Jardins potagers : terres inconnues ? 9782759810376

Les jardins, objets d’un engouement croissant, sont localisés dans des environnements éminemment modifiés par les activi

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Jardins potagers : terres inconnues ?

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Jardins potagers : terres inconnues ? Élodie-Denise Chenot, Christophe Schwartz Université de Lorraine-INRA, UMR 1120, Laboratoire Sols et Environnement, Vandœuvre-lès-Nancy

Camille Dumat INP-ENSAT, EcoLab, Toulouse

Francis Douay, Bertrand Pourrut Groupe ISA, Equipe Sols et Environnement - LGCgE, Lille

Céline Pernin Lille 1, Equipe Ecologie Numérique et Ecotoxicologie - LGCgE, Villeneuve d'Ascq

Imprimé en France ISBN : 978-2-7598-0723-9 Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. © EDP Sciences 2013

Préface

L’engouement des Français pour les jardins, qu’ils soient privés ou collectifs, est bien réel. Ainsi, ce sont douze millions de ménages français qui entretiennent treize millions cinq cent mille jardins. Plus de neuf Français sur dix ressentent le besoin d’un contact quotidien avec les plantes et les jardins1. Le jardin potager et le verger restent même une valeur sûre, avec un Français sur trois qui rêve d’un jardin « nourricier » (potager et fruitier)2. La maison individuelle représente le logement idéal pour 82 % des Français et le jardin est pour 58 % un élément primordial du logement3. La liste des demandes auprès des collectivités, pour des jardins collectifs des ménages est généralement longue et les demandes ne peuvent pas toujours être satisfaites. Pourtant la connaissance de la qualité des sols de jardin, qu’elle concerne la fertilité ou l’innocuité, est quasi-inexistante et il n’y a pas à ce jour de programme large d’acquisition de données sur les sols fortement anthropisés que sont les sols de jardins, contrairement aux sols agricoles ou forestiers.

1. Enquête UNEP-IPSOS - Un jardin, un bien social à partager. Les Français font le choix du vert, 2010. 2. Enquête UNEP-IPSOS - Le jardin rêvé des Français, 2011. 3. Enquête Crédoc - Être propriétaire, un rêve largement partagé, quelques risques ressentis. Consommation et modes de vie, n°179, septembre 2004.

Préface

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Les rares études locales effectuées en France montrent que les sols de jardins peuvent être nettement plus contaminés que les sols agricoles. De plus, il n’est pas rare d’observer des jardins collectifs installés sur des « délaissés urbains » (près de grands axes routiers ou sur d’anciennes friches, par exemple), ce qui peut faire craindre des pollutions passées ou présentes. Or, compte tenu des pratiques d’autoconsommation françaises de légumes et de fruits, des possibilités de transferts des contaminants dans la chaîne alimentaire, des risques sanitaires ne peuvent être écartés, et ce d’autant que la qualité des produits récoltés et autoconsommés n’est ni surveillée, ni réglementée en France. La connaissance des sols de jardins, de leurs usages et de la qualité des productions potagères est d’intérêt dans les domaines suivants, couverts par l’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME) : • la protection des sols, notamment vis-à-vis des risques liés à la pollution diffuse, • la maîtrise d’ouvrage pour la gestion des sites pollués et le plan de maîtrise des risques associés, notamment lors de la présence de jardins dans l’environnement de ces sites, • la ville et le territoire durables, • la gestion domestique des déchets. Dans ce contexte, l’ADEME a lancé des travaux qui visent à améliorer les connaissances sur la caractérisation des sols, des usages et des productions potagères dans les jardins français. Cet ouvrage fait suite à l’état de l’art réalisé pour le compte de l’ADEME en 2010, lors de la première phase du projet SOJA (Caractérisation des SOls, des usages et des productions potagères dans les JArdins français). Ce projet a été mené à bien par un groupe d’enseignants-chercheurs et de chercheurs issus de l’enseignement supérieur agronomique. Les travaux ont pu être réalisés grâce au soutien de l’ADEME, en particulier du fait de l’implication de : Isabelle FEIX - Expert national « sol », Direction Productions et Energies Durables à l’ADEME Isabelle DÉPORTES - Ingénieur « impact sanitaire », Service Prévention et Gestion des Déchets à l’ADEME Antonio BISPO - Ingénieur « sol et environnement », Service Agriculture et Forêt à l’ADEME Franck MAROT - Ingénieur « sites et sols pollués », Service Friches Urbaines et Sites Pollués à l’ADEME.

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Remerciements

Le programme de recherche intitulé « Caractérisation des Sols, des usages et des productions potagères dans les JArdins français » (projet SOJA) a été initié par l’ADEME en 2009. Nous tenons tout particulièrement à remercier les membres du comité de pilotage du projet SOJA pour leurs contributions intellectuelles. Les représentants des multiples structures cités ci-après ont apporté de manière constructive un éclairage transdisciplinaire au projet : – Olivier BRIAND de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail (AFSSET) ; – Jean-Charles LEBLANC de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) ; – Fabienne MARSEILLE du Centre d’Études sur les Réseaux, les Transports, l’Urbanisme et les constructions Publiques (CERTU) ; – Philippe BRANCHU du Centre d’Études Techniques de l’Équipement (CETE) ; – Gil MELIN de la Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs (FNJFC) ; – Dominique ARROUAYS de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) ; – Frédéric DOR de l’Institut National de Veille Sanitaire (InVS) ; – Laurence CHEYROU du Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM) ;

Remerciements

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– Claude LEGRIS du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR). Nous remerçions également et très sincèrement les très nombreux interlocuteurs, dont il serait trop long de donner ici la liste exhaustive, qui ont partagé leurs connaissances de la « filière jardin ». Un remerciement tout particulier va à tous les jardiniers amateurs qui sont au cœur de cet ouvrage.

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Les auteurs

Élodie-Denise Chenot Ingénieur d’études, chimiste, Université de Lorraine-INRA Francis Douay Enseignant-chercheur en science du sol, Groupe ISA Lille Camille Dumat Professeur en science du sol, biogéochimiste, INP-ENSAT, EcoLab Céline Pernin Maître de conférences en écologie et faune du sol, Université de Lille 1 Bertrand Pourrut Enseignant-chercheur en sciences environnementales, écotoxicologie, Groupe ISA Lille Christophe Schwartz Professeur en pédologie urbaine, agronome, Université de Lorraine-INRA

Les auteurs

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Sommaire

Préface ............................................................................................................... 1 Remerciements .................................................................................................. 3 Les auteurs.......................................................................................................... 5 Résumé .............................................................................................................. 11 Introduction ...................................................................................................... 13 Chapitre 1 Histoire des jardins ......................................................................... 17 1.1 Les jardins et le jardinage au cours des siècles ............................................................... 1.2 Un enrichissement constant des légumes cultivés au cours des siècles ........................... 1.3 Conclusion ..................................................................................................................

17 25 26

Chapitre 2 Les jardiniers ................................................................................... 27 2.1 Les jardiniers en chiffres .............................................................................................. 2.2 Les jardiniers et leurs motivations ................................................................................

27 29

Chapitre 3 Les plantes cultivées dans les jardins ................................................ 31 Chapitre 4 Jardins ornementaux, potagers et vergers ........................................ 33

Table des matières

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4.1 Espèces cultivées dans les potagers et vergers de particuliers ......................................... 4.2 Qualités gustatives ...................................................................................................... 4.3 Conclusion ..................................................................................................................

35 41 41

Chapitre 5 La biodiversité dans les jardins ........................................................ 43 5.1 Les espèces introduites par les jardiniers : plantes ornementales, potagères, arbres et arbustes ........................................................................................................ 5.2 Les plantes sauvages : sans cesse à l’assaut des jardins amateurs .................................... 5.3 Vers une biodiversité cultivée, « wild-life gardening » ..................................................

44 45 45

Chapitre 6 Les sols de jardins ............................................................................ 47 6.1 Généralités .................................................................................................................. 6.2 Sols urbains ................................................................................................................. 6.3 Sols de jardins et sols agricoles ..................................................................................... 6.4 Contamination des sols urbains et des sols de jardins ...................................................

47 48 48 50

Chapitre 7 Les intrants volontaires ................................................................... 57 7.1 Engrais minéraux ou organiques .................................................................................. 7.2 Amendements organiques et amendements inorganiques ............................................. 7.3 Engrais verts ................................................................................................................ 7.4 Supports de culture ...................................................................................................... 7.5 Pesticides et autres moyens de traitement des maladies et parasites ............................. 7.6 Conclusion ..................................................................................................................

59 64 67 68 68 74

Chapitre 8 Dynamique des polluants dans le système atmosphère-sol-plante potagère ...................................................... 75 8.1 Transferts des éléments inorganiques (nutriments et polluants) ................................... 8.2 Transfert des polluants organiques (pesticides et HAP) ................................................ 8.3 Conclusion ..................................................................................................................

76 91 96

Chapitre 9 Les risques sanitaires ....................................................................... 97 9.1 Contamination directe ................................................................................................ 98 9.2 Contamination indirecte ............................................................................................ 106

Chapitre 10 Économie du jardinage .................................................................. 109 10.1 Production et autoconsommation .............................................................................. 110 10.2 Le marché du jardin .................................................................................................. 111 10.3 Circuits de distribution .............................................................................................. 119

Chapitre 11 Les jardins et la réglementation française ...................................... 127 11.1 Implantation – devenir des jardins ............................................................................. 11.2 Usage du jardin ......................................................................................................... 11.3 Productions ............................................................................................................... 11.4 Déchets .....................................................................................................................

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127 132 139 140

Chapitre 12 Formation et information sur le jardinage ..................................... Conclusion ........................................................................................................ Références bibliographiques ............................................................................... Abréviations et acronymes .................................................................................

143 145 147 163

Table des matières

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Résumé

Le mot « jardin » est généralement associé à un espace de verdure, de détente, ou à un plaisir gustatif ou olfactif. Une définition donnée pour ce mot est : « terrain, souvent clos, où l’on cultive des légumes, des fleurs, des arbres et arbustes fruitiers et d’ornement ou un mélange de ces plantes ». Cependant, un élément sous-jacent et essentiel, qui ne peut être dissocié de cet état d’esprit ou de cette finalité, est le support : le sol de jardin. Qu’il soit support de végétation ou de biodiversité, le sol participe de façon centrale à un écosystème complexe. Cet ouvrage a pour objectif de faire l’état de l’art national et international des connaissances sur la caractérisation des sols, des usages et des productions potagères dans les jardins. Ces systèmes écologiques, économiques et sociaux complexes restent en effet encore très peu connus. La qualité globale des sols de jardins résulte de l’impact de nombreux facteurs d’influence en lien avec l’environnement physique, l’histoire, les caractéristiques propres au jardin, les jardiniers et leurs pratiques, les productions ainsi que le contexte socio-économique. Le but est de connaître le déterminisme de la qualité des sols, en lien avec les usages (potager, ornemental, récréatif…) et les pratiques des jardiniers et leur impact sur la qualité des récoltes. Il n’existe pas à ce jour en France, de programme d’études pour l’acquisition de données sur les sols de jardins. Cependant des besoins existent pour dégager des typologies de jardins potagers et acquérir les données d’inventaire à vertu générique et fiables dans le cadre de futures évaluations des risques environnementaux et sanitaires liés aux activités de jardinage.

Résumé

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Jardins potagers : terres inconnues ?

Introduction

En France, au milieu des années 1990, « un ménage sur deux dispose d’un jardin, potager ou d’agrément ; un ménage sur trois cultive des légumes pour la consommation familiale ou pour le plaisir du jardinier. Loin d’être une survivance de l’économie paysanne, ces jardins avec potager sont l’occasion de combinaisons multiples entre autoconsommation alimentaire et affirmation de soi, entre rationalité économique et récréation, entre passe-temps gratuit et loisir coûteux. Ils procurent à la fois des aliments, une occupation et une amélioration de l’habitat, chacun de ces trois éléments à moindre coût que sur le marché. Mais ils offrent surtout la possibilité, pour leurs jardiniers, d’attribuer à ces éléments une valeur (morale ou économique) à la hauteur de ce qu’ils y ont investi en temps et en savoir-faire. La tenue d’un jardin témoigne aux yeux de tous de la valeur de son jardinier et du statut (effectif ou convoité) de sa famille. » (Gojard et Weber, 1995). Dans ces quelques lignes comme dans la plupart des écrits sur les jardins, force est de constater qu’il est question de jardin, de plantes cultivées, de pratiques de jardinage, de valeurs sociales et économiques, sans pour autant faire l’analyse qu’une composante centrale du jardinage est le sol. Le sol de jardin assure ainsi des fonctions de support de biodiversité et de biomasse végétale. Ces sols représentent une valeur foncière, agronomique et aussi patrimoniale, parfois affective. Néanmoins, la connaissance de la qualité des sols de jardins et de leur impact sur la qualité des plantes potagères récoltées et consommées reste très partielle voire quasi inexistante.

Introduction

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Historiquement, les études des sols se sont en effet d’abord concentrées sur les sols forestiers et agricoles. Au contraire, les sols intensément utilisés et perturbés par l’Homme ont très peu été pris en compte comme en témoignent les zones blanches, non cartographiées, observables sur les cartes de sols. Ces cartes pédologiques ont été réalisées lorsque la démarche cartographique était essentiellement fondée sur les connaissances de l’évolution naturelle de la couverture pédologique. Jusqu’à ces dernières années, les sols des territoires sous forte influence anthropique ne faisaient en effet pas l’objet d’investigations détaillées. Or, depuis le début du XXe siècle, la population française s’est massivement concentrée dans les villes et leurs périphéries, représentant actuellement plus de 70 % de la population totale. Ce phénomène semble inéluctable, le taux moyen d’accroissement annuel de la population urbaine depuis 20 ans étant en moyenne de 0,7 % par an. Dans les zones urbanisées, les sols représentent donc un enjeu essentiel et font l’objet de changements très rapides d’affectation et d’utilisation (activités urbaines et industrielles, espaces verts, jardinage, maraîchage et agriculture périurbaine). Au sein même d’une zone géographique restreinte (roche-mère et climat donnés), ces sols souvent fortement remaniés sont caractérisés par une très forte hétérogénéité physico-chimique et « rhéologique » résultant en particulier des divers intrants de matériaux exogènes technogéniques en mélange ou non avec des matériaux terreux. Ce phénomène est illustré par la Figure 1 (voir cahier quadri) qui présente une collection de photographies de profils de sols très anthropisés. En réaction à ce hiatus de connaissances concernant les sols urbains, le projet de Directive Européenne sur la protection des sols4 place le diagnostic et la remédiation des sols dans les priorités. En Europe, on a recensé 3,5 millions de sites dégradés, dont 500 000 contaminés par divers polluants. Ces sites sont souvent en interaction forte avec les populations humaines et nécessitent des opérations d’évaluation des risques environnementaux et sanitaires et de traitement de réhabilitation. La stratégie européenne a donc pour objectif général de protéger les sols et de garantir durablement leur utilisation en prévenant leur dégradation, en préservant leurs fonctions et en restaurant les sols dégradés. La réhabilitation des friches et la décontamination de leur sol constituent des priorités qui permettront de restaurer les milieux et de limiter l'emprise de l’urbanisation sur les sols agricoles. De plus, une part importante de ces surfaces dégradées et contaminées est amenée à être cultivée avec des plantes soit à usage alimentaire (e.g., jardins potagers ou zones maraîchères), soit destinées à contrôler les polluants des sols (immobilisation, extraction ou dégradation), soit encore à intérêt paysager. Dans toutes ces situations, les interactions sols-plantes constituent un facteur déterminant du fonctionnement et de l’évolution de ces milieux et du devenir des matériaux technologiques et des pollutions qu’ils contiennent potentiellement. Au sein de ces problématiques, les sols de jardins potagers restent très certainement les sols à vocation de production alimentaire les moins étudiés alors qu’ils font probablement l’objet des pratiques les plus intensives dans des environnements éminemment anthropisés. En France, en 2011, ce sont plus de 12 millions de ménages qui entretiennent 13,5 millions de jardins. Compte tenu des pratiques françaises d’autoconsommation, les risques de transferts d’éléments indésirables ou potentiellement toxiques dans la chaîne alimentaire ne peuvent donc être écartés, avec leurs conséquences sanitaires. Il existe aujourd’hui peu de données sur les pratiques des particuliers concernant les pesticides, or ces molécules phyto4. Communication de la Commission au Conseil, au Parlement européen, Comité économique et social européen et au Comité des régions – Stratégie thématique en faveur de la protection des sols, 2006.

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sanitaires peuvent avoir une incidence sur les sols et les communautés d’organismes qu’ils abritent. L’une des rares études ayant porté sur les sols de jardin français se situe en Lorraine (Schwartz et al., 1997) où un peu plus de 100 échantillons de sols ont été prélevés dans des jardins privés ou collectifs situés dans des zones urbaines, industrielles ou rurales. Les résultats montrent que les sols proches d’industries chimiques sont acidifiés avec pour conséquence un prélèvement accru de métaux par les végétaux cultivés. Les teneurs en métaux des sols dans le secteur d’étude sont en moyenne deux fois supérieures à celles des sols agricoles et sont corrélées avec, en ordre croissant : la distance par rapport aux sources de pollution atmosphérique (routes et industries), la teneur en métaux des roches-mères (pour le nickel et le plomb), les pratiques liées au jardinage (e.g., l’épandage de déchets divers tels que les ordures ménagères, les débris de constructions et les cendres, l’utilisation intensive d’engrais phosphatés contenant des impuretés telles que le cadmium) ou l’âge du jardin. Des travaux seraient sans doute nécessaires à l’échelle nationale pour dégager des typologies de jardins potagers et acquérir des données d’inventaire nécessaires dans le cadre de futures évaluations des risques environnementaux et sanitaires liés aux activités de jardinage. Les travaux de recherche à mener sur les sols de jardins urbains et périurbains concernent tout particulièrement l’amélioration des connaissances sur : • la nature des sols de jardin (e.g., description pédologique, caractérisation physicochimique), leur âge et leurs origines (e.g., sol importé, présence de remblais), • les usages et les pratiques des jardiniers (e.g., surface cultivée, gestion des déchets au jardin, nature des cultures, traitements, fertilisants et phytosanitaires), • les cultures (e.g., type de culture, teneurs en polluants) issues des sols des jardins et leur consommation, • l’impact potentiel sur les sols et sur la qualité des végétaux des apports atmosphériques liés aux voies de transport et aux activités industrielles parfois proches des parcelles. Un des objectifs de cet ouvrage est d’apporter aux jardiniers et autres acteurs de la filière des jardins des éléments d’information nécessaires pour la mise en place d’un jardinage durable basé sur la connaissance.

Introduction

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Histoire des jardins

Développer une démarche de meilleure connaissance des pratiques de jardinage et de la qualité des sols et des récoltes dans les jardins nécessite de replacer les pratiques dans un contexte historique. Actuellement, les choix d’espèces végétales cultivées et la qualité des sols contemporains sont très certainement marqués par l’Histoire. Cette introduction historique est une synthèse de nombreux articles et ouvrages dédiés à ce sujet (Cabedoce et Pierson, 1996 ; Weber, 1998 ; Wheeler, 1998 ; De Courtois, 2003 ; Gousset et Ronné, 2003 ; Baudelet et al., 2008 ; Vadrot, 2009).

1.1 Les jardins et le jardinage au cours des siècles Les jardins occupent depuis plus de 26 siècles l’imagination des Hommes. L’histoire des jardins est en effet intimement liée à celle de l’Humanité. Selon la bible, le premier des jardins serait le jardin d’Éden (situé entre les vallées méridionales de l’Euphrate et du Tigre) avec ses fruits et légumes paradisiaques. Ève serait alors la première jardinière ! Un vitrail de la Cathédrale de Canterburry montre Adam travaillant la terre (Figure 1.1). Des traces très anciennes attestent de la présence de jardins dès les premières grandes civilisations. Si la réalité historique des jardins suspendus de Babylone est largement débattue par les historiens, la tablette cunéiforme des archives royales de Mari évoque le jardinage en

Histoire des jardins

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Figure 1.1 Vitrail Adam Delving de la Cathédrale de Canterbury

(http://www.sacred-destinations.com/england/canterbury-stained-glass-photos/).

Mésopotamie, vingt siècles avant J.-C. Plusieurs peintures retrouvées dans les tombeaux de dignitaires égyptiens, datant de plus de quinze siècles avant J.-C., illustrent la culture de jardins par les Égyptiens, comprenant des arbres fruitiers (figuiers, grenadiers, amandiers, pistachiers, palmiers dattiers), des vignes, des papyrus et des plantes ornementales (e.g., coquelicot, crocus, laurier, lys). Ces témoignages attestent également de l’existence de systèmes d’irrigation complexes. En Europe, ce sont les Grecs qui auraient développé, 3 ou 4 siècles avant J.-C., les premiers jardins installés dans les cours. Épicure parlait déjà d’espace-plaisir pour son jardin où il recevait ses étudiants. Platon, Aristote ou Théophraste enseignaient également dans des jardins qui permettaient de fournir des nourritures terrestres. Dans ces jardins, on cultivait en effet des productions variées et importantes en particulier parce que les terres étaient irriguées. Dans les villes grecques, maisons et jardins se côtoyaient. Chez les Romains, le jardinage perdure et se « démocratise ». Ainsi Pline dit que le jardin est le « champ du pauvre ». L’hortus était déjà une solution de survie pour les plus pauvres tout en restant cultivé par les plus riches qui les installaient dans leurs maisons de campagne plutôt qu’en ville. Au cours des siècles, les jardins s’enrichissent de nouvelles espèces et variétés de fruits et légumes importées de contrées conquises par les Romains. La décadence de l’Empire Romain s’est accompagnée de la disparition progressive des jardins potagers qui ont été moins cultivés par les Gaulois, Germains, Francs et Mérovingiens. Les jardins potagers et les vergers clos ont été progressivement réimplantés par les moines à partir du VIe siècle. Pour l'anecdote, le moine irlandais du VIIIe siècle, Saint Fiacre, est le patron des jardiniers. On parlait encore d’hortus et non de potager ou d’herbalurius pour le

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Jardins potagers : terres inconnues ?

jardin de plantes médicinales et condimentaires (Figure 1.2 (voir cahier quadri)). Ces derniers étaient déjà situés en périphérie des villages et clos, comme d’anciens jardins collectifs ou partagés. Certains y préparaient des boutures et semences comme en préfiguration des jardineries actuelles qui elles aussi disséminent des espèces végétales parfois exotiques. Ce sont essentiellement les moines qui, au Moyen Âge, ont contribué à introduire des espèces importées par des explorateurs. Les espèces très cultivées et consommées étaient le panais, la carotte, la blette, la betterave, le céleri-rave, le navet, l’oignon, le salsifis, le radis, le rutabaga et les choux. Dès le début du IXe siècle, Charlemagne a promulgué un édit conseillant une liste de 74 espèces cultivées (Figure 1.3 (voir cahier quadri)). Ces espèces ont progressivement, et très lentement, été transférées des jardins seigneuriaux, religieux et royaux vers les jardins des manants. C’est dans les abbayes et couvents cisterciens qu’ont été inventées des formes de jardinage adaptées aux conditions naturelles, ou jardins écologiques. La vie des moines était rythmée par les travaux du jardin dans les potagers et carrés médicinaux installés à l’intérieur du cloître. On y trouvait également des jardins appelés hortus deliciarum qui associaient végétaux consommés et fleurs. Le jardinage se transporta rapidement hors les murs pour donner progressivement des productions agricoles. Néanmoins, le nombre des espèces et variétés de légumes potentiellement valorisables dans des soupes ou potages préparés dans les pots a augmenté. Le mot « potager » est alors apparu au milieu du XIVe siècle. À noter que cette terminologie n’a décrit le jardin que deux siècles plus tard. À ces époques, les Français pauvres étaient au régime unique des légumes bouillis. Les jardins religieux de monastères et couvents, où l’on cultivait les légumes en même temps que son âme, s’organisaient géométriquement comme les jardins associatifs actuels. Ces jardins protégés au sein des enceintes religieuses étaient appelés hortus conclusus, comme le montre la Figure 1.4.

Figure 1.4 Détail du vitrail Litanies de la Vierge – Vie de la Vierge de l’église Saint Pierre de Montfort l’Amaury

(http://www.st-pierre-montfort-l-amaury.fr/).

C’est à la fin du XVe siècle qu’ont été édités les premiers livres de cuisine. Les auteurs y faisaient couramment référence au jardinage. De l’Antiquité au Moyen Âge, la guérison des

Histoire des jardins

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maladies était très souvent réalisée par la phytothérapie et il était alors impératif de cultiver les plantes soi-même (Figure 1.5).

Figure 1.5 La Thébaïade XVe siècle G. Starmina (1354–1413) Florence, Galerie des Offices.

Regroupement d'ermitages : un moine très âgé s'appuyant sur une canne regarde ou conseille un jeune frère courbé vers la terre en train de biner entre les rangées (Gousset et Ronné, 2003).

Avec la fin du Moyen Âge, les fonctions liées aux plaisirs des sens s’accentuent en lien avec les jardins. On est de plus en plus dans une communion avec une nature très domestiquée dans des enclos jardinés (Figure 1.6). La chasse aux mauvaises herbes est souvent réalisée par les femmes, manuellement.

Figure 1.6 Le Séjour d’Honneur XVe siècle Octavien de Saint-Gelais, 1490

Jardin étroit contre un rempart, jardin clos d'un treillis, divisé en plates-bandes fleuries (Gousset et Ronné, 2003).

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À cette période, le jardin évolue vers le jardin d’agrément, toujours clos et dans lequel on trouve encore des plantes potagères, médicinales ou des condiments. Les jardins deviennent alors multifonctionnels en associant les cultures, le plaisir, la communion avec la nature et la fourniture d’aliments diversifiés en raison de leurs origines variées (Figure 1.7). Les jardins du XVIe siècle sont déjà influencés par la Renaissance et le format des jardins à la française.

Figure 1.7 Jardins périurbains et courtils, XVe siècle Guillaume Revel, Armorial d'Auvergne,

Forez et Bourbonnais dédié à Charles VII ; Ville de Moulins, son château et ses environs ; Jardins entourés de tonnelles en berceaux le long de la rivière et petits jardins attenants aux habitations de paysans (Gousset et Ronné, 2003).

C’est au XVIIe siècle que s’installe un jardin des plantes médicinales à Paris, près de la Seine et qui deviendra le Muséum d’Histoire Naturelle. Les espèces cultivées se sont alors diversifiées et transitent par le Jardin des Plantes. Ce sont surtout des légumes racines qui sont arrivés des Amériques. À la fin du XVIIe siècle est créé le Potager du Roy à Versailles. Il fait alors figure d’exception à une période où le jardin potager à vocation de production alimentaire est progressivement caché dans les arrière-jardins pour ne plus laisser apparaître que des jardins à vocation paysagère et ornementale. Il est utile de noter que la mise en place du Potager du Roy sur neuf hectares entre 1678 et 1683 est déjà accompagnée de travaux de terrassement et de remblais afin de construire des sols cultivables en lieu et place d’une zone marécageuse (Figure 1.8). La production du jardin, parfois à contre-saison, était destinée à la table du Roi. Les fruits et légumes de qualité médiocre étaient distribués au public et non pas à la Cour. Les invités de marque du Roi visitaient le jardin et en reproduisaient de semblables dans leurs propriétés. Louis XIV a ainsi relancé la mode du jardin potager et fruitier qui était devenu le lieu d’activités des religieux et des manants. Comme en témoigne le plan d’aménagement du Potager du Roy à Versailles (Figure 1.9), le jardin en France est historiquement assimilable à une œuvre d’art sculptée dans la nature. Le Roi Soleil, Louis XIV, et son maître jardinier, Jean-Baptiste de La Quintinie, ont promu le jardin à vocation de production de fruits et légumes.

Histoire des jardins

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Figure 1.8 Travaux d’aménagement du Potager du Roy, terrassements et remblais pour aménager

« l’Étang puant ». (La Quintinie, Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, nouvelle édition, 1730) (De Courtois, 2003).

Figure 1.9 Le grand carré du potager du Roi entouré de 29 jardins clos (Pérelle - Plan du jardin du Potager du

Roy à Versailles, XVIIe) (De Courtois, 2003).

Le maître–jardinier du Roi disait : « Le premier Homme ayant été créé dans un jardin et y ayant, après son péché, reçu ordre de cultiver la terre pour en tirer la nourriture à la sueur de son front, il s’ensuit qu’une de ses fonctions principales, aussi bien que celle de ses descendants, fut de s’adonner à la culture des fruits et légumes ; puisque c’est elle seule qui produisait pour le genre humain tout le nécessaire pour la vie. N’était-ce pas de véritables fruitiers et potagers que cette terre ainsi cultivée ? Et partant, comme dans les premiers siècles on n’a pas connu d’autres jardiniers que ceux qui les gouvernaient, et qu’il est bien juste de regarder comme les premiers de tout l’ordre du jardinage. Mais il arrive que le plaisir de la vue et de l’odorat fît naître à quelques-uns la curiosité d’avoir des fleurs : si bien qu’on se mit à rassembler une partie de tant de belles plantes, qui faisait un émail surprenant et une odeur admirable dans les espaces où elles étaient répandues. »

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Jardins potagers : terres inconnues ?

Il va ainsi y avoir émergence d’une dichotomie entre jardins potagers et jardins ornementaux. Si ces derniers ont réjoui l’âme des nobles et des bourgeois, les jardins potagers avaient pour principale vocation de nourrir les plus pauvres. La pomme de terre devint l’espèce la plus cultivée dans les jardins potagers, en remplacement du chou, à partir du XVIIIe siècle. Elle se démocratisera toujours plus jusqu’au XIXe siècle. La culture de cette espèce potagère accompagne les écarts sociaux liés à des pratiques contrastées de jardinage. Les jardins ouvriers du XXe siècle sont un reflet plus récent de ces différentes formes et fonctions du jardinage (Figure 1.10).

Figure 1.10 Ouvriers au jardin

(Cabedoce et Pierson, 1996).

En Allemagne, dès la seconde moitié du XIXe siècle, le médecin et pédagogue Daniel Gottlob Moritz Schreber promeut l'idée des jardins ouvriers dans la lignée de ses travaux sur la santé publique. L'idée est de permettre aux ouvriers de se détendre tant par la pratique du jardinage que par la jouissance d'un environnement sain et reposant. De plus, la culture de fruits et de légumes destinés à la consommation directe est censée améliorer l'alimentation des travailleurs. Ce n'est pourtant que trois ans après sa mort, en 1864, que son gendre, Ernst Innozenz Hauschild, fonde dans les environs de Leipzig une aire de jeux à destination d'enfants défavorisés. En hommage à son beau père, il la nomme Schreberplatz (littéralement : place de Schreber). Rapidement les parents prennent à leur tour possession de l'espace et commencent à le cultiver. Sous le nom de Schrebergarten (littéralement : jardin de Schreber), les jardins ouvriers se développent alors rapidement dans toute l'Allemagne et en particulier dans les régions industrielles comme le Ruhrgebiet, région minière par excellence. Ces jardins sont souvent entretenus collectivement par les ouvriers, formant ainsi de petites communautés qui alimentent le lien social. Aujourd'hui, en Allemagne, les Schrebergarten sont une véritable institution avec des règles strictes (e.g., hauteur des haies, surface des cabanes et des espaces cultivés), des concours du plus beau Schrebergarten et des règles d'attribution.

Histoire des jardins

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Les premiers jardins ouvriers français furent inspirés des Schrebergarten, promus par des personnalités telles que l'abbé Volpette à Saint-Étienne ou madame Hervieu à Sedan. Ainsi en 1850, dans les Ardennes, la Confédération de Saint-Vincent de Paul alloue des jardins aux plus déshérités. En 1870, à Beauvais, naissent les bureaux de bienfaisance et en 1893, à Sedan, apparaissent les premiers jardins à l'initiative de « l' Œuvre de Reconstruction de la Famille ». À la fin du XIXe siècle, l'abbé Jules Lemire, homme politique influent, députémaire d’Hazebrouck, imagine les jardins ouvriers, dans le but d'améliorer la situation des familles ouvrières. Il fonde la Ligue Française du Coin de Terre et du Foyer en 1896 (Figure 1.11). La Ligue, reconnue d'utilité publique le 3 août 1909, a pour objet de créer ou aider les associations ou sociétés à réaliser des jardins ouvriers ou construire des maisons d'habitation. Loué ou cédé, le terrain attachait l'ouvrier à son usine et le maintenait loin du cabaret. S'ils revêtaient un caractère paternaliste, les jardins ouvriers ont séduit parce qu'ils correspondaient à un réel besoin.

Figure 1.11 Affiche réalisée pour le trentenaire de la Ligue du Coin de Terre et du Foyer

(Cabedoce et Pierson, 1996).

« Les jardins ouvriers professent une vocation sociale et défendent un certain ordre social : s'ils permettent aux ouvriers d'échapper à leur taudis en profitant d'un air plus respirable, ils les éloignent aussi des cabarets et encouragent les activités familiales au sein de ces espaces verts.» Il s’agit « d’enraciner les Français à la terre, si bienfaisante à la famille humaine, arracher les ouvriers au prolétariat qui les guette et les pourrit.» En 1904, il n'existe que quarante-huit jardins ouvriers en région parisienne pour 3,5 millions d'habitants. Par le biais de la Société des jardins ouvriers de Paris et banlieue, leur multiplication est favorisée. En 1913, la région parisienne en possède 1 515 répartis sur 23 hectares, dont 985 en banlieue. L'implantation des jardins s'effectue dans les communes

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Jardins potagers : terres inconnues ?

les plus ouvrières et les plus pauvres, surtout au Nord de Paris : Saint-Denis, Saint-Ouen, Aubervilliers, Pantin et Ivry, au Sud. Les deux guerres mondiales provoquent la mise en potagers de nombreux parcs et parcelles historiques. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, on compte 250 000 jardins ouvriers en France. Après-guerre, le retour à la vie normale et les besoins alimentaires étant comblés, les jardins connaissent une certaine désaffection. L'urbanisation galopante des années 60 marquera aussi leur déclin. Le regain d'intérêt pour le jardinage ne réapparaîtra que dans les années 80. «Les jardins collectifs connaissent des hauts en période de crise et des bas en cas de prospérité. Ils sont revenus en force avec la crise pétrolière, à la fin des années 70, et se sont multipliés avec les crises urbaines, économiques, et la « malbouffe ». Lors des périodes de crise économique, les jardins retrouvent leur valeur d’apport vivrier. […] Il y a encore quinze ans, faire du jardinage était considéré comme une activité ringarde », explique Jérôme Clément, directeur de la Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs (FNJFC) (France Soir, 21 mars 2009). Le regain d’intérêt s’explique aussi par un retour aux valeurs traditionnelles, au « manger sain », au fait d’avoir des fruits et légumes avec plus de saveurs et de goût, mais aussi de retrouver un contact avec la nature et de développer un côté social. Il est mentionné dans le rapport n° 376 du Sénat (2002-2003) relatif à la proposition de loi sur les jardins collectifs, qu’environ 19 millions de personnes, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), possèdent 7,7 millions de potagers couvrant 225 000 hectares. En augmentation constante, bien que la statistique en ce domaine soit hasardeuse et sujette à discussion, le pourcentage de ménages ayant un jardin a récemment dépassé 60 %. Ce chiffre comprend les jardins attenants aux habitations et les lopins aux portes des villes, qu’ils soient privés ou octroyés par des associations (Médiapart, 18 mai 2008).

