Désarmement, démobilisation et réintégration des enfants-soldats: Échec au Sud-Kivu ? 2343072132, 9782343072135

Pourquoi depuis leur démarrage en 2003, les processus DDR (désarmement, démobilisation et réintégration), en général, et

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Désarmement, démobilisation et réintégration des enfants-soldats: Échec au Sud-Kivu ?
 2343072132, 9782343072135

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Etudes africaines

Série Sociologie

Albert B. Kalonga Luse-Lua-Nzambi

Désarmement, démobilisation et réintégration des enfants-soldats Échec au Sud-Kivu ?

Préface de Sylvain Emmanuel Mulowayi Mulowayi Dibaya ibaya

Désarmement, démobilisation et réintégration des enfants-soldats

Collection « Études africaines » dirigée par Denis Pryen et son équipe

Forte de plus de mille titres publiés à ce jour, la collection « Études africaines » fait peau neuve. Elle présentera toujours les essais généraux qui ont fait son succès, mais se déclinera désormais également par séries thématiques : droit, économie, politique, sociologie, etc. Dernières parutions Célestin HITIMANA, Rwanda : deux siècles de crimes contre l’humanité, 2016. Maximin Lucien DA, La noix de cajou, levier de développement local au nord-est de la Côte d’Ivoire, Contribution au développement socialement durable, Cas du district du Zanzan : Gontougo et Bounkani, 2016. Ousmane KOUANGBE HOUZIBE, L’impasse démocratique en Afrique francophone : le cas du Tchad. Les dimensions juridiques, politiques et institutionnelles de la démocratisation en Afrique subsaharienne, 2016. Titi PALE, Les femmes victimes de la guerre civile ivoirienne. Récits d’atrocités et (auto) reconstruction, 2016. Maurice M’BRA KOUADIO, Les religions ancestrales des Akan de Côte d’Ivoire. Ethnographie des pratiques contemporaines, 2016. Patrick DEVLIEGER, Jori DE COSTER, Lambert Nieme, Léon MBADUKHONDE, Handicap et technologie en contextes africains, 2016. Djilali BENAMRANE, Sankara, leader africain, 2016. Ladji BAMBA, La contrebande en Côte d’Ivoire. Le cas du district d’Abidjan, 2016. Melchior MBONIMPA, L’Afrique terre de jihad. Les groupes islamistes armés sur le continent, 2016. Enoch TOMPTE TOM, Vérité philosophique et vérité théologique, 2016. André ENGAMBÉ, Les méthodes coloniales au Congo-Brazzaville de 1886 à 1958. Analyse socio-économique et devoir de mémoire, 2016. Yves Gatien GOLO, La réforme du secteur de la sécurité en République centrafricaine, 2016. Germain KUNA MABA MAMBUKU, Le Kongo Centra face à la crise de leadership Essai sur la lutte politique de Bundu dia kongo et des pseudos leaders Né-Kongo, 2016 Abdoulaye TAMBOURA, Le conflit touareg et ses enjeux géopolitiques au Mali, Géopolitique d’une rébellion armée, 2016. Didier N’KUPA Ntikala E-Benya, Le Congo-Kinshasa, une République démocratique ?, 2016. Éric NGANGO YOUMBI, La justice constitutionnelle au Bénin, Logiques politique et sociale, 2016. LENDJA NGNEMZUE Ange Bergson, Les Babitchoua. Parenté, chefferie et résistance aux Allemands dans le sud-est bamiléké, 2016. BELEBENIE Pierre, Les transformations de la fiscalité locale au Cameroun, 2016. MAKENGO NKUTU Alphonse, La théorie générale du droit constitutionnel et les institutions politiques, sous la Première, Deuxième et Troisième République de la République démocratique du Congo, 2016. EBALÉ Raymond, Les Accords de Partenariat Economique entre l’Union Européenne et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), 2016.

Albert B. KALONGA LUSE-LUA-NZAMBI

Désarmement, démobilisation et réintégration des enfants-soldats Échec au Sud-Kivu ? Préface de Sylvain Emmanuel MULOWAYI DIBAYA

© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [email protected] ISBN : 978-2-343-07213-5 EAN : 9782343072135

PRÉFACE

La protection, le biscuit, le bonbon, le cahier et le ballon, c’est ce que la communauté des adultes doit à celle des enfants. En dépit de la multiplicité d’approches qui essaient d’aborder la question du statut de l’enfant, il s’avère certain qu’il s’agit là d’une question d’ordre social. Comment l’enfant doit-il être traité d’une part, et comment est-il réellement traité, quelle est la forme de prise en charge qui prévaut dans telle ou telle communauté, quels sont les processus que recouvre le statut de l’enfant par rapport au social ? A travers le présent ouvrage consacré au « désarmement, démobilisation et réintégration des enfants soldats en période post-conflits à l’Est de la RD Congo : Echecs, défis et stratégies », l’auteur essaie à sa manière de répondre aux différentes questions qui se posent sur le statut de l’enfant en République démocratique du Congo en général, dans la Province du SudKivu en particulier. De prime à bord, l’enfant s’inscrit dans la société comme un rapport social. C’est un être en relation avec un parent, sa mère, son père et bien d’autres membres de la famille biologique ou société qui lui doivent un traitement particulier orienté nécessairement vers sa prise en charge. Il n’y a pas d’enfant sans parent, et la parenté proche ou lointaine implique responsabilité et devoir envers cet être encore fragile qu’est l’enfant. Oui, il est fragile d’autant plus, que la conception adultocentriste ne saisit l’enfant que dans son rapport à l’adulte, état vers lequel le premier doit nécessairement tendre à travers l’accompagnement du second. Dans une telle perspective, l’enfant, dépourvu de la force et de la raison doit les acquérir à travers l’accompagnement de l’adulte. Cette approche devient de plus en plus obsolète. L’évolution actuelle des mentalités fait de l’enfant une « personne », un « sujet » ou un « être de droit ». Ce qui conduit son statut à se rapprocher de celui de l’adulte, c’est-à-dire de l’homme participant pleinement à l’humanité. C’est désormais l’être qui doit être considéré, être pris en compte à tous les niveaux de la vie sociale. C’est un citoyen-usager, un être émancipé d’un collectif pesant. Ce droit le soutient et l’accompagne dans cette conquête de son émancipation. Cette approche ne manque pas d’ambiguïté, car l’enfant y paraît à la fois « adultisé » et « infantilisé ».

L’enfant ne peut et ne doit pas être considéré et traité comme un être autonome. Il ne peut s’auto suffire. Il est nécessairement dépendant de l’adulte et doit pour son émancipation s’appuyer sur l’adulte à condition que ce dernier n’en abuse. Or, c’est cela qui arrive très souvent dans les pays en conflits. En RDC, plutôt que de protéger les enfants pendant des conflits armés, on les a embrigadés et fait d’eux des enfants-soldats. La communauté internationale a réagi en taxant cette pratique de nuisible et méprisable. Des résolutions du Conseil de Sécurité sont entrées en danse pour dénoncer. La pratique a été décriée et considérée par les uns comme forme horrible de violence, par les autres comme une pire forme de travail pour les enfants. Tout mal a comme destinée d’être combattu et enrayé. C’est ainsi que les communautés ont organisé des cérémonies d’accueil axées sur les rituels de purification et de guérison des enfants rescapés, un aspect anthropologique de cet ouvrage. L’Est de la RD Congo a enrôlé les enfants dans les groupes armés et les a fait commettre ou subir des atrocités de tout genre. Les sévices ont rendu les jeunes filles et garçons victimes et tous leurs droits d’êtres humains, ont été bafoués. Le présent ouvrage tente d’éclairer l’opinion sur les échecs et les défis rencontrés par le processus de DDR en général et le DDR –enfants en particulier. Pour en savoir plus, lisez et faites des propositions. Sylvain Emmanuel MULOWAYI DIBAYA Professeur ordinaire

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ÉPIGRAPHE

La démobilisation des combattants est le facteur le plus déterminant pour la réussite des opérations de paix. Sans la démobilisation, on ne peut pas mettre fin aux guerres civiles et les autres objectifs critiques tels que la démocratisation, la justice et le développement ont peu de chance d’aboutir1. L’expérience a maintes fois montré qu’il est nécessaire d’entreprendre une action résolue pour réintégrer les ex-combattants dans la société – une action reconnaissant le besoin humain fondamental de dignité et de respect de soi. Cela doit comporter des mesures de soutien immédiat dès que les excombattants abandonnent leurs armes, et des mesures concrètes pour leur garantir des moyens de subsistance durables ainsi qu’un meilleur avenir2. Mais en réponse Simon lui dit : “Instructeur, nous avons peiné toute une nuit sans rien prendre, mais sur ton ordre, je vais lâcher les filets.” Luc 5:53.

1

ONU, Rapport du Groupe de travail de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, Nations unies 2004 2 Déclaration de KOFI Annan, alors Secrétaire général des Nations-unies lors de la conférence des donateurs au Soudan. Avril 2005. 3 WATCH TOWER,Les saintes écritures: Traduction du Monde nouveau.

IN MEMORIAM

A la mémoire de : - Mon Feu père WENDA-UKENGA TSHIMEYA Crispin J’aimerais commencer par souligner l’appui et grand rêve de mon père qui, malheureusement, n’est plus pour voir le couronnement de ce travail. En tout cas, mes premiers regrets vont à mon feu père qui, à l’époque avait suivi avec intérêt, ma progression primaire, secondaire et universitaire et dont je ressens encore son soutien inconditionnel plus de 17 ans après sa mort. - Melvin NGELAKA, - Jean Bukero BAKAKENGA et Joséphine KAYAYA. J’espère bien vous revoir à la résurrection.

DÉDICACE

À tous les enfants dont la vie leur a été volée par les forces et groupes armés.

REMERCIEMENTS

Issu de la cendre de notre thèse de doctorat, cet ouvrage est en revanche la suite logique de nos différentes publications scientifiques sur les Enfants Sortis des Forces et Groupes armés (ESFGA) dans la ville de Bukavu, de notre mémoire de master, ainsi que de notre expérience professionnelle durant une décennie, dans le domaine de DDR principalement dans la province du Sud-Kivu. Le rédiger et arriver à son accession, a exigé un travail de longue haleine, travail qui a demandé efforts, discipline et abnégation totale. Mais dont la réussite repose aussi pour beaucoup, sur la qualité du soutien qui nous entoure. C’est pourquoi, j’aimerais donc à cet effet, remercier dans les lignes qui suivent, ceux et celles qui m’ont offert de leur précieux soutien pour mener à terme cette aventure. Il nous est impossible de citer tous les noms, mais nous voudrions remercier tout particulièrement le professeur ordinaire Sylvain Emmanuel Mulowayi Dibaya, le prof. Dr Alex BAUMA Balingene et le prof. Dr Jean Baptiste NIZEYIMANA. Qu’ils trouvent en toute sincérité, la décence qu’un disciple doit à ses Maîtres, avec idée que dans ce métier, nous devons avoir l’humilité d’envisager toujours l’avenir sans avoir les yeux tournés vers le passé. Sinon, je n’aurai pu aller à la meilleure école pour apprendre le métier de chercheur. Chapeau bas à Angel MUKAMINA, ma chère tendre épouse, pour tes qualités, ton amour, ta fidélité et surtout pour avoir souvent supporté mon absence en famille. Chérie Ange, plus les jours passent et plus, tu deviens plus douce envers moi. Merci mon amour ! À mes Enfants pour avoir enduré et accepté mon absence à la recherche de votre vie et bien-être : Rachel Bénédicte, Pauline Géneviève, Jean Bosco, Séraphin Martin, Josué Clément et Michaël Crispin. Voici le chemin ! J’aimerais également, remercier ceux et celles qui ont bien su me faire partager la grande passion qui les habitait pour ce travail, mesdames Liliana RAJICIC, alors chef de mission de RET en République Démocratique du Congo, Jacqueline LUTALA BILILO, Bibliothécaire principale à l’ISP Bukavu, Professeur Yvan CONOIR, Jean de Dieu NTANGA NTITA et

Hubert WATONGOKA, c’est à eux que je dois le courage de tenter ma chance dans ce projet. Que Frère Dr Jean Yves ALUMA et l’Assistant Alain BASAKI se sentent honorés par la parution de cet ouvrage. Le premier, pour m’avoir aidé par sa lecture critique et ses commentaires constructifs et le second, pour la mise en forme de ce manuscrit. Sur le plan personnel, je me dois de souligner l’assistance, la compréhension, mais aussi la patience de ma famille, mes amis et collègues Docteurs et frères. Ils ont été présents autant dans les hauts et les bas qui ont jalonné ce travail, toujours persuadé que j’y arriverais. La palme d’or, revient à toutes les Agences de protection de l’enfant avec lesquelles nous avons eu à travailler afin d’acquérir l’expérience et de récolter les données relatives au DDR. Mais aussi à toute personne de bonne volonté, qui nous a apporté sa pierre avec un ouvrage utile pour enrichir cette recherche. Nous leur disons plus singulièrement merci. À tous ceux que j’ai nommés et aux autres que je n’ai pas pu, qui ont su si bien m’entourer dans l’ombre, grand merci.

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SIGLES ET ABRÉVIATIONS

$: %: A.D.V : AC : ADF N’ALU : AFDL : AFOM : AGR : AJEDI-KA : Al : AMS : APR : APS : AVREO : BAD : BBC : BCNUDH : BCZS : BIT : BM : BUNADER : BVES : CDE : CdM : CEA : CELPA : CEPGL : CERDOS : CICR : CIDDR : CIRGL : CNS : CONADER : COOPI : CRAF : CRS : CTO : CTPC : DAS :

Dollar Américain Pourcentage Action pour le Développement des villages, Avantage concurrentiel Forces démocratiques alliées et l’Armée nationale de Libération de l’Ouganda/une rébellion Ougandaise Alliance des forces démocratiques de libération du Congo Atouts – Faiblesses – Opportunités – Menaces Activités génératrices des revenus Association des Jeunes pour le Développement Intégral de Kalundu Alinéa Assistance multisectorielle Armée patriotique Rwandaise Assistant Psycho social Association des Volontaires pour la récupération des Enfants-soldats Abandonnés et Malnutris Banque Africaine de Développement British Broad casting Corporation Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme, Bureau central de la zone de santé Bureau international du Travail Banque Mondiale Bureau national de Démobilisation et Réinsertion. Bureau des Volontaires au service de l’Enfant et de la Santé Convention relative aux droits de l’enfant Chef de Mission Commission économique des Nations unies pour L’Afrique, Communauté des Églises libres des Pentecôtes en Afrique Communauté économique des pays des grands Lacs africains Centre de recherche et de documentation Sociopolitique Comité international du Croix rouge Comité international chargé de la Conception et de l’orientation, Conférence internationale des pays du grand Lacs Conférence nationale souveraine Commission nationale de Démobilisation et Réinsertion Coopérazione Internazione (Coopération Internationale) Comité du rayon d’action femme Centre de rattrapage scolaire Centre de transit et d’orientation Comité technique de planification et de coordination du DDR Domaine d’activité stratégique

DDR : DH : DIVAS : DRC : DSCRP : EAFGA : ECE : ECI : ENF : EPSP : ESFGA : EUFOR : FAC : FAO : FAO : FARDC : FCS : FFOM : FGA : FMI : FMIU : FNL : FNUAP : FONAMES : FSH : GAERES : GEL : GRIP : HCDH : IA : IASC : IFAD : IMC : INPP : IPEC : IRC : IST : ISTM : LRA : M23 : MdM : MDRP : MECREBU : MLC : MONUC : MPR : MRR : MSF : NEPAD : NU : O.M.P : OCHA : OEV : OGP : OIF :

Désarmement, Démobilisation et Réinsertion Droits de l’Homme Division provinciale des affaires sociales Désarmement et Réinsertion communautaire Document des stratégies pour la croissance et la réduction de la pauvreté Enfants associés aux forces et groupes armés Espace communautaire d’éveil Eastern Congo Initiative Éducation non formelle Enseignement primaire, secondaire et professionnel. Enfants sortis des forces et groupes armés Forces de l’Union européenne Forces armées Congolaises Fond des Nations pour unies pour l’agriculture et l’Alimentation Organisation des Nations unies pour l’agriculture Forces armées de la République démocratique du Congo Facteurs clés de succès Forces — Faiblesses — Opportunités — Menaces Forces et groupes armés Fonds monétaire international Force multinationale intérimaire d’urgence Force nationale de libération/une rébellion Burundaise Fonds des Nations unies pour la population Fonds national médico-sanitaire Fondation solidarité des hommes Groupe d’action pour la démobilisation et la réinsertion des Enfants-soldats Guichet d’Économie locale Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité Haut conseil aux droits de l’Homme International Alert Interagency standing committee International fund for agricultural development International Medical Corps Institut national de préparation professionnelle Programme international pour l’élimination de travail des Enfants-soldats International Rescue Committee, Infection sexuellement transmissible Institut supérieur des techniques médicales Lord’s Resistance Army, (armée de résistance du Seigneur). Mouvement rebelle du 23 mars Médecins du Monde Programme multi pays de démobilisation et Intégration (en anglais Mutuelle d’épargne et des crédits de Bukavu Mouvement de libération pour le Congo Mission d’observation des Nations unies au Congo Mouvement populaire de la révolution Mécanismes des réponses rapides Médecins sans frontières Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique Nations unies Officier du Ministère public Bureau de coordination humanitaire Orphelin et enfant vulnérable Observatoire gouvernance et paix, Organisation internationale de la francophonie,

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OIM : OIT : OMS : ONG : ONGDH : ONU : ONUC : ONUSIDA : OP : OPJ : OUA : P. V : PA : PAM : PEC : PEP : PNDDR : PNMLS : PNSM : PNSR : PNUD : PNUE : PPTE : PROVED : PVV : RCD : RDC : RET : RFDA : RFDP : RHRC :

Organisation internationale pour les Migrations, Organisation internationale du Travail Organisation mondiale pour la Santé Organisation non gouvernementale Organisation non gouvernementale des droits de l’Homme Organisation des Nations unies Mission des Nations unies en Congo des années 1960 Organisation des Nations unies pour le SIDA Orientation professionnelle Officier de police judiciaire Organisation de l’Unité Africaine Procès-verbal Programme d’Action Programme mondial pour l’alimentation Prise en charge Prophylaxie post exposition Programme national de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion Programme national multisectoriel de lutte contre le Sida Programme national de santé mentale Programme national de la Santé de reproductive Programme des Nations unies pour le Développement Programme des Nations unies pour l’environnement Pays pauvres très endettés Province éducationnelle Personne vivant avec le VIH Rassemblement congolais pour la démocratie République démocratique du Congo Refugee Education Trust, / Protecting Through Éducation Réseau des femmes pour le développement associatif Réseau des femmes pour la défense des droits et la paix Reproductive Health Response in Conflict Consortium (formerly known as reproductive health for refugees). RTNC : Radio-Télévision nationale du Congo S./PROVED : Sous-province éducationnels SADC : Communauté pour le développement de l’Afrique australe SIDA : Syndrome d’immuno déficience acquise SMI : Structure militaire d’Intégration SNEL : Société Nationale d’électricité SSB : Solidarité Bashi-Bahavu STAREC : Programme de stabilisation et de reconstruction de l’est de la RDC, SWOT : Strengths –Weaknesses Opportunities –Threats TENAFEP : Test national de fin d’études primaires UA : Union africaine UDPS : Union pour la démocratie le progrès social UE : Union Européenne UNDS : United Nations Department of Safety and Security UNESCO : Organisation des Nations-unies pour l’Éducation, la Science et la Culture UN Habitat : Organisation des Nations unies pour l’Habitat UNHCR : Haut-commissariat des Nations unies pour les Réfugiés UNICEF : Fonds de Nations unies pour l’enfance UNIFEM : Organisation des Nations unies pour la femme UNMACC : United Nations mine action coordination centre UNOPS : United Nations Office for project services UPC : Union des patriotes Congolais USK : Université Simon Kimbangu

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UVS : VBG : VCF : VIH : VNU : VS : VSBG/SGBV :

Unité de violence sexuelle Violences basées sur le genre Violence contre les femmes Virus d’immuno-déficience humaine Volontaires des Nations unies Violence sexuelle Violence sexuelle basée sur le genre

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RÉSUMÉ DE LA RECHERCHE

Quatre études parmi tant d’autres en vue d’évaluer le programme DDR en RD Congo et à l’Est de ce pays, ont été respectivement réalisées par l’ONU en 2004, l’Amnesty International en 2006, l’International Alert en 2012 et Eastern Congo Initiative (ECI, en partenariat avec l’Université de Harvard et six ONG Congolaises en 2013. Cette dernière étude a été effectuée dans plusieurs provinces de l’Est de notre pays, principalement à (Mwenga, Kalehe et Uvira dans le Sud-Kivu, Walikale et Goma dans le Nord-Kivu et enfin Bambu, Nizi et Mahagi dans la province Orientale)4. Hélas ! Toutes ces quatre études ont abouti aux constats et conclusions presque analogues : (a) “existence de menaces et des défis pour le processus DDR, ce qui n’amènera pas à mettre fin aux guerres civiles et autres objectifs critiques tels que la démocratisation, la justice et le développement, qui ont peu de chance d’aboutir”5 (b) “les défis et les problèmes de restrictions budgétaires annoncées par la CONADER et qui l’obligeaient à suspendre la plupart de ses activités de démobilisation. Le programme DDREnfants-soldats était toutefois confronté à de graves difficultés. Plus de deux ans après le lancement du PNDDR en juillet 2004” (plusieurs causes d’échecs du DDR à l’est de la RD Congo) dont singulièrement “la faiblesse fondamentale des approches communément adoptées par les intervenants internationaux dans l’élaboration et l’exécution de ce type de programme6, mais aussi, de grandes difficultés, liées surtout à la gestion des fonds”7. Ces malheureux constats, ont motivé notre curiosité scientifique, doublée d’une part, de notre longue expérience et expertise dans la thématique “DDR-Enfants-soldats”, une décennie près, et d’autre part, cette recherche, est le résultat de notre révolte par rapport aux mauvaises pratiques devenues valeurs acceptées ou tolérées par les “prétendus gardiens” du Cadre opérationnel enfant, cadre légal de protection et défense des droits des 4

CI, Université de Harvard et Al, Présentation du musée mobile (Exposition d’image),Goma, 2013. 5 NU, Rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, Nations unies 2004 6 International Alert, sortir de l’impasse : Vers une nouvelle vision de la paix à l’Est de la RDC, septembre 2012, pp. 37-39. 7 Amnesty Inernational, RDC-Enfants en guerre, op.cit. P.4.

Enfants-soldats (associés ou sortis des forces et groupes armés). Sachant que “dans la phase de consolidation de la paix dans un pays post conflit, le DDR et la réintégration socioprofessionnelle et économique des ex-combattants en particulier, constituent un préalable et exigent de ce fait, de bonnes approches et stratégies” en vue de leur auto-prise en charge durable. C’est ainsi que notre recherche essaie de comprendre et de répondre à cette question fondamentale suivante : Pourquoi depuis son démarrage en 2003, les processus DDR en général et le DDR-Enfants-soldats en particulier, connaissent autant d’échecs et des défis, nonobstant les efforts consentis, les moyens utilisés ainsi que de la bonne volonté de certains acteurs et partenaires aussi bien nationaux qu’internationaux impliqués dans la thématique ? Et pourquoi le DDR ne cède pas du tout place au développement durable plus d’une décennie ?

Les résultats obtenus sur le terrain couplés de notre expérience à travers plusieurs programmes et projets DDR que nous avons exécutés et analysés, confirment les faits tels que présentés par les études susmentionnées, et de surcroît, font état de 72 % d’enquêtés qui ont avoué que le processus DDR à l’Est de la RD Congo et au Sud-Kivu est un échec. Car, même s’il y a eu un peu de succès en ce qui concerne le Désarmement et la Démobilisation, la Réintégration comme troisième composante du DDR, est par contre, un échec notable. Quarante (40) causes majeures d’échecs ont été identifiées dont dix-sept (17) liées aux approches et stratégies d’implémentation du processus et aux mauvaises pratiques, dix (10) dues aux difficultés liées à la formation professionnelle et treize (13) dues aux difficultés liées à la réintégration professionnelle et socio-économique. Il sied, cependant, de mentionner aussi qu’à côté de ces causes, trente-trois (33) défis principaux ont été identifiés et répertoriés, dont sept (7) concernant les Enfants-soldats eux-mêmes, neuf (9) envers les communautés locales, les ONG nationales et internationales, les agences de la protection de l’enfant et enfin, dix-sept (17) au chef de pouvoir public. Ainsi donc, notre question managériale et les trois questions de recherche ont été bien répondues. Ainsi, tous nos objectifs tant généraux, spécifiques qu’intermédiaires ont été atteints. Il en est de même de toutes nos quatre (4) hypothèses qui se sont bel et bien donc confirmées. Ainsi donc, la réelle Volonté politique, l’effectivité de toutes les réformes envisagées, le démantèlement et l’éradication de tous les groupes armés et forces négatives, la dénonciation de toutes les mauvaises pratiques dans le DDR et de l’endoctrinement du système humanitaire congolais, la lutte contre l’impunité, le strict respect et l’applicabilité de six (6) approches et de vingt-trois (23) stratégies alternatives de réintégration, le réel fonctionnement de quatre (4) piliers du DDR, quatre (4) de la médiation

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et quatre (4) du système éducatif, ainsi que la création et l’établissement à travers toutes les communautés des toiles préventives communautaires et intercommunautaires [que nous venons de mettre sur pieds], permettront à ce que le DDR-Enfants-soldats, tout comme adultes, soient durables, mettant ainsi fin à la perpétuation de la dépendance des communautés de base et l’auto-prise en charge durable des réels bénéficiaires. Mots Clés : Désarmement, Démobilisation, Réinsertion, Intégration, Insertion, Réintégration, Résilience, Enfant-soldat, conflit, période post conflit, échec, défis, approches, stratégies et enfin vulnérables.

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“Disarmament, Demobilization and Reinsertion- DDR Child soldiers in Post conflict Period at the east of DR Congo: Failures, Challenges and Strategies. A Systemic Approach and Applied Research in the Province of South-Kivu”. 574 pages, 82 chars, 22 images and 2 maps. 7 th February 2015.

SUMMARY Four studies among many others have been carried out respectively by the UN in 2004, Amnesty International in 2006, International Alert in 2012, and eastern Congo Initiative (EIC, in partnership with the Harvard UNIVERSITY and six Congolese NGOs in 2013 to assess the DDR programme in the eastern part of the DRCongo. The last study was carried out in several places in the east of our country, mainly at Mwenga, Kalehe and Uvira in South-Kivu, Walikale and Goma in North-Kivu and finally at Bambu, Nizi and Mahagi in the Oriental Province. Alas ! All these studies came to almost the same report and conclusions: (a) “ existence of threats and challenges for the DDR process, which led to the stopping of the civil wars and some other critical objectives such as the democratization, justice and development which can not be achieved, (b) Challenges and issues related to the budgetary restrictions announced by the CONADER and which compelled it to suspend most of its activities in the demobilization process, DDR children was anyway confronted to serious difficulties,…”. Several causes that contributed to the failure of DDR at the east of the DRCongo oddly “the fundamental weakness of the approaches commonly used by the international participants in the drawing up and implementation of this kind of program, but also huge difficulties related to the management of the funds”.

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These unfortunate reports have motivated our scientific curiosity associated to our long experience and expertise in the theme of “DDRChildren” in almost a decade on one hand and on the other, this research result from our revolt for the bad practices which became as accepted values and/or tolerated by the so-called “guards of the child operational framework, a legal framework for the protection and defense of the rights of children associated or taken out of the armed forces or groups. Knowing that in the stage of “Peace building” in a post conflict country, DDR as well as the socioeconomic and professional reintegration of excombatants in particular, is prior and requires “Good Approaches and strategies” in order to provide them with a lasting care themselves.

A SUMMARY OF MAIN RESULTS At the end of our long hard research, the following results have been reached: 72% of our investigations of the second category have confirmed that DDR is a failure, simply because, even if there were some successes in the disarmament and demobilization, the reintegration on the contrary was a total failure. Forty (40) major causes for these failures have been identified among which 17 are due to the approaches and strategies used in the implementation of this process, 10 are due to the difficulties linked to the professional training and 13 are due to the difficulties linked to the professional and socioeconomic reintegration. However, it is important to mention also besides these causes, 33 major challenges have been identified and classified In which 7 concern children, 9 on the local communities, local and international NGOs, UN agencies that protect the children and finally 17 on the government.

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PARTIE I GÉNÉRALITÉS

CHAPITRE PREMIER Introduction générale

1.1. INTRODUCTION Avoir une idée est une chose. Concrétiser et capitaliser cette idée par écrit en est une autre. Cet ouvrage, avec comme orientations : sociologie des conflits armés, DDR et Stratégies de réintégration socio-économique des couches vulnérables, s’intitule : Désarmement, Démobilisation et Réintégration [DDR] — Enfants-soldats en période POST-CONFLITS : Échecs, défis et stratégies. Approche systémique et recherche appliquée en province du Sud-Kivu. Cette publication, est une réponse à un problème social : ‘le phénomène Enfants-soldats et la non-durabilité de sa réintégration socio-économique’. La présente publication d’une part, est notre recherche appliquée dans la partie Est de la République Démocratique du Congo notre pays. Elle est donc le fruit de nos passions et expériences d’une décennie durant, dans le domaine de la protection de l’enfant et d’autres couches vulnérables en général et le DDR — Enfants-soldats en particulier. D’autre part, notre étude, est la résultante d’un sentiment de nonsatisfaction intérieure, d’un sens de responsabilité et de culpabilité par rapport à un silence coupable, dû au manque de courage de dénoncer les raisons et les motivations liées à la question des pratiques négatives, l’une des sources non négligeables de l’échec du DDR-Enfants-soldats à l’Est de la RD Congo. Les conclusions mitigées auxquelles les nombreuses études menées en vue d’évaluer l’impact de DDR au Congo Kinshasa par les Nations unies, les bailleurs des fonds, les universitaires, les chercheurs indépendants ainsi que les organisations non gouvernementales nationales et internationales, à l’instar du résultat de l’étude menée par International Alert en 2012, résultat selon lequel ‘… l’une des causes d’échecs du DDR en RDC, est « la faiblesse fondamentale des approches communément adoptées par les intervenants internationaux dans l’élaboration et l’exécution de ce type de programme »8, ainsi que de la mise en œuvre de notre expérience et expertise 8

Amnesty International, RDC- les enfants en guerre... op.cit, P.5.

dans cette thématique, sont certes et grandes premières motivations à pouvoir nous jeter dans l’eau dans cette belle aventure. Ainsi, nous nous sommes posé la question de savoir : ‘Pourquoi la non-durabilité du DDR et pourquoi les mauvaises pratiques dans le DDR ? Enfin, la sociologie en tant que branche particulière des sciences sociales qui a pour objet, ’l’étude des faits et phénomènes sociaux en tant que rapports sociaux, et qui obligent à ce que chaque phénomène vécu dans la société, à l’instar du ‘Phénomène Enfants-soldats’, soit analysé par le sociologue. Car, la sociologie étant qualifiée de science envahissante, impérialiste même, aucun fait social ne peut échapper au regard scientifique des sociologues. L’homme et la société étant liés à l’histoire9. Voilà une raison de plus qui a milité cette investigation.

1.1.1. Contexte d’étude Si quatre études parmi tant d’autres en vue d’évaluer le programme DDR en RDC et à l’Est de ce pays, ont été respectivement réalisées par l’ONU en 2004, l’Amnesty International en 2006, l’International Alert en 2012 et Eastern Congo Initiative (ECI) en partenariat avec l’Université de Harvard et de six ONG Congolaises en 2013. La dernière étude, a été effectuée dans plusieurs endroits de l’Est de notre pays, principalement à (Mwenga, Kalehe et Uvira dans le Sud-Kivu, Walikale et Goma dans le Nord-Kivu et enfin Bambu, Nizi et Mahagi dans la province Orientale). Si Hélas ! Toutes ces quatre études ont abouti aux constats et conclusions presque analogues : (a) ‘existence de menaces et des défis pour le processus DDR, ce qui n’amènera pas à mettre fin aux guerres civiles et autres objectifs critiques tels que la démocratisation, la justice et le développement, qui ont peu de chance d’aboutir’ (b) ‘les défis et les problèmes de restrictions budgétaires annoncées par la CONADER et qui l’obligeaient à suspendre la plupart de ses activités de démobilisation ; le programme DDR-Enfantssoldats était toutefois confronté à de graves difficultés… Plusieurs causes d’échecs du DDR à l’est de la RD Congo, dont singulièrement ‘la faiblesse fondamentale des approches communément adoptées par les intervenants internationaux dans l’élaboration et l’exécution de ce type de programme, mais aussi de grandes difficultés surtout liées à la gestion des fonds’. Ces malheureux constats, ont d’une part, motivé notre curiosité scientifique, et d’autre part, cette recherche, est le résultat de notre révolte par rapport aux mauvaises pratiques devenues valeurs acceptées ou tolérées par les ‘prétendus gardiens’ du Cadre opérationnel enfant, cadre légal de protection et défense des droits des Enfants-soldats associés ou sortis des forces et groupes armés. Sachant que dans la phase de consolidation de la 9

WATONGOKA L. Cours de sociologie générale à l’usage des étudiants de premier graduat en sciences sociales et humaines. Centre de recherche & Documentation pour la libération nègre, Bukavu, 1999, PP 3-4.

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paix dans un pays post conflit, le DDR et la réintégration socioprofessionnelle et économique des ex-combattants en particulier, constitue un préalable et exigent de ce fait, de bonnes approches et stratégies’ en vue de leur auto-prise en charge durable. La situation telle que décrite ci-haut ne pouvait laisser indifférent aucun chercheur avisé. Ainsi, notre passion pour cette recherche est liée à plusieurs motivations notamment : 1. La passion [qui nous habite] pour la protection de l’enfant, 2. La compréhension du pourquoi des violations graves des droits fondamentaux des Enfants-soldats dont le bien-être et l’éducation ? 3. L’analyse des causes et des conséquences de l’enrôlement et de l’utilisation des Enfants-soldats impliqués dans les conflits armés, 4. La lutte contre les autres risques auxquels ces derniers continuent à être exposés, 5. L’analyse de l’impact obtenu jusqu’ici par les nombreux partenaires impliqués dans le DDR-Enfants-soldats et la réintégration socioéconomiques des ESFGA, 6. La compréhension et les réponses aux causes d’échecs du DDR et de la réintégration socio-économique des ESFGA, nonobstant les nombreux efforts consentis par plusieurs partenaires socioéconomiques et internationaux 7. La mise sur pied d’approches et stratégies alternatives de réintégration socio-économique durable des Enfants-soldats ex-soldats pour tous les acteurs sociaux impliqués dans le domaine de DDR-Enfants-soldats, 8. La mise sur pied du Modèle stratégique du DDR en général et du DDR-Enfants-soldats en particulier et de la réintégration socioéconomique des autres couches vulnérables, de 4 piliers du DDR, de 4 piliers de la médiation familiale ou communautaire/’Pacte social’, de 4 piliers de l’éducation, la réforme de cadre opérationnel ainsi que de la création et l’établissement des toiles préventives communautaires et intercommunautaires. 9. En effet, la plupart des jeunes et adolescents avec lesquels nous avons travaillé depuis l’année 2005, déclarent pour la plupart, avoir rejoint des forces et groupes armés (forcés ou volontairement) ‘après avoir vu leurs villages pillés et puis incendiés, leurs mères et sœurs violées en leurs présences, leurs parents et frères tués à bout portant, ou même pour avoir été forcés de coucher publiquement avec leurs propres mères et proches parents, ou encore par un manque général de perspectives de subsistances alternatives… Quel affront à notre culture ? Il fallait certainement faire quelque chose !

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1.1.2. Résultats escomptés Les précédents efforts dans le cadre de désarmement, démobilisation et réinsertion/réintégration [DDR], n’ont pas du tout abouti aux résultats escomptés, tels que souhaités dans un environnement volatil d’une part, et d’autre part, en dépit de la multitude d’ONG tant nationales qu’internationales impliquées dans cette thématique. Le DDR — Enfants-soldats, n’est jamais devenu ni effectif, ni efficace, et par conséquent, assistons-nous à de mauvaises pratiques telles que, la fabrication des Enfants-soldats, devenus dans une certaine mesure (pour certaines organisations) un fonds de commerce, le trafic d’Enfants-soldats devenu un des moyens de se faire des financements auprès des bailleurs des fonds, ou soit encore à la fabrication des faux bénéficiaires vulnérables parmi les autres Enfants-soldats sélectionnés. En conséquence, les actions DDR ne sont ni durables, ni orientées vers un développement socio-économique des collectivités concernées, étant donné que nous assistons à plusieurs reprises, à la remise des kits dits de réintégration sociosocioéconomique répondant nullement aux besoins pour la pérennité des actions et donnant ainsi l’espoir en l’avenir aux vrais bénéficiaires. Le non-respect de la procédure pour la réunification familiale, et l’absence d’approches et stratégies alternatives d’une réintégration professionnelle et socio-économique durable, le non-passage des Enfantssoldats sortis de forces et groupes armés au centre de transit et d’orientation (CTO) où le service de prise en charge psychosocial doit être organisé pour la déstressions et la détraumatisation, facilitant ainsi, leur réhabilitation humaine et une réintégration réussie et responsable pour la vie civile. Le cadre opérationnel, cadre légal pour le DDR, mérite encore une fois de plus une révision, car certaines de ses pratiques sont devenues inefficaces et inadaptées au regard des réalités sur terrain. Beaucoup de filières étant déjà saturées et la réunification par le moyen de Familles d’Accueil transitoire (FAT) à décourager, le système humanitaire, étant endoctriné, etc. Devant ce diagnostic, la reforme DDR et du système humanitaire en République Démocratique du Congo devient donc, un impératif. Par rapport à ce paradoxe, s’impose la mise sur pied d’un : ‘modèle stratégique de réintégration durable pour les Enfants-soldats sortis et d’autres couches socio-économiques vulnérables.

1.2. PROBLÉMATIQUE 1.2.1. Brève présentation du problème dans le monde Kofi Annan alors Secrétaire général aux Nations unies, avait qualifié durant ses mandats : le recrutement et l’utilisation des Enfants-soldats dans les conflits armés de ’pratique nuisible et méprisable’ ceci étant, cinq 30

résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies eurent été prises et l’ont dénoncé’, à savoir : 1261(1999), 1314 (2000), 1379 (2001), 1460 (2003), et 1539 (2004) (10). Toutes condamnant de manière réitérée le recrutement et l’utilisation des Enfants-soldats par les parties à des conflits armés, en violation du droit international, et appelant à y mettre un terme. Le pape Jean Paul II quant à lui, avait déclaré que : ‘l’utilisation d’Enfants-soldats constituait une forme horrible de violence’11. L’Organisation internationale du Travail quant à elle, qualifie ‘le recrutement et l’utilisation des Enfants-soldats dans les forces et groupes armés, de ‘pires formes du travail pour les Enfants-soldats »12. Voilà pourquoi, près de la moitié des gouvernements de la planète se sont officiellement engagés à mettre un terme au recrutement d’Enfants-soldats de moins de 18 ans, ou ont promis de le faire dans un avenir proche. Sous la pression croissante de la communauté internationale, la plupart des principaux groupes politiques armés se sont également engagés (mais, souvent sans tenir leurs promesses) à cesser d’utiliser des Enfants-soldats. La coalition pour mettre fin à l’utilisation d’Enfants-soldats a enquêté et recueilli des informations concernant plus de 20 pays ou territoires du monde, qui ont été le théâtre de conflits armés entre avril 2001 et mars 2004. Ces informations ont indiqué que dans au moins dix pays, les forces gouvernementales ont continué d’utiliser des Enfants-soldats au front, notamment au Burundi, au Myanmar, en République Démocratique du Congo, notre pays, etc.13 ‘Le phénomène Enfants-soldats a pris, depuis plus de deux décennies, une dimension inquiétante à l’échelle mondiale. ‘Entre 2001 et 2004, des Enfants-soldats de moins de 18 ans ont été impliqués dans des conflits armés en Afghanistan, en Angola, au Burundi, en Colombie, en Côte d’Ivoire, aux États-Unis, en Guinée, en Inde, en Indonésie, en Irak, en Israël et dans les territoires Palestiniens occupés, au Libéria, au Myanmar, au Népal, en Ouganda, aux Philippines, dans la Fédération de Russie, au Rwanda, au Sri Lanka, en Somalie, au Soudan et en République démocratique du Congo’14. Dans le monde entier, et notamment en Colombie, en Somalie, au Zimbabwe, et en République démocratique du Congo, des formations paramilitaires, ou des milices, soutenues par les gouvernements ont utilisé des Enfants-soldats âgés de moins de 18 ans. En outre, les forces gouvernementales et les autorités ont utilisé, dans des conflits, des Enfants10

ONU, Résolutions du Conseil de Sécurité 1261(1999), 1314 (2000), 1379 (2001), 1460 (2003) et 1539 (2004). 11 La Coalition, op.cit p.13. 12 Organisation internationale du Travail (OIT) Convention no 38 sur l’âge minimum d’admission à l’emploi (1973), et Convention no182 de l’OIT, concernant l’interdiction des pires formes de travail des enfants et l’action immédiate en vue de leur élimination du 17 juin 1999, en sa 87e session et ratifiée par la RDC, en juin 2001. 13 La COALITION POUR METTRE FIN, OP cit, p 13. 14 Coalition pour mettre fin à l’utilisation des enfants soldats, op,cit, P. 13.

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soldats de manière officieuse en qualité d’informateurs, d’espions ou de collaborateurs, notamment en Israël, en Indonésie ou au Népal.

1.2.2. Brève présentation du problème en Afrique Le continent africain durant cette période citée en était plébiscité. Parmi les gouvernements qui ont utilisé des Enfants-soldats dans les conflits armés, figuraient ceux du Burundi, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Libéria, de l’Ouganda, du Soudan, du Rwanda, de la Somalie, du Soudan, du Zimbabwe et de la RDC. Dans la plupart des pays africains, l’accueil des Enfants-soldats exsoldats dans les familles et communautés d’origines a exigé la dimension anthropologique ; c’est ce que l’on appelle rituel de ‘purification pour les Enfants-soldats touchés par la guerre’. ’Par ces cérémonies rituelles, on reconnaît les atrocités commises et on exprime clairement la rupture avec le passé. La guérison des Enfants-soldats touchés par la guerre en Angola et au Mozambique, a semblé consister principalement en rituel de purification auxquels assistent les membres de la famille et de la communauté en général. Pendant ces cérémonies, l’enfant est purgé et purifié de la ‘contamination’ de la guerre et de la mort, ainsi que du péché, de la culpabilité et des esprits vengeurs des personnes tuées par l’enfant-soldat. Ces cérémonies sont remplies de rituels et de symbolisme, dont les détails sont caractéristiques du groupe ethnolinguistique auquel ils appartiennent, mais les thèmes généraux sont communs à tous les groupes15. GOAL, une ONG locale travaillant sur terrain a reconnu qu’en Sierra Leone, comme dans beaucoup d’autres pays, il y a des Enfants-soldats anciens combattants qui vivent dans la rue. Même s’ils ont été démobilisés officiellement, ces Enfants-soldats ont peut-être leurs raisons de ne pas vouloir rester dans un centre ou de retourner chez eux16.

1.2.3. En République Démocratique du Congo La République Démocratique du Congo en général, et les trois provinces de l’Est, notamment, la Province Orientale, le Nord et le Sud-Kivu, ont été en particulier les plus affectées par des conflits armés depuis plus d’une décennie. Les combats ont continué et se sont multipliés au cours de toutes ces dernières années avec la formation des plusieurs mouvements insurrectionnels à savoir, AFDL, RCD sous plusieurs formes, CNDP, une litanie des groupes armés Maï-Maï, ainsi que des groupes d’autodéfense populaire locale et les M23. 15

Isobel McConnan et Sarah Uppard, des enfants, pas des Sodats. Lignes directrices pour le travail avec les enfants soldats et les enfants associés aux forces combattantes. Save t’he Children, Londres, Rayaume-Uni, première édition en français, 2002, p.192-193. 16 Isobel McCannan et Sarah Uppard, des enfants, pas des soldats op. Cit p. 152.

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Environ 2.000.000 de personnes ont été déplacées en interne et 700 000 vivent comme des réfugiés dans les pays voisins17 en raison de la reprise des combats depuis les années 1998. Les conflits ethniques, politiquement motivés, font que la population locale dans l’est du Congo-Kinshasa souffre de la pauvreté et du manque d’accès aux services de base, tels que l’éducation ou la santé, une baisse sensible de la protection des droits de l’homme, en dépit des efforts octroyés à l’échelle tant internationale, nationale, provinciale que locale. En outre, cette belligérance à l’Est de ce géant africain à la dimension de l’Europe occidentale s’est soldée notamment par la multiplication des cas de recrutement et l’utilisation des Enfants-soldats dans les forces et groupes armés. Ces sévices, dont les jeunes filles et garçons sont particulièrement victimes, surviennent dans une toile de fond préexistant de laxisme et des comportements peu regardants sur les droits fondamentaux de l’enfant et de l’ignorance de sa place. Celle-ci doit absolument être dans la famille ou à l’école18. Par la conjugaison de ces facteurs, la dilution des normes sociales et le manque de respect du prochain, les conflits intra et intercommunautaires, ont eu droit de cité, car (tous ces facteurs sont entretenus par les politiciens, l’impunité des auteurs et l’inefficacité des mécanismes communautaires pour protéger les Enfants-soldats). La banalisation et la perpétuation des violations des droits de l’enfant et de la résolution 1612 du Conseil de sécurité sur le mécanisme de surveillance et communication, qui en résultent, impliquent toutes les couches communautaires. En effet, le profil des utilisateurs des Enfants-soldats dans les forces et groupes armés ne se limite pas seulement au stéréotype des seigneurs de guerres ou forces négatives, mais aussi des mouvements d’auto-défense communautaire, soutenue par les forces gouvernementales. Sur le plan individuel, les Enfants-soldats associés aux forces et groupes armés (EAFGA) sont victimes et vivent un drame personnel qui se décrit en termes de déperdition scolaire, du retard de croissance et des lésions physiques. De surcroît, la victimisation, l’ostracisme et la stigmatisation dont les concernés font l’objet, retardent leur rétablissement du traumatisme subi. Dans pareilles conditions, toutes les dimensions de la vie d’une personne sont ébranlées et sacrifiées. Sur le plan communautaire, la destruction du tissu socio-économique est catalysée par la pauvreté, les mouvements de la population, des conflits familiaux (entre conjoints d’une part ou entre parents et leurs Enfants-soldats d’autre part) ; interfamiliaux et intercommunautaires. A cela s’ajoutent 17

Radio Télévision nationale du Congo (RTNC), Journal télévisé soir du 29 août 2013 à 20 heures ; 18 RAJICIC, L. message de sensibilisation durant la session des formations et de renforcement des capacités des Jeunes afin, de lutter contre les pratiques de recrutement des enfants dans les forces et groupes armés ; Sange,31 août 2012.

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d’autres difficultés d’assurer aux victimes un accès facile aux soins de santé, aux services de réintégration scolaire, socioprofessionnelle et économique et une justice réparatrice. Au demeurant, c’est la société tout entière qui en souffre, du fait d’avoir touché à l’équilibre psychologique des Enfants-soldats, l’espoir et l’avenir de demain, et à leur vie privée. Bref, leur avenir est volé. La pratique de recrutement des Enfants-soldats, dans les forces et groupes armés, pose aussi un vrai problème de droit de l’enfant dans cette région en ce qui concerne sa place qui doit être en famille et à l’école selon plusieurs instruments juridiques nationaux et internationaux de protection de l’enfant19. Notons cependant que, les Enfants-soldats sortis des forces et groupes armés, ont pour la plupart un déficit important en ce qui concerne leur niveau d’instruction. Bon nombre ont atteint l’âge de plus ou moins 15 ans sans avoir fini le cycle d’études primaires. Cela, en raison d’une forte demande en ressources humaines pour la guerre et d’une population extrêmement jeune au Congo-Kinshasa où 54 % de la population est constituée des Enfants-soldats de moins de 18 ans (les plus forts physiquement sont les adolescents et les jeunes Enfants-soldats). Ils constituent une main-d’œuvre à vil prix touchée de façon disproportionnée par les conflits notamment de deux manières : par le recrutement forcé ou volontaire dans les forces et groupes armés. Mettant en évidence ce dernier point, l’Amnesty International déclara que : ‘l’un des aspects les plus préoccupants des conflits en RD Congo est ‘le recrutement et l’utilisation systématique par les troupes régulières et les groupes armés d’Enfants-soldats de moins de dix-huit ans comme combattants’. On estimait déjà à cette époque à 30.000 les Enfants-soldats qui ont été enrôlés par les forces et groupes armés dans les zones en conflits de l’est de la RDC20 où ils constituaient jusqu’à 40 % de certaines unités. Jusqu’à 40 % encore de ces Enfants-soldats étaient, semble-t-il, des filles21. Au début des années 2005, on comptait quelque 12 500 filles au sein des forces et groupes armés. Certains de ces Enfants-soldats n’avaient que six ans au moment de leur recrutement22. Or, enrôler des Enfants-soldats de moins de quinze ans et avoir recours à eux pour participer activement aux hostilités est reconnu comme un crime de guerre aux termes du droit international, qui interdit le recrutement et l’utilisation de personnes âgées de moins de dix-huit ans. Dans le cadre du processus de paix et de la transition politique qui avaient débuté en juin 2003, le gouvernement de la RDC, avait bénéficié d’une aide 19

RET RDC, narratif du programme DDR2012, Uvira 2012 Ce chiffre est celui qui a été retenu par le gouvernement de la RDC et par la Banque mondiale dans le programme de démobilisation des enfants. 21 Forgotten Casualties of War: Girls in armed conflict. Save the Children – UK, 2005,P.11. 22 Amnesty International, op.cit. P.4. 20

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de 160 millions d’euros de la communauté internationale, en vue de lancer un programme national de désarmement, démobilisation et réinsertion (PNDDR, et mettre dans la vie civile quelques 150.000 membres des forces régulières et groupes armés dont 30.000 Enfants-soldats. La commission nationale de désarmement, démobilisation et réintégration en sigle CONADER, service technique du gouvernement, qui coordonnait le programme de DDR à l’époque, avait déclaré à la fin de juin 2006, que 19 054 Enfants-soldats avaient été retirés des forces et groupes armés’23. ’Pratiquement en même temps, la CONADER annonçait que des restrictions budgétaires l’obligeaient à suspendre la plupart de ses activités de démobilisation pour consacrer les fonds restants – 40 millions d’euros – à la réinsertion. Le programme de DDR concernant les Enfants-soldats était toutefois confronté à de graves difficultés. Plus de deux ans après le lancement du PNDDR en juillet 2004, au moins 11 000 Enfants-soldats ne bénéficiaient pas du tout du programme national de DDR. Certains d’entre eux seraient toujours enrôlés dans les forces et groupes armés. Il lui manquait un nombre important des filles. Dans certaines régions, celles-ci représentaient moins de 2 % des Enfants-soldats ayant bénéficié du programme DDR’24. Durant ses recherches en 2006, l’Amnesty International est arrivée à la conclusion telle que, ’le gouvernement Congolais n’avait consacré que peu d’efforts et des moyens à la réinsertion des Enfants-soldats démobilisés et, pensait que la majorité de ceux qui étaient revenus dans leurs familles ne recevait qu’une assistance minime, voire inexistante, pour se réinsérer dans la vie civile et qu’ils n’ont pas accès à une formation scolaire et professionnelle appropriée. À la fin de juin 2006, aucun programme de réinsertion économique des Enfants-soldats au niveau des communautés de base n’avait été mis en œuvre par la CONADER, et au cours de leurs missions, ils (membres de la délégation) avaient rencontré de nombreux démobilisés qui ne recevaient aucune forme d’assistance25. En outre, plus de deux ans après, un responsable de la Banque Mondiale, a fait observer que la CONADER peinait à gérer le programme DDR de suite au problème d’organisation, à tel point que si elles ne sont pas réglées rapidement, les difficultés d’organisation risquent de compromettre le processus de DDR concernant les Enfants-soldats et tout particulièrement le succès de leur réinsertion, et que 90 % du travail était toujours effectué par

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Amnesty International, RDC- les enfants en guerre, ces chiffres ont été modifiés par la suite, op. cit, p.4. 24 Programme multi pays de démobilisation et de réintégration (MDRP), Rapport trimestriel sur l’état d’avancement, avril-juin 2006, p.78. 25 MDRP, idem, p.79.

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les ONG locales et internationales et que la CONADER ne faisait pas grandchose26. Les efforts précédents, dans le cadre de désarmement, démobilisation et réinsertion [DDR] n’ont pas du tout abouti aux résultats escomptés tels souhaités et le DDR — Enfants-soldats, n’est jamais devenu ni effectif, ni efficace. En conséquence, les actions DDR ne sont ni durables, ni orientées vers un développement socio-économique des collectivités concernées.

1.2.4. Pourquoi cette situation est-elle problématique ? Les échecs rencontrés dans le DDR, est un problème majeur, aussi pour le monde, le continent d’Afrique, la République démocratique du Congo et le Sud-Kivu en particulier. Le DDR non réussi ou non durable constitue pour les ex-combattants, une véritable bombe à retardement, ils deviennent pour la plupart, des bandits à main armée, des coupeurs des routes, des associations des malfaiteurs ou des maux flancs, et troublent ainsi la quiétude de la population civile. Le rapport de l’ONU par le groupe de travail des personnalités du haut niveau stipula ce qui suit : la démobilisation des combattants est le facteur le plus déterminant pour la réussite des opérations de paix. Sans la démobilisation, on ne peut pas mettre fin aux guerres civiles et les autres objectifs critiquent tels que la démocratisation, la justice et le développement ont peu de chance d’aboutir27. Mais le DDR doit être considéré comme un kit PEP, pour qu’il donne du succès, il va valoir que tous ses trois composantes ne puissent jamais, être dissociées. Une démobilisation sans une réelle réintégration renvoie certes les ex-soldats à se faire ré recrutés ou ré enrôlé une fois de plus dans les forces et groupes armés. C’est pour cette raison que Kofi Annan déclara : L’expérience a maintes fois montré qu’il est nécessaire d’entreprendre une action résolue pour réintégrer les ex-combattants dans la société – une action reconnaissant le besoin humain fondamental de dignité et de respect de soi. Cela doit comporter des mesures de soutien immédiat dès que les ex-combattants abandonnent leurs armes, et des mesures concrètes pour leur garantir des moyens de subsistance durables ainsi qu’un meilleur avenir’28.

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Amnesty International, République Démocratique du Congo : Enfants en guerre : Susciter un espoir d’avenir, INDEX AI : AFR 62/017/2006, Éditions francophones d’Amnesty International (EFAI), France, octobre 2006, P.20. 27 NU, Rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, Nations unies 2004 28 Déclaration de KOFI Annan, alors Secrétaire général des Nations-unies lors de la conférence des donateurs au Soudan. Avril 2005.

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1.2.5. Dilemme managérial Soit le DDR devient durable et alors, nous allons aspirer à la paix, la stabilisation de la situation sécuritaire, à la justice socio-économique équitable, à la démocratie, au développement durable, à la restauration et l’établissement de l’autorité de l’état sur tout l’ensemble du territoire national, bref, au progrès social et la prospérité du peuple avec égalités des chances. Soit le DDR n’est durable, et donc, l’inverse reste vrai. C’est pourquoi, une recherche à ce sujet, vaut son pesant d’or aussi bien pour la RD Congo que pour tous les pays post conflit.

1.2.6. Question managériale de recherche Afin de comprendre pourquoi les échecs dans le DDR et trouver ainsi une solution à cette situation, nous nous sommes posé la question managériale suivante : 1. ‘Pourquoi depuis son démarrage en 2003, les processus DDR en général et le DDR-Enfants-soldats en particulier connaissent autant d’échecs et des défis, nonobstant les efforts consentis, les moyens et la bonne volonté de certains acteurs et partenaires nationaux et internationaux impliqués dans la thématique ? Et pourquoi le DDR ne cède pas du tout de place au développement durable plus d’une décennie ?

1.3. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 1.3.1. Objectif général Rendre durable le DDR en général et le DDR-Enfants-soldats en particulier tout en empêchant le recrutement et l’utilisation volontaires ou forcés des Enfants-soldats dans les forces et groupes armés.

1.3.2. Objectifs spécifiques La présente étude se fixe entre autres quatre objectifs spécifiques à savoir : - Chercher à identifier, à comprendre et à analyser les causes qui ont contribué et qui continuent à contribuer à l’échec de DDR – Enfants soldats à l’est du Congo-Kinshasa et au Sud-Kivu, - Relever les éventuels défis ou obstacles majeurs liés au succès de DDR, - Mettre sur pied, un ‘Modèle pratique et stratégique pour le DDR Adultes en général et le DDR-Enfants-soldats en particulier, ainsi que des approches et stratégies de réintégration socio-économique et professionnelle durable pour toutes les couches vulnérables’ en 37

mettant en application les 4 piliers DDR, la création et l’établissement des toiles préventives communautaires et intercommunautaires, en vue de la prévention et de la pérennisation des actions durables - Mettre ainsi fin à la perpétuation de la dépendance par l’autoprise en charge responsable.

1.3.3. Objectifs intermédiaires - Faire une étude comparative entre les considérations psychosociales des Enfants-soldats par rapport aux autres catégories d’enfants de la société jugés normaux ; cela en vue de faciliter l’intégration sociale de toutes les couches de la communauté comme prévu par le Principe de Paris. - Faire valoir deux types de trilogies ‘Individu-Métier-Marché d’emploi : (I-M-M, et Marché — offre égale Demande et Marketing ‘M=OD-M’, comme exigence fondamentale et même soubassement d’une bonne orientation et formation professionnelle, et de gestion en développement et compétences commerciale des activités génératrices des revenus (AGR). Car, sans moindre connaissance du sujet à orienter ou à réintégrer et de son environnement socio-économique, l’impact ne sera que nul et sans effet, - dénoncer et bannir les mauvaises pratiques qui ont élu domicile dans le chef des agences de protection de l’enfant et communautés, dont la fabrication de faux groupes armés et Enfants-soldats, - faire le plaidoyer à toutes les parties prenantes en vue du démantèlement et de l’éradication des forces et groupes armés, source d’implication des Enfants-soldats et jeunes dans les conflits armés.

1.4. PLAN DE RECHERCHE 1.4.1. Questions de recherche 1. D’après votre expérience, pensez-vous que le processus DDR en général et le DDR – Enfants-soldats en particulier depuis son démarrage en 2003 à l’Est de la RDC, et au Sud-Kivu, est une réussite ou un échec ? 2. Quels sont les défis auxquels le processus DDR s’est buté depuis 2003 et qu’il nous faut relever ? 3. Quelles sont d’après votre expérience, les stratégies appropriées que vous pouvez préconiser ou envisagez pour le succès du DDR — Enfants-soldats à tous les acteurs impliqués dans cette thématique ?

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1.4.2. Hypothèses de recherche Par rapport aux échecs et aux défis enregistrés dans le domaine de DDR et de la réintégration socio-économique et professionnelle des Enfantssoldats sortis des forces et groupes armés, nonobstant les moyens et les interventions de plusieurs partenaires impliqués dans cette thématique, nous serions tentés d’affirmer que : 1 La volonté politique, l’instauration de l’autorité de l’État devant permettre l’éradication totale des forces négatives et des groupes armés, l’effectivité des réformes de l’armée nationale et de tous les services de sécurité ainsi que la révision du cadre opérationnel, est notre première hypothèse ; 2 L’éradication des mauvaises pratiques, la stabilisation de la situation sécuritaire grâce à la sensibilisation-conscientisation, la création et l’établissement des toiles préventives communautaires et inter communautaires, l’élaboration des plans de développement communautaire et intercommunautaire est notre deuxième hypothèse ; 3 La protection au travers l’éducation, la réforme du système éducatif congolais et humanitaire, est notre troisième hypothèse 4 L’usage effectif, de six (6) approches, de vingt-trois (23) stratégies alternatives, et surtout du modèle stratégique de réintégration socioéconomique, est notre quatrième hypothèse. Ainsi toutes ces hypothèses, seraient des solutions adéquates pour la refondation du DDR-Enfants-soldats, durables des ex-Enfants-soldats et ainsi que d’autres couches vulnérables.

1.4.3. Méthodologie de recherche (ce point fera objet du chapitre sixième) Étant donné que la sociologie comme étude des faits et phénomènes sociaux, et que la réintégration durable est à la fois socio-économique. La présente étude est de nature mixte. Elle est donc à la fois qualitative et quantitative. L’analyse et la compréhension du phénomène Enfants-soldats, des échecs et des défis de DDR, lui revêtent d’offices sa nature qualitative. Mais en revanche, la création des petites unités de production, sur base de la faisabilité financière, de l’établissement de business-plans ou plans d’affaires, de cadre d’environnements économiques, des plans de trésorerie, des balances et même la quantification du pourcentage du taux d’échec ou de réussite, du taux d’intérêts, de profit réalisé, de l’échelonnement des dettes, etc. Lui donne d’office, le caractère quantitatif. Par ailleurs, notre recherche est à la fois explicative et expérimentale. Le travail avec les Enfants-soldats et ex-soldats durant une décennie, nous a assez permis d’avoir une bonne expérience, de faire plusieurs publications scientifiques, de produire assez d’outils et guides pour l’orientation 39

professionnelle de ces derniers, d’expérimenter notre savoir dans plusieurs organisations non gouvernementales et d’entrer en contact avec plusieurs parties prenantes intervenant dans la thématique. La prise en otage dont nous avons une fois été victime, la participation à plusieurs missions de désarmement et démobilisation, les ateliers et sessions de formation liés à cette problématique, les enquêtes sur terrain, les interviews et les entretiens, les études des marchés locaux de réintégration, etc., constituent fondamentalement la colonne vertébrale et méthodologique de cette étude. S’agissant de la philosophie, notre recherche est aussi à la fois subjective et interprétative.

1.4.4. Plan de collecte de données À plus de 90 %, les données collectées pour notre recherche relèvent du type primaire. Car nous avons fait nous-mêmes l’évaluation des besoins en orientation professionnelle pour les ex-soldats qui ont constitué notre cible directe de première catégorie. En plus de l’évaluation rapide des capacités des structures de formation professionnelle et apprentissage des métiers, les supervisions et les études des marchés de réintégration socioprofessionnelle et économique à travers toute l’étendue de la province du Sud-Kivu, les visites guidées et l’organisation et présentation des forums des métiers,les interviews, les entretiens libres, l’observation simple, documentaire et de l’observation participante, le questionnaire d’enquête structuré ;ont constitué les principales techniques que nous avons utilisées. Mais aussi pour répondre à ces différentes questions, cette recherche, à la fois systémique et appliquée, a été exécutée en plusieurs phases et a utilisé une approche qualitative basée sur (1) des entrevues en profondeur avec les ESFGA et personnes-ressources, professionnels DDR ;(2) la pré enquête ; (3) l’enquête proprement dite au cours de laquelle nous avons procédé par une interview structurée ou entretien dirigé ; (4) et enfin, avons fait l’analyse de toute la situation.

1.4.5. Résultats attendus/atteints À la fin de notre étude, nous nous attendons aux résultats ci-après :  Durabilité ou réussite du DDR approuvée,  Tous les défis faisant obstacle au DDR relevés,  Bonne orientation socio-scolaire et professionnelle des ESFGA effectuées,  Guides pratiques pour tous les acteurs impliqués dans cette thématique mis sur pieds  Les mauvaises pratiques identifiées dans le processus DDR et dénoncées, 40

 Approches et stratégies alternatives pour le DDR et la réintégration socioprofessionnelle pour toutes les parties prenantes au processus proposé,  modèle stratégique DDR instauré  Quatre (4) piliers du DDR durable présentés,  Caractéristiques sociodémographiques des ESFGA identifiées et connues,  Trilogies d’une bonne évaluation des besoins en orientation et réintégration professionnelle efficaces mis sur pieds,  quelques considérations psychosociales des ESFGA décelées  Difficultés inhérentes liées à la formation et à la réintégration professionnelles identifiées,  Eléments standards de kits de réintégration scolaire et professionnelle proposée,  Modèle – type de la création et établissement de la toile préventive communautaire et intercommunautaire mis sur pieds  Recommandations et suggestions formulées,

1.5. IMPORTANCE DE L’ÉTUDE Au regard d’abord des résultats attendus comme présentés ci-haut, l’importance de notre recherche n’est pas à démontrer. Elle est à la fois personnelle, scientifique et sociale.

1.5.1. Importance personnelle et scientifique  Cette étude est notre contribution personnelle et scientifique à la science et à notre formation en tant que sociologue,  Elle donne des réponses concrètes aux questions principales et spécifiques que nous nous sommes posées, faisant ainsi l’objet de notre étude,  Elle met sur pied le guide pratique devant servir d’outils de travail à tous les intervenants dans le domaine de DDR,  Elle fait en sorte que les Enfants-soldats et ex-soldats soient durablement réintégrés après leur démobilisation,  Elle contribue à la phase de la consolidation de la paix dans un pays post-conflit, et de surcroît, à la réintégration socio-économique réussie des enfants sortis des forces et groupes armés. Elle est, un préalable et constitue à cet effet, l’un des processus très indispensables pour la stabilisation d’une société, grâce aux approches et aux stratégies en vue d’une auto-prise en charge durable qui s’impose.

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1.5.2. Importance sociale Au terme de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et coopération pour la République démocratique du Congo et la région ; dit ‘Accord d’Addis Abeba’, l’un des aspects les plus importants pour la paix et la sécurité de toute la région, reste la mise en application du processus DDR durable. Cette recherche en est la réponse. Elle servira d’outils de travail à tous les pays post-conflits, à stabiliser leurs patries en général, la République Démocratique du Congo, le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda comme composantes de la CEPGL, en particulier.

1.6. CADRE ET LIMITATION DE L’ÉTUDE Dans l’espace, notre recherche se focalise sur l’ensemble de la province du Sud-Kivu en République démocratique du Congo. Elle traite singulièrement le phénomène ‘Enfants-soldats, Enfants ex-soldats ou encore Enfants associés aux forces et groupes armés’, un problème sans doute social et un affront à notre société. Dans le temps, notre investigation s’étend sur une période de dix ans, allant soit de novembre 2005 à février 2015. L’année 2005 comme limite inférieure, se justifie par le fait que, c’est à partir de cette année que nous avons commencé à travailler dans ce domaine, avec plusieurs organisations tant nationales qu’internationales ainsi que celles du Système des Nations unies impliquées dans le domaine de DDR. L’année 2015 en revanche, comme limite supérieure, marque non seulement la fin à notre recherche, mais aussi celle de la rédaction et de la soutenance de notre dissertation, qui est en fait le couronnement de notre étude de dur labeur.

1.7. CONTRAINTES ET DIFFICULTÉS Tout travail de recherche ne peut jamais se réaliser sans difficulté les sérieuses limites financières, l’incompatibilité de temps entre, notre profession et la recherche, les rendez-vous manqués de nos enquêtés, leur indisponibilité et réticence à nous livrer certaines informations étant donné la sensibilité de la question étudiée, notre absence en famille et les réseaux de communication fréquemment défectueux entre nous et notre comité d’encadrement scientifique, etc., ont constitué quelques-unes de grandes difficultés que nous avons connues.

1.8. STRUCTURE DE L’ÉTUDE Le présent ouvrage se subdivise en quatorze (14) chapitres regroupés tous en cinq (5) parties :

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La partie nommée ’Généralités’ est constituée de deux premiers chapitres. Le premier est intitulé Introduction générale. Il se focalise autour de l’introduction, du contexte de l’étude, des résultats escomptés, de la problématique en entonnoir, du pourquoi de la situation-problème, du dilemme et de la question managériaux de la recherche, des objectifs et des questions, des hypothèses et du résumé de la méthodologie de l’étude, du plan de la collecte des données et des résultats attendus, de l’importance, de cadre et limitation de notre recherche, des contraintes et difficultés ainsi que de la structure même de cette recherche. Le deuxième chapitre est un bref aperçu du contexte sur la République Démocratique du Congo et de la Province du Sud-Kivu, notre champ d’études, dès l’indépendance à nos jours. Ce chapitre essaie notamment d’analyser les différents aspects de notre pays : les situations politiques, économiques, sociales ainsi que de sa coopération et collaborations régionale et internationale. Les questions liées à la balkanisation, à la réforme humanitaire, au rôle de la MONUSCO, à ses relations avec l’Union européenne, ont été abordées dans ce chapitre. Les notions d’identité, d’ethnicité, d’accès au pouvoir et au foncier ont bien été analysées comme éléments sociologiques clés de la dynamique politique et de conflits locaux au Sud-Kivu. La deuxième partie, axée sur la revue de la littérature, regroupe, dans son ensemble, trois chapitres allant du troisième au cinquième. Le troisième nommé : Littérature théorique, met plus d’accents sur la définition des concepts-clés de notre étude, notions et concepts opératoires de la définition et de l’exploration du phénomène ‘enfant-soldat’. Il traite en revanche de la littérature appliquée au dilemme et aux questions managériaux de notre recherche ; de la répétition des guerres à l’est de la RD Congo et au SudKivu ainsi que la prolifération des groupes armés et forces négatives, comme source d’implication des Enfants-soldats dans les conflits armés. Le quatrième chapitre, une littérature empirique, analyse quelques travaux de recherche en rapport avec notre sujet avant d’en faire une démarcation. Il présente ensuite le Programme national DDR au Cadre opérationnel-enfant, cadre légal pour notre recherche, en passant par le processus de la démobilisation des Enfants-soldats en RDC et au Sud-Kivu. Le Cinquième chapitre, qui boucle la deuxième partie, est un cadre conceptuel et théorique de notre étude. Il traite de la revue des variables indépendantes et dépendantes ainsi que de différentes théories en rapport avec la présente étude. La troisième partie, centrée sur les méthodes de recherche, se focalise sur le plan de la méthodologie de recherche, les plans de collecte et d’analyse des données, de la procédure qualitative et du schéma de cycle de la recherche. Cette partie cumulée en six chapitres, montre comment la méthode systémique et les différentes techniques sont utilisées comme outils de travail pour mener à bien cette investigation. Il se referme avec la présentation de plusieurs programmes et projets exécutés et, qui nous ont 43

permis d’avoir non seulement des données relatives à ce travail, mais aussi d’acquérir plus d’expériences et expertise afin d’arriver au DDR durable comme notre rêve. La quatrième partie axée sur le centre d’intérêt et contribution va du chapitre septième au onzième, et, est une partie la plus importante de notre travail. Elle présente tous les résultats de notre recherche. Ces derniers sont plus centrés sur les caractéristiques sociodémographiques des Enfantssoldats sortis des forces et groupes armés, de la problématique de l’orientation professionnelle de ces derniers, de quelques considérations psychosociales et des difficultés inhérentes à la formation professionnelle et à la réintégration professionnelle des ESFGA. C’est dans ce chapitre poumon, où les résultats aux questions principales de notre recherche ont été dépouillés, analysées et interprétées. Toutes les causes et les défis liés au DDR — Enfants-soldats en particulier ont été identifiés dont les six (6) approches et les vingt-trois stratégies alternatives comme notre contribution à la science et à la société y ont été présentées. Le chapitre neuvième, est une théorisation de quelques stratégies mères que nous développons. Il s’agit des 4 piliers pour le DDR durable, 4 piliers de la médiation et 4 piliers de l’éducation. Il se boucle enfin par notre modèle stratégique pour le DDR et par la réintégration socio-économique durable des autres couches vulnérables. Le dixième chapitre, quant à lui, tourne au tour de la pédagogie : l’interdisciplinarité, la transdisciplinarité et la multidisciplinarité dans le domaine de l’éducation. Il relève enfin les forces, les faiblesses et les opportunités de l’actuel système éducatif congolais. Le chapitre onze se focalise sur la stratégie de sensibilisationconscientisation et de création de toiles préventives comme soubassement de la situation sécuritaire et des plans communautaires de développement. Ce chapitre a pour objectif : le renforcement des capacités et le transfert des connaissances afin d’éliminer le recrutement et le départ volontaire ou forcé des Enfants-soldats et adolescents dans les forces et groupes armés, et certainement aussi d’éliminer les pratiques négatives ; cela, grâce à la prise de conscience et à l’implication des communautés locales. La cinquième partie porte sur la valorisation de nos expériences et expertises dans le domaine de DDR et de réintégration socioéconomique. Elle met l’accent sur le paquet minimum de réintégration économique pour Enfants-soldats, ex-soldats et autres couches vulnérables, une recherche appliquée dans la province du Sud-Kivu. Son deuxième chapitre est juste axé sur les quelques modèles types de business-plans et filières types de réintégration économique que nous avons réalisée avec le Guichet d’économie locale dans le domaine de la réinsertion économique des Enfants-soldats sortis des forces et groupes armés. Le treizième chapitre et l’avant-dernier sont un ensemble des mesures conservatoires, les responsabilités des structures concernées ainsi que les 44

recommandations à toutes les parties prenantes impliquées dans le DDR, à savoir : Le gouvernement congolais tant national que provincial, l’UEPNDDR, les ONG locales et internationales des droits de l’homme, les ONG nationales et autres acteurs dans la réintégration des ESFGA, la communauté internationale, les ONG humanitaires et les bailleurs des fonds. Enfin le quatorzième chapitre et le dernier, met un terme à notre recherche par la conclusion générale dans laquelle se trouvent l’introduction, le résumé des principaux résultats, de notre contribution traduite en termes d’implications théoriques, méthodologiques et pratiques ainsi que d’ouverture des brèches pour les recherches futures. Tout ceci est suivi des références bibliographiques et des annexes.

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CHAPITRE DEUXIÈME Bref aperçu du contexte RD Congo et de la province du Sud-Kivu : de l’Indépendance à nos jours

2.1. SITUATION POLITIQUE Située au cœur de l’Afrique, le géant de l’Afrique centrale, la République Démocratique du Congo a obtenu son indépendance en 1960. Depuis son accession à l’indépendance, le Congo Kinshasa a toujours été l’objet de plusieurs rébellions, cessations, coups d’État, guerres civiles, etc. Depuis lors, son histoire a été marquée par l’instabilité. Essayant de pallier cette situation, le 13 juillet 1960, le Premier ministre Lumumba accepte la venue des Casques bleus (ONUC) qui s’installèrent jusqu’en 1964. En 1965, Mobutu Sese Seko prit le contrôle du pays et le dirigea d’une main de fer pendant 32 ans. Son règne fut marqué par l’échec du processus de démocratisation et les conséquences dévastatrices du génocide survenu au Rwanda en 1994, sur l’État zaïrois en déliquescence, en particulier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Au cours de cette période, des violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire, perpétré par les forces étrangères, ont été répertoriées et concentrées pour l’essentiel au Katanga, au Nord-Kivu et dans la ville province de Kinshasa. Le Président Mobutu Sese Seko fut éloigné du pouvoir en 1997 par Laurent Désiré Kabila qui renomma le pays ‘République Démocratique du Congo (RDC). Mais les violences ne s’arrêtèrent pas pour autant, déplaçant des millions de personnes dans le pays.

2.1.1. Mars 1993-juin 1996 : échec du processus de démocratisation et crise régionale Après le discours historique du 24 avril 1990 qui donna lieu à la démocratisation de ce géant pays, Mobutu Sese Seko, alors président de la République du Zaïre (RDC) tentait de libéraliser les partis politiques et

syndicats dans un pays demeuré longtemps dans un régime dictatorial et à parti unique, le MPR (mouvement populaire de la révolution), parti état. Les acquis de la conférence nationale souveraine, un cadre mis sur pied en vue de définir l’avenir de ce pays, furent manipulés par les politiciens zaïrois de l’époque à intérêts égoïstes et le processus de démocratisation connut ainsi son échec et amena des crises interminables jusqu’à ce jour.

2.1.2. 1996-1997 : première guerre et régime de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) Les informations disponibles aujourd’hui suggèrent l’importance du rôle des États tiers dans la Première Guerre et leur implication directe dans cette guerre qui a amené au renversement du régime du Président Mobutu. Au début de la période, des violations sérieuses ont été commises à l’encontre de civils tutsis dits banyamulenge, principalement au Sud-Kivu. Cette période a été caractérisée par une apparente poursuite impitoyable et des massacres de grande ampleur des réfugiés hutus, des membres des anciennes forces armées rwandaises (appelées par la suite ex-FAR) ainsi que de milices impliquées dans le génocide de 1994 (les Interahamwe) prétendument par les forces de l’alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Une partie des troupes, de l’armement et de la logistique étaient fournis par l’Armée patriotique rwandaise (APR) par l’Uganda People’s Defence Force’ (UPDF) et par les Forces armées burundaises (FAB) à travers tout le territoire congolais. Les réfugiés hutu, que les ex-far Interahamwe semblent avoir parfois encadrés et employés comme boucliers humains au cours de leur fuite, ont alors entrepris un long périple à travers le pays qu’ils ont traversé d’est en ouest en direction de l’Angola, de la République centrafricaine ou de la République du Congo. Cette période aurait également été marquée par de graves attaques contre les populations civiles, congolaises, dans toutes les provinces sans exception, notamment par l’ex-FAR Interahamwe, fuyant devant l’AFDL/APR.

2.1.3. Août 1998-janvier 2000 : deuxième guerre en RDC En août 1998 survient le déclenchement de la Deuxième Guerre. Cette période est caractérisée par l’intervention sur le territoire de la RDC des forces armées régulières de plusieurs États, combattant avec les Forces armées congolaises (FAC) [Zimbabwe, Angola et Namibie] ou contre elles, en plus de l’implication de multiples groupes de miliciens et de la création d’une coalition regroupée sous la bannière d’un nouveau mouvement politico-militaire, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) qui se scindera à plusieurs reprises. Une fois de plus, la RDC fut la proie de plusieurs conflits armés : ‘Certains (…, internationaux) d’autres internes et (…, des conflits nationaux qui ont pris une tournure internationale). Au 48

moins huit armées nationales et 21 groupes armés irréguliers ont participé aux combats. Le 10 juillet 1999 à Lusaka, en Zambie, la République Démocratique du Congo, l’Angola, la Namibie, le Rwanda, l’Ouganda et le Zimbabwe signent l’Accord de cessez-le-feu pour l’arrêt des hostilités entre tous les belligérants en RDC. Le Mouvement de libération du Congo (MLC) l’une des factions rebelles congolaises, signe l’Accord le 1er août 1999. L’Accord comporte des conditions relatives à la normalisation de la situation le long des frontières de la RDC ; au contrôle du trafic illégal d’armes et de l’infiltration de groupes armés ; à l’ouverture d’un dialogue national ; à la nécessité de régler les questions de sécurité et à la mise en place d’un mécanisme visant à désarmer les milices et groupes armés. Il prévoit aussi la création d’une commission militaire composée de deux représentants de chaque partie sous l’autorité d’un facilitateur neutre nommé par l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et propose qu’une force appropriée soit constituée, facilitée et déployée par l’ONU en coordination avec l’OUA. Malgré la signature à Lusaka, le 10 juillet 1999, entre toutes les parties, prévoyant le respect du droit international humanitaire, le retrait définitif de toutes les forces étrangères, du territoire national de la RDC, les combats ont continué tout comme les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Le 16 juin 2000, le Conseil de sécurité, dans sa résolution 1304 (2000) a demandé à toutes les parties de cesser les combats et a exigé que le Rwanda et l’Ouganda se retirent du territoire de la RDC dont ils avaient violé la souveraineté.

2.1.4. Janvier 2001-juin 2003 : vers la transition Laurent Désiré Kabila fut assassiné en 2001 et remplacé par son fils Joseph, qui dès sa prise de pouvoir, convoqua des pourparlers de paix afin de mettre un terme à la guerre. En février 2001, un accord de paix était négocié entre Joseph Kabila, le Rwanda et l’Ouganda et devait mener au retrait total des troupes étrangères du pays. Les forces de maintien de la paix des Nations unies, la MONUC, dont le mandat court depuis novembre 1999, arrivèrent en avril 2001. Le conflit reprit de plus belle en janvier 2002 à la suite des heurts interethniques dans le nord-ouest du pays, incitant l’Ouganda et le Rwanda à arrêter le retrait de leurs troupes, voire à les augmenter. De nouveaux accords, signés à Pretoria, le 31 juillet 2002 entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, et à Luanda, le 6 septembre 2002, entre la République Démocratique du Congo et l’Ouganda, amorcent le retrait des forces étrangères du pays. Dans le contexte de la guerre et des conflits sur l’ensemble du territoire, la population civile en général a été victime de graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire prétendument par toutes les 49

parties aux conflits et surtout le territoire, mais particulièrement au NordKivu et au Sud-Kivu, dans la Province Orientale, notamment en Ituri, au Katanga, en Équateur, ainsi qu’au Bas-Congo. Le 17 décembre 2002, le gouvernement de la République Démocratique du Congo et les parties au conflit signent à Sun City, en Afrique du Sud, un Accord global et inclusif sur la transition en République Démocratique du Congo qui repose sur l’Accord de Lusaka pour un cessez-le-feu de 1999 et qui intègre les Résolutions du dialogue inter congolais, tenu à Sun City de février à avril 2002. Ce nouvel accord réitère la nécessité d’une cessation des hostilités en RDC et, surtout, établit les modalités d’une transition politique. Un gouvernement de transition est formé, composé de l’ensemble des partis politiques et de représentants de la société civile. L’Accord prévoit aussi la mise en place d’institutions de transition ainsi que la délimitation des pouvoirs exécutifs, législatifs, judiciaires et de l’armée. L’accord global et inclusif identifie comme priorités la mise en œuvre d’un processus de refonte de l’État selon des principes démocratiques et une réforme du secteur de la sécurité. Les pourparlers entre Joseph Kabila et les chefs rebelles aboutirent à la signature d’un accord de paix prévoyant un partage du pouvoir avec les anciens rebelles. En juin 2003, toutes les armées étrangères avaient quitté le pays, à l’exception de celle du Rwanda. Malgré la mise en place progressive d’un cessez-le-feu le long de la ligne de front et l’accélération des négociations de paix en vue du lancement de la période de transition, le 30 juin 2003, la période a été marquée par un conflit ouvert entre les Forces armées Congolaises (FAC, et les forces Mai-Mai, dans la province du Katanga. Les violences de l’Ituri, perpétrées en cette même période, ont secoué la province, notamment les conflits ethniques entre les Lendu et les Hema, atteignant un seuil d’intensité inconnu jusqu’alors. Comme lors des périodes précédentes, les populations civiles de tout le territoire ont été les principales victimes des parties aux conflits, notamment en province orientale, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, au Maniema ainsi qu’au Kasaï oriental.

2.1.5. Le Troisième Régime de la République Démocratique du Congo En 2006, la République démocratique du Congo a tenu pour la première fois, depuis son indépendance en 1960, des élections multipartites que Joseph Kabila remporta avec 59 % des voix. Toutefois, le nouveau gouvernement démocratique mis en place en décembre 2006 ne trouva pas de solutions instantanées à la fragilité générale du pays et permit l’installation d’affrontements répétés, engendrant la signature, à Nairobi, d’un Communiqué conjoint, le 9 novembre 2007 qui stipule que ‘… les combattants désarmés qui seront reconnus comme étant 50

congolais ou éligibles pour acquérir la nationalité congolaise en conformité avec la législation nationale, ne seront pas soumis au rapatriement ; ceux-ci seront enregistrés et une liste les identifiant sera transmise au gouvernement du Rwanda’. À cela s’ajoute la signature de l’Accord de paix de Goma (Nord Kivu) du 23 mars 2009, entre le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) et le gouvernement congolais, survenue après la bataille de Goma, débutée le 27 octobre 2008, entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo, aidées par les forces de Nations unies, et les rebelles Batutsi du général Laurent NKUNDA. Les combats provoquent la fuite de 200.000 civils, amenant le nombre total de personnes déplacées par la guerre du Kivu à 2 millions de personnes, entraînant une des plus grandes crises humanitaires mondiales. Les accords de Goma prévoyaient notamment l’intégration des combattants du CNDP dans l’armée et la police congolaise. En cette même période, en Ituri, les Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) continuent de menacer la frontière rwandaise et le Banyarwanda, pendant que le Rwanda soutient les rebelles du RCDGoma (Rassemblement congolais pour la Démocratie) contre Kinshasa. Une offensive rebelle ayant eu lieu fin octobre 2008 causa des crises succinctes des réfugiés. À cela se succédèrent dans le Nord-est, la LRA de Joseph Kony (LRALord’s Resistance Army), l’Armée de résistance du seigneur qui s’est déplacé depuis leur base originelle en Ouganda (où ils ont mené une rébellion durant 20 ans, au Sud-Soudan, jusqu’en République Démocratique du Congo, en 2005, et elle a établi des campements dans le parc National de Garamba). Dans le nord du Katanga, les Mai-Mai créés par Laurent Kabila échappent au contrôle de Kinshasa et de nombreuses dissidences et révoltes persistent perpétrant des violences continues sur la population civile. Le 28 novembre 2011, les élections présidentielles et législatives ont eu lieu, en République Démocratique du Congo, déchaînant une indescriptible confusion, associée à des violences parfois meurtrières, mais localisées. La question de la crédibilité voire de la validité de ce scrutin pluraliste, le deuxième depuis l’indépendance de l’ancienne colonie belge de 1960, demeure une pierre d’achoppement dans l’histoire récente du pays. Le cumul des démonstrations de la résilience assidue du géant de l’Afrique fut illustré une nouvelle fois au travers la constitution des militaires congolais qui se sont mutinés en avril 2012, en Mouvement du 23 mars 2012 (M23) dont ses commandants sont majoritairement issus du CNDP et d’origine rwandaise, revendiquant l’application des accords signés en 2009 par le CNDP et le gouvernement. Après avoir pris le contrôle de plusieurs localités du territoire de Rutshuru, en mai 2012, et perdu certains à la suite des combats avec des militaires congolais, les rebelles de M23 ont lancé une nouvelle offensive au 51

mois de juillet et ont pris le contrôle de Bunagana, Rutshuru-centre, Kalengera, Kako et Rubare. Le 20 novembre 2012, M23 saisit la ville de Goma ; par rapport à ce nouvel affront, les forces nationales se sont retirées. Le président de la République Démocratique du Congo, après avoir lancé un appel pour la résistance au M23, finalement sous la pression de la communauté internationale, acquiesça de négocier avec ces derniers. Les négociations, débutées en décembre 2012, continuent à s’entretenir à Kampala, la capitale de l’Ouganda. Dans les affrontements se déroulant actuellement sur le territoire du Congo, hormis M23, s’ajoute la présence des forces d’origine étrangère notamment les FDLR et ADF NALU dans le massif de Ruwenzori. Au nord du pays, les rebelles ougandais de la LRA sévissent à Ango, Faradja et Niangara. Classée sur la liste noire des organisations terroristes, par les États-Unis, la LRA est accusée de nombreuses atrocités sur les populations locales. Dans les Hauts Plateaux d’Uvira et Fizi dans la province du SudKivu, par contre, les forces nationales déploient des éléments exemplaires dans la lutte contre les exactions et crimes perpétrés par les forces étrangères, notamment FDLR (d’origine rwandaise) et FNL (d’origine burundaise). Des éléments du M23 essayent l’infiltration dans cette province également, mais leur nombre est réduit. La période du mois d’octobre 2012 à avril 2013 fut marquée par la signature du Plan d’action entre les Nations unies et le gouvernement congolais, régissant le non-recrutement des Enfants-soldats dans les Forces armées nationales. Le Conseil de sécurité de l’ONU qui a adopté le 28 mars 2013, une résolution créant une brigade d’intervention chargée de lutter contre les groupes armés à l’Est du pays en tête desquels le Mouvement du 23 mars (M23) — une rébellion soutenue par le Rwanda et l’Ouganda voisins, ce que ces deux pays réfutent. Renforcée par la brigade d’intervention, la MONUSCO se voit confier la tâche de ‘mener des opérations offensives et ciblées’ — seule ou avec l’armée congolaise — pour ‘stopper le développement de tous les groupes armés, les neutraliser et les désarmer’. La brigade comptera ‘3.069 hommes, parmi ces 3.069, 519 hommes sont répartis en une compagnie d’artillerie, une compagnie de forces spéciales et une compagnie de reconnaissance’. La tête du commandement de l’armée nationale de la RD Congo compte dix généraux de nationalité rwandaise (information informelle) affectés à l’est du pays. Le cahier de charge de certains groupes armés Maï-Maï, comporte la demande de déploiement des hauts officiers de la FARDC, rwandais, de l’Est à l’ouest de la RDC. Les officiers concernés, à l’heure actuelle, se trouvent à Kinshasa, tandis que la proposition adressée par le gouvernement aux Maï-Maï Patriotes consiste à leur déploiement dans d’autres provinces du Congo. Les Forces armées de la RD Congo, les FARDC quant à elles, se trouvent sous une pluie de fortes accusations et condamnations, orchestrées depuis le 52

début de l’année 2013, par la plupart des organisations onusiennes, œuvrant sur le territoire congolais, résultant à des rapports des Nations unies diffusés expressément, bien que pas une recherche, enquête, analyse ou étude à cet effet, n’a été conduite. Le 8 mai 2013, sous une nouvelle accusation, la MONUSCO, officiellement, déclina son soutien à la FARDC.

2.1.6. Rôle des Nations unies À part la présence des Casques bleus (ONUC) de 1960 à 1964, et à la suite de la signature du cessez-le-feu, en juillet 1999, à Lusaka, entre la RDC et cinq pays de la région, le Conseil de Sécurité établit l’Organisation des Nations unies (MONUC, en RDC) par la résolution 1279, du 30 novembre 1999. Planifiée, initialement, pour l’observation du cessez-le-feu, le désengagement des forces armées et le maintien des rapports entre toutes les parties concernées, au travers une série de résolution, le Conseil de Sécurité, étendit plus tôt le mandat de la MONUC et assigna de nombreuses nouvelles tâches. Le déploiement militaire de l’ONU sur le sol congolais a commencé en mars 2001. Conformément à la résolution 1925 du 28 mai 2010 du Conseil de Sécurité, la MONUC a été rebaptisée le 1er juillet — la Mission de stabilisation des Nations unies en République Démocratique du Congo (MONUSCO) afin de refléter la nouvelle phase atteinte dans le pays. L’américain Roger Meech a été nommé à la tête de la mission le 9 juin 2010. Environ 98 % des troupes onusiennes sont déployées dans les provinces de l’est, où la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO) a pour mandat prioritaire d’assurer la protection de la population civile. La MONUSCO dispose de moyens considérables : un effectif de plus de 23 000 personnes déployées dépasse l’effectif autorisé (22 016 personnes) pour un budget de 1,4 Md USD pour la période 20122013 (dont 116 M€ pour la France). Les Nations unies se sont par ailleurs intéressées à deux problématiques liées, celle de l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC et celle des trafics d’armes dans la région. Un embargo sur les armes à destination des groupes actifs en RDC a été instauré par la résolution 1493 (juillet 2003), sa surveillance étant confiée à un groupe d’experts dont les rapports successifs ont souligné la poursuite des trafics malgré l’embargo et le rôle du Rwanda et de l’Ouganda dans la circulation d’armes dans l’Est congolais. Sur la base des informations rapportées par les experts, le Conseil a imposé, en novembre 2005, des sanctions à une liste de personnes identifiées comme responsables de violations de l’embargo. Cette liste a fait l’objet, par la suite, de plusieurs compléments. Le parcours des Nations unies en RDC comprend des opérations militaires telles que le mixage, Umoja wetu (notre union) Kimia (silence) 1 et 2 en 2009, Amani Leo (Paix aujourd’hui, en 2010, Amani Kamilifu (la 53

paix renforcée), dans le territoire de Fizi (paix parfaite) Chuma Ngumi ou ‘Poing d’acier’, ou autres. En soutien aux troupes gouvernementales engagées dans la stabilisation de la situation sécuritaire au Nord-Kivu, les Casques bleus sont déployés dans cette province dans le cadre des opérations unilatérales dénommées ‘Blue Redoubt I & II’ (Forteresse bleue I & II). 2.1.6.1. MONUSCO — UNPOL : Mandat de la police MONUSCO Le mandat de la POLICE MONUSCO est fondé sur la Résolution 2053 (2012) du Conseil de Sécurité du 27 juin 2012, qui reprend pour l’essentiel, les termes de la résolution 1991 du 28 juin 2011. Ainsi, le Conseil de Sécurité a décidé de proroger jusqu’au 30 juin 2013, le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) telle qu’il résulte des paragraphes 2, 11 et 12 a, à p, et r, à t, de sa Résolution 1925 (2010). La Résolution 2053(2012) du 27 juin 2012, du Conseil de Sécurité, à l’instar des résolutions 1991 du 28 juin 2011 et 1925 (2010) du 28 mai 2010 fait le constat de la persistance de l’insécurité à l’est du pays, notamment dans les deux Kivu et la Province orientale. Ce contexte justifie la mise en œuvre une fois de plus du chapitre VII de la Charte des Nations unies. Les principaux axes du mandat de la RCS 2053 (2012) concernent notamment la protection des civils, la stabilisation et la consolidation de la paix, l’organisation des élections, la lutte contre l’exploitation et le commerce illicite des ressources naturelles. Le mandat de la composante UNPOL s’inscrit dans la dynamique d’un passage d’une phase de maintien de la paix à une phase de consolidation de la paix et de soutien au développement durable. Ainsi, une montée en puissance de la qualité des contributions d’UNPOL à la mise en œuvre du mandat s’impose. Les principaux axes de ses interventions s’inscrivent intégralement dans les domaines d’intervention prescrits à la MONUSCO dans la Résolution 2053 (2012). La Police MONUSCO planifie et exécute ses activités dans les domaines suivants :  La protection des civils : Par une participation active à la mise en œuvre des mécanismes conjoints de protection des civils.  La stabilisation et la consolidation de la paix : Une participation déterminante dans la conception et la mise en œuvre de la stratégie de la stabilisation et de la consolidation de la paix.  L’organisation des élections : le soutien à la sécurisation des élections par la formation de la police nationale congolaise.  La Réforme et le renforcement des capacités de la police nationale congolaise : Participation aux travaux du Comité de Suivi de la Réforme de la Police (CSRP) et formation.

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2.1.6.2. Relations avec l’Union européenne L’opération Artémis, menée dans la région de l’Ituri (juin-septembre 2003) à la frontière RDC-Ouganda, a marqué un tournant dans l’implication de l’UE en RDC (première opération militaire de l’UE en Afrique). La France y a joué le rôle de nation-cadre. Cette opération a permis de stabiliser une région sous l’emprise de milices locales et d’y préparer le déploiement de la MONUC. La mission EUFOR-RDC, déployée d’août à décembre2006, a permis d’apporter un soutien à la MONUC pour la sécurisation du processus électoral (2400 hommes déployés, dont 800 fournit par la France). Son intervention a été décisive pour permettre le retour au calme lors des incidents survenus à Kinshasa en août 2006 entre les hommes de J. Kabila et de ceux de Jean Pierre Bemba. L’UE s’est ensuite impliquée dans la reconstruction des forces armées et de la police congolaises. Deux missions de l’UE, au titre de la PESD, sont actuellement déployées en RDC. La mission EUPOL-RDC appuie la mise en œuvre de la réforme de la police. La mission EUSEC-RDC soutient celle de l’armée congolaise, notamment par la mise en place d’un système de paiement sécurisé des militaires congolais et d’un recensement biométrique (cartes militaires). L’Union européenne qui déploie ses éléments au titre du FED, plus de 500 M€ sur la période 2008-2013. Le FED prend en compte des actions de développement et de gouvernance. 2.1.6.3. Relations régionales Dans les Grands Lacs, la situation régionale a été marquée par des évolutions encourageantes à partir de la transition congolaise entamée en 2003. Après un premier sommet historique à Dar Es-Salaam en 2004, le second sommet de la conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), s’est déroulé les 15 et 16 décembre 2006 à Nairobi et a abouti à la signature du Pacte de Sécurité, de stabilité et de Développement pour la région des Grands Lacs, entrée en vigueur en juin 2008. En décembre 2010, le sommet de Lusaka a consacré le rôle de cette conférence dans la lutte contre l’exploitation illégale des ressources minières. Depuis le début de la crise en avril 2012 dans le Nord Kivu, la CIRGL est le cadre d’un dialogue régional resserré (3 sommets en 3 mois entre août et octobre2012 à Kampala) sous la présidence ougandaise. Avançant des solutions pour éradiquer les groupes armés dans l’est de la RDC et recréer la confiance entre les pays des Grands Lacs (une Force internationale neutre, un mécanisme conjoint de vérification des frontières, un centre de fusionnement du renseignement) elle n’est pas parvenue pour le moment à rendre ses propositions opérationnelles.

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De son côté, la Communauté économique des pays des Grands Lacs africains (CEPGL) – réunissant la RDC, le Burundi et le Rwanda – a fait l’objet, le 17 avril 2007, à Bujumbura d’une relance. La RDC est membre de la CEEAC (dont elle a assuré la Présidence en 2008) de la SADC (dont elle a assuré la présidence en 2009-2010) de la COMESA et de la CEPGL. Elle pourrait se porter 2.1.6.4. Stratégie de l’étouffement et des négociations permanentes – L’Est Depuis le génocide de triste mémoire au Rwanda en 1994, le Kivu est devenu un no man’s land ruiné par des mouvements rebelles et des bandes armées étrangères. Ces derniers sont alimentés essentiellement par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi pour des raisons politiques, économiques, d’occupation et de domination, soutenus par certains pays occidentaux et les multinationales. Les opérations militaires (interventions militaires humanitaires) et les conflits armés perpétrés aboutissent uniquement aux massacres massifs et aux déplacements massifs des populations autochtones, afin de confisquer les terres congolaises aux Congolais pour y installer des colonies de peuplement à travers le retour des réfugiés dits congolais, mais qui souvent ne connaissent pas le Congo. Ils poursuivent des violations du droit international et du droit humanitaire, toutefois, bien qu’identifiée et dénoncée, toute pression soit orientée sur le ‘Congolais’. Au Nord-Kivu, particulièrement dans les territoires de Masisi, Rutshuru, Walikale et la ville de Goma, des milliers de familles ont été dépossédées de leurs terres au profit des émigrés qui viennent des pays voisins avec bétail et autres biens. C’est la même réalité dans le territoire de Kalehe, dans le Sud Kivu, tout comme le cas de l’installation libre des familles burundaises dans la Plaine de la Ruzizi. Le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi occupent par interposition le Kivu, y poursuivant méthodiquement la désagrégation de la société congolaise et l’annexion virtuelle des territoires de l’EST de la RDC, en empêchant l’émergence de l’État congolais dans cette partie. Aucune démarche politique (l’accord global et inclusif de Sun City) (2), l’octroi collectif et incontrôlé de la nationalité congolaise, les élections de 2006 et celles de 2011, les différents sommets (Nairobi I et II), Goma, CIRGL, la CEPGL, les opérations de rapatriement volontaires des FDLR et réfugiés Hutus rwandais, la présence de la plus importante mission de l’ONU, dans le monde…, n’a jusqu’aujourd’hui désamorcé la situation et redonné espoir à une population qui n’en peut plus. Toutes ces démarches ambiguës ont au contraire augmenté et galvanisé l’insécurité à l’est du pays. Par contre, l’idée de la ‘balkanisation’ (appellation populaire en RDC qui signifie la partition du pays) du Congo fait progressivement son chemin.

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Le 11 février 2013, lors d’une intervention devant le Thin tank américain, ‘The Brookings Institution’, le Sous-secrétaire d’État aux affaires Africaines, Johnnie Carson, a formellement réitéré l’appui des États-Unis à un processus de paix sous l’égide de l’ONU pour la RDC : ‘Pour la Communauté internationale, trouver une solution durable à l’instabilité prolongée en RDC demeurera un défi redoutable’. Dans cette perspective, il déclare que la seule manière de procéder est celle que les Nations unies ont expérimentée en Yougoslavie ou au Soudan, c’est-à-dire, la paix conditionnée par la partition du pays. Sous les auspices de l’ONU représentée par son Secrétaire général Ban Ki-Moon et de l’Union africaine, représentée par son Président Nkosazana Dlamini Zuma, un accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et pour la région a été signé à Addis Abeba, le 24 février 2013. Les pays signataires de la région sont outre la RDC, le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, la Tanzanie, la République centrafricaine, le Congo Brazzaville, le Sud-Soudan, l’Angola, la Zambie et l’Afrique du Sud. Cette nouvelle étape ouvre la voie au déploiement d’une force d’imposition de la paix à l’est de la RD Congo. Lors de la discussion, il ne fut pas tenu compte des rapports de l’ONU, dénonçant la présence au Kivu de milices et de groupes militaires rwandais, ougandais et Burundais, soutenus et armés directement par Kigali et Kampala. Aucune recherche de responsabilité n’a été faite. La situation sur le terrain est considérée comme ‘un fait accompli’. Par la stratégie de l’étouffement et des négociations permanentes, les Congolais sont en train d’être dépossédés lentement et sûrement du grand Kivu. La satellisation des provinces de l’Est a pris tellement d’ampleur que finalement, la reconnaissance de la préoccupation la plus importante, en vérité, ne peut se résumer qu’en enjeux économiques, stratégiques. L’instrumentalisation de l’identité au Kivu est au cœur des conflits régionaux pour soumettre l’est du Congo afin de disposer librement de ses énormes richesses naturelles. 2.1.6.5. Le plan Marshall, une autre stratégie d’étouffement et de balkanisation de l’est de la RD Congo par la Belgique et ses partenaires Le plan Marshall (après son élaboration, il fut officiellement appelé Programme de rétablissement européen) en anglais European Recovery Program : ERP était un plan américain pour aider la reconstruction de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale. L’administration Truman le préféra au plan Morgenthau qui prévoyait de faire payer les réparations par l’Allemagne. En effet, plusieurs experts se souvenaient des effets désastreux d’une telle politique après la Première Guerre mondiale : la question des réparations allemandes avait en partie 57

déclenché une hyperinflation, entravé la reprise économique et facilité la prise du pouvoir par les nazis. L’initiative fut baptisée, par le journaliste, du nom de Georges Marshall, qui lors d’un discours à l’Université Harvard (5 juin 1947) exposa la volonté du gouvernement des États-Unis de contribuer au rétablissement de l’Europe. 2.1.6.5.1. Historique Jusqu’en 1947, la politique des vainqueurs consistait à réduire les capacités productives de l’Allemagne, politique qui empêchait la reprise européenne. Le président Harry conseillé par le général Marshall et d’autres personnalités officielles ou non, ce président modifia la politique américaine. Le plan fut présenté une première fois par le secrétaire d’État James F. Byrnes au cours d’un discours tenu à Stuttgart le 6 septembre 1946. De plus, le général Lucius D. Clay avait demandé au patron d’industrie Lewis H. Brown de dresser un bilan de la situation économique en Allemagne et d’évaluer les besoins de la reconstruction. Le plan final est annoncé par Marshall le 5 juin 1947 à Harvard. Au Congrès, l’aile républicaine qui prône une politique isolationniste critique, un plan qui décide de dépenses massives à l’étranger, mais cette opposition s’est effectuée quand l’URSS intervient en Tchécoslovaquie en février 1948. Truman signe le plan Marshall le 3 avril 1948. Sur le plan économique Charles KINDLEBERGER en fut un architecte clé 1. Les États-Unis demandent aux États européens de s’accorder entre eux au sein de l’OECE pour établir un plan de reconstruction. L’Administration de Coopération économique (ECA) est chargée d’examiner les projets de reconstruction en vue d’accorder l’aide. Du côté soviétique, le Comecon ou CAEM est créé. Entre 1947 et 1951, les États-Unis consacrent plus de treize milliards de dollars de l’époque (dont onze milliards en dons, au rétablissement de 16 pays européens en réponse à l’organisation européenne de coopération économique (OECE) aujourd’hui l’OCDE. Le montant total de l’aide correspond à 100 milliards de dollars actuels [quand ?], soit environ 4 % du PNB pendant cinq ans. Les Américains ont ainsi contribué à la coopération européenne Prélude à la construction européenne (voir CEE). Le mécanisme retenu consistait pour les États-Unis à fournir un crédit à un État européen. Ce crédit servait à payer des importations en provenance des États-Unis. L’État européen bénéficiaire encaissait, en monnaie locale, le produit des ventes de ces importations sur son marché national, ainsi que les droits de douane y afférents. Parallèlement, cet État devait octroyer à des agents économiques nationaux (entreprises ou administration) des crédits destinés à des investissements d’un montant deux fois supérieur au crédit qu’il avait lui-même reçu. L’État bénéficiaire devait en outre faire la preuve qu’il autofinançait sa part, sans recourir à la création monétaire. Par ce 58

montage, les États-Unis encourageaient un effort significatif d’équipement et d’épargne en Europe. La reconstruction européenne, relativement rapide, fut largement stimulée par l’aide américaine, tandis que l’économie américaine évita ainsi la récession à cause d’une surproduction massive qu’aurait pu entraîner la cessation des hostilités. Le plan Marshall a été rejeté par l’Union soviétique et les pays du futur bloc de l’Est. En effet, Staline craignait que le plan Marshall ne serve à conquérir le glacis de sécurité de l’URSS. L’URSS exerce en conséquence des pressions contre les pays qu’elle occupe et qui avaient montré leur intérêt. L’insistance des États-Unis concernant la libéralisation économique des pays bénéficiant du plan a certainement joué un rôle aussi, le libre marché étant incompatible avec une économie dirigée. Comme le précise la doctrine Jdanov, chaque État était amené à ‘choisir son camp’. L’année 1947 est par cet aspect considérée comme le début de la guerre froide. En 1949 commence le Comecon liant les pays de l’Europe de l’Est. Une première aide financière parvint en Grèce et en Turquie en janvier 1947. Seize pays ont accepté l’aide financière, plus l’Allemagne de l’Ouest à partir de 1949 Entre 1948 et 1951, le PNB de l’Europe de l’Ouest a fait un bond de 32 % (passant de 120 à 159 milliards de dollars ; la production agricole a augmenté de 11 % et la production industrielle d’environ 40 % 2.1.6.5.2. Motivation Plusieurs types de motivations étaient à la base du plan Marshall :  L’Europe est à reconstruire. Ses infrastructures ont beaucoup souffert. L’appareil productif a été partiellement détruit ou surexploité et mal entretenu pendant les hostilités. On meurt de froid et on ne mange pas à sa faim en Allemagne, les barrières économiques et les restrictions de commerce avec ce pays forcent ses partenaires commerciaux habituels à détruire des surplus agricoles. Il faut donc rétablir des circuits normaux et éviter que l’investissement ne soit sacrifié à l’urgence d’alimenter les populations.  Il s’agit aussi de trouver des débouchés pour les produits américains. Les États-Unis ont connu pendant la guerre une forte croissance liée à l’industrie de guerre et la question à l’étude depuis 1941 à Washington est de savoir comment maintenir le plein emploi après la guerre. La solution mise en place sera, par le plan Marshall de trouver des débouchés à l’étranger financé par des prêts remboursables en dollars. Ces prêts sont émis par la banque mondiale et contrôlés par le FMI (accords de Bretton Woods). La particularité de ces deux institutions est que les États-Unis sont seuls à y avoir un droit de veto, ce qui leur permet de dicter leurs conditions, en particulier, d’obliger les pays européens ruinés à accepter que des conditions soient liées aux prêts 59

du FMI. L’une des conditions de l’époque était que les dettes contractées par le pays recevant cette aide ne soient plus émises dans la monnaie du pays, mais en or ou son équivalent en dollars, dont le prix, était de 34 $ l’once d’or. Ces prêts en dollars sont la garantie pour les États-Unis de ne pas avoir de perte de valeur si les pays emprunteurs dévaluent ; d’autre part, les dollars dépensés pour acheter des produits autres qu’américains finiront toujours par revenir aux États-Unis pour acheter des biens américains.  Enfin, la doctrine Marshall matérialise la crainte des Américains que les institutions démocratiques occidentales ne s’effondrent au profit de l’URSS communiste. Par l’aide financière, les États-Unis cherchent à prévenir l’accession au pouvoir des partis communistes en Europe de l’Ouest. Les Américains estiment que la pauvreté de l’Europe, qui fait le lit du discours communiste, doit être résolue. 2.1.6.5.3. Le Plan Marshall au contexte de la RD Congo Les ministres belges des Affaires étrangères et de la Coopération, Didier Reynders et Jean-Pascal Labille, ont annoncé mardi 24 septembre 2013 à New York que la Belgique envisageait un plan Marshall pour l’Est de la République Démocratique du Congo 29, une excellente initiative, à première vue, mais qui ne tarde pas à soulever des interrogations en commençant par la timide réaction des autorités congolaises. Joseph Kabila se serait contenté de dire qu’il était favorable. À Kinshasa, le porte-parole du gouvernement a eu la même timide réaction : ‘favorable’. Même réaction à Kigali. Juste ‘favorables’. Étrange manque d’enthousiasme par rapport à l’idée qu’on se fait d’un ‘plan Marshall’, c’est-à-dire un vaste programme d’investissement multisectoriel destiné à enclencher l’essor de développement d’un pays ou d’une région sinistrée. Une première explication viendrait de l’absence de consultation préalable des dirigeants congolais, et encore moins des populations congolaises qui en seraient bénéficiaires. Envisager un plan de développement sans consulter les ‘bénéficiaires’ a quelque chose d’audacieux lorsqu’on considère qu’il s’agit d’une ancienne puissance coloniale. Dans tous les cas, la ‘générosité’ ne faisant point partie de la logique des États (qui ne fonctionnent qu’en ce qui concerne d’intérêts) la question du ‘plan Marshall’ pour le Congo, initié par la Belgique, mériterait d’être abordée en mettant en perspective un certain nombre de considérations.

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http://www.lalibre.be/actu/international/un-plan-marshall-pour-l’est-de-la-rdc-mis-enplace-par-la-belgique-5242577e3570bed7db9dbd7c

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2.1.6.5.4. Le Congo est encore un pays en guerre Engager un plan Marshall pour le Congo, dans les conditions actuelles, ne revient-il pas à mettre les charrues avant les bœufs ? En effet, lorsqu’en 1947, les Américains décident de financer la reconstruction des pays européens, la Seconde Guerre mondiale avait déjà pris fin. L’Allemagne nazie a été vaincue. On pouvait donc investir dans une certaine sérénité. Le Congo n’est absolument pas dans la même situation. Le pays est en guerre contre le Rwanda, l’Ouganda et un réseau international de prédation orchestrant le pillage des ressources minières du sous-sol congolais. À tout moment, les combats peuvent reprendre dans le Kivu. D’ailleurs, les signes annonçant de nouveaux affrontements se multiplient30. Aller investir des millions d’euros et de dollars dans une région comme celle-là relève d’un raisonnement digne du tonneau des Danaïdes.31 Les pays européens sont déjà empêtrés dans des programmes de développement sans lendemain dans une autre région en proie à une violence endémique. En Palestine, les Européens financent la construction des infrastructures qui sont rasées dès le déclenchement des hostilités avec l’armée israélienne. Les ruines sont déblayées pour l’édification de nouveaux bâtiments qui sont, à leur tour, rayés de la carte. Absurde, non ! On croit jeter l’argent des Européens par la fenêtre… On ne met pas les charrues avant les bœufs, faut-il toujours le rappeler. Il faut commencer par régler le conflit. Il faut soutenir le Congo dans ses efforts visant à reprendre le contrôle du territoire national et la maîtrise de ses frontières. Étrange réflexion des ministres belges qui parlent de ‘construire un pont entre le Congo et le Rwanda et non un mur’. Des propos qui résonnent comme une accusation gratuite contre un Congo qui, en dépit des agressions à répétition qui martyrisent sa population, n’a jamais envisagé d’enfermer ses voisins derrière un mur. 2.1.6.5.5. Le Congo est avant tout ‘un pays’, pas ‘une région géographique’ Un plan Marshall conçu dans l’intérêt des Congolais doit tenir compte du besoin existentiel du Congo en tant que ‘nation’. Dans l’angoisse autour des complots visant à balkaniser le Congo 32 il est assez surréaliste d’envisager un vaste plan de développement qui ne profiterait, pour l’essentiel, qu’à deux 30

Les pourparlers de Kampala entre le gouvernement congolais et le M23 s’enlisent. Pendant ce temps, on signale l’arrivée de 200 familles dans la zone contrôlée par le M23. Ces familles seraient des ressortissants ‘Rwandais’ récemment expulsés de la Tanzanie. Si l’information se confirme, il s’agirait d’un acte délibéré de provocation de la part du Rwanda, prélude à de nouveaux combats au nom de la protection des populations qu’on appelle abusivement les ‘Tutsis congolais’. 31 http://www.expressio,fr/expression/le-tonneau-des-danaides.php 32 http://www.agrovox.fr/actualites/international/articles/balkanisation-du-congo-le-piege-de128714

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provinces (le Nord-Kivu et le Sud-Kivu), sur les 26 que compte le pays. Comment les Congolais des 24 autres provinces regarderaient-ils leurs compatriotes du Kivu qui profiteraient-ils d’un plan Marshall ? Les autorités belges qui connaissent assez bien le Congo, doivent savoir que, des mécontentements se murmurent déjà dans plusieurs provinces sur le fait que, l’attention de la communauté internationale reste focalisée sur la seule ancienne région du Kivu. Car la réalité de la guerre du Congo, est qu’elle a entraîné la ruine du pays dans son ensemble suivant deux formes de destruction. Pendant que les provinces de l’Est sont détruites par les combats, les autres provinces sont détruites par l’abandon et l’inattention, l’essentiel des moyens du pays étant absorbés par l’effort de guerre. Un pays ne peut pas à la fois financer les opérations militaires dans une région et construire des routes et des écoles dans d’autres. On évite de mettre de l’huile sur le feu en découvrant la misère qui sévit dans certaines provinces, notamment de l’ouest du Congo. Il y a des zones où le taux de pauvreté dépasse l’entendement jusqu’à 93 % de la population. 33 Comment ces Congolais réagiraient-ils en apprenant que la Belgique, l’Union européenne et la Banque mondiale vont verser plus d’un milliard de dollars pour financer des projets communs de développement qui associeraient ‘leurs compatriotes’ du Kivu et les dirigeants rwandais ? Lorsqu’on veut briser la cohésion interne d’une nation, on ne s’y prend pas autrement. 2.1.6.5.6. Un plan Marshall, oui, mais pour quel résultat ? Avant d’envisager un plan Marshall pour le Congo, la Belgique serait bien inspirée de se positionner par rapport au débat récurrent34 autour de l’inefficacité de la politique d’aide des pays du Nord aux pays d’Afrique. Pas un seul pays d’Afrique n’a réussi à se développer grâce à l’aide fournie par les pays occidentaux, un demi-siècle après l’accession de l’Afrique à l’indépendance. Dans son ouvrage intitulé ‘L’aide fatale’35, l’économiste zambienne Dambisa Moyo affirme radicalement que l’aide extérieure est mauvaise pour l’Afrique et qu’elle devrait être arrêtée36. En Afrique, cette aide crée la dépendance, encourage la corruption, perpétue la mal-gouvernance et la pauvreté. Pendant ce temps, les pays d’Asie et d’Amérique latine qui ont

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http://radiookapi.net/economie/ 2012/05/14 rdc-93-des-habitants- de l’équateur viventdans- la- pauvreté-selon-la-banque mondiale/ 34 http://terangaweb.com/le-debat-sur-... 35 http://www.libreafrique.org/Vuillemey_Moyo_aide_FR_240909 36 Dambisa Moyo, L’aide fatale — les ravages d’une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique, JC Lattès, 2009.

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reçu moins d’aide publique au développement, semblent solidement être mis sur les rails du progrès37. Pourquoi reproduire les logiques qui ne marchent pas sans procéder au moindre diagnostic ? Car le Congo est buté, en plus à des difficultés liées à la guerre, à d’autres formes de handicap au développement qu’on relève dans les pays où l’aide au développement nord-sud n’a produit aucun résultat durable. Une corruption endémique38, un manque de structures étatiques fiables, une faible ‘capacité d’absorption’… L’aide fournie dans un environnement comme celui-là est, soit détournée de ses objectifs de départ, soit elle génère des structures inadaptées ou trop coûteuses pour que ‘le pays bénéficiaire’ réussisse à en assurer la viabilité39. 2.1.6.5.7. Les leçons du Zaïre de Mobutu Par ailleurs, il se pose toujours la question de la légitimité du pouvoir actuel de Kinshasa issu d’élections frauduleuses de novembre 2011. Envisager une aide ou un plan Marshall avec des dirigeants qui règnent par défi reviendrait à reproduire les mêmes erreurs que sous le règne de Mobutu. Le maréchal zaïrois soutenu, en dépit du bon sens, par la Belgique, les ÉtatsUnis et la France, finit son règne avec une fortune personnelle équivalant au montant de la dette extérieure d’un Congo exsangue. L’aide, allouée à des régimes politiques comme ceux-là, devient, un soutien amoral à des dirigeants corrompus maquillé en ‘aide au développement’. Plus globalement, il n’est pas responsable de véhiculer l’idée selon laquelle le Congo aurait continuellement besoin de l’aide. C’est une vision qui participe à l’asservissement des dirigeants congolais. Ces derniers misent sur l’aide extérieure alors qu’il ne leur suffirait pas à détourner ou à dilapider les ressources nationales comme cela est régulièrement dénoncé40. En novembre 2011, le député britannique Éric Joyce 41 a rapporté que le Congo a perdu jusqu’à 5,5 milliards de dollars42 dans des transactions minières douteuses avec des sociétés basées dans les Iles Vierges britanniques, peu avant la réélection contestée de Joseph Kabila. On est tenté de croire que c’était évident ! Il est en effet de notoriété publique que, comparé à d’autres pays pauvres de la planète, le Congo n’est pas un pays démuni, en ce qui concerne de ressources. Bien entendu, dans le cadre de la coopération bilatérale ou multilatérale, juste des coups de main çà et là peuvent être envisagés. Car il faut durablement admettre que le Congo, à l’instar de n’importe quel pays, a 37

http://www.afrik.com/article14739.html http://cpi.transparency.org/cpi2012/results/ 39 Cas des projets financés par l’Union européenne entre 2003 et 2011. Le rapport d’audit est commenté par Colette Braeckman sur http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/ 40 http://desc-wondo.org/dumping-des-s... 41 http://ericjoyce.co.uk/2011/11/congo-fire-sale/ 42 http://ericjoyce.co.uk/wp-content/u... 38

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pour son développement, un plus grand besoin d’investisseurs que de ‘généreux donateurs’. Dès lors, l’idée d’un plan Marshall n’est pas de nature à susciter l’enthousiasme.

2.2. SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE L’économie de la République Démocratique du Congo, un pays regorgeant d’incroyables ressources naturelles, a fortement décliné depuis le milieu des années 1980. Au moment de son indépendance en 1960, la RDC était la deuxième nation la plus industrialisée après l’Afrique du Sud, avec un secteur minier florissant et une agriculture relativement productive. Une période de relative prospérité dans les années 1965-1970 reposait sur les exportations de cuivre et autres produits de base, qui furent impossibles à maintenir lorsque les prix du cuivre se sont effondrés au milieu des années 1970. Le manque d’investissements dans le secteur minier a ruiné son potentiel et les institutions privées bien que publiques, étaient trop faibles pour absorber le choc du prix des matières premières ; les politiques sont alors devenues insoutenables. Les deux récents conflits (les première et deuxième guerres du Congo) ont réduit de manière drastique la production nationale et les revenus du gouvernement, et ont accru la dette extérieure. L’on observe aujourd’hui un délabrement très avancé du tissu économique, dû à la détérioration des termes de change, à la mauvaise gestion des entreprises publiques et aux pillages des années (1991-1993). L’économie est en ruine avec des infrastructures délabrées et une administration publique manquant des moyens minima pour accomplir sa mission. En matière de revenu, le PIB par habitant est en régression permanente, passant de 250 $ à 105 $ entre 1990 et 2001, niveau bien inférieur à la moyenne de 490 $ en Afrique subsaharienne (Banque Mondiale, 2002). Le revenu national brut par habitant est de 90 $ en 2002. (18). Il est estimé que 87,7 % de la population congolaise vit avec moins de 0,20 $ par jour (13), ce qui est en dessous du seuil de la pauvreté défini par la Banque Mondiale (1,25 $/j par personne). L’indice de développement humain se trouve au 186e et dernier rang.

2.2.1. L’intégration régionale pour le libre échange commercial L’intégration régionale pour le libre échange commercial entre les pays de la sous-région est une théorie vague voire une simulation. Le Congo étant le maillon faible de la chaîne, les autres États se servent de cette fameuse intégration pour soumettre économiquement l’Est de la République. En dépit du fait que le Kivu soit un eldorado, avec des potentialités diversifiées, la majorité des produits de consommation de première nécessité sont désormais importés du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi. Le grand Kivu vit sous le 64

parrainage économique des pays voisins. À l’interne, toutes les initiatives économiques locales sont étouffées, asphyxiées par une lourde taxation. Actuellement, toute l’administration au Kivu est infiltrée (par l’effet des différents accords avec les diverses rébellions, par les agents qui servent à l’œil et au doigt les intérêts des ‘voisins’. Beaucoup d’usines (12) de traitement d’eau par exemple ont fermé les portes à cause d’une sur taxation (57) taxes, et des tracasseries administratives. Les revenus de près de 70 % de la production de ces usines couvrent les taxes et du coup, elles ne savent plus fonctionner avec les 30 % restant.

