Troisième Conférence Internationale d’Histoire Économique / Third International Conference of Economic History: Volume 5 [Reprint 2021 ed.] 9783112466643, 9783112466636

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Troisième Conférence Internationale d’Histoire Économique / Third International Conference of Economic History: Volume 5 [Reprint 2021 ed.]
 9783112466643, 9783112466636

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TROISIÈME

CONFÉRENCE

INTERNATIONALE

D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE

THIRD INTERNATIONAL CONFERENCE

OF ECONOMIC HISTORY

ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES — SORBONNE SIXIÈME SECTION : SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

CONGRÈS ET

COLLOQUES

x

PARIS

MOUTON & CO MCMLXXTV

LA HAYE

TROISIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE

D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE

MUNICH 1965 • • • • •

THIRD INTERNATIONAL CONFERENCE

OF ECONOMIC HISTORY

Publié sur la recommandation du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines, avec le concoursfinancierde l'Unesco et de la Industrie- und Handelskammer, Cologne

© 1974, École Pratique des Hautes Études et Mouton and Co.

Printed in France

STRUCTURE DE L'ENTREPRISE SECTION X V

RÉSUMÉ DES C O M M U N I C A T I O N S ET DISCUSSIONS PRÉSENTÉES A LA I I I e CONFÉRENCE INTERNATIONALE D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE (Munich,

août

ig6j)

Le cinquième et dernier tome des Actes de la I I I e Conférence Internationale d'Histoire Économique de Munich contient deux thèmes principaux : la structure de l'entreprise d'une part et d'autre part les inégalités régionales de la croissance. L'analyse de la structure des entreprises se fonde sur une approche comparative spatio-temporelle. Successivement sont abordées les entreprises commerciales, banquières, minières et industrielles. Enfin la petite entreprise est située face aux géants du monde industrialisé et sa raison d'être est soulignée en dépit d'une concentration toujours croissante. L'approche comparative spatio-temporelle permet de mettre en évidence les spécificités régionales et rend compte de la complexité croissante des entreprises. Le second thème, celui des inégalités de développement, réconcilie les termes opposés de croissance et de sous-développement régional, en situant celui-ci dans la perspective de la longue durée. Les inégalités régionales du développement, qui se manifestent en dépit de conditions initiales similaires, illustrent clairement l'insuffisance d'une approche exclusivement économique. Une prise en considération de facteurs exogènes d'ordre institutionnel, culturel ou autre permet de mieux saisir la complexité de forces favorables et défavorables au mûrissement des préconditions de démarrage économique.

A. INTRODUCTION

DIE

STRUKTUR

DER

UNTERNEHMUNGEN

von Hermann KELLENBENZ ( Universität Köln)

I Struktur der Unternehmungen lautete das Thema der 15. Sektion des Münchener Kongresses der Wirtschaftshistoriker. Unternehmung, entreprise (frz.), enterprise (engl.), azienda (it.), empresa (span., port.), diese wichtigste Organisationsform jeder entwickelten Wirtschaft, definieren wir als soziales Gebilde aus der Kombination von Kapital, Boden und Arbeit zur Produktion oder Verteilung von Gütern und Leistungen von Diensten mit dem Bestreben, Gewinne zu erzielen 1 . Es war unser Bestreben, zu einer Klärung der Dinge auf der Basis möglichst weitreichender vergleichender Betrachtung in zeitlicher und räumlicher Hinsicht zu gelangen. In zeitlicher Hinsicht hätten wir gerne auch die Antike einbezogen, aber mangels kompetenter Sachbearbeiter mußten wir uns auf die Entwicklung 1. Wir verdanken viel zur Klärung des Begriffes F. REDLICH; vgl. besonders seine Artikel 72 4.420 4,806 4.127 2,761 4,79i 3808 2.479 1,868 I.79I 1,638 1.790

55 79 91 147 ibb 135 150 149 ni 74 35 57 94 130 bb 53 80 183

126 474 601 813 900 814 968 936 595 581 ibi 410 534 431 263 145 189 171

2,293 6,002 6,601 5,533 5,424 6,028 6,453 6,281 5,362 7,855 4,608 7.187 5,677 3,313 3,979 2,733 2,366 2,065

27 53 63 49 64 48 4« 3i 17 10 5i 20 32 58 39 19 21 3

78 198 244 104 224 198 187 133 97 24 158 48 94 114 *>3 43 41 5

2,881 3,735 3,874 2,132 3,497 4,129 4,563 4,300 5,682 2,4 3,"5 2,39 2,948 1,960 1,611 2,266 i,943 1,524

SOURCE : Archivio di Stato Florence, Fonds : Tribunale della Mercanzia, liasses 10 836 à io 859. I. Nombre de commandites. I I . Importance globale. I I I . Importance moyenne en milliers de ducats de 7 lires.

1. Cf. encore J.-G. DA SILVA, Banque et crédit, I, 11e partie, et, du même, « L a dépréciation monétaire », loc. cit., ainsi que « I fattori monetari... » loc. cit.

JOSÉ GENTIL DA SILVA

CONCLUSION

De toutes ces observations sur des faits connus, de tous ces chiffres si sujets à caution qu'ils soient, de toutes ces confrontations qu'il faut multiplier, en en précisant les résultat et les implications, découle une certitude. Nous voulons moins chiffrer des séries qu'insister sur le sens de ces recherches. Certains secteurs des économies, ou plutôt des peuples, semblent inertes, tant ils ont été écrasés, ruinés, vidés de toute substance et de tout espoir. Mais de la même façon qu'ils sont la source de l'accumulation primitive, ils donnent naissance aux investissements pendant les époques de dépréciation monétaire. A moins de transformations radicales, rien ne change dans l'histoire de ces nations. La trouée entre elles et les riches s'élargira toujours. A propos de la société commerciale nous voudrions, d'une part mettre en relief certaines des raisons historiques de cette situation et, d'autre part, rappeler qu'il y a en histoire des chantiers de travail mais qu'il n'y a pas des sujets valables pour des monographies isolées car, ici comme ailleurs, nos exigences de connaissance sont des exigences scientifiques. Voici des fonds offerts en abondance ou prêtés avec réserve, des « capitalistes » qui choisissent un secteur de production et d'activité, qui traduisent par leurs actes l'opinion commune sur le marché et la monnaie, qui essaient d ' « inventer » des débouchés ou ne s'y intéressent pas. D'autre part, tantôt les artifices grossissent l'armée toujours encombrante des sans travail, tantôt ils investissent eux-mêmes des sommes modestes épargnées sur l'essentiel voire de premiers profits, et changent du coup l'allure générale du marché, de la production, de la consommation, lorsque des industries ou des commerces d ' u n intérêt plus immédiat que soieries et laines ou « banque », prennent une place non négligeable. Autrement dit, la dynamique sociale, en particulier l'appauvrissement des artisans ou leur enrichissement dans une situation que les marchands rendent subalterne mais qui leur donne des raisons de lutter et d'espérer, explique les décisions prises quant à la fructification du capital et en premier lieu, les structures des associations commerciales. Le besoin de survie apparaît ainsi comme un principe a priori de l'action économique, dont les formes : association familiale, société en commandite, compagnie à charte, corporation, s'expliquent « dans le cercle étroit de notre conscience actuelle et de nos passions humaines ». L'histoire doit se concevoir, s'étudier, s'expliquer, en plusieurs dimensions. Entre la compréhension du besoin de survie et de la conquête de l'avenir, et la chronique, se situent les connaissances

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JOSÉ GENTIL DA SILVA

possibles qu'ont cherché à classer, à hiérarchiser, à « conventionner » un M a x Weber dans une certaine perspective, un Henri Poincaré dans une autre. M m e de Staël écrivit et fit répondre par un professeur aux doléances d'un prince de ses disciples : « il n'y a point de route royale en mathématiques » 1 . Il semble aujourd'hui qu'il en soit de même en histoire. Et pourtant, peut-être parviendrons-nous à ouvrir pour les sciences sociales « une route royale » offerte à la connaissance de l'homme. Autre que l'histoire descriptive et que toutes les reconstructions courantes de chroniques, une grammaire des faits historiques est pour demain cette « route royale », loin, bien loin, il est vrai des sentiers battus, et qui seule redonnera finalement à l'événement et à l'individu, leurs dimensions propres 2 . L'intérêt que nous portons, et qu'on portera toujours, aux actes et aux décisions, aux choix et aux peines de nos devanciers, ne répond pas seulement au désir humain de savoir, il entre comme un fil conducteur dans l'ensemble des disquisitions sur la vie et son sens. Le capital et sa fructification nécessaire face à la dépréciation de la monnaie, l'épargne et la sécurité d'un pouvoir d'achat dans l'avenir, les hommes et les richesses qu'ils créent, la traduction de la dynamique sociale dans les formes d'association commerciale, modestes, humbles, épisodiques, ces vieux matériaux, ouvrent tout de même des fenêtres sur la connaissance véritable. Sceaux (Hauts-de-Seine), janvier-avril 1965 — Nice, mai 1973.

1. Œuvres complètes, t. X I , De l'Allemagne, ch. vi, p / 2 2 7 de l'édition de 1820. 2. Cf, à ce propos, J . - G . DA SILVA, a l'Histoire : Une biologie de l'événement politique? », Annales, E.S.C., 1971, n° 3-4, pp. 854-872. Il s'agit d'un chapitre d'un ouvrage à paraître.

FONCTIONS DES

ORGANIQUES

COMPAGNIES

DE

ET

ADMINISTRATIVES

COMMERCE

PORTUGAISES

par J o r g e BORGES DE MACEDO

(Assistant de la Faculté de Lettres de Lisbonne)

L e système d'organisation mercantile désigné par le mot : « compagnies » comprend toujours : un accord avec l'État pour l'exploitation commerciale en régime de privilège d'une certaine zone géographique ; 2° une accumulation de capitaux d'origines diverses, pour augmenter ainsi les disponibilités de l'organisation; 3 0 un système stable, administratif, commercial, ainsi que militaire, pourvu d'autonomie vis-à-vis d'autres pouvoirs, avec ses propres fonctions : en somme, ce système suppose l'exploitation commerciale de la zone avec les moyens de faire face aux problèmes politiques, militaires et commerciaux que cette exploitation peut impliquer. D'autre part, la fondation de compagnies est évidemment en rapport avec les doctrines mercantilistes, elles-mêmes dépendantes d'une orientation gouvernementale tendant à faire du commerce une activité régie par des forces organisées et responsables envers l'État. C'est, en somme, une institution opposée au commerce libre, destinée surtout à l'exploitation de régions rentables mais d'accès difficile, très lointaines ou dans une situation critique : les frais d'exploitation étant très élevés, il ne se trouverait pas de capitaux pour les assumer sans de solides

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garanties y compris, en outre, des privilèges politiques et militaires. En outre, dans les temps modernes, l'État absolu donnait la priorité aux questions politiques, diplomatiques et militaires sur lesquelles portaient tous ses efforts ; il ne pouvait donc disposer d'efficacité immédiate, dans le domaine commercial, sans la collaboration du corps des marchands, pour la mise en valeur de zones fondamentales que ceux-ci ne fréquenteraient que s'ils disposaient de leurs propres moyens de défense, ceux précisément que pouvaient leur offrir les compagnies privilégiées. Sous un autre aspect encore, quand l'État adoptait une politique de neutralité ou de compromis, pour les besoins de la situation militaire européenne, mais voulait maintenir une liberté d'action relative dans certaines zones, il créait des compagnies, lesquelles, n'étant pas d' « État », réalisaient des opérations qui en aucun cas ne pouvaient être du ressort des organismes politiques régionaux. Les compagnies apparaissent ainsi au xvn e siècle, aussi bien en pays de régime absolu que dans d'autres où l'État revêtait un caractère plus représentatif tels que l'Angleterre ou la Hollande. Elles reçoivent toujours de très larges attributions commerciales et, quand il le faut, des moyens d'exercices effectifs de souveraineté. Mais, en tout cas, l'institution de ces compagnies reposait sur la préexistence d'intérêts particuliers et puissants qui, du fait de leur association, devenaient plus forts : l'unité de leur objectif ne faisait qu'augmenter encore l'efficacité et l'influence de ces compagnies. Au Portugal, par contre, ce même système reposait sur une capacité capitaliste très faible. On voulait profiter de ce procédé centralisateur et monopoliste bien davantage pour instaurer une politique monopoliste que dans le dessein de réaliser des affaires immédiates. Les capitaux disponibles des particuliers devaient se soumettre à des conditions politiques préalables. Au Portugal prévalait l'opinion suivante quant au système des compagnies : leur création précéderait l'apport des capitaux que, par la suite, elles attireraient du fait de leur organisation commerciale et de leurs privilèges qui assureraient une large rentabilité à ces investissements. On allait même jusqu'à penser que chaque compagnie en viendrait à créer ses propres capitaux. Alors qu'en certains pays elles se forment à l'aide de capitaux importants et révèlent de grandes capacités financières, au Portugal elles se constituent sans disposer de telles ressources et cherchent à les susciter après la formation de l'entreprise. En ce sens l'étude de ces organisations au Portugal offre un intérêt particulier en tant qu'exemple d'une tentative faite pour les utiliser comme un moyen propre à provoquer l'apparition et la concentration de capitaux dans un circuit d'activités rentables. A partir d'une organisation adéquate et des privilèges reçus de l'État, la compagnie a donc surtout pour objet, au Portugal, de drainer des capitaux. Mais, un fait est certain : c'est

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qu'un tel effort de stimulation fut vain car, en vérité, les capitaux n'apparurent pas. L a première de ces organisations commerciales permanentes, comptant disposer d'organes administratifs propres, fut la Compagnie portugaise des Indes orientales fondée en 1587. Quoique établie durant une période d'intense activité portugaise dans l'océan Indien et de grand commerce sur la place de Lisbonne, les documents relatifs à cette société sont très rares et se limitent à quelques renseignements d'ordre juridique. Cela laisse à supposer qu'elle n'a pas dépassé le stade préparatoire et n'a pas pu concilier les intérêts extrêmement variés qui, à Lisbonne, étaient engagés dans le trafic avec l'océan Indien. L a deuxième tentative fut la création, par carta rêgia du 19 février 1613, d'une compagnie pour la navigation et le commerce de l'Inde. Elle était ouverte à quiconque aurait voulu y entrer et ses quotes-parts pouvaient être souscrites tant par des personnes physiques que par des villes et des institutions. L a carta rêgia elle-même déclarait s'inspirer des compagnies étrangères de même objet. C o m m e on vient de le dire, l'organisation était créée, elle jouissait de différents privilèges mais elle manquait de capitaux. Évidemment, les capitaux privés en circulation dans le pays étaient insuffisants : ils ne pouvaient être, en faveur de cette compagnie, déviés de leurs applications normales, sans abandonner d'autres entreprises qu'ils réalimentaient depuis longtemps et avec un bénéfice considérable (trafic interne, commerce avec le Brésil, réalisés par des sociétés sans envergure et de vie précaire, de petites entreprises de navigation et de la contrebande). O n cherchait ainsi à attirer les biens mobiliers des villes et d'autres institutions de différentes natures qui accumulaient de l'argent provenant des rentes et qui d'habitude ne les investissaient pas dans des opérations commerciales. Par conséquent, la structure administrative précédait l'apport de la quasi-totalité des capitaux qu'on voulait capter. Les bénéfices obtenus par les compagnies de commerce anglaises et hollandaises avaient donné lieu dans certains milieux portugais et espagnols à une propagande intense en faveur de la formation de compagnies semblables au Portugal. A u surplus, les succès militaires de la Hollande au Brésil et aux Indes orientales et ceux des Anglais dans cette dernière contrée attiraient l'attention sur une organisation commerciale qui les orientait dans une grande mesure. Il y avait ainsi une tendance officielle, franchement favorable à la formation des compagnies commerciales bien que les difficultés de leur organisation ne fussent pas inconnues. Les Duarte Gomes Solis alors publiés reflètent ce climat et l'intérêt qu'en ses débuts les marchands euxmêmes portaient à la compagnie. Elle facilitait le trafic en invitant tout le monde à mettre le bueno gano sus haciendas en la nuevacompania, elle organisait tout ce qui concernait la cargaison des bâtiments, la

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régularité de leurs frets en établissant les prix et s'assurant des acheteurs; elle garantissait de plus l'unité des liaisons commerciales avec l'océan Indien. En outre, la compagnie étant urnajunta de pessoas iguales, unidas e conformes com que hablándose verdade de unos e otros se conserve e aumente, elle contrariait la propension portugaise à la désunion. Et en étant los dineros pocos la compagnie facilitait l'accumulation et le maniement plus efficace de l'argent. Solis estimait que les déficiences de la construction navale et l'efficacité des attaques auxquelles était en butte le commerce portugais en Orient provenaient du manque d'une organisation nationale intéressée à ce même commerce. On devait instituer une telle compagnie pour des raisons d'ordre administratif et commercial. Le capital, 0 dinkeiro, viendrait ensuite :yra en los años siguientes en gran crescimiento. En promettant de gros intérêts et des avantages immédiats, on chercherait à capter des capitaux peu habitués au mouvement commercial. La compagnie représenterait une garantie efficace propre à assurer le succès des opérations commerciales. On essayait ainsi d'intéresser à l'affaire de nouveaux souscripteurs d'origines diverses (rurale, voire religieuse), même dépourvus de compétence commerciale. Il leur suffirait, tout au plus, d'avoir quelque expérience d'administration régionale ou d'État. Ce qui faisait la faiblesse du commerce, pensait-on, ce n'était pas la carence de capitaux dans le circuit commercial mais l'absence de tout organisme vecteur : la direction de la compagnie s'en chargerait. Ainsi, les Portugais considéraient essentiellement la compagnie comme un instrument de gouvernement pour faire face à une situation militaire ou économique difficile. Les capitaux devaient se soumettre aux impératifs de celui-ci. Ainsi conçue, la compagnie ne répondait pas à une nécessité et n'était pas dans le fil d'une tradition bien comprise, elle ne constituait qu'une solution d'opportunité : « il importe aussi bien à mon service et au bien commun et à la conservation de mes royaumes et de mes vassaux et particulièrement de ceux de cette couronne (Portugal) de chercher par tous les moyens à remédier au mal que les étrangers de l'Europe font aux Indes orientales et dans les conquêtes d'outre-mer et [de neutraliser] ceux qui cherchent à s'emparer de la navigation et du commerce de nos sujets, donc considérant les moyens qui pourraient contribuer à les en empêcher, on m'a représenté comme étant très important de former une compagnie qui — de la même manière dont le font celles qui existent en Hollande et en Angleterre — prendrait à son compte le trafic des Indes, de la Mina et de la Guinée ». La compagnie était ouverte à des particuliers, fidalgos fonctionnaires ou hommes d'affaires, à des villes et à des communautés. D. Jorge de Vasconcelos, président du Sénat de Lisbonne, fut chargé de son organisation; le Dr Francisco Rebelo Homem de sa propagande. Pour la constituer, la gouverner et l'admi-

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nistrer fut créée une Junta (conseil) composée pour moitié d'hommes d'affaires intelligents et éclairés en matière de commerce. Ils étaient choisis par les deux personnalités pré-citées. Sa direction ainsi prévue, on invitait les hommes d'affaires et « ceux qui ont de l'argent » à entrer dans la compagnie. O n faisait appel au « sang des monarchies » par spéculation. A v a n t d'avoir les capitaux de l'entreprise, on tentait d'en créer la direction. A la vérité, cette création se révélait difficile, les institutions officielles comme les communautés particulières se montrant réticentes : la participation de la Chambre de Lisbonne proposée le 10 décembre 1624, ne fut approuvée qu'à la réunion du Conseil municipal du 21 janvier 1625. Dans le document d'approbation, on avouait le manque d'enthousiasme à l'égard de la Compagnie. O n demandait au roi d'écrire aux nobles et aux titrés pour les convaincre d'entrer dans cette compagnie en leur faisant ressortir qu'ils se devaient de donner l'exemple au royaume. Dans une autre réunion de la Chambre, on décidait d'exonérer la compagnie de l'impôt real de agua. Celle-ci étant considérée comme un rouage administratif et non comme une organisation commerciale appelée à s'insérer dans le jeu de la libre concurrence à partir des concessions qui lui étaient attribuées, on n'est pas étonné que la même Chambre de Lisbonne, devant le manque de capitaux, ait demandé au roi « que, pour plus de garanties à la compagnie, aux autres villes et aux particuliers du royaume qui y entreraient, Sa Majesté promulgue un décret précisant toutes les mesures que lui-même et son pouvoir royal appliqueraient pour assurer contre tous risques les capitaux investis ». Cette demande prouve bien le manque d'intérêt des porteurs d'argent portugais (quelle qu'en fût l'origine) pour la compagnie en ébauche. Ils y voyaient une institution qui cherchait à attirer des capitaux : au Portugal les compagnies n'étaient pas considérées comme des organisations vraiment capitalistes; on les tenait plutôt pour des organes exécuteurs d'opérations d'État et d'un succès commercial aléatoire. Malgré toutes les difficultés qu'il présentait, on continuait à préférer le commerce avec les Indes sous sa forme habituelle, c'est-à-dire la liaison entre les intérêts privés et la protection de l'État, mais sans le centralisme et le monopole qui semblaient devoir caractériser la nouvelle compagnie. Les porteurs de capitaux avaient peur. Aussi la garantie à leur donner deviendra-t-elle, durant tout le x v i i e siècle, le thème politique et social préalable, chaque fois que le système de la compagnie était proposé. T o u t cela, loin de révéler une capacité capitaliste et organisatrice, montre, au contraire, que les capitaux portugais étaient rares et que même quand ils existaient leurs détenteurs étaient indifférents au système, lequel ne correspondait ni au volume ni aux formes du commerce qu'eux-mêmes pratiquaient. Malgré tous ses défauts, la compagnie fut effectivement

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créée en 1628 pour une durée de douze années. Mais les fonds n'arrivaient que très lentement : en 1628, elle disposait de 300 000 cruzados, bien que son capital fût fixé à une somme cinq fois supérieure. U n e autre raison de l'indifférence portugaise envers cette compagnie provenait encore du fait qu'elle était sous la dépendance de l'État espagnol : le marchand portugais était déjà à cette époque très réticent à l'égard des mesures économiques préparées ou soutenues par le gouvernement de Madrid. Il voyait une menace à sa liberté économique dans la compagnie dont la création était annoncée et qui voulait établir des relations avec ses homologues « dans les États obéissant à l'empereur, et on fera à Lubeck, Anvers et Hambourg de grandes flottes qui viendront à ce royaume (Portugal) et en Espagne avec tout le nécessaire et nous assurerons le transport maritime de notre poivre, notre sel, notre tabac et d'autres produits grâce auxquels ce royaume redeviendra florissant... ». « Et cette compagnie sera en liaison et en correspondance avec nos Indes Orientales. Pour les Indes de Castille et pour le Levant, on créera d'autres compagnies et toute l'Italie entrera dans celles du Levant. » Intégrée dans ce plan grandiose, d'exécution plus que problématique, dépourvue de vrais stimulants capitalistes et de moyens financiers efficaces, sans autonomie d'action sur les marchés, la compagnie était tout à fait inadéquate et elle s'est éteinte par carta règia du 13 avril 1633. L a vie commerciale portugaise, fondée sur la petite entreprise, intéressée à l'importation brésilienne et au commerce du nord de l'Europe poursuivait son activité selon les modèles traditionnels et maintenait sa précieuse autonomie, probablement aux dépens d'un accroissement capitaliste ainsi ralenti. L e fait d'être privée d'influx vitaux fut fatal à la compagnie. L'organisation de l'État effrayait les capitaux existants qui n'abandonnaient pas leur domaine habituel d'action et laissaient ainsi sans écho l'appel qui leur était adressé par le gouvernement et les dirigeants de la compagnie. U n e certaine organisation interne, distribution de service, centralisme, surveillance des privilèges et participation aux responsabilités de l'État, n'était pas pour déplaire aux capitalistes portugais. A preuve, l'existence de certaines formes d'organisation commerciale proches de la compagnie : les contrats. Ce système prévoyait aussi une carte de privilèges et une responsabilité régulière d'ordre administratif et financier. O n peut citer comme l'exemple le plus remarquable le très fameux contrat du tabac, instauré sous Jean I V , et qui s'est maintenu sans interruption jusqu'au x i x e siècle, avec une organisation commerciale souple et forte, un schéma de surveillance douanière, des modalités d'exportation (légale et de contrebande), des disponibilités en capitaux et l'exercice de privilèges monopolistes. Le détenteur d u contrat disposait d'un véritable réseau commercial, réglementé, avec

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de solides liaisons régionales et internationales; elle fut même la première organisation distributrice conçue et réalisée à l'échelle nationale et sous direction unique. Ce contrat était attribué par vente aux enchères au plus offrant à partir d'une certaine somme de base et pour une période donnée. Soumis à une certaine forme de concurrence publique, il entrait dans le jeu capitaliste, et son enjeu, le capital, payé d'avance à l'État et remboursé par la vente du tabac, devait être productif d'intérêts. Loin de se soumettre à ces données et de créer un corps capitaliste capable de négocier avec l'État, la compagnie s'engageait dans une direction diamétralement opposée, et ce, précisément en raison de ses objectifs politiques et officiels aussi bien que commerciaux. De ce fait, au x v u e siècle, la compagnie se présentait en vérité, au Portugal, non pas comme une institution qui profitait de l'État, mais comme une organisation dont l'État profitait. Après la Restauration de 1640, ce caractère sui generis du système apparaît dans la fameuse Compagnie du commerce du Brésil, créée le 8 mars 1649 et approuvée quarante-huit heures plus tard. L e père Antonio Vieira aurait joué un rôle considérable dans sa création. Depuis 1644, et en différentes occasions, il avait prôné auprès des autorités gouvernementales la nécessité d'une telle institution qui, loin d'être isolée, devrait entrer en rapport avec une autre qui organiserait le trafic oriental. Son but était clair : « Le Portugal ne pourra pas continuer la guerre actuelle sans avoir beaucoup d'argent; pour l'obtenir il n'y a pas de moyen plus efficace et le Portugal... n'en a pas d'autres ». A cet effet, le père jésuite prétendait appeler au commerce portugais l'argent des nouveaux chrétiens d'origine portugaise qui s'étaient installés à l'étranger. L e moyen d'attirer cet argent serait la création de compagnies privilégiées dont le capital ne pourrait être confisqué par l'Inquisition. L e Portugal continue à vouloir profiter du système des compagnies, mais ce fait ne prouve ni l'existence d'un capitalisme collaborant volontairement avec l'État et avec d'autres capitaux, ni celle d'une organisation supérieure réunissant par son initiative les moyens d'une action efficace. L a compagnie subsiste au Portugal comme un simple procédé pour attirer les capitaux qui intéressent l'État et celui-ci pense y réussir au moyen des privilèges qu'il accorde mais dont il ne veut pas perdre le contrôle. Dans ces conditions, il est facile de prévoir que les intérêts de l'État primeraient toujours les préoccupations de rentabilité des capitaux. L a Compagnie du Brésil devait, tout d'abord, protéger la navigation portugaise à destination du Brésil : celle-ci serait faite en comboy, sous la protection des navires de guerre de la nouvelle compagnie qui libérerait ainsi les forces navales du roi. Outre cette protection militaire et l'attirance que, dans l'esprit de

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ses dirigeants, la Compagnie devait exercer sur les capitaux des nouveaux chrétiens, celle-ci visait encore à résoudre un problème caractéristique du bas niveau de la capacité capitaliste portugaise : l'inexistence d'un réseau d'agents portugais sur les marchés extérieurs, dans la mesure où la Compagnie parviendrait à drainer les capitaux des nouveaux chrétiens (qui seraient à l'abri de confiscation), les souscripteurs installés à Amsterdam, à Londres, à Bordeaux, etc., deviendraient autant d'agents intéressés au placement, sur ces marchés, des produits transportés par ses bateaux. Ainsi, l'économie extérieure du Portugal aux x v n e et xvin e siècles s'en trouverait-elle transformée. En fait, le problème de l'investissement dans la compagnie de l'argent des nouveaux chrétiens a été mal posé et sa fonction, à l'époque sous examen, s'en est trouvée altérée. O n n'a pas remarqué que dans les statuts de la Compagnie du commerce du Brésil rien ne garantissait l'immunité personnelle des associés. Seule était assurée la non-confiscation des capitaux. Cela signifie que le gouvernement de Jean I V ne souhaitait pas voir les nouveaux chrétiens rentrer au Portugal; son intérêt se portait uniquement sur la Compagnie du commerce du Brésil. Il était disposé à discuter les conditions de cette participation, sans que ce fait englobe l'éventualité d'un retour des marranes au Portugal. Bien au contraire, la présence de ces derniers sur les grands marchés européens où ils avaient de l'influence ouvraient au pays de nouveaux débouchés en mettant fin à l'emprise des marchands étrangers sur le commerce du Portugal. Les lois de ce pays réservaient le trafic brésilien aux Portugais (qu'en serait-il advenu si les objectifs de la compagnie avaient été atteints?). Mais le Portugal ne pouvait, dans les mêmes conditions, pourvoir les marchés européens de ses produits dont le transport et le placement étaient entre les mains des agents commerciaux des différents pays qui se trouvaient représentés sur son territoire. C'étaient eux qui se chargeaient de la sortie des produits en transit dans les ports portugais et qui gardaient les gains importants de leur vente en Europe. Dans la mesure où, à travers la Compagnie du commerce du Brésil, on parviendrait à créer dans les places européennes ce réseau qui manquait au commerce portugais, l'indépendance de celui-ci serait assurée. Cette tentative fut faite par le biais de la participation qu'apporteraient à la compagnie étrangers et Portugais, « n'importe où ils se trouveraient ». Le capital ainsi obtenu fut, paraît-il, de 1 300 000 cruzados. Mais, d'après ce qu'on peut déduire des rares documents disponibles, les marranes ne s'enthousiasmèrent pas pour la compagnie. Leurs longues négociations portèrent sur l'emploi des investissements et ils en vinrent à suggérer la réforme de l'Inquisition, comme garantie contre tout changement des pouvoirs de ce tribunal sur les capitaux investis. En 1672, ils proposèrent la création d'une autre compagnie (peut-être eût-elle

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été la réalisation de la seconde partie du projet du père Vieira) qui ne parvint pas à prendre forme, et pour laquelle ils étaient disposés à verser un capital de 6 000 000 de cruzados en échange de garanties qu'ils n'obtiendront d'ailleurs pas. L a Compagnie du commerce du Brésil était créée pour une durée de vingt ans, renouvelable pour dix ans. Sans préciser le montant total du capital éventuel (non remboursable pendant la durée de l'entreprise), on prévoyait, pour la compagnie, différentes attributions : la principale consistait dans la protection, qui serait assurée au commerce du Brésil, par une flotte de trente-six vaisseaux de guerre de vingt à trente canons ou plus, pourvus de marins, de soldats et de tout le nécessaire. Cette flotte, divisée en deux groupes de dix-huit navires, protégerait, en régime de convoi, « tous les navires marchands qui feraient le parcours de ces régions... », et nul navire, caravelle ou bateau de ce royaume ne pourrait aller au Brésil sans une telle escorte. L a compagnie organiserait ainsi le trafic brésilien. De plus, elle fournirait en exclusivité au Brésil quatre denrées alimentaires : vin, farine, huile et morue. Les gains proviendraient de la vente de ces denrées, aussi que de celle du bois du Brésil, du paiement des transports et de la protection navale. L a compagnie serait dirigée par une Junta de neuf marchands. Elle obtiendrait des facilités pour la construction de navires, l'emmagasinage de marchandises, etc. Ses membres recevraient des titres de noblesse, avec les privilèges correspondants, et leurs capitaux seraient inaliénables : « Les personnes vivant hors du royaume où que ce soit et de toute qualité et condition, natives ou étrangères, qui voudraient entrer dans cette compagnie avec leurs capitaux, pourront le faire librement et Sa Majesté s'engage à leur assurer protection contre tout arrêt, toute saisie, dénonciation ou représailles qui contre eux pourraient exister. » Sans accorder, en termes formels, aux associés étrangers le droit de commercer directement avec les pays conquis, on les autorisait à faire ce négoce par l'intermédiaire de la Compagnie, ce qui était défendu aux étrangers qui n'étaient pas ses associés. Les ordres de la compagnie étaient passés « au nom de Sa Majesté Royale ». Cependant, si nous observons plus attentivement son organisation, nous remarquerons immédiatement qu'elle ressemble beaucoup à celle d'une société de transports, puisque le monopole de transport et de vente des quatre produits ne s'est maintenu que jusqu'en 1658. A u point de vue de l'aménagement du trafic, la compagnie a réalisé une tâche utile. D u moins jusqu'en 1660, la préparation et l'escorte des convois furent assurées dans de bonnes conditions au regard des dangers qui les menaçaient : les attaques des bateaux hollandais, espagnols et anglais qui rôdaient le long des côtes portugaises étaient d'une implacable brutalité; n'était la protection de la Compagnie, les corsaires auraient souvent saisi les flottes qui venaient du Brésil

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ou qui s'y rendaient. Ce fut à ce moment-là que Robert Blake émit la prétention de bloquer Lisbonne. Mais qu'en est-il de l'aspect vraiment commercial du projet, c'est-à-dire de la création d'un réseau international assuré par les actionnaires? A cet égard, aucun résultat positif n'est apparu. L a contrainte des marchands étrangers ne se relâcha guère et il restait aussi difficile que par le passé de s'affranchir de leur influence quand il s'agissait d'écouler les produits portugais sur les places européennes. Nous n'en voulons pour preuve que les traités commerciaux avec la Hollande et l'Angleterre pendant la guerre de la Restauration portugaise. D'ailleurs, la situation ne s'est modifiée que très lentement, au cours du x v m e siècle, et complètement en dehors du système des compagnies. En résumé, la nouvelle compagnie prit rapidement l'aspect d'une organisation d'appui au trafic brésilien. Et ce fut comme telle qu'elle finit par être incorporée à l'Etat par le décret du 10 novembre 1662. Elle devenait une Junta de commerce dont le but était l'organisation des convois de bateaux, elle eut son régiment en 1663 et conserva ce même statut jusqu'à la fin, en 1720; elle a duré treize ans comme compagnie de commerce et cinquante-huit en tant qu'organisation administrative. Cette dernière une fois assurée, on ne pensa plus à la formation d'une société pour assumer les fonctions commerciales que la compagnie avait abandonnées. Le petit commerce, caractéristique du trafic portugais avec le Brésil, reprenait ses droits. Jusqu'à D. Joseph I e r , on ne pensa plus à la formation de grandes compagnies, soit en métropole, soit outre-mer. Sans avoir disparu de l'organisation économique portugaise, le système des compagnies n'était plus appliqué « en grand » et cessait d'être une fonction d'Etat. Mais il se reconstituait sur une petite échelle, cette fois sous une forme nettement capitaliste. Le 19 mai 1663, alors que la compagnie du Brésil était en exercice, on fonda la Companhia de Cacheu e Rios (destinée au trafic des esclaves). Le 4 janvier 1680, la Compagnie de Cabo Verde e Cacheu fut fondée dans le même but, pour une durée de six ans, avec possibilité de reconduction; elle était exemptée des droits sur l'exportation des humains à destination de ces lieux. En 1682, on fonda une nouvelle compagnie négrière pour le trafic avec le Para-Maranhâo. Prévue pour une durée de vingt ans, elle s'obligeait à fournir 10 000 nègres et les denrées nécessaires à leur subsistance; les bateaux qui violeraient ce monopole seraient confisqués. L e ressentiment que cette activité provoqua dans la région qu'elle prétendait servir est à l'origine d'un des premiers mouvements autonomistes brésiliens (rébellion Beckman). A la fin du x v n e siècle, l'Orient devint un pôle d'intérêt qui suscita la création de nouvelles compagnies. Ainsi, la carta règia du 24 mars 1685 recommandait au vice-roi des Indes, le comte de Alvor, l'éta-

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blissement d'une compagnie de commerce de l'océan Indien. Celle-ci reçut son statut juridique par les carias réglas des 14 et 15 mars 1687; malgré le bien-fondé des objections émises à son encontre, son capital statutaire était fixé à 1 500 000 cruzados que la Couronne s'engageait à parfaire le cas échéant. Cinq directeurs nommés par le vice-roi géraient la compagnie. Celle-ci avait l'exclusivité du commerce du sandal et du trafic avec le royaume de Mozambique. Par ses protestations, Macao parvint à échapper à ce monopole, qui provoqua nombre d'autres plaintes. Malgré cela, les résultats commerciaux furent considérés comme satisfaisants. L a conquête de M o m b a ç a et de Melinde par les Arabes (auxquels auraient fait appel les autochtones désireux de se libérer de la Compagnie) lui donna le coup de grâce en 1699-1701. De l'étude des compagnies du dernier quart du x v i i e siècle ressort un fait constant, en rapport incontestable avec la manière dont le commerce portugais était organisé à cette époque ; si les exigences économiques et militaires de l'État à son endroit ne dépassaient pas certaines limites; si elle se gardait de toute ingérence politique et se bornait à un champ d'activité exclusivement économique et local, donc limité, la compagnie donnait quelques bons résultats. Mais, lorsque, par suite des interventions de l'Etat, elle était appelée à jouer un rôle administratif et politique qui justifiait l'immixtion du gouvernement dans son exercice, les compagnies perdaient de leur efficience économique et ne tardaient pas à mourir d'inanition. Cette incompatibilité entre les fonctions administratives et capitalistes de la compagnie n'a cessé de se manifester au Portugal. Ce fut une des raisons pour lesquelles le système ne jouit jamais d'une très grande faveur dans le pays. En réalité, les marchands se méfiaient des compagnies à cause des risques d'intervention de l'Etat. Celui-ci craignait que les compagnies nuisent au commerce des étrangers, indispensable à la vie économique du pays aussi longtemps qu'il ne pourrait être remplacé. O n sait qu'à la fin du x v n e siècle, avant la découverte de l'or brésilien, la politique économique du pays tendait à avantager le commerce étranger, pour le fixer sur son propre territoire. Les compagnies n'avaient que peu de liberté de manœuvre. Si parfois elles parvenaient à assurer le trafic d'esclaves, elles n'intervenaient pas dans l'ensemble de l'organisation marchande portugaise. Ainsi, les causes de la fragilité des compagnies portugaises peuvent se résumer comme suit : l'intérêt du gouvernement à s'assurer de l'existence au Portugal de centres commerciaux étrangers (indispensables à la valeur marchande des produits portugais) ; la faiblesse des capitaux nationaux; la méfiance des marchands et des riches envers les initiatives commerciales du gouvernement. U n fait important au Portugal est l'existence d'une noblesse prête à participer au trafic commercial (au moyen de feitores ou par des prêts à intérêt, ou encore

