Panorama du développement rural au Niger 2343175667, 9782343175669

Cet ouvrage donne une vue d'ensemble du développement rural au Niger et se veut une situation de référence pour l&#

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Panorama du développement rural au Niger
 2343175667, 9782343175669

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Israël Moussa BOUREIMA, microéconomiste, MBA de l’Institut Supérieur de Gestion d’Alger, est Chargé d’études de prospective en développement au ministère de l’Agriculture et de l’Élevage à Niamey au Niger. Il est en charge du dossier « Environnement et développement durable » et représente depuis 2007 son département ministériel au sein de groupes de travail nationaux et internationaux de prospective en développement durable. Il est auteur de huit essais et manuels et de onze ouvrages de fiction publiés en France et en Allemagne.

Etudes africaines Série Agro-alimentaire ISBN : 978-2-343-17566-9

17,50 €

Israël Moussa Boureima

Le Niger, pays agricole à déficit vivrier, est de plus en plus dépendant de l’extérieur pour son alimentation. Il cherche ainsi à développer une agriculture à la fois durable et permettant de satisfaire les besoins alimentaires de la population. Cette volonté d’autosuffisance, exprimée par le slogan grandiloquent « les Nigériens Nourrissent les Nigériens », se traduit depuis 2012 en actes par la stratégie dénommée « Initiative 3N pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable ». Occupé sur les deux tiers de son territoire par le Sahara et sur les quatre cinquièmes restants par le Sahel, le Niger se révèle un laboratoire pour l’agroécologie défiant les méthodes de l’agriculture durable, de la finance durable, et l’émergence de l’économie verte. Cet ouvrage donne une vue d’ensemble du développement rural au Niger et se veut une situation de référence pour l’investissement socialement responsable. Il invite les acteurs du développement durable du monde entier à investir dans ce pays, pour relever, dans une approche globale, les défis du changement climatique (perte accélérée de la biodiversité, raréfaction des ressources, risques sanitaires environnementaux, désertification…). Il vise ainsi à participer au mouvement régional, continental et mondial de développement agricole durable soutenu notamment par la politique agricole de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP) et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine englobant les objectifs onusiens 2030 de développement durable.

Panorama du développement rural au Niger

Panorama du développement rural au Niger

Etudes africaines

Série Agro-alimentaire

Israël Moussa Boureima

Panorama du développement rural au Niger

Collection « Études africaines » dirigée par Denis Pryen et son équipe

Forte de plus de mille titres publiés à ce jour, la collection « Études africaines » fait peau neuve. Elle présentera toujours les essais généraux qui ont fait son succès, mais se déclinera désormais également par séries thématiques : droit, économie, politique, sociologie, etc. Dernières parutions Olivier FANDJIP, Le temps dans le contentieux administratif. Essai d’analyse comparative des droits français et des États d’Afrique francophone, 2019. Olivier FANDJIP, Les mutations récentes de la justice administrative en Afrique francophone. Étude critique à partir du modèle camerounais, 2019. Placide MALUNG’MPER AKPANABI, L’éducation aux valeurs chez les Ding orientaux en RDC, De 1885 à nos jours, tome 1, 2 et 3, 2019. Jérôme TOUNG-NZUE, Réalités du pouvoir au Gabon et fondements du blocage sociopolitique, 2019. NIAMKEY-KOFFI, Révolution et liberté, 2019. Coopération Maurel Sosthène ONOMO ETABA, internationale et terrorisme en Afrique, L’expérience africaine du droit de poursuite terrestre, 2019. Jean OTEMIKONGO MANDEFU YAHISULE, La gouvernance universitaire au Congo-Kinshasa, 2019. Emmanuel KASONGO MUNGONGO, La gouvernance des entités territoriales décentralisées, Défis et enjeux de la gestion des finances publiques communales à Kinshasa, 2019. Paul AKOGNI, Arthur VIDO et Didier Marcel HOUÉNOUDÉ (dir.), Le patrimoine historique au service du développement du Bénin, 2019. Marie Rose BANGOURA, Gestion des déchets solides ménagers et ségrégation socio-spatiale dans la ville de Conakry, 2019. Ayrton AUBRY, Le G5 Sahel, Le Nouveau Régionalisme Sécuritaire en Afrique du Nord-Ouest, 2019.

Panorama du développement rural au Niger

© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-17566-9 EAN : 9782343175669

Israël Moussa BOUREIMA

Panorama du développement rural au Niger

DU MÊME AUTEUR Aux Editions L’Harmattan - L’économie agricole au Niger, ISBN 978-2-296-96360-3 - La gestion de l’eau et politiques de développement en Afrique de l’ouest, ISBN 978-2-343-07566-2 Aux Editions Universitaires Européennes - Manuel de macroéconomie, ISBN 978-613-1-51481-4 - Dix questions d’économie internationale, ISBN 978-613-1-52361-8 - Appréhender l’entreprise, ISBN 978-613-1-53725-7 - Environnement et développement durable au Niger, ISBN 978-6131-56858-9 - Les politiques agricoles au Niger, ISBN 978-613-1-54060-8 Aux Editions Publibook - Manuel d’économie du développement à la genèse des ODD, ISBN 978-2-342-05625-9 Aux Editions TheBookEdition.com (Ouvrages de fiction) - Le pagne de Barbara, ISBN 978-2-35627-000-9 - Amitié kabyle, ISBN 978-2-35627-001-6 - Djongondo, le destin de la sécheresse, ISBN 978-2-35627-003-0 - Zéphira, une diablesse amoureuse, ISBN 978-2-35627-004-7 - Les turpitudes d’une princesse, ISBN 978-2-35627-005-4 - La deuxième femme de Jacky Lefèvre, ISBN 978-2-35627-009-2 - Blanche la Bété, ISBN 978-2-35627-015-3 - La légende du roi Kabrin Kabran, ISBN 978-2-35627-019-1 - Le mal du milieu, ISBN 978-2-35627-022-1 - Une marque invisible, ISBN 978-2-35627-026-9 Aux Editions La société des écrivains - Le cadeau de Barbara, ISBN 978-2-342-03958-0

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PRÉAMBULE

L’avènement en septembre 2015 de la politique onusienne de développement durable à l’horizon 2030, assortie de 17 objectifs ambitieux appelés objectifs de développement durable (ODD), a suscité au Niger un mouvement général de conception de politiques et stratégies de développement sectoriel, alors que le pays n’avait pas atteint les cibles des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qu’il recherchait depuis 2002 avec sa stratégie de réduction de la pauvreté (SDR). La nouvelle ère qui s’ouvre avec ce guide de développement durable sur une période de 15 ans après celle des 15 ans consacrés à la réalisation des OMD, promet un bel avenir avec l’engagement des pays riches à soutenir les pays en développement, entre autres, à mettre fin à l’extrême pauvreté, à lutter contre les inégalités et les changements climatiques, promouvoir une croissance durable et inclusive. Pays pauvre agricole à déficit céréalier selon le profilage de la FAO, le Niger trouve un plus grand intérêt dans le cadre d’un partenariat mondial renouvelé, à s’atteler à l’objectif mondial de développement durable visant la sécurité alimentaire, l’amélioration de la nutrition et la promotion d’une agriculture durable. Le gouvernement nigérien s’est engagé à réaliser un programme d’investissement agricole (le PNIA 2016-2020) devant permettre d’achever le travail poursuivant les cibles 7

non encore touchés des OMD dans la lancée des actions élaborées pour les cibles des ODD. Le PNIA 2016-2020 est une composante sectorielle du Plan de développement économique et social 2016-2020 qui est lui-même une étape d’une planification globale à long terme appelée Stratégie de développement durable et de croissance inclusive (SDDCI 2035). Dans la même foulée, le Niger est censé mettre en synergie ses efforts de développement avec ceux de ses pairs ouest africains dans le cadre de l’intégration économique régionale et ceux des autres pays africains pour les besoins de la cause du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD). Fortement lié à l’aide au développement, le pays mise sur le financement des institutions financières internationales, compte sur l’appui budgétaire fourni régulièrement par l’Union Européenne et escompte les coups de pouce solidaires de la coopération bilatérale de plusieurs pays développés pour notamment mettre en œuvre sa CDN adoptée dans le cadre de l’Accord de Paris pour le climat. La société civile ayant participé à l’adoption des ODD, l’intervention des ONG au Niger est remarquable, et celle du secteur privé quoique peu reluisante, fonde l’espoir du passage d’une agriculture de subsistance à une agriculture de développement dans un contexte de désertification posant des problèmes majeurs au développement durable. Le secteur de l’agriculture et de l’alimentation offre des solutions clés pour le développement, il est au cœur de l’éradication de la faim et de la pauvreté. Représentant plus de 80 % de l’économie nationale, le secteur rural nigérien est le principal moteur de la croissance économique, trouvant un tremplin dans la dynamique enclenchée par les nouveaux objectifs mondiaux qui couvrent un terrain plus vaste avec l’ambition de traiter toutes les questions importantes de manière complémentaire et synergique : la croissance économique, l’éducation, les emplois décents, les 8

inégalités, l’industrialisation, l’eau et l’assainissement, les écosystèmes, l’énergie, les changements climatiques, les modes de consommation et de production durables, la paix et la justice. Dans ce kaléidoscope, notre travail donne notamment un aperçu de l’évolution institutionnelle et organisationnelle du secteur rural nigérien, de ses zones agro écologiques, de ses principaux systèmes de production expliquant les questions socio-économiques et technico-économiques, et des politiques de développement rural mises en œuvre dans ce pays à l’indice de développement humain le plus faible au monde depuis plus de deux décennies.

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INTRODUCTION

« Pays à faible revenu et à déficit vivrier » est le profil agricole du Niger, dans la nomenclature de la FAO. L’agriculture y est non seulement une question de survie mais aussi l’activité de base de l’économie nationale. Elle repose principalement sur de petites exploitations familiales qui associent cultures pluviales (céréales, légumineuses et tubercules) et cultures irriguées vivrières ou de rente (riz, oignons, sésame et niébé). L’agriculture irriguée représente près de 30 % de la production agricole du pays et 90 % de ses exportations agricoles. La production alimentaire nationale demeure insuffisante par rapport à la demande. En 60 années d’indépendance, le pays a connu une dizaine de crises alimentaires et de famines. La couverture des besoins alimentaires est tributaire du commerce international. L’économie rurale qui se construit avec des politiques visant essentiellement la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté n’arrive pas à décoller. L’économie pastorale est en reconstitution après une chute de près de 70 % des productions de l’élevage entre 2012 et 2015. L’économie forestière et halieutique est embryonnaire avec un niveau de production n’atteignant pas 2 % du produit intérieur brut. La prépondérance des activités informelles réduit les recettes fiscales de l’Etat et donc ses capacités d’investissement.

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Des sécheresses récurrentes déroutent les prévisions et les planifications macroéconomiques. Des mutations environnementales portent des effets pernicieux sur les ressources naturelles. Le milieu rural se singularise par l’absence d’entreprises à grande valeur ajoutée. Les conflits entre pasteurs et agriculteurs perdurent. Le milieu rural nigérien connait le taux de pauvreté le plus élevé au monde, estimé à 61 % dans un taux de pauvreté national de 45,4 % en 2015. Des coups de boutoir de rébellions armées et de terrorisme religieux dans les zones agropastorales et pastorales laissent des conséquences socio-économiques entravant les actions de développement. Cet ouvrage donne une vue d’ensemble du secteur et des politiques de développement rural. Il commence par présenter le Niger dans ses principales caractéristiques ; puis offre dans une première partie, une description du secteur agricole, en présentant les activités économiques agricoles, l’évolution institutionnelle et organisationnelle du secteur, les principales filières agro-pastorales, les principaux systèmes de production, les zones agro écologiques, et renseigne sur la coexistence entre les systèmes agricoles et pastoraux. Dans sa deuxième partie consacrée aux politiques de développement rural, il présente la chronologie des politiques nationales, les politiques communautaires d’intégration économique régionale, les politiques nationales dictées par les OMD et les ODD, puis elle propose une évaluation des politiques de développement rural en mettant en exergue l’influence des interventions des Partenaires Techniques et Financiers dans la définition et la mise en œuvre de ces politiques.

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Présentation générale du pays

Situation géographique Le Niger est un pays d’Afrique de l’Ouest. Il est limité au Nord par l’Algérie et la Libye, au Sud par le Bénin et le Nigéria, à l’Est par le Tchad et à l’Ouest par le Burkina Faso et le Mali. Situé entre la longitude 0°16’ et la longitude 16° Est, et les latitudes 11°1’ et 23°17’ Nord, ce territoire couvre une superficie de 1 267 000 km² partagée du Nord au Sud entre le désert du Sahara (3/4), le Sahel, et la zone soudanienne. Complètement enclavé, son point le plus proche se situe à plus de 600 km de l’océan atlantique. Le pays est traversé dans sa partie occidentale sur 550 km par le fleuve Niger. A l’extrême Est se trouve le Lac Tchad occupant environ 2660 km2 du territoire. Relief, sols et géologie Le Niger est caractérisé par de basses altitudes (200 à 500 m) avec un relief marqué par des massifs montagneux au nord-ouest (massif de l’Aïr), des plaines et des plateaux au sud. Les sols cultivés ont une carence généralisée en matière organique et en phosphore. Ils sont affectés par une baisse continue de leur fertilité, une tendance à l’acidification, une sensibilité à l’érosion hydrique et éolienne, une faible capacité de rétention d’eau et des phénomènes d’alcalinisation et de salinisation. 80 à 85 % des sols cultivables sont dunaires et seulement 15 à 20 % sont des sols 13

hydromorphes moyennement argileux. Les zones montagneuses et les grands plateaux (Aïr, Ader Doutchi, Continental terminal) sont dominés par des lithosols. Les vallées fossiles (Dallols, Goulbis, Koramas), les vallées du fleuve, de la Komadougou Yobé, du Lac Tchad et les cuvettes du Manga sont dominées essentiellement par des sols hydromorphes et des vertisols. Ressources hydriques Le Niger dispose d’abondantes ressources en eau. Les ressources en eau sont constituées des eaux météoriques et des ressources en eaux de surface et souterraines. Les eaux de pluies sont irrégulières dans l’espace et dans le temps. La moyenne des précipitations annuelles varie du Nord au Sud de moins de 150 mm en zone saharienne, 150 à 300 mm en zone sahélienne nomade, 300 à 600 mm en zone sahélienne sédentaire, à 600/800 mm en zone sahélo-soudanienne. Les eaux de surface relèvent des écoulements des bassins occidental et oriental. Dans le bassin du Niger occidental, les écoulements sont ceux du fleuve Niger et de ses sept affluents (Goroual, Dargol, Sirba, Goroubi, Diamangou, Tapoa, Mékrou) dont l’écoulement saisonnier est lié aux pluies. Dans le bassin oriental, les eaux de la Komadougou – Yobé (rivière semi permanente) se déversent dans le lit du lac Tchad. Les autres eaux de surface se retrouvent dans des systèmes d’écoulement épisodique liés aux précipitations atmosphériques (Dallols, Goulbis, Koramas et mares saisonnières). On y trouve d’autres unités hydrologiques que sont : le lac Madarounfa, les koris de l’Aïr (caractérisés par des crues brutales et de courte durée qui charrient près de 100 millions de m3 d’eau par an, servant essentiellement à alimenter les nappes phréatiques de la région), des marres, des oasis, des retenues d’eau artificielles.

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Le territoire renferme 1168 mares (145 permanentes et 1023 semi-permanentes) et 69 retenues d’eau. Le volume d’eau annuellement charrié et disponible dans les différentes unités hydrographiques est estimé à 31 milliards de m3 dont 29 milliards relèvent du seul fleuve Niger. Les écoulements souterrains représentent annuellement 2,5 milliards de m3 renouvelables par an (dont moins de 20 % sont mobilisés) et 2000 milliards de m3 non renouvelables (dont une partie infime est exploitée pour les besoins des activités minières). Végétation et faune Le Niger abrite des espèces et des formations végétales représentées par plusieurs étages biogéographiques. La flore nigérienne, tous groupes confondus, renferme environ 2124 espèces. La superficie des formations forestières est estimée à 110 millions hectares. Dans la frange méridionale sahélo-soudanienne, on rencontre des forêts galeries et des savanes boisées, alors que dans la zone sahélienne, dominent les savanes arbustives et herbeuses. Dans la zone sahélo-saharienne, dominent des formations végétales telles que les steppes arbustives et herbeuses. Le Niger dispose d’une faune riche et variée composée de 3200 espèces animales dont 168 espèces de mammifères, 512 espèces d’oiseaux, 150 espèces de reptiles et amphibiens, 112 espèces de poissons et beaucoup d’invertébrés (mollusques, insectes, etc…). Cependant, nombre d’espèces de la faune notamment les antilopes sahélo-sahariennes sont en voie de disparition (cas de l’addax, et la gazelle dama). L’oryx n’existe plus au Niger. Le Parc du W créé depuis 1954, principale zone de biodiversité, est confronté à des phénomènes de dégradation et 15

d’exploitation incontrôlée (braconnage, pâturage illégal, coupe de bois, feux de brousse, défrichement agricole, etc.). La Réserve Naturelle Nationale de l’Aïr et du Ténéré est inscrite au patrimoine mondial en péril depuis 1992 par l’UNESCO. Les autres réserves (Gadabédji et Tintoumma) et les zones adjacentes aux aires protégées ont besoin d’une stratégie de conservation. La faune nigérienne souffre de la dégradation générale de l’environnement naturel due aux changements climatiques et aux actions anthropiques sur les ressources végétales et fauniques. A cette date, il n’existe pas de statistiques sur l’état de la conservation du patrimoine faunique. Cependant la faune demeure riche en espèces. Pour des raisons de conservation des richesses faunistiques et floristiques, plus de 18 millions d’hectares d’aires (14,29 % de la superficie du territoire national) sont protégés par l’Etat. Climat Le climat du pays est de type tropical aride et semi-aride. Le Niger se situe en effet dans l’une des zones les plus chaudes du globe. Il est caractérisé par quatre types de saison : – une saison dite froide (mi-décembre à mi-février) caractérisée par des nuits très froides avec des températures pouvant descendre en dessous de 0°C dans les zones septentrionales du pays ; – une saison sèche et chaude (mars-mai) avec des vents chauds et des températures qui culminent parfois au dessus de 45°C. Au cours de cette saison, l’harmattan (vent chaud et sec) de vitesse modérée (5 à 10 m/s) soufflant du Nord-est ou d’Est vers le Sud-ouest domine sur tout le pays ; – une saison de pluie (juin-septembre) avec une température moyenne variant entre 28,1 et 31,7 °C. 16

– La mousson (vent humide) circulant du Sud-ouest vers le Nord-est souffle sur la majeure partie du pays. La vitesse du vent est généralement faible ou modérée (2 à 8 m/s) au cours de cette période, ponctuée aussi de rafales avec des vitesses supérieures à 40 m/s ; – une saison chaude sans pluie (octobre à mi-décembre) avec une température moyenne de 35°C. Les records de températures enregistrées sont de -2,4°C (observé le 13 janvier 1995 à Bilma) pour les températures minimales et de 49,5°C (observé le 07 septembre 1978 à Diffa) pour les températures maximales. L’évapotranspiration est très importante, entre 1700 mm et 2100 mm par an ; le déficit hydrique climatique est donc considérable pendant la saison sèche et la flore pour subsister doit puiser dans les réserves du sous-sol. La pluviométrie annuelle se caractérise par une forte variabilité spatio-temporelle et interannuelle. Elle permet en année normale la recharge des nappes, la formation des plans d’eau et la repousse du couvert végétal. Démographie Depuis son indépendance le 3 Août 1960, le Niger a réalisé quatre recensements généraux de la population et de l’habitat : RGPH 1977, RGPH 1988, RGPH 2001 et RGPH 2012. Plusieurs autres enquêtes d’envergure nationale ont été réalisées : Enquête sur le budget et la consommation (19891990 en milieu urbain et en 1992-1993 en milieu rural) ; Recensement général de l’agriculture et de l’élevage en 2007 ; Enquête sur la survie et la mortalité en 2007-2008 ; Enquête nationale sur la migration en 2011 ; Enquêtes démographiques et de santé en 1992, 1998, 2006 et 2012. Ces différentes investigations ont permis d’obtenir des

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indicateurs démographiques, socioéconomiques et technico-économiques de base à différentes dates. En 2017, l’Institut National de la Statistique (INS) estime la population nigérienne à vingt millions six cinquante un mille soixante-dix (20 651 070) habitants, composés de 10 296 313 hommes (49,86 %) et 10 354 757 femmes (50,14 %). La population rurale s’élève à 17 260 627 habitants, soit 83,58 %. Le tableau suivant donne une vue de l’évolution de la population au cours des 30 dernières années. Evolution de la population par milieu de résidence et par sexe de 1988 à 2017 Résidence Milieu urbain Milieu rural Ensemble Du Niger

Sexe

1988

2001

2012

2017

Hommes

549 099

899 764

1 397 695

-

Femmes

547 038

898 737

1 380 642

-

Total

1 096 137

1 798 501

2 778 337

3 390 443

Hommes

3 030 358

4 616 824

7 121 123

-

Femmes

3 093 594

4 644 966

7 239 247

17 260 627

Total

6 123 952

9 261 790

14 360 370

Hommes

3 579 457

7 857 845

8 518 818

10 296 313

Femmes

3 640 632

7 872 909

8 619 889

10 354 757

Total

7 220 089

11 060 291

17 138 707

20 651 070

Source : INS, le Niger en chiffres 2018

La proportion âgée de moins de 15 ans représente 51,6 % et celle âgée de 65 et plus, 2,6 %. La densité moyenne est de 16,3 habitants au km2. Cette population est inégalement répartie entre les 8 régions administratives du pays. La région la plus vaste (celle d’Agadez) représente 68 % du territoire national mais n’abrite que 2,8 % de la population. La région la moins vaste occupant 2 % du territoire, celle de Niamey, abrite 37 % de la population. La croissance démographique est trop forte ; le taux d’accroissement intercensitaire est passé de 3,3 % dans la 18

période 1988-2001 à 3,9 % dans la période 2001-2017. Cette forte croissance s’explique par une baisse importante de la mortalité des enfants de moins de cinq ans, un niveau élevé de fécondité, une meilleure couverture sanitaire. En 2017, l’indice synthétique de fécondité est de 7,6 enfants par femme, établissant à 18,4 ans le temps de doublement de la population. La majeure partie de la population se concentre dans la zone sahélo-soudanienne (long du fleuve Niger et frontière du Nigeria) favorable aux activités agricoles et pastorales. Le taux d’urbanisation est estimé à 16,3 %. L’espérance de vie à la naissance est à 64,5 ans chez les femmes et 63,8 chez les hommes. Contexte économique La Vision du Niger à l’horizon 2035 est d’être « un pays uni, démocratique et moderne, paisible, prospère et fier de ses valeurs culturelles, sous-tendu par un développement durable, éthique, équitable et équilibré dans une Afrique unie et solidaire ». Pour réaliser ce rêve, le gouvernement a adopté la stratégie de développement durable et de croissance inclusive (SDDCI – 2035). Les objectifs de cette stratégie sont : (1) Assurer la sécurité des personnes et des biens sur le territoire national et ses frontières ; (2) Développer un secteur privé dynamique créateur pourvoyeur d’emplois ; (3) Maitriser les leviers de la croissance démographique ; (4) Accroitre durablement la production et la productivité agrosylvopastorale et halieutique ; (5) Accroitre la performance du capital humain et (6) Assurer aux citoyens des services publics de qualité. Le Niger fait partie des 25 pays les plus pauvres du monde. Fortement lié à l’aide publique au développement, son profil économique est celui de « Pays pauvre agricole ».

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La croissance économique est en baisse passant de 6,9 % en 2013 à 4,8 % en 2017 après une hausse à 7,4 % en 2014, puis deux chutes à 5,4 % et à 5,2 % en 2015 et 2016. En 2017, le produit intérieur brut (PIB) est à un plus de 4 726 milliards FCFA (8 079,3 millions de dollars US). Le PIB par habitant est l’un des plus faibles au monde (236 300 FCFA soit 392 dollars US). L’économie repose sur le secteur primaire (agriculture, élevage, forêts, faune, pêche) représentant 39,65 % du PIB, talonné par le secteur tertiaire atteignant 38,31 % du PIB, laissant loin derrière le secteur secondaire avec une valeur marchande occupant 15,86 % du PIB. Les activités informelles sont prépondérantes occupant 61,32 % du PIB pesant lourdement sur le secteur dit moderne représentant seulement 38,67 %. La balance commerciale est depuis toujours déficitaire tout comme la balance des services. Selon les données de la Banque Mondiale en 2018, l’économie nigérienne est la 36ème en Afrique et la 146ème dans le monde avec un PIB de 8,12 milliards de dollars US et un PIB/H de 378 dollars. Dans le classement Doing business, il occupe le 22ème rang en Afrique et le 143ème au monde avec une note de 53.72. Les tableaux suivants donnent une vue synoptique de l’évolution des agrégats macroéconomiques.

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Structure et évolution du produit intérieur brut de 2013 à 2017 en millions FCFA Agrégats

2013

Secteur primaire Secteur secondaire

1 356 240 819 329

2014

2015

2016

2017

1 493 523 1 542 643 1 760 233 1 874 148 788 397

772 478

751 536

749 702

Secteur tertiaire

1 352 305

1 502 588 1 637 283 1 711 205 1 810 732

PIB / coûts des facteurs

3 527 873

3 784 509 3 952 404 4 222 974 4 434 582

Impôt sur les produits

260 403

Produit intérieur brut

3 788 276

Croissance éco. en %

6,9

284 394

336 389

287 890

291 858

4 068 903 4 288 793 4 510 864 4 726 440 7,4

5,4

5,2

4,8

Source : INS, Annuaire statistique 2013 - 2017 Evolution du PIB du secteur primaire de 2013 à 2017 en millions de FCFA Secteur primaire

2013

2014

Agriculture

861 057

975 824

Elevage

348 555

364 844

387 011

391 499

410 303

Sylviculture et Foresterie

74 784

77 280

80 998

84 831

88 357

Pêche, Pisc. Aquaculture

71 844

75 575

69 209

63 358

67 304

Total

1 356 240

2015

2016

2017

1 005 425 1 220 545 1 308 184

1 493 523 1 542 643 1 760 233 1 874 148

Source : INS, Annuaire statistique du Niger 2013 - 2017 Evolution du PIB du secteur secondaire de 2013 à 2017 en millions de FCFA Secteur secondaire

2013

2014

2015

2016

2017

Activités extractives

410 499

364 517

347 790

318 422

292 974

Activités de fabrication

252 214

256 216

242 617

253 297

269 897

Prod. électricité, gaz, eau

46 729

49 830

53 767

56 401

54 540

Construction

109 887

117 834

148 304

123 416

132 291

Total

819 329

788 397

772 478

751 536

749 702

Source : INS, Annuaire statistique du Niger 2013 - 2017

21

Evolution du PIB du secteur tertiaire de 2013 à 2017 en millions de FCFA Secteur tertiaire

2013

2014

2015

2016

2017

Commerce et activités assimilées

453 110

473 400

514 536

532 651

564 715

Transport et entreposages

143 965

151 493

158 846

168 720

176 020

Hébergement et restauration

42 152

45 173

48 873

51 484

55 852

Communications

93 228

107 226

110 446

105 604

116 096

Finances et Assurances

47 241

50 557

54 094

56 185

58 697

Services immobiliers

108 781

116 333

134 166

145 897

158 276

Services Adm. Publique

331 578

415 105

463 108

491 682

515 297

Autres services publics

132 250

143 301

153 214

158 982

165 779

Services de l’enseignement

46 347

49 720

54 380

56 066

53 751

Services de santé humaine

48 908

52 745

54 380

56 066

57 804

Services marchands n.c.a

36 995

40 836

47 573

50 424

54 224

Total

1 352 305 1 502 588 1 637 283 1 711 205 1 810 732

Source : INS, Comptes économiques de la Nation 2018 Evolution du PIB du secteur moderne et du PIB du secteur informel en millions FCFA Secteurs Secteur moderne Valeur relative (%) Secteur informel Valeur relative (%) Total PIB

2013

2014

1 591 543

1 709 702

42,01

42,01

2 196 733

2 359 201

57,99

57,99

3 788 276

4 068 903

2015

2016

2017

1 821 294 1 784 305 1 827 902 42,46

39,55

38,67

2 467 499 2 726 559 2 898 538 57,54

60,45

61,33

4 288 793 4 510 864 4 726 440

Source : Annuaire statistique du Niger 2013-2017

Entre 2013 et 2017, le revenu national brut par habitant s’est détérioré : de 435,9 dollars il est tombé à 382,2 dollars. Le tableau ci-après montre les statistiques sur le produit intérieur brut par habitant et le revenu national brut par habitant.

