Oeuvres choisies de philosophie première. Doctrine de la science 1794-1797 [Original ed.]
 2711602486, 9782711602483

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DES

TEXTES

PHILOSOPHIQUES

Directeur: HENRI GOUHIER ,II

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ŒUVRES CHOISIES

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KANT (B.). Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée. Commentaire, traduction et notes. Préface de F. ALQUIÉ, professeur à la Sorbonne. 1959, in-8 de

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PHILOSOPHI1~ PREMIÈRE

108 pages.

(1794 -1797) Il

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TRADUCTION PAR

A.

PHILONENKO

118UOTHEQU€ EtOLE HORyAt.f YlllE-IAItJt

Ouvrage publié avec le concours

du C entre National de la Recherche Scientifique

PA RIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, Place de la Sorbonne, Va 1~'üt1

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Diligite justitiam qui judicatis terram

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De Sapientia, 1 DANTE, Divine Comédie, Le Paradis, chant XVII Je.

REMARQUES DU TRADUCTEUR

1 § 1. Les textes de Fichte publiés en ce volume ont été réunis sous le titre: «Œuvres choisies de Philosophie première ». On peut justifier ainsi ce titre: d'une part il ne s'agit que de textes concernant la fondation du système de la Doctrine de la Science, mais qui ne peuvent être considérés comme des développements du système lui-même (1) - d'autre part Fichte use de l'expression « philosophie première» (Nachgelassene Werke, Bd. II, p. 307) pour désigner ses exposés fondamentaux; enfin la philosophie première de Fichte est si développée, si considérable, qu'il ne peut s'agir que d'œuvres choisies. Ces œuvres ont un caractère commun: elles furent toutes publiées du vivant de Fichte (2). Le volume présenté est divisé en trois parties, correspondant chacune à une œuvre. La première partie présente la traduction des «Principes de la Doctrine de la science », la seconde partie présente le « Précis de ce qui est propre à la Doctrine de la science au point de vue de la faculté théorique », la troisième partie comprend la traduction des deux célèbres « Introductions à la Doctrine de la science ». § 2. Le lecteur français connaît les œuvres de Fichte en lesquelles il a montré l'extraordinaire richesse de son style, - les « Discours à la Nation allemande », «L'Initiation à la vie bienheureuse », la « Destination de l'homme» enfin (c'est-à-dire à un moindre degré), sont des ouvrages que seul un très grand écrivain peut composer. A travers les traductions le lecteur reconnaît le génie littéraire de Fichte: chacun sait toutefois combien la beauté d'un style est liée à la langue même de l'auteur; on peut juger par là du talent de Fichte, grand philosophe certes, mais aussi grand écrivain. Dans les pages qui vont suivre on ne retrouvera jamais - ou peu s'en faut! - l'auteur des « Discours à la Nation allemande ». Dans les « Principes» Fichte ne s'est pas soucié du style: il n'a considéré que les problèmes philosophiques. De là une langue assez singulière. En deux lignes Fichte ,,'hésite pas à reprendre plusieurs fois le même mot Die Tatigkeit einer Sdbstbestimmung zum Bestimmen eines bestimmten Objekt muss weiter hcslimmt werden.» 1, p. 241). Parenthèses abusives, ruptures de construc1 jOli, néologismes, etc. - tels sont les défauts les plus visibles. Ce ne sont p;,s \cs seuls. Résumons tous les proches susceptibles d'être formulés au sujet d'un texte comme celui des « Principes»: la langue est toujours un "\I)yen ; elle n'est jamais respectée, clic n'est jamais une fin, une valeur, 1I11C norme qu'il convient d'ohserver. Ainsi tout est dit: dans les «Prin('ipl's» Fichte cOllsidi.'n.' l'exprl'ssioll, la langue, etc., comme un instrument.

