1). La majorité des sources épigraphiques remontent aux règnes de Ḫattušili III et de son fils Tudḫaliya IV (au XIIIe siècle). Le schéma rituel est assez simple : au printemps et à l’automne, le roi voyage entre divers sanctuaires importants de son empire pour rendre hommage à des divinités sous forme de pierres dressées2. On remplit à l’automne des pithoi (hitt. ḫarši) avec le grain de la récolte qui sera utilisé au moment de l’ouverture des pithoi au printemps pour la fabrication de pains rituels. Ces mêmes cérémonies sont également connues par des inventaires de culte3 qui listent les

sanctuaires et précisent le mode opératoire: la statue anthropomorphe du dieu est amenée en dehors des limites de la ville (près d’une source4, sur une montagne5, parfois dans un bois6) -en passant par une porte monumentale où divers rites pouvaient être exécutés7- dans un sanctuaire lithique, puis placée devant son homologue non façonné, mais matérialisant, par l’élément minéral, la même divinité que la statue. Ces pierres parfois équarries (comme c’était le cas à Kızlarkaya-Maiden’s Rock à Boǧazköy et pour la stèle de Karahöyük) sont communément désignées sous l’appellation « bétyle », dont l’étymologie renvoie à la maison du dieu (beyt el). Nous préférerons donc l’expression, moins ambiguë, de « pierre dressée »8. Quelles formes avaient ces pierres9 ? La réponse est difficile car nous n’avons pas retrouvé, sauf peut-être à Kuşaklı, Kızlarkaya et Karahöyük, de telles pierres sur les sites, en contexte, où les textes les attestaient. Les monuments phrygiens, bien que postérieurs, apportent peut-être une réponse à la question de la morphologie.

1 Voir Michel 2014, p. 32–38 et Band III/2 du Hethitisches Wörterbuch. 2 Par exemple rituel de Šarišša, KuT 6, KuT 19. 3 Hazenbos 2003. 4 Par exemple CTH 636.2 (KUB XX 99), cultes de Šarišša (TÚLŠuppitaššu). 5 Par exemple CTH 641 KUB XL 2 (Bo 4889), culte de la déesse Išḫara, ou CTH 593 sur le Mt. Tapala. 6 Par exemple CTH 681.1, fêtes de Karaḫna (KUB XXV 32+ Rs. III l. 15 sq. et 32 sq, KUB XXVII 70 Vs. II,

l. 3–4), fête pour Ḫuwaššanna (CTH 694.1) KBo XX 72+ Rs. III l. 16’ sq. qui mentionne une pierre dressée pour le dieu de la guerre dans un bois dans la région de Ḫupišna ; près d’une haie de buis CTH 611.1.A (KUB XI 18 col. II, l. 23–24, AN.TAḪ.ŠUM 14e et 15e jour), CTH 594, 14e jour de la célébration de l’AN.TAḪ.ŠUM, CTH 678 (Bo 2839 Vs. III, l. 14’), culte de Nérik. 7 Voir Michel à paraître b. 8 Michel 2014, p. 17–24. 9 Voir aussi Michel à paraître a.

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Le lien qui existe entre les monuments phrygiens (reliefs et niches) creusés dans les falaises ou sur des pics rocheux au Ier millénaire avant notre ère et la pratiques de certains rites hittites a depuis longtemps été souligné, par Barnett (195310) ou Roller (199911), comme le rappelait plus récemment également Berndt-Ersöz12. Archi13 reconnaissait aussi une analogie entre les fêtes traditionnelles hittites et le culte de la déesse Cybèle : Parmi les fêtes concernant la sortie du temple de l’image divine, celle dédiée à Cybèle est célèbre. (…) les monuments rupestres d’époque phrygienne ou néo-hittite, en particulier les ˈtrônes videsˈ attestent les processions sacrées et les cultes en plein air.

La pierre et l’eau Au-delà de l’analogie dans la forme du rituel, il est intéressant de noter que la typologie des lieux où se déroulaient ces rituels lithiques n’a pas changé entre l’époque hittite et celle phrygienne. L’analyse faite par Berndt-Ersöz sur la localisation des monuments phrygiens a mis en évidence le lien étroit de ces lieux avec les sources d’une part mais aussi avec les portes des villes14. Roller signalait un relief de Matar près de la rivière Sangarios et plusieurs reliefs le long de la rivière Ankara. D’autres monuments creusés dans la roche se trouvaient directement à côté d’une source : Bahşayiş, Deǧirmen Yeri et Delikli Taş. Un lien se dessine entre ces monuments lithiques et leur proximité avec l’eau dont on avait besoin pour les rites. Berndt-Ersöz, précisait cependant que seuls quelques sites se trouvaient suffisamment 1 0 Barnett 1953, p. 77–82. 11 Roller 1999. 12 Berndt-Ersöz 2006, p. 147 : « Parallels between Hittite spring cult and Phrygian cult have been suggested by earlier scholars » avec bibliographie. 13 Archi 1973, p. 7. 14 Berndt-Ersöz 2006, p. 147–152. Voir aussi Michel à paraître b. 15 Harmanşah 2014. Harmanşah mène en effet un projet de recherche sur les monuments lithiques et les sanctuaires liés aux sources en Anatolie

