Initiation à l’économie [4 ed.] 9782761363365

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Initiation à l’économie [4 ed.]
 9782761363365

Table of contents :
Initation à l'économie......Page 2
Copyright......Page 3
Avant-propos......Page 4
À trois pas de la réussite!......Page 7
Sommaire......Page 9
Table des matières......Page 10
CHAPITRE 1: Qu’est-ce que l’économique?......Page 15
La macroéconomie......Page 17
Êtes-vous capable de combler tous vos désirs?......Page 18
Les trois questions fondamentales......Page 19
Coup d’œil sur l’économie québécoise: Le capital humain au Québec: quelques indicateurs......Page 21
1.2 La coordination des décisions économiques......Page 23
Les décideurs......Page 24
La coordination par le marché et la coordination par directives......Page 25
De la théorie à la réalité: des économies mixtes et ouvertes......Page 27
Coup d’œil sur l’économie mondiale: Cuba, une économie en mutation......Page 28
1.3 L’économique: une science humaine......Page 29
La vérification des modèles......Page 30
Coup d’œil sur un grand économiste: Adam Smith et la naissance de la science économique......Page 32
L’interprétation des graphiques descriptifs......Page 33
L’interprétation d’un graphique illustrant une relation entre deux variables......Page 36
Faites le point 1.4......Page 38
Le chapitre 1 en bref......Page 39
Questions de révision......Page 40
Mots clés......Page 42
CHAPITRE 2: Le problème économique fondamental: la rareté......Page 43
La courbe des possibilités de production......Page 45
2.2 Le coût de renonciation......Page 49
Le coût de renonciation d’un téléphone intelligent......Page 50
Le coût de renonciation et la forme de la CPP......Page 51
Les coûts de renonciation sont omniprésents......Page 52
Étudier ou travailler?......Page 53
Faites le point 2.2......Page 54
2.3 L’expansion des possibilités de production......Page 55
Coup d’œil sur un grand économiste: Joseph Schumpeter et les théories de la croissance économique......Page 56
Faites le point 2.3......Page 57
Le chapitre 2 en bref......Page 58
Questions de révision......Page 59
Mots clés......Page 62
CHAPITRE 3: La demande et l’offre......Page 63
3.1 La demande......Page 65
Le barème de demande et la courbe de demande......Page 66
Une variation de la demande......Page 67
Faites le point 3.1......Page 70
Le barème d’offre et la courbe d’offre......Page 71
Une variation de l’offre......Page 72
Faites le point 3.2......Page 75
Combien êtes-vous prêt à payer?......Page 76
Le prix: le régulateur du marché......Page 77
Les effets d’une variation de la demande......Page 78
Les effets d’une variation de l’offre......Page 79
Les variations simultanées de l’offre et de la demande......Page 80
Coup d’œil sur l’économie mondiale: Une variation de la demande de roses Une variation de l’offre de pétrole......Page 81
Coup d’œil sur un grand économiste: Alfred Marshall et le modèle de l’offre et de la demande......Page 83
Faites le point 3.3......Page 84
Le prix plafond......Page 85
Le prix plancher......Page 86
Faites le point 3.4......Page 88
Le chapitre 3 en bref......Page 89
Questions de révision......Page 90
Mots clés......Page 92
CHAPITRE 4: Le PIB et le niveau de vie......Page 93
La définition du PIB......Page 95
Les dépenses dans le modèle des flux circulaires......Page 96
L’égalité entre les dépenses et les revenus......Page 98
La méthode des dépenses......Page 100
La méthode des revenus......Page 101
Coup d’œil sur l’économie canadienne: Le calcul du PIB par Statistique Canada......Page 103
Faites le point 4.2......Page 104
Du PIB nominal au PIB réel......Page 105
Le PIB réel et la croissance économique......Page 107
Coup d’œil sur l’économie canadienne: Le calcul du PIB réel par Statistique Canada......Page 108
Faites le point 4.3......Page 109
Les biens et services non comptabilisés dans le PIB réel......Page 110
Coup d’œil sur l’économie mondiale: L’indicateur de développement humain de l’ONU......Page 112
Faites le point 4.4......Page 113
Sommes-nous plus riches que les Américains?......Page 114
Le chapitre 4 en bref......Page 115
Questions de révision......Page 116
Mots clés......Page 118
CHAPITRE 5: Le coût de la vie et le chômage......Page 119
La construction de l’IPC......Page 121
La mesure de l’inflation......Page 124
Coup d’œil sur le passé: 148 ans d’inflation et de déflation au Canada......Page 125
Faites le point 5.1......Page 126
Salaire nominal et salaire réel......Page 127
Taux d’intérêt nominal et taux d’intérêt réel......Page 128
Coup d’œil sur le passé: Les salaires nominaux et les salaires réels des premiers ministres du Canada......Page 129
Faites le point 5.2......Page 130
La nomenclature de l’Enquête......Page 131
Les trois principaux indicateurs du marché du travail......Page 132
Les travailleurs découragés......Page 133
Les types de chômage......Page 134
Combien d’argent vous faut-il pour vivre?......Page 135
Coup d’œil sur l’économie québécoise: Le taux de chômage au Québec......Page 136
Faites le point 5.3......Page 137
Le chapitre 5 en bref......Page 138
Questions de révision......Page 139
Appliquez vos savoir-faire......Page 141
Mots clés......Page 142
CHAPITRE 6: La demande et l’offre agrégées......Page 143
Le cycle économique......Page 145
Les fluctuations économiques et le modèle de la demande et de l’offre agrégées......Page 146
Faites le point 6.1......Page 147
La demande agrégée et la courbe DA......Page 148
Les variations de la demande agrégée......Page 150
Faites le point 6.2......Page 153
L’offre agrégée et la courbe OA......Page 154
Les variations de l’offre agrégée......Page 156
6.4 L’équilibre macroéconomique......Page 159
Peut-on prévoir l’avenir?......Page 160
Les trois types d’équilibre macroéconomique......Page 161
Coup d’œil sur l’économie québécoise: L’évolution de l’équilibre macroéconomique du Québec depuis 1981......Page 162
L’école classique......Page 163
L’école keynésienne......Page 164
L’école monétariste......Page 165
Faites le point 6.4......Page 166
Le chapitre 6 en bref......Page 167
Questions de révision......Page 168
Mots clés......Page 170
CHAPITRE 7: La politique budgétaire et la dette......Page 171
Le budget fédéral......Page 173
L’évolution des revenus, des dépenses et du solde budgétaire......Page 174
Faites le point 7.1......Page 175
Les effets d’une variation des dépenses publiques ou des impôts......Page 176
Coup d’œil sur un grand économiste: John Maynard Keynes et la révolution macroéconomique......Page 177
La politique budgétaire à l’œuvre......Page 180
Les limites de la politique budgétaire......Page 182
Les frais de la dette......Page 183
La dette et son poids......Page 184
Coup d’œil sur l’économie québécoise: L’évolution de la dette du Québec depuis 1998......Page 187
Faites le point 7.3......Page 188
Payez-vous trop d’impôts?......Page 189
Le chapitre 7 en bref......Page 190
Questions de révision......Page 191
Mots clés......Page 192
CHAPITRE 8: La monnaie et la politique monétaire......Page 193
La définition de la monnaie......Page 195
Les fonctions de la monnaie......Page 196
La monnaie au Canada......Page 197
Coup d’œil sur l’économie canadienne: Requiem pour la «cenne noire» (1908-2012)......Page 198
Une nouvelle monnaie......Page 200
Deux mesures officielles de la monnaie: M2 et M2+......Page 201
Faites le point 8.1......Page 202
Les institutions de dépôt......Page 203
Les fonctions économiques des institutions de dépôt......Page 204
Comment les institutions de dépôt créent-elles de la monnaie?......Page 205
Coup d’œil sur le passé: L’«invention» des banques......Page 208
La banque du Canada......Page 209
Les fonctions de la banque du Canada......Page 210
Les éléments clés et les effets de la politique monétaire canadienne......Page 211
Les effets d’une variation du taux directeur sur les taux d’intérêt......Page 214
Les effets en chaîne d’une variation des taux d’intérêt......Page 215
La conduite de la politique monétaire......Page 218
Coup d’œil sur un grand économiste: Milton Friedman et l’évolution de la politique monétaire......Page 220
Coup d’œil sur l’économie canadienne: La politique monétaire canadienne à l’œuvre......Page 221
Épargner ou emprunter?......Page 222
Faites le point 8.3......Page 223
Le chapitre 8 en bref......Page 224
Questions de révision......Page 225
Mots clés......Page 226
CHAPITRE 9: Le commerce international......Page 227
Nos partenaires commerciaux......Page 229
Pourquoi commerçons-nous?......Page 230
Coup d’œil sur l’économie canadienne: Les échanges commerciaux du Canada......Page 231
Faites le point 9.1......Page 234
Les possibilités de production au Canada et en Chine......Page 235
Les gains de l’échange......Page 237
Faites le point 9.2......Page 238
Coup d’œil sur un grand économiste: David Ricardo et les gains du commerce international......Page 239
Les tarifs douaniers......Page 240
Les barrières non tarifaires......Page 242
Coup d’œil sur le passé: L’évolution des tarifs douaniers canadiens......Page 243
Acheter des produits locaux ou importés?......Page 245
Faites le point 9.3......Page 246
Le chapitre 9 en bref......Page 247
Questions de révision......Page 248
Mots clés......Page 250
CHAPITRE 10: La finance internationale......Page 251
La balance des paiements internationaux......Page 253
Coup d’œil sur l’économie canadienne: L’évolution de la balance des paiements du Canada depuis 1986......Page 256
Coup d’œil sur l’économie mondiale: Les soldes du compte courant en 2014: comparaisons internationales......Page 257
Coup d’œil sur l’économie québécoise: La balance commerciale du Québec: un déficit inquiétant......Page 258
10.2 Le taux de change......Page 259
La demande sur le marché des changes......Page 260
L’offre sur le marché des changes......Page 262
Les variations du taux de change......Page 266
Coup d’œil sur le passé: Pourquoi le taux de change est-il si volatil?......Page 267
Une modification du taux directeur......Page 268
Une intervention directe sur le marché des changes......Page 269
Combien coûtera votre prochain voyage à l’étranger?......Page 270
Faites le point 10.3......Page 271
Coup d’œil sur le passé: Le taux de change du dollar canadien de 1947 à 2015: fixe ou flexible?......Page 272
Le chapitre 10 en bref......Page 273
Questions de révision......Page 274
Mots clés......Page 276
Glossaire......Page 277
Sources des Photographies......Page 282
Index......Page 283

Citation preview

Développement éditorial Marie-Claude Côté Gestion de projet Yasmine Mazani Révision linguistique Martin Benoit Correction d’épreuves Mariane Landriau Recherche iconographique Aude Maggiori Directrion artistique Hélène Cousineau Supervision de la réalisation Estelle Cuillerier Conception de l’intérieur et de la couverture Martin Tremblay Réalisation graphique Cyclone Design

Authorized translation from the English language edition, entitled FOUNDATIONS OF MACROECONOMICS, 7th Edition, by ROBIN BADE; MICHAEL PARKIN, published by Pearson Education, Inc., publishing as Prentice Hall, Copyright © 2015 by Pearson Education, Inc. All rights reserved. No part of this book may be reproduced or transmitted in any form or by any means, electronic or mechanical, including photocopying, recording or by any information storage retrieval system, without permission from Pearson Education, Inc. FRENCH language edition published by ERPI, Copyright © 2017. Cet ouvrage est une version française de la septième édition de Foundations of Macroeconomics de Robin Bade et Michael Parkin, publiée et vendue à travers le monde avec l’autorisation de Pearson Education, Inc.

© ÉDITIONS DU RENOUVEAU PÉDAGOGIQUE INC. (ERPI), 2017 Membre du groupe Pearson Education depuis 1989 1611, boulevard Crémazie Est, 10e étage Montréal (Québec) H2M 2P2 Canada Téléphone : 514 334-2690 Télécopieur : 514 334-4720 [email protected] pearsonerpi.com

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2017 Imprimé au Canada ISBN 978-2-7613-6336-5

123456789 20712 ABCD

SO 21 20 19 18 17 SM9

AVANT-PROPOS LES TROIS PREMIÈRES ÉDITIONS DE CET OUVRAGE DE ROBIN BADE ET MICHAEL PARKIN ONT CONNU UN FORT SUCCÈS. Nombre d’entre vous ont apprécié l’approche pédagogique privilégiant un apprentissage par la pratique, point par point, le style simple, direct et vivant, ainsi que les explications précises, soutenues par des exemples familiers, des éditions précédentes. Cette nouvelle édition garde les mêmes qualités intrinsèques que les trois premières, tout en actualisant son contenu et en incorporant plusieurs nouveautés. Pour susciter l’intérêt et la réflexion, chaque chapitre débute par une question économique ancrée dans le quotidien de l’étudiant, et la réponse à celle-ci met en évidence le lien entre les notions théoriques abordées et son vécu. Les capsules Saviez-vous que… présentent des événements tirés de l’actualité québécoise, canadienne ou internationale illustrant de manière concrète un concept économique, alors que la rubrique Appliquez vos savoir-faire donne l’occasion à l’étudiant de passer de la théorie à la pratique et de mieux comprendre les concepts économiques. Le contenu de plusieurs chapitres a été remanié. La fusion des chapitres 8 et 9 a donné naissance à un tout nouveau chapitre 8, intitulé « La monnaie et la politique monétaire ». Les chapitres 1, 3 et 6 n’ont plus d’appendices. Ils ont été intégrés au contenu des chapitres. Toutes les rubriques Coup d’œil (sur le passé, sur l’économie québécoise, sur l’économie canadienne et sur l’économie mondiale) ont été actualisées pour tenir compte des nouvelles données et des nouveaux événements qui ont marqué l’actualité économique. Les Coup d’œil sur un grand économiste racontent l’histoire de grands économistes et leur contribution à la science économique, comme Adam Smith, David Ricardo, Milton Friedman et John Maynard Keynes. Les rubriques Coup d’œil se terminent par des questions permettant à l’étudiant de revisiter leur contenu. Comme autres nouveautés, le contenu numérique compte désormais des tutoriels accompagnant plusieurs des figures du manuel. L’étudiant pourra les visionner facilement en numérisant les codes QR qui se trouvent dans le livre. De plus, les étudiants et les enseignants profiteront de centaines d’exercices sur la plateforme MonLab xL.

IV

AVANT-PROPOS

REMERCIEMENTS Nos remerciements s’adressent, tout d’abord, à Marie-Claude Côté, chef du développement éditorial, et à Yasmine Mazani, gestionnaire de projets éditoriaux, ainsi qu’à tous les membres de l’équipe d’ERPI ayant contribué à cette quatrième édition. Nous remercions nos collaborateurs : Stéphane Demers, du Cégep Beauce-Appalaches ; Caroline Gagnon, du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu ; Caroline Lachance, du Cégep de Trois-Rivières ; Michel Plunus, du Cégep de Drummondville ; et Jacques-René Giguère, du Cégep de Sept-Îles, qui ont révisé la version manuscrite de cette nouvelle édition. Leurs commentaires et suggestions nous ont été précieux tout au long de notre démarche. Nous tenons aussi à souligner la contribution du regretté Raymond Bienvenu, auteur des éditions antérieures, qui a adapté cet ouvrage à l’enseignement collégial québécois. Monique Barrette

L’AUTEURE DE L’ÉDITION QUÉBÉCOISE MONIQUE BARRETTE, auteure de la présente édition, détient un baccalauréat ainsi qu’une maîtrise en économique de l’Université Laval, et enseigne depuis près de trois décennies. Elle a fait ses débuts au Cégep de Baie-Comeau et au Cégep de Lévis-Lauzon. Depuis 1990, elle enseigne au Cégep Garneau. Durant sa carrière, elle a aussi été chargée de cours à l’École nationale d’administration publique (ENAP) et à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), et a participé à la révision de plusieurs manuels d’économie de niveau collégial et des trois premières éditions de cet ouvrage.

AVANT-PROPOS

LISTE DES TUTORIELS OFFERTS SUR

MaBiblio > Multimédia

CHAPITRE 2 Figure 2.1 La CPP et les combinaisons possibles et impossibles p. 33 Figure 2.2 Plein-emploi, sous-emploi, sacrifice et absence de sacrifice p. 35 Figure 2.3 Le calcul du coût de renonciation d’une bouteille d’eau p. 37 Figure 2.4 Le calcul du coût de renonciation d’un téléphone intelligent p. 38 Figure 2.5 Les effets de la croissance économique p. 43 CHAPITRE 3 Figure 3.1 Un barème de demande et une courbe de demande p. 54 Figure 3.2 La différence entre une variation de la quantité demandée et une variation de la demande p. 56 Figure 3.3 Le barème d’offre et la courbe d’offre p. 59 Figure 3.4 La différence entre une variation de la quantité offerte et une variation de l’offre p. 61 Figure 3.5 Le prix et la quantité d’équilibre p. 64 Figure 3.6 Les forces du marché rétablissent l’équilibre p. 65 Figure 3.7 Les effets d’une variation de la demande p. 66 Figure 3.8 Les effets d’une variation de l’offre p. 67 Figure 3.9 L’offre et la demande évoluent dans le même sens p. 69 Figure 3.10 L’offre et la demande évoluent dans des directions opposées p. 69 Figure 3.11 Un loyer plafond entraîne une pénurie de logements p. 72 Figure 3.12 Le salaire minimum entraîne du chômage p. 74 CHAPITRE 4 Figure 4.1 Les flux circulaires des revenus et des dépenses p. 86 Figure 4.2 Dégonfler le ballon du PIB p. 93* CHAPITRE 6 Figure 6.1 Les phases du cycle économique p. 133 Figure 6.2 Une variation de la quantité demandée de PIB réel p. 136 Figure 6.3 Les variations de la demande agrégée p. 138 Figure 6.4 L’offre agrégée p. 141 Figure 6.5 Les variations de l’offre agrégée p. 143 Figure 6.6 L’équilibre macroéconomique p. 147 Figure 6.7 Les trois types d’équilibre macroéconomique p. 150 Figure 6.8 L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école classique p. 151 Figure 6.9 L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école keynésienne p. 152 CHAPITRE 7 Figure 7.3 La politique budgétaire à l’oeuvre p. 168 CHAPITRE 8 Figure 8.4 Les effets d’une variation du taux directeur sur les taux d’intérêt p. 202 Figure 8.6 La politique monétaire à l’oeuvre p. 206 * Animation interactive

V

À TROIS PAS DE LA RÉUSSITE !

1

Engagez-vous dans vos apprentissages Imprégnez-vous de la grande question économique et avancez une hypothèse. Dans chaque chapitre, on vous pose une question économique ancrée dans le quotidien. Écoutez les explications des graphiques animés. Elles sont la clé pour bien comprendre les concepts économiques. Grâce aux codes QR du manuel, vous y accéderez en un clic sur votre mobile.

2

Passez à l’action Faites les activités. Lisez les chapitres et appuyez-vous sur leur contenu pour réaliser les activités « Faites le point » qui vous sont proposées. Profitez de la puissance de MonLab xL et prenez en main vos apprentissages. Grâce aux exercices variés et nombreux, au parcours personnalisé et aux rétroactions immédiates, c’est comme si votre enseignant était là en tout temps.

GUIDE D’APPRENTISSAGE

3

Évaluez le chemin parcouru Mesurez vos progrès. Faites les activités « Questions de révision » et lisez le résumé du « chapitre en bref » pour distinguer les concepts que vous maîtrisez et ceux que vous devez retravailler. Réalisez le défi de l’activité « Appliquez vos savoir-faire ». Vous y ferez des liens entre la théorie et l’actualité, et vous raffinerez votre compréhension des concepts économiques Obtenez le portrait de vos progrès dans MonLab xL en cliquant sur l’onglet « Résultats ».

Initiation à l’économie, accessible sur toutes les plateformes.

SOMMAIRE PARTIE 1

INTRODUCTION

2

CHAPITRE 1

Qu’est-ce que l’économique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2

CHAPITRE 2

Le problème économique fondamental : la rareté . . . . . . . . . . . .

30

CHAPITRE 3

La demande et l’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

50

PARTIE 2

LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

80

CHAPITRE 4

Le PIB et le niveau de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

80

CHAPITRE 5

Le coût de la vie et le chômage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

PARTIE 3

COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

CHAPITRE 6

La demande et l’offre agrégées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130

CHAPITRE 7

La politique budgétaire et la dette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158

CHAPITRE 8

La monnaie et la politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180

PARTIE 4

L’ÉCONOMIE MONDIALE

CHAPITRE 9

Le commerce international . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214

130

214

CHAPITRE 10 La finance internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238

TABLE DES MATIÈRES Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

III

À trois pas de la réussite ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

VI

PARTIE 1 INTRODUCTION

2

CHAPITRE 1 Qu’est-ce que l’économique ? . . . .

2

1.1 L’économique et ses trois questions fondamentales . .

4

La microéconomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La macroéconomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Êtes-vous capable de combler tous vos désirs ? . . . . . . Les trois questions fondamentales . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 1.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4 4 5 6 10

1.2 La coordination des décisions économiques . . . . . . . .

10

Les décideurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les marchés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La coordination par le marché et la coordination par directives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . De la théorie à la réalité : des économies mixtes et ouvertes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 1.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

11 12

1.3 L’économique : une science humaine . . . . . . . . . . . . . . .

16

L’observation et la mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La construction de modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La vérification des modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 1.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

17 17 17 20

1.4 Les graphiques : l’outil des économistes . . . . . . . . . . . .

20

12 14 16

Coup d’œil sur l’économie mondiale Cuba, une économie en mutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

15

Coup d’œil sur un grand économiste Adam Smith et la naissance de la science économique . . .

19

CHAPITRE 2 Le problème économique fondamental : la rareté . . . . . . . . . . . 30 2.1 Les possibilités de production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

32

La courbe des possibilités de production . . . . . . . . . . . . Faites le point 2.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

32 36

2.2 Le coût de renonciation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

36

Le coût de renonciation d’une bouteille d’eau . . . . . . . . Le coût de renonciation d’un téléphone intelligent . . . Le coût de renonciation et la forme de la CPP . . . . . . . . Le coût de renonciation est un ratio . . . . . . . . . . . . . . . . . Les coûts de renonciation sont omniprésents . . . . . . . . Étudier ou travailler ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 2.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

37 37 38 39 39 40 41

2.3 L’expansion des possibilités de production . . . . . . . . .

42

Faites le point 2.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

44

Le chapitre 2 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

45

Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

46

Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

49

Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

49

Coup d’œil sur un grand économiste Joseph Schumpeter et les théories de la croissance économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

43

Coup d’œil sur l’économie mondiale Quand la Chine rattrapera-t-elle les États-Unis ? . . . . . . . . .

44

Le principe de base de la construction d’un graphique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’interprétation des graphiques descriptifs . . . . . . . . . . L’interprétation d’un graphique illustrant une relation entre deux variables . . . . . . . . . . . . . Faites le point 1.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

23 25

Le chapitre 1 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

26

3.1 La demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

52

Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

27

Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

29

Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

29

La loi de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le barème de demande et la courbe de demande . . . Une variation de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 3.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

53 53 54 57

3.2 L’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

58

La loi de l’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

58

Coup d’œil sur l’économie québécoise Le capital humain au Québec : quelques indicateurs . . . . . .

20 20

8

CHAPITRE 3 La demande et l’offre . . . . . . . . . . . . . 50

X

TABLE DES MATIÈRES

Le barème d’offre et la courbe d’offre . . . . . . . . . . . . . . . Une variation de l’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 3.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Combien êtes-vous prêt à payer ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

58 59 62 63

3.3 L’équilibre du marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

64

Le prix : le régulateur du marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les effets d’une variation de la demande . . . . . . . . . . . Les effets d’une variation de l’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . Les variations simultanées de l’offre et de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 3.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

64 65 66

3.4 Le contrôle des prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

72

Le prix plafond . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le prix plancher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 3.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

72 73 75

Le chapitre 3 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

76

Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

77

Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

79

Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

79

67 71

La méthode des revenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Deux méthodes, un seul et même résultat . . . . . . . . . . Faites le point 4.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

88 91 91

4.3 Le PIB nominal et le PIB réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

92

Du PIB nominal au PIB réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le PIB réel et la croissance économique . . . . . . . . . . . . . Faites le point 4.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

92 94 96

4.4 Le PIB réel et le niveau de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

97

Les biens et services non comptabilisés dans le PIB réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 Faites le point 4.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Sommes-nous plus riches que les Américains ? . . . . . . 101 Le chapitre 4 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

Coup d’œil sur l’économie mondiale Une variation de la demande de roses Une variation de l’offre de pétrole . . . . . . . . . . . . . . . . . .

68

Coup d’œil sur un grand économiste Alfred Marshall et le modèle de l’offre et de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

70

Coup d’œil sur l’économie Canadienne Le calcul du PIB par Statistique Canada . . . . . . . . . . . . . . . . .

90

Coup d’œil sur l’économie Canadienne Le calcul du PIB réel par Statistique Canada . . . . . . . . . . . . .

95

Coup d’œil sur l’économie mondiale L’indicateur de développement humain de l’ONU . . . . . . . .

99

CHAPITRE 5 Le coût de la vie et le chômage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 5.1 L’indice des prix à la consommation . . . . . . . . . . . . . . . . 108

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

80

CHAPITRE 4 Le PIB et le niveau de vie . . . . . . . . . 80 4.1 Le PIB, les revenus et les dépenses . . . . . . . . . . . . . . . . .

82

La définition du PIB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les dépenses dans le modèle des flux circulaires . . . . . Les revenus dans le modèle des flux circulaires . . . . . . L’égalité entre les dépenses et les revenus . . . . . . . . . . . Faites le point 4.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

82 83 85 85 87

4.2 Le calcul du PIB canadien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

87

La méthode des dépenses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

87

La construction de l’IPC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 La mesure de l’inflation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 Faites le point 5.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 5.2 Valeurs nominales et valeurs réelles . . . . . . . . . . . . . . . 114 La valeur des dollars et des cents à différentes dates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Salaire nominal et salaire réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Taux d’intérêt nominal et taux d’intérêt réel . . . . . . . . . Faites le point 5.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

114 114 115 117

5.3 Les indicateurs du marché du travail . . . . . . . . . . . . . . 118 L’Enquête sur la population active . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La nomenclature de l’Enquête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les trois principaux indicateurs du marché du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les travailleurs à temps partiel involontaire . . . . . . . . .

118 118 119 120

TABLE DES MATIÈRES

Les travailleurs découragés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les types de chômage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le plein-emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Combien d’argent vous faut-il pour vivre ? . . . . . . . . . . . Faites le point 5.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

120 121 122 122 124

Le chapitre 5 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

L’équilibre macroéconomique et la capacité de production de l’économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les trois types d’équilibre macroéconomique . . . . . . . . L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi . . . . . . . . . . . . . L’école classique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’école keynésienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’école monétariste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 6.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

XI

148 148 150 150 151 152 153

Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

Le chapitre 6 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

Coup d’œil sur le passé 148 ans d’inflation et de déflation au Canada . . . . . . . . . . . . 112

Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

Coup d’œil sur le passé Les salaires nominaux et les salaires réels des premiers ministres du Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

Coup d’œil sur le passé Les récessions au Canada depuis 1926 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134

Coup d’œil sur l’économie québécoise Le taux de chômage au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

Coup d’œil sur l’économie québécoise L’évolution de l’équilibre macroéconomique du Québec depuis 1981 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

130

CHAPITRE 6 La demande et  l’offre agrégées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 6.1 Les fluctuations économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 Le cycle économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 Les fluctuations économiques et le modèle de la demande et de l’offre agrégées . . . . . . . . . . . 133 Faites le point 6.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 6.2 La demande agrégée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 Les composantes de la demande agrégée . . . . . . . . . . . La demande agrégée et la courbe DA . . . . . . . . . . . . . . . Les variations de la demande agrégée . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 6.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

135 135 137 140

6.3 L’offre agrégée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 L’offre agrégée et la courbe OA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 Les variations de l’offre agrégée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 Faites le point 6.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

CHAPITRE 7 La politique budgétaire et la dette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158 7.1 La situation budgétaire du gouvernement canadien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 Le budget fédéral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 L’évolution des revenus, des dépenses et du solde budgétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 Faites le point 7.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162 7.2 La politique budgétaire canadienne . . . . . . . . . . . . . . . . 163 L’évolution de la politique budgétaire canadienne . . . . Les effets d’une variation des dépenses publiques ou des impôts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La politique budgétaire à l’œuvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les limites de la politique budgétaire . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 7.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

163 163 167 169 170

7.3 Le déficit et la dette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170 Les frais de la dette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La relation entre les soldes budgétaires et la dette . . . La dette et son poids . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 7.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Payez-vous trop d’impôts ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

170 171 171 175 176

6.4 L’équilibre macroéconomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

Le chapitre 7 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177

Peut-on prévoir l’avenir ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178

XII

TABLE DES MATIÈRES

Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179

Le chapitre 8 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211

Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179

Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212

Coup d’œil sur l’économie québécoise Le budget du Québec de 2016-2017 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162

Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213 Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

Coup d’œil sur un grand économiste John Maynard Keynes et la révolution  macroéconomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164

Coup d’œil sur l’économie canadienne Requiem pour la « cenne noire » (1908-2012) . . . . . . . . . . . . 185

Coup d’œil sur l’économie québécoise L’évolution de la dette du Québec depuis 1998 . . . . . . . . . . . 174

Coup d’œil sur le passé L’« invention » des banques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195

Coup d’œil sur l’économie mondiale La dette des principales économies avancées . . . . . . . . . . . . 175

Coup d’œil sur un grand économiste Milton Friedman et l’évolution de la  politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207

CHAPITRE 8 La monnaie et la politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . . 180 8.1 Qu’est-ce que la monnaie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 La définition de la monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les fonctions de la monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La monnaie au Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une nouvelle monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Deux mesures officielles de la monnaie : M2 et M2+ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 8.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

182 183 184 187 188 189

Coup d’œil sur l’économie canadienne La politique monétaire canadienne à l’œuvre . . . . . . . . . . . . 208

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

214

CHAPITRE 9 Le commerce international . . . . . . . 214 9.1 Le commerce international : l’exemple du Canada . . . 216 Notre commerce international de biens . . . . . . . . . . . . . 216 Notre commerce international de services . . . . . . . . . . . 216

8.2 Le système monétaire et la création de monnaie . . . . 190

Nos partenaires commerciaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216

Les institutions de dépôt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les fonctions économiques des institutions de dépôt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le profit et la sécurité : un équilibre délicat . . . . . . . . . . Comment les institutions de dépôt créent-elles de la monnaie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 8.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pourquoi commerçons-nous ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217

190

Faites le point 9.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221 191 192

9.2 Les gains du commerce international . . . . . . . . . . . . . . 222

192 196

Les gains de l’échange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224

8.3 La Banque du Canada et la politique monétaire . . . . 196 La banque du Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les fonctions de la banque du Canada . . . . . . . . . . . . . . Les éléments clés et les effets de la politique monétaire canadienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les effets d’une variation du taux directeur sur les taux d’intérêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les effets en chaîne d’une variation des taux d’intérêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La conduite de la politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . Épargner ou emprunter ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 8.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

196 197

Les possibilités de production au Canada et en Chine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222 Faites le point 9.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225 9.3 Les restrictions au commerce international . . . . . . . . . 227 Les tarifs douaniers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227 Les barrières non tarifaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229

198

Acheter des produits locaux ou importés ? . . . . . . . . . . . 232 Faites le point 9.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233

201 Le chapitre 9 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202 205 209 210

234

Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237 Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237

TABLE DES MATIÈRES

Coup d’œil sur l’économie canadienne Les échanges commerciaux du Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218 Coup d’œil sur un grand économiste David Ricardo et les gains du commerce international . . . . 226 Coup d’œil sur le passé L’évolution des tarifs douaniers canadiens . . . . . . . . . . . . . . . 230

CHAPITRE 10 La finance internationale . . . . . . . 238 10.1 Le financement du commerce international . . . . . . . . 240 La balance des paiements internationaux . . . . . . . . . . . 240 Prêteurs et emprunteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244 Faites le point 10.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246 10.2 Le taux de change . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246 La demande sur le marché des changes . . . . . . . . . . . . . L’offre sur le marché des changes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les variations du taux de change . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Faites le point 10.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

247 249 253 255

XIII

Le chapitre 10 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 260 Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261 Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263 Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263 Coup d’œil sur l’économie canadienne L’évolution de la balance des paiements du Canada depuis 1986 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243 Coup d’œil sur l’économie mondiale Les soldes du compte courant en 2014 : comparaisons internationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244 Coup d’œil sur l’économie québécoise La balance commerciale du Québec : un déficit inquiétant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245 Coup d’œil sur le passé Pourquoi le taux de change est-il si volatil ? . . . . . . . . . . . . . 254 Coup d’œil sur le passé Le taux de change du dollar canadien de 1947 à 2015 : fixe ou flexible ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259

10.3 La Banque du Canada et le marché des changes . . . . 255 Une modification du taux directeur . . . . . . . . . . . . . . . . . Une intervention directe sur le marché des changes . . Combien coûtera votre prochain voyage à l’étranger ? . Faites le point 10.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

255 256 257 258

Glossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264 Sources des illustrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269 Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270

2

PARTIE 1 INTRODUCTION

PARTIE 1

INTRODUCTION

CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

ÊTES-VOUS CAPABLE DE COMBLER TOUS VOS DÉSIRS ? VOUS DÉSIREZ VIVRE PLUS LONGTEMPS ET EN MEILLEURE SANTÉ. Vous désirez une maison confortable et spacieuse, bien meublée et bien équipée. Vous désirez fréquenter un bon collège, une bonne université. Vous désirez toute une panoplie de matériel récréatif, des simples chaussures de sport aux motomarines, en passant par les jeux vidéo et les cinémas maison. Vous désirez avoir du temps pour pratiquer vos activités préférées, faire du sport, vous amuser, lire, voir des films, écouter de la musique, voyager, rencontrer vos amis, jouir de la vie.

SOMMAIRE

Cependant, on ne peut pas tout avoir. Chacun est limité dans la satisfaction de ses désirs, de ses besoins par le temps qu’il a, le revenu dont il dispose et les prix de ce qu’il convoite. Nous nous retrouvons tous et toutes avec des besoins insatisfaits et la nécessité de faire des choix. Dans ce chapitre, nous examinerons ce qui limite notre capacité à satisfaire tous nos besoins (la rareté) et la science humaine qui étudie les choix que nous devons faire devant cette contrainte (l’économique).

1.1

COUP D’ŒIL

1.2

L’économique et ses trois questions fondamentales

ÊTES-VOUS CAPABLE DE COMBLER TOUS VOS DÉSIRS ?

Le capital humain au Québec : quelques indicateurs

La coordination des décisions économiques

p. 4

p. 5

p. 8

p. 10

SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

CHAPITRE 1

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

SAVOIR-FAIRE 1

Définir l’économique et distinguer la microéconomie de la macroéconomie

2

Décrire la coordination des décisions économiques

3 4

Décrire le travail des économistes Construire et interpréter les graphiques utilisés dans les modèles économiques

VOS OUTILS NUMÉRIQUES MaBiblio > MonLab xL Réalisez les exercices assignés par votre enseignant.

COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

1.3

COUP D’ŒIL SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

1.4

Cuba, une économie en mutation

L’économique : une science humaine

Adam Smith et la naissance de la science économique

Les graphiques : l’outil des économistes

Le chapitre 1 en bref

p. 15

p. 16

p. 19

p. 20

p. 26

3

4

PARTIE 1 INTRODUCTION

1.1 Ressources productives Ressources servant à produire des biens ou des services : ressources naturelles, travail, ingéniosité humaine, outils et équipements.

Rareté Insuffisance des ressources accessibles pour satisfaire tous les besoins exprimés.

Incitatif Récompense ou punition (« carotte » ou « bâton ») qui encourage ou décourage une action.

Économique Science humaine étudiant les choix que font les êtres humains quand ils composent avec la rareté et avec les incitatifs qui influent sur leurs choix.

L’ÉCONOMIQUE ET SES TROIS QUESTIONS FONDAMENTALES

Dans toutes les sociétés, les besoins qu’expriment les individus et la collectivité dépassent largement les ressources accessibles pour les satisfaire. En tant que société, notre capacité à satisfaire nos besoins est limitée par nos ressources productives, c’est-à-dire les ressources naturelles, le travail et l’ingéniosité humaine, ainsi que les outils et l’équipement que nous avons produits. En économique, ce phénomène de l’insuffisance des ressources accessibles pour satisfaire tous les besoins exprimés s’appelle la rareté. Celle-ci n’épargne ni les pauvres ni les riches. L’enfant qui n’a que 2 $ en poche et qui veut un sac de croustilles à 2 $ ainsi que deux tablettes de chocolat à 1 $ chacune est aux prises avec la rareté. Le chef d’entreprise qui veut passer son samedi à jouer au golf et qui souhaite assister à une réunion importante le même samedi est aux prises avec la rareté. La société qui veut améliorer son système de santé, brancher toutes les classes du primaire et du secondaire à internet, explorer l’espace, dépolluer les fleuves, les lacs et les rivières, et ainsi de suite, est aux prises avec la rareté. La rareté nous impose des choix. Nous devons choisir parmi toutes les possibilités qui s’offrent à nous. L’enfant doit choisir entre le sac de croustilles et les tablettes de chocolat. Le chef d’entreprise doit choisir entre le golf et la réunion. En tant que société, nous devons choisir entre les soins de santé, les branchements à internet, l’exploration spatiale, l’environnement, etc. Nos choix dépendent des incitatifs auxquels nous sommes soumis. Un incitatif est une récompense (une « carotte ») ou une punition (un « bâton ») qui encourage ou décourage une action. Si le prix du sac de croustilles augmente et que celui des tablettes de chocolat diminue, l’enfant est incité à acheter moins de croustilles et plus de chocolat. Si un profit de 10 M $ est en jeu, le chef d’entreprise est incité à renoncer au golf pour aller à sa réunion. Plus le prix des ordinateurs baisse, plus les commissions scolaires sont incitées à doter les classes du primaire et du secondaire d’ordinateurs et à les brancher à internet. L’économique est la science humaine étudiant les choix que font les êtres humains quand ils composent avec la rareté et avec les incitatifs qui influent sur leurs choix. Elle se divise en deux branches : • La microéconomie ; • La macroéconomie.

LA MICROÉCONOMIE Microéconomie Branche de l’économique qui étudie les choix des individus et des entreprises, ainsi que la façon dont ces choix répondent aux incitatifs, interagissent entre eux et subissent l’influence des gouvernements.

Macroéconomie Branche de l’économique qui étudie les effets agrégés (totaux) des choix des individus, des entreprises et des gouvernements sur l’économie nationale et mondiale.

La microéconomie est la branche de l’économique qui étudie les choix des individus et des entreprises, ainsi que la façon dont ces choix répondent aux incitatifs, interagissent entre eux et subissent l’influence des pouvoirs publics. Pourquoi y a-t-il plus de gens qui achètent des véhicules utilitaires sport et moins de gens qui achètent des fourgonnettes ? Quel est l’effet d’une baisse du prix de la console PlayStation de Sony et du Xbox de Microsoft sur les quantités de ces biens que les gens achètent ? Pourquoi le prix de l’essence fluctue-t-il constamment ? Comment une entreprise maximise-t-elle ses profits ? Pourquoi le gouvernement taxe-t-il la bière, mais pas le jus d’orange ? Voilà autant d’exemples de questions microéconomiques.

LA MACROÉCONOMIE La macroéconomie est la branche de l’économique qui étudie les effets agrégés (totaux) des choix des individus, des entreprises et des gouvernements sur l’économie nationale et mondiale. Pourquoi, après une dizaine d’années de croissance économique soutenue, notre économie a-t-elle connu une récession en 2009 ? La Banque du Canada peut-elle maîtriser l’inflation en augmentant les taux d’intérêt ? Comment les gouvernements

CHAPITRE 1

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

peuvent-ils stimuler l’activité économique et, ainsi, réduire le chômage ? Pourquoi la croissance économique est-elle plus forte en Chine et en Inde qu’elle ne l’est chez nous ? Voilà autant d’exemples de questions macroéconomiques. Née dans les années 1930, la macroéconomie est le fruit du travail du célèbre économiste britannique John Maynard Keynes (1883-1946). « Mon rêve, écrivait Keynes, serait que l’économiste puisse être aussi utile que le dentiste ou le médecin. »

ÊTES-VOUS CAPABLE DE COMBLER TOUS VOS DÉSIRS ? La réponse à cette question est non. Tous les jours, vous faites des choix, comme les 35 millions de Canadiens et les 7 milliards de personnes dans le monde. Vous devez choisir les besoins que vous désirez combler puisqu’il est impossible de tous les assouvir, en raison du manque de temps et d’argent. Faites-vous des choix qui servent uniquement votre intérêt ou aussi celui de la société ?

Votre intérêt individuel et l’intérêt social Chaque fois que vous choisissez ce que vous croyez être le mieux pour vous, indépendamment des conséquences pour autrui, vous faites des choix qui servent votre intérêt individuel. Vous achetez du pain parce que vous avez faim et que vous voulez manger, et non parce que vous vous dites que le boulanger a besoin de gagner sa vie. Vos choix dictés par l’intérêt individuel peuvent aussi servir l’intérêt social s’ils sont les meilleurs possibles pour la société dans son ensemble – autrement dit, s’ils contribuent à une utilisation plus efficace des ressources et à une répartition plus équitable (ou honnête) des biens et des services entre les individus. Comment faire pour que vos choix dictés par l’intérêt individuel servent également l’intérêt social ?

Vos choix servent-ils aussi l’intérêt social ? Pensons au réchauffement climatique. La fonte des calottes polaires est une preuve incontestable du réchauffement de la planète1. On estime que la surface de la Terre s’est réchauffée de 0,75 °C depuis un siècle. La majorité des scientifiques s’entendent pour dire que la température monte parce que la quantité de dioxyde de carbone sur Terre augmente, et l’activité économique humaine contribue à cette augmentation. À quel point la Terre se réchauffera-t-elle et quels seront les effets de ce réchauffement ? Nous l’ignorons. Chose certaine, si la température continue à augmenter, le climat va changer, le niveau des océans va monter et les régions côtières proches du niveau de la mer devront être protégées des vagues par des digues extrêmement coûteuses. Tous les jours, lorsque vous veillez à votre intérêt individuel en utilisant de l’essence, vous contribuez aux émissions de gaz à effet de serre et vous laissez votre empreinte de carbone. Vous pourriez réduire cette empreinte en vous déplaçant à pied ou à vélo, en utilisant les transports en commun ou en plantant des arbres, et ainsi servir l’intérêt social. Parmi les choix suivants, lesquels servent l’intérêt social, selon vous ? Acheter des légumes chez un producteur local, prendre plus de 30 minutes pour se doucher, déposer au recyclage le papier, le carton, le plastique et le verre, laisser constamment les lumières allumées dans la maison. Le premier et le troisième, très certainement. Y a-t-il d’autres choix que vous faites tous les jours et qui servent à la fois votre intérêt individuel et l’intérêt social ?

1.

Il faut noter qu’une minorité en doute.

5

6

PARTIE 1 INTRODUCTION

LES TROIS QUESTIONS FONDAMENTALES Promenez-vous dans un centre commercial et observez l’assortiment de biens et services qu’on y met en vente ; entrez dans les boutiques et lisez les étiquettes pour savoir où ont été produits les biens qu’on y vend. La prochaine fois que vous emprunterez l’autoroute, repérez les plus gros camions, lisez les noms d’entreprises et de produits qui y sont inscrits, et notez où ces camions ont été immatriculés. Consultez les sites de vente en ligne, comme Amazon ou eBay, et constatez l’incroyable diversité de biens et services qui vous sont offerts. L’économique se penche sur trois questions fondamentales : • Quoi produire ? • Comment produire ? • Pour qui produire ?

Saviez-vous que…

Quoi produire ?

RÉPONSE

En Alberta, la valeur de la consigne a augmenté de 5 à 10 cents et de 20 à 25 cents en 2008, alors qu’au Québec, elle est la même depuis 1986. Trois ans plus tard, toujours en Alberta, le taux de récupération de l’aluminium a augmenté de 75 % à 89 % ; celui des contenants de type PET, de 67 % à 79 % ; et celui du verre, de 77 % à 90 %2. Quel incitatif l’Alberta a-t-elle utilisé pour encourager la récupération ? L’a-t-elle fait dans l’intérêt des individus ou de tous les Albertains ? Le Québec devrait-il suivre cet exemple ? L’Alberta a choisi de récompenser davantage les citoyens qui récupèrent – la « carotte » plutôt que le « bâton ». Par cet incitatif, l’intérêt de chacun a servi l’intérêt de l’ensemble de la société albertaine. Il va de soi que le Québec devrait suivre l’exemple de l’Alberta afin d’améliorer son taux de récupération de bouteilles et de cannettes, et ce, dans l’intérêt de toute la société québécoise.

Biens et services Produits que les êtres humains valorisent et produisent pour satisfaire leurs besoins et leurs désirs ; les biens sont des objets physiques, et les services, des tâches qu’on accomplit pour des gens.

Biens et services de consommation Biens et services que des particuliers achètent pour leur jouissance personnelle, et qui contribuent à leur niveau de vie.

Biens d’investissement Biens que les entreprises achètent pour accroître leur capacité de production.

Biens et services des administrations publiques Biens et services qu’achètent les gouvernements et les administrations publiques.

Biens et services d’exportation Biens et services produits dans un pays et vendus dans d’autres pays.

Les fermes, les usines, les chantiers de construction, les commerces et les bureaux du pays produisent une foule de choses, des produits de première nécessité, comme la nourriture, le logement et les soins de santé, aux produits de luxe, comme les croisières, les véhicules utilitaires sport (VUS) et les tablettes numériques. On appelle biens et services tous les produits que les êtres humains valorisent et produisent pour satisfaire leurs désirs et leurs besoins. Les biens sont des objets physiques, comme les balles de golf ; les services sont des tâches qu’on accomplit pour des gens, comme les coupes de cheveux. En macroéconomie, on classe les biens et services en quatre grandes catégories : • Les biens et services de consommation ; • Les biens d’investissement ; • Les biens et services des administrations publiques ; • Les biens et services d’exportation.

Les biens et services de consommation sont des biens et services que des particuliers achètent pour leur jouissance personnelle, et qui contribuent à leur niveau de vie. Le logement, les meubles, les vêtements, les VUS, les films et le maïs soufflé, les voyages d’agrément, le café et les beignes, les soins dentaires, les services de nettoyage à sec et d’entretien des pelouses en sont des exemples. Les biens d’investissement sont des biens que les entreprises achètent pour accroître leur capacité de production. Les chaînes de montage d’automobiles, la machinerie et l’équipement, les gazoducs, les ordinateurs et les centres commerciaux en sont des exemples. Les biens et services des administrations publiques sont des biens et services qu’achètent les gouvernements et les administrations publiques. Les soins de santé, l’éducation, les services de police, les tribunaux, les ordinateurs, la papeterie et l’équipement militaire en sont des exemples. Les biens et services d’exportation sont des biens et services produits dans un pays et vendus dans d’autres pays. Parmi les biens d’exportation canadiens, mentionnons les CRJ (Canadian Regional Jets) produits au Québec par Bombardier et achetés en Australie par Sun State Airlines, et le gaz produit dans l’Ouest canadien et acheté par des services publics en Californie et dans les États américains du Midwest et du Nord-Ouest Pacifique.

2.

Pro-Consigne Québec, La hausse de la consigne de 0,05 $ à 0,10 $ : ravivons le débat !, Montréal, 24 mai 2014.

CHAPITRE 1

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

7

La figure 1.1 montre comment la production totale au Canada se répartissait entre ces quatre catégories de biens et services en 2015. Comme on le voit, la catégorie la plus importante est celle des biens et services de consommation, loin devant celles des biens d’investissement et des biens et services des administrations publiques. La figure révèle également l’importance des exportations, une caractéristique clé de l’économie canadienne.

Figure 1.1

Production de biens et services au Canada en 2015

Biens et services de consommation : 43 %

Biens et services d’exportation : 24 %

Au Canada, en 2015, les biens et services de consommation représentaient 43 % de la production totale ; les biens d’investissement, 15 % ; les biens et services des administrations publiques, 19 % ; et les biens et services d’exportation, 23 %. Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.

Biens d’investissement : 17 %

Biens et services des administrations publiques : 16 %

Comment produire ? Les biens et services sont produits avec des ressources productives que les économistes appellent facteurs de production. On distingue quatre types de facteurs de production : • La terre ; • Le capital ; • Le travail ; • L’entrepreneuriat. En économique, le terme terre englobe les ressources naturelles qu’on utilise pour produire des biens et services, soit la terre au sens strict, les minéraux, les ressources énergétiques, l’air, l’eau, les arbres et les plantes sauvages, les animaux, y compris les oiseaux et les poissons, et les microorganismes. Certaines de ces ressources sont renouvelables, mais d’autres sont épuisables.

Facteurs de production Ressources productives qui servent à produire les biens et services ; comprennent la terre, le travail, le capital et l’entrepreneuriat.

Terre Ressources naturelles qu’on utilise pour produire des biens et services.

Dans le langage courant, le terme « capital » désigne le capital financier, c’est-à-dire l’argent, les actions et les obligations. Or, s’il permet aux gens de doter les entreprises de ressources financières et d’obtenir un revenu d’intérêt, le capital financier ne sert pas directement à produire des biens et services. De ce fait, il n’est pas en soi une ressource productive, mais il sert à acquérir les ressources nécessaires à la production de biens et services. En économique, le terme capital désigne plutôt le capital physique – les outils, les instruments, la machinerie, les édifices et autres constructions – que les entreprises utilisent pour produire des biens et services. Cela inclut les chaînes de montage, les autoroutes, les centrales électriques, les aéroports et les avions, les marteaux et les tournevis, les robots industriels, les entrepôts, les magasins de détail, les tours de bureaux, les ordinateurs et les systèmes de communications électroniques.

Capital

Le terme travail, lui, désigne les ressources humaines – le temps et les efforts que les gens consacrent à la production des biens et services. Cela inclut les efforts physiques et mentaux de tous ceux et celles qui travaillent dans des fermes, des chantiers de

Temps et efforts que les gens consacrent à la production de biens et services ; inclut le capital humain.

Outils, instruments, machinerie, édifices et autres constructions que les entreprises utilisent pour produire des biens et services.

Travail

8

PARTIE 1 INTRODUCTION

Capital humain Savoirs, compétences et habiletés qu’on acquiert par les études, la formation en cours d’emploi et l’expérience de travail.

Entrepreneuriat Type de ressource humaine qui organise les trois autres facteurs de production (le travail, la terre et le capital).

construction, des usines, des manufactures, des magasins et des bureaux, ainsi que le capital humain, c’est-à-dire les savoirs, les compétences et les habiletés que les gens acquièrent par l’instruction, la formation en cours d’emploi et l’expérience de travail, et qui améliorent la qualité du travail. En ce moment même, pendant que vous suivez ce cours d’économique et d’autres cours, vous êtes en train d’investir dans votre propre capital humain, qui continuera à augmenter quand vous prendrez un emploi à plein temps, que vous acquerrez de l’expérience et que vous vous perfectionnerez dans votre travail. En 2012, plus de 80 % de la population canadienne en âge de travailler avait terminé son secondaire, et près de 54 % détenait un certificat, un diplôme d’études collégiales ou un diplôme universitaire3. On appelle entrepreneuriat le type de ressource humaine qui organise les trois autres facteurs de production – le travail, la terre et le capital. L’innovation est le moteur de l’entrepreneuriat. Les entrepreneurs apportent de nouvelles idées sur ce qu’il convient de produire et sur la façon de le faire, prennent des décisions d’affaires et assument les risques qui en découlent.

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

Le capital humain au Québec : quelques indicateurs Le tableau ci-contre dresse un portrait du nombre de diplômes décernés au Québec en 2005-2006 et en 2011-2012. À la lumière de ces informations, peut-on considérer que le capital humain s’est accru au Québec ? Par rapport à 2005-2006, on constate que le nombre de diplômés des secteurs secondaire, collégial et universitaire a augmenté. Modérée pour les secteurs collégial et universitaire, l’augmentation est plus importante pour le secteur secondaire, où le nombre de diplômés s’est accru de 13 768, surtout en formation technique (accroissement d’environ 10  000). L’augmentation du nombre de maîtrises et de doctorats est également encourageante. Est-ce qu’on reçoit davantage de diplômes au Québec qu’ailleurs ? En 2011, le taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires au Québec, établi à 93 %, surpassait ceux du Canada (88 %) et de l’Ontario (86 %)4. Ce taux, pour le Québec, était supérieur à celui de la moyenne des pays de l’OCDE (84 %) en 20125. Le Québec se classait au sixième rang, derrière la Slovénie (96 %), l’Allemagne (95 %), l’Islande (95 %), la Hongrie (94 %) et les Pays-Bas (94 %), et loin devant les États-Unis (77 %)6. Malgré l’augmentation du nombre de diplômes décernés, la part des dépenses en éducation et en culture s’est maintenue à 22 % des dépenses totales de l’État québécois durant cette période.

3.

Emploi et Développement social Canada, Indicateurs de mieux-être au Canada, http://mieuxetre.edsc.gc.ca/misme-iowb/[email protected] (page consultée le 3 février 2015).

4.

Conseil des statistiques canadiennes de l’éducation (CSCE) et Statistique Canada, Indicateurs de l’éducation au Canada : une perspective internationale 2014, 13 février 2015, tableau A.2.1, Taux d’obtention d’un diplôme de fin d’études secondaires selon le sexe, p. 41.

5.

OCDE (2014), Regards sur l’éducation : les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, tableau A2.1a, Taux et âge moyen d’obtention d’un diplôme du deuxième cycle du secondaire (2012), p. 70.

6.

Ibid.

Croyez-vous que l’État québécois devrait accroître la part de ses dépenses consacrées à l’éducation et à la culture afin d’augmenter davantage le nombre de nouveaux diplômés ?

Diplômes décernés au Québec, 2005-2006 et 2011-2012 Diplômes décernés

2005-2006 2011-2012

Secondaire

110 651

124 419

Général

71 740

74 438

Technique

38 911

48 981

Collégial

41 084

44 670

Préuniversitaire

23 601

26 737

Technique

17 483

17 933

Universitaire

43 396

47 480

Baccalauréat

32 117

34 656

Maîtrise

10 001

10 973

Doctorat

1 278

1 851

Source : Institut de la statistique du Québec, Le Québec chiffres en main, édition 2014.

CHAPITRE 1

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

9

L’entrepreneuriat se quantifie difficilement, mais les dernières décennies ont été particulièrement fastes à cet égard. Bill Gates, le fondateur de Microsoft, John Sleeman, qui dirige une brasserie dont la croissance est l’une des plus rapides en Amérique du Nord, Guy Laliberté, qui a créé le Cirque du Soleil, Louis Garneau, qui a lancé une entreprise spécialisée dans la conception de vêtements sport haut de gamme, et Daniel Langlois, qui a créé Softimage (acheté par Microsoft), sont des exemples de talent entrepreneurial exceptionnel. Toutefois, ces figures de proue ne doivent pas nous faire oublier que des centaines de milliers d’autres personnes dirigent des entreprises de toutes tailles.

Saviez-vous que…

Qui obtient les biens et services que nous produisons ? Cela dépend du revenu que les gens gagnent, ainsi que des biens et services qu’ils choisissent d’acheter. Un revenu important permet de se procurer une grande quantité de biens et services ; un faible revenu laisse beaucoup moins de choix et ne permet d’acheter que peu de biens et services. Dans une économie de marché, les gens s’assurent un revenu en offrant les ressources dont ils ont la propriété sur le marché des ressources. On distingue quatre types de revenus :

« Avec un revenu par habitant de 26 046 $, le Québec se classe […] au dernier rang des provinces et des territoires7. » À quelle question économique fondamentale associe-t-on cette nouvelle ? Dites pourquoi. RÉPONSE

Pour qui produire ?

Pour qui produire ? Puisque le revenu disponible par habitant au Québec est le plus bas au Canada, les Québécois se procureront moins de biens et services que les habitants des autres provinces et territoires.

• Le salaire ; • L’intérêt ; • Le loyer ; • Le profit.

Loyer

Ainsi, la terre rapporte un loyer, le travail rapporte un salaire, le capital financier rapporte un intérêt et l’entrepreneuriat rapporte un profit. Au Canada, quelle source de revenu rapporte la plus grosse part du revenu agrégé (total) ? La figure 1.2, qui montre la répartition du revenu total entre les diverses sources, nous apprend que le travail a généré le plus de revenus, avec 72 % du total au Canada en 2015. Il n’existe aucune mesure précise du revenu du capital, du loyer et du profit, mais nous savons qu’en 2015 le revenu des entreprises (qu’on appelle « excédent d’exploitation net ») représentait 16 % du revenu total, et les autres revenus, 12 %.

Figure 1.2

Revenu que rapporte la terre.

Salaire Revenu que rapporte le travail.

Intérêt Revenu que rapporte le capital financier.

Profit (ou perte) Revenu que rapporte l’entrepreneuriat ; peut être positif ou négatif.

Sources de revenu au Canada en 2015

Rémunération des salariés : 72 %

Autres revenus : 12 %

Excédent d’exploitation net : 16 %

Le travail est la principale source de revenus : en 2015, la rémunération des salariés représentait 72 % du revenu total au Canada. Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0063, Produit intérieur brut (PIB), en termes de revenus, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.

7.

Institut de la Statistique du Québec, Bulletin Flash : Revenu disponible, édition 2015.

10

PARTIE 1 INTRODUCTION

1.1 1 Définir l’économique et distinguer la microéconomie de la macroéconomie

EXERCEZ-VOUS 1. L’économique étudie les choix qui découlent d’un phénomène précis. Quel est ce phénomène ? 2. Dites si les énoncés suivants relèvent de la microéconomie ou de la macroéconomie. a) L’économie canadienne a connu une récession importante en 2009. b) Le gouvernement provincial augmente la taxe sur l’essence. c) Les bas taux d’intérêt stimulent la consommation des ménages. d) La hausse du coût des matériaux modifie le prix des maisons neuves. e) La baisse de la production de biens et services entraîne une hausse du chômage.

3. À partir de la figure 1.1 (p. 7), énumérez les quatre grandes catégories de biens et services de la plus importante à la moins importante au Canada en 2015, et donnez un exemple pour chacune.

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES 4. Jour après jour, nous devons faire de multiples choix. Qu’est-ce qui rend ces choix inévitables ? 5. Quelle est la principale différence entre les biens et services de consommation et les biens d’investissement ? 6. Énumérez les facteurs de production et le type de revenu que chacun génère. À partir des données de la figure 1.2 (p. 9), déterminez quel facteur de production reçoit la plus grande part du revenu total au Canada en 2015.

RÉPONSES 1. 2. 3.

Ce phénomène est la rareté. Les choix sont inévitables parce que les ressources disponibles ne suffisent pas à satisfaire nos besoins illimités. Comme nous ne pouvons pas tout avoir, nous devons faire des choix. Microéconomie : b) et d). Macroéconomie : a), c) et e). En 2015, les quatre catégories de biens et services au Canada étaient, de la plus importante à la moins importante :

1.2

• Les biens et services de consommation, comme les coupes de cheveux ; • Les biens et services d’exportation, comme le bois d’œuvre que le Canada vend aux États-Unis ; • Les biens et services des administrations publiques, comme les soins de santé ; • Les biens d’investissement, comme les plateformes pétrolières.

LA COORDINATION DES DÉCISIONS ÉCONOMIQUES

Pour bien comprendre le fonctionnement d’une économie, il importe d’en avoir une vue d’ensemble, d’en connaître les principales composantes et de saisir les relations qu’elles entretiennent. Économie fermée Économie qui n’entretient de liens avec aucune autre.

La figure 1.3 montre le schéma d’une économie fermée, c’est-à-dire d’une économie qui n’entretient de liens avec aucune autre. En réalité, la seule économie totalement fermée est l’économie mondiale, mais nous nous servirons de ce schéma pour expliquer sommairement le fonctionnement de la forme la plus simple d’une économie. Comme on le voit à la figure 1.3, une économie fermée a deux grandes composantes : • Les décideurs (rectangles bleus) ; • Les marchés (rectangles gris).

CHAPITRE 1

Figure 1.3

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

11

Vue d’ensemble d’une économie fermée MÉNAGES

Travail, terre, capital, entrepreneuriat

Biens et services Biens et services Impôts

MARCHÉS DES PRODUITS

GOUVERNEMENT / Lois et MARCHÉS ADMINISTRATIONS DES FACTEURS règlements règlements PUBLIQUES Lois et

Dépenses en biens et services

Impôts

Salaires, loyers, intérêts, profits

Biens et services

ENTREPRISES

Les ménages décident des quantités de travail, de terre, de capital et d’entrepreneuriat qu’ils vendront ou loueront en échange de salaires, de loyers, d’intérêts ou de profits, ainsi que de la façon dont ils dépenseront leurs revenus pour se procurer les divers types de biens et services dont ils ont besoin. Les entreprises décident des quantités de travail, de terre, de capital et d’entrepreneuriat qu’elles se procureront, ainsi que des quantités de divers types de biens et services qu’elles produiront. Les divers paliers de gouvernement décident quels biens et services ils fourniront ainsi que le montant des impôts que paieront les ménages et les entreprises. Ces décisions des ménages, des entreprises et des administrations publiques sont coordonnées par les marchés des facteurs et les marchés des produits, marchés qui sont eux-mêmes soumis à des lois et à des règlements que les administrations publiques établissent et font respecter. Dans ces marchés, les prix s’ajustent constamment pour assurer l’égalité entre la quantité offerte et la quantité demandée.

LES DÉCIDEURS Les décideurs sont des agents économiques : ils font des choix. La figure 1.3 montre trois catégories de décideurs : • Les ménages ; • Les entreprises ; • Le gouvernement et les autres administrations publiques. Un ménage est constitué par toute personne vivant seule ou tout groupe de personnes vivant ensemble (couple, famille, colocataires, etc.) et qui agit en tant qu’unité décisionnelle. Chaque ménage a des désirs illimités et des ressources limitées. Une entreprise est un organisme qui utilise des ressources pour produire des biens et services. Tout producteur de biens ou de services, quelles que soient sa taille et sa production, est considéré comme une entreprise.

Les services médicaux couverts par le régime d’assurance maladie sont choisis par les gouvernements. Le montant des impôts que paieront les ménages et les entreprises font aussi partie des décisions prises par les gouvernements.

Un gouvernement est un organisme aux multiples fonctions : il instaure des lois et des règlements, administre le mécanisme qui assure leur respect (tribunaux et forces policières), impose les ménages et les entreprises, et fournit des services publics (défense nationale, santé et services sociaux, transports, etc.). Nous verrons au chapitre 7 comment le budget de l’État influe sur les décisions des ménages et des entreprises.

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PARTIE 1 INTRODUCTION

LES MARCHÉS Dans le langage courant, le mot « marché » désigne le lieu physique où l’on achète et vend des produits. En économique, le terme marché a un sens plus large : il désigne tout ensemble – physique ou virtuel – qui réunit des acheteurs et des vendeurs pour leur permettre d’échanger. Nous étudierons plus en détail le fonctionnement des marchés au chapitre 3. La figure 1.3 présente deux types de marchés : les marchés des produits, où s’échangent des biens et services, et les marchés des facteurs, où s’échangent des facteurs de production. Par ailleurs, elle montre que les transactions qui s’y font résultent des décisions prises par les ménages et les entreprises. Les ménages décident des quantités de travail, de terre, de capital et d’entrepreneuriat qu’ils vendront sur le marché des facteurs, et de la façon dont ils dépenseront leurs revenus (salaires, loyers, intérêts et profits) en biens et services produits par les entreprises. Les entreprises décident des quantités de travail, de terre, de capital et d’entrepreneuriat qu’elles se procureront, des types de biens et services qu’elles offriront et des quantités qu’elles produiront pour les vendre sur le marché des produits. Les flèches de la figure 1.3 illustrent les flux qui résultent des décisions des ménages et des entreprises. Les flux rouges représentent les facteurs de production qui vont des ménages aux entreprises, ainsi que les biens et services qui vont des entreprises aux ménages. Les flux verts, qui circulent en sens inverse, sont des flux monétaires : ils représentent les sommes qui circulent au cours de ces échanges. Nous verrons au chapitre 4 comment on mesure tous ces flux, et, au chapitre 8, les sortes de monnaies qui circulent dans les flux monétaires et le rôle des institutions monétaires comme les institutions de dépôt et la Banque du Canada. Un processus de choix publics détermine les lois et les règlements imposés par les divers paliers de gouvernement, les impôts qu’ils lèvent ainsi que les biens et services qu’ils fournissent. Ces choix des administrations publiques se trouvent au centre de la figure 1.3.

LA COORDINATION PAR LE MARCHÉ ET LA COORDINATION PAR DIRECTIVES Le fait le plus marquant concernant les choix des ménages, des entreprises et des administrations publiques est probablement que, tôt ou tard, ils entrent en conflit. Ainsi, sur les marchés des facteurs, les ménages décident de la quantité de travail qu’ils fourniront et de leur spécialisation, mais les entreprises décident du type et de la quantité de maind’œuvre qu’elles emploieront. Autrement dit, les ménages décident du type et de la quantité de travail à vendre, et les entreprises, du type et de la quantité de travail à acheter. De même, sur les marchés des produits, les ménages décident quels types et quelles quantités de biens et services ils vont acheter, alors que les entreprises décident quels types et quelles quantités de biens et services elles vont vendre. Comment les milliards de décisions prises par les ménages, les entreprises et les administrations publiques peuvent-elles se coordonner et s’équilibrer ? Qu’est-ce qui fait que les ménages désirent vendre le type et la quantité de travail que les entreprises souhaitent acheter ? Que se passe-t-il si le nombre de ménages qui désirent travailler dans des compagnies aériennes excède le nombre de travailleurs que les compagnies aériennes désirent embaucher ? Comment les entreprises savent-elles ce qu’il faut produire pour répondre à la demande des ménages ? Que se passe-t-il si les entreprises désirent vendre plus de hamburgers que n’en demandent les ménages ? Les réponses à ces questions varient selon que l’économie recourt à l’un ou à l’autre des deux mécanismes de coordination suivants : • La coordination par le marché ; • La coordination par directives.

CHAPITRE 1

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

La coordination par le marché Les marchés coordonnent les décisions individuelles par des ajustements de prix. Pour saisir comment, pensez au marché des hamburgers de votre localité. Imaginez que, au prix courant, la quantité de hamburgers en vente est inférieure à la quantité de hamburgers que les consommateurs souhaitent acheter, et que certains consommateurs qui veulent acheter des hamburgers ne peuvent pas le faire. Pour que le choix des acheteurs et celui des vendeurs correspondent, les acheteurs doivent refréner leur désir de hamburgers, et une plus grande quantité de hamburgers doit être mise en vente. Ce résultat s’obtient par l’augmentation du prix des hamburgers. La pénurie de hamburgers entraîne la hausse de leur prix. Ce prix plus élevé incite les producteurs à offrir un plus grand nombre de hamburgers ; il freine également le désir de hamburgers du consommateur et l’incite à modifier son menu. Un moins grand nombre de consommateurs achète des hamburgers, et un plus grand nombre achète des hot-dogs (ou autres substituts des hamburgers). Une plus grande quantité de hamburgers (et de hot-dogs) est offerte sur le marché. Imaginons maintenant la situation inverse. Au prix courant, il y a plus de hamburgers à vendre que les consommateurs n’en désirent. Dans ce cas, pour que le choix des acheteurs et celui des vendeurs concordent, il faut que les consommateurs achètent davantage de hamburgers, et que les producteurs en mettent moins en vente. Ce résultat s’obtient par une baisse du prix des hamburgers. Un surplus de hamburgers entraîne la baisse de leur prix. Cette baisse de prix décourage la production de hamburgers et en favorise la consommation. Les décisions de produire et de vendre, d’acheter et de consommer sont continuellement ajustées et harmonisées par des variations de prix. Nous venons de voir comment la coordination des décisions par le marché détermine quoi produire – dans notre exemple, des hamburgers. La coordination par le marché détermine également comment les biens et services sont produits. Par exemple, les producteurs de hamburgers peuvent faire cuire ces derniers grâce au gaz, à l’électricité, au charbon ou au bois. Leur choix dépend du goût qu’ils recherchent, mais également du coût des diverses méthodes de cuisson. Quand une de celles-ci devient très coûteuse, ils l’utilisent moins et recourent davantage aux autres méthodes. Cette substitution provoquée par la fluctuation du prix est la réponse du marché à la question comment ? Enfin, la coordination par le marché détermine pour qui les biens et services sont produits. Les compétences, talents et ressources rares et très valorisés commandent un prix élevé, et leurs détenteurs reçoivent un revenu supérieur qui leur permet d’obtenir une grande partie des biens et services produits. Les compétences, talents et ressources courants et moins valorisés se vendent à bas prix, et les revenus de leurs détenteurs ne leur permettent d’obtenir qu’une faible partie des biens et services produits.

La coordination par directives Le deuxième mécanisme est la coordination par directives, qui permet de déterminer quoi, comment et pour qui les biens et services sont produits en utilisant, plutôt que le marché, une structure organisationnelle hiérarchique où les individus exécutent les directives qu’on leur donne. Le meilleur exemple de ce type de structure est le modèle militaire. Les commandants prennent des décisions qui sont transmises par voie hiérarchique, et les soldats exécutent sur le terrain les ordres qu’on leur donne. Jusqu’aux réformes entreprises à la fin des années 1980, les économies de l’ex-Union soviétique et des autres pays de l’Europe de l’Est étaient coordonnées par directives. Ce type d’économie se fait de plus en plus rare ; à l’heure actuelle, seule celle de la Corée du Nord correspond strictement à cette définition.

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PARTIE 1 INTRODUCTION

DE LA THÉORIE À LA RÉALITÉ : DES ÉCONOMIES MIXTES ET OUVERTES Économie de marché Économie qui repose strictement sur la coordination par le marché.

Économie mixte Économie qui repose sur la coordination par le marché, mais aussi sur la coordination par directives dans la mesure où le gouvernement soumet l’économie de marché à des règles et crée des organismes pour la surveiller.

Économie ouverte Économie qui entretient des liens économiques avec d’autres économies nationales.

En théorie, une économie de marché repose strictement sur la coordination par le marché. En pratique, toutefois, la plupart des économies qu’on appelle ainsi sont en fait des économies mixtes, qui reposent en partie sur une coordination par directives. En effet, dans la mesure où ils soumettent l’économie de marché à des règles et créent des organismes pour la surveiller, les gouvernements influent sur les décisions des ménages et des entreprises. La figure 1.3 nous a permis de comprendre le fonctionnement théorique d’une économie à l’aide du schéma d’une économie fermée. Cependant, on l’a dit, aucune économie n’est fermée, à part l’économie mondiale ; toutes les économies nationales sont des économies ouvertes, car elles entretiennent des liens plus ou moins étroits avec d’autres économies. Même la Corée du Nord, un pays très fermé, fait du commerce avec la Chine. La figure 1.4 schématise les transactions auxquelles une économie ouverte (ici, le Canada) se livre sur les marchés mondiaux. Sur les marchés mondiaux des produits, les entreprises canadiennes vendent une partie de leur production au reste du monde ; ces ventes, illustrées par le flux rouge qui va du Canada au reste du monde, constituent les exportations canadiennes de biens et services. Par ailleurs, les entreprises, les ménages et les administrations publiques du Canada achètent une partie de la production des entreprises étrangères ; ces achats, illustrés par le flux rouge qui va du reste du monde au Canada, constituent les importations canadiennes de biens et services. La valeur totale des exportations et celle des importations ne sont pas forcément égales. Lorsque les exportations canadiennes sont supérieures aux importations canadiennes, le pays enregistre un surplus commercial. Lorsque les importations canadiennes sont supérieures aux exportations canadiennes, le pays enregistre un déficit commercial. Un pays qui enregistre un surplus commercial prête au reste du monde, et un pays qui accuse un déficit commercial emprunte au reste du monde. Ces prêts et ces emprunts internationaux ont lieu sur les marchés financiers mondiaux. Nous consacrerons les chapitres 9 et 10 à l’étude des relations commerciales et financières du Canada avec le reste du monde.

Figure 1.4

Les liens économiques internationaux

CANADA

Emprunts canadiens au reste du monde

MARCHÉS FINANCIERS MONDIAUX

Prêts canadiens au reste du monde

Importations canadiennes de biens et services

MARCHÉS MONDIAUX DES PRODUITS Exportations canadiennes de biens et services

RESTE DU MONDE

Sur les marchés mondiaux des produits (flux rouges), le Canada vend une partie de sa production au reste du monde (exportations canadiennes de biens et services) et achète une partie de la production du reste du monde (importations canadiennes de biens et services) ; ces transactions se font sur les marchés mondiaux des produits. Lorsque ses exportations sont supérieures à ses importations, le Canada enregistre un surplus et prête au reste du monde. Lorsque ses importations sont supérieures à ses exportations, il enregistre un déficit et emprunte au reste du monde. Ces prêts et ces emprunts internationaux ont lieu sur les marchés financiers mondiaux (flux verts).

CHAPITRE 1

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

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Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

Cuba, une économie en mutation Au-delà des plages de sable fin, Cuba est en pleine transformation sur le plan économique. Dès l’arrivée au pouvoir en 2006 du président Raoul Castro, frère de Fidel, la libéralisation de l’économie cubaine s’est accentuée. De nombreuses réformes ont été mises en place par le gouvernement. La distribution à des cultivateurs privés des terres agricoles appartenant à l’État, l’entrée du secteur privé dans le commerce au détail, la mise en place d’un programme de microprêts des banques publiques pour les particuliers, l’octroi d’un plus grand nombre de licences de travailleurs indépendants, le droit d’acheter et de vendre des maisons, des voitures, des ordinateurs et même des cellulaires, la possibilité pour les Cubains de circuler librement dans le pays et à l’étranger en ne présentant que leur carte d’identité cubaine et leur passeport en sont quelques exemples. L’économie cubaine est-elle devenue une économie de marché ?

Dans la foulée de ces réformes, une nouvelle loi fiscale adoptée en janvier 2013 permet à l’État cubain de percevoir de l’impôt sur le revenu et d’autres types d’impôt. Depuis décembre 2013, les Cubains peuvent importer des voitures librement. « Bien que l’importation soit graduelle, assisteronsnous à la disparition des vieilles voitures américaines, joyau du patrimoine cubain8 ? » En janvier 2014, le gouvernement cubain privatise les taxis et crée des coopératives de taxi pour les différentes régions de l’île. De plus, les entreprises privées et les particuliers cubains peuvent désormais louer des logements résidentiels et commerciaux à des Cubains. Les relations entre Cuba et les États-Unis étant bien meilleures qu’avant, plusieurs sanctions américaines ont été levées, dont l’interdiction de transfert d’argent entre membres d’une même famille habitant l’un ou l’autre des deux pays. La vente de matériel et d’équipements américains aux agriculteurs indépendants cubains et aux entrepreneurs privés de l’île est autorisée. Du côté de Cuba, les entreprises américaines et étrangères sont autorisées à opérer sur l’île et à ouvrir des comptes dans les banques cubaines, de même que

8.

les fournisseurs américains et étrangers de cartes de crédit. Amorcée à la fin de 2013, la réunification du peso cubain et du peso convertible, à parité avec le dollar américain, devrait faciliter les échanges commerciaux entre Cuba et les autres pays, notamment les investissements étrangers indispensables à la modernisation de l’économie cubaine. Bien que l’économie cubaine s’ouvre au reste du monde, il y a encore du chemin à faire. Son ouverture demeure théorique car, pour obtenir un passeport, un Cubain doit verser l’équivalent de près de trois mois de salaire. L’économie cubaine est-elle devenue une économie de marché ? Quelles réformes ont pour effet de modifier les transactions entre les ménages et les entreprises sur le marché des facteurs ? Lesquelles affecteront les transactions entre les ménages et les entreprises sur le marché des produits ? Lesquelles toucheront les transactions entre les ménages, les entreprises et le gouvernement ? Lesquelles faciliteront les transactions entre Cuba et le reste du monde ?

Guillaume LANCTÔT, « Après plus de 50 ans, le socialisme cubain est ouvert au changement », Perspective Monde, Université de Sherbrooke, 18 février 2014, http ://perspective.usherbrooke. ca/bilan/servlet/BMAnalyse ?codeAnalyse=1712 (page consultée le 6 février 2015).

16

PARTIE 1 INTRODUCTION

1.2 2 Décrire la coordination des décisions économiques

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Pour chacune des manchettes suivantes, repérez la catégorie de décideurs concernée.

2. Nommez les trois catégories de décideurs dans une économie fermée en précisant les choix économiques qui relèvent de chacune.

a) Une nouvelle loi québécoise interdit l’usage des cellulaires au volant. b) Sur le marché des maisons neuves, le nombre d’acheteurs diminue. c) La Loi sur la protection du consommateur a été modifiée.

3. Quelles sont les différences entre une économie de marché et une économie mixte ? 4. Quelles sont les différences entre la coordination par les marchés et celle par directives ?

d) Un restaurateur sur deux devrait fermer ses portes au cours de la prochaine année. e) La main-d’œuvre disponible pour travailler augmente. RÉPONSES 1.

a) b) c)

Le gouvernement et les autres administrations publiques. Ils instaurent les lois et les règlements. Les ménages. Ils achètent des maisons neuves sur les marchés des produits. Le gouvernement et les autres administrations publiques. Ils instaurent les lois et les règlements.

1.3

d) e)

Les entreprises. Les restaurateurs sont des entreprises qui produisent des repas sur les marchés des produits. Les ménages. Ce sont eux qui décident de la quantité de travail offerte sur les marchés des facteurs.

L’ÉCONOMIQUE : UNE SCIENCE HUMAINE

Nous avons vu que l’économique est la science humaine étudiant les choix des individus, des entreprises et des administrations publiques aux prises avec la rareté. L’étude de l’économique permet de mieux comprendre comment fonctionne le monde qui nous entoure et la manière dont l’humain prend ses décisions. Elle permet également de prédire celles-ci. Nous allons maintenant examiner la façon dont les économistes font leur travail et nous pencher sur certains des problèmes qu’ils rencontrent. Le but premier des économistes est de découvrir comment fonctionne le monde économique. Pour ce faire, comme tous les scientifiques, ils distinguent deux types d’énoncés : • Les énoncés relatifs à ce qui est ; • Les énoncés relatifs à ce qui devrait être. Les premiers sont des énoncés positifs. Ils expriment ce qu’on comprend couramment du fonctionnement du monde, et peuvent être exacts ou erronés. On peut vérifier un énoncé positif en le confrontant aux faits. Ainsi procède le chimiste qui fait une expérience en laboratoire. Les seconds sont des énoncés normatifs. Ils reposent sur des jugements de valeur et sont invérifiables. Quand ils débattent une motion, les parlementaires essaient de décider de ce qui devrait être ; ils font des énoncés normatifs. Pour illustrer la différence entre les énoncés positifs et les énoncés normatifs, prenons l’exemple de la controverse du réchauffement de la planète. Selon la plupart des scientifiques, l’activité industrielle des deux derniers siècles et les énormes quantités de combustibles fossiles que nous brûlons ont accru le taux de dioxyde de carbone dans

CHAPITRE 1

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

17

l’atmosphère, ce qui a des conséquences pour la vie. « Notre planète se réchauffe à cause d’une accumulation croissante de dioxyde de carbone dans l’atmosphère » est un énoncé positif. On peut le vérifier si on dispose de données pertinentes. « Nous devrions réduire l’utilisation de combustibles fossiles comme le charbon et le mazout » est, quant à lui, un énoncé normatif. On peut être d’accord ou non avec lui, mais on ne se demande pas s’il est vrai ou faux. Il ne se prête pas à la vérification par les faits, car il repose sur des jugements de valeur. Prenons un autre exemple. « L’universalité des soins de santé réduit le nombre de jours d’absence au travail pour cause de maladie » est un énoncé positif. « Tous les Canadiens et Canadiennes devraient avoir un accès égal aux soins de santé » est un énoncé normatif. L’économique s’est donné pour tâche de découvrir et de cataloguer les énoncés positifs qui rendent compte des phénomènes observés et permettent de comprendre le fonctionnement du monde économique. Cette tâche comporte trois étapes : • L’observation et la mesure ; • La construction de modèles ; • La vérification des modèles.

L’OBSERVATION ET LA MESURE La première étape pour comprendre le fonctionnement du monde économique consiste à l’observer et à le mesurer. Les économistes recueillent un nombre considérable de données sur des phénomènes comme la quantité et l’emplacement des ressources humaines et naturelles, les salaires et les heures travaillées, les prix et les quantités produites des divers biens et services, les impôts et les dépenses publiques, les quantités de biens et services achetés ou vendus à d’autres pays, etc.

LA CONSTRUCTION DE MODÈLES La deuxième étape pour comprendre le fonctionnement du monde économique consiste à construire un modèle. Un modèle économique est une représentation schématique d’un aspect donné du monde économique, une description qui ne retient que les éléments essentiels pour expliquer le phénomène étudié. Un modèle est plus simple que la réalité qu’il décrit. Ce qu’un modèle englobe et ce dont il fait abstraction résulte d’hypothèses sur ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas.

Modèle économique Représentation schématique d’un aspect donné du monde économique ; description qui ne retient que les éléments essentiels pour expliquer le phénomène étudié.

La figure 1.3 de la page 11 est un bel exemple d’un modèle ou d’une représentation schématique de la réalité, dans ce cas-ci d’une économie fermée. Ce modèle repose sur l’hypothèse que trois catégories de décideurs sont en présence. La deuxième hypothèse consiste à examiner la nature de leurs échanges sur deux types de marchés uniquement, les marchés des produits et les marchés des facteurs. La troisième hypothèse présuppose que leurs échanges seront de nature monétaire ou de nature physique (facteurs de production ou biens et services). Ce modèle a l’avantage de décrire de manière simple le fonctionnement d’une économie fermée. Il va de soi que la réalité est nettement plus complexe.

LA VÉRIFICATION DES MODÈLES La troisième étape consiste à vérifier le modèle. Les prédictions d’un modèle peuvent ou non correspondre aux faits. S’il y a contradiction entre les faits et le modèle, il faut modifier le modèle ou le rejeter. Un modèle qui passe avec succès et à répétition l’épreuve des faits sert de base à une théorie économique, c’est-à-dire à un ensemble de généralisations qui résument notre compréhension des choix et des comportements des divers agents économiques. Une théorie s’élabore par un processus de construction et de vérification de modèles.

Théorie économique Ensemble de généralisations qui résument notre compréhension des choix et des comportements des agents économiques ; repose sur des modèles qui ont passé avec succès et à répétition l’épreuve des faits.

18

PARTIE 1 INTRODUCTION

Passons à la vérification du modèle présenté à la figure 1.3 de la page 11. Les ménages achètent des biens et services et forment donc la demande sur les marchés des produits. Les entreprises, de leur côté, produisent des biens et services et forment donc l’offre sur les marchés des produits. Les ménages et les entreprises doivent s’entendre sur le prix et la quantité de biens et services qui seront produits et achetés, donnant lieu à une situation d’équilibre. Par conséquent, tout changement de comportement du côté des entreprises (l’offre) ou des ménages (la demande) entraînera un changement de prix et de quantité. Ce constat, qui a été à plus d’une reprise vérifié dans la réalité, est à l’origine de la théorie de l’offre et de la demande, que nous examinerons au chapitre 3. Les philosophes de l’Antiquité se penchaient déjà sur les questions économiques. Cependant, on considère généralement que l’économique en tant que science humaine moderne est née en 1776, avec la publication de Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, d’Adam Smith (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste » de la page 19). Depuis, les économistes ont formulé nombre de théories utiles. Toutefois, dans de nombreux domaines, ils sont toujours en quête de réponses. L’accumulation progressive de connaissances permet d’espérer que leurs méthodes fourniront un jour des réponses utiles aux grands problèmes économiques.

Départager la cause de l’effet Il n’est pas facile de faire des expériences en économique, et la plupart des comportements économiques ont des causes simultanées. Pour ces deux raisons, il est difficile de départager la cause de l’effet. Les ordinateurs sont-ils de moins en moins chers parce que les gens en achètent de plus en plus, ou les gens en achètent-ils de plus en plus parce qu’ils coûtent de moins en moins cher ? Y a-t-il un troisième facteur qui explique à la fois la baisse du prix des ordinateurs et l’augmentation des ventes ? Les économistes cherchent à répondre à de telles questions, et cela ne va pas de soi. Pour départager la cause de l’effet, ils doivent recourir (comme tous les scientifiques) à ce qu’on appelle « l’hypothèse ceteris paribus ».

L’hypothèse ceteris paribus

Ceteris paribus Expression latine qui signifie « toutes choses étant égales par ailleurs », ou, plus explicitement, « si tous les autres facteurs pertinents restent constants ».

Modifier un seul facteur en maintenant tous les autres constants permet d’isoler les effets particuliers du facteur sur lequel on se penche et de l’étudier sous le meilleur éclairage possible. Ce raisonnement, que tous les scientifiques utilisent, repose sur l’hypothèse ceteris paribus, une expression latine qui signifie « toutes choses étant égales par ailleurs » ou, plus explicitement, « si tous les autres facteurs pertinents restent constants ». Imaginez que nous étudions, en laboratoire, le comportement des acheteurs d’ordinateurs en les mettant sous une bulle de verre, coupés du reste du monde. Toutes choses étant égales par ailleurs, une baisse du prix des ordinateurs entraînera une augmentation de la quantité demandée. Respecter l’hypothèse ceteris paribus – s’assurer que tous les autres facteurs pertinents restent constants – est crucial dans bon nombre d’activités, et toutes les tentatives de progrès scientifique réussies reposent sur ce raisonnement.

CHAPITRE 1

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

19

Coup d’œil SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

Adam Smith et la naissance de la science économique Bien des gens ont écrit sur le sujet avant lui, mais c’est Adam Smith qui a élevé l’économique au rang de science humaine. Né en 1723 à Kirkcaldy, une petite agglomération de pêcheurs près d’Édimbourg, en Écosse, Smith était l’enfant unique de l’agent des douanes de la ville. À 28 ans, il était déjà professeur de logique à l’université de Glasgow. Détourné de l’enseignement par un riche duc écossais qui lui avait accordé une rente annuelle de 300 livres sterling (10 fois le revenu moyen de l’époque), Smith a consacré 10 ans de sa vie à la rédaction de ses fameuses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, publiées en 1776. « Pourquoi certaines nations deviennent-elles riches alors que d’autres restent pauvres » ? se demandait Smith. Pendant qu’il réfléchissait à cette question, la révolution industrielle battait son plein, et de nouvelles technologies se multipliaient dans les textiles, la sidérurgie, les transports et l’agriculture. Smith en est venu à la conclusion que la richesse économique découle de la division du travail et des marchés libres, ce qu’il a illustré avec l’exemple d’une fabrique d’épingles. En travaillant très dur avec les outils de 1770, estimait Smith, un artisan pouvait fabriquer 20 épingles par jour. Or, affirmaitil, si on décomposait le processus en plusieurs opérations simples permettant la spécialisation – si on adoptait la division du travail  –, 10 personnes pourraient fabriquer non pas 200, mais 48 000 épingles par jour. Smith a décrit la méthode : une personne tire le fil de métal, une autre le redresse, une troisième le coupe, une quatrième l’enfile, une cinquième émoud la pointe,

«Pourquoi certaines nations deviennent-elles riches alors que d’autres restent pauvres ?» se demandait Adam Smith.

trois spécialistes fabriquent la tête, une neuvième personne la fixe, puis une dixième polit et emballe l’épingle. Mais pour que cette division du travail soit rentable, précisait Smith, le marché devait être très vaste. Une fabrique qui emploierait 10 personnes devrait vendre plus de 15 millions d’épingles par année pour continuer à fonctionner ! En quoi la division du travail permet-elle d’accroître la production ? D’après Adam Smith, quelle autre condition faut-il pour accroître la richesse des nations ? Est-ce que les conclusions de Smith sont toujours d’actualité ?

20

PARTIE 1 INTRODUCTION

1.3 3 Décrire le travail des économistes

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Lequel des énoncés suivants est normatif ? Pourquoi ?

3. Lequel des énoncés suivants est normatif ? Pourquoi ?

a) Les chômeurs attendent trop longtemps avant qu’on les réembauche. b) En moyenne, le revenu d’un médecin est supérieur à celui d’un premier ministre. 2. Les facteurs suivants influent sur la consommation des ménages : le revenu, les taux d’intérêt et les impôts personnels. En vous servant de l’hypothèse ceteris paribus, rédigez, pour chacun de ces facteurs, une phrase qui départage la cause de l’effet en ce qui concerne la consommation.

a) Le salaire minimum devrait être haussé de 1 $. b) L’écart de salaire entre les femmes et les hommes s’accroît. 4. L’augmentation de la population en âge de travailler et le fait qu’une plus grande proportion de la population occupe un emploi influent sur la quantité de travail disponible. Rédigez, pour chacun de ces facteurs, une phrase qui départage la cause de l’effet en ce qui concerne la quantité de travail disponible.

RÉPONSES 1. 2.

L’énoncé a) est normatif, car on ne peut pas le vérifier. Toutes choses étant égales par ailleurs, une augmentation du revenu provoquera une hausse de la consommation des ménages, des taux

1.4

d’intérêt bas entraîneront une hausse de la consommation des ménages, et une augmentation des impôts personnels réduira le revenu net des ménages, et donc leur consommation.

LES GRAPHIQUES : L’OUTIL DES ÉCONOMISTES

Afin d’expliquer différents modèles ou phénomènes ainsi que le comportement des agents économiques, les économistes utilisent des graphiques, notamment pour illustrer la relation entre deux variables ou l’évolution d’une variable au fil du temps. Les graphiques sont les principaux outils des économistes.

LE PRINCIPE DE BASE DE LA CONSTRUCTION D’UN GRAPHIQUE Pour construire un graphique, on utilise un plan cartésien, c’est-à-dire un système d’axes composé de deux droites perpendiculaires, comme celles qu’on voit à la figure 1.5. L’axe vertical est l’axe des ordonnées (ou axe des y), l’axe horizontal est l’axe des abscisses (ou axe des x). Chaque axe a un point 0 qui coïncide avec le point 0 de l’autre axe ; ce point commun s’appelle l’origine. Ainsi, à la figure 1.5, l’axe des abscisses mesure le revenu en milliers de dollars (k $) par année. Un mouvement vers la droite indique une augmentation du revenu, et un mouvement vers la gauche, une diminution du revenu. Quant à l’axe des ordonnées, il indique les dépenses en milliers de dollars par année. Pour construire un graphique à deux variables, il faut connaître la valeur de la variable mesurée sur l’axe des abscisses et celle de la variable mesurée sur l’axe des ordonnées. Par exemple, à la figure 1.5, si le revenu se chiffre à 10 000 $ par année, les dépenses se chiffrent également à 10 000 $ par année au point A du graphique. Si le revenu se chiffre à 30 000 $ par année, les dépenses s’élèvent à 25 000 $ par année au point B. Un graphique comme celui de la figure 1.5 peut illustrer n’importe quel type de données quantitatives sur deux variables.

L’INTERPRÉTATION DES GRAPHIQUES DESCRIPTIFS Certains types de graphiques sont descriptifs : soit ils explorent une relation possible entre deux variables (diagramme de dispersion), soit ils montrent l’évolution chronologique d’une ou de plusieurs variables (histogramme), soit ils facilitent la comparaison entre les divers éléments d’un ensemble (graphique de coupe transversale).

CHAPITRE 1

Figure 1.5

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

21

La construction d’un graphique 2 Dépenses (en k$ par année)

40 4

30

Revenu de 30 000 $ Dépenses de 25 000 $

25 20

B 3

Revenu de 10 000 $ Dépenses de 10 000 $

A

10

0

Tous les graphiques ont des axes qui mesurent les quantités sous forme de distances. 1 L’axe horizontal (axe des abscisses ou axe des x) mesure le revenu. Un mouvement vers la droite indique une augmentation du revenu. 2 L’axe vertical (axe des ordonnées ou axe des y) mesure les dépenses. Un mouvement vers le haut indique une augmentation des dépenses. 3 Le point A indique que, si le revenu se chiffre à 10 000 $ par année, les dépenses s’élèvent à 10 000 $ par année. 4 Le point B indique que, si le revenu se chiffre à 30 000 $ par année, les dépenses s’élèvent à 25 000 $ par année.

10

20 1

30

40

Revenu (en k$ par année)

Le diagramme de dispersion représente dans un nuage de points les valeurs d’une variable associées à celles d’une autre variable. Ce type de graphique indique s’il existe (ou non) une relation entre ces deux variables et, le cas échéant, décrit cette relation. La figure 1.6 montre deux exemples de diagrammes de dispersion. Le graphique (a) montre une relation entre les les dépenses moyennes par personne et le revenu moyen par personne au Pays Vert pour une année donnée, de 1999 à 2012. Dispersés dans le diagramme, les points sont étiquetés selon l’année. Ainsi, le point 03 indique qu’en 2003 le revenu moyen par personne s’élevait à 21 100 $, et les dépenses moyennes, à 20 100 $. Ce graphique révèle que plus le revenu moyen par personne augmente, plus les dépenses moyennes sont importantes. Le graphique (b) montre une relation entre le nombre de minutes d’appels téléphoniques internationaux et le prix moyen par minute d’appel au Pays Jaune de 1996 à 2012. Il révèle que plus le prix moyen par minute baisse, plus le nombre de minutes d’appels internationaux augmente. Un histogramme (ou graphique de série chronologique) indique le temps sur l’axe des abscisses, et les variables à l’étude sur l’axe des ordonnées. Le graphique (c) en est un exemple ; ici, on mesure le temps en années (de 1975 à 2012) sur l’axe des abscisses, et la variable à l’étude, le taux de chômage au Pays Bleu, sur l’axe des ordonnées. L’histogramme présente rapidement une somme d’information considérable. Ainsi, le graphique (c) révèle : 1. Le niveau de la variation de la variable (élevé ou bas) – plus la courbe s’éloigne de l’axe des abscisses, plus le taux de chômage est élevé (comme en 1986) ; plus elle s’approche de l’axe des abscisses, plus le taux de chômage est bas (comme en 2008) ; 2. Le sens de la variation de la variable (à la hausse ou à la baisse) – quand la courbe monte, le taux de chômage est en hausse (comme en 1994) ; quand la courbe descend, le taux de chômage est en baisse (par exemple, de 1999 à 2008) ; 3. La vitesse de la variation de la variable (rapide ou lente) – plus la courbe est abrupte, plus le taux de chômage monte ou baisse rapidement ; plus la courbe est plate, plus le taux de chômage monte ou baisse lentement. Ainsi, de 1984 à 1986, le taux de chômage a monté rapidement, alors qu’en 1978 et en 1979, il a monté lentement.

Diagramme de dispersion Graphique qui illustre les valeurs d’une variable associées à celles d’une autre variable.

Histogramme (ou graphique de série chronologique) Graphique qui mesure le temps sur l’axe des abscisses, et la variable ou les variables à l’étude sur l’axe des ordonnées.

22

PARTIE 1 INTRODUCTION

Figure 1.6

Les données graphiques

Dépenses moyennes (en k$ par année)

Prix moyen (en dollars par minute)

30

2,00

Dépenses moyennes (en k$ par année)

09

12

11 08 10 07 06 12 20 100 $ 09 11 05 08 04 10 07 03 02 06 20 100 $ 00 01 05 04 99 0321 100 $ 02

30 25

25 20

20 15 0 15

15

00 99

01 20

25

21 100 $

30

(en k$ par année) Ce graphique montre que plus le:revenu personne Taux de chômage pourcentage demoyen la population active) (a) Diagramme de(en dispersion dépenses et par revenus s’accroît, plus les dépenses moyennes par personne augmentent. moyens par personne au Pays Vert

12

Élevé Augmentation Diminution Taux rapide de chômage (en pourcentage de la rapide population active)

8 10

Augmentation lente rapide

Élevé

1,50 2,00

1,50 1,00

1,00 0,50

96 98 $ 97 1,2499 00 96 01 02 98 97 99 03 04 00 05 06 07 01 08 02 11,4 milliards de minutes

0,50 0

10

04

10

05

(b) Diagramme de dispersion moyen par 10 20 : prix30 40minute 50 0 et nombre de minutes d’appels internationaux Nombre de minutes d’appels au Pays Jaune (en milliards par année) Ce graphique montre que plus le: prix baisse, Pays (b) Diagramme de dispersion prixmoyen moyenpar parminute minute plusetlenombre nombre de de minutes d’appels internationaux augmente. minutes d’appels internationaux Pays au 1 Pays Jaune

Pays 2 Pays 1 Pays 3

Diminution rapide

Pays 2 Pays 4 Pays 3 Pays 5

Augmentation Diminution lente lente

Pays 4 Pays 6

6 8

Pays 5 Pays 7

Faible Diminution lente

6 0 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 Faible

09

11 12 06 07 08 09 50 11,420 milliards 30 40 de minutes Nombre de minutes 11 10d’appels (en milliards par année) 12 03

Revenus moyen (en k$ par année)

(a) 0 Diagramme 15 de dispersion 20 : dépenses 25et revenus 30 moyens par personne au Pays Vert Revenus moyen

10 12

1,24 $ Prix moyen (en dollars par minute)

Année

(c) taux de chômage Pays 2005 Bleu 2010 2015 1975 1980 :1985 1990 1995au2000 0 Histogramme Année

Pays 6 0 Pays 7

2

4

6

8

10

Taux de chômage (en pourcentage de la population active)

(d) Graphique à2barres : taux de 4 de chômage 6 8 sept pays 10 0 Taux de chômage (en pourcentage de la population active)

(c) Histogramme : taux de chômage au Pays Bleu

(d) Graphique à barres : taux de chômage de sept pays

Ce graphique illustre le taux de chômage du Pays Bleu pour chaque année entre 1975 et 2012 ; il montre le niveau du taux de chômage (élevé ou bas), le sens de ses variations (hausse ou baisse) et leur vitesse (rapide ou lente).

Ce graphique représente par des bandes horizontales les valeurs du taux de chômage annuel moyen de sept pays fictifs. Ainsi, on peut comparer les taux de chômage de ces pays pour une année donnée.

Tendance Mouvement général de la valeur d’une variable dans un sens ou dans l’autre (à la hausse ou à la baisse).

De plus, l’histogramme permet de voir s’il y a une tendance dans l’évolution d’une variable, c’est-à-dire un mouvement général de la valeur d’une variable dans un sens ou dans l’autre (à la hausse ou à la baisse). Ainsi, de 1996 à 2009, la tendance générale du taux de chômage a été à la baisse, même s’il a monté légèrement en 1999 et en 2004.

CHAPITRE 1

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

23

Par contre, de 1975 à 1986, la tendance a été nettement à la hausse : même s’il a connu des fluctuations durant cette période, le taux de chômage a monté plus qu’il n’a baissé. L’histogramme permet de comparer rapidement l’état d’une variable à différentes périodes. Ainsi, le graphique (c) révèle que, de manière générale, le taux de chômage n’a pas changé beaucoup dans les années 1970, mais a connu des fluctuations prononcées dans les années 1980 et 1990 – d’abord à la hausse, puis à la baisse. Comme on le voit, le graphique de série chronologique transmet énormément d’information, et ce, en moins d’espace qu’il n’en faut pour décrire seulement quelques-unes de ses caractéristiques. Le graphique à barres (ou graphique de coupe transversale) représente par des bandes horizontales ou verticales les valeurs de chacun des éléments d’un ensemble donné pour en faciliter la comparaison. Le graphique à barres en (d), qui indique le taux de chômage annuel moyen pour sept pays fictifs, en est un exemple. Ici, la longueur de chaque barre indique le taux de chômage d’un pays, ce qui nous permet de comparer les taux de chômage de plusieurs pays plus facilement et plus rapidement que ne le ferait une liste de données.

Graphique à barres (ou graphique de coupe transversale) Graphique qui représente par des bandes horizontales ou verticales les valeurs de chacun des éléments d’un ensemble donné afin d’en faciliter la comparaison.

L’INTERPRÉTATION D’UN GRAPHIQUE ILLUSTRANT UNE RELATION ENTRE DEUX VARIABLES Pour interpréter un graphique qui illustre la relation entre deux variables, il faut savoir que cette relation peut être positive ou négative et que, dans les deux cas, elle peut être linéaire, croissante ou décroissante. Chacune de ces caractéristiques se traduit par la forme de la courbe. Voyons cela de plus près, en commençant par les relations positives.

Les relations positives La figure 1.7 présente trois graphiques illustrant une relation positive (ou relation directe) entre deux variables, c’est-à-dire une relation entre deux variables qui évoluent dans la même direction. Une telle relation est toujours représentée par une courbe ascendante. (Notons qu’il est d’usage d’employer le mot courbe pour désigner toute ligne, droite ou incurvée qui représente la relation entre deux variables dans un graphique.)

Relation positive (ou relation directe)

Le graphique (a) montre une relation positive linéaire, c’est-à-dire une relation représentée par une droite. Ici, la distance parcourue en cinq heures augmente à mesure que la vitesse augmente ; ainsi, on parcourt 200 kilomètres en cinq heures si on roule à 40 kilomètres à l’heure (point A), et 300 kilomètres si on roule à 60 kilomètres à l’heure (point B). On voit que la distance parcourue augmente à un rythme constant par rapport à la vitesse. Chaque augmentation de 20 kilomètres à l’heure accroît la distance parcourue de 100 kilomètres.

Relation linéaire

Le graphique (b) montre la relation positive croissante entre la distance parcourue par un sprinter et le temps de récupération (délai qu’il faut pour que la fréquence cardiaque de l’athlète revienne à la normale au repos). On voit que le temps de récupération de l’athlète augmente à un rythme croissant. Des augmentations égales de la distance parcourue entraînent des augmentations de plus en plus importantes du temps de récupération. Ainsi, l’accroissement du temps de récupération nécessaire après le troisième 100 mètres est plus important que cet accroissement après le deuxième 100 mètres, d’où une courbe qui augmente à un rythme croissant (relation positive croissante).

Relation croissante

Le graphique (c) montre la relation positive décroissante entre le nombre de problèmes qu’un étudiant réussit à résoudre et le temps qu’il consacre quotidiennement à l’étude. Cette relation est représentée par une courbe qui augmente à un rythme décroissant : le nombre de problèmes résolus augmente de moins en moins rapidement à mesure que les heures d’étude et la fatigue s’accumulent. Le temps consacré à l’étude devient donc de moins en moins productif.

Relation décroissante

Relation entre deux variables qui évoluent dans le même sens.

Relation représentée par une droite dans un graphique.

Relation entre deux variables où la variation de l’une entraîne une variation de plus en plus importante de l’autre.

Relation entre deux variables où la variation de l’une entraîne une variation de moins en moins importante de l’autre.

24

PARTIE 1 INTRODUCTION

Figure 1.7

Les relations positives (directes)

Distance parcourue en cinq heures (en kilomètres)

Temps de récupération (en minutes)

Nombre de problèmes résolus

500

40

20

400

Relation positive linéaire (constante)

Relation positive croissante

30

300

B A

200 100 0

20

40

60

80

100

Vitesse (en kilomètres par heure) (a) Relation positive linéaire

La vitesse et la distance parcourue en cinq heures augmentent simultanément et de manière constante.

Figure 1.8

15

20

10

10

5

0

100

200

300

400

Distance parcourue (en mètres) (b) Relation positive croissante

Quand la distance du sprint augmente de façon constante, le temps de récupération augmente de plus en plus à chaque fois, ce qui se traduit par une courbe qui augmente à un rythme croissant.

Relation positive décroissante

0

2

4

6

8

Temps d’étude (en heures) (c) Relation positive décroissante

Plus le temps d’étude s’allonge, moins le nombre de problèmes résolus augmente rapidement, ce qui se traduit par une courbe qui augmente à un rythme décroissant.

Les relations négatives (inverses)

Temps consacré au squash (en heures)

Coût du voyage (en cents par kilomètre)

Nombre de problèmes résolus

5

50

25

Relation négative linéaire

4

Relation négative décroissante

40

20

3

30

15

2

20

10

1

10

5

0

1

2

3

4

5

0

100 200 300 400 500

Temps consacré au tennis (en heures)

Longueur du trajet (en kilomètres)

0

Relation négative croissante

2

4

6

8

10

Temps de loisir (en heures)

(a) Relation négative linéaire

(b) Relation négative décroissante

(c) Relation négative croissante

Quand le temps consacré au tennis augmente d’une heure, le temps consacré au squash diminue également d’une heure le long de la droite.

Plus le voyage s’allonge, moins son coût par kilomètre diminue, ce qui se traduit par une courbe qui diminue à un rythme décroissant.

Quand le temps de loisir augmente, le nombre de problèmes résolus diminue de plus en plus, ce qui se traduit par une courbe qui diminue à un rythme croissant.

Les relations négatives Relation négative (ou relation inverse) Relation entre deux variables qui évoluent dans des directions opposées.

La figure 1.8 présente trois graphiques qui illustrent une relation négative (ou relation inverse) entre deux variables : celles-ci évoluent dans des directions opposées. Le graphique (a) montre la relation négative entre le nombre d’heures consacrées au squash et le nombre d’heures consacrées au tennis sur un total de cinq heures. Jouer une heure de plus au tennis signifie jouer une heure de moins au squash, et vice versa. Il s’agit d’une relation négative linéaire (constante).

CHAPITRE 1

25

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

Le graphique (b) montre la relation négative décroissante entre le coût par kilomètre parcouru et la longueur du trajet. Plus le voyage est long, plus le coût par kilomètre est bas. Cependant, ce coût ne diminue pas de façon uniforme. Il décroît à un rythme accéléré pour un trajet relativement court, mais on observe une diminution de moins en moins marquée à mesure que le trajet s’allonge. Le coût baisse à un rythme décroissant. Cette relation s’explique par le fait qu’une partie des coûts (comme l’assurance de la voiture) est fixe quelle que soit la distance parcourue, et que ces coûts fixes sont plus facilement amortis sur un trajet plus long. Le graphique (c) montre la relation négative croissante entre le temps de loisir d’un étudiant et le nombre de problèmes que ce dernier parvient à résoudre. L’augmentation constante du temps de loisir entraîne une baisse de plus en plus importante du nombre de problèmes résolus. Ce nombre diminue à un rythme croissant.

1.4 4 Construire et interpréter les graphiques utilisés dans les modèles économiques

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Construisez un graphique qui montre la relation entre ces variables :

2. Construisez un graphique qui montre la relation entre ces variables :

Tableau 1

Tableau 2

x

0

1

2

3

4

5

6

7

8

x

0

1

2

3

4

5

6

7

8

y

0

1

4

9

16

25

36

49

64

y

60

49

39

30

22

15

9

4

0

a) S’agit-il d’une relation positive ou négative ?

a) S’agit-il d’une relation positive ou négative ?

b) S’agit-il d’une relation croissante, décroissante ou linéaire ?

b) S’agit-il d’une relation croissante, décroissante ou linéaire ?

c) Énumérez quelques relations économiques qui pourraient ressembler à cette relation.

c) Énumérez quelques relations économiques qui pourraient ressembler à cette relation.

RÉPONSES 1.

Relation entre x et y

Y 70 60 50 40 30 20 10 0

2

4

6

8

X

a) La relation entre x et y est positive. Les deux variables évoluent dans le même sens : si x augmente, y augmente ; si x diminue, y diminue aussi. b) La relation entre x et y est croissante. Une augmentation constante de x engendre une augmentation de plus en plus importante de y. c) Il y a plusieurs réponses possibles à cette question ; vérifiez les vôtres avec votre professeur. Dans cet ouvrage, nous étudierons certaines relations économiques de ce type. Ainsi, au chapitre 3, la courbe d’offre (figure 3.3, p. 59) établit une relation positive entre le prix d’un bien et la quantité offerte de ce bien, toutes choses étant égales par ailleurs. De même, au chapitre 6, la courbe d’offre agrégée (figure 6.4, p. 141) établit une relation positive entre le PIB réel offert et le niveau général des prix.

26

PARTIE 1 INTRODUCTION

Le chapitre 1 en bref 1

Définir l’économique et distinguer la microéconomie de la macroéconomie

Économique Science humaine étudiant les choix que nous faisons quand nous composons avec la rareté et les incitatifs qui influent sur nos choix et les concilient

Macroéconomie Étude des effets agrégés (totaux) des choix des individus, des entreprises et des gouvernements sur l’économie nationale et mondiale

Microéconomie Étude des choix des individus et des entreprises, de la façon dont ils répondent aux incitatifs, interagissent entre eux et subissent l’influence de l’État

2 Économie fermée Économie qui n’entretient de lien avec aucune autre Décideurs • Ménages • Entreprises • États

Marché… • des facteurs • des produits

Énoncés normatifs Ce qui devrait être (non vérifiables)

4

Comment/Pour qui produire ? Facteurs de production/Revenus... • Terre/loyer • Travail/salaire • Capital/intérêt • Entrepreneuriat/profit

Décrire la coordination des décisions économiques Par les marchés Coordination des décisions individuelles par des ajustements de prix

Économie de marché Économie mixte, en réalité, qui repose en partie sur une coordination par directives

Par directives Structure hiérarchique où les individus exécutent les directives qu’on leur donne

Économie ouverte Économie qui entretient des liens plus ou moins étroits avec d’autres économies

3 Énoncés positifs Ce qui est (vérifiables)

Quoi produire ? Biens et services... • de consommation • d’investissement • des administrations publiques • d’exportation

Décrire le travail des économistes

• Observation et mesure • Construction de modèles • Vérification des modèles Hypothèse ceteris paribus Départager la cause de l’effet

Modèle économique Représentation schématique d’un aspect donné du monde économique qui ne retient que les éléments essentiels expliquant un phénomène

Construire et interpréter les graphiques utilisés dans les modèles économiques

Construction d’un graphique à deux variables • Valeur de la variable x sur l’axe des abscisses (horizontal) • Valeur de la variable y sur l’axe des ordonnées (vertical)

Diagramme de dispersion Relation entre deux variables Histogramme Évolution chronologique d’une ou de plusieurs variables Graphique à barres Comparaison de divers éléments d’un ensemble

Relation positive Variables évoluant dans la même direction Relation négative Variables évoluant dans des directions opposées Forme de la courbe • Relation linéaire • Relation croissante • Relation décroissante

Questions de révision

CHAPITRE 1

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

27

Au terme de la section 1.1, L’économique et ses trois questions fondamentales, répondez aux questions 1 à 5.

Au terme de la section 1.2, La coordination des décisions économiques, répondez aux questions 6 et 7.

1. Donnez trois exemples illustrant le fait que même les plus riches n’échappent pas à la rareté.

6. Quelles sont les deux grandes composantes d’une économie ?

2. Dites si chacune des nouvelles suivantes concerne un enjeu macroéconomique ou microéconomique. a) Une hausse de la taxe sur les cigarettes réduira le tabagisme chez les adolescents. b) Le Canada a connu une baisse de son activité économique en 2009. c) Une politique de travail obligatoire pour les assistés sociaux réduira le nombre de sans-emploi. d) Un gel important en Floride a ruiné une partie de la récolte d’agrumes cette année, ce qui a fait augmenter le prix des agrumes vendus au Québec. e) De 2009 à 2010, le prix des ordinateurs portables a baissé de 17 % au Canada. 3. Lesquels des éléments suivants ne sont pas des biens ou des services de consommation ? Pourquoi ? a) Une tablette de chocolat b) Un remonte-pente c) Une balle de golf d) L’autoroute Transcanadienne e) Un camion d’incendie 4. Lesquels des éléments suivants ne sont pas des biens d’investissement ? Pourquoi ? a) Une chaîne de montage d’automobiles b) Un centre commercial c) Une pizza extra fromage d) Un pétrolier e) Un travailleur de la construction 5. Lesquels des éléments suivants ne sont pas des facteurs de production ? Pourquoi ? a) Les camionnettes de livraison d’un boulanger b) Mille actions d’Amazon.com c) Un gisement de pétrole qui n’a pas encore été découvert d) Un camion à ordures e) Un paquet de gomme à mâcher

7. Quelle est la différence entre une économie ouverte et une économie fermée ? Au terme de la section 1.3, L’économique : une science humaine, répondez aux questions 8 et 9. 8. Déterminez si chacun des énoncés suivants est positif ou normatif. a) Au Canada, les pauvres paient trop cher pour se loger. b) Au Canada, le nombre de fermes a diminué depuis 50 ans. c) Au Canada, la population des régions rurales est restée constante dans la dernière décennie. d) Au Canada, le gouvernement fédéral devrait investir davantage pour stimuler l’activité économique. e) Au Canada, la Banque du Canada devrait réduire les taux d’intérêt pour que la consommation des ménages augmente. 9. Expliquez comment les économistes s’y prennent pour départager la cause de l’effet. Pourquoi recourent-ils à l’hypothèse ceteris paribus ?