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REMARQUES DU TRADUCTEUR REMARQUES DU TRADUCTEUR

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lui importe qu'un mot ne puisse être utilisé convenablement qu'à ]a mdiLion définie par les règles du goût littéraire et de la grammaire. Il agit essentiellement de penser. § 3. Il est vrai que Fichte n'a pu exposer sa philosophie comme il le ésirait. On ne doit pas considérer les « Principes» comme un « livre ». La ublieation se fit «feuille à feuille» (l, 87). En réalité il s'agissait, si l'on Ise s'exprimer ainsi, d'un cours polycopié: les élèves de Fichte étaient nvités à considérer le texte comme un manuel- un résumé (3) de l'exposé )ral. Ce résumé permettait de suivre la leçon du maître, de pénétrer le ,ens des propositions grâce aux explications orales, enfin de se préparer l bien suivre le « cours ». Certes Fichte aurait aimé pouvoir donner sa philosophie. Mais des années LIe travail étaient nécessaires. En 1794 Fichte présente donc non pas sa philosophie, mais une première exposition, qui n'est en vérité qu'un cours très bien pensé, mais toutefois extrêmement imparfait si on le compare à l'exposé final, dont rêve Fichte. Le texte des «Principes» est un compromis _ ce n'est pas un livre, ce n'est qu'un cours! mais un cours tellement pensé qu'il possède bien plus de valeur que beaucoup de « livres ».

II

mains de ceux qui ne songent qu'à l'étouffer. Le lecteur doit penser, chercher lui-même, déclare Fichte; il est clair que celui qui parvient à franchir les difficultés par sa propre pensée, défendra la pensée - quant aux dogmatiques, ils ne sauront rien dire de vrai, car trop d'efforts sont nécessaires pour comprendre et on ne peut critiquer que si l'on comprend. Les adversaires de Fichte pourront seulement prétendre que ce qu'il dit est incompréhensible. Ce n'est pas là une réfutation. Dans une certaine mesure Fichte ne défendait pas seulement la pensée en procédant ainsi; il se défendait aussi lui-même. Harcelé, dès sa venue à Iéna, par les « défenseurs du trône et de l'autel}), il était peu disposé à leur donner des arguments décisifs, fondés sur des textes. La note insérée au début du § 5 des « Principes» suffit à le montrer. Ne prétendons pas que clarté et moralité sont indissociables. Bien au contraire! - du moins pour Fichte. Tout de même qu'il jugeait pouvoir écrire que le Christ présentait ses preuves dans un certain «clair-obscur» ( « in einem gewissen Helldunkel }»), qui préservait la moralité en obligeant l'auditeur à un effort, - tout de même il a pu estimer que la philosophie devait se présenter en telle façon que la pensée personnelle demeure exigée essentiellement.

III

§ 1. Toute traduction est obligée de résoudre des problèmes terminologi-

ques. Fichte déclare qu'il n'a pas voulu se lier à une terminologie rigide. Cela est vrai en un sens, faux en un autre. Pour ses contemporains, qui ne peuvent lire que ce qu'il publie, cela est vrai. La terminologie des «Principes» est fluctuante: on ne peut fixer une fois pour toutes le sens d'un mot. En revanche on peut estimer très rigide la terminologie fichtéenne si l'on confronte les écrits publiés et les textes inédits (du temps de Fichte). Les mêmes mots sont repris à des années d'intervalle, toujours soulignés; et ces mots possèdent un sens clair: Fichte les utilise en des passages décisifs. Donnons un exemple. En 1787 Fichte définit la nature de l'enseignement du Christ - il écrit: « lhre Beweise waren unwidersprechlich, gegründet, u. befriedigend, aber sie drangen sich nicht auf ... man muste selbst denken, selbst forschen u. suchen ... » (Gesamtausgabe, Il, l, p. 90, 1. 21 sq. Ueber die Absichten des Todes Jesus). En 1795 Fichte définit la nature de son enseignement et il écrit: «Die Wissenschaftslehre solI sich ueberhaupt nicht aufdringen ... » - la ligne précédente comprend l'expression « Selbstdenken» (SW. l, p. 89, 1. 7 et 1. 6). Le terme essentiel est «aufdringen ». Dans les deux textes le sens est identique; dans les deux textes Fichte souligne lui-même «drangen sich nicht auf », «aufdringen ». Enfin le passage extrait d'un écrit de 1787 est décisif pour la compréhension de cet écrit, comme celui, extrait de l'avantpropos des « Principes », est décisif pour la compréhension de ceux-ci. § 2. Il n'est pas, de plus, évident que Fichte ait voulu être clair.