22

Evolution du PIB et du RNB par habitant en dollar US Indicateurs

2013

2014

2015

2016

2017

PIB/habitant

446,7

425,0

383,8

385,0

391,2

Taux accrois. du PIB/H

10,3

-4,8

-9,7

0,3

1,6

RNB/habitant

435,9

417,2

375,7

376,8

382,2

9,8

-4,3

-9,9

0,3

1,4

Taux accrois. du RNB/H

Source : Annuaire statistique du Niger 2013-2017

L’économie nigérienne est extravertie ; une extraversion d’autant plus compliquée que les marchés nigériens sont systématiquement gavés de marchandises (produits manufacturés surtout) provenant de l’extérieur. Cette offre incontrôlable par les lois de l’intégration économique régionale outrepasse la demande et décourage la création d’unités industrielles même pour la production des biens de consommation quotidienne. Chaque mois, c’est 60 à 80 % de la masse salariale qui part à l’étranger pour étoffer ou reconstituer les stocks que les revendeurs écoulent difficilement dans le cercle vicieux de subsistance et de la débrouillardise. Le déficit de la balance commerciale demeure très élevé même avec les exports récents d’hydrocarbures, de gaz et d’or ; il est passé de -190,5 milliards FCFA en 2013 à 569,4 milliards FCFA après un galop pyramidal pendant les années intermédiaires. On constate que les exportations diminuent (passant de 615,7 milliards FCFA en 2013 à 461,5 milliards FCFA en 2017) pendant que les importations augmentent ; elles sont passées de 806,3 milliards FCFA en 2013 à plus de 1000 milliards FCFA en 2017. Le taux de couverture est passé de 76,4 % en 2013 à 44,8 % en 2017 avec des couvertures trop faibles au cours des années intermédiaires. Les tableaux suivants présentent les données du commerce extérieur de 2013 à 2017.

23

La structure du commerce extérieur (en millions FCFA) Indicateurs

2013

2014

2015

2016

2017

Exportations (FAB)

615 788,3

527 845,0

447 702,0

355 162,2

461 521,9

Importations (CAF)

806 300,9

1 048 746,1

1 399 906,1

997 416,5

1 030 946,2

Balance commerciale

-190 512,6

-520 901,1

-952 204,1

-642 254,3

-569 424,3

76,4

50,3

32,0

35,6

44,8

Taux de couverture (%)

Source : INS, Annuaire statistique du Niger 2013 - 2017 Les principaux produits d’exportation en millions FCFA Produits

2013

2014

2015

2016

2017

180 273

129 002

77 896

88 894

142 458

9 630

5 684

3 641

926

1 539

Uranium

302 788

240 529

240 762

177 680

169 556

Or

26 824

14 033

24 836

24 503

25 124

Produits de l’élevage

20 254

30 153

23 871

9 435

27 095

Produits de l’agriculture

48 873

48 037

41 455

30 997

52 040

Hydrocarbures Gaz

Autres produits

27 147

60 407

35 240

22 727

43 710

Total

615 788

527 845

447 702

355 162

461 522

Source : INS, Annuaire statistique du Niger 2013 - 2017

C’est l’export de l’uranium qui rapporte le plus, il représente en 2017 près de 37 % du montant total des revenus d’exportation, suivi de celui des hydrocarbures avec près de 31 % ; puis arrivent les exports des produits agricoles et de l’élevage avec respectivement plus de 11 % et près de 6 %. Les recettes d’export de l’uranium ont baissé de 44 % entre 2013 et 2017, passant de 302, 7 milliards à 169,5 milliards FCFA. En 2017, l’Afrique est la principale destination des exports nigériens, occupant plus de 53 % ; puis l’Europe recevant plus de 38,5 %. Ces deux débouchés représentent 91,7 % des ventes des produits nigériens à l’extérieur. Les tableaux ci-après présentent les valeurs absolues et les valeurs relatives des exports par région de destination. 24

Les exportations par région de destination en millions FCFA Régions

2013

2014

2015

2016

2017

Europe

264 646

209 121

185 454

194 836

178 079

Union européenne

237 772

195 194

162 274

170 330

153 052

Suisse

26 874

14 125

19 422

24 525

25 124

Autres pays d’Europe

26 890

14 131

23 265

24 549

25 129

Afrique

268 517

226 641

166 457

141 318

244 982

Afrique occidentale

266 506

224 886

161 342

136 001

235 667

Afrique du Nord

835

127

1 130

19

115

Afrique centrale

962

1 184

3 482

5 077

3 204

Autres pays d’Afrique

214

434

503

222

5 995

Amérique

57 625

36 479

53 394

18 598

34 078

Asie

24 864

55 549

42 298

364

4 381

Océanie-Australie

12

2

18

43

0

Pays indéterminés

123

53

80

3

1

615 788

527 845

447 702

355 162

461 522

Total

Source : Annuaire statistique du Niger 2013 - 2017 Configuration relative des exportations par région (%) Régions

2013

2014

2015

2016

2017

Afrique

43,6

Amérique

9,4

42,9

37,2

39,8

53,1

6,9

11,9

5,2

Asie

7,4

4,0

10,5

9,4

0,1

0,9

Europe

43,0

39,6

41,4

54,9

38,6

Océanie

0,0

0,0

0,0

0,0

0,0

Pays non identifiés

0,0

0,0

0,0

0,0

0,0

Monde

100

100

100

100

100

Source : Annuaire statistique du Niger 2013-2017

En ce qui concerne les importations, les données mettent en évidence la dépendance du pays de l’extérieur. Cette dépendance persiste depuis son indépendance en 1960 pour les produits manufacturés et depuis 1974 pour les produits agricoles. Les chapitres de la nomenclature tarifaire des imports répertorient 97 types de marchandises.

25

Les principaux produits importés sont : céréales, machines, voitures, appareils électro ménagers, métaux (fer, fonte, acier), produits pharmaceutiques, ciment et chaux, matières grasses animales et végétales, combustibles et huiles minérales, tabacs, lait et produits de laiterie, produits d’entretien. En 2017, c’est l’Asie qui est le plus gros fournisseur du Niger avec un chiffre d’affaires de près de 400 milliards FCFA, soit 38,79 % du coût total des importations. Viennent ensuite l’Europe avec 242,4 milliards FCFA (23,51 %) et l’Afrique avec 232,4 milliards (22,54 %). Les tableaux suivants présentent les valeurs absolues et les valeurs relatives des importations par zone de provenance de 2013 à 2017. Les importations par zone de provenance en millions FCFA Régions

2013

2014

2015

2016

2017

Europe

170 938

282 592

563 007

391 677

242 433

Union européenne

158 465

257 089

549 263

381 371

227 299

Autres pays d’Europe

12 473

25 504

13 743

10 306

15 134

Afrique

189 346

209 388

233 718

192 959

232 445

Afrique occidentale

164 830

187 306

207 622

169 177

194 427

Afrique du Nord

16 556

17 097

17 849

18 280

31 514

Afrique centrale

1 194

668

2 670

118

789

Afrique australe

6 562

3 978

5 306

4 872

5 134

Afrique orientale

170

338

260

359

559

Autres pays d’Afrique

33

0

11

153

22

Amérique

70 541

86 958

100 621

72 905

150 03

Asie

399 922

372 007

465 263

498 711

335 249

Océanie-Australie

1 546

2 732

1 559

1 969

3 025

Pays indéterminés

1 922

1 813

2 291

2 658

3 109

997 417

1 030 947

Total

806 301

1 048 746 1 399 907

Source : Annuaire statistique du Niger 2013 - 2017

26

Configuration relative des importations par région (%) Régions

2013

2014

2015

2016

Afrique

23,5

20,0

16,7

19,3

2017 22,5

Amérique

8,7

8,3

7,2

7,3

14,6

Asie

46,1

44,4

35,6

33,6

38,8

Europe

21,2

26,9

40,2

39,3

23,5

Océanie

0,2

0,3

0,1

0,2

0,3

Pays non identifiés

0,2

0,2

0,2

0,3

0,3

Monde

100

100

100

100

100

Source : Annuaire statistique du Niger 2013 - 2017

L’économie nigérienne est de plus en plus liée à l’aide publique au développement. Sa dette publique extérieure a augmenté rapidement entre 2014 et 2017 passant de 27 % à 37 % du PIB. La dette multilatérale a plus que doublé entre 2013 et 2017 avec un encours fin de période passant de 518,6 milliards FCFA à 1177,3 milliards FCFA. Au cours de la même période l’encours de la dette bilatérale est passé de 163,9 milliards FCFA à 227,6 milliards FCFA. Cependant l’encours en fin de période de la dette commerciale a considérablement baissé, passant de 167,8 milliards en 2013 à seulement 41,3 milliards en 2017. La balance des paiements est au rouge depuis 2015 avec un solde global négatif jusqu’en 2017. Dans ce contexte, la balance courante évolue en dents de scie dans un déficit structurel qui a dépassé 878,7 milliards FCFA en 2015, venant de 568,4 milliards en 2013, arrivant à 665,3 milliards en 2017. Le tableau ci-après donne un aperçu des transactions financières de 2013 à 2017.

27

Aperçu de la Balance des paiements de 2013 à 2017 en millions FCFA Rubriques

2013

2014

2015

2016

2017

Balance commerciale

-212 277

-367 896

-525 406

-405 396

-418 057

Balance des services

-432 633

-374 937

-438 360

-362 988

-405 641

Revenus primaires

-91 267

-75 011

-90 479

-96 693

-101 698

Revenus secondaires

167 755

172 508

175 537

164 875

260 063

Balance courante

-568 422

-645 336

-878 708

-700 202

-665 333

Compte de capital

282 070

184 072

173 913

229 635

234 343

Compte opér. financières

392 691

648 276

577 289

455 441

429 300

Erreurs et omissions

-7 428

-5 678

-5 180

-4 900

0

Solde global

98 911

181 334

-132 686

-20 026

-1 690

Source : Annuaire statistique du Niger 2013-2017

En 2017, la richesse du Niger le place 146ème sur 209 dans le classement mondial des pays. Le rapport Doing business 2018 de la Banque Mondiale classe le Niger 144ème sur 190 économies, il était au 176ème rang en 2014. Selon des enquêtes de l’INS, le secteur privé nigérien est composé d’un secteur moderne de taille modeste et d’un secteur informel large et dynamique. Le secteur formel essentiellement composé de sociétés à responsabilité limitée (SARL) en majorité unipersonnelles contribue avec le secteur public pour 30 % au PIB, et le secteur informel 70 %. L’environnement des affaires est libéralisé avec la liberté des prix et la libre concurrence. Les prix de tous les produits s’établissent par la loi de l’offre et de la demande à l’exception des prix de l’électricité, de l’eau et des hydrocarbures qui font encore l’objet d’homologation. La réglementation fiscale et douanière a établi la patente synthétique au lieu de la panoplie d’impôts et taxes. Pour stimuler l’investissement, le gouvernement a adopté un Code à trois régimes (A, B, C). Le bénéfice d’un de ces régimes peut être accordé à toute personne physique ou

28

morale, quelle que soit sa nationalité, exerçant ou désireuse d’exercer une activité au Niger. Des régimes particuliers sont accordés à certaines activités pour encourager la professionnalisation : l’artisanat, la production cinématographique, la construction d’écoles et d’établissements de soins, l’innovation technologique et les transports publics de voyageurs ou de marchandises. La durée de tous les régimes est de 5 ans ; elle peut être bonifiée de 3 ans pour les entreprises qui s’implantent dans les régions d’Agadez, Diffa, Tahoua et Zinder. Le centre de formalités des entreprises (C.F.E) créé en 2003, qui a pour mission d’aider les opérateurs économiques à réaliser leurs formalités de création ou dissolution d’entreprise, en un seul lieu et à moindre coût, a assoupli les conditions d’exercice d’activités économiques au Niger en réduisant les délais d’installation des entreprises à 6 jours pour les entreprises individuelles, à 13 jours pour les sociétés exerçant des activités non réglementées, à 18 jours pour les entreprises individuelles exerçant des activités réglementées et à 23 jours pour les sociétés exerçant des activités réglementées soumises à certaines conditions. Contexte social En 2017, la population active occupée (15-64 ans) s’élève à 6 258 145 personnes sur une population totale de 20 651 070 individus, soit 30 individus sur 100. Les effectifs de la Fonction Publique s’élèvent à 61 710 personnes (0,29 % de la population), dont 39 446 hommes (soit 64 %) et 22 264 femmes (36 %). Ces effectifs distinguent : – les titulaires, comptant 54 035 personnes, dont 33 478 hommes et 20 557 femmes ; – les auxiliaires, composés de 6 487 personnes, dont 4 974 hommes et 1 513 femmes ;

29

– les contractuels s’élevant à 1 188 personnes, dont 994 hommes et 194 femmes. Selon les niveaux d’éducation, on distingue : – les cadres de conception (niveau Bac + 2 et plus) formant la catégorie A, s’élèvent à 21 244 personnes, dont 15 834 hommes et 5 410 femmes ; – les cadres d’application (niveau BEPC + 3 ou 4) constituent la catégorie B, comptant 15 136 personnes, dont 8 607 hommes et 6 529 femmes ; – les cadres d’exécution (niveau BEPC + 2) forment la catégorie C avec 16 265 personnes (8 666 hommes et 7 599 femmes) et la catégorie D (niveau BEPC) avec 1 390 personnes, dont 371 hommes et 1019 femmes. Le nombre de diplômés en quête d’emploi est estimé à 21 623 personnes en décembre 2018. Selon l’Institut National de la Statistique, en 2015 le nombre de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté représente 45,4 % de la population. Le système éducatif compte 1 936 établissements préscolaires, 17 749 écoles primaires, 2336 collèges, 11 écoles normales, 1660 lycées et 9 universités. En 2017, le taux net de scolarisation atteint 67,8 % dont 72,7 % chez les garçons et 62,7 % chez les filles. La population totale scolarisée est estimée 2 768 305 personnes (13,4 % de la population totale) dont 1 506 935 hommes, sur le total masculin de 10 296 313 (soit 14,63 %) et 1 261 370 femmes, sur le total féminin de 10 354 757 (soit 12,18 %). En 2017, La configuration du système éducatif révèle : 0,7 % d’universitaires ; 16,3 % d’élèves aux cycles secondaires ; 83 % au cycle primaire. Le système sanitaire compte 948 médecins (1 médecin pour 21 784 habitants, la norme de l’OMS est un médecin pour 10 000 habitants, 51 pharmaciens (un pharmacien 30

pour 404 923 habitants), 13 ingénieurs de santé (un ingénieur de santé pour 1 588 544 habitants), 5 456 infirmiers (un infirmier pour 3 785 habitants, la norme de l’OMS est un infirmier pour 5 000 habitants), 1 074 sages-femmes diplômées, 19 assistants de santé, 18 dentistes, 425 laborantins, 200 agents de l’action sociale, et 131 agents d’hygiène et d’assainissement. Le taux de couverture sanitaire globale à atteint 89 %. La prévalence aux maladies hydriques est élevée. Le paludisme est la première cause de morbidité et de mortalité au Niger, les services de santé enregistrent plus de trois millions de cas de cette maladie chaque année. Puis arrivent la pneumonie avec plus d’un million de cas chaque année, les maladies diarrhéiques, les vers intestinaux, la dysenterie, la rougeole, le choléra et la bilharziose urinaire. Le taux de prévalence du VIH/SIDA est à 0,4 %. L’accès à l’eau potable reste un problème pour la majorité de la population. Le taux de couverture des besoins se situe à 45,9 % en 2017. En 2017, les besoins énergétiques nationaux sont couverts à 71 % par les énergies traditionnelles (bois-énergie, résidus agricoles) et seulement à 19 % par les énergies modernes. Les besoins énergétiques de cuisson sont presque exclusivement satisfaits par le bois. Le taux national d’électrification est à 12,22 %. La forte dépendance de la population au bois énergie, dans un contexte de crise écologique, renforce la dégradation des ressources environnementales et expose le pays à des risques environnementaux majeurs. Cependant les capacités énergétiques se développent avec la construction en cours du barrage hydroélectrique de Kandadji sur le fleuve Niger, la construction d’une centrale électrique à charbon à Salkadamna, la production de gaz par la société de raffinerie du pétrole (SORAZ), et des projets de production de l’énergie solaire et éolienne. 31

Au Niger, les déficits alimentaires sont permanents. Depuis 50 ans, une année sur deux est déficitaire. En outre, le Niger accueille depuis 2015 plus de 300 000 réfugiés et déplacés fuyant les crises qui secouent ses voisins (Nigeria, Mali et Libye). Les camps de réfugiés se concentrent au Sud-est dans la région de Diffa, et au Nord et au Nord-ouest dans les régions de Tahoua et Tillabéry. Ces régions sont le théâtre d’une crise humanitaire majeure. Le gouvernement nigérien a adopté un plan d’urgence de 40 millions de dollars et a sollicité l’aide des partenaires au développement pour faire face aux besoins humanitaires immédiats. L’examen détaillé des principaux indicateurs du Niger, dans le dernier rapport publié par le PNUD qui place le Niger au dernier rang (189/189) dans le classement des pays à l’indice du développement humain, rapporte qu’un enfant nigérien a peu de chance de vivre plus de 60 ans et d’être scolarisé plus de cinq ans (la plus faible durée au monde), contrairement à la Norvège qui occupe la première place du classement, et où un enfant a de grandes chances de vivre plus de 82 ans et de rester dans le système éducatif pendant au moins 18 ans. Organisation territoriale et organisations internationales Le pays est organisé en trois paliers de collectivités territoriales : la région, le département et la commune. La configuration du territoire national présente 8 régions, 63 départements et 266 communes. Les plus grandes villes sont : Niamey (capitale), Zinder, Maradi, Tahoua, Agadez, Diffa, Tillabéry. Aux niveaux sous régional et régional, le Niger fait partie de l’espace UEMOA (union économique et monétaire ouest africaine), de l’espace CEDEAO (communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest) et de l’espace 32

G5-SAHEL. Il est membre de toutes les institutions spécialisées des organisations intergouvernementales : CILSS (Comité inter-état de lutte contre la sécheresse au Sahel), CBLT (Autorité du bassin du lac Tchad), ALG (Autorité du Liptako Gourma), ABN (Autorité du bassin du Niger) et Conseil de l’Entente. Au niveau continental, le Niger est membre de l’Union Africaine et de la CENSAD (Communauté des Etats Sahélo-Sahariens). Au niveau mondial, le Niger est membre de l’ONU (Organisation des Nations Unies), de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie), de l’OCI (Organisation de la Communauté Islamique). Observations écologiques – Une désertification conquérante : la zone désertique et subdésertique, de pluviométrie inférieure à 200 mm, est passée de 66 % à 82 % de la superficie du territoire national. – La zone sahélienne s’agrandit : la partie agropastorale de pluviométrie comprise entre 200 et 400 mm a occupé la moitié de la partie de pluviométrie comprise entre 400 et 600 mm, il n’en reste que 78.000 km2. – La zone soudanienne, de pluviométrie supérieure à 600 mm, a perdu 80 % de sa superficie, elle représente actuellement environ 15.000 km2. – Les cours d’eau et la végétation s’amenuisent. Le Niger est confronté de façon récurrente à des catastrophes naturelles qui engendrent des coûts économiques et sociaux importants, ainsi que des répercussions humanitaires. Ces phénomènes s’expliquent essentiellement par la situation géographique du pays et par la fragilité de son écosystème. Le changement climatique et la forte croissance 33

démographique aggravent l’impact des catastrophes naturelles et accélèrent la dégradation de la nature. Le Niger fait partie des 34 pays du monde présentant un risque de catastrophe naturelle très élevé et le problème de la faim le plus aigu (World Risk Report, 2015). 80 % de la superficie du Niger est recouverte par le désert du Sahara et seulement 1 % du territoire reçoit au moins 600 mm de précipitations annuelles en moyenne. La densité de population est extrêmement faible, les communautés vivant essentiellement dans la zone non désertique et arable du Sud du pays, où elles pratiquent le plus souvent une agriculture et un élevage de subsistance. Les conditions climatiques extrêmes accentuent la vulnérabilité à la famine et impactent gravement la production agricole, déstabilisant les performances macroéconomiques, engendrant d’importantes répercussions sur la création de richesse et entravant les mesures de lutte contre la pauvreté dans les zones rurales exposées. D’autres parties du pays sont menacées par la désertification, des pratiques agricoles destructrices et une mauvaise gestion du débit du fleuve Niger. Les catastrophes comprennent des sécheresses, des invasions acridiennes, des inondations, phénomènes qui sont parfois concomitants. Selon le Système national de gestion de l’information sur les catastrophes (DESINVENTAR), le nombre de catastrophes enregistrées entre 1973 et 2014 est estimé à 3702 : 1526 épidémies, 765 inondations, 487 épizooties, 310 feux de friches, 289 cas de sécheresse, et 158 invasions de ravageurs et de criquets pèlerins. La fréquence et le nombre de catastrophes naturelles ont augmenté avec le temps puisqu’environ 85 % des catastrophes enregistrées au cours de la période 1973-2014 se sont produites entre 2001 et 2014.

34

Caractéristiques générales du secteur rural Dans la configuration générale du pays présentée cihaut, le secteur agricole marque l’économie nationale par une population nombreuse (83,58 % en 2017) avec un taux de pauvreté très élevé (61 %). Les productions agricoles obéissent encore aux vicissitudes de la saison des pluies. Les rendements et la productivité recherchés ne sont pas encore maitrisés. Les investissements de l’Etat sont assez considérables (100 milliards FCFA en moyenne par an depuis 2012). Le passage d’une agriculture familiale avec ses traditions culturales à une agriculture moderne s’effectue très lentement. Le système de vulgarisation (l’apanage des services étatiques) s’est essoufflé à cause des résultats décourageants enregistrés pendant de très longues années. La dégradation des terres concerne les 4/5 des terres cultivées. L’utilisation des intrants (engrais, semences améliorées, fumures organiques, produits phytosanitaires etc..) est assez vulgarisée. Le taux national de mécanisation est rudimentaire (3 %). L’accès au crédit s’améliore avec la création d’une banque agricole et le développement des services de micro finance et des services financiers décentralisés. Les activités de recherche agronomique chancèlent faute de financement. La lutte contre les ennemis de culture (sauteriaux, insectes floricoles, oiseaux granivores, rongeurs) et la veille contre le criquet pèlerin demeurent des activités importantes. La question du foncier et gestion des ressources naturelles se présente sous de beaux jours grâce à un arsenal juridique établi (mais imparfait) par le Code Rural. Le capital humain agricole est faible, composé en majorité d’analphabètes. L’économie agricole en chantier est entravée par les effets de la désertification et des changements climatiques. L’économie pastorale est marquée par la constance des déficits fourragers. L’économie forestière et halieutique est entravée par les pressions anthropiques sur les ressources. 35

L’inefficacité des services d’encadrement de l’Etat dans la mise en œuvre des stratégies de développement est déplorable. Les politiques agricoles nationales en synergie avec les politiques internationales d’intégration économique, soutenues par les Partenaires Techniques et Financiers, fondent l’espoir d’une amélioration qualitative et durable de l’économie rurale et de son fonctionnement.

36

Description du secteur rural

1. LES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES RURALES 1.1. Les Activités agricoles La Production De 2013 à 2017, elle est passée de 6,7 millions à 8,4 millions de tonnes, provenant de cultures pluviales et de cultures irriguées. Les superficies emblavées sont estimées à près de 16,8 millions d’hectares en 2017. Les principales cultures pluviales sont : le mil, le sorgho, le maïs, le niébé et l’arachide. Les cultures irriguées sont : le riz et les cultures maraichères. Les productions agricoles comprennent des céréales, des légumineuses et des tubercules. La production de mil est la plus importante des céréales, occupant sept millions d’hectares des superficies agricoles, offrant plus de trois millions de tonnes par an, pour un rendement 542 kg à l’hectare. Elle représente 65 % de la production agricole. Des légumineuses, c’est la production de niébé qui est la plus élevée et est en constante progression. Ses superficies sont estimées à 5,8 millions d’hectares donnant près de deux millions de tonnes, avec un rendement de 334 kg à l’hectare. La production de manioc est en tête des tubercules en termes de poids, avec une production de plus de 278 000 37

tonnes ; elle est pratiquée sur une superficie totale atteignant 12 000 hectares, avec un rendement de plus de 23 300 kg à l’hectare. En 2017, les statistiques sur l’affectation des terres agricoles révèlent que les cultures de céréales occupent 64,52 % de la superficie totale des terres emblavées, les cultures de légumineuses 33,55 % et les cultures de tubercules 0,13 %. Les tableaux suivants présentent les cultures dites vivrières en superficies, produits et rendements de 2013 à 2017. Aperçu des superficies des cultures vivrières en hectares Cultures vivrières Céréales

2013

2014

10 671 171

10 590 461

2015

2016

2017

9 867 839

10 862 900

10 846 991

Mil

7 082 959

6 994 312 6 426 806 7 230 200 6 998 776

Sorgho

3 564 858

3 565 861 3 415 231 3 604 700 3 819 935

Riz paddy

5 845

9 936

6 601

7 400

7 403

Maïs

7 209

10 052

7 562

9 700

9 567

10 300

11 639

10 900

11 310

Fonio

10 300

Légumineuses

5 199 217

5 323 491 4 977 743 5 254 600 5 640 998

Niébé

5 130 916

5 253 969 4 911 945 5 188 900 5 858 085

Voandzou

68 301

68 602

65 798

65 700

-

1 220

-

-

3 946

Tubercules

15 869

13 240

-

16 272

22 392

Manioc

7 816

6 651

-

6 272

11 955

Patate douce

4 621

3 700

-

4 400

4 787

Pomme de terre

3 432

2 889

-

5 600

5650

Total

15 886 257

15 927 192

14 845 582

16 133 772

16 810 381

Oignon

Source : Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage

38

78 967

Aperçu des productions agricoles en tonnes Cultures vivrières

2013

2014

2015

2016

2017

Céréales

4 052 463

4 267 283

5 343 605

5 718 800

5 760 071

Mil

2 815 937

2 921 982

3 404 813

3 886 000

3 790 028

Sorgho

1 222 393

1 320 250

1 916 590

1 808 300

1 944 256

Riz paddy

4 706

13 427

10 726

11 300

13 200

Maïs

4 873

7 071

5 669

7 100

6 380

Fonio

4 553

4 553

5 807

6 100

6 207

Légumineuses

2 402 713

2 605 722

2 229 930

2 014 900

2 093 960

Niébé

1 953 707

1 633 656

1 789 804

1 608 023

1 982 300

Voandzou

32 786

32 784

37 331

32 600

36 037

Oignon

736 271

783 134

584 576

-

103 946

Tubercules

302 166

294 150

277 764

416 763

564 080

Manioc

173 020

133 099

106 062

146 563

278 853

Patate douce

97 784

81 291

76 040

109 000

119 484

Pomme de terre

31 363

79 760

95 662

161 200

165 743

6 757 342

7 167 155

7 851 299

8 150 463

8 418 111

Total

Source : DSA Ministère Agriculture et Elevage

En 2017, sur une production totale de 8, 4 millions de tonnes, la production de céréales représente 68,42 % et celle des légumineuses 24,87 % ; la production de tubercule bien qu’en forte progression pour la pomme de terre, ne représente que 6,70 %. Aperçu des rendements des cultures vivrières en kg à l’hectare Cultures vivrières

2013

2014

2015

2016

-

-

-

-

-

Mil

398

418

530

537

542

Sorgho

343

370

561

502

509

Riz paddy

805

1 351

1 625

1 527

1 783

Maïs

676

703

750

732

667

Fonio

442

442

499

560

549

-

-

-

-

-

Niébé

318

341

327

382

334

Voandzou

480

480

567

496

456

-

641 913

-

-

26 342

Céréales

Légumineuses

Oignon

39

2017

Tubercules

-

-

-

-

-

Manioc

22 138

20 013

-

23 368

23 325

Patate douce

21 160

21 970

-

24 773

24 958

Pomme de terre

9 138

27 604

-

28 786

29 337

Source : Annuaire statistique du Niger 2013-2017

L’agriculture irriguée est diversifiée, avec des investissements publics et privés, et des niveaux variés de maîtrise de l’eau et de la productivité. L’agriculture irriguée contribue de manière importante à l’économie nationale et à la sécurité alimentaire. Elle représente 30 % de la production agricole nationale, et 90 % des revenus des exportations de l’ensemble des productions végétales. Environ deux millions de ménages, représentant plus de sept millions de personnes, participent à la production de cultures irriguées. Le tableau suivant présente l’évolution des superficies, des productions et des rendements des cultures maraichères de 2013 à 2017. Aperçu des principales cultures maraichères de 2013 à 2017 Cultures maraichères

2013

2014

2015

2016

2017

-

-

-

-

-

Oignon

1 220

2 127

18 916

33 288

34 642

Gombo

31 691

31 433

170 827

135 041

109 866

Piment

1 170

1 784

789

1 240

1 582

Tomate

377

185

7 399

11 297

11 191

-

-

Superficies en hectares

-

-

-

Oignon

736 271

783 134

614 961

Gombo

44 313

32 595

161 706

Productions en tonnes

1 011 577 1 159 035 155 079

100 650

Piment

10 356

43 169

6 872

10 783

16 510

Tomate

188 768

225 826

175 177

269 079

271 421

Rendements kg/hectare Oignon

-

-

-

-

-

603 501

368 187

32 510

30 389

33 458

Gombo

1 398

1 037

947

1 148

916

Piment

8 850

24 195

8 714

8 697

10 434

Tomate

500 710

1 220 681

23 676

23 819

24 253

Source : Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage

40

La production agricole englobe aussi les cultures de canne à sucre, d’arachide et de coton, dites cultures industrielles. C’est la culture de l’arachide qui prédomine ; entre 2013 et 2017, sa superficie a augmenté de 18,56 % et sa production de 34,74 % et son rendement de 13,60 %. La canne à sucre est surtout utilisée en consommation directe, comme canne de bouche, elle est cultivée comme plante annuelle avec une récolte 8 à 10 mois après la plantation. SINOLIGHT, une société chinoise est en train d’installer à Dioundiou une localité à 140 km de la capitale, une usine qui produira 100 000 tonnes de sucre raffiné par an et créera près de 10 000 emplois. Le tableau ci-après présente les superficies, les productions et les rendements de ces végétaux de 2013 à 2017. Aperçu des cultures industrielles de 2013 à 2017 Cultures maraichères

2013

Superficies en hectares Canne à sucre Arachide coque Coton graine

2014

2015

2016

2017

784 415

723 137

776 656

927 976

-

5 486

4 939

5 840

6 474

777 205

778 929

718 198

770 816

921 502

-

-

-

-

-

Productions en tonnes

540 870

633 838

651 210

669 265

714 695

Canne à sucre

194 582

226 928

220 635

216 037

252 854

Arachide coque

342 743

403 365

427 030

453 228

461 841

3 545

3 545

3 545

-

-

Coton graine Rendements kg/hectare Canne à sucre Arachide coque Coton graine

-

41 364

44 669

36 990

39 057

441

518

595

588

501

-

-

-

-

-

Source : Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage

Le PIB agricole De 2013 à 2017, Le produit intérieur brut de l’agriculture est allé crescendo, passant de 861 milliards à 1308 milliards FCFA. 41

Il est depuis toujours le plus élevé du secteur primaire qui englobe la production animale, la sylviculture et les exploitations forestières, la pêche, la pisciculture et l’aquaculture. En 2017, il représente près de 70 % du PIB de ce secteur et près de 28 % du PIB national. La croissance agricole reste tributaire des aléas climatiques, elle varie de 3 à 21 % au cours de la période considérée. Les valeurs du PIB de l’agriculture Valeurs du PIB

2013

2014

PIB nominal en millions FCFA

2015

2016

2017

861 057

975 824

Croissance annuelle en %

-

13,32

3,03

21,39

7,18

Valeur relative (%) dans le PIB du secteur primaire

63,48

65,33

65,17

69,33

69,80

Valeur relative (%) dans le PIB national

22,72

23,98

23,44

27,05

27,67

1 005 425 1 220 545 1 308 184

La Consommation Le Niger consomme plus qu’il ne produise de produits agricoles à cause des déficits céréaliers qui jalonnent les campagnes agricoles. C’est le mil qui est l’aliment de base, puis le sorgho. Mais le riz est le produit le plus consommé dans les grands centres urbains. A l’exception du riz dont les exports connurent un boom en 2013 à cause de la demande du riz paddy par des commerçants étrangers, toute la production de céréales est destinée à la consommation nationale. Les prix de détail annuels moyens fluctuent dans une marge de plus ou moins 100 FCFA sur le territoire national. Les différences des prix entre deux régions sont considérables : 107 FCFA pour le mil, 95 FCFA pour le sorgho, jusqu’à 217 FCFA pour le niébé.

