Madagascar depuis 1972, La marche d'une révolution
 2858020167, 9782858020164

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Postface

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m a r c h e r e v o l u t i o n

de Sennen

Andriamirado

JJbrairie — Editions L'Harmattan 18, rue des Quatre-Vents 75006 PARIS

Les cartes de Madagascar et de Vocian Indien ont iti re'alise'es par Michel Robert. I.S.B.N. 2-85802-016-7

INTRODUCTION

Depuis la chute de la Premiere Republique et du President Tsiranana en 1972, Madagascar est entree dans une phase nouvelle. "Jusqu'a cette date, la « Grande lie », comme on aimait bien l'appeler, etait surtout connue pour sa « stabilite souriante » a cote i des pays francophones de 1*Afrique noire. La France, ancienne metropole, entretenait avec elle des rapports privilegies. Depuis 1972, par contre, on parle de la « Revolution malgache ». Le choix d ' u n e p o litique non alignee et une option socialiste en sont les aspects les plus connus a Pexterieur. Sous le regime du General R a m a n a n t s o a (1972-1975), le Gouvernement Malgache repoussa les bases militaires francaises, se retira de la Zone Franc, malgachisa les plus grandes compagnies etrangeres et entama un grand plan de reforme des structures rurales.' Quant a l'actualite presente, Madagascar penche encore plus a gauche, depuis 1'arrive'e au pouvoir du President Didier Ratsiraka. Avec l'inauguration de la Deuxidme, Republique en decembre 1975, baptisee « Democratique » et « socialiste » — le ^processus de nationalisation'a ete" acc£lere ; Les Forces armees ont ete completement restructurees ; les anciens partis politiques trahsformes. Fait plus important : le nouveau regime a declare que la lutte des classes etait ouverte a Madagascar... II es't evident que le pays est en train de changer. C'est evident aussi qu'il'est en crise. Depuis 1972, il y a eu cinq Chefs d ' E t a t difffcrents, dont quatre se sont succedes en 1975, et parmi eux l ' u n a ete assassine. En quatre ans, Madagascar a ainsi franchi plusieurs des etapes qui sont devenues habituelles dans les pays dits « en voie de developpement » : apres I'efibndrement de l'Etat neo-

colonial, on a vu successivement un regime militaire, un coup d ' E t a t avorte, une rebellion dans les forces armies, des emeutes civiles reprimees par les forces de l'ordre, l'assassinat d ' u n Chef d ' E t a t . . . Comment expliquer ce processus ? Grace aux informations recueillies aupres de Malgaches soit ce Madagascar, soit en France, nous avons essaye de presenter dans ce livre une description des evenernents et une explication coherente de leur chronologie et de leurs causes. Le but limite de cette histoire evenementielle est done de clarifier les faits entre autres raisons parce que, suivant une vieille tradition politique, le peuple a ete tenu a I'ecart de ce qui s'est passe. On dira peut-etre que l'histoire des faits est un genre depasse. Pourquoi n'avoir pas tire de conclusions generates et incorpore les faits dans une analyse plus developp^e des structures du pouvoir a Madagascar, afin que d'autres, provenant de pays qui ont eu des experiences semblables puissent etablir des comparaisons ? A cela, il y a plusieurs raisons. L a premiere est d ' o r d r e pratique. L'etude approfondie de l'histoire politique et des structures actuelles du pouvoir a Madagascar exigerait un travail minutieux et tres developpe, que l'auteur, de nationality anglaise et vivant eh dehors du pays, n ' a doublement pas les moyens de faire. Tant pour les Malgaches que pour ceux qui veulent developper une theorie plus generale, cette etude veut surtout etre un point de depart. C'est pour cette raison aussi que nous avons essaye de Iimiter au maximum l'analyse theorique (1). II y a cependant deux donnees que nous considerons comme indispensables a fournir si Ton veut comprendre la vie politique malgache depuis l'independance en 1960 : d ' u n e part, l'importance et l'existence du phenbmene de classes a Madagascar ; de 1'autre, le role preponderant, voire Stouffant, joue par l'Etat. Or, actuellement, ces deux donnees sont le sujet d ' u n debat theorique, tant parmi les marxistes qu'entre ceux-ci et les non-marxistes. Sur le concept de classe, on est en train en particulier de changer rapidement d'idees, et de recon(I) Dan.s cette introduction, nous cilons quelques etudes theoriquessur « les classes », « la bourgeoisie », « l'Etat », « le developpement » et le « sous-developpemenl », etc. La citation dc ces livrcs n'impliquc pas qu'ils aient un rappori direct avec le' contenu ou 1'orientaiion du icxtc.