1.2 Un enrichissement constant des légumes cultivés au cours des siècles Les jardiniers romains ont découvert avec la conquête de la Gaule divers légumes comme l’ail, le chou pommé, le navet, le poireau, l’oignon, le persil. Étaient aussi cultivées deux racines, disparues des potagers à ce jour, le chervis et le maceron. Au Moyen Âge, on trouve, par exemple, dans les jardins la carotte, le rutabaga, l’épinard, l’oseille, la blette. Charlemagne cite parmi les plantes qu’il souhaite voir cultiver dans ses domaines, le concombre et le melon. Dans le midi, on trouve plutôt le chou, l’épinard et la fève. À la Renaissance, sont introduits du Nouveau Monde la pomme de terre (qui ne sera adoptée par les jardiniers qu’au XVIIIe siècle), la tomate, la courge et, venus d’Italie, l’artichaut, l’asperge, la betterave, le cardon, la chicorée frisée et la scarole. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, sont introduits le fraisier, le piment, le poivron, la rhubarbe, le céleri, les petits pois consommés frais, le radis, le salsifis, la scorsonère. Aux XIXe et XXe siècles, c’est l’apparition de milliers de variétés potagères nouvelles mais aussi d’espèces telles que la chicorée sauvage, le brocoli, le chou de Bruxelles, le chou-fleur, le chou-rave, les choux asiatiques, le crosne, l’endive, le fenouil, le maïs doux, le pissenlit, la tétragone (Thorez, 2007).

Histoire des jardins

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1.3 Conclusion L’Histoire et la Culture montrent l’Homme marqué par les jardins. Sous un angle allégorique, le jardin est un lieu privilégié et abrité, où le jardinier tente d’établir une communion avec la nature. D’un point de vue historique, le jardin remplit aussi des fonctions utilitaires via la production de végétaux pour la nourriture et les remèdes. Le rapport à la terre est vital quelle que soit l’époque. Certains recréent aujourd’hui des jardins anciens. C’est en effet à la fin du XXe siècle que moins d’ordre et de symétrie reprennent leur place dans les jardins, en partie sous l’impulsion de paysagistes-jardiniers comme Gilles Clément. Le constat est aujourd’hui que les Français montrent un engouement pour le jardinage. Les pressions, contraintes et convictions sanitaires, écologiques ou économiques aboutissent à des pratiques très diversifiées.

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Jardins potagers : terres inconnues ?

Les jardiniers

Le mot jardinier est apparu à la fin du XIIe siècle et désignait exclusivement « celui qui cultive ». Nous nous attacherons néanmoins dans ce chapitre à une définition plus récente et contemporaine des jardiniers.

2.1 Les jardiniers en chiffres Les études concernant la caractérisation des jardiniers sont déjà anciennes. La dernière enquête de l’INSEE sur le sujet date en effet de 1993. Des données plus récentes sont toutefois accessibles via des organismes d’enquête privés (accès payant aux données). Par conséquent, les données présentées ici ne tiennent pas forcément compte de l’évolution des pratiques et du public que l’on perçoit en s’intéressant au marché du jardinage. Une étude de l’INSEE, réalisée en 19935, montre que la pratique du jardinage s’effectue essentiellement dans les zones rurales (51,4 % des jardins) et dans les communes de moins de 20 000 habitants (36 % des jardins). Les communes de plus de 20 000 et 100 000 habitants abritent respectivement 28,6 et 20,7 % des jardins. C’est dans l’agglomération parisienne que l’on jardine le moins avec 15,1 % des jardins. 5. Enquête INSEE – Conditions de vie des ménages, 1993-1994.

Les jardiniers

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L’enquête réalisée en 2007 par l’Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces verts (UPJ/CSA)6 montre que deux tiers des personnes interrogées peuvent passer une demi-journée par semaine à s’occuper de leur jardin alors qu’un tiers y passe au minimum 2 heures par semaine. Cependant, on observe des différences fortes entre les hommes et les femmes. En effet, l’étude INSEE de 19987 montre que les tâches de jardinage et de bricolage sont majoritairement réalisées par les hommes. Ainsi, en moyenne sur une semaine, ils consacrent journalièrement 45 minutes à ces activités contre 8 minutes pour les femmes. La pratique du jardinage varie également en fonction de l’âge. En 1993, la tranche d’âge des 50 ans et plus, où on retrouve le plus de propriétaires et qui a le plus de temps libre, est celle qui jardine le plus, alors que la tranche d’âge des moins de 25 ans est la moins active (Tableau 2.1). TABLEAU 2.1

Répartition des jardiniers par classes d’âge et par professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) (INSEE, 1993).

Âge (ans)

%

PCS

%

-25

9,9

Agriculteurs

73,5

25-34

21,5

Ouvriers

36,7

35-49

33,3

Retraités

43,8

50-64

44,4

+ 65

38,3

La même étude nous montre que la profession et la catégorie socioprofessionnelle (PCS), et donc les revenus, influencent également la pratique du jardinage. De plus, du fait de leur activité, les agriculteurs étaient ceux qui pratiquaient le plus le jardinage (sur leur exploitation), suivis par les retraités, quelle que soit la PCS d’origine, et enfin par les ouvriers (Tableau 2.1). Les revenus influencent également le type de jardin. En effet, l’enquête INSEE – Modes de vie8, montre que la surface du potager dans un jardin est inversement proportionnelle aux revenus. Ainsi, plus les revenus sont élevés et moins le potager, quand il existe, occupe de place dans le jardin. Inversement, les potagers occupant plus des trois quarts du jardin sont plus représentés chez les ménages aux revenus annuels inférieurs à 12 000 euros (Figure 2.1). La culture du potager est une activité très prisée par les retraités. En 1994, ils représentent 43 % des jardiniers contre 30 % en 1969 (Dubeaux, 1994). L’enquête montre effectivement que le passage à l’inactivité professionnelle augmente le taux de possession de jardins potagers, et ce, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle d’origine (Tableau 2.2). Seuls les agriculteurs renoncent à cette activité, la proportion d’agriculteurs jardiniers passant de 93 à 90 % à l’arrêt de leur activité. Cette diminution peut s’expliquer par la cession de leurs exploitations. La proportion de ménages cultivant un jardin d’agrément reste, quant à elle, stable avec le passage à la retraite. 6. Enquête exclusive UPJ/CSA – Les français et leur potager/verger : entre alimentation et passion, 2007. 7. Enquête INSEE – Emploi du temps, 1998-1999. 8. Enquête INSEE – Modes de vie, 1988-1989.

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Jardins potagers : terres inconnues ?

100% Potager occupant plus de 3/4 du jardin

90% 80% 70%

Potager occupant entre 1/4 et 3/4 du jardin

60% 50% 40%

Potager occupant moins de 1/4 du jardin

30% 20% 10% 0% Moins 4600 euros

46007600 euros

7600- 11500- 15300- 19800- 30500- Plus de 11500 15300 19800 30500 45700 45700 euros euros euros euros euros euros

Figure 2.1 Part du potager dans le jardin, en fonction du revenu annuel en euros du ménage (potagistes seulement)

(Gojard et Weber, 1995).

TABLEAU 2.2

Répartition des possesseurs de jardins potagers en fonction de la profession et catégorie socioprofessionnelle (PCS) et de l’activité des jardiniers (d’après Dubeaux, 1994).

PCS

Actifs

Inactifs

Ouvriers Artisans, commerçants, chefs d’entreprise Employés Cadres Agriculteurs (55-65 ans)

39 % 42 % 29 % 25 % 93 %

60 % 50 % 46 % 45 % 90 %

2.2 Les jardiniers et leurs motivations Le jardinage est avant tout une activité populaire et les motivations des jardiners sont diverses. Une étude américaine récente réalisée par Clayton (2007) fait un état des raisons expliquant l’engouement pour cette pratique. Cette étude fait notamment référence à l’enquête menée par Gustafson (2001) auprès de jardiniers. Trois termes en ressortent et définissent leur rapport au jardinage : « Self », « Others » et « Environment » (le moi, les autres et l’environnement). La pratique du jardinage donne à la personne une occupation et donc un statut ou une identité sociale : il est jardinier. C’est une activité qui lui permet de se distinguer, de se sentir bien, efficace et capable (Twigger-Ross et Uzzell, 1996) ou encore de pouvoir exprimer sa créativité (Francis, 1990). Pour certains, un jardin bien tenu est signe de statut social élevé (Jenkins, 1994) ou du moins est la preuve des valeurs morales du jardinier (Gojard et Weber, 1995). En milieu ouvrier, un bon jardinier, qui se respecte et qui se fait respecter, ne cultive pas de légumes exceptionnellement savoureux, il fait un beau jardin, bien aligné et parfaitement désherbé (Gojard et Weber, 1995). Le jardinage facilite les relations sociales, la connexion à la communauté et les échanges (Vadrot, 2009). Il permet de faire valoir son savoir-faire personnel à ses yeux mais aussi aux yeux de tous (Gojard et Weber, 1995 ;

Les jardiniers

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Nassauer, 1988) et même de le partager. Dans les jardins familiaux, jardiner est aussi prétexte à s’intégrer ou à se retrouver. La relation du jardinier vis-à-vis de son environnement est plutôt basée sur ses caractéristiques physiques, sur sa domestication, son contrôle. Même si les pratiques et les produits utilisés se veulent plus respectueux de l’environnement, avec une meilleure gestion de l’eau, de l’emploi de produits chimiques toxiques, il n’en reste pas moins vrai que les mauvaises herbes représentent toujours l’ennemi à éliminer. Jardiner est une source de bénéfices à tout point de vue (Kaplan, 1973 ; Kaplan et Kaplan, 1990). Le jardinage représente une source de satisfactions, de bien-être et de sérénité qui peut s’expliquer par l’exercice physique, la présence de la nature, mais aussi par l’interaction sociale qu’elle permet. D’après une enquête réalisée par l’Institut français d’opinion publique (IFOP)9, jardiner permet de retrouver le rythme des saisons, le plaisir des sens, regarder, toucher et sentir. L’idée selon laquelle le jardinage a des effets thérapeutiques est, par ailleurs, de plus en plus acceptée (Health Council of the Netherlands and Dutch Advisory Council for Research on Spatial Planning Nature and the Environment, 2004). D’un point de vue plus tangible, le bénéfice du jardinage se situe évidemment dans la production de fruits et légumes et des économies réalisées, permettant d’améliorer l’ordinaire. Il permet d’échapper aux conséquences de la baisse du pouvoir d’achat (Vadrot, 2009) et représente un élément économique. Entretenir son jardin, faire en sorte qu’il reste agréable à regarder est un investissement en temps et en argent, mais qui permet d’assurer son capital (Robbins et al., 2001). Cela participe à l’amélioration de l’habitat (Gojard et Weber, 1995). L’étude réalisée auprès de 126 personnes par Clayton (2007) montre que les points bénéfiques retirés de la pratique du jardinage et cités par les personnes interrogées sont, par ordre d’importance : passer du temps dehors, observer la nature et les processus naturels et se relaxer. La production, faire montre de ses efforts ou de son savoir-faire sont des bénéfices significativement moins importants que les premiers. Cette étude montre également que les préoccupations majeures, pour un jardinier américain, concernent l’apparence, la sécurité, les mauvaises herbes et le maintien d’un écosystème sain. En France, le jardin est également considéré comme un lieu de détente ou de convivialité (Enquête UNEP-IPSOS, 2011). De plus, il semblerait que jardiner représente aussi un moyen de manger des produits sains et non standardisés, de retrouver des saveurs et des goûts oubliés à cause de la standardisation de la production (Vadrot, 2009). Longtemps considérés comme un moyen de subsistance, les potagers et les vergers ont évolué ces dernières années. Pour 68 % des possesseurs de potagers/vergers, la culture des fruits et légumes est d’abord un loisir ou une passion (Enquête INSEE, 1993-1994).

9. Étude IFOP – Comportement de l’amateur du jardin, 1999.

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Jardins potagers : terres inconnues ?

Les plantes cultivées dans les jardins

Les jardins sont dans leur très large majorité des espaces occupés par des végétaux. Le type de ces végétaux est à l’origine d’une classification des types de jardins : – jardin potager, – jardin d’agrément, – ou verger. Cette classification est illustrée sur la Figure 3.1 (voir cahier quadri). Pour les jardins potagers, il existe aussi une grande variabilité de types, basée sur les espèces et variétés de plantes cultivées. La question se pose donc de savoir quelles sont les espèces cultivées dans les jardins et dans quelles proportions. En effet, si certaines espèces sont présentes dans la majorité des potagers en France, elles pourraient par exemple être intéressantes pour analyser la qualité des produits dans les potagers amateurs à l’échelle nationale. La consommation des légumes autoproduits par les jardiniers induit en effet la question de la qualité de ces produits. Au même titre que les productions du commerce, on peut s’attendre, pour la qualité des productions dans les jardins, à des situations variables. Si les produits du commerce sont relativement bien contrôlés en France, et présentent rarement de risques pour la santé, la qualité des fruits et les légumes autoproduits est actuellement peu

Les plantes cultivées dans les jardins

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connue. Les jardiniers vantent généralement les qualités gustatives des légumes fraîchement récoltés dans leurs jardins, mais la qualité sanitaire de ces productions est quasi inconnue et dépend en particulier de la qualité du sol de jardin et des pratiques de jardinage. Il convient par exemple de s’intéresser aux transferts vers les plantes des polluants dont l’origine est à rechercher dans des intrants volontaires ou involontaires. Ces interrogations sont particulièrement importantes pour les jardins péri-urbains qui peuvent être situés à proximité de zones industrielles et/ou de voies de transport. Ainsi, les chapitres suivants aborderont : • la proportion de jardins ornementaux, de potagers et vergers, • les espèces cultivées dans les jardins, • les qualités gustatives et nutritionnelles des productions.

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Jardins potagers : terres inconnues ?

Jardins ornementaux, potagers et vergers

Les jardins amateurs sont souvent des espaces à usages multiples : e.g., agrément, loisir, potager, verger. L’enquête UPJ/CSA de 2007 et celle réalisée par Promojardin en 200610 fournissent des chiffres précis et comparables en pourcentage de population se consacrant aux différents usages du jardin. Soixante trois pourcents des Français possèdent un jardin. Parmi eux : – 33 % ont un jardin d'ornement (e.g., pelouse, jardin d'agrément), – 67 % possèdent un potager et/ou des arbres fruitiers (cf. Figure 4.1). L’enquête Teruti-Lucas11 réalisée en 2007 par l’Agreste quantifie les différents usages du territoire. Elle associe pour cela des photographies aériennes et des relevés de terrains. Cette enquête donne les surfaces potagères cultivées par des particuliers sous la nomenclature jardins familiaux, et ceci par régions et départements. La surface totale de jardins familiaux en France métropolitaine y est comptabilisée à 183 727 hectares. En 1994, sur les 16 000 km2 (1,6 millions d'hectares) occupés par les logements individuels en France, 30 % étaient couverts par des pelouses, 14 % par des potagers et 12 % par des jardins d'agrément (Figure 4.2). 10. Enquête Promojardin – Le marché français du Jardin, les chiffres, 2006. (Promojardin est une association pour la promotion du jardinage, de l’amélioration de l’environnement et du cadre de vie.) 11. Enquête Teruti-Lucas, http://agreste.maapar.lbn.fr, dossier Territoire, prix des terres, 2007.

Jardins ornementaux, potagers et vergers

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Potager + Verger 18%

Jardins d’ornement 33% Potager g 24%

Verger g 25%

Figure 4.1 Répartition des différents types de jardins, en pourcentage de la population qui possède un jardin

(d’après UPJ/CSA, 2007).

Jardins d'agréments 12% Potagers 14%

Autres 44%

Pelouses 30%

Figure 4.2 Occupation de la surface des logements individuels

(d’après Agreste, 1994).

D’autre part, d’après les études de l’INSEE (2006)12 et de l’UPJ/CSA (2007), la surface moyenne des jardins individuels peut être estimée à 600 m² et celle des potagers à 100 m² (Tableau 4.1). Ainsi, environ un sixième de la surface des jardins amateurs est dédiée aux potagers. TABLEAU 4.1

Surfaces totales et moyennes des jardins particuliers et potagers amateurs, en France métropolitaine. Jardins particuliers

Potagers amateurs

Surface totale

1 million d’ha

0,28 million d’ha

Surface moyenne

600 m²

100 m²

12. Enquête INSEE – Logement, 2006.

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Jardins potagers : terres inconnues ?

4.1 Espèces cultivées dans les potagers et vergers de particuliers Quarante deux pourcents des Français cultivent un potager ou bien possèdent des arbres fruitiers. Certains légumes, comme la laitue, la tomate, la courgette, et les plantes aromatiques sont fréquemment cultivés dans ces potagers. De plus, les espèces cultivées sont très variées.

4.1.1 Inventaire des espèces présentes 4.1.1.1 Les légumes Le Tableau 4.2 présente un inventaire, non exhaustif, des espèces de légumes cultivées dans les jardins potagers (Figure 4.3 (voir cahier quadri)). Cet inventaire a été réalisé à partir des sources suivantes : – ouvrages spécialisés récents, des éditions Ulmer, Terre Vivante, Rustica, Nature et Progrès, Edisud et Hachette, – blogs de jardiniers amateurs ou sites internet spécialisés notamment : www.au-potager.com, www.aujardin.info, http://pagesperso-orange.fr/jacques.guy/, www.jardinpotager.com, – catalogues de jardineries : e.g., Graines Baumaux, Vilmorin, Truffaut, Botanic, – observations de nombreux jardins en Midi-Pyrénnées et Rhône Alpes. Les principales espèces de légumes généralement observées sont regroupées en familles de légumes. Cette classification, très couramment utilisée par les sources citées précédemment, est basée sur l’organe consommé de la plante. TABLEAU 4.2

Principales espèces légumières présentes dans les jardins amateurs, classées par famille.

Légumes bulbes

Oignon, poireau, ail et ail des ours.

Légumes racines

Betterave, carotte, céleri-rave, céleri-navet, navet, panais, radis, rutabaga, salsifis et scorsonère.

Légumes tubercules

Pomme de terre, topinambour, crosne, amande de terre, souchet comestible, dahlia et patate douce.

Légumes tiges

Asperge, cardon, céleri-branche, céleri à côtes, bette et rhubarbe.

Légumes graines

Haricot commun, maïs, pois et fève.

Légumes feuilles

Épinard, fenouil, laitue, mâche, ortie, oseille, chou pommé, cresson, pissenlit, aneth doux, grande consoude, amarante tête d'éléphant, épinard chinois, arroche et chicorée.

Légumes fleurs

Artichaut, chou, chou de Bruxelles, chou-fleur, chou brocoli et fleurs comestibles.

Légumes fruits

Aubergine, concombre, cornichon, courge, courgette, fraisier, potiron, potimarron, melon, poivron, piment, poivron et tomate.

Plantes aromatiques

Absinthe, basilic, bourrache officinale, cive, ciboule, ciboulette, estragon, laurier-sauce, mélisse citronnelle, menthe, origan commun, persil, piment, raifort, romarin, sauge officinale, sarriette, tanaisie, thym commun.

Jardins ornementaux, potagers et vergers

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Les catalogues de semences informent aussi sur les espèces et variétés présentes en potager. Le Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS) édite un catalogue officiel des espèces et des variétés de semences autorisées à la distribution aux professionnels et jardiniers amateurs. L’inscription à ce catalogue est obligatoire avant la commercialisation d’une nouvelle variété, et garantit que la variété est bien distincte des autres variétés déjà connues, homogène et stable au cours des années. Ainsi 2 500 variétés d’espèces potagères y sont inscrites, auxquelles s’ajoute une liste annexe d’environ 230 « variétés anciennes pour amateurs », autorisées à la vente pour les jardiniers amateurs seulement. Cependant, certains légumes comme le panais ou le topinambour, présents couramment dans les potagers, ne figurent pas dans ce catalogue, car ils ne sont pas standardisés aux normes européennes. Enfin, s’y ajoutent les semenciers privés vendant directement leur récolte et qui cultivent des espèces anciennes, locales ou exotiques.

4.1.1.2 Les fruits Les principales espèces fruitières recensées sont regroupées dans le Tableau 4.3. On remarque la présence d’un nombre relativement élevé d’espèces exotiques, qui s’ajoutent aux arbres fruitiers « traditionnels » (Figure 4.4 (voir cahier quadri)). Certaines espèces comme les agrumes, les oliviers ou les figuiers par exemple nécessitent un climat chaud et ne sont donc présentes que dans le Sud du territoire métropolitain. Les plantes potagères et arbres fruitiers sont ainsi très diversifiés. Cependant, les légumes et fruits traditionnels sont les plus présents dans les jardins amateurs. TABLEAU 4.3

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Principales espèces fruitières présentes dans les jardins amateurs, classées par famille.

Arbres fruitiers

Baies

Espèces exotiques

Abricotier Citronnier Clémentinier Mandarinier Oranger Châtaignier Cognassier Figuier Pêcher Poirier Pommier Prunier Noyer Olivier Cerisier Néflier Noisetier

Cassis Framboisier Groseillier à grappe Groseillier à maquereau Myrtille Ronce (mûre de jardin) Vigne

Actinidia (kiwi) Cédratier Kumquat Pomelo Nashi Kaki Oranger amer Amandier

Jardins potagers : terres inconnues ?

4.1.1.3 Les plantes aromatiques Les espèces de plantes aromatiques rencontrées sont : aneth officinale, basilic, bourrache, céleri perpétuel, cerfeuil, ciboulette, cive, ciboule, citronnelle, coriandre, cumin, estragon, laurier-sauce, lavande, fenouil amer, menthe, persil, romarin, sauge, serpolet et thym. 4.1.1.4 Le gazon La pelouse peut être constituée par différentes espèces qui varient selon leur résistance aux conditions climatiques, leur facilité d’entretien, leur pérennité, leur résistance à l’arrachage et au piétinement, leur finesse, leur densité et leur temps de repousse. Les espèces semées sont les suivantes : – ray-grass anglais : idéal pour le climat océanique, – fétuque rouge : la traçante, la demi-traçante et la gazonnante, – fétuque élevée : la moins ornementale mais résistante aux piétinements et aux différentes conditions climatiques, – fétuque ovine ou durette : pour les zones non piétinées, – pâturin des prés : pour les terrains de sport et les talus, – agrostide : terrains de golf, – kikuyu : dans le midi de la France pour sa forte résistance à la sécheresse. Cependant, de nombreuses espèces sauvages s’implantent dans les gazons et colonisent ainsi les jardins. Les jardiniers ont plusieurs types d’attitudes à leur égard : certains les éliminent systématiquement, d’autres les conservent. Ces plantes sauvages, qui poussent spontanément dans le jardin, peuvent donner des indications sur la nature et la richesse du sol : – sol lourd : bouton d’or, laiteron des champs, chénopode, amarante, carotte sauvage, rumex et chardon, – sol léger : pensée sauvage, liseron, – sol riche en matières organiques et en azote : chénopode, ortie, gaillet gratteron, chiendent, mouron blanc, consoude et ronce. Selon Ducerf (2008), ces adventices pourraient être utilisées comme bioindicateurs pour déterminer non seulement les caractéristiques du sol, mais aussi son histoire. L’utilisation de cette technique pourrait être étendue à l’échelle nationale afin d’étudier l’état des sols des jardins potagers.

4.1.2 Importance relative des différentes espèces de légumes et d’arbres fruitiers L’enquête UPJ/CSA de 2007 s’est également intéressée à l’importance relative des différentes espèces de fruits et légumes cultivées dans les jardins amateurs. Selon cette étude, les espèces les plus cultivées par les jardiniers amateurs toutes régions confondues sont : – pour les légumes : les tomates (61 % des personnes interrogées en cultivent), les salades (51 %) et les pommes de terre (39 %), – pour les arbres fruitiers : les plus cultivés sont les cerisiers (52 % en possèdent), les pommiers (41 %), puis les pruniers (35 %), les poiriers (32 %) et, dans une moindre mesure, les pêchers (22 %), les abricotiers (13 %) et les figuiers (9 %).

Jardins ornementaux, potagers et vergers

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On note cependant, toujours d’après l’enquête de l’UPJ/CSA (2007), des disparités entre les régions. Ainsi les salades arrivent en première position dans les potagers du Bassin Parisien (BP) Est (66 % en BP Est / 51 % pour la moyenne nationale) tandis que les pommes de terre sont prédominantes dans le BP Ouest (58 % vs. 39 %). Les haricots verts sont les légumes les plus cultivés dans l’Est et les carottes, dans le Sud-Est. Concernant les arbres fruitiers, on remarque aussi quelques spécificités régionales, comme par exemple : – les poiriers (42 % vs. 32 %) et les pêchers (38 % vs. 22 %) plus souvent cultivés dans l’Ouest, – les abricotiers (43 % vs. 13 %) et les figuiers (38 % vs. 9 %) plus présents en Méditerranée, – les pruniers très présents dans les jardins du Sud-Est (56 % vs. 35 %). Ces chiffres sont comparables à ceux de l’enquête de l’INSEE en 199413, dans laquelle les légumes les plus cultivés étaient les haricots verts, les salades, les tomates, les poireaux, les carottes et les pommes de terre. Une autre enquête réalisée en 1991 par l’INSEE14 donne une estimation de la quantité moyenne (en kg an-1) de chaque légume ou fruit cultivé dans les jardins amateurs et de sa part dans la consommation à domicile. Selon cette étude, pour les légumes, on trouvait toujours le groupe de tête : pommes de terre, salades, tomates, carottes et haricots verts. Pour les fruits, les pommes étaient les plus récoltées. Ces données peuvent s’avérer utiles si on s’intéresse au rôle joué par les jardins dans l’alimentation des personnes (notamment des populations défavorisées) ainsi qu’aux risques sanitaires liés aux productions potagères impactées par des pollutions. Par exemple, les haricots consommés par les ménages sont majoritairement autoproduits. Selon ce critère, le risque sanitaire potentiel lié à la consommation de légumes contaminés serait donc relativement plus important pour le haricot (cf. Chapitre 9). Cependant, en termes d'exposition et de risque, la concentration en polluants, la part de l'autoconsommation mais également la quantité consommée provenant du jardin sont à prendre en compte. Pour le haricot, la consommation est seulement de 12 kg an-1 contre 23 kg an-1 pour les salades et 55 kg an-1 pour les pommes de terre. Ceci réduit donc in fine le risque sanitaire relatif lié à la consommation de haricots (au cas où ces légumes sont contaminés). La diversité des espèces de légumes cultivées est relativement importante. À ces dernières s’ajoute celle des variétés. Il semblerait que plus un légume est cultivé, plus le nombre de ses variétés observées sur le terrain est important. De manière générale, les variétés diffèrent par la forme, la taille, la couleur des légumes mais aussi par leur saveur, leur rendement, leur période de production, leur précocité, leur résistance aux maladies et aux parasites, leurs conditions optimales de culture, leur aptitude à la conservation ou leurs utilisations culinaires. De plus, il a été montré que le paramètre variété influence les transferts sol-plante des éléments inorganiques (Alexander et al., 2006). Ceci est à prendre en compte d’un point de vue agronomique et nutritionnel (teneurs en éléments nutritifs pour la plante, et intéressants pour l’alimentation humaine) et d’un point de vue environnemental et sanitaire (transfert de polluants vers les plantes cultivées). 13. Enquête INSEE – Mode de vie et consommation des ménages, 1994. 14. Enquête INSEE – Alimentaire, 1991.

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Jardins potagers : terres inconnues ?

Les variétés des cinq légumes phares à savoir, les tomates, les haricots, les pommes de terre, les salades et les poireaux, ont été plus particulièrement étudiées. De par la très grande diversité des variétés et des origines des plantes (e.g., semences ou plants du commerce mais aussi graines ou boutures de l’année passée, échange de plants entre jardiniers), les informations disponibles présentées ci-dessous sont uniquement qualitatives : • Pomme de terre : Plus de 100 variétés de pommes de terre sont proposées sur le marché amateur. Le Tableau 4.4 donne les 30 variétés les plus vendues en tonnage sous forme de petits emballages (c'est-à-dire destinés aux jardiniers amateurs). Elles représentent à elles seules 91 % du marché. . TABLEAU 4.4

Exemples de variétés de pommes de terre, selon la classification établie par Le plant de pomme de terre français (www.plantdepommedeterre.org).

Variétés de consommation à chair ferme

Variétés de consommation

Amandine, Belle de Fontenay, BF 15, Charlotte, Chérie, Franceline, Linzer Delikatess, Nicola, Pompadour, Ratte, Roseval

Agata, Apollo, Bea, Bernadette, Bintje, Carlita, Claustar, Désirée, José, Kerpondy, Manon, Monalisa, Ostara, Resy, Rosabelle, Safrane, Samba, Sirtema, Spunta

• Tomates : Le nombre de variétés est très important avec 450 variétés inscrites au catalogue français, auxquelles s’ajoutent plus de 80 variétés anciennes pour les amateurs. Les vendeurs de semences « alternatifs » proposent encore de nombreuses espèces, et certaines collections comportent 1500 espèces. Dans les jardins amateurs, les variétés les plus citées sont les suivantes : Marmande, Cœur de bœuf, Roma, Saint Pierre, Andine, Rose de Berne, Noire de Crimée et Reine de Saint Marthe. • Haricots : Ils se répartissent en deux familles : les haricots nains et les haricots à rame, dans lesquelles on trouve des haricots à filet, mangetout et à écosser (Tableau 4.5). • Salades : Les variétés de salades les plus courantes sont : chicorée, scarole, cresson, laitue, feuille de chêne, batavia blonde de Paris, batavia de pierre bénite, batavia reine des glaces, batavia rouge grenobloise, laitue du bon jardinier, laitue merveille des 4 saisons. • Poireaux : Les poireaux observés dans les jardins peuvent être : bleu de Solaise, d’hiver Saint Victor, long ordinaire, long gros du midi, long d'hiver de Paris, gros court d'été, gros court de Rouen, monstrueux de Carentan, long de Mézières, jaune du Poitou, de Palerme.

Jardins ornementaux, potagers et vergers

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TABLEAU 4.5

Exemples de haricots cultivés dans les jardins français (Lis et Bureaux, 2005 et http://potager.haricot.free.fr/). Haricots nains

'Triomphe de Farcy' (cosses longues et fines de couleur verte tachetée), 'Gondola' (cosses jaunes, grosses productions), 'Saint-Esprit', 'Obélisque', 'Morgane', À filet : cueillis 'Admires' (haricot sabre), jeunes avant la for- 'Nautica' (cosses très fines), mation des grains 'Purple Queen' (cosses violettes), pour éviter que les 'Montana' (cosses charnues et haut rendegousses deviennent ment), fibreuses 'Allure' (cosses vertes, résistant aux maladies), 'Larma' (très longues cosses vertes), 'Opera' (variétés rustiques aux cosses vertes), 'Saxa' (cosses vertes assez charnues, bon rendement).

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Haricots à rames



Mangetout : dépourvus de fil, ce qui permet de les cueillir à tout moment de leur développement

'Contender' (le classique des mangetout, il peut également être cueilli pour ses grains), 'Sonate' (haricot vert foncé), 'Fin de Bagnols' (cosses fines et vertes, variété ancienne), 'Coco nain rose d'Eyragues', 'Beurre de Roquencourt' (variété rustique aux cosses jaunes et aux grains noirs), 'Roi des beurres' (cosses jaunes, très bonne saveur), 'Plein le panier', 'Espada', 'Minidor' (cosses jaunes, haricot productif), 'Coco de Prague', 'Macédoine' (cosses jaunes et fines), 'Reine des pourpres' (cosses violettes).

'À rames à cosse violette', 'Saint-Fiacre à rames' (variété à gousses vertes rondes, grains blancs), 'Phénomène à rames' (variété à grains blancs à très longues gousses vertes), 'Œil-de-perdrix à rames' (variété productive aux petits grains sombres), 'Beurre Or du Rhin', 'Blanc de juillet', 'Esméralda'.

À écosser : cueillis pour leurs grains

'Rognon de coq' (rouge), 'Flageolet chevrier' (variété tardive variété à grains blancs verdâtres donnant des cosses vertes), 'Coco nain blanc précoce' (variété à gros grains blancs), 'Michelet à longue cosse' (variété à très longues cosses), 'Flagénor', 'Lingot' (longues cosses à grains blancs), 'Alaric' (gousses de 8 à 16 cm contenant 5 à 6 grains blancs cendrés), 'Ariel'.

'Soissons blanc à rames' (variété à cosses vertes de 15 cm contenant 4 à 5 gros grains blancs), 'Soissons vert à rames' (variété productive aux grains verts clairs), 'Crochu de Montmagny' (variété productive aux grains rouge-grenat) 'Michelet à longue cosse à rames', 'd'Espagne blanc'.

Jardins potagers : terres inconnues ?

4.2 Qualités gustatives et nutritionnelles Une des motivations des jardiniers est de consommer leurs propres légumes. D’après l’enquête UPJ/CSA (2007), 91 % des jardiniers amateurs trouvent des qualités organoleptiques supérieures aux légumes qu’ils produisent eux-mêmes comparés aux légumes du commerce. L’avantage des légumes du jardin par rapport aux produits du commerce est que la récolte s’effectue seulement lorsque les légumes sont à maturité, ou selon l’état de développement souhaité par les jardiniers, alors que les produits du commerce sont, pour la plupart, récoltés avant maturité. De plus, les variétés cultivées en potagers sont souvent plus goûteuses, car elles ne sont pas sélectionnées sur les mêmes critères que les variétés du commerce (calibrage ou résistance au transport, entre autres). Cependant, aucune publication scientifique rendant compte de tests effectués à l’aveugle par des consommateurs pour comparer les qualités organoleptiques de légumes provenant du commerce ou de jardins particuliers n’est actuellement disponible. Définir la qualité des végétaux implique des études pluridisciplinaires relatives aux paramètres agronomiques et environnementaux. Quelques exemples sont listés sur la figure suivante.

Quelques facteurs favorables à la qualité des végétaux : - Biodisponibilité suffisante des éléments nutrifs - Associaons pernentes des plantes - Faible exigence de la culture - Qualité des milieux (sols, eaux et air) - Qualité des intrants volontaires - Récolte à maturité Quelques facteurs défavorables à la qualité des végétaux : - Aaques des ravageurs - Ulisaon excessive de pescides, CuSO4 - Polluons des milieux - Carences

Figure 4.5 Facteurs influençant la qualité des végétaux

(Dumat C., 2011).

4.3 Conclusion Les légumes les plus cultivés dans les potagers sont la tomate, la pomme de terre, la salade, le haricot vert et le poireau. C’est pourquoi, dans le cadre d’une étude de la qualité des productions dans les jardins, l’attention devrait se porter sur cette sélection. Ces légumes appartiennent à des familles différentes, ce qui implique que leur comportement vis-à-vis des transferts de substances nutritives et polluantes est différent (cf. Chapitre 7). Pour procéder

Jardins ornementaux, potagers et vergers

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à des analyses, les techniques d’échantillonnage des végétaux sont détaillées dans le Guide d’échantillonnage des plantes potagères dans le cadre des diagnostics environnementaux (Denys et Marot, 2007). La profondeur d’enracinement des légumes détermine la profondeur de sol influencée par la culture et explorée pour prélever les éléments nutritifs, l’eau et les polluants éventuellement présents (Tableau 4.6). TABLEAU 4.6

Profondeur d’enracinement de plusieurs légumes (d’après Verhallen et Roddy 2002).