42

L’Institut National de la Statistique met à la disposition des utilisateurs l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC). Cet indice est dit harmonisé car il est le fruit d’une même méthodologie mise en place dans les huit Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) en 1996 et révisée en 2008. L’IHPC a pour population de référence l’ensemble des ménages africains de l’agglomération de Niamey. Le panier considéré comprend 657 variétés suivies dans un millier de points d’observation. Plus de 6000 relevés de prix sont effectués chaque mois. La période de base de l’IHPC révisée est l’année 2008. Les pondérations utilisées proviennent d’une enquête sur les dépenses des ménages réalisée sur 12 mois. Un changement de base est intervenu en janvier 2017 et a consacré l’IHPC base l’année 2014. La Commercialisation Les marchés locaux sont les principales sphères commerciales. Les grossistes revendeurs et exportateurs se ravitaillent sur ces marchés. Les producteurs vendent aussi leurs produits aux comptoirs d’achat de l’Office national des produits vivriers (OPVN) qui constituent chaque année les stocks nationaux de sécurité alimentaire. Les circuits de distribution des céréales sont toujours huilés par les imports et le commerce régional constitue la première variable d’ajustement de l’offre à la demande et le principal canal d’approvisionnement en céréales en cas de crise alimentaire liée à un choc de production locale. Les réseaux d’opérateurs commerciaux sont généralement bien informés et structurés à l’échelle régionale pour pouvoir organiser les échanges entre bassins excédentaires et marchés déficitaires.

43

Les Exportations Le Niger exporte de nombreux produits agricoles en petites quantités. En 2017, la valeur des exports a dépassé 52 milliards FCFA, soit 11,27 % de la valeur marchande du total des exportations nigériennes. C’est l’oignon qui est en tête des produits exportés en termes de chiffre d’affaires avec un peu plus de 40 milliards FCFA, soit 76,99 % de la valeur marchande des exports agricoles. Le tableau ci-après donne une vue des principaux produits agricoles d’exportation Aperçu des exportations des principaux produits agricoles en millions FCFA Produits agricoles

2013

2014

2015

2016

2017

Souchet

977

1 420

1 447

1 248

1 316

Arachide Niébé

5

5

15

22

20

3 656

7 242

6 057

4 449

9 030

Riz

2 142

374

150

-

8

Oignon

40 062

37 723

32 455

24 432

40 066

Coton

200

-

37

17

1

Dattes

426

593

505

364

402

Piment et poivre

194

219

361

56

274

Sésame

522

203

34

18

118 4

Gomme arabique

7

-

11

-

Graine de coton

-

3

1

-

-

Autres

681

253

382

390

802

Total

48 873

48 037

41 455

30 997

52 040

Source : Annuaire statistique du Niger 2013-2017

Les Importations Les statistiques sur les importations agricoles mettent en évidence la dépendance du Niger de l’extérieur. Les imports de produits agricoles croissent au fil des ans. Le coût des imports 2013 comparé à celui de 2017, ressort une augmentation de plus de 39,2 milliards FCFA, soit un saut de 44

21,08 %. C’est l’import de céréales qui prédomine ; en 2017 il occupe 55,35 % des importations. Récapitulatif des importations en millions FCFA Produits agricoles

2013

2014

2015

2016

2017

Céréales

92 179

86 840

95 060

84 469

124 804

Légumes et tubercules

3 559

4 797

4 647

4 788

4 334

fruits

2 325

2 266

2 679

2 604

2 245

Café, thé, épices

3 860

2 781

2 797

2 664

4 232

Farine de céréales

8 287

10 045

15 766

6 185

13 458

Graines et oléagineux

645

1 140

1 670

1 471

504

Cacao

236

140

281

135

291

Tabacs

21 973

19 000

21 562

22 396

23 953

Mélange de céréales

17 795

12 505

13 247

11 347

18 000

Mélange de fruits

3 982

3 265

3 892

4 734

5 141

Coton

3 235

2 923

3 208

2 820

3 002

Résidus agricoles

1 752

2 210

3 041

1 591

1 060

Divers

26 370

22 825

28 404

22 455

24 431

Total

186 198

171 037

196 254

167 659

225 455

Source : INS, Annuaire statistique du Niger 2013 - 2017

La Balance commerciale de l’agriculture est inquiétante pour un pays agricole ; elle met en évidence une trop forte dépendance du Niger de l’extérieur et révèle bien évidemment l’inefficacité des stratégies de développement agricole. Le taux de couverture (exports sur imports) réduit l’ambition gouvernementale « les nigériens nourrissent les nigériens » en un simple slogan politicien, sa plus haute valeur se situe à 28,08 % au cours de la période 2013 – 2017. Le tableau ci-après compare les exportations aux importations de 2013 à 2017. La Balance commerciale de l’agriculture Produits agricoles Exportations

2013

2014

2015

2016

2017

48 873

48 037

41 455

30 997

52 040

45

Importations

186 198

171 037

196 254

167 659

225 455

Solde

-137 325

-123 000

-154 799

-136 662

-173 415

26,24

28,08

21,12

18,48

23,08

Taux de couverture

L’Investissement agricole Trois types d’acteurs investissent dans l’agriculture au Niger. Les producteurs : leur part est infime (2 à 3 % du total) ; ils renouvèlent leurs outils de production tous les deux ans. L’Etat : le plus gros investisseur (92 % du total) soutient la formation et la recherche, modernise et développe constamment les filières, investit sur tous les maillons de la chaîne de valeurs. Il a mis en place des sources de financement pour les investissements (banque agricole, services financiers décentralisés, micro finance rurale). L’Etat intervient surtout par la mise en œuvre de grands projets de développement rural financés généralement par la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA), et les agences de coopération bilatérale française, allemande, américaine, danoise, italienne, luxembourgeoise... Son programme d’investissement en cours (2016 – 2020) prévoit 424,9 milliards FCFA pour la promotion des filières agricoles. Les ONG : investissent pour renforcer les réalisations de l’Etat ou pour pallier l’insuffisance ou le manque d’action de l’Etat. En 2017, les ONG et Associations de développement (42 structures) ont lancé 51 projets d’appui au développement rural pour un montant de 28,8 milliards FCFA. L’Emploi agricole En 2017, le nombre de producteurs agricoles est estimé à 8,6 millions d’individus sur une population rurale de 17,2

46

millions et une population totale de 20,6 millions d’habitants. Au Niger, ces 8,6 millions d’exploitants agricoles appelés paysans mènent depuis la nuit des temps des activités informelles et sont distingués des producteurs modernes constituant les acteurs du secteur privé formé de quelques entreprises agricoles. Chez les producteurs traditionnels organisés en coopératives, il n’y a pratiquement pas de création d’emploi salarié mais utilisation de membres familiaux pour l’exploitation familiale suivant la tradition. Cependant les fonctionnaires agricoles sont assez présents avec un effectif de 753 cadres techniques chargé de l’encadrement et de la mise en œuvre des politiques agricoles. On y distingue 271 Ingénieurs agronomes, 72 Ingénieurs des techniques, 339 Conseillers et Conducteurs d’agriculture et 71 Agents techniques. Le Secteur dit moderne compte seulement 62 entreprises horticoles employant 2611 travailleurs. Les cultures horticoles comprennent : les légumes, les tubercules, les fruits, les légumineuses. 1.2. Les Activités pastorales Exercé comme activité principale ou secondaire, l’élevage occupe 91 % de la population active. 3/4 des ménages possèdent ou élèvent des animaux avec une moyenne de 2,7 UBT par ménage. En 2017, le nombre d’éleveurs professionnels est estimé à 2,5 millions et le nombre d’agropasteurs à 8 millions de personnes, selon la Direction des statistiques du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage.

47

La Production animale Les produits de l’élevage sont : les bovins, les ovins, les caprins, les camelins, les équins, les asins, la volaille. La production animale englobe l’embouche, l’aviculture, la production laitière et fromagère et le conditionnement des cuirs et peaux. En 2017, le cheptel se compose de 46 484 539 têtes, soit 2 têtes par habitant. Les caprins constituent la plus grande population de domestiques avec un nombre annuel moyen de plus de 14 millions de têtes (36,01 %). Puis viennent les bovins avec 12 millions de têtes (29,15 %) et les ovins avec 11 millions de têtes (25,59 %). Les asins représentent 3,95 %, les camelins 3,84 %, les équins 0,53 %. Le tableau suivant présente l’évolution des effectifs du cheptel de 2013 à 2017. Evolution du cheptel de 2013 à 2017 Espèces

2013

Bovins

10 733 314

11 377 313 12 059 952 12 783 547 13 550 562

2014

2015

2016

2017

Ovins

10 732 453

11 115 982 11 496 872 11 899 263 12 315 737

Caprins

14 311 115

14 883 559 15 478 901 16 098 059 16 741 981

Camelin

1 698 110

1 720 185

1 742 547

1 765 200

Equins

240 902

243 310

245 744

248 201

250 682

Asins

1 697 502

1 731 450

1 766 079

1 801 402

1 837 429

Total

39 413 396

41 071 799 42 790 095 44 595 672 46 484 539

1 788 148

Source : Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage

Selon les données du tableau, c’est la production bovine qui connait le plus fort taux de croissance avec 26,24 % viennent ensuite la production caprine avec 16,96 % et la production ovine 14,75 %. Les paramètres techniques et économiques en élevage traditionnel révèlent des taux de reproduction assez moyens et des taux de mortalité élevés chez les bovines et les ovines. 48

Les tableaux suivants donnent un aperçu de la situation. Les taux de croissance annuelle des espèces animales Espèces Taux

Bovins

Ovins

Caprins

Asins

Camelins

Equins

6%

3,5 %

4%

2%

1,3 %

1%

Source : FAO, revue du secteur de l’élevage au Niger Les indicateurs de reproductibilité des bovines et ovines Paramètres

Bovine

Ovine

Taux de mise bas

50 %

55 %

Taux de prolificité

100 %

130 %

Source : FAO, revue du secteur de l’élevage au Niger Les indicateurs de mortalité Classes d’âges

Bovins

Ovins

Femelles

Mâles

Femelles

Juvénile

20 %

24 %

32 %

Mâles 36 %

subadulte

10 %

12 %

20 %

30 %

Adulte

8%

8%

14 %

16 %

Source : FAO, revue du secteur de l’élevage au Niger Les indicateurs d’exploitation Classes d’âges

Bovins

Ovins

Femelles

Mâles

Femelles

Juvénile

0%

0%

0%

Mâles 0%

Subadulte

2%

15 %

5%

20 %

Adulte

5%

10 %

10 %

15 %

Source : FAO, revue du secteur de l’élevage au Niger Les poids des animaux en début de classe d’âges Classes d’âges

Bovins

Ovins

Femelles

Mâles

Femelles

Juvénile

80 kg

90 kg

10 kg

12 kg

Subadulte

140 kg

220 kg

16 kg

20 kg

Adulte

250 kg

350 kg

27 kg

36 kg

Source : FAO, revue du secteur de l’élevage au Niger

49

Mâles

La production annuelle de viande est de l’ordre de 250 000 tonnes, destinées essentiellement à la consommation locale. C’est la viande de bœuf qui constitue le gros de la production ; représentant plus de 45 % de la production totale de viande. Viennent ensuite la viande de caprin (27 %), la viande de mouton (17 %) et la viande de camelin (11 %). Le Niger exploite peu son cheptel bien que constamment en difficulté de sécurité alimentaire. Le tableau suivant indique les taux d’exploitation des bétails. Les taux d’exploitation annuels moyens du cheptel Productions

2012

2013

Bœuf

7%

7%

2014 6%

Mouton

15 %

15 %

17 %

Caprin

15 %

16 %

20 %

Camelin

8%

10 %

14 %

Source : HCI3N, Bilan 2011-2015

La production annuelle de lait est de l’ordre de 1,1 million de tonnes offertes par plus de 10,5 millions de laitières ; la productivité est très faible. Le conditionnement de cuirs et peaux est de l’ordre de 4,5 millions d’unités par an, provenant de bovins, ovins, caprins et camelin. Le PIB de l’élevage Le produit intérieur de l’élevage est en constante progression en valeur absolue ; il est passé de 348,5 milliards FCFA en 2013 à plus de 410,3 milliards en 2017, soit un croît de 17,71 %. En 2017, il représente près de 22 % du PIB du secteur primaire et près de 9 % du PIB national. Sa croissance

50

annuelle est fortement liée aux conditions climatiques, elle varie de 1,15 à 4,80 % au cours de la période considérée. Le tableau ci-après présente les valeurs de l’élevage.

Les valeurs de l’élevage de 2013 à 2017 Valeurs du PIB

2013

2014

2015

2016

2017

348 555

364 844

387 011

391 499

410 303

4,1

4,67

6,07

1,15

4,80

Valeur relative (%) dans le PIB du secteur primaire

25,70

24,42

25,08

22,24

21,89

Valeur relative (%) dans le PIB national

9,20

8,96

9,02

8,67

8,68

PIB nominal en millions FCFA Croissance annuelle en %

La Consommation Les statistiques sur la consommation des produits de l’élevage proviennent essentiellement des abattoirs. Ces données sont très en deçà des quantités consommées sur le territoire national. Si les produits agricoles sont destinés en général à l’autoconsommation, ceux de l’élevage sont destinés essentiellement à la vente. Les éleveurs consomment une partie du lait, une partie du beurre de vache qu’ils extraient de leur bétail, mais ils achètent régulièrement les viandes au marché chez les bouchers. Selon la Direction des Etudes et de la Programmation du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, la consommation moyenne de viande qui était de 24 kg/personne/an en 1968 est à 6 kg/personne/an en 2017. La consommation moyenne de lait était à 107 litres/personne/an en 1968, elle est seulement à 45 litres/personne/an en 2017.

51

La formation des prix ne suit pas toujours la loi de l’offre et de la demande, elle est influencée par les conditions d’accessibilité aux facteurs de production. Après un hivernage abondant qui a offert du bon fourrage, les prix des animaux sont plus élevés quelle que soit la demande. Après un hivernage à déficit fourrager, les prix baissent même si la demande est supérieure à l’offre. En 2017, les prix les plus bas et ceux les plus élevés sont : 190 000 et 230 000 FCFA pour les bovins ; 33 000 et 46 000 FCFA pour les ovins ; 19 000 et 29 000 FCFA pour les caprins ; 245 000 et 345 000 FCFA pour les camelins ; 100 000 et 125 000 FCFA pour les asins. La Commercialisation Celle du bétail sur pied est globalement structurée autour de trois catégories de marchés : marchés de collecte, marchés de regroupement, marchés terminaux. Selon le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, il existe 359 marchés de collecte (56,53 %) ; 221 marchés de regroupement (34,80 %) et 55 marchés terminaux (8,66 %). Les Exportations Les exports des produits de l’élevage évoluent en dents de scie. En 2017, la valeur totale des exportations s’élève à plus de 27 milliards FCFA, après deux années de récession. L’exportation de bovins représente près de 74 % du total ; celle de caprins 12,29 % ; celle d’ovins seulement 6,92 %. Le tableau ci-après présente l’évolution de la valeur marchande des produits exportés.

52

Evolution de la valeur des exportations en millions FCFA Espèces

2013

2014

2015

2016

2017

Bovins

10 070

15 919

13 416

5 201

20 049

Ovins

3 137

4 910

3 708

984

1 876

Caprins

3 220

5 995

3 450

1 464

3 330

Camelin

2 870

1 414

900

90

699

Equins

785

1 675

1 541

1 331

10

Cuirs et peaux

107

201

159

57

696

Autres

66

39

698

309

434

Total

20 254

30 153

23 871

9 435

27 095

Source : Annuaire statistique du Niger 2013-2017

Les Importations Les imports de produits d’élevage ont progressé de 17,83 % de 2013 par rapport à 2017. En 2017, leur coût total s’élève à 22,2 milliards FCFA. Le lait et autres produits de laiterie représentent plus de 90 % de ce montant, et les viandes 9,49 %. Les importations informelles ou frauduleuses sont importantes, elles concernent généralement la volaille, les œufs, les viandes que les habitants des pays limitrophes (Nigeria, Benin, Burkina Faso, Mali) écoulent sur les marchés des villages nigériens, ou que les habitants de ces villages partent quotidiennement acheter dans ces pays pour les revendre au Niger. Le tableau ci-après présente les statistiques de 2013 à 2017. Les Importations de produits de l’élevage en millions FCFA Produits

2013

2014

2015

2016

46

97

98

84

6

Viandes

1 236

1 179

3 739

3 431

2 115

Lait et produits de laiterie

17 612

26 014

21 275

16 591

20 146

4

7

4

1

2

18 898

27 297

25 116

20 107

22 269

Animaux vivants

Cuirs et peaux Total

Source : INS, Annuaire statistique du Niger 2013 - 2017

53

2017

Sur la période considérée, la balance commerciale de l’élevage est globalement déficitaire, le total des imports s’élevant à 113,687 milliards FCFA et celui des exports à 110,808 milliards FCFA. Les deux années déficitaires (2015 avec un déficit de plus de 1,2 milliards FCFA et 2016 avec un gros déficit de plus 10,6 milliards) ont pesé très lourd sur la balance qui est excédentaire trois années sur les cinq. En 2017, l’excédent commercial s’élève en valeur absolue à plus de 4,8 milliards FCA, soit 21,67 %. Le tableau suivant présente la balance commerciale de l’élevage. Aperçu de la balance commerciale de l’élevage Produits

2013

2014

2015

2016

2017

Exportations

20 254

30 153

23 871

9 435

27 095

Importations

18 898

27 297

25 116

20 107

22 269

Solde

1 356

2 856

-1 245

-10 672

4 826

Taux de couverture

107,17

104,62

95,04

46,92

121,67

Source : INS, Annuaire statistique du Niger 2013 - 2017

L’Investissement pastoral A l’instar des cultivateurs, les éleveurs (élevage traditionnel) n’investissent pas dans leur cheptel. La stratégie d’intervention en cours de l’Etat consiste à octroyer un kit par famille pastorale (petits ruminants et volaille) et à installer des kits villageois (banque aliment bétail, parc de vaccination, puits ou forage pastoraux, case de santé animale) et des kits communaux (service vétérinaire, intrants zootechniques et vétérinaires, marché de bétail, abattoir, ferme avicole). D’ordinaire, les investissements de l’Etat pour le développement de l’élevage concernent la construction d’infrastructures pastorales (puits pastoraux, entrepôts d’intrants zootechniques et vétérinaires, aliments bétail), le dévelop54

pement des exports (Abattoir d’exportation), la santé animale (Amélioration génétique et programme de vaccination et de déparasitage gratuits). Le programme d’investissement mis en œuvre par le Haut Commissariat à l’Initiative 3N a réalisé les investissements suivants de 2012 à 2015 : – appui à la création de 314 fermes modernes d’élevage et 18 fermes avicoles ; – le financement et la mise en place de 313 broyeurs à fourrage au niveau des groupements féminins et masculins évoluant en comité de gestion. De 2012 à 2015, l’investissement privé est évalué à 214 milliards FCFA, englobant l’ensemble des investissements réalisés par les fermes pastorales privées. On note ici : – la création en 2015 par un privé d’un abattoir moderne à Niamey ; – la création en 2015 de deux grandes fermes modernes avicoles (AVINIGER et Ferme SAFA) avec un investissement de l’ordre de 7 milliards FCFA. Le programme d’investissement 2016-2020 du gouvernement prévoit 507,8 milliards FCFA pour le développement des filières pastorales. Il convient de signaler que les ONG et Associations de développement investissent aussi dans le développement de l’élevage ; les montants sont toutefois difficiles à établir par les services étatiques. L’Emploi pastoral En 2018, le personnel d’encadrement des services étatiques compte 900 cadres techniques dont 91 Vétérinaires, 152 Cadres supérieurs de l’élevage, 108 Ingénieurs des techniques, 361 Adjoints techniques et Assistants d’élevage, 166 Agents techniques et 22 surveillants. 55

Le Secteur moderne en plein essor avec la création de nouvelles unités de production avicoles compte 343 fermes employant 6286 personnes ; on y distingue : 214 fermes à lait, 52 fermes à viande et 77 fermes mixtes. La configuration des fermes par région se présente comme suit : Agadez 23, Diffa 22, Dosso 44, Maradi 38, Tahoua 12, Tillabéry 71, Niamey 98, Zinder 28. 1.3. La Sylviculture et l’Exploitation forestière En 2017, ces activités représentent 4,71 % du PIB du secteur primaire et seulement 1,86 % du PIB national. Leur valeur marchande est en constante progression, passant de 74,7 milliards en 2013 à 88,3 milliards FCFA en 2017. Le Niger dispose de 708 831 hectares de forêts classées, de 9 389 999 hectares de forêts protégées, de 99 170 hectares de forêts aménagées, de 1 811 240 hectares de réserve de faune et parcs, et produit annuellement près de 10 millions de plants. Le tableau ci-après montre les valeurs de la foresterie. Les valeurs de la foresterie de 2013 à 2017 Valeurs des activités Sylviculture et foresterie en millions FCFA

2013

2014

2015

2016

2017

74 784

77 280

80 998

84 831

88 357

3,33

4,81

4,73

4, 15

Croissance annuelle (%) Valeur relative (%) dans le PIB du secteur primaire

5,51

5,17

5,25

4,81

4,71

Valeur relative (%) dans le PIB national

1,97

1,89

1,88

1,87

1,86

1.4. La Pêche, la Pisciculture et l’Aquaculture En 2017, avec un PIB de 67,3 milliards FCFA, ces activités représentent 3,59 % du PIB du secteur primaire et seulement 1,42 % du PIB national.

56

On constate une baisse tendancielle de la valeur marchande de ces activités depuis 2014 quand elle atteignit 75,5 milliards FCFA. On estime à 2,6 millions le nombre de pécheurs sur le fleuve Niger. La pêche est essentiellement une activité de subsistance. Le Niger exporte annuellement 150 à 200 tonnes de poisson et importe 6000 à 8000 tonnes. Le tableau suivant présente les valeurs de l’exploitation du poisson. Les valeurs de l’exploitation du poisson de 2013 à 2017 en millions FCFA Valeurs des Activités Pêche, pisciculture, aquaculture

2013

2014

2015

2016

2017

71 844

75 575

69 209

63 358

67 304

5,19

-8,42

-8,44

6,22

Croissance annuelle Valeur dans le PIB du secteur primaire

5,29

5,06

4,48

3,59

3,59

Valeur dans le PIB national

1,89

1,85

1,61

1,40

1,42

Source : Annuaire statistique du Niger 2013-2017

L’encadrement des activités de sylviculture, de l’exploitation forestière, de la pêche, de la pisciculture et de l’aquaculture est assuré par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable qui emploie 1931 cadres techniques. En Décembre 2018, on y compte 301 Ingénieurs des Eaux et Forêts, 139 Ingénieurs des techniques forestières, 109 Techniciens supérieurs des Eaux et Forêts, 373 Conseillers forestiers, 27 Contrôleurs, 260 Agents techniques et 722 préposés des Eaux et Forêts. Le Programme national d’investissement agricole 2016 – 2020 prévoit 55,3 milliards (1,26 %) pour la promotion des filières forestières et halieutiques. La FAO a fourni une assistance technique au gouvernement du Niger pour promouvoir la pisciculture semiintensive et intensive et l’aquaculture. Trois espèces de

57

poisson sont élevés : Oreoochromis niloticus, Clarias gariepinus et heterobranchus bidorsalis. Les régions à potentiel aquacole sont : Niamey, Dosso, Tillabéry et Maradi. Les potentialités aquacoles sont les eaux de surface (Fleuve Niger, lac Tchad) et les eaux souterraines, ces dernières sont exploitées grâce aux techniques innovantes intensives : systèmes aquaponiques, systèmes horti-aquacoles. L’analyse de la filière poisson révèle d’importantes potentialités sous-exploitées. Le poisson de pêche fait l’essentiel de cette filière. On y distingue plusieurs acteurs : producteurs, fournisseurs d’intrants, commerçants mareyeurs, transporteurs, distributeurs. A ces acteurs directs, s’ajoutent des acteurs d’encadrement, de contrôle, de soutien financier, de formation que sont l’Etat, les Partenaires Techniques et Financiers, les ONG et Associations de développement. Il existe une vingtaine d’entreprises aquacoles au Niger en 2018, offrant des emplois spécialisés relevant de la production (écloserie, grossissement, aquariophilie), de la transformation, de la commercialisation, de la fabrique d’aliments pour poisson, de la construction d’infrastructures et équipements aquacoles, du conseil. Ces activités regroupent plus de cinquante mille travailleurs. La pêche et l’aquaculture génèrent un chiffre d’affaires annuel moyen de 40 milliards FCFA pour une production estimée à 40 000 tonnes. Avec toujours le soutien de la FAO, le Ministère en charge de l’aquaculture vient d’élaborer (Avril 2019) une stratégie nationale de développement durable de l’aquaculture. Dans la vision d’un sous-secteur aquacole durable et compétitif contribuant à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à la création d’emplois, cette stratégie propose 58

de réaliser les objectifs suivants : renforcement du cadre juridique, réglementaire et institutionnel pour susciter l’attractivité pour les investissements nationaux et étrangers de développement de l’aquaculture commerciale ; Développement de l’économie aquacole par la modernisation des chaines de valeurs du poisson, et l’Appui à l’entreprenariat des jeunes aquacoles. Le plan d’action de la stratégie propose de faciliter l’accès aux facteurs de production (alevins, aliments, eaux, conseil, micro finance) ; de développer les capacités de conservation et de conditionnement, de transformation et de distribution des produits aquacoles ; d’améliorer l’environnement professionnel aquacole (formation aux métiers, recherche, conseil, gouvernance…) ; et de soutenir la création d’entreprises aquacoles à l’initiative des jeunes.

2. EVOLUTION DU SECTEUR RURAL Le secteur rural a évolué remarquablement au fil du temps avec l’élargissement des structures d’encadrement de l’Etat, le développement des lois et règlements régissant les activités et les acteurs, la professionnalisation et l’organisation des producteurs, l’émergence d’unités de production modernes et les interventions des ONG. 2.1. Les Institutions étatiques Les institutions de l’Etat pour le développement rural sont créées et évoluent en fonction des politiques gouvernementales. De 1960 à cette date, le paysage institutionnel a considérablement évolué avec la création de nombreuses institutions tous azimuts : encadrement, formation, recherche, protection des végétaux, santé animale, finance rurale, statistiques… En sus des ministères, l’évolution des politiques sectorielles a fait créer des institutions dites « politiques » : 59

Secrétariat exécutif de la SDR (2003 à 2009), Haute Autorité à la sécurité alimentaire (2010 – 2011), Haut Commissariat à l’Initiative 3N (depuis 2012). Ces institutions politiques sont placées sous la tutelle de la Présidence de la République. Cependant, ce doublon institutionnel de l’Etat ne donne pas les effets escomptés car la dépendance alimentaire du Niger de l’extérieur est dramatique, traduite par le déficit chronique de la balance commerciale de l’agriculture qui est passé de -137 325 milliards FCFA en 2013 à -173 415 milliards en 2017, avec un taux de couverture en 2017 de seulement 23,08 % ; et le déficit global de la balance commerciale de l’élevage (2013 – 2017) s’élevant à plus de 2,8 milliards FCFA, soit 2,59 % ; et celui encore plus faramineux de la pêche et aquaculture avec des exports de 200 tonnes sur des imports de plus de 8000 tonnes. En 2010 est née la Banque Agricole (BAGRI), une institution créée à l’initiative du gouvernement nigérien qui a mis à la disposition de la banque un capital de 10 milliards FCFA au départ, dont 35 % pour compte propre et 65 % en partage, pour soutenir l’investissement privé dans le secteur rural. 2.2. Les Lois et Règlements Le Secteur rural évolue dans un cadre juridique bien étoffé. L’Etat a mis en place une structure spécifique (Le Secrétariat Permanent) pour administrer et compléter les principes d’orientation du Code rural fixés par l’ordonnance N° 93-015 du 2 mars 1993. 2.3. Les Populations rurales En 2017, les populations rurales s’élèvent à 17 260 627 individus, constituant 83,58 % de la population nationale.