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sous la condition de « répartition des bénéfices »). Mais elle se détourne des organisations de très grande envergure, qui ne lui octroieraient que des fonctions de direction. Charger « ses hommes » des affaires d'intérêt commun, profiter des occasions pour acheter ou vendre, etc., voilà ce qui était à sa mesure. En cherchant à profiter du système, le pouvoir a éliminé cet influx capitaliste et réduit ainsi la compagnie au simple rôle d'instrument de l'État. T o u t au plus lui a-t-il concédé un champ d'applications très réduit. D ' u n e manière générale, ces petites compagnies se formaient pour résoudre des difficultés locales et réaliser des associations avec des marchands étrangers. Les conditions dans lesquelles on appliquait au Portugal le système des compagnies et la divergence entre le rôle qui lui était attribué et celui qu'il jouait furent la cause d'une très vive polémique sur l'efficience de ces organismes. Cette polémique se développa pendant le x v n e et le x v i n e siècle et se donna libre cours dans des œuvres allant de la remarquable Alegación en favor da Compania de la India Oriental comercios ultramarinos que de nuevo se instituyo en el Reyno de Portugal de Duarte Gomes Solis jusqu'aux Consideraçôes políticas e comerciáis sobre os descobrimentos e possessôes portuguesas na Africa e na Asia de José Acursio das Neves. Dans ce dernier ouvrage, l'auteur fait une distinction entre la compagnie, en tant que société commerciale et en tant qu'organisation monopoliste, après quoi le débat est clos. De façon inexplicable, cette polémique, dont la portée fut très variable sur les milieux gouvernementaux, n'a pas encore intéressé les historiens de la pensée économique au Portugal. Il portait surtout sur les compagnies en tant qu'instruments d'administration et sur les capitaux qu'elle gérait. Pendant le règne de J e a n V , le principe des compagnies ne semble pas avoir connu une très grande faveur auprès de l'État. Deux constatations tendent à le prouver : i ° l'absence presque totale de nouvelles compagnies; 2° la disparition de celles qui existaient. L'impopularité du système est telle que Sebastiâo José de Carvalho e Melo n'hésite pas à affirmer que son déplacement à Vienne est dû au fait qu'il avait soutenu le projet de création d'une Compagnie des Indes au Portugal, sur le modèle de l'anglaise. O n le voit, la répugnance de la cour de D. Joào V à l'égard des compagnies est notoire. D'ailleurs, les opinions émises par le Conselho da Fazenda — organisme supérieur de direction des activités économiques — sont ouvertement favorables au principe de la liberté du commerce et de la concurrence. Il est vrai que des motifs sérieux de défiance vis-à-vis des compagnies subsistaient dans l'ensemble de l'économie portugaise : manque de capitaux; manque de relations économiques autonomes. L ' e n v o i des produits à Lisbonne ne garantissait ni leur vente ni des gains suffisants pour permettre une organisation puissante, assurant au petit commerce la survie et la prospérité. Les ventes lucratives dans les

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ports européens continuaient à échapper aux possibilités du commerce portugais que, ni une entreprise exclusivement nationale, ni des capitaux exclusivement portugais, n'auraient pu améliorer. Ce fait explique aussi la permanence au Portugal d'un commerce étranger si privilégié. A Londres, Carvalho e Melo comprenait parfaitement le problème : « Une des principales utilités publiques des compagnies de commerce est de proportionner la quantité des marchandises que l'on doit introduire dans les pays du Nord à la consommation de ces pays. Un tel commerce, mal équilibré, a sans aucun doute pour effet de ruiner le commerce des marchands nationaux et de privilégier les marchands et les pays étrangers. » L'idée de mettre les compagnies au service du contrôle et de l'intervention de l'État dans le commerce plutôt qu'à celui des intérêts de puissants groupes marchands prévaut avec le renfort que lui apporte le pouvoir absolu de Joseph I e r et de son ministre, le marquis de Pombal. Mais, bien que les intentions restent les mêmes, la captation des capitaux est, cette fois, une réussite. Les énormes avantages accordés aux compagnies et la faveur politique qu'assurait l'achat d'actions suffisent à l'expliquer. Les hauts fonctionnaires et de nombreux nobles, voire la Maison Royale elle-même, ont souscrit des actions dont l'émission était assortie de solides garanties contre toute dévaluation : elles devenaient un placement susceptible d'insuffler une vigueur nouvelle à l'économie du pays et l'on pensait aplanir les difficultés qu'elle avait à surmonter en la soumettant à une tutelle accrue de l'État. On n'est donc pas étonné que les compagnies aient alors bénéficié d'un regain d'intérêt. Celui-ci est l'un des aspects de la propension à soumettre les activités économiques, surtout commerciales ou industrielles, à l'hégémonie d'entités officielles responsables; nous en trouvons beaucoup d'exemples pendant le règne de Joseph I e r . Durant cette période furent instituées six compagnies : deux d'entre elles pour le commerce de l'Inde (Companhia de Comércio Oriental et Companhia de Comércio de Moçambique), deux autres métropolitaines (Companhia de Agriculture Gérai dos Vinhos do Alto Douro et Companhia das Pescas do Algarve) et les deux dernières atlantico-brésiliennes (Companhia Gérai do Para e Maranhâo et Companhia Gérai de Pernambuco e Paraiba). Elles présentent de multiples particularités qui confirment pleinement le point de vue, ici défendu, que les compagnies au Portugal furent toujours des rouages d'État plutôt que des organisations commerciales. Cependant, elles présentent un caractère tout nouveau : en tant que levier de commande du système protectionniste en matière commerciale, elles prospectent et mettent en condition les zones où va s'appliquer leur activité, soit au Brésil (Para, Maranhâo, Pernambuco, Paraiba), soit en métropole (Douro,

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A l g a r v e ) . C'est une nouveauté lourde de conséquences qui ont laissé des traces très nettes de nos jours encore. L a première à être fondée, la C o m p a g n i e du commerce oriental, reçut le 16 mars 1753 son statut, dont les conditions furent rendues publiques les 11 et 18 août de la même année. Il s'agissait, en vérité, d'une concession monopoliste faite à u n grand m a r c h a n d (Feliciano V e l h o O l d e m b e r g ) dont les liaisons avec le commerce anglais sont connues. Feliciano V e l h o O l d e m b e r g organisa cette compagnie dans le dessein de faire appel aux capitaux dont il avait besoin pour surmonter des difficultés économiques qui sont d'ailleurs à l'origine de sa faillite ultérieure. C ' é t a i t en fait une société privée destinée à exploiter les possibilités du commerce oriental sous le monopole d ' u n e concession particulière. L ' É t a t avait avancé quelques capitaux à cette société formée par cinq associés et constituée sur le modèle du contrat du tabac. M a l g r é les premiers gains, au bout de trois ans et demi d'exploitation elle fit faillite. C o m m e nous le voyons, le principe ne variait pas : le vieux marchand créait sa compagnie pour capter des capitaux et, a v a n t même de les avoir recueillis. Il ne faisait, en cela, que suivre les procédés connus et appliqués au fonctionnement du système au Portugal. L e résultat en fut le même. L a deuxième compagnie organisée par P o m b a l fut celle de Grâo Para e M a r a n h â o dont le statut date du 6 j u i n 1755. Elle était non seulement une compagnie de commerce mais aussi une compagnie d'agriculture. S a formation fut suivie d ' u n e certaine agitation à Lisbonne : les membres de l'organisation marchande Mesa do bem comum dos mercadores présentèrent au roi u n rapport contre elle : les marchands d e Lisbonne n'en voulaient pas. O n protesta en vain et la compagnie maintint ses privilèges. L ' E t a t n'y avait pas engagé de capitaux, bien qu'il f î t pression pour inciter à l'achat de ses actions. Elle avait hérité les droits et les obligations d'une autre compagnie qui, déjà autorisée en 1752 par le Conselho Ultramarino, avait p u voir le jour. L e siège de la nouvelle c o m p a g n i e était à Lisbonne et sa durée prévue pour vingt ans. Dirigée par u n proviseur (provedor) et huit députés (choisis parmi les autochtones dont la participation était supérieure à i o 000 cruzados), dotée d ' u n secrétaire et de trois conseillers, elle était sous l'obédience directe du roi et se trouvait ainsi indépendante des tribunaux communs. Elle pouvait faire construire des navires de commerce et de guerre et elle en recevait quelques-uns de l'État. T o u t le commerce avec P a r a e M a r a n h â o lui appartenait; elle détenait en outre des privilèges fiscaux. Tous ceux dont la participation dans l'affaire dépassait 10 000 cruzados entraient dans la catégorie des « nobles d ' h o m m a g e ». Les affaires réalisées par son intermédiaire n'étaient pas considérées c o m m e incompatibles avec la noblesse. Cette compagnie eut quelques réussites à son actif. M a l g r é ses dépenses, elle a p u distribuer des

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dividendes et sa flotte travailla constamment au transport du coton, du bois, du sel, du riz et au trafic négrier. Sa contribution aux progrès de la culture du coton et du riz fut très importante, comme le prouve la part croissante des produits de ses propres plantations dans les exportations pour le Portugal, sans que le volume des exportations des particuliers ait diminué. Sa vie, en tant que compagnie monopoliste, se termine en 1778; elle a continué comme société privée. L a deuxième compagnie brésilienne fut instituée, peu après, sous la raison sociale de Companhia Gérai de Pernambuco e Paraiba. Elle aussi était constituée pour une durée de vingt ans et ses promoteurs furent des hommes d'affaires de Lisbonne, Porto et Pernambuco. L a direction de l'affaire était confiée à un proviseur (provedor), dix députés, un secrétaire et trois conseillers. Tous les membres de cette direction devaient avoir engagé dans la compagnie un capital supérieur à 10 000 cruzados. Ses privilèges généraux ressemblaient à ceux de la compagnie de Para-Maranhâo. Sa zone de commerce exclusif était celle de Pernambuco et Paraiba. Une entente entre les deux compagnies était prévue quant au commerce avec l'Afrique. L'institution de cette compagnie ne fut pas l'objet de l'opposition qu'avait connue celle de Para-Maranhâo, et ses gains furent considérables. Parmi ses dirigeants circulait l'avis que l'organisation du commerce en compagnies était supérieure à celle du commerce libre. Mais son action fut surtout importante par l'impulsion qu'elle donna à la culture du cacao. Nous en voyons la preuve dans le fait que tout le cacao exporté par la compagnie venait de ses propres plantations. Sa liquidation comme compagnie monopoliste survint en 1780. Bien qu'extrêmement protégées, ces compagnies brésiliennes n'ont jamais pu éliminer, même dans « leurs » régions, l'important commerce des particuliers avec le Brésil. L e petit marchand était indispensable et les compagnies mêmes finirent par recourir très fréquemment à lui. Excepté leur rôle de promoteur, ce qui resta de ces compagnies fut assez maigre. O n pourrait encore citer une compagnie de commerce des Mujaos et Macuas de Mozambique, au capital de 130 000 cruzados. Elle fut liquidée en 1768. Des deux compagnies monopolistes métropolitaines, la plus importante est sans doute le Companhia da Agriculture Gérai dos Vinhos do Alto Douro. Elle suscita aussi une très vive réaction populaire. Cependant, sa formation, au point de vue de politique économique, est des plus justifiées. Si ce n'est le traité de Methuen à lui seul, c'est du moins un ensemble de conditions dans lesquelles celui-ci est inclus, qui ouvrit au vin portugais de Porto un débouché sûr en Angleterre. Sa production et sa vente donnaient des avantages considérables dont le marché anglais sut tirer profit. Son exportation progressait constamment, ainsi que sa valeur, d'où la nécessité d'en augmenter la

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production au Portugal, ce qui n'était pas toujours compatible avec la bonne qualité du vin. En outre, celui du Douro, qui était le plus réputé et le plus cher, entrait dans l'ensemble de la production et sa cotation baissait, faute de marque de garantie. De plus, sur le marché anglais, apparaissaient des vins dits de Porto qui ne l'étaient pas du tout. Les marchands anglais participaient à cette fraude et allaient même jusqu'à la susciter afin de pouvoir mettre en vente une plus grande quantité de vin. Cela provoqua des protestations de la part des cultivateurs et de beaucoup de commerçants. L a formation de la Companhia da Agricultura Gérai dos Vinhos do Alto Douro avait pour objet de défendre les cultivateurs du Douro et la « marque » du vin : « O n a autorisé la formation — avec le royal appui de Sa Majesté — d'une compagnie qui, aidant avec compétence la culture des vignes, conserve en même temps à ses productions leur pureté naturelle, au bénéfice du commerce national et étranger et de la santé des vassaux de Sa Majesté. » L a compagnie était organisée comme les autres; elle établissait les prix « convenables » du vin pour ceux qui le fabriquaient et les gains pour ceux qui le négociaient. U n sévère contrôle s'exerçait sur l'exportation des vins portant l'appellation de Porto. Pour empêcher l'importation clandestine de vins dans la région de « Alto Douro » en vue de leur réexportation avec une appellation usurpée, on ferait, sous la surveillance de la compagnie, le calcul de la production moyenne à chaque quinta. Et ce serait à partir de ces chiffres qu'on envisagerait les achats de la compagnie. L'expédition de vins à Porto était obligatoirement accompagnée d'un billet en indiquant la provenance. L'action de la compagnie fut profonde et efficace dans la défense du vin de Porto, quoiqu'elle n'ait pas fait beaucoup augmenter son exportation. Aucune autre compagnie ne réussit à obtenir des résultats plus durables et plus profitables. Sa désignation est encore conservée dans une marque de vin. Par une loi du 15 j a n vier 1773, la Companhia Gérai das Reais Pescas do Reino do Algarve fut créée au sud du Portugal. Elle visait surtout à exploiter la pêche du thon et du congre (et encore celle de la sardine) ; quelques opérations secondaires étaient aussi de son ressort. Sa durée devait être de douze ans et son capital de 40 000 000 de réis, répartis en quatre cents actions renforcées immédiatement après par quatre cents autres de même valeur. Cette compagnie a apporté une plus grande stabilité à l'entreprise de la pêche du thon qui, dès 1699, avait été instituée de telle manière qu'elle provoquait des spéculations et des faillites fréquentes. Avec la fondation de cette dernière compagnie s'est achevé le cycle des compagnies monopolistes. L e terme « compagnie » désignera à l'avenir u n grand nombre d'affaires commerciales mais elles seront dès lors différentes des sociétés monopolistes par excellence.

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Du fait de la création de rouages d'État pour l'organisation économique et le développement des forces capitalistes dans les différentes places portugaises, notamment à Lisbonne, de telles compagnies devenaient sans objet. Elles ne réussirent jamais à obtenir la sympathie ou simplement l'appui des marchands portugais, chaque fois que l'État essaya de les imposer, tout au long du xvn e et du xvni e siècle.

Discussion

ZUR STRUKTUR DER IN

HANDELSGESELLSCHAFTEN

OBERDEUTSCHLAND

von Wolfgang von STROMER ( Universität (INTERVENTION

SUR

LE

Erlangen-Nürnberg)

RAPPORT

DE

M.

FEDERIGO

MELIS)

Für die Seehandelsstädte war die Fern-Gesellschaft charakteristisch. Dagegen war für Oberdeutschland die Familien-Gesellschaft typisch, die sich aus der „Familien-Handels-Gemeinschaft" entwickelt hatte Beispiele dafür liefern die Firmen der Mendel, Kress-Paumgartner, Stromeir-Ortlieb von Nürnberg, die der Fugger und — in ihrer Entstehung — auch die Große Gesellschaft von Ravensburg 2. Doch war auch die Fern-Gesellschaft gelegentlich vertreten : die Diesbach Watt-Gesellschaft von Bern-St.Gallen-Nürnberg(-Breslau), die Scheurl-Venediger-Gesellschaft von Nürnberg-Breslau-Salzburg 8. Auffallend ist die teilweise extrem lange Lebensdauer von Großunternehmen. So bestand die Ravensburger Gesellschaft mit Vorläu1. CHROUST-PROESLER, Das Hatuüungsbuch der Holzschuher, 1304-1307, Erlangen, 1934, S. x u v . 2. Aloys SCHULTE, Geschichte der großen Ravensburger Handelsgesellschaft, StuttgartBerlin, 1923, Bd. I, S. 22. 3. Hektor AMMANN, Die Diesbach- Wattgesellschaft, St. Gallen, 1928, S. 39-61. W. von STROMER, Die Nürnberger Handelsgesellschaft, Gruber-Podmer-Stromer, Nürnberg, 1963, S. 130 f.

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fern von ca. 1380-1520, das Handelshaus Stromeir von ca. 1310-1434 mit Nachfolgefirmen bis 1472, die Imhof-Firma von ca. 1380-1661, die der Fugger von der Lilie von ca. 1440-1673 1 . D a Rechtsformen, Unternehmens-Gestalt und -Zwecke derart langlebiger Unternehmen sich im L a u f der Jahre zwangsläufig änderten, u m persönlichen, wirtschaftlichen, rechtlichen und politischen Verhältnissen Rechnung zu tragen, kann man hier nicht korrekt von „Familien-Gesellschaft" sprechen. Der Begriff „Handelshaus" drückt am ehesten aus, d a ß sich lange Zeit um die selbe Familie (eventuell ihre weibliche Deszendenz) oder u m eine Gruppe nächstverwandter Familien, häufig mit dem selben Gebäudekomplex eines Kauffartei-Hofes als Mittelpunkt, zwar wechselnde aber doch meist nah verwandte Personen als aktive und stille Teilhaber gruppierten. Dabei blieben sich wirtschaftliche Interessen, Geschäfts-Beziehungen und -Methoden lange Zeit im K e r n gleich, paßten sich jedoch an fortschreitende Techniken und sich wandelnde Verhältnisse an. A u c h der Begriff „ F i r m a " ist nur ein Behelf, da diese Unternehmen bis tief in das 15. Jahrhundert keinen festen und rechtlich fixierten Namen trugen. Ihr Charakteristikum war vielmehr im Innen- und im Außen-Verhältnis die Handels-Marke (Firmen-Zeichen), etwa „ d e r B a u m " der Ravensburger, der Dreizack der Fugger, das aus A(nton) W(elser) gebildete Pentagramm. Ihr Zeichen blieb grundsätzlich über die ganze Lebensdauer der Firmen und Handelshäuser gleich — mit Varianten für Tochter-Unternehmen (etwa Nürnberger Welser-Firma : ^ty); denn man ist sich des großen Wertes seines good will durchaus bewußt. Zur U m g e h u n g von Handels-Erschwernissen (Zoll, Embargo, Stapel, Repressalien, Fremdenrecht) wurden als T a r n u n g weitere Zeichen geführt. A u f ein gesellschafts-rechtliches Verhältnis weist sicherlich ein oberdeutschen Handelsmarken häufig beigefügtes „ o " hin : Fugger LJJ, Welser Imhof ^o^; jedoch ließ sich seine Bedeutung noch nicht klären 2 . Die Notwendigkeit ständiger Marktbeobachtung im Fernhandel und für die — seit ca. 1380 nachweisbaren — Wechsel-Arbitragen, dazu vielleicht ein „Parkinsonsches Gesetz" der Großunternehmen führte zu Ausbau fester Stationen und A u f b a u fester Handels-Hauptlinien (charakteristisch für die Venedig-Händler) und Handelsnetze (charakteristisch für die Lombardei-Flandern-Ungarn-Händler). Die Gelieger ( = Faktoreien) wurden häufig mit Dienern betrieben, die mit den Hauptteilhabern nicht verwandt waren und die oft große 1. W. von S T R O M E R , Mitt. Ver. f . Gesch. Nürnbg. 52/1964, S. 577; ders., Handel und Geldgeschäfte der Mendel 1 305-1449, Tradition 11/1966, S. 1-16, S. 14; G. von PÖLN I T Z , Die Fugger, Frankfurt, 1959, S. 321. 2. W . von STROMER, Organisation und Struktur deutscher Unternehmen..., Tradition 13/1968, S. 29-37, S. 32-

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Selbständigkeit genossen. U m sie fester an das Unternehmen zu binden, wurden sie mit einer echten Einlage — häufig aus stehengebliebenen Lohnanteilen — oder mit einer nur fiktiven, rechnerischen „Fürlegung" am Geschäftserfolg beteiligt, wie der seit ca. 1370 häufige Ausdruck „unser diener und geselle" anzeigt. Bei der Liquidation alter Großfirmen stiegen leicht die Aktivsten unter ihnen selbst zu „Hauptherren" eigener Gesellschaften auf. Die Faktorei-Verfassung, die Information und Disposition beschleunigte und zentrale Lenkung verstärkte, war für die oberdeutschen Fernhandels-Gesellschaften typisch. Doch boten etwa die Mendel-Firmen von Nürnberg-Köln ca. 1370-1440 ein Beispiel für die in Italien üblichere Filial-Verfassung, die die Kapitalaufbringung erleichterte und den unterschiedlichen Rechtsverhältnissen der Niederlassungsorte leichter Rechnung tragen konnte Geleitet wurden die Gesellschaften von den Hauptherren, die grundsätzlich die Senioren der namengebenden Familien stellten. Das Senioratsprinzip wurde jedoch bald von starken Persönlichkeiten durchbrochen, etwa in der Kressgesellschaft nach 1406, bei den Fuggern durch Jacob den Reichen. Den Hauptherren oblag die Leitung der laufenden Geschäfte von der Zentrale aus und sie bestimmten das Jahresergebnis durch das Recht der Bewertung von Forderungen und Umlaufvermögen. Eine gewisse Kontrolle erfolgte auf Gesellschafts- „ T a g e n " durch die stimmberechtigten Teilhaber und durch eine Buchführung, die im Laufe des 15. Jahrhunderts den Vorsprung Italiens einholte 2. Der im oberdeutschen Fernhandel herrschende Unternehmenstyp war die Personengesellschaft in Kompagnieform, in die die Teilhaber grundsätzlich ihre volle Arbeitskraft und ihr ganzes verfügbares Kapital einbrachten, unter Gesamthaftung aller Beteiligten mit ihrer Person und ihrem ganzen Vermögen. Ausnahmen von diesem Grundsatz bedurften besonderer Privilegien — ebenso wie im Auslande die Befreiung der Bürger einer Kommune von der Haftung für Schulden eines Mitbürgers. Neben der Kapitalaufbringung und der Ausstattung mit qualifizierten Arbeitskräften war daher die HaftungsBeschränkung eines der Hauptprobleme der Gesellschaften, das mit 1 . W . von S T R O M E R , Organisation..., S . 35; ders., Handelsgesellschaft Gruber, S . 8, 14, 64, 130, 173 f.; ders., Handel der Mendel, S. 13; Reinhar HILDEBRANDT, Die "Georg Fuggerischen Erben" 1555-1600, Berlin, 1966, S . 84-101; Clemens B A U E R , Unternehmungen und Untemehmensform im Spätmittelalter und der beginnenden Neuzeit, Jena, 1936, S. 33-36, 88-91, i n f. — Die für mein Thema immer noch maßgebliche, deutschsprachige Darstellung. a. Hektor A M M A N N , Diesbach-Watt-Gesellschaft, S . 106 ff.; G . von P Ö L N I T Z , op. cit., S . a8 f., Tafel bei S . 145; W . von S T R O M E R , Das Schriftwesen der Nürnberger Wirtschaft..., Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte Nürnbergs, 1967, Bd. a, S. 751-799, S. 789,

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wachsendem Anteil spekulativer Geschäfte immer dringender wurde. Nürnberg erhielt 1464 — vermutlich veranlaßt durch den Bankerott der Paumgartner — durch Privileg Kaiser Friedrichs III. eine gesetzliche Beschränkung der Haftung der Kommanditisten auf ihre Einlage zugebilligt, und zwar mit Wirkung für das ganze Reich 1 . Wie weit über Florenz hinaus erstreckte sich die von Melis dargelegte Haftungs-Beschränkung von 1408? Tatsächlich gab es in Nürnberg schon 1383 Gesellschaftsbeteiligung mit beschränkter Haftung — und fehlendem Stimmrecht — des Einlegers. Auch die Abwicklung der Konkurse der bedeutenden Handelsgesellschaften der Kress und der Stromeir-Ortlieb von Nürnberg 1431-1434 — mit Verschuldung in und außer Nürnberg, in Venedig and Krakau — ergibt, daß offenbar in Praxi nur die „Hauptherren" voll, die übrigen Teilhaber aber nur mit ihrer Einlage hafteten 2 . Wie sehr man auch für die Vollgesellschafter danach suchte, das volle Haftungsrisiko zu mildern, zeigen originelle Lösungen. In Krisenzeiten übertrugen Teilhaber oberdeutscher Handelshäuser — Stromeir 1386, Welser 1539 — Gesellschaftsanteile, Kuxe und andere Vermögensstücke auf zugleich gegründete Familien*Versorgungsstiftungen mit eigener Rechtsperson. Damit konnten Teile des Familienvermögens über die späteren Konkurse hinweg gerettet werden 8 . Eine generelle Lösung dieses drängenden Problems war jedoch in Deutschland erst mit dem 1892 neu geschaffenen Rechtsinstitut der GmbH möglich.

1. C. BAUER, Unternehmungen..., S. 127-129; L. K. von WÖLCKERN, Historia Norimbergensis Diplomatica, Nürnberg, 1738, S. 680 f., Nr. 368. 2. W. KRAG, Die Paumgartner von Nürnberg und Augsburg, München, 1919, S. 8, mit H. SIMONSFELD, Der Fondaco dei Tedeschi, Stuttgart, 1887, Bd. 1, Nr. 372-383; W. von STROMER, Handelsgesellschaft Gruber, S. 14, 22, 57. 3. W. von STROMER, Organisation..., S. 34; Stromer-Archiv, Urkunde Nr. 86, Stiftung des Bartholomäus Stromeir von 1386, Nov. 11, mit der ausdrücklichen Motivation "ob Verluste geschehe in der gesellschaft". H. LIERMANN, Geschichte des Stiftungsrechts, Tübingen, 1963, S. 316 ff.j (Stiftung der Welser von 1539 Apr. 1, 1/2, Kux von Schneeberg u.a.m.).

DEUXIÈME

GROUPE

structure de la banq

LA

STRUCTURE

DES

BANQUES

AU

MOYEN

ÂGE

par Raymond de ROOVER (Brooklyn College, The City University of New York)

En 1928, au Congrès international des Sciences historiques, tenu à Oslo, il fut décidé de créer une commission spéciale chargée d'étudier l'histoire des banques et du crédit de la fin du xv e à la fin du xvni e siècle. Cette initiative eut pour résultat la publication d'un recueil d'études et de bibliographies réunies par le professeur J . G. Van Dillen, secrétaire de la Commission, sous le titre History of the Principal Public Banks. Cette publication est encore aujourd'hui très utile à cause des renseignements bibliographiques qu'elle fournit Au point de vue i. J . G. VAN DILLEN ed., History of the Principal Public Banks Accompanied by Extensive Bibliographies of the History of Banking and Credit in Eleven European Countries, L a Haye, 1934, 480 pp. Les bibliographies données dans ce recueil peuvent être mises à jour en consultant le livre de R . de ROOVER, L'évolution de la lettre de change, Paris, 1953, 2 1 8 pp., ainsi que les notes qui accompagnent l'article du même auteur, " N e w Interpretations of the History of Banking", Cahiers d'Histoire Mondiale (Journal of World History), II, 1954, pp. 38-76. On pourra aussi consulter avec profit les données bibliographiques fournies par l'ouvrage Archivi storici delle Aziende di Credito, Rome, 1956, 2 t. A cause des bibliographies très complètes conte-

i6o

R A Y M O N D DE

ROOVER

historique aussi, elle contient des travaux de qualité qui valent encore la peine d'être consultés, mais elle présente des lacunes qui nous permettent de mesurer tout le progrès accompli depuis 1928. Comme le titre à lui seul l'indique, le recueil de M. V a n Dillen s'occupe principalement des banques publiques et laisse de côté les banques privées. Enfin, elle ne contient rien sur le rôle si important de la banque genevoise, mais cette dernière lacune se trouve maintenant comblée par la publication du livre si nourri de M. Herbert Liithy sur l'histoire de la banque protestante en France de 1685, date de la révocation de l'Édit de Nantes, à la Révolution française 1 . La Commission ne s'occupe pas davantage de la période antérieure à 1500, parce que, comme l'explique le président, feu Henri Hauser, dans la préface du recueil, « l'étude de l'activité bancaire au Moyen Age, nous aurait entraînés sur un terrain où se seraient posées les questions les plus délicates de méthode et de technique 2 ». O ù en sommes-nous maintenant, à plus de trente ans d'intervalle? C'est précisément l'histoire de la banque médiévale, sujet écarté par la Commission créée à Oslo, qui a progressé le plus. Le mérite en revient, sans doute, en grande partie au Professeur Abbott P. Usher, décédé le 18 juin 1965, à l'âge de quatre-vingt-deux ans, qui, par ses travaux sur la négociabilité des effets de commerce, a frayé la voie qui nous a conduit à la solution de presque toutes ces questions délicates de méthode et de technique auxquelles faisait allusion Henri Hauser 3 . A l'heure actuelle, nous sommes peut-être mieux renseignés sur la structure des banques médiévales que sur celle des établissements de crédit à des époques moins reculées. S'il reste, certes, des lacunes à combler et des points à éclaircir, ils sont peu nombreux et ne sont pas de nature à changer les résultats acquis, tout au moins pas dans leurs grandes lignes. A côté de l'œuvre du professeur A. P. Usher, il convient d'évoquer aussi, surtout dans cette ville de Munich, les mérites des savants allemands, tels que Heinrich Brunner, Richard Ehrenberg, Wilhelm Endemann, Cari Freundt, Georg Schaps, Adolf Schaube et Heinrich Sieveking, qui posèrent les premiers jalons et qui, bien avant la commission de 1928, se lancèrent intrépidement sur les traces encore inexplorées des banques médiévales. Bien sûr, ces pionniers se sont nues dans ces études, les notes de ce rapport se limiteront surtout aux travaux parus depuis 1954. 1. La banque protestante en France de la Révocation de l'Édit de Nantes à la Révolution, Paris, 1959-1961, 2 t. 2. Op. cit., p. rx. 3. Surtout dans son ouvrage, The Early History of Deposit Banking in Mediterranean Europe, Cambridge, Mass., 1943, 635 pp. Voyez le compte rendu d'H. LAPEYRE dans les Annales ESC, IV, 1949, pp. 232-335.

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161

parfois trompés, mais ils ont néanmoins soulevé des problèmes fondamentaux, et c'est déjà beaucoup. Parfois même, après avoir rejeté les solutions qu'ils avaient proposées, on a d û y revenir. Nous visons en particulier la théorie de W i l h e l m E n d e m a n n sur l'influence de la doctrine de l'Église en matière d'usure Les recherches récentes viennent, en effet, de démontrer que cette doctrine a profondément affecté la structure des banques non seulement au M o y e n A g e , mais encore bien après, sur le continent européen, au moins j u s q u ' à la Révolution française 2 . Puisque le prêt à intérêt était interdit, il fallait bien avoir recours à des subterfuges. Heureusement, l'Église ne condamnait pas le change, c'est ce qui permit à la b a n q u e de se développer et aux banquiers d'amasser des bénéfices sans violer ouvertement les préceptes de la religion régnante. E n effet, selon les scolastiques, l'usure consiste à demander quoi que ce soit au delà du principal pour u n prêt en vertu même du prêt 3 . Par conséquent, l'usure ne réside que dans le prêt ouvert (usure aperte) ou déguisé (usure palliée). L à où il n ' y a point de prêt, il ne peut y avoir d'usure. O r , les théologiens ne considéraient pas le cambium ou le contrat de change c o m m e u n prêt, puisque le remboursement d'une avance de fonds se faisait, non pas en la même monnaie, mais en une autre monnaie et en u n autre lieu. A vrai dire, ils ne condamnaient que les changes secs et fictifs qui étaient trop manifestement des prêts déguisés ou palliés. Mais où tirer la ligne de démarcation entre changes licites et illicites? V o i l à où les difficultés commencent. Les théologiens, ayant fait des concessions incompatibles avec la rigueur de leurs principes, se virent pris dans une controverse qui, commencée au x i n e siècle par Godefroid de T r a n i 1. Endemann se vit attaqué à ce propos par L. GOLDSCHMIDT ( Universal Geschichte des Handelsrechts, Stuttgart, 1891, pp. 140-141), mais EHRENBERG vint à sa rescousse (Das geitalter der Fugger, léna, 1922, I, 32 n). Il ne fait aucun doute que c'est Goldschmidt qui a tort en ne voulant pas admettre le rôle joué par la doctrine de l'usure de l'Église. 2. En dehors de nos propres travaux, il convient de signaler ici les livres et les articles d'H. LAPEYRE, en particulier son ouvrage sur les Ruiz, ainsi que celui de G. MANDICH sur le Cambio con la ricorsa (Le pacte de Ricorsa et le marché italien des changes au XVIIe siècle, Paris, 1953, 197 pp.)- Pour le Moyen Age, ce travail est à compléter par une étude théorique et pratique de R. de ROOVER sur le « Cambio con continuazioni (Cambium ad Venetias : Contribution to the History of Foreign Exchange », Studi in onore di Armando Sapori, Milan, 1957, pp. 629-648). 3. Saint THOMAS D'AQUIN, Summa theologica, IL-n, qu. 78, art. i, respondeo: « Et propter hoc secundum se est illicitum pro usu pecuniae mutuatae eccipere pretium quod dicitur usura ». RAYMOND DE PENNAFORT (1175-1275), Summa, liber II, tit. 7, § 1 : « Non dicitur tamen committi usura, nisi in his rebus tantum circa quas consistit mutuum». Saint BERNARDIN DE SIENNE (1380-1444), De Evangelio Aeterno, sermon 36, art. 1, cap. 1 : « ... usura solum in mutuo cadit » (Opera omnia, Florence-Quaracchi, «956, IV, p. 205).

RAYMOND DE ROOVER et Henri de Suse, cardinal d'Ostie (Hostiensis), battait encore son plein au xviii e Cette attitude des théologiens eut comme résultat paradoxal qie l'opprobre attaché à l'usure frappait les prêteurs sur gages, Cahorsins, Lombards ou Juifs, mais n'atteignait pas les grands marchandsbanquiers qui spéculaient sur les changes et prêtaient aux papes et aux souverains. Les Médicis, par exemple, auraient été bien étonr.és de se voir traiter d'usuriers. Déjà au xiu e siècle, les banquiers siennois et placentins s'appelaient fièrement campsores Domini Papae. Le terme campsores est significatif. De fait, la banque a eu ses racines dans le change, soit dans le menu change des monnaies (banque locale), soit dans le change de place à place (banque internationale). Bien entendu, des opérations de crédit sont venues se greffer pour ainsi dire dès le début sur les opérations de change. De par sa nature, le cambium per litteras est un contrat ambigu, puisque le change et le

I. Godefroid de Trani et Henri de Suse étaient parmi les rares et les premers à condamner tous les changes indistinctement comme constituant des prêts déguisés. C'est en réalité Alexandre d'Alexandrie ou Alexandre Lombard (c. 1268-1314) qui inaugure la controverse en classifiant le cambium comme une permutctio. Voir A. M. H A M E L I N , O.F.M., Un traité de morale économique au XIVe siècle; le tractitus de usuris de Maître Alexandre d'Alexandrie, L o u v a i n , 1962, 228 pp., et l'article complé-

mentaire de R . de R O O V E R , Les doctrines économiques des scolastiques : à propos du traité sur l'usure d'Alexandre Lombard, Revue d'Histoire Ecclésiastique, LtX, 1964, pp. 854-866. Les scolastiques ne parvenaient pas à s'entendre sur la nature juridique du cambium, mais ils s'accordaient, à quelques exceptions près, pour dire que ce n'était pas un mutuum, ce qui est l'essentiel. Sur la controverse des changes, on pourrait facilement réunir toute une bibliothèque. Une bibliographie à peu près complète des écrits que les scolastiques et leurs successeurs, les casuistes du xvn e siècle, consacrent à cette question, se trouve cans l'ouvrage de R. de R O O V E R , L'évolution de la lettre de change, déjà cité, pp. 170-516. La liste omet, toutefois, les ouvrages de P. B A L L E R I N I (1698-1769) et D. C O N C I N A (1687-1756) qui sont parmi les derniers à s'occuper de la moralité des opérations de change. Sur la controverse, on peut aussi consulter l'ouvrage vieilli, nais toujours utile, de W . E N D E M A N N , Studien in der romanisch-kanonistischen Wirtschafts- und Rechtslehre, Berlin, 1874-1883, 2 tomes. On pourra y ajouter l'ouvrage, à tendance plutôt

apologétique,

Cambridge,

Mass.,

de J .

T.

NOONAN J r . ,

The Scholastic Analysis

1957, 432 pp. Le livre de l'abbé L.

contratto di cambio nei moralisti dal secolo XIII

of U:ury, Il R o m e , 1354,

DALLE MOLI,

alla metà del secolo XVII,

est assez confus et ignore l'ouvrage capital d'Endemann sur la même question. G . CASSANDRO, Un trattato inedito e la dottrina dei cambi nel cinquecento, Naples, 1962,

discute le traité de Marco Palescandolo (1542-1622), un théatin napolitain latitudinaire, dont la grande préoccupation est d'approuver presque tous les changes, pourvu qu'ils gardent tant soit peu un caractère spéculatif. Enfin, il ne faut pas oublier l'École de Salamanque sur laquelle il existe l'excellent petit .ivre de M. G R J C E - H U T C H I N S O N , devenue depuis par mariage la baronne von Scklipp e n b a c h , The School of Salamanca, Readings in Spanish Monetary History (

Oxford, 1952, 134 p.