2.2.2. Collaboration avec les Institutions financières internationales La RDC a rejoint les institutions du système des Nations unies, dont, le Fonds Monétaire international (FMI) le 28 septembre 1963, et est membre de la Banque Mondiale, développant la coopération avec ses différentes institutions à travers le gouvernement. La coopération avec la BIRD (la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement, créé en juillet 1944) l’IDA (l’Association Internationale de Développement) créée le 26 janvier 1960, et la SFI (Société Financière Internationale, créée le 25 mai 1956) a été interrompue à l’indépendance. Elle a été relancée à partir de 1969 avant d’être suspendue en juillet 1993. Cette suspension fut occasionnée par le non-paiement (incapacité) par la RDC de ses arriérés sur la dette extérieure envers ces institutions multilatérales. Après cette longue période de suspension, la coopération entre la RDC et la Banque Mondiale a été relancée en juin 2002. Les multiples réformes structurelles imposées par les institutions financières du système des Nations unies sont intervenues durant une période trouble pour le pays. Ces réformes, inscrites dans le cadre de l’Ajustement structurel, des services de conditionnalités particulièrement contraignantes, expérimentées sur le continent africain, n’a pas apporté des résultats escomptés, plus tôt, contribuent à l’aggravation de la pauvreté des populations africaines, et plus singulièrement, la RDC. Les priorités des institutions financières internationales résumées principalement par l’apurement des dettes et des arriérés ne correspondaient pas non plus aux priorités fixées et annoncées par le nouveau gouvernement, dont la santé, l’éducation, l’électricité, logements et la création d’emplois. Une nouvelle stratégie d’aide pays pour soutenir la croissance et la transformation de l’économie en République Démocratique du Congo a été approuvée le 9 mai 2013, par le Conseil des administrateurs de la Banque Mondiale. Celle-ci s’articule autour de quatre axes transversaux : l’amélioration de l’accès aux services sociaux essentiels, le renforcement de la gouvernance, l’offre de débouchés pour les femmes et la lutte contre le changement climatique. Le Conseil a également approuvé un don de 100 65

millions de dollars destiné à un projet de développement urbain ainsi qu’un don de 66,95 millions de dollars à titre de financement additionnel pour un projet de renforcement des capacités de gouvernance. Les deux projets viennent appuyer la nouvelle stratégie d’aide pays et sont financés par l’Association internationale de développement (IDA). ‘Avec cette nouvelle stratégie d’aide pays, la Banque mondiale s’engage à accompagner la RDC sur la voie de la prospérité partagée et de la réduction de la pauvreté, dans l’optique des objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Les recherches plus approfondies, portant principalement sur les mécanismes, de plus en plus complexes, de l’économie mondiale et, leurs impacts, tant sociaux, qu’économiques, écologiques et culturels, indiquent que les pays du Sud, n’ont pas de choix, paradoxalement aux richesses immenses du continent Africain, la RD Congo en particulier.

2.2.3. La dette extérieure de la RDC En juillet 2010, le pays a été désigné éligible à un allègement de sa dette grâce à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Environ 80 % de sa dette extérieure s’élevant à plus de 13 milliards de dollars a été annulée. Malgré l’allègement de la dette extérieure, la RDC demeure parmi les pays les plus endettés au monde.

2.3. SUR LE PLAN SOCIAL Sur le plan social, la destruction des infrastructures économiques et sociales a entraîné l’augmentation du taux de chômage. La paupérisation de la population a réduit d’une façon sensible l’accès aux services sociaux de base. Cette situation est à la base de la grande vulnérabilité de la femme, des Enfants-soldats de moins de 5 ans, des jeunes et des adolescents avec comme conséquence un attrait à la toxicomanie, à l’alcoolisme, à l’interruption volontaire de la grossesse, le VIH, l’enrôlement des Enfants-soldats et plus particulièrement, le travail forcé ou volontaire dans la multitude de carrières minières à l’Est du pays et au Katanga. Le taux d’inscription dans les écoles primaires a augmenté de 64 % à 71 % entre 2005 et 2007. L’amélioration des indicateurs dans le domaine de l’éducation a principalement bénéficié de la participation des organisations humanitaires dans ce secteur, concentré sur les études primaires, tandis que le système éducatif du secondaire est laissé pour compte. Les femmes restent défavorisées par rapport aux hommes, mais les inégalités régressent peu à peu. Les opportunités d’emplois dans les sociétés immatriculées du secteur formel sont rares. Les données ne permettent pas de faire des estimations précises, mais les petites et moyennes entreprises n’emploient vraisemblablement que 1,2 % de la main-d’œuvre. En supposant 66

que la main-d’œuvre totale soit d’environ 24 millions d’individus, ceci implique 300.000 emplois. La croissance de l’emploi dans les entreprises bien établies semble n’avoir été que de 2-3 % par an ; compte tenu de la croissance de la main-d’œuvre, ceci ne suffit pas à réduire le chômage. L’absence d’un secteur dynamique de petites et moyennes entreprises prive la RDC d’un moteur de croissance important et les jeunes travailleurs qualifiés de possibilités d’emploi.

2.3.1. Sur le plan sanitaire Historiquement, la situation sanitaire de la RDC a connu des niveaux variables depuis la période coloniale jusqu’à ce jour. À l’aube de l’indépendance, la politique sanitaire était essentiellement axée sur la médecine curative avec des centres médicochirurgicaux et des dispensaires satellites. La population ne pouvait accéder aux rares soins de santé que grâce aux efforts de plusieurs intervenants qui ont commencé à expérimenter des politiques de santé communautaire dont l’évolution progressive a abouti à la politique sanitaire basée sur les soins de santé primaires. Ce système a fonctionné grâce à l’existence d’une importante infrastructure héritée de la colonisation et l’appui des différents partenaires de l’État congolais jusqu’au début des années 90, avec l’élaboration du plan d’action sanitaire 1982-1986 ; la subdivision du territoire national en 306 zones de santé (515ZS) après la réorganisation de la carte sanitaire en 2003, pour assurer l’accessibilité géographique et logistique de la population aux soins de santé ; la création d’un certain nombre de projets bilatéraux et multilatéraux pour rendre opérationnelles les zones de santé ; la création d’un certain nombre de projets/programmes spécialisés pour appuyer la lutte contre les maladies ; l’élaboration de la charte de Mbanza-Ngungu pour lancer les bases du partenariat intra et intersectoriel au niveau de la zone de santé ; l’effort gouvernemental en collaboration avec les autres partenaires dans le domaine de la formation des cadres nationaux. La restructuration du FONAMES (Fonds National Médico-Sanitaire) dont la mission n’est plus celle de combattre les endémies-épidémies, mais devient celle de coordonner au nom du Ministère de la Santé, l’aide des partenaires aux zones de santé. Malheureusement, le FONAMES ne jouera jamais ce rôle, laissant ainsi continuer le manque de coordination efficace de l’aide des partenaires aux zones de santé. La période 1987-1991 est celle du fléchissement de l’enthousiasme des partenaires pour l’extension de la couverture en zones de santé fonctionnelles. Le projet de formation des cadres des zones de santé (PNUDOMS) mis en œuvre par le FONAMES met l’accent sur le médecin-chef de zone de santé comme représentant du ministre de la Santé et non comme membre de l’équipe de la zone de santé ; les décisions de permuter les Médecins-chefs de zones de santé problématiques (qui ont mal géré) vers des 67

zones de santé fonctionnelles au mépris du principe de méritocratie — les décisions de transférer les Médecins-chefs de zones de santé formés en santé publique (MPH) des zones de santé fonctionnelles vers les fonctions administratives aux plans intermédiaire et national, etc. Sur le plan sanitaire général en RDC, on observe un dysfonctionnement des systèmes de santé caractérisée par la dégradation généralisée des infrastructures sanitaires, la vétusté des matériels et équipements, le manque chronique des médicaments essentiels et outils de gestion, la démotivation du personnel, l’inaccessibilité de la population aux soins, l’insuffisance de la couverture sanitaire, la faiblesse des activités d’appui. Par ailleurs, la prédominance des maladies épidémiques et endémiques (paludisme, méningite cérébro-spinale, rougeole, IRA, diarrhées, coqueluches, complications liées à la grossesse et à l’accouchement, le VIH/SIDA, TBC, sont à la base de la charge excessive de la morbidité et de la mortalité en RDC. Moins d’un quart de la population a accès à l’eau potable, et moins d’un dixième de la population, a accès à l’électricité.

2.3.2. Les ressources naturelles La République Démocratique du Congo regorge littéralement de ressources hydrauliques, minières, pétrolières, forestières, de la flore et de la faune, et d’un énorme potentiel agricole, tandis que le pâturage naturel de la RDC s’étend sur plus de 5 millions d’hectares. Les ressources énergétiques, dont seul le site d’Inga, à titre d’exemple, dispose du plus important gisement de puissance hydroélectrique. Parmi les autres ressources naturelles stratégiques, les eaux douces représentent 7 % des réserves mondiales, 50 % des réserves forestières de l’Afrique, soit 17 % des réserves mondiales. La particularité du Congo est qu’une grande partie de ses minerais constitue les réserves les plus importantes du monde non encore exploité, indispensable particulièrement dans le monde technologique d’aujourd’hui. Malgré ses richesses immesurables, la République Démocratique du Congo, à l’échelle mondiale, se trouve parmi les pays les plus pauvres.

2.3.3. Pourquoi Cadre humanitaire en République Démocratique du Congo ? L’étendue et la diversité des programmes humanitaires mis en œuvre en RDC, durant des décennies, n’ont pas donné de résultats positifs, visuels à quiconque traverse la frontière de la RDC. Il y a comme une incapacité à soutenir une politique fiable, au service du peuple d’accueil, de ses besoins de base concrets, de son environnement, et particulièrement soutenir un programme d’action à long terme.

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2.3.3.1. Collaboration des organisations humanitaires avec l’organisation de l’État Qu’apportent réellement à la population et à l’organisation de l’État, les dizaines d’organisations des Nations unies (ONU), FAO, FNUAP, UNHCR, IFAD, OCHA, OIM, OIT, OMS, ONUSIDA, PAM, PNUD, VNU, PNUE, UNHABITAT, UNESCO, UNICEF, UNIFEM, UNMACC, UNOPS, UNDSS, HCDH/Bureau des droits de l’homme, BCNUDH/Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme…, les Représentants spéciaux, envoyés, de l’ONU, de et dans tous les secteurs, la MONUSCO, etc. ou l’Union africaine (UA) la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) l’Union Européenne (UE) l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) le Commonwealth of Nations, leurs différentes ‘diplomaties’, les financeurs Banque Mondiale (BM) Fonds Monétaire international (FMI) Banque Africaine de Développement (BAD) Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) même le Bureau international du Travail (BIT) le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC) les faiseurs de paix avec les ONG dites de développement ou humanitaires, les coopérations multiples et variées auxquelles s’associe la Chine, devenue omniprésente en Afrique, particulièrement, les penseurs de bien, les business men’s, les médias plus centrés sur les petites phrases à la De Gucht et aux ‘morts/kilomètre’ (dogme journalistique) ? 2.3.3.2. Coopération entre la République Démocratique du Congo et les Nations unies — Signature d’un plan-cadre quinquennal pour le Développement de la RDC Après le lancement du plan-cadre des Nations unies pour l’assistance au développement de la RDC (UNDAF) ainsi que la signature des plans d’action (CPAP, 2013-2017) par le vice-ministre de la Coopération internationale et régionale, M. Albert Raphaël Mondonga Batobandelye, Secrétaire général à la coopération internationale, finalement a procédé à la revue annuelle 2012, conjointe le 12 avril 2013, tenue à Kinshasa, et dont l’exposé a porté sur les réalisations et les résultats majeurs, positifs et durables, et ont contribué au développement de la RDC dans tous ses secteurs.

2.4. LES STATISTIQUES EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO — PROBLÈME DE COMPARABILITÉ DES DONNÉES PAR LE MINISTÈRE DU PLAN La RDC souffre d’un système statistique déficient à plusieurs égards. Même s’il faut saluer les efforts fournis par l’INS (Institut national des statistiques) et les autres structures dans la production des données assez fiables, le dernier recensement date de 1984. Depuis, la liste des entités administratives avec les effectifs de leurs populations, qui constitue la base 69

de sondage pour les enquêtes auprès des ménages, n’a jamais été actualisée et de ce fait, l’échantillonnage de ces enquêtes se fait sur la base d’hypothèses de croissance et de projections. Ceci affecte grandement la qualité et la précision des données. Dans ce chapitre, nous avons privilégié les données d’enquêtes réalisées jusque-là, mais partout où l’information manque, elle est complétée par des données de routine (souvent de moins bonne qualité) et d’autres sources (rapports, études, etc.). Certaines enquêtes, notamment MICS et EDS, diffèrent par leurs méthodologies et plans de sondage. Il en résulte un problème de comparabilité ; d’où la recommandation de forte réserve pour les données présentées publiquement. Le diagnostic réalisé en 2007 en cours d’actualisation dans le cadre de l’élaboration de la Stratégie nationale de Développement de la Statistique (SNDS) a relevé la nécessité de s’adresser à quatre groupes de problèmes pour le développement du Système statistique national (SSN) à savoir :  l’insuffisance de ressources humaines (en nombre et en qualité) matérielles et financières pour la production, l’analyse et la dissémination des statistiques ;  l’absence d’un plan de formation classique et continue du personnel ;  la couverture du territoire national est limitée avec l’INS représenté dans seulement 8 des 11 provinces dans les chefs-lieux alors que le processus de décentralisation nécessite une implantation dans les 26 futures provinces constitutionnelles ;  l’absence des textes légaux et réglementaires définissant la collaboration entre l’INS, organe central du SSN, et les autres producteurs des statistiques. Toute recherche liée à la RDC repose principalement sur les statistiques des agences des Nations unies. Elles sont considérées comme des références fiables, malgré que les différences éventuellement enregistrées sur les mêmes données entre agences onusiennes soient ajustées pour permettre la comparabilité des données. La conclusion générée par la population est donc logique : — ils savent mieux nos besoins. Il suffit d’effectuer des recherches, à titre illustratif, sur le nombre d’habitants en République Démocratique du Congo, dont les chiffres diffusés officiellement par les producteurs externes des statistiques varient entre 60M et 74 M d’habitants pour en venir à la même conclusion.

2.5. LA RÉFORME HUMANITAIRE EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO On ne sait pas exactement la proportion des fonds absorbée en réalité par les strates des offices divers, et combien d’argent arrive finalement jusqu’aux bénéficiaires — N. Bennett 70

Le montant total de l’aide humanitaire, réservé chaque année à la République Démocratique du Congo, est extraordinaire. Mais comparée à la situation désastreuse congolaise, la balance apparemment penche du côté des strates des bureaux. En effet, la plupart des acteurs opérationnels ne constatent pas d’augmentation sensible de leur budget annuel ou de leurs programmes. À titre d’exemple, ni le CERF, ni le Pooled Fund ne semblent avoir été aptes à canaliser l’argent pour le reverser directement aux ONG. En effet, les flux financiers passent d’abord impérativement par une agence des Nations unies, qui prélève un minimum de 5 % de commission administrative — un pourcentage qui peut même être beaucoup plus élevé selon les agences. — N. Bennett Ainsi, pour la cause congolaise, il conviendrait qu’entre autres les donateurs s’attachent à réformer la structure actuelle et de rompre cette logique trop centrée sur les Nations unies. D’autre part, il est nécessaire de connaître ou – reconnaître — le rôle du Ministère du Plan, à cet effet (…).

2.5.1. Les interventions des ONG La fin de l’année 2012 et le début de l’année 2013 ont été marqués par les interpellations de nombreuses ONG, œuvrant en RDC, dont une lettre ouverte de rappel à monsieur le président des États-Unis, la dénonciation des pratiques négatives ancrées dans certains cadres humanitaires, la dénonciation des publications régulières des données et des informations jamais vérifiées par certains, résultant à la déformation de la réalité, en conséquence, la déformation du besoin réel des populations sinistrées, et la mise en question des décisions du Conseil de Sécurité, sur la légitimité des ‘interventions militaires humanitaires’. À ce jour, pas une réponse n’a été fournie.

2.5.2. Les résultats des politiques et politiques humanitaires en République Démocratique du Congo Un bilan de 6 millions de morts, plus de 2,6 millions de personnes déplacées internes et un niveau de pauvreté et de désarroi extrêmes, de la population congolaise, sous la tendance constante d’aggravation, exposent l’obligation de réorientation de la politique humanitaire et sa réforme fondamentale.

2.6. LE SUD-KIVU : LA DYNAMIQUE POLITIQUE ET DES CONFLITS LOCAUX

Mise au point : Nous sommes obligés de dire un mot sur le Sud-Kivu en tant que notre champ de recherche. Cependant, notre présentation ne sera pas du tout géophysique, mais plutôt axée sur les origines historiques de la dynamique politique et des différends qui ont directement ou indirectement inspiré les groupes armés au Sud-Kivu avant, pendant et après les Guerres du 71

Congo. Situations ayant pour incidence, l’implication des Enfants-soldats et jeunes dans les conflits armés. Figure 1 : Carte de l’Est de la RD Congo

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Figure 2 : Carte de la province du Sud-Kivu

Estimée à près de 3,9 millions d’habitants (PNUD) – 2008, la population de la province du Sud Kivu représente environ 7,1 % de toute la population de la RDC. La population est essentiellement rurale (78,4 %). La population urbaine de la province représente seulement 5 % des citadins du pays. 73

Cette population est constituée de 50,6 % des hommes et 49,4 % des femmes. Avec 60 habitants au km2, c’est l’une des provinces les plus denses du pays. Cette province présente un faible taux de scolarisation du primaire qui est de 53,3 %. Le taux de mortalité infantile est très élevé (126 ‰) et nettement au-dessus de la moyenne national (92 ‰). La structure de la population du Sud Kivu laisse apparaître l’image d’une population caractéristique des pays en développement avec une forte proportion de jeunes (51,1 % des moins de 15 ans) et une faible proportion de personnes âgées (9,9 % âgés de 50 ans ou plus). L’âge moyen est de 20 ans. La taille moyenne des ménages de la province est légèrement plus élevée (5,8) que celle de l’ensemble du pays (5,3 RDC). Compte tenu de son poids démographique, la province du sud Kivu rassemble 8,3 % des pauvres de la RDC. Elle compte 34,3 % des non instruits contre 20,1 % au plan national. Près d’un tiers de la population de la province (28,1 %) a atteint le niveau primaire. Si plus d’un tiers a le niveau secondaire (35,8 %), cette proportion est nettement inférieure à la moyenne nationale (44,8 %). Seulement 1,5 % de la population a atteint le niveau universitaire. La faible proportion des universitaires est surtout due à l’exode rural des intellectuels fuyant la guerre et les conditions de vie difficiles dans la province. Le niveau d’instruction est un facteur discriminant du niveau de vie : plus le niveau d’instruction du chef de ménage est élevé, plus le ménage a une chance d’échapper à la pauvreté. Ainsi, l’incidence de la pauvreté s’élève à 84,9 % chez les ménages dont le chef n’a que le niveau primaire pour décroître progressivement vers 77,5 % chez les ménages dont le chef a atteint le niveau universitaire. Il convient toutefois de signaler que la disparité selon le niveau d’instruction est moins forte au Sud-Kivu que sur l’ensemble de la RDC. L’accès à l’école semble plus difficile pour les filles que les garçons à partir du niveau secondaire. En effet, si le rapport filles/garçons dans le primaire est de 91,5 % et donc proche de 100 % (c’est-à-dire qu’il y a 9 filles pour 10 garçons dans ce cycle). Ce ratio descend à 55,5 % (un peu moins de 6 filles pour 10 garçons, au secondaire pour atteindre 8,6 % pour l’enseignement universitaire (1 fille pour 9 garçons). Cette situation se traduit par un niveau moyen d’éducation des femmes (5,7) années, inférieur à celui des hommes (7,1 années) et un taux d’alphabétisation des femmes (36,2 %) plus faible que celui des hommes (48,2 %). Si 74,2 % des garçons ont arrêté leurs études pour des raisons financières, 61,7 % des filles abandonnent à cause de ce problème financier tandis que 22,3 % ont arrêté leurs études à cause d’une grossesse ou un mariage. D’ailleurs, la proportion de jeunes filles de 15-19 ans qui ont déjà commencé leur vie féconde s’élève à 26,9 % dans cette province. Les conditions de vie des ménages au Sud-Kivu, sont précaires, avec la pauvreté qui touche plus de huit ménages sur dix et un taux de chômage urbain plus élevé que la moyenne nationale. La majorité de la population travaille dans le secteur informel et particulièrement dans l’agriculture, mais les revenus sont 74

insignifiants. La guerre, qui y a sévi, a occasionné beaucoup de pertes en vies humaines, l’insécurité, des mouvements massifs des populations et la destruction des infrastructures socio-économiques de base. Cette situation a aggravé la paupérisation de la population. Malgré toutes les contraintes et les décennies de guerre, le système de l’éducation a continué à remplir sa mission nationale, déterminée à élever le niveau global d’éducation de la population.

2.6.1. L’identité, l’ethnicité, l’accès au pouvoir et au foncier : Éléments sociologiques et moteurs des conflits et d’existence des groupes armés au Sud-Kivu depuis l’époque précoloniale Sociologiquement, tous les conflits connus dans le Sud-Kivu, des origines à nos jours, ont tourné autour des éléments ci-après :  L’identité43  le territoire.  L’ethnicité,  L’accès au pouvoir et au foncier, qui sont au fait des éléments de l’organisation sociale, politique et administrative. Ces phénomènes historiques nous permettront de comprendre pourquoi surtout l’ethnicité est, d’une part, l’un des principaux moteurs du conflit au plan local et, d’autre part, un cadre de référence puissant pour les groupes armés.

2.6.2. Brève présentation de la province du Sud-Kivu C’est en septembre et octobre 1996, dans les environs de la ville d’Uvira, au bord du lac Tanganyika, que se sont aggravées les tensions entre les banyamulenge, communauté Tutsi congolaise, et autres groupes ethniques, déclenchant ainsi les premiers affrontements d’une guerre qui se solderait par l’effondrement du régime Mobutu44. La rébellion était menée par une coalition d’acteurs locaux et régionaux affichant différents intérêts locaux, nationaux et régionaux. Mais cette rébellion allait également engendrer une nouvelle mobilisation armée, une fragmentation militaire et un glissement des alliances, une multitude de groupes armés faisant valoir toute une série de griefs. Fait étonnant, depuis la signature de l’Accord global et inclusif de décembre 2002, qui a officiellement mis fin aux Guerres du Congo, le nombre de groupes armés n’a fait qu’augmenter. Les raisons sont 43

TOURAINE,A.,’ conflit social’ Encyclopédie Universalis, Jason Stearns et coll. Les banyamulenge : Insurrection et exclusion dans les montagnes du Sud-Kivu (Londres : Institut de la Vallée du Rift, 2013), p. 14–20. 10 Sud-Kivu, 44

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multiples, et elles sont entre autres liées directement aux insuffisances de l’effort de consolidation de la paix : conflits locaux irrésolus, échec de l’intégration militaire, luttes de pouvoir nouvelles et persistantes et succès limité des campagnes de démobilisation. Mais pour bien comprendre pourquoi le Sud-Kivu semble être un terrain propice à la prolifération des groupes armés, il est impératif d’adopter une perspective à plus long terme. Ce sous-chapitre décrit la dynamique historique à l’origine des mouvements armés au Sud-Kivu, en mettant plus précisément l’accent sur la période située avant la Première Guerre du Congo. Il se concentre sur les sources de conflit local, mais tout en soulignant que celles-ci ne peuvent être comprises qu’à condition de s’intéresser également aux phénomènes politiques, socio-économiques et démographiques au sens large, tant au niveau national que régional. Certes, la rébellion armée au Sud-Kivu a évolué au fil du temps, et chaque milice a une histoire qui lui est propre, mais notre recherche revient sur le contexte plus général de la militarisation du Sud-Kivu en mettant en évidence trois éléments cruciaux de son histoire qui ont tous contribué à accentuer les divisions ethniques et politiques. Premièrement, en intégrant les chefs coutumiers dans la nouvelle administration et en plaçant la question de l’ethnicité au centre de la politique, l’administration coloniale belge a provoqué la territorialisation de l’identité. Depuis, l’identité ethnique est un principe directeur de l’organisation sociale, politique et administrative. Les communautés migrantes ont par conséquent été privées de leur propre représentation politique coutumière. Deuxièmement, les troubles des années 1960 ont entraîné un durcissement des frontières ethniques et sont devenus un point de référence clé pour la mobilisation politique future. Plus spécifiquement, la rébellion Simba de 1964-67, qui a tiré parti de l’opposition politique à Kinshasa et aux autorités coutumières des territoires de Fizi et d’Uvira. Elle a eu un impact extrêmement néfaste sur la coexistence des groupes ethniques dans la province. Troisièmement, le processus de démocratisation de la RDC, annoncé en avril 1990 et qui a provoqué une compétition politique intense, s’est soldé par un durcissement des divisions ethniques, les élites politiques locales se servant de l’identité comme principale tactique de mobilisation. Ce climat marqué par les rivalités ethniques et des tensions communautaires irrésolues s’est avéré être un terrain propice à une mobilisation violente. Dans des régions comme le Kalehe, la démocratisation et l’impact de la guerre de Masisi de 1993 avaient déjà entraîné la prolifération de groupes armés. Dans les territoires de Fizi et d’Uvira, la mobilisation armée s’est de plus en plus mise à cibler les banyamulenge et est devenue le précurseur d’une guerre ouverte. Il est important de tenir compte des nombreuses strates de ce conflit pour pouvoir y apporter une réponse multidimensionnelle. Chaque groupe armé a 76

ses spécificités et chacun d’entre eux, a besoin d’une stratégie adaptée aux réalités locales. Mais celle-ci ne peut fonctionner que dans le cadre d’un processus politique global qui tient compte des griefs existants. ‘Enfin, la réussite de toute politique dans les Kivu dépendra de l’instauration d’institutions étatiques responsables au plan local et national qui sont capables de mener à bien ce processus de réforme’ Alert International.

2.6.3. Les précurseurs du conflit au Sud-Kivu Même quelqu’un qui ignore tout du Sud-Kivu, serait immédiatement frappé par la caractéristique la plus flagrante des groupes armés de cette province : ils s’appuient pratiquement tous sur l’ethnicité pour recevoir du soutien et obtenir des recrues. Pourtant, derrière ce constat, se cache une histoire complexe associant l’ethnicité à l’accès au pouvoir et au foncier et qui est en fait, un principe directeur de l’organisation sociale, politique et administrative. Ces phénomènes historiques permettent de comprendre pourquoi l’ethnicité est, d’une part, l’un des principaux moteurs du conflit au plan local et, d’autre part, un cadre de référence puissant pour les groupes armés. Même si ceux-ci ont progressivement établi des liens avec les acteurs nationaux et régionaux et les luttes de pouvoir politiques et socioéconomiques, ils continuent d’affirmer qu’ils sont là pour défendre leurs communautés et transcendent rarement les divisions ethniques ou claniques.

2.6.4. L’Ethnicité et la migration Avant l’arrivée des premiers administrateurs belges à la fin du XIXe siècle, le Sud-Kivu présentait différentes formes d’organisation politique allant de chefferies centralisées et stratifiées dans des zones très peuplées à des sociétés tributaires peu organisées et décentralisées. L’entité politique précoloniale la plus centralisée était la chefferie des Bashi, dirigée par le ‘Mwami’ (roi). L’utilisation économique de l’espace en reflétait la structure sociale et politique. La spécificité du pouvoir du Mwami reposait sur le contrôle qu’il exerçait sur l’accès aux terres productives, accès qui était régi par diverses relations sociales et politiques basées sur l’identité. Les systèmes de tenure foncière avaient différentes fonctions : intégration des paysans d’un territoire bien défini au sein d’un réseau de relations dépendantes centrées autour du versement d’un tribut ; territorialisation de la communauté ethnique ; et confirmation du pouvoir des chefs coutumiers. Pour un fermier, sa ‘dépendance envers la terre le lie à son village, le tient fermement assujetti à ses chefs, et l’oblige à verser […] un tribut’45. Son 45 Elinor Sosne, « Colonial Peasantization and Contemporary Underdevelopment: A View from a Kivu Village », dans Guy Gran (éd.), Zaïre: The Political Economy of Underdevelopment (New York: Praeger, 1979), p. 189–210.

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intégration sociale et donc sa sécurité — était assurée en échange d’une loyauté envers le Mwami et du versement d’un tribut à celui-ci ; le Mwami, quant à lui, était détenteur du pouvoir et, en échange, octroyait des droits d’utilisation inaliénables sur le domaine coutumier46. Si cela suggère l’existence d’une chefferie Bashi hautement centralisée à l’époque précoloniale, ce n’est que lorsque les autorités belges essayèrent d’imposer leurs propres structures administratives entre autres, en intégrant et réorganisant les structures du pouvoir coutumier existantes, que la domination du Mwami sur le foncier fut consolidée. D’autres communautés ethniques de la province, telles que les Lega, les Tembo ou les Bemba, disposaient d’une organisation sociale bien moins hiérarchisée et beaucoup plus souple, et se composaient de structures claniques entretenant des liens très vagues et pratiquement dénués de toute référence à une appartenance ethnique et à un territoire au sens large. Mais là aussi, c’est en s’appuyant sur le facteur de l’identité que l’administration coloniale tenta d’imposer son autorité, des chefferies coutumières étant mobilisées, reformées, voire créées dans le but de consolider le contrôle colonial. La réorganisation du pouvoir coutumier par les administrateurs belges fut particulièrement controversée dans les régions où les populations migrantes étaient importantes. Bien avant la création de l’État indépendant du Congo par le roi Léopold II en 1885, plusieurs communautés d’immigrants s’étaient installées au Sud-Kivu. Contrairement au Nord-Kivu, où le colonialisme et des événements politiques régionaux avaient eu une forte incidence sur les flux de migration, l’arrivée des migrants au Sud-Kivu fut principalement liée à des phénomènes politiques dans les royaumes du Rwanda et du Burundi, et non à la colonisation. La première installation du Burundi, dans la Plaine de la Ruzizi, zone frontalière entre ce qui constitue aujourd’hui la RDC et le Burundi, remonte à la fin du XVIIIe siècle, lorsque le prince Ntorogwe, fils du Mwami Ntare du royaume du Burundi, partit en quête de pâturages pour son bétail. Le prince s’installa d’abord dans la Plaine de la Ruzizi, avant d’étendre son contrôle depuis Gatumba jusqu’à la limite Nord d’Uvira. Un conflit éclata entre le Mwami Ntare et le successeur de Ntorogwe, Rudengeza, entraînant la mort de ce dernier ; les Barundi qui vivaient à Ruzizi vinrent alors s’installer à Luberizi et se dissocièrent du royaume du Burundi47. Les origines des premiers immigrants de descendance rwandaise au SudKivu sont nettement moins bien documentées et, à ce jour, elles restent le sujet de vives discussions, marquées par des affirmations contradictoires quant à la date de leur arrivée et leur nombre exact. Pour Alexis Kagame, 46

Severin Mugangu Matabaro, la gestion foncière rurale au Zaïre. Réformes juridiques et pratiques foncières locales. Cas du Bushi (Paris/Louvain-la-Neuve : L’Harmattan/academia Bruylant, 1997). 47 P. Loons, Histoire du territoire d’Uvira (Uvira : Archives de la sous-région du Sud-Kivu, 1933).

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l’arrivée des pasteurs rwandais dans la Plaine de la Ruzizi remonte déjà à la fin du XVIIe siècle48. Dans les années 1950, Jean Hiernaux rendit compte de l’existence d’au moins six générations de Tutsi dans l’Itombwe49. La plupart des sources écrites s’accordent sur le fait que le Sud-Kivu connut un afflux important à la fin du XIXe siècle. Certains experts établissent un parallèle entre ce phénomène et les troubles politiques que connut le Rwanda après la mort du Mwami Kigeri IV Rwabugiri. Pour d’autres, cette migration était due à la détermination du Mwami Rwabugiri de percevoir un tribut supplémentaire auprès des riches pasteurs, et à la quête de nouveaux pâturages qui s’ensuivit. Mais ces migrations indiquent également une tendance générale à la mobilité dans toute la région, les populations se déplaçant régulièrement d’une région à une autre50. Des pasteurs tutsis s’installèrent d’abord autour de Kakamba, dans la Plaine de la Ruzizi, mais gagnèrent rapidement une zone de plus haute altitude, autour de LEMERA, qui offrait un climat plus propice à leur bétail. C’est ici qu’ils fondèrent le village de Mulenge, du nom d’une montagne voisine. Cet endroit allait devenir une quasi capitale pour ces nouveaux arrivants et il donna à la communauté au sens large le nom sous lequel elle serait connue par la suite : communauté banyamulenge51. La région était cependant déjà placée sous le contrôle des autorités coutumières existantes. Les nouveaux arrivants ne parvinrent donc pas à établir leurs propres structures coutumières. Ils ne pouvaient ainsi accéder à de précieux pâturages que les pasteurs représentaient comme une source de revenus intéressante. ‘Le Mwami MUKOGABWE de la communauté Fuliru leur procurait des pâturages pour leur bétail en échange d’un tribut. Toutefois, en 1924, les exactions de MUKOGABWE se durcirent, forçant les pasteurs tutsis à prendre la fuite52. Les colons belges, qui étaient alors arrivés dans la région, donnèrent aux Tutsi la permission de monter dans les Hauts-Plateaux d’Itombwe. MUKOGABWE leur rafla leur bétail. En outre, l’installation de ces populations dans l’Itombwe sédentarisa leur style de vie jusque-là semi-nomade. Mais, là aussi, les méthodes pastorales des Tutsi et leur manière différente d’utiliser les terres-élevage de bétail et non pas culture de la terre-entraîna des tensions avec les sociétés agraires de la 48

Alexis Kagame, un abrégé de l’ethnohistoire du Rwanda (Butare, non publié, 1972). Jean Hiernaux, ‘Note sur les Tutsi d’Itombwe. La position anthropologique d’une population émigrée’, Bulletin et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris 7/11 (1965), p. 361–79.20 sud-Kivu 50 Jacques Depelchin, « From Pre-capitalism to Imperialism: A History of Social and Economic Formations in Eastern Zaire (Uvira Zone, c. 1800–1965)»(Université de Stanford, thèse de doctorat, 1974); Georges Weiss, le pays d’Uvira : Étude de géographie régionale sur la bordure occidentale du lac Tanganika (Bruxelles : Académie royale des sciences coloniales, 1959) ; Gasinzira Muzuri, L’évolution des conflits ethniques dans l’Itombwe, des origines à nos jours (Lubumbashi : Université de Lubumbashi, 1983). 51 Gaspard Kajiga, ‘Cette immigration séculaire des Rwandais au Congo’, Bulletin du Centre d’études des problèmes socio-indigènes 32 (1956), p. 5–64. 52 DEPELCHIN, ‘From Pre-capitalism to Imperialism’, p. 71–72. 49

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région. Le bétail représentant une richesse pour de nombreux groupes ethniques, les pasteurs tutsis occupèrent progressivement une position économique dominante. Cette tendance, conjuguée à leur style de vie isolationniste, aggrava les problèmes de coexistence avec les autres communautés’.

2.6.5. Impact territorial du régime colonial ‘Le colonialisme eut pour effet de territorialiser l’identité autrement dit, de définir clairement l’identité par rapport au territoire et de renforcer encore davantage l’ethnicité en tant que principe clé de l’organisation de la société locale. Espérant intégrer et contrôler la population locale, l’administration coloniale attribua des terres à des communautés ethniques existantes ou nouvellement créées et à des chefferies coutumières. Les sociétés rurales existantes furent restructurées et hiérarchisées, et les chefs coutumiers mobilisés et intégrés dans le nouvel ordre administratif. L’autorité coloniale reconnut les structures sociales existantes et définies selon des critères ethniques ou en créa de nouvelles pour former la base d’un pouvoir indirect, confirmant ainsi la citoyenneté ethnique comme source légale pour pouvoir prétendre à des droits et reconnaissant un ordre précolonial présumé. Cependant, au lieu d’imposer une structure coutumière uniforme, cela engendra ‘une série différente de lois coutumières, une par groupe ethnique, et [à l’instauration d’] une Autorité indigène distincte pour veiller à l’application de chaque série de lois. Le résultat fut un pouvoir à deux visages, la différence entre ces deux visages étant que, tandis que le pouvoir civique était racialisé’, l’Autorité indigène’ devint ethnicisée’53. ‘Cette politique coloniale allait engendrer de nouveaux clivages et provoquer des tensions entre les différentes communautés, en particulier dans la Plaine de la Ruzizi et dans la région d’Uvira. En 1928 fut créée la Collectivité de la Plaine de la Ruzizi et l’autorité coutumière des Barundi fut reconnue. L’instauration de cette chefferie secteur en une entité hybride dont l’idée était de rapprocher des communautés ethniques similaires au sein d’une structure dotée de fonctions à la fois traditionnelles et administratives provoqua une vive résistance chez les Fuliru, qui revendiquèrent le contrôle de la Plaine. Des tensions latentes entre les deux communautés se solderaient ensuite régulièrement par de la violence (jusqu’à ce jour). Un facteur similaire, à la fois source de confusion et de conflit, fut la création dans la région de structures coutumières de plus petite taille. Dans le cas de l’Itombwe, le pouvoir colonial belge tenait plutôt du tâtonnement que d’une stratégie délibérément conçue pour organiser sa colonie sur le plan territorial. Pour freiner la mobilité de la population locale et territorialiser les structures définies selon des critères ethniques, l’administration coloniale 53

Mahmood Mamdani, Understanding the Crisis in Kivu: Report of the CODESRIA mission to the Democratic Republic of Congo (Dakar: Codesria, 1997), p. 4.22

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belge introduisit également un système de ‘petites chefferies’ au début du XXe siècle. Ces unités territoriales étaient, comme leur nom l’indique, bien plus petites que les chefferies secteurs, et elles étaient dirigées par des chefs fraîchement nommés. Dans les Hauts Plateaux du Sud-Kivu, deux chefs tutsis (Kayra et Gahutu) furent reconnus par les Belges, mais sans se voir attribuer de territoire bien défini. ‘Pendant les années 1930, en réponse aux tentatives de remaniement de l’organisation administrative et à la fusion de ces petites chefferies en structures coutumières plus grandes dans la région d’Uvira, les pasteurs Tutsi se retrouvèrent privés de leur propre entité administrative. Ils devinrent sujets de la chefferie de Bafuliru (Bafuliiru), de la chefferie de Bavira et de la chefferie des Barundi et, plus au sud, de chefs Bembe’. ‘Cette territorialisation de l’ethnicité allait introduire l’un des facteurs clés du conflit local et aggraver les tensions entre les banyamulenge et les autres communautés ethniques de la région’ (selon Alert International). Le fait que l’administration coloniale ne reconnaisse pas les revendications territoriales des banyamulenge, et donc qu’elle ne les reconnaisse pas en tant qu’Autorité indigène’, allait aussi devenir un argument de taille dans les tentatives des leaders locaux visant à traiter les banyamulenge comme des étrangers et à les exclure de l’arène politique. ‘Dans d’autres régions, ce remaniement territorial allait également créer de nouveaux clivages. Dans le territoire de Kalehe, par exemple, deux chefferies furent instituées : la chefferie des Bahavu, dirigée par des chefs Havu, et la petite chefferie de Buloho, dirigée par des chefs coutumiers Tembo. La majeure partie du territoire peuplé par les Tembo et du groupement de Kalonge habité par les Rongeronge passa sous le contrôle des Bahavu, les communautés Tembo et Rongeronge devenant fortement dépendantes du régime coutumier Havu. Dès les années 1940, cela provoqua une résistance chez les Tembo, qui réclamèrent une reconnaissance coutumière et administrative. Certains leaders Tembo allèrent plus loin en exigeant que la région de Bunyakiri, au Kalehe, soit intégrée au Nord-Kivu, pour ainsi laisser tous les Tembo unis sous une seule entité administrative, qu’ils soient du Nord-ou du Sud-Kivu. En 1959, Bunyakiri fut officiellement reconnu ‘commune rurale’, y compris certaines parties de la chefferie du Kalehe, mais cette décision, qui aurait pu renforcer les revendications locales de la communauté Tembo envers une autonomie politique, fut en réalité jamais mise en œuvre54. Ailleurs au Sud-Kivu, des chefs coutumiers résistèrent à la domination coloniale même si leur position était ambiguë étant donné que la politique belge finissait souvent par consolider leur pouvoir. Pendant les premières années de colonisation, le Mwami Rutaganda

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‘Life and Peace Institute, Analyse du contexte du territoire de Kalehe’, Action pour la Paix et la Concorde/Life and Peace Institute, Bukavu, avril 2009, p. 10–14,24

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de Kabare et le Mwami Ruhongeka de Ngweshe essayèrent ainsi de s’opposer à l’impact croissant de l’administration coloniale’. À Kaziba, Luhwindja et Burhinyi, les bami (pluriel de Mwami) se cachaient des pouvoirs coloniaux. À Kabare, un conflit éclata en 1902 qui serait surnommé localement ‘oku lwa Bene Mwa Koke’ (la guerre contre les fils de Mwa Koke). À l’origine de ce conflit est le meurtre du nouveau chef de poste belge, le lieutenant Tondeur. Deux ans de représailles s’ensuivirent, pendant lesquels le Mwami de Kabare fut contraint de rester caché. Un pacte finit bien par être signé, mais en 1910, les pouvoirs coloniaux constatèrent l’apparition de nouveaux signes de résistance55. ‘L’introduction du travail forcé et d’une économie basée sur les plantations provoqua aussi des litiges, entraînant plusieurs affrontements entre fermiers locaux et une nouvelle classe de colons blancs. Citons à titre d’exemple la révolte de Binji Binji, qui éclata en 1931 près de Nduba (Ngweshe), après que les autorités coloniales ont puni Ngwasi Nyangaza, un ouvrier agricole qui fuit la région. À son retour, il parlait la langue de Lyangombe, un magicien qui avait vécu dans la région au XVIe siècle et qui avait enseigné une idéologie inspirée de la religion et axée sur l’égalité entre les humains’. La population locale estimait que son esprit était capable de posséder les gens au moyen d’une initiation, et il était souvent consulté. ‘Une fois possédé par l’esprit de Lyangombe, Ngwasi Nyangaza fut appelé ‘Binji Binji’. Il prédit une invasion massive de criquets et promit l’arrivée de nouveaux troupeaux de bétail, qui seraient répartis parmi la population paysanne. Il ordonna à tous les fermiers de quitter les plantations en décrivant la vision qu’il avait eue : leur terre leur serait rendue et le travail forcé serait aboli. L’administration coloniale, prenant conscience d’un risque de soulèvement des populations rurales de grande ampleur, mit rapidement un terme à cette révolte. Les chefs eux-mêmes se retrouvèrent dans une situation ambivalente, car, la révolte illustrait la fragilité de leur pouvoir. L’insurrection Binji Binji tirait sa force de la mobilisation des rites, des initiations et du culte de l’invulnérabilité, qui étaient tous employés pour appuyer la promesse d’une libération de l’occupation étrangère’56.

2.6.6. Agitation post indépendance : la militarisation de l’ethnicité d’après Alert International ‘Comme dans d’autres régions du pays, les premières années de la période postindépendance à l’Est furent caractérisées par une agitation 55

Alphonse Njangu Canda, ‘L’effort de guerre 1914–1918 : Coup de grâce porté à la résistance des Bashi’, dans les réactions africaines à la colonisation en Afrique centrale (Kigali, non publié, 1985), p. 223–230. 56 Alphonse Njangu Canda, ‘La secte Binji-Binji ou la renaissance de la résistance des Bashi’, dans Lyangombe : mythes et rites (Bukavu, CERUKI, 1976), p. 124.25

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politique et des insurrections. D’un point de vue stratégique, le Sud-Kivu qui à l’époque faisait partie de la province du Kivu présentait peu d’intérêt et n’avait guère d’impact sur les jeux de pouvoir à l’échelon national. Mais le conflit militaire entre les loyalistes du Premier ministre Patrice Lumumba, qui avait été emprisonné, extradé vers la province sécessionniste du Katanga et exécuté en janvier 1961, et les forces menées par Mobutu dans d’autres régions du pays allait finir par susciter des aspirations politiques au plan local. Au Sud-Kivu cette tendance allait considérablement affecter les relations entre les différentes communautés ethniques et transformer les tensions en violence ouverte, marquant un tournant dans la vie politique locale et devenant un point de référence pour la future mobilisation’. 2.6.6.1. La rébellion Simba ‘Au début des années 1960, différents mouvements d’insurgés, inspirés par l’idéologie nationaliste de Lumumba, se répandirent à travers le pays. En 1963, Pierre Mulele, ancien ministre du Gouvernement Lumumba, lança une insurrection contre le régime dans la région de Kwilu, à l’est de Kinshasa. D’autres lumumbistes avaient installé le Conseil national de libération (CNL) en exil à Brazzaville. Ces insurrections, qui diffusaient un message révolutionnaire de nationalisme radical et d’anti-impérialisme, allaient rapidement atteindre les Fizi et Uvira. Mais leur réussite serait tributaire des programmes locaux et des dynamiques régionales’. ‘Avant la rébellion, le leader Fuliru Simon MARANDURA avait organisé des protestations contre les autorités Fuliru traditionnelles et le gouvernement provincial dans l’espoir de moderniser l’administration. Début 1964, Gaston Soumialot fut chargé par le CNL de se rendre à Bujumbura pour ouvrir un front militaire à l’Est. C’est là qu’il entra en relation avec des nationalistes congolais comme les leaders Fuliru Louis BIDALIRA et MARANDURA, ainsi que le leader Bembe Jérôme MUTSHUNGU. Soumialot reçut également le soutien de réfugiés tutsis rwandais qui avaient quitté leur pays pour donner suite à la révolution sociale de 1959 et avaient créé l’Union nationale rwandaise (UNAR) ainsi que de Tutsi burundais qui s’opposaient à l’autorité de leur Mwami’57. ‘Des recrues locales furent formées, d’abord principalement issues de la communauté Fuliiru, et une campagne militaire concluante s’ensuivit, prenant le nom de Simba (lion) et menant à la prise d’Uvira et de Fizi. L’Armée populaire de libération (APL) l’aile armée Simba, fut accueillie localement comme un mouvement de libération nationaliste et largement soutenu par diverses communautés ethniques58. En peu de temps, le

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Benoît Verhaegen, Rébellions au Congo (Bruxelles : Centre de recherche et d’information sociopolitique (CRISP), 1966). 58 STEARNS et coll., Les Maï-Maï Yakutumba, p.15 –19

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mouvement s’empara du contrôle de grandes parties du Sud-Kivu, du Maniema et du nord du Katanga’. ‘Son manque de capacités militaires fut en partie compensé par des références à des croyances et des pratiques associant magie et religion qui permirent d’accroître la cohésion interne, de renforcer la discipline et de donner du courage aux combattants. Un élément clé en était le dawa (fétiche) une potion fabriquée par un magico-religieux (sorcier) que l’on appliquait sur la peau du combattant pour l’immuniser contre les tirs de balles et lui insuffler de la force, une protection et la certitude de la victoire. De l’eau était également aspergée sur les combattants pour les purifier et les protéger, eux et la population, lors des combats. Le cri ‘Mai Mulele’ scandé par les combattants était censé leur donner la détermination nécessaire pour combattre l’armée nationale congolaise, bien mieux équipée et qui bénéficiait du soutien d’entités étrangères et de mercenaires. En outre, le mouvement se retrouva directement lié à la lutte anti-impérialiste mondiale à travers le soutien que lui accorda Ernesto ‘Che’ Guevara. En 1965, Guevara tenta de transformer la rébellion en un mouvement de libération bien structuré, mais, déçu, il ne tarda guère à quitter la région. Bien que l’insurrection ait d’abord remporté un franc succès, elle tourna court tout aussi vite. En plus de pâtir de divisions croissantes au sein du commandement central du mouvement, une idéologie nationaliste et révolutionnaire mal développée ne pouvait jamais transcender la rivalité au sein des communautés et entre elles. Au lieu de conduire à une ‘deuxième libération’ du pays, l’insurrection finit par dresser les communautés les unes contre les autres, aggravant ainsi les divisions ethniques’. ‘En effet, même avant le début de la rébellion, les divisions ethniques fragmentaient déjà le paysage politique du Sud-Kivu. Cinq partis politiques dominants se reposaient surtout sur des communautés ethniques’ (SEE BOX OVERLEAF). Après 1963, alors que le gouvernement provincial était dirigé par la faction modérée du CEREA, le MNC-L étendit progressivement son influence. Le Mwami de Kabare, que les autorités provinciales avaient démis de ses fonctions en 1961, se tourna vers le MNC-L et devint l’un de ses principaux membres locaux jusqu’à ce que le Premier ministre congolais Moïse Tshombe lui promette le soutien du gouvernement. Des membres Rega de l’Unerga s’allièrent aussi au MNC-L, les autorités provinciales ayant déclaré qu’elles rattacheraient une partie de la chefferie des Warega (Mwenga) à celle de Ngweshe. Et dans Uvira, le MNC-L se développa de plus en plus lorsque des militants radicaux du CEREA suivirent l’exemple de MARANDURA en se tournant vers les Lumumbistes59. ‘La rébellion Simba exploita cette opposition politique locale croissante envers Kinshasa et les autorités coutumières des territoires de Fizi et 59

Koen Vlassenroot, « Citizenship, Identity Formation and Conflict in South Kivu: The Case of the Banyamulenge », Review of African Political Economy 29/93–4 (2002), p. 499–515.

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d’Uvira, mais elle ne parviendrait jamais à surmonter les différends60. ’Cette division fut directement imputable à la lutte de pouvoir locale entre une nouvelle classe de politiciens radicaux, comme Musa MARANDURA, et les autorités traditionnelles. MARANDURA s’en prit spécifiquement aux autorités traditionnelles Fuliru. Des nationalistes radicaux avaient pris de l’importance lors des élections de 1960, ce qui contraignit le Mwami Simba de Fuliru, lui-même nommé par l’administration coloniale, à s’exiler à Bujumbura’. En février 1961, les autorités provinciales le remplacèrent par MARANDURA, mais deux mois plus tard, le Mwami regagna la région et délogea MARANDURA avec l’aide de politiciens modéré du CEREA.61 ‘Les mutuelles jouèrent un rôle clé dans la société civile. Elles avaient commencé sous la forme d’associations urbaines, établies selon des critères ethniques, dont l’objectif était d’offrir une aide sociale à leurs membres et de préserver l’identité culturelle et la représentation de la communauté. Mais lorsque la rivalité politique et la méfiance ethnique s’intensifièrent au cours du processus de démocratisation, les élites politiques locales firent de ces mutuelles des instruments pour véhiculer leurs aspirations politiques. Elles eurent alors pour fonction de consolider l’appui populaire et de lui fournir les ressources nécessaires’. ‘Toutefois, le sentiment de méfiance allait croissant parmi les différents sous-groupes des communautés ethniques. Ce phénomène fut particulièrement manifeste lorsqu’en 1993, Mobutu nomma au poste de Premier ministre Faustin Birindwa, un Mushi et leader local de l’UDPS. BIRINDWA et d’autres membres Bashi de premier plan furent rapidement exclus du parti d’opposition, qui se scinda en deux factions : l’UDPS — radicale et l’UDPS modérée, cette dernière étant également connue sous le nom de ‘faction de Birindwa’. Dès lors, la SBB se rallia autour de Birindwa et d’autres leaders Bashi de Ngweshe. Ces mêmes rivalités ethniques affectaient la cohésion de la société civile locale qui, au lieu de servir de plate-forme pour éclairer le mouvement de démocratisation, finit par être le reflet des contradictions sociales existantes’. 2.6.6.2. L’Effondrement de l’état et la crise ‘Au mois d’avril 1990, après une tournée de consultation à travers le pays, Mobutu annonça la fin du régime à parti unique et lança un processus de démocratisation. Cela déclencha une âpre rivalité entre les anciens membres du réseau clientéliste de Mobutu et les nouvelles élites politiques. Mobutu sut exploiter les divisions pour affaiblir ses opposants. L’une des stratégies qu’il employa fut l’introduction de la ‘géopolitique’ en 1993. 60

VERHAEGEN, Rébellions au Congo, p. 265. Jean Miruho ; A. Kabemba, Kindu et la rébellion. Essai d’étude des évènements politiques (1960–1964) (Bukavu : ISP, 1976).

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Selon ce principe, la composition des institutions nationales devait reposer sur des quotas régionaux : contrairement au précédent principe de rotation, les administrateurs provinciaux haut placés devaient dès lors être originaires de la province dans laquelle ils étaient nommés’. ‘Ce principe de géopolitique devint rapidement un instrument pour exclure de la vie politique les personnes considérées comme ‘non indigènes’ dans leur région. Au Shaba (Katanga) cela se solda par de violentes campagnes contre les Luba du Kasaï, et, au Nord-Kivu, contre les Banyarwanda. Également au Sud-Kivu, les banyamulenge devinrent la cible du venin populaire. Mais la perspective d’un processus de démocratisation fit aussi apparaître de nouveaux clivages entre les élites politiques et réintroduisit la politique ethnique, résultant à une croissance de tensions entre les différentes communautés’. 2.6.6.3. La promesse d’une mobilisation ethnique Au Sud-Kivu, l’annonce de Mobutu engendra rapidement une vive rivalité politique entre les différentes élites ethniques. Même si, au début des années 1990, une société civile locale de premier plan était active dans la province, les ambitions de ses leaders et les rivalités ethniques finirent par compromettre ses capacités de mobilisation. Le recyclage des élites politiques locales auquel se livra Mobutu empêcha lui aussi la formation d’une force contraire puissante et entraîna une aggravation des tensions ethniques. ‘Les mutuelles jouèrent un rôle clé dans la société civile. Elles avaient commencé sous la forme d’associations urbaines, établies selon des critères ethniques, dont l’objectif était d’offrir une aide sociale à leurs membres et de préserver l’identité culturelle et la représentation de la communauté. Mais lorsque la rivalité politique et la méfiance ethnique s’intensifièrent au cours du processus de démocratisation, les élites politiques locales firent de ces mutuelles des instruments pour véhiculer leurs aspirations politiques’ Alert International. Elles eurent alors pour fonction de consolider l’appui populaire et de lui fournir les ressources nécessaires. L’une de ces mutuelles était la ‘Solidarité Bashi-Bahavu’ (SBB). Après l’introduction de la géopolitique, deux Lega (Lega fut nommé aux postes de gouverneur provincial et directeur provincial. Pour l’élite Bashi dirigeante, ces nominations étaient une menace directe à leur domination politique. Par conséquent, la SBB devint un instrument des élites politiques et des hommes d’affaires Bashi des centres urbains. Son leadership était étroitement lié aux groupes de la société civile locaux, à l’Église catholique, aux universités et au principal parti d’opposition, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dirigé par Étienne TSHISEKEDI. La SBB représentait donc un réseau puissant capable de mobiliser de grandes parties de la communauté

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Bashi et, pour consolider son appui, la mutuelle essaya également de séduire d’autres communautés ethniques, comme les Havu et les Vira. Toutefois, le sentiment de méfiance allait croissant parmi les différents sous-groupes des communautés ethniques. Ce phénomène fut particulièrement manifeste lorsqu’en 1993, Mobutu nomma au poste de Premier ministre Faustin Birindwa, un Mushi et leader local de l’UDPS. Birindwa et d’autres membres Bashi de premier plan furent rapidement exclus du parti d’opposition, qui se scinda en deux factions : l’UDPS — radicale et l’UDPS modérés, cette dernière étant également connue sous le nom de ‘faction de Birindwa’. Dès lors, la SBB se rallia autour de Birindwa et d’autres leaders Bashi de Ngweshe. Ces mêmes rivalités ethniques affectaient la cohésion de la société civile locale qui, au lieu de servir de plate-forme pour éclairer le mouvement de démocratisation, finit par être le reflet des contradictions À l’origine de la crise se trouvaient les différends au sein de l’organe de coordination provincial de la société civile, le Bureau de la Société Civile, quant à la stratégie à adopter à la suite de la nomination de Birindwa au poste de Premier ministre. Des membres Bashi du bureau de Ngweshe étaient disposés à soutenir la faction de Birindwa, mais d’autres refusèrent de collaborer avec une personnalité qu’ils considéraient comme un allié de Mobutu. Le président du bureau, un Bashi de Ngweshe, finit par perdre le soutien dont il avait bénéficié et fut remplacé par un membre Lega. Une discorde s’ensuivit au sein de la société civile, une partie des membres Bashi quittant l’assemblée générale de la société civile pour créer des structures rivales. 2.6.6.4. Revendications relatives au foncier et à la citoyenneté ‘Si, à Bukavu, le processus de démocratisation eut pour effet de renforcer les divisions ethniques entre les élites locales, il provoqua, dans d’autres zones du Sud-Kivu, des tensions communautaires et des violences. Les revendications irrésolues concernant le pouvoir coutumier émises par plusieurs communautés ethniques et la question de la représentation politique marquèrent une fois de plus les efforts de mobilisation dans le territoire de Kalehe et autour d’Uvira. L’arrivée en 1993 d’un nombre important de réfugiés hutus venus du Burundi et, en 1994, du Rwanda rendit ces conflits encore plus complexes’. L’antagonisme ethnique croissant dans le territoire de Kalehe était dû à plusieurs phénomènes : âpre rivalité entre différentes communautés ethniques autour de la représentation politique et de questions foncières, relance des revendications territoriales des Tembo et propagation de la guerre de Masisi.62, un écheveau complexe d’alliances et de divisions 62 Pour des renseignements détaillés sur la guerre de Masisi, voir Jason Steams, NordKivu:Contexte historique du conflit dans la province du Nor-Kivu, à l’Est du Congo (Londres : Institut de la Vallée du Rift, 2012), PP 27-28, 36.

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ethniques allait transformer plus spécifiquement les Hauts-Plateaux du Kalehe en une zone hautement disputée. ‘Avant l’ère coloniale, cette région n’avait pratiquement pas été habitée, en raison de son altitude élevée et de la froideur de son climat. Pour soutenir le développement d’une économie locale axée sur les plantations, les administrateurs coloniaux belges avaient encouragé un grand nombre de Banyarwanda à immigrer directement du Rwanda ou du Nord-Kivu et à s’installer à Kalehe. Ces colons furent rejoints par des réfugiés tutsis qui fuyaient les troubles politiques causés par la révolution de 1959-1962 au Rwanda. Ces communautés Banyarwanda ne revendiquèrent pas immédiatement un contrôle coutumier de ces terres. Mais à partir du début des années 1980, prenant conscience de la précarité de leurs droits en matière d’accès au foncier, la région restant placée sous le contrôle de chefs coutumiers Havu et Tembo, les Banyarwanda se mirent à réclamer leurs propres chefs coutumiers. La politique nationale joua elle aussi un rôle à cet égard : après l’annonce du processus de démocratisation, de nombreux représentants Banyarwanda n’eurent pas le droit de participer à la Conférence nationale souveraine (CNS) à Kinshasa en 1990, dont la mission était de préparer la voie vers la démocratisation. Cette conférence valida également la loi sur la citoyenneté de 1981, qui exigeait des communautés ethniques qu’elles se soient installées au Congo avant 1885 pour pouvoir prétendre à la citoyenneté. Les Banyarwanda furent donc privés de la possibilité d’avoir une représentation politique à l’échelon national, ce qui aggrava la situation déjà précaire qui régnait dans les deux Kivu. Enfin, la décision en 1991 de lancer un processus d’enregistrement pour déterminer la citoyenneté des communautés migrantes dans les Kivu, à l’approche des élections locales, déclencha de violents incidents à Kalehe et autour d’Uvira’. ‘À Kalehe, les premiers actes de violence éclatèrent en juillet 1993 ; ils étaient en lien direct avec la guerre de Masisi qui avait commencé quelques mois plus tôt au Nord-Kivu, opposant les communautés indigènes aux Banyarwanda. Des Tembo qui vivaient dans les territoires de Walikale (Nord-Kivu) et de Kalehe (Sud-Kivu) rejoignirent les milices Batiri/Katuku qui opéraient à Masisi. Lorsque des combattants Batiri tuèrent un notable de l’ethnie hutu à Ziralo (Kalehe), la violence s’étendit jusque dans les HautsPlateaux, provoquant des déplacements de grande ampleur et le regroupement de la population selon des critères ethniques63. La situation se compliqua encore avec l’arrivée de réfugiés rwandais en 1993 et 1994. Lorsqu’une certaine collaboration commença à se développer entre ces réfugiés et les populations hutus de l’est du Zaïre, les pasteurs tutsis furent contraints de quitter leurs terres et de se réfugier au Rwanda. Le vicegouverneur provincial et des groupes de la société civile lancèrent des efforts 63

‘Analyse du contexte du territoire de Kalehe’, p. 18–19.38

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de médiation en 1995, mais, la situation commençant aussi à dégénérer dans d’autres régions, ces efforts eurent un impact limité’. 2.6.6.5. Les Prémices de la Première guerre du Congo Dans le territoire d’Uvira, les tensions résultant du processus de démocratisation furent exacerbées par la présence de réfugiés burundais et rwandais, une dynamique dangereuse conjuguant conflit local, national et régional qui allait faire de la région le théâtre de violences croissantes et servir de toile de fond au démarrage de la Première Guerre du Congo. Les tensions intercommunautaires irrésolues créèrent un terrain propice à la mobilisation ethnique et conduisirent au lancement d’une campagne d’exclusion des banyamulenge. Célestin Anzuluni Bembe Isilonyonyi, politicien mobutiste d’origine Bembe et porte-parole adjoint de l’assemblée qui succéda à la CNS) le Haut Conseil de la République-Parlement de Transition (HCR-PT) joua un rôle primordial en établissant un lien entre les tensions locales entre Bembe et banyamulenge et les discussions menées au plan national sur le statut de la citoyenneté des banyamulenge et des Banyarwanda. En avril 1995, le HCR-PT créa une commission chargée d’enquêter sur le statut des personnes déplacées internes (DPI) et des réfugiés dans les provinces des Kivu. Il adopta ensuite une résolution réclamant l’expulsion de tous les banyamulenge, considérant qu’il s’agissait de réfugiés rwandais arrivés récemment. Cette même résolution stipulait par ailleurs que toute vente ou cession de biens banyamulenge devait être annulée et que ces derniers devaient être exclus de tout poste administratif. À son retour dans la région d’Uvira et de Fizi en septembre1995, Anzuluni continua d’exciter le sentiment anti banyamulenge. Dans ses allocutions publiques, il appela la population à participer à l’expulsion des banyamulenge. Il bénéficia d’un soutien des leaders locaux, notamment du commissaire de district d’Uvira à l’époque, Shweka Mutabazi, et du Mwami Lenghe, un vira64. Encouragé par les déclarations publiques d’Anzuluni, le commissaire de district mit la résolution parlementaire en œuvre et demanda à l’agent d’Uvira responsable de la planification urbaine de dresser une liste de tous les biens immobiliers et terrains appartenant à des citoyens supposés rwandais ou burundais, y compris à ‘nos frères du Haut Plateau’ ; de faire cesser tous les travaux de construction entrepris par ces ‘étrangers’ ; et d’identifier et de répertorier toutes les maisons terminées, mais abandonnées65. Début 1996, le harcèlement des banyamulenge était légion dans la région de l’Uvira. Shweka ordonnait régulièrement la mise en détention de leaders banyamulenge et s’en prenait aux associations de développement 64

Mwami Lenghe était un fervent partisan de Mobutu. D’après certaines sources locales, il soutint également Anzuluni pour réduire l’influence des Fuliiru dans la collectivité Vira. 65 Mémorandum des banyamulenge adressé au Vice-Premier ministre et au ministre de l’Intérieur à Kinshasa, 5 octobre 1995.

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Banyamulenge. En juillet 1996, les tensions allaient encore s’aggraver. Lors d’une réunion publique dans une église pentecôtiste de Kasenga, Shweka appela à ‘une chasse aux serpents’66. Un mois plus tard, le Groupe Milima, une organisation non gouvernementale importante banyamulenge, fut interdit et son leader, Muller Ruhimbika, fut accusé d’exercer un lobby politique, de trafiquer des armes et d’avoir attiré l’attention des observateurs internationaux sur la question de la citoyenneté67. Le 9 septembre, des représentants de partis politiques, des leaders de la société civile et des milices de jeunes organisèrent une manifestation à Uvira pour demander la révocation immédiate de l’évêque catholique d’origine banyamulenge, Jérôme Gapangwa, accusé de trafic d’armes. Cette manifestation fut suivie d’émeutes et du pillage de biens banyamulenge. À Bukavu, la coordination de la société civile organisa une ‘marche de la colère’ contre les banyamulenge. D’autres manifestations s’ensuivirent à Kalehe et Idjwi. Des associations anti tutsis se mirent à distribuer des pamphlets invitant la population à réagir à la menace naissante d’un territoire tutsi dans la région. Le 18 septembre, des députés du Sud-Kivu nièrent l’existence d’une communauté banyamulenge au Zaïre et appelèrent la population à poursuivre ses efforts d’autodéfense contre les ‘agresseurs Tutsi’68. Ces tensions finirent par se transformer en une violence ouverte. Des jeunes banyamulenges qui avaient été recrutés par le Front patriotique rwandais (FPR) au début des années 1990 commencèrent à regagner les Hauts-Plateaux début 1996. Ils furent d’abord chargés de convaincre d’autres banyamulenges de rejoindre le FPR. Mais alors que la situation continuait d’empirer dans et autour de leurs régions natales, et profitant du soutien du FPR, ils organisèrent une résistance armée contre leurs voisins Bembe, ciblant et tuant plusieurs de leurs leaders69. Par rapport à ces événements, Anzuluni, le Mwami Lenghe et d’autres leaders locaux mobilisèrent de jeunes locaux au sein de groupes armés, dont le Groupe d’action et de soutien d’Anzuluni Bembe Isilonyonyi (GRASABI). En collaboration avec l’armée zaïroise, ils s’en prirent à des villages banyamulenges et tuèrent aveuglément des civils. D’après certains leaders banyamulenges, une délégation fut envoyée dès juillet 1996 depuis Kigali dans les Hauts-Plateaux pour faire savoir à la population qu’une opération militaire se préparait, dont l’objectif était de stopper toute nouvelle attaque de la communauté banyamulenge par l’armée zaïroise. Quelques semaines après cette visite, une vingtaine de recrues banyamulenges de l’armée patriotique rwandaise (APR) s’infiltrèrent dans les Hauts-Plateaux 66

Entretien avec l’auteur, Uvira, juillet 1998. Muller Ruhimbika Manassé, les banyamulenge (Congo-Zaïre) entre-deux-guerres (Paris : L’Harmattan, 2001). 68 ‘Mémorandum au sujet de l’agression de cette région par les éléments armés venus du Rwanda et du Burundi’, Groupe parlementaire du Sud-Kivu, Kinshasa, 18 septembre 1996. 69 Stearns et coll. Les Maï-Maï Yakutumba, p. 19–23. 40 67

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depuis le Rwanda pour préparer une intervention militaire et informer la population de leurs intentions. À la fin du mois suivant, elles furent rejointes par d’autres hommes armés, entre 50 et 100, également d’origine banyamulenge, mais alors qu’ils se rendaient dans les montagnes, certains éléments de l’armée zaïroise les découvrirent dans la Plaine de la Ruzizi (70). Une spirale de massacres de représailles s’était enclenchée. Début septembre 1996, l’armée zaïroise s’introduisit dans plusieurs églises, arrêta des prêtres et des missionnaires locaux et pilla des voitures, des équipements et des documents. À ce moment-là, des unités rwandaises avaient commencé à passer au Zaïre et lançaient des incursions dans des camps de réfugiés, où elles s’affrontèrent à l’armée zaïroise. Fin septembre, 300 banyamulenge furent tués à Baraka par une coalition de milices Bembe et l’armée zaïroise. Le 6 octobre, des combattants banyamulenges attaquèrent l’hôpital de LEMERA, tuant des patients et des infirmiers. Quelques jours plus tard, l’armée zaïroise se mit à piller la ville d’Uvira. Le 8 octobre, le vice-gouverneur provincial ordonna à ‘tous les banyamulenge de quitter le Zaïre dans un délai d’une semaine’, annonçant que ‘ceux qui resteront seront considérés comme des rebelles et traités comme tels’71. Même s’il était déjà évident que le retour des banyamulenge laissait présager une intervention militaire plus importante dirigée par le nouveau régime rwandais, c’est ce discours qui poussa directement le Rwanda et ses alliés congolais à lancer une campagne militaire qui se préparait depuis plusieurs mois. Le 11 octobre 1996, le chef d’état-major de l’armée zaïroise déclara : ‘Le Zaïre est en situation de guerre dans la province du Sud-Kivu’72.

2.6.7. Conclusion partielle et considérations d’ordre politique Cette recherche nous a permis de tracer de nouveau les origines historiques de la dynamique politique et des différends qui ont directement ou indirectement inspiré les groupes armés au Sud-Kivu, avant, pendant et après les Guerres du Congo. ‘Dans cette province, la mobilisation armée est le résultat de facteurs qui se recoupent, notamment un besoin d’autodéfense communautaire, une rivalité et un conflit au niveau des élites, des jeux de pouvoir aux échelons provincial et national, et des dynamiques régionales’ Alert International. Ces phénomènes ont aujourd’hui engendré un paysage politique et militaire diversifié, caractérisé par l’existence de nombreux groupes armés qui revendiquent une autorité locale, une domination économique ou un contrôle social (et ayant pour impact négatif, le recrutement des Enfants70

Vlassenroot, ‘Citizenship, Identity Formation and Conflict’, p.509. Amnesty International, ‘Zaïre. Law lessness and insecurity in North and South Kivu’, 1er novembre 1996, p. 12. 72 IRIN, ‘Update on the Conflict in South Kivu, Zaire’, Nairobi, 11 octobre 1996.42 71

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soldats et jeunes de moins de 18 ans, dans les forces et groupes armés). Leur réussite est moins liée à leurs capacités militaires qu’à leur habileté à former des alliances avec les élites locales et nationales ainsi que les réseaux régionaux, et à exploiter les dividendes des différents processus de paix et les efforts d’intégration de l’armée. ‘Pour bien comprendre la dynamique des conflits locaux, il est primordial de tenir compte du lien particulier qui existe entre le territoire et l’identité, ainsi que de l’organisation territoriale/administrative qui s’appuie sur des chefferies coutumières’ dit Alert International. La stratégie visant à consolider la domination de l’administration coloniale fut en partie basée sur l’imposition d’une nouvelle structure administrative qui confirma que l’organisation politique locale reposait sur les liens directs entre l’identité et le territoire. Contrairement à la situation en Ituri et au Nord-Kivu, où la politique coloniale renforça la rivalité locale entre communautés ethniques autour du contrôle des terres, c’est la façon dont le territoire était organisé sur les plans administratif et politique qui déclencha le conflit local au Sud-Kivu. Certaines communautés virent leurs revendications territoriales satisfaites à travers la création de nouvelles entités territoriales, tandis que d’autres, comme les banyamulenge et les Tembo, furent exclues et se sentirent de plus en plus marginalisées. Cela entérina les différences ethniques locales et se répercuta sur les chances de coexistence des différentes communautés. Les troubles politiques qui suivirent l’indépendance du Congo montrèrent l’impact dramatique de cette territorialisation de l’identité. La rébellion Simba le rejet du leadership coutumier par une nouvelle classe de dirigeants politiques ne parvint jamais à transcender les divisions ethniques et ne fit que renforcer les frontières ethniques. En outre, l’impact de la rébellion sert depuis de point de référence pour la future mobilisation armée. Lorsqu’à la fin des années 1980, la structure du pouvoir mise en œuvre par le Président Mobutu commença à s’effondrer et qu’il annonça le lancement d’un processus de démocratisation, la mobilisation politique locale fut manipulée par Mobutu et caractérisée par un regain de rivalité entre et parmi les communautés ethniques. À la fin des années 1990, les élites locales axèrent plus tôt leurs discours sur la présence des communautés migrantes. Au Sud-Kivu, des tensions croissantes entre les banyamulenge et leurs voisins, l’effondrement prochain des derniers éléments du régime politique de Mobutu et les répercussions de la dynamique régionale contribuèrent à la Première Guerre du Congo. Il s’agissait là de la première d’une série de mobilisations armées locales et de dissidences des groupes rebelles, qui laissait présager de nouvelles revendications relatives au pouvoir, à la protection et au profit.73 73

Koen Vlassenroot et Timothy Raeymaekers, Conflict and Social Transformation in eastern DR Congo (Gand: Academia Press, 2004).

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Si le facteur qui avait d’abord déclenché la mobilisation armée dans d’autres régions de l’Est de la RDC était la Première Guerre du Congo, c’est surtout la campagne du RCD qui provoqua la militarisation du Sud-Kivu. En 1996, des leaders communautaires contribuèrent à créer plusieurs groupes Maï-Maï pour résister à l’arrivée des forces rwandaises sur le territoire congolais. Nombre de leurs recrues finiraient par rejoindre la nouvelle armée de Laurent Kabila, et celles qui restèrent gardèrent le profil bas. Cette situation allait toutefois changer avec la Deuxième Guerre du Congo en 1998. La présence de sympathisants rwandais du RCD en RDC fut le principal facteur qui incita de nombreux leaders de milices à relancer leurs structures ou à créer de nouveaux groupes armés. Une étroite collaboration avec des forces étrangères et des éléments de l’ancienne armée nationale de Mobutu leur conféra une certaine capacité militaire. Par la suite, le gouvernement Kabila mobiliserait ces groupes afin d’ouvrir un second front militaire contre le RCD dans l’est du pays. Des tentatives de renforcement de la collaboration entre ces milices furent entreprises, mais elles n’aboutirent guère. Padiri Bulenda, un Tembo qui avait déplacé son quartier général depuis ses terres natales de Bunyakiri vers la région située aux alentours de Shabunda, fut considéré par plusieurs autres groupes comme le commandant global des Maï-Maï et il reçut un soutien considérable de Kinshasa. La situation allait de nouveau changer après le lancement du processus de transition en 2003, dont l’objectif était d’instaurer des conditions propices à la construction de l’État et à la consolidation de la paix. Toutefois, l’un des paradoxes de ce processus est que, depuis le début, le nombre de groupes armés ne cesse d’augmenter. Dans les provinces du Kivu, cela a provoqué l’apparition de nouvelles revendications relatives au pouvoir politique, militaire et économique, tandis que les causes profondes de la violence telles que l’accès au foncier, la citoyenneté, la coexistence ethnique et la gouvernance des ressources ont à peine été prises en compte. L’adoption de stratégies inadéquates pour traiter les groupes armés a encore aggravé le conflit. En outre, ‘au lieu de conduire à une transition politique, les efforts de consolidation de la paix ont de plus en plus été constitutifs à l’institution d’un régime politique qui reproduit tous les symptômes d’un État en déliquescence et soutient une logique de violence structurelle, et d’une gouvernance privatisée de la part de factions gouvernementales et non gouvernementales’74. S’il est indéniable que les groupes armés sont des acteurs clés de ce schéma de ‘gouvernance privatisée’, on aurait tort de continuer de les considérer comme des phénomènes autonomes ou strictement localisés. En effet, la plupart des milices sont directement ou indirectement associées aux griefs des communautés. Si la mesure dans laquelle elles sont enracinées dans la société locale diffère d’un cas à un autre, les plus puissantes de ces 74

Koen Vlassenroot et Timothy Raeymaekers, « Kivu’s intractable security conundrum », African Affairs 108/432 (2009), p. 475–84.

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milices ont pour ainsi dire remplacé les autorités de l’État, devenant ainsi la principale source de pouvoir. En conséquence, elles attirent les hommes d’affaires et décideurs politiques locaux, nationaux et régionaux, qui les associent alors à des jeux de pouvoir de bien plus grande ampleur. Aujourd’hui, la prolifération des groupes d’autodéfense locaux a fait place à des réseaux concurrentiels au sein desquels les milices tiennent un rôle de premier plan. Même les Raïas Mutomboki, créés à la base de la société en réponse au fait que l’armée congolaise n’avait fourni aucune sécurité pendant et après le processus de transition, se sont transformés d’une force d’autodéfense populaire à une structure locale de pouvoir et de protection qui est étroitement liée aux réseaux politiques et militaires plus étendus75. Il est impératif que les recommandations d’ordre politique tiennent compte de tous ces facteurs. Les nombreuses strates du conflit doivent être reconnues avant de pouvoir concevoir une réponse multidimensionnelle. Les principes clés à garder à l’esprit sont les suivants : Premièrement, la prolifération des groupes armés est le résultat d’interactions variables de facteurs et dynamiques locales, nationaux et régionaux, avec des groupes armés en constante transformation. Ainsi, chaque groupe armé a ses spécificités et chacun d’entre eux a besoin d’une stratégie adaptée. Dans certains cas, les groupes armés peuvent donc être la cause d’insécurité alors que dans d’autres cas, ils sont ses symptômes. ‘Deuxièmement, cette stratégie adaptée aux réalités locales ne peut fonctionner que dans le cadre d’un processus politique global qui tient compte à la fois des priorités sécuritaires à court terme et des causes profondes de la violence’ selon Alert International. Il le faut pour cela, prendre en compte les griefs existants et promouvoir la réconciliation par des réformes administratives permettant de supprimer les liens entre l’identité, le territoire et le pouvoir politique. Enfin, la réussite de toute politique dans les Kivu suppose de venir à bout des résistances ; impossible d’y parvenir sans institutions étatiques responsables au plan local et national capable de mener à bien le processus de réforme qui s’impose. La décentralisation du processus de prise de décision tel que défini dans la constitution devrait être l’élément essentiel de cette réforme.

75

Jason Stearns et coll. Les Raïa Mutomboki : Déficience du processus de paix en RDC et naissance d’une franchise armée (Londres : Institut de la Vallée du Rift, 2013).

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PARTIE II REVUE DE LA LITTÉRATURE

CHAPITRE TROISIÈME Littérature théorique

3.1. DÉFINITION DES CONCEPTS-CLÉS Dans ce chapitre, il sera essentiellement question de la description et de la définition des principaux termes de base de notre recherche. C’est notamment : Désarmement, Démobilisation, Réinsertion ou Réintégration, Enfants-soldats, Enfants associés aux forces et groupes armés (EAFGA), Enfants sortis des forces et groupes armés (ESFGA). Certains concepts implicitement liés à cette thèse en feront aussi objet d’analyse. C’est par exemple les concepts tels que : Approche qui est apparentée et intimement liée au concept ‘stratégie’, conflit et post-conflit, insertion et intégration. Notons cependant que, dans le cadre de notre étude, nous privilégions plus le concept ’réintégration’ en lieu et place de la ’réinsertion’. Le premier vise un impact plus durable et à long terme, tandis que le second, se diffère de l’autre par rapport à son impact jugé de court terme et, ne dépassant pas deux ans. Par ailleurs, il sied de signaler d’emblée qu’en sociologie générale et des conflits, tout comme en anthropologie, plusieurs auteurs se sont plus focalisés sur les théories de ’l’intégration’ et des conflits plus tôt que celles liées à la ’réinsertion ou réintégration’, et encore moins des Conflits armés, il s’agit singulièrement des sociologues Français Émile Durkheim (intégration sociale), Catherine Rhein (Intégration sociale, intégration spatiale, et Allemand Ralf Dahrendorf et Américain Lewis, A., Coser de la sociologie des conflits en opposition à la sociologie de l’intégration. Le but, selon Émile Durkheim, de ce concept ‘intégration’ était intégré à une théorie du ‘vouloir-vivre ensemble’ qui était alors fondatrice à la fois dans la sociologie universitaire et dans l’État-providence. Et ce concept a été actualisé, en particulier par la sociologie de l’immigration et par la sociologie politique, au cours des dernières décennies bien que le DDR soit à la fois lié à la sociologie politique et d’immigration. La présente thèse, en effet, fait donc la symbiose entre la sociologie de l’intégration d’Émile Durkheim, la sociologie des conflits avec Lewis Alfred Coser et la philosophie à travers la doctrine de Jean-Martinez de Pasqually (auteur

inconnu) et de Baptiste Willermoz qui, en fait, appliquent cette théorie de la réintégration à l’Univers en général, c’est-à-dire particulièrement la réintégration des êtres et des matériels76. Ainsi donc, ‘Les six (6). Approches et les vingt-trois (23) stratégies alternatives de la réintégration socioprofessionnelle et économique durable des enfants ex-soldats ou enfants sortis des forces et groupes armés, dans le cadre de DDR, constituent ainsi notre propre théorie et l’originalité de la présente thèse’, conséquence de l’apparition et la prolifération du phénomène social ‘Enfants-soldats’ singulièrement à l’Est de notre pays, la République Démocratique du Congo.

3.1.1. Notions et conception des concepts opératoires Dans le cadre de cette recherche, plusieurs concepts possèdent des frontières floues. C’est le cas notamment de la confusion qui tourne au tour des : ‘Intégration, Insertion, Réinsertion et Réintégration’, etc. Il est même à noter que beaucoup de gens utilisent fréquemment l’un à la place de l’autre. Afin d’en assurer une utilisation cohérente et une compréhension précise de ce qu’ils recouvrent, il est nécessaire d’examiner les différentes définitions pour ainsi arriver à prendre position et arrêter les définitions adaptées pour la présente étude. Le flou rencontré provient aussi de : ‘Désarmement, Démobilisation, Réinsertion (Réintégration) — Enfant-Soldat’. Qui forme souvent un mot composé utilisé aussi bien en français qu’en anglais ‘DDR’. Le terme ’Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (Réintégration)’ (DDR) décrit la procédure officielle qui suit normalement un accord de paix. Cette définition est celle liée intimement au DDR adulte, mais elle aidera à comprendre le contexte plus large de la démobilisation et de la réinsertion/réintégration des Enfants-soldats77. Signalons en passant que le DDR est comparable, à notre niveau, à un ‘KIT PEP/PPE78 qui est au fait, une composante de plusieurs molécules dont chacune joue un rôle très déterminant. Ce qui donne l’efficacité de l’ensemble de kits. L’absence d’une des molécules rend à la poussière et aux cendres le rôle de ce kit qui est à la fois capable d’empêcher la contamination ou l’infection, bien entendu dans les 72 heures, la contamination au VIH, la conception d’une grossesse ainsi que de la contamination de plusieurs infections sexuellement transmissibles.

76

Le Traité sur la réintégration ordre martiniste http://www.martiniste.org/textes/tex_02_traite_reintegration.html , 77 République du démocratique du Congo, Cadre Opérationnel DDR 78 PEP/PPE : Prophylaxie post exposition

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traditionnel,

3.1.1.1. Qu’est-ce que le DDR des ex-combattants ?79 Le DDR des ex-combattants est un processus complexe à dimensions politiques, militaires, sécuritaires, humanitaires et socio-économiques. Il vise à aborder les défis sécuritaires post conflictuels que posent les excombattants se retrouvant sans subsistances ni réseaux de soutien, autres que ceux de leurs anciens camarades, lors du passage critique de la guerre à la paix et au développement80. Le DDR cherche à assurer la réinsertion sociale et économique des excombattants afin qu’ils deviennent des parties prenantes au processus de paix. Bien qu’une bonne partie d’un programme DDR se focalise sur les excombattants, les principaux bénéficiaires sont en fin de compte la communauté dans son ensemble. Le Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (Réintégration des anciens combattants) a été toujours pris dans les limites d’un pays donné. Il est donc l’opposé de DDRRR qui ne concerne que les sujets étrangers, qui doivent être démobilisés, désarmés, rapatriés, réinstallés et enfin réinsérés dans leur pays d’origine. C’est le cas des Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) qui rentrent au Rwanda. 3.1.1.2. Désarmement ‘Est la collecte des armes légères et lourdes dans une zone de conflit. Il suppose souvent le rassemblement et le cantonnement des combattants ; il doit aussi comprendre l’élaboration des programmes de gestion des armes, y compris pour le stocker en toute sécurité et les actions nécessaires pour s’en débarrasser, ce qui peut supposer leur destruction. Le déminage peut aussi faire partie de ce processus’81.le désarmement82, est aussi défini comme étant la collecte, le recensement, le contrôle et la destruction des armes de petit calibre, des munitions, des explosifs et des armes légères et lourdes des combattants et souvent de la population civile également. Le désarmement comporte également le développement de programmes pour une gestion responsable des armes. 3.1.1.3. Démobilisation Ce concept ‘fait référence au processus par lequel les parties au conflit commencent à disperser leurs structures militaires et les combattants 79 Nations-unies, Rapport du groupe d’étude sur les opérations de Paix des Nations unies, les paragraphes 13 et 16, A/55/305 – S/2000/809, août 2000. 80 Nations unies, Rapport…, les paragraphes 13 et 16, idem. 81 Isobel McConnan et Sarah Uppard, des enfants pas des Soldats. Lignes directrices pour le travail avec les enfants soldats et les enfants associés aux forces combattantes. Save the Children, 2001, PP.101-102. 82 SDDRI 04.20, Désarmement, Contrôle et Destruction des armes ainsi qu’au SDDRI 03.60 contrôlent des armes, Sécurité et Développement.

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commencent à réintégrer la vie civile. Elle suppose généralement d’enregistrer tous les anciens combattants, de leur fournir une assistance pour leur permettre de répondre à leurs besoins fondamentaux immédiats, de les rendre à la vie civile et de le transporter jusqu’à leur communauté d’origine. [Les adultes] peuvent éventuellement être recrutés ensuite dans une nouvelle force militaire unifiée’.83. C’est qui n’est pas le cas pour les Enfants-soldats, jeunes et adolescents, qui d’après les lois, les conventions et traités internationaux, interdisent leur recrutement et ré-recrutement, ce qui constitue un crime de guerre et crime contre l’humanité. La démobilisation est aussi comprise comme étant ‘le processus formel et contrôlé de décharge des combattants actifs des forces armées ou des autres groupes armés. La première étape de la démobilisation peut s’étendre du placement des combattants individuels dans des centres temporaires au regroupement des troupes dans des camps conçus à cette fin (sites de cantonnement, campements, zones de rassemblement ou casernes). La deuxième étape de la démobilisation englobe le programme de soutien proposé aux démobilisés que l’on appelle réinsertion’84. 3.1.1.4. Réinsertion Elle concerne le processus qui permet à d’anciens combattants et à leurs familles de s’adapter économiquement et socialement à une vie civile productive. Cela implique généralement un (Package) sous forme d’argent ou de compensation en nature, de stage de formation, un emploi ou de projets générateurs de revenus. L’efficacité de ces mesures dépend souvent d’autres actions à plus grande échelle, telles que l’assistance aux réfugiés qui rentrent chez eux et aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, le développement économique aux plans communautaire et national, la réhabilitation des infrastructures, des efforts de réconciliation et de vérité, et de réformes institutionnelles. La valorisation des capacités locales est souvent cruciale si l’on veut que la réinsertion ait un effet positif durable’.85 La réinsertion est l’aide apportée aux ex-combattants pendant la démobilisation avant le processus à plus long terme de réintégration. La réinsertion est une forme d’aide transitoire permettant de couvrir les besoins de base des ex-combattants ainsi que ceux de leurs familles. Elle peut inclure des indemnités transitoires de sécurité, de la nourriture, des vêtements, des abris, des services médicaux, un apprentissage à court terme, une formation, un emploi et des outils, alors que la réintégration ‘est un processus de développement social et économique continu et à long terme, la réinsertion 83

SDDRI, idem RDC, CADRE OPÉRATIONNEL, Principe de CAP TAWN. 85 Conseil de Sécurité de l’ONU (2000a), Rapport du Secrétaire général des sur le rôle des opérations de maintien de la paix des Nations unies dans le désarmement, la démobilisation et la réinsertion. Rapport du secrétaire général du 11 février 2000, S/2000/101. Site internet ; www.un.org/franch/docs/sc/reports/2000/sgrap20.htm 84

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est une aide matérielle ou financière à court terme répondant aux besoins immédiats. Elle peut durer jusqu’à un an’. 3.1.1.5. La réintégration D’une façon générale, la réintégration est un nom commun — féminin, qui signifie : 1. 2.

‘rétablissement (d’une personne dans une situation équivalente à celle qui existait antérieurement)86exemple : la réintégration d’un élève dans une classe dont il avait été exclu. Retour (‘à un milieu ou à des conditions de vie antérieure’), exemple : la réintégration d’un chômeur dans la vie active87.

3.1.1.6. Réintégration des ex-combattants88 La réintégration est le processus par lequel les ex-combattants acquièrent le statut de civil et retrouvent un emploi et des revenus durables. La réintégration est essentiellement un processus social et économique possédant un calendrier ouvert et prenant place d’abord au sein des communautés au plan local. Elle fait partie du développement global d’un pays et est une responsabilité nationale nécessitant souvent une aide extérieure à long terme. Mais comme nous l’avons signifié ci-haut, le DDR Enfants-soldats est différent de celui des adultes, les raisons sont simples, car, les besoins et les droits des Enfants-soldats sont différents de ceux des adultes, d’autant plus que les Enfants-soldats sont considérés comme des êtres immatures aussi bien sur les plans physiques, intellectuel que mental. La réintégration a toujours posé assez de problèmes en vue de la pérennisation des actions consenties, et c’est la raison pour laquelle nous avons pensé y consacrer cette recherche. 3.1.1.7. Définition du concept ‘Combattant89 Selon le PNDDR, un combattant est défini comme étant une personne de nationalité congolaise qui a fait partie, à titre de membre actif, d’une force ou d’un groupe armé. Cette définition n’est pas celle des Conventions Genève de1949. Elle est puisée dans le document PNDDR et son Manuel d’opérations, mais peut être modifiée pour s’adapter à l’étape du processus (mise en œuvre du Programme Amani)90intégration des éléments du CNDP, la traque de LRA et de FDLR… 86

Microsoft® Encarta® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Microsoft, idem 88 SDDRI 04.40, module Réintégration des ex-combattants. 89 UEPN-DDR, Module de formation, op. Cit. 90 Un terme swahili, une de quatre langues nationales parlées en RDC et qui signifient ‘la paix’. 87

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 Concernant les critères collectifs : sera reconnu combattant, tout membre d’une unité inscrit sur la liste des unités de la future armée intégrée ou des groupes armés.  Concernant les critères individuels : sera reconnu comme combattant, toute personne qui, à la fois :  pourra se prévaloir de la nationalité congolaise ;  sera armé ou en possession d’un certificat de désarmement ;  pourra faire preuve son appartenance à une force ou un groupe armé ;  pourra faire preuve d’avoir pris une part active en RDC, entre octobre 1996 et mai 2003.

3.1.2. Réinsertion ou réintégration socio-économique des Enfantssoldats ex-soldats ? Réintégration Dans le cadre de notre dissertation, nous avons opté pour ‘la réintégration’, qui est comprise comme étant un processus à long terme, qui a pour but d’offrir aux Enfants-soldats une alternative viable à leur implication dans un conflit armé et de les aider à se réinsérer dans la société. Les composantes du processus de la réinsertion comprennent : la réunification avec la famille (ou toute autre alternative humanitaire si une telle réunification est impossible), l’accès à l’éducation et à la formation, la mise au point de stratégies appropriées afin de fournir aux Enfants-soldats un soutien économique les permettant de subvenir à leurs besoins ainsi que, dans certains cas, une aide psychosociale. De cette définition, nous pouvons aussi entendre par réinsertion, tout accompagnement d’un individu vulnérable ou démuni en vue de l’intégrer soit dans une famille, dans une communauté ou même dans une société. Ainsi prise dans ce sens, elle peut être considérée comme sociale91. Cet accompagnement autrement dit, une prise en charge, qui peut être psychosocial ou médical, exemple des femmes violées, de personnes vivant avec le VIH/SIDA, ou accidentée, etc. Une prise en charge ou accompagnement psychosocial (e) et médicale : peut être défini (e) comme étant un ensemble d’actions consistant à donner un soutien psychologique, social (e) ou médical (e) à un individu, en instaurant une relation d’aide qui aboutit à la réduction de sa souffrance psychologique, au renforcement de ses capacités à faire par rapport aux événements traumatisants de la vie. Certaines actions importantes seront aussi dirigées vers la société, et serviront la réinsertion de la personne dans la famille ou dans sa 91

NAGWATA D., les institutions d’appui à la prise en charge psychosociale des PVV et leur impact dans le Territoire d’Uvira, mémoire de Licence en santé publique, Université Ouverte, Extension d’Uvira, Uvira 2008-2009, P.3.

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communauté92. Dans le cadre cette étude, nous mettons l’accent sur ’la réinsertion économique des Enfants-soldats ex- soldats’, la prise en charge ou accompagnement économique de cette couche particulière. Ces trois termes revêtent le même sens. Donc, réinsérer économiquement les Enfants-soldats, c’est les accompagner ou cheminer avec eux, avec leur accord, ou encore sur ou avec leur demande aussi longtemps que le besoin se fait sentir93 en vue de se voir appuyer par un Kit de réinsertion économique, pouvant leur permettre de se prendre eux-mêmes en charge sur tous les aspects de leur vie. 3.1.2.1. La réinsertion/réintégration économique Elle se définit comme étant l’ensemble des activités économiques menées avec le concours de ces Enfants-soldats sortis des forces et groupes armés et les programmes d’actions (PA) ou autres acteurs socio-économiques dans ce domaine, le but est d’améliorer leurs conditions de vie. Celles-ci ont trait notamment aux conseils et soutiens psychologiques, au soutien médical, matériel, juridique, économique et spirituel. La réinsertion économique est la meilleure des réinsertions, car, permet l’autonomisation, l’indépendance et la brise ainsi la politique de la main tendue de la part de la personne vulnérable, qui désormais, est rendu responsable grâce à la création des micro-entreprises individuelles ou collectives. Mais pour y parvenir. Il s’avère ainsi indispensable de respecter scrupuleusement l’approche et les stratégies liées à celle-ci qui font d’ailleurs objet de présente étude. 3.1.2.2. La Notion d’intégration La notion d’intégration est aujourd’hui chargée de sens si différents qu’elle est difficile à utiliser de manière rigoureuse. Elle couvre plusieurs domaines et disciplines et utilisée d’après le contexte et le but poursuivi. Exemple : dans le domaine politique, ‘c’est le fait (pour un individu ou pour un groupe) de faire partie à part entière d’une collectivité, ou encore une action de faire entrer (Rapport mondial 2004 : p.412.) élément (dans un ensemble, ou (fait d’entrer dans un ensemble,’. Les politiques d’intégration94. Exemple : Intégration d’une province dans un État. L’intégration peut être aussi conçue comme étant ’un système dans lequel deux ou plusieurs pays mettent en place des organisations communes destinées à assurer une coopération économique, politique ou sociale’. Exemple : L’intégration européenne. 92

CHRISTIAN AID, Guide technique pour la lutte contre le SIDA, programme CAHAC, 2009, p.23. 93 Dr LEPIRA B., Module de formation sur l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH/SIDA et celles affectées par ce fléau, PNLS en RDC, Kinshasa, 1994, p-p 31 — 33. 94 Microsoft® Encarta® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation, op.cit.

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En économique, l’intégration peut signifier ‘un regroupement, sous une direction commune, d’unités participant aux stades successifs de la production d’un bien donné’, ou encore ‘une prise de contrôle qui s’inscrit dans un processus d’intégration’, soit ‘une manière de prendre place (dans un ensemble). Exemple : L’intégration réussie d’un nouvel immeuble dans un environnement urbain. Dans le domaine artistique, l’intégration est ’un processus par lequel l’esprit assimile des connaissances, des influences ou des impressions’. Exemple : Un artiste qui a une grande capacité d’intégration. Mais en informatique, c’est ‘le nombre de composants électroniques regroupés sur un circuit intégré’. Exemple : des circuits à très grande intégration. En biologie, surtout en physiologie, l’intégration est ’un mécanisme par lequel le système nerveux coordonne les signaux qu’il reçoit et produit une réponse appropriée’. Exemple : L’intégration neuronale. Enfin, en mathématique, c’est ’une opération consistant à calculer des intégrales’ Exemple : L’intégration d’une équation différentielle. L’intégration dans le cadre de cette recherche. Pris dans le cadre de notre recherche, le concept d’intégration avait été défini par Émile Durkheim, il y a un siècle, dans son œuvre inaugurale, de ‘la division du travail social’. Ce vrai concept était intégré à une théorie du ‘vouloir-vivre ensemble’ qui était alors fondatrice à la fois dans la sociologie universitaire et dans l’État-providence. Depuis lors, ce concept a été actualisé, en particulier par la sociologie de l’immigration et par la sociologie politique, au cours des dernières décennies95. Étymologiquement, l’intégration du Latin ‘integrare’, renouveler, rendre entier. Ainsi, l’intégration désigne le fait d’entrer dans un tout, dans un groupe, dans un pays, etc.96 En sociologie, l’intégration ’est le processus ethnologique qui permet à une personne ou à un groupe de personnes de se rapprocher et de devenir membres d’un autre groupe plus vaste par adoption de ses valeurs et des normes de son système social’97. L’intégration nécessite deux conditions :  Une volonté et une démarche individuelle de s’insérer et de s’adapter, c’est-à-dire l’Intégrabilité de la personne,  La capacité intégratrice de la société par le respect des différences et des particularités de l’individu.

95

Http://www. cairn.info/publications de Rhein-Catherine—8432.htm. Catherine Rhein, Intégration sociale, intégration spatiale, université de Paris X, 200 avenues de la République, 92001 Nanterre cedex, 2002/3 tomes 31 96 Wikipédia, ‘Toupictionnaire’ : le dictionnaire de politique 97 Catherine Rhein, op cit

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La définition proposée par le haut comité à l’intégration, qui traite notamment des questions de l’immigration et de la présente de populations étrangères sur le territoire national : "L’intégration consiste à susciter la participation active à la société tout entière de l’ensemble des femmes et des hommes appelé à vivre durablement sur notre sol en acceptant sans arrière-pensée que subsistent des spécificités notamment culturelles, mais en mettant l’accent sur les ressemblances et les convergences dans l’égalité des droits et des devoirs, afin d’assurer la cohésion de notre tissu social.’98. L’intégration se distingue de l’assimilation qui tend à faire disparaître toute spécificité culturelle. L’intégration est une notion fondatrice en sociologie. La thématique de l’intégration apparaît avec M. Weber et E. Durkheim au 19e siècle, alors que la société est déstabilisée par les conséquences de la révolution industrielle et de la révolution démocratique et politique. Durkheim définit l’intégration comme ’un processus par lequel participe à la vie sociale. Cette participation s’opère grâce à l’intégration des individus dans plusieurs instances : familiale, religieuse, groupes professionnels. Ces instances prédisposent l’individu à vivre en société. L’intégration est donc le résultat de la socialisation’. À l’époque contemporaine, le Haut Conseil à l’intégration propose la définition suivante de l’intégration : ‘L’intégration consiste à susciter la participation active à la société tout entière de l’ensemble des femmes et des hommes appelés à vivres durablement sur notre sol en acceptant sans arrièrepensée que subsistent des spécificités notamment culturelles, mais en mettant l’accent sur les ressemblances et les convergences dans l’égalité des droits et des devoirs, afin d’assurer la cohésion de notre tissu social99. Dans le sens courant, comme dans la littérature sociologique, le terme ’intégration’ a donc deux sens : D’une part, l’intégration désigne un état du système social. Une société sera considérée comme intégrée si elle est caractérisée par un degré élevé de cohésion sociale. Pour Durkheim, par exemple, le taux de suicide varie en raison inverse du degré d’intégration des groupes sociaux dont fait partie l’individu100. À l’intégration, on oppose donc l’anomie (absence ou insuffisance de règles sociales permettant d’assurer la coopération des différents éléments constituant la société, ou la désorganisation sociale). D’une part, l’intégration désigne la situation d’un individu ou d’un groupe qui est en interaction avec les autres groupes ou individus (sociabilité) qui partage les valeurs et les normes de la société à laquelle il 98

L’intégration à la française, Rapport du Haut Comité à l’Intégration, 1993 Haut Conseil à l’Intégration. L’intégration à la française, Rapport à monsieur le Premier ministre, 1993. 100 Émile Durkheim, le suicide, 1897 99

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appartient. À l’intégration, on oppose donc la marginalisation, la déviance, l’exclusion. Ces dernières années, en France, les débats politiques et médiatiques ont mis l’accent sur ’l’intégration des immigrés’, mais il ne s’agit là que d’un aspect de l’intégration sociale. ‘L’intégration’ et ‘immigration’ sont certes des notions liées, mais la question de l’intégration ne se pose pas seulement ni systématiquement à propos des immigrés. Dans le débat actuel sur l’intégration des immigrés, Manuel Boucher relève l’existence de quatre modèles intégration distincts : le modèle assimilationnisme, le modèle communautariste, le modèle intégrationniste et le modèle multiculturaliste raisonnable101. En économie, ‘l’intégration désigne la stratégie de regroupement d’activités au sein d’une même entreprise’102. Cela permet de maîtriser le savoir-faire technique, commercial ou financier pour accroître la productivité et bénéficier d’effets synergie. Ainsi en économie, il y a lieu de parler de l’intégration verticale et de l’intégration horizontale. L’intégration est verticale quand le regroupement concerne les différents stades de production et de distribution d’un même type de produits ou services donnés. L’intégration horizontale (ou concentration horizontale) est l’extension d’une entreprise qui développe son activité économique au même niveau de la chaîne de valeur que ses produits. Le but est de répartir les coûts sur une plus grande quantité de produits, de réduire les aléas par le biais de produits de substitution ou, tout simplement, d’éviter la concurrence. Toujours au sens étymologique, le mot intégration103 vient du verbe intégrer qui signifie ‘rendre complet, achever’ ; au cours du XXe siècle, l’intégration prend le sens complémentaire ’de faire entrer dans un ensemble en tant que partie intégrante’. Le terme d’intégration toujours Émile Durkheim, possède trois sens : En mathématique : opération par laquelle on détermine la grandeur limite de la somme de quantité infinitésimale en nombre croissant ; En philosophie : établissement d’une interdépendance plus étroite entre les parties d’un être vivant ou les membres d’une société ; incorporation de nouveaux éléments à un système ; En économie : action d’adjoindre à l’activité propre d’une entreprise les activités qui s’y rattachent dans le cycle de la fabrication des produits.

101

BOUCLIER Manuel, les théories de l’intégration. Entre universalisme et différentialisme. Des débats sociologiques et politiques en France ; analyse de textes contemporains, L’Harmattan, 2000. 102 BOUCLIER manuel, idem, p.227. 103 Microsoft® Encarta® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation

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3.1.2.3. Le terme ‘intégration sociale’ Est pour sa part, est entrée en usage toujours dans le travail de sociologue français Émile Durkheim. ‘Il voulait comprendre pourquoi les taux de suicide sont plus élevés dans certaines classes sociales que les autres. Durkheim croit que la société exerce une force puissante sur les individus. Il a conclu que les croyances, les valeurs et les normes d’un peuple constituent un consciousness collectif, d’une manière commune de compréhension de l’autre et du monde’104. L’intégration sociale est ainsi comprise comme étant ’est l’ensemble des dispositions adoptées par la société et du groupe d’accepter un nouveau membre parmi eux, et pour faciliter le processus d’acceptation. Ces dispositions sont prises à différents niveaux, depuis l’intégration sociale ne peut réussir sur un seul niveau et échouer sur un autre niveau. Exemple : l’éducation ne peut être assurée sans s’assurer mécanisme de promotion sociale. Et ni l’éducation, maintenant le travail peut être assuré sans assurer devant la loi, etc. Dans les sociétés tolérantes et ouvertes, les membres des groupes minoritaires peuvent souvent utiliser l’intégration sociale pour avoir pleinement accès aux possibilités, droits et services à la disposition des membres de l’ensemble de la société. Les principaux agents d’intégration sociale sont des institutions culturelles telles que les églises et les organisations civiques’105. L’intégration constitue un des concepts centraux de la sociologie de Durkheim. Or dans le domaine des relations interethniques, l’intégration est devenue un enjeu politique dans les années 1980. Les sociologues lui ont alors préféré le terme d’insertion. Les deux termes ne sont pas équivalents, car il peut y avoir insertion sans qu’il y ait intégration. Le concept d’intégration renvoie à quelque chose de complet, d’achevé. L’insertion n’est qu’un ajout, sans qu’il y ait automatiquement achèvement d’un processus106. L’insertion peut aussi se concevoir comme étant ’un processus visant à permettre aux catégories défavorisées de la population de s’intégrer ou de se réintégrer à la vie sociale ou professionnelle’. Elle peut en outre être ‘le fait d’entrer et de trouver sa place’ (dans un ensemble, un groupe ou un milieu)107. Exemples : Les politiques d’insertion, revenu minimum d’insertion, un parti qui a réussi son insertion dans la vie locale. Publication 104

Social integration - Wikipedia, the free encyclopedia http://en.wikipedia.org/wiki/Social_integration Social integration is the set of arrangements adopted by the society and the group to accept a new member among them, and to facilitate this acceptance ... 105 The Social Reintegration of Offenders and Crime Prevention http://www.publicsafety.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/scl-rntgrtn/index-eng.aspx Social reintegration is often understood as the support given to offenders during their reentry into society following imprisonment. A broader definition, however... 106 Microsoft® Encarta® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. 107 Idem

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(d’un texte dans une revue ou dans un journal) ‘insertion d’une annonce dans un magazine. Introduction (d’une chose dans une autre ou d’un élément dans un ensemble) : L’insertion d’une bibliographie dans une thèse ou un mémoire. Trop souvent, l’intégration a été confondue avec l’assimilation ; l’assimilation renvoie au stade ultime de l’acculturation. L’intégration désigne un phénomène social et non exclusivement culturel. L’intégration est un processus et non un état. Cela signifie qu’il y a évolution, mouvement et transformation. Ce processus peut ne pas être linéaire, mais suivre un rythme saccadé. D’autre part, ce n’est pas l’individu qui décide de son intégration, mais la société dans laquelle il vit qui décide ou non de l’intégrer. L’intégration est avant tout un phénomène social qui s’exerce dans un cadre particulier. Dans le cas qui est le nôtre, bien que les Enfants-soldats ex-soldats qui aient connu assez d’abus et des violences dans leurs communautés d’origine, aient besoin de revenir dans ces communautés pour y vivre avec les familles, il n’est pas certes le cas ‘d’État province’.

3.2. DÉFINITION ET EXPLORATION DU PHÉNOMÈNE DU CONCEPT ‘ENFANTS-SOLDATS’ 3.2.1. Enfants-soldats ou Enfants ex-soldats – Définition Tout au long de ce travail, nous aurons à utiliser tantôt, les termes ’Enfants-soldats, Enfants ex-soldats ou ex-combattants, Enfants associés aux forces et groupes armés (EAFGA) ou encore, Enfants sortis des forces et groupes armés (ESFGA). La définition des enfants sortis des forces et groupes armés (ESFGA) est liée à celle des Enfants-soldats associés aux forces et groupes armés (EAFGA). D’après les principes du CAP, les termes ‘Enfants-soldats ou Associés aux Forces et Groupes armés, désigne toute personne âgée de moins de 18 ans utilisés par des forces armées ou un groupe armé régulier ou irrégulier, quelle que soit la fonction qu’elle exerce notamment, mais pas exclusivement celle de cuisinier, porteur, messager et toute personne accompagnant des tels groupes qui n’est pas un membre de leur famille. Elle ne concerne donc pas uniquement les Enfantssoldats qui sont armés ou qui ont porté les armes108.

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RDC, cadre opérationnel intérimaire pour la prévention, le retrait et la réintégration des enfants associés aux forces et groupes armés, Kinshasa, 2004 : 10.

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Cette définition établit ainsi un rapport étroit avec les ESFGA, notre cible, qui est des Enfants-soldats, âgés de moins de 18 ans, sortis des forces et groupes armés et ayant participé aux différentes guerres dites soit de libération ou d’agression en République Démocratique du Congo. Ceci depuis le 29 septembre 1996 jusqu’au 17 décembre 2002 date de la signature de l’Accord global et inclusif de Sun City, mettant en place un gouvernement de transition dans le pays. Il sied aussi d’y adjoindre les groupes d’autodéfense populaire. Il sied de signaler que jusqu’au jour d’aujourd’hui, les enfants continuent à être utilisés et enrôlés par les groupes armés (différents groupes Maï-Maï) ainsi que les différentes forces négatives comme les FDLR, etc. L’enfant tout court, est compris d’après les convenances des instruments juridiques internationaux des droits de l’enfant à l’instar de Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), de la Charte africaine des droits et bien-être de l’enfant109 de la loi no 09/001 du 10 janvier 2009110 ainsi que la Constitution de la RDC, du 18 février 2006111. L’enfant mineur est toute personne sans distinction de sexe, qui n’a pas encore atteint 18 ans résolus.

3.2.2. Exploration du ‘phénomène Enfant-soldat’ Depuis bientôt deux décennies, notre monde fait face à plusieurs nouveaux phénomènes tant sur les plans politique, géographique, environnemental, économique que social : c’est notamment les cas de la récession économique, de la crise financière internationale, du réchauffement climatique et du phénomène ’Enfants-soldats’, etc. S’agissant ‘du phénomène Enfants-soldats’, plusieurs grandes personnalités de notre planète l’ont qualifié en de nombreux termes, cf. point sur (le problème dans le monde). Il s’agit pour illustrer des les propos de Kofi Annan, de Pape Jean-Paul II, de l’Organisation internationale du travail, etc. Durant cette période, des Enfants de moins de 18 ans ont été impliqués dans les conflits armés de manière officieuse en qualité d’informateurs, d’espions ou de collaborateurs, éclaireurs, messagers, notamment en Israël, en Indonésie ou au Népal. Certains gouvernements, n’ont pas directement recruté des Enfantssoldats, mais ont, cependant, soutenu des groupes paramilitaires, des groupes de défense locale, cas de plusieurs factions appelées ’groupes Maï-Maï, dans 109

Réseau Africain pour la Prévention et la protection de l’enfant contre les abus et la Négligence (RAPPCAN), Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, Nairobi, Kenya, 1999, P.6. 110 JOURNAL OFFICIEL de la République Démocratique du Congo, 50e année, Numéro spécial, ‘La Loi 09/001/DU 10 janvier 2009, portant protection de l’enfant’, Cabinet du président de la République, Kinshasa, 12 janvier 2009, art 2, P. 15. 111 République Démocratique du Congo, ‘La Constitution du 28 février 2006’, Kinshasa, 2006, Art 41 p. 34.

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notre pays et des milices qui utilisaient des Enfants pour combattre et tuer, commettre des atteintes aux droits fondamentaux à l’encontre de civils, ou encore pour piller et détruire des biens. Ces Enfants ont ainsi été directement exposés aux dangers de la guerre ou à des représailles violentes s’ils venaient à être découverts par des membres de groupes d’opposition. Dans certains pays comme en Israël, des Enfants-soldats ont été détenus et torturés, souvent afin de leur extorquer des informations. Certains ont été condamnés à mort à la suite de procès inéquitables, après avoir été jugés parfois devant des tribunaux militaires, notamment en RDC. D’autres Enfants-soldats ont été tués au cours d’opérations militaires de ’nettoyage’ au Burundi, en Indonésie ou au Népal. D’autres encore ont ‘disparu’, comme cela a été le cas dans la République tchétchène de la Fédération de Russie. Dans la plupart des régions du monde, des dizaines de groupes politiques armés ont continué à recruter des Enfants-soldats, à les envoyer de force au combat, à les entraîner au maniement des armes et des explosifs, à les soumettre à des viols et des violences ainsi qu’au travail forcé et à d’autres formes d’exploitation. Certains Enfants-soldats ont également été enrôlés dans des factions rivales constituées sur des bases ethniques, dans des milices tribales ou dans des groupes constitués de minorités ethniques, dans des milices tribales ou dans des groupes constitués ethniques qui luttaient contre le gouvernement central ou défendaient leur territoire ou leurs ressources contre d’autres groupes, notamment en Afghanistan, en Inde, au Laos, en Tchétchénie et au Yémen. S’agissant de notre pays la RDC, le rapport mondial de 2004, sur les Enfants-soldats, a eu à faire voir que ‘toutes les parties en conflit, ont recruté, enlevé et utilisé des Enfants-soldats, souvent sur la ligne de front.112 Les agences internationales et gouvernementales estimaient à 30.000 le nombre d’Enfants-soldats qui devait être démobilisé en 2003113. Cette année même, dans l’Est de la RDC, les groupes politiques armés ont continué à recruter des Enfants-soldats qui, dans certains cas, constituaient plus de 40 % de leurs forces. Des femmes et de jeunes filles ont été violées ou soumises à d’autres formes de violences sexuelles et certaines ont été enlevées pour être réduites à l’esclavage sexuel. Bien que la démobilisation des Enfants-soldats ait officiellement commencé en 2000, aucune des forces en présence ne s’est véritablement engagée dans le processus de démobilisation et seulement une faible proportion d’Enfants-soldats a pu être démobilisée. Des milliers de combattants étrangers dont un nombre inconnu d’Enfants-soldats ont quitté la RDC dans le cadre d’une opération régionale de démobilisation et au gré de l’évolution des négociations de paix dans la région’.

112 113

Coalition, op cit The states man’s yearbook : 200)

110

3.2.3. Conflit et période POST-CONFLITS Plusieurs théories de conflits ont fait objet de nombreuses études, mais pour le cas de notre travail, nous nous contenterons d’emprunter quelques définitions plus simples, mais bien claires, il s’agit de : Yves ALPE, qui définit le conflit comme étant une opposition entre deux individus ou des groupes sociaux défendant des valeurs ou des intérêts divergents et cherchant à instaurer un rapport de force en leur faveur114. Pour WATONGOKA LUTALA, le conflit est « une forme d’interaction, par exemple la guerre ». Le conflit est considéré comme un moyen extrême pour résoudre une contradiction sociale. Il existe toutes sortes des conflits : conflits d’idées entre jeune génération et anciennes, conflit d’intérêts : Objectifs entre patronat et salariés, conflits d’intérêts entre partis politiques. Mais ces mutuelles par laquelle, deux ou plusieurs personnes essaient de se repousser l’un ou l’autre, ou les unes les autres, soit en s’exterminant, soit en rendant l’autre partie inefficiente. Acceptations s’identifient aux concepts sociologiques dont il s’agit dans ce paragraphe115… Selon Grilles Ferréol et al, le vocable conflit, signifie ‘une situation d’opposition, sous des formes très diverses, des individus ou des groupes dont les intérêts sont divergents’116. Quant à Mokhtar Lakehal, cité par Alain-Roger EDOU MVELLE, le conflit est un « désaccord verbal, le déclenchement d’une guerre meurtrière. Il est le fait des hommes ». Le conflit social, quant à lui, peut être entendu comme étant : « une relation humaine réciproque à laquelle deux parties participent, souvent le déclenchement d’un conflit est précédé par diverses formes de désaccords (paroles ; gestes, injures, mépris, insultes, rivalités) ». Quant à MARRET (J.L., le conflit est ‘la poursuite des objectifs incompatibles par différents individus ou groupes.117 Selon toutes ces définitions, les conflits sont inhérents à toute société, mais ne sont pas toujours violents et ne signifient pas qu’ils conduisent à la guerre (ce qui est heureux). Même pendant la période de paix, les conflits surgissent. Cela veut dire qu’ils peuvent donc être un phénomène poursuivi par des moyens pacifiques ou violents. Certains auteurs privilégient le conflit latent par rapport au conflit ouvert.118 La négociation n’est qu’un moment de conflit, on négocie en position favorable.

114

Yves ALPE, lexique de sociologie, Ed. Dalloz, Paris, 2005 : 38. WATONGOKA, H. cours de Sociologie…, idem p.78. 116 Grille Ferréol et al, Dictionnaire de sociologie, Paris, Armand Colin, 1991, P.32. 117 MARRET, J.L, La fabrication de la paix, nouveaux conflits, nouveaux acteurs, nouvelles méthodes, Paris, Ellipses, 2006, P.15. 118 CF.J.D. Reynaud, Sociologie de conflits du travail, PUF, 1982. 115

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Rétablir la paix ou résoudre un conflit, c’est chercher les voies à même de limiter les aspects négatifs d’un conflit. J. Galtung, fondateur de l’irénologie (science de la paix, recommande de le faire en effectuant un travail sur les attitudes ayant conduit à la guerre, sinon l’on obtient une paix négative119. Selon les experts-analystes des conflits, plusieurs facteurs psychosociologiques font remarquer les raisons majeures à l’origine des conflits et des violations massives des droits de l’homme, c’est notamment : la peur, la haine, la défiance, la passion, les émotions, les idéologies, les représentations dépressives, etc. C’est ainsi que R. Goldstone, préfaçant l’ouvrage ’les pièces du Puzz, les mots clés sur la réconciliation et la justice transitionnelle’, relève que souvent, ’les bourreaux déshumanisent leurs victimes en leur accordant un statut de sous-humain pour justifier la cruauté qui leur est imposée’. Certes, c’est ce dernier type de conflit qui nous intéresse, car c’est durant celui-là que les Enfants-soldats sont directement ou indirectement impliqués dans les conflits armés. Et pour prévenir les conflits, il faut éviter toutes sortes des violences. Les violences structurelles et psychologiques contre toute catégorie de la population, notamment les Enfants-soldats dans le cadre de cette recherche. S’agissant de la période ‘POST-CONFLITS’ ou encore d’après-guerre, c’est une période caractérisée par l’instabilité (un moment fragile) sur tous les plans à savoir : (politique, économique et socioculturel) qui vient juste après la cessation des hostilités ou la guerre connue par un pays. Elle est considérée comme celle de la consolidation ou restauration de la paix et où toutes les structures doivent subir une transformation totale et une stabilisation et reconstruction. Le terme consolidation de la paix, est indissociable au concept ’post conflit’. ceci étant, nous pouvons noter qu’il en existe de nombreuses définitions possibles et les opinions varient sur ce que cela recouvre. Le terme lui-même est apparu pour la première fois, il y a 30 ans dans les travaux de Johan Galtung, qui a plaidé pour la création des structures de consolidation de la paix, cela en vue ‘de promouvoir une paix durable en s’attaquant aux (‘causes profondes’) des conflits violents et en soutenant les capacités des autochtones à gérer la paix et à résoudre leurs conflits euxmêmes’120. La consolidation de la paix est devenue un concept familier au sein des Nations unies à la suite de la publication du rapport du Secrétaire général de l’époque, Boutros Boutros Ghali, intitulé An Agenda for Peace (‘Agenda

119 MARTINELLI, M., Cours d’introduction à l’étude des conflits, notes des cours, chaire UNESCO et Université du Burundi, Année Académique 2007-2008. 120 NATIONS UNIES-Bureau d’appui à la consolidation de la paix, Khadivi @un.org

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pour la paix’) qui définissait la consolidation de la paix ’comme une action visant à solidifier la paix et à éviter la reprise du conflit’121. Brahimi pour sa part, reviendra à la charge en la définissant comme étant ’l’action menée après les conflits, en vue de constituer des bases propres à affermir la paix et de fournir les moyens d’édifier sur ces bases quelque chose de plus que la simple absence de guerre’122. En 2007, le comité des politiques du Secrétaire général a décrit la consolidation de la paix comme suit : ‘La consolidation de la paix comprend un éventail de mesures visant à réduire le risque de retomber dans un conflit, par le renforcement à tous les niveaux des capacités nationales de gestion de crise, et à établir les fondations d’une paix et d’un développement durables. Les stratégies de consolidation de la paix doivent être cohérentes et adaptées aux besoins spécifiques des pays concernés, fondées sur le principe de l’appropriation du processus par le pays en question, et doivent inclure une série d’actions visant à atteindre ces objectifs, qui tiennent soigneusement compte des priorités, qui s’enchaînent logiquement et qui sont étroitement ciblées’.123

3.2.4. Le concept Approche Une approche peut être comprise comme étant une étude, une discipline, une science. Elle est encore définie comme ’étant une démarche ou manœuvre à un but’124. Dans la présente recherche, nous la définissons comme une démarche scientifique ou de moyennes mises sur pied en vue d’atteindre un ou des objectifs visant soit le non-recrutement et l’utilisation des Enfants-soldats associés aux forces des groupes armés, soit, la réinsertion/réintégration socio-économique durable de ces ex-soldats. Bref, l’éradication du phénomène ‘Enfant-soldat’.

3.2.5. Le concept Stratégie Ce concept se définit comme étant ’l’ensemble d’actions coordonnées, de manœuvre en vue d’une victoire’. BERNARD et GENEVIÈVE, P., la définissent comme ‘un art de coordonner des actions et des manœuvres pour atteindre un but’125.

121

Boutros Boutros Ghali, An agenda for Peace (‘Agenda pour la Paix’), Rapport du Secrétaire général, 1992 : 122 BRAHIMI, Rapport Brahimi, 2000 123 NATIONS UNIES, Comité des politiques du Secrétaire général, New York, 2007 : 124 LAROUSSE, Dictionnaire français, Édition Maury-euro livres à mauchecourt, France, mai 2006. 125 BERNARD et GENEVIÈVE, P., Larousse de Proche : 2006.