60

C’est dans la région de Zinder qu’il y a le plus grand nombre de personnes vivant en milieu rural avec plus de 3,8 millions individus sur une population régionale de 4,3 millions d’habitants. Puis celle de Tahoua avec 3,6 millions de ruraux sur 3,9 millions d’habitants ; ensuite celle de Maradi avec 3,5 millions de ruraux sur 4,1 millions d’habitants. Le tableau ci-après juxtapose les populations urbaines et rurales en 2017. Configuration des populations rurales par région en 2017 Pop.

Agadez

Urbaines

252 931

102 226 218 718

Diffa

Dosso

Maradi

Tahoua

Niamey

Tillabéry

Zinder

590 374

375 279

1146537

209 193

495 185

Rurales

313 516

589 130 2241094 3569857 3607893

Total

566 447

691 356 2459812 4160231 3983172 1203766 3280333 4305953

57 229

3071140 3810768

Source : Annuaire statistique du Niger 2013 - 2017

En milieu rural, on distingue quatre principales professions : laboureur, éleveur, agro-éleveur, pécheur. L’évolution des populations rurales a entrainé naturellement une évolution des agrégats du secteur agricole. Les superficies et les productions ont considérablement augmenté. 2.4. Les Organisations professionnelles En 2018, la Direction de l’action coopérative et des organisations rurales (DACPOR) a recensé 51 424 organisations professionnelles dans le secteur rural, dont 50 136 organisations paysannes de base, 1195 unions, 89 fédérations et 4 confédérations.

61

Les organisations paysannes sont régies à travers quatre types de structure : – les Organisations paysannes faîtières nationales, – les Cadres de concertation nationaux, – un Etablissement consulaire : le Réseau des Chambres d’Agriculture, – des consortiums informels liés à des thèmes spécifiques : COP (entreprenariat agricole), G9 (politiques agricoles), Cultivons la Terre (sécurité alimentaire). Les Organisations faîtières sont : – ANFO (Association Nationale des coopératives des professionnels de la Filière Oignon), – AREN (Association pour la Redynamisation de l’Elevage au Niger), – FCMN-Niya (Fédération des Coopératives Maraîchères du Niger), – FUCOPRI (Fédération des Unions des Coopératives de Producteurs de Riz), – FUGPN-Mooriben (Fédération des Unions des Groupements Paysans du Niger). Les Cadres de concertation : – la Plateforme Paysanne du Niger, – le Collectif des Associations Pastorales du Niger (CAPAN), – le Conseil pour l’Action et la Solidarité Paysannes au Niger (CASPANI), – le Confédération Nationale des Coopératives (CONACOP). L’Etablissement consulaire : – Le Réseau National des Chambres d’Agriculture (RECA). 62

Les Cadres informels de concertation : – le Consortium des Organisations Paysannes (COP), – le G9 ou groupe des 9, – le Consortium « Cultivons la vie ». 2.5. Les Entreprises agricoles Le secteur agricole demeure le fief de l’agriculture traditionnelle faite d’exploitations familiales. Le nombre de micro entreprises de développement rural est à 417 unités. Les fermes considérées comme des entreprises mènent des activités formelles parce qu’elles sont inscrites au registre du commerce. Elles sont créées généralement par d’anciens fonctionnaires, par des cadres du secteur privé ou des commerçants. La plus remarquable des entreprises existante est l’entreprise Wonkoye, spécialisée dans la production et l’exportation de l’oignon. Cette entreprise a bénéficié du soutien financier de l’Union Européenne pour son installation. A cette date, la configuration des entreprises de développement rural par région se présente comme suit : Agadez 33, Diffa 29, Dosso 50, Maradi 46, Tahoua 19, Tillabéry 103, Niamey 100, Zinder 30. Ce sont les régions de Tillabéry et Niamey qui comptent les plus grands nombres d’entreprises, puis celles de Dosso et de Maradi. Ces régions se situent dans les zones soudanienne et sahélo-soudanienne où les conditions climatiques sont propices aux activités agropastorales. Le tableau ci-après donne le récapitulatif des entreprises de développement rural en décembre 2018.

63

Les Entreprises de développement rural en décembre 2018 Régions

Fermes agricoles

Fermes pastorales

Fermes agropastorales

Fermes agrosylvo-pastorales

Total

Agadez

3

23

3

4

33

Diffa

7

22

-

-

29

Dosso

6

44

-

-

50

Maradi

8

38

-

-

46

Tahoua

3

12

4

-

19

Tillabéry

4

71

28

-

103

Niamey

2

98

-

-

100

Zinder

2

28

-

-

30

Total

35

343

35

4

417

Source : Direction Générale de l’Agriculture

2.6. Les Organisations non gouvernementales (ONG) En 2018, La Direction des ONG au Ministère du Plan indique que 530 ONG et associations de développement interviennent dans le domaine de l’agriculture, employant près de 7000 travailleurs et mobilisant des financements de l’ordre de 600 milliards FCFA. Les ONG étrangères sont au nombre de 55. Les plus actives sont : Care international, Africare, LWR, Catholic Relief Service, Oxfam Québec et Oxfam Grande Bretagne, WWF, Oxfam-Novib, SNV, CARE, IRAM, AVS (Vétérinaires Sans Frontières), CISVE, Agriterra, Les ONG nationales sont pour la plupart des prestataires de services. L’ONG nationale la plus remarquable est dénommée « KARKARA ». L’implication des organisations de la société civile et principalement les ONG et Associations dans l’élaboration des politiques et stratégies de développement et le suivi de 64

leur mise en œuvre ainsi que leur contribution à l’atténuation des crises alimentaires et humanitaires est effective. Les rôles assumés par les ONG sont : l’appropriation, le plaidoyer, la mobilisation des ressources, l’exécution des programmes et projets, le contrôle citoyen et le dialogue avec les politiques, le transfert de technologies, la sensibilisation et la mobilisation des populations. Quatre autorités encadrent la vie des ONG et associations au Niger : – la Préfecture, et parfois la Mairie pour la même attribution, si le champ d’intervention de l’association couvre uniquement le territoire de cette dernière ; – le Ministère de l’Intérieur délivre les autorisations d’exercice ; – le Ministère du Plan assure la tutelle des ONG ; – le Ministère des Affaires Etrangères assure le protocole d’entrée au Niger des représentations des ONG internationales.

3. LES ZONES AGRO ÉCOLOGIQUES DU NIGER 3.1. Présentation On distingue du Nord au Sud quatre zones agro écologiques : – la zone saharienne désertique qui occupe 80 % du territoire ; elle reçoit moins de 150 mm de pluie en moyenne par an. On y pratique des cultures irriguées dans les Oasis ; – la zone sahélo-saharienne qui représente 12 % du territoire ; elle reçoit 150 à 300 mm de pluie en moyenne par an. Elle est propice à l’élevage transhumant ; – la zone sahélienne qui couvre 10 % du territoire ; elle reçoit 300 à 600 mm de pluie en moyenne par an ; elle est propice à l’agropastoralisme ; 65

– la zone sahélo soudanienne qui représente environ 1 % de la superficie totale du pays et reçoit 600 à 800 mm de pluie en moyenne par an ; elle offre les meilleures conditions naturelles de production agricole et animale. Les températures moyennes annuelles varient de 18,9 °C à 38,7 °C. 3.2. Les Modes d’exploitation de la terre Les modes d’exploitation de la terre renvoient aux différents systèmes agraires rencontrés dans les différentes zones agro écologiques du Niger. Zone Saharienne : pluviométrie < 150 mm/an – Le système pastoral du nord : ce système comprenant une partie de la région d’Agadez, la majeure partie de la région de Diffa, la moitié nord des régions de Tahoua et Zinder et une frange importante au nord des régions de Maradi et Tillabéry, présente l’agriculture irriguée (maraichage et cultures fruitières) autour des oasis et l’élevage sédentaire. – Le système de la zone de transition (zone du front des cultures) : ce système fait la jonction entre la zone pastorale et la zone agricole. Il correspond à la partie sud de la zone pastorale qui a été progressivement gagnée par les cultures du fait du croît démographique. Les terres sont exploitées pour les productions maraichères et horticoles, et l’élevage de case. Zone Sahélo-saharienne : 150 à 300 mm/an – Le système d’agriculture pluviale dunaire : ce système est localisé dans les parties Nord des régions de Tillabéry, Dosso, Centre-ouest de Tahoua et dans les 66

plaines Sud-ouest de la région de Diffa. Ce système se distingue peu de celui de la zone de transition. L’élevage y est moins important et la pluviométrie un peu plus élevée. On y rencontre un système agropastoral de type extensif où la monoculture du mil est encore prépondérante mais avec de faibles rendements. La production céréalière est en général inférieure aux besoins des familles. Avec la croissance démographique, les jachères sont en constante réduction et les terres de culture se dégradent. L’ensemble du système agraire est fragilisé par l’érosion éolienne des terres et l’ensablement des mares et cuvettes. Zone sahélienne : 300 à 600 mm/an – Le système agropastoral semi-intensif des plaines de l’Est : il concerne la région de Maradi et une large bande sud de la région de Zinder. Il représente en moyenne plus de la moitié de la production céréalière nationale. L’atout de ce système réside dans une intensification déjà bien entamée au niveau des cultures pluviales du fait de la disparition progressive des jachères. Les exploitants se sont beaucoup investis dans des systèmes de cultures associées, notamment entre les céréales et le niébé. L’emploi de la traction animale (bovine et asine) y est assez répandu ainsi que l’utilisation des engrais. L’association agriculture – élevage est bien entamée et l’embouche bovine et ovine est très répandue. – Le système agropastoral des plateaux de l’Ouest : c’est le système de la région de Tillabéry et de la majeure partie de la région de Dosso. Les terres sont utilisées pour des productions agropastorales ; l’exploitation des espèces ligneuses est plus développée qu’ailleurs : rôniers et palmiers doum dans les bas67

fonds ou les dallols, bois de chauffe à partir des formations végétales des plateaux. Les bas-fonds sont également de plus en plus utilisés pour les cultures maraîchères. L’atout majeur de ce système agro-sylvo-pastoral réside dans un bon équilibre de l’agriculture et de l’élevage au niveau des exploitations. Cela est dû au fait que cet ensemble géographique est en grande partie habité par des éleveurs sédentarisés qui ont associé l’agriculture à leur élevage depuis plusieurs générations. Un autre atout à prendre en compte est la prise de conscience d’une gestion plus rationnelle par les communautés rurales des formations ligneuses et de certaines forêts classées. – Les systèmes de production agricole semi intensifs des vallées : les terres sont utilisées pour la production agricole semi intensive basée sur une irrigation de contre saison. On distingue les systèmes des vallées fossiles (dallols), des Goulbis (Maradi et Zinder), des vallées de la Maggia et de la Tarka qui se différencient des systèmes fluviaux de la Komadougou, du lac Tchad et de la zone non aménagée du fleuve. Zone sahélo-soudanienne : pluviométrie > 600mm C’est une zone qui abrite les systèmes intensifs de production agricole et animale. La fréquence des pluies permet aux paysans sédentaires d’y cultiver le sorgho, le maïs, et le coton et plusieurs autres cultures en deux, voire trois récoltes par an. C’est aussi le domaine de l’élevage transhumant. 3.3. Les Problématiques foncières Le problème foncier est posé par trois sources de droit parfois contradictoires : la coutume, la religion musulmane et le droit positif. Le Code rural essaie de concilier les pratiques locales. 68

3.3.1. Institutions de réglementation foncière Les institutions apparues dans le cadre de l’application des principes vont du village jusqu’au Secrétariat Permanent du Code Rural (structure administrative). La composition de ces institutions inclut les autorités administratives et coutumières, les services techniques de l’Etat, la société civile et les représentants des utilisateurs des ressources naturelles. Elles comprennent : – le Comité National du Code Rural : il a pour rôle l’élaboration, la vulgarisation et le suivi de l’application des principes d’orientation du Code Rural ; – le Secrétariat Permanent du Code Rural, cheville ouvrière nationale de la mise en application des principes d’orientation du Code Rural ; – les Commissions Foncières (CoFo), organes administratifs prévus et organisés jusqu’au niveau du village, par les articles 118 à 122 de l’Ordonnance portant principes d’orientation du Code rural et qui jouent un rôle essentiel dans la gestion du foncier rural. Leur mandat comprend : information et sensibilisation sur la réglementation foncière, collecte et gestion de l’information foncière, sécurisation des droits et des titres fonciers à travers l’enregistrement des transactions foncières et établissement des titres de propriété. De par ses missions, la Commission foncière joue un grand rôle dans la sécurisation foncière. Ces Commissions existent aussi au niveau départemental et communal ; – le Ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et du Domaine Foncier Public, chargé de l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique nationale en matière d’urbanisme, d’habitat et de gestion du domaine foncier public, conformément aux orientations définies par le gouvernement.

69

3.3.2. Institutions foncières et équité genre Aux termes de l’article 118 du Code rural, les Commissions Foncières sont composées d’un représentant par groupe rural d’agriculteurs, d’éleveurs, de femmes et de jeunes ruraux. Un projet pilote « Application de la législation foncière et gestion durable des ressources naturelles » (1998), a permis de soutenir dans la constitution des commissions foncières, la participation active des femmes, comme condition principale ; ce qui a donné lieu à la présence d’au moins un tiers de femmes dans les commissions. Ainsi, dans les villages, les femmes ont participé en tant que membres des CoFo, aux procédures d’attribution des terres, de demande et de définition des activités utiles pour améliorer l’économie villageoise. Cette participation pourrait avoir eu une retombée bénéfique concernant les droits de la femme à la terre. Cependant, se pose la question de la qualité de cette représentation (niveau d’instruction), notamment en matière de prise de décisions et du mandat de ces femmes. 3.3.3. Facteurs de problèmes fonciers différenciés Plusieurs facteurs expliquent les problèmes fonciers ; les plus marquants sont : – la croissance démographique ; – l’amenuisement des terres agricoles du fait des sécheresses et de la désertification engendrant une pression sur les systèmes fonciers existants ; – la pression sur le patrimoine foncier suscitant des difficultés dans la gestion communautaire et familiale de la terre ; – l’appropriation privée des terres dans certaines régions suscitant de la xénophobie ; – le morcellement des grands champs hérités provoquant une accélération de l’occupation des espaces, 70

une disparition ou réduction des temps de jachère et des aires de pâturage, une mise en culture des couloirs de passage du cheptel, des bas-fonds et des zones humides, une aggravation et une multiplication des conflits fonciers ; – la monétarisation de l’économie paysanne (développement du mercantilisme) posant le recours de plus en plus grandissant à une main-d’œuvre salariée, la vente des résidus de culture et de paille de brousse naguère laissés gratuitement et bienveillamment au bétail, et la vente de champs pour départager des ayants droit. 3.3.4. Pratiques coutumières, croyances religieuses et pratiques sociales influençant sur les droits fonciers Neuf groupes ethnico-linguistiques composent la population nigérienne : Haoussa 55,9 %, Djema-Sonrai 22 %, Peulh 8,5 %, Touareg 8 %, Kanouri 4,5 %, Toubou 0,4 %, Arabes 0,3 %, Gourmantché 0,3 %, Boudouma 0,1 %. Les coutumes sont différentes d’une ethnie à l’autre ; elles transgressent parfois les dispositions légales ou religieuses : par exemples, la législation sur l’âge minimal de la fille pour le mariage est de 16 ans mais les filles continuent d’être données en mariage dès l’âge de 12 ans souvent moins quand la corpulence s’y prête ; la loi met au même pied d’égalité homme et femme pour l’héritage de terre, cependant le droit musulman stipule que l’homme a droit à deux parts et la femme une part ; certaines coutumes ne reconnaissent pas à la femme le droit d’hériter la terre quand elle doit la partager avec son frère. Dans certaines régions, le droit coutumier ne reconnait pas à la femme le droit d’accès à la terre. Il existe plusieurs pratiques coutumières qui transgressent le principe de l’égalité des citoyens devant la loi : le mariage forcé, les violences conjugales reconnues comme 71

un droit réservé uniquement à l’homme face à une désobéissance de son épouse, la claustration de la femme pour crainte d’infidélité. Des pratiques sociales prévalent aussi souvent sur les règles du droit positif dans l’utilisation des terres et la reconnaissance des droits fonciers. Les jachères sont soumises à l’autorité des chefs de village et les terres qui n’ont jamais été cultivées à celle des chefs de canton. Les autorités traditionnelles continuent d’attribuer des terres parallèlement aux Commissions foncières départementales, bien qu’elles soient elles-mêmes parties prenantes du processus de mise en œuvre du Code Rural, ce qui engendre des conflits entre les différentes catégories d’utilisateurs.

4. LES PRINCIPALES FILIÈRES 4.1. Les Filières agricoles Les principales filières qui font l’objet de politiques et de stratégies de développement agricole sont : le niébé, le sésame, le souchet, le riz, l’oignon, le poivron, la pomme de terre, la tomate et l’arboriculture fruitière. En deçà de cette liste, sont identifiées des filières dites émergentes : manioc, arachide, coton, blé, moringa, courge, laitue, piment, datte, canne à sucre. Les grands bassins de production du Niger sont : – la région de production d’oignon de Tahoua, production complétée par endroits par la tomate fraîche ; – la région de production de poivron séché de Diffa ; – la région d’Agadez avec plusieurs produits leaders : l’oignon, en période d’hivernage, la pomme de terre, la tomate séchée, l’ail en saison sèche.

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Dans le cadre des conventions de partenariat, la Société AL RAGMIA, la SOTRACO et une Société Chinoise se sont engagées à promouvoir respectivement les filières coton, oignon et canne à sucre au Niger. Les produits agricoles en procédure de labellisation sont l’oignon violet de Galmi et l’oignon blanc de Soucoucoutane. 4.1.1. Organisation, rôles des acteurs Les producteurs travaillent souvent seuls, en coopératives rurales ou en groupements d’intérêt économique. Les coopératives rurales sont mandataires à titre non lucratif de leurs membres pour exercer toutes fonctions économiques et sociales répondant à leurs besoins communs. Les organismes ruraux à caractère coopératif et mutualiste existants sont les groupements mutualistes, les coopératives, les unions locales de coopératives, les unions sousrégionales de coopératives, les unions régionales des coopératives et les fédérations. Les groupements d’intérêts économiques (GIE) mettent en œuvre tous les moyens propres à faciliter ou à développer l’activité économique de ses membres, à améliorer ou à accroître les résultats de cette activité. Les associations locales, régionales ou nationales : pour chaque filière, il existe au moins une association. L’Association des producteurs maraichers est la plus en vue. Concernant la profession agricole : la loi 2000-15 du 21 août 2000 a institué les chambres régionales d’agriculture. Cette loi donne un cadre législatif approprié à la branche "Agriculture", en le séparant de la compétence de la Chambre de commerce. Chaque chambre régionale d’agriculture est composée d’exploitants individuels (homme, femme, jeune) et d’organisations professionnelles agricoles exerçant à titre principal une activité dans les domaines des ressources agricoles, 73

pastorales, sylvicoles, apicoles, halieutiques, piscicoles et transformation semi-artisanale de produits agricoles. 4.1.2. Accès aux facteurs de production Les facteurs de production agricole englobent les ressources naturelles (terre, eau, végétaux, animaux), le capital, les fertilisants et les matériels et machines agricoles. Concernant les ressources naturelles (terre, eau, végétation) c’est l’ordonnance N° 93-015 du 2 mars 1993 fixant les principes du Code rural qui déterminent les modes d’accès. Pour l’accès aux crédits : il existe trois principales sources de crédit : les banques, les institutions de micro finance et les systèmes de financement décentralisés. En 2017, le système bancaire se compose de 16 établissements. Pour l’accès aux engrais : d’une manière générale, les producteurs s’approvisionnent en intrants auprès de la CAIMA (établissement public à caractère administratif sous tutelle du Ministère de l’Agriculture), auprès de la société privée AGRIMEX, auprès des boutiques d’intrants créés par l’Etat avec le projet IARBIC/FAO, et auprès des commerçants. Pour l’accès aux machines : l’Etat a créé l’AFMA (Atelier de fabrication de matériels agricoles) pour répondre aux besoins et faciliter aux producteurs ruraux, l’accès aux engins. L’AFMA fabrique et importe des produits adaptés à l’agriculture nigérienne (tracteurs, et autres machines agricoles). L’AFMA (sous tutelle du Ministère de l’Agriculture) offre à des prix subventionnés. L’accès au conseil : depuis le désengagement de l’Etat des sphères productives et commerciales en 1998, le dispositif national d’appui conseil est en panne. Des ONG offrent des conseils technologiques et financiers dans le cadre de leurs interventions à travers des micros projets.

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Le Haut-Commissariat à l’Initiative 3N et le Réseau des Chambres d’Agriculture du Niger ont reçu une assistance du Bureau de la coopération suisse pour la réalisation d’une étude sur l’élaboration d’un dispositif d’offre en conseil agricole. L’étude, réalisée par l’iram en février 2016, fait des propositions d’orientations stratégiques pour les modèles institutionnels, techniques et économiques du conseil agricole. 4.1.3. La Commercialisation des produits agricoles Le circuit de commercialisation distingue les marchés de collecte (situés dans les zones de production), les marchés de regroupement (lieux de rassemblement des animaux), les marchés de consommation (situés dans les grands centres urbains), les marchés frontaliers sont situés à proximité d’une frontière. Ces marchés servent de relais nationaux aux circuits transfrontaliers de commercialisation. 4.2. Les Filières pastorales Les principales filières pastorales sont : la filière bétail/viande, la filière lait, la filière cuirs et peaux. 4.2.1. Organisation, rôle des acteurs L’organisation des acteurs de la filière Bétail-Viande est la plus active. Le commerce du bétail sur pied et de la viande fait appel à beaucoup d’intervenants en particulier lorsque le bétail est destiné à l’exportation. Les huit principaux types d’acteurs sont : – les producteurs pratiquant l’activité d’élevage : des associations d’éleveurs assurent la défense des intérêts de leurs membres ; – les intermédiaires en bétail (dilali) : ils mettent en contact acheteurs et vendeurs de bétail ; 75

– les chefs de marché jouent un rôle important de conciliation dans le règlement des conflits liés aux transactions commerciales ; – les commerçants de bétail : collectent des animaux pour les revendre sur les marchés frontaliers et terminaux à l’étranger ; – les chevillards (bouchers grossistes) : ravitaillent les bouchers détaillants dans des rapports basés sur la vente à crédit ; – les bouchers détaillants vendent viandes crues aux ménagères ou grillades dans les coins de rue des centres urbains ; – les convoyeurs de bétail conduisent les animaux à pied ou par bétaillères des marchés de collecte ou de regroupement vers les marchés de consommation ou frontaliers ; – les acteurs de soutien et de contrôle sont représentés par les ministères techniques et institutions para étatiques : Ministère de l’Elevage, Ministère des Finances, Ministère du Commerce et des Industries, la Chambre de Commerce, le Conseil Nigérien des Utilisateurs des Transports Publics (CNUT), les Projets d’appui au développement de l’élevage, les Associations et Organisations professionnelles sensées apporter un appui à leurs membres pour la défense de leurs intérêts. 4.2.2. Accès aux facteurs de production Pour l’accès à l’alimentation, il existe trois moyens : le fourrage naturel (gratuit tout au long du parcours) pour le système pastoral ; le fourrage naturel (gratuit dans les aires de pâturage) et une complémentation (payante) pour le système agropastoral ; le rationnement (totalement payant sur les marchés) pour le système périurbain.

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Pour l’accès à l’appui conseil : les cellules d’intervention de base (CIB) assurent la vulgarisation des produits zoosanitaires et les conseils zootechniques aux producteurs. Pour l’accès aux intrants zootechniques et vétérinaires : l’Etat a créé sous l’autorité du Premier Ministre, le Fonds de sécurisation de l’élevage (FOSEL) pour pallier les crises pastorales. Le FOSEL est domicilié à la BIA (Banque Internationale pour l’Afrique). Son objectif est de garantir la fourniture de produits zootechniques et vétérinaires aux éleveurs. Le fonds est reconstitué grâce au versement des recettes des ventes effectuées par les entrepôts assurant le service de proximité. D’ordinaire, les services techniques de l’Etat assurent le déparasitage (payant) ainsi que les vaccinations (gratuites). Parallèlement aux services étatiques, il existe des services vétérinaires privés (SVPP). En 2019, on dénombre 30 SVPP couvrant 35 départements. Pour l’accès au crédit : les éleveurs s’adressent à la Banque Agricole (BAGRI), aux institutions de micro finance et aux services financiers décentralisés à l’instar des agriculteurs. 4.2.3. Commercialisation des produits de l’élevage Pour le bétail, le circuit de commercialisation est déjà présenté ci-haut. Concernant la viande, le circuit de distribution distingue les chevillards (qui achètent un certain nombre de têtes, les conduisent à l’abattoir, puis vendent à la pesée la viande aux bouchers) et les bouchers qui disposent de stands sur les marchés de distribution. Pour la commercialisation du lait, il existe deux circuits : celui des producteurs vendeurs (vendent en litre sur leur exploitation et le stock maximal est de 15 litres) et celui des 77

collecteurs revendeurs qui fournissent les grands acheteurs (hôpitaux, usines). Pour les cuirs et peaux, le circuit de commercialisation commence par les chevillards ou bouchers qui vendent les peaux des animaux abattus, continue avec les collecteurs qui achètent, procèdent au tannage et vendent aux artisans (fabricants d’objets, chaussures) et aux commerçants exportateurs.

5. LES PRINCIPAUX SYSTÈMES DE PRODUCTION Au Niger, les principaux systèmes de production distinguent les monocultures et les cultures associées pour la production végétale ; et six (6) systèmes d’élevage pour la production animale. 5.1. Les Systèmes de production agricole Les monocultures : la Direction Générale de l’Agriculture affirme que le mil, le sorgho, l’arachide et le niébé occupent les plus grandes superficies en monoculture. Le mil est cultivé dans toutes les régions du pays. La région de Tillabéry occupe le premier rang avec une valeur relative de 50 % de la superficie cultivée en mil, suivie de la région de Zinder (11,7 %), Tahoua (11,2 %), Maradi (9,9 %), Dosso (9 %) et Diffa (8,1 %). Le nombre de producteurs de mil est estimé à 5 273 898 personnes travaillant sur 962 554 exploitations. La culture du sorgho se pratique principalement dans quatre régions, représentant 92 % de la superficie totale cultivée. La région de Zinder occupe le premier rang avec 29,4 %, suivie de la région de Tillabéry avec 25,1 %, Tahoua 21,7 % et Maradi 15,1 %. Le nombre de producteurs de sorgho est estimé à 2 444 651 personnes occupant 652 887 exploitations. 78

La culture de l’arachide est plus importante dans la région de Dosso, occupant 54,5 % de la superficie totale de monoculture. La région de Tillabéry occupe la deuxième place avec 18,8 %. Viennent ensuite, les régions de Maradi (11,2 %), Zinder (8,9 %) et Tahoua (5,8 %). Le nombre de producteurs d’arachide est estimé à 322 567 travaillant sur 554 789 parcelles, ce qui correspond en moyenne, à 0,5 hectare par exploitant. La culture du niébé est pratiquée surtout dans la région de Tillabéry avec 40 % de la superficie totale. A Zinder, la culture de niébé occupe 18 % des terres, à Diffa 14 % ; les autres régions occupent 10 % de la superficie nationale. Le nombre de producteurs de niébé est estimé à 762 890 personnes occupant 87 556 parcelles. Le rendement du niébé s’est accru spectaculairement en passant de 84 kg/ha en 1990 à 378 kg/ha en 2017 sur des superficies allant de 2,68 millions d’hectares en 1995 à 4,91 millions d’hectares en 2017. Les autres monocultures sont le riz, le voandzou, le sésame, le fonio. L’ensemble de ces cultures occupe 234 567 hectares et représente 11 % de la superficie monoculture nationale. La monoculture du riz offre un rendement atteignant 2 900 kg/ha. Elle se pratique avec une dizaine de variétés. La filière riz est la mieux organisée et la plus modernisée. Ses superficies ont été multipliées par 5 de 1990 à 2017. Les cultures associées : Les cultures associées sont nombreuses. La Direction Générale de l’Agriculture a relevé 137 types d’associations culturales. Les trois types, les plus pratiqués représentent 84,7 % de la superficie des cultures associées. Il s’agit de : – l’association mil-niébé la plus répandue, elle occupe 2 100 717 hectares. – l’association mil-sorgho-niébé occupe 1 774 169 hectares. – l’association mil-sorgho occupe 678 223 hectares. 79

– les associations sorgho-niébé, mil-niébé-oseille, milsorgho-arachide et mil-niébé-arachide sont de l’ordre de 1 à 3 % chacune.