De 0 à 30 cm de profondeur

De 30 à 60 cm de profondeur

Plus de 60 cm de profondeur

Céleri Laitue Oignon Pomme de terre Radis

Brocolis Carotte Chou Chou-fleur Concombre Courgette Haricot Melon Poivron Tomate

Asperge Citrouille Courge d’hiver Maïs sucré Melon d’eau Panais

Le travail du sol, réalisé par les jardiniers, peut également modifier ses propriétés : le motoculteur travaille le sol jusqu’à une profondeur de 30 cm, la grelinette (de plus en plus utilisée par les jardiniers qui pratiquent le jardinage biologique) jusqu’à environ 20 cm, et la bèche jusqu’à environ 30 cm.

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Jardins potagers : terres inconnues ?

La biodiversité dans les jardins

Les jardins des particuliers occupent 1 million d’hectares en France métropolitaine et pourraient être considérés comme des conservatoires de la biodiversité15. En milieu urbain notamment, ils constituent des zones « naturelles » rares qui peuvent être un support de la biodiversité. De plus, les jardins ont la caractéristique de comporter de nombreuses niches différentes, en comparaison avec les autres habitats semi-naturels. Ces différentes niches sont autant d’habitats qui augmentent la diversité des espèces végétales et animales sur de petites surfaces. Les jardiniers sont aussi à l’origine de l’importation de plantes non-autochtones, ce qui augmente d’autant la biodiversité. La reconnaissance de l’importance de la biodiversité et du rôle bénéfique de certaines espèces pour le fonctionnement des écosystèmes se développe actuellement dans les jardins des conservatoires de la biodiversité. À la traditionnelle mangeoire à oiseaux s’ajoutent, par exemple, des nichoirs à insectes, des zones non cultivées. Les techniques de jardinage comme les associations de cultures, l’utilisation des engrais verts ou des plantes compagnes sont également de plus en plus souvent mises en œuvre par les jardiniers qui cherchent à favoriser la biodiversité, comme l’illustre la Figure 5.1 (voir cahier quadri). La biodiversité est entretenue et admirée dans les jardins.

15. Six personnes interrogées sur dix affirment savoir ce qu’est, dans ses grandes lignes, la Biodiversité, d’après l’enquête Crédoc-SOeS – Conditions de vie et aspirations des Français, janvier 2010.

La biodiversité dans les jardins

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Si les jardins constituent des espaces verts précieux en milieu urbain, plusieurs facteurs peuvent en influencer la biodiversité. D’après la Maison de la consommation et de l’environnement (MCE)16 (2007), on peut distinguer : – des influences liées aux pratiques des jardiniers : e.g., vocation et usage du jardin, attitudes vis-à-vis de la nature, traitements effectués, intérêt pour le jardinage bio, – des influences liées aux aspects structurels : e.g., morphologie, disposition des parcelles et du bâti, ancienneté du jardin.

5.1 Les espèces introduites par les jardiniers : plantes ornementales, potagères, arbres et arbustes Les différentes espèces végétales cultivées par les jardiniers représentent la première source de biodiversité dans les jardins. Aucune étude dénombrant les espèces présentes dans les jardins n’est disponible à ce jour. Cependant, la diversité spécifique semble assez élevée. Une étude en Suisse, qui proposait aux jardiniers amateurs de composer leur jardin (LindemannMatthies et Bose, 2007), a montré que les participants composaient en majorité des jardins riches en espèces différentes. Les espèces ornementales sont souvent des espèces non-autochtones. On peut citer quelques exemples courants tels que le yucca (Amériques du Nord), le troène (Asie et Afrique du Nord), le rhododendron (Chine, Japon et Amérique du Nord), la glycine (Asie), qui sont très connus, mais aussi de nombreuses autres espèces « nouvelles ». La diversité des espèces potagères est également élevée, à laquelle s’ajoute la diversité des variétés (cf. Chapitre 4). L’origine des jardiniers peut également influencer le choix de plantes cultivées dans les jardins : les jardiniers immigrés cultivent des plantes potagères exotiques et introduisent ainsi de nouvelles espèces. L’échange de graines permet également la propagation de ces espèces. Les jardins amateurs représentent également un conservatoire pour les espèces anciennes. En effet, alors que le maraîchage professionnel recherche des plantes homogènes et sélectionnées sur des critères de calibre, de résistance au transport ou encore de conservation, et donc favorise un nombre relativement réduit d’espèces, les jardiniers amateurs peuvent cultiver de très nombreuses variétés différentes, en privilégiant le goût, la facilité de culture, mais aussi l’originalité. Les jardins amateurs constituent ainsi une réserve de variétés. Le rôle des jardiniers amateurs vis-à-vis des variétés anciennes est d’autant plus important que les semences de variétés dites anciennes ne peuvent être commercialisées auprès des professionnels. Elles font partie d’une liste annexe du catalogue des semences agrées par le GNIS, qui stipule que ces espèces ne sont destinées qu’aux jardins particuliers. Les jardiniers amateurs sont en revanche plus réfractaires à faire pousser de grands arbres dans leur jardin car plusieurs inconvénients sont liés à leur taille : ombrage, danger pour les habitations, voisinage (e.g., interdiction de les planter à moins de 2 mètres de la limite de parcelle). La diversité des arbres serait donc très faible dans les jardins amateurs en comparaison des jardins publics. 16. Enquête MCE Adéic, CGL, Eaux et rivières de Bretagne, UFC que choisir, UFCS - Enquête chez les distributeurs de pesticides à usage amateur en Bretagne-Résultats, 2007.

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Jardins potagers : terres inconnues ?

5.2 Les plantes sauvages : sans cesse à l’assaut des jardins amateurs Les jardins sont aussi des zones très propices à l’établissement d’une flore sauvage (Enquête MCE, 2007). La flore recensée à Rennes, par exemple, est composée non seulement de plantes de cultures et de lieux influencés par l’Homme, mais aussi de plantes de prairies permanentes ou de friches, de bocage et de lisières et même forestières. Les plantes y bénéficient en effet d’ombre et d’une hygrométrie favorables. De plus, la diversité des espaces dans les jardins génère autant de niches écologiques différentes. Il a été montré que, contrairement aux prairies permanentes qui présentent au maximum 120 espèces différentes, les pelouses de jardins ne présentent pas de limite (Thompson et al., 2004). D’après l’étude réalisée par la MCE, on trouverait deux types de tempérament chez les jardiniers vis-à-vis de ces plantes sauvages : • une mentalité pragmatique-utilitaire, porteuse de travail, d’ordre, de propreté, qui élimine tout ou la majorité des adventices ; • une mentalité contemplative et de relaxation, cherchant le contact avec la nature et le calme, qui tolère ou même apprécie volontiers des espèces sauvages. Ces mentalités sont transversales aux catégories de jardins, mais la première est plus répandue parmi les usagers des jardins potagers.

5.3 Vers une biodiversité cultivée, « wild-life gardening » Les jardiniers se tournent aujourd’hui de plus en plus vers le « jardinage naturel » et les techniques de jardinage alternatif, qui accordent une grande place à la biodiversité.17 Ainsi ils vont chercher à développer au jardin un écosystème équilibré, intégrant insectes et plantes sauvages. Certaines mauvaises herbes prennent ainsi de l’importance dans les jardins, comme le pourpier (comestible) ou encore l’ortie (pour faire du purin). Cette démarche de conservation de la biodiversité inclut aussi les insectes utiles, et plus généralement la faune sauvage comme les oiseaux ou les petits rongeurs. Dans la littérature et les sites internet spécialisés, on trouve de nombreux conseils d’aménagement pour la biodiversité animale : abris à insectes (e.g., coccinelles, abeilles solitaires, bourdons (Figure 5.2)), nichoir à oiseaux ou encore maison à hérissons.

Figure 5.2 Abris à insectes

(Photos : École de Tronville (54) et Chenot É.-D.). 17. Un français sur cinq rêve, à titre personnel, d’un jardin qui protégerait la nature et la biodiversité d’après l’enquête UNEP-IPSOS – Le jardin rêvé des Français, 2011.

La biodiversité dans les jardins

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Les sols de jardins

6.1 Généralités La formation des sols est le résultat de processus biogéochimiques complexes dans lesquels interviennent de nombreux facteurs abiotiques et biotiques qui agissent de façon concomitante (Ramade, 1993). Cette formation nécessite l’action initiale des facteurs climatiques qui vont dégrader et dissoudre la roche-mère : c’est le processus d’altération. La dissolution, l’oxydation et l’hydratation des minéraux conduisent à la formation de toute une gamme de minéraux (e.g., argiles, oxydes de fer) qui forment le squelette du sol et dont les proportions respectives vont définir le type de sol. Le fait d’être à l’interface de la lithosphère, de l’atm osphère et de la biosphère, influence la formation du sol et son fonctionnement (Robert, 1996). Cette position lui confère un rôle de première importance dans un certain nombre de cycles biogéochimiques (e.g., carbone, azote, phosphore), dans la régulation des échanges gazeux et le cycle de l’eau (Robert, 1996 ; Gobat et al., 1998 ; Rivière, 1998). À la différence de la roche, le sol est un milieu vivant, dynamique, très réactif et en constante évolution (Bogomolov et al., 1996 ; Lavelle et Spain, 2001). Représentant un réservoir de matières organiques et minérales, il sert de support mécanique et nutritif aux êtres vivants, et notamment, pour les végétaux autotrophes qui élaborent la production primaire (Gobat et al., 1998). C’est l’endroit où les organismes décomposeurs prennent en charge la dégradation de

Les sols de jardins

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toutes les matières organiques produites dans l’écosystème (Vannier, 1979). Le sol est également le support des activités humaines. C’est le lieu de production agricole et forestière, le lieu de stockage de matières primaires et de déchets (Robert,1996 ; Gobat et al., 1998) ce qui en fait le lieu de passage et de séjour privilégié des grands types de polluants (Robert, 1996) et le rend particulièrement sensible. Le sol étant un milieu poreux, perméable et siège de phénomènes de transports (Bruckler, 1998), cette pollution peut gagner, par exemple par des phénomènes d’absorption ou de lessivage, d’autres compartiments comme les plantes puis, par l’intermédiaire des chaînes alimentaires, les animaux (Riviere, 1998) et l’Homme.

6.2 Sols urbains La nature du sol est caractérisée par ses propriétés physiques, chimiques et biologiques. Les interrelations entre ces différentes propriétés déterminent la capacité et les limites du sol pour assurer la fonction de support de biomasse, et conditionnent plus globalement l’utilisation des terres. Les activités urbaines et industrielles peuvent entraîner des modifications de ces propriétés, et par là même, perturber l’équilibre dynamique des sols. En effet, les activités humaines produisent des déchets et sous-produits susceptibles de porter atteinte à la qualité et à l’innocuité des sols (El Khalil et al., 2008). Dans les années 70, l’étude de l’impact de ces différents modes d’exploitation sur la contamination des sols a initié des travaux de plus en plus nombreux sur les sols urbains (Norra et Stüben, 2003). Les sols urbains sont caractérisés par une très grande fréquence de changements d’usage, ce qui les rend d’autant plus hétérogènes et difficiles à étudier (Putegnat, 2001). Le terme de sols urbains regroupe ainsi des sols modifiés de zones urbaines, industrielles ou artisanales, dans les écosystèmes de villages et de villes. Ils sont classés parmi les sols anthropiques ou anthroposols (Schwartz, 1993 ; Rossignol et al., 2008) et sont le siège d’une large gamme d’activités différentes telles que le trafic routier, le commerce, l’industrie, les sites de dépôt, le logement ou encore les parcs (Norra et Stüben, 2003). Les sols urbains sont influencés plus ou moins intensivement par les activités humaines (Morel et al., 1999 ; Bechet et al., 2009) et sont localisés principalement, mais pas exclusivement, dans des territoires urbains. Ils incluent des sols composés de mélanges de matériaux, différents de ceux présents dans les secteurs forestiers ou agricoles voisins. De plus, les sols urbains présentent des horizons de surface souvent massifs, fortement modifiés par l’Homme via des mélanges, de l’importation et/ou de l’exportation de matériaux avec des contaminations potentielles. Ils englobent aussi des sols d’espaces verts et de jardins qui sont plus proches morphologiquement et fonctionnellement des sols agricoles tout en ayant une gestion, une composition et un usage différents de ceux-ci (Schwartz, 2009).

6.3 Sols de jardins et sols agricoles Les sols de jardins entrent dans différentes classifications sous le terme d’hortisols ou de sols anthropiques hortiques selon les auteurs. Ces sols sont considérés comme ayant subi une fertilisation intense et ancienne. Des sols de jardins typiques ne se retrouveraient alors que dans les jardins de couvents ou de monastères vieux de plusieurs siècles par exemple. Schwartz (1993) généralise et englobe sous le terme de sols de jardins tous les sols supports de la pratique du jardinage. Toujours d’après cet auteur, ces sols présentent, en général, un horizon de surface de 20 à 40 cm d'épaisseur, de couleur sombre. Leur teneur en matière organique est en moyenne de plus de 4 % alors que celles des sols agricoles cultivés varient entre 1 et 3 %. Des pratiques culturales intenses et fréquentes entraînent une évolution de la dynamique des sols de jardins.

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Jardins potagers : terres inconnues ?

L'activité microbienne est favorisée, la structure du sol est optimisée. En résumé, les propriétés physico-chimiques des sols de jardins sont fortement modifiées (Crößmann et Wüsteman, 1992). Les teneurs en nitrates et en phosphore total sont élevées. À la différence des sols agricoles, les sols de jardins présentent dans 70 % des cas de très fortes teneurs en éléments nutritifs. Une étude suisse, réalisée en 1992, financée par l'Agence fédérale helvétique de l'environnement de la forêt et des espaces naturels (BUWAL) et dont les principaux résultats ont été repris par Girardin (1994), a montré que les apports nutritifs n’étaient généralement pas justifiés. En moyenne les apports totaux en azote et en phosphore étaient 3 fois, et en potassium 5 fois, supérieurs aux besoins des plantes cultivées (légumes, fleurs ou petits fruits). Les sols de jardins présentaient ainsi une teneur en phosphore 10 fois supérieure à celle des terres de grandes cultures. Les sols de jardins sont ainsi des sols agricoles spécifiques (Morel et Schwartz, 1999 ; Schwartz et Toutain, 1999 ; Schwartz, 2000), localisés en milieux urbanisés et sur lesquels les jardiniers produisent des plantes potagères à vocation alimentaire ou cultivent des plantes à vocation purement ornementale. Les sols de jardins potagers représentent des cas concrets de sols anthropisés. Ces sols sont le lieu d’une agriculture très intensive, générant des sols à haute fertilité et de grande diversité, en fonction de l’infinité des pratiques. Ils présentent des teneurs totales en métaux, en moyenne, deux fois supérieures à celles mesurées dans les sols agricoles (Schwartz, 1993 ; Kahle, 2000) (Tableau 6.1). Les travaux menés en Allemagne par Crößmann et Wüsteman (1992) ont porté sur la pollution minérale et organique de 9 288 terres de surface de sols de jardins privatifs et familiaux. Les résultats ont été obtenus à partir de réseaux de mesure régionaux (agences et offices régionaux) distincts qui n’étaient pas conçus initialement pour répondre à une synthèse nationale. Les travaux français (Schwartz, 1993) ont consisté en une étude de cas régionale (105 sols de jardins) suivant un gradient d’anthropisation depuis des territoires ruraux, vers des secteurs sous influence industrielle (Schwartz et al. TABLEAU 6.1

Teneurs totales en éléments traces métalliques (ETM) des sols de jardins et des sols agricoles dans l’Est de le France (105 jardins), en Allemagne et au Royaume-Uni (nd : non déterminé) (Crößmann et Wüsteman, 1992 ; McGrath et Loveland, 1992 ; Schwartz, 1993 ; Alloway, 2004).

Sols

Cd

Cu

ETM (mg kg–1) Ni

Pb

Zn

France Moselle (105 jardins) Moyenne

1,0

27,3

19,3

58,7

138

Maximum

5,3

181

56,4

340

518

Allemagne (3 624 jardins) Moyenne

0,5

24

14

65

151

Maximum

7,3

196

69

627

1 035

Angleterre, Pays de Galles et Écosse (4 127 jardins) Moyenne

1,2

nd

nd

266

278

Maximum

40

nd

nd

14 100

14 600

15

15

36

67

41

74

97

Allemagne (18 000 sols agricoles) Moyenne

0,4

Angleterre et Pays de Galles (5 692 sols agricoles) Médiane

0,9

23

nd : non déterminé

Les sols de jardins

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Certains travaux (e.g., McDonald et Balasko, 2003) présentent les sols de jardins comme des sols agricoles gérés de façon intensive. Ils peuvent aussi être présentés comme étant des sols très anthropisés, urbains, périurbains ou industriels, et dont la vocation est la production végétale. Les sols de jardins sont en définitive des sols méconnus, à l’interface de territoires et d’usages contrastés.

6.4 Contamination des sols urbains et des sols de jardins La pollution des sols urbains, essentiellement due à la contamination par des éléments traces métalliques (ETM), ne cesse d’augmenter par rapport à des systèmes naturels. Schroeder et al. (1987) ont montré une forte hétérogénéité spatiale dans le degré de contamination des sols avec une contamination plus élevée en métaux des sols de centre ville par rapport aux sols arables ruraux. Purves (1967) avait déjà obtenu des résultats comparables en utilisant comme modèles aussi bien de grands centres urbains que des villes plus petites. Cette pollution n’épargne pas les sols de jardins à cause de leur localisation. Les jardins, quand ils sont privatifs, sont situés le plus souvent en agglomération et, quand ils sont de type familial, sont généralement disposés en périphérie de ces agglomérations, en bordure de voies ferrées, de grandes voies de communication ou de centres industriels. Ces lieux sont souvent les seules zones disponibles pour leur implantation, car ils n’empiétent pas sur des espaces plus attractifs réservés à la construction ou à des occupations plus lucratives. Ainsi, les sols de jardins sont susceptibles d’être soumis à de nombreux remaniements et à de nombreux traitements physico-chimiques avec, pour conséquence, l’accumulation de substances polluantes pouvant être transmises à l’Homme directement ou indirectement. Les sources de pollution et la nature des polluants sont donc multiples. Ces sources peuvent être naturelles, liées aux activités industrielles et urbaines passées et/ou présentes, ou encore liées aux différentes pratiques du jardinier lui-même. Cette pollution peut être diffuse, c'est-à-dire que l’augmentation de la teneur en un polluant se fait dans le temps sur une grande étendue mais est peu perceptible d’une année sur l’autre, ou être plus forte et locale (Cambier et Mench, 1998). Enfin, le degré de pollution des sols sera fonction de la durée d’exploitation du jardin, des pratiques et de la zone géographique (Schwartz, 1993 ; Putegnat, 2001).

6.4.1 « Contamination » naturelle Les retombées atmosphériques à longue distance sont une source importante de contamination (As, Cd, Hg, Mn, Ni, Pb, Sb, Se et Zn). La dispersion de ces éléments traces peut s’expliquer par des phénomènes naturels tels que les vents de sables, les grands incendies de forêt ou encore les éruptions volcaniques. À l’instar de la pollution diffuse, la contamination locale des sols peut également avoir une origine naturelle. En effet, un certain nombre d’éléments traces (Cd, Co, Cr, Cu, Ni, Pb, Zn) sont naturellement présents dans les sols et représentent les fonds pédo-géochimiques des sols. Leurs concentrations sont variables en fonction de la nature de la roche-mère, de son âge, de sa localisation et de la nature de l'élément (Tableau 6.2). La présence de ces éléments traces reste toutefois relativement faible dans la majorité des roches, avec des concentrations de l’ordre du mg kg–1 ou du pg kg–1. Ils existent également à l’état de gisements exploitables dans des formations géologiques ou dans des sols particuliers. Il est important de connaître ce fond géochimique en métaux pour apprécier la qualité des sols présents et estimer l’ampleur des

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Jardins potagers : terres inconnues ?

apports anthropogènes (Darmendrail et al., 2000). Une importante masse de données géochimiques sur les sols est disponible et cela sur de grandes surfaces à l’échelle du territoire. Ces bases de données sont issues de l’inventaire minier national, du programme ADEME/ INRA (BD-ETM) (Tableau 6.2), du programme INRA/ASPITET et de diverses études spécifiques réalisées à l'échelle locale ou régionale (Tableau 6.3). Le Réseau de mesures de la qualité des sols (RMQS) (Jolivet et al., 2006) repose, pour sa part, sur le suivi de 2 200 sites répartis uniformément sur le territoire français, selon une maille carrée de 16 km de côté, calée sur le Réseau européen de suivi des dommages forestiers (ICP forest, placettes de niveau I). Des prélèvements d’échantillons de sols, des mesures et des observations sont prévus tous les dix ans dans chacune des mailles. En 2007, le Ministère en charge de l'écologie a sollicité le Groupement d’intérêt scientifique sol (GIS sol) pour réaliser des cartes de détection de valeurs anomaliques des teneurs en métaux des sols couvrant l’ensemble du territoire. Ces cartes réalisées à partir des données du RMQS servent de valeurs guides aux gestionnaires institutionnels ou privés des sites pollués. Ces bases de données couvrent la totalité du territoire national et peuvent fournir d’ores et déjà une information utile et significative sur la notion de fond géochimique pour nombre de contextes géologiques et pédologiques. Si tout le territoire est couvert par le RMQS (grille 16 km u 16 km), il reste que certains territoires sont très peu, voire pas du tout couverts par les autres bases de données (e.g., BD-ETM, inventaire minier, ASPITET).18 TABLEAU 6.2

Intervalles des teneurs en éléments traces (mg kg–1) dans les couches superficielles de sols agricoles, estimés non contaminés (d’après Cambier et Mench, 1998).

Éléments

As Cd Co Cr Cu Hg Ni Pb Zn 3,4-37 0,07-0,51 2,1-27 22-102 7-87 0,02-0,15 7-51 19-62 31-153

18

Distributions des teneurs

6.4.2 Contamination liée aux activités industrielles et/ou urbaines Le degré et la nature de la contamination des sols urbains, et donc des sols de jardins, est la résultante d’émissions, toujours en cours, dues à l’activité urbaine, industrielle (El Hamiani et al., 2010) ou domestique, et d’émissions historiques, héritées du passé (Francenne et Thibaut, 2008). Les activités industrielles et urbaines, incluant la combustion des énergies fossiles, l’utilisation de carburants plombés, l’incinération des ordures ménagères, sont des sources de pollution diffuse et locale. La pollution métallique des sols peut trouver son origine dans l’usage antérieur des sols. Les jardins, et notamment les jardins familiaux, peuvent être localisés dans d’anciennes zones défrichées ou cultivées comme cela semble être le cas pour des jardins familiaux de la Communauté urbaine du Grand Nancy qui ont fait l’objet d’une étude par Farbat et al. (2002). Ces jardins ont ainsi pu être soumis à d’anciens apports agricoles, sur plusieurs décennies, impliquant l’apport important de produits phytosanitaires et d’engrais. De plus, les sols de jardins peuvent être composés de remblais. On peut, en effet, noter la présence de matériaux anthropiques souvent accompagnés d'un apport de particules grossières (e.g., déblais et gravats du bâtiment, de la construction routière ou ferroviaire, cendres, scories, boues, déchets industriels et ménagers). Ces sols peuvent également être composés de matériaux ayant supporté une activité minière. 23

24

25

26

27

28

29

18. Les valeurs correspondent aux 1er et 9e déciles de distributions des teneurs totales, après dissolution par HF-HClO4 (Laboratoire d’analyses des sols, INRA, Arras).

Les sols de jardins

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TABLEAU 6.3 Bases de données relatives aux teneurs totales en éléments traces métalliques (ETM) dans les sols

en France (d’après site : http://etm.orleans.inra.fr/webetmso.htm). ASPITET19

BD-ETM20

RPG-NPC21

RMQS22

RENECOFOR23

Nombre de sites

1 200

2 67

2 19524

23 + 11

Nombre d'horizons analysés Localisation

1 876

11 161 / 71 000 11 161

7 68

4 13825

97 + 34

France – moitié Nord A et F

France

Nord + Pas de Calais

France

France

A

A et F

Toutes occupations

F

S et P

S

S et P

S et SP25

OH + S + P26

Aux mailles d'une grille de 16 u 16 km Non

102 placettes forestières sélectionnées Non

Agriculture (A) Forêt (F) Surface (S) ou Profondeur (P) Sélection des sites Sites contaminés exclus ETM analysés

Éléments majeurs analysés Mode de mise en solution28 Méthode d'échantillonnage Financement des prélèvements et des analyses Gestionnaire Échantillons stockés

Raisons diverses

Oui As, Cd, Co, Cr, Cu, Hg, Ni, Pb, Tl, Zn Fe, Mn HF (acide fluorhydrique) Par horizons INRA

Plans d'épan- Par régions naturelles, dage de boues matériaux parentaux d'épuration et types de sols Non Non

Cd, Cr, Cu, As, Bi, Cd, Co, Cr, Cu, Cd, Cr, Co, Cu, Cd, Cu, Ni, Pb, Zn Hg, Ni, Pb, Hg, In, Mo, Ni, Pb, Ni, Pb, Tl, Zn27 Se, Zn Sb, Se, Sn, Tl, V, Zn aucun Al, Fe, Mn Al, Ca, Fe, K, Al, Ca, Fe Mg, Mn, Na HF ou ER HF HF HF (eau régale) Horizon labouré

Par horizons

Horizon labouré

Par horizons

Divers

Région et MATE29

+SP25 GIS sol

ONF

ISA Lille et INRA Arras Oui

INRA Infosol Orléans Oui

INRA Science Sol INRA Infosol Orléans Orléans Partiellement Non

ONF Oui

19. Programme INRA - Apports d'une stratification pédologique pour l'interprétation des teneurs en éléments traces. 20. Base de données « Analyses des éléments traces métalliques » de l'ADEME (11 161 en 1998 et 71 000 en 2010). 21. Référentiel pédo-géochimique du Nord-Pas de Calais. 22. RMQS : Réseau de mesures de la qualité des sols (http://www.gissol.fr/programme/rmqs/rmqs.php). 23. RENECOFOR : Réseau national de suivi à long terme des écosystèmes forestiers de l'Office National des Forêts. 24. Au 20 juillet 2010. 25. SP = horizon semi-profond (30–50 cm). 26. Dans le cadre de RENECOFOR, seuls les horizons holorganiques OH ont été systématiquement analysés. Des analyses complémentaires ont été réalisées sur 11 sites et 34 horizons organo-minéraux. 27. Sont également déterminés systématiquement Cd, Cr, Cu, Ni, Pb et Zn extraits à l'EDTA (acide éthylènediamine-tétraacétique) non tamponné. 28. HF = HF + HClO4 – ER = eau régale = HCl + HNO3. 29. MATE : Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement.

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Jardins potagers : terres inconnues ?

Les dépôts atmosphériques de substances minérales ou organiques représentent également une source importante de pollution et sont le produit des activités urbaines et/ou industrielles. Cette pollution peut être diffuse et/ou locale et peut affecter un mètre de profondeur selon l’intensité de la pollution (Zhideeva et al., 2000). Ces dépôts peuvent tout d’abord résulter du trafic routier car les jardins familiaux sont généralement installés en bordure des grands axes de circulation routière (autoroutes, rocades, voies express) ou ferroviaire. Dans le premier cas, les jardins sont susceptibles d'être exposés à une pollution d'origine routière de proximité, sachant que la plupart des voies rapides urbaines connaissent des trafics importants (> 50 000 véhicules par jour). Les flux de polluants routiers sont dûs aux retombées des aérosols provenant des gaz d'échappement, aux apports des ETM émis par l'usure des véhicules et notamment des pneus (Councell et al., 2004), à l'abrasion des revêtements et des glissières de sécurité, au lessivage des produits d'entretien des routes (fondants contre le verglas, désherbants). La pollution routière se traduit par des dépôts atmosphériques de Pb, Cd, Zn et HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) (Massounie, 2002 ; Wong et Li, 2004). Ainsi, après plusieurs années de relargage des micropolluants routiers dans l'air, les jardins familiaux aménagés aux abords des voies rapides urbaines sont soumis à une pollution de proximité et de fond. Une étude réalisée par Massounie (2002) a montré, grâce à un carottage régulier du sol depuis la bande d'arrêt d'urgence jusqu'à une distance de 60 mètres à l'intérieur des jardins, que le sol accumulait de fortes concentrations en Pb (200 à 300 mg kg–1 de matière sèche). À titre de comparaison, ces concentrations dépassent de 2 à 3 fois les teneurs maximales admissibles dans les sols à vocation agricole fixées par l'arrêté ministériel du 8 janvier 1998 réglementant les épandages de boues de stations d’épuration sur les parcelles agricoles. De plus, certains prélèvements réalisés sur des parcelles de ray-grass et des carrés de laitues montrent également une contamination des tissus végétaux par Pb, alors que cet additif est désormais interdit dans les carburants depuis janvier 2000 et que l'essence sans Pb a été mise sur le marché dès 1993. Les jardins implantés en bordure de voie ferroviaire sont, quant à eux, menacés de contamination par des résidus de produits phytosanitaires de type herbicides qui peuvent être lessivés ou se volatiliser dans l’environnement, même si la SNCF, grande consommatrice de ces produits, assure appliquer des doses inférieures aux normes en vigueur et ne plus utiliser aucun produit toxique30. Ces herbicides sont utilisés afin de contrôler la végétation aux abords des voies ferrées. Il n’en demeure pas moins que des contaminations peuvent être historiques et résulter de pratiques passées, en particulier pour des polluants minéraux. Aux trafics routier ou ferroviaire, s’ajoutent les activités industrielles de type sidérurgie, pétrochimie, fonderie ou encore exploitation minière. Elles ont pour conséquence le relargage dans l’atmosphère de substances polluantes qui se déposent sur les sols et les végétaux et s’y accumulent. La composition des retombées issues du traitement des minerais dépendra de leur composition. Ainsi, les industries sidérurgiques relarguent préférentiellement du Cd, As et Fe. L’exploitation du Zn et du Pb engendre des teneurs élevées en ces éléments dans les sols aux alentours des sites. Cette pollution industrielle peut être organique (hydrocarbures d’origine pétrolière, HAP, polychlorobiphényles (PCB)) ou composée d’éléments en traces comme ceux issus du trafic 30. SNCF, 2005. La maîtrise de la végétation dans les emprises feroviaires (http://sites.debatpublic.fr/lgv-bordeauxtoulouse/docs/pdf/etudes/note-traitements-chimiques-sncf-051125-.pdf).

Les sols de jardins

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routier. On peut aussi détecter des métaux (e.g., Cu, Cr, Fe, Mn, Mo, Ni, Zn, Cd, Hg, Pb), des métalloïdes (e.g., B, As) et des non-métaux (e.g., Se) ou encore des radionucléides (e.g., Cs, Sr). Cachada et al. (2009) ont étudié des sols de cinq villes européennes et ont observé une pollution aux PCB, en plus d’une contamination diffuse due au transport. Ces PCB sont des composés aromatiques organochlorés d’une grande stabilité chimique et qui persistent dans les sols et s’accumulent tout au long de la chaîne alimentaire. Ils sont produits par les industries spécialisées dans le refroidissement, l’électronique ou encore les peintures. Loredo et al. (2003) ont étudié la qualité des sols d’une ville d’Espagne autrefois très active dans l’exploitation d’une mine de mercure, dont l’exploitation a cessé dans les années 70. Cependant, du fait d’une mauvaise gestion, la mine reste ouverte aux éléments naturels et subit des phénomènes d’érosion. Ainsi, cette exploitation minière et l’activité métallurgique qui lui était associée continuent d’avoir une forte influence sur la qualité des sols environnants. En effet, les auteurs ont mesuré des concentrations dans les sols en As et en Hg respectivement égales à 69 mg g–1 et 3,07 mg g–1, teneurs qui, comparées à celles trouvées dans d’autres villes non minières, apparaissent comme anormalement élevées. Enfin, une autre étude, réalisée par Sanchez-Martin et al. (2000), a montré l’importance du degré de développement d’une ville, via son développement industriel et la densité de son trafic routier, sur le degré de contamination des sols. Ainsi, ces auteurs ont étudié le niveau de contamination en Pb et Cd de deux sols issus de deux communes espagnoles qui diffèrent par leur taille et leur développement industriel. Les résultats obtenus ont montré que la pollution due au Cd était plus élevée dans les sols suburbains de la ville ayant un trafic et un développement industriel plus denses. Les revêtements des bâtiments, les peintures, les anciennes canalisations, les toits ou les barrières métalliques (Alloway, 2004) peuvent contenir une quantité non négligeable de substances métalliques telles que Pb, Zn, Cd et Cr (Karlen et al., 2001). Ces matériaux, sous l’action combinée de l’érosion éolienne, des précipitations acides, de la pollution atmosphérique oxydante et de leur vieillissement naturel, peuvent se détériorer et se détacher pour être relâchés dans l’environnement sous forme particulaire. Mielke et al. (1984) ont montré que la concentration totale en Pb, mesurée dans les cinq premiers centimètres de sols adjacents à des maisons en bois et peintes, était supérieure à celle mesurée dans des sols adjacents à des maisons non peintes. Les eaux de ruissellement d’origine urbaine représentent également une source de pollution drainant sur leurs parcours les poussières et les substances polluantes rencontrées.

6.4.3 Contamination due aux pratiques de jardinage Comme le montrera le chapitre 7 concernant les intrants volontaires, il existe une très grande variété de produits utilisés par les jardiniers afin d’améliorer la fertilité du sol ou pour éviter ou traiter les dégâts occasionnés par les maladies ou les nuisibles via l’utilisation de produits phytopharmaceutiques (herbicides, fongicides, insecticides et biocides). L’utilisation répétée de ces matières fertilisantes et de ces traitements représente une source de pollution. De nombreux auteurs ont montré une accumulation en ETM (As, Cd, Cu, Zn) dans les sols agricoles, de jardins et de vergers suite à l’utilisation de produits phytopharmaceutiques, de fumures animales et/ou de fertilisants (Chen et al., 1997).

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Jardins potagers : terres inconnues ?