Les «Principes» semblent parfois rédigés en une langue telle qu'il est possible de se demander s'il ne s'agit pas d'un «chiffre» - Fichte ne désirerait pas être compris de tous (1, p. 28S, n, p. 422). Si l'on considère son œl1vre, tout ('(' qu'il a écrit salis le puhlier, si l'on rc1L've son goüt pour l'anollymat, oll verra quc Fichte sl'lIlhle proche (k Platon: écrire est .~.~ .Ii •." (4) Il imllorte quc Iii pensée lU' soit pas livrél~ salls défense aux

§ 1. L'interprétation de ces textes est très délicate. Le lecteur pourra se reporter au seul ouvrage de langue française, susceptible de le guider: « L'Évolution et la Structure de la Doctrine de la Science» de M. M. Guerouit. On considérera aussi avec beaucoup d'attention les introductions fort riches de M. M. Gueroult aux traductions de la «Destination de l'homme» (Aubier) et de 1'« Initiation à la vie bienheureuse ». (Aubier). Les ouvrages de X. Léon (La philosophie de Fichte, Alean, 1902, Fichte et son temps, Colin) sont bien connus: toutefois c'est bien plutôt afin de pénétrer le contexte historique de la pensée fichtéenne qu'il convient de s'y reporter. Le seul livre fondamental pour l'interprétation est encore et reste celui de M. Gueroult, - on ne peut étudier Fichte sans étudier. cet ouvrage. § 2. Il nous semble nécessaire de présenter une dernière remarque. Les deux « Introductions à la Doctrine de la Science» de 1797 étaient, en réalité, des introductions à une nouvelle exposition (5). Celle-ci est la «Wissenschaftslehre 1798 nova methodo» (Nachgelassene Schriften, Bd. II, p. 343 sq). Ce texte est d'une importance capitale. En effet il contient des remarques d'ordre méthodique essentielles. Nous citerons en achevant cette introduction le passage suivant: «Il existe plusieurs méthodes pour traiter synthétiquement une matière. 1. Ou bien on part d'une nouvelle contradic1ion, cherchant à la résoudre en admettant ce qui est supposé à cet effet. 'l'die est la méthode suivie par [l'auteur] dans la Doctrine de la Science l'ditée. C'est la plus difficile et c'est la raison pour laquelle elle n'a été cotn prise ni par le public, ni par certains de ses élèves. 2. Ou bien on suit \lne autre méthode: au début on se propose un problème capital que l'on lente ensuite de résoudre par des propositions médiates ... 3. Une troisième llIél hode synthétique consiste à rendre toujours plus clair ce qui auparavant était obscur et indéterminé. Cette méthode est comme la moyenne des deux autres. » (6). 1-1

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REMARQUES DU TRADUCTEUR

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PREMI~RE PARTIE,

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§ 1

19

b) Nous ignorons si A est posé et comment il est posé; mais puisque X doit désigner un rapport entre un acte de position inconnu de A et un acte de position absolu de ce même A, conditionné par le premier acte de position, A doit être dans le Moi et posé par le Moi, comme X, pour autant du moins que ce rapport est posé. - X n'est possible qu'en rapport avec un A; or X est effectivement posé dans le Moi: par conséquent A doit être aussi posé dans le Moi, pour autant que X lui est lié. c) X se rapporte au A, qui dans la proposition indiquée tient la place du sujet logique, aussi bien qu'à celui qui est à la place du prédicat; les deux termes sont, en effet, unis par X. Tous deux sont donc posés dans le Moi, pour autant qu'ils sont posés. Et le terme A qui est prédicat est absolument posé, à la condition que celui qui est sujet soit posé; la proposition indiquée se peut donc ainsi formuler: Si A est posé dans le Moi, alors il est pos~ ; ou - alors il est. 4, Il l'st donc posé par le Moi au moycu de X: A est pour le Moi .ltI~l·nll"

uhsnlull1clll cl tlnl(lliCIlICl1t cn vcrtu dc son être-posé (Gesetztsl'ÏIIS) "uns Il' Mol cn général; cela signifie: il est posé, que dans le Moi qlle ('l'Illi-ci soit splTialcmcnt posant, ou jugeant, ou ce que 1'011 vOlldra il Y a quelque chose qui est toujours égal à soi, toujOllrs LIli cl identique; le X absolument posé se peut donc aussi expri111er ainsi: Moi = Moi; Je suis Je. S. Par celte opération nous sommes parvenus déjà sans y prendre l~;\rdl' ~l

