Église romane. Chemin de lumière (2001
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Jacques BONVIN Raymond MONTERCY

........ GLISE

ROMAN~

CHEMIN de LUMIERE

/'orientation et le sacré

Du même auteur: - Vierges Noires, la Réponse vient de la Terre Ed. Dervy, 1989. - Église Romane, lieu d'Énergie (en collaboration avec Paul Trilloux), Ed. Dervy, 1990. - La Triple Enceinte Celtique Ed. Mosaïque, 1991 (épuisé). - Triskel Pierre de Vie Ed. Mosaïque, 1992. - Mégalithes, lieux d'Énergie Ed. Mosaïque, 1995. - Dictionnaire Énergétique et Symbolique de l'Art Roman Ed. Mosaïque, 1996. - La Forme et la Pierre Ed. Mosaïque, 1997.

Crédits photographiques: Couverture : Intérieur: Photos et documents Jacques Bonvin, Jean Eynaud, Raymond Montercy, Bruno Sabatier, Max Mandard, Éditions du Zodiaque, CRDP d'Auvergne et X (droits réservés).

Maquette de la couverture: Nathalie Pérus, Moka. ©Mosaïque 2001 Tous droits de traduction, reproduction et adaptation réservés pour tous pays.

ISBN 2 909507 11 4

Jacques Bonvin Raymond Montercy

Église Romane Chemin de Lumière L'orientation et le sacré ...

B.P. 310 -

F 42314 Roanne Cedex

Remerciements

À la dame inconnue pour le rose de ses joues ...

Bruno Sabatier pour son aide photographique. Max et Jeanine Mandard, pour leur éternelle collaboration. Et Jean-Marc Viguier, dont la gentillesse donne parfois un sacré coup de main!

SOMMAIRE

- Introduction Révélation de la lumière. L'échange Terre-Biosphère. Variation séculaire moyenne de la déclinaison et de l'inclinaison et son importance pour la France du VIe au xne siècle. Du ciel, on ne peut que recevoir.

Page ...................................................... 11 - Chapitre 1: De la géobiologie à la géométrie naturelle Les réseaux terrestres et le réseau naturel.

Page ...................................................... 29 -Chapitre 11: De l'orientation, du secret au sacré L'orientation des anciens temples. Techniques d'initialisation solaire. Principes généraux de l'orientation. Le quadrilatère solsticial. Le quadrilatère renversé. La symbolique des orientations. Le carré matière et le carré esprit. Le Chrisme, symbole de l'orientation solaire. Les six directions de l'espace manifesté. L'orientation et les deux colonnes du temple. Du sanctuaire gaulois de Saint-Denis à l'épée de Charlemagne.

Page ................................................... 43 - Chapitre m : La même recherche de la lumière Les grottes de Lascaux. Le site mésolithique de Lepenski Vir. Le quadrilatère de Crucuno. Le palais sumérien de Kish.

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Les propylées de !'Acropole. Le fanum de Sanxay. La rotonde du Saint-Sépulcre et l'église de la Résurrection. L'église mérovingienne de Civaux. L'église carolingienne de Saint-André de Bagé. L'église romane de Dangeau. Le temple de Kailasanatha de Kanchipuram. La mosquée de la Sélimiyé. L'empereur triomphant de Barberini. Saint Michel - Basilique Saint-Marc à Venise. La sportelle de Rocamadour.

Page ...................................................... 87 -Chapitre IV: De l'eau de la terre à l'eau du ciel Symbolique théologique de l'eau. Les eaux d'en haut et les eaux d'en bas. Le baptême par immersion et le baptême par infusion. Propriétés électriques particulières de l'eau. Les bâtisseurs d'églises et les courants d'eau souterrains. Un site guérisseur antique: Grand. Un exemple d'utilisation de l'eau dans une église: la chapelle de Becquerel. L'église rupestre de Vals.

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Page................................................... 151 Chapitre v : L'art de l'envolutement ou la dynamique de la forme L'expérience de forme de Saint Saturnin. La notion de forme

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Page ................................................... 173 Chapitre VI : La porte étroite et la lecture intérieure Le roman est un art fonctionnel. De la pensée logique à la vision anagogique. Les trois niveaux de lecture du symbole. Le quadrivium et la langue des choses. Le lanternais ou les clefs symboliques issues de l'héraldique, d'après Grasset d'Orcet. La langue des choses, l'exemple de Neuvy-Saint-Sépulcre.

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Page ................................................... 181 Chapitre VII : Les chemins d'ombre et de lumière La La La Le

dédicace théologique, solaire et romaine. dédicace géométrique et solsticiale. dédicace symbolique. cheminement luni-solaire.

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Une église luni-solaire, Orcival. La symbolique du tracé solsticial d'Orcival. Une église lunaire, Saint-Saturnin. La symbolique du tracé solsticial de Saint-Saturnin. Une église solaire, Thuret. La symbolique du tracé solsticial de Thuret.

Page................................................... 205 - Conclusion: Page ................................................... 285 - Annexe 1 : Principe technique permettant de tracer le Nord géographique. Page ................................................... 293 - Annexe n : Calcul et tracé du quadrilatère solsticial Page ................................................... 297 - Annexe m : Les pratiques hydrologiques des anciens selon Vitruve Page ................................................... 299 - Annexe IV : Rituel de dédicace d'une église d'après un manuscrit angevin du xne siècle Page................................................... 305 -Annexe v: Les sens de l'écriture et l'histoire d'après Guillaume Durand de Mende Page ................................................... 309 - Bibllo&ra,phie: Page ................................................... 313

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INTRODUCTION

Le premier référentiel de l'homme fut et reste la lumière. Chaque jour elle le marque de son empreinte et il voit son action dans la modification progressive de son environnement. Chaque nuit, il replonge dans la terreur de l'obscurité dont il ne comprend pas le sens. Le soleil en fait, chaque matin l'informe et chaque crépuscule efface l'information du jour que la première lumière du lendemain réactive. Avec des moyens très simples, il commença à observer et à comprendre le principe des cycles journaliers, mensuels et annuels. L'étude de l'ombre portée d'un simple bâton planté reste encore aujourd'hui la solution la plus efficace, mieux qu'une boussole qui peut être perturbée, pour trouver sans la moindre source d'erreur, le nord géographique! Mais la lumière solaire en lui permettant de reconnaître les cycles de la vie à la mort, l'oblige également à considérer les rythmes et les influences de la lune, car l'un ne va pas sans l'autre et leurs effets sont totalement fusionnels dans le cycle de l'évolution. Avec l'aide de la lune, c'est le principe de base d'une véritable cosmogonie qui s'implante alors. La course de la lumière dans l'année désormais règle sa vie sur

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tous les plans, car c'est la seule chose sur laquelle il peut s'appuyer, même si chaque nuit il redoute que l'astre des jours ne revienne pas le lendemain. Dans le même temps, le soleil commence à donner aux hommes la conscience de l'éternité et la révélation de la divinité. Il n'a pas fallu autre chose pour que tous les peuples depuis la création associent leurs divinités à un Dieu solaire ou lunaire. Et nous n'avons pas dérogé à la règle. Le christianisme en tête continue à vénérer un Dieu de lumière, et toutes les actions des hommes pour le servir, depuis la création des premiers temples, sanctuaires et églises utilisent des techniques de repérages pour la construction et une symbolique d'enseignement qui repose essentiellement sur l'utilisation d'un principe solaire et de son reflet lunaire. Mais à notre différence, les populations anciennes, même les plus éloignées, commençaient par voir l'esprit des choses, alors que nous n'en voyons plus que l'apparence. Implanter un sanctuaire avec une pensée anagogique, n'est pas un simple travail de tâcherons, une quantité de pierres et de mortier à assell}bler; non, c'est le principe de vie qui se matérialise car le temple est avant tout l'incarnation de l'œuvre de vie par excellence. Il ne s'agit point d'une œuvre d'architecte, la représentation extérieure est au service de l'incarnation divine, de sa transformation, c'est-à-dire de la nôtre. La christianisation n'a rien fait d'autre que de codifier un principe déjà existant et reconnu, parfois en l'obscurcissant et nous obligeant aujourd'hui à le déchiffrer, voire parfois à l'interpréter; mais il n'y a aucune différence entre le moine bâtisseur qui implante son église ou son monastère et le grand-prêtre égyptien qui détermine l'axe d'Amon pour orienter le temple de Louqsor. Tous les deux répondent à la courbe de la lumière solaire sur le lieu, faisant en sorte que le sanctuaire qu'ils construiront soit en parfaite harmonie avec sa fonction d'une part et avec le lieu qui l'accueille d'autre part. "L'édifice peut parler de toutes les façons, à travers le matériau, les fondations, le plan, l'élévation, la couverture, les lumières, l'orientation, sans oublier le site. L'édifice parle la langue que seul l'esprit peut entendre, c'est l'écriture sa-

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crée . .,i En obsezvant le parcours de la lumière dans le lieu, nous pouvons non seulement nous relier à un principe universel, mais aussi accéder à la compréhension de notre propre lumière intérieure. La première manifestation de Dieu dans la Bible au matin du premier jour est de séparer les ténèbres de la lumière. " Que la lumière soit! .. reste le grand principe de son action. La première lumière qui naît au sanctuaire lui est donnée par son orientation, la deuxième par sa dédicace qui lui imprimera sa réalité spirituelle. C'est elle qui, dans de nombreuses traditions marque l'aube du monde en se séparant de l'obscurité. C'est par le chemin de l'illumination, nom que portait le baptême aux premières heures de l'église, qu'elle transforme le pèlerin en chrétien. Chaque jour dans sa course, l'astre solaire marque par son balayage le rôle de transformation incessant de la lumière. Elle reconnaît les zones d'ombres, qualifie le chaud et le froid, imprime le cycle éternel des jours et des nuits, des saisons et de la vie. En reconnaissant sa course dans le jour et dans l'année, le soleil oblige l'homme à se positionner par rapport à son environnement, à s'orienter dans l'espace et dans le temps et ainsi à prendre en compte la valeur du monde d'en bas et du monde d'en haut. " L'orientation totale de l'homme exige davantage, à savoir un triple accord: l'orientation du sujet animal par rapport à lui-même, l'orientation spatiale par rapport aux points cardinaux terrestres, l'orientation temporelle enfin par rapport aux points cardinaux célestes. L'orientation spatiale s'articule sur l'axe est-ouest marqué par les levers et couchers de soleil. L'orientation temporelle s'articule sur l'axe de rotation du monde, à la fois sudnord et bas-baut. La croisée de ces deux axes majeurs réalise la croix d'orientation totale. La concordance en l'homme des deux orientations animale et spatiale le met en résonance avec le monde terrestre immanent; celle des trois orientations animale, spa1-

R.A. Schwaller de Lubicz, Le temple de l'Homme. Tome m. Dervy. 1977.