28

PARTIE 1 INTRODUCTION

Au terme de la section 1.4, Les graphiques : l’outil des économistes, répondez à la question 10. 10. Le tableau qui suit fournit des données sur les dépenses de consommation réelles par personne (en dollars par année) en enregistrements musicaux, en services internet et en films sur 10 ans.

Tableau 1 Année

Musique

Services internet

Films

(en dollars par année) 2010

43

4

23

2011

47

5

24

2012

56

6

25

2013

57

11

25

2014

57

17

27

2015

55

26

29

2016

56

32

30

2017

58

37

31

2018

62

43

32

2019

66

48

33

a) Construisez un diagramme de dispersion (nuage de points) qui montre la relation entre les dépenses en enregistrements musicaux et les dépenses en services internet. Décrivez cette relation. b) Construisez un diagramme de dispersion qui montre la relation entre les dépenses en services internet et les dépenses en films. Décrivez cette relation. c) Construisez un diagramme de dispersion qui montre la relation entre les dépenses en enregistrements musicaux et les dépenses en films. Décrivez cette relation. d) Construisez un histogramme (ou graphique de série chronologique) des dépenses en services internet. En quelle année ou en quelles années ces dépenses étaientelles les plus élevées ? Les plus faibles ? En quelle année ou en quelles années ont-elles le plus augmenté ? Le moins augmenté ? Observez-vous une tendance dans les dépenses en services internet ? Si oui, décrivez-la. e) Construisez un histogramme des dépenses en enregistrements musicaux. En quelle année ou en quelles années ces dépenses étaient-elles les plus élevées ? Les plus faibles ? En quelle année ou en quelles années ont-elles le plus augmenté ? Le moins augmenté ? Observez-vous une tendance dans les dépenses en enregistrements musicaux ? Si oui, décrivez-la.

CHAPITRE 1

QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

Appliquez vos savoir-faire Ventes record d’autos aux États-Unis Les ventes d’autos aux États-Unis ont progressé de quelque 7 % en février 2016 pour atteindre un sommet en 15 ans, à la faveur du faible niveau des prix de l’essence, d’un crédit bon marché et de salaires plus élevés9. a) Cet événement relève-t-il de la microéconomie ou de la macroéconomie ? Expliquez votre réponse. b) Quel agent économique a pris des décisions qui ont amené cette hausse des ventes ? Expliquez votre réponse. c) À quel mécanisme de coordination l’économie américaine fait-elle appel pour que les choix des acheteurs et des fabricants d’automobiles correspondent ? Expliquez votre réponse. d) En vous servant de l’hypothèse ceteris paribus, rédigez, pour chacun des facteurs évoqués, une phrase qui départage la cause de l’effet en ce qui concerne les ventes d’autos aux États-Unis. e) À quelle question économique fondamentale associez-vous cet événement ? Dites pourquoi.

Les ventes d’autos aux États-Unis ont progressé de quelque 7 % en février 2016 pour atteindre un sommet en 15 ans.

MOTS CLÉS Biens d’investissement, 6 Biens et services, 6 Biens et services d’exportation, 6 Biens et services de consommation, 6 Biens et services des administrations publiques, 6 Capital, 7 Capital humain, 8 Ceteris paribus, 18 Diagramme de dispersion, 21 Économie de marché, 14 Économie fermée, 10 Économie mixte, 14 Économie ouverte, 14 Économique, 4 Entrepreneuriat, 8 Facteurs de production, 7 Graphique à barres (ou graphique de coupe transversale), 23 Histogramme (ou graphique de série chronologique), 21 Incitatif, 4

9.

Intérêt, 9 Loyer, 9 Macroéconomie, 4 Microéconomie, 4 Modèle économique, 17 Profit (ou perte), 9 Rareté, 4 Relation croissante, 23 Relation décroissante, 23 Relation linéaire, 23 Relation négative (ou relation inverse), 24 Relation positive (ou relation directe), 23 Ressources productives, 4 Salaire, 9 Tendance, 22 Terre, 7 Théorie économique, 17 Travail, 7

Reuters, « Aux États-Unis, les ventes d’autos atteignent un sommet de 15 ans », TVA Nouvelles, publié le 2 mars 2016 à 6 h 32, mis à jour le 2 mars 2016 à 6 h 38, www.tvanouvelles.ca/2016/03/02/ les-ventes-dautos-atteignent-un-sommet-de-15-ans (page consultée le 13 mars 2016).

29

30

CHAPITRE 2

PARTIE 1 INTRODUCTION

PARTIE 1

LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ

INTRODUCTION

ÉTUDIER OU TRAVAILLER ? SE PROCURER UNE AUTOMOBILE OU PRENDRE L’AUTOBUS  ; acheter une maison ou louer un appartement  ; faire du sport ou regarder un film  ; voyager ou payer ses dettes  ; lire ou rencontrer des amis… Quels choix doit-on faire ? Comme nos besoins excèdent la capacité que nous avons de les satisfaire, nous devons faire des choix, c’est-à-dire déterminer des priorités et décider lesquels de nos besoins seront satisfaits et lesquels resteront inassouvis. La rareté nous oblige à choisir.

SOMMAIRE

Ces choix s’imposent car, si considérables soient-elles, les possibilités de production d’une économie ne sont pas illimitées. Comment accroître la capacité de produire d’une économie ? La croissance économique nous permet-elle d’échapper à la rareté ? Pour répondre à ces questions, les économistes utilisent un modèle illustrant la rareté, que nous étudierons dans ce chapitre.

2.1

2.2

2.3

Les possibilités de production

Le coût de renonciation

ÉTUDIER OU TRAVAILLER ?

L’expansion des possibilités de production

p. 32

p. 36

p. 40

p. 42

CHAPITRE 2

LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ

SAVOIR-FAIRE 1

Utiliser la courbe des possibilités de production pour illustrer le problème économique

2 3

Calculer le coût de renonciation Expliquer comment le progrès technologique, l’accroissement du capital humain et l’accumulation du capital augmentent les possibilités de production

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COUP D’ŒIL

COUP D’ŒIL

SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

Joseph Schumpeter et les théories de la croissance économique

Quand la Chine rattrapera-t-elle les États-Unis ?

Le chapitre 2 en bref

p. 43

p. 44

p. 45

31

32

PARTIE 1 INTRODUCTION

2.1

LES POSSIBILITÉS DE PRODUCTION

Tous les jours, les mines, les usines, les magasins, les bureaux, les fermes et les chantiers de construction du Canada produisent une multitude de biens et services. Cependant, si considérable soit-elle, notre capacité de production est limitée par les ressources et la technologie accessibles. À tout moment, nous disposons de quantités fixes de ressources et d’une technologie donnée. Pour étudier les limites de la production, nous allons nous concentrer sur deux biens en supposant que les quantités produites de tous les autres biens et services restent constantes. Autrement dit, nous allons nous servir de l’hypothèse ceteris paribus (toutes choses étant égales par ailleurs) et étudier un modèle économique où rien ne varie, sauf la production des deux biens qui nous intéressent.

LA COURBE DES POSSIBILITÉS DE PRODUCTION Courbe des possibilités de production (CPP) Frontière entre les combinaisons de biens et services qu’il est possible de produire et celles qu’il est impossible de produire avec une quantité de ressources fixe et une technologie donnée.

La courbe des possibilités de production (CPP) trace la frontière entre les combinaisons de biens et services qu’il est possible de produire et celles qu’il est impossible de produire avec une quantité de ressources fixe et une technologie donnée. Voyons ce que pourrait être la CPP pour de l’eau embouteillée et des téléphones intelligents. La terre (les minéraux, les ressources énergétiques, l’eau, etc.) permet de produire de l’eau embouteillée ou des téléphones intelligents. Le travail ou la maind’œuvre sert à embouteiller de l’eau de source ou à fabriquer des téléphones intelligents. Le capital est l’ensemble de la machinerie, des équipements ou de l’outillage destinés au puisage, au filtrage et à l’embouteillage d’eau (ex. : usines d’embouteillage) ou à la fabrication de téléphones intelligents. Quant aux entrepreneurs, ils consacrent leur créativité soit à gérer les ressources en eau et les usines d’embouteillage, soit à diriger les entreprises de fabrication de téléphones intelligents. Quoi qu’il en soit, plus on utilise de ressources pour produire de l’eau embouteillée, moins il en reste pour concevoir des téléphones intelligents, et vice versa. On peut décrire les possibilités de production à l’aide d’un tableau ou d’une courbe des possibilités de production. Le tableau de la figure 2.1 (p. 33) présente six possibilités de production pour l’eau embouteillée et les téléphones intelligents – autrement dit, six combinaisons de quantités d’eau embouteillée et de téléphones intelligents qu’il est possible de produire avec les ressources et la technologie accessibles. Dans le contexte de la possibilité de production A, on ne consacre aucune ressource à l’embouteillage d’eau – la production d’eau embouteillée est nulle. Toutes les ressources servent à la fabrication de téléphones intelligents ; on en produit alors 15 millions par année. Dans le contexte de la possibilité de production B, on consacre assez de ressources à l’embouteillage d’eau pour produire 1 million de bouteilles par année ; comme les ressources allouées à l’embouteillage d’eau ne peuvent plus servir à la production de téléphones intelligents, celle-ci descend à 14 millions par année. Les possibilités de production C, D et E sont d’autres combinaisons des quantités de ces deux biens. Dans le cas de la possibilité de production F, on consacre toutes les ressources à la production de 5 millions de bouteilles d’eau par année, et aucune à la production de téléphones intelligents, laquelle est donc nulle. Le graphique de la figure 2.1 illustre les possibilités de production décrites dans le tableau. L’axe des abscisses (axe horizontal) décrit la quantité d’eau embouteillée, et l’axe des ordonnées (axe vertical), la quantité de téléphones intelligents. Chaque point de A à F illustre les différentes possibilités de production du tableau ; ainsi, le point B illustre une production de 1 million de bouteilles d’eau et de 14 millions de téléphones intelligents, quantités qui correspondent à la possibilité de production B du tableau.

CHAPITRE 2

33

LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ

La CPP est très utile pour illustrer les effets de la rareté et en entrevoir les conséquences ; elle met en lumière trois caractéristiques des possibilités de production, soit la différence entre : • Les combinaisons possibles et les combinaisons impossibles ; • Le plein-emploi et le sous-emploi des ressources productives ; • Le sacrifice et l’absence de sacrifice.

Les combinaisons possibles et les combinaisons impossibles La CPP montre les limites de la production : elle trace la frontière entre les combinaisons possibles et les combinaisons impossibles avec les ressources et la technologie accessibles. On peut produire toutes les combinaisons de quantités de bouteilles d’eau et de téléphones intelligents qui se situent sur la CPP ou à l’intérieur de la CPP. Par contre, les combinaisons des deux biens situées à l’extérieur de la CPP sont impossibles à produire. La figure 2.1 montre clairement où se situent les combinaisons possibles et impossibles à produire avec les ressources et la technologie accessibles. Seuls les points situés sur la CPP et à l’intérieur de la CPP (zone beige) correspondent à des combinaisons possibles. Toutefois, les combinaisons qui se situent sur la CPP nécessitent l’utilisation de toutes les ressources. Ce n’est pas le cas des combinaisons qui se situent à l’intérieur de la CPP. Les combinaisons d’eau embouteillée et de téléphones intelligents qui correspondent à des points situés à l’extérieur de la CPP (zone blanche), comme le point G, sont impossibles à produire puisque les ressources et la technologie accessibles sont insuffisantes. La CPP indique qu’on peut produire 4 millions de bouteilles d’eau et 5 millions de téléphones intelligents au point E, ou 2 millions de bouteilles d’eau et 12 millions de téléphones intelligents au point C, mais qu’il est impossible de produire 4 millions de bouteilles d’eau et 12 millions de téléphones intelligents au point G avec les ressources et la technologie dont on dispose.

Figure 2.1

La CPP et les combinaisons possibles et impossibles

Téléphones intelligents (en millions par année)

Possibilités A Bouteilles d’eau (en millions) 0 Téléphones intelligents  (en millions) 15

18

A

15

Courbe des possibilités de production (CPP)

B C

12

D Impossible Possible

6 5

E

F 1

2

4

3

5

6

Bouteilles d’eau (en millions par année)

Possibilités

A

B

C

D

E

F

Bouteilles d’eau (en millions)

0

1

2

3

4

5

15

14

12

9

5

0

Téléphones intelligents (en millions)

D 3 9

E 4 5

F 5 0

La courbe des possibilités de production (CPP) départage les combinaisons possibles et impossibles. On peut produire les combinaisons situées n’importe où sur la CPP ou à l’intérieur de la CPP (zone beige). Les points situés à l’extérieur de la CPP, comme le point G, correspondent à des combinaisons impossibles.

3

0

C 2 12

Tracé à partir des données du tableau, le graphique permet de visualiser la courbe des possibilités de production (CPP) pour deux biens – ici, des bouteilles d’eau et des téléphones intelligents. Le point A révèle qu’on peut produire une quantité maximale de 15 millions de téléphones intelligents par année si on ne produit aucune bouteille d’eau. Les points A, B, C, D, E et F du graphique illustrent les différentes possibilités de production du tableau. La courbe qui relie tous ces points est la CPP.

G

9

B 1 14

34

PARTIE 1 INTRODUCTION

Le plein-emploi et le sous-emploi des ressources productives Plein-emploi Utilisation optimale des ressources productives compte tenu de la meilleure technologie accessible.

Sous-emploi Utilisation incomplète ou inefficace des ressources productives compte tenu de la meilleure technologie accessible.

Il y a plein-emploi des ressources quand l’utilisation des ressources productives est optimale compte tenu de la meilleure technologie accessible ; il y a sous-emploi des ressources quand certaines ressources productives restent inutilisées ou ne sont pas utilisées de manière optimale. N’importe quelle ressource peut être sous-employée. Ainsi, il y a toujours une certaine partie de la main-d’œuvre au chômage. De même, la terre reste souvent inutilisée le temps que son propriétaire lui trouve un usage qui optimise sa valeur, ce qui explique l’existence des terrains vagues qu’on voit un peu partout. Il en va de même du capital : des milliers d’automobiles inutilisées restent parquées dans les terrains de stationnement des concessionnaires et des vendeurs, et les cuisines et tables des restaurants sont souvent inoccupées. La figure 2.2 (p. 35) illustre les effets du sous-emploi des ressources. Dans une telle situation, l’économie produirait à l’intérieur de la CPP, au point H, par exemple ; ici, en employant une partie des ressources accessibles, on peut produire 3 millions de bouteilles d’eau et 5 millions de téléphones intelligents. Cependant, si on employait toutes les ressources accessibles, on pourrait produire au point D ou E sur la CPP. Au point D, on produit plus de téléphones intelligents et la même quantité de bouteilles d’eau qu’au point H, tandis qu’au point E on produit plus de bouteilles d’eau et la même quantité de téléphones intelligents qu’au point H.

Le sacrifice et l’absence de sacrifice Sacrifice Fait de renoncer à une chose pour en obtenir une autre.

La rareté des ressources nous oblige à faire des choix, et tout choix implique un sacrifice : on doit renoncer à une chose pour en obtenir une autre.

RÉPONSE

S’il alloue plus de ressources à la défense nationale et réduit ses transferts aux provinces pour les soins de santé, le gouvernement du Canada sacrifie des soins de santé au profit de la sécurité nationale. S’il alloue plus de ressources aux routes et réduit celles qu’il alloue aux collèges et aux universités, le gouvernement du Québec sacrifie des services d’éducation au profit du transport. S’il alloue plus Saviez-vous que… de ressources aux maisons de la culture et réduit les ressources de collecte des déchets, le conseil municipal « En 2014, les 282 000 Québécoises et Québécois en de Montréal sacrifie des services sanitaires au profit de situation de sous-emploi […] étaient presque aussi la culture. S’ils abattent moins d’arbres pour préserver nombreux que les chômeurs traditionnels1 (331 900)2. » l’habitat naturel de la chouette tachetée, les producOù se situait l’économie québécoise en 2014 ? À l’intérieur, teurs de papier sacrifient une partie de leur production à l’extérieur ou sur sa CPP ? Justifiez votre réponse. pour préserver une espèce sauvage. La CPP illustre ce type de sacrifices. Si, à la figure 2.2 (p. 35), on produit au point E et si on veut produire plus de téléphones intelligents (point D), on doit renoncer à la production d’un million de bouteilles d’eau. Au point E, toutes les ressources sont pleinement utilisées. Pour produire au point D, on doit donc réduire les ressources allouées à la production de bouteilles d’eau et les utiliser pour fabriquer des téléphones intelligents. Autrement dit, on doit sacrifier des bouteilles d’eau pour obtenir plus de téléphones intelligents.

En 2014, le Québec ne faisait pas une utilisation optimale de sa main-d’œuvre, car près de 614 000 personnes se trouvaient en situation de sous-emploi. Par conséquent, l’économie québécoise se situait à l’intérieur de sa CPP.

Les économistes résument souvent cette idée centrale de l’économique – « tout choix suppose un sacrifice, et rien n’est gratuit ! » – par le vieux dicton : « On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. » 1.

Personnes disponibles pour travailler qui sont sans emploi et qui se cherchent activement un poste. Source : DEMERS, André, Frontières entre emploi, chômage et inactivité : la mesure du chômage a-t-elle omis plus de 280 000 personnes en 2014 ?, Flash-info, Institut de la statistique du Québec, juin 2015, vol. 16, no 2, p. 1.

2.

André DEMERS, « Frontières entre emploi, chômage et inactivité : la mesure du chômage a-telle omis plus de 280 000 personnes en 2014 ? », Flash-info, Institut de la statistique du Québec, juin 2015, vol. 16, no 2, p. 1.

CHAPITRE 2

LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ

Il y a cependant une exception à cette règle. En effet, si certaines ressources n’ont pas été employées ou si leur utilisation n’est pas optimale, on peut accroître la production d’un des deux biens sans sacrifier quoi que ce soit. La figure 2.2 montre que, si la production se situe à l’intérieur de la CPP, au point H, par exemple, on pourra la porter au point D et augmenter la production de téléphones intelligents sans sacrifier de bouteilles d’eau en se servant des ressources inutilisées ou en employant les ressources de manière plus efficace. Dans ce cas, on peut donc avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre. Quand on produit à un point situé sur la CPP et qu’on veut produire davantage d’un des deux biens, on doit faire un sacrifice. Par contre, si on produit à un point situé à l’intérieur de la CPP, on peut produire davantage d’un bien sans réduire pour autant la production de l’autre bien. La rareté nous pousse constamment à optimiser l’utilisation de nos ressources. Autant que possible, nous tâchons de ne pas laisser nos ressources inutilisées ou mal utilisées ; quand elles le sont, nous tâchons d’y remédier.

Figure 2.2

Plein-emploi, sous-emploi, sacrifice et absence de sacrifice Téléphones intelligents (en millions par année)

18

accessibles, on produit des combinaisons situées sur la CPP, aux points D et E, par exemple.

Courbe des possibilités de production (CPP)

A

15

1 Quand on emploie toutes les ressources

B

1

2 Quand une partie des ressources reste inutilisée,

on produit des combinaisons situées à l’intérieur de la CPP, au point H, par exemple.

Plein-emploi

3 Quand les ressources sont pleinement utilisées

C

12

3

D 9

4

6 5

et qu’on veut produire davantage, un sacrifice s’impose. Si on produit 5 millions de téléphones intelligents par année au point E et si on veut en produire 9 millions (point D le long de la CPP), on doit renoncer à une certaine quantité de bouteilles d’eau.

Sacrifice

Absence de sacrifice

E 2

3

4 Quand une partie des ressources est inutilisée,

H

Sous-emploi

F 0

1

2

3

4

5

6

Bouteilles d’eau (en millions par année)

on peut produire plus d’un bien sans réduire pour autant la production de l’autre bien. Si on produit 5 millions de téléphones intelligents par année au point H et si on souhaite en produire 9 millions, on peut se déplacer jusqu’à la CPP en utilisant toutes les ressources.

35

36

PARTIE 1 INTRODUCTION

2.1 1 Utiliser la courbe des possibilités de production pour illustrer le problème économique

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. Sur l’Île-de-Robinson, les habitants travaillent 40 heures par semaine à pêcher du poisson et à cueillir des fruits. À partir des données du tableau 1, tracez la CPP de l’Îlede-Robinson.

2. Durant l’hiver, la pêche et la cueillette de fruits sont plus difficiles, et les habitants de l’Île-de-Robinson travaillent moins d’heures par jour. Le tableau 2 décrit la production hivernale de l’île. À l’aide de ces données, tracez sa CPP pour l’hiver.

Tableau 1 Possibilités

A

B

C

D

E

F

G

Poisson (en kg)

0

6

11

15

18

19

20

Fruits (en kg)

30

25

20

15

10

5

0

a) Dites si chacune des combinaisons suivantes est possible ou impossible : (a) 0 kg de poisson et 30 kg de fruits ; (b) 6 kg de poisson et 25 kg de fruits ; (c) 20 kg de poisson et 20 kg de fruits. b) Dites si chacune des combinaisons suivantes requiert la totalité des heures de travail des habitants de l’île : (a) 15 kg de poisson et 15 kg de fruits ; (b) 7 kg de poisson et 20 kg de fruits ; (c) 20 kg de poisson et 0 kg de fruits. c) Dites si chacune des combinaisons suivantes impose ou non un sacrifice si les habitants de l’île veulent une production supplémentaire de 1 kg de fruits : (a) 20 kg de poisson et 0 kg de fruits ; (b) 10 kg de poisson et 15 kg de fruits ; (c) 18 kg de poisson et 10 kg de fruits.

Tableau 2 Possibilités

A

B

C

D

E

F

Poisson (en kg)

0

3

6

9

12

15

Fruits (en kg)

20

18

15

11

6

0

a) Dites si chacune des combinaisons suivantes est possible ou impossible : (a) 3 kg de poisson et 18 kg de fruits ; (b) 9 kg de poisson et 11 kg de fruits ; (c) 15 kg de poisson et 14 kg de fruits. b) Dites si chacune des combinaisons suivantes requiert la totalité des heures de travail des habitants de l’Îlede-Robinson et si elle implique ou non un sacrifice si les habitants veulent augmenter l’une ou l’autre des productions : (a) 0 kg de poisson et 20 kg de fruits ; (b) 9 kg de poisson et 5 kg de fruits ; (c) 3 kg de poisson et 18 kg de fruits.

RÉPONSES 1.

La CPP de l’Île de Robinson est la suivante :

a)

Fruits (en kg) A

30

B

25

b) C

20

D

15

E

10

F

5

G

0

2

4

6

8

10 12

14 16

18

20

Poisson (en kg)

2.2 Coût de renonciation Quantité d’un bien à laquelle il faut renoncer pour obtenir une unité supplémentaire d’un autre bien.

c)

(a) Possible (possibilité A) : les habitants ne pêchent aucun poisson et cueillent 30 kg de fruits. (b) Possible (possibilité B). (c) Impossible : si les habitants pêchent 20 kg de poisson, ils ne peuvent pas cueillir de fruits (possibilité G). (a) Cette combinaison requiert la totalité des heures de travail  des habitants de l’île  ; elle  se situe sur la CPP (possibilité D). (b) Cette combinaison ne requiert pas la totalité des heures de travail  des habitants de l’île  ; elle se situe à l’intérieur de la CPP. (c) Cette combinaison requiert la totalité des ressources ; elle se situe sur la CPP (possibilité  G). (a) Cette combinaison implique un sacrifice puisqu’elle se situe sur la CPP. (b) Cette combinaison n’implique aucun sacrifice puisqu’elle se situe à l’intérieur de la CPP. (c)  Cette  combinaison implique un sacrifice puisqu’elle se situe sur la CPP.

LE COÛT DE RENONCIATION

Tout le long de la CPP, le choix d’un point plutôt que d’un autre implique nécessairement un sacrifice : pour obtenir davantage d’un bien, il faut renoncer à une quantité donnée de l’autre bien. Mais à quelle quantité de cet autre bien faut-il renoncer exactement pour obtenir une unité supplémentaire du bien que l’on choisit ? Le coût de renonciation, qui se calcule à l’aide de la courbe des possibilités de production, répond à cette question.

CHAPITRE 2

LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ

LE COÛT DE RENONCIATION D’UNE BOUTEILLE D’EAU Le coût de renonciation d’une bouteille d’eau est égal à la diminution de la quantité de téléphones intelligents divisée par l’augmentation de la quantité de bouteilles d’eau, ou au nombre de téléphones intelligents sacrifiés divisé par le nombre de bouteilles d’eau supplémentaires à mesure qu’on se déplace le long de la CPP.

Figure 2.3

Le calcul du coût de renonciation d’une bouteille d’eau

Téléphones intelligents (en millions par année) Diminution de la quantité de CD divisée par l’augmentation de la quantité de bouteilles d’eau

1 bouteille d’eau coûte 1 téléphone

18

1 CD par bouteille

15 14

2 CD par bouteille

12

A

B

1 bouteille d’eau coûte 2 téléphones

C

1 bouteille d’eau coûte 3 téléphones

3 CD par bouteille 4 CD par bouteille

D

9

1 bouteille d’eau coûte 4 téléphones

5 CD par bouteille

oût de renonciation tité

6 5

Mouvement le long de la CPP

Diminution de la quantité de téléphones

Augmentation de la quantité de bouteilles d’eau

Diminution de la quantité de téléphones divisée par l’augmentation de la quantité de bouteilles d’eau

De A à B De B à C De C à D De D à E De E à F

1 million 2 millions 3 millions 4 millions 5 millions

1 million 1 million 1 million 1 million 1 million

1 téléphone par bouteille 2 téléphones par bouteille 3 téléphones par bouteille 4 téléphones par bouteille 5 téléphones par bouteille

E

3

Quand on descend de A à F le long de la CPP, le coût de renonciation de l’eau embouteillée croît à mesure que la quantité produite de bouteilles d’eau augmente.

1 bouteille d’eau coûte 5 téléphones

F 0

1

2

3

4

5

6

Bouteilles d’eau (en millions par année)

À la figure 2.3, on produit 0 bouteille d’eau et 15 millions de téléphones intelligents au point A. Au point B, on produit 1 million de bouteilles et 14 millions de téléphones. Si on se déplace du point A au point B, la quantité de bouteilles d’eau augmente de 1 million (gain de 1 million) et la quantité de téléphones intelligents diminue de 1 million (sacrifice de 1 million). Le coût de renonciation d’une bouteille d’eau est donc de 1 téléphone intelligent (1 million de téléphones sacrifiés divisé par 1 million de bouteilles d’eau supplémentaires). Répétez ces calculs en vous déplaçant de B à C, de C à D, de D à E et de E à F, et vous arriverez aux coûts de renonciation qui figurent dans le tableau et le graphique. On constate que le coût de renonciation d’une bouteille d’eau croît à mesure que la production d’eau embouteillée augmente.

LE COÛT DE RENONCIATION D’UN TÉLÉPHONE INTELLIGENT Le coût de renonciation d’un téléphone intelligent est égal à la diminution de la quantité de bouteilles d’eau divisée par l’augmentation de la quantité de téléphones intelligents, ou au nombre de bouteilles sacrifiées divisé par le nombre de téléphones supplémentaires à mesure qu’on se déplace le long de la CPP. À la figure 2.4 (p. 38), on produit 0 téléphone intelligent et 5 millions de bouteilles d’eau au point F. Au point E, on produit 5 millions de téléphones et 4 millions de bouteilles. Si on se déplace du point F au point E, la quantité de téléphones intelligents augmente de 5 millions (gain de 5 millions) et la quantité de bouteilles d’eau diminue de 1 million (sacrifice de 1 million). Le coût de renonciation d’un téléphone intelligent est donc de 1/5 de bouteille d’eau (1 million de bouteilles sacrifiées divisé par 5 millions de téléphones supplémentaires).

37

38

PARTIE 1 INTRODUCTION

Figure 2.4

Téléphones intelligents (en millions par année)

nution de la é de bouteilles au divisée ugmentation uantité de CD

18

uteille par CD

15 14

uteille par CD

uteille par CD

Le calcul du coût de renonciation d’un téléphone intelligent

1 téléphone coûte 1 bouteille d’eau

A

B

1 téléphone coûte 1 /2 bouteille d’eau

C

12

1 téléphone coûte 1 /3 bouteille d’eau

D

uteille par CD

uteille par CD

nonciation ugmente.

9

1 téléphone coûte 1 /4 bouteille d’eau

6 5

Mouvement le long de la CPP

Diminution de la quantité de bouteilles d’eau

Augmentation Diminution de la quantité de la quantité de bouteilles d’eau divisée de téléphones par l’augmentation de la quantité de téléphones

De F à E De E à D De D à C De C à B De B à A

1 million 1 million 1 million 1 million 1 million

5 millions 4 millions 3 millions 2 millions 1 million

/5 de bouteille par téléphone /4 de bouteille par téléphone 1 /3 de bouteille par téléphone 1 /2 de bouteille par téléphone 1 bouteille par téléphone 1 1

E

3

Quand on monte de F à A le long de la CPP, le coût de renonciation d’un téléphone intelligent croît à mesure que la quantité produite de téléphones intelligents augmente.

1 téléphone coûte 1 /5 bouteille d’eau

F 0

1

2

3

4

5

6

Bouteilles d’eau (en millions par année)

Répétez ces calculs en vous déplaçant de E à D, de D à C, de C à B et de B à A, et vous arriverez aux coûts de renonciation qui figurent dans le tableau et le graphique. On constate que le coût de renonciation d’un téléphone intelligent croît à mesure que la production de téléphones intelligents augmente.

LE COÛT DE RENONCIATION ET LA FORME DE LA CPP Le phénomène de coût de renonciation croissant se reflète dans la forme de la CPP, qui est concave par rapport à l’origine. Entre les points A et B, le coût de renonciation d’une bouteille d’eau est de 1 téléphone intelligent – la pente de la CPP est douce. Entre les points E et F, le coût augmente à 5 téléphones intelligents – la pente de la CPP devient plus abrupte. La CPP est concave par rapport à l’origine parce que les ressources ne sont pas également productives dans toutes les activités. Prenons le cas d’un commis aux fruits et légumes dans une épicerie à qui on demande de faire la caisse. Il sera sans doute moins productif que la caissière. Il faudra peut-être trois commis pour accomplir le travail d’une caissière (et inversement). Ainsi, les travailleurs qui ont beaucoup d’années d’expérience sont très qualifiés dans l’embouteillage d’eau, mais beaucoup moins dans la production de téléphones intelligents. À l’inverse, les travailleurs très qualifiés dans la fabrication de téléphones intelligents le sont beaucoup moins dans la production d’eau embouteillée. Par conséquent, si certains sont affectés à la production d’eau embouteillée, il en résultera une faible augmentation de celle-ci, mais une importante diminution de la production de téléphones intelligents. Plus on augmente la production de l’un ou de l’autre des deux biens, moins les ressources supplémentaires consacrées à la production de ce bien sont productives et plus le coût de renonciation d’une unité de ce bien augmente. Par contre, si les ressources sont aussi efficaces dans une production que dans l’autre, le coût de renonciation d’une unité supplémentaire d’un bien est constant, et la forme de la CPP devient une droite. Cela peut être le cas s’il s’agit de produire davantage d’un bien que de l’autre à l’échelle d’une entreprise ou d’un individu. Imaginons une entreprise qui fabrique des chaussures vertes et des chaussures rouges. Le patron demande à ses employés de faire plus de paires de chaussures rouges. À moins d’être daltoniens, les

CHAPITRE 2

LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ

39

employés seront tout aussi efficaces dans l’une ou l’autre des productions. Pour chaque paire supplémentaire de chaussures rouges produite, la fabrication de paires de chaussures vertes diminuera d’autant. Le coût de renonciation d’une paire de chaussures rouges sera constant, et la forme de la CPP sera une droite.

LE COÛT DE RENONCIATION EST UN RATIO On vient de le voir, pour calculer le coût de renonciation d’une bouteille d’eau, on divise la quantité de téléphones intelligents à laquelle on renonce par l’augmentation de la quantité de bouteilles d’eau ; et pour calculer le coût de renonciation d’un téléphone intelligent, on divise la quantité de bouteilles d’eau à laquelle on renonce par l’augmentation de la quantité de téléphones intelligents. Le coût de renonciation est donc un ratio – la variation de la quantité d’un bien divisée par la variation de la quantité de l’autre bien. Le coût de renonciation de la production de l’eau embouteillée est égal à l’inverse du coût de renonciation de la production de téléphones intelligents. Vérifions cette proposition en revenant à nos calculs. À la figure 2.3 (p. 37), quand on se déplace du point C au point D le long de la CPP, le coût de renonciation d’une bouteille d’eau est de 3 téléphones intelligents. L’inverse de 3 est ⅓. Donc, à la figure 2.4, si on augmente la production de téléphones intelligents et si on diminue la production d’eau en se déplaçant du point D au point C, le coût de renonciation d’un téléphone intelligent devrait être de ⅓ de bouteille d’eau, ce qui est effectivement le cas.

LES COÛTS DE RENONCIATION SONT OMNIPRÉSENTS

Saviez-vous que… « […] la pauvreté coûte à l’ensemble de la société québécoise de 15,7 à 17,0 milliards de dollars annuellement, soit de 5,8 % à 6,3 % du PIB réel3. » Quel est le coût de renonciation de la pauvreté ? S’il n’y avait plus de pauvreté au Québec, quelle en serait la conséquence ?

RÉPONSE

À peu près toutes les activités imaginables ont un coût de renonciation croissant. La production de denrées nécessite l’utilisation de terres fertiles et de tracteurs, ainsi que l’engagement d’ouvriers agricoles, alors que la production de services de santé En raison de la pauvreté, le Québec doit renoncer à produire de exige la construction d’hôpitaux, l’utilisation d’am15,7 à 17,0 milliards de dollars de biens et services par année, soit un coût bulances et l’embauche de brancardiers, d’infirde renonciation qui représente de 5,8 % à 6,3 % de son PIB réel. S’il n’y avait plus de pauvreté au Québec, les milliards de dollars que coûte la pauvreté mières et de médecins. L’inverse serait absurde. Si seraient consacrés à produire d’autres biens et services. un producteur de soins de santé achetait des terres fertiles, y construisait un hôpital, transformait les tracteurs en ambulances et engageait des ouvriers agricoles comme brancardiers ou comme infirmiers, la production de denrées baisserait de manière spectaculaire, la production de services de santé augmenterait très peu et le coût de renonciation d’une unité de services de santé monterait. De même, si un producteur agricole achetait un hôpital, le transformait en usine de tomates hydroponiques et engageait des brancardiers, des infirmières et des médecins comme ouvriers agricoles, la production de services de santé diminuerait considérablement, la production de denrées augmenterait très peu et le coût de renonciation d’une unité de denrées monterait.

3.

Athanase BARAYANDEMA et Guy FRÉCHET, Les coûts de la pauvreté au Québec selon le modèle de Nathan Laurie, Québec, Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion (CEPE), gouvernement du Québec, 2011, p. 16.

40

PARTIE 1 INTRODUCTION

ÉTUDIER OU TRAVAILLER ? Étudier ou travailler ? Ces deux activités sont importantes pour vous, surtout si vous travaillez pour payer vos études. Combien de temps devez-vous consacrer à chacune d’elles si vous ne disposez que de 40 heures par semaine ? Si vous choisissez d’étudier à temps plein, vous renoncez à travailler. Si vous choisissez de travailler à temps plein, vous renoncez à étudier. Visiblement, vous devez trouver un compromis. La figure suivante illustre la CPP d’une personne qui doit doser le temps qu’elle consacre aux études et au travail. Étant donné que cette personne est parfaitement capable de réaliser l’une ou l’autre de ces activités, le coût de renonciation des études ou du travail correspondra à un certain nombre d’heures sacrifiées, qui sera le même peu importe si elle choisit d’augmenter le nombre d’heures allouées aux études ou le nombre d’heures dédiées au travail. Une situation de coût de renonciation constant se traduit par une CPP ayant la forme d’une droite dont la pente est la même entre chaque point. Tout point situé sous ou sur la CPP est réalisable, alors que tout point situé au-dessus de la CPP est irréalisable. La personne Études (nombre d’heures) qui perd son temps se trouvera en situation de sous-emploi et occupera un point à l’intérieur de la 40 CPP, comme le point A. Inversement, la personne qui consacre tout le temps dont elle dispose 30 (40 heures par semaine) aux études et au travail atteindra le point B sur la CPP. Considérez les possibilités suivantes en vous aidant de la CPP. Étudier à temps plein ? Travailler à temps plein ? Étudier et travailler en même temps à temps plein ? Lesquels de ces choix sont réalisables ? Lesquels sont irréalisables ? Et vous, quel est votre choix ?

Ces étudiants ont fait le choix d’étudier à temps plein. Pour l’employée de cette boulangerie, c’est l’inverse !

B

20

10

0

A

10

20 30 40 Travail (nombre d’heures)

CHAPITRE 2

41

LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ

2.2 2 Calculer le coût de renonciation

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. À l’aide des possibilités de production de l’Île-deRobinson décrites au tableau 1, calculez le coût de renonciation de 1 kg de poisson. Faites un tableau qui illustre ce coût à mesure que les habitants accroissent le temps qu’ils consacrent à la pêche et réduisent le temps qu’ils consacrent à la cueillette de fruits.

2. À l’aide des possibilités de production hivernale de l’Île-de-Robinson décrites au tableau 2, calculez le coût de renonciation de 1 kg de fruits. Faites un tableau qui illustre ce coût à mesure que les habitants accroissent le temps qu’ils consacrent à la cueillette de fruits et réduisent le temps qu’ils consacrent à la pêche.

Tableau 1

Tableau 2

Possibilités

A

B

C

D

E

F

G

Possibilités

A

B

C

D

E

F

Poisson (en kg)

0

6

11

15

18

19

20

Poisson (en kg)

0

3

6

9

12

15

Fruits (en kg)

30

25

20

15

10

5

0

Fruits (en kg)

20

18

15

11

6

0

a) Si les habitants font passer la production de fruits de 15 kg à 20 kg et la production de poisson de 15 kg à 11 kg, quel sera le coût de renonciation de 1 kg de fruits ? Expliquez votre réponse.

a) Calculez le coût de renonciation de 1 kg de fruits et de 1 kg de poisson si les habitants de l’île produisent actuellement 5 kg de poisson et 10 kg de fruits par jour. Expliquez votre réponse.

b) Si les habitants produisent 6 kg de poisson et 20 kg de fruits, quel sera le coût de renonciation de 1 kg de fruits et de 1 kg de poisson ?

b) Quel est le coût de renonciation de 1 kg de poisson si les habitants de l’île augmentent leur production de poisson de 6 à 9 kg par jour ? c) Le coût de renonciation de 1 kg de fruits augmente-t-il à mesure que les habitants de l’île consacrent plus de temps à la cueillette de fruits ? Expliquez votre réponse.

RÉPONSES 1.

Le coût de renonciation de 1 kg de poisson est égal à la diminution de la quantité de fruits divisée par l’augmentation de la quantité de poisson à mesure que la production des habitants de l’île augmente et qu’on se déplace le long de la CPP, ces derniers consacrant de plus en plus de temps à la pêche et de moins en moins de temps à la cueillette de fruits. Par exemple, quand les habitants ne consacrent aucun temps à la pêche, la production est celle décrite à la possibilité A du tableau  1. Quand ils consacrent plus de temps à la pêche, la production de poisson augmente de 6 kg et la production de fruits diminue de 5 kg. Le coût de renonciation de 1  kg de poisson est donc de 5/6  kg de fruits (5  kg de fruits sacrifiés divisés par 6 kg de poisson supplémentaires). Le tableau ci-contre donne les coûts de renonciation correspondants. a)

b)

Le coût de renonciation de 1 kg de fruits est de 4/5 kg de poisson. Quand la production de fruits augmente de 5  kg, la production de poisson diminue de 4 kg. Le coût de renonciation de 1 kg de fruits est de 4 kg de poisson sacrifiés divisés par 5 kg de fruits supplémentaires. Ce coût est l’inverse du coût de renonciation de 1 kg de poisson (de C à D au tableau ci-contre). Si les habitants produisent 6  kg de poisson et 20  kg de fruits, les coûts de renonciation des fruits et du poisson sont nuls puisqu’ils gens peuvent augmenter la production de chacun des deux biens sans réduire la production de l’autre. La combinaison de biens que produisent les habitants se situe à l’intérieur de la CPP.

Mouvement le long de la CPP

De A à B De B à C De C à D De D à E De E à G De G à F

Diminution du nombre de kg de fruits 5 kg 5 kg 5 kg 5 kg 5 kg 5 kg

Augmentation du nombre de kg de poisson 6 kg 5 kg 4 kg 3 kg 2 kg 1 kg

Diminution du nombre de kg de fruits divisée par l’augmentation du nombre de kg de poisson 5/6 kg de fruits

par kg de poisson

5/5 kg de fruits

par kg de poisson

5/4 kg de fruits

par kg de poisson

5/3 kg de fruits

par kg de poisson

5/2 kg de fruits

par kg de poisson

5/1 kg de fruits

par kg de poisson

42

PARTIE 1 INTRODUCTION

2.3 Croissance économique Expansion soutenue des possibilités de production.

L’EXPANSION DES POSSIBILITÉS DE PRODUCTION

L’expansion soutenue des possibilités de production s’appelle croissance économique. Celle-ci peut-elle éliminer la rareté et le coût de renonciation ? Non : plus on accroît rapidement les possibilités de production, plus le coût de renonciation de la croissance économique est élevé. Afin d’augmenter de manière importante les possibilités de production futures, il faudra réduire la production présente de biens et services de consommation pour produire davantage de capital physique, concevoir de nouvelles technologies et améliorer la qualité du capital humain.

Ainsi, les trois grands facteurs qui influent sur la croissance économique sont : (1) le progrès technologique, c’est-à-dire la mise au point de nouveaux biens et services et de meilleures techniques de production ; (2) l’accroissement du capital humain, c’est-à-dire l’amélioration de la qualité du travail qui résulte de l’instruction, de la formation sur le tas et de l’expérience de travail ; et (3) l’accumulation de Saviez-vous que… capital physique, c’est-à-dire l’ajout de nouveaux équipements (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste », p. 43). « Le potentiel éolien théorique du Québec est

RÉPONSE

considérable compte tenu de l’immensité du territoire. […] ce potentiel aurait atteint 4 000 MW (mégawatts) en 20154. » Si le Québec développe tout son potentiel éolien, quel sera l’impact sur sa CPP ? Quel sera le coût de renonciation du développement du potentiel éolien du Québec ? Cette nouvelle source d’énergie permettra au Québec de disposer de plus de ressources et ainsi de produire plus de biens et services dans l’avenir. Sa CPP se déplacera vers l’extérieur. Mais pour développer cette nouvelle source d’énergie, la province devra y consacrer des ressources et renoncer à une partie de sa production de biens et services d’aujourd’hui. C’est le coût de renonciation du développement de son potentiel éolien.

Comment la croissance économique influe-t-elle sur les possibilités de production d’une économie ? Supposons qu’une nouvelle technologie permet d’embouteiller l’eau plus rapidement qu’auparavant. La figure 2.5 (a) montre que la quantité maximale de bouteilles d’eau que cette économie peut produire est maintenant plus grande qu’elle l’était, et le point F se déplace en F’. La production de téléphones intelligents n’étant pas touchée, la quantité maximale de téléphones intelligents que cette économie peut produire reste inchangée au point A. La courbe des possibilités de production pivote vers l’extérieur de AF en AF’.

Supposons maintenant que la productivité des travailleurs s’est accrue dans les deux industries. Il est maintenant possible de produire à la fois plus de téléphones intelligents et de bouteilles d’eau. La figure 2.5 (b) montre que les points A et F se déplacent en A’ et en F’ respectivement. La courbe des possibilités de production se déplace vers l’extérieur. La nouvelle courbe ne sera parallèle à la première que si l’amélioration de la productivité influe sur les deux industries également. Dans le cas contraire, le déplacement sera asymétrique, influant davantage sur une industrie que sur l’autre. Grâce au progrès technologique, à l’accroissement du capital humain et à l’accumulation de capital physique, nous avons aujourd’hui des automobiles qui nous permettent des déplacements jadis impensables, des satellites qui améliorent considérablement les communications mondiales par rapport à ce que permettait la technologie du câble, etc. Cependant, pour pouvoir consacrer plus de ressources au développement de la technologie, à l’instruction et à la formation des gens ainsi qu’à la production de nouveau capital, nous devons réduire notre production de biens et services de consommation aujourd’hui. Cette réduction de la production actuelle de biens et services de consommation est le coût de renonciation de la croissance économique.

4.

Ministère de l’énergie et des ressources naturelles du Québec, « Le potentiel éolien au Québec », Gros plan sur l’énergie, gouvernement du Québec, www.mern.gouv.qc.ca/energie/eolien/ eolien-potentiel.jsp (page consultée le 2 mai 2016).

CHAPITRE 2

LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ

43

Coup d’œil SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

Joseph Schumpeter et les théories de la croissance économique Pour les économistes classiques des XVIIIe et XIXe siècles, le progrès technologique et l’accumulation de capital étaient les moteurs de la croissance. Cependant, dès que la croissance économique élevait les revenus au-dessus du niveau de subsistance, une croissance démographique s’ensuivait, entraînant à son tour des rendements décroissants qui réduisaient la productivité et ramenaient les revenus au niveau de subsistance. Formé à l’école classique autrichienne, Joseph Aloïs Schumpeter ose rejeter les méthodes et les conclusions de ses maîtres, à qui il reproche de décrire un système statique, alors que l’économie est fondamentalement dynamique. Convaincu que le progrès économique réside dans l’élaboration et la diffusion de nouvelles techniques par des entrepreneurs avides de profit, Schumpeter jette les fondements de la théorie moderne de la croissance. Né en 1883, Schumpeter quitte son Autriche natale pour l’Allemagne dans les années 1920, au moment où les deux pays sont aux prises avec l’hyperinflation. En 1932, au plus fort de la Grande Dépression, il s’exile aux États-Unis, où il devient professeur d’économique à Harvard. Auteur d’ouvrages sur la croissance et le développement économiques, les cycles économiques et les systèmes politiques, ainsi que d’une histoire de la pensée

Figure 2.5

économique, son œuvre est pluridisciplinaire : une économie, mais aussi une histoire et une sociologie du capitalisme. De nos jours, on pense que la croissance du revenu ralentit la croissance démographique. Pourquoi ? Parce qu’elle augmente le coût de renonciation lié au fait d’avoir des enfants et celui lié à l’investissement dans leur éducation - les rendant plus productifs. La productivité et le revenu augmentent grâce au progrès technologique, et l’ampleur de la croissance de la productivité, stimulée par la recherche du profit, est presque illimitée. De plus, Schumpeter perçoit le progrès économique comme un processus de création destructrice : création de nouvelles occasions de profits et destruction de commerces (qu’on pense, par exemple, à l’effet de l’implantation d’un Wal-Mart sur le commerce de détail local). Pour Schumpeter, la croissance économique et le cycle économique ne font qu’un. À sa mort, en 1950, Joseph Schumpeter avait réalisé l’ambition de sa vie : être l’un des économistes les plus célèbres de sa génération. Quel est l’effet de la croissance du revenu sur la croissance démographique selon les économistes classiques ? Et de nos jours ?

Les effets de la croissance économique Téléphones intelligents (en millions par année)

Téléphones intelligents (en millions par année)

A A

A

Nouvelle CPP

CPP initiale

Nouvelle CPP

CPP initiale

F

F'

Bouteilles d’eau (en millions par année) Une nouvelle technologied’embouteillage permet (a)a)Une nouvelle technologie l’eau de source plus de d’embouteiller l’eau La CPP pivote vers l’extérieur. La rapidement. CPP pivote vers l’extérieur.

F

F'

Bouteilles d’eau (en millions par année) productivité de la main-d’œuvre (b) b) UneLahausse de la productivité des travailleurs augmente les deux industries. dans les deuxdans industries La CPP se déplace l’extérieur. La CPP se déplace versvers l’extérieur.

44

PARTIE 1 INTRODUCTION

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

Quand la Chine rattrapera-t-elle les États-Unis ? Après avoir dépassé l’Allemagne en 2007, la Chine double le Japon au deuxième trimestre de 2010 et devient la deuxième économie mondiale. La question n’est plus de savoir si elle rattrapera les États-Unis, mais plutôt quand et comment. •

Avec une population d’environ 1,3 milliard d’habitants, soit 18,5 % de l’humanité, elle est le pays le plus peuplé.



Les progrès en éducation et en formation professionnelle ont augmenté la productivité de la main-d’œuvre. La Chine devient ainsi un premier choix pour une entreprise d’ici qui désire se relocaliser.



Avec une superficie de 9 600 000 km2 (en incluant Taiwan, Hong Kong, Macao et certains territoires sous sa domination), la Chine se classe au troisième rang dans le monde après la Russie et le Canada, mais devant les États-Unis.



Les ressources naturelles du pays sont considérables, même si la Chine (cinquième producteur avec près de 5 % de la production mondiale de pétrole) a des besoins en hydrocarbures qui excèdent de loin ses réserves.



Sur les plans technique et scientifique, la Chine a peu de choses à envier à l’Occident. Ses ingénieurs ont été les premiers à décoder le génome du riz. La Chine est aussi l’un des trois seuls pays au monde à avoir envoyé un homme dans l’espace par ses propres moyens (le 15 octobre 2003, Yang Liwei est devenu le premier taïkonaute de l’histoire).



En tant que l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, la Chine possède la plus grande armée du monde (plus de 2 millions d’hommes et de femmes) et le deuxième plus grand budget militaire après celui des États-Unis. Puissance nucléaire depuis le 16 octobre 1964, elle est également un des premiers producteurs d’armes de la planète.



La décision prise par Deng Xiaoping à la fin des années 1970 de convertir le pays à l’économie de marché, et l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au début de 2002, qui lui a ouvert le marché mondial, expliquent la croissance de 10  % par an, pendant près de 25 ans, de son économie.

L’émergence de la Chine comme superpuissance économique pose au reste du monde un problème d’adaptation difficile. Si le 20e siècle a été celui de la triade États-Unis-Europe-Japon, le 21e siècle sera celui de la Chine, de l’Inde et des pays émergents. Quel rang occupe la Chine sur les plans économique, démographique et militaire, et quant à sa superficie ? À l’aide d’une CPP, illustrez graphiquement l’impact des progrès réalisés en éducation et en formation de la main-d’œuvre par la Chine.

2.3 3 Expliquer comment le progrès technologique, l’accroissement du capital humain et l’accumulation du capital augmentent les possibilités de production

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. Le tableau 1 présente la production de services d’éducation et de biens de consommation de l’Absurdistan. Si l’Absurdistan veut faire passer le nombre de diplômés de 0 à 500 par année, quel sera le coût de renonciation de ces 500 diplômés ?

2. Si l’Absurdistan consacre toutes ses ressources à la production de biens de consommation, connaîtra-t-il une croissance économique, c’est-à-dire un déplacement de sa CPP vers l’extérieur ? S’il fait passer le nombre de diplômés de 0 à 750 par année, connaîtra-t-il une croissance économique ? Expliquez votre réponse.

Tableau 1 Possibilités Éducation (en nombre de diplômés) Biens de consommation (en unités)

A

B

C

D

1 000

750

500

0

0

1 000

2 000

3 000

RÉPONSE 1.

Le coût de renonciation des 500  diplômés est de 1  000 unités (3  000 – 2 000) de biens de consommation.

CHAPITRE 2

LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ

45

Le chapitre 2 en bref

1

Utiliser la courbe des possibilités de production pour illustrer le problème économique

Courbe des possibilités de production (CPP) Courbe décrivant les limites de ce qu’on peut produire en utilisant pleinement et efficacement toutes les ressources accessibles Combinaisons à l’extérieur de la CPP • Combinaisons impossibles • Ressources disponibles insuffisantes pour l’instant

Combinaisons sur la CPP • Combinaisons possibles • Ressources pleinement utilisées • Accroissement de la production d’un bien en sacrifiant la production d’un autre bien

2

Combinaisons à l’intérieur de la CPP • Combinaisons possibles • Ressources sous-utilisées • Accroissement de la production des deux biens sans sacrifice

Calculer le coût de renonciation

Coût de renonciation de x La diminution de y divisée par l’augmentation de x Coût de renonciation de y Inverse du coût de renonciation de x

Coût de renonciation croissant Si les ressources ne sont pas également productives dans toutes les productions Coût de renonciation constant Si les ressources sont également productives dans toutes les productions

3

Expliquer comment le progrès technologique, l’accroissement du capital humain et l’accumulation du capital augmentent les possibilités de production

Facteurs de croissance • Progrès technologique • Accroissement du capital humain • Accumulation de capital

Accroissement des possibilités de production En consacrant plus de ressources au progrès technologique, à l’accroissement du capital humain et à l’accumulation de capital

Coût de renonciation de la croissance économique La diminution de la consommation dans l’immédiat

46

PARTIE 1 INTRODUCTION

Questions de révision Au terme de la section 2.1, Les possibilités de production, répondez à la question 1. 1. L’Île-aux-Mystères ne produit que deux biens, X et Y, dont les habitants refusent de dévoiler la nature. Le tableau 1a décrit les points A et B sur la CPP de l’Île-aux-Mystères.

Tableau 1a Possibilités

A

B

Unités de X

500

400

Unités de Y

250

375

Si la CPP de cette économie est concave par rapport à l’origine (coûts de renonciation croissants), lesquelles des possibilités de production décrites au tableau  1b pourraient logiquement décrire d’autres points de cette CPP ?

Tableau 1b Possibilités

C

D

E

F

G

H

Unités de X

600

450

600

350

600

450

Unités de Y

325

325

350

400

360

415

Au terme de la section 2.2, Le coût de renonciation, répondez aux questions 2 à 4. 2. Le tableau 2 décrit les points A, B et C sur la CPP de l’Îledes-Maigres, qui ne produit que du yaourt et de la laitue. Quelle doit être la valeur de x pour que le coût de renonciation des deux seuls types de biens que produit cette économie soit croissant ?

Tableau 2 Possibilités

A

B

C

Yaourt (en unités par jour)

x

10

0

Laitue (en unités par jour)

0

50

100

3. L’Île-des-Fermiers ne produit que deux biens : du maïs et du bœuf. Le tableau 3 donne les quantités maximales de maïs et de bœuf que cette économie peut actuellement produire en un an.

Tableau 3 Possibilités

A

B

C

D

E

F

Maïs (en kg par année)

1 000

800

600

400

200

0

Bœuf (en kg par année)

0

900

1 200 1 400 1 450 1 500

a) Tracez la courbe des possibilités de production (CPP) de l’Île-des-Fermiers. b) L’Île-des-Fermiers peut-elle produire 500 kg de maïs et 500 kg de bœuf ? c) L’Île-des-Fermiers peut-elle produire 800 kg de maïs et 1 200 kg de bœuf ? d) Si l’Île-des-Fermiers décidait de faire passer sa production de bœuf de 900 kg à 1 200 kg par année, quel serait le coût de renonciation de cette augmentation de la production bovine ? e) Si l’Île-des-Fermiers décidait de faire passer sa production de maïs de 400 kg à 600 kg par année, quel serait le coût de renonciation de cette augmentation de la production de maïs ? f) Si elle décidait de produire 400 kg de maïs et 1 300 kg de bœuf par année, l’Île-des-Fermiers emploierait-elle pleinement toutes ses ressources ? Expliquez votre réponse. 4. À l’Île-de-l’Oisiveté, où on ne produit que du divertissement et de la bonne chère, les seules ressources accessibles sont 5 unités de capital et 10 heures de travail par jour. Le tableau  4 donne les quantités maximales de divertissement et de bonne chère que l’Île-de-l’Oisiveté peut actuellement produire en une journée.

Tableau 4 Possibilités

A

B

C

D

E

F

Divertissement (en unités par jour)

100

80

60

40

20

0

Bonne chère (en unités par jour)

0

30

50

60

65

67

a) Tracez la CPP de l’Île-de-l’Oisiveté. b) Les habitants de l’Île-de-l’Oisiveté veulent produire 50 unités de divertissement et 50 unités de bonne chère. Cette production est-elle possible ? Si oui, requiert-elle toutes les ressources accessibles ? Quel sera alors le coût de renonciation de la production d’une unité supplémentaire de divertissement ? c) Les habitants de l’Île-de-l’Oisiveté veulent produire 40 unités de divertissement et 60 unités de bonne chère. Cette production est-elle possible ? Si oui, impose-t-elle un sacrifice ? Quel sera alors le coût de renonciation de la production d’une unité supplémentaire de divertissement ? d) Qu’advient-il du coût de renonciation d’une unité de bonne chère additionnelle si les habitants de l’Île-del’Oisiveté allouent de plus en plus de ressources à la production de bonne chère ?

CHAPITRE 2

Au terme de la section 2.3, L’expansion des possibilités de production, répondez aux questions 5 à 10. 5. L’Île-aux-Contrastes ne produit que deux biens : de l’acier et du papier. Le tableau 5 donne les quantités maximales d’acier et de papier que cette économie peut actuellement produire en un mois.

Tableau 5 Possibilités

A

B

C

D

E

F

Acier (en millions de tonnes par mois)

0

1

2

3

4

5

Papier (en millions de tonnes par mois)

16

15

13

10

6

0

a) Expliquez ce que décrit ce tableau des possibilités de production de l’Île-aux-Contrastes en précisant sur quelle hypothèse il repose. b) Définissez le coût de renonciation. c) Calculez le coût de renonciation de l’acier pour chaque possibilité de production du tableau 5, en allant de 0 à 5 millions de tonnes d’acier. d) Pourquoi le coût de renonciation de l’acier est-il croissant ? e) Le coût de renonciation du papier est-il croissant ou décroissant ? Chiffrez votre réponse. f) Tracez la CPP de l’Île-aux-Contrastes. Que représente chaque point sur cette courbe ? g) Comment expliquez-vous la pente négative de cette CPP ? Pourquoi est-elle concave par rapport à l’origine ? h) Que représente un point à l’intérieur de cette CPP ? Un point à l’extérieur ? i) Décrivez et illustrez graphiquement l’effet qu’aurait sur cette CPP chacun des phénomènes suivants. 1. Une augmentation de la quantité de toutes les ressources productives de l’Île-aux-Contrastes 2. Des progrès technologiques dans les deux industries (acier et papier) de l’Île-aux-Contrastes 3. La découverte d’un nouveau gisement de fer à l’Île-aux-Contrastes 4. Des feux de forêt rasant de vastes étendues de bois d’abattage sur l’Île-aux Contrastes 5. Une augmentation de la productivité dans les papeteries de l’Île-aux-Contrastes 6. Une augmentation de la main-d’œuvre disponible à l’Île-aux-Contrastes (en supposant que les aciéries et les papeteries y utilisent respectivement 40 % et 60 % de la main-d’œuvre disponible) 7. Un chômage important dans l’Île-aux-Contrastes j) Comment expliqueriez-vous un déplacement de la CPP de l’Île-aux-Contrastes vers l’intérieur (vers le bas et vers la gauche) ?

LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ

47

6. On peut maintenant se procurer des enregistrements musicaux sur des sites web spécialisés comme iTunes Store, emusic.com ou MP3.com. a) L’avènement de ces sites web a-t-il déplacé la CPP des enregistrements musicaux et des autres biens et services ? Si oui, comment ? b) Y a-t-il encore un sacrifice à faire, ou le coût de renonciation des enregistrements musicaux a-t-il été éliminé ? 7. Le sida est devenu un fléau en Afrique. a) Comment la propagation du sida influe-t-elle sur la CPP des économies africaines ? b) La propagation du sida a-t-elle accru le coût de renonciation de certains biens et services ? A-t-elle réduit le coût de renonciation de quoi que ce soit ? 8. Expliquez comment chacun des événements suivants pourrait modifier la CPP du Canada. Dans chaque cas, précisez s’il y a  un coût de renonciation. Si oui, quel est ce coût ? Si non, pourquoi n’y en a-t-il pas ? a) Le gouvernement consacre un pourcentage plus important de ses dépenses à la formation professionnelle. b) Le gouvernement augmente ses dépenses en soins de santé et réduit ses dépenses en équipement militaire. c) Des feux de forêt rasent de vastes étendues de bois d’abattage au pays. d) En plein hiver, une panne d’électricité majeure plonge une partie du pays dans le froid et dans le noir pendant 19 jours consécutifs. 9. À l’aide d’une CPP, illustrez graphiquement l’effet de chacune des situations suivantes prise isolément sur la capacité de production du Canada et sur celle du Japon. Considérez que chaque pays produit au plein-emploi des biens d’investissement (sur l’axe des abscisses) et des biens de consommation (sur l’axe des ordonnées). a) Les possibilités de production par habitant du Canada sont trois fois celles du Japon. b) Le Canada choisit de produire 1/5 de biens d’investissement et 4/5 de biens de consommation, tandis que le Japon choisit de produire 2/3 de biens d’investissement et 1/3 de biens de consommation. c) Comme le Japon a choisi de produire davantage de biens d’investissement, ses possibilités de production se sont accrues plus vites que celles du Canada. d) Le Japon augmente sa production de biens de consommation et réduit celle de biens d’investissement, tandis que le Canada réduit sa production de biens de consommation et augmente celle de biens d’investissement. e) Le Japon, après avoir connu du chômage durant la crise asiatique de 1998, a renoué avec le plein-emploi, alors que le Canada n’a pas été touché par cette crise.

48

PARTIE 1 INTRODUCTION

10. L’Île-Ordinaire ne produit que deux types de biens : des biens civils et des biens militaires. Laquelle de ces figures illustre le mieux chacun des énoncés qui suivent ? a) La semaine de travail passe de 40 à 30 heures par semaine à l’Île-Ordinaire. b) Le stock de capital de l’Île-Ordinaire s’accroît par rapport à la période précédente. c) Une innovation technologique permet une utilisation plus efficace des ressources dans l’industrie des biens civils de l’Île-Ordinaire. d) La conjoncture économique se détériore et compromet le plein-emploi de la période précédente. Un grand nombre de travailleurs de l’Île-Ordinaire se retrouvent au chômage. e) Le gouvernement de l’Île-Ordinaire décide d’accroître la production de biens militaires tout en maintenant le plein-emploi des ressources. f) Même au plein-emploi, la production actuelle est insuffisante pour satisfaire aux demandes des deux groupes de la population de l’Île-Ordinaire : les militaires veulent une augmentation du budget de la défense, et les civils, une augmentation du budget de l’éducation, de la santé et des services sociaux. Dans un message à la nation, le premier ministre explique que les demandes de la population dépassent les capacités de production de l’économie.

Figure 1

Figure 2

Biens militaires

Biens militaires M

M

B

B A

C

C

Biens civils Un point à l’extérieur de la CPP

Biens civils Un mouvement le long de la CPP

Figure 3

Figure 4 Biens militaires

Biens militaires

M

M A

B

C

C

C'

Biens civils Le déplacement d’un point sur la CPP vers un point à l’intérieur de la CPP

Biens civils Un pivotement de la CPP vers l’extérieur

Figure 5

Figure 6

Biens militaires

Biens militaires

M

M'

M'

M

C'

C

Biens civils Un déplacement de la CPP vers l’intérieur

C

C'

Biens civils Un déplacement de la CPP vers l’extérieur

CHAPITRE 2

LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ

Appliquez vos savoir-faire Au moins un million de morts en Afrique Le paludisme (ou malaria), une infection parasitaire potentiellement mortelle transmise par des moustiques, est responsable chaque année de plus de 300  millions de cas de maladie aiguë et d’au moins 1  million de morts. Il est la première cause de décès chez les enfants d’Afrique subsaharienne. Chaque année, il occasionne des pertes de près de 12 G$ au PIB de l’Afrique, ce qui représente environ 4 % du PIB total de l’Afrique subsaharienne, et une réduction de la croissance de ce PIB d’au moins 1  % par an. Il faudrait un investissement annuel de 3 G$ au cours des années à venir pour parvenir à éradiquer la maladie. Or, selon le responsable de la lutte contre le paludisme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il serait beaucoup trop coûteux d’essayer de faire disparaître le paludisme (The New York Times, 4 mars 2008). L’utilisation de moustiquaires, de médicaments et de DDT permet d’éliminer environ 90 % des cas de malaria. a) À l’aide d’une CPP illustrant les biens affectés à la lutte contre le paludisme (axe des  abscisses) et les autres biens et services (axe des ordonnées), montrez l’impact de cette maladie sur la capacité de produire de l’Afrique subsaharienne.

Chaque année, la malaria, transmise par des moustiques, fait des milliers de morts en Afrique.

b) Montrez, graphique à l’appui, comment le coût de renonciation des biens destinés à éradiquer le paludisme varie à mesure que leur production augmente. c) Les pays touchés devraient-ils chercher à éradiquer la maladie ou se contenter de la circonscrire le mieux possible ? Expliquez votre position.

MOTS CLÉS Courbe des possibilités de production (CPP), 32 Coût de renonciation, 36 Croissance économique, 42

Plein-emploi, 34 Sacrifice, 34 Sous-emploi, 34

49

50

CHAPITRE 3

PARTIE 1 INTRODUCTION

PARTIE 1

LA DEMANDE ET L’OFFRE

INTRODUCTION

COMBIEN ÊTES-VOUS PRÊT À PAYER ? VOUS VOULEZ ACHETER UNE PAIRE DE CHAUSSURES DE SPORT, un beigne et un café, un cinéma maison, un voyage en Floride ou autre chose. Combien êtes-vous prêt à payer ? Pour le savoir, vous devez trouver un endroit où s’achètent et se vendent ces biens ou services, un marché, un lieu d’échange. Vous désirez convertir 100 dollars canadiens en dollars américains. Combien de dollars canadiens devez-vous débourser pour obtenir un dollar américain ? Dans ce cas, il vous faut dénicher un endroit où s’échangent des dollars canadiens contre des dollars américains ; c’est le marché des changes. Et si vous voulez acheter des actions de Bombardier, où pourriez-vous en trouver ? Sur les marchés boursiers ! Combien seriez-vous prêt à payer ? Il y a donc toutes sortes de marchés où se déterminent les quantités achetées et vendues, de même que les prix.

SOMMAIRE

Comment le choix de ce que nous achetons et de ce que nous vendons détermine-t-il les quantités et les prix des biens et  services produits et consommés ? Ce chapitre traite des forces fondamentales du marché que sont l’offre et la demande.

3.1

3.2

3.3

La demande

L’offre

COMBIEN ÊTES-VOUS PRÊT À PAYER ?

L’équilibre du marché

p. 52

p. 58

p. 63

p. 64

CHAPITRE 3

LA DEMANDE ET L’OFFRE

SAVOIR-FAIRE 1

Distinguer la quantité demandée de la demande, et expliquer ce qui détermine la demande

2

Distinguer la quantité offerte de l’offre, et expliquer ce qui détermine l’offre

3

Expliquer comment l’offre et la demande déterminent le prix et la quantité sur le marché, et décrire les effets de leurs variations

4

Expliquer comment les prix plafonds ou planchers entraînent des pénuries ou des surplus

VOS OUTILS NUMÉRIQUES MaBiblio > MonLab xL > Multimédia Réalisez les exercices assignés par votre enseignant et regardez les tutoriels (aussi accessibles grâce aux codes QR).

COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

COUP D’ŒIL

Une variation de la demande de roses Une variation de l’offre de pétrole

Alfred Marshall et le modèle de l’offre et de la demande

Le contrôle des prix

Le chapitre 3 en bref

p. 68

p. 70

p. 72

p. 76

SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

3.4

51

52

PARTIE 1 INTRODUCTION

3.1 Marché Tout ensemble qui réunit des acheteurs (les demandeurs) et des vendeurs (les offreurs) pour leur permettre d’échanger.

LA DEMANDE

Le terme marché désigne tout ensemble qui réunit des acheteurs (les demandeurs) et des vendeurs (les offreurs) pour leur permettre d’échanger. Certains marchés sont des lieux physiques où les acheteurs et les vendeurs se rencontrent en chair et en os, comme les encans de viandes ou de poissons. D’autres sont des réseaux de personnes dispersées aux quatre coins du monde, reliées par internet, par téléphone ou par télécopieur, et qui font des affaires sans jamais se rencontrer ni même se connaître (les marchés boursiers, par exemple). La plupart des marchés – ceux où vous faites vos achats – sont des ensembles inorganisés qui réunissent un nombre si important d’acheteurs et de vendeurs que personne en particulier ne peut influer sur le prix. Sur le marché des chaussures de sport au Canada, par exemple, les acheteurs sont des millions qui, pour courir ou être à la mode, se cherchent une paire de chaussures de ce type. Les vendeurs sont les dizaines de milliers de magasins de chaussures de sport. Les acheteurs peuvent choisir où ils vont s’en procurer, et les vendeurs en sont conscients. Il y a deux types d’acteurs dans un marché : les acheteurs et les vendeurs. Commençons par étudier le comportement des acheteurs.

Quantité demandée Quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les acheteurs veulent et peuvent acheter à un prix donné et au cours d’une période donnée.

La quantité demandée d’un bien, d’un service ou d’une ressource est la quantité de ce bien, de ce service ou de cette ressource que les acheteurs veulent et peuvent se procurer à un prix donné et au cours d’une période donnée. Par exemple, si vous décidez d’acheter 2 bouteilles d’eau par jour quand l’eau embouteillée se vend 1 $ la bouteille, cette quantité est votre quantité demandée d’eau embouteillée. La quantité demandée se mesure toujours pour une période donnée. Si votre quantité demandée d’eau embouteillée est de 2 bouteilles par jour, on peut aussi dire qu’elle est de 14 bouteilles par semaine ou de 728 bouteilles par année. En tenant compte des périodes de canicule, ce nombre peut être plus élevé pour une année ; il est possible qu’il atteigne 1 000 bouteilles, par exemple. S’il ne correspondait pas à une période précise, le nombre de bouteilles ne voudrait rien dire. Supposons que tous les facteurs pouvant influer sur les intentions d’achat restent constants, sauf un, le prix. Comment la quantité demandée d’un bien variera-t-elle si le prix du bien change ? La loi de la demande répond à cette question.

Des marchés pour les actions, les devises et les chaussures de sport.

CHAPITRE 3

LA DEMANDE ET L’OFFRE

53

LA LOI DE LA DEMANDE La loi de la demande s’énonce ainsi :

Loi de la demande

Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité demandée d’un bien diminue si le prix de ce bien augmente, et la quantité demandée d’un bien augmente si le prix de ce bien diminue.

Loi selon laquelle, toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité demandée d’un bien diminue si le prix de ce bien augmente, et la quantité demandée d’un bien augmente si le prix de ce bien diminue.

La loi de la demande stipule donc que, toutes choses étant égales par ailleurs, si le prix d’un ordinateur portable baisse, les consommateurs achèteront plus d’ordinateurs portables, et si le prix d’un billet de hockey augmente, les consommateurs achèteront moins de billets de hockey. Pourquoi la quantité demandée augmente-t-elle si le prix diminue, toutes choses étant égales par ailleurs ? Parce que, compte tenu de leurs moyens limités, les consommateurs ont toujours intérêt à opter pour les achats les plus avantageux. Si le prix d’un article baisse et que celui des autres articles reste inchangé, l’article dont le prix a baissé devient plus avantageux, et les gens en achètent davantage. Supposons, par exemple, que le prix de l’eau embouteillée descend de 1 $ à 0,25 $ la bouteille, alors que le prix d’une bouteille de Gatorade demeure à 1 $ la bouteille. Certains consommateurs ne préféreront-ils pas acheter de l’eau plutôt que du Gatorade ? Ils épargneront ainsi 0,75 $ la bouteille, argent avec lequel ils pourront acheter autre chose qu’ils n’avaient pas les moyens de s’offrir jusque-là.

LE BARÈME DE DEMANDE ET LA COURBE DE DEMANDE La demande exprime la relation entre la quantité demandée d’un bien, d’un service ou d’une ressource et son prix, toutes choses étant égales par ailleurs (quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants). Autrement dit, alors que la quantité demandée désigne une quantité donnée à un prix donné, la demande, elle, désigne l’ensemble des quantités demandées à divers prix. La demande se décrit par un barème de demande et une courbe de demande.

Demande

Un barème de demande est une liste des quantités demandées d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants. Le tableau de la figure 3.1 (p. 54) montre un barème de demande pour de l’eau embouteillée. On y apprend que, si le prix de l’eau est de 2 $ la bouteille, la quantité demandée est de 8,5 millions de bouteilles par jour. Si le prix de l’eau descend à 1,50 $ la bouteille, la quantité demandée s’élève à 9 millions de bouteilles par jour. À 1 $ la bouteille, la quantité demandée grimpe à 10 millions de bouteilles par jour et, à 0,50 $ la bouteille, elle passe à 12 millions de bouteilles par jour.

Barème de demande

Une courbe de demande est la représentation graphique d’un barème de demande, c’est-à-dire des diverses quantités demandées d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants. Les points A à D qui apparaissent sur la courbe de demande correspondent aux lignes A à D du barème de demande. Ainsi, le point B du graphique illustre la ligne B du barème de demande ; il montre que, si le prix de l’eau est de 1,50 $ la bouteille, la quantité demandée est de 9 millions de bouteilles par jour. De même, le point C sur la courbe de demande illustre la ligne C du barème de demande ; il montre que, si le prix est de 1 $ la bouteille, la quantité demandée est de 10 millions de bouteilles par jour.

Courbe de demande

La courbe de demande illustre la loi de la demande, soit la relation négative (inverse) entre le prix et la quantité demandée. Le long de la courbe de demande, à mesure que le prix diminue, la quantité demandée augmente (toutes choses étant égales par ailleurs). Quand le prix d’une bouteille d’eau descend de 1 $ à 0,50 $, la quantité demandée monte de 10 millions à 12 millions de bouteilles par jour. À l’inverse, à mesure que le prix augmente, la quantité demandée diminue. Quand le prix monte de 1 $ à 1,50 $ la bouteille, la quantité demandée descend de 10 millions à 9 millions de bouteilles par jour.

Relation entre la quantité demandée d’un bien, d’un service ou d’une ressource et son prix, toutes choses étant égales par ailleurs ; ensemble des diverses quantités demandées à divers prix. Liste des quantités demandées d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants.

Représentation graphique du barème de demande, c’està-dire des diverses quantités demandées d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants.

54

PARTIE 1 INTRODUCTION

Figure 3.1

Un barème de demande et une courbe de demande Prix (en dollars par bouteille)

2,50

Quantité demandée (en millions Prix de bouteilles (en dollars par jour) par bouteille) A

2,00

8,5

B

1,50

9,0

C

1,00

10,0

D

0,50

12,0

Le tableau présente un barème de demande qui donne la quantité demandée d’eau embouteillée à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants.

A

2,00

B

1,50

Courbe de demande

La courbe de demande est la représentation graphique du barème de demande : elle illustre la relation entre la quantité demandée et le prix, toutes choses étant égales par ailleurs.

C

1,00

D

0,50

0

8

9

10

11

12

13

La courbe de demande illustre la loi de la demande, soit la relation négative (inverse) entre le prix et la quantité demandée. Quand le prix baisse, la quantité demandée augmente ; quand le prix monte, la quantité demandée diminue.

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

UNE VARIATION DE LA DEMANDE

Variation de la quantité demandée Variation de la quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les acheteurs prévoient acheter lorsqu’il y a une variation du prix de ce bien, de ce service ou de cette ressource.

Variation de la demande Variation des quantités d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les acheteurs prévoient acheter à divers prix lorsqu’il y a une variation d’un facteur autre que le prix de ce bien, de ce service ou de cette ressource.

Substitut Bien ou service qui peut en remplacer un autre.

La courbe de demande illustre la variation de la quantité demandée d’un bien, d’un service ou d’une ressource quand le prix change et que tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants. Si la variation des intentions d’achat résulte d’une variation du prix, il y a une variation de la quantité demandée, ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe de demande. Par contre, si la variation des intentions d’achat résulte d’un facteur autre que le prix, il y a une variation de la demande, ce qui se traduit par un déplacement de la courbe de demande. Les principaux facteurs autres que le prix pouvant influer sur les intentions d’achat et entraîner une variation de la demande sont : • • • • •

Le prix des biens apparentés ; Le revenu des acheteurs ; Les anticipations des acheteurs ; Le nombre d’acheteurs ; Les goûts et les préférences des acheteurs.

Le prix des biens apparentés (substituts et compléments) La variation du prix d’un bien peut modifier la demande d’un bien apparenté – c’est-àdire d’un substitut ou d’un complément. Un substitut est un bien ou service qui peut en remplacer un autre. Par exemple, l’eau embouteillée peut être un substitut du Gatorade, le vin, un substitut de la bière, et une boisson gazeuse, le substitut d’une autre. La demande d’un bien et le prix d’un substitut varient dans le même sens. Autrement dit, toutes choses étant égales par ailleurs, la demande d’un bien augmente quand le prix d’un de ses substituts augmente, et elle diminue quand le prix d’un de ses substituts diminue. Par exemple, quand le prix du gâteau au chocolat augmente, la demande de gâteau au fromage augmente elle aussi.

Complément Bien ou service consommé avec un autre.

Un complément est un bien ou un service qui se consomme avec un autre. Par  exemple, la salsa est un complément des tortillas, les protège-poignets, un

CHAPITRE 3

LA DEMANDE ET L’OFFRE

55

complément des patins à roues alignées, et les bouteilles d’eau, un complément des services d’un centre sportif. Toutes choses étant égales par ailleurs, la demande d’un bien diminue si le prix d’un de ses compléments augmente, et elle augmente si le prix d’un de ses compléments diminue. La demande d’un bien et le prix d’un de ses compléments varient en sens opposé. Par exemple, la demande de salsa diminue quand le prix des tortillas augmente.

Le revenu des acheteurs (bien normal et bien inférieur) Quand une hausse du revenu augmente la demande d’un bien ou d’un service et qu’une baisse du revenu en réduit la demande, on dit qu’il s’agit d’un bien ou service normal. Par exemple, si vous achetez une plus grande quantité de bouteilles d’eau quand votre revenu augmente, on considérera l’eau embouteillée comme un bien normal. La plupart des biens et des services sont normaux, d’où leur nom. Par contre, quand une hausse du revenu réduit la demande d’un bien ou d’un service et qu’une baisse du revenu l’augmente, on dit qu’il s’agit d’un bien ou service inférieur. Par exemple, si vous achetez moins de boîtes de macaroni au fromage et plus de repas de restauration rapide quand votre revenu augmente, on considérera le macaroni au fromage comme un bien inférieur.

Bien ou service normal Bien ou service dont la demande augmente quand le revenu augmente, et dont la demande diminue quand le revenu diminue.

Bien ou service inférieur Bien ou service dont la demande diminue quand le revenu augmente, et dont la demande augmente quand le revenu diminue.

Les anticipations des acheteurs Le fait que les acheteurs s’attendent à une augmentation de revenu ou à une hausse de prix influe sur la demande. Ainsi, quand on vous promet un emploi mieux rémunéré l’été prochain et que vous vous offrez un voyage à Cancun durant l’hiver, c’est que l’anticipation d’une augmentation de revenu a accru votre demande de voyage dans l’immédiat. Et quand on annonce une hausse du prix des boîtes de macaroni au fromage la semaine prochaine et que vous vous précipitez au supermarché afin d’en faire une provision suffisante pour le reste de l’année scolaire, c’est que l’anticipation d’une hausse de prix a accru votre demande de macaroni au fromage dans l’immédiat.

Plus il y a d’acheteurs dans un marché, plus la demande est importante. Par exemple, la demande de places de stationnement, de films, de bouteilles d’eau et d’à peu près n’importe quoi d’autre est plus importante à Montréal qu’à Gaspé ou à Gatineau.

Les goûts et les préférences des acheteurs Quand les goûts et les préférences changent de manière défavorable, la demande d’un bien ou service diminue et la demande d’un autre bien ou service (ou de plusieurs) augmente. Ainsi, les campagnes d’information sur les dangers du tabac ont modifié les goûts et les préférences des acheteurs ; la demande de cigarettes a diminué, et la demande de timbres de nicotine a augmenté.

Saviez-vous que… « Le prix du baril de Brent (pétrole) a été divisé par deux entre août 2014 et août 2015. Il coûtait 48 dollars le 2 octobre 2015. […] Avec des prix aussi bas, la consommation mondiale d’hydrocarbures va augmenter1. » La baisse du prix du baril de Brent a-t-elle un effet sur la quantité demandée ou sur la demande de pétrole ? Cet événement illustre-t-il un mouvement le long de la courbe de demande ou un déplacement de la demande ? RÉPONSE

Le nombre d’acheteurs

Au cours de l’année 2015, la baisse du prix du baril de Brent a entraîné une hausse de la quantité demandée de pétrole (consommation mondiale d’hydrocarbures), ce qui se traduit par un mouvement vers le bas le long de la courbe de demande de pétrole.

L’arrivée sur le marché de nouveaux biens modifie également les goûts et les préférences des acheteurs. Ainsi, l’avènement du MP3 a réduit la demande de CD et a accru la demande de services internet et d’ordinateurs personnels.

1.

Nicolas TARNAUD, « Les gagnants et les perdants de la baisse du prix du pétrole », Huffington Post, 8 octobre 2015, www.huffingtonpost.fr/nicolas-tarnaud/gagnants-perdants-baisse-prixdu-petrole_b_8250376.html (page consultée le 26 février 2016).

56

PARTIE 1 INTRODUCTION

Illustrer une variation de la demande La figure 3.2 illustre une variation de la demande et permet de la différencier d’une variation de la quantité demandée. Quand le prix d’un bien varie, la quantité demandée de ce bien varie aussi, ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe de demande, comme l’indiquent les flèches bleu pâle le long de la courbe D0. Quand un facteur susceptible d’influer sur les intentions d’achat autre que le prix varie, c’est la demande qui varie, ce qui se traduit par un déplacement de la courbe de demande. La figure 3.2 illustre deux variations de la demande. Au départ, la courbe de demande est D0. Quand la demande d’eau embouteillée diminue, la courbe de demande se déplace vers la gauche de D0 à D1. Le long de la courbe de demande D1, la quantité demandée est moindre à chaque prix. Quand la demande d’eau embouteillée augmente, la courbe de demande se déplace vers la droite de D0 à D2. Le long de la courbe de demande D2, la quantité demandée est plus importante à chaque prix.

Figure 3.2

La différence entre une variation de la quantité demandée et une variation de la demande

1 Diminution de la

quantité demandée Toutes choses étant égales par ailleurs, si le prix d’un bien augmente, la quantité demandée diminue, et il y a un mouvement vers le haut le long de la courbe de demande D0.

Prix (en dollars par bouteille)

• le prix d’un substitut baisse ; • le prix d’un complément monte ; • on s’attend à une baisse de revenu ou de prix ; • le revenu diminue* ; • le nombre d’acheteurs diminue ; • les goûts et préférences changent de manière défavorable.

quantité demandée Toutes choses étant égales par ailleurs, si le prix d’un bien diminue, la quantité demandée augmente, et il y a un mouvement vers le bas le long de la courbe de demande D0.

2,50

2,00 1

2 Diminution

de la demande La demande diminue et la courbe de demande se déplace vers la gauche (de D0 à D1) quand :

3 Augmentation de la

4 Augmentation

1,50

de la demande La demande augmente et la courbe de demande se déplace vers la droite (de D0 à D2) quand :

4

2

1,00

3

0,50

0

D2 D0

D1

8

9

10

11

12

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

• le prix d’un substitut monte ; • le prix d’un complément baisse ; • on s’attend à une hausse de revenu ou de prix ; • le revenu augmente* ; • le nombre d’acheteurs augmente ; • les goûts et préférences changent de manière favorable. * L’eau embouteillée est considérée comme un bien normal.

CHAPITRE 3

57

LA DEMANDE ET L’OFFRE

3.1 1 Distinguer la quantité demandée de la demande, et expliquer ce qui détermine la demande

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. Les événements a) à f) se succèdent sur le marché des scooters. Expliquez les effets de chacun sur la demande et sur la quantité demandée de scooters ; illustrez-les par un mouvement le long de la courbe de demande ou par un déplacement de la courbe de demande ; dites lequel ou lesquels de ces événements illustrent la loi de la demande. a) Le prix des scooters diminue. b) Le prix des vélos diminue. c) À la suite d’une augmentation du nombre de victimes d’accidents de scooters, le Code de la route en interdit l’usage sur les autoroutes. d) Les revenus augmentent. e) Une rumeur veut que le prix des scooters augmente le mois prochain. f) Les scooters ne sont plus à la mode, et le nombre d’acheteurs est en baisse.

2. Durant les 20 ans qui ont suivi l’invention du téléphone cellulaire en 1973, peu de gens s’en servaient autrement que comme téléphone de voiture. Cependant, depuis 1993, les téléphones cellulaires connaissent une popularité fulgurante, et leur prix a baissé. a) Y a-t-il des substituts au téléphone cellulaire ? Si oui, donnez-en un exemple. b) Y a-t-il des compléments au téléphone cellulaire ? Si oui, donnez-en un exemple. c) Quels facteurs peuvent expliquer la popularité grandissante des téléphones cellulaires depuis 1993 ? d) Parmi les facteurs que vous avez nommés, lesquels ont accru la demande de téléphones cellulaires ? Illustrez les effets de cette augmentation de la demande à l’aide de la courbe de demande de téléphones cellulaires. e) Parmi les facteurs que vous avez nommés, lesquels ont accru la quantité demandée de téléphones cellulaires ? Illustrez les effets de cette augmentation à l’aide de la courbe de demande.

RÉPONSES 1.

a) b) c) d) e)

La baisse du prix des scooters accroît la quantité demandée, ce qui se traduit par un mouvement vers le bas le long de la courbe de demande (figure 1). Il s’agit d’un exemple de la loi de la demande. Le vélo est un substitut du scooter. Par conséquent, une baisse du prix des vélos réduit la demande de scooters. La courbe de demande se déplace vers la gauche (figure 2). L’interdiction des scooters modifie les goûts et les préférences, et réduit la demande de scooters. La courbe de demande se déplace vers la gauche (figure 2). Selon toutes probabilités, les scooters sont un bien normal. Par conséquent, si les revenus augmentent, la demande de scooters augmente aussi. La courbe de demande se déplace vers la droite (figure 2). L’augmentation anticipée du prix des scooters accroît la demande de scooters dans l’immédiat. La courbe de demande se déplace vers la droite (figure 2).

f)

Une baisse du nombre d’acheteurs diminue la demande de scooters. La courbe de demande se déplace vers la gauche (figure 2). Figure 1

Figure 2

Prix d’un scooter

Prix d’un scooter La demande augmente.

La quantité demandée augmente.

D2

D

0

Quantité de scooters

La demande diminue. 0

D1

D0

Quantité de scooters

58

PARTIE 1 INTRODUCTION

3.2

L’OFFRE

Nous venons d’étudier la demande et le comportement des acheteurs (ou demandeurs). Passons maintenant de l’autre côté du marché pour étudier l’offre et les forces qui déterminent les intentions des producteurs ou vendeurs (offreurs). Quantité offerte Quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les producteurs (ou vendeurs) prévoient écouler à un prix donné au cours d’une période donnée.

La quantité offerte d’un bien, d’un service ou d’une ressource est la quantité de ce bien, de ce service ou de cette ressource que les producteurs prévoient écouler à un prix donné au cours d’une période donnée. Par exemple, si le producteur décide d’écouler 2 000 bouteilles d’eau par jour quand le prix de l’eau embouteillée est de 1,50 $ la bouteille, ce nombre est la quantité offerte d’eau embouteillée de ce producteur. Comme la quantité demandée, la quantité offerte se mesure pour une période donnée. Plusieurs facteurs influent sur les intentions de production. Nous allons commencer par étudier la relation entre la quantité offerte d’un bien et son prix. Pour ce faire, nous supposerons que tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur la quantité offerte restent constants, et nous nous poserons la question suivante : toutes choses étant égales par ailleurs, comment la quantité offerte d’un bien varie-t-elle avec le prix de ce bien ? La loi de l’offre répond à cette question.

LA LOI DE L’OFFRE Loi de l’offre Loi selon laquelle, toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité offerte d’un bien augmente si le prix de ce bien augmente, et la quantité offerte d’un bien diminue si le prix de ce bien diminue.

La loi de l’offre s’énonce ainsi : Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité offerte d’un bien augmente si le prix de ce bien augmente, et la quantité offerte d’un bien diminue si le prix de ce bien diminue. La loi de l’offre stipule donc que, toutes choses étant égales par ailleurs, si le prix de l’eau embouteillée augmente, les producteurs mettront une plus grande quantité de bouteilles d’eau en vente en supposant que les consommateurs soucieux de leur santé seront disposés à payer plus cher pour se procurer de l’eau embouteillée. Pourquoi la quantité offerte augmente-t-elle si le prix augmente, toutes choses étant égales par ailleurs ? Si la production d’un bien, d’un service ou d’une ressource augmente, son coût de production augmente aussi. Cependant, si le prix excède le coût de production, le fait d’augmenter la quantité offerte est profitable ; un prix plus élevé rend alors la production d’une plus grande quantité profitable, même si le coût de production est plus élevé.

Pourquoi la quantité offerte augmente-t-elle si le prix de ces bouteilles d’eau augmente, toutes choses étant égales par ailleurs ?

Offre Relation entre la quantité offerte d’un bien, d’un service ou d’une ressource et son prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants ; ensemble des diverses quantités offertes à divers prix.

Par exemple, pour accroître la quantité produite de bouteilles d’eau par jour, le propriétaire d’une usine d’embouteillage doit embaucher plus de main-d’œuvre et accélérer le processus de production, ce qui augmente son coût de production. Néanmoins, si le prix d’une bouteille d’eau monte de 1 $ à 2 $ et si le prix de tous les facteurs de production (y compris les salaires) reste constant, le propriétaire de l’usine augmentera sa production et assumera les coûts plus élevés parce qu’en agissant ainsi il augmentera son profit.

LE BARÈME D’OFFRE ET LA COURBE D’OFFRE L’offre exprime la relation entre la quantité offerte d’un bien et son prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants. Autrement dit, alors que la quantité offerte désigne une quantité donnée à un prix donné, l’offre, elle, désigne l’ensemble des quantités offertes à différents prix. L’offre se décrit par un barème d’offre et une courbe d’offre.

CHAPITRE 3

LA DEMANDE ET L’OFFRE

Un barème d’offre est une liste des différentes quantités offertes d’un bien à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants. Le tableau de la figure 3.3 montre un barème d’offre pour de l’eau embouteillée. On y apprend que, si le prix de l’eau embouteillée est de 0,50 $ la bouteille, la quantité offerte est de 8 millions de bouteilles par jour. Si le prix de l’eau est de 1 $ la bouteille, la quantité offerte s’élève à 10 millions de bouteilles par jour. À 1,50 $ la bouteille, la quantité offerte grimpe à 11 millions de bouteilles par jour, et à 2 $, elle passe à 11,5 millions de bouteilles par jour. Une courbe d’offre est la représentation graphique d’un barème d’offre, c’est-à-dire des diverses quantités offertes d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants. Les points A à D qui apparaissent sur la courbe d’offre correspondent aux lignes A à D du barème d’offre. Ainsi, le point C du graphique illustre la ligne C du barème d’offre ; il montre que, si le prix de l’eau embouteillée est de 1 $ la bouteille, la quantité offerte est de 10 millions de bouteilles par jour. De même, le point B illustre la ligne B du barème d’offre ; il montre que, si le prix est de 1,50 $ la bouteille, la quantité offerte est de 11 millions de bouteilles par jour.

59

Barème d’offre Liste des diverses quantités offertes d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants.

Courbe d’offre Représentation graphique du barème d’offre, c’est-àdire des diverses quantités offertes d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants.

La courbe d’offre illustre la loi de l’offre, soit la relation positive (directe) entre le prix et la quantité offerte. Le long de la courbe d’offre, à mesure que le prix du bien augmente, la quantité offerte augmente aussi, toutes choses étant égales par ailleurs. Si le prix d’une bouteille d’eau passe de 1,50 $ à 2 $, la quantité offerte passe de 11 millions à 11,5 millions de bouteilles par jour. Si le prix diminue, la quantité offerte diminue : si le prix passe de 1,50 $ à 1 $ la bouteille, la quantité offerte passe de 11 millions à 10 millions de bouteilles par jour.

Figure 3.3

Le barème d’offre et la courbe d’offre Le tableau présente un barème d’offre qui repère les quantités offertes d’eau embouteillée, à différents prix, lorsque tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente demeurent constants. Au prix de 1,50 $ la bouteille, la quantité offerte est de 11 millions de bouteilles par jour.

Prix (en dollars par bouteille) Quantité offerte (en millions Prix de bouteilles (en dollars par jour) par bouteille) A

2,00

11,5

B

1,50

11,0

C

1,00

10,0

D

0,50

8,0

2,50

A

2,00

1,50

Courbe d’offre

1,00

C

0,50

0

B

La courbe d’offre est la représentation graphique du barème d’offre ; elle illustre la relation entre la quantité offerte et le prix, toutes choses étant égales par ailleurs. La courbe de l’offre illustre la loi de l’offre, soit la relation positive (directe) entre le prix et la quantité offerte : si le prix augmente, la quantité offerte augmente ; si le prix diminue, la quantité offerte diminue.

D

8

9

10

11

12

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

UNE VARIATION DE L’OFFRE La courbe d’offre illustre la variation de la quantité offerte quand le prix change et que tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants. Si la variation des intentions de vente résulte d’une variation du prix, il y a une variation de la quantité offerte, ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe d’offre.

Variation de la quantité offerte Variation de la quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les producteurs prévoient vendre lorsqu’il y a une variation du prix de ce bien, de ce service ou de cette ressource.

60

PARTIE 1 INTRODUCTION

Variation de l’offre Variation des quantités d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les producteurs prévoient vendre à la suite de la variation d’un facteur autre que le prix du bien, du service ou de la ressource.

Par contre, si la variation des intentions de vente résulte d’un facteur autre que le prix du bien ou du service, il y a une variation de l’offre, ce qui se traduit par un déplacement de la courbe d’offre. Les principaux facteurs susceptibles d’influer sur l’offre sont : • • • • •

Le prix des biens apparentés ; Les coûts de production ; Les anticipations des producteurs ; Le nombre de producteurs ; La productivité.

Le prix des biens apparentés (substituts de production et compléments de production) Substitut de production Bien ou service qui peut être produit à la place d’un autre.

Complément de production Bien ou service produit conjointement avec un autre.

La variation du prix d’un bien peut modifier l’offre d’un bien apparenté, c’est-à-dire d’un substitut de production ou d’un complément de production. Un substitut de production est un bien ou service qui peut être produit à la place d’un autre. Par exemple, dans une fabrique de vêtements, les jeans avec braguette à boutons sont des substituts de production des pantalons cargo. L’offre d’un bien et le prix d’un de ses substituts de production varient en sens opposé. Autrement dit, l’offre d’un bien diminue quand le prix d’un de ses substituts de production augmente, et elle augmente quand le prix d’un de ses substituts de production diminue. Par exemple, l’offre de pantalons cargo diminue quand le prix des jeans avec braguette à boutons augmente. Un complément de production est un bien ou service produit conjointement avec un autre. Par exemple, le cuir de vache est un complément de production du bœuf. L’offre d’un bien et le prix d’un de ses compléments de production varient dans le même sens. Autrement dit, l’offre d’un bien augmente quand le prix d’un de ses compléments de production augmente, et elle diminue quand le prix d’un de ses compléments de production diminue. Par exemple, l’offre de cuir augmente quand le prix du bœuf augmente.

Les coûts de production La variation du prix d’un facteur de production ou du salaire des employés entraîne une variation de l’offre. Le prix des facteurs de production de même que le salaire des employés influent sur les coûts de production. Si les coûts de production d’un bien augmentent, l’offre de ce bien diminue. Par exemple, si le salaire des travailleurs d’une usine d’embouteillage d’eau augmente, les coûts de production de l’eau embouteillée augmentent et l’offre de ce bien diminue. À l’inverse, une baisse des coûts de production fait augmenter l’offre. Les subventions et les taxes influencent elles aussi les coûts de production. Par exemple, les subventions versées aux producteurs leur permettent de réduire leurs coûts de production et font augmenter l’offre. À l’inverse, les taxes imposées sur chaque unité produite font augmenter les coûts de production et diminuer l’offre.

Les anticipations des producteurs Les anticipations de prix influent considérablement sur l’offre. Si un promoteur immobilier de North Hatley, dans les Cantons-de-l’Est, est persuadé que les efforts de la municipalité pour attirer de riches villégiateurs feront monter le prix des maisons, il attendra que l’augmentation se produise avant de mettre des maisons en vente, décision qui fera baisser l’offre de maisons à North Hatley. Et si ce promoteur immobilier s’attend à une forte hausse de salaire des ouvriers de la construction l’an prochain, il décidera peut-être de construire plus de maisons cette année, choix qui fera augmenter l’offre de maisons à North Hatley.

Le nombre de producteurs Plus le nombre de producteurs est élevé dans un marché, plus l’offre est importante. Ainsi, plusieurs nouveaux producteurs ont créé des usines d’embouteillage d’eau au Canada, et l’offre d’eau embouteillée a augmenté.

CHAPITRE 3

LA DEMANDE ET L’OFFRE

61

La productivité Un accroissement de la productivité, c’est-à-dire de la production par unité de facteur de production, réduit le coût de production et augmente l’offre ; inversement, une baisse de productivité réduit l’offre. Le progrès technologique est le facteur qui a le plus d’influence sur la productivité, et donc sur l’offre. Ainsi, le progrès technologique réduit les coûts de production des ordinateurs et accroît l’offre. Des phénomènes naturels comme les variations météorologiques font varier la productivité dans les fermes, et donc l’offre de produits agricoles.

« Le prix du baril de Brent (pétrole) a été divisé par deux entre août 2014 et août 2015. Il coûtait 48 dollars le 2 octobre 2015. […] La baisse [du prix] de cette matière première a favorisé l’amélioration des marges des entreprises2 [de l’industrie chimique]. » La baisse du prix du Brent a-t-elle un effet sur la quantité offerte ou sur l’offre de produits chimiques ? Cet événement illustre-t-il un mouvement le long de la courbe d’offre ou un déplacement de l’offre ? RÉPONSE

La figure 3.4 illustre une variation de l’offre et permet de la différencier d’une variation de la quantité offerte. Quand le prix d’un bien varie, la quantité offerte de ce bien varie aussi, ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe d’offre, comme l’indiquent les flèches bleu pâle le long de la courbe O0. Quand c’est l’offre qui varie, cela se traduit par un déplacement de la courbe d’offre. La figure 3.4 illustre deux variations de l’offre. Au départ, la courbe d’offre est O0. Quand l’offre d’eau embouteillée diminue, la courbe d’offre se déplace vers la gauche de O0 à O1. Le long de la courbe d’offre O1, la quantité offerte est moindre à tous les prix. Quand l’offre d’eau embouteillée augmente, la courbe d’offre se déplace vers la droite de O0 à O2. Le long de la courbe d’offre O2, la quantité offerte est plus importante à tous les prix.

La baisse du prix du baril de Brent réduit les coûts de production de l’industrie chimique et augmente ses profits, ce qui se traduit par un déplacement de la courbe d’offre de produits chimiques vers la droite.

La différence entre une variation de la quantité offerte et une variation de l’offre

1 Diminution de la

quantité offerte Toutes choses étant égales par ailleurs, si le prix d’un bien diminue, la quantité offerte diminue, et il y a un mouvement vers le bas le long de la courbe d’offre O0. 2 Diminution de l’offre L’offre diminue et la courbe d’offre se déplace vers la gauche (de O0 à O1) quand :

• le prix d’un substitut de production monte ; • le prix d’un complément de production baisse ; • les coûts de production montent ; • on s’attend à une hausse du prix du bien ; • le nombre de producteurs diminue ; • la productivité diminue.

Prix (en dollars par bouteille)

3 Augmentation de la

2,50

quantité offerte Toutes choses étant égales par ailleurs, si le prix d’un bien augmente, la quantité offerte augmente, et il y a un mouvement vers le haut le long de la courbe d’offre O0.

O1 O0

2,00

O2

3

1,50

4 Augmentation de l’offre L’offre augmente et la courbe d’offre se déplace vers la droite (de O0 à O2) quand :

2

1,00

1

4

0,50

0

8

9

10

11

12

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

2.

Production par unité de facteur de production.

Saviez-vous que…

Illustrer une variation de l’offre

Figure 3.4

Productivité

Nicolas TARNAUD, « Les gagnants et les perdants de la baisse du prix du pétrole », Le Huffington Post, 8 octobre 2015, www.huffingtonpost.fr/nicolas-tarnaud/gagnants-perdants-baisse-prixdu-petrole_b_8250376.html (page consulté le 26 février 2016).

• le prix d’un substitut de production baisse ; • le prix d’un complément de production monte ; • les coûts de production baissent ; • on s’attend à une baisse du prix du bien ; • le nombre de producteurs augmente ; • la productivité augmente.

62

PARTIE 1 INTRODUCTION

3.2 2 Distinguer la quantité offerte de l’offre, et expliquer ce qui détermine l’offre

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. Les événements a) à f) se succèdent sur le marché des poutres de bois. Expliquez les effets de chacun sur l’offre et sur la quantité offerte de poutres. Illustrez-les par un mouvement le long de la courbe d’offre ou par un déplacement de la courbe d’offre, et dites lequel ou lesquels illustrent la loi de l’offre. a) Les salaires des travailleurs de scierie augmentent. b) Le prix de la sciure de bois augmente. c) Le prix des poutres de bois augmente. d) On prévoit une hausse du prix des poutres de bois l’an prochain. e) Les environnementalistes persuadent le Parlement d’adopter une loi qui réduira la coupe d’arbres en forêt pour le bois d’œuvre. f) Une nouvelle technique réduit le coût de production des poutres de bois.

2. Le marché des téléphones cellulaires connaît plusieurs changements successifs. Expliquez l’influence de chacun sur la quantité offerte et sur l’offre de téléphones cellulaires. Illustrez-les par un mouvement le long de la courbe d’offre ou par un déplacement de la courbe d’offre des téléphones cellulaires, et dites lequel ou lesquels illustrent la loi de l’offre. a) Les fabricants utilisent la robotique afin de produire des téléphones cellulaires. b) Le prix des téléphones cellulaires baisse. c) Les salaires des travailleurs de l’industrie des téléphones cellulaires augmentent. d) Le nombre de fabricants de téléphones cellulaires augmente. e) Les fabricants prévoient une baisse du prix des terres rares, une importante matière première, l’an prochain. f) Le prix des téléphones intelligents augmente.

RÉPONSES 1.

a) b) c) d) e)

Une augmentation des salaires des travailleurs de scierie réduit l’offre de poutres de bois, et la courbe d’offre se déplace vers la gauche (figure 1). Les poutres de bois et la sciure de bois sont des compléments de production. Une augmentation du prix de la sciure accroît l’offre de poutres, et la courbe d’offre se déplace vers la droite (figure 1). Une augmentation du prix des poutres accroît la quantité offerte, ce qui se traduit par un mouvement vers le haut le long de la courbe d’offre (figure 2). On a ici un exemple de la loi de l’offre. L’anticipation d’une hausse du prix des poutres de bois diminue l’offre dans l’immédiat, et la courbe d’offre se déplace vers la gauche (figure 1). La nouvelle loi diminue l’offre de poutres de bois et déplace la courbe d’offre vers la gauche (figure 1).

f)

La nouvelle technique accroît l’offre de poutres de bois et déplace la courbe d’offre vers la droite (figure 1). Figure 1

Figure 2

Prix d’une poutre de bois L’offre diminue.

O1 O0 O2

Prix d’une poutre de bois La quantité offerte augmente.

O

L’offre augmente. 0 Quantité de poutres de bois

0 Quantité de poutres de bois

CHAPITRE 3

LA DEMANDE ET L’OFFRE

COMBIEN ÊTES-VOUS PRÊT À PAYER ? Ce que vous êtes prêt à payer détermine la quantité que vous désirez vous procurer d’un bien ou d’un service. Le modèle de l’offre et de la demande permet d’expliquer de quelle manière la quantité que vous achetez ou que vous vendez d’un bien ou d’un service peut se modifier. La courbe de demande illustre les intentions d’achat à différents prix, et la courbe d’offre, les intentions de vente à différents prix.

Vos intentions d’achat Pensez aux quantités que vous achetez et au prix que vous payez pour chaque bien ou service que vous désirez vous procurer. Considérez que ces quantités et ces prix sont différents points sur une courbe de demande. Pour quelles raisons changeriez-vous vos intentions d’achat ? Si le prix des ordinateurs neufs baisse alors que celui des ordinateurs d’occasion reste inchangé, achèterez-vous plus d’ordinateurs neufs ? Jusqu’où le prix des ordinateurs devrait-il descendre pour que vous puissiez vous procurer à la fois un ordinateur de table et un portable neufs ? Il y a forcément un prix assez bas pour vous amener à en acheter plus ! Pensez à tout ce que vous ne pouvez pas vous acheter maintenant, mais que vous vous offririez si vous en aviez les moyens. Si vous trouviez un emploi mieux payé, quel serait l’effet sur vos intentions d’achat ? Quels articles vous procureriez-vous en plus grandes quantités ? Lesquels achèteriez-vous en plus petites quantités ? Supposons que vous êtes sur le point de faire l’acquisition d’un téléphone intelligent et qu’au même moment Apple et Samsung annoncent le lancement de leurs nouveaux modèles, le mois prochain. Si vous anticipez que le prix des anciens modèles baissera, attendrez-vous un mois pour vous procurer votre téléphone ou l’achèterez-vous maintenant ? Parmi les situations précédentes, lesquelles se traduiront par un mouvement le long de la courbe de demande ou par un déplacement de celle-ci ?

Vos intentions de vente Il est possible que vous ne vendiez pas beaucoup de choses. Pourtant, vous êtes propriétaire d’une ressource précieuse que vous pouvez vendre : votre temps. Si vous avez un emploi, pensez au nombre d’heures que vous pourriez travailler et au salaire que vous pourriez gagner. Si vous êtes à un point sur la courbe d’offre de vos services, comment réagirez-vous si votre patron vous propose de faire des heures supplémentaires au double de votre salaire horaire ? Serez-vous prêt à travailler plus d’heures ? Une fois vos cours terminés, vous serez sûrement tenté de vendre vos manuels. À quel prix serez-vous disposé à le faire ? Il se peut également que vous ayez quelques vieilles choses à vendre sur Kijiji. Si une personne vous offre un prix plus bas que celui que vous souhaitez, serez-vous toujours prêt à les lui vendre ? Parmi les situations précédentes, lesquelles se traduiront par un mouvement le long de la courbe d’offre ou par un déplacement de celle-ci ? Si vous avez l’intention d’acheter quelque chose, il faut qu’une personne ait l’intention de vous vendre ce bien ou ce service. Votre intention d’acheter doit correspondre à l’intention de vendre d’un autre individu. Les prix s’ajustent pour que les intentions d’achat et de vente des gens concordent. C’est ce que nous verrons dans la prochaine section de ce chapitre.

63

64

PARTIE 1 INTRODUCTION

3.3

Dans le langage courant, le terme équilibre signifie « forces opposées qui se compensent réciproquement ». Dans un marché, les forces opposées sont l’offre et la demande. Les acheteurs veulent bénéficier du plus bas prix possible, et plus le prix est bas, plus la quantité qu’ils prévoient acheter est importante. Les producteurs, eux, veulent obtenir le prix le plus élevé possible, et plus le prix est élevé, plus la quantité qu’ils prévoient offrir est importante. On parle d’équilibre du marché quand la quantité demandée est égale à la quantité offerte (autrement dit, quand les intentions des acheteurs et celles des producteurs coïncident). Le prix d’équilibre est le prix auquel la quantité demandée est égale à la quantité offerte. La quantité d’équilibre est la quantité achetée et vendue au prix d’équilibre. La figure 3.5 présente le marché de l’eau embouteillée. L’équilibre du marché se situe à l’intersection de la courbe de demande et de la courbe d’offre. Le prix d’équilibre est de 1 $ la bouteille, et la quantité d’équilibre, de 10 millions de bouteilles par jour. Au prix d’équilibre, les intentions des acheteurs et celles des producteurs correspondent. Les acheteurs demanderont une plus grande quantité si le prix baisse, et les embouteilleurs en offriront une plus grande quantité si le prix monte. À 1 $ la bouteille, la quantité que les gens prévoient acheter est égale à la quantité que les embouteilleurs prévoient vendre. À ce prix, les forces opposées que sont les intentions des acheteurs et celles des producteurs s’équilibrent parfaitement.

Équilibre du marché Équilibre qui survient quand la quantité demandée est égale à la quantité offerte (autrement dit, quand les intentions des acheteurs et celles des producteurs coïncident).

Prix d’équilibre Prix auquel la quantité demandée est égale à la quantité offerte.

Quantité d’équilibre Quantité achetée et vendue au prix d’équilibre.

LE PRIX : LE RÉGULATEUR DU MARCHÉ

Surplus (ou offre excédentaire)

Si l’équilibre du marché est perturbé, le prix agit comme régulateur pour ramener le marché vers son point d’équilibre. Quand le prix est supérieur au prix d’équilibre, il y a un surplus ou une offre excédentaire – la quantité offerte excède la quantité demandée –, et le prix baisse. Quand le prix est inférieur au prix d’équilibre, il y a une pénurie ou une demande excédentaire – la quantité demandée excède la quantité offerte –, et le prix monte.

Situation où la quantité offerte excède la quantité demandée.

Pénurie (ou demande excédentaire) Situation où la quantité demandée excède la quantité offerte.

Figure 3.5

L’ÉQUILIBRE DU MARCHÉ

Le prix et la quantité d’équilibre Prix (en dollars par bouteille)

2,00

1,50

O

2

Prix d’équilibre

1

1.00 1,00

1 Équilibre du marché

Équilibre du marché

2 Le prix d’équilibre est de 1,00 $ la bouteille. 3 Au prix d’équilibre, la quantité demandée et la

quantité offerte sont toutes deux de 10 millions de bouteilles par jour, la quantité d’équilibre.

0,50 3

0

8

D Quantité d’équilibre

9

10

11

12

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

CHAPITRE 3

65

LA DEMANDE ET L’OFFRE

À la figure 3.6 (a), quand le prix est de 1,50 $ la bouteille, les producteurs voudraient vendre 11 millions de bouteilles, mais les demandeurs n’en achètent que 9 millions. Comme il y a un surplus de 2 millions de bouteilles, le prix se met à baisser. À mesure que le prix diminue, la quantité demandée augmente et la quantité offerte diminue, de même que le surplus. Le prix baisse jusqu’à l’élimination du surplus et se stabilise à 1 $ la bouteille. À la figure 3.6 (b), à 0,75 $ la bouteille, les demandeurs voudraient acheter 11 millions de bouteilles, mais les fournisseurs n’en vendent que 9 millions. Il en résulte une pénurie de 2 millions de bouteilles, et le prix se met à monter. À mesure que le prix augmente, la quantité demandée diminue et la quantité offerte augmente, de même que la pénurie. Le prix monte jusqu’à l’élimination de la pénurie et se stabilise à 1 $ la bouteille. Les marchés sont constamment soumis à des événements qui modifient l’offre et la demande, et qui entraînent des variations de prix et de quantité. Certains de ces événements influent sur la demande, d’autres influent sur l’offre. Parfois, les influences sont simultanées.

Figure 3.6

Les forces du marché rétablissent l’équilibre

Prix (en dollars par bouteille)

2,00

3

Prix (en dollars par bouteille)

2,00

O

Surplus

1,50

O

1,50 4

Le prix baisse.

4

1,00 1.00

Le prix monte.

3

1,00 1.00

Pénurie

0,75 D

0,50 2

0

1

Quantité demandée

8

9

10

11

2

Quantité offerte

12

D

0,50

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

0

1

Quantité offerte

8

9

10

11

Quantité demandée

12

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

(a) Surplus et baisse de prix

(b) Pénurie et hausse de prix

À 1,50 $ la bouteille, 1 la quantité offerte est de 11 millions de bouteilles, 2 la quantité demandée est de 9 millions de bouteilles, 3 le surplus est de 2 millions de bouteilles, et 4  le prix baisse jusqu’à ce que le marché soit en équilibre.

À 0,75 $ la bouteille, 1 la quantité demandée est de 11 millions de bouteilles, 2 la quantité offerte est de 9 millions de bouteilles, 3 la pénurie est de 2 millions de bouteilles, et 4 le prix d’équilibre augmente jusqu’à ce que le marché soit en équilibre.

LES EFFETS D’UNE VARIATION DE LA DEMANDE À la figure 3.7 (p. 66), la courbe d’offre est O, et la courbe de demande est D0 au départ. Le prix d’équilibre est de 1 $ la bouteille, et la quantité d’équilibre, de 10 millions de bouteilles. Supposons qu’une nouvelle étude met en doute la qualité de l’eau du robinet. La demande d’eau embouteillée augmente alors. À la figure 3.7 (a), la courbe de demande se déplace vers la droite de D0 à D1. À 1 $ la bouteille, il y a pénurie, de sorte que le prix monte à 1,50 $ la bouteille, et la quantité offerte, à 11 millions de bouteilles par jour. Une variation de la demande laisse l’offre inchangée, mais entraîne une variation de la quantité offerte, c’est-à-dire un mouvement, ici vers le haut, le long de la courbe d’offre.