près des sources ou des rivières pour que l’eau y ait joué un rôle réel dans le rituel. Dans le contexte chypriote, la mention d’une Aštarté à Paphos dans le cadre d’un rite hydrophorique, nous invite à citer le culte de la Dea Syria, connu grâce au satirique Lucien de Samosate (IIe siècle après J.-C.), au livre XXXIII : Entre ces deux statues se dresse, au milieu d’elles, une autre image divine qui, toute en or, n’a rien qui ressemble aux autres images. Elle n’a point de forme particulière, mais elle présente des caractéristiques d’autres dieux. Les Assyriens eux-mêmes l’appellent Symbole et ne lui ont pas donné de nom particulier. Ils ne disent rien de son origine, ni de sa forme. (…) Deux fois par an, on le fait descendre jusqu’à la mer, quand on va chercher l’eau dont j’ai déjà parlé.

Plus récemment, Harmanşah15 a conduit une étude sur les liens entre le territoire, les paysages et les vestiges archéologiques et soulignait l’intérêt des reliefs et des monuments aux sources pour une archéologie du paysage : Rock reliefs and spring monuments of pre-classical antiquity in the Near East and the Anatolian peninsula offer a rare opportunity for investigating places and testing new fieldwork methodologies for an explicitly archaeological approach to locality (Harmansah 2014, p. 142).

Suivant les sources hittites, l’eau était un élément purificateur. On l’utilisait pour les lustrations, ou pour des bains dans les rituels. De plus, les textes attestent aussi le caractère sacré des rivières, des sources (souvent divinisées). Enfin, les lieux liés à l’eau (bassins, rivières et sources) étaient utilisés pour la divination (ichthyomancie dans les bassins)16. Lorsque les rivières ou les sources sont divinisées, les Hittites les associaient souvent entre la fin de l’âge du bronze et l’âge du fer, afin d’en saisir : « the poetics and politics of places at mountainous landscapes, caves, springs, river sources, sinkholes, and other such odd geological formations, while attempting to articulate an archaeology of place and place-making that derives from this very particular historical context. » (2014, p. 142). L’exemple étudié pour l’Anatolie est le site du village de Ayanis et sa plantation d’amandiers dans l’est de la Turquie. 16 Erbil & Mouton 2012, p. 53.

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à des montagnes. Le fait que la plupart des pics rocheux divinisés se situent près d’une source ou le long d’une rivière, souligne ce lien particulier. Nous pouvons citer quelques extraits de rituels qui illustrent la pratique de l’hydrophorie17 à l’époque hittite18 : « Les femmes hazqara à la source Warwatali, aux pierres dressées, elles amènent » (CTH 502.2. KBo II 13 Rev. 3’-4’). « On amène la divinité à la source. On installe la divinité devant la pierre dressée » (CTH 519, KBo II 8, Rev. 13’-14’). Enfin, le texte CTH 519, un inventaire concernant la déesse de la nuit (DINGIR GI6) de Parnašša (du Mt. Parnasse) et datant de la fin de l’Empire, donne la description de cinq rituels, dont l’un décrit une hydrophorie, dans un contexte qui n’est pas celui d’un rituel saisonnier. 13. DINGIR-LUM za-ri-mi-im-maal-da-an˹niš˺?ar-nu-wa-an-zi14. DINGIR-LUM PA-NI NA4 ZI.KIN ti-ia-an-zi 3 NINDA. ˹KUR4˺.RA 15. I DUG ḫu-up-par [3?] KAŠ LÚ.MEŠ URU-LIM pé-eš-kir 16. SAL!pal-wa-tal-la-aš 3-ŠÚ pal-wa-iz-zi 17. GIŠšu-ru-uḫ-ḫa-aš PA-NI NA4 ZI.KINti-ia--zi « On amène la divinité à la source Zarimma (agitée?). Ils installent la divinité devant la pierre dressée. Trois gros pains, un vase ḫuppar, trois vases de bière, les hommes de la ville donnent régulièrement. Les crieuses poussent leur cri trois fois. Ils présentent du bois šuruḫḫa devant la pierre dressée ». Dans ces divers extraits, le paysage est composé d’une source et de pierres dressées. Comme le relève déjà Berndt-Ersöz19, l’eau (rivière