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tiale et temporelle, avec le monde supra-temporel transcendant, par et à travers l'environnement terrestre. •2 En reconnaissant la terre, l'homme découvre par là même le ciel qui en marque les limites. Désormais toute sa vie dépendra de l'échange qui s'effectuera entre eux. La terre reste toujours la base, le fondement, la racine alors que le ciel évolue selon les résonances ou les croyances en cosmique ou biosphère; tant il est vrai que l'homme a toujours tendance à regarder plus loin, pour espérer voir très loin et qu'il oublie la terre sur laquelle il marche. Mais chaque jour, où que nous soyons et quelles que soient nos conditions de vie nous sommes tributaires d'un échange qui s'effectue aussi bien de la terre que du cosmos. C'est de cet échange que naîtra notre propre perception du monde, car si nous construisons notre propre terre, du ciel on ne peut que recevoir. C'est une loi à laquelle nous sommes tous soumis. Du ciel chacun reçoit, mais pas forcément la même chose, tout dépend de sa prise de terre. Certaines plantes pour vivre ont besoin d'un fort enracinement pour ne laisser à l'air libre, qu'une faible part d'eux-mêmes afin de recevoir le rayonnement cosmique. D'autres au contraire, se créent une large surface de réception pour accueillir la chaleur solaire et le rayonnement cosmique au détriment d'un faible ancrage de leur enracinement. Ce qui est valable pour les plantes l'est aussi pour le système minéral, pour le monde animal et pour l'homme également. Du cosmique tout le monde reçoit mais pas avec la même intensité, ni avec la même conscience. Ce qui est vrai sur le plan physique - il suffit de regarder les différences de conditions de vie dans les différentes parties du globe - existe aussi sur le plan anagogique et sur le plan spirituel. Du " ciel •, nous recevons tous, mais pas la même chose selon que notre conscience est ouverte ou occultée et que notre volonté spirituelle à percevoir est active ou non. Et ce qu'il en est des hommes se retrouve aussi, nous 2 - Gérard de Champeaux, Dom Sébastien Stercks, Introduction au Monde des Symboles. Éditions du Zodiaque. 1972.

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le verrons, dans les différents pays qui les accueillent. Il est donc normal que la terre soit dans le même cas et qu'elle participe à cet échange. Cette matière géologique, la terre sur laquelle nous vivons et avec laquelle nous sommes en permanence en contact n'est en fait que la peau du globe terrestre. Son centre est constitué par une masse solide, cristalline de ferro-nickel nommée " graine .. ou noyau, d'un diamètre estimé à 2 542 km, et d'une température avoisinant les 5 000 °K. Autour de ce noyau nous rencontrons la zone magmatique la plus fluide qui progressivement, en se refroidissant, modifie sa viscosité et devient de plus en plus élastique en se rapprochant du manteau situé juste sous la croûte terrestre et lié mécaniquement à celle-ci. Ainsi se succèdent les différentes régions internes du globe, activées par les courants de convection de la partie visqueuse. Le champ magnétique terrestre, quant à lui, est généré par les courants électriques qui siègent au sein du noyau, qui se comporte comme un bon conducteur de l'électricité. Son importance est capitale pour les êtres vivants, car il joue le rôle d'un écran très efficace vis-à-vis des vents de particules chargées émises par le soleil. Son action s'étend à toute la partie située à la surface du globe et comprenant tous les êtres vivants et leur milieu. C'est ce qu'on nomme" la biosphère"· Les courants électriques circulent autour du globe terrestre, dans l'ionosphère et bien au-delà dans la magnétosphère. Toute cette activité, soumise à de fréquentes variations, résulte du rayonnement électromagnétique du soleil, des orages magnétiques et des vents solaires. Les particules de magnétite inclues dans les terres cuites et les laves, retracent par analyse, l'évolution des caractéristiques du champ magnétique terrestre au cours de l'histoire de la terre. Dans la phase de refroidissement, lorsque ces particules dépassent leur point de Curie (température voisine de 580 °C), elles s'aimantent dans la direction du champ magnétique terrestre. La terre est le siège d'échanges importants aussi bien dans sa

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Fig. 1: Variation séculaire moyenne de la déclinaison magnétique pour la France

partie interne, que par son environnement extérieur. De façon très simpliste, nous pouvons considérer que les êtres vivants se situent entre deux systèmes de régulation se comportant comme

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des filtres.

Le premier filtre auquel nous avons accès, c'est la surface de la terre sur laquelle se développe la vie. Dans le meilleur des cas la croûte terrestre, associée au manteau, harmonise le produit des échanges provenant de l'activité interne de la terre, courants telluriques 3 compris. Toutefois, nous devrons tenir compte des pollutions technologiques créées par l'homme, qui de nos jours, compromettent sérieusement les échanges terre/biosphère. Le second filtre est quant à lui, constitué par l'ionosphère, localisée autour de la terre à une altitude d'environ 60 km. Cette couche nous protège normalement des rayons cosmiques, mais une fois de plus, la pollution affaiblit actuellement de façon notoire l'activité naturelle de ce filtre au détriment des espèces vivantes. En somme, les êtres vivants sont en relation directe avec la résultante de l'activité naturelle de ces deux " filtres "· C'est la raison pour laquelle, nous pouvons considérer d'une manière totalement symbolique que les énergies de la terre et du ciel sont continuellement unies, et que chaque fois que l'une se modifie, l'autre l'accompagne dans un éternel pas de danse. En conséquence, la biosphère résulte par effet différentiel de la variation permanente de ce flux d'échange énergétique. Globalement, chaque lieu possède ses propres caractéristiques qui sont très souvent déterminées en grande partie par la structure géologique et géophysique de l'espace terrestre concerné. L'observation montre que les êtres vivants choisissent leur lieu de vie en fonction de leurs propres spécificités, physiques, énergétiques ou psychiques. Bien souvent leurs atavismes compliquent les situations et plus particulièrement les choix. Si du ciel nous ne pouvons que recevoir, de la terre nous héritons les énergies qui nous façonnent, car la terre bouge en permanence et elle nous transmet constamment un besoin d'évolution et de changement. 3 - Courants telluriques: courants électriques naturels à caractéristiques variables, circulant en permanence dans le sol, et en relation directe avec le champ magnétique terrestre.

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• 1300 Cathédraled'Albi-1282 Cathédrale de Strasbourg - 1275 ~



Cathédrale de limoges - 1273

'-t.. Ste-Chapelle, Paris - 1248 ~thédrale

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de Beauvais II - 1225 Cathédrale d'Amiens - 1220 Cathédrale de Reims - 1211 ' Cathédrale de Troyes - 1208

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_ 11 9 de Bourges -1168 nne ....._ Notre-Dame de Paris - 1163 N.-Dame du Port - _ ' Cathédrale de Chartres - 1134 Autun - 1160 • Cathédrale de St-Denis - 1132 Orcival-1150 ' Vézelay - 1125 • Moissac -1100 Cluny m - 1089 _ St-Benoît-sur-Loire - 1070 Cathédrale St-Martin de Chapaize - 1030 '1_e Vienne - 1052 St-Philibert de Tournus - 1019 • Cathédrale St-Bénigne de Dijon - 1001 ~.de Metz _ 1024 Paray-le Monial - 999 /

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Chlnon, église Saint-Mexme - 980

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Cluny II - 948 Charlieu - 940 • St-Michel-de-Cuxa - 878 ,



# Cathédrale de Beauvais 1 - 970

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Clunyl- 875 •' Flavigny - 860. _.,,,_.

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de Saint-Gall - 829 Germigny-des-Prés _ 806

800 Fig. 2: La variation séculaire de la déclinaison magnétique pour la France de l'an 800 à l'an 1300 couvre la période où ont été érigées la majorité des églises et des cathédrales de France. En l'an 1000 on avait déjà construit 1108 abbatiales. On en éleva 326 au Xi' siècle, 702 au XII'. Et de la fin du xN siècle à nos jours, à peine une cinquantaine... Saint Bernard, quant à lui, de 1134 à 1153, fonda 164 abbayes qui couvrent toute l'Europe! Les églises présentes dans ce graphique ont été sélectionnées sur la base exacte de leur année de début de construction. Beaucoup d'autres sanctuaires auraient pu être présents si la date de commencement des travaux avait été connue avec précision.

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La vision humaine du bonheur est une idée morte, arrêtée par une nécessité de stabilité. La vie, à l'image du mouvement de la terre n'est qu'une perpétuelle course, une éternelle transformation, dans laquelle nous essayons d'ancrer notre permanence par un besoin de verticalité. La rotation de la terre dans son déplacement apparemment ordonné, influence donc à la fois et la croûte terrestre et les choix de vie de ses habitants, réglementant géographiquement les pays et les nations. Précédemment nous avons relaté l'importance du champ magnétique terrestre. Il s'agit d'un domaine très complexe relié à l'activité générale de la terre et recelant de nombreuses sources d'informations et d'interrogations. Une simple étude de la variation séculaire de l'inclinaison et de la déclinaison magnétique de la planète, montre au niveau de la France, une courbe spécifique qui porte en elle toute notre métamorphose. Le regard que nous souhaitons développer ici au niveau de notre pays, peut également se porter sur toutes les autres nations 4 et il est incontestable que cela nous apporterait des éclairages inédits sur les choix politiques ou religieux des grandes civilisations. Le document que nous vous proposons d'étudier avec nous montre la variation séculaire de la déclinaison magnétique 5 pour la France des origines à nos jours (fig. 1). La carte indique les variations des déclinaisons à droite et à gauche du nord physique avec un maximum de 22° à l'est et 24° à l'ouest. Les mesures faites de l'an XXX à l'an 1666 sont d'origines archéométriques, essentiellement sur des tests comparatifs effectués sur des fours de potiers. En l'an 1666, sous le règne de Louis XIV, les savants d'alors 4 - Nous nous réservons d'ailleurs le droit de développer dans un autre ouvrage les autres aspects (politiques, sociaux, etc.) de ce type d'analyse pour un pays. Le but de cet ouvrage n'étant que d'en explorer la partie religieuse et spirituelle et plus particulièrement la période qui concerne la construction des églises romanes. 5 - La déclinaison marque la variation est-ouest, alors que l'inclinaison indique le mouvement Zénith Nadir, car il faut comprendre que dans le même temps, la courbe monte ou descend par rapport au plan horizontal (voir page 26). Thellier E. 1981: Sur la direction du champ magnétique terrestre en France durant les deux derniers millénaires. Physics of the earth and planetary interiors, V. 24, p. 89/132. ].-]. Delcourt : Magnétisme terrestre. Éditions Masson, 1990.