66

PARTIE 1 INTRODUCTION

Supposons maintenant qu’une nouvelle boisson énergétique sans calories arrive sur le marché et réduit la demande d’eau embouteillée. À la figure 3.7 (b), la courbe de demande se déplace vers la gauche de D0 à D2. Au prix initial de 1 $ la bouteille, il y a un surplus, de sorte que le prix descend à 0,75 $ la bouteille, et la quantité, à 9 millions de bouteilles par jour. L’offre reste inchangée, mais la quantité offerte diminue.

LES EFFETS D’UNE VARIATION DE L’OFFRE À la figure 3.8 (p. 67), la courbe de demande est D, et la courbe d’offre est O0 au départ. Le prix d’équilibre est de 1 $ la bouteille, et la quantité d’équilibre, de 10 millions de bouteilles. Supposons que des embouteilleurs américains achètent des sources au Québec et ouvrent de nouvelles usines d’embouteillage. L’offre d’eau embouteillée augmente. À la figure 3.8 (a), la courbe d’offre se déplace vers la droite de O0 à O1. Au prix initial de 1 $ la bouteille, il y a un surplus. Le prix descend à 0,75 $ la bouteille, et la quantité demandée monte à 11 millions de bouteilles par jour. Une variation de l’offre laisse la demande inchangée, mais entraîne une variation de la quantité demandée – un mouvement le long de la courbe de demande. Supposons maintenant qu’une sécheresse tarit certaines sources et que l’offre d’eau embouteillée diminue. À la figure 3.8 (b), la courbe d’offre se déplace vers la gauche de O0 à O2. Au prix initial de 1 $ la bouteille, il y a pénurie. Le prix monte à 1,50 $ la bouteille et la quantité demandée descend à 9 millions de bouteilles par jour. Le nouveau prix d’équilibre est de 1,50 $ la bouteille. Ici encore, la demande reste inchangée. Il y a une diminution de la quantité demandée, mais la quantité demandée diminue. La quantité d’équilibre descend à 9 millions de bouteilles par jour.

Figure 3.7

Les effets d’une variation de la demande

Prix (en dollars par bouteille)

2,00

1

Prix (en dollars par bouteille)

La demande augmente. 3

1.50 1,50

2

Le prix monte.

O

2,00

La quantité offerte augmente.

1,50

1

2

1,00

D1

O

La demande diminue.

Le prix baisse.

3

1,00

La quantité offerte diminue.

0.75 0,75 0,50

0

4

7

8

9

0,50

D0

La quantité d’équilibre augmente.

10

11

12

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

0

4

7

D0

La quantité d’équilibre diminue.

8

D2 9

10

11

12

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

(a) Augmentation de la demande

(b) Diminution de la demande

Une augmentation de la demande 1  déplace la courbe de demande vers la droite de D0 à D1, 2  augmente le prix, 3  augmente la quantité offerte le long de la courbe d’offre, et 4  accroît la quantité d’équilibre.

Une diminution de la demande 1  déplace la courbe de demande vers la gauche de D0 à D2, 2  diminue le prix, 3  diminue la quantité offerte le long de la courbe d’offre, et 4  réduit la quantité d’équilibre.

CHAPITRE 3

67

LA DEMANDE ET L’OFFRE

LES VARIATIONS SIMULTANÉES DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE Qu’advient-il du prix et de la quantité de l’eau embouteillée quand un événement touchant la demande survient en même temps qu’un événement touchant l’offre ? Examinons les quatre scénarios possibles.

Une augmentation simultanée de l’offre et de la demande Une augmentation de la demande accroît la quantité, tout comme une augmentation de l’offre. Cependant, une augmentation de la demande fait monter le prix, tandis qu’une augmentation de l’offre le fait baisser. Par conséquent, s’il y a augmentation simultanée de la demande et de l’offre, la quantité échangée augmente, tandis que le prix peut soit monter, soit baisser, soit rester le même. La figure 3.9 (a) (p. 69) montre ce qui se passe quand des doutes sur la qualité de l’eau du robinet font augmenter la demande d’eau embouteillée et que l’ouverture de nouvelles usines d’embouteillage fait augmenter l’offre. La quantité échangée augmente et, comme l’augmentation de la demande est plus importante que celle de l’offre, le prix monte.

Une diminution simultanée de l’offre et de la demande Une diminution de la demande réduit la quantité, tout comme une diminution de l’offre. Cependant, une diminution de la demande fait baisser le prix, tandis qu’une diminution de l’offre le fait monter. Par conséquent, s’il y a diminution simultanée de l’offre et de la demande, la quantité échangée diminue, tandis que le prix peut soit augmenter, soit baisser, soit rester le même. La figure 3.9 (b) (p. 69) montre ce qui se produit sur le marché de l’eau embouteillée quand l’arrivée d’une nouvelle boisson énergétique fait diminuer la demande d’eau et qu’une sécheresse fait diminuer l’offre. La quantité échangée diminue et, comme la diminution de l’offre est plus importante que celle de la demande, le prix augmente.

Figure 3.8

Les effets d’une variation de l’offre

Prix (en dollars par bouteille)

2,00

Prix (en dollars par bouteille) 1

2,00

O0

L’offre augmente.

2

O1

1,50

1

L’offre diminue.

O0

Le prix augmente.

1.50 1,50 2

3

Le prix baisse.

1,00

1,00

0.75 0,75

3

0,50

0

O2

7

La quantité demandée augmente.

8

4

9

10

11

D

0,50

4

La quantité d’équilibre augmente.

12

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

0

7

8

9

10

La quantité demandée diminue.

La quantité d’équilibre diminue.

11

12

D

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

(a) Augmentation de l’offre

(b) Diminution de l’offre

Une augmentation de l’offre 1 déplace la courbe d’offre vers la droite de O0 à O1, 2  abaisse le prix, 3  augmente la quantité demandée le long de la courbe de demande, et 4  accroît la quantité d’équilibre.

Une diminution de l’offre 1  déplace la courbe d’offre vers la gauche de O0 à O2, 2  augmente le prix, 3  diminue la quantité demandée le long de la courbe de demande, et 4  réduit la quantité d’équilibre.

68

PARTIE 1 INTRODUCTION

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

Une variation de la demande de roses

Figure 1

La Colombie et l’Équateur sont les deux plus grands producteurs de roses du monde. En moyenne, la quantité vendue de roses dans le monde s’élève à environ 6  millions de bouquets par mois, et le prix du bouquet est d’environ 40 $. Cependant, en raison de la Saint-Valentin, tous les mois de février, la quantité achetée de roses quadruple par rapport aux autres mois, et le prix du bouquet de roses double. Le modèle de l’offre et de la demande permet d’expliquer ce phénomène. La figure 1 montre la courbe d’offre de roses et deux courbes de demande. La courbe de demande bleue, qui représente la demande de roses durant un mois normal, croise la courbe d’offre à un prix d’équilibre de 40 $ le bouquet et à une quantité d’équilibre de 6 millions de bouquets. En février, la courbe de demande se déplace vers la droite jusqu’à la courbe rouge, laquelle croise la courbe d’offre à un prix d’équilibre de 80 $ le bouquet et à une quantité d’équilibre de 24 millions de bouquets. Quel serait l’effet sur le marché d’une maladie détruisant une partie des rosiers de la Colombie et de l’Équateur ?

Prix (en dollars par bouquet)

Une variation de l’offre de pétrole Grâce à la fracturation hydraulique, les États-Unis ont la capacité d’extraire du pétrole de schiste sur leur territoire. Leur production est telle qu’ils sont devenus des exportateurs nets de pétrole. La levée des sanctions économiques envers l’Iran a aussi permis à ce pays d’accroître ses exportations de pétrole. Cette hausse des exportations a fait chuter les cours du Brent (le brut de référence en Europe, par opposition au WTI [West Texan Intermediate], le brut de référence américain) de près de 75 % depuis son sommet de juin 2014, passant de 120 $ US à 30 $ US en janvier 2016. La figure 2 montre l’effet de cette hausse des exportations pétrolières. L’offre de pétrole augmente, et la courbe d’offre se déplace vers la droite. Le  prix du pétrole baisse, et la quantité demandée augmente. (On suppose ici que la demande reste inchangée.) Quel serait l’effet sur le marché d’une baisse de la croissance économique mondiale ?

Une augmentation de la demande de roses 120 O

80

Équilibre en février

Le prix augmente.

40

D0

0

Équilibre normal

D févr.

24

6

36

Quantité (en millions de bouquets par mois)

Figure 2

Une augmentation de l’offre de pétrole Prix du baril de pétrole (en dollars américains)

135

O0

120

O1 La quantité demandée augmente.

105 90 75 60

Hausse de l’offre

Le prix diminue.

45 30 0

D 75

80

85

90

Quantité (en millions de barils par jour)

Une augmentation de la demande et une diminution de l’offre Une augmentation de la demande fait monter le prix d’équilibre, tout comme une diminution de l’offre. Cependant, une augmentation de la demande accroît la quantité, tandis qu’une diminution de l’offre la réduit. Par conséquent, quand une augmentation de la demande et une diminution de l’offre surviennent simultanément, le prix monte, et la quantité échangée peut soit augmenter, soit diminuer, soit rester la même. La figure 3.10 (a) (p. 69) montre ce qui se passe sur le marché de l’eau embouteillée quand des doutes sur la qualité de l’eau du robinet augmentent la demande d’eau embouteillée et qu’une sécheresse diminue l’offre. Le prix augmente et, comme l’augmentation de la demande est égale à la diminution de l’offre, la quantité échangée reste la même.

CHAPITRE 3

Figure 3.9

L’offre et la demande évoluent dans le même sens

Prix (en dollars par bouteille)

2,00

1

69

LA DEMANDE ET L’OFFRE

Prix (en dollars par bouteille)

O0

Une augmentation simultanée de l’offre et de la demande augmente la quantité échangée.

2,00

3

O1

1,50

1,50

1,20

1,20

O0

O2

Une diminution simultanée de l’offre et de la demande diminue la quantité échangée.

4

D1

1,00

0,50

2

D0

Comme DO, le prix augmente.

Comme OD, le prix augmente.

1,00

0,50

D0 D2

0

7

8

9

10

11

12

13

0

7

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

8

9

10

12

11

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

(a) Augmentation simultanée de l’offre et de la demande

(b) Diminution simultanée de l’offre et de la demande

1 La quantité échangée augmente et 2 Le prix peut augmenter, diminuer ou demeurer le même.

3 La quantité échangée diminue et 4 le prix peut augmenter, diminuer ou demeurer le même.

Figure 3.10

L’offre et la demande évoluent dans des directions opposées

Prix (en dollars par bouteille)

Prix (en dollars par bouteille)

O1 2,00

1

Une augmentation de la demande et une diminution de l’offre augmentent le prix.

O0

3

2,00

O0

Une diminution de la demande et une augmentation de l’offre baissent le prix.

O2

1,50

1,50 1,00 1,00

D1 2

0,50

0

0,50

Comme OD, la quantité échangée reste la même.

7

8

D0 9

10

11

12

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

0

4

D0 Comme DO, la quantité échangée reste la même.

7

8

9

D2

10

11

12

13

Quantité (en millions de bouteilles par jour)

(a) Augmentation de la demande et diminution de l’offre

(b) Diminution de la demande et augmentation de l’offre

1 Le prix augmente et 2 la quantité échangée peut augmenter, diminuer ou demeurer la même.

3 Le prix diminue et 4 la quantité échangée peut augmenter, diminuer ou demeurer la même.

70

PARTIE 1 INTRODUCTION

Une diminution de la demande et une augmentation de l’offre Une diminution de la demande fait baisser le prix d’équilibre, tout comme une augmentation de l’offre. Cependant, une diminution de la demande réduit la quantité, tandis qu’une augmentation de l’offre l’augmente. Par conséquent, quand une diminution de la demande et une augmentation de l’offre surviennent simultanément, le prix baisse, et la quantité échangée peut soit augmenter, soit diminuer, soit rester la même. La figure 3.10 (b) (p. 69) montre ce qui se passe quand l’arrivée d’une nouvelle boisson énergétique réduit la demande d’eau embouteillée et que l’ouverture d’une nouvelle usine d’embouteillage accroît l’offre. Le prix baisse et, comme la diminution de la demande est égale à l’augmentation de l’offre, la quantité échangée reste la même.

Coup d’œil SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

Alfred Marshall et le modèle de l’offre et de la demande Le modèle de l’offre et de la demande a été découvert dans les années 1830 par le Français Antoine-Augustin Cournot (1801-1877), un professeur de mathématiques de l’Université de Lyon. Toutefois, ce n’est  qu’avec l’expansion des chemins de fer dans les années 1850 que la nouvelle théorie trouva ses premières applications pratiques.

Ingénieur et économiste, Dupuit a utilisé la loi de la demande pour calculer les bénéfices que rapporterait la  construction d’un pont et, une fois ce pont construit, pour déterminer le péage qu’on imposerait à ses usagers – travail qui pose les fondements de ce qu’on appelle aujourd’hui « l’analyse coûts-bénéfices ».

Alfred Marshall (1842-1924) a grandi dans Le train était alors une innovation technoloune Angleterre transfigurée par les chemins de gique aussi révolutionnaire que le sera l’avion au fer et par une industrialisation en pleine expanXXe siècle, et, comme les compagnies aériennes sion. Professeur à Cambridge, il épousa en 1877 d’aujourd’hui, les compagnies ferroviaires se Mary Paley, une de ses étudiantes, mariage qui livraient à une concurrence sans merci. L’Irlanl’obligea à quitter l’université en raison du règleMarshall, pourtant excellent dais Dionysius Lardner (1793-1859), professeur Alfred ment de l’établissement sur le célibat. En 1884, à mathématicien, n’utilise guère les de philosophie naturelle et d’astronomie à la mathématiques et les diagrammes la faveur d’un assouplissement de ce règlement, dans son traité The Principles of EcoUniversity of London, utilisa la théorie de l’offre nomics. les Marshall revinrent à Cambridge, où Alfred et de la demande pour montrer aux compagnies devint professeur d’économie politique. ferroviaires comment elles pouvaient augmenter leurs profits Si de nombreux autres chercheurs ont raffiné la théorie de en réduisant leurs tarifs sur les longs parcours, où la concurrence était féroce, et en les majorant sur les trajets plus courts, où la l’offre et de la demande, c’est Alfred Marshall qui, avec la collaboraconcurrence était moins redoutable. Brillant vulgarisateur pour tion reconnue de Mary Paley, en a donné la première formulation les uns, charlatan pour les autres, Lardner a rédigé des traités complète et approfondie dans la forme que nous connaissons sur d’innombrables sujets dans les domaines les plus divers – aujourd’hui. Publié en 1890, son traité monumental The Principles génie, astronomie, économie, météorologie, etc. Surnommé of Economics a fait autorité pendant près d’un demi-siècle des Dr  Dionysius Diddler (l’escroc) par ses contemporains, ce per- deux côtés de l’Atlantique. Étonnamment, Marshall, pourtant sonnage haut en  couleur aurait sûrement été un habitué des excellent mathématicien, n’y utilise guère les mathématiques et les diagrammes ; ainsi, son graphique de l’offre et de la demande talk-shows s’ils avaient existé en 1850. n’y apparaît que dans une note de bas de page. Lardner, qui séjourna à l’École nationale des ponts et Quel usage a-t-on fait du modèle de l’offre et de la demande chaussées de Paris, y a probablement beaucoup appris du Français Jules Dupuit (1804-1866), qui travaillait alors à son du temps de Lardner ? de Dupuit ? À qui doit-on sa formulation célèbre ouvrage De la mesure de l’utilité des travaux publics. complète ?

CHAPITRE 3

71

LA DEMANDE ET L’OFFRE

3.3 3 Expliquer comment l’offre et la demande déterminent le prix et la quantité sur le marché, et décrire les effets de leurs variations

EXERCEZ-VOUS 1. Le tableau 1 présente les barèmes d’offre et de demande du lait. a) Où se situe l’équilibre du marché ? b) Décrivez la situation du marché du lait quand le prix est de 1,75 $ le carton. c) Que se passe-t-il dans le marché du lait si le prix est de 1,75 $ le carton ? Comment le marché atteint-il son nouvel équilibre ? d) Une hausse du coût de production réduit la quantité offerte de lait de 45 000 cartons par jour à tous les prix. Quel est le nouvel équilibre du marché et comment se rétablit-il ? e) Une campagne de publicité rend le lait plus populaire, et la quantité demandée augmente de 5 000 cartons par jour à tous les prix. Simultanément, une meilleure alimentation des vaches laitières accroît la quantité offerte de 50 000 cartons par jour à tous les prix. Quel est le nouvel équilibre du marché et comment se rétablit-il ?

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

Tableau 1 Prix

Quantité demandée

(en dollars par carton)

Quantité offerte

(en milliers de cartons par jour)

1,00

200

110

1,25

175

130

1,50

150

150

1,75

125

170

2,00

100

190

Quantité demandée

Quantité offerte

Tableau 2

2. Le tableau 2 présente les barèmes d’offre et de demande de téléphones cellulaires. a) Où se situe l’équilibre du marché ? b) Que se passe-t-il dans le marché des téléphones cellulaires si le prix est de 300 $ le téléphone ? Comment le marché atteint-il son nouvel équilibre ? c) Une augmentation des revenus accroît la quantité demandée de 1 000 téléphones par semaine à tous les prix. Quel est le nouvel équilibre du marché et comment ce dernier l’atteint-il ? d) Une baisse des coûts de production permet aux producteurs d’augmenter la quantité offerte de 750 téléphones par semaine à tous les prix. Les gens achètent moins de téléphones cellulaires, et la quantité demandée baisse de 250 téléphones par semaine à tous les prix. Sans augmentation des revenus, comment le marché des téléphones cellulaires atteint-il son nouvel équilibre ?

Prix (en dollars par téléphone)

(en milliers de téléphones par semaine)

200

3,0

1,0

300

2,5

1,5

400

2,0

2,0

500

1,5

2,5

600

1,0

3,0

RÉPONSES 1.

a) b) c)

d)

e)

La figure 1 montre l’équilibre du marché à 1,50 $ le carton et à 150 000 cartons par jour. À 1,75 $ le carton de lait, la quantité demandée (125 000 cartons) est inférieure à la quantité offerte (170 000 cartons), ce qui entraîne un surplus de 45 000 cartons par jour. À 1,75 $ le carton, il y a un surplus de lait. Au fur et à mesure que les fournisseurs baissent le prix, la quantité demandée augmente, la quantité offerte baisse, et le surplus diminue. Le prix baisse jusqu’à l’élimination totale du surplus à 1,50 $ le carton. La courbe d’offre se déplace vers la gauche de 45 000 cartons par jour à tous les prix. À 1,50 $, la quantité demandée (150 000 cartons) est supérieure à la quantité offerte (105 000 cartons). Il y a pénurie de lait, et le prix commence à monter. À mesure que le prix monte, la quantité demandée diminue, la quantité offerte augmente, et la pénurie diminue. Le prix monte à 1,75 $ le carton, et la quantité descend à 125 000 cartons par jour (figure 1). La courbe de demande se déplace vers la droite de 5 000 cartons par jour à tous les prix. La courbe d’offre se déplace vers la droite de 50 000 cartons par jour à tous les prix. À 1,50 $ le carton, la

quantité demandée (155 000 cartons) est inférieure à la quantité offerte (200 000 cartons). Il y a un surplus, et le prix commence à baisser. Quand le prix atteint 1,25 $ le carton, la quantité monte à 180 000 cartons par jour (figure 2). Figure 1

Figure 2

Prix (en dollars par carton)

Prix (en dollars par carton) O0

O1 1,75

O0

O1

1,50 1,25

1,50 D

D0 D1 0 125 150 Quantité (en milliers de cartons)

0 150 180 Quantité (en milliers de cartons)

72

PARTIE 1 INTRODUCTION

3.4

LE CONTRÔLE DES PRIX

On vient de le voir, les  ajustements de prix rendent possible l’équilibre du marché. Cependant, que se produit-il si, pour une raison ou une autre, le prix du marché ne s’ajuste pas ? Tout dépend du facteur qui empêche l’ajustement du prix. Parmi ces facteurs, les deux principaux sont : • Le prix plafond ; • Le prix plancher.

LE PRIX PLAFOND Le prix plafond est le prix au-delà duquel la vente de certains biens, services ou ressources devient illégale. Le loyer plafond – loyer maximal au-delà duquel la location de logements devient illégale – en est un exemple. Voyons comment le plafonnement des loyers influe sur le marché du logement locatif.

Prix plafond Prix au-delà duquel la vente de certains biens, services ou ressources devient illégale.

Loyer plafond Loyer au-delà duquel la location d’un logement devient illégale (voir prix plafond).

Les propriétaires décident de la quantité offerte de logements ; plus le loyer est élevé, plus cette quantité est importante. Les locataires décident de la quantité demandée de logements ; plus le loyer est bas, plus cette quantité est importante. Le loyer s’ajuste jusqu’à ce que la quantité demandée et la quantité offerte s’équilibrent. La figure 3.11 illustre un marché du logement locatif. La courbe de demande du logement locatif est D, et la courbe d’offre, O. L’équilibre du marché se situe à un loyer de 550 $ par mois et à une quantité de 4 000 logements. Supposons que le gouvernement considère que personne ne devrait payer un loyer plus élevé que 550 $ par mois. Pourra-t-il améliorer la situation des locataires en imposant un loyer plafond ? Un prix plafond, comme un loyer plafond, n’a pas le même effet selon qu’il est supérieur ou inférieur au loyer d’équilibre. À la figure 3.11, si le loyer plafond est supérieur à 550 $ par mois, rien ne changera puisque les locataires paient déjà 550 $

Figure 3.11

Un loyer plafond entraîne une pénurie de logements Loyer (en dollars par mois)

1 000

2

1

Loyer d’équilibre

O

Équilibre du marché

800 1 Sur ce marché du logement locatif, 2 le loyer d’équilibre est de 550 $ par mois et 3 la quantité d’équilibre de logements loués est de 4 000.

600 550 Zone illégale Loyer plafond

400 6

200

0

4

3

Quantité offerte

2

3

D

Pénurie 5

Quantité d’équilibre

4

6

Quantité demandée

8

Quantité (en milliers d’unités)

Le loyer plafond – fixé à 400 $ par mois dans cet exemple – est inférieur au loyer d’équilibre. 4 La quantité offerte de logements tombe à 3 000. 5 La quantité demandée de logements grimpe à 6 000. 6 Il y a une pénurie de 3 000 logements.

CHAPITRE 3

LA DEMANDE ET L’OFFRE

73

par mois – moins que le loyer plafond. Par contre, s’il est inférieur au loyer d’équilibre, le loyer plafond aura un effet important sur le marché : il empêchera une hausse de loyer (de prix) suffisante pour équilibrer la quantité demandée et la quantité offerte. Dans ce cas, la loi et le marché sont en conflit, et l’un d’entre eux (ou les deux) finira par céder. Si le loyer plafond est de 400 $ par mois, tout loyer supérieur à ce montant (au-dessus de la ligne rouge) est illégal. À 400 $ par mois, la quantité offerte est de 3 000 unités, et la quantité demandée est de 6 000 unités. Il y a donc une pénurie de 3 000 logements. Le premier effet d’un loyer plafond est donc la pénurie de logements. Les locataires potentiels demandent plus de logements que la quantité que les constructeurs et les propriétaires ont l’intention d’offrir dans ces conditions. L’histoire ne s’arrête pas là. D’une façon ou d’une autre, les 3 000 logements que les propriétaires sont prêts à offrir doivent être répartis entre les locataires qui cherchent 6  000  logements. En empêchant les ajustements qui permettraient à la quantité demandée et à la quantité offerte de s’équilibrer, on ne met pas fin à la rareté. Quand la loi empêche la hausse des loyers de répartir les logements à louer, il faut recourir à d’autres mécanismes de répartition des ressources en logement, comme la règle du premier arrivé, premier servi ou l’imposition de critères restrictifs (l’interdiction des animaux, par exemple) – mesures que la plupart des gens trouvent pires qu’une hausse des loyers.

LE PRIX PLANCHER Le prix plancher est le prix minimal en deçà duquel la vente de certains biens, services ou ressources devient illégale. Le salaire minimum, salaire en deçà duquel l’embauche de travailleurs devient illégale, est un exemple de prix plancher. Les entreprises peuvent payer un salaire supérieur au salaire minimum, mais pas un salaire moindre. Quel est l’effet du salaire minimum sur le marché du travail ? Les entreprises décident de la quantité demandée de travailleurs ; plus le salaire horaire est bas, plus la quantité demandée est importante. Les ménages décident de la quantité offerte de travailleurs ; plus le salaire horaire est élevé, plus la quantité offerte est importante. Le salaire horaire s’ajuste de manière à rendre égales la quantité demandée et la quantité offerte de travailleurs. La figure 3.12 (p. 74) illustre le marché du travail des livreurs de pizzas. La courbe de demande de livreurs est D, et la courbe d’offre, O. L’équilibre du marché s’établit à un salaire de 5 $ l’heure et à une quantité de 5 000 livreurs embauchés. Supposons que le gouvernement considère que personne ne devrait travailler à un salaire aussi bas que 5 $ l’heure et qu’il décide d’augmenter les salaires. Pourra-t-il améliorer les conditions de travail des livreurs de pizzas en imposant un salaire minimum supérieur ? Un prix plancher comme le salaire minimum n’a pas le même effet selon qu’il est inférieur ou supérieur au prix d’équilibre. À la figure 3.12, le salaire d’équilibre est de 5 $ l’heure et, à ce salaire, les pizzérias embauchent 5 000 livreurs. Si le gouvernement impose un salaire minimum de 5 $ l’heure ou moins, rien ne changera. Les pizzérias paient déjà 5 $ l’heure ; comme ce salaire est supérieur au salaire minimum, elles continueront à embaucher 5 000 livreurs. L’objectif d’une loi sur le salaire minimum est d’accroître le revenu des travailleurs à faible salaire. Le salaire minimum doit donc être supérieur au salaire d’équilibre. Supposons que le gouvernement légifère pour imposer un salaire minimum de 7 $ l’heure. À la figure 3.12, les salaires inférieurs à 7 $ l’heure (dans la zone située sous la ligne rouge) sont illégaux. Les entreprises et les travailleurs ne peuvent donc plus fonctionner au point d’équilibre, qui est situé dans la zone illégale. Les forces du marché et la loi sont en conflit.

Prix plancher Prix en deçà duquel la vente de certains biens, services ou ressources devient illégale.

Salaire minimum Salaire en deçà duquel l’embauche de travailleurs devient illégale (voir prix plancher).

74

PARTIE 1 INTRODUCTION

Le gouvernement peut fixer un salaire minimum, mais il ne peut pas dire aux pizzérias combien de livreurs elles doivent embaucher. Si elles doivent payer au moins 7 $ l’heure, elles n’engageront que 3 000 livreurs. Au salaire d’équilibre de 5 $ l’heure, elles en embauchaient 5 000 ; une fois le nouveau salaire minimum en vigueur, elles en congédieront donc 2 000. Supposons par ailleurs qu’à un salaire minimum de 7 $ l’heure, 2 000 personnes qui ne voulaient pas travailler à 5 $ l’heure cherchent un emploi de livreur de pizzas. La quantité offerte sur le marché du travail se chiffrera maintenant à 7 000 livreurs, dont 4 000 sont sans travail : les 2 000 livreurs congédiés et les 2 000 personnes qui cherchent un emploi de livreur au salaire minimum. D’une façon ou d’une autre, les 3 000 emplois offerts doivent être répartis entre les 7 000 personnes prêtes à travailler comme livreurs de pizzas. Comment cela se fera-t-il si le prix ne joue plus son rôle en tant que moyen de répartition des ressources ? La réponse est la même que pour le marché du logement : par le recours à la règle du premier arrivé, premier servi et par l’imposition de critères restrictifs. Un salaire minimum au-delà du salaire d’équilibre a l’effet d’une loterie où les gagnants sont les travailleurs dont le salaire augmente, et les perdants, les travailleurs congédiés et les sans-emploi qui ne trouvent pas de travail à cause des nouvelles conditions salariales. Les recherches économétriques ont établi de manière très fiable que, si une hausse de 10 % du salaire minimum entraîne une baisse de l’emploi de 2,5 % en moyenne (entre 1,4 % et 3,7 %) chez les 15-19 ans, elle n’a aucun effet significatif sur l’emploi chez les 20 ans et plus3.

Figure 3.12

Le salaire minimum entraîne du chômage Salaire (en dollars par heure)

10 9

6

8 7

O Surplus Salaire minimum

2

6

Zone illégale

Salaire d’équilibre

1

5

Équilibre du marché

Le salaire minimum – fixé à 7 $ l’heure dans cet exemple – est supérieur au salaire d’équilibre.

4

4 La quantité demandée de livreurs tombe à 3 000. 5 La quantité offerte de livreurs grimpe à 7 000. 6 Il y a 4 000 personnes sans emploi.

3 2 1 0

1 Sur ce marché du travail des livreurs de pizzas, 2 le salaire d’équilibre est de 5 $ l’heure et 3 la quantité d’équilibre de livreurs est de 5 000.

3 4

Quantité demandée

1

2

3

D

Quantité d’équilibre

4

5

5

6

7

Quantité offerte

8

9

10

Quantité (en milliers d’unités)

3.

Institut de la statistique du Québec, Hausse du salaire minimum au Québec et évolution de l’emploi : que disent les données statistiques ?, avril 2011.

CHAPITRE 3

LA DEMANDE ET L’OFFRE

75

3.4 4 Expliquer comment les prix plafonds ou planchers entraînent des pénuries ou des surplus

EXERCEZ-VOUS 1. Le tableau 1 présente le marché du logement locatif de Miniville. a) Quel est le loyer d’équilibre et combien y a-t-il de logements loués ? b) Si le gouvernement plafonnait les loyers à 900 $ par mois, quel serait le loyer d’équilibre et combien y aurait-il de logements loués ? c) Si le gouvernement plafonnait les loyers à 700 $ par mois, quel serait le loyer d’équilibre et combien y aurait-il de logements loués ?

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE 2. Tous les ans, les producteurs agricoles du Pays Fertile embauchent des travailleurs agricoles. Le tableau 2 décrit ce marché. a) Quel est le salaire d’équilibre et combien de travailleurs sont embauchés ? b) Si le gouvernement impose un salaire minimum de 8 $ l’heure, combien de travailleurs auront un emploi et combien seront sans travail ? c) Si le gouvernement impose un salaire minimum de 9,50 $ l’heure, combien de travailleurs auront un emploi et combien seront sans travail ?

Tableau 1 Quantité demandée de logements par trimestre

Loyer (par mois)

Quantité offerte de logements par trimestre

900

500 $

450

800

600 $

500

700

700 $

550

600

800 $

600

500

900 $

650

400

1 000 $

700

Salaire horaire

Quantité offerte de travailleurs agricoles

Tableau 2 Quantité demandée de travailleurs agricoles 8 000

5,50 $

3 500

7 000

6,50 $

4 000

6 000

7,50 $

4 500

5 000

8,50 $

5 000

4 000

9,50 $

5 500

3 000

10,50 $

6 000

RÉPONSES 1.

a)

b)

Le marché du logement est en équilibre lorsqu’à un même prix (loyer) la quantité demandée de logements est égale à la quantité offerte. Ici, l’équilibre survient à un loyer de 800 $ par mois et à une quantité de 600 logements. Comme le loyer plafond (900 $ par mois) est plus élevé que le loyer d’équilibre (800 $ par mois), il ne modifie pas l’équilibre décrit en a) : le loyer d’équilibre reste à 800 $ par mois, et la quantité d’équilibre, à 600 logements.

c)

Si le gouvernement plafonnait les loyers à 700 $ par mois, la quantité demandée de logements serait de 700 unités, et la quantité offerte, de 550 unités. À ce prix, il y aurait une pénurie de 150 logements.

76

PARTIE 1 INTRODUCTION

Le chapitre 3 en bref

1

Distinguer la quantité demandée de la demande, et expliquer ce qui détermine la demande

Loi de la demande Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité demandée augmente à mesure que le prix baisse et diminue à mesure que le prix monte (mouvement le long de la courbe de demande).

2

Distinguer la quantité offerte de l’offre, et expliquer ce qui détermine l’offre

Loi de l’offre Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité offerte augmente à mesure que le prix augmente et diminue à mesure que le prix diminue (mouvement le long de la courbe d’offre).

3

4

Facteurs susceptibles d’influer sur l’offre • Prix des biens apparentés • Coût de production • Nombre de vendeurs • Productivité • Anticipations de prix et de coûts

Expliquer comment l’offre et la demande déterminent le prix et la quantité sur le marché, et décrire les effets de leurs variations

Équilibre du marché Quantité offerte = Quantité demandée Surplus • Quantité offerte > Quantité demandée • Baisse du prix pour maintenir l’équilibre du marché

Facteurs susceptibles d’influer sur la demande • Prix des biens apparentés • Revenu des acheteurs • Nombre d’acheteurs • Goûts et préférences • Anticipations de prix et de revenus

Pénurie • Quantité offerte < Quantité demandée • Hausse du prix pour maintenir l’équilibre du marché

Augmentation de l’offre • Prix diminue et quantité augmente Diminution de l’offre • Prix augmente et quantité diminue

Augmentation de la demande • Prix et quantité augmentent Diminution de la demande • Prix et quantité diminuent

Expliquer comment les prix plafonds ou planchers entraînent des pénuries ou des surplus Prix plafond inférieur au prix d’équilibre • Pénurie

Prix plancher supérieur au prix d’équilibre • Surplus

Prix plafond supérieur au prix d’équilibre • Ni pénurie ni surplus

Prix plancher inférieur au prix d’équilibre • Ni pénurie ni surplus

CHAPITRE 3

77

LA DEMANDE ET L’OFFRE

Questions de révision Au terme de la section 3.1, La demande, répondez à la question 1. 1. Depuis quelques années, on observe au Québec des hausses parallèles du prix du vin et de la consommation de vin. Doit-on considérer le vin comme une exception à la loi de la demande ? Justifiez votre réponse. Au terme de la section 3.2, L’offre, répondez à la question 2. 2. Décrivez l’effet de chacun des événements suivants sur l’offre ou sur la demande de jeans. a) Une nouvelle technique réduit de moitié le temps de fabrication d’un jean. b) Le prix du denim baisse. c) Les jeans ne sont plus à la mode. d) Le prix d’un jean diminue. e) Le salaire versé aux travailleurs du vêtement augmente. f) Le Comité olympique canadien lance des jeans « Équipe Canada ». g) Le prix des jupes en denim double. h) Les revenus augmentent. Au terme de la section 3.3, L’équilibre du marché, répondez aux questions 3 à 9. 3. Sur le marché des maisons unifamiliales mises en chantier sur la Rive-Sud de Montréal, décrivez l’effet de chacun des événements suivants sur l’offre ou sur la demande de maisons, et sur le prix et la quantité d’équilibre. a) Une migration importante de la population urbaine de Montréal vers la Rive-Sud b) Une hausse des salaires des ouvriers de la construction. c) Une forte augmentation des taux hypothécaires d) Une forte hausse des loyers à Montréal e) De nouvelles subventions aux entrepreneurs pour relancer la construction domiciliaire f) Une forte augmentation du coût des déplacements en automobile entre la Rive-Sud et Montréal en raison de hausses du prix de l’essence et des frais de stationnement g) Une forte hausse des taxes foncières dans les municipalités de la Rive-Sud h) Une diminution du nombre de terrains disponibles pour la construction domiciliaire en raison d’une modification de la loi sur le zonage agricole i) De nouvelles techniques de préfabrication qui permettent des économies importantes sur les coûts de construction de maisons j) L’intégration des transports en commun de la Rive-Sud au réseau de la ville de Montréal, avec pour résultat une nette amélioration du service et une baisse de prix k) Une forte hausse du prix des matériaux de construction

l)

Une amélioration de la conjoncture économique qui se traduit par une hausse du revenu des ménages et une baisse des taux hypothécaires m) Une forte spéculation foncière qui entraîne une augmentation marquée du prix des terrains destinés à la construction domiciliaire 4. Pour chacun des énoncés suivants, précisez s’il y a une variation de la demande ou de la quantité demandée, ou une variation de l’offre ou de la quantité offerte. a) Au printemps 2010, l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull a paralysé le transport aérien transcontinental ; cette baisse de la quantité offerte a fait augmenter considérablement le prix des vols transatlantiques. b) Si le soccer devient plus populaire au Québec tandis que le basketball perd de sa popularité, le prix des souliers de basketball baissera. c) Il est plus coûteux de skier dans les Laurentides en hiver qu’au printemps. d) Si le prix du yaourt glacé baisse, la demande de crème glacée diminuera et son prix baissera. 5. Le tableau 1 donne les barèmes d’offre et de demande des tapis de souris.

Tableau 1 Prix (en dollars par tapis de souris)

Quantité demandée

Quantité offerte

(en milliers de tapis de souris par semaine)

3

160

120

4

150

130

5

140

140

6

130

150

7

120

160

8

110

170

a) Où se situe l’équilibre du marché ? b) Décrivez la situation du marché quand le prix du tapis de souris est de 7 $. Comment le marché atteint-il son nouvel équilibre ? c) Qu’advient-il de l’équilibre du marché si une baisse du prix des ordinateurs accroît la quantité demandée de 20 000 tapis de souris par semaine à tous les prix ? Comment le marché atteint-il son nouvel équilibre ? d) Qu’advient-il de l’équilibre du marché si un nouveau logiciel activé par la parole diminue la quantité demandée de 10 000 tapis de souris par semaine à tous les prix et si, en même temps, une baisse du coût de production des tapis de souris augmente la quantité offerte de 30 000 tapis par semaine à tous les prix ? Comment le marché atteint-il son nouvel équilibre ?

78

PARTIE 1 INTRODUCTION

6. Supposons que le marché des téléphones intelligents est en situation d’équilibre. a) Décrivez l’effet sur le prix et la quantité d’équilibre de chacune des hypothèses suivantes. 1. L’augmentation de la demande est plus forte que la baisse de l’offre. 2. L’augmentation de la demande est égale à la baisse de l’offre. 3. L’augmentation de la demande est plus faible que la baisse de l’offre. b) Quelle conclusion peut-on tirer des trois cas précédents ? c) Décrivez l’effet sur le prix et la quantité d’équilibre de chacune des hypothèses suivantes. 1. L’augmentation de la demande est plus forte que l’augmentation de l’offre. 2. L’augmentation de la demande est égale à l’augmentation de l’offre. 3. L’augmentation de la demande est plus faible que l’augmentation de l’offre. d) La conclusion tirée en b) est-elle encore valable ? 7. Dites si vous êtes d’accord ou en désaccord avec l’énoncé suivant et justifiez votre réponse : « Si la demande d’ordinateurs augmente et si les coûts de production des ordinateurs diminuent, la quantité d’équilibre sur le marché des ordinateurs augmentera. Il est toutefois impossible de déterminer avec certitude si le prix des ordinateurs augmentera, diminuera ou restera constant. » 8. Le tableau 2 donne les barèmes d’offre et de demande de la gomme à mâcher.

Tableau 2 Prix (en dollars par paquet) 0,20

Quantité demandée

Quantité offerte

(en millions de paquets par semaine) 200

40

0,40

180

60

0,60

160

80

0,80

140

100

1,00

120

120

1,20

100

140

1,40

80

160

1,60

60

180

1,80

40

200

2,00

20

220

a) Donnez le prix d’équilibre et la quantité d’équilibre de la gomme à mâcher. b) Quelle est la situation du marché si le prix de la gomme à mâcher s’établit à 0,80 $ ? Comment le marché retrouvera-t-il son équilibre ? c) Quelle est la situation du marché si le prix de la gomme à mâcher s’établit à 1,40 $ ? Comment le marché retrouvera-t-il son équilibre ?

d) Supposons qu’un saboteur détruit la moitié des fabriques de gomme à mâcher, réduisant ainsi de moitié la quantité offerte de gomme à mâcher à tous les prix. Quels seront alors le prix et la quantité d’équilibre ? e) Supposons maintenant que, grâce à une campagne publicitaire particulièrement efficace, la quantité demandée de gomme à mâcher augmente de 40 millions de paquets par semaine à tous les prix. Quels seront alors le prix et la quantité d’équilibre ? f) Supposons qu’une augmentation du revenu des consommateurs fait augmenter la quantité demandée de gomme à mâcher de 20 millions de paquets par semaine à tous les prix et qu’une baisse des coûts de production fait augmenter la quantité offerte de 20 millions de paquets par semaine à tous les prix. Quels seront alors le prix et la quantité d’équilibre ? 9. La croissance économique des pays émergents comme la Chine et l’Inde a contribué à augmenter la demande de carburant, ce qui a entraîné une hausse du prix du pétrole sur le marché mondial au-delà des 100 $US, et ce, jusqu’en 2014. L’Inde et la Chine ont investi massivement en Afrique, où les réserves d’hydrocarbures sont largement sousexploitées, afin d’augmenter la production des pays africains pour satisfaire leur demande intérieure. a) Illustrez dans un graphique l’équilibre initial du marché mondial du pétrole en supposant que le prix d’équilibre est alors de 100 $US le baril, et la production d’équilibre, de 85 millions de barils par jour. b) Supposons que, toutes choses étant égales par ailleurs, la production de pétrole en provenance d’Afrique augmente de façon importante. Comment le prix du pétrole et la quantité échangée varieront-ils ? Justifiez votre réponse et illustrez-la dans le graphique tracé en a). c) Supposons que, toutes choses étant égales par ailleurs, des ouragans aux États-Unis et des conflits ailleurs dans le monde détruisent une partie importante des installations pétrolières de la planète. Comment le prix du pétrole et la quantité échangée varierontils ? Expliquez votre réponse et illustrez-la dans le graphique tracé en a). d) Toutes choses étant égales par ailleurs, comment la croissance économique des pays émergents a-t-elle pu propulser le prix du pétrole à plus de 100 $US ? Expliquez votre réponse et illustrez-la dans le graphique tracé en a). Au terme de la section 3.4, Le contrôle des prix, répondez à la question 10. 10. Supposons que le marché de la bière est en équilibre. a) Décrivez l’effet de l’imposition par le gouvernement d’un prix de la bière minimum supérieur au prix d’équilibre. Qu’arrivera-t-il si le prix minimum est inférieur au prix d’équilibre ? b) Décrivez l’effet de l’imposition par le gouvernement d’un prix de la bière maximum inférieur au prix d’équilibre. Qu’arrivera-t-il si le prix maximum est supérieur au prix d’équilibre ?

CHAPITRE 3

Appliquez vos savoir-faire

LA DEMANDE ET L’OFFRE

79

L’arrivée des téléphones intelligents Avec l’arrivée des téléphones intelligents, et plus particulièrement de l’iPhone en 2007, les télécommunications mobiles ont largement évolué, au détriment des moyens de télécommunications résidentiels, qui perdent de plus en plus de terrain au Canada. Au cours des dernières années, un nombre grandissant de ménages canadiens s’est converti aux téléphones mobiles, préférant ces appareils aux multiples fonctions au bon vieux téléphone résidentiel. a) Selon vous, pourquoi le nombre de ménages canadiens ayant un téléphone résidentiel est-il moins important aujourd’hui ? b) Supposez que le marché des téléphones résidentiels est en situation d’équilibre. Illustrez dans un graphique l’effet d’une baisse du nombre de ménages canadiens ayant ce type de téléphone. c) Pourquoi le nombre de ménages canadiens ayant uniquement des téléphones mobiles a-t-il augmenté ?

Le marché des téléphones intelligents n’a cessé de croître depuis leur arrivée en 2007.

MOTS CLÉS Barème d’offre, 59 Barème de demande, 53 Bien ou service inférieur, 55 Bien ou service normal, 55 Complément, 54 Complément de production, 60 Courbe d’offre, 59 Courbe de demande, 53 Demande, 53 Équilibre du marché, 64 Loi de l’offre, 58 Loi de la demande, 53 Loyer plafond, 72 Marché, 52 Offre, 58 Pénurie (ou demande excédentaire), 64

Prix d’équilibre, 64 Prix plafond, 72 Prix plancher, 73 Productivité, 61 Quantité d’équilibre, 64 Quantité demandée, 52 Quantité offerte, 58 Salaire minimum, 73 Substitut, 54 Substitut de production, 60 Surplus (ou offre excédentaire), 64 Variation de l’offre, 60 Variation de la demande, 54 Variation de la quantité demandée, 54 Variation de la quantité offerte, 59

80

CHAPITRE 4

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

PARTIE 2

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

SOMMES-NOUS PLUS RICHES QUE LES AMÉRICAINS ? SOMMES-NOUS PLUS RICHES QUE LES AMÉRICAINS, LES FRANÇAIS OU LES CHINOIS ? Sommes-nous plus riches que nos grands-parents ? Pour répondre à ces questions, il faut connaître la production totale – la production agrégée – plutôt que la production d’un bien ou d’un service en particulier afin de mesurer notre niveau de vie (production par habitant).

SOMMAIRE

Nos choix des biens et services que nous produisons et consommons, ainsi que de leurs destinataires, influent sur notre niveau de vie, un sujet central en macroéconomie. L’un des indicateurs les plus importants du niveau de vie est, sans nul doute, le produit intérieur brut (PIB). Dans ce chapitre, vous apprendrez comment Statistique Canada calcule le PIB. Quelles sont ses limites en tant que mesure du niveau de vie ? Existet-il d’autres indicateurs du niveau de vie ? 

4.1 Le PIB, les revenus et les dépenses

p. 82

COUP D’ŒIL

4.2

SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

4.3

Le calcul du PIB canadien

Le calcul du PIB par Statistique Canada

Le PIB nominal et le PIB réel

p. 87

p. 90

p. 92

CHAPITRE 4

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

SAVOIR-FAIRE 1

Définir le produit intérieur brut (PIB) et expliquer pourquoi la valeur de la production, celle des revenus et celle des dépenses s’équivalent dans une économie de marché

2

Expliquer comment Statistique Canada calcule le PIB

3

Définir le PIB nominal, le PIB réel et l’indice implicite des prix du PIB, et expliquer les relations entre ces concepts

4

Expliquer les limites du PIB réel en tant que mesure du niveau de vie

VOS OUTILS NUMÉRIQUES MaBiblio > MonLab xL > Multimédia Réalisez les exercices assignés par votre enseignant et regardez les tutoriels (aussi accessibles grâce aux codes QR).

COUP D’ŒIL

COUP D’ŒIL

4.4

SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

Le calcul du PIB réel par Statistique Canada

Le PIB réel et le niveau de vie

L’indicateur de développement humain de l’ONU

SOMMES-NOUS PLUS RICHES QUE LES AMÉRICAINS ?

Le chapitre 4 en bref

p. 95

p. 97

p. 99

p. 101

p. 102

SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

81

82

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

4.1

LE PIB, LES REVENUS ET LES DÉPENSES

Comment pourriez-vous comparer votre niveau de vie à celui de vos parents quand ils avaient votre âge, ou encore à celui d’un étudiant de Beijing (Pékin), en Chine ? Comme votre niveau de vie dépend de la quantité de biens et services que votre revenu vous permet de consommer, vous pourriez essayer de déterminer qui a le revenu le plus élevé : vous aujourd’hui ou vos parents dans les années 1990, vous ici ou un collégien de Beijing. Mais comme le niveau de vie dépend de la quantité de biens et services consommés, et que, pour être consommés, ces biens et services doivent d’abord avoir été produits, vous pourriez aussi essayer de déterminer si la production actuelle du Canada est supérieure à celle du Canada dans les années 1990, ou à celle de la Chine d’aujourd’hui. Pour ce faire, il vous faudrait mesurer la production totale de biens et services.

LA DÉFINITION DU PIB Produit intérieur brut (PIB) Valeur marchande de l’ensemble des biens et services finals produits dans un pays au cours d’une période donnée.

Le produit intérieur brut (PIB) mesure la valeur marchande de la totalité des biens et services finals produits dans un pays au cours d’une période donnée. Cette définition comprend quatre éléments clés que nous allons examiner un à un : • • • •

La valeur monétaire de la production (valeur marchande) ; La nature de la production (biens et services finals) ; Le lieu de la production (pays) ; Le moment de la production (période donnée).

La valeur monétaire de la production Pour mesurer la production agrégée, il faut évaluer la production de pommes et d’oranges, d’ordinateurs, de balles et de bâtons de baseball, de maïs soufflé, etc. Cependant, le simple décompte de produits aussi disparates ne nous apprendrait pas ce que nous voulons savoir : quelle est la valeur de la production totale de 100  pommes et de 50 oranges, ou de 50 pommes et de 100 oranges ? Le calcul du PIB répond à cette question en évaluant les divers produits à leur valeur marchande, c’est-à-dire au prix auquel ils s’échangent sur les marchés. Si le prix d’une pomme est de 0,10 $ et si le prix d’une orange est de 0,20 $, la valeur marchande de 100 pommes et de 50 oranges est de 20 $, et la valeur marchande de 50 pommes et de 100 oranges est de 25 $. Évaluer la production au prix du marché permet d’additionner des pommes et des oranges. Ainsi, toute transaction qui ne comporte pas un échange de biens ou de services contre argent, comme le bénévolat ou l’autoproduction, sera omise dans le calcul du PIB. Si aucune rémunération n’est versée pour la production d’un bien ou d’un service, il devient impossible d’en comptabiliser la valeur. Il en est de même pour les transactions non déclarées, dont on cache l’existence (le travail au noir, par exemple). Nous en reparlerons plus loin.

La nature de la production Bien ou service final Bien ou service destiné à son utilisateur final, et non à la production d’un autre bien ou d’un autre service.

Bien ou service intermédiaire Bien ou service produit par une entreprise, acheté par une autre entreprise et utilisé dans la production d’un autre bien ou d’un autre service.

Pour calculer le PIB, on évalue la somme des biens et services finals produits au cours d’une période donnée. Les biens et services finals sont destinés à leurs utilisateurs finals, alors que les biens et services intermédiaires sont les articles que les entreprises produisent et achètent pour les utiliser dans la production de biens et services finals. Ainsi, un VUS Ford est un bien final, alors qu’un pneu Goodyear du même véhicule est un bien intermédiaire. Notez qu’un pneu neuf remplaçant un pneu crevé n’est pas un bien intermédiaire, mais un bien final. Toute pièce de remplacement est un bien final. En ne considérant que les biens et services finals, on évite de compter le même produit deux fois.

CHAPITRE 4

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

83

Par ailleurs, quand vous faites l’acquisition d’obligations ou d’actions, vous prêtez votre argent aux entreprises ou à l’État. Quand vous obtenez un prêt étudiant, on vous prête de l’argent. Dans aucun de ces cas vous n’achetez de biens ou de services. Ce ne sont que des transferts d’argent d’un individu à un autre, à l’image des dépenses en valeurs mobilières. Ces transactions sont dites improductives, car elles ne génèrent pas de production de biens ou de services et ne créent aucune valeur. Elles ne seront pas comptabilisées dans le calcul du PIB.

Le lieu de la production Seuls les biens et services finals produits dans un pays sont comptabilisés dans le PIB de ce pays. Quand le fabricant de chaussures canadien Bata produit des chaussures en Thaïlande, la valeur marchande de ces chaussures est comptabilisée dans le PIB de la Thaïlande, et non dans celui du Canada. De même, quand le constructeur d’automobiles japonais Honda produit des automobiles à Alliston, en Ontario, la valeur marchande de cette production est comptabilisée dans le PIB du Canada, et non dans celui du Japon.

Le moment de la production Le PIB indique la valeur marchande de la production au cours d’une période donnée – habituellement un mois, un trimestre ou une année. Certaines institutions financières, dont les banques à charte, les caisses populaires, les maisons de courtage et la Banque du Canada, consultent le PIB mensuel et le PIB trimestriel pour suivre l’évolution de l’économie à court terme. Par contre, pour analyser les tendances à long terme, on se réfère au PIB annuel.

Bref, certaines transactions ne sont pas comptabilisées dans le PIB : les transactions non rémunérées (bénévolat, autoproduction), non déclarées (travail au noir), improductives (prêts), ainsi que celles s’appliquant à des biens ou services intermédiaires (achats des entreprises auprès de leurs fournisseurs) ou à des productions antérieures (biens d’occasion).

Saviez-vous que… Au Canada, 6 009 unités de logement achevées n’étaient toujours pas vendues en décembre 20141. Ces unités feront-elles partie du PIB de 2014 ou de 2015 ? Qu’en est-il des unités inachevées ? RÉPONSE

Comme le PIB est une mesure de la production réalisée au cours d’une période donnée, une année, par exemple, on ne comptabilise pas la valeur des productions d’années antérieures, car elles ont déjà été comptabilisées l’année où elles ont été produites. C’est le cas des biens d’occasion. Ainsi, une voiture fabriquée en 2012 a été comptabilisée dans le PIB de 2012 et, même si elle se vend sur le marché des voitures d’occasion en 2015, on ne la comptabilise plus.

Les unités invendues feront partie du calcul du PIB de 2014, année où elles ont été achevées, plutôt que de celui du PIB de 2015, année où elles seront probablement vendues. Quant aux unités inachevées en 2014, elles feront partie du calcul du PIB de 2015, année où elles seront achevées.

LES DÉPENSES DANS LE MODÈLE DES FLUX CIRCULAIRES Le modèle des flux circulaires illustré à la figure 4.1 (p. 86) décrit les liens qu’entretiennent la production, les revenus et les dépenses dans l’économie : grâce aux facteurs de production, la production génère des revenus que les ménages dépensent pour acheter les biens et services qui ont été produits. Comme nous allons le voir, la trilogie production → revenus → dépenses est la base du modèle des flux circulaires et de la comptabilité nationale. Les acheteurs de biens et services finals se divisent en quatre groupes : les ménages, les entreprises, les administrations publiques et les pays étrangers. À ces quatre groupes correspondent quatre types de dépenses :

1.

Statistique Canada, CANSIM, tableau 027-0038, Société canadienne d’hypothèques et de logement, écoulements et inventaire non écoulé, logements nouvellement achevés, selon le type de logement dans les régions métropolitaines du recensement, mensuel, modifié le 22-01-2015.

84

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

• • • •

Les dépenses de consommation ; L’investissement privé brut ; Les dépenses totales des administrations publiques ; Les exportations nettes de biens et services.

Les dépenses de consommation (C) Dépenses de consommation Sommes consacrées à l’achat de biens et services de consommation.

On appelle dépenses de consommation (C) les sommes consacrées à l’achat de biens et services de consommation : nourriture et vêtements, maïs soufflé et films, services dentaires et services de nettoyeur, ordinateurs personnels, etc., ainsi que les loyers des maisons et des appartements, y compris la valeur locative des maisons dont le propriétaire est aussi l’occupant. Ces dépenses sont habituellement faites par les ménages, mais aussi par les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM). Depuis 2012, Statistique Canada présente de manière distincte les données relatives aux dépenses de consommation des ménages et des ISBLSM offrant des biens et services aux ménages ou à l’ensemble de la communauté, comme les associations de consommateurs, les organismes syndicaux, les organismes de services de garde ou de soins à domicile, etc.2

L’investissement privé brut (Ib) Investissement privé brut Sommes consacrées à l’acquisition de nouveaux biens d’équipement (outils, instruments, machines, bâtiments et autres constructions) ainsi que l’investissement en stocks.

On appelle investissement privé brut (Ib), ou formation brute de capital fixe des entreprises et des ISBLSM, les sommes consacrées à l’achat de nouveaux biens d’équipement (outils, instruments, machines, bâtiments et autres constructions) ainsi que les ajouts aux stocks des entreprises. Certaines entreprises produisent des biens d’équipement ; d’autres les achètent. Ainsi, Cummins-Allison ULC produit des compteuses de billets à Mississauga, en Ontario, et les banques en achètent. Si Bombardier fait construire une nouvelle usine d’assemblage de wagons à La Pocatière, il s’agit aussi d’un investissement. Enfin, quand une entreprise ajoute à son stock une production invendue, on considère cette dernière comme un investissement en stocks (l’entreprise investit dans son stock). Par exemple, si General Motors produit 400 000 voitures et en vend 390 000, son stock augmente de 10 000 voitures. On dit de l’investissement privé qu’il est brut parce qu’une partie des achats sert à couvrir les biens d’équipement qui se sont dépréciés durant la période. Les ordinateurs, par exemple, perdent rapidement de leur valeur initiale, et il faut les remplacer régulièrement par des machines plus efficaces. Une partie des achats d’ordinateurs par les entreprises accroît le stock de capital de ces entreprises ; l’autre partie sert simplement à remplacer les machines désuètes.

Les dépenses totales des administrations publiques (G) Dépenses totales des administrations publiques Dépenses en biens et services et investissements publics des gouvernements et des autres administrations publiques du pays.

On appelle dépenses totales des administrations publiques (G) les sommes que les diverses administrations publiques (fédérales, provinciales, municipales) consacrent à l’acquisition de biens et services et aux investissements publics (biens intermédiaires et immobilisations). Les administrations publiques achètent une grande variété de biens et services. Par exemple, le gouvernement fédéral achète des hélicoptères, des sousmarins, des ordinateurs et des services internet ; les gouvernements provinciaux achètent des soins de santé et d’éducation ; les administrations municipales achètent des autobus, des camions d’incendie et des services de collecte des ordures ménagères. Les gouvernements construisent aussi des routes, des ponts, des aéroports, des écoles, des hôpitaux, etc., qui sont autant d’investissements publics dans l’infrastructure de l’économie. Notons que les paiements de transfert, comme les pensions ou les prestations d’assurance-emploi, ne sont pas inclus dans les dépenses totales des administrations publiques, car il s’agit de transferts d’argent des gouvernements aux ménages.

2.

Statistique Canada, Accent sur les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM), 27 novembre 2015, http://www.statcan.gc.ca/pub/13-015-x/2009000/sect08-fra.htm, (page consultée le 13 mars 2016).

CHAPITRE 4

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

85

Les exportations nettes de biens et services (XN) On appelle exportations nettes de biens et services (XN) la différence entre la valeur des exportations de biens et services et la valeur des importations de biens et services. Les exportations de biens et services (X) sont les biens et services produits au Canada et vendus à l’étranger. Les importations de biens et services (M) sont les biens et services produits à l’étranger qu’achètent les ménages, les entreprises et les administrations publiques du Canada. Comme les importations sont comprises dans les dépenses des ménages, des entreprises et des administrations publiques, elles devront être soustraites des exportations pour obtenir la valeur nette de celles-ci. Les exportations nettes peuvent être positives (les exportations excèdent les importations) ou négatives (les importations excèdent les exportations).

La dépense agrégée La dépense totale en biens et services produits au Canada – ou dépense agrégée – est la somme des quatre types de dépenses que nous venons de décrire : les dépenses de consommation (C), l’investissement privé brut (Ib), les dépenses totales des administrations publiques (G) et les exportations nettes de biens et services (XN). Autrement dit,

Exportations nettes de biens et services Différence entre la valeur des exportations de biens et services et la valeur des importations de biens et services.

Exportations de biens et services Biens et services produits au Canada et vendus à l’étranger.

Importations de biens et services Biens et services produits à l’étranger qu’achètent les ménages, les entreprises et les administrations publiques du Canada.

Dépense agrégée = C + Ib + G + XN, où XN = X - M La dépense agrégée est égale au montant que reçoivent les producteurs de biens et services finals.

LES REVENUS DANS LE MODÈLE DES FLUX CIRCULAIRES Le travail rapporte des salaires, les actifs financiers rapportent des intérêts et des revenus de placement, la propriété foncière rapporte des loyers et les entreprises engendrent des bénéfices. Les ménages perçoivent ces revenus. Toutefois, une partie des bénéfices des sociétés n’est pas transférée aux ménages ; les entreprises utilisent une partie de leurs bénéfices pour financer leurs investissements en capital. De même, puisque les bénéfices des entreprises sont imposables, une autre partie des bénéfices va aux gouvernements et aux autres administrations publiques sous forme d’impôts sur le revenu des entreprises.

L’ÉGALITÉ ENTRE LES DÉPENSES ET LES REVENUS Les revenus et les dépenses que nous venons de décrire sont illustrés à la figure 4.1 par des flux circulaires. Le revenu agrégé (Y) correspond au flux bleu qui va des entreprises aux ménages. Quand ils reçoivent leurs revenus, les ménages en versent une partie en impôts et en réservent une partie à l’épargne. Certains ménages reçoivent des paiements de transfert de l’État (aide sociale, assurance-emploi, supplément de revenu garanti, etc.). Les impôts nets (TN) – le flux vert qui va des ménages et des entreprises aux gouvernements et aux autres administrations publiques – correspondent à la différence entre les impôts payés par les ménages et les entreprises et les paiements de transfert ou subventions que l’État leur verse. Quant à l’épargne (É), elle est représentée par le flux vert qui va des ménages aux marchés financiers. Notons que les deux flux verts ne sont pas des dépenses en biens et services, mais simplement des flux monétaires. Les flux rouges représentent les quatre flux de dépenses décrits précédemment : les dépenses de consommation (C), qui vont des ménages aux entreprises ; les dépenses totales des administrations publiques (G), qui vont des gouvernements aux entreprises ; les exportations nettes de biens et services (XN), qui vont des pays étrangers aux entreprises ; et l’investissement privé brut (Ib), qui part des marchés financiers, où les entreprises empruntent, et va aux entreprises qui produisent les biens d’équipement.

Impôts nets Différence entre les impôts payés par les ménages et les entreprises et les paiements de transfert ou subventions qu’ils reçoivent de l’État.

86

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Figure 4.1

Les flux circulaires des revenus et des dépenses É

MÉNAGES

MARCHÉS FINANCIERS

C

Y

Ib

TN XN

G

GOUVERNEMENTS/ ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

MARCHÉS DES FACTEURS

TN

MARCHÉS DES PRODUITS

PAYS ÉTRANGERS

Données de 2015

G

En G$

C Ib

Y

XN

ENTREPRISES

Dans le modèle des flux circulaires, le revenu est représenté par le flux bleu (Y), et les dépenses en biens et services, par les flux rouges (C, Ib, G et XN). Les flux verts sont des flux monétaires : les ménages et les entreprises paient des impôts nets (TN) aux gouvernements et aux autres administrations publiques et les ménages épargnent une partie de leurs

C Ib G XN

1 141 392 500 —47

Y

1 986

revenus (É). Les entreprises empruntent sur les marchés financiers pour acheter des biens (Ib) provenant d’autres entreprises. Il y a égalité entre les dépenses, les revenus et la valeur de la production. Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.

Comme les entreprises versent les revenus qu’elles reçoivent aux facteurs de production, la dépense agrégée est égale au revenu agrégé. Ainsi,

Y = C + Ib + G + XN Du point de vue des entreprises, la valeur de la production est égale au coût des facteurs de production utilisés, lequel correspond aux revenus des ménages (revenu agrégé). Du point de vue des acheteurs, la valeur de la production est égale au coût des achats effectués pour l’obtenir, c’est-à-dire aux dépenses en biens et services finals (dépense agrégée). Par conséquent, la dépense d’un agent économique constitue un revenu pour un autre et vice versa. Un plein d’essence de 30 $ est une dépense pour vous, mais un revenu pour la station-service. Une paie de 300 $ est un revenu pour vous, mais une dépense pour votre employeur. Ainsi,

Valeur de la production = Revenu agrégé = Dépense agrégée L’égalité entre le revenu agrégé et la dépense agrégée permet de mesurer le PIB de deux manières. La comptabilisation des revenus et celle des dépenses de l’année donnent le même résultat, ce que nous allons décrire à la prochaine section.

CHAPITRE 4

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

87

4.1 1 Définir le produit intérieur brut (PIB) et expliquer pourquoi la valeur de la production, celle des revenus et celle des dépenses s’équivalent dans une économie de marché

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Dites si les produits suivants sont des biens ou des services finals ou intermédiaires.

3. Dites si les produits suivants sont des biens ou des services finals ou intermédiaires.

a) Des services bancaires achetés par un étudiant b) De nouvelles voitures achetées par l’entreprise de location de voitures Hertz c) Du papier journal acheté par les propriétaires d’un grand quotidien d) De la crème glacée achetée par un restaurateur pour servir des coupes glacées

a) L’engrais acheté par un maraîcher de Laval b) Le magazine Québec Science que vous avez acheté aujourd’hui c) La console de jeux PlayStation 4 que vous avez achetée sur le site eBay d) Le carburant d’avion acheté par Air Canada 4. Cette année, sur l’Île-des-Songes, les ménages ont dépensé 60 M$ en biens et services, épargné 20 M$, et payé les impôts nets avec le reste de leurs revenus. Les dépenses totales des administrations publiques s’élevaient à 15 M$, l’investissement privé brut, à 25 M$, et les exportations nettes étaient nulles. Calculez :

2. Cette année, sur l’Île-des-Rêves, les impôts nets s’élevaient à 10 G$ ; les dépenses de consommation, à 30 G$ ; les dépenses totales des administrations publiques, à 12 G$ ; l’investissement privé brut, à 15 G$ ; les exportations, à 5 G$ ; et les importations, à 2 G$. Calculez :

a) b) c) d)

a) la dépense agrégée ; b) le revenu agrégé ; c) le PIB.

la dépense agrégée ; les impôts nets ; le revenu agrégé ; le PIB.

RÉPONSES 1.

a) b) c) d)

4.2

Des services finals. L’étudiant est l’utilisateur final. Des biens finals. Ces nouvelles voitures s’ajoutent aux biens d’équipement et sont donc un investissement. Un bien intermédiaire. Le papier est un composant du journal. Un bien intermédiaire. La crème glacée est un composant des coupes glacées.

2.

a) b) c)

Dépense agrégée = C + Ib + G + (X - M) = 30 G$ + 15 G$ + 12 G$ + (5 G$ - 2 G$) = 60 G$ Revenu agrégé = Dépense agrégée = 60 G$ PIB = Dépense agrégée = 60 G$

LE CALCUL DU PIB CANADIEN

Le PIB du Canada est la valeur marchande de la totalité des biens et services finals produits au pays durant une année. En 2000, le PIB canadien a dépassé le billion de dollars pour la première fois de son histoire. Pour évaluer le PIB du pays, les analystes de Statistique Canada utilisent l’une ou l’autre de ces méthodes : • La méthode des dépenses ; • La méthode des revenus.

LA MÉTHODE DES DÉPENSES Le tableau 4.1 présente le calcul du PIB selon la méthode des dépenses : on additionne les dépenses de consommation (C), l’investissement privé brut (Ib), les dépenses totales des administrations publiques (G) – qui incluent toutes les dépenses des gouvernements et des autres administrations publiques du Canada – et les exportations nettes de biens et services (XN). Autrement dit,

PIB = C + Ib + G + XN

88

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Si on revient au flux circulaire des revenus et des dépenses illustré à la figure 4.1 (p. 86), cette méthode équivaut à mesurer et à additionner la valeur de tous les flux rouges qui vont des marchés de biens et services vers les entreprises (G, C, Ib, XN). Le tableau 4.1 présente la somme de tous les postes de dépenses en 2015 mesurés selon la méthode des dépenses ; cette année-là, le PIB du Canada se chiffrait à 1 986 G$. Comme les importations (670 G$) excédaient les exportations (623 G$), les exportations nettes étaient négatives et se chiffraient à - 47 G$. Le tableau montre aussi l’importance relative des diverses dépenses en 2015. Les dépenses de consommation représentaient plus de la moitié de la dépense agrégée ([1 141 G$ ÷ 1 986 G$] × 100 % = 57,5 %), l’investissement privé brut, 19,7 %, les dépenses totales des administrations publiques, 25,2 %, et les exportations nettes, - 2,4 %.

Tableau 4.1

Le calcul du PIB par la méthode des dépenses (2015) Symbole

Montant en 2015 (en G$)

Pourcentage du PIB (en %)

Dépenses de consommation

C

1 141

57,5

Investissement privé brut

Ib

392

19,7

Dépenses totales des administrations publiques

G

500

25,2

Exportations nettes

XN

- 47

- 2,4

PIB aux prix du marché

PIB

1 986

100,0

Dépenses

La méthode des dépenses mesure le PIB en additionnant les dépenses de consommation (C), l’investissement privé brut (Ib), les dépenses totales des administrations publiques (G) et les exportations nettes (XN). En 2015, le PIB évalué par la méthode des dépenses se chiffrait à 1 986 G$.

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.

LA MÉTHODE DES REVENUS Pour évaluer le PIB selon la méthode des revenus, Statistique Canada recueille des données sur les revenus que les entreprises versent aux ménages en échange des facteurs de production qu’elles utilisent (salaires, intérêts du capital financier, loyers aux propriétaires fonciers et profits aux entrepreneurs), puis additionne tous ces revenus.

Saviez-vous que…

RÉPONSE

En 2015, les dépenses de consommation des Québécois représentaient près de 231 G$, 60,7 % du PIB aux prix du marché3. Est-ce qu’une baisse de 10 % de la consommation des Québécois a le même effet qu’une baisse de 10 % des autres postes du PIB ? Dites pourquoi. Étant donné que la consommation des Québécois représentait 60,7 % du PIB du Québec en 2015, une baisse de 10 % de la consommation des Québécois engendrera une baisse du PIB supérieure à celle occasionnée par une baisse de 10 % des autres postes, dont l’importance est moindre (39,3 %).

3.

Si on revient au flux circulaire des revenus et des dépenses de la figure 4.1 (p. 86), cette méthode équivaut à mesurer la valeur du flux bleu de revenus (Y), qui va des entreprises vers les ménages. Pour calculer le PIB selon la méthode des revenus, Statistique Canada commence par établir la somme de tous les types de revenus, soit : • La rémunération des salariés ; • L’excédent d’exploitation brut ; • Le revenu mixte brut. À cette somme s’ajoutent les impôts moins subventions sur la production, sur les produits et sur les importations. Voyons cela de plus près.

Statistique Canada, CANSIM, tableau 384-0038, Produit intérieur brut en termes de dépenses, par province et territoire, comptes économiques, annuel (dollars sauf indication contraire), modifié le 8-11-2016.

CHAPITRE 4

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

La rémunération des salariés (S) La rémunération des salariés (S) englobe tous les revenus de la main-d’œuvre : salaires, traitements et avantages sociaux (cotisations à un régime d’assurance-santé complémentaire et à une caisse de retraite, etc.) avant le versement des impôts aux gouvernements. Cette catégorie inclut aussi les soldes et les indemnités versés aux militaires.

L’excédent d’exploitation brut (EE) L’excédent d’exploitation brut (EE) englobe tous les revenus de sociétés comme les bénéfices (intérêts touchés et profits réalisés par les entreprises privées et publiques), incluant les impôts sur le revenu des entreprises ainsi que la dépréciation, ou, dans le jargon économique, la consommation de capital fixe. Plus précisément, les bénéfices des sociétés comprennent les profits versés sous forme de dividendes, les impôts, ainsi que les bénéfices non répartis (considérés comme des revenus qui s’ajoutent aux revenus des actionnaires).

Le revenu mixte brut (RM) Le revenu mixte brut (RM) englobe les revenus d’entreprises individuelles (profits), les revenus de location (loyers) et d’intérêts, ainsi que la rémunération des propriétaires de ces entreprises (salaires), d’où le terme « mixte ». Il est parfois difficile de départir les revenus d’entreprises individuelles, qui représentent le salaire d’un profit. Statistique Canada fait la somme de tous ces revenus afin d’établir la valeur du revenu mixte en y incluant les impôts et la dépréciation (ou consommation de capital fixe), d’où le terme « brut ». Pour obtenir la valeur de la production aux prix du marché, il faut y ajouter les impôts moins subventions sur la production, sur les produits et sur les importations.

Les impôts moins subventions sur la production, sur les produits et sur les importations (IMP – SUB) Au cours d’une année, les entreprises paient des impôts fonciers, des impôts sur le capital et sur la masse salariale, l’immatriculation de leurs véhicules, des taxes sur les primes d’assurance, les licences et les permis reliés à leurs opérations, des amendes et des pénalités, etc. Ces impôts (ou taxes) ne sont pas prélevés à la source comme les impôts sur le revenu des particuliers ou des entreprises, qui sont déjà pris en compte aux postes précédents du PIB par la méthode des revenus. Certaines entreprises reçoivent des subventions – pour la création d’emplois, la formation de la main-d’œuvre ou la réduction de la pollution, par exemple. Or, ces impôts et ces subventions sur la production sont exclus de la rémunération des facteurs de production. Dans le cas des impôts sur les produits et sur les importations, les taxes prélevées sur chaque unité vendue, comme la taxe sur les produits et services (TPS) ou la taxe de vente du Québec (TVQ), les taxes d’accise sur le carburant, les droits de douane, etc., font augmenter les prix payés par les ménages et les entreprises pour les biens et services qu’ils se procurent, mais les subventions font baisser ces prix. Afin d’établir la véritable valeur des biens et services produits, il faut ajouter les impôts et soustraire les subventions au calcul du PIB par la méthode des revenus. Le tableau 4.2 (p. 91) montre l’importance respective des postes que nous venons de décrire, dont la somme donne le produit intérieur brut (PIB) aux prix du marché :

PIB = S + EE + RM + (IMP – SUB)

Dépréciation (ou consommation de capital fixe) Valeur de l’usure et de l’obsolescence du stock de capital.

89

90

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

Le calcul du PIB par Statistique Canada É

MÉNAGES

Y

MARCHÉS FINANCIERS

XN

G

GOUVERNEMENTS/ ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

MARCHÉS DES FACTEURS

Ib

C

TN

MARCHÉS DES PRODUITS

TN G

Y

C

PAYS ÉTRANGERS

Ib XN

ENTREPRISES

REVENUS EN 2015 (EN M$) Rémunération des salariés Excédent d’exploitation brut Revenu mixte brut Impôts moins subventions sur la production Impôts moins subventions sur les produits et sur les importations Divergence statistique

PIB aux prix du marché

1 024 229 513 442 232 029 84 858 131 625 - 529

1 985 654

Calculer le PIB par la méthode des revenus revient à mesurer la valeur du revenu agrégé (Y) – le flux bleu qui va des entreprises aux ménages. Pour ce faire, Statistique Canada recueille des données sur les revenus bruts des facteurs de production en y ajoutant, sous deux postes distincts, les impôts moins subventions sur la production et les impôts moins subventions sur les produits et sur les importations. Calculer le PIB par la méthode des dépenses revient à mesurer et à additionner la valeur de tous les flux rouges qui vont des marchés des produits aux entreprises (G, C, Ib et XN). Pour ce faire, Statistique Canada utilise les données de sondages sur les dépenses aux prix du marché. Les dépenses de consommation finale et la formation brute de capital fixe des administrations publiques composent les dépenses totales des administrations publiques (G) ; les dépenses de consommation finale des ménages et des ISBLSM forment les dépenses de consommation (C) ; la formation brute de capital fixe des entreprises et des ISBLSM et les investissements en stocks représentent l’inves-

DÉPENSES EN 2015 (EN M$) Dépenses de consommation finale des ménages et des ISBLSM Dépenses de consommation finale et formation brute de capital fixe des administrations publiques Formation brute de capital fixe des entreprises et des ISBLSM et investissements en stocks Exportations de biens et services Importations de biens et services Divergence statistique PIB aux prix du marché

1 140 951 499 329 392 245 622 832 - 670 232 + 529 1 985 654

tissement privé brut (Ib). Enfin, les exportations nettes (XN) se trouvent sous deux postes distincts : les exportations de biens et services et les importations de biens et services  (montant négatif). En théorie, les revenus égalent les dépenses, et les deux méthodes arrivent au même total. En pratique, les totaux divergent, car les données sur les revenus et celles sur les dépenses comportent des marges d’erreur. Estimant que cellesci sont sensiblement du même ordre, Statistique Canada divise la divergence en deux : une moitié est soustraite du total le plus élevé et l’autre moitié est ajoutée au total le plus bas. Dans ce cas-ci, quelle est la valeur totale de la divergence statistique ? Pourquoi doit-on soustraire la moitié de cette divergence du PIB par la méthode des revenus et additionner l’autre moitié au PIB par la méthode des dépenses ? Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0063, Produit intérieur brut (PIB), en termes de revenus, comptes économiques, et tableau 380-0064, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.

CHAPITRE 4

Tableau 4.2

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

91

Le calcul du PIB par la méthode des revenus (2015) Symbole

Montant en 2015 (en G$)

Pourcentage du PIB (en %)

Rémunération des salariés

S

1 024

51,6

Excédent d’exploitation brut

EE

513

25,8

Revenu mixte brut

RM

232

11,7

(IMP – SUB)

217

10,9

PIB

1 986

100,0

Revenus

Impôts moins subventions sur la production, sur les produits et sur les importations PIB aux prix du marché

La somme de tous les revenus et des impôts moins subventions sur la production, sur les produits et sur les importations donne le PIB aux prix du marché. En 2015, le PIB mesuré selon la méthode des revenus s’établissait à 1 986 G$, la rémunération des salariés représentant la proportion la plus importante du PIB (51,6 %).

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0063, Produit intérieur brut (PIB), en termes de revenus, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.

DEUX MÉTHODES, UN SEUL ET MÊME RÉSULTAT La comparaison des tableaux 4.1 (p. 88) et 4.2 permet de constater que la méthode des revenus et celle des dépenses arrivent à la même mesure du PIB, c’est-à-dire de la valeur marchande de la totalité des biens et services finals produits au Canada en une année. Ces tableaux, qui résument bien les deux méthodes de calcul du PIB au Canada en 2015, simplifient les calculs que fait Statistique Canada. Le « Coup d’œil sur l’économie canadienne » de la page 90 en donne une idée plus juste en détaillant chacun des postes selon les termes et les sous-catégories utilisés par Statistique Canada.

4.2 2 Expliquer comment Statistique Canada calcule le PIB

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. Le tableau 1 présente certains postes qui figuraient dans les comptes nationaux d’Utopia cette année.

2. Le tableau 2 présente certains postes qui figuraient dans les comptes nationaux du Pays de Cocagne cette année. Calculez :

a) Calculez le PIB d’Utopia. b) Combien les administrations publiques d’Utopia ontelles dépensé en biens et services cette année ?

Tableau 1 Poste

Tableau 2 Montant (en G$)

Poste

Montant (en G$)

Rémunération des salariés

592

Dépenses de consommation

689

Dépenses de consommation

601

Impôts moins subventions

139

Dépenses totales des administrations publiques

269

Excédent d’exploitation brut

304

Excédent d’exploitation brut

353

Investissement privé brut

227

Revenu mixte brut

133

Exportations nettes

59

Investissement privé brut

212

Revenu mixte brut

122

Exportations nettes

48

Rémunération des salariés

614

Impôts moins subventions

118

RÉPONSES 1.

a) le PIB par la méthode des dépenses ; b) le PIB par la méthode des revenus.

a)

Le PIB peut se calculer soit par la méthode des dépenses, où PIB = C + Ib + G + XN, soit par la méthode des revenus, où PIB = S + EE + RM + (IMP - SUB). Comme les dépenses totales des administrations publiques (G) ne figurent pas au tableau, vous ne pouvez pas utiliser la méthode des dépenses. Par contre, vous pouvez utiliser la méthode des revenus. En appliquant l’équation, vous obtenez : PIB = 592 G$ + 304 G$ + 122 G$ + 139 G$ = 1 157 G$.

b)

Après avoir calculé le PIB d’Utopia par la méthode des revenus, vous pouvez calculer les dépenses de ses administrations publiques (G) en utilisant l’équation de la méthode des dépenses. Si PIB = 1 157 G$ = C (601 G$) + Ib (227 G$) + G + XN (59 G$), G = 1 157 G$ − 887 G$ = 270 G$.

92

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

4.3

LE PIB NOMINAL ET LE PIB RÉEL

On l’a vu, le PIB mesure la totalité des biens et services finals produits pour une période donnée. En 2014, le PIB du Canada se chiffrait à 1  973  G$ ; en 2015, il s’élevait à 1 986 G$. Deux raisons peuvent expliquer que le PIB d’une année soit supérieur à celui de l’année précédente : • On a produit une plus grande quantité de biens et services ; • On a payé des prix plus élevés pour les biens et services produits. Alors qu’une production accrue de biens et services contribue à l’amélioration du niveau de vie, des prix plus élevés entraînent une hausse du coût de la vie, et donc une baisse du niveau de vie. Par exemple, si on produit 100 pommes à 0,10 $, le PIB est de 10 $. Si, l’année suivante, on produit toujours 100 pommes, mais à 0,15 $, le PIB sera de 15 $. Il aura augmenté, mais la production aura-t-elle suivi ? Il est crucial de savoir pourquoi le PIB a augmenté.

Produit intérieur brut (PIB) réel Valeur des biens et services finals produits dans une année donnée, évaluée en dollars constants.

Comme nous allons le voir, Statistique Canada divise l’accroissement du PIB en deux parties, l’une qui révèle les variations de la production, et l’autre, les variations de prix. L’accroissement de la production se mesure à l’augmentation du PIB réel, c’est-à-dire de la valeur des biens et services finals produits dans une année donnée, et évaluée aux prix d’une année de référence (en dollars constants). La comparaison des PIB réels de deux années, calculée en dollars d’une même année, permet de mesurer l’accroissement de la production indépendamment des variations de prix.

DU PIB NOMINAL AU PIB RÉEL Produit intérieur brut (PIB) nominal Valeur des biens et services finals produits dans une année donnée, exprimée en dollars de cette même année.

Indice implicite des prix du PIB (IIP) Moyenne des prix courants, exprimée en pourcentage des prix d’une année de référence.

Pour calculer le PIB réel, il faut d’abord connaître la valeur du PIB nominal, c’est-à-dire la valeur des biens et services finals produits dans une année donnée en dollars de cette même année. On parle de PIB nominal plutôt que de PIB pour le distinguer du PIB réel. Si la production de biens et services ne s’accroît pas mais que les prix montent, la valeur du PIB nominal augmentera. Comment déterminer si l’économie produit plus aujourd’hui, vu qu’une augmentation des prix modifie la valeur du PIB nominal ? Il faut « dégonfler » cette valeur à l’aide d’un indice des prix, soit un indicateur qui mesure l’évolution des prix courants par rapport à ceux d’une année de référence ou de comparaison. L’indice implicite des prix du PIB (IIP), ou déflateur du PIB, est une moyenne des prix courants exprimée en pourcentage des prix d’une année de référence (2007, au moment d’écrire ces lignes). L’indice implicite des prix du PIB mesure le niveau des prix. On le calcule à l’aide du PIB nominal et du PIB réel en utilisant l’équation suivante :

IIP = (PIB nominal ÷ PIB réel) × 100 Cette équation explique pourquoi l’indice implicite des prix du PIB est une mesure du niveau des prix. Si le PIB nominal augmente et que le PIB réel reste constant, on peut conclure que les prix ont augmenté ; le résultat de l’équation serait alors un indice implicite des prix du PIB plus élevé. Plus le PIB nominal est élevé par rapport au PIB réel, plus les prix sont élevés, et plus l’indice implicite des prix du PIB est important. En 2015, le PIB nominal du Canada était de 1 986 G$, et le PIB réel, de 1 768 G$. Pour obtenir l’indice, il suffit de diviser 1 986 G$ par 1 768 G$ et de multiplier le résultat par 100. On obtient alors 112,3, l’indice implicite des prix du PIB de 2015. Grâce au calcul de cet indice, on peut mesurer la valeur du PIB réel comme suit :

PIB réel = (PIB nominal ÷ IIP) × 100 Soulignons que le PIB calculé par la méthode des dépenses ou des revenus n’est plus exprimé en dollars d’une année courante ou en dollars courants. En convertissant le PIB

CHAPITRE 4

93

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

nominal en valeur réelle, on exprime le PIB en dollars d’une année de référence (celle de l’indice implicite des prix) ou en dollars constants. Cela permet de comparer les PIB de différentes années entre eux afin d’en calculer la variation en pourcentage puisqu’ils sont tous mesurés à l’aide du même dollar, celui de l’année de référence de l’indice ayant servi à la conversion de la production nominale en valeur réelle. Ainsi, en divisant le PIB nominal (1 986 G$) exprimé en dollars de 2015 par l’indice implicite des prix du PIB (112,3) dont l’année de référence est 2007 et en multipliant le résultat par 100, on obtient le PIB réel (1 768 G$) exprimé en dollars de 2007. Le PIB nominal a augmenté de 2007 à 2015. Une partie de cette augmentation s’explique par un accroissement de la production ; l’autre, par une hausse des prix. La figure 4.2 montre que le PIB nominal se compare à un ballon qui se gonfle à mesure que la production augmente et que les prix montent. L’indice implicite des prix du PIB (IIP) dégonfle le ballon du PIB nominal en éliminant sa portion inflationniste ; il dévoile ainsi le PIB réel. Le ballon rouge de 2007 représente le PIB réel de 2007, le ballon vert, le PIB nominal de 2015, et le ballon rouge de 2015, le PIB réel de 2015. Pour obtenir la valeur du PIB réel de 2015, on procède à une déflation du PIB nominal à l’aide de l’IIP. Une fois sa portion inflationniste éliminée, le PIB dévoile les variations réelles de la valeur de la production. Ainsi, de 2007 à 2015, le PIB nominal est passé de 1 582 G$ à 1 986 G$, une augmentation de 25,5 %, mais le PIB réel, lui, est passé de 1 582 G$ à 1 768 G$, et son augmentation n’a été que de 11,8 %. Nous verrons plus loin comment se calcule la variation en pourcentage du PIB réel.

Figure 4.2

Dégonfler le ballon du PIB

PIB

2 000 1 800

Indice implicite des prix du PIB

PIB nominal

1 600 1 400 1 200 1 000

PIB réel

PIB réel

PIB réel

800 600 400 200 0

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 (a) PIB nominal (en G$ dollars courants) et PIB réel (en G$ enchaînés de 2007*)

2007 (b) Le ballon du PIB

Le ballon rouge de 2007 représente le PIB réel de 2007 (1 582 G$), le ballon vert, le PIB nominal de 2015 (1 986 G$), et le ballon rouge de 2015, le PIB réel de 2015 (1 768 G$). Pour obtenir la valeur du PIB réel de 2015, on procède à une déflation du PIB nominal à l’aide de l’IIP. * Depuis 2001, Statistique Canada calcule le PIB réel en $ enchaînés tel qu’expliqué au Coup d’œil sur l’économie canadienne, « Le calcul du PIB réel par Statistique Canada ». p. 95. Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.

2015

Année

94

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

LE PIB RÉEL ET LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE Le calcul de la variation en pourcentage du PIB réel permet de mesurer la croissance économique, c’est-à-dire l’augmentation des quantités de biens et services produits, indépendamment des variations de prix. Pour calculer une variation en pourcentage ou un taux de croissance (tc), il faut appliquer la formule suivante :

tc =

(donnée de l’année courante – donnée de l’année précédente) donnée de l’année précédente

× 100

Ainsi, le taux de croissance (tc) du PIB réel d’une année par rapport à la précédente correspond au changement en pourcentage du PIB réel entre ces deux années :

tc du PIB réel =

(PIB réel de l’année courante − PIB réel de l’année précédente) PIB réel de l’année précédente

× 100

Le PIB réel canadien (en dollars de 2007) étant passé de 1 748 G$ en 2014 à 1 768 G$ en 2015, le taux de croissance du PIB réel en 2015 était donc de :

tc du PIB réel =

Saviez-vous que…

RÉPONSE

De 2014 à 2015, le PIB réel du Québec (en dollars de 2007) est de 334 G$ à 338 G$4. Est-ce que l’économie québécoise était en récession ou en expansion en 2015 ? En 2015, l’économie québécoise était en expansion puisque le taux de croissance du PIB réel était positif : tc = [(338 G$ − 334 G$) ÷ 334 G$] × 100 % = 1,2 %

4.

(1 768 G$ − 1 748 G$) 1 748 G$

× 100 = 1,14 %

Puisqu’en 2015 le taux de croissance du PIB réel était positif, on peut affirmer que l’économie canadienne était en période d’expansion : le PIB réel de 2015 était supérieur à celui de 2014. Dans le cas d’un taux de croissance négatif, l’économie serait en récession puisque le PIB réel de l’année courante serait inférieur à celui de l’année précédente.

Statistique Canada, CANSIM, tableau 384-0038, Produit intérieur brut en termes de dépenses, par province et territoire, comptes économiques, annuel (dollars sauf indication contraire), modifié le 8-11-2016.

CHAPITRE 4

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

95

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

Le calcul du PIB réel par Statistique Canada Depuis 2001, Statistique Canada calcule le PIB réel en dollars enchaînés. Auparavant, on le calculait de la manière que nous avons vue précédemment. Cette dernière méthode est valable tant que la structure des prix évolue lentement. Cependant, quand la production de certains biens ou services progresse rapidement et s’accompagne d’une baisse notable des prix (comme dans le cas des technologies de l’information et des communications au Canada depuis le début des années 1990), elle conduit à une surestimation du PIB réel et de la croissance économique, car elle ne tient pas compte de ces baisses de prix. Au printemps 2001, Statistique Canada a donc choisi d’harmoniser sa façon de calculer le PIB réel avec celle des ÉtatsUnis, qui utilisent un indice de volume Fischer depuis 1996.

Supposons une économie qui ne produit que deux biens, des pommes et des oranges. Pour calculer le PIB réel, il faut d’abord calculer le PIB nominal, c’est-à-dire la valeur des biens et services finals produits dans une année donnée en dollars de cette même année. Au tableau suivant, on présente le PIB nominal de 2014 (a) et celui de 2015 (b) de cette économie fictive. Ils s’élèvent respectivement à 200 $ et à 575 $. Par la suite, on calcule la valeur de production aux prix de chacune des années pour obtenir 270 $, la valeur de la production de 2015 aux prix de 2014 (c), et 500 $, la valeur de la production de 2014 aux prix de 2015 (d).

Le PIB réel en dollars enchaînés : un calcul simplifié Article

Quantité (Q)

Prix (P)

Dépenses = Q x P

Pommes

100

1,00 $ l’unité

100 $

Oranges

200

0,50 $ l’unité

(a) En 2014

PIB nominal de 2014

100 $ 200 $

2016 20162016 300 300 $ 300 $ $ +20 %+20 % % +20

(b) En 2015 Pommes

160

0,50 $ l’unité

80 $

Oranges

220

2,25 $ l’unité

495 $

PIB nominal de 2015

+25 2015 20152015 250 250 $ 250 $ $ +25 %+25 % %

575 $

(c) Quantités de 2015 aux prix de 2014 Pommes

160

1,00 $ l’unité

160 $

Oranges

220

0,50 $ l’unité

110 $

Production de 2015 aux prix de 2014

2014* 200 $ 200 $ $ 2014* 2014* 200

270 $

(d) Quantités de 2014 aux prix de 2015 Pommes

100

0,50 $ l’unité

50 $

Oranges

200

2,25 $ l’unité

450 $

Production de 2014 aux prix de 2015

Nous avons maintenant deux comparaisons possibles entre 2014 et 2015. En dollars de 2014, la valeur de la production nominale est passée de 200 $ en 2014 à 270 $ en 2015. La hausse est de 70 $, soit de 35 % [(70 $ ÷ 200 $) × 100]. En dollars de 2015, la valeur de la production est passée de 500 $ en 2014 à 575 $ en 2015. La hausse est de 75 $, soit de 15  % [(75 $ ÷ 500 $) × 100 %]. Pour calculer le PIB réel, on fait la moyenne de ces deux pourcentages d’augmentation, ce qui donne 25 % [(35 % + 15 %) ÷ 2]. Le PIB réel de 2015 a augmenté de 25 % par rapport à 2014. Comme le PIB réel de 2014 se chiffrait à 200 $, on lui ajoute 25 % de sa valeur pour obtenir le PIB réel de 2015, ce qui donne 250 $ [200 $ + (0,25 × 200 $)].

* Année de référence

500 $

On répète chaque année le calcul que nous venons de décrire, et on compare chaque année à la précédente. Par exemple, le PIB réel de 2016 sera égal au PIB réel de 2015 + le pourcentage de variation du PIB de 2016. Si le PIB réel de 2016 est de 20 % supérieur à celui de 2015 et si le PIB réel de 2015 se chiffre à 250 $, le PIB réel de 2016 sera donc de 300 $. Lorsqu’on ajoute ainsi la variation en pourcentage au PIB réel de l’année précédente, le PIB réel de chaque année est en quelque sorte « enchaîné » aux dollars de l’année de référence (2007, au moment d’écrire ces lignes). Pourquoi Statistique Canada a-t-il changé sa façon de calculer le PIB réel ? Pourquoi doit-on le calculer de cette façon ? En quoi consiste ce calcul ?

96

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

4.3 3 Définir le PIB nominal, le PIB réel et l’indice implicite des prix du PIB, et expliquer les relations entre ces concepts

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Le tableau 1 présente les données concernant le PIB nominal, l’indice implicite des prix et le PIB réel de l’Îleaux-Palmiers. Calculez :

3. Le tableau 2 présente les données concernant le PIB nominal, l’indice implicite des prix et le PIB réel de l’Île-aux-Pinces. Calculez :

a) b) c) d) e) f) g)

le PIB nominal en 2024 ; le taux de croissance du PIB nominal en 2025 ; le PIB réel en 2025 ; le taux de croissance du PIB réel en 2025 ; le PIB nominal en 2026 ; l’indice implicite des prix du PIB en 2026 ; le taux de croissance de l’indice implicite des prix du PIB en 2026.

2. Dites si l’économie de l’Île-aux-Palmiers est en récession ou en expansion durant cette période.

a) b) c) d)

le PIB réel en 2024 ; le taux de croissance du PIB nominal en 2025 ; l’indice implicite des prix du PIB en 2025 ; le taux de croissance de l’indice implicite des prix du PIB en 2025 ; e) le taux de croissance du PIB réel en 2025 ; f) le PIB nominal en 2026 ; g) le taux de croissance du PIB réel en 2026. 4. Dites si l’économie de l’Île-aux-Pinces est en récession ou en expansion durant cette période.

Tableau 1 Année

PIB nominal (en G$)

tc PIB nominal (en %)

2024 2025

IIP (2024 = 100)

tc IIP (en %)

100 1 280

2026

PIB réel (en G$)

tc PIB réel (en %)

1 200

102

2

5

1 292

3

PIB réel (en G$)

tc PIB réel (en %)

Tableau 2 Année

PIB nominal (en G$)

2024

1 300

2025

1 400

2026

tc PIB nominal (en %)

IIP (2024 = 100)

tc IIP (en %)

100 1 360 1,4

106

3

1 340

RÉPONSES 1.

a) b) c) d) e)

Le PIB nominal en 2024 est de 1 200 G$, soit (100 × 1 200 G$) ÷ 100. Le taux de croissance du PIB nominal en 2025 est de 6,7 %, soit (1 280 G$ – 1 200 G$) ÷ 1 200 G$ × 100. Le PIB réel en 2025 est de 1 255 G$, soit (1 280 G$ ÷ 102) × 100. Le taux de croissance du PIB réel en 2025 est de 4,6 %, soit (1 255 G$ – 1 200 G$) ÷ 1 200 G$ × 100. Le PIB nominal en 2026 est de 1  344  G$, soit (1  280  G$ × 5  %) + 1 280 G$.

f)

2.

L’indice implicite des prix du PIB en 2026 est de 104, soit (1 344 G$ ÷ 1 292 G$) × 100. g) Le taux de croissance de l’indice implicite des prix du PIB en 2026 est de 2 %, soit (104 – 102) ÷ 102 × 100. L’économie de l’Île-aux-Palmiers est en expansion puisque le taux de croissance du PIB réel est positif.

CHAPITRE 4

4.4

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

LE PIB RÉEL ET LE NIVEAU DE VIE

Pour comparer le niveau de vie de divers pays ou pour suivre l’évolution du niveau de vie d’un pays, on utilise un autre indicateur : le PIB réel par habitant. On obtient le PIB réel par habitant d’un pays en divisant son PIB réel par sa population totale. En 2015, le PIB réel par habitant du Canada en dollars constants de 2007 s’élevait à 49 052 $, soit 38 % de plus qu’en 1990 (35 468 $). Cet accroissement du PIB réel reflètet-il véritablement les changements de notre niveau de vie et de notre qualité de vie ? Non, et ce, pour deux raisons. Premièrement, le niveau de vie dépend de tous les biens et services que nous consommons, et pas seulement de ceux qui sont comptabilisés dans le PIB. Deuxièmement, notre qualité de vie dépend de bien d’autres facteurs que de la simple consommation de biens et services.

LES BIENS ET SERVICES NON COMPTABILISÉS DANS LE PIB RÉEL Le PIB mesure la valeur des biens et services achetés sur des marchés légalement constitués. Il exclut de nombreuses activités hors marchés : • • • •

La production domestique (et le bénévolat) ; L’économie souterraine ; Le temps libre (loisirs) ; La qualité de l’environnement.

La production domestique et le travail bénévole Tous les jours, nous nous livrons dans nos maisons à de nombreuses activités productives qui ne sont ni échangées sur le marché ni comptabilisées dans le PIB : préparation des repas, ménage et entretien de la maison, soins aux enfants, aide aux devoirs, remplacement d’une ampoule grillée, tonte de la pelouse, lavage de la voiture, etc. Il en va de même de tout le travail bénévole que nous effectuons à l’extérieur de nos maisons. Comme il exclut toutes ces activités, le calcul du PIB sous-estime la production de nombreuses personnes, en grande majorité des femmes.

L’économie souterraine L’économie souterraine regroupe les activités qu’on cache délibérément à l’État pour échapper à l’impôt ou à la réglementation, ou à cause de leur caractère illicite. Comme elles ne sont pas déclarées, les activités économiques souterraines ne sont pas comptabilisées dans le PIB. Il est plus facile de décrire l’économie souterraine que de la mesurer. Au Canada, elle était estimée par Statistique Canada5 à 42 milliards de dollars en 2012 (les chiffres les plus récents à la parution de cet ouvrage), soit à environ 2,3 % du PIB6. Depuis le début des années 2000, ce pourcentage est relativement stable et se situe entre 2,3 % et 2,4 %. Les quatre secteurs économiques les plus impliqués en 2012 étaient ceux de la construction (28,3 %), de la finance, des assurances, des services immobiliers, des services de location à bail et des sociétés de portefeuille (13,8 %), du commerce de détail (12,2 %) et des services d’hébergement et de restauration (11,6 %). Ces secteurs représentaient ensemble près des deux tiers de la valeur ajoutée par ce type d’activité. Pour le Québec, l’économie souterraine représentait un peu plus de 10 G$ en 2012, soit 2,9 % du PIB. Ces données sur l’économie souterraine au Canada et au Québec ne tiennent pas compte des activités liées à la drogue et à la prostitution. Or, l’économie souterraine 5.

Statistique Canada, « L’économie souterraine au Canada, 2012 », Le Quotidien, 29 avril 2015, http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/150429/dq150429c-fra.htm (page consultée le 21 mars 2016).

6.

Les estimations de l’économie souterraine sont entièrement intégrées dans le cadre actuel du Système de comptabilité nationale du Canada.

Produit intérieur brut (PIB) réel par habitant PIB réel d’un pays divisé par sa population totale.

97

98

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

inclut l’embauche de main-d’œuvre illégale payée en deçà du salaire minimum, les travaux rémunérés en espèces pour éviter l’impôt sur le revenu ou les taxes de vente, la fabrication et le commerce des drogues illégales, la prostitution et le reste. Ces activités sont évidemment impossibles à quantifier avec précision.

Le temps libre et les loisirs Le temps libre dont nous disposons est un bien économique. Toutes choses étant égales par ailleurs, plus nous disposons de temps libre, meilleure est notre qualité de vie. Le temps que nous passons au travail entre dans le calcul du PIB, mais pas le temps libre. Pourtant, à nos yeux, une heure de loisir vaut autant, sinon plus, que le salaire d’une heure de travail – sinon, nous nous empresserions de remplacer nos heures de loisir par des heures de travail. Au fil des ans, la semaine de travail a diminué, le nombre de jours de vacances a augmenté, et les gens prennent leur retraite plus tôt. Ces améliorations de notre niveau de vie n’entrent pas dans le calcul du PIB.

La qualité de l’environnement La qualité de l’air, l’accessibilité aux espaces verts et la pollution atmosphérique ne font pas partie du calcul du PIB. Par ailleurs, une société industrielle pollue davantage l’atmosphère qu’une société agricole : elle brûle davantage de charbon, de pétrole et d’essence, et contribue à l’épuisement des ressources, à la déforestation massive et à la pollution de l’air, des lacs et des rivières. La destruction et la détérioration des ressources, de la terre, de l’eau, de l’air que nous respirons ne font pas partie du calcul du PIB. Il faudrait inclure dans ce calcul les coûts de la destruction et de la détérioration des ressources (les coûts liés à la dépollution, par exemple) pour obtenir une mesure tenant compte des effets de la croissance économique sur l’environnement. Cette mesure est communément appelée le « PIB vert ». Le problème, c’est qu’il est difficile d’estimer la valeur d’une ressource qui a disparu ou qui s’est détériorée, pour laquelle il n’existe pas de marché et donc pas de prix, comme l’eau ou l’air. En 2012, l’Organisation des Nations unies (ONU) a présenté à la Conférence de Rio + 20 un nouvel indicateur, l’Indice de richesse globale, ou Inclusive Wealth Index7, en anglais (IWI), qui intègre au PIB la valeur des dommages causés à l’environnement. Cet indicateur affiche une croissance nettement moindre que celle du PIB. Ainsi, le taux de croissance moyen par habitant de la Chine de 1990 à 2008 est ramené de 9,6 % à 2,1 %, celui des États-Unis, de 1,8 % à 0,7 %, celui du Brésil, de 1,6 % à 0,9 %, et celui de l’Inde, de 4,5 % à 0,9 %. Au Canada, il passe de 1,6 % à 0,4 %. En Afrique du Sud et en Russie, il devient négatif : il est ramené de 1,3 % à - 0,1 % et de 1,2 % à - 0,3 %, respectivement.

Saviez-vous que…

RÉPONSE

« En 2013, 44 % des Canadiens ont donné de leur temps, […] consacré près de 2 milliards d’heures à leurs activités de bénévolat, ou l’équivalent d’environ 1 million d’emplois à temps plein8. » Ces heures de bénévolat sont-elles incluses dans le PIB ? D’après Statistique Canada, un bénévole est une personne qui fournit un service sans rémunération à un organisme, à une association communautaire ou sportive. Par conséquent, ces milliards d’heures de bénévolat ne seront jamais prises en compte dans le calcul du PIB.

Autres facteurs qui influent sur le niveau de vie et sur la qualité de vie La quantité de biens et services que nous consommons influe grandement sur notre niveau de vie, mais c’est aussi le cas d’autres facteurs comme la santé, l’espérance de vie, la liberté politique et la justice sociale, dont on ne peut s’attendre à ce qu’ils soient comptabilisés dans le PIB. Comme le PIB réel n’est pas une mesure parfaite, on a mis au point d’autres mesures, comme l’Indicateur du développement humain, ou IDH (voir le « Coup d’œil sur l’économie mondiale »). Grâce à l’IDH, on peut comparer l’évolution du PIB réel par habitant et le mieux-être.

7.

Programme des Nations unies sur l’environnement (PNUE), Inclusive Wealth Report 2012, [en ligne] www.unep.org/pdf/IWR_2012.pdf.

8.

Statistique Canada, « Enquête sociale générale : dons, bénévolat et participation, 2013 », Le Quotidien, 30 avril 2015, http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/150130/dq150130b-fra.htm (page consultée le 21 mars 2016).

CHAPITRE 4

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

99

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

L’indicateur de développement humain de l’ONU Nous l’avons vu dans ce chapitre, le PIB réel par habitant n’est pas une mesure parfaite du niveau de vie, de sorte que, pour comparer le niveau de vie de différents pays, on doit utiliser d’autres indicateurs. Ainsi, l’Organisation des Nations unies

(ONU*) a conçu l’Indice de développement humain (IDH). Les données sur l’espérance de vie, la durée de scolarisation et le niveau de revenu par habitant sont prises en compte afin d’établir les valeurs de l’IDH telles que présentées au tableau suivant.

Indice de développement humain et quelques composantes, 2013 Classement à l’IDH

Indice de développement humain

Espérance de vie à la naissance (années)

Durée moyenne de scolarisation* (années)

Revenu national brut (RNB) par habitant (PPA $ 2011)

Développement humain très élevé 1 Norvège

0,944

81,5

12,6

63 909

2 Australie

0,933

82,5

12,8

41 524

3 Suisse

0,917

82,6

12,2

53 762

4 Pays-Bas

0,915

81,0

11,9

42 397

5 États-Unis

0,914

78,9

12,9

52 308

6 Allemagne

0,911

80,7

12,9

43 049

7 Nouvelle-Zélande

0,910

81,1

12,5

32 569

8 Canada

0,902

81,5

12,3

41 887

9 Singapour

0,901

82,3

10,2

72 371

10 Danemark

0,900

79,4

12,1

42 880

57 Fédération de Russie

0,778

68,0

11,7

22 617

71 Mexique

0,756

77,5

12,8

15 854

79 Brésil

0,744

73,9

7,2

14 275

91 Chine

0,719

75,3

7,5

11 477

110 Afrique du Sud

0,658

56,9

9,9

11 788

121 Vietnam

0,638

75,9

5,5

4 892

135 Inde

0,586

66,4

4,4

5 150

152 Nigéria

0,504

52,5

5,2

5 353

169 Afghanistan

0,468

60,9

3,2

1 904

187 Niger

0,337

58,4

1,4

873

Développement humain élevé

Développement humain moyen

Développement humain faible

* Données de 2012.

Les États-Unis arrivent au 5e  rang, derrière la Norvège (au 1er rang), l’Australie, la Suisse et les Pays-Bas. Le Canada se classe au 8e rang, tout juste après l’Allemagne et la Nouvelle-Zélande, qui occupent respectivement le 6e  et le 7e  rang. Le Niger se

classe bon dernier, au 187e  rang, avec une durée moyenne de scolarisation de 1,4 année et un revenu national brut (RNB) par habitant de 873 $ US.

100

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Il y a beaucoup d’écart entre le Canada et les États-Unis en ce qui a trait à l’IDH (0,902 contre 0,914), mais les deux pays se classent derrière la Norvège, qui a une bonne longueur d’avance pour ce qui est du revenu national brut (RNB) par habitant

(63 909 $ US). Parmi les pays dits émergents faisant partie du BRICA, comme le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, lesquels ont un IDH très élevé, élevé, moyen ou faible ? Pourquoi ?

* L’ONU a conçu d’autres indices : l’IDH ajusté aux inégalités (IDHI), l’indice d’inégalités de genre (IIG), l’indice de la pauvreté multidimensionnelle (IPM) et l’indice de développement de genre (IDG).

Source : Programme des Nations unies pour le développement, Rapport mondial sur le développement humain 2014 : pérenniser le progrès humain : réduire les vulnérabilités et renforcer la résilience.

4.4 4 Expliquer les limites du PIB réel en tant que mesure du niveau de vie

EXERCEZ-VOUS 1. En 2021, le Fonds monétaire planétaire publie les données suivantes sur le PIB réel par habitant en 2020 : Chinoisie, 3 976 $ ; Russinie, 8 377 $ ; Nacada, 27 840 $ ; Zéta-Zunis, 34 142 $. D’autres renseignements indiquent que la production domestique du Nacada et des ZétaZunis était semblable, mais inférieure à celle de la Chinoisie et de la Russinie. L’économie souterraine était plus importante (et vraisemblablement dans une proportion similaire) en Russinie et en Chinoisie. Les Nacadiens et les Zétazuniens jouissaient d’un plus grand nombre d’heures de loisirs que les Chinoisiens et les Russiniens. Le Nacada et les Zéta-Zunis dépensaient davantage que la Chinoisie et la Russinie pour la protection de l’environnement. À partir de ces renseignements et en faisant abstraction de tous les autres facteurs qui influent sur le niveau de vie, répondez aux questions suivantes : a) Quels pays sont les plus faciles à comparer pour ce qui est du niveau de vie : la Chinoisie avec la Russinie, le Nacada avec les Zéta-Zunis, ou les deux premiers avec les deux autres ? Pourquoi ?

b) Quels pays sont les plus difficiles à comparer pour ce qui est du niveau de vie ? Pourquoi ? c) De quels autres renseignements faudrait-il disposer pour pouvoir comparer précisément le niveau de vie de ces quatre pays en 2020 ? d) Diriez-vous que le classement de ces pays selon le PIB réel par habitant correspond à leur classement selon le niveau de vie ?

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE 2. En 2020, l’espérance de vie était de 78,8 ans au Nacada, de 77,0 ans aux Zéta-Zunis, de 70,5 ans en Chinoisie et de 66,1 ans en Russinie. Chaque année, le ministère du Bien-être mondial évalue la liberté politique dans tous les pays du monde sur une échelle qui va de 1 pour les plus libres à 7 et plus pour les moins libres. En 2020, le classement est le suivant : le Nacada et les Zéta-Zunis, 1,1 ; la Russinie, 4,5 ; la Chinoisie, 7,6. Que changent ces données à ce que le classement selon le PIB réel par habitant nous apprend sur le niveau de vie dans ces pays ?

RÉPONSES 1.

a)

b)

c)

On peut facilement comparer le Nacada et les Zéta-Zunis, dont les données sur les activités domestiques, l’économie souterraine, les loisirs et l’environnement se ressemblent. Il en va de même pour la Chinoisie et la Russinie, pour la même raison. Il est plus difficile de comparer le Nacada et les Zéta-Zunis avec la Chinoisie et la Russinie : les données sur la production domestique et l’économie souterraine réduisent les différences, tandis que les données sur le temps de loisirs et l’environnement les accentuent. Il faudrait des renseignements plus précis sur la valeur de la production domestique et sur celle de l’économie souterraine, ainsi que sur le nombre d’heures de loisirs et sur les sommes consacrées à la protection de l’environnement.

d)

Oui, le classement de ces pays selon le PIB réel par habitant correspond vraisemblablement à leur classement selon le niveau de vie, car, quand les différences sont minimes (entre le Nacada et les Zéta-Zunis), les autres facteurs sont semblables, et quand les autres facteurs diffèrent, les différences sont considérables.

CHAPITRE 4

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

SOMMES-NOUS PLUS RICHES QUE LES AMÉRICAINS ? Le PIB témoigne de la richesse d’une nation, de son niveau de vie. Dans les journaux et les magazines d’affaires, les bulletins de nouvelles télévisés et les sites d’information sur internet, les reportages sur le PIB sont fréquents. Quels impacts ces données ont-elles sur vous ? Vos transactions font-elles partie du calcul du PIB selon les dépenses ou selon les revenus ? Comment ces renseignements sur le PIB peuvent-ils vous servir dans votre vie personnelle ? Votre contribution au PIB Vos transactions économiques apparaissent dans le calcul du PIB, tant du côté des revenus que de celui des dépenses : elles font partie des dépenses et des revenus calculés pour établir le PIB et contribuent à accroître le niveau de vie des Canadiens. La plupart de vos dépenses font partie des dépenses de consommation. Si vous achetiez une maison, cette dépense apparaîtrait dans les investissements. Puisque la majorité des biens que vous consommez ont été produits à l’étranger, les dépenses pour ces biens sont calculées dans les importations. Si vous avez un emploi, votre revenu fait partie de la rémunération des salariés. Étant donné que, dans le calcul du PIB, on n’inclut que les transactions commerciales, il est probable qu’une partie de votre production de biens et services ne soit pas prise en compte. Quels sont les produits et services hors marchés que vous produisez ? À combien les évaluez-vous ? Comparez votre revenu avec ceux d’autres pays En vous basant sur le PIB par habitant, comparez votre revenu personnel avec le PIB par habitant du Canada. Si votre revenu personnel en 2015 était de 10 000 $, il était nettement inférieur au PIB par habitant du Canada (55 082 $). En dollars américains, il représenterait 7 820 $9, selon un taux de change de 1,2787 $ CA10. Pour disposer de données sur le PIB par habitant d’autres pays en dollars américains, consultez le site de la Banque mondiale (donnees.banquemondiale.org/indicateur/NY.GDP.PCAP.CD). Vous pourrez comparer votre revenu personnel avec celui de gens vivant en France, aux États-Unis ou en Chine, par exemple, et ainsi vérifier si vous êtes plus riche qu’eux.

L’achat d’une maison est probablement l’investissement le plus important que vous ferez dans votre vie.

9.

10 000 $ ÷ 1,2787 $ = 7 820 $.

10. Banque du Canada, Département des marchés boursiers, Moyenne annuelle des taux de change, Ottawa, 2015, moyenne de 250 jours.

