Le Pérou : Histore - Description physique et politique.- Productions. - Commerce. Immigration et Colonisation

Table of contents :
Front Cover
Empire des Incas
Hydrographie
Phénomènes physiques
Ethnologie, archéologie, langues, religions, trésors
Département de Piura
Pouvoir législatif ·
Guerre et marine
Question monétaire
Établissements financiers: Banques
CHAPITRE VIII

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COLUMBIA LIBRARIES OFFSITE

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CHAPITRE Iº. - APERÇU HISTORIQUE .

1. Empire des Incas.

L'histoire des premiers habitants du Pérou est enveloppée de ténèbres . Il est toutefois admis que le fondateur de la dynastie des Incas fut Manco , qui vécut vers le xn° siècle de notre ère . Ce personnage, à qui ses sujets décernèrent le surnom de « Сарас » (puissant), réunit sous son sceptre un certain nombre de tribus , jusqu'alors divisées , et forma ainsi un empire autoritaire qui reçut le nom de « Tahuanti -suyu » (les quatre points cardinaux ) . La capitale de cet empire était Cuzco (nombril , centre) . Manco Capac initia ses sujets au culte du soleil et prit le titre d'Inca

( issu du soleil ) , qu'il transmit a ses descendants .

L'empire s'étendit peu à peu et atteignit sa plus grande puissance sous le règne de Huaina - Capac , qui fit la conquête de Quito . Le Tahuanti-suyu comptait à cette époque, d'après les savants archéologues Tschudi et Rivero, plus de 10 millions d'habitants . A sa mort , Huaina-Capac commit la grande fante de partager l'empire Huascar,

entre ses deux fils,

Huascar

et Atahualpa .

L'aîné,

conserva la ville de Cuzco comme capitale de ses

domaines ; Atahualpa établit sa cour à Quito . La rivalité ne tarda pas à amener la guerre entre les deux frères ; Atahualpa , vaincu et fait prisonnier, parvint à s'échapper, à vaincre à son tour et à s'emparer de la personne de son frère . C'est dans cette situation d'affaiblissement causé par de longues guerres intestines que les Espagnols trouvèrent le Pérou lorsqu'ils en entreprirent la conquête .

- 6 .-

S 2. Domination espagnole .

Peu de temps après avoir pris pied sur le continent américain qui se nomme aujourd'hui l'isthme de Panama , les Espagnols apprirent des naturels qu'il existait une vaste mer , située à l'occident, et que par cette mer, en naviguant vers le sud , on arrivait à un grand empire où l'or , qu'ils recherchaient si avidement, se trouvait en grande abondance . Il n'en fallut pas davantage pour exciter leur convoitise . Conduits par le gouverneur de Darien , Vasco Nuñez de Balboa, ils arrivèrent sur les bords de l'Océan Pacifique le 29 septembre 1513 . Là ,

Balboa entra dans l'eau jusqu'aux genoux

et,

bannière

déployée , prit solennellement possession , au nom des souverains de Castille ,

de la mer qu'il venait de découvrir et de tout ce

qu'elle contenait » . Installés à Panama , ces hardis aventuriers tentèrent vers le sud plusieurs expéditions qui restèrent infructueuses , faute d'éléments suffisants , et ce n'est qu'en 1524 que François Pizarre aborda pour la première fois l'empire des Incas , à Tumbez . Il arriva même jusqu'à Paita ; mais la perte de plusieurs de ses compagnons et le manque de renforts l'obligèrent de Louveau à rebrousser chemin et à rentrer à Panama. Avant de tenter définitivement la conquête de la région qu'il n'avait fait qu'entrevoir, Pizarre partit pour l'Espagne . Il en D qui lui revint en 1530 , porteur de la mémorable « Capitulation » assurait le titre de gouverneur et capitaine général du pays dont il allait se rendre maître et lui conférait de nombreux privilèges , pour lui et ses descendants . En janvier 1531 , Pizarre quitta Panama pour la dernière fois . Il emmenait , pour conquérir le plus beau fleuron de la couronne d'Espagne , 3 navires , 185 hommes et 27 chevaux . Comme son émule Fernand Cortez au Mexique , François Pizarre sut joindre la ruse à l'audace et profiter de la division qu'il trouva au pays des Incas pour mener sa folle entreprise à bonue fin , mais la conquête du Pérou n'en est pas moins un des exemples les plus admirables et les plus glorieux de la valeur indomptable et de l'endurance du peuple espagnol . Atahualpa , enchaîné par surprise , crut servir ses propress inté-

- 7

rêts en faisant assassiner son frère Huascar , et périt lui- même peu de temps après de la main des étrangers . La mort du dernier des Incas laissait aux envahisseurs la route à peu près libre dans tout l'empire , livré à l'anarchie. La conquête du pays fut dès lors un fait assuré . La domination de l'Espagne s'affirma chaque jour davantage , avec des péripéties diverses, jusqu'à ce que la colonie fut érigée en vice- royauté du Pérou . Elle s'étendait alors depuis Costa- Rica jusqu'à la Patagonie, se peupla rapidement d'Européens , et devint non seulement la principale des possessions de l'Espagne , mais encore une région d'une prospérité telle que son nom fut adopté comme syno-" nyne de richesse fabuleuse . Cependant, la population que l'Espagne envoya au Pérou ne compensa pas la décroissance rapide du nombre d'indigènes . La variole, d'importation européenue , fit parmi les Indiens d'effroyables ravages . Les rudes travaux auxquels ces malheureux étaient astreints et les mauvais traitements qu'ils subissaient firent le reste . En trois siècles , le nombre d'individus de cette race, si éminemment prolifique , était réduit à moins du quart de ce qu'il était à l'époque de la conquête . A partir du XVIIe siècle , le Pérou fut démembré pour former successivement la vice -royauté de Santa Fé- de-Bogota , la viceroyauté de Buenos - Ayres et la capitanie générale du Chili . Son étendue devint alors à peu près celle qu'il possède encore actuellement, moins la Bolivie .

S3. Indépendance nationale. Au commencement de notre siècle , un vent de révolte souffla avec violence sur toutes les possessions espagnoles d'Amérique . Dans le sud , ce fut le général Bolivar, surnommé le Libérateur , qui aida le plus puissamment au triomphe des idées nouvelles et à la libération du territoire qui forme les cinq républiques actuelles du Vénézuela , de la Colombie , de l'Équateur, du Pérou et de la Bolivie . En ce qui concerne le Pérou , les généraux San Martin et Sucre furent les principaux auxiliaires de Bolivar . L'indépendance fut proclamée à Lima le 28 juillet 1821 ; mais ce n'est qu'en 1824 , après les victoires remportées par l'armée des patriotes sur les



troupes royales, à Junin et à Ayacucho, nationale fut définitivement acquise au Pérou .

que l'autonomie

Depuis lors , la nouvelle république a poursuivi sa route dans l'histoire avec des alternatives diverses . Si elle a eu des jours de gloire et d'incomparable splendeur , elle a également connu des moments de revers et de deuil . Déchirée par des révolutions trop fréquentes , meurtrie par une occupation étrangère , ruinée par une guerre malheureuse et le résultat uéfaste de certaines mesures économiques, ensanglantée récemment encore par la lutte des partis , elle n'a pu suivre qu'imparfaitement la voie que son sol privilégié lui réserve . Pendant les trois quarts de siècle d'existence qu'elle compte , elle a vu se succéder un grand nombre de chefs suprêmes , accompagnés d'un nombre à peu près égal de révolutions . Si les effets de ces dissensions intestines étaient relativement peu sensibles à l'époque où la nation vivait dans l'abondance , par suite de conditions économiques uniques au monde , il n'en est plus de même aujourd'hui Le Pérou a soif de tranquillité . L'a-t - il enfin trouvée ? Le gouvernement actuel, qui jouit de la confiance générale , permet de l'espérer et semble marquer une ère nouvelle de paix intérieure , d'intégrité administrative et de labeur fecond , bienfaits dont ce beau pays a un si pressant besoin pour retrouver son ancienne prospérité.

CHAPITRE II. -

DESCRIPTION GÉNÉRALE .

§ 1. Situation , superficie, population . Situation. - Le Pérou a pour limites : au nord, la Colombie et la République de l'Equateur ; au sud, le Chii et la Bolivie ; à l'est , le Brésil ; à l'ouest, l'océan Pacifique .

Position astronomique. péruvien se trouvent

Les points extrêmes du territoire.

au nord , à 1 °39 ' , et , au sud , à 22° de lati-

tude australe . A l'est , à 64° , et , à l'ouest, à 83°40 ' de longitude occidentale du méridien de Paris. Etendue. -

La superficie totale du pays n'est pas bien connue ;

les differents traités de géographie donnent des chiffres qui s'écartent considérablement les uns des autres . M. Maximo

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M. Vasquez , dans son ouvrage adopté par les écoles , attribue au Pérou une superficie de 2,984,000 kilomètres carrés , soit cent fois l'étendue de la Belgique . Population. - En 1876 , lors du dernier recensement, la population absolue du Pérou était de 2,704,998 habitants . On estime qu'elle est actuellement de 3 millions , ce qui donne une population relative d'un habitant par kilomètre carré .

$ 2. Orographie. La grande cordillère des Andes traverse la contrée du sud au nord . Les ramifications de cette gigantesque chaîne portent les noms suivants : 1º La chaîne occidentale du sud , qui pénètre par le Chili , et la chaîne orientale du sud , qui vient de la Bolivie, se joignent près de Cuzco et forment ce qu'on appelle le noeud de Vilcanota ou de Cuzco ; 2° La chaîne occidentale du centre et la chaîne orientale du centre , qui partent du noeud de Cuzco pour prendre de nouveau contact au nœud de Pasco ; 3º Enfin , du noeud de Pasco partent trois chaînes qui sont : la chaîne occidentale du nord ou montagnes noires , la chaîne centrale du nord et la chaîne orientale du nord . La partie la plus élevée des Andes est celle qui comprend , du nord au sud , les chaînes occidentales de la cordillère . C'est sur la chaîne occidentale du sud que se trouvent les volcans et les pics les plus élevés , tels que le Misti ( 6,600 mètres) , le Sarasara (6,000) , le Pichupichu (5,680) , le Tutupaca ( 5,000 ) , etc. Le Tutupaca est le dernier des volcans péruviens qui ait fait éruption , en février 1802.

S 3. Topographie . Les différentes chaînes des Andes , généralement fort hautes , engendrent elles- mêmes de nombreuses ramifications qui , avec tous

leurs contreforts , font du Pérou un des pays

les

plus

accidentés du globe et le divisent en trois régions bien distinctes sous tous les rapports . On les désigne sous les noms de Costa , Sierra et Montaña .

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La Costa (côte) ou région cisan line , part de l'océan Pacifique et s'élève graduellement sur le versant ouest de la grande chaîne occidentale , jusqu'à une hauteur d'environ 1,200 mètres au- dessus du niveau de la mer . C'est une bande dont la largeur varie de 20 à 30 lieues . La Sierra (montagne) ou région andine, commence où finit la Costa, et comprend les différentes chaînes de montagnes , avec les plateaux intermédiaires, jusqu'à environ 1,400 mètres d'élévation sur le versant est des ramifications orientales des Andes . La Montana (forêt) ou région transandine , s'étend sur tout le versant oriental de la cordillère , depuis 1,400 mètres d'altitude jusqu'aux frontières de la Colombie et du Brésil, où la hauteur au-dessus du niveau de l'océan n'est plus que d'une centaine de mètres . Cette région est beaucoup plus étendue que les deux autres et représente , à elle seule, plus de la moitié du territoire péruvien. On donne , au Pérou , le nom de puna aux vallées qui se trouvent situées entre 3,500 et 4,500 mètres d'élévation , et celui de cordillera à la région placée

au- dessus de 4,500

mètres ,

soit à proximité des neiges perpétuelles, qui commencent vers 4,800 mètres . S 4. Hydrographie. Les Andes donnent naissance à des cours d'eau nombreux , dont quelques-uns sont fort importants . Le Pérou se divise , sous ce rapport, en trois bassins : celui de la Costa , celui du Collao et celui de l'Amazone . Les cours d'eau du bassin de la Costa , au nombre de plus de soixante , se jettent dans l'océan Pacifique ; ce sont des torrents qui ne présentent aucune utilité au point de vue de la navigation . Par contre, ils offrent une ressource précieuse à l'agriculture , qui ne peut se passer d'irrigation dans cette région , et ils pourraient devenir une importante provision de force motrice pour l'industrie . Les principaux fleuves de ce bassin sort

le Santa , le Barranca ,

l'Оcoña, le Camaná , le Cañete , le Tumbez , le Chira , le Rimac , le Chancay et le Pisco . Le bassin du Collao (nom qu'il ne faut pas confondre avec celui de la ville du Callao) est compris entre les deux chaînes du Sud . Les cours d'eau de ce bassin sont moins nombreux , mais plus

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importants et moins torrentiels que ceux de la Costa . Les principaux sont le Suchis, le Huancané , le Ramis , le Coata et le Llave , qui tous se jettent dans le lac de Titicaca et en sortent par une rivière unique , appelée El Desaguadero , qui va se jeter ellemême dans le lac d'Aullagas , en Bolivie . C'est le bassin de l'Amazone qui contient , dans la Sierra et sur le versant oriental des Andes ou Montaña , les cours d'eau les plus nombreux et les plus considérables du Pérou . Presque tous sont tributaires du fleuve majesteux qui a donné son nom au bassin et que les naturels du pays ont surnommé

la mer qui marche » .

L'Amazone est formé par la réunion du Marañon et de l'Ucayali , dont le confluent présente une largeur de 400 mètres . En aval de ce point, l'Amazone reçoit , pour ne citer que les rivières qui arrosent le sol péruvien, le Nanay , le Napo, le Putumayo , le Japura , le Purus et son affluent l'Aquiry , le Yurua et le Madera , formé par l'Amarumayo ou Madre de Dios et le Beni . Le Marañon prend sa source près du noeud de Pasco , entre la chaîne occidentale et la chaîne centrale des Andes . Pour passer de la Sierra à la Montaña , il traverse d'abord la chaîne centrale, puis la chaîne orientale au fameux Pongo de Monserriche . Sur la rive gauche, le Marañon reçoit : l'Aguamiro , le Huari , le Pomabamba, le Huancabamba et le Morona . Sur la rive droite : l'Utcubamba , l'Imasa et le Huallaga . Ce dernier est le tributaire le plus important du Marañon ; il a lui-même pour affluents : le Raucas , le Monzon , le Salpicol , le Huallabamba , le Saposoa , le Moyobamba , le Paranapuras , l'Aypena ou Jeveros , le Chipururo et le Chipurana . Le Huallaga prend égalemement sa source près du noeud de Pasco , entre la chaîne centrale et la chaîne orientale , qu'il traverse au Pongo de Aguirre , pour Marañon.

aller rejoindre le

L'Ucayali commence à la jonction du Tambo et de l'Urubamba , qui ont tous deux leur source près du noeud de Cuzco ; il reçoit , en outre , les eaux du Pachitea , dont les principaux tributaires sont le Pozuzo , le Mayró et le Pichis . Le Tambo est formé de l'Ené et du Péréné . L'Ené résulte principalement de l'Apurimac et du Mantaro . Le Péréné rassemble les eaux du Chanchamayo , du Pangoa et du Tulumayo . L'Urubamba a pour principaux affluents le Vilcanota , le Santa Ana, le Yanatilde et le Paucartambo .

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Si l'on considère que le Marañon et l'Ucayali ont , à leur confluent, un débit à peu près égal , et que l'Ucayali , avec ses affluents et ses sous-affluents, a un cours infiniment plus long que celui du Marañon , on peut être de l'avis des géographes qui prétendent que c'est au nœud de Vilcanota que revient l'honneur de donner naissance à un des plus beaux fleuves du monde . Les rivières tributaires des cours d'eau qui viennent d'être cités sont innombrables , mais peu connues . Les renseignements précis à cet égard sont même fort incomplets . Quelques courageux explorateurs en ont seuls donné des descriptions, qui ne concordent pas toujours entre elles . Des informations précieuses à ce sujet peuvent être puisées dans l'admirable ouvrage intitulé « El Perú » , du regretté savant Raimondi , qui a non seulement retracé , dans la première partie de son livre , un résumé chronologique de toutes les explorations qui ont été faites au Pérou depuis l'arrivée de François Pizarre , mais a encore passsé dix - neuf années de sa vie à parcourir le pays dans tous les sens , pour contrôler les informations antérieures et étudier la flore , la faune, la géologie et l'ethnologie des différentes régions qui forment le Pérou actuel . L'Amazone est navigable sur tout son parcours .

Les autres

rivières réputées navigables sont : Le Marañon , jusqu'au Pongo le Huallaga , jusqu'au Pongo de Aguirre ;

de Monserriche ;

l'Ucayali , jusqu'au Pozuzo , sur le Pachitea et jusqu'au Mantaro , sur le Tambo . La vitesse moyenne du courant, jusqu'à ces endroits , est d'environ 3 milles anglais à l'heure . La navigation peut s'effectuer, en toute saison , sur des embarcations de 3 pieds de tirant d'eau . En dehors des limites indiquées , la navigation est encore possible mais devient très dangereuse à cause des nombreux rapides . Pour leurs excursions fluviales , les Indiens de la Montaña emploient de préférence des radeaux . Lacs . -

Le long du littoral on trouve quelques lagunes et , dans

le reste de la Costa , plusieurs lacs dont le plus grand est le Parinacochas . Les eaux de ces lacs sont chargées de sels métalliques qui les rendent impropres à la consommation , mais qui leur communiquent des propriétés

thérapeutiques

diverses .

Les plus

célèbres , sous ce rapport, sont celles du petit lac d'Horovilca , près d'Ica , que l'on recommande pour le traitement des rhumatismes et des affections cutanées .

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Parmi les lacs de la Sierra, il faut mentionner celui de Chinchaycocha ou de Junin et le Titicaca . Le Titicaca , ce roi des lacs de l'Amérique du Sud , est situé dans le bassin du Collao , à 3,835 mètres au-dessus du niveau de la mer . Sa plus grande longueur est de 194 kilomètres , sa plus grande largeur de 68 kilomètres , son étendue totale d'environ 8,000 kilomètres carrés . L'eau en est claire , limpide , de saveur douceâtre et désagréable , d'une température constante de 12 à 15 degrés centigrades . La profondeur du lac est variable et atteint jusque 500 mètres en quelques endroits . Les vents violents de la région produisent sur le Titicaca des tempêtes comparables à celles de la mer . On y a même observé , en 1878 , le phénomène d'une trombe . Il est prouvé que le niveau du lac baisse d'une façon lente et continue ; mais l'importance exacte du retrait annuel des eaux n'a pas été déterminée. Le Titicaca contient 23 îles , dont la plus célèbre est celle de Titicaca, qui a donné son nom au lac . On y trouve des ruines fameuses Incas .

d'un temple du soleil , de palais et de

bains des

L'île de Cumana contient de beaux marbres . La presqu'ile de Copacabana intérêt .

possède également des antiquités

du

plus haut

Le lac de Titicaca est admirable . Cette belle nappe d'eau , entourée de hautes montagnes et de cîmes neigeuses , parsemée d'îlots verdoyants , peuplée d'une infinité d'oiseaux aquatiques que ne trouble que par moments le passage d'un des bateaux à vapeur qui font le service entre le Pérou et la Bolivie, ou la pirogue silencieuse d'un Indien , laisse dans l'esprit de celui qui a pu la contempler une impression ineffaçable. Sur le versant oriental des Andes , les lacs sont assez nombreux, mais peu importants et, du reste , peu connus . Eaux minérales et thermales .

La proximité des volcans et

l'abondance des eaux de filtration expliquent le grand nombre de sources d'eaux thermales et minérales qu'on rencontre de tous côtés au Pérou . Quelques-unes de ces sources jouissent d'une grande réputation à cause de leurs propriétés curatives , connues des Indiens longtemps avant l'arrivée des Espagnols . Telle est ,

-

14 -

par exemple, la source qui a conservé le nom de « Bains de l'Inca

, près de Cajamarca .

L'océan Pacifique baigne la côte du Pérou sur une étendue de 2,913 kilomètres . Le courant du Humboldt , qui longe le littoral du sud au nord , contribue , dans une certaine mesure , à la fraîcheur relative à cette région . Les les péruviennes sont nombreuses et peu éloignées de la côte ; mais elles sont généralement petites, arides , impropres à l'agriculture et inhabitées . La plus grande de toutes est celle de San Lorenzo , qui abrite la baie du Callao. Quant aux autres , notamment le groupe des Chinchas , elles doivent leur célébrité à l'énorme quantité de guano qui en a été extraite.

§ 5. Aspect du sol .

Lorsqu'on arrive au Pérou par l'Océan , on est tout d'abord frappé, quel que soit le point où l'on aborde , de l'aspect morne et désolé de la côte . Ce ne sont que sables, falaises nues , montagnes stériles, sans un brin d'herbe , sans un arbre où l'œil puisse se reposer. En pénétrant plus avant dans le pays , on rencontre des vallées ,

fertiles et cultivées, très riantes même quand elles sont sillonnées par un cours d'eau ; mais , quelque belles qu'elles soient , elles sont toujours plus ou moins attristées par l'aridité des montagnes ou des collines qui les entourent. Ce n'est qu'à la saison des pluies que ces montagnes se couvrent d'une petite nappe de verdure , malheureusement trop mince et de trop courte durée . Au sortir de la Costa , c'est - à- dire là où commence la Sierra

, la végétation , favorisée par des pluies abondantes ,

devient beaucoup plus belle. Toutes les vallées cependant ne se ressemblent pas et leur aspect varie suivant leur altitude , l'exposition du terrain , la nature du sol et les conditions climatériques locales .

En s'élevant davantage et en arrivant dans les

punas » , on

rencontre de nouveau une végétation rachitique ; plus d'arbres , presque plus d'arbustes même ; mais , en revanche , d'immenses pâturages naturels d'une herbe appelée « ichu » . De l'autre côté des Andes , dans la « Montaña » , la nature se montre dans toute sa luxuriante beauté . C'est là que le

sol

-

15 -

péruvien étale ses plus précieuses richesses végétales . Couverte de forêts presque

impénétrables , arrosée d'une infinité de

cours

d'eau , cette région , chaude et humide, contient tout ce que la végétation tropicale peut offrir de plus admirable . Tous les voyageurs qui ont exploré les rivières de la Montaña sont d'accord sur ce point et n'hésitent pas à prédire de plus grand avenir à cette

immense partie du

territoire péruvien ,

qu'ils

déclarent salubre et à laquelle il ne manque que des habitants et - des voies de communication .

S6. Climatologie.

Le Pérou réunit les climats les plus variés, depuis la température tropicale jusqu'aux neiges perpétuelles. On admet généralement que , sous les tropiques , la te.npérature de l'atmosphère baisse d'un degré centigrade par 200 mètres d'altitude . La hauteur d'un point étant connue , on peut donc se rendre compte de sa température moyenne en prenant comme base celle des côtes tropicales , qui est de 25 à 30 degrés , et en soustrayant autant de degrés qu'il y a de fois 200 mètres d'élévation au-dessus du niveau de la mer . Cette évaluation , on le comprendra sans peine, n'est qu'approximative . Il y a , en effet , maintes circonstances , telles que l'orientation, la position dans une vallée plus ou moins encaissée , la proximité de cimes neigeuses , la direction des vents doninants , etc. , qui apportent des modifications à la règle énoncée .

D'autre part, si la température moyenne de la Montaña est de 25 à 30 degrés, il n'en est pas de même, à latitude et à élévation égales , sur le versant occidental des Andes . A Lima , la température moyenne est de 19 degrés . La stabilité thermométrique du littoral péruvien est même caractéristique . La différence entre l'été et l'hiver est faible ; l'écart entre le jour et la nuit est minime . Il est rare que la diffé . rence de température entre le maximum de la journée et le minimum de la nuit suivante dépasse 10 degrés ; d'habitude elle n'est guère que de 5 degrés . La température moyenne des journées d'hiver les plus froides, en août , ne descend pas au- dessous de 12 degrés ; celle des jours d'été les plus chauds , en février , ne dépasse pas 26 degrés .

16 La fraîcheur de la côte péruvienne , comparativement à sa position astronomique, est principalement due à la proximité de la haute chaîne des Andes . Abritée des vents qui auraient pu être chauffés par le rayonnement terrestre , elle ne reçoit que ceux de l'Océan , frais et humides . Il suffit de se rendre à 40 ou 50 kilomètres vers l'est pour y trouver, malgré une altitude de 700 à 800 mètres , une température plus élevée . L'air y est plus sec et plus chaud . La petite localité de Chosica , sur la route de la Oroya , réunit assez bien ces conditions et est devenue le rendez-vous d'hiver des personnes de santé délicate . Les causes qui empêchent une plus grande élévation de la température sur le littoral sont également celles auxquelles on peut atribuer le manque de pluie,

phénomène qu'il ne faut pas , cependant , prendre trop à la lettre . On dit qu'il ne pleut jamais à Lima ; cela est vrai , si la bruine ne peut être assimilée à la pluie . En hiver , de juin à octobre , les vapeurs de l'Océan n'ont pas une température suffisante pour s'élever bien haut dans l'atmo-

sphère . Elles forment des nuages , qui planent à ras du sol , le long de la côte, et s'y condensent lentement en une petite pluie très fine, persistante , qui s'appelle ici « garua » . L'hiver se traduit donc par un brouillard , plus ou moins constant , accompagné d'une bruine plus ou moins forte, mais qui ne prend jamais le caractère d'une pluie proprement dite, et encore moins d'une averse. Comme les nuages dont il vient d'être parlé ne pénètrent pas à plus de 30 ou 40 kilomètres du littoral , le reste du versant occidental de la cordillère jouit, pendant tout l'hiver , d'une sécheresse absolue , sans une goutte de pluie ni de bruine. En été , de novembre à mai , c'est tout le contraire qui arrive . Les vapeurs de l'Océan passent au- dessus du littoral , sans l'humecter , et vont se condenser dans les montagnes où elles se résolvent en averses plus ou moins copieuses . C'est ce qui fait dire que l'été du littoral correspond à l'hiver du reste de la Costa et de la Sierra , et vice - versa . L'expression n'est vraie que pour autant que le mot hiver soit pris comme synonyme de saison des pluies . Les vallées comprises entre la chaîne orientale et la chaîne occidentale de la cordillère participent de l'évaporation des deux Océans et reçoivent des pluies plus abondantes que celles qui se trouvent sur le versant occidental des Andes .

17 -

La région orientale ou Montaña est encore mieux partagée sous ce rapport. Les pluies y sont absolument tropicales et ont l'aspect de véritables cataractes. Dans la Montaña comme dans la Sierra , les averses , pendant la saison des pluies , sont à peu près journalières , à heure fixe et de courte durée . A Lima et au Callao , les vents dominants, presque constants , viennent du sud et soufflent entre l'E . S.-E. et le S.-O. En hiver, le vent est parfois au nord , principalement au N.-O. , mais cest assez rare . Tous ces vents sont faibles et n'atteignent presque jamais la vitesse de 5 mètres par seconde. Les moments de calme sont, au contraire , fréquents . A mesure qu'on gravit la cordillère , on observe des vents de plus en plus forts , de plus en plus secs et de plus en plus froids . Dans les punas , le mouvement de l'atmosphère est rapide , l'air y souffle parfois avec une violence et une âpreté qui rendent les voyages dans ces régions fort pénibles . En hiver , on y voit de fortes bourrasques de neige et de grêle . Ce qui a été dit du littoral fait comprendre assez que les orages

y sont inconnus , de même que les éclairs et les coups de tonnerre . Dans la Sierra et dans la Montaña, les décharges électriques sont fréquentes . Dans la Sierra , il se produit parfois un phénomène climatérique, désigné sous le nom de

helada » (gelée) et dont les cou-"

séquences sont désastreuses pour l'agriculture . Il consiste en ce que les plantes se gèlent en une nuit et périssent , sans que la température ambiante y soit pour rien . On a reconnu que lhelada ne se produit que dans les gorges dont la direction est du nord au sud, tandis qu'on ne la voit pas dans celles qui vont de l'est à l'ouest , même si elles sont plus élevées et exposées à un froid beaucoup plus vif que les autres. Ce phénomène est attribué à une évaporation trop rapide de la surface humide des feuilles . Toutes les plantes n'y sont , du reste , pas aussi sujettes les unes que les autres . La canne à sucre et le mais sont celles qui en souffrent le plus . $ 7 . Phénomènes physiques . Si les tempêtes et les cyclones sont inconnus sur le littoral péruvien , si la douceur du climat et la tranquillité quelque peu éner

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vante de l'atmosphère permettent de dire que c'est ici que les éléments viennent prendre leur repos , cette quiétude de la nature est parfois troublée par deux phénomènes terribles ments de terre et les ras de marée . On désigne sous le nom de « temblores terre de peu d'importance ; le mot « terremoto pour les secousses plus fortes.

les tremble-

les tremblements de n'est employé que

Les temblores sont très fréquents . Ce sont de petits mouvements de la croûte terrestre , tantôt oscillatoires, tantôt ondulatoires , tantôt vibratoires , qui ne causent pas de dommages . Le phénomène est de courte durée : quelques secondes seulement, et tout se borne à un moment de frayeur bien légitime . Les terremotos sont beaucoup plus rares ; mais quelle épouvantable manifestation de l'impuissance humaine contre les forces de la nature ! Quelques minutes suffisent pour convertir une ville en un monceau de ruines . La ville de Lima a été surtout éprouvée par les tremblements de terre de 1630 , de 1687 , de 1746 , de 1806 et de 1828. Celui de 1746 fut si violent que presque toute la ville fut détruite ; un grand nombre de personnes perdirent la vie et , en présence de la difficulté d'enlever les décombres , il fut sérieusement question de rebâtir la capitale à un autre endroit . Arequipa a eu encore plus à souffrir que Lima ; ses plus forts tremblements de terre furent ceux des années 1582 , 1600 , 1604 , 1609 , 1613 , 1666 , 1668 , 1687 , 1715 , 1784 , 1812 , 1821 , 1831 , 1845 et 1868. La ville de Trujillo a été à moitié démolie en 1725 , en 1759 et en 1816. Il est peu de localités au Pérou qui ne conservent le terrifiant souvenir d'une destruction à peu près complète . Les ras de marée n'ont été réellement terribles que lorsqu'ils ont accompagné un tremblement de terre . Ce phénomène consiste, comme on sait, en deux ou trois grosses vagues , parfois énormes , qui se succèdent à peu de distance et pénètrent dans l'intérieur des terres en détruisant tout sur leur passage . Il est de courte durée également , mais les effets en sont désastreux . Le tremblement de terre de 1687 fut suivi d'un ras de marée qui détruisit complètement la ville primitive de Pisco . La ville actuelle est celle qui a été reconstruite plus loin , à la suite de cette catastrophe .

19 ―

Celui de 1746 (le 28 octobre) fut accompagné d'un ras de marée qui engloutit la ville du Callao . La mer pénétra jusqu'à plusieurs kilomètres du rivage et, quand elle se retira , Callao n'existait plus . Presque tous les habitants , au nombre de plus de 5,000 , périrent dans ce désastre .

Un phénomène très singulier, dont les causes ne sont pas encore bien connues , se produit à peu près tous les ans sur la côte , entre les mois de décembre et d'avril . Il est connu dans le pays sous le nom de de

El Pintor ( le peintre) . Les Anglais lui ont donné celui Callao barber » . Voici en quoi il consiste :

1° L'eau de la mer se colore en rouge terne ; l'examen microscopique a fait reconnaître que cette coloration est due à la présence de myriades d'infusoires rougeâtres , de forme ovoïde ; 20 Une douzaine d'heures après , la teinte rouge de l'eau a disparu pour faire place à une coloration d'un vert foncé, due également à des infusoires très différents des premiers et dont la forme affecte celle du chiffre 8 ; 3° Quatorze ou seize heures plus tard , l'eau prend une teinte opaline, de blanc laiteux , et dégage une odeur nauséabonde de gaz sulfhydrique . Les personnes qui respirent ces émanations sont prises de maux de tête ; les poissons meurent par milliers ; les navires peints en blanc deviennent noirs par la sulfuration des sels métalliques contenus dans la peinture . De là le nom de « pintor » donné au phénomène .

Il est à remarquer que pendant les douze heures environ que dure la troisième phase , toute trace d'infusoires a disparu et que cette phase n'est pas toujours précédée des deux premières . On a vu des cas où le dégagement d'hydrogène sulfuré n'était précédé d'aucune coloration de l'eau , de même que la coloration s'est quelquefois produite sans autre suite . C'est au Callao que le « pintor » se montre avec le plus d'intensité . Il arrive jusqu'à Paita , dans le Nord , et jusqu'à Pisco , dans le Sud, mais très atténué . Hors de ces limites , il est tout à fait inconnu . Le savant Raimondi est d'avis qu'il faut écarter l'hypothèse d'une éruption volcanique sous marine pour expliquer cet étrange phénomène . Il l'attribue aux actions combinées du courant de Humboldt, de la chaleur , de la décomposition des matières organiques charriées par les fleuves , de la configuration spéciale de

20

certains endroits de la côte , mais il se déclare lui - même peu satisfait de cette explication .

§ 8. Salubrité. Le Péron ne doit pas être rangé parmi les pays insalubres ; mais les Européens qui viennent s'y établir feront toujours bien de prendre certaines précautions hygiéniques au début : d'éviter , par exemple, les longues marches au soleil et les habitations humides. ou voisines d'eaux stagnantes ; de s'abstenir des fruits en dehors des repas et en tous cas de ne pas en consommer de trop grandes quantités , etc. Dans la région cisandine , surtout sur le littoral , les maladies dominantes sont : la fièvre jaune , les fièvres pernicieuses, les fièvres intermittentes , la fièvre typhoïle , la dysenterie , l'anémie , les maladies du foie , la variole et la phtisie pulmonaire . La fièvre jaune n'est pas endémique sur la côte du Pérou . Elle ne fait son apparition qu'à de rares intervalles , mais elle cause alors de grands ravages, même parmi les gens du pays . Les fièvres peruicieuses sont plus fréquentes , principalement parmi les étrangers . Bien qu'elles ne soient pas aussi dangereuses que la fièvre jaune , leur dénouement est souvent fatal . Les fièvres intermittentes sont excessivement communes et peu

dangereuses . Il est bien rare de pouvoir s'y soustraire . Dues à une intoxication paludéenne , ces fièvres revêtent surtout la forme tierce , c'est-à -dire avec accès tous les deux jours . Le sulfate de quinine en est le remède souverain ; mais lorsque la maladie est opiniâtre , un changement de résidence , ne fut - ce que de quelques lieues , est souvent plus efficace que tous les médicaments . La fièvre typhoïde n'est pas plus fréquente qu'en Europe . La dysenterie a beaucoup perda de sa fréquence à Lima depuis l'établissement des conduites d'eau potab.e . Sur le reste du littoral , les étrangers y sont quelque peu exposés au commencement de leur séjour . L'anémie est une affection assez fréquente à cause de la stabilité de la température, de l'humilité, de la vie sédentaire , des fièvres intermittentes rebelles , etc. Comme dans tous les pays chauds et humides, les maladies du foie guettent surtout les personnes qui abusent des boissons fortes . La variole sévit d'une façon presque continue dans tout le

21 www .

Pérou , avec plus ou moins d'intensité . On ne pourrait assez conseiller aux émigrants de se faire vacciner avant d'y venir . La phtisie pulmonaire est , sans contredit , la maladie qui cause le plus grand nombre de victimes sur la côte péruvienne . Et pourtant, les tuberculeux ont la ressource de pouvoir prolonger leur existence , voire même de la sauver , en allant habiter la Sierra . On prétend qu'à Jauja, ville qui jouit d'une grande célébrité sous ce rapport, les phtisiques recouvrent complètement la santé quand ils s'y rendent avant la dernière période de la maladie . On cite , à cet égard , des cas vraiment extraordinaires . Dans la Sierra , les maladies les plus communes sont le soroche , les maladies du cœur , la pneumonie et la verruga. Le « soroche D ( nom local) est une indisposition plus ou moins persistante plutôt qu'une maladie . Elle n'atteint pas tous les individus, de même que tous n'en souffrent pas de la même façon , et elle n'est positivement grave que pour les personnes obèses et apoplectiques . C'est quand on se rend de la côte à la Sierra , en ascension rapide, et qu'on arrive à une hauteur d'environ 3,000 mètres ou plus , suivant la constitution de chacun , qu'on commence à ressentir les effets du soroche.

Certains individus y sont réfractaires , mais il est rare qu'on n'éprouve pas une impression assez semblable au mal de mer , ce qui est la forme la plus bénigne . Le soroche est dû à la raréfaction de l'oxygène , jointe à la diminution de la pression atmosphérique et à la sécheresse de l'air . Il agit, selon le sujet, par congestion ou par asphyxie . Malaise général, oppression , maux de tête , extrême fatigue , douleurs dans les membres , hémorragies nasales , tels en sont les principaux symptômes . Quand le malade est dans cet état , la locomotion devient presque impossible ; il suffit de faire cinquante pas pour se sentir accablé . Le repos le plus absolu est alors indispensable ; un exercice trop violent pourrait avoir les suites les plus funestes . Au bout d'un certain temps, l'organisme s'habitue au changement ; les symptômes disparaissent graduellement et le malade. finit par être guéri et par pouvoir vaquer sans peine à ses occupations ou à son travail . Cependant, dans ces hautes régions , la fatigue physique se

produit toujours

plus

rapidement pour 2

- 22 -

l'étranger que pour l'indigène , dont la capacité thoracique est surprenante. La sécheresse de l'air et le vent qui souffle dans les Audes causent un autre désagrément dont on souffre beaucoup au début. La peau du visage et des mains se gerce , s'irrite et se couvre parfois de plaies , pareilles aux engelures ; les lèvres se gonflent et se fendillent, et il faut quelque temps de séjour dans la région pour que l'épiderme s'accoutume à l'état hygrométrique de l'atmosphère . En descendant des plateaux élevés, on éprouve également des sensations plus ou moins désagréables , quoique moins fréquentes et moins sérieuses que le soroche . Elles se réduisent, le plus souvent, à un malaise passager dans les articulations et à des bourdonnements d'oreilles. Au point de vue du changement d'altitude , les gens de la côte n'aiment pas , en général , de se rendre dans la Sierra ; mais les gens de la Sierra redoutent encore beaucoup plus de venir sur la côte , où ils sont tout aussi exposés que les Européens , si pas davantage, aux fièvres paludéennes et à toutes leurs conséquences .

La raréfaction de l'oxygène, outre qu'elle astreint les poumons à un travail plus rapide , a pour effet immédiat d'activer notablement le fonctionnement du cœur . Les individus qui n'ont pas cet organe bien sain doivent donc renoncer à habiter les hauts plateaux des Andes . Ceux qui l'ont malade feront même bien de s'abstenir entièrement de s'y rendre . La pneumonie et sa sœur la pleurésie sont fréquentes et dangereuses dans les régions élevées . Il est imprudent d'y passer subitement d'une habitation chaude à un milieu froid . Ce n'est pas seulement le changement de température , mais aussi la sécheresse et la raréfaction de l'air qui agissent sur l'économie . A ce propos, il est bon de se rappeler qu'à Madrid , aussi

bien qu'à Mexico , on dit couramment qu'un courant d'air qui n'a pas la force d'éteindre une bougie est parfois suffisant pour tuer un homme . Dans les Andes , le refroidissement donne lieu , pour le moins , à une fièvre inflammatoire générale , qui porte le nom de tabardillo D et dont les suites ne sont que trop souvent funestes . La « verruga » est une maladie singulière

qui ne règne qu'au

Pérou , du moins à ma connaissance , et qui n'épargne pas plus les

23

indigènes que les étrangers . Tous , cependant, n'y sont pas sujets. Quelques médecins prétendent qu'elle n'est pas contagieuse . Elle s'annonce par une fièvre plus ou moins continue , après quoi le corps du malade se couvre de pustules d'un rouge vif, de la grosseur d'un pois et semblables à des pochettes remplies de sang. C'est de là que lui vient le nom de verruga , qui signifie verrue . On considère l'apparition des verrugas sur le corps du malade comme un signe à peu près certain de guérison. Le danger est alors passé, mais les pustules sont lentes à disparaître . Elles ne laissent aucune marque sur la peau. Pendant la construction du chemin de fer de la Oroya , cette maladie atteignit beaucoup de monde et, comme il existe un pont ´métallique à l'endroit où les travailleurs furent le plus éprouvés , ce pont reçut le nom de « puente de verrugas » .· Il se trouve à 1770 mètres d'altitude . Le nombre de victimes fut même assez grand pour attirer sérieusement l'attention

sur

ce

mal qui ,

quoique connu de la plus haute antiquité , n'avait jamais été bien décrit. Un jeune médecin péruvien , M. Daniel A. Carrion , qui s'appliquait tout spécialement à l'étudier , se fit inoculer du sang rouge tiré des verrugas d'un malade en traitement à l'hôpital de Lima . La maladie se déclara vingt jours après , et , dix-huit jours plus tard , le 5 octobre 1885 , M. Carrion mourait, avant l'apparition des pustules. Le Pérou et les organes médicaux du monde entier payèrent le tribut d'une juste admiration à ce science .

martyr de la

M. Carrion a noté la marche de sa maladie tant que ses forces le lui ont permis . A son avis, la verruga est une maladie miasmatique, infectieuse et probablement parasitaire . Elle est endémique sur le versant occidental de la cordillère , entre 1,000 et 2,500 mètres de hauteur. Les voyageurs qui ont visité la région de la Montaña , et avec eux Raimondi , prétendent qu'elle est la plus saine de tout le Pérou, quoiqu'elle soit chaude et humide . Les fièvres intermittentes et pernicieuses y sont beaucoup moins fréquentes que sur le littoral ; elles y sont même très rares . L'état sanitaire excellent des colonies qui se sont établies de l'autre côté des Andes vient confirmer le fait.

- 24 -

Pour terminer ce chapitre, voici la statistique de la mortalité à Lima pendant ces douze dernières années : 1884 1885



·

1886 1887 1888

• ·

1889

4,046 4,586 4,529

3,659 4,144 3,746

1890 1891 1892 1893

• · • ·

1894 1895

3,924 4,322 4,322 3,734 3,758 4,077

Les décès de l'année 1895 se répartissent comme suit : hommes, 2,224 ; femmes , 1,853 ; total , 4,077 . Dans ce nombre, les maladies qui figurent pour les chiffres les plus élevés sont : la phtisie , 1,049 ; les maladies des voies respiratoires , 479 ; les maladies des voies digestives , 408 ; les maladies cérébrales , 317 ; les maladies du cœur, 182 ; les fièvres diverses , 151 ; la fièvre pernicieuse , 141 ; les maladies cancéreuses , 118 ; les affections rangées sous la rubrique maladies diverses, 600 ; enfin , les autres maladies , 632 . Pendant la même année 1895 , les naissances ont été

sexe mas-

culin , 1,609 ; sexe féminin , 1,510 ; total , 3,119 .

$ 9.

Ethnologie. -

Archéologie.

Langues.

Religions.

Races. -Les différentes races qui peuplent le Pérou sont les suivantes : La race blanche , qui est évaluée à 14 p . c . du total de la population ; la race rouge, ou américaine , qui en compose au moins la moitié ; la race noire , ou africaine , qui comprend environ 3 p . c .; la race jaune , ou asiatique , qui approche de 1 p . c . de la population totale . Du mélange de ces différentes races est résulté une population qu'il est difficile de classer au point de vue ethnique et qui est d'environ 30 p . c . du total .

La race blanche est représentée en majeure partie par les descendants des anciens Espagnols , par ceux des autres nations d'Europe et par les étrangers qui sont venus se fixer au Pérou . Ces derniers , au nombre d'environ 25,000 , appartiennent aux nationalités

suivantes (approximativement)

Italiens , 14,000 ;

-

25 -

Espagnols , 5,000 ; Allemands , 3,000 ; Français , 1,500 ; Anglais , 500 ; autres nationalités , 1,000. La race rouge comprend un grand nombre de familles . La plus importante est celle des « Quichuas » , qui peuple la Costa et la Sierra ; vient ensuite celle des « Aymaras Aymaras »» ,, qui ont beaucoup d'analogie avec les Quichuas et qui , bien moins nombreux , se trouvent sur la frontière de la Bolivie . Dans les environs du port d'Eten , il existe une autre famille dont l'arrivée au Pérou est considérée comme antérieure à celle des Quichuas .

Dans la région transandine ou Montaña , on rencontre une infinité de peuplades dont l'origine est très obscure et dont les individus sont désignés sous le nom générique de Chunchos (Indiens sauvages) . Ils sont encore à l'état primitif, habitent les bords des rivières , vivent de chasse et de pêche , et se font entre eux une guerre d'extermination , qui n'empêche pas que leur nombre soit encore évalué à environ 100,000 . Pour se faire une idée de ces malheureux spécimens de l'espèce humaine , il faut consulter les relations des voyageurs qui ont pénétré dans ces régions perdues . Raimondi , qui y a séjourné pendant assez longtemps , mentionne les tribus des Llameos , des Cocamas , des Omaguas, des Iquitos , des Pebas, des Yaguas , des Orejones , des Ticunas, des Mayorunas , des Muratos , des Amahuacas , des Remos , des Conibos , des Setibos , des Sipibos , des Cashibos , des Chontaquiros , des Simirinches , des Cholones , des Hibitos , des Jibaros , etc. , etc. Il en est qui sont pacifiques , de caractère très doux , voire même hospitalier , qui ont un profond respect du bien d'autrui , qui exercent quelques petites industries et qui ne se font pas faute d'aller échanger leurs produits dans les centres habités par des blancs , et même d'offrir leurs services . D'autres , au contraire , sont très méchants, ne songent qu'à la guerre avec leurs voisins et sont anthropophages . Un grand nombre de ces Indiens vivent dans un état d'abjection impossible à décrire, dépourvus de tout vêtement , livrés à une intempérance sans nom , à une orgie perpétuelle . Ceux qui ont acquis un semblant de civilisation le doivent aux missionnaires dont le zèle et l'abnégation , trop souvent ignorés , ne peuvent presque rien dans ces endroits impénétrables , dépourvus

26 de toutes ressources et de tout contact avec le reste du monde . Victimes de leur devoir , ces pieux éclaireurs de la civilisation sont plus exposés à périr qu'à voir leur courage et leur dévouement couronnés de succès . Tant que des routes ne seront pas tracées vers ces lointains parages , la Montaña restera ce qu'elle est aujourd'hui ; à peine connue , inhabitée et à peine exploitable en dehors des marges de l'Amazone , du Marañon, de l'Ucayali et de quelques - unes des autres rivières principales . La race noire a été introduite du temps de l'esclavage . Parmi les familles africaines qui ont fourni le plus grand nombre d'esclaves au Pérou , on cite les Lucumés, les Mandingues , les Cambundes , les Congolais et les Misangues , mais les types purs ont complètement disparu à cause des nombreux croisements qui se sont produits en Amérique. L'introduction de la race jaune ne date que d'un demi - siècle . La plupart des représentants de cette race ont été embarqués à Macao; j'en reparlerai au chapitre traitant de la colonisation . Toutes ces races , en se mélangeant , ont produit une population de couleur indéfinissable . Il est à remarquer , cependant , que le croisement, quand il n'est que de deux races, est parfaitement reconnaissable. Voici les noms qui ont été donnés , dans l'Amérique espagnole , aux produits du croisement des différentes races : l'enfant d'un blanc et d'une indienne s'appelle mestizo » (métis) ; celui d'un blanc et d'une mestiza ,

castizo » ; celui d'un blanc et d'une

castiza est considérée comme blanc ; celui d'un blanc et d'une négresse s'appelle mulato D (mulâtre); celui d'un blanc et d'une mulâtresse , morisco » (quarteron) ; celui d'un blanc et d'une quarteronne , « salto atras » ; celui d'un blanc et d'une salto atras est considéré comme blanc ; celui d'un Indien et d'une négresse s'appelle

zambo

(griffe) ; celui d'un Indien et d'une zamba ,

« zambo claro » ; celui d'un Indien et d'une zamba clara est considéré comme Indien ; celui d'un nègre et d'une zamba s'appelie zambo prieto » ; enfin , celui d'un nègre et d'une zamba prieta est considéré comme nègre. Au Pérou , le métis est désigné sous le nom de « cholo » . Le mélange des trois races y porte le nom générique de « chino » , avec des sous-dénominations, telles que

chino- prieto ,

chino-

-

27

mulato, chino - cholo , etc. , suivant le sang qui domine . L'arrivée des Chinois , dont le nom espagnol est également « chino » , a fait tomber ces dénominations en désuétude, en même temps qu'elle a fait adopter le nom général d' « asiatico » pour désigner les fils du Céleste- Empire . Ces derniers , de leur côté, ont fait souche et se sont greffés sur des mélanges déjà passablement compliqués , ce qui rend certaines classifications presque impossibles . Aucun nom particulier n'a encore été donné à cette nouvelle famille . Les noirs habitent presque tous la Costa . Les Chinois également, quoiqu'ils commencent à s'éparpiller un peu dans la Sierra . Les blancs se trouvent dans tout le pays . Langues. --- La langue officielle du Pérou est l'espagnol. Les ' Indiens parlent le quichua ou l'aymara , suivant la famille à laquelle ils appartiennent. Ces deux langues ont peu de points de contact. A Eten , les indigènes parlent la langue yunca ou mochica , qu'on appelle aussi l'étano, langue qui ne ressemble en rien au quichua. Il en est de même de la langue cauqui , parlée dans quelques villages de la province de Lima . Les Chunchos ou sauvages de la Montaña , parlent des langues ou des dialectes peu connus et dans lesquels on retrouve parfois des similitudes avec le quichua . Religions. -La race blanche professe la religion catholique , apostolique et romaine, qui est la religion de l'État ; les autres cultes sont tolérés . La race indienne a abandonné le culte du soleil pour embrasser le christianisme , mais , de l'opinion de quelques archéologues qui ont étudié la question de près , les Aymaras , et peut - être aussi les Quichuas, qui vivent retirés dans leurs montagnes , semblent avoir conservé, tout en se montrant très pénétrés de leurs nouvelles croyances, des pratiques, des cérémonies , des sacrifices même , qui se sont perpétués jusqu'à nos jours et dont ils se cachent soigneusement. Les Chunchos sont idolâtres, fétichistes , et n'ont pas de culte bien déterminé .