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Fig. 4: Zones séculaires dépendantes de la déclinaison droite de 350 à 1666.

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1664 : Fondation des Trappistes. 'L.1638 : Louis XIII consacre son roy.wme à la Vierge, par lettres patentes enregistrées devant le Parlement. · ' 1627/1629: Fondation de l'abbaye de Port-Ro)"dl à Paris. \ 1618: St Vmcent de Paul fonde !'Ordre de la visitation les Lal.arlstes et les Filles de la Charité. ~COO\ 16o3 : G~d essor de la vie r~ligie~ ~quée par des mystiques et de nombreuses aconlUéRations : Filles du Calvaire, Visitandines ... "\ 1'78 : St Charles Borromée fonde les Oblats. 1564: St Philippe de Néri fonde la Congrégation de l'Oratoire dont les membres 1 ne prononcent pas de vœux. 1562 : L'édit de Saint-Gennain accorde aux huguenots la liberté de culte en dehors des villes. 150o 1536 : Contre-Réforme avec la compagnie de Jésus. '

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} 1450 : La plupart des villes de France rappellent les Juifs pour réparer leur économie détruite par ,t la guerre de c.ent Ans. 1 1439 : Proclamation officielle de l'existence du Purgatoire. ~ ~t 1438 : Apparition du Gallicanisme, fonnulé par la sanction de Bourges. 1

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t\ 1264 : Institution du culte eucharistique par Urbain IV. 1215 : Le IV' concile de Latran prescrit la confession et la communion annuelle. \ 1207 : Apparition des premiers Ordres Mendiants. \ 1200 : Obligation de la confession. 120~115 : St Bernard fonde l'abbaye de Clairvaux. 1100/1300: apparition du Gothique 1()1)8: St Robert fonde l'ordre Cistercien. \ 1096 : 1~ Croisade, ftoraison d'ordres. t 1090 : Canonisation des saints. 1000/1100 : apparition du Roman

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' I "°•' f/J1•

910: Réforme clunisienne. Près de 3000 communautés rejoindront la Réfonne, rejetant les règles de St Benoît. 0oo /... 815: Découverte du tombeau de l'apôtre, base du pèlerinage de St-Jacques-Oe-Oxnpo. ?Sa. 11t 813: Concile de Tours, ou les évêques décident d'abandonner le latin pour les lectures et les homélies. ~

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,1 629 : Introduction de la règle bénédictine en Gaule. 1

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590: St Colomban fonde le monastère de Luxeuil. 560/610: Arrivée de nombreux missionnaires irlandais en Gaule avec St Colomban. 530: Apparition du chant de louanges ambrosien, le Te deum /audamus. 496 : Baptême de Clovis à Reims.

36o : St Martin établit la première communauté de moines à Ligugé.

Déclinaison droite (ftg.5) reflétant les principaux événements religieux présentant un caractère évolutifpour la France de l'an 330 à l'an 1666.

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1517 : Luther affiche les 95 thèses, début du mouvement réfonné.

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) 1453 : Chute de Constantinople. 1 1440 : Gutemberg imprime les premières Bibles. f 1430 :Jeanne d'Arc, brillée à Rouen. 4 1409 :Après le concile de Pise, l'Église se retrouve avec trois papes: Grégoire XII à Rome, ~ 006 Benoît XIII à Avignon et Alexandre V à Bologne. 't 1377: Le pape retourne à Rome après 70 ans d'exil à Avignon. \..1~28 : Mai"tre Eckhart est taxé d'hérésie. ~323: Le pape Jean XXII intervient contre la laïcisation de la musique d'église.

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\ 1231 : Grégoire IX confie l'inquisition aux Dominicains. 1231 : Grégoire IX donne à l'Université de Paris sa première Charte. •, 1210: François d'Assise crée l'ordre franciscain. 1200\ 1130 : Apparition des premiers vitraux figuratifs dans les églises. 1099: Fondation par Godefroy de Bouillon du Royaume Chrétien de Jérusalem. 1096 : Constantinople accueille les premiers Croisés. +l \1074: Grégoire VII interdit la simonie (achat des fonctions ecclésiastiques) et instaure le célibat des prêtres. 1030 : Apparition de lorgue comme instrument d'église. 100o \ 1026 : Le Credo entre dans la liturgie romaine de la messe.

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1809: Concile d'Aix. Allaire du Filioque 950t 807: Haround-al-Rachid reconnaît aux Francs des droits sur les Lieux saints. «

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!» al 802: L'assemblée impériale décide que tout laïc devra savoir le Pater et le Credo . ..Jl/795: Charlemagne est reconnu par Léon XIII comme Palricius ROff111110f11tn et reçoit les '---• clœ du tombeau de St Pierre et la bannière de Rome. 8oo /.,t 794 : Le Synode de Frandort conclut que lon peut servir Dieu dans toutes les langues. ~ ~· 789: L'Admonitfo Generalts prescrit la construction d'écoles. Désonnais les prêtres devront ~y passer un examen de théologie devant les évêques. Jl'1s1: le VII' concile de Nicée clôt la querelle des images et rétablit l'usage de l'image religieuse. 622: An Ide !'Hégire. Mahomet s'enfuit de La Mecque pour Médine. 610 : Mahomet révèle la doctrine d'Allah. 585: Fondation par Grégoire le Grand de la Schola Cantorum de Rome, où naiîra le chant grégorien. 556: Interdiction de célébrer les cultes païens et instauration du dimanche comme jour de repos. 529: St Benoit de Nursie fonde l'ordre des Bénédictins. t 395 : Partage de lempire romain entre Rome et Bil.anœ. 380: Edit de Théodose, instituant le christianisme comme religion d'état. 325: Concile de Nicée, premier concile œcuménique.

1

Déclinaison droite (fig.6) reflétant certains événements dont les caractères influencèrent la France religieuse de l'an 330 à l'an 1666.

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I~ '1664 : Les religieuses de Port-Royal de Paris sont expulsées à Port-Royal des Champs.

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~'oo\ \ 1572: Massacre de la Saint-Barthélemy. 1 1 560/1590 : Guerre de religions. 1545 : Concile de Trente, condamnation de Luther et Calvin. 15(»/ 1534 : Les Placards, exécution d'hérétiques, début de répression du protestantisme. ' 1534 : Jean CaMn est expulsé de France.

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,t 1394 : Ordonnance royale d'expulsion générale contre les Juifs.

JI 1320 : Arrestation de Juifs, confiscation de leurs biens.

1 1314 : Deux ans de vacances papales. ~ IOOt 1307 : Arrestation de tous les Templiers. 1 1304/1377 : Papauté en Avignon. 304/13o6 : Expulsions massives de Juifs, confiscation de leurs biens. 1303 : Nogaret arrête le pape pour l'empêcher d'excommunier Philippe le Bel. .. -~ 1302 : Boniface VIIl lance la bulle Unam Sanctam contre le roi de France Philippe IV, affirmant la

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subordination stricte de l'État à l'Église. 1229 : Le concile de Toulouse interdit que la Bible soit lue dans la langue locale afin d'empêcher la formation de sectes. 1229-1240 : Grégoire IX, par ses mesures con1re les hérésies, rmforœ le pouvoir de l'inquisition. \ 1 20811243 : Persécutions contre les hérésies. Tragédies cathares. ~ 1198 : Philippe Auguste rappelle les Juifs pour ranimer léconomie moribonde. 1Z011'\ 1184 : lnstilUtion de l'inquisition par le pape Lucius m. 182 : Les Juifs sont expulsés du domaine royal d'Ile-de-France. 181 : Philippe Auguste fait jeter en prison tous les Juifs du Royaume. 1096-1291 : Croisades en Terre Sainte. 1054 : Rupture d{fulltive entre Rome et Constantinople. 100o ~ 102211100 : Apparition et diffusion du Catharisme. I 1010 : !.es]ui& son! trouvés trop llOOlbraix dam des villes conune ~ tt Umogt5, • ilii delielmentdes boucs~ ttson1rnam des villes ~ &licide.

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f_ 882-1081: Schisme avec l'Église d'Orient

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~I 830 : L'évêque de Lyon s'en prend aux Juifs. • ,,.,. 800: La semaine sainte devient en Europe le prétexte à la persécution des Juifs.

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732 - Charles Martel arme l'hégémonie islamique Europe par sa victoire de Poitiers. 7251787 - Querelle des Images.

614: Les évêques et l'aristocratie veulent que tout Juif exerçant un pouvoir civil ou militaire soit converti avec les siens. 600 1 582 : Tentalive de conversion des Juifs qui forment une communauté prospère, premières mesures vexatoires. 50 ~ 484: Premier schisme entre les Églises d'Orient et d'Occident • 431 : Condamnation du Nestorianisme au III' concile de Bizance.

~O ~ 391: Interdiction du paganisme par Théodose. !50 356: Crise religieuse de l'Arianisme. J

Déclinaison droite (fig. 7) reflétant certains événements qui furent pour la France, source de conflits religieux, de l'an 350 à l'an 1666.