1544-1(05),

RAYMOND DE ROOVER

163

crédit y sont indissolublement liés l'un à l'autre 1. La même chose s'applique, d'ailleurs, à la lettre de change qui est à la fois un instrument de transfert et de crédit. Selon le cas ou les besoins, on peut donc s'en servir, ou pour transférer des fonds de ou à l'étranger, ou pour masquer un prêt à intérêt, ou encore pour combiner les deux opérations. Par exemple, un banquier peut acheter une lettre de change comme un placement d'argent à court terme, mais le vendeur de la traite peut avoir pour but de rapatrier un avoir à l'étranger et non de se procurer des fonds dont il est amplement pourvu. Tout dépend des circonstances : il faut examiner chaque cas en particulier 2. Comment les banquiers faisaient des bénéfices en baillant leur argent à change au lieu de le prêter à intérêt, est une question qui est maintenant complètement élucidée, et que l'on peut considérer comme définitivement résolue 3. Faisons, toutefois, remarquer que la solution de ce problème remet en discussion toute la thèse de Max Weber et de Richard H. Tawney sur les rapports entre la religion et le développement du capitalisme Sans aucun doute, la doctrine de l'Église a eu une influence déterminante sur le développement du crédit, mais pas dans le sens suggéré par Weber et Tawney. L'interdiction du prêt à intérêt par l'Eglise n'a pas arrêté ni même retardé la marche du capitalisme, mais elle en a modifié le cours en

1. R . de ROOVER, L'évolution, op. cit., pp. 29-30, 32 et 52. L'ambiguïté du contrat de change est la source de toutes les difficultés qui assiégeaient les théologiens. L . GOLDSCHMIDT voit dans la lettre de change surtout un moyen de paiement, en quoi il a tort (Universalgeschichte, pp. 403, 408, 415-416). S'il avait raison, les théologiens n'auraient eu aucun motif à s'en occuper. 2. M . W . BRÛLEZ, De firma délia Faille en de internationale handel van de Vlaamse firma's in de 16e eeuw, Bruxelles; Verhandelingen van de K o n . VI. Academie voor Wetenschappen etc., n° 35, 1959, pp. 394-396, soutient que la firme délia Faille se servait surtout de la lettre de change pour faire des remises à l'étranger et évitait autant que possible les spéculations sur le change et le rechange comme des opérations risquées. Bien d'accord. Nous ne songeons même pas à le contester, mais nous maintenons que le cas des cambistes italiens est différent. Les Médicis, par exemple, s'occupaient surtout des affaires de change et de banque; le commerce venait seulement en second lieu. 3. Nous nous sommes expliqué là-dessus dans presque tous nos travaux et encore, dernièrement dans notre livre The Rise and Décliné of the Medici Bank, 1^-14^4, Cambridg, Mass., 1963, pp. 108-122. Nous ne voyons aucun intérêt à revenir ici à la charge. Signalons pourtant que l'économiste P. EINZIG, qui vient d'écrire une importante histoire des changes étrangers (History of Foreign Exchange, New York, 1962), est entièrement d'accord avec nous. 4. L'interdiction du prêt à intérêt n'était pas une entrave aussi grande qu'on ne le pense, puisqu'il était si facile de faire fructifier son argent en se servant de contrats approuvés par les théologiens. Cf. L'Évolution de la lettre de change, pp. 145146.

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changeant la structure des banques et du marché monétaire 1 . Le fait essentiel est que l'intérêt se dissimule toujours dans le cours du change comme le démontre parfaitement le doyen anglican Thomas Wilson dont Tawney lui-même a republié le traité sur l'usure, mais sans toujours en saisir toute la portée 2 . Dans sa démonstration, Wilson se sert d'arithmétique élémentaire : son argument est donc sans réplique. La structure des banques au Moyen Age n'était pas la même qu'aujourd'hui. Cela tient à certaines particularités de procédure et de technique, comme le professeur A. P. Usher l'a bien montré 3 . En général, le chèque était peu employé, mais remplacé par un ordre de virement donné de vive voix et consigné séance tenante dans les registres du changeur ou du banquier. Cependant on a retrouvé des polizze^ou chèques datant du xiv e siècle dans les archives Datini à Prato en\Toscane et en d'autres endroits, notamment à Pise 4. Néanmoins, à Venise, centre conservateur s'il en fut, les règlements ne permettaient pas encore l'emploi de polizze ou d'ordres écrits en plein x v m e siècle 6 . Il était formellement interdit aux comptables du Banco del Giro de faire des transferts dans leurs livres, si l'ordre de virement ne venait pas des lèvres du déposant ou de son porteur de procuration. Dans un livre récent, feu le Professeur Gino Luzzatto s'étonne pourtant de ne pas retrouver des exemples de polizze dans les archives de Venise A notre avis, c'est peine perdue de les y chercher, puisque la polizza n'était pas en usage à Venise. Par le jeu des crédits et des compensations, les changeurs du Moyen Age créaient déjà ex nihilo une monnaie de banque qui circulait dans leurs livres par voie de virement et qui n'était couverte que partiellement par l'encaisse métallique qu'ils tenaient dans leurs coffres. En d'autres termes, l'activité des banques médiévales avait déjà un caractère inflationnaire bien accusé et aboutissait à la création 1. A notre avis, c'est plutôt H. M . ROBERTSON, Aspects of the Rise of Economie Individualism, Cambridge, 1933, qui a raison sur bien des points. C e livre contient cependant une étrange erreur en décrivant le juriste Caspar Caballinus comme un bon catholique, alors que c'est un pseudonyme sous lequel se cache l'hérétique Charles du Moulin (1500-1566). 2. Ainsi R . H . Tawney, dans son Introduction, suppose que les lettres de change étaient escomptées, alors que Thomas Wilson montre qu'elles ne l'étaient pas, mais que leur prix se réglait sur le cours du change. T h . WILSON, A Discourse upon Usury, avec introduction par R . H. TAWNEY, N e w York, 1925, pp. 67 et 303-304. 3. Early Deposit Banking, pp. 1-25. 4. F. MELIS, Note di storia della banca pisana nel Trecento, Pise, 1955, pp. 63-128. 5. Voir les règlements du Banco del Giro, annexés au livre de G . M . CASAREGI, Il cambista instruitoper ogni caso de' fallimenti, Venise, 1737, pp. 384 et 387. Cf. M . PosTLETHWAYT, Venice-Universal Dictionary of Trade and Commerce, 1756, II, p. 824. 6. Storia economica di Venezia, Venise, 1961, pp. 101-102.

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d'une monnaie fiduciaire et scripturaire qui ne diffère pas essentiellement du papier-monnaie ou du billet de banque 1 . Il est bon de faire une distinction entre les changeurs, qui s'occupaient du menu change et géraient des banques locales de virement et de dépôt, et les marchands-banquiers dont les affaires avaient un caractère international et comprenaient le négoce des lettres de change. A Bruges, ces deux catégories de manieurs d'argent étaient séparées nettement par des barrières juridiques et économiques presque infranchissables 2 . Il en est de même à Venise et à Gênes 3 . A Florence, par contre, il est impossible de distinguer clairement entre les deux et les mêmes firmes s'intéressaient tant à la finance internationale, y compris les affaires de curie, qu'aux opérations bancaires de caractère plus local *. Même la banque des Médicis qui avait pourtant des filiales dans tout l'Occident, combinait les deux fonctions et, à cause de la tavola in via Porta Rossa ou de sa table de change, était parfois désignée à Florence comme tavolieri in Mercato Nuovo. Bien que banque locale et banque internationale se mêlent souvent dans la pratique, il est souhaitable de distinguer les deux en théorie afin d'éviter toute confusion 5 . L a banque internationale au Moyen Age reposait sur le négoce des lettres de change. Nous disons bien le négoce et non l'escompte, ce qui n'est pas strictement la même chose. Au Moyen Age, d'ailleurs, la lettre de change n'était pas un simple mandat de paiement, mais l'instrument probatoire et exécutoire d'un contrat de change. Les lettres de change, au lieu de s'escompter, se négociaient à un prix ou cours qui variait de jour en jour avec les conditions du marché monétaire. Le marché tenait compte évidemment du facteur temps, mais les théologiens ne voulaient pas s'en apercevoir, car autrement il aurait fallu condamner comme usuraires presque toutes les opérations de change. Savonarole n'hésite pas à le faire, mais on sait que 1. Les livres de comptes des changeurs brugeois, Collard de Marke et Guillaume Ruyelle, en fournissent la meilleure preuve, mais les registres de la Banque Saint-Georges à Gênes, encore inédits, ne sont pas moins éloquents. A Florence, le grand nombre de banques mettait un certain obstacle à la libre circulation de la monnaie de banque. 2. R . de ROOVER, Money, Banking and Crédit in Mediaeval Bruges, Cambridge, Mass., 1948, p. 345. 3. Les banchi di scrittà du Rialto à Venise étaient certainement avant tout des banques locales de virement et de dépôt. 4. Voir l'article récent de R . de ROOVER, « L a struttua délia banca fiorentina nei secoli X I V e X V e la tesi Salvemini-La Sorsa », Economia e Storia ( X I ) , 1964, pp. 190-198. 5. E n France, par exemple, les banques de dépôt et les banques d'affaires sont séparées, mais les banques mixtes prédominent en Allemagne. Il ne s'ensuit pas que cette classification perde toute valeur, ne fût-ce que pour faire ressortir la différence dans la structure du système bancaire entre les deux pays.

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son rigorisme en cette matière et en d'autres finit par causer sa perte 1 . Il y a vingt ans, les historiens ne savaient rien ou peu de chose du mécanisme des opérations de change. Maintenant que cette question est complètement éclaircie grâce aux travaux parus au cours des dernières années, il reste encore à étudier l'évolution du marché monétaire en se basant sur la statistique des cours du change. L a grande difficulté sera de réunir la documentation nécessaire. Les archives Datini à Prato (Toscane) donnent les cours de toutes les places bancaires de l'Europe pour une période de deux décennies, de 1390 à 1410 environ, mais cette documentation prodigieuse est sans pareille; il ne sera pas aisé de la compléter et de recueillir des cotes du change en nombre suffisant pour la majeure partie du x v e siècle. L a correspondance des Médicis est si fragmentaire qu'elle ne fournit que des chiffres isolés, non les séries continues dont on a besoin pour des statistiques de quelque valeur. L'auteur de ce rapport prépare un travail sur le marché monétaire à Bruges en se basant sur des données statistiques empruntées aux archives Datini. Il a déjà recueilli plusieurs centaines de cotes couvrant une période de dix ans de 1395 à 1405 et compte aller jusqu'à 14100U 1411. Le travail n'est pas encore terminé, mais des graphiques ont déjà été établis au moyen des statistiques disponibles. Ils confirment que le marché monétaire tenait compte de l'intérêt et était sujet à des fluctuations saisonnières bien marquées dont le rythme était connu des marchands-banquiers et leur servait de guide dans leurs pronostics. Enfin, il se confirme que le marché monétaire passait par des phases alternatives d'aisance et de tension en raison de l'abondance (larghezza) ou de la pénurie (strettezza) de fonds disponibles. L a négociabilité des effets de commerce est une question plus controversée. En tout cas, c'est un principe juridique qui ne s'établit fermement qu'après 1600. Il est vrai qu'on rencontre de temps en temps, mais rarement, une lettre de change endossée au x v e siècle 2 . Il arrive aussi que l'ordre de payer à un tiers, au lieu de se trouver sur le titre même, soit écrit sur un morceau de papier attaché ou épinglé à la lettre de change 3 . Q u e l'ordre soit donné sur l'effet 1. R . de ROOVER, « Il trattato di fra Santi Rucellai sul cambio, il monte comune e il monte delle doti », Archivio storico italiano, C X I , 1953, pp. 3-41, spécialement p. 22. 2. L e professeur Melis a trouvé une seule lettre de change endossée de 1410, mais, soulignons-le, parmi des milliers d'autres lettres non-endossées : ime hirondelle ne fait pas le printemps. F. MELIS, « U n a girata cambiaria del 1410 nell' Archivio Datini di Prato », Economia e storia, V , 1958, pp. 412-421. H . LAPEYRE, « U n e lettre de change endossée en 1430 », Annales ESC, X I I I , 1958, pp. 260-264. 3. C e t exemple de 1386 est donné dans u n ouvrage devenu rare d ' A . TEJA, Aspetti della vita economica di Zara dal is8g al 140g, Z a r a , 1936, p p . 75-77 et 1 1 3 - 1 1 5 . C f . R . de ROOVER, The Medici Bank, op., cit., p p . 137-140.

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même (girata sul titolo) ou sur une allonge ou feuille annexe est, à notre avis, une simple question de modalité sans importance et sans effet juridique. D e toute façon, la lettre de change au M o y e n A g e n'était pas encore un effet négociable; l'endossement ou ce qui en tenait lieu permettait seulement au tiré, s'il était de bonne volonté, de payer valablement entre les mains du nouveau bénéficiaire. Semblable ordre, transfert ou cession ne conférait à celui-ci aucun recours contre le tireur ou contre les porteurs précédents. En cas de non-paiement, le droit de recours suivant le droit médiéval n'appartenait pas au bénéficiaire ou à son délégué, mais bien au bailleur de fonds qui avait fourni la valeur de la lettre de change et qui, d'après le langage du temps, en était le seigneur 1 . A v a n t de conclure, signalons quelques monographies importantes parues depuis 1954. Sur les origines de la banque à Gênes, le Professeur Roberto S. Lopez a publié une série de documents de premier ordre qui mettent en relief le rôle joué au xm® siècle par les banquiers placentins dont l'importance dépassait peut-être celle des Siennois et a été sous-estimée par les historiens. Le document 98 est particulièrement intéressant pour l'évolution de la lettre de change, parce qu'il s'agit d'un acte notarié, rédigé sous la forme d'une lettre missive, dans lequel un emprunteur résidant à Gênes reconnaît avoir reçu une certaine somme de banquiers placentins et prie son correspondant à Milan d'en rembourser la contre-valeur à eux-mêmes ou à leur représentant attitré en cette même ville. Cet acte montre clairement la transition de l'instrument notarié ex causa cambii à la lettre de change, puisqu'il combine les caractéristiques des deux documents et contient à la fois une reconnaissance de dette et un ordre de paiement 2 . Il y a aussi différence de lieu, attendu qu'une somme reçue à Gênes est remboursable à Milan. Les marchands-banquiers italiens, on le sait, firent leur première apparition en Angleterre au début du xin® siècle, sinon avant. U n livre récent traite de leur pénétration en Irlande où ils s'établirent comme collecteurs de redevances pontificales, fermiers d'impôts, monnayeurs et marchands. Ils participèrent même à des entreprises de défrichement et de bonification, mais seulement dans une mesure limitée. Les troubles de l'Irlande qui reprirent à la fin du x i n e siècle, obligèrent les marchands-banquiers italiens à abandonner l'île qui n'offrait plus un champ propice à leurs activités 3 . 1 . R . de R O O V E R , L'Évolution..., op. cit., pp. 31 et 49; G O L D S C H M I D T , Universalgeschichte, p. 446. Cf. J . M I L N E S H O L D E N , The History of Negotiable Instruments in English Law, Londres, 1955, pp. 23-24. 2. R . S . L O P E Z , La prima crisi délia banca di Genova (1250-135$), Milan, 1956,p. 153. 3. M . D. O ' S U L L I V A N , Italian Merchant-Bankers in Ireland in the Thirteenth Century, Dublin, 1962, 162 pp.

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E n ce qui concerne Bruges, il convient de mentionner le livre de M . Joseph M a r é c h a l dont les recherches approfondies dans les archives locales lui permirent de rectifier et de compléter sur certains points l'œuvre de R a y m o n d de R o o v e r sur la b a n q u e brugeoise Suivant les pas de son devancier, M . M a r é c h a l distingue trois catégories de manieurs d'argent : les marchands-banquiers italiens pratiquant la banque internationale, les Cahorsins ou L o m b a r d s spécialisés dans le prêt sur gages à tout venant et les changeurs dont les offices étaient des banques locales de dépôt et de virement. A Bruges, ces trois catégories étaient séparées par des cloisons juridiques, sociales et économiques qui, sans être étanches, n'en étaient pas moins difficilement surmontables. M . M a r é c h a l est aussi l'auteur d ' u n opuscule sur la bourse de Bruges, qui se tenait sur la place devant l'hôtel de la famille v a n der Beurse, d'où le nom « bourse » 2 . Les loges des Génois, des Vénitiens et des Florentins étaient situées sur la m ê m e place et celle des Lucquois se trouvait tout près dans une rue latérale. L a place devint ainsi le lieu de réunion des marchands italiens qui s'y assemblaient pour fixer chaque j o u r les cours du change et négocier leurs effets. D e nouvelles recherches dans les archives des Médicis, notamment la découverte de leurs libri segreti ou comptabilité secrète, a permis à R . de R o o v e r d'écrire u n livre sur la Banque des Médicis depuis 1397, date de sa fondation, j u s q u ' e n 1494 q u a n d Pierre l'Infortuné fut chassé de Florence. A cette date, la fameuse b a n q u e était virtuellement en état de faillite non seulement à cause des erreurs de ses dirigeants, mais aussi à cause d'une conjoncture défavorable. Il est désormais bien établi que L a u r e n t le M a g n i f i q u e , malgré de grandes qualités en d'autres domaines, n'avait aucune aptitude pour les affaires et, pour comble de malheur, était mal conseillé par Francesco Sassetti, qui exerçait les fonctions de directeur général 3 . A M . Federigo Melis, on doit u n livre sur la b a n q u e pisane qui apporte quelques éclaircissements sur les origines du chèque et donne des renseignements utiles sur diverses familles bancaires et marchandes 4 . Les deux tomes sur l'histoire des établissements de crédit, publiés par l'Association bancaire italienne, ne contiennent presque rien sur les banques au M o y e n A g e à part quelques études sur les origines des monts-de-piété qui, à vrai dire, ne sont pas des institutions bancaires au sens strict d u mot. Par acquit de conscience, signalons, toutefois, l'étude remarquable de M . G u i d o Pampaloni

1. 2. 3. 4.

Bijdrage tôt de geschiedenis van het bankwezen te Brugge, Bruges, 1955, 169 pp. Geschiedenis van de Brugse heurs, Bruges, 1949, 100 pp. Cf. p. 162, n. 3. Cf. p. 164, n. 4.

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sur le mont-de-piété florentin fondé par Savanarole tout à la fin du x v e siècle 1 . D'après une théorie en vogue dont le professeur M. M. Postan en Angleterre et le professeur Roberto S. Lopez aux États-Unis sont les principaux protagonistes, toute la période de 1350 à 1500 serait une période d'affaissement, sinon de rétrogression économique, dont les causes sont avant tout d'ordre démographique : la population de l'Europe réduite d'un tiers par la Peste Noire et décimée ensuite par une succession d'épidémies reste stationnaire ou est même en recul 2 . Sans vouloir mettre en doute le bien-fondé de cette thèse, nous nous permettons de remarquer qu'il s'agit d'un phénomène de longue durée, s'étendant sur un siècle et demi, qui ne peut expliquer les fluctuations de moindre envergure. Or, le x v e siècle, d'abord relativement prospère, se termine par une crise, particulièrement grave, qui va de 1465 à 1495 environ et qui entraîne la ruine du système bancaire légué par le Moyen Age. Il faut probablement l'attribuer au déséquilibre croissant de la balance commerciale entre l'Europe septentrionale et l'Italie, déséquilibre aggravé par les remises pontificales. C'est surtout la balance commerciale des Pays-Bas qui était déficitaire. Vers l'Italie, les domaines du duc de Bourgogne n'exportaient rien ou presque rien 3 . Au début du x v e siècle, on arrivait encore à combler le déficit au moyen de la laine anglaise et des crédits que les banques italiennes de Bruges accumulaient à Barcelone *. Mais le malaise alla en s'aggravant et finit par causer un écroulement dont la chute de la Banque des Médicis n'est qu'une manifestation. L'économie florentine ne se relèvera jamais complètement de ce coup. Il emporta aussi la plupart des banques non seulement en Italie, mais encore aux Pays-Bas. La reprise ne vint qu'avec l'avènement du xvi e siècle, et sur la base d'un nouvel équilibre international.

1. Cf. p. 159, n. i. Mentionnons aussi l'ouvrage de L . POLIAKOV, Les Banchieri juifs et le Saint-Siège du XIIIe au XVIIe siècle, Paris, 1965, 3 7 1 pp. 2 . V o y . l a p o l é m i q u e C . M . C I P O L L A , R . S . L O P E Z e t H . A . MISKIMIN, " E c o n o m i c

Depression, of the Renaissance?", The Economic History Review, Sec. S., X V I , 1964, pp. 5I9-5293. R . de ROOVER, « L a balance commerciale entre les Pays-Bas et l'Itaie au x v e siècle », Revue Belge de Philosophie et d'Histoire, X X X V I I , 1959, pp. 374-386, W . B. WATSON, " T h e structure of the Florentine Galley Trade with Flanders and England in the Fifteenth Century", ibid., X X X I X , 1961, pp. 1073-1091, et ( X L ) , 1962, pp. 3 1 7 - 3 4 7 4. Dès 1948, nous avons attiré l'attention sur ce phénomène : Money, Banking, and Credit in Mediaeval Bruges, op. cit., p. 65. Cf. The Medici Bank, its Organization, Management, Operations, and Decline, New York, 1948, p. 74.

LA BANQUE AU XVI* SIÈCLE (ESPAGNE, FRANCE, PAYS-BAS) par Henri

LAPEYRE

Le présent rapport dressera d'abord un bilan rapide des connaissances acquises, telles qu'elles sont présentées dans divers travaux de synthèse établis par M. M. de Roover 1 et Lapeyre 2 de 1946 à 1956, puis il fera état de recherches récentes et indiquera pour finir les questions qui restent à élucider. Il n'est pas nécessaire d'exposer ici le fonctionnement général du marché des changes en Europe occidentale au x v i e siècle. Nous renvoyons sur ce point à M. de Roover. O n insistera au contraire sur les particularités de structure propres à chaque pays et à chaque place. 1 . R . de R O O V E R , « L e contrat de change depuis la fin du x m e siècle jusqu'au début du x v i i e », Revue belge de Philologie et d'Histoire, 1946-1947, pp. 118-128; L'évolution de la lettre de change, XIVe-XVIIIe siècles, Paris, 1953; " N e w interpretations of the History of Banking", Cahiers d'histoire mondiale, 1954, pp. 38-76. 2. H. L A P E Y R E , Une famille de marchands, les Ruiz. Contribution à l'étude du commerce entre la France et l'Espagne au temps de Philippe II, Paris, 1955; « L a Banque, les changes et le crédit au x v i e siècle ». Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1956, pp. 284-297.

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HENRI LAPEYRE

En premier lieu, on doit distinguer les places où les opérations de change sont limitées aux paiements des foires, comme Lyon et les villes de Castille, et celles où il n'y a pas de foires et où les dates d'échéance sont réglées par l'usance. Ce sont, en Espagne, Séville, Saragosse, Barcelone, Valence. Madrid s'y ajoutera plus tard, quand le système des foires de Castille se dérègle. En France, il n'existe qu'une place importante en dehors de Lyon, Rouen. Le cas d'Anvers est spécial. Le gros du trafic se faisait aux paiements des foires, mais des opérations avaient également lieu pendant toute l'année x. Le mode de paiement des lettres de change n'était pas le même. L'Espagne se singularisait par ses banques de dépôt, banques privées dans les pays de la couronne de Castille, banques municipales dans les pays de la couronne d'Aragon. Dans cette partie de la Péninsule, les banques privées furent supprimées dans les dernières années du siècle; à Valence, elles disparaissent en 1587. L'existence de ces banques de dépôt permettait de commodes règlements par virement d'un compte à l'autre. A Lyon régnait le système du « virement des parties », plus complexe; les négociants confrontaient leurs bilans respectifs portés sur leurs carnets de foire 2 . A Anvers, le paiement se faisait en principe en numéraire, mais, en fait, on acceptait des assignations de cédules ou de lettres obligatoires 3 . Le change pour lequel nous avons proposé le nom d'intérieur, par opposition au change extérieur, se pratiquait entre places d'un meme État, donc sans permutation de monnaie. Ce change donnait normalement lieu à un profit. En France, on n'y trouvait rien à redire. Mais, en Espagne, où ces opérations avaient connu un grand développement dans la première partie du siècle, le change avec profit fut interdit par deux pragmatiques de 1551 et 1552. Officiellement, il n'y eut plus que des changes intérieurs au pair. Ceux-ci furent mis en œuvre par des banques de dépôt qui possédaient des agences dans différentes villes. Un tel procédé équivaut à un simple virement. Mais, malgré les défenses officielles, le change avec profit continua à être en usage, du moins dans certaines circonstances. A la pratique du change intérieur est liée celle du dépôt de foire en foire, qu'il ne faut pas confondre avec le dépôt réalisé avec l'accord d'une compagnie commerciale. Ce procédé comportait le paiement d'un intérêt variable selon l'état de la place et pour la durée d'un trimestre. Il fut en honneur à Anvers sous le nom de « finance » et à Lyon sous le nom de « dépôt ». En Castille, il s'appelait « change de 1. C f . R . de ROOVER, « Anvers comme marché monétaire au x v i e siècle », Revue belge de Philologie et d'Histoire, 1 9 5 3 , pp. 1 0 0 3 - 1 0 4 7 . 2. V o i r quelques exemples de comptes des paiements de L y o n dans H . LAPEYRE, Documents pour servir à l'histoire des foires de Lyon, t. I I , M a d r i d , 1 9 6 3 , pp. 2 2 1 - 2 4 6 . 3. R . de ROOVER, L'évolution de la lettre de change, p. 99.

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foire en foire ». Formellement interdit par la bulle In Eam de Pie V en 1571, le dépôt persista à Lyon et à Anvers, mais on n'employa plus le mot litigieux. Il semble toutefois que le volume des transactions ait diminué. Parmi les travaux publiés ou à paraître, certains concernent l'Espagne et le Portugal. M. J. Gentil Da Silva a publié trois volumes de lettres marchandes adressées de Lisbonne à la maison Ruiz de Medina del Campo, qui fournissent un important matériel documentaire; on y trouve notamment des textes de lettres de change 1 . M. Lapeyre a retrouvé à Simancas une quinzaine de lettres de change des années 1521-1529 et même une autre de 1497 qui est la plus ancienne connue jusqu'à ce jour pour la Castille 2. La plupart des publications concernent Anvers. M. Vázquez de Prada a édité les lettres marchandes adressées d'Anvers à la maison Ruiz, travail précédé d'une introduction détaillée 3. Deux historiens belges, W. Brûlez et H. V a n der Wee, ont, dans leurs ouvrages, présenté des interprétations qui remettent en cause, dans une certaine mesure, les points de vue de M. M. de Roover et Lapeyre. Le premier, M. Brûlez, estime que l'on a exagéré le caractère spéculatif des changes et que la plupart étaient liés au commerce des marchandises 4. Le second, M. V a n der Wee, insiste sur la « modernité » du marché d'Anvers. Elle se marquerait selon lui par la circulation de main en main des effets de commerce, par un certain développement de l'escompte, par l'extension du prêt à intérêt, facilité par l'ordonnance de 1540, par la baisse du taux de l'intérêt et par la hardiesse des spéculations 5. C'est revenir, dans une certaine mesure, aux positions d'Ehrenberg. Tout cela appelle la discussion. Le point de vue de M. Brûlez s'explique par la nature de ses sources : la maison Delle Faille, qu'il a étudiée, se consacrait au commerce des marchandises. Il est facile de lui répondre qu'une même opération de change, nécessaire pour l'une des parties contractantes, peut être spéculative pour l'autre. Le débat soulevé par M. V a n der Wee a plus d'ampleur. En thèse générale, on peut lui faire observer que, si les historiens ont réagi avec quelque vigueur 1. J . Gentil DA SILVA, Stratégie des affaires à Lisbonne entre 1595 et 1607. Lettres marchandes des Rodrigues d'Evora et Veiga, Paris, 1956; Marchandises et finances, II, Lettres de Lisbonne, 1563-1578, Paris, 1959-1961, 2 vol. 2. H . LAPEYRE, « Contribution à l'histoire de la lettre de change en Espagne d u x i v e a u x v i n e siècle (article devant paraître prochainement dans 1'Anuario de Historia Social de España). 3. V . VÁZQUEZ DE PRADA, Lettres marchandes d'Anvers, Paris, s. d. (i960), 4 vol. 4. W . BRÛLEZ, De firma Della Faille en de internationale handel van Vlaamse firma's in de 16e eeuw, Bruxelles, 1959. 5. H . VAN DER WEE, The Growth of the Antwerp Market (fourteenth-sixteenth centuries), L a H a y e , 1963, 2 vol.

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contre le thème de la « modernité » du x v i e siècle, c'est que les études sur le M o y e n A g e italien ont montré que bien des procédés que l'on disait modernes avaient été mis au point bien avant. Toutefois, on peut admettre que certaines innovations se sont produites à Anvers au x v i e siècle, mais il s'agirait d'innovations assez limitées. De toute façon, cette controverse ne peut qu'inciter à de nouvelles recherches. Elles devront, à notre avis, porter sur les points suivants : i° La négociabilité des effets de commerce et l'endossement des lettres de change A Anvers, les cédules et lettres obligatoires circulaient de main en main. Selon M . Gascon, il en était de même à Lyon, où cette opération portait le nom de « transport ». Mais, un trafic de ce genre ne paraît pas avoir existé pour les lettres de change. Pour celles-ci, l'endossement n'est pas signalé en Espagne avant 1575 et à Anvers avant 1610. En France, on trouve des lettres cédées par transport en 1618 sur la place de Lyon 1 . A Anvers, toutefois, feu l'archiviste, M . Frans Blockmans, assez récemment, a trouvé un lettre de change endossée datant de 1571. M . V a n der W e e malheureusement, n'en communique pas le texte 2 . 2° V escompte C'est le point sur lequel la thèse de M . V a n der Wee paraît la plus solide. Il a trouvé des cédules ou lettres obligatoires escomptées dès 1536 et même une lettre de change en 1576 3 . 3 0 Le dépôt de foire en foire Il conviendrait de poursuivre des recherches sur ses origines et sur les procédés employés. A notre avis, il doit être ancien et lié aux paiements en foire. En effet, en cas de difficulté, il est assez naturel de reporter le règlement d'une dette à la foire suivante. Cela se faisait sans doute par simple inscription sur les livres du créancier. 4 0 « Le cambio con la ricorsa » Des recherches récentes à Simancas nous ont montré que ce procédé avait un lien avec la pratique de l'aval et ceci dès 1524. L a ricorsa n'est d'ailleurs qu'une transformation du vieux rechange qui, comme

1. H. LAPEYRE, « Les paiements des foires de Lyon en 1618-1619 d'après les archives de la maison Gloton » (Communication au Congrès des Sociétés Savantes de Lyon, 1964, à paraître prochainement). 2. H. V A N DER W E E , op. cit., t. II, p. 349. 3. Ibid., t. II, pp. 349-350.

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175

l ' a montré M . Heers, était couramment pratiqué à Gênes vers le milieu du x v e siècle 1 . Nous avons nous-même trouvé de multiples exemples de rechange entre l'Italie et l'Espagne à la m ê m e époque 2 . 5 0 Le rôle des changeurs en France Il existait des changeurs en France au x v i e siècle, mais ils ne semblent pas avoir pratiqué la banque de dépôt. Il conviendrait de préciser leur rôle. Les recherches que nous venons d'indiquer ont trait à la technique. D'autres auront pour objet le recueil de données chiffrées : a Sur le cours des changes O n connaît actuellement ceux d'Anvers (1563-1602) 3 , de L y o n (1563-1596), de R o u e n (1583-1589), de M e d i n a del C a m p o (15781596) 4 , de Lisbonne (1594-1608) 5 . O n n'a à peu près rien sur la période antérieure. b Sur le volume des transactions Les archives subsistantes des banques municipales, surtout à Valence, peuvent donner lieu à des statistiques, notamment sur courants de change. A L y o n , M . Gascon a utilisé les archives notariales (obligations, protêts).

1. J . H E E R S ,

Gênes au XVe

pp. 79-88.

siècle. Activité économique et problèmes sociaux,

Paris,

1961,

« Alphonse V et ses banquiers », Le Moyen Age, 1 9 6 1 , pp. 9 3 - 1 3 6 . Le pacte de ricorsa et le marché italien des changes au XVIIe siècle, Paris,

2. H . L A P E Y R E ,

Cf. G. 19533.

MANDICH,

V . V Â Z Q U E Z D E P R A D A , op.

4. H . LAPEYRE, Une famille

499-50I5 . J . Gentil

DA

SILVA,

cit.,

t. I, p p .

de marchands,

267-325.

les Ruiz,

op. cit. p p . 4 6 4 - 4 7 1 , 4 7 3 - 4 7 4 ,

Stratégie des affaires à Lisbonne,

pl.

XI.

LA ET

LES

BANQUE

BANQUIERS AUX

XVLIE E T

DE

CHANGE

PRIVÉS XVIII

À E

AMSTERDAM

SIECLES

par J . G. VAN DILLEN

L a Banque de Change d'Amsterdam — institution municipale, établie dans l'Hôtel de Ville — a été fondée en 1609, à l'exemple de celle de Venise, dans le but de remédier au désordre monétaire, qu'on attribuait à l'âpreté au gain des changeurs et caissiers privés. L a Banque ne fut d'abord qu'un simple bureau de change et de virement. Les titulaires de comptes pouvaient disposer de leur avoir, soit en argent comptant, soit par transfert. A l'exemple de la banque de Venise, il fut ordonné que nul ne pourrait disposer d'un montant supérieur à celui dont il était créditeur par suite de son dépôt 1 . La Banque faisait aussi, dans une certaine mesure, le trafic des métaux précieux en barres et espèces; elle fournissait de ces matières les hôtels de Monnaies et procurait des espèces aux négociants. Mais elle n'a jamais fait d'avances sur titre et n'a escompté ni lettres de change, ni billets. 1. History of the principal Public Banks, L a Haye, 1934, " T h e Bank of Amsterd a m " , p. 79; J . G . VAN DILLEN, Mensen en Achtergronden, Groningue, 1964, " D e Wisselbank van Amsterdam", pp. 336-447.