28 ― Archéologie. - Le Pérou offre aux archéologues un champ d'investigations excessivement vaste . Si les monuments des Incas n'ont pas toujours été respectés par les conquérants ; si de nombreuses richesses archéologiques sont à jamais perdues , les ruines qui subsistent encore , les huacas D et les objets qu'on y retrouve journellement , les mœurs primitives que les Indiens des Andes conservent si religieusement, sont des éléments précieux de science pour les esprits observateurs . Jamais, il faut bien l'avouer, l'archéologie n'a passionné le peuple péruvien , et bien peu de savants s'y sont consacrés . De même que dans d'autres régions de l'Amérique, c'est aux voyageurs étrangers que cette science, dans ce qu'elle a de local , doit ses plus grands progrès . L'étude des antiquités péruviennes est, d'ailleurs , pleine de difficultés . La ville de Lima ne possède pas de musée archéologique digne de ce nom ; les monuments anciens se trouvent dans des endroits souvent peu accessibles, dans des régions abandonnées aujourd'hui et dépourvues de ressources , où le voyageur est exposé à des privations sans nombre et où il se voit dans l'impossibilité de faire transporter des colis d'un certain volume . Cuzco est le centre habité où on rencontre le plus grand nombre de vestiges de la civilisation des Incas , civilisation qui avait atteint un haut degré de perfection . Le palais de MancoCapac et la forteresse de Sacsahuaman sont les monumenis les plus notables de Cuzco . Il y en a , du reste , dans tout le pays . Les plus célèbres sont : les ruines des îles du lac de Titicaca , celles de Quelap (Chachapoyas) , de Tambo del Inca ( Cajamarca) , de Chimu ( Santa) , de Huanta ( Huari ) , de Huanuco ( qu'on croit antérieures aux Incas) , de Pachacamac ( Lima) , et celles d'Ollantaitambo ( Urubamba ) . Un genre d'investigations facile , qui ménage des surprises parfois bien agréables , est celui d'aller à la recherche des

huacas ▾

ou anciennes sépultures des Indiens . Elles sont si nombreuses sur la côte , principalement dans les environs d'Ancon et de Trujillo , qu'on doit considérer ces deux endroits comme de

véritables

nécropoles . Beaucoup de personnes , même étrangères à la science, se livrent à cette distraction . D'autres le font dans un but de lucre . On se fait accompagner, à cet effet, de deux ou trois hommes

1

- 29 ―

de l'endroit, qui ont une grande pratique de ces sortes de recherches et qui , en frappant le sol à l'aide d'une barre de fer , reconnaissent la présence d'une huaca au son que rend le coup . Il ne reste alors qu'à creuser pour y arriver . La huaca peut se comparer à un caveau , à parois d'argile , dans lequel se trouve une momie , parfois plusieurs , et un nombre plus ou moins grand d'objets , tels que bijoux , amulettes , poteries , armes , etc. , ayant appartenu au défunt. Tout le monde a entendu parler des momies péruviennes , dont la conservation est merveilleuse . Le corps est généralement plié en deux , le menton appuyé sur les genoux , entouré de linges et de vêtements , le tout cousu dans un sac , solidement ficelé et surmonté d'un masque peint en rouge . Les étoffes dont sont formés ces vêtements , parmi lesquels cusmas » ( espèce de chemise) se rencontrent le plus fréquem-

les

ment , sont parfois surprenantes comme dessiu et vigueur des couleurs. Les petites idoles , les bijoux et les amulettes sont souvent en or ou en argent . Indépendamment de leur valeur scientifique , ces menus objets ont donc une valeur intrinsèque qui explique l'assiduité avec laquelle on les recherche (¹ ) . Trésors . Parmi les huacas célèbres , celle qui a gardé le nom de Huaca de Toledo est restée légendaire . L'existence de cette huaca , qui avait servi de sépulture à plusieurs générations de chefs , près de Trujillo , fut révélée en 1560 à un Espagnol , Garci - Gutierrez de Toledo , par un cacique nommé Chimun-Chaucha qui s'était converti au christianisme et dont Gutierrez était devenu le compadre, c'est-à - dire le parrain d'un de ses enfants .

Gutierrez y trouva une si grande quantité d'objets en or que , d'après les livres de la caisse royale de Trujillo , il paya , pour le cinquième du roi , la somme de 132,567 castillans d'or . La valeur du castillan

étant de 15 francs de notre monnaie, cela fait

1,988,505 francs perçus de ce chef par la couronne d'Espagne. La huaca de Toledo contenait donc 10 millions de francs , si pas plus , ce qui , il y a trois siècles , faisait un joli denier . D'autres trésors , consistant en objets anciens d'or et d'argent (1 ) Les huacas des environs d'Ancon ont été décrites dans le remarquable ouvrage de MM. W. Reiss et A. Stübel, intitulé : Das Todtenfeld von Ancon, in Peru. (Berlin, A. Asher & Co, 1887. )

30 -

représentant des sommes considérables , ont encore été trouvés depuis , même à une époque rapprochée de la nôtre . La tradition , qui veut qu'il en existe encore beaucoup d'autres , a poussé bien des gens , et même des sociétés industrielles créées dans ce but, à faire des fouilles dont les résultats , sans être absolument négatifs , n'ont pas toujours répondu à l'attente des chercheurs . Lors de l'invasion de leur pays, les Indiens du Pérou ont enfoui de telles quantités de métaux précieux qu'il est assez présumable que tous ces trésors n'ont pas encore été découverts ; mais les données précises font entièrement défaut et le hasard seul pourra les faire connaître .

CHAPITRE III.

DIVISIONS POLITIQUES.

Le Pérou est divisé en 18 départements et 2 provinces littorales . Chaque département comprend un certain nombre de provinces , dont le total est de 95 pour tout le pays . Les provinces se subdivisent à leur tour en districts , au nombre de 796. Comme je serai fréquemment amené à citer des noms de provinces et de villes , je crois utile de passer rapidement en revue les différents départements . La question de l'altitude ayant une très grande importance dans ce pays , je ferai suivre le nom de chaque localité de l'indication , entre parenthèses , de son élévation en mètres au-dessus du niveau de la mer ; je dois ces renseignements à la Société de géographie de Lima , qui a bien voulu me communiquer les chiffres actuellement connus .

Département de Piura. - Superficie , 90,920 kilomètres carrés ; population , 140,000 habitants ; capitale , Piura ( 53 mètres) , 7,000 habitants ; première ville fondée au Pérou par Pizarre . Le département de Piura comprend

la province de Tumbez ,

chef-lieu Tumbez (port de mer) , 6,000 habitants ; celle de Paita , chef-lieu Paita ( port de mer) , 2,000 habitants ; celle de Piura , chef-lieu Piura , capitale du département ; celle d'Ayabaca , cheflieu Ayabaca ( 2,720 mètres ) , 1,200 habitants , et celle d'Huancabamba , chef-lieu Huancabamba (2,003 mètres) , 5,500 habitants . Principales productions du département : or , asphalte , pétrole , sel, coton, tabac , sucre , bétail, chapeaux de paille dits de Panama.

31 Département de Cajamarca . -- Superficie, 68,000 kilomètres carrés ; population , 220,000 âmes ; capitale, Cajamarca (2,860 mètres) , 8,000 habitants ; ville située dans une vallée riante au pied du Cumbe ( 4,800 mètres) . Le département de Cajamarca comprend

la province de Jaen ,

chef-lieu Jaen ( 1,033 mètres) , 1,000 habitants ; celle de Chota , chef-lieu Chota (3,050 mètres ) , 1,500 habitants ; celle de Hualgayoc, chef-lieu Hualgayoc ( 3,619 mètres ) , 2,000 habitants ; celle de Celendin , chef-lieu Celendin ( 2,709 mètres) , 2,500 habitants ;

celle de Cajamarca , chef-lieu Cajamarca (capitale du

département ) ; celle de Contumazá , chef-lieu Contumazá (2,688 mètres) , 2,000 habitants , et celle de Cajabamba , chef-lieu Cajabamba (2,859 mètres) , 3,000 habitants . Principales productions du département

or, argent , cuivre ,

plomb, fer , blé , orge , maïs , tabac , cacao, coca , matico , rhubarbe, sucre, bétail.

Département de l'Amazone . -

Superficie, 76,000 kilomètres

carrés ; population , 40,000 âmes ; capitale , Chachapoyas (2,360 mètres) , 3,500 habitants . Le département de l'Amazone comprend la province de Bongara, chef- lieu San Carlos, 800 habitants ; celle de Chachapoyas, chef- lieu Chachapoyas (capitale du département) , et celle de Luya , chef- lieu Lamud ( 3,314 mètres ) , 1,600 habitants . Principales productions du département

or , riz , coton , bois

précieux , plantes médicinales, sucre , tabac , cacao , cannelle , coca , cire végétale , etc. Cette région est d'une grande richesse végétale .

Département de Loreto. - Superficie, environ un million de kilomètres carrés ; population , 100,000 âmes ; capitale ,

Moyo-

bamba ( 860 mètres) , 7,500 habitants . Le département de Loreto , qui est le plus étendu et en même temps le moins peuplé du Pérou , comprend

la province de Alto-

Amazonas , chef-lieu Yurimaguas ( 182 mètres) , 1,000 habitants ; celle de Bajo-Amazonas , chef-lieu Iquitos ( 109 mètres ) , 8,000 habitants ; celle de Moyobamba , chef-lieu Moyobamba ( capitale du département) ; celle de Huallaga , chef-lieu Saposoa , 3,500 habitants , et celle de San Martin , chef-lieu Tarapoto (356 mètres) , 9,000 habitants .

32 -

Les produits de ce département sont les mêmes que ceux du département de l'Amazone, mais plus abondants encore . Département de Lambayeque .

Superficie , 34,480 kilomètres

carrés ; population , 90,000 âmes ; capitale Chiclayo (25 mètres) , 13,000 habitants . Le département de Lambayeque comprend

la province de

Lambayeque , chef-lieu Lambayeque ( 18 mètres) , 6,000 habitants , et celle de Chiclayo, chef- lieu Chiclayo (25 mètres) , capitale du département . Ce département est surtout agricole ; ses principales productions sont riz , maïs , café , cacao , tabac , sucre .

Département de La Libertad. - Superficie, 62,720 kilomètres carrés ;

population ,

150,000

habitants ;

capitale ,

Trujillo

(63 mètres) , 8,000 âmes . Fondée par François Pizarre , qui lui donna ce nom en souvenir de sa ville natale , un an avant la fondation de Lima , dont elle fut longtemps la rivale , cette jolie ville est bâtie au milieu de la magnifique vallée de Chimu , où règne un printemps perpétuel . Le département de La Libertad comprend la province de Pacasmayo , chef-lieu San Pedro de Lloc (40 mètres) , 4,000 habitants ; celle de Trujillo , chef-lieu Trujillo (capitale du département) ; celle d'Otuzco , chef- lieu Otuzco (2,711 mètres ) , 2,500 habitants ; celle de Huamachuco , chef- lieu Huamachuco (3,365 mètres) , 4,000 habitants , et celle de Pataz , chef-lieu Parcoy ( 3,211 mètres) , 1,200 habitants . Principales productions du département or , argent, cuivre , fer, houille , blé , riz , coton , café , coca , sucre, piment , bétail , chevaux renommés .

Département d'Ancachs . - Superficie , 110,320 kilomètres carrés ; population , 285,000 habitants ; capitale , Huaraz ( 3,027 mètres) , 5,000 âmes . Le département d'Ancachs comprend la province de Pallasca , chef-lieu Corongo ( 3,180 mètres) , 3,000 habitants ; celle de Pomabamba , chef-lieu Pomabamba (3,056 mètres) , 2,000 habitants ; celle de Huari , chef- lieu Huari (3,158 mètres) , 2,000 habitants ;

celle

de

Huaylas,

chef- lieu Caraz

(2,237

mètres) ,

3,000 habitants ; celle de Huaraz , chef- lieu Huaraz , capitale du

33 --

département ;

celle

de

Santa ,

chef- lieu

Casma (30

3,500 habitants ; et celle de Cajatambo , chef- lieu (3,350 mètres) , 2,500 habitants .

mètres) ,

Cajatambo

Principales productions : or, argent, cuivre , plomb , mercure , fer, sel gemme, houille , blé , maïs , orge , riz , sucre , bétail . Ce département est privilégié par la fertilité de son sol aussi bien que par l'abondance de ses minerais .

Département de Huanuco . -

Superficie, 79,920

kilomètres

carrés ; population , 85,000 âmes ; capitale Huanuco ( 1,812 mètres ) , 5,500 habitants . Ville ancienne , sur le Huallaga . Climat sec et chaud . Le département de Huanuco comprend : la province de Huamalies , chef- lieu Llata (2,712 mètres) , 2,000 habitants ; celle de Dos de Mayo, chef-lieu La Union , 1,000 habitants , et celle de Huanuco , chef- lieu Huanuco , capitale du département . Principales productions : or , argent , mercure, houille , café , coca , tabac , miel d'abeilles , cire , ivoire végétal , cacao, sucre , quinquina, riz , vins , bois d'ébénisterie , bétail .

Département de Lima.

- Superficie, 79,040 kilomètres carrés ;

population , 240,000 âmes ; capitale Lima, qui est en même temps la capitale de la République. La capitale du Pérou fut fondée le 18 janvier 1535 par François Pizarre . Elle porta d'abord le nom de Cité des Rois , parce que l'emplacement en avait été définitivement choisi le 6 , jour de l'Épiphanie ; mais ce fut celui de Lima , par corruption de Rimac (eau chantante ) , nom du fleuve qui l'arrose , qui prévalut dans la suite . On l'appelle aussi , non sans raison, la

« Perle du Paci-

fique . Située à 14 kilomètres du port du Callao , à 156 mètres au- dessus du niveau de la mer , au milieu d'une vallée verdoyante , Lima couvre une superficie d'environ 4,000 hectares , sur les deux rives du Rimac, et possède une population de 100,000 à 105,000 âmes. Ses rues en damier, l'aspect extérieur de ses habitations , les grandes portes cochères qui ouvrent sur un patio ou cour inté rieure , le plus souvent pavée de marbre , les balcons fermés , qui font songer aux moucharabiés arabes, les toits en terrasses horizontales, tout contribue à donner à la capitale du Pérou un cachet particulièrement coquet .

34

En général , les maisons sont spacieuses et même luxueuses Les magasins sont nombreux et bien tenus , principalement dans les rues qui avoisinent la Plaza Mayor . La foule est élégante , la ville est animée , sauf le soir . Au point de vue de l'architecture, les édifices publics n'offrent rien de remarquable , à l'exception du Palais de l'Exposition , qui est fort beau et qui rappelle le Palais de l'Industrie à Paris . L'art semble s'être arrêté aux églises , qui sont somptueuses , aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. La cathédrale passe pour la plus belle de l'Amérique du Sud ; les temples de San Francisco , de San Agustin , de San Pedro , de La Merced , et d'autres encore , sont de très belles constructions .

La colonne du Dos de Mayo est d'un goût artistique très pur . La promenade des Descalzos , avec ses belles plantes tropicales et ses deux rangées de statues en marbre blanc, mériterait une plus grande faveur du public. Le jardin de l'Exposition ferait bonne figure dans n'importe quelle capitale d'Europe par son étendue, sa belle collection de plantes indigènes, le soin avec lequel il est entretenu et les attractions diverses qui y sont réunies . Sous d'autres rapports, Lima contient tout ce que peut désirer la civilisation la plus exigeante

université,

collèges , biblio-

thèques, collections, sociétés scientifiques et littéraires , théâtres , hôpitaux , hospices , pénitencier , conduites d'eau , fontaines, tramways , éclairage au gaz et à l'électricité, etc. Les halles sont abondamment fournies de produits dont la variété et la qualité ne laissent rien à désirer . S'il était possible de faire abstraction du service domestique , qui cause parfois des ennuis , Lima serait un séjour des plus agréables , bien plus à cause de ses habitants que de sa température et de ses avantages matériels . Le Péruvien est essentiellement jovial, aimable et hospitalier. Il est rare de rencontrer des gens plus franchement accueillants , plus délicatement attentionnés que les Liméniens ; il est difficile d'imaginer des personnes plus gracieuses et plus spirituelles que les Liméniennes . La société entière à Lima, par son affabilité pleine de charmes , fait passer sur tous les petits désagréments que les étrangers

éprouvent toujours

quand ils arrivent dans un endroit nouveau . Le département de Lima comprend

la province de Chancay ,

chef-lieu Huacho (port de mer) , 2,000 habitants ; celle de Canta ,



35

chef-lieu Canta (2,942 mètres) , 1,000 habitants ; celle de Lima, chef-lieu Lima ; celle de Huarochiri , chef- lieu Matucana (2,375 mètres) , 900 habitants ; celle de Cañete , chef- lieu Pueblo Nuevo , 1,500 habitants , et celle de Yauyos , chef-lieu Yauyos (2,928 m . ) , 700 habitants . A citer, dans la province de Lima, les localités de Chorrillos , Barranco , Miraflores et Ancon , qui sont des stations balnéaires où vont se délasser les habitants de la capitale . Principales productions du département

or, argent , cuivre ,

plomb , fer , sel , houille, coton , sucre , vins .

Province littorale du Callao . titre de

Cette petite province porte le

province constitutionnelle

. Elle n'a qu'environ 30 kilo .

mètres carrés de superficie et une population de 30,000 habitants . Elle se réduit , en somme , à sa capitale, qui est le port du Callao et dont la population est de 28,000 âmes . La rade de Callao , de près de 14 lieues de circuit , est fort belle . Profonde et toujours calme, abritée de plus par l'île de San Lorenzo , elle peut recevoir un grand nombre de navires de tout tonnage .

Ce port, qui est le plus important du Pérou , est muni d'un môledarse , de magasins d'entrepôt, d'un arsenal et d'un dock flottant qui peut soulever des bâtiments de 5,000 tonnes . Département de Junin. - Superficie,

144,840 kilomètres

carrés ; population , 210,000 âmes ; capitale, Cerro de Pasco (4,352 mètres) , 6,500 habitants ; climat très froid et peu salubre ; centre commercial actif. Le département de Junin comprend

la province de Pasco, chef-

lieu Cerro de Pasco, capitale du département ; celle de Tarma , chef-lieu Tarma (3,133 mètres) , 9,000 habitants ; celle de Jauja , chef-lieu Jauja (3,467 mètres) , 9,000 habitants , et celle de Huancayo, chef- lieu Huancayo (3,400 mètres) , 6,000 habitants . Principales productions du département : argent , cuivre , plomb , fer , sel , houille, céréales , café , coca , indigo , bétail , laines .

Département de Huancavelica. -

Superficie, 50,280 kilo-

mètres carrés ; population , 105,000 âmes ; capitale , Huancavelica. (3,798 mètres) , 4,000 habitants . Le département de Huancavelica comprend

la province de

-- 36 -

Tayacaca , chef lieu Pampas ( 2,147 mètres), 2,000 habitants ; celle de Huancavelica , chef- lieu Huancavelica , capitale du département ; celle d'Angaraes , chef lieu Lircay , 500 habitants , et celle de Castrovirreina , chef- lieu Huaitara ( 2,938 mètres) , 600 habitants . Principales productions du département : argent, mercure de la célèbre mine de Santa Barbara (4,565 mètres) , céréales , laines

Département d'Ica. -

Superficie, 48,480 kilomètres carrés ;

population , 65,000 âmes ; capitale , Ica (407 mètres) , 7,000 habitants . Le département d'Ica comprend : la province de Chincha, cheflieu Pisco (port de mer) , 3,500 habitants, et celle d'Ica , chef-lieu Ica , capitale du département . Principales productions : or, cuivre, asphalte , sel , marbres , coton , sucre , vins , eaux- de- vie .

Département d'Ayacucho .

carrés ; population , 150,000 (2.714 mètres ), 10,000 âmes .

Superficie, 110,200 kilomètres habitants ;

capitale

Ayacucho

Le département d'Ayacucho comprend : la province de Huanta, chef- lieu

Huanta ( 2,733 mètres) , 3,500 habitants ; celle de La Mar, chef-lien San Miguel (3,100 mètres) , 1,500 habitants ; celle d'Ayacucho , chef-lieu Ayacucho , capitale du département ; celle de Cangallo , chef- lieu Cangallo (2,900 mètres) , 2,000 habitants ; celle de Lucanas , chef-lieu Puquio (3,650 mètres) , 2,500 habitants , et celle de Parinacochas , chef-lieu Coracora (3,202 mètres) , 1,500 habitants . Principales productions du département : or , argent, céréales , coca , cacao , vins , bétail, laines .

Superficie , 33,880 kilomètres Département de l'Apurimac. carrés ; population , 125,000 habitants . Ce département est le moins étendu du Pérou et en même temps celui dont la population est la plus dense ( 3 7/10 habitants par kilomètre carré) ; capitale, Abancay ( 2,395 mètres) , 4,500 âmes . Le département de l'Apurimac comprend : la province d'Andahuaylas , chef - lieu Andahuaylas ( 3,017 mètres) , 2,500 habitants ; celle d'Abancay , chef-lieu Abancay, capitale du département ; celle d'Aimaraes , chef-lieu Chalhuanca , 4,000 habitants ; celle de

37 --

Cotabamba ,

chef- lieu

Tambobamba , 2,000 habitants , et celle

d'Antabamba , chef- lieu Antabamba , 2,400 habitants . Principales productions du département cuivre, céréales , anis , bétail .

or, argent , plomb,

Département de Cuzco - Superficie , 383,980 kilomètres carrés ; population , 255,000

habitants ;

capitale Cuzco ( 3,560 mètres) ,

17,000 âmes . L'ancienne capitale de l'empire des Incas a été surnommée la Rome de l'Amérique du Sud , dont Urubamba est la Pompéi . La ville de Cuzco est très étendue ; mais les maisons en sont basses , les rues étroites et tortueuses . Les églises y sont nombreuses et superbes . Le département de Cuzco comprend

la province de La Con-

vencion , chef-lieu Santa Ana (1,045 mètres) , 500 habitants ; celle d'Urubamba , chef-lieu Urubamba ( 2,921 mètres) , 3,500 habitants ; celle de Calca, chef-lieu Calca, 3,000 habitants ; celle de Pancartambo , chef-lieu Pancartambo ( 3,000 mètres ) , 1,200 habitants ; celle de Cuzco , chef-lieu Cuzco , capitale du département; celle d'Anta , chef lieu Anta ,

1,500 habitants ; celle de Quispicanchi ,

chef-lieu Urcos ( 3,317 mètres) , 2.800 habitants ; celle de Paruro , chef-lieu Paruro, 2,600 habitants ; celle d'Acomayo , chef- lieu Acomayo (2,291 mètres) , 2,000 habitants ; celle de Cauchis , cheflieu Sicuani (3,552 mètres ) , 2,500 habitants ; celle de Chumbivilca , chef- lieu Santo Tomas , 800 habitants ; et celle de Canas , chef-lieu Yanaoca , 1,000 habitants . Principales productions du département marbres , céréales ,

or,

argent , sel ,

cacao , coca , anis , café , quinquina , vanille ,

caoutchouc , bois d'ébénisterie , plantes médicinales , bétail , laines . Département d'Arequipa . -

Superficie,

130,040 kilomètres

carrés ; population , 160,000 habitants ; capitale , Arequipa (2,392 mètres) , 28,000 âmes . Cette ville est la deuxième du Pérou , comme influence politique et centre commercial . Elle est bâtie au pied du Misti ; ses constructions sont élégantes, ses monuments nombreux , et ses habitants se distinguent par une haute culture intellectuelle . C'est sur le Misti , à 5,800 mètres d'altitude , que se trouve l'observatoire astronomique établi par une société scientifique américaine . La limpidité de l'atmosphère y est admirable . Le département d'Arequipa comprend : la province de Camaná , chef- lieu Camaná ( 136 mètres ) , 5,000 habitants ; celle de La Union , 3

-

38

chef-lieu Catahuasi ( 3,613 mètres), 3,000 habitants ; celle de Condesuyos , chef-lieu Chuquibamba , 4,000 habitants ; celle de Cailloma, chef- lieu Cailloma (4,377 mètres) , 1,000 habitants ; celle de Castilla, chef- lieu Aplao (669 mètres) , 1,500 habitants ; celle d'Arequipa , chef-lieu Arequipa , capitale du département, et celle d'Islay , chef-lieu Mollendo ( port de mer) , 1,000 habitants . Principales productions du département : or, argent , plomb , céréales , coton , indigo , olives , sucre , vins , bétail , laines . Département de Puno . - Superficie , 400,000 kilomètres carrés ; population, 270,000 habitants ; capitale Puno (3,853 mètres) , 6,000 âmes . C'est par Puno, sur le lac de Titicaca , que se fait le commerce entre le Pérou et la Bolivie . Le département de Puno comprend chef-lieu Macusani

(4,336

mètres) ,

la province de Carabaya , 500 habitants ;

celle

de

Sandia, chef- lieu Sandia ( 2,103 mètres) , 800 habitants ; celle d'Azangaro , chef-lieu Azangaro, 1,200 habitants ; celle de Huancané , chef-lieu Huancané (3,921 mètres) , 600 habitants ; celle de Lampa , chef- lieu Lampa ( 3,950 mètres ) , 1,200 habitants ; celle de Puno , chef- lieu Puno , capitale du département , et celle de Chucuito, chef- lieu Juli (3,992 mètres) , 1,200 habitants . Principales productions du département or, argent, ardoises , marbres , céréales , coca , café, cacao , bétail , laines.

Province littorale de Moquegua. -

sel ,

Superficie, 34,440 kilo-

mètres carrés ; population , 40,000 habitants ; capitale , Moquegua ( 1,367 mètres ) , 4,000 âmes . Principales productions : borate de soude , olives, vins renommés .

Département de Tacna. - Superficie , 65,600 kilomètres carrés ; population , 40,000 habitants ; capitale , Tacna (560 mètres) , 8,000 âmes . La ville de Tacna étant encore occupée par les Chiliens , la capitale provisoire du département est Locumba (431 mètres ) , 300 habitants , endroit renommé pour ses eaux - de-vie de raisin . Le département de Tacna comprend

la province de Tacna ,

chef-lieu provisoire Ilabaya ; celle de Tarata , chef- lieu Candarave , et celle d'Arica , chef-lieu Arica ( port de mer) , 4,000 habitants . D'après les termes du traité de paix signé à Ancon , le 20 oc-

39

tobre 1883 , entre le Pérou et le Chili , les provinces de Tacna et d'Arica , restées au pouvoir du Chili , devaient , au bout de dix ans , manifester leur volonté de rester péruviennes ou de devenir définitivement chiliennes . Ce plébiscite n'a pas encore eu lieu . Principales productions du département : céréales , coton , sucre, vins , bétail , laines .

CHAPITRE IV . -

$ 1. ―

argent ,

cuivre ,

PRODUITS .

Règne minéral .

Les informations qui vont suivre sont tirées , en majeure partie , Los minerales de l'important ouvrage de Raimondi , intitulé : del Peru .

Or. - - Les mines d'or du Pérou sont d'une richesse proverbiale ; et pourtant, elles sont peu exploitées aujourd'hui , comme on le verra dans le chapitre qui traite de l'industrie minière . L'or que contient la Costa se trouve généralement dans des filons de quartz , au milieu de roches granitiques et syénitiques , et accompagné d'oxyde de fer hydraté ou anhydre , parfois de talc . Dans la Sierra , on le trouve à l'état natif ou mélangé à des sulfures d'autres métaux . Dans la Montaña , l'or se rencontre dans des filons de quartz et , principalement, à l'état de pépites, dans les terrains d'alluvion . Les terres aurifères ou placers sont très abondantes dans cette région, comme en témoignent les paillettes que charrient certaines rivières .

C'est de la Montaña que sont venues les plus grosses pépites trouvées au Pérou . On en cite une du poids de 150 kilogrammes , provenant de la province de Carabaya . Le département de l'Amazone , la province de Pataz , le département d'Ancachs et le département de Cuzco sont les principales. régions aurifères . Les mines de Cuzco étaient connues de temps immémorial . C'est de là , croit on , que les Indiens avaient tiré presque tout l'or que les Espagnols trouvèrent au Pérou quand ils en firent la conquête . La province de Carabaya jouissait autrefois

d'une grande

40 -

célébrité . Une société vient de se former pour exploiter de nouveau cette région , restée pendant si longtemps dans l'oubli . D'après les relations de différents explorateurs et les études faites récemment par les ingénieurs de la société , Carabaya promettrait de rivaliser bientôt avec le Transvaal .

Argent.

Les minerais d'argent sont excessivement abon-

dants , surtout dans la Sierra , ce qui a donné lieu au dicton : Au Pérou, l'argent se trouve dans les régions froides , et l'or dans les régions chaudes .

Le fait n'est pas rigoureusement

exact ; on trouve également de l'argent dans la Costa. Toutefois , on le rencontre très rarement à l'état pur . Il est presque toujours allié à d'autres métaux , parmi lesquels le plomb , le cuivre et l'antimoine tiennent la plus large place . La présence de l'antimoine est presque constante ; elle est caractéristique dans les minerais du département d'Ancachs . Une des formes les plus vulgaires des minerais d'argent est celle qui porte , dans le pays , le nom de

paco » et qui est un

mélange de sulfures oxydés de différents métaux . D'après Raimondi , cette oxydation , qui a atteint son plus haut degré , est due non à influence des agents extérieurs , mais à un phénomène géologique qui s'est produit pendant la période volcanique . Une autre forme assez commune est celle qui a reçu le nom de cascajo

, mélange de matière siliceuse, d'oxyde de fer et

d'argent natif, en particules très réduites . Le cascajo est le minerai de la célèbre zone de Cerro de Pasco . L'argent se rencontre également en combinaison avec le chlore , l'iode et le brôme, par suite de l'action exercée par l'eau de mer à l'époque où les côtes du Pérou étaient encore submergées. Ce sont les couches calcaires qui contiennent le plus fréquemment les sulfures . Les cuivres argentifères se trouvent dans les couches siliceuses . Parmi les nombreux échantillons de minerais d'argent dont Raimondi a fait l'analyse, il importe de signaler :

Des sulfures contenant 83 p . c. d'argent , provenant de la province de Jauli , et d'autres qui en contenaient 84.2 p . c . provenant de celle d'Otuzco ; des sulfures d'argent et de fer, contenant 57.3 p . c . d'argent , de Cerro de Pasco ; des sulfures d'argent et de cuivre , contenant 53 p . c . d'argent, provenant de la pro-

-- 41 -

vince de Lampa ; des sulfures d'argent, de plomb et d'antimoine , contenant de 2 1/2 à 7 p. c . d'argent, des provinces de Tarma et de Cajatambo ; des sulfures d'argent et d'antimoine , contenant 55 p. c. d'argent, provenant de la province de Huanta ; de l'antimoniate de fer et d'argent , contenant 3 p . c . d'argent, de la province de Hualgayoc ; de l'antimoniate de fer , de cuivre , de plomb et d'argent , contenant de 3 1/2 à 4.3 p . c . d'argent, des provinces de Huaylas et de Cajatambo ; de l'antimoniate de plomb et d'argent, contenant de 2.6 à 6.6 p . c . d'argent, provenant de la province de Pallasca .

Il n'est pas sans intérêt de rappeler que la richesse d'un minerai marcos » par »

Fruits . - Grâce à la diversité de son climat, le Pérou produit presque tous les fruits des tropiques et des régions tempérées de l'Europe . Les poires , les pommes , les pêches , les abricots, les melons, les fraises , etc. , n'y sont pas rares . De plus , les ananas , les oranges , les bananes , les papayas, les avocats (paltas) , les figues, les mangues, les goyaves , les grenades, les exquises chirimoyas et tant d'autres fruits fournissent avec profusion la table du riche et du pauvre . Fourrages. - Dans la Costa , les graminées appelées maicillo D et « gramalote » conviennent fort bien à la nourriture du bétail . 4

- 54 -

La luzerne (alfalfa) se trouve surtout dans la Sierra , où elle disparaît à 3,500 mètres pour faire place à l' « ichu » ,

qui

croît spontanément dans les punas et y couvre des étendues immenses . L'ichu sert d'aliment à tous les animaux de ces régions élevées .

Canne à sucre.

Parmi les produits qui font partie de l'alimen-

tation et qui réclament l'intervention de l'industrie , le sucre de canne occupe de loin la première place .

La culture de la canne à sucre remonte aux premiers temps de la domination espagnole. Les premières cannes importées vinrent du Mexique et ce fut la vallée de reçut . De là , les

Huanuco qui les

cañaverales » gagnèrent la région qui forme actuel-

lement le département de Piura , puis tout le littoral et enfin le reste du pays .

On employait à cette culture des esclaves noirs. Pendant la guerre de l'Indépendance , l'industrie sucrière eut beaucoup à souffrir , tant à cause de l'arrêt dans l'introduction des esclaves que par suite des dévastations qui marquèrent cette époque troublée . L'arrivée de nombreux colons chinois , vers le milieu de notre siècle , fit revivre les plantations de canne . Ce fut bientôt une fièvre qui absorba toute l'attention des capitaux et, en 1875 , lorsque survint la crise financière , l'industrie sucrière figurait à l'actif des banques péruviennes pour une somme de plus de 30 millions de sols . La liquidation fut désastreuse des deux côtés , avec d'autant plus de raison que la subite prohibition de l'émigration des Chinois , de la colonie portugaise de Macao vers le Pérou , venait de priver , peu de temps auparavant, la culture de la canne des bras nécessaires à tout ce qui avait été entrepris . Cette crise, suivie peu après de la guerre avec le Chili et de toutes ses conséquences, porta à l'industrie sucrière un coup funeste , encore aggravé par la concurrence de la betterave , qui maintient le sucre de canne à un prix fort bas. Il semble cependant que l'industrie du sucre se relève , si l'on en juge par la statistique des exportations que je trouve

dans le

journal de Lima El Economista , du 11 juillet 1896 , et dont voici le tableau :

55

Tonnes.

ANNÉES . 1870 1871 1872 . 1873 . 1874 . • 1875 1870 . • 1877 . • 1878 . 1879 .

1880 . 1881 • 1882 ·

251 4,500 6,550 15,950 23,700 50,000 55,000

• •

1884 . 1885 . 1886 . 1887 . 1888 .

80,000 80,000

1889 . 1890 1891 . 1892 . 1893

71,400 49,503

1894 1895 .

63,000 69,763

ToLnes.

ANNÉES. 1883

43,363 34,478 44,718 65,011 55,033 • · •

43,188

45,000 40,726 41,400 40,000 60,000 65,000

·

75,000

M. Alejandro Garland , dans une intéressante étude qu'il a dernièrement publiée sur cette question , donne les évaluations qui suivent , concernant la production annuelle des principaux centres de culture

Département de Lima , 31,000 tonnes de sucre ; d' de

la Libertad , 23,000 ; d' de Lambayeque , 10,000 ; d ' de Huanuco et autres , 11,000 ; total : 75,000 tonnes . Si , indépendamment de la consommation locale , l'exportation de 1895 a été de 75,000 tonnes, il est évident que la production augmente considérablement. L'ouvrage du même auteur fournit encore les appréciations suivantes Capital consacré actuellement à l'industrie sucrière , 35,170,000 sols ( 1 ) ; montant des frais annuels de culture et autres , 5,720,000 sols ; valeur de la production totale , 8,373,750 sols ; étendue des champs de canne, 38,500 hectares ; nombre de travailleurs employés à cette industrie , 24,700 . Ces chiffres permettent de tirer quelques conclusions : 1° Si les frais d'exploitation sont de 5,720,000 sols et le rendement de 8,373,750 sols, la différence de 2,653,750 sols représente 7 1/2 p . c. pour intérêts et amortissement du capital de 35 millions 170,000 sols ; 2º Si l'industrie sucrière , avec ses 38,500 hectares de cañaverales , n'emploie que 24,700 hommes , il suffit d'un homme pour 1 1/2 hectare , y compris la fabrication ; (¹ ) La valeur du sol , à Lima, est très variable ; voir plus loin , page 185 , les indications concernant le change.

56 --

3° Chaque hectare de cañaveral implique une dépense annuelle de 150 sols , avec les frais de fabrication du sucre ; 4º Le rendement annuel de l'hectare est de 2,000 kilogrammes de sucre, soit 3,000 kilogrammes par coupe , si l'on veut bien se rappeler que la canne met ici dix-huit mois environ pour arriver à maturité . Divers planteurs m'ont assuré qu'ils obtenaient une production plus élevée et que leur moyenne était de 4,000 à 4,500 kilogrammes de sucre par hectare et par récolte. Il est vrai que ces planteurs sont bien outillés . M. Garland ajoute , d'ailleurs , que le rendement qu'il indique pourrait être doublé, et même triplé , par l'emploi des engrais et l'adoption d'une fabrication plus scientifique. Les usines où la canne donne 10 p . c . de sucre cristallisé sont rares au Pérou . On n'obtient généralement que 8 p . c . , et dans les plantations qui ont conservé leur ancien matériel de fabrication, on n'arrive qu'à 6 p . c. Il faut encore tenir compte de la fabrication du rhum ou tafia, qui compense, dans une certaine mesure, le faible rendement en sucre cristallisé . On calcule que la récolte d'un hectare produit , en plus de 4,500 kilogrammes de sucre , une moyenne de 40 hectolitres de rhum de 30° Cartier . Dans certaines localités , principalement de la Montaña , la canne est cultivée uniquement pour la distillation du tafia . Les champs de canne réservés exclusivement à cette fabrication , couvrent une superficie de 3,000 hectares , dont le rendement est de 200 à 240 hectolitres de tafia par récolte . Sur la côte , le manque de pluie oblige le planteur à recourir à l'irrigation , ce qui entraîne parfois à de grands frais d'installation et limite forcément l'étendue des terres où la culture de la canne peut être profitable. Dans cette même région , la canne à sucre ne supporte guère plus de cinq coupes , ce qui lui fait une existence de 7 à 8 ans , sauf exceptions . Les procédés de culture et les conditions climatériques de la Costa permettent de ne pas y suivre le système des Antilles et des terres chaudes du Mexique , qui consiste à ne couper la canne que pendant la

campagne

(zafra) , soit pendant 120 jours consé-

cutifs ou à peu près , du mois de novembre au mois de mai , suivant les

localités .

Ici , pour

employer

l'expression

consacrée ,

on

-- 57 roule D pendant toute l'année et le travail de nuit n'est réservé qu'aux cas exceptionnels .

Vins et eaux - de- vie . - L'introduction de la vigne date de 1555 ; mais l'industrie vinicole ne prit aucun essor pendant la domination espagnole , à cause des mesures prohibitives du gouvernement colonial qui y voyait un danger pour les produits similaires de la métropole . Ce n'est, en réalité , que depuis vingt-cinq ans que la viticulture a commencé à acquérir l'importance à laquelle elle est arrivée aujourd'hui . Les premiers ceps furent importés d'Espagne . Pendant ce dernier quart de siècle , il en est également venu de France et d'Italie . Dans la vallée de Moquegua , il existe environ 2,000 hectares de vignobles qui produisent annuellement 17,500 hectolitres de vin et 25,000 hectolitres d'eau -de- vie de 18 à 19° Cartier .

La vallée de Chincha ( département de Huancavelica) , est encore plus importante sous ce rapport et produit 45,000 hectolitres de vin. La gorge voisine de Lunahuaná en donne 5,000 . La vigne est , d'ailleurs , l'unique culture de cette région . Dans le département d'Ica , l'ancienne fabrication de l'eau -de - vie de raisin a été peu à peu remplacée par celle du vin . La production annuelle y est actuellement de 25,000 hectolitres . A peu de distance d'Arequipa , dans les vallées de Vitor et de Mages , on a établi des vignobles qui ont bien réussi et qui produisent déjà 4,000 hectolitres de vin et 8,000 hectolitres d'eau - de - vie . La vallée de Locumba , et ses voisines de Ciuto , de Mirabe et d'Ilabaya, dans le département de Tacna, donnent 4,000 hecto . litres de vin et sont surtout renommées pour leur bonne eau-devie , dont elles produisent 3,000 hectolitres. Du midi, la culture de la vigne s'est étendue vers le nord . A Magdalena , dans le département de Lima , on trouve des vins rouges de bonne qualité ; production , environ 4,000 hectolitres . Enfin , depuis quelques années , l'industrie vinicole a pénétré dans l'intérieur du pays, notamment à Ayacucho , où l'on fabrique nn millier d'hectolitres de vin rouge par an . Malgré le prix peu élevé des vins du pays , qui varie de 5 à 10 centavos le litre au lieu de production , l'industrie vinicole est considérée comme très lucrative.

58

A Lima , le prix du vin national est de 15 à 25 centavos le litre . On le vend généralement par « arrobas » , mesure de 10 1/2 litres . Les fùts en bois semblent manquer et le transport des vins se fait parfois dans de grandes jarres , de la contenance d'une arrobe ou plus. Le Midi produit des vins blancs aussi bien que des vins rouges ; mais la consommation de ces derniers est de beaucoup plus forte et représente trente fois celle des premiers . Les vins rouges ressemblent plus au mâcon qu'au bordeaux ; ils ont aussi quelque analogie avec le vin de la côte nord d'Espagne nommé « Chacoli » . Quelques - uns sont très foncés et acquièrent du bouquet en vieillissant. Malheureusement, ils sont livrés trop jeunes à la consommation et les vins difficilement dans le commerce .

añejos

(vieux) se trouvent

Les vins blancs se rapprochent plus ou moins du vin d'Andalousie appelé Manzanillo D Il en est qui , après plusieurs années de bouteille , peuvent même donner l'illusion du Xérès . Comme vins ordinaires de table, on peut reprocher aux vins du Pérou d'être généralement trop capiteux . Des connaisseurs en matière vinicole m'ont dit que la fabrication laissait encore à désirer et qu'avec un système plus perfectionné, on pourrait obtenir des vins de premier ordre . Je crois, peut être à tort, que les vins blancs du Midi pourraient servir à fabriquer de bons vins mousseux . Jusqu'à présent, l'exportation annuelle ne dépasse pas 5,000

hectolitres , qui sont consommés dans les pays voisins . J'ignore si les vins péruviens sont connus en Europe ; il se pourrait cependant que quelques espèces fussent convenables pour le coupage des vins trop légers . Les eaux -de - vie , communément appelées

Pisco

, du nom de

leur principal lieu de provenance, valent , à Lima , environ 30 sols l'hectolitre ; les plus fines , auxquelles on a donné le nom d' « Italia » , sont beaucoup plus chères ; l'italia de Locumba est la plus estimée de toutes . Ces eaux -de - vie sont absolument incolores. Elles ont un gofit naturel agréable et qui rappelle celui des grains de raisin sec . Olives. -

La culture de l'olivier a pris une grande extension

dans la province de Moquegua ; on s'en occupe également dans celle de Lima .

59 -

Les olives de Moquegua, qui sont les meilleures , sont très grosses ; la pulpe en est molle , de couleur violette, et elles ont une saveur particulière , nullement désagréable , qui les distingue des olives du midi de l'Europe . On en fait une très grande consommation et on les emploie aussi à la fabrication de l'huile . Je n'ai pu me procurer de données statistiques sur la production . des olives et de l'huile . Café. -

Le café du Pérou est délicieux .

Les qualités de

Huanuco , de Chanchamayo et de Carabaya ne le cèdent en rien aux excellents produits mexicains d'Oaxaca , de Colima et d'Uruapam . Quoique l'élan donné depuis quelques années à la culture du café au Mexique n'ait pas encore son pendant au Pérou , il est certain que l'attention des agriculteurs péruviens s'est déjà portée sur ce produit. C'est surtout dans la riche vallée de Chanchamayo , depuis la Merced jusqu'à San Luis de Shuaro (département de Junin ) , que la culture du café a pris le plus de développement pendant ces derniers temps . Le nombre assez considérable de plantations nouvelles prouve qu'il ne s'agit pas d'un effort isolé . On en compte une centaine dans la région susdite , plantations assez petites, il est vrai , car elles ne couvrent ensemble, pour le moment , que cafetales » . Toutes sont situées entre 500 et 800 hectares de 1,500 mètres d'élévation . Si les renseignements que j'ai obtenus sont exacts , les caféiers sont plantés à une distance qui varie entre 2 et 3 mètres . Il y aurait donc de 1,000 à 2,500 arbres par hectare . La plante commençe à produire la troisième année et , à l'âge de huit ans, elle a atteint une hauteur de 250 à 3 mètres et se trouve en plein rapport . Elle donne alors 2 kilogrammes par arbre , en moyenne, ce qui ferait de 2,000 à 5,000 kilogrammes de café par hectare et par an.

N'ayant pu contrôler le fait , je ne puis ni le certifier ni le démentir ; mais ce rendement me paraît fort élevé et il serait déjà bien beau si on le réduisait au quart, soit 750 kilogrammes par hectare ( 1,500 pieds à 1/2 kilogramme) . On calcule que la préparation du terrain et la plantation d'un hectare reviennent à 65 sols ; et que l'entretien , la cueillette et le

60 ―

< beneficio D (décortication , séchage , etc. ) représentent , pour le planteur, une dépense de 5 sols par quintal de café . * Les frais de transport, à dos de mulet , depuis la plantation jusqu'à la Oroya , et en chemin de fer , depuis la Oroya jusqu'au Callao , sont de 4.50 à 5 sols le quintal (46 kilogrammes) , ce qui est excessivement cher. Il résulterait de ce qui précède que le café , rendu au Callao , reviendrait à environ 10 sols le quintal , ce qui , au prix actuel du produit, serait largement rémunérateur pour le colon , tout en admettant qu'il y a des frais d'amortissement et autres qui ne sont pas compris dans ce calcul . Au Mexique , où le rendement moyen est de 3/4 de livre (345 grammes) par caféier, le quintal de café revient au planteur à 6 ou 7 piastres , 10 au maximum , suivant la localité . Le salaire des indigènes à Chanchamayo étant de 50 centavos par jour , je ne pense pas que le café puisse revenir plus cher au planteur péruvien qu'au planteur mexicain , surtout si le rendement de la plante est supérieur à 3/4 de livre par arbre . La culture du caféier semble donc appelée à un grand avenir au Pérou et elle sera plus avantageuse encore le jour où les méthodes de culture et de beneficio seront perfectionnées et où les frais de transport seront moins élevés . Il est impossible de fixer un chiffre à la production totale actuelle, les données sur la consommation locale faisant défaut. Quant aux exportations, elles suivent une marche ascendante assez rapide . Elles ont été comme suit :

En 1890 . - 1891 . 1892 .

· •

Kilogrammes . • 140,000 · 191,317 292,615

En 1893 . - 1894 . - 1895 .

Kilogrammes. · 389,129 • 435,860 ?

Les ports d'embarquement sont le Callao , pour le café de Chanchamayo et de Huanuco , et Mollendo , pour le café de Carabaya. J'ai omis de dire que les premières plantations de café furent établies dans les environs de Pacasmayo , il y a fort longtemps , et que de là la culture s'étendit vers l'intérieur du pays , pour se fixer plus spécialement dans la Montaña , où les circonstances locales sont indubitablement plus favorables que sur la côte à ce genre de culture .

- 61 Cacao .

Le cacao que produit le Pérou est également de toute

première qualité . Celui du département de Cuzco , notamment, passe pour un des meilleurs du globe ; mais , soit qu'il revienne à un prix trop élevé , comparativement au cacao d'autres provenances, soit qu'on ne l'apprécie pas assez sur les marchés consommateurs , soit pour toute autre raison , la culture de cette plante a toujours été négligée et ne couvre que les besoins de la consommation locale . Il n'est pas aventureux de prédire que le jour où la Montaña sera peuplée, le cacao sera certainement un de ses principaux éléments de richesse agricole . Épices.

Il est indubitable que la Montaña est une contrée

qui produit avec profusion les végétaux les plus divers et qu'on y trouve - les relations des voyageurs en font foi ― la cannelle , la vanille , le giroflier , le gingembre, etc. Tous ces produits sont peu ou point exploités. L'anis est cultivé l'Apurimac.

dans les départements

de Cuzco et

de

B. Plantes médicinales .

--Le nom de cet agent thérapeutique , un des Quinquina. plus beaux présents que le nouveau monde ait faits à l'ancien , provient d'une confusion avec le « quina-quina D (myroxylon peruiferum ), dont on extrait le baume du Pérou et dont les gousses, qui jouissent également de vertus fébrifuges, furent employées avant le quinquina . C'est pour cette raison que le nom de quina quina , converti en quinquina , fut conservé aux espèces commerciales des

cinchonas , lorsque

leurs

propriétés furent

connues et appréciées en Europe. Ces propriétés ,

éminemment fébrifuges ,

toniques

et anti-

périodiques, furent découvertes par hasard , dit-on , par un Espagnol , qui les révéla aux pères de la Compagnie de Jésus . Il serait surprenant, cependant , que les Indiens , si grands observateurs des vertus de chaque plante et si exposés aux fièvres paludéennes , n'en eussent pas eu connaissance . Quoi qu'il en soit, il fallut une occasion toute particulière pour donner à ce merveilleux médicament la réputation qu'il méritait et qui ne s'est pas démentie depuis deux siècles et demi.

- 62 ―

Cette occasion fut, en 1631 , la maladie de la comtesse de Chinchon , épouse du vice-roi , qu'on ne parvint à guérir d'une fièvre pernicieuse que par l'administration du quinquina ( ') .

Le médicament prit dès lors le nom de « poudres de la comtesse

. Introduit peu après en Europe , il y reçut celui de « poudres du cardinal » , parce que le cardinal Lugo en avait préconisé l'emploi à Rome, et celui de poudre des jésuites » , du nom de ceux à qui l'humanité était redevable de la propagation du nouveau remède . Linnée conserva le souvenir de la première application retentissante du quinquina en donnant à l'espèce le nom de chinchona ou cinchona . Aujourd'hui , le quinquina porte indifféremment, au Pérou , les noms de cascarilla , écorce péruvienne , ou quina . L'éminent Raimondi , dont on ne peut ouvrir l'ouvrage sans y trouver des renseignements du plus haut intérêt, dit à propos de la cascarilla , dans la description d'un de ses voyages au delà des Andes : ..... Cette zone (le versant oriental de la cordillère) peut être considérée

comme caractéristique du

Pérou ,

puisqu'elle

constitue une région botanique bien déterminée , qui est celle des précieuses cascarillas . L'air parfumé qui ne tarde pas à frapper l'odorat est l'indice de la présence des premiers représentants de la chinchona , qui s'annoncent de loin ; c'est le messager de ces arbres précieux auxquels des milliers d'êtres humains doivent la chinchona ovata qui fait sa première apparition vie ; c'est la sur la scène admirable qui se déroule aux yeux du botaniste. Les nombreuses espèces du genre se trouvent disséminées sur une bande comprise entre 4,000 et 9,000 pieds au -dessus du niveau de la mer . Cette bande couvre une partie de la Bolivie, traverse le Pérou dans toute sa longueur et s'étend sur une partie de la Nouvelle- Grenade , pour former la région des chinchonas, dite aussi région de Humboldt . Chacune de ses parties contient des espèces qui lui sont particulières ; mais c'est celle du Pérou qui , comme intermédiaire , en possède le plus grand nombre. Au sud , on y trouve les espèces qui sont propres à la Bolivie , telles que la chinchona calisaya , la (¹ ) Cette anecdote et beaucoup d'autres très curieuses sont consignées dans les Tradiciones peruanas (4 vol . ), ouvrage dû à la plume élégante du spirituel écrivain péruvien M. Ricardo Palma.

63 -

chinchona amygdofolia , la bolíviana pubesceus et asperifolia . Au nord, la chinchona condaminea , cordifolia et mutiisi . Enfin , entre ces espèces particulières , la chinchona caraboyensis , glandulifera , Humboldtiana, micrantha nitida et scrobiculata . › Comme on le voit par ce qui précède , les espèces de quinquinas sont nombreuses . Dans le commerce, toutefois , elles sont toutes comprises sous une des dénominations suivantes : quinquina blanc , gris , jaune , orangé et rouge , classification qui provient de la teinte dominante de l'épiderme de chaque écorce. Le quinquina blanc est le plus rare ; le rouge est le plus abopdant ; le jaune , appelé « calisaya » , est le plus estimé . Suivant l'épaisseur de l'écorce , les morceaux livrés au commerce sont droits , en forme de tablettes , ou roulés en tuyaux plus ou moins gros . En 1828 , il fut interdit aux étrangers d'extraire le quinquina des forêts de la République . Quelque temps après , l'exportation de ce produit fut entièrement prohibée . Un décret de 1839 suspendit l'interdiction , mais établit un droit d'exportation de 40 sols par quintal,

ce qui faisait

Ces droits

bien près d'un

sol par

kilogramme .

d'exportation furent abolis à leur tour en

1845 .