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se sont rendu compte que le nord magnétique et le nord physique du globe se sont chevauchés avec une parfaite synchronicité. C'est à partir de ce moment-là que des mesures ont été faites par des observations directes dont le Bureau des Longitudes est l'héritier depuis sa création par la Convention Nationale le 7 messidor an III (25 juin 1795). Ce document (fig. 1) donne la courbe effectuée par la déclinaison, c'est-à-dire la variation entre le nord magnétique et le nord physique, qui est représenté sur le graphique par la ligne verticale du zéro. Le relevé commence en l'an XXX après J.-C. La courbe se décentre vers l'ouest et revient tangenter le nord physique entre l'an 130 et 170. Après quelques soubresauts vers la gauche, elle revient vers l'est en l'an 350, mais c'est au début du vme siècle qu'elle trouve vraiment une expansion plein est et ce, jusqu'à la période charnière de l'an mille. On est là au maximum de la déclinaison est qu'a connue la France avec un décalage de 22°. Puis progressivement la terre se rapproche de son nord pour basculer en déclinaison ouest en 1666. À partir de cette date la dérive à gauche du nord ne fait que s'accentuer pour arriver à un maximum de 24° au moment de la révolution française. Depuis le début du xcxe siècle, une remontée rapide se fait vers l'est et la courbe revient pour passer le point zéro (pour la France), comme elle l'a déjà fait quatre fois dans le passé. Certains physiciens ou des astrophysiciens comme Hubert Reeves disent être réellement troublés par les soubresauts du nord magnétique lorsqu'ils comparent cette dérive à la façon dont se conduisent les humains pendant la même période. Cela sousentendrait qu'il y aurait une interaction, dont l'amplitude varierait selon les individus, entre les conditions d'expression du nord magnétique sur la terre et nos actions, nos désirs et notre manière de nous comporter. Cela reviendrait à dire que c'est la terre elle-même qui nous donne les moyens d'activer les possibles. Du ciel nous ne pouvons que recevoir l'information que la terre nous permet de mettre en cohérence, d'activer et de transformer. On peut ainsi comprendre pourquoi de grandes opportunités ont été

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-16°

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Courbe représentant la varlatüm séculaire de la déclinaison et de l'tnclinaison, de 40 à 1990. Ces mesures sont effectuées par arcbéométrle de 40 à 1600. De 1600 à nos jours il s'agit de mesures d'observatoire. La terre est très souvent assimilée à un aimant gigantesque, qui se mani-

feste par son champ magnétique, totalement variable à la surface du globe. La terre est dotée d'un pôle nord et un pôle sud exprimant plusieurs composantes physiques dont: LA DÉCUNAISON MAGNÉTIQUE qui est l'angle formé entre le nord magnétique et le nord vrai (axe de la terre). La déclinaison est considérée positive, quand l'angle mesuré est à l'est du nord vrai, et négative quand il est à l'ouest. L'INCUNAISON MAGNÉ77QUE est l'angle qui varie entre le plan horizontal du lieu et le champ magnétique total.

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données à la terre tout au long de son histoire et qui sont retombées dans le chaos, parce qu'elles n'ont pas su être reconnues. L'histoire de l'humanité est constellée d'erreurs de ce type. L'étude de la déclinaison nous montre (fig. 1, 3 et 4), que chaque fois que la variation fléchit vers l'ouest, nous accélérons notre emprise sur la matière, alors que chaque fois qu'elle se raproche de la lumière de l'est naissant, elle se libère de la lourdeur de la matière et se spiritualise. Et la période où la courbe s'est déplacée le plus à droite correspond à la plus grande efflorescence spirituelle que n'ait jamais connue notre pays. Le point culminant, avec une dérive de 22°, est marqué par le grand tournant de l'an mille où dans les deux siècles qui suivent il se construit plus d'églises romanes, de cathédrales gothiques, d'abbayes et de monastères (fig. 2) que pendant les derniers huit siècles! Il nous semblait intéressant de regarder - pour la France - l'aspect purement religieux des incidences d'une déclinaison dont les tendances psychotroniques poussent les individus vers la • matière ,, ou vers • l'esprit ,, ; et de voir comment certains événements se sont déroulés dans ce contexte (voir fig. 5 à 7). Les dates et les faits choisis sont donnés à titre de repère uniquement. Tout système en excès entraîne une réaction par défaut. La bascule de la déclinaison 22° est avec son • excès ,, de spiritualité a comme conséquence une réaction, elle-même exagérée mais compréhensible, de l'état de matière. L'ensemble devient donc générateur de conflits (fig.7). Et de la même manière, le maximum de déclinaison ouest entraînera une matérialisation excessive qui ira de la révolution française à la World Company en passant par l'ère industrielle, le marxisme et le capitalisme; avec comme conséquence une déstabilisation spirituelle qui se manifestera par la séparation de l'Église et de l'État, des églises et des écoles fermées sous la pression anticléricale et un concile de transition Vatican II en 1962. Ce que nous essayerons de comprendre et d'étudier tout au long de ce livre c'est comment la lumière dans toutes ses manifestations même les plus inattendues comme celle de la décli-

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naison terrestre influence, sur tous les plans de conscience et les niveaux de résonance l'implantation et le rôle de tout sanctuaire quel qu'il soit. Mais cette courbe nous indique également que nous aussi nous tendons encore, éventuellement, vers le point zéro, et que nous aurons la chance de nous réinitialiser par rapport à la vibration de la terre et l'énergie envoyée du ciel. Quand la courbe passera le zéro, continuera-t-elle son ascension vers la droite chargée de la valeur prophétique de la pseudo phrase attribuée à Malraux: .. Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. ,. ; ou la terre retournera-t-elle à son matérialisme politiquement correct? La seule réponse que nous pouvons apporter dans cette période chaotique est que nous vivons la chance d'avoir le choix. Les évènements que nous vivrons seront la résultante de cette alternative. Ils dépendront aussi bien de notre attitude sur terre que de la manière dont nous orienterons nos pensées dans l'espace. Le champ magnétique bouge et cela nous met dans l'indécision la plus totale. Le seul choix valable sera celui qui nous permettra de puiser en nous-mêmes. Et du ciel on ne peut que recevoir!

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Chapitre 1 DE IA GÉOBIOLOGIEÀ IA GÉOMÉTRIE NATIJRELLE

Notre précédente approche des églises romanes 6 reposait sur la géobiologie et ses correspondances énergétiques avec la construction et la symbolique des chapiteaux. Les résultats que nous avions alors obtenus par la mise en opérativité des techniques géobiologiques, nous avaient fait penser que nous avions trouvé un des moyens d'accéder à la conscience des anciens par le biais de l'énergétique. L'expérience nous a appris depuis à modérer notre propos, car si pour nous la géobiologie a été un excellent moyen de compréhension, elle a été aussi une source d'erreur dans la mesure, où son histoire démontre que son modus operandi ne pouvait être en aucun cas, celui des compagnons bâtisseurs. Il nous appartient donc de corriger les erreurs du passé, et pour éviter au lecteur de se perdre dans des méandres qui seraient trop techniques et sans intérêt, il nous semble important de reprendre un mini historique de la géobiologie pour comprendre l'évolution de notre démarche. On a coutume de faire démarrer la géobiologie avec la découverte par le docteur Ernst Hartmann, du réseau géomagné6 - Voir • Église Romane Lleu d'Énergie •, écrit en collaboration avec Paul Trilloux. Dervy, 1990.

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tique qui porte son nom. C'est en effet en 1961, après plus de dix ans de travaux, que celui-ci mit en évidence à Eberbach am Neckar à côté d'Heildelberg, l'existence d'un gigantesque réseau, présent sur tous les continents et constitué par des croisements de radiations telluriques, connu sous l'appellation de réseau global ou de réseau H (puisque le docteur Hartmann n'a pas souhaité lui laisser son nom, mais tolère qu'on lui donne son initiale). Ce réseau est, théoriquement, constitué par un maillage dont les lignes d'axes sont sensiblement nord sud et est ouest. Les lignes nord sud sont distantes de 2 m environ. Les lignes est ouest, elles, sont écartées de 2,50 m. Elles ont généralement une largeur moyenne de 21 cm. Le docteur Hartmann, ne faisait que compléter en fait, les travaux d'un Français, le docteur François Peyré de Bagnoles de l'Orne qui mit en évidence en 1937 la présence d'un réseau dont les mailles, orientées elles aussi, étaient plus importantes dimensionnellement que celles découvertes par le docteur Hartmann. Il exposa son point de vue dans un ouvrage paru en 1947 et intitulé " Radiations cosmo-telluriques: Rayons Peyré, leur topographie sur toute la planète, leur rapport possible avec la pathologie humaine, animale, végétale et notamment avec le cancer ... Si l'on parle de ces réseaux uniquement maintenant, il ne faut pas croire qu'ils étaient inconnus au cours des siècles précédents. Sous la régence du cardinal de Richelieu, la baronne Martine de Berterau Beausoleil, minéralogiste était surtout connue pour son immense talent de radiesthésiste, avec son mari Jean du Chastelet, baron de Beausoleil radiesthésiste également, mais beaucoup moins doué, elle chercha et trouva toutes les mines or, argent, cuivre, saphirs, turquoises, améthystes et diamants qui commencèrent à être exploitées sous Louis XIII, mais qui firent la richesse de Louis XIV. Son expérience se trouve relatée dans un livre intitulé " La Restitution de Pluton ... Pour eux, ce type de structure était des" réseaux mystiques .. , (car ils ne savaient pas vraiment comment les baptiser par manque de terminologie pour l'époque). Mesmer, qui eut son heure de gloire avec son célèbre baquet, appréhenda également ce type de réseaux, mais son interprétation était tellement noyée