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J. G. VAN DILLEN

L a direction était composée de trois commissaires, nommés par le Conseil municipal, mais dans les questions importantes la décision était prise par le collège des quatre bourgmestres. Les bourgmestres d ' A m s t e r d a m étaient très puissants; ils aimaient à se comparer a u x consuls romains ! E n principe la Banque de C h a n g e n'était pas une banque de crédit. D o n c les soldes créditeurs devaient être entièrement couverts par l'encaisse métallique. C e p e n d a n t il n'en était pas toujours ainsi. D é j à quelques années après sa fondation, la Banque commença à accorder des avances à court terme, en blanc, à la Compagnie des Indes Orientales, à la Banque de Prêt et à la trésorerie de la ville. Les avances à la Banque de Prêt étaient temporaires et n'ont eu presque aucune importance. Les avances à la trésorerie de la ville étaient couvertes, en grande partie, par u n fonds formé de bénéfices accumulés; c'était la ville qui avait droit a u x profits. L a C o m p a g n i e des Indes, tout en étant riche et solide, souffrait souvent, aux moments de l'équipement de ses flottes, d ' u n m a n q u e d'argent momentané. Dans ce cas-là elle empruntait à la Banque, en anticipant sur ses rentrées plus ou moins éloignées. Cependant, au cours du x v n e siècle, les sommes avancées à la C o m p a g n i e ne furent pas trop importantes et furent régulièrement remboursées. Ainsi, durant le x v n e siècle, la situation de la Banque était assez solide. Lorsque, en 1672, les armées de Louis X I V envahirent la République, les déposants commencèrent à s'inquiéter et voulurent se faire rembourser immédiatement leur avoir. Heureusement, cette année-là l'encaisse métallique fut encore plus forte q u ' à l'ordinaire. Aussi, q u a n d il apparut que la Banque était toute prête à rembourser les soldes créditeurs, la confiance se rétablit. C e t événement a beauc o u p contribué à fortifier la renommée de solidité dont jouissait la Banque d'Amsterdam. L e désordre monétaire ne cessant pas, la R é p u b l i q u e des Sept Provinces, vers le milieu du siècle, fut envahie par u n grand nombre de ducatons et rixdales à la croix, deux espèces de monnaie nouvellement frappées dans les Pays-Bas méridionaux, chassant de la circulation les bonnes monnaies hollandaises, ce qui causa une dépréciation du florin de 4 y 2 à 5 % . L e florin n'était pas une pièce mais seulement une unité de compte. L a Banque, tout en acceptant les pièces brabançonnes, les comptait seulement pour leur valeur intrinsèque par rapport a u x anciennes monnaies hollandaises c'est-à-dire qu'elle continua à tenir ses comptes en florins non dépréciés. Ainsi s'établit une différence de valeur entre le florin banco et le florin courant d'environ 5 % . Q u a n d enfin, en 1659, le gouvernement se résolut à faire frapper, sous le n o m de ducaton et de rixdale nouveau, de nouvelles pièces

J. G. V A N DILLEN

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hollandaises au titre du florin courant, il obligea en même temps la Banque de maintenir ses comptes en florins d'ancienne valeur. L ' a g i o de l'argent en banque fut ainsi perpétué. L a conséquence fut q u ' u n e sorte de valuta spéciale se créa, la monnaie banco. V e r s la fin du siècle le gouvernement réussit à améliorer sensiblement la situation monétaire. Les principales mesures prises dans ce but furent : la réduction du nombre des hôtels des Monnaies de quatorze à huit, l'interdiction stricte de la circulation des monnaies étrangères, et la frappe, depuis 1690, de nouvelles pièces de u n et de trois florins, ce qui fait que depuis cette année le florin est aussi bien une pièce de monnaie q u ' u n e unité de compte. Cependant la Banque a toujours continué à tenir ses comptes en florins anciens, avec la plus-value d'environ quatre à cinq pour cent. L ' a g i o subissait de petites fluctuations d'après l'offre et la demande de monnaie banco. E n 1683 le c h a m p d'activité de la Banque fut élargi. Elle fit, désormais, des avances sur ses livres, en argent de banque, aux commerçants qui déposaient chez elle de l'or ou de l'argent, généralement en espèces, mais aussi, quelquefois, en barres. Sur son compte en banque, le dépositaire du métal précieux pouvait disposer immédiatement d ' u n e somme presque équivalente à la valeur de son dépôt, tout en se réservant le droit de retirer ce dépôt au moment qui lui conviendrait, par exemple dans le cas d'une hausse des espèces et des lingots. L a Banque faisait ces avances aux taux très modiques d ' u n quart pour cent pour l'argent et d ' u n demi pour cent pour l'or par six mois. Elle délivrait aux déposants des reçus qui pouvaient être transmis sans aucune formalité. A l'expiration de chaque période de six mois le reçu pouvait être prolongé moyennant le payement de l'intérêt mentionné. L e porteur du billet avait le droit de retirer, q u a n d il lui plaisait, la quantité d'espèces — ducatons hollandais, réaux ou piastres espagnols, louis d'or français etc., en sacs de mille pièces — indiquée sur le reçu à condition qu'il payât, par virement, la somme avancée par la Banque. Les reçus qui se vendaient couramment à la Bourse, valaient donc exactement la différence entre le prix courant des espèces et le montant avancé sur elles. Ainsi u n commerçant pouvait, avec u n capital modeste, faire de grandes affaires dans le commerce des espèces et des lingots. A A m s t e r d a m le commerce des métaux précieux prit une ampleur considérable dès que, en 1648, la paix avec l'Espagne eut été conclue. C h a q u e année, à l'automne — du moins a u x années de paix ! — trente à cinquante voiliers escortés de vaisseaux de guerre, venant de C a d i z , arrivaient à A m s t e r d a m chargés d'argent et d'or. J u s q u ' a u commen-

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cernent du xvin e siècle les commerçants anglais et français se plaignaient amèrement de la prépondérance des Hollandais dans le commerce de Cadiz. C'est surtout dans le premier quart du x v m e siècle que l'argent français afflua en grande quantité à la Banque d'Amsterdam, en conséquence du désordre des finances de l'État et des mesures de John L a w en France. Ainsi l'inventaire de l'encaisse métallique de 1 7 1 5 ne contient pas moins de 3 600 000 florins en or et presque deux millions en argent français. Quand John L a w en France fera sortir de la circulation le numéraire, l'affluence de la monnaie française vers Amsterdam augmentera encore. A u commencement de l'année 1 7 2 1 se trouvait dans les caves de la Banque à l'Hôtel de Ville une masse d'or et d'argent français de la valeur de vingt-sept millions de florins. Ce ne furent pas seulement les banquiers privés comme la maison d'Andries Pels et fils qui en profitèrent. L a Banque elle-même fit, dans les années 1 7 1 9 , 1720 et 1 7 2 1 , des achats d'or français pour une valeur totale de presque sept millions de florins, qu'elle revendit dans les années suivantes avec de jolis bénéfices. U n des plus grands comptes à la Banque était, justement dans l'année 1720, celui d'Abraham Mouchard, le représentant de la Compagnie des Indes de John L a w à Amsterdam. On se demande si, à côté de la contrebande, cette Compagnie elle-même s'occupait aussi de l'exportation de la monnaie ? Après la chute de Law, Mouchard fut remplacé par Thellusson frères qui appartenaient aux adversaires du Système. Après cette période la Banque laissa le trafic des métaux précieux, ainsi que le soin de faire monnayer les pièces hollandaises, destinées principalement au commerce avec les pays étrangers, presque entièrement aux commerçants et banquiers privés. Elle se contenta de faire des avances sur les espèces déposées chez elle et cela lui procura, malgré le taux très modique qu'elle maintint, des profits assez importants. Elle trouvait une ressource plus importante dans les avances accordées à la Compagnie des Indes Orientales, bien que le taux d'intérêt en Hollande ne dépassât pas deux et demi à trois pour cent. C'est qu'alors les avances, dont la Compagnie avait besoin, étaient en général beaucoup plus élevées qu'au siècle précédent. Vers 1740, en raison même de ces larges crédits, la situation de la Banque semble même être, à nos yeux, quelque peu périlleuse. Heureusement les bilans de la Banque nous montrent que la Compagnie a été à même dans les années suivantes, d'amortir considérablement sa grande dette. A u cours de la guerre de Sept ans — période assez profitable au commerce de la République restée neutre — la situation de la Banque redevient très solide, à ce point même qu'à la fin de la guerre les soldes créditeurs sont presque entièrement couverts par l'encaisse métallique. C'est en 1763 et 1764 que celle-ci s'élève à trente et un

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millions de florins, le plus haut chiffre qu'elle ait jamais atteint. Cette affluence du métal précieux à la Banque était due aux grands envois d'argent faits par des banquiers étrangers, surtout des banquiers de Hambourg, pour conjurer la crise de crédit qui, la guerre terminée, venait d'éclater. Amsterdam, marché général, devint aussi un centre du commerce des lettres de change et des traites, un commerce qui, à cause des changements de la valeur des différentes monnaies, pouvait donner de grands profits. Pendant la guerre de la Succession d'Espagne le banquier Andries Pels fonctionna comme intermédiaire pour le payement des soldes de l'armée anglaise dans les Pays-Bas méridionaux. Mais en même temps il entretint des relations étroites avec Samuel Bernard, le banquier de Louis X I V . En pleine guerre Samuel Bernard a recours à Amsterdam pour soutenir le crédit branlant de Louis X I V ! En Hollande Andries Pels se défendit contre la critique en remarquant que pour le maintien du commerce hollandais avec la France — qui continua malgré la guerre — le paiement des traites françaises était indispensable. Dans le commerce et l'escompte des lettres de change un grand rôle fut joué par des Juifs portugais, tant à Hambourg qu'à Amsterdam. En 1698 Manuel Teixeira, un des principaux banquiers de Hambourg, déménagea, avec ses fils, à Amsterdam. Cela prouve qu'Amsterdam à cette époque était encore le principal marché financier de l'Europe. Aussi dans le commerce spéculatif des actions des grandes compagnies coloniales de la Hollande et de l'Angleterre les Juifs portugais jouèrent un grand rôle. La technique moderne du marché à terme pour les valeurs et aussi pour quelques marchandises s'est apparemment développée à Amsterdam au cours du x v n e siècle. Il semble que le marché à terme ait été introduit à la bourse de Londres vers la fin de ce siècle par des Juifs portugais venus d'Amsterdam. La structure d'entreprise des banques privées à Amsterdam, même des plus grandes, était tout simplement la firme, donc l'association de quelques commerçants disposant d'un assez grand capital. Jusqu'au milieu du x v n e siècle et même plus tard il n'existe pas, en Hollande, une distinction bien marquée entre commerçants et banquiers. Il va de soi que parmi les marchands il y en a plusieurs qui, plus que les autres, s'occupent du commerce des lettres quand peu à peu l'escompte de ces papiers de valeur devient plus général. Il y a aussi de grands marchands comme Louis de Geer, Louis Trip et Jean Deutz qui, en prenant en commission la vente de cuivre ou de fer de la Suède ou de mercure de l'Autriche, font sur ces gages des avances très larges. Cependant il existe encore une autre voie pour obtenir des emprunts.

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Une puissance étrangère, désirant emprunter de l'argent dans la République, s'adresse — l a permission des États généraux obtenue et souvent sous leur garantie — aux receveurs généraux de l'Union ou de la province de Hollande. Les receveurs, connaissant beaucoup de gens riches, se chargent — moyennant un demi pour cent comme honoraires — de la vente des obligations dont le montant est très variable. Déjà depuis longtemps les receveurs étaient chargés de l'écoulement des obligations des États. O n comprendra qu'ils deviennent très riches, parfois millionnaires! A la longue les marchands-banquiers, eux aussi, commencent à émettre des obligations, pour pouvoir satisfaire aux besoins grandissants de leurs clients. Il paraît qu'en Hollande le premier emprunt par émission d'obligations, d'un montant égal, à intérêt annuel, par l'intermédiaire d'un banquier, a été l'emprunt autrichien de un million et demi de florins à la maison Deutz en 1695 1 . Le contrat fut conclu avec la permission des États mais au grand mécontentement du receveur général ! A partir de cette année-là, à Amsterdam, les émissions deviennent de plus en plus nombreuses. Une autre forme de crédit qui se développe à Amsterdam est le crédit d'acceptation c'est-à-dire que le banquier permet à ses relations à l'étranger de tirer sur lui des traites qu'il est prêt à accepter. L'acceptation donna de grands bénéfices. Pourtant cette opération était dangereuse en raison de la manière dont on la pratiquait c'est-à-dire sans garantie. Les banquiers pratiquaient aussi le commerce des métaux précieux qu'ils n'importaient pas seulement de Cadiz : au x v m e siècle ils le faisaient venir aussi de l'Angleterre qui disposait, par ses relations étroites avec le Portugal, de grandes quantités d'or brésilien. Toutefois, au x v m e siècle, leur principale occupation consistait en l'émission d'emprunts. J'ai déjà mentionné les emprunts autrichiens. C'est ainsi qu'en 1736 fut conclu chez Deutz, contre gage des revenus impériaux de Silésie, un emprunt de trois millions et demi de florins à cinq pour cent. Quelques années plus tard, la Silésie étant conquise par le roi Frédéric II de Prusse, le gage fut perdu; par conséquent, le capital ne fut jamais restitué. Les cinq obligations impériales, de sept cent mille florins chacune, se trouvent encore dans les archives municipales d'Amsterdam ! Après la déconfiture de la maison Deutz c'est Johan Goll à Amsterdam qui fut chargé de la vente de mercure, provenant des mines impériales de Hongrie. La firme Verbrugge et Goll — plus tard Goll et C ° 1. J . ELIAS, De betreffende

Vroedschap

financieele

van Amsterdam,

geschiedenis", p .

Haarlem,

1045.

1905, I I ,

"Aanteekeningen

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— a émis plusieurs emprunts impériaux. Les relations entre Goll et la cour de Vienne furent tour à tour très mauvaises ou très cordiales. En 1766 Johan Goll fut anobli par l'impératrice Marie-Thérèse; désormais il va se nommer Goll van Franckenstein ! Parmi le milieu cosmopolite de la haute finance d'Amsterdam se distinguait, entre autres, la famille Hogguer Daniel Hogguer, banquier à Lyon au commencement du xvin e siècle, avait donné à son fils Jacques le conseil de ne pas rester en France, à cause de la situation confuse des finances françaises. C'est pourquoi Jacques, en 1722, s'établit à Amsterdam. Son fils Daniel Hogguer devint un des banquiers les plus distingués de cette ville 2. La maison Hogguer, Horneca et C° a émis — entre autres — de grands emprunts pour le compte du roi de Suède et aussi de quelques entreprises minières de ce pays. C'est à Amsterdam que Gustav III a trouvé l'argent dont il avait besoin pour ses grands desseins. Souvent aussi le Danemark, la Pologne, l'Espagne et depuis 1780 même la France ont eu recours au marché financier d'Amsterdam. En 1769 George Grand, homme d'affaires de génie, s'établit comme banquier à Amsterdam où il s'associa avec la firme Horneca, Fizeaux et C°, plus tard Fizeaux, Grand et C°. C'est à l'aide du capital de cette maison et en collaboration avec son frère Ferdinand, qui était banquier à Paris, que George Grand réussit, en 1776, à obtenir la direction des transferts de la France au Congrès américain. Ensemble Hope et C° et Fizeaux, Grand et C° ont émis plusieurs emprunts suédois 3. Pendant la guerre de Sept ans l'Angleterre a placé, par l'intermédiaire des banquiers d'Amsterdam, une grande quantité de ses obligations en Hollande C'est à Amsterdam qu'en 1769 la maison De Smeth se charge de l'émission du premier emprunt russe à l'étranger qui bientôt sera suivi d'autres. De 1769 jusqu'à 1782 la firme De Smeth a émis des emprunts russes pour une valeur totale de 17 millions de florins. Dans la seconde moitié du x v m e siècle, la maison de Hope et C° était de beaucoup la plus grande banque d'Amsterdam. Thomas Hope, commerçant de grande capacité, qui trafiquait avec l'Angleterre, l'Amérique du Nord et les Indes Occidentales, depuis environ 1760, va s'appliquer de plus en plus aux affaires financières. Sous la direction de son neveu et successeur Henry Hope la firme deviendra la banque privée la plus renommée de l'Europe de son temps. En 1787 Henry Hope, banquier très habile, rendit visite à Catherine II, impératrice de Russie. Il réussit à gagner la clientèle russe 1. H. LÜTHY, La banque protestante en France, Paris, 1959, pp. 191-193. 2. ID., op. cit., II, pp. 331-333. 3. ID., op. cit., II, pp. 340-342.

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pour sa maison. Dans les sept années suivantes la maison Hope émit cinq emprunts russes, la plupart à 5 % d'une valeur totale de 53 millions de florins. C'est donc à l'aide de l'argent hollandais que la Russie a pu conquérir, aux dépens de la Turquie, un grand territoire jusqu'aux côtes de la mer Noire. Les banquiers d'Amsterdam ont aussi fourni de grands prêts aux États-Unis de l'Amérique du Nord qui venaient de naître. D'après une évaluation digne de foi le total des capitaux hollandais placés à l'étranger, a monté à la fin du xvra e siècle environ jusqu'à un milliard et demi de florins. O n se demande comment les banquiers réussissaient à placer les nombreuses obligations des emprunts. Deux lettres de l'année 1785, adressées par Henry Hope au ministre des finances de Suède, donnent la réponse à cette question Dans la première nous lisons que « nos entrepreneurs se trouvent encore chargés d'une partie du dernier emprunt et qu'il faut leur donner le temps de l'écouler ». Dans la seconde l'auteur écrit que pour le placement des obligations « nous sommes obligés d'accorder à nos courtiers et entrepreneurs bien des facilités et des avantages dont ils jouissent seuls ». Il est donc évident que Hope et les autres banquiers avaient coutume de se servir de commissionnaires qui avaient la tâche de parcourir le pays pour rendre visite aux capitalistes, dans le but de les persuader d'acheter des obligations. Cela fait penser aux « démarcheurs » de certaines banques françaises du xix e siècle ! Tandis que les banques privées prospèrent encore, la Banque de Change tombe en décadence dès l'année 1781, quand éclate la quatrième guerre avec l'Angleterre, qui allait être néfaste à la république des Sept Provinces. La Compagnie des Indes Orientales subit de graves pertes au point que son existence même fut menacée. C'est pour cette raison que les bourgmestres d'Amsterdam ont autorisé la Banque à mettre à la disposition de la Compagnie la somme de sept millions et demi de florins sur gages d'obligations émises par celle-ci 2. O n se rendait bien compte du caractère différent et dangereux de ce crédit comparé à ceux d'autrefois, mais on crut devoir agir ainsi dans l'intérêt du pays. Ce n'était pas tout. Le commerce d'Amsterdam menaçant ruine eut besoin d'être soutenu par la Chambre municipale de prêts. Comme cette Chambre ne disposait plus de moyens, ce fut encore la Banque qui dut les lui procurer en lui ouvrant un large crédit. La trésorerie de la ville, à son tour, dut 1. S. BAUMGARTEN, « Emprunts de Suède à Amsterdam», Tijdschrift voor Geschiedenis (77), 1964, pp. 442-443. a. J. G. VAN DILLEN, « La Banque d'Amsterdam », Revue d'histoire moderne, 1928, p. N ; ID., « Amsterdam, marché mondial des métaux précieux », Revue historique, 1926.

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également recourir au crédit que seule la Banque pouvait lui donner. Ainsi la situation de la Banque, encore si satisfaisante avant 1781, devint de plus en plus précaire. L a guerre finie, ni la Compagnie, ni la Chambre de Prêt, ni la trésorerie n'étaient à même de rembourser les avances reçues. Des rumeurs défavorables commencèrent à courir. L'agio du florin de banque baissa de plus en plus et fit place en 1789, pour la première fois depuis bien longtemps, à une perte. Les commerçants s'habituèrent alors à payer leurs effets hors banque en argent courant. Après la fondation du royaume des Pays-Bas, on conçut à Amsterdam l'idée de rétablir, sur des bases modifiées, la Banque qui n'existait presque plus. Mais le roi Guillaume I e r , ne voulut pas y consentir. Il fonda en 1814 une banque de circulation, la Banque néerlandaise. Quelques années plus tard (1819) la Banque de Change fut dissoute.

QUELQUES DES

BANQUES DES

MOMENTS

DE

PUBLIQUES ORIGINES

L'HISTOIRE NAPOLITAINES

A

1808

par Domenico DEMARCO ( Université de Naples )

1. Limites de la recherche. — 2. Les banques publiques en Italie et à Naples. — 3. Le développement initial des banques napolitaines. — 4. Les répercussions de la réforme monétaire de 1622. — 5. Les troubles de 1647. — 6. L'épidémie de peste de 1656. — 7. Conséquences de la réforme monétaire de Del Carpio. — 8. L a crise de 1702. — 9. L a reprise du milieu de 1700. — 10. L'asservissement des banques à l'État. — 11. Tentatives d'assainissement du gouvernement républicain. — 12. Retrait des bancali et nouveau vide. — 13. L a réunion en une seule Banque. — 14. L'héritage. — 15. Une question de « date de naissance ». 1. Les vicissitudes des banques publiques, dites banchi pii1 ou banchi dei luoghi pii — comme on les appelait 2 et on les appelle encore 3 1 . A . SOMMA,

p. 6, g, 11. 2.

C.

CELANO,

Trattato de'banchi nazionali del Regno delle Due Sicilie, Naples, 1844, Notizie del bello, dell'antico e del curioso della città di Napoli, p. p.

G . B . CHIARINI, N a p l e s , 1870, vol. I l i , p . 35.

3. R . F I L A N G I E R I , I Banchi di Napoli delle origini alla costituzione del Banco delle Due Sicilie {1539-1808), Naples, 1940, p. 31.

DOMENICO DEMARCO

— de leurs origines au début du x i x e siècle, où eut lieu la fusion avec le Banco delle Due Sicilie, ont été l'objet de bien des récits 1 . Cependant, la documentation comptable dont on dispose n'a pas été entièrement compulsée et son étude peut encore donner lieu à des mises au point et à des intégrations. A mon avis, certains événements, tels que l'expansion initiale dont jouirent les banques ou les difficultés qu'elles rencontrèrent périodiquement, sont dignes d'attention. Je chercherai à illustrer ici, dans les limites que comporte ce bref rapport, quelquesuns de ces épisodes, en me réservant de les approfondir davantage par la suite. N e pouvant pas, pour des raisons d'espace, examiner les conséquences que les phénomènes dont j e parlerai eurent sur les placements dans les banques, j e me bornerai à souligner seulement leurs répercussions sur la circulation des bancali — comme s'appelaient les titres émis par les banques, attestant les dépôts d'argent effectués — et sur la réserve. Pour la même raison, j e renvoie à plus tard la publication des séries de données rassemblées. O n ne peut conclure une aussi longue recherche sans devoir ensuite corriger certains chiffres. V u le grand nombre des écritures consultées, il est facile de commettre une erreur; une étude ultérieure plus approfondie des comptes permettra d'être plus précis. Mais, il y a autre chose encore : vu que pendant longtemps les bilans n'ont pas existé, il faut les reconstituer, en extrayant des livres les parties essentielles, et cela explique encore le caractère approximatif de la recherche. 2. A u x v e siècle, indépendamment des Monts-de-Piété qui se spécialisèrent dans les prêts sur gages et prirent la place des banques sur gages, ou des tavole di prestito souvent propriétés juives, furent créées les premières banques publiques, en particulier la Taula dei Cambi de Barcelone, fondée en 1401 2 , suivie peu après, en 1408, par le Banco 1. Voir par exemple, à part les œuvres déjà mentionnées de SOMMA et FILANGIERI pour la période avant 1860 : R o c c o , De'banchi di Napoli e della loro ragion, Naples, 1785-1787, voi. 2; N . Nisco, Il Banco di Napoli, Lettere al senatore Alessandro Porro, Naples, sans date (1866); ID., Del Banco di Napoli (lettere al Sen. T. Cacace), Florence, 1868; G . PETRONI, Dei Banchi di Napoli, Naples, 1871; O . FARAONE, Del Passato, del Presente e dell'Avvenire del Banco di Napoli, Naples, 1880; R . TORTORA, Raccolta di documenti storici, e delle leggi a regole concernenti il Banco di Napoli, Naples, 1882; P. AIELLO, I depositi, le fedi di credito e le polizze dei Banchi di Napoli, Il Filangieri, vol. I, Naples, 1882; E. TORTORA, Nuovi documenti per la storia del Banco di Napoli, Naples, 1890; A . MONZILLI, Il Banco di Napoli. Passato, presente, avvenire, Rome, 1895; N . PALMIERI, La fede di credito del Banco di Napoli, R o m e , 1905; A . S. DE JONANYS, Il Banco di Napoli, Florence, 1907; L . DE SIMONE, La fede di credito, Naples, 1922; M . FRIGIONE, « I Banchi di Napoli e la loro fusione in Banco delle Due Sicilie, sotto Gioacchino M u r a t », Archivio storico per le province napoletane, Naples, n. s. a . X X V I I , 1941; D. DEMARCO, Il Banco delle Due Sicilie (1808-1863), Naples, 1958; ID., Banca e congiuntura nel Mezzogiorno d'Italia, I. 1800-1863, Naples, 1963. 2. M . SANCHEZ SARTO, « Les banques publiques en Espagne jusqu'à 1815 », in : J. G . VAN DILLEN, History of the principal public Banks, Londres, 1964, p. 3.

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di San Giorgio de Gênes 1 . Pendant quelques années, cette dernière banque tenta de devenir une banque centrale où les banquiers privés auraient déposé leurs réserves 2. Malheureusement, le Banco di San Giorgio fut liquidé en 1444, à cause de l'échec de la politique monétaire à laquelle il avait été lié dès sa fondation 3. Sauf en Espagne, les banques privées furent presque toutes balayées par la bourrasque qui fit rage pendant le dernier tiers du x v e siècle. Une des plus célèbres victimes fut la fameuse banque des Médicis, mais son sort fut partagé par bien d'autres 4. Le système bancaire créé au Moyen Age ne fut remis en vigueur qu'au xvi e siècle. Les grandes maisons internationales furent les premières à se reprendre, mais il n'en fut pas de même pour les banques de dépôts privées, qui ne redevinrent plus ce qu'elles avaient été au Moyen Age. En Italie, ces institutions ne refleurirent qu'au début du xvi e siècle sous forme de banques publiques soumises au contrôle soit de l'État comme à Venise, soit de la municipalité comme à Milan, soit des fondations pieuses ou charitables comme à Naples. Ce système se répandit rapidement dans toute la péninsule : en 1552 fut créée la Tavola di Palermo 5 ; le Banco della Piazza di Rialto fut fondé à Venise en 1587 6 ; le Banco di Sant'Ambrogio à Milan en 1593 7 ; le Banco di San Paolo à Turin en 1563 8 ; le Banco di Santo Spirito à Rome en 1605 9 et les caractéristiques banques publiques de Gênes, qui avaient des instituts séparés pour chaque genre d'opérations, naquirent entre 1586 et 1625. Le Monte dei Paschi di Siena, fondé en 1624, représente une exception, car de lui naîtra la première forme de crédit foncier. 1. H. SIEVEKING, « Studio sulle finanze genovesi nel Medioevo e in particolare sulla Casa di San Giorgio » (trad. it.), in Atti della Società ligure di Storia Patria, 1957, vol. X X X V , I I e partie, p. 1 7 ; ID. "Das Bankwesen in Genua und die Bank von S . G i o r g i o " , i n J . G . V A N D I L L E N , op.

cit.,

p.

2 0 e t ss. ; E . M A R E N G O , G .

MAN-

FRONI et P. PASSAGNO, Il Banco di San Giorgio, Gênes, 1 9 1 1 . 2. H. SIEVEKING, Studio sullefinanze,op. cit., p. 56 et ss. 3 . I D . , op. cit., p. 8 7 et ss. 4. R . de ROOVER, The Rise and Decline of the Medici Bank, ( 1397-1494), Cambridge, 1963. P- 3 5 8 e t ss. 5. V . CUSUMANO, Storia dei Banchi della Sicilia, vol. II, I Banchi pubblici, Rome, 1892, p. 1 1 ; F. FERRARA, « Della monete e dei suoi surrogati », in Biblioteca dell' economista, s. II, vol. V I , Turin, 1857, p. CXLV-CXLVI; G. BRUCCULERI, Il Banco di Sicilia, Rome, 1919. 6. G. LUZZATTO, « Les Banques publiques de Venise (xvi e -xvni e s.) », in J . G. VAN DILLEN, op. cit., p. 45 et ss.; E. LATTES, La liberta delle Banche a Venezia dal secolo XIII al XVII, Milan, 1869; F. FERRARA, « Documenti per servire alla storia dei banchi veneziani », in Archivio Veneto, t. I, a. 1 8 7 1 . 7. GREPPI, « Il Banco di Sant'Ambrogio », Archivio storico lombardo, X , 1883. 8. M . ABRATE, L'Istituto bancario San Paolo di Torino, Turin, 1963, p. 27. 9. I. RINIERI, « I monti o i banchi di credito pubblico pontificio », Civiltà cattolica,

vol. I I ,

1906, pp.

586-603.

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En garantie, le gouvernement offrait les revenus des loyers des pâturages domaniaux de la Maremme \ Cependant, l'évolution la plus originale, et peut-être la moins connue à l'étranger, fut l'apparition à Naples des banques pii ou pubblici : i 0 L e Banco della Pietà dont les origines, comme banque de prêts, sur gages, remontent à 1539 2 ; 2 0 le Banco dei Poveri fondé en 1563 3 ; 3 0 le Banco dell'Annunziata, oud'^iw Grafia Piena, fondé en 1587 4 ; 4 0 le Banco di Santa Maria del Popolo, ou de l'Hôpital des Incurables, né en 1589 5 ; le Banco dello Spirito Santo, créé en 1590 6 ; 6° le Banco di Sant'Eligio, en 1592 7 ; 7 0 le Banco di San Giacomo e Vittoria, en 1597 8 ; 8° le Banco del SS. Salvatore, en 1640 9 . Les origines de cette dernière sont différentes car elle fut fondée par les fermiers, arrendatori de l'octroi de la farine, obligés de se servir des banques existantes pour les nombreux encaissements et paiements qu'ils devaient faire tous les jours. A part le Banco dell'Annunziata, ou Ave Gratia Piena, qui disparaîtra en 1702, ces banques, après de nombreuses vicissitudes, de réorganisation et de fusions, survécurent jusqu'à nos jours dans le Banco di Napoli, qui est non pas une société commerciale de droit privé, mais bien une institution de droit public. Le succès des banques publiques, nées « sous le signe de la bienfaisance 1 0 », moins sujettes aux faillites 1. N . PICCOLOMINI, Il Monte dei Paschi di Siena e le aziende in esso riunite. Note storiche racolte e pubblicate per ordine della Deputazione, vol. II, Sienne, 1891. 2. R . FILANGIERI, op. cit., p . 3 4 ; C . D'ENGENIO, Napoli sacra, N a p l e s , 1623, P- 3 3 4 5

G . GIFUNI, Compendio istorico della origine e fondazione del S. Monte della Pietà di Napoli, Naples, 1801, pp. 1-7; G . C . CAPACCIO, Il Forastiero Dialoghi, Naples, 1634, pp. 917918; C . CELANO et G . B. CHIARINI, Notizie del bello, dell'antico e del curioso della città di Napoli, Naples, vol. I l i , 1870, p. 721. 3 . C . C E L A N O , op. cit.,

v o l . I I , p p . 3 7 4 - 3 7 8 ; C . D ' E N G E N I O , op. cit.,

p. 43 et 3 7 0 ;

R . FILANGIERI, op. cit., pp. 46-48. 4. G . D'ADDOSIO, Origine, vicende storiche e progressi della Real S. Casa dell'Annunziata di Napoli, Naples, 1883, chap. vi, p. 247 et ss.; C . D'ENGENIO, op. cit., p. 397; C . CELANO, op. cit., vol. I I I , p. 850; F. IMPERATO, Discorso intorno all'origine del regimento, e stato, della gran Casa della Santissima Annuntiatia di Napoli, Naples, 1629, p p . 4 7 - 4 8 ; G . C . CAPACCIO, op. cit., p . 908 et ss. 5.

C . C E L A N O , op. cit., v o l . I I , p . 6 8 7 e t s s . ; C . D ' E N G E N I O , op. cit., p . 1 8 7 ; F . C E V A

GRIMALDI, Della città di Napoli, dal tempo della sua fondazione sino al presente, Naples, 1857, pp. 287-288; D . CONFUORTO, Giornali di Napoli dal MDCLXXIX al MDCIC p. p. N . NICOLINI, vol. I , Naples, 1930, p. 2 1 8 ; E . TORTORA, Nuovi documenti per la storia del Banco di Napoli, Naples, 1890, p. 65. 6 . C . D ' E N G E N I O , op. cit.,

p . 5 1 8 ; C . C E L A N O , op. cit.,

v o l . I I I , p . 1 8 e t ss.

7 . C . D ' E N G E N I O , op. cit.,

p . 4 3 9 ; C . C E L A N O , op. cit.,

vol. I V , p.

222.

8 . C . C E L A N O , op. cit., v o l . I V , p . 3 7 9 ; C . D ' E N G E N I O , op. cit., p . 5 3 1 ; G . C . C A P A C -

CIO, op. cit., pp. 915-916. 9 . C . C E L A N O , op. cit., E . T O R T O R A , op. cit.,

p.

v o l . I I I , p . 6 9 6 ; D . C O N F U O R T O , op. cit., 97.

1 0 . R . F I L A N G I E R I , op. cit.,

p.

23.

vol. II, p.

330;

DOMENICO

DEMARCO

et plus dignes de confiance que les bureaux de change 1 , est dû à la garantie offerte par leurs statuts. Leur fondation marque incontestablement un progrès dans le développement des institutions bancaires 2 . Tandis que les banques privées n'admettaient pas les girate, sinon entre leurs clients, les banques napolitaines créèrent un nouvel instrument de crédit : la fede di credito qui pouvait non seulement fonctionner au moyen de polices 3 , tel le compte courant actuel avec le chèque, mais encore être transférée par des girate, même à qui n'avait pas de compte en banque 4 . A v e c un peu de bonne volonté, on pourrait considérer la fede di credito comme un précurseur du billet de banque, bien que ce ne soit pas du tout la même chose. L a fede di credito est encore en usage dans le midi de l'Italie et circule en plus du billet de banque. Il faut donc considérer la fede di credito comme un instrument sui generis. 3. Contrairement à la plupart des banques publiques, surtout au Banco... di Rialto de Venise, qui était uniquement une banque de dépôt et de giros n'accordant pas de prêts à des particuliers, les banques napolitaines étaient des instituts de crédit purs et simples. Leur activité comprenait toute une série d'opérations de prêts, depuis les crédits hypothécaires jusqu'aux avances des charges imposées aux communes (università) du royaume (fiscali) et au louage du revenu des octrois et gabelles exigés par le gouvernement sur les marchandises et les denrées (arrendamenti). En outre, les banques napolitaines s'occupaient du trafic (compre e ricompre) de rentes constituées, d'acquisition de métaux précieux en lingots ou en pièces et livraient ce métal à la Monnaie (partiti alla %ecca). Elles accordaient aussi des prêts à échéances avec intérêts, faisant ainsi fructifier les capitaux déposés. En principe ces avances avec intérêts n'étaient pas permises; on risquait l'excommunication. Mais, les jésuites et les théatins déclarèrent que 1. Ibidem. 2. Sur les instituts bancaires antérieurs aux banques publiques, v. R . FILANGIERI, op. cit., pp. 11-23. 3. L a polizza était un certificat qui autorisait le prélèvement d'une somme sur le fede di credito ; dans ce cas, la police s'appelait notata in fede, parce que le caissier en prenait note sur la fede di credito, dont la valeur diminuait; la fede di credito prenait alors le nom de madrefede. 4. L a fede di credito constituait à la fois un acte public et un reçu, car on avait introduit le giro per causa sur lequel était mentionné le motif du paiement, l'endosseur, au moment du paiement en demeurait satisfait. L a pluralité des banques ne fut pas un obstacle à la circulation des fedi di credito, parce que chacune d'elles, grâce à un système de riscontro, c'est-à-dire de compte courant entre banques, recevait ses propres fedi et celles des autres instituts. E n plus des fraudes inévitables, l'institution des riscontri créait l'incertitude et la confusion dans la comptabilité et les situations de caisses; elles donnèrent lieu, lors d'opérations malhonnêtes et d'abus, à de rigoureuses prohibitions; mais elles finirent par être tolérées comme un mal nécessaire...

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cette opération pouvait être admise, car les intérêts perçus étaient versés aux personnes qui avaient confié leurs capitaux aux banques. Par la suite, on accorda une marge d'intérêt en faveur du Mont, pourcentage justifié par les frais d'administration 1 . Le service des prêts sur gages était gratuit ou avec intérêts. Le premier, et le plus ancien, c'est-à-dire le service gratuit, était pratiqué par le Banco della Pietà et le Banco dei Poveri; des fonds réservés uniquement à cet usage l'alimentaient. Le prêt à intérêts, pour des montants supérieurs à 10 ducats, prit de l'extension après 1628. Par suite de la crise monétaire de 1622, les banques furent obligées d'aliéner une partie de leurs achats (compre) et elles se trouvèrent ainsi privées de revenus pour payer les frais d'administration. Aussi, à partir de 1628, demandèrent-elles au vice-roi l'autorisation de convertir une partie des dépôts en prêts sur gages, au taux de 7 % . Avec le temps, le service gratuit devint accessoire par rapport au prêt à intérêt 2 . Les banques napolitaines se trouvèrent bien vite en concurrence avec les banques privées. Mais, vers la fin du xvi e siècle, par suite de nombreuses faillites d'instituts privés, d'importants dépôts affluèrent dans les établissements publics 3 . Ce fut une des raisons pour lesquelles au cours des premiers lustres du xvn e siècle, conjointement à la dépréciation de la monnaie, il y eut une importante augmentation de la circulation fiduciaire (bancali) 4. Cette expansion, commune à toutes les banques napolitaines, nous est révélée par la comptabilité. Malheureusement, par suite de la destruction d'une partie des documents, il n'est pas possible de dire grand'chose sur le Banco della Pietà. Nous savons qu'à la fin de 1611 la circulation des bancali atteignait 600 mille ducats, avec une réserve de 18 % 5 . 1. R . FILANGIERI, op. cit., pp. 45-46. 2. E .

T O R T O R A , op. cit.,

3 . R . FILANGIERI, op. cit.,

p. p.

195. 23.

4. I D . , op. cit., p. 60. 5. Précisons une fois pour toutes que les données de ce rapport, relatives à la circulation et à la réserve, ont été extraites des livres apodissari des huit banques napolitaines, conservés à l'Archivio storico del Banco di Napoli, pour les années auxquelles elles se réfèrent. L a circulation dont nous parlons est globale a), c'est-àdire qu'elle comprend aussi les bancali payées par d'autres banques pendant les années où le riscontro était en vigueur. L a réserve, s'il n'y a pas de spécification particulière, est calculée en ajoutant au numéraire (trésor et caisses courantes) le crédit pour les bancali payées pour le compte d'autres banques b), ceci pour des raisons que je développerai ailleurs. L e rapport entre réserve et circulation est calculé en divisant (b) par (a). Les chiffres, sauf indication spéciale, se réfèrent à la fin de l'année. Ici les chiffres ont été arrondis, mais je me propose de publier ailleurs, pour des raisons d'espace, une série complète de données. Les comptes des banques étaient tenus en ducats, tari et grana : le ducat se divisait en 5 tari et chaque tari en 10 grana. Les banques napolitaines, pendant de brèves périodes, disposèrent aussi d'une circulation en or; mais il n'en a pas été tenu compte ici.

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Mais nous sommes mieux renseignés sur les autres banques. Entre 1607 et 1609, la circulation du Banco dei Poveri, passa d'environ 4 700 à 24 000 ducats et atteignit 59 000 ducats à la fin de 1614. L a réserve, dans laquelle étaient comprises les fedi à encaisser auprès des autres banques, se maintint entre 3,97 et 29,57 % P A R rapport à la circulation. De 1587 à 1614, la circulation du Banco dell'Annunziata s'accrut progressivement; ayant démarré en 1589 à 47 000 ducats, elle avait presque triplé et dépassait les 2 000 000 de ducats à la fin de 1600. Le rapport entre circulation et réserve fut toujours plutôt bas. L a circulation, de plus de 130 000 ducats à la fin de 1605, augmenta graduellement : 212 000 ducats en 1614 et semble ne pas trop se ressentir des difficultés monétaires de 1607-1609 L a réserve reste en moyenne de 20,70 % .

I.

BANCO

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29,7"

ORIGINS IN

THE

OF

BIG

BUSINESS

UNITED

STATES

by Ralph W. HIDY

During the last half of the nineteenth century the creation and operation of large-scale enterprises in the North Atlantic Region was the central feature of an organizational revolution in the economies of many nations. In fact, it exerted a major influence on the economic, social, and political life of people all over the world. In view of the changes characterizing both the revolution and its repercussions, it is altogether fitting that an international congress of economic historians should give attention to the phenomenon. Toward that objective, this paper concentrates on the changes in the United States, an experience which may then be compared with that in other areas. After a brief analysis of the structure of the American economy in the 1830's and a reference to the problem of defining "bigness" in business, the discussion centers on one aspect of the assigned topic. Prior to mid-nineteenth century, near-perfect competition prevailed in the American economy. Almost all plants and economic units were small—farmers, manufacturers, and distributors. Not one was large enough to exert appreciable influence on price nationally.