En 1866 , nouvelle prohibition d'exporter le quinquina, prohibition suspendue bientôt après . Autrefois , le quinquina était une branche importante du commerce péruvien . D'après le baron Humboldt, il s'en exportait, à la fin du siècle dernier , environ 500,000 kilogrammes par an . Vers 1875 , l'exportation en était encore tout aussi forte ; mais depuis elle n'a fait que décliner et , en 1892 , elle n'a été que de 11,965 kilogrammes , représentant une valeur totale de 3,589 sols . Comme causes de cette décroissance , il faut citer, en premier lieu , la difficulté de l'extraction

du produit . Les chinchonas

croissent par bouquets , si je puis m'exprimer ainsi , disséminés dans les forêts et dans les endroits les plus abrupts et les plus sauvages . Ceux qui font le rude métier d'aller à leur recherche s'empressent , lorsqu'ils trouvent un de ces bouquets, d'en abattre tous les arbres , plutôt que de prendre le soin de ne les dépouiller que d'une partie de leur écorce . On comprendra aisément que , dans des endroits pareils, il n'existe ni loi ni règlement qui puisse retenir le coupeur dans son avidité de se procurer une rémunération , aussi large que possible, de son temps , de ses peines et des

-

64

dangers qu'il affronte. On ne peut guère exiger autre chose de lui , et les gens qui , de leur fauteuil , lui lancent l'anathème, semblent avoir une idée bien imparfaite des exploitations forestières de l'Amérique tropicale . Que de fois n'ai -je pas vu , au Mexique, abattre un superbe palmier, rien que pour cueillir une grappe de noix destinée à la nourriture des pourceaux, au lieu de grimper à l'arbre . Tous les projets de réglementation concernant la décortication des chinchonas me paraissent donc destinés, pour de longues années encore, à rester lettre morte . Entretemps , bon nombre des bouquets en question ont été détruits sans être remplacés , et ceux qui restent se trouvent dans des endroits encore moins accessibles ; d'où la difficulté , chaque jour plus grande , de se livrer à l'industrie extractive susdite. Cette imprévoyance , car il faut bien lui donner ce nom , malgré toutes ses excuses , n'a du reste rien qui doive étonner. On la retrouve dans bien des endroits. Au Mexique , pays que je cite souvent parce que c'est celui que je connais le mieux en Amérique , les beaux zapotes (sapotilliers ) sont impitoyablement sacrifiés et séchés sur pied , par une saignée trop abondante, pour en retirer le « chicle » , alors qu'ils pourraient produire pendant de longues années . C'est l'éternelle histoire de la poule aux œufs d'or . En second lieu , il faut tenir compte de la concurrence des quinquinas d'autres provenances . Les Hollandais ont acclimaté les chinchonas à Java vers 1850 ; les Anglais ont fait de même aux Indes et à Ceylan , une dizaine d'années plus tard ; les Français ont suivi cet exemple dans l'île de la Réunion . Ces trois nations réunies tirent annuellement de leurs colonies plus de 10 millions de kilogrammes de quinquina. La baisse de prix , conséquence naturelle de cette forte production , rend l'extraction peu rémunératrice au Pérou ,

peut-être

même impossible aujourd'hui , à cause du manque de voies de communication , des grandes distances à parcourir et de la cherté des transports qui en résulte . Dans ces conditions , il semble que la meilleure mesure à prendre serait d'établir de véritables plantations de chinchonas dans des endroits choisis . Il n'y a pas de raison pour que ce qui a si bien réussi à Ceylan et à Java ne réussisse également bien , si pas mieux , dans le pays d'origine . La fabrication du sulfate de quinine fut entreprise à Puno , en

65 -

1858. Cette fabrique , qui ne put se maintenir, fut le seul essai tenté dans le but d'introduire une industrie pour laquelle on avait la matière première sous la main et dont le produit se vendait ici exactement au poids de l'or .

Coca et cocaïne . - L'origine de l'usage que les Indiens du Pérou font de la coca se perd dans la nuit des temps . Grâce à cette feuille , l'Indien peut marcher pendant des jours et des nuits (trois et même quatre fois vingt- quatre heures , dit-on ) , sans nourriture , sans repos , sans sommeil et presque sans fatigue . Si l'Indien américain n'est pas doué d'une grande force musculaire , il possède , par contre , une résistance physique surprenante . Chez l'Indien péruvien , l'endurance naturelle est encore augmentée par l'usage de la coca.

Cette feuille est devenue pour lui un besoin , une véritable passion , plus forte peut - être que celle du tabac chez d'autres peuples et de l'opium chez les Chinois . Dans le travail des champs aussi bien que dans le travail des mines , l'Indien sans coca est abattu , découragé, impropre au service . L'instinct ou l'expérience lui a fait découvrir depuis longtemps ce que la science est venue confirmer, c'est -à-dire que la coca produit un effet plus actif sur l'organisme lorsqu'elle est mélangée à une substance alcaline . C'est pourquoi l'Indien a toujours dans la bouche, en même temps que ses chères feuilles , un morceau de « llipta , composition qu'il prépare avec des cendres de quinua et une espèce de craie qu'il nomme « mambi » .

Il se met dans la bouche quelques feuilles de coca , accompagnées d'un morceau de llipta , gros comme un pois , et la mastication commence . Il rejette les premières salivations et absorbe toutes les autres . Ce n'est qu'au bout de six à huit minutes que la coca commence à procurer le bien-être que l'Indien lui demande , effet qui ne se prolonge pas au - delà de trente à quarante minutes , après quoi il faut renouveler la même opération . Pendant longtemps, on a attribué à la coca des propriétés nutritives et l'Indien partage cette croyance . Il est bien prouvé aujourd'hui , cependant , que si la coca empêche les douleurs de la faim de se produire , c'est uniquement parce qu'elle agit comme anesthésique sur l'estomac . Quelques écrivains péruviens prétendent que l'usage immodéré

-

66

de la coca est la cause de l'apathie habituelle , de l'insensibilité morale et de la faiblesse d'intelligence d'un grand nombre de ces Indiens . Comme ces malheureux ont, en même temps que la passion de la coca , celle des boissons alcooliques, auxquelles ils s'adonnent sans trop de ménagements, je ne sais si c'est à la coca ou à l'alcool que le reproche doit être adressé . La plante qui produit la coca (Erythroxylon coca) est un arbuste qui peut arriver à 3 mètres de haut , mais qui ne dépasse généralement pas 2 ou 2 1/2 mètres . La culture s'en est beaucoup étendue depuis la découverte de la fabrication de la cocaïne . Les terres qui lui conviennent le mieux sont composées d'argile rouge et de sable , sèches plutôt qu'humides , entre 2,000 et 4,000 mètres d'élévation au-dessus du niveau de la mer. C'est à l'âge de 6 ans que la plante a atteint tout son dévelop pement. Elle donne alors environ 50 grammes de feuilles sèches par année . La récolte se fait trois fois par an, en enlevant les feuilles à la main et en ayant soin de ne pas endommager les bourgeons . Ces feuilles ne subissent pas d'autre préparation qu'un séchage au soleil . Les plantations de coca les plus importantes se trouvent à proximité de Huanuco , d'Otuzco , de Tarma, d'Urubamba et de Pancartambo . L'Erythroxylon coca s'est acclimaté à Ceylan , aussi bien que les cinchonas , et la coca de cette provenance commence déjà à faire la concurrence à celle du Pérou . Cocaïne.

L'alcaloïde de la coca a été découvert , d'après les

uns , en 1857 , par M. Enrique Pizzi , pharmacien italien établi à La Paz ( Bolivie) , et , d'après les autres , en 1859 , par M. Nieman , chimiste à Berlin . Sans entrer dans de grands détails au sujet de cette fabrication , je crois néanmoins devoir faire connaître , en quelques mots , la méthode recommandée par M. P.-F. Remy , chimiste à Lima . Les feuilles de coca sont d'abord imbibées d'une solution légère de soude caustique, puis de nouveau séchées . Elles sont ensuite traitées par lixiviation dans de l'huile de pétrole. Le pétrole s'empare de la cocaïne , rendue libre par la soude , et est ensuite soumis à l'action de l'acide chlorhydrique dilué . L'acide se combine avec

-

67 -

la cocaïne et est séparé du pétrole par décantation . La solution de chlorhydrate de cocaïne étant traitée à son tour par le carbonate de soude, la cocaïne se précipite sous forme de poudre blanche et il ne reste plus qu'à décanter , à laver au filtre et à sécher . Le rendement des feuilles de coca est variable. A Huanuco , où cette industrie se pratique assez en grand , il est de 50 à 80 grammes, contenant de 85 à 95 p. c . de cocaïne pure par arrobe de feuilles de coca . Cela fait un rendement moyen de 58 1/2 grammes de cocaïne par arrobe, soit un peu plus de 5 p . c . du poids des feuilles employées . Il existe des fabriques de cocaïne à Huanuco , à Lima et au Callao.

Pendant ces dernières années , les exportations de cocaïne , par la douane du Callao , ont été les suivantes :

1890 . 1891 . 1892 .

Kilogrammes. 1,730 1893 . 3,215 1894. 4,550 1895 .



Kilogrammes. • 2,357 • 4,716 · 3.407

Plantes médicinales diverses . La région de la Montaña en possède un très grand nombre . Les plus connues dans le commerce sont le papayer , dont l'écorce renferme un suc laiteux qui produit la papaïne , et dont le fruit ou papaya, qui ressemble au melon, est très savoureux. Le quina-quina , dont on extrait le baume du Pérou ; le matico , le copahu , le ratanhia , le sandal , le tamarin, la salse pareille , l'ipécacuanha et la noix vomique . Parmi les autres que mentionne Raimondi , on peut citer : le guaco , que les Indiens emploient pour guérir les morsures des serpents ; l'hojé , vermifuge puissant ; le patagua , drastique ; le sanango , antirhumatismal , et le ranu , du genre strychnos , qui sert à la préparation du curare , dont les Indiens enduisent la pointe de leurs flèches , tant pour la chasse que pour la guerre . Le curare est un poison des plus violents par inoculation ; mais il est inoffensif par ingestion et il est même considéré comme stomachique par les Indiens , qui se l'administrent comme médicament . L'exportation des produits cités en premier lieu se fait par le Brésil . J'ignore quelle peut en être l'importance. M'étant adressé à quelques droguistes de Lima pour connaîtie les villes de l'intérieur qui leur fournissaient ces produits , j'appris ,

68 -

non sans surprise , que ces substances étaient commandées à Londres ou à Paris. On a peine à se faire à l'idée que le baume du Pérou , par exemple, doive passer par Londres ou Paris pour venir à Lima ; mais il suffit d'un instant de réflexion pour avoir l'explication du fait. Au point de vue commercial , les transactions entre la Costa et la partie basse de la Montaña sont à peu près impossibles par terre . Les marchandises doivent descendre l'Amazone jusqu'à Para et de là venir au Callao par l'isthme de Panama ou par le détroit de Magellan . Ces deux voies n'étant pas desservies par des lignes de navigation directes , et des considérations d'un autre ordre devant encore entrer en ligne de compte , les droguistes de Lima préfèrent passer leurs commandes en Europe.

C. Matières textiles végétales . Coton. - Le coton était connu au Pérou avant l'arrivée des Européens, comme le prouvent les tissus qui se retrouvent dans les huacas ; mais il n'y a qu'une cinquantaine d'années qu'on commença à le cultiver avec soin . D'abord très limitée , la culture du cotonnier prit subitement un grand développement lors de la guerre de secession . Après le rétablissement de la paix aux États -Unis , le coton fut quelque peu abandonné pour faire place à la canne à sucre , dont on s'occupa avec ardeur. Depuis la baisse des sucres , quelques propriétaires reviennent au coton qui est, après la canne, le produit agricole le plus important au point de vue du commerce d'exportation . Trois espèces de coton sont cultivées au Pérou

le coton dit

d'Égypte , le coton dit du pays et le coton dit de Ceylan . Le coton dit d'Égypte est le plus abondant . C'est un produit à fibres fines et courtes . On le cultive sur le littoral . Celui dit du pays est plus estimé que le précédent . La fibre en est plus épaisse et plus longue . Il ne demande pas un climat aussi chaud et convient parfaitement au terrain pierreux des premiers contreforts des Andes , pourvu qu'il soit abrité contre les vents du sud . Il n'exige que peu d'humidité du sol . On le sème en octobre ou en janvier, suivant la localité , et la première récolte a lieu de douze à dix -huit mois après. Les plants sont placés à 5 mètres l'un

69 -

de l'autre , soit environ 400 par hectare . Il ne se fait qu'une récolte par an . Après la cinquième récolte, le cotonnier dépérit . Le rendement est très variable ; on estime que chaque pied donne un total moyen de cinq livres de coton , ce qui ferait une livre par récolte, mais on prétend que quelques cotonniers donnent beaucoup plus . Les

frais

d'établissement d'un hectare , jusqu'au

moment de la première récolte, peuvent varier de 50 à 100 sols, selon le terrain . Le salaire des hommes employés à cette culture est de 80 centavos à 1.25 sol par jour, comme pour tous les travaux champêtres de la Costa . Les départements de Piura et d'Ica sont ceux où la culture du cotonnier est la plus répandue . L'espèce dite de Ceylan est la meilleure des trois . La fibre en est très soyeuse et ne s'emploie guère que pour les tissus de soie et coton , ce qui en restreint forcément l'écoulement . De même que le coton d'Égypte , le coton de Ceylan est très sensible au froid et on ne le cultive qu'à Huacho , dans le département de Lima . Outre les trois espèces citées , il en est une autre qui se présente

parfois dans le coton du pays et à laquelle on a donné le nom de coton vigogne (vicuña) . Ce coton est jaune fauve , de la couleur du poil de la vigogne , absolument bon teint. Son prix étant de 30 p . c . plus élevé que celui du coton blanc de même qualité , certains agriculteurs ont cherché à établir des plantations spéciales , provenant de la semence de cotonniers qui avaient donné du vicuña ; mais le résultat a parfois été négatif, des semences de coton vigogne donnant souvent du coton blanc . Le coton employé à la fabrication des tissus du pays et à d'autres usages représente environ 400,000 kilogrammes par an . Tout le reste de la production est exporté . Lin. -La culture du lin a été introduite il y a plusieurs années dans le département de La Libertad ; mais elle ne semble pas avoir donné , jusqu'à présent , les résultats qu'on en attendait . Ramie. - Plante textile d'introduction relativement récente et qui n'est pas encore sortie de la période d'essais.

Agave. - Parmi les différentes espèces d'agaves qui croissent dans la Sierra , il en est qui contiennent des fibres longues et épaisses qu'on emploie à la fabrication de cordages . Bombonage (Carludovica palmata) . — Palmier dont les feuilles produisent la paille qui sert à tresser les chapeaux de « jipijapa » , 5

70

-

autrement dits de Panama , et des menus objets tels qu'étuis à cigares, etc.

Les chapeaux de Panama sont d'un usage général dans le pays et il s'en fait une exportation considérable , principalement vers le Brésil et l'île de Cuba . Quelques-uns de ces chapeaux sont d'une paille si légère, si fine et si bien tressée, qu'ils ont presque l'appa rence d'une étoffe et qu'ils atteignent , à Lima, des prix fantastiques . Ceux de 100 sols ne sont pas rares , et l'on parle même de chapeaux de jipijapa qui se sont vendus 400 sols . Les plus ordinaires ne coûtent pas au delà de 5 à 6 sols . C'est surtout dans la Montaña (département de Loreto) et dans les départements l'Amazone et de Piura qu'on se livre à cette industrie .

de

Raimondi , dans sa description de la Montañ , cite des plantes textiles peu connues , dont les noms et les emplois sont les suivants : Le llauchama, arbre dont l'écorce battue ressemble à un tissu et sert de couverture à presque tous les In liens du département de Loreto. Le tahuari , dont l'écorce se détache en feuilles minces comme du papier et qu'on emploie à la fabrication de cigarettes . Le huimba, dont les semences sont entourées d'une matière cotonneuse que les Indiens utilisent pour entourer les petits dards empoisonnés qu'ils lancent au moyen d'une sarbacane . Le huimba- quiro , écorce qui contient des fibres très solides que les Indiens choisissent pour faire les cordes servant à la construction de leurs radeaux . Le chambira, palmier dont les feuilles fournissent un long fil tenace que les Indiens emploient pour confectionner leurs hamacs .

D. Plantes oléagineuses . En plus de l'olive et du lin , dont il a déjà été parlé , il faut citer sous ce rapport :

Le ricin, ou

palma- christi » , qui est si envahissant dans

toute la Costa qu'on le considère comme une véritable mauvaise herbe , sans que personne songe à l'utiliser . Le cocotier, dont la noix donne une huile excellente pour la fabrication du savon et dont il n'est fait , que je sache , aucune extraction au Pérou .

71 -

La pistache, très commune dans tout le pays.

L'hélianthe tournesol est peu en faveur dans son pays d'origine . Cette magnifique plante possède cependant de nombreuses qualités ; sa semence contient une huile abondante et est un bon aliment pour la volaille . La plante elle- même jouit de propriétés anti-paludiques ; mais on lui préfère l'eucalyptus , qui s'est bien acclimaté dans toute la Costa et une partie de la Sierra. E. Plantes tinctoriales . Le bois de campèche et le bois jaune croissent à profusion dans la Montaña , mais ne sont pas exploités . Il en est de même du llangua, dont les feuilles , d'après Raimondi , donnent une belle teinture bleue . L'achiote (rocou) est très commun . On l'emploie comme condiment dans certains mets nationaux . L'anil (indigo) est cultivé dans les départements de Junin et d'Arequipa.

F. Végétaux divers . Tabac.

Le tabac péruvien , tout en étant bon , n'est pas ce

qu'il devrait être dans un pays tropical et n'atteint pas la qualité des produits de Cuba

et du

Mexique .

Faut- il

attribuer son

infériorité à une culture imparfaite ou à un manque d'expérience dans la délicate opération du « beneficio » (fermentation) d'où dépend tout l'arôme de la feuille ? Est -ce au contraire le terrain qui est mal choisi par les cultivateurs ? Je ne saurais le dire . Du reste , la culture du tabac est peu suivie . La production est loin de couvrir la consommation locale et il se fait une forte importation de tabac étranger . Les principaux centres producteurs sont les départements de Piura, de Cajamarca , d'Amazonas , de Lambayeque et de Huanuco . Caoutchouc et gutta- percha . Il se fait une exportation très suivie de ces produits de la Montaña vers le Brésil , par l'Amazone ; mais les données précises en ce qui concerne leur exploitation font totalement défaut. D'après la statistique commerciale de 1891 , l'exportation de caoutchouc par le port péruvien

d'Iquitos ,

été de

et

1,068,822

kilogrammes , 166,609 kilogrammes .

sur l'Amazone , a

celle de gutta- percha de

--- .72

La province de Carabaya contient, à ce qu'il paraît , un nombre énorme d'arbres à caoutchouc , dont l'exploitation n'a pas encore été entreprise .

Autres produits . - La Montaña , ce trésor du règne végétal , contient une infinité de plantes qui produisent des gommes , des encens , des essences et autres produits de tous genres , sur lesquels je n'ai pas de renseignements précis . Je citerai donc uniquement . en plus de ce qui a déjà été mentionné , l'arbre à cire , haut palmier qui donne une cire dont on fait des cierges, et le Yarina ou Humiro, autre palmier dont les feuilles servent à couvrir toutes les huttes de la région et dont les fruits contiennent un noyau très dur , qui a reçu le nom d'ivoire végétal . On l'emploie en Europe pour la fabrication des boutons . G. Bois d'ébénisterie et de construction .

Le cèdre, l'acajou , le bois de rose , le palissandre et beaucoup d'autres bois précieux , abondent dans la Montaña , où ils ne sont pas encore exploités .

Sur le littoral du Pérou , le cèdre , qui est le bois préféré pour l'ébénisterie locale , est importé de l'Equateur et du Nicaragua . Pour les usages courants , on fait une grande consommation de pitch - pine des États -Unis . La Sierra produit des pins , des chênes et autres bois , qui trouveraient de fréquentes applications , si les frais de transport n'en étaient pas si élevés . Dans la région de la Costa, l'acacia est très commun . Le département de Piura se distingue par ses forêts de mangliers , dont l'écorce est mise à profit par les tanneurs du littoral , et par ses immenses étendues d'algarrobo (courbaril) , bois excessivement dur et si abondant qu'on l'envoie sur le reste de la côte, où il sert de combustible . Pour le débardage de ces forêts , les moyens mécaniques sont peu employés . H. Plantes ornementales . La flore de la Montaña est d'une richesse inépuisable et mal connue encore , malgré les importantes découvertes et les intéressants ouvrages des botanistes qui ont visité cette exubérante

- 73

région . Les palmiers , les fougères , les orchidées et tant d'autres plantes, qui font l'ornement des serres d'Europe , s'y rencontrent à chaque pas .

S3.

Règne animal .

Chevaux . Le cheval péruvien tient de l'andalou et par conséquent de l'arabe. Il est petit, bien conformé , sobre et très résistant à la fatigue . Il trotte naturellement l'amble , par atavisme , allure défectueuse au point de vue hippique , mais très appréciée ici et très recherchée dans presque toutes les contrées de Centre - Amérique , à cause des commodités qu'elle offre pour les longues chevauchées . L'élevage se fait principalement dans les départements de Piura, d'Arequipa , de Tacna , d'Ancachs et de La Libertad . Les chevaux de cette dernière provenance sont remarquables par leur élégance et la finesse de leurs formes . Ceux de la province de Santa passent pour être les plus vigoureux du pays . Pour la remonte de l'armée et pour les équipages de luxe , on importe de l'étranger , généralement du Chili , des trotteurs de taille élevée . Il entre de nombreux facteurs dans l'estimation d'un animal de cette espèce ; cependant, on peut calculer que , pour les besoins d'une

chacra » ( plantation ou ferme) , on peut avoir un cheval

de selle péruvien très convenable pour 80 sols . Anes. - Dans les propriétés où l'on élève des chevaux , on élève souvent aussi des ânes . L'utilité de cet animal consiste principalement au Pérou , dans le croisement pour la production du mulet . Mulets. -- Ces animaux sont très répandus dans tout le pays ; dans les villes , ils servent de bêtes de trait ; dans la Costa , de bêtes de charge ; dans la Sierra , de bêtes de selle . Rien n'est comparable à la sûreté de la mule pour voyager dans les montagnes , par des chemins à peu près impraticables , le long d'effrayants précipices . Là où l'on s'exposerait à tomber cent fois avec un cheval et où la moindre inattention du cavalier pourrait lui coûter la vie , il n'y a rien à craindre sur une mule . Elle marche lentement, prudemment, sûrement ; et le mieux est de lui lâcher la bride , sans s'émouvoir de son habitude de toujours longer la

-74 -

route du côté du gouffre . Vouloir la contrarier dans les passes difficiles , serait s'exposer à de graves mésaventures . Une bonne mule de selle est évidemment un animal de valeur. Un mulet de charge ou de trait coûte environ 60 sols . Lamas .

Le lama , ou llama , appartient au deuxième groupe

du genre chameau . C'est la bête de somme péruvienne par excellence.

Véritable chameau des Andes , le lama voyage pendant plusieurs journées , sans prendre aucune nourriture , dans les gorges désolées de la Cordillère, suivi d'un Indien qui se contente, de son côté , de mâcher des feuilles de coca . Le temps n'a rien changé à ce mode de transport . Tel les Espagnols le trouvèrent lorsqu'ils firent la conquête de l'empire des Incas , tel il existe encore aujourd'hui . Il serait, d'ailleurs , difficile à remplacer dans les conditions et les endroits où il se pratique . Le lama marche avec une sage lenteur et ne fait , au maximum , que 1 1/2 kilomètre par heure . La charge qu'il peut ou qu'il veut bien transporter ne doit pas dépasser 46 on 48 kilogrammes . Quand on prétend lui en imposer une plus lourde , il refuse d'avancer et se couche même . Les convois d'une certaine importance se composent donc d'une longue file de lamas , inconvénient qui n'est que relatif, vu le grand nombre de ces ruminants . La valeur d'un lama n'est, en effet, que de 3 à 4 sols .

En dehors du travail , les lamas paissent dans les punas , où ils se nourrissent d'ichu . Cet animal peut vivre aisément dans les régions les plus élevées . La chaleur de la Costa l'indispose, et lorsqu'on l'y amène , ce n'est que pour peu de temps . La douceur de son regard n'est pas l'image de son caractère ; si le lama reconnaît son maître, il n'est pas toujours commode avec les gens qu'il ne connait pas et son premier soin est de cracher sur ceux qui l'importunent , en attendant qu'il leur envoie une ruade. La viande de lama est d'un usage général dans la Sierra ; on la consomme fraîche ou salée et séchée . Enfin , la laine de cet animal est également mise à profit et possède une valeur commerciale à peu près égale à celle de la laine de mouton . Alpacas. -Plus petit, plus timide et plus doux, cet animal est beaucoup plus faible que son congénère le lama.

- 75

Sa santé délicate réclame de grands soins de la part des bergers . Presque tous les alpacas sont affligés d'une maladie qu'on prétend être de caractère syphilitique . Réunis en nombreux troupeaux dans les froides punas des Andes , sous la garde d'un pasteur , ils se nourrissent de mousse et de lichen . La laine d'alpaca est blanche , noire ou brune , et atteindrait 30 centimètres de longueur si on ne mettait pas tant d'empressement à tondre trop fréquemment l'animal . La valeur commerciale de cette laine est environ double de celle du lama .

--Vigognes .

Du même genre que les deux

précédents, la

vigogne est un animal de formes fines et élégantes , dont la taille ne dépasse pas 3 pieds .

Tous les efforts faits pour la domestiquer sont restés jusqu'à présent infructueux ; la vigogne ne vit qu'à l'état sauvage , dans les régions les plus hautes des Andes méridionales . Son agilité en rend la chasse difficile , ce qui n'empêche pas que l'espèce tend à disparaître . De nombreux décrets , portés à différentes époques , ont interdit la chasse de la vigogne , afin d'en arrêter l'extermination ; mais ces mesures n'ont pas été maintenues . La laine de vigogne est de toute beauté . Très fine et très soyeuse, d'un fauve foncé sur le dos , elle est plus claire sur le ventre et les pattes . Chaque animal donne environ une livre de laine . Les 2,503 kilogrammes de laine exportés en 1892 représentent donc plus de 5,000 vigognes . La valeur commerciale de cette laine est de plus du double de celle de l'alpaca , soit près de cinq fois celle de la brebis . Les couvertures de vicuña , si estimées , sont faites de morceaux de peau de la poitrine et de la partie supérieure des pattes de devant.

Guanaques.

Le guanaco appartient au même genre que les

précédents . Il est plus grand , a le dos plus voûté et est beaucoup plus agile que le lama . Il vit à l'état sauvage, dans la Cordillère . On lui fait parfois la chasse pour sa laine , qui est longue et soyeuse .

Pacos. - Le paco est une autre variété de l'espèce . Cet animal est plus petit que le lama , moins domesticable que l'alpaca , plus rare que la vigogne .

76 Paco vicuña . -

On désigne sous ce nom des animaux qui résultent du croisement du paco et de la vigogne et qu'on est parvenu à domestiquer . Ils sont néanmoins assez rares .

- Petits animaux du genre rongeur, de la gros-

Chinchillas .

seur d'un lapin , qui vivent dans des trous , sortes de terriers , qu'ils creusent dans les vallées des Andes , principalement dans le sud du pays . La fourrure du chinchilla est très belle . Le poil , sur le dos , est d'un gris sombre avec les extrémités argentées ; il est long et très soyeux . Jadis il s'en faisait un commerce beaucoup plus important qu'aujourd'hui . Les peaux de chinchilla deviennent rares , peutêtre par suite de l'extermination de l'espèce . Une de ces petites peaux vaut actuellement, à Puno , de 8 à 10 sols .

Vizcachas .

Le vizcacha est un petit animal de la Sierra , de

l'ordre des rongeurs également , et dont le corps a environ 40 centimètres de longueur , auxquels il faut ajouter la queue qui en a à peu près 30 et qui est fournie d'un poil assez long. Il n'existe qu'à l'état sauvage ; mais il paraît qu'on peut l'appri-

voiser quand on le prend jeune . C'est surtout dans la province de Cajamarca qu'il abonde . On le chassait autrefois pour la peau , qui était très estimée et qui servait à la confection de fourrures , de couvertures , etc.

Du temps des Incas, les manteaux de Vizcacha étaient réservés à la noblesse. Ce commerce a beaucoup diminué , sans que les motifs m'en soient connus . En 1891 , le Pérou n'a exporté que 236 peaux de vizcacha .

On continue néanmoins à lui faire la chasse, pour la chair , qui n'est pas mauvaise . A peu de distance de Lima , à Chosica , j'ai vu vendre ces petits animaux au prix de 25 à 30 centavos la pièce . On n'en garde même plus la peau , qui a pourtant du mérite ; le poil en est long et doux . Moutons.

L'élevage du mouton se fait dans toute la région de

la Sierra . Au point de vue de la laine , ce sont les départements de Puno et de Junin qui sont les plus favorisés . Les moutons de ces départements ont été , à ce qu'on dit , croisés avec des mérinos d'Espagne .

—– 77 —

Dans les punas , il arrive parfois , en novembre et décembre , que les pluies font défaut et que l'herbe se dessèche . La saison reçoit alors le nom de « lapaca

(saison de la faim) et fait périr une infi-

nité de moutons . La lapaca est heureusement exceptionnelle . Point n'est besoin de dire que le mouton fait partie de l'alimentation générale . Cette viande forme même la base d'un mets national très savoureux , nommé « cazuela » . La valeur de la laine de mouton suit ici les fluctuations de prix des marchés consommateurs d'Europe . Elle est actuellement de 28 à 30 sols le quintal (46 kilogrammes ) fub . Mollendo .

Chètres. -

Les chèvres sont nombreuses dans les parties

montagneuses de la Costa et dans la Sierra , surtout dans les départements de Piura , d'Ancachs , de Junin et de Puno . On ne les élève que pour la peau , mais il se fait néanmoins une certaine consommation de chevreaux ( cabritos) . La valeur d'une peau de chèvre est d'un sol. La chèvre, comme le mouton , est d'un prix minime . Bétail.

Les vallées de la Sierra contiennent des pâturages

de tout premier ordre pour l'élevage de la race bovine , quoique cette industrie n'y ait pas encore acquis toute l'importance qu'elle pourrait avoir . C'est donc dans cette région qu'on trouve le plus beau bétail . La Costa en possède également, mais en quantité moindre . Pour la consommation de Lima , les bêtes viennent le plus souvent de la Sierra . La viande en est excellente . Le prix d'un de ces animaux , de taille moyenne, est d'environ 40 sols . Une paire de bœufs pour la charrue, dans la région de la Costa , coûte en moyenne 90 sols . Personne n'ignore le goût prononcé des peuples espagnols pour les courses de taureaux . Les animaux destinés à être combattus dans les arènes exigent des qualités et des soins particuliers d'élevage qui en augmentent considérablement la valeur . Un taureau de 5 ans qui réunit les conditions requises vaut de 300 à 400 sols .

Les peaux qui ne sont pas

employées dans le

pays

sont

exportées, soit salées, soit séchées. Le prix actuel de ces peaux est de 21 centavos le kilogramme . Porcs. -- Il n'est pas de village où l'on ne trouve de ces

- 78 -

animaux. Les départements qui en font un commerce actif sont ceux de Lima , de Junin , d'Ayacucho, de Cuzco , de Puno, d'Arequipa et de Tacna . Les porcs de Chancay , dans le département de Lima , sont très estimés . L'élevage de la race porcine semble avoir beaucoup perdu de son ancienne importance. A Lima, le prix d'un porc gras, sur pied , est de 20 centavos la livre .

- L'élevage de ces animaux prolifiques ne me parait Lapins. pas être en grande faveur au Pérou . Volaille. ―

Les poules , les canards , les dindons , les oies , les

pigeons se trouvent partout . A Lima , ils sont généralement chers . Les combats de coqs passionnent beaucoup le peuple péruvien . On prétend que la meilleure race de coqs de combat du pays, qu'on élève soigneusement aux environs de Lima , provient du croisement de poules péruviennes et chiliennes avec des coqs anglais de Derby . Produits de la chasse . -- Le long du littoral, on ne rencontre guère que des oiseaux aquatiques, dont la chair n'est pas mangeable et dont la chasse est du reste interdite . Un peu plus haut, dans la Costa , on trouve des chevreuils , des lapins sauvages , des perdrix , des faisans , des ramiers , etc. Dans la Sierra, on retrouve presque tous les quadrupèdes de la Costa . On y chasse aussi , en plus des animaux déjà cités pour la laine et la fourrure , le renard , le cobaye, l'ours et quelques volatiles . Parmi les oiseaux de cette région , on ne peut oublier de mentionner le fameux vautour des Andes ou condor , qui plane généralement à une hauteur de 5,000 mètres et dont le vol atteint parfois la hauteur prodigieuse de 7,000 mètres . C'est dans la Montaña que la faune péruvienne est le plus largement représentée . Les forêts de cette région abondent en tapirs , pecaris, agoutis , chevreuils , fourmiliers, paresseux , tatous , jaguars , léopards, pumas , etc .; plus une grande variété de singes et une quantité inouïe d'oiseaux de tout plumage . Les vampires n'y sont pas rares . On y rencontre aussi le boa et bon nombre de serpents très dangereux , tels que le coralle , le serpent à sonnettes , etc.

9 ―

Les rivières y sont peuplées de lamantins , de crocodiles , de tortues et de nombreux poissons .

Produits de la pêche . Les poissons que l'océan Pacifique fournit à l'alimentation sont très nombreux et très variés . Les la corbina , la lisa , le bonito , le curel , le principaux sont lenguado (genre turbot) et le délicieux petit pejerrey ( poisson roi .) Les bancs d'huîtres sont épuisés sur la côte ; mais on y trouve des moules et autres mollusques , des langoustes , des crabes , des crevettes, etc. Les rivières de la Costa, à cause de leur caractère torrentiel , sont peu poissonneuses . En revanche, elles contiennent d'énormes quantités d'écrevisses . Le Rimac , sous ce rapport, est particulièrement riche et fournit , de temps immémorial , un grand nombre de ces petits crustacés , d'excellente qualité , sans que l'espèce semble en diminuer . Il s'en fait une abondante consommation à Lima, dans toutes les classes sociales . L'écrevisse est la base d'un très bon potage national appelé « chupe » . On trouve aussi des poissons dans les lacs ; le plus connu est le humanto , du lac de Titicaca . L'Amazone contient un grand poisson qui fait l'objet d'un commerce assez important avec le Brésil . C'est le paichi , qui atteint 2-50 de longueur et un poids de 150 kilogrammes . On le sale pour l'exportation , Au Brésil il est connu sous le nom de piracucu . Insectes. -- Les insectes sont toujours très nombreux dans les pays chauds et humides . La Costa et la Montaña n'échappent pas à cette règle . Parmi les insectes du Pérou qui méritent une mention spéciale, il faut citer : Les abeilles de Huanuco , qui produisent d'excellent miel . Les fourmis, qui font partout de grands torts aux semis et dont les familles les plus à craindre sont : les cutacas , qui s'attaquent surtout à la coca ; les isolas , dont la longueur atteint 25 millimètres. et dont la morsure est très douloureuse ; les chacos , du département de Cuzco, qui voyagent par bandes innombrables et envahissent momentanément les maisons isolées dans les campagnes , en nombre tel que les habitants doivent sortir au plus vite et leur laisser faire tranquillement leur œuvre de nettoyage , qui est du reste assez rapide . Le comejen (termite) , qui ressemble à une fourmi blanche et qui ronge , en peu de temps , les pièces de bois

- 80

où il a pu s'introduire ; cet animal est le fléau des constructions en bois dans les campagnes . La polilla , espèce de mite, qui s'introduit dans le bois aussi bien que dans les vêtements , est à la ville ce que le comejen est à la campagne . C'est pour se garer autant que possible de cet insecte nuisible qu'on a soin , dans les pays tropicaux , de toujours choisir des meubles en bois de cèdre . L'odeur du cèdre incommode tous les insectes , raison qui a fait d'ailleurs adopter ce bois pour les boîtes à cigares . Les

moustiques ,

zancudos , rodadores . etc. , sont très

désa-

gréables dans les campagnes . On s'y habitue cependant , en ce sens qu'on est inoculé de leur venin au bout de peu de temps et que les piqûres ne causent plus aucune démangeaison . Les araignées , les scorpions (alacranes) , les cancrelas (cucarachas) , etc. , ont bientôt fait de pulluler dans les maisons champêtres dont les habitants sont peu soigneux . La culture de la cochenille a été introduite au Pérou il y a assez longtemps , puis a été abandonnée . On a fait également , paraît-il , des essais de culture de ver à soie , mais sans résultat positif.

CHAPITRE V.

CONSTITUTION . - LOIS ORGANIQUES.

Constitution. - La Constitution actuelle date de 1860 ; voici les principes les plus importants qu'elle consacre :

L'État protège la religion catholique , apostolique et romaine, qui est celle que professe la nation , et ne permet l'exercice public d'aucune autre (art. 4) (¹) ; Les contributions ne peuvent être imposées qu'en vertu d'une loi et pour le service public ( art . 8) ; Personne n'est obligé de faire ce que la loi ne commande pas

ni empêché de faire ce que la loi ne défend pas ( art . 14) ; Abolition de la peine de mort, sauf pour le crime d'homicide qualifié ( art . 16 ) ; Abolition de l'esclavage (art . 17) ; Liberté de la presse (art . 31 ) ; () Les autres cultes sont toutefois tolérés .

81 -

Inviolabilité de la propriété (art . 22) ; du domicile (art . 23 ) et du secret des lettres ( art . 31 ) ; Les étrangers peuvent acquérir des propriétés au même titre que les Péruviens ( art . 28) ;

Droit d'association , publique ou privée (art. 29) ; de pétition (art. 30) ; de suffrage (art. 38) ; Égalité de tous les citoyens devant la loi (art . 32) ; Le gouvernement du Pérou est républicain , démocratique , repré sentatif et unitaire (art. 42 ) ; Les fonctions publiques sont exercées par les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ( art . 43 ) ; Le pouvoir législatif est exercé par le Congrès , qui se compose du Sénat et de la Chambre des députés (art . 44) ; Le pouvoir exécutif est confié au président de la République ( art.

78) ,

élu par le suffrage populaire (art . 80 ) ,

pour une

période de quatre ans , et non immédiatement rééligible ( art . 85) ; Les ministres du gouvernement sont responsables ( art . 104) ; L'enrôlement forcé sous les drapeaux est réputé crime ( art . 123) ; Le pouvoir judiciaire est exercé par une cour suprême , qui réside dans la capitale ; par des cours supérieures , qui résident dans les capitales des

départements ;

par

des

tribunaux

de

1re instance , qui siègent dans les chefs-lieux de province ; par des tribunaux de justice de paix dans les villes ( art . 124 et 125) ; Les jugements doivent être rendus publiquement (art . 127) . Naturalisation . — Pour être naturalisé Péruvien , il faut : Avoir deux ans de résidence dans le pays ; exercer une industrie , une profession ou un métier ; se faire inscrire sur les registres civils de la localité où l'on réside . Loi électorale , du 20 novembre 1896 : Pour être électeur, il faut

être âgé de plus de 21 ans ou être

marié ; savoir lire et écrire ; jouir de tous ses droits civils et politiques ; être inscrit au registre électoral de la République . La demande d'inscription au registre électoral doit être faite par écrit . Cette inscription est indispensable , tant pour être éligible que pour être électeur . N'ont pas droit de suffrage : Les ministres , préfets , sous - préfets , gouverneurs , commissaires et agents de police ; les militaires

82 -

et marins en activité de service ; les membres de la magistrature ; les mendiants . Il est créé dans la capitale de la République une « junte natio nale électorale

, composée de neuf membres, dont deux sénateurs ,

deux députés , quatre délégués de la magistrature et un membre désigné par le pouvoir exécutif. Chacun des partis politiques existant dans la république , avec un programme défini et un chef reconnu , peut se faire représenter au sein de la junte nationale par un délégué ayant droit de délibération , mais non de vote . Les membres de la junte nationale doivent être domiciliés à Lima et figurer sur la liste des citoyens éligibles au Sénat . La junte nationale électorale doit désiguer , dans les conditions. prescrites par la loi , les membres des juntes électorales départementales juntes provinciales de registre » . et des Les juntes électorales départementales sont formées chacune de cinq membres, résidant dans les capitales des départements . Elles ont pour attributions spéciales le scrutin des votes dans les élections de sénateurs , la proclamation de l'élu et la remise de ses lettres de créance . Les juntes provinciales de registre ont à leur charge la formation et la conservation des registres électoraux de chaque province; elles nomment les < commissions de réception des bulletins de vote

dans chaque district .

Dans chaque chef- lieu de province , les bulletins sont dépouillés par une > Deux ans après, cependant, M. Ignacio Noboa recommande aux Chambres l'adoption d'un système de contributions permettant de remplacer le guano , dans le cas où ce produit viendrait à ne pas suffire aux besoins du pays . Les contributions ne produisaient alors que 325,357 piastres par an . M. Noboa ajoute à propos du guano « Cet article de richesse publique, dont la Providence a doté le Pérou afin qu'il se montre digne d'un si grand bienfait ; cet article qui place notre patrie dans la situation la plus favorable pour arriver sans effort au terme du bonheur ; cette richesse si enviée et si différemment appréciée , est depuis longtemps la source principale des revenus de l'État. Poussés par la facilité avec laquelle nous trouvons dans les îles guanières les ressources dont nous avons besoin , nous avons négligé l'exploitation d'autres filons de richesse fiscale ; et , après avoir à peu près barré le chemin qui y conduit , c'est toujours au guano que nous avons recours dans les moments d'urgence , sans songer que chaque demande nous fait perdre une nouvelle probabilité d'arriver plus tard aux immenses bénéfices que ces dépôts pourraient nous procurer. Tout contrat destiné à pourvoir aux besoins du moment est une cause de complications pour la bonne administration de cette richesse , un lien de plus qui entrave la liberté de nos mouvements, un nouvel engagement que nous sommes obligés de respecter. » En avril 1864 , le gouvernement avait voulu contracter ua emprunt national de 10 millions de piastres, mais le public n'avait souscrit que pour 347,881 piastres . A Londres, l'année suivante, un emprunt de 10 millions de

104 -

livres sterling trouva pour 7 millions de livres de souscripteurs . La même année , le gouvernement péruvien avait décrété la refonte de toute la monnaie d'argent bolivienne , qui était à peu près la seule monnaie blanche en circulation , et dont la valeur réelle n'était que de 75 p . c . à 80 p . c . de l'ancienne piastre péruvienne . Les pièces de la nouvelle frappe reçurent le nom de sol et, dans le grand - livre , la dette intérieure en piastres fut convertie en sols , c'est-à - dire que le total fut diminué de 25 p . c . pour compenser la différence de valeur des monnaies . L'accroissement du service de la dette et des dépenses inté rieures rendait l'équilibre budgétaire chaque jour plus difficile à établir. Le premier soin de M. Manuel Pardo , en prenant le portefeuille des finances au commencement de 1866 , fut de réformer complètement les lois fiscales en vigueur et de réorganiser l'administration de son département . Il établit des droits de consommation sur les alcools , des droits d'exportation sur les produits nationaux , des timbres de commerce, des droits de succession , une contribution personnelle et d'autres mesures qui devaient se chiffrer, pour le trésor, par une augmentation de recettes d'environ 7,500,000 sols par an .

Il y avait, à cette époque, trois banques d'émission au Pérou . L'une d'elles, la Providencia , s'était vue forcée de suspendre ses payements en février 1866 , malgré tous les efforts tentés par le gouvernement pour la soutenir. Les deux autres avaient en circulation , à la même époque , des billets pour les valeurs suivantes : Le Banco del Perú , 1,980,026 sols et le Banco de Londres , 236,952 sols . Ces billets n'étaient pas admis dans les caisses fiscales .

De son côté, le gouvernement avait émis, en 1866 , des bons du trésor, à six , neuf et douze mois , portant intérêt à 9 p . c . et qui étaient reçus en payements des impôts. M. Pardo quitta le ministère de finances en janvier 1867 et fut remplacé par M. Pedro Paz Soldan , qui dit à propos du guano , dans son mémoire du mois de juin de la même année « Tout le monde connait, heureusement pour le gouvernement , la nécessité qu'il y a pour le Pérou de se préparer dès à présent à combler le vide qui se produira bientôt et qui proviendra de la diminution ou peut être de l'épuisement total de la richesse éphémère du guano

-

105 --

qui, contre tout principe économique , a été pendant tant d'année à peu près l'unique ressource fiscale de la nation . »

C'est de la fin de cette période que date l'ère des grands emprunts et des grosses dépenses du Pérou . Le colonel Balta , président de la république en 1868 , avait formé le très louable projet de couvrir le pays de voies de communication , voulant , avait- il déclaré ,

si rapide

ne pouvait se faire sans inconvé-

M. Elguera constate que le principal et le plus grave de ces inconvénients est la dépréciation des billets de banque ; mais que , d'autre part , l'industrie nationale est en progrès et que les expor tations atteignent le chiffre de 40 millions de sols . Puis il termine par ces mots :

En résumé , cette grave crise , par laquelle le

Pérou devait passer tôt ou tard et qui avait tant préoccupé , depuis quelques années , les hommes sensés et prévoyants , est entourée , au milieu des malheurs inévitables , d'un grand et fécond principe de vie . Le Pérou gravite aujourd'hui vers les sphères du travail , et les nations qui cherchent leur prospérité dans le travail peuvent se consoler de leurs revers ; le travail transforme les revers en nouveaux stimulants qui conduisent à la richesse et à la grandeur vraie et durable . Le gouvernement est d'avis que les grands dangers sont passés . » Les prévisions optimistes de M. Elguera ne devaient pas se réaliser . Un mémoire ministériel de 1878 , de M. Manuel A. Barinaga , nous apprend que la Banque centrale n'avait pas été fondée ; que les billets des banques étaient de plus en plus dépréciés et que le gouvernement s'était vu dans la nécessité, pour éviter des calamités plus grandes , d'assumer , par décret du 17 août 1877 , la responsabilité de 15 millions de ces billets , plus 5,333,333 sols émis par la Cia de Obras Publicas del Perú . Ces billets devaient dès lors porter

-

108

le cachet du gouvernement et être incinérés au fur et à mesure des amortissements .

Pendant la période considérée , il n'y eut plus de mémoire ministériel après celui de M. Barinaga, la guerre avec le Chili ayant éclaté le 3 avril 1879 , et c'est au « Bulletin officiel D » qu'il faut demander quelques éclaircissements sur l'enchaînement des événements financiers . Voici les lois et décrets les plus importants qu'on y trouve . La loi du 18 décembre 1878 autorise la frappe d'un million de sols en monnaie de nickel de 5 , de 10 et de 20 centavos. Le poids respectif de chaque pièce était de 2 1/2 , de 5 et de 10 grammes ; l'alliage était de 75 p . c . de cuivre et de 25 p . c . de nickel . Une loi du 14 octobre 1879 porta le montant total de la monnaie de nickel à un million et demi de sols . Cette monnaie a été retirée depuis .

La loi du 27 janvier 1879 ordonne que tous les billets garantis par l'État soient échangés contre des billets uniques , émis par le gouvernement, et fait défense aux banques d'émettre des billets nouveaux. C'est de là que date le billet fiscal . Huit mois plus tard , le 28 octobre , une autre loi autorise une nouvelle émission de billets , jusqu'à concurrence de 32 millions de sols, et établit le cours forcé des billets fiscaux. Ces billets se trouvent dès lors convertis en papier-monnaie. Peu de jours après ,

le 3 novembre , nouvelle autorisation

d'émission dans le but , dit la loi , de faire l'échange d'un million de sols de billets émis par la banque Garantizador et de 2,066,000 sols de billets émis par le Banco nacional del Perú .

Un décret du 14 janvier 1880 vient changer complètement le système monétaire . Ce décret établit que la livre sterling est désormais la seule monnaie légale du Pérou ; qu'en attendant la frappe de la monnaie d'or , les billets seront reçus dans les caisses fiscales au change de 12 pence par sol et que la circulation des billets est limitée à 60 millions de sols . Ce décret est complété par celui du 23 mars suivant, qui donne à la nouvelle unité monétaire le nom d' « inca » . L'inca devait être une monnaie d'or , à neuf dixièmes de fin, du poids de 1 gramme 613 milligrammes . Il devait être frappé des pièces de 1 , de 2 et de 5 incas . La monnaie divisionnaire devait être en argent, à raison de 5 pesetas par inca , la peseta étant une pièce de 5 grammes , comme les pièces actuelles de 20 centavos . Nul ne pouvait être

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obligé d'accepter plus de 25 pesetas en argent . C'était l'étalon unique d'or , avec toutes ses exigences, qui se substituait au papiermonnaie. Pour l'acquisition du métal nécessaire, l'hôtel des monnaies recevait, par le même décret, l'ordre d'acheter tout l'or disponible et de le payer en billets fiscaux , à raison de 12 pence par sol billet. Comme suite à cette réforme , un décret du 10 mars de la même année ordonne aux banques d'émission de verser dans les caisses de l'État , en monnaie d'argent , le montant total de leurs billets en circulation , tant de ceux dont le gouvernement avait assumé la responsabilité en 1877 que des autres . Le numéraire obtenu par cette mesure devait être intégralement appliqué au retrait des billets fiscaux . Une disposition ministérielle du 25 septembre suivant, nous apprend que le dépôt prescrit n'avait pas été effectué et que la plupart des banques d'émission s'étaient mises en liquidation . Il ne fut jamais frappé aucun inca . A défaut de pièces d'or, un décret du 18 octobre 1880 autorisa l'émission de 5 millions d'incas en papier . Ces nouveaux billets de 1 , de 5 , de 20 et de 100 incas furent émis et devaient être remboursés en or le 1er septembre 1881 . Ils furent désignés , par la suite, sous le nom d'incas , pour les distinguer des autres billets fiscaux. La situation, à la fin de 1877 , était la suivante : Dette intérieure (non compris les billets en circulation ) , 17,151,875 sols ; dette extérieure , 204,832,587 ;

dette extérieure flottante (aux

consignataires de guano) , 9,411,712 ; total , 231,396,174 sols .

Période de 1881 à 1890. -

La guerre avec le Chili se prolongea

jusqu'au 20 octobre 1883 et eut des conséquences funestes pour le pays . Outre les frais de la campagne et les pertes matérielles qu'il eut à supporter , le Pérou dut abandonner au vainqueur ses gisements de nitrate et ses principaux dépôts de guano . Privé de ressources , tant à l'intérieur qu'à l'extérieur , il lui fallut le patriotisme classique des peuples espagnols pour faire face aux sacrifices considérables que la défense du sol natal imposait. Si les hommes versèrent leur sang, les femmes donnèrent leurs bijoux , les églises leur orfèvrerie . La nation entière fut admirable d'abnégation et d'héroïsme .