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5.2. Les Systèmes de production animale Les systèmes de production animale regroupent six grandes pratiques d’élevage : – le système des grands troupeaux est composé de milliers de têtes de bovins, ovins, caprins et camelins ; – le système des grands agro-pasteurs associe l’élevage à l’agriculture ; – le système des producteurs modernes concerne les fermes laitières, d’élevages semi-intensifs ou de fermes mixtes dans lesquelles l’élevage est associé à l’agriculture ; – le système des petits producteurs (le plus rependu) pratiqué par des paysans et des fonctionnaires, pour qui l’élevage est une forme d’épargne ; – les systèmes pastoraux traditionnels réorientés qui se développent auprès de pasteurs, qui en raison des mutations écologiques survenues dans leurs zones, ont abandonné l’élevage des bovins au profit des camelins et caprins. C’est le cas des Touaregs, des Arabes et des Toubous. – les systèmes pastoraux traditionnels renforcés pratiqués par les peuls Bororo qui veulent garder la spécificité de leur élevage basée sur l’espèce bovine, la mobilité par le nomadisme et la transhumance, mais aussi par le maintien des mécanismes traditionnels de solidarité et d’entraide. Aussi bien pour la production végétale que pour la production animale, les zones agro écologiques présentent chacune ses spécificités.

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5.3. Les Systèmes de production par zone agro écologique La combinaison des activités productives et des moyens de production fournissant au ménage biens et services présente des différences d’une zone agro écologique à une autre. L’unité de production familiale combine production végétale et production animale chez la grande majorité des producteurs ruraux (plus de 70 % d’agro pasteurs). Cultivateurs et éleveurs deviennent de plus en plus agro pasteurs pour lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Pour présenter les systèmes de production par zone agro écologique, nous avons réuni dans un tableau unique les systèmes de production végétale et les systèmes de production animale les plus courants dans chacune des quatre zones agro écologiques du Niger. La présentation des zones agro écologiques est faite du Sud (zone sahélo-soudanienne) au Nord (zone saharienne). 5.3.1. Les Principaux systèmes de production dans la zone Sahélo-soudanienne Productions végétales Systèmes de production

Mil-Sorgho-Niébé

Mil-Arachide

Riz

Description des systèmes de culture

Cultures pluviales associées généralement en bande alternées en sols dunaires de faible fertilité

Cultures pluviales associées sur des sols lourds

Système de monoculture irriguée

Nature des cultures

2 céréales + 1 légumineuse

Céréale + légumineuse

Céréales

Tailles des exploitations

Exploitation familiale 0,70 à 1 ha

Exploitation familiale 0,70 à 1ha

Pour les AHA 0,25 à 0,50 ha Privées modernes 1 à 50 ha Système traditionnel 0,10 à 5 ha

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Semoir, rayonneur, UCA

Tracteurs Motoculteurs Unités de culture attelée Matériels aratoires

Main d’œuvre familiale et ouvriers agricoles

Main d’œuvre familiale et ouvriers agricoles

Main d’œuvre familiale et ouvriers agricoles

Itinéraire technique

Défrichement, fumure de fond, semis, 1er Sarclage, démariage du mil, fumure d’entretien, 2ième sarclage, récolte et mise en grenier. Traitement du niébé, mise en botte, battage et conservation en sacs

Défrichement, Fumure de fond, Semis, 1er Sarclage, Démariage du mil, Fumure d’entretien 2eme sarclage, Récolte, Mise en bottes, conservation en bottes dans les greniers Récolte arachide Battage, Vannage, Conservation

Préparation du terrain (labour et planage), Pré-germination par trempage (saison sèche) Traitement préventif des pépinières au FURADAN (20kg/ha) Repiquage Fertilisation Traitement phytosanitaire Récolte

Intrants utilisés Quantité moyenne

Fumure organique : 20 voyages de charrettes bovines/ha Engrais minéral : micro dose : 100 kg/ha à raison de deux apports (urée et NPK) Semences améliorées : 10 kg/ha pour le mil, 5 kg/ha pour le niébé 5 kg/ha pour le sorgho

(Mêmes intrants et quantités) Fumure organique : 20 voyages de charrettes bovines/ha Engrais minéral Semences améliorées

Semences plusieurs variétés : IR1529, WITA8, WITA9, NERICA L-49, TGR48, GAMBIACA et NERICAL-39 Engrais Engrais composé 15 15 15 200 kg/ha Urée 200 kg/ha

Principales opérations culturales

Labour, Défrichement, Semis, Sarclage, Démariage Traitement phytosanitaire, Fertilisation, Récolte, Battage et Conditionnement

Labour, Défrichement Semis, Sarclage, Démariage Traitement phytosanitaire, Fertilisation, Récolte, Battage et conditionnement

Préparation des pépinières La conduite des rizières La gestion intégrée des cultures La gestion intégrée de la fertilisation des sols La gestion de l’eau La gestion intégrée des maladies et insectes

Type Rayonneur, unité d’équipement de culture attelée Disponibilité de Main d’œuvre

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Principales rotations

Mil+Sorgho+Niébé Mil +Arachide (4 lignes alternées Mil - SorghoMil et arachide) Niébé Mil+Niébé (4 lignes alternées Mil et Niébé)

6 personnes Besoin de Main d’œuvre main d’œuvre familiale et 1 ou 2 ouvriers

5 personnes Main d’œuvre familiale et 1 ouvrier

Rendement Année bonne Année moyenne Année mauvaise

Mil : 460 à 720 kg/ha Arachide : 450 à 600 kg/ha

Mil Sorgho Niébé 375 459 894 523 350 530 728 159 257

la Kogoni 91-1 (Gambiaka) Chiannung Sen Yu 30, NERICA-L-49, NERICA-L-39

4 à 6 personnes

6,4 à 7 tonnes à l’hectare

Productions animales Description des systèmes d’élevage

Système agropastoral

Système agropastoral

Système périurbain agropastoral

Pratiques d’élevage

L’élevage semiintensif

Petite transhumance

Elevage semi intensif

Alimentation des animaux

Parcours naturel (plantes aquatiques) paille de riz, résidus agricoles

Fourrage et Parcours naturel Complémentation (son de + céréales, tourteaux et graines Complémentation de coton)

Principales charges

Intrants vétérinaires + zootechniques + Complémentation

Intrants vétérinaires + Frais aliments

Intrants vétérinaires et zootechniques + Complémentation

Production animale

Bovins, ovins, caprins, équins, camelins, asins, volailles

Bovins, ovins et caprins

Bovins, ovins, caprins

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5.3.2. Les Principaux systèmes de production dans la zone Sahélienne Productions végétales Systèmes de production

Mil-Sorgho-Niébé

Mil-Arachide

Souchet pur

Description des systèmes de culture

Cultures pluviales associées généralement en bandes alternées en sols dunaires de faible fertilité

Cultures pluviales associées sur des sols lourds

Le système de culture le plus productif est la monoculture. Parfois associé à d’autres cultures céréalières (mil et sorgho).

Nature des cultures

2 céréales + 1 légumineuse

Céréale + légumineuse

Cypérus Cypéracée

Tailles des exploitations

Exploitation familiale 0,70 à 1,20 ha

Exploitat. Exploitation familiale 1ha familiale 0,65 à en moyenne 1ha

Types d’équipement

Rayonneur, Unité de culture attelée (UCA)

Semoir, Rayonneur UCA

Ils sont dominés par les houes canadiennes, les charrettes et les semoirs ; tous les éléments de la culture attelée

Disponibilité de Main d’œuvre

Main d’œuvre familiale et ouvriers agricoles

Main d’œuvre familiale et ouvriers agricoles

Main d’œuvre familiale et ouvriers agricoles

Défrichement, Fumure de fond, Semis, 1er Sarclage, Démariage du mil, Fumure d’entretien, 2ième sarclage, Récolte et mise en grenier, Traitement du niébé, Mise en botte, Battage et conservation en sacs

Défrichement, Fumure de fond, Semis, 1er Sarclage, Démariage du mil, Fumure d’entretien 2eme sarclage, Récolte, Mise en bottes, conservation des bottes dans les greniers. Récolte arachide Battage, vannage Conservation

Défrichement, Apport fumier, Epandage 15 15 15, Scarifiage, Semis, 1er Sarclage, Désherbage, Dessouchage, Brûlis, Récolte, Conservation

Itinéraire technique

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Fumure organique : 20 voyages de charrette bovine/ha Engrais minéral : micro dose : 100 kg/ha à raison de deux apports (urée Intrants utilisés et NPK) Quantité moyenne Semences améliorées : 10kg/ha pour le mil, 5kg/ha pour le niébé, 5kg/ha pour le sorgho

(Mêmes intrants et quantités) Fumure organique : 20 voyages de charrette bovine/ha Engrais minéral Semences améliorées

SSP (1/3) et le NPK (15-15-15) 2/3, selon les producteurs, Pendant le sarclage : fumure de couverture, 300kg/ha NPK 15-15-15 ou le mélange SSP/NPK (15-15-15).

Principales opérations culturales

Labour, Défrichement Semis, Sarclage, Démariage, Traitement phytosanitaire, Fertilisation Récolte Battage et conditionnement

Labour, Défrichement, Semis, Sarclage, Démariage Traitement phytosanitaire Fertilisation Récolte Battage et Vannage

Préparation du sol, Défrichage, Nettoyage, Scarifiage, Labour, Semis Travaux d’entretien, Sarclage, Semis, Travaux d’entretien, Fertilisation, Récolte, Brûlis, Soulevage, Tamisage, Vannage, Emballage et Stockage

Principales rotations

Mil + Sorgho + Niébé Mil + Arachide (4 lignes alternées Mil et arachide) Mil + Niébé (4 lignes alternées Mil et Niébé)

Mil + Sorgho+ Nié bé

Souchet + mil Souchet + sorgho

Besoin de main d’œuvre

4 personnes Main d’œuvre familiale et 1 ouvrier agricole

6 personnes Main d’œuvre familiale et 2 ouvriers

6 personnes Main d’œuvre familiale et 1 ou 2 ouvriers

Rendement Année bonne Année moyenne Année mauvaise

Mil Sorgho Niébé 375 459 894 523 350 530 728 159 257

Mil : 270 à 400 kg/ha Arachide : 360 à 600 kg/ha

4 à 6 tonnes /ha pour le petit souchet 3 à 5 tonnes /ha pour le gros souchet (le maximum est 8 tonnes /ha).

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Productions animales Description des systèmes d’élevage

Système pastoral

Système agropastoral

Système périurbain Agropastoral

Pratiques d’élevage

Grande transhumance

Petite transhumance

Elevage semi intensif

Alimentation des animaux

Fourrage naturel

Fourrage naturel et Complémentation

Fourrage naturel et complémentation

Principales charges

Intrants zootechniques

Intrants vétérinaires zootechniques

Intrants vétérinaires et zootechniques

Production animale

Bovins, ovins, caprins, équins, camelins, asins, volailles

Bov, ovins cap, équins, Bovins, ovins, caprins camelins ; Volailles asins, volailles

5.3.3. Les Principaux systèmes de production dans la zone Sahélo-saharienne Productions végétales

Systèmes de production

Mil-Sorgho-Niébéarachide

Maïs- sorghomanioc- patate Oignon-chou-tomate- douce- canne à laitue-poivron-piment sucre- tomatecourge- niébédolique- gombo

Description des systèmes de culture

Système semi intensif Cultures pluviales associées Généralement en bandes alternées en sols dunaires de faible fertilité

Système semi intensif sous irrigation traditionnelle Cultures maraichères

Système semi intensif de décrue de cultures associées avec ou sans irrigation d’appoint

Nature des cultures

Céréales et légumineuses

Légumes

Céréales, légumes, tubercules

Tailles des exploitations

Exploitation familiale de 1 à 1,2 ha

Exploitation familiale Exploitation de 0,50 familiale de 0,50 à à 0,70 ha 1 ha

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Type d’équipement

Rayonneur, Unité de culture attelée

Houe canadienne, Semoirs, UCA

Houe canadienne, Semoirs, Rayonneur, UCA

Disponibilité de Main d’œuvre

Main d’œuvre familiale et ouvriers agricoles

Main d’œuvre familiale et ouvriers agricoles

Main d’œuvre familiale et ouvriers agricoles

Itinéraire technique

Défrichement, Fumure de fond, Semis, 1er Sarclage, Démariage du mil, Fumure d’entretien, 2ième sarclage, Récolte et mise en grenier. Traitement du niébé, mise en bottes, battage et conservation en sacs du niébé

Défrichement, Confection des plants et canaux, Semis et repiquage, Irrigation aléatoire, Fertilisation, Traitement phytosanitaire, Récolte

Défrichement, Semis et repiquage, Désherbage et Sarclobinage, Traitement phytosanitaire

Fumure organique : 20 voyages de charrette bovine/ha Engrais minéral : micro dose : 100 kg/ha à raison de Fumure organique, Intrants utilisés deux apports (urée et Engrais minéral, Quantité moyenne NPK) Semences améliorées Semences améliorées : 10kg/ha pour le mil 5kg/ha pour le niébé 5kg/ha pour le sorgho

Fumure organique, Engrais minéral, Semences améliorées

Principales opérations culturales

Labour, Défrichement, Semis, Sarclage, Démariage, Traitement phytosanitaire, Fertilisation, Récolte, Battage et conditionnement

Défrichement, Semis et repiquage, Désherbage et Sarclobinage Traitement phytosanitaire Récolte

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Défrichement, Semis et Repiquage, Désherbage et Sarclobinage Traitement phytosanitaire Récolte

Principales rotations

Mil + Sorgho + Niébé Mil + Arachide (4 lignes alternées Mil et arachide) Mil + Niébé (4 lignes alternées (Mil et Niébé)

Maïs- sorghopatate douce Oignon-chou-tomate- Maïs-niébé-patate laitue-poivron-piment douce Maïs-canne à sucre

Besoin de main d’œuvre

4 personnes Main d’œuvre Familiale et 2 ouvriers agricoles

6 personnes

4 personnes Main d’œuvre familiale et 1 ouvrier agricole.

Rendement Année bonne Année moyenne Année mauvaise

Mil Sorgho Niébé 640 561 970 465 350 530 128 159 257

8 à 25 tonnes à l’hectare selon les espèces

Canne à sucre : 20 à 40 t/ha

Productions animales Description des systèmes d’élevage

Système pastoral

Système agropastoral

Système périurbain

Pratiques d’élevage

Grande transhumance

Petite transhumance

Elevage semi intensif

Alimentation des animaux

Fourrage naturel

Fourrage naturel et complémentation

Aliments concentrés

Principales charges

Intrants zootechniques

Intrants zootechniques

Intrants vétérinaires et zootechniques

Production animale

Bovins, ovins, caprins, camelins, équins

Bovins, ovins, caprins, camelins, équins

Bovin, ovins, caprins, equins, volailles

5.3.4. Les Principaux systèmes de production dans la zone Saharienne Productions végétales Systèmes de production

Blé irrigué pur

Description des Monoculture systèmes de saison sèche de culture

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Oignon

Pomme de terre

Monoculture de saison pluvieuse et de saison sèche

Monoculture de saison sèche

Nature des cultures

Blé local

Oignon violet de Galmi

Variétés : Pamela, Rosana, Desiré, etc.

Tailles des exploitations

0,15 à 0,20 ha

0,5 à 1ha

0,15 à 0,25 ha

Types d’équipement

Motopompe, Réseau Motopompe, Réseau califorcalifornien, Daba, nien, Daba, Brouette, Râteau, Brouette, Râteau, Pelle, Appareil à pression Pelle, Appareil à entretenue, pression entretenue, Tuyau PVC Tuyau PVC

Disponibilité de Main d’œuvre

Itinéraire technique

Motopompe, Réseau californien, Daba, Brouette, Râteau, Pelle, Appareil à pression entretenue, Tuyau PVC

Main d’œuvre familiale et ouvriers agricoles

Emploi d’ouvriers agricoles venant du sud du pays et Système de métayage, associés

Main d’œuvre familiale et ouvriers agricoles

Confection des planches et préparation du lit de semences : Confection des planches de 4 m² et Nivellement des planches. Semis : Période de semis : idéalement entre le 15 octobre et le 10 novembre. Nivellement de la planche après semis pour éviter les dégâts d’oiseaux granivores. Irrigation : l’irrigation est hebdomadaire. Travaux d’entretien Sarclobinage : une semaine après la levée Fumure d’entretien : l’azote est divisé en deux et apporté en couverture respectivement aux stades de tallage (stade 4 feuilles) et début montaison (apparition des premiers nœuds). Gestion des ravageurs : les principaux insectes ravageurs du blé dans la zone sont : les termites, les pucerons, les thrips. Traitement des maladies Protection contre les oiseaux Récolte et rendement La récolte est effectuée 100 à 120 jours après le semis avec un rendement de 2,5 à 3 tonnes, 1500 kg/ha. Un rendement de 5 T/ha peut être obtenu.

Préparation du sol Nettoyage, et confection des planches de 3 à 5m2 Repiquage Préparation de la pépinière début juillet de manière à obtenir des plants repicables en début Août Repiquer dans les planches aux é écartements pêlemêle de manière à obtenir une très forte densité Fertilisation Fumure d’entretien Entretien et protection de la culture Désherbage régulier des parcelles T Traitements pour lutter contre les ennemis de la culture

Germination Labour Confection des planches Confection des billons Mise en sol Irrigation Apport fumure après levée Désherbage et Buttage Récolte

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Semences : 750 à 1000 kg/ha Engrais chimiques Fumier Terreau Salvador 12kg/planche

Semences : 75 à 100kg/ha Engrais chimiques : 300kg à l’Ha Fumier

Semences : 5 à 6 kg/ha Engrais chimiques : 300 à 600 kg à l’hectare de fumure minérale Fumier (rarement)

Principales opérations culturales

Confection des planches et préparation du lit de semences, Semis, Irrigation, Travaux d’entretien, Gestion des ravageurs, Récolte et Rendement.

Culture : toute l’année sur le mont Bagzam ; Saison sèche froide idéale au pied du mont, à partir de septembre, mais Mise en place des craint le froid pépinières, Confection intense de mides planches pour le novembre à repiquage, Irrigation, janvier. Travaux d’entretien, Semis en Gestion des ravageurs, poquets de Récolte et Rendement. 50cm*30cm ; Peu ou pas apport d’engrais chimique, s’il y a apport : Urée Cycle : 90 à 120 jours (2 à 3 récoltes dans l’année)

Principales rotations

Blé-pastèque-maïs-oignon

Légumes - maïs

Besoin de main d’œuvre

3à4 3 à 4 personnes/ha/ campagne personnes/ha/campag ne

Intrants utilisés Quantité moyenne

Rendement Année bonne 5 t/ha Année 3 t/ha moyenne 1,5 à 2 t/ha Année mauvaise

45 t/ha (en CC) 35 t/ha 20 t/ha

91

Oignon ou céréales 2à3 pers/ha/campag ne

25 t/ha 20 t/ha 10 t/ha

Productions animales Description des Système pastoral systèmes d’élevage

Système pastoral

Système périurbain

Pratiques d’élevage

Petite transhumance

Elevage semiintensif

Alimentatio n des Fourrage naturel (cenchrus) animaux

Fourrage et complémentation

Fourrage et complémentation

Principales charges

Pas de charge

Intrants Intrants zootechniques vétérinaires et zootechniques

Production animale

Bovins, ovins, Bovins, ovins, caprins, camecamelins, caprins et lins, asins asins

Grande transhumance

Bovins, ovins, caprins, équins, volailles

5.4. La Question de la vulgarisation L’analyse historique du conseil agricole au Niger révèle que l’Etat s’est désengagé partiellement du conseil agricole après une longue période de forte mobilisation de 1960 à 1998. Actuellement la question du conseil agricole fait état : – de l’absence d’un dispositif national de conseil agricole ; les fonctions clés (le pilotage stratégique, la coordination, le suivi-évaluation, la formation, la capitalisation) manquent sur le terrain. – une diversité de dispositifs de conseil sur le terrain non coordonnés entre eux, administrés par des acteurs non étatiques ; – un faible taux de couverture des producteurs (encore plus faible pour les productrices) et des régions ; – une inadéquation de l’offre au besoin de conseil agricole ; – une très forte dépendance financière vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux.

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Les résultats obtenus en matière de vulgarisation peuvent-être rappelés ainsi que suit. Dans le domaine de la production agricole : les cinq premières technologies parmi les 32 thèmes vulgarisés sont : – le démariage à trois plants avec 17 % de taux d’adoption ; – la production et l’utilisation de compost avec 13 % de taux d’adoption ; – le respect des densités de semis avec 11,5 % de taux d’adoption ; – le traitement des semences au fongicide avec 8,4 % de taux d’adoption ; – l’utilisation de la matière organique brute avec 8,4 % de taux d’adoption. Dans le domaine de la production animale : les cinq premières technologies parmi les 19 thèmes vulgarisées sont : – la fabrication du bloc à l’urée avec 30,4 % de taux d’adoption ; – la récolte et la conservation du fourrage vert avec 14,7 % de taux d’adoption ; – le déparasitage interne des animaux avec 11,5 % de taux d’adoption ; – la confection des mangeoires avec 10 % de taux d’adoption ; – le traitement de la paille à l’urée avec 8,4 % de taux d’adoption. Dans le domaine de la protection de l’environnement : les cinq premières technologies parmi les 13 thèmes vulgarisées sont : – la fabrication du foyer amélioré avec 24,7 % de taux d’adoption ; – la confection des zaï avec 21 % de taux d’adoption ;

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– le défrichement amélioré avec 19,7 % de taux d’adoption ; – la protection de la régénération naturelle assistée avec 13 % de taux d’adoption ; – les techniques d’élagage des arbres avec 8,9 % de taux d’adoption. La configuration actuelle des intervenants en vulgarisations distingue : – les services étatiques, – l’Office National des Aménagements Hydro Agricoles, – des ONG nationales et internationales, – des organisations professionnelles et des chambres régionales d’agriculture, – des opérateurs privés.

6. LA COEXISTENCE ENTRE SYSTÈMES DE PRODUCTION

6.1. La Gestion des ressources naturelles partagées Bien que complémentaires, les activités agricoles et pastorales sont de plus en plus conflictuelles du fait de la pression qu’elles exercent sur les espaces aménagés et les ressources naturelles. La mobilité des troupeaux, pratiquée par les éleveurs permet d’optimiser l’exploitation des ressources naturelles qui varient dans l’espace (zones agro-écologiques) et dans le temps (saison des pluies et saisons sèches). La pression croissante sur les espaces et ressources nécessite l’élaboration et la mise en œuvre de schémas d’aménagement pastoraux, qui facilitent l’accès à l’eau et aux pâturages en clarifiant les règles d’usage mais aussi en planifiant des aménagements tels que des ouvrages hydrauliques et des pistes de transhumance. 94

Le PAAPSSP (Programme d’appui à l’aménagement pastoral et à la sécurisation des systèmes pastoraux) a développé une démarche d’ingénierie sociale afin de pérenniser les aménagements pastoraux nécessaires à la mobilité du cheptel. 6.2. Les Echanges de biens et services Les échanges de biens et services s’effectuent sous deux formes : le troc et l’échange en liquide. Le troc est une tradition qui perdure, s’effectuant sur les marchés ou en privé. L’agriculteur qui désire un animal domestique (mouton, chèvre, bœuf, cheval, âne, chameau, volaille) propose une quantité de céréale en échange et vice versa. Nombre de services (coiffures, tresses, aide au labour, enseignement coranique, etc.) sont payés en nature (coq, mouton, chèvre, mil, sorgho, etc). 6.3. Les Problématiques socio-économiques actuelles Le développement de l’irrigation pose des problèmes fonciers Avec les investissements massifs de l’Etat pour le développement de l’irrigation, les cultures irriguées empiètent sur les espaces pastoraux (jardins sur les pâturages, rétrécissement des couloirs, clôtures, abords des mares cultivés). Le tout réduit l’accès des éleveurs aux pâturages de basfond et à l’eau des mares. Cela provoque des conflits entre agriculteurs et éleveurs. Cette appropriation de l’espace par l’irrigation au détriment de l’élevage ne s’inscrit pas dans les textes en vigueur qui organisent l’articulation des deux activités.

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L’analphabétisme du grand nombre nuit à l’application du code rural Depuis 1993, les textes relatifs au foncier rural sont réunis dans un Code rural. Il a connu plusieurs éditions intégrant à chaque fois de nouvelles dispositions et de nouveaux amendements ainsi que des textes complémentaires relevant de plusieurs secteurs du monde rural. Assez complet sur le plan juridique, le Code rural souffre cependant dans son application : les textes en tant que tels (rédigés seulement en français) sont méconnus par les producteurs en majorité analphabètes. Les commissions foncières sont en panne Les Cofo sont peu ou pas fonctionnelles. Elles manquent de ressources humaines de qualité, ainsi que de moyens matériels et financiers. La régulation et la sécurisation du foncier rural connaissent des relâches. Des conflits récurrents dans les forêts classées Les cultures aux abords des forêts, le pâturage à l’intérieur des forêts, les coupes abusives de bois dans les forêts classées sont sources de conflits opposant ruraux entre eux et entre eux et les agents de l’Etat assurant la protection des forêts. Les différents groupes d’usagers (éleveurs, agriculteurs, exploitants de bois, pêcheurs) d’une même ressource et d’un même espace se réclament de règles coutumières différentes et divergentes et ou interprètent subjectivement les règles du droit positif. L’élevage périurbain nuit à la santé animale et à la santé humaine La désertification et les effets des changements climatiques provoquent l’exode vers les centres urbains de nom96

breux éleveurs. L’élevage périurbain se développe dans des conditions difficiles (absence de pâturages abondants, insuffisance des espaces de parcage, précarité foncière et accès onéreux à l’eau). L’espace vital des animaux malnutris entassés à même le sol est nauséabond et indispose les personnes. Se développent certaines maladies affectant la santé humaine et animale.

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Les politiques de développement rural

1. CHRONOLOGIE DES POLITIQUES NATIONALES La politique est l’ensemble des pratiques, des faits, et des institutions de détermination du gouvernement d’un Etat. Une politique de développement est une loi, un guide de pensée et d’action qui encadre et gouverne la prise de décisions. Elle établit donc les limites générales des activités. Découlant d’une politique de développement, une politique agricole est l’expression d’un choix (traduit en objectifs) et d’une orientation (définissant des modes opératoires) déterminant l’intervention de l’Etat dans le secteur. Pour son intervention, l’Etat dispose de plusieurs outils : les projets, les programmes, les plans, les stratégies. Depuis 1960, l’Etat utilise ces types d’instruments pour le développement rural, l’Agriculture étant toujours considérée comme un secteur prioritaire dans les politiques de développement économique et social. En un demi-siècle, l’Etat nigérien, recherchant quasiment les mêmes objectifs, a emprunté six options différentes pour déployer ses dispositifs en milieu rural.

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Les politiques agricoles nigériennes peuvent être étayées selon les périodes suivantes : – 1960-1973, Développement sectoriel par l’intervention directe de l’Etat dans les sphères productives et commerciales ; – 1974-1983, Recherche de l’autosuffisance alimentaire par la mise en œuvre de projets de développement rural et la création de l’office national des aménagements hydro agricoles ; – 1984-1991, Responsabilisation des populations pour un développement endogène : adoption d’un programme d’ajustement structurel dicté par le Fonds Monétaire International imposant le retrait de l’Etat des sphères productives et commerciales ; – 1992-2000, Principes Directeurs d’une politique de développement rural, adoptés par la Conférence nationale souveraine ; – 2003-2011, Stratégie de développement rural (SDR) à l’avènement des Objectifs du Millénaire pour le Développement ; – 2011-2015, Initiative 3N pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable, abrogeant la SDR ; – 2016-2020, Initiative 3N, pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable, Phase 2, pour la réalisation des Objectifs de Développement Durable.