Les fumiers, lisiers, composts ou encore boues de stations d’épuration sont généralement utilisés pour améliorer la fertilité du sol. L’application de composts, ou de boues augmente la quantité de matières organiques et la disponibilité des nutriments (Bevacqua et Mellano, 1993 ; McConnel et al., 1993 ; Baize et al., 2002). Ces apports améliorent également les propriétés physiques du sol ; ils augmentent sa porosité, la stabilité des agrégats, le contenu en eau disponible et préviennent l’érosion des sols. Cependant, la présence de contaminants organiques ou inorganiques dans ces produits peut constituer un danger pour l’environnement. Une étude dans un verger, réalisée sur six ans par Pinamonti et al. (1997), a montré que l’origine et donc la composition des composts avait un effet significatif sur l’augmentation des concentrations en éléments traces dans le sol, les végétaux et les fruits. Les composts de boues d’épuration et d’écorces n’ont eu aucun effet à court ou moyen terme alors que les composts composés de déchets municipaux solides, initialement plus riches en ETM, ont provoqué une augmentation des concentrations en Zn, Cu, Ni, Pb, Cd et Cr dans les sols, et en Pb et Cd dans les arbres et les fruits. Ces métaux peuvent s’accumuler dans les sols jusqu’à atteindre des concentrations toxiques à long terme. Les observations rapportées ici concernent les cas d’utilisation de déchets présentant potentiellement des teneurs élevées en ETM. L’utilisation de produits normalisés ou homologués dans le respect des doses, des fréquences d’apport et des cultures préconisées par le vendeur permet de se prémunir de tels risques. Concernant les composts produits par les jardiniers (compostage domestique), il existe peu de données sur leur composition. Compte tenu du tri réalisé à la source (déchets verts du jardin, déchets de cuisine) il est attendu que leurs teneurs en ETM soient bien moindres. Enfin, en terme de pratiques domestiques, on peut également citer l’apport de cendres de bois (e.g., cheminées, inserts). Ces dernières concentrant les matières minérales des végétaux, donc des ETM, leur usage répété sur une même parcelle pourrait conduire à un enrichissement du sol. D’une manière générale, l’usage des engrais minéraux pour l’apport en phosphore et potassium n’est pas toujours justifié, ces éléments étant souvent apportés en quantité suffisante par les matières organiques. De ce fait, on observe au cours des années un enrichissement des sols en phosphore, en potassium et en matières organiques (Girardin, 1994). Il est alors important pour le jardinier de connaître la composition initiale des matières fertilisantes apportées au sol. Les produits utilisés par les particuliers, portant le nom de biocides, sont des substances ou des préparations utilisées pour la prévention, le contrôle ou l'élimination d'organismes jugés indésirables, qu'il s'agisse de plantes, d'animaux, de champignons ou de bactéries. L’efficacité de ces produits est due à la présence de nombreuses substances actives qui contiennent également des polluants minéraux comme le Pb, As, Cu, Hg et Zn (Alloway, 2004). En 2009, on comptait 200 substances actives autorisées ou en cours d’autorisation. La présence de produits phytopharmaceutiques a été mise en évidence dans tous les compartiments de l'environnement, dans les sols, les eaux des rivières et des nappes phréatiques, dans l'air et dans les eaux de pluie. On les trouve aussi dans les fruits, les légumes, les céréales et les produits d'origine animale. L’AFSSA (2009) a montré que 48 % des fruits et légumes, analysés lors d’une étude, contenaient au moins un résidu de produits phytopharmaceutiques. Ils sont présents sous leur forme initiale mais peuvent aussi être trouvés sous une forme dégradée, on parle alors de résidus ou de métabolites.

Les sols de jardins

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Trois phénomènes sont à l’origine de la présence de produits phytopharmaceutiques et de leurs dérivés dans l’air. Le départ dans l’air peut se faire : – soit par dérive, dès l’application du produit, – soit par l’érosion éolienne des sols traités, sous forme de particules de sols ou de poussières contaminées, – soit par volatilisation sous forme gazeuse à partir des plantes et des sols traités. Une fois dans l’air, ces molécules peuvent être dégradées mais peuvent néanmoins être transportées sur de longues distances. Ces polluants peuvent ainsi contaminer le sol localement, c'est-à-dire le lieu de traitement, mais contaminer un plus vaste territoire. De nombreuses études montrent l’accumulation de résidus de pesticides organochlorés dans le sol, avec des concentrations plus élevées dans les sols urbains que dans les sols agricoles (Carey, 1979). Selon le rapport de l’Observatoire des résidus de pesticides (ORP) (mars 2010), peu de données sont aujourd’hui disponibles sur la présence des pesticides dans les sols à l’exception de la présence de chlordécone dans les Antilles françaises. Toutefois, une étude pilote conduite par l’INRA dans le cadre des travaux du GIS sol a permis d’estimer la faisabilité des mesures de quelques pesticides persistants dans les échantillons de sols collectés par le RMQS. Ainsi, par exemple, les premiers résultats ont permis de montrer que 100 % des 200 échantillons analysés contenaient du lindane. Ces travaux ont également révélé l’existence d’une distribution originale des plus hautes concentrations sous forme de taches marquées dans la région Nord-Pas de Calais. À ce stade, celle-ci n’a pas pu être expliquée ni par les usages agricoles passés, ni par la nature des sols. L’étude réalisée par l’UPJ/CSA (2007) a montré que lorsque les possesseurs de potagers/vergers ont recours aux produits de traitement et d’entretien, que la moitié d’entre eux trouve indispensables, les trois quarts déclarent lire très soigneusement les recommandations d’utilisation et en tenir compte lors de l’application, que ce soit en matière de dosage (84 %), de délai de récolte (81 %) ou de fréquence d’utilisation (77 %). Ces jardiniers cherchent même à privilégier des substances ayant le moins d'impact possible. L’utilisation de substances qui peuvent apparaître comme plus sûres pour l’environnement, acceptées pour la culture biologique, peut néanmoins s’avérer néfaste. Par exemple la bouillie bordelaise, anti-fongique largement répandue pour traiter le mildiou, est une solution de sulfate de cuivre additionnée de chaux, que l'on dose généralement entre 10 et 20 g L–1 d’eau. L’utilisation de ce produit en quantité trop importante peut entraîner une accumulation de cuivre dans le sol. On estime qu’environ 8 000 tonnes de pesticides sont utilisées chaque année dans les jardins amateurs (UPJ/CSA, 2007). De fortes teneurs en ETM ont également été mesurées dans des produits de couverture des sols comme le mulch, les écorces ou les fibres broyées (Girardin, 1994). Enfin, on peut noter que les jardiniers arrosent parfois leurs cultures avec des eaux pluviales de récupération. Ces eaux peuvent se trouver chargées en hydrocarbures et en éléments traces via leur passage dans l’atmosphère mais également via le contenant recueillant ces eaux de pluies et ainsi contaminer le sol receveur et les plantes arrosées.

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Jardins potagers : terres inconnues ?

Les intrants volontaires

Selon une étude suisse réalisée en 199231, l'impact financier de l'usage d'intrants (engrais, supports de culture et produits de traitement) par les jardiniers amateurs est très faible, contrairement à ce qui se passe en agriculture traditionnelle (BUWAL, 1992). Le prix à payer pour un traitement n'est donc pas un frein à son utilisation. Plusieurs millions d'hectares échappent ainsi en Europe à l’encadrement de filières agricoles mais pas à la pollution potentielle. D’un point de vue agronomique et environnemental, l’écosystème jardin peut faire l’objet d’une approche des bilans (e.g., éléments nutritifs, polluants, eau) permettant de raisonner les apports et de discuter des éventuels transferts et accumulations de polluants dans les sols ou d’éviter la sur-fertilisation par exemple. Ceci est schématisé sur la Figure 7.1. Selon Chanaud (2008), les besoins nutritifs des légumes sont très variés. Outre l'azote, le potassium et le phosphore, ils peuvent réclamer du soufre, du magnésium (constituant de la chlorophylle), du calcium (rigidité des tiges et activateur de mûrissement) et des oligo-éléments (e.g., bore, fer, zinc, cuivre). La détermination de ces besoins permet de classer les légumes selon leur degré d'exigence : 31. Étude BUWAL – L'utilisation des engrais, des matières organiques, des supports de culture et des mulchs, des maladies et parasites les plus souvent rencontrés et des traitements mis en œuvre (fongicides, insecticides, désherbants), 1992.

Les intrants volontaires

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Figure 7.1 Apports à la parcelle et flux sortants

(Dumat C., 2011).

– les plantes exigeantes : tomates, courgettes, courges, pastèques, potirons, concombres, piments, poivrons, endives, blettes, choux, céleris et poireaux, – les plantes moyennement exigeantes : aubergines, melons, salades, oignons, radis, carottes, pommes de terre, betteraves, cornichons, épinards, fenouils, salsifis, scorsonères, – les plantes peu exigeantes : haricots, pois, fèves, ails, échalotes, navets. Cependant, il faut aussi intégrer la forme, la taille et la dimension des racines. En effet, les racines des légumes prélèvent dans le sol les éléments nécessaires à leur développement et à la production de la plante, sécrètent des toxines, attirent certains types de prédateurs ou nuisibles. Il est donc logique que, à quelques exceptions près, les légumes ne soient pas installés systématiquement au même endroit, afin de profiter au maximum des avantages liés à la culture précédente et, d’être protégés naturellement des maladies, prédateurs et nuisibles. Le jardinier qui connaît les caractéristiques du sol de son potager, qui note consciencieusement depuis plusieurs années l'implantation des différents légumes cultivés, qui indique précisément les résultats obtenus et les confronte à ceux des années précédentes, saura apporter localement les ajustements nécessaires et établir ainsi un plan de culture susceptible de donner les meilleurs résultats. Ce principe d'implantation, qui tient compte des besoins aériens et souterrains des légumes tout en préservant la nature et les ressources du sol, est une application du principe de la rotation des cultures. Synthétiquement, la rotation des cultures consiste à laisser reposer la terre tout en la faisant produire et en lui permettant de reconstituer ses réserves nutritionnelles. Cette rotation peut être plus ou moins rapide. Il existe des versions de trois, quatre ou cinq ans qui sont communément appelées assolements triennal, quadriennal et quinquennal. L'assolement triennal, très utilisé, se décline de la façon suivante : – année 1 : légume exigeant cultivé, fertilisation avec fumier, compost frais, engrais organiques ou minéraux ;

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– année 2 : plante moyennement exigeante, fertilisation avec compost mûr et un peu d’engrais organique ou minéral ; – année 3 : plante peu exigeante, saupoudrage avec un peu d’engrais. On parle souvent du couple sol-plante ; en plus de l’exigence des cultures, la nature du sol va fortement influencer les apports nécessaires. Les plantes n'ont pas toutes les mêmes besoins et certaines se développeront mieux dans certains types de sol (Tableau 7.1). TABLEAU 7.1 Type de sol Calcaire Argileux Humifère Sableux

Couples sol-plante adaptés (Lis et Bureaux, 2005). Les légumes adaptés à ce type de sol : Carotte, chou pommé, chou de Bruxelles, fève, lavande, persil, romarin, sauge et thym. Chicorée, chou fleur, épinard, haricot, menthe, oseille, pois, rhubarbe et tomate. Aubergine, basilic, cerfeuil, concombre, courge, laitue, melon, piment, poireau et radis. Ail, artichaut, céleri, ciboulette, échalote, estragon, fraisier, navet et pomme de terre

7.1 Engrais minéraux ou organiques Malgré l'assolement triennal, des apports raisonnables d'engrais et/ou d'amendements organiques sont parfois nécessaires pour préserver le potentiel nutritif des sols de jardins cultivés (Chanaud, 2008). Pour être efficace, cet apport ne doit être ni sous-évalué ni surestimé : 120 à 150 g au mètre carré de sol sont généralement suffisants avec des ajustements selon les caractéristiques du sol (texture, teneurs en calcaire et matières organiques et pH). De façon générale, les sols légers (calcaires et sableux) demanderont plus de compléments que les sols lourds (argileux). Le respect des doses préconisées par le fabricant est impératif afin d’éviter les effets nocifs observés sur les plantes aux fortes doses. De plus, la surfertilisation induit des risques de pollution de l’environnement. Selon Lis et Bureaux (2005), certains jardiniers abusent des engrais minéraux afin d’obtenir des végétaux surdimensionnés. Au jardin potager raisonné, les amendements et engrais de fond naturels à décomposition lente seront privilégiés par rapport aux engrais chimiques à action immédiate. L’utilisation ponctuelle de ces derniers sous forme liquide ou solide n’est pas exclue, mais dans un contexte de développement durable, elle doit être réfléchie et ciblée. Chaque légume appartient à une catégorie et a donc des besoins spécifiques. La classification catégorielle des légumes, basée sur leur partie comestible, hors plantes aromatiques ou condimentaires, se décline en huit grands sous-ensembles : – les légumes-feuilles (e.g., laitues pommées, laitues romaines, laitues batavia, laitues à couper, chicorées scaroles, chicorées frisées, chicorées sauvages, endives, choux, tétragones, épinards, mâches, roquettes), – les légumes-tiges (e.g., asperges, cardons, blettes, bettes, poirées, céleris branches ou à côtes, rhubarbes), – les légumes-fleurs (e.g., artichauts, choux-fleurs, brocolis), – les légumes-racines (e.g., betteraves, carottes, céleris-raves, navets, radis, salsifis, scorsonères), – les légumes-bulbes (e.g., ails, échalotes, oignons, poireaux),

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– les légumes-tubercules (e.g., pommes de terre), – les légumes-graines (e.g., fèves, haricots, lentilles, pois), – les légumes-fruits qui produisent des fruits charnus contenant des pépins en leur cœur (e.g., aubergines, concombres, cornichons, courges, courgettes, pastèques, potirons, potimarrons, melons, piments, poivrons, tomates). Le regroupement de sous-ensembles dits proches tels que feuilles et tiges, fruits et graines, racines, bulbes et tubercules a donné naissance à une classification réduite aux légumesfeuilles, légumes-fleurs, légumes-fruits et légumes-racines. Cette classification, bien que simpliste, est la référence dans la mesure où elle est la seule utilisée par la plupart des revues donnant des conseils en jardinage (Tableau 7.2). TABLEAU 7.2

Besoins nutritifs des légumes en fonction des types.

Famille Légumes bulbes et racines Légumes-fruits Légumes-graines Légumes-feuilles et légumes-tiges Légumes-fleurs

Besoins des légumes 1N/1,5P/2K 1N/2P/2K 0N/1P/2K 1N/1P/1K 1N/1,5-2P/2K

Deux groupes d'engrais sont utilisés dans les jardins : les engrais naturels et les engrais synthétiques (chimiques).

7.1.1 Les engrais naturels Ils peuvent être d'origine organique (résidus de végétaux ou d'animaux) ou minérale (roches broyées) et n'ont subi aucune transformation chimique. Pour libérer leurs éléments nutritifs, la plupart des engrais naturels doivent être dégradés par les organismes vivants du sol. Ainsi, en plus de nourrir les plantes, ils stimulent l’activité biologique du sol. Un autre avantage de ce mode de dégradation des engrais est de limiter les risques de lessivage et de brûlure des racines. Bien que la majorité des engrais naturels aient une action lente mais prolongée dans le sol, certains peuvent avoir une action rapide.

7.1.1.1 Engrais naturels organiques Les engrais naturels organiques sont par exemple : os moulu (poudre d'os), farine de viande, farine de sang, farine de plume, farine de crevettes ou de crabes, émulsions de poissons, mélange d'algues et de poissons, algues liquides, farine d'algues, purin de plantes, farine de graines (soja, coton, maïs). Ces produits sont particulièrement adaptés aux cultures réalisées dans le cadre de protocoles d'agriculture biologique. Ils sont conformes aux normes du cahier des charges officialisé par les pouvoirs publics (agriculture bio sous label AB). Ils répondent aux exigences de celui réalisé par Nature et Progrès (commission mixte consommateur/producteur globalement plus stricte que le label AB). Certains d'entre eux sont conseillés en agriculture biodynamique et sont commercialisés sous le label Déméter ou Biodyn. D'autres encore, sont commercialisés sous le label Ecocert après avoir passé avec succès les différentes étapes du contrôle de certification imposé par leur cahier des charges. Les doses indiquées ci-dessous sont données à titre indicatif car des ajustements sont à réaliser en fonction des

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résultats d’analyses, de sol, des besoins des végétaux et des recommandations figurant sur l'étiquette du produit. – La farine de sang (12-2-0)32 est un engrais riche en azote, qui contient un peu de phosphore. Son action est rapide et persistante. Utilisé en complémentarité avec le compost, il faut l'incorporer superficiellement à une dose d’environ 5 kg pour 100 m2. – La farine de plumes (13-0-0) est un engrais libérant de l’azote sur une période d'environ 140 jours. Utilisé en complémentarité avec le compost, il faut l'incorporer superficiellement à une dose d’environ 5 kg pour 100 m2. – La farine de viande et d'os (8-4-0) est un engrais riche en azote et en phosphore et qui peut faire augmenter légèrement le pH du sol. Utilisé en complémentarité avec le compost, il faut l'incorporer superficiellement à une dose d’environ 5 kg pour 100 m2. – L’os moulu (2-22-0) est un fertilisant, très riche en phosphore, qui contient également du calcium. On l'utilise principalement en début de culture, lors du semis, du repiquage et de la plantation. Son action est lente dans le sol : 50 % de l'engrais sont dégradés la première année et le reste en 4 ans. Comme la poudre d'os attire les animaux, certains jardiniers préfèrent la remplacer par du phosphate minéral, aussi connu sous le nom de phosphate de roche. Le phosphate minéral contient 27 % de phosphore (0-27-0), mais seulement 7 % disponibles pour les plantes. Ce produit se dégrade encore plus lentement que la poudre d'os (en 7 ans). Il a également un effet alcalinisant sur le sol car il contient beaucoup de calcium. La poudre d'os peut également être remplacée par la farine de crevettes ou de crabes (8,5-6-0). Les doses généralement recommandées sont : 10 à 25 kg d’os moulu pour 100 m2, 10 kg de phosphate minéral pour 100 m2 et 5 à 10 kg de farine de crevettes ou de crabes pour 100 m2. – La farine d'algues (1,5-0,2-1,3) contient plusieurs oligo-éléments. Elle est utilisée, compte tenu de sa haute teneur en oligo-éléments, de façon modérée pour stimuler la croissance des végétaux et accroître leur résistance. On la mélange au sol au printemps ou on l'incorpore au compost à une dose de 1 kg pour 100 m2. – Les émulsions de poissons (5-1-1 ou 5-2-1 ou 5-4-1) peuvent être employées pour favoriser une reprise vigoureuse des végétaux au printemps ou pour traiter des symptômes de carence en cours de saison. On les utilise surtout en fertilisation foliaire, mais on peut aussi les mélanger à l'eau d'arrosage à une dose d’environ 10 mL L–1 d'eau. – Les extraits d’algues liquides (2-1-0) sont riches en éléments mineurs et en potassium. Elles contiennent également de l'azote, du phosphore, des hormones de croissance, des acides aminés, des antibiotiques naturels et des enzymes. On les emploie pour stimuler la croissance et la floraison des végétaux et augmenter leur résistance aux ravageurs et aux stress (vent, froid, sécheresse, transplantation). Elles peuvent aussi être utilisées pour redonner de la vigueur aux plantes malades ou affaiblies et pour combler les besoins des plantes les plus exigeantes. Les extraits d’algues sont généralement employées en fertilisation foliaire, mais on peut aussi les mélanger à l'eau d'arrosage à une dose d’environ 10 mL L–1 d'eau.

7.1.1.2 Engrais naturels minéraux Les engrais naturels minéraux sont par exemple : basalte (Bio-Roche), Borax, phosphate minéral (phosphate de roche), mica, Solubor, sulfate de magnésium (sel d'Epsom), sulfate 32. Teneurs respectives en azote, phosphore et potassium (N-P-K).

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de potassium et de magnésium (Sul-Po-Mag), nitrate de soude. Les doses suivantes sont données à titre indicatif car des ajustements sont réalisés en fonction des résultats d’analyse de sol, des besoins des végétaux et des recommandations figurant sur l'étiquette du produit : – le sulfate de potassium et de magnésium (Sul-Po-Mag) (0-0-22 ; 22 % S, 11 % Mg) est un engrais à action rapide et riche en potassium, en soufre et en magnésium. Il est utilisé à une dose d’environ 1 kg pour 100 m2, en mélange avec d'autres fertilisants pour ne pas « brûler » les racines des plantes ; – le sel d'Epsom est du sulfate de magnésium (10 % Mg et 13 % S). On l'emploie principalement en fertilisation foliaire pour corriger un problème de carence en magnésium. Il est aussi utilisé pour stimuler la croissance et la floraison des rosiers et accentuer la couleur verte du feuillage à une dose d’environ 5 g L–1 d'eau ; – le basalte (Bio-Roche) (0-0-4), en plus de fournir du magnésium, du calcium, du potassium et des oligo-éléments, est riche en silice, un minéral qui améliorerait la résistance des plantes aux insectes, aux maladies fongiques et à la sécheresse. Le basalte neutralise également les pH trop acides ou trop alcalins et favorise la rétention d'eau et d'éléments nutritifs dans les sols sableux. Il est appliqué au sol ou mélangé au compost à une dose de 10 kg pour 100 m2 ; – le mica (0-0-10) est riche en potassium et en magnésium (20 %). Il est utilisé en mélange avec le compost ou incorporé au sol à une dose de 10 kg pour 100 m2 ; – le borax, très riche en bore, est utilisé à 100 g pour 100 m2 pour corriger un problème de carence. Il doit cependant être utilisé en petites quantités, car il peut facilement devenir toxique. Il existe également des mélanges commerciaux constitués de divers engrais naturels organiques et minéraux (e.g., mélange constitué de farine de plumes, de poudre d'os et de Sul-Po-Mag).

7.1.2 Les engrais synthétiques Ils sont issus de substances transformées chimiquement. Les éléments nutritifs qu'ils libèrent sont immédiatement assimilables par les plantes, sans l'intervention de l’activité biologique du sol. Ainsi, ils nourrissent la plante, mais ils n'améliorent pas la fertilité du sol à plus long terme. Il existe une très grande variété d'engrais chimiques sur le marché. On les trouve sous forme de pastilles, de granules, de bâtonnets, de poudres ou de liquides. Ces engrais ont, pour la plupart, une action rapide, mais certaines formules sont à dégagement lent. L'utilisation de ces dernières est à privilégier car les risques de lessivage et de « brûlure » des racines sont moins élevés. Selon Girardin (1994), un recensement des engrais NPK synthétiques commercialisés a montré qu'il existait une trentaine d’engrais composés pour potagers et également une trentaine de produits pour gazons qui diffèrent par leurs teneurs en N, P et K (e.g., jardin 4-12-8, engrais pour tomates 7-11-17, engrais de départ 7-27-11, engrais à fleurs annuelles 6-7-11, engrais pour vivaces 7-11-11, engrais pour rosiers 7-11-10 ou engrais pour arbres et arbustes 14-7-14). – Le sulfate de magnésium est un engrais inorganique qui se présente sous la forme de cristaux (la kiesérite est le sulfate de magnésium le plus connu), à utiliser uniquement en cas de carence en magnésium sous forme d’épandage ou de pulvérisation foliaire.

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– Le nitrate de soude ou nitrate du Chili est un engrais fortement azoté immédiatement assimilé par les sols humides à utiliser de façon raisonnable. Il « brûle » les plantes s'il est surdosé ou si les apports sont trop rapprochés. – L’ammonitrate est un engrais fortement azoté, qualifié d'engrais « coup de fouet » à action immédiate. Il résulte d'un mélange de nitrate d'ammoniaque et de carbonate de chaux, lequel peut être utilisé en épandage et aussi en pulvérisation foliaire après une mise en solution. – Le nitrate de potasse est un engrais composé azoté et potassé, issu de nitrate mixte de sodium et de potassium à action relativement rapide, des apports raisonnables sont recommandés durant toute la culture. Cet engrais est destiné principalement aux sols pauvres en potasse et azote. – Le nitrate de potassium ou salpêtre est un engrais fortement concentré en potasse, contenant aussi de l'azote ; c’est un engrais pur commercialisé sous forme liquide uniquement. Comburant, il est à stocker loin de toute source de chaleur et/ou d'ignition. – Le sulfate d'ammoniaque est un engrais ammoniacal fortement azoté ; l'ammoniaque se transforme rapidement en nitrate dans les sols chauds. C’est un engrais « coup de fouet » par excellence, pouvant être utilisé en apport liquide, excellent activateur de compost, il convient bien aux sols argileux si les dosages préconisés sont respectés. – Le superphosphate de chaux est un engrais à base de phosphates, ne fournissant pas de chaux. A action rapide, soluble, souvent utilisé en association avec du fumier ou du sulfate de potasse dans tout engrais composé et complet, il est utilisable dans les semis et les cultures de tubercules et efficace pendant 3 à 4 mois. – Le sulfate de potasse est un engrais fortement potassé constituant la meilleure façon d'apporter de la potasse dans la plupart des cultures. Il s'emploie avant la mise en culture, soluble et utilisable à faible dose en pulvérisation foliaire, il agit rapidement et reste actif pendant 2 à 3 mois. Dans certaines régions du Nord et de l'Est de la France, certains cultivateurs se procurent auprès des quelques aciéries toujours en activité des scories Thomas. Après mouture, ces scories donnent un engrais très recherché, surtout pour sa très forte action fertilisante. Quelques rares distributeurs proposent ce produit en poudre, mais attention, surdosé ou mal épandu, il « brûle » le feuillage et les racines. Cette pratique a tendance à disparaître peu à peu. Selon Girardin (1994), année après année, ces apports de fertilisants peuvent entraîner un enrichissement du sol en phosphore (P), en potassium (K). Les sols de jardins auraient une teneur moyenne en phosphore dix fois supérieure à celle des terres de grandes cultures. La même remarque peut être faite pour le potassium. Malgré sa mobilité faible, le potassium peut être lixivié. De plus, un excès de potassium dans les sols peut entraîner un déséquilibre du rapport (K/Mg) et provoquer des carences en magnésium (Mg). En moyenne, les apports totaux d'azote (N) et de phosphore (P) effectués sont trois fois, et deux fois pour les apports en potassium (K), plus importants que les besoins des plantes cultivées. Compte tenu de l'utilisation de compost et de fumier au jardin, l'apport d'azote sous forme organique ou minérale est souvent inutile. En ce qui concerne le phosphore et le potassium, les apports d'engrais ne sont pas toujours justifiés. La fourniture en ces éléments par les matières organiques et les cendres couvrent souvent très largement les besoins des légumes, des fleurs et des plantes à baies.

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7.2 Amendements organiques et amendements inorganiques Les amendements permettent de corriger les propriétés de structure ou de pH du sol, alors que les engrais apportent rapidement des éléments nutritifs. Les matières organiques du compost ou du fumier remplissent les deux fonctions : formation du complexe argilohumique et libération des éléments (N, P, K et oligo-éléments) par minéralisation (Lis et Bureaux, 2005). Les amendements calcaires ou calco-magnésiens (e.g., lithothamne) sont généralement utilisés sur les sols trop acides. Des apports réguliers de compost ou fumier bien décomposé permettent d’améliorer les sols lourds, trop argileux. Les amendements organiques peuvent être achetés en jardinerie, récupérés chez un éleveur ou réalisés par ses propres soins. Ils s'utilisent en complément d'engrais et contribuent à reconstituer les réserves du sol en permettant de ne pas briser son cycle biologique. Ils sont incorporés dans le sol lors du labour automnal ou de réveil printanier. Les bactéries et microorganismes contenus dans le sol vont lentement décomposer ces amendements et les transformer en nutriments et en une quantité plus ou moins importante d'humus. Si un produit organique trop peu décomposé est apporté au sol, il peut provoquer sur les cultures un effet dépressif. Ce phénomène est connu des agriculteurs lorsqu’ils enfouissent des pailles suite à une récolte de céréales : la culture suivante connaît alors une « faim d’azote ». C’est-à-dire que l’azote du sol est consommé par les phénomènes liés à l’évolution de la matière organique fraîche apportée (minéralisation et humification) et ce, au détriment des cultures présentes sur le terrain (pas d’azote phytodisponible). De même, l’enfouissement de tontes de gazon non décomposées est déconseillé car des pourritures et moisissures peuvent apparaître.

7.2.1 Composts Les composts (Chanaud, 2008 ; Lis et Bureaux, 2005) résultent de mélanges plus ou moins élaborés de différents déchets organiques (e.g., écorces broyées, déchets de culture et déchets verts). La plupart des déchets organiques sont susceptibles de produire du compost, mais les feuilles mortes, les épluchures de légumes, les restes de nettoyage des légumes, les coquilles d'œufs, le marc de café, les surplus de cultures potagères ou florales et les tontes de gazon restent les éléments basiques d'un bon compost. En effet, la quantité et la qualité des matériaux utilisés affectent le processus et les propriétés du produit fini. Si le carbone est en excès, la décomposition est ralentie et l'azote vite consommé. Si l'azote est en excès, il peut y avoir transfert de l’azote dans l'atmosphère, en causant une odeur déplaisante, ou transfert dans les eaux et ainsi entraîner une pollution. Le rapport C/N idéal d’un compost est de 25 à 30. La chaux, les coquilles d'œufs ou d'huîtres broyées, la poudre d'os ou les cendres de bois peuvent être utilisées pour diminuer les odeurs. Généralement, les matériaux humides et verts sont riches en azote alors que les matériaux secs et brunâtres sont plus riches en carbone. Les composts ou fumiers d'origine végétale demandent entre six mois et un an avant d'être correctement décomposés. Composter les déchets permet de rendre au jardin une partie non négligeable d’éléments nutritifs et contribue à la sauvegarde de l’environnement tout en faisant des économies d’amendements et engrais du commerce. Cependant, le compostage doit être réalisé correctement pour obtenir un compost mature, exempt de germes pathogènes (maladies cryptogamiques) ou d’espèces nuisibles (limaces, escargots, courtilières, plantes adventices) et éviter les problèmes d’odeur gênants pour le voisinage. Des additifs, disponibles dans le commerce, peuvent être utilisés comme activateurs de compost. Ils contiennent des bactéries vivantes et

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des enzymes qui activent le processus de décomposition des matières. Le purin d’ortie, par exemple, apporte de l’azote et des micro-organismes. Les composts ont un rôle physique sur les caractéristiques du sol. Le compost est un améliorant structurel (amendement) : il améliore la structure du sol, aère les terres lourdes et argileuses en facilitant le drainage et assure la fonction de rétention d’humidité pour les sols légers et sableux. Il garantit une bonne perméabilité à l’eau, à l’air et favorise le développement des racines dans le sol. Un épandage de 2 à 15 kg de compost au mètre carré est requis selon la richesse du sol, en automne pour les sols lourds (argileux) et au printemps pour les sols légers (sableux ou calcaires). Les composts, associés à des fumiers décomposés, peuvent également avoir un rôle de démarrage de fertilisation ou d’entretien. Riche en azote, le compost doit être mélangé avec la terre du jardin. La matière organique en décomposition dynamise la vie microbienne du sol et fournit ainsi des éléments nutritifs aux plantes. Sa couleur foncée renforce la capacité d’absorption des rayons solaires et favorise le réchauffement du sol. Le recyclage des déchets organiques est entré dans les mœurs des jardiniers (Girardin, 1994). En Suisse, 92 % des jardiniers interrogés fabriquaient leur propre compost (enquête BUWAL, 1992). Compte tenu de la teneur moyenne en N, P et K des composts, la grande majorité des jardiniers couvrent les besoins de leurs légumes en ces éléments avec 3 kg de matière fraîche m–2 an–1. De 10 à 15 % des jardiniers apportent un excès de fumure uniquement à cause de l'emploi de compost à doses trop élevées. En effet, entre 25 et 35 % des personnes interrogées achètent du fumier séché et plus de la moitié de ces utilisateurs apporte plus d'éléments nutritifs que n'en nécessite la croissance de leurs légumes et fleurs.

7.2.2 Fumiers Ce sont des produits organiques provenant des restes de litière, déjections et urines des animaux (Lis et Bureaux, 2005 ; Chanaud, 2008). Les fumiers se répartissent en deux grandes familles : les fumiers de ferme (e.g., cheval, mouton, brebis, vache, porc) et les fumiers de basse-cour (e.g., lapin, poule). Les fumiers de ferme sont à apporter frais lors des labours automnaux à raison de 4 à 5 kg maximum au mètre carré. Selon le type d'élevage et le mode d'alimentation des animaux, les nitrates et dérivés nitreux piégés par les fibres de la paille peuvent présenter un danger pour les nappes phréatiques (c’est en particulier le cas des fumiers de porcs). Les fumiers de basse-cour sont très riches en éléments nutritifs et bien plus concentrés que ceux de ferme. De plus, leurs teneurs en acides nitrique et ammoniacal a tendance à « brûler » les racines des plantes.

7.2.3 Purins végétaux Ces purins végétaux (e.g., ortie, prêle, consoude) sont riches en azote et en potasse et sont issus de macérations de végétaux (Lis et Bureaux, 2005 ; Chanaud, 2008). Ce sont des stimulants ou protecteurs des cultures. Ils peuvent être utilisés sur la plupart des légumes, même en période estivale et présentent l'avantage d'apporter des éléments nutritifs en solution et d'être directement assimilés par les feuilles (pulvérisation) ou racines (arrosage) des plantes.

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7.2.4 Quelques autres amendements organiques D’après Lis et Bureaux (2005) et Chanaud (2008), il existe encore beaucoup d'autres amendements organiques. – Le mélange de fumiers et d'algues est un des fertilisants les plus répandus. Il est commercialisé sous diverses contenances et fait partie d'une gamme complète de produits certifiés bio qui se décline en de nombreux mélanges de fumiers de ferme, de fumiers de cheval, de tourbes blondes, d'algues et de guano. L'Or Brun est sur le point de devenir un nom générique pour désigner le fertilisant organique de référence. – Le marc de raisin est fréquemment utilisé par certains viticulteurs et exploitants agricoles pour assouplir les sols trop argileux. C'est un amendement à décomposition lente et efficace à forte dose mais inadapté au potager, d'autant plus qu'il attire quelques nuisibles (courtilières, taupins). – Les drêches de houblon : dans certaines régions du Nord et de l'Est de la France, certains cultivateurs vont à la brasserie les récupérer pour fumer leur potager. – Les copeaux de bois : pendant longtemps, certaines personnes qui avaient leur potager près d'une scierie ont utilisé de la sciure, des copeaux de bois, de l'écorce concassée (surtout de résineux) pour améliorer les capacités de rétention d'eau et de drainage du sol. Ce genre d'amendement présentait plus d'inconvénients que d'avantages : il est long à se décomposer et contient parfois des produits phytopharmaceutiques hautement toxiques.

7.2.5 Paillage, mulch et bois raméal fragmenté Selon Chanaud (2008), à l'état naturel, le sol est le plus souvent recouvert par la végétation. Or, un sol dénudé est exposé aux intempéries aux ruissellements et à l’érosion, et se dégrade plus rapidement, d'où l’intérêt de couvrir le sol. Le paillage correspondait jadis à une couche de paille, épaisse de quelques centimètres répandue sur le sol. Les jardiniers emploient maintenant ce terme, ainsi que les termes de « mulch » ou « mulching » pour désigner une couche d’autres matières que la paille recouvrant la surface du sol. Le paillage maintient la fraîcheur du sol en faisant obstacle à l’évaporation ; il réduit aussi le tassement du sol par les arrosages mécaniques (Lis et Bureaux, 2005) ainsi que la concurrence de la végétation adventice. Les matériaux utilisés pour le paillage sont très variés : déchets de tonte de gazon (riches en azote), déchets de tailles broyés, feuilles d’arbres, orties, fumiers peu décomposés, paillages du commerce : écorces de pin (utilisées pour les plantes acidophiles et déconseillées au jardin), paillettes de chanvre ou lin, coquilles de fève de cacao, sciure de bois et copeaux, marc de café, paillage plastique. Selon Girardin (1994), ces divers matériaux pourraient parfois être sources de polluants. Les bois raméaux fragmentés (BRF)33 sont également parfois utilisés. Selon Asselineau et Domenech (2007), ils permettraient de réaliser des cultures sans labour et de réduire les apports d’engrais et d’eau en agissant en particulier sur le stock de matières organiques humifiées des sols. Des branches fraîchement broyées et apportées à la surface du sol induiraient des mécanismes existant dans les forêts qui favoriseraient l’activité de la pédofaune et pédoflore. Les rameaux de bois (dont le diamètre est inférieur à 7 cm) peuvent être récupérés auprès des élagueurs (sauf ceux des résineux qui apportent de l'acidité au sol). 33. Informations complémentaires disponibles sur le site : http://www.lesjardinsdebrf.com/.