la proposition: Je suis (non pas certes comme expression d'un au:ll', IIlais d'un fait). En effet X l'st ahsolument posé; c'est un fait (Tatsache) de la conscience l'lllpiri(l'll'. Or X est identique à la proposition: Je suis Je; par tllIlSI;qIH'111 Cl'ttl' proposition est également absolument posée. ('qU'IIII:1I11 1:\ proposition:.Je suis Je, a une toute autre signification qll(, la I"IIIHI'-,ilillll: /\ l'st /\. Cl'Itl' dernière proposition, en effet, Il'll 1111 1 1111 1t'II Il '1"(, slIivalll 11111' ITrl:\illl' condition (1,95). Si A est pll',t', Il (",1 1111"'; "II lalll qlll' /\, :lVI'l' Il' pn;dicat /\. P:\I' ulle tclle propo',(111111 il Il'1'',1 pas l'Ilcore dit, si /\ l'st l'lll'l'tivI'IIICllt posé, par conséqlll'III ','il l'st posl' avl'\.' UII quelcollquc prédicat. En revanche la propo',(lltllI : ,Il' suis Je, l'st valable inconditionnellement ct absolument, car \,11,' l"" idellt iqlll' ~\ la proposition X 2; elle est valable non seulement '1"01111 ;1 LI 111I'(lll" mais cncore quant au contenu. Dans cette propo',1111111 II- Mlli l'st posé avcc le prédicat de l'identité avec soi-même,

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l'xprimé: Moi, qui pose A à la place du prédicat, confor-

'1111 a été posé à la place de sujet, je connais nécessairement mon

sU.Îet, c'est-à-dirc moi-même, réfléchis nécessairement sur IlIlIi id"lItiql1c (éd. C) c

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PREMIÈRE PARTIE,

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~n pas conditionnellement, mais absolument; ainsi il est posé, et ~tte pt'oposiLion peut être exprimée également de cette façon :.J~ lis.

Cette proposition: Je suis, n'est jusqu'à présent fondée que sur un =A ou plus précisément ce qui est absolument posé dans cette prop-üsiion = X) doit être certaine, la proposition: Je suis, doit être égalenenl certaine. Or c'est un fait de la conscience empirique - nouS ommes obligés de tenir X pour absolument certain; de même doit-il :n être pour la proposition: Je suis - sur laquelle X se fonde. C'est lonc le principe d'explication (ErkHirungsg rund ) de tous les faits de a conscience empirique, qu'avant toute position dans le Moi, le Moi ui-même soit posé - (je dis bien: de tous les faits de conscience; :cla dépend de la preuve de la proposition, d'après laquelle X est le 'ait suprême de la conscience empirique, qui cst au fondement de tous les autres faits et enveloppé par ceux-ci; ceci devrait être accordé sans la moindre preuve, bien que la Doctrine de la science toute entière se consacre à le démontrer.) 6. Revenons au point dont nous étions partis. a) Par la proposition A=A s'effectue un jugement. Conformément au témoignage de la conscience empiriquc, tout jugément est un acte de l'esprit humain; il lui faut supposer toutcs les conditions del'action dans la conscience empirique de soi cl cclles-ci doivcnt être, pour la réflexion, présupposécs comme connues ct établies. b) Ccl acte l'st fondé sur quclqw: chose, à savoir X = je suis, qui n'est pas lui-IlH-:'lllC fondé sur quelque chose de plus haut. l') 11 s'ellsuit que l'absolument posé et [ondé sur lui-même -est fondement d'un certain actc de l'csprit humain (la Doctririe de la science (1,96) montrera qu'il est fondement de tout acte de l'esprit humain), c'est-à-dire de son pur caractère; le pur caractère de l'activité en soi: abstraction faite de ses conditions empiriques particulières. Ainsila position du Moi par lui-mêmees_t)a.pure activitéde celuici. _ Le Moi se pose lui-même,'-ëf il est en vertu de ce SImple poser de soi par soi; et inversement: le Moi est, et il pose son être, en vertu de son pur être. Il est en même temps le sujet de racte et le produit de l'acte; il est l'action et l'effet de l'activité; acte et action sont une seule et même chose; il s'ensuit que le: Je suis exprime un acte (Tathandlung), mais le seul qui soit possible, comme le montrera la Doctrine dc la science en totalité. 7. Considérons de nouveau la proposition: Je suis Je. a) Le Moi est absolument posé. Supposons que dans la proposition précédente le Moi qui tient la place du sujet formel 3 soit le Moi absolument posé; celui qui est prédicat est alors le Moi existant; il est donc établi ou posé absolument par le jugement absolument vala.lit cl n'a d'autre valeur que celle d'un fait. Si la proposition A