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La stratégie, peut-être encore définie comme ‘l’ensemble d’actions cohérentes, complémentaires et successives (dans la logique ou le temps) et qui vont permettre d’atteindre des buts ou des objectifs’126. Enfin, la stratégie consiste à ‘la définition d’actions cohérentes intervenant selon une logique séquentielle, pour réaliser ou pour atteindre un ou des objectifs. Elle se traduit ensuite, au plan opérationnel en plans alternatifs utilisables en cas d’événements changeant fortement la situation’127. Toutes ces définitions répondent mieux à la philosophie de notre travail, parce qu’elles visent l’ensemble d’étapes successives pour l’arrêt de l’enrôlement et l’auto- prise en charge socio-économique durable des Enfants-soldats sortis des forces et groupes armés, comme notre objectif à atteindre. Étant donné qu’une bonne réinsertion/réintégration, change automatiquement la situation socio-économique de ces ex-soldats.

3.2.6. Le concept Vulnérabilité128 La vulnérabilité est l’état d’une personne dont la situation d’instabilité s’installe en permanence ; les caractéristiques et la situation des individus ou des groupes qui les rendent susceptibles à des attaques, un mal ou une détresse. La vulnérabilité doit répondre à un certain nombre de critères :  Incapacité partielle ou totale à résoudre certains problèmes d’ordre général (frais de subsistance, de minerval), etc.,  avoir perdu un de ses sens  Avoir été gravement traumatisé  Avoir été violenté même partiellement  Avoir été forcé de se marier ou de porter une grossesse non désirée  Être orphelin du premier ou deuxième degré,  Être déplacé de guerre ou réfugié,  Être albinos, etc.

3.2.7. Le concept ‘Résilience’129 C’est un ensemble de mécanismes d’adaptation et de développement de compétences dans la vie courante à la suite à la survenance d’un traumatisme, d’un choc émotionnel. La capacité d’un système, d’une communauté ou d’un individu potentiellement exposé à des dangers à s’adapter. Cette adaptation signifie de résister ou de changer pour atteindre et maintenir un niveau acceptable de fonctionnement et de structure. 126

http://www.marketingetudiant.fr./definitions/s/strategies.php) (http://www.techno-science.net/?onglet=glossairedefinition=6499 128 RDC, Protocole national, op cit P.17 129 Larousse Dictionnaire Français Idem 127

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La résilience dépend des mécanismes d’adaptation et des compétences de la vie courante, comme la résolution des problèmes, la capacité à demander de l’aide, la motivation, l’optimisme, la foi, la persévérance et l’ingéniosité. On parle de résilience quand les facteurs protecteurs qui soutiennent le bienêtre sont plus forts que les facteurs de risque qui nuisent.

3.3. LITTÉRATURE APPLIQUÉE AU DILEMME ET QUESTIONS MANAGÉRIALES

3.3.1. Les guerres à répétition à l’Est de la RDC, la prolifération des groupes armés et forces négatives : sources du phénomène récurrent ‘Enfants-soldats’ 3.3.1.1. Motivation de ces guerres C’est en octobre 1996, que la République Démocratique du Congo notre pays a commencé a traversé la période des guerres à répétition, dont deux se sont révélées grandes à cause de la conquête presque totale de notre pays130. La Seconde Guerre qui a débuté le 2 août 1998 fut la plus meurtrière. Le bilan de plusieurs études et sources indépendantes, font état de plus de 2,5 millions qui en ont péri, surtout à l’Est de notre pays, comme résultat de 32 mois de guerre131 dont 600.000 Enfants-soldats de moins de 5 ans132. Et les estimations faisaient état de quelque 2,600 personnes qui mouraient chaque jour durant cette guerre133. Par ailleurs, le même bilan a fait encore état de 350,000 décès attribués à la violence, le reste est la conséquence des mauvaises conditions de vie, dont les maladies ou la faim causée par la guerre, ’la vie humaine semble ne plus avoir aucune valeur’ selon Richard Holbrooke,134 ’sans une ferme direction de l’ONU et de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). L’actuelle Unité africaine en sigle UA, il ne sera possible d’éviter que catastrophe humaine en RDC, et même dans la région’, D’après Anne Edgerton dans son témoignage devant la sous-commission de droits de l’homme de la Chambre de représentant aux États-Unis en mai 2001 et G. Station, dans sa conférence à Bruxelles toujours en mai 2001, la catastrophe humaine en RDC, constituent un ‘holocauste135‘. 130

Jean MIGABO K., Génocide au Congo ? Analyse des massacres de populations civiles, Bruxelles, 2002, P.15. 131 INTERNATIONAL RESCUE COMMITTE,Mortality in Eastern Democratic Republic of Congo,Result from eleven mortality surverys,may 2001,p.1. 132 Nations unies et AFP, la situation humanitaire en RDC, novembre 2000, p.1. 133 IRC op cit, P1. 134 Richard HOLBROOKE, ambassadeur des États-unis d’Amérique aux Nations unies, a utilisé l’expression’ catastrophe humanitaire’ durant la réunion du Conseil au cours de laquelle fut prise la résolution 1291 du 24 février 2000 sur la situation en RDC. 135 STATION G., la politique des USA dans la région des Grands Lacs, séminaire pour l’Afrique des Grands Lacs, organisé par la commission Justice et Paix, Bruxelles 2001.

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3.3.1.1.1. La première guerre de 1996-1997 Pendant 32 ans, la RDC ex- Zaïre, fut dirigé par le régime de Mobutu. Régime décrié par tous quant au niveau interne qu’externe et qualifié de dictatorial. Cette dictature avait confisqué toutes les libertés élémentaires et les droits fondamentaux des citoyens zaïrois de l’époque. La corruption de l’administration publique et de l’appareil judiciaire, le détournement des deniers publics était une monnaie courante, le pillage des richesses économiques du pays, les tortures, les enlèvements, les assassinats et les tueries ex judiciaires caractérisaient les militaires et les dirigeants du régime. Le culte de l’individu, la misère généralisée de la population et les violations des droits de l’homme étaient donc les maux principaux de ce pouvoir136.Sous la pression de la société civile et après la chute du mur de Berlin, un processus de démocratisation avait été entamé le 7 août 1991 par la conférence nationale souveraine (CNS). Le peuple aspirait à un changement radical et démocratique contre une dictature sur base des conclusions de la CNS. Mais la CNS avait débouché sur une période de transition interminable137. Les derniers jours du Mouvement populaire de Révolution (MPR), ancien parti état du président fondateur Mobutu étaient donc caractérisés par une instabilité politique sans précédent. Les anciens dignitaires de Mobutu ainsi que les membres de l’opposition avaient noué et défait les alliances. Le peuple était fatigué par un pouvoir usé. Dans le domaine de violation des droits de l’homme par exemple, les illustrations sont nombreuses, c’est le cas du massacre du 16 février 1992, où les militaires de ce régime avaient massacré les chrétiens catholiques de Kinshasa. Ces derniers manifestaient paisiblement pour exiger la réouverture de la CNS. Au Katanga, ce régime encouragea l’expulsion et la confiscation des biens des populations non originaires, principalement les ressortissants de deux Kasaï, pourtant établies depuis plusieurs générations dans cette province. Au Nord Kivu, certains dignitaires de ce fameux régime favorisèrent les luttes tribales entre les populations Rwandophone et les autochtones à la suite au problème de nationalité qui fut à l’origine de ce conflit. Avec son clan politique et d’autres opposants opportunistes, Mobutu bloqua la mise en exécution des conclusions de la CNS contre la volonté du peuple pour une refondation radicale dans l’organisation sociale, économique et politique de l’État138. Dans ces circonstances, éclate la Première Guerre dite ’guerre de libération’, conduite par l’AFDL, sous la direction de Laurent Désiré KABILA, un ancien des ‘mouvements de 136

Marie Soleil F. Et al, Afrique centrale, Médias et conflit, vecteurs de guerre et acteurs de paix, Coédition GRIP — Ed Complexe, Bruxelles, 2005, P.8. 137 HOWQRD R et al, Afrique centrale, Médias et conflit, vecteurs de guerre et acteurs de paix, Coédition GRIP — Ed Complexe, Bruxelles, 2005, P.20. 138 DE VILLERS G., et OMASOMBO, T., Zaïre. La transition manquée, 1990-1997, L’Harmattan, Paris, 1997, PP 178 — 244.

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libération’ issus des années 1960. L’AFDL fut appuyée par les armées régulières du Burundi, du Rwanda (APR, et de l’Ouganda en plus de Congolais. La guerre menée par l’AFDL éclate dans les circonstances de mécontentement populaire généralisé. Les populations congolaises, clochardisées et appauvries par le régime ci-haut cité, ont toléré et soutenu la guerre. De jeunes gens (Kagodo) ont adhéré à l’action militaire de l’AFDL avec une autorisation implicite des parents. En pleine guerre et après chaque conquête des villes ou des villages, Kabila lançait des slogans de démocratie et de libération lors des rassemblements populaires. La population avait cru que selon les promesses de Kabila, celui-ci pourrait leur apporter le changement voulu à partir des résolutions de la CNS. Cette attitude explique l’adhésion, mais aussi une conditionnalité tacite de démocratisation sur base des institutions issues de la CNS. Sûr du soutien de ses alliés et de la population, Kabila prit le pouvoir à Kinshasa le 17 mai 1997 et chassa ainsi Mobutu déjà affaibli par la maladie et l’impopularité du pouvoir et ses dignitaires. Cette prise de pouvoir a été applaudie comme une libération. Mais la continuation du processus de démocratisation n’a pas eu lieu, car il a interdit le fonctionnement et la cohabitation avec les autres partis politiques existants et sa prise en otage par ses alliés. Devant cette incapacité d’amorcer l’instauration d’un État de droit une fois qu’il s’est libéré de ses alliés, éclate de nouveau la guerre une année juste après son accession au pouvoir, c’est donc la Deuxième Guerre. 3.3.1.1.2. La deuxième guerre de 1998-2003 Le 2 août 1998, la RDC est entrée dans une deuxième guerre la plus meurtrière. Cette nouvelle guerre prend son origine dans le fait qu’une année après sa prise de pouvoir, Laurent Désiré Kabila aurait pris la décision courageuse de rompre les liens, alliances et contrats d’avec ses anciens alliés à savoir : le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda sur les accords ‘dits accords de LEMERA’, qui selon plusieurs sources indépendantes, faisaient état de partitions du pays. Ainsi à la surprise de tous, le 2 août susmentionné, les armées régulières de ces pays traversèrent les frontières de la RDC, sans déclaration de guerre avec bien entendu la complicité des autres fils et filles du pays. La vraie raison de leur implication reste à établir jusqu’à ce jour, mais se rapporte en tout cas aux ambitions non-asservies de la Première Guerre. Certes, les avis sont partagés. Plusieurs hypothèses laissent croire que le pillage de nos richesses, la non-tenue d’engagements et la perte de positionnement seraient à la base de cette nouvelle guerre tantôt qualifiée d’agression et d’occupation139‘ par le régime de Mzee Kabila, tantôt dite cumulativement de ‘rectification’ ou ‘deuxième guerre de libération’ par les 139

xxxx, Mémorandum de la plate-forme des femmes congolaises à l’attention des femmes parlementaires belges, Bruxelles, le 16 octobre 2000, P.2.

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protagonistes. Elle a éclaté comme la précédente à partir de l’Est, donc au Kivu. Elle fut déclenchée par le Rassemblement congolais pour la Démocratie (RDC) l’actuel parti politique en conflit de leadership entre AZARIAS RUBERWA et Trésor KAPUKU. Cette rébellion à l’époque s’était divisée en deux factions ou branches opposées à savoir : Le RCD Goma sous successivement la présidence d’Émile Ilunga et Adolphe ONUSUMBA au Nord Kivu, et le RCD Kisangani sous la présidence de WAMBA DIA WAMBA et MBUSA MYAMWISI avec le siège à Bunia dans la province Orientale. La première branche était soutenue par le Rwanda et le Burundi tandis que la deuxième par l’Ouganda. D’autre part, un autre mouvement de rébellion, dit Mouvement de Libération pour le Congo (MLC, dirigé par Jean Pierre Bemba (actuellement, au tribunal international de La Haye au pays bas, pour les exactions de ses anciennes troupes commises en République Centrafricaine et proche du régime de Mobutu, naquit à Bagdolite dans la province de l’Équateur au Nord-Est de la RDC, et soutenu toujours par l’Ouganda. C’est ainsi que Kabila aussi fera appel au soutien du Tchad, parti de l’Angola, de la Namibie et du Zimbabwe. Dès lors, la guerre aurait pris une dimension régionale importante, ce qui a donné lieu à l’appellation de la première mondiale en Afrique, et l’implication de plus de 30.000 Enfants-soldats dans les groupes et forces armés selon les estimations de la coalition susmentionnée. À la différence de la Première Guerre, les Enfants-soldats de moins de 18 ans, furent dans les rangs des forces armées avec la bénédiction tacite ou non de leurs parents, tandis que la deuxième elle, a enrôlé ou recruté de force des Enfants-soldats mêmes de moins de 10 ans croisés sur les chemins de l’école. En somme, tous ces mouvements rebelles surtout ceux du RCD se sont vus disloqués en plusieurs factions jusqu’aux négociations du dialogue global inclusif de Sun City en Afrique du Sud. Et qui a abouti au partage du pouvoir avec 5 présidents, une expérience unique au monde, mais bien réelle et vécue en République démocratique du Congo, notre pays ? 3.3.1.1.3. Les Mobiles de la Deuxième Guerre À ce sujet, il sied de noter que les mobiles avançaient de part et d’autre, étaient très contradictoires, car les mouvements rebelles MLC et RDC parlaient de la libération des populations congolaises, d’autre part, les chefs d’État du Burundi, du Rwanda et l’Ouganda qui soutenaient la ‘rébellion’ au Congo avec leurs armées régulières, justifiaient leur présence au Congo par les motifs de sécurité à leurs frontières respectives140. Le gouvernement de Kinshasa pour sa part, et qui avait fait appel au soutien du Zimbabwe, de la Namibie et l’Angola, affirmait poursuivre la défense d’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale par des opérations militaires.

140

HOLBROOKE R., op. cit. New York, June 15, 2000, P.4.

118

Les mouvements rebelles donnaient comme objectif avoué de leur guerre la libération des citoyens congolais, mais les enquêtes menaient dans les territoires qui étaient sous leur administration, par plusieurs organisations des droits de l’homme, ont fait état des graves violations des droits de l’homme, des massacres, des viols et violences sexuelles sans précédent, faites aux femmes et jeunes filles, de l’abolition des mœurs et coutumes et nos valeurs africaines, des crimes de guerre et crime contre l’humanité, cas du recrutement des Enfants-soldats. Revenons aux mobiles avançaient par le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda, en rapport avec la protection de leurs frontières, cet aspect des mobiles invoqués soulève autant de questions et d’illustrations par exemple, comment justifier les attaques des armées Ougandaises et rwandaises dans la province du Bas Congo située à plus de 2000 km de leurs frontières respectives ? La même question n’avait pas trouvé de réponses quand on s’est rendu compte que les militaires de ces pays avaient ouvert les fronts armés au Kasaï ; or ces deux provinces sont voisines de l’Angola, très loin de ces trois pays soutenant la rébellion. Il en était de même pour les combats meurtriers que les armées rwandaises et ougandaises avaient livrés en pleine ville de Kisangani entre elles-mêmes à plus de 1000 km de leurs frontières, et pourtant ce sont elles qui contrôlaient cette province à partir de 1998, alors une question se pose, pour quelle sécurité frontalière se battaient-ils dans ce contexte ? Bref, à la différence de la Première Guerre, le peuple ne s’identifiait nullement dans cette guerre injustifiée141.

3.4. LES CONSÉQUENCES DE CES GUERRES Les guerres qu’a connues la République Démocratique du Congo, a eu des conséquences sous divers aspects, la perte des biens et des personnes, la contamination des différentes maladies, les viols et les violences multiples faites aux filles et femmes, le phénomène Enfants-soldats qui fait par contre, notre préoccupation, la perte des valeurs morales et culturelles, l’augmentation de taux élevé des veufs, veuves et orphelins inattendus occasionnant ainsi la prostitution et la délinquance juvénile et sénile, le banditisme, le pillage sous toutes ses formes, la déscolarisation, la perte des chiffres et capitaux d’affaires, les mouvements de la population, créant ainsi les déplacés de guerres tant internes qu’externes142. Parlant de perte en vie humaine, ’on a estimé à plus de 3 millions le nombre de personnes tuées seulement à partir de la guerre de 1998 ou la Deuxième Guerre et cela sans faire allusion à la première. L’exploitation des ressources naturelles et économiques a alimenté les conflits et atteintes 141

xxxx, Mémorandum des religieux et religieuses du Sud-Kivu…, Bukavu le 29 octobre 1999, p.2. 142 ZIRHIMANA K., la guerre de Jules MUTEBUTSI et Laurent NKUNDA et son impact sur la vie socioéconomique de la ville de Bukavu, TFC, UNIC-Bukavu, Bukavu 2008, p.38.

119

systématiques aux droits humains en particulier dans l’est et le nord-est du pays. En décembre 2003, environ 3,4 millions des personnes ne pouvaient toujours pas retrouver leurs foyers143‘. Bref, ces conséquences se présentent de façons spécifiques sur les des plans ci-après :

3.4.1. Sur le plan physique, sanitaire et reproductif de la femme Les femmes congolaises en général, et celles de l’Est en particulier : la Province Orientale, les deux Kivu, et le Maniema ont payé un lourd tribut dans notre pays et continuent à le payer jusqu’ici. Prenons le cas de viols et violences sexuelles faites aux filles et femmes. Ces faits ont sévèrement affecté non seulement les victimes elles-mêmes, mais aussi leurs familles et les communautés auxquelles elles appartiennent. Plusieurs auteurs ont montré l’impact des conflits sur le genre, les violences sexuelles par exemple qui comprennent le viol ou l’esclavage sexuel en situation de conflit et de post conflit qui ont des impacts considérables sur les femmes et les hommes. (Bastick and others, 2007144, Farr, 2009145, Human Rights Watch, various; Johnson and others, 2008146. Seifert, 1994147, 1996148, Sharlach, 2000149, Stiglmayer, 1994150. Les cas de viol assemblés, en particulier en Bosnie-Herzégovine, au Rwanda et en RD Congo, ont contribué à la reconnaissance de la notion d’agressions sexuelles, utilisée par les parties au conflit comme arme de guerre. À l’échelon international, on s’accorde à reconnaître de plus en plus que le viol sexuel commis à grande échelle sur des civils comme une stratégie visant à anéantir ou à assujettir la partie adverse constitue un crime de guerre et un crime contre l’humanité151. Dans plusieurs pays en conflits comme en RD Congo, il a été remarqué de plus en plus que les pratiques de viols ne diminuent pas avec la cessation 143

Rapport mondial sur les enfants soldats 2004 : 58 op .cit BASTICK, M. and Others, Sexual violence in armed conflict: Global Overview and implications for the security, sector. Geneva Centre for the Democratic control of Armed Forces,2007 145 FARR, K., Extreme war Rape in today’s civil war-torn states: A contextual and comparative Analysis.’Gender Issue’ 2009,pp.1- 41 146 JAHNSON, K.., and Others, Association of combatant status and sexual violence with Health and mental health outcomes in post-conflict Liberia.’Journal of the American Medical Association’ 2008, pp.676-690. 147 SEIFERT, R., ’War and Rape: A preliminary analisis.’ In A.Stiglmayer(ed), Mass Rape:The war against women in Bosnia-Herzegovina. Lincoln ; UNIVERSITY of Nebraska press, 2004, PP 54-72. 148 SEFERT,R .,”The second Front : The logic of sexual violence in wars” women’s studies International Forum,1996,pp 35-43. 149 SHARLACH. L., ’Rape as Genocide : Bangla desh,the former Yugoslavia and Rwanda »,New Political Sciences, 2000,PP. 89-102. 150 STIGLMAYER.A. op.cit. 151 GREEN, 2006 ; Wade and Marsh, 2007 144

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des hostilités et qu’en réalité la menace se déplace et provient, non plus de personnel militaire, mais de voisins, de parents, voire de cambrioleurs152. El-Bushra, pour comprendre les raisons de la survenue de viols en phase de conflit et de post conflit, il est nécessaire d’élaborer un cadre conceptuel qui permet d’explorer les relations de pouvoir sous-jacentes par l’analyse selon le genre. Les victimes ont été atteintes dans leur intégrité physique et morale, ainsi que dans leur dignité. Par leur ampleur, la nature et leurs conséquences dévastatrices sur les femmes et les communautés, les violences sexuelles constituent un grave problème de santé publique pour le Congo. Elles ont même contribué à l’érosion des fondements économiques et sociaux des communautés rurales, et à l’appauvrissement des couches sociales les plus défavorisées du Sud-Kivu en particulier. L’étude menée à ce sujet au Sud Kivu en 2004 par RFDA, RFDP et International Alert, a révélé que la majorité des victimes, soit 91,5 % de leur échantillon, souffrait d’une ou plusieurs affections consécutives au viol comme le démontre le résultat de leur enquête dans le tableau ci-après : Tableau 1 : Répartition des infections consécutives au viol No 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23

Affections Leucorrhées Dyspareunie Asthénie Aménorrhée sans grossesse Écoulement vaginal (sang) Écoulement vaginal (urines ou selles) Dysurie Douleur au bas ventre Lombalgie Descente de l’utérus (prolapsus utérin) Avortement après viol Céphalées Insomnies et cauchemar Irrégularité des règles Diverses blessures par coups de machette ou bâtons Inflammation des vulves Déchirure du vagin Peur et honte La phobie des soldats Dysménorrhée Grossesse après viol Dégoût sexuel Rien

Source : RFDA et al, corps de la femme, op.cit. p. 39.

152

EL-BUSHRA, Congo Advocacy Coalition, 2008.

121

N=492 ni 420 421 340 50 121 200 322 391 150 28 24 180 382 321 21 112 69 450 89 280 51 183 42

% 85,4 85,6 69,1 10,2 24,6 40,7 65,4 79,5 30,5 5,7 4,9 36,6 77,6 65,2 4,3 22,8 14 91,5 18,1 56,9 10,4 37,2 8,5

La plupart des affections mentionnées dans ce tableau, ont des incidences néfastes sur la santé de la reproduction, d’autant plus que la majorité des femmes enquêtées étaient en âge de procréer. Les leucorrhées abondantes par exemple, font directement penser à une infection sexuellement transmissible. La dysurie, les douleurs au bas ventre, l’irrégularité des règles peuvent également être les symptômes d’infections vaginales. Ces affections peuvent provoquer une stérilité primaire chez les nullipares, ou secondaire chez celles qui ont déjà eu au moins un ou plusieurs enfants. En effet, si elles ne sont pas traitées à temps et convenablement, ces infections peuvent remonter la filière pelvienne pour infecter les femmes et obturer les trompes, rendant ainsi la fécondation quasi impossible et compromettant de ce fait, l’avenir obstétrical de ces femmes. Il en est de même pour le prolapsus utérin (descente de l’utérus visible dans le vagin, et la déchirure du vagin. Une intervention chirurgicale réparatrice s’impose, surtout chez les femmes en âge de procréer. Les écoulements vaginaux d’urines ou de selles, sont les signes de fistules vésico-vaginales et recto vaginaux requièrent eux aussi une intervention chirurgicale. Les femmes souffrant de ce mal, doivent avoir en permanence de serviettes hygiéniques, ou dans la plupart des cas, étant donné la précarité ambiante, un morceau de pagne qu’elles sont obligées de laver fréquemment. Les femmes atteintes de fistules vaginales vivent souvent isolées du reste de la communauté, en raison des odeurs nauséabondes qu’elles exhalent. Ainsi une victime avait-elle déclaré lors de cette enquête ce qui suit : ‘Depuis que j’ai été violée, j’ai de l’eau qui coule en permanence entre mes jambes. Je suis obligée de porter un morceau de pagne que je dois laver cinq à sept fois par jour et je dois avoir de l’eau et du savon disponibles. Parfois quand je suis au milieu des convives, je les vois se lever une à une ou carrément changer d’humeur, couper court à la conversation pour s’en aller presque en courant. Alors, je comprends que je commence à dégager des odeurs et je rentre me laver et ensuite m’enfermer dans ma case, distiller mon front153.

C’est pourquoi, le docteur Denis MUKWEGE de l’hôpital de Panzi de Bukavu, a eu à obtenir un prix Nobel et d’autres prix au plan international pour avoir, soigner jusqu’en 2009, plus de 10.000 femmes de cette province, ayant contractées l’une ou l’autre des infections ci-haut citées, dont surtout la fistule. Toujours à ce sujet, une autre étude, fut réalisée par le Comité du Rayon d’Action Femme (CRAF) et en a publié les résultats ci-après : ‘Les premiers effets des viols des femmes sont directement constatés sur la santé physique des victimes. On a constaté que chaque fois avant l’acte de viol, la victime est objet des menaces, coups et blessures. Ils s’en suivent des conséquences 153

RFDA et al op.cit. p.40.

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sanitaires graves telles que les déchirures des parties génitales surtout pour les victimes qui ont été violées par plusieurs acteurs, des infections, comme les IST/SIDA, l’endommagement des organes de reproduction qui vont jusqu’à l’ablation de l’utérus, des blessures intérieures profondes à la base des douleurs insupportables qui amènent la victime jusqu’à la mort. Tableau 2 : Maladies contractées à la suite des viols et violences sexuelles No 1 2 3 4 5 6 7

IST et VIH/SIDA Syphilis Trichomonas vaginal Infection urinaire Infection uro-génitale Infection génitale VIH/SIDA TOTAL

Effectif atteint 24 23 53 91 71 17 278

% 9 8 19 33 25 6 100

Source : CRAF, Viols et violences sexuelles au Sud-Kivu, une tentative

3.4.2. Sur le plan socioculturel Au plan socioculturel, les conséquences ne peuvent être qualifiées que des graves, car elles attaquent toutes les couches de la société, surtout la perte les valeurs sociales, humaines et culturelles qui ont fait ou continuent à faire notre force en tant qu’Africain. C’est notamment le cas du rejet social, de la fuite de sa communauté et des divorces non souhaités, à cause de la crainte d’être contaminé d’une éventuelle infection d’IST ou SIDA, les hommes se méfient et chassent même leurs femmes victimes. Les Enfants-soldats qui ont assisté au viol de leurs mères et de leurs sœurs, arrivent à fuir la famille pour une destination inconnue parce qu’ils sont incapables de regarder dans les yeux, leurs mères, ou deviennent dingues. D’où la désintégration du climat familial qui va jusqu’à la séparation des couples. Les Enfants-soldats, jadis pris en charge par les mamans, sont abandonnés à leur triste sort. Ainsi l’augmentation de la délinquance juvénile, la déperdition scolaire, la prostitution et les grossesses précoces pour les filles et l’accroissement du phénomène ‘Enfants-soldats et enfants de la rue’. Certains hommes aussi perdent leur vie de suite d’émotions lorsqu’ils assistent impuissamment aux viols imposés à leurs femmes ou à leurs filles. Ils sont souvent tués par les violeurs surtout en cas de résistance aux viols de ces dernières. La conséquence la plus néfaste sur les jeunes filles — victimes de viols ; c’est en cas de grossesse. Les Enfants-soldats qui sont nés de telles grossesses sont sans pères identifiés par les mères. La plupart de ces victimes ne supportent ni grossesse, ni enfant, mais aussi la société ne se prononce pas encore sur le sort de ces Enfants-soldats issus des viols ni de leur prise en charge. Ces derniers sont exposés au rejet de la société. Ce qui augmente le taux de mortalité infantile et de malnutrition. C’est donc dans cette 123

logique que nous avons publié une étude parmi la série de nos articles intitulée ‘les Enfants-soldats nés des viols et des violences sexuelles : de leur innocence à leur intégration socio-psycho-juridique au Sud-Kivu154‘. Il faut signaler en passant que, ces faits sont souvent suivis de fortes violences ainsi que des pillages systématiques des biens du ménage, des champs, des maisons et des huttes brûlées, etc. Au plan culturel, point n’est besoin de démontrer que chaque peuple s’identifie à travers ses valeurs morales et éthiques, mais aussi par les valeurs ancestrales et traditionnelles par des us et coutumes, et surtout par le respect du sacré. Dommage, lors de toutes ces guerres (avec diverses appellations comme susmentionnées), les forces d’occupations, comme le stigmatise Jean MIGABO ’ont commencé par la destruction de chaque élément de référence ou de symbole de l’identité culturelle du peuple congolais dans les territoires occupés155. Les relations sexuelles forcées entre la mère et son propre fils, le père et sa fille, le beau-père et sa belle-fille et vice versa, le viol et l’assassinat de plusieurs prêtres, religieux et religieuses, ont donné le sentiment qu’il y avait ‘une stratégie qui visait à détruire tout ce qui est considéré par le peuple comme sacré’156. Les violences sexuelles perpétrées contre les femmes, ont introduit des dysfonctionnements au sein de la cellule famille, qui dans certains cas, n’a plus de légitimité nécessaire pour jouer le rôle de détenteur et de régulateur des valeurs morales et éthiques. Les Enfants-soldats et jeunes gens qui ont assisté au viol de leurs mères ou sœurs, ou qui ont été forcés à commettre l’inceste, sont tout sortis de ces expériences profondément traumatisées. Il a été constaté que beaucoup d’entre eux sont sujets à des changements de comportements à l’endroit de l’autorité familiale, qui vont du manque de respect à l’intolérance, en passant par le mépris et même le blâme des parents, leur reprochant de ne pas avoir réussi à empêcher ce qui est arrivé’157.

3.4.3. Sur le plan psychologique Beaucoup de gens tous les âges confondus que nous avons eus à interroger et pour avoir dirigé plusieurs travaux des fins de cycle et codirigé certains mémoires de licence, accusent souvent, les troubles du comportement, les troubles les plus récurrents sont : la peur latente, la honte, mais surtout de dégoût de soi et de la vie, le traumatisme, la transpiration, l’insomnie, les cauchemars, la perte de mémoire, l’agressivité, l’anxiété, l’angoisse et le repli sur soi, la stigmatisation, la discrimination et 154

ALONGA, A., les enfants issus des viols et violences sexuelles perpétrés les FDLR ‘Interahamwe’ de leur innocence à leur intégration sociale et psychojuridique, In Recherche Africaine No 30, Bukavu, 2011. 155 Jean MIGABO, Génocide au Congo op. cit 2002 : 34. 156 MIGABO, génocide ;op.cit 157 Alert et al op. cit P .44.

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l’opprobre. Autant de troubles symptomatiques de l’état traumatique profond (surtout chez les femmes violées) dans lequel se trouve la grande majorité. Bon nombre d’entre elles ont été tenaillées par la peur d’avoir contracté le VIH/SIDA et d’autres maladies sexuellement transmissibles. Un sentiment aggravé par l’ostracisme et la stigmatisation qui les frappent, tant dans leurs familles qu’au sein de leurs communautés. Cette stigmatisation, conjuguée à la peur de la contamination par le VIH/SIDA, au cas où leurs femmes auraient été infectées, est l’une des principales raisons pour lesquelles la plupart des conjoints, se sont détournés ou séparés d’elles. Certains ont exigé de leurs conjointes qu’avant toute reprise de vie commune, un certificat médical attestant leur séronégativité, or, ce test de dépistage coûtât cher dans certains endroits en ce moment et les femmes souvent très démunies, n’avaient pas les moyens de le faire. Situation qui a conduit de nombreux divorces, une plaie interne difficile à cicatriser. Les Enfants-soldats issus de ces exactions, reste un symbole vivant et permanent du viol que ces femmes ont subi une situation insoutenable, d’autant plus que les familles et les communautés leur en font souvent porter la responsabilité. Ces grossesses causent de véritables drames au sein des couples, et très peu de maris acceptent de tels Enfants-soldats qui ne sont pas les leurs. Suivez une révélation amère d’une victime lors de cette enquête : ‘Le bébé en soi est innocent, mais mon mari refuse même le toucher. Il m’a demandé de le sevrer le plus tôt possible et de le confier à ma mère, si je veux me faire pardonner. La présence de l’enfant ravive sa colère et ne permet pas à son cœur de se cicatriser… ‘ Beaucoup de familles proches, de belles-familles et l’ensemble de la communauté, considèrent les Enfants-soldats nés des viols comme un affront, un mauvais souvenir légués par les agresseurs et surtout, comme une future menace pour la communauté, car, ces Enfants-soldats, déclarent-ils, ressemblent à leurs pères. Une femme a entendu dire à propos de son petit garçon : ‘C’est un petit serpent dans l’étable, tôt au tard il mordra158‘. L’infection au VIH/Sida est un autre impact important des conflits liés au genre. D’après les travaux réalisés par Farr, 2009159 ; Mills and others, 2006160 les conflits s’accompagnent d’un accroissement du risque d’infection par le VIH, notamment dans les contextes où le viol et l’enlèvement de filles pour en faire des ‘femmes de brousse’ sont très répandus. Au Rwanda par exemple, l’étude menée par McGinn en 2000 a montré que 17 % des femmes ayant survécu au génocide de 1994 et 67 % des survivantes de viol étaient séropositives161. Dans certains pays qui ont connu des conflits prolongés 158

FDA et coll, op.cit p.56. FARR, K., Extreme, op.cit. 160 MILLS, E.J. and others, ‘The Impact of Conflict on HIV/AIDS in sub Saharan Africa International Journal of STD and AIDS, 2006, pp.713-7. 161 McGinn, T.,’ Barriers to reproductive Health and Access to Others Medical Services in Situations of Conflict and Migration” In S. Martin and Forbes (eds). Women, Migration, and Conflict: Breaking cycle .Dordrecht : Springer, 2000, pp.174-180. 159

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comme en Sierra Leone, les recherches conduites par (Anema and others, 2008162 ; spiegel, 2004163 ; spiegel and others, 2007164montrent un taux de prévalence du VIH inférieur à celui de communautés environnantes, en raison de leur isolement relatif et de leur mobilité limitée. Ainsi, la violence sexuelle étant un facteur incontestable de risque d’infection par le VIH, besoins des survivantes et survivants doivent être pris en considération. En RD Congo, comme dans certains pays au monde, l’une des difficultés dans les situations de conflit et de post conflit ainsi qu’après les catastrophes naturelles est qu’il se produit des décalages temporels considérables, allant jusqu’à plus de deux ans entre la survenue de la violence et les soins à accorder à la victime (Steiner and others) 2009165. Les cultures locales (stigmatisation) et les limites d’accès aux services de santé (absence d’intrants, insécurité, ressources) sont autant des raisons (Carballo and others) 2005166 ; Liebling-Kalifani and others, 2008167 ; World Health Organization, 2004168.

3.4.4. Sur le plan économique Les conséquences de toutes ces guerres sur ce plan ne sont pas à démontrer, du fait qu’elles étaient accompagnées par les pillages. Les familles se retrouvaient dépourvues de tout moyen de survie. Plusieurs champs, unités de production, marchés, dépôts, magasins, cheptels étaient ou sont soit pillés, volés ou brûlés169. Situation qui plonge toute la communauté dans une paupérisation sans précédent jusqu’à ce jour. Les populations déplacées à la suite de ces exactions et les populations locales qui les accueillent sont toutes paupérisées. Cela explique le poids que cela représente pour leurs familles d’accueil. Il ressort de cette situation que tous ces faits augmentent la vulnérabilité, la pauvreté, la précarité de la santé. 162

ANEMA, A., and others ’Widespread Rape Docs not Directly Appear to Increase the Overall HIV Prevalence in conflict-affected Countries: So Now what?’ Emerging Themes in Epidemiology, 2008, P.5. 163 SPIEGEL, P. ’HIV/AIDS Among Conflict-affected and displaces populations: Dispelling Myths and Taking Action’. Disasters, 2004, PP. 322-339. 164 SPIEGEL, P. and others’ prevalence of HIV infection in conflict-affected and displaced people in seven Sub-Saharan African Countries: A systematic Review” The Lancer, 2007, pp.2187-2195. 165 STEINER, B. and Others, “Sexual violence in the protracted conflict of DRC: programming for Rape survivors in South Kivu,” Conflict and Health. Disponible à http://www.conflictandhealth.com/content/3/1/3. 166 CARBALLO, M., and others, ’Impact of the Tsunami on reproductive health’ Journal of the Royal society Medicine, 2005, pp400-403. 167 Liebling — Kalifani, H., and others,’ violence against women in Northem Uganda : The Neglected health consequence of war” Journal of International wowen’s studies,2008,p.9(3). 168 UNFPA, État de la population mondiale 2010, op. Cit p.5. 169 Didier de Failly : ‘L’économie du Sud Kivu 1990-2000 : mutations profondes cachées par une panne’ in Annuaire 1999-2000 op.cit.

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Parlant de la pauvreté, nous avons remarqué que la famille qui a été pillé et a assisté à la destruction de plusieurs objets de première nécessité, et de ce fait, tombe dans une misère, car n’étant plus en mesure de produire par l’agriculture et l’élevage, les outils aratoires étant pillés aussi et le cheptel emporté, de fois certains membres de la famille sont pris en otage et libérés après rançon allant même à des milliers de dollars, ce qui complique une fois de plus l’équation.

3.5. SUR LE PLAN POLITIQUE Sur ce plan, notre pays a connu une instabilité politique précédente pendant plusieurs années. Comme c’est la politique qui est la tête dirigeante, la vie du peuple Congo a été rendue poche de la nature et tous ses aspects ont été affectés. Le pays a connu une expérience unique au monde, celle de se trouver diriger par cinq (5) présidents à la fois, c’est-à-dire un président titulaire Joseph KABILA et quatre vice-présidents à savoir : Jean Pierre BEMBA pour la composante MLC, AZARIAS RUBERWA pour le RCD, ZAIDI NGOMA pour l’opposition politique et ABDOULAY NDOMBASI, pour le gouvernement. Situation qui n’a pas permis l’essor du peuple congolais étant donné que, la confiance n’était pas totale et chacune travailler presque au nom de ses idéologies politiques respectives. Mais bien avant ça, le pays lui-même était divisé en plusieurs fractions, l’autorité de l’État, l’unité et la concorde nationale étaient pratiquement impossibles. Le pays avait plusieurs drapeaux nationaux, or c’est celui-ci qui symbolise l’État tant à l’interne qu’externe. Par ailleurs, nous avons assisté à une administration parallèle, et les caisses de l’État étaient divergentes, ce qui ne pouvait nullement favoriser le bien-être et le développement du peuple Congo. Ceci étant, tous les secteurs de la vie du pays étaient paralysés. Le pays a failli connaître une balkanisation. Beaucoup de familles ont connu une séparation entre leurs membres pendant de plusieurs années et même sans communication, surtout ceux qui se sont retrouvés à l’Est du pays au temps des guerres. Les fonctionnaires de l’état ont connu bien d’années sans être payés, situation qui a favorisé autant de facteurs négatifs surtout sur les plans socio-économiques, à savoir : la déperdition scolaire des Enfants-soldats, la perte des vies humaines, la prolifération du secteur informel, l’affaiblissement et le vieillissement de la population, les divorces inattendus, le faible pouvoir d’achat, la favorisation des contrats léonais surtout dans les secteurs miniers et industriels, l’absence de l’État dans plusieurs coins du pays, l’État de droit avait cédé place à l’État de la nature, car le pouvoir central avait perdu le contrôle sur l’ensemble du territoire national.

127

3.5.1. Processus de paix La date du 10 juillet 1999, reste une date historique pour la République démocratique du Congo, car elle marque le début de processus de paix. C’est en cette date au fait que l’accord de cessez-le-feu pour la RDC a eu lieu à Lusaka en République de Zambie, raison pour laquelle on l’appelait ’Accord de Lusaka170‘. Cet accord a été signé à la fois, d’une part par la RDC et ses trois pays alliés à savoir :(Angola, Namibie, Zimbabwe) et d’autre part, les alliés de la rébellion congolaise à savoir (Ouganda et Rwanda), mais aussi, par la rébellion composée des deux factions du RDC (Rassemblement Congolais pour la Démocratie) et du MLC (Mouvement de libération du Congo) ainsi que les témoins dont la République de Zambie, la Communauté pour le Développement de l’Afrique Australe, de l’OUA, l’actuelle Unité Africaine et de l’ONU. Cet accord de Lusaka exigeait entre autres toute cessation des hostilités et des massacres des populations civiles. Ainsi, cet accord a suscité l’espoir à la paix et l’arrêt des hostilités et des massacres, mais aussi a ouvert les perspectives d’un arrêt de l’impunité. À la suite d’un accord global inclusif, conclu en décembre 2002 entre les différentes parties au conflit, un gouvernement d’unité nationale est arrivé au pouvoir en juillet 2003. Ce gouvernement comprenait des membres de l’ancien gouvernement et des principaux groupes politiques armés ainsi que les représentants de la société civile. Un commandement militaire conjoint a également été établi. Toutefois, le pays est resté divisé en zones contrôlées par les différentes forces armées. Les combats se sont poursuivis dans plusieurs régions, en particulier dans le district d’Ituri, dans le nord-est. En juin 2003, le conseil de sécurité des Nations unies a autorisé le déploiement de la force multinationale intérimaire d’urgence (FMIU) de l’Union européenne (EU) en Ituri. Cette force a remplacé les troupes ougandaises qui occupaient la région depuis 1998171. Des Enfants-soldats intégrés au sein des forces armées Ougandaises étaient étroitement liés à plusieurs groupes et milices armés de l’opposition congolaise172. En septembre 2003, La Mission des Nations unies en RDC (MONUC, alors MONUSCO a remplacé la FMUI. Bien que la MONUC ait pu rétablir un certain degré de sécurité dans la ville Bunia, les alentours de la ville sont restés sous le contrôle de divers groupes armés, qui ont été la proie de la violence173. Sous la pression internationale, le Rwanda a également été contraint de commencer à retirer ses troupes à la fin de 2002, mais, en mars 2004, en dépit des dénégations du gouvernement rwandais, l’armée rwandaise continuait d’être active militairement en RDC, apportant son soutien et fournissant des armes aux 170

XX, Accord de Lusaka pour le cessez-le-feu en République Démocratique du Congo, Lusaka, 10 juillet 1999. 171 (Amnesty International 2003 et http:// web.amnesty.org/library/engindex.) 172 (BBC, ’Timeline : comoros-Achronology of Key Events’, http://news.bbc.co.uk) 173 http://www.globalmarch.org/worstformsreport/worst/comoros.html.)Global March against Child labour, 2002,

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groupes armés qui utilisaient massivement des Enfants-soldats, à savoir le Rassemblement congolais pour la démocratie-Goma (JORDAN) et l’union des patriotes congolais (UPC) (Union africaine)174.

3.6. CONCLUSION PARTIELLE Ce chapitre ne s’est concentré que sur la clarification des termes de base liés à notre étude, à la brève présentation de la province du Sud-Kivu, notre champ d’investigation. Les guerres connues par la République Démocratique du Congo entre 1996 et 1998, ont été plus qu’un mal compte tenu non seulement des conséquences qu’elles ont engendrées sur tous plans, mais aussi d’autant plus qu’elles n’ont pas permis notre pays jusqu’à ce jour à rétablir en dépit des interventions du gouvernement congolais que celles de la communauté internationale. Par ailleurs, l’Est de notre pays continu à être toujours une zone d’insécurité permanente à cause de la prolifération des milices et d’autres bandits de grand chemin. Le pillage des ressources naturelles devient un fait et non un phénomène social. Les femmes et les filles sont éternellement violées et les Enfants-soldats dans les rangs des forces et groupes armés. C’est ainsi que dans son ouvrage, GRIP atteste que, l’évolution des conflits en RDC (1998-2011) n’ont apporté qu’une démocratisation manquée, une guerre civile dévastatrice, une économie ravagée, des centaines de milliers de réfugiés et personnes déplacées, de multiples sanctuaires rebelles hérités de la guerre froide et des drames qui ont endeuillé les pays voisins, une génération d’Enfants-soldats ayant pour unique système de référence la violence et la loi de la kalachnikov, une haine ethnique qui, dans la prolongation du génocide en 1994 au Rwanda, n’en finit pas de se propager à toute la région, telle est la situation du Zaïre lorsque, en mai 1997, ce pays considéré naguère comme un ‘scandale géologique’ devient, à la faveur de la chute du régime de Mobutu et de la victoire de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-zaïre (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila, la République démocratique du Congo175.

174

, http://www.africa.union.org.) Groupe de Recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), Armes légères à l’Est du Congo, Enquête sur la perception de l’insécurité, sous la coordination de BERGHEZAN G., et ZEEBROEK X, éditons GRIP, Bruxelles, juin 2011, P, 15. 175

129

CHAPITRE QUATRIÈME Littérature empirique

Ce chapitre nous permet de prendre la mesure de travaux de recherches réalisées (aussi bien par le pouvoir public, les agences des Nations unies et bailleurs des fonds, les organisations non gouvernementales nationales et internationales, les politiciens, les universitaires ainsi que les chercheurs indépendants) avant la présente étude sur le terrain. Il s’agit principalement :

4.1. L’AMNESTY INTERNATIONAL Dans son rapport, ‘RDC-Enfants-soldats en guerre un espoir d’avenir’, ce travail, qui n’avait que pour objectif de montrer seulement que ‘l’un des aspects les plus préoccupants du conflit en République Démocratique du Congo (RDC), l’utilisation systématique par les troupes régulières et les groupes armés d’Enfants-soldats de moins de dix-huit comme combattants, porteurs, domestiques ou esclaves sexuels’. Leur méthodologie du travail était les recherches effectuées par cette organisation en 2005 et 2006, et notamment de séjours dans l’Est de la RDC et à Kinshasa, la capitale. Lors de leurs missions, les délégués de cette organisation ont rencontré de très nombreux Enfants-soldats démobilisés des forces et groupes armés ; des membres de leurs familles, des enseignants congolais et de représentants d’organisations non gouvernementales (ONG) congolaises et internationales œuvrant dans le domaine de la protection des droits de l’enfant. Ils se sont encore entretenus avec les représentants d’agences des Nations unies, notamment, le Fonds de Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo, MONUC à l’époque, ainsi que la Banque mondiale et le gouvernement congolais. Par ailleurs, les délégués de l’Amnesty International ont visité des camps de l’armée et des centres de démobilisation et de transit pour les Enfants-soldats démobilisés des forces et groupes armés ainsi qu’un certain nombre des communautés dans lesquelles ces Enfants-soldats avaient bénéficié d’un programme de réunification familiale176. 176

Amnesty International, RDC-Enfants en guerre : Susciter un espoir d’avenir, op. cit, PP 3-4

Partant de sa méthodologie de travail, cette recherche est digne de foi, cependant, elle se démarque de la nôtre, qui est par contre une thèse de doctorat et non un simple rapport. Leur objectif certes, était de se rendre compte de la présence et l’ampleur de l’utilisation des Enfants-soldats de moins de 18 ans par les forces et groupes armés. Ce qui est différent de notre étude qui vise d’abord à comprendre non seulement ‘le pourquoi’, les causes de l’échec et les défis du DDR depuis son démarrage dans notre pays, mais aussi à mettre sur pieds, un modèle stratégique de DDR durable.

4.2. INTERNATIONAL ALERT Dans son rapport, ‘Sortir de l’impasse : vers une nouvelle vision de la paix à l’Est de la RDC177‘, constate que tout au long des dix dernières années de violence dans l’Est de la République démocratique du Congo, une série d’accords de paix soutenus par des interventions internationales a donné aux Congolais l’espoir de leur souffrance allait prendre fin. À ce jour, ces espoirs restent vains. La communauté internationale a investi des milliards de dollars pour tenter de stabiliser et de renforcer paix, mais elle sait que les résultats de ces efforts sont décevants. Cela fait dix ans que l’ONU déploie une mission de maintien de la paix de grande envergure, mais il n’a pas de paix à maintenir. Les groupes armés continuent à contrôler de larges portions des Kivu et de l’Ituri, créant une situation d’insécurité et terrorisant la population, et plus particulièrement les femmes et les filles. L’économie n’arrive pas à se développer, et les jeunes n’ont pas de travail. Les routes et autres infrastructures restent dans un état délabré, et des millions d’habitants n’ont aucun accès aux services publics de base… Cette description de l’International Alert a touché plusieurs aspects et programmes implantés par la RDC et ses partenaires internationaux dont spécialement : les programmes de stabilisation de l’Est de la RDC, STRAREC en sigle, l’International Security and Stabilization Support Strategy (Stratégie internationale d’appui à la sécurité et la stabilisation, en sigle ISSSS et le DDR, etc. Comme résultats de cette cherche sur une période d’une décennie, cette organisation conclut ce qui suit :  Des partenaires internationaux sont en perte de vitesse,  Les faiblesses du plan de stabilisation en ce qui concerne les stratégies internationales et nationales de stabilisation,  qu’il faut comprendre et rompre le lien entre le secteur minier et les conflits,

177

International Alert : Sortir de l’impasse : vers une nouvelle vision de la paix à l’Est de la RDC, septembre 2012, PP 2, 32 — 43.

132

 qu’il impossible d’apporter une solution rapide et simple à ce problème, et qu’International Alert, ne prétend pas connaître toutes les réponses, et son expérience dans la consolidation de la paix dans le monde entier suggère que certaines réponses restent à définir (dans cette limite, nous avons été interpellés de mener notre recherche dans le cadre de cette thèse et de donner des réponses, pas pour les autres programmes, mais plus tôt en ce qui concerne le DDR.  Qu’il fasse élaborer non pas un nouveau modèle, mais une nouvelle approche, en adoptant de nouvelles méthodes de réflexion, de travail, de suivi, d’évaluation et si cela nécessaire, procéder à des ajustements.  Que cette organisation estime que l’une des grandes raisons de l’échec des efforts réalisés par les Congolais et les partenaires internationaux pour amener la paix est un diagnostic erroné des problématiques, qui entraîne une gestion incorrecte des problèmes. L’approche d’Alert consiste à mettre en cause certaines des hypothèses sous-jacentes aux efforts de consolidation de la paix mis en œuvre à ce jour, surtout les approches de la stabilisation. Cela veut dire qu’il faut adopter une approche stratégique, à plus long terme, plus patient et incrémental. Ce qui signifie en d’autres termes qu’il faut s’attaquer aux questions politiques qui divisent les populations et les incitent à prendre les armes. Cela veut aussi dire qu’il faut rassembler toutes les parties prenantes au sein d’un vaste dialogue visant à définir les stratégies pour la paix au plan local, provincial, national et régional. Ce qui veut enfin dire qu’il faut accepter que le renforcement de l’État congolais prenne de nombreuses années, et que le soutien fourni par Kinshasa doit donner lieu à un accompagnement équivalent des efforts de paix et de reconstruction. En ce qui concerne spécialement le DDR, International Alert, atteste que ce programme a remporté un certain succès en matière de désarmement et de démobilisation des anciens combattants, mais un succès beaucoup plus relatif en matière de réinsertion, comme c’est souvent le cas de programmes de ce type dans d’autres contextes. Il a notamment dû faire échec par rapport à de grandes difficultés surtout liées à la gestion de ses fonds’178. Le principal problème relatif à la bonne réinsertion des démobilisés, comme à celle des efforts de réintégration des réfugiés, est posé par le contexte socio-économique particulièrement négatif et morose qui prévaut dans l’ensemble du pays. Bien que les kits de réinsertion aient constitué une aide essentielle, ils n’ont généralement pas été suffisants pour leur permettre une réintégration durable. Il sied de souligner des difficultés économiques environnantes, mais aussi le manque certain des capacités de gestion parmi les démobilisés. ’De nombreux démobilisés n’ont pas réussi leur 178

International Alert, sortir de l’impasse. Idem, p. 98.

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réintégration’. Un rapport d’évaluateurs du PNDDR conclut : ‘Les excombattants ont encore besoin d’assistance pour améliorer une situation très précaire. Leur niveau d’emploi est toujours inférieur à celui des membres des communautés […] Leur retour à la vie civile doit encore être favorisé par des actions en leur faveur et au bénéfice des civils vulnérables encore méfiants’179. Ceci nous a amenés sans doute à mettre sur pied les quatre piliers du DDR dans notre thèse à savoir : Politique, militaire, socio-économique et légal, pour un DDR durable, mais aussi de la création et de l’établissement des toiles communautaires et intercommunautaires préventives. Ce qui fait l’une des originalités de notre thèse. Comme méthodes utilisées pour arriver à toutes ces conclusions et suggestions, International Alert a travaillé avec ses partenaires congolais pour la consolider la paix. Ce rapport de 56 pages s’est fondé sur ses consultations et interactions avec la société civile, le personnel politique, le milieu des affaires et les agences internationales. Mais elle s’est basée aussi sur ses 25 ans d’expérience de la consolidation de la paix dans d’autres régions d’Afrique et d’ailleurs. Une autre divergence entre cette recherche et la nôtre, International Alert, s’est plus appesantie sur la consolidation de la paix et les faiblesses des Programmes STAREC, ISSSS et le DDR en général, cependant notre thèse, s’est focalisée sur le DDR-Enfants-soldats ; ses échecs, défis et stratégies. Est allée en profondeur de la recherche de presque toutes les causes liées à celui-ci.

4.3. CAROLYN NORDSTROM Dans son ouvrage intitulé ’Filles et zones de guerre, Questions troublantes’. L’auteur, s’est plus focalisé dans ses écrits, sur la situation et les conditions des filles au front et dans les zones de guerre ’Girls and Warzones’, ainsi que de la description des horreurs qu’elles subissent, lesquelles, elle qualifie de démoralisantes, de violences qui soit toujours aussi d’horribles et de cruauté. Par ailleurs, quand elle a écrit cet ouvrage en 1997 en version anglaise, elle se disait frappée, car ‘le monde à cette époque était frappé par de nombreuses guerres, dans lesquelles les justifications politiques de la violence étaient à bas niveau tandis que les pertes en civiles étaient élevées’ (180). Pour l’auteur citant l’Unicef, ‘la solution à cette tragédie qui frappe les Enfants-soldats pourrait en grande partie être empêchée… Brutalité, violence, viol et torture — tout cela prendrait fin demain si la volonté de 179

PNDDR, Rapport d’évaluation des bénéficiaires du PNDDR:Synthèse, document non publié, 2011. 180 NORSDSTROM. C., Filles et Zones de guerre, questions troublantes, Life & Peace Institue, Deuxième édition en français, traduite en 2005, p.5.

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mettre un terme à ces violences existait, ou si le reste d’entre nous inventait de moyens d’y mettre fin’181. ’Le monde doit développer et entretenir une culture qui dissuade les combattants de diriger la violence contre ceux qui la méritent le moins et qui est le moins capable de se défendre’182. Mais pour Craca Machel, Chaiperson, Studyon the Impact of armed Conflict on Children, cité encore une fois de plus par Carolyn, ’En réalité, la solution la plus importante, c’est-à-dire l’acte dont dépendent finalement toutes les solutions, est de lever le voile de silence qui entoure les nombreuses guerres auxquelles les filles sont exposées. Ce silence, comme [elle a indiqué dans l’introduction de son étude], est lié à la politique et au pouvoir qui sont l’un comme l’autre fondamentalement impliqué dans toute forme de violence des droits de l’homme… ‘183. Bien que cette étude touche à question des Enfants-soldats, et plus singulièrement les filles, aux politiques et au pouvoir, elle se démarque de la nôtre, car, l’angle de notre sujet ainsi traité, aborde beaucoup plus le champ d’action de DDR-Enfants-soldats sans distinction des filles et des garçons, les causes de ses échecs, les défis ainsi que les approches et les stratégies alternatives de réintégration durable des Enfants-soldats ex-soldats. Comme Carolyn a invité ’le reste d’entre nous, d’inventer de moyens d’y mettre fin’. Vu ainsi, les trois principaux axes se dégagent de cette revue de littérature à savoir : a) - les causes des échecs du DDR en général et du DDR — Enfants-soldats en particulier, — les défis auxquels toutes les parties doivent faire par rapport en vue de la réintégration réussie, — les modèles ou schémas types de réintégration que nous mettons sur pieds comme notre contribution non seulement à la science, mais aussi et surtout pour le succès de cette thématique clé pour la consolidation de la paix, la justice, la démocratie et le développement dans pays POST-CONFLITS.

4.4. ISOBEL MCCONNAN ET SARAH UPPARD Dans leur ouvrage intitulé ’Des Enfants-soldats, pas de soldats. Lignes directrices pour le travail avec les Enfants-soldats et les Enfants-soldats associés aux forces combattantes’. La première a commencé à s’intéresser à la situation des Enfants-soldats engagés dans les conflits armés dans le cadre de son propre travail avec des Enfants-soldats et des jeunes en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza au milieu des années 80. Après plusieurs fonctions avec les organisations internationales, elle s’est consacrée sur des questions humanitaires et de développement, et a contribué à l’apprentissage 181

UNICEF,The state ofthe World’sChildren 1996 (Oxford University Press : Oxford), 1996.p.11. 182 NORSDSTROM. C., les filles en Zones de guerre, Op.Cit, P.50. 183 NORSDSTROM,C. ? Les filles en zones de guerre, idem, p51.

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organisationnel en tant que facilitatrice et évaluatrice de projet. La seconde, en sa qualité de conseillère sur les Enfants-soldats séparés pour Save the Children, a écrit en collaboration un guide de terrain sur le travail avec les Enfants-soldats séparés. Son travail dans ce domaine est de plus en plus axé les Enfants-soldats, tant au niveau politique qu’au niveau de la programmation.

4.5. PROCESSUS DE DÉMOBILISATION DES ENFANTS-SOLDATS SOLDATS EN RDC ET AU SUD-KIVU 4.5.1. Mobile général de démobilisation Le mobile général de la démobilisation des Enfants-soldats dans les groupes et forces armés, réside sans doute dans les nombreuses résolutions du conseil de sécurité des Nations unies, de plusieurs instruments nationaux et internationaux, des appels des organisations nationales et internationales de protection de l’enfance, des cris d’alarme de la société civile congolaise, des organisations du système des N.U. cas de l’Unicef et de l’OIT et PNUD, qui interdisent l’utilisation des Enfants-soldats dans des conflits armés, et qui considèrent cette pratique d’une part comme ‘un crime de guerre et contre l’humanité’ et d’autre part, comme une pire forme de travail pour les Enfants-soldats184.

4.5.2. Contexte et historique du processus DDR en RDC 4.5.2.1. Genèse du DDR au Congo Le processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR a commencé en 1999 avec la problématique des Enfants-soldats, avant de s’étendre, peu après, aux autres groupes vulnérables (vieillards, invalides, malades chroniques, blessés de guerre, veuves et orphelins militaires…). La République Démocratique du Congo fait par rapport aux violations massives des droits de l’homme depuis plusieurs décennies. Les guerres 1996 et 1998 n’ont fait qu’amplifier une situation de plus en plus préoccupante. Le contexte particulier des conflits armés a donné lieu à un nouveau phénomène en République démocratique du Congo. Ce phénomène est apparu pour la première fois lors de la guerre dite de libération menée par l’Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) qui drainait plusieurs Enfants-soldats dans ses rangs, connus sous le surnom collectif de ‘Kagodo’. La réalité dans le pays démontre que des milliers d’Enfants-soldats ont été utilisés comme combattants par les forces et groupes armés. À l’absence 184

Les résolutions du Conseil de Sécurité, organisations nationales et internationales et différents instruments juridiques cités ci-haut.

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des statistiques exactes, on estime à plus de 30.000, le nombre d’Enfantssoldats impliqué dans les conflits armés en RDC (Statistiques des années 2005 et 2006). Cet effectif est avancé en tenant compte de la définition de l’enfant associé aux forces et groupes armés, comme stipulé par les Principes du Cap : ‘toute personne âgée de moins de 18 ans, utilisée par des forces armées ou un groupe armé régulier ou irrégulier, quelle que soit la fonction qu’elle exerce, notamment, mais pas exclusivement celle de cuisinier, porteur, messager, et toute personne accompagnant de tels groupes qui n’est pas un membre de leur famille. Cette définition englobe les filles utilisées à des fins sexuelles et pour des mariages forcés. Elle ne concerne donc pas uniquement les Enfants-soldats qui sont armés ou qui ont porté des armes185‘. La société civile est impliquée dans le processus DDR, de façon générale et son apport est palpable. Sa lutte pour la démobilisation et la réinsertion des Enfants-soldats associés aux forces et groupes armés a commencé quelque 5 mois après le déclenchement de la Deuxième Guerre, soit en janvier 1999186. Du petit groupe de réflexion qui se réunissait sous l’égide de l’UNICEF à Kinshasa naquit le Groupe d’Action pour la Démobilisation et la Réinsertion des Enfants-soldats (GADERES) à l’issue du tout premier séminaire au Congo sur ‘Information et formation sur la démobilisation et la réinsertion des Enfants-soldats’, tenus à Kinshasa, du 7 au 11 juin 1999. La pression exercée par la naissance du GADERES, réseau de la société civile spécialisée dans la problématique des Enfants-soldats, et par la communauté internationale, poussa le gouvernement de monsieur LaurentDésiré Kabila, au-delà d’une simple reconnaissance de la présence de ces Enfants-soldats dans les rangs des Forces armées Congolaise (FAC) d’alors, à s’impliquer dans le processus. C’est ainsi qu’un forum international sur la question des Enfants-soldats fut organisé, du 6 au 10 décembre 1999 et connut la participation des délégués des pays ayant déjà expérimenté la problématique des Enfants-soldats associés aux forces et groupes armés tels que le Mozambique, le Libéria, la Sierra Leone, l’Angola, le Nicaragua, le Sri Lanka187. Des recommandations de ce forum, découla la mise sur pied d’une base juridique nationale, venue renforcer les convictions des uns et des autres sur la nécessité de réhabiliter les Enfants-soldats dans leurs droits : c’est sans doute le Décret-loi no 066/2000 du 9 juin 2000, signé par le président Laurent-Désiré KABILA et portant démobilisation et réinsertion des groupes vulnérables présents au sein des forces combattantes. Il s’en est suivi la création, le 13 janvier 2001, du Bureau national de Démobilisation et de 185

RDC principes de CAP op .cit. Amnesty International, Enfants en guerre, op. cit. p. 17. 187 RDC, Forum international sur la question des enfants soldats, du 06 au 10 décembre 1999, Kinshasa, 1999. 186

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Réinsertion (BUNADER) structure gouvernementale de coordination du processus DDR, placée en son temps sous la double tutelle des ministères de la Défense et des Droits humains188. Il sied de noter que ce Bureau n’a pu être opérationnel que dans 6 provinces entièrement sous contrôle du gouvernement de Kinshasa, à savoir : la ville de Kinshasa, le Bandundu, le Bas-Congo, le Kasaï Occidental, le Kasaï Oriental et le Katanga189.Réconfortée par cette étape capitale, la société civile a accentué la sensibilisation à la base en vue de la mobilisation et de la conscientisation des différentes catégories sociales, tant dans les milieux urbains que ruraux. Des actions de plaidoyer ont continué pour la ratification de la RDC en mars 2001, de certains instruments juridiques internationaux de protection de l’enfant, notamment la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, le Protocole facultatif concernant l’implication des Enfants-soldats dans les conflits armés, la Convention 182 de l’OIT concernant les pires formes de travail des Enfants-soldats et l’action immédiate en vue de leur élimination. Une autre étape importante du processus est sans doute le lancement officiel, par le président Joseph KABILA, de la ‘Campagne d’information et de sensibilisation sur la démobilisation et la réinsertion des Enfants-soldats’, le 14 juin 2001 au Palais de la Nation. C’est au cours de cette rencontre que le chef de l’État congolais édicta les ‘Mesures conservatoires’ concernant :  L’arrêt de recrutement des Enfants-soldats de moins de 18 ans au sein des forces combattantes ;  L’arrêt de l’envoi des Enfants-soldats de moins de 18 ans sur les lignes de front ;  L’arrêt de l’utilisation des Enfants-soldats de moins de 18 ans à des tâches purement militaires, dont le maniement d’armes. En plus des cas de libération des Enfants-soldats dans le rang du Rassemblement congolais pour la Démocratie (RCD) et autres groupes armés, l’événement du 18 décembre 2001 au Centre d’instruction de Kibomango peut être qualifié de couronnement de la lutte menée depuis 1999. En effet, c’est à cette date que le président Joseph KABILA a procédé au lancement de la phase expérimentale de démobilisation et de réinsertion des Enfants-soldats avec près de 300 Enfants-soldats, dont 20 filles. Depuis lors, d’autres vagues de démobilisation ont eu lieu dans les deux Kasaï, au Katanga et ailleurs. Des centaines des groupes vulnérables dont les veuves et les orphelins ont été démobilisés à Kinshasa en 2002 et pris en charge par un projet du Bureau international du Travail en RDC dans le volet réinsertion économique. Quant à l’atelier de ‘Planification stratégique intérimaire du programme national de prévention, désarmement, démobilisation et réintégration des Enfants associés aux forces et groupes armés’ organisés à 188 189

RDC, Décret-loi no 066/2000 du 9 juin 2000, op.Cit. Les restes des provinces étaient sous occupation des belligérants.

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l’Hôtel Memling de Kinshasa, du 22 au 25 avril 2003, il a eu le mérite de réunir toutes les parties congolaises au conflit ainsi que les acteurs du DDR, afin de parler – pour la première fois – de la problématique des Enfantssoldats associés aux forces et groupes armés. Dans le même ordre d’idées, il a énoncé 4 Principes directeurs notamment le fait que : ‘Les besoins des Enfants-soldats congolais doivent être considérés dans une manière non discriminatoire et irrespectueuse de la situation politique190. Le gouvernement de la RDC s’est alors appuyé sur les acquis de cet atelier pour créer le ‘Comité technique de Planification et de Coordination du DDR (CTPC), le 18 octobre 2003, avec comme entre autres missions de concevoir et de finaliser le cadre opérationnel pour le désarmement volontaire, la démobilisation et la réinsertion socio-économique des groupes et entités armés. Le CTPC céda la place à l’unité de mise en œuvre d’un programme réellement national : la Commission nationale de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion ‘CONADER ()’. Il s’en est suivi du Comité interministériel chargé de la conception et de l’orientation en matière de DDR — CIDDR — (décret 041) du Comité de Gestion des Fonds de DDR — GFDR — : gestion financière et passations de marché (décret 043, et de la Structure militaire d’Intégration — SMI-créée, le 26 janvier 2004 par décret 04/014. Le Comité interministériel comprenait les ministères de la Défense nationale ; des Affaires sociales, Actions humanitaires et Solidarité nationale ; du Genre, Famille et Enfant. En attendant la démobilisation et la réinsertion de tous les groupes vulnérables présents au sein des forces combattantes, il y a lieu de retenir que des programmes d’accueil, d’encadrement, d’accompagnement psychosocial et de suivi des Enfantssoldats démobilisés furent développés dans plusieurs coins de la RDC, à savoir : Moba, Kalemie, Goma, Beni, Bunia, Aveba, Mahagi, Kisangani, Gbadolite, Gemena, Mbandaka, Kindu, Mushienene, Bukavu, Uvira, Lubao, Kananga, Kinshasa, Muanda, Kamina, etc. Un autre programme intérimaire pour faire par rapport aux urgences de l’Ituri (Province orientale, a été lancé le 1er septembre 2004 sous la dénomination de Désarmement et Réinsertion, communautaire ‘DRC’. Il visait essentiellement le retour des ex-combattants dans la communauté, Enfants-soldats et adultes. Il s’en est suivi le ‘Programme Amani’, issu des accords et engagements de Goma…

4.5.3. Le Programme national de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (PNDDR, et le Cadre opérationnel Le processus DDR a atteint sa vitesse de croisière avec le lancement officiel du Programme national de Désarmement, Démobilisation et 190

RDC, Atelier de ‘Planification stratégique intérimaire du programme national de prévention, désarmement, démobilisation et réintégration des enfants associés aux forces et groupes armés’ organisé à l’Hôtel Memling de Kinshasa, du 22 au 25 avril 2003.

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Réinsertion ‘PNDDR’, le 24 juillet 2004. Ce programme, entériné par le gouvernement de la République, est le seul cadre de référence pour toute activité à mener sur terrain. 4.5.3.1. Résumé sur le développement structurel du PNDDR  Comité interministériel du DDR (CIDDR) : créé par Décret présidentiel no 03/041 du 18 décembre 2003 et chargé de la conception et de l’orientation en matière de DDR (il est composé du président de la République qui en assure la présidence tandis que la 1re viceprésidence est assumée par le ministère de la Défense, suivi des Ministères des Affaires sociales et de la Solidarité et Affaires humanitaires.  Commission nationale de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (CONADER) : Instance de mise en œuvre du PNDDR (planification, coordination, gestion et suivi-évaluation) créée par Décret présidentiel 03/042 du 18 décembre 2003.  Comité de Gestion de Fonds de DDR (CGFDR) : créé par Décret présidentiel 03/043 du 18 décembre 2003 et chargé de la gestion financière des ressources allouées au PNDDR. Ce comité fut par la suite supprimé, pour raisons d’inefficacité. Unité d’Exécution du Programme national de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (UE-PNDDR) : 4.5.3.2. Objectif du PNDDR A. Objectif global Le PNDDR vise la consolidation de la paix, le renforcement de la sécurité, la réforme de l’armée ainsi que la contribution à la stabilisation régionale. B. Objectifs spécifiques Désarmer les combattants (Enfants-soldats et adultes), appartenant aux forces et groupes armés qui ne seront pas intégrés dans l’armée nationale et restructurés. Démobiliser les effectifs excédentaires des forces et groupes armés. En d’autres termes, opter pour le départ des combattants non éligibles à l’intégration de la future armée intégrée. Réinsérer socialement et économiquement les personnes démobilisées, en famille ou dans la communauté.

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4.5.4. Objectifs, cibles, principes directeurs et thèmes transversaux Le DDR possède les objectifs suivants :  contribuer à la sécurité et à la stabilité en facilitant la réintégration et en assurant l’environnement propice à la remise en état et à la reprise ;  restaurer la confiance à travers l’instauration d’un climat de confiance entre les factions conflictuelles et avec l’ensemble de la population ;  éviter ou minimiser l’éventualité de futurs conflits violents ;  contribuer à la réconciliation nationale et libérer les ressources humaines et financières ainsi que le capital sociétal pour la reconstruction et le développement.  Comprendre les raisons ayant été à la base du développement et de la mise en œuvre du PNDDR ;  Comprendre les objectifs, les étapes, les cibles ainsi que les principes relatifs au programme des combattants adultes et Enfants-soldats ;  Mieux comprendre les rôles et les responsabilités des acteurs impliqués dans le processus DDR. Cependant, il ne faut pas s’attendre à ce que le DDR à lui seul soit capable de prévenir d’autres conflits et rétablir la stabilité. Il doit être accompagné par d’autres réformes économiques, politiques et sociales. De ce fait, le DDR doit être conceptualisé, conçu planifié et implanté dans un cadre de redressement et de développement plus large191,192 4.5.4.1. Cibles du PNDDR La définition des groupes cibles du PNDDR peut se comprendre de la manière suivante : a) Catégories concernées par le PNDDR  Volontaire : combattant qui se présente à la démobilisation et décide d’abandonner volontairement la vie militaire et d’être réinséré dans la vie civile.  Excédentaire : combattant apte, mais non repris à la fin de différentes étapes du processus de sélection pour l’incorporation dans la nouvelle armée nationale.  Enfant associé aux forces et groupes armés (à approfondir plus tard).  Femme combattante : considérée comme cible à part entière lors des campagnes de sensibilisation, vu sa spécificité et les rôles qu’elle joue dans les forces et groupes armés. 191

PNUD, dans un souci de cohérence, les questions ci-dessous sont également ajoutées aux SDDRI. Pour plus de précisions, référez-vous au module SDDRI 04.40, Réintégration des excombattants 192 http://intra.undp.org/bcpr/workspaces/cpr/files/progr_proj/toolkit_guide.htm.

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 Handicapé, malade chronique, vieillard : combattant présentant une déficience, due à une blessure, une maladie chronique ou un accident résultant de sa participation au conflit. b) Catégories non concernées par le PNDDR Les personnes à charge : membres de famille restreinte du combattant et qui sont à sa charge. Ils ne sont pas des bénéficiaires directs du PNDDR, mais le cadre familial du combattant sera pris en compte dans la planification et la mise en œuvre de différentes phases du programme.  Les veuves et les orphelins : la gestion des dossiers de paiement des retraites n’étant pas visée par le PNDDR, il a été recommandé que la question concernant les rentes pour veuves et orphelins soit traitée par une commission ad hoc, composée de l’État-major général, des Secrétariats généraux, à la défense et aux anciens combattants, de la Direction des œuvres sociales et de la fonction publique C. Autres structures faisant partie du cadre institutionnel du PNDDR  Comité technique de Planification et de Coordination (CTPC) créé par Arrêté ministériel 027/2003 du 18 octobre 2003 avec pour mission d’assurer la coordination et le suivi technique des opérations d’urgences du DDR pendant la phase intermédiaire ; coordonner l’élaboration du PNDDR et servir de cadre de coordination des initiatives de coopération en appui au PNDDR.  Structure militaire d’Intégration (SMI) créée par Décret présidentiel 04/014 du 26 janvier 2004 : tronc commun avec le PNDDR (voir approche intégrée). 4.5.4.2. Principes directeurs du PNDDR a) Principes politiques  Responsabilisation nationale : le PNDDR relève de la responsabilité du gouvernement de la République.  Approche intégrée : en vue de la réforme du secteur de la défense, le PNDDR est fondé sur le principe de tronc commun, c’est-à-dire l’identification, le regroupement, la sensibilisation et l’orientation (Armée = identification générale des effectifs ; PNDDR = préparation et gestion de la démobilisation et de la réinsertion).  Dimension régionale : le progrès dans le secteur de la défense favorisera certainement un climat de confiance dans la sous-région des Grands Lacs.  Respect des droits humains : le PNDDR tient compte du respect des droits fondamentaux de l’homme.

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b) Principes institutionnels  PNDDR comme cadre unique des activités de démobilisation et de réinsertion.  Intégrité institutionnelle : le caractère multisectoriel du DDR exige une capacité de coordination politique, technique et opérationnelle. Le CIDDR et l’UE-PNDDR sont la réponse à cette question. c) Principes opérationnels  Partenariat élargi et diversifié La complexité du PNDDR exige la participation d’un nombre important des partenaires qui doivent couvrir les besoins y afférents. Le programme opte donc pour un partenariat ‘élargi et diversifié’ afin de profiter des avantages comparatifs des acteurs impliqués dans le DDR.  Mise en œuvre décentralisée Pour assurer la proximité institutionnelle avec les bénéficiaires du programme ainsi que l’efficacité dans la prise des décisions.  Flexibilité opérationnelle Permets au programme, au niveau de planification, de s’ajuster aux éventuelles contraintes et difficultés de terrain.  Transparence et rigueur Une définition claire des règles assure cette rigueur au niveau du cadre juridique de la démobilisation, la mise en place d’un dispositif fiable de gestion des bénéficiaires et des ressources financières.  Traitement spécifique des groupes vulnérables Ces groupes vulnérables sont composés de : Enfants-soldats associés aux forces et groupes armés, handicapés, malades chroniques et femmes combattantes démobilisées.  Perspective ‘Genre’193 Le PNDDR reconnaît la dimension ‘Genre’ en vue de mieux apprécier les caractéristiques des hommes et des femmes, de combler les disparités dans le processus de réinsertion et de prendre en considération le rôle qu’ils pourront jouer…  Prévention du VIH/SIDA et les IST194  Sensibilisation Activité qui apporte à tous la clarification sur le PNDDR, le bien-fondé de la démobilisation, les critères d’éligibilité à l’intégration de la nouvelle armée, etc.

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SDDRI 05.10, les femmes, le genre et le processus DDR. UNITED NATIONS INTER AGENCY WORKING GROUP ON DISARMAMENT, DEMOBILIZATION AND INTERGRATION, operational Guide,To the intregrated disarmament, demobilization and reintegration standards,2006,pp241-248. 194

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4.5.5. Activités à entreprendre pour le succès de la démobilisation i. Sensibilisation. La sensibilisation a un rôle important à jouer le long du processus DDR. Elle vise la gestion des attentes des bénéficiaires ainsi que le rétablissement de la confiance. ii. Environnement. La guerre ayant favorisé l’exploitation illégale et le pillage des ressources naturelles, le PNDDR doit réserver une place non négligeable à l’environnement et prévoir des mécanismes susceptibles d’assurer la restauration des espaces protégés, des sols et de l’environnement global iii. ‘Genre’, étant donné que les femmes sont affectées par les conflits armés différemment que les hommes, le PNDDR tient à intégrer cette différence dans le processus de l’implication de la femme à toutes les phases du processus DDR. iv. VIH/SIDA et IST. Le contexte de guerre favorise la propagation du VIH/Sida et des IST. Il est donc impérieux d’inclure des mesures de prévention dans le PNDDR (dépistage sur base volontaire, par exemple). Les stratégies y afférentes doivent être mises en œuvre dans le cadre du Programme national multisectoriel de lutte contre le Sida (PNMLS).

4.6. LE CADRE OPÉRATIONNEL POUR ENFANT 4.6.1. Objectifs, cibles, étapes et principes spécifiques applicables aux Enfants-soldats Il s’agit ici du processus de DDR-Enfants-soldats, régi par le Cadre opérationnel pour Enfants-soldats associés aux forces et groupes armés. Le Cadre opérationnel fait partie intégrante du PNDDR. Il a été adopté par le gouvernement de la République, le 7 mai 2004 et a pour bénéficiaires les Enfants-soldats associés aux forces et groupes armés.

4.6.2. Objectifs a) Objectif général  Sortir tous les Enfants-soldats des forces et groupes armés. b) Objectifs spécifiques  Faciliter le retour à la vie civile des Enfants-soldats sortis des forces et groupes armés.  Contribuer au renforcement et à la durabilité des capacités des conditions favorables à la protection des Enfants-soldats, tout en 144

suscitant l’appropriation des mécanismes et outils de réinsertion par la communauté.  Développer des stratégies particulières en vue de la sortie et de la réinsertion des filles associées aux forces et groupes armés.  Prévenir l’enrôlement des Enfants-soldats et promouvoir le cadre légal pour le respect des droits de l’enfant.

4.6.3. Cibles Le Cadre opérationnel s’adresse exclusivement aux Enfants-soldats associés aux forces et groupes armés, conformément aux Principes du Cap, lesquels entendent par cette catégorie d’enfant ‘toute personne âgée de moins de 18 ans, utilisés par des forces armées ou des groupes armés réguliers ou irréguliers, quelles que soit la fonction qu’elle exerce, notamment, mais pas exclusivement celle de cuisinier, porteur, messager, et toute personne accompagnant de tels groupes qui n’est pas un membre de leur famille. Cette définition englobe les filles utilisées à des fins sexuelles et pour des mariages forcés. Elle ne concerne donc pas uniquement les Enfants-soldats qui sont armés ou qui ont porté des armes’.195 4.6.3.1. Personnes éligibles au DDR-Enfants-soldats  Les Enfants-soldats actuellement associés aux forces et groupes armés qui passent par le processus de vérification.  Les Enfants-soldats associés aux forces et groupes armés qui n’ont jamais reçu d’appui d’une agence de protection de l’enfance et qui se présentent d’eux-mêmes pour la vérification.  Les Enfants-soldats ré enrôlés dans les forces et groupes armés.  Les Enfants-soldats déjà passés par un processus officiel de démobilisation, mais qui ont besoin d’un programme d’assistance spécialisée (ex. : Enfants-soldats handicapés, toxicomanes) etc. 4.6.3.2. Personnes non éligibles  Les Enfants-soldats qui sont déjà passés par un processus officiel et ont bénéficié d’un appui à la réinsertion.  Les personnes à charge des combattants adultes.  Les personnes ayant suivi une procédure de vérification lorsqu’elles avaient moins de 18 ans, sans toutefois sortir des forces et groupes armés : elles ont aujourd’hui plus de 18 ans.

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RDC, Principes de Cap Op.cit.

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4.6.4. Principes opérationnels spécifiques applicables aux Enfantssoldats a) Inconditionnalité : aucune condition ne devra être posée à la sortie des Enfants-soldats des forces et groupes armés. b) Désertion : les Enfants-soldats ne peuvent être considérés comme déserteurs, en sortant des forces et groupes armés. Leur place est plus tôt en famille et dans la communauté civile. Par contre, leur présence au sein des forces et groupes armés constitue une violation flagrante de leurs droits et contredit les engagements nationaux et internationaux. c) Justice civile : les Enfants-soldats détenus pour délits civils, commis au sein des forces et groupes armés, doivent, dans la mesure du possible, être identifiés par le programme en vue d’une assistance judiciaire, mettant en exergue leur immaturité et leur inclusion dans les forces et groupes armés. d) Conduite du personnel : strict respect du code de conduite y relatif. e) Médias : la présence des médias n’est pas acceptée dans l’étape d’accueil et le rassemblement. Les médias doivent également respecter le code de conduite pour les autres étapes du processus. f) Approche communautaire : mets un accent particulier sur la responsabilisation de la communauté, prends en compte les autres enfants de la famille/communauté d’accueil et évite que l’enfant réinséré soit stigmatisé. g) Transfert de dossier : ce transfert doit se faire entre agences de protection de l’enfance afin d’assurer la continuité dans l’encadrement des Enfants sortis des forces et groupes armés. h) Participation des Enfants-soldats : ces derniers peuvent participer ou être consultés (individuellement ou collectivement) à tous les niveaux du processus les concernant. i) Capacités : les intervenants dans le DDR-Enfants-soldats doivent renforcer leurs capacités pour plus d’efficacité sur terrain. j) Non-discrimination : consiste à véhiculer des messages pouvant renforcer l’esprit de solidarité afin d’éviter toute stigmatisation et de favoriser la réinsertion des Enfants-soldats sortis des forces et groupes armés. k) Confidentialité : toutes les informations fournies par l’enfant doivent rester confidentielles. Les Enfants-soldats sortis des forces et groupes armés devront être informés sur le fait qu’ils ne sont pas tenus de parler de leurs expériences dans ces forces et groupes armés, audelà de l’étape de vérification.

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4.6.5. Étape du Cadre opérationnel – Enfants-soldats a) Identification. Activité purement militaire qui consiste à identifier des personnes paraissant ou prétendant être des Enfants-soldats. b) Vérification. Activité réalisée au moyen d’un entretien individuel, menée par un agent de protection de l’enfance, la vérification est une phase par laquelle l’on cherche à déterminer le statut de la personne concernée (âge, recherche familiale, protection…). c) Documentation. La documentation aide à obtenir le plus d’informations possible sur l’enfant vérifié et certifié afin d’apporter une réponse adaptée à ses besoins (recherche et réunification familiales, protection), etc. d) Recherche et réunification familiales Étape qui consistent à localiser la famille de l’enfant en vue de sa réunification. e) Réinsertion. Processus par lequel l’enfant retrouve une place dans la communauté, laquelle lui permet de jouer un rôle actif dans le rétablissement des liens essentiels à son développement. Par communauté, on entend la famille et les structures de l’environnement communautaire. f) Suivi. L’étape de suivi assure la continuité des approches et permet d’offrir un support et une réponse appropriés à l’évolution des besoins et des circonstances. Il permet également d’assurer une meilleure coordination des services et contribue à la viabilité des interventions sur terrain.

4.7. RÔLES DE LA SOCIÉTÉ CIVILE, DES ONG NATIONALES ET INTERNATIONALES DE DROIT DE L’HOMME, DU GOUVERNEMENT CONGOLAIS ET DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

La société civile est la ‘la force vive’ d’une société. Elle est une structure (une plate-forme) non étatique qui regroupe plusieurs acteurs sociaux, entrepris socio-économiques, institutions sociales, syndicats, églises… dans une société donnée196 la société civile constitue le contre poids du gouvernement et de ses dirigeants à travers son rôle ‘incitateur (sanctions et récompenses) d’observateur, de contrôleur, de surveillant et d’interpellateur, en respectant le principe de la redevabilité.197 De façon passagère, quand nous avons essayé de tracer l’historique et la genèse du processus de la démobilisation, nous avons sans doute montré le rôle joué par chaque partie prenante dans la création du petit groupe de 196

MURHABAZI M., Les ONGD membres de la société civile d’Uvira et leur impact sur face à la redevabilité sociale et à la participation communautaire, mémoire de licence en développement communautaire,UO- CIDEP, extension d’Uvira, Uvira 2010 ; p. 18. 197 PREFED, société civile congolaise a un tournant, éd.développement et paix, janvier 2004, P64.

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réflexion qui se réunissait sous l’égide de l’UNICEF à Kinshasa d’où naquit le Groupe d’Action pour la Démobilisation et la Réinsertion des Enfantssoldats (GADERES) à l’issue du tout premier séminaire au Congo sur ‘Information et formation sur la démobilisation et la réinsertion des Enfants-soldats’, tenu à Kinshasa, du 7 au 11 juin 1999. La pression exercée par la naissance du GADERES, réseau de la société civile spécialisée dans la problématique des Enfants-soldats, et par la communauté internationale poussa le gouvernement de monsieur LaurentDésiré Kabila, au-delà d’une simple reconnaissance de la présence de ces Enfants-soldats dans les rangs des Forces armées Congolaises (FAC) d’alors à s’impliquer dans le processus. C’est ainsi qu’un forum international sur la question des Enfants-soldats fut organisé, du 6 au 10 décembre 1999. Il connut la participation des délégués des pays ayant déjà expérimenté la problématique des Enfants associés aux forces et groupes armés. De ce qui précède, le rôle de la société civile n’est pas à démonter. Disons par ailleurs que les rôles joués par les autres partenaires sociaux susmentionnés ont été plus que prépondérants et multiples. De l’unification des Enfants-soldats démobilisés à leurs familles et communautés, dans un pays sans réseau routier à la réinsertion sociale en passant par l’appui financer grâce à la mobilisation des fonds auprès de leurs bailleurs et l’unification des belligérants au pouvoir central qui était coupé en trois fractions, et l’instauration de l’autorité de l’État et l’établissement petit à petit du système sécuritaire voir la projection des élections démocratiques après plus de 40 ans dans un pays sans aucun indicateur favorable. La liste n’étant pas exhaustive, tout ceci n’a besoin d’être démontré.

4.8. LA CONADER, ALORS SERVICE TECHNIQUE DU GOUVERNEMENT : FORCES ET FAIBLESSES Nous avons présenté la CONADER dans l’historique et la genèse du processus de la démobilisation. Elle fut l’Instance de mise en œuvre du PNDDR (planification, coordination, gestion et suivi-évaluation) créée par Décret présidentiel 03/042 du 18 décembre 2003. Ses forces devaient certainement se faire valoir les objectifs lui assignés. Dommage, ceux-ci furent un échec. C’est la raison pour laquelle elle fut remplacée par l’UEPNDDR. Les faiblesses de la CONADER étaient dites aux problèmes graves de coordination existant au niveau du gouvernement et du siège de la CONADER à Kinshasa. Dès le début, le rôle respectif des trois organismes gouvernementaux responsables de la DDR à savoir : le comité interministériel, — le CGFR et la CONADER, était mal défini, ce qui a entraîné la ’concurrence et les conflits, plus particulièrement entre la CONADER et le CGFDR, et cela s’est donc traduit par des retards, notamment dans le processus de passation des marchés et partant dans le 148

calendrier de mise en œuvre du programme198 les problèmes ont persisté même après dissolution du CGFDR en mai 2005 en vue de régler la situation. Le démarrage de ces deux programmes restant a été considérablement retardé par la réticence des autorités politiques et militaires à engager un tel processus ainsi que par d’importants problèmes techniques et de gestion. La mise sur pied de ces deux programmes restait extrêmement difficile, l’insécurité persistante dans l’Est de la RDC, tout ceci perturba leur bon déroulement et parfois leurs chances de succès199. Par ailleurs jusqu’- en 2006 aucun projet destiné aux Enfants-soldats n’avait reçu l’approbation finale (14 projets auraient toutefois été en cours d’examen). La CONADER semble peu compétente en matière de réinsertion200. Ainsi, les faiblesses de la CONADER se sont manifestées principalement :  Problèmes techniques et de gestion,  La mise en œuvre du PN — DDR a été entravée par des retards ainsi que par le manque de coordination entre les FARDC et la CONADER, notamment s’agissant des mouvements des troupes vers les centres d’orientation  Des allégations de corruption ont été formulées contre CONADER201.  La banque mondiale s’est montrée fortement préoccupée par les difficultés institutionnelles et notamment par les problèmes financiers, si bien que le cabinet international KPMG s’est vu confier, en août 2005, les tâches principales de gestion financières. Le budget de la CONADER a été partiellement décentralisé dans les bureaux provinciaux et la Banque mondiale a commencé a supervisé directement le travail d’une partie des techniciens de la CONADER.  Jusqu’en mars 2006, la CONADER avait enregistré dans sa base de données environ 4200 Enfants-soldats.202  Les problèmes étaient également apparus parce que les responsables locaux de la CONADER ne respectaient pas le principe de la séparation entre adultes et les Enfants-soldats dans le centre d’orientation selon des ONG, etc. Devant une situation telle que présentée, il serait pratiquement impossible de parler de la réinsertion durable ou réussie pour les ESFGA. 198

MDRP, Rapport de situation et plan de travail, janvier-mars 2005. AMNESTY INTERNATIONAL, Enfants en guerre, op.cit. p ;4 200 Enfant en guerre, op.cit .p .21. 201 MONUC, dans son 21e rapport sur la MONUC présentée en juin 2006, le Secrétaire général des Nations unies, a fait observer : ‘les graves défaillances de gestion de la CONADER notamment le détournement de fonds, dont il fait état, continuent d’entraver l’application efficace u programme de DRR 202 Ibid p: 23. 199

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CHAPITRE CINQUIÈME Cadre conceptuel et théorique de l’étude

5.1. REVUE DES VARIABLES DE L’ÉTUDE (VARIABLES INDÉPENDANTES ET DÉPENDANTES), CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE

Ce point, revêt une importance capitale, car, il présente les variables de notre recherche. Il sied de souligner que d’après G. De Landshere « les variables dans une œuvre scientifique, peuvent se distinguer en deux catégories principales à savoir : les variables indépendantes et les variables dépendantes ».  La variable indépendante : C’est la cause dans la relation de cause à effet. Ici, l’on se pose la question de savoir ‘Quelle est l’incidence de telle ou telle variable sur le rendement.’ C’est pourquoi la variable indépendante est aussi appelée variable expérimentale, variable active, variable stimulus étant que stimulus, dans le cadre notre recherche, nous nous sommes posé la question de savoir, qu’est-ce pousse les enfants et les adolescents à se faire recrutement ou enrôler de gré ou de force dans les forces et groupes armés ? Plusieurs réponses couplées de notre expérience dans le travail avec ces enfants, nous armés à une multitude d’hypothèses et des réponses pratiques que nous verrons par la suite.  La Variable dépendante : Elle désigne l’effet, la conséquence. C’est la variable passive appelée parfois variable réponse, voire variable critère parce qu’elle indique le phénomène que le chercheur cherche à expliquer. Les mesures de critère (criterion measures) sont donc celles que l’on fait sur le groupe expérimental, sur celui que l’on fait varier systématiquement203. Ainsi, à notre qualité de sociologue à différence des économistes qui s’intéressent la question ‘Comment ?’, nous par contre, nous nous posons la question ‘Pourquoi ?’. Le cadre logique ci-après nous permettra d’expliquer les variables de notre travail. 203

G.De LANDSHEERE, idem, p.22.

5.2. CADRE LOGIQUE DE NOTRE RECHERCHE Il s’agit bien entendu de la visualisation du modèle d’arrangement des variables indépendantes pour générer la variable dépendante = objectif de l’étude. Tableau 3 : Cadre logique de la recherche A. Cadre conceptuel Variables indépendantes 1 La réussite ou l’échec du processus DDR serait lié à la volonté politique, aux difficultés à l’orientation et formation professionnelle ainsi que celle à la réintégration socioéconomique durable, aux mauvaises approches utilisées sur terrain, à la mauvaise gestion des fonds, à la durée souvent très courte pour l’implémentation de programme DDR, aux mauvaises pratiques qui ont élu domicile dans le processus DDR par les APE, à l’incapacité et la faiblesse de notre justice de punir les auteurs d’enrôlement des Enfants dans les FGA, à la mise en application ou non de nos six approches et 23 stratégies alternatives pour le DDR — durable et du modèle stratégique, etc. 2 Les défis auxquels le processus DDR s’est buté depuis 2003, seraient liés à la non-révision de l’UEPN-DDR et de son cadre opérationnel, à la non-maîtrise des statistiques réelles de nombre d’enfants encore détenus dans les forces et groupes armés, à la non-effectivité de la restauration et de l’établissement de l’autorité de l’État à travers toute l’étendue du territoire national, à l’effectivité des réelles réformes de l’armée nationale, la PNC, la DGM et tous les services de sécurité, à l’établissement de la justice équitable, au manque suivi réel du gouvernement de tous les financements jetés par ONG, etc. 3 Les 6 approches et les 23 Stratégies alternatives, l’usage d’approche globale, holistique et communautaire, la création et l’établissement des toiles préventives communautaires et intercommunautaires, de 4 piliers DDR, 4 piliers de la médiation et 4 piliers de l’éducation, etc.… Seraient mieux indiquées pour le DDR durable, responsable et réussi. B. CADRE OPÉRATIONNEL À la question de savoir si le DDR depuis son démarrage en 2003 est une réussite ou un échec ? les résultats récoltés prouvent que le processus DDR est un échec à l’Est de la RDC en général et dans la province du Sud-Kivu en particulier, étant donné le score mitigé de 72 % tributaires à plusieurs causes d’ordre général dont : 1. La persistance des Forces et Groupes Armés, 2. L’existence des conflits de pouvoirs coutumiers et fonciers, 3. La recherche de l’autochtonie et de l’identité ainsi que des grades dans l’armée nationale par les seigneurs de guerres. 4. Les mauvaises pratiques dans le processus DDR (les opérations — retours et fabrication des fictifs groupes armés et des faux enfants soldats). 5. L’absence ou le manque de volonté politique,

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Variable dépendante Désarmement, Démobilisation et Réintégration [DDR] – Enfants soldats en période post-conflits à l’Est de la R.D. Congo : Échecs, Défis et Stratégies. Approche systémique et recherche appliquée en Province du Sud-Kivu

Désarmement, Démobilisation et Réintégration [DDR] – Enfants soldats en période POST-CONFLITS à l’Est de la R.D Congo : Échecs, Défis et Stratégies. Approche systémique et recherche appliquée en Province du Sud-Kivu

6. La faiblesse du cadre humanitaire. 7. Les mauvaises approches souvent utilisées sur terrain par les partenaires nationaux et internationaux, 8. Le budget souvent faible alloué au volet réinsertion socioéconomique des ex-combattants, 9. La durée souvent très courte pour le programme de réintégration, ainsi que la non-prise en compte du suivi technique post réintégration, 10 La manipulation des politiciens en vue de leurs positionnements et intérêts égoïstes, 11 La faiblesse du cadre opérationnel 12 L’usage de famille d’accueil transitoire négligeant ainsi la réhabilitation psychologique de l’enfant, 13 La non-restauration et établissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du pays, 14 La non-effectivité de la réforme de l’armée nationale et de l’ensemble tous les systèmes des services de sécurité. 15 La non-prise en compte et la négligence de l’orientation professionnelle qui doivent concilier les aspirations de sujet à réintégrer par rapport à ses aptitudes scolaires ainsi qu’à ses attentes socioprofessionnelles, et du marché local d’emploi, 16 L’absence souvent ‘de l’approche holistique’ dans le parcours du processus, 17 L’Usage des us et coutumes dans cette province, qui relèguent souvent la femme, et ne l’impliquent dans aucun processus DDR, bref, la non-prise en compte de l’approche ‘genre’ Les échecs dus aux difficultés liées à la formation professionnelle. 1. Le Niveau d’instruction est très bas ou quasiment nul des apprenants, 2. La charge sociale : due au fait que, la plupart d’ESFGA, devenu précocement parents, 3. Les tracasseries militaires : beaucoup d’enfants ex-soldats étaient souvent objets le rejet par la famille et la société pour certains : les plaçant ainsi dans une situation d’instabilité, nécessitant en permanence un plaidoyer et une sensibilisation. 4. Le traumatisme, bon nombre d’enfants même pendant la formation professionnelle, présentait encore des signes de blessures intérieures. D’où l’impérieuse nécessité d’envisager un service de détraumatisation adéquat à leur faveur. 5. L’état de santé précaire : c’est l’un des grands motifs de déperdition scolaire chez les enfants, même dans le système d’éducation formelle. 6. La fourniture de l’énergie électrique déficitaire pour certaines filières de formation, 7. Le changement d’adresse de certains bénéficiaires pour une destination inconnue ; le mariage des filles en dehors des zones couvertes par les programmes d’action ; 8. L’arrivée tardive des financements amenant ainsi des bénéficiaires impatients à s’engager dans d’autres programmes de réintégration ; 9. Certains enfants se faisant passer pour adultes, au centre de

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transit et d’orientation de la commission nationale de Démobilisation et la Réinsertion en sigle ‘CONADER’ afin de bénéficier ‘le filet de sécurité’ réservé aux ex-soldats adultes, 10. La distance entre les centres de formation et les lieux de résidence, obligeant ainsi certains enfants, à changer d’habitation. Les échecs liés aux difficultés de réintégration économique. 1. Les fonds de réinsertion économique souvent insuffisants, 2. La non-maîtrise de la formation professionnelle, 3. Le manque de confiance entre les membres d’un même micro-entreprise, 4. Le niveau très bas ou presque nul d’instruction pour appliquer les acquis de la formation en gestion et tenir à jour les outils de gestion. 5. Les intentions inavouées dans le chef de certains membres des micro-entrepris (par la vente ou la fuite après réception du kit de réintégration), 6. L’égocentrisme des certains ESFGA, ne favorisant pas la dynamique du groupe, 7. La période insuffisante de suivi post création des microentreprises pour les ESFGA, 8. La tendance à changer la filière de formation professionnelle pour ainsi embrasser une autre non ciblée ou non conseillée, 9. Manque des certains intrants après la réintégration économique, etc. 10. Irrégularité des membres dans le micro-entreprise, 11. Vols des matériels et parfois de l’argent par les inconnus, 12. mauvais emplacements de la micro-entreprise, 13. Les tracasseries de plusieurs services de l’État comme : La division des petites et moyennes entreprises, les services économiques, pour les taxes et patentes. etc. LES DÉFIS Le Programme DDR est un processus difficile et le pays est confronté à de multiples défis et pour s’assurer que nos efforts à protéger et à assister les enfants et les communautés soient efficaces, il faut : A. Pour les enfants : 1. Comprendre leurs différences culturelles et religieuses, 2. Comprendre l’environnement dans lequel ils ont grandi, 3. Les entendre et comprendre, 4. Les soutenir dans la créativité et les accompagner, 5. Les encourager à la productivité, 6. Instaurer la culture de la paix, 7. Instaurer les bonnes pratiques, B. Le pouvoir public Étant donné les défis multiples auxquels le pays est confronté, le DDR ne peut jamais être traité à vaste clos, il faut ‘une stratégie multisectorielle’ et impliquant forcément un grand nombre d’acteurs nationaux et internationaux. De ce fait, les interventions de l’État congolais doivent recouvrir les axes suivants : 1. La volonté politique

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2. L’effectivité de la vraie réforme et total des Forces armées de République Démocratique du Congo (armée nationale), de la police nationale congolaise, du secteur de sécurité (ANR), et de la Direction générale de Migration (DGM) et de la Direction générale des douanes et Assises (DGDA) ; 3. La réforme du DDR étant donné la complexité des contextes de ce programme et le manque d’autonomie des acteurs DDR 4. Le démantèlement et l’éradication de tous les groupes armés, mouvements d’autodéfense populaire, des milices et des toutes les forces négatives dont notamment les FDLR, FNL, ADF-NALU, LRA et de MBORORO ainsi que la restauration et le rétablissement de l’autorité de l’État à travers toute l’étendue du territoire national, 5. La résolution des conflits coutumiers et fonciers, 6. L’effectivité de la vraie réforme du système judiciaire et pénitentiaire congolais ainsi que la lutte contre l’impunité et la justice à double vitesse, 7. La réforme administrative, bonne gouvernance et démocratisation, 8. La réforme humanitaire, et le suivi des programmes, projets et ONG, sans aboutissement ni impacts rendant la base des données peu fiable 9. La redéfinition de toutes nos limites nationales avec les 9 pays voisins de la République Démocratique du Congo, par le biais de l’Institut Géographique National et les experts des autres domaines 10. L’organisation du recensement général, 11. La lutte contre la pauvreté à travers tout pays et singulièrement les familles et les communautés de retour des enfants sortis forces et groupes armés, 12. La réforme du système éducatif congolais et des programmes des cours : avec l’introduction des cours de culture de paix, gestion et résolution pacifique des conflits dès l’école primaire ainsi que celui de l’éveil patriotique, 13. La révision du cadre opérationnel, 14. La mise sur pied et le fonctionnement de 4 piliers du DDR et 4 piliers de l’éducation, 15. La revalorisation de l’agriculture et la création des fermes nationales à travers toutes les provinces, 16. La revalorisation des identités culturelles congolaises, 17. La non-affectation des originaires dans leurs provinces d’origines à partir des chefs collectivités secteurs aux gouverneurs des provinces en ce qui concerne l’administration publique et des directeurs d’écoles et préfets d’études aux proved en passant par les inspecteurs et sous proved. C. Aux Communautés, les organisations nationales et internationales et agences de la protection de l’enfant : 1. La création et l’établissement à travers toutes les communautés des toiles préventives communautaires et intercommunautaires, 2. Le changement profond des mentalités ainsi que la lutte contre l’esprit attentiste, 3. mettre fin à la perpétuation des dépendances.

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4. La dénonciation de toutes les mauvaises pratiques DDR, dont les opérations retour et la fabrication des groupes armés et des enfants soldats. 5. L’allocation du budget conséquent pour le volet réinsertion scolaire et professionnelle, 6. financer le suivi technique-accompagnement post création des petites unités de production durant plus ou moins une année ; 7. Privilégier l’approche de réinsertion du type collectif de 3 à 5 personnes, 8. D’impliquer toutes les parties prenantes et de faire usage de l’approche holistique, 9. se rendre compte du nombre même exact des enfants associés aux forces et groupes armés, etc.

5.3. THÉORIES EXISTANTES POUR EXPLIQUER OU PRÉDIRE LES RELATIONS ENTRE LES VARIABLES INDÉPENDANTES (VI) ET LA VARIABLE DÉPENDANTE (VD) 5.3.1. La théorie de la réintégration (sociologie de l’intégration) 5.3.1.1. La Théorie de l’intégration L’intégration est une notion fondatrice en sociologie. La thématique de l’intégration apparaît avec M. WEBER et E. DURKHEIM, deux pères fondateurs de la sociologie. Rappelons que l’intégration fait partie du débat amorcé en ce 19e siècle (celui-ci étant la conséquence à la fois de la révolution industrielle et de la révolution démocratique et politique). Dans cette logique, le 19e siècle constitue une remise en cause de l’ordre traditionnel. D’après R. NISBET, les valeurs dominantes jusqu’alors étaient les suivantes : attachements à la terre, à la monarchie, à la morale religieuse, à l’immobilité géographique et sociale. Désormais, on observe une remise en cause de tous ces attachements avec l’apparition de nouvelles classes sociales, l’émergence de nouveaux phénomènes tels que la délinquance, l’alcoolisme, la prostitution et dès lors, se pose la grande question sociale. Déjà, à l’époque, les historiens parlaient de barbares dans les faubourgs parisiens. Comme nous, nous parlons du phénomène ‘Enfants soldats’, qui vient perturber l’ordre social, et ainsi considéré comme véritable bombe pour la société. L’ordre traditionnel est alors déstabilisé, sans qu’il y ait apparition d’un modèle alternatif : ‘on peut dès lors parler d’anomie (absence de règles) puisqu’il y a remise en cause de tout ce qui fondait la morale antérieure’. Ces transformations sont-elles prometteuses de plus de bonheur et de justice (thèses socialistes) ? Ou ne va-t-on pas vers la déchéance humaine ? (thèse des conservateurs). La sociologie va s’approprier ce débat204. 204

R. NISBET, dans la tradition sociologique, PUF, 1984.

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C’est alors que R.NISBET va donc chercher à comprendre le problème engendré par la révolution industrielle d’un point de vue sociologique : il y voit là une réponse à la désintégration. C’est exactement la même chose avec notre étude, car une société normale (présente et avenir), ne peut jamais se construire avec les coupeurs de route et bandits à mains armées, violeurs et voleurs, assassins et fumeurs des drogues, immoraux et délinquants, certaines caractéristiques de la recrudescence du phénomène ’Enfants soldats’. C’est qui a déstabilisé notre société, et alors que faire donc ? Mettre sur pieds des modèles de la réintégration durable des enfants dans leurs familles et communautés de base. Mais, ceci est un processus de participation à plusieurs instances comme l’avait dit Durkheim, processus par lequel ’l’individu participe à la vie sociale’. Cette participation s’opère grâce à l’intégration des individus dans plusieurs instances à savoir : Familles, Églises, Groupes professionnels, etc. Toutes ces instances prédisposent l’individu à vivre en société. Ainsi donc, ‘l’intégration est le résultat de la socialisation’ qui est selon G.ROCHER, ‘le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise les éléments socioculturels de son milieu, les intègre à sa personnalité sous l’influence d’agents sociaux significatifs et par là même s’adaptent à l’environnement où elle doit vivre. Action qui dure tout au long de la vie, il s’agit de faire siennes les normes et les valeurs dominantes de la société, sous l’égide d’instances de socialisation : la famille : socialisation primaire, les groupes de pairs (socialisation au milieu des semblables : instance qui prend plus de place aujourd’hui chez les adolescents, l’école : espace ou l’enfant est confronté de manière normative aux attentes de la société, le marché de travail : apprend les comportements, fait respecter les règles…, les médias : certaine façon de toucher les choses)’205. D’où notre modèle de ‘Toiles préventives communautaires et inter communautaire, basé sur les 23 stratégies alternatives de réinsertion/réintégration socioprofessionnelle et économique des enfants ex-soldats.’ L’intégration définit donc la participation sociale qui s’opère avec l’acquisition progressive des normes et des valeurs dominantes. Pour rappel, les normes sociales constituent une façon prédéterminée d’agir, supposant des attentes spécifiques. L’intégration n’est donc possible que s’il y a acquisition de la culture du groupe par imprégnation et par instruction. C’est pourquoi au sens anthropologique, la culture se définit comme étant un ’ensemble des acquis, d’actes, de croyances, de sentiments partagés par une communauté. C’est donc tout ce qui est acquis (par opposition à l’innée). Le social apparaît en conséquence comme le produit de l’homme’.206 205

G. ROCHER, Introduction à la sociologie, tome 1 Hamid MAANI est sociologue ‘l’origine sociale des couples franco-maghrébins’ Thèse de doctorat, Université de Nantes, France (s. e). 206

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L’intégration sociale présente donc un contenu concret. Si on fait référence à l’exemple de l’immigration ; elle est une analyseuse, un moyen de révéler ce qu’est l’intégration. On peut s’intégrer par ses différences à condition d’enrichir la collectivité, ce qui permet de distinguer l’intégration et l’assimilation (elle consiste à rendre semblable l’autre). La question de l’intégration est au centre de toute société. Elle n’est seulement pas spécifique aux étrangers. Le problème des étrangers l’est à chaque nation, car c’est au sein de la nation que s’effectue l’intégration qui ne dépend pas des cadres de la société, mais de la nation. D’ailleurs, elle constitue un des concepts centraux de la sociologie de Durkheim. Or, dans le domaine des relations interethniques, l’intégration est devenue un enjeu politique dans les années 1980. Les sociologues lui ont alors préféré le terme ’insertion’. Les deux termes ne sont pas équivalents, car il peut y avoir insertion sans qu’il y ait intégration. Le concept d’intégration renvoie à quelque chose de complet, d’achevé. L’insertion n’est qu’un ajout, sans qu’il y ait automatiquement achèvement d’un processus. Trop souvent, l’intégration a été confondue avec l’assimilation ; l’assimilation renvoie au stade ultime de l’acculturation. L’intégration désigne un phénomène social et non exclusivement culturel. Elle est un processus et non un état. Cela signifie qu’il y a évolution, mouvement et transformation. Ce processus peut ne pas être linéaire, mais suivre un rythme saccadé. D’autre part, ce n’est pas l’individu qui décide de son intégration, mais la société dans laquelle il vit qui décide ou non de l’intégrer. L’intégration est avant tout un phénomène social qui s’exerce dans un cadre particulier. Comme celui des enfants impliqués dans les conflits armés en ce qui concerne notre thèse. 5.3.1.1.1. Le point de vue de Durkheim Durkheim a mené sa réflexion sur l’intégration dans un contexte politicosocial agité : la fin du XIXe siècle est traversée par des mouvements xénophobes (essentiellement contre les Allemands) et racistes (contre les juifs). Des projets de loi particulièrement hostiles aux étrangers ont été votés pendant cette période, afin de se prémunir contre l’immigration étrangère (polonaise, mais surtout méditerranéenne — Espagne, Italie). La question qui se posait était de savoir s’il est possible d’assimiler des étrangers en France ; la réponse habituelle était qu’ils sont trop différents pour être assimilés. Les théories développaient celles de Darwin. Taine développe celle de l’enracinement et Barrès lui emboîte le pas avec ses déracinés. Tout l’effort de réflexion de Durkheim réside dans le fait qu’il ne veut rien emprunter aux théories biologiques. Il veut montrer que les réalités

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sociales sont construites socialement. Son effort consiste dans une explication sociale de la société. L’intégration ne concerne pas exclusivement les étrangers ; cette question des étrangers ne diffère en fait pas de groupes autochtones. L’intégration est un processus qui varie selon les sociétés. Aucun groupe n’est intégré en soi ; mais un déficit d’intégration conduit parfois les membres de ce groupe au suicide. C’est en étudiant la question de l’intégration que Durkheim s’est penché sur le suicide. Nous sommes de cet avis, car les enfants-soldats, le cas précis des groupes armés appelés Maï-Maï et d’autodéfense communautaire, sont issus de leurs propres communautés. Le DDR est différent du DDRRR, qui est propre aux étrangers. Durkheim fait une différence entre ‘la solidarité mécanique et la solidarité organique’. Il explique dans la Division du travail social que tous les deux sont des modèles d’intégration. La solidarité mécanique a pour base l’intégration communautaire ; cette solidarité est renforcée par les modes de transmissions culturelles. Elle est essentiellement le fait des sociétés primitives. Ces sociétés sont peu intégrées et l’intégration y est très fragile, car les individus possèdent une grande autonomie. La solidarité organique repose sur une division très poussée du travail ; les individus sont interdépendants les uns des autres. L’intégration y est assez poussée. Les individus ont besoin les uns des autres. La solidarité n’est plus fondée sur des liens originels, mais sur une sorte de contrat de service réciproque. Dans ces sociétés, la transmission culturelle est le fait d’institutions spécialisées comme l’école. Durkheim voyait dans l’école républicaine le lieu d’une culture nouvelle. La chaire qu’il avait obtenue était une chaire de sciences de l’éducation. Ce n’est que plus tard que sa chaire sera transformée en chaire de sociologie. L’école devait transcender les solidarités mécaniques. Elle devait permettre de construire un être nouveau : le citoyen. ’Il est possible de déduire des recherches de Durkheim, que plus la solidarité est développée, plus l’intégration sociale est forte’. L’intégration ne peut se faire que si la société est fortement intégrée. C’est une des raisons du combat de l’école laïque et obligatoire pour l’enseignement du Français au détriment des langues régionales. Régionalisme et intégration sont, dans le droit fil de la pensée de Durkheim, incompatibles. 5.3.1.1.2. La crise de la nation Il y a une crise du modèle d’intégration parce que l’intégration est fondée sur le principe de la nation. La solidarité organique se joue au-delà de l’Étatnation. L’intégration est un compromis entre plusieurs modèles. Ces modèles sont différents et traversés par des conflits. Pour qu’il y ait intégration, il faut qu’il y ait consensus.

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Voici pourquoi, nous proposons pour notre thèse plusieurs autres modèles pour résoudre les crises qui sont à la base du recrutement des enfants dans les forces et groupes armés à l’Est de la R.D. Congo et au Sud-Kivu, dont la création et l’établissement des toiles préventives communautaires et intercommunautaires, Modèle qui permettra d’éviter les conflits intra et interethniques dans notre zone d’investigation. La nation sociologique207 La nation n’a pas fait l’objet d’études purement sociologiques. La nation est une forme relativement récente, une construction volontaire des habitants. Elle repose sur la langue, le territoire, la religion les modes de vie. Toutes les nations sont pluriethniques. Les frontières nationales incluent des groupes divers. L’idée d’une nation, un groupe ethnique est une utopie, car il n’a jamais eu cette adéquation. Le procès des frontières artificielles de l’Afrique est un faux procès et les pères fondateurs de l’OUA ne s’y sont pas trompés pour voir fait inscrire dans la charte de l’organisation l’intangibilité des frontières. D. Schnapper, dans Sociologie de la nation donne la définition suivante de la nation : ‘La nation historique [...] est une forme politique qui a transcendé les différences entres les populations [...] et les a intégrées en une entité organisée autour d’un projet politique commun’208. Le projet s’oppose aux origines. La nation s’oppose aux liens ethniques comme la communauté s’oppose à la société. La nation regroupe ses citoyens autour d’un même projet quelque que sont les origines. L’intégration est- elle bien un processus social ? La Nation est un processus historique créé par la société. Elle est fragile, car elle est constituée comme une réalité pluriethnique qui doit transcender les particularismes 5.3.1.2. La Théorie de la réintégration des Êtres (Martinez de Pasqually) Bien qu’il y ait nuance entre ’Intégration et Réintégration’, comme nous l’avons démontré au début de ce chapitre, il est certes clair, qu’une réelle différence départage ces deux concepts. Si le but selon Émile Durkheim, ce vrai concept était intégré à une théorie du ‘vouloir-vivre ensemble’ qui était alors fondatrice à la fois dans la sociologie universitaire et dans l’État-providence. Et même si ce concept a été actualisé, en particulier par la sociologie de l’immigration et par la sociologie politique, au cours des dernières décennies ; même si le DDR est à la fois lié à la sociologie politique et d’immigration, la présente thèse, en fait ainsi donc, la symbiose avec la doctrine de Martinez 207 208

Mauss M. : La nation in l’Année sociologique, 1956 SCHNAPPER, D.

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de Pasqually (Auteur inconnu) et de Jean-Baptiste Willermoz qui en fait, appliquent cette théorie de la réintégration à l’Univers en général, c’est-àdire la réintégration des êtres et matérielle particulièrement209. Pour notre étude, le DDR doit être ‘politique, légal, socio-économique et militaire’, mais aussi spirituel, c’est ce qui fait l’une des originalités de notre thèse, développée au chapitre 8 consacré aux 4 piliers du DDR, ce qui a manqué à tous les programmes DDR afin d’en faire un succès. Les abus et les violences commis par les enfants ex-soldats dans leurs communautés de base, est l’une des raisons de leur immigration dans celles-ci, cela revoit sans doute au péché originel, d’Adam et Ève chassés dans le jardin d’Éden. Revenir à Dieu a exigé un grand processus pour nous leurs descendants, voilà pourquoi la Réintégration des êtres selon Martinez. Exposons brièvement la doctrine de Martinez, du moins ce que nous croyons en avoir saisi dans son ouvrage intitulé : ‘Le Traite de la réintégration des êtres, dans leur Première Propriété, vertu et puissance spirituelle divine’210 qui reste très obscur. L’idée-force de ce Traité est aussi celle qui soutient les travaux théurgiques de l’ordre des Élus Cohens et les développements philosophiques de L.C. de Saint-Martin. Cette idée est la chute de l’homme hors du domaine spirituel dans la matière d’où il doit maintenant accomplir son retour vers l’esprit. Sa vision cosmogonique est comparable à celle de nos physiciens modernes avec la théorie d’extension et rétraction de l’univers. Tout est parti de Dieu et tout doit y revenir211. L’homme a donc subi une chute allant au-delà du plan prévu par Dieu pour l’incarnation de l’esprit dans la matière. S’étant séparé en conscience de son créateur, il fut rejeté de son Sein et s’est retrouvé emprisonné dans la matière. Le monde matériel est lui-même un monde d’exil et de châtiment, créé tout spécialement pour servir de prison à ceux parmi les premiers êtres émanés de la Divinité qui, par leur propre volonté et sous l’impulsion de l’orgueil, ont voulu agir de façon séparative et autonome. C’est pourquoi la matière est comme la nomment les hindous, ‘Maya’, une illusion. L’homme lui-même vient en second dans cette création, après la chute des anges devenus démons et que Martinez appelle Esprit Pervers. Ce sont eux qui ont commencé la chute. L’homme primordial collectif que la Kabbale nomme ‘Adam Kadmon’, fut créé avec pour mission de régner sur le monde matériel, afin de le restaurer dans l’unité première. La ‘prévarication’ de 209

Le Traité sur la réintégration_ Ordre martiniste traditionnel http://www.martiniste.org/textes/tex_02_traite_reintegration.html , 210 La conception de la matière chez Martinez de Pasqually – 2e partie http://aprt.fr/index.php%3Foption%3Dcom_content%26view%3Darticle%26id%3D101:laconception-de-la211 La doctrine de la réintégration des êtres http://www.hiram.be/La-doctrine-de-la-reintegration-des-etres_a8496.html 30 déc. 2013... Voilà donc ce qui confirme le lien entre débats théoriques et..... la doctrine de la réintégration c’est une arnaque à l’image de son auteur.