ou source) possède une force magique dans la religion hittite; elle joue un rôle important dans les rituels de divination et les textes rituels hittites soulignent le rôle purificateur de l’eau dans les rituels de divination20. Le sanctuaire lithique des ḫuwaši de KuşaklıŠarišša décrit dans les textes, a été identifié à 2,5 km au sud du site de Kuşaklı (à 60 km au sud de Sivas, Turquie), culminant à 1900 m d’altitude. Il est un cas unique permettant peutêtre de réunir et de confronter les informations connues par l’épigraphie et celles correspondant aux restes matériels sur le terrain. L’ensemble (6 ha), ceint d’un téménos, est aménagé non loin d’une importante source entourée, à l’époque, d’un téménos et complétée d’un petit bâtiment de trois pièces. A l’ouest de la source se trouve un important complexe (temple) de 48 m × 45 m avec une cour intérieure plâtrée. La source donnait naissance à un point d’eau (doline) d’un diamètre de 150 m. Un canal avait été aménagé pour remplir l’étang. De la céramique d’époque impériale hittite a été retrouvée sur le site, permettant de rattacher le complexe cultuel à la période des textes retrouvés dans le bâtiment A de l’acropole. L’étang du sanctuaire est identifiable à la source Šupitaššu des textes, comme l’illustre le passage suivant de KUB XX 99, Vs. col II21. Des blocs frustres de pierre sont également visibles sur le site et pourraient être identifiés avec les ḫuwaši des textes22. Il reste évidemment des cas où les monuments phrygiens se trouvent dans des lieux sans lien avec l’eau et il en va de même pour les sites hittites.

17 Nous employons ce terme dans le sens de « j’emporte à l’eau », dans le cadre de rituel où une divinité est amenée à une rivière ou à une source. Peut-être attesté dans le texte CTH 525.3, l’hydrophorie est aussi présente dans le rituel dit EZEN URUDUŠU.KIN « rituel de la faucille », qui se déroulait durant l’été et concerne un sanctuaire lithique dans la nature. Si la forme du rituel n’est pas très différente des autres rituels agraires, il a la particularité de mentionner une pierre près d’une rivière où on amène la divinité. 18 Voir aussi Erbil & Mouton 2014. 19 Berndt-Ersöz 2006, p. 147. 20 Voir à ce sujet Haas 1994, p. 880 et 909.

21

On pourrait citer encore d’autres exemples : Situé près du village de Develi, à 78 km de Kayseri, les reliefs de Fıraktın présentent le roi Hattusili III et son épouse Puduhepa offrant des libations aux dieux (à une divinité tutélaire et Hébat). Puduhepa et de plus clairement mentionnée comme « la fille du Kizzuwatna ». Les reliefs sont placés sur une petite falaise en dessous de laquelle coule un affluent du Zamanti Su. En continuant d’avancer en dessous des reliefs, on trouve plusieurs cupules et des bassins circulaires qui attestent de l’utilisation de l’eau dans des activités religieuses liées aux reliefs. 22 Michel 2014, p. 182–187.

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La pierre et la porte23 Un deuxième élément pourrait rapprocher les pierres dressées de Phrygie et le culte des pierres en Anatolie hittite : leur localisation près des portes urbaines. Tous les types de monuments phrygiens, exception faite des façades monumentales, peuvent se trouver associés aux portes des villes24. Le cas le plus éclairant est certainement celui des monuments de la ville de Midas, entre Afyon et Eskişehir. Il s’agit des monuments à escalier dits « step monuments ». Creusés dans la roche, ils présentent quelques marches menant à une ou deux « idoles » de pierre en forme de champignons, (ou à des autels comme le monument N°68 se trouvant à côté de l’entrée de la ville de Midas, au somment de la rampe d’entrée25). Sur le site de Nallı Kaya, un monument de petite taille se trouve associé à l’entrée ; ce qui est également le cas sur le site de Fındık (fig. 1). Plusieurs éléments permettent de déduire que ces monuments avaient une fonction religieuse. Dans la ville de Midas, le monument N°68 à escalier possède trois emplacements pour des coupes « cup-mark ». A Delik Taş, on trouve plusieurs petites dépressions (cupules ?) au pied de la niche, devant ce qu’on nomme maladroitement idole26. On trouve aussi parfois des banquettes associées comme avec le groupe de sculptures de la déesse Matar à Boǧazköy. Les monuments lithiques phrygiens étaient donc composés de divers éléments architecturaux : cupules (dépressions dans la pierre), bancs, podium et pierre aniconique. Berndt-Ersöz précisait qu’on avait pu utiliser les bancs pour poser des offrandes. Quant au podium il était parfois positionné dans un angle de 90° par rapport

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Michel à paraître b. Berndt-Ersöz 2006, p. 148. Ibid. A comprendre comme la matérialisation non-iconique du divin. 27 Berndt-Ersöz 2006, p. 149 : « The benches may have been used to display offerings or votive gifts, as the idol found at Boǧazköy perhaps indicates. We can

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au monument aniconique. Cette disposition se retrouve aussi en Anatolie hittite.27 On note aussi, en Phrygie comme en Anatolie hittite et dans les villes syro-hittites comme Karkémiš, que certaines installations cultuelles aux portes des villes étaient fortement liées à la divinité poliade. D’après Berndt-Ersöz : Several deities were intimately connected with cities, such as the Hittite goddess of Arinna and the SyroHittite Kubaba, described as the Queen of Karkemiš. At Bronze Age Troy, two different kinds of features were found in association with city gates, stelae and cup-marks/small hollows indicating cult activities, and it has been suggested that some of these stelae may have been connected with the deity Appaliunas (Apollo) (Berndt-Ersöz 2006, p. 149).