110

Au début de la guerre , la situation financière, comme on l'a vu plus haut , était fort précaire. Les différentes mesures prises en 1880 la compliquèrent encore davantage . Le sort des armes indiquait clairement, au commencement de 1881 , que le remboursement en or des 5 millions d'incas , émis l'année précédente, ne pouvait se faire à la date fixée du 1er septembre . Un décret du 26 mars assimila donc les incas aux autres billets et stipula qu'ils seraient payés par la nation

de la même

manière et dans les mêmes termes que les autres billets fiscaux » . En même temps , le décret assignait à l'inca une valeur officielle de 8 sols papier . La valeur des billets fiscaux était alors tombée à 15 pour 1 ; c'est-à-dire que 15 sols- billets ne valaient qu'un sol argent ; mais cette valeur officielle était plutôt fictive que réelle . Les fluctuations étaient journalières et le papier- monnaie arriva à ne valoir que 30 pour 1 . . Cette situation ne pouvait manquer d'apporter une perturbation profonde dans toutes les transactions commerciales . Les banques qui avaient pu survivre à la crise en 1880 remboursaient en billets, à cours forcé , les dépôts faits anciennement en numéraire ; la Banque hypothécaire voyait rentrer en papier déprécié le montant de ses cédules . Il en résulta des procès retentissants et, finalement, la disparition de toutes les banques de l'époque , à l'exception de la Banque de Londres , Mexico y Sud America et de la Banque du Callao . Il existait, en outre , un si grand nombre de billets faux , que le gouvernement avait dû, par décret du 6 décembre 1883 , créer une junte chargée de la revision et de la revalidation des incas en circulation , ainsi que de la destruction des billets faux . Dans le premier mémoire présenté aux chambres après la guerre, en mars 1885 , M. Manuel Galup ne donne que peu de détails sur la situation . L'anarchie régnait encore dans une grande partie du pays , par suite d'une révolution , et le ministre ne pouvait fournir que des explications fort incomplètes . L'année 1886 fut marquée par le premier coup porté au papiermonnaie, coup mortel qui faisait prévoir la fin prochaine du système monétaire en usage. La loi du 28 octobre déclare que le cours forcé des billets fiscaux est devenu impossible ; que les lois du 27 janvier et du 4 février 1879 ne sont plus applicables ; que le

-

111 -

payement des impôts et contributions doit s'effectuer à l'avenir en espèces , avec tolérance de 20 p . c. de billets fiscaux . Après la promulgation de cette loi , le papier -monnaie perdit rapidement le peu de valeur qui lui restait . Le commerce finit par le refuser absolument dans tout le pays et l'on vit, à Lima , des houtiquiers amonceler des tas de billets devant leur porte et en faire des autodafés . Il fallait un terme à cet insoutenable état de choses . La solution fut donnée par le mémorable décret du 21 décembre 1887 , qui élevait à 50 p . c . la proportion de papier -monnaie admise par les caisses fiscales en payement des impôts . A première vue, ce décret semblait devoir relever dans une

certaine mesure la valeur du papier ; mais la note explicative du ministre des finances , publiée deux jours après, fit comprendre tout le contraire . La perception de 50 p . c . des impôts en papier . ne s'appliquait qu'aux localités où les billets fiscaux monnaie servaient encore de base aux transactions commerciales » . Or , les billets étaient invariablement refusés partout ; c'était donc bien la fin, la consommation définitive de la ruine publique et privée du Pérou . L'État maintenait , il est vrai , le retrait et l'incinération progressive du papier-monnaie . Il le convertissait en bons de la dette intérieure, par adjudication au taux- limite de 15 pour 1 ; mais outre que la proportion amortie annuellement était très faible, les bons de la dette intérieure n'avaient qu'une valeur de 3 à 4 p . c . Le billet fiscal se trouvait donc réduit à une valeur officielle de 1/4 p . c . du taux d'émission , remboursable dans un délai très incertain . Plus de 100 millions de sols tombaient à moins de 300,000. La fortune publique reçut le coup sans murmurer , avec un stoïcisme digne des plus grands éloges. Dans son mémoire de juillet 1888 , le ministre des finances , M. Antero Aspillaga, dit à propos de ce décret : Le gouverne« ment comprend toute l'étendue du préjudice causé au pays par « la disparition d'une valeur qui , dans la circulation , représentait A environ 3 1/2 millions de sols , si nous prenons comme base une < existence de 68,576,290 sols de billets , quoique , en réalité , cette « somme ne figurât que dans des proportions beaucoup moindres dans les transactions commerciales , puisque , longtemps avant

-

112

la crise fiscale , les billets d'une valeur supérieure à 50 sols , « étaient inactifs . Mais la mesure adoptée ne peut, en aucun cas, a justifier la censure qu'on a voulu formuler contre le gouverne« ment en lui endossant, à cause de la répudiation des billes fis< caux , une responsabilité qui ne lui incombe en aucune façon ; car les efforts qu'il a faits , jusqu'au dernier instant , pour sauver la « fortune publique , sont notoires . > D'après ce même mémoire, les billets dont le gouvernement avait assumé la responsabilité , et qui se trouvaient par conséquent atteints par cette mesure radicale, étaient les suivants : Sols. Billets fiscaux . 84,186,267 Billets du Banco de Truincas · 3,662,788 jillo .. - du Banco de Londu Banco nacional

-

del Perú • · 7,729,700 du Banco del Peru . 6,117,800 de Lima . 3,048,750 Providencia. 2,169,750 de la Co de Obras Publicas del Perú . 6,999,633 du Banco Garantizador.

1,000,000

dres , Mexico y Sud America .

-



du Banco AngloPeruano . · • du Banco de Piura. du Banco de Are-

79,274

49,547

40,914 931

1,705

quipa.

Total .

Sols.

·



115,087,059

Il en avait été incinéré , dit le mémoire, pour 47 millions de sols pendant les années précédentes . Il en restait donc en circulation ou , pour mieux dire , dans les caisses des particuliers, pour 68 millions. Une loi du 12 juin 1889 autorise le gouvernement à émettre pour 40 millions de bons de consolidation de la dette intérieure, à 1 p . c . d'intérêt annuel. La même loi prescrit la création d'une direction générale du crédit public , pour le service de la dette , et d'une

junta de vigilancia » , composée de cinq membres , pour

le contrôle des opérations de la direction générale . Aucun des mémoires ministériels, depuis la guerre , ne parle de la dette extérieure . M. Eulogio Delgado , en août 1890 , est le premier qui en fasse mention , en rendant compte du règlement conclu le 25 octobre 1889 avec le fondé de pouvoirs du syndicat formé par les porteurs de bons péruviens . Le contrat définitif, qui fut signé le 11 janvier 1890 , exonère complètement et irrévocablement le Pérou de toute dette provenant de ses emprunts à

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l'étranger. Je reviendrai sur ce contrat au chapitre consacré à la Peruvian Corporation » . La situation , au 31 mai 1890 , était celle- ci : Dette intérieure, non compris les billets fiscaux , 15,793,217 sols ; dette flottante, 1,250,000 sols ; total , 17,043,217 sols .

Période de 1891 à 1896. - Une période aussi agitée que celle qui venait de s'écouler devait forcément amener le calme et le recueillement. Les dépenses budgétaires , considérablement diminuées , auraient maintenu la situation des finances publiques à peu près stationnaire , sans les dissensions intestines qui forçaient le budget à se débattre dans les limites trop étroites de ses recettes . Différentes mesures furent prises pour augmenter les revenus de l'État . Une innovation administrative importante, introduite en 1891 , consistait à mettre en adjudication publique la perception des contributions et de différents impôts , à l'exception des recettes des douanes . Ce système a reçu tout dernièrement de grands perfectionnements , ainsi qu'on le verra plus loin . Les principaux décrets de cette période ont trait à l'émission de bons pour la consolidation de la dette flottante . La valeur officielle des incas , pour l'amortissement de l'ancien papier-monnaie, fut portée à 1 7/8 pour 1. Celle des billets fiscaux fut maintenue à 15 pour 1 . En 1894 , le gouvernement voulut contracter un emprunt intérieur d'un million de sols, mais il dut renoncer à ce projet.

La baisse persistante du métal blanc avait préoccupé le gouvernement , qui penchait vers l'adoption de l'étalon d'or. Le dernier effort officiel fait dans cette voie fut le décret du 5 juillet 1894 . D'après les considérants de ce décret, les tarifs douaniers en vigueur avaient été fixés à une époque où le sol valait 34 pence ; la valeur du sol étant tombée à 30 pence, les droits d'importation devaient être perçus dorénavant sur cette base, soit à raison de 30 pence par sol, payables en bonnes traites à trois jours de vue sur Londres , ou en monnaie péruvienne d'argent , au change équivalent . Une réduction de 2 p . c. devait être accordée aux importateurs qui eussent effectué le payement des droits en monnaie d'or . Ce décret ne fut pas observé ou ne le fut que peu de temps .

SITUATION Actuelle . 13 Dette intérieure . La dette intérieure consolidée , telle qu'elle est exposée dans le rapport que la « Junta

--

114 -

de vigilancia del Credito publico a présenté au dernier Congrès, était, au 30 juin 1896 , la suivante : Cédules de 1873

Sols.

Bons provisoires représentant des créances à consolider. Certificats de mainmorte • Bons du trésor . .

161,609.66 247,877.00 8,480.20 114,917.47 1,700.00 1,000.00 114,694.39 82,161.01 13,092.94

Actions du chemin de fer de Chancay. de la Compagnie nationale télégraphique . Bons du trésor (1873 ) . Emprunt national (1879) (1881 ) . (1884-85)

· Certificats de la caisse fiscale de Lima.

23,807.78 386,313.39 7,190,849.20 6,611.94 2,518,881.19 567,597.29

Autres créances à charge de l'État . Certificats d'incinération de billets ( 99,179 sols) . Billets fiscaux , 37,783,217 sols à 15 pour 1

Incas, 1,064,245 sols à 1 7/8 pour 1. . Certificats d'incinération d'incas (4,476 sols) . Bons de consolidation . Total.

2,393.00 26,758.450.00 Sols . 38,200,136 65

Si l'on considère que la majeure partie de cette dette consiste en papier dont le cours est actuellement à 7 p. c . (il n'était qu'à 4 p . c. en 1894 ) , il se trouve que la dette susdite est réduite à 2,674,009 sols 57 centavos , ou , au change actuel , à un peu moins de 6 1/2 millions de francs . Du 1er juillet 1895 au 30 juin 1896 , la Junta de vigilancia a reçu 300,420 sols 24 centavos , provenant des 5 p . c . des dettes douanières , proportion appliquée par la loi à l'amortissement de la dette . Le même rapport nous apprend que les incinérations , depuis le 26 mai 1890 jusqu'au 30 juin 1894 , ont été les suivantes :

Billets fiscaux, 25,512,810 sols à 15 pour 1 • Incas, 1,626,360 sols à 1 7/8 pour 1 Cédules, certificats et autres créances consolidées • Totaux . Peruvian corporation . -

Sols. -

1,700,853.97 867,392 31 16,454,004.94

Sols.

19,022,251.22

En 1889, la dette extérieure du Pérou

était d'environ 60 millions de livres sterling , dont la valeur réelle , en bourse, n'était que de 10 p . c.

-

115 -

Pour se libérer de cette dette, le Pérou signa , en 1890 , un contrat avec les détenteurs des bons péruviens , représentés par la société

Peruvian corporation », contrat par lequel les détenteurs

relèvent pleinement, absolument et irrévocablement le Pérou de toute responsabilité pour ses emprunts de de 1872.

1869 , de 1870 et

En échange, le Pérou cède aux détenteurs :

Toutes ses lignes de chemins de fer (alors construites) pour une période de 70 années ; 3 millions de tonnes de guano ; Le droit de naviguer librement sur le lac de Titicaca , sous pavillon péruvien . Le Pérou s'engage, en outre , à verser aux détenteurs trente annuités de 80,000 livres sterling chacune, payables mensuellelement par douzièmes, à dater de la quatrième année après la signature du contrat .

Enfin , le Pérou autorise les détenteurs à hypothéquer les lignes de chemin de fer et le guaro stipulés au contrat, jusqu'à concurrence de 6 millions de livres sterling, pour l'obtention des fonds nécessaires à l'achèvement des lignes. De leur côté, les détenteurs s'engagent : A terminer en trois ans la ligne de chemin de fer de la Oroya ; A terminer en cinq ans le tracé jusqu'à Sicuani ; A établir, en six aus , 160 kilomètres de voies nouvelles , comme prolongement des voies existantes et dans les directions déterminées par le contrat ; A terminer en huit ans la ligne de Sicuani à Cuzco , faute de quoi les 3 millions de tonnes de guano citées plus haut seront réduites à 2 millions . Les 160 kilomètres de voie dont il vient d'être question doivent être construits :

50 kilomètres pendant les quatre premières

années du contrat ; 50 kilomètres pendant la cinquième année du contrat et 60 pendant la sixième année du contrat. La non observation de cette clause implique pour les détenteurs les amendes suivantes : 5,000 livres sterling pour chacune des deux premières sections , et 6,000 livres sterling pour la troisième section , pour la première année de retard ;

116 -

Pour la seconde année de retard , l'amende est quintuplée , soit respectivement 25,000 et 30,000 livres . Cette amende reste la même pour chacune des années suivantes , à percevoir indéfiniment jusqu'à l'achèvement de la construction convenue . Un contrat ultérieur accorde à la « Peruvian corporation Dune étendue de 1,200,000 hectares de terrains , dans la région de la Montaña , à l'effet de les coloniser . D'après un autre accord , signé le 30 septembre 1892, entre le gouvernement péruvien et la Peruvian corporation , les annuités de 80,000 livres sterling , dues par le premier à dater de 1894 , furent réduites à 60,000 livres, payables par versements mensuels de 5,000 livres . Après avoir opéré ces versements pendant quelque temps , le gouvernement péruvien les suspendit . La Peruvian corporation , de son côté , a terminé les lignes de chemin de fer jusqu'à la Oroya et jusqu'à Sicuani ; mais elle n'a pas même commencé les 160 kilomètres , qui devraient déjà être terminés, pas plus que le prolongement de la ligne de Sucuani à Cuzco . Elle se trouve donc débitrice , aux termes du contrat , d'une forte amende annuelle , ce qui explique l'attitude actuelle du gouvernement péruvien . Les recettes brutes des lignes de chemin de fer de la Peruvian corporation augmentent et atteignent aujourd'hui le chiffre annuel de 3 millions de sols .

Tribunal arbitral de Berne. - Le procès célèbre qui se déroule en ce moment en Suisse , et qu'on désigne généralement sous le nom de Question Dreyfus » , affecte trop directement les finances péruviennes pour qu'il

soit permis de le passer sous silence . L'affaire est trop compliquée pour que je cherche à en faire un exposé , même incomplet. De nombreux volumes ont déjà été écrits sur cette importante question , et je me bornerai à en indiquer l'origine , dans ses grandes lignes . En 1869 , le gouvernement péruvien signa , avec MM . Dreyfus frères et Ci , de Paris , un contrat de consignation de 2 millions de tonnes de guano, sous certaines conditions qu'il serait trop long d'énumérer ici . En 1870 , la même firme parisienne fut chargée de l'émission de l'emprunt péruvien de 298 millions de francs , puis , deux ans après , de celui de 36,800,000 livres sterling .

117 -

En 1874 , un nouveau contrat fut conclu entre les parties précitées , pour la vente du guano .

Ces différentes opérations embrouillèrent les comptes , en ce sens que les soldes cessèrent d'être d'accord de part et d'autre , à cause des divergences d'interprétation que chacune des parties donnait à diverses clauses des contrats . En cet état , l'affaire passa

aux tribunaux

péruviens ,

qui

n'avaient pas encore rendu leur sentence définitive lorsque survinrent la guerre avec le Chili , en avril 1879 , et le gouvernement dictatorial du 3 décembre de la même année . Pour mettre un terme au différend , le gouvernement dictatorial trancha la question et déclara , par différents décrets de l'année 1880 , que le Pérou se reconnaissait débiteur , envers MM. Dreyfus frères et Ci , de la somme de 80,359,701 fr . 42 c ., décision qui fut acceptée par les banquiers parisiens . Le gouvernement dictatorial prit fin le 17 janvier 1881 . Après la guerre, lorsque l'ordre fut rétabli dans le pays , l'opinion publique se déclara contre le réglement de compte susdit . La cour des comptes fit appel de la décision dictatoriale devant le tribunal supérieur de justice , fondant principalement sa demande sur l'illégalité de l'acte d'un dictateur qui ne peut , disait -elle , se substituer en aucun cas au pouvoir judiciaire . Le tribunal supérieur admit les conclusions de la cour des comptes et, par sentence du 3 décembre 1890 , remit la cause en l'état où elle se trouvait en 1879 .

Cette sentence exonérait tout d'abord le gouvernement péruvien du payement des 80 millions de francs réclamés par MM . Dreyfus frères et Cie, en vertu des décrets dictatoriaux . La maison Dreyfus ne se soumit pas à la sentence du tribunal supérieur , objectant que sa créance avait été reconnue par le gouvernement du Pérou et qu'elle était , ipso jure, parfaitement valable. En conséquence , elle fit opposition sur la moitié de la valeur du guano vendu par le gouvernement du Chili , moitié qui , conformément au traité de paix conclu entre les deux pays, devait être destinée au payement des créances du Pérou et dont le produit était déposé à la Banque d'Angleterre . Longtemps avant la guerre , le Pérou et le Chili avaient contracté conjointement un emprunt de 10 millions de piastres aux États - Unis , soit 5 millions pour chaque nation . Un syndicat s'était 8

-

118 ---

ultérieurement formé pour le rachat des bons péruviens de cet emprunt et avait passé avec le gouvernement du Pérou un contrat par lequel le montant des bons susdits devait être remboursé en guano . Lorsque la guerre éclata , la Compagnie américaine n'était pas encore complètement remboursée . Elle réclama donc aussi au gouvernement chilien le solde de sa créance , à prendre sur le guano péruvien , invoquant à cet effet une priorité de droit sur tout autre créancier . En présence de ces faits , il fut convenu entre le gouvernement du Chili , la banque Dreyfus et la Compagnie américaine , que la question serait soumise au pouvoir judiciaire de la Confédération helvétique , qui érigerait , pour la juger , un tribunal arbitral près lequel se feraient représenter tous les ayants droit , ou se croyant tels, au guano péruvien . Telle est l'origine du tribunal arbitral de Berne, où se trouvent actuellement en présence : le gouvernement du Pérou , d'une part , et, d'autre part , MM . Dreyfus frères et Cie , la Société générale de Paris , la Compagnie consignataire de guano aux États - Unis , la Peruvian corporation et plusieurs autres demandeurs . Situation des provinces de Tacna et Arica . -

Pour clore l'ex-

posé des questions qui intéressent les finances du Pérou , il reste quelques mots à dire des provinces de Tacna et Arica . D'après le traité d'Ancon , ces deux provinces devaient rester au pouvoir du Chili pendant dix ans . Au bout de ce temps , elles devaient exprimer , par un plébiscite , leur volonté de rester péruviennes ou de devenir définitivement chiliennes . Celle des deux nations qui serait favorisée par le suffrage des deux provinces , devait payer à l'autre une indemnité de 10 millions de sols . Ce plébiscite n'a pas encore eu lieu . Une loi du 16 janvier 1896 autorise le pouvoir exécutif à contracter un emprunt de 10 millions de sols pour la libération des provinces de Tacna et Arica.

Recettes budgétaires .

Douanes.

Les renseignements qui vont suivre sont empruntés

à l'intéressant ouvrage intitulé : Estudios economicos yfinancieros y ojeada sobre la hacienda publica del Perú y la necesidad de su

119 ――

reforma, de M. J.-M. Rodriguez , chef de la section des douanes et de la statistique commerciale au ministère des finances ( Lima , 1895) . Droits d'importation . Pendant les premières années de la république, les droits d'entrée étaient de 20 p . c . ad valorem pour les marchandises importées sous pavillon étranger ; de 18 p . c . pour celles qui arrivaient sous pavillon d'une des républiques du Chili , de la Plata ou de la Colombie , et de 16 p . c . pour celles qui étaient introduites sous pavillon national . En 1826 , les droits différentiels furent supprimés et les droits d'entrée varièrent de 30 à 80 p . c . Ce règlement ayant rencontré des difficultés dans la pratique , il fut remplacé par celui de 1833 , qui abaissait les droits les plus élevés à 50 p . c . ad valorem. Un règlement de 1839 limita les droits les plus forts à 36 p . c .; un autre , de 1852 , les reporta à 50 p . c . Celui qui suivit , en 1864 , les fit descendre à 30 p . c . Aujourd'hui , les droits les plus élevés sont de 65 p. c. ad valorem . Droits d'exportation . N'affectaient , au début, que les métaux précieux et étaient de 4 , de 3 1/2 et de 3 p . c . ad valorem , suivant le pavillon , comme pour les importations . A dater de 1826 , les droits d'exportation furent uniformément de 3 p . c. , sur les métaux précieux , les vins et les eaux- de - vie . Le règlement de 1839 ne conserva les droits d'exportation que sur les métaux précieux. Le tarif de 1866 établit des droits d'exportation , fixés uniformé . ment à 3 p . c. ad valorem , sur les produits suivants : or et argent , nitrate, laines , coton , sucre , riz et tabac . Ces droits disparurent peu à peu et aujourd'hui ils ne frappent plus que l'or et l'argent, en barres ou en « chafalonia » (lingots provenant de la fonte de pièces d'orfèvrerie) . Voici la statistique des recettes produites par les douanes du Párou. ANNÉES. 1840 1841 • 1842 • 1843 · 1844 ·

Piastres . 1,797,634

· •

· •

Piastres. 1,965,313

1,851,845 1,972,528

ANNÉES. 1845 .• 1816 . 1847 .

2,318,418 2,386,844

2,016,616 2,187,941

1848 1849

2,338,120 2,476,801

.

- 120 ANNEES . 1850 1851 1852 1853

Piastres. 1,742,013

ANNÉES. 1873

2,224,556

1874 1875

3,112,056

1854 1855 1856 1857



1858



1859 1860 1861

1876 1877 1878 1879

3,069,456 3,391,342

. 1882 .

3,505,701 3,251,755 3,256,616 3,510,261 Sols. 2,315,052 3,039,460

1862 1863 186 . 1865 1866 1867 1868



3,909,719 3,886,639 3,638,415 4,657,334 5,691,861

1869 1870 1871 1872 •

·

Guano. -

• • ·

3,000,000 2,680,000 3,524,179 1,143,444 2,465,109

5,442,015 7,407,932

1880 1881



1890 1891 1892 1893 1894 1895

7,066,208 5,541,664 6,885,214 7,052,860 7,052,860 >>

.

1883 (trois mois) . 1884 1885 1886 1887 1888 1889

So's. 8,253,033 6,681,830

.

• ·

3,099,291 5,132,557 1,098,897 4,768,018 3,907,375 5,017,901 4,122,587

4,361,304 • •

4,748,790 5,968,906

.

5,726,193 6,131,124 4,397,856



3,649,863 4,473,505

Le guano était employé au Pérou de temps immé-

morial . Quoique le baron Humboldt , au commencement du siècle , en eut signalé toute la valeur à l'Europe , ce ne fut qu'en 1840 qu'on songea à en faire l'exportation . Le 10 novembre 1840 , le gouvernement péruvien accorda à M. Francisco Quiroz la concession exclusive d'exploiter les gisements de guano découverts et à découvrir , pendant six ans consécutifs , sans limitation de quantité à suivantes

extraire , aux conditions.

Payement à la signature du contrat, 1,500 piastres

et 38,500 piastres en bons du trésor; 12 mois après , 10,000 piastres; 24 mois plus tard , 10,000 piastres ; total , 60,000 piastres . A cette époque, le guano valait en Angleterre 25 livres sterling la tonne . M. Quiroz aurait donc réalisé une fortune énorme si son contrat n'avait été résilié par décret du 27 novembre 1841. On ignore la quantité de guano extraite en vertu de cette concession . Le gouvernement adopta alors le système de vente directe à

― 121 -

divers particuliers . Le premier acheteur fut le même M. Quiroz , pour une quantité de 2,000 tonnes . Le guano avait été décrété bien national en février 1842. En 1847 , on avait extrait 289,049 tonnes de ce produit , lorsque le système de ventes directes fut abandonné pour être remplacé par celui de consignations , sur les principaux marchés consommateurs. Le premier contrat de consignation fut passé à Londres , le 4 janvier 1849 , avec la maison Gibbs & C" . D'autres contrats suivirent bientôt et, au bout de peu de temps , le Pérou eut un agent consignataire dans chacun des principaux pays d'Europe , d'Amérique et même d'Asie . Le gouvernement péruvien fixait luimême le prix de vente dans chaque contrée , suivant l'importance de la demande . La commission de vente des consignataires était habituellement : En Angleterre , de 5 1/2 p . c .; en France , de 4 p. c .; dans les colonies françaises ,

de 6 p .

c .; en

Allemagne ,

de

5 1/2 p . c .; en Espagne , de 5 1/2 p . c .; en Chine , de 7 1/2 p . c . La quantité extraite de 1849 à 1868 fut de 7,075,194 tonnes , qui rapportèrent au gouvernement péruvien 218,693,625 sols. En 1869 , MM . Dreyfus frères et Ci devinrent les uniques consignataires de guano en Europe , en vertu de leur contrat avec le gouvernement péruvien , pour la vente de 2 millions de tonnes . A l'expiration de ce contrat, le gouvernement maintint le système de consignations , tant avec la maison Dreyfus qu'avec plusieurs autres . D'après le contrat avec la Peruvian corporation , cette société a aujourd'hui le privilège exclusif d'extraire le guano du Pérou . Le gouvernement s'est toutefois réservé le droit de disposer de la quantité nécessaire à l'agriculture nationale , ce qui représente pour le trésor environ 2,000 sols par an , au prix d'un sol la tonne . On calcule qu'après l'extraction des 3 millions de tonnes cédées à la Peruvian corporation , il ne restera plus beaucoup de guano au Pérou ou que , en tous cas , la quantité restante ne sera pas suffisante pour exercer une grande influence sur la marche économique du pays . En résumé , le Pérou a produit environ 30 millions de tonnes de guano, qui ont rapporté à la nation près d'un milliard de sols . Ce produit a été , d'autre part, un auxiliaire puissant pour la navigation ; il a été d'un grand secours pour l'agriculture ; il a

122

donné la fortune à beaucoup de négociants et de spéculateurs . On peut donc dire que l'humanité a largement bénéficié de cette natière fertilisante et que le Pérou est peut- être le pays du monde auquel le guano a le moins profité . Nitrate. -Les premières exportations de ce produit , que la nature a dévolu avec une si grande abondance au département de Tarapaca, ne furent faites que vers 1835 . En 1836 , le nitrate de soude fut frappé d'un droit d'exportation de 4 p. c. ad valorem . En 1840 , ces droits furent supprimés et l'exportation redevint libre jusqu'en 1868 , époque à laquelle le gouvernement établit de nouveau un droit d'exportation , qui était de 4 centavos par quintal et qui représentait , pour le fisc , environ 100,000 sols par an. Jusqu'en 1872 , l'extraction du uitrate avait été faite par des

particuliers , soit dans des terrains nationaux , soit dans des terrains adjugés gratuitement sous le nom d'estacas salitreras » . L'estaca avait une superficie de 200 x 200 vares , soit 27,956 mètres carrés . La nécessité de se créer de nouvelles ressources suggéra au gouvernement de D. Manuel Pardo l'idée de mettre le nitrate en régie ; d'où la promulgation de la loi du 17 janvier 1873 , par laquelle l'État s'engageait à payer ce produit aux extracteurs à raison de 2 sols 40 centavos le quintal, tout en leur en interdisant Cia administradora del l'exportation . La régie fut confiée à la Estanco del salitre » , créée au capital de 4 millions de sols . Comme système

administratif, cette compagnie se borna à

acheter le nitrate aux extracteurs , au prix de 2 sols 40 centavos le quintal , conformément à la loi , et à le leur revendre au prix de 2 sols 65 centavos , afin qu'ils en fissent eux -même l'exportation et la vente sur les marchés étrangers , ce qui revenait tout simplement à la perception indirecte d'un droit d'exportation de 15 centavos par quintal . N'ayant pas donné les résultats que le gouvernemeut désirait , la régie fut supprimée par la loi du 28 mars 1875 , qui y substituait le monopole de l'État , avec expropriation des terrains autrefois concédés . Cette loi autorisait le gouvernement à contracter un emprunt à l'effet de couvrir le montant des expropriations et , en attendant, rendait aux extracteurs l'autorisation d'exporter librement le uitrate , moyennant un droit qui ne pouvait être ni

123 -

inférieur à 15 centavos , ni supérieur à 60 centavos par quintal . L'emprunt projeté rencontra des difficultés ; la mesure transitoire resta , en conséquence , longtemps en vigueur, mais le droit d'exportation fut porté à 1 sol 25 centavos par quintal . ( Décret du 8 juillet 1876. ) Deux ans après , le gouvernement signa un contrat avec la banque La Providencia » , de Lima , pour le monopole en question . Cette banque devenait ainsi l'unique détentrice des nitrates péruviens . La guerre qui surgit l'année suivante avec le Chili fit perdre au Pérou le département de Tarapaca . La quantité de nitrate extraite du département de Tarapaca péruvien a été la suivante : Tonnes. 124,262 12,957

ANNÉES . De 1835 à 1811 . - 1842 à 1850 . - - 1851 à 1855 . -1856 à 1860 . - 1861 à 1863 . - 1866 à 1870 .



Tonnes . 140,867

ANNÉES . De 1871 à 1873 . — 1874 à 1875 .

860,098 192,101 216,507 270,248

18,377 27,515 33,909

1876 . 1877 . 1878 .

48,061

1879 (six mois) .•

• ·

66,254

Cette extraction représente une valeur totale d'environ 145 millions de sols . Les droits d'exportation perçus par le gouvernement furent les suivants : de 1835 à 1873 , 500,000 sols ; 1874 et 1875 , 5,320,216 ; 1876 , 3,191,074 ;

1877 ,

5,580,739 ;

1878 ,

3,290,204 ; total, 17,882,233 sols. Depuis que Tarapaca appartient au Chili , les exportations se sont élevées aux chiffres qui suivent :

ANNÉES. 1884 . 1885 . 1886 . 1887 . 1888 . 1889 .

Sociedad

• •



Tonnes . 559,616 429,663 452,788 712,768 784,250 921.388

Recaudadora

ANNÉES. 1890 . 1891 . 1892 . 1893 1894 . 1895 .

de Impuestos .

Tonnes. 1,026,298 891,727 797,827 947,025 1,095,275 1,234,860

Cette société est

chargée , comme son nom l'indique , de la perception de certains impôts . Elle fut créée en vertu de la loi du 9 janvier 1896 , qui en détermine les statuts , et définitivement constituée en mars de la même année .



124 -

Le capital social est d'un million de sols , divisé en 10,000 actions de 100 sols . Ces actions furent offertes dans tout le pays, conformément à la loi de fondation de la société, à raison de 400 actions environ

pour

chaque département .

Les souscriptions couvri-

rent le capital social plus de trois fois ; les actions furent distribuées au prorata et le premier versement appelé fut de 45 sols par action . La durée de la société est de deux ans ; le siège social est à Lima ; la société ne peut se livrer à d'autres travaux qu'à ceux de la perception des impôts sur l'alcool , le tabac et l'opium , ainsi que de la vente du papier timbré et des timbres adhésifs . Il est absolument interdit à la société de faire des avances de fonds au gouvernement . Les frais de perception , fixés à forfait et alloués à la société , sont de 15 p . c . sur les recettes brutes . Les 85 p . c . restant reviennent exclusivement à l'État , jusqu'à concurrence du montant total que les derniers adjudicataires , avant la formation de la Sociedad Recaudadora » , payaient annuellement au fisc .

Tout ce qui

dépasse ledit montant total est considéré comme bénéfice et partagé par moitié entre l'État et la société. Voici la statistique des recettes dont la perception incombe aujourd'hui à la nouvelle société : Timbre . Sols. ANNÉES. 1887 23,095 1888 22,193 1889 • 27,719 1890 .

1891 ( adjudication) 1892 1893 1894 1895



30,000 86,000 82,416 93,422 93,422 115,610

Tabac. Sols . 76,106 120,045. 231,616

292,500 306,000 301,000 309,059 304,000 453,000

Alcool. Sols. »

Opium. Sols. >>

228,473 253,836 292,373 425,255 425,255 481,055

280,984 218,561 218,561

481,055

450,000

241,299 241,200 301,200 301,200 343,200

Les droits de consommation sur le tabac et les alcools ayant été augmentés , il est à présumer que les recettes de 1896 auront été plus fortes que celles de 1895. Par contre , l'opium , qui est monopolisé par l'État, est appelé à produire de moins en moins, à cause de la diminution progressive de la population chinoise . La part versée de 45 sols par action de la Sociedad Recaudadora est actuellement cotée 92 sols .

125 Sel. -

Le Pérou , ainsi que cela a été dit au chapitre des pro-

duits du règne minéral , possède des dépôts inépuisables de sel gemme. Outre la consommation locale, qui est de plus de 20,000 tonnes de ce produit, le traitement des minerais d'argent en emploie 8,000 , et il s'en fait une exportation annuelle d'environ 7,000 , vers les pays limitrophes et l'Australie ; la production totale est donc de 35,000 tonnes . Depuis le 11 janvier 1896 , le sel se trouve monopolisé par l'État . L'importation et l'exportation en sont interdites . Cette loi a été votée à l'effet exclusif de créer des ressources pour la libération des provinces de Tacna et Arica . On évalue à un million de sols par an les recettes que cette mesure doit rapporter au trésor . Toutefois , un décret du 18 juillet 1896 suspend les effets du monopole et le remplace , en ce qui concerne la vente dans le pays , par un droit de consommation de 5 centavos par kilogramme pour le sel destiné aux usages domestiques , et d'un centavo par kilogramme pour celui destiné aux usages industriels. Une administration particulière a été organisée en vue de ce service . Pour ce qui a rapport aux exportations , l'État fait appel à des adjudicataires spéciaux .

Hôtel des monnaies .

La

casa de Moneda » de Lima fut fon-

dée en 1561. En 1572 , sous l'influence des mineurs de Potosi , elle fut transférée dans cette dernière ville , qui fait aujourd'hui partie de la Bolivie , mais elle revint à Lima en 1583 . Complètement détruite par le tremblement de terre de 1687 , elle fut reconstruite, et détruite de nouveau de fond en comble par le terremoto de 1747. En 1823 , les troupes royales la démolirent et emportérent tout le matériel à Potosi . Elle fut rétablie à Lima en 1828 et n'a cessé depuis lors d'y fonctionner . Elle reçut , en 1878 , des perfectionnements considérables qui en font un des principaux établissements du genre dans l'Amérique du Sud . Actuellement, la frappe des monnaies est confiée à un adjudicataire , qui perçoit une bonification variable suivant la quantité et la valeur des pièces monnayées . Comme minimum, cette bonification est de 1 1/2 p. c. La frappe annuelle est d'environ 5 millions de sols , y compris celle des

sucres » (monnaie de la République de l'Équateur) .

- 126

Il existait autrefois des casas de moneda à Cuzco , à Arequipa et à Pasco. Contributions. ―― Les contributions et autres revenus de l'État seront examinés dans d'autres chapitres . Le budget en donne d'ailleurs la nomenclature complète .

Budget de l'année 1896 ( ¹) .

Le budget qui a été arrêté pour l'année qui vient de s'écouler ne comprend , en ce qui concerne les dépenses , qu'une période de dix mois , du 1er mars au 31 décembre . Voici le résumé de ce document officiel :

Recetles (pour toute l'année). Douanes maritimes.

Droits d'importation • additionnels de 8 p. C. . de 50 p. c. sur les tabacs d'exportation de quai (muellage) . de mouillage (anclaje) . - de magasinage . Impôt d'inventaire . Confiscations Amendes Impôt de movimiento de Bultos (2). Vente de papier timbré pour la douane Impôt sur les allumettes Recettes de la douaue d'Iquitos Augmentation probable des recettes

Sols.

Sols. 3,518,700 281,496 11,000 12,500 20,700 55,000 16,500 450 100 3,500 124,000 17,700 60,000 265,120 1,878,354 Total .

6,265,120

Contributions. Produit du tin.bre . Droits sur les titres .

135,610 4,800

Impôt sur les tabacs - sur les alcools

453,600 608,400

(1) Celui de 1897 n'a pas encore été publié. (2) Pour le 1er semestre seulement . Cet impôt a été supprimé depuis .

127

Sols. Ferme de l'opium . Impôt sur les cartes à jouer Secours patriotique .

336,000 2,900 400

Impôt sur le revenu Contribution sur les mines .

60,000 100,000 200,000

Augmentation probable des recettes

Total .

Sols.

1,901,710

Recettes diverses. Recettes départementales qui reviennent à l'État . Ferme du sel ( 2 semestre) . • Produit des môles de la nation . Frappe des monnaies • Produit des ateliers du pénitencier . --du guano pour l'agriculture nationale. Minerval de l'école navale .



476,851 500,000 56,620 49,000 20,925 2,000 2,400 10.500

Droits perçus dans les ports du phare de l'île de San Lorenzo

4,000

de port , de 12 centavos, perçus au Callao par • la Compagnie du Muelle- Darsena Droits fiscaux de 20 centavos , perçus par la même Compagnie • Recettes imprévues .

44,000 28,500 250,000 1,500 5,300 16,687

Perceptions consulaires Impôt sur les marques de fabrique Recettes diverses ·

Produit des lignes télégraphiques . - des postes .

40,000



258,500 Total .



1,757,783

Total général .

9,924,613

Soit , pour les dix mois précités .

8,405,921

Dépenses (du 1er mars au 31 décembre).

Pouvoir législatif.

Sénat Chambre des députés Dépenses diverses .



Sols. 125,498.57 223,914.43 21,853.57 Total .

Pouvoir exécutif •



Sols .

371,266.57 55,050.00

128 Ministère de l'intérieur et de la police. Département . Autorités politiques · Service postal



télégraphique Police Pensions .

Sols. 51,530.00 296,530.00 209,586.10 95,270.40 1,207,447.70 6,279.90

Sols.

40,174.00 40,000.00

Dépenses spéciales de l'année extraordinaires .

1,946,818.10

Total . Ministère des relations extérieures .

21,400.00

Département . Corps diplomatique et consulaire Dépenses diverses extraordinaires .

201,833.20 79,991.80 17,618.40 Total .

·

320,843.10

Ministère de la justice, du culte et de l'instruction.

Département . Justice .

Instruction publique . Culte . Pensions .



Dépenses spéciales de l'année · extraordinaires

29,706.60 611,395.50 170,104.60 133,023.50 8,277.40 86,900.00 8,333.30 Total .



Ministère des finances . Département . Cour des comptes Hôtel des monnaies • • Service du trésor . ― des douanes . . des perceptions du flsc . du guano. de la ferme du sel des recouvrements • de la dette intérieure.

de la Compagnie du Muelle-Darsena • de l'emprunt pour la libération de Tacna et Arica.

47,199.90 34,100.00 21,499.90 10,850.00 335,343.20 59,023.00 2,280.00

12,000.00 13,000.00 396,000.00 84,000.00

-

500,000.00

1,047,740.90

- 129 -

Pensions .

Dépenses spéciales de l'année extraordinaires .

Sols . 453,055.90 100,800.00 50,000.00 Total .



.

Sols.

2,119,151.90

Ministère de la guerre et de la marine.

Département de la guerre Généraux de l'armée . · Officiers spéciaux

Enseignement militaire • Junte militaire Etat-major général Armée active . Armement et équipement Frais généraux • Artillerie . Aux survivants de la guerre de l'indépendance . Invalides . ·

Hópital militaire . Département de la marine Service des ports . de la flotte Batterie des saluts École navale . .

Dépenses diverses Pensions . Dépenses spéciales de l'année extraordinaires.

29,400.00 23,600.00 5,000.00 111,689.10 12,200.00 80,900.00 968,300.00 305,200 00 85,728.20 19,746.60 465.60

150,371.50 10,000.00 9,566.10

86,459.30 167,155.70 3,722.20 33,642.10 108,535.00 400,025.00 200,108.00 100,000.00 Total .

2,911,809.40

Ministère des travaux publics (fomento). Département . · Dépenses spéciales de l'année extraordinaires .

49,833.20 13,333.30 5,000.00 Total .

68,166.50

Postes omis. Au budget du ministère de l'intérieur du ministère de la justice du ministère des finances

2,200.00 5,100.00 3,000.00 Total .

10,300.00

130 Arriérés à couvrir pendant l'année 1896. Par le ministère de l'intérieur - ministère des relations extérieures ministère de la justice ministère des finances ministère de la guerre et de la marine .

Sols. 12,000.00 65,276.50 26,640.00 225,884.30 112,485.50 Total .



Total général .



Sols.

412,286.30 ·.

9,293,432.77

En résumé, les dépenses du 1er mars au 31 décembre 1896 étaient fixées à 9,293,432 sols 77 centavos et les recettes de la même période à 8,405,921 sols , laissant ainsi un déficit de 887,511 sols 77 centavos.

Question monétaire . Lorsque la baisse du métal blanc commença à s'accentuer, il y a un peu plus de vingt ans , le Pérou , comme bien d'autres. pays de l'Amérique latine , assista au phénomène de l'exode graduel de son or, jusqu'à disparition complète . Pour le Pérou , le phénomène fut encore plus significatif : l'argent disparut à son tour de la circulation et le pays se trouva ne plus avoir que du papier-monnaie . Après la tempête financière de 1887 , quand le calme se fut rétabli , l'argent revint ou , pour mieux dire, ce sa de s'en aller ; mais la question de la dépréciation de ce métal , qui formait et forme encore la base du système monétaire , n'en était pas moins un problème dont la solution était ardemment désirée , ici comme ailleurs .

Les gouvernants du Pérou ont plusieurs fois manifesté le désir de rétablir l'étalon d'or, soit unique , soit combiné avec celui d'argent. J'ai déjà indiqué plus haut les essais infructueux qui furent tentés dans ce sens et il ne me reste qu'à consigner quelques autres tentatives , dont la relation n'a pas trouvé place dans l'exposé rapide que j'ai fait des principaux événements économiques du pays . En 1892 , M. Manuel Carbajal , ministre des finances , soumit l'examen de cette grave question à une commission composée de cinq membres , choisis parmi les hommes les plus notables de Lima en matière financière et commerciale .

-

131

Deux des membres de la commission opinèrent pour l'adoption de modifications importantes au système en usage .

Les trois

autres , au contraire , demandèrent le maintien du statu quo , soit la continuation de la frappe libre de l'argent . Chacun des deux camps présenta au ministre un rapport séparé. La minorité de la commission jugeait que l'étalon d'or devait être adopté ; cependant , contre ses convictions , disait- elle , et pour concilier tous les intérêts en jeu , elle se bornait à demander qu'il fut attribué au sol une valeur fixe de 34 à 36 pence , afin d'obvier à la baisse plus forte qui pouvait se produire par la suite , et de limiter autant que possible la frappe de l'argent . En conséquence , elle proposait au gouvernement de décréter : 1 ° Que les droits de frapper de la monnaie d'argent fussent , à l'avenir, basés sur la valeur du métal blanc à Londres , suivant une échelle inverse de 2.14 p . c . par penny , à partir de 44 1/4 pence . D'après ce projet , lorsque le taux de l'argent fin était à Londres :

3.61 p. c . 5.85

de 44 pence l'once, le droit de monnayage devait être, à Lima, de . 43 ---42 • - 41 •

10.13

et ainsi de suite jusqu'à 30 pence

33.67

7.99

2º Que l'introduction de la monnaie nationale d'argent , rentrant au Pérou , fut interdite par tout autre port que celui du Callao , sous peine de confiscation . La monnaie d'argent introduite par le Callao devait être refondue à l'hôtel des monnaies et rendue en lingots aux importateurs . Loin d'approuver ce projet , la majorité de la commission trou-

vait que la valeur de 35 pence , assignée au sol , était une valeur artificielle et dangereuse ; que, par suite des droits de monnayage , le numéraire ferait bientôt défaut pour les transactions courantes et que le remède serait pire que le mal , principalement pour le commerce . Le statu quo fut donc maintenu . Le déplacement d'une voix , au sein de la commision , eut pu entraîner de nouveau le Pérou vers des complications financières grosses de menaces . Dans tous les pays du monde, la contrebande des espèces métalliques est celle qui échappe le plus facilement à la vigilance de

- 132 l'autorité . C'est un fait bien prouvé et il est permis de supposer que les mesures proposées pour empêcher la rentrée des sols péruviens n'eussent pas abouti . Toutes les pièces d'argent péruvieunes seraient revenues dans leur pays , où un si brillant accueil les attendait. Ce retour aurait contrebalancé , dans une certaine mesure , les effets de la suppression de la frappe . Le mineur, en effet , n'aurait pas accepté de bonne grâce l'énorme brassage qu'on voulait lui imposer . On lui eût rendu , il est vrai , en échange d'un lingot d'argent , une quantité de sols le représentant en or, au taux de 35 pence par sol ; mais qui garantissait au mineur (ou , ce qui revient au même, au public) cette valeur de 35 pence par sol argent ? L'État ? Le cataclysme des billets était trop récent pour permettre à l'État de supporter de nouvelles pertes de ce genre, en eut-il eu la volonté . Il eut été impossible de conserver au sol, dans les transactions internationales , le valeur qui lui était assignée et de se procurer, par ce moyen, la monnaie d'or dont on avait besoin pour remplacer celle d'argent qu'on prétendait faire disparaître . La dépréciation du sol argent devait forcément se reproduire, malgré tous les décrets . D'autre part, qu'aurait fait l'État du métal retenu pour le brassage ? Il en aurait frappé des sols ou il l'aurait exporté pour acheter de l'or à l'étranger. Dans le premier cas , le but poursuivi de la frappe limitée n'était pas atteint . Dans le second , avec les frets , l'assurance et les commissions , l'or acheté de cette façon eut coûté bien cher en pure perte , car il n'eut pas manqué, vu la valeur trop élevée assignée au sol argent, de reprendre le chemin de l'Europe , par premier vapeur , et le métal jaune aurait toujours manqué. Du reste, si la volonté bien ferme était de ramener l'or dans la circulation , la fixation d'une valeur au sol argent , supérieure à sa valeur intrinsèque, était illogique . Ce n'est pas en augmentant le prix d'une marchandise qu'on s'en défait le plus facilement , et les monnaies , aussi bien que les marchandises , se portent là où elles ont une valeur plus élevée . La plus- value qu'on voulait donner à la monnaie d'argent diminuait d'autant la valeur relative de l'or et rendait encore plus in franchissable l'obstacle qui s'opposait au retour du métal jaune . Supposons , au contraire , qu'on diminue la valeur du sol argent

133 -

et qu un décret établisse que , malgré sa valeur actuelle de23 pence, il ne sera plus reçu à l'avenir , dans les caisses fiscales , que pour 15 pence . N'est-il pas de tous points évident qu'il s'établirait alors , entre le Pérou et l'étranger, un grand mouvement d'échange des deux métaux ? L'or d'Europe ne viendrait - il pas s'échanger ici pour des sols d'argent, achetés à 15 pence et revendables à 23 à un autre endroit ? Cela paraît hors de doute , mais let décret en question serait tout aussi anti -économique et tout aussi injuste que celui qui voulait assigner au sol argent une valeur de 35 pence . La monnaie n'est pas une valeur relative qui puisse être fixée à priori ,

c'est une

marchandise

adoptée comme base

d'échange , sujette aux fluctuations de l'offre et de la demande , et tout ce qui sera tenté isolément pour lui assigner une valeur autre que celle qu'elle possède intrinsèquement , est appelé à échouer . Le bon sens des peuples en fera toujours justice . Si l'étalon d'or devait être adopté au Pérou , il semble certain qu'il resterait, pendant longtemps , à l'état nominal . Les transactions se feraient en or et les payements se feraient en argent , au change du jour ; mais , même dans ce cas , conviendrait- il de limiter la frappe. du métal que donnent les mines d'argent du pays ? Cette monnaie , en somme, a une valeur bien réelle , et la frappe de l'argent au Pérou s'arrêtera d'elle- même, quand le moment sera venu , par la force irrésistible des lois économiques universelles . Il a été parlé plus haut du décret du 5 juillet 1894 , qui établis sait le payement des droits de douane en sols calculés au change de 30

pence .

Voici

l'explication

que le ministre des finances ,

M. Horacio Ferrecio donne , à ce sujet , dans son mémoire du mois d'août suivant : Pour que l'argent soit l'auxiliaire de l'or , il suffit de modérer la frappe de ce métal et de tâcher que la quantité convertie en monnaie corresponde aux nécessités locales, pour l'appoint de la monnaie d'or que je m'efforce d'introduire . Afin d'en garantir la valeur , il n'y a qu'à en fixer la relation avec l'or et laisser au métal et aux barres d'argent le caractère de simple marchandise qu'ils ont aujourd'hui . En faisant cela , loin de nuire à l'industrie minière, on évitera les fluctuations du change de l'argent, on diminuera la circulation actuelle de ce métal et on mettra un terme à la dépréciation de la monnaie divisionnaire . a J'ai commencé , par le décret du 5 juillet dernier, à préparer 9

-

134 ----

le terrain pour établir l'étalon d'or, d'accord avec la majorité du haut commerce , qui ne veut pas être à la merci des oscillations que l'argent subit dans les centres commerciaux . Je crois que, avec un peu de bonne volonté de la part du public et quelques efforts de la part du gouvernement , l'étalon d'or pourra , dans un avenir peu éloigné , servir de base à notre système monétaire. J'ai déjà indiqué , en partie , les avantages qui en résulteront , et le stimulant que les mineurs y trouveront de chercher ce métal précieux dans les filons et les placers , si abondants au Pérou , n'en sera pas le moindre.

« L'argent et l'or ne sont pas antagonistes . La seule chose à faire est de fixer la relation entre les deux métaux , comme il arrive en Angleterre où , quelles que soient les fluctuations de l'argent , la livre sterling est toujours changée pour 20 shillings . Voilà comment a été résolu le problème de cette relation , basée sur le consentement universel du commerce et sur les payements du gouvernement, des patrons et de tous ceux qui dépensent, ou , pour mieux dire , de tous ceux qui consomment. Voilà le bimétallisme que je recommande et que j'accepte . » Qu'il me soit permis , à propos de cette importante question monétaire , de faire connaître l'impression que j'ai conservée du Mexique, cet autre grand producteur de métal blanc . Le Mexique a admis franchement l'étalon d'argent , sans faire aucune tentative pour le remplacer par l'étalon d'or, et il ne s'en trouve pas plus mal . Non seulement il couvre le service de sa dette extérieure, contractée en or , mais il est parvenu à équilibrer son budget, malgré la baisse du métal blanc, et ses finances sont très prospères . La nation entière a trouvé , dans la dépréciation de l'argent, un élément d'activité inconnu auparavant , un stimulant dont les effets bienfaisants se font sentir chaque jour davantage. Les exportations augmentent dans de grandes proportions ; l'agriculture et l'industrie ont pris un nouvel essor ; le pays arrive peu à peu à se suffire à lui-même pour une infinité d'articles dont il était autrefois tributaire de l'étranger . Si l'on consultait la nation mexicaine sur l'opportunité de rétablir l'étalon d'or , la grande majorité serait certainement pour la négative . Au Pérou , si l'agriculture et l'industrie n'ont pas encore atteint le même développement qu'au Mexique, ce n'est pas l'étalon d'or qui le leur donnera . Qu'on demande à l'industrie sucrière , qui est

-

135

la principale du pays , quel serait son sort si un changement dans le système monétaire venait diminuer ses recettes de moitié ; qu'on demande à toutes les autres industries, petites et grandes , si le rétablissement de l'étalon d'or leur permettrait de lutter avec le même avantage contre les produits similaires importés ; qu'on demande au commerce d'exportation quel avenir lui réserverait un changement d'étalon : leur réponse ne serait pas douteuse . Restent les industries extractives, dont la plus importante est sans

contredit l'exploitation minière, sur laquelle quelques penseurs péruviens fondent les plus belles espérances pour leur pays , au point de la croire préférable à toutes les autres. En admettant qu'ils ne se trompent pas sur ce point, l'industrie minière ne souffre nullement de l'étalon d'argent , bien au contraire , car il ne faut pas confondre la valeur relative d'un métal avec l'étalon monétaire du pays . Est-il besoin de dire que, dans toute affaire de mine, le problème consiste à retirer du métal en quantité suffisante pour que, converti en monnaie , il excède les frais généraux de l'entreprise ? Or, s'il fallait payer en ce moment l'ouvrier mineur en or , au lieu de le payer en argent, c'est- à-dire lui donner un salaire double , il est évident que le résultat de l'entreprise serait tout différent , qu'il s'agisse d'une mine d'or ou d'une mine d'argent. Pour cette dernière , la baisse du métal ne l'affecte que dans les pays à étalon d'or . Dans les autres , le résultat est toujours le même. Au Pérou , par exemple, l'argent extrait des mines est converti en sols. Si au lieu de cela il est exporté et vendu à bas prix , ou pour mieux dire échangé contre une quantité d'or plus faible qu'autrefois , cette quantité d'or , dont le mineur dispose par traite ou autrement, lui rapporte toujours le nombre de sols représenté par le poids de l'argent exporté . Je le répète encore : je ne me place ici qu'au point de vue de l'étalon monétaire du pays d'extraction . Comme valeur relative des deux métaux , il est certainement regrettable que l'argent n'ait pas conservé la proportion de 15 1/2 à 1 , de même qu'il est à regretter , pour les producteurs péruviens , que le sucre de canne ait baisséà cause de la concurrence que lui fait le sucre de betterave , qne le quinquina n'ait pas maintenu ses anciens prix à cause de la production de Ceylan , etc. Mais pour revenir à la valeur intrinsèque du métal argent , le Pérou ne pourrait guère résoudre aujourd'hui

-

136

cette question tout seul, alors que les conférences internationales des principales nations du monde n'ont pas amené de résultat. Un des principaux arguments de ceux qui demandent l'étalon d'or pour le Pérou , est que l'incertitude qui plane sur la valeur du métal servant de base au système monétaire actuel est un obstacle à l'immigration des capitaux étrangers . Il y a du vrai dans cette théorie , mais pas autant qu'on le croit généralement . Le Mexique voit arriver journellement des capitaux du dehors , malgré son étalon d'argent . Cet étalon n'est qu'un mince empêchement à l'immigration de capitaux , dans les pays où ces capitaux trouvent un emploi rémunérateur et toute la sécurité désirable . Il est incontestable que le Pérou possède actuellement d'abondantes réserves métalliques qui pourraient s'associer à des fonds étrangers et servir à la création d'entreprises nouvelles ; mais il est non moins certain que les grandes fortunes du pays n'ont que trop souvent pris le chemin de l'étranger . Pour les capitalistes péruviens qui préfèrent les agréments des capitales de l'Europe à ceux de Lima , de même que pour les étrangers qui veulent retourner dans leur pays après fortune faite, il est évident que le bas prix de l'argent est à déplorer ; seulement , il ne s'ensuit pas que le résul tat soit le même pour toute la nation . En réalité , c'est le commerce d'importation qui souffre le plus de cette situation ; moins à cause de la baisse du métal en elle -même qu'à cause des constantes fluctuations du change , qui déroutent tous les calculs , empêchent toute prévision et rendent, par le fait, les opérations à terme fort dangereuses . L'adoption de l'étalon d'or serait donc un bien pour les importateurs . Cependant , comme rien ne s'oppose , dans les ventes de produits étrangers à terme , à ce que les prix soient fixés en monnaie anglaise ou française , payable au change du jour de l'échéance, il reste à considérer si les avantages que retirerait cette partie de la population compenseraient, dans le changement de l'ordre existant , les désavantages qui en résulteraient pour l'autre . La majorité de la commission dont il a été parlé précédemment s'est prononcée pour le maintien de l'étalon d'argent , et je pense qu'elle a eu raison .