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l’homme est une répétition de celle des esprits pervers. Adam, étant le dernier des créatures, régnait sur les anges et sa place était privilégiée dans la création. Il était créé dans une forme glorieuse, c’est là le véritable Paradis terrestre, ‘Terre élevée au-dessus de tous sens’, comme le dit Martinez. Or, appelé à être le Créateur d’une postérité de Dieu dans la forme glorieuse égale à lui-même, Adam voulut créer par sa propre volonté et donna, ainsi, naissance à une postérité impure précipitée dans la matière212. ‘Adam, rempli d’orgueil, traça six circonférences en similitude de celles du Créateur, c’est-à-dire qu’il opéra les six actes de pensées spirituelles qu’il avait en son pouvoir pour coopérer à sa volonté de créateur. Il exécuta physiquement et en présence de l’esprit séducteur sa criminelle opération.’213. Et telle fut la conséquence de son acte criminel : ‘Mais, dira-t-on, à quel usage a donc servi à Adam cette forme de matière qu’il avait créée ? Elle lui a servi a faire naître de lui une postérité d’hommes en ce que le premier mineur Adam, par sa création de forme passive matérielle, a dégradé sa propre forme impulsive, de laquelle devaient émaner des formes glorieuses comme la sienne pour servir de demeure aux mineurs spirituels que le Créateur y avait envoyés. Cette postérité de Dieu aurait été sans borne et sans fin si l’opération spirituelle du premier mineur avait été celle du Créateur, ces deux volontés de création n’auraient été qu’une en deux substances’. C’est alors que l’homme fut chassé de son corps glorieux pour habiter le monde matériel au milieu des animaux, car c’est de cette terre qu’il avait sorti l’objet de sa prévarication. Si Adam avait eu la mauvaise volonté d’agir contre le Créateur, par contre, la pensée lui avait été suggérée par les ‘Esprits pervers’. Il n’est donc pas responsable de cette pensée mauvaise. C’est la volonté qui soumet l’être, soit à la pensée mauvaise démoniaque, soit à la pensée bonne des créatures angéliques. Il y a donc un intellect mauvais et un intellect bon, le premier est conséquence de la chute et le second vient de Dieu. Ceci sera développé par L.C. de Saint-Marin pour qui l’intellect, s’il a séparé l’homme du divin, doit le réconcilier par la gnose. La communication directe entre Dieu et l’humanité est coupée depuis la chute. L’intellect est dans une aberration qui l’enchaîne aux sens physiques et la conséquence en est l’idolâtrie du fait scientifique et la philosophie du Siècle des lumières. La gnose est une véritable ‘Charité intellectuelle’ que Martinez dans son traité, puis Saint-Marin dans ses ouvrages, offrent à l’humanité. De ‘pensant’, par la chute, l’homme est devenu ‘pensif’ et pour s’unir à nouveau à ‘Sophia’, la Sagesse, l’homme doit faire appel aux intermédiaires. Ce sont les bons esprits que dans ses invocations 212

Le Traité sur la réintégration - Ordre martiniste traditionnel :http://www.martiniste.org/textes/tex_02_traite_reintegration.html 213 Martinez de Pasqually, ‘Le Traité de la réincarnation des Êtres’

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théurgiques il demande à pouvoir commander par la grâce de Dieu. Il chasse les mauvais esprits toujours prêts à l’influencer négativement. Le ‘Philosophe inconnu’ pour son compte, délaissera les pratiques rituelles théurgiques pour s’orienter vers une voie cardiaque interne, faisant appel à l’intercession du Christ. Après cette chute et cette malédiction divine, Adam parvint à obtenir le pardon divin et sa création, quoique matérielle, fut à nouveau considérée. Il confessa son crime avec un sincère repentir et fut donc en partie réuni dans ses premières vertus et puissances, conformes aux lois de la réconciliation. Mais alors naquit Caïn214, postérité maudite et déchue d’Adam. Deux autres enfants de même nature succédèrent à Caïn. Adam ne parvenant pas à obéir aux instructions de tempérance du Créateur allait dans un profond dégoût de lui-même. Enfin, Abel fut conçu dans l’harmonie divine et ainsi se fit une postérité glorieuse, car le culte qu’Abel rendait au Créateur était le type réel que le Créateur devait attendre de son premier mineur. C’est pourquoi Seth, puis Noé, représentent la lignée des Prophètes, des Élus possédant la connaissance et les vertus de rétablir les opérations divines. Cette filiation raciale, comme tout le récit, qui est à comprendre comme un mélange de fiction allégorique et de faits ésotériques d’où la difficulté d’interprétation ? Caïn naquit de la passion, il y a donc dans cette version de la chute un deuxième stade tel que l’on imagine le péché originel dans la Bible, c’est-àdire de nature sexuelle. Après la première réconciliation, il fut ordonné à l’homme de croître et multiplier. ‘Adam et Ève exécutèrent cet ordre avec une si furieuse passion des sens de leur matière, que le premier homme retarda par là son entière réconciliation’. On comprend qu’il y ait alors deux postérités et deux humanités. La seconde postérité d’Adam, qui est celle de Seth, s’est rendue susceptible de réconciliation. Celle de Caïn doit encore être réconciliée. ‘Elle paie encore le tribut à la justice du Créateur’. Ceux qui composent l’Assemblée des élus qui seuls ont été réconciliés par la venue du Christ sont missionnés dans le plan du rachat divin et reçoivent l’inspiration intellectuelle, la gnose, SOPHIA, ce sont les ‘illuminés’. Dans cette perspective, Martinez lui-même, mais aussi J. Boehme, Swedenborg et Saint-Marin sont des missionnaires de Dieu éclairés par la lumière intellectuelle. Ce sont des ‘mineurs’ d’après la terminologie de Martinez, le mot pourrait être rapproché de ‘Jiva’. L’âme personnelle émanée du Tout des hindous, ce sont des mineurs qui, bien que la postérité d’Adam, sont de purs pensants et non pensifs. D’autres mineurs furent émanés avant Adam par la seule volonté divine, ce sont les envoyés du Père dont parle Papus215 Le plus grand d’entre eux étant le Christ, il y a aussi Enoch, Noé béni dans sa descendance, Sem, Cam et Japhet, Melchisedec et Abraham. On peut

214 215

Caïn, qui signifie ‘Enfant de ma douleur’ Papus ‘La Réincarnation’

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encore ici faire un parallèle avec la doctrine hindoue des Avatars ou fils de Dieu216. Dans les milieux martinistes du XIXe siècle, le grand thaumaturge dit ‘le maître Philippe de Lyon’217 sera tenu pour un tel être. Mais revenons sur la notion de ces justes qui, bien qu’étant de notre humanité, ont gardé le contact avec la pensée divine et accomplissent les plans du Créateur, car c’est justement certains de ces êtres que Balzac a fait surgir dans sa Comédie humaine, lui-même se considérant sans doute comme un illuminé dans le sens que nous avons donné à ce terme avec Martinez de Pasqually. Il nous faut citer le mage de Bordeaux : ‘Quoique ces êtres soient consolés dans leurs afflictions et assurés de leur réintégration, cela n’empêche pas que leurs tourments soient considérables de ne pouvoir jouir parfaitement de la vue de l’esprit consolateur qui leur parle. Ils sentent cependant que tout ce qu’ils éprouvent est juste, relativement à la prévarication du premier homme et un serment que le Créateur a fait que ni le premier homme, ni aucun de sa postérité ne soient réintégrés dans le cercle divin avant le grand combat qui doit se livrer par le vrai Adam ou Réaux entre la terre et les cieux, pour le plus grand avantage des mineurs’. Si ces justes qui reposent dans la sphère saturnienne après leurs incarnations sont comparables à ce que l’hindouisme appelle le Vibhutis218, la vision eschatologique de Martinez est aussi celle exprimée dans le Mahabarata et la Baghavad Gita d’un affrontement final entre les forces du bien et du mal. Le Réal est celui qui a retrouvé ses pouvoirs d’origines, c’est le Rose-Croix, le réalisé, mais la réintégration complète ne pourra se faire que lorsque le dernier humain aura été réconcilié, car chaque être humain est une cellule de l’Adam Kadmon, participe en tant que tel au grand corps de l’humanité et doit réintégrer le plan de conscience prescrit à l’origine pour les mineurs émanés. La doctrine de Martinez est d’une certaine complexité et reste d’une interprétation délicate, attendu qu’il est difficile de faire la part entre ce qui est symbolique, allégorique et ce qui se veut un exposé précis de l’aventure spirituelle de l’homme et du cosmos. Une bonne connaissance de base en numérologie, en kabbale et des écrits bibliques est d’un grand secours pour son exégèse. L’Ordre des Élus Cohens offrait à ses membres une technique théurgique basée sur cette doctrine et transmettait aux disciples avancés une initiation visant à la régénération spirituelle de l’homme. Initiation qui, comme nous allons le voir, existe encore de nos jours. Après une propagande de 1758 à 1760, à Lyon et dans le midi de la France, Martinez de Pasqually s’installe à Bordeaux en 1762. Il quittera cette ville en 1772 pour Saint-Domingue. L’ordre entreprend ses activités en 216

Michel Coquet, ‘La doctrine des Avatars’ Philippe Encausse ‘Le Maître Philippe de Lyon’ 218 À propos de Vibhuti, voici la définition donnée par Sri Aurobindo : ‘Le Divin apparaît comme Avatar dans les grandes époques de transition et comme Vibhuti pour aider aux transitions moindres.’ 217

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1762. Louis Claude de Saint-Marin rencontre le Maître en 1768 et deviendra son secrétaire en 1771. L’Ordre se désagrège juste après la mort de Martinez en 1774, car ses deux plus proches disciples délaissent ce canal et diffusent l’enseignement à leur manière. Willermoz, riche marchand de Lyon, essaya d’infuser la doctrine de Martinez dans l’Ordre maçonnique de la ‘Stricte observance templière’ fondé par la baronne Von Hund, ce qui donna le rite des ‘Chevaliers bienfaisants de la cité sainte’. Quant à Saint-Marin, il s’était écarté assez tôt du courant maçonnique et il préféra diffuser l’enseignement en l’adaptant selon ses lumières personnelles par ses ouvrages et oralement à travers des cercles d’amis parmi lesquels quelques-uns reçurent l’initiation en provenance de Pasqually. Cette initiation encore véhiculée par certains Ordres martinistes, semble être d’une grande importance et reste une énigme. Est-elle comparable au consolamentum des cathares et à la transmission apostolique des églises chrétiennes ? Peut-être s’agit-il de la transmission de l’esprit, de l’Église intérieure, celle de Saint-Jean ; c’est de cette seule Église que se réclamait véritablement Honoré de Balzac. Ni Pasqually, ni Willermoz, ni Saint-Marin n’ont jamais fondé l’Ordre martiniste. Celui-ci fut créé par le grand occultiste Gérard Encausse (dit Papus) en 1891, et il l’anima jusqu’en 1916, date de sa mort.219 Bref, L’étude de la doctrine de la réintégration des êtres (totalement absente de la grande majorité des. Juridictions dites Rectifiées) devraient permettre aux Hommes de désir de vivre dans la sérénité, dans le respect de nos semblables, d’intégrer cette notion d’amour fraternel. En quoi et comment la théorie de Martinez devient une théorie de base pour notre thèse ? D’après les instruments juridiques nationaux et internationaux de protection de l’enfant, il est clairement établi que la place d’enfant normal doive être en famille ou à l’école. La présence des enfants dans les forces et groupes signifie qu’il a chuté d’un système et la perte de pouvoir parental et communautaire ou sociétal sur leurs enfants et la jeunesse dans l’ensemble. Il est donc impératif de désarmer, démobiliser et réinsérer ou réintégrer ces enfants dans leurs familles et communautés d’origine, c’est la Réintégration des êtres, selon Martinez. Et pour que cette réinsertion/réintégration soit durable d’après thèse, il faut impérativement qu’elle soit axée sur les 4 piliers du DDR, à savoir : professionnelle et socio-économique, légale, politique et militaire. Elle doit être aussi basée sur le spirituel et les valeurs psychosociales (tenant compte des aptitudes physiques, scolaires ainsi que des attentes socio-économiques de chaque enfant. Il en va de même de l’étude du marché local d’emploi, c’est-à-dire l’identification, vérification, évaluation et sélection des opportunités porteuses, en même de faciliter cette réinsertion/réintégration). 219

http://www.martiniste.org/textes/tex_02_traite_reintegration.html

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C’est ça donc l’une des originalités de notre thèse qui à la différence de Martinez de PASQUALLY, qui met juste l’accent sur la réintégration des êtres sur le plan spirituel, du pardon, de la réconciliation et des vertus de rétablir les opérations divines. Avant à la réintégration complète selon Martinez et ses disciples, il faut passer par l’initiation, le rite, la conciliation, ce qui n’est loin de notre théorie, qui se base sur l’initiation en terme d’orientation scolaire et professionnelle dans le centre de transit et d’orientation CTO en sigle, qui est en quelque sorte notre temple comparable à celui de MARTINEZ. La prise en charge psychosociale grâce à la sensibilisation-conscientisation, aux activités récréatives, aux séances de thérapies individuelles et de groupes, à la formation professionnelle et scolaire axée sur les aptitudes et le choix orientés de chaque enfant, nous spécifie de la théorie de Martinez. La réunification familiale ou communautaire, qui doit absolument précéder la réintégration professionnelle et socio-économique, elle doit dans certaines sociétés être entourée de certains rites : c’est pourquoi, dans le cadre de leur évaluation et de leurs discussions avec la communauté, les organisations doivent essayer de déterminer comment l’enfant sera accueilli chez lui. ‘Dans certains cas, les familles organisent une cérémonie d’accueil et dans certaines cultures la communauté fera passer des rituels de purification ou de guérison à l’enfant. Tant qu’elles ne font pas de mal à l’enfant, ces cérémonies peuvent faciliter le processus d’acceptation sociale’. ‘Les rituels qu’on fait passer aux anciens enfants soldats ont un rapport avec ce qu’ils ont vécu pendant la guerre. Par ces cérémonies rituelles, on reconnaît les atrocités commises et on exprime clairement la rupture avec le passé. La guérison traditionnelle des enfants touchés par la guerre en Angola et au Mozambique semble consister principalement en rituels de purification auxquels assistent les membres de la famille et de la communauté en général. Pendant ces cérémonies, l’enfant est purgé et purifié de la “contamination” de la guerre et de la mort, ainsi que du péché, de la culpabilité et des esprits vengeurs des personnes tuées par l’enfant soldat. Ces cérémonies sont remplies de rituels et de symbolisme dont les détails sont caractérisés du groupe ethnolinguistique dont il s’agit, mais dont les thèmes généraux sont communs à tous les groupes’.220 5.3.1.3. De la Théorie sociologique des conflits et des conflits armés (des sociologues allemand Ralf Dahrendorf et américain L.A. Coser) Les conflits font ‘partie de la société comme l’oxygène est un constituant de l’eau’221. Ils n’ont pas de genre, dit-on. Pourtant, ils affectent de manière différente et disproportionnée les hommes et les femmes, les garçons et les 220

HONWANA,A., Children of war :Understanding war and war Seydou KAMISSOKO, Guide méthodologique de gestion de prévention des conflits liés aux ressources naturelles, Bureau d’Appui-conseil aux collectivités rurales (BACR-SARL), Ed. Kita, Bamako, 2008, 19 p 221

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filles. Cet impact différencié est au centre de nombreux sommets internationaux sur la femme, le conflit, la paix et le développement à travers le monde. À titre illustratif, nous citerons le cas de la conférence des Nations unies tenue à Beijing en 1995 dont le Plan d’action élaboré par les États membres a débouché en 2000 à l’adoption de la résolution 1325, relative à la promotion de la femme, à l’intégration effective de la dimension genre dans toutes les politiques, à tous les programmes de prévention et de règlement des conflits. En Afrique Subsaharienne, les conflits contemporains ont des conséquences tragiques sur les populations civiles singulièrement, les femmes et les enfants, qui semblaient jusque-là bénéficier d’une certaine protection, aujourd’hui, sont les premières victimes et leurs corps étant considérés comme ‘champ de bataille’. D’après la Commission des Nations unies sur l’égalité des chances pour les femmes et les hommes, ‘s’il est vrai que les communautés subissent tout entières les conséquences des conflits armés et du terrorisme, les femmes et les petites filles sont particulièrement touchées en raison de leur place dans la société et de leur sexe’222. La Sociologie La sociologie étudie la vie sociale des personnes, des groupes et des sociétés. Son objet est l’étude de nos propres comportements ou rapports en tant qu’individus sociaux. Dans son sens le plus général, elle est d’après Yves Crozet, rapportée dans le Lexique de sociologie, la science qui ‘se propose d’étudier scientifiquement l’homme vivant en société, les relations entre les individus et les mécanismes de fonctionnement des sociétés humaines’223. De sa genèse à son institutionnalisation actuelle, on peut en dégager en synthèse les trois propositions suivantes :  Le refus d’expliquer les faits sociaux en ce qui concerne de motivations ou de projets individuels ;  L’adoption d’une méthode d’analyse holiste privilégiant le tout sur les parties ;  La recherche des lois susceptibles d’éclairer la nature et l’évolution des sociétés224 Le traitement de la sociologie dépend de l’imagination sociologique.

222

ONU, Prévention et règlement des conflits : le rôle des femmes, Rapport Commission sur l’égalité des chances pour les femmes et les hommes, Doc. 10117, Nations unies, New York, mai 2004, 23p. 223 ALPE Y., et coll., Lexique de sociologie, 4e édition, Paris, Ed.Dalloz, 2013, p.345. 224 MULOWAYI D., S.E., Manuel et lexique de sociologie générale, Kananga, PUKAN, 2013, P.217.

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a) L’imagination sociologique – Selon Charles Wright Mills225 L’imagination sociologique permet de comprendre comment les nombreux événements qui sont apparemment individuels, en fait, sont le reflet d’un phénomène beaucoup plus large. Toutefois, personne n’est défini par des contextes sociaux, mais chacun crée sa propre individualité — l’objet de la sociologie explore le lien entre ce que la société fait de nous et ce que nous faisons de nous-mêmes. Nos actes donnent la structure du monde social qui nous entoure, mais aussi le monde social structure nos actes individuels. En sociologie, le concept de la structure sociale est un important : les contextes sociaux de nos vies s’expriment à travers des structures ou des modèles, non pas une sélection aléatoire des événements ou des actions. Les sociétés humaines sont constamment dans un processus de structuration. Comment notre vie est-elle affectée par la sociologie ? Elle permet d’observer le monde social à partir d’angles différents (personne de race blanche dans une communauté noire), nous fournit une aide pratique dans l’évaluation des résultats des initiatives des politiques sociales (immeubles après la Seconde Guerre mondiale), nous fournit des éclaircissements et une meilleure compréhension de notre propre ‘Nous’ (si nous sommes capables de mieux influencer notre avenir). b) Le développement de la pensée sociologique – Selon les premiers théoriciens Le début des études objectives et systématiques du comportement humain et de la société apparaît dans la deuxième moitié du 18e siècle. Pour comprendre le monde qui nous entoure, l’utilisation de la science est indispensable. L’approche scientifique a conduit à des changements radicaux dans nos visions et compréhensions du monde. Dans divers domaines, les explications traditionnelles et d’inspiration religieuse ont été remplacées par des approches rationnelles et critiques dans l’acquisition des connaissances. La fondation pour le développement de la sociologie a permis un certain nombre de changements fondamentaux, annonçant ‘deux grandes révolutions’, en Europe, au 18 et 19e siècle :  La Révolution française (1789) a marqué le triomphe des idées et des valeurs laïques, comme la liberté et l’égalité, sur l’ordre social traditionnel de l’époque. La révolution industrielle en Grande-Bretagne au cours des dernières années du 18e siècle — les transformations sociales et économiques ont accompagné le développement des innovations technologiques 225

Charles Wright Mills – Sociologue américain, critique, distingué par sa réflexion sur les élites aux États-Unis

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(machine à vapeur, installations mécaniques), résultant à une expansion rapide des zones urbaines. Les pionniers de la pensée sociologique essayaient de comprendre l’origine et les causes, ainsi que les conséquences des révolutions. Les questions auxquelles les penseurs du 19e siècle ont tenté de répondre se résument, en : — que représente la nature humaine ? Pourquoi la société estelle structurée comme elle est structurée ? Comment et pourquoi les sociétés changent-elles ? Aujourd’hui, les sociologues tentent d’apporter des réponses à ces questions. c) La solidarité sociale et morale En d’autres termes, qu’est-ce qui maintient la communauté et l’empêche de tomber dans un état de chaos ? La solidarité La solidarité est préservée lorsque les individus s’intègrent avec succès dans des groupes sociaux, agissant sur un ensemble de valeurs et de traditions communes. La division sociale du travail Dans son premier travail sur la division sociale du travail, Émile Durkheim226 a fourni une analyse sur le changement social, dont la réalisation de l’ère industrielle a signifié l’émergence de nouvelles formes de solidarité. Durkheim a opposé deux formes de la solidarité organique et mécanique – les reliant à la division du travail, c’est-à-dire, augmenter la différence entre les différentes professions. Selon Durkheim, la culture traditionnelle de la division sociale du travail, sous-développée, est caractérisée par une solidarité mécanique. La solidarité mécanique La solidarité mécanique est basée sur l’appréciation de la similitude dépensée et de croyance. Cependant, les forces de l’industrialisation et de l’urbanisation ont conduit à une meilleure division du travail. La spécialisation des tâches et l’augmentation de la division sociale ont conduit à la création de la solidarité organique.

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David Émile Durkheim – Sociologue français, fondateur de la sociologie moderne, en tant que discipline autonome et scientifique.

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La solidarité organique Les sociétés caractérisées par la solidarité organique sont liées à l’interdépendance économique des personnes et de l’importance de reconnaître les mérites des autres. Les relations économiques de la mutualité ou de réciprocité et d’interdépendance ont commencé à remplacer la croyance commune en la création d’un consensus social. Les processus de changement dans le monde moderne ont rapides et puissants, causant des problèmes majeurs dans la société entrainante des impacts dévastateurs sur les modes de vie traditionnels, la morale, la tradition, les valeurs… d) Perspective sociologique récente Les premiers sociologues ont tenté de comprendre les changements dans les sociétés dans lesquelles ils vivaient, ils ont essayé de développer des manières d’étudier le monde social qui pourraient expliquer le fonctionnement de l’ensemble des sociétés et la nature des changements. Par exemple, Émile Durkheim et Karl Marx227 ont porté sur la puissance des forces qui agissent au-delà de l’individu, alors que Max Weber228 a remis en question la capacité des individus à agir de façon créative sur le monde externe. Les trois, récents, points de vue théoriques, les plus importants sont le fonctionnalisme, la théorie des tendances sociales, et l’interactionnisme symbolique. Le Fonctionnalisme Le Fonctionnalisme considère la société comme un système complexe dont les différentes parties travaillent ensemble afin de produire la stabilité et la solidarité. De cette manière, la sociologie doit enquêter sur les relations entre les composantes de la société et leurs rapports envers la société dans son ensemble. Les recherches sur les fonctions d’une pratique sociale ou d’une Institution explorent les contributions que la pratique ou l’institution assure pour la maintenance d’une certaine société. Auguste Comte229 et Émile Durkheim, utilisent souvent ‘l’analogie biologique’, comparant les effets de la société à un organisme vivant. Ils ont estimé que certaines parties de la société agissent ensemble en faveur de la société dans son ensemble. Le Fonctionnalisme souligne l’importance d’un consensus moral pour le maintien de l’ordre et de la stabilité dans la société. 227

Karl Heinrich Marx – Historien, Journaliste, Philosophe, Économiste, Sociologue, Théoricien révolutionnaire socialiste et communiste, allemand, participant de l’Association internationale des travailleurs et influença grandement le développement de la sociologie. 228 Max Weber – Sociologue et Économiste allemand, fondateur de la sociologie compréhensive. 229 Auguste Comte – Philosophe français, fondateur du positivisme, considéré comme un précurseur de la sociologie

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Un consensus moral existe lorsque la majorité des personnes dans la société partagent les mêmes valeurs. Les fonctionnalistes estiment que l’ordre et l’équilibre sont un état normal de la société, et cet équilibre social repose sur l’existence d’un consensus moral parmi les membres de la société. Plus récemment, cette approche n’est plus aussi populaire, car elle souligne indûment les facteurs qui conduisent à la cohésion sociale, au détriment de ceux qui conduisent à la division et au conflit. Elle souligne également le rôle de l’action sociale moins créative au sein de la société. Les fonctionnalistes ont tendance à attribuer également des besoins et des objectifs, à la société, bien que ces concepts n’aient de sens que lorsqu’ils s’appliquent aux êtres humains. La Sociologie des conflits Ainsi que le rapporte Mulowayi Dibaya dans son cours de la sociologie des conflits, est en opposition à la sociologie de l’intégration des conflits (). Elle est l’œuvre du sociologue allemand Ralf Dahrendorf, mais aussi du sociologue américain L.A. Coser. 1. Contributions de Marx Dahrendorf fait ressortir quatre contributions fondamentales de Marx à la sociologie des conflits : La permanence des conflits dans toute société : En effet, les conflits accompagnent toujours la vie ; tout ce qui vit connaît sans arrêt des états de conflit. La société, réalité animée par les êtres vivants, n’échappe pas à cette règle : le conflit est inhérent à sa nature et son fonctionnement. La réduction des groupes opposés à deux : Les conflits sociaux étant des conflits d’intérêts opposent nécessairement deux groupes, et deux groupes seulement. Tout conflit d’intérêts se ramène en définitive à une opposition entre ceux qui ont intérêt à ce que se maintienne et se perpétue une situation dont ils bénéficient, et ceux qui ont intérêt, ou croient avoir intérêt, à ce que la situation change. Il s’agit en d’autres termes de l’opposition entre le statu quo et le changement. Le conflit principal moteur de l’histoire : C’est en effet dans et par l’opposition entre des groupes d’intérêts divergents que les structures sociales se transforment. Les facteurs structuraux du changement social : On distingue entre d’une part les forces exogènes qui interviennent de l’extérieur du système social comme c’est le cas des influences du milieu physique, du climat, de diffusion des techniques et des connaissances, etc. et d’autre part les forces endogènes de changement qui sont engendrées par le système social lui-même, c’est-à-dire qui naissent de son propre fonctionnement et dans sa structure même.

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2. L’apport de Dahrendorf D’après cet auteur, la principale source structurale des conflits sociaux n’est pas l’inégale distribution de la propriété des moyens de production comme l’a dit Marx ; c’est plutôt l’inégale distribution de l’autorité entre les personnes et les groupes. L’autorité c’est comme l’a défini Max Weber ’la probabilité qu’un ordre ayant un certain contenu spécifique entraîne l’obéissance d’un groupe donné de personnes’. Elle se distingue du pouvoir que Max Weber a défini comme étant ‘la probabilité qu’un acteur impliqué dans une relation sociale soit en mesure d’obtenir ce qu’il veut en dépit de la résistance rencontrée, quelle que soit la base sur laquelle se fonde cette probabilité’. Le pouvoir s’attache à la personne ; il peut dépendre de la force physique d’une personne, de son talent, d’un charisme, aussi bien que du poste qu’elle occupe. Par contre, l’autorité est strictement attachée au poste occupé ou au rôle rempli dans une organisation sociale. Les sources structurales des conflits sont donc à trouver dans l’autorité et non dans le pouvoir. Il y a donc toujours, dans toute collectivité, des personnes ou des groupes qui exercent une plus ou moins grande autorité et des personnes et des groupes qui sont soumis à cette autorité. Il y a toujours, par conséquent, entre les personnes et les groupes, des rapports basés sur l’opposition domination-sujétion. Des personnes, des groupes imposent une domination ; des personnes, des groupes subissent une sujétion. C’est donc la répartition dichotomique de l’autorité qui est le phénomène essentiel de l’explication des conflits selon Dahrendorf. Au-delà de cette vision classique, nous estimons quant à nous que tout peut être ou devenir cause des conflits. 5.3.1.4. Les Théories du conflit social (Max Weber et Ralf Gustav Dahrendorf) Les sociologues qui appliquent la théorie des conflits sociaux soulignent l’importance de la structure de la société. Ils développent un modèle multi volets visant à expliquer comment la société fonctionne. Cependant, ils rejettent l’accent sur le consensus moral fonctionnaliste, et affirment l’importance des divisions dans la société ; ils sont concernés par les questions de pouvoir, des inégalités et de la lutte. Selon cette théorie, la société se compose de différents groupes qui suivent leurs propres intérêts, ce qui signifie qu’il y a toujours la possibilité de conflit. Ils examinent les tensions qui existent au sein de la société, s’efforçant de comprendre comment établir et maintenir les relations de contrôle. Certains étaient sous l’influence des recherches de Karl Marx, d’autres, sous l’influence des travaux de Max Weber, par exemple, Ralf Gustav Dahrendorf,230critiquent 230

Ralf Gustav Dahrendorf – Sociologue, Philosophe et Politicien germano-britannique, l’un des auteurs fondateurs de la ‘théorie du conflit social’

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le fonctionnalisme comme vu seulement par la société dans laquelle il y a une harmonie et l’entente ; il estime que des domaines bien plus importants ont été marqués par les conflits et les divisions, causées par les différents intérêts des individus et des groupes, ainsi il associe les différences purement à l’autorité et au pouvoir. 5.3.1.4.1. Les Formes des conflits Les conflits d’après MULOWAYI, D.231peuvent revêtir plusieurs formes, néanmoins, quatre sont les plus courants à savoir : a) Le conflit intra personnel : est celui qu’une personne subit en elle, et qui peut lui permettre d’accéder à un changement qui la satisfera au point qu’elle n’aura aucun regret par rapport à la situation antérieure. En l’absence d’alternative, un conflit peut provoquer des états indésirables tels que l’automutilation, voire le suicide. Ces conflits internes peuvent consister soit en des désirs contradictoires, soit des ambivalences des sentiments, etc. il s’agit de conflit psychique ou conflit interne. Il participe de la structuration profonde de la personnalité et peut déchirer une personne en elle-même. Le conflit interne où intra personnel peut-être provoqué soit par la confrontation à l’inconnu, soit par la perte d’un être cher, par décès ou abandon. L’insécurité, les nombreuses violences vécues ainsi que la perte de certains membres des familles atrocement, ont été la base de l’enrôlement volontaire de certains enfants dans les forces et groupes armés. Cet état conflictuel comportera plusieurs étapes qui sont contournables en cas de changement favorable : choc, colère, dépression, acceptation, accueil. b) Conflits interpersonnels : Il s’agit des conflits qui apparaissent lorsque des parties s’affrontent. C’est un type des conflits qui opposent deux personnes au moins, qu’il s’agisse d’un couple, de voisins, d’amis, d’un piéton et d’un automobiliste, de deux piétons, des personnes qui font la queue à l’arrêt-bus, qui se précipitent sur le même objet en solde, etc. Ce type des conflits peut commencer chez une seule des parties en présence. Il peut partir d’une divergence d’opinions, d’un constat de comportements différents, de la recherche d’appropriation, de la jalousie, d’une confrontation ou de la peur de l’inconnu et se développer par des propos de rejet, jusqu’à l’exclusion, s’articuler autour de conception d’intérêts opposés, être justifié par les parties, par des questions de valeurs ou de croyances. La surenchère critique, voire insultante, qui précède souvent des actes de violence peut être de trois types :  soit lorsqu’on fait toujours plus que ce que l’on fait habituellement ;  soit lorsque l’on fait toujours autant et ni plus ni moins que ce que l’on fait par habitude sans prise en compte de l’autre ;  soit lorsqu’on fait moins que ce que l’on fait peu habituellement. 231

Cours inédit de sociologie des conflits L2, sociologie, UNILU,2014-2015.

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Relativement à ce type des conflits, Henri Laborit a identifié trois attitudes : soit la fuite, soit la révolte, soit la soumission. a) Conflits intra groupés : Dans un groupe constitué, les conflits peuvent relever des diverses causes. Ainsi trouve-t-on de lutte des conflits de pouvoir, des conflits structurels dus à l’inégale distribution des ressources, l’inégale distribution, de la propriété des moyens de production, l’inégale distribution d’autorité entre les personnes et les groupes, etc. b) Conflits intergroupes : Ce sont des conflits qui opposent au moins deux groupes ou communautés ayant une culture ou une idéologie différente. 5.3.1.4.2. Les Sources des conflits232 Les études menées dans le domaine de conflits ont par ailleurs prouvé que plusieurs sources peuvent être à la base des conflits. Notons cependant que 8 catégories en sont principalement identifiées à savoir : 1. Les conflits d’intérêts : L’intérêt désigne le souci exclusif de ce qui est avantageux pour soi, le désir de gain. Il désigne aussi l’objectif d’un bien commun supérieur à la somme des intérêts particuliers. Or, il arrive très souvent que les intérêts particuliers des uns des autres entrent en contradiction. Le principe d’utilité est considéré par les utilitaristes comme le moyen par lesquels doivent s’harmoniser les intérêts privés et les intérêts publics, et grâce auxquels seront atteintes aussi bien la félicité individuelle que la prospérité publique. La sociologie a mis en doute l’identité et l’harmonie des intérêts ; elle a surtout décelé de possibles contradictions dans les intérêts poursuivis par un même acteur social et mis l’accent sur les relations complexes qu’entretiennent, dans la société globale, les passions et les intérêts, les valeurs et les croyances. 2. Les conflits de pouvoir : D’après le philosophe Bertrand Russel, le pouvoir se définit comme ‘la production d’effets recherchés’. Deux formes d’actions obéissent à ce critère :  l’action qui vise à transformer la nature, le pouvoir de changer les choses ;  et l’action qui vise à modifier le comportement des hommes, le pouvoir sur soi ou sur autrui. La sociologie politique ne retient que ce dernier type d’action. Elle définit à la suite de Dennis Wrong le pouvoir comme étant ‘la capacité de certains hommes à produire des effets recherchés et prévus sur autrui’. Dans le domaine anthropologique, détenir le pouvoir c’est l’exercer dit P. Clastres ; l’exercer c’est dominer ceux sur qui il s’exerce. Et dans le 232

MULOWAYI, D., cours de sociologie des conflits, ibidem

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domaine sociologique, le pouvoir dans l’une de ses acceptions désigne la possibilité d’imposer sa volonté dans une relation interindividuelle (R.Dahl), ou de groupe (M. Weber). Le pouvoir désigne donc la chance de trouver des personnes déterminables prêtes à obéir à un ordre. Cela suscite parfois des conflits. 3. Les conflits identitaires : Pour certains psychologues et psychanalystes, ‘l’identité est d’abord le sentiment subjectif et tonique d’une unité personnelle et d’une continuité temporelle, le principe qui donne cohérence à la multiplicité des expériences sociales de l’individu’233. Pour les sociologues, l’identité est une définition sociale, d’une réalité individuelle, personnelle dans le cas des acteurs singuliers, impersonnelle dans le cas des entités collectives. C’est l’organisation sociétale qui donne sa forme à l’organisation du soi. Dans les interactions sociales, l’identité subjective (identité pour soi) et l’identité objective (identité pour autrui), les sentiments d’appartenance et les règles d’attribution se confrontent. L’intériorisation de la réalité sociale objectivée permet à l’individu de développer des identifications affectives à travers des apprentissages cognitifs. À l’âge adulte, des ruptures biographiques peuvent réactiver la disjonction entre identité subjective et identité objective, favorisant ainsi des processus de conversion, de déstructuration/restructuration des identités (socialisation secondaire). 4. Les conflits territoriaux : ‘Le territoire désigne de prime abord l’espace occupé et défendu par un animal contre toute intrusion’. Chez les êtres humains, le territoire ’désigne un cadre spécial déterminant la compétence de l’État’. Selon les analyses sociologiques, la référence au territoire, comme lieu de définition d’une culture, d’une communauté d’intérêt et d’interaction sociale est de plus en plus présente. Les notions telles que localisation concentration, distribution ou ségrégation spatiale semblent plus adéquates. Dans ce cas, l’articulation entre l’économique, le social et la politique est originale et repérable sur un territoire qui ne correspond pas toujours à l’État-Nation ou à un autre découpage politico-administratif. On s’intéresse alors aux conditions sociohistoriques d’émergence d’une forme particulière d’organisation sociale et sa dynamique. Lorsque le processus se confond avec l’échelle régionale et qu’il est porté par des institutions régionales ou relayées par des revendications régionalistes, on parle alors de régionalisation qui peut être source des conflits. 5. Les conflits de relation : La relation désigne ’la liaison d’une chose ou d’une personne avec une autre’. Les relations sociales constituent d’après certains sociologues (Allemagne, États-Unis) l’objet même de la sociologie

233

Erikson, ÉRIK, l’identité sociale, 1972.www:unifr.ch/socsem/cours/…/Identité%20interaction%20sociale.rt.

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en tant que système d’interactions entre groupes ou individus, les participants pouvant donner un sens différent à cette relation. Les relations humaines constituent de tentatives pour améliorer les relations interpersonnelles entre les individus d’une même communauté de travail (Entreprise industrielle, administration, hôpital), par l’amélioration des méthodes de commandement, la prise en considération des autres en tant que personnes et la prise de conscience de la façon dont on agit et dont on est vu et jugé par les autres. Pour l’une ou l’autre raison, toutes ces relations peuvent entrer dans une zone des conflits. 6. Les conflits cognitifs ou conflits des connaissances : Les conflits cognitifs concernent ce qui entre d’opérations (de raisonnement, de mémorisation, de mise en forme, etc.) dans les motivations des individus et dans ce que ces dernières supposent de prises en compte de l’information environnante. Contre le modèle rationaliste-utilitariste de l’action qui fait de la recherche des intérêts le seul principe explicatif de l’action, les individus peuvent mal estimer la manière d’atteindre ce qu’ils recherchent (ou leurs utilités) par défaut d’information et donc de connaissance, mais surtout par déficience dans le traitement opérationnel de cette information (erreurs de raisonnement, erreurs de mémoire, sensibilité au simple mode de présentation des données, etc.)234. Au sens large cognition et cognitif renvoient au domaine des représentations, voire, à celui des idées ou des croyances. L’accent est souvent mis alors sur la forme de ces représentations plus que sur le contenu, en tant que la forme porte, la trace d’une opération. En un sens plus fort, mais intermédiaire, cognitif renvoi à des processus inférentiels logiques divers supposés présents chez l’homme ou à des mécanismes artificiels mimant ces processus. Il renvoie, du même coup, aussi aux types de catégorisations sur lesquels se fondent les prémisses de ces inférences. En un sens encore plus fort ou plus étroit de cognitif, les mécanismes décrits soit sont des processus psychiques considérés comme modélisables à partir des ‘artefacts’ (on désigne par-là les produits de la technique) informatiques ou robotiques soit sont les mécanismes mêmes de ces artefacts. Si l’on songe au cognitif au sens d’opérations de type intellectuel qui ne requièrent pas la conscience de l’agent qui les pratique, l’homme ou machine, la question se pose nécessairement de la relation que la cognition entretient chez l’homme avec la connaissance consciente. C’est une source des conflits. 7. Les conflits affectifs : Les conflits affectifs concernent l’aspect énergétique des comportements exprimés en dehors du contrôle de la raison. Il existe en effet une catégorie plus ou moins objective de phénomènes que l’on appelle émotion, qui sont ancrés soit dans le corps soit dans l’esprit et, 234

BOUDON R., et coll., Dictionnaire de sociologie,Paris Larousse, 2005

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discernables des activités intellectuelles, tombant ainsi dans l’impasse de la pensée dichotomique de la nature et la culture, dont la dualité émotion-raison ne serait qu’un avatar (un accident). Cela s’accompagne en général de l’absence de réflexion critique sur la pertinence de la notion d’émotion comme concept analytique. Les conflits affectifs sont donc les conflits à l’émotion en tant que réaction affective globale d’un sujet dépassé par une situation souvent inattendue. 8. Les conflits culturels : Ce sont les conflits qui naissent à la suite d’une culture au sens anthropologique du terme. Or, selon cette acception, ‘une culture dite Linton est la configuration des comportements appris et de leurs résultats dont les éléments composants sont partagés et transmis par les membres d’une société donnée’. Elle est l’ensemble des valeurs, des façons de vivre et de penser de tous les membres d’une société. Il arrive que les nouvelles professions connaissent divers conflits avec des institutions établies qui refusent de les reconnaître et de les intégrer : églises, hôpitaux, Universités, Tribunaux, etc. On peut observer les contradictions et conflits dans le système de la culture. Les valeurs, les modèles, les symboles ont un âge et une signification selon leur taux. Des mots, des modèles, des valeurs survivent en prenant des sens différents parfois mêmes tout à fait opposés. Les contradictions et conflits entre les institutions, les coutumes, les éléments culturels d’âges différents ressemblent aux contradictions et conflits entre les générations humaines. Chaque génération a sa perception de la société, des choses, de la vie, par suite du contexte dans lequel elle a mûri, des expériences qu’elle a connues, des traumatismes qu’elle a subis, etc. Une génération qui a grandi dans la guerre et la souffrance ne réagit pas comme celle qui n’a connu que la paix et la prospérité. Dans les sociétés complexes en évolution rapide, les conflits de générations et donc de cultures sont inévitables. 5.3.1.4.3. Les comportements face aux conflits Citant une fois de plus Mulowayi Dibaya, les conflits ne sont pas gérés de la même manière chez l’un comme chez l’autre. Devant un conflit, chaque individu manifeste un comportement qui est approprié. C’est, ainsi 5 comportements ont été décelés, face aux conflits : 1. L’évitement/fuite : Face à un conflit qui va se déclencher, on peut adopter comme comportement l’évitement en tant qu’action d’éviter c’est-àdire en faisant en sorte de ne pas heurter en rencontrant quelqu’un ou quelque chose. La fuite consiste quant à elle à s’éloigner rapidement pour s’échapper, pour échapper à quelqu’un ou à quelque chose de menaçant. 2. L’apaisement/soumission : L’apaisement consiste à calmer ou radoucir quelqu’un, amener quelqu’un à des dispositions plus paisibles, plus favorables. La soumission est une action qui consiste à se mettre sous 177

l’autorité de quelqu’un. Elle consiste à accepter une autorité contre laquelle on a lutté. 3. L’affrontement/domination : L’affrontement consiste à aller hardiment au-devant d’un adversaire ou d’un danger avec courage. La domination consiste à exercer sa suprématie, à avoir une influence décisive sur quelqu’un ou sur une situation. 4. La confrontation/dialogue : La confrontation consiste à mettre des personnes en présence, pour comparer leurs dires ; elle consiste à comparer pour mettre en évidence des ressemblances ou des différences. Le dialogue consiste en une conversation entre deux ou plusieurs personnes, à engager une discussion pour trouver un terrain d’entente. Il en est de même de plusieurs théories sociologiques de la guerre. ‘Toutes ont pour principe commun de reconnaître la guerre étant un phénomène normal de la vie de peuple. Cependant, toutes se divergent par leurs manières de concevoir l’avenir’. Ainsi, avons-nous les théories optimistes d’une part les théories pessimistes d’autre part. 5.3.1.5. Les Théories et doctrines sociologiques de la guerre : optimistes et pessimistes Se référence de Gaston Bouthoul et Mulowayi Dibaya (ils) distinguent les théories et doctrines optimistes et pessimistes. Les guerres sont les produits d’une structure sociale dont il y a lieu d’espérer et de prévoir qu’elle sera un jour dépassée. D’après les pessimistes, les guerres sont un phénomène éternel, phénomène qui d’ailleurs est souvent bénéfique. 5.3.1.5.1. Les penseurs de la doctrine optimiste 1. Saint SIMON : Il attend de l’ère industrielle la fin des guerres ‘l’industrie dite – il est l’ennemi de la guerre, tout ce qu’on gagne en valeur industrielle on le perd en valeur militaire’. Dans l’antiquité, le peuple combattait et avait, à la suite des guerres, des esclaves pour les nourrir. Or, les peuples modernes produisent par eux-mêmes. Donc l’état de guerre ou de paix dépend de l’industrie. Le régime industriel où les individus se nourrissent par la production est en train d’être remplacé par une évolution historique, au régime militaire, au régime féodal ancien dont les moyens de subsistance étaient plus ou moins directement fondés sur le vol. 2. Auguste COMTE : Partant des théories de Saint-Simon, il a accentué encore la distinction entre l’état militaire et l’état industriel. D’après lui, l’activité humaine n’a que deux buts : la conquête ou l’action sur la nature, c’est-à-dire la production ; ‘Toute société qui ne serait pas honnêtement organisée pour l’un ou l’autre de ces buts ne serait qu’une association bâtarde et sans caractère. Le but militaire était celui d’un ancien système, le but industriel est celui du nouveau.’ 178

Il établit parallèlement à sa loi de trois états, une loi sur l’évolution de la guerre : 1) la guerre pour elle-même et par besoin : les sociétés primitives ne pouvaient apprendre l’ordre à aucune école que celle de la guerre ; elle a favorisé l’esclavage et, avec lui, l’industrie ; le militarisme était donc aussi indispensable qu’inévitable ; 2) elle subsiste, mais subordonnée à l’industrialisme naissant et celle décroit à mesure que la vie industrielle se développe. Comte déclare les guerres modernes moins meurtrières qu’autrefois, principalement parce que, de plus en plus précises, l’ensemble de la population n’y participe pas effectivement ; c’est ainsi qu’il voit dans la substitution des armées permanentes, aux milices féodales la diminution de l’esprit militaire ; 3) l’industrialisation en fin de compte, va supprimer les guerres. De nos jours, contre ces prédictions il semble que l’industrie ait élargi la guerre, qu’elle y ait impliqué tout le monde. L’industrie est devenue la servante du militarisme. Elle est chaque jour davantage au service de la guerre et de sa préparation. 3. Herbert SPENCER : Il a aperçu à la fois les services rendus par les guerres dans la formation du monde et les maux qu’elles apportent aujourd’hui. Tout concourt à ses buts. Dans une société militaire, les noncombattants sont obligés d’assurer la vie des combattants, et par cela même ils servent aussi la guerre. Le type militaire, quoiqu’inférieur au type de sociétés industrielles, n’en a pas moins été nécessaire, car l’arme a précédé l’outil, et sans arme à l’origine il n’y aurait pas eu d’outils. La formation du monde en État, c’està-dire en vastes sociétés, n’a pu se faire que par la force et progressivement. Sans cet usage de la force, on n’en serait toujours aux petites tribus nomades au lieu de vastes agrégats modernes favorables au développement de science et de l’industrie. En grandes lignes, la thèse de SPENCER est la suivante : tant que durent la barbarie et l’enfance de la civilisation, la guerre a pour effet d’exterminer les sociétés faibles et d’éliminer les faibles des sociétés fortes ; mais passé un certain degré d’évolution, elle devient une source de recul, car il y a tendance à choisir et à exposer à la mort les mieux constitués et les plus robustes et à laisser pour la reproduction les individus physiquement inférieurs. 4. Gabriel TARDE : d’après lui, la guerre est une méthode tragique et non éternelle de dialectique sociale. Elle est la résultante de deux syllogismes collectifs en conflit : ‘les volontés accumulées dans deux nations finissent par s’incarner dans deux armées qui marchent contre l’autre.’ Et il suffit pour que les contradictions se résolvent en guerre d’une seule condition : ‘lorsqu’une question est posée simultanément à un certain nombre d’hommes, tous ceux qui partagent le même désir, le partagent en 179

même temps et acquièrent la conscience de cette identité, de cette simultanéité’. Mais l’opposition à elle seule ne crée rien : ‘qu’on cite une grande bataille qui engendre un progrès décisif de l’art militaire ! Le progrès dans tous les domaines est le fruit non de la lutte, de la concurrence, de la discussion même, mais de la série des bonnes idées apparues dans d’ingénieux cerveaux et appropriés à leurs temps : de l’adaptation et non de l’opposition’. L’avancement de l’art militaire est le résultat ‘non de batailles, mais d’inventions, principalement industrielles, artistiques ou autres, que la guerre n’a en rien produites ni favorisées, qu’elle a au contraire fait avorter souvent et dont elle a seulement suggéré çà et là l’application à l’armement et à la tactique. La guerre “a évolué presque autant que le travail, plus que l’amour et les beaux-arts, et beaucoup plus que les crimes. Tout y change d’une époque à une autre : les moyens employés et les buts poursuivis.” 5. Marx et les marxistes : Les thèses de Marx et de ses disciples concernant de la guerre se synthétisent dans l’idée fondamentale qui fut à la base de la prédication de Gracchus Baboeuf : “il n’y a jamais eu qu’une guerre éternelle, celle des pauvres contre les riches.” Ce sera la lutte permanente des classes. Dans Le Manifeste du parti communiste, Marx et Hengels stipulent que l’histoire de l’humanité est l’histoire de lutte des classes. On appelle lutte de classes, l’affrontement qui se produit entre deux classes antagoniques, lorsque celles-ci luttent pour leurs intérêts de classes. Elle apparaît quand une classe s’oppose à une autre dans l’action et se joue à trois niveaux qui composent la structure sociale globale : l’économique, l’idéologique et le politique. La lutte économique dite Lénine “est la lutte collective des ouvriers contre le patronat, pour vendre avantageusement leurs forces de travail, pour améliore leurs conditions de travail et d’existence”. Au plan idéologique, la lutte de classes se manifeste comme une lutte entre l’idéologie de la classe exploitée et l’idéologie de la classe exploiteuse. Pour que cette lutte aboutisse, elle doit, à la différence des autres formes de luttes, attaquer l’ennemi là où il est le plus fort, c’est-à-dire là où se trouvent les meilleures portes-paroles de l’idéologie de la classe dominante. Au plan politique, la lutte de classes se manifeste dans l’affrontement qui se produit entre les classes dans leur lutte pour le pouvoir politique, c’est-àdire dans la lutte pour détenir le pouvoir de l’État. Une seconde position du marxisme à propos des guerres est l’adoption de la thèse machiavélienne de la guerre diversion combinée avec la notion voltairienne de mystification. Les classes dirigeantes détournent les peuples de la lutte de classes en lui suggérant des passions nationales ou religieuses.

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5.3.1.5.2. Les penseurs de la doctrine pessimiste Dans l’ensemble, les protagonistes des doctrines pessimistes sont de vrais apologistes qui prédisent avec satisfaction que la guerre ne fera que croître et embellir. 1. R.S. STEINMETZ : D’après lui, la guerre ne disparaîtra pas et ne doit pas disparaître. En paraphrasant Hegel, il dit que “la victoire est donnée d’après la constitution intime des peuples au moment de la guerre.” La guerre est principal procédé des sélections collectives, cette forme des sélections étant le propre de l’humanité : “la guerre est la pierre de touche des nations. Pitié si l’on veut pour les faibles, mais fait place aux forts.” 2. ISOULET : D’après lui, force est synonyme de vertu ; les faibles ainsi que les personnes immorales sont balayés par la guerre. Donc la guerre est forcément morale. Le facteur de l’interaction et de l’association a déterminé l’évolution de l’organisme et le développement du sens social, scientifique, industriel et moral chez l’homme. 3. Georges SOREL : Il prône la lutte des masses, la guerre civile déracinant le capitalisme, la guerre chronique qui anéantira le christianisme. Pour lui, l’essentiel d’une société ce sont ses mythes, et ceux-ci servent surtout à cultiver l’esprit belliqueux des masses. Il n’y a pas grande différence entre la guerre civile et la guerre étrangère : “une guerre générale peut très bien devenir une bataille napoléonienne.” 4. GUMPLOWICZ : Sa doctrine n’est qu’un appel à vide à la guerre : “la grande erreur de la psychologie individualiste c’est la supposition que l’homme pense. La source de sa pensée est dans le milieu social où il vit.” Il suppose une haine inhérente et immortelle dans les rapports d’un groupe à l’autre : donc lutte inévitable et mortelle entre les groupes. Toutes les formes sociales et les institutions naissent de la guerre. L’origine des États c’est la réunion des groupes victorieux aux groupes asservis où les vainqueurs deviennent les corps privilégiés et dirigeants. L’origine du droit c’est un ensemble des règles édictées par les groupes dirigeants pour maîtriser et exploiter les groupes asservis. La stratification et l’inégalité sociales proviennent du fait que les vainqueurs deviennent l’aristocratie. Donc toutes les règles obligatoires de conduite sont nées de la guerre et lui sont dues. D’après le sociologue, un but de fatalisme et cruauté biologique par application des principes darwiniens de la lutte pour la vie et l’élimination des inaptes, les phénomènes d’hostilité doivent prévaloir sur les phénomènes d’entraide et de division du travail. En plus des théories sociologiques, il existe les mythologies, les doctrines théologiques des guerres, les doctrines philosophiques sur les guerres ainsi que les doctrines morales et juridiques

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5.3.1.6. Les Théories de l’action sociale Ces théories orientent l’attention sur les actions et les interactions des membres de la société au cours de la formation des structures de la société. Elles sont concentrées sur l’analyse sur la façon dont les individus se comportent les uns envers les autres et envers la société (au lieu de créer des modèles de fonctionnement de la société). Max Weber se distingue comme le premier défenseur de cette théorie. Il a fait admettre l’existence de structures sociales, mais on pense qu’elles sont créées par des actions sociales individuelles. Ce point de vue social, le plus systématique, est développé dans le cadre de l’interactionnisme symbolique. 5.3.1.6.1. L’Interactionnisme symbolique L’interactionnisme symbolique a été conçu et développé à partir de la préoccupation relative à la langue et le sens. G. H. Mead235estime que notre langue nous permet de devenir des êtres conscients de soi – conscients de notre individualité et capable de s’observer de la manière dont les autres nous perçoivent. Un élément clé de ce processus est un symbole, quelque chose qui se place à la place d’une autre chose. Presque toutes les interactions entre les individus comprennent l’échange de symboles. Ce point de vue est critiqué pour avoir négligé des questions plus larges telles que le pouvoir et les structures internes de la société. a) La Culture et la Société La Culture désigne le mode de vie des membres d’une société ou d’un groupe en sein d’une société. La “Culture” peut être conceptuellement distinguée de la “société”, mais il y a un lien étroit entre ces concepts. La société est un système de relations qui reliées individus. Toutes les sociétés sont associées par le fait que leurs membres sont organisés en relations sociales clairement structurées en fonction de la culture unique à laquelle, ils appartiennent. Aucune culture ne peut exister sans la société, et vice versa. Les différences culturelles entre les peuples sont liées aux différents types de sociétés. b) Le concept de la Culture Dans le domaine anthropologique, la culture selon TAYLOR, cité par Mulowayi Dibaya, est “un ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l’art, le droit, la morale, les coutumes et toutes les autres aptitudes et habitudes qu’acquiert l’homme en tant que membre 235

George Herbert Mead – Philosophe, Sociologue et socio psychologue américain, fondateur de la psychologie sociale, dont l’interactionnisme symbolique.

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d’une société”236. C’est aussi d’après LINTON, cité par Mulowayi Dibaya, “la configuration des comportements appris et de leurs résultats dont les éléments composants sont partagés et transmis par les membres d’une société donnée”. Elle est donc l’ensemble des valeurs, des façons de vives et de penser de tous les membres d’une société. Elle est faite d’après E : SAPIR de sens vécus, de groupe aux milieux naturel, humain, social’.237: Dans le domaine sociologique, selon GUY Rocher, cité toujours Mulowayi Dibaya, la culture se conçoit non seulement comme accession à un patrimoine artistique et culturel, mais surtout comme hiérarchie de valeurs. Elle est ’un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d’agir plus ou moins formalisé qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d’une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte’.238 Quand les sociologues parlent de culture, ils sont intéressés à ces aspects des sociétés humaines liés à ‘l’apprentissage’ et non à ‘l’héritage’. La Culture d’une société comprend aussi bien les aspects non matériels – la croyance —, que matériels – les objets —, ou symboliques (au travers, les symboles s’expriment le contenu de la culture) – la technologie —. c) Les valeurs et les normes Des idées ou des valeurs abstraites donnent un sens et servent de guide aux personnes dans leur interaction avec le monde qui les entoure. La monogamie, par exemple, représente une valeur, en Occident. Ces idées sont indispensables pour toutes les cultures et définissent ce qui est considéré comme important, utile et souhaitable. Les normes sont des règles de conduite qui reflètent et incarnent les valeurs d’une culture. Les valeurs et les normes, en raison de leurs efforts conjoints, façonnent les comportements des membres d’une culture au sein de leur environnement. Les valeurs et les normes varient considérablement d’une culture à une autre — par exemple, certaines cultures valorisent l’individualisme, tandis que d’autres accordent plus d’importance aux besoins courants, communs — . Même dans le cadre d’une société ou d’une communauté les valeurs peuvent être tout à fait contraires. Les valeurs culturelles et les normes de l’époque changent souvent. Les valeurs qui régissent nos relations les plus personnelles évoluent progressivement et naturellement pendant une longue période. Mais il y a des cas d’essais délibérés de changer les normes et les comportements culturels. Beaucoup de nos comportements et de nos habitudes quotidiennes sont basés sur les normes culturelles. Les

236

MULOWAYI D.,Manuel et lexique de sociologie, op.cit. p. 154. MULOWAYI D., idem, p.255. 238 idem 237

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mouvements, les gestes et les expressions faciales sont fortement influencés par des facteurs culturels (par exemple, la façon dont les gens sourient). d) La diversité culturelle Les formes acceptables de comportement varient grandement d’une culture à une autre, et souvent sont en contraste dramatique avec les notions considérées ‘normales’ par les personnes des sociétés occidentales, comme — les mariages entre enfants âgés de 12, 13 ans, consommation de la viande de chien... — Des sociétés plus petites ont tendance à être culturellement uniformes ou monocultures — Le Japon est resté relativement une société mono culturelle et se caractérise par un niveau élevé d’uniformité culturelle —. De nombreuses sociétés industrialisées sont de plus en plus culturellement diversifiées et multiculturelles. Les migrations globales (l’esclavage, la guerre, le colonialisme, la mondialisation...) conduisent à l’émergence de sociétés caractérisées par un métissage culturel – sociétés constituées de groupes qui ont des origines culturelles, ethniques et linguistiques différentes. Les subcultures ne sont pas liées uniquement aux groupes ethniques ou linguistiques dans un contexte social plus large. Elles s’appliquent à tous les segments de la population qui est différente du reste de la société par ses modèles culturels (par exemple, les naturalistes, les Goths, les pirates, les hippies, les rastafariens.). Certaines personnes peuvent s’identifier clairement à une subculture particulière, tandis que d’autres peuvent facilement vaciller entre plusieurs différentes subcultures. La culture joue un rôle important, lequel assure l’existence durable, continue des valeurs et des normes d’une société, mais offre également des opportunités importantes pour la créativité et le changement. Les Subcultures et les Contre-cultures (groupes qui rejettent largement les normes et les valeurs dominantes d’une société) peuvent favoriser des points de vue (arguments) montrant une alternative à la culture dominante. e) L’ethnocentrisme Chaque culture a ses propres comportements, uniques, lesquels sont étrangers aux personnes d’autres cultures (choc culturel). Les Cultures sont parfois très difficiles à comprendre observées de l’extérieur. Nous ne pouvons pas comprendre les actions et les croyances si elles sont séparées de la culture, au sens large, à laquelle nous appartenons. Une culture doit être étudiée par rapport à ses significations et ses valeurs spécifiques — une exigence clé de la sociologie —. Cette idée est reconnue comme le ‘relativisme culturel’. Les sociologues tentent autant que possible d’éviter l’ethnocentrisme, ce qui signifie ‘apprécier d’autres cultures grâce à la comparaison avec son relativisme culturel’ individuel. L’application du relativisme culturel 184

(présume laisser ses croyances culturelles, profondément enracinées, et étudier les situations au travers les normes d’autres cultures) peut être grevée d’incertitudes et de défis. Il se pose le problème de savoir si le relativisme culturel signifie que tous les comportements sont tout aussi légitimes (ce qui est encore contraire aux cultures où le rôle de la religion est très important). f) La Socialisation La Culture se réfère aux caractéristiques des sociétés qui ont été acquises et non héritées. Le processus par lequel les enfants ou d’autres membres de la société acquièrent de nouvelles connaissances sur le mode de vie de leur société est appelé, socialisation. C’est le plus important canal pour la transmission de la culture à travers le temps et les générations. La socialisation est le processus par lequel un enfant sans défense devient peu à peu conscient de soi-même, acquiert des connaissances et les compétences nécessaires pour la culture dans laquelle il est né. Un enfant dès le début de sa vie est un être actif. La Socialisation sert de lien entre les différentes générations (grands-parents — parents — enfants). C’est un processus qui dure toute une vie, dans lequel le comportement humain est constamment façonné par les interactions sociales. Il permet aux personnes de se développer individuellement, d’apprendre et de s’adapter. La Socialisation se déroule en deux grandes phases, qui comprennent un certain nombre de différents agents de socialisation. g) Les conducteurs ou agents de socialisation Les conducteurs ou agents de socialisation sont des groupes ou des contextes sociaux dans lesquels se déroulent d’importants processus de socialisation. La période de socialisation primaire comprend l’enfance infantile et est la période la plus intense dans la culture d’apprentissage — les enfants apprennent la langue et les modèles de base de comportement, et le principal agent de socialisation est la famille La socialisation secondaire se produit plus tard dans l’enfance et au cours de la période de maturation — une partie de ces fonctions sont assumées par la famille, d’autres par les agents de socialisation tels que les écoles, les pairs, les organisations, les médias, le lieu de travail... Les interactions sociales dans ces contextes aident les personnes à apprendre les valeurs, les normes et les croyances qui constituent leurs habitudes culturelles. Les rôles sociaux au travers le processus de socialisation éduquent les personnes aux attentes définies socialement qu’une personne dans une situation sociale donnée soit sensée suivre. Certains sociologues (en particulier les partisans du fonctionnalisme) considèrent les rôles sociaux comme établis et parties relativement immuables de la culture d’une société. Ils sont considérés comme un fait social. D’après leurs avis, les rôles sociaux 185

de comportement pilotage sont prescrits et n’impliquent pas de négociation ou de créativité. Cependant, cette opinion est erronée, la socialisation est plus tôt le processus au travers lequel les êtres humains agissent et créent, développent et se développent ; ils ne sont pas seulement des sujets passifs qui attendent d’être enseignés. Les individus comprennent et s’approprient le rôle social du processus continu d’interaction sociale. h) L’identité La socialisation est au cœur de notre propre individualité et liberté. Dans le processus de socialisation, chacun de nous développe un sentiment d’identité et la capacité de pensée et d’action indépendante. La définition de l’identité dans la sociologie est pluridimensionnelle. En général, l’identité se réfère à la manière dont la personne se comprend elle-même et ce qui est important elle. Cette compréhension est atteinte sur la base de certains attributs qui ont un avantage sur les autres sources de sens définis. Les sources importantes d’identité sont, le sexe, l’origine nationale ou ethnique et la classe sociale. Les sociologues le plus souvent mentionnent deux formes d’identité : ‘l’identité sociale et l’auto-identité (identité personnelle)’ L’identité sociale se transmet aux caractéristiques que d’autres personnes confient à un individu — indiquent qui est cette personne —. L’identité sociale met la personne dans une relation avec d’autres personnes qui partagent les mêmes caractéristiques individuelles. De nombreux individus ont des identités sociales qui incluent plus d’un attribut, mais la plupart des personnes organisent la signification et l’expérience autour d’une identité primaire dans leur vie, laquelle est quasi continue dans le temps et l’espace. Les identités sociales impliquent une dimension collective. Elles indiquent la manière dont les individus sont ‘les mêmes’ que les autres. L’identité commune (établi autour d’un ensemble d’objectifs communs, des valeurs ou des expériences) peut créer une base solide pour la mise en place des mouvements sociaux. L’auto-identité (identité personnelle) nous distingue en tant qu’individus distincts. Elle se réfère au processus par lequel nous formulons des sentiments uniques par rapport à soi-même et notre relation avec le monde qui nous entoure. Ce concept s’appuie sur le travail des interactionnistes symboliques. Il est en effet ‘une négociation’ permanente d’un individu avec le monde extérieur, laquelle contribue à créer et à façonner les sentiments d’estime. Alors que l’environnement culturel et social est un facteur dans la formation de l’identité, une importance cruciale dans cette conception a les actions et les choix individuels. Par rapport aux sociétés traditionnelles, les identités sont aujourd’hui beaucoup plus diversifiées et moins stables traditionnellement il a existé deux

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conceptions de la sociologie et de l’anthropologie sur les conflits : celle de l’intégration et celle des conflits239. La première en effet insiste sur le caractère intégré des ensembles sociaux et sur les processus qui concourent à cette intégration des parties et du tout. On y trouve les mécanismes d’institutionnalisation des modèles, des valeurs et des rôles, de socialisation et de contrôle social. C’est Redfield R. qui est à la base de cette conception. La seconde celle de LEWIS, O. met en relief les nombreux conflits qui agitent sans cesse la société et y provoquent des changements de structure plus ou moins brusques et violents. La sociologie des conflits est une sociologie spéciale. Elle est fondée sur la théorie sociologique selon laquelle ’toute action sociale est subordonnée au conflit (ou polémique) d’acteurs sociaux’. Un conflit ou une situation conflictuelle désigne ’l’opposition entre personnes ou entités. Il est chargé d’émotions telles que la colère, la frustration, la peur, la tristesse, la rancune, le dégoût. Il peut aussi être fait d’agressivité et de violence’240. Tous ces traits de personnalité ou valeurs négatives se retrouvent bien entendu, dans les chefs des enfants-soldats ou enfants sortis des forces et groupes armés241. Dans la sociologie des conflits, ce terme désigne de multiples situations qui comportent des dimensions économiques, sociales, politiques et culturelles : guerres entre États, mouvements sociaux, oppositions entre les avant-gardes et les courants traditionnels, querelles domestiques, etc. Les conflits sont ainsi omniprésents dans la vie sociale tout en prenant des formes extrêmement variées. Ils se distinguent d’abord selon la nature de leurs enjeux, ensuite selon la structure des enjeux et plus loin de conflits dans les règles. Concernant la nature de leurs enjeux, les conflits peuvent porter soit sur la distribution de biens rares (biens économiques, pouvoirs) soit sur les valeurs, soit sur les idées, soit encore sur les règles du jeu gouvernant un système d’interaction comme c’est le cas d’une organisation. Concernant la structure des enjeux, certains conflits ont une structure de jeu à somme nulle : à l’issue du conflit, les pertes de l’un des acteurs sont égales aux gains de son opposant. C’est le cas de la rivalité entre les partis politiques : le nombre de sièges gagnés par un parti est nécessairement égal au nombre de sièges perdus par l’autre dans le cas d’un système biparti, par les autres dans un système multipartite. D’autres catégories des conflits ont une structure de jeu à somme négative : les gains des joueurs gagnants sont inférieurs aux pertes des joueurs perdants. D’autres catégories des conflits 239

MULOWAYI D., cours de sociologie des conflits : La polémologie, 2ère Licence Sociologie, Université de Lubumbashi, Année Académique, 2013-2014, p.1 240 Idem. 241 KALONGA, L., et LUTALA J., quelques considérations psychosociales des enfants sortis des forces et groupes armés, ‘in Recherches Africaines, L’Afrique et son vécu’, no 21-22, Janvier-Juillet 2008, pp106-116.

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ont une structure de jeu à somme positive où les joueurs sont tous gagnants. En ajoutant à cela la dimension temporelle, certains processus peuvent commencer comme des jeux à somme positive et se terminer comme des jeux à somme négative. Certains conflits se développent à l’intérieur d’institutions dont les acteurs respectent les règles du jeu. On peut parler alors de conflits dans les règles. L’exemple le plus simple est celui de la rivalité entre partis politiques dans un système démocratique stable. Les affrontements entre participants peuvent être violents, mais ils se déroulent à l’intérieur d’un cadre institutionnel bien défini. Dans d’autres cas, les conflits portent sur les règles du jeu : par exemple, ceux où un groupe cherche à obtenir la reconnaissance de nouveaux droits. Conflits dans les règles et conflits sur les règles du jeu représentent deux cas polaires entre lesquels on peut discerner une multitude de cas intermédiaires. Selon la tradition Wébérienne, les conflits sont des manifestations d’antagonismes entre des individus ou des groupes pour la recherche, la possession et la gestion de biens rares à l’échelle d’un groupe ou d’une société, matériels ou idéal tels que les richesses, le pouvoir et le prestige. La finalité des conflits n’est rien d’autre que la modification des rapports de forces qui président à la production et à la distribution de ces biens rares. Les conflits désignent ainsi des situations d’oppositions sous des formes très diverses entre individus ou groupes dont les intérêts sont divergents. Dans la tradition marxiste, ces affrontements sont à même de bouleverser l’ordre existant, soit en faisant changer de main la propriété des moyens de production selon Marx, soit en modifiant le rapport d’autorité selon Dahrendorf. Pour les fonctionnalistes, dont L. COSER, ces perturbations laissent place à de nouveaux équilibres. Selon la théorie des jeux avec Schelling, on peut montrer que ’de tels antagonismes, par les répercussions qu’ils entraînent, transforment, de l’intérieur, une organisation ou un collectif de travail’. Les conflits sont donc les manifestations d’antagonismes ouverts entre deux acteurs individuels ou collectifs aux intérêts momentanément incompatibles quant à la possession ou à la gestion de biens rares, matériels ou symboliques. Les conflits dans une société sont perçus de plusieurs manières selon qu’on est de x ou y obédience. C’est de notre pays la RDC, où depuis les années 1996, nous avons connu une répétition des guerres et conflits, et chaque camp à l’opposé de l’autre pouvait qualifier la même guerre, soit d’agression pour la partie au pouvoir ou de libération pour partie des belligérants. C’est donc dans cet ordre que ‘les fonctionnalistes considèrent le conflit comme facteur d’équilibre et même de progrès, dans une société assez sûre pour l’intégrer. À l’opposé, les marxistes considèrent le conflit comme lié au mode de production et se manifestant dans la lutte des classes. Les 188

démocraties se servent de ce terme pour qualifier les affrontements entre groupes sociaux ou politiques, luttant pour conquérir ou conserver le pouvoir, les avantages économiques, ou une amélioration de leur statut’.

CONCLUSION PARTIELLE La DDR doit être durable. C’est pour cette raison que nous proposons le terme ‘Réintégration’ en lieu et place de la ’Réinsertion’, voulu par le cadre opérationnel de la République Démocratique du Congo. Le système des ‘Familles d’accueil transitoire’ (FAT), du type de réinsertion individuelle immédiate, sont à proscrire absolument pour le réel souci de voir une réhabilitation et une autoprise en charge réelles, efficaces et efficiences de l’enfant ex-soldat. La confusion et l’emploi abusif de certains termes tels que : Insertion, réinsertion, intégration et réintégration qu’elle soit sociale, professionnelle ou économique sont désormais clairs. La prévention, la réhabilitation et la réintégration des enfants soldats, sortis des forces et groupes armés, exigent une approche globale et un engagement à long terme envers les enfants, les familles et les communautés concernées. En outre, les agences de protection de l’enfant (APE) doivent impérativement travailler en étroite collaboration avec les communautés et les autorités locales politico-administratives et militaires, afin de développer les stratégies durables en faveur de la protection de l’enfant (Table ronde et ateliers de renforcement des capacités en vue de l’élaboration des plans de développement et d’actions communautaires, ainsi que la création et l’établissement des toiles communautaires, et inter communautaire préventives). Il est aussi essentiel que les toutes les APE et toutes les parties prenantes, puissent être bien formées et informées sur les instruments juridiques et nationaux et internationaux de protection de l’enfance, ce qui facilitera leur travail.

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PARTIE 3 MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE

CHAPITRE SIXIÈME Plan de recherche

6.1. MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE Étant donné que la sociologie comme étude des faits et phénomènes sociaux et que la réintégration durable est à la fois socio-économique, les économistes se posent la question ‘comment ?’, et les sociologues en revanche, la question ‘pourquoi ?’, la présente étude est de nature mixte, à la fois qualitative et quantitative. L’analyse du phénomène Enfants soldats, des échecs et des défis de DDR, revêt d’office la nature qualitative. En revanche, la création des petites unités de production, sur base de la faisabilité financière, de l’établissement de business-plans ou plans d’affaires, de quatre environnements économiques, des plans de trésorerie, des balances et même la quantification du pourcentage du taux d’échec ou de réussite pour l’autoprise en charge des bénéficiaires, lui donne le caractère quantitatif. Par ailleurs, notre recherche est à la fois explicative et expérimentale. Le travail avec les enfants soldats et ex-soldats durant une décennie, nous a permis d’accéder à une bonne expérience, de faire plusieurs publications scientifiques, de produire assez d’outils et guides pour l’orientation professionnelle des ESFGA, d’expérimenter notre savoir dans plusieurs organisations non gouvernementales et d’entrer en contact avec plusieurs parties prenantes intervenantes dans la thématique. Notre prise en otage, notre participation à plusieurs missions de désarmement et démobilisation, dans divers ateliers et sessions de formations liés à cette problématique, les enquêtes sur terrain, les interviews et les entretiens, les études des marchés locaux de réintégration, etc. constituent la colonne vertébrale et méthodologique de cette étude. S’agissant de sa philosophie, la présente recherche est aussi à la fois subjective et interprétative.

6.2. PLAN DE COLLECTE DE DONNÉES À 90 %, les données collectées relèvent du type primaire. Car nous avons fait nous-mêmes l’évaluation des besoins en orientation professionnelle pour les ex-soldats qui ont constitué notre cible directe de première catégorie, en plus de l’évaluation rapide des capacités des structures de formation professionnelle et apprentissage des métiers. Les supervisions et les études des marchés de réintégration socioprofessionnelle et économique à travers toute l’étendue de la province du Sud-Kivu, les visites guidées et l’organisation et présentation des forums des métiers. Les interviews, les entretiens libres, en plus de l’observation simple, documentaire et de l’observation — participante, les questionnaires d’enquête structurés ont constitué les principales techniques que nous avons utilisées. Mais aussi pour répondre à ces différentes questions, cette recherche à la fois systémique et appliquée, a été exécutée en plusieurs phases et, a utilisé une approche qualitative basée sur (1) des entrevues en profondeur avec les ESFGA et personnes-ressources, professionnels DDR (2) la pré enquête qui nous a permis d’interroger d’abord 20 sujets soit près d’un 1/10è des bénéficiaires directs de première catégorie pour la première étude de 200 ESFGA en 2005 déjà, et de reformuler certains items. (3) L’enquête proprement dite au cours de laquelle nous avons procédé par une interview structurée ou entretien dirigé, tant qu’il est vrai qu’elle nous a servis à recueillir les informations d’une façon standardisée pour les 200 sujets de départ. C’est- à -dire, toutes les personnes interrogées répondaient à des questions identiques. Elles recevaient les mêmes explications et les entretiens se déroulaient dans des conditions semblables pour tous nos sujets.242 (4) Enfin, nous avons procédé à l’analyse de toute la situation. Ce qui nous a aidé à produire la thèse avant de publier cet ouvrage : a. Une sérieuse étude assortie de 5 publications scientifiques axées sur : i. Les caractéristiques sociodémographiques de 200 ESFGA dans la ville de Bukavu, Recherches Africaines, l’Afrique et son vécu, no 19 (juillet 2007) ; ii. La problématique de l’orientation professionnelle de 200 ESFGA dans la Ville, Recherches Africaines…, no20 (décembre 2007) ; iii. Quelques considérations psychosociales sur les 200 ESFGA dans la ville de Bukavu, Recherches Africaines…, no21-22 (janvierjuillet 2008) ; iv. Les Difficultés inhérentes à la formation professionnelle et la réinsertion économique de 200 ESFGA dans la ville de Bukavu, Recherches Africaines…, no29-30 (Avril-Novembre 2011)

242

DE LANDSHEERE, Introduction à la recherche en éducation, Liège, G. Thone Éditeur, 1970, p.61.

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v. vi.

Approches et stratégies alternatives de réinsertion économique des enfants ex- soldats en période post conflit dans la ville de Bukavu à l’Est de la RD Congo, Georgetown (août 2011) ; ‘Les enfants issus des viols et violences sexuelles perpétrés par les “Interahamwe” : de leur inconscience à leur intégration socio psychologique et juridique au Sud- Kivu’. (manuscrit)

b.Une enquête élargit sur l’ensemble de la province du Sud-Sud, grâce à la consultance-expertise avec les agences des Nations unies, les ONG internationales et nationales.

6.3. PLAN D’ANALYSE DE DONNÉES 6.3.1. Procédure qualitative de la recherche S’agissant de la procédure de notre recherche, nous sommes parti, de prime à bord, d’une observation à la fois simple et participante. Simple pour avoir vu comment les enfants de moins de 18 ans se font toujours recruter de force et volontairement dans les forces et groupes armés à travers toute la province du Sud-Kivu. Participante, pour avoir travaillé avec ces enfants durant 10 ans. Mais aussi pour avoir participé à plusieurs reprises à tous les processus de DDR, de réunification familiale et communautaire, et de réintégration socioprofessionnelle et économique..., pour avoir joué un rôle clé dans l’orientation professionnelle des ESFGA enfin, pour avoir mis sur pied les outils, les approches et stratégies alternatives pour une réintégration durable, en matière de publication et de recherche appliquée en tant qu’expert dans plusieurs agences de protection des enfants en général et des enfants ex-soldats en particulier. Les descentes sur terrain et le travail avec les forces et groupes armés en vue de la libération des enfants impliqués dans les conflits armés, avec les formateurs d’éducation formelle et non formelle, ont sans doute constitué des atouts favorables pour notre thèse.

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Figure 3 : Schéma de la recherche

Schéma de cycle de la recherche

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6.3.2. Méthodes de la recherche 6.3.2.1. Méthode À titre de rappel, notre recherche a pour buts de rendre le DDR-Enfants durable et de mettre sur pieds, un modèle stratégique de DDR coulé sous forme d’approches et stratégies devant servir d’outils de travail à tous les acteurs socio-économiques impliqués dans la réintégration socioéconomique des enfants sortis des forces et groupes armés et de surcroît, d’autres couches vulnérables à savoir : les réfugies, les déplacés des guerres internes, les survivantes des viols et violences sexuelles, les enfants de la rue et dans la rue, les personnes affectées et infectées par le VIH/SIDA, etc. Étant donné la nature et le caractère socio-économique que revêt notre étude, qui porte sur un phénomène social ‘enfants ex-soldats’, dans la province du Sud-Kivu, considérée comme un système social complexe, connaissant que la méthode systémique, a pour but de construire un modèle ou cadre théorique adapté à l’analyse sociale, culturelle, économique ou juridique, sachant que cette méthode met en relation les différents éléments ou des parties qui composent tout système social (Éléments qui remplissent des fonctions à son sein et qui sont susceptibles de l’influencer : rôle des institutions, normes, valeurs), la démarche systémique est préconisée pour traiter les grandes organisations, car elle apporte une synthèse là où existent de nombreuses interactions et incite à une rigueur conceptuelle et logique. Les ESFGA ne vivent pas en vase clos, au contraire, ils vivent dans un cadre social considéré. Ainsi pour mener à bien notre étude, nous avons fait usage de la méthode systémique comme étant un ensemble d’éléments interconnectés, dépendants les uns des autres et qui entretiennent des rapports tels que, la modification d’un élément du système entraîne ipso facto la modification des autres éléments et de tout le système. La Méthode systémique est ainsi objective et réaliste pour une étude d’un système de protection et de réintégration des EAGA et ESFGA. Certes, cette méthode nous a permis de considérer les enfants associés ou sortis des forces et groupes armés, comme un sous-système qui vit dans un environnement social ou système social qui est la province du Sud-Kivu. Il est à considérer, en outre, que le changement des comportements et des conditions de vie socio-économiques et professionnelles de ces ex-soldats entraînerait sans doute le changement de notre système social considéré, avec la méthode systémique, nous sommes arrivés à faire ressortir les mauvaises pratiques commises par les acteurs ainsi que les rapports qui existent entre les acteurs du DDR d’une part et des actes commis par les excombattants et les agences de protection d’autre part. En utilisant ses principes, en l’occurrence les principes de globalité et d’interdépendance des éléments du système, d’autorégulation, d’orientation du changement au sein du système et enfin, le principe du changement endogène du système, cette méthode nous a aidé à aborder les ESFGA dans un cadre structurel bien déterminé et de circonscrire la province du Sud-Kivu 197

à l’Est de la RD Congo, comme notre champ d’investigation. Les deux premiers principes, nous ont également aidé de voir que ces éléments ne vivent pas de façon isolée, mais plutôt, sont interdépendants, d’où les relations entre les ex-soldats et leurs familles et amis d’une part, mais aussi avec les autres groupes de malfrats ou voleurs à mains armées et coupeurs des routes pour certains d’autre part. Les principes d’autorégulation et du changement endogène quant eux, nous ont aidé de voir comment les acteurs DDR, mènent leurs vies et action, fonctionnent bien ou non conformément aux réalités, statuts, conventions et lois du pays. Le changement ou autorise en charge durable des ESFGA ne peut jamais provenir de l’extérieur sans la prise de conscience réelle de ces sujets à réintégrer, dans leurs familles et communautés. C’est dans cette optique que la méthode systémique nous a par ailleurs aidé à analyser en profondeur les conditions de vie socio-économiques de ces ex-combattants, le degré, les causes et les conséquences de la pauvreté que traverse notre cible. Ainsi sommes-nous arrivé à la conclusion selon laquelle les enfants sortis des forces et groupes armés ou associés constituent un véritable défi et une bombe à retardement s’ils ne sont pas bien réintégrés économiquement. En outre, cette analyse nous a amené à comprendre que ces excombattants vivent, pour la plupart, dans une pauvreté absolue. Ils sont caractérisés par le manque quasi total des biens de première nécessité, voire aussi les frais pour les soins médicaux et la scolarisation de leurs enfants. Pour certains, grâce à la méthode systémique, nous sommes arrivé à déceler les véritables causes de cette pauvreté. C’est notamment le cas des guerres à répétition, les représailles et les massacres perpétrés par les différentes bandes armées, les pillages et l’insécurité que connaît en particulier le grand Kivu. En somme, en sociologie, nous faisons beaucoup attention à la manipulation des méthodes. C’est un usage heureux la méthode systémique, car qui dit système dit sustenta en grec, pour traduire un assemblage ou une réunion. Il évoque un ordre où les différentes parties se soutiennent actuellement, un ensemble d’éléments, matériels ou non, qui dépendent réciproquement les uns des autres de manière à former un tout organisé. Les trois caractéristiques essentielles d’un système, la capacité d’adaptation, l’homéostasie et les boucles de rétroaction sont des caractéristiques que nous cherchons à obtenir des ESFGA. Pour compléter cette méthode systémique, nous avons aussi fait usage de l’approche historique. Juger la réussite ou l’échec du processus DDR pendant dix (10) ans, et voir ceux qui étaient autres fois enfants déjà adultes, ne pouvait donc s’en passer de l’approche historique. Partant de son essence diachronique ou génétique, cette approche s’est value pour nous, une analyse qui s’est inscrite dans le temps et dans la durée de notre étude (2005-2014). C’est grâce à cette approche, que nous avons essayé de reconstituer la genèse même du phénomène enfants-soldats dans le Kivu, en allant plus loin à 198

découvrir les antécédents dans la politique et l’administration coloniale, ainsi que des rébellions post-indépendance, dont celle de Simba. Ce qui nous a permis de bien comprendre et d’expliquer ce phénomène dans le grand Kivu. Cette approche, nous a par ailleurs aidé à faire appel à la succession temporelle des faits, causes et conséquences en vue d’une meilleure compréhension la non-durabilité de la réintégration socio-économique des enfants ex-soldats. Elle a été adaptée dans notre recherche, car son application en sociologie consiste à faire appel à l’histoire des phénomènes étudiés et à faire un recours à l’idée d’évolution en intégrant la dimension temporelle dans l’explication des faits sociaux 6.3.2.2. Techniques Pour mener à bien notre étude, nous nous sommes servi de plusieurs techniques à savoir : 6.3.2.2.1. L’observation simple et participante Environs 10 ans de notre existence à l’Est de République Démocratique du Congo notre pays. Nous avons vu de nos propres yeux comment les enfants et les jeunes adolescents se font enrôler ou ré enrôler dans les forces et groupes armés ou d’auto-défense communautaire. Comment sont-ils utilisés, comment sont- ils abuser par leurs commandants et même comment eux-mêmes abusent les autres personnes civiles. Les filles pour la plupart sont victimes d’esclavage sexuel. Mais aussi, nous avons participé à plusieurs missions de désarmement, de démobilisation au travers les différents projets et programmes dans lesquels nous avons travaillé et continue à travailler à titres variés. Etc. Ce qui nous a permis de marier la théorie à la pratique ou réalité sur terrain et de vivre réellement ‘le phénomène enfant soldat’ au grand Kivu dans son ensemble. 6.3.2.2.2. L’observation indirecte ou documentaire Elle reste présente tout au long de cette recherche et concerne plusieurs types de documents, dont des ouvrages publiés ; des rapports d’études ; des documents de capitalisation ; des thèses et des mémoires, des articles ; des statistiques ; des actes de colloques, des documents de travail ; pour ne citer que ceux-là. Quatre canaux nous ont permis d’y accéder, à savoir les sites web, les bibliothèques, l’achat des documents et l’obtention de certains types de documents par des personnes impliquées dans la thématique. À vrai dire, l’internet nous a permis d’avoir facilement accès à des dizaines des sites web spécialisés sur les questions des conflits armés en général et le ‘phénomène Enfants soldats’ en particulier. 199

6.3.2.2.3. L’échantillonnage Pour cette recherche, nous avons usé de l’échantillon à la fois exhaustif et représentatif, car nos données en entrées en triangulation, d’une part, la cible directe constituée des ESFGA et les autres enfants vulnérables des communautés de réintégration des bénéficiaires directs, et d’autre part, les acteurs ou personnes ressources DDR, les parents des bénéficiaires ainsi que les autorités locales, politiques administratives qui ont été prises en compte dans notre recherche. Il voilà comment se représentent : Tableau 4 : Présentation de l’échantillon Acteurs Autorités Patents des DDR ou locales et ESFGA Vulnérables ESFGA et TOT personnes politicovulnérables GEN ressources administratives F G TOT F G Tot F H Tot F H Tot F H Tot 572 1178 1750 604 778 1382 33 67 100 125 195 320 01 49 50 3602

Figure 4 : Présentation des catégories de l’échantillon en pourcentage

Source : Nous - même

Notre étude n’a concerné que 3602 sujets, dont 1750 Enfants sortis des Forces et Groupes armés (ESFGA) soit 48,5 % et 1382 (soit 38,3 %) vulnérables, 100 soit 2,7 % des personnes-ressources ou les professionnels, c’est-à-dire, toute personne adulte sans distinction de sexe ayant déjà 200

travaillé dans le programme, projet ou service étatique ou para étatique DDR, 320 soit 9 % des parents directs ou tuteurs de notre cible première (ESFGA et vulnérables), et enfin 50 soit 1, 3 % d’autorités locales ou politico-administratives des zones de retour (de réinsertion/réintégration des bénéficiaires). Cet échantillon, à la fois exhaustif et représentatif, a été arrêté selon les critères ci-après :  Être EAFGA ou ESFGA de nationalité congolaise,  Avoir été recruté (enrôlé) de manière forcée ou volontaire dans l’une force ou groupes armés impliqués dans l’un des conflits armés au Congo entre 1996 et 2013 ;  Avoir été démobilisé officiellement ou auto démobilisée par une agence de protection des enfants et œuvrant en étroite collaboration avec le programme national-DDR ;  Avoir été associé à l’un des groupes armés actifs ou d’auto-défense populaire,  avoir été recruté et démobilisé en dessous de 18 ans,  avoir été bénéficiaire direct ou indirect dans l’un des programmes ou projets dans lesquels nous sommes intervenus,  avoir été ciblé sur l’étendue de la province du Sud-Kivu,  avoir été bénéficiaire d’un autre programme DDR similaire,  avoir été ciblé et sélectionné sur base du principe de Paris, avoir travaillé au moins une fois dans un programme DDR,  être personne ressource (professionnel) dans le DDR, parent direct d’un ESFGA ou autorité locale ou politico-administrative de la zone de retour des bénéficiaires. Comme instrument de travail, nous avons recouru au questionnaire composé en grande partie d’items à réponses ouvertes. Ces items reprenaient les paramètres essentiels d’une bonne identification tels que : l’âge, le sexe, la situation matrimoniale, la profession, etc. 6.3.2.2.4. Brève Présentation des quelques programmes d’action DDR dans lesquels nous avons travaillé C’est grâce à ces programmes, que non seulement nous nous sommes perfectionné dans le domaine de DDR, mais aussi que nous nous sommes progressivement constitué notre échantillon, que nous appelons ’Échantillons en progrès’. Pourquoi en progrès ? C’est tout simple parce que notre échantillon a été progressivement, et pendant dix ans, au fur et mesure que nous étions travailleurs dans tel ou tel programme.

201

6.3.2.2.4.1. Projet DRC/IPEC/INT/03/P052/USA ’Projet interrégional de prévention et de réintégration des enfants impliqués dans les conflits à l’est de la RD. Congo. Spécialement dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, Maniema et Province orientale et Nord Katanga. (Actuellement, la province orientale a été subdivisée en quatre provinces autonomes avec l’actuel processus de décentralisation), mais étant donné que notre champ d’investigation est le Sud-Kivu, nous ne serions plus faire intervenir les données des autres provinces non concernées. 6.3.2.2.4.2. Programme d’action n oP.340.03.900.52-LB 21-050. Il s’agit du programme exécuté conjointement par la Fondation Solidarité des Hommes, en sigle FSH et le Groupe One, une ONG de droit Belge, signifiant le Groupe de recherche et d’action sur le développement durable et le développement économique local ainsi que le Guichet d’Économie locale “GEL”, comme sous-traitant dans le volet réinsertion économique. GEL est une structure d’appui à l’initiative entrepreneuriale au Sud Kivu. Elle a été initiée et appuyé par Groupe One et Louvain Développement deux ONG Belges partenaires. Sa mission de participer à la relance de l’économie locale et de l’emploi par la promotion du développement économique à travers des initiatives individuelles ou collectives durables, ayant une valeur ajoutée communautaire, économique, sociale ou environnementale, qui vise à améliorer les conditions de vie des populations.243 Ce programme à deux volets était exécuté simultanément par la FSH et le Groupe One, et était appuyé techniquement et financièrement par le Bureau international de Travail en sigle “BIT”, intitulé : “Orientation et formation professionnelle de 200 enfants sortis des forces et groupes armés et prévention du recrutement de 150 autres enfants à Bukavu”.

FSH s’occupait de l’orientation et formation professionnelle comme premier volet de ce PA, tandis que Groupe One pour sa part, exécutait en sous-traitance avec Guichet d’Économie locale “GEL”, le deuxième volet de ce programme, lié à la réinsertion économique de la même cible. La Fondation Solidarité des Hommes est une organisation des droits congolais, opérationnel dans la province du Sud-Kivu depuis 1990. Elle poursuit les objectifs qui vont dans le sens de la promotion des droits des enfants et des femmes vulnérables à travers des programmes de prise en charge des enfants victimes des violences et d’exclusion. La FSH fonctionne avec une personnalité juridique lui a accordée par le ministre de la Justice sous l’Arrêté ministériel No 068/CAB/MIN/J/2007 du 243

MAYUNDO F, Dépliant GEL.

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05 /02/2007, et publié dans le Journal officiel du 1er novembre 2007. Elle a par ailleurs signé une convention avec le gouvernement congolais en 2004, lui accordant l’exonération de droit d’entrée et d’imposition de toutes taxes locales grâce à l’autorisation de fonctionnement lui a accordé par le Ministère des Affaires sociales No min Aff Soc/CAB MIN/0279 du 05 11/2000.244 6.3.2.2.4.3. Programme d’action noP340. 03.900. 052/052. Exécuté avec notre appui technique et financier par une ONG locale de Bukavu dénommé Groupe d’assistance aux vulnérables. Programme ayant pour titre : Orientation et formation professionnelle de 450 enfants sortis des forces et groupes armés et prévention du recrutement de 600 autres enfants dans les territoires de Kabare, d’Uvira et d’Idjwi. Pour un budget, financier de 145.632 USD et pour période de 9,5mois soient du 25/05/2006 au 24 /07/2006. Sur base des choix émis par les enfants et après concertation et harmonisation avec les techniciens et le conseiller en orientation, tous les 450 enfants ont été orientés dans les filières de formation professionnelle ou d’apprentissage des métiers. La situation à la fin de l’orientation se présente comme suit : Tableau 5 : situation finale à la fin de l’orientation professionnelle des ESFGA sur tous les trois sites No

FILIÈRES DE FORMATION

01 02 03 04 05 06 07 08 09

Agriculture Savonnerie Élevage Coupe et couture Cordonnerie Art culinaire Coiffure et beauté Boulangerie Pêche sur le lac TOTAL

GARCONS 32 50 98 0 7 13 0 7 0 281

EFFECTIFS FILLES 26 52 45 10 0 29 48 7 26 169

TOTAL 58 102 143 10 7 42 48 14 26 450

Source : Nous-même

Des enfants ayant choisi de suivre des filières telles que la mécanique automobile, la menuiserie, le transport des personnes par taxi vélo, la maçonnerie, etc. ont été déconseillés et appuyés dans le choix d’autres filières porteuses. Ceci est dû à l’orientation générale du PA ainsi qu’au temps nécessaire que demande l’acquisition des compétences dans ces filières. 244

FSH, Rapport annuel d’activités 2009, FSH – Bukavu, Bukavu 2009, p. 14.

203

6.3.2.2.4.4. Le programme UNICEF-COOPI — AVREO. Titre du projet : “Projet de prévention, protection et réinsertion/réintégration des enfants sortis des forces et groupes armés et d’autres enfants vulnérables dans les hauts et moyens plateaux des territoires de Mwenga, Uvira et Fizi en province du Sud Kivu”. Résultat général : 800 ESFGA (65%garçons et 35 % filles) sont accompagnés à se réintégrer dans leurs familles et communautés, et bénéficient d’un environnement protecteur qui réduit leur vulnérabilité à un nouveau recrutement ou d’autres violations. 500 enfants vulnérables (50 % filles et 50 % garçons) sont pris en charge et leur exposition au recrutement est réduite pendant 12 mois du projet. 6.3.2.2.4.5. RET — en République démocratique du Congo Le RET est une organisation non gouvernementale internationale indépendante et impartiale, sans affiliation religieuse, ni politique, dont le siège social est à Genève (Suisse). Fondée en décembre 2000 par Mme Sadako Ogata, alors Haut-commissaire des Nations unies pour les Réfugiés (HCR), l’organisation a pour but de répondre aux besoins en matière d’éducation des adolescents et jeunes touchés par les conflits armés, les catastrophes naturelles, la violence et d’autres facteurs de vulnérabilité. Au RET, on s’engage à : Aider les collectivités à répondre aux besoins éducatifs, dans le sens le plus large, des jeunes rendus vulnérables par le déplacement, la violence, les conflits armés, les catastrophes ainsi que dans des situations de rapatriés. Son objectif est d’assurer la protection des plus vulnérables, c’est-à-dire, — les jeunes à risque —, de sorte qu’ils soient habilités d’acquérir l’autonomie, et sont en mesure de contribuer activement au développement et à la reconstruction de leur pays et d’y devenir les futurs leaders. Il travaille aussi bien dans les contextes humanitaires que de développement. Tableau 6 : Les bénéficiaires (cible directe) de RET RDC. Bénéficiaires directs et indirects RET Bénéficiaires directs et indirects RET TOT RDC 2012 RDC 2013 GEN ESFGA VULNÉRABLES TOT ESFGA VULNÉRABLES TOT G F Tot G F Tot 2012 G F Tot G F Tot 2013 TOT 91 12 103 65 17 27 82 185 170 17 187 23 50 237 422

Source : Nous-même, alors chargé de l’éducation et de la réintégration professionnelle au RET

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Les domaines d’intervention de RET en République Démocratique du Congo245.Nous l’avons dit le RET protège au travers l’éducation, et ceci va de pair avec sa mission telle que défini ci-haut. Ainsi, les domaines d’intervention globalement se présentent de la manière suivante : a. Éducation formelle et non- formelle ; b. Qualité et accréditation des programmes d’éducation, c. Infrastructures, équipements et d’éducation et supports d’éducation, d. Life seilles ; e. Lien entre les compétences pour la subsistance (Livelihoods skills) et les opportunités d’emplois ; f. Conscientisation (Awareness-raising) des questions de droits humains ; g. Prévention des conflits et compétences pour la construction de la paix ; h. Renforcement des capacités organisationnelles par une assistance technique ; i. Prévenir ou répondre à la violence, l’exploitation et les abus à l’encontre des jeunes, j. Stratégies de réduction des risques des désastres 6.3.2.3. Les techniques d’entretien et d’interview Pour répondre à ces différentes questions, cette recherche à la fois systémique et appliquée, a été exécutée en plusieurs phases, et a utilisé une approche qualitative basée sur (1) des entretiens en profondeur avec les ESFGA et personnes-ressources, professionnels DDR (2) la pré enquête qui nous a permis d’interroger d’abord 20 sujets soit près d’un 1/10è des bénéficiaires directs de première catégorie, pour la première étude de 200 ESFGA que nous avons effectuée de novembre 2005 jusqu’en février 2006, ce qui nous a permis de reformuler certains items. (3) L’enquête proprement dite au cours de laquelle nous avons procédé par une interview structurée ou entretien dirigé, tant qu’il est vrai qu’elle nous a servi à recueillir les informations d’une façon standardisée pour 200 sujets. C’est-àdire, toutes les personnes interrogées répondaient à des questions identiques, elles recevaient les mêmes explications et les entretiens se déroulaient dans des conditions semblables pour tous nos sujets.246. (4) Et enfin, nous avons fait l’analyse de toute la situation. Ce qui a aidé à publier une série d’articles tels que susmentionnés.

245

ZEUS, B. Chargée régionale de suivi et évaluation, Atelier de suivi et évaluation tenue du 18 - 20 février 2014 à l’intention du personnel RET en République Démocratique du Congo, Uvira, 2014. 246 DE LANDSHEERE, Introduction à la recherche en éducation, Liège, G. Thone Éditeur, 1970, p.61.

205

CONCLUSION PARTIELLE Outre la présentation de la méthodologie qui nous a permis de récolter les données relatives à notre recherche, dans ce chapitre, nous avons eu aussi à présenter quelques programmes d’actions exécutés, qui nous ont permis d’acquérir les expériences et leçons apprises dans le domaine DDR en général et celui des enfants ex-soldats en particulier, mais aussi d’avoir les données fiables en vue de la réalisation de notre recherche.

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PARTIE IV FOCUS ET CONTRIBUTION

CHAPITRE SEPTIÈME Résultats

INTRODUCTION Ce chapitre est le poumon de toute notre recherche. Il sera axé d’abord, sur la Présentation et l’analyse des données (par question de la recherche ou par hypothèse), ensuite sur la discussion des résultats (par question de recherche ou par hypothèse) et également sur la crédibilité des résultats (validité, fiabilité, généralisabilité) et enfin sur la théorie construite en modèle généré par l’étude :

7.1. CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES DES ENFANTS SORTIS DES FORCES ET GROUPES ARMÉS AU SUD-KIVU 7.1.1. De l’enrôlement à la démobilisation des enfants soldats Résumé L’enrôlement et le recrutement des milliers d’enfants âgés de moins de 18 ans appelés autrement “KADOGO”, dans les forces et groupes armés à l’Est de la RDC, en vue de leur utilisation comme combattants, ont retenu notre attention. L’invalidité causée par leur nouveau statut, la perte de leur scolarisation, leur entrée précoce dans la catégorie de parents ayant plusieurs personnes à leur charge, tout ceci constitue le gros de notre problématique. Ce chapitre dont la finalité primaire est de maîtriser l’identité ou les caractéristiques socio-démographiques de ces enfants soldats dans la province du Sud-Kivu particulièrement, se propose de fournir aux acteurs intéressés par ce phénomène, un cadre de référence à même de les aider aussi bien dans la détermination de la prévalence de ces cas sur le terrain que dans l’orientation de leurs actions préventives, car pour bien aider Albert, il faut connaître Albert dit-on.

7.1.1.1. De l’enrôlement 7.1.1.1.1. État de la question : Recrutement et démobilisation. Depuis plus d’une décennie, la République Démocratique du Congo fait face à une crise aigüe tant sur le plan politique que social. Cette crise s’est caractérisée par le délabrement des infrastructures de base, le chômage généralisé, la dégradation des conditions alimentaires, sanitaires et l’instabilité politique. Elle a été par la suite accentuée par plusieurs guerres menées à partir des zones de l’Est du pays depuis 1996 jusqu’en 2002, année de la signature de l’accord de Sun City entre les belligérants et les autres acteurs du pays conduisant ainsi à la mise en place d’un gouvernement de transition247. Puis de 2004 jusqu’en 2009 avec la guerre de Jules MUTEBUTSI à Bukavu(2004) et Laurent NKUNDA à Masisi, Kichanga, situation qui a entraîné l’implication d’un bon nombre d’enfants dans ces groupes armés, surtout le CNDP, raison pour laquelle, la cour pénale internationale, s’est saisie du dossier, et à inculper ces deux officiers dissidents des crimes de guerre et crime contre l’humanité, surtout pour avoir impliqué et utilisé les enfants de moins de 18 ans comme combattants.248,249,250,251,252,253,254,255,256,257,258,259,260,261,262,263,264,265,266,267,268, 269 270 271 , , . 247

(xxxx), Accord global inclusif de Sun City, Pretoria, le 29 Arrêtez Laurent NKUNDA pour crime de guerre (http://hrw.org/french/docs/2006/01/31/Congo12584.htm),human Watch-RD.Congo.1 février 2006, 249 http://www.orinfor.gov.rw/DOCS/Grandlacs8htm extraite le 27juin2008 à08:59:49 GMT 250 http://www.rfi.fr/actur/articles/055/article29312.asp extraite le 13 juil2008 15:42:37:GMT 251 http://www.societecivile.cd/node/1700+jules+MUTEBUTSI/&ct=clnk&=&gl=fr extraite le 14juil 2008 5 h 23 min 23 s GMT 252 Kichanga:Laurent NKUNDA présent à la cérémonie de mixage de la brigade delta (http://www.radiookapi.net/index.php?53&a=12684), 23 mars 2007 253 Kivu:menace le retrait des ex-mutins (http://www.afrixatime.com/rdc/nouvelle.asp?no nouvelle=325691&no catégoriel=PRESSE),11mai2007 254 ‘Laurent NKUNDA a reçu l’ordre d’engager la campagne Bukavu’ (http://www.lesoftonline.net/php?id=98.11 janvier 2007) 255 Le brassage:nouvelle stratégie pour envahir la RDC (http://www.congotribune.com/nationale/article?article=1625),12avril2007 256 Le Général KISEMPIA aux abonnés absents ? La tension monte u sein de la FADRC(http://www.congotribune.com/politique/article.php?article=1679)16 mai 2007. 257 Les massacres des populations au Nord Kivu les FDLR rejettent la responsabilité aux hommes de NKUNDA(http://www.digatalcongo.net/article/41380), 23 février 2007. 258 Mixage des troupes:Les intentions cachées mars (http://www.lepharerdc.com/www/index.view.php?storylD=2501&rubriqueID=8),23 2007. 259 Neutralisation des forces négatives, l’armée Rwandaise en RDC de manière officielle (http://www.lepotentiel.com/afficher article.php?id article=44565&id edition=4003),du 20avril 2007. 260 NKUNDA, chef des rebelles au Nord- Kivu, négocie avec Kinshasa en hommes de paix’ (http://www.africatime.com/rdc/nouvelle=307300&no catégorise=PRESSE),1er janvier2007. 261 Pillage des richesses de la RDC:deux commentaires de Radio-Canada 248

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Par ailleurs, le courant amené par les alliés de l’AFDL (Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Congo) du feu président Laurent Désiré KABILA, a entraîné l’enrôlement et le recrutement des milliers d’enfants âgés de moins de 18 ans (KADOGO) dans les forces et groupes armés en vue de leur utilisation comme combattants272. Les différents rapports d’enquêtes et études, menés par les organisations tant nationales qu’internationales intéressées par cette situation des mineurs ont fait état de plus de 30.000 enfants âgés de moins de 18 ans enrôlés depuis les premiers affrontements. Mais aujourd’hui, leur nombre n’est pas bien connu, cela constitue pour nous l’un des défis majeurs, car il est pratiquement difficile de recenser surtout ceux qui se trouvent dans les forces et groupes armés, considérés comme étant en marge de la loi. Or, la convention 182 de l’Organisation internationale du Travail (O.I.T.), ratifiée par la RDC en 2002, définit l’utilisation des enfants soldats comme l’une des pires formes du travail des enfants. Elle interdit par ce fait, toute forme de recrutement forcé, volontaire et obligatoire de ces derniers dans les conflits armés. Selon la coalition en RDC basée à Bukavu, 10 % de la population infantile au Kivu a été recrutée et utilisée à ces fins273. Le processus de démobilisation et réinsertion des ex-combattants y compris les enfants soldats, a commencé avec la signature du décret-loi no 066 du 9 juin 2000274. (http://www.laconscience.com/aticle.php?id article=5988),13 avril 2007. 262 RDC:Kagame et NKUNDA veulent créer un ‘État satellite du Rwanda’ (http://www.laconscience.com/article.php?id article=6107), du 10 mai 2007. 263 Rutshuru:L’histoire d’une occupation qui ne dit pas son nom ? (http://www.muanacongo.com/laune21 03 07.),21 mars 2007. 264 Selon William Swing 8000rwandais et 1000 Ougandais menacent la paix en République Démocratique du Congo(http://www.digitalcongo.net/article/43565),du 16 mai 2007. 265 Sud –Kivu:Minimbwe,combats entre FARDC et les éléments réfractaires au brassage (http://www.laconscience.com/breve.php?id_breve=1244),31janvier 2007. 266 Sud-Kivu:terroser pour accaparer des biens (http://www.lepotentiel.com/afficher article.php.id article=44380&id_edition=3999), 16 avril 2007. 267 ’Tentative de coup d’État au Burundi:Nkunda,Kabarebe et Salim accusé (http://www.digitalcongo.net/article/39701),20décembre 2007. 268 Une’ légion rwandaise’ pour Joseph Kabila ? (http://congoindépendant.com/article.php?id articleid=2564),9 mai 2007. 269 Une rencontre riche en révélations (http://www.menapress.com/article.php?sid=1662),Menapresse,3Février 2007. 270 Vers une intégration de NKUNDA ? (htpp://www.africatime.com/rdc/nouvelle.asp? no nouvelle=304753&no catégorie=PRESSSE), 19 janvier 2007. 271 Visite éclaire du rebelle Laurent Nkundabatware à Kinshasa(http://www.congotribune.com/nationale/article.php?article=1663),08mai 2007. 272 ‘Oui, l’armée recrute des enfants.parce que nous n’avons pas assez de soldats, deux fois par an, nous organisons une campagne de recrutements et tant que le nombre nécessaire de soldats n’est pas atteint, tous ceux qui se présentent sont enrôlés,quel que soit leur âge’ Enfants soldats:rapport mondial 2004, P.19. 273 FSH, Programme d’Action 2005, Bukavu, 2005, p .3. 274 RDC Décret-loi n o66 u 9 juin 2000.

211

Des efforts considérables ont été déployés à travers le pays en général et dans la province du Sud-Kivu en particulier pour démobiliser et réinsérer ces enfants au sein de leurs familles et communautés d’origine. Parmi les actions entreprises au Sud-Kivu, on note le plaidoyer pour la démobilisation et la réinsertion familiale menée par les organisations tant nationales qu’internationales notamment : L’UNICEF, le CICR, la MONUC, la CARITAS, la DIVISION PROVINCIALE DES AFFAIRES SOCIALES, le DDR, la CONADER, le BVES, etc. D’autres encore se sont penchés sur leur réinsertion/Réintégration socioéconomique, mais, sans grand succès faute d’une politique adéquate en matière d’orientation professionnelle. Quant à nous, avant d’aborder le chapitre axé sur orientation professionnelle des ex-combattants, il nous a semblé primordial de nous attarder un moment sur l’identité de l’enfant soldat. Qui est-il ? De quelle famille est-il issu ? Quelles sont ses conditions de vie ? Etc. Voilà tant de questions dont les réponses pourront certainement nous fixer sur les caractéristiques sociodémographiques des enfants ESFGA 7.1.1.1.2. Objectifs de ce sous-chapitre En entreprenant ce sous-chapitre, nous poursuivons un double objectif : 1) identifier les enfants sortis des forces et groupes armés et leurs associés. 2) fournir aux acteurs intéressés par le phénomène “enfants soldats”, un outil de référence qui pourra les aider aussi bien dans la détermination de la prévalence de ces cas que dans l’orientation de leur action de prévention. Pour mieux cerner ce chapitre, nous l’avons subdivisé en deux grandes parties. La première est consacrée aux généralités sur le processus de la démobilisation, tandis que la deuxième traite de la structure sociodémographique des enfants sortis des forces et groupes armés.

7.1.2. Résultats 7.1.2.1. Évolution ou rythme de l’enrôlement Exemple : Évolution ou rythme de recrutement des enfants ex- soldats pour le premier programme d’Action de 200 enfants sortis des forces et groupes armés que nous avons exécuté avec le Bureau international du Travail conjointement avec les deux agences à savoir FSH et Groupe One en 2005 et 2006. Nous l’avons dit plus haut, le phénomène enfants soldats, tire ses origines de l’AFDL qui par l’influence de ses alliés (et plus particulièrement les Rwandais) introduit l’utilisation des enfants de moins de 18 ans comme combattants. Ce phénomène s’observe jusqu’en 2005, soit trois ans au-delà

212

de la signature de la cessation des hostilités. Le rythme de leur recrutement se présente comme suit selon notre échantillon : Tableau 7 : Rythme de recrutement des ESFGA/EAFGA ANNÉE 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Total %

NBRE DE RECRUES 25 20 17 21 27 23 23 22 19 3 200 100

% 12.5 10 8.5 10.5 13.5 11.5 11.5 11 9.5 1.5 ⃛ 100

Source : Nous-même durant les auditions des ESFGA en tant qu’expert national en charge de l’orientation professionnelle de 200 ESFGA dans le programme d’action susmentionné.

À la lumière de ce tableau, nous constatons que l’année 2000 est la plus touchée avec 13.5 % des recrus, suivis de 1996 (12.5 %), puis des années 2001 et 2002 (11.5 %) et enfin de 2003,1997 et 2004 avec respectivement 11, 10 et 9.5 % d’enrôlés. En considérant les neuf premiers mois de référence, nous constatons que près de vingt-deux enfants étaient en moyenne recrutés chaque année. Reprise sous forme de graphique, l’évolution des recrutements des ESFGA/EAFGA se présente de la manière suivante. Figure 5 : Évolution des recrutements des ESFGA

213

Déjà élevée en 1996, la courbe des recrutements des ESFGA décroît progressivement tout au long du régime de l’AFDL (1996-1998) pour remonter encore avec le RCD et atteint son sommet en l’an 2000. Mais, elle redescend en se stabilisant entre 2001et 2003 pour devenir insignifiante en 2005. Pour mieux interpréter cette courbe, il faut donc se situer par rapport aux deux grandes guerres dites de libération et d’agression ci-haut présentées. Il va sans dire que pour déloger le pouvoir dictatorial de Mobutu, l’AFDL mobilise les combattants indistinctement de leur âge, mais une fois au pouvoir, l’opération cesse. À son tour, le RCD dans son ambition effrénée de reconquérir le pays, se voit forcé d’accroître les effectifs de son armée jour après jour. Malheureusement, cet élan de recrutement semble si tôt freiné par la signature du décret-loi 066 déclenchant ainsi le processus de désarmement des ex-combattants, y compris les enfants soldats. 7.1.2.2. Conditions de recrutement des ESFGA/EAFGA. Les données relatives aux conditions de recrutement des ESFGA/EAFGA sont consignées dans le tableau ci-dessous. Tableau 8 : Conditions de recrutement des ESFGA. DEGRÉ TOTAL %

75 37.5

DE FORCE ESFGA EAFGA 71 54 35.5 27

TOTAUX

%

200 -

100

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

S’agissant des conditions ou circonstances de leur recrutement, beaucoup d’enfants, soit, 37.5 % se sont engagés de leur propre gré (ou avec l’approbation tacite de leurs parents pour faire suite aux autres raisons que nous avons évoquées au deuxième chapitre), dans les forces et groupes armés. Et cela, à cause d’une part au solde décent alloué aux militaires à l’époque et d’autre part, à l’influence de leurs amis. Le reste, soit 62 % sont constitués des enfants impliqués de force dans l’armée du RCD pour la plupart (35.5 %) et de ceux associés aux forces et groupes armés (27 %). Il s’agit plus des filles et de quelques jeunes garçons à faible pourcentage utilisés dans les différentes tâches telles qu’énumérées plus haut. 7.1.2.3. Groupes armés d’appartenance Le tableau ci-dessous nous donne la lumière sur les différents groupes armés auxquels appartenaient nos enquêtes

214

Tableau 9 : Groupes armés d’appartenance NOMBRE GPES ARMES AFDL ANC(RCD) FAC (Gouv.) FARDC INTERAHAM. MAI-MAI MLC PNC TOTAL %

RECRU G 35 36 11 2 51 1 0 136 68

F 4 9 2 4 24 20 0 1 64 32

TOTAL

%

39 45 13 4 26 71 1 1 200 100

19.5 22.5 06.5 2 13 35.5 0.5 0.5 100

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

Il ressort de l’examen de ce tableau que, sept groupes armés sont mis en cause dans le recrutement des enfants soldats. Il s’agit précisément de : l’AFDL, du mouvement Maï-Maï, de l’ANC, du RCD/GOMA, de la FAC de l’ex gouvernement, de la FARDC, des Interahamwe, du MLC et de la PNC (Police nationale Congolaise) qui est citée pour avoir séquestré et violé une fille en plein exercice de ses fonctions. Sur les deux cents enfants reçus, les Maï-Maï occupent le haut de la pyramide avec 35.5 % de recrus. Cela est une conséquence logique de la prise de conscience des jeunes qui a engendré cet engouement pour un élan de résistance ou d’autodéfense contre les agresseurs extérieurs et les exactions de tous genres commis à l’endroit des paisibles citoyens. L’ANC du RCD Goma vient en deuxième position avec 22.5 % des enfants recrutés de force dans le but de déloger l’AFDL qui, à son tour, occupe la troisième place avec 19 %, suivie des Interahamwe avec13%. À voir la répartition par sexe des enfants emportés par ces derniers, 92.2 % de filles contre 7.7 % des garçons275, on se rend de plus en plus compte que les femmes constituent leur principale cible. Le reste des groupes armés ont été sollicités, mais en des proportions très négligeables.

7.1.3. Rythme de démobilisation des ESFGA/EAFGA. Voici comment se présente globalement l’évolution du processus de démobilisation des enfants sortis des forces et groupes armés et leurs associés pour notre cible.

275

Nos enquêtes.

215

Tableau 10 : Rythme de démobilisation des ESFGA/EAFGA ANNÉE 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Total

NRE DES DÉMOBILISES 2 2 2 9 13 29 67 76 200

% 0 0 1 1 1 4.5 6.5 14.5 33.5 38 100

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

Des résultats de ce tableau se dégage la conclusion que le processus de démobilisation débute timidement en1998, mais, prend de plus en plus de l’importance pour atteindre son point culminant en 2005 avec une grande concentration dans les deux dernières années qui enregistre à elles seules 71.5 % des démobilisés. Cette montée en flèche qui s’observe dans le pourcentage de démobilisation trouve sa justification dans le lancement du programme DDR dont l’exécution au plan national passe par la CONADER et les ONG tant nationales qu’internationales. La représentation graphique de cette évolution est la suivante. Figure 6 : Courbe de la démobilisation

216

Contrairement à la première courbe, la courbe de la démobilisation va de plus en plus croissant jusqu’à atteindre son sommet au terminus ad quem de notre étude. Cette continuité s’explique par le fait que, ce processus, au départ informel et volontaire a par la suite été institutionnalisé et rendu obligatoire à travers les organisations comme : la CONADER, le DDR… Et ce, au profit des enfants âgés de moins de 18 ans. 7.1.3.1. Conditions ou circonstances de la démobilisation Tableau 11 : Conditions ou circonstances de démobilisation des ESFGA TOTAL %

DEGRÉ 132 66

68 34

TOT -

% 100

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

À la lecture de ce tableau, il transparaît que 132 ESFGA, soit 66 % de l’ensemble ont quitté les forces et groupes armés de leur propre gré alors que 34 % ont subi la décision de la démobilisation officielle. Aux questions de savoir pourquoi ils se sont retranchés de l’armée et s’ils peuvent encore y retourner, 196 soit 98 % répondent par la négative contre 4 seulement, soit 2 % qui sont prêts à refaire l’expérience. Les raisons qu’ils avancent dans les deux cas sont reprises dans le tableau ci-dessous. Tableau 12 : Motifs du retour ou non-retour dans l’armée par les ESFGA après leur démobilisation. OUI

POURQUOI - si les Rwandais revenaient - si l’on s’interpose au programme - si le pays s’organise - si l’on manque un autre moyen de subsistance

NON

POURQUOI - On était pris de force - Il y a trop de souffrances I - On a échappé à la mort - C’était du temps perdu - on était sans repos - on était souvent sanctionné sans motif valable - on a tué beaucoup d’innocents - On a appris violer, à voler, à tuer, à vagabonder… - on a raté les études

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

Bref, les conditions de recrutement, les conditions de vie et de travail ainsi que de nombreux vices leur transmis dans le service militaire, ont provoqué chez eux un dégoût très prononcé à l’égard de cette vie. Si une infime partie (12 %) considère l’exploration du pays, la connaissance de plusieurs langues, la facilité dans l’acquisition des femmes et la gratuité des 217

voyages comme étant des avantages dans l’armée, la majorité des démobilisés (81 %) déclarent par contre, qu’ils n’ont rien trouvé de bon dans cette vie qu’ils qualifient de noire, de sombre. Aussi faut-il ajouter le fait que l’armée congolaise n’avait aucun objectif spécifique de nature à favoriser l’épanouissement des ESFGA, surtout pendant la guerre.

7.1.4. Caractéristiques sociodémographiques des ESFGA Par caractéristiques sociodémographiques, nous entendons toutes les variables qui sont entrées en ligne de compte pour déterminer l’identité de ces enfants ainsi que toutes les questions liées à leurs conditions de vie. Il s’agit de : 7.1.4.1. L’Age et le sexe L’âge et le sexe sont des facteurs qui nous ont aidé dans la détermination de notre échantillon. Le tableau ci-dessous présente l’âge et le sexe de chaque enfant à 3 étapes précises de sa vie, c’est-à-dire : au recrutement, à la démobilisation et au moment de notre processus d’orientation professionnelle ou de cette enquête. Tableau 13 : Age et Sexe des ESFGA Âge 9 10 11 12 13 14 15 16 17 Tot %

Au recrutement G F Tot. 4 4 9 1 10 28 3 31 25 1 26 20 4 24 27 7 34 11 7 18 13 40 53 136 64 200 68 32 100

la démobilisation G F Tot. 1 1 1 1 2 2 1 3 10 3 13 12 3 15 111 55 166 136 64 200 68 34 100

Pendant l’enquête G F Tot. 1 1 1 1 1 1 2 6 6 129 61 190 136 64 200 68 32 100

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

Alors qu’au recrutement, l’âge de nos sujets va de 10 à plus de 17 ans ; à la démobilisation, il va de 12 à plus de 16 ans et de 13 plus de 17 ans au moment de notre enquête. Disons tout sujet au-delà de 18 ans était en marge de nos critères d’éligibilité. a. La tranche d’âge de 12 à 15 ans semble la plus intéressante au recrutement, car, à elle seule, cette tranche regorge 57 % d’enrôlés. Il apparaît nettement dans ce tableau que, beaucoup de démobilisés sont concentrés dans la tranche d’âge de 17 ans. Mais lors de la récolte de nos données, cette concentration se déplace légèrement à plus de 17 ans. C’est une progression 218

normale qui s’explique par rapport à l’intervalle de temps qui a séparé les différentes phases du processus de démobilisation qui a commencé certes au recrutement. Eu égard à leur importance numérique dans l’armée, une place de choix a été réservée aux hommes dans la constitution de notre échantillon. D’où, la stratification non proportionnelle qui a été appliquée à cet effet. Ainsi, sur 200 enfants sortis des forces et groupes armés et leurs associés, 64 seulement sont de sexe féminin, soit 32 % de l’ensemble. Comme nous l’avons signalé dans les pages précédentes, ce sont pour la plupart des jeunes filles associées aux forces et groupes armés. b. L’état civil : Nous voulons aborder dans cette partie, la situation matrimoniale des ESFGA ainsi que le nombre des personnes en charge dont ils ont chacun la charge. c. Situation matrimoniale Tableau 14 : Répartition des ESFGA selon la situation matrimoniale. CATEG.

TOT. %

CÉLIBAT. H 106 106 53

F 55 55 27.5

MARIE H 28 28 14

VEUF

F 4 4 2

H -

F 4 4 2

SÉPARE H -

TOT.

%

200 200 100

100 100 100

F 3 3 1.5

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

Tous les statuts matrimoniaux se retrouvent dans notre échantillon ; mais majoritairement, les célibataires représentent 80.5 % de l’ensemble avec un écart significatif par rapport aux autres catégories dont : les mariés (16 %), veufs 2%et séparés (1.5 %). À la question de savoir s’ils aspirent au mariage, bon nombre des célibataires (87.1 %) répondent positivement, tandis que 12.8 % d’entre eux sont réticents, et stigmatisent soit, le manque de moyens, soit par simple dégoût engendré par les violences sexuelles subies (cas des filles). Cette situation est un corollaire à l’âge de nos sujets enquêtés qui constituent un substrat majeur de ce programme d’action et qui influent automatiquement sur les autres statuts. La répartition par sexe révèle que les hommes représentent la majorité dans les deux premières catégories (mariés et célibataires), alors que les deux autres états civils (veuf, séparé) ne concernent que les femmes quoiqu’en très faible proportion d. Nombre des personnes en charge Tableau 15 : Nombre des personnes en charge des ESFGA Nombre Sexe %

1 H F 20 22 16.4 18.04

2 3 4 H F H F H F 14 11 2 3 4 11.48 9.02 1 64 2.46 0 3,28

5 H F - 0 0

6 H 2 1,64

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe

219

Tot. F 4 3,28

82 100

Les personnes en charge dont il est question ici sont des enfants biologiques qui sont en charge de chacun des ESFGA. Leur nombre va de 1 à plus de 5 enfants par sujet démobilisé ; notons à ce sujet que sur un total de 200 jeunes sortis des forces et groupes armés, 82 soit 41 % sont des parents. La répartition par nombre d’enfants en charge donne : 42 démobilisés soit, 51, 2 % avec un enfant ; 25 soit 30 % avec 2 enfants ; 5 soit 6 % responsables de 3 enfants ; 4 soit 4.8 % avec 4 enfants et 6 soit 7.3 % avec plus de 5 enfants à charge. Ajoutons également que, sur 64 femmes qui composent notre échantillon féminin, 40 soit 62.5 % sont mères et qu’à partir de 3 enfants, les femmes deviennent de plus en plus impliquées par rapport à leurs homologues masculins. Cet état des choses, comme nous l’avons indiqué plus haut, n’est qu’une conséquence logique des viols dont ces filles ont été victimes de la part des forces et groupes armés. Beaucoup ont eu à s’échapper avec des grossesses indésirables donnant naissance aux enfants très souvent rejetés tant par leurs familles maternelles que par leur communauté de vie. 7.1.4.2. Origine des ESFGA a) Répartition des ESFGA selon leurs provinces origines Tableau 16 : Présentation des provinces d’origine des ESFGA. Province. Nombre

Sud-Kivu Nord-Kivu 186 93

%

1 0.5

Maniema

P.O.

Katanga

Autres

Tot.

%

5 2.5

4 2

3 1.5

1 0.5

200 -

100 100

Source : Nous- même après administration du questionnaire en annexe.

Le Sud-Kivu considéré jusque-là comme le couloir de la mort en RDC à travers toutes ces guerres qui ont sévi à l’est du pays est la province la plus touchée, car 93 % des ESFGA en sont ressortissants. Cette prédominance s’explique par le mouvement de retour au bercail observé chez tous les démobilisés, mouvement qui a été soit imposé par le programme DDR, soit décidé par les concernés eux-mêmes. Il va de soi que la même enquête menée dans une autre province aboutirait ipso facto aux mêmes résultats (prépondérance des originaires sur les non originaires). b) Répartition des ESFGA selon les territoires d’origine Tableau 17 : Présentation des territoires d’origine des ESFGA

%

Kabare 63 33.8

Kalehe 14 7.5

Fizi 3 1.6

Idjwi 6 3.2

Shabunda 9 1.8

Mwenga 11 5.9

Uvira 4 2.1

Walungu 76 40.8

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

220

Total 186 99.7

Comme le montre le tableau, à l’intérieur même du Sud-Kivu pris isolément, les territoires de Walungu et de Kabare regorgent la quasi-totalité (74.7 % des ESFGA avec respectivement 40.8 % et 33.8 % de l’ensemble. Ceci se justifie d’une part par la proximité de ces deux territoires par rapport à la ville de Bukavu, notre lieu d’enquête et au Rwanda pays agresseur. D’autre part, ces territoires ont constitué les bastions des Interahamwe276, et Maï-Maï) qu’berge la forêt de Kahuzi - Biega, lieu de prédilection de ces groupes armés. 7.1.4.3. Questions liées aux conditions de vie À la question adressée aux seuls célibataires concernant leur moyen de survie, il apparaît nettement que sur 171 personnes 117 soit 68.8 % vivent aux dépens soit des amis, soit des parents et 54, soit 31.5 % grâce à la débrouille (petit commerce, petit élevage, mis sur pied à partir de l’indemnité leur accordée par la CONADER au moment de la démobilisation. Lorsqu’on sait qu’il y a près de deux décennies que le pays traverse une période de basse conjoncture caractérisée entre autres par le non-paiement des salaires, il n’est pas surprenant de constater que ces parents sur qui repose l’espoir de ces enfants, soient à leurs tours incapables d’assurer leur prise en charge effective comme le démontre le tableau ciaprès : Tableau 18 : Identification des professions des parents des ESFGA. Prof. . Respons. Père Mère Autres Total %

Sans prof.