101

102

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Le chapitre 4 en bref

1

Définir le produit intérieur brut (PIB) et expliquer pourquoi la valeur de la production, celle des revenus et celle des dépenses s’équivalent dans une économie de marché

PIB Valeur marchande de l’ensemble des biens et services finals produits dans un pays au cours d’une période donnée

2

Production = Revenu agrégé = Dépense agrégée Méthode des revenus Évaluer la production à partir de ce que les gens ont gagné

Méthode des dépenses Évaluer la production à partir de ce que les gens ont dépensé

Expliquer comment Statistique Canada calcule le PIB

Exclues du calcul du PIB • Transactions non rémunérées, non déclarées ou improductives • Transactions touchant les biens intermédiaires et d’occasion Méthode des dépenses Dépenses de consommation (C) + Investissement privé brut (Ib) + Dépenses des administrations publiques (G) + Exportations nettes (XN)

3 PIB nominal (en $ courants) Mesure la variation des prix et de la production

Définir le PIB nominal, le PIB réel et l’indice implicite des prix du PIB, et expliquer les relations entre ces divers concepts PIB réel (en $ constants) Mesure la variation de la production

4

Méthode des revenus Rémunération des salaires (S) + Excédent d’exploitation brut (EE) + Revenu mixte brut (RM) + Impôts – Subventions (IMP - SUB)

PIB réel PIB nominal × 100 IIP Taux de croissance (tc) du PIB réel (PIB réel de l’année courante – PIB réel de l’année précédente) × 100 PIB réel de l’année précédente

Expliquer les limites du PIB réel en tant que mesure du niveau de vie

PIB réel par habitant Ne tient pas compte... • Production domestique et travail bénévole • Économie souterraine • Loisirs, environnement, santé, espérance de vie, liberté politique, justice sociale...

Autres mesures du niveau de vie • Indice de développement humain (IDH) • Indice de richesse globale (Inclusive Wealth Index, IWI)

CHAPITRE 4

103

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

Questions de révision Au terme de la section 4.1, Le PIB, les revenus et les dépenses, répondez aux questions 1 à 4.

Au terme de la section 4.2, Le calcul du PIB canadien, répondez aux questions 5 et 6.

1. Nommez chacun des flux désignés par les lettres Q, R, U, V, W, X et Z à la figure 1.

5. Les comptes nationaux de l’Île-du-Papier étaient tenus sur… papier. Un incendie a détruit le Bureau de statistique, et les comptes nationaux du revenu et de la production sont maintenant incomplets. On a toutefois retrouvé les données suivantes pour l’an dernier : la rémunération des salariés, 2 000 $ ; les dépenses de consommation, 2 000 $ ; les impôts moins subventions sur la production, sur les produits et sur les importations, 200 $ ; le revenu mixte brut, 800 $ ; les dépenses totales des administrations publiques, 800 $ ; l’investissement privé brut, 800 $ ; les importations, 1 800 $ ; les exportations nettes, 200 $. On a retenu vos services pour rétablir les chiffres manquants en calculant :

2. Au Pays du Futur, en 2026, les valeurs de certains des flux illustrés à la figure 1 étaient les suivantes : Q = 1 092 G$, U = 204 G$, W = 621 G$ et Z = 57 G$. Calculez : a) le PIB du Pays du Futur ; b) X. 3. Au Pays de l’Avenir, en 2026, les valeurs de certains des flux illustrés à la figure 1 étaient les suivantes : U = 1,6 G$, W = 6,2 G$, X = 1,4 G$ et Z = -0,2 G$. Calculez : a) Q ; b) R + V.

a) le PIB ; b) les exportations ; c) l’excédent d’exploitation brut.

Figure 1 MÉNAGES

Q

R

V

6. Le tableau  1 présente des données incomplètes sur les comptes nationaux pour l’année courante de trois pays : Alpha, Bêta et Gamma. Calculez les données manquantes.

MARCHÉS FINANCIERS

X

W

Tableau 1

Z

U

Poste MARCHÉS DES FACTEURS

Q

GOUVERNEMENT/ ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

R

MARCHÉS DES PRODUITS

U W

X

PAYS ÉTRANGERS

Z

Alpha

Bêta

Gamma

Montant (en G$)

Rémunération des salariés

310

Dépenses de consommation

380

Impôts moins subventions

50

Produit intérieur brut aux prix du marché

500

Dépenses totales des administrations publiques

380 400

75

55

80

75

90

Excédent d’exploitation brut

105

75

110

Exportations

20

25

15

Revenu mixte brut

30

40

30

30

90

ENTREPRISES

4. Voici des données sur l’économie du Pays Imaginaire cette année : le PIB, 100 G$ ; les impôts nets, 18 G$ ; les dépenses totales des administrations publiques, 20 G$ ; l’épargne des ménages, 15  G$ ; les dépenses de consommation, 67  G$ ; l’investissement privé brut, 21  G$ ; les exportations de biens et services, 30 G$. a) Trouvez la valeur des importations en biens et services du Pays Imaginaire. b) Trouvez la valeur des exportations nettes du Pays Imaginaire. c) Retracez le schéma de la figure 1 en y inscrivant les valeurs du Pays Imaginaire.

Investissement privé brut Importations

25

20

104

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Au terme de la section 4.3, Le PIB nominal et le PIB réel, répondez aux questions 7 à 9.

9. En 2015, le PIB nominal du Canada s’élevait à 1 986 G$, et le PIB réel (en dollars de 2007), à 1 768 G$. Le PIB réel de 2007 (en dollars de 2007) se chiffrait à 1 582 G$.

7. Le tableau 2 présente les données relatives au PIB de la Syldavie pour l’année 2027.

a) Calculez l’indice implicite des prix du PIB de 2007 et de 2015. b) Quel a été le pourcentage d’augmentation du niveau des prix entre 2007 et 2015 ? c) Quel a été le pourcentage d’augmentation du PIB réel entre 2007 et 2015 ? d) Quel a été le pourcentage d’augmentation du PIB nominal entre 2007 et 2015 ?

Tableau 2 Montant (en G$)

Poste Rémunération des salariés

352

Revenu mixte brut

119

Excédent d’exploitation brut

150

Impôts moins subventions

109

Dépenses de consommation

433

Investissement privé brut

111

Dépenses totales des administrations publiques

165

Exportations nettes

21

Produit intérieur brut en 2026

690

Indice implicite des prix du PIB de 2026

115

Indice implicite des prix du PIB de 2027

125

a) Calculez le PIB aux prix du marché pour l’année 2027 selon la méthode des revenus. b) Calculez le PIB aux prix du marché pour l’année 2027 selon la méthode des dépenses. c) Calculez le PIB réel en 2026 et en 2027. d) Quel a été le taux de croissance du PIB réel en 2027 ? 8. Le tableau 3 présente des données incomplètes sur l’économie de Futurama. Calculez les données manquantes.

Tableau 3 Année

PIB nominal PIB réel (en G$)

2021

1 107

2022

1 153

2023 1 291

2025

1 375

2026

1 036 100,0 1 174

2024

IIP

103,3 106,6

1 247 1 282

112,8

Au terme de la section 4.4, Le PIB nominal et le PIB réel, répondez à la question 10. 10. Le 20  avril 2010, l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique a provoqué le déversement d’environ 4,9 millions de barils de pétrole dans l’eau (soit l’équivalent de 780 millions de litres), créant une marée noire qui a affecté les écosystèmes et les économies de la Louisiane (premier producteur de crevettes aux États-Unis) et de la Floride, menaçant plus de 400  espèces marines (baleines, dauphins, lamantins, etc.) et de nombreuses espèces d’oiseaux (aigrettes, hérons, etc.). Ce n’est qu’après plusieurs tentatives infructueuses que la fuite a enfin été colmatée, le 19 septembre 2010. a) Comment le désastre écologique produit par ce déversement a-t-il été comptabilisé dans les comptes nationaux des États-Unis ? b) Les comptes nationaux tiennent-ils correctement compte des effets d’un tel désastre écologique sur le niveau de vie des gens qui en ont subi les conséquences ? Justifiez votre réponse.

CHAPITRE 4

LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE

105

Appliquez vos savoir-faire Le PIB et l’économie criminelle11 En septembre 2014, Eurostat a demandé aux pays membres de l’Union européenne d’inclure dans le calcul de leur PIB la valeur des activités liées à la drogue, à la prostitution, ainsi qu’à la contrebande d’alcool et de tabac. Ces activités stimulent l’économie puisque les revenus qu’elles génèrent sont dépensés et créent des revenus à leur tour. Ce sont des activités illicites difficilement mesurables. Pour intégrer la valeur de ces activités au calcul du PIB, il faut procéder à des estimations. En 1987, l’Italie a inclus la valeur du travail au noir, ce qui a fait bondir son PIB de 11  %, dépassant même celui de la Grande-Bretagne comme quatrième économie européenne. On estime qu’inclure la drogue, la prostitution et la contrebande d’alcool et de cigarettes ferait augmenter le PIB de l’Italie de 20 %, et ceux de la France et de la Grande-Bretagne, de 3 % et de 1 %, respectivement. Au Canada, le PIB augmenterait de 5 %.

À cause de son caractère illicite, la valeur exacte de l’économie criminelle est difficile à mesurer.

a) Comment peut-on intégrer la valeur des activités économiques issues de la drogue, de la prostitution et de la contrebande d’alcool et de tabac dans le calcul du PIB ? b) De quelle manière l’inclusion de la valeur de ces activités issues de l’économie criminelle affecterait-elle la valeur du PIB de l’Italie, de la France, de la Grande-Bretagne et du Canada ? c) Est-ce que le fait d’inclure la valeur des activités issues de l’économie criminelle ferait du PIB un indicateur plus juste de l’activité économique ? Justifiez votre réponse.

MOTS CLÉS Bien ou service final, 82 Bien ou service intermédiaire, 82 Dépenses de consommation, 84 Dépenses totales des administrations publiques, 84 Dépréciation (ou consommation de capital fixe), 89 Exportations de biens et services, 85 Exportations nettes de biens et services, 85 Importations de biens et services, 85

Impôts nets, 85 Indice implicite des prix du PIB (IIP), 92 Investissement privé brut, 84 Produit intérieur brut (PIB), 82 Produit intérieur brut (PIB) nominal, 92 Produit intérieur brut (PIB) réel, 92 Produit intérieur brut (PIB) réel par habitant, 97

11. RDI Économie, Drogue, sexe et PIB, Entrevue avec François Delorme, économiste [en ligne] www.facebook.com/rdieconomie/videos/292743114244567/ (page consultée le 1er février 2016).

106

CHAPITRE 5

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

PARTIE 2

LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

COMBIEN D’ARGENT VOUS FAUT-IL POUR VIVRE ? VOUS TRAVAILLEZ POUR GAGNER NOTRE VIE ET dépensez pour vous nourrir, vous loger, vous habiller, vous déplacer, vous divertir… Vos revenus suivent-ils l’augmentation des prix? Pas toujours! Surtout lorsque vous vous retrouvez sans emploi, en chômage. Combien d’argent vous faut-il pour subvenir à vos besoins? Comment le savoir? Le principal indicateur de l’évolution du coût de la vie est l’indice des prix à la consommation (IPC) que Statistique Canada publie tous les mois. Dès que l’IPC est connu, les analystes des médias s’empressent de spéculer sur les causes des  dernières variations des prix, sur leurs répercussions dans l’ensemble de l’économie et sur les mesures que prendra la Banque du Canada par rapport aux taux d’intérêt. Il en va de même pour les résultats de l’Enquête sur la population active, qui dresse tous les mois le portrait du marché du travail canadien et nous renseigne sur le taux de chômage.

SOMMAIRE

Dans ce chapitre, nous nous concentrerons sur les mesures du coût de la vie et du chômage. Comment Statistique Canada mesure-t-il le niveau des prix, le taux d’inflation et les principaux indicateurs du marché du travail ?

5.1

COUP D’ŒIL SUR LE PASSÉ

COUP D’ŒIL

5.2

SUR LE PASSÉ

L’indice des prix à la consommation

148 ans d’inflation et de déflation au Canada

Valeurs nominales et valeurs réelles

Les salaires nominaux et les salaires réels des premiers ministres du Canada

p. 108

p. 112

p. 114

p. 116

CHAPITRE 5

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

107

SAVOIR-FAIRE 1

Définir l’indice des prix à la consommation (IPC) et le taux d’inflation, et expliquer comment ils se calculent

2

Corriger des valeurs monétaires pour tenir compte de l’inflation : le salaire réel et le taux d’intérêt réel

3

Expliquer les principaux indicateurs du marché du travail et leur calcul, et distinguer les divers types de chômage

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5.3

COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

Les indicateurs du marché du travail

COMBIEN D’ARGENT VOUS FAUT-IL POUR VIVRE ?

Le taux de chômage au Québec

Le chapitre 5 en bref

p. 118

p. 122

p. 123

p. 125

108

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

5.1 Indice des prix à la consommation (IPC) Indicateur de l’évolution du niveau moyen des prix d’un panier fixe de biens et services consommés par un ménage type au cours d’une période donnée.

Coût de la vie Quantité d’argent nécessaire pour se procurer des biens et services au cours d’une période donnée.

Période de base de l’IPC Période de référence pour laquelle on établit la valeur de l’IPC à 100 ; depuis mai 2007, la période de base de l’IPC est 2002.

L’INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION

L’indice des prix à la consommation (IPC) mesure l’évolution du niveau moyen des prix d’un panier fixe de biens et services consommés par un ménage type au cours d’une période donnée et, donc, du coût de la vie. Statistique Canada calcule l’IPC tous les mois, ce qui nous permet de comparer le coût actuel du panier de l’IPC à ce qu’il coûtait à une autre période. L’IPC est un indice à base 100 ; autrement dit, Statistique Canada évalue à 100 le coût du panier pour une période donnée – la période de base de l’IPC –, choisie arbitrairement. Depuis mai 2007, la période de base est 2002, ce qui signifie que l’IPC de 2002 est égal à 100. Le coût du panier de l’IPC des périodes subséquentes est établi par rapport au coût du panier de l’IPC de 2002. Par exemple, si le coût du panier de l’IPC monte de 500 $ à 520 $ d’une année à l’autre, soit une augmentation de 4 % en un an, l’IPC augmente lui aussi de 4 %, passant de 100 à 104 [(520 $ ÷ 500 $) × 100 = 104].

LA CONSTRUCTION DE L’IPC Pour construire un IPC, il faut sélectionner les biens et services qui constitueront le panier de l’IPC, relever chaque mois les prix de ces biens et services et procéder au calcul de l’IPC.

Le panier de l’IPC La première étape consiste à repérer les biens et services qui font partie des habitudes de consommation des ménages et qui constitueront le panier de l’IPC. Ce panier contient près de 600 biens et services qui sont représentés dans l’indice dans des proportions reflétant exactement leur importance relative dans la structure des dépenses d’un ménage type. Ainsi, comme les ménages dépensent plus en logement qu’en billets d’autobus, l’IPC accorde proportionnellement plus d’importance au prix du logement qu’à celui des billets d’autobus. Pour déterminer les habitudes de consommation des ménages, Statistique Canada utilise les données de deux enquêtes : l’Enquête sur les dépenses des ménages et l’Enquête sur les dépenses alimentaires. Le panier de l’IPC doit être mis à jour régulièrement (tous les quatre ou cinq ans, en moyenne) pour éviter que des changements dans les habitudes de consommation faussent les statistiques. La figure 5.1 montre la pondération du panier de l’IPC de 2013 ; les quelque 600 biens et services qu’il contient sont regroupés en huit grandes catégories. Le logement représente 26,8 % des dépenses totales du ménage type. Si on y ajoute la catégorie « Dépenses courantes, ameublement et équipement du ménage », qui inclut 13,1 % des dépenses, on arrive à près de 40 %. Viennent ensuite les transports (19,1 %) et les aliments (16,4 %). À elles seules, ces quatre composantes représentent un peu plus de 75 % des dépenses totales du ménage type. Relativement importante (10,9 %), la catégorie « Loisirs, formation et lecture » est suivie des catégories « Vêtements et chaussures », « Soins de santé et soins personnels » et « Boissons alcoolisées et produits du tabac ». Statistique Canada décompose chacune de ces huit catégories en sous-catégories. Par exemple, le dentifrice appartient à la sous-catégorie « Articles et accessoires de soins personnels », qui fait elle-même partie de la catégorie « Soins de santé et soins personnels ». Quand vous considérez l’importance relative des catégories du panier de l’IPC, souvenez-vous que les pourcentages de chacune des catégories reflètent la structure des dépenses du ménage type, et non d’un ménage ou d’un individu en particulier. Par exemple, il se peut que la catégorie « Vêtements et chaussures » représente 50 % de votre budget, alors qu’elle représente seulement 6,1  % des dépenses de l’ensemble des

CHAPITRE 5

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

109

consommateurs canadiens (le ménage type). Étant donné la pondération plus élevée de cette catégorie au sein de votre budget, une hausse des prix touchant cette catégorie affectera davantage la valeur moyenne des prix de votre panier de biens et services. Pensez à vos dépenses et amusez-vous à comparer les biens et services que vous achetez avec ceux du panier de l’IPC.

Figure 5.1

Les pondérations du panier de l’IPC de 2013

Importance relative des produits du panier de l’IPC (en pourcentage)

100

Boissons alcoolisées et produits du tabac (2,9 %) Loisirs, formation et lecture (10,9 %) Soins de santé et soins personnels (4,7 %)

80 60

Transports (19,1 %) Vêtements et chaussures (6,1 %) Dépenses courantes, ameublement et équipement du ménage (13,1 %)

40 20 0

Logement (26,8 %) Aliments (16,4 %)

Le panier de l’IPC contient les produits de consommation qu’achetait un ménage type au Canada en 2013. La pondération des catégories « Aliments » (16,4 %), « Logement » (26,8 %), « Dépenses courantes, ameublement et équipement du ménage » (13,1 %), « Vêtements et chaussures » (6,1 %) et « Transports » (19,1 %) représente 81,5 % du revenu du ménage. Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0031, Les pondérations du panier de l’Indice des prix à la consommation, occasionnel (pourcentage), modifié le 19-02-2015.

Le relevé mensuel des prix Tous les mois, Statistique Canada relève les prix des quelque 600 biens et services du panier de l’IPC chez des détaillants de 64 centres urbains disséminés dans tout le pays. Comme l’IPC vise à mesurer les variations de prix, il importe que les prix relevés d’un mois à un autre correspondent exactement au même article, ce qui n’est pas toujours évident : si le prix d’un sac d’arachides a augmenté, mais que le sac contient plus d’arachides, le prix des arachides a-t-il vraiment augmenté ? Statistique Canada doit donc noter dans leurs moindres détails les changements dans la qualité ou le conditionnement des produits afin d’isoler les variations de prix réellement attribuables à l’inflation. Après avoir recueilli les données brutes sur les prix, on passe au calcul de l’IPC.

Le calcul de l’IPC Le calcul de l’IPC se fait en trois étapes. • On trouve le coût du panier de l’IPC aux prix de la période de base. • On trouve le coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante. • On calcule l’IPC pour la période de base et pour la période courante. Pour simplifier, supposons que le panier de l’IPC ne contient que deux biens et services : des oranges et des billets de cinéma. Toujours pour simplifier, construisons l’IPC annuel (plutôt que mensuel) en prenant l’année 2002 comme période de base et l’année 2015 comme période courante. La partie (a) du tableau 5.1 présente, à titre d’exemple, les données pour la période de base. En 2002, les consommateurs ont acheté 10 oranges à 1 $ l’unité et 5 billets de cinéma à 8 $ l’unité. Afin de calculer le coût du panier de l’IPC pour la période de base, on multiplie les quantités par les prix de cette période. Ainsi, les oranges coûtent 10 $ (10 × 1 $), et les billets de cinéma, 40 $ (5 × 8 $). La dépense totale pour le panier de l’IPC aux prix de la période de base est donc de 50 $ (10 $ + 40 $).

110

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

La partie (b) du tableau 5.1 présente les données pour la période courante. Supposons qu’en 2015 le prix d’une orange est passé de 1 $ à 2 $, et le prix d’un billet de cinéma, de 8 $ à 10 $. Pour calculer le coût du panier de la période courante, on multiplie les quantités de 2002 par les prix de 2015. Ainsi, le coût des oranges est de 20 $ (10 × 2 $), et le coût des billets de cinéma, de 50 $ (5 × 10 $). Le coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante est donc de 70 $ (20 $ + 50 $). À la troisième étape, nous utilisons ces chiffres pour trouver l’IPC de 2002 et de 2015 à l’aide de la formule suivante : IPC =

Coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante Coût du panier de l’IPC aux prix de la période de base

× 100

IPC en 2002 = (50 $ ÷ 50 $) × 100 = 100 Comme le coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante et celui du panier de l’IPC aux prix de la période de base sont identiques, la valeur de l’IPC sera toujours égale à 100 pour la période de base.

IPC en 2015 = (70 $ ÷ 50 $) × 100 = 140 Comme le coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante est supérieur à celui du panier de l’IPC aux prix de la période de base, la valeur de l’IPC est supérieure à 100 pour la période courante. Dans le cas contraire, la valeur de l’IPC serait inférieure à 100. L’IPC permet de faire la moyenne de ces prix en comparant le coût du panier plutôt que le prix des articles. Cette méthode simplifiée est utilisée tous les mois par Statistique Canada pour calculer l’IPC.

Tableau 5.1

L’IPC : un calcul simplifié

(a) Coût du panier de l’IPC aux prix de la période de base (2002) Panier de l’IPC Quantité

Prix

Coût du panier de l’IPC

Oranges

10

1 $ l’unité

10 $

Billets de cinéma

5

8 $ l’unité

Article

Coût du panier de l’IPC aux prix de la période de base

(b) Coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante (2015) Panier de l’IPC Quantité

Prix

Coût du panier de l’IPC

Oranges

10

2 $ l’unité

20 $

40 $

Billets de cinéma

5

10 $ l’unité

50 $

50 $

Coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante

Article

70 $

Une moyenne pondérée des variations de prix Selon nos calculs, entre 2002 et 2015, le prix de notre panier de l’IPC composé d’oranges et de billets de cinéma a augmenté de 40 % [(140 – 100) ÷ 100 × 100]. Comment peut-on arriver à une augmentation de 40 % du coût du panier, alors que les oranges ont augmenté de 100 %, et les billets de cinéma, de 25 % ? L’augmentation du coût du panier ne devrait-elle pas être égale à la moyenne de ces deux augmentations de prix, soit 62,5 % ? La réponse à cette question est non. Comme les dépenses en oranges et celles en billets de cinéma n’ont pas la même importance relative dans le coût du panier pour l’année de base, on ne peut pas utiliser la moyenne arithmétique simple pour calculer la hausse du prix du panier. Qui accorderait la même importance à une hausse de 10 % du prix des allumettes qu’à une hausse de 10 % du prix du logement ? De toute évidence, cette dernière aurait une incidence beaucoup plus grande sur notre budget. De même, pour calculer le pourcentage d’augmentation du niveau des prix, il faut utiliser une moyenne pondérée, c’est-à-dire qui tient compte du poids – ou facteur de pondération – de chaque bien dans le panier de l’IPC.

CHAPITRE 5

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

111

L’IPC permet, entre autres choses, de mesurer les variations du coût de la vie.

Ainsi, le tableau 5.1(a) révèle que les dépenses en oranges (10 $) représentent 20 % [(10 $ ÷ 50 $) × 100] du coût du panier ; le facteur de pondération est donc de 0,2. Quant aux dépenses en billets de cinéma, elles représentent 80 % [(40 $ ÷ 50 $) × 100] du coût du panier ; le facteur de pondération est donc de 0,8. Si on calcule le pourcentage d’augmentation du coût du panier en pondérant chaque hausse de prix selon l’importance relative du bien concerné dans le panier initial, on obtient 40 % [(100 % × 0,2) + (25 % × 0,8)], soit la moyenne pondérée de l’augmentation du prix des oranges et des billets de cinéma. D’après Statistique Canada, l’IPC était de 126,6 en 2015, ce qui indique que le niveau moyen du prix du panier de biens et services consommés par un ménage type avait augmenté de 26,6 % par rapport à 2002.

LA MESURE DE L’INFLATION L’IPC permet, entre autres choses, de mesurer les variations du coût de la vie. Si l’IPC augmente, il y a inflation (augmentation généralisée des prix) ou hausse du coût de la vie. Si l’IPC diminue, il y a déflation (baisse généralisée des prix) ou baisse du coût de la vie. Pour mesurer les variations de l’IPC, on calcule le taux d’inflation, c’est-à-dire le pourcentage de variation du niveau des prix mesuré par l’IPC d’une année à une autre, selon la formule suivante :

Taux d’inflation =

(IPC de l’année courante – IPC de l’année précédente) IPC de l’année précédente

Le taux d’inflation, qui mesure le changement relatif (en %) de l’IPC, est une moyenne pondérée des variations de prix survenues dans l’économie au cours d’une période donnée. En 2014, l’IPC s’établissait à 125,2. La comparaison des IPC de 2014 et de 2015 révèle donc que la moyenne des prix du panier de biens et services consommés par un ménage type avait augmenté de 1,1 % :

1.

Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0021 et produit no 62-001-X au catalogue, Indice des prix à la consommation, aperçu historique, par province et territoire (2011 à 2015), modifié le 22-01-2016.

Situation où le coût de la vie monte.

Déflation Situation où le coût de la vie baisse.

Taux d’inflation Pourcentage de variation du niveau des prix (mesuré par l’IPC) d’une année à une autre.

× 100

Saviez-vous que… Au Québec, l’IPC est passé de 121,7 en 2013 à 123,4 en 2014, puis à 124,7 en 20151. Quels étaient les taux d’inflation en 2014 et en 2015 ? Le Québec était-il en déflation durant cette période ? RÉPONSE

Taux d’inflation en 2015 = [(126,6 – 125,2) ÷ 125,2] × 100 = 1,1 %

Inflation

Au Québec, le taux d’inflation était de 1,4 % [(123,4– 121,7) ÷ 121,7 × 100] en 2014 et de 1,0 % [(124,7 – 123,4) ÷ 123,4 × 100] en 2015. La province n’a pas connu de déflation durant cette période puisque l’IPC n’a cessé de croître.

112

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Coup d’œil SUR LE PASSÉ

148 ans d’inflation et de déflation au Canada La figure ci-dessous montre les variations du niveau général des prix au Canada depuis la  Confédération canadienne jusqu’en 20152. À part quelques poussées inflationnistes, la période qui va jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale (1914-1918) se caractérise par la déflation (des taux d’inflation négatifs) ou des hausses de prix très modérées. Les Années folles (1916-1920) se terminent abruptement avec la crise de 1920-1922, marquée par un effondrement boursier, une baisse importante de l’activité économique et une chute brutale des prix, qui se poursuit jusqu’en 1924. Les hausses de prix restent faibles durant les six années suivantes, jusqu’à la Grande Dépression des années 1930, une crise encore plus grave que celle de 1920 et qui se prolongera jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945). En 1947 et 1948, le boom de l’après-guerre entraîne une poussée inflationniste importante, qui se résorbe jusqu’à ce que la guerre de Corée (1950-1953) dope nos exportations vers les États-Unis et pousse les prix à la hausse. Les deux décennies suivantes sont relativement calmes jusqu’à la poussée inflationniste de 1972 à 1982. Durant cette décennie, l’État canadien semble avoir perdu la maîtrise de ses dépenses et des prix. La Banque du Canada parvient à

De la crise de 1920-1922 jusqu’à la Grande Dépression des années 1930, les hausses de prix restent faibles.

juguler l’inflation en augmentant les taux d’intérêt de façon draconienne au début des années 1980, mais cette intervention précipite l’économie canadienne dans la plus forte récession qu’elle a connue depuis la Deuxième Guerre mondiale. L’économie s’en remet difficilement vers la fin des années 1980, puis est précipitée dans une deuxième récession en 19901992. Au sortir de cette dernière, le gouvernement fédéral et la Banque du Canada adoptent une politique conjointe de réduction de l’inflation basée sur l’atteinte d’une cible explicite d’inflation (2 %). Comme le montre la figure, cette politique, qui est toujours en vigueur, a été particulièrement efficace pour contrer l’inflation, mais n’a pas empêché la récession de 2008-2009. De 1867 à 2015, le Canada a-t-il connu des périodes de déflation ? Combien de fois le taux d’inflation a-t-il été inférieur à 0 % ? Supérieur à 10 % ? Depuis 1987, quel est le taux d’inflation au Canada ?

Le taux d’inflation au Canada depuis 1867 Taux d’inflation (en pourcentage par année)

16 14 12 10 8 6 4 2 0 2 4 6 8 10 12 1867

2.

1887

1907

1927

1947

1967

1987

2007 Année

Comme le calcul de l’IPC a débuté en 1914, les variations du niveau général des prix de 1867 à 1914 ont été estimées à l’aide de l’indice des prix de gros (excluant l’or), dont les données remontent à 1867. Nous remercions M. Charles Morissette de Statistique Canada de son aide précieuse.

Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0021, Indice des prix à la consommation (IPC) panier 2009, annuel, modifié le 22-01-2016. Statistique Canada, Statistiques historiques du Canada, séries K33-43, no 11-516-XIF au catalogue, édition 1965.

CHAPITRE 5

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

113

5.1 1 Définir l’indice des prix à la consommation (IPC) et le taux d’inflation, et expliquer comment ils se calculent

EXERCEZ-VOUS 1. L’Enquête sur les dépenses des ménages à Ville-Maigre révèle que les gens n’y consomment que du jus et du tissu. En 2014, année de l’enquête qui sert aussi de période de base, le ménage type a dépensé 60 $ en jus et 40 $ en tissu. Le prix du jus était de 4 $ la bouteille, et celui du tissu, de 10 $ le mètre. En 2015, l’année courante, le prix du jus est de 5 $ la bouteille, et celui du tissu, de 11 $ le mètre. a) Quelle était la composition du panier de l’IPC en 2014 ? b) Calculez le facteur de pondération de chacun des biens du panier en 2014. c) Calculez l’IPC en 2014 et en 2015. d) Trouvez le taux d’inflation en 2015 en calculant le pourcentage de changement relatif du coût du panier de 2014 à 2015. e) Montrez que le taux d’inflation calculé en d) est égal à la moyenne pondérée des variations de prix de chacun des produits du panier.

Tableau 1 Année

IPC

2013

225

2014

274

2015

310

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE 3. L’Enquête sur les dépenses des ménages à Pétard-Ville révèle que les gens n’y consomment que des pétards et des pansements. En 2014, année de l’enquête et période de base, le ménage type a dépensé 100 $ en pétards et 10 $ en pansements. En 2014, le prix des pétards était de 2 $ l’unité, et celui des pansements, de 1 $ le paquet. Dans l’année courante, 2015, le prix des pétards est de 3 $ l’unité, et celui des pansements, de 1,25 $ le paquet. a) Calculez le panier de l’IPC de la période de base, ainsi que la pondération de chacun des biens du panier. b) Calculez l’IPC et le taux d’inflation en 2015, et montrez que ce dernier est égal à la moyenne pondérée des variations de prix de chacun des produits du panier de l’IPC.

2. Le tableau 1 donne les IPC de la Haute-Slobovie de 2013 à 2015. Calculez les taux d’inflation pour 2014 et 2015. Le niveau des prix a-t-il monté ou baissé entre 2014 et 2015 ? Le taux d’inflation a-t-il monté ou baissé entre 2014 et 2015 ? RÉPONSES 1.

a)

b)

c)

Le panier de l’IPC contient les quantités achetées en 2014, année de l’enquête. Le ménage type a dépensé 60 $ en jus à 4 $ la bouteille ; il en a donc acheté 15 bouteilles. Il a aussi dépensé 40 $ en tissu à 10 $ le mètre ; il en a donc acheté 4 mètres. Le panier de l’IPC contient donc 15 bouteilles de jus et 4 mètres de tissu. En 2014, le ménage type a dépensé 60 $ en jus et 40 $ en tissu ; ses dépenses totales s’élevaient donc à 100 $. Ses dépenses en jus représentaient 60 % de ses dépenses totales [(60 $ ÷ 100 $) × 100], soit un facteur de pondération de 0,6, tandis que ses dépenses en tissu représentaient 40  % du panier [(40 $ ÷ 100 $) ×  100], soit un facteur de pondération de 0,4. L’IPC de 2014 est égal à 100, puisque 2014 est l’année de base. Pour calculer l’IPC de 2015, il faut trouver le coût du panier de l’IPC en 2014 et en 2015. En 2014, il se chiffrait à 100 $ (60 $ en jus + 40 $ en tissu), et en 2015, à 119 $ [75 $ en jus (15 bouteilles à 5 $ la bouteille) + 44 $ en tissu (4 mètres à 11 $ le mètre)]. L’IPC de 2015 est donc égal à 119 [(119 $ ÷ 100 $) × 100].

d)

2.

Pour calculer le taux d’inflation en 2015, il faut diviser la différence de l’IPC de 2015 et de l’IPC de 2014 par l’IPC de 2014, puis multiplier par 100, ce qui donne un taux d’inflation de 19 %, ou [(119 – 100)] × 100. e) De 2014 à 2015, le prix du jus a augmenté de 25 %, [(5 $ – 4 $) ÷ 4 $] × 100, et le prix du tissu a augmenté de 10 %, [(11 $ – 10 $) ÷ 10 $] × 100. En b), nous avons calculé un facteur de pondération de 0,6 pour le jus et de 0,4 pour le tissu. Donc, la moyenne pondérée de l’augmentation des prix est de 19 % [(25 % × 0,6) + (10 % × 0,4) = (15 % + 4 %)]. Le taux d’inflation en 2014 est de 21,8 %, [(274 – 225) ÷ 225] × 100. En 2015, il est de 13,1 %, [(310 – 274) ÷ 274] × 100. Entre 2014 et 2015, le niveau des prix a monté, mais le taux d’inflation a baissé.

114

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

5.2

VALEURS NOMINALES ET VALEURS RÉELLES

En 2015, poster une lettre au Canada coûtait 1,00 $. Un siècle plus tôt, en 1915, poster la même lettre ne coûtait que 0,02 $. Payez-vous vraiment 50 fois plus cher que votre arrière-grand-mère pour poster une lettre ? Vous savez bien que non. Comme le dollar de 2015 permettait d’acheter moins de choses que le dollar de 1915, un timbre ne coûtait pas vraiment 50 fois plus cher. Cela dit, le coût du timbre a-t-il augmenté depuis un siècle ? Avez-vous payé plus cher en 2015 que votre arrière-grand-mère en 1915 pour poster une lettre au Canada ? L’IPC permet de répondre à de telles questions. En fait, c’est une de ses principales raisons d’être. Voyons comment on peut comparer le prix d’un timbre en 1915 et le prix d’un timbre en 2015.

LA VALEUR DES DOLLARS ET DES CENTS À DIFFÉRENTES DATES Pour comparer des montants d’argent à différentes dates, il faut savoir quel était l’IPC à ces dates. En 2015, l’IPC était de 126,6 ; en 1915, il était de 6,1 (2002 = 100). Avec ces deux chiffres, on peut calculer la valeur relative du dollar en 1915 et en 2015. Pour ce faire, on divise l’IPC de 2015 par l’IPC de 1915. Ce ratio est égal à 126,6 ÷ 6,1 = 20,8. Autrement dit, en moyenne, les prix étaient 20,8 fois plus élevés en 2015 qu’en 1915. On peut utiliser ce ratio pour convertir le prix d’un timbre de 0,02 $ en 1915 en son équivalent en 2015 à l’aide de la formule suivante : Prix d’un timbre en dollars de 1915, converti en dollars de 2015 =

Prix d’un timbre en dollars de 1915 ×

Saviez-vous que…

RÉPONSE

En 1982, le prix moyen d’un litre d’essence était de 0,45 $ au Québec. En 2015, il avoisinait 1,10 $3. Étant donné que l’IPC est passé de 54,9 à 126,6 de 1982 à 20154, le litre d’essence est-il réellement plus cher aujourd’hui (en 2015) ? Le prix moyen d’un litre d’essence en dollars de 1982, converti en dollars de 2015, est de 1,04 $, soit [(0,45 $ × 126,6) ÷ 54,9]. Un litre d’essence coûtait donc 0,06 $ de moins en 1982 (1,04 $ en dollars de 2015) qu’en 2015 (1,10 $).

IPC en 2015 IPC en 1915

=

0,02 $ × 126,6 6,1

= 0,42 $

Le résultat (0,42 $) est égal au prix d’un timbre en 1915 (0,02 $) multiplié par le ratio de nos deux indices de prix (20,8). Poster une lettre coûtait donc réellement moins cher à votre arrière-grand-mère en 1915 (0,42 $ en valeur d’aujourd’hui) qu’à vous en 2015 (1,00 $). Ce calcul est un exemple de conversion d’une valeur nominale en une valeur réelle. Une valeur nominale s’exprime en dollars courants ; une valeur réelle, en dollars constants (en dollars d’une année de base ou de référence). Deux autres différences entre les valeurs réelles et nominales jouent un rôle crucial en macroéconomie et… dans nos vies : • •

La différence entre salaire nominal et salaire réel ; La différence entre taux d’intérêt nominal et taux d’intérêt réel.

SALAIRE NOMINAL ET SALAIRE RÉEL Salaire nominal Salaire exprimé en dollars courants.

Salaire réel Salaire exprimé en dollars constants (dollars de l’année de base), mesurant la quantité de biens et services qu’on peut se procurer.

Le prix du travail est le salaire. Le salaire nominal est le salaire exprimé en dollars courants (aux prix d’aujourd’hui). Le salaire réel est le salaire exprimé en dollars constants (aux prix de l’année de base). Pour calculer le salaire réel, on divise le salaire nominal par l’IPC de la période courante, puis on multiplie par l’IPC de l’année de base (égal à 100 par définition).

Salaire réel en 2015 =

Salaire nominal en 2015 × IPC de l’année de base IPC de 2015

3.

Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0009, Prix de détail moyens, essence et mazout, selon le centre urbain, mensuel (cents par litre), modifié le 22-07-2016.

4.

Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0021, Indice des prix à la consommation, annuel (2002-100 sauf indication contraire), modifié le 22-01-2016.¢

CHAPITRE 5

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

115

En 2015, le salaire nominal moyen se chiffrait à 855,66 $ par semaine et l’IPC était de 126,6 (2002 = 100), de sorte qu’en dollars de 2002 le salaire réel moyen était de 675,88 $ par semaine.

Salaire réel en 2015 =

855,66 $ × 100 126,6

= 675,88 $

Le salaire réel exprimé en dollars constants mesure la quantité de biens et services qu’on peut réellement se procurer ou le pouvoir d’achat. Toute variation du salaire réel permet de mesurer la variation de la quantité de biens et services qu’on peut se procurer ou du pouvoir d’achat. Par contre, une variation du salaire nomiSaviez-vous que… nal mesure la variation de la quantité de biens et services qu’on peut se procurer et la variation des prix. Le salaire réel élimine les Au 1er mai 2015, le salaire minimum au Québec effets de l’inflation, qui influence la valeur du salaire nominal.

Le salaire réel est une variable économique révélatrice, car il mesure la rétribution réelle du travail, principal déterminant du niveau de vie, ainsi que le coût réel du travail, qui influe sur la quantité de main-d’œuvre que les entreprises sont prêtes à embaucher.

est passé à 10,55 $ l’heure, soit une hausse de 0,20 $ l’heure6. Étant donné que l’IPC est passé de 123,4 à 124,7 de 2014 à 20157, quel était le salaire minimum réel en 2014 et en 2015 ? Le salaire minimum réel a-t-il augmenté ou diminué durant cette période au Québec ?

RÉPONSE

Ainsi, une hausse du salaire nominal ne signifie pas nécessairement qu’on est plus riche. Si l’inflation augmente plus vite que le salaire nominal, le salaire réel diminue. Comme la hausse du salaire nominal ne suit pas l’augmentation généralisée des prix, on s’appauvrit puisqu’on subit une baisse du pouvoir d’achat.

Le salaire minimum réel en 2014 était de 8,39 $ [(10,35 $ ÷ 123,4) × 100]. En 2015, le salaire minimum réel était de 8,46 $ [(10,55 $ ÷ 124,7) × 100]. Au Québec, le salaire minimum réel a augmenté de 0,07 $, soit d’à peine 0,8 %, de 2014 à 2015.

TAUX D’INTÉRÊT NOMINAL ET TAUX D’INTÉRÊT RÉEL Le taux d’intérêt nominal est le rendement en pourcentage de la valeur nominale d’un prêt ou d’un dépôt. Par exemple, si vous déposez 100 $ (valeur nominale) dans un compte d’épargne à la banque à un taux d’intérêt nominal de 5 % par année, vous recevrez 5 $ d’intérêt à la fin de l’année.

Taux d’intérêt nominal

Le taux d’intérêt réel est le rendement en pourcentage de la valeur réelle (pouvoir d’achat) d’un prêt ou d’un dépôt : c’est le taux d’intérêt nominal moins les effets de l’inflation. Considérons qu’à la fin de l’année, votre dépôt représente 105 $ (100 $ + 5 $ d’intérêt). Si les prix grimpent de 3 % durant l’année, il vous faudra 103 $ pour acheter ce qui vous coûtait 100 $, l’année précédente. Donc, vous n’avez gagné que 2 $ d’intérêt (105 $ - 103 $), ce qui correspond approximativement à un taux d’intérêt réel de 2 % par année.

Taux d’intérêt réel

Pour convertir un taux d’intérêt nominal en un taux d’intérêt réel, il suffit de soustraire le taux d’inflation du taux nominal. Ainsi :

Taux d’intérêt réel = Taux d’intérêt nominal – Taux d’inflation Taux d’intérêt réel = 5 % – 3 % = 2 % Si le taux d’intérêt nominal est de 5 % par année, et le taux d’inflation, de 3 % par année, le taux d’intérêt réel est de 2 % par année5 (5 % – 3 %). Par contre, si le taux d’inflation passe de 3 % à 6 %, le taux d’intérêt réel de votre dépôt devient négatif, (5 % - 6 % = -1 %). Vous vous appauvrissez, mais votre banque s’enrichit puisque le taux d’intérêt nominal de votre dépôt est inférieur au taux d’inflation.

5.

Si on tient compte de la perte de pouvoir d’achat des 2 $ d’intérêt, la formule devient la suivante : Taux d’intérêt réel = (Taux d’intérêt nominal – Taux d’inflation) ÷ [1 + (Taux d’inflation/100)] Ainsi, dans notre exemple : Taux d’intérêt réel = (5 % – 3 %) ÷ (1 + 0,03) = 1,94 %.

6.

Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, [en ligne], www. cnt.gouv.qc.ca/salaire-paie-et-travail/salaire/.

7.

Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0021 et produit no 62-001-X au catalogue, Indice des prix à la consommation, aperçu historique, par province et territoire (2011 à 2015), modifié le 22-01-2016.

Rendement en pourcentage de la valeur nominale d’un prêt ou d’un dépôt.

Rendement en pourcentage de la valeur réelle (pouvoir d’achat) d’un prêt ou d’un dépôt (soustraire le taux d’inflation du taux nominal).

116

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Coup d’œil SUR LE PASSÉ

Les salaires nominaux et les salaires réels des premiers ministres du Canada Le salaire réel d’un pilote de ligne ou d’un mineur était-il plus élevé en 2015 qu’en 1960 ? Le progrès a tellement changé la nature de ces emplois que la comparaison serait forcément boiteuse. Par contre, le travail de premier ministre n’a guère changé. La description d’emploi est restée sensiblement la même, et le stress inhérent à la fonction est probablement très similaire. Il est donc tentant de calculer les salaires réels des premiers ministres qui se sont succédé au Canada pour voir comment leur rétribution a évolué au fil des ans. La figure ci-dessous montre que le salaire nominal du premier ministre du Canada (ligne verte), qui était de 14  500 $ par année en 1906, n’a progressé que très lentement pendant presque un demi-siècle. Durant la Deuxième Guerre mondiale, l’inflation a grugé le salaire réel du premier ministre (ligne rouge). Après la guerre, la déflation (baisse des prix) a compensé une partie de ces pertes. Au début des années 1930, la chute des prix entraînée par la Grande Dépression a fait grimper le salaire (en dollars réels) de R. B. Bennett à un niveau inégalé depuis Wilfrid Laurier. Dans les trois décennies qui ont suivi, l’inflation a recommencé à éroder le salaire du premier ministre jusqu’à ce qu’il ne représente plus que la moitié de ce qu’il était à son sommet de 1933. En 1963, une augmentation de salaire de 61  % l’a ramené à peu près à son niveau de 1912 mais, après 1963, l’inflation a recommencé à grignoter le pouvoir d’achat du premier ministre, et ce, malgré plusieurs augmentations du salaire nominal. À la fin des années 1990, le salaire réel du premier ministre était revenu à son niveau de 1962.

Le salaire réel de Justin Trudeau sera-t-il inférieur ou supérieur à son salaire nominal ?

que Stephen Harper jusqu’au 1er avril 2016, date où son salaire est passé de 334 800 $ à 340 800 $, une augmentation de 1,8 %. Le salaire réel des premiers ministres du Canada a-t-il toujours été supérieur à leur salaire nominal depuis 1906 ? Pourquoi le salaire réel et le salaire nominal de Jean Chrétien étaient-ils identiques ? Pourquoi le salaire réel de Stephen Harper était-il inférieur à son salaire nominal ? Le salaire réel de Justin Trudeau sera-t-il inférieur ou supérieur à son salaire nominal ?

Les salaires des premiers ministres du Canada depuis 1903 Salaire du premier ministre (en milliers de dollars par année) 350

Toutefois, de 1997 à 2003, il a presque doublé, ce qui a fait de Jean Chrétien, de Paul Martin et de Stephen Harper les premiers ministres les mieux payés depuis Wilfrid Laurier en 1905. De 2001 à 2004, le salaire nominal du premier ministre était le même que celui du juge en chef de la Cour suprême. Depuis 2004, pour éviter l’érosion de son pouvoir d’achat, il est indexé à la moyenne des rajustements salariaux dans les grands règlements (500 employés et plus) du secteur privé. Le salaire de 334 800 $ gagné par Stephen Harper en 2015 correspond à un salaire réel de 264 455 $ en dollars de 2002, soit moins que le salaire de Jean Chrétien en 2002 (272 172 $). Le salaire nominal de Stephen Harper est resté constant de 2009 à 2012, alors que l’inflation a augmenté. Il a donc vu son salaire réel diminuer. Justin Trudeau, élu en octobre 2015, recevait le même salaire

300

Wilfrid Laurier

Richard Bennett

Justin Trudeau

Paul Martin

Lester Pearson

250

Jean Chrétien

Stephen Harper

200 150

Salaire réel

50 0

Pierre Trudeau

Louis St-Laurent

100 Salaire nominal

1903

1923

1943

1963

1983

2003

2023 Année

Sources : Bibliothèque du Parlement, Indemnités, salaires et allocations, 1er avril 2015. Statistique Canada, L’indice des prix à la consommation, CANSIM, tableau 326-0021 et produit no 62-001-X au catalogue, modifié le 22-01-2016.

CHAPITRE 5

117

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

5.2 2 Corriger des valeurs monétaires pour tenir compte de l’inflation : le salaire réel et le taux d’intérêt réel

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. Le tableau 1 donne le prix de l’essence et l’IPC pour 2000, 2007 et 2014 au Pays Vert.

4. Le tableau 2 donne le taux d’intérêt nominal et le taux d’inflation de la Basse-Slobovie de 2012 à 2015.

a) Calculez le prix réel de l’essence pour chacune de ces années en dollars de 2002.

a) Calculez le taux d’intérêt réel pour chacune de ces années.

b) Durant laquelle de ces années le prix réel de l’essence était-il le plus élevé ?

b) Le taux d’intérêt réel de la Basse-Slobovie a-t-il été négatif pour l’une ou l’autre de ces années ? Pourquoi ?

c) De combien le prix réel de l’essence a-t-il varié entre 2000 et 2014 ?

Tableau 1

2. En 2015, Fiction Industries a consenti à payer ses travailleurs 22 $ l’heure, une augmentation de 10 % par rapport au salaire horaire de 2010, qui était de 20 $. L’IPC était de 120,4 en 2010 et de 125 en 2015. a) Calculez le salaire réel en 2010 et en 2015. b) De combien le salaire réel des travailleurs de Fiction Industries a-t-il varié entre 2010 et 2015 ?

Année

Prix de l’essence (en dollars par litre)

IPC (2002 = 100)

2000

1,12

120,3

2007

1,24

144,0

2014

1,34

158,0

Année

Taux d’intérêt nominal (en pourcentage par année)

Taux d’inflation (en pourcentage par année)

2012

4

2

2013

5

1

2014

2

4

2015

3

5

Tableau 2

3. Miriam a travaillé à temps plein pendant un an afin d’économiser suffisamment d’argent pour pouvoir étudier à temps plein l’année suivante. Elle a placé ses économies dans un fonds mutuel à un taux d’intérêt nominal de 7 % par année. L’IPC était de 123 au début de l’année et de 132 à la fin. À quel taux d’intérêt réel Miriam a-t-elle placé ses économies ? RÉPONSES 1.

a) b) c)

2.

a)

Pour calculer le prix réel de l’essence en dollars de 2002, il faut diviser son prix nominal par l’IPC de chacune de ces années, puis multiplier par 100, ce qui donne 0,93 $ pour 2000, 0,86 $ pour 2007 et 0,85 $ pour 2014. C’est en 2000 que le prix réel de l’essence était le plus élevé ; celle-ci coûtait alors 0,93 $ (en dollars de 2002) par litre. Entre 2000 et 2014, le prix réel de l’essence est passé de 0,93 $ à 0,85 $ par litre, une baisse de 0,08 $, soit de 8,6 %. En 2010, le salaire réel en dollars de 2002 était de 16,61 $ l’heure [(20 $ ÷ 120,4) × 100]. En 2015, il était de 17,60 $ l’heure [(22 $ ÷ 125) × 100].

b) 3.

Le salaire réel des travailleurs n’a augmenté que de 0,99 $ l’heure, soit de 6 %. Durant l’année où Miriam a travaillé, le taux d’inflation était de 7,3  %, soit [(132 – 123) ÷ 123] × 100. Ses économies étaient placées à un taux d’intérêt réel égal au taux d’intérêt nominal (7 %) moins le taux d’inflation (7,3 %), soit à –0,3 % (7 % – 7,3 %). Miriam a donc placé ses économies à un taux d’intérêt réel négatif. (Notons que, si elle avait gardé ses économies sous son matelas, son taux d’intérêt nominal aurait été de 0 %, et son taux d’intérêt réel, de –7,3 %, ce qui aurait été encore pire.)

118

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

5.3

LES INDICATEURS DU MARCHÉ DU TRAVAIL

Tous les mois, 720 intervieweurs de Statistique Canada prennent contact avec quelque 54 000 ménages pour les interroger sur la situation d’emploi de leurs membres. Les résultats de cette Enquête sur la population active permettent à Statistique Canada de surveiller en permanence l’état du marché du travail canadien.

L’ENQUÊTE SUR LA POPULATION ACTIVE Population en âge de travailler Ensemble des personnes âgées de 15 ans et plus.

La figure 5.2 présente les données sur la population canadienne en 2015. Statistique Canada divise la population en deux groupes : celle qui est en âge de travailler et celle qui ne l’est pas. L’expression population en âge de travailler désigne l’ensemble des personnes âgées de 15 ans et plus8. En 2015, au Canada, on estimait cette population à 29,280 millions d’individus. La population en âge de travailler se divise à son tour en deux groupes : la population active et la population inactive (les inactifs). La population active se compose de l’ensemble des personnes occupées et des chômeurs. En 2015, la population active du Canada comptait 19,278 millions de personnes, et la population inactive, 10,002 millions de personnes, dont certaines étudiaient à temps plein ou étaient à la retraite et n’occupaient aucun emploi.

Population active Ensemble des personnes occupées et des chômeurs.

La population active se divise en deux groupes : les personnes occupées et les chômeurs. En 2015, la population active canadienne se composait de 17,947 millions de personnes occupées et de 1,331 million de chômeurs.

Figure 5.2

Données sur la population canadienne en 2015

Population totale (35,9 millions) Population en âge de travailler (29,280 millions) Population de moins de 15 ans (6,620 millions)

Population active (19,278 millions) Chômeurs (1,331 million)

Personnes occupées (17,947 millions)

0

5

10

15

20

25

Population inactive (10,002 millions)

30

35

La population en âge de travailler se divise en deux groupes : la population active et la population inactive. La population active se divise à son tour en deux groupes : les personnes occupées et les chômeurs. Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableaux 282-0002 et 282-0022, Caractéristiques de la population active, emploi et chômage, modifié le 08-01-2016. Statistique Canada, CANSIM, tableau 051-0001, Estimations de la population, selon le groupe d’âge et le sexe au 1er juillet, Canada, provinces et territoires, annuel (personnes sauf indication contraire), modifié le 28-09-2015.

40

Population (en millions)

LA NOMENCLATURE DE L’ENQUÊTE Selon la nomenclature de l’Enquête sur la population active, fait partie des personnes occupées toute personne qui, dans la semaine précédant l’enquête : • A fait un travail rémunéré quelconque pour un employeur ou à son propre compte (cela comprend aussi le travail familial non rémunéré, c’est-à-dire le travail non rémunéré pour une entreprise dirigée ou gérée par un membre du ménage) ; 8.

Ce groupe exclut les militaires, les personnes institutionnalisées, les habitants du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut, ainsi que les résidents des réserves amérindiennes. Ces personnes soit ne peuvent faire partie du marché du travail, soit travaillent dans des conditions qui ne sont pas représentatives de celles du marché du travail canadien. On désigne souvent la population en âge de travailler par l’expression population civile hors institutions de 15 ans et plus (ou P15+).

CHAPITRE 5

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

119

• Avait un emploi, mais n’était pas au travail à cause d’une maladie ou d’une incapacité, pour obligations personnelles ou familiales, pour des vacances ou à la suite d’un conflit de travail. Selon cette même nomenclature, fait partie des chômeurs toute personne qui, dans la semaine précédant l’enquête, était sans emploi et disponible pour travailler, et satisfaisait à l’une des trois conditions suivantes : • Avoir été mise à pied temporairement, mais s’attendre à être rappelée au travail et être disponible pour travailler ; • Être sans emploi, avoir activement cherché un emploi au cours des quatre dernières semaines et être disponible pour travailler ; • Avoir été engagée pour un nouvel emploi, être appelée à s’y présenter dans les quatre semaines à compter de la semaine de référence et être disponible pour travailler. Toute personne en âge de travailler qui, selon les critères précédents, n’est ni occupée ni chômeur est exclue de la population active.

LES TROIS PRINCIPAUX INDICATEURS DU MARCHÉ DU TRAVAIL À partir des données de l’Enquête sur la population active, Statistique Canada calcule plusieurs indicateurs de l’état du marché du travail, notamment : • Le taux d’activité ; • Le taux d’emploi ; • Le taux de chômage.

Le taux d’activité Le nombre de personnes qui composent la population active sert d’indicateur de la volonté des personnes en âge de travailler à trouver un emploi. Le taux d’activité est le pourcentage de la population active au sein de la population en âge de travailler :

Taux d’activité =

Population active Population en âge de travailler

Taux d’activité Pourcentage de la population active au sein de la population en âge de travailler.

× 100

En 2015, la population active comptait 19,278 millions de personnes, et la population en âge de travailler, 29,280  millions. On calcule donc le taux d’activité en 2015 comme suit :

Taux d’activité =

19,278 millions 29,280 millions

× 100 = 65,8 %

Le taux d’emploi Le taux d’emploi, aussi appelé rapport emploi-population, mesure le pourcentage de personnes occupées au sein de la population en âge de travailler. On le calcule selon la formule suivante :

Taux d’emploi =

Personnes occupées Population en âge de travailler

× 100

En 2015, la population en âge de travailler comptait 29,280 millions de personnes, dont 17,947 millions étaient occupées. Le taux d’emploi était donc de 61,3 % :

Taux d’emploi =

17,947 millions 29,280 millions

× 100 = 61,3 %

Taux d’emploi Pourcentage de personnes occupées au sein de la population en âge de travailler.

120

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Le taux de chômage Chômage Situation d’une personne, d’une entreprise ou d’un secteur de l’activité économique caractérisée par le manque de travail.

L’ampleur du chômage révèle la disponibilité des emplois sur le marché du travail – la difficulté qu’éprouvent les personnes qui cherchent un emploi à en trouver un. Le taux de chômage est le pourcentage de chômeurs au sein de la population active. Autrement dit :

Taux de chômage

Taux de chômage =

Pourcentage de chômeurs au sein de la population active.

Nombre de chômeurs Population active

× 100

En 2015, le nombre de chômeurs s’élevait à 1,331 million, et la population active comptait 19,278 millions de personnes. On calcule donc le taux de chômage en 2015 comme suit :

Taux de chômage =

1,331 million 19,278 millions

× 100 = 6,9 %

LES TRAVAILLEURS À TEMPS PARTIEL INVOLONTAIRE Travailleur à temps plein Personne qui travaille habituellement 30 heures ou plus par semaine.

Travailleur à temps partiel Personne qui travaille habituellement moins de 30 heures par semaine.

Travailleur à temps partiel involontaire Travailleur à temps partiel qui veut du travail à temps plein, mais n’en trouve pas.

L’Enquête sur la population active mesure aussi le nombre de travailleurs à temps plein et de travailleurs à temps partiel. Les travailleurs à temps plein sont ceux qui travaillent habituellement 30 heures ou plus par semaine, et les travailleurs à temps partiel, ceux qui travaillent habituellement moins de 30 heures par semaine. En 2015, la population occupée comptait 17,947 millions de personnes ; de ce nombre, 14,559 millions travaillaient à temps plein, et 3,388 millions, à temps partiel. Dans le chômage partiel, les travailleurs à temps partiel involontaire, c’est-à-dire les travailleurs à temps partiel qui veulent du travail à temps plein, mais n’en trouvent pas, ne sont pas considérés comme des chômeurs. Le taux de chômage sous-estime donc le taux de chômage réel9.

LES TRAVAILLEURS DÉCOURAGÉS Les trois indicateurs que nous venons d’étudier sont conçus pour être utilisés conjointement. S’en tenir au seul taux de chômage, comme le font souvent les médias, peut être trompeur.

Travailleur découragé (ou chercheur d’emploi découragé) Personne sans emploi, disponible et désireuse de travailler, mais qui n’était pas activement à la recherche d’un emploi au cours des quatre dernières semaines.

Par exemple, une baisse du taux de chômage n’est pas nécessairement une bonne nouvelle ; elle peut indiquer que les conditions du marché du travail sont tellement moroses que de nombreuses personnes ont cessé de chercher activement un emploi et ont rejoint les inactifs. On appelle travailleurs découragés (ou chercheurs d’emploi découragés) ces personnes sans emploi, disponibles et désireuses de travailler, mais qui n’étaient pas activement à la recherche d’un emploi au cours des  quatre dernières semaines. Comme elles ne sont plus recensées comme chômeurs, le taux de chômage diminue. Dans une telle situation, le taux d’emploi et le taux d’activité seraient à la baisse. À l’inverse, une hausse du taux de chômage n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle. À la fin d’une récession, plusieurs travailleurs découragés reviennent sur le marché du travail. Comme ils n’ont pas encore d’emploi et qu’ils sont activement à la recherche d’un emploi, ils sont recensés comme chômeurs, et le taux de chômage augmente. Dans une telle situation, le taux d’activité de la population augmente et, par la suite, le taux d’emploi aussi. 9.

Pour mesurer l’étendue de ce type de sous-emploi, Statistique Canada calcule le taux de travail à temps partiel involontaire, c’est-à-dire le pourcentage de la population active qui occupe un emploi à temps partiel, mais qui désire un emploi à temps plein, selon la formule suivante : Nombre de travailleurs à temps partiel involontaire Taux de travail à temps = partiel involontaire Population active

× 100

CHAPITRE 5

LES TYPES DE CHÔMAGE Selon ses causes, on distingue quatre types de chômage : • • • •

Le chômage frictionnel ; Le chômage structurel ; Le chômage saisonnier ; Le chômage cyclique.

121

Saviez-vous que… En 2015, la population québécoise âgée de 15 ans et plus comptait 6 843 300 personnes, la population à l’emploi, 4 097 000 personnes, et la population en chômage, 337 200 personnes10. Quels étaient le taux de chômage, le taux d’activité et le taux d’emploi au Québec ? RÉPONSE

Le chômage frictionnel

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

On appelle chômage frictionnel le chômage qui résulte de En 2015, le taux de chômage s’établissait à 7,6 %, soit [337 200 ÷ (4 097 000 + 337 200) × 100]. Le taux d’activité était la mobilité normale de la main-d’œuvre. Deux raisons de 64,8 %, soit [(4 097 000 + 337 200) ÷ 6 843 300 × 100]. Enfin, expliquent cette mobilité. Premièrement, des personnes le taux d’emploi représentait 59,9 % de la population en âge de travailler au Québec et était calculé ainsi : [(4 097 000 ÷ intègrent ou quittent tous les jours le marché du travail 6 843 300) × 100]. (finissants en quête d’un premier emploi, retours aux études, congés de maternité ou de paternité, etc.). Deuxièmement, le roulement des entreprises entraîne inévitablement la création et l’élimination continuelle d’emplois. Ce type de chômage est un phénomène Chômage frictionnel Chômage qui résulte de la permanent et sain dans une économie dynamique et en croissance. mobilité normale de la mainIl suffit de lire le journal ou d’aller sur un des nombreux sites web spécialisés pour constater qu’il y a toujours des postes vacants et des personnes en quête de travail. En général, les employeurs n’embauchent pas le premier venu, et les chômeurs ne sautent pas sur le premier emploi vacant ; les uns comme les autres essaient plutôt de trouver ce qu’ils pensent leur convenir le mieux. La recherche d’emploi permet aux personnes au chômage de trouver un travail qui correspond à leurs compétences, à leurs champs d’intérêt et à leurs exigences salariales ; entre-temps, ils sont en chômage frictionnel.

d’œuvre, c’est-à-dire du fait que des gens intègrent ou quittent continuellement le marché du travail.

Le chômage structurel Le chômage structurel apparaît quand le progrès technologique ou la concurrence internationale change les compétences requises pour occuper un emploi ou modifie la localisation des emplois. Comme ce type de chômage oblige les travailleurs à se recycler et peut-être à déménager pour trouver un nouvel emploi, ces épisodes sont habituellement plus longs que ceux du chômage frictionnel. Par exemple, si on automatise un central téléphonique à Halifax, certains emplois disparaissent dans cette ville. Entre-temps, de nouveaux emplois dans la vente d’assurance et la vente au détail se créent au Québec, en Alberta et en Colombie-Britannique. Après quelques mois de chômage, les ex-téléphonistes se résignent à déménager, à se recycler et à accepter un de ces nouveaux emplois. Le chômage structurel est une douloureuse épreuve, en particulier pour les travailleurs plus âgés, souvent forcés de prendre une retraite précoce avec un revenu inférieur à celui qu’ils escomptaient.

Chômage structurel Chômage qui apparaît quand le progrès technologique ou la concurrence internationale change les compétences requises pour occuper un emploi ou modifie la localisation des emplois.

Le chômage saisonnier Comme son nom l’indique, le chômage saisonnier résulte de la baisse du nombre d’emplois en raison de contraintes saisonnières. Au Canada, ce type de chômage augmente l’hiver et diminue au printemps et à l’été. Le travailleur agricole qu’on licencie après la récolte automnale et qu’on réembauche l’été suivant est en chômage saisonnier. Au Canada, environ 200 000 travailleurs sont en chômage saisonnier tous les hivers.

Chômage saisonnier Chômage qui résulte de la baisse du nombre d’emplois en raison de contraintes saisonnières.

Le chômage cyclique Le terme chômage cyclique (ou conjoncturel) désigne le chômage dont les fluctuations coïncident avec celles du cycle économique ; il augmente en période de récession et diminue en période d’expansion. Le travailleur de l’automobile qu’on licencie quand l’économie entre en récession et qu’on réembauche quand une reprise s’amorce quelques mois plus tard est en chômage cyclique. 10. Statistique Canada, CANSIM, tableau 282-0002, Enquête sur la population active (EPA), estimations selon le sexe et le groupe d’âge détaillé, annuel (personnes sauf indication contraire), modifié le 08-01-2016.

Chômage cyclique (ou conjoncturel) Chômage dont les fluctuations coïncident avec celles du cycle économique ; augmente en période de récession et diminue en période d’expansion.

122

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

LE PLEIN-EMPLOI Plein-emploi Situation où l’économie produit à pleine capacité en utilisant efficacement toutes ses ressources et où il n’y a aucun chômage cyclique.

Taux de chômage naturel Taux de chômage observé en situation de plein-emploi (addition des chômages frictionnel et structurel).

Le chômage peut être élevé même en situation de plein-emploi. Une économie est en situation de plein-emploi quand elle produit à sa pleine capacité, en utilisant efficacement toutes ses ressources productives (main-d’œuvre, technologie, terre, capital et autres facteurs de production). Cependant, même dans ces conditions, certains travailleurs peuvent encore être sans emploi. Le plein-emploi ne résorbe que le chômage cyclique ; les chômages frictionnel, structurel et saisonnier perdurent. Le taux de chômage naturel est le taux observé en période de plein-emploi. Comme Statistique Canada publie chaque mois un taux de chômage désaisonnalisé pour tenir compte des variations saisonnières, le taux de chômage naturel équivaut à l’addition du chômage structurel et du chômage frictionnel. Si l’économie n’est pas au plein-emploi, l’écart entre le taux de chômage observé et le taux de chômage naturel s’explique par le chômage cyclique. Il n’existe aucune mesure fiable du taux de chômage naturel. La plupart des économistes considèrent que ce taux fluctue et qu’il peut être élevé durant les périodes de changements démographiques ou structurels rapides. Au Canada, le taux de chômage naturel se situait probablement autour de 9 % au début des années 1990. Présentement, il serait d’environ 6 %.

COMBIEN D’ARGENT VOUS FAUT-IL POUR VIVRE ? Votre revenu est-il suffisant pour faire face au coût de la vie ? Votre situation sur le marché du travail détermine votre revenu, alors que le taux d’inflation détermine la variation du coût de la vie. Toute baisse de votre revenu ou toute hausse du taux d’inflation réduit votre pouvoir d’achat. Quelle est votre situation sur le marché du travail ? Il y a de fortes chances que vous travailliez dans le secteur des services – à condition, bien sûr, que vous ayez trouvé du travail. Il est probable que, d’ici votre retraite, vous occupiez plus d’un emploi. En effet, il se peut que vous décidiez d’en quitter un ou que votre poste disparaisse si l’économie est en récession. Vous vous mettrez alors en quête d’un nouveau travail.

Bref, dans le monde d’aujourd’hui, la situation de l’emploi fluctue. Il est possible que vous changiez de travail et même que vous vous retrouviez momentanément en chômage durant certaines périodes. Considérez votre situation actuelle sur le marché du travail. Faites-vous partie de la population active ? Cherchez-vous un emploi ? Si non, avez-vous un emploi ? Le cas échéant, travaillez-vous à temps partiel ou à temps plein ? Quel est le taux d’inflation au pays ? Statistique Canada recueille tous les mois les données nécessaires à l’établissement de la valeur de l’IPC (ou du coût de la vie) et du taux d’inflation (vitesse à laquelle le niveau général des prix augmente). En prenant connaissance de ce dernier taux, vous serez en mesure de savoir si l’augmentation de votre revenu est supérieure ou inférieure à la hausse du coût de la vie.

Pour connaître l’état du marché du travail et le niveau de l’inflation dans l’ensemble du pays ou dans votre région, visitez le site de Statistique Canada, www.statcan.gc.ca. Vous y trouverez des données concernant la situation du marché du travail et de l’inflation au Canada, mais aussi au Québec.

CHAPITRE 5

Coup d’œil

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

123

SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

Le taux de chômage au Québec

Figure 1

En 2015, le taux de chômage s’élevait à 7,6 % au Québec, alors qu’il n’était que de 6,9 % au Canada. La « nouvelle » n’a pas fait les manchettes, et aucun économiste ne s’en est étonné, car historiquement le taux de chômage a toujours été plus élevé au Québec que dans l’ensemble du Canada. Comme le montre la figure 1, depuis une quarantaine d’années, l’écart entre les taux de chômage canadien et québécois s’est maintenu autour de 2 % et a très peu varié (de 1,3 % à 3 %). Cette figure met également en évidence l’effet des récessions de 1981-1982 et de 1990-1992 (la pire depuis la Deuxième Guerre mondiale), qui ont propulsé le chômage à des taux inégalés. La figure montre aussi que le Québec a beaucoup mieux traversé la récession de 2009 que le Canada dans son ensemble. En effet, au sortir de la récession, en 2010, le taux de chômage au Québec a rejoint celui du Canada pour la première fois dans l’ensemble de la période considérée. Il semble toutefois que  cette embellie ait été éphémère. Notons par ailleurs qu’après chacune des récessions l’emploi a mis plusieurs années à revenir à son niveau antérieur.

Taux de chômage (en pourcentage)

Les taux de chômage au Québec et au Canada de 1975 à 2015 15

10

Quel était le taux de chômage de l’ensemble du Québec en 2015 ? Était-il supérieur ou inférieur à celui du Canada ? Étaitil supérieur ou inférieur à celui des provinces de l’Ouest ? Si le taux de chômage naturel s’élevait à 6 %, quelle était l’ampleur du chômage cyclique au Canada, au Québec et en Ontario ? Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 282-0002, Enquête sur la population active (EPA), estimations selon le sexe et le groupe d’âge détaillé, annuel (personnes sauf indication contraire), modifié le 08-01-2016. Statistique Canada, Enquête sur la population active, adapté par l’Institut de la statistique du Québec, Travail et rémunération, population active, emploi et chômage, Taux d’activité, d’emploi et de chômage, données désaisonnalisées, par région administrative, Québec, 4e trimestre 2014 au 4e trimestre 2015, 28 janvier 2016.

2010

2015

Canada

5

0 1980

1988

1996

2004

2012

Année

Figure 2

Taux de chômage par province, en pourcentage (2015) Provinces Terre-Neuve-et-Labrador Île-du-Prince-Édouard Nouveau-Brunswick Nouvelle-Écosse

En 2015, le taux de chômage du Québec (7,6  %) était nettement supérieur à celui de l’Ontario (6,8 %), comme on peut l’observer à la figure 2. Seules les provinces de Terre-Neuveet-Labrador (12,8  %), de l’Île-du-Prince-Édouard (10,4  %), du Nouveau-Brunswick (9,8  %) et de la Nouvelle-Écosse (8,6  %) affichaient un taux de chômage supérieur à celui du Québec. Comme toutes les moyennes nationales, le taux de chômage du Québec dissimule des écarts régionaux considérables. Le tableau 1 permet de comparer le taux de chômage de l’ensemble du Québec au 4e  trimestre de 2015  avec celui que connaissait chacune de ses 17  régions administratives (les taux de chômage des régions Côte-Nord et Nord-du-Québec sont comptabilisés ensemble). Comme on peut le constater, le taux de chômage variait de 15,1 % dans la région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine à 4,5 % dans la région Capitale nationale – un écart de 10,6 % !

Québec

Québec Canada Ontario Colombie-Britannique Alberta Manitoba Saskatchewan 3

0

6

9

12

Tableau 1

Taux de chômage par région administrative, en pourcentage (4e trimestre de 2015) Régions administratives 11 – Gaspésie−Îles-de-la-Madeleine 04 – Mauricie 06 – Montréal 09/10 – Côte-Nord / Nord-du-Québec 13 – Laval 01 – Bas-Saint-Laurent 14 – Lanaudière 02 – Saguenay−Lac-Saint-Jean Ensemble du Québec 08 – Abitibi-Témiscamingue 05 – Estrie 07 – Outaouais 17 – Centre-du-Québec 16 – Montérégie 12 – Chaudière-Appalaches 15 – Laurentides 03 – Capitale nationale

Pourcentage 15,1 10,2 10,7 9,8 9,5 8,2 8,1 7,9 7,6 7,2 6,7 6,6 6,3 5,9 5,7 5,2 4,5

15 %

124

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

5.3 3 Expliquer les principaux indicateurs du marché du travail et leur calcul, et distinguer les divers types de chômage

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Au Pays Vert, la population en âge de travailler se compose de 24,5 millions de personnes, la population active, de 15,9 millions de personnes, et la population occupée, de 14,7 millions de personnes. Le taux de chômage naturel est de 7,5 %.

2. Au Pays Bleu, la population en âge de travailler compte 24,97 millions de personnes, la population active, 17,13 millions de personnes, et la population occupée, 15,81 millions de personnes. Le taux de chômage naturel du Pays Bleu est de 7 %.

a) Calculez le taux de chômage.

a) Calculez le taux de chômage.

b) Calculez le taux d’activité.

b) Calculez le taux d’activité.

c) Calculez le taux d’emploi.

c) Calculez le taux d’emploi.

d) Calculez l’ampleur du chômage cyclique.

d) Calculez l’ampleur du chômage cyclique. 3. Au Pays Jaune, la population en âge de travailler compte 214 millions de personnes, la population active, 143,9 millions de personnes, et la population occupée, 135,3 millions de personnes. Le taux de chômage naturel du Pays Jaune est de 6 %. a) Calculez le taux de chômage. b) Calculez le taux d’activité. c) Calculez le taux d’emploi. d) Calculez l’ampleur du chômage cyclique.

RÉPONSES 1.

a)

b)

La population active inclut l’ensemble des personnes occupées et des chômeurs. Le nombre de chômeurs est donc égal au nombre de personnes qui composent la population active moins le nombre de personnes occupées, soit 1,2 million de personnes (15,9 millions – 14,7 millions). Le taux de chômage est le pourcentage de chômeurs au sein de la population active, soit 7,5 % [(1,2 million ÷ 15,9 millions) × 100]. Le taux d’activité de la main-d’œuvre est le pourcentage de la population active au sein de population en âge de travailler, soit 64,9 % [(15,9 millions ÷ 24,5 millions) × 100].

c) d)

Le nombre de personnes occupées était de 14,7  millions, et la population en âge de travailler, de 24,5 millions, ce qui donne un taux d’emploi de 60 % [(14,7 millions ÷  24,5 millions) × 100]. Puisque le taux de chômage observé est égal au taux de chômage naturel, le taux de chômage cyclique est nul. Le chômage cyclique a été résorbé complètement.

CHAPITRE 5

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

125

Le chapitre 5 en bref

1

Définir l’indice des prix à la consommation (IPC) et le taux d’inflation, et expliquer comment ils se calculent

Indice des prix à la consommation (IPC) Mesure le niveau moyen des prix d’un panier fixe de biens et services consommés par un ménage type Coût du panier courant × 100 Coût du panier de base

2

Taux d’inflation Pourcentage de variation de l’IPC d’une année à une autre (IPC de l’année courante – IPC de l’année précédente) × 100 IPC de l’année précédente

Corriger des valeurs monétaires pour tenir compte de l’inflation : le salaire réel et le taux d’intérêt réel

Salaire réel Salaire nominal × 100 IPC

Conversion d’une valeur d’une année B en $ d’une année A IPC d’une année A Valeur d’une année B × IPC d’une année B

3

Taux d’intérêt réel Taux d’intérêt nominal – Taux d’inflation

Expliquer les principaux indicateurs du marché du travail et leur calcul, et distinguer les divers types de chômage

Taux d’activité Population active × 100 Population en âge de travailler Taux de chômage Nombre de chômeurs Population active

× 100

Taux d’emploi Personnes occupées × 100 Population en âge de travailler

Chômage saisonnier Chômage résultant de la baisse du nombre d’emplois en raison de contraintes saisonnières Chômage frictionnel Chômage résultant de la mobilité normale de la main-d’œuvre Chômage cyclique (ou conjoncturel) Chômage dont les fluctuations coïncident avec celles du cycle économique Chômage structurel Chômage apparaissant quand un progrès technologique ou la concurrence internationale change les compétences requises pour occuper un emploi ou modifie la localisation des emplois

126

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Questions de révision Au terme de la section 5.1, L’indice des prix à la consommation, répondez aux questions 1 à 3. 1. Deux pays, le Pays Chaud et le Pays Froid, mènent des enquêtes sur les dépenses de consommation. Au Pays Chaud, les consommateurs achètent 70  bouteilles d’eau, 20  kilos de pain et 10  litres d’huile d’olive par année. Au Pays Froid, les consommateurs n’achètent aucune bouteille d’eau (ils sucent des glaçons qui ne leur coûtent rien), mais ils achètent 80 litres d’huile d’olive et 20 kilos de pain par année. Les prix dans les deux pays sont les mêmes, et mesurés avec la même monnaie, le dollar. Dans l’année de base, l’eau embouteillée coûtait 1 $ la bouteille, le pain, 5 $ le kilo, et l’huile d’olive, 10 $ le litre. Dans l’année courante, l’eau embouteillée coûte 2 $ la bouteille, le pain, 6 $ le kilo, et l’huile d’olive, 11 $ le litre. a) Quel est l’IPC au Pays Chaud dans l’année courante ? b) Quel est l’IPC au Pays Froid dans l’année courante ? c) Dans lequel de ces deux pays l’IPC a-t-il augmenté le plus rapidement ? d) Pourquoi l’IPC a-t-il augmenté plus rapidement dans l’un des deux pays ? 2. Le tableau 1 présente les habitudes de consommation des cégépiens du Pays du Futur, avec le prix des biens de leur panier en janvier 2017 (période de base) et en janvier 2018 (période courante). a) Calculez le coût du panier de biens des cégépiens du Pays du Futur en janvier 2017, puis en janvier 2018. b) Calculez l’IPC pour janvier 2017 et janvier 2018. c) Calculez le taux d’inflation de janvier 2017 à janvier 2018. d) Calculez le pourcentage de variation de prix de chacun des quatre biens qui composent le panier de janvier 2017 à janvier 2018. e) Calculez le facteur de pondération de chacun de ces quatre biens en janvier 2017. f) Calculez la moyenne pondérée du pourcentage d’augmentation des prix de ces quatre biens de janvier 2017 à janvier 2018. g) Montrez que le taux d’inflation mesuré par l’IPC est la moyenne pondérée du pourcentage d’augmentation de prix des quatre biens qui composent le panier.

Tableau 1 Bien

Quantité moyenne

Prix moyen (en dollars) Janvier 2017

Janvier 2018

Repas à la cafétéria

20

4

5

Jean

1

40

60

Chemise

2

30

36

Spectacle

1

20

22

3. La Boldavie est un petit pays qui ne produit que trois biens : du vin, du fromage et du tissu. L’an dernier, le vin se vendait 5 $ le litre, le fromage, 20 $ le kilo, et le tissu, 10 $ le mètre carré. La  famille boldavienne typique dépensait alors 3 000 $ en vin, 6 000 $ en fromage et 1 000 $ en tissu. Cette année, le vin se vend 5,50 $ le litre, le fromage, 22 $ le kilo, et le tissu, 12 $ le mètre carré. a) Décrivez la composition du panier de l’IPC de la Boldavie pour l’année dernière (année de base). b) Calculez le coût du panier de l’année dernière et de cette année. c) Calculez l’IPC de la Boldavie pour l’année dernière et pour cette année. d) Quel est le taux d’inflation en Boldavie cette année ? e) Selon l’éditorialiste du Bolda-Matin, la principale cause de l’inflation au pays est l’augmentation de 20 % du prix du tissu. Êtes-vous d’accord avec cette affirmation ? Pourquoi ? (Suggestion : calculez la moyenne pondérée des variations de prix.) Au terme de la section 5.2, Valeurs nominales et valeurs réelles, répondez aux questions 4 et 5. 4. Le tableau 2 montre le salaire nominal moyen et le salaire réel d’un groupe de travailleurs, de même que l’IPC pour les années consécutives 1, 2 et 3. a) Calculez les valeurs qui manquent dans ce tableau. b) Si le taux d’inflation est de 5 % la quatrième année et si le salaire nominal monte à 882 $, quelle sera la variation du salaire réel des travailleurs ?

Tableau 2 Année

Salaire nominal

IPC

1

760 $

95

2

798 $

3

Salaire réel 798 $

105

800 $

5. Cette année, le taux d’intérêt nominal est de 9  % en Haute-Slobovie et de 5  % en Basse-Slobovie. Le taux d’inflation est de 10  % en Haute-Slobovie et de 3  % en Basse-Slobovie. a) Quel est le taux d’intérêt réel en Haute-Slobovie ? b) Quel est le taux d’intérêt réel en Basse-Slobovie ?

CHAPITRE 5

Au terme de la section 5.3, Les indicateurs du marché du travail, répondez aux questions 6 à 10. 6. Le tableau 3 présente des données partielles sur l’état du marché du travail de la Neustrie en mai, en juin et en juillet derniers. Calculez les données qui manquent.

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

127

8. Supposons qu’un des ménages sondés lors de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada se compose d’une retraitée, d’une femme au foyer, d’un professeur de 50 ans, d’un jeune âgé de 13 ans et d’une diplômée âgée de 20  ans à la recherche de son premier emploi. Dites lesquelles de ces personnes font partie de la population active et précisez pourquoi.

Tableau 3 Indicateur

Nombre de personnes (en milliers) Mai

Juin

Population en âge de travailler

20 700

20 000

Population active

13 800

Emploi

12 006

Chômeurs

Juillet 13 650

12 400 1 600

Taux d’activité

65 %

Taux de chômage

10 %

Taux d’emploi

7. Dites de quel type de chômage il s’agit dans chacune des situations suivantes. a) À cause de la récession, une grosse entreprise met 300 travailleurs à pied. b) Comme tous les hivers, Louis, un jeune pêcheur gaspésien, se retrouve au chômage. c) Maria, une Montréalaise qui travaille depuis 25 ans dans l’industrie du vêtement, perd son emploi parce que l’entreprise où elle travaillait ne peut plus soutenir la concurrence des produits importés. d) Profitant des conditions favorables du marché du travail, Anne change d’emploi. Elle a quitté celui qu’elle occupait la semaine dernière et ne commencera le nouveau que dans deux semaines. Elle sera donc sans emploi durant la semaine de référence de l’Enquête sur la population active. e) Charlot quitte son emploi à Chicoutimi pour aller vivre avec sa femme à Toronto. f) Fraîchement diplômée, Virginie a du mal à décrocher son premier emploi. g) L’implantation d’une chaîne de montage robotisée a entraîné l’abolition du poste d’Albert, qui est maintenant au chômage. h) Tous les ans, en janvier et en février, Pierre se retrouve au chômage à cause du ralentissement de la construction.

9. En juillet dernier, la population active du Pays Vert comptait 629  000  personnes âgées de 15  à 24  ans, dont 302  800  femmes et 326  200  hommes. Chez les femmes, le taux d’activité était de 65,0  %, et le taux d’emploi, de 57,5 % ; chez les hommes, le taux d’activité était de 70 %, et le taux d’emploi, de 57 %. Quel était le taux de chômage des femmes ? des hommes ? de l’ensemble des 15-24 ans ? 10. En début d’année, Monopolis comptait 100 000 chômeurs, soit 10 % de sa population active. Durant l’année, la ville a connu 17  300  pertes nettes d’emplois. Pourtant, en fin d’année, il n’y avait plus que 87  300  chômeurs à Monopolis, soit 9  % de la population active. Sachant que la population en âge de travailler n’a pas changé, comment expliquez-vous cet apparent paradoxe ?

128

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Appliquez vos savoir-faire Les effets de la baisse du prix de l’essence sur l’IPC11 En 2015, la hausse de l’IPC s’est établie à 1,1 % comparativement à 2,0 % en 2014, à cause de la baisse du prix de l’essence. Les consommateurs ont payé 16,5 % de moins pour l’essence en 2015 qu’en 2014 ; c’est la baisse la plus marquée depuis 2009. Si on exclut l’essence, la hausse de l’IPC a été de 2,0 % en 2015. Les prix ont augmenté dans sept des huit catégories en 2015. Seule la catégorie « Transports » a connu un recul de l’ordre de 3,0 %. Les prix des aliments ont progressé de 3,7 %, en raison de la hausse de 15,1  % du prix du bœuf et de la hausse de 8,1 % du prix des légumes frais. Les prix de la catégorie « Dépenses courantes, ameublement et équipement du ménage » ont connu une hausse de 2,7 %, attribuable à l’augmentation de 4,0 % des prix des appareils électroménagers et de l’augmentation de 3,1 % des prix des meubles ; c’est la hausse la plus marquée depuis 1999. Le coût du logement était en hausse de 1,1  % en 2015 comparativement à 2,7  % en 2014. Cette décélération est attribuée à la diminution de 19,1 % du prix du mazout et de la baisse de 6,4 % de celui du gaz naturel.

Au cours de 2015, le prix de l’essence vendue à la pompe n’a cessé de baisser au Canada.

a) Parmi les huit catégories du panier de l’IPC, lesquelles ont connu une augmentation des prix en 2015 ? b) Quelle a été la variation des prix de chacune des catégories du panier de l’IPC mentionnées ci-dessus ? Expliquez votre réponse. c) Quelle catégorie a contribué à la faible hausse de l’IPC en 2015 ? Expliquez votre réponse. d) Si votre salaire a progressé de 1,9 % en 2015, calculez son augmentation réelle en tenant compte de la hausse de l’IPC.

11. Statistique Canada, «Indice des prix à la consommation : revue annuelle, 2015», Le Quotidien, 22 janvier 2016, http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/160122/dq160122c-fra.htm (page consultée le 3 mai 2016).

CHAPITRE 5

LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE

129

MOTS CLÉS Chômage, 120 Chômage cyclique (ou conjoncturel), 121 Chômage frictionnel, 121 Chômage saisonnier, 121 Chômage structurel, 121 Coût de la vie, 108 Déflation, 111 Indice des prix à la consommation (IPC), 108 Inflation, 111 Période de base de l’IPC, 108 Plein-emploi, 122 Population active, 118 Population en âge de travailler, 118

Salaire nominal, 114 Salaire réel, 114 Taux d’activité, 119 Taux d’emploi, 119 Taux d’inflation, 111 Taux d’intérêt nominal, 115 Taux d’intérêt réel, 115 Taux de chômage, 120 Taux de chômage naturel, 122 Travailleur à temps partiel, 120 Travailleur à temps partiel involontaire, 120 Travailleur à temps plein, 120 Travailleur découragé (ou chercheur d’emploi découragé), 120

130

CHAPITRE 6

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

PARTIE 3

COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

PEUT-ON PRÉVOIR L’AVENIR ? VIVRONS-NOUS LES EFFETS D’UNE BAISSE OU D’UNE HAUSSE DE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE ? Comment le savoir ? L’économie peut se comparer à un océan qu’on regarde sur la plage à marée montante. Même si on sait que, de manière générale, la mer est en train de monter, ce qu’on remarque surtout, c’est qu’elle monte et descend au gré des vagues qui vont et viennent. À long terme, notre niveau de vie s’élève, et le coût de la vie augmente constamment. Pourtant, à court terme, le PIB réel, l’emploi et le niveau des prix augmentent et diminuent au gré des fluctuations économiques. Comme le flux et le reflux des vagues, ces fluctuations si répétitives à première vue sont en réalité difficiles à prévoir, car ce ne sont jamais exactement les mêmes, ni en force ni en durée.

SOMMAIRE

Pourquoi notre économie ne progresse-t-elle pas de façon constante ? Qu’est-ce qui explique les fluctuations cycliques de la production, de l’emploi et du niveau des prix ? Pour répondre à ces questions, nous étudierons un modèle macroéconomique qui permet de prévoir les variations du PIB réel et du niveau des prix, soit le modèle de la demande et de l’offre agrégées, et d’ainsi mieux comprendre les hauts et les bas de l’activité économique.

6.1

COUP D’ŒIL SUR LE PASSÉ

6.2

6.3

Les fluctuations économiques

Les récessions au Canada depuis 1926

La demande agrégée

L’offre agrégée

p. 132

p. 134

p. 135

p. 141

CHAPITRE 6

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

SAVOIR-FAIRE 1 2

Décrire les phases du cycle économique Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur la demande agrégée

3

Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur l’offre agrégée

4

Expliquer comment l’offre et la demande agrégées déterminent le PIB réel et le niveau des prix et décrire les différents types d’équilibre macroéconomique

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COUP D’ŒIL

6.4

SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

L’équilibre macroéconomique

PEUT-ON PRÉVOIR L’AVENIR ?

L’évolution de l’équilibre macroéconomique du Québec depuis 1981

Le chapitre 6 en bref

p. 146

p. 147

p. 152

p. 154

131

132

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

6.1

LES FLUCTUATIONS ÉCONOMIQUES

Tout le monde connaît ces phénomènes physiques très courants que sont les cycles. Le passage quotidien du jour à la nuit et de la nuit au jour, le va-et-vient de la balle de tennis sur le court et les hauts et les bas de la balançoire à laquelle l’enfant donne une impulsion en sont autant d’exemples familiers. Dans les trois cas, il y a fluctuation – c’est-à-dire alternance de mouvements en sens contraire. Bien qu’aucune de ces trois comparaisons ne soit parfaite, chacun de ces phénomènes cycliques comporte un aspect qui nous aide à comprendre ce que sont les cycles économiques. Comme les cycles jour-nuit, ils peuvent se reproduire indéfiniment. Comme la balle de tennis, l’économie reçoit des impulsions qui la propulsent dans une direction ou l’autre. Enfin, comme pour la balançoire, une impulsion lui imprime un mouvement dont l’intensité diminue peu à peu jusqu’à ce qu’une nouvelle impulsion la relance. Dans ce chapitre, nous verrons que les fluctuations cycliques de l’économie s’expliquent, elles aussi, par les chocs intérieurs ou extérieurs que reçoivent la demande globale et l’offre globale – ou, comme le disent les économistes, la demande agrégée (DA) et l’offre agrégée (OA). Commençons par nous intéresser de plus près au cycle économique.

LE CYCLE ÉCONOMIQUE Cycle économique Fluctuation périodique mais irrégulière de l’activité économique caractérisée par deux phases – une expansion (qui inclut une phase de reprise) et une récession – et par deux points de retournement – un sommet et un creux.

Expansion Phase du cycle économique caractérisée par une accélération soutenue de l’activité économique, laquelle se traduit par l’augmentation du PIB réel par habitant et de l’emploi ; débute à un creux et prend fin à un sommet ; inclut une période de reprise.

Reprise Dans la phase d’expansion du cycle économique, période qui part du creux et dure jusqu’à ce que l’activité économique soit revenue au niveau du sommet précédent.

Récession Phase du cycle économique caractérisée par un ralentissement soutenu de l’activité économique, lequel se traduit par la diminution du PIB réel par habitant et de l’emploi ; débute à un sommet et prend fin à un creux.

On appelle cycle économique la fluctuation périodique mais irrégulière de l’activité économique. Le cycle économique comporte deux phases, une d’expansion et une de récession, et deux points de retournement, un sommet (le plus fort niveau d’activité économique atteint durant le cycle) et un creux (le plus faible niveau d’activité économique atteint durant le cycle). Le niveau d’activité économique se mesure principalement par le niveau du PIB réel par habitant et par le niveau de l’emploi. La phase d’expansion du cycle débute à un creux et prend fin à un sommet ; elle se caractérise par une accélération soutenue de l’activité économique, laquelle se traduit par une augmentation du PIB réel et de l’emploi. Toute phase d’expansion commence par une période de reprise, qui part du creux et dure jusqu’à ce que l’activité économique soit revenue au niveau du sommet précédent. La phase de récession se caractérise par un ralentissement soutenu de l’activité économique, lequel se traduit par la diminution du PIB réel et de l’emploi ; elle débute à un sommet et prend fin à un creux. Notons qu’il n’existe aucune définition précise de ce qu’est une récession. La règle souvent citée dans les médias et les manuels voulant qu’une économie soit techniquement en récession lorsque le PIB réel baisse durant deux trimestres consécutifs n’est pas fondée. Il peut survenir une baisse de l’activité économique sur un ou deux trimestres sans que nous soyons en récession. Il faut prendre en compte d’autres indicateurs, comme ceux du marché du travail. Une baisse significative et généralisée du PIB réel sur plusieurs mois accompagnée d’une hausse du taux de chômage au même moment est un indicateur annonçant une récession. Durant une phase d’expansion économique, la construction est en plein essor, et les emplois abondent. Durant une récession, les files de chômeurs s’allongent.

CHAPITRE 6

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

133

La figure 6.1 illustre les phases et les tournants d’un cycle économique complet. Elle montre que la durée d’un cycle économique complet correspond au temps écoulé d’un sommet au sommet suivant (ici, de l’an 2 à l’an 8), ou d’un creux au creux suivant (ici, de l’an 4 à l’an 10). Le temps écoulé entre le creux et le sommet donne la durée de la phase d’expansion ; le temps écoulé entre le sommet et le creux, la durée de la phase de récession. La durée des phases d’expansion et de récession varie d’un cycle à l’autre, de même que leur ampleur – c’est-à-dire l’importance des variations de la production par habitant et de l’emploi. Depuis 1926, année où l’ancêtre de Statistique Canada, le Bureau fédéral de la statistique, a commencé à dresser un bilan mensuel de notre économie, le Canada a traversé 14 récessions (voir le « Coup d’œil sur le passé », p. 134).

Figure 6.1

Les phases du cycle économique

PIB réel Un cycle économique a deux phases – une expansion et une récession – et deux points de retournement – un sommet et un creux. La phase d’expansion débute à un creux et prend fin à un sommet ; elle commence par une période de reprise, qui part du creux et dure jusqu’à ce que l’activité économique soit revenue au niveau du sommet précédent (ici, de l’an 4 à l’an 6). La phase de récession débute à un sommet et prend fin à un creux. La durée d’un cycle économique complet correspond au temps écoulé d’un sommet au sommet suivant (ici, de l’an 2 à l’an 8), ou d’un creux au creux suivant (ici, de l’an 4 à l’an 10).

Sommet

Expansion

Sommet

Récession Creux

Reprise Récession

Creux

2

4

6

8

LES FLUCTUATIONS ÉCONOMIQUES ET LE MODÈLE DE LA DEMANDE ET DE L’OFFRE AGRÉGÉES Comme nous venons de le voir, si elle est généralement ascendante, la trajectoire du PIB réel n’est pas régulière ; à court terme, elle fluctue. Comment expliquer ces fluctuations ? Le modèle de la demande et de l’offre agrégées nous apprend que l’économie reçoit des impulsions – des chocs – qui la propulsent dans une direction ou l’autre. On peut classer ces impulsions ou ces chocs en deux catégories, selon qu’ils touchent les intentions de dépenses (la demande agrégée) ou les intentions de production (l’offre agrégée). Comme nous le verrons dans le reste de ce chapitre, le modèle de la demande et de l’offre agrégées, ou modèle DA-OA, repose sur deux variables clés : • La production de biens et services de l’économie, soit le PIB réel ; • Le niveau général des prix mesuré par l’indice implicite des prix du PIB (IIP). 1.

Jean-Denis Garon, « Le Canada en récession ? », Le journal de Montréal, 25  juillet 2015, www.journaldemontreal.com/2015/07/25/le-canada-en-recession (page consultée le 12 avril 2016).

10

Année

Saviez-vous que... « Au premier trimestre de l’année 2015, l’économie canadienne s’est contractée de 6 millièmes. C’est un recul économique minuscule. Au second trimestre, elle s’est contractée de 5 millièmes. […] Ajoutons que toutes les provinces ne sont pas touchées également. Les chiffres sont tirés vers le bas par l’Alberta et TerreNeuve1. » Est-ce que le Canada était en récession en 2015 ? RÉPONSE

0

Le recul du PIB réel n’était pas significatif, à peine 0,6 %. Il n’était pas généralisé au sein de l’économie puisque l’économie de 2 provinces sur 10 était en contraction. Sur la base de ces données, nous ne pouvons pas conclure que le Canada était en récession, mais nous pouvons affirmer que la croissance économique a ralenti.

134

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Coup d’œil SUR LE PASSÉ

Les récessions au Canada depuis 1926 Le tableau ci-contre retrace le début et la fin de chacune des 14  récessions qu’a connues le Canada depuis 1926. La plus longue et la plus grave du xxe  siècle, la Grande Dépression, a sévi de juin 1929 à février 1933. Le taux de chômage a culminé à 27 % (près du tiers de la population active du Canada était sans travail), le PIB réel a connu une chute historique de 30 %, et le niveau des prix a dégringolé de 18 %. Depuis, le Canada a connu 13 autres récessions d’ampleur et de durée variables. Les récessions de 1981-1982 et de 19901992 ont été les plus longues. La récession de 1981-1982 a été la plus importante, avec une baisse de 4,9 % du PIB réel sur 15 mois, alors que celle de 1990-1992, caractérisée par un double creux, a été la plus longue, avec une durée de 24 mois et une baisse du PIB réel de 3,4  %. La dernière récession que nous venons de traverser, soit celle de 2008-2009, a vu le PIB réel chuter de 3,6 % et a duré 12 mois. Combien de récessions le Canada a-t-il connues dont la durée était de moins d’un an ? Parmi celles-ci, laquelle a été la plus courte ?

Les récessions au Canada de 1926 à 2009 Récession

Début

Fin

Durée

1929-1933

Juin 1929

Février 1933

44 mois

1937-1938

Décembre 1937

Juin 1938

6 mois

1947-1948

Septembre 1947

Mars 1948

6 mois

1949

Février 1949

Juillet 1949

5 mois

1951

Juin 1951

Décembre 1951

6 mois

1953-1954

Avril 1953

Avril 1954

12 mois

1957-1958

Avril 1957

Janvier 1958

9 mois

1960-1961

Février 1960

Mars 1961

13 mois

1970

Mars 1970

Juin 1970

3 mois

1975

Janvier 1975

Mars 1975

2 mois

1980

Février 1980

Juin 1980

4 mois

1981-1982

Juillet 1981

Octobre 1982

15 mois

1990-1992

Avril 1990

Avril 1992

24 mois

2008-2009

Novembre 2008

Novembre 2009

12 mois

Sources : Cross, P., « Sur la piste du cycle d’affaires : analyse mensuelle de l’économie à Statistique Canada de 1926 à 2001 », L’Observateur économique canadien, décembre 2001, et Cross, P., « Étude spéciale : Revue de fin d’année : 2009 », L’Observateur économique canadien, avril 2010.

6.1 1 Décrire les phases du cycle économique

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Dites si les manchettes suivantes annoncent une phase de récession ou d’expansion.

2. Dites si les manchettes suivantes annoncent une phase de récession ou une phase d’expansion.

a) Encore une hausse du chômage en avril.

a) Le chômage atteint son taux naturel.

b) Le taux d’utilisation des capacités de production dans le secteur manufacturier est à son plus haut.

b) Les marchés boursiers s’effondrent.

c) Hausse du coût du logement dans la plupart des grandes villes canadiennes. d) Les entreprises rappellent leurs travailleurs licenciés. e) Les ventes d’automobiles neuves s’effondrent. f) L’éclatement de la bulle immobilière fait baisser le prix des maisons, ce qui rend les consommateurs et les investisseurs nerveux. RÉPONSES 1.

Les manchettes (a), (e) et (f) annoncent une récession. Les manchettes (b), (c) et (d) annoncent une phase d’expansion.

c) Faute de contrats, plusieurs entreprises licencient des travailleurs. d) Malgré le plan de relance, la récession s’aggrave aux États-Unis. e) Le marché immobilier connaît ses meilleures années de la décennie. f) Le PIB réel du Canada s’approche du PIB potentiel : l’inflation nous menace. 3. Un camarade de classe soutient que, grâce aux avancées de l’économique, les pays comme le Canada seront dorénavant à l’abri des récessions. Êtes-vous d’accord avec cette affirmation ? Pourquoi ?

CHAPITRE 6

6.2

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

135

LA DEMANDE AGRÉGÉE

Les impulsions et les chocs que subit l’économie influent sur les intentions de dépenses des consommateurs, des entreprises, des administrations publiques et des étrangers qui désirent acheter nos produits. Autrement dit, ils influent sur la demande agrégée. La demande agrégée exprime la relation entre la quantité demandée de PIB réel et le niveau des prix quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions de dépenses restent constants. Vous l’aurez deviné, la quantité demandée de PIB réel est la quantité totale de biens et services que les consommateurs, les entreprises, les administrations publiques et les étrangers voudraient et pourraient acheter au pays à un niveau de prix donné et au cours d’une période donnée, toutes choses étant égales par ailleurs. Pour bien comprendre la demande agrégée, nous passerons d’abord en revue ses diverses composantes, ainsi que les facteurs qui influent sur elles. Puis, nous verrons pourquoi le niveau général des prix influe sur les intentions de dépenses. Enfin, nous nous pencherons sur les facteurs qui modifient la demande agrégée.

LES COMPOSANTES DE LA DEMANDE AGRÉGÉE Au chapitre 4, lorsque nous avons étudié le calcul du PIB canadien par la méthode des dépenses, nous avons vu que la dépense agrégée se compose des quatre types de dépenses que les consommateurs, les entreprises, les administrations publiques et les étrangers ont effectuées au Canada au cours de la période, soit : • • • •

Les dépenses de consommation (C) ; L’investissement privé brut (Ib) ; Les dépenses totales des administrations publiques (G) ; Les exportations nettes de biens et de services (XN).

On avait alors :

PIB = Dépense agrégée = C + Ib + G + XN Nous venons aussi de voir que la demande agrégée est la quantité demandée de PIB réel – soit la somme des dépenses en biens et services que les consommateurs, les entreprises, les administrations publiques et les étrangers ont l’intention de faire au Canada – à chaque niveau de prix, toutes choses étant égales par ailleurs. La demande agrégée (DA) est donc égale à la dépense agrégée planifiée – soit à la somme des quatre composantes de la dépense agrégée auxquelles on ajoute l’exposant p pour indiquer qu’il s’agit de dépenses planifiées, et non de dépenses déjà effectuées comme dans le calcul du PIB – à chaque niveau de prix, toutes choses étant égales par ailleurs. Autrement dit,

DA = Cp + Ibp + Gp + XNp Plusieurs facteurs influent sur les intentions de dépenses. Pour étudier la demande agrégée, on les divise en deux catégories : le niveau des prix et tous les autres facteurs. Nous verrons d’abord l’effet du niveau des prix sur les intentions de dépenses, puis nous étudierons l’effet des autres facteurs.

LA DEMANDE AGRÉGÉE ET LA COURBE DA La figure 6.2 (p. 136) montre une courbe de demande agrégée, DA. Le long de cette courbe, un seul des facteurs qui influent sur les intentions de dépenses varie : le niveau des prix. Une hausse du niveau général des prix réduit la quantité demandée de PIB réel et entraîne un mouvement vers le haut le long de la courbe de demande agrégée.

Demande agrégée Relation entre la quantité demandée de PIB réel et le niveau des prix quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions de dépenses restent constants.

Quantité demandée de PIB réel Quantité totale de biens et services que les consommateurs, les entreprises, les administrations publiques et les étrangers voudraient et pourraient acheter au pays à un niveau de prix donné et au cours d’une période donnée, toutes choses étant égales par ailleurs.

136

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Inversement, une baisse du niveau général des prix accroît la quantité demandée de PIB réel et entraîne un mouvement vers le bas le long de la courbe de demande agrégée. La courbe de demande agrégée est une relation négative, ce qui s’explique par deux phénomènes : • L’effet de richesse ; • Les effets de substitution.

Figure 6.2

Une variation de la quantité demandée de PIB réel Niveau des prix (IIP, 2007 = 100)

140 1

130

Une hausse du niveau des prix réduit la quantité demandée de PIB réel.

La courbe de demande agrégée (DA) montre la relation entre la quantité demandée de PIB réel et le niveau des prix quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions de dépenses restent constants. La quantité demandée de PIB réel 1 diminue quand le niveau des prix monte et 2 augmente quand le niveau des prix baisse.

120

110 2

100

Une baisse du niveau des prix accroît la quantité demandée de PIB réel.

DA

90

0

850

900

950

1000

1050

1100

1150

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

L’effet de richesse Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le niveau des prix augmente, plus la richesse réelle diminue. La richesse réelle correspond à la valeur des actifs monétaires des gens (argent en banque, obligations, actions, REER, etc.), mesurée non pas en dollars, mais en biens et services que ces actifs peuvent acheter – autrement dit, en pouvoir d’achat. Une hausse du niveau des prix réduit la valeur réelle des actifs détenus et incite les gens à la rétablir en réduisant leurs dépenses courantes et en épargnant davantage. Une hausse des prix entraîne donc une diminution de la quantité demandée de PIB réel. Prenons l’exemple des intentions d’achat d’Anna, une étudiante qui vit à Moscou. Anna a travaillé dur tout l’été et a réussi à épargner 20 000 roubles (le rouble est l’unité monétaire de la Russie), qu’elle a l’intention d’utiliser pour payer des études supérieures en économie. L’épargne d’Anna se chiffre donc à 20 000 roubles. Pendant l’année scolaire, Anna occupe un emploi à mi-temps, dont le revenu couvre ses dépenses courantes. Mais voilà que le niveau des prix en Russie augmente de 10 %. Anna a maintenant besoin de 22 000 roubles pour acheter ce qui coûtait auparavant 20 000 roubles. Pour compenser en partie la perte de valeur de son épargne, Anna achète donc moins de biens et services, et essaie de reconstituer ses économies. Inversement, toutes choses étant égales par ailleurs, une baisse du niveau des prix entraîne une augmentation de la quantité demandée de PIB réel. Prenons l’exemple des intentions d’achat de Mika, une étudiante qui vit à Tokyo. Comme Anna, elle a travaillé fort tout l’été, et elle a épargné 200 000 ¥ (le yen est l’unité monétaire du Japon), qu’elle

CHAPITRE 6

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

a l’intention d’utiliser pour payer des études supérieures en médecine. Or, voilà que le niveau des prix au Japon baisse de 10 %. Comme 180 000 ¥ suffisent maintenant pour acheter ce qui coûtait auparavant 200 000 ¥, Mika décide, en plus de payer des études supérieures en médecine, de s’acheter un nouvel iPad.

Les effets de substitution Deux types d’effets de substitution expliquent la relation négative entre la quantité demandée de PIB réel et le niveau des prix. LA SUBSTITUTION ENTRE LES BIENS ACTUELS ET LES BIENS FUTURS Toutes choses étant égales par ailleurs, quand le niveau des prix monte, les taux d’intérêt montent aussi. La raison est fort simple : les institutions financières désirent que les prêts qu’elles ont consentis aux ménages et aux entreprises continuent à donner le même rendement qu’avant la hausse des prix. Or, comme nous l’avons vu au chapitre 5, ce rendement est le taux d’intérêt réel, soit le taux d’intérêt nominal moins le taux d’inflation. Lorsque le niveau général des prix augmente, les institutions financières haussent donc le taux d’intérêt nominal afin de maintenir le taux d’intérêt réel constant. Ces hausses de taux d’intérêt augmentent le coût des biens financés par des emprunts, comme les biens durables des ménages et les biens de capital des entreprises. Les hausses du taux d’intérêt nominal incitent donc les ménages et les entreprises à reporter ces achats, et la quantité demandée de PIB réel diminue. Pour bien comprendre l’effet d’une variation du taux d’intérêt sur la quantité demandée de PIB réel, imaginez que vous décidez d’acheter une voiture d’occasion. Vous empruntez 8 000 $ à la banque à un taux d’intérêt de 5 % sur 5 ans ; votre mensualité sera alors de 150,97 $. Comme vous travaillez 20 heures par semaine, vous estimez être en mesure de rembourser l’emprunt. Mais si le taux d’intérêt grimpe à 12 %, des mensualités de 177,96 $ vous sembleront peut-être trop élevées et vous inciteront alors à reporter votre achat, lorsque le taux d’intérêt sera plus avantageux. LA SUBSTITUTION ENTRE LES BIENS CANADIENS ET LES BIENS IMPORTÉS Supposons que, toutes choses étant égales par ailleurs, le niveau des prix monte au Canada et ne varie pas dans les autres pays. Les biens et services produits au Canada deviennent alors plus chers que les biens et services produits à l’étranger, ce qui incite les gens à dépenser moins en produits canadiens et davantage en produits étrangers. Par exemple, les étrangers achètent moins d’automobiles de fabrication canadienne (les exportations canadiennes diminuent) et les Canadiens achètent plus d’automobiles de fabrication étrangère (les importations canadiennes augmentent). Si vous avez le choix entre un manteau d’hiver produit par Kanuk à Montréal à 450 $ et un manteau d’hiver produit par Columbia Sportswear aux États-Unis à 500 $, vous choisirez très probablement le Kanuk. Mais si, à la suite d’une hausse des prix au Canada, le Kanuk passe à 600 $ alors que le prix du manteau d’hiver américain reste inchangé, il y a de fortes chances que votre prochain manteau d’hiver soit un Columbia Sportswear.

LES VARIATIONS DE LA DEMANDE AGRÉGÉE La variation d’un des facteurs qui influent sur les intentions de dépenses autres que le niveau des prix entraîne une variation de la demande agrégée. Quand cette dernière augmente, la courbe de demande agrégée se déplace vers la droite ; ainsi, à la figure 6.3 (p. 138), elle se déplace de DA0 à DA1. Quand la demande agrégée diminue, la courbe de demande agrégée se déplace vers la gauche ; ainsi, à la figure 6.3, elle se déplace de DA0 à DA2. Les facteurs qui modifient la demande agrégée sont les changements qui influent sur les intentions de dépenses : • Des consommateurs ; • Des entreprises ; • Des administrations publiques ; • De nos partenaires commerciaux.

137

138 Figure 6.3

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Les variations de la demande agrégée Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140

130

1

120

Augmentation de la demande agrégée

Quand la demande agrégée augmente  1 , la courbe de demande agrégée se déplace vers la droite de DA0 à DA1.

110

2

100

Quand la demande agrégée diminue  2 , la courbe de demande agrégée se déplace vers la gauche de DA0 à DA2.

Diminution de la demande agrégée

DA1 DA0

90

0

DA2 850

900

950

1 000

1 050

1 100

1 150

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

Les intentions de dépenses des consommateurs Les intentions de dépenses des consommateurs dépendent du niveau de revenu disponible dont ils jouissent. Lorsque le revenu disponible augmente, une petite partie de l’augmentation est consacrée à l’épargne, mais généralement, la plus grande partie est consacrée à l’achat de biens et services divers. La demande de biens et services de consommation augmente, entraînant avec elle une augmentation de la demande agrégée. Une baisse de l’impôt sur le revenu aurait pour effet d’augmenter le revenu disponible et, par ricochet, la demande agrégée. Les variations des taux d’intérêt ont également une incidence importante sur les intentions de dépenses des consommateurs, particulièrement en ce qui a trait aux achats de biens durables (électroménagers, voitures, maison, etc.) achetés à crédit. La baisse des taux d’intérêt des cartes de crédit, des emprunts personnels, des marges de crédit et des prêts hypothécaires incite les consommateurs à accroître leurs achats de biens durables, et augmente donc la demande agrégée. Les anticipations affectent également les intentions de dépenses des consommateurs. L’anticipation d’une hausse du revenu augmente la quantité de biens de consommation (en particulier la demande de biens durables) que les gens ont l’intention d’acheter immédiatement, et accroît la demande pour ces biens. De même, l’anticipation d’une hausse de l’inflation modifie les intentions des consommateurs : les gens décident d’acheter plus de biens et services dès maintenant, avant la hausse des prix, puis la demande agrégée augmente. À l’inverse, l’anticipation d’une baisse du revenu ou des prix incite les consommateurs à reporter à plus tard leurs achats de biens et services, puis la demande agrégée diminue.

Les intentions de dépenses des entreprises Le profit anticipé est la variable qui influe le plus sur les investissements en capital (machinerie, outillage, équipement et immobilisations) projetés des entreprises. Les entreprises n’investissent pas pour obtenir un gain immédiat, mais pour les bénéfices

CHAPITRE 6

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

139

escomptés dans les périodes à venir. L’anticipation d’une augmentation du profit augmente les investissements que les entreprises ont l’intention de faire immédiatement et accroît la demande agrégée. Les entreprises financent leurs investissements en capital en utilisant leurs capitaux propres (les bénéfices non distribués) ou en effectuant des emprunts sur les marchés financiers. Une diminution de l’impôt sur les bénéfices des sociétés ou une diminution des taux d’intérêt est de nature à encourager les entreprises à investir davantage, ce qui stimule la demande agrégée.

Les intentions de dépenses des administrations publiques Les intentions de dépenses des administrations publiques, comme nous le verrons au prochain chapitre, ne sont jamais plus clairement exprimées que lors du dépôt de leurs budgets. Lorsque les administrations publiques décident d’augmenter leurs dépenses courantes en biens et services ou d’augmenter leurs investissements publics (écoles, routes, ponts, etc.), la demande agrégée augmente, l’augmentation de la demande du secteur public en biens et services s’ajoutant à la demande du secteur privé.

Les intentions de dépenses de nos partenaires commerciaux Le taux de change et le niveau de revenu réel de nos partenaires commerciaux sont les deux principaux facteurs qui inf luent sur leurs intentions d’acheter des produits canadiens.