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7.3 Engrais verts Les engrais verts sont à la fois des plantes et des intrants. Selon Lis et Bureaux (2005), les engrais verts sont des plantes semées en place et labourées avant leur montée à graines. Leurs racines ameublissent la terre et leur décomposition dans le sol après labour enrichit le sol en matières organiques et éléments nutritifs disponibles pour les plantes. Les Grecs enfouissaient des fèves des marais ; les Romains cultivaient le haricot et le lupin pour amender le sol ; les Chinois connaissaient la valeur fertilisante du gazon et des adventices. Efficace pour améliorer la fertilité des sols, une utilisation intense des engrais verts peut même éliminer le besoin d’importer des fertilisants (compost, fumier, farines animales). Le terme anglais « green manure » signifie littéralement « fumier vert ». Les principales plantes utilisables au jardin familial sont la moutarde blanche, la féverole, le trèfle violet, la phacélie (plante mellifère très prisée des pollinisateurs), la vesce commune, le mélilot, le sainfoin et le colza fourrager. – Les Poacées (seigle, avoine, ray-grass, millet japonais, sorgho) s’établissent rapidement et vigoureusement. Leur système racinaire fasciculé (ayant nombre de ramifications dans les premiers centimètres du sol) absorbe rapidement les nutriments et favorise la formation d’une structure grumeleuse. – Les Fabacées (trèfle, luzerne, mélilot) peuvent fixer jusqu’à 150 kg ha–1 d’azote grâce à des bactéries (rhizobium) associées à leurs racines. Un engrais vert de légumineuses produisant 3 000 kg ha–1 contient environ 90 kg d’azote, dont un pourcentage allant jusqu’à 90 % provient de la fixation symbiotique. Il faut toutefois inoculer les semences pour s’assurer de la présence des bactéries. – Les Brassicacées (moutarde blanche, vesce velue, féverole, radis fourrager, colza) sont vigoureuses et produisent une forte biomasse. Elles poussent plus longtemps à l’automne, mais doivent être implantées avant fin août. – Les vivaces (trèfle rouge, mélilot, seigle d’automne) ont l’avantage de survivre à l’hiver. Elles ont de ce fait le temps de développer un système racinaire profond pouvant remonter les nutriments à la surface. Favorisant la structure des sols, elles permettent de garder active la faune et la flore du sol toute l’année. – Les mélanges d’espèces permettent de conjuguer les bénéfices de plusieurs plantes. Dans un mélange Poacées-Fabacées, les Poacées puiseront rapidement l’azote du sol, forçant les Fabacées à en fixer davantage pour répondre à ses propres besoins. Les mélanges permettent aussi de prolonger la saison de croissance, comme un sarrasin en fin d’été associé à une Brassicacée. Celle-ci continuera à croître après la destruction du sarrasin dès le premier gel. – Par leur diversité biologique et l’abondance de racines plus âgées, les prairies ou engrais verts de longue durée (plus d’un an) créent une litière précurseur d’humus stable. Elles rendent disponibles de nouveaux éléments nutritifs et fixent une grande quantité d’azote : jusqu’à 203 kg ha–1 dans un mélange d’avoine, dactyle, brome, fétuque et trèfle. En effet, les engrais verts de courte durée se décomposent très rapidement favorisant la vie et la minéralisation, mais ne contribuent pas à un accroissement notable du sol en matières organiques. Seules les matières ligneuses ont cette propriété. Les prairies temporaires représentent actuellement une bonne solution pour entretenir les sols de jardin.

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Selon Chanaud (2008), les engrais verts stimulent l'activité biologique et la vie microbienne en régénérant l'écosystème des différentes strates du sol. Ils améliorent la structure du sol et le protègent contre le lessivage et l'érosion. Ils accélèrent la minéralisation de l'humus (stimulation microbienne) et apportent de l'humus jeune beaucoup plus actif. Ils livrent des éléments fertilisants sous forme organique facilement assimilable par la culture suivante tout en produisant des compléments (e.g., vitamines, oligo-éléments, auxines, antibiotiques, acides organiques) qui ont une action favorable sur la croissance des plantes et sur leur résistance aux maladies et parasites. Ils augmentent la capacité globale du sol à supprimer les agents pathogènes tout en l'enrichissant en azote, ils contribuent à la destruction des adventices.

7.4 Supports de culture Les supports de culture (e.g., terreau de feuilles, terre de bruyère, tourbe) ont pour but de recréer artificiellement la nature d’un sol, ils n’ont pas d’action fertilisante marquée. Ils sont destinés à être utilisés en pots et jardinières. La tourbe est un produit brut et naturel par son évolution et sa composition. Son utilisation excessive contribue toutefois à la dégradation des tourbières (Lis et Bureaux, 2005). De nombreux jardiniers surestiment le pouvoir améliorant de ce type de produit et utilisent de la tourbe, de la terre végétale ou de la terre de bruyère, comme un amendement.

7.5 Pesticides et autres moyens de traitement des maladies et parasites Les pesticides constituent, avec les engrais, le groupe des intrants dits « volontaires ». Ils sont en effet appliqués par les jardiniers pour protéger leurs cultures et, ceci dans des proportions relativement importantes. Les ravageurs les plus communs dans les jardins sont les pucerons (un problème pour les trois quarts des jardiniers) et les limaces (60 % des producteurs amateurs de légumes s'en plaignent). Viennent ensuite la « mouche blanche », les fourmis, la teigne du poireau, et des maladies : e.g., le mildiou sur tomate, l'oïdium sur rosiers et cucurbitacées (Girardin, 1994). En outre, les pesticides servent à éliminer les adventices ou « mauvaises herbes ». Cette partie s’est attachée à répondre aux questions suivantes : – Quels sont les pesticides disponibles aujourd’hui pour les jardiniers amateurs et quels usages en font-ils ? – Quelles sont les principales substances retrouvées dans les plantes et les sols ? – Quelles sont les alternatives aux pesticides chimiques ? Le terme « pesticide » désigne les substances ou les préparations utilisées pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes jugés indésirables tels que certaines plantes, champignons et bactéries. Utilisés en agriculture et jardinage sous le terme « produits phytosanitaires », ils sont destinés à la protection des végétaux cultivés. Les produits pour les jardiniers amateurs, bien qu’évalués un peu différemment des produits à usages agricoles, relèvent du cadre réglementaire général des produits phytosanitaires (directive 91/414/CEE et maintenant le règlement (CE) N° 1107/2009, applicable à compter du 14 juin 2011). Le récent rapport (mars 2010) de l’ORP fournit des informations détaillées sur ces produits. Ils se répartissent en quatre familles :

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Jardins potagers : terres inconnues ?

– les herbicides, destinés à la lutte contre les adventices ou au désherbage. C’est la principale famille de pesticides et celle pour laquelle les usages sont les plus diversifiés. Selon l’usage, les jardiniers amateurs, ainsi que les jardineries et ouvrages spécialisés, distinguent : • les désherbants totaux, qui détruisent toute la végétation spontanée. La substance active de ces produits est très généralement le glyphosate ; • les désherbants sélectifs, qui détruisent seulement les plantes indésirables, et conservent la culture (e.g., désherbants sélectifs des gazons qui conservent les graminées, désherbants spécial fraisier) ; – les insecticides, destinés à lutter contre les insectes ravageurs ; – les fongicides, pour préserver les végétaux des maladies cryptogamiques (mildiou, oïdium) ; – les rodenticides, acaricides, molluscicides, hélicides et nématicides.

7.5.1 Pesticides et législation Selon l’ORP, une centaine de matières actives sont fréquemment utilisées pour la composition de 500 produits « autorisés » en jardins amateurs. Pour sécuriser l’emploi des produits phytosanitaires par les usagers amateurs, les pesticides commercialisés à l’intention des jardiniers doivent, depuis 2004, être porteurs de la mention « Emploi autorisé dans les jardins ». Cette mention est attribuée par le Ministère en charge de l’agriculture, sur proposition du groupe « Classement et étiquetage » de la Commission d’étude de la toxicité. Deux critères sont pris en compte : – un critère lié à l’utilisation : les autorisations de commercialisation des substances actives phytosanitaires sont toujours délivrées en lien avec un usage référencé. Ainsi, tous les usages des pesticides sont référencés, et y sont rattachés les produits autorisés ; – un critère de classement toxicologique : les produits contenant des matières actives classées très toxiques, toxiques, explosives, cancérogènes, mutagènes ou toxiques et nocives pour la reproduction ou le développement sont exclus de l’utilisation. Depuis 1996, 40 % des produits phytosanitaires ont été retirés du marché « amateurs » sur ce critère. Le Ministère en charge de l’agriculture publie une liste des produits phytosanitaires34 qui mentionne ceux qui ont été interdits (mention EAJ), ou dont le statut est en cours d’instruction. Cette liste indique également l’usage pouvant être fait des produits associés.

7.5.2 Les principales substances actives utilisées Aucune information récente ne concerne les principales substances actives utilisées pour chaque type de produits. Le Poursot (1999) a tenté de déterminer les substances actives les plus utilisées dans les jardins amateurs. Pour cela, un inventaire des produits disponibles chez les distributeurs a été réalisé, avec leur composition. Une enquête auprès des jardiniers a ensuite permis de déterminer quels produits étaient les plus utilisés, et d’en déduire les substances actives les plus courantes (Tableau 7.3). 34. Liste disponible à l’adresse suivante : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/, (menu/emploi autorisé dans les jardins).

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TABLEAU 7.3

Substances actives les plus utilisées dans les jardins amateurs.

Herbicides

Insecticides

Fongicides

Glyphosate Diuron MPCA Hexazinone

Cyperméthrine Dicofol Carbaryl Malathion

Mancozèbe Manèbe Propiconazole Zinèbe

Cependant, ces résultats datent de 1999 et certaines de ces substances ont depuis été interdites. Selon Le Poursot (1999), pour une étude de terrain, la sélection des substances à étudier en priorité doit prendre en compte les critères : la vitesse de dégradation et la facilité d’extraction et d’analyse. Ce type d’information est pour partie disponible dans le livre « The Pesticides Manual » (Tomlin, 2006) et dans les bases de données type Toxnet35. Plus récemment un rapport de l’ORP (2010) apporte des éléments d’informations récents sur les résidus de pesticides en France.

7.5.3 Niveau d’utilisation : quels usages, quels tonnages ? D’après l’ORP, en 2004, 76 000 tonnes de pesticides ont été commercialisées en France. D’après le rapport de 2010 du même observatoire, plusieurs sources de données concernant les usages sont disponibles : – la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et le plan Ecophyto 2018 qui conduisent à dire que les usages non-agricoles de produits phytosanitaires représentent 10 % des ventes annuelles, soit environ 8 000 tonnes ; – l’UPJ qui parle de 5 % des ventes : 1 150 tonnes pour les collectivités et la SNCF et 1 500 tonnes pour les jardiniers amateurs (ce chiffre ne prend pas en compte le chlorate de soude). Si les étiquettes des produits phyosanitaires commercialisés apportent clairement l’information sur la concentration en substance active, les données disponibles dans la littérature sur les tonnages des produits phytosanitaires font souvent une confusion entre substance active et produit. Les facteurs de conversion pour passer de la substance active au produit commercial proposés par l’ORP sont : – pour les produits agricoles : × 2 ; – pour les produits jardiniers amateurs : × 8. Les produits phytosanitaires utilisés par les jardiniers sans équipements de protection individuels sont donc en conséquence beaucoup plus dilués. Les tonnages de substances actives commercialisées ne sont pas disponibles. En effet, en France, les chiffres des ventes de pesticides publiés par l’Union des industries pour la protection des plantes (UIPP) sont très globaux. Les tonnages par famille, fournis par l’UPJ pour l’année 2000, sont les suivants : – – – – –

7 078 tonnes d’herbicides (dont 994 tonnes de substances actives), 223 tonnes d’insecticides, 765 tonnes de fongicides, 2,5 tonnes de rodenticides 240 tonnes d’autres produits.

35. TOXNET – Ensemble de bases de données sur la toxicologie, les produits chimiques dangereux, les impacts environnementaux et les rejets toxiques (http://toxnet.nlm.nih.gov/).

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D’après l’ORP, il existe peu ou pas d’études françaises ou européennes sur les usages domestiques des pesticides. Les conclusions de l’étude réalisée par Le Poursot (1999) sur 100 jardiniers sont que ces jardiniers utilisent un nombre limité de produits différents et respectent les doses prescrites. L’enquête UPJ/CSA (2007) mène à des conclusions identiques : 76 et 69 % des jardiniers déclarent lire très attentivement les informations sur les doses à appliquer et les fréquences d’application. Ceci démontre un progrès des jardiniers ces dernières années. En effet, Girardin en 1994 dénombrait, suivant le principe actif considéré, entre 25 et 50 % des utilisateurs ayant employé un fongicide à des doses supérieures aux doses maximales conseillées. Cette proportion pouvait atteindre 90 % pour les insecticides, avec pour ces derniers des doses relevées jusqu'à 50 fois supérieures à la dose conseillée. En ce qui concerne les molluscicides (à base de métaldéhyde à 3,5 %), les doses utilisées (11 g de granulés m–2) se situaient très souvent bien au-delà des doses conseillées (1 g m–2). En ce qui concerne les herbicides, les doses utilisées étaient assez proches des doses conseillées, avec cependant de fortes disparités. Les produits phytosanitaires sont largement utilisés par les jardiniers amateurs : un jardinier sur deux les jugerait indispensables (UPJ/CSA, 2007). D’après Girardin (1994), 85 % des propriétaires de jardins familiaux et la quasi-totalité des personnes possédant un jardin privé ont utilisé au moins un produit de traitement et 13 % d'entre elles plus de 6 produits. Des données chiffrées concernant les pays d’Amérique du Nord, montrent que les pesticides sont présents dans 82 à 90 % des ménages, avec en moyenne 3 à 4 produits différents, dont 75 % sont des insecticides utilisés à la maison et 22 % des produits de jardins. La récente étude « Jardivert » (commanditée par le Ministère en charge de l’environnement en amont de la campagne de sensibilisation lancée en mai 2010 à destination des jardiniers amateurs sur le thème « Les pesticides, apprenons à nous en passer ! ») conclut sur les dangers potentiels des produits phytosanitaires sur la santé et l’environnement. Initié à la suite du Grenelle de l’Environnement, le plan Ecophyto 2018 vise à réduire progressivement l’usage des pesticides en France de 50 %, si possible, d’ici à 2018, car la plupart des pesticides ne sont pas sélectifs et ont un effet délétère sur la biodiversité. Avec 78 000 tonnes de pesticides utilisés en 2008, la France est le premier consommateur européen de pesticides et le quatrième au niveau mondial. Parmi les 17 millions de Français qui jardinent, 32 % seulement associent le qualificatif dangereux aux pesticides et 20 % considèrent que ces produits ne présentent aucun danger. Pour inciter les jardiniers amateurs à changer de comportement et à prendre conscience des risques que comportent les pesticides pour la santé et l’environnement, le Ministère en charge de l’écologie a donc lancé une campagne de sensibilisation nationale. Cette campagne, intitulée « les pesticides, apprenons à nous en passer ! » a été lancée en mai 2010 pour une durée de 3 ans. Une étude comportementale36 a identifié trois profils de jardiniers amateurs utilisateurs de pesticides : – le « producteur », retraité en milieu rural possédant un potager de plus de 500 m2. Il a conscience du danger que représentent les produits phytosanitaires, mais utilise des pesticides pour assurer une production régulière et élevée. Cette catégorie qui pourrait involontairement être à l’origine en particulier de l’exposition des jeunes enfants de la famille a été qualifiée de « papis toxiques » ; 36. Étude Jardivert - Étude comportementale sur les jardiniers amateurs face à l’usage des produits phytosanitaires, 2010.

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– « l’hédoniste » de 30 à 50 ans, profil plutôt féminin ou jeunes couples, possédant un jardin dont la surface est comprise entre 200 et 500 m2. Il a généralement conscience du risque et utilise des pesticides ponctuellement en cas de besoin ; – le « désimpliqué » plutôt urbain, 50 ans, possédant un petit jardin perçu comme un lieu de détente, ayant recours à la sous-traitance. Il a recours aux pesticides par nécessité sans avoir réellement conscience du danger.

7.5.4 Les alternatives aux pesticides chimiques Aujourd’hui, la majorité des ouvrages disponibles en librairie sont des guides proposant des moyens alternatifs de protection des cultures et d’amélioration des récoltes. En 1994, les produits à base de plantes ont été utilisés par 40 % des personnes interrogées. Néanmoins, plus de la moitié des jardiniers employaient déjà des méthodes de lutte mécanique (e.g., pièges, filets, utilisation de sciure, cendres et barrière). Il est à signaler qu'aujourd'hui en Suisse, et en Allemagne depuis 1986, il n'est plus possible de trouver sur le marché des produits mixtes (e.g., insecticides + fongicides). Les différentes alternatives aux pesticides sont : – la lutte intégrée : elle est coûteuse et difficile à mettre en place sur de petites surfaces, donc peu évoquée voire déconseillée par certains livres de jardinage ; – les produits de traitement biologiques dont les substances actives sont d’origine naturelle ; – les purins et décoctions de plantes : ils ont une action fertilisante et pour certains des propriétés insecticides ou de stimulation des défenses naturelles des cultures ; – les associations et rotations de cultures permettent de maintenir un sol sain et fertile et de faire bénéficier une plante des effets bénéfiques d’une autre. Les principaux produits de traitement biologique disponibles en jardinerie et mentionnés dans les ouvrages spécialisés sont listés ci-dessous : – bouillie bordelaise : fongicide efficace constitué d’un mélange de chaux et de sulfate de cuivre ; – soufre : il peut être mélangé avec la bouillie bordelaise pour un traitement plus complet des arbres fruitiers et de la vigne, notamment. C’est un traitement curatif mais surtout préventif contre l'oïdium et la tavelure du pommier ; – roténone : un insecticide végétal issu des racines de différentes plantes tropicales. Commercialisé sous forme de poudre ou de liquide, il est utilisé contre les pucerons, les chenilles et d'autres petits parasites (e.g., tenthrèdes, vers des framboises, acariens). La roténone est cependant nocive pour l’Homme et dangereuse pour certains insectes auxiliaires ainsi que certains animaux à sang froid. Elle a donc été interdite par la Commission européenne. En France, pour les jardiniers amateurs, la distribution de la roténone a été interdite à partir du 15 mai 2009, et son utilisation, dès octobre 2009 ; – pyréthrine : provenant des fleurs de chrysanthème et utilisée contre les pucerons, les chenilles et différents insectes ; – Bacillus thuringiensis : ce produit est vendu sous la forme d'une poudre contenant spores et cristaux protéiniques de la bactérie Bacillus thuringiensis, une maladie naturelle des chenilles. On le pulvérise sous forme de bouillie sur les plantes attaquées par les chenilles ;

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– Trichoderma : les spores du champignon Trichoderma viridae sont efficaces pour enrayer les parasites des arbres fruitiers et de la vigne. Ils sont vendus en poudre ou en granulés ; – chaux : le « blanc » ou « badigeon », utilisé depuis des siècles pour protéger les troncs des parasites, champignons, mousses et lichens. Les purins généralement cités sont les purins d’ortie, de consoude, de sauge et de sureau. Comme décoction, on peut citer le citron, la menthe et le noyer. Leur action est souvent assez spécifique (e.g., pucerons, fourmis et araignées rouges) et nécessite de savoir reconnaître l’insecte ravageur. D’autres préparations utilisées sont les jus d’ail ou d’oignon, le jus de tanaisie ou de magnésie. Ces dernières ont un effet contre les maladies cryptogamiques. Le savon noir et l’eau de javel sont aussi recommandés. D’autres préparations agiraient en stimulant les défenses naturelles des plantes. Ces produits sont recommandés par de nombreux ouvrages récents concernant le jardinage biologique. Cependant, les mécanismes d’action de ces produits sont encore mal connus. Les associations de cultures et l’utilisation de plantes compagnes constituent une autre approche de la protection des cultures. Selon de nombreuses expériences empiriques, certains légumes se complètent bien et d’autres sont à éloigner. Ces relations sont couramment appelées compagnonnage. Les légumes « amis » tirent des bénéfices l’un de l’autre : stimulation de la croissance, amélioration des qualités gustatives, ou encore conservation d’un bon état sanitaire. Pratiquer le compagnonnage des légumes permet d’améliorer leur état sanitaire sans utiliser de pesticides. Les mécanismes d’interaction entre légumes sont encore mal connus. Il pourrait s’agir de stimulation des défenses naturelles des plantes d’éloignement des ravageurs ou d’amélioration de la biodisponibilité de certains nutriments. Gagnon (2008) fait une distinction entre légumes amis et compagnons : les compagnons auraient une relation de complémentarité bilatérale, alors que la relation entre amis seraient plutôt unilatérale. Cependant on trouve aussi l’utilisation de ces deux termes avec une signification identique. Voici quelques exemples : – l'aubergine est protégée des doryphores par les légumineuses et plus particulièrement par les haricots verts ou blancs nains. Elle apprécie la présence de pieds de basilic et de tagètes qui éloignent ou piègent les insectes aériens piqueurs et terrestres rongeurs responsables de la fragilisation des pieds et des arrêts de croissance et de production ; – les carottes sont les compagnes idéales des oignons et des poireaux. Leurs odeurs spécifiques font fuir les mouches et teignes propres à chacun de ces trois légumes. La sauge et le romarin sont de bons amis des carottes puisque ces plantes aromatiques font fuir la mouche de la carotte ; – les choux n'ont pas de vrais compagnons. Toutefois, ils apprécient grandement la présence à leurs côtés des tomates qui leur font ombre et dont l'odeur fait fuir les aleurodes et autres mouches. La présence de plants de céleris ou de plantes aromatiques du type basilic, thym, sauge ou menthe près des choux éloigne la piéride. Il a été montré que la diversification des cultures entourant le chou induisait une réduction de la colonisation par les ravageurs, ainsi qu’un déplacement des lieux de pontes (Hooks et Johnson, 2003). On peut aussi introduire au jardin des plantes non comestibles qui éloignent les ravageurs ou attirent les insectes utiles (e.g., coccinelles, papillons, bourdons, abeilles solitaires). Le souci, par exemple, éloigne de nombreux ravageurs. D’après les observations réalisées dans les jardins, l’association souci + légumes est couramment pratiquée.

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De plus, l’association des cultures participe à faire des jardins amateurs des supports et conservatoires de la biodiversité en milieu urbain.

7.6 Conclusion En conclusion, de nombreux intrants volontaires (avec toutes les combinaisons possibles des divers produits) sont utilisés de façon plus ou moins raisonnée dans les jardins. Ces produits vont influencer le fonctionnement biologique des plantes (e.g., croissance, santé) et les transferts de polluants, pouvant induire de fortes hétérogénéités spatiales de la qualité des sols et des productions. La mesure d’un paramètre agronomique ou d’une concentration en polluant dans un jardin devra donc être accompagnée des informations relatives aux apports volontaires sur la parcelle afin de discuter des mécanismes mis en jeu. Partant de la constatation que les propriétaires de jardins sont plus tolérants quant à l'aspect extérieur des légumes et des fruits que ne peuvent l'être les maraîchers et arboriculteurs professionnels (enquête BUWAL, 1992), il a été fait les recommandations suivantes aux jardiniers amateurs : – 3 kg de matière fraîche de compost par m2 suffisent à couvrir les besoins des plantes cultivées au jardin (potager ou plates-bandes de fleurs). Il faut retourner régulièrement le compost, l'abriter des pluies, l'épandre au bout de 3 à 6 mois. En terrain pauvre, on utilise des engrais simples ; – utiliser des produits issus du jardin (e.g., déchet de tonte) pour faire des « mulchs » ; – utiliser au mieux les auxiliaires en leur fournissant une possibilité d'abri ou en les attirant (e.g., plantes mellifères, tas de pierres) afin de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires.

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Dynamique des polluants dans le système atmosphèresol-plante potagère

Au niveau de l’écosystème jardin, des substances chimiques sont apportées de façon volontaire (cf. chapitre précédent). C’est le cas des éléments nutritifs (e.g., azote, phosphore, potassium) pour les plantes apportés par des engrais chimiques ou par la minéralisation des matières organiques des composts. Comme schématisé sur la Figure 8.1, le sol est à l’interface avec l’atmosphère, la lithosphère, l’hydrosphère et la biosphère et de nombreux échanges de substances peuvent donc se produire entre ces compartiments. Les apports d’éléments nutritifs peuvent ainsi enrichir le sol et les plantes. Cependant, des polluants peuvent également affecter les sols et les productions potagères, comme par exemple, lors de dépôts atmosphériques (gazeux, particulaires), de l’arrosage, des transferts horizontaux et verticaux en surface ou au sein des sols (en particulier lorsque les jardins sont proches de sites industriels). De plus, certaines substances inorganiques (e.g., Cd, Pb) et organiques (e.g., HAP, PCB) potentiellement toxiques se retrouvent comme « impuretés » dans les produits apportés volontairement par les jardiniers aux potagers : le cadmium dans les engrais ou les microorganismes pathogènes dans des composts mal préparés.

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Figure 8.1 Interfaces du sol

(GIS sol, 2011).

De nombreuses questions se posent alors concernant le devenir de ces substances chimiques potentiellement toxiques et leur possible impact sur la qualité des productions potagères et in fine sur la santé des consommateurs. Ce chapitre dédié à la dynamique des polluants dans le système atmosphère-sol-plante potagère a donc pour objectif d’apporter des éléments de compréhension concernant les transferts des polluants inorganiques et organiques vers les plantes. Des notions comme la phytodisponibilité des substances ou l’activité rhizosphérique seront abordées principalement pour les polluants cependant, elles s’appliquent également aux éléments nutritifs inorganiques (e.g., K, P). Des informations sont apportées sur la présence de résidus de pesticides dans les légumes ou les transferts de HAP et BTEX ( benzène, toluène, éthylbenzène, xylènes) dans les jardins. Les transferts des sols aux plantes de polluants ont été beaucoup plus étudiés que les transferts foliaires des polluants. Cependant, plusieurs études récentes ont montré l’importance de cette voie de transfert en zones urbaines et péri-urbaines, en particulier lorsque des jardins sont installés proches de voies de transport ou d’industries.

8.1 Transferts des éléments inorganiques (nutriments et polluants) Selon leurs besoins et leurs exigences, les plantes vont absorber des quantités variables d’éléments nutritifs et de polluants. L’intensité des phénomènes d’absorption dépend de nombreux paramètres liés à la plante (stade de maturité, espèce et variété), aux caractéristiques des sources d’éléments (e.g., liquide ou solide, taille des particules, teneur en matières organiques), et aux modes d’apport (e.g., transfert sol-plante, arrosage ou transfert foliaire). Beaucoup trop de cloisonnements existent encore actuellement entre les diverses études dédiées aux systèmes environnementaux. Par exemple, la notion d’exigence des cultures, bien connue par les jardiniers amateurs, n’a pas été étudiée de manière approfondie et les mécanismes mis en jeu ne sont que peu connus. Pourtant, l’exigence de la culture ou les phénomènes mis en jeu lors des compagnonnages des cultures sont succeptibles d’influencer les transferts des éléments et substances ainsi que la santé des plantes. Comme tout écosystème naturel complexe, le jardin potager fait l’objet de recherches destinées à modéliser son fonctionnement ou à mettre en évidence les principaux paramètres qui

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influencent son fonctionnement et en particulier, les cycles biogéochimiques qui s’y déroulent. Cependant, comme de nombreux paramètres peuvent agir et que de nombreuses interactions existent entre les compartiments (e.g., matières organiques, micro-organismes, climat), il reste difficile de déterminer des tendances générales pour ces jardins très hétérogènes. L’observation régulière des cultures par le jardinier reste indispensable. Dans le contexte des jardins particuliers, il existe beaucoup plus d’études concernant le transfert des ETM vers les plantes qu’il n’en existe pour le transfert des polluants organiques. Le paragraphe suivant illustrera les différents paramètres influant les transferts des métaux du sol vers les plantes cultivées. A ce mode de transfert, il conviendra d'ajouter le transfert foliaire. Bien que moins étudié, celui-ci apparaît désormais comme une voie significative de transfert des ETM lorsque des particules fines ou des émissions gazeuses sont impliquées. C’est pourquoi une synthèse des informations disponibles pour ces deux voies de transfert (sol-plante et foliaire) sera présentée. En raison de leur utilisation massive et/ou répétée et de leur persistance dans l’environnement, les ETM peuvent entraîner la contamination des écosystèmes et ainsi présenter des dangers pour les organismes vivants (McLaughlin et al., 1999 ; Finster et al., 2004). La consommation de végétaux cultivés sur des sols pollués par les ETM est une des voies d’exposition humaine (Cui et al., 2004 ; Den et al., 2004) prise en compte dans le cadre des évaluations des risques sanitaires. Parmi les approches disponibles en vue de renseigner les valeurs de contamination des végétaux par les substances polluantes, trois méthodes sont couramment utilisées : – la sélection dans la littérature scientifique de valeurs de concentrations dans les plantes des éléments chimiques considérés, – l’utilisation de modèles de transfert vers la plante, – la mesure directe dans la plante. Chacune de ces méthodes présente des avantages et des limites qu’il convient de connaître pour procéder, dans un contexte donné, au choix le plus approprié. Ce choix, ainsi que les modalités de mise en œuvre, doivent faire l’objet d’une réflexion rigoureuse. Concernant l’échantillonnage, la mesure directe présente l’avantage d’intégrer l’ensemble des paramètres contrôlant le transfert d’un contaminant vers la plante. Elle est d’ailleurs clairement recommandée dans les outils méthodologiques proposés par le Ministère en charge de l’écologie (e.g., Interprétation de l’état des milieux - IEM). Le guide d’échantillonnage proposé sur le site du Ministère37 donne les lignes directrices pour élaborer de façon pertinente une stratégie d’échantillonnage. Concernant la sélection de valeurs ou de modèles dans la littérature, la base de données BAPPET (ADEME et al., 2008) est disponible. Elle intègre les teneurs en ETM des plantes potagères cultivées dans des contextes industriels, agricoles et urbains, des modèles de transfert (air/sol/plante) et les facteurs qui ont une influence sur les transferts du sol ou de l’air vers les plantes potagères. La Figure 8.2 regroupe pour la laitue (Lactuca sativa L.) les concentrations moyennes de quatre métaux (Pb, Zn, Cd et Cu). Elles sont obtenues dans différentes conditions environnementales et pour plusieurs variétés. Cette figure illustre le fait que pour un couple plante-métal, une large gamme de concentrations peut être observée dans les parties aériennes des plantes selon le type de sol ou la variété. On constate en particulier que les concentrations en Cd 37. http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_Echantillonnage.pdf

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varient entre 0,08 et 9 mg kg–1 de poids sec, soit d’un facteur 112. Les concentrations en Cu varient de 2,5 à 40 mg kg–1 (facteur 16), celles en Pb fluctuent de 0,06 à 87 mg kg–1 (facteur 1 450) et celles en Zn vont de 14,8 à 360 mg kg–1 (facteur 24).

mg kg–1 matière sèche

mg kg–1 matière sèche

mg kg–1 matière sèche

mg kg–1 matière sèche

Figure 8.2 Concentrations en Cd, Cu, Pb et Zn (mg kg–1 de matière sèche) pour la laitue Lactuca sativa L.

cultivée dans des contextes différents ([5]-Alexander et al., 2006; [6]-Bahemuka et Mubofu, 1999; [7]-Bunzl et al., 2001; [8]-Dieckmann et al., 2001; [10]-Lehoczky et al., 2000).

8.1.1 Transferts sol-plantes des éléments traces métalliques Les transferts sol-plantes des métaux dépendent de nombreux facteurs qui sont en interaction (Kabata-Pendias, 2004) : concentrations totales, nature et spéciation des métaux dans le sol, caractéristiques physico-chimiques du sol (Twining et al., 2004), texture, pH (Alloway, 2004 ; Wang et al., 2006), force ionique, nature et proportion des matières organiques (Dumat et al., 2006), argiles et oxydes, solubilité des métaux (ou complexes métalliques) dans la solution du sol (Dumat et al., 2001). Les facteurs liés à la plante interviennent également : e.g., espèce (Wang et al., 2006) et variété, stade de maturité, organe. De plus, des interactions complexes existent entre le sol et la plante (Dunbar, 2003). La plante peut en particulier modifier les caractéristiques du sol et la spéciation des métaux dans sa rhizosphère (Welch, 1995). Parfois très complexes et contradictoires d’un contexte à l’autre, les phénomènes d’antagonisme et de synergie des éléments entre eux sont également à prendre en compte (Costa et Morel, 1993 ; Oliver et al., 1994).

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Jardins potagers : terres inconnues ?

Les tendances relatives au classement des plantes sur la base des concentrations en métaux peuvent se montrer différentes de celles observées sur la base des facteurs de transfert solplante. De plus, ces tendances dépendent du contexte expérimental. C’est pourquoi, il est indispensable de situer une donnée dans un contexte précis pour la comparer à une autre donnée (mesurée ou recueillie dans la littérature) ou l’utiliser en modélisation. Si de nombreuses données de concentrations en métaux dans les plantes sont disponibles dans la littérature, leur contexte est souvent insuffisamment renseigné. De plus, ces données sont difficilement utilisables pour des comparaisons car elles sont souvent obtenues dans des conditions expérimentales, selon des protocoles très hétérogènes et insuffisamment détaillés (e.g., mode de prépartion des échantillons avant analyse des légumes analysés, protocoles de digestion acide), et exprimées dans des unités (poids frais/poids sec) ou une forme (concentrations dans les plantes ou facteurs de transfert sol-plante) très variables.

8.1.1.1 Phytodisponibilité des éléments traces métalliques De nombreux auteurs se sont intéressés à la mesure des concentrations en métaux dans les végétaux (e.g., Dudka et al., 1996 ; Alloway, 2004 ; Ebbs et al., 2006). L’absorption des métaux par les plantes se fait principalement par transfert sol-plante lorsque le sol est contaminé, même si les émissions atmosphériques peuvent représenter parfois une voie non négligeable pour certaines plantes comme les salades (Huang et al., 2005). La mobilité d'un élément dans le sol est son aptitude à passer d’un compartiment du sol où il est retenu à un autre compartiment où il est retenu avec une énergie moindre. Le compartiment ultime est la phase liquide ou, dans certains cas, l’atmosphère du sol (Juste, 1988). Cette mobilité dépend fortement de la nature de l'ETM. Les deux éléments plomb (Pb) et zinc (Zn) ont par exemple souvent des comportements différents : – le plomb est considéré comme peu mobile dans le sol (à pH 5-9, le plomb serait 100 fois moins mobile que le cadmium). Les matières organiques du sol ont une forte affinité pour le plomb qui s'accumule souvent en surface, mais pas toujours. Par exemple pour les sols forestiers, le plomb pourrait migrer en profondeur avec les colloïdes (Probst et al., 2003). Enfin, le plomb est généralement peu transféré vers les parties aériennes des plantes ; – le zinc est très mobile (comme le cadmium). Il est soluble dans les sols comparé aux autres ETM et très disponible dans les sols légers acides. Il peut donc être absorbé par différentes espèces végétales. En sols non calcaires, la concentration en Zn est souvent corrélée aux teneurs en fer et en argile (Baize, 1997). La biodisponibilité d'un élément est son aptitude à passer d’un compartiment quelconque du sol à un être vivant (bactérie, végétal, animal et Homme). Le transfert de l'ETM peut être passif (diffusion) ou actif (faisant appel à des transporteurs). Lorsque l'organisme vivant absorbant est une plante, le terme de phytodisponibilité est employé. Selon Kabata-Pendias et Pendias (1992), la phytodisponibilité des ETM est fortement corrélée à la concentration d'espèces ioniques dans la solution du sol (Tableau 8.1). De nombreuses méthodes d’extractions chimiques (simples et rapides) ont été développées (Tessier et al., 1979 ; Lebourg et al., 1996 ; Leleyter et Probst, 1999), afin d'estimer la biodisponibilité des ETM ; ce sont des méthodes dites opérationnelles. Leur principe consiste dans la mise en solution d'une fraction précise d'un ou de plusieurs éléments présents en phase solide. La fraction des métaux biodisponible du sol est souvent quantifiée grâce à un réactif

Les intrants involontaires

79

TABLEAU 8.1

Relation entre la forme de l'élément trace métallique et sa phytodisponibilité.