Art.

58 53 6 117 37.7

15 3 1 19 6.1

Ag. De l’État 17 1 1 19 6.1

Vendeur

Agric.

Portefaix

Autres

Total

%

18 35 4 57 18.3

18 48 66 21.2

1 11 01 13 4.1

6 2 1 9 2.9

139 152 15 310 100

44.4 49.03 4.8 100 100

Source : Nous-après administration du questionnaire en annexe.

Sur 310 responsables que nous avons pu inventorier pour nos 200 ESFGA, on trouve 139 pères, soit, 44.4 % de l’ensemble ; 152 mères, soit 49.3 % et 15 autres membres de famille jouant le rôle de tuteur, soient 4.8 %. Quant à leurs occupations respectives, 37.7 % d’entre eux représentent des sans-emplois. Les artisans (chauffeurs, mécaniciens, soudeurs), ainsi que les agents de l’État (enseignants, fonctionnaires de l’administration publique, chefs des quartiers, magistrats), ont la même importance numérique dans les métiers qu’exercent les parents des ESFGA, car, ils constituent tous 6.1 % de l’ensemble. Les vendeurs sont estimés à 18,8 %. Il s’agit plus précisément 276

Sont des FDLR ou militaires hutus rwandais qui habitent dans les forêts de la RDC et qui ont fui leur pays depuis le génocide de 1994 entre les Rwandais Tutsis et Hutus.

221

pour ces derniers : des petits commerçants de (boisson, légumes, fruits, bois, produits pharmaceutiques) et de ceux qui s’adonnent à des activités informelles génératrices des revenus que les enquêtés ont qualifié de débrouillardise. Les agriculteurs représentent 21.2 % des parents. Les autres parents se répartissent à très faible pourcentage dans le reste des professions (portefaix, pasteur, sentinelle, infirmier, coiffeur… Tableau 19 : Conditions de vie des ESFGA Condit. de vie Nbre de repas Nbre 1 2 3 4 5 5 Total %

Nbre 107 72 21 200 100

% 53.5 36 10.5

Pers. /chambre Nbre 42 62 56 25 13 2 200 100

% 21 31 28 12.5 6.5 1 100

Pers. /lit Nbre 43 72 67 18 200 100

% 21.5 36 33.5 9 100

Par grâce Nbre 8 8 -

% 4 4

Source : Nous- même après administration du questionnaire en annexe.

Concernant le nombre de repas par jour, 53.5 % de nos sujets mangent une fois par jour, 36 % prennent deux repas et 10.5 % seulement ont trois repas par jour. Quant aux conditions de coucher, 21 % dorment seuls en chambre, mais 6 d’entre eux, soit 3 % déclarent qu’ils passent leur nuit au salon ; 31 % partagent leur lit à deux, 28 % à trois, 12.5 % à quatre et 6.5 % à cinq. Il y a toutefois lieu de noter la présence de 4 % qui mènent une existence incertaine, car disent-ils vivre par la grâce.

7.1.5. Conclusion partielle L’étude des caractéristiques sociodémographiques des ESFGA visait, d’une part, l’identification de ces derniers et d’autre part, la publication d’un cadre de référence à l’intention de tous ceux qui s’intéressent au problème des enfants soldats. De l’analyse et de l’interprétation des données recueillies à l’aide d’un questionnaire, nous sommes parvenu à conclure que nos deux objectifs ont été atteints, dans la mesure où, des caractéristiques socio démographiques considérées, nous ont permis de fournir les éléments identitaires ci-après : — l’an 2000 est l’année la plus touchée par le phénomène “enfants-soldats”, dont la plupart sont recrutés involontairement dans sept forces et groupes armés.  Lors de la démobilisation qui débute en 1998, la majorité des enfants quittent l’armée de leur propre gré. 222

 Quant à leur âge, il varie de 10 à plus de 20 ans au recrutement ; de 12 à plus de 20 ans à la démobilisation et de 13 à plus de 20 ans au moment de l’enquête.  Les garçons occupent une place prépondérante dans notre échantillon constitué principalement des célibataires et pouvant avoir cependant un à plus de cinq dépendants en charge.  Concernant leur origine, la province du Sud-Kivu est la plus représentée avec une prédominance des ressortissants du territoire de Walungu.  Leurs conditions de vie semblent très précaires dans la mesure où, nombreux demeurent encore sous la tutelle de leurs parents, qui à leur tour sont, soit des sans emploi, soit des gens exerçant des métiers très peu rémunérateurs. Aussi pensons-nous que, l’existence matérielle de cette étude, est une preuve suffisante que le deuxième objectif a été également atteint. CONADER, instance technique du gouvernement a été la plus défaillante de sa mission et on ne pouvait guère par la réinsertion économique à son époque.

7.2. QUELQUES CONSIDÉRATIONS PSYCHOSOCIALES ET LA PROBLÉMATIQUE DE L’ORIENTATION PROFESSIONNELLE DES 277 278 ENFANTS SORTIS DES FORCES ET GROUPES ARMÉS , Résumé Ce sous-chapitre axé sur les aspects affectifs, émotionnels et sociaux des EAFGA, a été motivé par une hypothèse selon laquelle : le passage de ces enfants dans les forces et groupes armés s’accompagne toujours des séquelles se traduisant par certaines attitudes ou pathologies psychosociales de nature à freiner une réintégration socio-économique idéale ou réussie. Cependant, après dépouillement et interprétation des données, nous avons découvert, qu’à part quelques traits mineurs d’isolement ou replis sur soi, de

277 Mise au point. Dans le cadre d’une longue étude sur la réintégration économique durable des ESFGA, un questionnaire composé de quatre modules a été soumis à ces derniers. Ces modules reprenaient chacun un aspect particulier constituant au fait, un préalable pour une réintégration socio-économique effective. Au regard de ce qui vient d’être dit, il est dès lors normal que certaines ressemblances ne peuvent être évitées dans la partie introductive, méthodologique, ainsi que le cadre théorique général de cette chaîne des publications autour de ce sujet central qui est la réinsertion économique des Enfants sortis des Forces et Groupes armés (ESFGA). 278 Albert KALONGA et J .LUTALA, quelques considérations psychosociales sur les enfants sortis des forces et groupes armés (ESFGA) : Cas de la ville de Bukavu, in Recherches Africaines no 21 -22, Bukavu, 2008, pp106-116.

223

peur et de colère, et une tendance à la rébellion, nos sujets sont psychologiquement et socialement équilibrés.

7.2.1. Introduction Quoique socialement réinsérés, ces ex-soldats sont souvent confrontés aux multiples problèmes de vie comme : la déperdition scolaire, leur rejet par la famille et la société, le manque d’occupations, le traumatisme psychologique il va sans dire que dans pareilles situations, il ne faut jamais négliger l’équilibre psychosocial du sujet à réintégrer. À cela, s’ajoute le fait que beaucoup d’entre eux sont devenus précocement parents et responsables de familles. En faisant un pas de recul, nous avons eu la nette impression que les organisations impliquées dans le processus DDR, toutes, voulaient focaliser leur attention sur l’encadrement psychosocial de ces excombattants en vue d’une intégration familiale et communautaire. Mais, il convient de noter à ce sujet qu’en plus de sa durée très courte (allant de deux semaines à deux mois), seuls les enfants qui ont transité par la CONADER, une structure formelle de démobilisation, seuls ces derniers en étaient bénéficiaires. Bien plus, ces organisations n’ont-elles pas oublié de prendre en compte un certain nombre de préalables à savoir : 1.que ces ESFGA ne pouvaient plus supporter d’être replacés sous la tutelle économique de leurs parents (déjà appauvris par les situations ci-haut décrites), du fait d’avoir expérimenté une vie d’autonomie financière. 2.que durant leur séjour dans les forces et groupes armés, ces enfants ont d’une part intériorisé un certain nombre des principes vicieux, faute d’éthique et de déontologie militaire. C’est le cas du principe de “pouvoir d’arme”, selon lequel, le port d’arme est un moyen d’accès à tout ce dont un militaire peut avoir besoin (nourriture, habit, femme, argent, etc.). D’autre part, ils ont développé un certain nombre de comportements, qui frisent la pathologie et qui méritent à notre humble avis, une attention particulière de notre part. Il s’agit en l’occurrence des traumatismes psychologiques, qui transparaissent dans les divers aspects de la personnalité de ces enfants, notamment dans leur affectivité, leur émotivité et leur sociabilité ? Ce sous-chapitre se fixe comme objectifs de :  Identifier et évaluer quelques traits de personnalité des enfants sortis des forces et groupes armés,  fournir aux acteurs de la réintégration socio-économique des groupes vulnérables, spécialement les enfants sortis des forces et groupes armés, un outil de référence, sur les conditions mentales ou psychologiques, qui puissent leur faciliter la tâche. Suivant le principe qui guide la construction de test de personnalité, on distingue les questionnaires et les techniques projectives.

224

En ce qui nous concerne, nous avons recouru au questionnaire. Celui-ci a comme rôle de proposer par écrit une série de questions sur les opinions que peut avoir un sujet, sur son comportement, dans telle ou telle circonstance, sur ses préférences ».279 L’avantage de cette démarche est bien simple, car elle permet de ne pas émettre un jugement sur quelqu’un sur base des quelques observations isolées qui risquent de mettre en évidence un comportement peu caractéristique. Dans le cas d’espèce, nous avons recouru au questionnaire composé en grande partie d’items à réponse fermée. Ils reprenaient les paramètres essentiels de la personnalité des ESFGA. Autrement dit, nous avons utilisé l’approche psychométrique des traits comme techniques de l’évaluation de la personnalité. L’approche psychométrique est une approche doublement indirecte des traits, parce que : 1 °- les traits se manifestent dans le comportement de la vie quotidienne ; 2 ° — on ne mesure pas directement ce comportement quotidien (ce qui supposerait une observation de ce comportement dans le milieu de vie de l’individu), mais plutôt des réponses verbales (réponses aux tests) et qui se référent à ces comportements, ces réponses verbales devant être en corrélation avec les comportements quotidiens et leurs traits correspondants280. Pour une meilleure intelligence de notre étude, nous l’avons subdivisée en deux grandes parties. La première présente un cadre théorique général de notre propos, tandis que la deuxième traite des considérations psychosociales sur les ESFGA.

7.2.2. Définition des concepts 7.2.2.1. Traits de la personnalité La théorie de BEHAVIORISTES voit dans la personnalité une somme des comportements réductibles au rapport entre stimuli et réponses, elle rejette toute idée de structure et d’unité, et dans sa forme extrême, elle réduit l’individu à des centaines d’habitudes indépendantes et spécifiques281. Pour R.MUCCHELLI, on peut définir la personnalité de deux façons :  Elle est un système de conduite particulière, un ensemble plus ou moins unifié d’habitudes et d’attitudes, une manière de percevoir, d’agir et de réagir ;

279

Petite Encyclopédie Larousse : p : 657. Petite Encyclopédie Larousse, p : 658 281 Encyclopedia Universalis Corpus 17, Encyclopédia Universalis, Éditeur, paris, 1996, p. 921. 280

225

 Elle est aussi de notre point de vue, le reflet d’un univers subjectif et de ses modèles282. La personnalité selon les auteurs A. Féline et al, se définit comme le résultat, chez un sujet donné, de l’intégration dynamique de composantes cognitives, pulsionnelles et émotionnelles. L’agencement de ces différents facteurs constitue les traits de personnalité, à savoir les modalités relationnelles de la personne, sa façon de percevoir le monde et de se penser dans son environnement. L’unité fonctionnelle intégrative que constitue la personnalité présente deux autres caractéristiques : elle est à la fois stable (la personnalité contribue à la permanence de l’individu) et unique (elle rend le sujet reconnaissable, distinct de tous les autres).283Théorie du trait. Dans les théories de psychologie sociale284 (par exemple), un trait de personnalité est un adjectif qui décrit un comportement, des états affectifs, mais aussi des formulations sur la valeur des individus285. En somme, ces différentes définitions présentent ou mettent en relief directement ou indirectement, la notion de trait de personnalité, base de la présente étude. 7.2.2.2. Quelques considérations psychosociales des ESFGA Comme signalé ci-haut, cet article n’a pas pour finalité, d’étudier la personnalité dans sa profondeur, mais plutôt d’évaluer ses quelques traits relatifs à l’affectivité, l’émotivité et la sociabilité des ESFGA et dont la présence risque d’entraver la réinsertion socio-économique durable. Les tableaux ci- après en donnent les analyses et discussions, sous forme des jeux-réponses. 7.2.2.2.1. Affectivité-Émotivité  Affectivité. : désigne le caractère des phénomènes dits affectifs, l’ensemble des sentiments et des émotions, et la faculté d’éprouver, en réponse à une action quelconque sur notre sensibilité, des sentiments ou des émotions286.  L’émotion : peut se définir comme une séquence de changements d’état intervenant dans cinq systèmes organiques (cognitif, neurophysiologique, moteur, motivationnel, moniteur)287, de manière interdépendante et synchronisée en réponse à l’évaluation de la 282

MUCCHELLI, la personnalité de l’enfant : son édification de la naissance à la fin de son adolescence, Éditions sociales françaises, 8e éd, Paris, 1968 p .197. 283 FÉLINE A., et al, les troubles de la personnalité, 2d Flammarion Médecinesciences, paris 2002. 284 OSGOOD,Théorie implicite de la personnalité,1962. 285 http// : www.fr.wikipedia.org wiki/personnalité 286 Http//:www.fr.wikipedia.org/wiki/affectivité. 287 (cognitif,

226

pertinence d’un stimulus externe ou interne par rapport à un intérêt central pour l’organisme288.

7.2.3. Résultats Avez-vous des amis ? Oui ou non À la question savoir s’ils ont des amis, la quasi-totalité des ESFGA (94.5 %) ont répondu par l’affirmative, ce qui corrobore avec les données du tableau ci-dessous : Tableau 20 : Lorsque vous avez un problème qui vous dépasse, en qui vous confiez-vous pour avoir la Solution ? No 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Confidents À Dieu seulement Aux parents À ma mère À mon père À mon conjoint À ma tante À mon oncle À mes amis À personne Aux autres Total

Score 3 13 38 22 3 7 19 43 10 42 200

% 1.5 6.5 19 12 1.5 3.5 9.5 22.5 5 21 100

Source : Nous- même après administration du questionnaire en annexe.

Au regard de ce tableau, les amis constituent les premiers confidents des enfants ex-soldats, suivis des autres représentés par (les grands frères, grandes sœurs, tuteurs et grands-parents confondus). La mère se place en troisième position dans le champ affectif de ces enfants. Le père et les oncles occupent la dernière position dans le rang de cinq premières catégories de la confidentialité. Signalons dans ce groupe, la présence d’une catégorie des solitaires ou méfiants, qui se confient soit en Dieu ou soit en personne. Parmi les raisons qui interviennent dans cette hiérarchisation, on peut citer entre autres : la confiance, la familiarité, le manque d’emprise ou d’autorité morale sur les sujets concernés, etc.

288

(http://fr.wikipedia.org/wiki/émotion;)

227

Tableau 21 : Comment sont vos relations interpersonnelles (avec votre père, mère, tuteur et autres) ? Parenté Très bonne Bonne Mauvaise Total %

Père 77 22 101 200 -

% 38.5 11 50.5 100

Mère 120 29 51 200 -

% 60 14.5 25.5 100

Tuteur 64 24 112 200 -

% 32 12 56 100

Autres 148 28 24 200

% 74 14 12 100

Source : Nous- même après administration du questionnaire en annexe.

Comme dans le tableau de la confidentialité, les relations interpersonnelles des enfants ex-soldats sont plus soudées et plus orientées vers les individus qui sortent de leur cadre familial restreint Tableau 22 : Avez-vous déjà fait l’amour avec une autre personne de même sexe que vous ? Désignation Homosexuel Lesbiennes

Oui 5 3

% 3.8 4.9

Non 131 61

% 96.3 95.3

Total 136 64

% 100 100

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

Contrairement à ce qui se passe souvent dans les camps de concentration, il ressort de ce tableau que la plupart d’enfants sortis des forces et groupes armés mènent une vie sexuelle normale. Ceci peut être interprété par rapport à leur sexe. Alors que les hommes disposaient d’un moyen coercitif (l’armée), leur permettant de satisfaire leurs pulsions sexuelles, quant à elles, les filles associées aux forces et groupes armés (plus de 90 %) l’ont été en tant qu’esclaves sexuelles, ce qui a épargné les uns et les autres de toute forme de perversion sexuelle. Avez-vous souvent peur dans votre vie ? Et si oui de quoi ? ‘La peur est une émotion ressentie en présence ou dans la perspective d’un danger ou encore à l’évocation ou la pensée du danger ou de quelque chose de dégoûtant”289. Parmi les traits psychologiques enregistrés chez les enfants ex-soldats, il sied de mentionner la peur, celle-ci se présente sous plusieurs facettes, mais en ce qui nous concerne, les dimensions suivantes ont été révélées.

289

fr.wikipedia.org/wiki/peur

228

Tableau 23 : Les principales raisons de la peur chez les ESFGA. No 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 Total

Raisons Surprises désagréables Guerres et coups de bal Viols et violences sexuelles Nuit et obscurité Solitude Maladies et mort Conflits et sorcellerie Sanctions Dangers Mauvais souvenirs Péché Noyade Anti-valeurs Grossesses non désirées Faim et crise économique Sans raison Total

score 25 39 32 14 15 19 8 5 3 8 3 3 8 2 4 12 200

% 12,5 19.5 16 7 7.5 9.5 4 2.5 1.5 4 1.5 1.5 4 1 2 6 100

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

À la lecture de ce tableau, il ressort que, bon nombre d’enfants sortis des forces et groupes armés, éprouvent souvent la peur dans leur vie, soit 69.5 % Par ordre d’importance, la guerre et les coups de bal, le viol et la violence, la surprise désagréable, la maladie et la mort, la solitude, la nuit et l’obscurité apparaissent comme les principales raisons, qui sous-tendent la peur chez ces enfants. En effet, ces réponses rejoignent, le point de vue de P.JANET290.qui considère ‘la surprise comme la grande cause de l’émotion’. Il en est de même de A. CHRISTOPHE,291pour qui l’obscurité, le bruit ou un son nouveau… constituent des exemples par excellence de la peur de l’inconnu. Tableau 24 : Quelques traits de personnalité des ESFGA

a) Êtes-vous souvent en colère oui ou non b) Avez-vous mal à la tête avant, pendant ou après la colère ? Oui ou non ? c) Regrettez-vous après la colère ? Oui ou non ? d) Dormez-vous normalement la nuit ? Oui ou non e) Avez-vous déjà souffert des nerfs ? Oui ou non

290 291

(http://fr.wikipedia.org/wiki/émotion) www.psychologies.com/conseils.-de-psy.4m/expert/9/Christophe-andré.html

229

Assertions A B C D E

Réponses % Non 78.5 43 42.5 115 81 38 85.5 29 35.5 133

Oui 157 85 162 171 67

% 21.5 57.5 19 14.5 66.5

Total

%

200 200 200 200 200

100 100 100 100 100

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

En psychologie, la colère est considérée comme une émotion secondaire à une blessure, un manque, une frustration. Elle est affirmation de sa personne et sert au maintien de son intégrité physique et psychique292. Ceci étant, nous avons pu évaluer chez nos sujets ce qui suit : la majorité des enfants sortis des forces et groupes armés interrogés, se reconnaissent colériques, néanmoins, c’est qui est admirable, c’est ce sentiment de regret qui s’en suit. Aussi, la quasi-totalité, semble souffrir d’un quelconque trouble de maux de tête, ni de manque de sommeil ou encore moins, des nerfs. 7.2.3.1. Sociabilité Tableau 25 : Avez-vous déjà été mis au cachot ou en prison, oui ou non, et pourquoi ? Réponse/sexe H F Total %

Oui 94 2 96 48

% 69.1 3.12 -

Non 42 62 104 52

% 30.8 96.8 -

Total 136 64 200 -

% 68 32 100

Source : Nous- même après administration du questionnaire en annexe.

Par rapport à l’ensemble de notre échantillon, moins de la moitié des ESFGA soit 96 au total, dont 47 % des garçons et 1 % des filles ont fait l’objet des arrestations. La répartition par sexe, donne 69,1 % des garçons et 3.12 % des filles. Parmi les motifs évoqués, figurent l’indiscipline ou l’insoumission, la tendance à la rébellion, le vol et le pillage, l’abandon de poste de travail et la désertion, le gaspillage des munitions, le viol et la violence Tableau 26 : Avez-vous déjà consommé de l’alcool, de la cigarette ou du chanvre ? Désignation Alcool Cigarette Chanvre

Oui 107 75 40

% 53.5 37.5 20

non 93 125 160

% 46.5 62.5 80

Total 200 200 200

% 100 100 100

À quelle occasion

Source : Nous-même après administration du questionnaire en annexe.

292

(Fr.wikipedia.org/wiki/colère)

230

Il ressort de ce tableau que l’alcool est consommé en priorité par ces jeunes gens (53,5 %), suivi de la cigarette (37,5 %) et enfin du chanvre (20 %). Selon ces derniers, le champ de bataille, les gardes de nuit, les fêtes, l’influence ou les contacts avec les autres combattants, sont des circonstances favorisant la prise de ces stupéfiants. En fait, ils en ont besoin chaque fois qu’il faut dissiper la peur avant le combat, lutter contre le froid surtout la nuit et se détendre pendant les moments de loisir.

CONCLUSION PARTIELLE Eu égard à ce qui précède, nous pensons avoir atteint l’objectif principal que nous nous sommes assigné par rapport à ce chapitre, à savoir : l’identification et l’évaluation de quelques traits de personnalité des enfants sortis des forces et groupes armés. Bien qu’ils constituent une catégorie spéciale des vulnérables, il s’avère que, ces enfants ex-soldats ne sont pas pour autant, différents d’autres enfants au plan psychosocial, dans la mesure où, leurs réactions ne semblent pas trop s’éloigner du cadre comportemental général de la société. Néanmoins, sur le plan affectif, il se révèle que ces ex-soldats sont plus tournés vers l’extérieur du fait certainement, d’avoir été détaché prématurément de leurs familles. Par ailleurs, les résultats de notre recherche ont montré que ces enfants sont équilibrés sexuellement malgré leur exposition aux éventuelles déviations. Aussi, la peur due aux différents événements sombres vécus, continue-t-elle à marquer le parcours de leur vie quotidienne. Outre le repli sur soi et la solitude mis en évidence dans les questions 1et 4, de ce chapitre, la colère vient s’ajouter sur la liste des quelques traces de traumatisme psychologique que nous avons décelées auprès de nos sujets. Sur le plan de la sociabilité, la fréquence élevée d’incarcération ou l’emprisonnement des garçons feraient penser à la délinquance. Ce qui cependant ne se justifie pas au vu des résultats du dernier tableau qui dénote, ni de l’alcoolisme, ni du tabagisme, encore moins de la toxicomanie de leur part.

7.3. PROBLÉMATIQUE DE L’ORIENTATION PROFESSIONNELLE DES ENFANTS SORTIS DES FORCES ET GROUPES ARMÉS

293

En abordant ce sous-chapitre à la fois rétrospectif et prospectif, centré sur la ‘problématique de l’orientation professionnelle des enfants sortis des forces et groupes armés (ESFGA)’, nous sommes parti d’un constat négatif, celui de voir que tous les efforts consentis par les organisations tant 293

KALONGA L., A., et LUTALA J., problématique de l’orientation professionnelle des ‘enfants sortis des forces et groupes armés’ cas de la ville de Bukavu, Recherche Africaine n° 20, Bukavu, décembre 2007, p p 39-53.

231

nationales qu’internationales, impliquées dans la réinsertion économique de ces ESFGA, ne se sont toujours voués qu’à l’échec. La non-prise en compte des aptitudes physiques et scolaires, des attentes socioprofessionnelles réelles de chaque candidat et de l’ignorance même du marché local de l’emploi, en est certes, les causes primordiales. À part quelques cas de rejet, la réinsertion sociale et communautaire en soi n’a pas tellement posé des problèmes, en ce sens que ces cas se sont souvent soldés par l’intégration après par une forte sensibilisation et conscientisation des milieux d’accueil. L’épine dorsale reste pour nous, l’échec de cette réinsertion économique afin de l’auto prise en charge des ESFGA, après leur démobilisation. Le résultat de ce sous chapitre : Se résume dans un schéma type d’orientation professionnelle, qui tienne compte de ce qui précède, bref, de la trilogie : Métiers-Marché local de l’emploi et personne à orienter.

7.3.1. Introduction Le processus de démobilisation et réinsertion des ex-combattants y compris les enfants soldats, a commencé avec la signature du décret-loi no 066 du 9 juin 2000. Des efforts considérables ont été déployés à travers le pays particulièrement dans la province du Sud-Kivu pour démobiliser et réinsérer ces enfants au sein de leurs familles et communautés d’origine. Parmi les actions entreprises déjà, nous avons noté le plaidoyer pour la démobilisation et la réunification familiale mené par les organisations tant nationales qu’internationales comme cité ci-haut. Cependant, toutes ces organisations ont focalisé leurs attentions uniquement sur l’encadrement psychosocial et la préparation à la réinsertion sociale. Elles ont perdu de vue que ces enfants ne pouvaient plus supporter d’être replacés sous la tutelle économique de leurs parents (déjà appauvris par les situations ci-haut décrites), du fait d’avoir expérimenté une vie d’autonomie financière. Bien que socialement réinsérés, ces ex-soldats sont aujourd’hui butés aux multiples problèmes de vie comme : la déperdition scolaire, leur rejet par la famille et la société, le traumatisme psychologique, le manque d’occupations. À cela, il faut ajouter le fait que beaucoup d’entre eux sont devenus précocement parents et responsables de familles. Dépassés par les charges familiales, ils sont prêts à tout pour faire survivre leurs personnes en charge. En outre, les centres de transit et d’orientation sociale ont arrêté leur assistance, après la réinsertion sociale sans aucun projet individuel ou collectif de placement à l’emploi ou à l’auto-emploi. D’où la nécessité de songer à leur réintégration économique. À ce sujet, on peut noter quelques initiatives existantes dans la ville de Bukavu telles que le PNUD/MRR (Mécanismes de réponses rapides) la Fondation solidaire des Hommes et le Groupe One (ONG locales). 232

Au vu des résultats observés sur place, on serait tenté ce conclure que ces initiatives n’ont pas tenu compte des besoins réels des personnes à réinsérer. Ceci, dans la mesure où ces ex-soldats ont vendu leurs filets de sécurité accordés par la CONADER, les Centres de Transit et d’Orientation (CTO), le Bureau des Volontaires au Service de l’Enfant et de la Santé (BVES), revenant ainsi à la case de départ. Or, une réinsertion sans orientation aura moins de chance de réussir faute d’adaptation professionnelle et de motivation. Ceci est tributaire de leur niveau trop bas ou quasi-nul d’instruction, du manque d’expérience professionnelle requise pour travailler. À cela s’ajoute l’incapacité d’initier pour son propre compte une activité génératrice des revenus, du manque non seulement des ressources matérielles et financières, mais aussi de compétence technique et de connaissances pratiques sur les opportunités du marché local du travail. Comme vous pourrez le constater plus loin, l’orientation professionnelle, est un processus dont les exigences, bref, les préalables sont bien définis et restent incontournables. Ce cheminement auquel nous faisons allusion est-il toujours respecté ? Voilà donc le bien-fondé de notre étude consacrée à la problématique de l’orientation professionnelle des Enfants sortis de Forces et Groupes armés dans la ville de Bukavu.

7.3.2. Objectifs et intérêt de ce sous-chapitre Ce sous chapitre visait entre autres comme objectifs de ‘mettre sur pied un outil technique d’orientation professionnelle utilisable par les chercheurs et acteurs sociaux intéressés aux problèmes des enfants en situation particulièrement difficile et plus particulièrement ceux sortis des forces et groupes armés’. Par ailleurs, sa finalité est de proposer aux acteurs en charge d’encadrement des groupes vulnérables, un schéma type à suivre pour une orientation professionnelle réussie, et qui se résume comme suite : 1.Évaluer les capacités de chaque enfant après sa démobilisation, afin de déceler ses aspirations, ses aptitudes tant scolaires, physiques que professionnelles. 2.Accorder une possibilité de formation professionnelle à chaque enfant en vue de stimuler son auto prise en charge socio-économique. 3.Adapter les aspirations de chaque enfant à ses capacités réelles et aux résultats de l’évaluation rapide des opportunités du marché local d’emploi.

7.3.3. Considérations générales sur l’orientation professionnelle 7.3.3.1. Objet et cadre de référence de l’op De l’analyse de l’objet et du cadre de référence de l’op surgissent ces deux questions principales.

233

1 o — À qui s’adresse l’orientation professionnelle ? Autrement dit, qui doit-on orienter ? On doit orienter un homme, mais un jeune, c’est-à-dire, un adolescent dans ces moments difficiles de choix d’un métier. C’est cet adolescent, ce jeune qui constitue l’objet de l’orientation professionnelle. L’orientation professionnelle peut aussi s’adresser à l’adulte. Dans ce cas, on parle de la ‘réorientation’ ou de la ‘réaffectation’. 2 o — À quoi est commandé une discussion à prendre ou un choix à opérer. Ou encore, quels sont les éléments qui entrent en ligne de compte dans l’OP ? Encore une fois, la réponse à cette question se situe à 3 niveaux : a) Au niveau de l’ambition personnelle ou idéale de l’individu. C’est le but à attendre qui dépend de la volonté de candidat lui-même. b) Au niveau de l’expérience antérieure : Celles-ci font référence aux décisions déjà prises par le candidat dans le passé ou par d’autres personnes. c) Au niveau de l’environnement immédiat, c’est l’entourage direct du candidat. 7.3.3.2. Orientation professionnelle (O.P) Au sens général, l’orientation professionnelle peut être entendue comme une assistance, une direction apportée à un individu se trouvant en besoin de choix ou de décision à prendre. C’est ainsi qu’on l’appelle ’Guidance’. Mais généralement, la guidance intervient toutefois qu’un choix doit être opéré ou une décision doit être prise. Elle peut aussi intervenir même à l’absence de tout choix ou toute décision possible, dans ce cas, va aider à la meilleure compréhension eue égard à la situation qui se présente du choix ou de la décision à prendre. Au sens professionnel, l’Orientation professionnelle devient une action prédire un candidat donné (sujet), quel est le métier qui parmi ceux qui se présentent, répond le mieux à ses possibilités (aptitudes, goût, histoire personnelle, capacités scolaires, etc.) Bref, c’est la manière de conduire un candidat vers un métier qui conduit mieux à ses possibilités294. En orientation professionnelle, il ne s’agit pas de retenir les meilleurs en éliminant les autres sans se soucier de leur sort, mais de tenter de trouver à chacun une place295 on peut situer le but de l’OP à deux niveaux : 7.3.3.2.1. Au niveau de l’individu Pour l’individu, l’O.P a pour but de découvrir ce que l’individu possède suivant des degrés divers : type d’intelligence, des aptitudes, son tempérament, sa volonté, son idéal en vue d’un bon rendement. 294 295

Congrès mondial de l’Orientation : Lille (France) : 1962. FOULQUIE, Dictionnaire de la langue pédagogique, PUF, paris, 1971. op.cit

234

7.3.3.2.2. Au niveau de la société ‘L’OP vise le rendement social de l’individu, l’adaptation de l’activité de l’individu aux nécessités économiques du moment (besoins du pays). L’OP est donc une tâche très délicate, car, l’erreur dans le choix entraîne des conséquences variables pour l’individu et la société. Pour l’individu, il s’agit de baisse de rendement individuel, du déséquilibre psychologique, de la diminution de l’idéal de soi et du sentiment d’infériorité. Pour la société, il y aura baisse de rendement social (Production nationale) et gaspillage conduisant à la répression totale’. (Sous-développement.)

7.4. LA PROBLÉMATIQUE DE L’ORIENTATION PROFESSIONNELLE DES ENFANTS SORTIS DES FORCES ET GROUPES ARMÉS

L’orientation professionnelle est intimement liée à l’orientation scolaire, cette dernière étant définie comme une mise en œuvre de moyens pédagogiques, psychologiques, médico-sociaux propres à fournir le plein épanouissement de l’enfant.296Pour FOULQUIE, il faut prévoir la réussite dans une carrière après une formation professionnelle supposée adéquate297 En effet, si bas soit-il, tout métier exige un minimum d’instructions. Voilà pourquoi, il nous a fallu de prime abord, déceler les capacités scolaires que renfermait chaque enfant. Nous avons à cet effet, recueilli des informations en rapport avec certains métiers, car, il ne faut jamais perdre de vue qu’en orientation, l’information est d’une importance capitale. Si tôt récoltées, ces informations leur ont été diffusées sous deux formes : a) les visites des centres de formation professionnelle de la ville de Bukavu, dont le but était d’aider les enfants à observer plusieurs métiers et de leur permettre de faire le choix de celui qui répondrait à leurs aptitudes respectives. b) Le forum de présentation de ces métiers ou filières dans le souci de présenter les résultats de visites sur terrain et de stimuler leurs intérêts vis-àvis de quelques filières et métiers bien précis Dans cette partie de notre travail, nous voulons présenter quelques variables qui constituent les sous bassement d’une bonne orientation professionnelle des ESFGA, et qui par ailleurs, peuvent s’ériger en véritables obstacles contre une orientation réussie et partant, une réinsertion économique durable. Il s’agit de :  Des aptitudes scolaires ;  Des aptitudes physiques ;  Des aptitudes socio-économiques et professionnelles.

296 297

PIERON H, Traité de psychologie appliquée (s e.) 1971 : 357 FOULQUIE, Dictionnaire de la langue pédagogique op.cit : 492.

235

7.4.1. Aptitudes scolaires Pour évaluer ces aptitudes, la démarche ci haute décrite a été complétée par un questionnaire d’évaluation des aptitudes scolaires qui nous a permis de savoir :  Combien ont oui ou non fréquenté l’école ?  Combien savent lire ou écrire ?  Combien savent calculer ou compter ? etc. Les réponses à ces interrogations peuvent être lues dans le tableau des aptitudes scolaires ci- après : Résultats Tableau 27 : Évaluation de niveau ou aptitudes scolaires des ESFGA Niveau Sans niveau ou Nul SEXE

Élémentaire F G Tot 6 11 17 6 11 27 17 6.5 13.5 35.2 64.8 8.5

F G 14 13 14 13

Tot F Tot G Tot Gén % 7

Tot 27

PRIMAIRE

SECONDAIRE

Moyen Terminal G Tot F G Tot 31 40 13 35 48 13 31 35 40 48 22.5 77.5 20 27.1 72.9 24 F 9 9

C.O Moyen G F Tot F G Tot 13 24 37 6 13 19 24 6 13 13 37 19 35.1 64.9 18.8 31,5 68,5 9,5

Total Terminal F G Tot 3 9 12 3 64 13 12 25 75 6

%

200 100 64 32 % 136 68 % 200 100 % 100 100

Nous-même après administration du questionnaire des ESFGA, copie en annexe

À la lumière de ce tableau, nous constatons que parmi les ESFGA, 27 d’entre-eux sont analphabètes soit 13,5 % de l’ensemble ; 105 ont le niveau primaire soit 52,5 %, et 68 enfants, ont atteint le niveau secondaire, soit 34 %. Leur répartition générale par sexe, donne 64 femmes soit 32 % contre 136 hommes soit 68 % du total. Signalons que dans la catégorie des analphabètes, on compte 51,8 % des filles et 48,2 % des garçons. Au niveau primaire 16.2 % des ESFGA ont le niveau élémentaire, 38 % du degré moyen et 45.8 %, du degré terminal. Leur configuration sexuelle révèle 35.2 % des filles contre 64.8 % des garçons au degré élémentaire. Le degré moyen regorge 22.5 % des filles contre 77.5 % des garçons et enfin, le degré terminal, 27 % des filles et 73 % des garçons. À l’intérieur du secondaire, 54,4 % sont des ESFGA du degré élémentaire ex cycle d’orientation, 27.7 % du cycle moyen et 17.6 % du terminal. Les filles représentent 35.1 % de l’ensemble des enfants au premier degré du secondaire, 31.5 % du degré moyen et 25,5 % du niveau terminal. Au regard ce tableau, nous pouvons conclure que la tendance générale fait ressortir une prédominance des ESFGA du niveau presque nul et ne dépassant pas la frontière du cycle primaire, ce qui présage une grande difficulté qu’à leur orientation professionnelle durable et efficace, partant de leurs ambitions, antécédents et aspirations exprimés. Leur répartition générale par sexe, donne 64 femmes soit 32 % contre 136 hommes soit 68 % 236

du total. Signalons que dans la catégorie des analphabètes, on compte 51,8 % des filles et 48,2 % des garçons. Au niveau primaire, 16.2 % des ESFGA ont le niveau élémentaire, 38 % du degré moyen et 45.8 %, du degré terminal. Leur configuration sexuelle révèle 35.2 % des filles contre 64.8 % des garçons au degré élémentaire. À l’intérieur du secondaire, 54,4 % sont des ESFGA du niveau élémentaire ex cycle d’orientation, 27.7 % du cycle moyen et 17.6 % du terminal. Les filles représentent 35.1 % de l’ensemble des enfants au premier degré du secondaire, 31.5 % du degré moyen et 25,5 % du niveau terminal. Au regard ce tableau, nous pouvons conclure que la tendance générale fait ressortir une prédominance des ESFGA du niveau presque nul et ne dépassant pas la frontière du cycle primaire, ce qui présage une grande difficulté qu’à leur orientation professionnelle durable et efficace, partant de leurs ambitions, antécédents et aspirations exprimés.

7.4.2. Aptitudes physiques Le métier à conseiller doit correspondre à l’état de santé du sujet considéré très souvent, l’examen d’aptitude physique exigé avant l’orientation, vise à fournir les contre-indications sur certains métiers ou carrément des métiers. C’est le cas d’un myope ou d’une personne de courte taille qui tient à faire la conduite automobile. Le conseiller en orientation professionnelle devra l’en dissuader afin d’éviter des désagréments dans l’exercice futur de son métier. Dans le cas d’espèce, notre évaluation a été réalisée grâce à l’interrogatoire médical, à certaines indications biométriques et sensorimotrices. Fournis par nos sujets298.

7.4.3. Interrogatoire médical Il a pour but de déceler les antécédents médicaux éventuels (maladies héréditaires, antérieures ou fréquentes) susceptibles d’entraver le bon déroulement de la carrière de l’individu. D’une manière générale, l’état de santé physique des ESFGA était bon, car, tout compte fait, ils venaient de traverser un long processus, depuis la démobilisation jusqu’à la réinsertion familiale et communautaire en passant par les centres de transit pour la plupart. Néanmoins, parmi les plaintes enregistrées, ressortent le paludisme et les maux de tête. Le paludisme constitue la principale maladie endémique non seulement pour les ESFGA, mais également de toute la population des régions tropicales. Alors que les maux de tête symbolisent le plus souvent les séquelles de traumatisme psychologique subi tout au long de leur vie militaire.

298

NTUNGA,N., principes et méthodes d’orientation scolaire et professionnelle,UNIKIS,1979,72.

237

7.4.4. Indications biométriques Nous avons tenu compte de la taille, du périmètre thoracique, du poids et du pignet. Mais, de toutes ces variables, nous avons mis un accent sur la taille et le périmètre thoracique dans notre dépouillement. Comme vous pouvez l’observer, ces deux variables ont été subdivisées en trois catégories. Le tableau ci-après en donne assez de lumière Tableau 28 : Quelques Indications biométriques. Taille Total % Périmètre thoracique Total %

De 140-155cm 51 25.5 De 50-70 cm 20 10

De 156-170cm 124 62 De 71-90cm 134 67

De 171-200cm 25 12.5 De 91-110cm 46 23

TOTAL 200 ////// ///// 200 /////

% 100 100 ///// ///// 100

Source : Nous- même après administration du questionnaire en annexe.

Concernant la taille, 25.5 % d’ESFGA sont de petite taille, 62.5 % ont la taille moyenne et 12 % la grande taille. La partie du tableau se rapportant au périmètre thoracique met en exergue 10 % d’enfants pour la première catégorie, 67 % pour le groupe intermédiaire et 23 % dans la troisième catégorie. Tableau 29 : Quelques Indications biométriques. SANS HANDICAP 175 87.5 %

AVEC HANDICAP FORT LEGER 5 14 2.5 % 7%

BLESSE DE GUERRE SIMPLE FORTE 3 3 1.5 % 1.5 %

TOTAUX 200 /////////

% 100 100

Source : Nous- même après administration du questionnaire en annexe.

D’une façon générale, leur état de santé physique était bob, car, ils venaient de traverser un long processus depuis la démobilisation jusqu’à la réinsertion familiale et communautaire en passant par les centres de transit pour la plupart. Néanmoins, parmi les plaintes les plus fréquentes, ressortent le paludisme et les maux de tête, principales maladies endémiques, non seulement pour les ESFGA, mais également pour toute la population des régions tropicales. À la lecture du tableau ci-haut, 85,5 % de nos enquêtes sont sortis sans handicap des forces et groupes armés, 9,5 % d’entre eux avec handicap, dont 2,5 % graves et 7 % légers. Les blessés de guerre ne représentent que 3 % seulement de l’ensemble. Parmi eux, une moitié est faite de blessés légers tandis que l’autre composée de cas grave.

238

7.4.5. Indications sensorielles – motrices Elles avaient trait à la vision, à l’audition, ainsi qu’à certains signes révélateurs d’incapacités ou invalidités acquises pendant leur séjour dans les forces et groupes armés. Au plan sensoriel, soulignons d’emblée que, ces enfants ne présentaient aucun problème de vision ni d’audition. Eu égard à ce qui précède, nous pouvons conclure sans crainte d’être contredît que, nos sujets étaient en général aptes aux différents métiers leur présentés, dans la mesure où, 74 % répondaient aux critères requis dans la première indication biométrique et 90 % dans la seconde. Aussi, la quasi-majorité de ces sujets 87.5 % semble échapper aux invalidités physiques qui caractérisent souvent cette vie.

7.4.6. Attentes socioprofessionnelles À ce propos, MISENGA et KIMENYA pensent que l’aspiration professionnelle est une poussée interne, une disposition de l’esprit qui porte l’homme à préférer pour des raisons qui lui sont propres une profession donnée à telle autre.299Mais avant de présenter ces attentes, il sied de rappeler comme nous l’avons stigmatisé dans l’introduction, qu’à leur sortie de l’armée, les ESFGA aient traversé une série de problèmes majeurs dont : le manque d’occupation. C’est là même le bien-fondé de cette partie du travail qui pour finalité de proposer quelques pistes de solutions susceptibles d’assurer à ces enfants un minimum d’équilibre psycho socio-économique. Le tableau ci-après en démontre l’urgence

Rejet par la famille et la société

Tracasseries militaires ou influence de réintégrer l’armée.

Perte de la scolarité à cause de l’âge.

Poids lourd de la charge sociale

Traumatismes psychologiques

Maladies et état de santé précaire

Pas de difficultés.

Total

%

Nb %

Manque d’occupation et crise socioéconomique

Tableau 30 : Difficultés rencontrées par les ESFGA après leur démobilisation.

122 61 %

14 7%

13 6.5 %

10 0.5 %

18 9%

12 6%

6 3%

5 2.55

200 -

100 100

Source : Nous- même après administration du questionnaire en annexe.

299

MISENGA et KIMENYA M., ’enquêtes sur les facteurs motivationnels des choix des sections des élèves du secondaire à Kisangani’ in Cahiers CRIDE, nouvelle série n° 27, Kisangani, 1996, p.148.

239

Le manque d’emploi est un problème qui se pose avec beaucoup d’acuité chez les ESFGA, car, il est exprimé par 61 % d’entre eux. Le poids lourd de la charge sociale conséquence logique du chômage vient en second lieu avec un écart très considérable (9 %). Les plus concernés par ce cas, sont les filles appelées à se supporter seules avec leurs enfants issus des relations indésirables, sans aucun soutien paternel. Le rejet par la société avec le traumatisme psychologique qu’il entraîne ainsi que les tracasseries militaires se présentent presque dans la même proportion. Les effets des autres problèmes cités semblent très faiblement ressentis par les ESFGA.

7.5. ÉVALUATION DES BESOINS EN ORIENTATION PROFESSIONNELLE DES ESFGA Cette phase, la dernière de ce processus d’orientation professionnelle des ESFGA est le résultat de la conciliation entre les aspirations des candidats, leurs aptitudes tant physiques qu’intellectuelles et la situation du marché local d’emploi dans la Ville de Bukavu. En effet, tout en préservant cette trilogie : Individu-Profession-Marché d’emploi, nous sommes parvenus à canaliser les attentes de nos sujets dans ces 12 filières-ci-dessous. Tableau 31 : Présentation des filières et métiers retenus pour l’orientation professionnelle des ESFGA No 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Filières et Métiers Mécanique automobile Conduite automobile Savonnerie Coupe et couture Élevage Boulangerie Informatique Salon de coiffure mixte Cordonnerie Ajustage Soudure Menuiserie Pêche TOTAL

Nombre 40 37 32 19 14 12 11 9 9 6 6 5 200

% 20 18.5 16 9.5 7 6 5.5 4.5 4.5 3 3 2.5 100

Source : Nous- même après administration du questionnaire en annexe.

À la lumière de ce tableau, la mécanique automobile intéresse les ESFGA au premier plan (20 %), suivi de la conduite automobile, de la savonnerie avec respectivement (18.5 % et 16 %) de l’ensemble des ESFGA. La coupe et couture représente le choix de 9.5 % de candidats tandis que 7 % autres sont attitrés par l’élevage. Le reste des choix gravitent autour de 5 % ou moins. Il faut placer la justification de ces choix dans l’environnement socioéconomique et culturel global de la ville de Bukavu. Mais pour ce qui est de

240

ces deux premières filières précisément, Bukavu est une ville commerciale suite à ses positions géographiques et frontalières avec les autres pays de l’Est donnant l’accès facile en Europe et à DUBAÏ, et favorisant ainsi l’importation de ces véhicules. Ceux-ci sont exploités soit comme taxi (voiture), soit comme soit pour le transport des marchandises et des matériaux de construction (sables, briques, fers, etc.). Ces activités font vivre beaucoup de familles dans la ville de Bukavu et expliquent le pourcentage élevé des ESFGA dans la mécanique et la conduite automobile. Selon eux, la savonnerie les attire à plus d’un titre : d’abord à cause du moindre coût de fabrication (production) et la facilité d’écoulement des produits par la suite. Parlant de la couture, sur le plan culturel, Bukavu paraît la première ville du pays où se contractent le plus des mariages. Cet événement est entouré de beaucoup de cérémonies presque institutionnalisées comme : le port de l’uniforme et d’autres tenues plus décentes réservées aux soirées de gala organisées y relatives. Voilà pourquoi, pensons-nous, bon nombre de jeunes s’orientent vers la couture où ils trouvent une clientèle sûre et permanente. Paradoxalement, la menuiserie ne figure pas sur la liste des métiers qui retiennent l’attention de nos sujets. Pourtant, la ville de Bukavu ressemble actuellement à un grand chantier qui constituerait un débouché certain en leur faveur.

CONCLUSION PARTIELLE L’orientation professionnelle est un processus qui trouve son importance tant au niveau individuel que collectif. C’est donc un problème qui ne peut laisser indifférent quiconque s’intéresse aux problèmes des enfants en situation particulièrement difficile. Dans le cas d’espèce, ces enfants étaient confrontés aux problèmes de divers ordres dont l’orientation professionnelle constitue l’unique remède. En effet, si bon nombre d’acteurs qui ont tenté de réinsérer socialement ou économiquement les Enfants sortis des armés ont échoué, c’est parce qu’ils ont négligé l’interdépendance qui doit toujours exister entre les trois éléments qui sous-tendent une orientation professionnelle véritable, à savoir : le Métier, le Marché de l’emploi et la Personne à orienter en tenant aussi bien compte de ses aspirations et de ses aptitudes. Ayant pris en considération cette condition, nous nous pouvons affirmer que cette réflexion nous a permis de mettre en relief non seulement les aspirations professionnelles des ESFGA, mais aussi, et surtout leurs capacités scolaires et physiques sachant que les enfants soldats ont le niveau scolaire déficitaire.

241

CHAPITRE HUITIÈME Échecs, défis, approches et stratégies alternatives du DDR à l’Est de la RD Congo et au Sud-Kivu : modèle stratégique de réintégration socio-économique durable300

INTRODUCTION Ce Chapitre présente les résultats pour les sept questions principales de recherche auxquelles voulait répondre notre thèse. Il est donc subdivisé en la présentation, le dépouillement, l’analyse et l’interprétation des données recueillies sur terrain. Il présente les causes d’échecs et de défis du processus DDR en confrontant les résultats du terrain et notre propre expérience par rapport aux projets et programmes que nous avons eu à exécuter. Enfin, il donne les approches et les stratégies alternatives pour la durabilité du processus DDR en période post conflit ainsi que pour la réintégration socioprofessionnelle et économique des ex-combattants et autres couches vulnérables.

RÉSUMÉ Le processus désarmement, démobilisation et réinsertion socioéconomique (DDR) n’est pas une tâche aisée. Outre les difficultés auxquelles il est buté, il essuie bien d’échecs et des défis, exige le respect des préalables, approches et stratégies alternatives lui appropriées. À l’issue de cette étude, nous en dégageons 23 au total. Leur stricte application reste la seule voie de sortie et un guide pratique, à tous les acteurs sociaux impliqués dans le domaine de réintégration socio-économique des couches vulnérables en général et des enfants ex-soldats en particulier.

300

Albert KALONGA, et J.LUTULA, ‘les difficultés inhérentes à la formation professionnelle et à la réinsertion économique des enfants sortis des forces et groupes armés à Bukavu’, in Recherches africaines n° 29, Bukavu, 2011.

8.1. PROCESSUS DIALECTIQUE DE LA RÉINTÉGRATION SOCIALE ET ÉCONOMIQUE DES EX-SOLDATS Le phénomène ‘Enfants soldats’ se présente en terme d’une véritable dialectique : Enrôlement — Démobilisation – Réinsertion/Réintégration socio-économique. En effet, la démobilisation a paru être un remède à l’utilisation des enfants âgés de moins de 18 ans comme combattants dans les groupes et forces armés. Mais, ce processus implique à son tour, une réinsertion/réinsertion sociale de ces ex-soldats dans leurs familles ou communautés d’origine. Quoique socialement réinsérés, ces ex-soldats ont été confrontés aux multiples problèmes de vie comme tels que signifiés dans le chapitre précédent. D’où la nécessité de leur réintégration professionnelle et économique. Or, une telle réintégration aura moins de chance de réussir sans formation professionnelle adéquate. En effet, un essai d’identification de ces ex-soldats en vue de leur orientation et formation professionnelle, a révélé qu’ils accusent en général un déficit considérable dans la préparation de leur réinsertion économique, faute d’adaptation professionnelle et de motivation. Ceci est tributaire de leur niveau d’instruction très bas ou quasi nul et du manque d’expériences professionnelles requises pour travailler. Il convient de mentionner par ailleurs, l’incapacité d’initier pour leur propre compte, une activité génératrice des revenus ’AGR’, de l’absence non seulement des ressources matérielles et financières, mais aussi des compétences techniques et des connaissances pratiques, sur les opportunités du marché local de travail. Fort curieusement, la réinsertion économique qui constitue apparemment le dénouement, soit la dernière étape de notre dialectique, pose de nouveau, un réel problème de formation professionnelle, sur lequel nous nous pencherons dans les lignes qui suivent. Ce chapitre singulièrement se fixe entre autres comme objectifs :  Épingler quelques difficultés inhérentes à la formation professionnelle et à la réinsertion économique des Enfants sortis des forces et groupes armés, dans le souci de leur auto prise en charge.  Proposer quelques éléments d’appui pédagogiques et techniques aux formateurs et responsables des structures de formation professionnelle et aux bailleurs des fonds, ainsi qu’aux maîtres-artisans afin de compenser certaines faiblesses liées à leurs modules et à leurs interventions respectifs. Pour dénicher ces difficultés lors de la formation professionnelle et la réintégration socio-économique, nous avons procédé par les descentes sur terrain en vue de prendre contact et échanger avec les bénéficiaires, les formateurs, et les maîtres-artisans afin de nous rendre compte de leur environnement de travail. Aussi, nos données ont-elles été complétées par la technique documentaire.

244

8.2. INVENTAIRE DES FILIÈRES DE FORMATION PROFESSIONNELLE ET DES MÉTIERS DANS LA VILLE DE BUKAVU ET AU SUD-KIVU Ce chapitre est un inventaire sommaire de quelques filières et centres de formation professionnelle ayant, d’une part, été sélectionnés par plusieurs études menées à ce sujet, notamment : Le Bureau international du Travail (BIT), Le Guichet d’Économie locale (GEL Sud-Kivu), et le Bureau d’Études scientifiques et techniques (BEST-Bukavu) et d’autre part, des centres de formation et ateliers des métiers ayant servi de cadre à la formation des ESFGA. Logiquement, les données relatives à cette partie devraient être récoltées dans des services et structures étatiques tels que : Le Fédération des Entreprises du Congo (FEC), La Division des affaires économiques, la Division des petites et moyennes entreprises et artisanats, etc. Cependant, faute d’actualité de leurs répertoires, nous avons recouru aux structures, qui assurent directement la formation professionnelle dans la ville de Bukavu, il s’agit précisément des centres de formation professionnelle et d’autres structures comme les salons de coiffure et les centres de formation sur le tas auprès des maîtres-artisans. Selon Frank MAYUNDO, parmi ces centres et structures de formation professionnelle, il y en a qui assurent la formation à longue et courte durée. Une autre catégorie, celle dite ’non formelle’, qu’assurent des maîtres-artisans directement dans leurs unités de production à leurs apprentis (formation sur le tas), souvent analphabètes ou incapables de suivre ou de terminer un cycle normal de formation formelle.301 D’après le Bureau international de Travail, un troisième type de formation dite de ’moyenne durée’, souvent de trois à quatre mois s’ajoute sur les deux autres cités ci-haut.302.

8.3. TYPES D’APPRENTISSAGE ET FORMATION PROFESSIONNELLE PROPREMENT DITS POUR LES ESFGA AU SUD-KIVU La réinsertion économique durable est fonction de qualifications nécessaires pour travailler, produire, vendre et gérer les produits du travail, aux fins d’une auto prise en charge progressive. Pour doter les ESFGA, de ces différentes compétences, il faut leur assurer une formation multisectorielle classifiée selon la durée de l’apprentissage. Il s’agit de : 1 la formation de courte durée : C’est celle qui va d’un à deux mois et concerne les métiers assez simples à acquérir, tels que : l’art culinaire, la savonnerie, la boulangerie et pâtisserie, etc. 301 Frank MAYUNDO M.Atelier de la sélection des métiers et d’analyse sectorielle du travail dans la ville de Bukavu du 2 au 5 novembre 2005, cap Nguba, Bukavu 2005 .PP 64-65. 302 Programme d’Action – FSH : 2005 op. cit P 9

245

2 la formation à moyenne durée, elle dure en principe trois à quatre mois et se rapporte aux métiers qui exigent au préalable la maîtrise de connaissance théorique avant la pratique ; c’est les cas de l’informatique, la pêche, la coiffure, l’élevage, l’agriculture et le rebobinage… 3 ° la formation à longue durée, elle s’étend de six à neuf mois ou plus, y compris un stage de trois mois selon le cas, et concernent les métiers qui exigent des connaissances relativement complexes pour une meilleure compréhension des modules techniques et l’acquisition des qualifications techniques. Ils sont soumis aux contraintes socioprofessionnelles et juridiques importantes et font appel à un sens élevé d’ingéniosité. La technicité de ce type de formation exige des aptitudes intellectuelles et physiques particulières qui ne sont pas à la portée de tous les ESFGA, c’est les cas de la formation en maçonnerie, mécanique automobile, coupe et couture, ajustage soudure, cordonnerie, fabrication des guitares, etc.… NB : Quelle que soit l’échéance de la formation, tous les sujets sont soumis à une initiation supplémentaire, ‘appelée’ formation en gestion et développement des compétences commerciales, constituées aussi de trois petits modules à savoir : la compréhension du marché, la compréhension de l’offre et de la demande et le marketing ou la méthodologie d’atteindre ses clients. Tableau 32 : Quelques filières types de formation professionnelle et des métiers dans la ville de Bukavu et au Sud-Kivu. No

1

Désignation du secteur ou Thèmes abordés module de formation. 1 — Coupe et couture, 2 — Teinture TEXTILE 3 — Tricotage

2

BOIS

3

MÉTAL

4

TERRE ET HABITAT

5

CUIR

4 — Broderie 01-Menuiserie ébéniste, 02-Garnissage des Meubles, 03-Fabrication artisanale des guitares 04— sculpture, etc. 01-Formation en mécanique générale et auto mobile, 02— formation en ajustage et soudure, etc. 01-Formation en maçonnerie 02— Formation en briqueterie et poterie 01— cordonnerie 02— Maroquinerie

246

Durée de la formation. Formation du type long (6 à 12 mois), Moyenne durée (3 mois), Type long (6 mois) Formation de type long (6 à 12 mois)

Type long (6 à 12 mois) 6 à 12 mois, (souvent formation sut le tas), (6 à 15 mois), (12 mois)

01-Formation en saponification,

6

Agroalimentaire, pastorale et industrielle.

7

SERVICE

8

LANGUES

9

ÉCONOMIE DOMESTISQUE

10

SALONS DE COIFFURE

02— préparation des pains, gâteaux et beignets, 03— Formation en art culinaire 04— formation en fabrique des jus, 05-formation en élevage, 06— Formation en pêche artisanale sur le lac Kivu. 01-Formation en informatique, 02-Formation en secrétariat public 03-Interprétation et Traduction, 04-expertise comptable et audit, 05— Courtage, etc. 06-gestion et entrepreneuriat, 07— Comptabilité élémentaire, 01-Français 02-Anglais 01-Electricité domestique, 02— réparation des appareils électro ménagers, 03— rebobinage, etc. 01-coiffure mixte 02— soins de visage, etc. 03— défrisage et tressage 04— massage, etc.

Formation de courte et moyenne durée (souvent 1 à 3 mois)

(6 mois)

formation de type long (souvent 6 à 12 mois).

(souvent 3 à 12 mois).

(3 à 6 mois)

(souvent 2 à 4 mois)

Source : FSH, Rapport de l’atelier sur la sélection des métiers dans la ville de Bukavu du 2 au 5 novembre 2005.Il ressort de ce tableau que, les domaines de formation non formelle des ESFGA sont très variés et leur durée s’étend de 2 à 12 mois. Source : Nous-même.

247

Tableau 33 : Évolution des effectifs des ESFGA en formation professionnelle N° 1 2 3 4

5

6 7

Centres

Filières

F 5 8 4 3 4 -

Mécanique FSH Menuiserie Couture BEPAT Informatique Confiance Coiffure Pax Christi Pêche Couture Cordonnerie CAPA Fabrication des guitares Soudure Ajusta. Boulangerie 7 ADM Savonnerie 30

Atlanta CEPAF/ 8 CELPA Atmosphèr 9 e 10 ACEM 11 Créature 12 ACOSYF

Coiffure

-

J G 39 8 3 1 5 1 9

T 44 8 8 7 4 5 5 9

F 2 5 3 3 3 -

F G 25 5 3 1 3 1 7

T 27 5 5 6 4 3 4 7

F 2 5 3 3 3 -

M G 22 5 3 1 3 1 5

T 24 5 5 6 4 3 4 5

F 15 22 3 3 3 -

A G 31 1 2 3 1 5 1 3

T 46 1 24 6 4 5 4 3

G 31 1 2 3 1 5 1 3

M F 15 22 3 3 3 -

T 46 1 24 6 4 5 4 3

F 16 23 3 3 3 -

J G 31 10 2 3 1 5 1 3

T 47 10 25 6 4 5 4 3

F 16 23 3 3 -

J G 31 10 1 3 5 1 3

T 47 10 24 6 5 4 3

F 16 22 3 -

A G 32 10 2 1 3

T 48 10 24 4 3

F 10 14 3 -

S M 29 6 1 1

T 39 6 14 4 1

1

1

-

1

1

-

1

1

-

1

1

1

-

1

-

1

1

-

1

1

-

1

1

-

1

1

11 14

11 21

7

6 12

6 19

7

6 12

6 19

-

3 -

3 -

3 -

-

3 -

-

3 -

3 -

-

3 -

3 -

-

3 -

3 -

-

3 -

13

43

28

10

38

27

11

38

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

3 -

8

8

-6

6

6

-

6

6

-

6

6

6

-

6

-

2

2

-

2

2

-

-

-

-

-

-

-

-

2

19

21

2

8

10

2

8

10

2

7

9

7

2

9

2

7

9

Coiffure

1

4

5

1

4

5

-

4

4

-

4

4

4

-

4

1

4

5

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Rebobin-nage Coiffure Art culinaire

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

1 3 5

4 6 -

5 9 5

1 3 5

4 6 -

5 9 5

1 3 5

4 6 -

5 9 5

-

-

64

136

200

54

88

140

48

97

145

97

48

145

48

73

124

45

58

124

2 7

41

68

92 146 52

-

-

Élevage

TOTAL GÉNÉRAL

-

-

50

-

Ce tableau évolutif met en exergue 41 cas d’abandons, soit une déperdition de 20,5 % d’enfants, dans les trois types de formation, mais un peu plus prononcée dans les filières du type long. Tableaux comparatifs.

Tableau 34 : Orientation professionnelle/situation de départ en janvier 2006 EFFECTIFS DURÉE DE LA FORMATION TOT Date du Date de la F G Période . début fin 6 mois Mécanique 5 39 44 24/1/2006 24/10/2006 formation et 3 mois stage 6 mois 1 FSH Menuiserie 8 8 24/1/2006 24/10/2006 formation et 3 mois stage 6 mois Couture 8 8 24/1/2006 24/10/2006 formation et 3 mois stage 3 mois 2 BEPAT Informatique 4 3 7 2/2/2006 2/5/2006 formation 3 mois 3 Coiffure 3 1 4 16/1/2006 16/4/2006 formation 3 mois 4 Pax Christi Pêche 5 5 31/1/2006 30/4/2006 formation 6 mois Couture 4 1 5 18/1/2006 18/10/2006 formation et 3 mois stage 6 mois Cordonnerie 9 9 18/1/2006 18/10/2006 formation et 3 mois stage 5 CAPA 6 mois Fabrique 1 1 18/1/2006 18/10/2006 formation et Guitare 3 mois de stage 6 mois Soudure 11 11 18/1/2006 18/10/2006 formation et 3 Ajustage mois de stage 2 mois Boulangerie 7 14 21 18/1/2006 18/3/2006 formation 6 ADM 2 mois Savonnerie 30 13 43 18/1/2006 18/3/2006 formation 3 mois 7 Atlanta Coiffure 8 8 24/1/2006 24/4/2006 formation 3 mois 8 CEPAF Élevage 2 19 21 20/2/2006 20/5/2006 formation Atmosphèr 3 mois 9 Coiffure 1 4 5 2/2/2006 6/5/2006 e formation 9 mois TOTAL GÉNÉRAL 64 136 200 16/1/2006 24/10/2006 formation Centres

Filières

249

Tableau 35 : Effectif des ESFGA situation à la fin de la formation professionnelle. Centres

EFFECTIFS

DURÉE DE LA FORMATION

F

G

TOT.

Date du début

Date de la fin

Mécanique

16

32

48

24/1/2006

31/7/2006

Menuiserie

-

10

10

24/1/2006

31/7/2006

Couture

Filières

1

FSH

22

2

24

24/1/2006

31/7/2006

2 3 4

BEPAT Informatique Confiance Coiffure Pax Christi Pêche Couture

3 3

3 2 5 1

6 2 5 4

2/2/2006 16/1/2006 31/1/2006 18/1/2006

16/6/2006 16/4/2006 16/6/2006 31/7/2006

Cordonnerie

-

3

3

18/1/2006

31/7/2006

-

1

1

18/1/2006

31/7/2006

-

3

19

18/1/2006

31/7/2006

Boulangerie

7

12

19

18/1/2006

31/3/2006

Savonnerie

27

11

38

18/1/2006

31/3/2006

5

6

CAPA

Fabrique Guitare Soudure Ajustage

ADM

7

Atlanta

Coiffure

3

1

4

24/1/2006

31/5/2006

8

CEPAF

Élevage

2

7

9

20/2/2006

31/5/2006

9

Atmosphèr Coiffure e

1

4

5

6/2/2006

31/5/2006

10

ACEM

Rebobinnage

1

4

5

25/5/2006

25/8/2006

11

Créature

Coiffure

3

6

9

25/5/2006

25/8/2006

Art culinaire

5

-

5

25/5/2006

25/8/2006

93

107 200

16/1/2006

25/8/2006

12

ACOSYF 303

TOTAL GÉNÉRAL

OBSERVA TION 10 cas d’abandons 4 cas d’abandons 10 cas d’abandons

2 cas d’abandons 1 cas d’abandon 6 cas d’abandons 4 cas d’abandons 1 cas d’abandon 2 cas d’abandons 1 cas d’abandon 41 cas d’abandons

Source : FSH Rapport final d’activités du programme d’action cité plus loin.

Par rapport à notre situation de départ, il y a lieu de signaler l’apparition de deux nouvelles filières de type court (rebobinage et art culinaire), suite au désengagement de 88 ESFGA soit 44 % de l’ensemble. Signalons que l’évolution des filles est inversement proportionnelle à celle des garçons, dans la mesure où le nombre des filles a connu un accroissement de 45,3 % tandis que celle des garçons décroît de 21,3 %.

303

Association Coopérative en Synergie féminine.

250

8.4. LES ÉCHECS ET LES DÉFIS LIÉS AU DDR À L’EST DE LA RD CONGO ET AU SUD-KIVU 8.4.1. Échecs Ce deuxième de questionnaire d’enquête référé aux échecs, défis et stratégies liés DDR, ne concernait plus ni ESFGA et Vulnérables. Il a été destiné rappelons- le, qu’autres trois catégories de notre cible à savoir : les personnes ressources ou professionnels DDR, les parents des deux premières catégories et enfin les autorités locales (politico-administratives) des zones de retour et réinsertion socio-économique de deux couches précitées. Constitué de 7 questions, cet item n’avait que 3 principales questions (à savoir les questions no 1,6 et 7), et donc, que nous avons dépouillées, analysées et interprétées. Les ESFGA quant à eux, n’avaient que leur questionnaire spécifique constitué de quatre modules et qui a fait objet des chapitres précédents liés à l’analyse des caractéristiques sociodémographiques ; à la problématique de l’orientation professionnelle, aux considérations psychosociales ainsi qu’à leurs difficultés inhérentes à la formation professionnelle et à la réinsertion socio-économique. Question de recherche no 1 : D’après votre expérience, pensez-vous que le processus DDR en général et le DDR – Enfants en particulier depuis son démarrage en 2003 -2014 à l’Est de la RDC et au Sud-Kivu, est une réussite ou un échec ? Tableau 36 : Avis de réussite ou d’échecs du processus DDR au Sud-Kivu Score Total

Réussite 131 28

Échec 339 72

Total 470 100 %

Source : Nous-même.

À la lumière de ce tableau, les résultats récoltés prouvent que le processus DDR est un échec dans toute la partie Est de notre pays et en province du Sud- Kivu singulièrement, à voir d’emblée ce score mitigé de 72 % tel même présenté dans ce graphique. Les personnes interrogées attribuent cet échec à plusieurs facteurs liés entre autres : À la persistance des forces et Groupes armés, aux conflits de pouvoirs coutumiers et fonciers, à la recherche de l’autochtonie et identité ainsi que des grades dans l’armée nationale par les seigneurs de guerres. Toutefois est-il que, la majorité les acteurs de DDR dans cette province contribuent négativement à cet effet, étant donné leurs mauvaises pratiques dans le processus DDR (les opérations retours). L’échec est par ailleurs assujetti au manque de volonté politique liée particulièrement à la réforme humanitaire. Les approches souvent utilisées sur terrain par les partenaires nationaux et internationaux, le budget faible alloué au volet 251

réinsertion socio-économique des ex-combattants singulièrement, la durée souvent très courte pour ce programme, ainsi qu’à la non-prise en compte du suivi technique post réintégration/réinsertion, à la manipulation des politiques pour leur positionnement, à la faiblesse du cadre opérationnel (usage de Famille d’Accueil transitoire : négligeant ainsi la réhabilitation psychologique), et surtout à la non-restauration de l’autorité de l’État, et de manque de réforme de l’armée et de l’ensemble du système des services de sécurité. La non-prise en compte et la négligence de l’orientation professionnelle qui doivent concilier les aspirations de sujet à réinsérer par rapport à ses aptitudes scolaires ainsi qu’à ses attentes socioprofessionnelles, et du marché local d’emploi. ‘L’approche holistique’ serait appropriée pour la durabilité de ce processus. Les us et coutumes dans cette province relèguent souvent la femme, qui souvent n’est pas impliquée dans aucun processus, et l’approche ‘genre’ n’est pas prise en compte… En revanche, 32 % des personnes interrogées, pensent en terme du succès du processus DDR, mais presque toutes sur les deux premiers aspects de ce processus à savoir : le désarmement et la démobilisation, mais toute fois, elles reconnaissent l’échec du processus en ce qui concerne le volet Réinsertion économique, or le DDR est un processus complet. Et surtout si les ex-combattants n’arrivent à s’auto prendre en charge, les deux premiers aspects tombent caduque d’autant plus que les sujets désarmés et démobilisés peuvent toutes se faire encore ré enrôlé dans les mêmes et d’autres groupes armés, soit devenir des bandits à mains armées ou coupeurs des routes. Comme nous l’avons stigmatisé plus haut, plusieurs programmes financés par la communauté internationale ont tout de même joué un rôle primordial dans l’effort global de consolidation de la paix et constituent à ce titre des cas d’études intéressants pour une meilleure compréhension des défis à la situation qui règne actuellement dans l’Est du pays. C’est les cas par exemple de quatre programmes spécifiques importants, à savoir les programmes STRAREC et d’ISSSS ainsi que le programme national de désarmement,’ démobilisation et réinsertion (PNDDR) ayant pour objectif de remettre dans la vie civile des anciens combattants. C’est donc ce dernier qui fait objet de notre recherche. Selon International Alert, et sans rentrer dans le détail de chacun, l’une des causes d’échecs de ces programmes est : la faiblesse fondamentale des approches communément adoptées par les intervenants internationaux dans l’élaboration et l’exécution de ce type de programme304. En effet, ces intervenants internationaux pour la plupart du temps sur la méthodologie d’intervention standard, exclusivement technique et basée sur une conception purement individualiste des problèmes à traiter. Ils ne prennent pratiquement pas en compte, ou pas suffisamment et trop tardivement, les 304

International Alert, sortir de l’impasse, op.cit.

252

dimensions politiques et collectives des problèmes qu’ils entendent traiter, offrant de ce fait une réponse très partielle, peu efficace et souvent critiquée par les bénéficiaires et acteurs locaux. Pour cette raison, International Alert, fais un constat que ces intervenants se basent sur des conceptions erronées des réalités des conflits congolais et des dynamiques de changements propices à leur transformation durable. Une réflexion générale sur des approches orientées sur les causes structurelles et politiques des conflits, plus inclusives des acteurs communautaires et mieux adaptés aux différents contextes locaux, devrait être initiée par les différents intervenants.

8.4.2. Le Succès du processus DDR- RET et l’applicabilité de l’approche holistique : Témoignage de madame ZEYNEP Gündüz305 et paradoxe Après moins de deux ans, le programme RET dans la République démocratique du Congo (RDC) a obtenu d’importants succès dans le domaine du désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR). Mis en œuvre dans la province du Sud-Kivu, il empêche le recrutement des enfants et des adolescents par des groupes armés. Son approche holistique lutte contre la stigmatisation, la promotion de la paix et de la cohésion sociale, tout en unissant les énergies de toutes les parties prenantes en vue d’un objectif commun : faire en sorte que le phénomène des enfants soldats en RDC fasse partie de l’histoire. Tout bon projet de DDR doit mettre pleinement en œuvre les trois phases : désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Une approche partielle ne peut permettre obtenir des résultats tangibles. DDR est un processus qui met en jeu les autorités politiques, les forces armées nationales, les groupes armés illégaux et la communauté internationale. Il définit les rôles de chacun de ces acteurs tout au long des différentes phases, et est d’abord mis en mouvement par le gouvernement national. Le programme de RET s’inscrit dans ce cadre plus large et apporte tous ces acteurs. En Afrique, de nombreux pays ont tenté de mettre en œuvre des programmes de DDR. Il est cependant un processus long et complexe, qui n’a pas toujours été couronné de succès. La première phase, le désarmement, est de permettre aux jeunes soldats de quitter les groupes armés illégaux. Concrètement, le rôle de RET est de sensibiliser les commandants, expliquer l’illégalité de recruter des hommes de moins de 18 et les convaincre de libérer les combattants de moins de 18 ans dans leurs rangs et mettre un terme à ce type de recrutement. RET est donc en dialogue constant avec ces groupes, avec bien sûr l’autorisation du 305

ZEYNEP Gündüz CEO & Executive Director RET, Editorial RET Global Newletter-March 2014.

253

gouvernement et les forces internationales ensuite, nous entrons dans la phase de démobilisation. C’est une période de transition, qui donne aux jeunes le temps de commencer à traiter les traumatismes profonds qu’ils ont endurés. Ils sont admis dans le centre de transit et d’orientation (CTO) dans lequel nos équipes de psychologues, d’infirmières et conseillers les aident à se rétablir. Pendant environ trois mois, ils trouvent un équilibre et commencent à préparer leur retour à une vie civile normale. Le centre favorise également la cohabitation saine entre les différents groupes ethniques présents. Les jeunes élevés à mépriser l’autre sont des amis d’aujourd’hui, ils ont brisé le cycle de la haine. Une fois stabilisée ils sont soit orientés vers des études formelles ou une formation professionnelle, les autorités des FARDC leurs délivrent des attestations de démobilisation : l’autorisation nécessaire de revenir à la vie civile. Si les deux ‘DD’ de DDR sont assez complexes, le ‘R’ de la réintégration est la phase la plus longue et la plus critique. À ce moment, les anciens jeunes combattants ont à affronter le retour à une vie civile qu’ils ont quitté il y a longtemps. Sans soutien et d’espoir pour l’avenir, ils peuvent chercher à revenir à des groupes armés. RET fournit ainsi le coût de l’éducation de chaque élève, et eux et leurs enseignants se mettent régulièrement à vérifier si tout va bien. Pour ceux qui ne se sentent pas à l’aise de reprendre les études, RET propose des programmes de formation professionnelle mieux adaptés à leurs besoins. Les enseignants ainsi que les autorités éducatives, politiques et militaires sont également reçoivent une bonne compréhension de l’état psychologique de ces jeunes à risque. Cette approche permet une réelle réintégration durable. Tout le long du chemin, de la sensibilisation des groupes armés, au soutien et à l’orientation psychosociale, à la réintégration dans le système scolaire, l’éducation est le cœur et l’âme d’un programme de DDR. C’est pourquoi il raisonne avec son c’est mandat et pourquoi notre programme de DDR a un tel succès. L’équipe de RET sait que la tâche à accomplir est extrêmement complexe, mais les résultats concrets confirment que nous sommes sur la bonne voie. La persévérance est maintenant notre principale préoccupation, comme beaucoup d’autres attendent leur nouvelle vie. Paradoxe Malgré ces prouesses, les intérêts égoïstes et l’endoctrinement du système et de l’organisation RET en République démocratique du Congo, ont relégué à pieds nus tous les efforts consentis par les experts en DDR dans cette organisation, à titre d’exemple notre lettre ouverte ZEYNEP Gündüz, suivie de notre remerciement collectif de cette organisation et la dénonciation individuelle suivante :

254

Graves dénonciations Ma conscience est troublée, je dois la respecter afin de me libérer, c’est pourquoi je dis non au silence coupable. C’est une culpabilité, ainsi, j’ai l’obligation de faire cette dénonciation ! Je dois le faire pour sauver les enfants congolais, je dois absolument pour ne pas faire ternir l’image de RET. L’organisation jugée de sérieuse et d’une école d’excellence par des millions de gens. C’est donc aujourd’hui ou à jamais ! Note : Souvent, les gens lisent, analysent presque de la même manière, mais très souvent les conclusions et les interprétations diffèrent d’une personne à l’autre. Cette lettre est naturelle, elle est écrite sans émotions ni intention de nuire quiconque, elle a pour objectifs de dénoncer les intérêts égoïstes, les anti valeurs tolérées et acceptées au RET et qui mettent en péril, les loyaux objectifs de cette grande organisation qui, était plébiscitée d’école d’excellence dans la région et avec une mission noble. Elle est sur la pente très glissante ! Ma dénonciation est à prendre ou à laisser, mais l’histoire nous le dira ! Comme l’avait dit Lumumba ! Ah ! L’organisation RET RDC est malade, il est très malade et je dois le dénoncer, il souffre de plusieurs maux, dont principalement : 1. La flagrante et intégrale violations de son propre règlement d’ordre intérieur par madame Noëlla BERKO, chef de mission dans ce pays, 2. L’injustice grandissante et l’ingratitude, 3. La sous-administration, le sentiment et le clientélisme, 4. Le tribalisme, 5. Le massacre des textes des lois du pays en ce qui concerne spécialement le code de travail congolais et autres textes légaux en rapport avec la législation en matière du travail. 6. La gestion par défis, la subjectivité, l’intimidation, la frustration, le stress permanent du personnel, devenus un mode et une arme de gestion 7. L’appropriation des œuvres d’autrui, 8. La politique de diviser pour bien régner, 9. Le remplacement de l’excellence par la médiocrité, 10. Le manque de professionnalisme qui domine l’humanitaire, etc. Le RET est une organisation non gouvernementale internationale, indépendante et impartiale, sans affiliation religieuse, ni politique, telle sont les valeurs naturellement lui reconnues. Mais au jour d’aujourd’hui, toutes ces valeurs tombent en désuétude. À titre d’exemple : - Nulle part au monde, la même fonction occupée par un agent durant plus de deux ans avec fruits et compétences, sans avoir commis aucune faute lourde, l’agent qui a suivi le processus normal de 255

-

-

-

-

recrutement, ne peut jamais être soumis de nouveau, par la même organisation au dépôt d’un dossier et au nouveau test de recrutement, s’il n’est pas question d’un poste supérieur, et même s’il s’agissait d’un poste supérieur, seule la lettre de motivation suffirait et non le dossier comme le stipule le règlement d’ordre intérieur RET. L’évaluation du rendement de l’agent reste, la seule voie autorisée dans ce cas d’espèce afin d’encourager les candidatures internes. (cfr art 12 et 28 ci-bas). Étant donné que le RET, a beaucoup investi dans la capacitation de son personnel dans le cadre du DDR — Enfant et dans l’encadrement des enfants à risque, il est temps de décourager la violation des textes et de l’injustice. Dans toutes les organisations au monde, l’organigramme ou le schéma de fonctionnement, reste un outil par excellence pour la gestion de l’entreprise, sauf au RET RDC, où tous les agents sont sur le même pied d’égalité par sentiment, qui commande qui ? C’est donc l’anarchie et l’humiliation qui règnent en maître ! Le droit d’auteur est sacré, un article conçu par tout personnel RET, reste le bien privé de l’organisation, mais il n’y a qu’au RET RDC, où une publication d’un agent devient l’initiative propre de la chef de mission, or cette publication sur la boulangerie ‘MATUMAINI YA KESHO’, n’est qu’une partie des chapitres12et 13 de ma thèse ! en pièce jointe la preuve. D’ailleurs, il fait la suite de l’autre article sur SCAPA qui est donc, mon œuvre au nom de RET. Où la procédure en matière de la sanction disciplinaire pour une faute du 1er ou 2e degré n’est pas respectée de peur d’exposer l’organisation à une faute lourde de la part de l’employeur. Où il faut créer un service d’intelligence assuré par ses frères de tribu qui doivent coûte que coûte remplacer les agents d’autres provinces quel que soit leurs mérites et compétences, car l’appartenance dans une même tribu, devient un critère de positionnement : où les assistants commandent les maîtres qui les ont recrutés et formés, où les spécialistes ne peuvent qu’être balayés du revers de la main et l’investissement dans la formation des cadres, n’a qu’une valeur de feuille de patate douce ! Tout le monde peut connaitre ce que les autres font, mais tout le monde n’est pas technicien dans tel ou tel autre domaine !!!! Où le Guest house de l’organisation devient donc, l’habitation pour les membres de sa propre famille, pouvons-nous croire à une épuration intellectuelle des ceux qui ont contribué à l’émergence de RET RDC ? À ceux qui ont mis sur pieds tous les outils du programme DDR ? Où peut-on croire à l’éjection de l’équipe de son prédécesseur ? La reconnaissance ou l’objectivité doit primer sur les sentiments ou les humeurs !

256

De la violation flagrante et intégrale du règlement d’ordre intérieur RET, par la CdM BERKO Préambule : Les principes fondamentaux du RET 1. L’impératif humanitaire est prioritaire, 2. Le RET respecte les principes de neutralité, d’impartialité, d’indépendance et de non-discrimination, Chapitre II : Organisation du travail Article 5 : Le/la chef de mission communique des ordres aux diverses catégories du personnel par voie directe ou indirecte par les responsables des différentes équipes ou différents départements. Au RET RDC tout le monde est sur le même pied d’égalité, les assistants envoient même leurs rapports non censurés directement à la CdM, sans passer par leurs chefs hiérarchiques, politique instaurée. Article 9 : Le RET croit fortement que tous les employés doivent être traités avec respect et dignité. Les actes ou les menaces de violence ne seront jamais tolérés. Le RET répondra promptement à tout incident ou menace de violence. Ceci n’est pas à l’ordre du jour pour le RET RDC, exemple d’humiliation du chargé du programme par la CD M, cas de Fulgence et Romain ainsi que tant d’autres. Chapitre IV : Du recrutement et de l’engagement Article 11 : L’égale opportunité d’emploi est un principe fondamental du RET ou l’obtention d’un emploi est basée sur base des capacités et qualifications sans discrimination, liée à la race, à la couleur, au sexe, à l’âge, à la langue, à la nationalité d’origine, etc. Et pour le moment l’emploi au RET RDC est lié à la langue et à la tribu d’origine SHI (tribu de l’actuelle Chef de Mission). Et tout le monde en parle, et j’ai pris mon courage d’en parler à la chef de mission à deux dans son bureau, un certain mardi le 24 juin 2014, mais sans succès. Article 12 : Pour les nouvelles positions à temps plein, un appel d’offres (interne et externe) sera fait. Les candidats internes seront considérés les premiers automatiquement présélectionnés et n’auront pas besoin de fournir de curriculum et références comme les candidats externes. Toutefois, les candidats internes doivent avoir au moins un an de service avec le RET. Article intégralement violé par la Chef de Mission (cdm), car, il ne s’agit pas de nouvelles positions pour les uns, et en plus, ses frères de tribu qu’elle tient à tout prix à nous faire remplacer à l’instar de Gaspard et Fulgence, n’ont pas encore un an de service avec le RET. Quelle humiliation pour le personnel que nous avons recruté nous-mêmes et montré comment se fait les choses ? Article 15 : Les contrats peuvent être conclus pour six mois, un an ou deux ans renouvelables une fois seulement après quoi le contrat devient 257

indéterminé, etc. Moi personnellement, j’ai renouvelé mon contrat avec le RET 4 fois. Chap. IX : Évaluation et développement du personnel Article 28 : Chaque superviseur est responsable de faire les évaluations de ses supervisés, d’abord avant la fin de la période d’essai et ensuite, chaque année. Etc., ce qui n’a pas été ni autorisée à être faite ni faite par la cdm elle-même et pourquoi ? Chapitre XII : Le régime disciplinaire Article 37 : Aucun travailleur du RET ne peut être sanctionné sans qu’il ait présenté ses moyens de défense. Toute demande d’explication doit être répondue en cinq jours ouvrables. Mais certains collègues ont été sanctionnés deux mois après et à deux jours de fin leurs contrats. Le tableau ci-après illustre bien certaines choses : Composition de l’actuelle équipe RET RDC d’après la configuration tribale :

258

Tableau 37 : Configuration tribale du personnel RET Congo Ancienneté dans RET 3mois et zéro expérience dans le DDR 1 année et 6 mois et Gradué en Informatique

Tribu/Pr Niveau ovi-nce d’études Shi/Provi nce du inconnues Sud-Kivu.

Chargé Éducation réintégration

8 mois avec le RET

Shi

Chargé psycho social (non psychologue)

8 mois avec le RET

Shi

No

Noms

Fonctions

01

Noëlle BERKO

Chef de Mission

02

Yves Shamavu

Chargé programme

03

Gaspard MAROYI

04

Fulgence KAFUNGABU

05

Yvonne NABINTU

06

Fisher

Admin et finances

Shi

06

Fidèle

Intendant et jardinier

Shi

Shi

Remplace

Ancienneté

Romain (juriste avec près 2 ans avec le plus de 7 ans pour la même RET fonction) Albert (spécialiste en DDR-Enfants avec 10 ans L2 à peine 2 d’expérience et doctorant, mois en avec plusieurs publications 2 ans avec le Développement dans ce domaine) + 21 ans rural finissant d’expérience comme humanitaire. G3 informatique

2 ans avec le RET

Tribu/Province

Kasaï Oriental

Kasaï occidental

idem

MJ (psychologue de formation)

Pas de même clan

MUSHANGALUSA

Shi, mais frère propre à Yves

KAMONI

FULIRO

Province orientale

Shi

Ce tableau est issu durant une période de 18 jours allant du 1 au 18 juillet 2014, appelés : période de travail avec l’équipe minimum, et juste après, un véritable coup de balai et la nouvelle chef de Mission se sont fait entourer essentiellement de ses propres liens familiaux dans l’organisation. Liens sans expérience ni expertise dans le domaine.

En écrivant cette lettre, je suis sûr des conséquences qui m’attendent, mais mon objectif sera donc atteint, ‘dire la vérité’, car comme l’avait dit la fontaine : ‘la raison du plus fort est toujours la meilleure’. Rendre la crédibilité et blanchir le RET comme organisation de justice et non d’injustice aideraient son œuvre en République démocratique du Congo ! C’est pourquoi je suis tenté de me poser ces questions suivantes : 1. Si réprimer les voix qui s’élèvent pour dénoncer le mal est un mode de règlement des problèmes au RET? Je prends mes risques, 2. Si au Burundi et au Kenya les nationaux ont eu à produire des fruits escomptés pour le RET, mais pourquoi pas au Congo ? 3. Pourquoi le RET au Congo commence-t-il à prendre la dimension tribale et non internationale ? 4. Pourquoi les plus faibles dans ce monde ne sont- ils jamais écoutés et pourquoi sont-ils réprimés ? 5. Pourquoi ne pas reconnaître les mérites des vrais agents de par leurs initiatives et le savoir-faire dans ce programme ? 6. À cette allure des choses, le RET au Congo, pourrait-il répondre à son et but de : ‘répondre aux besoins en matière d’éducation des adolescents et jeunes touchés par les conflits armés, les catastrophes naturelles, la violence et d’autres facteurs de vulnérabilité’ ainsi qu’à sa mission : celle ’d’aider les collectivités à répondre aux besoins éducatifs, dans le sens le plus large, des jeunes vulnérables’ ? 7. Peut-on construire une si grande organisation comme le RET sur base de l’injustice et l’ingratitude des techniciens qui ont eu à mettre sur pieds tous les outils du programme et enfin remercier en monnaie de singe ? 8. Le règlement d’ordre intérieur est seulement pour les agents et non la chef de mission ? 9. Un agent engagé depuis 2012, qui a suivi le processus normal de recrutement, sans savoir commit une faute disciplinaire simple ou lourde, et pour lequel le directeur régional a participé à son panel de recrutement, peut-il encore être soumis à un autre test de recrutement pour le même poste après l’avoir assumé avec fruits et compétences deux ans durant ? 10. Une si grande organisation comme le RET peut-elle, être dirigée sur base des préjugés, stéréotypes et des hypothèses ? 11. Si les autres ont peur de dire tout haut, ce qu’ils consentent tout bas, à cause de la misère et le chômage qui gangrènent mon pays, je crois avoir joué mon vrai rôle en tant qu’humanitaire et défenseur des droits de l’Homme ! Car je sais bien, ‘mourir n’est rien, mais vivre vaincu sans gloire, c’est mourir tous les jours’ a dit Napoléon. 12. Le remplacement permanent d’experts devenu monnaie courante au RET RDC et de ceux-là qui ont eu à mettre en route ce programme,

260

permettra-t-il la pérennisation des acquis et des impacts de ce programme ? Il est grand temps, le programme du Congo, a besoin d’un management expatrié neutre qui n’a aucun lien avec une quelconque tribu ‘construire sans terminer, c’est détruire’ dit-on. La justice doit être faite, c’est ce qui blanchira le RET dans la région, et lui donnera sa crédibilité. Monsieur le directeur régional, avec tous mes respects et hommages déférents, veuillez agréer l’expression de mes sentiments de tristesse et de déception, et vous prie de bien vouloir redonner la crédibilité au RET en République Démocratique du Congo, qui risque de se ternir.

Fait à Uvira, le 1er juillet 2014 Pour la dénonciation Albert KALONGA Ex-Chargé de l’éducation et la réintégration au RET depuis 2012 Doctorant en sociologie des conflits armés et le DDR-Enfants Telle est notre dénonciation copiée même de RET à Genève. Et après tout, l’organisation a été constituée de tous les liens familiaux de la CdM. Ceci est un exemple parmi tant d’autres d’échec non seulement du DDR en République Démocratique du Congo, mais aussi d’autres organisations dites internationales et humanitaires.

8.5. VÉRITABLES CAUSES DE L’ÉCHEC DE LA RÉINTÉGRATION DES ANCIENS COMBATTANTS

8.5.1. Problème de démantèlement et intégration des groupes armés À la suite des accords de paix de 2003, un des problèmes prioritaires à régler était lié au démantèlement des différents groupes armés et à leur intégration au sein d’une armée nationale unifiée, réformée, organisée, disciplinée et patriote. Les hommes qui s’étaient retrouvés membres d’un mouvement armé à cause de la guerre et ne désiraient pas entreprendre une carrière militaire avaient la possibilité de réintégrer la vie sociale, soit dans leur milieu d’origine, soit ailleurs. C’est ainsi qu’en 2004 et 2011, la commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion, la CONADER (ensuite le PNDDR), a désarmé, démobilisé et réinséré quelque ‘120.000 Combattants de 2003 à 2011’306 (hommes, femmes et enfants 306

International Alert, SORTIR DE L’IMPASSE : vers une nouvelle vision de la paix à l’Est de la RDC, septembre 2012, P.98.

261

confondus) dans la vie civile sur l’ensemble du pays307. Le précepte de base adopté pour être candidat à la démobilisation était ’un homme (ou une femme) = une arme’, la remise de l’arme permettant de bénéficier des kits individuels. Ces kits étaient constitués d’une somme d’argent, d’outils et d’une formation professionnelle correspondant au choix de la filière du démobilisé.

8.5.2. La mauvaise gestion des Fonds et d’analyse du contexte socio-économique ‘Le programme a rencontré un certain succès en matière de désarmement et de démobilisation des anciens combattants, mais un succès beaucoup plus relatif en matière de réinsertion’, comme c’est souvent le cas des programmes de ce type dans d’autres contextes. Il a notamment dû faire face à de grandes difficultés surtout liées à la gestion de ses fonds. Le principal problème relatif à la bonne réinsertion des démobilisés, comme à celle des efforts de réintégration des réfugiés, est posé par le contexte socio-économique particulièrement négatif et morose qui prévaut dans l’ensemble du pays.

8.5.3. L’Insuffisance des kits ‘Bien que les kits de réinsertion aient constitué une aide essentielle, ils n’ont généralement pas été suffisants pour leur permettre une réintégration durable. Du fait des difficultés économiques environnantes, mais aussi d’un manque certain de capacité de gestion parmi les démobilisés, “nombreux démobilisés n’ont pas réussi leur réintégration”. Un rapport d’évaluation du PNDDR conclut : “Les excombattants ont encore besoin d’assistance pour améliorer une situation très précaire. Leur niveau d’emploi est toujours inférieur à celui des membres des communautés” […]

Leur retour à la vie civile doit être favorisé par des actions en leur faveur et au bénéfice des civils vulnérables encore méfiants308‘. De par leur précarité économique et sociale, les démobilisés constituent encore un réservoir d’hommes facilement mobilisables par les seigneurs de guerre affirme ce rapport.

307

idem PNDDR(2011), Rapport d’évaluation des bénéficiaires du PNDDR : Synthèse, document non publié. 308

262

8.5.4. Usage des mauvaises approches ‘La conception d’une réinsertion individuelle [“un homme = un kit”] qui prévaut dans bon nombre de programmes d’assistance (aux déplacés, réfugiés, vulnérables, démobilisés, etc.), mériterait d’être profondément remise en question et plus inventive, et des stratégies plus adaptées aux différents contextes locaux devraient être étudiées. La stratégie actuelle est en effet porteuse d’un certain nombre de problèmes qui l’empêchent de se solder par un succès durable. Ceuxci sont imputables au fait que la communauté locale n’est pas impliquée dans la définition de l’approche de réinsertion choisie, alors même que ses membres sont parmi les premiers concernés par le processus d’accueil des personnes démobilisées. Le retour des démobilisés dans la communauté constitue un moment clé, mais aussi un moment sensible du processus de paix, puis qu’il renvoie à des questions de justice et de réconciliation’. D’où les stratégies ’établissement et création de toiles préventives communautaires et intercommunautaires, de sensibilisation-conscientisation en vue d’élaboration de plans d’action communautaires basés sur les besoins réels et réellement ressentis par chaque communauté ; l’implication des toutes les autorités locales et politico-administratives (pilier 3 : Cadre légal que nous développerons ici-bas) “Aussi nombre de civils développent-ils l’idée que l’on récompense leurs bourreaux en leur offrant des kits de réinsertion”.309, D’où l’application du principe de Paris [(qui exige qu’au nombre des bénéficiaires directs de chaque programme dans la communauté, corresponde également les vulnérables identifiés, évaluées et sélectionnés sur base des critères objectifs et enfin appuyés au même titre que les bénéficiaires directs cela éviterait aussi la stigmatisation de ces derniers)]. Les perceptions et les dispositions de la communauté à accepter le retour des démobilisés seront cruciales pour la réussite des efforts de réintégration. Or, la plupart des programmes tendent à priver les communautés et leurs leaders de la capacité de jouer un rôle constructif en matière de réinsertion sociale et économique des démobilisés ou autres vulnérables de la communauté, cas des rapatriés par exemple.

Certains programmes pilotes de réinsertion/réintégration communautaires qui associent les combattants démobilisés et d’autres civils vulnérables selon les principes de Paris ci-haut évoqué dans leurs projets socio-économiques constituent certainement un pas positif vers une démarche moins individualisante de la réinsertion, mais ils ne répondent pas pleinement aux préoccupations et défis soulevés. En effet, n’associent toujours pas les acteurs locaux dans leur définition et se réalisent souvent sans implication directe des membres influents ou leaders de la communauté. 309

Cette préoccupation a également été soulevée lors des ateliers de consultation menée avec les acteurs de la société civile dans le cadre de la sensibilisation réalisée par International Alert

263

Enfin, il sied de noter aussi les budgets insuffisants alloués par les bailleurs des fonds au le volet réintégration, souvent rendant les durées des projets et programmes très courtes, et sans tenir compte du suivi-accompagnement technique post réinsertion.

8.5.5. L’exclusion de la femme dans le processus de consolidation de la paix Le champ du discours portant sur les femmes dans les conflits et au lendemain des conflits est aussi vaste que complexe et a considérablement évolué depuis l’analyse des dichotomies simplistes opposant la guerre et la paix, les agresseurs et les victimes, pour englober de récentes explorations des différentes réalités auxquelles font face les femmes et les hommes et la multiplicité de leurs expériences de la guerre et des conflits en tant que victimes ainsi qu’en tant qu’auteurs des agressions310. Les analyses les plus récentes traitent également de manière plus concrète des impacts des situations de conflit et de post conflit sur les femmes, les filles, les hommes et les garçons et proposent des stratégies applicables aux fins de l’élaboration de sociétés plus pacifiques. Les images de civils affectés par les récents conflits sont diffusées de plus en plus largement de par le monde et mettent les chercheurs, les planificateurs et les décideurs politiques au défi d’intervenir face à leur immédiateté et compte tenu de toute la complexité des situations. Les histoires illustrées par ces images, comme le documente cette étude UNFPA, soulignent le rôle central du genre dans la détermination de l’expérience personnelle des conflits et dans la formulation de stratégies pour la consolidation de la paix et la transformation en phase de post conflit. Au Mali par exemple, l’histoire nous renseigne que c’est depuis les années 1236 à Kangaba (actuel Mali), l’un des territoires multiculturels que des hommes et des femmes épuisés par les conflits et les discordes s’étaient réunis pour réfléchir sur de nouvelles approches de négociation de paix et d’entente. Les conclusions de ce Cadre de concertation avaient débouché à l’élaboration des premiers textes “La Charte de Kurukan Fuga”311 qui a conduit à l’organisation d’une cité située entre la région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. Le contenu de ce document passionnant dont le Bureau de l’Union Africaine à Niamey s’était approprié et standardisé une version lors d’un atelier tenu du 1 au 10 mars 1998 à Kankan, en Guinée avec des communicateurs traditionnels et modernes, est un exemple vivant, des efforts, de l’expérience et de la volonté indéniables de certaines 310

UNFPA - United Nations Population Found, État de la population mondiale 2010 : Évolution des perspectives sur le genre, les conflits, les crises et le renouveau. 311 Femmes, Gouvernance endogène et Prévention des conflits en Afrique de l’Ouest : Atelier de travail organisé parle Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest/OCDE, Niamey (Niger), 26 au 28 avril 2006, 55p. 8P

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communautés africaines à faire participer les hommes tout comme les femmes à tous les niveaux de processus de négociation de paix et de reconstruction post conflit. Selon Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, “la solution des problèmes africains” doit être impérativement recherchée à l’intérieur même des sociétés qui les produisent. Il suffit de revisiter l’histoire africaine pour trouver des enseignements positifs qui informent sur l’évolution, normale et négociée, des sociétés humaines ; il suffit de faire le procès des ruptures décisives pour voir les causes de la déraison sociale. L’histoire souligne parmi tant d’autres vécues au monde, le rôle central du genre dans la détermination de l’expérience des femmes à la formulation de stratégies pour la reconstruction d’une paix durable en situation post conflit. Plusieurs études d’une importance fondamentale ont façonné le débat sur les liens unissant le genre, les situations de conflit et de post conflit, la sécurité et le développement humain. Y figurent également des études sur des thèmes tels que la violence sexiste, en particulier la violence sexuelle et les conflits, l’impact des conflits sur la santé reproductive, les femmes et les processus décisionnels en phase de post conflit et les liens entre les questions de genre et les catastrophes naturelles.

8.5.6. Genre, patriarcat et conflit “Les chercheuses et chercheurs féministes ont contribué à la compréhension de la dynamique de la guerre et des conflits en décrivant le rôle essentiel que joue le patriarcat en façonnant le discours et les stratégies sur la guerre. Enloe (1990), Cock burn (1998, 1999)312,313et d’autres ont largement documenté l’emploi de ‘construits essentialistes’ de la féminité et de la masculinité dans le discours de la guerre. Une affirmation ayant émergé de ces recherches est qu’il existe clairement une relation entre la masculinité, la militarisation et l’agression d’une part et l’effondrement de la féminité avec la paix d’autre part. Un vaste corpus de documents se concentre sur les femmes en tant que victimes passives ou agents de la paix”. Divers auteurs ont cherché à démontrer que les femmes étaient des artisanes naturelles de la paix, du fait de leur rôle de mère, de leur empathie essentielle avec autrui et de la force de leurs relations communautaires (Alonso, 1993314 ; C’arpenter, 2005315 ; Cohn, Kinsella and others, 2004316 ; 312

COCKBURN, C. 1998. The Space between Us: Negotiating Gender and National Identities in Conflict. London: Zed Books, ltd. 313 COCKBURN, C. 1999. Gender, Armed Conflict and Political Violence. Background paper for Conference on Gender, Armed Conflict and Political Violence. Washington, D.C., Banque mondiale, 10 au 11 juin. 314 ALONSO, H. 1993. Peace as a Women’s Issue: A History of the US Movement for World Peace and Women’s Rights. New York: Syracuse University Press.

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Franceshet, 2004317 ; Galtung, 1996318 ; Gilligan, 1982319; Goldstein, 2003320; Ruddick, 1989 et 2004).321Dans cette littérature, la notion de genre recouvre souvent celle de la femme, dont on assume qu’elle est “différente” de l’homme. On y trouve également l’argument que puisque les femmes sont les “opprimées”, la paix est leur responsabilité exclusive et leur devoir moral (Aroussi, 2009).322 En d’autres termes, les femmes sont des ressources pour la consolidation de la paix et leur implication dans les initiatives de paix, de sécurité et de développement est une question d’égalité (Anderlini, 2007323; Porter, 2007)324. Chose plus importante, certains auteurs présentent l’argument que les femmes intervenant dans les négociations de paix y introduiraient des priorités différentes axées sur les droits économiques et sociaux, la justice sociale et la sécurité humaine (Anderlini, 2007325 ; Bell and O’Rourke, 2007326 ; Chinkin, 2004327 ; Gierczy, 2001328; Porter, 2007329. Plusieurs chercheuses et chercheurs féministes signalent l’existence de problèmes à plusieurs niveaux résultant de la caractérisation des femmes en tant que victimes et agents de la paix. Il y a en premier lieu le fait que les femmes peuvent participer aux conflits en tant que combattantes, 315

C’ARPENTER, C. 2005. “Women, Children and Other Vulnerable Groups: Gender, Strategic Frames and the Protection of Civilians as a Transnational Issue.” International Studies Quarterly 49(2): 295-344. 316 COHN, C., and others. 2004. ‘Women, Peace and Security.’ International Feminist Journal of Politics 6(1): 130-140. 317 FRANCESHET, S. 2004. ‘Explaining Social Movement Outcomes, Collective Action Frames and Strategic Choices in First and Second Wave of Feminism in Chile.’ Comparative Political Studies, 37(5): 499-530. 318 GALTUNG, J. 1996. Peace by Peaceful Means: Peace, Conflict Development and Civilization. Londres: Sage. 319 GILLIGAN, C. 1982. In a Different Voice: Psychological Theory and Women’s Development. Cambridge: Harvard University Press. 320 GOLDSTEIN, J.S.2003. War and Gender: How Gender Shapes the War System and Vice Versa. Second edition. Cambridge : Cambridge University Press. 321 RUDDICK, S. 1989. Maternal Thinking: Towards a Politics of Peace. Boston: Beacon Press. 322 AROUSSI, S. 2009. “Women, Peace, and Security: Moving Beyond Feminist Pacifism.” Paper presented at Panel on Destabilising Gender in Conflict, Peacemaking and Care. Political Studies Association Annual Conference. 323 ANDERLINI, N. S. 2007. Women Building Peace, What They Do, Why It Matters. Londres: Lynne Rienner Publishers, Inc. 324 PORTER, E., 2007. Peacebuilding: Women in International Perspective. Londres: Rout ledge. 325 ANDERLINI, op.cit 326 BELL,C. and C. O’ROURKE. 2007. ‘Does Feminism Need a Theory of Transitional Justice? An Introductory Essay.’International Journal of Transitional Justice 1:23-44. 327 CHINKIN, C. 2004. Peace Processes, Post-Conflict Security and Women’s Human Rights: The International Context Considered. Ninth Torkel Opsahl Memorial Lecture. Belfast: Democratic Dialogue. 328 GIERYCZ, D. 2001. “Women, Peace and the United Nations: Beyond Beijing.” In Skjelbaek, I. and D. Smith (eds.), Gender, Peace and Conflict. Londres: Sage, pp. 14-31. 329 PORTER, Op.cit

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informatrices et espionnes ; en second lieu, cela suppose que la féminité prend le pas sur l’identité politique et impose un programme commun à toutes les femmes (Shepherd, 2008)330. Et en troisième lieu, le discours donne des valeurs à la dichotomie masculin/féminin et guerre/paix. Cette dichotomie risque de légitimer l’exclusion des femmes des processus de paix formels et est donc antithétique de l’égalité (Aroussi, 2009331 ; Charlesworth, 2008)332. Cette caractérisation ne remet pas en question le monde patriarcal de la politique et, comme dans le cas de la Bosnie-Herzégovine, dans le long terme, exclut les femmes du processus politique (Helms, 2003)333. “D’autres font valoir que le fait de ne pas reconnaître la multiplicité des expériences des femmes et des filles lors des conflits laisse de côté les questions des droits des combattantes ou des femmes intervenant dans la reconstruction en phase de post conflit”. De nouvelles recherches documentent l’implication active, qu’elle ait été forcée ou volontaire, de femmes dans les conflits en Algérie, en Érythrée, au Guatemala, au Libéria, au Népal, au Nicaragua, en Ouganda, dans le Territoire palestinien occupé et à Sri Lanka (Moser and Clark, 2001334 ; Potter, 2004335 ; Parashar, 2009)336. Bien que des femmes et des filles aient été associées aux conflits en tant que combattantes ou personnel auxiliaire, victimes de rapt ou épouses et personnes à charge (McKay and Mazurana, 2004337 ; Rehn and Johnson Sirleaf, 2002)338, à la signature des accords de paix et lors de la mise en œuvre des politiques de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), les femmes et les filles sont souvent perdantes, en partie parce que la plupart des politiques de DDR appliquent la règle “une personne, une arme” pour identifier les personnes pouvant prétendre à l’aide (Bouta and Frerks,

330

SHEPHERD, L.J. 2008. Gender, Violence and Security. Londres : Zed Books. AROUSSI, op.cit 332 CHARLESWORTH, H. 2008. ‘Are Women Peaceful? Reflections on the Role of Women in Peace-building.’Feminist Legal Studies 16: 347-361. 333 HELMS, E. 2003. ‘Women as Agents of Ethnic Reconciliation? Women, NGOs and International Intervention in Post War Bosnia-Herzegovina.’Women’s Studies International Forum 26(1): 5-33. 334 MOSER, C. and F. Clark. 2001. Victims, Perpetrators or Actors: Gender, Armed Conflict and Political Violence. Londres: Zed Books. 335 POTTER, M. 2004. Women, Civil Society and Peacebuilding: Paths to Peace through Empowerment of Women. Belfast: Training for Women Network. 336 PARASHAR, S. 2009. “Feminist International Relations and Women Militants: Case Studies from Sri Lanka and Kashmir.” Cambridge Review of International Affairs 22(2): 235256. 337 MCKAY, S. and D.MAZURANA. 2004. Where Are the Girls? Girls in Fighting Forces in Northern Uganda, Sierra Leone, and Mozambique: Their Lives during and After War. Montréal : Centre international des droits de la personne et du développement démocratique. 338 REHN, E.and E.JOHNSON-SIRLEAF. 2002. Women, War and Peace: The Independent Experts’ Assessment on the Impact of Armed Conflict on Women and Women’s Role in Peacebuilding. New York: UNIFEM. 331

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2002)339. Dans les situations de désarmement collectif, les combattantes doivent s’en remettre à leurs officiers supérieurs pour être inscrites sur les listes. Il est fréquent que les femmes deviennent invisibles avec la résurgence des normes traditionnelles et des stigmates associés aux meurtres, à la violence sexuelle, aux enfants illégitimes et autres ; en fait, elles se “réinsèrent spontanément” (McKay and Mazurana, 2004)340. On reconnaît de plus en plus, par ailleurs, la multiplicité des expériences des hommes en tant que non-combattants dans les conflits et les enlèvements, viols, massacres et déplacements qu’ils ont subis (Carpenter, 2006341; Dolan, 2002342; GTZ, 2009343 ; Sivakumaran, 2007)344. Les victimes des conflits comprennent des hommes comme des femmes et l’expérience de la victimisation a de graves répercussions sur la reconstruction en phase de post conflit.

8.5.7. L’absence d’un cadre familial strict Le rôle des actions de protection communautaire dans la réinsertion des enfants affectés par les conflits armés, cas des comités villageois de protection de l’enfant au Sud-Kivu345. La réinsertion sociale des enfants affectés par le conflit armé est un processus par lequel l’enfant victime d’un abus ou d’une violation reçoit les bénéfices d’une action programmatique dans un environnement protecteur de ses droits. Il s’agit pour certains enfants de réintégrer un environnement de paix, et pour d’autres de réintégrer la vie civile, même si par ailleurs, le conflit se poursuit. C’est là le cas, en particulier, des enfants associés aux forces et groupes armés. Dans l’approche de réinsertion familiale et communautaire, la famille reste la base sur laquelle se construit le processus de réinsertion et, en tant que telle, elle se doit d’assumer ses responsabilités. En République 339

BOUTA, T. and G. FRERKS. 2002. Women’s Roles in Conflict Prevention, Conflict Resolution and Post-Conflict Reconstruction: Literature Review and Institutional Analysis. La Haye: Netherlands Institute of International Relations. 340 MCKAY and MAZURANA,idem 341 C’ARPENTER, C. 2006. ‘Recognizing Gender-Based Violence against Civilian Men and Boys in Conflict Situations.’ Security Dialogue 37(1). 342 DOLAN, C. 2002. “Collapsing masculinities and weak states – a case study of northern Uganda.” In Cleaver (ed.), Masculinities Matter! Men, Gender and Development. Londres : Zed Press. 343 GTZ. 2009. Masculinity and Civil Wars in Africa—New Approaches to Overcoming Sexual Violence in War. Eschborn: Deutsche Gessellschaft für Technische Zusammenarbeit. 344 SIVAKUMARAN, S. 2007. ‘Sexual Violence against Men in Armed Conflict.’ European Journal of International Law 18: 253-276. 345 KANGETA, S., ‘Hôte ou Gardien? Le rôle des actions communautaires dans la réinsertion des enfants affectées par les conflits armés’, Children and Youth affected by armed Conflict :Whee to go from here ? Conference Proceedings, Kampala, 25th-27th September 2013, SPEKE RESORT CONFERENCE CENTRE, 2013.

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Démocratique du Congo notre pays, l’absence d’un cadre familial strict et adéquatement sensibilisé a affaibli les programmes de réinsertion et a contribué au retour volontaire de certains enfants dans les groupes armés. L’expérience des comités villageois de protection de l’Enfant (CVPE), au Sud-Kivu démontre que l’engagement communautaire dans des actions de protection-surveillance, dénonciation, plaidoyer-contribue efficacement au maintien des enfants dans leurs familles et dans leurs communautés de retour. Ainsi qu’à un changement du comportement des acteurs armés vis-àvis des enfants. Les actions de protection sensibilisent les communautés de façon plus profonde ; elles deviennent davantage gardien qu’hôte dans le processus de réintégration à venir dans le contexte de conflit récurrent ou persistant, protection et réinsertion doivent donc aller de pair pour un encadrement plus dissuasif des enfants sortis des forces et groupes armés.

8.5.8. La Faiblesse du Cadre opérationnel et de la prise en charge psychosociale des ESFGA La politique de réintégration socio-économique des ESFGA en RDC et particulièrement à l’Est, à travers le Programme national de DDR (PNDDR), le Manuel des opérations est une base de données unique pour tous les acteurs de la protection de l’enfance (APE), est forte cohérente. Mais sa mise en pratique laisse entrevoir quelques failles. Plusieurs déficits ont été observés  L’institution des familles d’accueil transitoires dans le cadre opérationnel doit être revisitée. Les enfants démobilisés passent directement dans ces familles sans bénéficier de la prise en charge psychosociale, or nombre d’entre-deux, ont des grandes blessures intérieures très profondes et nécessitent de ce fait, une prise en charge psychosociale adéquate et la durée de celle-ci dépend d’un enfant à l’autre. C’est pourquoi Henry MUBENGA MUNDA, chef d’antenne UEPN-DDR Sud-Kivu, affirme que “la prise en charge psychosociale, à part l’écoute pratiquée par les APE, il n’existe pas de politique nationale claire sur l’encadrement psychologique des ESFGA”346.  La formation à l’emploi ; les APE recourent généralement aux Activités génératrices des Revenus (AGR), pour la réinsertion économique des ESFGA. Cependant, le Capital de départ est souvent faible, d’une part, et d’autre part, tous les besoins de la famille viennent se greffer dessus. En plus, pour certaines filières, comme la 346

Henry Mubenga “ Réintégration des ESFGA en RDC” Children and Youth affected by armed Conflict :Whee to go from here ? Conference Proceedings, Kampala,25th-27th September 2013,SPEKE RESORT CONFERENCE CENTRE, 2013,PP27-28

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boulangerie et la saponification, il se pose très rapidement des problèmes de distribution et de conservation auxquels les ESFGA ne sont pas bien préparés. Parfois on a des bons résultats avec la menuiserie, la cordonnerie, et la coupe et coutures ; mais là aussi, il manque souvent le soutien financier nécessaire pour les rendre encore plus perforants.  La scolarisation ; sa durée n’est pas uniformisée, et, généralement, les parents n’ont pas les moyens pour prendre la relève des APE.  La base des données est insuffisamment déployée : 1/10 au Sud-Kivu ; en plus, le mode opératoire des groupes armés a évolué : actuellement, les EAFGA restent en famille entre deux opérations (militaires). Il devient difficile de les prendre en charge selon le schéma initial, dont la finalité était justement la réunification familiale ; d’où les statistiques quelque peu biaisées347.

8.6. LES DÉFIS DU DDR Question de recherche no 2 : Quels sont les défis auxquels le processus DDR s’est buté depuis 2003 et qu’il faut relever pour que ce dernier devienne durable, cédant ainsi place au développement durable ?

Le Programme DDR est un processus difficile et le pays est confronté à d’autres types multiples défis et pour s’assurer que nos efforts à protéger et à assister les enfants et les communautés sont efficaces, il faut :

8.6.1. Les défis liés aux enfants       

Comprendre leurs différences culturelles et religieuses, Comprendre l’environnement dans lequel ils ont grandi, Les entendre et comprendre, Les soutenir dans la créativité et les accompagner, Les encourager à la productivité, Instaurer la culture de la paix, Instaurer les bonnes pratiques,

8.6.2. Les défis liés au pouvoir public Étant donné la diversité des défis auxquels le pays est confronté, le DDR ne peut jamais être traité à vaste clos, il faut “une stratégie multisectorielle” et, impliquant forcément un grand nombre d’acteurs 347

Henry MUBENGA, idem

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nationaux et internationaux. De ce fait, les interventions de l’État congolais doivent recouvrir les axes suivants :  L’effectivité de la vraie réforme et totale des Forces armées de République Démocratique du Congo (armée nationale), de la Police nationale congolaise, du secteur de sécurité (ANR), et de la Direction générale de Migration (DGM) et de la Direction générale des Douanes et Assises (DGDA) ;  La réforme du DDR étant donné la complexité des contextes de ce programme et le manque d’autonomie des acteurs DDR  Le démantèlement et l’éradication de tous les groupes armés, mouvements d’autodéfense populaire, des milices et des toutes les forces négatives dont notamment les FDLR, FNL, ADF-NALU, LRA et de MBORORO ainsi que la restauration et le rétablissement de l’autorité de l’État à travers toute l’étendue du territoire national,  La résolution des conflits coutumiers et fonciers,  L’effectivité de la vraie réforme du système judiciaire et pénitentiaire congolais ainsi que la lutte contre l’impunité et la justice à double vitesse,  La réforme administrative, bonne gouvernance et démocratisation,  La réforme humanitaire, et le suivi des programmes, projets et ONG, sans aboutissements ni impacts et autres cas connus, rendant la base des données et chiffres officiels des enfants libérés des Forces Groupes Armés, corrompus ainsi qu’un constat de croissance du nombre de FGA, surtout à l’est du Pays  La redéfinition de toutes nos limites nationales avec les 9 pays voisins de la République Démocratique du Congo, par le biais de l’Institut Géographique National et les experts des autres domaines  L’organisation du recensement général,  La lutte contre la pauvreté à travers tout pays et singulièrement les familles et les communautés de retour des enfants sortis forces et groupes armés,  La réforme du système éducatif congolais et des programmes des cours : avec l’introduction des cours de culture de paix, gestion et résolution pacifique des conflits dès l’école primaire ainsi que celui de l’éveil patriotique,  La révision du cadre opérationnel,  La mise sur pied et le fonctionnement de 4 piliers du DDR et 4 piliers de l’éducation,  La revalorisation de l’agriculture et la création des fermes nationales,  La revalorisation des identités culturelles congolaises,  La non-affection des originaires dans leurs provinces d’origines à partir des chefs collectivités secteurs aux Gouverneurs des provinces en ce qui concerne l’administration publique et des Directeurs

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d’écoles et préfets d’études aux proved en passant par les inspecteurs et sous proved.

8.6.3. Les défis liés aux communautés, aux organisations nationales et internationales et aux agences de la protection de l’enfant  La création et l’établissement à travers toutes les communautés des toiles préventives communautaires et intercommunautaires,  mettre fin à la perpétuation des dépendances.  La dénonciation de toutes les mauvaises pratiques DDR, dont les opérations-retour, et la fabrication des groupes armés et des enfants soldats.  L’allocation du budget conséquent pour le volet réinsertion scolaire et professionnelle,  financer le suivi technique-accompagnement post création des petites unités de production durant plus ou moins une année ;  Privilégier l’approche de réinsertion du type collectif de 3 à 5 personnes,  D’impliquer toutes les parties prenantes et de faire usage de l’approche holistique,  se rendre compte du nombre même exact des enfants associés aux forces et groupes armés. Dans les lignes qui précèdent, pourquoi faisons-nous allusion du terme “effectivité de la vraie réforme ?”, C’est parce que le terme “réforme”, est devenu un simple slogan et ne suffit pas dans le contexte de la RDC, étant donné que, plusieurs réformes ont eu théoriquement lieu, mais sans impact dans la vie socio-économique des services et de la population, c’est notamment le cas de la réforme de la Police nationale Congolaise, PNC en sigle. Le budget national 2014, en discussion à l’Assemblée nationale, n’isole plus ce service de l’armée et des autres services de sécurité selon la radio Okapi348. Plusieurs textes ont été votés, mais sans moyens, il n’y a pas de vertu sans un minimum de bien-être, ainsi donc, la réforme sans moyen, est une coquille vide. Mais aussi une réforme sans volonté politique reste théorique. La dernière section de ce chapitre et les autres qui suivront, présenteront en détail notre contribution en ce qui concerne les 23 stratégies alternatives, réellement communautaires, qui permettraient à la fois d’assurer une meilleure réinsertion socio-économique des ex-combattants singulièrement les enfants et jeunes adolescents notre cible, mais aussi de mieux faire le lien avec les programmes de relèvement communautaire et de gouvernance

348

Radio Okapi, Émission Okapi — service du 20 janvier 2014.

272

locale (en responsabilisant les acteurs locaux) ainsi que le DDR dans son ensemble y compris la résolution durable des conflits.