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In 1840, actually, few firms sold goods and/or services in the national m a r k e t ; the overwhelming proportion of them distributed their goods locally, or regionally at most. In point of fact, the term "near-perfect competition" in the U n i t e d States during the 1830's and 1840's must be seriously qualified. M a n y industries undoubtedly experienced such a competitive situation on a regional basis, but markets in many localities were dominated b y monopolistic producers and distributors—one iron manufacturer or storekeeper in a sizable market area limited by costly h i g h w a y transportation. A t the same time, a few canals and some short railroads dominated movement of goods and people in their respective regions and no interstate trunk rail lines had yet been established. In banking, the bankruptcy of the Second Bank of the U n i t e d States in 1841 terminated that attempt to operate a nationally dominant financial institution. T o establish "bigness" of a firm in a given industry a mix of four measures has been utilized—relative size of investment, number of workers, share of market, and market power. It seemed wise to use such a mix, even though the relative influence of a large share of the market emerged as the key factor in most instances. In the interest of brevity, discussion of details in connection with each of the four points is omitted. For the emergence of large-scale enterprise there is no unitary explanation. Rather, the rise of Big Business in the United States seems to have been the result of decisions by men reacting to, and within, a complex set of interrelated and interacting factors in society, some of them generated b y the businessmen themselves. In fact, this paper can well be regarded as an argument for the necessity of comprehensive and inclusive evaluation of causative elements in economic phenomena. W i t h i n that comprehensive approach to evaluation stress is laid upon motivation of men to emphasize growth of firms and range of activities. T h e urge to achieve is compounded of m a n y social values, sometimes conflicting ones, and is transmitted in a variety of ways too c o m p l e x for detailed analysis here T h r o u g h o u t the whole of A m e r i c a n society the overwhelming majority o f people cherished and acted in accordance with attitudes favorable to change, achievement, and economic g r o w t h 2 . Either 1. See D. C . M C C L E L L A N D , The Achieving Society, Princeton, N.J., 1 9 6 1 , and E. E. H A G E N , On the Theory of Social Change: How Economic Growth Begins, Homewood, 111., 1962. 2. A recent book discussing many phases and manifestation of the attitudes and actions discussed here is S . B R U C H E Y , The Roots of American Economic Growth, 160J-1861, New York-Evanston, 111., 1965.

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themselves immigrants or descendants of immigrants who had broken Old World legal and customary restraints to come to America, most individuals tended to look askance at inertia and a traditionalism. Willingness to accept change—to experiment, to "try anything once"—-had become a part of everyday life. Each man had the right to make his own economic decisions. Men were free to choose any occupation, to move anywhere to opportunity, to enjoy liberty under law, to keep their own affairs as secret as they desired, to build firms as large as they wished, to acquire as much property as they could, and to achieve higher social status through wealth. At the same time, winning the competitive race, material achievement, and the accumulation of wealth were endowed with a strong rationale, one with supporting moral overtones and a powerful justification of the pragmatic approach to the use of available means to those ends. Heritage, training, and experience all conditioned men in the United States to react positively to economic opportunities, even to organizing large firms when that action seemed economically feasible and desirable. Many elements of the cultural climate not only minimized barriers to growth but actually stimulated individuals to override them. A common language made for ease in communication and ease in diffusion of knowledge and skills. A comprehensive system of elementary education, in spite of its limitations, continually lowered the barrier of illiteracy among the mass of people, facilitated the absorption of immigrants into the American ways of life, raised expectations of almost all people in society, and stimulated all to accept prevailing attitudes toward growth in the economy. In every society basic change is normally initiated by a few innovators, often reformers. Such people come forward with creative ideas and in most instances succeed in winning acceptance slowly K In one respect there is an element of uniqueness in the experience of the people in the United States. Belief in progress was well nigh universal, for material progress at least. In every generation they had seen growth occurring. Every generation took part in the process. The need to achieve was a fact of life; almost every man, woman, and child felt it. It was a basic factor of growth. If belief in growth is combined with an urge to achieve in a society that puts no limit on size, the chances are some men will create large units. Of course, other factors both deter and stimulate such reactions and decisions. Explicitly or implicitly, the American people wrote these widely held attitudes toward achievement and economic growth into actions of local, state, and federal governments during the nineteenth ceni. H. G. BARNETT, Innovation: the Basis of Cultural Change, New York, 1953.

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RALPH W. HTOY

tury. The Federal Constitution upheld sanctity of contracts, left economic decision making in the hands of individuals, and, by placing the regulation of commerce under the authority of the central government, opened the way for creation of a large national market. Protected by oceans and the British fleet and engaging in only one costly war, citizens of the United States spent little of their earnings on defense and the overwhelming proportion of them on productive enterprise. Throughout the century, individuals and groups pressed local, state, and federal agencies to adopt legislation and administrative programs favorable to economic growth. Among them were laws dealing with land and mineral rights, currency and banking, Indians and immigrants, patents and copyrights, not to mention direct governmental aid to the creation of banks, canals, highways, and large railroads. Restraints on growth and on bigness were negligible. The low level of taxes throughout the century encouraged rapid growth of firms, and reinvestment of a sizeable proportion of profits, stimulated owner-managers to create big companies, and permitted concentration of much enterprise in a relatively few units. Accompanying these developments was permissive large accumulation of capital in the hands of relatively few citizens, thereby making available vast sums for investment in other new, promising, or growing railroad and industrial enterprises that were either big at the beginning or soon became so. State and federal regulatory legislation, enacted in response to fear of bigness in business, proved ineffective governors of growing economic power exercised by railroads and manufacturers prior to 1900. As everyone knows, easily perceived natural resources existed in vast quantities in the United States 1 , but in some categories the situation favored creation of large businesses, in others small ones. Heavy concentration of some minerals, for example, called for large investments of capital and labor in order to make them accessible to the market and to take advantage of the economies of scale. Other raw materials, such as topsoil, forests, and water, were so plentiful and so widespread as to favor continuation of economic organization in small units for effective utilization. Obstacles to utilization of these resources were often substantial 1. At the 19th century stage of development in science and technology traditional raw materials were those chiefly processed and used. Only as scientific knowledge grew, and technology was perfected, did some men begin to see all resources in man's environment as raw materials and that resources were in fact a process, not things. See H . J. BARNETT and C. MORSE, Scarcity and Growth: the Economics of Natural Resource Availability, Baltimore Mass., 1963.

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and not easily overcome. Farmers and their families labored industriously for generations to clear the land and make it productive. Capital and machines had to be assembled, often in vast amounts, to take advantage of nature's bounty in the form of mineral wealth. Economic utilization of resources almost always called for low transport costs; this requirement in turn often challenged men to make enormous inputs of capital and labor, then organize and manage men and materials effectively, in order to create and operate rail and water transport facilities. Stimulated by favorable laws enacted at their own behest, farmers produced more than the domestic market could absorb. They provided the food needed for the growing industrial work force as well as a surplus for export. This situation contributed to low food prices, payment for imports essential to economic growth, and low cost raw materials for several industries characterized by large businesses (flour milling, meat packing, tobacco processing, to name a few). Often overlooked is the fact that it is difficult to overemphasize the importance of a strong agricultural sector to rapid industrialization and the rise of large-scale enterprise in the United States. Similarly encouraged by governmental policies, human resources proved adequate to needs for economic growth generally and for the rise of large-scale enterprise specifically. From farms and villages of the New World and the Old, workers flowed to railroad locations and industrial cities at a rate roughly commensurate with the growth of economic activity. Heritage of a wage structure from the agricultural sector, plus relatively inexpensive food and continuous additions to the work force, tended to keep labor costs low in relation to other costs of production. At the same time, the fact that daily wages in growing businesses in the United States were higher than on farms and in cities in other parts of the world induced millions of individuals to surmount the obstacles to migration. While human and natural resources were available in such volume and form to encourage growth of large-scale enterprise in many industries, the flow of capital proved adequate in amount and satisfactory in organization to meet the calls for creation of big businesses. Over centuries, considerable sums of capital available for investment had been assembled in the hands of relatively few people in the Old World and the New, a state of affairs as favorable to growth in volume of production and in size of production units as the alternative of channeling savings through governmental agencies into an economy. Success of numerous enterprises yielding satisfactory returns, plus direct reinvestment of earnings and relatively high interest rates, raised expectations of some investors high enough to induce a flow of capital from holders in the Old World and the New into large

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American enterprises, particularly into railroads. Periodic dearth and high costs of capital, plus inadequacies in institutions facilitating capital flow, constituted no mean problems, but businessmen solved them in good time. In passing, it should be observed that savings must be accumulated and concentrated in order to make them easily available for investment. There are two ways to accomplish this necessary state of affairs. Through achieved and/or inherited leadership in the economic and political sectors of society a relatively small group of families and firms traditionally accumulated and held large amounts of funds; these were channelled through private agencies to investments according to market demand. Since that method of concentration of capital is slow, to speed the process of concentration modern societies use governments to accumulate funds quickly by means of taxes, or through borrowing, and then channel them into desired new or old enterprises. But concentration, however much deprecated, of funds is a prerequisite to investment in both systems of financial management. Not the least significant factor in the evolution of big business in the United States after 1840 was intellectual capital, the scientific and technological knowledge inherited, then added to, over the years. In some industries, the technology required to achieve economies of scale, often aided by patent laws, directly encouraged the creation of large firms. Cases in point are railroads, iron and steel making utilizing advanced technology in the 19th century, and the manufacture of products for generating and using electricity. Not all large enterprises, however, were products of the preemptive demands of technology. The Standard Oil combination, for example, was created by a group of men utilizing technology like that in prevailing use among small manufacturers. Standard Oil men did concentrate and standardize the prevalent technology. Increase in size was often achieved and market power maintained by improving old technology or developing new. One can cite examples in the oil industry (continuous distillation, selective condensation), coal mining, and others. T o meet specific needs through utilizing accumulated scientific knowledge sometimes required large enterprise at the beginning. The most obvious case in point is atomic fission, which was so large and the demand for speed so urgent that the Federal government organized and financed it. As it is being applied in private enterprise, generating electricity by this method calls for large businesses. O f course, market challenge is the stimulus of men to make key decisions from a range of alternatives. During these same years, 1840-1900, the most rapidly growing market in the world challenged

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ambitious men to utilize the seemingly limitless available resources on a grand scale. The very vastness of the territorial entity evoked dreams and actions requiring enormous outlays of capital, labor, and administrative ability—first on communications and transportation facilities knitting the whole into a potential national market. Within that market the population expanded rapidly, while even more rapid growth of cities, stimulated by rapid industrialization, made an increasing proportion of the population dependent on the market for food, housing, and clothing. Simultaneously, the rising income per capita at once encouraged expansion of wants and assured an increasing percentage of the American people the capacity to satisfy a growing proportion of them. Expansion of effective demand in a gigantic market beckoned potential innovators to respond with large-scale organizations to meet growing consumer needs. While dominant market challenges served as general stimuli to men oriented toward achievement and growth, motivation of immediate decisions leading to bigness in business varied from time to time, firm to firm, and industry to industry. For some businessmen chaotic competition, narrowing profit margins, and desire to minimize uncertainty triggered the key decisions. Pursuit of a vigorous growth strategy often involved executives in equally dynamic tactical decisions leading to bigness; these were sometimes combinations of various motivating elements. For others, intent to pre-empt opportunities in a specific territory, to avoid loss to competitors, to survive in crises and depressions occasioned actions leading to bigness. The downward secular trend in prices from 1865-1897 pressed still others to invest heavily in new technology as quickly as possible in order to reduce unit costs in advance of competitors or to keep up with them. Many firms, such as those in transcontinental railroading and iron ore production, started big by necessity. Vertical and horizontal combinations, often adopted for foregoing considerations, sometimes concentrated market power in one or a few big firms in an industry. Lastly, late in the century the opportunity for banking and promotional profits stimulated some men to participate actively in large amalgamations, consolidations, and mergers. In response to the interacting stimuli within their political, social, and economic environment, daring businessmen had created big businesses in numerous industries by the turn of the century. Among the large firms, railroads and telegraph companies emerged first, followed by those in such consumer goods as petroleum, sugar, spirits, tobacco, and leather, in semi-durables like sewing machines and electrical items, and in such durables as lead, iron, and steel. In summary, acting within a set of complex conditions, and motivated by a mixture of social structures and values, business in the

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United States created large-scale enterprises between 1840 and 1900. Their cultural environment and training gave them a need to achieve, some of them greatly. A dynamically growing market challenged them to use their creative abilities. Naturally enough, some men responded by imaginatively combining generally favorable factors of production, in spite of great difficulties, into big businesses. A few innovators initiated chain reactions. In the economic chemistry of the time, businessmen acted as catalysts. Out of the ensuing reaction they built a dynamic new economic order, one characterized by rapid expansion of production and distribution of goods and services, marked social and economic dislocation, rising public criticism, and consequent imposition of national regulation of the new business powers. Since 1900, through creative conflict within the society of the United States, the electorate as a whole has worked out the mechanism for effective direction of largescale enterprises to social ends.

SMALL IN

THE

ERA

OF

ENTERPRISE LARGE-SCALE

ENTERPRISE

by James H. (Michigan

SOLTOW

State University )

I Small business has long occupied an important position in the American system of values as a symbol of opportunity and enterprise. Freedom to establish one's business has been regarded as an aspect of economic democracy necessary to the maintenance of political democracy. Moreover, small business represented a remaining stronghold of individualism, hard work, thrift, and competitive struggle —values long embodied in the American belief system. To many, the small businessman was the mid-2 o th century equivalent of Jefferson's yeoman farmer as the ideal in American life While small business persisted as a social ideal in American life, the rise of the large corporation in the late 19th and early 20th centuries created fears about the economic survival of the small firm. The belief became widespread that large-scale enterprise was the logical form of industrial organization and that small business was I. See K . MAYER, Small Business as a Social Institution, Social Research, vol. 14, ' 9 4 7 , PP- 332-349-

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destined to disappear with the eventual rationalization of the economy. Early in the era of big business, Edward Bellamy predicted an economy dominated by " O n e Big Trust". And, in the mid-20th century, E. H . Carr observed that "the continuous and progressive replacement of the smaller by the larger unit bas been the typical trend of economic organization in our time" Yet, small business has persisted in large numbers in America in the face of major economic and social changes during the past century. T h e number of independent business enterprisers, excluding agriculture, advanced from 1.2 million in 1880—at the beginning of the age of big business—to 5.4 million in 1950. T h e proportion of enterprisers in the total labor force was slightly higher in the mid-20th century than in the late 19th century; the percentage of enterprisers increased from 8.2 per cent of all gainfully occupied workers in 1880 to 8.8 per cent in 1950 2 . Data on trends in business population also indicate the staying power of small enterprise. T h e number of non-farm business firms in the United States increased steadily from fewer than 1.7 million in 1900 to over 4.6 million in i960, with small concerns—those employing fewer than 100 workers—constituting at least 98 per cent of the total at the latter date. T h e rate of growth of the business population outside of agriculture more than kept pace with the increase in human population. In 1900, there were approximately twentytwo business firms for every 1,000 people in the United States; in i960, the comparable figure was twenty-six 3 . It is clear that potential entrepreneurs were not discouraged by proclamations that small business was doomed to extinction. In the same economic and social environment that encouraged the growth of large firms, small firms multiplied in numbers. Although the number of business units in relation to population and labor force remained relatively stable over the course of many decades, the composition of this business population was changing rapidly. T h e Survey of Current Business pointed out in 1955 that "more than three-fifths of the 4.2 million firms now in operation have been acquired by their present owners since the end of World W a r II. T h e median age of all operating business is nearly seven years—that 1. Quoted in Glover, The Attack on Big Business, Boston, Mass., 1954, p. 180. 2. S. BELL, Productivity, Wages and National Income, Washington, D C , 1940, pp. 10, 2 1 1 - 2 1 7 ; J . D. PHILLIPS, Little Business in the American Economy, Urbana, 111., 1958, p. 4. 3. M . J . ULMER, Industrial Patterns of the Business Population, Survey of Current Business, M a y , 1948; ibid., Historical Statistics of the United States, Colonial Times to 1957, Washington, D C , i960, p. 570. Professional services are excluded from the tabulations of number of firms.

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363

is, half of the businesses are older and half younger than this age" To point up the turnover in another way, Department of Commerce data indicate an increase in the number of firms in operation from 3.3 million in 1940 to 4.5 million in 1957, a net gain of slightly over 1 million. But during these years over 6.25 million enterprises entered business and over 5 million terminated operations; in addition, there were over 7 million transfers of ownership 2 . Most of the turnover was concentrated in the small business sector, if only because small enterprises accounted for a preponderant proportion of the total business population. And the evidence points to a high rate of mortality in the infant years. As the Survey of Current Business reported in 1955, "half of the concerns which were newly established or acquired by transfer from 1946 to 1954 were sold or liquidated within two years. Thus, there was an even chance that a new firm would last only two years under the same management" 3 . But available evidence indicates that a high rate of turnover, reflecting a hard struggle for individual survival among small businessman, is not of recent origin. David Wells maintained in the 1880's that "ninety percent of ail the men who try to do business on their own account fail of success" 4. A study of business mortality in Poughkeepsie, New York, based on listings in city directories, indicates some decline in the death rate of infant enterprises since the mid-19 th century. Of all the concerns entering business in Poughkeepsie from 1844 to 1871, 34 per cent terminated within one year; this figure dropped to 27 per cent in the period 1874-1903, and then rose slightly to 29 per cent from 1904 to 1933 6. Mention should also be made of the reverse side of the mortality coin—that is, longevity. Some firms did survive the hazardous initial years to live to a ripe old age. For example, of thirty manufacturing concerns in Allegheny County, Pennsylvania, which in 1947 were at least seventy-five years old, "almost all [...] commenced operating with less than $ 10,000 invested capital", and six firms still had a net worth in 1947 of less than $ 100,000®. In a sample of eighty small 1. B. C. CHURCHILL, Age and Life Expectancy of Business Firms, Survey of Current Business, December, 1955. а. Federal Reserve System, Financing Small Business, Report to the Committees on Banking and Currency and the Select Committees on Small Business, U . S . Congress, 85th Cong., 2d Session, Washington, D C , 1958, pp. 2 1 2 - 2 1 3 (cited hereafter as Federal Reserve Report). 3.

C H U R C H I L L , op.

cit.

4. D . A . WELLS, Recent Economic Changes, New York, 1889, p. 3 5 1 . 5.

R.

G.

HUTCHINSON,

A.

R.

HUTSCHINSON a n d

M.

NEWCOMER,

"A

Study

in

Business Mortality: Length of Life of Business Enterprises in Poughkeepsie, New York, 1 8 4 3 - 1 9 3 6 " , American Economic Review, X X V I I I , 1938, pp. 4 9 7 - 5 1 4 . Б. W . W . FRASURE, Longevity of Manufacturing Concerns in Allegheny County, Pittsburgh, 1952, pp. 96-97.

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New England metal fabricating firms studied in 1958, sixty-nine companies were ten or more years old, and fifty-two were twenty-five years or older 1 . The fact that some firms survived and lived for varying periods of time seemed to provide substance for the American tradition that "any ambitious youth with industry, average intelligence, and thrift can save enough money to start a small business, and if he has real initiative and ability, can develop it into a profitable business of considerable size" 2. II One of the most striking facts about the small business population is its diversity in the industrial economy of 20th-century America. Small firms have continued to operate in all sectors of the economy, offering an endless variety of goods and services. Some lived only a few months, or even weeks, while others survived over a long period of time. Some small companies have made important innovations and have attained what amounts to genuine independence for their owners, while others have remained as the "drones" of the economy. Some have been highly profitable, but others have yielded little in returns beyond a bare living wage and headaches for owners. In short, it would be impossible to describe a typical small firm nor to account for its survival as a result of a single set of factors such as appear in the literature of economics under the heading: "problem of the survival of the small firm". Yet a comparison of small firms from the point of view of their position in the business world yields several distinct categories in which it is possible to classify the members of the small business population. The world of small business has contained some members of each type at any given time. At a particular date, the business population includes some small firms which are small just because they are new, but which are destined to grow into medium-sized or large enterprises. New industries provide such opportunities for entrepreneurs to capitalize on new inventions or processes, entering into business with ideas but relatively little capital. In the pattern of development of the industry, many of the pioneers may fail, but the rewards for those who succeed are ample. The history of the automobile industry is instructive. From 1900 to 1908, 502 companies were formed to manufacture automobiles, while 273 retired completely from busi1 . J. H. S O L T O W , Origins of Small Business: Metal Fabricators and Machinery Makers in New England, i8go-igs7, Philadelphia, Pa., 1965.

2. Q u o t e d in MAYER, op. cit., p . 328.

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ness and twenty-nine others turned to another area. "Three-fifths of the whole roster were failures", according to a compilation made by the trade publication, MotorBut the Ford Motor Company, starting operations in 1903 with a dozen workmen on the basis of Ford's idea for an engine, emerged as one of the giants of American enterprise. And it was still possible in recent decades to rise from small beginnings to prominence. Just a few examples need be cited. Texas Instruments, a small oil exploration outfit in the 1930's, emerged after World War I I as a leader in the burgeoning electronics industry. Ryder Systems, one of the nation's largest trucking firms, began as a one-man, one-truck operation in 1933. Polaroid (in photographic equipment), formed in 1937, Mattel (the leader in the toy industry), started in 1945, and Control Data (the only firm besides I.B.M. to be earning a profit on computers in the mid-1960's), begun in 1957, are other examples of concerns that started on a small scale and then grew rapidly in size 2. However, this type of firm accounts for only a minute fraction of the total business population. Usually, it makes some striking innovation in product, process, organization or marketing. On the other hand, the overwhelming bulk of small business is engaged in relatively routine operations—routine in the sense of following the beaten tracks. In all sectors of the economy, there are fields where entry requirements are low in terms of small capital and a minimum of business and technical skills. The result is many hopeful entrants but also many disillusioned exits. Even those who survive the rigorous competition rarely experience any true sense of independent entrepreneurship because of low incomes and instability of operations. Kurt Mayer and Sidney Goldstein, in The First Two Tears: Problems of Small Firm Growth and Survival, have provided important data about this relatively unexplored area of the business world. Their study is based on the experience of eighty-one firms entering business in Providence, Rhode Island, in 1958, including groceries, restaurants, gasoline service stations, barbers, drugstores, and the like. The method employed was to conduct interviews of members of the sample at the time of entry and at periodic intervals during the next two years. The result is a study in depth of the little businessman; the best picture we have of this type of individual. Mayer 1. A . NEVINS, Ford: The Times, the Man, the Company, New York, 1954, p. 234. 2. Investor's Reader, April 25, 1962; Wall Street Journal, November 24, 1964; Fortune, November 1961. See also The New Millionaires, by the Editors of the Wall Street Journal, New York, 1962.

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and Goldstein conclude their analysis of motivations and methods of operation in this w a y : "The most striking fact revealed by the motivational analysis is the small number of business owners who set out deliberately to seek maximum money rewards. Only 6 of the 81 openings conformed to the stereotype of the capitalistic entrepreneur who attempts to isolate the most profitable opportunities by careful calculation of costs, sales volume, location, competition, and above all, comparison of financial returns to be expected from self-employment as compared to potential income from paid employment. In the large majority of other cases, monetary values were also present, but they had a different meaning. Thus, 21 openings were prompted by a desperate need for providing some income because of prospective or actual unemployment. Thirtytwo owners were not under immediate pressure of unemployment but viewed business ownership simply as an alternative way of making a living. They were largely former manual workers who felt perfectly satisfied if their incomes as business owners were comparable to the amount of money they had earned as workers. The motivational analysis helps to account for the frequent movements back and forth between paid employment and self-employment. T o the extent that these owners viewed self-employment simply as another means of making a customary living, owning a business appeared to them as not fundamentally different in nature from a paid job. Some of them made the transition to business ownership with no more effort or planning than they would in applying for a job. Some businesses were opened in a kind of reckless gambling spirit, 'just to see what would happen'. This attitude applied also to the choice of a location, the timing of the opening, and the financial resources at the opening. Very few owners gave careful consideration to Iocational factors. For most, the particular location was determined by such chance factors as a vacancy, a business for sale, or nearness to the owner's home [...] No more rational consideration was given to the timing of the opening." Forty of the eighty-one firms failed to survive the two-year period. Thirty-two failed financially after periods ranging from three weeks to twenty-one months; eight closed for nonfinancial reasons. M o s t lost a large proportion of their investment. A m o n g the forty-one concerns surviving for two years, twelve "were classified as 'marginal survivors'; these were mainly parttime operations which provided their owners with less than a m i n i m u m living. T h e majority of the survivors, 21 firms in all, qualified as 'limited successes'; although covering a considerable range financially, they yielded their owners enough income on which to live; almost all of these firms had already reached a stable level of operations and gave little prospect of further growth. T h e remaining eight survivors were more successful: three of them already yielding their owners profits beyond w h a t they withdrew as salaries, and the others showing promise of doing so in the future." 2 1. K . B. M A Y E R and S. G O L D S T E I N , The First Two Years: Problems of Small Firm Growth and Survival, Washington, D C , 1961, pp. 155-156. 2. Ibid., p. 156.

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Mabel Newcomer's study of "The Little Businessman" draws similar conclusions about the characteristics of this kind of individual. Her work is based on businessmen listed in the directories of Poughkeepsie, New York, in the twenty-year period from 1936 to 1955. She observes: " T h e larger part of the Poughkeepsie proprietors, approximately two-thirds of the entire group, spend a relatively small proportion of their working lives as proprietors. They do not differ greatly either in origins or training from the population as a whole. The group includes optimistic young men who will be discouraged by a single failure, men of middle age who are temporarily unemployed, and old men who can no longer find employment at their regular trade. And it includes housewives helping out with the family finances, and widows carrying on the family business. It also includes some able and energetic individuals who regard business as their life occupation and who are making more money as independent enterprisers than they could hope to make in private employment; and other confirmed businessmen who find it a congenial way of life even though it provides only a modest living 1 " .

Little business has operated in fields where there existed few barriers to entry. The limited prospects for most entrants derived in part from the fact that it was almost too easy to enter. A different situation existed for small businesses attempting to operate on the fringe of an industry dominated by an oligopolistic "leading core". But this situation also contributed to limited prospects for small firms. As Harold G. Vatter observes, in this type of industrial structure "small enterprise is often dependent enterprise, i.e., it surrenders part of its power to make independent decisions to large concerns, some of which may be its competitors"; also, "small businesses are, in the secular period and taken as a group, the least profitable firms as compared with the leading core taken as a group" 2 . In some industries studied by Vatter, such as automobile assembly, creamery butter, and flour milling, the "smalls" declined in number as the result of changes in technology and markets which increased the competitive gap between large and small firms. In other industries, a large number of lesser enterprises might continue alongside a group of leaders. In the glass container industry, for example, effective entry was closed as the result of patent agreements on equipment and processes, but a number of small concerns continued to occupy a place in the industry as long as they followed price and output policies determined by the leaders. (One official of the industry stated in the 1920's: "there is also involved in this general question, the question as to what 1. M . NEWCOMER, " T h e Little Businessman: A Study of Business Proprietors in Poughkeepsie, New Y o r k " , Business History Review, X X X V , 1961, p. 5 1 1 . a. H. G. VATTER, Small Enterprise and Oligopoly: A Study of the Butter, Flour, Automobile, and Glass Container Industries, Corvallis, Or., 1955, pp. 1 1 0 - 1 1 1 .

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is to be done with the outsiders when dominated. How many shall be allowed to survive and at what price ?" x) Also limited in its independence of operation was the satellitetype firm—one which served as a distributer of the products of one large corporation or as a supplier to a single large customer in a modern version of the putting-out-system. At its best, the system forced the small businessman to share with the customer some of his decisionmaking functions in respect to pricing and even investment. Large buyers like the automobile manufacturers and mail order houses had purchasing staffs able to compute closely the seller's costs on any item and thereby to determine to a considerable extent the price to be offered 2. As a spokesman for Sears, Roebuck & Company noted in 1947: "Our concern is not with 'How much does a manufacturer make on his production for us ?' but 'What does he do with those profits?' We feel that adequate sums should be plowed back into the business for the purposes indicated and into expanded facilities [...] As a matter of fact, in all our important lines we require such a research program, with an agreed sum of money appropriated, the character of the research problems agreed upon, and the program paid out of a definite apportionment of the unit price." 3 Several years earlier, in 1940, Sears's annual report asserted that "the Company [...] has sometimes told manufacturers not only what to make and how to make it but where it should be made" 4. At its worst, the system permitted the large buyer to abuse the dependent small seller in an arbitrary manner. In the 1930's, the Ford Motor Company made frequent and abrupt changes in design requirements, thereby stopping production in the plants of suppliers. At these times, Ford ordered suppliers of a particular item to attend personally meetings at headquarters in Dearborn, with the threat that non-attendance would result in termination of the contract 6. Small firms attempting to compete directly with large corporations 1. Ibid., p. 88.

2. Based on information derived from interviews with officials in the purchasing departments of two major automobile companies, November, 1958. The president of Chrysler Corp. stated in a speech in 1965: "Today's (auto company) purchasing executive can rely on a technical staff comprised of process engineers and financial analysis to supply him with a fair, objective or 'target' price of an item to be bought. Armed with that knowledge, the buyer is in an excellent bargaining position when he deals with suppliers", Wall Street Journal, July 19, 1965. 3. B. Emmet a n d J . E. Jeuck, Catalogues and Counters: A History of Sears, Roebuck

and Company, Chicago, 111., 1950, p. 402. 4. Ibid., p. 409.

5. When a new regime assumed command at the Ford Motor Company following Henry Ford's death in 1947, it made a widely publicized move to revise its purchasing policies and methods. The entire issue of Purchasing, July, 1948, was devoted to this subject.

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in fields where the latter h a d production or marketing advantages, as well as those tied to big business corporations in a subservient relationship as supplier or distributor, were in m a n y respects only in a slightly better position than the members of the little business population. Small firms placed in an unfavorable competitive position due to changes in technology, markets, and industrial structure had little alternative but to remain in the industry on disadvantageous terms because of the difficulty in a modern industrial economy of transferring c a p i t a l — i n the form of fixed assets—to more profitable uses. Those willing to suffer a clearly dependent relationship with one large corporation as customer or supplier might fare well during a period of prosperity w h e n goods and services were in short supply, only to experience the full impact of the dependent relationship during a depression. A comparison of the purchasing policies of Sears, R o e buck & C o m p a n y in 1938 and in 1948, as reportedly viewed b y suppliers, is instructive in this respect. In a 1938 article on 'Sears' operations, Fortune cited contentions that " b y bringing this massive b u y i n g power to bear against small manufactures and threatening to whisk it a w a y once they have been ensnared, Sears can force them to submit to prices on which a living profit is often impossible". A decade later, Fortune reported that "Sears' suppliers have tried to take care of their monolithic customer and have generally shown that they approve its buying philosophy" 1 .

Ill I w a n t to focus now on another type of small business. This is the small firm which has attained some measure of success as a small enterprise—success defined as ability to stay in business and to earn over a period of time a return on capital invested beyond a w a g e for management. In short, owners of such firms have attained the goal of independence which they sought in small business. These companies comprised only a relatively small proportion of the total number of small enterprises. In manufacturing, perhaps 30,000 of the approximately 300,000 firms operating in the U n i t e d States in the 1950's had attained this kind of position, according to the estimate of one authority 2 . A similar proportion of successful small concerns to the total would p r o b a b l y hold true for other sectors of the economy. But this type of enterprise represented the real opportunity for the enterprising small businessman in 20th-century A m e r i c a . 1 . E M M E T a n d J E U C K , op. cit.,

p. 410.

2. W . A . HOSMER, " S m a l l Manufacturing Enterprises", Harvard Business Review, November-December, 1957, p. 113.

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The successful small firm, as defined here, acquired a strong market position as a small firm by adapting to a niche in the market which afforded some degree of isolation from complete and direct competition with other firms, both large and small. On the one hand, it exercised a strategy of size, turning small size into a positive advantage by operating in a segment of industry where the competitive tides ran in favor of smallness of the firm. One tactic to carry out the strategy of size was to specialize in the manufacture of products with a limited total demand, which the large corporation with its mass production methods was not likely to produce. Another way to employ the strategy of size was to specialize on a specific process. On the other hand, to provide protection against the direct competition of many other small firms, this type of enterprise developed a basis of product differentiation by providing unique services for customers and acquiring a reputation for dependability and reliability. To avoid establishing a dependent relationship, the small company normally sought to spread its sales among as many different customers as possible, preferably to those in different industries. The small firm, however strongly entrenched in its niche, had to be flexible enough to adjust to changes in technology, markets, and industrial structure There were possibilities in many areas of the economy to adapt to a niche affording a strong market position. Examples which follow are from metal-fabricating and machinery-making. i. The history of Bodine Electric Company, a manufacturer of subfractional horsepower electric motors for specialized applications, provides a concrete example of the way in which a small enterprise attained a position of leadership in its special field, even within an industry which appears at first glance to be dominated by large corporations. Started literally on a shoestring in 1905, with $ 1,000 of original capital, this family enterprise found a profitable niche in the business world by following a policy of specialization on work with unusual applications requiring a superior motor and unique solutions in applications. As Howard Bennett relates in his history of the company, "the emphasis on applications was important, for although the manufacture of motors was the core of the business, the Bodine brothers never wanted to be 1. Ibid., contains an elaboration of the concept of strategy of size. See also R . B. HEFLEBOWER, "Toward a Theory of Industrial Markets and Prices", American Economic Review: Papers and Proceedings, X L I V , 1954, pp. 1 2 1 - 1 3 9 (for a theoretical analysis of niches in markets); J . S. BAIN, Barriers to New Competition: Their Character and Consequences in Manufacturing Industries, Cambridge, Mass., 1956; E. H. CHAMBERLIN, The Theory of Monopolistic Competition, Cambridge, Mass., 1957, chap. iv.

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merely motor manufacturers. T h e y shrank f r o m the idea of producing a standard motor a d e q u a t e for a larger n u m b e r of simple applications but uniquely a d a p t e d to none. S u c h motors were in great d e m a n d , b u t they could be mass produced by the large companies with great economy. C o m p e t i t i o n in this field was keen, a n d the profit margins small [...]. T h e y w e l c o m e d difficult problems a n d worked closely w i t h the e q u i p m e n t manufacturer to give him the best answer to his particular problem. O f t e n they were concerned with n e w applications just being worked out, a n d in a field so y o u n g as electricity there were m a n y . Specialized a n d novel applications offered the greatest opportunities for the exercise of the special talents of the Bodine b r o t h e r s — i n g e n u i t y and fine craftsmanship. Furthermore, such business w a s more varied, interesting—and profit a b l e — t h a n the cost-watching tensions of mass production. In any case, for a small c o m p a n y , there was more hope of establishing itself in the segment of the industry where personal attention a n d emphasis on quality were important criteria than in trying to compete for the large markets for w h i c h mass production b y the motor manufacturer was essential." 1

Specifically, the company concentrated on application of small electric motors to office equipment (duplicating machines, envelope sealers, and the like), therapeutic devices (such as battery operated dental apparatus and ether vapor machines for hospital operating rooms), scientific apparatus, sign flashers, bell-ringing devices, signal equipment, and motion picture projection equipment 2. A t several points in its history, the firm purposely turned away from opportunities for rapid growth when such expansion seemed likely to lead to manufacture of a standardized product that might bring direct competition from big business. For example, just before World War I, an automobile manufacturer approached the company with a request to develop a starter motor, which was successfully done. But the Bodines rejected an opportunity to become a regular supplier to the auto maker. T h e y reasoned that filling future large orders "would require the expansion of the Bodine manufacturing facilities [...] Expansion would entail credit commitments and responsibilities they were unwilling to undertake [...] specializing on starter motors would place them in a position of dependence on the automobile manufacturer and the ups and downs of his business. Moreover, the Bodines saw only too clearly that as the market for starter motors expanded, other motor producers, particularly the larger and wellestablished firms, would be attracted to the field. Thus there would be created a competitive situation in which stress would be placed on standardization and mass production 3 . "

1. New 2. 3.

H . F. BENNETT, Precision Power: The First Half Century of Bodine Electric Company, Y o r k , 1959, p p . 51-52. Ibid., p. 74. Ibid., p. 80.

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2. The experience of Southwood Stamping Company 1 demonstrates how a rather small company, employing only forty workers, could "dominate" its market. This firm was started in 1901 by a worker who conceived, while he worked as a laborer in a tarpaper factory, an idea for a metal device to enclose the end of a roll of tarpaper in order that the manufacturer might package a box of nails and a can of tar. Plugs for tarpaper rolls continued to be the main business until around 1920, when the founder developed a similar device for floor covering manufacturers. In the late 1940's, the son of the original entrepreneur invented a core cup for the newspaper printing industry—a device that would slow down the roll of paper as it fed through the press. Like the plug for floor covering, this involved entering new markets but used similar manufacturing processes. The firm's business could be described as a highly specialized service product made with highly specialized equipment. Large manufacturers were deterred from entering the field because total volume was small. O n the other hand, the company's large investment in special-purpose equipment and dies, accumulated over many years, discouraged other small companies from attempting to compete. Thus, in the late 1950's there was only one other concern which produced core plugs for floor covering and tarpaper, one other the core cups for newsprint. Southwood Stamping estimated that it had 80-90 per cent of the former line of business in the United States and 30-50 per cent of the latter. 3. In contrast to the previous two firms, which marketed their own lines of products, American Tool Company has, since its origin by a skilled diesinker in 1911, manufactured according to specification order. For the first decade, the main business of the company was supplying dies and molds to celluloid manufacturers in the locality, then a center of this industry. The founder was responsible for one major innovation in this period, a one-operation die for making barrettes. In the 1920's, many of American Tool's customers experienced difficulties because of the decline in demand for celluloid combs, resulting in turn from changes in women's hair fashions. The company adapted to the situation by developing molds for makers of plastic novelties and by producing tooling for the metal trades. In the mid-1930's, the enterprise assumed a position of leadership 1. Southwood Stamping C o m p a n y , American T o o l C o m p a n y , and Imperial Engineering C o m p a n y are fictitious names, designed to protect the anonymity of the firms which gave this information to me in 1958 and 1959 in the course of a study of the origins of small business.