Établissements financiers . Banques. -

La plus ancienne des banques actuelles du Pérou

- 137 ―

est le Banco de Londres , Mexico y Sud- America , établi à Lima depuis 1867 . Sa situation , au 31 décembre 1896 , était la suivante : ACTIF. Caisse . • Portefeuille et comptes

débiteurs . Meubles et immeubles . Divers . . Balance .

·

Sols.

Sols.

1,911,080.02

PASSIF. Capital et réserves .

·

488,805.22

2,500,202.99 58,621.51

Comptes créditeurs, dépôts , acceptations Divers .

3,955,376.82 59,233.01

33,510.53 4,503,415.05

Balance .



4,503,415,05

Le Banco del Callao fut fondé au Callao en 1877. Son établissement à Lima date de quelques années plus tard . Situation au 31 décembre 1896 :

ACTIF . Caisse · Portefeuille et comptes débiteurs Meubles et immeubles . Divers . Balance .



Sols. 2,629,374.04 5,670,604.03 193,657.82

PASSIF . Capital et réserves . • Comptes créditeurs , ac• ceptations Divers .

Sols. 1,430,500.00

7,028,408.15 105,969.14

71,241.40 8,564,877.29

Balance .



8,564,877.29

Les actions du Banco del Callao sont de 150 sols ; on les cote aujourd'hui à 160 sols . Le dividende de 1895 a été de 8 p . c . Depuis quelques années, il a été adjoint au Banco del Callao une section hypothécaire , au capital de 40,000 livres sterling . Les cédules émises par cette section sont de 100 , de 500 et de 1,000 sols . Il y en a aussi de 50 et de 200 livres sterling . L'intérêt annuel est de 8 et de 10 p . c . Ces cédules font en ce moment de 7 à 812 p. c. de prime . Pendant l'année dernière ( 1896 ) , il en a été amorti pour

108,643 sols d'une part , et 136 livres 13 shil . 9 d . d'autre part . Celles qui restaient en circulation le 31 décembre représentaient les valeurs de 913,100 sols et 7,600 livres sterling , soit un total de près d'un million de sols ( ' ) . (¹ ) Par suite d'un accord tout récent , le Banco de Londres, Mexico y Sud America, et le Banco del Callao vont opérer une fusion . La première de ces banques apporte un capital de 800,000 sols et la seconde de 1,200,000 sols . Toutes deux seront liquidées et cesseront d'exister ; mais la dénomination de la société qui doit les remplacer n'est pas encore connue. La date d'ouverture de la nouvelle banque est fixée au 1er juillet 1897 .

133 Le Banco italiano date de 1889. Sa situation , le 31 décembre 1896 , était la suivante :

ACTIF . Caisse . • Portefeuille et comptes débiteurs Meubles et immeubles . Divers . •

Balance .

Sols. 1,024,733.96

2,512,787.78 131,730.07 59,163.25

3,728,415.06

PASSIF . · Capital et réserves . Comptes créditeurs , ac• ceptations Divers .

Balance .

Sols. 524,537.43

3,088,993.49 114,884.14

3,728,415,06



Les actions du Banco italiano sont de 10 livres sterling et sont cotées actuellement en bourse 128 sols . Le dividende de 1895 a également été de 8 p . c . La Caisse d'épargne fut fondée en 1868. Elle est administrée , comme cela a été dit plus haut, par la Société de bienfaisance. Sa situation , le 31 décembre 1896 , était :

ACTIF. Caisse. · Portefeuille et comptes débiteurs . · Meubles et imm.eubles · Divers.

Sols . 171,332.12

PASSIF . Capital et réserves Comptes créditeurs , ac-

726,540.61 4,529.68

ceptations . Divers.

Sols.

46,302.99 863,132.57 3,638.75

10,671.90 Balance .

.

913,074.31

Balance .

·

913,074.31

Les opérations de ces banques consistent en achats et ventes de valeurs sur l'étranger , recouvrements, escomptes , avances de fonds et dépôts . Le taux d'escompte est de 6 p . c . par an . Pour les avances de fonds, l'intérêt perçu est de 8 p . c ., mais ces opérations sont assez restreintes , beaucoup trop au gré du commerce et de l'industrie . L'intérêt annuel crédité par les banques est en ce moment de 1 p. c . pour les dépôts de trois mois au moins , de 2 p . c . pour les dépôts de six mois et de 3 p . c . pour les dépôts d'un an . De l'avis des hommes d'affaires , les banques actuelles sont insuf fisantes . De plus , le manque de billets est un sérieux inconvénient dans un pays où les communications sont difficiles et où il n'y a que de la monnaie d'argent . A côté des établissements de crédit et des principales maisons de commerce qui s'occupent également d'opérations de banque , il existe un certain nombre de particuliers qui vivent de leurs rentes, avec un capital relativement restreint , en prêtant de l'argent à un

-- 139

taux d'intérêt moindre que celui des

casas de prestamo » , mais

qui atteint cependant, dans bien des cas , 4 ou 5 p . c . par mois . Une nouvelle société financière , la Acumulativa , s'est fondée l'année dernière , au capital de 250,000 sols . C'est une caisse. d'épargne qui ne crédite pas d'intérêts, mais qui fait tous les mois. des tirages de lots gagnants .

Compagnies d'assurances . - La plupart des grandes compagnies anglaises d'assurance contre l'incendie et les risques de mer étaient représentées à Lima . J'ignore si toutes ont continué leurs opérations au Pérou , depuis la loi du 25 décembre 1895 qui leur impose des conditions assez sévères . Les compagnies nationales , contre les mêmes risques , sont les suivantes

Compañia internacional de Seguros del Perú

» ,

capital 2 millions de sols ; ་ Compañia Rimac » , capital 5 millions de sols ; « Compañia Italia » , capital 2,500,000 sols .

$ 8. Communications. Télégraphes. Pérou .

Deux cables sous-marins longent la côte du

Le premier, celui de la Central et South American Telegraph . C° D , venant de Panama , atterrit à Paita et au Callao , puis continue sa route vers le Chili . Les dépêches pour l'Europe sont transmises via Galveston . Le second , celui de « The West Coast of America Tele-

graph Co

, part du Callao, touche à Mollendo et à Arica , puis

continue également sa route vers le Chili . Les dépêches pour l'Europe, par cette ligne, sont transmises via Lisbonne. Pour la Belgique , le coût d'un télégramme,

qui

était de

2.80 sols par mot, vient d'être porté à 3.05 sols par mot. Les lignes télégraphiques du gouvernement péruvien ont une étendue totale d'environ 2,500 kilomètres . Il s'en établit actuellement d'autres , malgré les grandes difficultés que présentent le placement et l'entretien des lignes dans les Andes . Téléphones. -La ville de Lima est desservie par la « Peruvian Telephone C » , qui la relie en même temps aux localités voisines du Callao , de Chorrillos , de Barranco et de Miraflores . Le prix d'abonnement est de 5 à 7 1/2 sols par mois .

140 Postes . —

Le port d'une lettre simple, de 15 grammes , qui était

autrefois de 10 centavos pour tout le pays a été réduit , il y a un an, à 5 centavos . Les imprimés , papiers d'affaires et échantillons , payent 2 centavos par 50 grammes ; les journaux , 1 centavo les 100 grammes . Le service urbain , pour les lettres simples , est de 1 centavo . L'enregistrement , tant pour le service intérieur que pour le service extérieur , est de 15 centavos . Le Pérou fait partie de l'Union postale universelle . Afin de compenser la diminution de recettes que devait produire au début la sage mesure prise il y a un an à l'égard de la correspondance intérieure , l'affranchissement pour l'Europe , qui était de 11 centavos , a été doublé et est aujourd'hui de 20 centavos , par le détroit de Magellan , et de 22 centavos , par l'isthme de Panama . Au change actuel , cela fait de 50 à 55 centimes par lettre de 15 grammes . Les cartes postales fermées , qui offraient un moyen économique de correspondance , ont été interdites pour l'étranger, de sorte qu'il faut avoir recours à la carte postale simple, de 4 centavos , ou à la lettre de 20 ou de 22 centavos . Un négociant ne laissera pas échapper une opération commerciale pour épargner 22 centavos , mais il est certain qu'un affranchissement aussi élevé est peu engageant pour les petites bourses.

Compagnies de navigation . ― Les steamers de la « Pacific Steam Navigation Co » , sous pavillon anglais , et ceux de la « Cia Sud Americana de Vapores

, sous pavillon chilien , ont combiné leurs

départs du Callao de façon à ce qu'il y ait chaque semaine , de l'une ou de l'autre ligne , un bateau pour Panama, un pour Pimentel et deux pour Valparaiso . Le bateau pour Panama quitte le Callao le mardi et suit l'itinéraire suivant : Salaverry , Pacasmayo , Eten , Paita et Guayaquil . Il touche parfois à Tumbez également . Au retour , il part de Panama le jeudi et fait les mêmes escales qu'à l'aller . La durée de la traversée du Callao à Panama , ou vice -versa , est de neuf jours. Le prix du passage en 1e classe est de 17 liv . st . 10 sh . steerage » , il est de 5 liv . st . 12 shil . 6 d. En 3e classe ou

Il n'y a pas de 2 classe . Celui pour Pimentel quitte le Callao le jeudi et s'arrête , à l'aller, à Huacho, à Supe, à Casma, à Samanco, à Chimbote et à Eten .

141 -

Au retour, il fait escale à Pacasmayo , à Huanchaco , à Salaverry , à Chimbote , à Samanco , à Huarmey, à Supe et à Huacho . Prix du passage du Callao à Pimentel , 2 liv . st . 12 shil . 6 d . en 1re et 17 shil . 6 d . en 3° classe . Les steamers pour Valparaiso partent du Callao le mercredi et le samedi . Ils touchent à Pisco , à Mollendo , à Arica, à Pisagua et autres ports du Chili . En plus de ces ports , le bateau du mercredi touche à Tambo de Mora , à Chala et à Ilo , et celui du samedi à Cerro Azul et à Lomas . La durée de la traversée , du Callao à Valparaiso et vice- versa , est de dix jours . Les billets de passage re coûtent en le classe , 11 liv . st. 17 shil . 6 d . , et en 3º , 3 liv . st . 15 shil . A Panama , les voyageurs trouvent les steamers de la « Columbian Line » , qui a trois départs par mois pour San Francisco , avec escales dans les ports des républiques du Centre- Amérique et du Mexique . A Colon , on a le choix entre les lignes suivantes :

Malle Royale anglaise » , deux départs par mois pour La Southampton . La

Cie Générale Transatlantique française » , trois départs par

mois un pour Saint-Nazaire , un pour Bordeaux et un pour Marseille . La « Cia Trasatlantica española » , un départ par mois pour la Havane, avec escales dans les ports de la Colombie et du Véné zuéla. A la Havane , les bateaux de cette ligne sont en connexion . avec ceux de la même compagnie qui vont en Espagne , à NewYork et au Mexique . La

Veloce

La

Columbian & Panama R. R. C"

, ligne italienne, un départ par mois pour Gênes. , ligne américaine . Trois

départs par mois pour New-York, sans escale . Les compagnies de navigation qui mettent l'Europe en communication directe avec le Pérou , sans transbordement , sont : La

Lamport & Holt Line » et la

Gulf Line » , toutes deux

de Liverpool , sans itinéraire fixe ; La « Kosmos » et la

Hamburg Pacific » , toutes deux de Ham-

bourg , avec deux départs par mois et escale à Anvers . Pour les expéditions de nos produits , ces deux lignes sont celles qui offrent les conditions les plus favorables . Elles permettent, en

-

142 -

outre, d'éviter les transbordements dont les marchandises pourraient souffrir par les autres voies . Sur le lac de Titicaca , il existe de petits steamers , d'environ 200 tonneaux , qui font , deux fois par semaine, le trajet entre Puno et Chililaya ( Bolivie) en une douzaine d'heures . Le fleuve des Amazones est fréquenté par des vapeurs de 600 à 700 tonneaux, qui arrivent jusqu'à Iquitos . J'ignore s'il existe des lignes régulières . Routes. -

Les Incas , ces Romains de l'Amérique du Sud,

avaient établi de nombreux chemins dans leur empire ,

entre

autres la superbe route qui reliait Cuzco à Quito . Presque toutes ces voies de communication ont depuis longtemps disparu .

Il faut reconnaître que la configuration du pays ne se prête guère à l'établissement de voies aisées ; mais que de richesses. inexploitées faute de moyens de transport ! Les voyageurs qui ont parcouru l'intérieur du Pérou font des descriptions peu enthousiastes des chemins qu'ils ont dû suivre. Des bourbiers , presque infranchissables en temps de pluie , des torrents à traverser à gué, de longues navigations en radeau , au milieu de rapides , des sentiers escarpés longeant des précipices, des ponts de liane sur des abîmes , telles sont les difficultés que l'explorateur ne manque pas de rencontrer au cours d'une longue excursion . Inutile d'ajouter que l'usage des diligences est inconnu , aussi bien que celui des chariots pour le transport des marchandises . En dehors des lignes de chemin de fer ou de la proximité des grandes villes, tout se fait à dos de mulet, de lama ou d'Indien . Pénétré des graves inconvénients de cet état de choses , le gouvernement poursuit activement, depuis plus d'un an , l'établissement de routes nouvelles ; mais la tâche est rude , les difficultés sans nombre et les dépenses très grandes . L'achèvement des chemins projetés sera certainement un progrès immense, et tout ce qu'on pourra regretter sera que des lignes de chemin de fer ne leur soient promptement substituées . La partie basse de la région transandine ou Montaña est tellement isolée du reste de la nation que , pour se rendre de Lima à Iquitos , par exemple , il faut prendre le chemin de Para ( Brésil) , soit par le détroit de Magellan, soit par Panama et New-York, à

--

143

moins de faire le trajet par terre et par rivières , au milieu de peuplades plus ou moins hostiles et à travers mille dangers .

Cette partie de la Montaña n'attend que des colons pour prospérer, comme la partie haute, d'ailleurs . Elle a des rivières pour le transport de ses produits et, par conséquent, des voies de communication plus économiques que les routes terrestres ; mais cela ne suffit pas. Le Pérou doit pouvoir exercer son influence sur toute l'étendue de son territoire . Tant que la capitale ne sera pas en contact direct, par chemin de fer et par télégraphe , avec un point parfaitement navigable de l'Amazone ou d'un de ses principaux affluents , le département de Loreto ne sera pas réellement péruvien . L'émigrant qui viendra s'y fixer et y pénètrera par l'Amazone, ne se croira pas au Pérou , et pourtant il y sera , avec cette différence de la région andine ou cisandine , qu'il y sera livré à lui - même , sans protection suffisante contre un soulèvement d'Indiens et autres événements de même ordre qui peuvent se produire . Cette vérité n'a pas besoin de démonstration . Quant à la nécessité des voies de communication , pour l'avenir du pays , il suffit de rappeler l'extension que prennent les colonies du Chanchamayo , depuis l'achèvement du chemin de fer de la Oroya et l'établissement de plusieurs routes et de quelques ponts dans cette contrée privilégiée . Le Pérou a besoin de routes et encore de routes ; aus- i ne peut - on assez applaudir aux mesures du gouvernement qui se livre à des études sérieuses dans le but de les créer .

Chemins de fer. - Les voies ferrées

du

Pérou doivent se

diviser en deux catégories : celles qui appartenaient à l'État et qui ont été cédées pour un temps déterminé à la Peruvian Corporation , et celles qui sont la propriété d'entreprises particulières . La première comprend : 1º Le chemin de fer central du Pérou , dont le développement total est de 220 kilomètres , allant du Callao à la Oroya. L'écartement de la voie est normal ( 1-435 ) . Les principales localités desservies par cette ligne sont : Lima

(km . (km .

14 ) , Chosica 102) ,

Jauli

(km . (km .

54 , altitude 853 mètres ) , 193) ,

la Oroya

Matucana

(km . 220 , altitude

3,712 mètres), Le point le plus élevé de cet admirable chemin de fer se trouve au tunnel de Paso de Galera , où l'on passe du versant occidental au

144 -

versant oriental de la grande chaîne occidentale du centre , à la hauteur prodigieuse de 4,775 mètres, à peu près celle du Mont Blanc . De Lima, part un embranchement pour Ancon (port de mer) , sur un parcours de 38 kilomètres ; 2" La ligne de Pacasmayo à Guadalupe et Jonau ; longueur totale , 92 kilomètres , à voie normale . Ce chemin de fer est tout désigné pour arriver jusqu'à Cajamarca ; 3º La ligne de Paita à Piura ; 97 kilomètres de voie normale ; 4 La ligne de Salaverry à Trujillo et Ascope ; 76 kilomètres de voie étroite . Cette voie ferrée dessert la fertile vallée de Chicama , où l'industrie sucrière a pris tant d'extension ; 5° La ligne de Chimbote à Suchiman ; 52 kilomètres de voie étroite, qui doit être prolongée jusqu'à Huaraz ; 6° La ligne de Pisco à Ica ; 71 kilomètres de voie normale ; 7º La ligne de Mollendo à Arequipa , Juliaca et Puno ; 512 kilo mètres de voie normale . Les principales localités par où passe cette ligne importante sont : Tambo (km . 30 , altitude 305 mètres) , Joya (km . 87 , altitude 1,262 mètres) , Vitor (km .

122 , altitude

1,630

mètres) ,

Arequipa (km . 172) , Juliaca (km . 473 , altitude 3,825 mètres) , Puno (km . 512) . Il se fait, par cette voie, un grand commerce de transit avec la Bolivie , par le lac de Titicaca . A Juliaca, il y a une bifurcation vers Sicuani ( 198 kilomètres) dans la direction de Cuzco , qui se trouve à 80 kilomètres plus loin . Actuellement, la ligne s'arrête à Sicuani . Les voies ferrées appartenant à des entreprises particulières sont : 1º La ligne de Lima au Callao ; 14 kilomètres de voie normale. Cette voie a été inaugurée en 1850 et appartient à une société anglaise ; 2º La ligne de Lima à Chorrillos ; 14 kilomètres de voie normale . Elle date de 1856 et appartient à la même société que la précédente . Elle dessert les stations balnéaires de Miraflores, à 7 1/2 kilomètres de Lima , et de Barranco , à 11 kilomètres de la capitale ;

3º La ligne de Lima à Magdalena ; 6 kilomètres de voie étroite . En exploitation depuis 1872 , par une société française ;

145

4º La ligne de Lambayeque à Pimentel ; 24 kilomètres de voie étroite, ouverte au trafic en 1867 ; 5º La ligne d'Eten à Ferreñafe et Patapó ; 78 kilomètres de voie normale .

Cette ligne passe par les localités suivantes :

Chiclayo (km . 19) , Lambayeque ( km . 31 ) , Ferreñafe (km . 48 ) ; 6º La ligne de Pura à Catacaos ; 15 kilomètres . Catacaos est un centre de fabrication des chapeaux dits de Panama . Toutes les lignes citées forment un réseau de 1,356 kilomètres , administré par la Peruvian Corporation , et 214 kilomètres appartenant à des entreprises particulières , en tout 1,570 kilomètres. C'est peu pour un pays aussi étendu que le Péron , et l'intention du gouvernement d'étendre les voies ferrées n'est que trop justifiée . D'autre part , le commerce péruvien se plaint en général de l'élévation des tarifs des différentes lignes et prétend que cette circonstance empêche les chemins de fer de rendre à l'agriculture et à l'industrie tous les services qu'on pourrait en attendre , au grand détriment des compagnies elles -mêmes . Tramways.

La ville de Lima est sillonnée en tous seus par

des tramways . Une société américaine a récemment repris le réseau et a formé le projet de substituer la traction électrique à la traction animale . La force motrice sera fournie par une chute du Rimac , se trouvant à quelques kilomètres de la ville . La voie est à écartement normal , en rails Vignole .

CHAPITRE VIII. -- AGRICULTURE .

Du temps des Incas , l'agriculture était très florissante . Les barrages , les aqueducs et autres moyens d'irrigation dont il n'existe plus que des vestiges , prouvent la sollicitude et l'intelligence que les premiers habitants du Pérou apportaient à la culture des terres de la Costa. Dans la Sierra , ils allèrent encore plus loin . Il existe des preuves irrécusables à Huaylas , à Tarma et à d'autres endroits , que de grandes vallées , dont le sol était primitivement de roche dure , ont été rendues fertiles par une couche épaisse de terres rapportées . Ce n'est pas sans raison que l'illustre Humboldt déclare que les ouvrages exécutés par les Incas sont peut- être ce que l'humanité a produit de plus stupéfiant .

- 146

Pendant la domination espagnole, l'agriculture tomba presque complètement. Le gouvernement colonial rendait des décrets restrictifs contre la culture des produits qui pouvaient se substituer à ceux de la métropole ; décrets qui ne visaient que les tribus indiennes , du reste , car les nouveaux venus songeaient bien plus à faire rapidement fortune dans le commerce , et surtout dans les mines , qu'à attendre patiemment les fruits de la terre pour s'enrichir . Ils obligèrent donc le peuple conquis à aban donner les champs et à aller fouiller pour eux dans les entrailles des Andes . Ce n'est que depuis la proclamation de l'indépendance que des efforts furent tentés en vue d'étendre cette branche importante de la richesse nationale. Malheureusement , les progrès furent lents ; l'agriculture eut de tout temps à lutter contre de graves inconvénients , dont le défaut de science agronomique et le manque d'initiative privée n'étaient pas les moindres , et , malgré les étapes parcourues , il lui reste encore du chemin à faire pour arriver au développement dont elle est susceptible . Au nombre des causes qui ont le plus contribué à ralentir la marche en avant, il y a lieu de signaler : 1º Le manque de voies de communication . Rien ne sert , en effet, de cultiver la terre et de lui arracher des fruits , si ces fruits sont voués à l'immobilité , faute de moyens rapides ou tout au moins ་ཚེ།

aisés de transport. Pour ne citer que le blé, une des bases de l'alimentation , il est avéré que les agriculteurs de la Sierra ne peuvent entrer en lutte sur la côte , avec les blés importés de l'étranger, à cause des frais de transport ; 2 Le manque de bras, principalement dans la Costa . Quoique ce soit grâce aux restes de l'ancienne immigration chinoise , dont il sera parlé à un autre chapitre , que bon nombre de propriétés sont encore exploitées , le nombre des Chinois diminue de jour en jour et ces travailleurs ne sont pas remplacés par les gens du pays, nègres ou cholos , qui préfèrent l'existence des villes aux rudes labeurs de la vie champêtre ; 3

La dureté de quelques propriétaires ou , pour mieux dire ,

l'inhumanité de leurs

mayordomos

, dont la conduite envers les

serviteurs de la plantation allait parfois jusqu'à la cruauté ; 4º Les révolutions continuelles . Pendant les époques troublées , les autorités locales prélèvent des « cupos

( contributions de

-

guerre) et font des

147 -

requisas D (réquisitions) , en numéraire ,

vivres, bétail , chevaux , etc. , pour se défendre contre les

monto-

neros (révoltés) . Ces derniers agissent de même, pour les besoins de leur cause , et l'agriculteur se trouve être la cible de ce feu convergeant de contributions extraordinaires , dont le dédommagement n'est pas toujours en rapport avec le préjudice souffert . Si les choses ne se passent pas de cette façon dans les villes , de nombreux exemples attestent qu'elles arrivent dans les campagres , là où l'habitant se trouve en dehors de la protection. immédiate des lois . Je dois ajouter , en toute justice , que les étrangers ne sont pas plus mal partagés que les Péruviens sous ce rapport . Le gouvernement du Pérou , avec un esprit

de bienveillante équité qui

l'honore , fait droit au bien-fondé des réclamations qui lui sont présentées par les légations étrangères, pour les pertes subies par leurs nationaux pendant les périodes révolutionnaires . D'ailleurs , une loi récente a aboli les cupos et les défend strictement . On peut donc espérer qu'ils ne se produiront plus ; 5º Le manque de morcellement des propriétés et le système . d'exploitation des hacendados . La tendance de l'hacendado est généralement d'arrondir sa propriété . Il résulte de là que d'immenses étendues de terres cultivables et pourtant en friche appartiennent à une seule personne , qui n'en fait aucun usage et qui empêche les autres d'en profiter . D'autre part , l'hacendado est trop enclin à n'admettre , sur ses vastes domaines , d'autre exploitation que celle qu'il fait lui- même et qui est forcément limitée , soit par le manque de bras , soit faute d'autres éléments . Si , au lieu de cela , il établissait un système de fermage ou simplement de location , il est probable que l'agriculture y gagnerait, que cette indépendance attirerait un plus grand nombre de bras vers les travaux des champs et que les propriétaires auraient les premiers à s'en féliciter . Quelques essais dans ce sens ont donné d'assez bons résultats pour engager la généralité des hacendados à le suivre ou tout au moins à l'essayer également ; 6. Le défaut d'irrigation . Cette question est trop importante pour que je ne m'y arrête pas un instant . A l'arrivée des premiers Espagnols , - les relations de l'époque - toute ou presque toute la côte du Pérou , aujourd'hui en font foi si nue et si désolée , était couverte d'une abondante végétation .

148

Les vallées de Piura , de Chimbote , d'Ancon , de Cañete et tant d'autres, aujourd'hui stériles à cause du manque d'eau , étaient alors des champs fertiles qui pourvoyaient abondamment à la subsistance des habitants . On doit d'autant moins en douter, que le mot « piura » , d'étymologie quichua , signifie grenier . Cet état général de bien - être de la contrée , dû aux travaux agricoles, avait été atteint par l'établissement d'un admirable réseau d'irrigation , qui s'étendait sur des régions immenses . Les Incas allaient prendre jusque dans la Sierra l'eau dont ils avaient besoin sur la côte . Leurs aqueducs , dans les montagnes, serpentaient le long des flancs les plus escarpés , sur une largeur qui arrivait parfois à une douzaine de mètres , avec un parapet extérieur de 4 mètres de haut et de 6 mètres d'épaisseur , un fond parfaitement uni et une continuité de pente si uniforme qu'on s'explique à peine la patience , la science réelle dont ces Indiens ont fait prenve et les moyens qu'ils ont employés pour surmonter tant de difficultés. Dans la province de Tumbez , il existe un de ces aqueducs , mieux conservé que les autres , qui parcourt environ 160 kilomètres et qui pourrait , à ce que prétendent les ingénieurs qui l'ont examiné, être réparé sans de trop grandes dépenses . Un intelligent et entreprenant capitaliste , M. Derteano, imagina , il y a une trentaine d'années , d'acquérir dans le département d'Ancachs une grande étendue de terres arides , brûlées par le soleil , et de mettre à profit, pour les irriguer, un ancien aqueduc des Incas . Il rétablit le canal sur une longueur d'environ 50 kilomètres , dépensa de ce chef une assez forte somme et arriva aux plus brillants résultats . La quantité d'eau obtenue par ce moyen est de plusieurs centaines de litres par seconde , la superficie irriguée de plus de 10,000 hectares , et ces terrains sont actuellement couverts de canne à sucre et autres plantes productives qui compensent largement les dépenses et les peines du propriétaire, dont le principal mérite consista à reconnaître l'utilité de ce qui se pratiquait il y a quatre ou cinq siècles et à y revenir . Il semble étrange de devoir appeler cela du progrès ; mais , ici , le retour aux installations des Incas , en ce qui concerne l'irrigation , serait un progrès des plus marquants . A Paita , où l'on n'aperçoit pas un brin de végétation , aussi loin que la vue peut s'étendre , il s'est produit, il y a quelques années , le phénomène exceptionnel de plusieurs bonnes averses . Cela a

-

149

suffi pour que la région fut momentanément couverte d'une riante verdure . Le reste de la Costa est dans le même cas ; les terres y sont excessivement fertiles et n'ont de trompeur que leur aspect triste et morne . Le gouvernement, à diverses époques , a fait faire des études , des plans et des devis , dans différentes localités de la Costa , par des ingénieurs nationaux et étrangers . Il a dépensé , dans ce but , des sommes considérables ; il a même commencé l'exécution de certains travaux ; mais , disait M. R. G. Rosell, dans sa brillante conférence donnée à la Société de géographie de Lima ( ' ) , tous. ces efforts sont restés infructueux , faute d'unité de vues et à cause des nombreux changements qui se sont produits dans l'administration publique . Un grand nombre de rapports , dressés par des hommes de la plus haute compétence , se sont même perdus à une époque de douloureux souvenir pour la nation . Cette question , d'importance vitale pour l'avenir agricole du Pérou , exige , comme le disait fort bien le conférencier , outre un plan d'ensemble bien conçu et pour lequel les restes des travaux des Incas servent d'indications précieuses , des lois spéciales sur l'irrigation , un « Code des eaux » . Les règlements actuellement en vigueur sont insuffisants et défectueux ; les contestations entre voisins , à ce sujet, sont des plus fréquentes et donnent parfois lieu à des actes regrettables . L'ouvrage le plus intéressant qui, à ma connaissance , ait été écrit sur l'agriculture

péruviennne , est le mémoire présenté en 1878 , au Congrès international de l'agriculture à Paris , par le délégué du Pérou , M. J.-B.-H. Martinet , agronome et professeur à l'école des ingénieurs de Lima . M. Martinet , dans ce mémoire , dit à propos de l'irrigation : « Après la question des bras , celle qui intéresse le plus l'agri-

culture de la côte péruvienne est assurément celle de l'irrigation . Bien que l'étendue de cette région , qui , avec de l'eau , pourrait être livrée à la culture , dépasse sans doute 200,000 kilomètres carrés , ou 20 millions d'hectares , elle ne renferme peutêtre pas actuellement 500,000 hectares en culture , c'est- à-dire à peine la quarantième partie du sol que pourrait utiliser l'industrie ( ¹ ) R. G. ROSELL et FEDERICO Moreno . Peru (1893).

La irrigacion de la Costa del 10

- 150 -

agricole si elle disposait d'une quantité d'eau suffisante pour l'irriguer. Sur la côte du Pérou , en effet, l'un des plus puissants éléments de la production végétale , élément aussi indispensable que l'air à la vie des plantes , l'eau , manque presque partout . Celle qui existe est distribuée suivant d'anciennes ordonnances , généralement vicieuses , mais laissaut toujours beaucoup à désirer , et qu'il est impossible de modifier au Pérou , comme dans tous les pays, sans porter atteinte au droit de la propriété , l'une des bases les plus sacrées de la société . L'eau d'un grand nombre de vallées de la côte n'est soumise à aucun règlement quant à sa distribution , et il paraît , qu'à ce point de vue , il est tout aussi difficile de faire des ordonnances nouvelles que de modifier les anciennes . Il résulte de là un emploi peu économique de l'eau d'irrigation et des désordres fréquents qui se terminent souvent par des luttes sanglantes entre les propriétaires voisins , qui , armés de pied en cap , viennent , avec ou sans raison , détourner l'eau d'irrigation au profit de leurs propres récoltes et au détriment de celles du cultivateur voisiu.

a Les particuliers , aussi bien que l'État , s'occupent activement des questions d'irrigation de la côte , en projetant des travaux, soit pour mieux utiliser les eaux du versant occidental des Andes, soit pour dévier vers le Pacifique celles qui arrosent le versant oriental de la cordillère . Mais , pour le moment, il n'y a là que des projets. » Depuis 1875, la question de l'irrigation

n'a pas beaucoup

avancé, sauf dans le département de Piura , où , en attendant que de grandes canalisations soient établies , quelques propriétaires ont réussi à fertiliser leurs terres en puisant l'eau nécessaire dans la rivière, au moyen de pompes centrifuges . D'autres ont suivi le même exemple et , aujourd'hui , il existe dans le département une vingtaine de plantations irriguées par ce moyen , qui doit pourtant être bien coûteux . La plus puissante de ces pompes est celle qui a été installée dans l'hacienda San Jacinto, de M. M.-E. Raygada. Elle fournit, dit-on , l'énorme quantité de 18,000 litres d'eau par minute. Vu son importance capitale , la question de l'irrigation mérite d'attirer sérieusement l'attention des ingénieurs et des financiers . Si l'on considère que l'eau potable manque dans la plupart des localités de la côte et dans beaucoup de villes de la Sierra; que le

151 -

liquide fait défaut dans maints endroits pour l'exploitation des placers d'or, aussi bien que pour l'agriculture , on comprendra aisément qu'il y a là tout un horizon d'entreprises pour les compaguies d'eaux . Il est certain que , dans les terres fertiles , l'irrigation , jointe au manque de pluie , est la condition la plus favorable qu'on puisse trouver pour l'agriculture . L'eau est ainsi donnée au champ au moment précis , en quantité plus ou moins grande , suivant le genre de culture , sans qu'aucun des caprices de l'atmosphère puisse exercer la moindre influence . Il en résulte , quand la culture est bien conduite , des récoltes , des rendements et des qualités de produits qui peuvent se régler d'une façon à peu près mathématique. Aussi , les planteurs sont-ils absolument satisfaits des conditions locales , lorsqu'ils peuvent se procurer le liquide nécessaire . Avec des bras et de l'eau qui existe en quantité suffisante, mais qu'il faut canaliser, le Pérou pourrait devenir une des régions. agricoles les plus importantes du globe . Plus on étudie ce pays , plus on est forcé de reconnaître que la nature a été envers lui d'une prodigalité merveilleuse , sous tous les rapports. Dans le mémoire déjà cité , M. Martinet dit à propos de l'économie rurale du Pérou : « Nous ne possédons que bien peu de données à ce sujet et nous avons eu le regret de voir nos efforts, pour nous en procurer , venir échouer contre des difficultés de tous genres qui , pour le moment, sont presque insurmontables . Il nous est, par conséquent , assez difficile de préciser quelle influence a pu exercer sur le mouvement agricole du

Pérou

l'application

des

données de

l'agronomie moderne et de la chimie à l'exploitation du sol et du bétail, aux engrais et aux industries annexes de la ferme . L'agriculture péruvienne se trouve dans des circonstances. toutes particulières qu'elle a cru , jusqu'à ce jour , capables de lui permettre une assez grande indépendance , quant aux applications. de la science moderne à la culture du sol . La fertilité naturelle de la terre qu'elle exploite et le climat exceptionnel sous lequel elle exerce son activité lui ont permis de vivre dans une douce quiétude à l'endroit des améliorations à apporter dans ses travaux de culture : elle a suivi paisiblement l'ornière si commode et si attrayante, paraît- il , de la routine . » Les vingt années qui se sont écoulées depuis que M. Martinet

-

152

a écrit les lignes que je viens de lui emprunter, ont amené , après une période de stagnation forcée , des modifications générales qui témoignent de l'élan nouveau que le Pérou désire donner à son agriculture . De puissantes compagnies agricoles se sont formées ; une société nationale d'agriculture vient de se fonder à Lima, sous les auspices du gouvernement ; une école supérieure d'agriculture est en projet ; de nouvelles mesures sont prises en vue d'attirer les émigrants ; les propriétaires prennent plus de souci qu'autrefois du rapport de leurs terres . Puissent toutes ces raisons réunies amener les résultats bienfaisants que la prospérité nationale est en droit d'espérer de l'étendue et de la grande fertilité du sol péruvien .

CHAPITRE IX .

S 1" . -

INDUSTRIE .

Considérations générales .

+ Trois éléments puissants favorisent l'industrie péruvienne : l'existence des matières premières dans le pays, la baisse de l'argent et les droits protecteurs . J'ai déjà parlé des matières premières et de la question monétaire . Quant aux droits protecteurs, tout en étant d'avis que les avantages de cette nature sont trop incertains pour être pris comme base d'une entreprise industrielle, je crois qu'ils subsisteront pendant de longues années encore ; en effet, il est d'autant plus difficile de supposer que le Pérou en arrive au système économique du libre échange , que les recettes des douanes ont toujours été considérées comme l'impôt le plus important et le plus facile à percevoir .

1

A côté des trois éléments favorables que j'ai indiqués , trois facteurs défavorables viennent nuire au développement industriel da Pérou , ce sont l'émigration des capitaux , le défaut d'initiative privée et le manque de bras .

Les mines, le commerce, la banque , voire même l'usure, ont 1

été l'emploi préféré des capitaux qui restaient au Pérou ; je dis qui restaient, parce que les fonds ne prenaient que trop aisément autrefois le chemin du dehors . C'est peut-être à cette émigration des capitaux qu'on doit attribuer, en partie, le manque d'initiative privée .

153 Pour étudier la situation générale d'un pays , on est obligé de consulter bien des ouvrages , de lire bien des brochures . Et bien ! dans les ouvrages traitant des matières les plus diverses , dans les livres de toutes les époques , la conclusion favorite , chaque fois qu'il s'agit d'un défaut quelconque , est d'en rejeter la faute sur le gouvernement . J'ai trouvé , sous ce rapport, des appréciations dont l'exagération sautait aux yeux . Certes, la sollicitude des classes dirigeantes pour le bien public est un des facteurs les plus nécessaires à la prospérité générale ; mais si les particuliers ne cherchent pas , de leur côté , le meilleur emploi de leur temps , de leurs capacités, de leur activité et de leur fortune , les efforts du gouvernement seront toujours stériles . Le manque de bras est un obstacle sérieux à l'établissement de

toute industrie nouvelle et même au développement des anciennes . A Lima, ils ne manquent pas , mais ils travaillent peu . La vie, pour la classe ouvrière , est si facile , le moindre travail si largement rétribué, que toute occupation assidue semble une contrainte . Les jours de chômage sont fréquents , et un des graves problèmes de l'industrie au Pérou est celui de la continuité du travail . En somme, les manufactures établies à Lima sont insuffisantes , et, cependant , les bras feraient peut - être défaut pour la grande industrie . Chacun préfère exercer un petit métier ou un petit commerce, au jour le jour , sans grandes nécessités à satisfaire , sans trop d'ambition , sans autre aspiration que le gain facile et une existence paisible . Je n'en fais aucun reproche à personne , chacun étant libre de vivre à sa guise ; seulement , puisqu'il est question de l'industrie , je dois signaler un état social qui l'intéresse directement . Voici quelles sont actuellement les principales industries du Pérou :

§ 2. Industrie minière .

Malgré leur richesse proverbiale , les mines d'or sont peu exploitées aujourd'hui . Les unes ont été abandonnées par les Incas , à l'arrivée des Espagnols ; d'autres , travaillées par les Espagnols , ont produit des quantités fabuleuses de métal , puis ont été abandonnées à leur tour. Les guerres de l'indépendance ont nui à l'industrie minière , sans qu'il soit possible de déterminer exactement les

- 154 —

causes de l'oubli dans lequel certaines mines d'or sont restées depuis lors. Plusieurs entreprises , qui ont mal réussi , ont jeté un certain discrédit sur ce genre d'exploitations . Raimondi , qui connaissait si bien toute la contrée , a rencontré , au cours de ses longues explo rations, beaucoup de mines d'or abandonnées . Il attribue l'insuccès }

des exploitations susdites au manque de capitaux suffisants ou à une administration défectueuse . Ce savant était bien placé pour fonder son jugement, et quand il parle de minerais qui rendent 290 grammes d'or par tonne métrique, comme ceux de Nazca , dans le département d'Ica , ou seulement 166 grammes , comme ceux de la province de La Union , on a peine à croire que ces . richesses ne tentent personne . Peut - être sont elles en exploitation aujourd'hui . Les mines d'argent sont beaucoup plus nombreuses que les mines d'or. Tous les six mois , le ministère de Fomento publie une brochure intitulée « Padron General de Minas

, qui mentionne le nom de

chaque mine, son étendue , l'endroit où elle se trouve, le nom du propriétaire et le montant des contributions dont chacune est frappée . D'après le dernier « Padron

, les mines qui étaient en exploitation.

le 31 décembre 1896 , ou tout au moins qui payaient les contributions , comprenaient 3,475 pertenencias » , soit une surface horizontale d'environ 5,000 hectares , et rapportaient au fisc 52,125 sols par semestre . En voici la distribution :

118 mines d'or et placers , comprenant

1,431

d'argent,

367 pertenencias . 2,381

22

-

de cuivre,

24

-

de mercure ,

34

125

-

de houille ,

272

-

de sel,

19

8 tourbières, 5 solfatares , 220 dépôts de pétrole,

79

64

8 16 254

Les différents départements miniers figurent chacun pour les

chiffres qui suivent :

- 155 -

DÉPARTEMENT .

Piura • La Libertad. Cajamarca . Ancachs • Huanuco Junin · Lima

·



Non.bre Contribution de par pertenencias . semestre . Sols. 254 3,810 147 2,205 208 3,120 9,090 606 45 675

1,155 193

17,325 2,895

Nombre Contribution de par pertenencias. semestre. Sols . 28 420 115 1,725 • 30 450 390 20 192 • 2,880 87 1,305 389 5,833

DÉPARTEMENT.

Ica . Huancavelica

Ayacucho Apurimac • Arequipa Cuzco Puno .

Comparativement aux années précédentes , les contributions que payent les mines sont en décroissance ; ce qui ne signifie nullement que l'industrie minière éprouve un mouvement de recul . Les montants de ces contributions ont été les suivants : ANNÉES . 1893 1894



1 semestre. 2. semestre. Sols. Sols . 80,565 66,240 81,750 - 73,065

ANNÉES .

1895



1896

·

1 semestre. Sols. 52,140 58,140

2. semestre . Sols. 70,290 52,125

Il est à remarquer que chaque pertenencia ne représente pas un propriétaire différent . Certaines entreprises en possèdent un nombre assez élevé, de même qu'une mine en comprend souvent plusieurs . D'autre part, il arrive que le mineur commence par dénoncer plusieurs mines , pour s'attacher ensuite à l'exploitation d'une seule et abandonner les autres . De là des écarts considérables dans les contributions perçues par le fisc . De nouvelles sociétés minières se fondent fréquemment . Une très intéressante publication hebdomadaire de Lima , El Economista , tient ses lecteurs au courant de ces questions , aussi bien que de beaucoup d'autres concernant le commerce, l'industrie , la statistique, la banque , etc. (' ) . Les plus fortes entreprises minières qui se sont créées pendant les dix dernières années sont les suivantes : Capital. Sols. SOCIÉTÉ. Sociedad minera de Cacachara . 790,000 300,000 The Naravillas British Silver Co 000 100, The Puno Silver Mining C°.

The Hualgayoc Smelting Co.

·

300,000

(1) La salle de lecture du Musée Commercial de Bruxelles reçoit El Economista.

- 156 Capital. Sols.

SOCIÉTÉ . Fundicion de Cushuro .

300,000

Compania minera de Cuchilladas El Gigante • Lavaderos de Poto .

200,000 100,000 150,000

Nueva Compania de Carampona Empresa minera Kosmos ·

100,000 200,000 400,000 200,000 100,000 400,000

Compania nacional de Caylloma Chanchamayo Gold Placer Co. Sociedad Boratera de Ubinas Compania minera de Vinchos · Inca Mining Co. .

2,600,000 Liv. st. 250,000 250,000 250,000

Caylloma Silver Mining Co. The London Pacific Petroleum Cº . Casapalca Smelting Co. • Sociedad minera de Carahuara Macate Gold Mining Co.

100,000 135,000 100,000

Sociedad de petroleo de Zorritos Patara Mining C° Beneficiadora de Pasco.

15,000 5,000 Francs. ·

Compagnie française des mines d'or de Luicho Compania minera francesa de Ticapampa . • Société anonyme des mines de Jauli . Compagnie française de pétroles de l'Amérique du Sud .



3,000,000 3,000,000 3,000,000 2,500,000

Soit, en tout, plus de 20 millions de sols. On calcule que le capital total placé dans les entreprises minières au Pérou dépasse 60 millions de sols. Comme procédés de traitement , on suit ceux d'amalgamation , de fonte ou de lixiviation , selon la composition du minerai ou les préférences du mineur . Les entreprises qui, en ce moment, captivent le plus l'attention du public sont borax .

les placers de Sandia et Carabaya , le pétrole et le

Les placers qui se trouvent dans les provinces de Sandia et de Carabaya , jadis exploités , puis abandonnés pendant longtemps et récemment explorés de nouveau , promettent de convertir cette région en un véritable Eldorado ; mais la difficulté première consiste à ouvrir des chemins pour établir le trafic . Dans le département de Piura , le pétrole existe en si grande

- 157 -

quantité qu'il deviendra certainement une nouvelle source de richesse pour le pays . C'est M. Faustino G. Piaggio qui a introduit le premier appareil de distillation du pétrole au Pérou . Son usine de Zorritos peut produire 2,000 hectolitres de pétrole raffiné par mois . La production d'huile minérale de cette région acquiert de jour en jour plus d'importance. Quant au borax, c'est dans le département d'Arequipa qu'il existe en plus grande abondance et c'est de là qu'on commence à faire des exportations de ce produit . Voici la statistique de la production de métaux précieux au Pérou , non compris , bien entendu , ceux qui s'exportent à l'état de minerais :

1883 . 1884 . 1885 . 1886 . 1887 .

. •

Sols. 2,627,606 4,188,536

1888 . 1889 .

4,940,456 4,338,724

3,229,326 1,602,778 3,400,577

1890 . 1891 . 1892 .

4,129,057 4,995,276

Sols.

4,662,099

Depuis 1893 , les données officielles de la statistique générale n'ont pas encore été complétées ; mais l'animation qui s'est produite pendant ces derniers temps dans les entreprises minières , permet d'évaluer la production annuelle de métaux précieux à plus de 5 millions de sols , sans crainte d'exagération .

Législation minière . - Il n'existe , à proprement parler , aucun code minier au Pérou . Les dispositions en vigueur se trouvent consignées dans la compilation officielle de M. Ricardo Aranda , intitulée

Ordenanzas de Mineria, de 1786 à 1890. Ce sont encore

les anciennes ordonnances espagnoles , édictées pour le Mexique et appliquées ensuite au Péron , où elles ont subi de nombreuses. modifications de détail , qui servent de base à cette législation . Le gouvernement a nommé, il y a peu de temps, une commission spéciale qui s'occupe de l'étude de cette question et de la rédaction d'un Code des mines .

Jusqu'à présent, celui qui découvre une mine la

dénonce

à l'État et en acquiert la légitime possession , moyennant le payement des frais d'arpentage , d'enregistrement et autres , et d'une contribution annuelle de 60 sols par pertenencia , ce qui n'est réellement pas cher . La pertenencia est une surface hori-

-

158 -

zontale de 200 x 100 vares , soit 168 x 84 mètres = 14,112 mètres carrés .

Les étrangers peuvent acquérir des mines au même titre que les nationaux . Les mines inconnues ou abandonnées sont la propriété de l'État . abandonnée , lorsque le propriétaire cesse de Une mine est payer la contribution qui correspond au nombre de pertenencias.

§ 3. Industrie sucrière .

Après les mines , c'est l'industrie du sucre qui tient la première place . De l'avis de M. Martinet et de différents autres auteurs , la Costa du Pérou est peut-être la région du globe où la culture de la canne à sucre rencontre les conditions les plus favorables . Et pourtant, cette industrie est malheureusement beaucoup moins productive qu'autrefois, à cause de la concurrence du sucre de betterave . Les frais de transport locaux rendent la situation encore plus défavorable , et les industriels de l'importante vallée de Chicama se plaignent amèrement de l'élévation du tarif de la ligne de chemin de fer de Salaverry à Ascope . D'autre part, les procédés de fabrication sont loin d'avoir atteint le dernier degré de perfection : les usines réellement bien montées sont peu nombreuses . Quelques-unes même se ressentent encore trop de l'ancien système et de la vieille routine . A celles -là on peut , sans être prophète, prédire une ruine plus ou moins prochaine ; la lutte industrielle, en matière sucrière , est trop acharnée pour qu'il soit possible d'y prendre part sans être armé de toutes pièces. Les plantations de cannes sont très nombreuses et certains propriétaires en possèdent de très importantes. Quant à celles qui sont entre les mains d'entreprises industrielles, voici les principales : La d Société Roma » , fondée en 1869 , au capital de 343,000 livres sterling. Cette puissante compagnie , dont le gérant est M. Andres A. Larco, calle de Coca , n° 90 , à Lima , possède environ 2,500 hectares de champs de canne , situés dans la belle vallée de Chicama , province de Trujillo . " The Cartavio Sugar C

, constituée à Londres en 1891 , au



159 --

capital de 200,000 livres sterling, et dont les plantations se trouvent à Cartavio , dans la province de Trujillo . Les bureaux de cette société sont à Lima, calle de Carrera, n° 99 . La

Sociedad agricola de Casa Grande

, société allemande

fondée à Lima en 1890 , an capital de 125,000 livres sterling . C'est également dans la vallée de Chicama que cette entreprise possède ses propriétés . Bureaux à Lima, calle del Banco del Herrador , nº 107 . The Peruvian Sugar Estates C

Ld

, créée à Londres en

juillet 1895 , au capital de 500,000 livres sterling . Les vastes propriétés de cette société sont situées dans le département de la Libertad . « Sociedad anonima agricola de San Nicolas ment au capital de 800,000 sols .

, fondée récem-

Une usine centrale a été inaugurée avec beaucoup de succès par la

Sociedad industrial azucarera de Puente - Piedra » , qui

s'est constituée à Lima en 1892 , au capital de 11,260 livres sterling . Cette usine , qui se trouve dans la vallée de Lima , à 15 kilomètres de la capitale , produit annuellement 2,000 tonnes de sucre . Directeur gérant , M. Jose Giacometti , calle de Bodegones , n° 77, à Lima. Les petits agriculteurs envoient leur canne à l'usine , qui se charge de toutes les manipulations de fabrication , moyennant une retenue de 35 p . c. des produits , en sucre aussi bien qu'en tafia , ou de 38 p . c . quand elle prête à l'agriculteur la voie portative et les wagonnets nécessaires pour amener la canne à l'usine . Cet exemple pourrait être suivi , car , d'après les informations

que j'ai obtenues , bon nombre de petits propriétaires , qui n'ont pas les moyens d'installer une fabrique en règle, ne demanderaient pas mieux que d'étendre leurs champs de canne s'ils avaient à proximité une usine où ils pourraient faire traiter convenablement le produit de leur culture. L'usine de Puente - Piedra a vu se tous les terrains environcouvrir rapidement de D cañaverales nants et elle devra être prochainement agrandie . Le sucre envoyé à l'étranger est presque toujours purgé par centrifuge et emballé dans des sacs de jute . Quand il conserve une certaine quantité de mélasse , on le nomme « concreto

; mais

il s'en exporte beaucoup moins en cet état . Il n'existe pas de raffinerie de sucre au Pérou . Le produit con-

-

160

sommé dans le pays est en grain , plus ou moins blanc selon la qualité . Les classes pauvres consomment du sucre brut, sous forme de petit pains bruns contenant une forte quantité de mélasse et portant le nom de « chancaca › .