8.6.4. Les Difficultés inhérentes à la formation professionnelle et à la réintégration socio-économique des ESFGA 8.6.4.1. Les difficultés liées à la formation professionnelle La formation professionnelle est une étape très importante pour la réintégration économique, non seulement des enfants sortis des forces et groupes armés, mais aussi pour toute personne désireuse d’apprendre un nouveau métier en vue de son auto prise en charge. Mais lors de nos enquêtes sur terrain, nous nous sommes rendu compte que cette tâche se heurte souvent à plusieurs difficultés qui peuvent être d’ordre : pédagogique, technique, sociale ou économique. Ce qui a conduit au désengagement observé tout au long du processus, sur une période de 4 mois, soit du 21 février au 20 juin 2006. En effet, pour plusieurs raisons que nous énumérerons ci-dessous, un total de 88 enfants sur les 200 en formation, soit 44 % du groupe cible, se sont vus contraints de se retirer de la course. En voici les majeurs : 1. Le Niveau d’instruction soit très bas ou quasiment nul, n’a été l’une des grandes difficultés rencontrées, et cela a été à la base d’un nombre important d’abandons de la formation par certains enfants. Bien que celle-ci ait été donnée en langues locales, elle nécessité un minimum de bagage intellectuel, or certain de ces apprenants, EAFGA n’étaient en mesure ni de lire ni d’écrire. D’où le retrait suite au complexe et à la peur de voir leur analphabétisme mis à nue par leurs pairs. 2. La prise en compte de la charge sociale : due au fait que, la plupart d’ESFGA, devenus précocement parents, sont aux prises à des responsabilités diverses notamment : les besoins primaires comme (le manger, le vêtir, le loyer, les soins médicaux, ainsi que de la scolarisation pour certains d’entre eux…), vis-à-vis de leurs dépendants. La formation professionnelle devenait pour eux, un handicap pour la débrouille, et comme solution à leur niveau, il fallait sécher certains jours des cours. 3. Les tracasseries militaires : beaucoup d’enfants ex-soldats étaient souvent objets d’arrestation, par leurs anciens collègues ou chefs militaires, les considérant comme déserteurs, et déchirant à tout bout de champ, leurs attestations de démobilisation. 4. Le rejet par la famille et la société pour certains : les plaçant ainsi dans une situation d’instabilité, nécessitant en permanence un plaidoyer et une sensibilisation. 5. Le traumatisme, bon nombre d’enfants même pendant la formation professionnelle, présentaient encore des signes à des blessures intérieures. D’où l’impérieuse nécessité d’envisager un service de détraumatisation adéquat à leur faveur. 273

6. L’état de santé précaire : c’est l’un des grands motifs de déperdition scolaire chez les enfants, même dans le système d’éducation formelle. La fourniture de l’énergie électrique est l’une des conditions sine qua non, pour le développement de toute société. Ainsi le fonctionnement harmonieux des certaines filières de formation exigeaient la permanence du courant électrique, c’est le cas de l’informatique, l’ajustage soudure, etc.… Mais, les apprenants de ces filières, ont été souvent butés au problème de délestage, avec comme conséquence, la prolongation de l’échéance de la formation et le découragement de certains. 7. Le changement d’adresse certains enfants ou bénéficiaires pour une destination inconnue ; le mariage en dehors de la zone couverte par le programme d’action ; 8. L’engagement des bénéficiaires dans d’autres programmes de réinsertion pendant que les fonds destinés à ce programme tardaient à venir ; 9. Certains enfants se faisant passer pour adultes, au centre de transit et d’orientation de la Commission nationale de Démobilisation et la Réinsertion en sigle “CONADER” afin de bénéficier “le filet de sécurité” réservé aux ex-soldats adultes. 10. La distance entre les centres de formation et les lieux de résidence, obligeant ainsi certains enfants, à changer d’habitation. 8.6.4.2. Les difficultés liées à la réintégration économique 1 Les fonds de réintégration économique souvent insuffisants 2 La non-maîtrise de la formation professionnelle, 3 Le manque de confiance entre les membres de la même microentreprise, 4 Le niveau très bas ou presque nul d’instruction pour appliquer les acquis de la formation en gestion et tenir à jour les outils de gestion. 5 Les agendas cachés dans le chef de certains membres des microentreprises (par la vente ou la fuite après réception du kit de réinsertion). 6 L’égocentrisme des certains ESFGA, ne favorisant pas la dynamique du groupe, 7 La période insuffisante de suivi post création des micro-entreprises pour les ESFGA, 8 La tendance à changer la filière de formation professionnelle pour ainsi embrasser une autre non ciblée ou non conseillée, 9 Manque des certains intrants après la réinsertion économique, etc. 10 Irrégularité des membres dans le micro-entreprise, 11 Vols des matériels et parfois de l’argent par les inconnus, 12 mauvais emplacements de la micro-entreprise 13 les tracasseries de plusieurs services de l’État comme : La division des petites et moyennes entreprises, les services économiques, pour les taxes et patentes. etc. 274

8.7. APPROCHES ET STRATÉGIES ALTERNATIVES DE RÉINTÉGRATION SOCIO-ÉCONOMIQUE DURABLE Question de recherche n° 3 : D’après votre expérience, quelles sont les approches et stratégies alternatives à mettre en place par tous les acteurs sociaux Pour que le DDR – Enfants particulièrement ait un succès et par conséquent amène au développement durable ?

Notre contribution à la science et à tous les pays POST-CONFLITS se résume en termes de six (6) approches et 23 stratégies alternatives suivantes :

8.7.1. Les six (6) APPROCHES 8.7.1.1. Approche préventive du recrutement d’enfants par les forces et groupes armés a) Cadre conceptuel La stratégie initiale en termes de prévention de recrutement prévoit des interventions autour des axes suivants :  plaidoyer auprès des forces et groupes armés (FGA) pour empêcher le recrutement d’enfants,  la sensibilisation des enfants à risque, de leurs parents et de leurs communautés par rapport aux dangers liés à l’implication dans les FGA,  l’amélioration de l’accès à l’éducation des enfants à risque,  l’établissement de réseaux de protection de l’enfance. Suite aux exercices de planification stratégique dans les différents pays et sur base de l’analyse de la situation sur terrain, notre recherche a été amenée à faire les choix stratégiques suivants :  Renoncer à toute activité de plaidoyer auprès des FGA pour les raisons suivantes : (i) d’autres organisations (missions de maintien de la paix) ont les moyens et le mandat d’assurer ce plaidoyer de manière efficace (ii) dans la plupart des pays concernés, il est dangereux et irréaliste de vouloir approcher les commandants militaires des FGA (Congo, Pool par exemple) (iii) ce genre d’activité ne relève ni du mandat ni de la compétence du BIT.  Maintenir les activités de scolarisation des enfants à risque, mais introduire des activités de réinsertion économique également. Ces dernières, non prévues initialement, se justifiaient du fait que (i) la création d’emploi relève davantage de l’expertise du projet que l’appui à la scolarisation (ii) la tranche d’âge la plus exposée au recrutement 275

est celle des jeunes pour qui l’apprentissage d’un métier répond mieux à leur besoin que la scolarisation. À noter que ce choix stratégique a eu des implications budgétaires (la réinsertion économique étant plus chère que la scolarisation) Le groupe cible des activités de prévention est composé de filles et de garçons de moins de 18 ans qui vivent dans des zones ou au sein de groupes sociaux dans lesquels des recrutements ont eu lieu. 8.7.1.2. Usage de nos expériences et expertises dans le domaine Choix des zones où des activités de prévention ont été entreprises  Le projet a entrepris des activités de prévention dans les quatre pays d’Afrique Centrale. Il faut noter que l’importance des conflits (actifs ou finissants) varie selon les pays et que les risques de recrutement varient de réels (Est RDC) à improbables (Rwanda).  Le projet a inséré une composante de prévention dans tous ses programmes d’action qui étaient exécutés dans une zone où le risque existait. Il faut cependant noter qu’il y a des zones dans lesquelles il aurait été extrêmement pertinent de mener des activités de prévention, mais où le projet n’est pas en mesure d’intervenir pour des questions de sécurité (et a parfois même été clairement dissuadé voir menacé). 8.7.1.3. Appui plus collectif qu’individuel aux enfants à risque dans les zones identifiées  L’identification des enfants les plus à risque d’être recrutés dans une communauté donnée est un exercice difficile. Le projet s’est basé sur l’hypothèse que les enfants les plus vulnérables sont aussi ceux qui sont le plus à risque et a ainsi établi des critères de vulnérabilité qui ont guidé le choix des bénéficiaires. Ceci reste une approximation.  La stratégie du projet était double : (i) appui la scolarisation des enfants vulnérables identifiés (ii) appui à la réinsertion économique des enfants qui ont atteint l’âge minimum d’accès à l’emploi. Le projet a apporté un appui aux parents d’enfants ré scolarisés pour le démarrage ou le renforcement d’une activité économique. L’expérience indique qu’il est important d’établir un contrat avec les parents pour que ceux-ci s’engagent à continuer à financer la scolarisation de leurs enfants après la fin du PA. Les jeunes que le projet a préservés du recrutement à travers la réinsertion économique ont bénéficié exactement des mêmes services que les ex-enfants-soldats. À noter que le fait de former ensemble des jeunes qui ont combattu et d’autres jeunes qui ont été affectés par le conflit contribue

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grandement à atteindre l’objectif de réconciliation nationale et d’intégration des ex-enfants soldats dans leur communauté.  Il est difficile de mesurer l’impact des activités du projet et de pouvoir affirmer que grâce à l’appui individuel aux bénéficiaires, ces derniers n’ont pas été recrutés. Le projet est parvenu à réduire la vulnérabilité de l’enfant à un risque qui lui existe toujours et sur lequel on n’a aucune influence.  Les activités d’appui direct sont surtout pertinentes en cas de recrutement volontaire (vs recrutement forcé).  Il y a eu des cas de recrutement pendant la durée du projet, voire de ré-recrutement de nos bénéficiaires ex-enfants-soldats (Est RDC) 8.7.1.4. Appui communautaire dans les zones identifiées Les activités d’appui à des enfants à risque identifiées sont complétées d’activités au bénéfice d’autres membres de la communauté, mais qui desservent également l’objectif de prévention de recrutement des enfants, telles que : l’appui à la construction d’un centre de partage de ressource au Congo, l’appui à des ménages vulnérables au Burundi à travers du microcrédit ou la distribution de couples de chèvres, la réhabilitation d’écoles dans l’est de la RDC.  Ces activités bénéficient directement  ou indirectement à des enfants qui sont (re) scolarisés ou maintenus à l’école grâce à l’amélioration des revenus de leurs parents ou de la communauté en général.  L’expérience du projet indique que les communautés ne perçoivent pas toujours le lien entre l’appui qui leur est apporté et l’objectif de prévention du recrutement de leurs jeunes. 8.7.1.5. Sensibilisation des communautés et des leaders communautaires  Les activités d’appui individuel aux enfants et d’appui communautaire sont complétées par des activités de sensibilisation des communautés aux risques de recrutement.  Les agences d’exécution ont développé leur propre stratégie de sensibilisation en utilisant les outils les plus adaptés : renforcement des comités locaux de protection de l’enfance, pièces de théâtre, griots (chanteurs populaires), posters, causeries, etc.

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8.7.1.6. L’Analyse fonctionnelle Identification des approches innovantes pour la réinsertion économique durable De manière globale, l’approche participative et l’approche économique pourront conduire vers des innovations criantes dans la mesure où ils seront bien appréhendés. b) L’approche participative, mènera les bénéficiaires à l’appropriation des projets  organisateurs des actions collectives (sensibilisation et transfert des connaissances…) ; dont l’appui technique, la structuration et l’orientation au travers les formations, les séances de travail…  premiers bénéficiaires des impacts positifs des activités réalisées et des acquis tangibles, capables de répliquer et développer les scénarios manants au développement tant individuel que collectif. c) L’approche économique consiste à  former et à accompagner les bénéficiaires dans la gestion de leurs activités usant des ressources disponibles  renforcer leurs capacités qui mèneront à des actions pérennes pour une auto prise en charge efficace et durable.

8.8. LES VINGT-TROIS (23) STRATÉGIES ALTERNATIVES DE RÉINTÉGRATION SOCIO-ÉCONOMIQUE POUR ENFANTS EXSOLDATS ET AUTRES GROUPES VULNÉRABLES

La réintégration socio-économique durable, exige un certain nombre de préalables ou étapes pouvant servir de guide, à tous les acteurs impliqués dans la protection des couches vulnérables à vocation économique, et spécialement les ESFGA. Ceci étant, nous proposons le schéma de 23 étapes ou stratégies ci-après :

8.8.1. Identification technique des enfants sortis des forces et groupes armés Cette étape consiste à identifier ces enfants sur base de certaines techniques de guerre afin de déceler les vrais et les faux enfants soldats. Il sied aussi de tenir compte du principal critère de sélection, à savoir, l’âge réel de l’enfant, avant et pendant le recrutement ainsi que celui d’après la démobilisation, qui doit être de plus ou moins 18 ans, comme le stipule les instruments nationaux et internationaux de protection de l’enfance. Selon ces 278

instruments, “est considéré comme : un enfant, tout être humain, de moins de 18 ans et qui par conséquent, doit jouir des droits et soins spéciaux.349

8.8.2. L’organisation de l’atelier sur la sélection des filières et métiers sur le marché local de l’emploi La réintégration économique durable doit tenir compte de la réalité du marché local d’emploi, marché dans lequel ces derniers doivent être réinsérés, en privilégiant des métiers porteurs et des secteurs non encore saturés, et qui ne peut provoquer la concurrence avec les maîtres-artisans expérimentés. Cet atelier, a permis en outre de voir si l’on peut créer d’autres filières non existantes et pouvant ainsi faire l’objet d’innovation.

8.8.3. Évaluation rapide des capacités des structures de formation professionnelle Les structures de formation ne donnent pas toutes une formation qualifiante, et toutes ne répondent pas aux exigences d’une réinsertion durable comme finalité. C’est pourquoi une telle évaluation s’avère indispensable.

8.8.4. Les visites guidées des centres et structures de formation en compagnie des ESFGA Cette étape est d’une importance capitale dans la mesure où, ces visites permettre à ces enfants, de prendre connaissance des opportunités locales de travail et des offres de formation. En outre, c’est pour eux une occasion de visiter, en compagnie de l’équipe chargée de l’orientation professionnelle, les différentes structures de formation retenues par le programme d’action chargé de la réinsertion économique, et de se faire une idée claire des secteurs porteurs du marché local de travail et de ses exigences, avant de pouvoir formuler rationnellement un projet professionnel individuel. (Voir en annexe le modèle de projet).

8.8.5. La présentation du forum Cette étape intervient deux ou trois jours après que les enfants aient visité toutes les structures et tous les centres de formation. Ce forum de présentation des métiers et d’autres activités porteuses permettra aux enfants de rapprocher leurs aspirations et aptitudes aux exigences techniques des métiers à choisir, à la rentabilité et au débouché desdits métiers. Elle consiste 349

A.KALONGA, Caractéristiques sociodémographiques, 2007, p.35 op.cit.

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à présenter les avantages et les inconvénients de chaque métier visité, ceci en vue de permettre à certains enfants de revoir leurs décisions sur les ambitions déjà arrêtées et départir de l’esprit moutonnier.

8.8.6. L’orientation professionnelle et la production du projet professionnel pour chaque ESFGA Elle est une étape clé et la base même de la réinsertion économique, en sens qu’elle permet au conseiller en orientation de disposer d’informations individuelles sur la personnalité, les antécédents professionnels et les aptitudes physiques et scolaires de chaque enfant. Ces informations ont été rassemblées lors du passage de ces derniers au Centre de Transit et d’Orientation (CTO) pour certains, et seront complétées par d’autres informations à récolter lors de l’établissement du profil individuel ci-haut décrit. Le conseiller en orientation appuiera chaque enfant à déterminer son projet professionnel sur la base de ses attentes, de ses aptitudes et des réalités économiques de son milieu de réinsertion. Les techniciens d’orientation en ce qui les concerne organiseront en premier lieu des entretiens individuels guidés avec les enfants pour découvrir leur personnalité et évaluer leur niveau d’intelligence et leurs aptitudes professionnelles. Le Conseiller en orientation en plus, organisera un forum sur le projet professionnel individuel qui sera discuté entre l’enfant et l’équipe chargée de l’orientation professionnelle. Cette discussion aboutira soit à l’approbation du projet correspondant au premier désir de l’enfant, soit à l’ajustement en fonction de la réalité du milieu de réinsertion économique.

8.8.7. La formation professionnelle (formation aux métiers et apprentissage) La formation vise à rendre les bénéficiaires capables de réaliser leurs projets professionnels choisis au moment de l’orientation. La durée de la formation variera selon les exigences de qualification par filière ou métier comme nous l’avons souligné ci-haut à savoir les formations/apprentissage de courte, moyenne ou longue durée. Cette phase déterminera la réussite ou l’échec de la réinsertion économique ou l’auto prise en charge définitive. D’où la nécessité d’y mettre non seulement les moyens financiers importants, mais aussi assez de sérieux et le suivi permanent aux formateurs. Il faudrait définir ensemble le cadrage méthodologique, pour cette catégorie spéciale d’enfants. Pourquoi ? Parce que les structures et centres de formation disposent de formateurs qui assurent depuis plusieurs années la formation/l’apprentissage des métiers en faveur des jeunes désœuvrés. L’expérience de ces derniers avec les ESFGA, est une nouvelle approche et

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la connaissance du profil psycho social de ces enfants n’est pas encore maîtrisée. En ce qui concerne les maîtres-artisans, ils disposent en général des connaissances techniques, pratiques de leurs métiers respectifs, mais il leur manque souvent les connaissances et compétences pédagogiques et théoriques nécessaires pour la transmission et la programmation d’un apprentissage de métier. La préparation pédagogique des formateurs et maîtres-artisans a pour but de renforcer leurs capacités à s’adapter au profil psycho social particulier du groupe cible à prendre en charge. Les ESFGA constituent une catégorie spéciale d’enfants en situation particulièrement difficile dont l’encadrement pédagogique requiert une méthodologie spéciale. La réussite de la formation de ces ex- soldats nécessite de la part des formateurs non seulement la maîtrise des aspects techniques des métiers, mais également la capacité pédagogique de comprendre la psychologie de ces enfants, de savoir s’y adapter et de leurs transmettre les compétences techniques. D’où la nécessité d’une formation pédagogique des formateurs d’une durée de plus ou moins 10 jours. Elle doit être confiée à un psychopédagogue spécialiste de ce type de formation.

8.8.8. L’éducation de rattrapage Le résultat des informations recueillies, auprès des structures qui ont encadré les ESFGA dans les CTO et au moment de l’identification de notre échantillon de 200 ESFGA, a montré qu’un tiers de ces derniers ont interrompu les études au niveau élémentaire du cycle primaire ou n’ont jamais été à l’école. Deux tiers des enfants ont arrêté l’école entre la 4e du cycle primaire et la première et deuxième du cycle secondaire.350 Pour ces enfants, la maîtrise des modules techniques et de gestion dépend en grande partie de la maîtrise des éléments de base en lecture, calcul et mesures. Un volet d’éducation de rattrapage doit être organisé pendant la période de formation professionnelle et d’apprentissage des métiers. Selon le niveau de l’éducation des enfants et en tenant compte de types de formation, elle doit donc varier entre un et trois mois. Des enseignants spécialisés, en occurrence des psychopédagogues, techniciens de terrain, doivent être affectés à cette activité. Un calendrier des leçons de rattrapage doit être élaboré et intégré dans l’horaire des séances des modules techniques.

8.8.9. La prise en compte de la charge sociale La solution la mieux indiquée à notre niveau serait donc de tenir compte de ce facteur social et d’orienter ceux ayant des charges sociales dans les filières de courte durée (cfr les types de formation susmentionnée). La 350

A.KALONGA et J.LUTALA, problématique de l’orientation op. cit. 2008 : 46-47.

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conscientisation et la sensibilisation se sont révélées également, les moyens non négligeables pour leur persuasion.

8.8.10. La formation en gestion et développement des compétences commerciales Au terme de la formation professionnelle et l’apprentissage aux métiers, les ESFGA doivent impérativement, suivre la formation en gestion et développement des compétences commerciales. Cette formation leur permettra d’acquérir les compétences techniques en gestion et surtout l’utilisation des outils quotidiens de gestion. Ce qui leur permettra de s’établir à leur propre compte, en créant des micro-entreprises individuelles ou collectives. Sa durée est de plus ou moins un mois. Ses modules doivent être pratiques et axés principalement sur la trilogie :- marché,- offre et la demande, — marketing.

8.8.11. Production des business-plans et la création des microentreprises (en annexe les différents modèles types de ce document) Le business-plan n’est rien d’autre que l’élaboration d’un petit projet ou un plan d’affaires, un canevas à suivre dans l’exécution de son microentreprise, c’est une ligne directrice, qui permet à établir le calendrier de ses activités par semaine. Il planifie les opérations hebdomadaires : jours d’achats des matériels, de fabrication ou production, de vente, de repos et de renouvellement des autres activités. Enfin, il montre comment calculer et repartir ses bénéfices. Il précise quel pourcentage épargner et comment se partager les excédents ou dividendes si c’est un micro-entreprise collective etc.

8.8.12. La réintégration socio- économique proprement-dite C’est la phase la plus attendue, elle comporte deux aspects à savoir : l’accompagnement à la création de micro-entreprises individuelles ou collectives et le placement dans l’emploi formel durable. C’est à cette étape où l’on donne aux bénéficiaires leurs kits de réinsertion économique. Mais bien avant, certains préalables doivent être respectés, c’est notamment, la visite des terrains avec les bénéficiaires en vue de valider les stratégies d’implantation des micro-entreprises, l’appui matériel à la création des activités économiques et le suivi post création, ceci concerne les enfants qui s’installent à leur propre compte. Pour ceux à placer dans l’emploi dans les structures formelles existantes (ceux ayant suivi par exemple, les filières informatiques, hôtesse d’accueil, mécanique auto et conduite automobile, atelier de couture…), cette étape consiste à trouver ensemble les organisations ou entreprises formelles intéressées par l’engagement de ces 282

enfants comme main-d’œuvre. À cet effet, il faudrait envisager des rencontres avec les fédérations d’entreprises, entreprises et entrepreneurs avant le versement des subsides à l’emploi afin de permettre à ces organisations de suppléer sur les salaires de ces enfants pendant plus ou moins une année, afin de leur permettre de s’adapter définitivement. Figure 7 : Schéma graphique de la réinsertion

Source : Protocole national SGBV.

La fourniture de micro-subventions ou de micro-crédits351 L’outil principal pour financer la création de ces micro-entreprises devrait être des micro-crédits ou des micro-subventions qui, comme en témoigne l’expérience récente, devraient être distribués aux ex-combattants 351

Bien qu’il soit possible de lancer avec succès le micro-finance dans les environnements post conflictuels, les ex-combattants ne devraient pas être la cible de ces programmes. Pour des informations concernant à quel moment utiliser des subventions plus tôt que des prêts/crédits, reportez-vous à l’exemple, recapitaliser le Libéria : Principes d’allocation des subventions et des prêts pour le développement de micro-entreprises, Forced Migration, mai 2004, en ligne sur http://www.fmreview.org/FMRpdfs/FMR20/FMR2006.pdf

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uniquement sur la base d’un plan de nouvelle entreprise clairement établi, et devraient être versés de manière échelonnée.352 Les versements devraient, autant que possible, être en nature, évitant les paiements importants en espèces qui présentent un risque élevé d’être mal utilisés et qui dans la pratique sont difficiles à contrôler. La formation et les services d’assistance technique sont essentiels à la réussite de la jeune entreprise, de même que la supervision et la surveillance directe et sur le terrain par le programme DDR.

8.8.13. Suivi technique post formation et suivi accompagnement post création des micro-entreprises Pour les enfants en formation de moyenne et de courte durée, on assurera un suivi technique pendant 3 mois après la formation sur les lieux de leur installation. Pendant cette période, les ESFGA seront déjà appuyés dans la gestion de leurs micro-entreprises individuelles ou collectives ou dans leurs AGR. Les techniciens de terrain feront un suivi au niveau technique pour s’assurer que des problèmes liés à la technicité du métier ne ralentissent ou ne bloquent pas la progression de leurs entreprises. Les formateurs doivent visiter chacun des micro-entreprises ou AGR toutes les semaines pendant les 3 premiers mois après la formation. Pour les formations du type long, la procédure reste la même, mais ce suivi doit aller jusqu’à 6 mois, une période normale pour un essai d’un métier exigeant une bonne compétence et qualification.

8.8.14. La coordination des affaires ou le point focal C’est le cadre de coordination et de concertation entre tous les partenaires impliqués dans la protection de l’enfance, tous les secteurs confondus, c’està-dire le secteur enfants soldats, le secteur enfants de la rue et dans la rue, ou les enfants vivants dans les milieux ouverts, cette coordination aura entre autres comme fonctions :  l’installation et la gestion de la base des données pour tous les bénéficiaires de chaque secteur. Ceci permettra à ce qu’un seul bénéficiaire ne soit la cible de deux ou plusieurs structures.  Elle jouera aussi le rôle d’arbitre en cas des conflits entre partenaires en protégeant le cadre opérationnel ainsi que les instruments nationaux et internationaux de la protection de l’enfance.  Elle organisera un exercice de planification opérationnelle conjointe avec tous les acteurs, afin de déterminer un planning détaillé de l’ensemble du processus de réinsertion à partir du moment de l’identification des enfants jusqu’à la phase du suivi technique post 352

Reportez-vous par exemple aux programmes du PNUD au Niger, à la République du Congo et aux îles Salomon.

284

 





formation, en indiquant clairement les articulations entre les interventions de chacun. (Ces articulations concerneront en particulier, la coordination entre les aspects psychosociaux et socio-économiques dans la phase d’orientation, la coordination entre formation technique et formation en gestion que la coordination entre formation et appuis à l’insertion dans l’emploi). Ce cadre de coordination restera opérationnel pendant tout le processus. Il aura en plus, la fonction d’assurer le suivi commun permanent de l’exécution des activités et tiendra à ce que les activités respectives des tous les partenaires soient exécutés conformément au planning établi et le cas échéant, opérer les modifications si c’est nécessaires. Il veillera également au transfert des acquis du programme d’action afin que ces derniers soient pris en compte de manière adéquate dans la composante d’appui à l’emploi par exemple. La coordination étroite entre les activités répond à l’exigence de mettre en œuvre un programme complet, cohérent de réinsertion économique et de ne pas proposer aux enfants des formations qui seraient coupées de la réalité du marché de l’emploi dans les lieux de leur réinsertion. À cet effet, il ne pourra pas non plus se limiter à la formation sans assumer l’obligation d’accompagner les enfants dans la transition vers l’emploi. Il s’agit d’assurer la cohérence interne de la stratégie d’insertion économique appliquée. Mais le programme d’action évoluera également dans un contexte institutionnel et programmatique constitué par les autres partenaires du DDR et du développement. À ce titre, un comité de coordination, piloté par la CONADER par exemple (bureau de Bukavu), réunissant tous les partenaires impliqués dans ce programme, sera chargé d’organiser des réunions hebdomadaires d’échange d’informations et de planification des activités, mis sur pied. La coordination entrera en contact avec d’autres partenaires et d’autres organisations pour des appuis complémentaires, entre autres la prévention au VIH/SIDA et la fourniture des matériels scolaires pour soutenir la formation professionnelle et des matériels de formation pour les filières de l’agriculture et d’élevage.

8.8.15. Le partenariat entre le programme de réintégration socioéconomique et les différents services de l’État Pour éviter toutes sortes de tracasseries éventuelles aux enfants à réinsérer, un partenariat doit être fonctionnel entre le programme de réinsertion économique avec les autres services de l’État tels :

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 La Division des affaires sociales, afin d’octroyer à momentanément à ces enfants les attestations de vulnérabilité, endéans une année, en vue de voir leurs micro-entreprises arriver à maturation,  Les Divisions de petites et moyennes entreprises et artisanat (PMEA) ainsi que celle des affaires économiques, en vue d’obtenir provisoirement les attestations d’exonération des taxes dues à ces couches vulnérables.  La Fédération des entreprises du Congo (FEC), la DGRAD, les syndicats et les corporations professionnelles, les autorités politico administratives ainsi que toutes les structures de protection de l’enfant afin de sécuriser et plaider en leur faveur en cas de conflits internes ou externes

8.8.16. Évaluation finale et désengagement L’expérience a révélé que beaucoup d’acteurs dans le domaine de réinsertion échouent juste à la fin. Ils pensent que le fait d’octroyer le kit de réinsertion boucle la boucle des affaires ; or c’est le contraire. Même les bailleurs des fonds commettent souvent cette erreur, leurs appuis ne tiennent plus compte de cette période. Pour se désengager, il faut évaluer et s’assurer de la pérennité des actions sur terrain. Nous suggérons que cette période aille jusqu’à une année, car le degré de vulnérabilité pose souvent le problème d’adaptation avant 12 mois. En somme, le vrai désengagement, doit intervenir après la maturation effective de plus ou moins 80 % de ces microentreprises.

8.8.17. Affiliation aux micro-crédits Il faudrait enfin, affilier toutes les micro-entreprises appuyées auprès des organisations des micro-crédits.

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8.8.18. La sensibilisation-conscientisation des communautés de base de DDR durable 8.8.19. La protection au travers l’éducation formelle et non-formation 8.8.20. Le plaidoyer pour la réforme du système éducatif Congolais 8.8.21. La réforme humanitaire 8.8.22. La création de la toile préventive 8.8.23. Les 4 piliers DDR

CONCLUSION PARTIELLE Plusieurs étapes, approches et stratégies ont été données pour une réinsertion réussie, mais indépendamment de tout, les étapes et recommandations de terrain ci-après doivent scrupuleusement être suivies, quelle que soit la filière de réintégration, la formation professionnelle est un passage obligé pour réussir la réinsertion socio-économique, elle est essentiellement un moyen, voire un outil pouvant aider à mieux réussir la réinsertion socio-économique. Ainsi, les étapes ci-après sont donc recommandées : Etape 1 : Identification des compétences et orientation La première implique qu’on ait, soit une vocation pour un métier donné, soit une idée, même vague, d’une activité rentable quelconque. Dans le processus de réintégration socio-économique, cette étape correspond à la phase d’orientation professionnelle au cours de laquelle, il est absolument nécessaire de sonder par des techniques bien précises, le pré acquit de la personne à réinsérer, mais surtout ses expectatives professionnelles. On peut, à cette occasion, utiliser la technique d’entretien individuel sur la vocation des candidats à la réinsertion, ou organiser des visites d’ateliers, de centres de formation ou d’activités et d’entreprises en cours de promotion, afin de fonder les choix définitifs des filières. Il est aussi recommandé le renforcement des capacités des intervenants après une analyse appropriée de leurs besoins en formation, pour plus de professionnalisme sur le terrain. La finalité de cette étape est d’aider l’ESFGA à identifier, confirmer et valider les vocations ou les idées d’affaires définitives. Etape 2 : Identification de projet La deuxième étape consiste, à partir des idées d’affaires identifiées, à faire acquérir aux ESFGA, les compétences, les habilités et les qualifications 287

professionnelles nécessaires à la transformation de ces idées en projets concrets d’affaires. C’est à ce niveau qu’il s’agira de définir la modalité pédagogique la plus appropriée, selon les options et le pré acquis, pour l’acquisition de ces compétences. Il peut s’agir d’une formation sur site (en matière d’agriculture par exemple), d’une formation en entreprise ou dans un centre de formation professionnelle (la boulangerie pour les boulangers, par exemple) ou d’un apprentissage en atelier (couture, esthétique, etc.… exemple). Il peut soit s’agir de l’alphabétisation, de l’éducation à la vie, à la citoyenneté, l’hygiène, le développement de l’esprit d’entrepreneuriat et des compétences commerciales (i), de l’initiation à la tenue d’une comptabilité simple au sein d’un micro-entreprise ou AGR. La finalité, à cette étape, est d’aider l’ESFGA à être capable d’élaborer son projet ou plan d’affaires et à monter des dossiers bancables de mobilisation de ressources. Etape 3 : Réalisation des projets La troisième étape consistera à accompagner les sujets à réinsérer dans la mise en œuvre effective de leurs projets d’entreprises qui peuvent être de services ou de production. Il peut s’agir de l’accompagnement dans l’installation physique et administrative de l’AGR ou du micro-entreprise ; de l’information sur les ressources, les opportunités et les services disponibles ;des relations/réseaux ; de l’appui technique ; des kits de réinsertion réaliste et non standard à tous les métiers, filières ou AGR, fonds de commerce, mécanismes de fonds de crédit ou fonds de garantie, ainsi que l’assurance santé. Notons que le suivi des bénéficiaires est très indispensable et est de la responsabilité des organisations locales préalablement formées sur le suivi de proximité. Quant à l’évaluation, elle devra être planifiée d’avance. La finalité ici est d’aider les bénéficiaires à devenir des ‘entrepreneurs réussis’, c’est-à-dire, tout au moins à réussir à mettre en œuvre leurs projets, soit à titre individuel, soit collectivement au travers des coopératives de production, de distribution, voire de consommation et de les accompagner pendant un certain temps pour la réussite de leur projet. Dans tous les cas, il convient de noter que, selon notre expérience et celle des autres praticiens sur terrain, nous sommes arrivés, à formuler certaines remarques pertinentes sur la réinsertion en rapport avec :  La durée minimum d’une réinsertion économique durable doit être d’au moins 1 an et au plus 2 ans.  L’alphabétisation des bénéficiaires est capitale étant donné qu’ils doivent savoir au moins lire, écrire et faire de petits calculs pour mener à bien leurs activités.  La remise d’un kit de réinsertion réaliste est de rigueur pour la mise en œuvre de la formation professionnelle apprise et pérennité du métier. 288

Sinon, on tente les bénéficiaires et on entretient la pauvreté au lieu de la combattre.  L’utilisation des ressources humaines locales pour la sélection et le suivi garantit la pérennité des actions de réinsertion.  L’encadrement et l’aide des bénéficiaires dans la création de leurs propres micro-entreprises individuelles ou communautaires garantissent leur autonomie durable.  Par rapport aux aptitudes professionnelles intrinsèques des enfants, il faudrait approcher le monde académique et en particulier les psychologues pour de tests appropriés avant de procéder à l’organisation de l’alphabétisation et du rattrapage scolaire afin d’obtenir des notions minimales leur permettant de mener à bien une activité économique.

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CHAPITRE NEUVIÈME Théorisation des quelques stratégies mères pour le DDR-durable

9.1. LES QUATRE (4) PILIERS DU DÉSARMEMENT, DÉMOBILISATION RÉINTÉGRATION Introduction Ce chapitre, comme l’indique son intitulé, est parmi les socles de notre recherche, une réponse énoncée dans nos hypothèses. Beaucoup des projets et programmes d’actions n’ont pas pu apporter d’impacts escomptés, faute de n’avoir pas tenu compte des rapports et interactions soudées entre ces 4 piliers. Mais aussi faute de n’avoir pas tenu compte de l’approche globale et multisectorielle, le DDR-Enfants tout comme adulte au Sud-Kivu en particulier, a essuyé autant d’échecs. C’est pourquoi la mise en œuvre de 4 piliers DDR (1) — politique (2) – légal (3) – militaire et (4) socio-économique, s’avère une réponse de succès du DDR, mais bien entendu, en tenant compte des autres approches. La mise en œuvre de ces 4 piliers oblige d’une part, une bonne appréhension de l’état général contextuel et d’autre part, les autorités politico-administratives, premiers porteurs et défenseurs des cadres, juridiques au sein des communautés. Ces autorités sont par ailleurs, les représentants du gouvernement, égalant le peuple, et vice versa, ainsi l’impact des actions à entreprendre, en grande partie, dépend de leurs implications et participation, contribuant en même temps, aux efforts du gouvernement dans la stabilisation des zones encore instables, ainsi qu’à la restauration de l’autorité de l’État. Sur le plan programmationnel : L’approche, en elle-même, comprend la collaboration directe et étroite avec les autorités administratives et militaires, territoriales et provinciales, la collaboration technique avec l’unité gouvernementale du programme national DDR, et la coalition composée des autorités locales, des membres des associations locales, des différents représentants militaires, des forces et groupes armés, et des membres des communautés. Les membres de la coalition, désignés de type communautaire

et intercommunautaire, travailleront conjointement dans la réalisation des activités. Sur le plan technique : Notamment la vérification et contre-vérification des présumés enfants soldats, les APE doivent se référer aux principes de base du cadre opérationnel, bien que ce dernier exige une ré-visitation, ainsi que des pratiques qui doivent être mises en œuvre conjointement, avec l’UEPN-DDR — APE. Une collaboration plus étroite avec les ministères provinciaux de l’Intérieur et de la Justice, de l’Éducation, des affaires sociales et solidarités nationales, les inspections provinciales de l’agriculture, pêche et élevage, du développement rural et de l’institut national de préparation professionnelle. Les piliers sont des socles d’un édifice, et pour le cas d’espèce, notre édifice est le DDR-Enfants qui doit absolument être posé sur ces 4 piliers tels que résumés dans le schéma ci-après :

9.1.1. Les 4 Piliers du DDR Figure 8 : Les 4 Piliers de DDR

Disons cependant que le DDR, notre domaine de recherche, est un domaine de travail sous le paradigme lancé par la Convention internationale des droits des Enfants en 1989 et le DDR lui-même souscrit aux réglementations internationales et nationales, telles que le cadre opérationnel national du DDR en RDC, les Principes de Paris et la résolution 1612 du Conseil de sécurité des Nations unies. Dans le cadre de la construction de la paix, des principes pacifiques de résolution des conflits et de la réunification, cette étude, touche aussi au Traité de Lisbonne, lequel encourage le développement de la communication.

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La situation des jeunes et adolescents à risques, comme les adolescents sortis des forces et groupes armés avec des besoins spéciaux, dans un environnement post conflit, en République Démocratique du Congo, dépend du rétablissement tant individuel que collectif, représentant la clé motrice pour la restauration générale d’un pays, meurtri et sinistré par les guerres à répétition. Le 1erPilier : Politique : Le développement des États modernes est le fruit de la mise en place d’une bonne politique par leurs dirigeants. La bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l’Homme, la justice sociale et distributive équitable en sont donc parmi les valeurs essentielles. Une bonne politique d’un pays favorise la paix et l’ordre social, la prospérité ou le progrès de son peuple. Les guerres civiles et la pauvreté particulièrement dans les pays du Sud, sont souvent le fruit d’une mauvaise politique des gouvernants. Une bonne politique permet de mettre en place des institutions fortes et non des hommes forts, ce qui favorise un développement durable qui tient compte de la satisfaction des besoins des générations futures. Le DDR réussi est le fruit d’une bonne politique mise en place. Ce premier pilier se résume en un seul mot ; ’la réelle, ferme et effective volonté politique peut et doit tout’, pour l’émergence et le développement de la nation. Le 2èmePilier : légal : Dans un sens comme dans un autre, ce qui est légal est officiel, il est souvent étatique, mais surtout ce qui est légal, renvoi à la loi et au droit. Dire le droit c’est rendre justice. L’impunité et la justice à double vitesse ne peuvent jamais favoriser le succès du DDR, si l’on sait que, au lieu d’être punis et mis en prison, les seigneurs des guerres au nom de la paix, sont promis et gradés même au rang d’officiers supérieurs avec ou sans niveau d’études primaires. Ce qui par contre n’a pas favorisé l’essor ou le processus de paix et du DDR dans mon pays la République démocratique du Congo. La CPI et les autres tribunaux internationaux, à cause de leur lenteur, ont eu d’impact négatif sur le processus de DDR dans les pays du Sud, il va falloir, créer une créer une vraie justice, avec son indépendance vraie, ce qui donnera du succès au processus DDR. Par ailleurs, le succès du DDR est aussi tributaire à l’usage de l’approche multisectorielle telle que signifié au plan programmationnel, qui tient bien compte de la collaboration directe et étroite avec les autorités administratives et militaires, territoriales et provinciales, la collaboration technique avec l’unité gouvernementale du programme national DDR, etc. Ceci est une innovation et une contribution au Cadre opérationnel. Il s’agit de l’approche globale visant intervenir et d’associer toutes les autorités politico-administratives à tous les échelons de la communauté, à toutes les étapes du processus DDR, en commençant par les notables jusqu’au gouvernement provincial et national. La plupart des milices et groupes armés, sont en relations directes avec soit ces autorités, ou soit encore, avec les politiciens et ne vivent que par leur truchement. Ils sont par ailleurs membres et parentés à ces autorités. Et 293

même certains enfants impliqués dans les conflits armés, les sont par la bénédiction de leurs parents et autorités locales pour bien des cas. Gagner la confiance de ces dernières et les faire participer au processus, accorde beaucoup de chance DDR à produire des impacts escomptés. Cette approche nous a permis d’avoir de très bons résultats dans les territoires d’Uvira et de Fizi en province du Sud-Kivu avec le programme RET RDC deuxième phase. Cette approche offre plusieurs autres avantages, car elle permet :  D’avoir la vraie cartographie des groupes armés de chaque entité décentralisée,  De certifier et de faire certifier les vrais enfants soldats et bien éligible aux programmes,  D’être bien sécurisé durant l’implémentation de tout le programme,  De travailler avec les couches de la communauté et d’avoir les informations fiables et de faire le DDR un programme communautaire,  D’identifier les vrais besoins de la communauté et de fixer les objectifs et indicateurs objectivement vérifiables, etc. Le 3ème pilier est le volet militaire : Il est, un pilier important, il fait appel à l’intervention d’un état responsable et qui est obligé d’user de sa force, surtout s’il s’agit des milices, des rebelles ou des groupes armés qui ne veulent plus déposer les armés et être soit démobilisés, ou réintégrés dans l’armée nationale et loyale. ‘Qui veut la paix, prépare la guerre dit-on’, une armée républicaine, capable, disciplinée et dissuasive donne respect à la nation aussi bien à l’interne qu’à l’externe. Ainsi donc, la réforme effective d’une armée qui monte en puissance permettra le démantèlement et l’éradication totale de tous les groupes armés ainsi que de toutes les forces négatives recruteurs perpétuels des enfants dans leurs rangs respectifs. 4e Pilier socio-économique. Si le désarmement et la démobilisation ont été exécutés en grande partie, en revanche le bât a blessé du côté réintégration. Si 72 % de nos sujets enquêtés se sont prononcés à l’échec du DDR, c’est surtout sur cet aspect de la thématique. Très souvent, les moyens dédiés volet réintégration économique ont été d’une part jugés de négligeables par les bailleurs et d’autre part, la mégestion et le détournement, les opérations — retour ne se jouent que dans ce domaine. Il faut ajouter que la réintégration n’est jamais arrivée à terme. Bien souvent, nous assistons au processus laissé en mi-chemin. Les bailleurs des fonds n’ont jamais pensé à financer la période post-réintégration qui ne consiste qu’au placement des bénéficiaires dans leurs communautés avec ou sans kits et moyens conséquents. L’accompagnement technique et l’affiliation de ces derniers aux institutions de micro-finance et des corporations n’ont jamais été envisagées. C’est pour cette raison que Koffi Annan l’avait mentionné : ‘L’expérience a maintes fois montré qu’il est nécessaire d’entreprendre une 294

action résolue pour réintégrer les ex-combattants dans la société – une action reconnaissant le besoin humain fondamental de dignité et de respect de soi. Cela doit comporter des mesures de soutien immédiat dès que les excombattants abandonnent leurs armes, et des mesures concrètes pour leur garantir des moyens de subsistance durables ainsi qu’un meilleur avenir353‘. La réintégration socio-économique exige en plus d’autres aspects à savoir : sociologique, anthropologique et psychologique du DDR. Ce qui n’est pas le cas pour ce processus non seulement dans la province du SudKivu, mais plutôt sur l’ensemble du territoire national et sous régional. La sensibilisation et la participation des toutes les parties prenantes, la vraie médiation et réunification familiale et communautaire ne reste que formalistes. Comme nous l’avons souligné plus loin, sur le plan anthropologique, en Angola et au Mozambique, les rituels de purification des enfants ex-soldats sans pour autant leur faire du mal sont toujours restés inconnus dans le processus DDR en République Démocratique du Congo mon pays. La sensibilisation-désarmement-démobilisation a) La sensibilisation, faite auprès des autorités militaires (pour les pays ou régions dans lesquels l’armée nationale utilise aussi bien des enfants dans les conflits armés) ; les commandants des milices ou des groupes armés. C’est donc une sensibilisation spéciale, axée fondamentalement sur les instruments juridiques nationaux et internationaux de protection de l’enfant, dont principalement la loi portant protection de l’enfant, la constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, telle que révisée, la Convention relative au droit de l’enfant, le statut de Rome, la Charte africaine des droits de l’enfant, les conventions 38 et 182 de l’Organisation internationale du Travail OIT en sigle, les Résolutions 1612 du Conseil de sécurité, etc. C’est une sensibilisation ferme et sans complaisance, mettant au clair les responsabilités de tout utilisateur des enfants dans les conflits armés devant la Cour Pénal International, ainsi que les éventuelles sanctions auxquelles s’exposent ces commandants, s’ils refusent de coopérer avec les agences de protection de l’enfant. En outre, cette sensibilisation porte essentiellement sur les droits de l’enfant et surtout sur sa place de l’enfant qui doit être absolument dans la famille et à l’école et non dans les forces et groupes armés. Elle définit en revanche, ce qu’est-ce qu’un ‘enfant soldat’ d’après le principe de Cap. Seuls les animateurs, les sensibilisateurs et vérificateurs formés en sont habiletés, car ayant des techniques et méthodes pour y parvenir avec succès, étant donné que c’est une voie pleine d’embûches et d’obstacles.

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Déclaration de KOFI Annan, alors Secrétaire général des Nations-unies lors de la conférence des donateurs au Soudan. Avril 2005.

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b) Le désarmement est la résultante d’une sensibilisation réussie, et il faut noter que nous sommes ici, dans le cadre de DDR-Enfants, et avec surtout comme auteurs, les groupes armés, les milices ou les mouvements d’autodéfense populaire. Sur cette piste, cette opération est effectuée par seuls experts militaires du gouvernement et organisation autorisée à récupérer les armes bien entendu en présence des agences de protection de l’enfant, munitions, tenues et autres effets militaires. Mais dans le cas officiel, cette opération est effectuée par experts militaires du gouvernement. c) La démobilisation C’est une opération qui consiste à retourner ces ex-combattants à la vie civile. Notons cependant que, ce passage de la vie militaire à la vie civile n’est pas automatique, il exige assez de préalables et cela selon le passé de chaque individu pris singulièrement. Il s’agirait de tenir compte de la zone de retour de chacun ainsi que du contexte sociopolitique. Il peut aussi s’agir de l’auto démobilisation et les réalités diffèrent selon le cas. Comme nous nous inscrivons dans le contexte de DDR — Enfant, nous nous référons par excellence au centre de transit et d’orientation, qui est un cadre très approprié et obligé de passage pour chaque enfant. Car, avec tous les services organisés à son sein à la savoir : la prise en charge psychosociale, médicale, la préparation à la réintégration socioprofessionnelle et éducative, que l’enfant se voie préparer pour affronter une nouvelle vie et comprend que cela constitue sa toute dernière chance pour son auto dépendance. C’est pour cette raison que nous pensons encore une fois de plus, à la révision du cadre opérationnel enfant, qui donne une autre possibilité sur terrain, le cas de Familles d’Accueil transitoire ‘FAT’ en sigle, système pour lequel nous ne partageons pas notre expérience, étant donné les faiblesses et les conséquences enregistrées sur terrain par cette approche. Comme nous l’avons souligné dans notre l’épigraphe, la démobilisation est d’une importance assez cruciale, car : ‘La démobilisation des combattants, est le facteur le plus déterminant pour la réussite des opérations de paix. Sans la démobilisation, on ne peut pas mettre fin aux guerres civiles et les autres objectifs critiques tels que la démocratisation, la justice et le développement ont peu de chance d’aboutir’.354 La démobilisation fait appel à deux autres importantes opérations à savoir : L’identification et la vérification : La première est effectuée seulement par les utilisateurs des enfants impliqués dans les forces et groupes armés. Cette identification qui veut technique, se fait sur base de la Fiche A, ce qui permet de juger l’éligibilité au programme de tout enfant soldat, les vérificateurs formés et mandatés par les agences de protection de l’enfant, ils effectuent eux aussi la vérification axée sur la Fiche B. Les copies de toutes ces deux fiches seront en annexe. 354

ONU, Rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, Nations unies 2004

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d) toute fois est-il que, un quatrième concept y est sous-entendu, il s’agit de la médiation familiale, qui est une étape très importante pour le succès de la réunification familiale ou communautaire, mais ici, il s’agit des cas spécifiques, d’un sujet ayant eu des antécédents familiaux ou communautaires, bien avant ou pendant son enrôlement dans les forces et groupes armés. La réunification familiale est une étape très importante dans le processus de réintégration. Elle consiste à retourner chaque enfant dans sa propre famille restreinte ou élargie et communauté d’origine, et cela, après son séjour de plus ou moins trois mois au centre de transit et d’orientation, et elle joue plusieurs rôles à savoir :  La médiation entre les enfants et leurs familles ou communautés  La réunification familiale recrée un nouvel amour et un renouvellement de confiance entre les parents et leurs enfants jadis considérés comme perdus,  Elle permet aux agences de protection de l’enfant et autres partenaires de passer leurs messages de sensibilisation sur les droits de l’enfant et place qui doit être absolument en famille et non avec des forces et groupes armés ; Mais aussi d’avoir les réactions et les commentaires des parents et des communautés envers leurs enfants.

9.1.2. Les 4 Piliers de toute médiation Toute médiation doit être posée sur ces quatre piliers importants et incontournables, à savoir la Vérité, le Pardon, la Justice et la Paix. Ces piliers maintiennent la vraie Réconciliation et sont représentés comme suit : Figure 9 : Les 4 Piliers de la médiation familiale et communautaire.

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La réintégration/réinsertion : Plusieurs personnes ont toujours prêté confusion entre ces deux concepts. Bien qu’il existe une certaine nuance, notons cependant qu’une réelle différence existe bel et bien entre les deux. Pour certains, naturellement ‘la réintégration est sociale, tandis que la réinsertion, soit professionnelle ou économique, passe dans la communauté ou société’. La médiation familiale, communautaire, facilite la réintégration sociale. En revanche, la formation professionnelle, la création des petites unités de production et autres activités génératrices des revenus favorisent la réinsertion professionnelle et économique des enfants ex-soldats ou autres vulnérables dans la communauté. Ainsi, ils deviennent utiles à la vie économique et au développement d’un pays post conflits. La vraie différence entre ces deux concepts se situe quant à la durée de leur prise en charge pour la maturation de l’intégration effective de la personne dans sa communauté. Bref, la réinsertion est à courte durée (1-2 ans), tandis que, la réintégration est un processus à long terme et accompagne la personne vulnérable jusqu’à son rétablissement total. Elle tient compte de tous ses aspects de vie.

9.1.3. Les quatre piliers de l’éducation, identifiés Selon la conclusion de la commission internationale de l’éducation pour le 21e siècle, il est nécessaire, largement de s’appuyer sur les objectifs ou piliers suivants : Figure 10 : Les 4 Piliers de l’éducation

 Apprendre à connaître nécessite une combinaison de l’enseignement général, large, avec la possibilité de travail pratique sur plusieurs projets. L’enseignement général nous permet le contact et la communication avec d’autres langues et domaines de connaissances. Il 298

nous donne quelques principales compétences qui devraient être transférées par l’éducation interculturelle.  Apprendre à faire et d’acquérir des compétences professionnelles, mais aussi l’aspect ‘plus’. Acquérir des compétences pour faire face à différentes situations, et les compétences pour l’équipe de travail. Compte tenue du contexte national et international, apprendre à comprendre l’acquisition des compétences nécessaires qui permettent aux individus de trouver leur place dans la société.  Apprendre à vivre avec les autres et développer une compréhension de l’interdépendance dans un esprit de respect envers les autres et pour les valeurs de pluralisme, de la paix et de la diversité culturelle. Ceci s’accomplit par la réalisation des projets conjoints de gestion de conflits. En bref, les étudiants nécessitent l’acquisition des connaissances, des compétences et des valeurs qui leur permettent d’avoir un esprit de solidarité ainsi qu’à la coopération entre les différents individus et groupes dans la société.  Apprendre à être une personnalité développée est d’être capable d’agir avec le plus grand degré d’autonomie, de jugement et de responsabilité personnelle. Ces valeurs chez les élèves renforcent un sentiment d’identité, et favorisant la découverte du sens, un développement des capacités cognitives. Par conséquent, l’éducation ne doit ignorer aucun des aspects du potentiel global des étudiants, y compris le développement du potentiel culturel, et doit être basée sur la véritable diversité. De nombreux systèmes d’éducation ne prévoient pas l’interculturalité et le dialogue entre les différents groupes ethniques ou culturels. Plutôt, il soutient l’existence parallèle de différentes cultures avec la coopération et la communication fixée en expérience stratégique. Le nationalisme, la xénophobie et la discrimination, dans des situations à long terme se transforment en modes de vie socialement souhaitables et encouragés de la pensée et de comportement, conduisant à l’animosité ethnique et à l’intolérance entre les peuples. Les jeunes sont souvent manipulés par des considérations politiques, estimations des communautés ethniques dans la fonction de promotion du nationalisme et de la participation au conflit avec d’autres groupes ethniques. Les résultats des recherches sur l’existence de la distance sociale entre les élèves des différents groupes ethniques ne sont pas surprenants. Une des raisons possibles est la domination des attitudes négatives des jeunes envers les autres (en particulier le ‘voisinage’ des groupes ethniques), du fait que leur culture et leurs traditions ignorent la définition ‘de relation de bon voisinage’ ne reconnaissant pas les avantages et la qualité de la vie dans un environnement multiethnique et défini comme un instrument de progrès social et économique, la réconciliation, la cohésion sociale et l’intégration. Cette situation est alimentée par le système éducatif, les médias 299

et les publications prédominantes. En outre, traiter les leçons ou les activités parascolaires visant à comprendre la spécificité culturelle d’une communauté n’est pas suffisant. Il est nécessaire de développer des programmes visant à intégrer la perspective interculturelle dans la vie scolaire en général. Les demandes doivent inclure une variété de cours, activités parascolaires, philosophie de l’école et l’ouverture de l’école à la communauté. Une telle prise en compte systématique du multiculturalisme dans le système éducatif (réforme de l’éducation interculturelle) consiste principalement à donner aux enseignants et aux écoles des soutiens systématiques à la mise en œuvre et le suivi approprié du programme des enseignants. L’organisation de la formation d’aptitude à travailler avec divers groupes n’est pas encore systématiquement organisée, ni obligatoire, se résumant généralement à la mise en œuvre de certains programmes dans les écoles plus tôt qu’une loi régie par le gouvernement. Le système d’éducation et les écoles ne reconnaissent pas la valeur de ces programmes parce qu’ils ne jouent aucun rôle dans les critères de ‘recrutement’ ou ‘d’évaluation’, d’où la contradiction, car la gestion de la diversité, comme une compétence essentielle de la profession des enseignants, appartient explicitement aux enseignants. D’autre part, dans la sélection des programmes accrédités, prédominent l’expertise ou les compétences techniques, nécessaires, pour enseigner dans leur objet, ceci à l’instar des capacités qui améliorent leur compétence interculturelle, laquelle est directement liée à la valeur humaine et l’égalité de valeur des personnes. L’éducation dans la vie d’une communauté multiethnique, et vivant généralement dans un monde diversifié, devrait inclure dans les programmes de la réforme de l’enseignement, des études sur l’enseignant-cadre. Une formation appropriée pour l’éducation à la diversité qui ne manquera pas d’inclure tous les enseignants, et pas seulement ceux provenant des régions où il y a plusieurs différents groupes de populations, et laquelle désormais sera identifiée : stratégie nationale/programme355.

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Thème traité et développé lors des formations de capacitation des enseignants – RET RDC 2012.

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Figure 11 : Modèle stratégique pour le DDR Durable

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La protection au travers l’éducation et la pédagogie adaptée aux jeunes à risques : une stratégie mère Plusieurs auteurs ont fait de l’éducation et de la pédagogie, l’une des grandes préoccupations de leurs théories. Nous prenons à titre illustratif, Yves Bertrand356 qui parle de la nécessité d’une classification des théories en éducation. La classification proposée comprend sept catégories basées sur les besoins réels et ressentis par les apprenants. C’est ce que nous appelons nous-mêmes ‘l’approche globale et globalisante de l’éducation’. Dans ‘Théories contemporaines de l’éducation’, Yves Bertrand traite, avec efficacité, des théories suivantes : Théories spiritualistes, théories personnalistes, théories technologiques, théories sociocognitives, théories sociales, théories académiques. Cette classification nous intéresse parce qu’elle ’tient compte de l’évolution vertigineuse des mouvements cognitif et sociocognitif. Les recherches sur le processus de la connaissance, sur les technologies de l’information, sur les didactiques socioculturelles enrichissant la pensée sur l’éducation’. Il faut finalement noter, par ailleurs, qu’une classification ne sert qu’à nettoyer le terrain et à faire apparaître des formes caractéristiques présentatives. C’est dans cet esprit, dit l’auteur, ‘qu’il faut comprendre la classification effectuée en fonction de quatre éléments polarisateurs des réflexions sur l’éducation’ à savoir :  Le sujet (L’étudiant),  Le contenu (matières, discipline),  La société (les autres, le monde, l’environnement, l’univers),  Les interactions pédagogiques entre ces trois pôles (l’enseignant, les technologies de communication) Figure 12 : Les composantes de la théorie de l’éducation de Yves Bertrand, mais que nous avons modifiées

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BERTRAND, Y., Théories contemporaines de l’éducation,éditions Agence d’arc, Ottawa, 1993.pp 11-20

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9.1.4. Les Objectifs Réfléchir globalement, agir localement. 9.1.4.1. Les objectifs globaux de la stratégie L’objectif global de la stratégie est d’améliorer la qualité de l’enseignement et d’assurer une réinsertion (intégration) scolaire adéquate dans les écoles de placement des adolescents sortis des forces et groupes armés, des jeunes à risques. L’objectif long terme de l’éducation, de la pratique à la politique, est la promotion et le développement d’une coexistence multiculturelle de qualité dans les communautés multiethniques par la pratique éducative et politique de l’école, l’enseignant innovant étant le guide principal dans ces efforts, prêts à accroitre sa sensibilité, sa compétence dans le domaine des relations interculturelles et à améliorer leur pratique. Les objectifs spécifiques de la stratégie Amener les enseignants à aider les adolescents sortis des forces et groupes armés et d’autres jeunes en situation de déviance sociale, à devenir de nouveaux types d’individus, initiés à la culture de la paix, à travers une éducation appropriée ; renforcer les capacités des enseignants à former des citoyens producteurs, créatifs, cultivés, consciencieux, libres et responsables, ouverts aux valeurs sociales, républicaines et capables de promouvoir le développement du pays. Donner aux enseignants des capacités à faire acquérir à l’élève des comportements et attitudes qui traduisent un éveil développé des facultés intellectuelles, morales et physiques. Doter les enseignants des outils nécessaires pour réussir une pédagogie active, participative, différentielle et tolérante. Développer l’éducation interculturelle/multiculturelle ; Donner et demander l’opportunité de participation de tous les représentants dans le domaine de l’éducation dans l’élaboration des projets et des programmes relatifs au secteur et l’orientation adéquate des financements attribués au domaine de l’éducation. 9.1.4.2. Justification de la stratégie Les réformes dans le domaine de l’éducation sont toujours partielles. Les besoins de réforme et d’une bonne compréhension des implications de ces réformes, dans leur ensemble ne sont jamais traités valablement, encore plus rarement, soutenues par des visions à long terme. Le plus grand nombre de réformes se contentent à « modifier » des segments du système éducatif (plans, programmes, manuels scolaires) et ont été principalement ajustées pour les besoins internes du système éducatif, soit imposé dans le cadre 303

d’adhésion à la conformité des Normes de la mondialisation, caractérisée par des aspects quantitatifs, au détriment des aspects qualitatifs, sans tenir compte des contextes et des besoins réels de chaque pays, dans le but d’harmonisation des complémentarités mondiales. Rares ont été les tentatives pour comprendre le développement du système de l’éducation du point de vue de sa mission et de ses fonctions influentes dans le monde dans lequel il fonctionne, ainsi que dans le monde extérieur. Rares ont été les tentatives pour comprendre les ouvrages déjà existants, et adaptés au contexte, et leur mise en application. Rares ont été les implications du système éducatif, dans son ensemble, dans la conception de son développement, avec la participation effective de l’ensemble du public le plus concerné par l’enseignement. Afin que ces discussions soient fondées sur la critique et la créativité, répondantes aux besoins réels et aux solutions appropriées, le système de l’éducation doit être ouvert aux communautés, innée de manipulation et d’utilisation à des fins à satisfaire les intérêts de certains groupes, pour créer une population moderne, instruite, créative, motivée et capable d’appliquer les connaissances acquises Dans les circonstances de pauvreté générale, le système éducatif en République Démocratique du Congo n’a pas eu de choix. Il est fermé en soi, séparé de son environnement, il a formé des intérêts commerciaux pour sa survie, soumise aux exigences et impositions des tiers, dont les actions sont ponctuelles, rarement de courts termes, malgré les conséquences néfastes qui s’en suivent, observé à long terme. L’émergence d’établissements d’enseignement privés, la multiplication des accords et des conventions, dont les textes, est vague, mais toujours en faveur du présentateur, singulièrement s’interprète par la communauté internationale comme des parfaites contributions à l’amélioration de la qualité de l’éducation. Derrière le rideau de renforcement du mécanisme de la concurrence, est généré et géré dans de nombreux cas, des intérêts à but lucratif caractérisés par l’absence d’exigences publiques par rapport à la qualité de l’éducation. Le système d’éducation est confronté à l’opposition exprimée, d’une part par des intérêts économiques à court terme, et le développement de la mission de l’éducation d’autre part. Les tensions qui caractérisent cette opposition sont l’un des plus grands obstacles pour le développement d’un système d’enseignement valide. Les principaux acteurs de l’enseignement, conscients du rôle capital du domaine de l’éducation, et de l’importance à accorder à l’éducation de toute la jeunesse, dans un monde de plus en plus compétitif, exigent et sont prêt pour l’évolution de la mission de l’éducation. Ceci démontre clairement que le pays a besoin d’un développement du système éducatif tout à fait délibéré, organisé et de qualité, car il est l’une des conditions clés pour le développement de la République Démocratique du Congo. Sans une avancée nationale déterminée, vers une société fondée sur la connaissance, capable de fournir une population parfaitement éduquée,

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la République Démocratique du Congo restera sur la périphérie du globe, sans compétitivité, par conséquent, sans choix. La planification du développement du domaine de l’éducation doit être en harmonie avec la projection, laquelle s’appuie sur l’état actuel du système, guidé par les besoins de développement futur de la société et de la vie. D’où la nécessité de comprendre le monde contemporain et la direction vers laquelle va son développement, et particulièrement, reconnaître de manière fiable l’avenir souhaitable et possible pour le pays. L’identification de cette vision suffit pour la définition exacte et explicite des projets de développement du système éducatif, qu’ils soient financés par le budget national ou par des tiers. En d’autres termes, basés sur la possession et l’utilisation des connaissances, l’avenir de la République Démocratique du Congo, au travers sa jeunesse, dès lors est définie par la vision de soi-même, par soi-même. « L’homme qui déplace une montagne commence par déplacer les petites pierres ». – Confucius —

9.1.5. Les étapes de la réintégration scolaire Introduction La réinsertion des enfants ex-combattants est définie comme étant un processus permettant aux enfants d’opérer leur transition vers la vie civile en assumant un rôle positif et une identité civile acceptée par leur famille et leur communauté. La réinsertion est durable lorsque les conditions politiques, juridiques, économiques et sociales dont dépendent la survie, la subsistance et la dignité des enfants sont réunies. Ce processus vise à garantir aux enfants la possibilité de jouir de leurs droits, parmi lesquels l’éducation formelle et non formelle, l’unité de la famille, les moyens d’une existence digne et le droit d’être à l’abri de tout danger. C’est donc un processus qui consiste à aider les ex-combattants à s’adapter à la vie civile et à adhérer aux activités civiles après une période passée dans une force combattante. L’éducation est un droit pour tous les enfants, notamment les enfants excombattants. Elle peut aussi les aider à retrouver une vie normale dans la communauté. Il est impérieux de donner des possibilités d’éducation aux enfants de la communauté en général en même temps qu’aux jeunes excombattants. L’éducation est essentielle pour rétablir le sentiment de normalité dans la vie et pour son aide à faire une coupure nette avec le passé militaire surtout lorsque les protégés commencent à se rendre compte des avantages qu’ils en gagnent (l’assurance et l’amour propre augmentent).

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Les étapes 1 o Accueil et identification des bénéficiaires C’est la première étape qui consiste à vérifier l’identité de chaque bénéficiaire et, à partir d’une fiche d’identification individuelle, de parcourir tous les documents nécessaires en rapport avec la démobilisation. L’existence des documents voulus permet l’installation du bénéficiaire dans le CTO et de poursuivre avec la deuxième étape. Le CTO organise des activités éducatives auxquelles le bénéficiaire participe individuellement ou en groupe selon le cas. 2 o Évaluation du niveau d’instruction des bénéficiaires Cette évaluation nous permet d’établir le vrai niveau de scolarisation des bénéficiaires et de les classer par degré d’études. L’évaluation se fait à travers la séance d’écoute et est appuyée par un questionnaire-test soumis à chaque bénéficiaire. Les autres facteurs qui guident la séance d’évaluation du niveau d’instruction sont entre autres  l’âge des enfants quand ils sont entrés dans les forces combattantes, leur niveau d’éducation à ce moment-là, le temps passé dans les forces combattantes et le nombre d’années scolaires perdues. Cette activité nous permettra aussi de concevoir un plan pédagogique pour chaque bénéficiaire. Les bénéficiaires peuvent par la suite être regroupés par niveau d’éducation au sein du CTO. 3 o L’organisation des activités éducatives au sein du CTO Ces activités sont variées, avec comme objectif de stimuler le goût des bénéficiaires pour les études et de les aider à découvrir leurs aptitudes personnelles. Ces activités ne sont donc pas seulement psychosociales ou de simples moments de divertissement et loisirs. Elles permettent donc aux protégés de perfectionner leurs aptitudes, de réveiller certaines connaissances endormies ou d’en acquérir d’autres. Elles sont donc libres ou dirigées, organisées en petits ou en grands groupes selon les sujets ou thèmes à exploiter. Ces activités facilitent la compréhension chez les tout jeunes, la bonne entente entre eux et favorisent leur autonomie, leurs compétences sociales, éveillent leur sens de responsabilité et de prise de décision. Ces activités éducatives se déroulent au sein du CTO durant le séjour des bénéficiaires. Les activités éducatives peuvent aussi favoriser l’encadrement pour la remise à niveau ou activités éducatives au CTO Un encadrement de remise à niveau doit être organisé pendant la période de séjour au CTO. Cet encadrement a pour objectif la rééducation sociale, 306

affective et scolaire du bénéficiaire de façon à lui permettre un fonctionnement adapté au réseau régulier. Cette approche favorise l’apprentissage du respect et du contrôle de soi, la responsabilisation du protégé face à ses problèmes, le développement d’une estime de soi positive et l’augmentation de la motivation scolaire. Au plan pédagogique, ces activités amènent le bénéficiaire à apprendre et à maîtriser les Notions essentielles à son adaptation scolaire ou professionnelle ultérieure. Les activités éducatives, conduites en groupes réduits permettent d’offrir un encadrement personnalisé qui respecte le niveau du protégé, son rythme d’apprentissage et son développement social et affectif. Cet encadrement préconise des approches pédagogiques diversifiées. Une approche traditionnelle, une approche individualisée et une approche d’intégration des matières qui forment le répertoire pédagogique. Durant l’activité, nous favorisons l’utilisation de l’approche d’orientation comme moyen pour accroître la motivation pour les études chez les jeunes. Un plan pédagogique est conçu pour chaque protégé en vue de bien cerner les objectifs et évaluer les progrès. Le plan pédagogique est mis en œuvre en vue de faire vivre le plaisir d’apprendre à nos bénéficiaires (enfants-enfants), de les accompagner et les orienter dans leur épanouissement personnel et social en développant les valeurs telles que :  Espoir de réussite  Estime de soi  Autonomie  Responsabilité  Coopération  Créativité  Tolérance  Persévérance Cela nous permet aussi de déceler les problèmes éventuels liés à la future réinsertion scolaire et qui feront objet d’un éventuel suivi. 4 o L’organisation des sessions d’encadrement pédagogique, général Les sessions d’encadrement pédagogique général seront organisées au sein du CTO en faveur des jeunes bénéficiaires. Le projet pédagogique et éducatif est aménagé compte tenu de la situation des protégés. Ainsi, les enseignements doivent permettre à l’enfant bénéficiaire :  d’acquérir le socle commun de connaissances et de compétences  de prendre conscience de l’importance du respect des règles de la vie sociale et scolaire  de construire un projet de formation et d’orientation 307

Pour cela, des méthodes pédagogiques spécifiques et un parcours de formation personnalisé sont mis en place :  une évaluation est réalisée pour chaque bénéficiaire ou protégé au début de la session  une évaluation hebdomadaire est effectuée, pour chaque jeune, par l’équipe pédagogique et éducative  une fiche de suivi individuel décrit les enseignements dispensés à l’élève et ses activités éducatives. Elle indique les progrès observés, notamment dans le comportement, et permet de recueillir les commentaires des bénéficiaires ou protégés sur les enseignements effectués par les encadreurs. Le dialogue régulier avec les parents constitue un élément clé de la réussite de la session. Le suivi du travail scolaire et la participation aux réunions d’information et aux bilans individuels sont obligatoires pour les parents. Des dispositifs d’accompagnement sont prévus si nécessaire pour les parents. Un horaire scolaire aménagé L’organisation de la journée doit offrir un cadre structurant et être adaptée aux élèves :  une moitié de la journée est consacrée aux enseignements dans diverses disciplines  l’autre moitié de la journée, les protégés participent à des activités sportives, éducatives, culturelles et des discussions autour de la citoyenneté, de la santé… Une validation des acquis est prévue en fin de session et la réussite est sanctionnée par une attestation scolaire qui permet au détenteur d’être inscrit dans la classe supérieure. 5 ° Identification et évaluation des écoles de placement des protégés La phase de l’évaluation du niveau d’instruction des protégés nous permet de savoir leur provenance et l’école qu’ils avaient fréquentée avant leur enrôlement. Nous pouvons donc facilement identifier les structures scolaires qui pourraient les accueillir et procéder à l’évaluation des capacités des structures scolaires à recevoir les protégés. Cette évaluation nous permet de nous rassurer du futur lieu de réinsertion scolaire du protégé et de nous y préparer.

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6 ° Le partenariat avec les services spécialisés de système éducatif Nous allons mettre en place un partenariat fonctionnel avec les services étatiques ci-après :  la Direction provinciale de l’EPSP/PROVED Sud-Kivu, Les Bureaux de la sous-division de l’EPSP/Sous-PROVED Uvira1/Uvira 2/Baraka et Fizi, Inspection principale provinciale du Sud-Kivu, Inspection de Pool du Secondaire Uvira et Fizi, Division des affaires sociales, les Services des affaires sociales en territoires d’Uvira et Fizi. Les services des affaires sociales interviendraient essentiellement dans l’organisation des sessions de rattrapage scolaire au degré primaire. 7 ° Inscription des bénéficiaires au sein des écoles identifiées ou ciblées Une fois les écoles identifiées et les conditions d’inscription réunies, nous allons faire inscrire les protégés et selon les cas chacun dans une école ciblée pour la poursuite des études. Cette inscription sera facilitée par un accord avec les gestionnaires des écoles et devrait être obtenue gratuitement selon le cadre opérationnel DDR/RDC. 8 ° Placement des bénéficiaires dans les écoles identifiées Le placement est fait dès lors que toutes les conditions sont réunies : inscription, sécurité, réunification, logistique, contact avec écoles, appui à la scolarisation. Chaque protégé qui a choisi la réinsertion scolaire est placé dans une école de son choix dans sa localité de provenance. Il est encouragé en cela par un appui en matériels et fournitures scolaires ainsi que par le paiement de la prime des enseignants. 9 ° Formation des enseignants en pédagogie des EAFGA Cette formation vise le renforcement des capacités des enseignants à s’adapter au profil psychosocial particulier du groupe cible à prendre en charge, les ex-combattants. Ces adolescents ont des problèmes particuliers nécessitant des solutions particulières. La réintégration scolaire des excombattants requiert de l’enseignant des capacités pédagogiques de comprendre la psychologie de ces protégés, de savoir s’y adapter et de leur transmettre les connaissances nécessaires. Cette formation est de 2 à 3 jours et exploite, outre les matières sur la pédagogie des EAFGA, des Notions sur le Cadre opérationnel DDR en RD Congo. Cette formation cible aussi bien les enseignants qui encadrent les sessions de remise à niveau que ceux qui reçoivent les protégés dans le cadre du placement scolaire.

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10 ° Suivi de la scolarisation des bénéficiaires ou protégés placés Le suivi est réalisé en vue d’évaluer le niveau d’intégration du bénéficiaire ou protégé dans le circuit scolaire. Cela se remarque à travers l’implication des parents, des enseignants et des autres élèves, collègues du protégé. Ce suivi est conduit au travers des outils qui tiennent compte du plan pédagogique et qui dégagent les progrès réalisés par le protégé déterminé par la réussite aux différentes épreuves, le taux d’absentéisme, la participation des parents ou tuteur aux activités scolaires, l’adaptation et l’intégration du bénéficiaire au sein de la communauté scolaire. Des visites peuvent donc être conduites au sein des écoles de placement des élèves pour récolter et analyser les informations sur le protégé et donner du soutien si nécessaire. 11 ° Évaluation de la vulnérabilité des élèves des écoles ciblées Il est nécessaire d’avoir des connaissances sur les systèmes de moyens de subsistance des communautés vers lesquelles les enfants retournent et notamment ceux de certaines familles cibles. Nous estimons que pour éviter la discrimination dans la communauté en général et au sein des écoles où sont réintégrés les jeunes ex-soldats, la réinsertion scolaire devra profiter non seulement aux jeunes ex-combattants, mais aussi aux autres enfants vulnérables dans le respect d’une certaine proportion, cela en fonction et respect du cadre opérationnel DDR de la RD Congo. Nous soutenons l’adoption d’une approche équitable des frais de scolarité et matériels scolaires. Prendre en charge les frais de scolarité pour certains enfants parce que dissociés des forces et groupes armés reviendrait à favoriser un groupe d’enfants par rapport aux autres groupes vulnérables de la communauté qui éprouvent le même besoin. Cette situation peut provoquer un ressentiment dans les familles et communautés, une stigmatisation encore plus marquée des enfants sortis des forces et des groupes armés. L’aide qui profite à tous les enfants de la communauté équitablement est la meilleure. La même évaluation nous conduira aussi à déceler les besoins réels des écoles de placement en matière d’appui au bon fonctionnement.

9.2. CHOIX DES MÉTHODES D’APPRENTISSAGE 9.2.1. Apprentissage cognitif C’est la formation théorique, en salle ou en plein air avec des supports adaptés à la qualité des apprenants (lettrés ou non).

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a. Préparation de la leçon Le schéma suivant doit être suivi : 1. Objectif général : Action qui sera atteinte à la fin de la leçon. 2. Création de la motivation (l’envie) 3. Vérification des prés requis (éléments indispensables pour suivre avec profit la leçon du jour) : 4. Structuration de la leçon par séquence (paragraphe) 5. Choix des outils ludiques (photos, images, dessins) permettant à l’apprenant de fixer son attention sur la leçon ; b. Animation (développement) de la leçon Le schéma suivant a été suivi : 1.Création de la convivialité (Civilités usuelles) Introduction de la leçon du jour Énoncé de l’objectif 2. Présenter l’importance de la leçon (avantage, inconvénients, faits réels) pour créer la motivation ; 3. Identifier les prés requis des apprenants (sous forme de questionsréponses) 4. Déroulement de la leçon (utilisation des outils ludiques) par séquence selon les techniques de formulation du message principal de chaque séquence avant de passer à la suivante et de formulation des principaux messages transmis représentés au plan d’engagements formulés, évaluant simultanément le niveau de compréhension des apprenants (directs ou indirects) : À la fin de la leçon. c. Techniques d’animation Les techniques d’animation correspondent aux activités que le technicien met en œuvre pour tenter de rendre les apprenants actifs, de les faire participer à la production du savoir. Les principales techniques d’animation ont été les suivantes :  La façon de poser des questions pour obtenir une réponse déterminée ;  La manière de reformuler ;  Les méthodes utilisées pour les encourager ;  La façon de donner une consigne et s’assurer qu’elle est comprise ;  La façon de renvoyer les questions sous réponse — élève (bénéficiaire de plus longue durée aux bénéficiaires nouvellement accueillis…) ; d. L’évaluation formative Contrôle permettant de se rendre compte si les apprenants ont bien compris la leçon. En d’autres termes si l’objectif fixé a été atteint. L’évaluation s’effectue généralement à l’aide de différents items… 311

Questionnaire à choix multiple (QCM), verbal ou écrit, parfois provocatif dans le but de parvenir à l’émotion authentique…

9.2.2. Apprentissage psychomoteur  Introduire le sujet (définition du travail, but, avantage de l’apprentissage)  Faire une démonstration technique sans aucune explication  Procéder ensuite doucement, par étape en expliquant la manière de faire les exercices par exemple ;  Faire les devoirs et les pratiques ensemble avec l’apprenant ;  Laisser l’apprenant faire seul la démonstration ;  Corriger les imperfections de l’apprenant ;  Laissez-le ensuite faire seul plusieurs fois la démonstration jusqu’à la « perfection »

9.2.3. Ce que le formateur doit savoir (lois de l’apprentissage)  Chaque apprenant apprend à son rythme et à sa manière (loi du rythme d’apprentissage) ;  Diviser la difficulté en difficultés élémentaires, ce qui facilite l’apprentissage (loi des petites étapes) ;  Tout comportement renforcé positivement à tendance à se reproduire (loi de l’effet) ;  La connaissance immédiate des résultats qui facilite l’apprentissage (loi de la connaissance immédiate des résultats) ;  Un apprenant actif apprend mieux qu’un apprenant passif (loi de l’activité de l’apprenant) ;  Une information distribuée permet plus facilement l’apprentissage qu’une information massée (loi de la distribution des informations).

9.2.4. Ce que le formateur doit faire (rôle du formateur) Transférer des connaissances professionnelles ; Faciliter l’apprentissage ; Construire une dynamique : rendre les apprenants actifs ; Développer l’ingénierie de la formation Construire un espace de formation : adapté, riche et changeant ; Mettre en place des situations d’apprentissages, diversifiées, parfois provocantes ;  Être à l’écoute, observer, identifier, remédier aux difficultés et les blocages de chaque apprenant, changer les méthodes d’apprentissage quand cela est nécessaire…      

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 Gérer les tensions, les problèmes de groupe, inter individus, d’individus, employant des méthodologies adaptées aux différents types d’apprenants ;  Mettre en place un système d’évaluation efficace.  Faire la synthèse de l’évaluation, si nécessaire, réaliser une remédiation, exprimée en termes d’engagements individuels et collectifs

9.2.5. Préparation des supports (matériels didactiques, outillages, documents de travail, etc.) Les matériels didactiques, l’outillage (différents kits) et autres matériels ludiques (ordinateurs et vidéo projecteurs) sont fournis pour les besoins de présentation, mais les documents de travail sont réalisés par les formateurs, en fonction des thèmes sélectionnés, soit en production directe et en collaboration avec les institutions concernées afin d’officialiser des documents et outils, adaptés aux contexte et norme nationale, en faveur de la jeunesse, nos bénéficiaires directs et indirects.

9.2.6. Élaboration et négociation des contrats de sous-traitance Comme souligné ci-haut, les organisations locales, identifiées, évaluées, vérifiées prouvant leurs compétences par rapport aux activités à mener, avec lesquels des protocoles d’accord ou des contrats de service signés et de cette manière, renforcer la capacité et promouvoir les organisations/associations locales.

9.3. LA STRATÉGIE 9.3.1. Pédagogie adaptée aux jeunes à risques « À force de reporter l’essentiel au nom de l’urgent, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel ». Edgar Morin –

9.3.2. Les besoins essentiels Dans la nature, une action, un fait, est obligatoirement suivie de certaines réactions. L’homme est aussi un être naturel, et beaucoup de ses réponses sont causées, mais si l’opportunité est donnée, la réponse est alors un exercice mental. Repousser les limites de sa liberté, signifie, il est en mesure de choisir des réponses à des stimuli spécifiques, même dans la mesure où l’effet de stimuli est rétroactif. La vie de l’homme adulte, pavée d’exercices mentaux de plus en plus complexes, a tendance à négliger les besoins essentiels. Bien que 313

naturellement, il satisfasse les siens, l’observation générale est qu’il oublie régulièrement de les identifier chez les autres individus. Cette négligence est davantage accentuée quand les échanges quotidiens s’effectuent principalement entre adultes et enfants, à plus forte raison, les jeunes à risques. C’est ainsi que pour des échanges constructifs entre les personnes de générations différentes, lesquels seront assimilés, il est indispensable de concilier le domaine de la raison pratique (l’adulte), et l’espace de libre spontanéité (l’enfant). 9.3.2.1. Hiérarchie des besoins selon Abraham Maslow357 La hiérarchie des besoins humains est une caractéristique à l’espèce humaine. a) Les besoins physiologiques du corps — les besoins biologiques primaires —. Il s’agit de la plus importante et la plus fondamentale de tous les besoins humains. L’insatisfaction de ces besoins conduit à la mort de l’organisme. Si une de ces conditions n’est pas remplie, l’autre ne peut pas fonctionner. Ce sont : le besoin de nourriture, d’eau, d’oxygène, de sommeil (rêves), la nécessité de la sexualité (les espèces), la protection contre les températures extrêmes et la nécessité d’excrétion. b) Le besoin de sécurité — besoins psychologiques fondamentaux — C’est le besoin de permanence, l’ordre, la structure et la nécessité d’une prévisibilité des événements dans l’avenir proche ou lointain. c) Le besoin d’appartenance et d’amour – l’affection, la loyauté et l’amour créent une relation avec d’autres personnes. d) La nécessité d’un respect et d’estime de soi — reconnaissance de la capacité de faire face aux problèmes et de les résoudre. L’estime de soi se distingue par la fierté. L’image de soi est créée en fonction de ce que les autres nous disent/disent de nous. e) La nécessité de l’actualisation de soi-même les personnes réalisées sont des personnes « devenues réalisées » (réf : point 1) sur la base motrice de ce qu’elles « pourraient devenir ». Nous sommes des créatures qui sont encore émergentes. Une personne qui a atteint l’auto actualisation est réalisée et a utilisé toutes ses capacités, ses potentialités et ses talents. L’honnêteté avec soi-même consiste à continuer à compléter son développement, la malhonnêteté, l’aliénation personnelle. f) La nécessité d’une auto transcendance (transcendance) – Il s’agit de la nécessité, d’après Maslow, de voir les contours de la psychologie transpersonnelle.

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Abraham Maslow – Psychologue américain, connu pour sa théorie de la motivation et des besoins, et son application au monde de l’entreprise

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9.3.2.2. Les caractéristiques importantes des personnes indépendantes réalisées  Une perception efficace de la réalité  Acceptation de soi, des autres et de la nature  La spontanéité, la simplicité, la modestie  Mettre l’accent sur les questions  Le besoin de solitude et d’intimité  Indépendance de la culture et de l’environnement dans lequel nous vivons  Fraîcheur permanente (percevant)  Sentiments hautement pacifiques  Le désir initial d’aider l’humanité  Les relations avec un petit nombre d’individus  La tendance à la démocratie  Distinction aigüe des objectifs  Un sens de l’humour philosophique  Créativité  Résistance à la culture (ne suis pas les tendances imposées).

9.4. LE DÉVELOPPEMENT COMME PROCESSUS DU CHANGEMENT SOCIAL ET ÉCONOMIQUE

Une double interrogation amène à une étude du changement socioéconomique et politique :  Comment une société change-t-elle ?  Comment l’aider à changer favorablement ? Pour répondre à cette double interrogation, il est bon de signaler que la société est histoire, car elle est constamment engagée dans un mouvement historique, dans une inévitable transformation d’elle-même, et de ses membres. Elle suscite, subit ou accueille sans cesse des forces externes ou internes susceptibles de modifier sa nature, son orientation, sa destinée. Toute société salue presque toujours des changements tantôt brusques, tantôt plus ou moins en harmonie avec son passé, selon un dessin ou projet explicite. Loin d’être simplement une action sociale d’une pluralité de personnes, la société ne se réduit pas non plus à une forme d’organisation sociale. Elle est aussi mouvement et changement d’une collectivité à travers le temps. La réalité sociale n’est pas un moment figé hors du temps sous le regard du photographe, mais c’est un mouvement des êtres et le cours des événements sous le regard de cinéaste, un cameraman.

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a) Évolution sociale Il s’agit de l’ensemble de transformations que connait une société pendant une longue période, c’est-à-dire pendant une période qui dépasse la vie d’une seule génération ou même plusieurs générations. Il s’agit des tendances séculaires qu’on ne peut observer à une échelle réduite, mais qui apparaissent lorsqu’on adopte une perspective à très long terme. Bref, l’évolution sociale n’est donc observable qu’à haute altitude, où les détails du paysage se fondent dans une image ou un mouvement d’ensemble. b) Changement social Le changement social consiste plus tôt en des transformations observables et vérifiables sur de plus courtes périodes de temps. Un observateur peut, durant sa vie, ou même durant une brève période de sa vie, en suivre le développement ou en connaître l’issue. En outre, le changement social est davantage localisé géographiquement et sociologiquement : aire géographique ou un cadre socioculturel plus limité que l’évolution. c) Ce que n’est pas le changement social Selon Richard LAPIERE358, le changement social doit d’abord être dissocié de l’événement. Une élection est un événement, une trêve, une assemblée, un incendie. L’événement peut faire partie d’un changement social, il peut l’accompagner ou le provoquer. Ces événements n’entrainent pas non plus un changement social. Une génération occupe la place de la génération qui s’en va. Un nouveau comité de direction est élu pour remplacer l’ancien. Un parti d’opposition est porté au pouvoir… Le changement d’un personnel peut être parfois l’indice, on peut y avoir le résultat, l’annonce du changement. Les échanges de biens dans le quotidien de la vie, de présents, de droits, d’informations, de responsables font partie des changements d’équilibre dans toute organisation sociale, mais n’affectent pas nécessairement la structure de l’organisation sociale. Un changement qui n’affecte qu’une personne ou seulement quelques personnes ne peut pas non plus être considéré comme un changement social. Qu’une ou quelques personnes changent d’opinions ou d’attitudes, ne peut être considéré comme un changement social.

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LAPIERE R., social change, Megraw-Hill, New York, 1965

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d) Ce qu’est le changement social Définition Nous définissons le changement social comme toute transformation observable dans le temps, qui affecte d’une manière qui n’est pas que provisoire ou éphémère la structure ou le fonctionnement de l’organisation sociale, d’une collectivité donnée et qui modifie le cours de son histoire. Il s’agit de changements des structures qui résultent de l’action historique de certains acteurs ou groupes à l’intérieur d’une collectivité donnée.  Un phénomène collectif, impliquant une collectivité, un secteur appréciable, important, remarquable. Il doit affecter les conditions ou modes de vie ou l’univers mental de plus quelques individus seulement.  Un changement des structures, c’est-à-dire, une modification de l’organisation sociale dans sa totalité ou dans certaines de ses composantes. On peut décrire les transformations entrainées par la grève dans l’organisation d’entreprise ou même prédire l’impact de ces transformations.  Un changement des structures suppose, qu’on puisse l’identifier dans le temps, décrire l’ensemble de transformations ou leur succession dans le temps (T1, T2, T3… Tn). Comment peut-on mesurer le changement et surtout dans quelle mesure ?  Tout changement social doit faire preuve d’une certaine permanence, c’est-à-dire pas passagère, la transformation ne doit être ni superficielle ni éphémère. En manière de résumé, le changement social affecte le cours de l’histoire d’une société. En d’autres termes, l’histoire d’une société a été différente si un changement social ne s’était pas produit. L’histoire hypothétique est un instrument de travail extrêmement délicat à manipuler.

9.4.1. Facteurs, conditions et agents du changement 9.4.1.1. Facteurs de changement Un facteur est un déterminant fort, un élément d’une situation donnée qui, du seul fait de son existence ou par l’action qu’il exerce entraîne ou produit un changement. De cette manière, l’introduction, l’irruption de nouvelles techniques de production dans une usine peut entrainer des modifications dans les méthodes de travail, dans l’organisation des équipes, dans les niveaux d’autorité, de même aussi l’installation d’une usine dans un milieu rural, entraîne une transformation du marché du travail, produit une mobilité de la population, amène le changement des mœurs dans la culture dans l’organisation sociale de la communauté rurale.

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9.4.1.2. Conditions du changement Ce sont des éléments de la situation qui favorisent ou défavorisent, activent ou ralentissent, encouragent ou retardent l’influence d’un facteur ou de plusieurs facteurs de changements. L’attitude du syndicat de l’usine face au changement, la perception qu’il en a et qu’il en propage chez les travailleurs, sera des conditions favorables ou défavorables. Selon le cas, au changement amené par l’introduction des techniques nouvelles dans une communauté rurale, il se peut que le type d’agriculture, le degré de prospérité des familles, l’attitude généralisée à l’endroit du changement social soient autant de conditions favorables ou défavorables au changement consécutif à l’installation d’une nouvelle industrie. Les conditions et les facteurs du changement sont complémentaires. Les conditions permettent aux facteurs d’exercer leur influence ou au contraire elles étouffent l’action des facteurs. 9.4.1.3. Agents du changement Ce sont des personnes ou groupes, associations qui introduisent le changement, l’appuient, le provoquent, le favorisent ou s’y opposent. Ce sont des acteurs ou groupes dont l’action sociale prend le caractère d’une action historique, une action animée par des buts, intérêts, des valeurs, des idéologies.

9.5. LE DÉVELOPPEMENT DURABLE 9.5.1. Historique du concept de développement durable Les 20 % d’habitants vivants dans les pays les plus riches consomment :  45 % des protéines animales du monde  58 % de l’énergie (et émettent 53 % du CO2 rejeté de l’atmosphère).  84 % du papier et disposant de 88 % des véhicules. Si la consommation par habitant enregistre une progression de 6,1 % par an en Asie de l’Est et de 2 % en Asie du Sud, celle d’un ménage africain moyen régresse de 20 % en 25 ans. 2,6 milliards d’individus sont privés d’infrastructures sanitaires, 2 milliards vivent sans électricité ; 1,3 milliard de personnes sont privées d’accès à l’eau potable ; 1 milliard de personnes n’a pas des logements corrects ; 880 millions de personnes sont sans accès aux services de santé et 840 millions (de personnes) souffrent de malnutrition. 22 % des enfants en âge scolaire ne sont pas scolarisés (109 millions), 885 millions de personnes de 15 ans sont analphabètes. Les 3 personnes les plus riches du monde ont une fortune supérieure au PIB de 48 pays les plus pauvres ; les 32 les plus riches au PIB de toute l’Asie du Sud, et les 84 les plus riches, de la chine entière (1,2 milliard d’habitants) 318

Le monde dépense par an au moins 1.780 milliard de $ pour la défense, 400 milliards en Europe, et 435 milliards les dépenses annuelles de publicité. On estime qu’un Américain moyen aura vu dans sa vie 150.000 spots publicitaires à la télévision. Néanmoins, entre 1960 et 1995, l’espérance de vie dans les pays en développement est passée de 46 ans à 62 le taux de mortalité infantile a diminuée de 50 %, le taux de malnutrition infantile de 25 %. Le taux d’alphabétisation a passé 48 % à 70 %, entre 1970 et 1995. En 30 ans, les pays en développement ont progressé davantage qu’en un siècle les pays industrialisés. Reste à apprendre une saine gestion des ressources naturelles sans lesquelles, n’y a-t-il pas de développement ? Or, entre 1950 et 1995, la consommation d’énergies fossiles s’est multipliée par cinq, et les émissions de CO2 par quatre. Celles-ci sont très inégalement réparties à 20,5 t par an et par habitant pour les États-Unis d’Amérique ; 10,3 pour l’Allemagne ; 3,9 pour le Mexique ; 2,7 pour les Chine ; 1,6 pour le Brésil… Depuis 1970, la proportion de zones boisées est passée de 11,4 km² pour 1000 habitants à 7,3 km². La déforestation touche surtout les pays en développement, et la perte de la forêt tropicale est pratiquement irréversible. Quelque 12 % des espèces de mammifères et 11 % des espèces d’oiseaux sont menacés. Par la suite de surpâturage ou d’autres pratiques inadaptées, 9 millions d’hectares de sols sont fortement dégradés, et 2 milliards d’hectares, soit un sixième des terres émergées sont moyennement dégradées. Depuis 1950, les prélèvements d’eau ont triplé, alors que le volume d’eau disponible par habitant est passé de 16.800 m3 par an à 7.300.20 pays, dans lesquels vivent 132 millions d’habitants, disposent de 100 m3 d’eau par an et par personne. Les prises en mer ont quadruplé entre 1950 et 1996, et des pénuries de poissons sont annoncées. Cependant, le taux de recyclage sont en progression et le taux de croissance annuel de la demande de métaux a passé 6 % dans les années 60 à 2 % actuellement. L’utilisation par habitant d’acier, de bois et de cuivre est un recul dans les pays industrialisés. On le voit : un développement est indispensable, mais le monde de développement que nous connaissons n’est pas généralisable. Sortir de ce dilemme est l’objectif du développement durable.

9.5.2. Définitions selon la Commission Brundtland (1987) Mme Brundtland Directrice Générale de l’OMS : « Le développement soutenable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». 319

Deux concepts sont inhérents à cette Notion : « le concept de besoin » [besoin] et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui, il convient d’accorder la plus grande priorité et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et avenir. Autrement dit, il s’agit d’affirmer une double solidarité :  Dans l’espace, chaque habitant de cette terre a les mêmes droits humains aux ressources de la terre ;  Dans le temps : Nous avons le droit d’utiliser les ressources de la terre, mais le devoir d’en assurer la pérennité pour les générations avenir. Selon l’Union mondiale pour la nature, le programme des Nations unies pour l’environnement et le fonds mondial pour la nature (1991) : Le fait d’améliorer les conditions d’existence des communautés, tout en restant dans les limites de la capacité de support des écosystèmes. cfr : « Sommet planète terre, RIO DE JANEIRO 1992 » « Le développement, c’est-à-dire la satisfaction des besoins de l’humanité, suppose que, pour être durable, il ne doit pas construire luimême ses propres obstacles. Les conséquences, à moyen et long terme, des orientations choisies ne doivent pas aboutir à des impasses sociales, économiques, biologiques et environnementales ». Le développement veut intégrer les dimensions économiques, sociales et écologiques. Ainsi, la mise en œuvre du développement durable implique une prise en compte et intégration de ces trois paramètres dans toute décision. Il en résulte une double approche, à la fois normative (une échelle de valeurs qui devrait peu à peu s’imposer comme référence) et évolutive (les relations entre les divers éléments devant s’ajouter constamment). Toutefois, une confusion demeure : le développement durable est souvent associé à l’écologie plus qu’à l’économie ou au social, ce qui est réducteur, car, comme l’économie ou le social, l’écologie ne saurait exister pour elle-même. Avec la seule réserve que ses paramètres scientifiques (définitions des capacités de charge des écosystèmes), nous indiquent les limites physiques, chimiques et biologiques à ne pas dépasser, et dans quelle réalité il nous faut, grâce à de meilleures méthodes de gestion, inscrire notre rapport aux ressources que la planète recèle. Le sens du développement durable est bien de définir des équilibres dynamiques sectoriels et globaux, compte tenu des limites effectives et connues et des modes de gestion et de répartition. Aussi comporte-t-elle des exigences nouvelles, comme celle du principe de précaution. Le développement durable est avant tout une échelle de valeurs, un cadre éthique comportant des références comme celles-ci :

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 Justice sociale, prudence écologique ; efficacité économique ; diversité culturelle ; solidarité intergénérationnelle ; aménagement équilibre de l’espace ; citoyenneté et la concertation.  Le développement durable oblige à la fois coopération et transversalité. Il exige une gestion de temps et d’espace, des flux de matières et d’informations. Il vise à recréer les liens sociaux. Il forme, avec les droits humains qui lui sont étroitement corrélés, l’axe fort du 21e siècle, d’un avenir digne d’être vécu. Face à une mondialisation désormais souvent vécue comme une dépossession, le développement durable vise à donner des outils d’action et d’orientation positive, au niveau où se posent les problèmes.

9.5.3. La Mesure du développement « Qu’est-ce qu’une société riche ? Est-ce simplement une société dont le PIB est très élevé, c’est-à-dire dans laquelle les échanges marchands sont considérablement développés, même si la consommation est extrêmement mal répartie et les écarts devenus très importants ? Même si l’accès de tous aux biens de première nécessité n’est pas assuré, même si coexistent dans l’ignorance mutuelle une petite proportion de personnes très riches et de plus en plus pauvres, même si la violence se répand et que les riches s’enferment dans des ghettos359 ? Même si des biens et services de plus en plus nombreux sont payants et si les conditions quotidiennes de vie (transport, le cadre de vie, la sécurité physique…) deviennent de moins en moins supportables ? Même si la xénophobie se développe et si la simple idée d’intérêt général fait sourire ? » La réponse n’est pas simple, car la Notion de richesse soulève de nombreuses questions : la richesse renvoie-t-elle à ce qui est produit par une société, à ce qui existe dans une société, aux potentialités d’une société ? Toutes les productions doivent-elles être prises en compte ? Peut-on apprécier la richesse sans considérer la manière dont elle est obtenue, son utilisation et sa répartition ? Comment évaluer les différentes formes ou composantes de la richesse ? Bien entendu, les mêmes difficultés surgissent lorsqu’on évoque son contraire, la pauvreté. Si la définition et la mesure de la richesse d’un pays ont varié dans le temps, dans l’espace et selon, les conceptions des économistes, aujourd’hui, la richesse est généralement conçue à partir de la richesse créée qui ellemême est plus souvent assimilée à l’activité de production de biens et de services qui se prête, à un stade ou à un autre, à un échange marchand. De même, l’approche la plus courante identifie la pauvreté à la pauvreté monétaire.

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Ghetto : lieu où une minorité vit séparée du reste de la société

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Par ailleurs, comme les pays riches sont communément appelés pays développés et réciproquement, le développement d’un pays est souvent assimilé à sa richesse (au sens restrictif précédent) ou à la variation de sa richesse, c’est-à-dire la croissance (économique). Pourtant, si la croissance désigne l’augmentation des quantités de marchandises (biens ou services) produites et vendues au cours d’un intervalle de temps (en général l’année), se traduisant par une augmentation des revenus distribuables, le développement désigne l’ensemble des changements productifs ou sociaux dont le résultat est d’améliorer les conditions d’existence d’une population donnée dans son ensemble.

9.5.4. Les approches habituelles de la richesse et pauvreté « Les sociétés dans lesquelles nous vivons sont dites riches, du moins à la lecture des indicateurs classiques qu’elles ont inventés pour les représenter à elles-mêmes et aux autres, cette richesse et son accroissement : elles amènent sur le marché une profusion de biens et de services que les individus s’approprient et consomment ». a) Richesse, niveau de vie et croissance selon la comptabilité nationale Pour rendre compte du niveau de vie moyen, on calcule le produit intérieur brut par habitant (PIB/h). Enfin, la variation du PIB permet d’estimer la croissance économique du pays. Critique des indicateurs de la comptabilité nationale La conception du PIB s’inscrit dans un contexte industriel où la production renvoie avant tout à des biens matériels et dans un système économique, qui accorde une place centrale au marché. De ce fait, l’indicateur peine à rendre compte d’une réalité productive où les biens immatériels et les services, peu homogènes (différences de qualité), prennent une place croissante. Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de production non marchande. Il convient de rappeler que jusqu’en 1976, la comptabilité nationale française n’incluait pas les biens et services marchands dans l’activité productive, donc le PIB d’alors et qu’aujourd’hui encore, elle ne le fait que très imparfaitement. D’une part, l’idée que tout ce qui n’est pas marchand (croire priver) n’est pas réellement productif reste très forte : rares sont les propos qui mettent en avant la participation à l’activité de production de l’administration ; au contraire, de nombreux discours présentent l’administration comme un « mal nécessaire » dont il importe de réduire l’importance et le coût en limitant le Nombre de fonctionnaires, les uns les autres…

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9.5.5. Niveau de vie et pauvreté monétaire Selon Peter TOWNSCEND, « les individus, les familles ou groupes de la population, peuvent être considérés en état de pauvreté quand ils manquent des ressources nécessaires pour obtenir l’alimentation type, la participation aux activités et avoir les conditions de la vie et les commodités qui sont habituellement ou sont aux moins largement encouragés ou approuvées dans les sociétés auxquelles ils appartiennent. Leurs ressources sont ni significativement inférieures à celles qui sont déterminées par la moyenne individuelle ou familiale qu’ils sont de fait, exclus des modes de vie courante, des habitudes et des activités ». L’approche la plus fréquente de la pauvreté consiste à mesurer la pauvreté monétaire pour laquelle on considère comme pauvre la personne dont les ressources sont inférieures à un certain seuil de pauvreté. Le revenu apparaît alors comme un indice peut-être « absolu » ou « relatif ». Dans le premier cas, le seuil de la pauvreté fait référence à l’idée d’un minimum vital : on considère comme pauvre toute personne qui ne parvient pas à satisfaire un certain nombre de besoins jugés fondamentaux (alimentaire, habillement, logement, santé…) On définit et on évalue alors un panier de biens et service nécessaires dont le montant est indexé sur l’évolution des prix. Dans le second cas, le seuil de pauvreté se définit par rapport au niveau de vie qui prévaut dans une société donnée, à un moment donné : les pauvres sont ceux qui sont exclus des modes de vie minimaux d’une société ; concrètement, les plus souvent un tel seuil se calcule par référence au niveau de vie moyenne ou médiane (par exemple, un revenu inférieur à la moitié de l’un ou de l’autre) qui prévaut dans une société donnée à un moment donné ces seuils sont qualifiés de relatifs dans la mesure où ils varient dans le temps et dans l’espace. Le niveau du seuil de pauvreté, ne sera pas le même en France et en Inde, il n’aura pas la même valeur en terme de pouvoir d’achat aujourd’hui qu’hier. Critique La principale critique que l’on peut adresser à ces indicateurs recoupe en partie celles relatives au PIB puisqu’elle résulte, elle aussi d’une perspective réductrice qui ne considère la pauvreté que sous l’angle monétaire.

9.5.6. Les nouvelles approches Les insuffisances des indicateurs habituels, ont conduit des économistes et des organismes nationaux et internationaux à proposer d’autres indicateurs :

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a) Richesse selon la banque mondiale : mesurer le stock afin d’appréhender le développement durable S’inspirant de la distinction entre flux (le revenu et le flux de services rendus par la richesse au cours d’une période donnée) et le stock (le capital représente le stock de richesse au cours d’une période donnée) et des travaux relatifs à la Notion de développement durable ; la Banque Mondiale propose depuis peu un classement des pays selon leur stock de capitaux et non selon le PIB. Dans cette perspective, la richesse productive d’un pays repose, non seulement sur le capital physique, mais aussi sur les richesses naturelles et humaines. Dans ces conditions, l’évaluation de la richesse d’un pays résulte du calcul de la valeur de trois types de capitaux :  Les actifs naturels ; qui incluent la valeur de la terre, de l’eau du bois, de l’or et d’autres matières premières ;  Les capitaux produits ; c’est-à-dire, la valeur des machines, des usines, des routes et des chemins de fer  Les ressources humaines ; c’est-à-dire, représentées par « la capacité productive des individus, appréhender par les niveaux d’éducation et de nutrition. Si dans cette évaluation de la Banque, les ressources humaines représentent l’essentiel de la richesse productive (64 % en moyenne pour le monde entier), la composition de celle-ci varie sensiblement d’un groupe de pays à l’autre. b) Richesse selon NATIONS UNIES : “PIB vert” ou “écoproduit intérieur net” pour un développement durable L’office statistique des Nations unies (OSNU) a introduit la Notion coût environnemental “imputé” qui cherche à exprimer, en termes monétaires, les répercussions de la détérioration de l’environnement sur l’économie et le bien-être. Il concerne trois types d’utilisation de l’environnement.  L’épuisement des actifs naturels ;  L’usage du sol et du paysage ;  L’utilisation de l’environnement pour l’élimination des déchets. Dans cette approche, la Notion de développement durable se substitue à celle de croissance, puisque pour obtenir le “PIB vert” ou “l’écoproduit intérieur net” on retranche le coût lié à l’utilisation du capital environnemental du “produit intérieur net” (PIN=PIB-amortissements) des équipements nécessaires à la production). Bien-être, le PNUD, le développement humain et la pauvreté humaine IDH, ISDH et IPH.

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Le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) propose de remplacer le PIB par habitant par l’indice du développement humain (IDH), un indicateur (composite=adjectif, qui fait des éléments très divers ; hétéroclite), dont l’objectif est de refléter trois aspects du développement économique et social :  L’espérance de vie ;  Le degré d’éducation ;  L’accès aux ressources indisponibles pour vivre décemment. Concrètement, le second aspect est mesuré par le taux d’alphabétisation des adultes et la moyenne des années d’études et le troisième est estimé par le PIB réel par habitant ajusté, c.-à-d. exprimé en partie de pouvoir d’achat (PPA). Cet indicateur est complété par l’indicateur s’exo spécifique du développement humain (ISDH) qui cherche à refléter les disparités sociologiques entre les hommes et les femmes dans les trois domaines (espérance de vie, éducation, revenu) appréhendés par l’IDH. c) Par ailleurs, le PNUD propose un indicateur de pauvreté humaine (IPH) fondé sur trois éléments  La longévité de l’existence (mesurée par le % de la population dont l’espérance de vie n’atteint pas quarante ans) ;  L’accès au savoir (mesuré par le % d’analphabètes dans la population adulte) ;  Les conditions matérielles d’existence (estimées en fonction de l’accès aux services de santé, à l’eau potable et la part des enfants de moins de 5 ans victimes de malnutrition). Contrairement au concept de la pauvreté humaine qui estime qu’une personne est pauvre si et seulement si son niveau de revenu est inférieur à un seuil de pauvreté défini (voir ci-dessus), l’IPH repose sur l’idée que la pauvreté est aussi l’absence d’opportunités permettant de bénéficier d’une existence tolérable. Critique Si ces indicateurs peuvent aussi être critiqués, ne serait-ce que parce qu’ils sont en partie construits sur les indicateurs traditionnels décriés et qu’ils reposent eux aussi sur des présupposés, des choix, des conventions et des interprétations, ils ne prennent que partiellement en compte la dynamique des structures économiques et sociales, ils ont l’incontestable mérite d’adopter des perspectives différentes, de remplacer la sphère économique dans la sphère humaine, elle-même insérée dans la biosphère et d’indiquer des pistes intéressantes pour une meilleure approche des réalités. 325

9.6. L’ÉDUCATION : INTERCULTURELLE/MULTICULTURELLE L’objectif à long terme de l’éducation interculturelle/multiculturelle, de la pratique à la politique, est la promotion et le développement d’une coexistence multiculturelle de qualité dans les communautés multiethniques par la pratique éducative et politique de l’école. Bien que les références tirées de la pratique des écoles africaines reflètent une certaine passivité, elles représentent toutefois une base très utile pour le développement du domaine de l’éducation, témoignant de l’état de préparation nécessaire par rapport au niveau des capacités des écoles de contribuer à la vie étudiante et à des compétences et responsabilités d’agir dans un environnement multiculturel, dans des circonstances où la politique d’enseignement général n’est pas suffisamment favorable. Dans cet esprit, l’intention doit être portée à une contribution à la société dans les communautés dans lesquelles la diversité culturelle, ethnique, linguistique et d’autres valeurs sont considérées par ses propres citoyens, et à l’éducation, d’acquérir et de développer la compétence interculturelle, destinée à tous ceux qui sont impliqués ou intéressés par l’éducation dans les écoles primaires et secondaires : les enseignants et leurs élèves, l’administration scolaire, conjointement les responsables de la communauté éducative, les parents, les auteurs de manuels, le matériel de travail et les programmes de formation des enseignants et des politiques, pour les créateurs de la communauté éducative locale, provinciale et nationale. Cependant, le guide principal dans ces efforts est l’enseignant innovant, prêt à accroitre sa sensibilité, sa compétence dans le domaine des relations interculturelles et à améliorer leur pratique. De nombreuses institutions et organisations sont observées et considérées comme actives dans la minimalisation du développement du stade final, mutant en une conclusion générale, alors qu’il est à prévoir et chercher à construire un monde dans lequel les personnes partagent les mêmes valeurs et ont un point de départ commun. Le problème est que l’idée de valeurs universelles est basée généralement sur leur propre système de valeurs.

9.6.1. Hypothèses-Préconception Les hypothèses-préconceptions et les stéréotypes sont également une pierre d’achoppement. Les stéréotypes sont des opinions de certains membres de groupes, simplifiés, exagérés et très généraux. Les stéréotypes peuvent aider ceux qui ont besoin d’un monde prévisible, sans des menaces de spontanéité, de changement, finalement de création. Les stéréotypes ont augmenté le sentiment de sécurité, surtout quand une personne se trouve dans un environnement étranger et inconnu. Par contre, les états des lieux prouvent que les stéréotypes dans la plupart des cas ne sont pas en état de répondre conformément aux objectifs des affaires et peuvent donc ne pas présenter des solutions aux obstacles dans la communication. En d’autres 326

termes, quand nous avons certaines hypothèses à propos d’une autre culture stéréotypée, nous allons interpréter leur comportement en conformité avec cette hypothèse, quelle que soit la véritable raison de son comportement, et cela, certainement ne conduit pas à la compréhension.

9.6.2. La tendance à la valeur La tendance à la valeur est une autre pierre d’achoppement. Les personnes adaptées à leur culture et leur mode de vie considèrent cet état des choses, “naturel”, et jugent les autres sur la base de leurs propres normes culturelles. Lorsque nous ne disposons pas suffisamment d’informations sur une autre culture, nous avons tendance à accorder (ou décliner) des actions et des déclarations de personnes d’autres cultures en les comparant aux standards qui proviennent exclusivement de notre culture et de notre façon de vivre (“Nous ne voyons pas les choses comme elles sont, mais comme nous sommes, nous.”). Pour établir avec succès la communication interculturelle et la compréhension, il suffit souvent d’observer avec un esprit ouvert, les attitudes et les comportements des personnes d’autres cultures, ou tout simplement explorer leur point de vue.

9.6.3. L’ethnocentrisme L’ethnocentrisme complique grandement (et parfois, rend impossible) les communications interculturelles, par conséquent la compréhension. Il est donc nécessaire de travailler dans divers domaines afin de les surmonter, notamment par le biais de la réforme de l’éducation et l’intégration de la composante interculturelle dans les programmes scolaires. Cela ne signifie pas l’exclusion simultanée du développement de son propre engagement au contexte culturel et du patrimoine, où que nous devions donner la priorité à d’autres cultures.

9.6.4. Le rôle et les objectifs de l’éducation interculturelle En raison de son caractère multidimensionnel, l’éducation interculturelle ne peut pas signifier un simple “plus” pour le programme scolaire, même si c’est une façon de commencer une réforme interculturelle dans un pays. Elle s’applique à tous les processus de dimensions éducatives : la vie scolaire, la prise de décision, l’éducation et la formation des enseignants, le curriculum, l’enseignement des langues, langue dans laquelle les enseignants donnent l’instruction (tâches), les méthodes d’enseignement, l’interaction entre les étudiants, les manuels et les documents de travail. L’éducation interculturelle doit comprendre l’environnement global en place de pivot d’apprentissage. Ainsi assimilée, l’éducation interculturelle exige l’inclusion de point de vue différent (multi perspectiviste). Un bon exemple est que, pour atteindre le 327

développement d’un curriculum inclusif qui comprend l’apprentissage des langues, l’histoire et les cultures des groupes minoritaires dans la société, il est nécessaire de permettre aux étudiants d’observer les concepts, les sujets et les problèmes sous des angles et perspectives culturellement différents. Dans cette lumière, l’opportunité d’expression (qui est un droit) peut facilement conduire à la résolution définitive des différends. Pour cette raison l’éducation interculturelle vise à :  Promouvoir des conditions qui conduisent au pluralisme dans la société en augmentant la sensibilité de la culture et rappelant aux enfants qu’il existe d’autres systèmes de valorisation des autres ;  Développer les sentiments de respect des modes de vie différents des leurs, au travers l’éducation des enfants,  L’engagement à cultiver l’égalité,  Responsabiliser les enfants (sur la base d’une connaissance des faits) à faire des choix et de prendre des mesures dirigées contre la discrimination et les préjugés,  Reconnaître les similitudes et les différences en ce qui concerne de valeur et permettre à tous les enfants de s’exprimer en son Nom propre et à articuler leur culture et leur histoire. La nature multidimensionnelle et la nature multi perspective de l’éducation interculturelle place en évidence les objectifs spécifiques : “le Jeu”.

9.6.5. Les quatre piliers de l’éducation, susmentionnés 9.6.5.1. La politique scolaire Les systèmes d’éducation sont encore fortement centralisés, divisant souvent les enseignants et les élèves distinctement par “les bénéficiaires de conférences et les bénéficiaires des devoirs”. Par conséquent, la planification du développement scolaire, etc.), donnera l’espace et l’avantage à “L’école des Initiatives” ; (des activités interactives pour une pédagogie différenciée… réf : formation capacitation des enseignants.360  surveillance continue des nouveaux programmes ;  la qualité des enseignants ;  l’atmosphère de l’école dans son ensemble ;  une politique favorable au programme scolaire individuel. 9.6.5.2. La formation continue des enseignants Le succès de la mise en œuvre de l’éducation interculturelle dans les écoles dépendra grandement des connaissances, des compétences, mais aussi des caractères des enseignants, dont la formation professionnelle pour

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RET RDC Programme DDR 2012

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l’éducation interculturelle doit permettre de développer des compétences, comme suit :  la connaissance des caractéristiques des élèves,  la connaissance détaillée et plus souple de l’objet/contenu,  les compétences de gestion de la propre conscience du ministère, de l’éthique de la profession — la pédagogie —,  évaluation de la pratique scolaire actuelle, concept d’apprentissage et de connaissances sur lequel repose cette pratique,  finalement être apte et motivé de proposer et introduire, pour l’amélioration du domaine de l’éducation, ceci dans un but commun : un lendemain meilleur pour tous.361 9.6.5.3. La coopération avec les écoles locales et l’ensemble de la communauté En termes de changements d’ordre général dans l’approche moderne de l’éducation a radicalement changé l’environnement pour l’apprentissage en général, et apprendre à vivre dans une démocratie et gestion de la diversité, favorise le climat, la motivation et le respect mutuel. En plus de salles de classe, il comprend toute l’école, la communauté locale au sens large et pour que l’apprentissage interculturel se réalise dans une variété de paramètres formels et informels, il nécessite une coordination et coopération des institutions et organisations concernées à tous les niveaux. 9.6.5.4. Psychologie des adolescents à risques a) La délinquance-définition Le terme délinquance comprend des formes extrêmes, sociopathologiques et le comportement criminel (à l’exception d’assassiner), tel que le vol, la délinquance... Le terme crime — des activités criminelles, criminalité — est généralement utilisée quand il s’agit d’adultes, et la délinquance quand il s’agit de mineurs. C’est un comportement antisocial, des phénomènes socio-pathologiques dangereux et complexes, très délicats pour la famille, non seulement criminologique, juridique, économique et sociale, mais, tout aussi grave, dans le cadre, éducatif et médical, en général. Ce comportement interpelle et souligne le fait que la société et ses institutions n’ont pas répondu aux signaux que l’enfant ou l’adolescent a envoyés (famille, école, pairs....)

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(traité et développé lors des formations de capacitation des enseignants – Uvira et Fizi — RET RDC 2012).

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b) L’un des segments les plus visibles et les pires formes de comportement anormal chez les jeunes La délinquance peut être adressée  contre les biens et la propriété  contre le corps, la personnalité et la liberté personnelle  contre les mœurs sociales. Ce sont des crimes, délits et crimes (sauf assassiner), qui sont soumis à la responsabilité pénale. Un tel comportement socialement inacceptable et déviant et commettre des crimes, par le système judiciaire est désigné par le terme délinquance juvénile. c) Les différents types et les types de comportements délinquants L.E Hewitt et L.R Jenkins divisent les différents types et les types de comportements délinquants en trois groupes :  Comportement antisocial agressif (cruauté, faire un gâchis, causant) ? Comportement délinquant socialisé (vol dans le groupe, l’absentéisme scolaire, le vagabondage)  Comportement inhibé (timidité, apathie, irritabilité — selon Gruden 1996). Les actes de délinquance peuvent être effectués individuellement, en couples ou en petits groupes. d) Les causes de la délinquance Les situations et les circonstances telles que la guerre et la crise économique (période sociale critique) favorisent particulièrement l’apparition et le développement de la délinquance juvénile. Tout comportement délinquant dans leur aspiration a été causé pour compenser les sentiments de complexes d’infériorité. Les jeunes délinquants sont souvent en conflit avec l’environnement, le droit et l’application des lois, ce qui leur cause un sens accrut de la peur et de l’insécurité. Les juvéniles sont parfois victimes d’actes criminels de leurs parents (reproduction des connaissances). Le phénomène de subculture, un certain milieu dans lequel se socialise et grandit un jeune, est considéré par A. Cohen362 comme la principale cause de la délinquance juvénile. A. Cohen considère le phénomène de subculture comme une référence négative, non utilitaire et jalouse de la vie normale ; agressif sous sa forme, l’individu qui s’y identifie 362

Albert K. Cohen — Psychosociologue et sociologue — américain, ’traite de la problématique des jeunes délinquants, au travers des cultures secondaires’.

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adhère, résultant à la délinquance au moment où cette socialisation influence l’individu à adopter des valeurs inacceptables. Les facteurs économiques/crise  La guerre et ses conséquences363  Les facteurs politiques  Comportement de l’élite au pouvoir envers la criminalité,  Les politiques liées aux armes,  La tolérance envers les différences à l’intérieur de leur propre pays, etc. Les modèles culturels généraux, violents  Les images diffusées par les médias, les messages subliminaux, les contes La mobilité sociale – les migrations, l’urbanisation La réaction sociale : la panique morale, la guerre contre la criminalité, l’augmentation de la répression et les violations des droits de l’homme, augmentation de la criminalité. L’environnement de l’enfant  Les circonstances et relations familiales (négligence parentale) : une famille stable et pacifique représente le soutien et le pilier nécessaire à l’enfant ; par contre, une famille instable et détruite réfère l’enfant à rechercher le soutien en dehors de la famille, principalement, au sein des groupes subcultures ;  La violence sur les enfants ;  L’école – l’échec, la violence, l’apprentissage imposé de modèle de comportement ;  Les problèmes matériels — la pauvreté, l’écart important entre les besoins et les possibilités ;  Situations défavorables, enseignement (abandonner la rue, société délinquante) ;  Le temps libre non organisé

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Messages de sensibilisation sur les droits de l’enfant et le non-recrutement des jeunes et enfants impliqués dans les conflits armés — (RET — RDC 2012).

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e) Les caractéristiques des délinquants Les principaux traits d’un jeune délinquant  Immaturité émotionnelle et sociale ;  Égocentrisme ;  Violence ;  Incapacité de créer un contact intime avec l’environnement et les personnes avec qui il vit. Parmi les délinquants se trouvent aussi des jeunes souffrants de psychose ou de forts troubles et perturbations psychopathes ; Ils s’opposent fermement à toute tentative de contrôle et de modification de leur comportement. Les délinquants sont destructifs, impulsifs, revendicatifs, têtus, hostiles, violents, durs et cruels quand ils sont confrontés à quelqu’un qui s’oppose à eux. Description de deux catégories de délinquants  Individuel (moins dangereux, du groupe, révélé efficace en termes de resocialisation et de réhabilitation)  Social (groupes bien organisés, qui ont construit un solide système de règles de conduite) f) La violence contre les enfants et la justice pour les mineurs Les résultats de la recherche illustrent :  une forte corrélation positive entre la violence contre les enfants et la délinquance juvénile La violence domestique et la justice pour les mineurs La relation de la violence physique contre les enfants de sexe masculin et leur comportement ultérieur, violent, dans la famille et à l’extérieur. Raccordement de la violence contre les filles et leur comportement asocial (fugues) et pénal — La transmission intergénérationnelle de la violence — connexions — présence de la violence du père contre la mère faisant suite au comportement violent des hommes dans la famille et en dehors de la famille. Les agressions sexuelles et la justice pour les mineurs Le lien entre l’agression sexuelle des enfants résultant à des infractions sexuelles commises par des garçons mineurs. Les garçons qui se livrent à la prostitution sont souvent victimes d’agressions sexuelles dans l’enfance. Le lien entre la violence sexuelle et la prostitution des enfants. La plupart des 332

prostituées juvéniles se sont enfuies de la famille en raison de la violence sexuelle et physique. La plupart des prostituées mineures ont été victimes de violence sexuelle. Comportement inacceptable pour les mineurs  L’abus de substances chez les jeunes (stupéfiants, les boissons alcoolisées, les produits du tabac)  Les visites des restaurants et autres lieux publics ;  Les comportements inacceptables dans les lieux de formation — les établissements d’enseignement ;  L’éloignement des mineurs de la maison familiale et les évasions des établissements correctionnels ;  Le vagabondage et la mendicité ;  Boîtes de nuit non autorisées pour les mineurs de moins de 16 ans ;  Les associations illicites et préjudiciables pour les mineurs de moins de 18 ans, organisées par des personnes sujettes à la criminalité, le vagabondage, les diverses formes de maltraitance des enfants ;  Absentéisme à l’école ;  Le vandalisme (destruction de biens, la participation à des émeutes, etc.) ;  L’intimidation – le harcèlement ; g) La Prévention La détection précoce et de diagnostic des troubles : La mise en œuvre systématique de mesures a augmenté les soins et la surveillance des enfants donne des résultats satisfaisants. Étant donné que les délinquants étaient principalement des étudiants des écoles primaires et secondaires, leur comportement socialement inacceptable, délinquant, peut être réadapté par des mesures uniquement éducatives, dont la responsabilité revient au ressors des organes ou des institutions d’éducation, de réinsertion sociale et de la réhabilitation de tutelle. Les parents, l’école maternelle, l’école et la société dans son ensemble devraient prendre constamment soin de mettre en œuvre la prévention dès la petite enfance. Les activités de prévention et de lutte organisée contre tous les types et les formes de comportements antisociaux et délinquants ; l’acquisition des observations et des solutions par la jeunesse elle-même se fait au travers l’inclusion des connaissances dans la salle de classe, les groupes scolaires, les dortoirs des étudiants et les sections où les jeunes passent leur temps libre (maintien d’un environnement sain est une aide importante dans la lutte contre l’impulsion négative de partir, quitter l’environnement).