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in its field as it pioneered in developing tools and molds to be used with the new injection process in plastics-molding. American Tool acquired a growing reputation for technical knowledge by research for customers (plastics manufacturers) on the application of specific plastics as well as on the techniques of tool-making and tool-using. American Tool had become by the 1950's the largest (with 175 employees) of four or five leading firms in the field selling to plastics manufacturers throughout the country. There were still many small mold shops operating in local markets and, because of low overhead, charging lower prices. American Tool, though, obtained for its work a level of prices 10 to 15 per cent over those of small shops by stressing quality and service, such as testing materials and developing special features in its tools. 4. Imperial Engineering Company also attained success in jobbing, in the highly competitive field of sheet metal work. Started on a small scale in 1938 by an individual with considerable experience in the trade, the company received its real impetus with defense work in 1940 and 1941. During the war, the shop undertook contracts for the production of radar chassis and cabinets. This type of work, which involved closer tolerances than ordinarily were required of sheet-metal fabricators, prepared the firm for the post-war trend in this direction, particularly in work for the growing electronics industry. Unlike so many small businesses which made money during the war and then promptly lost it by failure to convert to a competitive economy, Imperial Engineering experienced rapid growth after 1945 and soon became one of the largest sheet-metal fabricating shops in a major metropolitan area, employing about sixty-five workers in the late 1950's. On the one hand, this was a field for small business. Delivery costs limited the size of the market geographically; of more importance, the fact that everything was custom-built necessitated the close proximity of the seller and, in this case, the fifty to sixty customers normally served in a given year. O n the other hand, the company's niche was protected against the intrusion of other small firms—enumbering about 200 in sheet metal work in this area— by the owner's ability to provide quality and service to customers. Quality in this line meant ability to produce to close specifications demanded by buyers, which not all sheet metal shops were able to do. Service included knowledge of the customer's business so that the company could provide advice on such matters as design and degree of tolerance necessary in a particular component. In short, Imperial Engineering sought to serve as its customers' sheet metal department. These four examples drawn from the experience of companies in metal-fabricating and machinery-making indicate something of the

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ways in which small firms could adapt to a niche affording a strong market position. T h e lesson for prospective entrepreneurs in small business should be clear: to avoid attempting to compete directly in fields in which large-scale enterprise had a competitive advantage in production and/or marketing, and to develop ways to convince prospective customers that the products or services of the firm were superior to similar products or services offered by other small firms. Opportunities continued during the age of big business for the small enterprise to adapt to a niche in the market affording a strong market position. From an overall point of view, technological change developed new products and new techniques that could be profitably exploited by small business. Specifically, there were important new technological developments which tended to favor small scale of operations. As John Blair has emphasized, "capital-saving" techniques, or "decentralizing" techniques, "fall into the same categories of technological change which underlay the Industrial Revolution — p o w e r , materials, machines, and transportation— but they are qualitatively far different and their effect upon size is the reverse of the 19th century technology" 1 . He points to the replacement of steam by electricity, which freed the individual firm from the heavy overhead involved in generating its own power; to the development of light metals and plastics, the fabrication of which was simpler than iron and steel, thereby reducing the amount of capital required per unit of product; to mechanical and chemical forms of capital-saving represented by new processes; and to "the impetus that motor transport has given to plant decentralization" 2. Even in formal research and development programs, which have grown in importance in the post-war period, small business has not been entirely at a disadvantage in regard to efficiency. O n e investigator, on the basis of a comparative study of the costs of product development in large and small companies, concluded that small firms could develop at least some types of new products at less cost than could large ones. In one case, that in which a large company and a small company independently developed the same new chemical product, costs incurred by the giant enterprise were about eight times as much as those spent by the small firm. T h e reasons cited for the 1. J. M. BLAIR, " T e c h n o l o g y a n d S i z e " , American Economic Review: Papers and Proceedings, X X X V I I I , 1948, p. 129. 2. Ibid., p p . 129-139. For example, a m o n g the n e w technical processes, " t h e capital-saving effects of die-casting are twofold: first, it eliminates m a c h i n i n g . ' F o r t y to fifty machining a n d preparing operations m a y be swept a w a y with a single b r o o m . ' A n d second, it promotes the use of the light metals, w h i c h [...] h a v e i m p o r t a n t capital-saving effects in themselves" (p. 136).

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greater efficiency of the small company included higher than average capabilities of technical personnel in the small concern and problems of communication and coordination in the large corporation It would be an exaggeration to maintain that small business had a uniform advantage over large ones in operating research and development programs, but it would be equally misleading to assume that the large corporation was the sole efficient source of innovation and invention in fields of applied science 2 . In still another way, industrial and technological trends created opportunities for small firms to specialize by product or process in many industries. The growing numbers of specialists in an industry, plus the more flexible transportation system of the motor truck tying these firms together, encouraged still other specialists to enter business with small capital, confident of "outside" sources of supply of materials and services. It was not necessary in mid-20 th century America for a machinery manufacturer, for example, to make his own castings, bushings, patterns, and other components, as did such producers in the 19th century 3 . Thus, in some sectors of the economy, the growing availability of "external economies" could lead to "vertical disintegration". Possibilities increased for "division of labor between plants in 'linked' processes, products, and service industries" 4 . In short, many small firms existed in the mid-20 th century which would have had no place in the technological and industrial environment of the nineteenth century.

1. A. C. COOPER, " R & D is More Efficient in Small Companies", Harvard Business Review, May-June, 1964, pp. 75-83. See also C. R. MCCONNELL and W . C. PETERSON, "Research and Development: Some Evidence for Small Firms", Southern Economic Journal, X X X I , April, 1965, pp. 356-364. 2. As Daniel Hamberg has concluded, after assessing the role of laboratories of large corporations in invention, "the large industrial laboratories are likely to be minor sources of major (radically new and commercially or militarily important) inventions; rather they are likely to be major sources of essentially 'improvement' inventions". Even in recent decades, small firms, individuals, and universities were responsible for a majority of major new inventions. D. HAMBERG, "Invention in the Industrial Research Laboratory", Journal of Political Economy, April, 1963, pp. 9 5 - 1 1 5 . 3. For example, a manufacturer of tanning equipment, founded in i8gg, closed its foundry in the 1940's, when management found that it could purchase castings more economically. Similarly, a producer of textile machinery, started in 1897, discovered in the 1920's that it was possible to purchase bushings from outside specialists for less than the cost of the unfinished castings. 4. P. S. FLORENCE, The Logic of British and American Industry, Chapel Hill, N C , ' 9 5 3 > P- 85-

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IV In recent decades, much discussion has centered around the financial problems of small business. Perhaps no question has been so thoroughly debated with less conclusive and generally accepted answers than the "adequacy" of capital for small firms. Two recent studies by specialists of the "Adequacy of Small Business Financing" reached these respective conclusions: i) " A review of financing facilities available to small business leads to the conclusion that they are inadequate." 2) "Financing appears to have been adequate for the sector as a whole [that is, small business] in the postwar period" One point is clear: small firms did not obtain investment funds in the same way as large, well-known corporations. Special considerations, both economic and non-economic, normally shaped the financial policies of most small businessmen. In the first place, the cost of making a public offering of a small amount of stock through organized security markets was prohibitive 2 . Furthermore, owners of small enterprises have normally been reluctant to share ownership and control with "outsiders". The pattern of financing in small business emerges from several studies of various types of such firms. Personal savings of the original entrepreneur, sometimes supplemented by funds from relatives and friends, provided much of the original capital of new enterprises. Owners then reinvested all or most of their profits, when earned, to expand the concern, and they counted on financing from suppliers, finance companies, and local banks for working capital requirements, with many specific methods and arrangements of short-term financing in different lines of business 3 . There has been general agreement that the short-term credit needs of small business have been met, on the whole, in a satisfactory manner. Thus, the question of the existence of a financial gap has centered on the availability of long-term and intermediate-term funds to small firms 4. To meet the presumed need for such funds, various government agencies have operated lending programs for small business : the Reconstruction Finance Corporation, the Smaller War Plants Corporation, and the Small Business Administration. More recently, 1. Federal Reserve Report, pp. 123 and 148. The first statement is by the second by I . S C H W E I G E R . 2. B. D. C A H N , "Capital for Small Business: Sources and Methods", Law and Contemporary Problems, X X I V , Winter, 1959, p. 29. 3. S O L T O W , Origins of Small Business, chap, in, and M A Y E R and G O L D S T E I N , First Two Tears, chap. 6 and 7. 4. See Federal Reserve Report, chap. 2, 3, 4, 5. V . L . ANDREWS, S. FRIEDLAND, and E. S H A P I R O , "Working-Capital Financing of Small Business", Law and Contemporary Problems, X X I V , Winter, 1959, pp. 68-88. A . D. H. KAPLAN,

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the Small Business Investment Company Act of 1958 envisaged a kind of "mixed enterprise" of government and private business, with federally chartered companies channeling government and private funds to small companies through purchase of debentures and stock \ Relatively few firms out of the mass of the small business population ever obtained financing from these agencies, but there is some indication that the existence of the programs may have had the indirect effect of loosening the credit policies of private lenders, notably commercial banks, which became more willing to make longer-term loans to small firms 2 . Mention should also be made of resourcefulness of entrepreneurs as a capital asset, particularly in new firms. Entrepreneurs could devise ways to minimize the need for funds, if the latter were scarce as they often were in the early stages, by adapting machinery, converting to their purposes low-cost plant, facilities, using unpaid family labor, and keeping cash withdrawals for personal expenses at a minimum. Other entrepreneurs have shown ingenuity in raising capital for expansion on their own terms 3 . As Edith Penrose has commented, "the statement that 'shortage of capital' is the cause of failure of small firms often means merely that a very particular and possibly very rare sort of entrepreneurial ability is required to launch successfully a new firm on a shoestring or to keep up the rate of net new investment required to enable it to reach a size and position where its general credit standing is well established. [...] There is a relation between entrepreneurial ability and the finance a firm can attract, and that difficulties attributed to lack of capital may often be just as well attributed to a lack of appropriate entrepreneurial services » 4. Thus, the question of the "adequacy of small business financing" may well turn on the adequacy of individual small businessmen in tapping and making the best use of the sources of funds available to them. V We now move to the subject of the competence of management as a factor in small business survival and well-being. The Committee 1. For a description of these programs, see Federal Reserve Report, chap. 12, H. G . HALCROW, and N . H. JACOBY, Federal Lending and Loan Insurance, Princeton ( N . J . ) , 1958, and O . S. PUGH, "Small Business Investment Companies", Business Topics, Autumn, 1963, pp. 64-78. 2. Saulnier et al., Federal Lending, pp. 50 and 280. A n estimated total of 280,000 firms benefited from federal or federally sponsored credit services at one time or another during the twenty years prior to 1953. 3. See SOLTOW, Origins of Small Business, chap. 111. 4. E. T . PENROSE, The Theory of the Growth of the Firm, New York, 1959, pp. 38-39.

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for Economic Development reported in 1947: "The number one problem of small business is management. More failures are due to lack of skill in running the business than to any other single cause." 1 Indeed, Dun & Bradstreet, in assessing the reasons for business failures in early 1962, attributed 94 per cent of the total to either "inexperience", "incompetence", or "neglect on the part of owners" 2. More specifically, a recent study of twenty small manufacturing firms, ten of them classified as successful and ten unsuccessful, drew these conclusions: "None of the unsuccessful firms had really good financial records and nine of them had extremely poor records, so that management lacked navigational aids through the business shoals and mudbanks. All of the ten successful companies, in contrast, had well informed managements, kept complete records, and made full use of the records that were kept [...] All of the unsuccessful companies showed inept internal administration. In the successful group there were no cases of 'textbook' administration, but nevertheless lines of authority were clear and decisions made without fuss." 3 Some degree of managerial competence was necessary. But even more important was the ability to make the entrepreneurial decisions —the "core" decisions involving determination of the kind of business to be operated, "the kinds of goods and services to be offered, the volume of these goods and services, and the clientele to be served" 4. These key decisions for the small firm meant determination of areas in the economy where a small firm could operate successfully by adapting to a niche in the market affording a strong market position. Thus, for the small firm, the ability and experience of the entrepreneur were crucial. Entry into independent business involved the investment of human resources as well as money capital. Human capital investment consisted of the technical and business skills of entrepreneurs, gained through formal education and experience in business. On the basis of experience in an industry, the new entrepreneur could determine a segment of business in which he could adapt his small firm to a niche. To provide concrete illustration, nearly all of a sample of eighty successful New England metal working firms, founded at various times between 1890 and 1957, were started by men with previous experience in the same line of business they entered as independent 1. Quoted in M . L . MACE, The Board of Directors in Small Corporations, Boston, Mass., 1948, p. 4. 2. Wall Street Journal, February 20, 1962. 3. A . M . WOODRUFF and T . G . ALEXANDER, Success and Failure in Small Manufacturing: A Study of so Small Manufacturing Concerns, Pittsburgh, Pa., 1958, p. 1 1 9 . 4. G . H . EVANS, J r . , "Business Entrepreneurs, Their M a j o r Functions and Related Tenets", Journal of Economic History, X I X , 1959, pp. 2 5 0 - 2 5 2 .

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entrepreneurs. In the late 19th and early 20th centuries, these founders were likely to be skilled bench-workers, but in recent decades they more frequently have been university-trained engineers, reflecting the growing technical complexity of industry and the rising educational levels in society. A study of 110 metal working concerns in Cleveland yielded similar results: " T h e typical owner-manager of these small firms has a background of technical training and experience" In retailing and service industries, however, previous experience in the same line of business has been less frequently found. Both the Mayer and Goldstein and Newcomer studies found a high proportion of men with backgrounds as manual workers among business proprietors 2. But it is in these sectors that there has been a high rate of turnover of firms, as many inexperienced individuals entered the ranks of "little business", only to drop out quickly and return to paid employment.

VI During the era of large-scale enterprise, changes in technology and industrial structure created opportunities for small firms to exploit; increasing population and rising income levels created more customers for retailers, service firms, and other kinds of small companies; financial facilities were adequate generally, although perhaps not so adequate as some small businessmen and their spokesmen might have wished; and potential entrepreneurs gained through education and employment the technical and business skills to make the appropriate entrepreneurial and managerial decisions. But perhaps the most significant over-all factor accounting for the persistence of small business in America has been the ambition of many men to become businessmen. Determination to advance in a material sense on the basis of one's own abilities and efforts has always been a characteristic of the American people. As de Tocqueville wrote in the 1830's, "the first thing which strikes a traveller in the United States is the innumerable multitude of those who seek to throw off their original condition" 3. Prior to the era of large-scale enterprise, owning one's own business 1 . S O L T O W , Origins of Small Business, chap, 2 ; K . L A W Y E R , Small Business Success: Operating and Executive Characteristics, A Study of 110 Successful Metalworking Plants in Ohio, Cleveland, Ohio, 1963, p. 27. 2 . M A Y E R and G O L D S T E I N , First Two Tears, p. 2 2 ; N E W C O M E R , The Little Businessman, op. cit., p. 522. 3. A . DE TOQUEVILLE, Democracy in America, New York, 1947, p. 425.

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was the major path to economic advancement. H a d the small businessman of that earlier age been asked w h y he entered independent business, he would have replied simply that he " h a d ambition", or that he "had a family and needed more money", if indeed he thought the question had any meaning or relevance. But in the 20th century, entrepreneurs entered independent business as an alternative to seeking advancement through a career in a large corporation. Some of these men, prior to founding their own concerns, had attained reasonably remunerative positions in large companies, based on their education, abilities, and performance. However, these enterprisers found the role of business bureaucrat, at whatever level they might have worked in the bureaucracy, an unsatisfactory one for them to play. In reply to queries as to why they became small businessmen, college-trained engineers who had left management positions in large enterprises to start their own firms expressed a dislike for what they regarded as the tactics necessary to advance within a business bureaucracy ("office politics"), a sense of violation of one's own moral and technical code contained in certain corporate policies, or lack of interest on the part of superiors in "doing new things in new ways". M a n y had careers marked by a considerable amount of j o b mobility, as they searched for opportunities that they believed to be suitable to their training and t e m p e r a m e n t 1 . Collins and Moore, in their study of The Enterprising Man, have probed searchingly into the motivation and behavior of entrepreneurs through depth interviews and thematic apperception tests of a sample of n o Michigan businessmen. T h e y concluded in this w a y : " T h e most significant difference between entrepreneurs and executives in established organizations was in their attitude toward authority figures and interpersonal relations. T h e successful business executives [in large corporations] had a positive attitude toward authority. [...] T h e entrepreneur was least effective in his interpersonal relations with authority figures. He was not necessarily hostile toward authority; it was just that he was unable to handle the relationship effectively and without often intolerable emotional tension. As the psychologist put it, ' T h e entrepreneurial personality, in short, is characterized by an unwillingness to submit to authority, an inability to work with it, and a consequent need to escape from it'. " 2 Determination to become an independent businessman was strong in the men who started small firms and successfully established themselves in the business world. A n essential ingredient of entrepre1. S O L T O W , Origins of Small Business, chap. 2. 2. O . F . C O L L I N S and D . G . M O O R E , The Enterprising Man, East Lansing, Mich., 1964, p. 240.

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neurship in small business was persistence in "getting through the knothole", the first few years of long hours, low monetary returns, and generally discouraging circumstances. Some social scientists have suggested that "singleness of purpose—to achieve above all else— may turn out to be the distinguishing feature of the successful entrepreneur" Thus, on the one hand, certain personality factors—dislike of bureaucratic authority and persistence in attaining a goal—were prominent in small business enterprisers. O n the other hand, the socio-cultural tradition emphasizing the importance and, indeed, the virtue of small business channeled men possessing these traits into small-scale enterprise. Qualified individuals possessing the necessary technical and business skills were able to take advantage of the opportunities for small business generated by technological and economic expansion in the era of large-scale enterprise.

i . J . W . ATKINSON a n d B. F. HOSELITZ, " E n t r e p r e n e u r s h i p a n d

Explorations in Entrepreneurial History, X , 1958, p. 110.

Personality",

DAS

GROSSE

MITTELEUROPÄISCHE ZWISCHEN UND

UNTERNEHMEN

WELTPOLITIK

WELTWIRTSCHAFT

1860-1914 von W i l h e l m TREUE

Herr Vorsitzender, meine Damen und Herren! Ein paar Vorbemerkungen über das wirtschaftspolitische Milieu, in dem die großen schwerindustriellen Unternehmungen sich befanden, als sie mit der Außenpolitik in Berührung gerieten. Als seit dem Cobden-Vertrag zwischen Frankreich und England vom Jahre 1860 in Westeuropa in schneller Folge eine ganze Reihe gleicher liberalisierender Handelsverträge geschlossen wurde und diesen wiederum weitere multilaterale Vereinbarungen über Währungs-, Post- und andere Verkehrs- und Handelsbereiche folgten, Westeuropa also bis Preußen wichtige Schritte zur Bildung eines supranationalen Handelsund Verkehrsraumes tat, war Mitteleuropa noch ein wirtschaftlich nur verhältnismäßig schwach entwickelter Raum. Zwar sprachen alle Mitteleuropäer eine Sprache wie die Bürger der USA, wie die Engländer und Franzosen. Auch lebten sie in dem Gefühl einer geschichtlich begründeten Kulturgemeinschaft, das durch die Erlebnisse der napoleonischen Kriege und der Revolutionen von 1830 und 1848 verstärkt worden war. Aber andererseits wurde Mitteleuropa trotz der Existenz des seit 1854 um den Steuerverein

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vergrößerten Deutschen Zollvereins von zahlreichen politischen Grenzen durchschnitten, die auch zugleich wirtschaftliche Grenzen waren. Der preußisch-österreichische Kampf um die Führung in Deutschland hatte zwar seit 1834 mehrere preußische Erfolge gebracht, trat aber gerade im Zusammenhang mit der Schaffung des neuen Handelsvertragstyps von 1860 in eine letzte Phase schärfster Auseinandersetzung um den Anschluß an das entstehende Vertragsnetz oder das Beharren auf mittel- und südosteuropäischer Kontinentalexistenz abseits von Nordsee und Atlantik — eine Auseinandersetzung, die 1862 zur endgültigen wirtschaftlichen Aufteilung des Raumes, zum Sieg des Talers über den Gulden, 1864 zur Schaffung eines neuen Konfliktstoffes in Schleswig-Holstein, 1866 zur militärischen Entscheidung und in den folgenden Jahren auch wirtschaftlich zur kleindeutschen Lösung führte. Georg von Siemens, der spätere Gründer der Deutschen Bank, schrieb am 28. April 1866 : „Seit der Abschließung des französischen Handelsvertrages sind wir in das westeuropäische System übergegangen und bilden nun ein Land mit Frankreich, England und Belgien". Und Preußen müsse auf dem Wege zur wirtschaftlichen Großraumbildung weiterschreiten, wenn es nicht England gegenüber in den Rang von Kolonien zurückfallen wolle wie — ich zitiere Siemens — Portugal, die Türkei, Jamaika usw. Der wirtschaftliche Großraum, der in Frankreich, England und den U S A selbstverständlich war, wurde in Mitteleuropa gerade beim Eintritt in die Hauptphase der Industriellen Revolution zwar im kleinen preußisch-deutschen Ausmaß verwirklicht, zugleich aber im eigentlichen Sinne unmöglich gemacht. Das sollte große Bedeutung für die geistige Situation der Großunternehmer späterer Jahrzehnte erhalten. Napoleons III. und Beusts Versuch, 1867 dem Trend zum preußisch geführten Großraum eine katholische europäische Wirtschaftsliga entgegenzustellen, schlug als anachronistischer Ansatz zum wirtschaftlichen Konfessionskrieg selbstverständlich fehl. In Mitteleuropa gab es um 1860 weder die großen erfinderischen, technischen sowie Verkehrs- und handelspolitischen Fortschritte, die man in Großbritannien seit 100 Jahren gemacht hatte — das Bessemer-Verfahren wurde erst allmählich eingeführt die später großen und führenden Unternehmen der chemischen Industrie befanden sich eben erst in der Planungsphase — noch eine aus innen- und außenpolitischen Gründen der Wirtschaft so zugeneigte, originelle Herrscherpersönlichkeit wie Napoleon III., der mit großer Geschicklichkeit staatliche Initiative und privaten Unternehmungsgeist, staatliche, politische und privatwirtschaftliche Zielsetzungen sowie handels- und militär-politische Dynamik miteinander verband und damit an die bedeutendsten Leistungen absolutistischer Fürsten

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des 17. Jahrhunderts anknüpfte. Die Gründung von Banken des T y p s Crédit Mobilier wurde trotz der schnellen und großen allgemein wirtschaftlichen französischen Erfolge damit in Paris, in Preußen behindert, so daß die ersten Banken dieser Art nicht in den Wirtschaftszentren K ö l n oder Berlin entstehen konnten, sondern in thüringischen und hessischen Residenz- und Ackerbaustädten gegründet werden mußten — eine Behinderung ihrer Entwicklung und Wirkung für etwa 20 Jahre, eine Behinderung auch der Bankiersmentalität, die sich z. B. in den 60er Jahren zu großen Geschäften von K ö l n aus leichter mit Pariser Banken als mit deutschen verband. Noch weit langsamer gestattete der preußische Staat, die Erfahrungen des Crédit Foncier aufzugreifen und insbesondere der an Kreditmangel leidenden Landwirtschaft moderne Hypothekeninstitute zur Verfügung zu stellen. Industrielle und Bankiers aus dem Rheinland und aus Berlin haben sich allerdings sehr schnell in dem neuerdings seit 1864 praktisch allein dem preußischen Teil des mitteleuropäischen Raumes angeschlossenen Schleswig-Holstein engagiert. Die Geschäftsberichte der Disconto-Gesellschaft seit 1864, die Gründung der Landesbank Schleswig-Holstein und der Beginn der Zusammenarbeit der Disconto-Gesellschaft mit der jungen Nord-deutschen Bank lassen deutlich erkennen, daß man sich sofort der großen wirtschaftlichen Möglichkeiten bewußt war, welche sich dort boten. Darauf hat bereits Hansen in seiner Mevissen-Biographie und jetzt sehr nachdrücklich in großen Zusammenhängen Helmut Böhme (Deutsche Handelspolitik 1848-1881. Hamburg 1966, S. 187 f.) hingewiesen. Mevissen, Hansemann und v. d. Heydt — Rheinländer also — gründeten das Ostseekanal-Komitee und trugen wesentlich dazu bei, daß Kiel preußischer Kriegshafen wurde. Hier wurde also Preußens norddeutscher Wirtschaftsraum beträchtlich um ein landwirtschaftlich reiches, in industrieller Hinsicht aber unterentwickeltes Gebiet vergrößert, während gleichzeitig (vorwiegend über die rheinischen und Berliner Banken) die finanzkapitalistische Integration dieses Gesamtraumes, mit einer Verzögerung in dem aus eigener Kapitalkraft starken Schlesien, schnelle Fortschritte machte. Z u m ersten Male in diesen Jahren zwischen 1864 und 1870 zeigten also die Privatbanken und die von ihnen gegründeten, von ihnen noch dirigierten Aktienbanken, welcher wirtschaftlichen Entwicklungs- und politischen Konzentrationsleistungen sie, unterstützt durch die wirtschaftlich verbindende K r a f t und strategische Bedeutung der Köln-Mindener und anderer Eisenbahnlinien zwischen Rhein und Oder, die den Kohlenbergwerken und Maschinenfabriken reichlich Absatz garantierten, bei gutem Einverständnis mit der politischen Staatsführung fähig waren.

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Schon jetzt begann diese Gruppe von Bank, Industrie, Bergbau und Verkehr das bis 1857 vorwiegend in französischen, belgischen, holländischen und englischen Händen liegende Kapital des Ruhrkohlenbergbaues zu übernehmen. Diese „ökonomischen Verschiebungen sind als erste Anzeichen der Veränderung des deutschen volkswirtschaftlichen Raumes zu verstehen, da sich zum ersten Mal das in den Aktiengesellschaften akkumulierte Kapital auf den Westen konzentrierte, so daß sich die Spaltung zwischen dem industrialisierten, durchkapitalisierten, urbanisierten Westen und dem agrarstrukturierten, kapitalarmen Osten" abzeichnete (Böhme, S. 193) — und das im Rahmen eines vehementen privatwirtschaftlichen Aufschwungs seit 1860-1861 mit dem an Bedeutung schnell zunehmenden Finanzzentrum Berlin. Während England aus privatem Unternehmertum einen schnell wachsenden, wirtschaftlich sehr ertragreichen und politisch keineswegs bedeutungslosen Export von Kohle und Eisen entwickelte, wurde beim preußischen Bergbau die Freisetzung der persönlichen Unternehmer-Initiative erst allmählich von der Jahrhundertmitte bis 1865 durchgeführt und damit für diesen Wirtschaftszweig der Anschluß an die Bauernbefreiung vollzogen. Selbst danach machte sich für den Fortschritt hemmend bemerkbar, daß der preußische Staat der größte deutsche Bergwerksbesitzer war und in einer Zeit ständig wachsender privatkapitalistischer Wirtschaft also in diesem Bereich das Rentabilitätsstreben und Wettbewerbsdenken von den häufig wechselnden und weder betriebs- noch wirtschaftspolitisch ausgebildeten Beamten nicht voll entwickelt wurde. Das bedeutete, daß die Landwirtschaft gegenüber dem Bergbau einen Vorsprung von einem halben Jahrhundert in bezug auf die Teilnahme an der modernen Wettbewerbswirtschaft und auch bei der Bildung eines modernen, politisch bedeutungsvollen Standes-Selbstbewußtseins gewonnen hatte, den sie mit den bekannten Wirkungen bis in die Weimarer Republik hinein, also bis zu den sehr großen Osthilfeleistungen behauptete, die schließlich von der Industrie nur noch murrend aufgebracht wurden, da sie den Industriekredit sowohl schmälerten als auch verteuerten und außerdem nach industriewirtschaftlichen Maßstäben höchst unbefriedigend verwendet wurden. Während der ganzen 60er Jahre war, abgesehen von den Kaufleuten an der Nord- und Ostseeküste sowie von einigen Bankiers in Köln, Frankfurt und Hamburg der Blick auch der relativ großen deutschen Unternehmer noch nicht nach außen gewendet — oder nur insofern, als sie die Eindämmung und Abwehr des wachsenden Imports aus England forderten, nicht aber mit der Möglichkeit eigenen Exports und der Konkurrenzfähigkeit auf dem Weltmarkt rechneten, die Befreiung der Berliner und der rheinischen Finanz

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vom Druck ausländischen Kapitalimports, nicht aber eigenen Kapitalexport anstrebten. Das zeigen die Weltausstellungen der 60er Jahre genau so wie die der 50er. Der Blick der deutschen Unternehmer war vor 1870 ganz auf den deutschen Markt, ihr Streben auf dessen Behauptung und Sicherung gerichtet — bereits seit den 50 er Jahren auch auf die Versorgung mit deutschem Eisenerz. Es gab gewiß Ausnahmen von dieser Regel — aber sie waren kurzfristig zeitbedingt : im Osnabrückischen zum Beispiel ergab sich durch das Ausbleiben der nordamerikanischen Baumwolle seit 1862, daß sich in ganz Europa heftig auswirkte, plötzlich eine großartige Konjunktur für die bis dahin unter Lancashire leidenden Produzenten. Sie verdienten so gut, daß sie sich 1865-1866 kräftig fühlten, modernste Baumwollbetriebe nach englischem Vorbild zu errichten und den Wettbewerb mit den britischen Erzeugnissen auf dem deutschen und selbst auf dem Weltmarkt aufzunehmen. Aber das war, wie gesagt, eine Ausnahme. Die österreichische Wirtschaft hat die mitteleuropäischen Ereignisse von der Revolution von 1848 über den Mißerfolg von Brucks Großraumplan, den Krimkrieg, das Jahr 1859, über die 60er Jahre hin bis zur kleindeutschen Reichsgründung stets nur von der negativen Seite erlebt, nie als Stimulanz — wo Eisenbahnen gebaut und Banken gegründet wurden, geschah es nicht nur meist, wie in Deutschland, mit ausländischer, sondern auch mit deutscher Hilfe, z. B. aus Köln, Berlin und Frankfurt. Die Idee, mit Hilfe einer katholischen Wirtschaftsliga über Frankreich zugleich Preußens Expansion zu beschneiden und Anschluß an Westeuropa zu finden, wurde von Napoleon III. schnell als ganz unrealistisch aufgegeben : man konnte nicht mit Aussicht auf Erfolg gegen die nüchtern operierenden Unternehmer aller Staaten, ja, letztlich gegen die eigenen französischen Staatsinteressen die Religionskriege des 17. Jahrhunderts im 19. Jahrhundert in der Form von ideologischen Kriegen wiederholen. Österreich, das dem Atlantik und dessen Verkehr abgewandt und so kontinentaleuropäisch war wie Rußland und dessen durch kein Meer vom sogenannten Mutterland getrennte Kolonien auf dem Balkan lagen wie die russischen in Europa und Asien, erlebte seine Industrielle Revolution erst seit dem Anfang des 20. Jahrhunderts — mit allen Erscheinungen, welche die westlicher gelegenen Staaten und Gesellschaften längst überwunden hatten. Sogar noch 1912, bei Beginn der modernen hochtechnisierten Kriege, kritisierte Stolper, damals Herausgeber des „Oesterreichischen Volkswirts", die Rückständigkeit der Industrie, das veraltete Aktienrecht, die engstirnige Gewerbepolitik, den verderblichen Vorrang der ungarischen und österreichischen Landwirtschaft bei der Zollpolitik sowie die Schwerfälligkeit der

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Unternehmer und ihr geringes Interesse an der Weltwirtschaft. Die Bedeutung der Reichsgründung von 1871 für das Selbstbewußtsein des Unternehmers, für die Entstehung des Wunsches, auch außenwirtschaftlich in den weiteren europäischen, d. h. Weltverhältnissen mitzuwirken, an der internationalen Wirtschaft entsprechend Bismarcks außenpolitischen Erfolgen teilzunehmen, das politische Reich wirtschaftlich auszufüllen und von dort aus an die imperialistische Bewegung Anschluß zu finden, ist bisher leider kaum untersucht worden. Zweifellos liegt hier ein wichtiges Problem der Geschichte des Wirtschaftsgeistes : die Denkschriften, Broschüren und Bücher, die aus der Wirtschaft selbst zur Begründung der neuen Handelspolitik von 1876 zur Verfügung gestellt wurden, bilden ein höchst anschauliches Demonstrationsmaterial für die Wirkung des großen politischen Erfolges auf Selbstverständnis und Zielsetzung der großen Unternehmer. Zweifellos ist die imperialistische Bewegung als Ganzes von dem Ereignis der deutschen Reichsgründung und deren geistigen Folgen entschieden angeregt und belebt worden — selbst in England : von dem Gründungsakt in Versailles reicht eine deutlich erkennbare Linie über Frankreichs nordafrikanische Interessen zum Komplex der Suez-Kanal-Aktien sowie zur Übernahme der indischen Kaiserwürde durch Victoria I. und zu den daran anschließenden Diskussionen über die Schaffung eines anglo-indischen Reichsadels. Dagegen ist in Deutschland selbst nirgendwo bei der großen Industrie in den 70er und 80er Jahren die Vorstellung erwachsen, man könne mit England in den Wettbewerb um die Beherrschung des Weltmarktes eintreten, während allerdings wohl die Überzeugung herrschte, daß Frankreich in Verbindung mit der militärischen Niederlage auch wirtschaftlich überholt worden sei. Ohne Zweifel trug zu dieser Auffassung auch der Umstand bei, daß Frankreich eine Republik geworden war und die Dynamik von Napoleons Interesse an der Wirtschaft fehlte. Mochten die Elsässer und Lothringer weiterhin ihre französischen Bank- und Geschäftsverbindungen pflegen und bevorzugen — die Textilbetriebe von Mühlhausen stärkten die deutsche Position so sehr, wie sie die französischen schwächten, und seit 1879 erhielt Lothringen durch die Einführung des Thomasverfahrens, in den 90 er Jahren auch das französische Lothringen durch seine Minette starke Bedeutung für die großen deutschen Unternehmen der Schwerindustrie, die sich bei schnell wachsender Produktion wie das Bankgewerbe in einem ständig wachsenden und schneller werdenden Konzentrationsprozeß befand. Während dieses Gebiet nun vom deutschen Kapital und Gewinnstreben erschlossen und der Volkswirtschaft wie dem privatwirtschaftlichen Verbund inkorporiert wurde, also eine wirtschaftliche Raumerweiterung stattfand, ergab sich über die Bildung großer integrierter

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Betriebe, über die Rationalisierung der Produktion durch Zusammenfassung des Prozesses von Kohle und Erz bis zum Fertigprodukt, durch Verwendung der Hochofengase sowie den Ausbau der Wasserwirtschaft eine immer stärkere Konzentration, die Bildung also von Interessengemeinschaften, deren organisatorische Schwächen bald evident wurden, und von straff geführten Konzernen, gegen Ende der Periode auch ein immer stärkeres Interesse für die Vorteile der in Amerika modern werdenden Trustbildung. Die Produktionszahlen und Kapitalgrößen sind in den 80er Jahren größer gewesen als in den 70er. Aber der Geist des großen Industrialismus und Kapitalismus ist in Deutschland während der 70er Jahre an die Macht gelangt : mit Hilfe der Milliarden von 1871 und über die Krisis von 1873 schnell hinweg, die ja keine grundsätzliche, sondern eine gewissermaßen normale Krisis mit den Kennzeichen von inflationären Erscheinungen und Überproduktion war. Der Zug ins Große, verstärkt durch die Belebung des nationalen Selbstbewußtseins und Betätigungswillens auch bei den Kapitalbesitzern, war ein Kennzeichen dieser Zeit : die Expansion in Verbindung mit der Konzentration. Das zeigt sich am deutlichsten in der ersten Phase der Bankenkonzentration, in der Loslösung der Aktienkreditbanken von ihren Gründern, den Privatbankiers, und in der Wendung gegen diese, im Ausgreifen der Deutschen Bank über die preußisch-deutsche in die Weltfinanz, in der wachsenden Bedeutung der Börse, in der immer engeren industrie- und kapital wirtschaftlichen Zusammenarbeit vom Rhein bis zur Oder, in der wirtschaftlichen Verdichtung innerhalb des gesamten Reichsraumes insbesondere auj einer west-östlichen Linie bei gleichzeitiger Wendung von der Personenfirma zur Aktiengesellschaft, also vom besitzenden zum beauftragten Unternehmer einerseits, zur Verbandsentwicklung bei Industrie und Landwirtschaft und zur Exploration der Weltmarktverhältnisse unter Annäherung an den Londoner Geldmarkt, dem gegenüber man sich jedoch so schnell wie möglich verselbständigen wollte andererseits. Die Parallele zur politischen Entwicklung, zum Versuch der administrativen Ausfüllung des Reichsrahmens mit Hilfe von Reichswirtschaftsbehörden, zu dem der Reichseisenbahn Konzentration, zur Beschäftigung mit Reichs-Schutzgebietsplänen, zur Ausdehnung des heimischen Raumes in staatlicher Bündnis- und Zollpolitik bei gleichzeitiger unternehmerischer Finanz- und Verkehrsexpansion nach Mitteleuropa hinein, liegt auf der Hand. Die Führung bei der Entwicklung zur Großunternehmenswirtschaft in Deutschland hatten weniger die Grundstoffindustrien um Kohle und Eisen als die chemische, insbesondere die Farbstoffindustrie mit großem Bedarf an Kapital. Infolge ihrer Erfolge auf diesem Gebiet gewann sie schnell einen Vorsprung vor der chemischen Industrie