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2. LES POLITIQUES INTERNATIONALES D’INTÉGRATION ÉCONOMIQUE

2.1. Le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) Dans le sillage des Objectifs du Millénaire pour le Développement, le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine définit le cadre de la politique de l’Afrique pour la transformation de l’agriculture, la création de richesse, la sécurité alimentaire et la nutrition, la croissance économique et la prospérité pour tous. C’est lors du Sommet de l’Union Africaine organisé en 2003 à Maputo en Mozambique, que le PDDAA s’est vu déclaré partie intégrante du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) pour la première fois. Le PDDAA est élaboré en 2003 par le NEPAD avec l’assistance technique de la FAO. L’objectif du PDDAA est d’éliminer la faim et de réduire la pauvreté grâce à l’agriculture. Le PDDAA est bâti sur quatre piliers : – Gestion des terres et des eaux : il s’agit d’étendre les superficies exploitées par une gestion durable des terres ; – Accès aux marchés : il s’agit d’améliorer les infrastructures rurales et les capacités liées au commerce pour l’accès au marché international ; – Fourniture de produits vivriers et lutte contre la faim : il s’agit d’accroitre les ressources vivrières et réduire la faim ; – Recherche agricole : il s’agit de développer la recherche scientifique et la diffusion de nouvelles techniques agricoles. Des questions communes aux quatre piliers intègrent la mise en œuvre du PDDAA : 101

– Consolidation des connaissances dans le domaine de l’Agriculture et du commerce agricole et formation universitaire et professionnelle ; – Informations pour la définition et la mise en place d’une stratégie agricole. Le PDDAA s’inscrit dans un cadre panafricain qui offre un ensemble de principes et définit des stratégies générales pour aider les pays à analyser de manière critique leur situation et à identifier les opportunités d’investissement avec un retour sur investissement optimal. Il engage une réforme recommandant une allocation minimale de 10 % des dépenses publiques au secteur rural et un effort de croissance annuelle de 6 % du PIB de l’Agriculture. L’Afrique a reconnu qu’améliorer le rendement agricole permet de favoriser la croissance et la réduction de la pauvreté au vu de son impact direct sur : – la création d’emplois et d’opportunités en particulier pour les femmes et les jeunes, – la sécurité alimentaire et l’amélioration de la nutrition et, – le renforcement de la résilience. 2.2. La Politique agricole de la CEDEAO : ECOWAP Adoptée en janvier 2005 comme déclinaison régionale du PDDAA, l’ECOWAP est un consensus entre gouvernements et organisations socioprofessionnelles pour la mise en œuvre du PDDAA-NEPAD en Afrique de l’Ouest. Son objectif général est de contribuer de manière durable à la satisfaction des besoins alimentaires, au développement économique et social et à la réduction de la pauvreté dans les Etats membres. Ainsi, elle doit permettre de :

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– assurer la sécurité alimentaire aux populations rurales et urbaines ; – réduire la dépendance vis-à-vis des importations alimentaires en accordant la priorité aux productions locales ; – favoriser une intégration économique et commerciale équitable des exportations agricoles sur l’ensemble des marchés ; – développer les capacités humaines, créer des emplois et garantir les revenus en amont et en aval de la production, et contribuer au développement des services en milieu rural, de façon à améliorer les conditions de vie des populations rurales ; – assurer une intensification des systèmes de production, adaptée aux différents contextes agro écologiques, afin d’assurer la croissance de la production ; – contribuer à réduire la vulnérabilité des économies nationales et à limiter les facteurs d’instabilité et d’insécurité régionale ; – contribuer à doter l’Agriculture de mécanismes de financement appropriés. L’ECOWAP mise sur trois axes d’intervention : – l’accroissement de la productivité et de la compétitivité de l’Agriculture ; – la mise en œuvre d’un régime commercial intracommunautaire ; – l’adaptation du régime commercial extérieur. Au sein de la Commission de la CEDEAO se trouve la Commission de l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources en Eau. Pour chacun de ces trois secteurs, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont respectivement adopté la Politique Agricole de la CEDEAO (ECOWAP), la Politique de l’Environ-

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nement de la CEDEAO et la Politique des Ressources en Eau de l’Afrique de l’Ouest. Des objectifs clairs ont été édictés dont la cohérence d’ensemble est confiée au Département chargé de l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources en Eau. Son objectif est d’assurer une sécurité alimentaire durable et une gestion rationnelle des ressources naturelles dans les pays membres, une rémunération décente aux actifs agricoles, l’expansion des échanges sur une base durable, tant au sein de la sous-région qu’avec le reste du monde. 2.3. La Politique Agricole de l’UEMOA (PAU) L’adoption de la PAU fait l’objet de l’Acte additionnel N°03/2001 au Traité constitutif de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine. La PAU a pour objectifs de : – contribuer de manière durable à la satisfaction des besoins alimentaires de la communauté ; – contribuer au développement économique et social des Etats membres ; – contribuer à la réduction de la pauvreté. La PAU est mise en œuvre suivant trois axes d’intervention : – Adaptation des systèmes de production et amélioration de l’environnement de la production ; – Approfondissement du marché commun dans le secteur agricole et gestion des ressources partagées ; – Insertion dans le marché sous-régional et dans le marché mondial.

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3. LES POLITIQUES NATIONALES MISES EN ŒUVRE POUR LES OMD ET LES ODD Les politiques nigériennes au cours des deux dernières décennies procèdent des Orientations adoptées en 2000 et en 2015 par les Nations Unies. Pour le développement rural, l’Etat nigérien a conçu et mis en œuvre deux politiques : – la stratégie de développement rural (SDR) 2003 2010 – l’Initiative 3N pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable 2011 – 2015 (phase 1) et 2016 – 2020 (phase 2). 3.1. La Stratégie de Développement Rural (SDR) Le gouvernement a adopté en janvier 2002 la Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP). Ce document constitue le cadre de réflexion et de référence pour toutes les actions de développement économique et social jusqu’en 2015. A travers la SRP, le Niger vise une amélioration du niveau et des conditions de vie des populations pauvres (63 % de la population), la finalité étant de ramener cette grandeur à au moins 50 % en 2015. La Stratégie de Développement Rural précise les grandes orientations de la Stratégie de Réduction de la Pauvreté relatives à l’intervention de l’Etat dans le secteur rural, considéré comme le vecteur de la croissance. Adoptée par le Décret n° 2003-310-/PRN-/MDR du 14 novembre 2003, la SDR est conçue pour améliorer l’efficacité de l’action publique dans le secteur rural. Le but visé est de réduire l’incidence de la pauvreté rurale de 66 % à 52 % à l’horizon 2015 en créant les conditions d’un développement économique et social durable garantissant la sécurité alimentaire des populations rurales et une gestion durable des ressources naturelles. 105

La SDR s’articule sur trois axes stratégiques : – Favoriser l’accès des producteurs ruraux aux opportunités économiques pour créer les conditions d’une croissance économique durable en milieu rural ; – Prévenir les risques, améliorer la sécurité alimentaire et gérer durablement les ressources naturelles pour sécuriser les conditions de vie des populations ; – Renforcer les capacités des institutions et des organisations rurales pour améliorer la gestion du secteur. Les projets ayant produit des résultats peu satisfaisants, c’est « l’approche programme » qui est retenu comme principe de mise en œuvre de la SDR, afin de pouvoir reconstituer progressivement un cadre cohérent et global pour la définition et l’exécution de la politique de développement rural. L’application de l’approche programme correspond à la mise en place d’un cadre opérationnel (les programmes) et budgétaire (les budgets-programmes). La SDR définit 14 programmes constituant les cadres de convergence des interventions. Ces programmes sont regroupés en deux ensembles : 10 programmes structurants et 4 programmes sectoriels prioritaires. Les Programmes structurants sont : (1) Développement local et communautaire, (2) Gouvernance locale des ressources naturelles, (3) Organisations professionnelles et structuration des filières, (4) Infrastructures rurales, (5) Systèmes financiers ruraux, (6) Recherche – Formation – Vulgarisation, (7) Renforcement des institutions publiques du secteur rural, (8) Eau potable et assainissement, (9) Réduction de la vulnérabilité des ménages, (10) Préservation de l’environnement. Les Programmes sectoriels prioritaires sont : (11) Développement de l’irrigation, (12) Aménagement pastoral et sécurisation des systèmes pastoraux, (13) Restauration des 106

terres et reboisement, (14) Régénération des écosystèmes et de mise en valeur de la vallée du fleuve Niger. La SDR a débuté la mise en œuvre de ses programmes en 2005 et elle a été abrogée en 2011, subséquemment au coup d’état militaire du 18 février 2010 et l’avènement d’un nouveau régime en 2011. Hormis les revues de dépenses publiques, il n’existe pas de bilan, ni de document d’évaluation de la SDR. La revue des dépenses publiques 2010 indique que le Niger consacre 19,4 % de son budget annuel pour le développement de l’agriculture (beaucoup plus que les 10 % recommandés par le NEPAD/PDDAA); cette part était à 8 % en 2003 (année d’adoption de la SDR). Selon le Ministère de l’économie et des finances, les ressources financières allouées au développement rural de 2001 à 2006, s’élèvent à 482,5 milliards de francs CFA. Dans cette enveloppe, les dépenses d’investissement sont estimées à 442,1 milliards FCFA (91,6 %). L’aide des PTF (financement de projets) représente 400,4 milliards FCFA (83,0 %) et les ressources nationales 82,1 milliard FCFA (17 %). Le fait marquant de la SDR est la mobilisation des PTF pour le financement du programme sectoriel prioritaire N°1 « Programme de lutte contre l’insécurité alimentaire par le développement de l’irrigation » (PLIADI). Ce programme a été présenté et discuté lors de la conférence internationale des donateurs sur la consolidation de l’autosuffisance alimentaire au Niger, organisée du 12 au 13 juin 2007 sous l’égide de l’OCI à Doha au Qatar. Le plaidoyer a mobilisé des contributions s’élevant à 370 millions de dollars (180 milliards FCFA). Mais jusqu’en 2010, le faible niveau de concrétisation des promesses n’a permis que le financement d’une ferme agricole pilote de 16 ha dans le département de Say pour un montant de 57 millions FCFA et le financement d’actions de protection des sols pour un montant de 50 millions FCFA. 107

Le PLIADI envisageait la mise en valeur de 71 100 ha dont : 36 345 ha pour les fermes agricoles, 11 620 ha pour les fermes d’élevage, et 23 135 ha pour les fermes agropastorales. La vision du PLIADI repose sur les principes de la généralisation de l’irrigation et la professionnalisation des acteurs dans l’optique (objectif général) d’améliorer la contribution de l’agriculture irriguée au PIB agricole de 14 à 28 % à l’horizon 2015. Parallèlement au PLIADI, interviennent des projets axés sur l’irrigation et ou la collecte des eaux de ruissellement ; ce sont : – le Programme Vulgarisation des cultures irriguées (financement national) ; – le Programme Appui à la filière Riz (PAFRIZ) financé par l’Union Européenne ; – le Programme de développement des exportations agricoles (PRODEX) financé par la Banque Mondiale ; – le Programme Appui au secteur rural (PASR) financé par le gouvernement du Niger ; – le Programme Appui au développement local de Diffa (PADL) financé par la Banque Africaine de Développement ; – le Projet Appui à la sécurité alimentaire dans les départements Dosso et Tillabéry financé par la BADEA ; – le Projet Aménagement et gestion durable de la vallée de Badaguichiri financé par l’Agence Française de Développement ; – le Projet Promotion Initiative Locale d’Aguié financé par la Belgique, le FIDA et le Niger ; – le Programme spécial de sécurité alimentaire (PSSA) financé par la Banque Islamique de Développement et le Qatar ; 108

– le Projet valorisation des eaux de Dosso et Tillabéry financé par la BAD, la BID et le Niger. La SDR comptait sur l’aide extérieure pour le financement de ses programmes. Les allocations de ressources bud-gétaires nationales ont débuté en 2006 après constat des retards accusés par les donateurs dans le transfert des fonds accordés. L’aide extérieure représentait 58 % des 2000 milliards FCFA constituant le total du financement de la SDR. Les aides non remboursables représentaient 72,1 %. Le tableau suivant présente la liste des donateurs en 2010. Les donateurs pour la SDR Agences des Nations Unies PNUD FAO FIDA PAM UNICEF FNUAP OMS

Institutions de Brettons Woods

Banques internationales

Banque Mondiale BAD SFI BOAD BID BADEA Fonds OPEP

Union Européenne et Coopération bilatérale Délégation UE France AFD France SCAC Allemagne Belgique Danemark Luxembourg Pays Bas Italie

Coopération bilatérale Suisse Norvège Canada Etats Unis Japon Chine Arabie saoudite

Source : Secrétariat exécutif de la SDR

3.2. L’Initiative 3N pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable : 20122015 Projet de développement rural fondé sur le slogan « les Nigériens Nourrissent les Nigériens », l’Initiative 3N a pris cause et place de la SDR en 2011. Sa stratégie adoptée en mars 2012, s’inscrit dans le cadre global du Plan de Développement Economique et Social (PDES), décrété outil de 109

mise en œuvre du Programme de Renaissance du gouvernement. L’Initiative 3N a pour objectif global de mettre les populations nigériennes à l’abri de la famine et leur garantir les conditions d’une pleine participation à la production nationale et à l’amélioration de leurs revenus. Son objectif spécifique est de renforcer les capacités nationales de productions alimentaires, d’approvisionnement et de résilience face aux crises et aux catastrophes. Elle repose sur cinq axes stratégiques : – Accroissement et diversification des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques ; – Valorisation et commercialisation des produits agrosylvo-pastoraux et halieutiques ; – Amélioration de la résilience des populations nigériennes face aux crises alimentaires et aux catastrophes ; – Amélioration de l’état nutritionnel des populations ; – Création d’un environnement favorable pour la sécurité alimentaire et le développement agricole durable. Le plan d’action de cette stratégie détermine 16 programmes. Pour l’accroissement et la diversification des productions, on distingue : – le programme 1.1. Développement et diversification des cultures irriguées ; – le Programme 1.2. Amélioration des niveaux de rendement des cultures pluviales sur 25 % des superficies cultivées ; – le Programme 1.3. Amélioration des productions animales, halieutiques et apicoles ; – le Programme 1.4. Gestion durable des ressources naturelles.

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Pour la valorisation et la commercialisation des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques, on distingue : – le Programme 2.1. Amélioration de la conservation et de la transformation des produits ; – le Programme 2.2. Amélioration des infrastructures et des circuits de commercialisation. Pour l’amélioration de la résilience des populations face aux crises alimentaires et aux catastrophes, on distingue : – le Programme 3.1. Prévention des crises alimentaires et catastrophes ; – le Programme 3.2. Gestion des crises alimentaires et des catastrophes. Pour l’amélioration de l’état nutritionnel des populations, on distingue : – le Programme 4.1. Prévention des différentes formes de malnutrition ; – le Programme 4.2. Prise en charge des diverses formes de la malnutrition aigüe ; – le Programme 4.3. Renforcement du système de surveillance nutritionnelle et d’évaluation des interventions. Pour la création d’un environnement favorable à la sécurité alimentaire et de développement agricole durable, on distingue : – le Programme 5.1. Renforcement des capacités des acteurs ; – le Programme 5.2. Appui à la sécurisation foncière ; – le Programme 5.3. Renforcement des mécanismes juridiques et politiques d’accompagnement ; – le Programme 5.4. Facilitation de l’accès aux financements ; – le Programme 5.5. Mise en place d’un système participatif de gouvernance. 111

La mise en œuvre de l’Initiative 3N s’effectue suivant les principes ci-après : – la concentration : les actions et appuis se feront pour l’essentiel aux niveaux des communes, des villages et des exploitations ; avec la commune comme porte d’entrée pour les investissements ; – le ciblage : les actions et appuis viseront particulièrement, l’amélioration de la productivité des systèmes de production et prendront en compte des groupes spécifiques comme les ménages vulnérables ; – la durabilité de la base productive : toute action doit s’inscrire dans la dynamique de promotion des pratiques durables d’utilisation des ressources naturelles et d’adaptation aux changements climatiques ; – la mobilisation et la responsabilisation : responsabilisation des acteurs avec les jeunes et les femmes comme fer de lance. Couvrant les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de l’environnement, et de la nutrition, la stratégie de l’Initiative 3N se déploie à travers la mise en place de Kits de services concrets au niveau de chaque commune, de chaque village, de chaque exploitation familiale et de structures synergiques comme des mutuelles de santé, d’épargne et de crédit, des centres de formation ainsi que des moyens de communication (radios) et de facilitation de transport (pistes rurales). Ses mécanismes de gouvernance et de mise en œuvre regroupent trois types d’acteurs : Acteurs étatiques, Acteurs privés et Partenaires techniques et financiers. Le dispositif de gouvernance se compose d’un comité interministériel d’orientation (CIO), d’un comité national de pilotage (CNP), d’un comité de concertation Etat / Partenaires, des comités de concertation des acteurs aux niveaux régional et communal.

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Ce dispositif est complété par des comités départementaux de validation des requêtes de financement (CDVRF). Quant au dispositif de mise en œuvre, il regroupe les acteurs suivants : le Haut-Commissariat à l’Initiative 3N, les ministères techniques (Agriculture, Elevage, Environnement), les ministères dits transversaux (Plan, Finances), les Communes, les organisations paysannes, les prestataires de services (ONG, Bureaux d’études, PME de travaux). A l’instar de la SDR, l’Initiative 3N est conçue dans le sillage des objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Elle s’inscrit dans le processus de mise en œuvre du Plan détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) du NEPAD et bien évidemment de la politique agricole commune de la CEDEAO (ECOWAP). Son coût de réalisation est estimé à mille milliards et huit cent quinze millions de francs CFA (1815 milliards). Et comme la SDR, elle est soumise à la volonté de la coopération internationale quant à son financement. C’est là que le slogan « les Nigériens Nourrissent les Nigériens » se vide de souveraineté nationale. Dans le cadre de l’Initiative 3N, l’Etat du Niger a mis en œuvre un programme d’urgence et onze programmes d’investissement prioritaires. Les fonds mobilisés pour l’ensemble des interventions s’élèvent à 1200 milliards FCFA, dont 23 % de ressources nationales, 28 % d’aide de la coopération bilatérale et 44 % d’aide des partenaires multilatéraux. La répartition de ces fonds suivant les 5 axes stratégiques de l’Initiative 3N, établit la configuration ci-après.

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Prévisions et réalisations budgétaires de l’Initiative 3N en milliards FCFA Axes d’intervention

Budgets prévisionnels

Fonds mobilisés

Taux de réalisation

734,47

307,93

42 %

Approvisionnement des marchés

50

141,16

282 %

Résilience des groupes vulnérables pour la prévention et la gestion des crises alimentaires

115

524,32

456 %

Prévention et prise en charge de la malnutrition

50,57

164,78

330 %

Coordination et renforcement des capacités

50,57

56,18

111 %

1000,61

1 194,37

119,36 %

Accroissement et diversification des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques

Totaux

Source : HC Initiative 3N

Sur le plan financier, l’Initiative 3N a dépassé ses objectifs. Les projets de son axe 3 « Résilience des groupes vulnérables pour la prévention et la gestion des crises alimentaires » ont mobilisé un financement de plus 524 milliards FCFA pour seulement 115 milliards FCFA prévus, soit plus de 409 milliards de plus. Pour la prévention et la prise en charge de la malnutrition (axe 4), près de 165 milliards FCFA ont été mobilisés pour 50,57 milliards FCFA prévus, soit un taux de réalisation de 330 %. L’appui à l’approvisionnement des marchés (axe 2) a reçu 141,16 milliards pour 50 milliards envisagés, soit un surplus de plus de 91 milliards FCFA. La coordination et le renforcement des capacités (axe 5) a reçu près de 6 milliards FCFA de plus que la prévision budgétaire. 114

Seul l’axe 1 « Accroissement et diversification des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques » a enregistré un déficit budgétaire de 42 %. Sur 734,7 milliards prévus 307,93 milliards ont été mobilisés pour le premier pilier de l’Initiative 3N. Cet axe interroge l’engagement du gouvernement nigérien pour la réalisation de son ambition de l’autosuffisance alimentaire ; il semble donc que les autorités nigériennes n’ont pas alloué les ressources à la hauteur de leur ambition. Ce qui est inadmissible, c’est la déclaration du Haut-Commissariat à l’I3N faisant état d’un déficit semencier et d’un déficit fourrager une année après la mise en œuvre des programmes d’investissement prioritaires. L’inefficacité de la gouvernance du développement rural est due aux faiblesses techniques en gestion des cadres techniques dirigeants. Les fonctions d’organisation, d’impulsion et de contrôle par les dispositifs de suivi évaluation sont mal assumées par les ingénieurs agronomes, les zootechniciens et vétérinaires, et les ingénieurs forestiers, constituant le noyau dur de la gouvernance du développement rural.

4. LES DISPOSITIFS EN COURS Les nouvelles planifications de l’Initiative 3N couvrent la période 2016 - 2020 et au-delà. Les dispositifs en cours sont la Politique nutritionnelle 2016 – 2025 et le Programme national d’investissement agricole 2016 – 2020 englobant la sécurité nutritionnelle, la sécurité alimentaire, le développement agricole, la lutte contre les changements climatiques.

115

4.1. La Politique nationale de sécurité nutritionnelle (PNSN) 2016 - 2025 Le Niger est classé parmi les pays à « faible engagement pour la nutrition », selon l’Indice d’engagement contre la Faim et la Malnutrition (HANCI 2013). La formulation de la politique nationale de sécurité nutritionnelle édifie un cadre multisectoriel conformément à la Constitution du Niger de Novembre 2010 et les instruments juridiques internationaux ratifiés par le Niger. Le but de la PNSN 2016 - 2025 est de promouvoir et assurer une nutrition adéquate à tous les nigériens en vue d’un développement socioéconomique durable. Son objectif général est d’assurer des services multisectoriels d’appui à la sécurité nutritionnelle favorisant un meilleur statut nutritionnel, une meilleure santé, une plus grande productivité, et un meilleur développement socioéconomique à l’ensemble de la population nigérienne. Ses objectifs spécifiques sont : – Développer les politiques et instruments favorisant l’amélioration de la sécurité nutritionnelle particulièrement pour les groupes les plus vulnérables ; – Favoriser une nutrition optimale aux enfants avec un focus sur les premiers 1000 jours ; – Maintenir une disponibilité alimentaire variée à haute valeur nutritive et en quantité suffisante au niveau des ménages durant toute l’année y compris les mois de soudure ; – Appuyer l’assainissement du milieu, l’accès et l’utilisation de l’eau potable. ; – Garantir des programmes de protection sociale contribuant effectivement à la sécurité nutritionnelle des ménages et en priorité aux jeunes enfants, femmes enceintes et allaitantes ; – Développer un environnement scolaire propice au développement de connaissances et à l’apprentissage 116

de pratiques favorables à une nutrition adéquate pour les générations présente et future ; – Développer les stratégies adéquates pour la réduction des maladies non transmissibles et de l’obésité ; – Créer un environnement favorable au suivi des engagements multisectoriels et à l’allocation de ressources pour la sécurité nutritionnelle. 4.2. Le Programme d’investissement agricole (PNIA) 2016 - 2020 Le PNIA 2016 – 2020 est la suite logique du programme d’investissement 2012 – 2015 de l’Initiative 3N pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable. Il s’agit de poursuivre les objectifs recherchés qui n’ont pas été atteints des OMD et d’engager des actions pour la réalisation des ODD fixés par les Nations Unies. Le montant total des investissements prévus s’élève à 4 422, 8 milliards FCFA. Dans cette enveloppe, la lutte contre les effets du changement climatique, des crises et catastrophes représente 34,63 % ; le développement des filières 32,41 % ; la gestion durable des ressources naturelles 23,22 % ; la maitrise de l’eau pour les productions rurales 21,55 % ; l’amélioration de la nutrition 11,41 %. Le tableau suivant donne une vue synoptique du PNIA 2016 – 2020.

117

Programme d’investissement agricole 2016-2020 Coûts en milliards

Valeur relative

Axe stratégique 1. Accroissement et diversification des productions

944,2

21,55 %

Programme 1. Mobilisation des eaux

722,7

16,49 %

Programme 2. Promotion de l’hydraulique pastorale

221,4

5,05 %

1 420,3

32,41 %

Activités

Axe stratégique 2. Approvisionnement régulier des marchés Programme 1. Développement des filières agricoles

424,9

9,70 %

Programme 2. Développement des filières pastorales

507,8

11,59 %

Programme 3. Promotion des filières forestières et halieutiques

55,3

1,26 %

Programme 4. Promotion des filières agro-sylvopastorales et halieutiques

432,1

9,86 %

Axe stratégique 3. Amélioration de la résilience des groupes vulnérables face aux changements climatiques, crises et catastrophes

1 517,7

34,63 %

Programme 1. Gestion durable des terres et des eaux

777,5

17,74 %

Programme 2. Gestion durable de l’environnement et du cadre de vie

229,8

5,24 %

Programme 3. Gestion durable de la diversité biologique

10,3

0,24 %

Programme 4. Accès des plus vulnérables à un revenu minimum, aux besoins essentiels, aux moyens d’existence

250

5,70 %

Programme 5. Anticipation et réponse aux besoins des ménages affectés par les crises et catastrophes

250

5,70 %

Axe stratégique 4. Amélioration de l’état nutritionnel des nigériens

500

11,41 %

Programme 1. Prévention de la malnutrition

250

5,70 %

Programme 2. Dépistage et prise en charge de la malnutrition

250

5,70 %

Axe stratégique 5. Gestion et Coordination de l’Initiative 3N

40,5

0,9 %

Programme 1. Amélioration de la gouvernance du secteur rural

9,9

Programme 2. Amélioration des mécanismes de mise en œuvre

17,3

Programme 3. Communication et renforcement des capacités

13,2

TOTAL

4 422,8

Source : Haut-Commissariat I3N

118

100 %

4.3. Les Programmes d’adaptation aux changements climatiques Trente-un (31) projets et programmes financés par de nombreux Partenaires Techniques et Financiers (coopération bilatérale et coopération multilatérale) sont mis en œuvre depuis 2012 pour soutenir le développement rural durable. Le montant total des financements s’élève à plus de 548,9 milliards FCFA. Les actions de résilience englobent toutes les activités de l’agriculture, de l’élevage, de la gestion des ressources en eau, de l’environnement, de la gestion des infrastructures socio-économiques, de protection sociale, du développement des systèmes d’information. Le Programme stratégique de résilience climatique (PSRC) financé par la Banque Africaine de Développement et la Banque mondiale a réalisé de 2012 à 2019 : – le Projet de mobilisation et de valorisation des ressources en eau (PROMOVARE), – le Projet d’actions communautaires pour la résilience climatique (PAC/RC), – le Projet de développement de l’information et de la prospective climatique (PDIPC). Les actions d’adaptation au changement climatique sont lancées depuis 2010 par le Programme d’action national d’adaptation face au changement climatique (PANA). Dans le cadre du PANA le Niger a mis en œuvre grâce aux financements du Fonds Mondial pour l’Environnement (FEM) et l’assistance technique et financier du PNUD : – le Projet de renforcement de la résilience du secteur agricole face au changement climatique, – le Projet Adaptation à base communautaire (ABC), – le Projet African Adaptation Programme (AAP).

119

Le tableau ci-dessous donne une vue synoptique des principales actions d’adaptation en cours d’exécution au Niger. Les principaux Projets et Programmes de lutte contre le changement climatique N°

Projet/Programmes

Coûts (FCFA)

Bailleurs de fonds

Terme

1

Projet Petite irrigation et sécurité alimentaire (PISA)

10,015 milliards

KFW / Etat du Niger

2020

2

Programme Actions Communautaires pour la résilience climatique (PAC/RC)

36,5 milliards

Banque Mondiale/ Etat du Niger

2019

3

Projet Appui au développement agricole Irhazer, Tamesna, Aïr (PADA/ITA)

11,4 milliards

ORANO / Etat du Niger

2021

4

Projet Appui au développement rural (PPR)

42,6 milliards

Agence Française de Coopération

2021

5

Projet régional Appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS)

22,8 milliards

Banque Mondiale

2019

6

Projet Appui régional à l’initiative de l’irrigation au Sahel (PARIIS)

15,42 milliards

Banque Africaine de Développement

2024

7

Programme de réhabilitation et de renforcement de la résilience des systèmes socio écologiques du Bassin du lac Tchad (PRESIBALT)

10 milliards

Banque Africaine de Développement

2019

8

Projet de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire (PRRIA)

26,8 milliards

Banque Islamique de Développement ITFC et Niger

2021

9

Programme Appui au développement de l’élevage (PRADEL)

10,8 milliards

Coopération Belge

2021

10

Projet Appui à l’agriculture sensible aux risques climatiques (PASEC)

84,6 milliards

Banque mondiale, Niger et Millénium Challenge (MCC)

2022

120

11

Programme Appui au développement agricole durable (PADAD)

12,36 milliards

Coopération Luxembourgeoise

2020

12

Projet Appui au développement de la résilience des ménages au changement climatique dans la région de Dosso (PARC/DAD)

1,06 milliard

Union Européenne

2020

12

Projet de développement de l’agriculture familiale (PRODAF)

122,5 milliards

FIDA

2023

Source : Haut-Commissariat I3N

4.4. La Contribution déterminée au niveau national (CDN) pour l’Accord de Paris 4.4.1. Le Programme national de gestion durable des terres Le Niger fait de la GDT son cheval de bataille dans la lutte contre le changement climatique et la désertification. La GDT constitue le point cardinal de sa CDN. Le Programme National d’Investissement Agricole 2016 – 2020 consacre 777,5 milliards (17,74 %) à la gestion durable des terres et des eaux. Toujours pour l’amélioration de la résilience des populations face aux changements climatiques et aux catastrophes, ce programme d’investissement prévoit 229,8 milliards (5,24 %) à la gestion durable de l’environnement et cadre de vie et 10,3 milliards (5,24 %) à la gestion durable de la diversité biologique (0,24 %) 4.4.2. Facilité Adapt’Action Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris pour le climat adopté à la COP21 en 2015 par les Nations Unies, Le Niger fait partie des pays partenaires bénéficiant de la Facilité Adapt’ Action.