Saviez-vous que...

Le taux de change du dollar canadien indique le nombre d’unités de monnaie étrangère qu’on peut se procurer avec un dollar canadien. Toutes choses étant égales par ailleurs, une augmentation du taux de change diminue la demande agrégée.

RÉPONSE

Pour comprendre comment le taux de change influe sur la demande agrégée, supposez que le dollar vaut 0,90  € et qu’un téléphone Nokia fabriqué en Finlande coûte 160 €, alors qu’un BlackBerry fabriqué au Canada coûte 200 $, soit l’équivalent de 180 €. Dans ces conditions, les gens de partout choisissent le modèle fabriqué en Finlande, qui est le moins cher. Supposons maintenant que le taux de change du dollar canadien tombe à 0,70 €. Le téléphone Nokia coûte maintenant environ 230 $ et devient plus cher que le BlackBerry. Les gens délaissent donc le téléphone finlandais Nokia au profit du BlackBerry canadien. Les exportations canadiennes augmentent, les importations canadiennes diminuent, et la demande agrégée canadienne augmente.

« À la mi-janvier [2016], si un Québécois avait loué une petite maison à Old Orchard au coût de 1 000 $ US pour une semaine, il l’aurait payée 1 455 $ CA une fois le taux de change effectué. Hier [15 avril 2016], la même maison […] lui aurait coûté 1 282 $. C’est grâce à la valeur du dollar canadien, […], passant de 68,69 ¢ US à 78,38 ¢ US2. » Est-ce que cet événement a un effet sur la quantité demandée de PIB réel ou la demande agrégée du Québec ? L’augmentation du taux de change du dollar canadien affecte à la baisse le coût des vacances aux États-Unis pour les Québécois, mais à la hausse le coût des vacances au Québec pour les Américains. Les Québécois seront plus nombreux à se rendre en vacances aux ÉtatsUnis, et l’inverse pour les Américains qui passeront leurs vacances au Québec. Les exportations diminuent et les importations augmentent, et la demande agrégée du Québec diminue.

Comme le Canada exporte un fort pourcentage de sa production, les conditions économiques dans le reste du monde (et en particulier aux États-Unis) ont une forte influence sur la demande agrégée au Canada. Une augmentation du revenu réel aux États-Unis augmente la demande des Américains pour les produits canadiens, si bien que nos exportations augmentent et que la demande agrégée suit. Refaites l’analyse que nous venons de faire pour montrer comment les changements des variables retenues peuvent entraîner une baisse de la demande agrégée, puis comparez vos réponses avec l’information de la colonne de droite du tableau 6.1 (p. 140), où les facteurs qui influent sur la demande agrégée sont résumés. 2.

Stéphan Dussault, « Vacances moins chères avec l’envol du huard », Le Journal de Montréal, jeudi 14 avril 2016, www.journaldemontreal.com/2016/04/14/vacances-moins-cheres-aveclenvol-du-huard (page consultée le 15 avril 2016).

140

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Tableau 6.1

Les variations de la demande agrégée

La demande agrégée augmente lorsque…

La demande agrégée diminue lorsque…

1. Les consommateurs augmentent leurs achats de biens et services par suite : − d’une hausse de leur revenu disponible ; − d’une baisse des impôts sur le revenu des particuliers ; − d’une baisse des taux d’intérêt ; − de l’anticipation d’une hausse de leur revenu ou des prix.

1. Les consommateurs diminuent leurs achats de biens et services par suite : − d’une baisse de leur revenu disponible ; − d’une hausse des impôts sur le revenu des particuliers ; − d’une hausse des taux d’intérêt ; − de l’anticipation d’une baisse de leur revenu ou des prix.

2. Les entreprises augmentent leurs investissements par suite : 2. Les entreprises diminuent leurs investissements par suite : − d’une hausse des profits anticipés ; − d’une baisse des profits anticipés ; − d’une baisse des taux d’intérêt ; − d’une hausse des taux d’intérêt ; − d’une baisse des impôts sur les profits des entreprises. − d’une hausse des impôts sur les profits des entreprises. 3. Les administrations publiques augmentent leurs dépenses : − en biens et services courants ; − en investissements publics.

3. Les administrations publiques diminuent leurs dépenses : − en biens et services courants ; − en investissements publics.

4. Nos partenaires commerciaux achètent plus de biens et services produits au Canada par suite : − d’une baisse du taux de change ; − d’une hausse de leur revenu réel.

4. Nos partenaires commerciaux achètent moins de biens et services produits au Canada par suite : − d’une hausse du taux de change ; − d’une baisse de leur revenu réel.

6.2 2 Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur la demande agrégée

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. Expliquez l’effet à court terne de chacun des événements suivants pris isolément sur la demande agrégée du Canada.

2. Expliquez l’effet à court terme de chacun des événements suivants pris isolément sur la demande agrégée du Japon.

a) Le niveau des prix monte au Canada. b) La richesse réelle des Canadiens diminue à cause d’une forte inflation. c) Les États-Unis, son principal partenaire commercial, connaissent une forte croissance économique. d) L’Union européenne entre en récession. e) Le gouvernement canadien augmente ses dépenses en infrastructures. f) Les taux d’intérêt baissent au Canada.

a) Le niveau des prix reste constant au Japon alors qu’il monte chez ses partenaires commerciaux. b) À court terme, les taux d’intérêt au Japon diminuent. c) Les autres pays d’Asie sont en récession. d) Les pays d’Asie connaissent une très forte croissance. e) Le yen prend de la valeur par rapport aux autres devises. f) Le gouvernement japonais réduit les impôts sur le revenu des particuliers.

RÉPONSES 1.

a)

b) c)

d)

Comme le niveau des prix augmente plus vite au Canada que chez ses partenaires commerciaux, le coût relatif des exportations canadiennes augmente. Les autres pays achètent moins de produits canadiens, et la quantité demandée de PIB réel canadien diminue, mais la demande agrégée reste constante ; il y a un mouvement vers le haut le long de la courbe de demande agrégée (figure 1). Une baisse de la richesse réelle des Canadiens réduit la quantité demandée de PIB réel ; il y a un mouvement vers le haut le long de la courbe DA (figure 1). La croissance économique aux États-Unis accroît la demande de produits canadiens et donc la demande agrégée du Canada. La courbe de demande agrégée se déplace vers la droite (de DA0 à DA1 à la figure 2). Si l’Union européenne entre en récession, la demande européenne de produits canadiens baissera. Le Canada verra ses exportations et sa demande agrégée diminuer. La courbe de demande agrégée se déplacera vers la gauche (de DA0 à DA2 à la figure 2).

e) f)

Les investissements publics augmentant, la demande agrégée augmentera, et la courbe de demande agrégée se déplacera vers la droite (de DA0 à DA1 à la figure 2). Une baisse des taux d’intérêt augmentera la demande agrégée, et la courbe de demande agrégée se déplacera vers la droite (de DA0 à DA1 à la figure 2). Figure 1

Figure 2

Niveau des prix

Niveau des prix

DA1

DA 0

PIB réel

DA2 0

DA0 PIB réel

CHAPITRE 6

6.3

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

141

L’OFFRE AGRÉGÉE

Les impulsions et les chocs que subit l’économie n’influent pas seulement sur les intentions de dépenses des consommateurs, des entreprises, des administrations publiques et des étrangers qui désirent acheter nos produits. Ils influent aussi sur les décisions de production des entreprises, c’est-à-dire sur l’offre agrégée. Le terme offre agrégée exprime la relation entre la quantité offerte de PIB réel et le niveau des prix quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions de production restent constants. La quantité offerte de PIB réel est la quantité totale de biens et services que les entreprises voudraient et pourraient produire au pays à un niveau de prix donné et au cours d’une période donnée, toutes choses étant égales par ailleurs. On parle de « quantité offerte de PIB réel » parce que cette quantité se mesure en PIB réel. Quant au niveau général des prix, il se mesure par l’indice implicite des prix du PIB.

L’OFFRE AGRÉGÉE ET LA COURBE OA

Offre agrégée Quantité offerte de PIB réel à chaque niveau des prix quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions de production restent constants.

Quantité offerte de PIB réel Quantité totale de biens et services que les entreprises voudraient et pourraient produire à un niveau général des prix donné et au cours d’une période donnée, toutes choses étant égales par ailleurs.

La figure 6.4 montre la courbe d’offre agrégée – la courbe OA. Le long de la courbe OA, tous les facteurs qui influent sur les intentions de production des entreprises, autres que le niveau des prix, restent constants. Si tous les facteurs qui influent sur les intentions de production des entreprises, autres que le niveau des prix, restent constants, la quantité offerte de PIB réel diminue (mouvement vers le bas le long de la courbe OA) lorsque le niveau des prix baisse, et augmente lorsque le niveau des prix monte (mouvement vers le haut le long de la courbe OA).

Figure 6.4

L’offre agrégée Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140

1

130

Une baisse du niveau des prix réduit la quantité offerte de PIB réel.

OA

120

2

110

100

Une hausse du niveau des prix accroît la quantité offerte de PIB réel.

90

0

850

900

950

1 000

1 050

1 100

1 150

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

La courbe d’offre agrégée OA montre la relation entre la quantité offerte de PIB réel et le niveau des prix quand tous les facteurs qui influent sur les intentions de production des entreprises, autres que le niveau des prix, restent constants. La quantité offerte de PIB réel 1 diminue quand le niveau des prix baisse et 2  augmente quand le niveau des prix monte.

142

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Pourquoi la courbe d’offre agrégée est-elle une relation positive ? Pourquoi la quantité offerte de PIB réel augmente-t-elle quand le niveau des prix monte, et pourquoi diminue-t-elle quand le niveau des prix baisse ? Parce qu’un mouvement le long de la courbe d’offre agrégée entraîne une variation du salaire réel. Si le niveau des prix monte et que le salaire nominal reste constant, le salaire réel baisse ; inversement, si le niveau des prix baisse et que le salaire nominal reste constant, le salaire réel monte. Supposons par exemple que Microsoft a convenu avec ses programmeurs d’un salaire de 200 $ l’heure. Microsoft vend ses logiciels Windows 100 $ l’unité aux fabricants d’ordinateurs (comme Dell). Le salaire horaire réel d’un programmeur est égal à deux logiciels Windows. Autrement dit, Microsoft doit vendre deux logiciels Windows pour acheter une heure de travail de programmation. Supposons maintenant que le prix d’un logiciel Windows descend à 50 $. Le salaire horaire réel d’un programmeur est maintenant égal à quatre logiciels Windows ; Microsoft doit vendre quatre logiciels pour acheter une heure de travail de programmation supplémentaire. Si le prix du logiciel Windows avait monté, s’il était passé à 200 $ l’unité, par exemple, le salaire horaire réel d’un programmeur serait tombé à un logiciel Windows, et Microsoft n’aurait eu qu’à vendre un logiciel pour acheter une heure de travail de programmation. Une variation du salaire horaire réel signifie que le coût du travail varie par rapport aux recettes que génère une heure de travail, ce qui modifie le profit de l’entreprise. Une hausse du salaire réel réduit le profit de l’entreprise, et une baisse du salaire réel l’augmente. Une variation du salaire réel et du profit peut avoir l’une ou l’autre des conséquences suivantes : • La disparition ou la création d’entreprises ; • L’interruption ou la reprise de la production ; • La variation, à la hausse ou à la baisse, du niveau de production. LA DISPARITION OU LA CRÉATION D’ENTREPRISES Tous les jours, des entreprises ferment leurs portes et d’autres les ouvrent. Cette variation du nombre d’entreprises modifie le PIB réel, et le niveau des prix influe sur le nombre d’entreprises à court terme. Les gens créent des entreprises pour réaliser un profit. Quand les profits augmentent, plus d’entreprises se créent et moins d’entreprises disparaissent, de sorte que le nombre total d’entreprises augmente. Quand les profits baissent ou qu’il y a des pertes, c’est le contraire. Le niveau des prix relatif – c’est-à-dire le niveau des prix par rapport au niveau des salaires et aux autres coûts de l’entreprise – influe sur le nombre total d’entreprises. Si le niveau des prix monte par rapport aux coûts, les profits augmentent, et le nombre total d’entreprises s’accroît, de même que la quantité offerte de PIB réel. Par contre, si le niveau des prix baisse par rapport aux coûts, les profits diminuent, et le nombre total d’entreprises baisse, de même que la quantité offerte de PIB réel. Les fermetures d’entreprises peuvent avoir un effet domino. Parce qu’elle exerce une pression sur ses fournisseurs et sur ses clients, la fermeture d’une firme peut entraîner une série d’autres fermetures ainsi qu’une forte baisse de la quantité offerte de PIB réel. Ainsi, la fermeture de l’usine Electrolux à L’Assomption, en 2012, a entraîné une perte de 1 300 emplois directs et de milliers d’emplois indirects pour la région de Lanaudière. Plusieurs fournisseurs dont Electrolux était le seul client ont dû fermer leurs portes, et d’autres ont dû ralentir leur rythme de production et faire des mises à pied. L’INTERRUPTION OU LA REPRISE DE LA PRODUCTION Une entreprise qui essuie une perte dans l’immédiat peut entrevoir un profit dans l’avenir. Plutôt que de fermer définitivement ses portes, elle peut alors décider de suspendre temporairement ses activités et de mettre ses employés à pied. Le niveau des prix par rapport aux coûts influe sur la décision d’interrompre ou de reprendre la production. Si le niveau des prix monte par rapport aux coûts, moins

CHAPITRE 6

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

d’entreprises interrompent leur production, et certaines recommencent à produire ; dans ce cas, le nombre total d’entreprises en activité augmente, ainsi que la quantité offerte de PIB réel. Par contre, si le niveau des prix baisse par rapport aux coûts, un plus grand nombre d’entreprises, jugeant leurs gains insuffisants pour payer les salaires et autres coûts, décident d’interrompre temporairement leur production ; dans ce cas, la quantité offerte de PIB réel diminue. LES VARIATIONS DU NIVEAU DE PRODUCTION Le niveau des prix par rapport aux coûts influe même sur les entreprises encore profitables qui restent en activité. Pour augmenter la production, une entreprise doit embaucher plus de main-d’œuvre, ce qui est profitable si le travail supplémentaire rapporte plus que ce qu’il coûte. Si le niveau des prix monte et que le salaire nominal ne varie pas, une heure de travail supplémentaire devient alors profitable. Donc, quand le niveau des prix monte et que le salaire nominal ne varie pas, la quantité demandée de travail augmente, et la production s’accroît. Par conséquent, la quantité offerte de PIB réel augmente.

LES VARIATIONS DE L’OFFRE AGRÉGÉE Nous avons vu à la figure 6.4 (p. 141) qu’une variation du niveau des prix modifie la quantité offerte de PIB réel et entraîne un mouvement le long de la courbe d’offre agrégée. Cependant, elle ne modifie pas l’offre agrégée. La figure 6.5 montre qu’une augmentation de l’offre agrégée déplace la courbe OA vers la droite de OA0 à OA1. Une diminution de l’offre agrégée déplace la courbe OA vers la gauche de OA0 à OA2.

Figure 6.5

Les variations de l’offre agrégée Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140

130

OA2 OA0

120

OA1 110

100

90

0

850

900

950

1000

1050

1100

1150

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

Une augmentation de l’offre agrégée 1 déplace la courbe d’offre agrégée OA vers la droite de OA0 à OA1. Une baisse de l’offre agrégée 2 déplace la courbe d’offre agrégée OA vers la gauche de OA0 à OA2.

143

144

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

L’offre agrégée varie quand il y a variation d’un des facteurs qui influent sur les intentions de production, autre que le niveau des prix. Parmi ces autres facteurs, on trouve : • Les coûts de production : − le salaire nominal ; − les prix des matières premières utilisées ; − le prix de l’énergie ; • La productivité de la main-d’œuvre et du capital ; • Les réglementations gouvernementales, comme les taxes ou les subventions ; • D’autres perturbations.

Une variation des coûts de production Qu’elle soit due à une variation du salaire nominal ou à une variation du coût des matières premières ou de l’énergie, toute variation du coût de production de l’entreprise modifie l’offre agrégée. Lorsque le salaire nominal diminue, ou que le prix des matières premières s’effondre, ou encore que le prix de l’énergie faiblit, le coût de production des entreprises diminue, et la quantité que ces dernières sont prêtes à offrir augmente, et ce, à chaque niveau de prix. Pourquoi ? Si le niveau général des prix est constant et que les coûts des entreprises diminuent, alors les profits augmentent, et les entreprises révisent leurs intentions de production à la hausse. En d’autres termes, une baisse du coût de production augmente l’offre agrégée. La figure 6.5 (p. 143) montre les effets d’une baisse des coûts de production sur l’offre agrégée. Au départ, la courbe d’offre agrégée à court terme est OA0. Une baisse des coûts de production augmente l’offre agrégée et déplace la courbe d’offre agrégée vers la droite jusqu’à OA1. La figure montre également qu’une hausse des coûts de production diminuerait l’offre agrégée de OA0 à OA2.

Saviez-vous que...

RÉPONSE

« Depuis l’automne 2014, les prix du baril de pétrole ont été divisés par quatre. […], le baril s’échangeait autour de 110 $ contre 28 $ aujourd’hui3. » Est-ce que cet événement a un effet sur la quantité offerte de PIB réel ou sur l’offre agrégée au Québec ? Le pétrole est une matière première servant à produire une multitude de produits, du plastique à l’essence en passant par le nylon et le polyester. Lorsque son prix baisse, les coûts de production des entreprises québécoises qui utilisent cette matière première ou ses produits dérivés, comme l’essence pour le transport ou le mazout pour le chauffage, diminuent. La baisse des coûts de production augmentera l’offre agrégée du Québec.

Une variation de la productivité de la main-d’œuvre et du capital Nous avons vu au chapitre 2 que le progrès technologique, c’est-à-dire la mise au point de nouveaux outils ou de nouvelles machines et de meilleures techniques de production, accroît la productivité du capital en permettant de produire plus à moindre coût. De même, l’accroissement du capital humain, c’est-à-dire l’amélioration de la qualité du travail qui résulte de l’instruction, de la formation sur le terrain et de l’expérience de travail, permet aussi de produire plus à moindre coût. Ces gains en productivité ont le même effet qu’une baisse des coûts de production : ils augmentent l’offre agrégée.

Les réglementations gouvernementales Le gouvernement fédéral impose une taxe d’accise sur les climatiseurs des véhicules automobiles neufs importés ou produits au Canada. Les importateurs et les concessionnaires d’automobiles sont tenus de payer la taxe d’accise lors de la livraison d’un véhicule neuf à un acheteur. Une baisse de cette taxe d’accise a, pour le concessionnaire d’automobiles comme pour l’importateur, le même effet qu’une baisse des coûts de production. Les subventions accordées par l’État aux producteurs d’une industrie donnée ont pour but d’éponger une partie des coûts de production, augmentant ainsi la rentabilité de cette industrie tout en favorisant sa croissance. Les subventions ont donc le même effet qu’une baisse des coûts de production. Lorsque le nombre de subventions ou les montants accordés augmentent, l’offre agrégée augmente. 3.

Guillaume A. CALLONICO, expert en géopolitique, « Causes et conséquences de la chute des prix du pétrole », Le Huffington Post, Québec, publié le 7 février 2016, mis à jour le 8 février 2016, http://quebec. huffingtonpost.ca/monde68/chute-prix-petrole_b_9159566.html (page consultée le 15 avril 2016).

CHAPITRE 6

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

145

Le gouvernement peut aussi imposer de nouvelles normes de fabrication, qui engendrent parfois une hausse des coûts de production et une baisse de l’offre agrégée ou, au contraire, abolir certaines réglementations afin de réduire les coûts de production des entreprises et d’augmenter l’offre agrégée.

D’autres perturbations Des catastrophes naturelles ou un climat politique instable sont des exemples d’événements qui peuvent provoquer une interruption temporaire des activités des entreprises et réduire l’offre agrégée. À l’inverse, des conditions climatiques favorables ou un climat politique stable peuvent favoriser une hausse des activités des entreprises et de l’offre agrégée. Refaites l’analyse que nous venons de faire pour montrer comment les changements de ces variables peuvent entraîner une baisse de l’offre agrégée, puis comparez vos réponses avec l’information de la colonne de droite du tableau 6.2, où les facteurs qui influent sur l’offre agrégée sont résumés.

Tableau 6.2

Les variations de l’offre agrégée

L’offre agrégée augmente lorsque…

L’offre agrégée diminue lorsque…

1. Les coûts de production diminuent par suite : − d’une baisse du salaire nominal ; − d’une baisse des coûts des matières premières utilisées ; − d’une baisse du prix de l’énergie.

1. Les coûts de production augmentent par suite : − d’une hausse du salaire nominal ; − d’une hausse des coûts des matières premières utilisées ; − d’une hausse du prix de l’énergie.

2. La productivité de la main-d’œuvre ou du capital augmente.

2. La productivité de la main-d’œuvre ou du capital diminue.

3. Le gouvernement modifie sa réglementation par suite : − d’une baisse de ses taxes ou de ses tarifs ; − d’une hausse des subventions versées aux entreprises ; − de l’abolition de certaines réglementations.

3. Le gouvernement modifie sa réglementation par suite : − d’une hausse de ses taxes ou de ses tarifs ; − d’une baisse de ses subventions versées aux entreprises ; − de la mise en place de réglementations plus sévères.

4. La production des entreprises augmente par suite : − de conditions climatiques favorables ; − d’un climat politique stable.

4. La production des entreprises est interrompue par suite : − de catastrophes naturelles ; − d’un climat politique instable.

La formation sur le terrain de cet étudiant de Polytechnique contribue à l’amélioration de la qualité du travail et entraîne un gain en productivité.

146

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

6.3 3 Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur l’offre agrégée

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. En mars 2011, le Japon a été touché par un tsunami qui a ravagé le nord-est du pays. Ce tsunami a déclenché toute une série d’événements. Expliquez les effets de chacun des événements suivants sur l’offre agrégée du Japon.

2. La fin de l’apartheid en Afrique du Sud a déclenché toute une série d’événements. Expliquez les effets de chacun des changements suivants sur l’offre agrégée de l’Afrique du Sud.

a) Le centre-ville de Fukushima a été dévasté, et de nombreuses entreprises ont été détruites. b) Les équipementiers et constructeurs automobiles, comme Toyota et Nissan, ont dû interrompre leurs activités. c) Le pays est frappé de nombreuses coupures d’électricité à la suite de l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima. d) Le gouvernement japonais met en place toute une série de mesures pour maintenir les travailleurs âgés sur le marché du travail. e) Les entreprises étrangères bénéficient d’une subvention si elles implantent leur siège social régional au Japon.

a) Des entreprises du monde entier ont ouvert des succursales en Afrique du Sud. b) Un plus grand nombre de Sud-Africains ont eu accès à l’instruction. c) La fin des sanctions économiques permet à l’Afrique du Sud d’importer davantage de ressources de l’étranger. d) Le tourisme a augmenté, et on a construit de nombreux hôtels. e) La prévalence du sida a diminué.

RÉPONSES 1.

a) b)

c) d)

La fermeture des entreprises a entraîné la baisse de la quantité offerte de PIB réel au niveau des prix courants. La courbe d’offre agrégée s’est déplacée vers la gauche (de OA0 à OA1 à la figure 1). Les équipementiers et constructeurs automobiles ayant interrompu leurs activités, la production a diminué, et la quantité offerte de PIB réel au niveau des prix courants a baissé. La courbe d’offre agrégée s’est déplacée vers la gauche (de OA0 à OA1 à la figure 1). Les pannes d’électricité réduisent la quantité offerte de PIB réel au niveau des prix courants. La courbe d’offre agrégée s’est déplacée vers la gauche (de OA0 à OA1 à la figure 1). Comme les employeurs auront à leur disposition un plus grand nombre de travailleurs qualifiés, la production augmente, et la courbe d’offre agrégée s’est déplacée vers la droite (de OA0 à OA2 à la figure 2).

e)

La subvention destinée aux entreprises étrangères permet d’augmenter le nombre d’entreprises au Japon, la production augmente et a pour effet de déplacer la courbe d’offre agrégée vers la droite (de OA0 à OA2 à la figure 2). Figure 1

Équilibre macroéconomique Situation où la quantité demandée de PIB réel est égale à la quantité offerte de PIB réel à l’intersection des courbes de demande agrégée et d’offre agrégée.

Niveau des prix

OA1

OA0

OA0

OA2

0

6.4

Figure 2

Niveau des prix

PIB réel

0

PIB réel

L’ÉQUILIBRE MACROÉCONOMIQUE

La demande et l’offre agrégées déterminent le PIB réel et le niveau des prix. L’équilibre macroéconomique survient quand la quantité demandée de PIB réel est égale à la quantité offerte de PIB réel à l’intersection des courbes DA et OA. La figure 6.6 montre un tel équilibre à un niveau des prix de 110 et à un PIB réel de 1 000 G$. Pour comprendre pourquoi cette position indique l’équilibre, voyons ce qui se passe si le niveau des prix est différent de 110. Supposons, par exemple, qu’il est de 120 et que le PIB réel est de 1 100 G$ (point E sur la courbe OA). Comme la quantité demandée de PIB réel est inférieure à 1 100 G$, les entreprises n’arrivent pas à vendre toute leur production, et les stocks s’accumulent. Les entreprises réduisent donc à la fois leur production et leurs prix jusqu’à ce qu’elles réussissent à écouler toute leur production, ce qui ne se produit qu’à un PIB réel de 1 000 G$ et à un niveau des prix de 110.

CHAPITRE 6

Figure 6.6

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

L’équilibre macroéconomique Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140 Les entreprises réduisent leur production et leurs prix.

130 120

OA

E

Niveau des prix d’équilibre

L’équilibre macroéconomique survient à l’intersection des courbes DA et OA.

110 100 90

0

A Les entreprises augmentent leur production et leurs prix.

900

PIB d’équilibre

1000

1100

DA 1200

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

PEUT-ON PRÉVOIR L’AVENIR ? Vivrons-nous les effets d’une baisse ou d’une hausse de l’activité économique ? Ou d’une baisse ou d’une hausse du niveau des prix ? Le modèle de la demande et de l’offre agrégées permet de prévoir les variations de l’activité économique mesurée par le PIB réel et le niveau des prix, et de comprendre comment vos décisions peuvent influer sur la demande agrégée ou l’offre agrégée. Comment une baisse de l’impôt prélevé sur votre revenu ou des taux d’intérêt sur votre carte de crédit ou marge de crédit personnelle peuvent-ils modifier vos dépenses en biens et services ? Dans le premier cas, vous disposerez d’un revenu après impôts plus important que ce que vous pourriez dépenser. Dans le deuxième cas, vous pourriez acheter davantage à crédit. Si vous et d’autres profitez de cette baisse d’impôt ou des taux d’intérêt pour dépenser plus, comment la demande agrégée se modifiera-t-elle ? Quel en sera l’effet sur le niveau des prix et sur l’activité économique ? Vous envisagez de visiter Paris, cet été, mais le dollar canadien ne cesse de se déprécier par rapport à l’euro, faisant exploser le coût de votre voyage. Allez-vous remettre à plus tard cette escapade dans la Ville lumière ? Si vous choisissez, comme bien d’autres, de rester au Québec cet été, comment la demande agrégée se modifiera-t-elle ? Quel en sera l’effet sur le niveau des prix et sur l’activité économique ? Vous comptez sur vos études pour être mieux formé. Vous êtes nombreux à investir temps et argent dans votre capital humain. Comment cela pourrait-il influer sur l’offre agrégée ? Quel en sera l’effet sur le niveau des prix et sur l’activité économique ? Combien de nos décisions ont des impacts sur la demande agrégée ou sur l’offre agrégée ? En utilisant les connaissances que vous avez acquises jusqu’à maintenant, vous regarderez l’actualité économique différemment. Quelles pressions s’exercent sur l’offre agrégée et sur la demande agrégée et dans quel sens se modifient-elles ? Comment cela affectet-il l’économie ? Est-ce que le PIB réel augmentera plus rapidement ou plus lentement dans les prochains mois ? L’économie risque-t-elle d’être en récession ou en expansion ?

147

148

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Supposons maintenant que le niveau des prix est de 100 et le PIB réel, de 900 G$ (point A sur la courbe OA). Comme la quantité demandée de PIB réel excède 900 G$, les entreprises sont incapables de satisfaire à la demande au niveau actuel de production. Les stocks s’épuisent, et les consommateurs réclament des biens et services. Les entreprises doivent donc augmenter leur production et leurs prix jusqu’à ce qu’elles arrivent à répondre à la demande, ce qui ne se produit qu’à un PIB réel de 1 000 G$ et à un niveau des prix de 110. Mais où se situe ce PIB réel d’équilibre par rapport à la capacité de production de l’économie ?

L’ÉQUILIBRE MACROÉCONOMIQUE ET LA CAPACITÉ DE PRODUCTION DE L’ÉCONOMIE Comme nous l’avons vu au chapitre 2 en traçant la courbe des possibilités de production d’une économie, la capacité de production d’une économie dépend de : • La quantité utilisée de capital physique et de capital humain, ainsi que de la technologie dont celui-ci dispose ; • La quantité utilisée de terre (ressources naturelles) ; • La quantité utilisée d’entrepreneuriat ; • La quantité utilisée de travail. À court terme, ces quantités de ressources productives sont fixes. Avec le temps, elles varient, et les décisions qu’on prend aujourd’hui peuvent modifier les quantités de ressources productives disponibles dans l’avenir. À court terme, on doit s’accommoder des ressources dont on dispose, mais il en va autrement du travail. La quantité utilisée de travail dépend de l’état du marché du travail et fluctue autour de la quantité de pleinemploi. Quand la quantité de travail varie, la quantité offerte de PIB réel varie également. Ces constats nous amènent à une notion importante : celle de PIB potentiel. PIB potentiel Niveau de production que peut soutenir une économie en situation de plein-emploi sans que cela provoque une poussée inflationniste ; se mesure en PIB réel.

Le PIB potentiel est le niveau de production, mesuré en PIB réel, que peut soutenir une économie en situation de plein-emploi sans que cela provoque une poussée inflationniste. Cette définition mérite que nous nous y attardions. Un plein-emploi des ressources productives signifie que celles-ci sont utilisées à la capacité qui optimise leur efficacité, et non à leur capacité maximale. Une économie en situation de plein-emploi n’est pas une économie où il n’y a aucun chômeur, et où toutes les entreprises produisent à la limite de leur capacité de production, mais simplement une économie où le chômage est à son taux naturel (aucun chômage cyclique), et où les entreprises utilisent pleinement et efficacement toutes leurs ressources productives, produisant ainsi au niveau qui optimise leur profit. Temporairement, une économie peut donc produire au-delà de son PIB potentiel. Cependant, avec le temps, la demande accrue pour des ressources de plus en plus rares exerce une pression à la hausse sur le niveau général des prix. L’augmentation des salaires et des autres coûts de production qui en résulte amène les entreprises à réduire leur production. Pour cette raison, les économistes définissent le PIB potentiel comme le niveau de PIB réel qu’une économie en situation de plein-emploi peut soutenir sans que cela provoque une poussée inflationniste. Comme il ne dépend que de la quantité des ressources productives utilisées et de la technologie disponible, le PIB potentiel est indépendant du niveau général des prix. Par conséquent, à la figure 6.7 (p. 150), la droite rouge qui le représente est parfaitement verticale.

LES TROIS TYPES D’ÉQUILIBRE MACROÉCONOMIQUE Équilibre de plein-emploi

Dans un équilibre macroéconomique, l’économie peut être en situation de plein-emploi, de suremploi ou de sous-emploi. La figure 6.7 (p. 150) illustre ces trois types d’équilibre.

Situation où le PIB réel d’équilibre est égal au PIB potentiel.

Le graphique (a) montre un équilibre de plein-emploi – situation où le PIB réel est égal au PIB potentiel et où le taux de chômage observé est identique au taux naturel. Ici,

CHAPITRE 6

149

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

L’évolution de l’équilibre macroéconomique du Québec depuis 1981 De 1981 à 2015, l’offre et la demande agrégées au Québec ont considérablement évolué. Chaque point de la figure indique l’équilibre macroéconomique pour une année donnée. Ainsi, en 1981, l’économie du Québec se situait à l’intersection des courbes DA81 et OA81 ; le PIB réel se chiffrait à 179,6 G$, et le niveau général des prix, à 45,9. En 2015, l’économie se situait à l’intersection des courbes DA15 et OA15, le PIB réel se chiffrait à 337,9 G$, et le niveau général des prix, à 114,1. Les points intermédiaires montrent l’évolution de l’équilibre macroéconomique du Québec de 1981 à 2015.

des prix. Dites s’il y a eu une augmentation ou une diminution du PIB réel et une augmentation ou une diminution du niveau général des prix de 2009 à 2015.

Le PIB réel et l’IIP du Québec de 1981 à 2015 Niveau des prix (IIP, 2007  100)

120

DA 15

Récession de 2008-2009

100

Inflation 2004

Le PIB réel s’accroît avec la croissance économique. La flèche le long de l’axe des abscisses montre que, quand le PIB réel augmente et que les points se déplacent vers la droite, il y a croissance économique. Une récession (comme celles de 1981-1982, de 1990-1992 ou de 2008-2009) fait diminuer le PIB réel et déplace les points vers la gauche. Quand il y a inflation, le niveau général des prix augmente, et les points se déplacent vers le haut (flèche le long de l’axe des ordonnées). Inversement, une baisse du niveau des prix déplace les points vers le bas. De 1981 à 2015, l’économie québécoise a connu sur l’ensemble de la période une croissance économique soutenue, malgré les trois récessions enregistrées, mais cette croissance s’est accompagnée d’une hausse constante du niveau général

Récession de 1990-1992

80

OA 15

2011 2007

2001 1998

1995

1989

60

Récession de 1981-1982 OA 81

Croissance économique

DA 81

175

200

225

250

275

300

325

350

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 384-0038, Produit intérieur brut, en termes de dépenses, provinciaux et territoriaux, annuel (dollars sauf indication contraire), modifié le 8-11-2016.

le PIB réel d’équilibre se situe à l’intersection de la courbe de demande agrégée DA0 et de la courbe d’offre agrégée OA. Tôt ou tard, les fluctuations de la demande agrégée ou de l’offre agrégée font fluctuer le PIB réel autour du PIB potentiel. Ainsi, au graphique (b), la demande agrégée augmente, et la courbe de demande agrégée monte jusqu’à DA1. Les entreprises augmentent leur production et leurs prix jusqu’à ce qu’elles puissent satisfaire à cette demande accrue. Le PIB réel d’équilibre grimpe à 1 050 G$ et dépasse le PIB potentiel. Le taux de chômage observé devient inférieur au taux naturel. L’économie est alors en équilibre de suremploi. La différence entre la valeur du PIB réel d’équilibre et celle du PIB potentiel exerce une pression à la hausse sur le niveau général des prix : c’est ce qu’on appelle un écart inflationniste. Au graphique (c), la demande agrégée diminue, et la courbe de demande agrégée descend jusqu’à DA2. Les entreprises réduisent leur production et leurs prix jusqu’à ce qu’elles aient écoulé toute leur production. Le PIB réel descend à 950 G$ et tombe en deçà du PIB potentiel. Le taux de chômage observé devient supérieur au taux naturel. L’économie est alors en équilibre de sous-emploi. La différence entre la valeur du PIB potentiel et celle du PIB réel exerce alors une pression à la baisse sur le niveau des prix ; c’est ce qu’on appelle un écart déflationniste. Un équilibre de sous-emploi pourrait aussi résulter d’une baisse de l’offre agrégée, ou de l’offre agrégée et de la demande agrégée. La rubrique « Coup d’œil sur l’économie québécoise » montre l’évolution de l’offre et de la demande agrégées au Québec de 1981 à 2015.

Équilibre de suremploi Situation où le PIB réel d’équilibre dépasse le PIB potentiel.

Écart inflationniste Différence entre la valeur du PIB réel d’équilibre et celle du PIB potentiel lorsque l’économie est en équilibre de suremploi ; exerce une pression à la hausse sur le niveau général des prix.

Équilibre de sous-emploi Situation où le PIB réel d’équilibre est inférieur au PIB potentiel.

Écart déflationniste Différence entre la valeur du PIB réel d’équilibre et celle du PIB potentiel lorsque l’économie est en équilibre de sous-emploi ; exerce une pression à la baisse sur le niveau général des prix.

150

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 6.7

Les trois types d’équilibre macroéconomique

Niveau des prix (IIP, 2007  100)

Niveau des prix (IIP, 2007  100)

Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140

140

140

PIB potentiel

130

OA

120

130

110

120 115 110

100

100

90

0

DA 0 900 950 1000 1050 1100 1150 1200 PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

PIB potentiel

90

0

OA

PIB potentiel

130

OA

120 110 105 100

DA 1 Écart inflationniste 900 950 1000 1050 1100 1150 1200 PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

(a) Un équilibre de plein-emploi

(b) Un équilibre de suremploi avec écart inflationniste

Au graphique (a), l’économie est en équilibre de plein-emploi : le PIB réel est égal au PIB potentiel. Ici, le PIB réel d’équilibre se situe à l’intersection de la courbe de demande agrégée DA0 et de la courbe d’offre agrégée OA.

Au graphique (b), la demande agrégée augmente, et la courbe de demande agrégée monte jusqu’à DA1. Les entreprises augmentent leur production et leurs prix jusqu’à ce qu’elles puissent satisfaire à cette demande accrue. Le PIB réel d’équilibre grimpe à 1 050 G$ et dépasse le PIB potentiel. L’économie est alors en équilibre de suremploi, et l’écart inflationniste exerce une pression à la hausse sur le niveau général des prix.

Écart déflationniste

90

DA 2 0

900 950 1000 1050 1100 1150 1 200 PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

(c) Un équilibre de sous-emploi avec écart déflationniste

Au graphique (c), la demande agrégée diminue, et la courbe de demande agrégée descend jusqu’à DA2. Les entreprises réduisent leur production et leurs prix jusqu’à ce qu’elles aient écoulé toute leur production. Le PIB réel descend à 950 G$ et tombe en deçà du PIB potentiel. L’économie est alors en équilibre de sous-emploi, et l’écart déflationniste exerce une pression à la baisse sur le niveau général des prix.

L’ATTEINTE DE L’ÉQUILIBRE DE PLEIN-EMPLOI La macroéconomie est un champ de recherche très actif, et nous avons encore beaucoup à apprendre sur les forces qui font croître et fluctuer notre économie. La croissance économique et l’inflation, c’est-à-dire les tendances à long terme du PIB réel et du niveau des prix, font actuellement l’objet d’un consensus plus large et d’un plus grand degré de certitude que le cycle économique, c’est-à-dire les fluctuations à court terme de ces variables. Ici, nous ne nous intéresserons qu’aux divergences de vues sur les fluctuations à court terme. Le modèle DA-OA que nous venons d’étudier fournit une bonne base pour comprendre les divers points de vue des macroéconomistes en la matière. Bien que très simple, la classification que nous proposons ici ne trahit pas la réalité. Elle regroupe les macroéconomistes en trois grandes écoles de pensée : • L’école classique ; • L’école keynésienne ; • L’école monétariste.

École classique Selon cette école de pensée, l’économie s’autorégule et reste toujours en équilibre de plein-emploi par l’ajustement automatique des salaires.

L’ÉCOLE CLASSIQUE Pour l’école classique, l’économie s’autorégule et reste toujours en équilibre de plein-emploi. Ici, le terme « classique » fait référence aux théories des fondateurs de l’économique comme Adam Smith (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste » du chapitre 1, p. 19), David Ricardo et John Stuart Mill.

CHAPITRE 6

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

151

Selon l’école classique, le salaire nominal qui est derrière la courbe d’offre agrégée à court terme est instantanément et totalement flexible ; il s’ajuste si vite pour maintenir l’équilibre du marché du travail que le PIB réel revient toujours très vite au PIB potentiel. En d’autres mots, le PIB réel est toujours égal au PIB potentiel. La figure 6.8 illustre cet ajustement des salaires. Lorsqu’il y a un écart déflationniste, le taux de chômage observé est supérieur au taux naturel, d’où un surplus de maind’œuvre sur le marché du travail. Ce surplus de main-d’œuvre exerce des pressions à la baisse sur les salaires. Les entreprises embauchent de nouveaux travailleurs à un salaire inférieur. Au fur et à mesure que les salaires diminuent, les coûts de production des entreprises diminuent et l’offre agrégée se déplace vers la droite, passant de OA1 à OA. Le niveau des prix diminue et le PIB réel augmente jusqu’au PIB potentiel— équilibre de plein-emploi. Dans le cas d’un écart inflationniste, le taux de chômage observé est inférieur au taux naturel. Cela se traduit par une pénurie de main-d’œuvre, et les entreprises doivent offrir un salaire plus élevé aux nouveaux travailleurs qu’elles embauchent. Les salaires augmentent, les coûts de production aussi, l’offre agrégée se déplace de OA2 vers OA. Le niveau des prix augmente et le PIB réel diminue jusqu’au PIB potentiel. Pour les macroéconomistes classiques, l’État ne devrait pas intervenir dans le déroulement de l’activité économique. Ils prônent le « laisser-faire », c’est-à-dire la nonintervention de l’État en matière économique.

L’ÉCOLE KEYNÉSIENNE Pour l’école keynésienne, l’économie serait rarement en équilibre de plein-emploi lorsqu’elle est livrée à elle-même ; pour qu’elle atteigne et maintienne un équilibre de plein-emploi, il faut donc la soutenir activement par des mesures de politique budgétaire et monétaire. Le terme « keynésien » vient du nom d’un des plus célèbres économistes du xxe siècle, John Maynard Keynes (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste » du chapitre 7, p. 164). Pour l’école keynésienne, le salaire nominal qui est derrière la courbe d’offre agrégée à court terme est extrêmement rigide quand il s’agit d’aller vers le bas. Essentiellement,

Figure 6.8

École keynésienne Selon cette école de pensée, l’économie serait rarement en équilibre de plein-emploi ; pour qu’elle atteigne et maintienne un équilibre de plein-emploi, il faut des politiques budgétaires et monétaires pour régulariser l’activité économique.

L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école classique Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140

3

130

Ajustement des salaires

PIB potentiel OA1

120

OA

115 OA2

110 105 100 90

0

1

Écart déflationniste

850

900

950

2

DA Écart inflationniste

1000 1 050 1 100 1 150

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

Lorsque l’équilibre du PIB réel est inférieur au PIB potentiel, 1  il y a un écart de déflationniste ; lorsque l’équilibre du PIB réel est supérieur au PIB potentiel, 2 il y a un écart inflationniste ; et quand le PIB réel d’équilibre est égal au PIB potentiel, l’économie est au plein-emploi. Lorsqu’un écart de production existe, 3 les salaires s’ajustent pour amener l’économie vers le plein-emploi. En situation d’écart déflationniste, les salaires diminuent et l’offre agrégée se déplace vers la droite, de OA1 à OA. En situation d’écart inflationniste, les salaires augmentent et l’offre agrégée se déplace vers la gauche, de OA2 à OA.

152

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 6.9

L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école keynésienne

Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140

3

130

Politiques budgétaire et monétaire

PIB Potentiel

120

0A

115 110 105

DA2

100 90

0

DA 1

DA1 Écart déflationniste

850

900

950

2

Écart inflationniste

1000 1050 1 100 1 150

Lorsque l’équilibre du PIB réel est inférieur au PIB potentiel, 1 il y a un écart déflationniste ; lorsque l’équilibre du PIB réel est supérieur au PIB potentiel, 2 il y a un écart inflationniste ; et quand le PIB réel d’équilibre est égal au PIB potentiel, l’économie est au pleinemploi. Lorsqu’un écart de production existe, 3  les mesures de politiques budgétaire et monétaire peuvent contrer les variations de la demande agrégée et amener l’économie vers le plein-emploi. En situation d’écart déflationniste, une augmentation des dépenses gouvernementales et une réduction des impôts ou des taux d’intérêt stimulent la demande agrégée et la déplacent de DA1 à DA. En situation d’écart inflationniste, une réduction des dépenses gouvernementales et une augmentation des impôts ou des taux d’intérêt réduisent la demande agrégée et la déplacent de DA2 à DA.

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

il ne baisse pas. Par conséquent, lorsqu’un écart déflationniste apparaît, aucun mécanisme automatique n’en viendra à bout. Si elle était possible, une baisse du salaire nominal augmenterait l’offre agrégée à court terme et rétablirait l’équilibre de pleinemploi. Mais comme le salaire nominal ne baisse pas, l’économie reste en récession. L’école keynésienne réclame des mesures de politiques budgétaire et monétaire pour contrer activement les variations de la demande agrégée responsables de la récession. La figure 6.9 illustre les effets sur la demande agrégée de ces mesures. En stimulant la demande agrégée en période de récession, on peut rétablir l’équilibre de plein-emploi. Une augmentation des dépenses gouvernementales et une réduction des impôts ou des taux d’intérêt stimulent la demande agrégée et la déplacent de DA1 à DA, ce qui permet de rétablir l’équilibre de plein-emploi. Si l’économie est aux prises avec une poussée d’inflation, un niveau de production qui excède le PIB potentiel, il faudra réduire les dépenses gouvernementales et hausser les impôts ou les taux d’intérêt pour freiner la demande agrégée qui se déplace de DA2 à DA, et ainsi rétablir l’équilibre de plein-emploi.

L’ÉCOLE MONÉTARISTE École monétariste Selon cette école de pensée, l’économie s’autorégule et se maintient en équilibre de plein-emploi pourvu que le taux de croissance de la monnaie demeure constant.

Pour l’école monétariste, l’économie s’autorégule et se maintient normalement en équilibre de plein-emploi, pourvu que la politique monétaire ne soit pas incohérente et qu’on garde le taux de croissance de la monnaie constant. Le terme « monétariste » a été proposé par le fameux économiste du xxe siècle, Karl Brunner, pour qualifier ses propres idées et celles de Milton Friedman (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste » du chapitre 8, p. 207). Pour les monétaristes, un taux de croissance de la monnaie constant permet d’atténuer les fluctuations de la demande agrégée, et à l’économie, de rester au plein-emploi. Les récessions et les périodes d’inflation résultent d’une politique monétaire inadéquate. Si une banque centrale réduit trop brutalement la quantité de monnaie en circulation ou même son taux de croissance, l’économie entrera en récession. Dans le cas contraire, ce sera l’inflation.

CHAPITRE 6

153

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

Comme les keynésiens, les monétaristes croient que le salaire nominal est rigide à court terme. Si l’économie entre en récession, à moins qu’on ne la soutienne activement, il lui faudra un temps inutilement long pour revenir au plein-emploi. Les monétaristes partagent les vues des classiques sur l’intervention de l’État. Tant que le taux de croissance de la monnaie reste constant, aucune mesure de stabilisation n’est nécessaire pour contrer les écarts déflationnistes ou inflationnistes.

6.4 4 Expliquer comment l’offre et la demande agrégées déterminent le PIB réel et le niveau des prix et décrire les différents types d’équilibre macroéconomique

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Le tableau 1 montre les barèmes de demande agrégée et d’offre agrégée du Royaume Hirsute, dont la devise est le dollar hirsute.

3. Le tableau 2 montre les barèmes de demande agrégée et d’offre agrégée de la Chauvinie, dont la devise est le dollar chauvin.

Tableau 1 Niveau des prix

Tableau 2 Quantité demandée PIB réel offert de PIB réel (en G$ hirsutes)

Niveau des prix

Quantité demandée Quantité offerte de PIB réel de PIB réel (en G$ chauvins)

90

800

650

95

430

370

100

775

700

105

420

390

110

750

750

115

410

410

120

725

800

125

400

430

130

700

850

135

390

450

a) Tracez la courbe de demande agrégée et la courbe d’offre agrégée.

a) Tracez la courbe de demande agrégée et la courbe d’offre agrégée.

b) Où se situe l’équilibre macroéconomique ?

b) Où se situe l’équilibre macroéconomique ?

c) Si le PIB potentiel du Royaume Hirsute est de 800 G$, de quel type d’équilibre macroéconomique s’agit-il ?

c) Si le PIB potentiel de la Chauvinie est de 390 G$, de quel type d’équilibre macroéconomique s’agit-il ?

2. Quel point de vue oppose les classiques aux keynésiens sur l’intervention de l’État en matière économique ?

4. Quel point de vue sur l’offre agrégée à court terme les monétaristes partagent-ils avec les keynésiens ?

RÉPONSES 1.

Niveau des prix 140

PIB potentiel

OA

120

2.

110 100 DA

80 0

650 700

750 800 850 PIB réel (en G$ hirsutes)

La figure 1 montre l’équilibre macroéconomique (PIB réel de 750 G$ et niveau des prix de 110) ainsi que le PIB potentiel. Le PIB réel est en deçà du PIB potentiel ; l’économie est donc en équilibre de sous-emploi. Selon l’école classique, l’économie s’autorégule et reste toujours en équilibre de plein-emploi. L’État ne devrait donc pas intervenir dans le déroulement de l’activité économique. Les tenants de cette école prônent le « laisserfaire », c’est-à-dire la non-intervention de l’État en matière économique.

Selon l’école keynésienne, l’économie livrée à elle-même serait rarement en équilibre de plein-emploi. Pour qu’elle atteigne et maintienne un équilibre de plein-emploi, il faut donc la soutenir activement par des mesures de politiques budgétaire et monétaire.

154

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Le chapitre 6 en bref 1

Décrire les phases du cycle économique

Cycle économique Comprend deux phases, l’expansion et la récession, et deux points de retournement, le sommet et le creux Récession • Ralentissement soutenu de l’activité économique • Baisse du PIB réel et de l’emploi (d’un sommet à un creux)

2

Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur la demande agrégée

Demande agrégée (DA) Toutes choses étant égales par ailleurs, une hausse du niveau des prix réduit la quantité demandée de PIB réel. • Baisse du pouvoir d’achat • Hausse des taux d’intérêt • Hausse des prix du pays par rapport à ceux de l’étranger

3

Facteurs susceptibles d’influer sur la DA • Anticipations quant au revenu, à l’inflation et aux profits • Politiques budgétaire et monétaire • Taux de change et PIB réel à l’étranger

Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur l’offre agrégée

Offre agrégée (OA) Toutes choses étant égales par ailleurs, une hausse du niveau des prix réduit la quantité offerte de PIB réel. Baisse du salaire réel d’où... • Création d’entreprises • Reprise de la production • Intensification de la production

4

Expansion • Hausse du PIB réel et de l’emploi (d’un creux à un sommet) • Reprise (d’un creux jusqu’au niveau du sommet précédent)

Facteurs susceptibles d’influer sur l’OA • Salaire nominal • Prix des matières premières et productivité • Réglementations gouvernementales et autres perturbations

Expliquer comment l’offre et la demande agrégées déterminent le PIB réel et le niveau des prix et décrire les différents types d’équilibre macroéconomique

Équilibre macroéconomique Détermination du PIB réel et du niveau des prix à l’intersection de l’offre et de la demande agrégées Équilibre de sous-emploi PIB d’équilibre < PIB potentiel Taux de chômage observé > Taux naturel Équilibre de plein-emploi PIB d’équilibre = PIB potentiel Taux de chômage observé = Taux naturel Équilibre de suremploi PIB d’équilibre > PIB potentiel Taux de chômage observé < Taux naturel

Atteinte de l’équilibre de plein-emploi École classique Ajustement des salaires École keynésienne Intervention de l’État pour soutenir la demande agrégée en période de récession École monétariste Taux de croissance de la monnaie constant

CHAPITRE 6

155

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

Questions de révision Au terme des sections 6.2, La demande agrégée, et 6.3, L’offre agrégée, répondez aux questions 1 à 3.

Au terme de la section 6.4, L’équilibre macroéconomique, répondez aux questions 4 à 10.

1. Quel serait l’effet de chacun des événements suivants sur l’offre agrégée et la demande agrégée du Canada, toutes choses étant égales par ailleurs ?

4. Le tableau 1 décrit la demande agrégée et l’offre agrégée de la Bordurie cette année.

a) Une augmentation du salaire nominal. b) La Banque du Canada fait monter les taux d’intérêt au pays. c) Une augmentation de la productivité de la main-d’œuvre canadienne. d) Le gouvernement canadien réduit les impôts sur le revenu des particuliers. e) L’économie mondiale entre en récession. 2. Pour chacun des événements suivants, dites s’il modifie l’offre agrégée, la demande agrégée, ou aucun de ces éléments. a) La Banque du Canada fait augmenter les taux d’intérêt. b) Le gouvernement canadien augmente les impôts sur le revenu des particuliers. c) Le gouvernement canadien accroît les dépenses militaires. d) Le niveau général des prix baisse au Canada. e) Une récession aux États-Unis réduit les exportations canadiennes. f) Le PIB réel du Canada diminue. g) Le taux de change de la devise canadienne diminue par rapport à celui de la devise américaine. h) Les salaires augmentent au pays. i) Une percée scientifique majeure accroît la productivité au Canada. j) L’épuisement des gisements de pétrole au Canada fait bondir le prix de cette ressource. 3. Parmi les événements énumérés à la question 1 : a) Lequel accroît l’offre agrégée, et lequel la réduit ? b) Lequel accroît la demande agrégée, et lequel la réduit ? c) Lequel accroît le PIB réel et fait baisser le niveau général des prix, et lequel accroît le PIB réel et fait monter le niveau général des prix ? d) Lequel réduit le PIB réel et fait baisser le niveau général des prix, et lequel réduit le PIB réel et fait monter le niveau général des prix ?

Tableau 1 Quantité demandée de PIB réel

Niveau des prix

Quantité offerte de PIB réel

(en G$ borduriens) 100

1 350

900

105

1 300

1 000

110

1 250

1 100

115

1 200

1 200

120

1 150

1 300

125

1 100

1 400

a) Tracez la courbe de demande agrégée et la courbe d’offre agrégée. b) Où se situe l’équilibre macroéconomique ? c) Si le PIB potentiel bordurien se chiffre à 1 100 G$, de quel type d’équilibre macroéconomique s’agit-il ? 5. Le tableau 2 décrit l’indice implicite des prix du PIB, la demande agrégée, l’offre agrégée et le PIB potentiel de l’an prochain en Syldavie. Si ces prévisions se réalisent :

Tableau 2 Niveau des prix

Quantité demandée de PIB réel

Quantité offerte de PIB réel

110

800

600

680

115

750

650

680

120

700

700

680

125

650

750

680

PIB potentiel

(en G$ syldaves)

a) Quelle sera la valeur du PIB réel l’an prochain ? b) Quelle sera la valeur de l’indice implicite des prix du PIB l’an prochain ? c) Dans quel type d’équilibre macroéconomique la Syldavie sera-t-elle l’an prochain ?

156

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

6. Le tableau 3 décrit l’offre agrégée et la demande agrégée de cette année en Slobovie. À combien se chiffrent le PIB réel et le niveau des prix :

Tableau 3 Niveau des prix

8. Le tableau 5 décrit la demande agrégée et l’offre agrégée de cette année au Pétrolistan, dont on estime le PIB potentiel à 600 G$.

Tableau 5 Quantité demandée de PIB réel

Quantité offerte de PIB réel

Niveau des prix

(en G$ sloboviens)

Quantité demandée de PIB réel

Quantité offerte de PIB réel

(en G$ pétrolistans)

90

450

350

90

690

390

100

400

400

100

660

460

110

350

450

110

630

530

120

300

500

120

600

600

130

250

550

130

570

640

140

200

600

140

540

710

a) Au point d’équilibre macroéconomique ? b) Si la quantité demandée de PIB réel s’accroît de 100 G$ à chaque niveau des prix l’an prochain ? c) Si la quantité offerte de PIB réel diminue de 100 G$ à chaque niveau des prix l’an prochain ? d) Si la quantité demandée de PIB réel augmente de 100 G$ et que la quantité offerte de PIB réel diminue de 100 G$, et ce, à chaque niveau des prix, l’an prochain ? 7. Le tableau 4 décrit l’offre agrégée et la demande agrégée cette année en Boldavie. À combien se chiffrent le PIB réel et le niveau des prix :

Tableau 4 Niveau des prix

Quantité demandée de PIB réel

Quantité offerte de PIB réel

(en G$ boldaves) 90

800

400

100

700

500

110

600

600

120

500

700

130

400

800

140

300

900

a) Au point d’équilibre macroéconomique ? b) Si la quantité demandée de PIB réel diminue de 200 G$ à chaque niveau des prix l’an prochain ? c) Si la quantité demandée de PIB réel augmente de 200 G$ à chaque niveau des prix l’an prochain ? d) Si la quantité demandée de PIB réel baisse de 100 G$ et que la quantité offerte de PIB réel augmente de 100 G$, et ce, à chaque niveau des prix, l’an prochain ?

a) Quelles sont les valeurs d’équilibre du PIB réel et du niveau des prix ? b) De quel type d’équilibre macroéconomique s’agit-il ? Pourquoi ? c) On prévoit pour l’an prochain d’importantes hausses du prix des matières premières et des ressources énergétiques. Si elles se réalisaient, ces hausses de prix augmenteraient les coûts de production, ce qui réduirait la quantité offerte de PIB réel de 70 G$ à chaque niveau des prix. Quels seraient alors le PIB réel et le niveau des prix ? Dans quel type d’équilibre macroéconomique cette économie serait-elle ? 9. Quelle politique macroéconomique l’école classique préconise-t-elle ? En présence d’un écart déflationniste, que se passe-t-il ? Et que se passe-t-il en présence d’un écart inflationniste ? 10. Quelle politique macroéconomique l’école keynésienne préconise-t-elle ? En présence d’un écart déflationniste, que doit-on faire ? Et que doit-on faire en présence d’un écart inflationniste ?

CHAPITRE 6

LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES

Appliquez vos savoir-faire La crise des migrants en Europe En 2015, 1,25 million de réfugiés ont demandé l’asile à l’Union européenne, la plupart fuyant la guerre en Syrie4. a) Selon vous, ce flux de réfugiés influe-t-il sur la demande agrégée, sur l’offre agrégée, ou sur les deux ? Expliquez votre réponse. b) Selon vous, quel effet ce flux incessant de réfugiés a-t-il sur le PIB réel des pays membres de l’Union européenne ? Expliquez votre réponse.

Fuyant la guerre, des milliers de personnes ont choisi de se réfugier en Europe.

MOTS CLÉS Cycle économique, 132 Demande agrégée, 135 Écart déflationniste, 149 Écart inflationniste, 149 École classique, 150 École keynésienne, 150 École monétariste, 152 Équilibre de plein-emploi, 148 Équilibre de sous-emploi, 149

4.

Équilibre de suremploi, 149 Équilibre macroéconomique, 146 Expansion, 132 Offre agrégée, 141 PIB potentiel, 148 Quantité demandée de PIB réel, 135 Quantité offerte de PIB réel, 141 Récession, 132 Reprise, 132

Radio-Canada, « La crise des migrants », Ici.Radio-Canada.ca, mis à jour le samedi 16 avril 2016 à 10 h 17 HAE, http://ici.radio-canada.ca/sujet/crise-migrants-europe (page consultée le 16 avril 2016).

157

158

CHAPITRE 7

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

PARTIE 3

COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

PAYEZ-VOUS TROP D’IMPÔTS ? VOUS ATTENDEZ-VOUS À DES BAISSES OU À DES HAUSSES D’IMPÔTS ? Vous attendez-vous à des baisses ou à des hausses des dépenses du gouvernement ? Quels sont les effets d’une variation des impôts ou des dépenses du gouvernement sur notre économie ? Et sur la dette du pays ? Serons-nous plus endettés ou moins endettés à la fin de l’année ?

SOMMAIRE

Dans ce chapitre, nous étudierons d’abord la situation budgétaire du gouvernement canadien et son évolution de 1970 à nos jours. Puis, nous nous servirons du modèle de l’offre et de la demande agrégées pour expliquer les répercussions de la politique budgétaire sur notre économie. Nous verrons pourquoi les variations des dépenses publiques et des impôts ont un effet multiplicateur sur la demande agrégée, et comment le gouvernement fédéral utilise son budget pour influer sur la production, l’emploi et le niveau des prix au Canada de même que sur la dette.

7.1

COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

7.2

COUP D’ŒIL SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

La situation budgétaire du gouvernement canadien

Le budget du Québec de 2016-2017

La politique budgétaire canadienne

John Maynard Keynes et la révolution macroéconomique

p. 160

p. 162

p. 163

p. 164

CHAPITRE 7

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

159

SAVOIR-FAIRE 1

Décrire la situation budgétaire du gouvernement fédéral et son évolution de 1970 à nos jours

2

Décrire la politique budgétaire canadienne, et en expliquer le fonctionnement et les effets

3

Expliquer le lien entre le déficit et la dette, et décrire l’évolution de la dette fédérale

VOS OUTILS NUMÉRIQUES MaBiblio > MonLab xL > Multimédia Réalisez les exercices assignés par votre enseignant et regardez les tutoriels (aussi accessibles grâce aux codes QR).

COUP D’ŒIL

COUP D’ŒIL

SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

Le déficit et la dette

L’évolution de la dette du Québec depuis 1998

La dette des principales économies avancées

PAYEZ-VOUS TROP D’IMPÔTS ?

Le chapitre 7 en bref

p. 170

p. 174

p. 175

p. 176

p. 177

7.3

160

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

7.1

LA SITUATION BUDGÉTAIRE DU GOUVERNEMENT CANADIEN

Tous les ans, le ministre des Finances du Canada dépose son budget au Parlement et explique comment ce budget s’inscrit dans la politique budgétaire du pays. Une politique budgétaire est une politique économique qui utilise le budget de l’État pour influer sur l’emploi, la production et le niveau général des prix. Au Canada, l’instrument de la politique budgétaire du pays est le budget fédéral. Pour comprendre le fonctionnement de la politique budgétaire canadienne, penchons-nous d’abord sur la situation budgétaire du gouvernement fédéral.

LE BUDGET FÉDÉRAL Budget fédéral Document annuel qui fait état des revenus et des dépenses du gouvernement du Canada, ainsi que du solde budgétaire qui en résulte.

Solde budgétaire Différence entre les revenus et les dépenses budgétaires.

Équilibre budgétaire Égalité des revenus et des dépenses budgétaires.

Déficit budgétaire Solde budgétaire négatif : les dépenses sont supérieures aux revenus.

Excédent budgétaire Solde budgétaire positif : les revenus sont supérieurs aux dépenses.

Le budget fédéral est un document annuel qui fait état des revenus et des dépenses du gouvernement du Canada, ainsi que du solde budgétaire (SB) qui en résulte. Ce solde budgétaire est égal à la différence entre les revenus et les dépenses budgétaires. Quand les revenus et les dépenses sont égaux (SB = 0), il y a un équilibre budgétaire. Quand les dépenses sont supérieures aux revenus (SB < 0), il y a un déficit budgétaire. Quand les revenus sont supérieurs aux dépenses (SB > 0), il y a un excédent budgétaire. Au tableau 7.1, on détaille les revenus et les dépenses totaux prévus par le gouvernement pour l’année financière 2016-2017 (du 1er avril 2016 au 31 mars 2017) ainsi que leur importance relative. Comme on le voit, la principale source de revenus du fédéral est de loin l’impôt sur le revenu des particuliers (50,0 % des revenus totaux), suivi de l’impôt sur le revenu des sociétés (13,2 %), de la TPS (11,6 %) et des cotisations d’assurance emploi (7,8 %). Les principales dépenses sont les transferts aux particuliers – prestations aux aînés, prestations d’assurance emploi et prestations pour enfants – (28,8 % des dépenses totales), et les transferts aux autres administrations publiques – provinces et territoires –, incluant la péréquation (21,6 %), auxquels s’ajoutent les charges de fonctionnement (26,5 %). Les frais de la dette publique, essentiellement des intérêts payés sur la dette, ne représentent que 8,1 % des dépenses totales du gouvernement fédéral. Les revenus totaux (287,7 G$) moins les dépenses totales (317,1 G$) donnent le solde budgétaire du fédéral pour l’année financière 2016-2017, soit un déficit prévu de 29,4 G$.

Tableau 7.1

État des revenus et des dépenses du gouvernement du Canada pour 2016-2017

Revenus

(en G$)

(en %)

Impôt sur le revenu des particuliers

143,9

50,0

Impôt sur le revenu des sociétés

37,9

13,2

Dépenses

(en G$)

(en %)

48,4

15,3

Principaux transferts aux particuliers Prestations aux aînés

Autres impôts sur le revenu

6,3

2,2

Prestations d’assurance emploi

21,1

6,6

Taxe sur les produits et services (TPS)

33,5

11,6

Prestations pour enfants

21,9

6,9

Autres taxes et droits

11,1

3,9

Péréquation

17,9

5,6

50,7

16,0

Paiements de transfert

41,7

13,2

Amortissement des immobilisations

5,8

1,8

Droits de douane à l’importation

5,0

1,7

Transferts aux autres administrations

Cotisations d’assurance emploi

22,4

7,8

Charges de programmes directes

Autres revenus Revenus des sociétés d’État

10,4

Autres revenus de programmes

15,3

5,3

Revenus des opérations de change

1,9

0,7

287,7

100,0

REVENUS TOTAUX SURPLUS (DÉFICIT)

3,6

Charges de fonctionnement Frais de la dette publique DÉPENSES TOTALES

(29,4 G$)

Note : Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué. Source : Ministère des Finances du Canada, Le budget de 2016, Plan budgétaire, http://www.budget.gc.ca/2016/docs/plan/anx1-fr.html#_ Toc446176138 (page consultée le 20 avril 2016).

83,9

26,5

25,7

8,1

317,1

100,0

CHAPITRE 7

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

161

L’ÉVOLUTION DES REVENUS, DES DÉPENSES ET DU SOLDE BUDGÉTAIRE La figure 7.1 montre l’évolution des revenus, des dépenses et du solde budgétaire du gouvernement fédéral de 1971 à 2015. Ces données sont exprimées en pourcentage du PIB, ce qui élimine les effets de l’inflation et montre l’évolution de la taille de l’État par rapport à l’ensemble de l’économie. On peut interpréter les pourcentages du PIB comme le nombre de cents perçus et dépensés par le gouvernement (ici, par le gouvernement fédéral) pour chaque dollar gagné par les Canadiens.

Figure 7.1

Les revenus, les dépenses et le solde budgétaire du gouvernement du Canada de 1971 à 2015 Ce graphique illustre les revenus, les dépenses et le solde budgétaire du fédéral (en pourcentage du PIB) de 1971 à 2015. Faible et tendant à la baisse au début des années 1970, le déficit devient considérable et persistant à partir de 1974. Il résulte de la stagnation des revenus et de l’augmentation des dépenses (toujours en pourcentage du PIB). La réduction des dépenses publiques et les hausses d’impôts ont fini par l’éliminer en 1997, année à partir de laquelle le budget fédéral connaît 11 excédents consécutifs. La récession de 2008-2009 a mis fin à ces excédents et le gouvernement fédéral a renoué avec les déficits de 2009 à 2015.

Revenus, dépenses et déficit/excédent (en pourcentage du PIB)

25 20

Excédent budgétaire

Dépenses budgétaires Déficit budgétaire

15 10

Revenus budgétaires

5 0 1971 1975 1979 1983

1987 1991

1995 1999 2003 2007 2011 2015 Année

Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0002 : Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, trimestriel, modifié le 24-05-2012 ; tableau 380-0007 : Comptes sectoriels : ensemble des niveaux des administrations publiques, trimestriel, modifié le 01-03-2012. Ministère des Finances du Canada, Rapport financier annuel du gouvernement du Canada, exercices 2012-2013, 2013-2014 et 2014-2015.

De 1975 à 1996, le budget fédéral accuse un déficit moyen équivalant à 4,25 % du PIB, avec un sommet de 6,6 % en 1985. Après s’être légèrement résorbé à la fin des années 1980, le déficit grimpe de nouveau lors de la récession de 1990-1992. Durant la majeure partie des années 1980 et au début des années 1990, il représente plus de 4 % du PIB. Ce n’est qu’à partir de 1997 que le gouvernement fédéral a finalement réussi à éliminer son déficit ; il y est parvenu en réduisant ses dépenses (en particulier ses paiements de transfert aux provinces) et en augmentant ses impôts (principalement l’impôt sur le revenu des particuliers). En 2008-2009, le gouvernement fédéral déposait son onzième budget excédentaire d’affilée. Depuis, le budget est de nouveau déficitaire.

1.

Ministère des Finances du Québec, Le plan économique du Québec, Budget 2016-2017, www. budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).

2.

Gouvernement du Québec, Loi sur l’équilibre budgétaire, chapitre E-12-00001, Éditeur officiel du Québec, mise à jour le 1er avril 2016, www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca (page consultée le 21 avril 2016).

Saviez-vous que… En 2015-2016, le gouvernement du Québec a déposé un budget équilibré, et ce, malgré un excédent des revenus sur les dépenses de 1,4 G$1. Le budget du Québec était-il équilibré ou excédentaire ? RÉPONSE

Pourquoi le déficit fédéral a-t-il augmenté à ce point au milieu des années 1980 ? Pourquoi était-il encore si élevé au début des années 1990 ? Essentiellement, parce que les dépenses ont augmenté tandis que les revenus restaient relativement constants durant cette période. De 2009 à 2015, les dépenses ont diminué tandis que les revenus augmentaient légèrement, faisant fondre d’année en année la taille du déficit. En 2014-2015, le budget fédéral affichait un excédent budgétaire de 1,9 G$ avant de replonger en déficit en 2015-2016. La chute du prix du pétrole canadien ayant engendré une baisse des revenus de près de 9 G$, on parle ici d’un déficit budgétaire de l’ordre de 5,4 G$ pour l’année 2015-2016.

La Loi sur l’équilibre budgétaire de 1996, mise à jour le 1er avril 2016, dit ceci : « Le gouvernement atteint l’équilibre budgétaire lorsque le solde budgétaire est nul ou affiche un excédent2. » Du point de vue de la loi, le budget du Québec était équilibré, même s’il affichait un excédent des revenus sur les dépenses de 1,4 G$, ce qui correspond à la définition économique d’un budget dit excédentaire.

162

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

Le budget du Québec de 2016-2017 Comme tous les budgets, celui du gouvernement québécois se divise en revenus et en dépenses. La figure 1 illustre ses différentes sources de revenus et leur importance relative en pourcentage. On constate que la principale source de revenus du Québec est l’impôt sur le revenu des particuliers (28,9 % des revenus totaux), suivi des transferts fédéraux (19,7 %) et des taxes à la consommation (18,4 %). La figure 2 montre ses diverses dépenses et leur importance relative en pourcentage. Les principales dépenses du gouvernement du Québec sont les dépenses en santé et services sociaux (38,1 % des dépenses totales), en éducation Figure 1

et culture (21,5 %) et en économie et environnement (12,5 %). Le service de la dette publique représente plus de 10 % des dépenses totales. Les revenus totaux (102,6 G$) moins les dépenses totales (100,5 G$) donnent le solde budgétaire pour l’année financière 2016-2017, soit un surplus prévu d’un peu plus de 2 G$ avant le versement de ce surplus dans le fonds des générations. À l’aide des données sur les revenus totaux et sur les dépenses totales, calculez la valeur en G$ de chacune des sources de revenus et de dépenses de l’État québécois. Figure 2

Les revenus du gouvernement du Québec, 2016-2017 Impôt foncier et scolaire (2,1 %)

Les dépenses du gouvernement du Québec, 2016-2017

Impôt des sociétés (6,4 %) Droits et permis (3,7 %)

Soutien aux personnes et aux familles (9,5 %)

Entreprises du gouvernement (4,7 %)

Cotisations pour les services de santé (6,3 %)

Impôt des particuliers (28,9 %)

Gouverne et justice (7,6 %)

Provision pour éventualités (0,4 %)

Santé et services sociaux (38,1 %)

Service de la dette (10,4 %)

Revenus divers (9,8 %)

Économie et environnement (12,5 %)

Taxes à la consommation (18,4 %)

Transferts fédéraux (19,7 %)

Éducation et culture (21,5 %)

Source : Ministère des Finances du Québec, Budget 2016-2017, Le plan économique du Québec, mars 2016, www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).

7.1 1 Décrire la situation budgétaire du gouvernement fédéral et son évolution de 1970 à nos jours

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Quelles sont les principales composantes des revenus du gouvernement fédéral ?

3. Quelles sont les principales dépenses du gouvernement fédéral ?

2. Dans quelles circonstances le budget fédéral affiche-t-il un excédent ?

4. Dans quelles circonstances le budget fédéral accuse-t-il un déficit ?

RÉPONSES 1.

Les principales composantes des revenus fédéraux sont  l’impôt sur le revenu des particuliers, l’impôt sur le revenu des sociétés, la taxe sur les produits et services et les cotisations de l’assurance emploi.

2.

Le budget fédéral affiche un excédent budgétaire quand les revenus sont supérieurs aux dépenses.

CHAPITRE 7

7.2

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

163

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE CANADIENNE

Comme nous allons le voir, une politique budgétaire est une politique économique qui utilise le budget de l’État pour influer sur la production, l’emploi et le niveau général des prix. Au Canada, le gouvernement fédéral est responsable de l’élaboration et de la conduite de la politique budgétaire du pays. Comme nous l’avons constaté, l’essentiel des dépenses à l’échelle d’une province va à la santé et à l’éducation (voir le « Coup d’œil sur l’économie québécoise », p. 162), ce qui explique qu’une province peut difficilement se servir de son budget pour mener une politique budgétaire efficace. Au terme de consultations auprès des divers ministères fédéraux et de ses homologues provinciaux (pour les projets financés conjointement), le ministre des Finances élabore une série de propositions. Une fois son plan budgétaire entériné par le Cabinet, il le soumet au Parlement, lequel en débat et adopte les lois nécessaires à sa mise en œuvre.

L’ÉVOLUTION DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE CANADIENNE Avant les années 1930, la théorie économique dominante voulait que l’activité économique se stabilise d’elle-même dans une grande mesure, et le budget des États ne visait alors qu’à financer leurs activités. Au Canada comme ailleurs, on s’attendait à ce que le gouvernement central d’un pays équilibre son budget chaque année comme un ménage prudent, quitte à ce que cela entraîne des réductions de dépenses ou des augmentations d’impôts, sans réaliser que de telles mesures aggravaient les fluctuations économiques. Dans les années 1930, la Grande Dépression ébranle la croyance en une « main invisible » qui stabilise automatiquement l’économie, et renforce la détermination des États à jouer un rôle plus actif dans la régulation de l’activité économique. D’autant plus que les travaux de l’économiste John Maynard Keynes, surnommé « le père de la macroéconomie », leur en donnent les moyens (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste », p. 164). Après la guerre, sous l’influence des économistes keynésiens dominants, le rôle du  budget fédéral canadien s’élargit : il devient un instrument de politique macroéconomique. En avril 1945, le gouvernement du Canada dépose au Parlement le White Paper on Employment and Incomes, un livre blanc qui résume sa nouvelle politique budgétaire. Réitérant son engagement à maintenir un « niveau d’emploi élevé et stable », il s’y déclare « prêt, lorsque le chômage menacera, à encourir des déficits […] en augmentant les dépenses ou en réduisant les impôts » [traduction libre]. Le budget fédéral de 1945 visait à lutter contre la récession et le chômage, ce qui supposait une augmentation des dépenses publiques ou une réduction des impôts (ou les deux) pour stimuler la demande agrégée. Au début des années 1960, les économistes constatent qu’on peut aussi se servir de la politique budgétaire pour maîtriser l’inflation, et ce, en réduisant les dépenses publiques ou en augmentant les impôts (ou les deux) afin de diminuer la demande agrégée. Mais comment fonctionnent ces mesures de politique budgétaire ? C’est ce que nous allons voir en examinant de plus près les effets des variations des dépenses publiques ou des impôts.

LES EFFETS D’UNE VARIATION DES DÉPENSES PUBLIQUES OU DES IMPÔTS Nous avons vu au chapitre 6 qu’une variation de la demande agrégée influe sur le niveau général des prix (mesuré par l’indice implicite des prix du PIB), sur la production (le PIB réel) et sur l’emploi. C’est en faisant varier deux des composantes de la demande

Politique budgétaire Politique économique par laquelle le gouvernement d’un pays utilise le budget de l’État pour influer sur l’emploi, la production et le niveau général des prix.

164

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

agrégée, les dépenses publiques et les dépenses de consommation (par les impôts), que la politique budgétaire influe sur le PIB réel, l’emploi et le niveau général des prix. Les variations des dépenses de l’ensemble des administrations publiques (G) et des impôts (T) ont un effet multiplicateur sur la demande agrégée (DA), le PIB réel et le niveau général des prix. Nous allons étudier tour à tour : • L’effet multiplicateur d’une variation des dépenses publiques ; • L’effet multiplicateur d’une variation des impôts.

Coup d’œil SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

John Maynard Keynes et la révolution macroéconomique John Maynard Keynes, qui vit le jour en 1883 en Angleterre, est considéré comme l’un des plus grands esprits du xxe siècle. Durant la Révolution industrielle, voyant que le progrès technologique élimine des emplois et en crée de nouveaux, les gens commencent à se demander si l’économie peut créer assez d’emplois et une demande suffisante pour assurer la vente de tous les biens et services produits. À cette question, JeanBaptiste Say répond que la production de biens et de services engendre des revenus bien suffisants pour permettre l’achat de tous les biens et services produits. Autrement dit, selon ce qui est devenu la loi de Say, l’offre crée sa propre demande. John Maynard Keynes révolutionne la pensée macroéconomique en réfutant la loi de Say. Il affirme que le PIB réel ne dépend pas des biens et des services offerts, mais est au contraire déterminé par ce que les consommateurs sont prêts à acheter, c’est-à-dire par le principe de la demande effective. Il arrive, disait Keynes, que les particuliers refusent de dépenser la totalité de leur revenu. Or, si les entreprises refusent d’investir en nouveau capital la somme que les particuliers ont l’intention d’épargner, la demande risque de tomber en deçà de l’offre. Et, le cas échéant, les ressources risquent d’être sous-employées et de le rester indéfiniment. Keynes croit qu’il appartient alors à l’État de prendre le relais en augmentant ses propres dépenses de façon à soutenir la demande effective, quitte à se retirer une fois la croissance amorcée. Il donne ainsi ses lettres de noblesse à la politique budgétaire. Bien qu’il mise sur le court terme (« À long terme, nous sommes tous morts », ironise-t-il), Keynes prévoit tout de même que son remède à la crise économique – l’accroissement des dépenses publiques – peut devenir inflationniste à long terme, comme ce fut le cas au cours des années 1970. Le père de la macroéconomie, comme on l’appelle parfois, ne se contente pas d’écrire des ouvrages sur la théorie des probabilités et sur l’économie. Il est délégué de la Grande-Bre-

tagne à la conférence de la Paix  de Versailles, à la fin de la Première Guerre mondiale ; il devient un as de la spéculation financière internationale, activité à laquelle il s’adonne tous les matins, de son lit, et qui lui fait gagner et perdre des fortunes ; il joue un rôle déterminant dans la création du Fonds monétaire international ; et il participe au groupe Bloomsbury, un cercle d’artistes et d’intellectuels de premier plan, comme Bertrand Russell, Virginia Woolf et E. M. Forster. Personnage brillant et controversé, Keynes répond un jour à un critique qui lui reproche d’avoir changé d’opinion sur certaines questions : « Quand je m’aperçois que j’ai tort, je change d’avis. Pas vous ? »

John Maynard Keynes affirme que le PIB réel ne dépend pas des biens et services offerts, mais de ce que les consommateurs sont prêts à acheter.

Près de 75 ans après la publication de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, son œuvre maîtresse, Keynes et les théories keynésiennes jouissent encore d’une influence certaine. Cependant, depuis quelques décennies, plusieurs économistes, dont Robert E. Lucas fils (prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel), révolutionnent encore plus profondément la macroéconomie. Grâce à eux, nous en savons maintenant beaucoup plus sur la croissance économique, le chômage, l’inflation et les cycles économiques, ce qui nous permet d’utiliser la politique budgétaire et la politique monétaire pour améliorer la performance macroéconomique. Cela dit, nous sommes loin d’avoir toutes les réponses, et la macroéconomie demeure un domaine de recherche passionnant, où les polémiques sont toujours aussi vives. Que préconise Keynes lorsque les ressources sont sousemployées ? Quel est le risque à long terme d’accroître les dépenses publiques ? Est-ce que les idées de Keynes sont toujours d’actualité ?

CHAPITRE 7

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

165

L’effet multiplicateur d’une variation des dépenses publiques Les dépenses publiques sont une composante de la dépense agrégée. Par conséquent, une variation des dépenses publiques fait varier la dépense agrégée, et donc la demande agrégée (voir le chapitre 6). Or, cette variation de la demande agrégée a un effet d’entraînement sur les dépenses de consommation, ce qui multiplie l’effet de la variation initiale des dépenses publiques sur la demande agrégée. Supposons que le gouvernement fédéral augmente ses dépenses en biens et services. Cette augmentation des dépenses publiques accroît la dépense agrégée, et donc la demande agrégée. Mais le processus ne s’arrête pas là, car cette augmentation initiale de la demande agrégée accroît le PIB réel, et donc le revenu dont les gens disposent pour les dépenses de consommation et l’épargne. Avec un revenu disponible accru, les gens consomment et épargnent davantage. Ainsi, l’augmentation du revenu disponible entraîne une augmentation des dépenses de consommation. Comme ces dernières sont une autre composante de la dépense agrégée, celle-ci augmente encore. Cependant, l’augmentation des dépenses de consommation (et de la dépense agrégée) qu’entraîne l’augmentation du revenu disponible est moins importante que celle qu’avait entraînée l’augmentation initiale des dépenses publiques, car une partie de l’augmentation du revenu disponible va à l’épargne. Bien que plus faible, l’augmentation des dépenses de consommation des ménages (et donc de la dépense agrégée) augmente la demande agrégée, le PIB réel et le revenu disponible. Et le processus se poursuit, entraînant une série d’augmentations de plus en plus faibles des dépenses de consommation. C’est ce qu’on appelle « l’effet multiplicateur » d’une variation initiale de la demande agrégée (et de la dépense agrégée) sur les dépenses de consommation. Une réduction initiale des dépenses publiques aurait eu l’effet multiplicateur inverse : elle aurait réduit la demande agrégée, ce qui aurait diminué le PIB réel et le revenu disponible, entraînant une série de réductions de plus en plus faibles des dépenses de consommation. À la fin du processus, la demande agrégée a varié – à la hausse ou à la baisse – d’un multiple de la variation initiale des dépenses publiques. Ce multiple est le multiplicateur des dépenses publiques (mG), c’est-à-dire le nombre par lequel on multiplie la variation initiale des dépenses publiques (∆G) pour déterminer la variation finale de la demande agrégée (∆DA). Autrement dit,

∆DA = mG × ∆G La figure 7.2 (p. 166) illustre l’effet multiplicateur d’une augmentation des dépenses publiques. Au départ, la courbe de demande agrégée est DA0. Le gouvernement augmente de 40 G$ ses dépenses publiques (∆G), ce qui accroît d’autant la dépense agrégée, et donc la demande agrégée. La courbe mauve DA0 + ∆G montre le résultat de cette première étape du processus : l’augmentation de 40 G$ des dépenses publiques (et donc de la dépense agrégée) a accru la demande agrégée du même montant et a déplacé la courbe de demande agrégée vers la droite (flèche bleue). Puis, l’effet multiplicateur s’enclenche (flèche rouge) : l’augmentation de la demande agrégée entraîne une augmentation de la production, de l’emploi et du revenu disponible, ce qui accroît encore les dépenses de consommation, la dépense agrégée et donc la demande agrégée à chaque niveau des prix. Des augmentations en chaîne des dépenses de consommation de plus en plus faibles augmentent la demande agrégée de 60 G$ supplémentaires. À la fin du processus, la courbe de demande agrégée s’est déplacée vers la droite jusqu’à DA1. L’augmentation initiale des dépenses publiques (40 G$) a entraîné une augmentation de la demande agrégée deux fois et demie plus élevée (100 G$). Dans cet exemple, le multiplicateur des dépenses publiques est donc de 2,5.

Multiplicateur des dépenses publiques Nombre par lequel on multiplie la variation initiale des dépenses publiques pour déterminer la variation finale de la demande agrégée.

166 Figure 7.2

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

L’effet multiplicateur d’une variation des dépenses publiques Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140

3

Augmentation finale de la demande agrégée

130 2

120

Effet multiplicateur : augmentations en chaîne des dépenses de consommation

110

100

1

90

Augmentation des dépenses publiques

DA1 DA0  G

1 Une augmentation des dépenses publiques accroît la demande agrégée et augmente le revenu disponible, ce qui 2 entraîne des augmentations en chaîne de plus en plus faibles des dépenses de consommation. 3  L’augmentation finale de la demande agrégée (100 G$) est 2,5 fois plus importante que l’augmentation initiale des dépenses publiques.

DA0 0

950

1000 1040

1100

1 150

1 200

1 250

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

Le multiplicateur des dépenses publiques et l’emploi Nous l’avons dit, une variation des dépenses publiques fait varier les dépenses, mais aussi le niveau d’emploi. Examinons ce phénomène, étape par étape. ÉTAPE 1 Supposons que le gouvernement fédéral augmente de 100 M$ ses dépenses d’entretien des routes en octroyant de nouveaux contrats d’entretien au secteur privé. Cette augmentation des dépenses publiques entraîne une hausse de 100 M$ des revenus des entrepreneurs et des travailleurs embauchés pour exécuter ces contrats. ÉTAPE 2 Comme ils disposent maintenant d’un revenu disponible accru, ces entrepreneurs et travailleurs augmentent leurs dépenses de consommation. S’ils ont l’habitude de dépenser 60 % de leurs revenus, l’augmentation des dépenses de consommation sera de 60 M$. ÉTAPE 3 D’autres entreprises voient ainsi leur chiffre d’affaires augmenter et embauchent du nouveau personnel, et d’autres travailleurs voient leurs revenus disponibles augmenter. Cet accroissement des revenus de 60 M$ engendrera une autre augmentation des dépenses de consommation et des revenus, mais cette fois-ci de 36 M$ (60 M$ × 60 %). À ce stade-ci, les dépenses se sont accrues de 196 M$, ce qui correspond à l’augmentation initiale des dépenses de 100 M$ (étape 1) plus les autres augmentations de 60 M$ (étape 2) et de 36 M$ (étape 3). Puis, le processus se poursuit. En fin de compte, l’augmentation initiale des dépenses et son effet d’entraînement sur les dépenses de consommation se répercutent non seulement sur la dépense agrégée, mais aussi sur l’emploi.

L’effet multiplicateur d’une variation des impôts Multiplicateur des impôts Nombre par lequel on doit multiplier une variation des impôts pour déterminer l’augmentation finale de la demande agrégée.

Le gouvernement peut également stimuler l’économie en baissant les impôts plutôt qu’en augmentant ses dépenses, car une variation d’impôt a, elle aussi, un effet multiplicateur sur la demande agrégée. Le multiplicateur des impôts, mT, est le nombre par lequel on doit multiplier une variation des impôts (∆T) pour obtenir la variation finale de la demande agrégée (∆DA).

CHAPITRE 7

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

Le multiplicateur des impôts est toujours négatif : une baisse d’impôts augmente la demande agrégée ; une augmentation d’impôts la réduit. Autrement dit,

∆DA = mT × ∆T Par exemple, si une baisse d’impôts de 40  G$ entraîne une augmentation finale de la demande agrégée de 60 G$, le multiplicateur des impôts est de −1,5, ou [60 ÷ (−40)]. Cependant, l’effet d’une baisse des impôts est toujours plus faible que l’effet d’une hausse équivalente des dépenses publiques. On comprendra pourquoi en comparant ce qui se passe à la première étape du processus dans chacun des cas. Dans le cas d’une hausse des dépenses publiques, l’augmentation initiale des dépenses publiques entraîne une augmentation équivalente de la demande agrégée (première étape). Puis, l’effet d’entraînement de cette augmentation de la demande agrégée sur les dépenses de consommation multiplie l’augmentation initiale de la demande agrégée (étapes suivantes). Dans le cas d’une variation des impôts, les choses se passent différemment. Contrairement aux dépenses publiques, les impôts ne sont pas une composante de la dépense agrégée. Ainsi, à la première étape du processus, une baisse des impôts ne modifie pas la demande agrégée ; elle ne fait qu’augmenter le revenu disponible, ce qui a immédiatement un effet d’entraînement sur les dépenses de consommation. Supposons que le gouvernement fédéral choisit de réduire de 100 M$ les impôts au lieu d’augmenter ses dépenses de 100 M$. Les revenus après impôts des contribuables augmentent de 100 M$. S’ils ont l’habitude de dépenser 60 % de leurs revenus, l’augmentation des dépenses de consommation sera de 60 M$. Ce n’est qu’à partir de ce moment que l’effet multiplicateur entre en action. L’augmentation des dépenses de consommation de 60 M$ engendrera une augmentation additionnelle des revenus de 36 M$ (60 M$ × 60 %) qui, à son tour, fait augmenter les dépenses de consommation de 21,6 M$ (36 M$ × 60 %). Si le processus s’arrête à cette étape, les dépenses se seront accrues de 117,6 M$ uniquement, soit l’augmentation initiale de 60 M$ plus les autres augmentations de 36 M$ et de 21,6 M$, ce qui est nettement inférieur aux 196 M$ générés par une hausse équivalente des dépenses publiques. Parce qu’il s’enclenche après la première étape, l’effet multiplicateur d’une baisse des impôts sera toujours moindre que l’effet multiplicateur d’une hausse équivalente des dépenses publiques.

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE À L’ŒUVRE Selon qu’elle vise à stimuler l’emploi ou à maîtriser l’inflation, la politique budgétaire du gouvernement sera dite « expansionniste » ou « restrictive ».

Une politique budgétaire expansionniste Si le PIB réel est inférieur au PIB potentiel, le gouvernement peut adopter une politique budgétaire expansionniste en augmentant les dépenses publiques ou en réduisant les impôts (ou les deux). Bien dosées et appliquées au moment opportun, de telles mesures peuvent rétablir le plein-emploi en faisant augmenter la demande agrégée. Par contre, le gouvernement risque de réaliser un déficit budgétaire, puisque ses dépenses seront inférieures à ses revenus. La figure 7.3 (a) (p. 168) montre comment une augmentation des dépenses publiques permet de sortir d’un équilibre de sous-emploi. Au graphique (a), le PIB potentiel est de 1 000 G$, le PIB réel, de 900 G$, et le niveau des prix, de 105. L’économie est en équilibre de sous-emploi. Pour rétablir le plein-emploi, le gouvernement adopte une politique budgétaire expansionniste et accroît ses dépenses. La hausse des dépenses publiques

167

168

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

augmente la demande agrégée de ∆D. S’il s’agissait de la seule variation des dépenses, la courbe de demande agrégée deviendrait DA0 + ∆D, mais l’augmentation des dépenses publiques a un effet d’entraînement sur les dépenses de consommation ; à chaque étape du processus, la demande agrégée augmente, et la courbe DA se déplace progressivement vers la droite jusqu’à DA1. Ainsi, l’économie se déplace vers un nouveau point d’équilibre. Cependant, l’augmentation de la demande agrégée entraîne une hausse du niveau des prix (voir le chapitre 6). Le niveau des prix monte à 110, et le PIB réel, à 1 000 G$. On atteint de nouveau le plein-emploi. Une baisse d’impôts aurait produit un effet similaire, mais moindre, sur la demande agrégée, et donc sur le PIB réel.

Une politique budgétaire restrictive Si le PIB réel est supérieur au PIB potentiel et que l’économie est en équilibre de suremploi, le gouvernement peut adopter une politique budgétaire restrictive, avec une réduction des dépenses publiques ou une hausse des impôts (ou les deux), réduire la demande agrégée et le PIB réel, restaurer le plein-emploi et éliminer la pression inflationniste. L’application d’une politique budgétaire restrictive engendrera un excédent budgétaire, car les revenus seront supérieurs aux dépenses. La figure 7.3 (b) illustre les effets anti-inflationnistes d’une réduction des dépenses publiques. Le PIB potentiel est de 1 000 G$ ; le PIB réel, de 1 100 G$ ; et le niveau des prix, de 115. L’économie est en équilibre de suremploi.

Figure 7.3

La politique budgétaire à l’œuvre

Niveau des prix (IIP, 2007 = 100)

Niveau des prix (IPP, 2007 = 100)

140

140

130

1

Hausse de la dépense agrégée

2

1

PIB potentiel

Effet multiplicateur

Réduction de la dépense agrégée

PIB potentiel

130 2

120

OA

120

Effet multiplicateur

OA

115 110

110

DA 0

105 100

100

90 DA 0 0

900

1000

DA1 DA 0+ ∆D 1100

1 200

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

DA 0– ∆D DA 1

90

0

900

1 000

1 100

1 200

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

(a) Politique budgétaire expansionniste

(b) Politique budgétaire restrictive

Au graphique (a), le PIB potentiel est de 1 000 G$, et le PIB réel, de 900 G$. L’économie est en équilibre de sous-emploi. 1  Le gouvernement accroît les dépenses publiques de ∆D, ce qui augmente d’autant la dépense agrégée et déplace la courbe DA0 vers la droite jusqu’à DA0 + ∆D. 2  Cette augmentation de la demande agrégée a un effet multiplicateur, et la courbe de demande agrégée continue à se déplacer jusqu’à DA1. À la fin du processus, le niveau des prix est monté à 110, et le PIB réel, à 1 000 G$, et l’équilibre de plein-emploi est restauré.

Au graphique (b), le PIB potentiel est de 1 000 G$, et le PIB réel, de 1 100 G$. L’économie est en équilibre de suremploi. 1  Le gouvernement réduit les dépenses publiques de ∆D, ce qui réduit d’autant la dépense agrégée et déplace la courbe DA0 vers la gauche jusqu’à DA0 – ∆D. 2 Cette réduction de la demande agrégée a un effet multiplicateur, et la courbe de demande agrégée continue à se déplacer vers la gauche jusqu’à DA1. À la fin du processus, le niveau des prix est tombé à 110, et le PIB réel, à 1 000 G$. Les pressions inflationnistes sont éliminées.

CHAPITRE 7

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

169

Pour éliminer cet écart et restaurer le plein-emploi, le gouvernement adopte une politique budgétaire restrictive et réduit les dépenses publiques. Une réduction des dépenses publiques diminue la dépense agrégée de ∆D. S’il s’agissait de la seule variation de la dépense agrégée, la courbe DA0 deviendrait DA0 – ∆D. Cependant, la réduction initiale des dépenses agrégées entraîne une baisse des dépenses de consommation. À mesure que le multiplicateur fait effet, la demande agrégée diminue, et la courbe DA0 se déplace vers la gauche jusqu’à DA1. L’économie se déplace vers un nouveau point d’équilibre. Cependant, la diminution de la demande agrégée fait baisser le niveau des prix (voir le chapitre 6). Le niveau des prix descend à 110, et le PIB réel, à 1 000 G$. L’inflation est évitée, et l’équilibre de plein-emploi, rétabli. Une hausse des impôts entraînerait des effets similaires, mais de moindre importance.

LES LIMITES DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE En théorie, il semble facile de mettre en place une politique budgétaire. Mais en pratique, c’est autre chose. En réalité, la politique budgétaire est sérieusement entravée par de nombreux obstacles, comme : • Les nombreux délais ; • Les effets d’éviction.

Les nombreux délais On retrouve trois types de délais : ceux de perception, d’élaboration et de mise en œuvre. Pour être en mesure de mettre en place une politique budgétaire efficace, il faut disposer de données sur l’activité économique, l’inflation et l’emploi. Les données sur l’inflation et l’emploi sont publiées mensuellement, alors que celles sur le PIB, trimestriellement. Plusieurs mois peuvent s’écouler avant de connaître l’état exact de la conjoncture économique. Il s’agit du délai de perception. Le délai d’élaboration est le temps qu’il faut au ministre des Finances pour élaborer le plan budgétaire qui sera entériné par le Cabinet, et au Parlement pour en débattre et adopter les lois nécessaires à sa mise en œuvre. D’autres mois s’écouleront entre le moment où les mesures budgétaires ont été adoptées et leur entrée en vigueur, une période qu’on nomme délai de mise en œuvre. Si le gouvernement décide d’augmenter ses dépenses en infrastructures, il devra procéder à des appels d’offres auprès des firmes-conseils, des entrepreneurs en construction, etc. Ce processus prend du temps. Si le gouvernement modifie le taux d’imposition des contribuables ou les différents paliers d’imposition, l’entrée en vigueur des nouveaux taux ou paliers ne se fera qu’au premier jour de l’année suivante.

Délai de perception Temps écoulé avant de connaître l’état exact de la conjoncture économique.

Délai d’élaboration Temps nécessaire au ministre des Finances pour modifier et présenter un budget et aux parlementaires pour adopter les lois modifiant les impôts ou les dépenses en conséquence.

Délai de mise en œuvre Temps écoulé entre le moment où les mesures budgétaires ont été adoptées et leur entrée en vigueur.

L’état de la conjoncture économique peut exiger une intervention immédiate, mais au moment où les différentes mesures budgétaires entreront en vigueur, la politique budgétaire mise en place ne sera peut-être plus adéquate.

Les effets d’éviction Si le gouvernement fédéral crée un déficit à la suite de la mise en place d’une politique budgétaire expansionniste, il le finance en empruntant sur les marchés financiers. Ses emprunts accaparent une bonne partie des épargnes des Canadiens. S’il emprunte sur le marché financier canadien, les taux d’intérêt au Canada risquent d’augmenter et de rendre le coût d’emprunt plus coûteux. Certains investissements privés devenus moins rentables ne se concrétiseront pas ou seront reportés à plus tard. Contrairement aux entreprises, les gouvernements ont la capacité de payer des taux d’intérêt plus élevés pour financer les investissements en infrastructures qu’ils réaliseront. Lorsqu’une partie des épargnes des ménages sert à financer les investissements publics au détriment des investissements privés, on appelle ce phénomène effet d’éviction des investissements publics.

Effet d’éviction des investissements publics Phénomène rencontré lorsqu’une partie des épargnes des ménages sert à financer les investissements publics au détriment des investissements privés.

170

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Effet d’éviction des importations Phénomène rencontré lorsqu’une partie de l’augmentation des dépenses de consommation sert à se procurer des biens et services importés au lieu de biens et services produits au Canada.

D’un autre côté, la mise en place d’une politique budgétaire expansionniste vise à stimuler les dépenses dans l’économie, notamment les dépenses de consommation. Cet accroissement des dépenses n’est pas uniquement destiné à se procurer des biens et services produits au Canada, mais aussi des biens et services étrangers. On parle d’effet d’éviction des importations lorsqu’une partie de l’augmentation des dépenses de consommation sert à se procurer des biens et services importés au lieu de biens et services produits au Canada. Tous ces obstacles ont pour effet de réduire l’efficacité de la politique budgétaire mise en place.

7.2 2 Décrire la politique budgétaire canadienne, et en expliquer le fonctionnement et les effets

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Dites si les mesures suivantes relèvent d’une politique budgétaire expansionniste ou restrictive.

3. Dites si les mesures suivantes relèvent d’une politique budgétaire expansionniste ou restrictive.

a) Le gouvernement fédéral réduit les impôts. b) Le gouvernement fédéral réduit les dépenses pour la réfection des autoroutes. c) Le gouvernement fédéral augmente les paiements de transfert aux provinces et aux territoires pour les soins de santé et l’éducation supérieure.

a) Le gouvernement fédéral réduit l’impôt sur le revenu des particuliers. b) Le gouvernement fédéral augmente ses dépenses pour la sécurité dans les aéroports. c) Le gouvernement fédéral alloue des fonds pour refaire la décoration du bureau du premier ministre.

d) Le gouvernement réduit les fonds consacrés à la défense nationale.

d) Le gouvernement fédéral commande 10 chasseurs F-18 Hornet de Boeing.

2. Expliquez comment la demande agrégée varie dans les cas suivants.

4. À l’aide du modèle OA-DA, illustrez dans un graphique les effets de chacun des événements suivants.

a) Le gouvernement fédéral augmente les dépenses publiques de 100 G$.

a) Le gouvernement fédéral réduit les dépenses publiques de 100 G$.

b) Le gouvernement fédéral augmente les impôts de 100 G$.

b) Le gouvernement fédéral réduit les impôts de 100 G$.

c) Le gouvernement prend simultanément les mesures (a) et (b).

c) Le gouvernement fédéral prend simultanément les mesures (a) et (b).

RÉPONSES 1. 2.

Les mesures (a) et (c) sont expansionnistes ; les mesures (b) et (d), restrictives. a) La demande agrégée augmente de plus de 100 G$, car la hausse des dépenses publiques a un effet multiplicateur qui accroît la dépense agrégée.

7.3 Frais de la dette Somme des intérêts payés sur la dette, des primes, des commissions, des frais de service et du coût d’émission de nouveaux titres du gouvernement (obligations ou bons du Trésor).

b) c)

La demande agrégée diminue de plus de 100 G$, car la  hausse d’impôt a un effet multiplicateur qui réduit la dépense agrégée. La demande agrégée augmente, car l’effet d’une augmentation de 100 G$ des dépenses publiques est plus important que l’effet d’une réduction équivalente (100 G$) des impôts.

LE DÉFICIT ET LA DETTE

Nous avons vu précédemment qu’un déficit budgétaire peut résulter de l’application d’une politique budgétaire expansionniste. Comment un déficit peut-il affecter le montant de la dette ? Cela affecte-t-il les frais de la dette ? C’est ce que nous examinerons d’abord.

LES FRAIS DE LA DETTE Les frais de la dette comprennent les intérêts payés sur la dette, les primes, les commissions et les frais de service de même que le coût d’émission de nouveaux titres du

CHAPITRE 7

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

171

gouvernement (obligations ou bons du Trésor). On calcule les frais de la dette en multipliant la valeur de la dette par un taux d’intérêt représentant une moyenne des taux des titres émis par le gouvernement. Par exemple, si la dette s’élève à 100 G$ et que le taux d’intérêt moyen est égal à 10 %, les frais de la dette représentent 10 G$.

Saviez-vous que… En 2016-2017, le gouvernement du Québec a versé près de 2 G$ dans un fonds, le Fonds des générations, portant sa valeur à 11 G$3 (9 G$ au 31 décembre 2015 plus les 2 G$ versés). D’où proviennent les sommes versées dans ce fonds ? À quoi peut bien servir le Fonds des générations ? RÉPONSE

Un déficit budgétaire est financé par des emprunts obligataires, c’est-à-dire par la vente de titres du gouvernement (obligations ou bons du Trésor). Ces emprunts s’ajoutent à la dette. Une augmentation de la dette augmente les intérêts que le gouvernement doit verser sur ses emprunts obligataires et, par conséquent, les frais de la dette. Des frais de la dette plus élevés réduisent la marge de manœuvre du gouvernement, car les sommes versées en intérêts sur la dette ne peuvent servir à d’autres fins.

Selon la Loi sur la réduction de la dette et instituant le

Par ailleurs, la cote de crédit du gouvernement influe sur les Fonds des générations de 2009, mise à jour le 1er avril 2016, 0,5 G$ provenant de la taxe sur l’alcool plus les droits et taux d’intérêt auxquels il emprunte sur les marchés financiers, redevances sur l’extraction minière sont versés au Fonds des sur les intérêts payés et, finalement, sur les frais de la dette. Qui générations chaque année4. À cela peuvent s’ajouter d’autres fixe la cote de crédit du gouvernement ? Ce sont les agences de sommes, comme des revenus de placements ou une partie des bénéfices d’Hydro-Québec. Ces sommes serviront à notation, comme Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch. Ces agences rembourser la dette brute du Québec. évaluent le risque de non-remboursement d’un État qui émet des titres de dette (comme des obligations), et attribuent une cote ou une note allant de triple A, la meilleure, à triple C, la pire. Pour les États, une décote se traduit par une hausse des taux d’intérêt auxquels ils empruntent sur les marchés financiers ; en d’autres mots, cela coûtera plus cher d’emprunter pour un État sur les marchés financiers. Le gouvernement canadien a une cote de crédit triple A et peut emprunter à des taux moindres sur les marchés financiers.

LA RELATION ENTRE LES SOLDES BUDGÉTAIRES ET LA DETTE Nous venons de voir qu’un budget déficitaire fait augmenter la dette et les frais de la dette. Qu’en est-il d’un budget excédentaire ? Quand le budget est excédentaire, le gouvernement doit décider ce qu’il fera des sommes en surplus. Il peut, au choix, accroître le financement de certains programmes (sécurité nationale, environnement, aide aux pays en développement, etc.), augmenter les paiements de transfert aux particuliers (pensions, allocations familiales, etc.) ou aux provinces (en santé et en éducation), réduire les impôts ou consacrer une partie de l’excédent à la réduction de la dette. La figure 7.4 (p. 172) met en évidence la relation entre les soldes budgétaires annuels d’un État fictif et la dette. En consacrant la totalité ou une partie de l’excédent budgétaire à la réduction de la dette, les sommes versées en intérêts de même que les frais de la dette diminuent.

LA DETTE ET SON POIDS Un gouvernement finance un budget déficitaire par la vente de titres (obligations ou bons du Trésor). Qui les achète et, donc, détient une partie de la dette ? Quelle est l’importance (poids) de la dette ? Avant de répondre à ces questions, examinons en quoi consiste cette dette.

3.

Ministère des Finances du Québec, Le plan économique du Québec, Budget 2016-2017, www. budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).

4.

Gouvernement du Québec, Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations, chapitre R-2.2.0.1, éditeur officiel du Québec, mise à jour le 1er avril 2016, http://www2. publicationsduquebec.gouv.qc.ca/documents/lr/R_2_2_0_1/R2_2_0_1.htm (page consultée le 21 avril 2016).

172

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 7.4

La relation entre les soldes budgétaires annuels et la dette

Excédent () ou déficit () budgétaire (en G$)

20 0 –20

2016

2017

2018

2019

2018

2019

Année

Dette publique (en milliards de dollars)

80 60 40

En 2015 (avant la période couverte par le graphique), la dette publique d’un État fictif se chiffrait à 50 G$. En 2016, le gouvernement central enregistrait un déficit budgétaire de 10 G$, et la dette publique grimpait à 60 G$. En 2017, un déficit budgétaire de 20 G$ a porté la dette publique à 80 G$. En 2018, un excédent de 10 G$ l’a réduite à 70 G$, et en 2019, un excédent de 20 G$ l’a ramenée à 50 G$.

20 0

2016

2017

Année

Différents concepts de dette Dette brute Valeur totale des engagements financiers.

Dette nette Valeur de la dette brute moins les actifs financiers.

Dette fédérale Valeur de la dette nette moins les actifs non financiers.

On distingue trois concepts de dette : la dette brute, la dette nette et la dette fédérale représentant les déficits cumulés. La dette brute représente la totalité des engagements financiers de l’État. Pour obtenir la dette nette, il faut déduire de la dette brute la valeur des actifs financiers. Il peut s’agir de titres (actions ou obligations) d’entreprises que détient le gouvernement fédéral ou de prêts sans intérêt qu’il a octroyés à certaines entreprises canadiennes. Si on soustrait d’autres types d’actifs, soit la valeur des actifs non financiers (immeubles, terrains, infrastructures, etc.), nous obtenons la dette fédérale, qui représente la somme des déficits antérieurs. Au Canada, la dette brute au 31 mars 2015 représentait 1 023,6 G$. En soustrayant de la dette brute les 336,7 G$ d’actifs financiers, la valeur de la dette nette s’élevait à 686,9 G$. Si l’on soustrait 74,6 G$ d’actifs non financiers de la dette nette, on obtient la dette fédérale, soit 612,3 G$. Elle est passée à 619,3 G$ au 31 mars 2016, puis passera à 648,7 G$ au 31 mars 2017, soit 619,3 G$ plus le déficit prévu de 29,4 G$5.

Les détenteurs de la dette Les titres émis par un gouvernement peuvent être détenus par des résidents ou des nonrésidents (des étrangers). Il s’agit, pour l’essentiel, de banques, de compagnies d’assurance, de fonds de pension ou d’assurance, de fonds d’investissement, voire de fonds spéculatifs. Au 31 mars 2015, les Canadiens détenaient environ 72 % de la dette brute ; parmi ces derniers, les sociétés d’assurances et les caisses de retraite détenaient la part la plus importante, avec 32,0 % ; venaient ensuite d’autres institutions financières (25,2 %) et la Banque du Canada (14,3 %). Les étrangers, surtout des Américains, des Européens et des Japonais6, détenaient un peu moins de 28 % de la dette brute du gouvernement du Canada. Par rapport aux autres pays membres du G7, la part de la dette brute du Canada détenue par les étrangers est peu

5.

Ministère des Finances du Canada, Le budget de 2016, Plan budgétaire, http://www.budget. gc.ca/2016/docs/plan/anx1-fr.html#_Toc446176138 (page consultée le 20 avril 2016).

6.

60 % des obligations canadiennes détenues par des étrangers le sont par des Américains, 20 % par des Européens, 7  % par des Japonais et 13  % par des étrangers d’autres pays, au 1er trimestre de 2012. Source : Statistique Canada, Bilan des investissements internationaux au Canada, 67-202-X, modifié le 27-11-2015.

CHAPITRE 7

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

173

élevée. Elle est comparable à celle du Royaume-Uni (25 %), mais nettement inférieure à celles de l’Allemagne (60 %), de la France (64 %) et des États-Unis (48 %). La part de la dette brute du Japon détenue par les étrangers est d’à peine 9 %, et celle de l’Italie, de 35 %7.

Le poids de la dette Le poids de la dette ou la dette en pourcentage du PIB permet de mesurer l’ampleur de l’endettement d’un gouvernement ou d’un pays. Pour connaître le poids de la dette, il faut diviser la dette par le PIB nominal, puis multiplier le résultat par 100. La figure 7.5 retrace l’évolution de la dette fédérale (en pourcentage du PIB) depuis 1945. Les énormes déficits accumulés durant la Deuxième Guerre mondiale l’ont à ce point accrue qu’elle représentait 110 % du PIB, un sommet inégalé !

Poids de la dette Pourcentage correspondant à la dette divisée par le PIB nominal, puis multipliée par 100.

Les excédents budgétaires de l’après-guerre réduisent le rapport de la dette au PIB jusqu’en 1975, année où il n’est plus que de 14 % – une première depuis la Deuxième Guerre mondiale. Jusqu’à la fin des années 1970, de faibles déficits n’augmentent que légèrement le rapport de la dette au PIB, mais ce ratio bondit avec les énormes déficits annuels des années 1981 à 1986. Devenu chronique, le déficit fédéral commence alors à se nourrir lui-même : les emprunts accrus augmentent la dette et les intérêts sur la dette, lesquels creusent encore le déficit et la dette – un cercle vicieux qui explique l’ampleur du déficit accumulé dans les années 1980. À la fin de la décennie, le rapport de la dette au PIB continue à croître, mais plus modérément. Il se remet à grimper rapidement avec la récession de 1990-1992, pour atteindre 73,8 % du PIB en 1995-1996. Après 1993, la politique fédérale de lutte au déficit permet d’abord de réduire le rythme de croissance de la dette, puis, après 1996, de réduire le rapport de la dette au PIB, qui était tombé à 31,7 % pour l’exercice budgétaire de 2007-2008. La récession de 2008-2009 a fait augmenter la dette et son poids pour atteindre 34 % du PIB en 2010-2011. Depuis, le poids de la dette fédérale a diminué pour s’établir à 31,0 % du PIB en 2014-2015. Il devrait rester à ce niveau jusqu’en 2020-2021, un niveau élevé par rapport aux années 1970. On constate d’importantes disparités dans l’endettement des provinces. Le « Coup d’œil sur l’économie québécoise » retrace l’évolution de la dette brute du Québec depuis 1998 et compare le poids de sa dette nette (en pourcentage du PIB) avec celui de la dette nette des autres provinces.

Figure 7.5

L’évolution de la dette fédérale depuis 1945

Dette fédérale (en pourcentage du PIB)

Cible pour 2021 : 30,9 %

120

Cible pour 2017 : 28,5 %

1946 : 110 %

100

La dette fédérale en pourcentage du PIB diminue de 1946 à 1975, puis augmente jusqu’en 1997, année où elle recommence à diminuer. La courbe pointillée montre une projection du rapport dette/PIB jusqu’en 2021, indiquant la cible de 30,9 %.

80 60

1975 : 14 %

40 20

2011 : 33,9 %

0 1945

1955

1965

1975

1985

1995

2005

2015

2025 Année

Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0002 : Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, trimestriel, modifié le 24-05-2012 ; tableau 3800007 : Comptes sectoriels : ensemble des niveaux des administrations publiques, trimestriel, modifié le 01-03-2012. Ministère des Finances du Canada, Rapport

7.

financier annuel du gouvernement du Canada, Exercices 2010-2011, 2011-2012, 2012-2013, 2013-2014, 2014-2015. Ministère des Finances du Canada, Le budget de 2016, Plan budgétaire, http://www.budget.gc.ca/2016/docs/plan/anx1-fr. html#_Toc446176138 (page consultée le 20 avril 2016).