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dans d'autres considérations qu'il ne fut jamais reconnu. Et c'est vraiment au début du xxe siècle que l'on en a réellement pris conscience. Bien d'autres chercheurs ont également exploré ce domaine. Jusqu'à présent, il semblait acquis que ce ne soit là qu'une résultante du champ magnétique et électrique terrestre, mais nous savons aujourd'hui qu'il n'en est rien. Nous aurons l'occasion d'y revenir. Ces dernières années ont suffisamment médiatisé - plus ou moins bien - la géobiologie pour éviter d'aller plus loin. On sait aujourd'hui qu'un croisement de deux lignes de réseau peut être particulièrement nocif et fortement pathogène, quand elles se trouvent à la verticale d'un ou de plusieurs courants d'eau souterrains ou de failles de terrain. Ces points sont appelés géopathogènes et sont la source, s'ils ne sont pas maîtrisés, de nombreuses maladies graves, de cancers et d'affections cardio-vasculaires entre autres. L'utilisation des réseaux géomagnatiques était particulièrement connue des anciens, non seulement pour construire les maisons, mais surtout pour bâtir les lieux sacrés, et c'est sur de tels lieux que, déjà à l'époque néolithique, les hommes érigeaient les" dolmens .. , les" menhirs .. et leurs enceintes sacrées. Bien avant la redécouverte du docteur Hartmann, les bâtisseurs des grandes civilisations antiques connaissaient l'existence des réseaux, aussi bien les Égyptiens, que les Romains, ou que les Chinois qui se servent encore aujourd'hui de l'art millénaire du Feng-Shui. En 1986 " apparurent " les réseaux sacrés (connus également sous le nom de grand réseau global), redécouverts par le Belge Walter Kunnen. En fait, comme il le dit lui-même : "Il n'est nulle-

ment l'inventeur des réseaux géodynamiques, connus par les «sages» d'à peu près toutes les grandes civilisations du passé. Son seul mérite en ce domaine serait celui d'avoir pu situer ces réseaux dans leurs structures originelles (relativement immuables) et d'en pouvoir relever les lignes de force qui remplissent, en quelque sorte, la fonction " d'ondes porteuses » des interférences électromagnétiques propres à l'espace qu'elles parcourent. »

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C'est à partir d'un ouvrage latin qu'il a pu progresser. Il se réfère souvent, en effet, au " Corpus Agrimensorum Romanorum ,. dont l'original, d'après lui, serait conservé dans la bibliothèque du Vatican. Il en possède de larges extraits (les seuls déchiffrables selon lui), avec des commentaires en allemand. Il semble d'ailleurs qu'il n'existe aucune traduction de cette œuvre en français. Il s'agit en fait, toujours selon lui d'un " Corpus ,. réunissant les différents "Codices Graeci et Latini,. de l'époque d'Hadrien, cet empereur" plus grec que romain,. amoureux de l'ordre, de la paix, de la justice, du droit, de la culture et profondément respectueux de l'identité régionale. Il existe sur cet érudit de nombreuses œuvres intéressantes à consulter, de même que l'admirable" Mémoire d'Hadrien,. de Marguerite Yourcenar. La réalité semble légèrement différente. Le" Corpus Agrimensorum Romanorum ,. ne serait pas un document si unique que cela puisqu'on le trouve à la Bibliothèque nationale, dans l'édition du philologue suédois Charles Thulin7 édité à Leipzig en 1913. Cette édition a un appendice avec quarante-huit pages de planches qui sont un relevé des centuriations 8 romaines. Ces différents relevés cadastraux représentent presque toujours les terrains quadrillés avec le plus souvent le croisement des axes majeurs qu'une lecture superficielle pourrait faire prendre pour la matérialisation de réseaux géomagnétiques. Certes il est vrai que l'homme antique avait une conscience cosmique de son monde. Travailler une terre, c'était aussi reproduire le monde des dieux dans la matière, et il était tout à fait naturel pour un arpenteur ro7 - Charles Thulin, philologue suédois, n'a pas eu le temps de terminer son œuvre, brutalement interrompue par sa mort. Il avait eu le temps de donner à la bibliothèque Teubner une collection remarquable de textes antiques du Bas-Empire illustrés de nombreuses photographies, parmi lesquels le fameux Corpus Agrimensorum Romanorum, 1. Opuscula Agrimensorum Veterum (·Corpus des arpenteurs romains. Opuscules des arpenteurs antiques•). L'ensemble a été réédité en 1971. L'affirmation de Walter Kunnen comme quoi ce fameux corpus ne se trouverait qu'à la bibliothèque du Vatican est sans fondement. 8 - Centuriation: division d'une terre en centuries. Une centurie est égale à 200 arpents. Cette ancienne mesure agraire est égale à cent perches, mais sa valeur variait d'une province à l'autre en fonction de la valeur locale de la perche, elle pouvait aller de 20 à 50 ares.

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main de parcourir un terrain dans le sens naturel de circulation des énergies magnétiques de la terre. Mais de là à y voir la représentation de réseaux telluriques ... Parler d'arpentage, tel que le concevaient les anciens ne se limite pas à un travail de parcellisation. Arpenteurs et agronomes déterminaient ensemble la naissance d'un paysage, la création d'une exploitation harmonieuse conforme aux potentialités de l'époque. C'est pourquoi les différents" corpus .. nous parlent également de création et de gestion de paysage, d'organisation agricole, de systèmes de cultures, des formes des champs, de l'orientation des labours et des plantations, des mesures déterminées pour la plantation des arbres et la délimitation des espaces entre eux. C'est toute une approche concertée de l'environnement qui prend même en compte l'implantation des autels du culte. Même s'il est vrai, comme ont pu le démontrer d'innombrables travaux géobiologiques, que les Romains avaient une connaissance parfaite des énergies de la terre, il est difficile d'affirmer avec Walter Kunnen, qu'il existerait une preuve, 130 ans après Jésus-Christ, de la connaissance par les anciens des réseaux géomagnétiques terrestres. D'autant plus que si l'on fait référence aux travaux de Gérard Chouquer et François Favory 9 , il semblerait bien je cite, (page 7)" que les recherches les plus récentes situent la première rédaction du " Corpus Agrimensorum Romanorum .., " le recueil des arpenteurs Romains .., à la fin du V" ou dans les premières années du VIe siècle, au nord de l'Italie dans le milieu gothico-ravennate. "Ce qui n'a plus rien à voir avec l'empereur Hadrien ! Les textes des arpenteurs ont été très tôt recueillis et nous sont parfaitement connus. Le monde médiéval s'y est très tôt intéressé et a exploité les passages consacrés à la géométrie théorique, dont ont découlé les fameux tracés régulateurs qui sont à la base de la science du trait de l'art compagnonnique. Il semble donc bien que ce soit sur une erreur d'interprétation 9 - Pour toutes informations sur les différents corpus, nous renvoyons à l'excellent livre de Gérard Chouquer et François Favory • Les arpenteurs Romains •, paru aux Éditions Errance 1992.

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livresque que Walter Kunnen ait trouvé, sur le terrain, des réseaux qui existent sans aucun doute, mais dont il n'aurait jamais imaginé l'existence sans cela. Par les différentes observations et expérimentations que nous avons effectuées, il apparaît que le réseau naturel est plutôt lié aux caractéristiques solaires en interaction avec le géomagnétisme terrestre. Le tout est plus ou moins bien régulé en fonction de l'activité thermodynamique sous le sol et hors sol de l'espace concerné. Ces structures monopolisent par leur maillage, de façon quasi régulière des régions de l'espace dans lequel nous nous déplaçons. Elles se reproduisent à l'infini sur elle-même, sous forme fractale. Nous avons observé le déplacement nocturne des réseaux, ainsi que l'affaiblissement de leur émergence en fonction du cycle lunaire. Toutefois dès que le soleil se manifeste, ces structures retrouvent leur position et leur intensité d'expression. La géologie est très importante, car selon les constituants du sol, le bruit mécanique de la terre (bruit de fond) varie selon les lieux et intervient de façon notoire sur la structure tridimensionnelle de maillage terrestre naturel. Nous l'avons nommé naturel, car on le trouve systématiquement utilisé dans la construction de tous les sanctuaires, qui sont par excellence des temples solaires. Les réseaux terrestres ont toujours été utilisés par les anciens depuis les temps les plus reculés pour dynamiser un lieu. Les moines constructeurs qui connaissaient leur importance les ont canalisés consciemment par rapport à l'influence vibratoire déterminée qu'ils souhaitaient amplifier dans chaque sanctuaire. Le regard du bâtisseur d'églises se devait d'être holistique, c'est-à-dire qu'il intégrait dans le même concept, les données de la terre et celles du ciel. Et les langages symbolique et théologique se rejoignaient dans une même volonté. Plutôt que d'adopter la méthode de recherche actuelle de ces réseaux, qui fait de nous en fait des médecins légistes, essayons d'avoir la vision du maître d'œuvre sur le terrain, lui qui constam-

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ment reliait ce qui est en haut avec ce qui est en bas. Pour cela, tentons d'emprunter le langage symbolique que le moine constructeur nous a transmis dans la pierre cachée de sa grande œuvre. Les réseaux terrestres ne sont que des états particuliers de la matière qu'il faut concevoir dans une structure dynamique et en volume. Il existe une variété infinie de réseaux harmoniques entre eux qui donnent chacun accès à des informations différentes. Et, de plus, leurs dimensions varient en permanence en fonction de la latitude du lieu et de la géologie locale. Comme tout système dynamique, ils peuvent se polluer, changer de formes et de caractère d'informations. C'est en cela qu'ils peuvent devenir par transformation, inducteurs de pathologies. L'église, le temple, le sanctuaire sont la représentation du ciel sur la terre. Ils subissent en permanence l'influence de deux types d'informations. Une information froide de maturation et de transformation interne, dispersée par les énergies de la lune, et une information chaude de révélation et de concrétisation densifiée par le soleil. La vieille influence entre le jour et la nuit, le solaire et le lunaire, qui nous donne le cheminement interne de l'église, nous permet également de comprendre les répercutions des réseaux terrestres sur notre planète. La première source de vie est la lumière. Symboliquement c'est son chemin que l'église suit, transforme et amplifie. Il n'est donc pas anormal de constater que toutes les constructions anciennes cherchent à canaliser et à dynamiser cette énergie. Ce sont donc les réseaux solaires, et plus particulièrement le quadrillage Peyré, nous le verrons qui ont été utilisés dans les temples anciens et les églises romanes. Ce que nous nommons " Réseaux Sacrés ,. se rattache à la structure des réseaux de type Peyré ou" Solaires"· L'observation nous montre que seule l'attitude psy de l'observateur, lui permet de créer un état particulier qui informe la structure, et la rend " sacrée .. en fonction de sa perception sensible du moment. Dans ce