121

Il s’agit d’un appui à la mise en œuvre des CDN bénéficiant à 15 pays en développement, prioritairement issus du continent africain, du Groupe des Pays les Moins Avancés (PMA) et de celui des Petits Etats Insulaires en Développement (PEID), et ce sur une durée de quatre ans. Adapt’Action comprend trois Axes d’intervention principaux complémentaires, qui pourront être déployés parallèlement et simultanément : – Axe 1 : Consolidation ou appui à la mise en place d’une gouvernance « climat » locale permettant la mise en œuvre réussie et le suivi des CDN, en conduisant des activités de renforcement des capacités pour l’ensemble des acteurs et à l’échelle de l’ensemble des territoires ; – Axe 2 : Déclinaison des CDN dans une à deux politiques publiques sectorielles, auxquelles seront adossés des plans d’actions concrets, portant sur des secteurs clés impactés par le changement climatique. Cet appui se fera principalement dans le domaine de l’adaptation ; – Axe 3 : Réalisation d’études de préfaisabilité, faisabilité, vulnérabilité ou d’études techniques et financières pour un à trois programmes/projets « climat » structurants et transformationnels, notamment dans le domaine de l’adaptation au changement climatique, et appui à la recherche de financement. La Facilité Adapt’Action appuiera les pays partenaires dans la consolidation de leur gouvernance « climat », dans une meilleure intégration des enjeux d’adaptation au changement climatique dans leurs politiques publiques sectorielles, mais aussi dans l’élaboration de projets ou programmes « climat » structurants, plus nombreux, préparés et suivis selon les standards requis par les bailleurs de fonds (tels que l’AFD) et/ou les fonds climat internationaux (tels que le Fonds Vert), aux co-bénéfices climat intensifiés, 122

notamment en matière d’adaptation au changement climatique, qui pourront à terme être financés par l’AFD et/ou par la finance climat internationale. Au Niger, une mission d’identification des besoins, conjointement menée par l’AFD, Expertise France et l’UGP a été réalisée en juin 2017. Cette mission a permis de pré-identifier les pistes d’activités à mettre en œuvre au Niger dans le cadre de la Facilité et ses différents axes d’intervention. De même, la mission d’identification a permis d’obtenir des informations pertinentes et récentes quant au contexte local du pays mais également concernant sa stratégie et politique de mise en œuvre de sa CDN. De plus, une mission de formulation a été conduite en Janvier 2018, afin d’élaborer un Cahier des Clauses Techniques servant de Termes de Référence spécifiques aux prestations à réaliser. Les prestations à réaliser sont : – Appui à la formulation concertée de la stratégie et d’un plan national d’adaptation de l’agriculture aux changement climatiques (SPN2A) ; – Appui au suivi de la mise en œuvre de la CDN sur le volet acclimatation des plans de développement communaux ; – Appui au suivi de la mise en œuvre de la CDN sur le volet Gestion durable des terres ; – Appui au suivi de la mise en œuvre de la CDN sur le volet vulgarisation des enjeux des changements climatiques ; – Capitalisation des pratiques de gestion durable des terres.

123

4.4.3. Initiative africaine de restauration des paysages forestiers (AFR100) Le Niger a accueilli en septembre 2017, la deuxième réunion annuelle de l’Initiative AFR100. L’Initiative AFR100 est un effort national pour restaurer 100 millions d’hectares de paysages déboisés et dégradés à travers l’Afrique d’ici 2030. AFR100 accélérera la restauration pour améliorer la sécurité alimentaire, augmenter la résilience et l’atténuation des changements climatiques et combattre la pauvreté rurale. AFR100 répond au mandat de l’Union Africaine de restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030. Il complète le Plan d’Action pour les Paysages Africains (ALAP) et le plus large programme Biodiversité et Dégradation des Terres (LDBA) de l’Union Africaine. AFR100 contribue à la réalisation des engagements nationaux en matière de restauration et de développement durable, le Défi de Bonn et la Déclaration de New York sur les forêts parmi de nombreuses autres cibles. L’Initiative contribue directement aux objectifs de développement durable (ODD) et à l’Accord de Paris sur le climat. Il s’appuie sur l’expérience et les progrès réalisés grâce au Partenariat TerrAfrica et aux efforts connexes de restauration du paysage. Les partenaires techniques et financiers de l’AFR100 travaillent avec les points focaux nationaux et les partenaires nationaux pour mobiliser et coordonner le soutien technique ainsi que faciliter le financement pour les pays partenaires. L’Agence du NEPAD héberge le Secrétariat de l’AFR100 et travaille en étroite collaboration avec le BMZ, la GIZ, l’IRG, la Banque Mondiale et l’UICN. L’initiative a été approuvée par les chefs d’État de l’Union Africaine en octobre 2015 pour la coordination des 124

activités de restauration des terres en ce qui concerne les objectifs de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire. Les efforts de restauration intègrent les pratiques agricoles et agro forestières existantes et nouvelles ainsi que les pratiques de pâturage et d’élevage pour créer des opportunités durables pour les communautés.

5. LES NOUVELLES ORIENTATIONS D’INTÉGRATION AFRICAINE

5.1. Les Dispositifs l’Union Africaine 5.1.1. L’Agenda 2063 : des fondements stratégiques sur 50 ans Lors de la 24ème session ordinaire de la Conférence de l’Union Africaine qui a eu lieu à Addis-Abeba du 30 au 31 janvier 2015, les chefs d’État ont adopté l’Agenda 2063. La vision africaine de l’avenir révèle sept ambitions de changement transformationnel : – une Afrique prospère fondée sur une croissance inclusive et un développement durable ; – un continent intégré, politiquement uni, basé sur les idéaux du panafricanisme et sur la vision de la renaissance de l’Afrique ; – une Afrique où règnent la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l’homme, la justice et l’état de droit ; – une Afrique pacifique et sécurisée ; – une Afrique dotée d’une identité, d’un patrimoine commun, de valeurs partagées et d’une éthique culturelle forte ; – une Afrique où le développement est axé sur les populations, et s’appuie notamment sur le potentiel des femmes et des jeunes ; 125

– une Afrique, en tant qu’acteur et partenaire fort, uni et influent sur la scène mondiale. Cet agenda est à la fois une vision et un plan d’action. C’est un appel à l’action à tous les segments de la société africaine à travailler ensemble pour construire une Afrique prospère et unie, fondée sur des valeurs communes et un destin commun. L’Agence de planification et de coordination du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (Agence du NEPAD) se présente à la fois comme l’agence de développement mais aussi comme la branche d’exécution de l’Agenda 2063. L’Union Africaine a entrepris divers changements majeurs tels que la restructuration de la Commission dans le but d’adapter celle-ci à l’Agenda 2063 tout en intégrant aussi le concept d’économie bleue. Les dirigeants ont aussi demandé à la Commission de l’Union Africaine de finaliser le premier plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063, en incluant entre autres des consultations supplémentaires avec les Communautés économiques régionales (CER) . Le premier plan décennal a été adopté à la Conférence de l’Union Africaine organisée en juin 2015 à Johannesburg en Afrique du Sud. Selon la vision de l’Agenda 2063, le continent deviendra riche et connaîtra une croissance de haute qualité qui créera des opportunités d’emploi pour tous, en particulier pour les femmes et les jeunes. Grâce à cette vision, des politiques rationnelles et une meilleure infrastructure stimuleront la transformation de l’Afrique en améliorant les conditions de développement du secteur privé et en amplifiant l’investissement et l’entreprenariat pour le développement des petites et moyennes entreprises. Cette évolution nécessitera de faire évoluer les sources de croissance et d’opportunités économiques de façon à 126

encourager une plus grande productivité, et entraîner ainsi une croissance économique durable et inclusive. Cependant, de grands obstacles sont à franchir. En effet, plusieurs économies du continent demeurent fragiles, et les infrastructures restent sous-développées. De nombreuses économies africaines reposent encore sur les matières premières et des structures de production peu diversifiées. Le taux de pauvreté demeure beaucoup trop élevé. Les inégalités sont également fortes. Selon les Nations Unies, six des pays les plus inégalitaires au monde sont africains. La récurrence des crises alimentaires et la lutte contre la faim dans certaines régions du continent nécessitent une concentration sur la sécurité alimentaire. En outre, se posent les défis de la maitrise de la croissance démographique, du renforcement des capacités humaines, de la création d’emploi, de l’urbanisation, de la gestion de l’environnement, de l’équité sociale, et de l’efficacité économique. Selon la Fondation Mo Ibrahim dans son rapport 2018 sur la gouvernance en Afrique, depuis 2008, le score moyen de l’Afrique en matière de développement économique durable n’a progressé que de + 0,1 point, soit + 0,2 %, tandis que, sur la même période, le PIB du continent enregistrait une croissance de + 40,0 %. La progression moyenne du continent en matière de développement économique durable pour ses citoyens s’avère donc quasi nulle, et cette catégorie reste à la fois la moins performante et la plus lente à progresser de l’Ibrahim Index of African Governance (IIAG). En outre, la corrélation entre le PIB d’un pays et son score en matière de développement économique durable est faible. En 2017, quatre des dix pays ayant le PIB le plus élevé du continent réalisent un score inférieur à la moyenne continentale en matière de développement économique durable et se situent dans la moitié inférieure du classement africain. 127

La trajectoire de la performance continentale en matière d’environnement des entreprises est préoccupante. La détérioration de presque – 5,0 points au cours de la décennie écoulée est alarmante, face à une croissance attendue sur le continent de près de + 30,0 % de la population en âge de travailler (15-64 ans) au cours des dix prochaines années. La trajectoire récente de l’Éducation est également préoccupante. Si les progrès enregistrés en termes de Développement humain constituent un des résultats les plus positifs de l’IIAG 2018, la stagnation déjà enregistrée en 2017 en matière d’éducation s’est désormais transformée en déclin. Au cours de ces cinq dernières années, les scores en matière d’éducation se sont détériorés pour 27 pays, ce qui signifie que pour plus de la moitié de la population africaine (52,8 %), les résultats en matière d’éducation sont désormais en net recul. L’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) est un outil de mesure et de suivi des performances en matière de gouvernance dans les pays africains. Créé en 2007, l’objectif de l’IIAG consistait à proposer un outil quantifiable de mesure et de suivi des performances de la gouvernance dans les pays africains, afin d’évaluer les progrès en la matière au fil du temps et de soutenir l’élaboration de politiques efficaces et réactives. L’IIAG mesure les résultats et les conséquences d’une politique, plutôt que les déclarations d’intention, les dispositions légales et le niveau de dépenses. Afin de fournir une large vue d’ensemble, impartiale et richement documentée, sur les performances de chaque pays africain en matière de gouvernance, les 102 indicateurs utilisés proviennent de 35 sources indépendantes. L’IIAG 2018 attribue à l’Afrique un score de 49.9/100 en gouvernance globale ; le score du Niger est de 51.2/100 et classe ce pays au 24ème rang sur les 54 pays africains.

128

Le tableau ci-après compare les scores de l’Afrique aux performances du Niger dans les quatre agrégats appréciatifs de la gouvernance. Les scores du Niger à l’IIAG en 2018 Participation Dévelopet pement Droits économique humains D.

Localité

Sécurité et Etat de droit

Afrique

52.6

49.2

Niger

54.4

56.1

Développement humain

Gouvernance globale

44.8

52.8

49.9

47.0

47.2

51.2

Source : Fondation Mo Ibrahim

5.1.2. L’Agence de Développement de l’Union Africaine Lors de la 31ème session ordinaire tenue en juillet 2018 à Nouakchott en Mauritanie, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union Africaine a approuvé la création de l’Agence de Développement de l’Union Africaine en tant qu’organe technique de l’Union africaine doté de sa propre identité juridique et de ses propres statuts. L’Agence de Développement de l’UA a pour mission de mettre en œuvre un Plan de développement à quatre axes d’intervention devant permettre d’atteindre les objectifs de croissance et de transformation agricole accélérée à l’horizon 2025. Le tableau ci-après donne un aperçu de ce plan.

129

Plan de développement de l’Afrique à l’horizon 2025 4 Axes d’intervention

23 Programmes structurants

Gestion des Ressources Naturelles et Sécurité Alimentaire

1. Appui agricole axé sur le genre face au changement climatique 2. Gouvernance et commercialisation des produits de pêche 3. Programme détaillé pour le développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA)

Intégration, Infrastructure (énergie, eau, TIC, transport) et Commerce régional

4. African Power Vision (Vision pour l’énergie en Afrique) 5. Compétences de l’infrastructure pour le développement (IS4D) 6. Continental Business Network (CBN) 7. Énergie durable pour tous (SE4ALL) 8. Initiative Présidentielle des Champions des Infrastructures (PICI) 9. Programme pour le Développement des Infrastructures en Afrique

Industrialisation, Science, Technologie et Innovation

10. Alliance pour l’Accélération de l’Excellence Scientifique en Afrique 11. Bio-Innovate 12. Centres d’excellence du NEPAD sur l’eau 13. Harmonisation de la réglementation des médicaments en Afrique 14. Indicateurs Africains de la Science, de la Technologie et de l’innovation 15. Institut Africain des Sciences Mathématiques (IASM) Initiative du prochain Einstein 16. Réseau Africain d’Expertise en Biosécurité (ABNE) 17. Réseau d’Afrique centrale et orientale pour les biosciences 18. Réseau d’Afrique australe pour les biosciences (SANBio)

Développement du Capital Humain (Compétences, Jeunes, Emploi et Autonomisation de la Femme)

19. Futurs Ruraux 20. Le genre 21. Les soins infirmiers 22. Renforcement des capacités 23. Skills Initiative for Africa

En ce qui concerne spécifiquement le développement rural, 41 États membres de l’Union Africaine ont signé en mars 2015 des pactes du PDDAA ; parmi eux, 33 ont développé des plans d’investissement pour l’agriculture nationale et la sécurité alimentaire. Ces plans servent à cadrer les dépenses pour l’agriculture à moyen terme en vue d’améliorer la planification agricole. À l’échelle régionale, quatre des huit Communautés économiques régionales (CER) ont signé des pactes régionaux. 130

Parmi les quatre signataires, trois ont développé des plans d’investissements complets. De ce fait, les dépenses publiques en agriculture ont enregistré une croissance moyenne supérieure à 7 % par an. Les dépenses publiques en agriculture ont presque doublé depuis le lancement du PDDAA. L’exercice intitulé « Maintenir l’élan du PDDAA » est une initiative qui a été entreprise en 2012 dans l’optique de faire le bilan des dix premières années d’existence du programme. Il en est ressorti que la vision du PDDAA reste d’actualité tout autant aujourd’hui que lors de sa création en 2003. Par conséquent, pour la prochaine décennie, la question est de savoir comment intensifier la performance du secteur agricole, améliorer encore les résultats du PDDAA et assurer la transformation durable désirée des systèmes agricoles du continent. Le Cadre de résultats pour le maintien de l’élan du PDDAA pour la prochaine décennie 2015-2025 fait partie intégrante du Programme et de l’Agenda 2063. Ce cadre permet au continent africain d’avoir des paramètres concrets pour évaluer la progression de la performance agricole ; et de renforcer une culture de programmation basée sur les résultats pour prouver par l’analyse objective de données factuelles mais aussi mettre l’accent sur la prise en compte de l’analyse des rendements sur investissements. Le cadre de résultats fait partie intégrante de l’Agenda 2063 de l’UA et définit sa composante agricole ; il fournit à l’Afrique et à ses partenaires un ensemble d’objectifs et de résultats à poursuivre dans la transformation du secteur agricole. Il donne l’impulsion politique et technique pour favoriser l’harmonisation des politiques et l’harmonisation des interventions visant à faire avancer le programme de transformation de l’agriculture. Il énonce les objectifs à atteindre au cours des dix prochaines années, et fournit l’ensemble des indicateurs associés. Il fournira à tous les acteurs de 131

l’agriculture africaine, des paramètres standards tangibles permettant d’évaluer les progrès dans les performances agricoles. Cela permettra de renforcer la culture de la programmation axée sur les résultats et de suivi de la performance. 5.2. L’Agence Régionale pour l’Agriculture et l’Alimentation de la CEDEAO Dans le cadre de l’opérationnalisation de sa politique agricole régionale (ECOWAP/PDDAA), la CEDEAO a créé en 2011 un organe technique d’exécution dénommé Agence Régionale pour l’Agriculture et l’Alimentation (ARAA). Placée sous la tutelle du Département en charge de l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources en Eau de la Commission, l’ARAA fonctionne comme une institution spécialisée et a pour mission d’assurer l’exécution technique des programmes et plans d’investissement régionaux. Pour accomplir sa mission, l’ARAA se propose d’œuvrer sur quatre axes stratégiques, constituant son Cadre d’orientation stratégique 2025. Axe stratégique N°1 : Contribuer à accroître la productivité et la production agro-sylvo-pastorale et halieutique via des systèmes de production diversifiés et durables, et à réduire les pertes post production. Cet axe englobe les productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques, les questions foncières et la gestion des ressources naturelles (sols, eau, forêt et biodiversité, espaces marins et fluviaux, etc.), leurs systèmes de production, le secteur amont (approvisionnement en semences, intrants et équipements), le financement des exploitations et la gestion des risques climatiques et de marché, la recherche agricole et l’appui-conseil, la gestion des connaissances, l’adaptation au changement climatique et la résilience, la réduction 132

des pertes post-récoltes, la protection des revenus des producteurs et la garantie d’emplois décents, etc. Les produits prioritaires sont les produits jugés stratégiques à l’échelle de la région, en raison de leur place centrale dans les régimes alimentaires, et par conséquent dans l’atteinte de l’objectif de souveraineté alimentaire de la région, des connexions sous régionales des marchés et de l’importance de la politique de commerce extérieur, des impacts des politiques nationales d’incitation sur les coûts de production et la compétitivité au niveau du pays et sur les pays voisins, des gains attendus d’une mutualisation des efforts nationaux, en particulier dans le domaine de la recherche, de la capitalisation et du partage des bonnes pratiques ; etc. Axe stratégique N°2 : Promouvoir des chaines de valeurs agricoles et agro-alimentaires contractuelles, inclusives et compétitives, orientées vers la demande régionale et internationale, et inscrites dans une perspective d’intégration du marché régional Cet axe cerne l’organisation et la structuration des chaines de valeur régionales de produits agricoles et alimentaires stratégiques, depuis la collecte et la mise en marché des produits au niveau des organisations paysannes jusqu’à la distribution. Il intègre notamment les enjeux institutionnels, les questions technologiques, la qualité, les normes et la traçabilité, la promotion de l’image des produits régionaux, le financement des agents économiques, le fonctionnement des marchés régionaux et la gestion de l’interface du marché régional et des marchés internationaux, tant à l’exportation qu’à l’importation. A la différence du PRIA (programme régional d’investissement agricole) de première génération, le Cadre d’orientation stratégique 2025 inclut les filières d’exportation autour desquelles plusieurs pays choisissent de coopérer, tant au niveau technique (recherche, mise aux normes, etc.), qu’au niveau des investissements conjoints dans la 133

transformation et la valorisation des produits, et enfin au niveau des négociations internationales spécifiques (cas du coton à l’OMC). Axe stratégique N°3 : Améliorer l’accès à l’alimentation, la nutrition et la résilience des populations vulnérables Cet axe traite les problèmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle dans toutes ses dimensions. Il s’agit d’accroitre les productions et améliorer le fonctionnement des marchés pour faciliter l’accès à l’alimentation de qualité et prévenir les risques de pénurie par la résilience des ménages vulnérables. Axe stratégique N°4 : Améliorer l’environnement des affaires, la gouvernance et les mécanismes de financement du secteur agricole et agroalimentaire Cet axe stratégique recouvre les dimensions transversales du Programme régional d’investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PRIASAN). Il s’agit des questions liées au financement de l’agriculture, la création d’un environnement réglementaire et plus largement d’un climat des affaires propice à l’investissement du secteur privé, la mise à niveau des systèmes d’information, le développement des capacités des institutions publiques et des organisations professionnelles et de la société civile, l’impulsion et le portage des nouvelles initiatives répondant aux priorités arrêtées par les Ministres de l’Agriculture en Novembre 2015 (Installation des jeunes, Promotion des filières Lait local, Offensive Riz, et Promotion de l’emploi). Les programmes mis en œuvre par l’ARAA sont : – Programme Appui au Stockage de Sécurité Alimentaire en Afrique de l’Ouest ; – Programme Appui à la Transition Agro-écologique au Sahel et en Afrique de l’Ouest ; – Programme Appui à la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l’ouest (PASANAO) ; – Programme régional Appui aux organisations professionnelles et paysannes agricoles (PRAOP). 134

Dans le domaine de la coopération au développement de l’Agriculture, la Commission de la CEDEAO et l’Agence Israélienne de Coopération Mashav ont organisé du 5 au 8 décembre 2017 à Tel-Aviv, une conférence ministérielle sur le thème : Développer la production agricole en milieu aride ou semi-aride : l’expérience d’Israël. Cet évènement historique a vu la participation des ministres en charge du développement rural de 13 Etats membres de la CEDEAO. La conférence a mis la lumière sur les questions relatives aux techniques de gestion de l’eau et des sols, la reforestation et la lutte contre la désertification, la recherche de l’accroissement de la productivité agricole animale et végétale, les stratégies de lutte post-récolte contre les ravageurs des denrées stockées, les cultures fruitières et de légumes pratiqués dans des zones difficiles. Ce voyage d’étude à l’initiative du Président de la Commission de la CEDEAO, Monsieur MARCEL de SOUZA, a permis aux ministres ouest africains de visiter des sites agricoles, des sociétés israéliennes spécialisées dans les technologies agricoles et des Startups, des centres de recherche et de formation. 5.3. Le Programme communautaire décennal de transformation de l’agriculture pour la sécurité alimentaire etnutritionnelle (PCD-TASAN 2016-2025) Au terme des OMD de l’ONU, l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) envisage l’avenir de son développement rural avec un dispositif décennal : le PCD-TASAN. Adopté par la 5è réunion du Comité de Haut Niveau sur la sécurité alimentaire dans l’espace UEMOA tenue en mars 2015 à Niamey (Niger), ce programme doit pouvoir concrétiser les ambitions de la Politique Agricole de l’Union (PAU) et de la Politique Commune d’Amélioration de l’Environnement (PCAE). 135

Le coût global de sa mise en œuvre est estimé à 689 milliards FCFA. Le but ce Programme est de contribuer durablement à la satisfaction des besoins alimentaires et nutritionnels de la population, au développement économique et social et à la réduction de la pauvreté. Les objectifs de développement assignés au PCDTASAN 2016-2025 sont : – Améliorer la couverture des besoins alimentaires par les productions nationales ; – Réduire la proportion de la population de l’espace communautaire dans l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ; – Améliorer les revenus des opérateurs agricoles dans les Etats membres de l’UEMOA. Pour atteindre ces objectifs, quatre programmes régionaux sont mis en œuvre. Le Programme régional « Environnement approprié pour le développement et la promotion des affaires et de l’investissement ». L’objectif de programme est d’accroitre l’attractivité du secteur agricole et renforcer la compétitivité des productions végétales, animales et halieutiques, grâce à la mise en œuvre des actions suivantes : Amélioration de la sécurité sanitaire des végétaux, des animaux et des aliments ; Amélioration de la gestion des intrants agricoles (pesticides, médicaments vétérinaires, semences et engrais) ; Infrastructures routières pour les pôles de croissance agricole ; Aménagements hydro agricoles et Infrastructures pour les pôles de croissance et le développement des filières végétales, animales et halieutiques ; Promotion de la sécurité foncière. Le Programme régional « Amélioration de la productivité et dynamisation des filières végétales, animales et halieutiques ». 136

L’objectif de ce programme est d’accroitre les volumes des productions et améliorer le niveau de transformation des produits agricoles afin de réduire les imports de produits alimentaires. A cette fin, les actions suivantes sont menées : Facilitation des investissements et promotion de l’entreprenariat ; Développement des filières et promotion de modèles d’agrégation des exploitants agricoles familiaux ; Formation et professionnalisation des exploitants agricoles familiaux ; Développement des systèmes d’engrais, de semences végétales, animales et halieutiques, et autres intrants. Le Programme régional « Préservation et gestion durable des ressources naturelles pour une agriculture plus productive ». L’objectif de ce programme est d’améliorer durablement la gestion des ressources naturelles (eau, sol, végétation). Les actions engagées sont : Développement des systèmes de paiement pour services environnementaux ; Promotion des techniques d’adaptation aux changements climatiques. Le Programme régional « Réduction structurelle et durable de la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle ». L’objectif visé est de réduire la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle, grâce à la réalisation des actions suivantes : Appui à la mise en œuvre des priorités nationales de résilience climatique ; Renforcement des capacités de couverture des besoins alimentaires et nutritionnels ; Promotion des mécanismes de protection sociale et de droit à l’alimentation ; Contribution à la réalisation d’infrastructures hydrauliques dans les pays membres ; Gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

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6. EVALUATION DES POLITIQUES DE DÉVELOPPEMENT RURAL

Fortement liée à la rationalisation de l’action publique, l’évaluation est une appréciation systématique et objective d’un projet, d’un programme ou d’une politique, en cours ou terminé, de sa conception, de sa mise en œuvre et de ses résultats. Le but est de déterminer la pertinence et l’accomplissement des objectifs, l’efficience en matière de développement, l’efficacité, l’impact et la durabilité. Une évaluation devrait fournir des informations crédibles et utiles permettant d’intégrer les leçons de l’expérience dans le processus de décision des bénéficiaires et des bailleurs de fonds. Toute démarche d’évaluation rigoureuse implique l’emploi d’une grille (le référentiel) conduisant à auditer, questionner et évaluer le processus concerné selon plusieurs angles de vue et une batterie de critères. Au Niger chacune des politiques reprend les objectifs de la politique précédente. Nous allons évaluer les politiques agricoles répondant aux préoccupations internationales et bénéficiant du soutien des partenaires techniques et financiers pour les OMD et les ODD.

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6.1. Evaluation comparée de la SDR et de l’Initiative 3N Grille d’évaluation de la SDR et de l’Initiative 3N Critères d’évaluation

Stratégie de développement rural

Déclinaison sectorielle de la Stratégie de réduction de la pauvreté (SRP), elle est lacuLa pertinence naire du point de vue Vérifier que les finalisation. Elle vise à réduire objectifs d’une la pauvreté rurale de 66 à 52 % intervention couà l’horizon 2015 tandis que la vrent suffisamment stratégie globale vise à réduire les dimensions du la pauvreté de moitié. Donc problème qu’elle même si la SDR avait atteint est censée régler. son objectif, la SRP n’atteindrait pas son objectif. Mais l’intervention est pertinente.

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Initiative 3N pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durables Supplantant la SDR dont elle a englobé tous les objectifs et actions, son objectif global n’énonce pas la réduction de la pauvreté, mais la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable. Elle est aussi lacunaire de point de vue finalisation. Son objectif spécifique (le renforcement des capacités) se confond avec son objet. Mais l’intervention est pertinente.

L’utilité Vérifier la justification de l’intervention eu égard aux effets attendus

La cohérence interne Vérifier que les différents objectifs stratégiques et opérationnels d’un programme sont en relation logique les uns aux autres ; autrement dit qu’ils sont complémentaires et non redondants.

L’intervention se justifie eu égard aux effets attendus qui L’intervention sont : Assurer la sécurité alise justifie eu égard aux effets mentaire et nutritionnelle des attendus qui sont : Créer les populations nigériennes en conditions d’une croissance accroissant et diversifiant les économique durable en milieu productions agro-sylvo-pastorural en favorisant l’accès des rales et halieutiques ; producteurs ruraux aux opAugmenter les revenus des portunités économiques ; producteurs et des acteurs des Sécuriser les conditions de vie filières agricoles en améliorant en prévenant les risques, la conservation, la transformaaméliorant la sécurité alimention et la commercialisation des taire et gérant durablement les produits agro-alimentaires ; ressources naturelles ; AmélioAméliorer les capacités natiorer la gestion du secteur rural nales de prévention et de en renforçant les capacités des gestion des crises et catasinstitutions publiques et des trophes et la résilience des organisations rurales. populations vulnérables.

La cohérence interne est totale Les objectifs stratégiques et opérationnels sont complémentaires et pas redondants

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La cohérence n’est pas totale L’objectif stratégique (Renforcement des capacités) et 3 objectifs opérationnels sont redondants (Programme 4.3. Renforcement du système de surveillance nutritionnelle, Programme 5.1. Renforcement des capacités des acteurs, Programme 5.3. Renforcement des mécanismes juridiques et politiques). De nombreuses redondances entre activités et résultats opérationnels

La cohérence externe Vérifier que les objectifs d’une intervention correspondent ou contribuent à ceux des autres politiques de l’institution ou des autres institutions agissant sur le même territoire ou champs d’activité et ne sont pas à l’inverse en contradiction ou antagonistes L’efficacité Vérifier que les effets attendus d’une intervention ont bien été produits grâce aux actions menées

La cohérence externe n’est pas totale La lutte contre les changements climatiques (action cardinale du Plan de l’environnement pour un développement durable, Agenda 21 du Niger, et domaine prioritaire du NEPAD-PDDAA) ne figure pas dans la SDR.

La cohérence externe est totale Les objectifs recherchés correspondent et contribuent à la réalisation des objectifs de l’UEMOA, de la CEDEAO, du NEPAD et des OMD.

Efficacité zéro La SDR n’a réalisé aucun des effets attendus

Efficacité mitigée Grâce aux soutiens massifs de la communauté internationale, la faim a été évitée, le taux de pauvreté a été réduit mais pas irréversiblement. Les objectifs du développement agricole durable nécessitent des efforts considérables.

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L’efficience Vérifier que les effets obtenus l’ont été à un coût raisonnable, par exemple en comparaison d’autres types d’intervention

Efficience zéro La SDR n’a pas réussi à mobiliser les ressources financières pour la mise en œuvre de ses programmes. Elle est restée une simple expression de volonté politique.

La durabilité Vérifier que les résultats obtenus ne sont pas des acquis fragiles ou rapidement périssables, mais Durabilité néant vont au contraire pour absence de résultats durer suffisamment longtemps pour être considérés comme véritablement atteints par les bénéficiaires visés).

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Efficience partielle Concernant le renforcement des capacités, les effets obtenus ne sont pas à la hauteur des investissements réalisés (11 %). Idem pour la résilience des groupes vulnérables pour la prévention et la gestion des crises alimentaires avec des investissements atteignant 456 % du budget prévisionnel. L’inefficience de l’Initiative 3N est remarquée au niveau des taux trop faibles de réalisation des objectifs pour les aménagements hydro agricoles (38,6 % pour les réhabilitations, 39,6 % pour l’aménagement de nouvelles terres) et pour les ouvrages de collecte des eaux (27,7 %) par rapport aux ressources engagées. L’option stratégique de développement de l’agrobusiness est la grosse lacune de l’I3N, les actions menées à cette fin (appui à la création de 334 fermes agricoles et pastorales) n’ont pas engendré le changement transformationnel escompté.