Ministère des Finances du Canada, Rapport sur la gestion de la dette 2014-2015, 16 février 2016, https ://www.fin.gc.ca/dtman/2014-2015/dmr-rgd1501-fra.asp#toc06 (page consultée le 22 avril 2016).

174

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

L’évolution de la dette du Québec depuis 1998 La dette brute du Québec est constituée de la dette directe – titres du gouvernement, emprunts en monnaie étrangère, etc. – et des sommes dues aux régimes de retraite des employés de l’État. Depuis 2009, s’ajoutent les sommes dues aux avantages sociaux futurs moins celles versées au Fonds des générations. On obtient la dette nette en soustrayant de la dette brute les actifs financiers, comme les participations détenues par le gouvernement dans les sociétés d’État (Hydro-Québec, Loto-Québec, etc.).

de la santé et des services sociaux et de l’éducation a eu pour effet d’augmenter ce ratio de 48,5 % à 50,1 % au 31 mars 2009. De 2009 à 2015, le poids de la dette brute du Québec est passé de 50,1  % à 55,1  % du PIB. Sans le versement au Fonds des générations, le poids de la dette brute serait plus important. La hausse du poids de la dette brute à compter de 2009 est due à l’augmentation des investissements en immobilisations et à la récession de 2008-2009.

Jusqu’en 1997-1998, la dette brute du Québec se composait uniquement de ses déficits budgétaires cumulés. Le coût des immobilisations (routes, hôpitaux, etc.) était inscrit en entier aux dépenses de l’année financière pendant laquelle ces immobilisations avaient été acquises ; en d’autres termes, le coût n’était pas amorti. Depuis la réforme de la comptabilité gouvernementale de 1997-1998, la valeur de l’amortissement des immobilisations s’ajoute dorénavant au calcul de la dette brute. Autrement dit, le gouvernement du Québec comptabilise maintenant l’amortissement des immobilisations aux fins du calcul de la dette brute.

La figure 2 montre qu’au 31 mars 2015, le poids de la dette brute du Québec était de 55,1 %, ce qui dépasse, et de loin, le poids de la dette brute du gouvernement canadien (45,6  %) et celui de l’Ontario (46,0  %), et fait du Québec la province la plus endettée de la Confédération (en pourcentage du PIB). Pour la première fois de son histoire, l’Alberta a une dette brute correspondant à 7 % de son PIB.

Depuis cette réforme comptable de 1997-1998, la dette brute du Québec n’a cessé de  s’accroître. La dette brute du gouvernement du Québec a grimpé de 98,4 G$ au 31 mars 1998 à 203,9 G$ au 31 mars 2015.

À combien s’élevait le poids de la dette brute du gouvernement du Québec au 31 mars 2015 ? Comme la dette s’élevait à 203,9 G$, calculez la valeur du PIB ayant servi au calcul du poids. En quoi consistait la réforme de la comptabilité gouvernementale de 1997-1998 ? Quelle conséquence a-t-elle eue sur le calcul de la dette brute du Québec ?

La figure 1 résume l’évolution du poids de la dette brute du gouvernement du Québec – c’est-à-dire l’évolution de la dette brute en pourcentage du PIB. Au 31 mars 1998, après la réforme comptable, le poids de la dette était de 57,8 %, pour diminuer à près de 49 % au 31 mars 2007. La consolidation des réseaux

Au 31 mars 2015, le poids de la dette brute du gouvernement du Québec était-il supérieur ou inférieur à celui du gouvernement fédéral ? Le Québec est-il la seule province canadienne dans cette situation ?

Figure 1

Figure 2

L’évolution de la dette brute du Québec depuis 1998

La dette brute des provinces au 31 mars 2015

(en % du PIB)

Provinces

Dette brute (en pourcentage du PIB)

Québec Ontario Canada Nouvelle-Écosse Manitoba Nouveau-Brunswick Terre-Neuve-et-Labrador Colombie-Britannique Île-du-Prince-Édouard Saskatchewan Alberta

60 50 40 30 20 10 0 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 Année

0

Source : Ministère des Finances du Québec, Le plan économique du Québec, Budget 2016-2017, www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).

20

40

60

Dette nette (en pourcentage du PIB)

CHAPITRE 7

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

175

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

La dette des principales économies avancées La dette brute de l’ensemble des administrations publiques (fédérale, provinciale et municipale) au Canada tournait autour de 1 887 G$ en 2015. La dette de l’ensemble des administrations publiques au Canada est-elle plus élevée que celle des autres économies avancées ? Le Canada fait-il figure d’exception sur la scène internationale ? La figure suivante présente la dette brute des administrations publiques des principales économies avancées en pourcentage du PIB. Le ratio de la dette brute au PIB de l’ensemble

des administrations publiques canadiennes s’est établi à 94,8 % en 2015, inférieur à celui des pays membres de l’OCDE (115,4 %) et à celui des États-Unis (110,6 %). Le Japon affiche un ratio deux fois plus élevé que celui de l’ensemble des pays membres de l’OCDE. Quels pays affichent un ratio de la dette brute au PIB supérieur à celui de l’ensemble des pays membres de l’OCDE ? Quel pays européen affiche un ratio de la dette brute au PIB inférieur à celui de l’ensemble des pays membres de la zone euro ?

La dette brute des principales économies avancées en 2015 Dette brute (en pourcentage du PIB)

250 200 150 100 50 0

Japon

Italie

France

Espagne

Royaume-Uni États-Unis

Canada

Allemagne

Zone Euro

Total OCDE

Pays Source : OCDE, Perspectives économiques de l’OCDE, Statistiques : solde budgétaire et endettement des administrations publiques, tableau 33, Engagements financiers bruts des administrations publiques en pourcentage du PIB nominal, www.oecd.org/fr/eco/finances-publiques/ (page consultée le 24 avril 2016).

7.3 3 Expliquer le lien entre le déficit et la dette, et décrire l’évolution de la dette fédérale

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Que doit faire le gouvernement fédéral lorsqu’il réalise un déficit budgétaire ?

3. Que peut faire le gouvernement fédéral lorsqu’il réalise un excédent budgétaire ?

2. Expliquez la relation entre le solde budgétaire d’une administration publique et sa dette.

4. Expliquez la relation entre l’excédent budgétaire d’une administration publique et sa dette.

RÉPONSES 1. 2.

Lorsque le gouvernement fédéral fait un déficit budgétaire, il vend des obligations ou des bons du Trésor pour financer ce déficit. La dette d’une administration publique est égale à la somme de ses déficits budgétaires antérieurs moins la somme de ses excédents budgétaires antérieurs. Chaque déficit fait augmenter la dette publique.

176

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

PAYEZ-VOUS TROP D’IMPÔTS ? Considérez-vous que vous payez trop d’impôts pour les services publics que vous recevez ? Considérez-vous que le déficit est trop élevé ? Qu’est-ce qui vous préoccupe le plus : la prestation des services publics, la taille du déficit ou le taux d’imposition de vos revenus ? Si c’est la prestation des services publics qui vous préoccupe le plus, préfèreriez-vous des mesures budgétaires qui incluent un accroissement des dépenses ? Dans quels programmes ? Que recommanderiez-vous pour financer ces dépenses ? Des hausses d’impôts ? Si c’est le déficit budgétaire qui vous préoccupe le plus, quelles mesures suggéreriezvous pour le diminuer ? Une hausse des impôts ou une baisse des dépenses ? Que feriezvous pour rétablir l’équilibre budgétaire ? Si c’est le taux d’imposition de vos revenus qui vous préoccupe le plus, préfèreriezvous que les mesures budgétaires prévoient des baisses d’impôts ? Pour parvenir à ces baisses d’impôts, dans quels programmes publics feriez-vous des coupes ? Pensez aux changements dans la politique budgétaire qui ont été récemment rapportés dans les médias. Que pouvez-vous en conclure quant à la position du gouvernement fédéral ? Comment voit-il la situation de l’économie canadienne ? Êtes-vous du même avis ? Quel type de politique budgétaire recommanderiez-vous ? Le gouvernement fédéral doit-il intervenir pour stimuler ou freiner l’activité économique ? Poussez la réflexion plus loin : quels impacts ces changements auront-ils sur vous, sur vos décisions quant à vos dépenses, sur vos épargnes et sur votre emploi ? En considérant les impacts des changements à la politique budgétaire sur votre situation, tentez de mesurer leur effet sur la demande agrégée. Croyez-vous qu’ils auront un effet sur l’activité économique ?

Pour plusieurs, faire une déclaration d’impôt est un vrai casse-tête : déductions par-ci, crédits d’impôt par-là.

CHAPITRE 7

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

177

Le chapitre 7 en bref

1

Décrire la situation budgétaire du gouvernement fédéral et son évolution de 1970 à nos jours

Budget de l’État Document présenté annuellement par le ministre des Finances qui fait état des revenus et des dépenses du gouvernement

2

Solde budgétaire (SB) SB = revenus – dépenses de l’État • Équilibre budgétaire (SB = 0) • Déficit budgétaire (SB < 0) • Excédent budgétaire (SB > 0)

Évolution du solde budgétaire • Déficit de 1975 à 1996 • Excédent de 1997 à 2009 • Déficit depuis 2009, sauf en 2014-2015

Décrire la politique budgétaire canadienne, et en expliquer le fonctionnement et les effets

Politique budgétaire Politique économique qui utilise le budget de l’État pour influer sur l’emploi, la production et le niveau général des prix Équilibre de sous-emploi PIB réel < PIB potentiel

Équilibre de suremploi PIB réel > PIB potentiel

Politique expansionniste • Hausse des dépenses publiques ou baisse des impôts (ou les deux) • Effets multiplicateurs des dépenses ou des impôts amplifiant la hausse de la DA • Stimuler la DA pour rétablir le pleinemploi et éviter la récession

Politique restrictive • Baisse des dépenses publiques ou hausse des impôts (ou les deux) • Effets multiplicateurs des dépenses ou des impôts amplifiant la baisse de la DA • Réduction de la DA pour rétablir le plein-emploi et éliminer les pressions inflationnistes

Efficacité de la politique budgétaire atténuée • Délais de perception, d’élaboration et de mise en œuvre • Effets d’éviction des investissements publics et des importations

3

Expliquer le lien entre le déficit et la dette, et décrire l’évolution de la dette fédérale

Dette publique Un déficit augmente la dette, alors qu’un surplus peut être consacré à rembourser une partie de la dette. Dette nette = Dette brute – actifs financiers Dette (déficits cumulés) = Dette nette – actifs non financiers Frais de la dette Taux d’intérêt moyen Dette brute × 100 Facteurs influant sur les frais • Hausse ou baisse de la dette brute • Cote de crédit du gouvernement

Poids de la dette Dette × 100 PIB nominal Évolution du poids de la dette • Hausse de 1974 à 1997 • Baisse jusqu’en 2009

Détenteurs de la dette • Résidents ou non-résidents (étrangers) • Banques, compagnies d’assurance, fonds de pension, d’investissement ou spéculatifs

178

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Questions de révision Au terme de la section 7.1, La situation budgétaire du gouvernement canadien, répondez à la question 1. 1. Pour chacune des mesures suivantes, précisez si le budget fédéral (voir le tableau 7.1, p. 160) risque d’être déficitaire, équilibré ou excédentaire et de combien. a) Une augmentation des prestations d’assurance emploi de 5,6 G$ b) Une hausse des impôts sur le revenu des particuliers de 29,4 G$ c) Une baisse des impôts sur le revenu des sociétés de 7,6 G$ d) Une baisse des charges de fonctionnement de 29,4 G$ e) Une baisse des transferts fédéraux aux provinces et territoires et de la péréquation de 39,4 G$ Au terme de la section 7.2, La politique budgétaire canadienne, répondez aux questions 2 à 8. 2. Pourquoi la politique budgétaire relève-t-elle du gouvernement fédéral ? Un gouvernement provincial pourrait-il utiliser aussi efficacement son budget pour influer sur la production, l’emploi et le niveau des prix ? Pourquoi ? 3. Quel était l’objectif de la nouvelle politique budgétaire canadienne adoptée en 1945, et quelles mesures pouvait-on prendre pour l’atteindre ? Quel autre rôle a-t-on donné à la politique budgétaire canadienne en 1960, et comment était-il possible de l’atteindre ? 4. Quel effet multiplicateur est le plus fort : celui d’une variation des dépenses publiques ou celui d’une variation des impôts ? Pourquoi ? 5. Supposons que le gouvernement fédéral augmente ses dépenses et ses impôts de 10  G$. Doit-on conclure que ces mesures s’annuleront et n’auront aucun effet sur le PIB réel ni sur le niveau des prix ou celui de l’emploi ? Expliquez votre réponse. 6. Comment une réduction des dépenses budgétaires du gouvernement fédéral pourrait-elle influer sur le PIB réel et le niveau général des prix ? 7. Le Parlement canadien vote des baisses d’impôts de plusieurs milliards de dollars. Expliquez l’effet de cette mesure budgétaire sur les facteurs suivants. a) b) c) d) e)

Le revenu disponible Les dépenses de consommation La demande agrégée Le PIB réel Le solde budgétaire du gouvernement fédéral

8. Pour chacune des mesures suivantes, précisez s’il s’agit d’une mesure budgétaire expansionniste ou restrictive. a) Une augmentation des dépenses militaires b) Une baisse des impôts sur le revenu des particuliers du fédéral c) Une hausse des impôts sur le revenu des sociétés d) Une réduction des subventions fédérales aux agriculteurs de l’Ouest e) Une augmentation des transferts fédéraux aux provinces et territoires Au terme de la section 7.3, Le déficit et la dette, répondez aux questions 9 et 10. 9. En Slobovie, les revenus budgétaires de l’État central se chiffrent toujours à 15  % du PIB. Les dépenses totales, incluant les frais de la dette, s’élèvent cette année à 112 G$. Le PIB se chiffre à 640 G$, et la dette nationale, à 350 G$. On estime le PIB potentiel à 660 G$. L’économie slobovienne est en récession. a) Calculez le solde budgétaire de l’État central pour l’année en cours. b) Si l’économie était en situation de plein-emploi, le solde budgétaire de l’État central serait-il excédentaire ou déficitaire ? Chiffrez votre réponse. c) Sachant que la dette nationale est financée par un emprunt obligataire à un taux d’intérêt de 10 %, calculez les frais de la dette pour l’année en cours. d) Quel serait l’effet d’une baisse de 1 % du taux d’intérêt sur le solde budgétaire ? e) Si l’aggravation de la récession réduit le PIB de 5 % et augmente les dépenses de 3 G$, quel sera son effet sur le solde budgétaire ? Chiffrez votre réponse. 10. Financée par des emprunts obligataires à un taux d’intérêt de 5 %, la dette de l’État central de l’Absurdistan se chiffrait à 400 G$ au début de l’année. Durant l’année, l’État central a perçu 80  G$ en impôt sur le revenu des particuliers et 15 G$ en impôt sur le revenu des sociétés. Il a versé 50 G$ en transferts aux particuliers et 25  G$ en transferts aux autres administrations. La taxe sur les produits et services (TPS) lui a rapporté 25  G$, et les autres taxes, 5  G$. Les travailleurs ont versé 20  G$ en cotisations d’assurance emploi. Les charges de fonctionnement totalisaient 55 G$. a) À combien se chiffrent les frais de la dette de l’État central de l’Absurdistan ? b) Produisez le budget de l’État central de l’Absurdistan en y incluant les frais de la dette. c) Le solde budgétaire est-il excédentaire ou déficitaire ? Chiffrez votre réponse. d) À combien s’élèvera le montant de la dette de l’État central au début de la prochaine année ? e) Quel effet aura une augmentation de 1 % du taux d’intérêt sur le solde budgétaire de l’État central ?

CHAPITRE 7

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE

179

Appliquez vos savoir-faire Hausse de la dette fédérale8 La dette fédérale au 31 mars 2016 s’établissait à 619,3 G$ et elle devrait augmenter de 29,4 G$ en 2016-2017, de 29 G$ en 2017-2018 et de 22,8 G$ en 2018-2019, selon les projections du gouvernement canadien. Toutefois, les spécialistes du bureau du directeur parlementaire du budget (DPB) soutiennent que les déficits prévus seront moindres. En 2016-2017, ils anticipent un déficit budgétaire de 20,5  G$, de 24,2  G$ en 2017-2018, et de 12,4  G$ en 2018-2019. Cela nous laisse croire que le budget fédéral a des « revenus cachés ». En effet, le gouvernement canadien, en retranchant 40 G$ au PIB, sous-estime ses revenus de 6 G$ chaque année et base ses projections sur une croissance du PIB réel de 1,4 % en 2016 et de 2,2 % en 2017, alors que les spécialistes s’attendent plutôt à une croissance de 1,8 % en 2016 et de 2,5 % en 2017.

La dette fédérale devrait augmenter de 81,2 G$ de 2016-2017 à 2018-2019, selon les projections du gouvernement canadien.

a) Calculez la dette fédérale au 31 mars 2017, au 31 mars 2018 et au 31 mars 2019, à partir des déficits projetés par le gouvernement canadien. b) Calculez la dette fédérale au 31 mars 2017, au 31 mars 2018 et au 31 mars 2019, à partir des déficits projetés par les spécialistes du bureau du DPB. c) Si les spécialistes ont raison, de combien de milliards de dollars la dette fédérale sera-t-elle moins élevée au 31 mars 2019 ? d) Que signifie l’affirmation suivante : « Le budget fédéral a des revenus cachés » ?

MOTS CLÉS Budget fédéral, 160 Déficit budgétaire, 160 Délai de mise en œuvre, 169 Délai de perception, 169 Délai d’élaboration, 169 Dette brute, 172 Dette fédérale, 172 Dette nette, 172 Effet d’éviction des importations, 170

8.

Effet d’éviction des investissements publics, 169 Équilibre budgétaire, 160 Excédent budgétaire, 160 Frais de la dette, 170 Multiplicateur des dépenses publiques, 165 Multiplicateur des impôts, 166 Poids de la dette, 173 Politique budgétaire, 163 Solde budgétaire, 160

Agence QMI, « Le déficit fédéral serait inférieur aux prévisions du budget », Canoe.ca, 19 avril 2016, http://fr.canoe.ca/argent/actualites/archives/2016/04/20160419-102733.html (page consultée le 21 avril 2016).

180

CHAPITRE 8

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

PARTIE 3

COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

ÉPARGNER OU EMPRUNTER ? SI VOUS ÉPARGNEZ, VOUS DÉPOSEREZ CES SOMMES À LA BANQUE. Dans ce cas, quel sera le taux d’intérêt que vous recevrez sur vos placements? Si vous avez un prêt étudiant ou accumulez des dettes sur votre carte de crédit, quel taux d’intérêt devrez-vous payer ?

SOMMAIRE

Comment savoir si les taux d’intérêt augmenteront ou diminueront dans les prochains mois ? Le savoir vous permettrait sans doute de faire de meilleurs choix : moins acheter à crédit, épargner davantage, payer vos dettes le plus rapidement possible. Dans ce chapitre, nous allons étudier le fonctionnement du système monétaire canadien en répondant à ces questions. Qu’est-ce que la Banque du Canada ? Quel rôle joue-t-elle dans l’économie canadienne ? Comment influence-t-elle les taux d’intérêt des banques ? Comment ses décisions influent-elles sur vos choix d’épargner ou d’emprunter ? Une question préalable s’impose : qu’entend-on exactement par « monnaie » ? Le présent chapitre répond à cette question, décrit les institutions de dépôt et explique comment celles-ci peuvent créer de la monnaie.

COUP D’ŒIL

8.1

SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

8.2

COUP D’ŒIL SUR LE PASSÉ

Qu’est-ce que la monnaie ?

Requiem pour « la cenne noire » (1908-2012)

Le système monétaire et la création de monnaie

L’invention des banques

p. 182

p. 185

p. 190

p. 195

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

181

SAVOIR-FAIRE 1 2 3

Définir la monnaie et décrire ses fonctions Décrire le système monétaire et expliquer comment les institutions de dépôt créent de la monnaie Décrire et expliquer les fonctions de la Banque du Canada, les éléments clés et les effets de la politique monétaire

VOS OUTILS NUMÉRIQUES MaBiblio > MonLab xL > Multimédia Réalisez les exercices assignés par votre enseignant et regardez les tutoriels (aussi accessibles grâce aux codes QR).

COUP D’ŒIL SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

La Banque du Canada et la politique monétaire

Milton Friedman et l’évolution de la politique monétaire

La politique monétaire canadienne à l’œuvre

ÉPARGNER OU EMPRUNTER ?

Le chapitre 8 en bref

p. 196

p. 207

p. 208

p. 209

p. 211

8.3

182

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

8.1

QU’EST-CE QUE LA MONNAIE ?

Comme la maîtrise du feu et l’invention de la roue, l’utilisation de la monnaie ne date pas d’hier. Selon les lieux et les époques, toutes sortes d’objets ont servi de monnaie d’échange : le wampum (collier de coquillages) chez les Amérindiens, les dents de baleine chez les Fidjiens, le tabac chez les premiers colons d’Amérique du Nord, les blocs de sel en Éthiopie et au Tibet, et ainsi de suite. Qu’ont en commun le wampum, les dents de baleine, le tabac et le sel ? Comment des objets aussi disparates ont-ils tous pu servir de monnaie ? De nos jours, on peut payer ce qu’on achète avec des pièces de monnaie, des billets de banque, des chèques, des virements électroniques de fonds, des cartes de débit ou de crédit ; ces instruments de paiement sont-ils tous de la monnaie pour autant ? Pour répondre à ces questions, il faut d’abord définir le concept de monnaie.

LA DÉFINITION DE LA MONNAIE Monnaie Tout bien, jeton, coupon (ou, de nos jours, toute inscription dans la mémoire d’un ordinateur) généralement accepté comme instrument de paiement.

Par monnaie, on entend tout bien, jeton, coupon (ou, de nos jours, toute inscription dans la mémoire d’un ordinateur) généralement accepté comme instrument de paiement. Cette définition comporte trois parties, que nous examinerons une à une.

Tout bien, jeton, coupon (ou, de nos jours, toute inscription dans la mémoire d’un ordinateur)… La monnaie doit toujours être facilement reconnaissable et divisible en unités plus petites. Ainsi, elle peut être un bien comme un lingot d’or ou d’argent, un jeton comme une pièce de 0,25 $, un coupon comme un billet de 10 $ ou une inscription apparaissant sur un relevé bancaire.

… généralement accepté… La monnaie est généralement acceptée, ce qui signifie qu’elle peut servir à acheter n’importe quoi, qu’elle a un pouvoir d’achat généralisé. Une carte d’appel peut servir à payer un appel téléphonique, mais pas du dentifrice ; ce n’est pas une monnaie. Par contre, un billet de 5 $ peut servir à payer autant un appel téléphonique que du dentifrice ou toute autre chose qui coûte 5 $ ou moins ; c’est une monnaie. Notons qu’une monnaie qui a cours légal est universellement acceptée, car il existe une obligation légale de l’accepter comme instrument de paiement. Nous y reviendrons plus loin.

… comme instrument de paiement Instrument de paiement Mécanisme qui permet de faire une transaction ou de régler une dette.

Un instrument de paiement est un mécanisme qui permet de faire une transaction ou de régler une dette. Une fois la totalité du paiement effectuée, la transaction est terminée, et la dette, réglée. Si vous achetez un livre à 19,95 $ taxes comprises avec un billet de 20 $, le libraire vous rend la monnaie, et la transaction est terminée. Supposons maintenant que Loïc achète l’automobile de son amie Karine ; il n’a pas assez d’argent pour la payer sur-le-champ, mais il pourra le faire dans trois mois. Moyennant un léger supplément, Karine consent à ce que Loïc prenne la voiture maintenant et ne la paie que dans trois mois. Loïc achète l’automobile grâce au prêt que Karine lui accorde, puis rembourse ce prêt. Dans cet exemple, la monnaie n’est pas le prêt de Karine à Loïc, mais ce que Loïc a utilisé pour rembourser le prêt. La transaction n’est complétée qu’une fois le prêt remboursé. Le wampum, les dents de baleine, le tabac et le sel ont donc en commun le fait d’avoir servi d’instruments de paiement généralement acceptés ; c’est pourquoi ce sont autant d’exemples de monnaie.

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

183

LES FONCTIONS DE LA MONNAIE La monnaie a trois fonctions fondamentales. Elle joue le rôle : • De moyen d’échange ; • D’unité de compte ; • De réservoir de valeur.

Un moyen d’échange La monnaie est un moyen d’échange. Sans elle, il nous faudrait faire du troc, c’est-àdire échanger directement des biens et services contre d’autres biens et services. Or, le troc présente un inconvénient majeur : il exige une double coïncidence des besoins. Si vous voulez vous procurer un soda et n’avez qu’un livre de poche à offrir en échange, vous devez trouver quelqu’un qui non seulement a un soda à vendre, mais qui accepte votre livre en échange. La monnaie assure la double coïncidence des besoins, car les gens qui ont quelque chose à vendre acceptent toujours de la monnaie en échange. La monnaie facilite les échanges.

Moyen d’échange Tout bien, jeton, coupon ou toute inscription acceptés en contrepartie de biens et services.

Troc Échange direct de biens et services contre d’autres ; exige la double coïncidence des besoins.

Une unité de compte Une unité de compte est une mesure reconnue, un dénominateur commun qui sert à évaluer le prix des biens et services. Pour optimiser vos revenus, vous devez vous demander par exemple si le fait d’assister à un spectacle vaut son coût de renonciation, c’està-dire son coût en films, en cappuccinos, en cornets de crème glacée ou en applications mobiles auxquels vous devrez renoncer pour assister à ce spectacle. Ce coût devient beaucoup plus facile à calculer si le prix des biens et services est exprimé en dollars et en cents. Si un billet de spectacle coûte 32 $ et qu’une séance de cinéma coûte 8 $, vous savez immédiatement que, pour vous offrir un billet de spectacle, vous devez renoncer à quatre séances de cinéma. Si un cappuccino coûte 2 $, un billet de spectacle vous coûtera 16 cappuccinos. Un seul calcul suffit pour obtenir le coût de renonciation de toute paire de biens ou services. Ainsi, le coût de renonciation du spectacle est d’environ 16 applications mobiles (32 $ ÷ 2 $ = 16).

Unité de compte Mesure reconnue pour évaluer les prix des biens et services.

Imaginez maintenant le casse-tête si la billetterie donnait le prix d’un billet de spectacle en séances de cinéma, si le cinéma donnait le prix de la séance en cappuccinos, si le café du coin donnait le prix du cappuccino en cornets de crème glacée et si le bar laitier donnait le prix du cornet en applications mobiles ! Combien de démarches et de calculs devriez-vous faire simplement pour savoir à combien de sodas, de cappuccinos, de cornets ou d’applications mobiles vous devriez renoncer pour vous offrir un spectacle ? Pour connaître le prix d’un film, il vous suffirait de consulter l’affiche du vendeur de billets du spectacle, mais pour les autres biens, vous devriez passer d’un commerce à un autre pour établir le prix de chaque produit par rapport à l’autre, puis convertir ces prix en unités susceptibles d’éclairer votre décision. Vous verrez à quel point il est fastidieux de calculer combien d’applications mobiles coûte un spectacle. De quoi vous dégoûter d’aller en voir un… et de quoi vous faire apprécier à sa juste valeur la simplicité des prix exprimés en dollars et en cents.

Un réservoir de valeur Tout bien, jeton, coupon ou toute inscription qu’on peut conserver et échanger ultérieurement contre des biens et services est un réservoir de valeur. Si ce n’était pas le cas, la monnaie ne serait pas acceptée en échange de biens et services. Plus la valeur d’une monnaie est stable, mieux elle peut jouer son rôle de réservoir de valeur. Aucun réservoir de valeur n’est parfaitement fiable. On sait que la valeur d’un bien matériel comme une maison, une automobile ou une œuvre d’art fluctue dans le temps. Il en va de même de la valeur des objets ou des jetons utilisés comme monnaie ; ainsi, en période d’inflation, la monnaie connaît une baisse persistante de sa valeur (de son pouvoir d’achat).

Réservoir de valeur Tout bien, jeton, coupon ou toute inscription qu’on peut conserver et échanger ultérieurement contre des biens et services.

184

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

LA MONNAIE AU CANADA Deux types de monnaie remplissent les fonctions que nous venons de décrire : • La monnaie fiduciaire ; • La monnaie scripturale.

La monnaie fiduciaire : le numéraire Monnaie fiduciaire Monnaie en numéraire qui n’a aucune valeur en soi ; sa valeur repose sur la confiance du public envers l’institution émettrice.

Numéraire Monnaie en espèces (billets de banque et pièces de monnaie) qui a cours légal.

Pouvoir libératoire des pièces de monnaie Montant maximal au-delà duquel on n’est plus tenu légalement d’accepter un paiement pour chacune des pièces de monnaie en circulation.

Le terme fiduciaire vient du mot latin fiducia, qui signifie « confiance ». La monnaie fiduciaire est une monnaie en numéraire (les pièces de monnaie et les billets de banque auxquels l’État donne cours légal) qui n’a aucune valeur en soi ; sa valeur repose entièrement sur la confiance du public à l’endroit de l’institution émettrice. Les billets de banque et les pièces de monnaie ont cours légal, ce qui signifie qu’en vertu de la Loi sur la monnaie vous êtes tenu de les accepter comme instrument de paiement. Il y a toutefois quelques restrictions en ce qui concerne les pièces de monnaie. Pour éviter les abus qu’on peut facilement imaginer (comme payer le loyer en pièces de cinq cents pour protester contre la dernière hausse), le législateur, dans sa sagesse, en a limité le pouvoir libératoire, c’est-à-dire le montant maximal au-delà duquel on n’est plus tenu d’accepter un paiement pour chacune des pièces de monnaie en circulation. Au Canada, les pièces de monnaie ont un pouvoir libératoire jusqu’à concurrence des montants suivants : • • • •

Pièces de 2 $ : 40 $ Pièces de 1 $ : 25 $ Pièces de 0,10 $ et plus, mais de moins de 1 $ : 10 $ Pièces de 0,05 $ : 5 $

Depuis 2012, le Canada a retiré de la circulation les pièces de un cent. Le « Coup d’œil sur l’économie canadienne » de la page 185 explique les raisons de son retrait de la circulation.

La monnaie scripturale : les dépôts Monnaie scripturale Monnaie dématérialisée qui n’existe que sous forme d’écritures comptables (de nos jours, inscrites dans la mémoire d’un ordinateur) et qui est constituée par l’ensemble des dépôts dans les institutions de dépôt.

Le terme scriptural vient du mot latin scriptura, qui signifie « écriture ». La monnaie scripturale est une monnaie qui n’existe que sous forme d’écritures comptables (de nos jours, inscrites dans la mémoire d’un ordinateur) et qui est constituée par l’ensemble des dépôts dans les banques et autres institutions. Que vous reste-t-il des 100 $ que vous avez déposés dans votre compte de banque hier ? Une simple inscription apparaissant sur votre relevé bancaire mentionnant que vous avez 100 $ de plus dans votre compte ! De même, le chèque de 100 $ que vous avez fait aujourd’hui à la boutique Sport Extrême pour régler l’achat de vos nouveaux souliers de course suffira à votre banque pour qu’elle transfère 100 $ de votre compte à celui de Sport Extrême, et ce, par un simple jeu d’écritures – sans qu’on échange aucun billet de banque ni aucune pièce de monnaie. Les dépôts dans les banques, les caisses populaires, les caisses d’économie et les compagnies de fiducie sont de la monnaie au même titre que le numéraire, car ils peuvent servir à acheter des biens et services et à acquitter directement des dettes. Comme la monnaie fiduciaire, la monnaie scripturale repose sur la confiance à l’endroit de l’institution émettrice. Déposeriez-vous 100 $ à votre banque si vous n’aviez pas la certitude de pouvoir encaisser ces 100 $ en tout temps et selon vos besoins ?

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

185

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

Requiem pour la « cenne noire » (1908-2012) Elles tapissaient nos fonds de tiroirs, dormaient dans des pots et des bocaux, végétaient dans des contenants de fortune près des caisses enregistreuses. On les semait derrière nous, on les perdait, on les lançait dans les fontaines des lieux publics ou on les jetait carrément. Les enfants n’en voulaient plus, et même l’UNICEF les refusait. Comme tout le monde les boudait, le gouvernement Harper, après quelques années d’hésitation, a finalement décidé de cesser d’en émettre. Le dernier cent a été frappé le vendredi 4 mai 2012 aux installations de la Monnaie royale à Winnipeg, en présence de Jim Flaherty, ministre fédéral des Finances. La pièce a été confiée au Musée de la monnaie de la Banque du Canada, à Ottawa. La Monnaie royale canadienne cessa de distribuer la pièce de un cent le 4 février 2013. Ce sont les économistes du Mouvement Desjardins qui ont relancé le débat sur l’utilité de la pièce de un cent en publiant, en février 2007, une très sérieuse étude montrant qu’on ferait mieux de la mettre aux oubliettes une fois pour toutes1 . Peu de temps après, Alain Dubuc, économiste et exéditorialiste en chef de La Presse, saluait publiquement la proposition dans ce même quotidien2 et rappelait à quel point ce débat s’éternisait. Lui-même se souvenait d’avoir dénoncé l’absurdité de conserver la pièce de un cent à l’époque « où nous écrivions encore sur de vieilles machines à écrire même pas électriques » : « Il y a 25  ans, on pouvait déjà dire que les ravages de l’inflation avaient rendu la cenne noire inutile. Elle avait largement perdu le pouvoir d’achat qu’elle avait lors de son introduction, en 1908. […]. J’avais même calculé qu’il n’était pas rentable de se pencher pour ramasser une cenne noire par terre, parce que la valeur était inférieure au taux horaire des quelques secondes que cela exigeait. » Si la pièce de un cent remplissait encore ses fonctions d’unité de compte et de moyen d’échange, elle avait, de toute évidence, perdu l’essentiel de sa fonction de réservoir de valeur depuis plus d’un quart de siècle. En 2010, le pouvoir d’achat de la pièce de un cent était de plus de 95 % inférieur à ce qu’il était 100  ans auparavant. Il fallait 23,4  cents en 2010 pour acheter ce que 1 cent achetait en 1910, et frapper cette pièce coûtait… 1,6  cent. La supprimer a permis au gouvernement fédéral d’économiser 11 M$ par année.

1.

J.-P. AUBRY, F. DUPUIS et G. GERMAIN, (15 février 2007). « Doit-on cesser d’utiliser la pièce de un cent ? », Points de vue économiques, Mouvement des caisses Desjardins, division des études économiques. La suite de cette étude a été publiée le 9 avril 2008 sous le titre « Le centième anniversaire du cent canadien », Points de vue économiques, Mouvement des caisses Desjardins, division des études économiques. Ces études sont disponibles en ligne.

Comme une énorme quantité de « cennes noires » disparaissaient de la circulation, la Monnaie royale canadienne en émettait plusieurs centaines de millions chaque année. Après avoir connu un sommet spectaculaire en 2006 avec l’émission de 1  106  millions de pièces de un cent, le nombre de pièces produites a diminué par la suite pour se situer à 486,2 millions de pièces en 2010. Selon l’étude de Desjardins, si on ajoute à ces coûts d’émission (autour de 11 M$ par année) les coûts d’entreposage, de transport, de manipulation et de comptabilité, conserver la pièce de un cent, devenue centenaire le 2  janvier 2008, coûtait aux Canadiens quelque 130  M$ par année, soit 4 $ par personne ! Pour des raisons similaires, plusieurs pays se sont débarrassés de leurs petites pièces sans valeur. Forts de leurs calculs, les économistes de Desjardins pressaient le gouvernement du Canada d’en faire autant avec la pièce de un cent. Dans son rapport de décembre 2010, intitulé Les coûts et les avantages de la pièce de un cent canadien pour les contribuables et l’économie canadienne3, le Comité sénatorial permanent des finances nationales, présidé par l’honorable Joseph A. Day, est arrivé aux mêmes conclusions que l’étude de Desjardins et a finalement convaincu le gouvernement Harper d’agir. Bien sûr, il faut maintenant arrondir les prix après taxes selon la règle du plus proche multiple de 0,05  $ : une transaction se terminant par un ou deux cents est arrondie à zéro cent, alors qu’une transaction se terminant par trois ou quatre cents est arrondie à cinq cents. Ces arrondis n’ont aucun effet sur le niveau des prix ni sur le taux d’inflation. D’une part, comme il y a autant de prix qui baissent que de prix qui montent, le tout s’équilibre. D’autre part, les prix arrondis ne s’appliquent qu’aux transactions réglées en numéraire, lesquelles se font de plus en plus rares. En Australie et en Nouvelle-Zélande, le retrait des pièces de un cent et de deux cents à la fin des années 1980 et au début des années 1990 a connu un franc succès. À tel point que, depuis juillet 2006, la Nouvelle-Zélande a aussi cessé d’émettre des pièces de cinq cents ! Pourquoi le Canada a-t-il retiré la « cenne noire » de la circulation ? Quels autres pays en ont fait autant ? Que doit-on faire depuis la disparition de la « cenne noire » ? Cela s’appliquet-il aux transactions réglées par carte de débit ou de crédit ?

2.

A. DUBUC, La Presse, 18 février 2007.

3.

Les coûts et les avantages de la pièce de un cent canadien pour les contribuables et l’économie canadienne, rapport du Comité sénatorial permanent des finances nationales, présidé par l’honorable Joseph A. Day. Disponible sur l’internet Parlementaire au www.parl.gc.ca.

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PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Ni les chèques, ni les virements électroniques, ni les cartes de crédit ou de débit ne sont de la monnaie LES CHÈQUES Notre définition de la monnaie inclut, en plus du numéraire, les dépôts dans les banques et les autres institutions de dépôt, mais pas les chèques. Pourquoi ? On le comprendra plus facilement en pensant à ce qui se passe quand Karine achète des patins à roues alignées de 200 $ chez Sport Extrême. Quand elle entre chez Sport Extrême, Karine paie ses patins avec un chèque de 200 $, et le propriétaire du magasin dépose immédiatement ce chèque dans le compte bancaire du commerce. Sport Extrême a maintenant 200 $ de plus dans son compte, et Karine, 200 $ de moins. Dans cette transaction, il y a eu un transfert de monnaie de Karine à Sport Extrême mais, pendant qu’il circulait, le chèque lui-même n’a jamais été de la monnaie ; il n’y avait pas 200 $ de plus en circulation, mais simplement un bout de papier sur lequel Karine ordonnait à sa banque de virer 200 $ de son compte à celui de Sport Extrême. Quand vous payez par chèque, vous dites à votre banque de prendre de l’argent dans votre compte de dépôt et de le transférer dans le compte de dépôt d’une autre personne. Le dépôt ainsi transféré est de la monnaie, mais le chèque n’en est pas. Si Karine et Sport Extrême avaient eu des banques différentes, ce virement aurait exigé une étape supplémentaire. La banque de Sport Extrême aurait crédité le chèque de Karine au compte de la boutique, puis l’aurait fait parvenir à un centre de compensation. La banque de Karine aurait alors versé 200 $ à la banque de Sport Extrême et aurait débité le compte de Karine du même montant. Le processus aurait pris quelques jours de plus, mais le principe aurait été le même. LES VIREMENTS ÉLECTRONIQUES Le virement électronique est l’équivalent numérique du chèque. Plusieurs institutions de dépôt offrent la possibilité d’opérer un virement électronique de fonds par internet. Les fonds sont transférés entre les comptes en temps réel. Par exemple, si vous vendez quelque chose ou proposez un service en ligne, vous pouvez suivre le paiement qui vous est fait et vérifier que l’argent a bel et bien été déposé dans votre compte quelques instants après que la transaction a été faite. Dans le cas d’un chèque, le tout peut prendre jusqu’à cinq jours. Ni le chèque ni le virement électronique ne sont de l’argent : c’est le dépôt transféré par l’intermédiaire du virement électronique qui constitue de l’argent. LES CARTES DE CRÉDIT Nous avons vu que les chèques ou les virements électroniques ne sont pas de la monnaie, mais qu’en est-il des cartes de crédit ou de débit ? Une carte de crédit n’est pas de la monnaie. Supposons que Karine utilise sa carte de crédit plutôt qu’un chèque pour acheter ses patins à roues alignées. Elle insère sa carte à puce dans le lecteur, compose son NIP, complète la transaction et quitte le magasin avec ses nouveaux patins. Cependant, elle ne les a pas payés ; elle a simplement emprunté auprès de la banque qui a émis sa carte de crédit. La banque de Sport Extrême crédite le compte du magasin de 200 $ (moins les frais) et envoie la facture à la banque qui a émis la carte de crédit de Karine. À la fin du mois, Karine recevra le relevé de compte de sa carte de crédit, qu’elle paiera avec de la monnaie. Quand vous utilisez une carte de crédit pour acheter quelque chose, la banque émettrice paie les biens, et vous la remboursez plus tard. Bien qu’elle serve de moyen d’échange, la carte de crédit n’est pas de la monnaie. LES CARTES DE DÉBIT Une carte de débit n’est pas non plus de la monnaie. Supposons que Karine utilise sa carte de débit pour acheter ses patins à roues alignées. Quand le commis de Sport Extrême glisse sa carte dans le lecteur, l’ordinateur de la MiniBanque reçoit le message suivant : prenez 200 $ dans le compte de Karine et transférez-les dans le compte de Sport Extrême. Les opérations bancaires s’effectuent automatiquement en temps réel. Ici encore, les dépôts bancaires sont de la monnaie, mais la carte de débit de Karine est simplement un moyen qui lui donne accès à la monnaie dont elle dispose dans son compte et qui lui permet de la transférer dans celui de Sport Extrême.

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

187

Vous savez maintenant que ni les chèques, ni les virements électroniques, ni les cartes de crédit ou de débit ne sont de la monnaie, mais, à l’ère des nouvelles technologies de l’information et des communications, un nouveau type d’argent fait son apparition : la monnaie numérique.

UNE NOUVELLE MONNAIE La monnaie numérique est l’équivalent électronique du papier-monnaie (les billets de banque) et de la monnaie métallique (les pièces de monnaie). Il s’agit d’une devise électronique qu’il suffit d’utiliser comme n’importe quelle autre forme de monnaie. Pour que son usage se répande, il faudra toutefois qu’elle adopte certaines caractéristiques de la monnaie que nous pouvons tenir entre nos mains. Dans son existence matérielle, la monnaie a l’avantage d’être portable, reconnaissable, transférable, non traçable et anonyme. On peut facilement l’échanger, « faire du change », rendre la monnaie. Les concepteurs s’efforcent de reproduire toutes ces caractéristiques dans la nouvelle monnaie numérique. Ils y sont parvenus en partie : la monnaie numérique actuelle est également portable, non traçable et anonyme. Toutefois, le degré de reconnaissance qui lui permettrait de devenir une monnaie universellement acceptée fait encore défaut. La monnaie numérique ne répond pas encore aux critères qui feraient d’elle une véritable monnaie.

Saviez-vous que … « Patrick Dubois et Martin Zibeau ont créé le “ demi ” il y a un an en coupant un billet […] en deux. Le demi-billet peut être échangé pour l’instant dans une trentaine de commerces de la Gaspésie pour la moitié de sa valeur d’origine. Un “ demi-5 $ ” vaut donc 2,50 $4. » Est-ce que le demi-billet est de la monnaie au sens strict du terme ? RÉPONSE

Comme les billets de banque et les pièces de monnaie, la monnaie numérique peut être employée dans certains commerces ou sur internet. Dans un commerce, l’acheteur présente une carte à puce intelligente sur laquelle est chargée la monnaie numérique ; le vendeur recourt à un lecteur de carte à puce intelligente pour procéder à la transaction. Quand celle-ci est terminée, la monnaie numérique est directement transférée de la carte de l’acheteur au compte bancaire du vendeur. Les utilisateurs de la carte à puce intelligente font des retraits et transfèrent leur argent de leur compte bancaire personnel à leur carte à puce à partir d’un guichet automatique spécialisé ou d’un téléphone intelligent adapté.

Le demi-billet n’a cours qu’en Gaspésie. Il est divisible en unités plus petites, accepté par une trentaine de commerces et peut servir d’instrument de paiement. Il répond à la définition d’une monnaie, mais n’est pas universellement accepté. Les autres commerces et institutions de dépôt refusent le demi-billet comme mode de paiement.

Sur internet, la monnaie numérique est offerte en de nombreuses versions et en diverses devises : dollars américains, euros, etc. Celle qui est la plus sophistiquée et la plus sécuritaire est partie intégrante d’un système appelé Bitcoin (de l’anglais bit, unité d’information binaire, et coin, pièce de monnaie). Les bitcoins peuvent être utilisés pour régler des dettes entre individus sans intermédiaire (pair à pair) et peuvent être échangés contre des dollars ou d’autres devises, ou encore, contre des biens ou des services offerts sur internet ou dans les commerces qui acceptent le bitcoin comme instrument de paiement. Le bitcoin est limité à 21 millions d’unités et divisible jusqu’à huit décimales. L’émission de cette monnaie cryptographique ou numérique n’est pas gérée par une banque centrale, mais par un logiciel inventé par Satoshi Nakamoto en 2008. Il faut distinguer la monnaie numérique des systèmes de paiement comme PayPal, le plus populaire dans le monde. PayPal n’est pas une monnaie, mais un système de paiement sur internet. Il n’existe pas d’unités PayPal qu’on peut accumuler ou convertir en une autre devise. Il en est de même du système de paiement mobile Apple Pay. En utilisant son téléphone intelligent iPhone, on peut régler ses achats dans certains commerces du Canada. Il suffit de sélectionner la carte de crédit avec laquelle on souhaite

4.

Karyne BOUDREAU, « Ils veulent que vous coupiez vos billets de banque en deux », Journal de Québec, 5 avril 2016, www.journaldequebec.com/2016/04/05/ils-veulent-que-vous-coupiez-vosbillets-de-banque-en-deux (page consultée le 10-04-2016).

188

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

régler une transaction et de passer son téléphone intelligent sur le terminal tout en posant un doigt sur le capteur Touch ID. La monnaie numérique possède un atout fort pratique en cas de perte ou de vol de portefeuille. Si vous égarez votre portefeuille rempli de billets de banque, il n’y a pas grand-chose que vous puissiez faire pour récupérer votre argent. À l’inverse, si vous perdez votre carte à puce intelligente ou si vous vous la faites voler, votre banque peut annuler la monnaie numérique dont elle était chargée et vous en procurer de la nouvelle en remplacement. Quoique la monnaie numérique ne jouisse pas encore d’une reconnaissance universelle, il est fort probable que son usage prendra de l’ampleur au point de remplacer les formes matérielles de l’argent.

DEUX MESURES OFFICIELLES DE LA MONNAIE : M2 ET M2+ Masse monétaire Quantité de monnaie en circulation.

M2 Agrégat monétaire composé du numéraire hors banques, des dépôts détenus par les particuliers dans les banques à charte et des dépôts à vue et à préavis autres que ceux des particuliers, toujours dans les banques à charte.

M2+ Agrégat monétaire composé de M2 auquel s’ajoutent tous les autres types de dépôts dans les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire, les caisses populaires, les caisses d’économie et autres institutions financières.

Comment mesure-t-on la quantité de monnaie en circulation au Canada ? La figure 8.1 présente les composantes de deux des mesures officielles de la monnaie en circulation ou de la masse monétaire (MM) : les agrégats monétaires M2 et M2+. L’agrégat M2 se compose du numéraire hors banques auquel s’ajoutent tous les dépôts des particuliers dans les banques à charte (dépôts à vue, à préavis et à terme fixe) ainsi que les dépôts à vue et à préavis autres que ceux des particuliers dans les banques à charte. Cependant, les banques à charte ne sont pas les seules à offrir la possibilité de constituer des dépôts ; il fallait donc une mesure plus large de la monnaie pour en tenir compte. Comme son nom l’indique, l’agrégat M2+ se compose de M2 plus tous les autres types de dépôts dans les caisses populaires, les caisses d’économie, les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire, et autres institutions financières. Le numéraire détenu par les institutions de dépôt n’entre pas dans le calcul de M2 et de M2+. Quand vous faites un retrait dans un guichet automatique, vous convertissez votre dépôt bancaire en numéraire. La forme de monnaie change, mais la quantité de monnaie, elle, ne change pas. Les dépôts diminuent, et le numéraire hors banques augmente. Si les dépôts bancaires et le numéraire détenus par les institutions de dépôt étaient tous deux considérés comme de la monnaie, au moment de faire un retrait au guichet automatique, la quantité de monnaie semblerait diminuer – votre numéraire augmenterait, mais les dépôts et le numéraire détenus par les institutions de dépôt diminueraient tous deux. Ainsi, en considérant comme de la monnaie à la fois les dépôts et le numéraire détenus par les institutions de dépôt, on compterait deux fois la même chose. En éliminant le numéraire détenu par les institutions de dépôt du calcul de M2 et de M2+, on évite ce double compte. Au cours des 20 dernières années, l’emploi du numéraire ou de l’argent comptant n’a cessé de décroître au Canada. Il demeure toujours d’usage lorsqu’il est question de faire de petits achats (inférieurs à 18 $) mais, pour des achats plus importants, les Canadiens préfèrent de loin utiliser une carte de débit ou de crédit, qu’ils jugent plus sécuritaire et qui leur assure de conserver une trace de leurs transactions. En 1990, plus de 80 % des produits en magasin étaient payés en argent comptant, contre 50 % en 20115. L’augmentation des achats sur internet ainsi que le paiement sans contact ou à l’aide d’un téléphone intelligent risquent d’accentuer cette tendance.

5.

Revue de la Banque du Canada, Le monde changeant du paiement au détail au Canada et ses répercussions sur la demande de numéraire, automne 2012.

CHAPITRE 8

Figure 8.1

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

189

Deux mesures de la monnaie au Canada : décembre 2015 Montant (en (en G$) G$) Montant

M2

M2+ M2+ Dépôts Dépôts dans dans les les autres autres institutions institutionsfinancières financières Dépôts Dépôts dans dans les les sociétés sociétés de fiducie de fiducie de prêt hypothécaire et de prêt et hypothécaire Dépôts dans les caisses Dépôts dans populaires et les les caisses caisses populaires et les caisses d’économie d’économie

11773 436 94 76 26

M2 M2 Dépôts àà vue et et àà préavis préavis autres autres Dépôts que que ceux ceux des des particuliers particuliers dans dans les les banques banques àà charte charte

11392 085 309

26 231 279

463

Dépôts Dépôts des des particuliers particuliers dans dans les lesbanques banquesààcharte charte

716 854

Numéraire hors banques Numéraire

75 60

Les données montrent la place de plus en plus réduite du numéraire dans le système monétaire canadien (environ 4,2 % de M2+), ainsi que la place prépondérante qu’y prennent les dépôts dans les banques à charte (74,3 % de M2+), par rapport aux dépôts dans les caisses populaires et les caisses d’économie (15,7 % de M2+), dans les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire (1,5 % de M2+) et dans les autres institutions de dépôt (4,3 % de M2+). Source : Banque du Canada, Statistiques bancaires et financières de la Banque du Canada, Tableau E1 Agrégats monétaires et leurs composantes, p. 51-52, 31 mars 2016.

M2+

8.1 1 Définir la monnaie et décrire ses fonctions

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. De nos jours, au Canada, lesquels des éléments suivants sont considérés comme de la monnaie ?

3. Lesquels des éléments suivants sont de la monnaie ?

a) b) c) d)

Votre carte Visa Les pièces de 0,25 $ dans les distributrices Les billets de 20 $ dans votre portefeuille Le chèque que vous venez de faire pour payer votre loyer e) L’emprunt que vous avez contracté en août pour payer vos droits de scolarité 2. Supposons que le numéraire hors banques s’élève à 36 G$ ; les dépôts des particuliers dans les banques à charte, à 425 G$ ; les dépôts à vue et à préavis autres que ceux des particuliers dans les banques à charte, à 50 G$ ; et les dépôts dans des institutions financières autres que les banques à charte, à 223 G$.

a) Les dépôts à vue à la CIBC b) Les actions de Bombardier détenues par les particuliers c) Votre carte MasterCard d) Les obligations d’épargne du Canada e) Les points du programme de récompense Air Miles 4. Supposons que le numéraire hors banques se chiffre à 34 G$ ; les dépôts des particuliers dans les banques à charte, à 7 421 G$ ; les dépôts à vue et à préavis autres que ceux des particuliers dans les banques, à 47 G$ ; et les dépôts dans les institutions financières autres que les banques, à 215 G$. a) À combien se chiffre M2 ? b) À combien se chiffre M2+ ?

a) À combien se chiffre M2 ? b) À combien se chiffre M2+ ? RÉPONSES 1. 2.

Comme la monnaie est un instrument de paiement, seuls les 0,25 $ dans les distributrices (b) et les billets de 20 $ dans votre portefeuille (c) sont de la monnaie. a) M2 se chiffre à 511 G$, soit la somme du numéraire hors banques (36 G$), des dépôts des particuliers dans les banques à charte (425 G$) et des dépôts à vue et à préavis autres que ceux des particuliers dans les banques à charte (50 G$).

b)

M2+ se chiffre à 734 G$, soit la somme de M2 (511 G$) et des dépôts dans les institutions financières autres que les banques à charte (223 G$).

190

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

8.2 Système monétaire canadien Système qui englobe la Banque du Canada et les institutions de dépôt du pays.

Institutions de dépôt Banques, caisses populaires, caisses d’économie, sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire qui acceptent les dépôts, accordent des prêts et offrent les services permettant de faire des paiements et d’en recevoir.

LE SYSTÈME MONÉTAIRE ET LA CRÉATION DE MONNAIE

Le système monétaire canadien englobe la Banque du Canada ainsi que les institutions de dépôt, soit les banques virtuelles, comme Tangerine ou Manuvie, les banques ayant pignon sur rue, les caisses populaires, les caisses d’économie et les sociétés de fiducie et de prêt, qui acceptent les dépôts, accordent des prêts et offrent les services permettant de faire des paiements et d’en recevoir.

LES INSTITUTIONS DE DÉPÔT Trois types d’institutions acceptent les dépôts qui font partie de la monnaie du pays : • Les banques à charte ; • Les caisses populaires et les caisses d’économie ; • Les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire.

Les banques à charte Banque à charte Entreprise privée qui a obtenu du gouvernement fédéral une charte l’autorisant à recevoir des dépôts et à accorder des prêts.

Une banque à charte est une entreprise privée qui, en vertu de la Loi sur les banques de 1991, a obtenu du gouvernement fédéral une charte l’autorisant à recevoir des dépôts et à accorder des prêts. En mars 2016, 23 banques à charte canadiennes et 36 banques étrangères (filiales ou succursales de banques étrangères ou de crédit, qui font surtout affaire avec les entreprises) étaient autorisées à exercer des activités bancaires au Canada. À elles seules, les six plus grandes banques du Canada totalisaient près de 4 356 G$ d’actifs au 30  octobre 2015. Dans l’ordre, le Groupe financier TD avait un actif de 1 104,3 G$, la Banque Royale du Canada, 1 074,2 G$, la Banque Scotia, 856,5 G$, la BMO Groupe financier, 641,9 G$, la CIBC, 463,3 G$, et la Banque Nationale du Canada, 216,1 G$6. En décembre 2015, les dépôts dans les banques à charte dans M2+ s’élevaient à 1 317 G$, soit 74,3 % de M2+.

Les caisses populaires et les caisses d’économie Caisse populaire ou caisse d’économie Coopérative de crédit de juridiction provinciale possédée et dirigée par ses membres, et qui fournit à ces derniers les mêmes services qu’une banque.

Les caisses populaires et les caisses d’économie sont des coopératives de crédit sous juridiction provinciale. Possédées et dirigées par leurs membres, elles fournissent à ces derniers les mêmes services de dépôt et de prêt qu’une banque à charte, mais dans un système coopératif. Dans la plupart des provinces, le client doit être sociétaire de la coopérative. Quelle que soit la valeur de ses dépôts ou de son capital social, chaque sociétaire n’a qu’une voix. Fort de ses 7 millions de membres et de ses 335 caisses réparties sur tout le territoire québécois et en Ontario, le Mouvement des caisses Desjardins est sans contredit l’institution financière la plus importante du Québec. Dans son rapport annuel de 2015, il estimait ses parts de marché au Québec à 43,2 % de l’épargne personnelle, à 23,7 % du crédit à la consommation, à 35,9 % des prêts hypothécaires résidentiels, à 24,4 % des prêts commerciaux et industriels, et à 40,6 % des prêts agricoles. Son actif s’élevait à 248,1 G$, ses revenus totaux, à 15,3 G$, et son effectif, à plus de 47 000 employés au 31 décembre 2015. En décembre 2015, les dépôts dans M2+ s’élevaient à 279 G$ pour les caisses populaires et les caisses d’économie, soit à 15,7 % de M2+.

6.

Association des banquiers canadiens, Résultats financiers bancaires, Exercice 2014-2015, 4e trimestre se terminant le 31 octobre 2015, public-db251-base de données des résultats financiers des banques canadiennes, avril 2016.

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

191

Les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire Les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire sont des institutions de dépôt dont les opérations sont régies par la Loi sur les sociétés de fiducie et de prêt, comme la Société Canada Trust ou la Financière Sun Life. Elles reçoivent des dépôts, consentent des prêts et agissent à titre de fiduciaires pour administrer des biens en fidéicommis (des caisses de retraite et des fonds de succession, par exemple). En décembre 2015, les dépôts dans les sociétés de fiducie et de prêt inclus dans M2+ se chiffraient à 26 G$, soit à peine 1,5 % du total.

LES FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES INSTITUTIONS DE DÉPÔT Les institutions de dépôt gagnent leurs revenus en remplissant cinq grandes fonctions, en échange desquelles les particuliers et les entreprises sont prêts à payer : • • • • •

Recevoir les dépôts ; Accorder des prêts ; Réduire les coûts d’emprunt ; Diluer le risque ; Offrir un système de paiement.

Recevoir les dépôts Une institution de dépôt accepte trois grands types de dépôts : les dépôts à vue, les dépôts d’épargne et les dépôts à terme. Elle ne paie qu’un faible taux d’intérêt (et parfois aucun) pour les dépôts à vue (que les déposants peuvent reprendre en tout temps), et réserve ses taux d’intérêt les plus élevés aux dépôts à terme. Les institutions de dépôt exigent des frais de gestion pour les transactions (retraits au comptoir ou au guichet, etc.). Elles proposent des forfaits à leurs clients pour couvrir ces frais.

Accorder des prêts Les prêts sont la source de revenus la plus importante des institutions de dépôt. Un prêt est une marge de crédit consentie pour une somme et une période convenues entre les parties. Comme les prêts sont plus risqués, les institutions de dépôt obtiennent des taux d’intérêt élevés sur ceux qu’elles consentent (le taux plus élevé étant celui qu’elles imposent sur les soldes impayés des cartes de crédit, qui sont en réalité des prêts octroyés aux détenteurs de cartes). Généralement, plus le prêt représente un risque pour l’institution financière, plus le taux d’intérêt est élevé. En revanche, elle ne peut pas rappeler les prêts avant la date convenue pour les convertir en monnaie.

Réduire les coûts d’emprunt Trouver quelqu’un à qui emprunter peut se révéler une entreprise coûteuse. Imaginez combien la vie serait compliquée sans les intermédiaires financiers ! L’entreprise qui aurait besoin de 1 M$ pour acheter une nouvelle usine serait probablement forcée de trouver des dizaines de prêteurs pour rassembler les fonds nécessaires à cette acquisition de capital – une opération qui supposerait des coûts considérables. Les intermédiaires financiers réduisent les coûts d’emprunt en permettant à l’entreprise qui a besoin de 1 M$ de faire affaire avec un seul prêteur. Cet intermédiaire devra lui-même emprunter à de nombreuses personnes mais, comme il le fera pour plusieurs entreprises et pour plusieurs millions, il pourra attirer les fonds de nombreux déposants et répartir entre eux le coût de cette activité.

Diluer le risque Prêter de l’argent est risqué, car on ne peut jamais exclure complètement la possibilité qu’un emprunteur ne rembourse pas son prêt. En prêtant à un grand nombre de

Société de fiducie et de prêt hypothécaire Institution de dépôt qui reçoit des dépôts, consent des prêts et agit à titre de fiduciaire pour administrer des fonds en fidéicommis.

192

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

particuliers et d’entreprises, l’institution financière dilue ce risque. Elle connaît les probabilités de pertes, comme Loto-Québec connaît les probabilités de tirage d’un numéro gagnant. Et comme Loto-Québec, qui calcule ses chances de façon à s’assurer un profit, elle fixe un taux d’intérêt assez élevé pour que les gains sur les prêts remboursés compensent les pertes sur les prêts non remboursés. Cette dilution du risque profite tant aux institutions de dépôt qu’aux déposants.

Offrir un système de paiement Les dépôts dans les institutions de dépôt sont de la monnaie parce qu’ils sont facilement transférables, par chèque, par virement électronique ou par carte de débit, d’une personne ou d’une entreprise à une autre. Ces institutions offrent un système de paiement qui permet d’effectuer ces transferts à faible coût : le système de compensation de chèque. Semblable à un service de messagerie comme Purolator, à ceci près qu’il livre des chèques plutôt que des colis, ce système calcule les sommes que chaque institution de dépôt doit verser ou percevoir en se basant sur la somme totale des chèques émis et reçus par les clients. Les institutions de dépôt perçoivent des frais pour ces activités de compensation. Le système de paiement par carte de débit et par carte de crédit est un autre service de paiement important que les institutions de dépôt offrent à leur clientèle. Ces opérations électroniques de transferts de fonds se font automatiquement, et les institutions perçoivent des frais sur toutes ces transactions.

LE PROFIT ET LA SÉCURITÉ : UN ÉQUILIBRE DÉLICAT Le principal objectif d’une institution de dépôt est d’optimiser la richesse à long terme de ses actionnaires. Pour ce faire, elle octroie des prêts à un taux d’intérêt plus élevé que le taux qu’elle-même paie sur les dépôts qu’elle reçoit. Cependant, comme nous venons de le voir, prêter de l’argent comporte des risques. Plus elle immobilise les dépôts dans des prêts à haut risque et à taux d’intérêt élevé, plus l’institution de dépôt risque d’avoir du mal à rembourser les déposants. Or, quand ceux-ci ont des doutes sur la capacité d’une institution à les rembourser, ils retirent leurs dépôts et précipitent ainsi l’institution dans une crise. Les institutions de dépôt doivent donc gérer les dépôts avec la plus grande prudence, en cherchant constamment à maintenir un équilibre entre la sécurité pour leurs déposants et le profit pour leurs actionnaires. Au Canada, la très grande majorité des dépôts est garantie par la Société d’assurance-dépôts jusqu’à concurrence de 100 000 $ en cas de faillite de l’institution financière.

COMMENT LES INSTITUTIONS DE DÉPÔT CRÉENT-ELLES DE LA MONNAIE ?

Réserves désirées Somme qu’une institution de dépôt détient dans ses coffres ou a déposée à la Banque du Canada.

Pour être en mesure de satisfaire aux demandes en espèces de leurs clients, les institutions de dépôt conservent une partie des dépôts en numéraire, mais aussi en dépôts à la Banque du Canada pour régler entre elles le solde net des opérations quotidiennes de compensation des paiements. Les dépôts que les institutions conservent de cette manière s’appellent les réserves désirées. L’argent que vous remet le caissier ou le guichet automatique provient de ces réserves, en numéraire. Supposons que, dans une journée donnée, 100  M$ de transferts sous forme de chèques, de virements électroniques de fonds, d’achats par carte de débit, etc., sont tirés sur des comptes à la CIBC et déposés à la BMO, et que 200 M$ de transferts sont tirés sur des comptes à la BMO et déposés à la CIBC. En fin de journée, la CIBC devra verser 100 M$ à la BMO pour régler le solde net de ses opérations quotidiennes de compensation des paiements. Cette somme provient des réserves désirées, en dépôts à la Banque du Canada.

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

193

Imaginons maintenant qu’une nouvelle banque, la MiniBanque, ouvre ses portes et qu’elle reçoit un premier dépôt de 100 000 $. Ses dépôts passent alors de 0 $ à 100 000 $, de même que ses réserves. Si la MiniBanque détient 100 000 $ de dépôts et 100 000 $ de réserves, le pourcentage des dépôts qu’elle conserve sous forme de réserves désirées est de 100 %. En pratique, les institutions de dépôt sont loin de conserver 100 $ de réserves pour chaque dépôt de 100 $ qu’elles acceptent puisqu’en moyenne leurs réserves désirées représentent 0,5 % des dépôts qu’elles détiennent. Le pourcentage des dépôts qu’une institution juge nécessaire de détenir sous forme de réserves s’appelle le coefficient de réserves désirées. Par exemple, si le coefficient de réserves désirées de la MiniBanque est de 5 %, ses réserves désirées sont égales à 5 000 $ (100 000 $ × 5 %). Le reste des dépôts dont les institutions disposent peut être prêté, ce qui constitue leur capacité de prêter ou leurs réserves excédentaires. Il s’agit de la différence entre les dépôts dont une institution dispose et ses réserves désirées.

La création de monnaie Les institutions de dépôt créent de la monnaie en générant des dépôts quand elles octroient des prêts, soit de la monnaie scripturale. Cependant, elles ne peuvent pas créer de la monnaie à volonté, car le montant des dépôts qu’elles peuvent générer dépend de ce dont elles disposent en capitaux7. Voyons cela de plus près. La figure 8.2 (p. 194) montre ce qui se passe quand les institutions de dépôt créent de la monnaie. Imaginons qu’après des années de sorcellerie Harry Potter décide de venir étudier au Canada. Il prend 100 000 $ cachés sous son matelas et les dépose à la MiniBanque. Cette dernière a un nouveau dépôt de 100 000 $. Elle en conserve 5 % sous forme de réserves désirées, soit 5 000 $, et peut prêter le reste, soit 95 000 $. Elle décide alors d’octroyer un prêt de 95 000 $ à Annie, qui veut acheter la franchise du service de photocopie de Béatrice. La MiniBanque inscrit un dépôt de 95 000 $ dans le compte d’Annie, qui fait un chèque de 95 000 $ à Béatrice. À cette étape, la MiniBanque a un nouveau dépôt de 100 000 $, un nouveau prêt de 95 000 $ et 5 000 $ en réserves. L’histoire ne s’arrête pas ici. Le processus continue dans d’autres institutions de dépôt. Béatrice dépose son chèque de 95 000 $ à la CIBC, dont les dépôts augmentent de 95 000 $. Cette institution ne conserve que 5 % de l’augmentation de dépôts (4 750 $) sous forme de réserves et prête l’excédent, soit 90 250 $, à Benoît, qui fait un chèque à Carl afin de rembourser son prêt d’entreprise. La figure 8.2 montre aussi la situation à la fin de la deuxième étape du processus. Le total des dépôts a augmenté de 195 000 $ (100 000 $ + 95 000 $), le total des réserves des banques a augmenté de 9 750 $ (5 000 $ + 4 750 $) et le total des prêts a augmenté de 185 250 $ (95 000 $ + 90 250 $). Quand Carl dépose son chèque à sa banque, la BMO, les dépôts de cette dernière augmentent de 90 250 $. La BMO ne garde que 4 512,50 $ sous forme de réserves et prête l’excédent, soit 85 737,50 $. La figure 8.2 montre également la situation à la fin du processus. On constate qu’à chaque étape le montant du nouveau dépôt créé diminue de 5 %, ce qui correspond au pourcentage des dépôts détenus sous forme de réserves désirées. Ce processus continue jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’excédents à prêter ; les 100 000 $ déposés initialement ont alors généré 2 000 000 $ de nouveaux dépôts, soit une augmentation de la masse monétaire (MM) de 2 000 000 $.

7.

Selon les règles de Bâle III, les institutions de dépôt sont tenues d’avoir au moins 10,5 % de leurs actifs en fonds propres et d’accorder des prêts en conséquence.

Coefficient de réserves désirées Pourcentage des dépôts que les institutions de dépôt jugent nécessaire de détenir sous forme de réserves.

Réserves excédentaires Différence entre les dépôts dont une institution dispose et ses réserves désirées.

194 Figure 8.2

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

L’effet multiplicateur des dépôts bancaires SÉQUENCE DES OPÉRATIONS

ÉTAPES

TOTAUX À CHAQUE ÉTAPE Dépôts

Réserves

Prêts

Dépôt 100 000 $ 1. MiniBanque

Réserves 5000$

Prêt 95 000 $

100 000 $

5 000 $

95 000 $

195 000 $

9 750 $

185 250 $

285 250 $

14 262,50 $

270 987,50 $

22000000$ 000 000 $

100 100000 000$$

000$ 1 900 000 $

Dépôt 95 000 $ 2. CIBC

Réserves 4750$

Prêt 90 250 $ Dépôt 90 250 $

3. BMO

Réserves 4512,50$

Prêt 85 737,50 $ et ainsi de suite…

Le multiplicateur des dépôts Si un dépôt de 100 000 $ a créé 2 000 000 $ de nouveaux dépôts, cela signifie que l’augmentation initiale des dépôts a été multipliée par 20 ! Comment est-ce possible ? C’est qu’à chaque étape du processus illustré à la figure 8.2 les réserves désirées correspondent à 5 % des dépôts, soit le coefficient de réserves désirées (rd). Ainsi, pour chaque dollar déposé, un pourcentage de ce dollar (ici 5  %) doit être gardé sous forme de réserves désirées et ne peut donc pas être prêté. À chacune des étapes, les montants des nouveaux prêts et des nouveaux dépôts diminuent de ce pourcentage. Multiplicateur des dépôts Nombre par lequel on multiplie une variation initiale des dépôts pour déterminer la variation de la masse monétaire qui en résulte.

Le nombre par lequel on multiplie l’augmentation initiale des dépôts pour déterminer la quantité de nouvelle monnaie créée (nouveaux dépôts) s’appelle multiplicateur des dépôts (md). Il est égal à 1 divisé par le coefficient de réserves désirées, rd , ce qu’on résume par l’équation suivante : 1 md = rd Dans notre exemple, le coefficient de réserves désirées est de 5 % (ou 0,05). Par conséquent, le multiplicateur des dépôts (md) est égal à 20, soit : md =

1 rd

=

1 = 20 0,05

À la fin du processus, la quantité de nouvelle monnaie créée ou la variation de la masse monétaire (∆MM) est égale à l’augmentation initiale des dépôts (∆D) multipliée par le multiplicateur des dépôts. En d’autres termes, ∆MM = ∆D × md Dans notre exemple, l’augmentation initiale des dépôts est de 100 000 $. Nous avons donc une création de nouvelle monnaie (nouveaux dépôts) de 2 000 000 $ (soit 100 000 $ × 20) en supposant que les institutions de dépôt ont réussi à prêter la totalité de leurs réserves excédentaires et qu’elles ne conservent que 5  % des dépôts en réserves désirées. Ainsi, une institution de dépôt ne peut pas créer à elle seule plus de monnaie que ce que lui permettent ses réserves excédentaires et son coefficient de réserves désirées. Cependant, comme les prêts qu’elle consent viennent gonfler les excédents des autres

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

195

institutions de dépôt, créant de nouveaux dépôts et de nouveaux prêts à chaque étape tant qu’il y a des excédents, les institutions de dépôt peuvent accomplir ensemble ce qu’aucune ne peut faire individuellement, c’est-à-dire créer de la nouvelle monnaie (sous forme de nouveaux dépôts) selon un montant qui est un multiple de l’augmentation initiale des dépôts.

RÉPONSE

Dans notre exemple, on suppose que les Saviez-vous que… institutions de dépôt ont réussi à prêter la Lors de la crise financière mondiale de 2007-2008, les banques totalité des fonds dont elles disposent. Si elles canadiennes, contrairement à celles de nombreux pays, sont ne parviennent qu’à en prêter une partie, il demeurées solides et n’ont pas eu besoin de renflouement, […] y aura moins de nouveaux dépôts, et donc, au premier rang mondial au chapitre de la stabilité pendant huit moins de nouvelle monnaie créée. Que fait années consécutives8. Que signifie ce classement ? une institution de dépôt des fonds qu’elle ne réussit pas à prêter ? Conserver ces sommes Ce classement signifie que les banques canadiennes sont bien capitalisées, en liquide ne lui rapporterait rien, alors bien gérées et bien réglementées. Elles sont considérées comme les plus solides du monde. qu’acheter des titres du gouvernement fédéral, des provinces, des municipalités et des grandes sociétés peut être très lucratif. En plus d’offrir des intérêts et une grande sécurité, ces divers titres ont des échéances variables – de 30 à 365 jours pour les bons du Trésor, et de 1 à 30 ans pour les obligations du gouvernement canadien, par exemple. La constitution d’un portefeuille de titres diversifié permet à l’institution de dépôt d’en échanger en tout temps et sans perte. Nous verrons dans la prochaine partie que la Banque du Canada peut acheter ou vendre des titres du gouvernement fédéral et ainsi influer sur la capacité de prêter des institutions de dépôt.

Coup d’œil SUR LE PASSÉ

L’« invention » des banques Il y a plusieurs siècles, les orfèvres et leurs clients ont eu une brillante idée qui a mené à la création des premières banques. Pour mettre leur or à l’abri du vol, les orfèvres européens du XVIe siècle disposaient de coffres-forts bien gardés. Les artisans et autres propriétaires d’or pouvaient y louer de l’espace pour y déposer leur bien en lieu sûr. Les orfèvres leur remettaient alors un « reçu » – une sorte de jeton comme celui qu’on vous remet dans les vestiaires publics – qui leur donnait le droit de réclamer leur « dépôt » sur demande. Si l’un d’eux voulait utiliser son or pour rembourser une dette, il pouvait soit le réclamer ou remettre son reçu à son créancier et ainsi payer sa dette – de loin l’option la plus simple et la plus sûre. Le créancier ayant en main le reçu pouvait l’utiliser, à son tour, pour payer ses propres dettes. Les reçus sont donc devenus un moyen de paiement – une monnaie !

8.

Avec le temps, les orfèvres ont remarqué que certains de leurs clients ne réclamaient jamais l’or qu’ils avaient déposé : les reçus circulaient, et l’or restait dans leur coffre-fort. Certains eurent alors l’idée de prêter des reçus et de réclamer de l’intérêt. D’autres orfèvres ont eu la même idée. Ils commencèrent à se faire concurrence et, plutôt que de réclamer des frais pour la location d’espace dans le coffre-fort, se mirent à verser de l’intérêt sur les dépôts d’or. C’est ainsi que, peu à peu, ils passèrent du métier d’orfèvre à celui de banquier, sachant que tant qu’ils n’émettaient pas trop de reçus, ils seraient toujours en mesure d’honorer leurs engagements auprès de leurs clients qui désiraient récupérer leur or. Pourquoi les reçus pouvaient-ils être considérés comme de la monnaie ? Que faisaient les orfèvres de l’or qui restait dans leurs coffres-forts ? Comment sont-ils devenus des banquiers ?

Association des banquiers canadiens, Réglementation bancaire mondiale et banques canadiennes, www.cba.ca/fr/media-room/50-backgrounders-on-banking-issues/667-global-banking-regulations-and-banks-in-Canada, modifié le 09-11-2015.

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PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

8.2 2 Décrire le système monétaire et expliquer comment les institutions de dépôt créent de la monnaie

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Quelles institutions financières composent le système monétaire canadien ?

5. Quel équilibre les institutions de dépôt cherchent-elles à maintenir ?

2. Comment une banque réalise-t-elle des profits ?

6. Quelles sont les principales fonctions économiques des institutions de dépôt ?

3. Comment les institutions de dépôt parviennent-elles à créer de nouveaux dépôts en octroyant des prêts ? Quels facteurs limitent le montant des dépôts et des prêts qu’elles peuvent créer ? 4. Le coefficient de réserves désirées des institutions de dépôt est de 10 %, et la banque de Stéphane n’a pas de fonds disponibles pour prêter. Stéphane dépose 100 $ à sa banque.

7. Le coefficient de réserves désirées des institutions de dépôt est de 20 %, et la banque d’Andrée n’a pas de réserves excédentaires. Andrée dépose 50 $ en argent liquide dans son compte bancaire. a) Calculez le multiplicateur des dépôts. b) Calculez l’augmentation maximale des dépôts que le dépôt d’Andrée va créer.

a) Calculez le multiplicateur des dépôts. b) Calculez le montant maximal des dépôts que le dépôt de Stéphane va créer. RÉPONSES 1. 2. 3.

Le système monétaire canadien est composé de la Banque du Canada, des banques à charte, des caisses populaires, des caisses d’économie et des autres institutions de dépôt. Une banque fait des profits en empruntant aux déposants à un faible taux d’intérêt et en prêtant à un taux d’intérêt plus élevé. Les institutions de dépôt peuvent octroyer des prêts à même leurs fonds disponibles pour prêter. Quand une institution de dépôt consent un prêt, elle crée un nouveau dépôt pour l’emprunteur. Deux facteurs limitent le montant des prêts qu’une institution de dépôt peut octroyer et, par le fait

8.3

4.

même, le montant des nouveaux dépôts qu’elle peut créer : le montant des fonds dont elle dispose pour prêter et le coefficient de réserves désirées. a) Le multiplicateur des dépôts est égal à 1/rd, (où rd représente le coefficient de réserves désirées, soit 10 % ou 0,1). Le multiplicateur est donc de 10 (soit 1/0,1). b) Comme le multiplicateur des dépôts est de 10, une augmentation initiale des dépôts de 100 $ créera 1 000 $ de nouveaux dépôts (∆MM = ∆D × md), soit 100 $ × 10 = 1 000 $.

LA BANQUE DU CANADA ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

Régulièrement, on entend dire dans les médias que la Banque du Canada a haussé ou abaissé son taux directeur  pour faire monter ou baisser les taux d’intérêt au pays. Qu’est-ce que ce fameux taux directeur, et pourquoi la Banque du Canada cherche-t-elle à influer sur les taux d’intérêt ? Banque du Canada Banque centrale du Canada.

LA BANQUE DU CANADA

Banque centrale

La Banque du Canada est la banque centrale de notre pays. Une banque centrale est un organisme public qui, dans un pays ou un regroupement de pays comme l’Union européenne, est responsable de l’émission des billets de banque, agit comme agent financier du gouvernement central, offre des services bancaires à ce dernier ainsi qu’aux institutions de dépôt, sert de prêteur en dernier ressort à celles-ci, conduit la politique monétaire et s’emploie à favoriser la fiabilité, la solidité, l’efficacité et la compétitivité du système financier.

Organisme public qui, dans un pays, est responsable de l’émission des billets de banque, agit comme agent financier du gouvernement central, offre des services bancaires à ce dernier ainsi qu’aux institutions de dépôt, sert de prêteur en dernier ressort à celles-ci, conduit la politique monétaire et s’emploie à favoriser la fiabilité, la solidité, l’efficacité et la compétitivité du système financier.

Le tumulte économique et financier de la Grande Dépression ayant rendu nécessaire la création d’un organisme central qui réglemente et supervise les marchés financiers, la Banque du Canada a été constituée sous forme de société privée en 1934 et a ouvert ses portes le 11 mars 1935. Elle est devenue une société d’État en 1938.

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

Même si le gouvernement fédéral en est toujours le seul actionnaire et si elle relève du ministère des Finances, la Banque du Canada garde une certaine indépendance dans son fonctionnement interne (choix des dirigeants, gestion des ressources humaines, vérification comptable, etc.). Cependant, elle doit rendre compte au Parlement de la conduite de la politique monétaire9. Le gouverneur de la Banque10, qui préside d’office le conseil d’administration et le conseil de direction, en est le premier dirigeant. Nommé pour une période de sept ans, il ne peut être révoqué à moins d’inconduite grave. Le conseil d’administration de la Banque du Canada en assume la gouvernance. Il est constitué du gouverneur, du premier sous-gouverneur (qui remplace le gouverneur au besoin) et de 12 administrateurs externes venant des diverses régions du pays. Le sous-ministre des Finances y siège également, mais sans droit de vote.

LES FONCTIONS DE LA BANQUE DU CANADA Les services d’une banque centrale ne s’adressent ni aux entreprises ni aux particuliers, mais au gouvernement du pays et aux institutions de dépôt. En tant que banque centrale, la Banque du Canada cumule d’importantes fonctions. Elle est à la fois : • • • •

Le gestionnaire des billets de banque du pays ; L’agent financier du gouvernement fédéral ; Le prêteur en dernier ressort des institutions de dépôt ; Le maître d’œuvre de la politique monétaire canadienne.

Le gestionnaire des billets de banque canadiens La Banque du Canada est responsable de la conception, de l’émission, de la distribution et du remplacement des billets de banque canadiens ; elle veille également à ce que ces derniers soient à l’épreuve de la contrefaçon. La Monnaie royale canadienne assume la production des pièces de monnaie au Canada.

L’agent financier du gouvernement fédéral À titre d’agent financier du gouvernement fédéral, la Banque du Canada remplit trois tâches distinctes : la gestion de la trésorerie du gouvernement, la gestion de ses réserves de devises étrangères et la gestion de son portefeuille de titres. LA GESTION DE LA TRÉSORERIE La Banque du Canada est la banque du gouvernement fédéral et le gestionnaire de sa trésorerie. Les chèques émis par le gouvernement sont tirés sur le compte du receveur général du Canada à la Banque du Canada. Les chèques des particuliers et des entreprises au gouvernement fédéral sont déposés dans ce même compte. La Banque du Canada gère la trésorerie du gouvernement en veillant à ce que son compte soit suffisamment approvisionné pour qu’il puisse honorer ses obligations quotidiennes ; elle place les excédents de ce compte dans des dépôts à terme. LA GESTION DES RÉSERVES DE DEVISES ÉTRANGÈRES DU CANADA Comme nous le verrons au chapitre 10, les réserves de devises étrangères du Canada (ou, plus précisément, les réserves officielles de liquidités internationales) servent à répondre aux besoins généraux en devises étrangères du gouvernement. Longtemps, la Banque est intervenue sur le marché des changes pour influer sur le taux de change du dollar canadien, ce qu’elle ne

9.

S’il désapprouve la politique que préconise la Banque du Canada, le ministre des Finances est autorisé à donner publiquement au gouverneur des instructions sur la politique à suivre. Si le gouverneur n’est pas d’accord, il doit démissionner. Ce cas ne s’est toutefois jamais présenté.

10. Le gouverneur actuel est Stephen S. Poloz, nommé pour un mandat de sept ans qui a débuté le 3 juin 2013.

197

198

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

fait plus depuis septembre 1998, préférant laisser le marché – le jeu de l’offre et de la demande – en déterminer le cours et se réservant tout au plus la possibilité d’intervenir en cas de crise majeure. LA GESTION DU PORTEFEUILLE DE TITRES DU GOUVERNEMENT Les emprunts du gouvernement fédéral se font par émissions de titres – bons du Trésor ou obligations négociables. La Banque du Canada assure la bonne marche de ces émissions et conseille le gouvernement fédéral sur la gestion de son portefeuille de titres. Les activités de la Banque du Canada dans ce domaine visent à assurer à l’État un financement stable au coût le plus bas.

Le prêteur en dernier ressort des institutions de dépôt La Banque du Canada est le prêteur en dernier ressort des institutions de dépôt. Supposons que, dans une journée donnée, 500 M$ de transferts, sous forme de chèques, de virements électroniques de fonds, d’achats par carte de débit, etc., sont tirés sur des comptes à la BMO et déposés à la CIBC, et que 400 M$ de transferts sont tirés sur des comptes à la CIBC et déposés à la BMO. En fin de journée, la BMO devra verser 100 M$ à la CIBC pour régler ses comptes. Normalement, si elle ne dispose pas de cette somme, elle pourra s’acquitter de ses obligations envers la CIBC en empruntant sur le marché du financement à un jour, où les institutions financières qui ont des fonds excédentaires en prêtent pour une journée à celles qui sont en déficit de fonds. Cependant, si pour une raison ou pour une autre elle n’y parvient pas, la BMO pourra, en dernier ressort, s’adresser à la Banque du Canada, qui lui avancera les fonds requis.

Le maître d’œuvre de la politique monétaire canadienne Politique monétaire Ensemble de mesures qui visent à préserver la valeur de la monnaie en maintenant l’inflation à un niveau bas et stable, et ce, en influant sur les taux d’intérêt – lesquels influent à leur tour sur la dépense agrégée, et donc, sur la demande agrégée.

La Banque du Canada élabore et met en œuvre la politique monétaire du pays. Une politique monétaire est un ensemble de mesures qui visent à préserver la valeur de la monnaie en maintenant l’inflation à un niveau bas, stable et prévisible, et ce, en influant sur les taux d’intérêt – lesquels influent à leur tour sur la demande agrégée. Selon la Loi sur la Banque du Canada, la responsabilité de l’élaboration et de la conduite de la politique monétaire du pays incombe au gouverneur de la Banque. En pratique, il partage cette responsabilité avec les cinq sous-gouverneurs du conseil de direction, qui est lui-même assisté par des départements de recherche et d’analyse économique de la Banque.

LES ÉLÉMENTS CLÉS ET LES EFFETS DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE CANADIENNE Nous avons dit plus haut que la Banque du Canada élabore et met en œuvre la politique monétaire du pays – un ensemble de mesures qui visent à contenir l’inflation en influant sur les taux d’intérêt, lesquels influent à leur tour sur le taux de change, la dépense agrégée, la demande agrégée, le PIB réel, l’emploi et le niveau général des prix. Plus concrètement, la Banque du Canada se fixe un taux cible d’inflation. Depuis 1995, le taux visé par la politique monétaire canadienne est de 2 % par année (± 1 %). Pour atteindre sa cible, la Banque dispose d’un instrument qui est devenu la pierre angulaire de la politique monétaire canadienne : le taux directeur de la Banque du Canada, que cette dernière ajuste huit fois par année à des dates préétablies. Comme nous allons le voir, en agissant sur ce taux, la Banque peut influer sur les réserves des institutions de dépôt, sur le taux du financement à un jour et, par ricochet, sur l’ensemble des taux d’intérêt et sur la demande agrégée.

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

199

Le taux cible du financement à un jour et sa fourchette opérationnelle Depuis 1999, le taux directeur de la Banque du Canada est le taux cible du financement à un jour, c’est-à-dire le taux d’intérêt auquel la Banque aimerait voir les institutions de dépôt se prêter et s’emprunter mutuellement des fonds sur le marché du financement à un jour. Nous avons vu que les encaisses des institutions de dépôt sont minimes par rapport aux dépôts qu’elles acceptent (généralement moins de 0,5 %). Les institutions de dépôt se satisfont de réserves aussi minces parce qu’elles peuvent en tout temps s’emprunter mutuellement les liquidités qui leur manquent sur le marché du financement à un jour ou, en dernier recours, les emprunter directement à la Banque du Canada. La Banque du Canada ne tient pas nécessairement à ce que le taux d’intérêt du financement à un jour corresponde exactement à son taux cible ; elle tente plutôt de le maintenir à l’intérieur d’une fourchette opérationnelle d’un demi-point de pourcentage (0,5 %), dont le taux cible du financement à un jour est le point médian. Ainsi, le 9 mars 2016, considérant que le bas niveau des prix du pétrole continuerait de peser sur la croissance au Canada, la Banque a maintenu son taux cible à 0,5 % pour une cinquième fois depuis le 15 juillet 2015, où elle l’avait abaissé d’un quart de point, ce qui donnait une fourchette opérationnelle de 0,75 % à 0,25 %, comme le montre la figure 8.3. La limite supérieure de la fourchette correspond au taux officiel d’escompte, c’est-à-dire au taux d’intérêt minimal auquel les institutions financières à court de réserves peuvent obtenir des avances de fonds de la Banque du Canada ; ce taux était de 0,75 % le 9 mars 2016. La limite inférieure de la fourchette, elle, correspond au taux de rémunération des dépôts, c’est-à-dire au taux d’intérêt que la Banque du Canada verse sur les dépôts que les institutions financières gardent en dépôt chez elle pour une journée ; ce taux était de 0,25 % le 9 mars 2016.

Taux cible du financement à un jour Taux d’intérêt auquel la Banque du Canada aimerait voir les institutions de dépôt se prêter et s’emprunter mutuellement des fonds sur le marché du financement à un jour ; taux directeur de la Banque et point médian d’une fourchette opérationnelle dont la limite supérieure est le taux officiel d’escompte, et la limite inférieure, le taux de rémunération des dépôts.

Taux officiel d’escompte Taux d’intérêt minimal auquel les institutions financières à court de réserves peuvent obtenir des avances de fonds de la Banque du Canada.

Taux de rémunération des dépôts Taux d’intérêt que la Banque du Canada verse sur les réserves que les institutions financières gardent en dépôt chez elle pour un jour.

Qu’est-ce qui maintient le taux du financement à un jour à l’intérieur de la fourchette opérationnelle ? La réponse à cette question comporte deux volets et montre l’importance des limites supérieure et inférieure de la fourchette opérationnelle du taux cible du financement à un jour pour les institutions de dépôt. Premièrement, une institution de dépôt en déficit de réserves qui peut obtenir de la Banque du Canada une avance de fonds au taux officiel d’escompte n’a aucun avantage à emprunter des fonds à un taux d’intérêt plus élevé sur le marché du financement à un jour ; la limite supérieure de la fourchette opérationnelle sert donc de plafond au taux du financement à un jour. Deuxièmement – et inversement –, une institution de dépôt qui peut gagner un intérêt égal au taux de rémunération des dépôts en déposant ses surplus à la Banque du Canada n’a aucun avantage à les prêter à un taux d’intérêt plus bas sur le marché du financement à un jour ; la limite inférieure de la fourchette opérationnelle sert donc de plancher au taux du financement à un jour. Par conséquent, les institutions de dépôt ont tout intérêt à négocier entre elles un taux avoisinant le taux cible.

Figure 8.3

La fourchette opérationnelle du taux directeur (9 mars 2016) 0,75 %

0,5%

0,25 %

Limite supérieure Taux officiel d’escompte Taux directeur de la Banque du Canada Taux cible du financement à un jour Limite inférieure Taux de rémunération des dépôts

200

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Quand elle annonce une hausse de son taux directeur, la Banque du Canada signale aux divers acteurs des marchés financiers son intention de voir augmenter les taux d’intérêt au pays. Comme elle a pour effet de hausser le taux d’escompte et donc de rendre plus coûteux le financement des déficits de réserves, la hausse du taux directeur incite les institutions de dépôt à augmenter leurs réserves déposées à la Banque du Canada. Parallèlement, la hausse du taux directeur fait monter le revenu d’intérêt sur les réserves déposées à la Banque du Canada (le taux de rémunération des dépôts), ce qui incite également les institutions de dépôt à accroître leurs réserves déposées chez elle. L’accroissement des réserves des institutions de dépôt à la Banque du Canada réduit les fonds disponibles sur le marché du financement à un jour, ce qui fait monter le taux d’intérêt de ce dernier. L’annonce d’une baisse du taux directeur produit les effets inverses. La Banque annonce ainsi qu’elle aimerait voir diminuer les taux d’intérêt au Canada. La baisse du taux directeur incite les banques à réduire leurs réserves à la Banque du Canada, ce qui augmente les fonds disponibles sur le marché à un jour et fait baisser le taux du financement à un jour.

Les opérations sur le marché du financement à un jour Opération sur le marché libre Achat ou vente par la Banque du Canada de titres du gouvernement canadien (bons du Trésor ou obligations).

Pour maintenir le taux du financement à un jour à l’intérieur de la fourchette cible, la Banque du Canada peut procéder à des opérations sur ce marché. On appelle celles-ci opérations sur le marché libre (open market, en anglais). Ces opérations consistent, pour la Banque du Canada, à acheter ou à vendre des titres du gouvernement canadien (bons du Trésor et obligations) à ses négociants principaux, c’est-à-dire aux grandes institutions financières qui détiennent une part importante du marché des bons du Trésor ou des obligations fédérales et qui s’engagent à « maintenir » le marché11. L’objectif des opérations sur le marché libre auxquelles se livre la Banque du Canada est d’influer sur le taux du financement à un jour. Ces opérations sont de deux types : • Les prises en pension ; • Les cessions en pension.

Prise en pension Opération par laquelle la Banque du Canada offre à ses négociants principaux de leur acheter des titres du gouvernement canadien en s’engageant à les leur revendre le jour ouvrable suivant à un prix convenu d’avance ; exerce une pression à la baisse sur le taux du financement à un jour.

Cession en pension Opération par laquelle la Banque du Canada offre à ses négociants principaux de leur vendre des titres du gouvernement canadien en s’engageant à les leur racheter le jour ouvrable suivant à un prix convenu d’avance ; exerce une pression à la hausse sur le taux du financement à un jour.

LES PRISES EN PENSION Quand elle estime que le taux du financement à un jour tend à monter au-dessus du taux cible, la Banque du Canada offre à ses négociants principaux de leur acheter des bons du Trésor ou des obligations en s’engageant à les leur revendre le jour ouvrable suivant à un prix fixé à l’avance ; c’est ce qu’on appelle une prise en pension. Supposons que la Banque du Canada fait une prise en pension de 100 000 $ auprès d’un de ses négociants principaux, disons la BMO. Les titres du gouvernement détenus par la Banque du Canada augmentent de 100 000 $, de même que les fonds dont la BMO dispose pour prêter. Celle-ci peut maintenant prêter 100 000 $ de plus sur le marché du financement à un jour. L’accroissement des fonds disponibles pour le financement à un jour exerce une pression à la baisse sur le taux de ce dernier. La Banque du Canada procède à des prises en pension tant que le taux de financement à un jour est supérieur au taux cible. LES CESSIONS EN PENSION Quand elle estime que le taux du financement à un jour tend à glisser en deçà du taux cible, la Banque du Canada offre à ses négociants principaux de leur vendre des titres du gouvernement canadien en s’engageant à les leur racheter le jour ouvrable suivant à un prix fixé à l’avance ; c’est ce qu’on appelle une cession en pension. Le but d’une cession en pension est de diminuer les fonds dont les institutions de dépôt disposent pour prêter, ce qui réduit les fonds disponibles sur le marché du financement à un jour et exerce une pression à la hausse sur le taux de ce dernier. La Banque du Canada procède à des cessions en pension tant que le taux du financement à un jour est inférieur au taux cible. 11. La liste des négociants principaux est publiée sur le site web de la Banque du Canada et dans chaque livraison de la Revue de la Banque du Canada.

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

LES EFFETS D’UNE VARIATION DU TAUX DIRECTEUR SUR LES TAUX D’INTÉRÊT Comme le gouvernement du Canada avec sa politique budgétaire (voir le chapitre 7), la Banque du Canada peut influer sur la production, l’emploi et le niveau général des prix par des mesures de politique monétaire. Comment peut-elle y arriver avec pour seul objectif de politique monétaire le maintien d’un taux d’inflation de 2 % par année, et pour seul instrument de politique monétaire le taux cible du financement à un jour ? Nous allons voir dans le reste de ce chapitre qu’une variation du taux directeur de la Banque influe sur tous les taux d’intérêt du pays et que la variation de ceux-ci déclenche des effets en chaîne qui se répercutent sur toute l’économie. La modification du taux directeur fait varier l’ensemble des taux d’intérêt à court terme – depuis les taux sur les prêts à un jour jusqu’aux taux sur les placements, les bons du Trésor ou les obligations, en passant par les taux sur les hypothèques et les prêts personnels. Elle a peu d’effets en ce qui concerne les taux d’intérêt sur les prêts personnels, les hypothèques et les placements à long terme. Sa variation n’a pas d’impact sur les taux d’intérêt pour les emprunts comme les prêts personnels ou les hypothèques à taux fixe pour la durée d’un terme variant de deux à cinq ans. Il en est de même pour les placements d’une durée de deux à cinq ans à taux fixe. Par contre, la variation du taux directeur a un impact sur les taux variables, comme les taux d’intérêt sur les marges de crédit.

La Banque du Canada baisse son taux directeur Quand la Banque du Canada annonce une baisse de son taux directeur, elle veut pousser les taux d’intérêt à court terme à la baisse. Si le taux réel du financement à un jour ne s’ajuste pas aussi rapidement qu’elle le désire au nouveau taux cible, elle procède à des prises en pension sur le marché du financement à un jour. Supposons que le taux du financement à un jour est de 3,75 % et que la Banque du Canada veut le faire descendre à 3,50 %. Le graphique (a) de la figure 8.4 (p. 202) illustre les mesures que prend la Banque et leurs effets. La courbe D représente la demande de fonds disponibles pour le financement à un jour. Au départ, la quantité demandée de fonds pour le financement à un jour est de 100 G$ et le taux du financement à un jour est de 3,75 %. La Banque du Canada baisse son taux directeur à 3,50 % et, pour accélérer le processus, procède à des prises en pension jusqu’à ce que la quantité de fonds disponibles pour le financement à un jour grimpe à 102 G$ – à ce stade, le taux du financement à un jour atteint le taux cible de 3,50 % fixé par la Banque. Comme nous venons de le voir, la réduction du taux de financement à un jour fait baisser l’ensemble des taux d’intérêt à court terme, depuis les taux sur les prêts à un jour jusqu’aux taux sur les placements, les bons du Trésor ou les obligations, en passant par les taux sur les hypothèques et les prêts personnels.

La Banque du Canada hausse son taux directeur Quand la Banque du Canada annonce une hausse de son taux directeur, elle veut pousser les taux d’intérêt à court terme à la hausse. Si le taux réel du financement à un jour ne s’ajuste pas aussi rapidement qu’elle le désire au nouveau taux cible, elle procède à des cessions en pension sur le marché du financement à un jour. Supposons que le taux du financement à un jour est de 3,75 % et que la Banque du Canada veut le faire monter à 4,00 %. Le graphique (b) de la figure 8.4 (p. 202) illustre les mesures que prend la Banque et leurs effets. La courbe D représente la demande de fonds disponibles pour le financement à un jour. Au départ, la quantité demandée de fonds pour le financement à un jour est de 100 G$ et le taux du financement à un jour est de 3,75 %. La Banque du Canada relève son taux directeur à 4,00 % et, pour accélérer le processus, procède à des cessions en pension jusqu’à ce que la quantité de fonds disponibles pour le financement à un jour tombe à 98 G$ – à ce stade, le taux du financement à un jour atteint le taux cible de 4,00 % fixé par la Banque.

201

202

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 8.4

Les effets d’une variation du taux directeur sur les taux d’intérêt

Taux du financement à un jour

Taux du financement à un jour

4,25 %

O0

4,25 %

O1

O1

O0 2

4,00 %

1

4,00 %

3,75 %

3,75 % 2

Taux cible

1

3,50 %

3,50 % 3

3,25 %

0

3

Taux courant

La Banque du Canada baisse son taux directeur, ce qui accroît l’offre de fonds à un jour.

98

100

Taux cible

La Banque du Canada hausse son taux directeur, ce qui réduit l’offre de fonds à un jour.

Taux courant

D

D 3,25 %

102

104

Fonds disponibles pour le financement à un jour (en G$)

0

98

100

102

104

Fonds disponibles pour le financement à un jour (en G$)

(a) La Banque du Canada baisse son taux directeur

(b) La Banque du Canada hausse son taux directeur

1 Le taux du financement à un jour est de 3,75 %, et 2 la Banque du Canada souhaite le faire baisser à 3,50 %. Pour y parvenir, elle baisse son taux directeur et peut procéder à des prises en pension. 3 L’offre de fonds à un jour grimpe à 102 G$ et le taux du financement à un jour tombe à 3,50 %, ce qui fait baisser tous les autres taux d’intérêt à court terme.

1 Le taux du financement à un jour est de 3,75 %, et 2 la Banque du Canada veut le faire monter à 4,00 %. Pour y parvenir, elle hausse son taux directeur et peut procéder à des cessions en pension. 3 L’offre de fonds à un jour tombe à 98 G$ et le taux du financement à un jour grimpe à 4,00 %, ce qui fait monter tous les autres taux d’intérêt à court terme.

Encore une fois, la hausse du taux du financement à un jour fait monter l’ensemble des taux d’intérêt à court terme, depuis les taux sur les prêts à un jour jusqu’aux taux sur les placements, les bons du Trésor ou les obligations, en passant par les taux sur les hypothèques et les prêts personnels.

LES EFFETS EN CHAÎNE D’UNE VARIATION DES TAUX D’INTÉRÊT Que se passe-t-il une fois que la Banque du Canada, en faisant varier son taux directeur, a réussi à modifier les taux d’intérêt à la hausse ou à la baisse ? Trois phénomènes se produisent : • Une variation de l’investissement et des dépenses de consommation ; • Une variation du taux de change du dollar canadien et des exportations nettes ; • Un effet multiplicateur sur les dépenses de consommation, la dépense agrégée et la demande agrégée.

Une variation de l’investissement et des dépenses de consommation L’investissement et les dépenses de consommation, deux composantes de la dépense agrégée, et donc de la demande agrégée, sont sensibles aux taux d’intérêt. Toutes choses étant égales par ailleurs, quand la Banque du Canada fait monter les taux d’intérêt, les consommateurs paient plus cher le financement de leurs achats à crédit (autos, électroménagers, etc.) et les entreprises paient plus cher le financement de

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

203

leurs investissements (machinerie, outillage, équipement, etc.). Par conséquent, les dépenses de consommation et l’investissement privé brut diminuent, de même que la dépense agrégée, et donc la demande agrégée. La baisse des taux d’intérêt a les effets inverses : les dépenses de consommation et l’investissement privé brut augmentent, de même que la dépense agrégée, et donc la demande agrégée.

Une variation du taux de change du dollar canadien et des exportations nettes La variation des taux d’intérêt influe également sur le taux de change du dollar canadien, et donc sur nos exportations nettes (exportations moins importations), une autre composante de la dépense agrégée, et donc de la demande agrégée. Ainsi, toutes choses étant égales par ailleurs, une hausse des taux d’intérêt au Canada incite les investisseurs étrangers à transférer au Canada des fonds placés dans des pays où les taux d’intérêt sont moins avantageux. Pour ce faire, ces investisseurs vendent des devises étrangères (comme des dollars américains ou des euros) et achètent des dollars canadiens. Cette augmentation de la demande de dollars canadiens entraîne une hausse du cours du dollar canadien sur le marché des changes. Les étrangers paient maintenant plus cher les biens et services canadiens, et les exportations canadiennes diminuent. Parallèlement, avec un cours plus élevé de leur dollar, les Canadiens paient moins cher les biens et services étrangers, et les importations canadiennes augmentent. Les exportations nettes diminuent, de même que la dépense agrégée, et donc la demande agrégée. Une baisse des taux d’intérêt entraîne les effets contraires : baisse du taux de change, augmentation des exportations nettes, hausse de la dépense agrégée, et donc de la demande agrégée.

Saviez-vous que…

Un effet multiplicateur

Depuis 2008, les taux d’intérêt sont demeurés bas au Canada. Pendant ce temps, le taux d’endettement des ménages canadiens est passé de 147 % à 167,6 % du revenu disponible12. Quel est l’effet pervers des taux d’intérêt bas sur une longue période ? Quelle est la principale conséquence de la hausse du taux d’endettement des ménages canadiens ?

RÉPONSE

Nous venons de voir qu’une baisse des taux d’intérêt accroît la demande agrégée et qu’une hausse des taux d’intérêt la réduit. Vous devinez la suite : le processus est le même que dans le cas des multiplicateurs de la politique budgétaire. Une hausse des taux d’intérêt diminue la dépense Les taux d’intérêt bas sur une longue période ont amené les ménages canadiens agrégée (et donc la demande agrégée), le PIB réel à accroître leur endettement. Cela se traduit par une hausse de 20 points de et le revenu disponible. La baisse du revenu dispourcentage du taux d’endettement en seulement 8 ans, ce qui rend les ménages canadiens plus vulnérables à une hausse éventuelle des taux d’intérêt. ponible entraîne une réduction des dépenses de consommation et enclenche le processus étudié précédemment. Les diminutions en chaîne des dépenses de consommation réduisent la dépense agrégée (et donc la demande agrégée) à chaque étape du processus. La baisse de la demande agrégée réduit le PIB réel et fait baisser le niveau général des prix. Le taux d’inflation diminue. Quand la Banque du Canada baisse les taux d’intérêt, les événements que nous venons de décrire se produisent en sens inverse et le PIB réel augmente, de même que le niveau général des prix. La figure 8.5 (p. 204) résume les effets en chaîne de la variation des taux d’intérêt ; le processus commence par les interventions de la Banque du Canada sur le marché du financement à un jour et prend fin avec leurs effets sur le PIB réel et le niveau des prix.

12. Statistique Canada, CANSIM, tableau 378-0123, Comptes du bilan national, indicateurs financiers, ménages et institutions sans but lucratif au service des ménages, trimestriel (pourcentage), modifié le 01-03-2016.

204 Figure 8.5

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Les effets en chaîne des actions de la Banque du Canada 3

2

Les fonds disponibles pour le financement à un jour augmentent, et le taux du financement à un jour baisse.

Les taux d’intérêt baissent.

4

Le dollar canadien se déprécie sur le marché des changes.

1

La Banque du Canada diminue son taux directeur.

5

8

Les dépenses de consommation et l’investissement privé augmentent.

6

Les exportations nettes augmentent.

7

Le PIB réel augmente, ainsi que le niveau des prix.

La demande agrégée s’accroît.

(a) La Banque du Canada fait baisser les taux d’intérêt

3

2

Les fonds disponibles pour le financement à un jour diminuent, et le taux du financement à un jour augmente.

Les taux d’intérêt montent.

4

Le dollar canadien s’apprécie sur le marché des changes.

1

La Banque du Canada hausse son taux directeur.

8

5

6

Les dépenses de consommation et l’investissement privé diminuent.

Les exportations nettes diminuent.

7

Le PIB réel diminue, ainsi que le niveau des prix.

La demande agrégée diminue.

(b) La Banque du Canada fait monter les taux d’intérêt

Les interventions de la Banque du Canada sur le marché du financement à un jour influent sur la quantité de fonds disponibles pour le financement à un jour, et donc sur le taux du financement à un jour. Les variations des taux d’intérêt qui s’ensuivent influent sur les dépenses de consommation, l’investissement privé et les exportations nettes, et font varier la dépense agrégée – donc la demande agrégée, le PIB réel et le niveau général des prix.

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

205

LA CONDUITE DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE Les variations du taux directeur mettent généralement de 18 à 24 mois à faire sentir leurs effets sur le taux d’inflation et sur l’ensemble de l’économie ; c’est ce qu’on appelle le délai de transmission de la politique monétaire. Ce délai complique passablement la tâche de la Banque du Canada. En fait, la conduite d’une politique monétaire s’apparente à la conduite d’une voiture très étrange : un véhicule muni d’un accélérateur (la baisse des taux d’intérêt) et d’un frein (la hausse des taux d’intérêt), tous deux relativement efficaces, mais dont les réactions sont tellement imprévisibles que le conducteur (la Banque) n’a aucune certitude quant à la portée ou au délai de réponse des manœuvres qu’il exécute. Pour ajouter du piquant au voyage, le conducteur n’a qu’une vue de l’arrière. Il ne voit pas le chemin devant lui, seulement le chemin déjà parcouru. Le défi du pilote consiste à conduire cette voiture en tentant de maintenir une vitesse constante sur une route où alternent les montées (périodes d’expansion qui se caractérisent par une croissance rapide du PIB) et les descentes (périodes économiques difficiles qui se caractérisent par un fléchissement du PIB réel et une augmentation du chômage). Le conducteur doit donc tantôt accélérer, tantôt freiner, tantôt ne rien faire du tout. Pour faire le meilleur voyage possible, le pilote doit constamment évaluer la situation immédiate tout en sachant prévoir ce qui adviendra ensuite. C’est ce que fait la Banque du Canada en agissant sur le taux du financement à un jour, tout en envoyant des signaux sur ce qu’elle fera dans l’avenir afin d’informer les principaux agents économiques (ménages, entreprises, gouvernements) de ses intentions quant à l’orientation de la politique monétaire. Maintenant que nous savons comment les interventions de la Banque du Canada influent sur l’économie, nous allons voir, à l’aide du modèle de la demande et de l’offre agrégées, comment la politique monétaire peut servir à stabiliser le PIB réel et à maîtriser l’inflation. Comme la politique budgétaire du gouvernement, la politique monétaire de la Banque du Canada est dite expansionniste si elle vise à éviter une récession, et restrictive si elle vise à juguler l’inflation.

Une politique monétaire expansionniste La figure 8.6(a) (p. 206) illustre les effets d’une politique monétaire expansionniste. Au départ, la demande agrégée est DA0, et la courbe d’offre agrégée, OA. Le niveau général des prix est de 105. Le PIB réel d’équilibre est de 900 G$, ce qui est inférieur au PIB potentiel (1 000 G$). L’économie est en équilibre de sous-emploi. Pour éviter une récession, la Banque du Canada réduit son taux directeur, ce qui augmente l’offre de fonds disponibles sur le marché du financement à un jour et fait baisser le taux de ce dernier. Cette diminution fait baisser tous les autres taux d’intérêt à court terme. Les dépenses de consommation, l’investissement privé brut et les exportations nettes augmentent, la dépense agrégée s’accroît, et la courbe de demande agrégée se déplace vers la droite jusqu’à DA0 + ∆D. S’il s’agissait de la seule variation de la dépense agrégée, la demande agrégée resterait à DA0 + ∆D, mais l’augmentation initiale de la demande agrégée a un effet multiplicateur sur les dépenses de consommation, la dépense agrégée et la demande agrégée, de sorte que la courbe de demande agrégée continue à se déplacer vers la droite jusqu’à DA1. Le niveau des prix monte à 110. Les actions de la Banque du Canada ont permis d’éviter une récession en augmentant le PIB réel (et par conséquent, l’emploi), qui est maintenant à égalité avec le PIB potentiel (1 000 G$). L’économie est en équilibre de plein emploi et le chômage diminue.

Délai de transmission de la politique monétaire Délai de 18 à 24 mois avant que les effets de la politique monétaire sur le taux d’inflation et sur l’ensemble de l’économie se fassent sentir.

206

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Une politique monétaire restrictive La figure 8.6(a) est semblable à la figure 8.6(b), mais le point de départ est différent. La demande agrégée est DA0, et l’offre agrégée, OA. Le niveau général des prix est de 115. Le PIB réel d’équilibre est de 1 100 G$, ce qui est supérieur au PIB potentiel (1 000 G$). L’économie est en équilibre de suremploi. Pour juguler l’inflation, la Banque du Canada hausse son taux directeur, ce qui fait monter les autres taux d’intérêt à court terme et réduit les dépenses de consommation, l’investissement privé et les exportations nettes. La dépense agrégée diminue, et la courbe de demande agrégée se déplace vers la gauche jusqu’à DA0 – ∆D. S’il s’agissait de la seule variation de la dépense agrégée, la demande agrégée resterait à DA0 – ∆D, mais la diminution initiale de la demande agrégée a un effet d’entraînement sur les dépenses de consommation, la dépense agrégée et la demande agrégée, de sorte que la courbe de demande agrégée continue à se déplacer vers la gauche jusqu’à DA1. Les actions de la Banque du Canada ont permis d’éviter l’inflation en ramenant le PIB réel à égalité avec le PIB potentiel, et le niveau des prix, à 110.

L’ampleur de l’effet multiplicateur L’ampleur de l’effet multiplicateur de la politique monétaire dépend de la sensibilité des dépenses des agents économiques aux taux d’intérêt. Plus l’effet de la variation des taux d’intérêt sur la dépense agrégée est grand, plus l’effet multiplicateur est important ; une faible variation des taux d’intérêt suffit alors pour que la Banque du Canada atteigne son objectif.

Figure 8.6

La politique monétaire à l’œuvre

Niveau des prix (IIP, 2007 = 100)

140 130

1

Hausse de la dépense agrégée

2

Niveau des prix (IPP, 2007 = 100) 1

140 Effet multiplicateur

PIB potentiel

Réduction de la dépense agrégée

PIB potentiel

130

120

OA

120

2

Effet multiplicateur

OA

115 110

110

DA 0

105 100

100

90 DA 0 0

900

1 000

DA1 DA 0+ ∆D 1 100

1 200

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

DA 0– ∆D DA 1

90

0

900

1000

1100

1200

PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

(a) Une politique monétaire expansionniste

(b) Une politique monétaire restrictive

Au départ, le PIB réel est de 900 G$, ce qui est inférieur au PIB potentiel (1 000 G$) ; l’économie est en équilibre de sous-emploi. Pour éviter une récession, la Banque du Canada baisse son taux directeur, ce qui fait baisser les taux d’intérêt et accroît la dépense agrégée. 1  La demande agrégée augmente de ΔD. 2  L’effet multiplicateur de cette augmentation initiale de la demande agrégée déclenche une série d’augmentations des dépenses de consommation. La courbe de demande agrégée se déplace jusqu’à DA1. Le PIB réel augmente et revient à égalité avec le PIB potentiel. L’économie est en équilibre de plein-emploi. Le chômage diminue, et la récession est évitée.