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h) Recommandations Accorder plus d’attention à l’enfant si :  Des objets de valeur disparaissent de la maison, réductions soudaines dans l’apprentissage ;  L’enfant apporte à la maison des articles dont l’origine est inconnue  Difficultés soudaines à l’école ;  Des blessures sur le corps, ou des changements dans la constitution du corps ;  L’enfant s’intéresse à des contenus morbides (littérature, cinéma...) ;  Fréquentation de maisons et des familles inconnues ;  Changement soudain de comportement. Certaines situations qui présentent un risque par manque de contrôle parental  Les visites et les voyages scolaires ;  Les départs et voyages indépendants  Les sorties entre amis  Le temps libre non organisé en absence des parents.

CONCLUSION PARTIELLE Offrir une éducation à travers la réintégration scolaire n’est pas seulement construire de nouvelles écoles. Ce que les jeunes adolescents apprennent doit être adapté à leur vie et répondre à leurs besoins. C’est là un aspect extrêmement important, non seulement pour les jeunes enfants dissociés des forces et groupes armés, mais aussi pour tous les enfants et jeunes touchés par les conflits dans la communauté. Une approche inclusive, visant à répondre aux besoins de tous les jeunes de la communauté, est plus équitable et peut aussi faciliter la réconciliation dans une communauté divisée et le rétablissement du système de l’éducation. Le système éducatif porte l’individu à apprendre la capacité d’apprentissage nécessaire pour affronter les vicissitudes et les problèmes de la vie dans un horizon du futur. L’école doit servir de lieu de protection des jeunes par excellence et non un lieu de recrutement. Les bonnes écoles sont encore meilleures lorsqu’il y a un lien étroit avec les parents dans la communauté d’apprentissage. Il est clairement démontré qu’une participation accrue des parents se traduit par un rendement supérieur des élèves, un absentéisme moindre, un meilleur comportement et une plus grande confiance chez les enfants. Pour réussir notre réintégration scolaire, nous devrions développer une dynamique de coéducation et de partenariat entre l’institution scolaire de placement et les parents d’élèves. Il ne s’agit pas uniquement de transmettre

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des informations comme c’est le cas actuellement, mais d’accompagner les parents pour les rendre acteurs de la réussite de leurs enfants. Ce processus de développement passerait par la mise en place ou la redynamisation des structures scolaires ci-après : 1. Conseil d’établissement  Donner aux parents l’occasion de jouer un rôle prépondérant dans le conseil d’établissement qui est chargé entre autres de l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation du projet éducatif de l’école. Cela permet à chaque école de se donner sa couleur propre à travers les décisions et les actions du Conseil. Les parents et les gestionnaires des écoles se fixent des objectifs pour améliorer la réussite des élèves et possiblement des actions pour valoriser ces orientations et les intégrer à la vie de l’école. Le conseil d’établissement se penche aussi sur des sujets comme l’encadrement des élèves, le budget de l’école, les frais exigés des parents, etc. 2. Le comité de parents  Le comité de parents constitue la seule structure scolaire permanente, vouée à la défense des intérêts des parents, à l’expression de leurs besoins et à la promotion de leur participation. Ses responsabilités sont entre autres de donner son avis sur le fonctionnement du Conseil d’établissement et d’exprimer les besoins des parents à l’égard.  Toutes les écoles ont un comité de parents qui ne se réunit que pour fixer la prime des enseignants sur base des propositions des gestionnaires des écoles. Ces parents ont oublié leur rôle régalien qui assure que les intérêts des parents et des élèves soient toujours au premier plan.  Nous remarquons que la relation entre les parents et l’institution scolaire, qui est naturelle à l’école primaire par endroits, se distend à l’école secondaire, du fait de la multiplication des interlocuteurs et de l’indépendance accrue de l’adolescent. De nombreux membres de la communauté éducative considèrent que cela contribue aux problèmes d’indiscipline et d’absentéisme ou d’abandons précoces qui surgissent dès l’école secondaire, le plus souvent accompagnée d’un désinvestissement précoce vis-à-vis de l’école. 3. Développement de programmes d’éducation aux droits et à la paix  Les formes de violences qui sévissent dans nos écoles sont diverses. Les violences quotidiennes dues à des facteurs comme les antécédents personnels entre élèves (traumatismes dus au conflit), les relations étroites, les gènes à l’école, les inégalités sociales, etc. 335

 L’école constitue un espace où se développent des formes variées de violence et y placer un jeune enfant dissocié des forces et groupes armés, sans suivi, c’est favoriser l’expression de ses frustrations.  Asseoir la culture de paix, l’enraciner profondément dans la société ne pourra se faire que par l’éducation à la citoyenneté, aux droits, à la diversité et à la paix auprès des jeunes et adolescents qui constituent plus de 50 % de la population au Sud-Kivu.  Un programme d’éducation à la paix à la citoyenneté dans les écoles vise à favoriser un changement de comportements pour une culture de la non-violence et de la gestion pacifique des conflits. 4. L’instauration des gouvernements scolaires  Le gouvernement scolaire, ou gouvernement des enfants est avant tout un outil de participation des enfants. C’est une structure dans laquelle les élèves peuvent concrètement apprendre à “vivre ensemble” : le défi de la démocratie, de la pluralité, de l’ouverture sur le monde.  C’est un cadre de réflexion et d’action permettant aux élèves de découvrir, de manière expérimentale, la société au sens large et de vivre leur citoyenneté.  Le gouvernement scolaire permettra une pratique réelle des principes de citoyenneté à l’école et dans les classes. C’est un excellent instrument d’implication et de responsabilisation des élèves, qui permet une familiarisation avec les institutions de la République.  Il permet de promouvoir une culture de la paix chez les jeunes et de renforcer la solidarité entre les élèves. Il peut aider à l’amélioration de l’environnement scolaire (toilettes, cour…) du taux de réussite, du taux de fréquentation des écoles.  Il peut favoriser le développement dans les écoles d’une solidarité agissante, un renforcement des apprentissages et une lutte systématique contre l’absentéisme, le respect des droits des enfants, la médiation dans le cadre de la culture de la paix.  Pour réussir notre réinsertion scolaire, il nous faut travailler sur l’amélioration de la qualité et la pertinence de l’enseignement. Cela concerne essentiellement l’amélioration de l’efficacité interne, l’appui à la mise en œuvre d’une stratégie de revalorisation de la fonction enseignante ainsi que le soutien aux communautés locales pour le développement de l’éducation des enfants.

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CHAPITRE DIXIÈME La pédagogie : l’interdisciplinarité, la transdisciplinarité et la multidisciplinarité dans le domaine de l’éducation

10.1. LA PÉDAGOGIE La pédagogie est systématisée comme un domaine scientifique des sciences sociales avec les branches concernées, les sous-secteurs, les disciplines et sous-disciplines. La pédagogie comme une science de l’éducation en raison de sa complexité est liée étroitement à d’autres sciences. La relation de la pédagogie avec d’autres sciences explique l’approche multidisciplinaire, l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité.

10.2. L’INTERDISCIPLINARITÉ La nature interdisciplinaire de l’interaction des différentes disciplines permet de résoudre des problèmes et des tâches spécifiques. L’éducation exige une approche interdisciplinaire. Il existe des liens forts avec la pédagogie, la psychologie, la sociologie, l’économie et la philosophie. Dans le cadre de développement, les recherches indiquent clairement les avantages de l’interdisciplinarité, s’orientent sur la complémentarité flagrante de différentes disciplines. Ces disciplines s’entremêlent, se complètent ou participent au développement des unes et des autres.

10.3. LA TRANSDISCIPLINARITÉ La transdisciplinarité peut être définie comme “quelque chose qui en même temps affecte les disciplines scientifiques, relie les disciplines scientifiques et va au-delà des disciplines scientifiques.” La transdisciplinarité est une combinaison de disciplines et de non-disciplines et permet l’interaction entre la science et la société.

10.4. LA MULTIDISCIPLINARITÉ La multidisciplinarité se réfère à un problème particulier avec deux ou plusieurs sciences, de point de vue différent, explorant chacun pour soimême. La multidisciplinarité est un rassemblement de toutes les sciences pertinentes en faveur d’un secteur particulier, afin d’encourager le dialogue interdisciplinaire et de coopération entre les disciplines, et au travers la transdisciplinarité, surmonter leurs différences en les fusionnant dans une vue/point unique. Bien que l’approche multidisciplinaire favorise le contact, le dialogue interdisciplinaire entre les disciplines, la transdisciplinarité est une combinaison de transdisciplinarité multidisciplinaire.

10.4.1. La Pédagogie et la Psychologie La psychologie peut être définie comme la science du comportement et des processus mentaux. Dans la psychologie, comme une science indépendante, il y a plusieurs branches qui sont liées à la pédagogie. La délimitation des différentes branches de la pédagogie et de la psychologie tient compte des bases spécifiques des deux sciences. La participation de la pédagogie dans la psychologie, mais aussi dans d’autres sciences permet d’examiner tous les aspects d’un problème, et fournir une solution adaptée aux conditions et les circonstances de la vie et de l’environnement social d’un enfant. En outre, nous essayerons de décrire et d’expliquer une partie de la branche de la psychologie, liée à la pédagogie.

10.4.2. La psychologie pédagogique La psychologie pédagogique est une branche indépendante de la psychologie qui étudie l’aspect psychologique de l’éducation, ou la légalité de l’apprentissage et de l’enseignement. L’étude fondamentale de la psychologie pédagogique est “l’apprentissage” et tout ce qui est lié à ce processus. Au sens large, l’apprentissage apparaît comme un processus fondamental de toute éducation, ainsi que la socialisation et l’humanisation de l’homme. Comparé à un environnement et apprentissage externe, l’enseignement scolaire est sans aucun doute une place de choix et de rôle. Il participe à la formation des étudiants, non seulement pour recevoir des informations et, de participer à diverses formes d’exercices, mais également obtenir des instructions d’experts et des conseils pour l’auto apprentissage ainsi que l’utilisation appropriée des différents gadgets éducatifs, des livres, de la littérature et des outils pédagogiques. Sa qualité dépend beaucoup des connaissances plus complètes des problèmes psychologiques de l’apprentissage, de la mémoire, puis des possibilités d’apprentissage des élèves à différents stades de leur développement ainsi que leur motivation pour l’enseignement et l’apprentissage autonome. 338

10.4.3. L’éducation et la psychologie pédagogique La psychologie de l’éducation explore comment organiser les effets de l’apprentissage par rapport au développement cognitif et les propriétés motivationnelles de l’enfant, mais aussi des compétences, des connaissances et motivations de l’organisation du travail et les méthodes d’enseignement et d’apprentissage. La psychologie pédagogique dès lors examine les principes psychologiques dans la réalisation des objectifs internes de l’éducation et les facteurs psychologiques de l’apprentissage. L’objectif interne de l’éducation est en effet souhaité cognitif, affectif et le changement psychomoteur des personnes, notamment le développement psychologique de l’individu à la suite de l’apprentissage organisé.

10.4.4. La pédagogie psychologique-psychopédagogie Selon Johann Friedrich Herbart, le fondateur de la pédagogie académique, l’exercice de la pédagogie pratique est d’adopter la pédagogie des valeurs éthiques par l’utilisation des connaissances de la psychologie scientifique. Ainsi, dès le début, la pédagogie et la psychologie sont connectées. La psychologie dès lors représente une éducation de base et, finalement, l’acceptation des méthodes de recherche scientifique – psychologie — éducation — soins.

10.4.5. La pédagogie psychanalytique Dans les années vingt du 20e siècle est apparu le terme “Pédagogie psychanalytique", et dont l’objectif était d’identifier les causes de l’échec de développement, dans l’enfance et l’adolescence d’une personne, et de créer le concept éducatif basé sur l’anthropologie et la théorie du développement, contenu dans la psychanalyse freudienne. La pédagogie psychanalytique contemporaine est orientée vers l’association des fondements théoriques de la pédagogie et de la psychanalyse, vers l’étude de la pratique éducative et psychanalytique, et les efforts de la psychanalyse pour comprendre la situation pédagogique et la relation pédagogique de l’éducation.

10.5. LA PÉDAGOGIE EXPÉRIMENTALE La pédagogie expérimentale, apparue au 19e siècle se concentre sur le développement et l’état des sciences naturelles et sociales. Les premières expériences relatives à l’étude de la ‘sensation’ ont par la suite été étendues à des processus mentaux plus complexes. L’introduction d’expérimentation dans la psychologie a conduit à l’étude des problèmes qui ont été associés et traités en pédagogie. Pour la pédagogie expérimentale, cette découverte

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représente un facteur important, car les recherches ont été menées dans le cadre de la psychologie pédiatrique (différences chez les enfants, des tests d’intelligence, tests de langue pour les enfants, etc.) Les pédagogues ont fait valoir que l’expérience pédagogique doit être distincte de la psychologie. Elle est orientée principalement vers l’enfant, plaçant l’enfant au centre de son attention. La pédagogie expérimentale examine les questions liées directement à l’enfant, lesquelles permettent l’acquisition des connaissances nécessaires à son sujet, afin de plus étroitement, percevoir, comprendre et assurer tous les éléments et conditions nécessaires pour son développement. Ainsi, l’expérience psychologique typique est de déterminer les conditions générales, tandis que l’expérience pédagogique spécifie principalement les résultats individuels significatifs. Le psychologue disposant des connaissances sur les processus psychologiques contribue aux travaux du pédagogue, qui, utilisant les résultats des expériences psychologiques, fixe des objectifs spécifiques.

10.5.1. La Pédagogie et la sociologie Jusqu’à récemment, les pédagogues contemporains estimaient l’éducation en générale, une particularité individuelle, basant la pédagogie sur la psychologie. Pour Kant, Herbert et Spencer, le but de l’éducation est de développer au plus haut niveau possible, dans chaque individu, les caractéristiques essentielles, par excellence, de l’espèce humaine en tant que telle. Ils ont considéré comme ‘vérité évidente’ qu’un seul (aucun autre) type d’enseignement correspond à tous les individus de façon égale, indépendamment des conditions historiques et sociales dont ils dépendent (E. Durkheim). Le type d’enseignement qui est égal pour toutes les personnes ne peut être concevable, ni approprié. Non seulement il n’y a aucun type d’éducation qui serait valable pour tout le genre humain, mais encore il n’y a presque pas des sociétés dans lesquelles il n’existe pas plusieurs systèmes pédagogiques, simultanément. Aujourd’hui, nous pouvons voir la différence en fonction de la classe sociale, du type de peuplement, etc. Il est clair que les objectifs de l’éducation de plus en plus ambitieux, dépassant les cadres locaux ou ethniques qui la limitaient, deviennent plus larges et plus abstraits. Toutefois, dans une certaine mesure, demeurant liés. Car n’est-ce pas les communautés qui les imposent ? La communauté, en fait, contraint d’élever et d’éduquer dans ce sens, à tel point qu’elle-même s’approprie la tâche. Dès lors, la sociologie et la pédagogie sont inséparables. Ainsi, l’individu et ses intérêts, loin d’être son principal et unique objectif, l’éducation est essentiellement un moyen par lequel une société assure en permanence ses propres conditions d’existence. La société ne peut exister que s’il y a l’unité entre ses membres et de l’unité de maintenir et de 340

renforcer l’éducation, par le fait d’inculquer à l’enfant un sentiment d’appartenance fondamental qu’exige la vie dans la communauté. Pendant que la psychologie étudie tous les facteurs qui influent l’éducation qui nous est inhérente, la sociologie étudie de quelle manière l’impact social et environnemental influencent l’éducation. N’étant pas une base suffisante pour la pédagogie, la sociologie est incluse, pour nous aider à comprendre les objectifs éducatifs, en les reliant aux conditions sociales dont ils dépendent, ou, quand la conscience sociale est confuse et incertaine, ne sachant plus quels sont ces objectifs, de pouvoir les redéfinir. La sociologie a un rôle décisif en matière de détermination des objectifs éducatifs. Mais quand il s’agit de la sélection de ressources pédagogiques, la psychologie a un grand avantage. Ainsi, l’idéal pédagogique, lequel reflète principalement les besoins sociaux, ne peut pas par définition être obtenu autrement qu’au travers l’individu, qui la compose. ‘Parce que l’éducation a des objectifs sociaux, les moyens par lesquels ces objectifs sont atteints doivent avoir un caractère social.’ — E. Durkheim. — Par conséquent, mieux l’on maitrise les courants de la société (contexte), mieux l’on comprend et maitrise le micro-cosme social qu’est l’école, tout aussi bien que les conséquences sociales et politiques des sélections ou orientations, relatives à l’éducation (définis par la sociologie pédagogique).

10.5.2. La Pédagogie et l’économie Les sciences économiques étudient les relations entre les personnes dans le processus de la production, la distribution, l’échange et la consommation des biens matériels, à savoir, le processus des affaires économiques. Étant donné que les objectifs de l’éducation peuvent être à la fois externes et internes, l’évaluation peut également être externe et interne. Les objectifs externes de l’éducation sont de nature économique, politique, culturelle et écologique, lesquels en sus déterminent la viabilité économique des investissements dans le domaine de l’éducation, et vice versa, les effets culturels, sociaux et environnementaux produits par l’éducation.

10.5.3. L’économie de l’éducation et de la formation L’économie de l’éducation est un domaine qui englobe la recherche et l’analyse des différents aspects économiques et financiers de l’éducation. Elle explore l’interdépendance du développement économique et de l’éducation, de la viabilité économique de l’investissement dans l’éducation et les effets non économiques de l’éducation. Dans un sens étroit, le sujet de son matériel de recherche est ; les ressources humaines et financières, en tant que facteurs indispensables (‘input’) pour le fonctionnement des institutions éducatives. Dans un sens plus large, le sujet de l’étude de cas de l’économie de l’éducation est une ‘fonction de production’, une activité commerciale 341

spécifique dans sa détermination sociale et économique. La détermination d’output du système de l’éducation dont les caractéristiques répondent aux besoins de l’économie et de la société qui est en constante évolution est un autre domaine important de l’influence sociale dans la ‘fonction de production’ de l’éducation. L’output du système éducatif est particulièrement spécifique. Elle est inséparable de l’être humain, étant un être générique. Dans le processus de l’éducation, l’individu, en même temps, a le rôle et de sujet et de l’objet. La qualité de l’output du système d’enseignement n’est pas déterminée de façon unique. Elle est en partie exprimée par la qualification acquise, ce qui rend l’hypothèse de base de l’augmentation de la productivité et la contribution individuelle de nombreuses autres spécificités des personnes formées, lesquelles le positionnent valablement sur l’échelle des valeurs. L’économie et l’éducation sont inter conditionnelles, parce que l’éducation peut être considérée comme un facteur économique, et l’économie comme un facteur éducatif. L’augmentation du niveau d’éducation des individus et de la société permet un impact direct sur l’augmentation de la création de valeurs d’usage, et cela se reflète au travers l’augmentation du revenu national, l’augmentation du pouvoir d’achat des populations, la consommation d’énergie, etc. Puisque l’éducation est un processus de longue haleine, il est nécessaire de l’aligner sur le développement socio-économique, long terme, car elle caractérise l’influence mutuelle de l’éducation sur la production et la consommation de la durée relativement longue de la formation, qui doit être considérée comme un investissement à long terme. L’analyse des liens entre le développement économique et l’éducation fournit les réponses correspondantes par rapport aux besoins de changements structurels. En ce qui concerne la hausse du chômage et de l’inflation, par exemple, elle permet la planification temporelle de la structure éducative des employés, dans le but de répondre correctement aux exigences sociales.

10.5.4. La pédagogie et les autres sciences La pédagogie comme une science interdisciplinaire est associée à de nombreuses autres sciences, lesquelles ont commencé à se développer dans le contexte de la philosophie. Ainsi, certaines parties de la philosophie traitent l’éducation scolaire, définie par la philosophie de l’éducation. La philosophie de l’éducation est concentrée sur la problématique générale de la connaissance, les valeurs, les connaissances, la structure et la configuration, ainsi que la qualité de la connaissance dans la perspective du développement intellectuel de l’individu, le contenu des matières, le curriculum, les questions générales des processus éducatifs et du capital intellectuel en général. Le sens et la valeur exceptionnelle de la philosophie pédagogique et ses disciplines reposent sur les constantes découvertes et créations, entrainant de nouveaux développements dans la compréhension, soit, de 342

l’éducation, des objectifs auxquels elle aspire, ou de l’émergence de nouveaux et la disparition des anciens paramètres et paradigmes. L’on déclare généralement que ‘la pédagogie est aveugle sans la philosophie et que la philosophie n’a pas de sens sans pédagogie’. Une autre science importante, liée à la pédagogie, est l’anthropologie — anthropologie pédagogique —. Cette discipline étudie la structure et la fonction des êtres humains, dont l’évolution naturelle de leurs capacités est atteinte au travers l’apprentissage. K.D. Ushinsky a inclus dans l’enseignement un certain Nombre de sciences qui étudient l’individu et les conditions dans lesquelles il vit et travaille, comme l’anatomie, la philosophie, la psychologie, la géographie, l’économie et la société politique. Ainsi, basé sur la connaissance de l’anatomie et de la physiologie, le système de l’éducation physique est organisé, et sur la base de la connaissance de la psychologie, se développent les compétences du système de l’éducation, des compétences intellectuelles, des intérêts, de la volonté et des émotions. Tableau 38 : Les théories de l’éducation d’après Yves Bertrand No Théories

Éléments structurants

Valeurs spirituelles inscrites dans la personne, métaphysique, 01 Spiritualiste Tao, Dieu, intuition, Dimension spirituelle du cosmos Croissance de la personne, inconscient, 02 Personnaliste affectivité, désirs, pulsions, intérêts, le je Processus d’apprentissage, connaissances préalables, Psycho représentations 03 cognitive spontanées, conflit cognitif, profils pédagogiques, culture préscientifique

Auteurs

Sources

Terminologie américaine

Bucke, Capra, Eliade, Emerson, Ferguson, Fatinas, Herman, Henderson, Jung, Lao-Tseu, Léonard, Thoreau, Valois

Religions, métaphysiques, philosophie orientale, mystique, taoïsme, bouddhisme

Cosmic consciousness perennial philosophy, metaphysics, eastern philosophy

Adler, Angers Freud, Lewis Maslow, Neill, parquette, paré, Rogers

Psychologie humaniste, personnalisme, herméneutique, psychanalyse

Romantic humanism, naturalism, Nondeterministic, free school, open education

Bachelard, Bednarz, De la Garanderie, La Rochelle et Desautels, Piaget, Taurisson

Psychologie piagétienne, psychologie cognitive, épistémologie constructivisme

Cognitive development, misconceptions, developmental psychologie

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04

05

Technologique

Sociocognitive

06 Sociales

Informations, technologies de la communication, information, médias, approche systémique de l’enseignement, construction de la connaissance

Culture, environnement social, milieu ambiant, déterminants sociaux de la connaissance, interactions sociales

Classes sociales, déterminismes sociaux de la nature humaine, problèmes environnementaux et sociaux, pouvoir, libération, changements sociaux.

Contenus, matières, disciplines, logique, raisonnement, intellect, culture occidentale, 07 Académiques traditions, humanités grécolatines, œuvres classiques, esprit critique

Briggs, Baordier, Carroll, Cunningham Dick et Carrey, Gagné Glaser, Landa, Mager, McMahon, O’Neill, Paquette, Prégent, Skinner, Stolovitch Bandura, Brown Bruner, Clancy,Collins, Cooper, Doise,Duguid, Gilly, Houssaye Johnson et Johnson ,Yoyce,Kagan, Lefebvre-Pinard ,Mclean,Mugny, Pilinscar,Pea, Sharan,Sims, Slavin,Viau, Tureil,Vygotsky Apple, Aron witz, Bourdieu, Dewey, Farquin Freire, Giroux Grande” Maison, Illich,Jontsch, Lapassade ; McClaren, Passeron, de Ronsay, Shor, Sleeter, Stanley, Toffler,Young Adler, Bloom, Conseil supérieur de l’éducation, Domenach, Ethier, Gadbois, Gilson, Henry, Hutchins, Laliberté, Lavalée, Marsolais, Paul, Scriven

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Artificial intelligence, computer-based training, Cybernétique, hypercoureware, systémique, théorie intelligent learning des communications, environment, behaviorisme, instructional design, psychologie cognitive cybernetics, minimal training, compegtency training, systems approach

Sociologie, anthropologie, psychologie

Cooperative learning, cooperative teachning, pragmatism, social cognitive education, sociolo-conflict.

Sociologie, marxisme, sciences politiques, théorie critique, écologie, études féministes, sciences de l’environnement

Progressive education,reconstru ctivism, Marxist theory of education, critical teaching, multicultural democracy

Littérature classique, philosophie, culture générale.

Basics, classical realism,humanities, essentialism, general education, liberal arts, critical thinking

10.6. LES FORCES, LES FAIBLESSES ET LES OPPORTUNITÉS DE L’ACTUEL SYSTÈME ÉDUCATIF EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Partant de l’hypothèse selon laquelle les identifications des forces, faiblesses et opportunités du système éducatif congolais, actuel, permettent une recherche de solutions plus structurée, au cours des formations de capacitation des enseignants.364

10.6.1. Les forces du système éducatif congolais, actuel  Une abondante population en âge de scolarité ;  Dans certaines écoles, les infrastructures sont fiables et en mesure d’accueillir de nouveaux élèves, parmi lesquels les enfants sortis des forces et groupes armés (territoires d’Uvira et de Fizi).  Un programme éducatif national : un plan national stratégique 2011 – 2015.  Enfin, il convient de souligner la détermination et l’engagement exceptionnels dont ont fait preuve les autorités scolaires et les enseignants tout au long de la formation de capacitation.  L’encouragement et l’augmentation du pourcentage des filles à l’éducation formelle,  La contribution (prime) des parents au système scolaire durant 2 décennies,  La promulgation de la loi sur la gratuité de l’enseignement au niveau primaire. 10.6.2. Les faiblesses actuelles du système éducatif congolais  Les procédures d’agrément, considérées anarchiques ;  Nombre insuffisant d’écoles secondaires, résultantes à l’obligation de location de salles de classes ou de bâtiments ;  Les supports pédagogiques fournis aux écoles, telles que le matériel didactique, les manuels scolaires, etc. sont largement insuffisants et inexistants pour certaines écoles.365  La suppression de postes pourtant nécessaires comme le surnuméraire ou le secrétaire ;  Les salaires insuffisants, péjorant la qualité de l’enseignement ; 364

RET RDC Programme de démobilisation, réhabilitation, réintégration et prévention de recrutement des adolescents dans les forces et groupes armés, dans les territoires d’Uvira et Fizi en province du Sud-Kivu, 2012. 365 RET RDC, le plan national stratégique 2010, 2011 — 2015, 2016, a été imprimé et distribué aux structures scolaires difficilement accessibles – RET 2012).

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 Il apparait que bon nombre d’écoles sont créées sans considération pour la carte scolaire et que, parallèlement à ce phénomène, le manque d’enseignants qualifiés dans certains établissements ;  Identification d’irrégularités, voire de tricheries, dans le système d’évaluation, en particulier au travers des examens à choix multiples. La combinaison de ces lacunes au sein du système éducatif congolais conduit, à l’heure actuelle, à la baisse, constatée par les participants à la formation de capacitation, du niveau général de formation des élèves.  La politisation du système scolaire par les élus du peuple,  L’insuffisance du nombre des inspecteurs d’enseignement primaire et secondaire par rapport aux nombres d’écoles,  La sous-qualification de plusieurs enseignants, surtout en milieu rural,  La négligence des cours de calligraphie et l’acculturation du cours de travail manuel,  La non-révision de la Loi-cadre de l’enseignement, devenu inadapté.  La faiblesse de la recherche scientifique, 10.6.3. Les opportunités  L’existence tant d’institutions secondaires que de cybercafés pouvant servir aux élèves dans leurs recherches.  Les organisations internationales portées vers le domaine de l’éducation et dont le concours doit être mis au service des développements promus par ce document.  Enfin, grâce au système de motivation des enseignants, soit la prise en charge des salaires des enseignants par les parents, il est possible de compter sur le soutien de ces derniers dans l’amélioration du système éducatif.

CONCLUSION PARTIELLE Le domaine de l’éducation doit être ouvert à d’autres sciences. Celles-ci suggèrent l’hypothèse de son développement ultérieur. L’ouverture à d’autres disciplines à leurs connaissances et points de vue, à la coopération étroite, renforce la liberté de la pensée et de la créativité, condition préalable pour le développement de la science. Les études interdisciplinaires et transdisciplinaires dans l’éducation ne peuvent être atteintes que si les scientifiques et les experts qui s’en occupent sont disposés à des opinions positives sur la nécessité d’une telle approche, et que la formation pour le travail qui exige la création de la synthèse et

346

l’établissement de relations de coopération, soit continue366, conciliant, présente les liens indéniables entre la pédagogie, certaines grandes disciplines scientifiques, les approches appropriées au contexte congolais, les gaps observés dans le contenu des matières, mais aussi, les thèmes lesquels ont attiré l’intention particulière des enseignants, les forces, les faiblesses et les opportunités du système scolaire congolais, actuel, identifiées par le corps enseignant, et surtout, l’obligation de formation continue des cadres enseignants, soulignant en même temps, le caractère interdisciplinaire de la pédagogie. Par conséquent, de son enseignant innovant, duquel dépend la jeunesse congolaise, plus particulièrement, celle à risques. À cet égard, ce travail comme une percée théorique a été réalisé sous l’influence d’une série de connaissances pratiques et de partage sur l’expérience dans l’enseignement directe, dans le but d’élever à un niveau supérieur l’Institution de l’Éducation, capable de répondre avec qualité aux exigences sociales, nationale. “Le savoir est enfin reconnu pour ce qu’il est, c’est-à-dire une richesse collective, un facteur de progrès économique et un atout dans la position compétitive des nations. Cela se traduit par un accroissement du rôle d’acteur économique des universités et par de nouvelles contraintes, dont la principale est qu’on s’intéresse de plus en plus à nous : attentes accrues quant à la qualité et la pertinence de nos programmes de formation, quant à l’accessibilité, à la durée des études et au taux de diplômassions, quant au placement de nos diplômés, quant à l’efficacité de gestion des fonds publics mis à notre disposition”.367

366

Le document stratégie pays portant sur la pédagogie adaptée aux jeunes à risques, en RDC (RET RDC – 2013. 367 Monsieur François Tavenas — recteur de l’Université Laval — 1997 à 2002.

347

CHAPITRE ONZIÈME La sensibilisation-conscientisation et la création des toiles préventives

Cette stratégie vise le renforcement des capacités et le transfert de connaissances afin d’éliminer le recrutement et le départ volontaire des enfants et adolescents dans les forces et groupes armés et d’éliminer les pratiques négatives. Les séances de sensibilisation doivent être axées sous le paradigme lancé par la Convention internationale des droits des enfants en 1989 ainsi qu’aux réglementations internationales et nationales, telles que le cadre opérationnel national du DDR, en RDC, les Principes de Paris et la résolution 1612 du Conseil de sécurité des Nations unies. Dans le cadre de la construction de la paix, des principes pacifiques de résolution des conflits, de la réunification, particulièrement, associe certaines de ses activités au Traité de Lisbonne, lequel encourage le développement de la communication. La situation des enfants à risques, comme les enfants sortis des forces et groupes armés, ayant des besoins spéciaux, dans un environnement post conflit, en République Démocratique du Congo, dépend du rétablissement tant personnel que collectif et du développement d’attitudes positives de la société, envers ces derniers, représentant la clé motrice pour la restauration générale d’un pays, meurtri et sinistré par les guerres à répétition. Sur le plan programmationnel : fondée sur le principe de base considérant le cas de la participation des peuples dans la création des conditions de paix durable et visant à renforcer la cohésion interne des groupes de résolution des problèmes et leurs compétences, la sensibilisation créera des ponts entre les différentes crises, les différents acteurs et les différents secteurs. Ce principe, avéré capital, pour apporter des solutions intégrées et durables, et ira dans le cadre de maintien de la paix et le développement, de soutien général à la scolarisation des jeunes et leur protection. Nous référant à la situation présente et des nombreuses difficultés rencontrées durant la mise en œuvre du programme DDR-Enfants, lesquelles

constituent une riche et pertinente expérience, ainsi, l’approche globale comprenant la collaboration directe et étroite avec les autorités administratives et militaires, locales et provinciales, la collaboration technique avec l’Unité gouvernementale du programme national DDR, les partenaires internationaux, et les Coalitions, composées des Autorités locales, des membres des Associations Locales, de différents Représentants militaires, et des membres des communautés doit être absolu. Au niveau de réalisation de ce programme, cela représente également une opportunité de rapprochement des autorités locales (chef de village, chef de localité, chef de groupement, chef de chefferie, chef de cité…) avec l’autorité administrative territoriale (Administrateur du territoire), conséquemment avec les Autorités provinciales, laquelle contribue à la solidification de leur collaboration, les échanges des informations fiables et les recherches de solutions appropriées, au travers les rencontres et les réunions organisées. Sur le plan technique, notamment la vérification et contre-vérification des présumés enfants soldats, sortis des forces et groupes armés, suivant les recommandations du Cadre opérationnel national, sera complétée par la participation active des autorités administratives de la Province dans toutes les étapes du programme, et de cette manière, contribue à l’enrichissement et au complément dudit document. La contre-vérification simultanée, réservée à l’agence d’exécution, résultant à la certification ou non de l’EAFGA, comme à l’accoutumée, sera réalisée par le Psychologue et vérificateur, participant aux missions, responsable du volet psychosocial du programme. L’objectif global de notre programme est de parvenir à 0 enfant dans les forces et groupes armés, au travers la résolution des différends des parties prenantes, résultantes à des solutions pacifiques, la protection des enfants, de sorte qu’ils soient habilités de contribuer activement au développement et à la reconstruction de leur pays, bâti sur l’apprentissage, notamment, l’éducation formelle ou professionnelle de ces derniers. Les efforts communs, fournis, dans la réalisation de cet objectif global et sa finalisation, permettront dès lors aux agences de protection de l’enfance de se concentrer sur d’autres situations de vulnérabilité extrêmes des jeunes, à l’heure actuelle, les plus dévastatrices pour le pays.

11.1. LA CRÉATION ET L’ÉTABLISSEMENT DE TOILES PRÉVENTIVES, DANS LES COMMUNAUTÉS ET LES ZONES À RISQUES, PERMETTRONT

 L’éradication du phénomène enfants soldats,  L’éradication des pratiques négatives,  La stabilisation de la situation sécuritaire

350

Tableau 39 : Éléments clés de création de la toile préventive a) Prise de contact — réunions Présentation ; Tour de table

c) Sujets de discussion Enfants Soldats : État des lieux, Causes, conséquences, Identification, Pratiques négatives observées : Identification, état des lieux, causes, Conséquences Situation sécuritaire : État des lieux, Causes, conséquences b) Hypothèses de la stratégie ; d) Processus : Les participants sont disposés à : Les présentations sont interactives ; Partager leurs expériences et entendre celles Présentation des objectifs pour la création de des autres, la toile préventive, Partager les informations pertinentes, Proposition de couverture des aspects Proposer des pistes de solutions appro- opérationnels. Messages à partager et à priées ; transmettre. Proposition de pistes de solutions appropriées. Implication de toute la communauté, Leçons apprises/Impacts.

11.2. PARTENARIAT ENTRE LES COMMUNAUTÉS : RENOUVELER LA CULTURE DE PARTENARIAT

Afin de répondre au monde compétitif et aux besoins sociaux et communautaires qui représentent les conditions primaires pour le développement d’un pays, le partenariat entre les communautés doit être assuré. Un environnement favorable et organisé permettra à la jeunesse du Congo d’étudier, laquelle sera alors en mesure de répondre aux défis globaux, aussi bien au plan national (local, provincial, national), que mondial. La jeunesse du Congo est dépendante des décisions et des influences. Tableau 40 : Les éléments de partenariat entre les communautés L’effort Un effort fourni est toujours récompensé, La valeur de l’effort fourni vous représente et vous définit Vous êtes observé au travers votre effort fourni Comment souhaitez-vous être vu par le monde ? Comment souhaitez-vous être vu et jugé par le monde ? Visionnez votre communauté selon votre souhait. Que pouvez-vous faire individuellement pour atteindre cette vision ? Que peuvent faire les membres de la communauté, unissant tous les efforts individuels ? Communauté sans effort ? Communauté avec efforts ? Pour la création de milieux favorables pour les plus jeunes, et le développement d’une communauté, il est indispensable que ses membres :

Approche Assurer une approche Plus intégrée Plus élargie Axée sur le changement des réflexions dépassées, Axée sur les résultats dans la communauté C’est aux enfants d’aujourd’hui qu’appartient le futur du pays, protégez-les et éloigner des mauvaises pratique. Tout aussi important, dans l’esprit de partenariat, il est nécessaire de partager ses visons et ses connaissances des vastes objectifs de protection nationale et internationale, usant de tous les outils juridiques disponibles pour la protection des enfants, la restauration des bonnes pratiques, et le maintien de la paix, dans les communautés.

351

 S’informent, préviennent, S’opposent, dénoncent 1 °) — toutes les exploitations et tous les abus des enfants ; 2 °) — L’instauration ou l’imposition de toutes formes de pratiques négatives, 3 °) — toutes les personnes ou groupes de personnes qui créent des conflits, de loin ou de près, plaçant en danger la communauté. Les valeurs La protection Les droits fondamentaux des enfants, Promouvoir et garantir les droits des enfants, Éducation à la paix et au respect des cultures, Encourager l’utilisation des instruments L’éducation à la citoyenneté, juridiques nationaux et internationaux, La place de l’enfant, respecter le statut légal adéquat, La place de la femme, protégé du retour dans les forces armées, La lutte contre la stigmatisation promouvoir la réunification familiale ; — Les droits fondamentaux de l’enfant : Une famille forte, une communauté forte, un Le droit à la vie, le droit à la santé, le droit à pays fort. l’éducation, le droit à la famille, le droit à la — Les solutions durables protection contre le racisme et toutes formes Les solutions durables, communautaires sont de discrimination, le droit à la protection capitales ; contre l’exploitation dans le travail, le droit à Pour leurs indépendances, la protection contre l’exploitation sexuelle et Pour leurs dignités, les mauvais traitements, le droit à une Pour des milieux stables et développés, identité culturelle et religieuse, le droit à la favorisant l’épanouissement de la vie liberté d’opinion et d’expression, etc. éducative économique et sociale Les défis Pour s’assurer que nos efforts à protéger et à assister les enfants sont efficaces, il nous faut : Comprendre leurs différences culturelles et religieuses, comprendre l’environnement dans lequel ils ont grandi ; Les entendre et comprendre, Les soutenir dans la créativité et les accompagner, les encourager à la productivité, instaurer la culture de la paix, instaurer les bonnes pratiques, mettre fin à la perpétuation des dépendances — Les filles et femmes ex — combattantes Reconnaître la différence : L’enrôlement ne touche pas de la même façon les garçons et les filles, étant des filles, elles sont davantage exposées à des risques, dans les situations de conflits, les filles font face au danger accru d’exploitation sexuelle, d’abus et de violences, dont les séquelles des traumatismes ne demeurent à jamais.

11.3. PRÉVENTION — ÉDUCATION : PROGRAMME          

Sensibilisation — conscientisation, Partage d’expériences, Partage d’informations, Transfert des connaissances acquises, Élaboration d’un plan d’action communautaire, Organisation des communautés, Création d’une toile intercommunautaire préventive afin de : Bannir le phénomène enfant soldat, Bannir les pratiques négatives, Maintenir la paix 352

 Promouvoir la protection des enfants,  Promouvoir l’éducation,  Promouvoir le respect interculturel

11.4. PROGRAMME     

Sensibilisation, Partage d’expériences, Partage d’informations, Transfert des connaissances acquises, Élaboration d’un plan d’action communautaire. Figure 13 : Schéma de sensibilisation et transfert des connaissances

Source : RET RDC

   

Organisation des communautés Création d’une toile intercommunautaire préventive Engagements individuels et collectifs Effort collectif pour faire la différence et devenir un modèle à suivre

353

Figure 14 : Schéma de création de toile préventive communautaire et intercommunautaire

Source : RET- RDC

354

PARTIE 5 EXPÉRIENCES ET EXPERTISE

CHAPITRE DOUZIÈME Quelques modèles-types de business-plans réalisés en partenariat avec le Guichet d’Économie Locale Sud-Kivu, “GEL”

12.1. LE PAQUET MINIMUM DE RÉINTÉGRATION ÉCONOMIQUE POUR ENFANTS EX-SOLDATS ET AUTRES COUCHES VULNÉRABLES : UNE RECHERCHE APPLIQUÉE DANS LA PROVINCE DU SUD-KIVU En entreprenant ce chapitre, nous sommes partis de plusieurs constats négatifs liés aux habitudes et pratiques, ne pouvant nullement favoriser une réintégration socio-économique durable des enfants sortis des forces et groupes armés, ainsi que d’autres couches vulnérables telles susmentionnées dans cette recherche. C’est l’exemple d’un montant de cinquante dollars américains, d’un cobaye, d’une chèvre, d’un bidon de 20 litres du pétrole, d’un matelas, d’une mousse, des casseroles, intrants considérés comme kits de réintégration socio-économique de ces couches vulnérables. L’objectif de ce chapitre est de présenter au moins les kits standards pour quelques filières de réintégration socio-économique sachant bien que c’est un domaine complexe. Ces kits, rappelons-le, ne sont pas le fruit de notre imagination, mais plutôt de notre longue expérience dans le domaine. Cette expérience complète d’autres études à l’instar de l’étude menée dans le cadre du projet d’appui à la réinsertion socio-économique de 150 enfants associés aux forces et groupes armés et intégrés dans les communautés de la ville de Bukavu368. Celle-ci étant superficielle et avec des données bien révolues.

368

FSH, Rapport de l’enquête sur l’identification des filières économiques existantes dans la ville de Bukavu, Bukavu, février 2005. Cette enquête a été réalisée du 7 au 22/02/2005.

Tableau 41 : Éléments standards de kit pour la réintégration scolaire ÉLÉMENTS DU KIT

8

SCOLARISATION

No FILIÈRE DÉSIGNATION

QTÉ

UNITÉ

Cahiers brouillon Cahier demi-brouillon Cahier de calligraphie Journal de classe Cahier de communication Cahier de dessin Stylo bleu Stylo rouge Crayon Boîte de crayon de couleur Boîte de mathématicale Sac à dos Uniforme (chemise et pantalon ou jupe) Ketch Latte Prime de formateur par bénéficiaire

10 10 1 1

Pce Pce Pce Pce

1

Pce

1 9 9 1

Pce Pce Pce Pce

1

Bte

1

Bte

1

Pce

1

Pce

2 1

Paire Pce

1

mois

PRIX UNITAIRE

$ 50,00

COUT

$50,00

12.1.1. Réinsertion/Réintégration scolaire Définition La réintégration scolaire est un programme qui a pour objectif de permettre à l’enfant de : a) Réintégrer l’école après une absence à la suite de l’agression, b) réintégrer l’école, le programme de Rattrapage scolaire, d’alphabétisation après une longue absence d’intégrer le système éducatif formel ou informel pour la première fois. c) L’objectif final est de permettre à l’enfant de retrouver un environnement rassurant, stable avec une routine, de se socialiser avec des enfants de son âge et d’atteindre une certaine Normalité et une résilience

12.1.2. Principes directeurs de la réinsertion scolaire 12.1.2.1. Le droit à l’éducation Selon l’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins

358

en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire. L’enseignement technique et professionnel doit être généralisé369… Et la CDE de renchérir que les États partis reconnaissent le droit de l’enfant à l’éducation.370 En temps d’urgence de transition ou moment de la paix, l’éducation, y compris l’enseignement de type scolaire et la formation, doit être considérée comme un processus permettant aux êtres humains et aux sociétés de réaliser leur plein potentiel. Elle revêt une importance critique pour ce qui est de promouvoir un développement durable et d’améliorer la capacité des individus de s’attaquer aux problèmes économique, social, d’environnement et de développement. L’éducation, de type scolaire ou non, est indispensable pour modifier les attitudes de façon que les populations aient la capacité d’évaluer les problèmes de développement durable et de s’y attaquer. En RDC, la constitution stipule dans ses articles 40a 43 que l’Éducation et les soins à donner aux enfants est un droit naturel et que toute personne a droit à l’éducation scolaire art43al l1, disposition également reprise à l’al1de l’article28 de la loi portant protection de l’enfant. La réinsertion scolaire se fait soit dans le système formel ou non formel et s’inscrit dans l’un des axes stratégiques du DSCRP/pilier III “accès aux services sociaux de base”, qui consiste à améliorer l’accès à une éducation de qualité. L’éducation formelle est celle qui offre des possibilités d’apprentissage dans un système d’écoles, de facultés, d’université et d’autres institutions d’éducation. Elle commence entre les âges de 5 et 7 ans et continue jusqu’à 20 ans et plus. L’Éducation non formelle (ENF) concerne le rattrapage scolaire, l’alphabétisation des jeunes et des adultes, l’apprentissage professionnel et l’éducation permanente des adultes. 12.1.2.2. Quelques principes de base a) La réinsertion scolaire doit permettre à chaque ESFGA de trouver une réponse adaptée à ses besoins, ses spécificités et ses limites. Pour cela, on s’attachera à multiplier et diversifier les opportunités d’éducation que la communauté peut offrir tant sur le plan formel et non formel que dans le domaine informel, faire en sorte d’aménager un environnement éducatif qui accueille au lieu d’exclure. b) Veiller à ce que les ESFGA soient réinsérés dans le système scolaire capable de leur offrir une éducation de qualité afin d’optimaliser les chances et la réussite de l’insertion socio-économique. c) Comme ce sont des enfants, tenir compte de leur intérêt supérieur et impliquer les intéressés et les orienter pour faire des choix adaptés.

369 370

Déclaration universelle de droit de l’Homme Convention relative aux Droits de l’Enfant

359

d) Lier les apprentissages scolaires à la solution des problèmes du milieu environnant ; promouvoir la reconnaissance et le respect de l’autre, la cohabitation pacifique des différences, la citoyenneté démocratique active, toutes choses favorables à la paix et à l’intégration nationale ; éduquer aux valeurs et aux comportements de respect et de protection de l’environnement. e) Adapter les filières à la demande sociale et aux besoins de l’économie, notamment en accordant plus de place au développement référentiel des compétences articulée à des études du marché du travail pour mieux faciliter l’insertion socioprofessionnelle des ESFGA.

12.1.3. Type de services offerts dans la réinsertion/réintégration scolaire371 12.1.3.1. Critères d’accès à la réinsertion scolaire À ce stade, la réintégration scolaire concerne les : a. Bénéficiaires des CRS et École communautaire (non formelle) b. Enfants entre 6-10 ans et qui n’ont jamais fréquenté l’école c. Enfants entre 8-12 ans et dont le niveau est entre G3 et G6 d. Enfants entre13 et 15 ans et qui ont obtenu le certificat de fin d’études primaires peuvent être réintégrés en 1re année secondaire ou vers des écoles professionnelles. e. Enfants entre 14 et16 ans qui ont abandonné les études après avoir terminé la première année secondaire peuvent être réintégrées en deuxième année secondaire ou vers des écoles professionnelles. f. Enfants entre 16 et 17 ans doivent avoir terminé soit la 3èmepour réintégrer en 4e, soit la 4èmepour réintégrer en 5e, peuvent être admis à l’examen préliminaire de l’examen d’État moyennant une formation spéciale de rattrapage pour se préparer aux examens d’État. Pour l’enfant qui a vécu des situations de conflit et qui n’a pas pu aller à l’école pendant plusieurs années, en fournissant des pièces justificatives d’une autorité administrative ou coutumière qui atteste ces raisons peut réintégrer l’école, se présenter à l’examen d’état même s’il a dépassé l’âge. g. Jeunes analphabètes de14 Ans peuvent suivre des cours d’alphabétisation requise préalable à la formation professionnelle qui s’entamera dès ses15 ans. h. Bénéficiaires de réintégration directe à l’école primaire (formelle) i. Bénéficiaires de réintégration directe à l’école secondaire (formelle) j. Bénéficiaires aux centres des métiers (non formelle)

371

Protocole national de réinsertion SGBV, op cit

360

k. Adolescents et les adolescentes qui ont plus de 14 ans et qui n’ont jamais été à l’école seront orientés vers des Centres d’alphabétisation fonctionnelle et des centres d’apprentissage de métiers 12.1.3.2. Modalités d’identification et d’inscription scolaire des ESFGA et autres vulnérables Les critères d’identification ont été mentionnés dans l’échantillon de cette recherche. Nous n’y revenons pas. S’agissant de l’inscription, notons que durant leur séjour dans le CTO, les ESFGA reçoivent des cours de rattrapage et remise à niveau, grâce au contrat de service signé à la sous-division et les protocoles de collaboration avec les écoles ciblées. À la fin de cette formation, les ESFGA avant leur sortie du CTO pour la réunification familiale et communautaire, reçoivent leurs attestations dument signées par les parties prenantes (le responsable du CTO et de l’EPSP), ce qui leur donne plein accès aux écoles dans leurs zones de retour. Les directeurs d’écoles appuyées, dans le cadre du programme régulier de l’éducation ou directement par le projet, ont l’obligation d’inscrire sans condition ces enfants ainsi les vulnérables identifiés et sélectionnés d’après le Principe de Paris. Il n’est pas du ressort des directeurs d’école ni des enseignants d’identifier ces enfants, exception faite pour les vulnérables déjà dans inscrits dans leurs écoles, mais remplissant ces Organisations responsables (DIVAS, ministères des Affaires sociales) qui doivent transmettre aux Proved ou Sous-PROVED une liste avec les noms de ces enfants. Les écoles ne doivent pas établir de discrimination envers ces enfants. Un système de suivi communautaire de ces enfants doit être mis en place par les directeurs en lien avec les ONG nationales et internationales et les assistants sociaux. Principes d’orientation scolaire des ESFGA et vulnérables dans les écoles ciblées Pour l’orientation scolaire des enfants vulnérables âgés de 6 à14 ans, les principes suivants doivent être observés : a) Tenir compte de la résidence de l’élève (inscription dans l’école la plus proche) b) Ne pas inscrire dans les écoles ciblées un grand Nombre d’élèves issus de ménages déclarés indigents (30 % des effectifs) c) Le maintien des enfants vulnérables inscrits dans les écoles publiques appuyées (pas de transfert d’une école appuyée à une autre sur simplement demande ou bon vouloir des tuteurs). 12.1.3.3. Frais scolaires exonérés dans les écoles ciblées Les enfants vulnérables sont exemptés des frais de motivation et de fonctionnement. Cette mesure doit être considérée comme la contrepartie de 361

la communauté et des autorités éducatives à l’appui, pour le respect des droits des enfants à l’éducation. La gratuité de l’école primaire (cfr article 43) de la constitution de la République Démocratique du Congo. Frais scolaires obligatoires Le minerval (100FC) et l’assurance scolaire (50FC) sont des frais obligatoires. Le paiement de ces frais par les familles et tuteurs des enfants vulnérables bénéficiaires doit être considéré comme un geste manifeste de leur bonne volonté à la prise en charge scolaire communautaire de ces enfants vulnérables. Les imprimés (bulletins, fiche d’identification, carte d’élève…) et les frais de participation aux examens spéciaux comme le TENAFEP et examen d’État doivent être payés par les tuteurs. Les écoles, les ONG nationales et internationales et les cellules de coordination peuvent prendre des mesures spécifiques pour le financement de ces frais connexes pour les enfants vulnérables plus vulnérables, notamment en utilisant le bénéfice généré par des AGR. 12.1.3.4. Suivi de l’application de ces mesures Les missions de suivi de l’application de ces mesures au niveau des écoles seront effectuées par les Sous-PROVED, inspecteurs et coordinateurs des écoles conventionnées, ou tout autre agent de l’EPSP mandaté par le Proved. Les volontaires les ONG nationales et internationales et les assistants sociaux de DIVAS vérifieront également le respect de ces dispositions lors de leurs visites de suivi communautaire des enfants vulnérables. Un enseignant dans chaque école partenaire du projet sera désigné pour suivre la situation des élèves enfants vulnérables de son école et de faire rapport quotidiennement au directeur qui, lui, en fait mensuellement au comité des parents. Les tuteurs des enfants bénéficiaires de l’appui scolaire seront invités aux réunions de parents, sur demande des directeurs ou des comités des parents pour des problèmes tels que le non-paiement des frais obligatoires (100 FC de minerval et 50FC d’assurance), le manque de suivi scolaire de leurs enfants (retard, absence à répétition…) 12.1.3.5. Composition des kits essentiels Une évaluation de la vulnérabilité doit être faite cas par cas afin de déterminer le type de soutien nécessaire à ces bénéficiaires ; Mais en tout état de cause, il sied de répertorier un certain nombre d’articles jugés essentiels pour une prise en charge scolaire réussie dans diverses filières : Sandales filles, sandales garçons, uniforme bleu-blanc, blouse, chemise, jupe, culotte, frais scolaires, pantoufle, chaussettes, 362

cartables, sac à l’école, cahiers (quadrillés, lignés, cartonnés, dessins…), stylos, crayons, crayons de couleur, marqueur, boites mathématicales, livres scolaires pour chaque degré, lattes, tournevis, pinces, pinces coupantes, appareil de mesure, cache — poussière, testeurs, ciseau, mètre ruban, aiguille, tissue, thermocollant, etc. 12.1.3.6. Projet de scolarisation Il faudrait d’abord identifier, analyser et évaluer les soutiens déjà donnés par d’autres organismes avant d’établir le type d’intervention possible ainsi que la capacité des parents à prendre en charge leurs enfants. Certains kits/aides pourront être alors attribués à ces bénéficiaires de façon individuelle telle que : 1. Fournitures scolaires (cahiers, cartables, stylos, etc.) ; 2. Uniformes (jupes et blouses, culotte et chemise, chaussure, au besoin doublement) ; 3. Frais scolaires, bourses si possible. Dans le cas où il n’y aurait pas de soutien aux écoles par d’autres organismes, ce genre de kits/aides pourrait être négocié avec les écoles afin de garantir la scolarisation du bénéficiaire. 4. AGR scolaire (par les le comité de gestion des écoles) ; 5. Réhabilitation/construction des bâtiments scolaires et équipements partout le besoin se fait sentir ; 6. Alimentation scolaire (cantine scolaire) ; 7. Kits enseignants (cahier registre, stylos, latte, globe, matériel didactique) 8. Kits récréatifs ; le programme national de l’enseignement 9. Kit hygiène intime 10. Kits directeurs : registre pour les élèves et pour les enseignants, 1’ exemplaire du guide de l’enseignement. 12.1.3.7. Suivi et évaluation de l’impact Les responsables du suivi individuel des enfants sont : l’assistant psychosocial, assistant de la protection de l’enfance, assistant social, le chargé du volet éducation ou réintégration. Une étude de l’impact individuel, mais aussi d’une vue d’ensemble de cette réinsertion scolaire devra être faite à la fin du projet sur base de l’étude préliminaire avant de l’entamer. Un membre de l’organisation et des affaires sociales devront aller négocier avec les écoles et les proved, mais ce ne sera pas l’assistant psychosocial qui fait le suivi individuel qui devra s’en occuper.

363

12.1.3.8. Tâches importantes à suivre a. Suivre l’enfant pendant l’année à travers des visites mensuelles d’abord et par la suite trimestrielles. Soutenir les parents dans leur tâche de suivi des résultats, des difficultés de leur enfant. b. Responsabiliser les parents afin qu’ils suivent leur enfant et qu’ils se conscientisent de l’importance pour leur enfant d’aller à l’école, d’être formé pour avoir un meilleur avenir. c. Responsabiliser les parents afin qu’ils continuent à envoyer leur enfant se former et à prendre en charge les frais scolaires.

12.1.4. Stratégies de sortie La stratégie de sortie passe par un degré élevé de responsabilité des parents, de la division des affaires sociales et des écoles pour la continuité de la scolarité. Cette stratégie doit être planifiée, budgétisée et partagée avant d’entamer le projet. Mais ceci ne donne pas assez des résultats, c’est pourquoi nous proposons les AGR et les champs communautaires, sous la gestion des comités de gestion choisis par les membres des communautés eux-mêmes. C’est pour cette raison que nous recommandons le plan de développement pour chaque communauté et la création et l’établissement des toiles préventives communautaires et inter communautaire.

CONCLUSION PARTIELLE Ce sous-chapitre est d’une importance cruciale dans la mesure où il donne le vrai budget pour chaque filière de réintégration socio-économique. Dès lors, aucune organisation ne peut penser faire une réintégration durable avec en moyenne moins de cinq cents dollars par bénéficiaire. La durée de suivi post réintégration socio-économique variant entre 12 et 24 mois doit être considérée. Ce n’est plus malheureusement le cas et les bailleurs des fonds en sont les premiers responsables

12.2. LES FILIÈRES TYPES 12.2.1. La Filière Cordonnerie BUSINESS PLAN SIMPLIFIEE No 1/12/GEL SUD KIVU/2006 POUR LA CORDONNERIE DE MULENGEZA sous le crédit de la mutuelle d’épargne et de crédit de Bukavu  Secteur d’activité : CORDONNERIE  Lieu d’implantation : Quartier MULENGEZA

364

 Nom et poste — noms des promotrices : 1. NKOKWA NDOLAGE 2. MUSHAMUKA BANYWESIZE 3. AHADI NDOLAGE Décembre 2008. Tableau 42 : Business plan simplifie de la cordonnerie de MULENGEZA 1. BILAN SIMPLIFIE APRÈS INVENTAIRE AU 11 DÉCEMBRE 2008 ACTIF PASSIF No Montant en Intitulé No Cpte Intitulé Cpte USD Montant en USD I. FONDS PROPRES, DETTES à I. VALEURS IMMOBILISEES L&MT a) Valeurs immobilisées corporelles 10 Capital 101 Subvention 22.61 Machine à coudre 75 76 360 G1 MRR 22.62 Machine dynamo 50 22.63 Chaises, tables 60 Petits matériels (marteaux, 22.64 perforateur, pierre à adoucir, 47 cash poussière) 22.6.3 Tenaille, tabourets, forme, bôme 39 Sous-total valeurs immobilisées 271 corporelles II. VALEURS CIRCULANTES a) Valeurs d’exploitation 36 36.1 Souliers et ceintures 100 b) Valeurs réalisables 41 Clients 40 51 Prêts remboursables 50 s/valeurs circulantes

190

Total actif

461

365

Totales ressources

461

Tableau 43 : Coût estimatif cordonnerie de MULENGEZA APPORTS PROPRES POUR GARANTIE À HYPOTEQUIER AUPRÈS DU GEL Sud EMPRUNT RECU AUPRES DE MECREBU Kivu Monta Monta Désignation Qté Pu Désignation Qté Pu nt nt Machine à coudre 1 $ 70 $ 70 Achat creusois complet 15 $ 4 $ 60 Machine dynamo 1 $ 50 $ 50 Achat rallonge de 10m 1 $ 22 $ 22 Table 1 $ 30 $ 30 Perforateur 1 $ 12 $ 12 Formes 6 $ 5 $ 30 Encline 1 $ 20 $ 20 Chaises 2 $ 5 $ 10 Ciseau denté 1 $ 20 $ 20 Téléphone Motorola 1 $ 60 $ 60 Cuir (sacs en cuir) 8 $5 $ 40 SIEMES Tablettes 2 $ 5 $ 10 Colle (en litre) 10 $ 4 $ 40 Double similicuir (en 5 $ 4,00 $ 20 mètre) $ Loyer (en mois) 6 $ 60 10,00 Fils bobine 2 $ 1,50 $ 3 Teintures (en boîte) 1 $ 3,00 $ 3 Total Matériels et autres à Total apport propre $ 260 $ 300 acheter

Tableau 44 : La rentabilité pour 6 mois/cordonnerie Compte de résultat

Débits Crédits Soldes En En En USD USD USD

1. Produits a) Produits issus de la production Ventes paires de souliers originaux (sandales et autres) Ventes paires de souliers de réparation récupération Teintures à 0,5 $/soulier x15 paires x3 Ventes tapies 5 x 0, 8 $ x20 paires x3 4litres de colle x 40 paires x 0, 5 $ x3 Ventes résidus souliers (babouche, porte-clés) b) Services redus Vente 20 paire hommes x1 $/mois x 6 mois Vente 10 paires femmes x 0, 5 $/mois x 6 mois Renforcement clou (20 paires x 0, 5/mois x 6 mois Total produit pour six mois 2. Coûts engagés pour la production Achat 45 crêpes complètes x4 $ Rallonges de10m Perforateur Enclume, ciseau denté Cuir (sacs en cuir) pour 6mois 30 litres de colle Doublures similicuirs Loyer pour 6 mois Fils bobines et teintures Amortissements valeurs immobiliers

366

576 117 22,5 48 60 52,5 120 30 60 1086 180 21,5 15 40 120 120 52,5 60 36 10,4

S/totales charges d’exploitation 3. Coût financier Remboursement emprunt Remboursement intérêts sur l’emprunt sollicité S/totales charges financières Totales charges d’exploitation et financières 4. Résultat net avant impôt 5. Impôt sur le résultat 30 % l’an réduit dans 6 mois 6. Résultat à affecter 7. Marge brute d’auto - financement

655,4 300 10,5 310,5 965,9 120,1 36,03 84,07 139,07

Tableau 3 : Projection du tableau de la trésorerie pour 6 mois en $ US sur base de l’emprunt reçu auprès de Mecrebu/cordonnerie MOIS RUBRIQUE Encaissement mensuel Recettes issues de la production (souliers et autres) Recettes issues de la servie rendues Encaissement mensuel Décaissement mensuel Achat 45 crêpes complètes Achat 10 m rallonge et 30 litres colle Achat perforateur Achat Enclume, ciseau denté Achat doublures similicuirs, fils bobines et teintures Paiement loyer Remboursement emprunt Remboursement intérêts Paiement impôt (6 mois) Total décaissement Encaissement net Encaissement cumulé

déc-08 janv.-09

févr.09

mars-09

avr-09

mai-09

146

146

146

146

146

146

35 181

35 181

35 181

35 181

35 181

35 181

40

40

40

40

40

40

25

25

25

25

25

25

15 46,63

0 0

0 0

0 0

0 0

0 0

14

14

14

14

14

18,5

10 50 0 0 200,63 -19,63 -19,63

10 50 3 0 142 39 19,37

10 50 2,5 0 141,5 39,5 58,87

10 50 2 0 141 40 98,87

10 50 1,5 0 140,5 40,5 139,37

10 50 1,5 36,3 181,3 -0,3 139,07

Fait à Bukavu, le 11/12/2008

12.2.2. Filière Soudure — Ajustage 12.2.2.1. Projet BIT/IPEC–RDC micro-entreprise simplifié N°017BIS GEL/SUD KIVU/2008  Titre du projet : Renforcement de l’atelier de soudure et Ajustage “BONDEKO A”  Secteur d’activité : Soudure et Ajustage  Lieu d’implantation : Nyawera, Vamaro dans la commune d’Ibanda  Noms et post noms des promoteurs :

367

1. BAGUMA BUHENDWA 2. MUHINDO SELEMANI Avec l’accompagnement du PAGEL Sud Kivu asbl/BIT-IPEC, septembre 2009 PROJET BIT/IPEC – RDC MICRO-ENTREPRISE SIMPLIFIE NO017 GEL SUD KIVU/2008 1. COMPRÉHENSION DU PROJET ET DE SON ENVIRONNEMENT 1.1. Dénomination de l’entreprise: Atelier de soudure et ajustage “BONDEKO A” 1.2. Lieu d’implantation et raison: Quartier Nyawera, Vamaro, dans la commune d’Ibanda. Ce choix est dû par la proximité d’une station-service à l’intersection de deux routes principales et à proximité du marché de Nyawera et de l’arrêt des bus. 1.3. Noms et adresses de promoteurs 1.BAGUMA BUHENDWA : Commune d’Ibanda, Quartier Muhungu II, No 45 2.MUHINDO SELEMANI: Commune de Kadutu, Quartier Chimpunda 1.4. Motivation pour un travail en groupe Ces deux entrepreneurs partagent leurs connaissances après avoir suivi ensemble, pendant six mois, la formation dans la filière soudure/ajustage au LAV (laissez l’Afrique Vivre). Ils s’aiment et se respectent mutuellement. Ils espèrent que ces éléments pourront être pour eux un sujet d’un bon climat de travail pour une réelle réinsertion socio-économique pour leur propre compte. 1.5. Secteur d’activité pour cette entreprise La soudure/ajustage est le secteur d’activité pour cette micro-entreprise. Ce choix d’activité découle de leur passion pour cette filière, mais également pour le métier de formation professionnelle. Ce qui leur permet d’éviter de tomber dans l’oisiveté à travers l’exercice d’une activité susceptible de leur procurer un revenu et de lutter ainsi contre la pauvreté de manière durable. 1.6. Résumé du projet Après la formation, un appui à l’installation a été donné à la micro-— entreprise BONDEKO A. cependant, il s’est posé le problème d’électricité avec les coupures intempestives ou le délestage. Les deux jeunes entrepreneurs ont pris l’initiative de s’acquitter régulièrement des toutes leurs factures de la SNEL, malgré que cette dernière ne cesse de les surfacturer. Après que les deux jeunes entrepreneurs ont bénéficié du premier appui du projet GEL SK/BIT-IPEC, leur micro-— entreprise a déjà bénéficié deux fois, des micro-crédits à la MECREBU respectivement de 300 $ et 500 $, qu’elle a remboursé sans difficulté et dans le délai. En dépit de toutes ces difficultés liées à l’absence du courant en permanence, et à la surfacturation de la SNEL, les deux jeunes entrepreneurs poursuivent normalement les activités de leur micro-entreprises, afin de mettre en valeur 368

leur formation à travers la proposition de leurs services à la population de Bukavu et sa périphérie. 12.2.2.2. Étude de Marché 1. L’offre Ce micro-entrepris propose les services suivants, à savoir :  La fabrication des portes, fenêtres, portails…,  La réparation/soudure des carrosseries des véhicules  La construction des charpentes Pour répondre efficacement aux besoins des clients, ils envisagent cinq critères de satisfactions à savoir : la qualité de leurs produits et services, le respect de la commande (mesure, modèle…), la propreté, la livraison à l’échéance (ponctualité, sincérité). À ces critères, s’ajoutent un fort esprit de créativité et la curiosité quant à l’adaptation des produits récents en vogue sur le marché. La micro-— entreprise met sur le marché une gamme des produits selon la tarification mensuelle suivante :  1 Portail avec le prix unitaire : 400 $  1 Porte grille : 120 $  2 Portes tôlées : 130 $  2 Portes-vitres : 150 $  6 Fenêtres : 50 $  1 Charpente : 80 $ (soudure) 2. La demande La clientèle ciblée est composée essentiellement par : les ménages, les entreprises ainsi que les propriétaires des véhicules habitant la commune d’Ibanda en particulier et de toute la ville de Bukavu en général. C’est pourquoi un effort particulier est à fournir pour sensibiliser les clients potentiels constitués par les habitants des quartiers où vivent les deux promoteurs. 3. La concurrence directe et indirecte Le milieu d’implantation de cet atelier n’est pas concurrentiel, mais il est important de prendre en compte la présence des grands ateliers de renommée installés dans la ville de Bukavu en général et dans la commune d’Ibanda en particulier. La stratégie envisagée par les entrepreneurs pour faire face à ce défi est la confiance qu’ils chercheront à gagner de leurs clients d’une part, et d’autre part, préserver le succès et le prestige dont ils jouissent par rapport aux autres ajusteurs/soudeurs de la place. Et pour ce qui concerne les concurrents indirects comme les ateliers de menuiserie, les garages automobiles, la micro-– entreprise va s’atteler à 369

améliorer davantage sa “touche” et demeurer sérieux dans le travail au travers du respect de délai de livraison pour mieux attirer la clientèle. Définition de la stratégie à court terme de l’activité 1. La vision La micro-– entreprise espère qu’elle sera réputée favorablement aura déjà une clientèle variée et importante endéans six mois. Au bout de douze mois d’activités, elle estime qu’elle sera capable de renforcer ses équipements et matériels. Toutefois, ces objectifs exigent des sacrifices : la persévérance, l’amour du travail, l’esprit d’équipe, etc. 2. Les revenus Les principales sources de revenus pour cette micro-— entreprise demeurent la vente des produits fabriqués (porte, portail, fenêtre) et la vente des services à la clientèle dans le domaine de la soudure ou dans la construction des charpentes métalliques qu’elle se propose d’améliorer dans les douze prochains mois grâce au soutien matériel et moral du programme d’action du BIT/IPEC exécuté par le GEL/SUD KIVU. 3. Plan d’action Tableau 46 : Approvisionnement/soudure — ajustage NO 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Désignation HS PB T. t de 25x25cm Tube de 40x40cm Tôle métallique grand format Boite baguette Lame de scie Disque à mêler Disque à couper Pommelle de 12 cm Boite d’antirouille Total

Quantité 6 6 4 6 2 1 4 1 1 14 1

P.U en $ 22 22 15 10 70 12 2 4 4 1.57 26

P. T’en $ 132 132 60 60 140 12 8 4 4 22 26 600

3.1. La production Le cycle de production pour cette micro-— entreprise dépend de la clientèle, de la disponibilité de matériels et la disponibilité de l’électricité. Dans ce cas, le cycle de production est mensuel pour les prestations des services à rendre aux tiers et pour la vente des produits fabriqués. 3.2. Commercialisation et Marketing Les normes de satisfaction pour la clientèle demeurent la rapidité, le maintien d’une bonne relation avec les clients, la ponctualité dans la livraison et le respect de la commande du client. 370

À propos de la commercialisation et le marketing, les premiers clients seront les ingénieurs en bâtiment, les ménages et les entreprises. Pour faire connaître leur micro-— entreprise, ils exposeront leurs produits finis devant leur menuiserie aussi, les bruits des outillages et leur emplacement à l’intersection de deux routes principales, non loin du marché et non loin d’un grand arrêt de bus est un important atout. En plus, elle fera du “porte-à-porte” pour visiter et informer les grands consommateurs de leurs services et participera à des émissions radio télévisées du GEL/SK. 3.3. Ressources humaines et répartition des tâches La micro-— entreprise fonctionne chaque jour ouvrable de 7 h à 17 h 30 avec une pause de 30 minutes à 12 h. Tous les associés font la soudure et l’ajustage. Dans les conditions normales du travail, chaque entrepreneur aura un salaire mensuel de 50 $. Et pour garantir une bonne Gestion financière, cet atelier utilisera les bons d’entrée et sorties caisse, fiche de stock, livre de caisse, carnet de reçus et le facturier. Pour sa gestion, les membres de la micro-entreprises ont décidé de se répartir les tâches comme suit : 1. BAGUMA BUHENDWA : Responsable et coordonnateur de toutes les activités. Il s’occupe de la gestion de l’atelier (tenir les outils de gestion, assurer les achats en collaboration avec le caissier). 2. MUHINDO SELEMANI : tiens la caisse. 4. Plan financier Tableau 47 : Plan de financement initial en dollars américains/soudure — ajustage ACTIF PASSIF VALEURS IMMOBILISÉES FONDS PROPRES ET DETTES À LONG ET M T a. Valeurs corporelles Apport en nature : 447 Poste à souder : 130 Apport en : numéraire 90 Meuleuse : 200 Étau : 80 Marteau : 3 Pince porte-électrode : 5 Monture de scie : 7 Mètre pliant : 2 Câble : 20 DETTES À COURT TERME valeurs corporelles : 447 Total Valeurs Immobilisées : 447 Emprunt : 600 II. VALEURS CIRCULANTES Valeurs d’exploitation Totales valeurs d’exploitation : 600 valeurs disponibles : 90 Totales Valeurs circulantes : 690 TOTAUX EMPLOIS : 1137 TOTAUX FINANCEMENTS : 1137

371

Tableau 48 : Rentabilité pour 3 mois d’activités en dollar américain/soudure — ajustage RUBRIQUES

PRODUITS en $

RECETTES a) Recettes issues de la Production 2.640 vendue — 8 Portes métalliques le prix unitaire de 110 $ x 3 mois b) Recettes issues de services vendus 240 — 1Charpente x 80(soudure) x3 Totales recettes pour 3 mois 2.880 DÉPENSES — Salaire 30 $/Personne/mois — Loyer 25 $/mois — Amortissement machine 25 % — Matière première — Matières et fournitures consommées (SNEL) 25 $ par mois Total des dépenses pour 3 mois Bénéfice à distribuer

CHARGES en $ SOLDES en $

180 75 111 1.800 75 2.241 639

Tableau 49 : Produits et charges mensuelles en dollars US pour trois mois/ soudure — ajustage Mois Rubriques Recettes vente des portes métalliques Services réparation charpentes et autres Totales recettes Dépenses Loyer Salaire Matières Premières Paiement électricité Amortissement 25 % de 447 par an Totale dépense Bénéfice de la trésorerie

Septembre 2009

Octobre 2009

Novembre 2009

880

880

880

80

80

80

960

960

960

25 60 600 25 37 747 213

25 60 600 25 37 747 213

25 60 600 25 37 747 213

Commentaire L’offre de l’atelier de soudure et ajustage “BONDEKO A” est la fabrication de produits. Le cycle de production est mensuel. Ainsi pour 3 mois d’activités, la micro-— entreprise pourrait réaliser 2.880 $ de recettes contre 2.241 $ de dépenses. Ces deux réalisations conduiraient à un bénéfice trimestriel de 639 $, soit 213 $ le mois. Fait à Bukavu, le 2 septembre 2009 Pour programme d’action/GEL Sud Kivu/BIT-IPEC

372

12.2.3. Agriculture (Haricot, Soja, Manioc, Arachides) CONCEPTION ET PRÉSENTATION : Association MAENDELEO de KABAMBA Avec l’appui-Conseil en gestion du Guichet d’Économie locale du Sud Kivu Bukavu, juillet 2010 — Le titre du projet : Renforcement dans la culture de haricot, soja, arachide, maïs et manioc au sein de l’association MAENDELEO de KABAMBA pour la saison a. — Nom du promoteur : ASSOCIATION MAENDELEO, représentée par les porteurs suivants : Jean-CIDAGAZI, Ngaboyeka Godefroid, M’Kaseremba Marcelline, Mirindi Nicodemu, Kadebende Bonnaventure, Zahiga Ntabugulwa, M’Rukubuka Esperence, Maheshe Nyandanga — Siège social : KABAMBA — Siège d’exploitation : KABAMBA — Emprunt sollicité pour la saison A : 2.550 $ répartissent en deux tranches : au mois d’août 2.150 $ puis au mois d’octobre : 400 $. — Apport de la synergie : champ de 2ha sur 5ha prévue, les matériels aratoires, une partie d’engrais organique. Résumé du projet : ce projet qui sera réalisé par l’association MAENDELEO consiste à cultiver le manioc, arachide, soja, maïs et haricot à KABAMBA où ses membres vont rendre disponible 2 ha et prendre en métayage 3 ha. En vue de réduire le coût du crédit, le présent projet porte sur la saison A. Une autre étude sera réalisée au début de la saison B pour déterminer le besoin en crédit pour cette période. Garantie foncière : champs d’un membre de l’association du nom de BAHIDIKA CIBASA Aristide qui va le céder à la synergie.

12.2.3.1. Pro Format du projet B. Mise en œuvre du projet L’association va rendre disponible un champ de 5ha dont 3ha sera pris en métayage pour un montant de 600 $ soit 200 $/ha, et 2ha est l’apport de la synergie. Les produits qui seront cultivés sont : le maïs, manioc, soja, arachide, haricot et manioc. Le crédit sera utilisé de la manière suivante :

373

12.2.3.2. Tableau pour la saison A Tableau 50 : Planification des activités agricoles. Activité

Coût en $

Achat fumier, compost et NPK

640

Métayage

600

Labour et semis

500

Sarclage

300

Récolte

150

Triage, stockage et produits de conservation

150

Location dépôt

80

Sentinelle

15

Observation NPK : 1,3 $ x 100kg x 2ha=260 $ Fumier + compost : 380 $ (une partie sera produite par les membres de la synergie et une autre sera achetée pour ce montant). Saison A : août Le frais de métayage est annuel Cette activité sera faite par les membres de l’association. Ils pourront recourir à une main-d’œuvre externe pour ce montant. Saison A : août et septembre. Saison A : octobre et Novembre Idem Saison A : décembre Saison B : mai, juin — Achat produit de conservation : 15 $ — achat sacs vides : 75 x 0.5 = 37.5 $ — marquer : 1 boite x 5 $ = 5 $ — Ficelle : 5 rouleaux x 3 $ = 15 $ — Manutention : 77,5 $. Pour 4 mois à raison de 20 $/mois. 15 $/par mois durant 5 mois où les produits seront en stock jusqu’à la vente au mois de mai.

12.2.3.3. Plan financier Tableau 51 : Produits récoltés au mois de décembre 2010 et vendus en mars et avril 2011 Produit

Superficie en ha

Maïs Arachide Soja Haricot Manioc TOTAL

1 1 2 2 3

374

Récolte pour la saison A Qté en kg PU en $ PT en $ 1.500 0,59 885 1.200 1,23 1.476 1.400 0,67 938 2.400 1,2 2.880 6.179

12.2.3.3.1. Tableau de formation de résultat prévisionnel Désignation

Crédit 6 179

Production vendue Matières et fournitures consommées - Engrais minéral, organique et stockage - Main d’œuvre saisonnière - Loyer dépôt de stockage - Métayage - Taxes diverses Valeur ajoutée - Personnel pour la garde des stocks - Intérêts payés et frais bancaires Résultats nets d’exploitation

Année 1 Débit

Solde

2 510 790 950 100 600 70 3 669 75 626 2 968

Tableau 52 : Trésorerie prévisionnelle/agriculture

Entrées

Solde début de mois Ventes Maïs Arachide Soja Haricot Manioc Autres Emprunt bancaire Coût d’achat/Coût de revient Labours +semis Fumier et compost NPK Sarclage Métayage Récolte Intérêt bancaire 3% Sentinelle Triage +Stockage Taxes Loyer Charges fixes mensuelles Remboursement Solde fin de mois

août-10 Sept Oct. Nov. Déc. janv.-11 Févr. Mars Avr 0,00 1 900,00 410,00 660,00 510,00 175,00 90,00 55,00 1 226,50 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 3 089,50 3 089,50 442,50 442,50 738,00 738,00 469,00 469,00 1 440,00 1 440,00 2 150,00 0,00 2 150,00

400,00 400,00

0,00

0,00

Juin 2967,75 0,00

Juil 2967,75 0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

85,00

35,00 643,00

73,25

588,00

38,25

15,00

15,00

15,00

15,00

20,00

50,00 20,00

20,00

20,00 20,00

20,00

0,00

0,00

0,00 1 275,00 1 275,00

0,00

90,00

1 275,00 1 275,00 55,00 1 226,50 2 967,75

2967,75

250,00 1 490,00 150,00 150,00 335,00

0,00

Mai 2967,75 0,00

250,00 250,00 380,00 260,00 150,00 150,00 600,00

Sorties

150,00

15,00 150,00

0,00

0,00

0,00

0,00

1 900,00 410,00 660,00 510,00 175,00

2 967,75 2967,75

12.2.3.4. Note explicative du plan financier La vente du soja, maïs, haricot et arachide sera réalisée au mois d’avril et mai pour une recette de 6.179 $. Les remboursements seront également faits en deux tranches. Le crédit pour cette saison culturale sera donc apuré au mois de mai. Après la couverture de toutes les charges notamment : l’achat de l’engrais, semences, la main d’œuvre saisonnière, métayage, intérêt du crédit, sentinelle et loyer, le bénéfice est de 2.967 $.

375

12.2.4. Projet de fabrication des pains Sandwich (Boulangerie) Conception et présentation : Entrepreneuse : Avec l’appui-conseil en gestion du guichet d’économie locale du Sud Kivu. Avril 2010 12.2.4.1. Pro format du projet - Le titre du projet : PROJET DE FABRICATION DES PAINS SANDWICHES — Nom du promoteur : - Siège social : Ibindja - Siège d’exploitation : Ibindja/Bushonga - Coût total du projet:370 $ - Emprunt sollicité : 300 $ - Contribution en nature:20 $ - Contribution en numéraire : 50 $ Résumé du projet : ce projet a pour but de faciliter à la population du groupement d’Ibindja à accéder aux pains sandwichs qui est rare dans ce milieu. La réalisation de cette activité sera à la base de la création d’emplois tant pour le promoteur que pour d’autres personnes qui achèteront également les pains pour aller les revendre. Cette entreprise pourra mettre sur le marché des pains sandwichs moyen et petit, en vue de répondre au besoin de première nécessité en offrant des pains de bonne qualité. La garantie foncière de l’entrepreneur : Acte de vente d’un champ. Tableau 53 : Plan de financement initial/boulangerie. Plan de financement initial Besoins durables Ressources durables Immobilisations 105 Capital social - Corporelles 105 - Apports en nature Valeurs circulantes 265 — Apport numéraire - Stock initial et créances clients 145 Emprunt - Trésorerie minimale 120 Total 370 Total

70 20 50 300 370

Tableau 54 : Ratios financiers/Boulangerie Seuil de rentabilité

2.711 $

Rentabilité sur fonds propres Résultats/capitaux propres

16

Capacité à rembourser Emprunt/CAF Ratio d’autonomie financière Capitaux propres/emprunt

376

3,22 mois 81 %

12.2.4.2. Promoteur Portrait de l’entreprise L’entrepreneur, monsieur x, est marié et père de 6 enfants. Il a une expérience dans la fabrication des pains. Durant son enfance, il a eu à fabriquer des pains dans des casseroles et cela pendant 3 ans. Il a été touché par l’inexistence d’une boulangerie à Ibindja, en conséquence, la population d’Ibindja est butée aux difficultés pour avoir du pain, car elle doit quitter Ibindja pour aller à Bukavu ou à Katana pour s’approvisionner. À l’issue de ce projet, le promoteur compte fabriquer un four local qui servira à la fabrication des pains. Compétences et capacités de l’entrepreneur L’entrepreneur x, en plus de son expérience de l’enfance, il a travaillé chez monsieur HALI, qui avait une boulangerie et un restaurant, et cela pendant 5 ans. Emporté par le goût du risque dans ce métier qu’il avait beaucoup aimé, il voudrait relancer la même activité de fabrication des pains. Sa capacitation en gestion résulte de la formation du module 1 portant sur l’esprit entrepreneurial et le développement des compétences commerciales, couplées de la tenue des outils de gestion qu’il avait suivie au GEL Sud-Kivu.

377

12.2.4.3. Cycle de production et pression exercée sur l’entreprise Figure 15 : Cycle de production et pression exercée sur l’entreprise Boulangerie

378

12.2.4.4. Origine du projet et son environnement général 12.2.4.4.1. Environnement technique La fabrication est faite artisanalement par l’utilisation d’un four local, des formes et autres équipements appropriés. L’ensemble des matériels disponibles a une valeur de 20 $. À l’issue de ce projet, l’entrepreneur compte renforcer son équipement en achetant du matériel pour un montant de 85 $. Le combustible est les Noix palmistes en vue de lutter contre la déforestation. 12.2.4.4.2. Environnement institutionnel Ce projet sera exécuté par l’entrepreneur et son entreprise reçoit l’appui du GEL — Sud-Kivu et du CLD d’Ibindja. 12.2.4.4.3. Environnements socio-économiques Le pain sandwich est un produit qui est couramment souhaité et se consomme par les ménages au petit déjeuner, par les malades, quelquefois par les visiteurs ou voyageurs en transit qui pourraient être de passage à Ibindja. Il est aimé à cause de ses qualités nutritives, et son coût faible qui lui permettent d’être accessible à toutes les couches de la population comparativement à d’autres pains de grande dimension à coût élevé. 12.2.4.4.4. Environnement géographique Pour la cuisson des pains, la boulangerie aura à recourir aux coques issues de noix palmistes. La valorisation de ses déchets encouragera la lutte contre le déboisement par la protection de l’environnement. Ces coques proviennent des groupements voisins et de Bunyakiri, un milieu où l’on produit de l’huile de palme. 12.2.4.5. Étude de marché  Produit et positionnement (matrice métier)  Analyse des produits proposés Figure 16 : Analyse des produits proposés

379

Métier : pour suite à la disponibilité de la matière première, qu’on peut se procurer facilement, l’entrepreneur s’est spécialisé dans le métier de boulanger. Domaine d’activité stratégique (DAS) : La spécialité de l’entreprise est la fabrication des pains sandwichs à base de la farine de froment, du sucre, du sel et de l’huile végétale. FCS (Facteurs Clés de succès) : La vente des pains sandwichs dans des emballages en sachets constitue un facteur clé de succès. AC (Avantage concurrentiel) : L’emplacement de l’entreprise et l’approvisionnement régulier en matière première pour ne pas être en rupture des stocks des produits finis constituent des avantages bien que la concurrence, ne soit pas visible.

12.2.4.5.1. Clients, marché (la demande) Les utilisateurs finaux de ces produits sont de deux types, notamment :  Les boutiques érigées le long des différents villages ;  Les petits vendeurs qui étalent leurs marchandises devant leurs maisons à Ibindja ;  Les visiteurs en séjour à Ibindja ;  Les ménages et écoliers ; 12.2.4.5.2. Concurrence directe et indirecte Il est vrai que dans le monde des affaires, la concurrence n’est pas à exclure. Mais dans ce cas présent, il n’existe pas des concurrents, mais l’on peut juste citer des vendeurs des beignets comme produits de substitution, mais qui eux aussi, sont très rares. 12.2.4.5.3. Fournisseurs Les matières premières seront achetées à Bukavu dans les alimentations et dépôts des produits de première nécessité. Les coques des noix de palme qui seront utilisées comme combustibles seront achetées dans les groupements voisins où l’on produit de l’huile de palme. Leur coût d’acquisition et de transport est moins élevé que le coût du bois de chauffage. Tableau 55 : Analyse FFOM/Boulangerie. FORCES - Disponibilité et régularité de la matière première ; - Forte expérience et maîtrise du métier ; — Implication du porteur du projet ; — Soutien des membres du CLD. OPPORTUNITÉS — Présence du GEL Sud-Kivu pour l’accompagnement de ce projet ; - Disponibilité de la main-d’œuvre à moindre coût ; - Forte demande,

FAIBLESSES - Moyens financiers faibles ; - Production artisanale ; - Manque d’équipements MENACES - Noyade des matières premières ;

380

12.2.4.5.4. Le cycle de production La fabrication des pains sandwichs, se fera au domicile de l’entrepreneur sis à Bushonga/Ibindja 2 fois par semaine, soit huit fois le mois. La production se réalise chaque semaine en suivant le rythme d’écoulement du produit. L’expérience de l’entrepreneur, et l’étude du marché démontrent que l’entreprise utilisera un sac de farine de 25 kg en Input en raison de deux productions par semaine. 12.2.4.5.5. Cycle hebdomadaire de production pains sandwichs Il sera mis sur le marché chaque mois les quantités suivantes : Tableau 56 : Cycle hebdomadaire de production pains sandwichs Produit Sandwichs petits Sandwichs moyens Total

Quantité vendue 2000 1200 3200

Prix de vente 0,11 0,22 Total

CA 220 $ 264 $ 464 $

12.2.4.5.6. La commercialisation et le marketing Il sera mis sur le marché chaque mois 2000 pains petits sandwichs et 1200 pains moyens sandwichs. Ces produits seront vendus dans l’entreprise au lieu de fabrication. La fabrication et la commercialisation se feront 2 fois par semaine. C-à dire, au même moment où l’entrepreneur sera en train de vendre, les pains, il préparera la deuxième fabrication deux jours après ou le lendemain selon la demande pour éviter la rupture des stocks. Voici comment se présente l’évolution de fabrication et des ventes par semaine :  500 pains sandwichs ;  300 pains sandwichs moyens. Les techniques de marketing que l’entrepreneuse appliquera sont :  La qualité du produit : le volume du pain et son goût sucré ;  La propreté du produit et son conditionnement dans des emballages en caoutchouc ;  Les affiches. 12.2.4.6. Les ressources humaines En plus du promoteur qui se chargera de la supervision de l’ensemble des activités, le projet utilisera 2 ouvriers pour la fabrication et la commercialisation des pains. Le salaire mensuel est de 20 $ pour le promoteur et 15 $ pour chaque ouvrier.

381

12.2.4.7. La gestion administrative et financière En vue de bien suivre l’évolution des activités, les outils de gestion suivants seront tenus :  Un livre de caisse ;  Un bon d’entrée caisse ;  Un bon de sortie caisse ; un facturier ;  Un carnet des reçus ;  Les fiches des stocks. Le suivi post création sera assuré par le GEL Sud Kivu pendant 6 mois renouvelables selon la nécessité. Les séances d’appui-conseil en gestion seront payées par l’entreprise pour un montant de 10 $ par mois correspondant à chaque séance. 12.2.4.8. Plan financier Tableau 57 : Formation du résultat prévisionnel/Boulangerie Désignation Crédit 5 445

Production vendue Matières et fournitures consommées - Matières premières et marchandises (+ Variation de stocks) Autres services consommés - Services post création - Autres Valeur ajoutée Charges de personnel Intérêts payés et frais bancaires Résultat brut d’exploitation Dotation aux amortissements Résultats nets d’exploitation Contribution sur le résultat Résultat net à affecter

Année 1 Débit

Solde

3 257 3 257 120 60 60 2 068 651 57 1 361 21 1 340 5 445

241 4 346

1 099

Tableau 58 : Bilan de clôture d’exercices/Boulangerie EMPLOIS – ACTIF Immobilisations corporelles Stocks Valeurs disponibles (caisse et banque)

AN 1 84,00 144,75 1 185,19

TOTAUX EMPLOIS

1 414

382

RESSOURCES – PASSIFS AN 1 Capital 70,00 Réserve légale 54,93 Résultat reporté 1 043,62 Impôts sur le résultat 241,14 INSS à payer 4,25 TOTAL 1 414 RESSOURCES

Tableau 59 : Échelonnement des remboursements et paiement d’intérêts/Boulangerie

Mois 0 1 2 3 4 5 6

Résultats $300,00 3% $12,00 $31,50 Capital remboursé

Montant Taux mensuel Durée (mois) Intérêts totaux Mensualité Intérêts $59,00 $57,50 $56,00 $54,50 $53,00 $51,50 Totaux intérêts

$9,00 $7,50 $6,00 $4,50 $3,00 $1,50 $31,50

$50,00 $50,00 $50,00 $50,00 $50,00 $50,00

Solde restant dû $300,00 $250,00 $200,00 $150,00 $100,00 $50,00 $0,00

Tableau 60 : Trésorerie prévisionnelle/Boulangerie AN 1 Situation début de mois ENTRÉES Capital social Emprunts bancaires Chiffre d’affaires (ventes) Total entrées SORTIES Marchandises et charges variables Frais généraux Masse salariale Remboursement emprunt & intérêts Investissements (y compris apports en nature) Total sorties

Départ mois1 mois2 mois3 mois5 mois6 mois7 mois8 mois9 mois10 mois11 mois12 120,25 73,51 97,63 247,65 324,90 403,66 533,91 664,17 794,42 924,68 1 054,93 70,00 300,00 242,00 363,00 484,00 484,00 484,00 484,00 484,00 484,00 484,00 484,00 484,00 370,00 242,00 363,00 484,00 484,00 484,00 484,00 484,00 484,00 484,00 484,00 484,00 144,75 144,75 217,12 35,00 10,00 50,00 54,25 59,00 57,50

289,49 10,00 54,25 56,00

289,49 289,49 289,49 289,49 289,49 289,49 289,49 289,49 10,00 10,00 10,00 10,00 10,00 10,00 10,00 10,00 54,25 54,25 54,25 54,25 54,25 54,25 54,25 54,25 53,00 51,50 -

105,00 249,75 288,75 338,87 409,74 406,74 405,24 353,74 353,74 353,74 353,74 353,74 353,74

Sandwich moyen Tableau 61 : Cout de production des sandwichs moyens/Boulangerie Matière première Farine de froment par sac de 25kg Transport Sucre par kg Levure par boite Sel par kg Huile végétale par litre Coques de noix de palme par sac de 100 kg

Quantité 1 1 2 1 1 1 1

Coût de revient (1 sac de 50kg = 500 pains)

383

Prix unitaire $29,00 $0,50 $1,30 $1,00 $0,60 $0,80 $10,00 Totaux $0,07

Coût total $29,00 $0,50 $2,60 $1,00 $0,60 $0,80 $10,00 $44,50 $0,00

Tableau 62 : Cout de production des pains sandwichs moyens Matière première Farine de 25kg Transport Sucre par kg Levure par boite Sel par kg Huile végétale par litre Coques de noix de palme par sac de 100 kg

Quantité 1 1 2 1 1 1 1

Coût de revient (1 sac de 50kg = 250 pains)

Prix unitaire $29,00 $0,50 $1,30 $1,00 $0,60 $0,80 $10,00 Totaux $0,13

Coût total $29,00 $0,50 $2,60 $1,00 $0,60 $0,80 $10,00 $44,50

Tableau 63 : Investissement/Boulangerie Construction du four artisanal Panneau Forme Total Matériels disponibles Panneau Total

PU 15,00 5,00 1,00

QTE 1,00 10,00 20,00

PT 15,00 50,00 20,00 85,00

10,00

2,00

20,00 20,00

12.2.5. Projet d’élevage des porcs dans le quartier de PANZI Conception et présentation : Entrepreneur Avec l’appui-conseil en gestion du Guichet d’Économie locale du Sud Kivu, asbl Bukavu, janvier 2010 12.2.5.1. Pro format  Le titre du projet : ÉLEVAGE DES PORCS A PANZI.  Nom du promoteur :  Siège d’exploitation : quartier Panzi, commune d’Ibanda, ville de Bukavu.  Coût total du projet : 24.500 $  Emprunt sollicité : 4.000 $.  Apport en numéraire : 500 $  Contribution locale en nature : 20.000 $ (porcherie en matériaux durables) Résumé : ce projet d’élevage des porcs sera exécuté à Panzi. La porcherie est en pleine construction en matériaux durables pour la sécurité de bétail et il ne reste que la toiture pour qu’elle soit disponible. L’activité d’élevage ne fait pas entrer les recettes chaque mois compte tenu de son caractère saisonnier. C’est ainsi que la promotrice de ce projet 384

compte sur les recettes de ses deux autres activités pour le remboursement de son crédit avant que le projet ne soit rentable à savoir le secrétariat public situé au grand poste de Bukavu et la salle des fêtes située à Panzi. Ces deux activités génèrent en moyenne une recette de 480 $ par mois. Garantie foncière : maison située à Panzi Document : attestation parcellaire. Tableau 64 : Plan de financement initial/Élevage des porcs Besoins durables Immobilisations - Corporelles Valeurs circulantes - Trésorerie minimale Total

21 200 21 200 3 300 3 300 24 500

Ressources durables Capital social - Apports en nature - Apport en numéraire Emprunt Total

20 500 20 000 500 4 000 24 500

Tableau 65 : Ratios financiers/Élevage des porcs Variables

Ratio financier

Seuil de rentabilité

6.295 $

Rentabilité sur fonds propres Résultats/capitaux propres

0,11

Variables Capacité à rembourser Emprunt/CAF Ratio d’autonomie financière Capitaux propres/emprunt

Ratio financier 14,7mois

16 %

12.2.5.2. Le promoteur 12.2.5.3. Portrait de l’entreprise Cette initiative a pour promotrice — madame RUHARA NTANKWINJA Marie Josée, Coordinatrice de l’Action pour le Développement des villages, “A.D. V” en sigle. Actuellement, par ses propres moyens la promotrice de ce projet a construit une maison en dur dans le quartier Panzi qui abritera cet élevage et il ne reste que la toiture pour qu’elle soit prête. 12.2.5.4. Compétences et capacités de l’entrepreneur La promotrice de ce projet x a une expérience de plus de 6 ans dans le domaine nutritionnel spécialement en aide d’urgence et la nutrition infantile. Elle est graduée en nutrition et diététiques médicales de l’Institut Supérieur des Techniques médicales à Bukavu (ISTM/BUKAVU). Actuellement, elle a un secrétariat public et une salle de fête située à Panzi. Les revenus issus de ces deux activités contribueront au remboursement de crédit avant que l’activité d’élevage des porcs ne commence à rapporter.

385

Figure 17 : Environnement du projet/Élevage des porcs

386

12.2.5.5. Origine du projet et son environnement général 12.2.5.5.1. Environnement technique L’élevage sera fait en stabulation au siège d’exploitation situé à Panzi dans la commune d’Ibanda. La race des porcs qui sera achetée par la promotrice est le large white. Cette race donne au minimum par mise bas 7 à 8 porcelets. L’entreprise achètera les géniteurs prêts à être saillis, soient de 80 à 100 kilos. Les aliments appropriés pour les porcs sont : le soja, le maïs, les tourteaux de noix palmistes, les sons de riz, la farine des poissons où la farine dos brûlée, les oléagineux. Actuellement, la porcherie est en construction et elle est faite en matériaux durables pour la sécurité des animaux. Un vétérinaire fera le suivi des activités et sera payé mensuellement pour 25 $. 12.2.5.5.2. Environnement institutionnel : Le suivi de l’État sera fait par un vétérinaire légal. Le coût est de 50 $ par an. 12.2.5.5.3. Environnement socio-économique La viande des porcs est un aliment consommé couramment dans la ville de Bukavu et ses périphériques étant donné que la population n’est pas majoritairement musulmane. Pour des raisons de santé, il est recommandé à ceux qui ne doivent pas consommer la viande rouge de prendre également la viande des porcs. 12.2.5.5.4. Environnement géographique : Le climat dans le milieu d’exploitation permet l’élevage des porcs. 12.2.5.6. Étude de marché 12.2.5.6.1. Produit et positionnement (matrice métier) Figure 18 : Analyse des produits proposés/Élevage des porcs

387

Métier : pour faire suite aux habitudes alimentaires des habitants de la ville de Bukavu et ses périphériques, la promotrice de ce projet s’est spécialisée dans l’élevage. DAS (Domaine d’activités stratégiques) : les produits qui seront mis sur le marché sont les porcelets de 3 à 4 mois issus de cet élevage. FCS (Facteurs Clés de succès) : le principal facteur clé de succès est la race “large white” qui est la race la plus appréciée puisqu’elle résiste aux maladies et donne plus des porcelets par mise bas. AC (Avantage concurrentiel) : l’avantage face à la concurrence est l’emplacement du lieu d’exploitation qui est situé à cheval entre le centre-ville et le milieu rural.

12.2.5.6.2. Clients, marché (la demande) : Les différents clients sont  Les éleveurs se trouvant à Panzi et ses périphériques notamment Kasihe, Nyantende, NYANGEZI, Walungu…  Les ONG et associations travaillant dans le programme de sécurité alimentaire et distribuant des porcelets aux éleveurs et ménages ; 12.2.5.6.3. Concurrence directe et indirecte Les différents concurrents directs sont :  Une association située à Nyantende ;  Les éleveurs domestiques qui vendent également les porcelets. La concurrence indirecte est exercée par la vente d’autre bétail à savoir : les chèvres, vaches et moutons. En ce qui concerne la viande blanche, les volailles constituent un substitut parfait de la viande des porcs. 12.2.5.6.4. Fournisseurs Les principaux fournisseurs sont les chrétiens de la CELPA/KAZIBA et les éleveurs de Walungu auprès de qui la promotrice compte acheter les porcs adultes pour une production rapide. En ce qui concerne les aliments, les tourteaux seront achetés auprès des savonniers de l’avenue industrielle. Les autres aliments seront achetés au grand marché de Kadutu ou à l’abattoir d’Elakat à pour les os qui seront transformés en farine, les autres aliments : soja, maïs, son de riz…

388

12.2.5.6.5. Analyse SWOT (FFOM) Tableau 66 : Analyse FFOM/Élevage des porcs FORCES 1. La porcherie qui est en cours de construction ; 2. Compétences, connaissances, capacités techniques et organisationnelles de la promotrice, 3. Disponibilité personnelle et bonne santé de la promotrice ; 4. Bonne qualité des géniteurs “race améliorée”, adaptée et acceptée dans l’environnement ; 5. Reproduction facile et rentable. OPPORTUNITÉS Présence du GEL Sud Kivu pour la documentation, les pistes de financement et appui-conseil en gestion. Disponibilité des certaines sources de financement localement ; Climat tropical approprié pour l’élevage ; 4. Demande accrue des consommateurs.

FAIBLESSES Insuffisance du fonds de roulement ; Manque de moyen de transport pour l’acheminement d’aliment ; Incapacité de faire face à la demande due à l’insuffisance des moyens nécessaires.

MENACES 1. Concurrence déloyale, 2. Calamités naturelles 3. Absence de stocks en vétérinaires ; 4. Risque de la peste porcine.

produits

12.2.5.7. Plan d’action 12.4.5.7.1. Le cycle de production (approvisionnement, vente, temps de fabrication…) Le cycle de production de cette espèce du type large White est de 2 fois par an et la production est de 8 porcelets par mise bas. Une truie met bas deux fois par an. La période de gestation est de 3mois, 3 semaines, 3 jours et 3 heures. Dans l’exécution de ce projet, les activités suivantes seront réalisées : Achat de 10 truies et 2 verrats pour un montant de 140 $ par unité soit 1.800 $ au premier mois ; Les aliments pour un montant mensuel moyen de 100 $ ; Les produits vétérinaires : pour 15 $ par mois. La première vente interviendra à partir du 6e mois pour les quantités suivantes : Premier mois : 40 porcelets pour un prix unitaire de 50 $ soit 2.000 $ ; Deuxième mois : idem ; Deuxième mise bas à partir du neuvième mois et la vente au 12e mois. 12.2.5.8. La commercialisation et le marketing Pour faire connaître le produit, une sensibilisation porte-à-porte sera organisée auprès des ONG internationales et locales. Les vendeurs dans les

389

différents marchés, les éleveurs situés à Bukavu et ses périphériques, les bouchers et charcutiers seront également contactés. L’entrepreneur participera aux émissions radio du GEL Sud-Kivu pour informer aux habitants de la disponibilité des porcs au sein de son entreprise. Tableau 67 : Planification ressources humaines porcherie Intitulé du poste Ouvriers Promotrice Vétérinaire

Nombre de personnes 2 1 1

Salaire par personne (en $) 30 50 25

12.2.5.9. La gestion administrative et financière Les outils de gestion utilisés au sein de l’entreprise :  Le carnet des reçus ;  Les bons d’entrée caisse ;  Les bons de sortie caisse ;  Le livre de caisse ;  Le facturier ; Ces outils seront améliorés lors des séances des suivis post création. Ces dernières seront effectuées chaque mois et les frais de prestation sont à la charge de l’entreprise à raison de 25 $ par séance. 12.2.5.10. Plan financier Tableau 68 : Formation du résultat prévisionnel : Élevage des porcs Désignation Production vendue Matières et fournitures consommées Matières premières et marchandises (+ Variation de stocks) Autres services consommés Autres Valeur ajoutée Charges de personnel Intérêts payés et frais bancaires Résultat brut d’exploitation Dotation aux amortissements Résultats nets d’exploitation Contribution sur le résultat

Crédit 9 500

Année 1 Débit

Solde

Crédit 9 500

Année 2 Débit

2 980

2 980

2 980

2 980

50 50

50 50 6 470

1 758 970

6 470 1 758 75

3 742 1 060

4 637 1 060

2 682 483

390

Solde

3 577 644

Tableau 69 : Bilan de clôture d’exercices élevage des porcs EMPLOIS – ACTIF AN 1 AN 2 Immobilisations 20 140,00 19 080,00 corporelles Valeurs disponibles (caisse 4 053,78 7 208,26 et banque)

TOTAUX EMPLOIS

24 194

26 288

RESSOURCES – PASSIFS AN 1 AN 2 Capital

20 500,00 20 500,00

Réserve légale

109,97

256,64

Résultat reporté Emprunts bancaires Impôts sur le résultat INSS à payer TOTAL RESSOURCES

2 089,51 1 000,00 482,81 11,48

4 876,23

24 194

26 288

643,91 11,48

Tableau 70 : Échelonnement des remboursements/Élevage des porcs Montant $4 000,00 3% $16,00 $1 020,00

Montant Taux mensuel Durée (mois) Intérêts totaux

Tableau 71 : Paiement d’intérêts/Élevage des porcs Mois 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

Mensualité

Intérêts

Capital remboursé

$370,00 $362,50 $355,00 $347,50 $340,00 $332,50 $325,00 $317,50 $310,00 $302,50 $295,00 $287,50 $280,00 $272,50 $265,00 $257,50 Totaux intérêts

$120,00 $112,50 $105,00 $97,50 $90,00 $82,50 $75,00 $67,50 $60,00 $52,50 $45,00 $37,50 $30,00 $22,50 $15,00 $7,50 $1 020,00

$250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00 $250,00

Solde restant dû $4 000,00 $3 750,00 $3 500,00 $3 250,00 $3 000,00 $2 750,00 $2 500,00 $2 250,00 $2 000,00 $1 750,00 $1 500,00 $1 250,00 $1 000,00 $750,00 $500,00 $250,00 $0,00

Note sur le remboursement de crédit : Du 1er au 5e mois, l’activité ne sera pas rentable. Ainsi, l’entrepreneur aura à recourir aux recettes de son secrétariat public et locations salle des fêtes pour rembourser son crédit.

391

Tableau 72 : Trésorerie prévisionnelle : Élevage des porcs AN 1 Départ Situation début de mois ENTRÉES Capital social 20 500,00 Emprunts 4 000,00 bancaires Chiffre d’affaires (ventes) Total des entrées 24 500,00 SORTIES Marchandises et charges variables Frais généraux Masse salariale Remboursement emprunt & intérêts Investissements (y compris apports 21 200,00 en nature) Total des sorties Situation de fin de mois

Mois 3

Mois 4

Mois 5

Mois 6

3 300,00 1 290,83 982,69

Mois 1

Mois 2

682,05

368,91

63,27

mois7

Mois 8

Mois 9 Mois 10 Mois 11 Mois 12

1 465,13 2 874,48 2 311,34 1 735,70 1 167,56 606,92

300,00

300,00

300,00

300,00

300,00 2 000,00 2 000,00

-

-

-

-

4 000,00

300,00

300,00

300,00

300,00

300,00 2 000,00 2 000,00

-

-

-

-

4 000,00

1 775,00

95,00

95,00

115,00

115,00

115,00

115,00

95,00

115,00

115,00

115,00

115,00

29,17 135,00

4,17 146,48

4,17 146,48

4,17 146,48

4,17 146,48

4,17 146,48

4,17 146,48

4,17 146,48

4,17 146,48

4,17 146,48

4,17 146,48

4,17 146,48

370,00

362,50

355,00

347,50

340,00

332,50

325,00

317,50

310,00

302,50

295,00

287,50

21 200,00 2 309,17 608,14

600,64

613,14

605,64

598,14

590,64

563,14

575,64

568,14

560,64

553,14

682

369

63

1 465

2 874

2 311

1 736

1 168

607

4 054

3 300

1 291

983

12.2.6. Projet de renforcement dans la fabrication des savons à NYANGEZI Conception et présentation : Entrepreneur : Avec l’appui-Conseil en gestion du Guichet d’Économie locale du SudKivu, asbl Décembre 2009 12.2.6.1. Pro-format du projet Titre : Projet de renforcement dans la fabrication des savons à NYANGEZI Porteur du projet : Coût total du projet : 490 $ Apport local : 90 $ en numéraire Emprunt sollicité : 400 $. Résumé : ce projet a pour but de permettre l’accroissement de la production des savons au sein de l’entreprise de l’entrepreneur x. actuellement il vend sur un seul marché de NYANGEZI ouvert le jeudi et le dimanche. À l’issue de ce projet, il compte mettre son produit sur plusieurs marchés situés à NYANGEZI et ses périphériques. Garantie foncière : maison en matériaux durable située à NYANGEZI. Document : attestation de propriété du chef de groupement.

392

Tableau 73 : Plan de financement initial fabrication des savons Besoins durables Immobilisations Corporelles Valeurs circulantes Trésorerie minimale Frais de lancement Total

Ressources durables Capital social - Apports en nature — Apport en numéraire Emprunt

167 167 219 219 104 490

Total

90 30 60 400 490

Tableau 74 : Ratios financiers savonnerie Ratio Seuil de rentabilité

1.685 $

Rentabilité sur fonds propres Résultats/capitaux propres

8

Ratio Capacité à rembourser Emprunt/CAF Ratio d’autonomie financière Capitaux propres/emprunt

6,23mois 22,5 %

12.2.6.2. Le promoteur 12.2.6.3. Portrait, compétences et capacité de l’entreprise Le promoteur de ce projet a eu l’idée de création d’une unité de fabrication des savons à partir de la carence de ces produits qui s’était manifestée à un certain moment dans leur village. C’est ainsi qu’il a installé son usine de fabrication des savons en vue de pallier cette situation. Actuellement, l’entreprise fonctionne et parvient à écouler 360 savons par mois, soit un chiffre d’affaires mensuel de 80 $. À l’issue de ce projet, l’entrepreneur compte accroître sa capacité de production en mettant plus des savons de lessive sur les différents marchés situés à NYANGEZI et dans les villages périphériques. 12.2.6.4. Compétences et capacités de l’entrepreneur Le promoteur de ce projet Mr x a été formé dans la fabrication des savons à Kalemie/Katanga et à l’issue de sa formation il a obtenu unies un brevet sanctionnant cette formation. Par la suite, il a exercé également le métier de formateur des savonniers au sein d’un centre de formation à Mulongwe/Uvira pendant quelques mois.

393

12.2.6.5. Environnement du projet 12.2.6.5.1. Cycle de production et pression exercée sur l’entreprise : Figure 19 : Environnement du projet savonnerie

394

12.2.6.5.2. Environnement technique La fabrication des savons est faite artisanalement par l’utilisation d’un équipement adapté. L’équipement disponible a une valeur de 30 $. Il sera acheté un équipement d’une valeur de 100 $. (Détails en annexe). 12.2.6.5.3. Environnement institutionnel La taxe de la chefferie est payée chaque jour du marché pour un montant de 0,33 $ soit 0,66 $ par semaine pour deux jours de marché. 12.2.6.5.4. Environnement socio-économique Les savons fabriqués localement sont consommés au même titre que ceux importés. 12.2.6.5.5. Environnement géographique La situation géographique n’a pas d’influence sur la production et la commercialisation des savons. Ce produit est consommé couramment chaque période pour le besoin hygiénique. 12.2.6.6. Étude de marché 12.2.6.6.1. Produit et positionnement (matrice métier) Figure 20 : Analyse des produits proposés savonnerie

Métier : pour faire suite à la présence du marché des savons, l’entrepreneur a choisi pour métier la fabrication de ces produits. DAS (Domaine d’activité stratégique) : le produit qui est fabriqué et commercialisé est le savon de lessive en dur. FCS (Facteur clé de succès) : le facteur clé de succès est la disponibilité de la matière première. AC (Avantage concurrentiel) : l’avantage face à la concurrence est la qualité du produit qui respecte les Normes à savoir la dureté, le pouvoir détersif, la couleur bleue, la mousse.

395

12.2.6.6.2. Clients et marché (la demande) Les clients de l’entreprise sont : Les ménages de NYANGEZI pour la consommation directe ; Les revendeurs des savons qui achètent en gros. 12.2.6.6.3. Concurrence directe et indirecte Les concurrents directs sont : 3 producteurs des savons au niveau de NYANGEZI ; Les produits en provenance de Bukavu qui sont fabriqués dans cette ville ou importés dans d’autres pays. La concurrence indirecte provient de l’utilisation du savon en poudre qui n’est pas acheté en grande quantité dans ce milieu, puisque considéré comme un bien de luxe qui coûte cher. Par contre, les savons liquides sont inexistants à NYANGEZI. Tableau 75 : Analyse FFOM Savonnerie. FORCES - Savoir-faire et expérience ; - Qualité du produit. - Emplacement. OPPORTUNITÉS - Existence de plusieurs marchés ; - Présence du GEL Sud-Kivu.

FAIBLESSES - Moyens matériels et financiers insuffisants ; MENACES - Vol.

12.2.6.7. Plan d’action 12.2.6.7.1. Le cycle de production (approvisionnement, vente, temps de fabrication, salaires…) L’approvisionnement mensuel en matière première et la main d’œuvre seront faits pour un montant de 320,12 $. Les matières premières et consommables qui seront achetées sont : huile de palme, soude caustique, huile palmiste et colorant. Pour ce coût de production, il sera obtenu 1.920 savons chaque mois. La vente de cette quantité de savons donnera une recette mensuelle de 422,40 $. Le prix de vente unitaire d’un savon est de 0,22 $ pour un coût de production de 0,167 $. 12.2.6.7.2. La commercialisation et le marketing Pour faire connaître son produit, l’entrepreneur fera une publicité à la radio communautaire de NYANGEZI pour un montant de 2 $ par semaine pour deux diffusions. La production est faite au domicile de l’entrepreneur tandis que la vente a lieu au marché central de NYANGEZI où les produits sont exposés sur une tablette les jours du marché, le jeudi et le dimanche. Pour faire suite à l’augmentation de la production prévue dans ce projet,

396

l’entrepreneur compte envoyer son produit dans différents marchés situés dans les périphériques de NYANGEZI notamment : Mushenyi situé à une distance de plus ou moins 30 km de NYANGEZI ; Ishamba situé sur la route menant à Uvira ; Ngali, Cidorhi et Cihera No. 12.2.6.7.3. Les ressources humaines L’équipe est composée par le gérant, le trésorier, et deux ouvriers. L’ensemble du personnel est payé selon la production pour un montant de 51,14 $ pour la production de 960 savons soit 102 $ pour la fabrication et la vente de 1.920 $ pour deux productions par mois. 12.2.6.7.4. La gestion administrative et financière Les outils de gestion qui permettent de faire le suivi des activités sont :  Le livre de caisse ;  La fiche des stocks ;  Les bons d’entrée caisse ;  Les bons de sortie caisse. Le suivi post création sera assuré par le GEL Sud-Kivu en vue d’apporter un appui-conseil en gestion à l’entrepreneur. L’expertise sera payée par l’entrepreneur pour un montant de 10 $ par mois. 12.2.6.8. Plan financier en $ Tableau 76 : Formation de résultat Savonnerie. Désignation Production vendue Matières et fournitures consommées - Matières premières et marchandises (+ Variation de stocks) Autres services consommés - Publicité et marketing Taxes diverses Valeur ajoutée Intérêts payés et frais bancaires Résultat brut d’exploitation Dotation aux amortissements Résultats nets d’exploitation Contribution sur le résultat Résultat net à affecter

397

Crédit 4 752

Année 1 Débit

Solde

3 601 3 601 104 104 34 1 012 79 933 28 906 4 752

163 4 009

743

Tableau 77 : Bilan de clôture d’exercices Savonnerie EMPLOIS – ACTIF

RESSOURCES – PASSIFS Capital

AN 1 90,00

885,33

Réserve légale

37,13

Résultat reporté Impôts sur le résultat

705,56 163,03

Immobilisations corporelles Valeurs disponibles (caisse et banque)

AN 1 110,40

Tableau 78 : Échelonnement des remboursements savonnerie Montant Taux mensuel Durée (mois) Intérêts totaux

$400,00 3% $8,00 $54,00

Tableau 79 : Paiement d’intérêts savonnerie AN 1

352,00

Mois 2 209,28

Mois 3 222,63

Mois 4 263,05

Mois 5 304,97

Mois 6 348,39

Mois 7 393,31

Mois 8 439,73

Mois 9 487,65

Mois 10 587,07

Mois 11 686,49

Mois 12 785,91

Départ Mois 01

Situation début de mois ENTRÉES Capital social Emprunts bancaires Chiffre d’affaires (ventes) Total des entrées SORTIES Marchandises et charges variables Frais généraux Masse salariale Remboursement emprunt & intérêts Investissements (y compris apports en nature) Total des sorties Situation de fin du mois

90,00 400,00 -

211,20

316,80

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

490,00

211,20

316,80

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

422,40

-

160,06

240,09

320,12

320,12

320,12

320,12

320,12

320,12

320,12

320,12

320,12

320,12

-

131,86 -

2,86 -

2,86 -

2,86 -

2,86 -

2,86 -

2,86 -

2,86 -

2,86 -

2,86 -

2,86 -

2,86 -

62,00

60,50

59,00

57,50

56,00

54,50

53,00

51,50

-

-

-

-

138,00

353,92

303,45

381,98

380,48

378,98

377,48

375,98

374,48

322,98

322,98

322,98

322,98

352

209

223

263

305

348

393

440

488

587

686

786

885

138,00

Tableau 80 : Trésorerie prévisionnelle savonnerie Mois 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Mensualité

Intérêts

Capital remboursé

$62,00 $60,50 $59,00 $57,50 $56,00 $54,50 $53,00 $51,50 Totaux intérêts

$12,00 $10,50 $9,00 $7,50 $6,00 $4,50 $3,00 $1,50 $54,00

$50,00 $50,00 $50,00 $50,00 $50,00 $50,00 $50,00 $50,00

398

Solde restant dû $400,00 $350,00 $300,00 $250,00 $200,00 $150,00 $100,00 $50,00 $0,00

Tableau 81 : Coût de revient des savons Matériels à acheter Moule Cache-nez Gant Bassin Casserole Malaxeur TOTAL

Quantité 8,00 6,00 4,00 8,00 5,00 9,00

PU en $ 2,00 4,00 5,00 3,00 3,00 1,00 TOTAL

Prix total en $ 16,00 24,00 20,00 24,00 15,00 9,00 108,00

Matériels disponibles Moule Cache-nez Gant Bassins Casseroles Malaxeur TOTAL

Quantité 2,00 1,00 1,00 3,00 2,00 2,00

PU en $ 2,00 4,00 5,00 3,00 3,00 1,00

Prix total en $ 4,00 4,00 5,00 9,00 6,00 2,00 30,00

Tableau 82 : Investissement Savonnerie A Matière première Huile de palme par bidon de 20 litres Soude caustique par kg Huile palmiste par bouteille de 72cl Colorant par kg Main d’œuvre Coût de production de 960 savons Coût de revient d’un savon

Quantité 4 12 2 5 1

399

Prix unitaire $20,00 $1,66 $2,00 $1,00 $51,14 Totaux $0,17

Coût total $80,00 $19,92 $4,00 $5,00 $51,14 $160,06 $0,00

CHAPITRE TREIZIÈME Mesures conservatoires, responsabilités des structures concernées et recommandations pour la protection des enfants

13.1. MESURES CONSERVATOIRES Les mesures de protection des enfants impliqués dans les conflits armés ne sont seulement pas pour la RDC notre pays, mais aussi pour les autres pays ayant connu le phénomène des enfants soldats comme le Sri Lanka, la Colombie, le Pakistan, le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, le Soudan, la Côte d’Ivoire, le Libéria, etc. Mais pourquoi ces mesures conservatoires et surtout plusieurs résolutions des Nations-unies concernant notre pays ? C’est parce que la RDC en tant que gérant de l’Afrique, a attiré l’attention de la communauté internationale qui a mis sur pieds, des instruments juridiques de protection des enfants et pour les avoir ratifiées. En outre, c’est parce que le nombre d’enfants impliqués dans les conflits était un scandale, l’avons-nous affirmé plus loin avec Amnesty “l’un des aspects les plus préoccupants des conflits en RDC : le recrutement et l’utilisation systématique par les troupes régulières et les groupes armés d’enfants de moins de18 ans comme combattant.”372 Pourquoi faire également la sensibilisation de ces mesures conservatoires pour notre pays en tant qu’État souverain ? C’est parce qu’il les a volontairement ratifiées, ainsi, il doit être suivi pas à pas par cette communauté internationale, c’est ainsi qu’il nous faut en faire une large diffusion afin de nous conformer à cette législation internationale. Enfin ceci par conséquent, nous permettra de réduire le phénomène d’enrôlement des enfants dans les forces et groupes armés et embellir l’image de notre pays à l’extérieur.