naitre a quel point les rapports sociaux, economiques et politiques, par exemple entre la classe dominante et la societe qui l'entoure, sont plus complexes et nuances q u ' o n ne'Ie croyait (2). Ce debat theorique concerne 6galement le role des classes et de l'Etat dans les pays « en voie de developpement » eux-memes par comparaison avec les pays industriels, developpes. Cela nous impose des limites dans notre propre etude. Nous sommes partis en effet d ' u n e presuppose, a savoir que Ie pouvoir politique est detenu depuis tres longtemps, a Madagascar, par une bourgeoisie dont Ie pouvoir economique et les valeurs sont profondement enracines dans la society. C o m m e les etudes theoriques sur la' formation des classes et 1'articulation de leur pouvoir dans les societes en voie de developpement sont rares, il est quasiment impossible de batir une theorie rigoureiise des classes avant qu'il y ait des descriptions d&tailtees des rapports de classes au cours de pSriodes precises et dans des pays differents. Un des buts de ce livre est, precisement, d'ebaucher une telle description pour Madagascar (3). D ' a u t r e p a r t , on discute de l'importance et mSme de la pertinence de l'application du concept de « classe » a 1*Afrique et au « Tiers m o n d e » en general. II y a ceux qui disent, avec raison : les Elites en Afrique n ' o n t ni les memes origines, ni les mSmes pouvo'irs, ni la meme ideologic que les classes'dominantes de l'Europe et des Etats-Unis. Ces elites sont dependantes des pays industrialises de la meme maniere que les Etats qu'elles dirigent le sont economiquement, politiquement et culturellement. Contre cette these, d'autres pensent que de nouvelles bourgeoisies y sont en formation et ils ddclarent avec autant de justesse : le fait de la dependance n'enleve rien a cet autre fait que ces elites sont des classes, dominantes dans leur pays. En Europe, pendant le XIX C et le XX C siecles, il y avait aussi des pays satellites'. De plus, nous assistons'a une transformation des structures du pouvoir dans le monde dans le sens d'une « irtfernationali(2) Pour Ics nouvelles analyses de la question des classes, voir : O. POULANTSAS : Les classes sociales dans le capitalisme d'aujourd'hui, Editions duSeuil, Paris, 1974. Sur les classes dans les societes dites « pre-capitalistes », voir le recueil des textes de Marx, Engels, Lenineprepare' par Ie Centre wetudes et de Recherches Marxistes : Sur les sociitis pricapitalistes. Editions Sociales, Paris, 1973. La prfface est de M. GODELIER. (3) Voir, a titre d'exemples : A. ARRICH1, The political Economy in Rhodesia (Mouton, Hague, 1970) ; A. CABRAL, Unite' et lutte, tome I, farms de la theorie, Maspero, Paris, 1975, pp. 139-163 ; R. BARBE, Les classes sociales en Afrique, Editions Sociales, Paris ; Philippe SPAEY, fititepolitiqueperuvienne. Editions universitaires, Paris, 1972.

sation » des capitaux et du controle politique. P a r consequent, « l'Etat-nation » ne peut plus etre considere comme I'unite economique et politique a travers laquelle on doit chercher a expliquer revolution humaine. Si l'on refuse d'appeler « bourgeois » un groupe dirigeant simplement parce qu'il ne cpntrole pas completement les affaires nationales, il faut alors Iocaliser la « bourgeoisie », a proprement parler, dans les capitales d ' E u r o p e , aux Etats-Unis et au J a p o n . Dans ce cas, on rdduit de beaucoup la notion et la realite de classe nationale dominante (4). Actuellement, done, et dans la mesure ou les classes, dirigeantes des pays industrialises ne conirdlent plus l'economie internationale, on peut se demander si la definition classique de la bourgeoisie, celle du XIX e siecle, est toujours valable. D ' a u t a n t que dans plusieurs secteurs-cles (Industrie p£troliere, Slectronique, armements, produits chimiques, etc.) les compagnies multi-nationales detiennent actuellement, avec l'aide des Etats, le quasi-monopole de la production mondiale (5). Bien sur, nous ne voulons pas dire que les effets de ce processus soient identiques. Ils ne risquent pas de paralyser, de la meme maniere que dans les pays pauvres, tout progres vers la, mattrise de l'environnement et l'independance reelle (6). Mais pour autant un rapprochement entre les « bourgeoisies nationales » des pays industrialises et celles des pays non industrialises reste possible en ce qui concerne leur statut theorique par rapport au systeme Economique et politique mondial;