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PREMIÈRE PARTIE,

§ 1

§ 1

21

b1e, selon lequel ces deux termes sont un : le Moi est parce qu'il s'est posé. h) Le Moi selon la première signification et le Moi selon la seconde signification doivent être absolument identiques. On peut donc (l, 97) renverser la proposition précédente et dire: le Moi se pose lui-même, simplemcnt parce qu'il est. Il se pose par son pur êtré,efi~Sf-Î>ar son pur être-posé (Gesetztsein). Cela rend parfaitement clair le sens en lequel nous usons ici du ({'l'me Moi ct nous conduit à une définition précise du Moi comme sujet absolu. Ce dont l'être (l'essence) consiste simplement en ce qu'il HC l)ose lui-même comme existant, est le Moi cotnme sujet absolu. Tou t de même qu'il se pose, il est; et tout de même qu'il est, il se pOSc; il s'cnsuit que le Moi est nécessairement et absolument pour le Moi. Ce qui n'cst pas pour soi, n'est pas un Moi. (Commentaire! On cntend souvent poser la question: qu'étais-je ;Ivalll dl' parvellir à la cOllscience de soi? La réponse naturelle est la ~lIivallll': .1 l' Il'l'lais :Ihsohttlll'III pas; l'Il errci je n'étais pas Moi. Le Moi II·" . ·" (Jlll' 0"'11'" la J\lcs\Jrc où il \.·st '.·OllSÜClll ue soi. - La possihililt~ d'IIII(' kilt' ql!l'slioll sc l'ollde sur la confusion du Moi comme HII.ld t'I d Il Moi COIIIIIIL' oh.lct de la réflexion du sujet absolu, et cette qlH' . . . 1iOIl l'si l'Il soi Cil t ièrcJllcnt irrecevable. Le Moi se re-présente lui11I1·lIll'. se saisit dans la forme de la représentation et devient 'seuleIl!l'1I1 :dors «uclque chose, un objet; prise dans cette forme la conslit'lltT n',·oit un substrat qui est, et cela sans conscience effective, et '1l1i t'sl Illl'lllC imaginé comme un corps. On imagine un tel état de l '1II'~t"-; el l'on pose la question: qu'était donc auparavant le Moi; 1 "".1 a·dire : quel cst le substrat de la conscience? Mais ce faisant et ' '.;,111 111l'llIe. NOliS ne devons pas vouloir voir sans œil; mais nous ne devons pas 111111 phls sOllll'nir que l'œil voit par lui-mêmc. (Rcmarque de la l,e édition,) ()II s't'sI 1'01'1 moqué de cette note dans Ic ccrcle de J'auteur, lorsqu'clle est (l.lIlll' I)(Hlr 1;1 1)\,(~llIil~n' rois; certains sc sentaient concernés par elle, Je voudrais 11\0'11 ;lIljo\lrd'hlli ellaccr I.'lIlilTCITIClI1 cette note; mais je me souviens qu'elle do'lllI'lll'l' 111:d"t'lln'IISt'lIll'lIl IOlljollrs valable, (Remarque de la troisième édition,)

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DEUXIÈ:ME PARTIE, DEUXIÈ:ME PARTIE,