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Frankreichs, Englands und der U S A und damit die Möglichkeit für den Schritt auf dem Weltmarkt sowie die Kraft, auf diesem in weiten Bereichen nach 1900 eine fast monopolistische Rolle spielen zu können. Freilich war sich der bedeutendste Organisator der chemischen Industrie, Duisberg, stets darüber klar, daß es sich um eine befristete Position handelte, die auch andere Länder zum protegierten und subventionierten Aufbau nationaler Industrien veranlassen würde. War für den großen deutschen schwerindustriellen Unternehmer die Zeit bis 1870 durch den Kampf um einen größeren Anteil am deutschen Markt charakterisiert, so trat danach für eine kurze Zeit das Verlangen nach der Reservierung des deutschen Marktes für den deutschen Produzenten in den Vordergrund und alsbald nach der Erreichung dieses Fundamentalzieles der Wunsch, an der europäischen Weltwirtschaft sowie am Aufbau der amerikanischen Verkehrswirtschaft z. B. durch Schienenlieferungen teilzunehmen und, wie die Diskussion um den Moselkanal im Jahre 1883 zeigt, das Bewußtsein, auf der starken Grundlage Lothringens auch wirklich teilnehmen zu können. Daß man dabei gewissen französischen Tendenzen aus der Logik der wirtschaftlichen Entwicklung begegnete, zeigt der Mitteleuropa-Vorschlag des französischen Volkswirts Georges de Molinari, den er 1878 Bismarck in Gastein vortrug : eine Zollunion von Frankreich, Deutschland, Österreich-Ungarn, Dänemark, den Niederlanden, Belgien und der Schweiz — eine Art zweiter Kontinentalsperre, wie Bismarck sofort bemerkte. Man war gewissermassen bei einer schutzzöllnerischen Zusammenfassung der Pläne von Bruck von 1850 und des Cobden-Vertragssystems der 60er Jahre zu einem geschlossenen kontinentaleuropäischen Markt — gegen das englische Übergewicht — angelangt. 1879 wurde dieser Ideenkomplex in Verbindung mit Bismarcks Bündnispolitik auf die Umkehrung des Bruckschen Planes, auf den Gedanken der deutsch-österreichischungarischen Zoll-union unter deutscher Führung einerseits und einer association douanière franco-allemande im eingeschränkten Sinne von Molinari reduziert, den sowohl französische Volkswirte wie elsässische Unternehmer als Schutz gegen England, die U S A und Rußland begrüßten. Der französische Bankier Pereire meinte, daß, wenn auch eine politische Allianz noch lange Zeit nicht realisierbar sein werde, eine kommerzielle Allianz mit dem französischen Patriotismus nicht unvereinbar sei. 1880 fanden sich sowohl in Italien wie in Ungarn ähnliche zustimmende Empfehlungen zur Bildung einer mitteleuropäischen Konzentration, welche die Regulierung des Welthandels gegen die englische, amerikanische und russische Gefahr ermöglichen sollten. Seitdem ist bis zu Hitler dieser Gedanke nie wieder ganz verschwunden. Allerdings gab es dabei

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wohl nicht ein so bewußtes, systematisches Zusammenarbeiten von Politik und Wirtschaft wie neuerdings behauptet wird. Die Parallelität beider Wege, der Wunsch nach wirtschaftlichen Erfolgen, die den politischen Bismarcks entsprachen, war viel zu selbstverständlich, als daß es der innenpolitischen Verabredung von Militär, Diplomatie und Wirtschaft, der Einschaltung von Familienverbindungen zwischen diesen Gruppen bedurft hätte, wie Hallgarten sie in seinem sehr unzuverlässigen Werk aufzuspüren versucht hat. Es lag schließlich nahe, daß K r u p p , leistungsfähig, kapitalkräftig und expansionsstark, auch dort Geschütze verkaufen wollte, wo französische und englische Firmen — gefördert, wie alle Kaufleute, durch ihre Konsulate und Botschaften — gute Geschäfte machten. Thyssen stellte fest, daß seine Lieferungen nach den U S A einen vorzüglichen Ausgleich für die deutschen und europäischen Konjunkturschwankungen schufen, und forcierte daher diesen Export nach Nordamerika, wenn ihm die europäische Entwicklung das nahelegte : er war dabei ein ganz normaler Kaufmann. Seit der Mitte der 90 er Jahre aber gelangte man in eine neue Phase. Bei einer Tischrede am 18. Januar 1896 sagte Wilhelm II. : „ A u s dem Deutschen Reiche ist ein Weltreich geworden" und ein Jahr später bei einer anderen Tischrede am gleichen T a g e : „ D e r Dreizack gehört in unsere Faust". Es ist hier nicht über die Bedeutung von Wilhelms II. Reden, Briefen und Randbemerkungen zu diskutieren : zweifellos hatten sie eine gewisse Bedeutung. Bemerkenswerter erscheint jedoch, daß z. B. der Reichskanzler Bülow in der Debatte vom 27. Juli 1900 als Weltpolitik definierte „lediglich die Pflege und Entwicklung der uns durch die Ausdehnung unserer Industrie, unseres Handels und unserer Schiffahrt erwachsenen Aufgaben [...], das Anschwellen der deutschen überseeischen Interessen können wir nicht hemmen. Unseren Handel, unsere Industrie, die Arbeitskraft, Regsamkeit und Intelligenz unseres Volkes können wir nicht kappen. Wir denken nicht daran, aggressive Expansionspolitik zu treiben." Das war eine angesichts der Bevölkerungszunahme, der Furcht vor der Sozialdemokratie, auch angesichts des militärisch-politischen Wettbewerbs mit anderen Staaten eine durchaus akzeptable, eine gewissermaßen normale Auffassung für den Kanzler eines i m Laufe des 19. Jahrhunderts zahlenmäßig groß, leistungsfähig und relativ wohlhabend gewordenen Staates und Volkes in politisch exponierter Lage. Betrachtet man nun aber „die Rolle des Staates beim Ü b e r g a n g vom vormonopolistischen Kapitalismus zum Imperialismus in Deutschland" — ich benutze Formulierungen der marxistischen Historiker Rolf Sonnemann und Siegfried Richter — dann fällt sofort auf, d a ß der Staat sich gerade nicht, wie diese beiden Autoren

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meinen, der „Großbourgeoisie der deutschen Schwerindustrie" auslieferte. Gewiß : in den europäischen Staaten mit kapitalistischer Privatwirtschaft — also in allen Staaten — wuchs in Verbindung mit der Vergrößerung und Technisierung der Heere und Flotten eine Rüstungs- und Versorgungsindustrie heran, in der nicht nur viel Geld verdient wurde, sondern die auch jede Modernisierung und Erweiterung aus Gründen des Gewinnes begrüßte, ja, zu beschleunigen versuchte, die auch Beziehungen zu den maßgeblichen Gremien der Staaten, Ministerien, Parlamenten usw. herstellte und ausnutzte. Aber das nahm in Deutschland, wo der Staat selber zu den Produzenten gehörte und die Tradition der Staatswirtschaft nie abgerissen war, geringere Ausmaße an als in anderen Staaten. Leckebusch hat daraufhingewiesen, daß, nachdem in den U S A 1900 die Marinebehörden Preisverabredungen der beiden größten Stahlwerke aufgedeckt und mit Erfolg beanstandet hatten, die Budgetkommission des Deutschen Reichstages 1901 dem Reichskanzler angesichts der hohen, von Krupp geforderten Preise zu erwägen empfahl, „ob sich nicht im Interesse der Ersparnis die Einrichtung eines Panzerplattenwerkes auf Kosten des Reiches empfiehlt". Darauf senkte Krupp die Preise. Die Verhältnisse lagen also komplizierter, als häufig dargestellt wird. Der Staat schaltete auch nicht etwa überall sofort Gesandschaften und Konsulate im Interesse der internationalen Expansion der deutschen Wirtschaft ein, wenn diese das wünschte, sondern es gäbe mehrere Fälle aufzuzählen, in denen umgekehrt die deutschen diplomatischen und konsularischen Vertretungen in Paris Hilfeleistungen an deutsche Industrie- und Handelsunternehmungen für unter der Würde ihrer politischen Aufgabe und gesellschaftlichen Stellung erachteten. Wilhelm II. selbst ließ 1910 die Brüder Mannesmann und ihre Interessen in Marokko fallen, die ContinentalGummiwerke in Hannover und das mehrere tausend Menschen beschäftigende Kaufhaus-Unternehmen Hermann Tietz in Berlin fanden 1912 bei Schwierigkeiten in Paris keine Hilfe — sie hatten freilich jüdische Leiter und genossen nicht die gesellschaftliche Stellung von Bergwerksbesitzern, Stahlindustriellen und Großbankiers. Kann man also durchaus nicht von einer allgemeinen außenwirtschaftlich-außenpolitischen Zusammenarbeit mit dem Ziel der deutschen Expansion sprechen, so gab es nach 1900 in einem der wichtigsten Bereiche sogar eine heftige Auseinandersetzung : als im Kohlenbergbau der Staat durch den Erwerb großer Zechen seine preis- und produktionsregelnde Position verstärken wollte, stieß er zwar auf den erbitterten und schließlich nach jahrelangen, vor Gericht ausgetragenen Kämpfen erfolgreichen Widerstand des Privatunternehmertums; aber allgemein fürchtete man damals

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einige Jahre lang, die Regierung, die der schnell um sich greifenden Bankenkonzentration mit ihren allgemeinwirtschaftlichen Folgen nicht entgegentrat, wolle den ganzen Ruhrbergbau vollständig verstaatlichen. Harden beschrieb das mit einigen Worten in seiner „Zukunft", und in weiten Interessenkreisen hielt man die Gefahr für so akut, daß einige große Unternehmer, Besitzer von Kohlenfeldern, sowie von Eisen- und Stahlwerken, eine juristisch organisatorische Teilung dieses Besitzes vornahmen, damit im Ernstfall die Verstaatlichung nicht den Gesamtkomplex erfassen konnte. In einer solchen Situation, die sich im Rahmen der Verstaatlichungskampagne 1918-1919 wiederholte, wird man kaum davon sprechen können, daß die großen Unternehmer den Staat beherrscht, daß sie zumindest eng mit ihm zusammengearbeitet hätten. Ein letzter Punkt : um die Jahrhundertwende hatte die Öffentlichkeit sich angewöhnt, die politisch-militärische Stärke und Dynamik der Staaten und Völker nicht allein an der Größe und Qualität der Heere und Flotten zu messen, sondern eben so sehr an ihrer Produktion von Kohle, Eisen und Stahl. Es ließ sich leicht feststellen und wurde auf der deutschen Seite mit Selbstzufriedenheit, auf der britischen mit Besorgnis hervorgehoben, daß die deutsche Produktion von Roheisen die britische schnell und beträchtlich überstieg, und daß die Kohlenförderung die gleiche Tendenz zeigte. Von der außerordentlich großen und einstweilen noch immer wachsenden Überlegenheit an investitionsbereitem Kapital, von der gewaltigen Überlegenheit der britischen Handelsmarine und Schiffbauindustrie dagegen sprach man viel seltener. Die deutschen Roheisenproduzenten aber empfanden es mit Besorgnis, daß das Erz, das Deutschland diese wirtschaftlich hervorragende Position erlaubte, zum allergrößten Teil nicht in Deutschland gefördert werden konnte. Deutschland und Österreich, das freilich nicht mehr eine Großmacht im modernsten Sinne bildete, waren die einzigen an hochwertigen Eisenerzen armen großen Staaten des Abendlandes. Die großen Hütten- und Stahlwerksbesitzer, die immer mehr Roheisen brauchten oder absetzen konnten, bezogen ihr Erz vorwiegend aus Skandinavien, suchten aber, zumal sie zu Beginn des 20. Jahrhunderts plötzlich schwedische Widerstände verspürten, die teils auf nationalwirtschaftlicher Vorsorge für die Zukunft, teils auf britischen Anregungen beruhten, Erzvorräte im Ausland zu beschaffen. So erwarb August Thyssen nicht allein Erzlager im deutschen, sondern auch im französischen Teil Lothringens und in der Normandie, wo er wie in Lothringen ein großes Hütten- und Verarbeitungswerk zu bauen begann; er kaufte Erzlager in Algerien und Marokko, j a selbst in Indien und Manganerzvorkommen in Rußland. Hier zeigt sich nun ein wesentlicher Zug des

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mitteleuropäischen Unternehmers in der letzten Phase des 19. J a h r hunderts : K a p i t a l k r ä f t i g u n d auf der Grundlage einer voll ausgebauten Kreditwirtschaft, unter A u s n u t z u n g aller Finanzierungsmöglichkeiten, in der optimistischen Erwartung einer ständigen, durch Überproduktionskrisen stets nur kurzfristig unterbrochenen Steigerung des Weltbedarfs an Eisen und Stahl, empfanden die großen Unternehmer dieses Formats bei ihrer T ä t i g k e i t die staatlichen Grenzen nur noch als Hindernis. A u c h sie arbeiteten jetzt supranational wie bereits seit vielen Jahrzehnten z. B. britische Unternehmer. Nicht die nationale deutsche Position in der W e l t stand für sie noch im V o r d e r g r u n d , sondern die Expansion ihrer Produktion entsprechend der Steigerung der Nachfrage — u n d natürlich ihr eigener Gewinn. A b e r bei M ä n n e r n wie Thyssen spielte weder der G e w i n n an Geld noch der an Wirtschaftsmacht die H a u p trolle, sondern vielmehr die G e n u g t u u n g des sich über die ganze Erde ausbreitenden Homo oeconomicus über seine eigene Leistung. M ä n n e r dieser A r t waren seit den 80 er J a h r e n überpoütisch geworden. D o c h in Frankreich, w o m a n die Invasion von 1870-1871 natürlich nicht vergessen konnte und den ständigen Z u w a c h s an Menschen wie an militärischer und wirtschaftlicher Stärke in Deutschland mit Besorgnis beobachtete, glaubte die Regierung solchen Unternehmern nicht diesen unpolitischen Supranationalismus, sondern hielt ihn für eine T a r n u n g eines ökonomischen Invasionsversuchs, der unter V e r m e i d u n g eines Krieges das gleiche Ziel erstrebte wie ein militärischer. M a n begegnete Thyssen in Frankreich und in Algier mit den diplomatisch-politischen A r g u m e n t e n u n d W a f f e n des Nationalstaates; m a n b e k ä m p f t e ihn, w ä h r e n d er zweifellos ehrliche Zusammenarbeit, die gemeinsame Erschließung der Bodenschätze z u m ehrlich halbierten Vorteil für Deutsche und Franzosen anstrebte. A u s den Dokumenten geht deutlich hervor, d a ß dieser Homo oeconomicus, d e m geologische u n d Verkehrslandkarten viel wichtiger geworden waren als politische, die nationalpolitische Denkweise für überholt hielt. W i e er französische Erze verhütten wollte, so baute er, ausgehend von der V e r s o r g u n g seiner eigenen Schiffe mit eigener K o h l e , seit 1912 eine große und erfolgreich arbeitende Gesellschaft z u m H a n d e l mit englischer K o h l e in g a n z Europa auf. Es zeigte sich, wie mir scheint, zwischen 1900 u n d 19x4, d a ß der Imperialismus weit mehr eine Angelegenheit der Regierungen u n d Generalstäbe w a r als eine solche der Unternehmer, d a ß die Handelsu n d Produktionsrivalität etwas g a n z anderes w a r als das Wettrüsten, d a die politische Aktivität der großen Unternehmer im wesentlichen a u f rüstungs-, zoll- und sozialpolitische Probleme beschränkt blieb

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und die Außenpolitik im engeren Sinne nicht beeinflußt oder gar bestimmt hat. Während der letzten Vorkriegsjahre geschah nichts im Hinblick auf einen erwarteten oder gar beabsichtigten Krieg, sondern die Maßnahmen entsprachen der Vergrößerung der Hochöfen und deren zahlenmäßiger Zunahme, während andererseits die Produktion für Rüstungsbedarf nur der Heeres- und Flottenvergrößerung folgte und nicht etwa zur Vorratsbildung für einen Krieg diente. Die Kriegsmaßnahmen führten bei Männern wie Thyssen zu einer gewissen Rückkehr zum Nationalismus, handelte es sich doch um einen Krieg der Nationen gegeneinander, bei dem Arbeitgeber und Arbeitnehmer überall auf der gleichen, der nationalen Seite standen. Auch die Kriegspolitik zielte praktisch bei allen europäischen Kriegsführenden — nicht bei den U S A — auf das gleiche : auf Annexionen, Vernichtung der militärischen Stärke des Gegners und auf große Geld- und Sachleistungen. Die Friedensverträge erst von BrestLitowsk und dann von Versailles usw., verwirklichten zunächst auf der deutschen, dann auf der Seite der Alliierten, was auch von den endgültig siegreichen Mittelmächten zu erwarten gewesen wäre. Und wenn etwa ein Unternehmer wie Thyssen angesichts der Wahrscheinlichkeit großer territorialer Gewinne Deutschlands mit riesigen Erzlagern in Frankreich wie alle anderen Hüttenbesitzer auch nach einer Beteiligung an dieser Beute im ältesten Sinne des Krieges drängte, so entsprach auch das nur dem Vorgehen französischer Gruppen gegenüber Thyssens privatwirtschaftlichem Besitz in Frankreich sowie den Tendenzen des französischen Staates und seiner Unternehmerkreise während des Krieges, bei den Vorbereitungen des Friedensvertrages sowie bei dessen Durchführung. Dieser Nationalismus wurde durch Besatzungspolitik und Ruhrkampf auf beiden Seiten verstärkt und verlängert : während August Thyssen daran ging, sein amputiertes Imperium durch Rationalisierung, technische Fortschritte wie straffsten Wärmeverbund und Erwerb von ergänzenden Produktionsstätten mit Hilfe der ihm für die Verluste im Westen gewährten Reichsentschädigung sowie von einer großen amerikanischen Anleihe in abgewandelter Form zu erhalten, wurde sein Sohn und präsumptiver Nachfolger Fritz Thyssen durch sein nationales Verhalten gegenüber den Franzosen im Ruhrkampf so sehr zu einem nationalen deutschen Helden, daß er fortan diese Rolle mehr als ein Jahrzehnt lang nie wieder ganz aufgab : er unterstützte seit den nationalistisch erregten Jahren an Rhein und Ruhr (1923-1925) Hitler und dessen „Freiheitskampf", wandte sich mit Ständestaatsideen gegen der Parlamentarismus, pries Hitler 1932 im Düsseldorfer Industrieklub seinen UnternehmerKollegen als Retter des Vaterlandes an, trennte sich aber von ihm —

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und das ist eben so bezeichnend wie die Kriegszielvorstellungen seines Vaters — sobald er bemerkte, daß Hitler nicht mehr dem politischen und moralischen Milieu des 19. Jahrhunderts angehörte, sondern jener Phase der Diktatur, die durch Mussolini, Hitler und Stalin, auch durch Roosevelt charakterisiert ist.

Discussion

Rolf SONNEMANN. — Ich möchte mir einige Bemerkungen zum Referat von Herrn Prof. Treue gestatten, und zugleich um Entschuldigung bitten, wenn ich des Zeitdruckes wegen im Telegrammstil spreche. Herr Treue hat von dem deutschen Unternehmer als einem unpolitischen Geschäftsmann gesprochen, dem es nur darum ging, seine Waren unter den günstigsten Bedingungen abzusetzen. Von einem „Griff nach der Weltmacht" könne keine Rede sein. Dazu darf ich bemerken : 1. Duisbergs Denkschriften (1904 und 1915) zur Bildung einer „Interessengemeinschaft der deutschen Teerfarbenindustrie" kann man nicht nur sinngemäß entnehmen, daß er eine absolute Beherrschung des Weltmarktes mit allen sich daraus ableitenden Folgen anstrebte 1 . 2. Die von mir im DZA Potsdam gefundenen Dokumente zur Bildung internationaler Monopolverbände der Eisen- und Stahlindustrie zeigen eindeutig, daß Fritz Thyssen gemeinsam mit amerikanischen Partnern den Versuch machte, den Weltmarkt für bestimmte Eisen- und Stahlwaren zu monopolisieren. Wirtschaftliche Macht bedeutet zugleich aber politische Macht 2 . 3. Die Großbourgeoisie hat sich in Deutschland in vieler Hinsicht des Staates und seiner Organe bedient, um ihre Interessen durch1. Rolf SONNEMANN, Zur Geschichte der Teerfarbenindustrie in Deutschland von ihren Anfängen bis zur Bildung der beiden Dreibünde (1905-1907), Leuna-Merseburg, 1963 (Manuskriptdruck der Technischen Hochschule für Chemie, Reihe A Lehrmaterialien-Folge 14); I D . , " Ü b e r die Duisberg-Denkschrift aus dem Jahre 1915", Jahrbuch für Wirtschaftsgeschichte, Berlin, 1966, Teil 3 (im Druck). 2. ID., "Dokumente zur Entstehung früher internationaler Monopol verbände der Stahlindustrie", Jahrbuch für Wirtschaftsgeschichte, 1963, Teil 3.

DISCUSSION

zusetzen. Beispiele : Schutzzollgesetz 1879, Patentgesetz 1877. Das Verhältnis von Wirtschaft und Staat hat der Direktor der BASF einmal so formuliert : „Die Industrie, meine Herren (gemeint sind die Mitglieder einer Kommission zur Vorbereitung des Patentgesetzes von 1877), ist der Bauherr; der Jurist ist der Architekt. Wir kommen zu ihm und zeigen ihm, daß es bei uns einregnet und fordern von ihm Abhilfe, wie dies geschieht, das ist seine Sache x .„ 4. Schließlich noch eine unpolemische Bemerkung. Die Wirtschaftshistoriker haben bisher der Rolle von Wissenschaft und Technik zu wenig Beachtung geschenkt. Die Ereignisse vor allem im letzten Drittel des 19. Jahrhunderts (Entstehung der jungen Industriezweige, vor allem der chemischen und Elektroindustrie, der Übergang von der Empirie zur Anwendung wissenschaftlicher Erkenntnisse) fordern von uns, die Frage zu beantworten, in welchem Maße die wissenschaftliche Durchdringung der Produktion beim Übergang zu Großbetrieben und monopolistischen Zusammenschlüssen mitgewirkt hat. Die Geschichte der Produktivkräfte, im engeren Sinne die Geschichte der Technik, wird in Zukunft einen immer größeren Raum in Forschung und Lehre einnehmen müssen. DR. Lutz HATZFELD. — Herr Rolf Sonnemann hat auf seinen Aufsatz „Dokumente zur Entstehung früher internationaler Monopolverbände der Stahlindustrie" verwiesen und die Bemühungen August Thyssens von 1904-1905 um eine Regulierung des internationalen Stahlrohrmarktes als Äußerung eines typisch deutschen Monopolismus interpretiert. Sieht man einmal davon ab, daß es schon im 19. Jahrhundert ein internationales Röhrenkartell gegeben hat und daß Herrn Sonnemanns „Dokumente" Abschriften von Berichten aus zweiter und dritter Hand darstellen, so bleibt auf den technologischen Zusammenhang zu verweisen, der Sonnemann zwar entging, indes Thyssen in Aktion setzte. Obwohl die Herstellung nahtloser Rohre eine deutsche Erfindung war, gelang den Amerikanern dank ihrer hohen Kapitalkraft und dank ihrer unvergleichlich leistungsfähigen Maschinenindustrie die erforderliche Umstellung schneller als den Deutschen und den übrigen Europäern. Sie eroberten nicht nur den kanadischen und den mittelamerikanischen Markt, sondern sie faßten auch in Skandinavien Fuß und verkauften selbst in Düsseldorf. Die deutschen Rohrersteller waren aber nicht nur noch genötigt, neue Kapazitäten 1. Stenographische Berichte über die Verhandlungen der Enquête in Betreff der Revision des Patentgesetzes vom 25. Mai ¡877, Berlin, 1887, S. 91.

DISCUSSION

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für nahtlose Rohre aufzubauen, sondern sie mußten gleichzeitig auch ihre Schweißrohranlagen erneuern, die gleichfalls der amerikanischen Konkurrenz nicht mehr gewachsen waren. Das ging im Siegesstadium der Flußstahltechnik insbesondere über die Kraft der kleineren Walzwerke, warf aber auch für den Thyssen-Konzern ein schwieriges Finanzierungsproblem auf. Daß es Thyssen nicht um Marktbeherrschung, sondern allein darum ging, eine geordnete Umstellung zu sichern, ergibt sich, vergleicht man einmal die Produktionszahlen. In Deutschland erzeugten 1905 Thyssen 64 000 t, Mannesmann 56 000 t und Poensgen 30 000 t Stahlrohre. Die gesamte deutsche Produktion lag um 250 000 t. In den U S A produzierte die National Tube Co. 70 % aller Stahlrohre und buchte 1905 Aufträge über 1 Million t, von welchen 900 000 t geliefert wurden. Rudolf FORBERGER. — Ich knüpfe an die Bemerkungen Professor Sonnemanns aus Dresden an, mit denen dieser auf die These von Professor Treue, der deutsche Unternehmer sei ein unpolitischer Mensch gewesen, dem es nur darum gegangen sei, seine Waren unter den günstigsten Bedingungen abzusetzen, geantwortet hat. Sonnemann belegte mit einigen Beispielen, in welcher Weise sich die Großbourgeoisie in Deutschland des Staates und seiner Organe bediente, um ihre Interessen durchzusetzen. Ich will mittels zweier Miszellen über eine Gemeinsamkeit kapitalistischer Unternehmer- und feudaler Staats- und Obrigkeitsinteressen aus der sächsischen Montangeschichte des 18. Jahrhunderts dokumentieren, daß solche Interessengemeinschaften in Deutschland eine alte Tradition haben, dem kapitalistischen System immanent sind und immer wieder zu besonders grotesken Erscheinungen führen, sobald sie das Gebiet der gewerbsmäßigen Waffenfertigung betreifen. Die hier zur Sprache kommenden Vorgänge ereigneten sich bei den Suhler Gewehrmanufakturen, einer im Nordischen und einer im Siebenjährigen Kriege, die diesen Werkstätten eine beachtlich Steigerung ihres Geschäftsganges brachten. Bemerkenswert an dieser an sich selbstverständlichen Belebung ist, daß diese im ersten Falle nicht allein durch sächsische, sondern auch durch schwedische Aufträge bewirkt worden ist, und daß zur Ingangsetzung dieses Handels in Feindesland sowohl die an den Profiten interessierten Suhler „Gewehrhändler", als auch die Leipziger Messe die Hand geboten haben. Nach einem Bericht vom 1. Mai 1702 an August den Starken sind allein durch den „Gewehrhändler" Siegmund Büttner 1800 Stück Schießgewehre mit Flintenschlössern an Schweden verkauft worden und in einem Schreiben Augusts vom 14. April 1703 ist davon die Rede, daß die Schweden in Suhl 2 000 Flinten, 2 000 Paar Pistolen bestellt hätten und er auch bereits

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DISCUSSION

eine Menge für Schweden bestimmter Suhler Gewehre hätte beschlagnahmen lassen. W ä h r e n d damals vom Staat gegen dieses sich über die patriotischen Maximen hinwegsetzende Verhalten des Rates der Stadt Leipzig und ihrer Messe — die ihrerseits sich damit zu rechtfertigen suchten, Meßhandel sei freier Handel und wenn zu diesem nicht auch der Handel zwischen den Messen gerechnet werden dürfe, die Abwanderung dieses Handels von Leipzig befürchtet werden müsse — wenigstens noch protestiert wurde, so spielte sich zwei Generationen später ein ähnlicher V o r g a n g sogar mit landesherrlicher Billigung ab. V o n 1757 bis 1762 lieferten die Gewehrmanufakturen der von 1718 bis 1815 zu Kursachsen gehörenden Stadt Suhl 20 000 Stück Gewehre an Preußen, den Feind Sachsens im Siebenjährigen Kriege. Eine Einschätzung der staatlichen Haltung, die für sich selbst spricht, gibt 50 Jahre nach diesen Vorgängen der Suhler „ G e w e h r h ä n d l e r " Anschütz mit den Worten, „ d a ß diese Toleranz der sprechendste Beweis" dafür sei, „welchen Werth man bey der Regierung auf die Gewehrfabrik setzte, wie angelegen man sich ihren Umtrieb seyn ließ, und wie man entschlossen sey ihn Selbst mit Aufopferung einer politischen Maßregel zu erhalten".

L I T E R A T U R ZUM DISKUSSIONSBEITRAG

R . FORBERGER, „ Z u r wirtschaftsgeschichtlichen Neueinschätzung der sächsisch-polnischen U n i o n " , Um die Polnische Krone : Sachsen und Polen während des Nordischen Krieges ijoo-1721, Schriftenreihe der Kommission der Historiker der D D R und Volkspolens, Berlin, 1962, Bd. 1, S. 207-253; ID., Die Manufaktur in Sachsen vom Ende des 16. bis zum Anfang des ig. Jahrhunderts, Berlin, 1958, S. 191. W . TREUE. — I m Anschluß an meinen ungarischen Kollegen möchte ich ebenfalls betonen, daß die industrielle Revolution in Österreich-Ungarn seit 1860 große Gebiete der Habsburgermonarchie umstrukturiert hat (Nordböhmen, Mähren, Österreichisch-Schlesien, Wien und Wiener Becken, Obersteiermark, Vorarlberg). Richtig ist, daß die zweite Welle, die im übrigen Europa seit etwa 1880 zu erkennen ist, in Österreich weniger stark auftritt. Das hat seinen Grund darin, daß Österreich noch sehr stark unter der Nachwirkung der Krise von 1873 litt, die die Habsburgermonarchie besonders schwer getroffen hat. Zweifellos dürfte die bereits von den Vorrednern erwähnten politischen Machtverhältnisse mitgewirkt haben, durch die die Wirtschaftspolitik zu einseitig von den agrarischen Interessen bestimmt worden waren.

DISCUSSION

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Die dritte Welle der Industrialisierung, etwa von 1895-1908 hatte in der Habsburgermonarchie eine Steigerung der Produktion zufolge, die Österreich an die Industrienationen Europas heranbrachte. Sehr bemerkenswert ist es, daß die Kreditinstitute nicht nur als Finanziers der Industrie- und sonstiger Unternehmen auftraten, sondern sogar die Gründungen von solchen Unternehmungen direkt initiierten. Die Ursache für diese besondere Rolle der Banken lag wohl darin begründet, daß die Kreditinstitute in der Habsburgermonarchie, besonders in Wien, europäischen Standard hatten, während die Industrie nachhinkte. Aus dieser Zeit vor dem ersten Weltkrieg stammte auch die sonst in Europa nicht so leicht anzutreffende besondere Rolle der Banken für die Industrie und die gesamte Wirtschaft ; der Anteil der Banken am Industriekapital war in Österreich immer ungewöhnlich hoch. Alice T E I C H O V Ä . — - Eine spezifisch tschechoslowakische Nationalökonomie erst nach 1917, d. i. nach Entstehen des tschechoslowakischen Staates; Konkurrenz um Binnenmarkt und Zutritt zu Weltmärkten führt zur schnellen Entwicklung von Konzernen im Industrieund Bankwesen; Auslandskapitalbeteiligungen beschleunigen diesen Prozeß; kurze Übersicht des Grades von Konzentration in den Hauptindustrien (Schwerindustrie); Konzentrationsprozeß und Aktienstruktur in Großbanken und Rolle der Auslandsinvestitionen; Abschätzung der Monopolstruktur und Höhe der gesamten Auslandskapital Beteiligung in der vormünchener Tschechoslowakei. (Resultate von Forschungsarbeiten in Archiven kischer Bank- und Industriekonzerne.)

tschechoslowa-

SOUS-DÉVELOPPEMENTS RÉGIONAUX ET CROISSANCE DANS L'HISTOIRE CONTEMPORAINE SECTION XI

RÉSUMÉ DES C O M M U N I C A T I O N S PRÉSENTÉES A LA I I I e CONFÉRENCE INTERNATIONALE D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE (Munich,

août

ig6$)

Malheureusement il ne nous est pas possible d'ajouter aux résumés un compte rendu des discussions très animées qui ont eu lieu au cours des séances de cette onzième Section. Nous souhaitons que dans les travaux présentés à ce Congrès et dans les débats qui s'ensuivirent, les auteurs et participants trouvent l'amorce d'amples recherches et, partant, la matière de nouveaux ouvrages vastes et exhaustifs sur les thèmes traités à la manière d'esquisse lors de nos séances d'études.