(4) Pour le dibat sur les theories de la depend an ce, du developpement, du sousdeveloppement et de Pimperialisme, voir par exemple : F. CARDOSO, Sociologle du developpement en Amirique tatine, Anthropos, Paris, 1969 ; F. CARDOSO, Politique et divelop ment dans les sociitis dipendaMes, Anthropos, Paris, 1971 ;C.FURT ADO, Lemythed veioppemenl ieonomlque, Anthropos, Paris, 1976 ; G. FRANK, Developpement et so diveloppement, Maspero, Paris ; S. AMIN, L'accumulation d I'ichelle mondiale, Anth Paris, 1970 ; S. AMIN, U developpement inigat, Ed. de Minuit, Paris, 1973 ; P.-Ph. REY, Colonialisme, nio-colonialisme et transition au capitalisme, Maspero, Paris, 1971 ; TELHEIM, La transition vers I'iconomiesocialiste, Maspero, Paris ; V.-I. LENINE, L'i pirialisme, stade suprime de capitalisme ; B. SINE, Impirialisme et theories soclolo developpement, Anthropos, Paris, 1975 ; presente par S. AMIN. Voir aussi les notes 5 et 6 ci dessous. (5) Voir : P. BARAN et M. SWEEZY, Le capitalisme monopolists Maspero, Paris ; A. MATTELART, Multinationals et systimes de communication — les appareils id ques de I'lmpiriallsme, Anthropos, Paris, 1976 ; A. SABATIER, Les sociitis multinatio ls, Le Centurion, Paris, 197S. (6) Voir a titre d'exemple : S. AMIN, L'Afrique de I'ouest bloquie, Editions de Minuit, Paris ; P. JALEE, Le pillage du Tiers monde, Maspero, Paris ; R. DUMONT, L'Afrique n re est mal partie. Editions duSeuil, Paris, 1962.

Sur le rdle de l'Etat, Ie d6bat est aujourd'hui relance (7). Dans les pays « capitalistes » (Etats-Unis, Europe, Japon) comme dans les pays « socialistes » (U.R.S.S., bloc sovietique, Chine) et les pays « en voie de developpement », on constate que l'Etat a 6t6, et demeure, Ie moyen par lequel les hommes s'efforcent de developper et de transformer leurs soci6t£s ; et, Egalement, de freiner la Iiberte et l'epanouissement d'autres hommes. Ici encore, en comparant le role actuel de l'Etat dans les pays industrialises et n o n industrialists, on decouvre que le processus est le meme : partout, ses pouvoirs s'accroissent. En meme temps, sur Ie plan politique, il faut noter une difference tres nette. Dans les pays developpEs le probleme de base pour tous ceux qui veulent le pouvoir, qu'ils soient capitalistes ou socialistes, c'est d'Stre capable d'orienter les esprits. A u x Etats-Unis et en Europe (et sans doute en U.R.S.S.), il est devenu extrSmement difficile de prendre l'appareil de l'Etat. On peut meme dire que si, un jour, les structures de l'Etat passe aux mains des socialistes, ce sera parce que 1'ideologie de la sociEte a u r a Hi auparavant changed. Le probleme de garder le pouvoir pour une duree suffisamment longue,- susceptible de permettre la transformation des structures et la mise en place d ' u n e revolution est — en principe — moins difficile que la prise initiale du pouvoir elle-meme (8). Au contraire, dans les pays « sous-developpEs » ou l'Etat n ' a pas encore penette dans tous les secteurs de la soc l e ^ , il est relativement facile pour la gauche ou la droite de prendre le pouvoir ; mais, pour la mgme raison, il est difficile de le defendre. Ceci principalement parce que quand les gouvernements changent, rien ne change au niveau de