S 4. Industrie textile .

Il est surprenant que le Pérou , qui produit de la matière première d'excellente qualité , ne possède encore que deux fabriques de tissus de coton. La première est la

Fabrica de tejidos de Algodon de Vitarte ,

qui fut installée à Lima en 1847 , à l'Alameda de los Descalzos , dans l'immense bâtiment qui avait appartenu autrefois à la célèbre « Perricholi » . En 1852 , les travaux furent arrêtés . La fabrique changea de propriétaire et fut transportée , l'année d'après , à un endroit nommé Vitarte , à 22 kilomètres de Lima , où elle se trouve encore . Vitarte est une station du chemin de fer Central . Depuis 1891 , cette fabrique est devenue la propriété d'une société anglaise , The Peruvian & Cotton Manufacturing Company Limited

, au capital de 130,000 livres sterling, qui y a

introduit de grandes améliorations . Elle produit

principalement des

tocuyos

(cotonnades

écrues) , dont elle fabrique 2 1/2 millions de mètres par an . La seconde est la

Fabrica de tejidos de Algodon de Ica

,

fondée il y a quelques années au capital de 10,000 livres sterling, pour la fabrication des tocuyos également . Malgré ces deux fabriques, il se fait encore une si forte importation de tissus de coton , qu'on s'explique mal le peu de développement de l'industrie manufacturière . Au Mexique , pays qui ne produit pourtant pas assez de coton pour sa consommation , il y a plus de 100 manufactures et il n'existe presque pas de centre d'une certaine importance qui n'ait la sienne . Or, le Pérou est encore mieux situé que le Mexique sous ce rapport . Ce qui vient d'être dit pour le coton est tout aussi vrai pour les laines . Il n'y a ici que trois fabriques d'étoffes de laine , qui sont : la Fabrica de tejidos de lana de Santa Catalina , à Lima ; la Fabrica de tejidos de lana de Lucre

, à Cuzco , et la a Fabrica de tejidos de lana de Urcon » , dans le département d'Ancachs . La pre-

- 161 ——

mière est la plus importante ; elle produit des casimirs fins , des tissus de laine de vigogne très appréciés, des flanelles et des draps pour l'armée . Les deux autres ཝ bayeton , étoffe assez ordinaire .

fabriquent

surtout le

$ 5. Industries diverses . Au nombre des autres industries importantes, il faut placer : Les fabriques de cocaïne , qui appartiennent aux industriels suivants A. Plejo , à Huanuco ; S. Nesanovich , à Huanuco ; Montero Fisci & C ° , à Huanuco ; J. Mas , à Huanuco ; A. Kitz & C° , à Lima ; Pehovaz frères & C ° , à Lima ; B. Prüss , au Callao . Les brasseries , de Backus & Johnston , à Lima ; de A. Kieffer & Co , au Callao , et de Martz y Weber , à Lima . La première est très importante. Toutes les trois , du reste , livrent à la consommation des bières blondes et brunes de très bonne qualité. Les fabriques de cigarettes , de Roldan & Co , de la « Cia manufacturera , de H. Abrahamson et de B. Febrero , toutes à Lima. La fabrique de savon et de bougies de Guadalupe , de Hertte y Tello , à Lima . On voit, par ce qui précède , que les grandes entreprises industrielles, autres que les mines et la fabrication du sucre , n'ont jamais beaucoup tenté les capitaux péruviens . La petite industrie , tout en étant mieux partagée que la grande , est encore bien incomplète , et les gens quelque peu entreprenants pourraient , semble-t-il , établir bon nombre de petites manufactures lucratives . Certaines sociétés , qu'il faut ranger dans la catégorie des entreprises industrielles , quoiqu'elles soient plutôt de caractère financier, font exception à l'abstention indiquée , par l'importance des capitaux qu'elles représentent . Les principales de ces sociétés sont les suivantes :

Empresa de agua de Lima , fondée en 1855 , au capital de 1,320,000 sols , pour la distribution d'eau dans la ville de Lima . Dans le centre de la ville , le prix d'abonnement , pour une maison particulière , est généralement de 4 sols par mois. « Cia de Alumbrado por gas en Lima » . Société pour l'éclairage au gaz de la capitale . Date de 1854 ; capital 2 millions de sols . Le gaz d'éclairage coûte, à Lima , 6 sols les 1,000 pieds cubes

162 -

(pieds espagnols de 28

centimetres) .

Cette même compagnie

fournit aujourd'hui l'éclairage électrique , à raison de

1.50 sol

par mois , pour chaque lampe de 16 bougies . Cia de tranvias de Lima

. Compaguie de tramways cédée der-

nièrement à une société américainė , comme cela a déjà été dit . Le prix du billet de tram est de 5 centavos, pour un trajet ne dépassant pas 5 kilomètres, au maximum.

Cia de Alumbrado electrico de Lima

. Compagnie spéciale

pour l'éclairage électrique des habitations . Même prix par lampe que celui perçu par la compagnie du gaz . De fondation toute récente , il y a encore : La « Cia de agua del Barranco » , au capital de 55,000 sols , et la Empresa irrigadora y de agua de Miraflores , au capital de 50,000 sols , toutes deux près de Lima ; la « Cia de alumbrado électrico de Arequipa » , au capital de 60,000 sols , et la « Cia de alumbrado electrico de Pasco » , au capital de 40,000 sols . Je dirai , en passant, que l'éclairage électrique est appelé à être adopté dans un certain nombre d'autres villes du Pérou ; mais il serait fort difficile , pour nos industriels , de traiter la question des fournitures nécessaires , sans un représentant attitré dans le pays. Ces opérations font presque toujours l'objet de contrats passés avec les municipalités , qui préfèrent confier l'éclairage public à des concessionnaires . Parmi les grandes entreprises établies au Pérou , on ne peut omettre de citer la puissante « Cia del Muelle Darsena del Callao , société française , et le a Dock-flottant » , du même port. CHAPITRE X. - COMMERCE .

$ 1. Ports. Les ports du Pérou se divisent en trois catégories : 1º Les ports de 1r classe , ouverts aux navires étrangers pour les importations, les transbordements , les exportations et les réexpor tations . Ce scnt : Paita , dans le département de Piura ; Pimentel et Eten , dans le département de Lambayeque ; Pacasmayo et Salaverry, dans le département de la Libertad ; le Callao , dans la province du Callao ; Pisco , dans le département d'Ica ; Chala et Mollendo , dans le département d'Arequipa ; Ilo , dans la province de

-

163

Moquegua ; Iquitos , dans le département de Loreto (sur l'Amazone) . 2 Les ports de 2 classe, ouverts aux navires étrangers pour l'exportation des produits nationaux et l'importation des marchandises de provenance étrangère qui ont payé les droits dans un port de 1

classe . Ce sont : Tumbez et Talara , dans le départe

ment de Piura ; Chimbote , Samanco et Casma , dans le département d'Aucachs ; Huacho et Cerro Azul , dans le département de Lima ; Tambo de Mora , dans le département d'Ica ; Lomas , dans le département d'Arequipa ; Morro de Sama , dans le département de Tacna ; Puno , dans le département de Puno , sur le lac de Titicaca ; Leticia , dans le département de Loreto, sur l'Amazone . 3º Les ports de 3 classe , ouverts aux navires étrangers pour l'exportation seulement. Ce sont : Zorritos , Mancora , Colan et Sechura , dans le département de Piura ; San Jose , dans le département de Lambayeque ; Cherrepe, Malabrigo , Huanchaca , San Bartolome de

Chao et Guañape , dans le département de la

Libertad ; Santa et Huarmey, dans le département d'Ancachs ; Supe , Playa Chica , Salinas de Huacho , Chancay et Ancon , dans le département de Lima ; Islas Chincha , Caucato , Salinas de Otuma , Bahia de la Independencia et Nazca , dans le département d'Ica ; Acari , Atico , Chira , Quilca , Islay et Cocotea , dans le département d'Arequipa . Comme mouvement maritime des ports de la république , voici la statistique officielle des entrées qui vient d'être publiée et qui se rapporte au premier semestre de l'année 1896 : Embarcations de moins Batea Voiliers de 50 tonnes. vapeu ux . à r. PORTS.

Catégorie. Nombre. 9 . 57 . I >> III

Tumbez . Paita Sechura . • Pimentel. • Eten . Pacasmayo

Malabrigo Huanchaco

.

Guañape . Salaverry Chimbote

• ·

I





III III III I II

37 » 80 1 28

96 45

Tonnage. Nombre. Tonnage. Nombre. Tonnage. 79 3 269 279 13,192 38 752 48 7,231 88,588 >> 130 7 41 2 179 11 6 1,259 49,60 » " >> 2 126 865 3 66 5 120,641 2,321 1 50 54 51 2 112 298 44, » >> >> 17 4 103 6 1,297 154,911 1 138 102 8 59,783

164

Bateaux à vapeur.

PORTS.

Samanco. Casma •

Huarmey Supe. · Huacho . Chancay . Ancon

Catégorie. Nombre. 50 · Π 44 • II III 22 59 III II 46 III 5 >> III

Callao • Cerro Azul



Tambo de Mora . Pisco • Lomas • Chala • Quilca • Mollendo • • Pacocha .

• •

Tolaux .

I II II I

I III I

154 62 45 114 43 43 15 139 43 1,237

Voiliers.

Embarcations de moins de 50 tonnes.

Tonnage. Nombre. Tonnage. Nombre . Tonnage. » 8 147 71,631 >> >> 2 36 57,130 >> » >> 16 236 29,056 102 1 97 1,043 90,621 277 2 523 63,814 3,049 » >> 108 8.009 1,001 >> >> » 104 792 231,285 483 5,685 92 44,216 1 520 40 300 91,717 >> >> 78 3,125 67,595 29 6 486 2,227 174,227 >> 46 57,669 >> >>> 42 62,587 >> >> >> » 21,850 7 252 14 219,142 7,679 136 >> 5 » 62,823

1,842,494

180

66,488

1,431

18,276

$ 2 . Règlements commerciaux .

Les règlements actuellement en vigueur se trouvent réunis dans un recueil intitulé : Reglamento de Comercio y de Aduanas , de 1893. Les dispositions qu'il renferme sont une suite de décrets , publiés à différentes époques, souvent abrogés partiellement par des décrets ultérieurs , ce qui en rend l'examen assez laborieux . Il est à souhaiter que le nouveau règlement , en ce moment à l'étude, soit bientôt publié . Pour faire connaître toutes les dispositions actuelles , il faudrait traduire le recueil susdit en entier, ce qui sortirait du cadre d'un rapport consulaire . Je me bornerai donc à citer les points les plus importants , les autres ayant trait à des questions de détail .

Règlement concernant les navires . — Il est interdit aux navires , même péruviens, qui arrivent de l'étranger, de mouiller dans un port autre que ceux de 1r catégorie . Ceux qui seraient découverts à l'ancre , près d'une des îles de la nation , seraient confisqués . S'il se trouvait du guano à bord ,

165 -

le capitaine et l'équipage seraient emprisonnés et passeraient en jugement pour délit de vol . La chasse aux oiseaux , ainsi que la pêche du phoque et de la baleine , sont strictement interdites le long du littoral péruvien . En arrivant au port, le capitaine du navire doit présenter un manifeste général de son chargement et une liste de ses provisions de bord. Le commerce dit de pacotille , à bord des navires , est défendu , sauf pour les légumes et les fruits frais . La contrebande est punie de confiscation de la marchandise , d'amende , voire même de la confiscation du navire en contravention avec la loi , et de l'emprisonnement des auteurs du délit. A l'étranger , les armateurs et les négociants peuvent trouver , dans les consulats du Pérou , tous les renseignements désirables au sujet des formalités prescrites par le « Reglamento de comercio y de aduanas . Pour aller charger des produits du pays dans un port de 3 classe, les navires étrangers doivent toucher d'abord dans un port de 1r ou de 2 classe et s'y mettre en règle avec les autorités douanières. Le commerce de cabotage n'est permis aux voiliers étrangers qu'avec une autorisation spéciale délivrée par la douane . Les bateaux à vapeur étrangers jouissent , sous ce rapport , des mêmes. avantages que les voiliers nationaux . Tout navire de plus de 200 tonneaux de jauge , quel qu'en soit le pavillon , paye , en arrivant au Pérou , un droit de mouillage (anclaje) de 20 centavos par tonneau . Ce droit est valable pour six mois, c'est- à- dire que le navire qui l'a acquitté peut , endéans les six mois de la date du payement, visiter d'autres ports de la république sans payer aucune autre redevance pour droit de mouillage .

Règlement concernant les voyageurs .

Chaque voyageur qui

arrive de l'étranger, peut introduire en franchise son linge , ses effets , ses livres et autres objets d'usage personnel , en quantité proportionnée à sa position sociale . Les meubles , articles de ménage, etc. , même d'usage , ne sont pas considérés comme bagages et ne jouissent d'aucune franchise . Aucun passeport n'est demandé aux voyageurs qui arrivent au Pérou . 11



166 -

Règlement concernant les marchandises. -

Le consignataire

d'une marchandise doit, pour en opérer le dédouanement, en présenter la facture consulaire et le connaissement . La facture consulaire , dans le port d'embarquement , est soumise à une taxe de 1 p. c . de la valeur totale de la marchandise . Les colis autres que ceux contenant des matières inflammables, putrescibles ou nuisibles, peuvent être déposés dans les magasins ou entrepôts de la douane du Callao , pour un terme maximum de trois ans . Il est absolument défendu d'introduire au Pérou les articles suivants

armes de guerre , poudre, cartouches , sabres , lances et

autres engins d'armement militaire . Les revolvers de poche , les fusils de chasse et la poudre de mine échappent seuls à cette prohibition . Droits d'entrée. - A l'entrée , les marchandises sont passibles des différents droits suivants : 1° Droits d'importation . Ces droits sont généralement fixés ad calorem et varient de 3 à 65 p . c. L'estimation de la valeur (avaluo ou aforo), qui sert de base à l'application des droits , est renseignée dans le tarif douanier (arancel de aduanas) . Quelques articles payent ce qu'on appelle des droits spécifiques, c'est- à-dire au poids . Certains objets de luxe,

cependant,

payent

réellement ad

valorem ; ce sont ceux dont la valeur est remplacée dans le tarif par le mot vista , titre du fonctionnaire de la douane qui doit en déterminer la valeur réelle après examen de la marchandise. Comme le Pérou fait partie de l'Union internationale pour la publication des tarifs douaniers , les intéressés peuvent se procurer facilement en Belgique le tarif péruvien , traduit en français , ou le consulter au Musée commercial de Bruxelles . Ils y trouveront également l'énumération des articles libres de droits ; 2° Une surtaxe de 8 p. c. sur les droits calculés d'après l'arancel; 3. Un droit municipal , au Callao , de 1 droits :

p . c . sur ces mêmes

4 Un droit de magasinage (almacenaje) de 1 pour mille par mois , calculé sur la valeur totale , d'après l'aforo . Ces droits ne

167

sont pas perçus pour le premier mois de séjour de la marchandise en entrepôt. En plus des droits qui viennent d'être indiqués, les marchandises sont soumises à des frais inévitables , qui en sont en quelque sorte le complément , savoir :

1° Droits de quai ( Muelle Darsena du Callao) , 2 sols par tonue de 1,000 kilogrammes ou d'un mètre cube ; 2° Surcharge sur les droits de quai , correspondant à la différence entre la valeur du sol , considérée à 34 pence , et le change du jour sur Londres . Cette surcharge est donc variable . En ce moment elle est de 50 p . c .; 3° Droit fiscal de 20 centavos par tonne de 1,000 kilogrammes ou d'un mètre cube ; 4 Droit additionnel de 10 centavos , par tonne de 1,000 kilogrammes ou d'un mètre cube ; 5° Timbres pour les documents à présenter à la douane à l'arrivée de la marchandise , environ 3 sols par expédition ;

6° Frais de déchargement de 25 centavos par tonne , au poids ou au volume . La commission usuelle des agents expéditeurs du Callao est de 1 à 2 sols par colis , selon la nature de la marchandise et à moins d'arrangements spéciaux pour les expéditions importantes . Après le dédouanement, les marchandises peuvent circuler librement dans tout le pays. Les marchandises en entrepôt peuvent être réexportées , sans être passibles d'aucun droit d'importation ; mais elles sont sujettes aux droits de quai et la réexportation n'est autorisée qu'endéans les trois ans, à dater de l'arrivée .

Droits de sorlie .

L'exportation des produits nationaux est

libre, à l'exception de l'or et de l'argent, qui sont frappés d'un droit de 3 p . c . ad valorem . Les minerais de ces mêmes métaux sont libres . Le caoutchouc exporté par la douane d'Iquitos paye 5 centavos et le gutta - percha 8 centavos par kilogramme . Le guano n'est plus exportable , même par l'État , tant que les porteurs de bons péruviens, représentés par la « Peruvian Corporation , n'auront pas terminé l'extraction de la quantité de ce produit qui leur est allouée par le contrat de cancellation de la dette du Pérou .

-

168 -

S3. Statistique commerciale de 1892. La dernière statistique commerciale qui ait été publiée , est le premier volume de celle de l'année 1892. Le second volume , qui comprend le commerce de l'Amazone et le cabotage du Pacifique , n'a pas encore paru . A. - IMPORTATIONS .

1re SECTION. Cotons . Valeur totale, 3,131,292 sols . Cette section comprend principalement les articles suivants :

Toiles de Brabant Coutils (cotines).

(driles) • Dentelles. • Flanelles. Tissus blancs Fil à coudre . • Toile à voile .

• • .

Sols. 24,922 22,404



364,481 38,289 79,768 531,668 122,846 41,263

Sols. 109,507 84,499 23,797

Bas et chaussettes Mouchoirs · Passementerie Satin .

·

46,306

Couvertures . Cotonnade écrue (tocuyo)



24,746 464,391

Tissus imprimés (zarazas) .

565,563

2 SECTION. Laines. Valeur totale. 1,448,630 sols .

Bayettes . Casimirs . Flanelles .

Sols. 293,904 382,508



39,054 42,494

Couvertures . Étoffes diverses .

376,698

Laine en écheveaux . Chales · Passementerie Satin .

Tapis.





• • •

Sols. 34,444 64,092 30,164 26,604 88,107

3 SECTION. Lin . Valeur totale, 177,580 sols . Sols. 41,293

Toiles Coutil (dril) .

(cotin).

21,409 17,587

·

Toile de Bretagne Fil à coudre . Toile à voile .

Sols. 15,133 20,610 14,200

4e SECTION. Soieries. Valeur totale, 326,371 sols.

Rubans . Etoffes Velours .

• •

Sols. 74,062 86,909 28,047

Chales (mantas) . Mouchoirs Dentelles .

Sols. 29,025

35,351 19,106

169 5e SECTION. Meubles et articles cousus . Valeur totale , 900,450 sols .

Sols. 43,093

Chaussures . Caleçons et chemisettes . Chemises • Cravates .

· .

107,400 42,438 32,469

Meubles . Lits en métal



Chapeaux Sacs d'emballage

· •



Sols. 92,419 37,019 141,649 217,590

C SECTION. Mercerie et articles divers. Valeur totale, 5,718,245 sols . Sols. 35,164

Sols.

37,244

Outils · Fer-blanc Instruments de musique. Savon ordinaire . • Câbles de Manille •

84,456 43,891

Bijouteric fine. • Jouets d'enfants .

Cigares .

45,615 459,106 43,650

Lampes . Livres imprimés . Faïence ..

Cigarettes Ciment Clous

83,368

Bois de construction.

22,277 29,848

Machines pour les mines ct pour l'agriculture. · • Machines à coudre . •

73,905 36,789 25,894

Paille p' balais, chapeaux , etc. 38,784 327,396 Papier Parfumerie 68,603 Couleurs . 53,499 290,788 Argent monnayé . 22,520 Porcelaine • Montres . 40,755 Teintures d'aniline • 30,266 90,993 Indigo •

Huile de palme et de colza . - de lin . · • - de pétrole et de naphte.

Acier en barres . Eaux de toilette . Animaux vivants





Mercure . Boutons . Charbon de terre

Objets manufacturés en cuivre et en bronze • Fusées • Bouchons Écorces lannantes et tinctoriales . •

32,099 63,550 26,983

25,935 45,312

Cristallerie • Coutellerie Cuirs de veau et de mouton . - de bœuf

30,920 56,948

Constructions navales · Objets manufacturés en fer . Allumettes en bois .

87,865 609,613 96,276

46,218

Bougies stéariques Tabac • Verre à vitre .

• • •



41,836 49,499 51,950 63,595 44,121 67,457 21,482 20,745 45,850 54,314

334,644



56,466 47,410

316,137 44,279 19,483

7 SECTION. Substances alimentaires. Valeur totale , 2,118,814 sols.

Huile d'olive. Limonade gazeuse Riz .

Orge .

Sols . 39,382 29,405 566,044 40,667

Conserves Viande salée . Légumes et fruits au vinaigre. Farine

Sols. 37,088 22,861 30,202 39,870

- 170 Jambons Graisse et saindoux .



Beurre et margarine.

21,985 88,399 31,952

Légumes secs ou en conserves. 27,799 Poisson séché ou en saumure . 27,852

24,786 59,846 103,120 699,142

Fromage. Sardines . Thé . Blé · ·

8 SECTION. Vins et liqueurs . Valeur totale, 610,942 sols .

Cognac Bitter. Champagne . Vius généreux

Sols. 125,768 32,863 11,765 43,558

Sols. 204,234 39,263 88,768

Bière et cidre Vins blancs . -- rouges .

9e SECTION. Médicaments et produits chimiques . Valeur totale, 523,746 sols : Opium, 306,830 sols; soude caustique, 56,022 sols. 10 SECTION. Spécialités pharmaceutiques. Valeur totale , 67,355 sols. Total général des importations en 1892.

.

15,023,421 sols .

Je reprends les produits les plus importants , c'est- à-dire ceux dont la valeur dépasse 100,000 sols, pour indiquer les principaux pays de provenance . Blé. Valeur totale , 699,142 sols , dont 691,712 du Chili et 6,249 d'Australie . Objets manufacturés en fer. Valeur totale, 609,613 sols . Cette dénomination comprend : rails ; valeur totale, 60,513 sols , dont 54,610 d'Angleterre, 2,988 de Belgique et 1,636 d'Allemagne ; toles ondulées galvanisées ; valeur totale , 56,436 sols , dont 52,890 d'Angleterre , 1,497 des États - Unis , 1,039 d'Allemagne et 1,008 de Belgique ; tuyaux pour conduites d'eau et de gaz ; valeur totale , 52,216 sols , dont 51,777

d'Angleterre ; roues pour brouettes ; valeur totale, 34,662 sols , dont 27,632 des États-Unis et 6,948 d'Angleterre ; fers marchands ; valeur totale, 31,888 sols, dont 28,281 d'Angleterre ; pelles ; valeur totale , 23,377 sols, dont 18,370 d'Angleterre , 1,666 d'Allemagne et 1,660 des États-Unis ; rivets ; valeur totale 18,037 sols, dont 18,037 d'Angleterre ; produits étamés ; valeur totale, 16,766 sols, dont 14,535 d'Angleterre ; toles; valeur totale, 15,149 sols , dont 13,727 d'Angleterre ; feuillards; valeur totale, 14,742 sols, dont 12,246 d'Angleterre et 1,176 de Belgique .

---- 171 -

Riz pile. Valeur totale, 566,044 sols , dont 220,115 des Indes anglaises, 171,687 de Chine et 164,371 du Chili. Tissus de coton imprimés . Valeur totale, 565,563 sols, dont 514,338 d'Angleterre, 30,192 de France, 12,726 d'Allemagne et 5,574 des États-Unis . Tissus blancs de coton . Valeur totale 531,668 sols , dont 505,505 d'Angleterre , 14,251 d'Allemagne et 7,954 de France. Cotonnade écrue (tocuyo) . Valeur tolale, 464,392 sols, dont 421,178 d'Angleterre, 25,247 des États-Unis et 11,937 d'Allemagne. Charbon de terre. Valeur totale, 459,106 sols , dont 286,132 d'Angleterre, 131,598 d'Australie , 31,690 des États-Unis et 6,976 d'Allemagne. Casimirs. Valeur totale, 382,508 sols , dont 202,834 d'Angleterre, 117,602 d'Allemagne, 37,820 de France et 13,375 de Belgique. Étoffes de laine. Valeur totale, 376,698 sols, dont 146,365 d'Angleterre, 103,840 d'Allemagne, 89,615 de France et 33,366 de Belgique . Coutils de coton (driles) pour vêtements . Valeur totale , 369,481 sols , dont 173,993 d'Allemagne , 143,106 d'Angleterie, 21,907 de Belgique et 13,563 des États-Unis . Bois de construction . Valeur totale, 334,644 sols, dont 242,918 des États-Unis (pitch-pine), 24,058 du Chili et 20,968 du Nicaragua, de la Colombie et de l'Équateur (cèdre, acajou , cañas ). Papier. Valeur totale, 327,396 sols, dont 167,375 d'Allemagne, 55,044 d'Angleterre, 44,882 de France, 22,336 de Belgique , 18,811 d'Italie et 7,152 des États- Unis. Bougies stéariques. Valeur totale, 316,137 sols , dont 179,655 de Belgique , 82,835 d'Allemagne, 41,696 d'Angleterre et 8,870 de France. Opium. Valeur totale, 306 , 830 sols. Ce produit est monopolisé par l'État et vient en totalité d'Angleterre . Bayettes de laine. Valeur totale, 293,904 sols, dont 270,500 d'Angleterre et 17,277 d'Allemagne . Sacs d'emballage. Valeur totale, 217,590 sols, dont 131,301 d'Angleterre, 47,590 du Chili , 28,277 des Indes anglaises et 8,297 d'Allemagne. Bière et cidre. Valeur totale, 204,234 sols, dont 163,279 d'Allemagne, 22,979 d'Angleterre, 8,280 de Belgique et 5,292 de France . Vins. Valeur totale, 183,354 sols , dont 67,700 de France, 48,701 d'Italic, 22,903 d'Angleterre, 20,130 d'Espagne et 14,474 d'Allemagne. Chapeaux. Valeur totale, 145,003 sols, dont 37,003 d'Allemagne , 36,962 d'Angleterre, 28,891 d'Italie, 25,598 de France et 14,240 de Belgique. Cognac. Valeur totale , 125,768 sols, dont 106,920 de France , 8,779 d'Allemagne, 6,117 d'Angleterre et 1,840 d'Italie. Fil à coudre. Valeur totale, 122,846 sols, dont 84,915 d'Angleterre, 18,973 d'Allemagne , 11,717 de Belgique et 6,256 de France . Caleçons et chemisettes . Valeur totale , 112,955 sols , dont 41,032 d'Allemagne ,

172 32,368 d'Angleterre, 15,248 d'Italie, 12,770 de France, 5,045 de Belgique et 4,070 d'Espagne. Bas et chaussettes de coton. Valeur totale, 109,507 sols , dont 67,617 d'Allemagne, 29,279 d'Angleterre, 5,379 de Belgique et 5,289 de France. La part prise par les différents pays producteurs dans le commerce général d'importation a été la suivante :

Angleterre · Allemagne • Chili .

· •

France États-Unis

· •

BELGIQUE .



P. c. du total. Sols. 5,893,203 39.3 2,642,484 17.6 1,527,517 10.2 1,389,398

1,124,905 687,988

92 7.5

P. c. du total. 2.9 447,677 2.7 413,232 Sols.

Chine

Italie

Indes anglaises . 罩 Autres pays . •

Total . 4.6



248,452

1.6

648,565

4.4

15,023,421

B.EXPORTATIONS .

1° Produits

1

nationaux.

SECTION . Coton . Valeur totale , 3,226,903 sols .

2 SECTION. Laines . Valeur totale, 1,370,775 sols : laine d'alpaca 1,007,838 sols ; laine de mouton , 353,887 sols ; laine de vigogne , 3,379 sols . 5 SECTION. Meubles et cbjets cousus . Valeur totale , 160,673 sols : chapeaux (dits de Panama), 133,723 sols ; chapeaux de paille ordinaires, 21,922 sols . 6 SECTION. Mercerie et articles divers . Valeur totale, 5,499,435 sols : Sols. 9,483 1,253,143

Minerais d'or • d'argent . Plomb argentifère . Cuivre

228,641 84,856 38,707 126,856

Or monnayé - en barres ou en poudre . • Argent monnayé 7

2,561,066

Barres d'argent . Peaux de chèvre . - de bœuf Graine de coton . Pétrole . Moutons vivants . Charbon de bois .

Sols. 239,821 280,989

·

108,981 227,571 108,980 41,368 45,579

SECTION. Substances alimentaires . Valeur totale, 7,141,846 sols :

Riz . Sel • Cacao Café .

·

Sols. 153,865 215,026

Sucre (centrifuge). (concreto) •

6,798 145,617

Oignons Miel d'abeilles .

• ·

Sols. 5,685,610 802,376 87,017 12,304

8 SECTION. Vins et liqueurs. Valeur totale, 180, 129 sols : eau-de-vie, 17,093 sols ; alcool et tafia , 153,851 sols ; vin rouge, 8,193 sols .

- 173 9e SECTION. Médicaments . Valeur totale, 747,419 sols : cocaïne, 455,050 sols ; coca, 287,199 sols ; quinquina, 3,589 sols . 10 SECTION. Spécialités pharmaceutiques. Valeur totale, 302 sols . Total des exportations des produits péruviens : 18,327,608 sols . 2º Articles nationalisés . 1re SECTION. Coton . Valeur totale , 820 sols. ge SECTION. Laines . Valeur totale , 57 sols . 4 SECTION. Soieries . Valeur totale , 4,070 sols. Se SECTION. Meubles et articles cousus. Valeur totale , 5,172 sols . 6 SECTION. Mercerie et articles divers. Valeur totale, 890,726 sols : billets de banque du Chili, 12,936 sols ; bijouterie fine, 45,600 sols ; or monnayé, 395,780 sols ; argent monnayé, 385,665 sols . 7 SECTION. Substances alimentaires . Valeur totale , 1,515 sols . 8 SECTION. Vins et liqueurs . Valeur totale, 68+ sols . 9 SECTION. Médicaments . Valeur totale , 6,49 sols . 10 SECTION . Spécialités pharmaceutiques . Valeur totale , 700 sols . Total des exportations d'articles nationalisés , 910,238 sols . Total général des exportations du Pérou , 19,237,846 sols . De même que pour les importations , je reprends chacun des produits les plus importants pour en indiquer les principaux pays consommateurs : Sucre. Valeur totale, 6,487,986 sols, dont 4,504,108 pour l'Angleterre, 1,635,930 pour le Chili et 31,420 pour l'Allemagne . Coton. Valeur totale, 3,225,493 sols, dont 2,535,413 pour l'Angleterre , 475,839 pour les États-Unis , 87,281 pour la France et 65,912 pour l'Allemagne . Argent monnayé. Valeur totale , 2,946,731 sols , dont 1,140,186 pour la Colombie, 479,846 pour l'Angleterre , 187,020 pour la France , 148,000 pour le Mexique, 127,320 pour le Chili et 123,147 pour l'Équateur. Laines. Valeur totale, 1,365,104 sols , dont 1,333,361 pour l'Angleterre et 17,547 pour l'Allemagne. Minerais d'argent. Valeur totale, 1,253,143 sols, dont 712,314 pour l'Angleterre et 540,057 pour l'Allemagne. Cocaine. Valeur totale , 455,050 sols , dont 179,800 pour l'Angleterre, 135,950 pour l'Allemagne et 108,000 pour la Colombie. Or monnaye. Valeur totale, 434,487 sols , dont 190,600 pour les États- Unis, 177,240 pour la France et 67,000 pour la Colombie. Coca . Valeur totale, 287,199 sols , dont 213,326 pour l'Allemagne et 57,343 pour les États-Unis . Peaux de chèvre. Valeur totale , 280,989 sols , dont 229,474 pour les États - Unis et 24,307 pour la Colombie.

-

174 -

Barres d'argent . Valeur totale, 239,821 sols, dont 172,750 pour l'Angleterre et 61,292 pour la Colombie. Plomb argentifère. Valeur totale, 228,641 sols , dont 133,921 pour l'Angleterre et 87,855 pour l'Allemagne. Graine de coton . Valeur totale , 227,574 sols en totalité pour l'Angleterre . Sel. Valeur totale , 215,026 sols , dont 117,058 pour le Chili et 51,000 pour l'Australie. Riz. Valeur totale, 153,865 sols, dont 106,382 pour l'Équateur et 12,789 pour le Chili. Alcool et tafia. Valeur totale, 153,851 sols, dont 87,158 pour la Bolivie et 70,050 pour la province de Tacaa. Or en barres et en poudre. Valeur totale, 145,778 sols, dont 108,399 pour l'Angleterre et 21,272 pour la Colombie. Café. Valeur totale, 145,617 sols , dont 42,082 pour le Chili , 40,741 pour l'Allemagne et 39,114 pour l'Angleterre. Chapeaux (dits de l'anama) . Valeur totale , 133,723 sols, dont 42,120 pour l'île de Cuba, 28,610 pour le Venezuela , 19,440 pour les États-Unis, 14,240 pour Haïti, 13,700 pour la Colombie et 11,610 pour l'Angleterre. Peaux de bœuf. Valeur totale, 108,981 sols, dont 66,414 pour la France et 22,482 pour l'Angleterre. Pétrole. Valeur totale. 108,980 sols, dont 108,780 pour le Chili . Part prise par chaque nation dans la consommation des produits du Pérou.

Angleterre . Chili Colombie •

.

Allemagne . États-Unis

• •



P. c. Sols. du total . 10,708,161 55.7 2,123,445 11.0 8.0 1,539,578 1,232,763 6.4 1,029,284 5.3

P. c. du total. Sols. 3.0 580,449

France . .

502,273

2.6

Autres nations .

1,521,893

8.0

Équateur

Total .

Résumé. Total des exportations . - des importations . Différence en faveur des exportations .



19,237,846 •

19,237,816 sols . 15,023,421 -4,214,425 sols .

Comparaison avec les années précédentes, depuis la création du Bureau de statistique : ANNÉES. 1890 .

IMPORTATIONS. Sols. 12,100,119

1891 . 1892 .

15,166,427 15,023,421

EXPORTATIONS. Sols. 11,803,141 12,371,125 19,237,849

175 -― Commerce avec l'Angleterre . -

Comme on vient de le voir ,

c'est avec l'Angleterre que le Pérou entretient les relations commerciales les plus actives . En 1892 , les importations anglaises se sont élévées au chiffre de 5,892,203 sols . Voici les principales marchandises qui alimentent ce commerce :

Sols .

Sols . Tissus de coton imprimés . blancs . • écrus • divers • • Coutils de coton . • Casimirs . • communs

514,320 505,508 421,181 237,998

Opium · Houille . Sacs d'emballage

143,140 270,501 202,819

Papier Rails . Tôles ondulées

Tapis .

146,368

Tuyaux .

· •

Embarcations



306,830 286,133 131,305 80,000 57,078 5,611 52,890 51,776

Par contre , l'Angleterre a reçu des produits péruviens pour une valeur presque double , soit 10,601,365 sols , et principalement : Sols.

Sols.

Sucre . . Coton . Laines. Graine de coton Cocaine •

4,504,108 2,535,413 1,333,361 227,574 179,800

MOUVEMENT COMPARATIF . 1891 · 1892

.

·

Minerais d'argent

712,314 479,846

• ·

Argent monnayé. Barres d'argent . Plomb argentifère



Or en barre et en poudre

· •

IMPORTATIONS . Sols.

P. c.

EXPORTATIONS. Sols.

6,289,380 5,892,203

41.4 39.3

5,811,973 10,601,365

172,750 133,921 108,399

P. c. 47.0 55.7 r

L'Allemagne tient le deuxième

Commerce avec l'Allemagne .

rang pour les importations et le quatrième pour les exportations . Les principaux en 1892 , ont été :

produits

allemands consommés

Sols.

Sols. Coutils de coton. Papier •

·

Bière . Allumettes en bois .

·

• • ·

au Pérou ,

173,998 167,382

Casimirs .. Etoffes de laine .

163,283 80,464

Bougies stéariques Bas de coton .

117,606 103,831 82,835 67,620

- 176 -

En échange , le Pérou a expédié vers l'Allemagne : Sols. Minerais d'argent • 540,921 Coca . 87,855 Cocaïne · Plon.b argentifère Café . Coton · 65,912 Laines

1891 • 1892 •

Sucre .

17,587

·

MOUVEMENT COMPARATIF . ·



IMPORTATIONS. Sols. 2,865,760 2,642,484

Commerce avec le Chili . -

So's. 213,326 135,950 40,741 31,420

P. c. 18.8

EXPORTATIONS. Sols . 1,111,457

17 6

1,232,762

P. c. 9.0 6.4

Ce pays occupe le troisième rang

pour les importations et le deuxième pour les exportations . Le Pérou en a reçu , en 1892 , les produits suivants : Sols. Blé • 47,591 · Sacs d'emballage Animaux vivants , bœufs , chevaux , mulets . • Écorces tannantes et tinctoriales . . ·

23,200

Traverses en bois pour chemin de fer. • • •

23,452

Riz



Orge .

·

23,507

Farine

.

32,009





146,651

67,355

241,000

Argent monnayé .

Par contre, il a été envoyé au Chili : Sols. Sucre. 21,472 Chapeaux de paille . Pétrole Café 108,780 0 Sel 127,32 · • Argent monnayé . •

MOUVEMENT COMPARATIF.

1891 .

Sols. 691,713



1892 .

IMPORTATIONS . Sols. 1,146,807 1,527,517

Sols. 1,635,930 42,082 117,058

P. c. 7.6 10.2

EXPORTATIONS. Sols . 2,196,686 2,123,445

P. c. 17.7 11.0

Commerce avec la France.

Pour les importations , la France

arrive au quatrième rang ; pour les exportations, elle se trouve au sixième . Les principales marchandises de provenance française ont été , en 1892 : Sols. Sols.. Cognac . Étoffes de laine . • 89,618 106,920 Vins . de soie 37,104 67,700 Savon ordinaire . • 44,883 29,785 Papier 37,823 25,599 Casimirs . Chap aux • Parfumerie Indienn es 24,293 (zarazas ) . 30,193

177 -

Les exportations vers la France ont été : Sols. Coton Argent monnayé . • • • 187,000 Or • 177,240 Peaux · IMPORTATIONS . Sols. 1,576,587 1,389,398

MOUVEMENT COMPARATIF.

1891 .

·

1892 .

Sols. 87,281 66,414

P. c. 10.4 9.2

EXPORTATIONS . Sols. 354,234 580,449

P. c. 29 3.0

Commerce avec les États - Unis . - Ce pays figure au cinquième rang, tant pour les importations que pour les exportations . Les États - Unis ont principalement fourni au Pérou : Sols. Houille · Bois de construction . • · 205,636 Saindoux:

·

Pétrole et naphte



84,167 63,049

En échange , ils ont reçu : Sols. Coton • 475,839 Peaux de chèvre . 229,474 MOUVEMENT COMPARATIF.

1891 . 1892 .

• .

Machines à coudre • Meubles .

Or monnayé . Coca .

IMPORTATIONS. Sols. 1,323,875 1,124,905

P. c. 8 7 7.5



Sols . 31,690 30,188 29,707

·

Sols . 190,600 57,343 EXPORTATIONS. Sols. 278,015 1,029,284

2.2 5.3

Commerce avec la Colombie .

Les importations de la Colombie

sont insignifiantes ; mais les exportations vers ce pays atteignent un chiffre qui le place au troisième rang . Voici quels ont été les principaux produits qu'elle a reçu du Pérou en 1892 : Sols. Sols. Coton. Or en barre . 22,072 43,832 Peaux de chèvre. 61,294 Barres d'argent . 24,307 Sel · 54,000 • 22,712 Or monnayé . Cocaine . 1,138,186 108,000 Argent monnayé . ·

On peut supposer qu'une partie de ces produits ne fait que traverser l'isthme de Panama pour se rendre ensuite à une destination qui n'est pas connue ici . Mouvement comparatif des exportations du Pérou vers la Colombie 1891 , 706,340 sols ou 5.7 p . c . de l'exportation totale ; 1892 , 1,539,578 sols ou 8 p . c.

178 -

Commerce avec la Belgique .

Nous arrivons en sixième ligne pour les importations , avec un total de 687,988 suivants :

sols,

composé

principalement

Sols . Bougies stéariques Étoffes de laine • • Coutils de coton .

179,656 33,367

21,908

des articles

Sols.

Voies portatives . Papiers . •

28,791 22,337

Chapeaux

14,240

Les exportations péruviennes vers notre pays n'ont été , par contre, que de 271 sols . Mouvement comparatif de nos importations au Pérou : 1891 , 468,979 sols ou 3 p . c . du total ; 1892 , 687,988 sols ou 4.6 p. c. Notre commerce avec le Pérou est donc loin d'avoir l'importance à laquelle il peut prétendre . Cela tient à différentes causes qu'il me paraît utile d'examiner en détail. Nous ne sommes pas assez connus ici . Si les Anglais , les Allemands , les Américains et les Français sont ceux dont le commerce est le plus actif, c'est parce qu'il y a dans le pays de nombreuses maisons anglaises , allemandes , américaines et françaises , qui s'adressent de préférence à leurs nations respectives , où elles ont, du reste , toutes les relations désirables . Il n'y a pas une seule maison d'importation belge à Lima . Outre cette existence de maisons étrangères établies sur place , le Pérou est constamment visité par des voyageurs de commerce de diverses nations , qui viennent avec des échantillonnages très complets et qui repartent généralement avec un carnet assez bien garni de commandes . Il est fort rare qu'un voyageur belge se présente à Lima . Quoi d'étonnant, dès lors , à ce que nous nous trouvions si loin sur la liste des importations ? Tout le monde sait ici que la Belgique est un pays industriel par excellence ; que nos produits sont bons et pas chers ; mais on s'adresse peu à nous, faute de relations et aussi

par habitude de se fournir ailleurs . Si nous ne prenons pas la peine de nous faire mieux connaître , d'offrir nos produits , si nos maisons de commission ou nos industriels n'envoient pas des agents chargés d'entamer des relations commerciales, les choses resteront probablement au même point pendant de longues années encore.

-

179

Comme une tournée dans l'Amérique du Sud est un voyage assez coûteux , il est à présumer que c'est la crainte de ne pas retirer de ces dépenses le fruit espéré qui retient bou nombre de nos compatriotes ; mais ce qui est difficile pour un seul peut être aisé pour plusieurs , et notre devise nationale trouve ici son application . J'estime qu'un agent actif, représentant cinq ou six de nos principales industries , ferait un chiffre d'affaires suffisant pour couvrir ses frais de voyage , si pas par les opérations du début , du moins par la suite des relations établies . Je suis même persuadé qu'un agent à demeure à Lima arriverait , au bout de quelque temps , à se créer une belle clientèle . En dehors du système de succursales , d'agents à demeure ou de représentants voyageurs , je ne vois guère le moyen d'augmenter l'écoulement de nos produits au Pérou . Les relations de ce genre sont fort difficiles à entamer par correspondance et elles sont parfois dangereuses .

Telle maison

réputée de premier ordre

aujourd'hui , peut ne plus l'être dans six mois ou dans un an . Un agent sur place , ou y venant chaque année , offrirait , sous ce rapport, un avantage très grand pour parer à certaines éventualités fâcheuses. On objectera peut- être qu'aucun risque n'est à craindre , lorsque le payement est exigé en Belgique, contre remise des documents d'expédition de la marchandise . Ce mode de transaction est certainement le plus convenable ; mais il est aussi difficile à obtenir au Pérou que dans le reste de l'Amérique espagnole. On y est trop habitué aux crédits accordés par les commissionnaires de Londres , de Hambourg et de Paris . Et puis , la remise de fonds à une banque d'Europe équivaut, pour l'acheteur, à un payement longtemps anticipé , si l'on tient compte du temps que mettent les fonds à arriver en Belgique , de celui qu'il faut pour préparer et expédier la commande et de la durée du transport des marchandises jusqu'à destination . Il en résulte une perte d'intérêts , détail qui ne manque. pas d'importance dans un pays où l'argent est cher, sans compter que la grande majorité des importateurs est sans relations suffisantes avec les banques européennes pour avoir recours à ce moyen . Enfin , les acheteurs prétendent, non sans raison , que le payement contre documents d'expédition met tous les riques de leur côté et que, si le vendeur veut être garanti du payement au point. de l'exiger avant que l'acheteur ait pris livraison de la marchan-



180

dise et ait pu en constater la qualité , ce dernier est tout aussi bien en droit de douter de la bonne foi du vendeur. Un agent de réception, chargé d'examiner la marchandise en Belgique avant l'expédition , donnerait à l'acheteur tous ses apaisements ; mais c'est un nouveau rouage à introduire dans une machine qui semble déjà assez compliquée à beaucoup de négociants hispano - américains , et ils trouvent que, plutôt que d'avoir tant de choses à combiner dans un pays étranger, où ils ne connaissent personne , il est bien préférable pour eux , même en payant plus cher , de continuer à s'adresser à la maison X ou Y, qui les connaît, leur envoie bien ce qu'ils désirent et attend patiemment les remises, moyennant un intérêt de 5 ou 6 p. c . par an . Les raisons qui précèdent font rejeter complètement, par les importateurs péruviens , le payement en Europe contre documents

d'expédition . Ceux de nos industriels qui désirent traiter directement avec le Pérou savent donc à quoi s'en tenir à ce sujet sans un peu de crédit , peu ou point de commandes à obtenir. Comme je sais que le crédit à l'étranger n'entre guère dans leurs habitudes, pas plus que dans celles des fabricants des autres pays producteurs , je ne puis que conseiller à nos compatriotes de rechercher la clientèle des maisons de commission qui travaillent avec le Pérou , à moins qu'ils ne se décident à se syndiquer pour avoir un agent à Lima. Avec un agent ici , le payement à la livraison de la marchandise ou à trente jours est beaucoup plus facile à régler . Et puis, de même que l'agent renseigne exactement ses commettants sur tout ce qui peut les intéresser , il est également sur place pour recevoir les explications, voire les réclamations des acheteurs , et , grâce à ce trait d'union quasi indispensable, la confiance mutuelle , sans laquelle il ne peut y avoir de bonnes relations commerciales , naît plus rapidement. En parlant d'un agent commercial à Lima , j'ai admis l'hypothèse d'un représentant envoyé de Belgique, ce qui serait le cas le plus probable s'il s'agissait d'un syndicat. Les fabricants qui préfèreraient travailler seuls et qui reculeraient devant l'envoi dispendieux d'un agent exclusif, pourraient sans doute en trouver un à Lima . Je ne l'affirme pas , cependant, car les démarches que j'ai déjà faites en ce sens , à la demande de quelques -uns de nos établissements industriels , m'ont démontré combien c'est difficile.

- 181

Il n'y a pas ici d'agences commerciales proprement dites , c'est-àdire de maisons s'occupant uniquement de la représentation de fabriques . Quelques négociants de Lima ont l'agence de tel ou tel établissement d'Europe , mais ils n'en ont qu'une seule et ne sont pas toujours disposés à en accepter d'autres . Au Mexique , il y a un grand nombre de ces agents commerciaux . Les uns s'occupent de toutes les branches , les autres s'en tiennent à des produits déterminés ayant entre eux une certaine analogie ; d'autres, enfin, sont tout à fait spécialistes . J'en ai connu qui faisaient un chiffre d'affaires annuel très respectable , et cela me porte à croire que celui qui inaugurerait ici ce genre de commerce , pour lequel il ne faut que peu de capital , aurait de grandes chances de réussite (¹). Je dois ajouter qu'un agent à demeure , sans marchandises en dépôt , ne sera jamais aussi utile , tout en présentant de grands avantage, que celui qui aura en magasin un certain stock lui permettant de satisfaire sans retard aux demandes de peu d'importance . C'est par les petites affaires qu'on emmanche les grandes . Ceci , bien entendu , n'est pas applicable à tous les produits ; mais le Pérou est si loin de la Belgique , que l'agent qui pourra immédiatement servir le client aura toujours une supériorité considé rable sur celui qui devra faire attendre au minimum quatre mois pour livrer la marchandise .

Le système de consignations a déjà donné lieu à tant de mécomptes, partout en Amérique , que je ne pense pas qu'il soit à recommander , si ce n'est avec un agent spécial , comme je viens de l'exposer . Un autre motif qui s'oppose au développement de nos exportations vers le Pérou , c'est que nous-mêmes nous n'en faisons rien venir directement . Nous consommons pourtant des produits péruviens que nous allons chercher à Liverpool ou à Hambourg, de même que bien des produits belges arrivent au Pérou par Hambourg ou par Liverpool . Si les transactions entre les deux pays se faisaient directement , elles gagneraient evidemment en importance ; les unes attireraient les autres , comme cela arrive toujours . (*) Ces lignes étaient écrites depuis quelques jours déjà , lorsque j'eus le plaisir de voir arriver un compatriote, licencié en sciences commerciales , qui venait s'établir à Lima avec la représentation de plusieurs de nos principaux établissements industriels . 12

182

Les maisons étrangères établies au Pérou envoient en retour des produits péruviens . Le commerce d'exportation, dans certaines conditions , est aussi lucratif que celui d'importation , et un agent belge dans le pays pourrait s'en occuper avec fruit . Le fait est d'autant plus vrai et plus digne d'attirer l'attention de nos négociants , que bon nombre des principales firmes du Pérou sont commanditées par d'importantes maisons européennes . Avant de passer en revue les produits susceptibles de déterminer une plus grande extension d'affaires entre les deux pays , je crois devoir consigner quelques indications générales ,

à l'usage des

personnes désireuses d'établir des relations directes avec le Pérou . On trouvera plus loin un prix courant du marché de Lima ; mais le prix de vente est un renseignement bien vague , lorsque la qualité du produit ne peut pas être exactement spécifiée , et d'une utilité contestable pour quiconque n'est pas à même d'établir le prix de revient approximatif du produit . Les négociants qui ont l'habitude de faire des expéditions de marchandises au Pérou ne sont nullement embarrassés à cet égard ; les autres ne sont pas dans le même cas et pourraient trouver insuffisantes les explications qui ont été données à propos des règlements commerciaux . Je vais donc les préciser davantage. Le coût de la marchandise , fob Anvers , doit être augmenté de 1 p. c . , taxe perçue par le consul du Pérou pour légalisation de la facture consulaire . En ce qui concerne le fret d'Anvers au Callao , nos négociants sont à la source et peuvent obtenir, à tous moments, des informations beaucoup plus exactes que celles que je serais en mesure de leur fournir . Pour le coût cif Callao , la valeur de la marchandise doit être convertie en monnaie du pays. Le taux du change étant éminemment variable, il faut, pour ce calcul, avoir recours au moyen approximatif qui sera indiqué plus loin à propos du change . Si la marchandise doit être mise à terre et dédouauée pour compte du vendeur, il y a à tenir compte des frais déjà indiqués . J'ajouterai quelques mots à ce sujet : Le déchargement, les droits de quai , les droits fiscaux et les

droits additionnels sont appliqués tantôt par 1,000 kilogrammes , tantôt par mètre cube . Le meilleur moyen de ne pas se tromper est de les calculer au poids , pour les colis dont le poids est supé

--

183 -

rieur à 1,000 kilogrammes par mètre cube, et au volume dans le cas contraire . C'est , du reste , cette considération qui sert de base. au tarif. La surcharge concernant la différence de change provient de ceci

d'après le contrat passé avec les concessionnaires qui per-

çoivent les droits indiqués au paragraphe précédent , le sol est considéré comme valant 34 pence . Lorsque la valeur réelle du sol à Lima est moindre , comme , par exemple, en ce moment où elle n'est que de 22 1/2 pence , il y a une différence de 11 1/2 pence . La majoration est alors de 11 1/2 pence sur 22 1/2, c'est - à - dire 51 p . c . Pour établir les droits d'entrée , il suffit de consulter le tarif des douanes. En prenant comme exemple un ballot de pièces de toile de Bretagne , d'un poids brut de 200 kilogrammes , on trouve , au nº 286 du tarif, que la valeur officielle est de 4.50 sols le kilogramme brut , soit 900 sols pour tout le colis , et que les droits sont de 40 p. c . ad valorem , donc 360 sols . A cela il faut ajouter une surtaxe de 8 p . c . , soit, pour le cas qui vient d'être cité , 28.80 sols , et 1 p . c . de droits municipaux au Callao , soit 3.60 sols . Les droits de magasinage au Callao , comme cela a été dit , sont de un pour mille par mois , sur la valeur officielle de la marchandise, ce qui revient, pour l'exemple précédent , à 0.90 sol par mois . Le premier mois est gratis . Si , enfin , la marchandise doit être livrée franco à Lima , il faut encore ajouter les frais de transport par chemin de fer , qui sont de 1.20 sul par 1,000 kilogrammes ou par mètre cube , y compris le transport à domicile à Lima .