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type de situation les réseaux jouent le rôle de support d'information et de communication, pour un ou plusieurs individus. Dans un groupe de personnes, généralement peu de participants perçoivent d'emblée cette sensation du " sacré ,. ou plutôt son information, à l'exception de celui qui la crée. Cette situation semble d'autant plus normale que chacun de nous a sa propre vision du monde, donc par là même sa propre notion du" sacré"· C'est la raison pour laquelle la prière, les invocations, les mantras etc. concourent à l'harmonisation des individus, en les préparant progressivement à communiquer s'ils le désirent avec la partie la plus subtile d'eux-mêmes, tout comme avec celle des personnes du groupe auquel ils participent. A ce stade lorsqu'un individu est éveillé à la perception sensible le meilleur et le pire se côtoient, tout est une histoire de choix et de vigilance sur le plan personnel. Pour résumer ce qui vient d'être énoncé les " réseaux sacrés " sont à l'image de celui qui les crée, soit un formidable potentiel lui permettant de se révéler dans sa véritable dimension d'être libre et épanoui, ou bien une source de destabilisation touchant plus précisément le plan psychologique. Les réseaux géomagnétiques et les autres ... quelle que soit leur structure, semblent exercer un rôle d'interface de communication entre les êtres vivants et leur environnement immédiat. Que nous le voulions ou non, nous sommes immergés dans ces structures qui sont la résultante de l'activité terre/biosphère et qui nous servent, entre autre, plus ou moins consciemment de référentiel spatio-temporel. Autant dire tout de suite que ces phénomènes sont connus depuis que l'homme existe, ne serait-ce que par les sensations qu'ils engendrent. Nos ancêtres n'avaient pas les mêmes conditions de vie que les nôtres. Nous vivons une ère technologique avec tous les bienfaits quelle peut nous apporter, en contrepartie le lot des pollutions est loin d'être sans incidence sur le comportement humain au travers de l'activité générée par les mailles sensibles des réseaux géomagnétiques. Ainsi nous pouvons comprendre que les conditions de

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concept et de réalisation d'édifices anciens nous sont difficiles d'accès car les paramètres terrestres ont considérablement évolués, et dans certains cas ne sont plus en corrélation avec les données d'origine de l'édifice. Dans la majorité des régions du monde, les bâtiments sont construits en tenant compte à la fois de la notion du " profane " et du " sacré ,.,autrement dit dans la fusion symbolique et opérative de la matière et de l'esprit. Pour une église romane, le rituel de la dédicace relie l'information des réseaux de l'église à un niveau vibratoire particulier et adapté au lieu. Bien sûr cette sacralisation est différente pour un temple égyptien, un sanctuaire shintoïste, un dolmen église ou une basilique romane. Une fois cette information donnée par la dédicace au réseau devenu désormais sacré en fonction du dogme, la forme même du lieu permettra sa dynamisation permanente. C'est pourquoi il restera immuable. La même résille, à l'extérieur de l'enclos sacré, sera soumise à l'influence du balayage solaire sur le lieu. C'est-àdire qu'au coucher du soleil, son intensité faiblira et qu'elle se déplacera. Il est alors aisé de la localiser à quelques mètres de l'endroit où elle se trouvait dans la journée. Dès le lever du soleil le lendemain matin, elle retrouvera sa place première. Chaque jour en fait le soleil fait le point zéro, il réinitialise l'information s'il existe une programmation initiale, sinon, la nuit l'efface et le lieu retrouve son état originel au matin.

Réseaux naturels, réseaux technologiques C'est en 1937 que le docteur Peyré mit en évidence ses fameuses structures à Bagnoles de l'Orne. Il avait observé des réseaux de grandes tailles et il s'était rendu compte que leurs dimensions variaient selon les différents endroits de la terre où il les mesurait. Pour un réseau de six mètres quatre-vingt-dix à Paris, il en trouvait un de plus de neuf mètres en Équateur. C'est à la fin de la deuxième guerre mondiale que le docteur Hartmann en Allemagne commence ses premières analyses et fait ses premiers tests. La différence de résultats entre les deux

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hommes tient essentiellement au fait que le docteur Peyré a toujours travaillé à l'extérieur, alors que le docteur Hartmann, quant à lui fit ses recherches dans l'hôpital où il exerçait. Or cet hôpital était équipé d'une installation électrique - révolutionnaire pour l'époque - en 110 volts pilotée par un générateur sur la fréquence de 50 hertz. Et toute la différence est là. Le docteur Peyré à toujours travaillé dans des endroits vierges de toute pollution électrique, alors que le docteur Hartmann a établi son référentiel sur les mesures qu'il faisait chaque jour dans un hôpital en béton, soumis à l'agression d'un système électrique. Il y avait forcément une importante différence de perception. Aujourd'hui, notre regard se pose différemment sur ces phénomènes grâce aux travaux de recherche sans cesse réactualisés dans ce domaine. Le présence de champ électrique ou de champ électromagnétique au sein des réseaux naturels 10 transforme ces derniers en créant une maille régulière imposée par la fréquence 50 Hz du courant domestique ou industriel. Dans la plupart des cas, ces conditions relèvent du non-respect par l'homme moderne des lois harmoniques naturelles et de la pollution électrique! Pour les anciens, le réseau naturel était une bénédiction et servait à construire les sanctuaires, les palais et les villes. Pour l'homme moderne, le réseau H est devenu une source de pollution qu'il faut rectifier, réharmoniser ou annuler quand cela est possible. En fait la pollution électrique a deux actions déterminantes. Elle masque le développement des réseaux solaires et elle fixe dans sa densité le réseau H, qui devient alors prédominant. Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui nous baignons en permanence, vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans une ambiance électro10 - Réseau naturel: Concerne le milieu naturel non pollué, structure résille non visible provenant de l'activité d'échange s'éffectuant entre la terre et la biosphère. Réseau Peyré: Structure identique portant le patronyme de son inventeur le Dr Peyré. Réseau solaire: Terminologie créée par R. Montercy, adaptée aux deux précédents réseaux et permettant par le biais des caractéristiques géodésiques locales, de calculer les mesures afférentes au lieu. NOTA: En fait, les trois termes ont la même signification. NDA.

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magnétique plus de dix mille fois supérieure à celle - naturelle du globe terrestre ! Ce qui explique sans doute pourquoi dans les grandes métropoles, il est plus facile de trouver des réseaux Hartmann que des réseaux solaires! En fait pour nous, le réseau H est la concrétisation de l'induction du courant électrique 220 v 50 hertz, domestique et industriel qui alimente la technologie actuelle. Les champs électriques provoqués par ce courant, créent une distorsion au sein de la trame naturelle (réseau Peyré), et la conditionnent sous forme de mailles relativement régulières (2 m x 2,50 m), que l'on rencontre dans tous les lieux alimentés au moyen du courant électrique. Lorsque dans une habitation, on disjoncte à partir du compteur l'installation électrique, le réseau H s'évanouit progressivement au bout d'un certain temps dépendant entre autre des conditions météorologiques, donc des équipotentiels du lieu. À sa place réapparaît alors le réseau naturel, nous laissant ainsi l'accès à l'information subtile du lieu. Un des premiers soucis de la géobiologie a été de s'intéresser en priorité aux réseaux Hartmann. À partir de là, nous avons essayé de construire un système de raisonnement propre à nous permettre d'accéder à la compréhension de certains systèmes universels. Aujourd'hui, preuve nous est donnée que nous nous sommes trompés et que la logique Hartmann n'était pas celle des constructeurs d'église, car ils fonctionnaient avec d'autres données, qui existent toujours et qui sont immuables, car elles sont chaque jour apportées par les échanges du soleil avec la terre. En revanche la découverte du module solaire (ou rayons Peyré), sa compréhension et sa mise en opérativité apportent une réponse plus cohérente. C'est en effet le 8 octobre 1937 à Paris au Congré International de la Presse Scientifique que François Peyré présenta ses travaux et qu'il employa pour la première fois le nom de cosmotelluriques. Pour lui . . . les radiations cosmotelluriques ont dû apparaître dès la formation du globe au premier contact, aux premières interactions des forces cosmiques et terrestres.

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À la façon d'une cristallisation, ou plutôt sous l'action d'une loi analogue à celles d'Oerstedt et d'Ampère sur les courants électriques et magnétiques, ces forces ont réagi et réagissent toujours l'une sur l'autre en s'entrecroisant et se répartissant symétriquement à la surface de la planète. Elles ont ainsi donné naissance à un rayonnement nouveau pratiquement orthogonal se composant de radiations nord-sud d'allure magnétique qui sont parallèles au méridien magnétique et se confondent avec lui, et de radiations est-ouest d'allure électrique qui sont très approximativement perpendiculaires aux premières 11 . Le propre des rayonnements d'allure électrique étant de s'entrecroiser avec ceux d'allure magnétique, de façon très approximativement perpendiculaire, les rayonnements nouvellement découverts devaient se conformer à cette loi. Ils se placent toujours en effet, dans des plans très approximativement perpendiculaires l'un à l'autre. Ce phénomène ressemble à celui qui se passe également dans les rayons électromagnétiques du soleil où les secteurs électriques et magnétiques se situent toujours dans des plans orthogonaux et par conséquent, perpendiculaires entre eux. Il s'agit là d'une propriété fondamentale des radiations électriques et magnétiques. Quoi qu'il en soit la figuration graphique de nos rayonnements peut, sauf de rares déviations locales (comme une masse métallique ou un puits profond, etc.) être représentée comme la figuration sur nos cartes des lignes de longitude et de latitude. La seule différence entre elles, souvent négligeable dans la pratique, c'est que les premières se rattachent au méridien magnétique et les dernières au méridien terrestre. 12 ,.

La seule certitude est la confirmation dans un domaine beaucoup plus vaste de l'apport du docteur Peyré, car on se rendra compte que rattacher le module solaire à un simple constat géo11 - Elles paraissent aussi parallèles à l'équateur magnétique. (Note du D' Peyré). 12 - D'. Peyré François: Radiations cosmotelluriques (rayons Peyré), leur topographie sur toute la planète, leur rapport possible avec la pathologie humaine, animale, végétale et notamment avec le Cancer. La Maison de la Radiésthésie, 1947.

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pathogène est complètement restrictif. C'est en fait la clef, la seule référence qu'ont utilisée les constructeurs et c'est le balayage solaire sur le lieu qui leur donna toutes les clefs d'accès en leur imposant un module propre à chaque latitude.