372

Amnesty Inernational, Op.cit

13.2. LES INSTRUMENTS JURIDIQUES NATIONAUX DE PROTECTION DE L’ENFANT 1° La Constitution du 18/02 /2006 Celle qui vient d’être révisée selon le journal officiel du 1er février 2011, est la seule constitution qui a banni toutes les ambigüités du code de famille et code pénal en ce qui concerne l’âge pénal qui était de 16 ans, l’âge nubile qui était de 15 ans et l’âge de 18 ans pour voter. Voir l’art. 41 et 190. Cette constitution a rendu au rabais tous âges précités à 18 ans. 2° La loi 09/001/2009 portant protection de l’enfant Elle est une loi spéciale pour notre pays, car elle a enlevé toutes les équivoques qui étaient contenues soit dans le Code pénal, ou soit encore dans le code de la famille, elle parle de la protection pénale de l’enfant avant : articles 143 à146 et après sa naissance : articles 147à198, ce qui entre dans le titre IV de cette loi spéciale promulguée à la date susmentionnée par le président de la République et comporte 5 titres dont :  Des dispositions générales (titre I) : et qui traitent de la définition de l’enfant ainsi que des principes fondamentaux,  Des droits de l’enfant : articles : 4 à 44,  Des devoirs de l’enfant : Articles 45  De la protection judiciaire de l’enfant (titre III),  De la protection ordinaire : articles 46à 61 ;  De la protection spéciale : articles 62 à 70, ainsi que la protection exception, Les articles 71,72 et 73 interdisent scrupuleusement l’enrôlement et l’utilisation des enfants dans les forces et groupes armés ainsi que dans la police nationale Congolaise. 3° Le code du travail (reformulé à la lumière de la convention182 de l’OIT) Pourquoi parler de ce code ? Parce que les articles 3 à 6 incluent “les enfants soldats” dans la liste de vingt pires formes de travail des enfants, identifiée par le ministère du Travail de la RDC et remise par le BIT. 4° Le Décret-loi No066/2000 Ce décret parle de la démobilisation et la réinsertion des groupes vulnérables présents au sein des forces combattantes. Il fut promulgué le 9 juin 2000 par le feu président Laurent Désiré KABILA. Il s’appuie ainsi entre autres, sur la convention relative aux droits de l’enfant ainsi que les résolutions 1261,1265 ; 1279 et 1291 du conseil de sécurité des NATIONS UNIES. 402

5° Les Mesures conservatoires “du 14 juin 2001’ Ces dernières furent éditées par le président Joseph KABILA à la date susmentionnée lors du lancement officiel de la campagne de sensibilisation sur la démobilisation et la réinsertion des enfants soldats. 6° La Loi No 023/2002 du 18 novembre 2002 Interdisant la poursuite des mineurs par la justice militaire. 7° Les Lois portant répression des violences sexuelles : Contenu et principales innovations Point n’est besoin de signaler que les viols et les violences sexuelles sont devenus une véritable arme de guerre pendant tous les conflits que la RDC a connus au cours de son histoire, les femmes et les jeunes filles quels que soient leurs âges, en ont payé un lourd tribut, c’est pourquoi, le parlement congolais, a eu à voter certaines lois exceptionnelles qui, particulièrement protègent mêmes les enfants. C’est notamment : 8. Loi No06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal congolais a) Économie générale du texte Volonté d’une répression rigoureuse — prise en compte des nouveaux comportements criminels, — la protection de la jeunesse, — la suppression de la peine de mort — Pas des mesures particulières pour la réhabilitation de la victime b) Les principales innovations 1. La Notion de violence sexuelle 2. La redéfinition du viol 2.1. Défaut de pertinence de la qualité officielle, de l’ordre hiérarchique. 2.2. La reconsidération du consentement de la victime Le contexte inhibant un consentement libre : environnement coercitif, pression psychologique 2.3. La victime : femme ou homme 2.4. Les modalités du viol  Usage d’un objet  Pénétration de tout orifice

403

2.5. Les circonstances aggravantes du viol : le minimum sera doublé  Si les coupables sont les ascendants ou descendants de la personne victime de l’attentat ;  S’ils sont de la catégorie de ceux qui ont autorité sur elle ;  S’ils sont ses enseignants ou ses serviteurs à gage ou les ‘serviteurs des personnes ci-dessus indiquées ;  Si l’attentat a été commis soit par les agents publics ou par ‘des ministres du culte qui ont abusé de leur position pour le ‘commettre, soit par le personnel médical, paramédical ou assistant ‘social, soit par des tradipraticiens, envers les personnes confiées à ‘leurs soins ;  Si le coupable a été aidé dans l’exécution de l’infraction par ‘une ou plusieurs personnes ;  S’il est commis sur des personnes captives par leurs ‘gardiens’ ;  S’il est commis en public ;  S’il a causé à la victime une altération grave de sa santé ou ‘laissée de séquelles physiques ou psychologiques graves ;  S’il est commis sur une personne vivant avec handicap ;  Si le viol a été commis avec usage ou menace d’une arme. 2.6. Une sanction supplémentaire : la déchéance de l’autorité parentale En cas de viol tel qu’aggravé au sens du point 1 et 2 de ‘l’alinéa 1er, le juge prononcera en outre la déchéance de l’autorité ‘parentale ou tutélaire si l’infraction a été commise par une ‘personne exerçant cette autorité conformément à l’article 319 du ‘Code de la famille’. B.3. Des nouvelles incriminations 1. Des éléments supplémentaires du proxénétisme  Diffusion publique des documents ou films pornographiques aux enfants de moins de 18 ans ;  Passer à la télévision des danses avec des tenues obscènes, attentatoires aux bonnes mœurs. Lorsque la victime est un enfant âgé de moins de 18 ans, la ‘peine est de cinq à vingt ans. 2. La prostitution forcée : usage de la menace, des coercitions ou abus de l’incapacité de donner le consentement pour obtenir un avantage pécuniaire ou autre 3. Le harcèlement sexuel : comportement persistant envers ‘autrui, se traduisant par des paroles, des gestes soient en lui donnant ‘des ordres ou en proférant des menaces, ou en imposant des ‘contraintes, soit en exerçant des

404

pressions graves, soit en abusant ‘de l’autorité que lui confèrent ses fonctions en vue d’obtenir de lui ‘des faveurs de nature sexuelle. Les poursuites seront subordonnées à la plainte de la victime. 4. L’excitation des mineurs à la débauche : exciter, faciliter ou favoriser pour satisfaire les passions d’autrui, la débauche ou la corruption des personnes de l’un ou l’autre sexe, âgé de moins de dix-huit ans Circonstances aggravantes :  Âgé de la victime : moins de dix ans  L’auteur : le père, la mère ou le tuteur, les coupables seront déchus de l’autorité parentale ou tutélaire, 5. L’esclavage sexuel : exercice des attributs de propriété notamment en détenant ou en ‘imposant une privation similaire de liberté ou en achetant, vendant, prêtant, troquant ladite personne pour des fins sexuelles, et la contraignant à accomplir un ou plusieurs actes de nature sexuelle. 6. Mariage forcé : donner une personne contre son grès ou la contraindre de se marier (pour des personnes qui exercent l’autorité parentale) Circonstance aggravante : la victime âgée de moins de dix-huit. 7. De la mutilation sexuelle : atteinte à l’intégrité physique ou fonctionnelle des organes génitaux, 8. La zoophilie : contraindre une personne à avoir des rapports sexuels avec un animal. Contrainte par ruses, violences, menaces ou par toute forme de coercition ou artifice. Avoir volontairement, des rapports sexuels avec un animal 9. La transmission délibérée des infections sexuellement transmissibles incurables : Contaminer une personne d’une infection sexuellement transmissible incurable. 10. Le trafic et de l’exploitation d’enfants à des fins sexuelles Tout acte ou toute transaction ayant trait au trafic ou à ‘l’exploitation d’enfants ou de toute personne à des fins sexuelles moyennant rémunération ou un quelconque avantage 11. La grossesse forcée : détenir une ou plusieurs femmes rendues enceintes de force ou par ruse. 12. La stérilisation forcée : Acte à la priver de la capacité biologique et organique de reproduction sans qu’un tel acte ait préalablement fait l’objet d’une décision médicale justifiée et d’un libre consentement de la victime. 13. La pornographie mettant en scène des enfants : Toute représentation par quelque moyen que ce soit, d’un enfant s’adonnant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute représentation des organes sexuels d’un enfant, à des fins principalement sexuelles. 14. La prostitution d’enfants. Utiliser un enfant de moins de 18 ans aux fins des activités sexuelles contre rémunération ou toute autre forme davantage.

405

Circonstance aggravante : auteur exerçant l’autorité parentale ou tutélaire sur la victime. L’auteur sera déchu de l’autorité parentale. 9. Loi No 06/019 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 6 août 1959 portant Code de procédure pénale congolaise A. Économie globale du texte  Souci de célérité dans la procédure (délai d’instruction)  Assistance obligatoire des victimes dès le début de la procédure (avocat et psychologue)  La protection des victimes et des témoins  Pas d’amande transactionnelle et partant d’arrangement à l’amiable  Le souci de répression et respect des droits de la défense  Absence des sanctions en cas de dépassement des délais  Application du régime de flagrance : pas d’autorisation préalable ni de privilège de juridiction  Protection de la dignité de la victime par une plus grande discrétion Les principales innovations 1. Règles dérogatoires dans l’administration de la preuve 1. Le consentement ne peut être inféré du silence ou du manque de résistance, la conduite de celle-ci. 2. Lorsque le consentement est réputé inexistant : le consentement ne peut être inféré des paroles ou de la conduite d’une victime lorsque la faculté de celle-ci à donner librement un consentement valable a été altérée par l’emploi de la force, de la ruse, de stupéfiant, de la menace ou de la contrainte ou à la faveur d’un environnement coercitif 3. Le comportement antérieur de la victime est sans influence sur le procès 4. L’officier du Ministère public ou le juge saisi en matière de violences sexuelles prend les mesures nécessaires pour sauvegarder la sécurité, le bienêtre physique et psychologique, la dignité et le respect de la vie privée des victimes ou de toute autre personne impliquée. B.2. La durée de la procédure 1. Devant l’O.P.J. : l’enquête est de portée immédiate et information à l’O.M.P. dans les 24heures 2. Devant l’O.M.P. : un mois à dater de la saisine de l’autorité judiciaire (laquelle ? Nous disons ici l’O.M.P. donc dès la transmission des P. V. ou dès la réception de la plainte ou encore dès la constatation des faits). 3. Devant le juge : trois mois 406

B.3. L’assistance obligatoire Un médecin, un psychologue et un conseil (avocat, défenseur judiciaire) B.4. Une dilution du régime de flagrance ? L’O.P.J. ou l’O.M.P. qui reçoit une plainte ou une dénonciation ou qui constate ‘une infraction à charge d’un magistrat, d’un cadre de commandement de l’Administration publique ou judiciaire, d’un cadre supérieur, d’une entreprise para étatique, d’un commissaire de district, d’un bourgmestre, d’un chef de secteur ou d’une personne qui les remplace ne peut, sauf cas d’infractions flagrantes ou d’infractions relatives aux violences sexuelles, procéder à l’arrestation de la personne poursuivie qu’après avoir préalablement informé l’autorité hiérarchique dont elle dépend. 3. Crimes graves, limites de lois précitées et palliatives du droit international et du code de justice militaire Élargissement du régime de responsabilité en cas des violations massives. Comme nous l’avons évoqué, ces lois ne semblent prendre en charge des cas de violences massives comme elles sont pratiquées à l’Est de la R. D. Congo, notamment lorsque des villages ou des villes sont attaqués par des violeurs dont on a du mal à identifier par la suite. Les droits et devoirs des victimes de violences sexuelles  Devoir de collaborer à la justice  Devoir commun à tout citoyen de dénoncer une infraction  Droit à la protection  Droit à l’assistance  Droit au juge notamment à l’exécution du jugement  Et si les auteurs ne sont pas connus ; La procédure en cas de violences sexuelles  Les faits  d’énonciation, plainte ou citation directe  Les enquêtes  Déroulement du procès  Le huis clos  Exécution du jugement  Les voies de recours

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 La saisine des juridictions internationales : entre la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, la cour pénale internationale et le Comité des droits de l’homme. D’autres mécanismes conventionnels La rédaction d’une plainte et la reconstitution des éléments de preuve 1. Choix entre plaintes, citation directe et dénonciation 2. Rapport sur les V. S. et dénonciation 3. Qui doit rédiger une plainte ? A. Quand la victime ou un proche peut rédiger un écrit B. Distinguer les faits du droit  Pour les faits : un animateur quelconque de l’ONG  Pour le droit : si possible un juriste ou para - juriste  Selon le destinataire de la plainte : pour un 0.P.J. il vaut mieux proposer une qualification 4. Quand déposer la plainte ? 5. Et si elle est sans suite ? Les rôles des APS dans l’administration de la preuve en matière des violences sexuelles : Collecte et conservation des éléments de preuve et précaution à prendre dans l’accompagnement des victimes ; 1. Pourquoi les APS devraient-ils intervenir dans l’administration de la preuve : les contacts avec les victimes 2. Comment récolter les données relatives aux violences sexuelles A. Poser des questions : comment ? B Qui peut récolter les données ? C. Où et comment les conserver D. Et si on devrait recourir à l’expertise médicale F. Ce qu’il ne faut pas faire pendant la récolte des données G. Ce qu’il faut faire H. La légalité des moyens de preuve I. Les P. V. d’O. P. J. K. Et si la victime est mineure L. Preuve en cas de guerre ou troubles : les chefs des bandes M. Témoigner en justice ? N. Quand produire les preuves ? Les ONG locales et la lutte contre l’impunité de violences sexuelles 1. Les défis de la répression des violences sexuelles A. La réticence des victimes B. La difficulté des preuves C. Violences sexuelles en période de crise D. La pauvreté des victimes et le coût de la procédure 408

E. Arrangement à l’amiable, un danger pour la justice F. Volonté de répression et risque d’erreurs judiciaires G. Lorsque l’auteur est une ‘grosse légume’ 2. Face à ces défis : le rôle des ONG L’action des ONG en faveur des droits de l’homme remonte très loin dans l’histoire. C’est ainsi que les femmes de Londres adressèrent, en 1649, leur ‘humble requête’ au parlement anglais, qui avait édicté, vingt ans auparavant, la Pétition of Rights de 1628. Elles posèrent la question suivante : ‘serait-ce que les libertés et les garanties des pétitions of Rights et autres bonnes lois du royaume ne sont pas faites pour nous comme pour les hommes ? ‘ C’est dans le prolongement de cet esprit que se situe l’engagement des ONG dans la lutte contre l’impunité des violences sexuelles. La lutte internationale contre l’impunité Parmi les objectifs des Nations unies figurent le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Dans la réalisation de cet objectif, il est prévu des mécanismes de consultation des ONG auprès des institutions de Nations unies. Ces dispositions consultatives permettent aux ONG, notamment devant les juridictions internationales de jouer un rôle important dans la lutte contre les violations des droits de l’homme. En effet, il s’est développé une solidarité internationale autour des droits de l’homme qui implique des ONG de nationalités différentes ou parfois à rayonnement régional ou quasi universel. En résumé, la lutte internationale passe par deux voies : l’utilisation des mécanismes onusiens ou d’autres institutions internationales qui prévoient la collaboration avec les ONG et la chaîne de solidarité entre ONG de nationalités différentes. La participation à l’élaboration des normes Rappelons simplement que les deux lois sont l’initiative des quelques ONG de Bukavu en l’occurrence le RFDP et Global Rights qui y ont associé des experts sur place et dans d’autres provinces. Si les lois actuelles sur les violences sexuelles sont récentes, il n’empêche qu’elles laissent des zones d’insatisfaction notamment sur l’indemnisation des victimes, les violences sexuelles massives à l’occasion des troubles où un plaidoyer législatif est toujours possible. Encore que la jurisprudence n’est pas encore fixée pour que l’on rassure de la portée réelle des certaines dispositions et des aménagements nécessaires.

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Vulgarisation des textes La connaissance des règles réprimant les violences sexuelles est atout majeur pour que les victimes puissent s’en plaindre et que les autorités compétentes puissent les sanctionner. C’est pourquoi nous devons nous investir pour que le dernier des citoyens puisse savoir le contenu et la portée de chaque disposition des lois qui répriment les violences sexuelles dans notre pays. La présente session s’inscrit dans ce cadre. Publication des rapports Faire montre de professionnalisme : concilier le souci de protéger les victimes et la nécessité de dire la vérité. Avoir conscience des effets néfastes des informations sur les violations des droits de l’homme. Ne rien publier qui n’est vérifier et s’il ya besoin, faire appel à la chaîne de solidarité pour éviter les ennuis sécuritaires. Mise en œuvre des procédures disponibles : accompagnement des victimes Si les lois actuelles ne permettent pas aux ONG de se constituer partie civile, celles-ci peuvent néanmoins accompagner la victime à tous les niveaux de la procédure. Cet accompagnement peut consister à la persuader de porter plainte, à conserver les preuves, à déposer et suivre la plainte jusqu’au bout de la procédure y compris l’indemnisation. Capitaliser la jurisprudence existante L’analyse, les commentaires des décisions rendues permettent aux victimes d’adapter leurs demandes à l’interprétation officielle de la loi, mais aussi à dénoncer et donc à décourager une interprétation erronée. 3. Pour une lutte efficace : quelques règles à observer  À chaque étape, conserver l’intimité de la victime  Veillez aux erreurs de procédure et rassurez-vous que les garanties du procès équitable sont respectées.  Soyez attentifs à la constitution et à la conservation des moyens de preuve  Toujours savoir que l’action appartient à la victime et ses ayants cause ; conseiller, accompagner et non se substituer  agir en synergie avec d’autres volets et d’autres organisations  Développer des complicités dans les services judiciaires  Tant que ça marche, laisser les juridictions jouer leur rôle

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 Pour des violations massives, la synergie (notamment internationale) est indispensable  La protection des intervenants : la victime, les témoins, les enquêteurs, nos animateurs, les conseils…)  La synergie comme facteur de sécurité : faire suivre sans s’afficher  Chacun est acteur de sa sécurité  Lorsque la médiatisation s’impose  Solliciter une protection officielle  Ni héros, ni lâche, mais activiste vivant  Toujours évaluer l’activité Pour le cas individuel Après un jugement défavorable : les voies de recours Après un jugement favorable définitif : ne pas se contenter de la condamnation ; poursuivre jusqu’à l’exécution des intérêts civils. Et si l’auteur court les rues : s’informer pourquoi il est relâché, s’il s’agit d’une mise en liberté provisoire et qu’il faut le réincarcérer une demande peut en être faite aux autorités judiciaires tout comme un lobby notamment une médiatisation accrue peut pousser les autorités judiciaires à revenir sur leur décision. Obstacles à l’application de la loi, il s’agit de 1. l’impossibilité d’atteindre les auteurs du viol ; ex : FDLR, rasta, Interahamwe… 2. la loi elle-même :  Le code de la famille donne aux parents la possibilité de marier leur fille de 16 ans contrairement à la loi qui reporte cet âge à 18 ans,  Le Code pénal qui consacre la responsabilité pénale à 18 ans (qu’en est-il d’un violeur de moins de 18 ans) 3. les commandants militaires protègent toujours leurs hommes même si ces hommes ont commis les viols, on ne les remet jamais entre les mains de la justice. 4. Beaucoup de dossiers s’arrêtent au niveau des OPJ (polices) et n’arrivent pas au parquet, contrairement à la loi qui ne leur accorde que 24 heures. 5. Les victimes et leurs parents ne connaissent pas leur droit, l’ignorance de leur droit fait qu’elles ne dénoncent pas les cas de viols. 6. Les victimes craignent la clameur publique, elles ont tendance à cacher le cas des viols. 7. Les victimes ne prennent pas le courage de dénoncer le cas des viols.

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8.

L’insécurité grandissante ne permet pas à l’autorité judiciaire de mettre la main sur les auteurs quand ces derniers habitent les milieux ruraux. 9. Les mauvaises conditions de travail des magistrats et le Nombre réduit de ces derniers. 10. La Non-assistance des victimes par les avocats. 11. La grande question de preuve, les victimes se trouvant dans les milieux ruraux où il n’y a quasiment pas des centres de santé dignes de ce Nom ont du mal à faire constater les viols. 12. Les réquisitions de l’information arrivent en retard quand les magistrats les demandent. 13. La non-rétroactivité de la loi du 20 juillet 2006 fait que le cas commis avant le 20 juillet 2006 reste impuni. 14. L’analphabétisme de beaucoup de Congolais fait que les cas des violences sexuelles ne sont pas bien documentés. 15. L’éloignement de la justice de justiciables constitue un obstacle de taille. Ex. : une victime qui doit quitter Nyabibwe pour aller à Kavumu. - Nyangezi-Kavumu 16. pour le jugement rendu, aucune victime n’a bénéficié des DI 17. l’inexistence d’un fonds d’appui en justice aux victimes et aux témoins (transport, logement, consignation) 18. le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire reste un grand obstacle. 19. l’insolvabilité des auteurs des viols, souvent ce sont de minable (vent ni pieds) Comment faire face à ces obstacles Pour faire face à ces obstacles, nous reformulerons les recommandations à la fin de ce chapitre. En guise de conclusion, tous les instruments que la RDC notre pays a eu à promulguer, lui ont donné beaucoup d’ouvertures visà-vis de la communauté internationale et la couronne revient plus au président Joseph KABILA par rapport aux précédents, car il est l’unique à avoir promulgué beaucoup des lois aussi bien pour les droits de l’homme en général et ceux de l’enfant en par particulier, mais beaucoup de défis restent à relever, à savoir : les appliquer sur terrain et de les vulgariser, mais surtout briser avec l’impunité.

13.3. LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX 1° La convention relative aux droits de l’enfant (CDE) Celle-ci a été adoptée et ouverte à la signature, la ratification et adhésion par l’Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution 44/25 de novembre 1989. Signée et ratifiée par la CDE le 21 août 1990 (Ord-loi 412

No90-048) et entrée en vigueur le 2 septembre 1990. La CDE est un instrument très indispensable, car, elle a concilié les autres instruments nationaux en donnant une définition universelle de l’enfant qui est considéré comme : ‘tout être humain âgé de moins de 18 ans’, et d’après son article 38, les États partis s’abstiennent d’enrôler dans les forces armées toute personne n’ayant pas atteint l’âge de 15 ans. 2° La charte africaine des droits et bien-être de l’enfant Adoptée en juillet 1990 à Addis Abeba (Éthiopie) par la conférence des chefs d’État et des gouvernements de l’organisation de l’Unité Africaine (OUA), elle a été signée et ratifiée par la RDC Notre pays le 28 mars 2001. Cette Charte vient en complément à la CDE et reprend les grandes lignes telles que la protection, la Non-discrimination, l’intérêt supérieur de l’enfant, l’éducation, les loisirs, les conflits armés. Etc. ; 3 ° Le protocole facultatif a la cde, concernant l’implication d’enfants dans les groupes armes  Adopté par l’Assemblée générale de l’ONU, le 26 juin 2000  Autorisé à la ratification, en RDC par le Décret-loi No002/01 du 28 mars 2001,  entrée en vigueur le 12 février 2002 (d’où ’la commémoration de la journée internationale de l’Enfant Soldat’ à cette date. Le protocole facultatif concernant l’implication des enfants dans les conflits armés est un additif à la CDE, il élargit l’âge minimum de recrutement à 18 ans révolus. 4° La convention No 138 et 182 de l’organisation internationale du travail (OIT) La première est axée sur l’âge minimum d’admission à l’emploi de 1973 et remplace les conventions sectorielles antérieures partant de l’âge minimum, vise l’abolition effective du travail des enfants, mais vise aussi l’élévation progressive de l’âge minimum à ‘un niveau permettant aux adolescents d’atteindre le plus complet développement physique et mental’ ;  15 ans, comme l’âge minimum général (ou l’âge auquel cesse la scolarisation obligatoire, si celui-ci est plus élevé et 14 ans possible pour une période de transition.  18 ans pour les types de travail ou d’emploi susceptibles ’de compromettre la santé, la sécurité ou la moralité des adolescents’ et 16 ans possibles avec protection complète et instruction/formation spécifique et adéquate.

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 13 ans pour les travaux légers. Mais pas susceptibles de porter préjudice à leur santé ou leur développement, pas de nature à porter préjudice à leur assiduité scolaire, leur participation à des programmes d’orientation et de formations professionnelles, ou à leur aptitude à bénéficier de l’instruction reçue. La seconde par contre, concerne particulièrement l’interdiction des pires formes de travail des enfants et l’action immédiate en vue de leur élimination. Elle a été adoptée par la conférence générale de l’OIT du 17 juin 1999 en ses 87 sessions et ratifié par la RDC, en juin 2001. 5° la résolution 1612 du conseil de sécurité des Nations unies sur les six violations graves des droits de l’enfant, commises en situation de conflit arme. Ainsi que la mise sur pied de mécanisme de surveillance et de communication de l’information Et parmi ces 6 violations, il est à noter particulièrement :  Les meurtres ou mutilations d’enfants,  Le recrutement et l’utilisation d’enfants,  Les attaques contre les écoles et les hôpitaux,  Le viol ou autres violences sexuelles graves sur les mineurs,  Les enlèvements d’enfants,  Le refus d’accès humanitaire aux enfants ; Outre cette résolution phare, il en a d’autres, c’est notamment les résolutions 1261(1999), 1314(2000), 1379(2001), 1460(2003) et 1539 (2004). Ces résolutions des Nations unies condamnent, de manière réitérée le recrutement et l’utilisation d’enfants par les parties impliquées à des conflits armés, en violation du droit international, et appel à y mettre un terme. 6° Le Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale Il a été adopté le 17 juillet 1998, par la conférence diplomatique de plénipotentiaires des Nations unies sur la création d’une cour criminelle internationale. Signé en septembre 2000 et ratifié le 30 mars 2002 par la RDC, il est entré en vigueur le 1er juillet 2002, ce statut reconnaît à la CPI la compétence de poursuite des crimes de guerre et ceux commis à grande échelle comme celui d’enrôlement des millions d’enfants dans des forces et groupes armés dans notre pays. 7° Les Principes de Paris Les principes directeurs sont relatifs aux enfants associés aux forces et groupes armés, autrement dit, ces principes sont les résultats d’un examen 414

global ‘des principes de Cap’ concernant la prévention du recrutement d’enfants dans les forces armées, la démobilisation et la réinsertion sociale des enfants soldats en Afrique. Ces principes des Paris reconduisent l’esprit des principes de Cap selon sa définition de l’EAFGA.

13.4. RESPONSABILITÉS DES STRUCTURES CONCERNÉES ET RECOMMANDATIONS

13.4.1 Au gouvernement de la RDC (provincial et national) À ce point, il n’est pas question d’inventer tellement la roue, mais plutôt d’appliquer et faire appliquer tous instruments juridiques tant nationaux qu’internationaux de protection et promotion de l’enfant, spécialement ceux interdisant et condamnant l’enrôlement et l’utilisation des enfants dans les forces et groupes armés  établir et restaurer son autorité sur toute l’étendue de la République,  démanteler tous les forces et groupes négatifs,  faire la vraie réforme des tous les services de sécurité,  doter le pays d’un armé république, puissante et dissuasive,  renforcer le Cadre opérationnel.  Réaffirmer le principe de l’indépendance du pouvoir judiciaire et de la magistrature garantie par :  L’amélioration des conditions sociales de tous les agents notamment ceux de l’administration judiciaire en général et des magistrats en particulier  L’amélioration de leurs conditions de travail notamment dans la réfection des palais et autres locaux abritant les services judiciaires et pénitentiaires.  Procéder au recyclage et à la formation juridique du personnel et de tous ceux qui concourent à l’administration de la justice.  Rapprocher la justice des justiciables par la création des nouvelles institutions judiciaires tant dans les milieux urbains que dans les milieux ruraux.  Ne conférer la qualité d’OPJ qu’eux seuls personne n’ayant reçu un minimum de formation en procédure judiciaire  Assurer la formation des agents pénitentiaire afin de mieux encadrer les détentions unies  Veiller à l’application stricte de la loi pénitentiaire  Intégrer dans les programmes scolaires, tant au niveau du primaire du secondaire, du supérieur et de l’université, l’enseignement des principes et valeurs universelles des DH afin de favoriser à l’émergence d’une société démocratique et multiculturelle.  Vulgariser et diffuser dans les langues nationales de la RDC la loi du 20 juillet 2006. 415

 voter les lois sur le fonds devant permettre aux victimes d’accéder au juge naturel  d’adopter une politique réaliste et pragmatique de lutte contre l’impunité  D’adapter les lois nationales qui sont en contraction avec la loi du 20 juillet 2006  Revaloriser la fonction des magistrats  Renforcer la dépolitisation de l’armée, de la territoriale, des services spéciaux et de maintien de l’ordre  Mettre en place une banque des données et gérer toutes documentations en matière des viols et violences sexuelles  Renforcer la sécurité dans toutes les provinces de la RDC  Une collaboration entre gouvernants, gouvernés et acteurs judiciaires.  Militez à faire des DH une composante essentielle du programme de développement.

13.4.2. À l’unité d’exécution du programme national de désarmement démobilisation et réinsertion  UEPN-DDR est unique service technique du gouvernement congolais. Née sous la cendre des autres anciens services comme le Commissariat général au DDR, le BUNADER et la CONADER, mais sa méthode de travail ne semble pas donner assez de résultats, faute d’octroi des kits de réinsertion sans le processus d’orientation et de formation professionnelle complet pour certains et filières ni de l’étude du marché local de ses bénéficiaires.  Ainsi, nous lui recommandons ce qui suit :  Que octroi de kit de réinsertion soit précédé du processus complet d’orientation et de formation professionnelle du sujet à réinséré,  Que l’étude du marché local soit un préalable afin de dénicher toutes les opportunités porteuses,  qu’elle engage un personnel spécialiste et compétent et en l’occurrence un psychologue et un assistant technique à la réinsertion,  qu’elle abroge le modèle de réinsertion du type individuel et que le type collectif ne dépassant pas 5 sujets soit encouragé,  qu’elle soit plus un service technique du gouvernement que politique.  Qu’elle engage des assistants sociaux chargés de terrain afin de faire le suivi-évaluation hebdomadaire des unités de production créées,  Que les 23 stratégies alternatives de réinsertion soient des règles d’or.

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13.4.3. Aux ONG locales et internationales des droits de l’homme  Identifier puis supprimer toutes les entraves à l’action des ONGDH en matière de VS,  promouvoir un partenariat entre l’État et les ONG pour la mise sur pied d’un cadre de travail, de concertation et de collaboration entre le pouvoir public et ONG en matière de viols sexuels.  D’éduquer la population sur le DH  sensibilisation tous azimuts de loi du 20 juillet 2006 et formation en vue de faciliter les victimes d’accéder à la justice. 13.4.4. Aux ONG nationales et autres acteurs de la réinsertion des exsoldats  Parmi les causes les plus importantes d’échec de la réinsertion économique des acteurs sociaux, on note le Non-respect des critères de sélection des bénéficiaires, la non-réalisation de l’étude du marché local où doit être inséré le bénéficiaire, la non-réalisation orientation et de la formation professionnelle, la formation en gestion et développement des compétences commerciales, d’un projet professionnel consensuel, la non-élaboration d’un business-plan, et le détournement du kit réel de réinsertion économique.  Ainsi, recommandons à tous les acteurs ce qui suit :  Le strict respect de toutes les 23 stratégies alternatives proposées pour une réinsertion durable,  associer les bénéficiaires à tout le processus de leur réinsertion,  faire d’abord une étude au préalable du marché local de réinsertion économique afin de fixer les opportunités et filières porteuses,  éviter le détournement des kits réels de réinsertion pour les bénéficiaires,  Respecter le paquet minimum de réinsertion pour chaque filière.  D’être très sérieux dans leur gestion et de faire usage de la bonne gouvernance.  De dire Non et d’énoncer toutes les opérations retour,  D’engager un personnel compétent et d’éviter le tribalisme et le ‘nduguïsme : vient du mot NDUGU en swahili, l’une de quatre langues nationales parlées en République démocratique du Congo, et donc ‘ndugu’ signifie : frère ou sœur à moi ou encore, parenté373‘ c’est-à-dire engagement basé sur les liens familiaux (relations claniques, tribales, ethniques et régionales).

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Viens du mot NDUGU en Swahili (l’une de quatre langues nationales parlées en République du Congo et qui signifie mon frère et ma soeur biologique et par) extension de clan, de la tribu et de l’ethnie.

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 Renforcer les mécanismes de suivi et évaluation : intégrer systématiquement les leçons apprises et fiabiliser les statistiques ;  Renforcer la formation des ESFGA en Entrepreneuriat et gestion et développement des compétences commerciales ;  Prévoir la possibilité de leur accès au (micro-) crédit ;  Impliquer les parents des ESFGA, les autorités locales et la communauté dans leurs activités économiques pour une meilleure pérennisation ;  Renforcer la sensibilisation de la communauté pour une meilleure compréhension du concept ’enfance’.

13.4.5. À la communauté internationale, Organisations non gouvernementales internationales humanitaires et aux bailleurs des fonds  Les durées accordées au processus de réinsertion ont souvent été de courte échéance à cause de contraintes budgétaires et les activités de suivi technique post réinsertion non jamais été financées.  Ainsi, recommandons pour eux ce qui suit :  D’accorder un budget conséquent pour volet réinsertion économique,  De prolonger la durée de la réinsertion jusqu’à 18 mois après le processus de réinsertion et désengagement,  De prévoir un budget de suivi technique post création des microentreprise,  D’éviter les opérations retour et les salaires colossaux et la vie ostentatoire (qui prennent presque la moitié du budget total), pour les expatriés qui viennent travailler au pays.  D’appliquer ou faire les 23 stratégies alternatives de réinsertion comme règles d’or.

CONCLUSION PARTIELLE La solution aux problèmes de protection des enfants en général et des ESFGA en particulier, exige d’une approche globale et globalisante et l’implication de tous les acteurs sociaux. De l’État congolais aux organisations de la société civile, chacun doit jouer son rôle et prendre ses responsabilités. L’impunité doit impérativement céder place à l’application des lois nationales et autres instruments juridiques internationaux de protection de l’enfant.

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CHAPITRE QUATORZIÈME Conclusion générale

14.1. INTRODUCTION Notre recherche a porté sur le ’Désarmement, Démobilisation et Réintégration [DDR] Enfants Soldats en période POST-CONFLITS à l’Est de la RD Congo : Échecs, Défis et stratégies’. Approche systémique et recherche appliquée en province du Sud-Kivu. La présente étude est née à la fois de plusieurs constats négatifs et motivations diverses, mais surtout par souci de répondre à une question fondamentale à un problème social ’phénomène Enfants soldats’ : ‘Pourquoi depuis son démarrage en 2003, les processus DDR en général et le DDR-Enfants en particulier connaissent autant d’échecs et des défis, nonobstant les efforts consentis, les moyens et la bonne volonté de certains acteurs et partenaires nationaux et internationaux impliqués dans la thématique ? Et pourquoi le DDR ne cède pas du tout place au développement durable plus d’une décennie ?

14.2. QUESTIONS DE RECHERCHE 1. Pensez-vous que le DDR-Enfants et la réintégration socio-économique des ESFGA dans la province du Sud-Kivu, sont une réussite ou un échec ? Si c’est un échec, quelles en sont les causes ? 2. Quels sont les défis majeurs auxquels le DDR s’est buté singulièrement dans la province du Sud-Kivu ? 3. Enfin, quelles sont les approches et stratégies appropriées pouvant être préconisées pour le succès de la réintégration à tous les acteurs sociaux impliqués dans cette thématique ?

14.3. VÉRIFICATION DES QUESTIONS DE RECHERCHE, DES OBJECTIFS ET DES HYPOTHÈSES DE NOTRE RECHERCHE

14.3.1. Objectifs de la recherche 14.3.1.1. Objectif général La présente thèse vise à rendre durable le DDR en général et le DDREnfants en particulier, tout en empêchant le recrutement et l’utilisation volontaires ou forcés des enfants les forces et groupes armés. En plus, comprendre le ‘pourquoi’ et ‘identifier’ les causes et les défis, qui ont contribué et qui continuent à contribuer à l’échec au DDR-Enfants dans la Province du Sud-Kivu. 14.3.1.2. Objectifs spécifiques Trois objectifs spécifiques ont été poursuivis par la présente recherche, à savoir : 1. Identifier les causes majeures liées au manque de succès du DDR durable et de la réintégration socio-économique des ESFGA. Ce premier objectif a été bel et bien atteint, car, quarante (40) causes majeures d’échecs ont été identifiées dont dix-sept (17) liées aux approches et stratégies d’implémentation du processus et aux mauvaises pratiques, dix (10) dues aux difficultés liées à la formation professionnelle et treize (13) dues aux difficultés liées à la réintégration professionnelle et socio-économique. 2. Inventorier (relever) ou répertorier les défis majeurs auxquels le DDR s’est buté singulièrement dans la province du Sud-Kivu ? Ce deuxième Objectif spécifique a été aussi largement atteint, car, trentetrois (33) défis principaux ont été identifiés et répertoriés, dont, sept (7) en ce qui concerne les enfants, neufs (9) à l’endroit des communautés locales, des ONG nationales et internationales, des agences de la protection de l’enfance, et enfin dix-sept (17) au chef de pouvoir public. 3. Mettre sur pied les approches, les stratégies alternatives ainsi qu’un modèle stratégique en vue du DDR et de la réintégration socio-économique de tous enfants ex-combattants et d’autres couches vulnérables. Ce troisième objectif a été bel et bien atteint étant donné qu’à l’issue de notre recherche, nous sommes arrivé à mettre sur six (6) Approches, vingt-trois (23) stratégies alternatives et un modèle stratégique comme préalable pour le DDR durable et réussi.

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14.3.1.3. Objectifs intermédiaires 1. Prévenir (empêcher) et à arrêter le recrutement volontaire ou forcé des enfants dans les forces et groupes armés. Objectif atteint grâce à:  La sensibilisation-conscientisation basée les droits de l’enfant ainsi que de sa place qui absolument être dans la famille et à l’école,  La création et l’établissement des toiles préventives communautaires et inter communautaire et des plans de développement dans chaque communauté de retour des enfants ex-combattants, nous confirmons également avoir atteint cet objectif. 2. Faire une étude comparative entre les considérations psychosociales des enfants ex-soldats par rapport aux autres catégories d’enfants de la société jugée normaux ; afin de faciliter l’intégration sociale de toutes les couches de la communauté comme prévu par le principe de Paris. Grâce au chapitre7, analysant les traits de personnalités des enfants sortis des forces et groupes armés dont singulièrement : l’affectivité, l’émotivité, la peur, la colère, etc. Nous sommes donc arrivé aux conclusions, suivantes : les ESFGA ne sont pas différents des autres enfants jugés normaux de nos communautés, il va juste falloir mettre à leur faveur une pédagogie adaptée aux enfants et jeunes à risque et les comprendre. 3. Faire valoir quelques types de trilogies comme exigence fondamentale et même soubassement d’une bonne orientation, formation professionnelle, et de gestion développement des compétences commerciales des activités génératrices des revenus (AGR). Ainsi, cet objectif a été sans doute atteint, car sommes-nous arrivés à mettre sur pieds deux types de trilogies à savoir :  ‘Individu-Métier-Marché d’emploi’ (I-M-M), et  ‘Marché-Offre égale Demande et Marketing’ (M-O=D-M). 4. Dénoncer et éradiquer toutes les mauvaises pratiques qui ont élu domicile dans le chef des agences de protection de l’enfance et communautés : À l’issue cette étude, nous avons décelé et dénonçons les mauvaises pratiques ci-après :  La fabrication des faux groupes armés et des enfants soldats par certaines APE et certains leaders politiciens,  Les antivaleurs telles que : le tribalisme, la partialité, les humeurs et la subjectivité dans le recrutement des personnes ressources DDR,  Les opérations retour,  L’endoctrinement du système humanitaire, etc.,  Par ces résultats confirmons-nous avoir bien atteint tous ces objectifs ? 421

14.4. HYPOTHÈSES Face aux échecs et aux défis enregistrés dans le domaine de DDR et de la réintégration socio-économique et professionnelle des enfants sortis des forces et groupes armés, nonobstant les moyens et les interventions de plusieurs partenaires impliqués dans cette thématique, nous confirmons que : 1. La volonté politique et l’instauration de l’autorité de l’État sont capables d’éradiquer totalement de toutes les forces négatives et de tous les groupes armés, ainsi que l’effectivité des réformes de l’armée nationale et des tous les services de sécurité ainsi que de la révision du cadre opérationnel, ainsi notre première hypothèse se confirme. 2. L’usage effectif, de six (6) approches et de vingt-trois (23) à stratégies alternatives, soldats, la mise en application des nouvelles approches basées sur la sensibilisation-conscientisation des toutes les parties prenantes en vue de l’éradication du phénomène enfants soldats, et surtout du modèle stratégique de réintégration socio-économique, rendront le DDR durable et permettront non-perpétuation de la dépendance, ceci étant, notre deuxième hypothèse se confirme. 3. L’éradication des mauvaises pratiques, la stabilisation de la situation sécuritaire grâce à la sensibilisation-conscientisation, la création et l’établissement des toiles préventives communautaires et inter communautaire, l’élaboration des plans de développement communautaire et intercommunautaires ; permettront une approche globale et globalisante où toutes les parties prenantes au processus, connaîtront les droits de l’enfant, joueront leurs rôles et dénoncerons et lutteront contre les toutes les pratiques mauvaises, ainsi, notre troisième hypothèse se confirme. 4. La protection au travers l’éducation, la réforme du système éducatif congolais et humanitaire permettrons le développement durable et réhabiliteront tous les enfants dont l’avenir leur a été volé, et seront donc des solutions adéquates et appropriées pour la durabilité du DDR-Enfants et de la réintégration socio-économique des ex-enfants soldats et autres couches vulnérables. Ainsi, toutes nos quatre hypothèses se sont bel et bien confirmées.

14.5. RÉSUMÉ DES PRINCIPAUX RÉSULTATS Au terme de notre recherche de longue haleine, les résultats suivants ont été atteints : 72 % de nos enquêtés, ont confirmé que le DDR est un échec, car même s’il y a eu un peu de succès en ce qui concerne le désarmement et la démobilisation, la réintégration par contre est un échec notable. Quarante (40) causes majeures d’échecs ont été identifiées (33) défis principaux ont été répertoriés, six (6) Approches et vingt-trois (23) Stratégies alternatives mises sur pieds en plus de notre modèle stratégique du DDR et la réintégration socio-économique de toutes les couches vulnérables, axées 422

essentiellement sur les quatre (4) piliers DDR, quatre (4) piliers de la médiation et enfin les quatre (4) de l’éducation. La sensibilisationconscientisation, la création et l’établissement des toiles préventives communautaires et intercommunautaires, avant de boucler par l’effectivité des différentes réformes et la réelle volonté politique capable de stabiliser la situation sécuritaire, l’éradication toutes les forces et groupes armés, l’établissement de l’autorité de l’État des droits et de progrès, etc., tels sont donc, les résultats probants de notre recherche.

14.6. CONTRIBUTIONS Notre thèse a généré une nouvelle idée dans la mesure où, la mise en route de six approches et de vingt-trois stratégies alternatives et du modèle stratégique, constituent un guide pour tous les acteurs socio-économiques impliqués dans le domaine de DDR — Enfants et les autres couches vulnérables. Cette thèse est par ailleurs, une bonne théorie liée à la fois, à la sociologie générale, sociologie des conflits armés et enfin à la sociologie de la réintégration socioprofessionnelle et économique, basée sur un modèle appelé : Modèle stratégique pour la réintégration socio-économique durable. Les implications théoriques, méthodologiques et pratiques ci-dessous en donnent réellement sa scientificité, son application et de surcroît, son utilité dans diverses circonstances particulières. Ces stratégies peuvent en outre, être applicables à d’autres catégories des couches vulnérables à l’instar, des femmes victimes des viols et violences sexuelles, les déplacés de guerres internes, les réfugies, les enfants vivant en situations particulièrement difficiles et en milieux ouverts, les enfants en conflit avec la loi, etc. Outre le premier type de questionnaire composé spécialement en quatre modules destinés aux enfants ex-soldats, dont chacun reprenait un aspect particulier constituant au fait, un préalable pour une réintégration socioéconomique effective et axée sur 1 °) — l’identification 2 °) – l’évaluation des aptitudes scolaires, socioprofessionnelles et physiques, 3 °) l’évaluation de la personnalité et enfin 4 °) — l’audition des attentes socio-économiques et professionnelles, notre recherche a essayé de répondre à la question managériale susmentionnée et qui sous-tend la problématique même de notre thèse. L’analyse des résultats et de tous les paramètres de notre étude, nous a aidé à confirmer nos hypothèses, étant donné que le non-respect des stratégies et étapes de la réintégration socio-économique, de l’orientation et la formation professionnelle, la mégestion et les opérations retour entre les agences d’exécution et les bailleurs des fonds ou leurs représentants, la durée souvent très courte des projets DDR, le budget maigre souvent alloué au volet réintégration économique, les mauvaises approches non globalisantes 423

utilisées par les partenaires internationaux, la valeur sous-estimée du kit de réintégration ainsi que le manque des fonds pour l’accompagnement technique pendant et post création des petites unités de production avant tout désengagement, l’absence de l’étude au préalable du marché local et de ses opportunités en vue de la validation des filières porteuses et non saturées, le manque de la formation en gestion et développement des compétences commerciales pour les bénéficiaires et d’élaboration des business-plans, les mauvaises pratiques dans le chef de certaines agences de protection des enfants, la non-implication des communautés dans tous les processus DDR, la négligence des aspects sociologiques et de ‘l’approche Genre’, l’absence de l’autorité de l’état, la justice à double vitesse et l’impunité, la faiblesse des institutions politico-administratives, l’échec des réformes des tous les secteurs de l’armée, la police et tous les services de la sécurité, la mauvaise gouvernance, la politisation des actions humanitaires et du DDR en particulier, le tribalisme et l’engagement ou recrutement subjectif du personnel basé sur liens familiaux ainsi que l’endoctrinement du système humanitaire congolais, la loi de l’impunité, l’incapacité de l’État de restaurer et d’établir son autorité sur l’ensemble du territoire national et d’éradiquer toutes les forces négatives et les groupes armés… Telles se sont révélées les véritables causes de l’échec du processus DDR. Plusieurs défis ont aussi jalonné ce processus, outre la volonté politique, le démantèlement et l’éradication totale et complète de toutes les forces négatives, milices ou groupes armés, l’établissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, le réel suivi de tous les programmes et projets par l’État Congolais à travers une cellule technique établie à cette fin au ministère de Plan en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et coopération régionale, l’instauration d’une armée républicaine et dissuasive ainsi que de la justice sociale et économique équitable, l’usage des valeurs démocratiques dans toutes leurs facettes, la reformes réelle de tous les services de sécurité, la réforme du cadre opérationnel DDR — Enfants et adultes, la mise sur pied des vrais mécanismes de lutte contre la pauvreté, la réforme agraire et la priorisation de l’agriculture comme secteur clé et de l’émergence pour la République Démocratique du Congo, la faiblesse des institutions politico-administratives, l’impunité ainsi que la maîtrise même de l’effectif des enfants encore détenus par les forces et groupes armés, restent les vrais défis pour le succès du DDR. Étant donné le caractère socio-économique de notre étude, ceci lui vaut des implications suivantes :

14.6.1. Implications théoriques Parti de la sociologie générale à la sociologie des conflits, nous avons abouti à celle de la réintégration.

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De la théorie sociologique des conflits nous avons retenu que ces derniers peuvent porter soit sur la répartition des richesses, soit sur la conquête du pouvoir, soit sur la possession ou la gestion de biens matériels ou symboliques, soit sur la promotion des idées ou la modification des règles, bref, n’importe quoi peut susciter ou envenimer un conflit. Les conflits peuvent ainsi prendre la forme de jeux à somme nulle au cas où l’un gagnerait au détriment de l’autre, la forme positive à travers une mixte coopération/affrontement, et voire la forme négative lorsqu’il n’y a que des perdants. La problématique sous-jacente est celle de l’intégration et des solidarités qui marche avec la logique de la dissuasion. La résolution des conflits irait alors avec les logiques de classes et de rapports de domination ou d’exploitation. Il s’agirait d’œuvrer pour le renforcement des normes collectives et de l’unification des consciences, privilégier une vision systémique ou souscrite à une approche relationnelle. De ce point de vue, la société est considérée comme le lieu d’un échange continuel entre des forces opposantes. Ces dernières impliquent la communication, l’influence réciproque et la mise en place d’une nouvelle unité. Les procédures de régulation s’imposent ici et concernent soit la loi, soit le règlement, soit le compromis ou la négociation. Avec Théodore Caplow ou Lewis Coser, on peut noter que la figure du tiers évoque aussi bien celle du médiateur ou de l’arbitre, que celle du Tertius Gaudens qui profite de l’hostilité entre les autres pour servir ses propres affaires. Certains estiment que la multiplicité des affiliations et des intérêts, l’entre croisement des clivages et l’action conciliatrice renforcent la stabilité des démocraties modernes et permettent d’éviter la montée aux extrêmes (Robert Dahl, Seymour Lipset), d’autres mettent l’accent sur les rituels d’inversion et la figure du bouc émissaire, sur les facteurs de participation politique, ainsi que sur la distribution inégalitaire de l’autorité.

14.6.2. Implications méthodologiques Les implications méthodologiques de cette recherche touchent aux méthodes scientifiques utilisées et à certains instruments développés. Cette recherche confirme que la méthode systémique est appropriée pour l’étudier le phénomène ’enfants-soldats’ en général et singulièrement le DDR et la réinsertion socio-économique en particulier. Les enfants ex-soldats ne vivent pas en vase clos, comme cette méthode se fonde sur la Notion de système qu’elle définit comme étant un ensemble d’éléments interconnectés, dépendants des uns les autres et qui entretiennent des rapports tels que la modification d’un élément du système entraîne ipso facto la modification des autres éléments et de tout le système.

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Ainsi donc, les liens d’interdépendance qui existent entre les différents programmes DDR et les autres éléments du système, qui est pour le cas d’espèce, la province du Sud-Kivu, considérée comme un système social complexe constitué des éléments et des parties qui remplissent des fonctions à son sein. Considérant ces éléments comme des hommes, des groupes d’hommes, des communautés entières, des institutions ou des organisations ainsi que des ex-combattants appelés tantôt ; démobilisés en abrégeant ’Démob’. Notre étude s’est essentiellement basée sur la démarche systémique en appuyant plus sur l’analyse du contexte, et les techniques telles que, l’observation simple et participante, l’observation documentaire, l’interview et les entretiens libres et structurés, l’échantillonnage exhaustif, représentatif et en progrès pour ne citer que ça. C’est grâce à cette démarche que nous sommes arrivé à considérer les ESFGA, comme un sous-système qui vit dans un environnement social ou système social qui est, la province du Sud-Kivu dans son ensemble. Considérant que le changement des comportements et des conditions de vie socio-économiques de ces derniers ainsi que la réforme du programme DDR, entraînera sans doute le changement de notre système social considéré. En utilisant les principes de la méthode systémique, en l’occurrence les principes de globalité et d’interdépendance des éléments du système ainsi que ceux d’autorégulation, d’orientation du changement au sein du système et enfin le principe du changement endogène de ce système, la méthode systémique nous a permis d’aborder le processus DDR et les ex-enfants soldats dans un cadre structurel bien déterminé et de circonscrire le SudKivu, notre champ d’investigation. Les deux premiers principes nous ont également aidé de voir que ces éléments ne vivent pas de façon isolée, mais plutôt, ils sont interdépendants d’où les relations entre les ex-soldats et leurs familles et amis d’une part, mais aussi avec les autres groupes de mal flancs ou voleurs à mains armées, et coupeurs de routes pour certains d’autre part. Les principes d’autorégulation et du changement endogène quant eux, nous ont aidé de voir comment les acteurs de la réinsertion tant sociale qu’économique, mènent leurs vie et actions ou fonctionnement conformément ou non aux réalités, statuts, conventions, lois du pays, c’est donc grâce à ces principes que nous sommes arrivé à déceler certaines pratiques dans le chef de ces acteurs, et que nous avons qualifié de mauvaises ou néfastes, exemple type, de la fabrication des faux groupes armés et des faux enfants soldats. Le changement souhaité ou bien l’auto prise en charge durable ne peut jamais provenir de l’extérieur sans la prise de conscience réelle des sujets à réinsérer, de l’implication de leurs communautés respectives ainsi que des autres parties prenantes. Partant de la méthode systémique, nous sommes parvenu à analyser en profondeur les conditions socio-économiques de notre cible, le degré, les causes et les conséquences de la pauvreté que traverse ces ex-soldats. C’est pourquoi, nous sommes arrivé à la conclusion selon 426

laquelle, les enfants sortis des forces et groupes armés, constituent une véritable bombe à retardement s’ils ne sont pas durablement réintégrés économiquement. Par ailleurs, cette analyse nous a permis de comprendre que les ex-combattants vivent pour la plupart, dans une pauvreté absolue, caractérisés par le manque quasi total des biens de première nécessité, voire aussi les frais pour les soins médicaux et scolaires pour eux et pour leurs personnes en charge, les cas isolés. Ce qui confirme que le processus DDR a échoué dans son ensemble. Enfin, cette analyse nous a aidé à déceler les véritables causes de cette pauvreté, c’est notamment les guerres à répétition qu’a connues la province du Sud-Kivu en particulier, les représailles, les massacres et les pillages perpétrés par les différentes bandes armées encore actives dans la région, les conflits intra et inter communautaire, les conflits de pouvoirs coutumiers, les conflits fonciers que de la recherche de l’identité et de l’autochtonie, etc.

14.6.3. Implications pratiques Les résultats obtenus dans le cadre de cette recherche nous ont permis d’établir des recommandations (1) Au gouvernement congolais (2) À L’UNITÉ d’Exécution du Programme national de Désarmement Démobilisation et Réinsertion en sigle UEPN-DDR, comme service technique et légal en charge du DDR en République Démocratique du Congo(3) Aux ONG nationales et internationales des droits de l’Homme (4) Aux ONG nationales et autres acteurs de la réintégration des ex-soldats et (5) A la communauté internationale, organisations non gouvernementales internationales humanitaires, aux bailleurs des fonds et enfin, à mettre sur pieds un Modèle stratégique de réintégration socio-économique des excombattants ainsi que d’autres couches vulnérables. Lequel modèle est constitué de six (6) approches et vingt-trois stratégies (23) stratégies alternatives.

14.7. RECHERCHES FUTURES Cette recherche sur les échecs, les défis et stratégies du DDR – Enfant au Sud-Kivu, est un premier pas que nous franchissons au haut de la pyramide certes, des recherches subséquentes viendront l’enrichir. Car (1) Le SudKivu notre champ d’études, n’est qu’une partie de la zone est de la République Démocratique du Congo, où le phénomène ‘Enfants-Soldats’, a pris une ampleur inquiétante et cela depuis plus d’une décennie. Ainsi, le même sujet pourra dans le futur considérer toutes les provinces de l’Est (2) L’aide financière accordée par les partenaires internationaux dans le domaine du DDR — Enfants et adultes, à l’instar du PNUD, de la Banque Mondiale, le ministère du Travail américain ‘USDOL’ à travers le BIT, les gouvernements Allemands, Luxembourgeois, hollandais, etc., mériteraient 427

d’être sans doute non seulement évaluée, mais aussi d’en juger l’impact sur terrain. (3) les voies de sortie pour le démantèlement et l’éradication totale des groupes armés et des toutes les forces négatives à la base du recrutement des enfants de moins de 18 ans à l’Est de notre pays, est une vraie brèche ouverte. (4) La réforme humanitaire et les modes de gestion des agences de protection de l’enfance ‘APE’ ainsi que d’autres agences d’exécution, sont un aspect non négligeable pour être étudié. (5) L’implication des communautés de base et des autorités politico-administratives dans tous les processus du DDR et les moyens de lutte contre la pauvreté et la nonperpétuation de l’indépendance de ces dernières (6), la problématique des conflits communautaires et intercommunautaires dans la Plaine de la Ruzizi, etc. Restent toutes les futures recherches qui permettront, outre la compréhension globale de la problématique du DDR en général et du ’phénomène Enfants — soldats’ en particulier.

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http://www.martiniste.org/textes/tex_02_traite_reintegration.html serviteurs.inconNations [email protected] mais aussi publié dans textes et Travaux divers par serviteurs inconnus du (22 avril 2009) La doctrine de la réintégration des êtres http://www.hiram.be/La-doctrine-de-la-reintegration-des-etres_a8496.html 30 déc. 2013... Voilà donc ce qui confirme le lien entre débats théoriques et..... la doctrine de la réintégration c’est une arnaque à l’image de son auteur. Le Traité sur la réintégration - ordre martiniste traditionnel, http://www.martiniste.org/textes/tex_02_traite_reintegration.html, La conception de la matière chez Martinez de Pasqually - 2ème partie http://aprt.fr/index.php%3Foption%3Dcom_content%26view%3Darticle%2 6id%3D101:la-conception-de-la-... Le traité de la réintégration des êtres dans leur première propriété... http://cerwjb.hautetfort.com/archive/2013/05/18/le-traite-de-la-reintegrationdes-etres-dans-leu... 18 mai 2013... Le Traité sur la réintégration, écrit à la veille de la révolution.... La volonté très nette d’une perpétuation théorique des enseignements du Maître... Le Traité sur la réintégration - Ordre martiniste traditionnel http://www.martiniste.org/textes/tex_02_traite_reintegration.htmlhttp://www .marketingetudiant.fr./definitions/s/strategies.php) http://www.techNo-science.net/?onglet=glossairedefinition=6499 Social integration - Wikipedia, the free encyclopedia http://en.wikipedia.org/wiki/Social_integration Social integration is the set of arrangements adopted by the society and the group to accept a new member among them, and to facilitate this acceptance... The Social Reintegration of Offenders and Crime Prevention http://www.publicsafety.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/scl-rntgrtn/index-eng.aspx Social reintegration is often understood as the support given to offenders during their reentry into society following imprisonment. A broader definition, however,... Working Definition of Social Integration http://www.un.org/esa/socdev/sib/peacedialogue/soc_integration.htm Working Definition of Social Integration. Social Integration can be seen as a dynamic and principled process where all members participate in dialogue www.child-soldiers.org, Enfants soldats, Rapport mondial 2004, p.412. www.un.org/franch/docs/sc/reports/2000/sgrap20.htm http://www. cairn.info/publications-de-Rhein-Catherine—8432.htm.

450

ANNEXES

ANNEXE 1 : LISTE DES PERSONNES RESSOURCES AYANT CONTRIBUÉ À CETTE RECHERCHE NO 01 02

Noms et prénoms Liliana RAJICIC Romain TSHIPAMA

03

Pépin MATENDA

04

Flory MUBANDILWA

05 06 07

Simon KANGETA Désiré David

08

Kiza

09

Jacqueline LUTALA

10

Fernando NKANA

11

Pascal MULAMBA

20 21

MURABAZI MANEGABE Janvier KABWE Sténo Jean Claude Frank MAYUNDO John RUGENDA BANGA Johnson MULANGALIRE Jean de Dieu NTANGA Alex BISENGO

23

Deo MUHIGO

24

Daniel

25

Théo MBUYI

26 27 28

Maître Célestin Maître Alpha Tshika

12 13 14 15 16 17 18

Qualité Ex-Chef de Mission Chargé de programme Ex-chargé des Opérations DDR Ex-Administrateur en charge de protection de l’enfance Coordinateur Chargé de programme Animateur de terrain Chargé de la résolution 1612 Bibliothécaire principale et coordinatrice Directeur Exécutif Ex-Chargé de Programme

Organisations RET RDC RET RDC

Téléphone En Serbie 0813398310

RET RDC

0970698692

UNICEF Bukavu

0976534549

AJEDI-Ka AJEDI-Ka AJEDI-Ka

0994407950 0994224856 0995311050

AJEDI-Ka AFEDECO

0997254122

FSH FSH

Directeur

BVES

Coordinateur national Chargé de Programme Animateur Directeur national

AVREO AVREO AVREO GEL Sud-Kivu

Ex-Coordinateur

Groupe One et GEL

Ex-Chargé de GAV et BIT Bukavu Programme Ex-Conseil Technique BIT Bukavu Child protection MONUSCO/Uvira Child Protection Officer et Point focal du Conseil de Sécurité MONUSCO/Bukavu des NATIONS UNIES pour la résolution 1612 Chef de Base COOPI ADM & fin et chargé ADED des AGR OPDE ARAL ARAL

853 599 884

0993007005 0819505894 Déjà à l’ONUCI 0997068532 +243 81 78 10 533, +243 99 77 63 688 +243 85 37 12 0 62 Déjà au Sénégal 09947 31 116

29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45

Maître Pascal Henry MUBENGA Liévin CIRUZA Augustin TITI Belly MULIMBA LIMBA Armel ZAWADI Evostyl Martin SHABANI

ARAL Chef d’antenne UEPN-DDR Bukavu Chef d’antenne UEPN-DDR UVIRA Coordinateur CEDIER CEDIER UVIRA Assistant psycho social

FHS UVIRA

Animateur de terrain Chargé de Programme Coordinateur CAV Coordinateur CELA

CEDIER UVIRA CEDIER UVIRA FIZI BARAKA

Notons cependant que compte tenu de la sensibilité de leurs fonctions, de la déontologie professionnelle de leurs services ainsi que de leurs propres volontés, certaines personnalités, n’ont pas voulu que leurs noms et numéros de téléphone apparaissent sur cette liste.

452

ANNEXE 2 : MODULES DE QUESTIONNAIRE D’ÉVALUATION DES BESOINS DES ESFGA

453

454

455

456

457

458

459

460

461

ANNEXE 3 : QUESTIONNAIRE DE RECHERCHE AXÉE SUR LES CAUSES D’ÉCHECS, LES DÉFIS ET LES STRATÉGIES DDR

462

ANNEXE 4 : LES TYPES DES FICHES DDR – ENFANTS EN VUE DE L’IDENTIFICATION ET LA VÉRIFICATION DES PRÉSUMÉS ENFANTS SOLDATS B

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Fiche de vérification individuelle des enfants associés aux forces et groupes armés (EAFGA)374 Handicap physique ou Sobriquet mental ? militaire Nom complet de la Date de naissance/Lieu de naissance Sexe Age Nom complet du Père mère Localisation du Nombre et âge Nom du conjoint Adresse de l’enfant avant la séparation375 conjoint (Ville/Prov) d’enfants : Contact avec famille ? Recrutement Spécifier avec qui et Lieu de recrutement Date de Oui Non volontaire ou forcé ? recrutement quand (Village/Province) ré-recrutement Durée dans l’armée Grade/Occupation actuelle Age le jour du recrutement Nom et post Nom

Prénom

Filles

Niveau scolaire/Profession exercé au Scolarisation durant le service ? Éducation non formelle (préciser) moment du recrutement Unités d’affectation Fonction Date (de/jusqu’à) Nom du commandant Brigade Bataillon Lieu

Année de la Nombre de première grossesses grossesse

Mariage Nom, âge et localisation des officiel/coutumier enfants Oui Non

Parents au courant du mariage ? Oui Non

NOTA BENE : faire référence à la liste des questions de vérification distribuée lors de votre formation !

374

La catégorie des enfants à démobiliser doit englober la version plus élargie du terme enfant-soldat tel que stipulé dans le document officiel des principes du Cap établi en 1997 en Afrique du Sud. Selon cette approche, le terme enfant-soldat désigne toute personne âgée de moins de 18 ans enrôlés dans une des forces ou un groupe armé régulier ou irrégulier, quelle que soit la fonction qu’elle exerce, notamment, mais pas exclusivement celle de cuisinier, porteur, messager, et toute personne accompagnant de tels groupes qui n’est pas un membre de leur famille. Cette définition englobe les filles recrutées à des fins sexuelles et pour des mariages forcés. Elle ne concerne donc pas uniquement les enfants qui sont armés ou qui ont porté des armes. 375 Résidence fixe de l’enfant avant la séparation (province/district/territoire ou commune/secteur ou quartier/collectivité/localité).

463

(✓)

Catégorie376

Orientation

Adulte – (justification)

Référence au gouvernement Structure transitoire de prise en charge et recherche de famille Structure transitoire de prise en charge, vérification des tuteurs, retour aux tuteurs ou recherche de famille Retour à la famille et référence à la réintégration communautaire (spécifier) Référence à un programme d’assistance (spécifier quelle ONG)

EAFGA377 séparé non accompagné EAFGA séparé accompagné EAFGA Non — séparé Enfant séparé simple/non accompagné ou enfant accompagné

Date de District de Nom vérification vérification vérificateur

du Organisation

Signature vérificateur

du

Code de référence : PO /…........

376

Un enfant séparé est toute personne de moins de 18 ans, séparé de ses deux parents ou de son tuteur légal ou coutumier antérieur, mais pas nécessairement d’autres membres de sa famille. Un enfant séparé non accompagné est également séparé de tout membre de sa famille, tandis qu’un enfant séparé accompagné vit avec de la famille, même éloignée, ou le tuteur légal ou coutumier que l’enfant avait avant la séparation parentale. Un enfant séparé simple est tout enfant qui n’est pas associé aux forces ou groupes armés. Pour la codification, si vous disposez de la fiche d’identification (fiche A) correspondante, insérez le code de référence plus le numéro de séquence: par exemple s’il s’agit du premier enfant de la liste dans la première fiche A, écrivez le code de référence (ex. KT/00001) et après écrivez le numéro 1. De toute façon, chaque agence de protection de l’enfance doit nécessairement donner son code de référence (case à droite) préalablement à l’entretien avec l’enfant.

464

C

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Fiche de documentation individuelle des enfants associés aux forces et groupes armés (EAFGA)378 (Confidentiel) No. D’identification (fiche A) KT/00001 – 1 Code de référence de l’agence KT/IFE /00001 Enfant EAFGA : séparé non accompagné Séparé Accompagné Non séparé Enfant séparé ‘Simple’ : Non accompagné Accompagné Code CICR

PHOTO

Un enfant séparé est toute personne de moins de 18 ans, séparé de ses deux parents ou de son tuteur légal ou coutumier antérieur, mais pas nécessairement d’autres membres de sa famille. Un enfant séparé non accompagné est également séparé de tout membre de sa famille, tandis qu’un enfant séparé accompagné vit avec de la famille, même éloignée, ou le tuteur légal ou coutumier que l’enfant avait avant la séparation parentale. Un enfant séparé simple est tout enfant qui n’est pas associé aux forces ou groupes armés. Veuillez remplir ce formulaire avec un stylo à bille et en ‘Majuscules” Identité de l’Enfant Nature et No de document d’identité le cas échéant ____________________________ sexe M F Nom complet de l’enfant : Nom________________ Post-Nom _____________________________________ Prénom __________________________ Sobriquet379_____________________ Est-ce que les Noms donnés ci-dessus sont bien ceux donnés par les parents ?380 Oui Non Age donné par l’enfant______________________ Age estimé par l’interviewer_______________________________ Date de naissance estimée__________________ Nationalité________________________________________________

378

EAFGA = Enfants associés aux Forces et Groupes Armés. La catégorie des enfants à documenter doit englober la version plus élargie du terme enfant-soldat tel que stipulé dans le document officiel des principes du Cap établit en 1997 en Afrique du Sud. Selon cette approche, le terme enfant-soldat désigne toute personne âgée de moins de 18 ans, qui est enrôlée dans des forces armées ou groupes armés réguliers ou irréguliers, quelle que soit la fonction qu’elle exerce, notamment, mais pas exclusivement, celle de cuisinier, porteur, messager, et toute personne accompagnant de tels groupes qui n’est pas un membre de leur famille. Cette définition englobe les filles recrutées à des fins sexuelles et pour des mariages forcés. Elle ne concerne donc pas uniquement les enfants qui sont armés ou qui ont porté des armes. 379 Le sobriquet inclut tout Nom ou appellatif de guerre. 380 La question : « est-ce que les noms donnés ci-dessus sont bien ceux donnés par les parents » c’est qui sert à vérifier si sa famille reconnaîtrait bien le nom qu’il/elle a donné, ou si ce Nom n’a pas été donné après la séparation, auquel cas la recherche de famille sous ce nom serait inutile.

465

LIEU DE NAISSANCE : ____________________________________________ Province d’origine _________________ District d’origine__________________________________________ Territoire/Commune d’origine _____________________ Secteur/Quartier d’origine ________________________________ Collectivité d’origine__________________________ Localité d’origine _____ Pays de Résidence__________________________ Religion _____________ Langue (s) parlée ________________________________________________ Niveau scolaire ou profession exercée avant la séparation___________________ Signes physiques distinctifs ________________________________________ Nom du père ________________________ post nom/Prénom/Sobriquet _________________________________________ Ne sait pas en vie Décédé Date de naissance ou décès _________________________________________________________ Nom de la mère ____________________________ Post Nom/Prénom/Sobriquet___________________________________________ Ne sait pas en vie Décédée Date de naissance ou décès __________________________________ Comment l’enfant sait-il que le/les parents sont décédés ? _____________________________________________________________ Dernière adresse connue des parents __________________________________ 2. Histoire de la séparation Date de la séparation_______________ Lieu de séparation_____________________________________________________ Circonstances de la séparation _______________________________________ 3. Adresses successives de l’enfant Adresse avant la séparation (où l’enfant a grandi : si différente du lieu de naissance)

Adresse depuis la séparation/depuis avoir rejoint les groupes/forces armées (pour EAFGA) avant d’arriver au lieu présent

Adresse actuelle

Autres adresses (au cas où il y aurait une possibilité qu’un membre de la famille, par exemple encore déplacé, soit encore à une de ces adresses)

Province District Territoire/Commune Secteur/Quartier Collectivité Localité Nom complet de la personne avec qu’il/elle vivait Relation de cette personne avec l’enfant No de téléphone

Observations_________________________________________________________________ Au cas où l’enfant aurait été évacué Par qui/par quelle organisation ? ____________________ Date ________________________ Raison de l’évacuation_____________________________________________________ D’où ? __________________________________ Vers quelle destination ? ________________________ 5. Frères ou sœurs avec l’enfant (le cas échéant) A. Nom/PostNom/PreNom/Sobriquet__________________________________ Age _______________ Sexe M F B. Nom/PostNom/PreNom/Sobriquet__________________________________ Age _______________ Sexe M F

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6. Prise en charge actuelle de l’enfant a. centre b. Famille d’accueil “intérimaire” c. Famille d’accueil “spontanée” d. Famille lointaine f. Autre (préciser) _________________________________________________ Nom du centre ou de la personne qui prend en charge l’enfant __________ Adresse_______________________________________________ __ Tel___________________________________________________________ Date de la prise en charge__________________________________________________ Adresse de la famille d’accueil où l’enfant aimerait retourner ou se rendre (le cas échéant) ___________________________________________________________________________ Tel._____________ 7. Situation demandant une attention particulière à la protection Enfant-chef de ménage………………………………………… Oui Non Enfant handicapé………………………………………………… Oui Non Problème médical…………………………………………………… Oui Non Enfant de la rue……………………………………………………. Oui Non Fille mère…………………………………………………………… Oui Non Enfant maltraité…….…………………………………………… Oui Non Autre (veuillez spécifier)…………………………………………… Oui Non Informations supplémentaires ______________________________________________ 8. Si l’enfant a été associé à un/des groupes ou forces armées : autres informations pertinentes Nom du groupe armé______________________________________________________ Date d’enrôlement ____________________________ Date de départ_______________ Raisons de l’enrôlement ______________________________________________________________ Comment l’enfant a-t-il quitté le groupe/les forces armées ? ___________________________________ 9. Vœux de l’enfant pour la réunification Personne que l’enfant voudrait retrouver Père Mère Frère Sœur Autre (voulez-vous spécifier) _____________________________ A. Nom complet de la personne et lien avec l’enfant __________________ Dernière adresse connue____________________________________________ Tel __ B. Nom complet de la personne et lien avec l’enfant _____________________________ Dernière adresse connue_____________________________________________________ ____________________________________Tel.______________________ L’enfant est-il en contact a-t-il eu des Nouvelles de quelque parenté que ce soit ? (Veuillez spécifier) : _______________________________________________________ 10. Information qui pourrait aider à retrouver des membres de la famille de l’enfant. – (veuillez demander à l’enfant s’il a une idée quelconque de l’endroit où ses frères/sœurs et autres membres de sa famille pourraient se trouver) _____________________________________________________________ 11. Interview par d’autres organisations impliquées dans la recherche L’enfant a- t- il été interviewé par d’autres organisations ? Oui Non Nom de l’organisation_________________________________________________ Lieu de l’interview_____________________________________________________ Pays_________________________________________________________ Date_________________________________________________________ Numéro de référence donné à l’enfant par une/d’autre (s) organisation (s) __ 12. Liste des documents et des biens importants que l’enfant possède 13. Permission d’utiliser l’information Est-ce que l’enfant est d’accord pour que les informations de base soient utilisées dans le but de rechercher sa famille ? Oui Non

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14. Informations sur les modifications éventuelles des données de l’enfant ___________________ 15. Organisation responsable de la recherche familiale _______________ 16. Lieu et date de l’interview ______________________________ 17. Nom de l’interviewer __________________________________ 18. Nom de l’organisation_________________________________________________ 19. Signature de l’interviewer ___________________________________

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E

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Fiche de recherche familiale des enfants séparés Identité de l’Enfant Nature et No du document d’identité le cas échéant:______________________ Sexe : M F (Code de référence de l’agence: ______________________________________________________ Nom de l’enfant:_______________PostNom________________________________ Prénom : __________________________________ Sobriquet : _________ Est-ce que les Noms ci-dessus sont bien ceux donnés par les parents ? OUI NON ____________ si NON, Nom donné par les parents __________________________________________ Age donné par l’enfant:___ Age vérifié par l’interviewer : ___ Année de naissance estimée:___________________ Nationalité_________________________________________ Langue (s) parlée _________________________________________________________ LIEU DE NAISSANCE :_____________________________________________________ Province d’origine _________________ District d’origine_____________________________________ Territoire/Commune d’origine ________________ Secteur/Quartier d’origine ________ Collectivité d’origine ________________________ Localité d’origine ______________ Village d’origine__________________________________________________________ Confession religieuse fréquentée avant la séparation_____________________________ Adresse : ________________________ Nom du guide spirituel ____________________ École ou atelier professionnel fréquenté avant la séparation:_______________________ Signes physiques ou mentaux distinctifs ____________________________________ Nom de la personne recherchée_________________________ Relation avec l’enfant : __________ Dernière adresse de l’enfant avant qu’il/elle ait rejoint le groupe armé : ______________ Information sur la famille : Nom complet Age

Sexe

Relation avec l’enfant

Dernière adresse connue

Occupation

En vie/Décédé/ Ne sait pas

Lieu et date _____________________________________________________________ Nom, signature de l’agent social et organisation _______________________________ Mis à jour de l’information, nom, signature de l’agent social et date __________________________ Notez toutes autres informations pertinentes telles que Nom et description de lieux particuliers, Nom d’un chef de village, etc. S’il y a une carte, attachez-la ci-dessous :

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F

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO FICHE DE LA RÉUNIFICATION FAMILIALE Fiche d’analyse des réponses de l’enfant aux informations données en vue de la réunification familiale Code de référence de l’agence : _____________________________ Date:____________ Lieu de la rencontre avec la famille : __________ Dossier suivi par (animateur/agent de tracing) : _______________ Nom de l’enfant : ________________ Prénom_______________ Post Nom : _______ Sexe : F M Age : ________________ Province d’origine : ________ Est-ce que l’enfant connaît et/ou reconnaît la personne qui dit être son parent ? OUI NON Éléments de preuve : Photos Lettres Autres (spécifier)______________________________________________ Indiquer le Nom de la personne comme il est donné par l’enfant:_______________________ Indiquer la relation familiale donnée par l’enfant avec cette personne : _____ Est-ce que l’enfant veut être réunifié avec ce (s) parent (s) ? OUI NON si c’est NON (ou si l’enfant exprime une peur à l’idée d’une réunification avec cette personne), expliquez : ___________________________________________________________________________ _______________________________________________ Est-ce que l’enfant avait des Nouvelles (écrites ou orales) de sa famille avant le tracing ? OUI NON Si OUI, à quelle date la dernière fois ? _______________________ Est-ce que l’agent de tracing recommande cette réunification ? OUI NON Commentaires : Nom de l’agent de tracing Signature Organisation

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G

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Certificat de réunification FAMILIALE Nom de l’enfant _____________________ Post Nom _______________________ Age : ___________________ Sexe : M/F Code de référence de l’agence : L’enfant est réunifié par :______________________ De :____________ (Nom du travailleur social) (Organisation), A : Nom (s):_______________________________ et _______________ ______________________________ ____________________ (Relation familiale à l’enfant) (Relation familiale à l’enfant) Adresse complète ……………………………………………………………………………… Localité d’origine :…………………………... Collectivité :……………… Secteur/Quartier :……………………………. Territoire/Commune :…………… District :…………………………………….... Province :……… BIENVENUE À L’ENFANT DANS SA FAMILLE Je/nous souhaite une bienvenue à l’enfant dans notre famille. Je/nous ferai tout pour respecter ses droits et pour qu’il ne soit pas discriminé dans son environnement. Si, pour quelque raison que ce soit, un problème majeur arrivait, je/nous irais immédiatement en informer l’autorité locale afin d’envisager ensemble une solution dans le meilleur intérêt de l’enfant. Date de la réunification : _________________________________ Lieu de la réunification : ________________________________________ Nom de la personne qui reçoit l’enfant : _______________________________ Relation familiale : _______________________ Signature : __________ Autorité locale : ________________________ Nom : ________________ Signature : __________________ Fonction : ________________________ Témoin : _________________________ Nom : ______________ Signature : Enfant : _______________________________ Nom : _________ Signature : ________________ Les numéros de carte d’identité des témoins sont annotés à côté de la signature. Le document original doit être remis à la famille ; 1 copie pour l’agence de protection de l’enfance ; 1 copie pour la base de données. Certificat de réunification approuvé par la CONADER 27 juillet 2004

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H

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Fiche de suivi individuel des enfants réunifiés en famille ou en milieu de vie alternative Auto réunification Réunifié en famille Réunifié par une organisation Placement en milieu alternatif Nom de l’enfant : _______________ Prénom__________________ Post Nom_________________________ Age : _____ Sexe : M (F Code de référence de l’agence __________ Date de réunification : __________________Lieu : _______________ Adresse enregistrée : ____________________________________ Village : _________________Quartier:__________________Indication:__________ Est-ce que l’enfant vit à la même adresse que lorsqu’il a été réunifié ? Oui Non _ Sinon, où vit-il maintenant ? _________________________________________________ Pourquoi a-t-il quitté son ancienne adresse ? _________________ Avec qui vit t-il ? _______________________________________ Relation familiale ? _____________________________________ 1. Comment est-ce que l’enfant se sent avec ses (ses) parents ou les autres membres de la famille ? Impression de l’enfant : (contexte confidentiel) _________________________________ Impression du (des) parent : _____________________________________________________________ _____________________________________________________________ Impression de la fratrie : ________________________________________ 2. Est-ce que l’enfant a des relations amicales avec les autres enfants de la communauté ? Demander à l’enfant les Noms de ses camarades et ce qu’ils font ensemble. Est-ce que l’enfant participe à des activités dans la communauté ? Si oui, lesquelles (nommer les associations/ONG locales) ? Selon l’enfant:__________________________________________________ Selon les autres membres de la famille:_________________________________________ 3. Est-ce que l’enfant semble être réintégré dans la vie civile ? Sinon, pourquoi ? Selon l’enfant:_____________________________________________________ Selon les autres membres de la famille:________________________________________ 4. Est-ce que l’enfant participe : École — si oui, niveau ___ Activités génératrices de revenus ___________________________ Apprentissage professionnel Activités sportives extra scolaires ___________________________ Association de jeune_______ Cérémonies religieuses_____ Autres : ________________ Si l’enfant est engagé ou participe à des activités, rencontrer la personne responsable de cette activité pour s’informer de la qualité de son intégration ainsi que des progrès faits par l’enfant _____________________________________________________ 5. Couverture des besoins de base (Nourriture, santé, mécanismes de protection…) Selon l’enfant:_____________________________________________________________ Selon les autres membres de la famille:______________________________________ 6. Santé et hygiène apparente de l’enfant : excellent Bon Moyen Mauvais Remarques : _____________________________________________________________ 7. État psychologique apparent : Bon Moyen Mauvais Remarques : ______________________________________________________ 8. Est-ce que l’enfant exprime un problème particulier ? OUI NON

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Si oui, décrire le type de problème et donner un exemple particulier (par ex. sécurité, acceptation par la communauté, etc.) : _____________________________ 9. Quelles recommandations ont été données pour de futures améliorations ________________________________________________________________________ Suivi et actions possibles à prendre Action immédiate : ______________________________________A contacter : ______ Responsable : _________________________________________________ Travail envisagé à plus long terme __________________________A contacter : _______ Responsable : ______________________________________________ Autre information importante:___________________________________ ONG : _______________________________ Nom de l’agent social qui a réalisé la visite ______ signature : ___________________ Lieu de la visite : _____________________ Date de la première visite : ________________ Visites suivantes : Visite de suivi No____ Lieu et date de la visite __________________________________ Mis à jour de l’information___________________________________________________ Organisation, Nom, signature de l’agent social___________________________________ Visite de suivi No____ Lieu et date de la visite __________________________________ Mis à jour de l’information__________________________________________________ Organisation, Nom, signature de l’agent social___________________________________ Visite de suivi No____ Lieu et date de la visite __________________________________ Mis à jour de l’information__________________________________________________ Organisation, Nom, signature de l’agent social__________________________________

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I

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Demande de recherche d’un enfant séparé par sa famille. Information sur l’environnement entourant la demande de recherche Agence de protection Lieu de la demande Lieu de la recherche Code de référence de l’agence Information sur le demandeur de recherche Nom Post Nom Nom tel que conations unies par l’enfant Sobriquet Sexe MF Date de naissance Age Adresse actuelle Occupation Est-ce que le demandeur est marié ? Oui Non Est-ce que le demandeur a des enfants ? Oui Non Si oui, spécifier Nom et âge Est-ce que le demandeur vit avec son Oui Non conjoint ? Sinon, pourquoi ? Province d’origine District d’origine Village/ville d’origine Informations additionnelles Est-ce que le demandeur a une relation Oui Non familiale avec l’enfant ? Si oui, spécifier Ou le demandeur pense-t-il que l’enfant se trouve ? Lieu du dernier contact avec l’enfant Date du dernier contact avec l’enfant Pour quelle raison le demandeur recherche-t-il l’enfant ? (ex. pour réunification, avoir des Nouvelles, etc.)

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LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

Tableau 1 : Répartition des infections consécutives au viol ..................................................121 Tableau 2 : Maladies contractées à la suite des viols et violences sexuelles ..........................123 Tableau 3 : Cadre logique de la recherche .............................................................................152 Tableau 4 : Présentation de l’échantillon ...............................................................................200 Tableau 5 : situation finale à la fin de l’orientation professionnelle des ESFGA sur tous les trois sites .............................................................................................................203 Tableau 6 : Les bénéficiaires (cible directe) de RET RDC. ...................................................204 Tableau 7 : Rythme de recrutement des ESFGA/EAFGA .....................................................213 Tableau 8 : Conditions de recrutement des ESFGA. .............................................................214 Tableau 9 : Groupes armés d’appartenance ...........................................................................215 Tableau 10 : Rythme de démobilisation des ESFGA/EAFGA ..............................................216 Tableau 11 : Conditions ou circonstances de démobilisation des ESFGA .............................217 Tableau 12 : Motifs du retour ou non-retour dans l’armée par les ESFGA après leur démobilisation. ......................................................................................................217 Tableau 13 : Age et Sexe des ESFGA ...................................................................................218 Tableau 14 : Répartition des ESFGA selon la situation matrimoniale. ..................................219 Tableau 15 : Nombre des personnes en charge des ESFGA ..................................................219 Tableau 16 : Présentation des provinces d’origine des ESFGA. ............................................220 Tableau 17 : Présentation des territoires d’origine des ESFGA .............................................220 Tableau 18 : Identification des professions des parents des ESFGA. ....................................221 Tableau 19 : Conditions de vie des ESFGA ..........................................................................222 Tableau 20 : Lorsque vous avez un problème qui vous dépasse, en qui vous confiez-vous pour avoir la Solution ? .................................................................227 Tableau 21 : Comment sont vos relations interpersonnelles (avec votre père, mère, tuteur et autres) ? .........................................................................................................228 Tableau 22 : Avez-vous déjà fait l’amour avec une autre personne de même sexe que vous ? ..............................................................................................................................228 Tableau 23 : Les principales raisons de la peur chez les ESFGA. .........................................229 Tableau 24 : Quelques traits de personnalité des ESFGA......................................................229 Tableau 25 : Avez-vous déjà été mis au cachot ou en prison, oui ou non, et pourquoi ? .......230 Tableau 26 : Avez-vous déjà consommé de l’alcool, de la cigarette ou du chanvre ? ...........230 Tableau 27 : Évaluation de niveau ou aptitudes scolaires des ESFGA ..................................236 Tableau 28 : Quelques Indications biométriques. ..................................................................238

Tableau 29 : Quelques Indications biométriques. ..................................................................238 Tableau 30 : Difficultés rencontrées par les ESFGA après leur démobilisation. ...................239 Tableau 31 : Présentation des filières et métiers retenus pour l’orientation professionnelle des ESFGA ...................................................................................................240 Tableau 32 : Quelques filières types de formation professionnelle et des métiers dans la ville de Bukavu et au Sud-Kivu. ................................................................................246 Tableau 33 : Évolution des effectifs des ESFGA en formation professionnelle ....................248 Tableau 34 : Orientation professionnelle/situation de départ en janvier 2006 .......................249 Tableau 35 : Effectif des ESFGA situation à la fin de la formation professionnelle..............250 Tableau 36 : Avis de réussite ou d’échecs du processus DDR au Sud-Kivu .........................251 Tableau 37 : Configuration tribale du personnel RET Congo................................................259 Tableau 38 : Les théories de l’éducation d’après Yves Bertrand ...........................................343 Tableau 39 : Éléments clés de création de la toile préventive................................................351 Tableau 40 : Les éléments de partenariat entre les communautés..........................................351 Tableau 41 : Éléments standards de kit pour la réintégration scolaire ...................................358 Tableau 42 : Business plan simplifie de la cordonnerie de MULENGEZA...........................365 Tableau 43 : Coût estimatif cordonnerie de MULENGEZA .................................................366 Tableau 44 : La rentabilité pour 6 mois/cordonnerie .............................................................366 Tableau 45 : Projection du tableau de la trésorerie pour 6 mois en $ US sur base de l’emprunt reçu auprès de Mecrebu/cordonnerie ..................................................367 Tableau 46 : Approvisionnement/soudure — ajustage ..........................................................370 Tableau 47 : Plan de financement initial en dollars américains/soudure — ajustage.............371 Tableau 48 : Rentabilité pour 3 mois d’activités en dollar américain/soudure — ajustage .............................................................................................................................372 Tableau 49 : Produits et charges mensuelles en dollars US pour trois mois/ soudure — ajustage .............................................................................................................................372 Tableau 50 : Planification des activités agricoles. .................................................................374 Tableau 51 : Produits récoltés au mois de décembre 2010 et vendus en mars et avril 2011 ...........................................................................................................................374 Tableau 52 : Trésorerie prévisionnelle/agriculture ................................................................375 Tableau 53 : Plan de financement initial/boulangerie. ...........................................................376 Tableau 54 : Ratios financiers/Boulangerie ...........................................................................376 Tableau 55 : Analyse FFOM/Boulangerie. ............................................................................380 Tableau 56 : Cycle hebdomadaire de production pains sandwichs ........................................381 Tableau 57 : Formation du résultat prévisionnel/Boulangerie ...............................................382 Tableau 58 : Bilan de clôture d’exercices/Boulangerie .........................................................382 Tableau 59 : Échelonnement des remboursements et paiement d’intérêts/Boulangerie.........383 Tableau 60 : Trésorerie prévisionnelle/Boulangerie ..............................................................383 Tableau 61 : Cout de production des sandwichs moyens/Boulangerie ..................................383 Tableau 62 : Cout de production des pains sandwichs moyens .............................................384 Tableau 63 : Investissement/Boulangerie ..............................................................................384 Tableau 64 : Plan de financement initial/Élevage des porcs ..................................................385 Tableau 65 : Ratios financiers/Élevage des porcs ..................................................................385 Tableau 66 : Analyse FFOM/Élevage des porcs ....................................................................389

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Tableau 67 : Planification ressources humaines porcherie ....................................................390 Tableau 68 : Formation du résultat prévisionnel : Élevage des porcs ....................................390 Tableau 69 : Bilan de clôture d’exercices élevage des porcs .................................................391 Tableau 70 : Échelonnement des remboursements/Élevage des porcs...................................391 Tableau 71 : Paiement d’intérêts/Élevage des porcs ..............................................................391 Tableau 72 : Trésorerie prévisionnelle : Élevage des porcs ...................................................392 Tableau 73 : Plan de financement initial fabrication des savons............................................393 Tableau 74 : Ratios financiers savonnerie .............................................................................393 Tableau 75 : Analyse FFOM Savonnerie. ..............................................................................396 Tableau 76 : Formation de résultat Savonnerie......................................................................397 Tableau 77 : Bilan de clôture d’exercices Savonnerie ...........................................................398 Tableau 78 : Échelonnement des remboursements savonnerie ..............................................398 Tableau 79 : Paiement d’intérêts savonnerie .........................................................................398 Tableau 80 : Trésorerie prévisionnelle savonnerie ................................................................398 Tableau 81 : Coût de revient des savons ................................................................................399 Tableau 82 : Investissement Savonnerie A ............................................................................399

Figure 1 : Carte de l’Est de la RD Congo ................................................................................72 Figure 2 : Carte de la province du Sud-Kivu ...........................................................................73 Figure 3 : Schéma de la recherche .........................................................................................196 Figure 4 : Présentation des catégories de l’échantillon en pourcentage .................................200 Figure 5 : Évolution des recrutements des ESFGA ...............................................................213 Figure 6 : Courbe de la démobilisation ..................................................................................216 Figure 7 : Schéma graphique de la réinsertion .......................................................................283 Figure 8 : Les 4 Piliers de DDR .............................................................................................292 Figure 9 : Les 4 Piliers de la médiation familiale et communautaire. ....................................297 Figure 10 : Les 4 Piliers de l’éducation .................................................................................298 Figure 11 : Modèle stratégique pour le DDR Durable ...........................................................301 Figure 12 : Les composantes de la théorie de l’éducation de Yves Bertrand, mais que nous avons modifiées .............................................................................................302 Figure 13 : Schéma de sensibilisation et transfert des connaissances ....................................353 Figure 14 : Schéma de création de toile préventive communautaire et intercommunautaire ...........................................................................................................354 Figure 15 : Cycle de production et pression exercée sur l’entreprise Boulangerie ................378 Figure 16 : Analyse des produits proposés ............................................................................379 Figure 17 : Environnement du projet/Élevage des porcs .......................................................386 Figure 18 : Analyse des produits proposés/Élevage des porcs ...............................................387 Figure 19 : Environnement du projet savonnerie ...................................................................394 Figure 20 : Analyse des produits proposés savonnerie ..........................................................395

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TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE .................................................................................................................................7 ÉPIGRAPHE .............................................................................................................................9 IN MEMORIAM .....................................................................................................................11 DÉDICACE .............................................................................................................................13 REMERCIEMENTS ...............................................................................................................15 SIGLES ET ABRÉVIATIONS ...............................................................................................17 RÉSUMÉ DE LA RECHERCHE ............................................................................................21 PARTIE I GÉNÉRALITÉS ....................................................................................................................25 CHAPITRE PREMIER Introduction générale ...............................................................................................................27 1.1. Introduction ................................................................................................................27 1.1.1. Contexte d’étude ...............................................................................................28 1.1.2. Résultats escomptés...........................................................................................30 1.2. Problématique.............................................................................................................30 1.2.1. Brève présentation du problème dans le monde ................................................30 1.2.2. Brève présentation du problème en Afrique ......................................................32 1.2.3. En République Démocratique du Congo ...........................................................32 1.2.4. Pourquoi cette situation est-elle problématique ? ..............................................36 1.2.5. Dilemme managérial .........................................................................................37 1.2.6. Question managériale de recherche ...................................................................37 1.3. Objectifs de la recherche ............................................................................................37 1.3.1. Objectif général .................................................................................................37 1.3.2. Objectifs spécifiques .........................................................................................37 1.3.3. Objectifs intermédiaires ....................................................................................38 1.4. Plan de recherche........................................................................................................38 1.4.1. Questions de recherche......................................................................................38 1.4.2. Hypothèses de recherche ...................................................................................39 1.4.3. Méthodologie de recherche (ce point fera objet du chapitre sixième) ...............39 1.4.4. Plan de collecte de données ...............................................................................40 1.4.5. Résultats attendus/atteints .................................................................................40 1.5. Importance de l’étude .................................................................................................41 1.5.1. Importance personnelle et scientifique ..............................................................41 1.5.2. Importance sociale.............................................................................................42 1.6. Cadre et limitation de l’étude .....................................................................................42 1.7. Contraintes et difficultés.............................................................................................42 1.8. Structure de l’étude ....................................................................................................42

CHAPITRE DEUXIÈME Bref aperçu du contexte RD Congo et de la province du Sud-Kivu : de l’Indépendance à nos jours..................................................................................................47 2.1. Situation politique ......................................................................................................47 2.1.1. Mars 1993-juin 1996 : échec du processus de démocratisation et crise régionale .........................................................................................................47 2.1.2. 1996-1997 : première guerre et régime de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) ........................48 2.1.3. Août 1998-janvier 2000 : deuxième guerre en RDC .........................................48 2.1.4. Janvier 2001-juin 2003 : vers la transition ........................................................49 2.1.5. Le Troisième Régime de la République Démocratique du Congo ....................50 2.1.6. Rôle des Nations unies ......................................................................................53 2.2. Sur le plan économique ..............................................................................................64 2.2.1. L’intégration régionale pour le libre échange commercial ................................64 2.2.2. Collaboration avec les Institutions financières internationales ..........................65 2.2.3. La dette extérieure de la RDC ...........................................................................66 2.3. Sur le plan social ........................................................................................................66 2.3.1. Sur le plan sanitaire ...........................................................................................67 2.3.2. Les ressources naturelles ...................................................................................68 2.3.3. Pourquoi Cadre humanitaire en République Démocratique du Congo ? ...........68 2.4. Les statistiques en République Démocratique du Congo — Problème de comparabilité des données par le Ministère du Plan .....................................69 2.5. La réforme humanitaire en République Démocratique du Congo ..............................70 2.5.1. Les interventions des ONG ...............................................................................71 2.5.2. Les résultats des politiques et politiques humanitaires en République Démocratique du Congo .............................................................................................71 2.6. Le Sud-Kivu : la dynamique politique et des conflits locaux .....................................71 2.6.1. L’identité, l’ethnicité, l’accès au pouvoir et au foncier : Éléments sociologiques et moteurs des conflits et d’existence des groupes armés au Sud-Kivu depuis l’époque précoloniale .......................................................................................75 2.6.2. Brève présentation de la province du Sud-Kivu ................................................75 2.6.3. Les précurseurs du conflit au Sud-Kivu ............................................................77 2.6.4. L’Ethnicité et la migration ................................................................................77 2.6.5. Impact territorial du régime colonial .................................................................80 2.6.6. Agitation post indépendance : la militarisation de l’ethnicité d’après Alert International ..........................................................................................82 2.6.7. Conclusion partielle et considérations d’ordre politique ...................................91 PARTIE II REVUE DE LA LITTÉRATURE ........................................................................................95 CHAPITRE TROISIÈME Littérature théorique ................................................................................................................97 3.1. Définition des concepts-clés .......................................................................................97 3.1.1. Notions et conception des concepts opératoires ................................................98 3.1.2. Réinsertion ou réintégration socio-économique des Enfants-soldats ex-soldats ? ................................................................................102 3.2. Définition et exploration du phénomène du concept ‘Enfants-soldats’ ....................108 3.2.1. Enfants-soldats ou Enfants ex-soldats – Définition .........................................108 3.2.2. Exploration du ‘phénomène Enfant-soldat’ .....................................................109 3.2.3. Conflit et période POST-CONFLITS ..............................................................111 3.2.4. Le concept Approche ......................................................................................113 3.2.5. Le concept Stratégie ........................................................................................113

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3.2.6. Le concept Vulnérabilité .................................................................................114 3.2.7. Le concept ‘Résilience’ ...................................................................................114 3.3. Littérature appliquée au dilemme et questions managériales....................................115 3.3.1. Les guerres à répétition à l’Est de la RDC, la prolifération des groupes armés et forces négatives : sources du phénomène récurrent ‘Enfants-soldats’ ...................115 3.4. Les conséquences de ces guerres ..............................................................................119 3.4.1. Sur le plan physique, sanitaire et reproductif de la femme ..............................120 3.4.2. Sur le plan socioculturel ..................................................................................123 3.4.3. Sur le plan psychologique ...............................................................................124 3.4.4. Sur le plan économique ...................................................................................126 3.5. Sur le plan politique .................................................................................................127 3.5.1. Processus de paix ............................................................................................128 3.6. Conclusion partielle ..................................................................................................129 CHAPITRE QUATRIÈME Littérature empirique .............................................................................................................131 4.1. L’Amnesty International ..........................................................................................131 4.2. International Alert ....................................................................................................132 4.3. Carolyn Nordstrom ...................................................................................................134 4.4. Isobel McConnan et Sarah Uppard ...........................................................................135 4.5. Processus de démobilisation des Enfants-soldats soldats en RDC et au Sud-Kivu ...136 4.5.1. Mobile général de démobilisation ...................................................................136 4.5.2. Contexte et historique du processus DDR en RDC .........................................136 4.5.3. Le Programme national de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (PNDDR, et le Cadre opérationnel ............................................................................139 4.5.4. Objectifs, cibles, principes directeurs et thèmes transversaux ...............................141 4.5.5. Activités à entreprendre pour le succès de la démobilisation ..........................144 4.6. Le cadre opérationnel pour enfant ............................................................................144 4.6.1. Objectifs, cibles, étapes et principes spécifiques applicables aux Enfants-soldats ...................................................................................................144 4.6.2. Objectifs ..........................................................................................................144 4.6.3. Cibles ..............................................................................................................145 4.6.4. Principes opérationnels spécifiques applicables aux Enfants-soldats ..............146 4.6.5. Étape du Cadre opérationnel – Enfants-soldats ...............................................147 4.7. Rôles de la société civile, des ONG nationales et internationales de droit de l’homme, du gouvernement congolais et de la communauté internationale................147 4.8. La CONADER, alors Service technique du gouvernement : forces et faiblesses .....148 CHAPITRE CINQUIÈME Cadre conceptuel et théorique de l’étude ...............................................................................151 5.1 Revue des variables de l’étude (variables indépendantes et dépendantes), cadre conceptuel et théorique ..........................................................................................151 5.2. Cadre logique de notre recherche .............................................................................152 5.3. Théories existantes pour expliquer ou prédire les relations entre les variables indépendantes (vi) et la variable dépendante (vd) ...........................................................156 5.3.1. La théorie de la réintégration (sociologie de l’intégration)..............................156

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PARTIE 3 MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE ............................................................................191 CHAPITRE SIXIÈME Plan de recherche ...................................................................................................................193 6.1. Méthodologie de recherche ......................................................................................193 6.2. Plan de collecte de données ......................................................................................194 6.3. Plan d’analyse de données ........................................................................................195 6.3.1. Procédure qualitative de la recherche ..............................................................195 6.3.2. Méthodes de la recherche ................................................................................197 PARTIE IV FOCUS ET CONTRIBUTION ...........................................................................................207 CHAPITRE SEPTIÈME Résultats ................................................................................................................................209 7.1. Caractéristiques sociodémographiques des enfants sortis des forces et groupes armés au Sud-Kivu.....................................................................................................................209 7.1.1. De l’enrôlement à la démobilisation des enfants soldats .................................209 7.1.2. Résultats ..........................................................................................................212 7.1.3. Rythme de démobilisation des ESFGA/EAFGA. ............................................215 7.1.4. Caractéristiques sociodémographiques des ESFGA ........................................218 7.1.5. Conclusion partielle.........................................................................................222 7.2. Quelques considérations psychosociales et la problématique de l’orientation professionnelle des enfants sortis des forces et groupes armés .......................................223 Résumé......................................................................................................................223 7.2.1. Introduction .....................................................................................................224 7.2.2. Définition des concepts ...................................................................................225 7.2.3. Résultats ..........................................................................................................227 7.3. Problématique de l’orientation professionnelle des enfants sortis des forces et groupes armés ..............................................................................................................231 7.3.1. Introduction .....................................................................................................232 7.3.2. Objectifs et intérêt de ce sous-chapitre ............................................................233 7.3.3. Considérations générales sur l’orientation professionnelle .............................233 7.4. La problématique de l’orientation professionnelle des enfants sortis des forces et groupes armés ..............................................................................................................235 7.4.1. Aptitudes scolaires ..........................................................................................236 7.4.2. Aptitudes physiques ........................................................................................237 7.4.3. Interrogatoire médical .....................................................................................237 7.4.4. Indications biométriques .................................................................................238 7.4.5. Indications sensorielles – motrices ..................................................................239 7.4.6. Attentes socioprofessionnelles ........................................................................239 7.5. Évaluation des besoins en orientation professionnelle des ESFGA ..........................240 CHAPITRE HUITIÈME Échecs, défis, approches et stratégies alternatives du DDR à l’Est de la RD Congo et au Sud-Kivu : modèle stratégique de réintégration socio-économique durable .................243 8.1. Processus dialectique de la réintégration sociale et économique des ex-soldats .......244 8.2. Inventaire des filières de formation professionnelle et des métiers dans la ville de Bukavu et au Sud-Kivu ...............................................................................................245 8.3. Types d’apprentissage et formation professionnelle proprement dits pour les ESFGA au Sud-Kivu .........................................................................................245

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8.4. Les échecs et les défis liés au DDR à l’Est de la RD Congo et au Sud-Kivu ...........251 8.4.1. Échecs .............................................................................................................251 8.4.2. Le Succès du processus DDR- RET et l’applicabilité de l’approche holistique : Témoignage de madame ZEYNEP Gündüz et paradoxe...........................................253 8.5. Véritables causes de l’échec de la réintégration des anciens combattants ................261 8.5.1. Problème de démantèlement et intégration des groupes armés .............................261 8.5.2. La mauvaise gestion des Fonds et d’analyse du contexte socio-économique ..262 8.5.3. L’Insuffisance des kits ....................................................................................262 8.5.4. Usage des mauvaises approches ......................................................................263 8.5.5. L’exclusion de la femme dans le processus de consolidation de la paix .........264 8.5.6. Genre, patriarcat et conflit ...............................................................................265 8.5.7. L’absence d’un cadre familial strict ................................................................268 8.5.8. La Faiblesse du Cadre opérationnel et de la prise en charge psychosociale des ESFGA................................................................................................................269 8.6. Les Défis du DDR ....................................................................................................270 8.6.1. Les défis liés aux enfants.................................................................................270 8.6.2. Les défis liés au pouvoir public .......................................................................270 8.6.3. Les défis liés aux communautés, aux organisations nationales et internationales et aux agences de la protection de l’enfant ....................................272 8.6.4. Les Difficultés inhérentes à la formation professionnelle et à la réintégration socio-économique des ESFGA..................................................................................273 8.7. Approches et stratégies alternatives de réintégration socio-économique durable .....275 8.7.1. Les six (6) APPROCHES ................................................................................275 8.8. Les vingt-trois (23) stratégies alternatives de réintégration socio-économique pour enfants ex-soldats et autres groupes vulnérables .....................................................278 8.8.1. Identification technique des enfants sortis des forces et groupes armés ..........278 8.8.2. L’organisation de l’atelier sur la sélection des filières et métiers sur le marché local de l’emploi .................................................................................279 8.8.3. Évaluation rapide des capacités des structures de formation professionnelle ..279 8.8.4. Les visites guidées des centres et structures de formation en compagnie des ESFGA................................................................................................................279 8.8.5. La présentation du forum ................................................................................279 8.8.6. L’orientation professionnelle et la production du projet professionnel pour chaque ESFGA .................................................................................................280 8.8.7. La formation professionnelle (formation aux métiers et apprentissage) ..........280 8.8.8. L’éducation de rattrapage ................................................................................281 8.8.9. La prise en compte de la charge sociale ..........................................................281 8.8.10. La formation en gestion et développement des compétences commerciales .282 8.8.11. Production des business-plans et la création des micro-entreprises ...............282 8.8.12. La réintégration socio- économique proprement-dite ....................................282 8.8.13. Suivi technique post formation et suivi accompagnement post création des micro-entreprises ................................................................................................284 8.8.14. La coordination des affaires ou le point focal................................................284 8.8.15. Le partenariat entre le programme de réintégration socio-économique et les différents services de l’État ..............................................................................285 8.8.16. Évaluation finale et désengagement ..............................................................286 8.8.17. Affiliation aux micro-crédits .........................................................................286 8.8.18. La sensibilisation-conscientisation des communautés de base de DDR durable ......................................................................................................................287 8.8.19. La protection au travers l’éducation formelle et non-formation .............................287 8.8.20. Le plaidoyer pour la réforme du système éducatif Congolais .............................287 8.8.21. La réforme humanitaire .................................................................................287 8.8.22. La création de la toile préventive ..................................................................287 8.8.23. Les 4 piliers DDR..........................................................................................287

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CHAPITRE NEUVIÈME Théorisation des quelques stratégies mères pour le DDR-durable .........................................291 9.1. Les quatre (4) Piliers du Désarmement, Démobilisation Réintégration ....................291 9.1.1. Les 4 Piliers du DDR ......................................................................................292 9.1.2. Les 4 Piliers de toute médiation ......................................................................297 9.1.3. Les quatre piliers de l’éducation, identifiés .....................................................298 9.1.4. Les Objectifs ...................................................................................................303 9.1.5. Les étapes de la réintégration scolaire .............................................................305 9.2. Choix des méthodes d’apprentissage ........................................................................310 9.2.1. Apprentissage cognitif.....................................................................................310 9.2.2. Apprentissage psychomoteur ..........................................................................312 9.2.3. Ce que le formateur doit savoir (lois de l’apprentissage) ................................312 9.2.4. Ce que le formateur doit faire (rôle du formateur) ..........................................312 9.2.5. Préparation des supports (matériels didactiques, outillages, documents de travail, etc.).........................................................................................313 9.2.6. Élaboration et négociation des contrats de sous-traitance ...............................313 9.3. La stratégie ...............................................................................................................313 9.3.1. Pédagogie adaptée aux jeunes à risques ..........................................................313 9.3.2. Les besoins essentiels ......................................................................................313 9.4. Le développement comme processus du changement social et économique ............315 9.4.1. Facteurs, conditions et agents du changement .................................................317 9.5. Le Développement durable.......................................................................................318 9.5.1. Historique du concept de développement durable ...........................................318 9.5.2. Définitions selon la Commission Brundtland (1987) ......................................319 9.5.3. La Mesure du développement .........................................................................321 9.5.4. Les approches habituelles de la richesse et pauvreté .......................................322 9.5.5. Niveau de vie et pauvreté monétaire ...............................................................323 9.5.6. Les nouvelles approches..................................................................................323 9.6. L’Éducation : interculturelle/multiculturelle ............................................................326 9.6.1. Hypothèses-Préconception ..............................................................................326 9.6.2. La tendance à la valeur ....................................................................................327 9.6.3. L’ethnocentrisme.............................................................................................327 9.6.4. Le rôle et les objectifs de l’éducation interculturelle .......................................327 9.6.5. Les quatre piliers de l’éducation, susmentionnés ............................................328 CHAPITRE DIXIÈME La pédagogie : l’interdisciplinarité, la transdisciplinarité et la multidisciplinarité dans le domaine de l’éducation..............................................................................................337 10.1. La Pédagogie ..........................................................................................................337 10.2. L’interdisciplinarité ................................................................................................337 10.3. La transdisciplinarité ..............................................................................................337 10.4. La Multidisciplinarité .............................................................................................338 10.4.1. La Pédagogie et la Psychologie .....................................................................338 10.4.2. La psychologie pédagogique .........................................................................338 10.4.3. L’éducation et la psychologie pédagogique ..................................................339 10.4.4. La pédagogie psychologique-psychopédagogie ............................................339 10.4.5. La pédagogie psychanalytique ......................................................................339 10.5. La pédagogie expérimentale ...................................................................................339 10.5.1. La Pédagogie et la sociologie ........................................................................340 10.5.2. La Pédagogie et l’économie ..........................................................................341 10.5.3. L’économie de l’éducation et de la formation ...............................................341 10.5.4. La pédagogie et les autres sciences ...............................................................342

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10.6. Les Forces, les faiblesses et les opportunités de l’actuel système éducatif en République Démocratique du Congo ..........................................................................345 10.6.1. Les forces du système éducatif congolais, actuel ..........................................345 10.6.2. Les faiblesses actuelles du système éducatif congolais .................................345 10.6.3. Les opportunités ............................................................................................346 CHAPITRE ONZIÈME La sensibilisation-conscientisation et la création des toiles préventives ................................349 11.1. La création et l’établissement de toiles préventives, dans les communautés et les zones à risques, permettront ...................................................................................350 11.2. Partenariat entre les communautés : Renouveler la culture de partenariat ..............351 11.3. Prévention — Éducation : Programme ...................................................................352 11.4. Programme .............................................................................................................353 PARTIE 5 EXPÉRIENCES ET EXPERTISE .....................................................................................355 CHAPITRE DOUZIÈME Quelques modèles-types de business-plans réalisés en partenariat avec le Guichet d’Économie Locale Sud-Kivu, “GEL” .........................................................357 12.1. Le paquet minimum de réintégration économique pour enfants ex-soldats et autres couches vulnérables : une recherche appliquée dans la province du Sud-Kivu .357 12.1.1. Réinsertion/Réintégration scolaire ................................................................358 12.1.2. Principes directeurs de la réinsertion scolaire................................................358 12.1.3. Type de services offerts dans la réinsertion/réintégration scolaire ................360 12.1.4. Stratégies de sortie ........................................................................................364 12.2. Les Filières types ....................................................................................................364 12.2.1. La Filière Cordonnerie ..................................................................................364 12.2.2. Filière Soudure-Ajustage ...............................................................................367 12.2.3. Agriculture (Haricot, Soja, Manioc, Arachides) ............................................373 12.2.4. Projet de fabrication des pains Sandwich (Boulangerie) ...............................376 12.2.5. Projet d’élevage des porcs dans le quartier de PANZI ..................................384 12.2.6. Projet de renforcement dans la fabrication des savons à NYANGEZI ..........392 CHAPITRE TREIZIÈME Mesures conservatoires, responsabilités des structures concernées et recommandations pour la protection des enfants ................................................................................................401 13.1. Mesures conservatoires ..........................................................................................401 13.2. Les instruments juridiques nationaux de protection de l’enfant..............................402 13.3. Les Instruments juridiques internationaux ..............................................................412 13.4. Responsabilités des structures concernées et recommandations .............................415 13.4.1 Au gouvernement de la RDC (provincial et national) ....................................415 13.4.2. À l’unité d’exécution du programme national de désarmement démobilisation et réinsertion .....................................................................................416 13.4.3. Aux ONG locales et internationales des droits de l’homme ..........................417 13.4.4. Aux ONG nationales et autres acteurs de la réinsertion des ex-soldats .........417 13.4.5. À la communauté internationale, Organisations non gouvernementales internationales humanitaires et aux bailleurs des fonds.............................................418

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CHAPITRE QUATORZIÈME Conclusion générale ..............................................................................................................419 14.1. Introduction ............................................................................................................419 14.2. Questions de recherche ...........................................................................................419 14.3. Vérification des questions de recherche, des objectifs et des hypothèses de notre recherche ...........................................................................................................420 14.3.1. Objectifs de la recherche ...............................................................................420 14.4. Hypothèses .............................................................................................................422 14.5. Résumé des principaux résultats.............................................................................422 14.6. Contributions ..........................................................................................................423 14.6.1. Implications théoriques .................................................................................424 14.6.2. Implications méthodologiques.......................................................................425 14.6.3. Implications pratiques ...................................................................................427 14.7. Recherches futures..................................................................................................427 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...............................................................................429 WEBOGRAPHIE ..................................................................................................................447 ANNEXES ............................................................................................................................451 Annexe 1 : Liste des personnes ressources ayant contribué à cette recherche .................451 Annexe 2 : Modules de questionnaire d’évaluation des besoins des ESFGA ..................453 Annexe 3 : Questionnaire de recherche axée sur les causes d’échecs, les défis et les stratégies DDR .......................................................................................................462 Annexe 4 : Les types des fiches DDR – Enfants en vue de l’identification et la Vérification des présumés enfants soldats ...............................................................463 LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES ..............................................................................475

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République démocratique du Congo aux éditions L’Harmattan

Dernières parutions

Les Baluba Histoire, cosmologie et sémiologie d’un peuple bantu

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politique». Au moment où nous rééditons ce texte, pour la richesse de sa teneur historique, le contexte politique congolais est une fois de plus dominé par le débat constitutionnel, avec en perspective les nébulosités de l’horizon 2016...» Eddie Tambwe Kitenge (Coll. Comptes Rendus, 14.00 euros, 129 p.) ISBN : 978-2-343-06354-6, ISBN EBOOK : 978-2-336-37971-5 Droit congolais du travail

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la souveraineté de l’État que sont notamment la défense, la diplomatie et la monnaie. En outre, il y a lieu d’apprécier les régimes politiques connus en RDC, au regard des critères fondateurs d’une République : - la source de légitimité des pouvoirs constituants - le mode d’accès des dirigeants au pouvoir - l’équilibre des pouvoirs entre les différentes institutions. (Coll. Dossiers, Études et Documents, 10.00 euros, 58 p.) ISBN : 978-2-343-06195-5, ISBN EBOOK : 978-2-336-37539-7 La sorcellerie chez les Ding de la RDC

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La sorcellerie constitue une force surhumaine, une croyance et une pratique ambiguë, notamment chez les Ding de RDC. L’accent a été mis sur le rôle, le pouvoir et la position du sorcier ainsi que sur les voies d’accès et celle de sa transmission. D’autres phénomènes sont analysés tels que l’incarnation, la réincarnation, l’antisorcellerie, la science et la recherche scientifique. Sans oublier le génie créatif ou inventif propres à chaque peuple. Également liée à la religion, elle est à ce titre l’opium du peuple Ding. Elle bloque par l’envoûtement, il faut chercher à la débloquer par des mécanismes d’antisorcellerie. (Coll. Géopolitique mondiale, 12.00 euros, 106 p.) ISBN : 978-2-343-04505-4, ISBN EBOOK : 978-2-336-37078-1 Convictions et espérances pour la République démocratique du Congo Verbatim (2008-2014)

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Ce livre restitue la vision de l’homme politique pour son pays au travers des «écrits et des dits». Le lecteur découvre les idées-forces du politique qui accompagne le développement d’un secteur socioculturel de la RD Congo. Banza Mukalay Nsungu a été élu quatre fois député de Lubumbashi et ministre dans plusieurs gouvernements. Il est depuis 2012 ministre de la Culture et des Arts de la RD Congo. (Coll. Comptes Rendus, 21.00 euros, 210 p.) ISBN : 978-2-343-05743-9, ISBN EBOOK : 978-2-336-37101-6 Ma vérité sur le maréchal Mobutu et sur la transition démocratique au Zaïre (1990-1997)

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La «transition démocratique» en République démocratique du Congo aura été l’une des plus troubles, complexes et longues de tout le continent africain (1990-2006). Acteur et témoin privilégié de l’histoire politique de ces dernières décennies, l’auteur pose un regard critique sur ces années de tumulte, en interpellant la responsabilité de l’acteur politique congolais. En évoquant ses rapports privilégiés avec le maréchal Mobutu, qui lui confiera la direction de son parti, l’auteur pose aussi son jugement global sur le déroulement de la transition. (Coll. Comptes Rendus, 16.50 euros, 162 p.) ISBN : 978-2-343-05741-5, ISBN EBOOK : 978-2-336-37097-2 Les mots récurrents de la transition politique au Zaïre (1990-1997)

Mukalay Nsungu Banza

Rompant avec la tradition qui confine l’étude du vocabulaire et du discours politique dans les sphères des chercheurs spécialisés, l’auteur s’intéresse ici aux mots récurrents de la période politique de la Transition (1990-1997) au Zaïre (actuelle RDC). Une période politique qui va du discours historique de la démocratisation, prononcé par le président Mobutu le 24 avril 1990, à l’avènement du président Laurent-Désiré Kabila, le 17 mai 1997. L’ouvrage constitue également une contribution à l’étude du français d’Afrique subsaharienne et spécialement de la RDC. (Coll. Comptes Rendus, 9.00 euros, 56 p.) ISBN : 978-2-343-05742-2, ISBN EBOOK : 978-2-336-37092-7

L’U.D.P.S. dans l’œil du cyclone La violence politique au Zaïre sous Mobutu (octobre 1985)

Mutamba Makombo Jean-Marie

Cet ouvrage relate la traque et la répression d’un mouvement d’opposition clandestin au Zaïre (R.D. Congo) sous la Deuxième République : l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). L’auteur s’appuie sur les rapports d’information établis en octobre 1985 par le Corps des Activistes pour la Défense de la Révolution (CADER), qui témoignent des tribulations du petit peuple qui a souffert pour le triomphe du multipartisme et de la démocratie. Ils révèlent aussi les luttes d’influences, la lutte d’intérêts et de clans au sein du Parti unique. (12.00 euros, 104 p.) ISBN : 978-2-343-05729-3, ISBN EBOOK : 978-2-336-37252-5 Valoriser l’expérience dans l’enseignement administratif Manuel de psychologie et des sciences de l’éducation en République du Congo

Tabezi Pene-Magu Bernard-Gustave

La notion d’expérience est devenue une référence majeure, aussi bien en éducation que dans tous les métiers où des personnes agissent sur l’activité d’autres personnes (orientation, conseil, management, soins). Elle est de plus en plus valorisée au sein de l’enseignement scolaire comme le montre la promotion des pratiques pédagogiques prônant le recours à l’expérience et à l’expérimentation comme source des apprentissages... (Coll. Études africaines, 19.00 euros, 192 p.) ISBN : 978-2-343-05376-9, ISBN EBOOK : 978-2-336-37157-3 Des écoles primaires «efficaces» Étude de leurs déterminants à Kisangani

Kamba Eyanganunga Albert

Dans un environnement scolaire marqué par de forts taux de déperdition et des faibles niveaux d’acquis par les élèves, certaines écoles sortent du lot. Ces écoles primaires efficaces fonctionnent dans un climat scolaire positif, recourent à des pratiques éducatives maximisant le temps d’enseignement et à des pratiques managériales participatives et orientées vers les objectifs. (Coll. Études africaines, 31.00 euros, 290 p.) ISBN : 978-2-343-05350-9, ISBN EBOOK : 978-2-336-37239-6 La Banque mondiale et la réforme des entreprises publiques congolaises (RDC) Une analyse critique des enjeux politiques, économiques et sociaux

Mpoy Kadima Godé

Malgré un cadre macroéconomique en relative amélioration, le redressement des entreprises publiques congolaises (RDC) demeure au coeur des enjeux de la relance de l’économie nationale. Victimes des conjonctures et politiques publiques défavorables à leur expansion, ces entreprises sont, pour la plupart d’entre elles, au bord de la faillite. L’option de la privatisation, préconisée comme solution par le gouvernement congolais, ne peut s’imposer comme l’unique voie de recours. Ce vaste plan de privatisation risque d’entraîner des conséquences néfastes sur les plans économique, social et politique. (Coll. Comptes Rendus, 18.00 euros, 182 p.) ISBN : 978-2-343-05927-3, ISBN EBOOK : 978-2-336-37273-0

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Désarmement, démobilisation et réintégration des enfants-soldats Échec au Sud-Kivu ? Pourquoi depuis leur démarrage en 2003, les processus DDR (désarmement, démobilisation et réintégration), en général, et le DDREnfants, en particulier, connaissent autant d’échecs et de défis, en dépit des efforts consentis, des moyens et de la bonne volonté de certains acteurs et partenaires nationaux et internationaux impliqués dans la thématique ? Et pourquoi le processus DDR ne cède-t-il pas du tout place au développement durable plus d’une décennie ? Même s’il y eut un peu de succès pour le désarmement et la démobilisation, 72 % des enquêtés ont confirmé que le processus DDR était un échec et la réintégration, un échec cuisant. Ainsi, quarante causes majeures d’échecs ont été identifiées, trente-trois défis principaux répertoriés, six approches, vingt-trois stratégies alternatives mises sur pied et un modèle stratégique en vue du processus DDR et de la réintégration socio-économique durable de toutes les couches vulnérables axé essentiellement sur quatre piliers de DDR, de médiation, d’éducation. À ces derniers, on doit joindre la sensibilisation-conscientisation, la création et l’établissement des toiles préventives communautaires/intercommunautaires, l’effectivité des différentes réformes et la réelle volonté politique.

Albert B. K ALONGA L USE -L UA -N ZAMBI est docteur en sociologie, spécialiste de la sociologie des conflits armés, des processus DDR-Enfants-Soldats et de la réintégration socio-économique des couches vulnérables ainsi que des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Il est professeur associé à l’université de Kananga (RDC) et visiteur à l’UPA et à l’UEA-Bukavu, et dans les universités du Burundi et du Rwanda. Actuellement, il est secrétaire général académique à l’ISECOF de Bukavu. Il a œuvré avec des ONG, tant nationales qu’internationales, de protection de la femme et de l’enfant (FSH, AVREO, COOPI, RET, IRC et BIT).

Etudes africaines Série Sociologie

ISBN : 978-2-343-07213-5

42 €