Un exemple de calcul de prix de revient fictif lèvera tous les doutes qui pourraient subsister à cet égard . Supposons 12 douzaines de chapeaux de haute forme , chacun dans un carton, contenus dans quatre caisses en bois mesurant chacune 1-20 × 1-10 × 095 , soit un total de 5 mètres cubes . Francs. • 3,500 Prix supposé de la marchandise fob Anvers . • 35 Facture consulaire, p . c. . Fret d'Anvers au Callao, 5 tonnes à 40 francs . ssurance maritime, 1 p . c. sur 4,000 francs . Valeur cif Callao .

200 40

3,775

-

184 Sols. 1,613.25

Au change de 2 fr. 34 c . le sol. Sols. 1.25

Déchargement au Callao , 3 tonnes à 0.25 sol . Droits de quai, 5 tonnes à 2 sols à 0.20 sol fiscaux, additionnels, 5 tonnes à 0.10 sol .

Sols. 10.00 1.00 0.50

11.50 5.87 Surcharge pour différence de change, 51 p . c . sur 11.50 sols . Droits d'entrée (nº 890 ) 144 chapeaux à 5 sols = 720 sols, 324.00 45 p. c • · • 25.92 Surtaxe de 8 p . c . sur 32 sols 3.24 Droits municipaux au Callao , 1 p . c . sur 324 sols . 3.00 Timbres pour documents de douane • 2.16 Magasinage, quatre mois , dont un gratis , 3 p. m. sur 720 sols . 8.00 • • Commission d'expédition au Callao , 4 colis à 2 sols 6.00 Transport du Callao à Lima, 5 tonnes à 1.20 sol

390.94 Prix de revient net à Lima .



·

2,004.19

5. Usages commerciaux .

Dans les transactions internationales , ce sont assurément les conditions établies de commun accord entre les parties intéressées qui sont les meilleures règles ; cependant, certaines conditions spéciales peuvent, par leur fréquence, être considérées comme bases habituelles des opérations commerciales . D'ordinaire , le vendeur européen fait traite sur l'acheteur péruvien , à 30 ou à 60 jours de vue , par l'entremise d'une banque ou d'un banquier, qui fait remise au tiré, contre acceptation de ladite traite , des documents d'expédition permettant de dédouaner la marchandise . En ce qui concerne les exportations, l'expéditeur péruvien est généralement autorisé à disposer , par traite à 90 jours de vue sur le consignataire , des trois quarts de la valeur de la marchandise , contre connaissement. Dans le pays , les ventes en gros et en demi -gros se font le plus souvent à 30 , à 60 et même à 90 jours de terme . L'acheteur accepte une traite pour le montant de son achat. Le tireur peut être domicilié

dans la même ville que le tiré . D'après une loi

- 185 récente, un effet de commerce protesté par défaut de payement est un titre exécutoire . Pour toutes les questions commerciales , le Pérou est régi par le code de commerce ; mais outre que l'édition en est épuisée et introuvable dans les librairies , cette législation , basée sur l'ancien code espagnol , est aujourd'hui incomplète et sera prochainement réformée .

S 6. Change . Le change sur les différentes places commerciales du Pérou entre elles n'a rien de fixe . Il est parfois très élevé à cause des difficultés de communication et de l'absence de banques dans l'intérieur du pays .

Sur l'étranger , il suit les fluctuations de la valeur du métal blanc à Londres , et s'il ne s'y conforme pas strictement , c'est à cause de la demande plus ou moins forte de valeurs sur l'extérieur. Presque toujours , les traites sur l'Europe sont à 90 jours , en raison de ce qui a été dit plus haut à propos de la faculté accordée aux exportateurs ; sur New-York, elles sont le plus souvent à 30 jours . En ce moment , 15 janvier 1897 , le change est le suivant :

Sur Londres , à 90 jours de vue • ---- Paris, à - Hambourg, à Madrid, à - New-York, à 30 jours de vue .

·

de 22 1/4 à 22 1/2 pence . de 2.33 à 2.35 francs .

de 1.87 à 1.89 marcs . de 2.60 à 2.62 pesetas . 123 p. C. de prime.

Pas n'est besoin d'expliquer que ce change indique la valeur du sol péruvien converti en chacune des monnaies énoncées . Pour les États-Unis , au contraire , il s'agit de la prime payée pour le dollar américain , qui vaut, par conséquent, 2.23 sols . Un moyen pratique de se rendre approximativement compte en Belgique du change du jour à Lima est de consulter le bulletin de la bourse de Londres , de prendre la valeur de l'once de Troy d'argent fin et de la diminuer de 7 pence pour avoir la valeur du sol . Ainsi , par exemple, si l'argent vaut, à Londres , 30 pence l'once , le sol vaut , à Lima , 23 pence , soit 2 fr . 40 c . La différence qui peut résulter de ce calcul n'est jamais bien forte .

- 186

S7. Liste des principaux articles , de provenance étrangère, qui composent le commerce de Lima. - Adresses des principales maisons de Lima qui s'en occupent ( ' ) . Abarrotes . --- Le commerce désigné sous ce nom comprend des produits très variés , tels que

les

denrées ,

les

épices , les

comestibles , les conserves alimentaires, les vins , les liqueurs , les bougies stéariques , le papier d'emballage , et aussi parfois les usten siles de ménage , les faïences , les cristaux , etc. , etc. C'est le commerce préféré de la colonie italienne . Voici les principaux établissements d'abarrotes : C. Weiss & Co, Ucayali 111 ; Julio Normand , Lima , 27 ; Tomas Bresciani , Huallaga , 157 : Figari e hijos, Ica , 26 ; Puccio Hermanos , Ayacucho , 26 ; Miguel Botto, Huallaga, 155 ; A. Cuneo & Co , Huallaga, 165 ; Falone hijos , Callao , 27 ; A. Kits & C° , Lima , 26 ; E. Mombello , Huallaga , 201 ; Nicolas Orezzoli , Ucayali , 56 ; Santiago Pendola, Junin , 60 ; E. Rampini , Huallaga , 180 ; Jose Sbarbaro , Junin , 119 ; Tixi Hijos , Ancachs , 50 ; N..B . Tealdo & Co, Huallaga , 163 . Allumettes. - Il se fait une importante consommation d'allumettes dites suédoises , dont il n'existe aucune fabrique dans le pays . Les allumettes bougies viennent en grande partie d'Italie . Il s'en fabrique dans le pays , mais de qualité médiocre . La consommation de ce produit est, du reste, peu importante. Pour les importateurs d'allumettes , voir abarrotes . Ameublement . L'industrie de l'ameublement a pris un certain essor à Lima , au point que les importations de meubles étrangers sont devenues insignifiantes et se bornent uniquement aux ameublements de luxe. Les fabricants dont les noms suivent importent de l'étranger les étoffes et passementeries pour meubles, rideaux , tentures , etc .: Hochkoppler & Co, Camana , 95 ; Malherbe & Co, Camana, 54 ; G. Dreyfus, Union , 209 .

Amidon .

Article peu important au point de vue des impor-

(1 ) Les firmes sont indiquées avec les réserves d'usage . Comme il ne se publie aucun indicateur de commerce à Lima, il m'a été assez difficile de dresser la liste qui va suivre ; quelques bonnes maisons peuvent avoir été omises ou ne pas se trouver à la place qu'elles doivent occuper.

- 187

tations , à cause de la fabrication locale, composée principalement d'amidon de yuca . Se vend dans les magasins d'abarrotes . Appareils d'éclairage . L'éclairage au gaz hydrogène est si répandu à Lima et au Callao , que ce sont surtout les appareils qui s'y prêtent qui sont de vente courante .

Les lampes à pétrole ne sont pas beaucoup en usage à Lima, mais elles le sont davantage dans les villes de l'intérieur dépourvues de gaz. Les lampes carcel ne sont pas employées . Depuis que la lumière électrique a fait son apparition , elle tend à se répandre de plus en plus , tant pour l'éclairage particulier que pour l'éclairage public . Beaucoup de localités passeront probablement de l'usage de la bougie à celui de la lumière incandescente, sans passer par l'étape du gaz hydrogène , à moins que l'acétylène ne leur paraisse préférable . Nulle part à Lima , je n'ai vu le système Auer appliqué à l'éclairage au gaz. Les lampes à pétrole et les appareils d'éclairage au gaz se vendent dans les ferreterias . Les appareils d'éclairage électrique sont en vente à la Empresa de alumbrado por gas , calle de Mineria , 14 , et à la Compañia de alumbrado electrico , calle de Plumeros .

-Armes.

L'interdiction d'importer des armes de guerre et tout

ce qui est réputé tel , comme les rifles , les sabres , ainsi que tout ce qui peut s'appliquer à l'armement militaire , limite le commerce des armes aux revolvers , aux fusils de chasse , aux armes de salon et à quelques armes blanches, couteaux , poignards , etc. Parmi ces dernières , il convient de placer le machete , bien connu de nos industriels , et dont il est fait un usage si général dans les campagnes de l'Amérique espagnole . Les machetes se vendent dans les ferreterias ; les revolvers se vendent un peu partout. Magasins d'armes : S. Jacoby , Union , 167 ; A. Vachet , Union , 47 ; L. Frazinet , Junin , 278 ; A. Solari , Piura , 143 . Articles de fantaisie , de luxe, de voyage . Bière.

Voir bijouterie .

L'importation de la bière étrangère a beaucoup perdu

de son importance depuis l'installation des brasseries locales . Pour cet article , voir les abarrotes et les vins et liqueurs .

188 Bijouterie. -

Le commerce de bijoux est généralementac com-

pagné de celui d'objets d'art , d'articles de fantaisie , de luxe , etc. Principales maisons : Welsch & Cº , Union , 261 ; Boggiano & Pigatti , Union , 231 ; Oliveres & Valencia , Union , hermanos , Ica , 11 .

189 ; Broggi

Bonneterie . - Ce sont surtout les bas, les chaussettes et les camisoles tricotées qui représentent ici la bonneterie . Ces articles se vendent dans les magasins de lingerie et dans les magasins désignés sous la rubrique tissus. Bougies stéariques. -

Il s'en faisait autrefois une importation

considérable, en grande partie de provenance belge , comme le prouve la statistique de 1892. J'ignore si la récente installation de la fabrique de Guadalupe a eu une grande influence sur les arrivages . D'après ce qui m'a été dit , cette fabrique prépare elle même sa stéarine .

Les bougies fout partie du commerce des abarrotes .

Cables et cordages. - Ces articles sont tenus dans les ferreterias . Pour ceux qui concernent spécialement l'industrie minière , voir aux machines pour mines. Cannes, cravaches , etc. - Voir bijouterie et mercerie .

Carrelages céramiques .

Ne se sont pas encore généralisés

comme ils devraient l'être dans un pays où il est fait si abondamment usage de dalles de marbre . L'emploi commence cependant à s'en répandre ; les trottoirs de la belle rue de la Union sont en carreaux de ciment comprimé . Pour cet article , voir ferreterias. Je dirai à ce propos que le pavage des rues de Lima est un problème qui n'a pas encore reçu de solution complète . On a fait bien des essais infructueux dans le temps et on a fini par en revenir aux petits cailloux pointus du Rimac , qui exigent des réparations fréquentes et qui sont la providence des pédicures . Dans la grande artère de la Union , on a inauguré dernièrement le pavage en bois qui convient on ne peut mieux au roulement des voitures , mais qui est très coûteux . Dans quelques autres rues du centre , on a placé des pavés taillés qui sont fort bons , plus durables sans doute que ceux en bois , mais dont l'usage ne s'est pas généralisé . Détail rétrospectif : du temps du gouvernement colonial , la municipalité de Lima faisait paver les rues de barres d'argent , sur

-

189 --

tout le parcours du cortège d'un nouveau vice roi , à son entrée dans la capitale . ,

Cartes à jouer. -

Il s'en importe une assez grande quantité ; ce

sont des cartes espagnoles , bien entendu , qui se vendent généralement dans les magasins d'abarrotes . Casimirs. -

Voir confections pour hommes.

Chapeaux. - Au Pérou , on porte beaucoup le chapeau de soie , le chapeau de feutre dur et le chapeau de feutre mou à larges bords . En été, on porte le chapeau de paille importé , genre chapeau marin, ou le chapeau de « catacaos » ( Panama) du pays . Les principales maisons qui s'occupent de ces articles sont : G. Brenner , Union , 208 ; M. Crevani , Union , 158 ; J. Rissi é hijos , Union , 177 ; N. Menegoto , Union , 265 ; R.-A. Garcia, Union , 136 ; M. Marchesi , Union , 272 .

Charbon.

Les mines de houille du pays étant peu exploitées ,

presque tout le charbon consommé au Pérou vient de l'étranger . A Lima, la consommation est d'autant plus forte que , dans les ménages , la cuisine se fait au charbon de terre , contrairement à la contume presque générale , dans l'Amérique espagnole , n'employer à cet usage que le charbon de bois .

de

Les chemins de fer et l'industrie emploient la houille également . On me dit qu'il a été fait ici des essais d'agglomérés dont on n'a pas été content . Il y a lieu d'être surpris de ce résultat, dont on ne m'a pas bien expliqué les motifs . Les principaux négociants en charbon sont : H.-M. Beausire

& Co, Ucayali , 64 ; Gerbolini & Izola , Quilca , 77 ; Rivarola & Co, Urubamba ; A. Scamarone , Teatro , 50 . Chaussures. - Bien qu'il y ait plusieurs fabriques à Lima et que la chaussure y soit bonne et pas trop chère , il s'importe une certaine quantité de chaussures fines , principalement pour dames. Les fabricants de chaussures sont : Chiape hermanos , Ancachs , 84 ; Gagliardo & Co , Lampa , 70 ; S. Oneto , Lampa , 31 . Les importateurs sont : J. Meiss , Union , 244 ; A. Cortalezzi , Union , 226 ; G. Canessa , Union , 16 ; N. Arata , Ancachs , 7 . Cigares et cigarettes . - Voir tabac .

Ciment . La consommation de ce produit est assez forte ; on le trouve dans les ferreterias .

190 ― Cirage. -- En vente dans les merceries , dans les magasins de chaussures, parfois dans les ferreterias et les drogueries . -Clôtures métalliques (ronces artificielles) .

Il en est fait un

grand usage dans les campagnes . Voir ferreterias.

Clous forgés, clous mécaniques . - Se vendent dans les ferreterias . Confections pour dames , étoffes de laine , soieries , dentelles, etc. - On suit ici les modes de Paris ; les dames s'habillent avec beau coup d'élégance et le luxe est assez répandu . Le noir est fort en usage . Comme toilette d'église , les dames portent parfois la mantille espagnole , mais le plus souvent la manta , qui est l'indispensable de la toilette de la matinée . La manta est le vêtement national féminin de toutes les classes de la société ; c'est un grand châle noir, léger , en laine ou en crêpe de Chine , uni ou brodé , qui se plie en deux , diagonalement , et que les dames portent sur la tête , serré autour du cou et retenu par des épingles , avec une pointe sur le dos. Enveloppée dans sa manta, la Liménienne laisse à peine entrevoir l'ovale de son fin visage . Autrefois , il y a encore une trentaine d'années, c'était bien pis ; le châle qui lui couvrait la tête cachait alors toute la figure, à l'exception d'un seul ceil, et la Liménienne, dans ce costume , portait le nom de « tapada D (cachée ou voilée) .

Les principales maisons , pour ces articles , sont les suivantes : Mazzini & Co , Union , 198 ; Pellerano , Piloto & Co , Union , 100 ; A. Buffet , Union , 181 ; J.-B. Soldevilla , Huallaga , 8 ; J. Carbone, Huallaga , 212 ; Accame hijos , Ucayali , 66 . Confections pour hommes , draps , casimirs, etc. - Les étoffes d'été et de demi - saison sont celles qui se portent le plus ; cependant , les jours de « garua » on est obligé de se couvrir de vêtements plus chauds. Il existe à Lima divers magasins d'habillements tout faits pour hommes . Les confections pour enfants ne sont pas aussi bien repré. sentées . Voici les principaux magasins de vêtements et les principaux marchands-tailleurs A. & M. Franck & Co , Union , 182 ; C. Bar & Co, Union , 2 9 ; A. Gaillour , Union, 179 ; C. Masson & C°, Carabaya , 32 ; G. Loredo , Huallaga , 2 ; O. Moulard , Ucayali , 39 ;

191

N. Sañudo , Union , 114 ; E. Stahl , Ucayali , 15 ; Rivarola & C° , Carabaya , 28. Conserves alimentaires . Corsets et tournures .

Voir abarrotes.

Voir ropa.

Couleurs. - Voir drogueries . Couleurs fines, pour artistes - peintres . bureau .

Voir fournitures de

Coutellerie. - Voir ferreterias .

Cristallerie , porcelaines , faïences . -

Voir aussi les ferreterias

et les merceries . Principales maisons : N. Marzano , Junin , 74 ; P. Ferrand hijos , Junin , 52 ; Mac Donald & Co , Callao , 31 ; Parodi hijos , Huallaga , 198 ; P.-F. Roggero , Lampa , 51 ; J. Scolari , Junin , 91 ; Genetelli & C°, Arequipa , 10 ; C. Gelsi , Urubamba, 76. Dentelles. -- Voir confections pour dames . - Voir confections pour hommes . Draps. Drogueries.

Principales maisons : J. Gallese & Co , Junin , 42 ;

J. Meyer & C ° , Union , 188 ; Hague & Castagnini , Ica , 45 ; J.-B. Serra , Callao, 43 ; E.-J. Grec, Huallaga , 143 ; Signone y Velazquez , Union , 52 ; F. Remy , Union , 185 ; A. Bignon , Ucayali , 21 ; A. Boggiano, Union , 72 . Eventails. Voir bijouterie et confections pour dames . Explosifs. - Voir machines et ferreterias .

Faïence. -

Voir cristallerie .

Fer marchand, feuillard , fer blanc, elc. - Voir ferreterias . Ferreterias. caillerie ,

On désigne sous ce nom le commerce de quin-

de fers

de tous genres ,

d'outils ,

d'ustensiles

de

ménage , etc. , auxquels chaque négociant joint d'autres articles. plus ou moins variés . Les grandes ferreterias sont généralement des maisons allemandes . En voici les principales : C.-M. Schröder & Co, Huallaga , 140 ; G. Menchaca & Co , Lima , 29 ; J. & F. Bresani , Huallaga , 156 ; A. Bousot , Union , 210 ; P. Herouard , Ucayali , 60 ; E. Humphreys & Co , Carabaya , 62 ; C.-M. Morales & Co , Lima , 46 ; Ed . Vieytes , Junin , 55 ; M. Gründel, Carabaya ,

121 ; F.-L.

Crosby, Cara-

baya, 79 .

Fil à coudre. - Voir mercerie . Fonderies pour pièces de machines , etc.

---- Principales maisons .

192 -

G. Price , Piedra Lisa ; T. Schoffield , Quilca , nº 83 ; R. Aschford , Marañon , 261 . Fournitures de bureau . - J. Newton , Union , 43 ; J. Escoubes, Ucayali , 14 ; Colville & Co, Ucayali , 30 . Hôtel de Francia é Inglaterra ; hôtel Maury .

Hôtels

Imprimeries. - B. Gil , Lampa , 113 ; C. Prince , Carabaya ; D. Torres Aguirre , Union , 150 ; C. Paz Soldan , Union , 317. Voir aussi la liste des principaux journaux , page 94 .

Incendie (matériel d'). -- Le service d'incendie est parfaitement organisé à Lima, par des compagnies de pompiers volontaires . Outre les compagnies nationales , chaque colonie étrangère a la sienne , qui rivalise d'une noble émulation avec sa voisine . Les postes de pompiers, pourvus de pompes à vapeur , d'échelles de sauvetage sur chariot et de tout le nécessaire , sont les suivants (par rang d'ancienneté) : Bomba Roma ; Pompe France ; Bomba Lima nº 1 ; Bomba Victoria ; Bomba Salvadora Lima ; Bomba Cosmopolita ; Bomba Internacional . Instruments de musique , musiques : C. Pighi , Union , 80 ; E. Soler, Union , 112 ; D. Yañez , Lampa , 206 ; L. Freundt , Cuzco , 42 ; E. Neuman , Union , 255 ; G. Brandes , Union , 237 ; Custin & Co , Union , 307 ; P. Florindo , Arequipa , 13 . Instruments d'optique et de précision : Schwalb hermanos, Union , 212 .

Jouets d'enfants . ―― Voir mercerie . Jule -

Pour les tissus de jute , voir tapis .

Quant aux sacs de jute , il s'en fait un commerce important pour l'exportation des sucres . On les trouve en vente dans les établissements renseignés au mot tissus et dans quelques ferreterias. Voir également les noms des entreprises sucrières , page 158. Lainages . - Voir confections .

Lampes .

Voir appareils d'éclairage .

Librairies. Les librairies vendent parfois des fournitures de bureau, et les papeteries vendent parfois aussi des livres , des journaux étrangers , etc. Voici les principales librairies : Vida de Galland , Palacio , 34 ; Cuspinera y Teix , Huallaga , 48 ; Boix & Co, Huallaga , 58 .

Lingerie. -

J'ai compris sous cette dénomination les magasins

-

193 ―

qui ont la spécialité du linge fin , des chemises , de la ' bonneterie , etc. Ce sont : Combe y Bert, Union , 227 ; Garcia hermanos y Ca , Union , 180 ; R. Segui , Union , 172. Linoleum . - Voir tapis . Liqueurs .

Voir abarrotes et vins .

Machines agricoles, minières et industrielles ; huiles et graisses lubrifiantes, voies portatives , etc. (Voir aussi les ferreterias) : R. Bartlet, Ayacucho , 33 ; Dixon et Prew, Junin ; E. Wagner, Carabaya , 76 . Marbres. - Le pays produisant de beaux marbres, on n'en importe guère aujourd'hui que pour les œuvres d'art , monuments funéraires , etc. Voici les noms des marbriers-sculpteurs : P. Roselló , Union , 299 ; L. Isola , Union , 319 ; J. Durini , Carabaya, 197 . Mercerie. - Outre les articles de mercerie proprement dits ,

ce commerce comprend souvent de la quincaillerie , des étoffes pour dames, des jouets d'enfants , des objets de fantaisie , etc. Voici les principales maisons : Harth & Co, Ucayali , 27 ; Ottenheim hermanos , Ucayali , 31 ; J.-H. Smith , Ucayali , 18 ; Ch.-L. Claret , Ucayali , 30 ; A. Eckstein , Huallaga , 14 ; Harten & Co , Carabaya , 14 ; Klinge & Co , Huallaga , 174 ; Ludovig , Grim & C °, Union , 220 ; W. Stalh , Carabaya , 38 ;

C. Góngora , Callao , 13 ;

J. Gimeno , Huallaga , 6 ; J. Mignoli , Huallaga , 158 ;

H. Thöl ,

Huallaga , 42 . Meubles. - Pour les meubles en bois , voir ameublement . Pour les meubles en métal, voir ferreterias , en plus des deux firmes suivantes : Junin , 69 .

A.

Bernasconi ,

Callao , 70 ;

S.

Chepote ,

Meuniers.

J.-V. Peral , Hualgayoc , 93 ; J. Revoredo , Molino

del Medio ; H. & Ch . Chiarella , Huanta , 22 ;

S,

Fernandez ,

Ancachs , 278 ; Falco y Lavalle, Amazonas ; Solari , Aguilar & Cº, Trujillo , 10 . Matériaux de construction . ―

A l'exception des tôles ondulées galvanisées , le fer n'a pas encore fait son apparition dans les constructions courantes .

A Lima et dans toute la région de la Costa , les maisons n'ont généralement qu'un étage . Le rez -de - chaussée est en briques , rarement en pierres de taille , et l'étage est en bois revêtu d'une couche d'argile .

194 -

Ce genre de construction , qui a été adopté tant à cause des tremblements de terre qu'à cause de la cherté des matériaux , consiste en montants en bois sur lesquels on cloue , des deux côtés , des « cañas de Guayaquil » , gros bambous qu'on aplatit et qu'on développe pour former des planches qui ne sont, en réalité, que des lattes retenues entre elles par quelques fibres . Une maison en construction a donc tout d'abord l'aspect d'une immense cage . Les cañas sont ensuite crépies d'argile et constituent ainsi des murs creux d'environ 15 centimètres

d'épaisseur. Les maisons sans

étage sont rarement construites autrement , et j'ai vu bâtir des tours d'église de la même façon . Les maisons sont invariablement couvertes d'une terrasse, sans inclinaison aucune, établie au moyen de planches reposant sur des solives et recouvertes d'une couche de terre argileuse d'environ un décimètre d'épaisseur. Cette terre absorbe l'eau des garnas ; mais quand la bruine est plus abondante ou plus persistante que de coutume , il arrive que l'eau traverse la terrasse et cause de sérieux dégâts dans les habitations . Dans quelques rares maisons, la terrasse est carrelée . En fait de bois , on emploie le pitch- pine ou un bois blanc appelé pino oregon . Tous deux viennent des États - Unis . Dans les constructions très soignées , on fait usage de chêne ou d'érable de la Sierra , bois qui reviennent fort cher à Lima . Pour les boiseries , dans les habitations de luxe , c'est le cèdre de Nicaragua qui domine . Presque tous les bois , hormis le cèdre et le chêne , sont attaqués par la polilla . Le pitch-pine ne reste indemne que dans ses fibres résineuses . Le jour où l'on aura apprécié les avantages des poutrelles métalliques et des tôles ondulées courbes pour la construction des planchers et des terrasses , il est plus que probable que le système suivi actuellement sera abandonné . Il en sera de même , à plus forte raison , des ossatures en bois , qui soutiennent les maisons à étage aussi bien que les tours . J'ai entendu maintes fois exprimer la croyance que l'humidité du climat détruirait promptement le fer. C'est là une crainte absolument chimérique et démentie par l'état de parfaite conservation des ponts , des grillages et autres constructions métalliques qui existent depuis longtemps à Lima .

- 195

L'argile est très abondante dans les environs de la capitale et de très bonne qualité ; ce qui n'empêche pas que les briques cuites , de 50 x 100 x 210 millimètres, coûtent ici 25 sols le mille . C'est pour cette raison qu'on fait presque exclusivement usage , dans la bâtisse , de briques crues ou

adobes » , qui ont

75 × 150 × 450 millimètres et qui ne coûtent que 30 sols le mille . La chaux, excellente aussi et éminemment hydraulique , coûte en ce moment 2 sols le cahiz (666 litres ) . Dans les campagnes et dans la Sierra , on fait un usage assez fréquent de tôles ondulées galvanisées , article qui se trouve en vente dans les ferreterias. Musiques. - Voir instruments .

Le parapluie est absolument exclu Ombrelles, parapluies . des habitudes liméniennes . L'étranger qui en fait usage pendant les journées de garua est l'objet de l'étonnement général . Par contre, les ombrelles sont très en faveur . Pour cet article , voir bijouterie, mercerie et confections pour dames . Ornements d'église , chasublerie , images pieuses , objets de piété : P. Sanmarti , Ucayali . Outils , pour tous les métiers et tous les corps d'état . Voir ferreterias .

Papiers . - Voir imprimeries et fournitures de bureau . Pour les papiers d'emballage , voir abarrotes ; pour les papiers peints , voir tapis . Parfumeries. - Voir mercerie et drogueries . Photographies

Courret

& Co ,

Union ,

197 ;

R.

Castillo ,

Union , 268 ; A. Rodriguez , Union , 276 .

Pianos. - Voir instruments de musique. Plomb de chasse. - Voir ferreterias . Ponchos. ― Le

poncho

est le vêtement national péruvien

pour monter à cheval . C'est un plaid ou châle , à rayures de couleurs plus ou moins vives , d'environ 220 de longueur sur 160 de largeur, percé d'une fente au milieu pour le passage de la tête . On le laisse pendre tout simplement sur les épaules . Autrefois , il s'en portait ea soie , d'une grande valeur . Aujourd'hui , que le goût de l'équitation a diminué en ville et que ceux qui s'adonnent encore

-

196 -

à ce genre de sport ont adopté l'école anglaise , le poncho n'est plus que le vêtement du campagnard et du voyageur ; et il est, pour les longues chevauchées , d'une utilité incontestable . On en fabrique beaucoup dans le pays , en laine plus ou moins fine , de sorte que les importations de cet article n'atteignent pas un chiffre élevé . En vente dans les merceries et dans les magasins d'étoffes . Porcelaine .

Voir cristallerie .

Poudre de mine. - Voir machines et ferreterias . Quincaillerie. -Voir ferreterias . Robinetterie. - Voir ferreterias .

On désigne sous ce nom le commerce de tout ce qui étoffes tissus , de lin , de coton , de laine et de soie , auxquels et est Ropa.

on ajoute encore la bonneterie et d'autres articles . Comme certains importateurs s'occupent toutefois plus spécialement les uns de lainages ou étoffes pour dames , d'autres de tissus de lin et de coton , d'autres de bonneterie et de lingerie , j'ai réparti les maisons de ropa sous ces différentes rubriques ; mais il sera bon de se rappeler qu'elles ne désignent pas des branches exclusiveś . Rubans. - Voir mercerie et confections pour dames. Serrurerie . -· Voir ferreterias .

Soieries .

Voir confections pour dames.

Tabac, cigares et cigarettes ..- La manufacture des cigares et des cigarettes n'a pas encore atteint un haut degré de perfection. au Pérou . La matière première laisse parfois à désirer et la fabrication également . Il se fait donc dans ce pays , qui pourrait cependant devenir exportateur, une assez forte importation de tabac , de cigares et de cigarettes, principalement de l'Équateur , de San Salvador , de Cuba et du Mexique . Un paquet de 20 cigarettes du pays , contenant très peu de tabac entouré de gros papier d'emballage jaune, coûte, en gros , 9 centavos . La cigarette de la Havane coûte trois fois plus cher . Les principaux importateurs de cigares et de cigarettes sont : Welsch & Co , Union , 261 ; Abrahamson & Co , Union , 182 ; B. Febrero , Carabaya , 103 ; J. Mendez & Co , Huallaga, 16 . Tanneries

Alavena & Centenario , Callao , 187 ; Gagliardo

hermanos , Trujillo , 189 . Les principaux importateurs de cuirs , articles pour cordon-

-

197

niers , etc. , sont : Truel hermanos , Carabaya , 113 ; J.-J. Bonino , Union , 251 ; A. Ancachs , 32 .

Canepa ,

Huallaga , 24 ;

Gotuzzo hermanos ,

Tapis. - Ce commerce comprend également les papiers peints , parfois les fines , etc.

baguettes

dorées

pour

encadreurs ,

les

couleurs

Inurritegui & Montori , Callao , 64 ; Trefogli & Talleri ,

Ucayali , 48 ; A. Coudy & Co , Callao , 38 . Tissus . - Parmi les tissus de lin importés au Pérou , il faut principalement citer

les toiles pour la lingerie , les damassés pour

linge de table et pour literie , les coutils pour vêtements . Les importations de tissus de coton sont néanmoins beaucoup plus importantes , surtout en indiennes (zarazas) , en calicots , en cotonnade écrue , appelée ici « tocuyo , en mousselines et en tissus de fantaisie , en coutils pour vêtements , etc. Voici les principales maisons qui s'occupent du commerce des tissus Ucayali , Lampa ,

W.-R. Grace & Co , Lampa, 99 ; Graham Rowe & C°, 72 ;

Duncan Fox & Co,

Lampa,

53 ;

Harth & C°,

112 ; Ph . Ott & Co, Lampa , 116 ; Abrahamson & Co ,

Lampa , 104 ; A.-F. Ferraro & Co, Lampa , 91 ; F. Gulda & C" , Huallaga , 119 ; E. Heinemann , Lampa , 94 ; Campodonico & Blac , Lampa , 98 ; E. Knauer & Co , Carabaya , 10 ; G. Loredo, Carabaya , 36 ; J.-F. Garragori , Huallaga , 119 ; J.-F. Chivino , Huallaga , 70 ; J.-A. Cuneo , Huallaga , 107 ; Dellepiani hijos , Carabaya ; Estremaydoro hijos, Union ,

245 ;

G. Pellerano &

Co ,

Huallaga, 122 ; C. Pulazini , Huallaga , 281 ; J. Varela , Huallaga , 265 ; Glen & Co , Union , 246 ; A. Zender , Huallaga , 104 ; A. Hurtado , Huallaga, 122 . Tôles de fer, tôles ondulées galvanisées , etc. - Voir ferreterias . Tuyauterie. - Voir ferreterias .

Ustensiles de ménage.

Voir ferreterias .

Verre à vitre. (Voir aussi cristallerie) : P.-F. Roggero , Lampa , 51 ; J. Scolari, Junin , 91 .

Vins et liqueurs. (Voir aussi abarrotes) : H.-M. Beausire & C", Ucayali , 64 , Engelbrecht & Co , Lima , 19 ; P. Pie, Ucayali , 80 ; E.-W. Bayle & Co , Union , 222 ; Broggi hijos , Ica , 11 ; Company & Co , Ica , 27 ; F. Molinié, Ica , 52 ; E. Duggene , Callao , 107 ; Castagnola hermanos , Huallaga , 195 ; B. Gotuzzo , Callao , L. Lertona , Urubamba , 43 ; J. Rocatagliata, Huallaga , 131 . 13

90 ;

198 --

Voies portatives. -

Voir machines et ferreterias .

L'indication de quelques autres maisons , en pius des établisse ments commerciaux susmentionnés , ne sera pas sans utilité : Agents expéditeurs en douane ( avec succursale au Callao) : E. Berninzon & Co, Carabaya , 87 ; J.-M. Cantuarias , Ucayali, 48 ; Armangol & Co , Carabaya , 81 ; S. Gutierrez Cueto , Callao , 19 .

Arigoni & Co ,

Lampa, 86 ;

Commission et consignations : E. Ayulo & Co, Junin , 112 ; Puccio bijos & C ° , Ayacucho, 26 . Représentants de firmes industrielles étrangères : Firmin Landenne (Belge) , Junin , 36 ; Dixon & Prew, Junin , 126 ; Dawson & Co, Ucayali , 66 ; E. Wagner , Carabaya , 46 . $ 8.

Liste des principales maisons d'exportation de produits péruviens.

Les maisons suivantes , de Lima , s'occupent de presque tous les produits indistinctement : W.-R. Grace & Co , Lampa , 99 ; Graham Rowe & C , Ucayali , 72 ; Duncan Fox & Co , Lampa , 53 ; A.-F. Ferraro & Co , Lampa , 91 . Pour certains produits spéciaux , les firmes principales sont les suivantes :

Sucres. (Voir, en outre , les fabricants, page 158 ) . — A Lima : Ph . Ott & Co , Lampa , 116 ; Canevaro & hijos , Huallaga , 136 ; Aspillaga hijos , Moquegua, 15 ; E. Ayulo & Co , Junin , 112 ; E. Swain , Carabaya , 56 . Cotons . - A Lima : F. Gulda & Co , Huallaga , 119 ; H.-M. Beausire & Co, Ucayali , 64. A Piura

Duncan Fox & C° ; Seminario

hermanos . A Ica : Picaso hermanos . Laines. - A Arequipa Iriberry , Harrison & Co ; Stafford & C° ;

Gibson & C° ; J.-M. Peña ; Emmel hermanos & C ; Braillard hermanos & C° ; M. Forga é hijos . Minerais . - A Lima Banco de Londres , Mexico y Sud America ; Banco del Callao ; Backus & Johnston , Junin , 94 ; J. Gildemeister, Moquegua , 19 ; A. Garland & Co , Azangaro , 41 ; Cazorla hermanos , Ucayali , 68 . Café. A Lima : Harten & Co, Carabaya , 14 ; N.-B. Tealdo & Co, Huallaga , 163 ; J.-A. Cuneo, Huallaga , 107 ; W. Dawson, Ucayali , 66 .

199 Coca.

-

A Lima

C.-M. Schröder &

Co , Huallaga ,

140 ;

A. Plejo , Callao , 20 .

Cocaïne. (Voir les fabriques, page 161 ) .

A Lima : G. Loredo ,

Carabaya , 36 . Cuirs et peaus. A Lima : L. & P. Gagliardo & Co, Lampa, 70 ; P. Alavena , Callao , 147 ; Alavena & Centenaro , Callao , 260 ; Gotuzzo hermanos , Ancachs , 32.

S 9. Prix courant de quelques articles étrangers sur la place de Lima. Allumettes suédoises bougies . Bière . Biscuits de mer

Bougies stéariques . Briques réfractaires . Casimir Ciment



9 centavos le paquet de 10 boîtes . 20 32 sols la caisse de 48 bouteilles . de 7 à 10 sols le quintal . 35 centavos la livre.



de 80 à 90 sols le mille . de 4 à 6 sols la vare. 6.50 sols le baril de 180 livres.

Clous (pointes de Paris) . Calicot . Colonnade écrue .



8 sols le quintal . 20 centavos la vare. de 15 à 20 centavos la vare.

Couleurs préparées • Drap noir (2). Dynamite. Fer marchand Flanelle de laine .

·

de 0.80 à 1.50 sol le kilogramme. de 4 à 12 sols la vare.

Fleurets pour mines . Genièvre . · Houille Huile de lin .

1 sol le kilogramme . de 5 à 5.50 sols le quintal . 70 centavos la vare. de 11 à 25 sols le quintal . 14 sols la caisse . •

de colza Papier d'emballage . Pétrole . Poudre de chasse - de mine .



21 sols les 1,000 kilogrammes. 14 sols le quintal . 1.25 sol le gallon . de 9 à 12.50 sols le quintal. 70 centavos le gallon . de 50 à 80 sols le quintal . 26 sols le quintal .

(1) Les prix indiqués pour ces articles, de même que ceux des articles du pays , qu'on trouvera plus loin , ne sont qu'approxin atifs et sont , du reste, sujets à fluctua tions. (*) Les draps ordinaires ont la chaîne de coton . Le drap appelé chez nous grain de poudre, se vend ici de 10 à 12 sols la vare.

- 200 • •

Sacs de jute . Seaux en fer galvanisé Soude caustique. Sulfate de cuivre

de 2 à 30 sols le cent. de 7 à 7.50 sols la douzaine.

de 9 à 9.50 sols le quintal . de 18 à 20 sols • •

Tôles ondulées galvanisées . Tuyaux de plomb Verre à vitre

8 sols le quintal . de 13 à 14 sols le quintal. 10 sols la caisse de 100 pieds carrés. 20 centavos la vare.

Zaraza (rouennerie) . Zinc en feuilles

15 sols le quintal .

10. Prix courant de quelques produits du pays (à Lima) . Amidon . Anis . Blé (froment) Bougies stéariques . Cacao Casimir .

Coca, 1 qualité 3e Cocaïne . Café, de Huanuco de Chanchamayo . Coton (Egypte) (') . Cotonnade écrue (tocuyo) Cuirs, séchés ou salés . Eau-de-vie de Pisco. ·

de Locumba . Farine de froment · Flanelle de laine Haricots . Indigo . Laine de brebis . -- de lama .

·

• •

• • • •

·

de 4.50 à 5 sols le quintal . 15 sols l'arrobe (25 livres) . de 4.50 à 4.80 sols le quintal . 3J centavos la livre. de 22 à 28 sols le quintal . de 2 à 2.50 sols la vare . de 28.50 à 31.50 sols le quintal . de 20 à 22 sols le quintal . de 145 à 150 sols le kilogramme. de 22 à 28 sols le quintal . 23 sols le quintal . de 5.25 à 5.50 sols le quintal . de 15 à 20 centavos la vare. 21 centavos la livre. 5 sols l'arrobe. 1 8 15 -

• •

de 3 à 7 sols le quintal . de 60 à 70 centavos la vare. de 3.50 à 5 sols le quintal. 2.50 sols la livre .

d'alpaca . de vigogne

de 28 à 30 sols le quintal, fob Mollendo . de 28 à 3 ) de 50 à 53 de 120 à 140 sols -

Orge . Peaux de chèvre Pétrole

de 3.80 à 4 sols la fanega ( 55 ½ litres) . 2.50 sols le quintal . 1 sol la pièce. de 38 à 40 centavos le gallon.

--

Maïs .

(1) Les cotons suivent les fluctuations du marché de Liverpool .

201 ―― Pommes de terre

de 50 à 75 centavos l'arrobe.

Quinua . Riz . Sel de cuisine ·

• •

Sel gemme pour l'industrie Sucre blanc, granulé • brut . Suif. Saindoux

• •

7 sols le quintal . 13 -- le sac de 190 livres . 5 - le quintal. 2 de 5.80 à 6 sols le quintal . de 3 à 3.50

18 sols le quintal. 24 -

CHAPITRE XI .

COLONISATION . - IMMIGRATION .

X Quoiqu'il y ait une différence notable entre l'immigration dans un pays et la colonisation d'une contrée , ces deux questions ont tant de points communs qu'elles se confondent bien souvent. Je vais tâcher , cependant, de les examiner séparément. Avant d'exposer l'avenir que les classes laborieuses peuvent trouver au Pérou , je citerai quelques faits historiques , afin de faire connaître les résultats des essais de colonisation tentés antérieurement .

$ S 1.

Détails rétrospectifs .

Les conquérants du Nouveau - Monde portèrent tout d'abord leurs vues sur la richesse minière de leur nouvel empire colonial . Les bras furent enlevés à l'agriculture séculaire des régions conquises pour être appliqués aux travaux d'extraction des métaux précieux . Bien des injustices , causées par la soif de l'or , furent commises à l'égard des aborigènes . L'immortel Las Casas prit la défense des opprimés et écrivit une relation vibrante d'indignation ; mais l'éloquent plaidoyer de l'évêque de Chiapas eut des conséquences bien différentes de celles qu'il fallait en attendre . Des édits furent rendus , il est vrai , pour adoucir le sort des Indiens et remplacer ceux - ci , dans les travaux trop pénibles , par des esclaves achetés sur la côte d'Afrique ; seulement , les Indiens n'en restèrent pas moins soumis au despotisme des vainqueurs et le résultat le plus clair de la philanthropique campagne du célèbre dominicain fut qu'il y eut, en Amérique , deux races d'esclaves au lieu d'une seule, dès les premiers temps de la domination blanche . Si les

-

202

indigènes n'étaient pas esclaves de nom, ils l'étaient à peu près de fait. Race noire. -

Par les capitulations du 26 juillet 1529 , Fran-

çois Pizarre obtint l'autorisation d'introduire cinquante esclaves noirs dans les domaines qu'il allait conquérir , à la condition qu'on tiers de ce nombre fut des femmes . Ces cinquante esclaves furent les premiers qui arrivèrent au Pérou . Il serait difficile , pour ne pas dire impossible , d'établir avec exactitude le nombre de nègres amenés d'Afrique . D'après l'estimation de divers historiens , il y en avait 20,000 à la fin du XVIe siècle et 30,000 au milieu du xvII . A cette époque , l'importation des esclaves n'était autorisée que par concession spéciale du gouvernement de Madrid . A dater de 1781 , elle fut permise à tout le monde , moyennant un droit uniforme de 150 piastres par tête , sans distinction d'âge ni de sexe . Il est à supposer que la contrebande du bois d'ébène dut se faire dans des proportions gigantesques et que les recensements , avec les moyens de contrôle dont le gouvernement colonial disposait alors , durent être bien inférieurs à la réalité . Le recensement de

1795 constate

une

existence totale de

40,336 esclaves nègres ; celui de 1821 , 41,228 . La dernière cargaison officielle d'esclaves africains fut débarquée au Pérou en 1816 et vendue au prix de 600 piastres par homme valide . M. Alejandro Garland évalue à 95,000 le nombre total de nègres introduits au Pérou , depuis 1532 jusqu'en 1816. Ce nombre comprend les hommes, les femmes et les enfants .

C'était bien peu pour remplacer les Indiens dont la colonie s'était si rapidement dépeuplée ; et pourtant, les nègres sont d'une race si forte, qui s'acclimatait si bien sur la côte où ils étaient exclusivement employés , qu'on leur appliquait plaisamment le los negros no se mueren sino cuando los ahordicton suivant : can » ( les nègres ne meurent que quand on les pend) (' ) . Un décret du général San Martin , du 24 novembre 1821 , avait proclamé la liberté des futurs enfants des esclaves et celle des noirs qui arriveraient ultérieurement dans le pays . Un décret du 18 mai 1835 permit de nouveau l'introduction d'esclaves noirs , à la condition qu'ils fussent nés en Amérique . A l'abri de ce décret, (1 ) JUAN DE ARONA . La immigracion en el Perú. Lima 1891 .

203

on en importa un assez grand nombre , principalement de la Nouvelle -Grenade ; mais ce trafic donna lieu à des abus et fut promptement abandonné . L'esclavage ne fut définitivement aboli au Pérou qu'en 1854 . Pendant un certain temps après l'émancipation , les nègres se livrèrent, dans les campagnes , à des déprédations et à des excès de tous genres . Quoique , sous ce rapport , tout soit depuis longtemps rentré dans l'ordre , la population noire , qui s'est fixée de préfé rence dans les villes , n'apporte qu'un faible contingent à l'activité nationale. Depuis qu'il est devenu libre , le nègre a beaucoup changé à son désavantage . De bon , soumis et dévoué qu'il était autrefois , il est devenu , à part certaines exceptions très méritoires, difficile à conduire et sacrifiant tout à ses plaisirs . Actuellement , les descendants de la race noire , y compris ceux de sang mêlé, représentent environ un trente-troisième de la population totale. Les nègres , les mulâtres et les zambos d'aujourd'hui ne travaillent plus guère à l'agriculture ; ils préfèrent être domestiques , cochers , charretiers , ou exercer le métier de charpentier, maçon , forgeron , etc.

Race jaune . accordant à

Le 17 novembre 1849 , le Congrès vota une loi tout introducteur de colons une subvention de

30 piastres par sujet de 10 à 40 ans . Les premiers qui bénéficièrent de cette loi furent, par effet rétroactif, les importateurs de 75 Chinois arrivés au Callao le 15 octobre précédent . Ces premiers asiatiques furent bientôt suivis de beaucoup d'autres . Par suite du mauvais résultat de l'introduction de

colons

européens, dont je parlerai plus loin , la loi du 17 novembre 1849 fut rapportée le 17 novembre 1853. Les arrivages de Chinois , à raison de 30 piastres par tête, continuèrent néanmoins , en vertu de contrats passés entre le gouvernement et des particuliers . Ces coolies étaient enrôlés à Macao , par des agents d'émigration portugais , pour un terme de huit années . Ils s'engageaient a servir dans tout travail qui leur serait commandé, à l'exclusion de l'extraction du guano , pour un salaire de 4 piastres par mois , plus le logement, la nourriture , les vêtements et les soins médicaux . Au Pérou , les trafiquants ne les cédaient aux planteurs que moyennant la somme de 500 piastres par colon . Or , à cette

-

204 -

époque, la piastre péruvienne valait encore 5 francs . L'importateur touchait, par conséquent , 530 piastres , avec la prime , soit 2,650 francs par homme, somme que le voyage et autres frais, y compris le

déchet » , étaient loin de représenter . C'était donc une bonne affaire ; d'autant meilleure que les acheteurs se disputaient la marchandise et que les cargaisons étaient presque tou-

jours vendues à flot , tant la disette de l' « article » était grande . Le planteurs calculaient que la journée d'un Chinois , qu'ils faisaient travailler pendant douze heures , leur coûtait 0.70 piastre . Ils établissaient ce calcul de la façon suivante : Piastres . 62.50 25.00 48.00 36.50 6.00 25.00

Montant du contrat , 500 piastres pour huit ans, soit par an . Intérêts moyens , par an · Salaire, 4 piastres par mois , par an Aliments , riz , etc. , 0.10 piastre par jour, par an . Deux costumes par an . ·

·

Pertes par mortalité , 5 p . c . Soins médicaux, etc. , par an ·

7.00 Total annuel .



210.00

Ce qui fait bien 0.70 piastre par jour , en supposant 300 jours ouvrables pendant l'année . Les coolies ont été fort décriés . On leur reproche de grands défauts et des mœurs déplorables ; mais , à côté de cela , ils ont des qualités précieuses , et M. Juan de Arona , dans l'intéressante étude haut, les défend chaleureusement . L'opinion de M. de Arona m'a , du reste , été confirmée par plusieurs planteurs.

citée plus

Tous s'accordent à dire que l'immigration chinoise est la seule qui ait pu , jusqu'à présent , exercer une influence appréciable sur l'agriculture et pris fin.

qu'il est

regrettable que ce mouvement ait

Dans le mémoire déjà cité au chapitre de l'agriculture , mémoire qui peut être considéré comme un document semi-officiel , M. J.-B. Martinet , qui avait longuement étudié la question agricole au Pérou , s'exprime en ces termes au sujet des coolies : Cette immigration , personne ne le met en doute, a rendu et

rend encore de grands services à l'agriculture ; malheureusement , la législation péruvienne et la manière même dont on engageait les Chinois , ainsi que les soins que l'administration apportait à la fidèle observation des contrats , ne garantissaient pas assez les

205

malheureux coolies contre les mauvais traitements que quelques agriculteurs, peu consciencieux , pouvaient leur infliger. Il y eut abus . Les Chinois devinrent coupables , tant sous l'influence de leurs vices que par suite des mauvais procédés auxquels eurent recours certains patrons à leur égard ; quelques propriétaires de coolies s'érigèrent en magistrats et la balance de la Justice passa entre les mains d'un certain nombre, se traduisant en fouet qu'ils appliquèrent vigoureusement sur les reins des Chinois , ou en chaînes qu'ils rivèrent solidement à leurs pieds . Certaines haciendas devinrent de petits bagnes , où les cris des torturés et le bruit lugubre des chaînes frappaient désagréablement l'oreille de tons ceux dont la philanthropie applaudit résolument à la marche de notre époque , qui est certainement une époque de progrès , de lumière et de justice , s'il en fut . De leur côté , les Chinois réagissaient contre la sévérité du propriétaire , soit en prenant la fuite quand ils le pouvaient, soit en se livrant à des actes de sauvage férocité dont les suites étaient l'assassinat du patlon » et des majordomes nègres qui , pour la plupart , élevés sous le fouet de l'esclavage , voyaient passer , avec plaisir et par ricochet, les coups de bâton , dont on avait caressé leurs épaules , sur celles d'un autre , soumis à leurs ordres et qu'ils considéraient avec un souverain mépris , proportionné au degré de supériorité que leur sotte vanité leur faisait s'arroger sur lui . ¢ La vengeance des Chinois s'étendait aussi , et malheureuse-

ment, aux populations voisines dont ils n'avaient pas à se plaindre et dans le seul but de voler et d'assassiner au besoin . Loin de nous l'idée de dire que les Chinois ne se rendent pas coupables de fautes graves , qu'ils ne volent pas, qu'ils ne font pas les malades pour ne point travailler, qu'ils ne cherchent pas à fuir et à se délier ainsi du contrat qu'ils ont signé avec l'agriculteur . Néanmoins , les mauvais traitements dont ils sont l'objet quelquefois et que tout le monde , au Pérou , connait plus ou moins , n'en restent pas moins en dehors des actes légaux . « Heureusement , les faits que nous rapportons ne sont pas universels ; dans plusieurs des haciendas qu'il nous a été permis de visiter fréquemment, durant notre séjour au Pérou , nous avons remarqué que les Chinois étaient bien traités, qu'on les payait régulièrement, qu'ils étaient commodément abrités et convenablement soignés en cas de maladie , qu'on ne leur refusait pas la

206 nourriture nécessaire et même qu'on leur accordait un supplément soit en aliments, soit en eau -de -vie , soit en argent, chaque fois qu'ils devaient se livrer à un travail plus fort que de coutume ou non stipulé dans le contrat. Dans de telles haciendas , les Chinois ne se révoltent pas ; ils se conduisent comme de fidèles serviteurs qui embrassent les intérêts de leur patron . Nous avons été plusieurs fois témoin de faits qui montrent tout ce qu'on peut obtenir du Chinois quand on le traite avec douceur et avec justice . » Le 27 décembre 1873 , le gouvernement portugais de Macao publia un décret prohibant l'émigration des Chinois par ce port. Il faut croire que cette disposition fut motivée par les nombreuses plaintes des coolies arrivés au Pérou , tant à cause du traitement reçu pendant le voyage que de celui qui leur était réservé dans certaines haciendas .