La présence d’installations cultuelles avec des pierres dressées aux portes est bien attesté en Anatolie, et c’est encore le site de Kuşaklı-Šarišša qu’on peut citer. Les sources épigraphiques mentionnent en effet une « Porte des Pierres Dressées28 » que le roi traverse pour vénérer une pierre divine : « Puis le roi sort du palais et se rend à la pierre dressée d’Anzili. Le roi passe par la Porte des Pierres Dressées. Le roi se lave des mains » (CTH 636.1, KUB VII 25, Vs. I 12–17). Le passage, dangereux, redouté, sensible mais nécessaire de l’intérieur vers l’extérieur de la ville faisait l’objet de rituels précis, et de nombreuses précautions étaient prises. Les installations cultuelles aux portes comportaient des pierres, parfois taillées dans la roche, des cupules ou des banquettes afin de recevoir les offrandes. Ces pratiques ont perduré avec les Phrygiens et ce sont peut-être des monuments phrygiens, comme les « step monuments », avec leur « idole » fongiforme qui donnent une meilleure image de

further note that the position of the podium both at Boǧazköy and Fındık is almost identical, situated at a 90 degree angle to the monument. The difference is that at Boǧazköy there is an anthropomorphic image of Matar, whilst at Fındık there is a step monument with a semicircular disc on top ». 28 CTH 636.1 (KUB VII 25) Vs. I 14 NA4ḫu-u-waši-i[a-aš] KÁ-aš

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ce à quoi pouvaient ressembler les installations hittites29. Des parallèles entre Phrygiens et Hittites semblent se dessiner, ce qui se comprend lorsqu’on sait que les Hittites sont les prédécesseurs directs des Phrygiens et que certains sites phrygiens furent construits directement sur d’anciennes installations hittites30. Cependant, au-delà des similitudes dans la déification des sources et des montagnes, la forme et l’organisation des installations cultuelles près de sources ou près des portes de la ville, une différence majeure existe entre les Phrygiens de leurs prédécesseurs hittites. D’un foisonnant panthéon hittite mêlant divinités mâles et femelles, intégrant des divinités étrangères, on passe dans le monde phrygien à la prépondérance d’une seule divinité : la Déesse-Mère Matar. Elle est la seule attestée dans l’iconographie et dans les sources épigraphiques.

Les « Phallossteine » de Phrygie : pierre des morts ou pierre des dieux ? En basalte, en marbre ou en calcaire, on retrouve ces pierres phalliques, dans la littérature allemande et anglophone, sous diverses dénominations: • • •

29

Phallossteine Pilzsteine/ mushroom stone Knaufmonument/ toadstools

On retrouve aussi un monument de ce type dans la région d’Alaça Höyük, sur le point le plus élevé de Kalehisar. 30 Roller 1999, p. 42. 3 1 Christof 2008, p.147–173. 32 La forme de son extrémité indique qu’elle était plantée dans une base en pierre. 33 Christof 2008, p. 151 : « Diese kleine Kalksteinaltärchen (mit Reliefdarstellungen von Reitern und Tieren) aus Boǧasköy besteht des einer Schmalen halbrund abschliessenden Stelen, die mittels eines Zapfens in eine zweigliedrige Basis, zusammen nur 8 cm hoch, eingelassen war. Auf der Vorderseite der Stele befindet sich die Wiedergabe

Pour Christof, qui préfère la dénomination « Phallossteine » communément acceptée, il s’agit de marqueurs de tombes aniconiques31. Ces pierres présentent parfois un rétrécissement de la base, indiquant qu’elles pouvaient être plantées dans une base en pierre (exemplaires de Altın Taş32, Bozüyük, Çamlıbel33, ou fichées dans le sol. La relation de ce type de pierre avec le monde funéraire n’est cependant pas clairement établie. Christof admet que ces pierres phrygiennes puissent aussi parfois matérialiser des divinités et l’on doit à Gall d’avoir établi un rapport possible de ces pierres avec l’architecture hittite tardive34. Pour Akurgal déjà, il était clair certains de ces monuments n’avaient pas de lien avec le monde funéraire35. Actuellement, les découvertes archéologiques continuent d’enrichir le corpus de ces pierres36.