§ 4

77

§ 4

Dire que l'aet ivité du Moi et [le] Non-Moi sont identiques signifie P : ~ Moi peut ne pas poser (l, 177) quelque chose en soi, s'il le pose ailS IL- Non-Moi; et il peut poser quelque chose en soi, s'il ne le lose pas dans le Non-Moi. Or si le Moi est bien un Moi, il doit en l'\H."ral poser; mais il ne pose pas nécessairement en soi. - De même a passivité du Moi et la passivité du Non-Moi sont identiques. Dire lue le Moi ne pose pas quelque chose en soi signifie: cette chose est )osée dans le Non-Moi. Activité et passivité du Moi sont donc identilues. En effet dans la mesure où le Moi ne pose pas quelque chose en :;oi, il le pose dans le Non-Moi q - L'activité et la passivité du NonMoi sont identiques. Dans la mesure mêmc où le Non-Moi doit agir (wirken) sur le Moi et supprimer quelquc ehosc en celui-ci, le Moi pose cette chose dans le Non-Moi. Ainsi la composition synthétique totale est clairement exposée: aucun des momcnts indiqués n'est le fondement d'un autre; ils sont identiques. Il s'ensuit qu'il n'est pas possible de répondre en général à la question: Quel est le fondement de la passivité dans le Moi? - et qu'il est surtout impossible d'y répondre en présupposant une activité du Non-Moi comme chose en soi; en effet il n'est pas de pure passivité dans le Mol. Toutefois il reste une autre question: Quel est le fondement de la relation cxposéc dans sa totalité? Il n'est pas permis de rl'polH.lre: l'l'IlL relation l'st posée absolumcnt ct sans aucune raison el le .iugemelll qui la pose comme exist~\llte cst un jugcmcnt thétique: en l'Ikt le Moi seul est ahsolument posé; el dans le Moi pur il n'y a aucune relatioll de cc genre. Mais il est tout aussi clair qu'un tel fondement ne peut être saisi dans la partie théoriquc de la Doctrine de la science: en elfet il n'est pas compris dans le principe de celle-ci: le Moi se pose comme déterminé par le Non-Moi; il est tout au contraire présupposé par ce principe. Si donc un tel fondement pouvait être indiqué, il devrait nécessairement se trouver au-delà des limites de la 8 partie théorique de la Doctrine de la science (l, 17 ). L'idéalisme critique, qui gouverne notre théorie, est ainsi établi d'une façon précise. Prouvant que la pure activité du Moi ne peut être le fondement de la réalité du Non-Moi et que la pure activité du NonMoi ne peut être le fondement de la passivité du Moi, il s'oppose dogmatiquement au réalisme dogmatique et à l'idéalisme dogmatique; en ce qui concerne la question qui lui est posée, à savoir: quel est le fondement de la relation entre ces deux termes, il reconnaît son ignorance et montrc que cette question ne peut être traitée qu'au-delà des limites du savoir théorique. Dans son explication de la représentation il ne part d'une activité absolue ni du Moi ni du Non-Moi, mais d'un êtredéterminé (Bestimmtsein), qui est aussi un acte de détermination, parce qu'en la conscience rien d'autre n'est contenu, ni ne peut être contenu. Ce que cette détermination pourrait à son tour déterminer,

p. " Tiit i~"cit dcs kil ulld Niclil-Ich, sind Eills und Ebcllllassclbc». q. 1\ le \)l',>c tlalls k NOIl Moi l'lit l'l' () l'Il AB.