Quoique la question des mauvais traitements à bord ait été démentie par un rapport officiel , il n'en est pas moins prouvé que la mortalité , pendant la traversée qui était de 100 à 120 jours , atteignait parfois des proportions effrayantes . La statistique de l'immigration chinoise est la suivante : ANNÉES.

Du 15 octobre 1849 au 31 juillet 1853 . Du 1er août 1853 au 31 décembre 1859. 1860 . 1861 . 1862. 1863 . 1864. 1865. 1866. 1867 . 1868 . 1869.

Morts Chinois pendant embarqués . la traversée. >> >> >> • 59 2,007

• ·

1870 . 1871 . 1872. 1873 . 1874 .

1,860 1,726

420 718

2,301 7,010

673 600 254

4,794 6,543

2,400 4,732



3,066 7,917 12,526 14,505

7,303 3,939

614 216

2,441 10,000 (') 1,413 1,440

1,008 1,628 6,410 4,540 5,929 2,184

466 75 373 741

11,812

1,114 732 114

13,391 6,571 3,825

Total . (1) Approximativement.

Débarqués au Callao.

4,266 2,991 7,544

87,393



207 ―

Comme on le voit, la mortalité en cours de voyage , pendant l'année 1862 , fut en moyenne de plus de 40 p . c . Le dernier arrivage de colons chinois fut celui de la « Lola » , le 2 juillet 1874 , avec 369 coolies . Pour réparer le tort que la mesure des autorités de Macao faisait à l'agriculture, le gouvernement péruvien entama des négociations directes avec celui du Céleste- Empire . Un traité de paix , d'amitié , de commerce et de navigation , entre les deux Puissances , fut ratifié à Tientsin le 7 août 1875 . En vertu de ce traité , qui autorisait l'émigration des Chinois vers le Péron , le gouvernement péruvien passa , en avril 1877 , un contrat avec une maison de Hong- Kong , qui s'engageait à établir une ligne directe de vapeurs pour le transport des émigrants. Le ou les vapeurs de cette ligne devaient faire vingt-huit voyages complets en cinq années, moyennant une subvention. annuelle de 160,000 sols, et devaient amener , à chaque voyage, un minimum de 1,000 coolies, à raison de 90 sols par émigrant, comme prix de passage . Le premier vapeur affecté au transport des colons chinois , conformément au contrat susdit, était prêt à quitter le port de HongKong, en décembre 1877 , lorsque l'embarquement des coolies fut interdit par les autorités anglaises . L'année d'après , en octobre, un nouvel essai , tenté à Canton , subit le même sort . La guerre qui survint l'année suivante , entre le Pérou et le Chili , suspendit tous ces projets et l'immigration chinoise ne fut plus reprise depuis .

Des 87,000

Chinois

venus

au

Pérou ,

il en reste encore

environ 30,000 , dont 7,000 dans le département de Lima . Leurs contrats primitifs étant expirés depuis longtemps , ils sont tous absolument libres. Ceux qui sont restés dans les haciendas sont employés de préférence à l'intérieur des usines , où ils sont très appréciés comme maîtres-sucriers , mécaniciens , conducteurs d'appareils, etc. , travail pour lequel ils ont plus d'aptitudes que pour celui des champs . En matière d'irrigation , cependant , on les dit fort habiles . Les Chinois qui sont allés habiter les villes y exercent leur métier favori de cuisinier . Lima en compte un certain nombre qui se sont presque tous établis aux abords du marché . Ils y tiennent des gargotes , des échoppes , des épiceries ; sont blanchisseurs , ébénistes , etc. Beaucoup se sont coupé la

- 208

tresse, c'est à dire qu'ils se sont convertis au christianisme . Ceux qui ont épousé des femmes du pays passent pour être de bons pères de famille . En plus des anciens colons , il y a des négociants chinois qui sont venus s'établir à Lima et qui y ont des magasins importants pour la vente des produits de leur pays : thé , porcelaines , soieries , laques , bronzes , etc. Pour terminer ce chapitre , je rappellerai l'exclamation d'un auteur péruvien : « Qu'arrivera- t- il de l'agriculture de la Costa le jour où on ne pourra plus compter sur les Chinois ? Cette sombre menace pour l'avenir ne passe certainement pas inaperçue, et nos capitalistes doivent y puiser un stimulant suffisant pour s'efforcer de repeupler la côte ( ' ) . »

Race polynésienne .

En 1862 , le gouvernement péruvien ,

toujours désireux de procurer des bras à l'agriculture , accorda des concessions spéciales à quelques particuliers pour l'introduction. d'indigènes d'Hawaï et d'autres îles de la Polynésie . Il en fut importé environ 750 , qui moururent en grand nombre et en peu de temps . L'importation des Canaques (on les désignait ici sous ce nom) donna lieu à de tels abus et à tant de récriminations , que le gouvernement ,

justement

alarmé ,

la

défendit

absolument ,

en

avril 1863 , et oblige a plusieurs navires, arrivés postérieurement , à retourner en Océanie avec leur cargaison humaine .

Il prit

même le parti de racheter ce qui restait de ces malheureux , au prix de 50 piastres par tête , et de les rapatrier. Le mémoire de M. Ignacio Noboa , ministre des finances en 1864 , nous apprend que l'État dépensa , de ce chef, 68,038 piastres . Race hindoue.

En 1877 , le gouvernement péruvien signa un

contrat avec un particulier pour l'introduction de colons origi naires des Indes anglaises ; mais l'affaire n'eut aucune suite , le gouvernement anglais n'ayant pas accordé au concessionnaire l'autorisation d'embaucher des émigrants dans l'Hindoustan .

Race blanche. Allemands . - Vers l'année 1851 , un spécula . teur parvint à attirer au Pérou 1,096 colons allemands. Les résul tats de l'entreprise furent négatifs et , au bout de peu de temps , ces ( ¹ ) LUS ESTEVES . Apuntes para la Historia Economica del Perú . Lima 1882 .

209

colons , réduits à la plus affreuse misère , imploraient la charité dans les rues de Lima. En 1855 , un Allemand s'engagea , par contrat avec le gouvernement péruvien , à amener, en six ans , un minimum de 10,000 colons de son pays . Le Pérou devait payer les frais de voyage et subvenir aux premiers besoins des colons . Chaque individu âgé de plus de 15 ans devait recevoir un subside de 30 piastres. De plus , l'organisateur de la colonie devait toucher un traitement de 2,400 piastres par an et être mis en possession de 140 lieues carrées de terres , pour l'établissement des émigrants . Le premier et unique convoi de ces colons s'embarqua , à Anvers , le 26 mai 1857 , et se composait de 302 individus , dont un tiers d'Allemands du Rhin et deux tiers du Tyrol. A leur arrivée , ces gens furent envoyés au Pozuzo (département de Huanuco ) . Le contrat susdit en resta là ; mais la colonie finit par progresser et mérite qu'il en soit dit quelques mots . Les débuts furent très pénibles et l'État dut aider la colonie d'un subside de 1,000 piastres par mois . Établie dans la région transandine , entre les rivières du Pozuzo et du Huancabamba , dans une belle vallée très salubre et excessivement fertile , elle n'avait d'autre défaut que d'être entièrement isolée et sans communication avec le reste du pays . En 1860 , elle couvrait déjà aisément ses besoins et le Congrès supprima le subside qui lui avait été alloué . Elle produisait alors du riz, du sucre , du café , de la coca , des céréales et de la volaille en abondance . Un autre

contratista » s'engagea, en 1867 , à amener , dans un

délai de sept ans , 5,000 colons allemands destinés à aller grossir la colonie du Pozuzo . Le premier convoi , qui ne fut suivi d'aucun autre en vertu de ce contrat, arriva an Callao en 1868 et se composait de 315 personnes . L'embarquement s'était effectué à Anvers également . Des 321 personnes qu'il y avait eu au départ , 14 étaient mortes pendant la traversée , mais 8 enfants avaient vu le jour à bord . Ces nouveaux colons furent dirigés vers le Pozuzo , conformément au plan arrêté . En exécution des instructions du gouvernement, le gouverneur

du district envoya à Lima , en 1888 , un rapport sur la situation de la colonie . Elle comptait , à cette époque, 565 habitants , dont 299 hommes et 266 femmes, habitant des maisons spacieuses , propres et bien construites . Du 1er janvier 1880 au 25 août 1888 ,

210 les naissances avaient été de 101 garçons et de 112 filles ; les décès de 63 hommes et de 46 femmes . La colonie possédait une école et un prêtre , le vénérable Père Joseph Egg, qui est arrivé avec les premiers colons et qui a plus de 80 ans aujourd'hui . Le Père Egg est l'idole de ce petit peuple , qui s'est conservé pur , avec sa langue et ses coutumes , dans ces parages lointains . C'est grâce surtout à leur pasteur que les colons purent surmonter les difficultés et le découragement des premiers jours . D'après les informations que j'ai pu obtenir ici , ces braves gens vivent heureux . Ils sont moins isolés qu'auparavant, produisent plus qu'il ne faut pour leurs besoins et mènent une existence tranquille et véritablement patriarcale . La région de l'Amazone ne fut pas oubliée dans les projets de colonisation allemande ; 20,000 émigrants devaient aller s'y établir sous la conduite d'un de leurs compatriotes ; mais les premiers arrivés , sur lesquels je ne possède que des données fort incomplètes , coûtèrent beaucoup d'argent à la nation , sans aucun résultat favorable , et l'entreprise fut abandonnée . Enfin , en novembre 1890 , le Congrès vota une loi autorisant le Pouvoir exécutif à consacrer 10,000 sols aux frais de voyage et de première installation d'un minimum de

30 familles alle-

mandes, qui devaient aller rejoindre la colonie du Pozuzo . Le voyage de ces 30 familles devait s'effectuer directement d'Europe à Iquitos , sur l'Amazone . J'ignore si cette loi a été suivie d'exécution . Irlandais .

En même temps que les 1,096 premiers colons

allemands dont il a été parlé plus haut, il arriva au Pérou , en 1851 , 320 Irlandais dont le sort ne fut pas plus heureux . Un docteur anglais s'engagea par contrat, en 1859 , à amener 25,000 colons irlandais . Chacun d'eux devait recevoir un certain nombre d'hectares de terrain et les frais de voyage devaient être à la charge du gouvernement péruvien . Ce contrat resta sans effet.

Espagnols . - Le gouvernement péruvien accorda une concession , en 1859 , pour l'introduction de 10,000 Espagnols , soit de la péninsule , soit des îles Baléares ou des Canaries . Ils devaient être âgés de 16 à 40 ans et être aptes aux travaux agricoles . En arrivant au Callao , ces colons devaient être cédés pour cinq ans

211 --

à des planteurs , comme cela se pratiquait avec les Chinois à la même époque , et le contratista devait recevoir un subside de 30 piastres par individu . Ce contrat n'eut aucune suite . En 1860 ,

un

autre

contrat amena sur la côte du Pérou

58 familles composées de 300 Basques , presque tous de Gui. puzcoa . Les autorités de la province ayant montré une certaine. opposition aux projets de l'agent de cette émigration , les 58 familles , afin d'éviter toute difficulté avec le gouvernement de leur pays , allèrent s'embarquer à Bordeaux . Ces colons étaient destinés à la grande hacienda de Talambo , appartenant à une riche famille péruvienne . Ils étaient engagés pour huit ans ; devaient être logés et nourris , et devaient gagner un salaire de 1 sol par mois , au-dessous de 12 ans , et de 2 sols, passé cet âge . En plus de cela , des terres devaient leur être assignées afin qu'ils pussent cultiver le coton pour leur propre compte, moyennant une redevance au propriétaire . Ce n'étaient donc plus des colons mercenaires , comme tant d'autres ; c'étaient de véritables métayers . Par suite de désagréments dont je ne connais pas les causes , la bonne intelligence entre le propriétaire et les colons ne se maintint pas longtemps . Au bout de trois ans le mécontentement réci proque était arrivé à son comble et le maître en vint un jour aux mains avec un des Espagnols . Cet incident mit le feu aux poudres . Les serviteurs péruviens se réunirent pour venger leur maître . Le choc entre Basques et Cholos se produisit le 4 août 1863. Ce fut une journée sanglante qui eut un retentissement énorme dans le pays et à l'étranger . Il y eut beaucoup de blessés , des Espagnols tués , et chacun sait que cette déplorable affaire fut une des causes des hostilités que le Pérou eut à soutenir peu après avec l'Espagne . Tel fut le résultat , regrettable à tous les points de vue , de cet essai de colonisation rationnelle, établie dans des conditions qui ne peuvent être considérées comme étant les plus favorables à l'agriculture, mais qui étaient néanmoins beaucoup plus équitables que tant d'autres et qui avaient fait naître , de part et d'autre, de si brillantes espérances . Italiens. -

Pendant les années 1874 et 1875 , il y eut un

courant d'immigration italienne

assez prononcé ;

nais, à part

150 Napolitains qui furent envoyés à Ica en 1875 , je ne sache pas

212 -

qu'il ait été créé des entreprises de colonisation composées uniquement d'Italiens . La colonie italienne est de beaucoup la plus nombreuse au Pérou . Elle compte des banquiers et des négociants qui occupent une situation prépondérante à Lima et dans le reste du pays . Elle comprend aussi un grand nombre de membres qui s'occupent d'art et de professions libérales . Les Italiens des classes inférieures exercent un métier ou s'adonnent à la culture maraîchère , dans laquelle ils excellent .

$ 2.

- Situation actuelle . - Législation.

Ce qui vient d'être exposé est le résumé des entreprises de colonisation les plus importantes . A côté de celles-là , il y en a eu beaucoup d'autres qui ont coûté plus ou moins cher à la nation et qui ont plus ou moins bien réussi .

De nos jours, tout l'élan se porte vers la vallée du Chanchamayo, que l'achèvement du chemin de fer de la Oroya a rendue plus accessible et où de nombreuses petites colonies se sont déjà établies avec succès . Les bords du Perené , où la Peruvian corporation cède des terres à raison d'une livre sterling l'hectare , jouissent de la même faveur . La colonisation et l'immigration sont actuellement régies par la loi du 28 avril 1873 et par celle du 14 octobre 1893. La première autorise le pouvoir exécutif à consacrer annuellement 100,000 sols à l'introduction de colons européens . La seconde mérite d'être citée en entier . En voici le texte : Le Congrès de la république péruvienne , considérant

que les

richesses naturelles de la république demandent , pour être dûment exploitées , un système d'immigration qui attire des bras et des capitaux vers son territoire , a édicté la loi suivante : ARTICLE PREMIER . L'État protège et encourage l'immigration . ART . 2. Sont immigrants :

1 Les étrangers de race blanche, âgés de moins de 60 ans , qui arrivent dans la république pour s'y établir et qui se conforment aux dispositions de la présente loi en présentant aux autorités désignées par le gouvernement un certificat délivré par un consul ou un agent du Pérou à l'étranger, concernant leur moralité et le métier ou la profession qu'ils exercent ;

213

2. Les colons qui , réunissant les conditions indiquées dans le paragraphe précédent , sont spécialement engagés pour aller résider dans un endroit déterminé de la république . ART. 3. Les immigrants ont droit : 1º A être logés et nourris aux frais de la nation pendant les sept jours qui suivent leur arrivée ; 2º A introduire , libres de tout droit fiscal , des objets d'usage per-

sonnel , des vêtements, des meubles de service domestique, une arme de chasse , des instruments agricoles, des outils de l'art ou du métier exercé par l'immigrant, dans une proportion qui sera fixée par le gouvernement . ART. 4. En plus des concessions

accordées par l'article qui

précède , les colons auront encore droit à ce qui suit : 1° Au passage en 3 classe sur les navires qui doivent les amener au Pérou ; 2º A un certain nombre d'hectares de terres que le gouverne-

ment désignera dans la région à coloniser ; 3º A être transportés, aux frais de l'État , depuis le point de débarquement ou de logement jusqu'à la colonie ; 4° A être entretenus , dans la colonie, aux frais de la nation , pendant trois mois ; 5º A l'exemption de tout impôt direct pendant cinq ans ; 6º A recevoir , une seule fois , les instruments agricoles et les outils désignés par le gouvernement . ART . 5. Le gouvernement peut passer des contrats en Europe pour la colonisation des endroits qu'il juge convenables . ART. 6. La direction des travaux publics est chargée d'encourager l'immigration et la colonisation . ART . 7. Il est créé dans la capitale de la république , une Junte centrale d'immigration et de colonisation , composée de vingtcinq membres nommés par le gouvernement et chargés de provoquer, d'encourager et d'étendre l'immigration et la colonisation dans le territoire national . ART . 8. La junte centrale peut organiser des juntes auxiliaires d'immigration et de colonisation dans les chefs-lieux de province et dans les districts où elle le jugera convenable . ART . 9. La même junte dressera le règlement de son organisation et de ses attributions et le soumettra à l'approbation du gou-

14

214

vernement . Elle élaborera également les règlements des juntes qui se trouveront sous sa dépendance . ART. 10. La charge de membre de la junte centrale de colonisation et d'immigration est gratuite et obligatoire ; sa durée est de quatre ans et il ne peut y être renoncé que pour cause justifiée et dûment prouvée . Les juntes se renouvelleront par moitié tous les deux ans. Les membres sortants au premier renouvellement seront désignés par le sort ; les renouvellements suivants seront faits conformément à la loi. ART. 11. La junte centrale de colonisation et d'immigration présentera chaque année au gouvernement, et toutes les fois que celui- ci le demandera , un mémoire relatif aux conditions et aux besoins des différents centres de colonisation , avec les données et les informations fournies par les juntes de province au sujet des industries existantes ou à créer, des salaires , du climat et autres questions ayant trait à la colonisation . ART. 12. Les mêmes juntes sont autorisées à prendre l'initiative mentionnée à l'article 17 de la loi de décentralisation fiscale , en tout ce qui concerne le service et les mesures les plus efficaces pour protéger les immigrants et coloniser le territoire . ART. 13. Le gouvernement nommera les commissions techniques nécessaires pour l'étude et le développement de la colonisation . ART . 14. Les consuls généraux de la république à l'étranger établiront , dans leurs chancelleries , des bureaux d'informations dans le but de faire connaître les avantages de l'émigration vers le territoire de la république . ART. 15. En attendant que les locaux destinés à recevoir les colons soient établis , le Pouvoir exécutif est autorisé à pourvoir à l'entretien des immigrants, à raison de 60 centavos par jour pour les adultes , et de 30 centavos pour les enfants de moins de 12 ans. ART . 16. Les immigrants arrivés aux Pérou en vertu de la loi du 23 novembre 1889 , pour la colonisation et le prolongement de la ligne de chemin de fer de la Oroya , ne sont pas admis à bénéficier de la présente loi . Cette loi du 14 octobre 1893 est , comme on le voit , une loi de colonisation bien plus que d'immigration . Du¸reste , les événe-

215 -

ments politiques qui se sont produits depuis sa promulgation n'en ont pas encore permis la complète application . La junte centrale sur laquelle elle repose n'est pas encore constituée .

Avant d'aller plus loin , je donnerai quelques renseignements à l'usage de ceux qui , à la tête de quelques capitaux , viendraient ici pour acquérir des terres et les faire fructifier. Le territoire du Pérou est divisé en

baldios » ou terres appar-

tenant à la nation , en propriétés municipales et en propriétés privées . On devient propriétaire d'un baldio par contrat de colonisation , par concession spéciale ou par achat au gouvernement . Anciennement , l'État aliénait gratuitement la propriété d'une certaine étendue de terres en faveur de quiconque s'engageait à y établir une colonie étrangère . Cette libéralité , parfois poussée trop loin , a donné lieu à beaucoup de mécomptes ; aussi , les concessions de ce genre sont - elles plus restreintes aujourd'hui . Dans les contrats d'établissement d'une ligne de chemin de fer , d'une

oute , d'un pont, d'une industrie nouvelle , etc. , l'État cède

quelquefois , à titre gratuit, une certaine étendue de terrain à l'entreprise. Le prix d'achat des terrains nationaux n'est pas encore bien fixé . Il varie selon l'endroit et la nature du sol . Un récent projet de loi limite la valeur maxima de l'hectare à 10 sols . Il est à souhaiter que ce maximum ne soit pas dépassé . Le Pérou a d'immenses étendues de territoire dont il ne pourra tirer parti que par la colonisation , et ce n'est pas en leur fxant une valeur trop élevée qu'il y attirera les colons . Il y a , cependant, à se prémunir contre l'accaparement de certains spéculateurs , qui se rendent maîtres d'immenses domaines , dans les meilleurs endroits, sur les deux rives d'un cours d'eau par exemple, et qui tiennent ensuite la dragée haute à tous ceux qui font mine de vouloir s'y établir . Le Mexique , pour obvier à cet inconvénient , qui est un mal pour tous, a promulgué depuis longtemps une loi par laquelle il est interdit d'adjuger plus de 1,000 hectares de terrains nationaux à un seul et même individu .

Les propriétés municipales sont celles qui entourent les villes et les villages dans un certain rayon . Ces terres sont inaliénables et ne peuvent même pas être mises en location . Il ne peut donc être question de s'y installer .

216 -

Reste l'acquisition des propriétés privées . Il est impossible d'en signaler le prix , qui dépend d'une foule de circonstances . La question la plus importante, dans ces sortes d'achats , est celle des titres de propriété . L'acquéreur ne pourrait, sous ce rapport , s'entourer de trop de précautions . Que de fois n'arrive-t-il pas qu'après avoir acheté et payé un terrain , alors qu'on s'y croit bien chez soi , on reçoit la notification d'un voisin qui prétend que ses terres ont été envahies et qui le prouve par des titres parfaitement en règle . La suite est facile à prévoir : procès long et dispendieux , ou transaction toujours onéreuse . On se demandera comment il peut se faire qu'un terrain appar-

tienne à deux

propriétaires différents .

Tout simplement par

erreur, par ignorance , par négligence ou par mauvaise foi dans les anciens arpentages . Les abus ont été si criants , les procès si nombreux , que le gouvernement , pour y mettre un terme , s'est vu dans le cas d'obliger, par décret du 19 septembre 1896 , tout propriétaire de terrain dans la Montaña à faire revalider ses titres , dans le délai de six mois . Cette mesure est un véritable sculagement , que la formation projetée d'un cadastre rendra encore plus sensible . L'achat d'un immeuble quelconque est soumis à l' « alcabala » , impôt de 2 p . c . sur le montant de la vente. La contribution foncière est de 5 p . c . du produit annuel de la propriété, diminué de 20 p . c . , ce qui équivaut à 4 p . c . du revenu . Ce n'est qu'à titre d'informations éventuelles que je viens de donner quelques détails sur l'acquisition des terres ; car il semble peu probable que des émigrants, porteurs de ressources suffisantes , viennent ici dans le but d'y devenir immédiatement propriétaires . On ne pourrait le leur conseiller dans un pays tout nouveau pour eux . Il vaut mieux qu'ils fassent partie d'une entreprise de colonisation , composée d'un certain nombre d'individus . Les tracas inhérents aux débuts , et d'où naît l'expérience, sont moins pénibles quand on est plusieurs à les supporter . En ce qui concerne les entreprises de colonisation , je crois pouvoir assurer que le gouvernement péruvien examinerait on ne peut

plus favorablement toute proposition

sérieuse ;

le

mot

sérieuse n'est pas de trop . L'expérience a malheureusement prouvé que la plupart des concessions antérieurement accordées, à des

217 -

étrangers aussi bien qu'à des Péruviens , n'ont pas été suivies d'effets ou que, lorsqu'elles ont reçu un commencement d'exécution , elles ont créé des ennuis sans nombre à l'État , aux colons et à tout le monde , excepté peut-être à l ' « impresario » . Ce dernier, en effet , n'avait pas grand'chose à perdre . Muni de son contrat , il enrôlait son monde , sans trop de scrupules , et touchait sa prime , à tant par tête . Le choix des individus convenant plus particulièrement à l'endroit à coloniser était un détail pour lui ; le sort des colons , une considération négligeable . Ce n'est , d'ailleurs , pas seulement ici que des cas de ce genre se sont présentés . Aucun particulier ne se dévouera au point d'assumer les tracas de toute espèce qu'entraîne la colonisation , pour le seul plaisir de procurer des bras au Pérou on du travail aux émigrants des autres nations ; mais il ne faut pas que ce qui est une juste rémunération devienne une spéculation injustifiable , une espèce d'exploitation humaine . Le gouvernement péruvien a déjà fait d'énormes dépenses pour attirer des colons ; et si ses efforts n'ont pas été plus fructueux , c'est en grande partie aux abus des

contratistas » que le mal

est imputable . D'autres raisons , dont les unes sont tout à fait naturelles , font également obstacle à la réalisation de l'œuvre colonisatrice . La grande distance qui sépare le Pérou de l'Europe , le détour et la longue navigation qu'il faut faire pour y arriver , sont des circonstances défavorables . Pour se repeupler , le Pérou devra s'imposer de lourds sacrifices . Les sacrifices d'argent , toutefois , seront insuffisants , quelle qu'en soit l'importance , s'ils ne sont accompagnés de mesures organisatrices . Les petites entreprises partielles sont inefficaces . Il faut un système d'ensemble bien mûri ; il faut l'application d'une loi comme celle de 1893 ; il faut un service spécial de colonisation , tel que l'ont institué les pays qui ont demandé aux populations européennes les bras dont ils avaient besoin ; il faut surtout et avant tout que le colon ne soit pas abandonné à lui - même dans une forêt vierge ou au fond d'un désert . C'est dans cet ordre d'idées , sans aucun doute , que le consul général du Pérou à Londres , M. Federico Alfonso Pezet , écrivit à la Société géographique de Lima une lettre qui fut publiée dans le Bulletin de ladite Société , n° du 30 septembre 1894 , sous le

218

titre de Étude de la colonisation du Pérou, au point de vue pratique . Je vais reproduire les principaux passages de cette intéressante lettre. Après quelques considérations générales sur l'impartialité qui doit présider à l'étude de la grave question de la colonisation de la région de la Montaña et après avoir constaté les inconvénients de la situation géographique du Pérou , comparativement à celle des autres pays de productions similaires , M. Pezet dit : « Pour que la colonisation soit bienfaisante et donne des résultats capables d'assurer l'avenir du pays , il faut lui donner des facilités , facilités qui ne s'acquièrent pas par le simple fait d'édicter des lois libérales . Pour y arriver , il ne suffit pas de l'action des législateurs et des gouvernants , il faut que les lois et les décrets soient tels que , mis à exécution , ils donnent les résultats désirés ; autrement , ils causent plus de mal que de bien . En effet , d'après la dernière loi d'immigration et de colonisation (la loi du 14 octobre 1893) , on serait porté à croire que le Pérou est préparé à recevoir des colons . Est - ce bien exact ? A mon avis , non , et, par conséquent, je croirais mal agir si , en ma qualité de fonctionnaire consulaire et en vertu de ladite loi , j'envoyais aujourd'hui chez nous une quarantaine de familles . Je croirais, je crois , que, loin de faire du bien à mon pays , je lui ferais un mal qui retarderait de longtemps la réalisation du problème vital que nous poursuivons tous . Où le Pérou enverrait - il ces colons ? Par quelle voie les introduirait - il ? On me répondra que sur les bords du Pichis , de l'Ucayali , du Mayro , du Tambo et d'une infinité d'autres rivières , il existe des territoires très riches , propres à l'agriculture et où l'on pourrait fonder une colonie . Je ne doute pas qu'il y ait des gens qui argumentent ainsi ; mais cela n'est pas pratique , et si l'idée était mise à exécution , on verrait se reproduire ce qui est arrivé à une autre époque , lorsque les colonies du Pozuzo et du Chanchamayo furent établies , bien plus par enthousiasme et ardeur patriotique que par un bon sens pratique . Et il faut reconnaître que l'insuccès de la colonisation d'alors était dû aux causes dont on ne tient pas plus compte aujourd'hui . Beaucoup diront que les circonstances ont changé complètement depuis lors ; qu'il existe à présent une voie ferrée, qui va de

219 --

la côte à la Oroya et par laquelle la Montaña est rapprochée du littoral et des marchés consommateurs ; que, de plus , les villes de la Sierra ont gagné en importance commerciale et qu'il n'arrivera plus maintenant que les colons ne sachent que faire de leurs produits. L'achèvement du chemin de fer central jusqu'à la Oroya n'offre , selon moi , aucun avantage à la colonisation ; car ce n'est certainement pas par la voie du Pacifique que le Pérou doit chercher la sortie de ses produits de l'Est, d'autant plus que les produits exportés par cette voie ne pourraient pas entrer en lutte , sur les marchés consommateurs, avec ceux des autres pays , à cause des énormes frais de transport par terre et par mer qu'ils auraient à supporter . Le chemin de fer, tel qu'il a été tracé, constitue une erreur complète et une preuve palpable de ce manque de sens pratique qui paraît avoir été notre patrimoine .

Il est pénible d'avouer que , dans la question des chemins de fer, on nous a traités comme des enfants mal élevés et présomptueux (chiquillos

malcriados y engreidos) .

Nous avons voulu

avoir des voies ferrées et nous avons payé cette satisfaction de notre sang et de notre avenir . Si , au lieu d'une ligne qui , commercialement, ne rapportera jamais rien , on avait construit un chemin de fer de montagne, comme ceux qui existent dans d'autres pays, cette ligne et les autres voies ferrées colossales de la république auraient rendu des services au commerce et auraient réellement été les facteurs du développement du pays . Mais , telles qu'elles ont été établies , elles ne seront jamais justifiées ; et elles n'ont été, à mon avis , qu'une source de spéculations , au profit de quelques- uns , pour flatter notre vanité et satisfaire notre caprice . Toutes les tentatives de colonisation ont échoué jusqu'à présent dans notre pays , parce que le Pérou n'y était pas préparé . Pour que la colonisation donne les résultats voulus , il faut , en premier lieu , établir de bonnes routes . Or, cela n'existe pas chez nous , malgré les sommes énormes qui ont été dépensées dans ce but. » Vient une description de l'état des routes du Callao à Lima , après quoi M. Pezet ajoute : Les colons demandent , avec raison , à être conduits par de bons chemins à l'endroit qu'ils doivent habiter et cultiver, et à

220

pouvoir transporter facilement et rapidement les produits de leur culture, ainsi que tout ce dont ils ont besoin pour leur travail et pour leur bien - être . « Interner des hommes dans nos forêts vierges , les y conduire par des chemins impossibles , à travers des bois , des précipices , etc. , puis les laisser là , sans ressources , sans moyens d'arriver aux villes les plus proches, c'est une moquerie ( burla ) qui prédispose tout d'abord le colon contre le pays . « L'homme qui va coloniser désire préparer au plus tôt la terre qu'il a à cultiver , et régler , dans l'espace qui lui est assigné , tout ce qui peut contribuer à son bien - être et à l'utilisation de son travail ; mais il souffre et il se rebiffe quand il voit qu'il doit exécuter des travaux d'utilité publique qui , partout au monde, sont du ressort des autorités . « Le colon , en effet, a pour mission de cultiver la terre . On le tire de son pays en le berçant de la perspective d'un avenir indépendant . Quelle ne doit donc pas être sa surprise de se voir converti en « peon » , pendant des mois , et astreint , par nécessité , à se livrer à des travaux qui , bien que directement profitables , ne sont pas de sa compétence et ne lui incombent point. « Cela donne lieu , dans bien des cas , au découragement , et il en résulte que ces premiers colons écrivent à leurs amis des lettres désolées , qu'ils désertent au bout de peu de temps pour aller grossir les bandes de mendiants dans les villes , à moins que le besoin ne les conduise jusqu'au crime . « Le but de la colonisation est de peupler une partie déterminée d'un pays , d'augmenter la production d'une région , en y développant de nouvelles sources de richesse , et de constituer ainsi les bases d'une prospérité future . Pour atteindre ce but , il faut que les colons soient satisfaits , que leur travail soit productif, que leur vie nouvelle ait quelques attraits et qu'ils ne se trouvent ni abandonnés ni complètement isolés de toute civilisation » . Suit une relation des précautions que, de son côté , le gouvernement péruvien doit prendre pour ne donner asile qu'à des colons qui conviennent au pays . M. Pezet indique que les meilleurs , sous ce rapport, sont ceux des pays du nord de l'Europe , auxquels il faut accorder la plus grande tolérance en matière de croyances religieuses , puis il poursuit ainsi :

221 -

« L'Européen , quelque pauvre qu'il soit , est accoutumé à certaines commodités de la vie et il espère trouver, dans son pays d'adoption , les mêmes ou à peu près les mêmes commodités . C'est pour cette raison qu'il cherche toujours à former des villages dans les endroits qu'il colonise . « Son ambition n'est pas seulement de produire , mais de former des centres de consommation où son activité et son intelligence puissent se donner libre cours . Habitué à l'inter- communication et à une certaine sociabilité , il lui faut ces deux éléments dans sa nouvelle situation , et c'est pour cette raison que les voies de communication faciles lui sont de toute première nécessité . Il veut, ce qui est naturel , jouir promptement du fruit de son travail , et il doit avoir, pour y parvenir , des communications aisées le mettant en contact rapide et économique avec les centres où il doit envoyer ses produits et d'où il doit tirer ce qu'il ne peut produire lui-même .

« Je demande maintenant : Cela est-il possible aujourd'hui au Pérou ? Existe-t-il dans la Montaña un endroit où une colonie. européenne puisse aller s'établir avec la certitude d'obtenir les résultats que nous souhaitons autant qu'elle? Je regrette de devoir répondre négativement . Et alors , ne serait- il pas plus prudent , plutôt que de faire de nouveau fausse route , de profiter des leçons de l'expérience et de préparer le pays à recevoir cet élément de progrès , en consultant le sens pratique pour ne pas retomber dans les coûteux essais du passé ? » M. Pezet émet ensuite son opinion sur l'urgence d'établir de bonnes routes carrossables , des rivières parfaitement navigables , sur la nécessité d'accorder la plus grande tolérance religieuse aux colons ; sur le besoin d'un bon service postal avec les colonies ; et il conseille aussi de ne concéder des terres qu'à bon escient et de ne pas accorder plus de franchises autre .

à une colonie qu'à une

L'auteur de la lettre qui m'occupe continue sa dissertation en déclarant que c'est une erreur de croire que les chemins de fer amènent le trafic . Il estime que les nations, de même que les hommes, doivent passer par l'enfance avant d'arriver à l'âge mûr, marcher avant de courir, et que le Pérou ne doit pas aspirer à autre chose pour le moment qu'à des routes carrossables parfaites, en attendant les chemins de fer électriques, dont les nombreuses

-

222

chutes d'eau des Andes font prévoir l'installation future . Puis M. Pezet termine par ces mots :

( Si ces conseils sont méconnus , si l'on veut coloniser à toute force , sans préparation aucune , nos efforts donneront des résultats à rebours (contraproducentes ) et nous aurons perdu , une fois de plus, par un manque de sens pratique , l'occasion de réaliser la colonisation d'une manière stable et prospère . » La lettre que je viens de reproduire est pleine de bon sens . Seulement, je la trouve trop sévère à l'égard du pays de l'auteur . Je ne pense pas que la nation péruvienne ait cédé à un simple sentiment de vanité en construisant des chemins de fer ; et , même en admettant sur ce point l'opinion du consul général du Pérou à Londres , il n'y a pas , à mon avis , à déplorer l'existence des voies ferrées actuelles . étendues !

Plut à Dieu qu'elles fussent

dix fois plus

Certes, le chemin de fer de la Oroya n'est pas la meilleure voie pour l'exportation des produits de la Montaña . Plus tard , il est à supposer que les rivières navigables lui seront préférées ; mais ce n'est que par cette ligne, et ses ramifications futures , que les produits d'une grande partie de la Montaña pourront apporter leur contingent à la consommation de la Costa . Du reste , pour que cette région si riche produise , il faut commencer par la peupler ; et la colonisation de la Montaña , sans les chemins de fer qui y conduisent , serait d'une impossibilité absolue , non seulement au point de vue matériel , mais encore au point de vue moral . Il faut que les colons , qui viennent sur la foi des promesses d'une nation , puissent se trouver dans la sphère d'influence directe du gouvernement de cette nation et sous la protection qu'ils sont en droit d'en attendre . Il serait puéril de croire que la colonisation pût réussir autrement , et il suffit de constater les progrès réalisés dans la vallée du Chanchamayo, depuis deux ou trois ans , pour se convaincre de l'utilité de la voie ferrée qui mène à la Oroya. Le plus difficile est fait . La grande barrière des Andes est franchie et il ne reste plus qu'à prolonger la ligne jusqu'à l'Ucayali ou toute autre rivière navigable, pour mettre les deux océans en communication . C'est plus long , comme trajet , que ce qui est déjà livré au trafic ; mais c'est infiniment moins difficile , comme tracé , et moins coûteux , comme frais d'établissement par unité de longueur.

- 223 -

Le jour où cela sera fait , la partie haute de la Montaña , que tous les voyageurs décrivent comme un paradis , d'une salubrité absolue malgré sa végétation tropicale , se peuplera comme par enchantement. C'est là que se trouve l'avenir du Pérou , et c'est là seulement que les colons européens pourront s'établir . Voici pourquoi : La Costa a besoin de bras et d'irrigation ; mais , en fait de bras, elle ne peut pas compter , à cause du climat, sur les populations. d'Europe pour les travaux des champs . L'Européen doit y rester dans les villes ou ne s'y livrer qu'à des travaux à l'abri du soleil . La Costa, si elle veut produire beaucoup , devra se remplir de nouveau de Chinois ou se peupler de Japonais . La Sierra est assez peuplée pour le moment . Ses propres habitants la feront produire dès que les voies de communication seront plus étendues et moins chères . Il ne reste donc , pour la colonisation européenne, que la limite supérieure de la Costa ou , mieux encore , la Montaña . Cette dernière offre tout ce que le colon peut souhaiter , tout ce qu'il peut rêver, si on lui donne, bien entendu , le moyen de s'y établir . Immigration . J'ai réservé ce chapitre à ceux qui voudraient venir au Pérou pour y exercer une profession ou un métier , soit comme émigrants , soit en dehors de toute intervention d'agence d'émigration . Tout d'abord, je dois faire connaître les termes flatteurs que le ministre des relations extérieures, M. Ricardo Ortiz de Zevallos , employait à notre égard dans le mémoire présenté au dernier Congrès . (Août 1896 ) . M. Ortiz de Zevallos dit , en effet :

Le jour où notre pays

pourra attirer et établir un puissant courant d'immigration européenne , la Belgique sera une des nations qui se trouveront dans les

meilleures

conditions pour

nous envoyer

des

émigrants

honnêtes et laborieux , d'une culture intellectuelle et d'une civilisation qui seront des éléments de progrès , non seulement matériel , mais encore et surtout d'un ordre plus élevé . › Il me serait impossible de signaler toutes les occupations que les Belges pourraient trouver au Pérou , et je dois me borner à indiquer les branches qui me paraissent offrir , actuellement, le plus de chances de succès .

-

224 --

Dans l'industrie minière , il y a un grand champ d'action . Nos simples ouvriers mineurs n'auraient , cependant , aucun avantage à venir ici . Outre que le salaire est peu élevé , ces hommes se trouveraient dans un milieu auquel ils auraient quelque peine à se faire. Les ingénieurs , les mécaniciens , etc. , ne seraient pas dans le même cas . Peut être l'exploitation d'une mine de houille ou d'un puits de pétrole pourrait- elle former un noyau de colonisation. belge . Il se crée souvent des sociétés pour l'exploitation d'une mine ou d'un placer, découvert par n'importe qui et acheté ensuite très cher. Un homme robuste et intelligent , n'ayant pas peur d'affronter de longues privations et quelques dangers , ayant l'expérience des placers et voulant se livrer à des recherches dans certaines régions du pays , soit pour son compte personnel , soit pour celui d'un syndicat, aurait de grandes chances de faire fortune . En ce qui concerne l'industrie sucrière, nos ouvriers auraient quelque peine à se placer dans les usines , pour les motifs indiqués d'autre part . De jeunes chimistes , sans trop de prétentions et que l'existence monotone d'une plantation ne rebuterait pas , pourraient y trouver une position . Je crois également qu'un ingénieur , représentant des constructeurs de machines et d'appareils industriels , et pouvant se charger d'installations , affaires .

soit à forfait ,

soit autrement,

ferait

ici

des

La petite manufacture , celle qui peut s'exercer en chambre avec quelques ouvriers , me paraît être loin de ce qu'elle peut devenir ; mais je ne puis rien préciser à cet égard , chaque entreprise de ce genre, quelque peu importante qu'elle soit , exigeant une étude préalable . L'agriculture correspond plutôt à la colonisation . Je ne reviendrai donc pas sur ce qui a déjà été dit à ce propos .

Pour ce qui est du commerce, je dois également renvoyer au chapitre qui lui est spécialement consacré . Je n'omettrai pas d'ajouter, cependant , que les prix de détail , pour les articles importés , sont assez élevés à Lima , ce qui semble être le résultat d'une faible concurrence . Les charpentiers , les ébénistes , les forgerons , les serruriers , les plombiers , les tailleurs , etc. , n'auraient pas trop de peine à trouver du travail .

Les salaires dépendent forcément de l'habileté de

225 -

chacun ; mais il est bien rare que l'ouvrier économe ne gagne pas largement de quoi vivre . On peut assurer, en thèse générale , que le travailleur intelligent et sobre réussit toujours en Amérique . Touchant un autre ordre d'immigration , je suis persuadé que les capitaux belges pourraient s'employer avec fruit de différentes manières . Pour nos capitalistes , la difficulté consisterait bien plus dans le choix du personnel dirigeant , comme cela arrive toujours pour les entreprises à grande distance , que dans la recherche des affaires lucratives qui peuvent être traitées au Pérou . Une banque agricole ou hypothécaire , par exemple , serait, à n'en pas douter , un établissement aussi utile pour le pays que productif pour les capitaux qui y seraient engagés . Au point de vue de l'immigration , le prix de la vie est un facteur trop important pour être passé sous silence . Les vivres de première nécessité : pain, viande , riz , pommes de terre , vin , poisson et légumes , ne sont pas chers . Ce qui est coûteux , ce sont les loyers , les articles importés, les vêtements , la domesticité , le blanchissage et tous les menus détails de l'existence . Il est donc fort difficile d'assigner un chiffre aux dépenses de chacun . Un ouvrier , s'il est seul , peut s'en tirer avec un sol par jour , à Lima. Un petit appartement , sommairement meublé et composé de deux pièces , peut se trouver, dans le centre de la ville , pour environ 30 sols par mois . La pension mensuelle , dans les meilleurs restaurants , ne dépasse pas 36 sols . Une demi- maison , soit le rez de- chaussée , soit l'étage supérieur , composé de six à huit chambres , avec cuisine , etc. , coûte en moyenne 80 sols par mois ; dans les faubourgs, environ 20 sols de moins . Dans les autres villes du Pérou , la vie est moins chère qu'à Lima . Dans la Sierra , elle est , paraît- il , d'un bon marché extraordinaire . Je ne terminerai pas ce chapitre sans faire remarquer aux émigrants que les indications données ci- dessus ne doivent pas être. prises pour une assurance de trouver du travail en arrivant , ni encore moins de ramasser de l'or à la pelle. Celui qui s'expatrie ne doit pas oublier que les commencements , à l'étranger, sont souvent pénibles ; et que ce n'est qu'après avoir surmonté une série de difficultés qu'on tire de son travail et de son intelligence un bénéfice plus grand , beaucoup plus grand parfois , que auquel on peut aspirer dans les centres trop populeux .

celui

- 226

CONCLUSION .

En commençant ce travail, je me suis imposé la tâche de passer en revue , ne fut-ce que sommairement , tout ce qui devait contribuer à donner une idée générale du Pérou , tout ce qui pouvait intéresser nos financiers , nos négociants , nos industriels , nos ouvriers et nos émigrants . L'étendue des matières m'a sans doute fait commettre des oublis . J'aurai soin, dans mes rapports suivants , de combler les lacunes de celui- ci . Si la Belgique n'est pas assez connue ici , comme j'ai eu l'occasion de le faire remarquer à propos du commerce , je ne crois pas me tromper en affirmant que le Pérou n'est connu chez nous que d'un trop petit nombre . Nous le voyons peut-être trop par les yeux des autres, plus ou moins intéressés à nous le présenter sous le jour le moins favorable . Les nombreux ouvrages que j'ai lus sur le Pérou , écrits par des Péruviens , me prouvent que ce pays a été de tout temps en butte aux passions les plus opposées , exaltées encore par les influences , si générales , de la politique locale . Tantôt ce sont des appréciations qui me semblent trop optimistes , tantôt ce sont des tableaux poussés absolument au noir . En puisant dans quelques - uns de ces ouvrages , je me suis efforcé d'être impartial et vrai , sans reculer devant les points sombres à signaler , sans ménager non plus mes éloges à ce qui m'en a paru digne. Ah ! si la nation péruvienne tout entière voulait marcher résolument dans la voie de la paix , au lieu de se consumer , comme elle l'a fait jusqu'ici , en luttes fratricides, il y en aurait bientôt moins , de ces points sombres, et il ne faudrait pas longtemps à ce pays , doué de ressources naturelles si prodigieuses , pour retrouver son ancienne prospérité et rendre tout l'éclat de jadis à ce nom magique le Pérou.

TABLE DES MATIÈRES .

CHAPITRE Ir. ― APERÇU HISTORIQUE.

Pages. 5 6 7

Empire des Incas . Domination espagnole . Indépendance nationale.

CHAPITRE II. - DESCRIPTION GÉNÉRALE .

Situation, superficie, population . Orographie . • Topographie • Hydrographie . Aspect du sol . Climatologie . Phénomènes physiques Salubrité Ethnologie , archéologie, langues , religions , trésors .

8 9 10 11 14 15 17 20 24

CHAPITRE III. - DIVISIONS POLITIQUES.

Département de Piura . de Cajamarca de l'Amazone de Loreto de Lambayeque. de La Libertad . d'Ancachs • de Huanuco . de Lima. Province littorale du Callao

• ·

30 31 31 31 32 32 32

33 33 35

228 -

Pages. 35

Département de Junin. de Huancavelica. d'Ica .

35 36 36

d'Ayacucho . • de l'Apurimac de Cuzco •

36 37

d'Arequipa de Puno. Province littorale de Moquegua

37 38 38 38

Departement de Tacna.

CHAPITRE IV . - PRODUITS . Règne minéral. Or .

39

Argent . Cuivre .

40 41 42 43 44



Plomb, antimoine, zinc Fer . Mercure, nickel , cobalt • Arsenic , étain, bismuth Baryte, manganèse.



Alumine, magnésie, chaux Potasse, soude. Lithine, soufre. Combustibles minéraux Pétrole . Guano .

44 45 45 46 47 47 48 49

Règne végétal.

Produits alimentaires : Froment · Maïs • Orge, riz, quinua. Pommes de terre, camote Yuca, plantes potagères, fruits Fourrages. Canne à sucre Vins et eaux-de-vie • Olives .

Café • Cacao . Épices



50 51 51 52 53 53 54 57 58 59 61 61

229 -

Pages. 61 65 67 68 69 69 70 71 71 71 72

Plantes médicinales : Quinquina . Coca et cocaïne Plantes diverses Plantes textiles : Lin . Ramie · Agave, bombonage, diverses Plantes oléagineuses . • -- tinctoriales • Végétaux divers : Tabac Caoutchouc et gutta-percha Bois d'ébénisterie et de construction . Plantes ornementales .

72

Règne animal.

Chevaux, ânes , mulets Lamas . •

73 74 74 75 76

Alpacas , vigognes . Guanaques, pacos , paco- vicuñas Chinchillas , vizcachas. Moutons , chèvres .

76 77 78 79

Bétail, porcs, lapins, volaille . Produits de la chasse et de la pêche . Insectes

CHAPITRE V. -

CONSTITUTION. -

LOIS ORGANIQUES .

Constitution • Naturalisation . Loi électorale . Loi sur la presse l'instruction publique .

x

80 81 81 83 84 85 85 85

la propriété intellectuelle . les brevets d'invention les marques de fabrique . les monnaies ..

-

86 88 88

les poids et mesures la milice • 15

-- 230 --

CHAPITRE VI. - GOUVERNEMENT .

Pages . 89 90 90

Pouvoir législatif · exécutif · judiciaire .



CHAPITRE VII. - ADMINISTRATION PUBLIQUE. 16

Intérieur et police . Justice . Culte

91 92 92

Instruction publique : Enseignement . Mouvement intellectuel

93 93 94 94 95 95 99

Musées, observatoires , sociétés savantes Journaux • Guerre et marine . Bienfaisance Finances Examen rétrospectif : 1821 1831 1841 1851 1861 1871 1881 1891

à 1830 . à 1840 . à 1850 . à 1860 . à à à à

99 100 100 101 103 105 109 113 113 114



1870 . 1880 . 1890 1896 .

Situation actuelle : Dette intérieure .

Peruvian corporation. Tribunal arbitral de Berne Provinces de Tacna et Arica . Recettes budgétaires : Douanes • Guano. Nitrate



Sociedad Recaudadora de Impuestos Sel · Hôtel des Monnaies Contributions.

Budget de 1896 Question monétaire Établissements financiers : Banques . Caisse d'épargne Compagnies d'assurances

116 118 118 120 122 123 125 125 126 126 130 136

137 138

231 Communications

Télégraphes, téléphones , postes . Compagnies de navigation Routes . Chemins de fer · Tramways .

Pages. 139 140 142 143 145

CHAPITRE VIII. - AGRICULTURE.

145 147

Considérations générales . Irrigations .

CHAPITRE IX. - INDUSTRIE .

152 153 158

Considérations générales . Industric minière . sucrière . textile ·

160 161

Industries diverses

CHAPITRE X.

COMMERCE.

Ports

162

Règlements commerciaux .

164 168 172

Statistique commerciale de 1892 : Importations . Exportations . Commerce avec l'Angleterre, l'Allemagne, le Chili , la France, les États- Unis. et la Colombie

Commerce avec la Belgique . Usages commerciaux • Changes Liste des principaux articles de provenance étrangère qui composent le commerce de Lima ; adresses des maisons qui s'en occupent . Liste des principaux exportateurs de produits péruviens • Prix de quelques produits étrangers à Lima . péruviens .

175 178 184 185

186 198 199 200



232

CHAPITRE XI . - COLONISATION. - IMMIGRATION. Détails rétrospectifs : Race noire . --- jaune . - polynésienne . - hindoue .

- blanche Allemands . Illandais • Espagnols . Italiens

Situation actuelle . Immigration CONCLUSION .

Dispositions législatives •

Pages. 202 203 208 •

208 *208 210 210 2.11 212 223 226

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985

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R296

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I Le Pérou ...

BINDER MAR 1 2 47

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APR 3 0 1947