A. INTRODUCTION

QUELQUES

MOTS

DE

SYNTHÈSE

par Alberto CARACCIOLO

I. Le thème présenté dans cette Section est très vaste; les contributions qui suivent sont consacrées à des sujets bien divers et éloignés dans le temps et dans l'espace. C'est seulement afin de mieux lier par un certain fil conducteur ces travaux divers que je présente ici ces quelques mots d'introduction et de synthèse. Et c'est pour la même raison que je vais me borner, après une remarque préalable, à mettre l'accent sur deux ou trois points qui sont à mon avis d'importance capitale. La remarque est la suivante : déséquilibres, sous-développements régionaux... je m'excuse, mais cela ne représente pas, à mon avis, un problème historique en soi. Il y a, bien sûr, des sociétés sous-développées à étudier dans un cadre historique. Il y a en même temps un phénomène de grand poids et de frappante actualité, tel que celui de pays, de régions, de territoires, restés aujourd'hui encore au dehors du processus de croissance. Mais — le mot même le dit — il n'existe pas, je crois, un problème historique ainsi que théorique de cette sorte : il s'agit simplement de la carence, de l'opposition à un phénomène qui ne

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pourrait pas être conçu séparément du premier, c'est-à-dire du développement lui-même. E n u n mot, nous nous trouvons une fois de plus en face d ' u n aspect du problème majeur de la croissance dans le monde moderne. Nous pouvons représenter sur une carte ces aires de stagnation en blanc, face à celles où l'intensité du mouvement économique réclame des couleurs plus sombres; nous aimons aussi prendre, parfois, une attitude subjective que j'appellerais de reproche, de critique vis-à-vis d'une injustice à éliminer : toutefois, j e voudrais le souligner, nous restons toujours dans le grand domaine de l'histoire du phénomène de la croissance. 2. Notre besoin de souplesse, la nécessité de distinguer entre les époques, les milieux, les conditions qui diffèrent le plus, voilà ce qui rend ici notre tâche plus complexe. Nous nous trouvons en effet au cœur de ce tournant — le plus difficile et peut-être le plus passionnant dans l'histoire de l'économie, selon Witold K u l a — qui est le passage (ou le manque de ce passage) d ' u n système « préaccumulatif » à un système « accumulatif ». Notre tâche est donc d'abord d'expliquer pourquoi certains pays, certains territoires, tout en partant de conditions analogues, ont ou n'ont pas franchi ce cap. Question passionnante surtout pour ces pays, assez nombreux d'ailleurs, qui semblaient avoir, dès la fin du M o y e n A g e , des tendances dynamiques et qui, pourtant, n'ont pas eu l'essor qui semblait s'amorcer : question à laquelle plusieurs modèles et nombre d'études empiriques ont essayé de trouver une réponse. O r , si l'on examine la question du point de vue du non-développement, du retard ou du déclin territorial, on est frappé par l'importance exceptionnelle d ' u n élément : celui des facteurs para-économiques ou tout à fait sociologiques, institutionnels, culturels, etc. Ils empêchent souvent le mûrissement des prêconditions essentielles au démarrage économique. Nous avons ici deux excellents travaux sur l'Angleterre, donc sur le berceau d e la révolution industrielle, qui ne manquent pas tous les d e u x de souligner ce fait. M . Flechter, qui nous brosse u n ample tableau des conditions historiques du M o y e n A g e j u s q u ' à la veille d u take-off, insiste, par exemple, sur le « most important factor of all, the h u m a n ». L a croissance éclatante d u Lancashire au x v n i e siècle ne serait pas concevable, dit-il, sans « a social ethos generated b y individual belief in the virtues of hard work, thrift and frugality, and w h i c h thus encourages saving, ploughing-back and g r o w t h within a competitive framework that yet allowed the development of informal agreement, of particular importance to the proliferation of credit, on a basis 01 mutual trust and honest-dealing », etc. Q u a n t à M . E. L . Jones, au cours de son étude de trois modèles de l'arrêt — ou mieux, de la véritable congélation — de l'économie

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d u sud et d u sud-est anglais dans la période m ê m e où d'autres régions d'Angleterre étaient en plein démarrage, il souligne les constraints, les goulots d'étranglement et les constrictions qui dérivent de l'ancien essor manufacturier et urbain. Son analyse fort détaillée parvient à choisir le modèle où apparaît le rôle de la plus grande disponibilité des ressources existantes du Nord, mais qui attribue en même temps « m u c h of the South's compétitive weakness to the sociological and institutional inflexibilities of an oíd industrial community ». O n voit aisément qu'il s'agit là d'une explication de grand intérêt non seulement pour l'Angleterre, mais aussi pour plusieurs pays où il y eut anciennement des villes florissantes et une économie semiindustrielle, c'est-à-dire ce qu'autrefois on appelait un stade « protocapitaliste ». Les spécialistes de l'histoire des provinces « communales » de la France et de l'Espagne, des comuni italiens, des n o y a u x urbains de l ' E m p i r e , des Flandres et de l'Europe de l'Est, mais peut-être aussi les spécialistes de l'histoire des villes « asiatiques » allant de la C h i n e j u s q u ' a u Proche-Orient, vont trouver ici, j e crois, plusieurs suggestions intéressantes. M . Jones insiste sur le rôle des structures corporatives et des hiérarchies sociales, qui furent les constraints du mécanisme de croissance; il attire ainsi notre attention sur u n phénomène décisif afin d'expliquer maints cas de sous-développement territorial et régional. 3. Parmi nos communications, il en est une de M m e GuillotL a g e a t entièrement consacrée a u x prix et a u marché agricole d ' u n pays c o m m e la France au x i x e siècle, ainsi q u ' u n e autre — de M . Bair o c h — où les phénomènes de croissance de l'industrie lourde en Europe occidentale sont étroitement liés au degré de dynamisme agricole d ' u n e région donnée. I l est étonnant de voir que l'économie agraire se trouve, en même temps, au centre d'autres travaux présentés à notre réunion, qu'il s'agisse de la Pologne ou de l'Italie, des Républiques soviétiques ou de l ' A m é r i q u e latine. L a production agricole ne serait-elle pas vraiment l'un des éléments essentiels de notre sujet, et la c a m p a g n e ne se trouverait-elle pas au centre de toute explication tant lorsqu'il s'agit d ' u n take-off m a n q u é ou avorté (ou m ê m e de déclin et de dépérissement) que lorsqu'il s'agit de démarrage et de croissance? N ' y a-t-il pas là une continuité logique avec certaines conclusions suggérées par M . Postan au congrès d'Aix-enProvence il y a trois ans ? Si vraiment l'histoire des différences régionales et territoriales doit être étudiée, c o m m e j e le crois, dans le cadre général de l'histoire de la croissance, cette optique est en effet la plus éclairante. Bien sûr, il faut s'expliquer. E n effet, j e redouterais d'être accusé d'assumer dans cette querelle, le rôle du physiocrate. N o n q u e cela me soit une cause de honte ou d e scandale, mais, les problèmes

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ayant bien changé depuis deux siècles, l'affaire est b e a u c o u p plus compliquée q u ' à l'âge de Q u e s n a y et de T u r g o t . Et, surtout, j e pense moins à l'agriculture en tant que secteur de production, q u ' a u « monde agricole » conçu c o m m e u n tout, dans sa structure sociale autant que dans son processus de création de biens économiques. Q u a n d j e parle de « monde agricole » avant le commencement d'un mécanisme de développement, j e crois que nous sommes très près de cette agriculture en tant que « a whole packet of preconditions » que nous suggérait M . Postan (ou, bien entendu, en tant que carence de ce packet). C'est en effet dans ce cadre que j e voudrais faire maintenant quelques remarques, tirées de l'histoire d e l'Italie agricole entre le XVIII 6 et le x i x e siècle, que j e connais mieux. 4. Les déséquilibres régionaux de l'Italie moderne, dès que celle-ci est devenue u n État indépendant, sont d ' u n e évidence frappante (et M . C a f a g n a v a nous parler des étapes de cette prise de conscience). L e sous-développement de certaines de ses provinces, notamment du Sud tout entier, a fait l'objet d'études bien connues, non seulement d'histoire, mais aussi de théorie économique, car celui-ci apparaît c o m m e un cas exemplaire de « dualisme » dans la croissance. U n des faits presque unanimement reconnus est que ce retard — quelles que soient les raisons de sa persistance et de son aggravation de décennie en décennie — s'est produit bien avant l'unité politique du pays sanctionnée en 1860, et qu'il a son origine dans un système qui s'est consolidé entre la Renaissance et le x v m e siècle. U n deuxième fait sur lequel nos historiens sont maintenant tout à fait d'accord est que les fortunes et les malheurs de Gênes ou de Lucques, de V e n i s e ou de la foire de Senigallia — bref, les événements d'ordre purement marchand, commercial — ne j o u e n t q u ' u n rôle secondaire par rapport aux conditions de vie à la c a m p a g n e ainsi q u ' à celles d'une économie manufacturière et corporative, elle aussi très liée au monde r u r a l ? M o n idée est qu'une période très typique, où l'on peut m i e u x apprécier le mécanisme déterminant la différenciation entre les diverses régions est justement celle de la grande décadence d u x v i i e siècle et de la croissance qui s'ensuivit immédiatement. M . Cipolla, dans son ouvrage publié il y a quelques années dans VEconomie History Review, a donné une interprétation éclairante des circonstances dans lesquelles cette décadence mondiale porta u n c o u p mortel à l'économie italienne, figée dans les règlements des guildes, les productions de luxe, les prix et les rémunérations très élevées. Les gens et les richesses refluèrent alors des villes vers les campagnes (le r a p p o r t de M M . L e G o f f et R o m a n o vient de mettre en relief l'envergure d u phénomène) : il se produisit une ruralisation économique, voire même une résurrection des coutumes et valeurs exclusivement seigneuriales. L a domination espagnole, qu'on a si longtemps accusée

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de tous les méfaits de cette époque, fut un facteur secondaire, dans cette sorte de marche en arrière : nous en avons la preuve dans les destins opposés qui, dans les siècles suivants, furent réservés au duché de Milan et au royaume de Naples, pourtant hispanisés tous les deux. Tout au contraire, si l'on examine la manière dont cette prétendue « ruralisation » eut lieu dans les différentes parties de l'Italie, on y trouve, je crois, des explications fondamentales pour toute l'histoire de la croissance et de la non-croissance régionale dans ce pays. Ne pouvant m'étendre sur ces questions, je me bornerai à signaler u n fait qui m ' a frappé et me paraît essentiel : dans certaines régions l'exode des populations urbaines et la ruralisation se réduisirent à un retour à des formes où dominaient l'auto-consommation, l'exploitation immédiate et contraignante des paysans, le défrichement des bois, la mise en culture de vaines pâtures et de terres marginales; dans d'autres régions ces phénomènes encouragèrent un effort d'investissement dans des transformations foncières, un passage lent mais continu des cultures extensives et des jachères aux irrigations, aux rotations, à l'élevage du gros bétail, ou bien à des cultures destinées au marché et à l'industrie, telles que chanvre, soie, arbres fruitiers. L'essor qui intéresse d'une façon presque totale l'économie italienne et celle des autres pays occidentaux vers la moitié du x v m e siècle sera entièrement déterminée par ces conditions générales prévalant dans les campagnes pendant la phase de régression. Les régions où en est résulté un investissement systématique des ressources, propre à augmenter non seulement la production, mais les rendements et la productivité per capita, en sortiront renforcées, à condition de stimuler le processus de croissance capitaliste et industrielle; les autres régions, où la ruralisation n'a pas amélioré la productivité agricole — parfois, bien sûr, par suite de conditions géopolitiques et agronomiques défavorables, mais aussi pour des causes plus anciennes, une fois encore, d'ordre socio-culturel et institutionnel — sont celles où l'économie dans son ensemble (même extra-agricole) sera destinée à marquer longtemps le pas. Toute l'histoire des développements, des sous-développements, des décadences de telle ou telle région d'Italie pendant les deux derniers siècles est marquée, à mon avis, par cette différenciation initiale. Il y a là, si nous voulons faire de la théologie, une fatale distribution de dons célestes, tellement le choix des damnés et des élus sera dès lors irrévocable. Donc, rôle prééminent de l'agriculture. Mais aussi — et cela nous renvoie au premier point — forte composante sociologique. En étudiant directement plusieurs biographies de marchands « moyens » et de familles marchandes, ainsi que l'évolution de différents milieux d'Italie au x v m e siècle, j'ai trouvé clairement différenciés deux

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types opposés de homines novi venant des commerces agricoles, progressivement enrichis et jouant un rôle social important. L e premier type est représenté par de simples intermédiaires traditionnels qui seront parfois refoulés dans l'anonymat des petits bourgeois des villes et des bourgs, parfois absorbés dans l'aristocratie rentière et de cour, résolus en tout cas à faire oublier leur origine vénale. L e second type est formé par des gens qui, par contre, vont s'insérer de plus en plus dans des entreprises capitalistes, soit grâce aux industries de transformation liées aux grands biens fonciers qu'ils ont loués ou achetés, soit grâce à des activités manufacturières tout court, soit en entrant dans les banques et les affaires de grande envergure. Autrement dit, si certains sont restés pareils aux bourgeois et marchands des communes médiévales et de la Renaissance — et se trouvent même dépourvus de l'esprit novateur et de l'éclat qui caractérisaient ces derniers — issus de milieux statiques, qui resteront ajustés aux structures du sousdéveloppement ou du « développement avorté » à la Gerschenkron, il y en a d'autres, issus de structures déjà plus élastiques, qui se montrent tout de suite mieux adaptés aux exigences d'une croissance économique moderne et qui seront bientôt des moteurs puissants et indispensables à celle-ci. 5. Rôle de l'agriculture, rôle des marchands et des capitalistes... et structures. Voilà qu'entre dans notre discours ce mot qui nous rappelle les régularités, le cadre clos, et donc l'effort de rupture requis de tout milieu qui, au xviii e aussi bien qu'au x i x e ou au x x e siècle, veut se lancer dans la voie du développement. Et voilà que s'impose en même temps, avec la définition des structures — soit économiques, soit institutionnelles, soit culturelles — une mesure du temps qui est la seule capable d'intéresser l'histoire des sous-développements : la longue durée. Il faudra oser, il faudra élargir la recherche : toutefois chaque décalage entre territoires développés et territoires retardataires, chaque « dualisme » régional d'aujourd'hui plongent leurs racines dans la longue, parfois la très longue durée, c'est là qu'il faut l'analyser. L'étude de M . Borchardt, que j e viens à peine de lire, me semble esquisser une interprétation analogue, quand il repousse très loin dans le temps les origines des dissemblances économiques entre les régions de l'Est et de l'Ouest allemand. Mais les remarques que j e viens d'exposer ne sont pas valables seulement pour les first corners et pour l'Europe centre-occidentale. Je crois que l'étendue de ces phénomènes est plus ample. Il n'y a pas ici, j e le regrette, de collègues du Japon : M . K a z u k i O h k a w a a été forcé lui aussi de renoncer au rapport qu'il nous avait promis, car Munich est placée — renversons la définition des voyageurs européens — trop loin dans les brumes de l'Extrême Occident... O h k a w a aurait pu nous dire par exemple si

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le développement récent du J a p o n , vis-à-vis du sous-développement de certains pays qui l'avoisinent (et qui ne sembleraient pas, à première vue, j o u i r de conditions initiales tellement pires), est dû essentiellement à ces mêmes phénomènes d'ordre structural, ou si certains facteurs exogènes, commerciaux etc., peuvent expliquer à eux seuls ces dissemblances. E n tout cas, nos collègues soviétiques, tchèques, yougoslaves sont présents et ils pourront nous dire combien ces survivances du temps long — dans les coutumes, dans l'évolution des couches dirigeantes, dans les traditions d'une paysannerie propriétaire, etc. — ont constitué (et ci ou là représentent encore), dans leur pays, u n obstacle majeur à la disparition des anciens retards régionaux. E n effet j e crois q u ' o n ne force pas la vérité en affirmant q u e les obstacles les plus caractéristiques que nous avons remarqués en Italie ou en Angleterre au x v m e siècle sont aussi largement présents en d'autres pays. Et j e crois de même que plusieurs des constraints rencontrés en des temps plutôt éloignés j o u e n t encore u n rôle majeur dans les sous-développements de nos jours. Nous aurons plusieurs fois, pendant notre colloque, l'occasion de revenir sur tout cela. Les dernières séances de notre groupe nous approcheront de plus en plus des problèmes contemporains et aussi des politiques d'intervention publique qui sont à l'ordre du j o u r concernant les retards de régions et, parfois, de continents entiers. J'aimerais seulement, avant de terminer, indiquer que j e participe avec une équipe d'économistes à une recherche particulière d ' o ù me semble ressortir une confirmation de la large applicabilité aux temps les plus récents, des remarques faites au sujet des premiers siècles de l'âge moderne. 6. Dans le travail auquel j e me réfère, concernant une comparaison entre sept pays qui — sans avoir recours à u n système collectiviste ni à une planification rigide — ont, après la dernière guerre, réalisé des taux de croissance très élevés, l'équipe italienne a situé son étude dans le temps long et dans l'optique d ' u n découpage géographique et sectoriel très marqué. Je négligerai ici d'autres résultats remarquables, q u ' a obtenus cette équipe en poussant son étude j u s q u ' à l'analyse des cent dernières années. Mais il y en a un, qui m ' a paru nouveau, lourd de conséquences, nécessitant une explication détaillée. C'est la constatation que pendant la « décennie d'or » 1953-1962 les taux de croissance industrielle et globale les plus hauts n'ont été réalisés ni dans le Nord-Ouest bien aménagé et déjà fort industrialisé, ni dans le Sud pourtant aidé par l ' É t a t et avantagé par sa condition de late joiner : ils se situent dans une région géographiquement centrale et économiquement intermédiaire de l'Italie, comprenant l'Emilie et quelques départements voisins de la Toscane, de la V é n é t i e et des Marches. J e ne donnerai pas ici des chiffres, d'autant plus

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que plusieurs de nos élaborations sont encore en cours. C'est u n fait sûr, cependant, que le poids des taux de croissance dans cette zone limitée a suffi à élever d ' à peu près 2 points le taux global de croissance du revenu national italien des dernières années (qui a atteint, rappelons-le, presque 6 % par an). Gela nous a amené à tirer de là une sorte de modèle de croissance : qu'entre nous nous avons appelé, par amusement, « modèle Prampolini », rappelant ainsi le nom de Camille Prampolini, ce socialiste réformiste de R e g g i o en Emilie qui, au début du siècle, organisait u n admirable réseau de coopératives et songeait, à partir de ces coopératives gagnant de proche en proche, à édifier u n pays moderne et collectiviste. E n effet, si nous constatons ce rôle singulier du « pôle » émilien actuel et remontons à rebours j u s q u ' a u x origines historiques et logiques du phénomène, nous trouvons : I. Q u e la g a m m e des branches industrielles en voie de développement est très étendue dans cette région, mais les plus nombreuses sont les entreprises de moyennes dimensions et celles qui s'occupent de la transformation des produits du sol; I I . Q u e cette zone est celle-là même qui, après la dernière guerre, a réalisé le m a x i m u m de croissance de la production et de la productivité agricole per capita (sans que cela fût déterminé par u n exode de population, c o m m e dans le Sud) ; I I I . Q u e ce dynamisme des campagnes est dérivé sûrement d ' u n processus de transformation agraire et foncière de longue durée, qui fut très évident surtout pendant les quinze premières années de notre siècle; I V . Q u e le processus que nous venons d'indiquer a été déterminé de façon évidente par la structure sociale des campagnes — niveau d'instruction assez élevé, grande diffusion des associations et des coopératives, entrepreneurs capables, intégration aux valeurs urbaines et industrielles — : tout un ensemble de caractères que j e résumerais ainsi grande mobilité et grande ouverture vers l'extérieur de ce monde agricole. Il est donc évident que si cette zone a pris en six ou sept décennies l'aspect que j e viens de décrire, elle le doit aux facteurs suivants : travail acharné, diffusion d'institutions sociales et mutualistes qui font de chaque paysan une personne cultivée aux initiatives fécondes, investissements et transformations foncières en profondeur. T o u t cela, à u n moment donné, a créé la condition optima du grand essor récent de la productivité, qui a atteint aussi les secteurs non-agricoles. 7. C'est seulement à la conclusion de n o m b r e u x calculs, des recherches de corrélation, d'observations de nature non-quantifiable que mon partenaire M . Giuseppe O r l a n d o et moi-même réussirons à donner une explication pleinement cohérente d ' u n phénomène

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frappant de croissance régionale. Mais arrêtons-nous. Ce que je voulais souligner ici, le proposant à votre attention, c'était uniquement certaines ressemblances entre un phénomène très récent de disparité de croissance et d'autres phénomènes analogues plus éloignés dans le temps — il s'agit du rôle que l'agriculture, le milieu socioculturel et le rôle du processus de longue durée jouent dans ces différents cas éloignés, comme ceux que nous venons de rappeler à propos de l'Angleterre ou de l'Italie d'il y a deux siècles. A vrai dire, je crois que dans les rapprochements, dans les généralisations, il faut s'arrêter à temps, sous peine de tomber dans des schémas sans signification. Trop de prudence, diront les économistes! Peut-être vis-à-vis de la science des modèles de croissance, du dualisme, du sous-développement. Mais l'optique de la recherche historique n'est pas tout à fait la même, et je ne saurais franchir les frontières qu'impose le métier d'historien. En tout cas, nous voilà en présence d'un thème d'intérêt typiquement « interdisciplinaire » sur lequel le dialogue est bien ouvert.

B. CONTRIBUTIONS

PREMIÈRE PARTIE

Les différences régionales dans la révolution industrielle

T H E C O N S T R A I N T S ON ECONOMIC IN S O U T H E R N

ENGLAND,

GROWTH

1650-1850

by E. L. JONES (Nuffield

College, Oxford,

and Northwestern

University,

Evanston,

Illinois)

In common with many other countries during the early phases of economic development, England underwent the divergence of regional fortunes which has become known as the "North-South problem" 1 . During the seventeenth century England's populous, urbanized, industrial zone still lay along the right-angle connecting Bristol, London, and Norwich. By the middle of the nineteenth century the centres of intense industrial activity had shifted north and north-west, to the coal fields of the West Midlands, the West Riding, Lancashire and South Wales. Many of these centres, it may be noted, were also within the old areas of especially dense village industry. London, however, remained as the pre-eminent commercial and financial city. It is not easy to delineate the locational i. This version of the paper has been drastically summarized and shorn of most documentation. I am grateful to L. E. Davis and J. R. T. Hughes for valuable comments and to R. M. Hartwell for reading the original paper for me at the conference.

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shift which has occurred, indeed the move is identifiable as a single phenomenon only with a bird's eye view, but according to one crude attempt at measurement the area in which most new industry had arisen during the sixteenth and seventeenth centuries had been southeastern England, whereas in the eighteenth and nineteenth centuries it was decidedly north or north-western England 1 . In 1662, so the hearth tax returns indicate, eight of the ten largest provincial towns in England lay south-east of a line from the Severn to the Wash; at the census of 1861 only two of the "top ten" fell within the same area 2. According to the property tax assessments, two blocks of countries in southern and eastern England (Berkshire, Dorset, Hampshire and Wiltshire, and Norfolk, Suffolk and Essex) dropped an average of eleven places in the county league table of wealth between 1693-1843 3 . The expansion of the English economy during this period would be less intriguing had it merely been accompanied by a relative decline in the wealth of the southern counties, while the absolute size of their established industries was maintained. Instead, the old manufacturing centres in southern and eastern England not only failed to capture a share of the growth of the market, but many lost part of their footing and some completely disappeared. The transition was so gradual that it is perversely exciting, like watching a duel in slow motion. In this first effort at understanding such a tortuous, complicated phenomenon, southern England rather than East Anglia will be considered, primarily the central part of the broad belt of old industry stretching from Devon north to Oxfordshire and east to Kent, with a branch into the south-west Midlands as far as Herefordshire. However, the East Anglian experience seems to have been broadly comparable. While the south suffered a decline in wealth and urbanization in relative terms, many of its industries shrank in absolute terms. Ironmaking decayed in the Kent and Sussex Weald and in the Forest of Dean during the eighteenth century. The woollen cloth industry had virtually disappeared from Kent in the late seventeenth century; by the second quarter of the eighteenth century there were only remnants of the industry in Surrey, and during that century the Berkshire and Hampshire centres turned to making coarse cloth and finally were eclipsed. Cloth making dwindled in Exeter. In the first half of the nineteenth century cloth manufacturing contracted in Somer1. M . T . HODGEN, Change and History, 1952, fig. 7 and 8, pp. 63, 65 and table 2, p. 2 1 7 . 2. W . G. HOSKINS, Local History in England. 1959, Appendix, pp. 1 7 7 - 1 7 8 . 3. E. J . BUCKRATSCH, " T h e Geographical Distribution of Wealth in England, 1 0 8 6 - 1 8 4 3 " , Economic History Review, 2nd ser., I l l , 1950, table 5, p. 198.

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set, Wiltshire and Gloucestershire. Other textile industries, like carpet weaving, cotton spinning and stocking knitting, were dying by that period. The Solent salt industry went under. In the middle of the nineteenth century more textile firms (for example, in the Banbury plush industry) collapsed, as did boot-and-shoe making in Berkshire, the making of wire buttons in Dorset, wool and fur hatting in Gloucestershire, and other local trades 1 . Efforts to establish manufacturing in the south seemed fated. Although there were occasional successes during the first half of the nineteenth century, examples have been found of new enterprises in pottery, hat-making, alum, salt and glass production, and of new coke furnaces to smelt iron, which were abandoned within a very few years. Discouraged entrepreneurs from southern centres of iron making, pin making and textile manufacturing sometimes migrated direct to northern or western localities. And instances have been found of plants in cotton manufacturing, carpet weaving and many in the woollen and associated trades in the south which, when they were accidentally destroyed, simply were not replaced. The dismal chronicle of southern manufacturing is in itself presumptive evidence that returns were low compared with those of northern industry, or compared with some alternative use of resources in the south. Let us examine the explanations of the decline of southern manufacturing which are implied in the literature of the subject.

I The first explanation is that northern industry was able to undersell the south by virtue of its. access to superior natural resources of fuel, power and raw materials. This ability came into play when the technological breakthroughs of the eighteenth century (coke-smelted iron and coal-fired steam engines) placed a premium on coal. Subsequently, it is argued, northern industries became so costfavoured that they could out-compete the south and ultimately oblige its firms to go out of business or to migrate northwards. There are difficulties with a monocausalist natural resource argument. Far from being devoid of usable raw materials, the south increasingly shipped them to the north. Hampshire and the Isle of Wight possessed good quality iron ore which was carried to the South Wales coal field as late as 1887. Iron ore which John Aubrey

1. Information about southern industries and suppositions about their decline have been drawn from numerous journal articles and local histories, of which the Victoria County Histories are still the most comprehensive.

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had found at Seend in Wiltshire in the seventeenth century was taken out by railway in the nineteenth century. Although it is now thought that Wealden iron ore was worked out during the eighteenth century, why did the iron industry not move to new reserves of ore (and of wood for making charcoal) in the neighbouring county of Hampshire, as was indeed proposed? White sand was sent in quantity from the Isle of Wight to glass works in northern cities, and clay from Dorset to the Staffordshire Potteries, in the nineteenth century. Contemporaries felt the lack of coal to be the keenest disadvantage of the natural resource endowment of southern England. They signalled their concern by frequent, repeated and fruitless efforts to mine coal at a great many sites in the southern counties. After Henry Cort's discovery of improved methods of refining iron using coke instead of charcoal (a discovery made at Fontley, Hampshire; there are plenty of other signs that technological inventiveness was high in the south), or at least once the demands on southern shipyards during the Napoleonic wars had passed, the lack of coal became an almost eliminating disadvantage in the iron industry. Other industries which depended less centrally on coal hung on rather longer —the Lymington salt manufacture for instance. The persistence of the blanket manufacture at Witney was specifically attributed in 1809 to cheap local labour offsetting the "want of vicinity to coals" Yet for some southern woollen mills coal was not necessarily dearer than in the north. As late as 1818 the more remote Yorkshire cloth mills paid more for coal than the better situated of the Wiltshire mills, to which Somerset coal was brought by canal 2 . Southern textile manufacturers were at more of a disadvantage as regards water power. Evidence of difficulties over access to water supplies can be matched in kind from northern industrial sites, but the north and west, with higher rainfall and steeper stream courses, do not seem to have been troubled to the same degree as the south and east. The distinct east-west "die-back" of the textile industry across southern England from Kent into the surviving Cotswold centres may have been related to an inadequate fall of water to operate fulling mills efficiently in the drier east, from as early as the thirteenth century, or to compete in other industrial milling with the wether west. In addition, competition for mill sites was increasingly put up in the south and east by the grain millers. Competition developed between industry's water requirements and the needs of pasture 1. Alfred PLUMMER, The Witney Blanket Industry, 1934, pp. 85, 108. 2. R . P. BECKINSALE, The Trowbridge Woollen Industry, Wiltshire Archaeological Society Records Branch, 1951, p. xxvi and n. 1.

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irrigation which seems to have set a strict limit to industrial expansion in the south x, but hardly accounts for the extent of its retreat. II We are therefore obliged to consider three institutional rigidities which have been canvassed. The first concerns the supply of capital and entrepreneurship. It has been suggested that control by the Blackwell Hall factors restricted operations by the smaller clothiers 2. By manipulating the supply of credit the factors supposedly split the clothiers into a small, well-to-do group and a larger group of utterly dependent small men who could not readily expand their businesses 3 . Furthermore, sucessful clothiers in Bershire, Wiltshire and Gloucestershire customarily bought landed estates with their industrial profits, and many became so enamoured of landed society that they dissipated their fortunes in genteel pleasantries. The argument therefore runs that while the stranglehold of the factors impeded the rise of small clothiers (presumably to replace the "Gentlemen Clothiers"), capital was being drained out of the textile industry by the larger and more successful men, into landed property. If those leaving the industry blocked their own replacement by "hoarding" scarce watermill sites, or converting them to grain milling, as sometimes appears to have happened, they may have accelerated industrial decline. Otherwise it is hard to see the special force of the argument for southern England: most big manufacturers in north and south alike eventually bought estates. As to the throttled flow of capital and credit, it has been observed that the power of the Blackwell Hall factors was greatest over the small clothier of the north 4. The second rigidity which has been offered in explanation of the decline of one branch of southern textile manufacturing is the existence of high, inflexible wage rates Specifically, it is urged that in the late seventeenth century the numerous competing occupations in Kent, together with the high price of provisions in the Home Counties, so forced up wages that Kentish clothiers could no longer compete with lower wage areas. This cannot however be genera1. R . W . H . WILLOUGHBY, "Water-Mills in West Wiltshire", Wiltshire Archaeological Magazine, 64, 1969, p. 82. 2. See e.g. R . B. WESTERFIELD, Middlemen in English Business 1660-1760, 1915, pp. 2 7 8 - 3 0 3 . 3. Cf. J . DE L . MANN, "Clothiers and Weavers in Wiltshire during the Eighteenth Century", in L . S . Pressnell (ed.), Studies in the Industrial Revolution, i960, p. 82. 4 . WESTERFIELD, op. cit., p . 2 8 4 .

5. C. W . CHALKLIN, Seventeenth Century Kent, 1 9 6 5 , pp. 1 1 7 - 1 2 5 .

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lized to cover the remainder of the southern cloth industry, where wages were low and increasingly lagged behind Lancashire and Yorkshire during the second half of the eighteenth century 1 . The third rigidity may more plausibly explain the contraction of the clothing industry within its Cotswold nucleus, where, as we have seen, other conditions such as access to coal and good heads of water were favourable. This rigidity arose through the sharp polarity of master and man, in contrast to the socially more uniform small weaver communities of the north, and manifested itself in more forceful workers' resistance to mechanization. At Bradford-on-Avon in 1791 a mob destroyed an advanced scribbling engine. At Trowbridge in 1785-1787 and 1810-1813 workpeople rioted against the flying shuttle, postponing its introduction until 1816, at which date one firm still thought it advisable to accompany the manoeuvre by laying in a stock of weapons. Riotous resistance kept the flying shuttle out of west Wiltshire generally until the end of the Napoleonic wars. Where resistance to mechanization was vigorous, costs were raised appreciably —thus Somerset clothiers who wanted their cloth dressed by gig mill were obliged to send it as far as ninety miles away 2. Meanwhile the Yorkshire clothiers achieved a head start with each successive invention.

Ill Another disadvantage which southern manufactures may have suffered in contrast with those in the larger population centres (including London as well as northern cities, and embracing the finishing trades as well) is that they could not achieve the same economies of scale. In division of labour, closer supervision to maintain production schedules and work flows and to prevent the pilfering of raw materials by workers, small plants could not match large ones. And large ones may have arisen more readily close to large markets — i n London as it grew from circa 1650, and from circa 1750 in the growing towns of the north. Improvements in internal communications from the later seventeenth century, focussed on London and the northern towns, may have widened their markets faster than those of the small town manufactures in the south. External economies would also accrue to manufacturers in the larger centres from the presence of ancillary firms specializing in the construction and repair of machinery. There is some evidence that industries in the 1. See figures in E. W . GILBOY, Wages in Eighteenth Century England, 1934, pp. 75-76. 2. Victoria County History, Somerset, II, p. 417.

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larger towns did replace those of the smaller towns . One stray suggestion relating to markets may be inserted at this point. The older southern textile firms tended to specialize in fine types of cloth for limited overseas markets. When these markets were closed by war, the firms were burdened by retooling costs and delays, whereas the humdrum broadcloth of Yorkshire was neutral as to market: it could be sold to England's ally of the moment. IV Underlying the entire shift in the distributions of economic activity in England was the fact that the south's comparative advantage lay in agriculture, the north's in industry. This was given greater force by the agricultural developments from the mid-seventeenth century, which favoured the southern farmer. If farming were more profitable than industry in the south, the propensity of southern manufacturers to become landed proprietors becomes understandable, as does the failure of men and money to come forward to replace deserted or destroyed manufacturing plant in the south. Quite simply, the returns ona griculture (as well as agricultural processing or servicing trades) in the south and manufacturing in the north were both greater than on manufacturing in the south. Many men had mixed occupations as late as the eighteenth century: they were farmer-weavers, farmer-nailers, farmer-potters. In the north such men tended to move into full-time industrial work. In the south they moved, if not into full-time farming, at least into the agricultural processing or servicing trades 2 . The outcome of the prolonged divergence was the classical pattern of a manufacturing north and an agrarian south. V There was no discernable capital scarcity in the south 3 . When a southern mill or workshop was accidentally destroyed or some crucial 1. Cf. W . E. MINCHINTON, "Bristol-Metropolis of the West in the Eighteenth Century", Transactions of the Royal Historical Society, 5 th ser., I V , 1954, p. 78. 2. I have introduced consideration of these changes in E . L . JONES, Agriculture and Economic Growth in England, 1650-1815, 1967; "Agricultural Origins of Industry", Past & Present, 40, 1968, pp. 5 8 - 7 1 ; and "English and European Agricultural Development, 1 6 5 0 - 1 7 5 0 " , in R . M . HARTWELL (ed.), The Industrial Revolution, 1970. 3. A n excellent indication of the ready availability of capital is to be seen in the speed of rebuilding after major settlement fires. E . L . JONES, " T h e Reduction of

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43° part of its apparatus broke and yet was not replaced, we must assume that the operator had merely been covering his variable costs, not his fixed costs. A man might remain in such a business for a long life time, spinning out the decline of an industry, but his son was unlikely to follow him; or if his son learned the particular skills and did follow his father, that would be the extent of the new blood, for other entrants would not be forthcoming. In general capital was much more mobile than labour. Both could flee southern manufacturing for southern agriculture or the agricultural processing or servicing trades, but only capital could move readily to northern industry. We know little about its net flow in the eighteenth century, although that was the direction in the nineteenth century, via the country banks and the London clearing houses. We do know that southern labour moved north only belatedly, and step by step The constraints on industrial development in southern England between 1650-1850 depend in part on the industry under consideration. The woollen industry appears to have had special difficulties in the form of the resistance of labour to mechanical innovations and because it tended to specialize on products of appeal to limited and uncertain markets. The south's more general industrial disadvantages stemmed partly from its inadequate power resources and partly from its inability to match the growing economies of scale and the external economies in urban industry as London and the northern towns expanded. Ultimately, however, perhaps all one needs to say is that the south rather slowly found its comparative advantage in agriculture.

Fire Damage in Southern England, 1 6 5 0 - 1 8 5 0 " , Post-Mediaeval Archaeology, I I , 1968, pp. 140-49. 1. O n one institutional constraint, see Barbara Kerr, " T h e Dorset Agricultural Labourer 1 7 5 0 - 1 8 5 0 " , Proceedings, Dorset Archaeological Society, 84, 1962.

THE

ECONOMIC OF

DEVELOPMENT

LANCASHIRE

by T . W. FLETCHER ( University of

Manchester)

Modern theories of economic growth normally take the form of models which derive from quantitative analyses of developed economies. They are, or purport to be, of universal application. Historical studies, on the other hand, usually deal with specific countries or regions in a particular time-context, both because of the dearth of quantitative data and because of the historian's belief that in order to explain historical phenomena it is necessary to look behind the figures and study human beings in the round. For both of these reasons this paper on the Economic Development of Lancashire falls into the second category. All economic historians know of Lancashire, of its role in the Industrial Revolution of the eighteenth century, of its contribution to Britain's exports in the nineteenth century and, symbolised in the name of Manchester, of the doctrine of Free Trade which perhaps reached its apogee a hundred years ago at Cobden's death. The factual outline of Lancashire's growth is equally well-known. Its population quadrupled between 1780 and 1830 when that of England and Wales merely doubled. The extraordinary growth

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of the cotton industry—often taken to be synonymous with Lancashire—is easily demonstrated by figures showing the imports of raw cotton, by the increase in the number of spindles or the number of looms, or by the number of steam engines in the industry. But the remarkable growth of Lancashire cotton between the years 1780 and 1830 involved much besides the conversion of raw cotton into finished cloth. Coal, engineering, and transport were all vital. Neither did this exotic growth appear overnight—its origins lay deep in the past—and it is the primary purpose of this paper to explore the early industrial developments in Lancashire in an attempt to explain why, by the end of the eighteenth century, the county provided such a fertile bed for that remarkable plant, the factory system. Lancashire's history may be summarised as follows. The Middle Ages i) The unfriendly environment of the Highland Zone, sparse population, turbulence and backwardness; ii) No common fields of the classical Midland pattern, a pastoral economy, unique system of land tenure in East Lancashire. Post 1485 i) The domestic woollen industry, the Rochdale-Halifax axis; ii) The linen industry, Irish flax; iii) Growth outside the chartered and regulated boroughs; government legislation. By i) ii) iii) iv)

1600 New The The Coal

mixed fabrics and the introduction of cotton; rising merchants of Manchester and their London partners; social ethos and its religious background; mining and the industrial importance of water.

By iyoo i) The impact of the Civil W a r ; ii) T w o post-Restoration developments: a) The Dutch loom; b) The growth of Liverpool; iii) Growth in Lancashire and the West Riding faster than in East Anglia and the southwest. Early eighteenth Century i) Legislative struggles, the Manchester A c t ; ii) The first invention; iii) River improvements.

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Mid-eighteenth Century—the great leap forward i) Investment in communications, turnpikes, canals; ii) T h e textile inventions. 1780-1830 i) Steam and the factory system; ii) Engineering developments; iii) T h e export trade. 1830 onwards i) T h e railways; ii) Specialization in Lancashire. By 1800 it can be argued that growth in Lancashire was self-sustaining. T h e question is how or why, and may perhaps best be answered b y singling out from developments in earlier centuries those points or factors that seem to be singular, either unique to Lancashire or assuming there a form different from elsewhere, in particular different from the older centres of industry to the southeast and southwest. A provisional list would include the following: 1. Geographical factors i) A caveat—theoretical objections; ii) Climate, topography; iii) T h e agrarian background; iv) Coal and water. 2. Absence of chartered boroughs in East Lancashire; weakness of guilds in Southwest Lancashire towns 3. The strategic and marketing importance of Manchester 4. The links between Manchester merchants and their London partners 5. The climate of opinion in the sixteenth and seventeenth centuries i) Religion, the Protestant ethic; ii) Education. 6. Early eighteenth century i) T h e position and growth of Liverpool; ii) T h e Manchester Act.

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7. Mid-eighteenth century i) Communications; ii) T h e social background of the inventors. Finally, two factors of fundamental importance : 1) T h e credit mechanism; 2) Investment. A summary, in modern terms, of the economic development of Lancashire would stress the following points. 1. T h e geographical potential. 2. A n early developed free land market. 3. Comparative freedom from legislative control. 4. Early investment in Education. 5. Early investment in Communications. 6. A social environment conducive to enterprise and thrift. 7. A developed credit mechanism. A t first sight, this might appear as a blueprint for economic development designed by A d a m Smith and the Manchester School and, as such, impracticable in the changed conditions of today. Nevertheless, in the competitive free-for-all, market forces of supply and demand were, at whatever human cost, allowed to operate and, however advanced our economic policies, this is a consideration, that in terms of flexibility, is of overriding importance in the long run. Secondly, whether thought of in terms of Rostow's "preconditions" or in terms of social overhead capital, the early and large scale investment in education and communications, neither of them at the time either directly or even measurably profitable, can be seen to have been of immense significance. Lastly, the most intangible but possibly the most important factor of all, the human. A social ethos generated by individual belief in the virtues of hard work, thrift and frugality and which thus encouraged saving, ploughing back and growth within a competitive framework that yet allowed the development of informal agreement, of particular importance to the proliferation of credit, on a basis of mutual trust and honest dealing, the fundamental sanction for which was religious, is difficult enough to describe and impossible to quantify. Yet, without its existence in pre-1800 Lancashire, growth would have been severely restricted.

L'INFLUENCE SUR

LE

DE

L'AGRICULTURE

SOUS-DÉVELOPPEMENT

RÉGIONAL

par Paul

BAIROCH

( Bruxelles )

Quand on se penche sur les problèmes du sous-développement régional des pays industrialisés on ne peut qu'être frappé par le parallélisme que l'on retrouve dans la majorité des cas entre le faible niveau de productivité de l'agriculture et l'absence d'une industrialisation ancienne dans le domaine de l'industrie du fer, qu'il s'agisse de la sidérurgie ou de la transformation des métaux ferreux. Très rares sont les cas où l'on est en présence d'une industrie de fer ancienne et développée dans une région où l'agriculture est arriérée ou peu productive, de même rares sont les cas inverses. Pour se convaincre de cet état de choses, il suffit de citer les exemples français et italiens où, dans chaque cas, l'on trouve les implantations traditionnelles de l'industrie du fer dans les régions où l'agriculture est la plus développée. Cette corrélation peut paraître fortuite si l'on considère que les liens qui unissent les deux secteurs sont faibles ou inexistants ou, du moins, étaient tels pendant les premières phases de l'industrialisation. Mais dès l'instant où l'on peut, sinon prouver, du moins mettre en évidence une relation étroite entre ces deux secteurs, l'on se trouve

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placé devant une cause probable et peut-être déterminante de ce parallélisme. Et dès lors on est en présence d'un schéma explicatif de certains retards de développement de l'industrie du fer dans les régions où l'agriculture est peu productive. Or, nous estimons raisonnable de postuler que l'agriculture a été un facteur déterminant dans le développement de la sidérurgie et de l'industrie du fer en général durant les trente à soixante années qui ont précédé le début de ce qu'il est convenu d'appeler la