La durabilité des résultats obtenus par l’Initiative 3N est fiable. Une forte sensibilisation /conscientisation de tous les acteurs a jeté les bases d’une agriculture de développement.

Le renforcement des capacités Examiner si l’action menée a permis de faire progresser les capacités et les compétences des opérateurs qui y ont participé. Elle est particulièrement considérée pour les opérateurs locaux de politiques internationales.

Elaborée par un Bureau d’étude européen, la SDR a apporté des savoirs et savoirfaire au groupe de réflexion stratégique nigérien constitué d’un représentant de chacun des 6 ministères en charge du développement rural. C’est surtout pour la Secrétaire Exécutive que l’action menée a permis de faire progresser les capacités et les compétences. Elle a participé à plusieurs sessions de travail internationales. Elle a bénéficié d’un encadrement des assistants techniques internationaux.

L’action menée a permis de faire progresser considérablement les capacités et les compétences des personnels du Haut Commissariat. Les personnels des ministères techniques restent sur leur faim. C’est surtout les actions communautaires de renforcement des compétences menées par les organisations d’intégration régionale et du PNUD qui ont permis aux opérateurs locaux de politiques internationales d’améliorer leurs capacités cognitives et conatives.

6.2. Les Cadres de coopération avec les Partenaires Techniques et Financiers De 2000 à 2015, l’investissement dans le secteur rural est évalué à 3000 milliards FCFA, dont 1 200 milliards au cours de la période 2012-2015. L’Etat du Niger a investi 750 milliards sur ses ressources budgétaires. La coopération multilatérale est le principal soutien au financement du développement et à la sécurité alimentaire. Les principaux bailleurs de fonds définissent périodiquement des stratégies d’intervention. Pour l’Union Européenne, il s’agit du Programme indicatif national (PIN). Pour la Banque Africaine de Développement, il s’agit du "Document de Stratégie Pays" (DSP). Pour la Banque Mondiale le "Country Assistance Strategy" (CAS). Pour le FIDA, le "Country Strategic Opportunities Paper" (COSOP). Ces stratégies assurent le lien entre les actions des autorités nationales, les concours des bailleurs de fonds et les résultats requis pour atteindre les objectifs du millénaire 143

pour le développement (OMD), puis depuis décembre 2015, les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. Parmi les multiples bailleurs de fonds, c’est l’Union Européenne qui est le premier donateur d’aide. Depuis 1975, le cadre de coopération est à son onzième round. La Convention de Lomé (1975 – 2000) réunissant 76 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Pays ACP) et l’Union Européenne, a mobilisé 461 milliards FCFA d’aide au développement pour le Niger à travers les programmes indicatifs nationaux. L’Accord de Cotonou (2000-2020) signé en 2000 et révisé en 2005 définit les orientations des rapports de partenariat EU-ACP. Les trois piliers retenus sont : la coopération au développement, la coopération économique et commerciale et le dialogue politique. Dans ce cadre, deux programmes indicatifs nationaux (PIN) encadrent l’intervention de l’UE au Niger. Le PIN 2001-2007 a prévu une aide au développement de 212 millions d’euros et une aide d’urgence de 134 millions d’euros. Le développement rural et sécurité alimentaire constitue le premier secteur de concentration. Les objectifs recherchés visent à consolider les capacités des acteurs nigériens à prévenir les crises alimentaires ; améliorer l’environnement social, technique, économique et institutionnel de la production ; diversifier et augmenter les revenus des populations rurales. Il s’agit de permettre à la petite production privée de tirer parti du potentiel de croissance qui existe dans différents secteurs (agricole ou non), tout en réduisant la vulnérabilité des populations les plus pauvres aux risques de crises alimentaires. Le soutien de l’UE s’élève à 26 millions d’euros, destiné au financement des activités suivantes : 144

– un programme d’appui au dispositif national de prévention et atténuation des crises alimentaires ; – un programme « Filière semences » ; – un programme « Sécurisation des systèmes agropastoraux » ; – un programme « Expérimentation des nouvelles démarches » ; – un programme « Appui aux infrastructures rurales ». Le PIN 2008-2013 a prévu 458 millions d’euros d’aide au développement et 15,2 millions d’aide d’urgence. 160 millions d’euros ont été alloués au soutien à la croissance en zone rurale, aux infrastructures et à la sécurité alimentaire. Le PIN 2014-2020 prévoit une aide de 596 millions d’euros au développement de 180 millions sont prévus pour le soutien au développement de l’agriculture, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à la résilience du secteur agricole. Les autres bailleurs de fonds interviennent essentiellement dans le financement de projets de développement. La Banque Mondiale finance des projets dans les domaines de la gestion des ressources naturelles, la promotion de l’irrigation privée, la promotion des exportations de produits agro-pastoraux et la lutte contre les changements climatiques et le développement agricole durable. Le système des Nations Unies apporte son soutien à travers le financement et la mise en œuvre de programmes et projets relevant des domaines d’intervention des organismes qui le composent. Ce système comprend les agences résidentes suivantes : ECA, FAO, FMI, HCR, PAM, PNUD, OCHA, OIM, ONUSIDA, UNDSS, UNFPA, UNICEF. L’UNDAF (Plan cadre des Nations Unies pour l’aide au développement) constitue le cadre unique de coopération entre le Système des Nations Unies et le Gouvernement du 145

Niger et vise à renforcer la coordination, la cohérence et la synergie des interventions des Fonds, Programmes et Institutions Spécialisées et garantir leur alignement sur les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), puis sur les objectifs de développement durable (ODD) et les priorités nationales. L’UNDAF 2009-2013 a mobilisé 880 millions de dollars US et a permis de contribuer à l’atteinte des résultats clés dans l’amélioration des conditions de vie des femmes et des hommes du Niger. Ce faisant, le Niger devait atteindre les OMD 2 et 4 relatifs à la scolarisation et à la réduction de la mortalité infantile. L’UNDAF 2014-2018, devrait permettre de renforcer durablement les capacités des communautés à résister à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Le choix de la résilience comme domaine de coopération devra permettre aussi d’appuyer le gouvernement du Niger pour l’atteinte de l’OMD 1 « réduire de moitié le taux de pauvreté et le nombre de personnes souffrant de la faim » pour lequel un cadre d’accélération (MAF) a été adopté et contribuer efficacement à la réalisation de l’Initiative 3 N. Le FIDA intervient au Niger depuis trois décennies dans les zones rurales où la concentration en familles rurales pauvres est la plus importante, au travers d’opérations basées sur des approches communautaires et/ou en appui aux collectivités territoriales. La Stratégie-Pays du FIDA pour le Niger (COSOP 2013 –2018) recentre les opérations du portefeuille sur l’amélioration durable de la sécurité alimentaire des ménages ruraux dans les régions de Maradi, Tahoua et Zinder. Elle se traduit par une approche-programme axée sur la mise en cohérence progressive des projets : le Projet d’appui à la sécurité alimentaire dans la région de Maradi (PASADEM) et le Projet d’appui à la petite irrigation (Ruwanmu) dans les trois régions. 146

En matière de finance rurale, la stratégie du FIDA s’aligne sur les orientations sectorielles définies ; elle intervient dans le cadre des mécanismes qui facilitent l’accès durable de ses groupes cibles aux services financiers adaptés à leurs activités économiques. Les coûts totaux des activités envisagées, sur une période de six ans (2015 –2020), y compris les imprévus, s’élèvent à 7 millions de dollars US (3,4 milliards de francs CFA). Le FIDA a facilité l’octroi de plus de deux milliards de francs CFA sous forme de crédit pour les activités agricoles, l’élevage et les activités génératrices de revenus. Le nombre d’usagers des mutuelles d’épargne et de crédit a augmenté de 212 % passant de 25 000 à 78 000, avec des effets induits sur le taux de pénétration national qui serait passé de 4 % à 12 % sur la période et les encours de dépôts et de crédits de 82 % à 178 %. Ces résultats sont le fruit d’une approche axée sur la promotion des services financiers de proximité, qui ont permis d’amorcer une tendance inverse favorable au plus grand nombre des ruraux à faibles revenus longtemps exclus du système financier classique. La Banque Africaine de Développement (BAD), depuis le début de sa coopération en 1970 avec le Niger a financé un total de 108 opérations d’un montant total de 1106 millions de dollars US, dont 40 opérations dans le domaine agricole de 386 millions dollars US et 10 opérations dans le domaine de l’eau et de l’assainissement d’une valeur de 103 millions dollars US. Le portefeuille actuel en cours d’exécution comporte 18 opérations totalisant 367 millions dollars US. Les secteurs couverts sont : l’agriculture 49 %, l’Eau 15 %, le social 12 %, les infrastructures 10 % et une seule opération du secteur privé (ligne de crédit de 13 millions d’Euros a la SONIBANK). 147

Dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie de la BAD pour le Niger couvrant la période 2013-2017, les financements dans les domaines du développement rural, de la sécurité alimentaire et de la résilience climatique s’élèvent à 61 millions dollars US. La Banque Africaine de Développement focalise son intervention au Niger sur l’agriculture. Dans son Document de stratégie-pays, le DSP 20182022, la BAD s’engage à soutenir le développement d’une agriculture résiliente, afin de remédier à la vulnérabilité et à la faible productivité agricole qui en particulier expose le Niger à l’insécurité alimentaire. Pour ce faire, elle appuie le développement des infrastructures liées à l’énergie et au transport, en vue notamment de désenclaver les zones de production et d’améliorer l’accès à l’énergie, permettant ainsi de réduire les coûts de production. Elle s’implique par ailleurs dans la valorisation des ressources en eau et le développement des chaînes de valeurs agropastorales et agro-industrielles, à partir des produits de l’élevage, des productions d’oignon, de niébé et de gomme arabique, ainsi que de l’industrie de la viande et du lait. En outre, la BAD appuie le Programme Kandadji qui porte sur la régénération des écosystèmes et la mise en valeur de la vallée du Niger. 6.3. Les Impacts des politiques de développement rural Au Niger, les politiques de développement sont élaborées et mises en œuvre grâce à l’assistance de la coopération bilatérale et celle de la coopération multilatérale. La Déclaration de Paris (mars 2005) a défini un plan d’action concret visant à améliorer la qualité de l’aide et son impact sur le développement. Les 56 engagements de partenariat énoncés dans la Déclaration s’articulent autour de cinq grands principes : 148

– Appropriation : les pays partenaires exercent une réelle maîtrise sur leurs politiques et stratégies de développement et assurent la coordination de l’action à l’appui du développement ; – Alignement : les donneurs font reposer l’ensemble de leur soutien sur les stratégies nationales de développement, les institutions et les procédures des pays partenaires ; – Harmonisation : les actions des donneurs sont mieux harmonisées et plus transparentes, et permettent une plus grande efficacité collective ; – Gestion axée sur les résultats : gérer les ressources et améliorer le processus de décision en vue d’obtenir des résultats ; – Responsabilité mutuelle : les donneurs et les pays partenaires sont responsables des résultats obtenus en matière de développement. Grâce au respect de ces principes par le Niger et ses partenaires au développement, se développe une culture de résultats et surtout une incitation à une plus grande cohérence de l’action publique. Cependant, la grande dépendance du Niger par rapport aux financements extérieurs, l’instabilité, les faiblesses et la politisation de l’administration entraînent une faible appropriation des programmes par les institutions nigériennes et un poids excessif des bailleurs. La coopération suit surtout une logique d’offre et les responsabilités de la gestion de l’aide sont souvent assumées par les bailleurs. Les meilleurs résultats de la coopération sont réalisés dans le cadre des interventions qui visent des opérateurs privés du monde rural (petite irrigation, micro crédit, femmes, formation professionnelle au sein des PME et appui à l’artisanat).

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Des réussites sont également obtenues en ce qui concerne les filières de production qui bénéficient d’une réelle demande, l’utilisation des technologies efficaces et simples ainsi que les arrangements institutionnels de mise en œuvre simples et proches des bénéficiaires, avec une forte composante d’assistance technique long terme. Dans le domaine du développement rural et sécurité alimentaire, l’évolution de la coopération de l’UE et des autres PTF au cours des dix dernières années traduit cette tendance globale. Elle est passée de projets à fort contenu physique et technique, réalisés essentiellement par les services de l’Etat à des programmes prenant davantage en compte les aspects sociaux et institutionnels et accordant une place centrale aux opérateurs privés et aux organisations de producteurs. Il s’agira de renforcer la durabilité de l’impact à travers la capitalisation de l’expérience au profit des politiques nationales. Malgré des difficultés liées aux faiblesses de l’action gouvernementale, le soutien au dispositif national de gestion des crises alimentaires a permis des progrès substantiels notamment en matière de concertation entre le gouvernement et les donateurs. A la différence des actions d’aide alimentaire, l’effort porté sur le renforcement des capacités nationales dans ce domaine constitue une action structurante en harmonie avec les objectifs des PTF. Les politiques et stratégies de développement rural englobant plus de 80 % de la population nigérienne ont réalisé des objectifs de court terme appréciables (réalisations physiques), mais les effets (résultats de moyen terme) sont mitigés. La tangibilité de leur impact est repoussée dans le futur par la pluviométrie qui continue de déterminer les niveaux de production agricole et animale.

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CONCLUSION

Les fluctuations en dents de scie des productions agricoles révèlent que l’agriculture nigérienne est encore tributaire des contraintes naturelles. L’évolution de l’économie agricole est marquée par une alternative de performances éphémères et de contre-performances expliquées par les faiblesses des capacités de gestion. L’accroissement à grandes enjambées des importations de produits agricoles et alimentaires et le rétrécissement des exportations dénoncent l’inefficacité des politiques et stratégies de développement agricole qui visent depuis 1960 principalement la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Même si le taux de pauvreté en milieu rural a diminué à l’occasion de la mise en œuvre des OMD, l’insuffisance des investissements agricoles et la modicité de la création d’emploi, l’accroissement effréné des demandeurs d’emploi et la croissance démesurée de la population s’opposent à l’irréversibilité des acquis. Les stratégies de développement rural sont toujours à la merci de l’aide internationale. La déroute de la Stratégie de Développement Rural 2003-2011, pourtant soutenue par les ferveurs des PTF pour l’atteinte des OMD, soutient cette allégation. Les effets des politiques agricoles d’intégration économique régionale sur l’économie agricole nigérienne sont

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peu perceptibles à cause notamment de la faiblesse du capital humain nigérien. Même si les politiques d’intégration régionale comblent bien des lacunes, la construction de l’économie agricole a besoin de bases organisationnelles savamment élaborées. Il est tout aussi urgent de développer les services de statistiques afin de cerner toutes les activités économiques, que de moderniser le secteur par une certaine mécanisation pour accroître la productivité. Il y a une forte propension à concentrer plus de travailleurs dans le secteur agricole alors que les bases productives s’amenuisent. S’impose donc, un transfert de population active vers les secteurs secondaire et tertiaire grâce à une politique de reconversion et de formation professionnelle. Se pose ici, une perspective de réforme agraire incluant la mécanisation. Les problèmes du sous-développement du secteur rural sont si complexes qu’il faudrait repenser les stratégies d’intervention pour des changements transformationnels plus rapides. La paupérisation des masses paysannes due à l’amenuisement des ressources naturelles, soulève un problème d’exode rural posant de grandes difficultés à l’aménagement et à la sécurité des personnes et des biens dans les espaces urbains. Les conditions matérielles d’existence toujours piteuses et des infrastructures publiques à refaire, étouffent l’espoir suscité par l’exploitation des gisements de pétrole et de gaz. L’initiative 3N a identifié de puissants leviers pour la croissance agricole en choisissant comme option de développement agricole l’irrigation et l’agrobusiness. Son bilan 2011-2015 montre que les résultats obtenus dans le domaine de l’irrigation ne sont pas à la hauteur des ambitions. Concernant l’agrobusiness, c’est le fiasco total, le HCI3N ne dispose même pas encore de répertoire des entreprises existantes. Or l’entreprise est la forme d’organisation la plus créatrice de valeur ajoutée. 152

Si l’investissement privé dans le secteur agricole tarde à émerger, l’option stratégique de l’I3N doit imposer au gouvernement la création d’entreprises publiques agricoles. La stratégie des PTF (UE en tête) consistant à accompagner financièrement seulement le gouvernement à travers les programmes prioritaires ne peut faire sortir du tunnel une agriculture de subsistance vers une agriculture de développement. Pour l’encadrement du développement du secteur agricole, le principal levier du changement qualitatif est la mise en place d’une organisation prégnante. Ce sont les techniques d’organisation qui permettent d’identifier les structures adéquates, les procédures efficaces, les actions synergiques à mener, les compétences humaines nécessaires, les nécessaires impulsions à faire, les mécanismes de suivi évaluation et de contrôle. Pour ce faire, les politiques agricoles doivent prioriser les programmes d’appui au développement du capital humain. Le Niger a surtout besoin de compétences en gestion du développement pour sortir de la débâcle socio-économique qui perdure depuis l’avènement du multipartisme, causée par la médiocrité technique, cognitive et conative de nombre de dirigeants portés aux commandes des Administrations et des Entreprises publiques pour la raison somme toute absurde de partage de postes entre partis politiques au pouvoir. Le 24ème Forum économique mondial sur l’Afrique tenu à Abuja en 2014 a recommandé la formation de MBA (Master of Business Administration) pour accélérer le changement transformationnel en Afrique, le Niger doit se mettre au diapason de ce forum.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Littérature scientifique Monnier E., (1992), Évaluation de l’action des pouvoirs publics, 2e Édition, Economica, Paris. Knoepfel Peter ; Larrue Corinne ; Varone Frédéric ; Analyse et pilotage des politiques publiques, Politikanalyse, Analyse des politiques publiques, Verlag Rüegger. Bernard Perret, L’évaluation des politiques publiques, Coll. Repères (La Découverte, 2014). Abdourahamane A, 2004, Contribution à l’étude des contraintes à la production laitière de la vache zébu Azawak en milieu réel : Exemple de la station d’élevage de Kirkissoye au Niger. Thèse médecine vétérinaire ; EISMV, Dakar. Sénégal. Achard. F ; Chanono M., 1995. Un système d’élevage performant bien adapté à l’aridité à Toukounous dans le Sahel nNigérien. Note méthodologique : sécheresse n° 6 : p. 215-22 Achard. F ; Chanono M., 1997. Mortalité et performances de reproduction chez le Zébu Azaouak à la station de Toukounous, Niger (1986-1992). Revue. Elevage et Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux, 1997. Clara Jamart, Capitalisation sur l’expérience du Code Rural au Niger, Ensemble pédagogique pour l’alimentation de projection-débats, mars 2011.

155

Moussa Boureima, Les politiques agricoles au Niger, ISBN ISBN 978-613-1-54060-8, Editions Universitaires Européennes, mars 2014. Moussa Boureima, L’économie agricole au Niger, ISBN 978-2-296-96360-3, Editions de l’Harmattan, mars 2013. Etudes de consultants FAO, Panorama sur les statistiques agricoles et alimentaires, préparé par Doulaye Ali, Consultant national en système d’information et statistiques, Novembre 2011. FAO, Etude pour la mise en place d’un dispositif intégré d’appui conseil pour le développement rural au Niger, Secrétariat exécutif du Comité interministériel de pilotage de la stratégie du développement rural, décembre 2010. FAO, Etude sur les systèmes financiers décentralisés et la finance rurale mécanismes inclusifs de financement alternatif en zone agropastorale des régions de Tahoua, Maradi et Zinder, étude réalisée avec l’appui de la coopération italienne en collaboration avec le centre d’investissement de la FAO réalisée par Lazare Hoton, économiste et Lisa Hubert, économiste. FAO, Rapport sur l’Etat des lieux de la riziculture au Niger, par SIDO Y. Amir, 2010. FAO, Etude sur le processus de consultation et participation des organisations professionnelles au sein de la société civile rurale organisée dans les régions de Tahoua, Maradi et Zinder, 2014 ; réalisée par Thierry Lassalle consultant. Iram, institut de recherches et d’applications des méthodes de développement et Réseau de connaissances de la SNV Afrique de l’Ouest et Centrale sur l’Elevage et le Pastoralisme, Etude régionale sur les contextes de la commercialisation du bétail/accès aux marches et défis 156

d’amélioration des conditions de vie des communautés pastorales, rapport final Avril 2009. Agence Française de Développement, Code Rural du Niger : une gestion décentralisée et concertée du foncier, Mars 2010, réalisée par Abdoul Karim Mamalo et Jérôme Pennec. AGTER, Fonds documentaire dynamique sur la gouvernance des ressources naturelles de la planète, Forum mondial sur l’accès à la terre, Valencia 2016. Laboratoire d’analyse régionale et d’expertise sociale (LARES Bénin), Marchés céréaliers ouest-africains : Vers une dépendance croissante aux importations ou une souveraineté alimentaire régionale ? par Monsieur Roger Blein et le Bureau Issala et Bio Goura Soulé. Documents de politique agricole Principes directeurs pour une politique de développement rural, 1993. Stratégie de développement rural, 2003. Stratégie de l’Initiative 3N pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable, 2012. Ministère de l’Agriculture : rapports des campagnes agricoles 2011, 2012, 2013,2014, 2015. Ministère de l’Agriculture, Rapports d’évaluation des campagnes : Résultats de l’évaluation des productions horticoles 2013-2014, février 2015. Ministère de l’Elevage : rapports des campagnes pastorales 2011, 2012, 2013, 2014, 2015. Haut-Commissariat à l’Initiative 3N, Bilan 2011-2015 de mise en œuvre de l’Initiative 3N. Haut-Commissariat à l’Initiative 3N, Programme d’urgence 2011-2012. Haut-Commissariat à l’Initiative 3N, Plan d’investissement 2012-2015. 157

Haut-Commissariat à l’Initiative 3N, Plan d’accélération 2014-2015. Secrétariat exécutif de la SDR, revues des dépenses publiques 2007, 2008, 2009, 2010. Documents de politique de développement économique et social Plan de développement économique et social (PDES) 20122015. Stratégie de réduction de la pauvreté (SRP), 2002. Documents de politique d’intégration économique régionale Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA), 2002. La politique agricole de la CEDEAO, 2004. La politique agricole de l’UEMOA, 2010. Documents cadres de coopération UNDAF 2004-2008 ; 2009-2013 ; 2014-2018 PNUD-Niger. PIN 2001-2007 ; 2008-2013 ; 2014-2020 UE-Niger. COSOP 2013 –2018, FIDA-Niger. Documents cadres des Nations Unies Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), ONU 2000. Objectifs de développement durable (ODD), ONU 2015. Convention cadre des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, 1994. Convention cadre des Nations Unies sur la lutte contre le changement climatique, 1992. 158

Convention cadre des Nations Unies sur la diversité biologique, 1992. Les bases de données nationales et internationales consultées RECA : http://www.reca-niger.org/spip.php?article406 SDR www.strategie-developpement-rural-niger.org/ Réseau interprofessionnel : www.inter-reseaux.org/ressourcesthematiques/politiques-agricoles/article/politiquesagricoles-du-niger Dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires : www.cic.ne/ Newsnet : www.fews.net/pages/country.aspx?gb=ne Les textes juridiques du Code Rural du Niger : www.hubrural.org/spip.php?article1746 Le texte de la loi sectorielle sur le pastoralisme : www.reca-niger.org/spip.php?article160 Les textes d’analyse sur le pastoralisme : www.fao.org/ag/AGP/agpc/doc/Counprof/frenchtrad/Ni ger_fr/ Niger_fr.htm FAO : http://www.fao.org/agriculture/ippm/projects/niger/fr/ Base de données FAO : FAOSTAT et http://www.fao.org/niger/fr/ PNUD: http://www.ne.undp.org/ Union Européenne http://www.eeas.europa.eu/delegations/niger/index_fr.h tm NEPAD : http://www.nepad.org/fr CEDEAO : http://www.ecowas.int/?lang=fr UEMOA : http://www.uemoa.int/ Banque Mondiale : http://www.banquemondiale.org/ FIDA : https://www.ifad.org/

159

TABLE DES MATIÈRES

PRÉAMBULE ......................................................................................7 INTRODUCTION .............................................................................. 11 Présentation générale du pays.............................................................13 Description du secteur rural................................................................37 1. Les Activités économiques rurales.............................................37 1.1. Les Activités agricoles .......................................................37 1.2. Les Activités pastorales ......................................................47 1.3. La Sylviculture et l’Exploitation forestière ........................56 1.4. La Pêche, la Pisciculture et l’Aquaculture .........................56 2. Evolution du secteur rural ..........................................................59 2.1. Les Institutions étatiques ....................................................59 2.2. Les Lois et Règlements ......................................................60 2.3. Les Populations rurales ......................................................60 2.4. Les Organisations professionnelles ....................................61 2.5. Les Entreprises agricoles ...................................................63 2.6. Les Organisations non gouvernementales (ONG)..............64 3. Les Zones agro écologiques du Niger ........................................65 3.1. Présentation ........................................................................65 3.2. Les Modes d’exploitation de la terre ..................................66 3.3. Les Problématiques foncières ............................................68 4. Les Principales filières ...............................................................72 4.1. Les Filières agricoles .........................................................72 4.2. Les Filières pastorales ........................................................75

161

5. Les Principaux systèmes de production .....................................78 5.1. Les Systèmes de production agricole .................................78 5.2. Les Systèmes de production animale .................................81 5.3. Les Systèmes de production par zone agro écologique ......82 5.4. La Question de la vulgarisation..........................................92 6. La Coexistence entre systèmes de production ...........................94 6.1. La Gestion des ressources naturelles partagées ..................94 6.2. Les Echanges de biens et services ......................................95 6.3. Les Problématiques socio-économiques actuelles .............95 Les politiques de développement rural ...............................................99 1. Chronologie des Politiques nationales .......................................99 2. Les Politiques internationales d’intégration économique ........101 2.1. Le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) ........................................101 2.2. La Politique agricole de la CEDEAO : ECOWAP ...........102 2.3. La Politique Agricole de l’UEMOA (PAU) .....................104 3. Les Politiques nationales mises en œuvre pour les OMD et les ODD ...................................................................................105 3.1. La Stratégie de Développement Rural (SDR) ..................105 3.2. L’Initiative 3N pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable : 2012-2015 .................109 4. Les Dispositifs en cours ........................................................... 115 4.1. La Politique nationale de sécurité nutritionnelle (PNSN) 2016 - 2025 ............................................................................. 116 4.2. Le Programme d’investissement agricole (PNIA) 2016 - 2020 ............................................................................. 117 4.3. Les Programmes d’adaptation aux changements climatiques .............................................................................. 119 4.4. La Contribution déterminée au niveau national (CDN) pour l’Accord de Paris ............................................................121 5. Les Nouvelles orientations d’intégration africaine ..................125 5.1. Les Dispositifs l’Union Africaine ....................................125 5.2. L’Agence Régionale pour l’Agriculture et l’Alimentation de la CEDEAO ...........................................132

162

5.3. Le Programme communautaire décennal de transformation de l’agriculture pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle (PCD-TASAN 2016-2025) de l’UEMOA ...............................135 6. Evaluation des politiques de développement rural...................138 6.1. Evaluation comparée de la SDR et de l’Initiative 3N ......139 6.2. Les Cadres de coopération avec les Partenaires Techniques et Financiers .........................................................143 6.3. Les Impacts des politiques de développement rural .........148 CONCLUSION ................................................................................151 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES..........................................155

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Achevé d’imprimer par Corlet Numérique - 14110 Condé-sur-Noireau N° d’Imprimeur : 159117 - Juillet 2019 - Imprimé en France

Israël Moussa BOUREIMA, microéconomiste, MBA de l’Institut Supérieur de Gestion d’Alger, est Chargé d’études de prospective en développement au ministère de l’Agriculture et de l’Élevage à Niamey au Niger. Il est en charge du dossier « Environnement et développement durable » et représente depuis 2007 son département ministériel au sein de groupes de travail nationaux et internationaux de prospective en développement durable. Il est auteur de huit essais et manuels et de onze ouvrages de fiction publiés en France et en Allemagne.

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Israël Moussa Boureima

Le Niger, pays agricole à déficit vivrier, est de plus en plus dépendant de l’extérieur pour son alimentation. Il cherche ainsi à développer une agriculture à la fois durable et permettant de satisfaire les besoins alimentaires de la population. Cette volonté d’autosuffisance, exprimée par le slogan grandiloquent « les Nigériens Nourrissent les Nigériens », se traduit depuis 2012 en actes par la stratégie dénommée « Initiative 3N pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement agricole durable ». Occupé sur les deux tiers de son territoire par le Sahara et sur les quatre cinquièmes restants par le Sahel, le Niger se révèle un laboratoire pour l’agroécologie défiant les méthodes de l’agriculture durable, de la finance durable, et l’émergence de l’économie verte. Cet ouvrage donne une vue d’ensemble du développement rural au Niger et se veut une situation de référence pour l’investissement socialement responsable. Il invite les acteurs du développement durable du monde entier à investir dans ce pays, pour relever, dans une approche globale, les défis du changement climatique (perte accélérée de la biodiversité, raréfaction des ressources, risques sanitaires environnementaux, désertification…). Il vise ainsi à participer au mouvement régional, continental et mondial de développement agricole durable soutenu notamment par la politique agricole de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP) et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine englobant les objectifs onusiens 2030 de développement durable.

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