Espèces métalliques Cations libres ou complexés / solution du sol Cations échangeables dans les complexes organiques ou inorganiques Cations chélatés Composés métalliques précipités sur les particules du sol Métaux liés ou incorporés aux matières organiques Métaux liés ou fixés aux particules minérales (dans la structure des minéraux primaires ou secondaires)

Phytodisponibilité Facilement disponibles Moyennement disponibles Peu disponibles Très peu disponibles (disponibles après dissolution) Très peu disponibles (disponibles après décomposition) Non disponibles à court terme (disponibles uniquement après altération et/ou hydrolyse)

chimique : solution saline, parfois légèrement acide, ou complexante (EDTA). Chacun de ces réactifs peut donner des résultats satisfaisants dans certains cas, mais aucun n’est universel (Korcak et Fanning, 1985 ; Eriksson, 1990 ; Brun et al., 2000). En effet, il n’existe pas de méthode d’extraction chimique permettant d’évaluer, simultanément et sans difficulté analytique, l’absorption des métaux par toutes les plantes cultivées sur un sol pollué. Pour obtenir des informations précises, il faut finalement déterminer la concentration en ETM dans les plantes, car comme expliqué précédemment, la phytodisponibilité dépend des caractéristiques physico-chimiques du sol, de l'ETM (et de sa spéciation), de l'espèce végétale et de sa variété. Les métaux sont absorbés par les racines des plantes et s'accumulent dans différents organes (racines ou tubercules pour les pommes de terre, feuilles pour la salade et les épinards et les grains pour les céréales). Pour les plantes ou les parties de plantes non récoltées contaminées par des métaux, ces éléments retournent sous des formes souvent plus mobiles et biodisponibles directement dans le sol (décomposition des racines) ou en surface (débris des parties aériennes et litières forestières). En ce qui concerne les parties des plantes récoltées, l'exportation rompt ce cycle et voit le départ d’ETM absorbés par les plantes vers la chaîne alimentaire (Homme et animaux). Chez les végétaux supérieurs, les ETM sont transférés du sol vers la surface des racines par : – diffusion : le prélèvement des ETM par les racines induit un appauvrissement de la solution du sol à l’interface sol-racine, créant ainsi un gradient de concentration ; – flux de masse : transport des ETM par le mouvement de la solution du sol vers la surface des racines, lié à l’évapotranspiration de la plante (Morel, 1997). Les racines possèdent une capacité d’échange cationique (CEC) importante, principalement due à la présence de groupements carboxyles, les ETM peuvent donc s'adsorber à la surface des racines. Une fois au contact des racines, les ETM sont absorbés vers l’endoderme racinaire. Cette absorption est soit une diffusion passive (non métabolique) ou soit un prélèvement actif qui requiert une énergie métabolique et se produit à l’encontre du gradient chimique (Kabata-Pendias et Pendias, 1992 ; Alloway, 1995). Le transfert des métaux des sols aux plantes est évalué couramment par le facteur de transfert solplante ou facteur de bioconcentration : F = [métal]plante/[métal]sol (les concentrations sont relatives aux masses sèches des échantillons). Plus la plante absorbe facilement les ETM du sol et plus F est grand : F = 0,01 correspond à une faible absorption, F=10 pour une plante accumulatrice et F=1000 pour une plante hyperaccumulatrice, utilisable en phytoextraction (Tableau 8.2).

80

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TABLEAU 8.2

Facteurs de transfert des métaux du sol aux plantes (Bliefert et Perraud, 2001).

ETM Pb, Hg, Co et Cr Ni et Cu Zn, Cd et Tl

Facteur de transfert 0,001...0,1 0,1...1 1...10

Mobilité des ions Faible Modérée Élevée

Ce modèle implique que la concentration de l’élément dans la plante (ou dans un organe) est reliée linéairement à la concentration dans le sol, alors que F varie de plusieurs ordres de grandeur selon les situations environnementales et les espèces végétales (Ehlken et Kirchner, 2002). Les modèles de transfert sol-plante qui associent le pH à la concentration des éléments dans le sol sont les plus pertinents. D'autres méthodes permettent de mesurer ou d'estimer la phytodisponibilité des métaux : cultures tests, tests microbiologiques, méthodes isotopiques, extractions chimiques sélectives et modélisation. La culture de plantes tests a l'avantage d'intégrer l'ensemble des paramètres relatifs au sol et à la plante. En résumé, le transfert des ETM du sol aux plantes est fonction : – de la nature du métal et de la plante : généralement le plomb et le chrome sont peu mobiles par rapport au zinc et au cadmium ; – des caractéristiques physico-chimiques du sol. Par exemple lorsque la teneur en matière organique ou en argile est élevée, les métaux restent plus solidement liés dans le sol ; une valeur de pH élevée (pratique de chaulage) est responsable d’une augmentation de la concentration d’ETM sous forme d’hydroxydes ou de complexes hydroxo faiblement mobiles. Dans les deux cas, de faibles quantités d’ETM sous forme d’ions libres sont disponibles pour les racines par l’intermédiaire de la solution du sol ; il y a donc moins d’ETM absorbables par les racines des plantes. L’influence des variations climatiques sur la composition des solutions de sols a été démontrée en particulier par Ponthieu (2003). Le transfert sol-plante des éléments minéraux sera en conséquence modifié selon les saisons : solubilité et lessivage en particulier pourront fortement fluctuer. De plus dans le cas de plantes pérennes, le fonctionnement de la plante peut être modifié avec le temps.

8.1.1.2

Influence des caractéristiques du sol sur la phytodisponibilité des éléments traces métalliques Généralement la solubilité des métaux augmente avec l'acidité du milieu. Leur phytodisponibilité est donc souvent plus grande lorsque le pH du sol est acide (Oborn et al., 1995). Quinche (1995) a observé une augmentation de la teneur en cadmium dans les grains de céréales suite à l'épandage de lisier de porc (déchet à caractère acide). Mais il existe de nombreux cas où l’augmentation du pH favorise l’absorption par la plante ou n’a pas d’incidence (Baldwin et Shelton, 1999). Dans les sols, excepté le mercure (Sloan et al., 2001), peu de métaux sont volatils. Les métaux sont donc généralement : soit en phase solide, où les phases porteuses les stockent de façon stable, ou les libèrent soit dans la solution du sol, sous forme d’ions libres ou de complexes solubles phytodisponibles. Il existe un équilibre dynamique entre la phase solide et la solution du sol, qui peut être déplacé dans le sens de la précipitation ou de la solubilisation lorsque les paramètres hydro-biogéochimiques du sol évoluent.

Les intrants involontaires

81

Les caractéristiques d'une phase porteuse (e.g., nature, CEC, cristallinité) influencent son affinité pour un métal. La rétention d'un métal (et sa quantité dans la phase soluble) dépend donc des proportions relatives des constituants du sol (De Matos, 2001), mais les interactions entre constituants (minéraux et organiques) sont susceptibles de modifier les affinités. Les phases porteuses des métaux se répartissent entre les fractions granulométriques du sol. La distribution granulométrique des métaux n'est donc pas homogène, une accumulation dans la fraction granulométrique argileuse < 2 μm (riche en matières organiques, minéraux argileux et oxydes) et/ou dans la fraction plus grossière riche en matières organiques particulaires est souvent observée (Quenea et al., 2009). La spéciation (Balasoiu et al., 2001), la mobilité et la phytodisponibilté (Qian, 1996) d'un métal dépendent donc de sa répartition granulométrique. Plusieurs indicateurs permettent d’évaluer quantitativement la capacité du sol à retenir les éléments métalliques (souvent cationiques) dans la phase solide, par exemple : – la CEC qui est la quantité totale de cations échangeables retenue par le sol, est fortement influencée par la matière organique ; – la surface d’échange spécifique qui est une surface d’absorption exprimée par unité de poids, est plus élevée pour un sol riche en argile et dépend aussi de la nature de l’argile (smectite >> illite) ; – le coefficient de retardation (Rf), obtenu à partir d’expérimentations sur colonnes de sol en laboratoire, qui représente les processus responsables de l’immobilisation des métaux ; – le coefficient de distribution (à l'équilibre) Kd (L g–1) qui est la concentration de l’élément dans la phase solide (exprimée en mg kg–1) divisée par la concentration de l’élément dans la phase soluble (en mg L–1) (Sauvé et al., 2000) est souvent utilisé pour décrire la sorption d’un élément. Un Kd faible indique une mobilité importante (faible affinité avec les constituants du sol) et donc, a priori, une disponibilité importante pour la plante. Mais un élément avec un Kd faible peut aussi plus facilement être lessivé et migrer vers les horizons profonds ou les eaux souterraines, hors de la zone d’absorption racinaire des plantes. Les Kd sont donc liés de façon spécifique aux éléments et aux types de sol. Les matières organiques (MO), très réactives vis-à-vis des métaux, sont susceptibles d'évoluer dans le temps sous l'action de facteurs biologiques et chimiques. De plus, les connaissances actuelles de la structure chimique des matières organiques ne permettent pas d'établir clairement de relation avec leur réactivité. D'où l'importance des recherches concernant la caractérisation des matières organiques naturelles et de leurs précurseurs comme les composts et la litière, et l'évolution dans le temps des interactions ETM-MO dans les sols mais aussi dans les produits qui s’intègrent aux sols, qu’ils soient naturels (plantes, feuilles) ou non (composts de déchets, boues). Les matières organiques influencent la dynamique des métaux dans les sols, en participant aux phénomènes de complexation et d’adsorption (Karapanagiotis et al., 1991). Si les métaux provenant de l’épandage de déchets sont généralement plus solubles dans le sol, que ceux du fond géochimique (Martinez et Motto, 2000), leur disponibilité peut diminuer avec la teneur en matières organiques (Dixon et al., 1995 ; Frost et Ketchum, 2000). Dans les sols, les acides organiques de faible masse moléculaire établissent généralement des liaisons plus faibles avec les ions métalliques que les substances humiques (Harter et Naidu, 1995). La stabilité de ces complexes dépend du métal et des groupes fonctionnels humiques (-COOH, CO, -OH, -NH2 et SH), les groupes carboxyles jouant un rôle prédominant (Senesi, 1992). La formation de ces complexes organométalliques pourrait influencer la biodisponibilité des ETM (Lamy et al., 1993 ; Maiz et al., 2000 ; Quenea et al., 2009).

82

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8.1.1.3

Influence des caractéristiques de l'élément trace métallique sur sa phytodisponibilité

Un élément possède des caractéristiques électroniques, chimiques et physiques qui vont influencer son devenir dans le sol : le cuivre est un élément bien connu pour sa forte affinité avec les matières organiques. Comparé au plomb, le zinc est a priori beaucoup plus mobile. Dans les sols, le plomb est à l’état d’oxydation +2, suite à la perte des électrons les plus externes. Cette bivalence vient de sa configuration électronique. Pb2+ est un acide de Lewis mou. Les caractéristiques des éléments prévoient une affinité plus grande du plomb pour les sites réactionnels (mous) des sols que pour celles du zinc et du cadmium. La plus faible mobilité du plomb, incorporé dans les sols, par rapport aux deux autres métaux, est en effet connue (Adriano, 1986 ; Kabata-Pendias et Pendias, 1992 ; Ross, 1994 ; Teutsch et al., 1999). Plus que par sa teneur totale, la toxicité d’un élément dépend essentiellement de sa forme chimique : spéciation (e.g., espèce chimique et degré d'oxydation) et de sa rétention par les constituants du sol (mobilité). Dans les sols (et les eaux naturelles), les métaux subissent des réactions variées : adsorption, complexation, précipitation, redox et acido-basique. Plus précisément, les métaux peuvent être : – adsorbés sur les surfaces des matières organiques et des minéraux secondaires (argiles, oxydes et hydroxydes de fer, de manganèse et d’aluminium) ou primaires (quartz, feldspath, mica, dolomite et chlorite), ces derniers étant moins réactifs ; – complexés (éventuellement chélatés) par soit des matières organiques en solution (acides humiques, acides organiques simples, acides aminés, phénols ou sidérophores) de la phase solide (acides humiques dont le pouvoir complexant peut être renforcé par l'association avec des protéiniques ou des polysaccharides) soit des ions inorganiques solubles ; – précipités ou co-précipités avec des oxydes/hydroxydes, carbonates ou phosphates ; – inclus entre les feuillets des minéraux argileux ou dans les résidus végétaux ou animaux ; – incorporés dans les réseaux cristallins des minéraux primaires. Les métaux sont liés de façon plus ou moins forte aux constituants du sol par des liaisons : – spécifiques (chimiques) covalentes ou de coordination, caractérisées par des échanges d’électrons. Ce sont des liaisons fortes : processus de fixation par chélation, précipitation, co-précipitation ou inclusion dans les réseaux cristallins ; – non spécifiques (physiques), plus faibles que les premières, caractérisées par des forces électrostatiques (attractions, répulsions, liaisons ioniques, liaisons de Van der Waals). Ces liaisons, dites échangeables, peuvent être responsables de la fixation des éléments par échange ionique ou lors de la formation des complexes. La spéciation chimique d'un élément influence son association avec les constituants du sol (nature des constituants et des liaisons, plus ou moins résistantes à l’altération physico-chimique et biologique). Par exemple, le comportement du sélénium dans l’environnement dépend fortement de son état d’oxydation (Masset, 2000). La phytodisponibilité d'un métal est donc fonction de sa spéciation. Elle est aussi influencée par les phénomènes d’interaction et de compétition entre éléments (Maiz et al., 2000). En plus de la spéciation chimique, d’autres paramètres concernant les caractéristiques des sources peuvent influencer le transfert. Si les métaux sont apportés par des retombées atmosphériques particulaires, la taille des particules influence leur réactivité (Uzu et al., 2009, 2010). Les particules fines seront plus réactives (transfert et toxicité) en raison de leur surface spécifique élevée (Marschner et al., 1987). De plus, elles pourront être transportées sur de longues distances (Crowley et al., 1991).

Les intrants involontaires

83

8.1.1.4 Action de la plante sur le sol (zone rhizosphérique) Le terme rhizosphère concerne la zone du sol qui entoure la racine et qui est influencée par celle-ci. Au sein de la rhizosphère, on distingue le rhizoplan qui correspond à l’interface sol racine, et le sol adhérent au système racinaire, restant attaché aux racines après agitation vigoureuse (Baize et al., 1997). Le sol rhizosphérique est un lieu d’échange entre le sol, la racine et les micro-organismes : prélèvement racinaire d’eau et d’éléments minéraux, respiration des racines et libération de composés organiques. Les réactions qui se produisent au sein de ce contexte d’échange entre rhizosphère et sol global sont à l’origine de modifications de pH, potentiel redox, concentrations en acides organiques et éléments inorganiques. Avant d’atteindre la surface racinaire, les éléments métalliques sont exposés aux conditions de la rhizosphère. De nombreux auteurs ont mis en évidence l’importance des exsudats racinaires tels que les phytosidérophores (acides mugénique et avénique) dans la mobilisation des éléments métalliques comme le fer, le manganèse et le zinc, par les plantes supérieures. De même, il a été montré que les plantes peuvent solubiliser le fer et d’autres éléments métalliques par des exsudations de protons pour acidifier la rhizosphère (Rattan et al., 2005). La croissance du végétal induit des flux d’eau et de solutés à la surface de la racine, modifiant ainsi la composition de la solution du sol dans l’environnement racinaire (Kuboi et al., 1986 ; Lehoczky et al., 1996). De plus, les racines excrètent des ions ou des composés organiques dans le sol (e.g., protons, ligands et acides organiques, enzymes, CO2) (Mench et al., 1997). L’activité microbienne dans la rhizosphère conduit également à l’excrétion d’agents complexants extracellulaires. Le terme d’exsudats racinaires est un nom générique donné à une large gamme de substances libérées par les racines dans la rhizosphère, allant des ions H+ à des molécules complexes d’un poids moléculaire élevé (Morel et al., 1998). Les exsudats racinaires varient selon les espèces végétales (et les variétés), l’association ainsi que des microorganismes et les conditions de croissance de la plante (Mench et Martin, 1991). La nature de l'espèce végétale influence le transfert sol-plante (Kramer et al., 1996 ; Neumann, 1997). L’absorption d'un élément est influencée par les besoins en éléments minéraux de la plante (Lagriffoul et al., 1998). Les Poacées prélèvent moins d'éléments traces que les légumesfeuilles à vitesse de croissance plus élevée. L’âge de la plante, quant à lui, influence le taux de prélèvement des ETM à partir des sols (Mench et Martin, 1991). Du fait de son activité physiologique, la plante agit sur les propriétés du sol rhizosphérique (e.g., production d'exsudats, variation du pH, potentiel redox, force ionique) et peut donc influencer la spéciation et le transfert des métaux. La répartition des éléments entre les organes d’un végétal diffère selon l’espèce et l’élément considérés (Ernst, 1975 ; Mathys, 1977) (Tableau 8.3). TABLEAU 8.3

Comparaison des concentrations en métaux (mg kg–1 de matière sèche) pour : (a) deux légumineuses potagères (haricot et pois), (b) deux légumes feuilles (laitue et épinard), (c) deux Brassicacées (chou chinois et chou vert) et (d) trois légumes racines et tubercules (céleri, betterave et carotte) pour des conditions expérimentales (e.g., type de sol, mode de contamination) données, où a et b sont deux types de sols contaminés. ([5] Alexander et al., 2006 ; [6] Bahemuka et Mubofu, 1999 ; [7] Bunzl et al., 2001).

Légumineuses potagères (a) Haricot Phaseolus vulgaris L. Pois Pisum sativum L.

84

Référence [5] Sol témoin

Cd 0,03

Cu 4,2

Pb 0,2

Zn 34,2

Sol contaminé

0,07

5,25

0,34

40,8

Sol témoin

0,12

4,25

0,5

36,2

Sol contaminé

0,29

5,79

0,78

52,2

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Légumes feuilles (b)

Références [5 ; 6]

Cd

Cu

Pb

Zn

0,2

5,5

1,52

57,8

Sol contaminé 5

8,6

9

14,6

160

Berges rivière Sinza 6

0,4

5,8

3,6

15,9

Berges rivière Msimbazi 6

0,3

2,5

3,8

14,8

Sol témoin 5

0,34

6,76

0,61

241

Sol contaminé 5

5,8

9,7

1,82

352

Berges rivière Sinza 6

0,3

7,2

5,9

30,3

Berges rivière Msimbazi 6

0,6

13,7

3

27,6

Sol témoin Laitue Lactuca sativa L.

Épinard Spinacia oleracea L.

5

Brassicacées (c)

Référence [6]

Cd

Cu

Pb

Zn

Chou chinois Brassica chinensis

Berges rivière Sinza

0,2

4,9

6,1

49,3

Berges rivière Msimbazi

0,2

7,5

3,2

23,8

Berges rivière Sinza

0,1

5

3,1

37,6

Berges rivière Msimbazi

2

5,6

1,9

41,8

Chou vert Brassica rapa

Légumes racines et légumes tubercules (d) Carotte Daucus carota L.

Céleri branche Apium graveiolus var. dulce (Mill.) Pers

Betterave Beta vulgaris var. macrorhiza

Référence [7]

Cu

Pb

Zn

Sol témoin

11

0,27

16

Sol contaminé a

8,1

4,1

45

Sol contaminé b

7,2

9,1

63

Sol témoin

7,5

1,4

35

Sol contaminé a

12

9,8

130

Sol contaminé b

13

22

250

Sol témoin

11

1,9

35

Sol contaminé a

18

17

180

Sol contaminé b

23

69

630

Pour les Fabacées, on observe que le pois est globalement plus accumulateur que le haricot pour les quatre métaux (jusqu’à un facteur 4 pour Cd). Pour les légumes feuilles, l’épinard accumule plus de Cu (jusqu’à un facteur 5,5), de Zn (jusqu’à un facteur 4,2) et de Cd (jusqu’à un facteur 2) que la laitue. La laitue accumule, cependant, jusqu’à 8 fois plus de Pb que l’épinard. Pour les légumes racines et tubercules, l’absorption du Pb (globalement plus forte par rapport aux autres métaux) suit la séquence suivante : betterave (jusqu’à un facteur de 7,6 pour la comparaison betterave/carotte) > céleri (jusqu’à un facteur 5,2 pour la comparaison céleri/ carotte) > carotte. La betterave accumule également plus de Cu et de Zn que le céleri et la carotte. Le facteur le plus élevé (10) est observé dans le cas du Zn pour la comparaison betterave/carotte.

Les intrants involontaires

85

Pour les Brassicacées enfin, le chou chinois accumule jusqu’à deux fois plus de Cd que le chou vert. Au sein des différentes familles de légumes, on constate donc des différences de concentrations en métaux selon l’espèce (comparaison entre plusieurs espèces de la même famille cultivées sur le même sol) jusqu’à un facteur de 10 (cas du Zn pour la comparaison betterave/ carotte) et également de fortes variations (jusqu’à un facteur 43, dans le cas du Cd pour la laitue) en fonction des caractéristiques du sol (nature du sol et degré de contamination métallique). De plus, les quantités de métaux accumulées dans les plantes sont très différentes selon les conditions de cultures et/ou de contamination (Fernandez Espinosa et Oliva, 2006 ; Uzu et al., 2010). Les données extraites de la littérature (Dumat et al., 2001 ; Cecchi et al., 2008) montrent aussi que les concentrations en Zn, suivies par celles en Cu, sont globalement plus élevées dans l’ensemble des végétaux étudiés que les concentrations en Cd et Pb. Les tendances évaluées sur la base des facteurs de transfert sol-plante (concentration en métal dans la plante/ concentration en métal dans le sol de culture en mg kg–1 de matière sèche) indiquent que la laitue et l’épinard accumulent globalement plus de Cd, suivi de Zn, que les autres plantes. Le haricot est l’espèce qui paraît accumuler le moins de Cd. Les facteurs de transfert du Pb sont globalement plus faibles que pour les autres métaux, quelle que soit la plante. Ces tendances sont cependant difficilement extrapolables en raison du relativement faible nombre de données disponibles dans la littérature et de leur grande hétérogénéité en particulier en termes de protocole et présentation des résultats (matière sèche/matière fraîche). L’analyse des données issues de plantes potagères montre que la variété peut influencer les concentrations en métaux (Tableau 8.4). TABLEAU 8.4 Variabilité des concentrations en métaux dans les tissus de différentes variétés d’espèces végétales

(N1 = nombre de variétés étudiées ; N2 = nombre de données ; - : données non disponibles), en gras : variations les plus importantes, en italique, variations les moins importantes). Cd

86

Cu

Pb

Zn

Facteur

N1

N2

Facteur

N1

N2

Facteur

N1

N2

Facteur

N1

N2

Laitue

100

9

23

16

8

18

1 450

8

18

24

8

18

Épinard

28

6

12

3,4

7

14

4

6

12

10

7

14

Céleri

7

1

6

3

3

9

24

3

6

12

3

9

Betterave







2

1

3

36

1

3

18

1

3

Carotte

46

5

10

3

6

13

53

6

13

4

6

13

Radis

23

2

4

19

2

6

113

2

4

11

2

6

Chou







8

2

4

8,75

1

3

4,25

2

4

Oignon

36

5

10

1,3

5

10

7

5

10

5

5

10

Pois

8

5

10

1,8

5

10

4,3

5

10

1,8

5

10

Haricot

125

8

26

2

9

29

23

7

29

3

7

29

Tomate



















55

2

24

Pomme de terre

63

2

6

4

8

8







17

8

8

Jardins potagers : terres inconnues ?

Pour les variétés de la laitue, du céleri, de la betterave, de la carotte, du radis et du chou, les variations les plus importantes sont relatives aux concentrations en Pb (1 450-24-36-53-113 et 8,75, respectivement). Pour ceux de l’épinard, de l’oignon, du pois, du haricot et de la pomme de terre, les variations les plus importantes sont relatives aux concentrations en Cd (28-36-8-125-63, respectivement). Les variations les moins marquées sont observées pour le Cu dans les cas de la laitue (16), de l’épinard (3,4), du céleri (3), de la betterave (2), de la carotte (3), de l’oignon (1,3), du haricot (2), de la pomme de terre (4). Chez le céleri, les variations les moins importantes sont celles observées en Cd (7), alors que pour le radis, le chou et le pois, les variations les moins importantes sont observées pour Zn (11-4,25 et 1,8, respectivement). L’étude des données scientifiques disponibles souligne que l’absorption varie selon les espèces et les variétés. Le choix de l’espère végétale ou de la variété peut être orienté selon l’objectif visé, celui-ci pouvant être de réduire le transfert d’un polluant vers la plante ou d’augmenter le prélèvement d’un élément nutritif.

8.1.1.5

Translocation des éléments traces métalliques au sein du végétal

L’absorption des ETM par la plante est fonction de la concentration des éléments dans la solution du sol rhizosphérique. L’absorption par les racines se fait majoritairement sous forme ionique. Ces éléments sont généralement transférés et stockés dans les parties aériennes des plantes en fonction de la réponse biologique. Il existe encore relativement peu de travaux sur la spéciation des ETM dans les plantes (Kramer et al., 1996 ; Neumann, 1997). Des études biochimiques ont montré que les plantes sont capables de stocker les métaux dans différents compartiments cellulaires. La caractérisation des systèmes de transport est encore peu connue. Il existe des hypothèses plus ou moins démontrées : les ETM peuvent être chélatés au niveau intracellulaire par des complexes polypeptidiques tels les phytochélatines et les métallothionéines, des acides organiques (comme le citrate, le malate, l’oxalate), et des acides inorganiques (comme les phosphates et les sulfides) (Chamel et Bougie, 1977 ; Ferrandon et Chamel, 1989 ; Schönherr et Luber, 2001 ; Mengel, 2002). La spectroscopie EXAFS (Extended X-ray absorption fine structure) a été utilisée pour déterminer la spéciation du nickel dans Alyssum lesbiacum, une plante hyperaccumulatrice (Madoz-Escande et al., 2004). Ces auteurs ont montré que le nickel est transporté par le xylème jusqu’aux parties aériennes en étant complexé par un acide aminé, l’histidine. Il a également été montré par cette technique qu’au moins 90 % du zinc est complexé par l’oxalate dans le lichen Diploschistes muscorum (Mengel, 2002). Salt et al. (1997) et Schönherr et Luber (2001) ont montré par spectroscopie XANES (X-ray Absorption Near Edge Structure) que le cadmium est lié aux acides organiques et aux phytochélatines dans Brassica juncea. La microfluorescence X couplée à la microscopie électronique (EDAX) permet de localiser les métaux au niveau subcellulaire. Chez Noccaea caerulescens subsp. (Calaminare), le zinc est accumulé dans les vacuoles des cellules foliaires (Schönherr, 2000 ; Schönherr, 2006). La concentration en zinc est plus élevée dans les vacuoles des cellules de l’épiderme des feuilles. Souvent, la tolérance au zinc est associée à des concentrations élevées en malate et/ou citrate dans les feuilles (Ernst, 1975 ; Mathys, 1977).

8.1.2 Le transfert foliaire des métaux Selon Douay et al. (2008), la concentration en plomb dans les végétaux des jardins n’est pas toujours reliée à la concentration du sol en raison d’une possible absorption foliaire du

Les intrants involontaires

87

plomb. En comparaison avec le transfert sol-plante, seulement quelques publications sont disponibles au sujet de la contamination des parties aériennes des végétaux par voie atmosphérique (Eichert et al., 2008). La Figure 8.3 présente une analyse en MEB-EDS de l’absorption foliaire (salades exposées à des pollutions atmosphériques) de plomb issu de particules.

Pénétration stomatique des particules

Figure 8.3 Image MEB-EDS de stomates obstrués par des particules contenant du plomb

(Uzu et al., 2010).

Cette voie de contamination peut être à l’origine de fortes concentrations dans les végétaux en particulier pour le plomb (un des contaminants métalliques les plus fréquents dans les sols urbains). Dans les sols, le plomb est considéré comme un élément relativement peu mobile (Dumat et al., 2001; Cecchi et al., 2008) et son temps de résidence est élevé (Klaminder et al., 2006). Les retombées atmosphériques de particules représentent la principale source de pollution des sols (Purves, 1966) et ces retombées peuvent directement affecter les végétaux. Uzu (2009) présente une bibliographie détaillée sur le sujet du transfert foliaire des métaux et ses mécanismes possibles. Les contaminants sont interceptés par les feuilles et peuvent rester adsorbés sur leurs surfaces ou être incorporés aux tissus. La plupart des études concernent le transfert foliaire des éléments nutritifs apportés par des fertilisants foliaires (Chamel, 1989 ; Schönherr et Luber, 2001 ; Mengel, 2002) et des radionucléides (Madoz-Escande et al., 2004). Les éléments nutritifs et contaminants ont à traverser plusieurs barrières physiques avant de pénétrer dans les cellules de l’épiderme des feuilles (Mengel, 2002) et la pénétration dépend des conditions climatiques, de l’espèce, de la spéciation chimique (Schönherr et Luber, 2001). Il existe deux voies parallèles pour l’absorption de solutés à travers la cuticule : la voie lipophile (pour les composés organiques apolaires, qui peuvent traverser la cuticule par diffusion dans la cuticule et les cires) et la voie hydrophile (Schönherr, 2000) pour les métaux (ions, solutés hydrophiles) qui peuvent pénétrer par les pores aqueux. La voie hydrophile est fortement influencée par la solubilité et l’hygroscopicité des composés (Schönherr, 2006). Les pores aqueux sont localisés sur les surfaces foliaires et aux bords des stomates (Eichert et Burkhardt, 2001). La pénétration de particules fines (de taille inférieure à 10 nm-1 μm) via les stomates est également possible (Eichert et al., 2008 ; Schreck et al., 2012, 2012a). Concernant l’influence de la taille des particules sur leur potentiel à libérer des métaux facilement absorbés par les plantes, les travaux d’Uzu et al. (2009, 2010) ont démontré, pour les transferts racinaires et foliaires, que les particules submicroniques étaient significativement plus réactives que les particules plus grossières.

88

Jardins potagers : terres inconnues ?

La Figure 8.4 représente les différents phénomènes susceptibles de se produire dans le cas du devenir des ETM (e.g., cuivre, zinc, plomb, cadmium) dans le système sol/plante/atmosphère : par exemple l’adsorption, la complexation, l’interception foliaire et l’absorption racinaire. Selon le contexte de pollution, le type de sol et de plante, les transferts seront plus ou moins intenses et le ratio entre l’absorption racinaire et l’absorption foliaire pourra varier fortement.

Figure 8.4 Devenir des éléments traces métalliques dans l’écosystème sol

(Dumat C., 2006).

8.1.3 Quelques exemples d’études de cas relatives aux jardins Purves (1966) a conclu le premier à l’existence de pollution pour des jardins de villes écossaises. Ont suivi les travaux de Davies (1978), de Spittler et Feder (1979) aux États-Unis, de Alt et al. (1981) en Allemagne puis, de Clevenger et al. (1991) au Royaume-Uni et de Schwartz (1993) en France. D’autres études ont été menées à travers le monde (Culbart et al., 1988 ; Moir et Thornton, 1989 ; Tebaay et al., 1993 ; Norra et al., 2001 ; Wennrich et al., 2002; Pless-Mulloli et al., 2004 ; Zhang et al., 2006 ; Aichner et al., 2007 ; Morillo et al., 2008). En Suisse, Wegelin et al. (1995) ont conclu que parmi les sols urbains, les jardins des particuliers étaient globalement plus contaminés. Les principales causes seraient l’installation de jardins sur d’anciennes zones industrielles ou à proximité de sites industriels en activité ou proches d’une route, ou encore une mauvaise gestion (utilisation de fertilisants et pesticides en excès), ou l’utilisation de boues ou composts contaminés (Tebaay et al., 1993 ; De Miguel et al., 1998). Selon Martin et al. (2005), les jardins des particuliers participent à la contamination des sols par les ETM. Les auteurs ont étudié les symptômes visibles sur les feuilles afin de mettre en évidence les pollutions des sols. Schwartz (1993) et Papritz et Reichard (2009) ont conclu

Les intrants involontaires

89

que le niveau de contamination des sols de jardin est en particulier influencé par l’âge du jardin. Selon ces auteurs, le niveau de contamination pourrait être prédit par régression numérique. Douay et al. (2008) ont constaté la contamination (au dessus des teneurs admises par la réglementation) de différents végétaux (radis, laitue, haricot, pomme de terre et tomate) par les métaux (Pb et Cd) dans la région Nord proche de l’usine Metaleurop Nord. Ils ont en particulier conclu à la possibilité d’un transfert foliaire des métaux. Le transfert foliaire du mercure a été observé par De Temmerman et al. (2009) pour différents légumes feuilles cultivés dans des jardins proches d’une entreprise de production de produits chimiques. Sipter et al. (2008) ont réalisé une étude sur des jardins situés dans une zone inondable en Hongrie proche d’une ancienne mine de Pb/Zn abandonnée afin de déterminer la contamination des végétaux et le risque sanitaire. Ils ont conclu à une influence certaine des inondations sur la qualité des végétaux en particulier en Cd et Pb tandis que l’As n’est pas disponible pour les végétaux dans ce contexte. Le risque sanitaire le plus élevé pour les populations est induit ici par l’ingestion de végétaux contaminés en Pb. Selon Clark et al. (2008), le plomb est un contaminant majeur des sols urbains. Les auteurs ont étudié 141 jardins de Roxbury et Dorchester (Massachusetts, États-Unis). Ils ont constaté par fluorescence X que 81 % des jardins présentent des teneurs en Pb au-dessus de la limite US EPA de 400 μg g–1. Pour les jardins étudiés, le Pb a pour principale origine les peintures. Le transport des particules fines les plus riches en Pb (grains 25 % de parts de marché). Les jardineries défendent un positionnement d'expert grâce à une offre large et profondément orientée vers le jardin « plaisir » et des services de plus en plus pointus. La tendance est aujourd'hui à une diversification de plus en plus éloignée du cœur de métier (décoration, mais aussi alimentaire ou cosmétique) afin de désaisonnaliser les ventes et de faire de leurs points de vente des espaces de vie à part entière. Les LISA représentent une particularité dans le domaine de la distribution, étant donné que ces magasins sont issus du mouvement coopératif agricole des années 70. Initialement, ces magasins ont assuré la distribution de produits pour les agriculteurs (végétaux, semences, outils et vêtements) mais ouvrent largement leurs portes, depuis quelques années, aux jardiniers amateurs. Qualitativement, la diversification des produits proposés à la vente a donné à certains de ces magasins une orientation « loisirs » en complément des spécificités professionnelles d’origine. Avec plus de 1 500 points de vente (Tableau 10.4), les LISA couvrent véritablement l’ensemble du territoire français et sont davantage implantés dans les villes moyennes et en zone rurale que les jardineries. Les LISA représentent 14 % de part de marché avec un CA de 879 millions d’euros en 2008. En dix ans, leur CA a progressé de 54 % (Promojardin, 2003, 2009). Le marché est très largement dominé par Gamm Vert (plus de 50 % du marché et 571 magasins) et le groupe Apex (plus de 30 % du marché et 444 magasins) qui regroupe les enseignes Point Vert, Point Vert le jardin, Magasin Vert et Agrial.47

120

Jardins potagers : terres inconnues ?