demeure dans la théorie parfaitement indéterminé; et c'est cette insuffisance qui nous conduira par-delà la pure théorie dans la partie pratique de la Doctrine de la science. En même temps on voit que l'expression si souvent employée d'activité diminuée, limitée, bornée (verminderte, begrenzte, eingeschrankte), devient tout à fait claire. On désigne ainsi une activité qui se rapporte à quelque chose dans le Non-Moi, à un objet; c'est-à-dire un acte objectif. L'acte en général du Moi, ou la position de celui-ci, n'est pas et ne peut être limité; mais sa position du Moi (sein Setzen des Ich) est limitée, étant donné qu'il doit poser un Non-Moi. ~) Dans le concept de causalité la pure forme de la relation et la matière de celle-ci se déterminent réciproquement. Dans ce qui précède nous avons découvert, que la pure rclation cn général ne pouvait être distinguée de l'activité indépendante, à son égard, que par la réflexion. Si la relation cst posée dans lcs membres mêmes de la relation, il est fait abstraction de l'activité et la relation est considérée uniquement en soi (I, 179), c'est-à-dirc en tant que relation. On verra plus tard, si l'une de ces façons dc voir est exacte ou si aucune des deux n'est exacte, dès qu'elle est seule admise et appliquée. Dans la relation comme telle on peut distinguer la forme de celle-ci de sa matière. La forme de la relation est le pur enchaînement réciproque des termes de la relation, en tant que tel. La matière est ce qui, en chacun des deux termes, fait qu'ils peuvent et doivent s'enchaîner mutuellement. - La forme caractéristique de la relation de causalité est une genèse (Entstehen) par une corruption (Vergehen) (un devenir par un s'évanouir) - (Il faut ici, ce qui doit être bien noté, faire entièrement abstraction de la substance sur laquelle s'exerce l'action du substrat de la corruption et par conséquent de toutes les conditions de temps. En effet, si cc substrat est posé, ce qui est engendré, est forcément, de par son rapport à celui-ci, posé dans le temps. Toulefois il faut en faire abstraction, si dil1ïcile que cela puisse paraître ù l'imagination, car la substance n'est pas présente dans la relation; seuls sont présents dans la relation cc qui surgit dans la substance (das in sie Eintretende) et ce qui est par lui supprimé (Verdrangte) ou nié; et ainsi il n'est question que de ce qui se présente dans la rela1ion, en tant qu'il s'y présente. Par exemple X anéantit - X : - X était ("videmment existant avant d'être nié; aussi bien s'il doit être consi(k-ré comme existant, il doit être posé dans un temps antérieur, tandis qll'X, au contraire, doit être posé dans un temps postérieur. Mais ce 1I'l'st pas comme existant, c'est comme non-existant que nous devons 1H'lIser ce terme - X. Or l'existence de X et la non-existence de - X Ile se situent pas en des temps distincts, mais elles sont données au m~mc moment. Elles sont donc données, en dehors du temps, s'il n'est lien d'autrc, qui nous oblige à poser ce moment au sein d'une série (Rcille) de moments.) La matière dc la relation, objet de notre ex a1\ H'II, est opposition essentielle (incompatibilité qualitative) (l, 180). I.a ,"orme de cette rclation doit déterminer sa matière, signifie: les 1t'IIIIcs de la relation sont essentiellement opposés, parce qu'ils sc sup-

III

\1\11

Iii DEUXIÈME PARTIE, DEUXIÈME PARTIE,

§ 4

79

§ 4

~iment

mutuellement et dans la mesure où ils se suppriment. La IpprcssÎon n:~ciproque (effective) détermine la sphère (Umkreis) de :)pposi 1ion esscntielle. Si les termes ne se suppriment pas, ils ne sont ~IS esscntiellement opposés l'un à l'autre (essentialiter opposita) 'l'si b un paradoxe auquel se heurte l'incompréhension indiquée préédl'Ill ll1e nt. On pourrait penser en cfTet à première vue, que l'on ollclut ici de quelque chose de contingcnt à quelque chose d'essenid; on pourrait ainsi conclure d'une suppression actuelle à une >pposition essentielle; en revanche on ne pourrait pas conclure d'une )pposition essentielle à une suppression actuellc: il faudrait pour :cla faire appel à une condition supplémentaire, à savoir l'influence Lrnmédiate des deux tcrmes l'un sur l'autre (par exemple en ce qui concerne les corps étendus leur présencc dans un même espace). Deux termes essentiellement opposés pourraient Ure isolés et sans liaison; ils n'en seraient pas cependant moins opposés et pourraient toutefois de ce fait ne pas se supprimer - Nous allons indiquer la source de cette incompréhension, en même temps que le moyen de la f aire disparaître. Dire que la matière de cette relation doit en déterminer la forme signilie: l'être-opposé essentiel détermine la suppression réciproque; les lermes IH' peuvcnt se Ilier réciproquCluent qu'à la condition d'être l'SSl' Il 1il'l kllll'Il 1 opposés cl dans la Illesure sculement où ils le sont. Si \;t supprl'ssioll ~,cluc1k doil l'tre posée