Au départ, le PIB réel est de 1 100 G$, ce qui excède le PIB potentiel (1 000 G$) ; l’économie est en équilibre de suremploi. Pour éviter l’inflation, la Banque du Canada pousse les taux d’intérêt à la hausse, ce qui fait augmenter les taux d’intérêt et réduit la dépense agrégée. 1 La dépense agrégée diminue, la demande agrégée baisse de ΔD, et la courbe de demande agrégée se déplace vers la gauche jusqu’à DA0 – ΔD. 2 La baisse de la demande agrégée entraîne une série de réductions des dépenses de consommation, et la courbe de demande agrégée se déplace à DA1. Le PIB réel diminue et revient à égalité avec le PIB potentiel. L’économie est en équilibre de pleinemploi. Le niveau des prix diminue, et l’inflation est évitée.

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

207

Coup d’œil SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

Milton Friedman et l’évolution de la politique monétaire Né à New York en 1912 et issu d’une famille d’immigrants pauvres, Milton Friedman a fait ses études à l’Université Rutgers et à l’Université Columbia pendant la Grande Dépression. Décédé le 16 novembre 2006, Friedman a bâti sa réputation entre 1946 et 1983 comme chef de file de l’École de Chicago. Selon les membres de cette école, les marchés libres répartissent efficacement les ressources, et une croissance lente et stable de l’offre de monnaie engendre la stabilité macroéconomique sans qu’aucune intervention de l’État ne soit nécessaire. Adeptes du libéralisme classique, du capitalisme intégral et de l’économie de marché, les monétaristes s’opposent au keynésianisme « social-démocrate » et à ses politiques interventionnistes. Ainsi, pour Friedman, « l’inflation est monétaire et n’est que monétaire ». À long terme, loin d’augmenter la production et l’emploi comme le veut la théorie keynésienne, la stimulation persistante de la demande agrégée n’engendre que de l’inflation. Certes, une politique monétaire qui accroît la quantité de monnaie en circulation pour lutter contre le chômage a un effet à court terme sur l’emploi. Mais cet effet, explique Friedman, est temporaire et s’explique par ce qu’il appelle l’« illusion monétaire ». À court terme, les agents économiques se sentent plus riches et dépensent davantage, ce qui relance temporairement l’emploi. Toutefois, ils s’aperçoivent vite de la nature réelle du changement – l’inflation – et réclament des augmentations de salaire pour la compenser, entraînant l’économie dans une spirale salaires-prix qui accroît encore l’inflation à moyen et à long terme. Donc, dit Friedman, à long terme, augmenter la quantité de monnaie en circulation entraîne inévitablement une poussée inflationniste sans pour autant faire reculer le chômage. Ainsi, la forte inflation du début des années 1970 s’accompagnait d’une recrudescence du chômage. En plus de lui valoir le prix Nobel en sciences économiques, les travaux de Milton Friedman ont fait progresser notre compréhension des forces qui déterminent la demande agrégée. Ils ont aussi mis en lumière les effets des variations de la quantité de monnaie en circulation sur le niveau des prix et sur l’inflation.

Pour Milton Freidman, « l’inflation est monétaire et n’est que monétaire ».

Cependant, après avoir contesté les thèses keynésiennes, le monétarisme est aujourd’hui contesté à son tour. En effet, les théoriciens de l’école des anticipations rationnelles rejettent l’idée que les agents économiques sont incapables d’anticiper rationnellement le taux d’inflation et de réagir en conséquence, et qu’ils peuvent être bernés même temporairement par une politique monétaire. Pour les tenants des anticipations rationnelles, les agents économiques comprennent au contraire comment les banques centrales influent sur la monnaie et comment la monnaie agit sur l’inflation, et ne se laissent donc pas leurrer par l’illusion monétaire postulée par Friedman. De ce point de vue, toute politique monétaire est donc inefficace pour influer sur l’emploi tant à court terme qu’à long terme, et ne peut servir qu’à limiter l’inflation – ce qui devrait être la seule tâche des banques centrales. Ce courant de pensée jouit d’une crédibilité croissante auprès des banques centrales et n’est pas étranger au fait que, depuis quelques années, le seul objectif de la politique monétaire de la Banque du Canada est la maîtrise de l’inflation. Comment une politique monétaire expansionniste, pourraitelle engendrer de l’inflation à moyen et à long terme ? Quelle devrait-être la seule tâche des banques centrales ? Quel est l’objectif de la politique monétaire de la Banque du Canada ?

208

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

La politique monétaire canadienne à l’œuvre La figure ci-dessous illustre l’évolution du taux du financement à un jour (courbe jaune), du taux d’escompte (courbe bleue) et du taux des bons du Trésor à trois mois (courbe rouge) de 1975 à 2015. Le taux d’intérêt des bons du Trésor à trois mois est un bon indicateur général du coût des prêts à court terme octroyés au gouvernement fédéral et aux grandes entreprises. Comme on le voit, les variations des trois taux sont étroitement liées. Le taux du financement à un jour, que la Banque cible directement, est celui qui influe le plus sur le taux d’intérêt à court terme – taux auquel le gouvernement et les entreprises contractent leurs emprunts. La figure montre comment la Banque du Canada fait monter les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation et comment elle les fait baisser pour éviter une récession. Au début des années 1980 et 1990, la hausse des taux d’intérêt a engendré des récessions. Après la récession de 1990-1992, la Banque a décidé de baisser les taux d’intérêt pour accélérer la reprise. À la fin des années 1990, l’économie connaissait une forte expansion ; la Banque a donc maintenu les taux d’intérêt assez stables. En 2001 et en 2002, redoutant une récession après les attentats du 11 septembre 2001, la Banque a de nouveau fait baisser les taux d’intérêt pour prolonger la période d’expansion. Quelle orientation a-t-elle donnée à sa politique monétaire ? Illustrez graphiquement ses effets sur le marché du financement à un jour et sur l’équilibre macroéconomique.

En 2006, prévoyant une inflation, elle les a fait remonter. Quelle orientation a-t-elle donnée à sa politique monétaire ? Illustrez graphiquement ses effets sur le marché du financement à un jour et sur l’équilibre macroéconomique. À la fin de 2007 et au début de 2008, voyant que les ÉtatsUnis allaient vers une récession qui pourrait avoir des répercussions sur notre économie, la Banque a de nouveau fait baisser les taux d’intérêt. Cette réduction n’a pas permis au Canada d’éviter la récession, mais elle a contribué énormément à en diminuer l’ampleur. En 2010, la reprise de l’activité économique au Canada était particulièrement vigoureuse. La Banque du Canada en a profité pour rehausser le taux directeur, qui est passé graduellement de 0,25 % à 1,00 %, et l’a maintenu pendant plus de quatre ans à ce niveau. La baisse exceptionnelle du prix du pétrole a plombé la croissance économique, qui s’est contractée durant la première moitié de 2015. La Banque du Canada n’a pas mis longtemps à réagir : elle a abaissé son taux directeur d’un quart de point en janvier 2015, puis de nouveau en juillet 2015, pour l’amener à 0,50 %. De quelle manière la Banque du Canada a-t-elle mené sa politique monétaire de 2010 à 2015 ? Quelle orientation a-t-elle donnée à sa politique monétaire ? Illustrez graphiquement ses effets sur le marché du financement à un jour et sur l’équilibre macroéconomique.

Les taux d’intérêts au Canada depuis 1975 Taux d’intérêt (en pourcentage annuel)

20 Taux d’escompte

Hausse des taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation

15 Taux des bons du Trésor à trois mois

Baisse des taux d’intérêt pour éviter une récession

10 Taux du financement à un jour

5

0

1975

1980

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2015 Année

Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 176-0041, Statistiques du marché financier, données du mercredi sauf indication contraire, hebdomadaire, modifié le 18-052012. Statistique Canada, CANSIM, tableau 176-0078, Taux du marché et autres taux d’intérêt de la Banque du Canada, quotidien (en pourcentage), modifié le 05-01-2016.

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

ÉPARGNER OU EMPRUNTER ? Combien d’argent liquide conservez-vous dans votre portefeuille ? Et combien dans votre compte bancaire ? Ne serait-il pas préférable de garder moins d’argent à la banque ? Non, ce ne serait probablement pas judicieux. Pourquoi ? Parce que détenir de l’argent liquide ne rapporte rien alors que le placer à la banque rapporte de l’intérêt. Pourquoi ne choisissez-vous pas de diminuer votre solde de carte de crédit ? Le taux d’intérêt sur ce solde correspond à ce que coûte le fait d’utiliser l’argent des autres épargnants. En acquittant la totalité de votre solde, vous éviterez de payer un taux d’intérêt de plus de 20 % par année. Si vous empruntez à taux variable, comme dans le cas des marges de crédit, les variations du taux directeur affecteront directement votre taux d’intérêt. À l’inverse, si vous empruntez à taux fixe pour la durée d’un terme (de trois, de quatre ou de cinq ans), ces variations n’auront pas d’impact sur votre taux d’intérêt. Si vous prévoyez que le taux directeur va augmenter, devriez-vous opter pour un taux variable ou pour un taux fixe ? Lisez-vous les différents communiqués de la Banque du Canada ? Il est probable que non, mais rien ne vous empêche de le faire. Ainsi, vous serez beaucoup plus au fait de la situation économique nationale. Pour devenir un consommateur averti, prenez l’habitude de visiter le site web de la Banque du Canada, www.banqueducanada.ca. Cliquez sur l’onglet Publications et repérez la version la plus récente du Rapport sur la politique monétaire. Vous y trouverez des renseignements sur ce qui se passe dans chacune des provinces canadiennes et dans l’ensemble du pays. De plus, gardez l’œil sur le calendrier de la Banque du Canada et guettez les dates où elle annoncera sa décision de changer ou non le taux directeur. Cette opération survient à huit reprises durant l’année. Ces jours-là, suivez les nouvelles dans les médias. Une fois l’annonce rendue publique, cherchez à connaître les raisons que la Banque a données pour justifier son choix. Surveillez ce qui se passe sur le plan des taux d’intérêt des banques afin d’être en mesure de décider s’il est préférable d’épargner ou d’emprunter.

Le taux d’intérêt exigé sur le solde impayé d’une carte de crédit est de plus de 20 % par année.

209

210

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

8.3 3 Décrire et expliquer les fonctions de la Banque du Canada, les éléments clés et les effets de la politique monétaire

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. La Banque du Canada est l’agent financier du gouvernement fédéral. Expliquez brièvement en quoi consiste ce rôle.

5. La Banque du Canada sert de prêteur en dernier ressort des institutions de dépôt. Expliquez brièvement en quoi consiste ce rôle.

2. La Banque du Canada relève de 0,25 % son taux directeur, qui passe de 3,5 % à 3,75 %.

6. La Banque du Canada fait passer son taux directeur de 3,5 % à 3,25 %. Quelle sera la nouvelle fourchette cible du taux du financement à un jour ? Le taux officiel d’escompte ? Le taux de rémunération des dépôts ?

a) Quelles sont les nouvelles limites supérieure et inférieure de la fourchette opérationnelle pour le taux cible du financement à un jour ?

7. La Banque du Canada abaisse son taux directeur. Toutes choses étant égales par ailleurs, quel sera l’effet de cette mesure sur les éléments suivants ?

b) Quel est le nouveau taux officiel d’escompte ? c) Quel est le nouveau taux de rémunération des dépôts ?

a) Les dépenses de consommation et l’investissement privé brut

3. La Banque du Canada relève son taux directeur. Toutes choses étant égales par ailleurs, quel sera l’effet de cette mesure sur les dépenses suivantes ?

b) La valeur du dollar canadien sur le marché des changes

a) Les achats de biens d’équipement par les entreprises

c) Les exportations canadiennes

b) Les achats de voitures et de maisons par les particuliers

d) Les importations canadiennes 8. Expliquez le processus par lequel la politique monétaire de la Banque du Canada influe sur la demande agrégée de l’économie canadienne.

c) Les achats de biens et services canadiens par des étrangers d) Les achats de biens et services étrangers par des Canadiens 4. Toutes choses étant égales par ailleurs, expliquez l’effet d’une baisse du taux directeur sur la demande agrégée, le PIB réel et le niveau général des prix.

RÉPONSES 1. 2.

3.

En tant qu’agent financier du gouvernement fédéral, la Banque du Canada sert de banquier au gouvernement et gère sa trésorerie, ses réserves de devises étrangères ainsi que son portefeuille de titres. a) La limite supérieure de la fourchette est de 4 % ; sa limite inférieure, de 3,5 %. b) Le taux officiel d’escompte est égal à la limite supérieure de la fourchette, soit 4 %. c) Le taux de rémunération des dépôts est égal à la limite inférieure de la fourchette, soit 3,5 %. a) Comme les taux d’intérêt montent, les entreprises retardent leurs achats de biens d’équipement. L’investissement privé brut diminue. b) Comme les taux d’intérêt montent, les ménages retardent leurs gros achats à crédit (voitures, électroménagers, etc.). Les dépenses de consommation baissent. c) Comme les taux d’intérêt canadiens montent et que les taux d’intérêt étrangers demeurent les mêmes, la valeur du dollar canadien augmente sur le marché des changes. Les biens canadiens deviennent relativement plus coûteux pour les étrangers, et les exportations canadiennes diminuent. d) Avec la montée du dollar canadien, les biens importés deviennent relativement moins coûteux pour les Canadiens. Les achats de biens importés par les Canadiens augmentent.

4.

Quand la Banque du Canada baisse son taux directeur, les taux d’intérêt diminuent, de même que la valeur du dollar sur le marché des changes. Avec la baisse des taux d’intérêt et du taux de change, l’investissement, les dépenses de consommation et les exportations nettes augmentent, ce qui accroît la demande agrégée. Cette augmentation initiale de la demande agrégée a un effet d’entraînement sur les dépenses de consommation, et la demande agrégée augmente d’un multiple de la variation initiale des dépenses. L’économie atteint un nouvel équilibre (au point d’intersection de la nouvelle courbe de demande agrégée et de la courbe d’offre agrégée). Le PIB réel augmente, ainsi que le niveau général des prix.

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

211

Le chapitre 8 en bref 1 Monnaie Tout bien, coupon, jeton (ou, de nos jours, toute inscription dans la mémoire d’ordinateur) généralement accepté comme instrument de paiement

2

Définir la monnaie et décrire ses fonctions Fonctions de la monnaie • Moyen d’échange • Unité de compte • Réservoir de valeur

Types de monnaie • Monnaie fiduciaire • Monnaie scripturale Mesures de la masse monétaire (MM) • M2 et M2+

Décrire le système monétaire et expliquer comment les institutions de dépôt créent de la monnaie

Institutions de dépôt • Banques à charte • Caisses populaires et d’économie • Sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire

Fonctions des institutions de dépôt • Recevoir des dépôts et accorder des prêts • Réduire les coûts d’emprunt et diluer le risque • Offrir un système de paiement

Création de monnaie En générant des dépôts à partir de fonds disponibles (différence entre les dépôts et les réserves désirées) qui sont prêtés Multiplicateur des dépôts (Md) = 1/rd où rd = coefficient des réserves désirées Variation de la masse monétaire (ΔMM) = ΔD × Md

3

Décrire et expliquer les fonctions de la Banque du Canada, les éléments clés et les effets de la politique monétaire

Banque du Canada • Responsable de la conception, de l’émission, de la distribution et du remplacement des billets de banque • Agent financier du gouvernement fédéral et prêteur en dernier ressort des institutions de dépôt • Responsable de l’élaboration et de la mise en place de la politique monétaire du pays Prise en pension • Hausse des fonds disponibles pour les prêts • Baisse des taux d’intérêt des institutions de dépôt Une cession en pension a l’effet inverse. Taux directeur (ou taux cible du financement à un jour) Taux d’escompte + 0,25 % Taux directeur − 0,25 % Taux de rémunération des dépôts

* L’efficacité de la politique monétaire dépend de la sensibilité des agents économiques aux variations des taux d’intérêt.

Équilibre de sous-emploi PIB réel < PIB potentiel Politique expansionniste Baisse du taux directeur • Baisse des taux d’intérêt à court terme et du taux de change • Hausse des dépenses de consommation, de l’investissement privé brut et des exportations nettes* • Stimuler la DA pour rétablir le plein-emploi et éviter la récession Équilibre de suremploi PIB réel > PIB potentiel Politique restrictive Hausse du taux directeur La hausse du taux directeur a l’effet inverse.

212

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Questions de révision Au terme de la section 8.1, Qu’est-ce que la monnaie ?, répondez aux questions 1 à 5.

Au terme de la section 8.3, La Banque du Canada et la politique monétaire, répondez aux questions 8 à 10.

1. Lesquels des éléments suivants sont de la monnaie ?

8. À quel type d’opération sur le marché libre devrait procéder la Banque du Canada pour abaisser le taux du financement à un jour ? Expliquez les effets de cette mesure.

a) b) c) d) e)

Un chèque-cadeau Renaud-Bray d’une valeur de 100 $ Un dépôt dans une caisse populaire Une carte Visa Un billet de 20 $ US Une carte de débit

2. Nommez les trois fonctions essentielles de la monnaie, puis dites à laquelle vous associez chacun des énoncés suivants. a) Une bonne chaîne stéréo coûte 2 000 $. b) Vous achetez un nouveau téléphone intelligent à 600 $. c) Vous déposez 200 $ dans votre compte en prévision des livres scolaires que vous aurez à vous procurer. d) Les kiwis sont en solde cette semaine à cinq pour 1 $. e) Vous épargnez depuis deux mois afin d’acheter une nouvelle console de jeux vidéo. 3. Alice gagne 2,5 M$ au Lotto 6/49 et les dépose dans son compte à la caisse populaire. Quel agrégat monétaire son dépôt modifie-t-il, M2 ou M2+ ? Justifiez votre réponse. 4. Thierry retire 100  $ de son compte d’épargne à la caisse populaire et les dépose dans son compte chèques à la CIBC. Quel agrégat monétaire son dépôt modifie-t-il, M2 ou M2+ ? Justifiez brièvement votre réponse. 5. Monsieur Brunet dépose 5 000 $ en numéraire à sa banque. Le même jour, M. Corriveau obtient un emprunt de 5 000 $ à la même banque, qui dépose cette somme dans son compte chèques. Ces deux transactions ont-elles modifié M2 ? Si oui, de combien ? Justifiez votre réponse. Au terme de la section 8.2, Le système monétaire et la création de monnaie, répondez aux questions 6 et 7. 6. Quels sont les points communs et les différences entre les banques à charte et les caisses populaires ? Comment ces institutions financières font-elles des profits ? Quels sont les principaux risques auxquels elles sont exposées, et comment arrivent-elles à les gérer ? 7. Les institutions de dépôt du Pays Tiède reçoivent 2 M$ de nouveaux dépôts, et le coefficient de réserves désirées est de 10 %. Calculez : a) le multiplicateur des dépôts ; b) la quantité maximale de nouvelle monnaie qui peut être créée.

9. La Banque du Canada prévoit une récession et veut la contrer en abaissant son taux directeur. Quel sera l’effet de cette mesure sur les éléments suivants ? a) La quantité de fonds disponibles pour le financement à un jour et les taux d’intérêt à court terme b) L’investissement privé brut et les dépenses de consommation c) Le taux de change du dollar canadien et les exportations nettes d) La demande agrégée e) Le PIB réel et le niveau des prix 10. La Banque du Canada prévoit une poussée inflationniste et veut la contrer en haussant son taux directeur. Quel sera l’effet de cette mesure sur les facteurs suivants ? a) La quantité de fonds disponibles pour le financement à un jour et les taux d’intérêt à court terme b) L’investissement privé brut et les dépenses de consommation c) Le taux de change du dollar canadien et les exportations nettes d) La demande agrégée e) Le PIB réel et le niveau des prix

CHAPITRE 8

LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE

213

Appliquez vos savoir-faire Les réserves des institutions de dépôt Si tous les gens qui ont des dépôts dans des institutions financières tentaient de les retirer le même jour, ils constateraient vite que les réserves des institutions de dépôt sont largement insuffisantes pour pourvoir à autant de retraits simultanés. a) Pourquoi n’y a-t-il pas de ruées vers les institutions financières ? b) Pourquoi la Banque du Canada n’exige-t-elle pas des institutions financières des réserves couvrant 100  % des dépôts ? Comment une telle obligation influerait-elle sur la capacité des institutions de dépôt à créer de la monnaie ? c) Quel serait l’impact d’un rehaussement du taux directeur sur les réserves des institutions de dépôt ?

La Banque du Canada est le prêteur en dernier ressort des institutions de dépôt.

MOTS CLÉS Banque à charte, 190 Banque centrale, 196 Banque du Canada, 196 Caisse populaire ou caisse d’économie, 190 Cession en pension, 200 Coefficient de réserves désirées, 193 Délai de transmission de la politique monétaire, 205 Institutions de dépôt, 190 Instrument de paiement, 182 M2, 188 M2+, 188 Masse monétaire, 188 Monnaie, 182 Monnaie fiduciaire, 184 Monnaie scripturale, 184 Moyen d’échange, 183

Multiplicateur des dépôts, 194 Numéraire, 184 Opération sur le marché libre, 200 Politique monétaire, 198 Pouvoir libératoire des pièces de monnaie, 184 Prise en pension, 200 Réserves désirées, 192 Réserves excédentaires, 193 Réservoir de valeur, 183 Société de fiducie et de prêt hypothécaire, 191 Système monétaire canadien, 190 Taux cible du financement à un jour, 199 Taux de rémunération des dépôts, 199 Taux officiel d’escompte, 199 Troc, 183 Unité de compte, 182

214

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

PARTIE 4

L’ÉCONOMIE MONDIALE

CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL

ACHETER DES PRODUITS LOCAUX OU IMPORTÉS ? ACHETER UNIQUEMENT DES PRODUITS DE CHEZ NOUS n’est pas forcément avantageux lorsque nous pouvons en acheter qui viennent d’ailleurs à meilleur prix. Lorsque les étrangers achètent nos produits, nos entreprises en profitent et créent de nouveaux emplois. Le commerce international crée de l’emploi et de la prospérité au pays, mais il rend aussi notre économie plus vulnérable aux soubresauts économiques de nos grands partenaires commerciaux, en particulier des États-Unis. Le libre-échange oblige nos producteurs à concurrencer les producteurs étrangers. Mais pouvonsnous soutenir cette concurrence ? Dans les pays comme la Chine, l’Inde et le Mexique, où les salaires sont beaucoup plus bas que les nôtres, le commerce international représente-t-il une menace pour les travailleurs canadiens ? Tirons-nous avantage du commerce international ?

SOMMAIRE

Dans ce chapitre, vous découvrirez comment tous les pays ont intérêt à produire les biens et services pour lesquels ils détiennent un avantage dit comparatif, et à échanger une partie de cette production avec d’autres pays. Vous verrez que tous les pays peuvent être concurrentiels, si élevés qu’y soient les salaires. Enfin, vous apprendrez pourquoi, même s’ils ont tous avantage à pratiquer le libre-échange, les pays tentent quand même de le restreindre sous une forme ou une autre.

9.1

COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

9.2

COUP D’ŒIL SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

Le commerce international : l’exemple du Canada

Les échanges commerciaux du Canada

Les gains du commerce international

Ricardo et les gains du commerce international

p. 216

p. 218

p. 222

p. 226

CHAPITRE 9

LE COMMERCE INTERNATIONAL

215

SAVOIR-FAIRE 1

Décrire sommairement la structure du commerce international canadien

2

Expliquer comment tous les pays peuvent tirer avantage du commerce international

3

Expliquer comment les barrières commerciales restreignent le commerce international

VOS OUTILS NUMÉRIQUES MaBiblio > MonLab xL Réalisez les exercices assignés par votre enseignant.

9.3

COUP D’ŒIL

Les restrictions au commerce international

L’évolution des tarifs douaniers canadiens

ACHETER DES PRODUITS LOCAUX OU IMPORTÉS ?

Le chapitre 9 en bref

p. 227

p. 230

p. 232

p. 234

SUR LE PASSÉ

216

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

9.1

LE COMMERCE INTERNATIONAL : L’EXEMPLE DU CANADA

Le commerce international représente les deux tiers du PIB canadien ; nos exportations comptent pour environ 34 %, et les importations, 32 % du PIB canadien. Quels sont les principaux biens et services que le Canada importe et exporte ? Près de la moitié de nos exportations consistent en biens manufacturés (automobiles, machineries et biens de consommation), et nous en importons encore plus (automobiles, téléviseurs, appareils ménagers, jeans et t-shirts, etc.). Le Canada importe et exporte aussi un volume considérable de services.

NOTRE COMMERCE INTERNATIONAL DE BIENS Les biens manufacturés représentent presque la moitié des exportations du Canada et plus de la moitié de ses importations. Propulsé par le secteur de l’énergie (pétrole et gaz naturel), mais ralenti par la crise du secteur forestier (conflit du bois d’œuvre avec les ÉtatsUnis), le commerce des matières premières (incluant l’agriculture, la pêche, les minerais et les minéraux non métalliques) représente un tiers des exportations du pays et plus d’un dixième de ses importations. Les exportations et importations de biens représentent 83 % de nos échanges ; le reste de notre commerce international concerne les services.

NOTRE COMMERCE INTERNATIONAL DE SERVICES Quand vous vous rendez à Paris pour des vacances sur les ailes d’Air France, vous importez de France un service de transport et, une fois à destination, vos dépenses d’hôtellerie et de restauration sont également considérées comme des importations de services. Inversement, les vacances d’un étudiant français au Canada sont considérées comme une exportation de services canadiens vers la France. Quand nous importons des téléviseurs fabriqués en Corée du Sud, et que nous recourons à un armateur grec pour transporter la cargaison ainsi qu’à une compagnie britannique pour l’assurer, les services que nous payons au transporteur et à l’assureur sont des importations canadiennes de services de transport et d’assurance. De même, quand un cargo canadien transporte du bois d’œuvre de Colombie-Britannique jusqu’à Tokyo, les coûts de transport sont une exportation canadienne de services vers le Japon. Déjà important, notre commerce international de ce type de services est en pleine expansion.

NOS PARTENAIRES COMMERCIAUX En plus d’avoir des partenaires commerciaux partout dans le monde, le Canada est membre de plusieurs organisations internationales qui visent à libéraliser le commerce, dont l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et l’APEC (Coopération économique de la zone Asie-Pacifique). Mais les États-Unis sont de loin notre principal partenaire commercial, et nous sommes leur plus grand partenaire aussi. Ce commerce avec notre voisin du sud rend notre économie indissociable de l’ensemble nord-américain. Plusieurs produits traversent la frontière entre le Canada et les États-Unis à divers stades de leur transformation. C’est le cas des pièces fabriquées par des équipementiers du sud de l’Ontario, qui approvisionnent les usines d’automobiles de Détroit, au Michigan, dont les automobiles seront par la suite vendues par des concessionnaires au Canada. Nous vendons ainsi aux États-Unis et achetons d’eux beaucoup de produits, dont une partie provient du Canada ou d’ailleurs. Cette intégration économique du Canada à l’ensemble nord-américain apparaît de plus en plus évidente, surtout depuis la signature de l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain). Cet accord conclu entre les États-Unis, le Canada et le Mexique vise à faciliter et à favoriser les échanges commerciaux entre ces trois pays. Depuis son entrée en vigueur en 1994, les échanges se sont accrus rapidement, soutenus par la faiblesse du

CHAPITRE 9

LE COMMERCE INTERNATIONAL

217

dollar canadien et la vigueur de l’économie américaine à la fin des années 1990 et au début des années 2000. À la fin de 2007, l’étonnante remontée du dollar canadien et la faiblesse appréhendée de l’économie américaine ne semblaient pas avoir inversé la tendance. Nos échanges commerciaux avec l’Union européenne, la Chine et le Japon sont également importants, mais à une moindre échelle, comme l’explique la rubrique « Coup d’œil sur l’économie canadienne » (p. 218). Notons que notre commerce avec la Chine progresse à un rythme vertigineux. Le Canada a également signé une douzaine d’autres accords de libre-échange, dont ceux avec le Chili, la Corée du Sud, le Costa Rica et Israël. Un autre accord de libre-échange a été signé, mais n’a pas encore été ratifié par les Parlements canadien et européen : l’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne, qui compte 28 pays. Cet accord donnera accès aux entreprises canadiennes à un marché de près de 500 millions de personnes et représentant environ 25 % de l’économie mondiale.

POURQUOI COMMERÇONS-NOUS ? Ne vaudrait-il pas mieux tout produire nous-mêmes ? La réponse à cette question est non. Certains pays sont relativement plus efficaces que d’autres dans la production de certains biens ou services : ils détiennent un avantage comparatif dans la production de ces biens ou services. Les pays détiennent un avantage comparatif si leur coût de production de certains biens ou services est inférieur à celui de leurs partenaires commerciaux, ce qui rend les échanges profitables. Voyons cela de plus près.

Avantage comparatif Avantage que détient un pays qui peut produire un bien ou un service à un coût moindre que celui d’un autre pays.

Pourquoi le Canada exporte-t-il des locomotives ? Tous les ans, Electro-Motive Diesel (division de General Motors jusqu’en 2005) produit plus de locomotives à London, en Ontario, que le CN et le CP n’en achètent au pays. La majeure partie de la production canadienne d’Electro-Motive Diesel est donc destinée à l’étranger. Pourquoi le Canada est-il un exportateur de locomotives ? La réponse est simple : le Canada détient un avantage comparatif dans la production de locomotives – autrement dit, le coût de produire une locomotive est plus bas au Canada que dans la plupart des autres pays. Les acheteurs peuvent acheter des locomotives du Canada à un prix moindre que celui qu’ils paieraient s’ils les achetaient d’autres fournisseurs potentiels. Et Electro-Motive Diesel peut vendre à l’étranger ses locomotives produites au Canada à un prix plus élevé que celui qu’accepterait de payer un acheteur canadien.

La figure 9.1 (p. 219) illustre les effets du commerce international des locomotives. La courbe de demande (D) montre la demande de locomotives au Canada ; elle indique la quantité de locomotives que les compagnies ferroviaires canadiennes consentent à acheter à divers prix, ainsi que le prix le plus élevé qu’elles consentent à payer pour une locomotive supplémentaire. La courbe d’offre (O) montre l’offre de locomotives au Canada ; elle indique la quantité de locomotives que les producteurs canadiens sont prêts à vendre à divers prix, ainsi que le coût de production d’une locomotive supplémentaire. 1.

Marie ALLARD, « L’avenir du sirop d’érable est-il en Chine ? », La Presse, 16 décembre 2011, http://affaires.lapresse.ca (page consultée le 26 avril 2016).

Saviez-vous que... « Le feng tang – qui signifie littéralement “ sucre d’érable ”, en mandarin – est présenté en Chine comme un aliment santé. Le sirop d’érable contient des minéraux et des antioxydants […]. C’est naturel, santé et ça a un goût unique. Les bouteilles de sirop d’érable y sont vendues 30 $1. » Au Canada, le prix d’une bouteille avoisine les 15 $. Est-ce que cet échange avec la Chine fait des gagnants ? RÉPONSE

Cet échange permet aux acheteurs étrangers d’acheter des locomotives à un prix moindre, et à Electro-Motive Diesel et d’autres producteurs canadiens de vendre des locomotives à un prix plus élevé à l’étranger.

Cet échange ne fait que des gagnants. Les acheteurs chinois ont accès à un produit unique et exotique, alors que les producteurs canadiens ont la possibilité de vendre du sirop d’érable à un prix plus élevé à l’étranger que chez nous, soit presque le double.

218

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

Les échanges commerciaux du Canada La figure 1 montre le volume relatif et la balance commerciale du Canada pour les 15 grandes catégories de biens et services que nous avons échangés avec nos partenaires commerciaux en 2015. Quand la barre bleue (exportations) est plus longue que la barre rouge (importations), le Canada enregistre un surplus commercial dans cette catégorie. Traditionnellement, les échanges les plus importants se faisaient dans les catégories « Machines et équipement », « Produits automobiles » et « Produits chimiques et industriels ». Toutefois, avec l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta et des gisements de pétrole au large de Terre-Neuve-et-Labrador, la catégorie « Produits énergétiques » se retrouve au deuxième rang derrière la catégorie « Produits automobiles », suivie des « Biens de consommation » du côté de nos exportations, alors que nos « Produits forestiers » ont subi les contrecoups de la surtaxe américaine sur le bois d’œuvre. Quelles catégories de biens et services exportons-nous le plus ? Quelles catégories de biens et de services importonsnous le plus ? Quelle catégorie de biens et services a subi les contrecoups de la surtaxe américaine sur le bois d’œuvre ? Cet effet s’est-il fait sentir surtout sur nos exportations ou nos importations ?

La figure 2 montre le volume du commerce de marchandises canadiennes avec nos principaux partenaires en 2015. Quand la barre rouge (importations) est plus longue que la barre bleue (exportations), le Canada enregistre un déficit commercial avec ce pays. Les États-Unis sont de loin le plus important partenaire commercial du Canada – le destinataire de 75,6 % de nos exportations de marchandises et la source de 72,3  % de nos importations de marchandises en 2015. Pour les exportations, la Chine, le Royaume-Uni et le Japon viennent respectivement aux deuxième, troisième et quatrième rangs, suivis du Mexique, notre partenaire dans l’ALENA. La balance commerciale la plus déficitaire du Canada est celle avec la Chine, qui s’est hissée au deuxième rang, devant le Mexique et l’Allemagne, pour la provenance des importations ; ce déficit s’établissait à 17,5 G$ en 2015. Avec quels pays commerçons-nous le plus ? Lesquels arrivent aux premier, deuxième et troisième rangs pour les exportations ? Et pour la provenance des importations ?

Figure 1

Le commerce de biens et services au Canada en 2015 Catégories Catégories

Aéronefs Machines et équipement Produits automobiles Produits chimiques et industriels Produits énergétiques Services commerciaux Biens de consommation Produits forestiers Agriculture et pêche Services de voyage Services de transport Services gouvernementaux Minerais et minéraux non métalliques Matériel et pièces électroniques Produits en métal et produits minéraux

–120 –60 –90 –30 –60 –30 90 –120 –90 0 300 6030 9060 120

120

Importations () en G$ Exportations () en G$ Importations () en G$ Exportations () en G$ Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 228-0059, Importations et exportations de biens sur la base de la balance des paiements, selon le produit, modifié le 05-04-2016 ; CANSIM, tableau 376-0108, Transactions internationales de services, par catégorie, modifié le 20-02-2016.

Figure 2

Les partenaires commerciaux du Canada en 2015 Pays États-Unis Royaume-Uni Chine Japon Mexique Allemagne Autres pays

–400

–300

–200

–100

Importations () en G$

0

100

200

Exportations () en G$

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 228-0069, Importations et exportations de biens sur la base de la balance des paiements, selon le pays ou le groupe de pays, modifié le 05-04-2016.

300

400

CHAPITRE 9

219

LE COMMERCE INTERNATIONAL

SANS COMMERCE INTERNATIONAL Voyons d’abord ce qui se passe sur le marché des locomotives en l’absence de commerce international. La figure 9.1 (a) illustre ce scénario. Le marché des locomotives est en équilibre quand 40 locomotives sont produites au Canada et achetées par les compagnies ferroviaires canadiennes ; le prix s’établit alors à 1 M$ l’unité. AVEC COMMERCE INTERNATIONAL Maintenant, voyons ce qui arrive sur le marché des locomotives s’il y a commerce international. La figure 9.1 (b) illustre ce scénario. Ici, c’est le marché mondial, et non plus le marché intérieur canadien, qui détermine le prix d’une locomotive. La demande et l’offre mondiales déterminent un prix mondial. Supposons que ce prix s’établit à 1,3 M$ par locomotive, comme l’indique la ligne rouge à la figure 9.1 (b). La courbe de demande canadienne, D, montre que, à 1,3 M$ la locomotive, les compagnies ferroviaires canadiennes achètent 30 locomotives par année, et la courbe d’offre canadienne, O, montre qu’à ce prix les entreprises canadiennes produisent 80 locomotives par année. La production annuelle canadienne (80 locomotives) excède alors les achats annuels canadiens (30 locomotives), et la différence (50 locomotives par année) représente les exportations canadiennes de locomotives. L’AVANTAGE COMPARATIF La comparaison entre la courbe d’offre canadienne et le prix mondial (la ligne rouge) montre que les producteurs canadiens détiennent un avantage comparatif dans la production de locomotives. À la quantité d’équilibre de 80 locomotives par année, le coût de fabrication mondial est de 1,3 M$ l’unité. Or, la courbe d’offre canadienne révèle que ce n’est que la 80e locomotive qui coûte 1,3 M$ ; le coût de chacune des 79 locomotives précédentes est inférieur à 1,3 M$. Les producteurs canadiens détiennent l’avantage de produire des locomotives dont le coût de fabrication est plus bas que celui des autres pays producteurs.

Figure 9.1

Un marché sans et avec exportation

Prix (en M$ par locomotive)

Prix (en M$ par locomotive)

2,0

2,0 O

O 1

1,5 2

Équilibre sans commerce international

1,5 1,3

Prix

1

1,0

1,0

0,5

0

3

20

D

0,5

La quantité achetée est égale à la quantité produite au Canada.

40

60

80

100

Quantité (en locomotives par année)

0

2

4

Quantité achetée au Canada

20 30

D

Quantité exportée

3

60

80

40

Prix mondial

Quantité produite au Canada

100

Quantité (en locomotives par année)

(a) Sans commerce international

(b) Avec commerce international

Sans commerce international sur le marché des locomotives, 1  l’équilibre qui s’établit à l’intersection de la courbe de demande intérieure et de la courbe d’offre intérieure détermine 2  le prix, qui s’établit à 1 M$ la locomotive, et 3  la quantité échangée, qui s’établit à 40 locomotives par année.

Avec commerce international, la demande et l’offre mondiales déterminent 1  le prix mondial, qui s’établit à 1,3 M$ la locomotive. 2  Les achats intérieurs passent à 30 locomotives par année, et 3  la production intérieure grimpe à 80 locomotives par année, de sorte que 4  le Canada exporte 50 locomotives par année.

220

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Pourquoi le Canada importe-t-il des t-shirts ? Les Canadiens dépensent plus du double en vêtements que la valeur de la production canadienne de vêtements, ce qui signifie que plus de la moitié des vêtements que nous achetons sont fabriqués à l’étranger et importés au Canada. Pourquoi en est-il ainsi ? La réponse est simple : le reste du monde (et en particulier l’Asie) détient un avantage comparatif dans la production de vêtements – autrement dit, le coût de production d’un t-shirt est plus bas en Asie qu’au Canada. Les acheteurs canadiens peuvent donc acquérir des t-shirts produits en Asie à un prix moindre que celui qu’ils paieraient s’ils les achetaient à des producteurs de vêtements canadiens. De leur côté, les producteurs de vêtements d’Asie peuvent vendre leurs t-shirts aux Canadiens à un prix supérieur à celui qu’accepterait de payer un acheteur asiatique. L’échange permet aux acheteurs canadiens d’acheter des t-shirts à un prix moindre, et aux producteurs de vêtements d’Asie de vendre des t-shirts à un prix plus élevé. La figure 9.2 illustre les effets du commerce international de t-shirts. La courbe de demande (D) et la courbe d’offre (O) montrent la demande et l’offre sur le marché intérieur canadien. La courbe de demande indique la quantité de t-shirts que les Canadiens consentent à acheter à divers prix, ainsi que le prix le plus élevé qu’ils consentent à payer pour un t-shirt supplémentaire. La courbe d’offre indique la quantité de t-shirts que les producteurs canadiens sont prêts à vendre à divers prix, ainsi que le coût de production d’un t-shirt supplémentaire.

Figure 9.2

Un marché sans et avec importation

Prix (en dollars par t-shirt)

12

9

1

2

Prix (en dollars par t-shirt)

12

O

Équilibre sans commerce international

O

9

Prix

8 1

6

6

5 3

0

3

4

8

3

D

La quantité achetée est égale à la quantité produite au Canada.

12

16

Quantité (en millions de t-shirts par année)

0

3

Prix mondial

Quantité produite au Canada 4

4

2

Quantité importée

8

10

Quantité achetée au Canada

12

D

16

Quantité (en millions de t-shirts par année)

(a) Sans commerce international

(b) Avec commerce international

Sans commerce international de t-shirts, 1  l’équilibre qui s’établit à l’intersection de la courbe de demande intérieure et de la courbe d’offre intérieure détermine 2  le prix, qui s’établit à 8 $ le t-shirt, et 3  la quantité échangée, qui s’établit à 4 millions de t-shirts par année.

Avec commerce international, la demande et l’offre mondiales déterminent 1  le prix mondial, qui s’établit à 5 $ le t-shirt. 2  Les achats intérieurs grimpent à 10 millions de t-shirts par année, et 3  la production intérieure tombe à 0, de sorte que 4  le Canada importe la totalité des t-shirts achetés au Canada, soit 10 millions par année.

CHAPITRE 9

LE COMMERCE INTERNATIONAL

221

SANS COMMERCE INTERNATIONAL Voyons d’abord ce qui se passe sur le marché des t-shirts en l’absence de commerce international. La figure 9.2 (a) illustre ce scénario. Le marché des t-shirts est en équilibre quand 4 millions de t-shirts sont produits au Canada et achetés par des Canadiens ; le prix s’établit alors à 8 $ l’unité. AVEC COMMERCE INTERNATIONAL La figure 9.2 (b) montre ce qui arrive sur le marché des t-shirts s’il y a commerce international. Ici, c’est le marché mondial, et non plus le marché intérieur canadien, qui détermine le prix d’un t-shirt. Supposons que l’offre et la demande mondiales déterminent un prix mondial, et que ce prix s’établit à 5 $ le t-shirt, comme l’indique la ligne rouge. La courbe de demande canadienne, D, montre que, à 5 $ l’unité, les Canadiens achètent 10 millions de t-shirts par année, et la courbe d’offre canadienne, O, montre qu’à ce prix les entreprises canadiennes ne produisent aucun t-shirt. Comme la production annuelle canadienne est nulle (0 t-shirt), les achats canadiens s’élèvent à 10 millions de t-shirts, ce qui correspond à la quantité de t-shirts importés de l’Asie. L’AVANTAGE COMPARATIF La comparaison entre la courbe d’offre canadienne et le prix mondial (la ligne rouge) montre que les producteurs d’Asie détiennent un avantage comparatif dans la production de t-shirts. À la quantité d’équilibre de 10 millions de t-shirts par année, le coût de fabrication mondial d’un t-shirt s’établit à 5 $. Toutefois, la courbe d’offre canadienne indique qu’aucun producteur canadien de t-shirts n’a un coût de fabrication aussi bas, même avec des productions moins importantes. Les producteurs d’Asie détiennent donc un avantage comparatif dans la production de t-shirts. Même en considérant les salaires, les coûts de transport, etc., ils détiennent l’avantage de produire des t-shirts dont le coût de fabrication est inférieur à celui des producteurs canadiens.

9.1 1 Décrire sommairement la structure du commerce international canadien

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Quelles catégories de biens et services le Canada échanget-il le plus ?

3. Quel est le principal partenaire commercial du Canada ? Quels sont les autres partenaires commerciaux importants pour le Canada ?

2. De quelles organisations internationales le Canada est-il membre ? Quel est leur mandat ?

4. Pour quelles raisons les pays font-ils des échanges entre eux ?

RÉPONSES 1.

Le Canada échange principalement des biens manufacturés et des matières premières.

2.

Le Canada est membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de la Coopération économique de la zone Asie-Pacifique (APEC), qui ont pour mandat de libéraliser le commerce international.

222

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

9.2

LES GAINS DU COMMERCE INTERNATIONAL

S’il explique clairement pourquoi nous exportons certains biens tandis que nous en importons d’autres, le modèle de l’offre et de la demande que vous venez d’étudier ne montre pas directement les gains du commerce international. Une autre façon d’aborder l’avantage comparatif consiste à utiliser la courbe des possibilités de production (CPP), que vous avez étudiée au chapitre 2. Comme vous allez le voir, cette approche est très efficace pour mettre en lumière les gains du commerce. Prenons l’exemple du Canada et de la Chine.

LES POSSIBILITÉS DE PRODUCTION AU CANADA ET EN CHINE Pour simplifier, supposons que le Canada ne produit que deux biens – des jets régionaux et des chaussures de sport –, et que la Chine ne produit que ces mêmes deux biens. Cependant, les possibilités de production diffèrent dans les deux pays. S’il utilise toutes ses ressources pour produire des jets régionaux, le Canada en produit 100 par année et ne produit aucune chaussure de sport. S’il utilise toutes ses ressources pour produire des chaussures de sport, il en produit 100 millions de paires par année et ne produit aucun jet régional. Nous allons supposer que le coût de renonciation du Canada pour produire un jet est constant2. Pour produire 100 jets régionaux, le Canada doit renoncer à 100 millions de paires de chaussures de sport, ce qui signifie que, pour produire un jet régional, le Canada doit renoncer à 1 million de paires de chaussures de sport. Autrement dit : Le coût de renonciation du Canada pour produire un jet régional est de 1 million de paires de chaussures de sport. Quant à la Chine, si elle utilise toutes ses ressources pour produire des jets régionaux, elle en produit 20 par année et ne produit aucune chaussure. Et si elle utilise toutes ses ressources pour produire des chaussures de sport, elle en produit 100 millions de paires par année et ne produit aucun jet. Nous allons supposer que le coût de renonciation de la Chine pour la production d’un jet régional est constant. Pour produire 20 jets régionaux, la Chine doit renoncer à 100 millions de paires de chaussures de sport, ce qui signifie que, pour produire un jet, la Chine doit renoncer à 5 millions de paires de chaussures. Autrement dit : Le coût de renonciation de la Chine pour produire un jet régional est de 5 millions de paires de chaussures de sport. La figure 9.3 montre les possibilités de production du Canada – graphique (a) – et de la Chine – graphique (b). Comme nous supposons que les coûts de renonciation sont constants, les deux CPP sont linéaires. Le long de la CPP du Canada, 1 jet régional coûte 1 million de paires de chaussures de sport. Et le long de la CPP de la Chine, 1 jet régional coûte 5 millions de paires de chaussures de sport. SANS COMMERCE INTERNATIONAL Supposons qu’en l’absence de commerce international le Canada produit 50 jets régionaux et 50 millions de paires de chaussures au point A de sa CPP, et que la Chine produit 15 jets régionaux et 25 millions de paires de chaussures au point B de sa CPP.

2.

Supposer que les coûts de renonciation de la production d’un jet régional au Canada et en Chine sont constants simplifie et clarifie notre démonstration. Si nous supposions que ces coûts de renonciation sont croissants, nous arriverions à la même conclusion, mais la démonstration serait un peu plus complexe, et la conclusion, moins claire.

CHAPITRE 9

LE COMMERCE INTERNATIONAL

223

L’AVANTAGE COMPARATIF Pour lequel des deux biens la Chine détient-elle un avantage comparatif ? Rappelez-vous qu’un pays détient un avantage comparatif quand son coût de production d’un bien (ou d’un service) est plus bas que celui d’un autre pays pour ce même bien (ou service). La Chine détient donc un avantage comparatif dans la production de chaussures de sport, puisque son coût de renonciation pour produire un million de paires de chaussures équivaut à 1/5 d’un jet régional, alors que celui du Canada est de 1 jet régional. À la figure 9.3, on voit l’avantage comparatif de la Chine en comparant les CPP de la Chine et du Canada ; la CPP de la Chine est plus abrupte que celle du Canada. Pour produire un million de paires de chaussures de sport de plus, la Chine doit donc renoncer à moins de jets régionaux que le Canada. Comme son coût de renonciation pour produire un million de paires de chaussures de sport est plus bas que celui du Canada, la Chine détient un avantage comparatif dans la production de chaussures de sport. Le Canada détient un avantage comparatif dans la production de jets régionaux. À la figure 9.3, la CPP du Canada est moins abrupte que celle de la Chine. Pour produire un jet régional, le Canada doit donc renoncer à moins de chaussures de sport que la Chine. Comme le coût de renonciation du Canada pour produire un jet régional est de 1 million de paires de chaussures, alors que celui de la Chine est de 5 millions de paires de chaussures, le Canada détient un avantage comparatif dans la production de jets régionaux. Comme la Chine détient un avantage comparatif dans la production de chaussures de sport et que le Canada détient un avantage comparatif dans la production de jets régionaux, la Chine et le Canada ont tous deux avantage à se spécialiser et à faire des échanges. La Chine se spécialise dans les chaussures de sport, et le Canada se spécialise dans les jets régionaux.

Figure 9.3

Les possibilités de production du Canada et de la Chine

Chaussures de sport (en millions de paires par année)

100

2

Le long de la CPP du Canada, 1 jet régional coûte 1 million de paires de chaussures de sport.

75

1

CPP de la Chine

50

1  Le Canada produit au point A de sa CPP. 2  Le coût de renonciation d’un jet régional

Le Canada produit 50 millions de paires de chaussures de sport et 50 jets régionaux.

A CPP du Canada

25

0

B 3

15 20

4

La Chine produit 25 millions de paires de chaussures de sport et 15 jets régionaux.

40

50

60

80

Le long de la CPP de la Chine, 1 jet régional coûte 5 millions de paires de chaussures de sport.

100

Jets régionaux (par année) (a) CPP du Canada

est de 1 million de paires de chaussures de sport. 3  La Chine produit au point B de sa CPP. 4  Le coût de renonciation d’un jet régional est de 5 millions de paires de chaussures de sport. Le coût de renonciation d’un jet régional est plus bas au Canada qu’en Chine, de sorte que le Canada détient un avantage comparatif dans la production de ce bien. Le coût de renonciation d’un million de paires de chaussures de sport est plus bas en Chine qu’au Canada, de sorte que la Chine détient un avantage comparatif dans la production de telles chaussures.

224

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

LES GAINS DE L’ÉCHANGE En l’absence de commerce international, leur production totale est de 65 jets régionaux (50 produits par le Canada et 15 par la Chine) et de 75 millions de paires de chaussures de sport (50 millions produites par le Canada et 25 millions par la Chine). Si le Canada, qui détient un avantage comparatif dans la production de jets régionaux, consacre toutes ses ressources à cette activité, sa production sera de 100 jets régionaux par année. Si la Chine, qui détient un avantage comparatif dans la production de chaussures de sport, consacre toutes ses ressources à cette activité, sa production sera de 100 millions de paires de chaussures par année. En se spécialisant, le Canada et la Chine peuvent produire à eux deux 100 millions de paires de chaussures de sport et 100 jets régionaux. Grâce à la spécialisation et au commerce international, le Canada et la Chine peuvent donc consommer au-delà de leurs CPP respectives. Mais pour réaliser les gains de la spécialisation, ils doivent commercer ensemble. Supposons que le Canada et la Chine concluent l’entente suivante : la Chine accepte de payer au Canada 2 millions de paires de chaussures par jet régional, et à ce prix, le Canada accepte de vendre à la Chine 30 jets régionaux par année. En vertu de cette entente, le Canada obtient 60 millions de paires de chaussures de sport (2 millions × 30) et dispose de 70 jets régionaux (100 produits − 30 vendus à la Chine). Le Canada réalise un gain de 10  millions de paires de chaussures de sport (60 millions − 50 millions) et de 20 jets régionaux (70 − 50). Quant à la Chine, elle dispose de 40  millions de paires de chaussures de sport (100 millions de paires de chaussures produites − 60 millions vendues au Canada) et obtient 30 jets régionaux. Grâce au commerce international, la Chine réalise un gain de 15 millions de paires de chaussures de sport (40 millions − 25 millions) et de 15 jets régionaux (30 − 15). La figure 9.4 montre ces gains. Au départ, la production et la consommation du Canada se situaient au point A ; sa production se situe maintenant au point P, et sa consommation, au point A’, à l’extérieur de sa CPP. Au départ, la production et la consommation de la Chine se situaient au point B ; sa production se situe maintenant au

Figure 9.4

Les gains de l’échange

Chaussures de sport (en millions de paires par année)

120 2

Q 100

La Chine produit 100 millions de paires de chaussures de sport et en échange 60 millions contre 30 jets régionaux. 3

CPP du Canada

75

1  S’il se spécialise dans la production de jets régionaux, Les deux pays consomment davantage des deux biens.

A'

60

1

50

A B'

40 25

B

Le Canada produit 100 jets régionaux et en échange 30 contre 60 millions de paires de chaussures de sport.

CPP de la Chine

10 P 0

20 30

40

60

70

80

100

120

Jets régionaux (par année)

le Canada en produit 100 par année au point P. 2  Si elle se spécialise dans la production de chaussures de

sport, la Chine en produit 100 millions de paires par année au point Q. 3  Si les chaussures de sport et les jets régionaux s’échangent à raison de 2 millions de paires de chaussures par jet, les deux pays peuvent accroître leur consommation des deux biens, et consommer respectivement aux points A’ et B’. Les gains de l’échange équivalent à la consommation accrue des deux pays.

CHAPITRE 9

LE COMMERCE INTERNATIONAL

225

point Q, et sa consommation, au point B’, à l’extérieur de sa CPP. Grâce à la spécialisation et à l’échange, les deux pays peuvent maintenant consommer au-delà de leur CPP ; tous deux retirent des gains de l’échange. Dans cet exemple, le Canada peut produire davantage que la Chine et détient un avantage absolu. Un pays détient un avantage absolu si, avec une quantité de ressources donnée, il peut produire une plus grande quantité d’un bien ou d’un service qu’un autre pays. L’avantage absolu est généré par une productivité supérieure découlant d’une meilleure technologie, d’un capital plus important ou d’une population plus instruite. Cependant, malgré son avantage absolu, le Canada peut obtenir des chaussures de sport à meilleur prix s’il échange ses jets régionaux contre les chaussures de sport de la Chine. Quand le coût de renonciation diffère, il est toujours possible de réaliser les gains de la spécialisation et de l’échange, même en présence d’un avantage absolu.

Avantage absolu Avantage que détient un pays sur un autre lorsque, pour un bien ou un service, sa production par unité de facteur est supérieure.

9.2 2 Expliquer comment tous les pays peuvent tirer avantage du commerce international

EXERCEZ-VOUS 1. La figure 1 montre les possibilités de production de biens industriels et de produits agricoles de l’Amérique du Nord et de l’URSS. a) Quel était le coût de renonciation d’une unité de produits agricoles en Amérique du Nord ? b) Quel était le coût de renonciation d’une unité de produits agricoles en URSS ?

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE Figure 1 Biens industriels (unités) 100 CPP de l’Amérique du Nord

30

0

CPP de l’URSS 50 10 Produits agricoles (unités)

c) Quel bloc détenait un avantage comparatif dans la production de produits agricoles ? d) Après la Guerre froide, quand le commerce a repris entre l’URSS et l’Amérique du Nord, quel bien l’Amérique du Nord a-t-elle importé de l’URSS ? e) Ce commerce a-t-il permis à l’Amérique du Nord de faire des gains ? Expliquez pourquoi.

2. En 2005, les États-Unis ne commerçaient pas avec Cuba. Supposons que les États-Unis pouvaient produire 1 000 millions d’unités de biens industriels ou 500 millions d’unités de produits agricoles, et que Cuba pouvait produire 2 millions d’unités de biens industriels ou 5 millions d’unités de produits agricoles. a) Quel était le coût de renonciation d’une unité de produits agricoles aux États-Unis ? b) Quel était le coût de renonciation d’une unité de produits agricoles à Cuba ? c) Quel pays détenait un avantage comparatif dans la production de produits agricoles ? d) Si les États-Unis recommençaient à commercer avec Cuba, qu’importeraient-ils de ce pays ? e) Ce commerce permettrait-il aux États-Unis de faire des gains ? Expliquez pourquoi. f) Ce commerce permettrait-il à Cuba de faire des gains ? Expliquez pourquoi.

f) Ce commerce a-t-il permis à l’URSS de faire des gains ? Expliquez pourquoi. RÉPONSES 1.

a) b) c) d)

En Amérique du Nord, le coût de renonciation d’une unité de produits agricoles était de 2 unités de biens industriels. En URSS, le coût de renonciation d’une unité de produits agricoles était de 3 unités de biens industriels. L’Amérique du Nord détenait un avantage comparatif dans la production de produits agricoles parce que le coût de renonciation d’une unité de produits agricoles était inférieur à celui de l’URSS. L’Amérique du Nord a importé de l’URSS les biens pour lesquels ce pays détenait un avantage comparatif : les biens industriels.

e) et f) L’Amérique du Nord et l’URSS ont toutes deux réalisé des gains : grâce à la reprise de leurs échanges commerciaux, ces deux blocs ont obtenu plus de biens industriels et de produits agricoles. Quand ils se spécialisent dans la production du bien pour lequel ils détiennent un avantage comparatif, puis font des échanges internationaux, les pays y gagnent toujours.

226

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Coup d’œil SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

David Ricardo et les gains du commerce international Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, on croit généralement que le but du commerce international est d’exporter davantage qu’on importe et d’amasser ainsi de l’or. Une nation qui accumule de l’or sera forcément prospère, alors qu’une nation qui engouffre son or dans un déficit international se videra de sa monnaie et s’appauvrira, clament les mercantilistes. Dans une économie où la seule monnaie est l’or, le seul moyen d’en acquérir est de dégager un surplus commercial, à moins d’avoir des mines d’or. Animés d’une ferveur de missionnaires, ces pamphlétaires plaident pour l’atteinte et le maintien d’un excédent international : si les exportations ne dépassent pas les importations, proclament-ils, il faut restreindre les importations.

qu’il illustre avec l’exemple des échanges de tissus et de vins entre l’Angleterre et le Portugal. Battus sur le plan intellectuel, les mercantilistes conservent pourtant leur influence politique.

Au cours du XIXe siècle, cette influence s’estompe peu à peu. En 1846, l’abolition des corn laws, qui ne laissaient entrer en Angleterre que le blé étranger à un prix dit rémunérateur pour les producteurs anglais, a permis la libéralisation du commerce du blé. L’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest prospèrent dans un contexte d’échanges internationaux de plus en plus libres. Mais, en dépit des progrès remarquables de l’économique, David Ricardo a démontré la supériorité du libre-échange le mercantilisme perdure. Dans les par rapport au protectionnisme. années 1920 et 1930, il connaît un regain de popularité bref, mais dévastateur : la hausse des tarifs Dans les années 1740, le philosophe David Hume explique douaniers entraîne l’effondrement du commerce international que, quand la quantité de monnaie (d’or) varie dans un pays, le et aggrave encore la Grande Dépression – une leçon qu’on ne niveau des prix varie également, de sorte que le patrimoine réel sera pas près d’oublier. de la nation reste le même. Sauf que cette variation des prix L’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce n’est ni rapide ni sans douleur. Au XVIe siècle, l’afflux massif d’or du Nouveau Monde a eu des conséquences désastreuses sur (GATT) a été conclu en 1947, après la Deuxième Guerre l’économie espagnole. Les Espagnols ont tôt fait de dépenser mondiale, en réaction à la catastrophe économique à laquelle cet or en achetant des produits de toutes sortes des autres avaient mené les tarifs douaniers ridiculement protectionnistes pays plutôt que d’accroître leur capacité de produire. Résultat : des années 1930. Le GATT est le triomphe de la logique des les prix ont monté en flèche et les Espagnols se sont endettés. concepts dégagés par Smith et Ricardo. Il a été remplacé en De nation riche qu’elle était, l’Espagne est devenue une 1995 par l’OMC (Organisation mondiale du commerce). nation pauvre. Mais le mercantilisme a la vie dure, comme en témoigne Dans les années 1770, l’économiste Adam Smith soutient encore de nos jours la peur que notre commerce avec la Chine que la restriction des importations diminue les gains de la et le Mexique ne conduise le Canada à la ruine… Il en reste aussi spécialisation et appauvrit la nation qui la pratique. Courtier des traces dans les politiques agricoles. Lors de la Première en valeurs mobilières très prospère, le Britannique David Guerre mondiale, l’Allemagne fut mise à genoux par le blocus Ricardo (1772-1823) avait 27  ans quand, lors d’un week-end britannique des importations agricoles. L’insécurité alimentaire à la campagne, il tombe par hasard sur un exemplaire de La explique que plusieurs États protègent leur agriculture de la richesse des nations, d’Adam Smith. L’œuvre le captive au point concurrence étrangère. qu’il deviendra par la suite l’économiste le plus célèbre de son Qu’est-ce que le mercantilisme ? Sur le commerce époque et l’un des plus grands de tous les temps. international, que dit le philosophe David Hume ? Qu’en dit Parmi ses apports à l’économique, David Ricardo démontre, l’économiste Adam Smith ? Qu’a démontré David Ricardo sur le au début du XIXe  siècle, la supériorité du libre-échange sur le libre-échange ? Comment s’est traduit le regain de popularité du protectionnisme et la validité de la loi de l’avantage comparatif – mercantilisme durant les années 1920 et 1930 ? Vers quoi cela fondement de la théorie moderne du commerce international –, nous a-t-il conduits ? En reste-t-il des traces ?

CHAPITRE 9

9.3

LE COMMERCE INTERNATIONAL

227

LES RESTRICTIONS AU COMMERCE INTERNATIONAL

La mise en place de mesures visant à restreindre le commerce international s’appelle le protectionnisme. Pour protéger les industries nationales de la concurrence étrangère, les gouvernements restreignent le commerce international en recourant à deux types de mesures :

Protectionnisme Mise en place de mesures visant à restreindre le commerce international.

• Les tarifs douaniers ; • Les barrières commerciales non tarifaires. Un tarif douanier est une taxe qu’impose un pays importateur sur un bien importé lorsque ce bien traverse sa frontière. Les barrières commerciales non tarifaires englobent toutes les autres mesures qui limitent le commerce international, comme les quotas d’importation, les accords d’autolimitation des exportations, les licences d’importation, les subventions à la production ou à l’exportation, les politiques d’achats préférentiels, les normes nationales concernant la santé et la sécurité ou le maintien d’un taux de change artificiellement bas. Toutes ces mesures relèvent du protectionnisme. Voyons d’abord ce qu’il en est des tarifs douaniers.

Tarif douanier Taxe qu’impose un pays importateur sur un bien importé lorsque ce bien traverse sa frontière.

Barrière commerciale non tarifaire Toute mesure qui limite le commerce international autre qu’un tarif douanier.

LES TARIFS DOUANIERS Pour les gouvernements, la tentation d’imposer des tarifs douaniers est forte, car en plus d’être une source de revenus, ils permettent de protéger les industries nationales touchées par la concurrence internationale. Cependant, comme nous allons le voir, les tarifs douaniers ne peuvent que réduire les avantages du libre-échange. Pour étudier les effets des tarifs douaniers, reprenons l’exemple des importations canadiennes de t-shirts. Quand il y a libre-échange, le Canada ne produit aucun t-shirt et, à un prix mondial de 5 $ l’unité, il en importe 10 millions par année. Supposons maintenant que le gouvernement du Canada cède aux pressions des producteurs de vêtements canadiens et impose un tarif douanier de 50 % sur les t-shirts importés. La figure 9.5 (p. 228) illustre ce qui se passe alors : • • • • • •

Le prix du t-shirt augmente au Canada ; On achète moins de t-shirts au Canada ; On produit davantage de t-shirts au Canada ; Le Canada importe moins de t-shirts ; L’État canadien perçoit un revenu tarifaire ; Les consommateurs canadiens y perdent.

Le prix du t-shirt augmente au Canada

« Grâce à l’accord commercial Canada-Union européenne (AECG), […] les droits de douane sur presque tous les produits primaires canadiens (minéraux et agricoles) seront supprimés à l’entrée en vigueur de l’accord. Fait tout aussi important […], les droits sur les produits manufacturés (canadiens) seront aussi supprimés3. » Quels secteurs de l’économie canadienne seront avantagés ? Quelle sera la conséquence sur les exportations vers l’UE de ces secteurs ? RÉPONSE

Pour acheter un t-shirt, les Canadiens doivent payer le prix mondial plus le tarif douanier. À la figure 9.5, le prix d’un t-shirt au Canada augmente de 50 % et passe à 7,50 $.

Saviez-vous que...

3.

Cet accord permettra aux secteurs des ressources naturelles, de l’agriculture et des biens manufacturiers d’avoir un libre accès au marché européen. Les exportations destinées vers l’UE de ces secteurs d’activité devraient augmenter dans les années à venir.

Gouvernement du Canada, Affaires mondiales Canada, Canada-Union européenne : Accord économique et commercial global, L’Accord commercial Canada-UE en bref, www.international.gc.ca (page consultée le 26 avril 2016).

228

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Figure 9.5

Les effets d’un tarif douanier Prix (en dollars par t-shirt)

12,0

O 1

9,0

Prix canadien

7,5 3

6,0 5,0 3,0 5

6

Les importations diminuent.

La quantité produite au Canada s’accroît.

0

2

4

5

Tarif douanier

2

4

La quantité achetée au Canada diminue.

8

10

Prix D mondial

Si le Canada impose un tarif douanier sur les importations de t-shirts, 1  le prix canadien est égal au 2  prix mondial 3  plus le tarif douanier, de sorte que le tarif douanier augmente le prix que les Canadiens paient pour un t-shirt. 4  La quantité de t-shirts achetée au Canada diminue. 5  La quantité de t-shirts produite au Canada s’accroît, et 6  les importations de t-shirts diminuent également. Le gouvernement canadien perçoit le revenu tarifaire (rectangle mauve).

Quantité achetée au Canada

12

16

Quantité (en millions de t-shirts par année)

On achète moins de t-shirts au Canada La hausse du prix des t-shirts entraîne une baisse de la quantité demandée, ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe de demande des t-shirts à la figure 9.5 : on passe de 10 millions de t-shirts par année à 5 $ l’unité à 5 millions de t-shirts par année à 7,50 $ l’unité.

On produit davantage de t-shirts au Canada La hausse du prix des t-shirts stimule la production canadienne, qui passe de 0 à 2 millions de t-shirts par année, ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe d’offre à la figure 9.5.

Le Canada importe moins de t-shirts Les importations canadiennes de t-shirts diminuent de 7 millions par année, passant de 10 millions à 3 millions, à la fois parce que les Canadiens achètent moins de t-shirts et parce qu’on en produit davantage au Canada.

L’État canadien perçoit un revenu tarifaire. Le Canada perçoit un revenu tarifaire de 2,50 $ par t-shirt sur les 3 millions de t-shirts importés chaque année, soit un total de 7,5 millions de dollars, comme le montre le rectangle mauve.

Les consommateurs canadiens y perdent Par rapport à la situation initiale de libre-échange, l’imposition du tarif douanier entraîne une double perte pour les Canadiens. Non seulement le t-shirt coûte 2,50 $ de plus aux consommateurs, mais les gains de production obtenus par les producteurs canadiens (2 millions d’unités) ne compensent pas les pertes de production (7 millions d’unités) des producteurs étrangers. Il en résulte un déficit de 5 millions de t-shirts sur le marché canadien. Voyons maintenant ce qu’il en est des autres moyens de restreindre le commerce international : les barrières non tarifaires.

CHAPITRE 9

LE COMMERCE INTERNATIONAL

229

LES BARRIÈRES NON TARIFAIRES Les quotas d’importation Un quota d’importation est une restriction d’importation qui spécifie la quantité maximale d’un bien qu’on peut importer durant une période donnée. Le Canada a longtemps imposé des quotas sur les importations de textiles et de vêtements, surtout celles en provenance de l’Asie et de l’Inde, mais ces quotas ont été éliminés en janvier 2005, conformément aux ententes signées à l’OMC.

Quota d’importation Restriction d’importation qui spécifie la quantité maximale d’un bien qu’on peut importer durant une période donnée.

La figure 9.6 montre le fonctionnement d’un quota. En l’absence de quotas, le Canada ne produit aucun t-shirt et en importe 10 millions par année au prix mondial de 5 $ l’unité. Supposons maintenant que le Canada impose un quota qui limite les importations à 3 millions de t-shirts par année. Les 3 millions de t-shirts par année que le quota permet d’importer s’ajoutent à l’offre canadienne de t-shirts, ce qui donne la courbe d’offre du marché O + quota à la figure 9.6. Avec cette nouvelle courbe d’offre, le prix canadien monte à 7,50 $ – prix auquel la quantité demandée par les Canadiens est égale à la quantité offerte par les producteurs canadiens plus les importations, soit 5 millions de t-shirts par année. À un prix de 7,50 $, les producteurs canadiens produisent 2 millions de t-shirts par année, et les importations canadiennes sont égales au quota de 3 millions de t-shirts par année. Le résultat de l’imposition d’un quota est le même que celui d’un tarif douanier à la figure 9.5. Cependant, il y a une différence importante entre un tarif douanier et un quota. Avec un tarif douanier, le gouvernement canadien perçoit un revenu tarifaire, tandis qu’avec un quota il n’en perçoit pas : l’importateur empoche la différence entre le prix mondial et le prix canadien. En réalité, les gouvernements choisissent plutôt de mettre aux enchères les quotas au lieu de les attribuer gratuitement par tirage au sort aux importateurs et d’empocher le produit de la vente. Par ailleurs, alors que l’effet d’un tarif douanier peut être annulé par une baisse du taux de change, l’effet d’un quota est assuré !

Figure 9.6

Les effets d’un quota Prix (en dollars par t-shirt)

12,0 2

O

Quota

O  quota

9,0 3

7,5

5,0 3,0 5

6

Les importations diminuent.

La quantité produite au Canada augmente.

0

2

5

4

Le prix canadien monte.

La quantité achetée au Canada diminue.

10

1  Le prix mondial est de 5 $ l’unité. 2  Les 3 millions de t-shirts par année que

1

Prix mondial

D

16

Quantité (en millions de t-shirts par année)

le quota permet d’importer s’ajoutent à l’offre canadienne de t-shirts, ce qui donne la courbe d’offre du marché O + quota. 3  Le prix canadien d’équilibre monte à 7,50 $ l’unité, et 4  la quantité achetée diminue au Canada. 5  Le Canada produit 2 millions de t-shirts par année, et 6  les importations canadiennes sont égales au quota de 3 millions par année.

230

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Coup d’œil SUR LE PASSÉ

L’évolution des tarifs douaniers canadiens Comparativement à ceux d’autrefois, les tarifs douaniers que le Canada impose actuellement sont modestes. La figure ci-dessous montre l’évolution du tarif douanier moyen en pourcentage des importations totales. Les tarifs douaniers ont grimpé brusquement dans les années 1870, pour redescendre lentement jusqu’à la fin des années 1920 et remonter de nouveau durant la guerre commerciale déclenchée par l’adoption aux États-Unis de la loi Smoot-Hawley de 1930, qui augmentait les tarifs douaniers américains de façon draconienne. La baisse des tarifs douaniers après la Seconde Guerre mondiale s’explique par la signature, en 1947, de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Depuis l’instauration de cet accord international visant à éliminer les barrières commerciales, plusieurs rounds de négociation – le « Kennedy Round » (1963-1967), le « Tokyo Round » (1979) et l’« Uruguay Round » (1986-1994) – ont permis la réduction constante des tarifs douaniers. Plus ambitieux et plus global

que tous les cycles précédents, l’Uruguay Round a mené à la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Tous les pays membres de l’OMC sont tenus de respecter les règles du GATT. Le Canada a signé les accords de l’Uruguay Round, et le Parlement les a ratifiés en 1994. En plus d’adhérer aux accords du GATT et de l’OMC, le Canada a signé d’autres ententes, dont l’Accord de libre-échange nordaméricain (ALENA), entré en vigueur le 1er janvier 1994. En vertu de l’ALENA, les barrières imposées au commerce international entre le Canada, les États-Unis et le Mexique devaient être éliminées au terme d’une période de 15 ans. Effectivement, les dernières ont été abolies en 2009. Quelle est la principale conséquence de l’instauration du GATT sur les tarifs douaniers au Canada ? Quels autres accords ont aussi permis de réduire les tarifs douaniers ? Lequel a conduit à la création de l’OMC ? Depuis, quel autre accord a permis d’éliminer toutes les barrières tarifaires au commerce entre les États-Unis, le Canada et le Mexique ?

Les tarifs douaniers canadiens depuis 1867 Tarif douanier moyen (en pourcentage des importations totales)

25

Adoption de la politique nationale de tarifs douaniers

Guerre des tarifs douaniers des années 1930

20 Adoption du GATT

15

Kennedy Round

10

Uruguay Round

5

Tokyo Round

0 1872

1892

1912

1932

1952

1972

1992

2012 Année

Sources : Statistique Canada, Statistiques historiques du Canada, catalogue 11-516 (juillet 1999) ; Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0002, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, trimestriel, modifié le 01-03-2012 ; Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0034, Comptes sous-secteurs des revenus et dépenses de l’administration fédérale, trimestriel, modifié le 01-03-2012.

CHAPITRE 9

LE COMMERCE INTERNATIONAL

Les autres barrières non tarifaires LES ACCORDS D’AUTOLIMITATION DES EXPORTATIONS Les accords d’autolimitation des exportations sont une autre forme de contingentement des importations, mais ils sont conclus sous une base volontaire. Dans le cadre d’une entente négociée entre les pays, le pays exportateur accepte de réduire volontairement la quantité vendue dans un autre pays. Les constructeurs d’automobiles japonais ont réduit leurs exportations vers la CEE et les États-Unis durant les années 1990. Ils en ont profité pour exporter davantage de modèles de luxe vendus à des prix plus élevés pour compenser cette perte de revenus. LES LICENCES D’IMPORTATION Il s’agit ni plus ni moins de permis d’importation que le gouvernement vend aux importateurs. Elles ne limitent pas que la quantité importée, mais aussi le nombre d’importateurs sur le marché intérieur. LES SUBVENTIONS À L’EXPORTATION Les gouvernements peuvent subventionner les producteurs locaux afin qu’ils puissent offrir leur produit ou service sur le marché mondial à des prix inférieurs à ceux de leurs concurrents étrangers. Les consommateurs et les producteurs locaux en sont les grands gagnants, car les premiers paient moins cher et les seconds peuvent offrir plus. LES POLITIQUES D’ACHATS PRÉFÉRENTIELS Les politiques d’achats préférentiels visent à convaincre ou forcer les consommateurs, les entreprises ou les gouvernements nationaux d’acheter des produits domestiques plutôt que des produits étrangers. Un bel exemple est la buy american provision, adoptée en 2009 par l’administration Obama, qui, pour bénéficier de subventions fédérales, contraint les villes et États américains à utiliser du fer, de l’acier et des produits fabriqués aux États-Unis pour leurs projets d’infrastructures. Il en est de même de l’octroi par le gouvernement du Québec d’un contrat de 1,3 G$ sans appel d’offres à Bombardier-Alstom pour le remplacement de 500 voitures du métro de Montréal. LES NORMES DE SANTÉ ET DE SÉCURITÉ Des milliers de normes concernant notamment la santé et la sécurité restreignent le commerce international. Par exemple, les biens importés au Canada pour la vente au détail doivent satisfaire à nos normes d’étiquetage, et les véhicules motorisés, à nos normes sur les émissions polluantes. Les aliments et autres produits agricoles doivent passer avec succès nos contrôles sanitaires, et les importateurs d’acier, de fromage et de vin doivent obtenir des permis d’importation. L’Union européenne a interdit l’importation de la plupart des produits contenant des OGM, comme les céréales canadiennes. L’Australie a interdit l’importation de raisins provenant des États-Unis pour protéger ses propres raisins contre un virus qui sévit en Californie. En 2003, la maladie de la vache folle a pratiquement anéanti le commerce international de bovins canadiens. Ce genre de restrictions s’applique également à plusieurs produits non comestibles. Bien que, généralement, elles ne soient pas conçues pour limiter le commerce international, ces barrières non tarifaires sont parfois utilisées à des fins protectionnistes. LE MAINTIEN D’UN TAUX DE CHANGE ARTIFICIELLEMENT BAS Un taux de change bas favorise les exportations au détriment des importations. Les produits importés coûteront plus cher, alors que les produits exportés coûteront moins cher. La Chine a maintenu artificiellement bas le taux de change du yuan par rapport au dollar américain, afin de stimuler ses exportations et de protéger de la concurrence étrangère certains secteurs de l’économie chinoise, comme ceux du textile et de la sidérurgie.

231

232

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

ACHETER DES PRODUITS LOCAUX OU IMPORTÉS ? Est-il préférable d’acheter des produits d’ici ou d’ailleurs ? Pour nos entreprises, est-il préférable de vendre uniquement sur le marché canadien, ou à l’étranger également ? Quel est l’impact du commerce international sur votre vie ? Il vous touche spécialement de trois manières, soit en tant que consommateur, travailleur et électeur. En tant que consommateur, vous bénéficiez d’un très grand choix de produits et de services de grande qualité qui vous sont offerts à bas prix et qui sont produits dans d’autres pays. Examinez les étiquettes des articles que vous achetez. Où ont été fabriqués votre ordinateur, votre chandail et vos souliers ? Où ont été cultivés les fruits et les légumes que vous consommez, surtout l’hiver ? Les réponses à ces questions sont fort probablement l’Asie, le Mexique ou l’Amérique du Sud. Quelques articles ont été produits en Europe, au Canada et aux États-Unis. En tant que travailleur (ou travailleur potentiel, si vous n’avez pas encore d’emploi), votre entreprise bénéficie des marchés mondiaux pour la vente de ses produits ou services, qui sont immenses. Vos perspectives d’emploi seraient beaucoup plus incertaines si l’entreprise pour laquelle vous travailliez n’avait pas ces marchés internationaux où vendre ses produits ou services. Au Québec, l’industrie aéronautique, par exemple, bénéficie du très grand marché international pour la vente d’avions d’affaires ou commerciaux. Sitôt sortis des chaînes de montage, les avions de la C-Series de Bombardier seront achetés par les compagnies aériennes partout dans le monde, du Canada à la Chine, en passant par l’Iran. Si vous devenez professeur dans un collège, vous bénéficieriez aussi du commerce international dans le domaine des services éducatifs, par exemple avec l’admission d’étudiants étrangers dans votre établissement. En tant qu’électeur ou électrice, vous êtes directement concerné(e) par les politiques commerciales : libre-échange ou protectionnisme. Les tarifs et quotas sur les produits d’importation nuisent à vos intérêts personnels. Un tarif sur les produits électroniques fait augmenter le prix de vos appareils, mais remplit aussi les coffres de l’État. La délocalisation et un accès plus libre au marché canadien pour les producteurs étrangers nuisent à vos intérêts personnels, surtout si vous perdez votre emploi. Au moment de voter, vous devrez décider : quelles politiques commerciales servent vos intérêts personnels, et lesquelles servent davantage l’intérêt social ? Nos fruits et légumes proviennent surtout d’Asie, du Mexique ou d’Amérique du Sud.

CHAPITRE 9

LE COMMERCE INTERNATIONAL

233

9.3 3 Expliquer comment les barrières commerciales restreignent le commerce international

EXERCEZ-VOUS

QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES

1. Jusqu’à ce que le Mexique se joigne à l’ALENA en 1994, le Canada imposait des tarifs douaniers sur ses importations provenant du Mexique, et le Mexique en imposait sur ses importations provenant du Canada. Depuis, ces tarifs douaniers ont été graduellement éliminés. Décrivez l’effet que leur élimination a pu avoir sur :

3. Décrivez l’effet du tarif douanier que les États-Unis imposent sur les importations de bois d’œuvre provenant du Canada sur : a) Le prix que les acheteurs américains paient pour le bois d’œuvre ; b) La quantité de bois d’œuvre exportée du Canada vers les États-Unis ;

a) Le prix que les consommateurs canadiens paient pour les biens importés du Mexique ;

c) La quantité de bois d’œuvre produite au Canada ;

b) Le volume des importations canadiennes provenant du Mexique ; c) Le volume des exportations canadiennes vers le Mexique ; d) Le revenu tarifaire que le gouvernement canadien percevait sur les importations provenant du Mexique. 2. La presque totalité des importations de pommes de terre des États-Unis provient du Canada. En 1999-2000, le gouvernement américain a décrété un embargo sur les importations de pommes de terre de l’Île-du-Prince-Édouard. Décrivez l’effet que cet embargo a pu avoir sur :

d) Les gains que le Canada et les États-Unis retiraient d’une situation de libre-échange du commerce de bois d’œuvre. 4. La Chine détient un avantage comparatif dans la production de textiles, mais le Canada impose des quotas sur les importations de textiles provenant de la Chine. Décrivez l’effet de ces quotas sur : a) Le prix que les acheteurs canadiens paient pour les textiles ; b) La quantité de textiles produite au Canada ; c) Les gains que le Canada et la Chine retiraient d’une situation de libre-échange du commerce de textiles.

a) Le prix que les consommateurs américains paient pour les pommes de terre ; b) Les achats de pommes de terre aux États-Unis ; c) Les exportations de pommes de terre du Canada. RÉPONSES 1.

a) b) c) d)

Les consommateurs canadiens paient moins cher les biens importés du Mexique. Le volume des importations canadiennes en provenance du Mexique a augmenté. Le volume des exportations canadiennes vers le Mexique a augmenté. Le revenu tarifaire que le commerce avec le Mexique rapportait au gouvernement est maintenant nul.

2.

a) b) c)

Les consommateurs américains paient plus cher les pommes de terre. Les achats de pommes de terre ont diminué aux États-Unis. Les exportations canadiennes de pommes de terre vers les États-Unis ont baissé.

234

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Le chapitre 9 en bref

1

Décrire sommairement la structure du commerce international canadien

Échanges commerciaux du Canada • ⅔ du PIB canadien • Surtout des échanges de biens manufacturés

Quoi exporter ? • Biens ou services pour lesquels nos coûts de fabrication sont inférieurs à ceux des autres pays

Partenaires commerciaux du Canada • États-Unis (partenaire de l’ALÉNA avec le Mexique) • Union européenne, Chine et Japon

Quoi importer ? • Biens ou services pour lesquels les autres pays ont des coûts de fabrication inférieurs aux nôtres

2

Expliquer comment tous les pays peuvent tirer avantage du commerce international

Avantage absolu Avantage que détient un pays sur un autre lorsque, pour un bien (ou un service), sa production par unité de facteur de production est supérieure Avantage comparatif Avantage que détient un pays qui peut produire un bien (ou un service) à un coût moindre que celui d’un autre pays

3

Gain de l’échange Un pays peut consommer au-delà de sa CPP... • S’il se spécialise dans la production d’un bien (ou d’un service) pour lequel il détient un avantage comparatif • S’il accroît sa production de ce bien (ou de ce service) et échange une partie de cette production

Expliquer comment les barrières commerciales restreignent le commerce international

Tarif douanier • Augmentation du prix du bien importé • Diminution de la consommation intérieure • Augmentation de la production intérieure • Diminution des importations • Perception par l’État d’un revenu tarifaire

Quota d’importation • Même effet qu’un tarif, sauf que l’État ne perçoit pas un revenu tarifaire • La différence entre le prix mondial et le prix intérieur perçue par l’importateur

Autres barrières non tarifaires • Accords d’autolimitation des exportations • Licences d’importation • Subventions à l’exportation • Politiques d’achats préférentiels • Normes de santé et de sécurité • Maintien d’un taux de change artificiellement bas

CHAPITRE 9

Questions de révision Au terme de la section 9.1, Le commerce international : l’exemple du Canada, répondez aux questions 1 à 3. 1. Que représentent les exportations canadiennes de biens ? Et celles de services ? Lesquelles ont le plus d’importance ? 2. Qu’est-ce que l’ALENA ? Qui sont nos partenaires commerciaux dans l’ALENA ?

235

LE COMMERCE INTERNATIONAL

5. Le tableau 1 donne les possibilités de production du Sao Rico et le tableau 2, celles du Gran Chapo. Tableau 1 Possibilités de production du Sao Rico Bien

A

B

C

D

3. Qu’est-ce que l’AECG ? S’il est ratifié, qui seront les partenaires commerciaux du Canada ?

Café (en millions de sacs par année)

0

2

4

6

Au terme de la section 9.2, Les gains du commerce international, répondez aux questions 4 à 6.

Oranges (en millions de caisses par année)

3

2

1

0

4. Supposons qu’il n’y a pas de commerce international entre le Nacada et le Brasero. La figure 1 montre les possibilités de production du Nacada et les quantités de pommes et d’automobiles qu’on y produit (point A). La figure 2 montre les possibilités de production du Brasero et les quantités de pommes et d’automobiles qu’on y produit (point B). Figure 1 Nacada

Figure 2 Brasero

Automobiles (en millions par année)

Automobiles (en millions par année)

20

8

15

6

10

A

4

5

2

0

0

50 100 150 200 250 Pommes (en millions de sacs par année)

B

300 400 Pommes (en millions de sacs par année) 100

200

a) Quel est le coût de renonciation d’un sac de pommes au Nacada ? Au Brasero ? b) Quel est le coût de renonciation d’une automobile au Nacada ? Au Brasero ? c) Quel pays détient un avantage comparatif dans la production de pommes ? d) Quel pays détient un avantage comparatif dans la production d’automobiles ? e) Supposons que le Brasero et le Nacada signent un accord de libre-échange. Lequel des deux biens le Nacada importe-t-il du Brasero et lequel exporte-t-il au Brasero ? Expliquez votre réponse. f) Avec cet accord de libre-échange, le commerce avec le Nacada est-il avantageux pour le Brasero ? Pourquoi ? g) Une fois le libre-échange bien rodé entre ces pays, le prix mondial d’un sac de pommes s’établit à 1/25 d’automobile. En supposant que le Brasero ne produit que des pommes et qu’il exporte la moitié de sa production vers le Nacada, et que le Nacada ne produit que 20 automobiles et aucun sac de pommes, indiquez les quantités des deux biens consommées au Nacada à la figure 1, et au Brasero, à la figure 2.

Tableau 2 Possibilités de production du Gran Chapo Bien

A

B

C

D

Café (en millions de sacs par année)

0

1

2

3

Oranges (en millions de caisses par année)

6

4

2

0

a) Quel est le coût de renonciation d’un sac de café au Sao Rico ? b) Quel est le coût de renonciation d’un sac de café au Gran Chapo ? c) Quel est le coût de renonciation d’une caisse d’oranges au Sao Rico ? d) Quel est le coût de renonciation d’une caisse d’oranges au Gran Chapo ? e) Supposons qu’il n’y a aucun échange commercial entre le Sao Rico et le Gran Chapo, et que chacun des deux pays produit et consomme 2 millions de sacs de café et 2 millions de caisses d’oranges. Faites un graphique pour illustrer leurs CPP respectives et indiquez pour chaque pays où se situent sa production et sa consommation. f) Supposons maintenant que les deux pays signent un accord de libre-échange et que chacun se spécialise dans la production du bien pour lequel il détient un avantage comparatif. Quelle est maintenant la production totale de café et d’oranges ? g) Supposons que les deux pays échangent 3 millions de sacs de café contre 3 millions de caisses d’oranges. Quels sont les volumes d’exportations et d’importations du Sao Rico et du Gran Chapo ? h) Combien de café et d’oranges consomme-t-on au Sao Rico et au Gran Chapo ?

236

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

6. Le Ponja et le Becqué ne produisent que deux biens : des calculatrices et du papier journal. Le tableau 3 donne les possibilités de production du Ponja et le tableau 4, celles du Becqué. En autarcie, la production du Ponja se situe au point D de son tableau des possibilités de production, et le Becqué, au point B du sien. Tableau 3 Possibilités de production du Ponja Bien

A

B

C

D

E

F

Calculatrices (en millions d’unités)

60

48

36

24

12

0

Papier journal (en millions de tonnes)

0

12

24

0

36

48

Tableau 4 Possibilités de production du Becqué Bien

A

B

C

D

E

F

Calculatrices (en millions d’unités)

40

32

24

16

8

0

Papier journal (en millions de tonnes)

0

10

20

30

40

50

a) Quel pays jouit actuellement d’un avantage comparatif dans la production de papier journal ? Dans la production de calculatrices ? b) Chiffrez l’augmentation de la production totale des deux pays si chacun produit le bien pour lequel il jouit d’un avantage comparatif. c) Si les deux pays avaient exactement les mêmes ressources productives, quel pays jouirait d’un avantage absolu dans la production de papier journal ? Dans la production de calculatrices ? d) Si le Becqué et le Ponja s’entendaient pour échanger 34 millions de calculatrices contre 38 millions de tonnes de papier journal, quels seraient les gains de chaque pays pour chacun des biens ? Au terme de la section 9.3, Les restrictions au commerce international, répondez aux questions 7 à 10. 7. La figure 3 illustre le marché de l’automobile au Brasero en l’absence de restrictions sur les importations d’automobiles. Le prix mondial d’une automobile est de 10 000 $. Figure 3 Brasero Prix (en k$ par automobile) 20 O

15 12 10 5

0

D 5

20 25 8 10 15 Quantité (en millions d’automobiles par année)

a) Si le gouvernement du Brasero imposait un tarif douanier de 20 % sur les importations d’automobiles, quel en serait l’effet sur : 1. Le prix d’une automobile au Brasero ? 2. La quantité d’automobiles achetée au Brasero ? 3. La quantité d’automobiles importée au Brasero ? 4. La quantité d’automobiles produite au Brasero ? 5. Le revenu tarifaire du gouvernement du Brasero ? b) Supposons que le gouvernement du Brasero impose un quota de 5 millions d’automobiles par année. Situez dans la figure 3 : 1. Le prix d’une automobile au Brasero ; 2. La quantité d’automobiles achetée au Brasero ; 3. La quantité d’automobiles importée au Brasero ; 4. La quantité d’automobiles produite au Brasero. 8. Le tableau 5 donne les barèmes d’offre et de demande des tapis de souris en Syldavie. En autarcie (sans commerce international), le prix et la quantité d’équilibre sont respectivement de 5 $ et de 140 000 tapis de souris sur le marché intérieur. Supposons que la Syldalvie ouvre ses frontières au commerce extérieur. Tableau 5 Prix (en dollars par tapis de souris) 2 3 4 5 6 7 8

Quantité demandée

Quantité offerte

(en milliers de tapis de souris par semaine) 170 110 160 120 130 150 140 140 130 150 120 160 110 170

a) Si le prix mondial des tapis de souris est de 7 $, la Syldalvie sera-t-elle exportatrice ou importatrice de tapis de souris ? Pour quelle quantité ? Quelles seront les valeurs de la production et de la consommation intérieures de tapis de souris ? b) Si le prix mondial des tapis de souris est de 3 $, la Syldalvie sera-t-elle exportatrice ou importatrice de tapis de souris ? De combien d’unités ? Quelles seront les valeurs de la production et de la consommation intérieures de tapis de souris ? c) Supposons que le prix mondial des tapis de souris est de 3 $ et que la Syldavie impose un tarif de 1 $ par tapis de souris. Quelles seront les valeurs de la production intérieure, de la consommation intérieure et des importations de tapis de souris ? Quel sera le revenu tarifaire du gouvernement ? d) Supposons que la Syldavie impose un quota de 20 000 tapis de souris par semaine. Quel sera le prix du tapis de souris et quelles seront les valeurs de la production intérieure, de la consommation intérieure et des importations de tapis de souris ?

CHAPITRE 9

9. La figure 4 illustre la demande et l’offre quotidiennes de chemises au Nacada en l’absence de restrictions sur les importations de chemises. Le prix mondial des chemises est de 24 $ l’unité. Figure 4 Nacada Prix (en dollars par chemise) 60

O

D

52 44 36

Prix mondial

28 24 20 12 4 0

2

4

6

8 10 12 14 16 18 20

LE COMMERCE INTERNATIONAL

237

a) Quels sont le prix d’équilibre et la quantité d’équilibre sur le marché nacadien des chemises si le Nacada fonctionne en autarcie (sans commerce extérieur) ? b) Quelles sont, au prix mondial de 24 $, les valeurs de la production intérieure, de la consommation intérieure et des importations de chemises du Nacada ? c) Cédant aux pressions des fabricants canadiens, le gouvernement impose un tarif de 4 $ par chemise importée. Chiffrez la production intérieure, la consommation intérieure et les importations de chemises après l’imposition du tarif. Quel est le revenu tarifaire du gouvernement nacadien ? 10. Quelles sont les différentes mesures pour restreindre le commerce international ? Donnez un exemple de chacune de ces mesures.

Quantité (en milliers de chemises par jour)

Appliquez vos savoir-faire L’accord sur le bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis4 L’Accord sur le bois d’œuvre de 2006 conclu entre le Canada et les ÉtatsUnis n’est plus en vigueur depuis le 12 octobre 2015. En vertu de cet accord, les exportateurs canadiens de bois d’œuvre devraient payer des droits à l’exportation. Malgré cet accord, les États-Unis ont déposé, à trois reprises, des plaintes à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les programmes de soutien à l’industrie forestière de l’Ontario et du Québec constituaient, aux yeux des Américains, une forme de subvention aux producteurs canadiens de bois d’œuvre. Cela a conduit à l’imposition d’une surtaxe sur les importations de bois d’œuvre en provenance du Canada. a) Quelle a été la conséquence de cette surtaxe sur les exportations canadiennes de bois d’œuvre vers les États-Unis ? Expliquez pourquoi.

Depuis 2006, les exportations canadiennes de bois d’œuvre vers les États-Unis ne cessent de diminuer.

b) Pourquoi les États-Unis ont-ils porté plainte, et ce, malgré la signature d’un accord ? De quelle manière les États-Unis et le Canada ont-ils réglé ce différend ? Est-ce en faveur de l’industrie américaine ou canadienne ?

MOTS CLÉS

4.

Ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, Accord sur le bois d’œuvre résineux de 2006 entre le gouvernement du Canada et le gouvernement des États-Unis, www. economie.gouv.qc.ca/fr/objectifs/conformer/accords-commerciaux/page/accords-commerciaux-12519/?tx_igaffichagepages_pi1%5Bmode%5D=single&tx_igaffichagepages_pi1%5BbackPid%5D=53&tx_igaffichagepages_pi1%5BcurrentCat%5D=&cHash=705ceafb01ee70d7d51e033b74d2805a (page consultée le 26 avril 2016).

Avantage absolu, 225 Avantage comparatif, 217 Barrière commerciale non tarifaire, 227 Protectionnisme, 227 Quota d’importation, 227 Tarif douanier, 227

238

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

PARTIE 4

L’ÉCONOMIE MONDIALE

CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE

COMBIEN COÛTERA VOTRE PROCHAIN VOYAGE À L’ÉTRANGER? LE COÛT DE VOS VACANCES À L’ÉTRANGER dépend de la valeur de notre devise en monnaies étrangères (en euros ou en dollars américains ou d’autres devises, selon votre destination) sur le marché des changes. Si notre devise prend de la valeur en monnaies étrangères, vos vacances vous coûteront moins cher. Au contraire, si elle en perd, vous dépenserez davantage pour vos vacances. En 1970, le dollar canadien était à égalité avec le dollar américain, mais sa valeur a dégringolé dans les années qui ont suivi, et il ne valait plus que 0,69 $ US en 1986. En 1991, il était remonté à 0,89 $ US ; en 2002, il était redescendu à 0,62 $  US, et le 7 novembre 2007, il s’échangeait à 1,09 $ US, un record, pour ensuite osciller autour de la parité. En 2015, il s’échangeait à 0,78 $ US. Pourquoi la valeur du dollar canadien par rapport à celle du dollar américain fluctue-t-elle autant ? Pourrionsnous et devrions-nous prendre des mesures pour stabiliser la valeur de notre dollar ?

SOMMAIRE

Ce chapitre porte sur la finance internationale. Vous y apprendrez comment les pays tiennent leurs comptes internationaux. Qu’est-ce qui fait qu’un pays est un prêteur net ou un emprunteur net ? Comment détermine-t-on la valeur de notre monnaie en monnaies étrangères ?

COUP D’ŒIL

COUP D’ŒIL

COUP D’ŒIL

SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

Le financement du commerce international

L’évolution de la balance des paiements du Canada depuis 1986

Les soldes du compte courant en 2014 : comparaisons internationales

La balance commerciale du Québec : un déficit inquiétant

Le taux de change

p. 240

p. 243

p. 244

p. 245

p. 246

10.1

10.2

CHAPITRE 10

LA FINANCE INTERNATIONALE

SAVOIR-FAIRE 1

Décrire les comptes de la balance des paiements d’un pays, et expliquer la différence entre un emprunteur net et un prêteur net

2

Expliquer comment s’établit le taux de change de notre dollar et pourquoi il fluctue

3

Expliquer comment la Banque du Canada pourrait influer sur le taux de change de la devise canadienne

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COUP D’ŒIL

COUP D’ŒIL

10.3

SUR LE PASSÉ

Pourquoi le taux de change est-il si volatil ?

La Banque du Canada et le marché des changes

COMBIEN COÛTERA VOTRE PROCHAIN VOYAGE À L’ÉTRANGER ?

Le taux de change du dollar canadien de 1947 à 2015 : fixe ou flexible ?

Le chapitre 10 en bref

p. 254

p. 255

p. 257

p. 259

p. 260

SUR LE PASSÉ

239

240

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

10.1

LE FINANCEMENT DU COMMERCE INTERNATIONAL

Un magasin Sony établi au Canada qui importe des consoles de jeu du Japon ne les paie pas en dollars canadiens, mais en yens. De même, une entreprise ferroviaire irlandaise qui achète une locomotive à Electro-Motive Diesel, en Ontario, la paie en dollars canadiens. Quand on achète des biens et services provenant d’un autre pays, on les paie avec la devise de ce pays ; cela vaut pour tout achat, qu’il s’agisse d’un produit de consommation, d’un bien d’équipement, d’un édifice ou d’une entreprise. Avant d’étudier les marchés où s’achètent et se vendent les diverses devises nationales, nous nous pencherons sur l’ampleur du commerce international, les transferts de capitaux et les investissements internationaux, et sur la façon dont ces transactions sont consignées dans la balance des paiements.

LA BALANCE DES PAIEMENTS INTERNATIONAUX Balance des paiements Bilan des activités commerciales et financières d’un pays sur la scène internationale pour une période donnée.

La balance des paiements d’un pays dresse le bilan des activités commerciales et financières des résidents de ce pays à l’étranger pour une période donnée. Elle comporte trois comptes : • Le compte courant ; • Le compte capital ; • Le compte financier. Dans chacun de ces comptes, toute transaction correspondant à une entrée de fonds au pays (une exportation, par exemple) est inscrite au crédit (+) du compte, et toute transaction donnant lieu à une sortie de fonds (un investissement canadien à l’étranger, par exemple) est inscrite au débit (−).

Compte courant Bilan des recettes et des paiements d’un pays sur la scène internationale pour une période donnée ; son solde est égal à la valeur des exportations nettes (exportations moins importations), des revenus primaires nets et des revenus secondaires nets.

Le compte courant consigne les paiements des importations de biens et services, les recettes des exportations de biens et services, les revenus primaires nets (salaires, dividendes, intérêts, revenus de location, etc.) ainsi que les revenus secondaires nets (pensions, impôts, dons, aides internationales, etc.), soit ceux reçus de l’étranger (+), moins ceux payés à l’étranger (−). Le solde du compte courant est égal à la valeur des exportations nettes (les exportations moins les importations), des revenus primaires nets et des revenus secondaires nets. Un surplus au compte courant signifie que des fonds canadiens pourront être prêtés ou investis à l’étranger ; il indique jusqu’à quel point les résidents du Canada fournissent des biens, des services ou des capitaux au reste du monde sous forme d’exportations de biens et services ou de prêts et d’investissements à l’étranger. Un déficit au compte courant indique au contraire jusqu’à quel point les résidents du Canada comptent sur les biens, les services ou les capitaux étrangers (importations de biens et services, emprunts à l’étranger et investissements de l’étranger au Canada).

Compte capital et financier

Le compte capital et financier englobe le compte capital et le compte financier.

Bilan en deux comptes (1) des transferts en capital et des échanges d’actifs intangibles (compte capital), et (2) des investissements étrangers au Canada et des investissements du Canada à l’étranger (compte financier).

Le compte capital dresse le bilan des transferts en capital et des transactions d’actifs intangibles sur la scène internationale. Concrètement, il concerne principalement : • Les transferts d’actifs des immigrants ou émigrants – par exemple, si Mah Jong quitte Hong Kong pour s’établir à Vancouver et transfère ses avoirs de 2 M$ au Canada, on enregistre une entrée de fonds au Canada, un crédit (+) ; • Les achats et ventes de biens intangibles – par exemple, lors de l’achat d’un brevet pharmaceutique québécois par une entreprise allemande, on enregistre cette transaction internationale concernant un bien intangible (un brevet) comme une entrée de fonds au Canada, un crédit (+) ; • Les remises de dette du gouvernement canadien à des pays – ainsi, en 2005, l’annulation par le Canada de la dette de la Zambie, du Honduras et du Rwanda (55 M$) a été comptabilisée comme une sortie de fonds, un débit (−) ; • Les successions – si votre vieille tante établie en Floride meurt et vous lègue 1 M$, cet héritage sera comptabilisé comme une entrée de fonds, un crédit (+).

CHAPITRE 10

LA FINANCE INTERNATIONALE

241

Le compte financier dresse le bilan des investissements étrangers au Canada et des investissements du Canada à l’étranger selon trois catégories d’investissements : • Les investissements directs, qui permettent aux investisseurs d’un pays d’influer sur la gestion d’une entreprise étrangère par des fusions, des acquisitions et des prises de participation ou, plus simplement, par l’implantation d’une entreprise en sol étranger. Ainsi, l’implantation du groupe français Ubisoft à Montréal en 1997 et l’achat d’Alcan par Rio Tinto en 2007 sont des exemples d’investissements étrangers au Canada (+), tandis que l’implantation du constructeur aéronautique et ferroviaire canadien Bombardier en Irlande et ailleurs dans le monde est un exemple d’investissement canadien à l’étranger (−) ; • Les investissements de portefeuille, qui couvrent principalement les investissements à court terme (bons du Trésor, certificats de dépôt et autres actifs financiers à court terme). Ainsi, l’achat par un investisseur étranger de bons du Trésor canadiens est enregistré comme une entrée de fonds (+), et l’achat de certificats de dépôt américains par un résident canadien, comme une sortie de fonds (−). On y inclut également les placements en actions émises par les entreprises et en obligations émises par les gouvernements et les entreprises – par exemple, l’achat d’actions de Google à la Bourse de New York par une résidente canadienne est comptabilisé comme une sortie de fonds (−), et l’achat d’obligations du gouvernement canadien par une firme de courtage japonaise, comme une entrée de fonds (+) ; • Les autres investissements, qui englobent les prêts que les étrangers ont obtenus d’institutions financières canadiennes (−) et les emprunts que les entreprises et les gouvernements ont contractés à l’étranger (+), de même que les acquisitions de devises canadiennes (−) ou étrangères (+) et les dépôts à l’étranger (−) ou au Canada (+). On trouve également une autre catégorie d’actifs financiers, les réserves officielles internationales du Canada, c’est-à-dire les avoirs du gouvernement fédéral en devises étrangères détenus dans le compte du Fonds de change du ministre des Finances. Administré par la Banque du Canada, ce compte couvre les besoins du gouvernement canadien en devises étrangères. Si les réserves officielles internationales augmentent, le solde du compte financier est débité (−), car l’achat de devises étrangères, qu’il faut payer en dollars canadiens, équivaut à une sortie de fonds. Inversement, si les réserves officielles internationales du Canada diminuent, le compte financier est crédité (+), car la vente de devises étrangères, qui rapporte des dollars canadiens, correspond à une entrée de fonds. Autrement dit, les devises étrangères sont considérées comme un bien qui peut être exporté (+) ou importé (−). En théorie, la somme des soldes des comptes de la balance des paiements – le compte courant et le compte capital et financier – devrait toujours être nulle (0). Par exemple, un excédent ou un déficit au compte courant devrait correspondre à une sortie ou à une entrée de fonds équivalente au compte capital et financier. En pratique, les deux comptes s’égalisent rarement. En effet, les données recueillies par Statistique Canada proviennent d’une multitude de sources, de sorte que certaines transactions ne sont pas saisies ou sont mal mesurées dans la balance des paiements. La divergence statistique correspond à l’entrée ou à la sortie nette de fonds qui serait nécessaire pour combler l’écart entre le solde du compte courant et celui du compte capital et financier ; elle sera négative (−) si les entrées de fonds dépassent les sorties de fonds, et positive (+) dans le cas contraire. Le tableau 10.1 présente les comptes de la balance des paiements du Canada pour l’année 2015. On voit que, cette année-là, les importations dépassaient la somme des exportations, des transferts nets et des revenus primaires nets, d’où un déficit au compte courant de 65,7 G$. Comment finançons-nous le déficit de notre compte courant ? Nous empruntons au reste du monde, comme le révèle le compte capital et financier. Notons que les investissements de portefeuille et autres investissements des étrangers au Canada dépassent ceux des Canadiens à l’étranger, alors que c’est l’inverse pour les investissements directs : les étrangers investissent beaucoup moins au Canada que les Canadiens n’investissent à l’étranger.

Réserves officielles internationales du Canada Avoirs du gouvernement fédéral en devises étrangères.

242

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Tableau 10.1

Les comptes de la balance des paiements du Canada en 2015 (en G$)

Compte courant Exportations de biens et services

+622,8

Importations de biens et services

−670,2

Revenus primaires nets

−15,0 −3,3

Revenus secondaires nets Solde du compte courant

−65,7

Compte capital et financier Compte capital +0,3

Entrées

−0,4

Sorties Solde du compte capital

−0,1

Compte financier Canadiens à l’étranger Investissements directs

−104,3

Investissements de portefeuille

−60,3

Réserves officielles internationales

−10,9

Autres investissements

−33,5

Étrangers au Canada Investissements directs

+80,6

Investissements de portefeuille

+95,5

Autres investissements

+88,1 Solde du compte financier

+55,2

Solde du compte capital et financier

+55,1

Divergence statistique

−10,6

Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 376-0101, Balance des paiements internationaux, compte courant et compte capital, modifié le 29-02-2016 ; tableau 376-0102, Balance des paiements internationaux, compte financier, modifié le 29-02-2016.

Le « Coup d’œil sur l’économie canadienne » ci-contre retrace l’évolution de la balance des paiements du Canada de 1986 à 2015.

Analogie avec la situation d’un particulier Une analogie avec la situation d’un particulier nous aidera à mieux comprendre les divers comptes de la balance de paiements et leurs relations. Le compte courant d’un particulier enregistre les revenus qu’il tire de ses ressources productives ainsi que ses dépenses en biens et services. Supposons que Johanne a reçu 125 000 $ en revenu d’emploi et 5 000 $ en revenu d’intérêts sur un placement en 2015 ; son compte courant affichait un revenu total de 130 000 $. La même année, Johanne a acheté 115 000 $ de biens et services, ainsi qu’une maison de 225 000 $ ; ses dépenses totales s’élevaient à 340 000 $. La différence entre ses revenus et ses dépenses se chiffrait à −210 000 $ (130 000 $ − 340 000 $), montant du déficit du compte courant de Johanne. Pour couvrir ce déficit, Johanne a décidé de financer l’achat de la maison en contractant une hypothèque de 200 000 $. Comme c’était là son seul emprunt, l’excédent de son compte financier s’élevait à 200 000 $. De plus, au décès de sa vieille marraine établie en Californie, elle a reçu 10 000 $ en héritage, montant de l’excédent de son compte capital. Le compte capital et financier de Johanne a donc enregistré un excédent de 210 000 $, équivalant au déficit de son compte courant.

CHAPITRE 10

LA FINANCE INTERNATIONALE

243

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

L’évolution de la balance des paiements du Canada depuis 1986 Le tableau 10.1 donne un aperçu de la balance des paiements du Canada en 2015. La figure ci-dessous, elle, retrace son évolution de 1986 à 2015. Pour éliminer les effets de la croissance et de l’inflation, les soldes des comptes de la balance des paiements sont exprimés en pourcentage du PIB nominal.

les soldes de ces comptes – est négligeable. Comme on le voit, l’énorme déficit du compte courant qui s’est creusé de 1986 à 1995 s’est par la suite comblé et transformé en excédent. Toutefois, la Grande Récession de 2008-2009 a vite ramené le compte courant en déficit.

Le solde du compte capital et financier (courbe jaune) donne l’image inversée du solde du compte courant (courbe verte). La divergence statistique (courbe rouge) – l’écart entre

Entre quelles années le compte courant était-il en excédent ? Entre quelles années était-il en déficit ? Pour quelle raison le compte courant est-il redevenu déficitaire en 2008-2009 ?

La balance des paiements du Canada depuis 1986 Balance des paiements (en pourcentage du PIB) 5 4

Compte capital et financier

3 2 1

Divergence statistique

0 –1 –2

Compte courant

–3 –4 1986

1991

1996

2001

2006

2011

2016 Année

Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 376-0101, Balance des paiements internationaux, compte courant et compte capital, annuel, modifié le 29-02-2016 ; Statistique Canada, CANSIM, tableau 376-0102, Balance des paiements internationaux, compte financier, annuel, modifié le 29-02-2016 ; Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0038, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, modifié le 01-03-2016.

Dans cette analogie, les revenus de travail de Johanne correspondent aux revenus d’exportations d’un pays ; ses revenus d’intérêt, aux revenus primaires que ce pays reçoit de l’étranger ; ses achats de biens et services (y compris l’achat de sa maison), aux dépenses en importations du pays ; son prêt hypothécaire, c’est-à-dire ce qu’elle a emprunté, aux emprunts contractés ailleurs dans le monde ; l’héritage de sa vieille marraine décédée, à une entrée nette de capital.

244

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

PRÊTEURS ET EMPRUNTEURS Emprunteur net Pays dont le compte courant est déficitaire et qui emprunte davantage qu’il ne prête.

Prêteur net Pays dont le compte courant est excédentaire et qui prête davantage qu’il n’emprunte.

On qualifie d’emprunteur net un pays dont le compte courant est déficitaire et qui emprunte davantage qu’il ne prête, et de prêteur net un pays dont le compte courant est excédentaire et qui prête davantage qu’il n’emprunte. Même si le Canada a été un prêteur net de 1999 à 2008, ce statut est très récent. De la fin de la Deuxième Guerre mondiale à 1998, le Canada a généralement été un emprunteur net ; il n’a été un prêteur net que 20 années sur 62 – surtout concentrées dans les années 1940 ! La récession de 2008-2009 a ramené le Canada à son statut d’emprunteur net. Durant la même décennie, les États-Unis sont passés du statut de prêteur net à celui d’emprunteur net, et, depuis 1989, le solde du compte courant américain n’a cessé d’être déficitaire. Alors que, historiquement, ce pays était le principal prêteur au monde, il en est devenu le principal emprunteur net (voir le « Coup d’œil sur l ’économie mondiale »). La plupart des pays sont des emprunteurs nets, mais quelques-uns sont des prêteurs nets ; parmi eux, la Chine, le Japon, l’Allemagne et, à cause de sa richesse pétrolière, l’Arabie saoudite. Les exportations de ces pays excèdent leurs importations, ce qui leur fournit des fonds à prêter et à investir à l’étranger.

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

Les soldes du compte courant en 2014 : comparaisons internationales Le plus frappant dans la figure ci-contre est l’énorme déficit du compte courant des États-Unis en 2014. Viennent ensuite les soldes déficitaires du Royaume-Uni et du Brésil, et très loin derrière, ceux de l’Australie, du Canada, de la France, de l’Inde, du Mexique et de l’Afrique du Sud. Parmi les pays du G71, regroupant l’Allemagne, le Canada, la France, les États-Unis, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni, seuls le Japon, l’Italie et l’Allemagne affichent un surplus du compte courant. Les soldes du compte courant de tous les autres pays de la figure sont excédentaires. À noter : l’excédent commercial de l’Allemagne, qui surpasse celui de la Chine, de la Russie et du Japon. Quels pays affichent un solde déficitaire du compte courant ? Lequel a le solde déficitaire le plus important ? Le compte courant du Canada présente-t-il un solde excédentaire ou déficitaire ? Le solde du compte courant du BRICA (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) est-il excédentaire ou déficitaire ? 1.

La Russie ayant été temporairement suspendue du groupe depuis mars 2014, le G8 est redevenu le G7.

Les soldes du compte courant de différents pays en 2014 Pays États-Unis Royaume-Uni Brésil Australie Canada France Inde Mexique Afrique du Sud Italie Espagne Autriche Pays-Bas Japon Russie Chine Allemagne

390 152 104 44 37 27 27 24 19 40 13 8 93 24 58 219 280

–500

0 250 500 –250 Solde du compte courant (en G$ US)

Source : Banque Mondiale, Balance des paiements courants (BDP, $ US courants), http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/BN.CAB.XOKA.CD (page consultée le 30 avril 2016).