TABLEAU 10.4

(a) Les vingt premières enseignes spécialisées dans le jardinage par nombre de points de vente, en 2005; (b) les huit principaux groupes d’enseignes spécialisées par chiffre d’affaires dans le jardinage en France, en 2005 ((a)IFLS, 2006 ; (b) UNIBAL, 200647).

(a) Enseigne

Nombre

Surface (m2)

Surface moyenne (m2)

Gamm vert Point vert Jardiland Villa verde AGRI SUD EST Vive le jardin Espace Emeraude Baobab Botanic Magasin vert Truffaut Gamm Vert Village Maisadour Ragt Delbard Les amis verts France Rurale Coté Nature Jardi Leclerc Trèfle Vert

571 228 110 75 62 60 49 47 47 46 43 38 24 24 22 20 19 14 13 13

657 819 219 701 560 405 265 619 67 918 233 945 112 315 178 161 261 626 113 481 291 677 23 367 26 212 17 383 109 014 46 388 16 807 83 289 33 653 25 902

1 152 964 5 095 3 542 1 095 3 899 2 292 3 791 5 567 2 467 6 783 615 1 092 724 4 955 2 319 885 5 949 2 589 1 992

(b) Centrale Tripose Semaphor In Vivo Apex

Truffaut Cora Revillon Système V Vilmorin Botanic Pollen Garem

Enseigne Jardiland, Vivre le jardin Gamm Vert Point Vert, Point Vert le jardin, Magasin Vert, Agrial Truffaut Espace enchanté Vilmorin Botanic Baoba Espace Emeraude Agri Emeraude

CA en M€ 640 570 375

351 234 210 175 102

47. Enquête UNIBAL – Indispensable Brico-Bati-Jardi 2006 – Chiffres 2005, 2006.

Économie du jardinage

121

Avec une zone de chalandise moyenne de 10 000 habitants, les LISA présentent une offre pour laquelle la part des végétaux dépasse 50 % du CA, avec une évolution vers un élargissement de gamme afin de satisfaire une clientèle néo-rurale. Ainsi, les produits de jardin et les clôtures et aménagements extérieurs représentent, en moyenne, respectivement 19 et 12 % de leur CA. S’ils suivent les mêmes tendances que les jardineries, à savoir loisir et décoration, les LISA restent plus centrés sur leur cœur d’activité du fait d’une implantation plus rurale. Les spécialistes en motoculture sont un cas particulier à cause de la forte spécificité de leur secteur d’activité. Dominant très largement le segment de la motoculture de plaisance, ils représentent 11 % du marché du jardin, du fait du prix unitaire élevé de leurs produits. Fortement concurrencés par les GSB, les spécialistes de la motoculture connaissent un renouveau depuis 2007, capitalisant sur leurs services après vente (SAV), la proximité des points de vente et une forte innovation produits des constructeurs.

10.3.1.2 Les circuits généralistes ou multispécialistes Les Français considérant de plus en plus le jardin comme une pièce à vivre, les GSB ont profité de leur position dominante dans l’aménagement de l’habitat pour se développer dans le marché du jardin. Portés par les segments liés à l'aménagement extérieur (mobilier de jardin, terrasse, jeux de plein air, clôture), les plus dynamiques du marché du jardin, les GSB ont vu leurs parts de marché croître de 44 % en dix ans pour atteindre les 24 % en 2008 avec un CA de 1 448 millions d’euros (Promojardin, 2003, 2009). Ces dernières années, l’univers du bricolage est en croissance, mais, les enseignes étant déjà bien implantées, cette croissance s’effectue davantage en termes de surfaces commerciales qu’en nombre de magasins. Les GSB se différencient des jardineries par leur concentration et par leurs surfaces. Les cinq premières enseignes de GSB représentent 50 % des points de vente et 54 % des surfaces commerciales contre, respectivement, 46 % et seulement 34 % pour les jardineries (Tableau 10.5). Globalement, l’implantation des GSB en France est très proche de celle des jardineries/graineteries et des LISA. Les très grandes surfaces de type Castorama ou Leroy Merlin sont localisées dans les grandes agglomérations alors que les magasins de taille réduite (Catena, Logimarché) sont davantage présents dans les zones rurales ou les villes moyennes. Si le marché des GSB est largement dominé par les groupes Kingfisher (Castorama, Brico-Dépôt) et Adéo (Leroy Merlin, Aki, Bricocenter, Weldom, Dompro, Bricoman et Bricomart), il est très compliqué de déterminer quelle est la part de chacun des acteurs de l’univers GSB dans le marché du jardin par manque d’informations disponibles. Le cas des GSA dans le marché du jardin est assez atypique. Bénéficiant de la puissance de leur centrale d’achat, les GSA jouent le rôle de discounter en particulier en se positionnant principalement sur des produits d’appel comme les végétaux, contenants, produits de jardins et aménagements hors clôtures. Le rayon jardinerie des GSA représente entre 1,2 et 1,8 % du CA selon les enseignes (selon la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution). La vente hyper-saisonnière de volumes très importants de ces produits basiques d’appel a permis aux GSA de conquérir des parts de marché jusqu’en 2002 (Promojardin, 2003). Depuis, leur position s’érode (-4,5 %) avec un CA d’environ 943 millions d’euros, en 2008, soit 16 % du marché (Promojardin, 2009). Cette érosion s’explique par la tendance

122

Jardins potagers : terres inconnues ?

TABLEAU 10.5

Les vingt premières grandes surfaces de bricolage dans le jardinage en France en 2005 (IFLS, 2006).

Enseigne

Nombre

Surface (m2)

Surface moyenne (m2)

Bricomarché

466

1 195 491

2 565

MR Bricolage

381

1 017 199

2 670

Weldom

285

452 619

1 579

Catena

113

70 308

622

Castorama

102

1 016 571

9 966

Leroy Merlin

101

963 898

9 544

Bricorama

91

334 242

3 673

Briconautes

79

134 427

1 702

Brico Dépot

71

393 219

5 538

Logimarché

67

56 066

837

Brico Pro

42

74 516

1 774

Super Catena

34

42 177

1 241

Gedimat

32

36 167

1 130

Vima

30

43 022

1 434

Brico Leclerc

26

96 966

3 729

Maxi Brico

25

49 225

1 969

Point P

24

25 272

1 053

Bricoman

18

92 444

5 136

Pinault libre service

16

14 204

888

Club Partenaire

15

12 610

841

déflationniste sur les produits manufacturés en provenance d’Asie, laquelle remet en cause l’avantage concurrentiel des GSA. De plus, sur ce secteur, les consommateurs sont de plus en plus en attente de conseils. Les GSA, avec des conseillers-vendeurs peu disponibles et peu formés, se font distancer notamment par les jardineries qui au-delà des conseils proposent de nombreuses animations/formations gratuites. Le circuit de la VPC (incluant la vente de graines par les associations telles que Jardiniers de France) reste marginal dans le marché du jardin avec 174 millions d’euros de CA, soit seulement 3 % de part de marché. Sa position a même tendance à se réduire avec une baisse régulière, de presque 10 % ces dix dernières années. Avec un score largement inférieur au reste de l’économie, si on exclut la vente de graines et semences, la VPC « jardin » n’intègre pas du tout le potentiel de la vente en ligne. À l’image de l’utilisation d’Internet par les grands acteurs de la distribution en jardinage, la VPC « jardin » est encore à l’état embryonnaire.

Économie du jardinage

123

10.3.2 Évolution des circuits de distribution Depuis plusieurs années, le profil-type du jardinier amateur est en train d’évoluer. Si le profil « retraité occupant son temps libre » représente le plus fort contingent de jardiniers amateurs, d’autres, très différents, sont en train d’émerger, poussés par des motivations diverses. Pour certaines personnes, une nécessité économique impose de cultiver leur jardin ou une parcelle d’un jardin collectif, alors que pour d’autres, ce choix correspond plus à une volonté de modifier leur mode de vie, voire seulement de suivre une « mode ». De la même façon, de plus en plus de jardiniers « traditionnels » modifient leurs façons de jardiner ainsi que leurs modes de consommation. Face à l’ensemble de ces évolutions, les acteurs des circuits de distribution du marché du jardin sont tenus de s’adapter.

10.3.3 Contexte économique Face au contexte économique, aggravé par la crise économique depuis fin 2008, le prix va revenir au cœur du problème. Les magasins discount, jusqu’alors absents de ce secteur d’activité, sont en train de se développer avec des enseignes comme Garden Price (5 magasins) ou JardiPrix (2 magasins). Sur le même modèle économique que les discounter de l’univers des GSB de type Brico-Dépôt, ce type de magasin est amené à se développer. Forts de leur succès dans le bricolage, les discounter GSB sont également susceptibles d’investir le segment très porteur de l’équipement de jardin. Les GSA ne sont pas en reste et développent des concepts dédiés au jardinage : Jardi E. Leclerc, Jardinerie Auchan et Jardinerie Carrefour. Ce type de concept est très clairement orienté discount en s’appuyant sur la puissance des centrales d’achat de ces groupes et sur le développement de Marques de distributeur (MDD). Le développement de MDD, peu présentes dans de nombreux segments du marché, est clairement un des enjeux majeurs pour les réseaux classiques de distribution, comme les jardineries ou les LISA, pour faire face à l’arrivée de ces nouveaux concurrents, maintenir leurs ventes et leurs marges.

10.3.3.1 Prise de conscience environnementale S’il est certain que la nécessité d’alléger sa facture en produisant soi-même ses fruits et légumes a permis un retour en grâce des jardins pour les Français, la volonté de manger sainement tout en respectant l’environnement est l’autre moteur de ce phénomène. Surfant sur la préoccupation de plus en plus forte des Français pour leur environnement, les circuits de distribution, et notamment les jardineries, ont développé leurs gammes de produits biologiques et naturels. S’ils ne pèsent encore que 5 % du CA (en augmentation de 107 % entre 2007 et 2008), les produits « verts » représentent pourtant 25 à 30 % de l'offre en linéaires sur certains produits comme les phytopharmaceutiques. Leader dans cette démarche, l’enseigne Botanic a même totalement banni de l’ensemble de ses magasins, en 2007, une grande partie des produits chimiques proposés (engrais chimiques, produits phytopharmaceutiques à base de produits de synthèse, mais également mobilier de jardin en polychlorure de vinyle (PVC)). En s’appuyant sur le concept du développement durable (pari risqué à l’époque) et en développant des produits innovants (auxiliaires de cultures), l’enseigne connaît le succès et jouit d’une très bonne image auprès de ses clients. Botanic est d’ailleurs en tête des enseignes satisfaisant le plus ses clients, avec 91 % clients

124

Jardins potagers : terres inconnues ?

satisfaits des prestations offertes (Ebran et Bourcier, 2008). Cette nouvelle politique commerciale a d’ailleurs poussé certains grands groupes comme Compo à développer des gammes de produits 100 % naturels.

10.3.3.2 Nouveaux profils de clients Véritable valeur ajoutée des jardineries et LISA face aux GSA, le conseil aux clients est d’autant plus important face à l’évolution des jardiniers. En effet, nombre de nouveaux jardiniers (néo-ruraux, professions et catégories socioprofessionnelles supérieures (PCS+)48 n’ont aucune expérience du jardin et n’ont pas reçu une transmission intergénérationnelle de savoir familial (remèdes de grand-mères, connaissance des maladies, des cycles biologiques). Ces jardiniers sont en attente forte de conseils. Les jardineries, en plus de l’offre de conseils, ont développé toute une série de formations ciblées pour les jardiniers débutants mais également pour les jardiniers expérimentés. De plus, le développement de la considération écologique a poussé certaines enseignes à proposer des formations concernant un jardinage respectueux de l’environnement. Les acteurs du jardinage se sont également adaptés à la féminisation de la clientèle en développant des outils adaptés (outils à moteur plus légers, plus petits) mais également en rendant des produits « classiques » (e.g., gants, sécateurs) plus ludiques, plus colorés. Les enseignes du jardinage ont également développé certaines gammes de produits adaptés à certaines clientèles comme les PCS+ qui, si elles se tournent de plus en plus vers le jardin, consacrent beaucoup moins de temps à la pratique du jardinage que l’ensemble des Français (UPJ, 2007). Cette clientèle est à la recherche de produits adaptés à ses besoins comme des solutions « clés en main », kits et plants. 10.3.3.3 Internet La dernière évolution à laquelle doivent faire face les acteurs du marché est Internet. Ces dernières années, on constate la migration des circuits de VPC traditionnels vers l’e-commerce, mais aussi la création de sites pure player (les entreprises pure player ne proposent aucun magasin où leurs clients pourraient venir physiquement effectuer leurs achats). Face à cette évolution, à l'exception notable de Delbard, les spécialistes du jardin restent étonnamment absents de ce canal. Pourtant, un site de e-commerce permet de couvrir l'ensemble du territoire alors même que certaines régions restent sous-investies par les enseignes. Il constitue également une porte privilégiée pour capter à la fois la clientèle des jardiniers experts, historiquement adeptes de la VPC, mais aussi évidemment les jardiniers les plus jeunes et les PCS+ qui réalisent de très nombreux achats via Internet.

48. Les PCS+ regroupent les chefs d’entreprises, les artisans et commerçants, les cadres, les professions intellectuelles supérieures et les professions intermédiaires.

Économie du jardinage

125

7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN

Les jardins et la réglementation française Le cadre juridique réglementant les jardins est relativement complexe en l’absence de dispositif de loi spécifique. De plus, le terme jardin ne recouvre pas un seul type de jardin mais plusieurs types (e.g., privatifs, collectifs), rendant l’analyse réglementaire d’autant plus ardue. Ainsi, la réglementation relative aux jardins dépend de sept codes (code civil, code rural, code de l’urbanisme, code de l’environnement, code de la construction et de l’habitation, code de l’expropriation et code général des impôts) et relève de plus de 50 articles de loi. À cette réglementation nationale, il peut s’ajouter des réglementations spécifiques à l’échelle régionale (arrêtés préfectoraux) ou communale (arrêtés municipaux, plan local d’urbanisme (PLU), plan d’occupation des sols (POS)). Au vu de la complexité de la réglementation nationale française et de l’hétérogénéité des réglementations locales, nous nous efforcerons dans cette partie de définir le cadre général réglementant l’implantation et le devenir des jardins, puis celui encadrant leurs usages. Nous rappelons que les différents types de jardins ont été définis préalablement dans le chapitre 3 de cet ouvrage.

11.1 Implantation – devenir des jardins 11.1.1 Création de jardins L’implantation des jardins privatifs sur une parcelle privée n’est pas aussi libre que l’on pourrait le penser. Si elle relève généralement du droit privé et qu’aucune réglementation nationale

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ne l’encadre, la création de jardins peut dépendre de réglementations locales (PLU, POS ou règlement de lotissement). Ainsi, si ce type de réglementation ne peut pas interdire l’implantation d’un jardin sur une parcelle privée, il peut imposer des dispositions particulières. Par exemple, le règlement d’un lotissement peut imposer pour les parcelles donnant sur la route, que le potager soit implanté seulement sur la partie arrière de la parcelle. L’implantation de jardins familiaux est, quant à elle, totalement réglementée. Les associations, telles que définies dans les articles L.561-1 et L.561-2, ne sont généralement pas propriétaires des terrains sur lesquels sont assises les parcelles. Ces dernières appartiennent le plus souvent à des collectivités publiques ou semi-publiques (e.g., communes, établissements publics intercommunaux, conseils généraux ou départementaux, organismes HLM (habitation à loyer modérée), Réseau ferré de France, OPAC (Office public d’aménagement et de construction), voire à des particuliers, qui les mettent à disposition à titre onéreux ou gratuit. Les modalités de location sont définies par les articles L.471-1 à L.471-7. Selon l’article L.471-2, « Toute location aux associations de jardins collectifs est consentie pour une durée minimale de trois ans, renouvelable pour une durée au moins égale par tacite reconduction. » « Nonobstant toute clause et tous usages contraires, toute location de jardins collectifs ne cesse à l’expiration du terme fixé par la convention ou par la loi que par l’effet du congé donné par écrit par l’une des parties à l’autre, avec un délai de préavis au moins égal à six mois. » « En tout état de cause, le congé ne prend effet qu’après enlèvement des récoltes et au plus tard le 30 novembre. » Selon l’article L.562-2, les associations de jardins familiaux peuvent demander aux collectivités locales compétentes d’exercer leur droit de préemption en vue de l'acquisition de terrains destinés à la création ou à l'aménagement de jardins familiaux. Les terrains acquis par les collectivités, en vertu de l’article R.562-2 et conformément aux dispositions des articles L.211-1 à L.211-7, L.212-1 à L.212-5 et L.213-1 à L.213-18 du code de l'urbanisme, « ne peuvent faire l'objet que d'une location, d'une durée de neuf à dix-huit ans, à des organismes de jardins familiaux constitués conformément aux dispositions des articles L.561-1 et L.561-2 ». Cependant, que cela soit dans les cas de préemption par les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) ou les collectivités, les cessions ou locations sont accordées sous conditions. D’après les articles R.562-1 et R.562-3, toute location ou cession consentie en application des articles R.562-2 et L.562-1 « est subordonnée à l'engagement de l'organisme preneur de respecter les prescriptions d'un cahier des charges approuvé par le conseil municipal de la commune où sont situés les terrains ou, le cas échéant, par l'organe délibérant du groupement de communes ayant compétence en matière d'urbanisme. Ce cahier des charges doit respecter les règles d'urbanisme applicables. Il définit les obligations qui incombent à l'association de jardins familiaux, notamment en ce qui concerne l'aménagement, l'entretien et la gestion, compte tenu du voisinage, du paysage et des abords. » La proposition de loi votée en octobre 2003 au Sénat pourrait apporter des améliorations notables pour les jardins collectifs en étendant le droit de préemption des SAFER et des collectivités pour l’ensemble des jardins collectifs.

11.1.2 Aménagement du jardin (hors végétaux) Les propriétaires sont en droit de clôturer leur jardin conformément à l'article 647 du code civil, sous réserve qu’il n’existe pas de servitude privée ou publique qui limite le droit de clore

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sa propriété (articles 682 et 701 du code civil). L’édification de clôtures est dispensée de formalités depuis le 1er octobre 2007 (article 421-2 du code de l’urbanisme), sauf si elle est en secteur sauvegardé, en site classé ou dans une commune ayant décidé par délibération de soumettre ces travaux à déclaration préalable (article 421-12 du code de l’urbanisme). La forme et la taille de la clôture sont libres à défaut de réglementation particulière (POS, PLU, règlement de lotissement). Cependant, l’implantation des clôtures peut être réglementée en raison de servitudes de visibilité comme indiqué dans l’article L.114-1 du code de la voirie routière : « les propriétés riveraines ou voisines des voies publiques, situées à proximité de croisements, virages ou points dangereux ou incommodes pour la circulation publique peuvent être frappées de servitudes destinées à assurer une meilleure visibilité ». Ces servitudes de visibilité impliquent selon l’article L.114- 2 du code de la voirie routière : – « L'obligation de supprimer les murs de clôtures ou de les remplacer par des grilles, de supprimer les plantations gênantes, de ramener et de tenir le terrain et toute superstructure à un niveau au plus égal au niveau qui est fixé par le plan de dégagement prévu à l'article L.114-3. » – « L'interdiction absolue de bâtir, de placer des clôtures, de remblayer, de planter et de faire des installations quelconques au-dessus du niveau fixé par le plan de dégagement. » – « Le droit pour l'autorité gestionnaire de la voie d'opérer la réfection des talus, remblais et de tous obstacles naturels de manière à réaliser des conditions de vue satisfaisantes ». L’édification de tout type de construction sur une parcelle est également soumise à réglementation. Ainsi la construction d’un abri de jardin, d’une remise à outils ou tout autre local accessoire d’une construction peut être soumise à autorisation ou à déclaration. Seuls les ouvrages de très faibles dimensions, dont la surface au sol est inférieure à 2 m2 et dont la hauteur ne dépasse pas 1,50 m ne sont pas soumis à autorisation ni à déclaration. Une déclaration de travaux est nécessaire pour les abris d’une surface hors œuvre brute (SHOB) inférieure ou égale à 20 m2 édifiés sur un terrain supportant déjà un bâtiment. Par contre, un permis de construire est nécessaire si : – la SHOB de l’abri est supérieure à 20 m2, – le terrain est situé dans le périmètre de protection d’un monument historique, – le règlement du POS ou du PLU édicte des dispositions spécifiques (hauteur, dimensions, matériaux), – le terrain est non bâti, – les travaux entraînent un réel changement de destination. Dans tous les cas, la forme, la hauteur ainsi que l’aménagement extérieur peuvent être réglementés par les PLU, les POS ou les règlements de lotissement. Au sein des jardins familiaux, un règlement intérieur peut également encadrer l’édification de constructions légères sur les parcelles. Cependant, cette contrainte est contractuelle et non pas réglementaire. Seules les réglementations locales précédemment citées réglementent légalement ce type de construction.

11.1.3 Protection des jardins 11.1.3.1 Droit de préemption et expropriation Face à l’importante décroissance du nombre de jardins familiaux depuis l’après-guerre, la loi du 10 novembre 1976 tend à assurer leur préservation en ouvrant aux SAFER et aux collectivités

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locales le droit de préempter pour acquérir des terrains destinés aux associations et les aménager comme nous l’avons vu précédemment. Le code rural permet également, en cas d’expropriation, que soit proposé aux associations de jardins familiaux, ou aux exploitants évincés membres de ces associations, « un terrain équivalent en surface et en équipement, sans préjudice des indemnités dues pour les frais de réaménagement » (article L.563-1). La proposition de loi du 14 octobre 2003 suggère que les terrains proposés soient de plus, « d’une situation comparable du point de vue de la valeur culturale et de l’éloignement, et exempts de pollution49 ». L’opportunité de récupérer de nouveaux terrains est soumise à condition. En effet, l’article R.563-1 stipule que « la mise à la disposition des associations ou exploitants évincés membres de ces associations de terrains équivalents en surface et en équipements en application de l'article L.563-1 est subordonnée à l'engagement de l'association ou de l'exploitant de respecter les prescriptions d'un cahier des charges, approuvées par le Conseil de la communauté urbaine ».

11.1.3.2 Terrains cultivés à protéger Les jardins, et ce quels que soient leurs types (privatif ou collectif), peuvent être soumis à des mesures de protection en tant que Terrains cultivés à protéger (TCP) via les PLU. Les articles L.123-1 § 9 et R.123-12 instituent le fait que « les plans locaux d'urbanisme localisent, dans les zones urbaines, les terrains cultivés à protéger et inconstructibles quels que soient les équipements qui, le cas échéant, les desservent ». Il convient de définir précisément les TCP, avant de présenter leur régime juridique. Ce régime est, comme pour les espaces boisés classés (EBC), déterminé par la loi. Il faut alors se demander quelle place peuvent prendre les TCP au sein de l’article 13 du règlement du PLU. Dans une étude détaillée de ces TCP50, Gilles Godfrin établit que « la notion de “terrains cultivés” doit s’entendre de manière compréhensive : il peut s’agir de jardins familiaux, de terrains maraîchers, de vergers, de vignobles, de pépinières, mais aussi de jardins potagers particuliers ou même de jardins ou parcs d’agrément. Le Conseil d’État, peu exigeant, permet le classement en TCP des terrains non construits « quelle que soit la valeur agronomique des sols ou la nature des cultures pratiquées ». Par ailleurs, les TCP peuvent ne pas être visibles depuis l’extérieur et ne jouer ainsi aucun rôle paysager. Le ministre de l’équipement a considéré que la délimitation de TCP n’était pas liée « à une exploitation effective des terrains au moment de leur classement […] mais seulement à la finalité d’usage que la commune entend garantir ». La Cour administrative d’appel de Versailles précise cependant que les terrains, s’ils ne sont pas actuellement cultivés, doivent avoir « fait l’objet de cultures dans le passé »51. On suppose qu’il doit s’agir d’un passé proche. Le classement en TCP a donc pour objet de maintenir une vocation 49. Il n’existe pas de définition réglementaire « d’absence de pollution ». Cependant, si on prend en compte la définition d’un site pollué fournie par le site internet BASOL, un terrain exempt de pollution serait un « site ne présentant pas un risque pérenne, réel ou potentiel, pour la santé humaine ou l'environnement du fait d'une pollution de l'un ou l'autre des milieux, résultant de l'activité actuelle ou ancienne ». 50. « L’écriture de l’article 13 du règlement du PLU ». Fiche 4 : Espaces boisés classés - Terrains cultivés à protéger. 51. En classant en TCP des terrains qui « n’ont pas fait l’objet de cultures dans le passé et […] sont toujours à l’état de friches », une commune commet donc une erreur de droit : CAA Versailles, 6 avril 2006, Meichel C. Commune de Saint-Martin-du-Tertre, reqs. n° 04VE02945.

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culturale et non de promouvoir la mise en culture de terrains qui n’ont pas et n’ont pas eu cette vocation. » « L’article L.123-1, 9 ne limite pas la surface des TCP. Il est cependant logique de considérer que cette protection ne concerne que des terrains de dimensions réduites (au maximum quelques hectares). Pour les espaces cultivés plus vastes, le classement en zone A (zone agricole) est mieux adapté. Contrairement aux espaces boisés classés, qui peuvent être créés dans toute zone du PLU, les TCP ne peuvent, selon l’article L.123-1, 9 être délimités que « dans les zones urbaines », c’est-à-dire les zones U. Une réponse ministérielle indique que la protection des terrains cultivés est destinée spécialement aux « terrains enclavés dans une zone urbaine », mais on peut penser que le classement en TCP est aussi applicable à des terrains qui ne sont pas « enclavés » mais en limite d’une zone urbaine. Il est dommage que les TCP ne puissent pas être créés au sein des zones à urbaniser (AU) où certains terrains cultivés périurbains (notamment des terrains maraîchers) gagneraient à être protégés immédiatement (pour les mettre à l’abri de la spéculation foncière, puis intégrés aux futures opérations d’extension urbaine) ; à défaut, le zonage A est la seule solution. » « L’article L.123-1, 9° organise un régime très sommaire de protection des TCP. Il résulte d’une part de la dénomination même des TCP qu’ils sont protégés. Par analogie avec les Espaces boisés classés (EBC), on peut donc penser d’une part, qu’ils ne peuvent changer d’affectation (il est donc interdit de leur donner une affectation autre que culturale, mais rien n’empêche cependant qu’ils soient laissés à l’abandon) et d’autre part, qu’est proscrit tout mode d’utilisation du sol de nature à compromettre leur conservation. À cet égard, l’article L.123-1, 7° précise que les TCP sont « inconstructibles, quels que soient les équipements qui, le cas échéant, les desservent ». En dépit de l’inconstructibilité énoncée sans nuance par la loi, on peut penser que sont cependant admises dans les TCP les constructions en lien avec leur affectation (murs de clôture, abris de jardins, serres, locaux d’accueil dans les jardins familiaux, etc.). » « Contrairement aux « éléments de paysage » protégés au titre de l’article L.123-1, 7° et aux Espaces boisés classés de l’article L.130-1, les travaux (autres que les travaux de construction) ayant pour objet de modifier un TCP (par exemple la coupe des arbres d’un verger) ne sont pas soumis à déclaration préalable, et ne font donc l’objet d’aucun contrôle administratif préventif. »

11.1.3.3 Cas des espaces boisés classés Certains jardins de taille importante (qui pourraient être qualifiés de parc arboré privé plutôt que de jardin) peuvent être qualifiés d’EBC et répertoriés dans l’article 13 du PLU, selon l’article L.130-1 du code de l’urbanisme. Cet article stipule que « les plans locaux d’urbanisme peuvent classer comme espaces boisés, les bois, forêts, parcs à conserver, à protéger ou à créer, qu’ils relèvent ou non du régime forestier, enclos ou non, attenant ou non à des habitations. Ce classement peut s’appliquer également à des arbres isolés, des haies ou réseaux de haies, des plantations d’alignement ». Cependant, le fait d’être classé à ce titre « interdit tout changement d’affectation ou tout mode d’occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création des boisements ». Ainsi, ce type de « jardin » ne peut pas être converti en jardin potager et n’entre donc pas dans le cadre de cet ouvrage.

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11.1.3.4 Cas particulier Certaines collectivités territoriales peuvent également inclure des dispositions particulières relatives à la protection des jardins dans le cadre des POS ou des PLU. Ainsi, la ville de Paris a introduit dans son POS la notion d’Espace vert intérieur à protéger (EVIP). Un EVIP est défini comme « un espace constituant, sur un ou plusieurs terrains, une unité paysagère à protéger pour sa qualité végétale ou arboricole ». Le champ de protection de l’EVIP se limite « au domaine privé, c’est-à-dire essentiellement aux jardins qui aèrent les cœurs d’îlots ». Les jardins ne sont pas ici des jardins potagers et l’objectif recherché est avant tout la préservation, éventuellement l’amélioration, du caractère paysager de la parcelle et de l’îlot. Ce type de réglementation spécifique permet de protéger des jardins qui ne peuvent pas être protégés en tant que TCP ou EBC du fait de leur taille réduite. En effet, il convient de considérer que les espaces de surface réduite ne peuvent faire l’objet de protection en tant qu’EBC puisqu’ils ne peuvent être qualifiés ni de « bois », ni de « forêts », ni de « parcs ». L’article 13.2 du POS définit les effets des EVIP, en énonçant les trois critères qui permettent d’autoriser la modification de l’état des terrains grevés par cette servitude. Les EVIP ne sont pas inconstructibles à proprement parler52, mais tout aménagement d’une parcelle grevée d’une servitude d’EVIP doit conserver la superficie de l’EVIP et maintenir ou améliorer son unité et son caractère. La superficie à restituer après travaux est celle qu’indique le règlement du POS pour chaque parcelle concernée. L’exigence du maintien de l’unité de l’EVIP impose la conservation ou l’amélioration de sa continuité paysagère : elle interdit qu’un espace vert protégé sur une parcelle soit séparé du reste de l’EVIP attenant ou qu’il soit lui-même divisé en deux ou plusieurs parties par des emprises bâties. La protection du caractère de l’EVIP vise enfin à empêcher une dénaturation des jardins concernés : il ne saurait être question, par exemple, de transformer en pelouse un espace arboré53.

11.2 Usage du jardin Une fois créés ou modifiés, les jardins sont encore soumis à certaines réglementations. Ainsi, l’usage même des jardins, allant de l’implantation de végétaux à la prise en charge des déchets de jardin, en passant par l’usage de produits phytopharmaceutiques, est largement réglementé par des réglementations nationales et/ou locales.

11.2.1 Plantations et entretien 11.2.1.1 Emplacement des plantations La plantation d’espèces végétales (e.g., haies, arbres) est certainement l’aspect le plus réglementé au niveau du jardin. En effet, elle peut dépendre de réglementations ou d'usages locaux (règlement 52. Le Conseil d’ État a estimé que si les dispositions relatives aux EVIP soumettent à des règles restrictives la construction sur les emplacements figurant au POS de la Ville de Paris sous la rubrique « Espaces verts intérieurs à protéger », elles ne frappent pas de tels emplacements d’une inconstructibilité absolue ; que ces emplacements ne sauraient dès lors être regardés comme des emplacements réservés aux espaces verts au sens de l’article R. 123-18 (4°) du code de l’urbanisme, sur lesquels, en vertu de l’article R. 123-32 du même code, la construction est interdite ” (CE 2 juillet 1982 Min. de l’environnement c/ Comité de défense du quartier de l’Observatoire et autres, Leb. p. 266). 53. D’après Jardins parisiens privés à protéger. Bernard Lamorlette, n° 83, ADEF.

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de lotissement, Mairie, Services de l'urbanisme ou Chambre d'agriculture). En l'absence d'arrêtés locaux, ce sont les règles du code civil qui doivent être appliquées. Ainsi, selon l’article 671 du code civil, « il n'est permis d'avoir des arbres, arbrisseaux et arbustes près de la limite de la propriété voisine qu'à la distance prescrite par les règlements particuliers actuellement existants, ou par des usages constants et reconnus, et à défaut de règlements et usages, qu'à la distance de deux mètres de la ligne séparative des deux héritages pour les plantations dont la hauteur dépasse deux mètres, et à la distance d'un demi-mètre pour les autres plantations. » « Les arbres, arbustes et arbrisseaux de toute espèce peuvent être plantés en espaliers, de chaque côté du mur séparatif, sans que l'on soit tenu d'observer aucune distance, mais ils ne pourront dépasser la crête du mur. » « Si le mur n'est pas mitoyen, le propriétaire seul a le droit d'y appuyer les espaliers. » L’article 672 du code civil stipule « le voisin peut exiger que les arbres, arbrisseaux et arbustes, plantés à une distance moindre que la distance légale, soient arrachés ou réduits à la hauteur déterminée dans l'article précédent, à moins qu'il n'y ait titre54, destination du père de famille55 ou prescription trentenaire56. « Si les arbres meurent, ou s'ils sont coupés ou arrachés, ils ne peuvent être remplacés qu'en observant les distances légales. En dehors des bordures entre deux parcelles, les plantations d’arbres et arbustes en bordure de voie publique sont également réglementées, par les articles L.114-1 et L.114-2 du code de la voirie routière de la même façon que les clôtures et murs.

11.2.1.2 Choix des espèces végétales La commercialisation des semences potagères et de plants de légumes est réglementée en France et en Europe selon les directives européennes (Directive 2002/55/CE et Directive 92/ 33/CEE). Selon le GNIS, les semences et plants commercialisés doivent posséder des qualités minimales et appartenir à des variétés distinctes, décrites et inscrites au catalogue officiel des espèces et variétés (lorsqu'il en existe un pour l'espèce). Elles peuvent être inscrites soit sur le catalogue français (y compris la liste des anciennes variétés pour amateurs), soit sur le catalogue européen qui est la compilation des catalogues officiels nationaux. Pour les grandes espèces de légumes57, les semences commercialisées sont vendues le plus souvent sous forme de « semences standard » avec la mention « règles et normes CE ». Cette 54. Il y a titre lorsque les plantations irrégulières ont été établies à une distance non conforme de la propriété voisine, en vertu d'une autorisation écrite, par exemple, du propriétaire voisin. 55. Il y a destination du père de famille lorsque le fonds sur lequel sont établies ces plantations irrégulières et le fonds du voisin à proximité duquel elles se trouvent appartenaient autrefois au même propriétaire et que, dans l'acte notarié qui a séparé les deux fonds, il n'a rien été stipulé de contraire à cet état des choses. 56. Il y a prescription lorsque l'arbre situé à une distance irrégulière de la propriété voisine existe depuis plus de trente ans et sans que le voisin n'ait formulé pendant cette période aucune opposition. 57. Ail, artichaut, asperge, aubergine, betterave rouge, brocoli, cardon, carotte, céleri, cerfeuil, chicorée frisée/scarole, chicorée industrielle, chicorée witloof (endive), chou cabus, chou chinois, chou de bruxelles, chou de milan, chou frisé, chou rouge, chou-fleur, chou-rave, concombre/cornichon, courgette, échalote, épinard, fenouil, fève, haricot, haricot d'Espagne, laitue, mâche, melon, melon d'eau-pastèque, navet de printemps/d'automne, oignon, persil, piment/poivron, poireau, poirée, pois, potiron, radis, rhubarbe, scorsonère, tomate.