Question de morphologie Revenons à présent au problème de la morphologie des pierres de cultes hittites37. L’archéologie phrygienne peut-elle fournir des indices ? Aucun lien ne fut encore établi entre la forme des Phallossteine de Phrygie et les pierres dressées hittites. Si Roller rendait les savants attentifs au fait qu’il ne fallait pas sur-interpréter les liens entre les pratiques cultuelles hittites et celles phrygiennes38, nous notons que la localisation des Phallossteine à l’époque phrygienne n’est pas sans rappeler celles des pierres hittites. La position géographique de ces monuments au sommet des montagnes, en dehors des villes,

eines stilisierten Kopfes mit Schulteransatz und Amulett, die Schmalseiten sind durch eine Reihe von in Leicht erhabenem Relief vom Untergrunf abgesetzten Einzelbildern gestaltet ». 34 Gall 1966, p. 114. 35 Akurgal 1961, p. 110. 36 Christof & Lafli 2012. 37 Voir Michel à paraître a. 38 Roller 1999, p. 44 : « One should not overstate the ties between Hittite and Phrygian cult practice. No single Hittite religious monument, temple, or statue can be said to provide a close forerunner to Phrygian shrines and iconographic images ».

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implique que la statue anthropomorphe du dieu n’était placée dans la niche ou devant le monument uniquement durant les célébrations religieuses39. Ce contexte rappelle aussi celui des rituels hittites décrit précédemment lorsque la divinité sort de son temple pour se rendre dans un lieu extra-muros, sur une montagne ou dans la nature ; le culte permettant la rencontre de la statue avec le lieu original et générateur de son culte. Notons aussi que des Phallossteine sont également attestées dans le Caucase. Sur le site de Lchashen (marz de Gegharkunik, Lac de Sevan, Arménie) diverses pierres, aujourd’hui au musée d’Erevan, ont été datées des XII-XIe siècles40. L’étude de ces pierres est relativement récente, tout comme celle des pierres-dragons41 (vishapakar) des plateaux arméniens. Les vishapakars sont difficilement datables dans la plupart des cas, mais une étude récente propose une datation au Bronze Moyen pour le Caucase sud, notamment sur le site de Metsamor (marz d’Armavir, Arménie. Fig. 2.)42. Cette étude mentionne de plus un parallèle possible entre les pierres dressées d’Arménie et les ḫuwaši hittites : The vishapakar phenomenon has parallels and echoes in the neighboring regions, most notably in the HittiteHurrian world. For example, they remind us of the great importance od standing stones within the Hittite religion, e.g., the ḫuwaši-stones repeatedly quoted in texts. (…) And in Hurrian texts from Boğazköy

39 Akurgal 1961, p. 110 : « Da die Kultmonumente stets auf Bergen, weit entfernt von Städten liegen, kann man mit Bestimmtheit annehmen, dass die Statue der Gottheit nur während des Kultaktes in der Nische oder vor der Fassade aufgestellt wurde ». 40 Dont l’exemplaire en andésite HMA 2477. 41 Pierres dressées décorées de représentations animales gravées, elles se situent sur les hauts plateaux parcourus par les éleveurs durant l’été et étaient liées à des sépultures durant l’Age du Bronze. Bobokhyan et al. 2015, p. 93. 42 Voir par exemple Bobokhyan et al. 2015, p. 206 : « In the literature, the vishapakars have been dated from the Aceramic Neolithic until the Iron Age. (…). However, a close analysis of the data at our disposal strongly indicates that vishapakars were first conceived at a certain point during the Bronze Age. » et Bobokhyan

a deity by the name of vishashap is mentioned, for which some scholars43 proposed a connection with vishapakars. In conclusion, we begin to see a net of connections between the ritual and iconographic world of vishapakars and that of the Hittite-Hurrian world (Bobokhyan et al. 2015, p. 205).

L’étude de Bobokhyan, Gilibert et Hnila (Bobokhyan et al. 2015) s’intéresse principalement aux pierresdragons44 (vishapakar) mais le site de Metsamor a révélé, en plus d’un vishapakar, à divers endroits du site, une série de pierres phalliques45 remontant vraisemblablement à la fin de l’Age du Bronze. Ces éléments permettent de replacer la production de pierres dressées dans un contexte géographique plus large au cours de l’Age du Bronze. Les typologies de pierres dressées sont certainement nombreuses46, mais un type particulier se caractérise par son aspect fongiforme ou phallique dont la base pouvait être fichée dans un socle ou dans la terre. Cette forme caractéristique pourrait aussi être interprétée comme tendant à l’anthropomorphisme si l’on admet que le rétrécissement au niveau du col permet la stylisation du chef. A ce stade, on peut, en croisant les données de l’archéologie avec celles de l’épigraphie, établir d’une part, un lien entre les pratiques cultuelles phrygiennes et celles hittites ainsi qu’entre la localisation des monuments lithiques en Phrygie et en Anatolie à l’époque hittite. D’autre part, on remarque aussi que les pierres dressées phalliques sont plus largement attestées à la fin de l’Age du