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Chapitre 11

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DE L'ORIENTATION, DU SECRET AU SACRE

L'orientation des premiers sanctuaires romans s'est peu à peu généralisée à partir du V" siècle. Les temples de traditions celtiques et les églises pré-romanes ont peu à peu déterminé les standards d'exposition des premières églises. Les basiliques romanes marquent alors une rupture totale avec l'habitude romaine de construction des temples. En effet, nous savons avec Vitruve, que les édifices religieux respectaient une logique solaire tout en prenant bien soin de tenir compte des impératifs posés par l'environnement qu'il soit urbain ou rural. "Les temples des dieux doivent être orientés de telle sorte que, pourvu qu'il n'y ait rien qui l'empêche, l'image qui est dans le temple regarde vers le couchant, afin que ceux qui iront sacrifier soient tournés à la fois vers l'orient et vers l'image, et qu'ainsi, en faisant leurs prières, ils voient tout ensemble et le temple et la partie du ciel qui est au levant, et que les statues semblent se lever avec le soleil pour regarder ceux qui les prient dans les sacrifices; enfin il faut toujours que les autels soient tournés au levant. Si néanmoins cela ne se peut pas faire commodément, le temple doit être tourné de telle sorte que du lieu où il sera l'on puisse voir une grande partie de la ville; ou s'il est près d'un fleuve, comme en Égypte, où l'on bâtit les temples sur le bord du Nil,

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il regardera vers la rive du fleuve. La même chose sera aussi observée, si l'on bâtit le temple près d'une grande rue; car il le faudra tourner en sorte que tout le monde puisse le voir et le saluer en passant. .. 13 Les édifices religieux romains étaient par contre à l'opposé de l'habitude égyptienne qui voulait que le matin de la fête du dieu, le rayon du soleil levant pénètre le sanctuaire et vienne illuminer la face du dieu. Ce qui impliquait une extraordinaire connaissance des cycles solaires et du mouvement des astres. 14 Bien que le sacerdoce s'en défende, les maîtres d'œuvre et les imagiers du Moyen Âge ont utilisé les mêmes techniques que tous ceux qui les ont précédés pour orienter les lieux sacrés. Et cette maîtrise qui repose sur l'orientation solsticiale à un endroit déterminé a été constante aussi bien pour construire des églises que pour peindre des fresques ou des icônes ou monter des reliquaires ou des évangéliaires en orfèvrerie. Pourtant, les premiers chrétiens se sont défendu de copier les autres religions qui vénéraient des divinités solaires et qui pour cela se prosternaient face à l'orient. Saint Grégoire de Nysse l'explique en disant que " si nous nous tournons vers l'orient pour prier, ce n'est pas que nous pensions que Dieu y réside, mais c'est parce que nous nous souvenons que notre première patrie, celle que l'homme habitait avant la faute, était du côté de l'Orient "· Théologiquement et selon la prédiction de Zacharie (14), le 13 - Vitruve, les dix livres d'Architectures, Éditions Errance 1999. 14 - De Diodore de Sicile à Hérodote, la plupart des historiens de !'Antiquité ont souligné les immenses connaissances des Égyptiens dans ce domaine: • Il n'y a peutêtre pas de pays où les positions et le mouvement des astres soient observés avec plus d'exactitude qu'en Égypte. Ils conservent depuis un nombre incroyable d'années des registres où ces observations sont consignées. On y trouve des renseignements sur les mouvements des planètes, sur leurs révolutions et leurs stations; de plus sur le rapport de chaque planète avec la naissance des animaux, enfin sur les astres dont l'influence est bonne ou mauvaise. En prédisant aux hommes l'avenir, ces astrologues ont souvent trouvé juste. • Diodore de Sicile 1, LXXXII. Ou encore: • Ils sont les auteurs de diverses inventions, telles que celles de désigner à quel dieu chaque mois et chaque jour est consacré ... • Hérodote, II, LXXXII. Cf.: Florence Quentin: L'Égypte la Belle au Sable Dormant. Studio Philippe Biermé. 1994.

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Christ doit revenir sur le mont des Oliviers à l'ouest de Jérusalem et c'est pour l'accueillir que l'officiant tournait le dos aux fidèles. Ce n'est bien entendu plus l'attitude du prêtre d'aujourd'hui qui depuis le concile de Vatican II tourne le dos à la lumière. Il est vrai que c'est dans les premières églises de la chrétienté, notamment les grandes basiliques comme Saint-Jean de Latran ou SaintPierre à Rome, le Saint-Sépulcre à Jérusalem que pour la première fois ont été déplacés les autels. Afin de récupérer la structure de l'église primitive et la configuration propre au lieu, l'église SaintPierre de Rome a été construite face à l'occident, à l'inverse de toutes les églises de la chrétienté. C'est pour cela que son autel a été inversé dès son origine, et que le prêtre s'il tourne le dos aux fidèles est en fait dans l'axe de la course de la lumière solaire, conformément aux écritures. Dans l'Exode (26,15), c'est Dieu lui même qui non seulement décrit d'une manière assez compliquée, comment doit être placée la tente qui recevra le Tabernacle, mais en plus indique son orientation. Ezéchiel ne dit pas autre chose dans sa vision (47,1), où il voit le temple futur tourné vers l'orient. 15 Et même si certains théologiens comme Walafrid Strabon proclamaient au IX" siècle que Dieu était partout et que de ce fait il n'y avait aucune obligation d'orienter les églises, de nombreuses raisons théologiques ont été invoquées pour tenter d'expliquer la 15 - ·Il me reste maintenant à vous parler de l'orientation des premiers édifices chrétiens. Les basiliques païennes, placées sur un des côtés du forum, n'avaient aucune orientation consacrée. L'emplacement seul décidait de la position de la façade principale comme décoration. Lorsque l'on se servit de ces monuments pour la célébration des cérémonies religieuses, on dut peu s'attacher à ce défaut d'orientation; et lorsque l'on construisit des édifices spéciaux sur le même modèle ou d'une forme différente, on les orienta généralement d'une manière uniforme, mais tout à fait différente de celle adoptée depuis, c'est-à-dire que la façade principale était à l'est et l'apside à l'ouest. On a dû chercher les causes de cette différence; quelques antiquaires ont pensé que l'on avait voulu conserver la tradition du tabernacle de Moïse et du temple de Salomon, d'autres ont cru que l'on pouvait trouver une raison de cet arrangement, contraire à celui du Moyen Âge, dans la manière dont les autels primitifs étaient construits. Vous savez que dans les premiers siècles, le prêtre, placé derrière l'autel pour officier, regardait le peuple. Il faisait par conséquent face à l'orient. • A. Mallay: Cours élémentaire d'Archéologie Sacrée, à l'usage des élèves du Grand Séminaire de ClermontFerrand. Thibaud-Landriot. 1844.

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N nécessité d'orienter les églises 16 • C'est pourquoi la tradition veut que les églises soient généralement orientées face à Jérusalem, et le prêtre dit la messe face à l'est. E En fait l'association de Jérusalem avec l'orient, n'est en fait qu'une projection mystique. Science et Vie (dans son numéro 678 de mars 1974) areFig. 1 s porté sur une carte l'orientation moyenne des églises compte tenu des décalages moyens, habituellement observés (de+ 5° à+ 14°. Certaines églises comme Orcival offrent un décalage de 45° par rapport à l'est!) On s'est aperçu alors que ce n'était pas Jérusalem qui était l'axe d'orientation, mais ... la Crimée.

En fait il s'agit d'une méthode alliant à la fois l'initialisation solaire parfaite et sa représentation par le tracé. Le tout rejoint une symbolique théologique parfaitement justifiée par la position du carré renversé, symbolisme rattaché au Père (alors que le carré à plat est relié à la mère), chaque angle du carré se trouve sur un point cardinal. Cette figure (Fig. 1) est la première que l'on obtient après avoir tracé les axes cardinaux et le cercle qui permet de dimensionner le futur carré. Religion solaire par évidence, le christianisme a imposé en fait à ses bâtisseurs des sanctuaires qui respectent la course de l'astre 16 - • Elle doit être aussi bâtie de telle sorte que la tête regarde droit vers l'orient. Le chevet de l'église sera donc tourné vers le lever équinoxial du soleil pour signifier que l'église, qui combat sur la terre, doit se conduire avec modération et égalité d'âme dans la joie comme dans les afflictions; et il ne faut pas tourner le chevet vers le lever du solstice comme font quelques-uns. Au reste, si les murs de Jérusalem, qui est bâtie comme une cité, doivent être élevés par les Juifs selon l'ordre du Seigneur, comme le dit le prophète, avec combien plus de raison aussi devons-nous édifier les murs de notre église? • Guillaume Durand de Mende : Manuel pour comprendre la signification symbolique des cathédrales et des églises. La Maison de Vie Éditeur, 1996.

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des jours. Et les relevés solsticiaux à un endroit donné sont, nous allons le voir la clef unique, la référence indispensable pour accéder à la volonté cachée du constructeur ou de l'imagier.

Principes généraux de l'orientation Le soleil est indispensable à la vie, il cadence nos rythmes biologiques, nos alternances de travail et de repos. Cette permanence fait que sur terre tous les lieux et par voie de conséquence tous les individus sont sujets au balayage solaire. Au cours du temps, par le moyen de la transmission gestuelle, orale et écrite, la capitalisation de cette connaissance a permis l'émergence d'un savoir sous-tendu par une réelle interprétation symbolique que nous retrouvons fréquemment manifestée dans les constructions anciennes, quelles soient civiles ou à caractère religieux. Il est vrai qu'en ces temps plus reculés, le profane et le sacré cohabitaient sans être séparés, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Quelle que soit la situation envisagée cela n'a en aucune façon évité les conflits entre hommes, toutefois la rencontre du profane et du sacré a largement contribué à l'efflorescence de l'art liturgique, nous avons encore à ce jour de nombreux édifices témoignant de ces caractéristiques solaires utilisées en fonction du lieu, donc de la latitude. Selon la position du soleil, heure après heure, jour après jour, saison après saison, l'ombre portée par un arbre, un rocher, varie en intensité de contraste au sol et en longueur projetée en fonction de la hauteur du soleil. La mise en place du premier gnomon, matérialisé par un bâton planté à même la terre s'est avéré rapidement être l'instrument sommaire et efficace pour repérer la direction et effectuer la mesure de l'ombre à un moment précis.17 17 - • Il y a des choses dans la gnomonique qui semblent avoir été inventées par un esprit divin, tant elles paraissent admirables à ceux qui les considèrent avec attention, comme de voir que l'ombre d'un gnomon, pendant l'équinoxe, est de différente grandeur à Athènes, à Alexandrie, à Rome, à Plaisance, et en d'autres lieux de la terre; .. .