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mention sur l'étiquette ou sur l'emballage garantit le respect des normes européennes en matière de germination et d'absence de graines d'autres espèces. Quelques espèces peuvent être commercialisées sous forme de semences certifiées (e.g., ail, échalote). Certaines espèces de légumes (comme certaines « courges » ou des espèces plus mineures, comme l'arroche, le panais ou la tétragone) ne rentrent pas dans le cadre de la réglementation européenne et n'ont donc pas de catalogue officiel. Elles n'ont donc pas le droit aux mentions « semence standard » et « règles et normes CE ». Néanmoins, leur qualité est souvent couverte par des normes nationales françaises. Enfin, les semences des variétés figurant sur le registre annexe des anciennes variétés pour jardiniers amateurs, sont commercialisables en France, avec les mêmes normes de qualité que pour les autres variétés déjà inscrites au catalogue officiel. Elles doivent donc porter sur l'emballage la mention « semences standard », mais pas la mention « règles et normes CE », puisqu'il s'agit, pour l'instant, d'une disposition française. Depuis 1984, la commercialisation des plants de légumes est soumise à une réglementation spécifique (arrêté du 17 octobre 1984 relatif à la commercialisation des plants de légumes et décret du 23 juin 1994 relatif à la commercialisation des jeunes plants de légumes, complétés par l’arrêté du 1er décembre 1994 relatif à l’étiquetage). Les producteurs de plants de légumes sont soumis à un agrément obligatoire. Les plants de légumes étant des produits vivants, qui peuvent se dégrader rapidement s’ils sont mal conservés, doivent respecter certaines conditions pour pouvoir être commercialisés : – aspect frais, suffisamment turgescent, sain et exempt d'attaques visibles de parasites ou de maladies, et ne pas présenter de dégâts de gel, ou de blessures ; il ne doit y avoir aucun défaut suffisamment important pour compromettre la reprise ou la croissance ultérieure ; – les plants doivent être homogènes en hauteur, force ou calibre lorsqu'ils sont présentés par lot, en barquette par exemple. Il est à noter que les plants de pomme de terre bénéficient d’une réglementation particulière et complexe qu’il n’y a pas lieu d’évoquer ici58. Les plants de légumes et d'aromatiques consommables (e.g., herbes aromatiques) sont également soumis à une règlementation particulière puisqu’ils peuvent être consommés immédiatement par l'acheteur au lieu d'être plantés. Les professionnels responsables de la commercialisation de ce type de plants doivent veiller à ce qu'ils ne portent pas atteinte à la santé des personnes (article L.221-1 du code de la consommation).

11.2.1.3 Entretien du jardin Tout propriétaire est tenu de couper les branches de ses arbres qui dépassent chez son voisin, au niveau de la limite séparatrice. Le voisin n'a pas le droit de couper lui-même les branches qui dépassent mais, il a le droit absolu d'exiger qu'elles soient coupées au niveau de la limite séparatrice (Cassation civile, 17 septembre 1975), même si l'élagage risque de provoquer la mort du dit arbre (Cassation civile, 16 janvier 1991. Chambre 3). L'obligation de la taille d'une haie peut être reportée à une date ultérieure, pour effectuer cette dernière durant une période propice (Cour de cassation de Paris, 27 septembre 1989).

58. Pour plus d’information sur ce sujet : http://www.gnis.fr/index/action/page/id/629/title/Des-regles-specifiques-pour-la-commercialisation-des-plants-de-pomme-de-terre.

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Dans certains cas, les jardins ne peuvent pas être laissés en friche et sont soumis à un entretien obligatoire. C’est en particulier le cas dans les zones exposées aux incendies où le débroussaillage est une obligation réglementaire selon les articles L.322-1 à L.322-13 du code forestier. Le débroussaillage est défini par l’article L.321-5.3 du code forestier comme l’ensemble des « opérations dont l'objectif est de diminuer l'intensité et de limiter la propagation des incendies par la réduction des combustibles végétaux en garantissant une rupture de la continuité du couvert végétal et en procédant à l'élagage des sujets maintenus et à l'élimination des rémanents de coupes ». Il est également à noter que les travaux d’entretien, qui peuvent être relativement bruyants pour certains (e.g., tondeuse, taille-haie), sont soumis aux réglementations liées aux bruits du voisinage (c’est évidemment aussi le cas pour des travaux, tels que la plantation d’arbres ou l’implantation de clôtures). Ces bruits sont encadrés par les articles R.1336-6 à R.1336-10 du code la santé publique. Les jardiniers sont tenus de respecter les arrêtés préfectoraux ou les arrêtés municipaux réglementant ces activités dans les communes, concernant les jours et les créneaux horaires autorisés pour l’utilisation d’engins bruyants.

11.2.2 Animaux domestiques En dehors d’une réglementation locale contraire (règlement de lotissement, POS, PLU), l’élevage d’animaux domestiques est possible dans la limite de 50 lapins ou volailles de plus de trente jours. Un nombre supérieur d’animaux qualifie la basse-cour en élevage soumis à déclaration. Cependant, chaque animal ne se compte pas de la même façon. Ainsi, les poules, poulets, faisans, pintades et lapins comptent pour un animal, les canards pour 2 animaux, les dindes et oies pour 3, les palmipèdes gras en gavage pour 5, les pigeons et perdrix pour 1/4 d’animal et les cailles pour 1/8 d’animal. L’article 153-4 du règlement sanitaire départemental (RSD) ne prévoit qu’une distance de recul vis-à-vis des habitations ou des campings (sauf camping à la ferme) de 25 mètres pour les élevages de volailles et de lapins renfermant de 50 à 500 animaux de plus de trente jours. Les basses-cours de moins de 50 animaux ne sont donc pas concernées et peuvent donc être implantées n’importe où sur la parcelle à condition de respecter les distances réglementaires concernant les abris et les clôtures, ainsi que les réglementations locales. Cependant, du fait du bruit et de l’odeur de ces animaux, il n’est pas recommandé de situer ce type d’installation à proximité du voisinage. L’article 26 du RSD stipule que « les installations renfermant des animaux vivants, notamment les clapiers, poulaillers et pigeonniers, doivent être maintenues constamment en bon état de propreté et d’entretien. Ils sont désinfectés et désinsectisés aussi souvent que nécessaire. Les fumiers doivent être évacués en tant que besoin pour ne pas incommoder le voisinage ». De plus, la réglementation sur le bruit de voisinage et de comportement s’applique à ce type d’élevage familial. D’après l’article R.1334-31 du code de la santé publique « aucun bruit ne doit par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’Homme, dans un lieu public ou privé. Et cela qu’une personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne, d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité ». En règle générale, dans le cadre des jardins familiaux, l’élevage ou l’installation permanente d’animaux (poules, lapins, chèvres, tous animaux de basse-cour, tous animaux de compagnie) sont expressément interdits.

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11.2.3 Usage des produits de jardin Parmi les produits de jardins, les produits phytopharmaceutiques sont ceux qui sont soumis à la réglementation la plus stricte. Les principaux textes sont issus, en droit français, de la loi du 2 novembre 1943 relative à l'organisation du contrôle de produits antiparasitaires à usage agricole et des produits assimilés. Les textes les plus importants qui en découlent sont l'arrêté du 5 juillet 1985 relatif à la délivrance d'autorisation d'emploi de produits antiparasitaires et le décret du 5 mai 1994 relatif aux contrôles des produits phytopharmaceutiques. La loi d’orientation agricole du 6 janvier 2006 a fortement renforcé la réglementation entourant les produits phytosanitaires. En France, toute matière fertilisante (et support de culture) doit être soumise à autorisation de mise sur le marché, sauf si elle répond aux exigences du Règlement européen 2003/2003 « engrais CE » ou d’une norme française rendue d’application obligatoire. La normalisation est une dérogation qui concerne plus de 95 % des fertilisants avec notamment les normes NFU 44-051 (amendements organiques), NFU 42-001 (engrais), NFU 44-095 (compost de boues) ou NFU 44-001 (amendements minéraux basiques). Concernant les jardiniers amateurs, l'attribution de la mention « emploi autorisé dans les jardins » par le Ministère en charge de l'agriculture (découlant de l’arrêté du 23 décembre 1999) garantit des produits ne présentant pas de risques majeurs, à condition toutefois de respecter le mode d'emploi. Plus récemment, un arrêté du 6 octobre 2004 interdit pour un usage non professionnel tous les produits classés explosifs, toxiques, cancérigènes ou mutagènes. Ainsi, le jardinier ne doit utiliser que des produits de jardin (phytopharmaceutiques, supports de culture, engrais) portant la mention « emploi autorisé dans les jardins ». Il est tenu de respecter les conditions d’usage indiquées sur ces produits. Si l’apport d’amendements est très réglementé pour les agriculteurs, il semble qu’aucune réglementation particulière ne s’applique aux jardiniers amateurs. Concernant les produits phytopharmaceutiques, ils ont l’obligation de ne pas les utiliser pour les jardins à moins de 5 mètres des cours d’eau, points d’eau, rus et fossés (correspondant aux zones non traitées), et de respecter impérativement un délai de trois jours entre le traitement et la récolte pour autoconsommer (arrêté du Ministère en charge de l’agriculture du 12 septembre 2006). Le jardinier amateur peut préparer, en vue d’une utilisation personnelle, des produits phytopharmaceutiques naturels tels que le purin d’ortie59. Cependant, leur cession, même à titre gratuit, est interdite en vertu de l’article 70 de la loi d’orientation agricole du 6 janvier 2006. En effet, ce type de transaction gratuite entre deux parties équivaut à une mise sur le marché. Cependant, la loi n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques a inséré à l'article L253-1 du code rural une disposition permettant aux préparations phytopharmaceutiques naturelles peu préoccupantes de bénéficier d'une procédure simplifiée fixée par décret. Ce décret qui assouplit les conditions d’utilisation des « recettes de grand-mères » est en cours d'examen par le Conseil d'État. Il donne une définition des préparations concernées par le dispositif simplifié en précisant que la ou les substances actives inclues dans la préparation doivent être au préalable inscrites sur la liste positive de la directive 91/414/CEE modifiée du Conseil du 15 juillet 1991 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques60.

59. Réponse du Ministère de l'agriculture et de la pêche publiée dans le JO Sénat du 15/02/2007 (page 336) faite à une question écrite n° 25859 de M. André Vantomme (Oise) publiée dans le JO Sénat du 04/01/2007 (page 7) concernant l’application de l'article 70 de la loi d'orientation agricole aux traitements naturels.

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En ce qui concerne les jardins collectifs, les règlements intérieurs varient fortement sur ce point. Si certains conseillent de limiter ou de raisonner l’usage de pesticides, de plus en plus d’associations tendent à proscrire ces produits des jardins collectifs.

11.2.4 Eaux De manière générale, l’utilisation de l’eau à des fins d’arrosage dans les jardins n’est réglementée qu’en période de déficits hydriques. Les collectivités territoriales peuvent décider, par arrêté, de limiter temporellement (interdiction d’usage entre 10 et 18 heures par exemple) ou totalement l’utilisation de la ressource en eau, et ce quelle que soit l’origine de l’eau (réseau d’eau potable, réseau d’eau brute, réserves affectées et retenues collinaires, forage, prélèvement en nappe d’eau souterraine, prélèvement en nappe d’accompagnement de cours d’eau, pompage en cours d’eau). Le recours à d’autres sources d’eau que le réseau d’eau potable est réglementé de façon spécifique en fonction de la source en eau : eau de pluie, puits, source, cours d’eau.

11.2.4.1 Eau de pluie D’après l’article 641 du code civil, « tout propriétaire a le droit d'user et de disposer des eaux pluviales qui tombent sur son fonds ». Cependant, pendant très longtemps, un flou juridique a entouré l’utilisation de l’eau de pluie. L’arrêté du 21 août 2008 relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l'intérieur et à l'extérieur des bâtiments a clarifié et réglementé cette utilisation. L’article 1 définit l’eau de pluie comme « une eau de pluie non, ou partiellement, traitée ; est exclue de cette définition toute eau destinée à la consommation humaine produite en utilisant comme ressource de l'eau de pluie, dans le respect des dispositions des articles L.1321-1 et suivants et R.1321-1 et suivants du code de la santé publique ». La rubrique I de l’article 2 précise que « l’eau de pluie collectée à l'aval de toitures inaccessibles peut être utilisée pour des usages domestiques extérieurs au bâtiment. L'arrosage des espaces verts accessibles au public est effectué en dehors des périodes de fréquentation du public. ». Cependant, l’article 3 conditionne l’utilisation de cette eau de pluie à des équipements de récupération de l'eau de pluie « conçus et réalisés, conformément aux règles de l'art, de manière à ne pas présenter de risques de contamination vis-à-vis des réseaux de distribution d'eau destinée à la consommation humaine » et détaille la réglementation spécifique s’appliquant à ce type d’équipement. 11.2.4.2 Puits et forage Tout particulier peut disposer librement des eaux souterraines sur son terrain et faire réaliser un forage. Les forages ne sont toutefois pas soumis à la même réglementation si le forage a pour but un usage domestique (alimentation, hygiène, arrosage) ou non domestique (seulement arrosage). Les forages font l’objet d’une procédure de demandes de création d’un forage. Tout forage réalisé pour un usage non domestique, ou destiné à un prélèvement d’eau supérieur à 1000 m3 an–1, doit faire l’objet d’une déclaration au titre de la réglementation « eau » (rubrique 1.1.1.0 de l’article R.214-1 du code de l’environnement). Par exemple, – un forage destiné aux besoins de la famille, à l’arrosage du jardin familial n’est pas soumis à déclaration au titre de la réglementation « eau ». Il doit en revanche être équipé d’un 60. Réponse du Ministère de l'agriculture et de la pêche publiée dans le JO Sénat du 14/05/2009 (page 1207) faite à une question écrite n° 07418 de M. Marcel Rainaud (Aude) publiée dans le JO Sénat du 12/02/2009 (page 351) concernant les préparations naturelles peu préoccupantes.

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compteur d’eau et faire l’objet d’une déclaration en mairie (arrêté relatif au contrôle des puits et forages privatifs) ; – un forage d’irrigation de cultures ou destiné à abreuver les animaux est soumis à déclaration au titre de la réglementation « eau ». De plus, tout forage d’une profondeur de plus de 10 mètres doit être déclaré auprès de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (code minier Titre VIII - Article 131). Une fois le forage réalisé, les puits doivent être protégés par une couverture surélevée pour empêcher toute intrusion de corps étrangers et d’animaux. Leurs parois doivent être étanches dans la partie non-captante et la margelle surélevée d’au moins 0,50 mètre. Le sol doit également être étanche sur un diamètre d’au moins 2 mètres et doit présenter une pente vers l’extérieur pour éviter les eaux stagnantes. Enfin les puits doivent se situer à une distance d’au moins 35 mètres : – de toute source de pollution (e.g., élevage, déchets, stockage, ensilage, dépôts d’ordures), – d’un assainissement autonome, – des limites de propriété. Il est à noter que, conformément à l’article 10 du RSD et l’article L.2224-9 du code général des collectivités territoriales, les puits et les forages réalisés avant le 31 décembre 2008 devaient être déclarés en mairie avant le 31 décembre 2009 au moyen du formulaire Cerfa n° 13837*01 dit « Déclaration d’ouvrage, prélèvements, puits et forages à usage domestique ». En ce qui concerne les prélèvements d’eau réalisés dans ces types d’ouvrages, ils sont soumis à déclaration pour un volume de prélèvement compris entre 10 000 et 20 0000 m3 an–1 et à autorisation pour un prélèvement supérieur à 20 0000 m3 an–1, conformément à l’article R.214-1 du code de l’environnement (rubrique 1.1.2.0). Il est à noter que toute personne qui utilise un puits, un forage ou tout dispositif de prélèvement, quelle que soit son ancienneté, à des fins d’usage domestique (eau potable) doit, en plus de le déclarer, faire contrôler l’ouvrage et vérifier la potabilité de l’eau, au minimum tous les cinq ans. D’une manière générale, l’eau des puits étant considérée comme non potable, elle doit donc être réservée à des usages non domestiques tels que l’arrosage des jardins ou le lavage des véhicules.

11.2.4.3 Source L’article 642 du code civil stipule que « celui qui a une source dans son fonds peut toujours user des eaux à sa volonté dans les limites et pour les besoins de son héritage ». Cependant, l’article 643 du code civil introduit une nuance puisque « si, dès la sortie du fonds où elles surgissent, les eaux de source forment un cours d'eau offrant le caractère d'eaux publiques et courantes, le propriétaire ne peut les détourner de leur cours naturel au préjudice des usagers inférieurs ». De plus, l’usage des eaux de la source ne peut se faire au détriment d’autrui. Ainsi, l’article 642 du code civil précise que « le propriétaire d'une source ne peut plus en user au préjudice des propriétaires des fonds inférieurs qui, depuis plus de trente ans, ont fait et terminé, sur le fonds où jaillit la source, des ouvrages apparents et permanents destinés à utiliser les eaux ou à en faciliter le passage dans leur propriété ».

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« Il ne peut pas non plus en user de manière à enlever aux habitants d'une commune, village ou hameau, l'eau qui leur est nécessaire ; mais si les habitants n'en n'ont pas acquis ou prescrit l'usage, le propriétaire peut réclamer une indemnité, laquelle est réglée par experts ».

11.2.4.4 Cours d’eau Le jardinier dont la propriété est bordée ou traversée par un cours d’eau qui ne rentre pas dans le cadre de dépendance du domaine civil (défini par l’article 538 du code civil) peut utiliser l’eau de ce cours d’eau à des fins « d’irrigation de ses propriétés » (article 644 du code civil). L’article 645 énonce que « s'il s'élève une contestation entre les propriétaires auxquels ces eaux peuvent être utiles, les tribunaux, en prononçant, doivent concilier l'intérêt de l'agriculture avec le respect dû à la propriété ; et, dans tous les cas, les règlements particuliers et locaux sur le cours et l'usage des eaux doivent être observés ». D’après la rubrique 1.2.1.0 de l’article R.214-1 du code de l’environnement, tout prélèvement en cours d’eau ou en nappe d’accompagnement de cours d’eau est soumis à : – déclaration pour un volume total de prélèvement compris entre 400 et 1000 m3 h–1 ou entre 2 et 5 % du débit d’étiage du cours d’eau, – autorisation pour un volume total de prélèvement supérieur ou égal à 1000 m3 h–1 ou à 5 % du débit d’étiage du cours d’eau.

11.3 Productions La majorité de la production des jardiniers est utilisée dans le cadre d’une auto-alimentation. Toutefois, le jardinier peut être amené à donner ou vendre une partie de sa production. La vente est autorisée sans autorisation ou déclaration préalable à condition que ce type de vente soit occasionnel et que les produits respectent les conditions de vente réglementaires. Aucun plafond maximal en termes de volumes de vente et de revenus n’est fixé pour encadrer cette pratique mais le jardinier amateur doit tenir compte de la notion de répétition. En effet, en cas de revenus réguliers, le jardinier doit régulariser son activité, qui est dès lors considérée comme commerciale (entreprise individuelle, auto-entreprise), et déclarer ses revenus à l’Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales (URSSAF). Dans le cadre d’une pratique ponctuelle (surplus de production), le particulier est tenu de déclarer ce type de revenus dans la case « BNC non professionnel » lors de la déclaration des impôts. Les associations de jardiniers (en dehors des jardins familiaux qui interdisent la vente de leurs productions) possèdent le droit de vendre leurs productions auprès de leurs membres (dans la limite de 10 % du CA total de l'association), de particuliers ou d’autres associations. Quel que soit le type de transaction (rémunérée ou non), les produits ne doivent pas être transformés, préparés ou avoir subi quelque traitement relevant des usages commerciaux ou industriels. De plus, concernant la qualité des productions vendues ou données, le jardinier ou l’association est tenu de respecter l’ensemble des réglementations en vigueur en vertu de l’article L221-1 du code de la consommation qui précise que « les produits doivent, dans des conditions normales d’utilisation ou dans d’autres conditions raisonnablement prévisibles par le professionnel, présenter la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre et ne pas porter atteinte à la santé des personnes ». En particulier, les produits (fruits et légumes mais également la production animale) doivent respecter : – les teneurs maximales pour certains contaminants (ETM) fixées par le règlement (CE) n° 1881/2006 de la Commission du 19 décembre 2006 ;

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– les limites maximales de résidus de pesticides fixées par le règlement (CE) n° 396/2005 du Parlement européen et du Conseil du 23 février 2005. Il est à noter que la vente et le don ou l’échange de graines et de plants non inscrits aux catalogues officiels sont interdits par la règlementation française. Cette interdiction est réglementée par l’article 2-1-1° du décret n° 81-605 du 18 mai 1981 pris pour l’application de la loi du 1er août 1905 sur la répression des fraudes en ce qui concerne le commerce des semences et plants (article L.214-1 du code de la consommation) qui dispose que ne peuvent être mis sur le marché en France sous les termes « semences » ou « plants » suivis d’un qualificatif les produits qui n’appartiennent pas « à l’une des variétés inscrites sur une liste du catalogue officiel des plantes cultivées ou, à défaut, sur un registre annexe ». En cas de mise sur le marché, les graines et plants doivent aussi respecter l’article 7-b de l’arrêté du 15 septembre 1982 édictant les dispositions relatives à la commercialisation de légumes et mentionnant les conditions d’étiquetage. Tout distributeur de semences et de plants de légumes en France doit obligatoirement être enregistré au GNIS et soumis au contrôle du Service officiel de contrôle (SOC).

11.4 Déchets Au sens de l’article L.541-1 du code l’environnement, le jardinier amateur produit des déchets, définis comme « résidu d'un processus de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son détenteur destine à l'abandon ». Ainsi, selon l’article L.541-2 du code de l’environnement, le jardinier « qui produit ou détient des déchets dans des conditions de nature à produire des effets nocifs sur le sol, la flore et la faune, à dégrader les sites ou les paysages, à polluer l'air ou les eaux, à engendrer des bruits et des odeurs et, d'une façon générale, à porter atteinte à la santé de l'Homme et à l'environnement, est tenu d'en assurer ou d'en faire assurer l'élimination conformément aux dispositions du présent chapitre, dans des conditions propres à éviter les dits effets. » « L'élimination des déchets comporte les opérations de collecte, transport, stockage, tri et traitement nécessaires à la récupération des éléments et matériaux réutilisables ou de l'énergie, ainsi qu'au dépôt ou au rejet dans le milieu naturel de tous autres produits dans des conditions propres à éviter les nuisances mentionnées à l'alinéa précédent. »

11.4.1 Déchets verts Conformément aux articles L.541-1 et L.541-2 du code de l’environnement, les jardiniers sont responsables de l’élimination de leurs déchets verts (matières végétales issues de l’exploitation, de l’entretien ou de la création de jardins). Les circuits d’élimination classique sont l’apport volontaire en déchetterie ou en centre de compostage, ou la collecte porte-à-porte assurée par les communes ou leurs groupements, en vertu de l'article L.2224-13 du code général des collectivités territoriales. La circulaire « Voynet » du 28 avril 1998 incite à la valorisation biologique des déchets verts, afin d'éviter un stockage inutile de déchets non ultimes, compte tenu des objectifs fixés au 1er juillet 2002 (c'est-à-dire l'acceptation unique en décharge des déchets ultimes) et de réduire les flux orientés vers la filière incinération. Ainsi, cette circulaire incite à la fois à la valorisation individuelle mais également, à la création de filières de valorisation spécifiques. Cette circulaire est soutenue par le Plan national de soutien au compostage domestique (PNSCD) lancé en 2006 par le Ministère en charge de l’écologie

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et confié à l’ADEME. Ce plan vise d’une part, à mettre en évidence des opérations exemplaires dont les résultats et les impacts seront évalués et d’autre part, à mieux connaître les diverses pratiques de gestion domestique et à maintenir et valoriser celles considérées comme bonnes. Le brûlage des déchets verts est en règle générale interdit. En effet, d’après le chapitre 20 de l'annexe 2 du décret n° 2002-540 du 18 avril 2002, relatif à la classification des déchets, les déchets verts entrent dans la catégorie « déchets municipaux (déchets ménagers et déchets assimilés provenant des commerces, des industries et des administrations) y compris les fractions collectées séparément. » Or, l'article 84 du RSD stipule clairement que « le brûlage à l'air libre des ordures ménagères est interdit ». Cependant, le même article 84 du RSD prévoit également que « des dérogations à cette interdiction peuvent être accordées par le préfet (et non le maire) sur proposition de l'autorité sanitaire et après avis du Conseil départemental d'hygiène. Ces dérogations ne peuvent être accordées que dans le cas où il n'est pas possible d'utiliser d'autres moyens autorisés pour éliminer les déchets produits par le pétitionnaire ». C’est par exemple le cas où aucun point d’apport des déchets verts (déchetterie) n’est accessible. Ce cas est aujourd’hui rare. Les activités agricoles ou forestières ne relèvent pas des dispositions de cet article mais de dispositions spécifiques prévues par arrêté préfectoral.

11.4.2 Déchets et cadavres d’animaux À propos des fumiers issus d’un élevage familial, leurs dépôts doivent être situés, selon l’article 155 du RSD, à plus de 35 mètres des habitations, des points d’eau (e.g., sources, puits, forages, aqueducs) et des berges des cours d’eau ainsi que des rivages et des voies publiques. Cette distance de recul peut être réduite sans être inférieure à 10 mètres si le dépôt se fait sur une aire étanche munie d’un système d’évacuation-stockage du purin. La prise en charge des cadavres d’animaux morts doit prendre en compte l’article 98 du RSD. Les animaux ou lots d’animaux de moins de 40 kg peuvent être enfouis ou confiés à l’autorité sanitaire ou à un vétérinaire. Précisons que les animaux ou lots d’animaux de plus de 40 kg doivent être enlevés dans les 48 heures au plus tard par un équarrisseur. L’enfouissement des volailles, lapins et pigeons ne peut avoir lieu à moins de 35 mètres des habitations, des puits, des sources et des périmètres de captages. Il est interdit de les déposer sur la voie publique, dans les ordures ménagères ou de les jeter dans les mares, rivières, abreuvoirs, gouffres et autres cavités.

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Formation et information sur le jardinage

À partir du XIIe siècle, pour guider leurs travaux, les jardiniers ont déjà à leur disposition des livres d’heures incluant les premiers calendriers de jardinage. Ils devaient souvent se faire lire les textes. À partir de la seconde moitié du XIVe siècle, les jardiniers ont accès au premier traité de jardinage appelé le Rustican, livre des profits champêtres de l’agronome italien Pierre de Crescens. Cet ouvrage a été traduit dans toute l’Europe et a été très largement diffusé au XVe siècle. En 1600, dans son livre « Théâtre d’agriculture et mesnage des champs », Olivier de Serres a consacré 300 pages de ce premier grand traité d’agriculture au jardinage. Un extrait de l’Instruction pour les jardins fruitiers et potagers (Paris, 1690) de J.-B. de La Quintinie dit « Quand l’honnête jardinier sera parvenu à la connaissance certaine de quelques grands principes capables de lui donner une bonne teinture du jardinage, on doit être assuré qu’il ne voudra pas s’en tenir à cette simple connaissance des premiers éléments. Il lui prendra infailliblement une grande curiosité d’en savoir davantage sur une chose qui lui plaît ». Le Potager du Roy à Versailles est depuis la Révolution Française une institution à vocation pédagogique. Il présente aujourd’hui aux visiteurs ses dizaines de variétés de légumes et de fruits et pratique la vente d’environ 50 tonnes de fruits et 15 tonnes de légumes par an. De nos jours, l’information et la formation sur le jardinage est perceptible par la multiplicité des ouvrages (magazines et livres) et des sites Internet disponibles sur ces sujets et prodiguant conseils et astuces. Les jardineries ou jardins pédagogiques représentent également des endroits privilégiés par les jardiniers pour s’informer auprès de professionnels, parfois en complément de conseils donnés par des proches ou des voisins, eux-mêmes jardiniers.

Formation et information sur le jardinage

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Conclusion

Les jardins jouent, outre leur rôle socio-culturel, un rôle essentiel dans le retour au contact de la nature, le développement durable et la production alimentaire. Les pratiques de jardinage conduisent à la transformation parfois radicale du sol initial et entraînent une très grande diversité de situations en fonction de la multiplicité des pratiques. À vocation agronomique mais aussi paysagère et récréative, voire lieu de gestion de déchets, les sols de jardins sont à mi-chemin entre les sols agricoles et les sols des parcs urbains. Ils sont parfois soumis à des influences et des pratiques très intensives, pas toujours bien maîtrisées, pouvant conduire à l’accumulation de polluants et à la contamination de la chaîne alimentaire « familiale ». Quels sont alors les risques d’imprégnation des populations, lorsque la conjugaison de facteurs défavorables vis-à-vis de la qualité du sol (e.g., activités antérieures et actuelles, fond géochimique) contribue à l’accumulation de composés toxiques et représente une menace pour la santé des consommateurs de fruits, légumes et petits animaux ? Les connaissances acquises actuellement restent éparses et sont issues d’études de cas assez ponctuelles. Les données sont de qualité variable et reflètent souvent des connaissances partielles de la filière jardin. Elles indiquent néanmoins que les cas critiques resteraient marginaux. Par ailleurs, des problèmes de surfertilisation (NPK) seraient souvent rencontrés et de ce fait, doivent être interprétés comme un signal incitant à une évolution des pratiques vers une meilleure gestion des sols de jardins, la mise en place d’un inventaire de ceux-ci et une politique de gestion durable de leur qualité.

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Abréviations et acronymes

A Adéic : Association de défense d’éducation et d’information du consommateur ADEME : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie AFSSA : Agence française de sécurité sanitaire des aliments (devenu ANSES depuis le 1er juillet 2010) AFSSET : Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (devenue ANSES depuis le 1er juillet 2010) Al : Aluminium ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail As : Arsenic AU (zone) : Zone à urbaniser

B BAPPET : Base de données sur les teneurs en éléments traces métalliques des plantes potagères BD-ETM : Base de données sur les éléments traces métalliques BRF : Bois raméal fragmenté

Abréviations et acronymes

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BTEX : Benzène, toluène, éthylbenzène, xylènes BUWAL : Agence fédérale helvétique de l’environnement, de la forêt et des espaces naturels

C CA : Chiffre d’affaires Ca : Calcium CEC : Capacité d’échange cationique CEMAGREF : Centre national du machinisme agricole, du génie rural et des eaux et forêts (devenu IRSTEA depuis novembre 2011) CERTU : Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques CETE : Centre d’études techniques de l’équipement Cd : Cadmium CGL : Confédération générale du logement Co : Cobalt Cr : Chrome CSA : Conseil supérieur de l’agriculture Cu : Cuivre

D DDT : Dichlorodiphényltrichloréthane DGAL : Direction générale de l’alimentation DGCCRF : Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes

E EBC : Espaces boisés classés EcoLab : Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement EDTA : Acide éthylène-diamine-tétraacétique ENSAIA : École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires ENSAT : École nationale supérieure agronomique de Toulouse ETM : Élément trace métallique EVIP : Espace vert intérieur à protéger EXAFS (spectroscopie): Extended X-ray absorption fine structure

F Fe : Fer FNJFC : Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs

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Jardins potagers : terres inconnues ?

FNMJ : Fédération nationale des métiers de la jardinerie

G GIS sol : Groupement d’intérêt scientifique sol GNIS : Groupement national interprofessionnel des semences et plants GSA : Grandes surfaces alimentaires GSB : Grandes surfaces de bricolage

H HAP : Hydrocarbure aromatique polycyclique Hg : Mercure HLM : Habitation à loyer modéré

I IFLS : Institut français libre service IFOP : Institut français d'opinion publique INERIS : Institut national de l'environnement industriel et des risques INP : Institut national polytechnique INPL : Institut national polytechnique de Lorraine INRA : Institut national de la recherche agronomique INSEE : Institut national de la statistique et des études économiques InVS : Institut de veille sanitaire IRSTEA : Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture ISA : Groupe ISA de Lille

K K : Potassium

L LGCgE : Laboratoire génie civil et géoenvironnement LISA : Libres services agricoles LMR : Limite maximale de résidus LSE : Laboratoire sols et environnement

M MATE : Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement MCE : Maison de la consommation et de l’environnement MDD : Marque de distributeur MEDDE : Ministère de l’écologie du développement durable et de l’énergie

165

MEEDDM : Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer (devenu MEDDE depuis mai 2012) MESR : Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche Mg : Magnésium Mn : Manganèse

N N : Azote Ni : Nickel

O OPAC : Office public d'aménagement et de construction ORP : Observatoire des résidus de pesticides

P P : Phosphore Pb : Plomb PCB : Polychlorobiphényle PCDD/Fs : Polychlore dibenzo-p-dioxines et dibenzofuranes PCS : Profession et catégorie socioprofessionnelle PLU : Plan local d'urbanisme PNSCD : Plan national de soutien au compostage domestique POPs : Polluants organiques persistants

POS : Plan d'occupation des sols PVC : Polychlorure de vinyle

R RENECOFOR : Réseau national de suivi à long terme des écosystèmes forestiers de l’Office National des Forêts RMQS : Réseau de mesures de la qualité des sols RSD : Règlement sanitaire départemental

S SAFER : Société d’aménagement foncier et d’établissement rural SAV : Service après vente Sb : Antimoine Se : Sélénium SETRA : Service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements SHOB : Surface hors œuvre brute

166

Si : Silicium SNCF : Société nationale des chemins de fer SOC : Service officiel de contrôle

T TCP : Terrains cultivés à protéger Tl : Thallium

U UFCS : Union féminine civile et sociale UIPP : Union des industries pour la protection des plantes UL : Université de Lorraine UNEP : Union nationale des entrepreneurs du paysage UNIBAL : Union nationale des industriels du bricolage, du jardinage et de l’aménagement du logement UPJ : Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces verts URSSAF : Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales

V VPC : Vente par correspondance

X XANES (spectroscopie): X-ray absorption near edge structure

Z Zn : Zinc

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Figure 1

Variabilité morphologique de profils de sols urbains et périurbains (Photos : Schwartz C.).

Figure 1.2 Jardin médiéval : plantes médicinales, aromatiques et ornementales (à gauche) et jardin

renaissance : jardin d’agrément (à droite) (Photos : Chenot É.-D.).

Cahier Quadri

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Figure 1.3 Jardin carolingien de Melle en face des anciennes mines d'argent (galène argentifère)

dont l’exploitation a été arrêtée au Xe siècle. Jardin créé aujourd'hui pour montrer les plantes dont les mineurs se servaient pour se nourrir et se soigner (épeautre, avoine, absinthe…) (Gousset et Ronné, 2003).

Figure 3.1 Types de jardins (potager, agrément et verger)

(Photos : Chenot É.-D.).

Figure 4.3 Exemples d’espèces légumières présentes dans les jardins amateurs

(Photos : Chenot É.-D.).

170

Jardins potagers : terres inconnues ?

Figure 4.4 Exemples d’espèces fruitières présentes dans un jardin amateur

(cerisier, mirabellier, kaki (ou plaqueminier), kiwi – Est de la France (57)) (Photos : Chenot É.-D.).

Figure 5.1 Compilation de photographies dans les jardins (bioturbation des vers de terre, abris pour les insectes,

interactions plantes et insectes) (Photos : Dumat C. et Dupouy D.).

Cahier Quadri

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Figure 10.1 Segments du marché du jardin amateur en France en 2008

(Promojardin, 2009).

Figure 10.5 Répartition du marché du jardin en fonction des différents réseaux de distributions, en 2008

(Promojardin, 2009).

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Jardins potagers : terres inconnues ?