et al. 2012, p. 117 : « Meanwhile, we work with a provisional dating to the South Caucasian Middle Bronze Age II-III (c. 2200–1600 BCE) ». 43 Les auteurs mentionnent Melikishvili 1954, p. 113–114 ; Khanzadian 1969, p. 163 et Israelyan 1973, p. 91. 44 Pierres dressées décorées de représentations animales gravées, elles se situent sur les hauts plateaux parcourus par les éleveurs durant l’été et étaient liées à des sépultures durant l’Age du Bronze. L’iconographie de certaines de ces pierres peut, parfois, rappeler des éléments de la mythologie hittito-hourrite, voir Bobokhyan et al. 2012, p. 93 et Bobokhyan et al. 2015, p. 205. 45 Ces pierres phalliques ont également été retrouvées à Lchashen, Shamiram, Karmir, Blur ou Oshakan. 46 Michel à paraître a.

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Bronze, dans le Caucase notamment. On peut dès lors se demander si des Phallossteine sont aussi attestées en Anatolie à l’époque hittite.

Des objets en pierre dont la forme en T rappelle celle des Phallossteine, avec, cependant, une surface sommitale plane, ont été retrouvés dans la région d’Emirgazi (Anatolie centrale, province de Konya)47. Ils sont généralement définis comme étant des « autels hittites » (ensemble basaltique d’Emirgazi48 : « autels » I à IV et pierre carrée). Datant de l’époque de Tudḫalia IV (ca. 1238– 1215 av. J.-C.), ils sont conservés au musée archéologique d’Istanbul. Hawkins, déjà, voulait identifier les « autels » d’Emirgazi avec les pierres fongiformes qu’on retrouve sur le décor du vase de İnandık par exemple49. En effet, ces « autels » avec surface sommitale plane, sont peut-être représentés sur divers vases hittites : İnandık ou Hüseyindede. Peut-on considérer que les Phallossteine de Phrygie soient le fruit d’une continuité dans la morphologie spécifique des pierres dressées (fig. 3 et 4) ? Nous avons ailleurs proposé d’interpréter les monuments lithiques d’Emirgazi comme étant les pierres dressées désignées dans les textes hittites, notamment de l’époque de Tudhalia IV, par le nom ḫuwaši50. Cette hypothèse était motivée par la présence, dans le texte hiéroglyphique recouvrant les « autels » du vocable HWASATTI, qui pourrait être interprété comme une dérivation louvite en –att(i) du substantif hittite ḫuwaši.

§11 DEUS-ní-zi/a STELE kwi/a-i(a)-sa hwi/a-sa-ti-sa « Dont le ḫuwaši est la STELE51 pour les dieux ». D’après une étude faite de l’ensemble des pierres d’Emirgazi, il ressort que les « autels » I et IV pouvaient s’insérer dans un socle rectangulaire, recouvert, comme les « autels » d’inscriptions hiéroglyphiques. En effet, la profondeur de la cavité de la pierre carrée correspond à la hauteur de la partie anépigraphe des « autels » I et IV. De plus, des traces rougeâtres recouvraient une partie de l’autel I, possiblement dues à l’oxydation d’un métal52. Or, cette même coloration se retrouvaitelle sur une face de la pierre carrée, confirmant l’hypothèse que ces deux pierres appartenaient à un seul et même ensemble53. Un autre exemple de la combinaison « base+stèle » peut être donné avec l’ensemble plus tardif de Sultanhanı (deuxième moitié du VIIIe siècle av. J.-C.), conservé au Musée de la Civilisation Anatolienne d’Ankara54. L’inscription hiéroglyphique des « autels » d’Emirgazi, dont le §11 est donné ci-dessus, identifie l’objet sur lequel elle est inscrite avec le hiéroglyphe STELE. Ce signe est une combinaison de deux signes : STELE = LAPIS+SCALPRUM (= hitt. ḫuwaši?)55. Le signe SCALPRUM (L.268) précise que la pierre est incisée ou peut-être inscrite. L.26856 peut effectivement être interprété comme représentant l’outil employé afin de graver les signes hiéroglyphiques dans la pierre (LAPIS)57 (fig. 5). Ce même signe (LAPIS+SCALPRUM) se retrouve encore sur une base de stèle conservée

47 Nous laissons volontairement en dehors du corpus présenté ici les piliers du néolithique précéramique A (vers 9500 av. J.-C.) de Göbekli Tepe. 48 inv. 7770/1 et 7782/4. 49 Hawkins 2006, p. 57 : « The “altars” themselves are stone representations of offering tables (log. ZAG. GAR.RA, Hittite istanana-), which are seen in representations of festivals, e.g. on the Inandik vase, and are often stated to be made of wicker (AD.KID). Are these the “stelae” actually referred to in the text, often qualified as “this stelae” (§§6,7,24,27)? ». Pour une interprétation différente sur la nature de ces pierres non comme des autels (itanana-) mais comme étant des pierres dressées (ḫuwaši-), voir Michel 2015. 50 Michel 2015. 51 La lecture phonétique du signe hiéroglyphique STELE (L.267) n’est pas connue. Voir Michel 2015, p. 20.