CHAPITRE 10

LA FINANCE INTERNATIONALE

245

Coup d’œil SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

La balance commerciale du Québec : un déficit inquiétant Le Québec commerce non seulement avec les autres provinces canadiennes, mais aussi avec d’autres pays. La figure ci-dessous montre l’évolution des exportations et des importations du Québec de 1986 à 2014. Si le volume des échanges commerciaux du Québec a constamment progressé au cours de cette période, la valeur de ses exportations (courbe rouge) n’a pas toujours suivi celle de ses importations (courbe bleue). Quand les exportations sont supérieures aux importations, la balance commerciale est excédentaire. Quand les exportations sont inférieures aux importations, elle est déficitaire. Traditionnellement, le Québec a une balance commerciale déficitaire. L’entrée en vigueur de l’ALENA en 1994 lui permet de la redresser jusqu’en 2002, mais la situation se détériore rapidement par la suite : le solde du commerce extérieur passe d’un excédent de 8 G$ en 2002 à un déficit record de 25 G$ en 2010, puis se réduit pour atteindre 22  G$ en 2014. Ce déficit ne vient pas du commerce interprovincial, qui est légèrement en excédent (+3 G$ en 2014), mais bien du commerce avec les autres pays (−25 G$ en 2014). Le déficit de la balance commerciale du Québec depuis 2002 vient de la faible croissance de la valeur des exportations, plombée par la hausse du huard et la Grande Récession de 20082009, et de la forte croissance de la valeur des importations, attribuable surtout à la flambée du prix du pétrole. En 2014, alors que notre commerce avec les États-Unis montre un

surplus marqué (+16,8  G$), nos échanges avec les 28 pays de l’Union européenne sont largement déficitaires (−10,4  G$) et représentent 47  % du déficit de notre balance commerciale. Notre commerce avec la Chine, également déficitaire (−6,9 G$), compte pour 31 % du déficit du Québec avec les pays étrangers. Nos échanges avec le BRIC (le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine) représentent plus de 35 % (-7,8 G$) du déficit de notre balance commerciale de 2014. Depuis 2002, le commerce international du Québec se diversifie. Moins dépendant de ses clients américains (dont la part des exportations est passée de 83,6 % en 2002 à 68,9 % en 2014), le Québec s’est tourné davantage vers l’Union européenne pour trouver de nouveaux débouchés, si bien que la part de nos exportations est passée de 9,3 % en 2002 à 11,8 % en 2014. Il en va de même pour l’Asie et l’Océanie, dont la part de marché pour nos exportations a plus que doublé, passant de 4,4 % en 2002 à 9,7 % en 2014. Les autres régions du globe, telles que l’Amérique latine et les Antilles, ou encore l’Afrique et le Moyen-Orient, ont également vu leur part de marché s’accroître sensiblement de 2002 à 2014. De 1986 à 2014, le volume des exportations du Québec a-t-il toujours été supérieur à celui des importations ? Que pouvait-on observer le plus souvent au cours de cette période ? L’entrée en vigueur de l’ALENA en 1994 a-t-elle modifié cette situation ? En 2014, le déficit de la balance commerciale du Québec s’élevait à 22 G$. Quelles sont les raisons de ce déficit ?

La balance commerciale du Québec depuis 1986 Échanges commerciaux (en G$)

200 190 180 170 160 150 140 130 120 110 100 90 80 70 60

Déficit

Excédent Importations

Exportations

0 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 Année Sources : Statistique Canada, Les comptes économiques des provinces et des territoires : Tableaux de données, numéro 13-018X au catalogue (disponible en ligne) ; Statistique Canada, CANSIM, tableau 384-0038, PIB, en termes de dépenses, provinciaux et territoriaux, annuel, modifié le 10-11-2015 ; Québec, Développement économique, Innovation et Exportation, Le Calepin – le commerce extérieur du Québec, édition 2015.

246

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

10.1 1 Décrire les comptes de la balance des paiements d’un pays, et expliquer la différence entre un emprunteur net et un prêteur net

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. En 2015, on a enregistré les transactions suivantes en Haute-Slobovie : importations de biens et services, 200 G$ ; exportations de biens et services, 200 G$ ; revenus primaires nets, 10 G$ ; revenus secondaires nets, 0 G$ ; entrées moins sorties de capital, 4 G$ ; investissements de la Haute-Slobovie à l’étranger, 70 G$ ; investissements étrangers en Haute-Slobovie, 55 G$.

2. En 2015, on a enregistré les transactions suivantes en Basse-Slobovie : importations de biens et services, 180  G$  ; exportations de biens et services, 190  G$  ; revenus primaires nets, -20  G$  ; revenus secondaires nets, 5 G$ ; entrées de capital, 10 G$, sorties de capital, 3 G$ ; investissements de la Basse-Slobovie à l’étranger, 74 G$ ; et investissements étrangers en Basse-Slobovie, 70  G$  ; divergence statistique, +2 G$.

a) Calculez le solde du compte courant, le solde du compte capital, le solde du compte financier, le solde du compte capital et financier, ainsi que la divergence statistique des comptes de la balance des paiements de la Haute-Slobovie en 2015. b) La Haute-Slobovie était-elle un prêteur net ou un emprunteur net en 2015 ?

a) Calculez le solde du compte courant, le solde du compte capital, le solde du compte financier et le solde du compte capital et financier de la BasseSlobovie en 2015. b) La Basse-Slobovie était-elle un prêteur net ou un emprunteur net en 2015 ?

RÉPONSES 1.

a)

Le solde du compte courant est égal aux exportations nettes plus les revenus primaires nets plus les revenus secondaires nets, soit + 10 G$. Le solde du compte capital est égal aux entrées moins les sorties de capital, soit + 4 G$. Le solde du compte financier est égal à la différence entre les investissements étrangers en Haute-Slobovie et les investissements de la Haute-Slobovie à l’étranger, soit −15 G$.

10.2 Marché des changes Marché où l’on change des devises d’un pays contre celles d’un autre pays.

b)

Le solde du compte capital et financier est égal à la somme des soldes des deux comptes, soit −11 G$. La divergence statistique permettant d’équilibrer les comptes de la balance des paiements est de + 1 G$. En 2015, la Haute-Slobovie est un prêteur net puisque le solde de son compte courant est positif.

LE TAUX DE CHANGE

Les Canadiens qui achètent des biens et services à un autre pays ou qui y investissent doivent se procurer des devises de ce pays pour réaliser la transaction. De même, les étrangers qui achètent des biens et services produits au Canada ou qui y investissent doivent se procurer des devises canadiennes. L’échange des devises se fait sur le marché des changes. Sur ce marché, chacun peut être à la fois un offreur ou un demandeur. Nous offrons nos dollars canadiens pour demander des devises étrangères en échange, et les étrangers offrent leurs devises pour demander des dollars canadiens en échange. Contrairement à d’autres marchés, le marché des changes n’a pas de localisation géographique précise et ne ferme jamais ; c’est un marché mondialisé qui fonctionne jour et nuit. Constitué de milliers de gens – importateurs, exportateurs, banquiers et cambistes – disséminés dans les places financières du monde entier et en communication constante, il ouvre le lundi matin à Hong Kong, pendant qu’on est encore le dimanche soir à Montréal et à Toronto. À mesure que les heures passent, les places financières, comme celles de Tokyo, Singapour, Bahreïn, Francfort, Londres, New York, Montréal, Toronto et Vancouver, ouvrent tour à tour. Quand les places les plus à l’ouest du continent américain ferment, celle de Hong Kong s’apprête à ouvrir pour le jour suivant. Durant une journée typique, environ 3 billions de dollars2 changent de mains.

2.

Cambiste info, en ligne : www.cambiste.info (site web consulté le 18 mai 2012).

CHAPITRE 10

LA FINANCE INTERNATIONALE

247

Le taux de change est le prix auquel la monnaie d’un pays s’échange contre celle d’un autre pays. Après avoir atteint la parité avec le dollar américain en septembre 2007, le dollar canadien a dépassé ce dernier pour la première fois depuis trois décennies. Ainsi, le 7 novembre 2007, le taux de change du dollar canadien en dollars américains était de 1,09 $ US. Pour exprimer le taux de change du dollar américain en dollars canadiens, il suffit d’inverser le taux canadien : ainsi, en novembre 2007, le taux de change du dollar américain en dollars canadiens était de 0,92 $, soit (1 $ ÷ 1,09 $ US).

Taux de change

Il y a appréciation d’une devise quand une devise prend de la valeur par rapport à une autre. Par exemple, si la valeur du dollar canadien grimpe de 0,92 $ US à 1,00 $ US, le dollar canadien s’apprécie de 8,7 %.

Appréciation d’une devise

Il y a dépréciation d’une devise quand une devise perd de la valeur par rapport à une autre. Par exemple, si la valeur du dollar canadien descend de 1,00 $ US à 0,92 $ US, le dollar canadien se déprécie de 8 %. Autrement dit, quand le dollar canadien se déprécie par rapport au dollar américain, le dollar américain s’apprécie par rapport au dollar canadien.

Dépréciation d’une devise

La figure du « Coup d’œil sur le passé » (page 254) montre les hauts et les bas de la devise canadienne par rapport à la devise américaine de 1947 à 2015. Mais qu’est-ce qui fait fluctuer une devise ? Pour répondre à cette question, il faut comprendre les forces qui déterminent le taux de change. En effet, le cours d’une devise est un prix, et, comme tous les prix, il est déterminé par l’offre et la demande.

LA DEMANDE SUR LE MARCHÉ DES CHANGES La quantité demandée de dollars canadiens sur le marché des changes – c’est-à-dire la quantité de dollars canadiens que les intervenants du marché des changes ont l’intention d’acheter au cours d’une période donnée et à un taux de change donné – varie selon plusieurs facteurs, notamment : • • • •

Le taux de change ; Les taux d’intérêt au Canada et dans d’autres pays ; Les taux d’inflation au Canada et dans d’autres pays ; Le taux de change anticipé.

Examinons d’abord la relation entre le taux de change et la quantité demandée de dollars canadiens sur le marché des changes.

Une variation de la quantité demandée de dollars canadiens La demande de dollars canadiens est une demande dérivée : les gens n’achètent pas nos dollars pour le simple plaisir d’en posséder, mais pour acheter des produits canadiens (exportations canadiennes) ou des actifs canadiens (comptes bancaires, actions, obligations, entreprises, immeubles, etc.). Cela dit, la loi de la demande s’applique aux dollars comme à tout ce qui a de la valeur aux yeux des gens. Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de change est élevé, plus la quantité demandée de dollars canadiens sur le marché des changes est faible. Ainsi, quand le dollar canadien monte de 0,75 $ US à 0,80 $ US et que tous les autres facteurs restent constants, la quantité de dollars canadiens que les gens prévoient acheter sur le marché des changes diminue. Le taux de change du dollar canadien influe sur la quantité demandée de dollars canadiens pour deux raisons : • L’effet des exportations ; • L’effet du profit anticipé. L’EFFET DES EXPORTATIONS Plus la valeur des exportations canadiennes est élevée, plus la quantité demandée de dollars canadiens sur le marché des changes est importante. Mais la valeur des exportations canadiennes dépend du taux de change. Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de change du dollar canadien est bas, plus les produits canadiens sont bon marché pour les étrangers, et plus les exportations

Prix auquel la monnaie d’un pays s’échange contre celle d’un autre pays.

Augmentation de la valeur d’une devise par rapport à une autre.

Diminution de la valeur d’une devise par rapport à une autre.

248

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

canadiennes augmentent, ce qui accroît la quantité demandée de dollars canadiens sur le marché des changes. L’EFFET DU PROFIT ANTICIPÉ Plus le profit anticipé de la possession de dollars canadiens est élevé, plus la quantité demandée de dollars canadiens est importante. Cependant, le profit anticipé dépend du taux de change. Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de change est bas, plus le profit anticipé de l’achat de dollars canadiens est élevé, et plus la quantité demandée de dollars canadiens sur le marché des changes est importante. Pour illustrer cet effet du profit anticipé, supposons que les gens pensent que le dollar canadien vaudra 0,80 $  US à la fin du mois. Si le dollar canadien coûte 0,75 $  US aujourd’hui, les gens qui ont des dollars américains achèteront des dollars canadiens, ce que ne ferait pas une personne convaincue que le dollar canadien vaudra encore 0,75 $ US à la fin du mois. Supposons maintenant que le taux de change du dollar canadien tombe à 0,70 $ US. Les gens sont alors plus nombreux à penser qu’ils pourront réaliser un profit en achetant des dollars canadiens, de sorte que la quantité demandée de dollars s’accroît. La figure 10.1 montre la courbe de demande de dollars canadiens sur le marché des changes. Toutes choses étant égales par ailleurs, une hausse du taux de change du dollar canadien réduit la quantité demandée de dollars canadiens et entraîne un mouvement vers le haut le long de la courbe de demande. Inversement, une baisse du taux de change accroît la quantité demandée de dollars canadiens et entraîne un mouvement vers le bas le long de la courbe de demande.

Une variation de la demande de dollars canadiens Une variation de tout autre facteur influant sur la quantité de dollars canadiens que les gens prévoient acheter modifie la demande de dollars canadiens (à la hausse ou à la baisse) et déplace la courbe de demande de dollars canadiens. Ces autres facteurs sont : • Les taux d’intérêt au Canada et dans d’autres pays ; • Le taux d’inflation au Canada et dans d’autres pays ; • Le taux de change anticipé. LES TAUX D’INTÉRÊT AU CANADA ET DANS D’AUTRES PAYS Les particuliers et les entreprises achètent des actifs financiers pour leur rendement. Plus le taux d’intérêt des actifs canadiens est élevé par rapport à celui des actifs étrangers, plus les gens achètent d’actifs canadiens. Ce ne sont pas les taux d’intérêt canadiens qui Saviez-vous que… importent, mais l’écart entre les taux d’intérêt canadiens [À] la mi-janvier (2016), […] la valeur du dollar et ceux des pays étrangers. Si les taux d’intérêt canadiens canadien […] a fait un bond de près de 10 ¢ […], augmentent et que ceux des pays étrangers restent passant de 68,69 ¢ à 78,38 ¢3. Quel était le taux de constants, les taux d’intérêt au Canada deviendront supéchange du dollar américain à la mi-janvier 2016 ? Si rieurs aux taux étrangers. Plus cet écart est élevé, plus la le taux de change du dollar canadien fait un bond de demande d’actifs canadiens est importante, et plus la 10 ¢, quel sera le taux de change du dollar américain ? demande de dollars canadiens s’accroît sur le marché des Le dollar canadien a-t-il connu une appréciation ou changes. RÉPONSE

une dépréciation sur le marché des changes ?

Pour obtenir le taux de change du dollar américain en dollars canadiens, il faut inverser le taux canadien, soit : 1 $ ÷ 0,6869 $ US. Le taux de change du dollar américain en dollars canadiens était de 1,46 $ US (ou 1,4558 $ US) à la mi-janvier 2016. Il est maintenant de 1,28 $ US (ou 1,27758 $ US). Le dollar canadien s’est donc apprécié par rapport au dollar américain, mais le dollar américain s’est déprécié par rapport au dollar canadien.

3.

LES TAUX D’INFLATION AU CANADA ET DANS D’AUTRES PAYS Les particuliers et les entreprises achètent des biens et services ailleurs pour leurs prix. Plus le taux d’inflation au Canada est faible par rapport à celui des autres pays, plus les étrangers achètent des biens et services canadiens. Si le taux d’inflation au Canada diminue et que celui dans les autres pays reste constant, l’écart entre le taux d’inflation au Canada et celui des autres pays s’accroît.

Stéphane DUSSEAULT, « Vacances moins chères avec l’envol du huard », Le Journal de Montréal, jeudi 14 avril 2016, http://www.journaldemontreal.com/2016/04/14/vacances-moinscheres-avec-lenvol-du-huard (page consultée le 15 avril 2016).

CHAPITRE 10

Figure 10.1

LA FINANCE INTERNATIONALE

La demande de dollars canadiens

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)

0,90

0,85

1

Une hausse du taux de change réduit la quantité demandée de dollars.

Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité de dollars que les gens prévoient acheter dépend du taux de change.

0,80

1  Une hausse du taux de change du dollar canadien réduit la quantité demandée de celui-ci et entraîne un mouvement vers le haut le long de la courbe de demande de dollars canadiens. 2  Une baisse du taux de change du dollar canadien accroît la quantité demandée de celui-ci et entraîne un mouvement vers le bas le long de la courbe de demande de dollars canadiens.

0,75 2

0,70

0

Une baisse du taux de change accroît la quantité demandée de dollars.

30

40

D

50

60

70

Quantité (en G$ par jour)

Plus cet écart est élevé, plus la demande de biens et services canadiens est importante, et plus la demande de dollars canadiens s’accroît sur le marché des changes. LE TAUX DE CHANGE ANTICIPÉ Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de change anticipé est élevé, plus la demande de dollars canadiens est forte. Pour saisir ce phénomène, mettez-vous à la place du directeur financier de Dell. Aujourd’hui, le dollar canadien vaut 0,75 $ US, mais vous pensez que son prix grimpera à 0,80 $ US à la fin du mois. Vous décidez donc d’acheter maintenant 1 000 000 $ au prix de 750 000 $ US. À la fin du mois, le dollar canadien grimpe à 0,80 $ US, comme vous l’aviez prévu. Vous vendez alors 1 000 000 $ au prix de 800 000 $ US, et vous réalisez un profit de 50 000 $ US. Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de change anticipé est élevé, plus le profit anticipé est important, et plus la demande de dollars canadiens est forte. La figure 10.2 résume les facteurs qui influent sur la demande de dollars. Une hausse de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays ou une hausse du taux de change anticipé accroît la demande de dollars et déplace la courbe de demande vers la droite, de D0 à D1. Une baisse de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays ou une baisse du taux de change anticipé réduit la demande de dollars canadiens et déplace la courbe de demande vers la gauche, de D0 à D2.

L’OFFRE SUR LE MARCHÉ DES CHANGES La quantité offerte de dollars canadiens sur le marché des changes – c’est-à-dire la quantité de dollars canadiens que les intervenants du marché des changes ont l’intention de vendre au cours d’une période donnée et à un taux de change donné – varie selon plusieurs facteurs, notamment : • Le taux de change ; • Les taux d’intérêt au Canada et dans d’autres pays ; • Les taux d’inflation au Canada et dans d’autres pays ; • Le taux de change anticipé. Examinons d’abord la relation entre le taux de change et la quantité offerte de dollars canadiens sur le marché des changes.

249

250

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Figure 10.2

Les variations de la demande de dollars canadiens

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)

0,90

0,85

1

Augmentation de la demande de dollars

1  La demande de dollars canadiens augmente si…

0,80

• l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays augmente ; • le taux de change anticipé monte. 2  La demande de dollars canadiens diminue si…

0,75 2

0,70

D1

Diminution de la demande de dollars

D0

D2

0

30

40

50

• l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays diminue ; • le taux de change anticipé baisse.

60

70

Quantité (en G$ par jour)

Une variation de la quantité offerte de dollars canadiens Les cambistes offrent des dollars canadiens sur le marché des changes quand les gens et les entreprises d’ici achètent des devises étrangères afin de se procurer des biens et produits ailleurs (importations canadiennes) ainsi que des actifs étrangers (comptes bancaires, obligations, actions, entreprises, immeubles, etc.). La loi de l’offre s’applique aux devises comme à tout ce que les gens ont l’intention de vendre. Plus le taux de change est élevé, plus la quantité offerte de dollars canadiens sur le marché des changes est importante. Par exemple, si le dollar canadien grimpe de 0,75 $ US à 0,80 $ US et que tous les autres facteurs restent constants, la quantité de dollars canadiens que les gens prévoient vendre sur le marché des changes augmente. Le taux de change du dollar canadien influe sur la quantité offerte de dollars canadiens pour deux raisons : • L’effet des importations ; • L’effet des profits anticipés. L’EFFET DES IMPORTATIONS Plus la valeur des importations canadiennes est élevée, plus la quantité demandée de devises étrangères pour payer ces importations est importante. Quand ils achètent des devises étrangères, les Canadiens offrent leurs dollars en retour. Par conséquent, plus la valeur des importations canadiennes est élevée, plus la quantité offerte de dollars canadiens est importante sur le marché des changes. Mais la valeur des importations canadiennes dépend du taux de change. Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de change est élevé, plus les produits étrangers sont bon marché pour les Canadiens, et plus les importations canadiennes augmentent, ce qui accroît la quantité offerte de dollars canadiens. L’EFFET DU PROFIT ANTICIPÉ Plus le profit anticipé de l’achat d’une devise étrangère est élevé, plus la quantité demandée de cette devise est importante, et plus la quantité offerte de dollars canadiens sur le marché des changes s’accroît. Cependant, le profit anticipé de l’achat d’une devise étrangère dépend du taux de change. Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de change du dollar canadien est élevé, plus le profit anticipé de la vente de dollars canadiens l’est aussi, et plus la quantité offerte de dollars canadiens s’accroît sur le marché des changes.

CHAPITRE 10

LA FINANCE INTERNATIONALE

À cause de l’effet des importations et de l’effet du profit anticipé, quand le taux de change du dollar canadien monte, la quantité offerte de dollars canadiens sur le marché des changes augmente. Inversement, quand le taux de change du dollar canadien baisse, la quantité offerte de dollars canadiens sur le marché des changes diminue. La figure 10.3 montre la courbe d’offre de dollars canadiens sur le marché des changes. Une hausse du taux de change du dollar canadien accroît la quantité offerte de dollars canadiens et entraîne un mouvement vers le haut le long de la courbe d’offre. Inversement, une baisse du taux de change du dollar canadien réduit la quantité offerte de dollars canadiens et entraîne un mouvement vers le bas le long de la courbe d’offre.

Figure 10.3

L’offre de dollars canadiens

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)

0,90 O 0,85

1

Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité de dollars canadiens que les gens ont l’intention de vendre dépend du taux de change du dollar canadien.

Une hausse du taux de change accroît la quantité offerte de dollars canadiens.

0,80

1  Une hausse du taux de change du dollar

0,75

canadien accroît la quantité offerte de dollars canadiens et entraîne un mouvement vers le haut le long de la courbe d’offre de dollars canadiens. 2  Une baisse du taux de change réduit la quantité offerte de dollars canadiens et entraîne un mouvement vers le bas le long de la courbe d’offre de dollars canadiens.

2

0,70

0

30

40

Une baisse du taux de change réduit la quantité offerte de dollars canadiens.

50

60

70

Quantité (en G$ par jour)

Une variation de l’offre de dollars canadiens Une variation de tout autre facteur influant sur la quantité de dollars que les gens prévoient vendre modifie l’offre de dollars canadiens (à la hausse ou à la baisse) et déplace la courbe d’offre de dollars canadiens. Ces autres facteurs sont les mêmes que ceux influant sur la demande, mais ils ont l’effet opposé. Ce sont donc : • Les taux d’intérêt au Canada et dans d’autres pays ; • Les taux d’inflation au Canada et dans d’autres pays ; • Le taux de change anticipé. LES TAUX D’INTÉRÊT AU CANADA ET DANS D’AUTRES PAYS Plus les taux d’intérêt canadiens sont élevés par rapport à ceux des autres pays, plus la demande d’actifs étrangers est faible, et plus l’offre de dollars canadiens sur le marché des changes l’est aussi. LES TAUX D’INFLATION AU CANADA ET DANS D’AUTRES PAYS Plus le taux d’inflation au Canada est faible par rapport à celui des autres pays, plus la demande de biens et services étrangers par les Canadiens est faible, et plus l’offre de dollars canadiens sur le marché des changes l’est aussi. LE TAUX DE CHANGE ANTICIPÉ Plus le taux de change anticipé est élevé, plus l’offre de dollars est faible. Pour illustrer ce phénomène, supposons que le dollar canadien vaut 0,75 $ US aujourd’hui, et que vous pensez qu’il vaudra 0,80 $ US à la fin du mois. Dans ce cas, même si vous aviez l’intention de vendre des dollars canadiens aujourd’hui, vous

251

252

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

décidez d’attendre à la fin du mois. En effet, aujourd’hui, vous n’aurez que 0,75 $ US pour un dollar canadien, tandis que, si vos prévisions se réalisent, vous en obtiendrez 0,80 $ US à la fin du mois – un profit de 0,05 $ US par dollar. Donc, toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de change anticipé est élevé, plus le profit anticipé de la vente immédiate de dollars canadiens est faible, et plus l’offre immédiate de dollars canadiens est faible elle aussi. La figure 10.4 résume les facteurs qui influent sur l’offre de dollars canadiens. Une hausse de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays ou une hausse du taux de change anticipé réduit l’offre de dollars canadiens et déplace la courbe d’offre de dollars canadiens vers la gauche, de O0 à O1. Inversement, une baisse de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays ou une baisse du taux de change anticipé augmente l’offre de dollars canadiens et déplace la courbe d’offre de dollars canadiens vers la droite, de O0 à O2.

L’équilibre du marché La figure 10.5 montre comment l’offre et la demande déterminent le taux de change sur le marché des changes. La demande est représentée par la courbe D, et l’offre, par la courbe O. Comme dans les autres marchés, le prix (le taux de change de la devise) joue le rôle de régulateur. Si le taux de change d’une devise est trop élevé, il y a un surplus – la quantité offerte de cette devise dépasse la quantité demandée. Par exemple, à la figure 10.5, quand le taux de change du dollar canadien est de 0,80 $ US, il y a une offre excédentaire de dollars canadiens sur le marché des changes. Si le taux de change d’une devise est trop bas, il y a une pénurie – la quantité offerte de cette devise est inférieure à la quantité demandée. Ainsi, on voit à la figure 10.5 que l’offre de dollars canadiens est déficitaire à un taux de change de 0,70 $ US. Au taux de change d’équilibre, il n’y a ni pénurie ni surplus ; la quantité offerte est égale à la quantité demandée. À la figure 10.5, le taux de change d’équilibre du dollar canadien est de 0,75 $ US. À ce taux, la quantité demandée et la quantité offerte correspondent toutes les deux à 50 G$ par jour.

Figure 10.4

Les variations de l’offre de dollars canadiens

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)

0,90 O1

O0

O2

0,85 1  L’offre de dollars canadiens augmente si… 2

0,80

• l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays diminue ; • le taux de change anticipé baisse.

Diminution de l’offre de dollars

2  L’offre de dollars canadiens diminue si…

• l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays augmente ; • le taux de change anticipé monte.

0,75

1

0,70

0

30

40

50

Augmentation de l’offre de dollars

60

70

Quantité (en G$ par jour)

CHAPITRE 10

Figure 10.5

LA FINANCE INTERNATIONALE

Le taux de change d’équilibre

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)

0,90 1

0,85

Excédent de dollars canadiens à 0,80$US

O La demande de dollars canadiens est représentée par la courbe D, et l’offre, par la courbe O. 1  Si le taux de change du dollar canadien est de

0,80 $ US, il y a un surplus de dollars canadiens, ce qui fait baisser le taux de change.

0,80

2  Si le taux de change du dollar canadien est de 3

0,75

0,70 $ US, il y a une pénurie de dollars canadiens, ce qui fait monter le taux de change.

Équilibre à 0,75$US

3  Si le taux de change est de 0,75 $ US, il n’y a

ni pénurie ni surplus, et le taux de change du dollar canadien reste constant. Le marché est en équilibre.

0,70

D 2

0

30

40

Pénurie de dollars canadiens à 0,70$US

50

60

70

Quantité (en G$ par jour)

Les forces de l’offre et de la demande ramènent constamment le marché des changes à l’équilibre. Les cambistes sont toujours à la recherche du meilleur prix. S’ils vendent, ils veulent le prix le plus élevé possible ; s’ils achètent, ils veulent le prix le plus bas possible. L’information circule entre les cambistes grâce à un réseau mondial d’ordinateurs, et les prix se modifient de seconde en seconde pour que les intentions d’achat correspondent aux intentions de vente. Autrement dit, les prix s’ajustent constamment pour garder le marché en équilibre.

LES VARIATIONS DU TAUX DE CHANGE Si la demande de dollars canadiens augmente et que l’offre ne varie pas, le taux de change du dollar canadien monte ; si la demande de dollars canadiens diminue et que l’offre ne varie pas, le taux de change baisse. De même, si l’offre de dollars canadiens diminue et que la demande ne varie pas, le taux de change du dollar canadien monte ; si l’offre de dollars canadiens augmente et que la demande ne varie pas, le taux de change du dollar canadien baisse. Ces prévisions relatives aux effets des variations de l’offre et de la demande sont les mêmes que pour n’importe quel autre marché. Le dollar se déprécie et s’apprécie, mais la quantité de dollars échangée quotidiennement varie à peine. Ce phénomène s’explique principalement par le fait que l’offre et la demande peuvent se modifier en même temps sur le marché des changes. Quand nous avons étudié l’offre et la demande de dollars canadiens, nous avons vu qu’elles sont influencées par les mêmes facteurs. La variation du taux de change anticipé ou de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays modifie à la fois l’offre et la demande, et ce, dans des directions opposées, de sorte que le taux de change peut fluctuer même si la quantité échangée de dollars ne varie pas beaucoup. Le « Coup d’œil sur le passé » montre comment se manifestent ces effets communs de l’offre et de la demande en étudiant deux épisodes de notre histoire économique : dans le premier, le dollar se déprécie, et dans le second, il s’apprécie.

253

254

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Coup d’œil SUR LE PASSÉ

Pourquoi le taux de change est-il si volatil ? Le dollar canadien s’apprécie et se déprécie continuellement par rapport au dollar américain. Les attentes quant à son éventuelle appréciation ou dépréciation par rapport à la devise américaine expliquent en grande partie la volatilité du taux de change du dollar canadien sur le marché des changes. De 1991 à 2002, le dollar canadien s’est déprécié par rapport au dollar américain, passant de 0,87 $ US à 0,62 $ US. La figure 1 illustre les raisons de ce phénomène. En 1991, la demande de dollars canadiens était représentée par la courbe D91 ; l’offre, par la courbe O91. Le taux de change du dollar canadien se situait à 0,87 $ US, à l’intersection de ces courbes. De 1991 à 2002, les cambistes s’attendaient à ce que le dollar canadien se déprécie ; ils anticipaient une baisse du taux de change. Par conséquent, la demande de dollars canadiens a diminué, et l’offre a augmenté ; la courbe de demande s’est déplacée de D91 à D02, et la courbe d’offre, de O91 à O02. Ces déplacements se sont renforcés mutuellement, ce qui a fait tomber le taux de change du dollar canadien à 0,62 $ US.

De 2002 à 2007, le dollar canadien s’est apprécié par rapport au dollar américain, grimpant de 0,62 $ US à 1,09 $ US. La figure 2 illustre cette appréciation. En 2002, la demande de dollars canadiens était représentée par la courbe D02, et l’offre, par la courbe O02. Le taux de change du dollar canadien s’établissait à 0,62 $  US. Les années suivantes, les cambistes s’attendaient à ce que le dollar canadien s’apprécie  ; ils anticipaient une hausse du taux de change. Par conséquent, la demande de dollars canadiens s’est accrue, et l’offre a diminué. La courbe de demande de dollars canadiens s’est déplacée vers la droite jusqu’à D07, et la courbe d’offre, vers la gauche jusqu’à O07. Le taux de change du dollar canadien a augmenté de 75,8 %, pour atteindre 1,09 $ US. Comment une baisse du taux de change anticipé du dollar canadien par rapport au dollar américain peut-elle entraîner une dépréciation du dollar canadien sur le marché des changes ? Comment une hausse du taux de change anticipé du dollar canadien par rapport au dollar américain peut-elle entraîner une appréciation du dollar canadien sur le marché des changes ?

Figure 1

Figure 2

Dépréciation du dollar canadien de 1991 à 2002

Appréciation du dollar canadien de 2002 à 2007

Taux Tauxde dechange change(en (endollars dollarsaméricains américainspar pardollar) dollar)

Taux Tauxde dechange change(en (endollars dollarsaméricains américainspar pardollar) dollar)

OO0707

11

On Onanticipe anticipe OO9191 une unedépréciation dépréciation du dudollar dollarcanadien. canadien.

OO 0202

1,09 1,09 OO0202

0,87 0,87 11

On Onanticipe anticipe une uneappréciation appréciation du dudollar dollarcanadien. canadien.

DD9191 0,62 0,62

DD0707

22

Le Ledollar dollar se sedéprécie. déprécie.

DD0202

0,62 0,62

22

Le Ledollar dollar s’apprécie. s’apprécie.

00

QQ00

00 Quantité Quantité(en (enG$ G$par parjour) jour)

(a) (a)De De1991 1991àà2002 2002

DD0202 QQ00 Quantité Quantité(en (enG$ G$par parjour) jour)

(b) (b)De De2002 2002àà2007 2007

CHAPITRE 10

255

LA FINANCE INTERNATIONALE

10.2 2 Expliquer comment s’établit le taux de change de notre dollar et pourquoi il fluctue

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. Illustrez l’effet de chacun de ces événements sur le marché des changes de la devise canadienne.

2. Illustrez l’effet de chacun de ces événements sur le marché des changes de la devise canadienne.

a) Le Canada affiche le plus bas taux d’inflation du G7.

a) Le taux d’inflation au Canada augmente plus rapidement qu’aux États-Unis.

b) Les taux d’intérêt au Canada sont plus élevés qu’aux États-Unis.

b) Les taux d’intérêt au Canada sont plus faibles qu’aux États-Unis.

c) Les cambistes anticipent une dépréciation de la devise canadienne.

c) Les cambistes anticipent une appréciation prochaine de la devise canadienne.

RÉPONSES 1.

a)

b)

c)

Pour les étrangers, un taux d’inflation au Canada plus faible rend les biens et services canadiens moins chers que ceux de leur Taux de change (en dollars américains par dollar) propre pays. Pour les Canadiens, c’est le contraire. Les exportations O0 canadiennes augmentent et les importations diminuent. Cela se traduit par une hausse de la demande de dollars canadiens etO 1une baisse de l’offre de dollars canadiens, et une augmentation du taux T 0 le marché des changes (voir la de change du dollar canadien sur figure 1). D0 Pour les étrangers, les taux d’intérêt plus élevés au Canada qu’aux États-Unis rendent les actifs financiers canadiens plus attrayants. T1 Pour les Canadiens, les actifs financiers étrangers le sont moins. La D1 demande de dollars canadiens augmente, alors que l’offre de dollars canadiens diminue et que le taux de change du dollar canadien augmente (voir la figure 1). Q0 0 Quantitéprochaine (en G$ par jour) Cette anticipation par les cambistes d’une dépréciation du dollar canadien engendre une baisse de la demande de dollars canadiens et une hausse de l’offre de dollars canadiens sur le marché des changes. Le taux de change du dollar canadien diminue (voir la figure 2).

10.3

Figure 1

Figure 2 Taux de change (en dollars américains par dollar)

Taux de change (en dollars américains par dollar)

O1

Taux de chang

O0 O1

T1

T1

O0 T0 D0

D1 T1 D1

T0

T0

D0 0

0

Q0 Quantité (en G$ par jour)

LA BANQUE DU CANADA ET LE MARCHÉ DES CHANGES

Le taux de change est volatil, le dollar s’apprécie, puis se déprécie… Est-il possible de le stabiliser ? La Banque du Canada peut influer sur la valeur de notre devise sur le marché des changes, et ce, de deux manières : en modifiant le taux directeur ou en intervenant directement sur le marché des changes.

UNE MODIFICATION DU TAUX DIRECTEUR Par sa politique monétaire, la Banque du Canada influe sur les taux d’intérêt au Canada, ainsi que sur le taux de change (voir le chapitre 8). Lorsque la Banque du Canada relève le taux directeur, les taux d’intérêt canadiens augmentent par rapport aux taux d’intérêt dans d’autres pays, la demande d’actifs financiers canadiens augmente et la demande de dollars canadiens s’accroît. Puis, la demande d’actifs financiers étrangers diminue et l’offre de dollars canadiens diminue, et le taux de change augmente (le dollar canadien s’apprécie). Inversement, quand la Banque du Canada abaisse le taux directeur, les taux d’intérêt canadiens baissent par rapport aux taux d’intérêt dans d’autres pays, la demande

Q0

0 Quantité (en G$ par jour)

256

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

d’actifs financiers canadiens diminue et la demande de dollars canadiens baisse. Par conséquent, la demande d’actifs financiers étrangers augmente et l’offre de dollars canadiens augmente, et le taux de change diminue (le dollar canadien se déprécie).

UNE INTERVENTION DIRECTE SUR LE MARCHÉ DES CHANGES La Banque du Canada pourrait intervenir directement sur le marché des changes. Elle pourrait acheter ou vendre des dollars canadiens pour essayer d’atténuer les fluctuations du taux de change. Supposons que la Banque du Canada souhaite stabiliser le taux de change du dollar canadien à 0,75 $ US. Dans ce cas, quand le taux de change dépasse 0,75 $ US, la Banque vend des dollars canadiens pour acheter des dollars américains. Par cette mesure, la Banque du Canada fait varier l’offre de dollars canadiens de manière à maintenir le taux de change du dollar canadien le plus près possible de son taux cible de 0,75 $ US.

Saviez-vous que…

RÉPONSE

Jusqu’en 2013, il [le dollar canadien] était à parité avec le billet vert, avant de redescendre à […] 70 cents américains en février 2016. Il s’agit du plus bas niveau atteint depuis la récession. Pourquoi ? En 2015, la Banque du Canada a réduit [à deux reprises] son taux directeur afin de relancer l’économie. Or, la Réserve fédérale américaine a pris le chemin inverse à la fin de l’année et a commencé à augmenter le sien4. Cet événement a-t-il modifié la demande de dollars canadiens, l’offre de dollars canadiens ou les deux ? Quel est l’effet de cet événement sur le taux de change du dollar canadien ? Les taux d’intérêt au Canada ont baissé alors que ceux aux États-Unis ont augmenté. Cet écart entre les taux d’intérêt au Canada et ceux aux États-Unis a réduit la demande d’actifs financiers canadiens et a fait augmenter la demande d’actifs financiers étrangers. La demande de dollars canadiens a diminué, alors que l’offre de dollars canadiens s’est accrue. Ces deux déplacements se sont renforcés mutuellement, ce qui a fait baisser le taux de change du dollar canadien à 0,70 $ US.

Quand le taux de change descend en deçà de 0,75 $ US, la Banque du Canada achète des dollars canadiens pour vendre des dollars américains. Par cette mesure, la Banque du Canada fait varier la demande de dollars canadiens de manière à maintenir le taux de change du dollar canadien le plus près possible de son taux cible de 0,75 $ US. Notons que la Banque du Canada ne peut intervenir que d’un seul côté du marché des changes, soit du côté de l’offre, soit du côté de la demande. La figure 10.6 (page 257) illustre l’intervention de la Banque du Canada sur le marché des changes. L’offre de dollars canadiens est représentée par la courbe O0 et, au départ, la courbe D0 représente la demande. Le taux de change d’équilibre du dollar canadien se situe à 0,75 $ US, et c’est le taux cible de la Banque – indiqué par la droite horizontale rouge.

Supposons que la demande de dollars canadiens augmente et que la courbe de demande se déplace vers la droite jusqu’à D1. Le taux de change du dollar canadien dépasse le taux cible. La Banque du Canada vend des dollars canadiens pour acheter des dollars américains. Cette mesure augmente d’autant l’offre de dollars canadiens et maintient le taux de change le plus près possible du taux cible. La courbe d’offre se déplace vers la droite jusqu’à O1.

Par contre, si la demande de dollars canadiens ne cesse d’augmenter, la Banque ne pourra pas maintenir indéfiniment le taux de change à 0,75 $ US, car cela l’obligerait à vendre continuellement des dollars canadiens et à accumuler constamment des devises étrangères, dans ce cas-ci des dollars américains. De même, si le taux de change du dollar canadien demeure en deçà du taux cible, la Banque ne pourra pas maintenir indéfiniment le taux de change à 0,75 $ US, car cela l’obligerait à acheter continuellement des dollars canadiens et à vendre constamment des dollars américains ; tôt ou tard, ses réserves de devises étrangères (en dollars américains) s’épuiseraient et elle devrait y renoncer. Pour ces raisons, en septembre 1998, la Banque du Canada a décidé de ne plus intervenir directement sur le marché des changes, sauf en cas de crise majeure.

4.

Pierre CLÉROUX., v.-p., économiste en chef, « Où s’en va le dollar canadien ? », Banque de développement du Canada (BDC), www.bdc.ca/fr/articles-outils/marketing-ventes-exportation/ exportation/pages/ou-va-dollar-canadien.aspx (page consultée le 29 avril 2016).

CHAPITRE 10

Figure 10.6

LA FINANCE INTERNATIONALE

L’intervention de la Banque du Canada sur le marché des changes

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)

0,90 O0 0,85 O1 0,80 2

0,75

0,70

1

Taux de change cible

La Banque du Canada vend des dollars canadiens.

D1 D0

0

30

40

50

60

Au départ, la demande de dollars canadiens est représentée par la courbe D0, et l’offre, par la courbe O0. Le taux de change du dollar canadien se situe à 0,75 $ US. 1  La Banque du Canada peut intervenir sur le marché des changes pour rapprocher le taux de change du dollar canadien de son taux cible (ici, 0,75 $ US). Si la demande de dollars canadiens augmente, et que la courbe de demande se déplace de D0 à D1, 2  la Banque vend des dollars canadiens pour accroître l’offre.

70

Quantité (en milliards de dollars canadiens par jour)

COMBIEN COÛTERA VOTRE PROCHAIN VOYAGE À L’ÉTRANGER ? Si vous envisagez de passer vos prochaines vacances en Europe, vous aurez besoin d’euros. Quel est le meilleur moyen de s’en procurer ? Vous pourriez simplement utiliser votre carte bancaire ou votre carte de crédit dans un guichet automatique en Europe. Le guichet vous donnera des euros et le montant vous sera facturé dans votre compte bancaire au Canada. Lorsque vous retirez des euros, le nombre d’euros que vous demandez est multiplié par le taux de change afin de déterminer le montant en dollars canadiens qui sera débité de votre compte bancaire. Le taux de change qui sera facturé sera probablement très élevé, puisque votre institution financière touche une commission. Certaines institutions exigent jusqu’à 5 % en commission. Renseignez-vous au préalable. Il serait peut-être avantageux d’acheter des euros directement à votre institution ou à un bureau de change avant de partir en voyage. Une autre question vous est certainement venue à l’esprit : combien d’euros votre budget vous permettra-t-il d’acheter ? Devriez-vous acheter des euros maintenant, au taux actuel – qui est connu –, ou devriez-vous le faire juste avant de partir, quitte à tenter votre chance avec le taux qui aura cours à ce moment-là ? Personne ne peut répondre à cette question. Entretemps, vous pouvez toujours consulter le site de la Banque du Canada à l’adresse suivante : www.banqueducanada.ca /taux/taux-de-change/convertisseur-de-devises-taux-du-jour/ et convertir en euros le montant de dollars canadiens dont vous pensez avoir besoin en voyage, et ce, au taux du jour.

257

258

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

10.3 3 Expliquer comment la Banque du Canada pourrait influer sur le taux de change de la devise canadienne

EXERCEZ-VOUS

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE

1. Supposons que le dollar canadien s’échangeait à 0,75 $ US hier, et qu’il s’échange aujourd’hui à 0,80 $ US.

2. Supposons que le dollar canadien s’échangeait à 0,65  € hier, et qu’il s’échange aujourd’hui à 0,60 €.

a) Des deux devises, le dollar canadien et le dollar américain, laquelle s’est appréciée et laquelle s’est dépréciée aujourd’hui ? b) Énumérez les événements qui auraient pu entraîner cette variation de la devise canadienne sur le marché des changes. c) Ces événements ont-ils modifié la demande de dollars canadiens, l’offre de dollars canadiens, ou les deux ? d) Si la Banque du Canada veut maintenir la valeur du dollar canadien à 0,75 $ US, quelles mesures pourraitelle prendre ? e) Si la Banque du Canada décide d’intervenir directement sur le marché des changes, quel serait l’effet de cette mesure sur ses réserves de devises étrangères en dollars américains ?

a) Des deux devises, le dollar canadien et l’euro, laquelle s’est appréciée et laquelle s’est dépréciée aujourd’hui ? b) Énumérez les événements qui auraient pu entraîner cette variation de la devise canadienne sur le marché des changes. c) Ces événements ont-ils modifié la demande de dollars canadiens, l’offre de dollars canadiens, ou les deux ? d) Si la Banque du Canada veut maintenir la valeur du dollar canadien à 0,65 €, quelles mesures pourrait-elle prendre ? e) Si la Banque du Canada décide d’intervenir directement sur le marché des changes, quel serait l’effet de cette mesure sur ses réserves de devises étrangères en euros ?

RÉPONSES 1.

a) b)

Comme il coûte plus cher en dollars américains, le dollar canadien s’est apprécié. Et comme il coûte moins cher en dollars canadiens, le dollar américain s’est déprécié. Cette appréciation du dollar canadien peut résulter de taux d’intérêt canadiens supérieurs aux taux américains, de taux d’inflation inférieurs au Canada qu’aux États-Unis ou d’une hausse anticipée du taux de change du dollar canadien.

c) d)

e)

Les événements en (b) modifient à la fois la demande (à la hausse) et l’offre (à la baisse) de dollars canadiens. Pour tenter de maintenir la valeur du dollar canadien à 0,75 $ US, la Banque du Canada pourrait réduire le taux directeur ou intervenir directement en vendant des dollars canadiens pour acheter des dollars américains sur le marché des changes. Cette mesure augmenterait ses réserves de devises étrangères en dollars américains.

CHAPITRE 10

LA FINANCE INTERNATIONALE

259

Coup d’œil SUR LE PASSÉ

Le taux de change du dollar canadien de 1947 à 2015 : fixe ou flexible ? De juillet 1946 à septembre 1950, le Canada fonctionnait sous un régime de change fixe, soit la fixation et le maintien du taux de change du dollar canadien par rapport au dollar américain, ne pouvant fluctuer qu’à l’intérieur de marges préétablies très étroites. Ainsi, durant ces quatre années, le taux de change cible du dollar canadien par rapport au dollar américain était de 0,9091 $ US, avec une marge de fluctuation de ±1 %. En septembre 1950, craignant les pressions inflationnistes et l’accroissement de sa dette extérieure consécutif à des entrées massives de capitaux au pays, le Canada opte pour un régime de change flexible. Sous ce régime, le taux de change est déterminé par l’offre et la demande de dollars canadiens sur le marché des changes, sans intervention de la Banque centrale (sauf en cas de crise majeure). Au lendemain du changement de régime, le taux de change du dollar canadien grimpe rapidement à 0,95 $ US. De 1952 à 1960, il fluctue entre 1,02 $ US et 1,06 $ US5. Cette décision du Canada allait à l’encontre des accords de Bretton Woods, signés le 22  juillet 1944 aux États-Unis, qui n’autorisaient le recours à un taux de change flexible que de façon temporaire en cas de crise majeure. Ce n’est qu’en 1962 que le

Le taux de change du dollar canadien depuis 1946 Taux de change du dollar canadien par rapport au dollar américain (moyenne annuelle)

1,10

Taux de change fixe

1,00 0,95 0,90 0,85

En 1970, le Canada adopte définitivement un régime de change flexible. Dès l’annonce de cette décision, le taux de change grimpe rapidement pour atteindre la parité avec le dollar américain en 1972, et un sommet de 1,0443 $  US le 25  avril 1974. De 1974 à 2002, le taux de change canadien n’a cessé de baisser, sauf entre 1986 et 1991, pour atteindre un creux record (0,6179 $ US) le 21 janvier 2002. Durant cette période, la Banque du Canada est intervenue afin de contrer les pressions à la baisse qui s’exerçaient sur le taux de change du dollar canadien, et ce, jusqu’en septembre 1998, où elle a mis fin à toutes interventions sur le marché des changes, jugeant celles-ci inefficaces. À partir de 2002, le dollar canadien ne cesse de s’apprécier par rapport à la devise américaine, fracassant le record de 1957 pour atteindre 1,09 $  US au début de novembre 2007. Il s’est ensuite déprécié jusqu’à 0,773 $ US au début de mars 2009, au creux de la récession, pour enfin remonter et se maintenir près de la parité jusqu’en 2013. En dépit de toutes ses prouesses, notre huard est loin du record de tous les temps de 2,78 $ US, inscrit le 11 juillet 1864, au plus fort de la guerre de Sécession américaine6. Depuis 2013, le dollar a recommencé à se déprécier pour atteindre, à la mi-janvier 2016, 0,69 $ US, le plus bas taux atteint depuis la Grande Récession de 2008-2009.

Le 7 novembre 2007, le dollar canadien valait 1,09 $ US.

1,05

Canada retourne à un régime de change fixe. De 1962 à 1970, le taux de change cible du dollar canadien était de 0,925 $ US, avec une marge de fluctuation de ±1 %.

Quelle est la différence entre un régime de change fixe et un régime de change flexible ? Quel était le taux de change cible du dollar canadien de juillet 1946 à septembre 1950 et de 1962 à 1970 ? Quel a été le taux de change du dollar canadien le plus bas et le plus haut jamais atteint jusqu’à maintenant ?

Parité entre le dollar canadien et le dollar américain

0,80 0,75 0,70 0,65 0,60

Creux de 0,6179 $ US atteint le 21 janvier 2002

0,55 0

1950

1960

1970

1980

1990

2000

2010 Année

Source : Banque du Canada, en ligne : www.banqueducanada.ca/taux/taux-de-change/ moyennes-annuelles/ (page consultée le 29 avril 2016).

5.

Les taux de change représentés dans la figure sont des moyennes annuelles ; ils ne rendent pas compte des changements, parfois importants, qui surviennent au cours de chaque année.

6.

Pour une perspective historique détaillée, voir l’excellente monographie de James Powell (2005), Le dollar canadien : une perspective historique, Banque du Canada. Disponible en ligne gratuitement.

260

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Le chapitre 10 en bref 1

Décrire les comptes de la balance des paiements d’un pays, et expliquer la différence entre un emprunteur net et un prêteur net

Solde de la balance des paiements Solde du compte courant + Solde du compte financier ± Divergence statistique Solde du compte courant = Exportations nettes + Revenus primaires nets + Revenus secondaires nets Emprunteur net • Compte courant déficitaire (emprunte plus qu’il ne prête)

Solde du compte capital et financier = Solde du compte capital + Solde du compte financier Solde du compte capital = Entrées de fonds – Sorties de fonds

Solde du compte financier = Investissements étrangers au Canada – Investissements canadiens à l’étranger ± Réserves officielles internationales

Prêteur net • Compte courant excédentaire (prête plus qu’il n’emprunte)

2

Expliquer comment s’établit le taux de change de notre dollar et pourquoi il fluctue

Marché des changes Lieu où s’échangent des devises étrangères contre des devises nationales et où se détermine le taux de change Demande de dollars canadiens Plus le taux de change est bas, plus la quantité demandée de dollars canadiens est importante (mouvement le long de la courbe de demande de dollars canadiens).

Offre de dollars canadiens Plus le taux de change est bas, plus la quantité offerte de dollars canadiens est faible (mouvement le long de la courbe d’offre de dollars canadiens).

Modification de la demande et de l’offre de dollars canadiens • Écart de taux d’intérêt ou de taux d’inflation entre le Canada et les autres pays • Variations du taux de change anticipé

3

Expliquer comment la Banque du Canada pourrait influer sur le taux de change de la devise canadienne

Modification du taux directeur Hausse du taux directeur • Hausse de la demande de dollars canadiens • Baisse de l’offre de dollars canadiens • Appréciation du taux de change de la devise canadienne

Achat ou vente de devises étrangères Achat de dollars canadiens et vente de devises étrangères • Hausse de la demande de dollars canadiens • Appréciation du taux de change de la devise canadienne

Baisse du taux directeur • Baisse de la demande de dollars canadiens • Hausse de l’offre de dollars canadiens • Dépréciation du taux de change de la devise canadienne

Achat de devises étrangères et vente de dollars canadiens • Hausse de l’offre de dollars canadiens • Dépréciation du taux de change de la devise canadienne

CHAPITRE 10

LA FINANCE INTERNATIONALE

Questions de révision Au terme de la section 10.1, Le financement du commerce international, répondez aux questions 1 à 4. 1. Dites si les transactions suivantes représentent une entrée ou une sortie de fonds pour le Canada, et précisez lequel de ces trois soldes elle modifie : le solde du compte courant, le solde du compte capital ou le solde du compte financier. a) Un éleveur de porc de la Beauce expédie 2 000 tonnes de porc au Japon. b) Le gouvernement canadien accroît son aide économique au Darfour de 500 M$. c) Des investisseurs chinois achètent trois des plus grandes mines de charbon du Canada. d) Des fonds de placement américains achètent pour 100 M$ de bons du Trésor canadiens. e) Une entreprise pharmaceutique européenne achète un brevet à une compagnie québécoise. f) Bombardier vend 50 avions Q400 à un transporteur danois. g) Le gouvernement canadien annule la dette de 500 M$ de la Zizanie. h) Un résident canadien expédie 1 000 $ par mois à ses parents au Liban. i) Un Russe émigre au Canada avec sa fortune personnelle. j) La Banque du Canada achète des euros pour le compte du Fonds de change du ministère des Finances canadien. 2. Les données du tableau 1 décrivent l’économie du Pays des Glaces, dont la devise est le glaçon, en 2015. Tableau 1 Poste

(en milliards de glaçons)

Importations de biens et services

250

Exportations de biens et services

150

Revenus primaires nets

-10

Revenus secondaires nets

+35

Entrées de capital

25

Sorties de capital

21

Investissements étrangers au Pays des Glaces

125

Investissements du Pays des Glaces à l’étranger

55

a) b) c) d) e) f)

Calculez le solde du compte courant. Calculez le solde du compte capital Calculez le solde du compte financier. Calculez le solde du compte capital et financier. Calculez la divergence statistique. Le Pays des Glaces est-il un emprunteur net ou un prêteur net ? Pourquoi ?

261

3. Le tableau 2 montre la balance des paiements partielle de trois pays : l’Alpha, le Bêta et le Gamma. Calculez les données manquantes. Tableau 2 Balance des paiements (en milliards de dollars) Alpha Bêta Gamma Compte courant Exportations de biens et services

+200

Importations de biens et services Revenus primaires nets Revenus secondaires nets

+300 -320

-250

+14

-10

-15

-4

+5

Solde du compte courant

-5 +20

Compte capital et financier Compte capital : Entrées de capital Sorties de capital

+20 -10

Solde du compte capital

+15 -10

+10

Compte financier : Investissements étrangers au pays

+80

+100

Investissements du pays à l’étranger Solde du compte financier

+100 -125

-22

Solde du compte capital et financier

-20

Divergence statistique

+2

+20

4. Qu’est-ce qu’un emprunteur net ? Qu’est-ce qu’un prêteur net ? Donnez des exemples de pays qui sont dans cette situation. Au terme de la section 10.2, Le taux de change, répondez aux questions 5 à 8. 5. Toutes choses étant égales par ailleurs, dites si ces événements entraînent une appréciation ou une dépréciation du dollar canadien. a) La FED (la banque centrale des États-Unis) baisse son taux directeur. b) Les cambistes anticipent une baisse du taux de change du dollar canadien par rapport à l’euro. c) La BCE (la Banque centrale européenne) hausse son taux directeur. d) Les cambistes anticipent une appréciation du yen par rapport au dollar canadien dans les mois qui viennent. e) Le taux d’inflation aux États-Unis est plus élevé qu’au Canada.

262

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

6. Laquelle des deux figures illustre l’effet de chacun des événements mentionnés à la question 5. Figure 1

Figure 2

Taux de change (en dollars américains par dollar)

Taux de change (en dollars américains par dollar)

O1

O0 O1

T1 O0

T0 D0

D1

T1 D1

T0 D0

0

Q0

0 Quantité (en G$ par jour)

Q0 Quantité (en G$ par jour)

7. Le dollar canadien s’apprécie. Lesquels des événements suivants peuvent avoir entraîné cette appréciation ? Pourquoi ? a) Les Canadiens achètent de plus en plus d’actions de compagnies étrangères. b) Les étrangers augmentent leurs achats d’obligations canadiennes. c) Les cambistes anticipent une appréciation du dollar. d) Les taux d’intérêt canadiens ont augmenté par rapport à ceux des États-Unis. e) Les taux d’intérêt canadiens ont diminué par rapport à ceux des États-Unis.

8. Le dollar canadien se déprécie. Lesquels des événements suivants peuvent avoir entraîné cette dépréciation ? Pourquoi ? a) Les Canadiens achètent de plus en plus d’actions de compagnies étrangères. b) Les étrangers augmentent leurs achats d’obligations canadiennes. c) Les cambistes anticipent une dépréciation du dollar. d) Les taux d’intérêt canadiens ont augmenté par rapport à ceux des États-Unis. e) Les taux d’intérêt canadiens ont diminué par rapport à ceux des États-Unis. Au terme de la section 10.3, La Banque du Canada et le marché des changes, répondez aux questions 9 et 10. 9. Le dollar canadien s’apprécie pour atteindre 1 $ US. La Banque du Canada décide d’intervenir sur le marché des changes pour le stabiliser. a) Quelles mesures la Banque peut-elle prendre pour atteindre son objectif ? b) La Banque pourrait-elle maintenir ces mesures indéfiniment ? Justifiez votre réponse. 10. Le dollar canadien se déprécie pour atteindre 0,60 $ US. La Banque du Canada décide d’intervenir sur le marché des changes pour le stabiliser. a) Quelles mesures la Banque peut-elle prendre ? b) La Banque pourrait-elle maintenir ces mesures indéfiniment ? Justifiez votre réponse.

CHAPITRE 10

LA FINANCE INTERNATIONALE

Appliquez vos savoir-faire

263

Le huard s’envole ! Depuis le début de l’année 2016, la hausse de l’or noir a fait s’envoler le huard [le dollar canadien]. « Depuis le début de l’année, le baril de pétrole est passé de moins de 30 $ à 41 $ [US] », explique Hendrix Vachon, économiste principal au Mouvement Desjardins. Il montre aussi du doigt les perspectives économiques moins roses aux États-Unis. « Depuis le début de l’année, plusieurs devises ont rebondi par rapport au dollar américain », note l’économiste. Finalement, les bonnes données économiques canadiennes, comme la hausse de l’emploi, ont aussi contribué à hausser la valeur de la monnaie canadienne7. a) Quels événements expliquent le rebond de la devise canadienne depuis le début de l’année 2016 ? b) Ces événements entraînent-ils une appréciation ou une dépréciation du dollar canadien sur le marché des changes ? Expliquez et illustrez votre réponse.

7.

Stéphane DUSSEAULT, « Vacances moins chères avec l’envol du huard », Le journal de Montréal, jeudi 14 avril 2016, http://www.journaldemontreal.com/2016/04/14/vacances-moinscheres-avec-lenvol-du-huard (page consultée le 15 avril 2016).

Depuis le début de l’année 2016, le dollar canadien s’est apprécié par rapport au dollar américain.

MOTS CLÉS Appréciation d’une devise, 247 Balance des paiements, 240 Compte capital et financier, 240 Compte courant, 240 Dépréciation d’une devise, 247

Emprunteur net, 245 Marché des changes, 246 Prêteur net, 245 Réserves officielles internationales du Canada, 241 Taux de change, 247

GLOSSAIRE A Appréciation d’une devise rapport à une autre. (p. 247)

Augmentation de la valeur d’une devise par

Avantage absolu Avantage que détient un pays sur un autre lorsque, pour un bien ou un service, sa production par unité de facteur est supérieure. (p. 225) Avantage comparatif Avantage que détient un pays qui peut produire un bien ou un service à un coût moindre que celui d’un autre pays. (p. 217)

B Balance des paiements Bilan des activités commerciales et financières d’un pays sur la scène internationale pour une période donnée. (p. 240) Banque à charte Entreprise privée qui a obtenu du gouvernement fédéral une charte l’autorisant à recevoir des dépôts et à accorder des prêts. (p. 190) Banque centrale Organisme public qui, dans un pays, est responsable de l’émission des billets de banque, agit comme agent financier du gouvernement central, offre des services bancaires à ce dernier ainsi qu’aux institutions de dépôt, sert de prêteur en dernier ressort à celles-ci, conduit la politique monétaire et s’emploie à favoriser la fiabilité, la solidité, l’efficacité et la compétitivité du système financier. (p. 196)

Budget fédéral Document annuel qui fait état des revenus et des dépenses du gouvernement du Canada, ainsi que du solde budgétaire qui en résulte. (p. 160)

C Caisse populaire ou caisse d’économie Coopérative de crédit de juridiction provinciale possédée et dirigée par ses membres, et qui fournit à ces derniers les mêmes services qu’une banque. (p. 190) Capital Outils, instruments, machinerie, édifices et autres constructions que les entreprises utilisent pour produire des biens et services. (p. 7) Capital humain Savoirs, compétences et habiletés qu’on acquiert par les études, la formation en cours d’emploi et l’expérience de travail. (p. 8) Cession en pension Opération par laquelle la Banque du Canada offre à ses négociants principaux de leur vendre des titres du gouvernement canadien en s’engageant à les leur racheter le jour ouvrable suivant à un prix convenu d’avance ; exerce une pression à la hausse sur le taux du financement à un jour. (p. 200) Ceteris paribus Expression latine qui signifie « toutes choses étant égales par ailleurs », ou, plus explicitement, « si tous les autres facteurs pertinents restent constants ». (p. 18)

Banque du Canada Banque centrale du Canada. (p. 196)

Chômage Situation d’une personne, d’une entreprise ou d’un secteur de l’activité économique caractérisée par le manque de travail. (p. 120)

Barème de demande Liste des quantités demandées d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants. (p. 53)

Chômage cyclique (ou conjoncturel) Chômage dont les fluctuations coïncident avec celles du cycle économique ; augmente en période de récession et diminue en période d’expansion. (p. 121)

Barème d’offre Liste des diverses quantités offertes d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants. (p. 59)

Chômage frictionnel Chômage qui résulte de la mobilité normale de la main-d’œuvre, c’est-à-dire du fait que des gens intègrent ou quittent continuellement le marché du travail. (p. 121)

Barrière commerciale non  tarifaire Toute mesure qui limite le commerce international autre qu’un tarif douanier. (p. 227)

Chômage saisonnier Chômage qui résulte de la baisse du nombre d’emplois en raison de contraintes saisonnières. (p. 121)

Bien ou service final Bien ou service destiné à son utilisateur final, et non à la production d’un autre bien ou d’un autre service. (p. 82)

Chômage structurel Chômage qui apparaît quand le progrès technologique ou la concurrence internationale change les compétences requises pour occuper un emploi ou modifie la localisation des emplois. (p. 121)

Bien ou service inférieur Bien ou service dont la demande diminue quand le revenu augmente, et dont la demande augmente quand le revenu diminue. (p. 55) Bien ou service intermédiaire Bien ou service produit par une entreprise, acheté par une autre entreprise et utilisé dans la production d’un autre bien ou d’un autre service. (p. 82) Bien ou service normal Bien ou service dont la demande augmente quand le revenu augmente, et dont la demande diminue quand le revenu diminue. (p. 55) Biens d’investissement Biens que les entreprises achètent pour accroître leur capacité de production. (p. 6) Biens et services Produits que les êtres humains valorisent et produisent pour satisfaire leurs besoins et leurs désirs ; les biens sont des objets physiques, et les services, des tâches qu’on accomplit pour des gens. (p. 6) Biens et services de consommation Biens et services que des particuliers achètent pour leur jouissance personnelle, et qui contribuent à leur niveau de vie. (p. 6) Biens et services des administrations publiques Biens et services qu’achètent les gouvernements et les administrations publiques. (p. 6) Biens et services d’exportation Biens et services produits dans un pays et vendus dans d’autres pays. (p. 6)

Coefficient de réserves désirées Pourcentage des dépôts que les institutions de dépôt jugent nécessaire de détenir sous forme de réserves. (p. 193) Complément Bien ou service consommé avec un autre. (p. 54) Complément de production Bien ou service produit conjointement avec un autre.  (p. 60) Compte capital et financier Bilan en deux comptes (1) des transferts en capital et des échanges d’actifs intangibles (compte capital), et (2) des investissements étrangers au Canada et des investissements du Canada à l’étranger (compte financier). (p. 240) Compte courant Bilan des recettes et des paiements d’un pays sur la scène internationale pour une période donnée  ; son solde est égal à la valeur des exportations nettes (exportations moins importations), des revenus primaires nets et des revenus secondaires nets. (p. 240) Courbe de demande Représentation graphique du barème de demande, c’est-à-dire des diverses quantités demandées d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants. (p. 53) Courbe des possibilités de production (CPP) Frontière entre les combinaisons de biens et services qu’il est possible de produire et celles qu’il est impossible de produire avec une quantité de ressources fixe et une technologie donnée. (p. 32)

GLOSSAIRE

Courbe d’offre Représentation graphique du barème d’offre, c’est-à-dire des diverses quantités offertes d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants. (p. 59) Coût de la vie Quantité d’argent nécessaire pour se procurer des biens et services au cours d’une période donnée. (p. 108) Coût de renonciation Quantité d’un bien à laquelle il faut renoncer pour obtenir une unité supplémentaire d’un autre bien. (p. 36)

265

E Écart déflationniste Différence entre la valeur du PIB réel d’équilibre et celle du PIB potentiel lorsque l’économie est en équilibre de sous-emploi ; exerce une pression à la baisse sur le niveau général des prix. (p. 149) Écart inflationniste Différence entre la valeur du PIB réel d’équilibre et celle du PIB potentiel lorsque l’économie est en équilibre de suremploi ; exerce une pression à la hausse sur le niveau général des prix. (p. 149)

Expansion soutenue des possibilités de pro-

École classique Selon cette école de pensée, l’économie s’autorégule et reste toujours en équilibre de plein-emploi par l’ajustement automatique des salaires. (p. 150)

Cycle économique Fluctuation périodique mais irrégulière de l’activité économique caractérisée par deux phases – une expansion (qui inclut une phase de reprise) et une récession – et par deux points de retournement – un sommet et un creux. (p. 132)

École keynésienne Selon cette école de pensée, l’économie serait rarement en équilibre de plein-emploi ; pour qu’elle atteigne et maintienne un équilibre de plein-emploi, il faut des politiques budgétaires et monétaires pour régulariser l’activité économique. (p. 151)

D

École monétariste Selon cette école de pensée, l’économie s’autorégule et se maintient en équilibre de plein-emploi pourvu que le taux de croissance de la monnaie demeure constant. (p. 152)

Croissance économique duction. (p. 42)

Déficit budgétaire Solde budgétaire négatif : les dépenses sont supérieures aux revenus. (p. 160) Déflation Situation où le coût de la vie baisse. (p. 111) Délai d’élaboration Temps nécessaire au ministre des Finances pour modifier et présenter un budget et aux parlementaires pour adopter les lois modifiant les impôts ou les dépenses en conséquence. (p. 169)

Économie de marché Économie qui repose strictement sur la coordination par le marché. (p. 14) Économie fermée Économie qui n’entretient de liens avec aucune autre. (p. 10)

Délai de mise en œuvre Temps écoulé entre le moment où les mesures budgétaires ont été adoptées et leur entrée en vigueur. (p. 169)

Économie mixte Économie qui repose sur la coordination par le marché, mais aussi sur la coordination par directives dans la mesure où le gouvernement soumet l’économie de marché à des règles et crée des organismes pour la surveiller. (p. 14)

Délai de perception Temps écoulé avant de connaître l’état exact de la conjoncture économique. (p. 169)

Économie ouverte Économie qui entretient des liens économiques avec d’autres économies nationales. (p. 14)

Délai de transmission de la politique monétaire Délai de 18  à 24 mois avant que les effets de la politique monétaire sur le taux d’inflation et sur l’ensemble de l’économie se fassent sentir. (p. 205)

Économique Science humaine étudiant les choix que font les êtres humains quand ils composent avec la rareté et avec les incitatifs qui influent sur leurs choix. (p. 4)

Demande Relation entre la quantité demandée d’un bien, d’un service ou d’une ressource et son prix, toutes choses étant égales par ailleurs  ; ensemble des diverses quantités demandées à divers prix. (p. 53)

Effet d’éviction des importations Phénomène rencontré lorsqu’une partie de l’augmentation des dépenses de consommation sert à se procurer des biens et services importés au lieu de biens et services produits au Canada. (p. 170)

Demande agrégée Relation entre la quantité demandée de PIB réel et le niveau des prix quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions de dépenses restent constants. (p. 135) Dépenses de consommation Sommes consacrées à l’achat de biens et services de consommation. (p. 84) Dépenses totales des administrations publiques Dépenses en biens et services et investissements publics des gouvernements et des autres administrations publiques du pays. (p. 84) Dépréciation (ou consommation de capital fixe) de l’obsolescence du stock de capital. (p. 89)

Valeur de l’usure et

Effet d’éviction des investissements publics Phénomène rencontré lorsqu’une partie des épargnes des ménages sert à financer les investissements publics au détriment des investissements privés. (p. 169) Emprunteur net Pays dont le compte courant est déficitaire et qui emprunte davantage qu’il ne prête. (p. 244) Entrepreneuriat Type de ressource humaine qui organise les trois autres facteurs de production (le travail, la terre et le capital). (p. 8) Équilibre budgétaire Égalité des revenus et des dépenses budgétaires. (p. 160)

Dépréciation d’une devise Diminution de la valeur d’une devise par rapport à une autre. (p. 247)

Équilibre de plein-emploi PIB potentiel. (p. 148)

Dette brute

Équilibre de sous-emploi Situation où le PIB réel d’équilibre est inférieur au PIB potentiel. (p. 149)

Valeur totale des engagements financiers. (p. 172)

Dette fédérale Valeur de la dette nette moins les actifs non financiers. (p. 172) Dette nette Valeur de la dette brute moins les actifs financiers. (p. 172) Diagramme de dispersion Graphique qui illustre les valeurs d’une variable associées à celles d’une autre variable. (p. 21)

Équilibre de suremploi PIB potentiel. (p. 149)

Situation où le PIB réel d’équilibre est égal au

Situation où le PIB réel d’équilibre dépasse le

Équilibre du marché Équilibre qui survient quand la quantité demandée est égale à la quantité offerte (autrement dit, quand les intentions des acheteurs et celles des producteurs coïncident). (p. 64)

266

GLOSSAIRE

Équilibre macroéconomique Situation où la quantité demandée de PIB réel est égale à la quantité offerte de PIB réel à l’intersection des courbes de demande agrégée et d’offre agrégée. (p. 146) Excédent budgétaire Solde budgétaire positif : les revenus sont supérieurs aux dépenses. (p. 160)

Investissement privé brut Sommes consacrées à l’acquisition de nouveaux biens d’équipement (outils, instruments, machines, bâtiments et autres constructions) ainsi que l’investissement en stocks. (p. 84)

L

Expansion Phase du cycle économique caractérisée par une accélération soutenue de l’activité économique, laquelle se traduit par l’augmentation du PIB réel par habitant et de l’emploi ; débute à un creux et prend fin à un sommet ; inclut une période de reprise. (p. 132)

Loi de la demande Loi selon laquelle, toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité demandée d’un bien diminue si le prix de ce bien augmente, et la quantité demandée d’un bien augmente si le prix de ce bien diminue. (p. 53)

Exportations de biens et services et vendus à l’étranger. (p. 85)

Loi de l’offre Loi selon laquelle, toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité offerte d’un bien augmente si le prix de ce bien augmente, et la quantité offerte d’un bien diminue si le prix de ce bien diminue. (p. 58)

Biens et services produits au Canada

Exportations nettes de biens et services Différence entre la valeur des exportations de biens et services et la valeur des importations de biens et services. (p. 85)

F Facteurs de production Ressources productives qui servent à produire les biens et services ; comprennent la terre, le travail, le capital et l’entrepreneuriat. (p. 7) Frais de la dette Somme des intérêts payés sur la dette, des primes, des commissions, des frais de service et du coût d’émission de nouveaux titres du gouvernement (obligations ou bons du Trésor). (p. 170)

G Graphique à barres (ou graphique de coupe transversale) Graphique qui représente par des bandes horizontales ou verticales les valeurs de chacun des éléments d’un ensemble donné afin d’en faciliter la comparaison. (p. 23)

Loyer plafond Loyer au-delà duquel la location d’un logement devient illégale (voir prix plafond). (p. 72)

M M2 Agrégat monétaire composé du numéraire hors banques, des dépôts détenus par les particuliers dans les banques à charte et des dépôts à vue et à préavis autres que ceux des particuliers, toujours dans les banques à charte. (p. 188) M2+ Agrégat monétaire composé de M2 auquel s’ajoutent tous les autres types de dépôts dans les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire, les caisses populaires, les caisses d’économie et autres institutions financières. (p. 188) Macroéconomie Branche de l’économique qui étudie les effets agrégés (totaux) des choix des individus, des entreprises et des gouvernements sur l’économie nationale et mondiale. (p. 4) Marché Tout ensemble qui réunit des acheteurs (les demandeurs) et des vendeurs (les offreurs) pour leur permettre d’échanger. (p. 52)

H Histogramme (ou graphique de série chronologique) Graphique qui mesure le temps sur l’axe des abscisses, et la variable ou les variables à l’étude sur l’axe des ordonnées. (p. 21)

I Importations de biens et services Biens et services produits à l’étranger qu’achètent les ménages, les entreprises et les administrations publiques du Canada. (p. 85) Impôts nets Différence entre les impôts payés par les ménages et les entreprises et les paiements de transfert ou subventions qu’ils reçoivent de l’État. (p. 85) Incitatif Récompense ou punition (« carotte » ou « bâton ») qui encourage ou décourage une action. (p. 4) Indice des prix à la consommation (IPC) Indicateur de l’évolution du niveau moyen des prix d’un panier fixe de biens et services consommés par un ménage type au cours d’une période donnée. (p. 108) Indice implicite des prix du PIB (IIP) Moyenne des prix courants, exprimée en pourcentage des prix d’une année de référence. (p. 92) Inflation

Loyer Revenu que rapporte la terre. (p. 9)

Situation où le coût de la vie monte. (p. 111)

Institutions de dépôt Banques, caisses populaires, caisses d’économie, sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire qui acceptent les dépôts, accordent des prêts et offrent les services permettant de faire des paiements et d’en recevoir. (p. 190) Instrument de paiement Mécanisme qui permet de faire une transaction ou de régler une dette. (p. 182) Intérêt Revenu que rapporte le capital financier. (p. 9)

Marché des changes Marché où l’on change des devises d’un pays contre celles d’un autre pays. (p. 246) Masse monétaire

Quantité de monnaie en circulation. (p. 188)

Microéconomie Branche de l’économique qui étudie les choix des individus et des entreprises, ainsi que la façon dont ces choix répondent aux incitatifs, interagissent entre eux et subissent l’influence des gouvernements. (p. 4) Modèle économique Représentation schématique d’un aspect donné du monde économique ; description qui ne retient que les éléments essentiels pour expliquer le phénomène étudié. (p. 17) Monnaie Tout bien, jeton, coupon (ou, de nos jours, toute inscription dans la mémoire d’un ordinateur) généralement accepté comme instrument de paiement. (p. 182) Monnaie fiduciaire Monnaie en numéraire qui n’a aucune valeur en soi ; sa valeur repose sur la confiance du public envers l’institution émettrice. (p. 184) Monnaie scripturale Monnaie dématérialisée qui n’existe que sous forme d’écritures comptables (de nos jours, inscrites dans la mémoire d’un ordinateur) et qui est constituée par l’ensemble des dépôts dans les institutions de dépôt. (p. 184) Moyen d’échange Tout bien, jeton, coupon ou toute inscription acceptés en contrepartie de biens et services. (p. 183) Multiplicateur des dépenses publiques Nombre par lequel on multiplie la variation initiale des dépenses publiques pour déterminer la variation finale de la demande agrégée. (p. 165) Multiplicateur des dépôts Nombre par lequel on multiplie une variation initiale des dépôts pour déterminer la variation de la masse monétaire qui en résulte. (p. 194)

GLOSSAIRE

267

Multiplicateur des impôts Nombre par lequel on doit multiplier une variation des impôts pour déterminer l’augmentation finale de la demande agrégée. (p. 166)

Prix plancher Prix en deçà duquel la vente de certains biens, services ou ressources devient illégale. (p. 73)

N

Produit intérieur brut (PIB) Valeur marchande de l’ensemble des biens et services finals produits dans un pays au cours d’une période donnée. (p. 82)

Numéraire Monnaie en espèces (billets de banque et pièces de monnaie) qui a cours légal. (p. 184)

O Offre Relation entre la quantité offerte d’un bien, d’un service ou d’une ressource et son prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants ; ensemble des diverses quantités offertes à divers prix. (p. 58) Offre agrégée Quantité offerte de PIB réel à chaque niveau des prix quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions de production restent constants. (p. 141) Opération sur le marché libre Achat ou vente par la Banque du Canada de titres du gouvernement canadien (bons du Trésor ou obligations). (p. 200)

P Pénurie (ou demande excédentaire) Situation où la quantité demandée excède la quantité offerte. (p. 64) Période de base de l’IPC Période de référence pour laquelle on établit la valeur de l’IPC à 100 ; depuis mai 2007, la période de base de l’IPC est 2002. (p. 108) PIB potentiel Niveau de production que peut soutenir une économie en situation de plein-emploi sans que cela provoque une poussée inflationniste ; se mesure en PIB réel. (p. 148)

Productivité Production par unité de facteur de production. (p. 61)

Produit intérieur brut (PIB) nominal Valeur des biens et services finals produits dans une année donnée, exprimée en dollars de cette même année. (p. 92) Produit intérieur brut (PIB) réel Valeur des biens et services finals produits dans une année donnée, évaluée en dollars constants. (p. 92) Produit intérieur brut (PIB) réel par habitant divisé. (p. 9)

PIB réel d’un pays

Profit (ou perte) Revenu que rapporte l’entrepreneuriat ; peut être positif ou négatif. (p. 9) Protectionnisme Mise en place de mesures visant à restreindre le commerce international. (p. 227)

Q Quantité demandée Quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les acheteurs veulent et peuvent acheter à un prix donné et au cours d’une période donnée. (p. 52) Quantité demandée de PIB réel Quantité totale de biens et services que les consommateurs, les entreprises, les administrations publiques et les étrangers voudraient et pourraient acheter au pays à un niveau de prix donné et au cours d’une période donnée, toutes choses étant égales par ailleurs. (p. 135) Quantité d’équilibre Quantité achetée et vendue au  prix d’équilibre. (p. 64)

Plein-emploi Situation où l’économie produit à pleine capacité en utilisant efficacement toutes ses ressources et où il n’y a aucun chômage cyclique.  (p. 34, 122)

Quantité offerte Quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les producteurs (ou vendeurs) prévoient écouler à un prix donné au cours d’une période donnée. (p. 58)

Poids de la dette Pourcentage correspondant à la dette divisée par le PIB nominal, puis multipliée par 100. (p. 173)

Quantité offerte de PIB réel Quantité totale de biens et services que les entreprises voudraient et pourraient produire à un niveau général des prix donné et au cours d’une période donnée, toutes choses étant égales par ailleurs. (p. 141)

Politique budgétaire Politique économique par laquelle le gouvernement d’un pays utilise le budget de l’État pour influer sur l’emploi, la production et le niveau général des prix. (p. 163) Politique monétaire Ensemble de mesures qui visent à préserver la valeur de la monnaie en maintenant l’inflation à un niveau bas et stable, et ce, en influant sur les taux d’intérêt – lesquels influent à leur tour sur la dépense agrégée, et donc, sur la demande agrégée. (p. 198) Population active meurs. (p. 118)

Ensemble des personnes occupées et des chô-

Population en âge de  travailler Ensemble des personnes âgées de 15 ans et plus. (p. 118)

Quota d’importation Restriction d’importation qui spécifie la quantité maximale d’un bien qu’on peut importer durant une période donnée. (p. 229)

R Rareté Insuffisance des ressources accessibles pour satisfaire tous les besoins exprimés. (p. 4) Récession Phase du cycle économique caractérisée par un ralentissement soutenu de l’activité économique, lequel se traduit par la diminution du PIB réel par habitant et de l’emploi ; débute à un sommet et prend fin à un creux. (p. 132)

Pouvoir libératoire des pièces de monnaie Montant maximal au-delà duquel on n’est plus tenu légalement d’accepter un paiement pour chacune des pièces de monnaie en circulation. (p. 184)

Relation croissante Relation entre deux variables où la variation de l’une entraîne une variation de plus en plus importante de l’autre. (p. 23)

Prêteur net Pays dont le compte courant est excédentaire et qui prête davantage qu’il n’emprunte. (p. 244)

Relation décroissante Relation entre deux variables où la variation de l’une entraîne une variation de moins en moins importante de l’autre. (p. 23)

Prise en pension Opération par laquelle la Banque du Canada offre à ses négociants principaux de leur acheter des titres du gouvernement canadien en s’engageant à les leur revendre le jour ouvrable suivant à un prix convenu d’avance ; exerce une pression à la baisse sur le taux du financement à un jour. (p. 200)

Relation linéaire Relation représentée par une droite dans un graphique. (p. 23)

Prix d’équilibre offerte. (p. 64)

Prix auquel la quantité demandée est égale à la quantité

Prix plafond Prix au-delà duquel la vente de certains biens, services ou ressources devient illégale. (p. 72)

Relation négative (ou relation inverse) Relation entre deux variables qui évoluent dans des directions opposées.  (p. 24) Relation positive (ou relation directe) qui évoluent dans le même sens. (p. 23)

Relation entre deux variables

Reprise Dans la phase d’expansion du cycle économique, période qui part du creux et dure jusqu’à ce que l’activité économique soit revenue au niveau du sommet précédent. (p. 132)

268

GLOSSAIRE

Réserves désirées Somme qu’une institution de dépôt détient dans ses coffres ou a déposée à la Banque du Canada.  (p. 192) Réserves excédentaires Différence entre les dépôts dont une institution dispose et ses réserves désirées. (p. 193) Réserves officielles internationales du Canada ment fédéral en devises étrangères. (p. 241)

Avoirs du gouverne-

Réservoir de valeur Tout bien, jeton, coupon ou toute inscription qu’on peut conserver et échanger ultérieurement contre des biens et services. (p. 183) Ressources productives Ressources servant à produire des biens ou des services : ressources naturelles, travail, ingéniosité humaine, outils et équipements. (p. 4)

Taux d’inflation Pourcentage de variation du niveau des prix (mesuré par l’IPC) d’une année à une autre. (p. 111) Taux d’intérêt nominal Rendement en pourcentage de la valeur nominale d’un prêt ou d’un dépôt. (p. 115) Taux d’intérêt réel Rendement en pourcentage de la valeur réelle (pouvoir d’achat) d’un prêt ou d’un dépôt (soustraire le taux d’inflation du taux nominal). (p. 115) Taux officiel d’escompte Taux d’intérêt minimal auquel les institutions financières à court de réserves peuvent obtenir des avances de fonds de la Banque du Canada. (p. 199) Tendance Mouvement général de la valeur d’une variable dans un sens ou dans l’autre (à la hausse ou à la baisse). (p. 22)

S Sacrifice

Taux de rémunération des dépôts Taux d’intérêt que la Banque du Canada verse sur les réserves que les institutions financières gardent en dépôt chez elle pour un jour. (p. 199)

Fait de renoncer à une chose pour en obtenir une autre. (p. 34)

Salaire Revenu que rapporte le travail. (p. 9) Salaire minimum Salaire en deçà duquel l’embauche de travailleurs devient illégale (voir prix plancher). (p. 73) Salaire nominal Salaire exprimé en dollars courants. (p. 114) Salaire réel Salaire exprimé en dollars constants (dollars de l’année de base), mesurant la quantité de biens et services qu’on peut se  procurer. (p. 114) Société de fiducie et de prêt hypothécaire Institution de dépôt qui reçoit des dépôts, consent des prêts et agit à titre de fiduciaire pour administrer des fonds en fidéicommis. (p. 191) Solde budgétaire taires. (p. 160)

Terre Ressources naturelles qu’on utilise pour produire des biens et services. (p. 7) Théorie économique Ensemble de généralisations qui résument notre compréhension des choix et des comportements des agents économiques ; repose sur des modèles qui ont passé avec succès et à répétition l’épreuve des faits. (p. 17) Travail Temps et efforts que les gens consacrent à la production de biens et services ; inclut le capital humain. (p. 7) Travailleur à temps partiel Personne qui travaille habituellement moins de 30 heures par semaine. (p. 120) Travailleur à temps partiel involontaire Travailleur à temps partiel qui veut du travail à temps plein, mais n’en trouve pas. (p. 120)

Différence entre les revenus et les dépenses budgé-

Travailleur à temps plein Personne qui travaille habituellement 30 heures ou plus par semaine. (p. 120)

Sous-emploi Utilisation incomplète ou inefficace des ressources productives compte tenu de la meilleure technologie accessible. (p. 34)

Travailleur découragé (ou chercheur d’emploi découragé) Personne sans emploi, disponible et désireuse de travailler, mais qui n’était pas activement à la recherche d’un emploi au cours des quatre dernières semaines. (p. 120)

Substitut

Bien ou service qui peut en remplacer un autre. (p. 54)

Substitut de production Bien ou service qui peut être produit à la place d’un autre. (p. 60) Surplus (ou offre excédentaire) Situation où la quantité offerte excède la quantité demandée. (p. 64) Système monétaire canadien Système qui englobe la Banque du Canada et les institutions de dépôt du pays. (p. 190)

T

U Unité de compte services. (p. 183)

Mesure reconnue pour évaluer les prix des biens et

V

Tarif douanier Taxe qu’impose un pays importateur sur un bien importé lorsque ce bien traverse sa frontière. (p. 227) Taux cible du financement à un jour Taux d’intérêt auquel la Banque du Canada aimerait voir les institutions de dépôt se prêter et s’emprunter mutuellement des fonds sur le marché du financement à un jour ; taux directeur de la Banque et point médian d’une fourchette opérationnelle dont la limite supérieure est le taux officiel d’escompte, et la limite inférieure, le taux de rémunération des dépôts. (p. 199) Taux d’activité Pourcentage de la population active au sein de la population en âge de travailler. (p. 119) Taux de change Prix auquel la monnaie d’un pays s’échange contre celle d’un autre pays. (p. 247) Taux de chômage active. (p. 120)

Troc Échange direct de biens et services contre d’autres ; exige la double coïncidence des besoins. (p. 183)

Pourcentage de chômeurs au sein de la population

Taux de chômage naturel Taux de chômage observé en situation de plein-emploi (addition des chômages frictionnel et structurel). (p. 122) Taux d’emploi Pourcentage de personnes occupées au sein de la population en âge de travailler. (p. 119)

Variation de la demande Variation des quantités d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les acheteurs prévoient acheter à divers prix lorsqu’il y a une variation d’un facteur autre que le prix de ce bien, de ce service ou de cette ressource. (p. 54) Variation de la quantité demandée Variation de la quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les acheteurs prévoient acheter lorsqu’il y a une variation du prix de ce bien, de ce service ou de cette ressource. (p. 54) Variation de la quantité offerte Variation de la quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les producteurs prévoient vendre lorsqu’il y a une variation du prix de ce bien, de ce service ou de cette ressource. (p. 59) Variation de l’offre Variation des quantités d’un bien, d’un service ou d’une ressource que les producteurs prévoient vendre à la suite de la variation d’un facteur autre que le prix du bien, du service ou de la ressource. (p. 60)

SOURCES DES PHOTOGRAPHIES Note : L’information de Statistique Canada est utilisée avec la permission de Statistique Canada. Il est interdit aux utilisateurs de reproduire les données et de les rediffuser, telles quelles ou modifiées, à des fins commerciales sans le consentement de Statistique Canada. On peut se renseigner sur l’éventail des données de Statistique Canada en s’adressant aux bureaux régionaux de Statistique Canada, en se rendant sur le site Web de l’organisme à www.statcan.gc.ca ou en composant sans frais le 1 800 263-1136.

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INDEX A Abscisses, axe des –, 20 Accord d’autolimitation des exportations, 231 de libre-échange nord-américain (ALENA), 216 économique et commercial global (AECG), 217 Achat(s) de produits importés, 232 de produits locaux, 232 préférentiels, politiques d’–, 231 Acheteurs, revenu des –, 55 Actions de la banque du Canada, effets en chaîne des –, 204 Activité, taux d’–, 119 Administrations publiques dépenses totales des –, 84 intentions de dépenses des –, 139 AECG (Accord économique et commercial global), 217 ALENA (Accord de libre-échange nordaméricain), 216 APEC (Coopération économique de la zone Asie-Pacifique), 216 Appréciation d’une devise, 247 du dollar canadien de 2002 à 2007, 254 Atteinte de l’équilibre de plein-emploi, 150 selon l’école classique, 151 selon l’école keynésienne, 152 Autolimitation des exportations, accords d’–, 231 Avantage absolu, 225 comparatif, 217 Axe des abscisses, 20 des ordonnées, 20

B Balance commerciale du Québec, 245 des paiements, 240 du Canada depuis 1986, 243 du Canada en 2015, comptes de la –, 242 Banque(s) à charte, 190 centrale, 196 du Canada, 196-209, 255-257 invention des –, 195 Barème d’offre, 58-59 de demande, 53-54 Barres, graphique à –, 22, 23 Barrière commerciale non tarifaire, 227-228, 229-231 Bien ou service final, 82 inférieur, 55

intermédiaire, 82 normal, 55 Biens actuels, substitution entre les – et les biens futurs, 137 apparentés, prix des –, 54-55, 60-61 canadiens, substitution entre les – et les biens importés, 137 commerce international de – au Canada, 216 d’équipement, 84 d’investissement, 6 futurs, substitution entre les biens actuels et les –, 137 importés, substitution entre les biens canadiens et les –, 137 Biens et services, 6 commerce de –, au Canada en 2015, 218 d’exportation, 6 de consommation, 6 des administrations publiques, 6 exportations de –, 85 exportations nettes de –, 85 importations de –, 85 non comptabilisés dans le PIB réel, 97-100 Bitcoin, 187 Budget du Québec de 2016-2017, 162 fédéral, 160

C Caisse d’économie, 190 populaire, 190 Calcul de l’IPC, 109-110 du PIB canadien, 87-91 par la méthode des dépenses, 87-88 par la méthode des revenus, 88-89, 91 par Statistique Canada, 90 réel par Statistique Canada, 95 Canada balance des paiements du – depuis 1986, 243 Banque du –, 196-209 commerce de biens et services au – en 2015, 218 international au –, 216-221 international de biens au –, 216 international de services au –, 216 comptes de la balance des paiements du – en 2015, 242 déflation au –, 112 dépenses du gouvernement du – pour 2016-2017, 160 échanges commerciaux du –, 218 effets en chaîne des actions de la banque du –, 204 évolution de la balance des paiements du – depuis 1986, 243 fonctions de la Banque du –, 197-198

inflation au –, 112 intervention de la Banque du – sur le marché des changes, 257 monnaie au –, 184-187 partenaires commerciaux du –, 216-217 PIB du –, 101 possibilités de production au –, 222-223 récessions au – depuis 1926, 134 réserves officielles internationales du –, 241 revenus du gouvernement du – pour 2016-2017, 160 taux d’inflation au –, 112, 248-249 taux d’intérêt au –, 248, 251 taux d’intérêt au – depuis 1975, 208 Capacité de production de l’économie, 148 Capital, 7 financier, 7 fixe, consommation de –, 89 humain, 8 physique, 7 Carte de crédit, 186 de débit, 186 Cession en pension, 200 Ceteris paribus, 18 Change(s) marché des –, 246, 255-257 demande sur le –, 247-249 intervention de la Banque du Canada sur le –, 257 intervention directe sur le –, 256-257 offre sur le –, 249-253 taux de –, 247, 246-254 anticipé, 249, 251-252 d’équilibre, 253 du dollar canadien de 1947 à 2015, 259 maintien d’un – artificiellement bas, 231 variations du –, 203, 253 volatilité du –, 254 Chèque, 186 Chercheur d’emploi découragé, 120 Chine économie de la –, 44 possibilités de production en –, 222-223 Chômage, 120, 106-124 conjoncturel, 121 cyclique, 121 frictionnel, 121 saisonnier, 121 structurel, 121 taux de –, 120 au Québec, 123 naturel, 122 types de –, 121 Coefficient de réserves désirées, 192 Combinaisons impossibles, 33 possibles, 33 Commerce de biens et services au Canada en 2015, 218 international, 214-232

INDEX

au Canada, 216-221 de biens au Canada, 216 de services au Canada, 216 financement du –, 240-245 gains du –, 222-226 restrictions au –, 227-231 Complément, 54-55 de production, 60 Compte capital et financier, 240-241 courant, 240 de différents pays en 2014, soldes du –, 244 de la balance des paiements du Canada en 2015, 242 unité de –, 183 Consommateurs, intentions de dépenses des –, 138 Consommation de capital fixe, 89 dépenses de –, 84 indice des prix à la –, 108 variation des dépenses de –, 202-203 Contrôle des prix, 72-74 Coopération économique de la zone Asie-Pacifique (APEC), 216 Coordination des décisions économiques, 10-15 par directives, 12, 13 par le marché, 12-13 Coupe transversale, graphique de –, 20, 23 Courbe d’offre, 59 DA, 135-137 de demande, 53-54 des possibilités de production (CPP), 32-35 OA, 141 Cours légal, 184 Coût de la vie, 108, 106-124 de renonciation, 36-40 CPP (courbe des possibilités de production), 32-35 Crédit, cartes de –, 186 Croissance économique, 42, 94 effets de la –, 43 théories de la –, 43 Cuba, 15 Cycle économique, 132 phases du –, 133

D Débit, carte de –, 186 Décideur, 11 Décisions économiques, coordination des –, 10-15 Déficit budgétaire, 160 et dette, 170-175 Déflation, 111 au Canada, 112

Délai d’élaboration, 169 de mise en œuvre, 169 de perception, 169 de transmission de la politique monétaire, 205 Demande, 53, 52-57 agrégée, 135-140 composantes de la –, 135 variations de la –, 137-140 barème de –, 53-54 courbe de –, 53-54 de dollars canadiens, 249 variation de la –, 248-249, 250 effets d’une variation de la –, 65-66 excédentaire, 64 loi de la –, 53 modèle de la – et de l’offre agrégées, 133 sur le marché des changes, 247-249 variation(s) de la –, 54-56 variations simultanées de l’offre et de la –, 67-71 Dépense(s), 82-87 agrégée, 85 calcul du PIB par la méthode des –, 87-88 dans le modèle des flux circulaires, 83-85 de consommation, 84 variation des –, 202-203 du gouvernement du Canada pour 2016-2017, 160 du Québec, 2016-2017, 162 égalité entre les – et les revenus, 85-86 évolution des –, 161 flux circulaires des revenus et des –, 86 intentions de – des administrations publiques, 139 des consommateurs, 138 des entreprises, 138-139 des partenaires commerciaux, 139 publiques effet multiplicateur d’une variation des –, 165, 166 effet multiplicateur des –, 166 effets d’une variation des –, 163-164 multiplicateur des –, 165 totales des administrations publiques, 84 Dépôt(s), 184 bancaires, effet multiplicateur des –, 194 fonctions économiques des institutions de –, 191-192 institutions de –, 190 multiplicateur des –, 194-195 taux de rémunération des –, 199 Dépréciation, 89 d’une devise, 247 du dollar canadien de 1991 à 2002, 254 Détenteur de la dette, 172-173 Dette, 171-173 brute, 172 déficit et –, 170-175 des principales économies avancées, 175 détenteurs de la –, 172-173

271

du Québec, évolution de la – depuis 1998, 174 fédérale, 172 frais de la –, 170-171 nette, 172 poids de la –, 171-173 politique budgétaire et –, 158-176 relation entre les soldes budgétaires et la –, 171, 172 Développement humain, indice de –, 99 Devise, dépréciation d’une –, 247 Diagramme de dispersion, 20-21, 22 Dollar(s) canadien(s) appréciation du – de 2002 à 2007, 254 de 1991 à 2002, 254 demande de –, 249 offre de –, 251 taux de change du – de 1947 à 2015, 259 variation de l’offre de –, 251, 252 de la demande de –, 248-249, 250 de la quantité demandée de –, 247 de la quantité offerte de –, 250 du taux de change du –, 203 Données graphiques, 22

E Écart déflationniste, 149 équilibre de sous-emploi avec –, 150 inflationniste, 149 équilibre de suremploi avec –, 150 Échange(s) commerciaux du canada, 218 gains de l’–, 224-225 moyen d’–, 183 École classique, 150-151 atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’–, 151 keynésienne, 151-152 atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’–, 152 monétariste, 152-153 Économie capacité de production de l’–, 148 de marché, 14 fermée, 10-11 vue d’ensemble d’une –, 11 mixte, 14 ouverte, 14 souterraine, 97-98 Économique, 4 questions fondamentales de l’–, 4-25 Effet d’éviction des importations, 170 des investissements publics, 169 d’un quota, 229 d’un tarif douanier, 228 d’une variation

272

INDEX

des dépenses publiques, 163-164 des impôts, 163-164 du taux directeur sur les taux d’intérêt, 201-202 de la politique monétaire canadienne, 198-200 de richesse, 136 de substitution, 137 des exportations, 247-248 des importations, 250 du profit anticipé, 248, 250 en chaîne d’une variation des taux d’intérêt, 202-204 des actions de la banque du Canada, 204 multiplicateur, 203 ampleur de l’–, 206 d’une variation des dépenses publiques, 165, 166 d’une variation des impôts, 166-167 des dépenses publiques, 166 des dépôts bancaires, 194 Égalité entre les dépenses et les revenus, 85-86 Élaboration, délai d’–, 169 Emploi rapport entre l’– et la population, 119 taux d’–, 119 Emprunt, 209 Emprunteur, 244 Énoncé normatif, 16 positif, 16 Enquête nomenclature de l’–, 118-119 sur la population active, 118 Entrepreneuriat, 8-9 Entreprises, intentions de dépenses des –, 138-139 Environnement, qualité de l’–, 98 Épargne, 85, 209 Équilibre budgétaire, 160 de plein-emploi, 148-149, 150 atteinte de l’–, 150 atteinte de l’– selon l’école classique, 151 atteinte de l’– selon l’école keynésienne, 152 de sous-emploi, 149 avec écart déflationniste, 150 de suremploi, 149 avec écart inflationniste, 150 du marché, 64-70, 252-253 macroéconomique, 146-153 du Québec, évolution de l’–, 149 types d’–, 148-150 prix d’–, 64 quantité d’–, 64 taux de change d’–, 253 Escompte, taux officiel d’–, 199 Éviction, effets d’–, 170 des importations, effet d’–, 170 des investissements publics, effet d’–, 169 Évolution de l’équilibre macroéconomique du Québec, 149 de la balance des paiements du Canada depuis 1986, 243

de la dette du Québec depuis 1998, 174 de la politique monétaire, 207 des dépenses, 161 des revenus, 161 des tarifs douaniers canadiens, 230 du solde budgétaire, 161 Excédent budgétaire, 160 d’exploitation brut, 89 Expansion, 132 des possibilités de production, 42-44 Exportation(s) accords d’autolimitation des –, 231 canadiennes de locomotives, 217-219 de t-shirts, 220 de biens et services, 85 effet des –, 247-248 nettes de biens et services, 85 variation des –, 203 subventions à l’–, 231

F Facteurs de production, 7 qui influent sur la qualité de vie, 97-98 le niveau de vie, 97-98 marchés des –, 12, 17 Finance internationale, 238-259 Financement à un jour opérations sur le marché du –, 200 taux cible du –, 199 taux du –, 202 du commerce international, 240-245 Fluctuation économique, 132-134 Flux circulaires dépenses dans le modèle des –, 83-85 des revenus et des dépenses, 86 revenus dans le modèle des –, 85 Fourchette opérationnelle du taux directeur, 199 Frais de la dette, 170-171 Friedman, Milton, 207

G Gains de l’échange, 224-225 du commerce international, 222-226 Gouvernement du Canada dépenses du – pour 2016-2017, 160 revenus du – pour 2016-2017, 160 du Québec dépenses du – en 2016-2017, 162 revenus du – en 2016-2017, 162 Graphique, 20-25 à barres, 22, 23 construction d’un –, 21 de coupe transversale, 20, 23 de série chronologique, 21 descriptifs, interprétation des –, 20-23 illustrant une relation entre deux variables, 23-25 principe de base de la construction d’un –, 20

H Histogramme, 20, 21, 22 Hypothèse ceteris paribus, 18

I IDH (indice de développement humain), 99 Importation(s) de biens et services, 85 effet d’éviction des –, 170 effet des –, 250 licences d’–, 231 quota d’–, 229 Impôts, 176 effet d’une variation des –, 163-164, 166-167 multiplicateur des –, 166-167 nets, 85 Incitatif, 4 Indicateur(s) de développement humain de l’ONU, 99 du marché du travail, 118-122 Indice de développement humain (IDH), 99 des prix à la consommation (IPC), 108 calcul de l’–, 109-110 construction de l’–, 108-111 panier de l’–, 108 période de base de l’–, 108 implicite des prix du PIB, 92 Inflation, 111 au Canada, 112 taux d’–, 112, 248-249, 251 mesure de l’–, 111 taux d’–, 111 Institutions de dépôt, 190 fonctions économiques des –, 191-192 Instrument de paiement, 182 Intentions de dépenses des administrations publiques, 139 des consommateurs, 138 des entreprises, 138-139 des partenaires commerciaux, 139 Intérêt, 9 effets d’une variation du taux directeur sur les taux d’–, 201-202 effets en chaîne d’une variation des taux d’–, 202-204 individuel, 5 social, 5 taux d’– au Canada, 208, 248, 251 nominal, 115 réel, 115 Intervention de la Banque du Canada sur le marché des changes, 257 directe sur le marché des changes, 256-257 Investissement(s) privé brut, 84 publics, effet d’éviction des –, 169 variation de l’–, 202-203 IPC (indice des prix à la consommation), 108 calcul de l’–, 109-110 construction de l’–, 108-111 panier de l’–, 108 période de base de l’–, 108

INDEX

K Keynes, John Maynard, 164

L Licence d’importation, 231 Liens économiques internationaux, 14 Locomotive, marché de la –, 217-219 Loi de l’offre, 58 de la demande, 53 Loisirs, 98 Loyer, 9 plafond, 72-73

M M2, 188 M2+, 188 Macroéconomie, 4-5 Maintien d’un taux de change artificiellement bas, 231 Marché, 12, 52 coordination par le –, 12-13 de la locomotive, 219 des changes, 246, 255-257 demande sur le –, 247-249 intervention de la banque du Canada sur le –, 257 intervention directe sur le –, 256-257 offre sur le –, 249-253 des facteurs, 12, 17 des produits, 12, 17, 18 du financement à un jour, opérations sur le –, 200 du travail indicateurs du –, 118-122 les trois principaux indicateurs du –, 119-120 du t-shirt, 220-221 économie de –, 14 équilibre du –, 64-70, 252-253 libre, opération sur le –, 200 régulation du –, 64-65 Marshall, Alfred, 70 Masse monétaire, 188 Méthode des dépenses, calcul du PIB par la –, 87-88 des revenus, calcul du PIB par la –, 88-89, 91 Microéconomie, 4 Mise en œuvre, délai de –, 169 Modèle(s) construction de –, 17 de la demande et de l’offre agrégées, 133 des flux circulaires dépenses dans le –, 83-85 revenus dans le –, 85 économique, 17 vérification des –, 17-18 Monnaie, 182, 180-210 au Canada, 184-187 création de –, 190-195 définition de la –, 182 fiduciaire, 184 fonctions de la –, 183 mesures officielles de la –, 188-189 numérique, 187-188 pouvoir libératoire des pièces de –, 184 scripturale, 184 Moyen d’échange, 183

Moyenne pondérée des variations de prix, 110-111 Multiplicateur des dépenses publiques, 165 des impôts, 166-167, 194-195

N Niveau de vie facteurs qui influent sur le –, 97-98 PIB réel et –, 97-100 Norme de santé, 231 de sécurité, 231 Numéraire, 184

O Offre, 58, 58-61 agrégée, 141-145 variations de l’–, 143-145 barème d’–, 58-59 courbe d’–, 59 de dollars canadiens, 251 variation de l’–, 251, 252 effets d’une variation de l’–, 66-67 excédentaire, 64 loi de l’–, 58 modèle de la demande et de l’– agrégées, 133 sur le marché des changes, 249-253 variation de l’–, 60, 59-61 variations simultanées de l’– et de la demande, 67-71 OMC (Organisation mondiale du commerce), 216 Opération sur le marché libre, 200 Ordonnées, axe des –, 20 Organisation mondiale du commerce (OMC), 216 Origine, 20

P Paiement(s) balance des –, 240 comptes de la – du Canada en 2015, 242 du Canada depuis 1986, 243 évolution de la – du Canada depuis 1986, 243 instrument de –, 182 Panier de l’IPC, 108 Papier-monnaie, 187 Partenaires commerciaux du Canada, 216-217, 218 intentions de dépenses des –, 139 Pension cession en –, 200 prise en –, 200 Pénurie, 64 Perception, délai de –, 169 Période de base de l’IPC, 108 Perte, 9 PIB (produit intérieur brut), 82-87 calcul du – canadien, 87-91 par la méthode des dépenses, 87-88 par la méthode des revenus, 88-89, 91 par Statistique Canada, 90 du Canada, 101

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indice implicite des prix du –, 92 nominal, 92-95 potentiel, 148 réel, 92-95 biens et services non comptabilisés dans le –, 97-100 calcul du – par Statistique Canada, 95 et niveau de vie, 97-100 par habitant, 97 quantité demandée de –, 130 quantité offerte de –, 141 Pièces de monnaie, pouvoir libératoire des –, 184 Plein-emploi, 34, 35, 122 atteinte de l’équilibre de –, 150 selon l’école classique, 151 selon l’école keynésienne, 152 des ressources, 34 équilibre de –, 148-149, 150 Poids de la dette, 171-173 Politique budgétaire, 163 à l’œuvre, 167-169 canadienne, 163-170 et dette, 158-176 expansionniste, 167-168 limites de la –, 169-170 restrictive, 168 d’achats préférentiels, 231 monétaire, 198, 196-209 à l’œuvre, 208 canadienne, 198-200, 208 conduite de la –, 205-206 délai de transmission de la –, 205 évolution de la –, 207 expansionniste, 205, 206 restrictive, 206 Population active, 118 Enquête sur la –, 118 en âge de travailler, 118 Possibilités de production au Canada, 222-223 courbe des –, 32-35 en Chine, 222-223 expansion des –, 42-44 Pouvoir libératoire des pièces de monnaie, 184 Prêteur, 244 Prise en pension, 200 Prix à la consommation, indice des –, 108 contrôle des –, 72-74 d’équilibre, 64 des biens apparentés, 54-55, 60-61 du PIB, indice implicite des –, 92 moyenne pondérée des variations de –, 110-111 plafond, 72 plancher, 73-74 relevé mensuel des –, 109 variation du –, 54 Production capacité de – de l’économie, 148 complément de –, 60 courbe des possibilités de –, 32-35 domestique, 97 expansion des possibilités de –, 42-44 limites de la –, 33 possibilités de –, 32-34 au Canada, 222-223

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INDEX

en Chine, 222-223 substitut de –, 60 Productivité, 61 Produit intérieur brut (PIB), 82-83 nominal, 92-95 réel, 92-95 Produits importés, achat de –, 232 locaux, achat de –, 232 marchés des –, 12, 17, 18 Profit, 9, 192 anticipé, effet du –, 248, 250 Protectionnisme, 227

Q Qualité de l’environnement, 98 de vie, facteurs qui influent sur la –, 97-98 Quantité d’équilibre, 64 demandée, 52 de dollars canadiens, variation de la –, 247 de PIB réel, 130 variation de la –, 54 offerte, 58 de dollars canadiens, variation de la –, 250 de PIB réel, 141 variation de la –, 59 Québec balance commerciale du –, 245 budget du – de 2016-2017, 162 dépenses du gouvernement du  – en 2016-2017, 162 évolution de l’équilibre macroéconomique du –, 149 de la dette du – depuis 1998, 174 revenus du gouvernement du – en 2016-2017, 162 taux de chômage au –, 123 Quota d’importation, 229 effets d’un –, 229

R Rapport emploi-population, 119 Rareté, 4, 30-44 Récession(s), 132 au Canada depuis 1926, 134 Régulation du marché, 64-65 Relation croissante, 23 décroissante, 23 directe, 23, 24 entre deux variables, graphique illustrant une –, 23-25 entre les soldes budgétaires et la dette, 171, 172 inverse, 24-25 linéaire, 23 négative, 24-25 croissante, 24 décroissante, 24 linéaire, 24 positive, 23, 24 croissante, 24 décroissante, 24

linéaire, 24 Relevé mensuel des prix, 109 Rémunération des dépôts, taux de –, 199 des salariés, 89 Renonciation, coût de –, 36-40 Reprise, 132 Réserves désirées, 192 coefficient de –, 192 excédentaires, 192 officielles internationales du Canada, 241 Réservoir de valeur, 183 Ressources productives, 4 Restrictions au commerce international, 227-231 Revenu(s), 82-87 agrégé, 85 calcul du PIB par la méthode des –, 88-89, 91 dans le modèle des flux circulaires, 85 des acheteurs, 55 du gouvernement du Canada pour 2016-2017, 160 du Québec, 2016-2017, 162 égalité entre les dépenses et les –, 85-86 évolution des –, 161 flux circulaires des – et des dépenses, 86 mixte brut, 89 Révolution macroéconomique, 164 Ricardo, David, 226 Richesse, effet de –, 136

S Sacrifice, 34-35 absence de –, 34-35 Salaire(s), 9 minimum, 73-74 nominal, 114-115 réel, 114-115 rémunération des –, 89 Santé, normes de –, 231 Schumpeter, Joseph, 43 Sécurité, 192 normes de –, 231 Série chronologique, graphique de –, 21 Services, commerce international de  – au Canada, 216 Situation budgétaire du gouvernement canadien, 160-162 Smith, Adam, 18, 19 Société de fiducie et de prêt hypothécaire, 191 Solde(s) budgétaires, 160 annuels, relation entre les – et la dette, 172 évolution du –, 161 relation entre les – et la dette, 171 du compte courant de différents pays en 2014, 244 Sous-emploi, 34, 35 équilibre de –, 149 avec écart déflationniste, 150 Statistique Canada, calcul du PIB par –, 90, 95 Substitut, 54 de production, 60 Substitution effets de –, 137

entre biens actuels et biens futurs, 137 entre biens canadiens et biens importés, 137 Subventions à l’exportation, 231 Suremploi, équilibre de –, 149 avec écart inflationniste, 150 Surplus, 64 Système monétaire, 190-195 canadien, 190

T Tarif douanier, 227 canadien depuis 1867, 230 effets d’un –, 228 Taux cible du financement à un jour, 199 d’activité, 119 d’emploi, 119 d’inflation, 111 au Canada, 112, 248-249, 251 d’intérêt au Canada, 208, 248, 251 effets d’une variation du taux directeur sur les –, 201-202 effets en chaîne d’une variation des –, 202-204 nominal, 115 réel, 115 de change, 247, 246-254 anticipé, 249, 251-252 d’équilibre, 253 du dollar canadien de 1947 à 2015, 259 du dollar canadien, variation du –, 203 maintien d’un – artificiellement bas, 231 variations du –, 253 volatilité du –, 254 de chômage, 120 au Québec, 123 naturel, 122 de rémunération des dépôts, 199 directeur, 201-202 effets d’une variation du – sur les taux d’intérêt, 201-202 fourchette opérationnelle du –, 199 modification du –, 255-256 du financement à un jour, 202 officiel d’escompte, 199 Temps partiel travailleur à –, 120 travailleur à – involontaire, 120 plein, travailleur à –, 120 Tendance, 22-23 Terre, 7 Théorie économique, 17 de la croissance économique, 43 Transmission de la politique monétaire, délai de –, 205 Travail, 7-8 bénévole, 97 indicateurs du marché du –, 118-122 Travailleur à temps partiel, 120 involontaire, 120 à temps plein, 120 découragé, 120 Troc, 183 T-shirt(s) marché du –, 220-221 exportations canadiennes de –, 220

INDEX

U Unité de compte, 183

V Valeur(s) marchande, 82 nominale, 114-116 réelle, 114-116 réservoir de –, 183 Variable(s) graphique illustrant une relation entre deux –, 23-25 niveau de la variation de la –, 21 sens de la variation de la –, 21 vitesse de la variation de la –, 21 Variation(s) de l’investissement, 202-203 de l’offre, 60, 59-61 agrégée, 143-145 de dollars canadiens, 251, 252 effets d’une –, 66-67 de la demande, 54-56 agrégée, 137-140 de dollars canadiens, 248-249, 250 effets d’une –, 65-66 de la quantité demandée, 54, 247 offerte, 59, 250 de la variable niveau de la –, 21 sens de la –, 21 vitesse de la –, 21 de prix, 54 moyenne pondérée des –, 110-111 des dépenses de consommation, 202-203 publiques, effet d’une –, 163-164, 165, 166 des exportations nettes, 203 des impôts, effets d’une –, 163-164, 166-167 des taux d’intérêt, effets en chaîne d’une –, 202-204 du taux de change, 253 du dollar canadien, 203 du taux directeur, effets d’une – sur les taux d’intérêt, 201-202 Virements électroniques, 186 Volatilité du taux de change, 254

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