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Cette ombre ne peut exister sans la lumière, elle nous montre symboliquement l'endroit et l'envers de toute chose; c'est une marque impalpable qui se concrétise à la surface du sol dès que le bâton s'unit à la terre. Trois acteurs participent à cette opération toute simple mais néanmoins magique pour les premiers hommes. Le premier n'est autre que le support, la Terre nourricière la Mère du vivant, sur laquelle vient s'implanter tel un omphalos le bâton, second acteur animé par l'homme, véritable incarnation reconnue par le père Soleil, troisième acteur indispensable à la scène qui légitime ainsi la naissance de l'ombre portée, véritable interface entre la matière et l'esprit. Cette simple opération peut paraître banale de prime abord mais pour l'observateur attentionné, comme nous l'avons précédemment évoqué, la longueur de cette ombre varie en fonction des heures de la journée, en fonction des jours, en fonction des saisons. Le jour du solstice d'été, à midi lorsque le soleil est au plus haut, à son zénith (ce moment est nommé midi solaire), l'ombre est la plus courte et contrastée au maximum. En contrepartie à midi solaire le jour du solstice d'hiver, l'ombre est la plus longue de l'année et sa marque, vers son extrémité de projection relativement diffuse. Avec une réserve concernant la qualité du temps! Entre ces deux extrêmes, deux périodes de l'année, offrent la même longueur d'ombre, ce sont les passages de l'équinoxe de printemps (premier temps), et de l'équinoxe d'automne, véritables médiateurs entre les maxima et minima solaires. En marquant le déplacement de l'ombre au cours de la journée, grâce à l'ombre portée par le bâton les premiers observa. . . et que par cette raison les cadrans sont différents quand on change de lieu. Car c'est suivant la grandeur des ombres équinoxiales que l'on décrit les analemmes, et ce sont eux qui règlent les heures selon les lieux et l'ombre des gnomons. L'analemme n'est autre chose qu'une pratique acquise par l'expérience pour bien tracer le cours du soleil, selon !'accourcissement qui arrive aux ombres depuis le solstice d'hiver, et par laquelle aussi, à l'aide du compas bien conduit, l'on décrit tous les effets que cet astre produit dans le monde. ·Vitruve, Les Dix Livres d'Architecture. (Des choses qui appartiennent à la gnomonique, lesquelles ont été trouvées par les rayons du soleil. Livre Neuvième, chapitre 1.) Éditions Errance, 1999.

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teurs témoins de ce phénoN mène ont rapidement comCse pris l'intérêt de cette pratique. Ainsi il devenait possible de déterminer la diEq rection et viser l'endroit autour duquel tourne la terre. Nous le nommons aujourLsh Csh 18 d'hui nord géographique. Fig.3 Ce point de rotation est observable de nuit grâce aux étoiles circumpolaires, de jour on obtient la direction par le soleil. Il est aisé de concevoir que dès la plus haute antiquité, les hommes de par leurs observations, aient remarqué tout simplement que le soleil ne se lève pas et ne se couche pas au même endroit selon les saisons. Analogiquement il est bien admis que le lever du soleil représente la naissance, par l'apparition progressive du disque solaire. Le coucher du soleil, à l'opposé du lever symbolise quant à lui la mort, la transformation, par la disparition de l'astre solaire. De ce fait la lumière du jour est comparée au déroulement de la vie; la nuit en revanche marque le passage par les ténèbres, là où les yeux ne voient plus le monde des vivants. Transposé sur l'année, par la succession des quatre saisons, nous retrouvons ce même cadencement symbolique relié à la vie, à la mort, à la renaissance. Il importe de noter que chaque lieu a ses propres caractéristiques solaires, qui varient en fonction de la latitude concernée, entre autres remarques les levers et couchers solsticiaux sont les maxima et minima de l'éclairage solaire pour le lieu. Leur position est toujours symétrique par rapport à l'axe équinoxial et permet de déterminer les directions solsticiales, très importantes dans la symbolique du constructeur (Fig. 3), nous l'aborderons ultérieurement. Une fois les directions solsticiales, reconnues, le maître d'œuvre trace le cercle qui rend possible la construction du quadrilatère créé par les axes solsticiaux et le 18 - Voir l'annexe graphique.

1,

à la fin de l'ouvrage pour apprendre à déterminer le nord géo-

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cercle. En matière de géoN métrie sacrée le cercle est symbole de déité, dans Cse cette figure s'inscrit la première géométrie des caractéristiques du lieu, le rectangle engendré par la source solaire (fig 4 et 4 bis). Le printemps, représente alors le retour à la Lsh vie symbolisé par le reFig. 4 nouveau de la nature. C'est à partir du mois de mars que s'effectue la montée vers le solstice d'été, c'est, pour les anciens, l'accès au " monde du haut "· L'automne, saison fortement marquée par la fin du cycle végétal, plutôt qu'un déclin, annonce véritablement la période d'entrée dans le " monde du bas ... En fait l'observation et les relevés montrent que la ligue équinoxiale déterminée par les levers et les couchers du soleil le jour des équinoxes représente ce que nous nommons l'est ou l'orient, là où le soleil se lève. Le lever du soleil solstice d'été se positionne entre le nord et l'est, et son coucher entre le nord et l'ouest en fonction de la latitude. Par le même principe le lever du soleil au solstice d'hiver se situe à l'opposé entre l'est et le sud, et son coucher entre le sud et l'ouest. La première caractéristique de cette mécanique solaire laisse apparaître huit directions fondamentales : - Quatre de ces directions indiquent les levers et les couchers du soleil le jour du solstice d'été et le jour du solstice d'hiver. - Les quatre autres orientations ne sont ni plus ni moins, que les axes cardinaux. L'axe nord-sud, nommé cardo, - nom du gond - en latin, implique la notion de basculement au point culminant de la course solaire, le midi vrai, situé entre le lever et le coucher du soleil, là où l'ombre est la plus courte.

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N L'axe transversal estouest est souvent qualifié de decumanus, ancienne mesure provenant de la division de la brasse en dix parties d'une main chacune. Sur ce même axe se matérialisent les levers et couchers du soleil à l'équinoxe de printemps et à l'équinoxe d'automne. Fig. 4 bis Symboliquement, il s'agit de l'axe de médiation entre le monde du haut et le monde du bas. Il est donc facile de saisir tout l'intérêt que suscite le repérage des directions solsticiales. L'angle de balayage compris entre la position du lever du soleil au solstice d'été et du coucher au solstice d'hiver représente les caractéristiques solaires pour un lieu donné. Cet angle varie en fonction de la latitude du lieu.

Ainsi apparaît la première géométrie à partir du cercle tracé au sol. Le centre de ce cercle sur lequel le constructeur a planté verticalement un jalon, devient le poste d'observation qui permet le marquage au moyen de la visée, des levers solaires du site. Les points donnés par les directions solsticiales offrent la possibilité de tracer le quadrilatère naturel qui les relie. Nous le nommons" quadrilatère solsticial,. (Fig. 4 bis). Les proportions de ce " carré ,, 19 varient selon la latitude. Par exemple, Paris se situe à la latitude de 48°50'nord, le rapport du petit côté au grand côté est de 1 x 1,32. Un autre exemple nous permet d'apprécier la rapidité de la variation. Jérusalem est à la latitude de 31°47'nord, la proportion de son " carré ,, solaire est alors de 1 x 1,88. Ces différents rapports sont loin d'être négligeables et ont contribué assurément à la géométrie des bâtisseurs (Fig. 5). 19 -

Au Moyen Âge, on appelait carré long, la forme géométrique du rectangle.

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Fig. 5

Nord

Ouest

Équinoxe

.· ............

Quadrilatèr~· solsticial

Quadrilatère solsticial de Jérusalem

de Paris Midi

Différence entre le quadrilatère de Paris (latitude 48°50'nord), et celui de Jérusalem (latitude 31°47'nord).

À ce stade, il importe de noter la présence d'un" centre., créé par le croisement des différents axes en particulier le nord-sud et l'est-ouest. Dès la plus haute Antiquité, la fondation des cités se calque sur ce modèle d'orientation. En partant de ce centre qui joue le rôle de point d'ancrage, de la racine, le jeu sacré consiste à tracer une enceinte circulaire ou carrée, percée de portes aux quatre orients. Intérieurement, les axes cardinaux sont matérialisés par deux avenues en forme de croix, au centre de cette croix se trouvent le temple, l'autel pour le culte. Dans un grand nombre de constructions se retrouvent des orientations caractéristiques privilégiant par exemple l'axe équinoxial, ou se situant à proximité. C'est le cas de nombreux édifices de la chrétienté.

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Un autre exemple est très significatif, celui à Jérusalem, de la mosquée al-Aqsà, construite en lieu et place de l'ancien temple rectangulaire, en fonction du grand axe de l'ensemble, en direction du sud. Cette direction a prévalu durant plusieurs siècles bien que ne correspondant pas à l'orientation du rite musulman. " La première mosquée construite en Égypte fut édifiée dans la direction du lever du soleil au solstice d'hiver, et ce fut la direction qui resta la plus populaire durant toute la période médiévale, auprès des autorités religieuses "· 20 Nombreux sont les cas ou les orientations et les rapports de proportions naturels ont été utilisés pour signifier l'aspect" sacré., du site ou de l'espace, tout en respectant les données naturelles et uniquement celles offertes par le contexte local. C'est probablement là que se cache le fameux" secret., des bâtisseurs. Secret et Sacré sont suffisamment proches l'un de l'autre pour que très souvent la mauvaise foi les ait pris l'un pour l'autre, il est totalement illusoire de leur faire un procès. Le Sacré reste sacré et le Secret garde toujours le secret, même si seule la clef