5 2 Masson 1979, p. 8. 53 Ibid. 54 Voir Hawkins 2000 et Gelb 1939. 55 Michel 2015, p. 20–23. 56 On considérait généralement que, tant la valeur logographique que la valeur syllabique de SCALPRUM (L.268) et du pronom relatif L.369 était identique : HWA/HWI, voir Laroche 1960, signes L. 268 et L. 329. Mais Hawkins (2000) a montré, grâce aux inscriptions de YALBURT que le signe HWI (L. 268) accompagnant le verbe « courir » n’a rien à voir avec REL. Durant l’Empire, L.268 correspond clairement au louvite cunéiforme ḫu-i/ḫu-a. 57 Le verbe louvite pour graver est /kwaza-/ transcrit REL (L.329)-za-, parfois déterminé avec le double logogramme CAPERE+SCALPRUM (L. 320). Voir Payne 2010, p. 184.

Les « autels » d’Emirgazi

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au musée d’Istanbul (N°7775). La base 7775 comporte en son centre une cavité qui permettait de recevoir une pierre ou un objet en bois, illustrant une fois encore que la pierre dressée pouvait être fichée dans une base pour donner naissance au monument lithique. La typologie de la stèle de Sultanhanı est différente puisqu’elle se présente comme une stèle droite au sommet arrondi. La stèle appartenant à la base 7775 n’ayant pas été retrouvée, il est difficile de savoir à quoi ressemblait le monument. Ainsi, durant l’époque impériale hittite, certaines pierres dressées pouvaient être fichées dans une base. La combinaison de la base et de la pierre formait le monument lithique objet d’un culte. Dans le cas des pierres en T d’Emirgazi, la surface sommitale plane pouvait servir à recevoir des offrandes dans le cadre du rituel, sans pour autant faire de la pierre l’autel sacrificiel ou la table d’offrandes.

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L’étude typologique de certaines pierres dressées dans le Caucase, en Anatolie et en Phrygie proposée ici permettrait d’inscrire les pierres dressées hittites dans un corpus plus large de monuments lithiques. Iconographiquement attestées au XVIIe siècle sur le décor de divers vases, des pierres fongiformes (ou en T) sont aussi attestées archéologiquement au XIIIe siècle sur les reliefs d’Alaça Höyuk par exemple ou sur la frise du vase en argent conservé à Boston, et avec les monuments d’Emirgazi. Durant le Bronze Moyen (II-III), dans le Caucase, se

développent les vishapakars arméniens sur des sites où seront aussi attestés, ultérieurement parfois, des Phallossteine. De la chute de l’Empire hittite jusqu’à la fin du VIIIe siècle, le plateau anatolien est occupé par les populations indo-européennes phrygiennes qui nous laissèrent de nombreux monuments lithiques, des reliefs, des niches mais aussi des pierres dressées. Le corpus de pierres présenté dans cette contribution se caractérise par une forme en T avec un sommet arrondi ou plat et un rétrécissement au niveau du col, rappelant la forme d’un champignon ou, peut-être, une tendance à l’anthropomorphisme. L’autre élément caractéristique réside, pour certains exemplaires, dans le fait qu’ils pouvaient être fichés dans le sol ou dans une base en pierre. Dans ce cas, la base de la pierre dressée était anépigraphe ou sans motifs. En Phrygie, comme nous l’avons évoqué, les pierres dressées sont encore attestées. Les Phrygiens, héritiers en quelque sorte, de la culture et des terres hittites, conservèrent cette forme particulière de la représentation du divin au moyen de la pierre58. Les vestiges archéologiques phrygiens sont un apport précieux dans la problématique liée aux pierres dressées en Anatolie. Avec les données récentes provenant de l’Arménie, se dessine un ensemble cohérent de monuments lithiques. Avec le temps, la pierre dressée tend à s’arrondir59, matérialisant l’essence divine de la Déesse-mère Matar. La montagne sert d’écrin pour l’épiphanie du divin et la monumentalité du site et des éléments

58 Roller 1999, p. 41–42 : « Yet the earlier cultures of Anatolia did indeed influence the identity and portrayal oft he Phrygian goddess. Many oft he symbols and cultic rituals associated with the Phrygians Mother were not limited to this divinity, but are also found among the Phrygians’ predecessors in Anatolia. (…) Certain symbols found in Phrygian expressions of divinity were also prominent among these peoples: they include the sacred mountain, the sources of water that spring from the ground, ans the links between the symbolism of animal predators and civic ritual ». Voir plus récemment Bachvarova 2016, p. 357 : « One group new to the archaeological

record in Anatolia is the Phrygians, who appear in the eleventh century. They were Indo-European people speaking a language to the be grouped with Greek and Armenian. Phrygian culture and religion assimilated many practices and beliefs of the indigenous peoples the Phrygians encountered when they entered Anatolia (…) ». 59 On peut peut-être trouver en Cappadoce les origines de ces formes. Les paysages naturels de la Cappadoce offrent une multitude d’impressionnants champignons de pierre. Les pierres dressées phrygiennes ne cherchaient peut-être pas à imiter l’humain, mais c’est peut-être l’homme qui voulait imiter la nature ?

Conclusion

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architecturaux souligne encore la majesté de la divinité. Barnett dans son article consacré aux monuments lithiques de Phrygie soulignait la persistance de « l’ancienne religion60 » hittite. Le fait le plus marquant pour nous est certainement la

divinisation des pics rocheux et des montagnes en lien avec les sources sous formes de pierres dressées aniconiques et le maintien de la morphologie de ces monuments.

Fig. 1.  Rock-cut altar. Acropole sur le plateau de Midas Şehri. © Dr. Günther Eichhorn.

60 Barnett, R. D., 1953, p. 81. « With the coming of the Phrygians, much of the old religion lived on ».

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Fig. 2.  Phallossteine de Metsamor, provenant de divers endroits du site, ils ont été rassemblés devant l’entrée du musée avec le vishapakar (avril 2017). ©Patrick M. MICHEL.

Fig. 3.  Reproduction des frises du vase d’İnandık, Anadolu Medeniyetleri Müzesi, Ankara. Dessins à partir des photographies de Özgüç 1988, fig. 64.

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Fig. 4.  « Autel » d’Emirgazi au Musée Archéologique d’Istanbul. ©Patrick M. MICHEL, avec l’aimable autorisation du İstanbul Arkeoloji Müzesi.

Fig. 5.  Signes hiéroglyphiques LAPIS et SCALPRUM.

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EGeA Etudes genevoises sur l’Antiquité Etudes genevoises sur l’Antiquité - EGeA est une collection rattachée au Département des sciences de l’Antiquité de l’Université de Genève, Faculté des lettres. La série publie des thèses de doctorat, des monographies, des ouvrages collectifs et des actes de colloques scientifiques issus de recherches du Département des sciences de l’Antiquité de l’Université de Genève ou des ouvrages avec une contribution substantielle d’un ou de plusieurs membres du Département. La série couvre tous les domaines représentés au sein du Département des sciences de l’Antiquité de l’Université de Genève, avec, dans l’intérêt de l’interdisciplinarité, une ouverture sur d’autres domaines avoisinants.

Ouvrage parus Vol. 1.

Lorenz E. Baumer, Patrizia Birchler Emery, Matteo Campagnolo (éds.), Le voyage à Crotone: découvrir la Calabre de l’Antiquité à nos jours. Actes du Colloque international organisé par l’Unité d’archéologie classique du Département des sciences de l’Antiquité, Université de Genève, 11 mai 2012. (Kroton 1). ISBN 978-3-0343-1329-2. 2015.

Vol. 2.

Michel Aberson, Maria Cristina Biella, Massimiliano Di Fazio, Manuela Wullschleger (éds.), Entre archéologie et histoire : dialogues sur divers peuples de l’Italie préromaine. E pluribus unum? L’Italie, de la diversité préromaine à l’unité augustéenne, vol. I. ISBN 978-3-0343-1324-7. 2014.

Vol. 3. Michel Aberson, Maria Cristina Biella, Massimiliano Di Fazio, Manuela Wullschleger (éds.), L’Italia centrale e la creazione di una koiné culturale? I percorsi della «romanizzazione». E pluribus unum? L’Italie, de la diversité préromaine à l’unité augustéenne, vol. II. ISBN 978-3-0343-2072-6. 2016. Vol. 4. Patrick Maxime Michel (dir.), Rites aux portes. Actes du colloque organisé les 2-3 mai 2014, Université de Genève. ISBN 978-3-0343-3044-2. 2017. Vol. 5. Youri Volokhine, Bruce Fudge & Thomas Herzog (éds), Barbe et barbus. Symboliques, rites et pratiques du port de la barbe dans le Proche-Orient ancien et moderne. ISBN 978-3-0343-3611-6. 2019. Vol. 6. Michel Aberson, Maria Cristina Biella, Massimiliano Di Fazio, Manuela Wullschleger (eds), Nos sumus Romani qui fuimus ante… Memory of ancient Italy. ISBN 978-3-0343-2889-0. 2020. Vol. 7. Julien Beck (éd), Journée d’études égéennes. Actes de la rencontre du 3 novembre 2012 à l’Université de Genève. ISBN 978-3-0343-3776-2. 2020.