ppe(7) Voir : B. MOORE, Les origines sociales de la dlctature el de la dimocratie, Maspero dudi* ousParis, 1969. hropos, (8) Ici il n'y a pas lieu d'analyser la situation politique en Europe, ou, bien sur, de tres Y, nombreux elements entreront en jeu quand la gauche prendra le pouvoir : attitude de la fonc; G. BET- tion publique, des forces armies, des banques d'une part, prise de position des pays etrangers im1*autre, etc. On peut dire cependant que sans un mouvement profond de l'opinion en faveur ogiques dude des idees socialistes,« la gauche », si elle peut tres bien etre « au gouvernement », ne reussira cijamais a dominer l'appareil de l'Etat et, par consequent, k transformer ta socilteVL'Etat dans tes pays industrialists doit Stre considere comme comprenant toutes les grandes institutions qui soutiennent les structures politiques (la Justice, les forces de t'ordre, I'enseignement publidiologi- que, la radio, la television et les telecommunications, les banques et les industries nationalionases, etc.) et aussi toutes celles qui representent certains intents a l'inuSrieur de la sociitti (syndicats, partis politiques, eglises...). Mais etant donne leurs ressources enormes en cadres, en moyens de formation et connaisnoisances, les pays industrialises en situation de « revolution » ne subiront pas les mSmes difficultes qu'on discutera au chap it re 6, p. S3. Dans les pays industrialises, il y a des socialistes techniquemem qualifies, qui peuvent prendre la releve a tous les niveau*.

I'ideologie. Le probleme du maintien au pouvoir reste difficile a resoudre et la force demeure souvent la methode la plus efficace pour y rester. La raison en est que « la population » ne contribue que momentanement ou sporadiquement au transfert des pouvoirs. Un regime de gauche doit eduquer la population en ce qui concerne ses valeurs, et changer les structures en fonction de ces valeurs ; il doit durer j u s q u ' a ce que la population apprecie I'apport du nouveau systeme et s'organise elle-meme pour Ie defendre. Cette periode de vulnerabilite, pendant laquelle un nouveau regime doit se maintenir avant que ses reformes modifient les structures et I'ideologie de la societe, se compte en annees, sinon en decennies. Ceci explique pourquoi les.revolutions faites a partir d'une longue guerre de liberation (comme en Chine, en Mozambique ou en Guinee Bissau) ont plus de chance d ' a b o u t i r . On a eu le temps de persuader et de faire les essais pratiques, avant d'arriver au pouvoir ; cela manque aux regimes issus d'elections ou d ' u n coup d ' E t a t . P o u r Madagascar, c'est la justement le probleme de Ratsiraka. Arrive au pouvoir parce qu'il y avait un vide politique apres la crise du debut de 1975, son programme est une elaboration theorique. Le regime actuel ne peut compter sur aucun soutien reel de la population tant que celle-ci n ' a u r a pas compris la portee de ses reformes. Cette difference entre les structures de l'Etat dans les pays industrialises et les pays non industrialises est telle que la pratique politique et la strategic qu'il leur convient de suivre, different radicalement (9). Ceci n'empeche pourtant pas que les rapports economiques et socio-economiques a l'inteneur des « Etatsnations » sembleht se ressembler de plus en plus ; et il parait possible actuellement de les comparer les uns aux autres. On le voit a travers les preoccupations des gouvernements et les orientations que prennent dans le m o n d e les societes, capitalistes et socialistes, i n d u s t r i a l i s t s et. non industrialists. En face de ces debats theoriques, nous avons limite nos buts et privilege l'etude de la situation propre a Madagascar. Nous avons choisi, en particulier, d'examiner le comportement des personnalites influentes a Madagascar pen(9) Voir : lesoeuvresdeMAO-TSE-TOUNG. Voir egalement A. CABRAL, Unite et lutte Maspero, Pans, 1975. Concernant le regime de Didier Ratsiraka, voir les chapitres 9 et 10. ' 10

dant la periode allant de 1960 a 1976, c'est-a-dire le comportement d'une bourgeoisie face a une situation unique, pendant une periode definie et dans les conditions particulieres a la societe et a la culture malgaches. C'est aussi l'etude de la lutte de classe qui s'est ouverte apres les evenements de 1972. Puisque nous avons mis en avant Ie role de la bourgeoisie, il va sans dire que cette etude est partielle. Car cette bourgeoisie a exerce son pouvoir a l'interieur d ' u n e societe ou la conscience politique s'accrott rapidement et ou une longue tradition d'organisation existe contre les pressions de l ' E t a t ; mais ce n'est pas l'histoire de cette opposition et celle des forces populaires que nous nous proposons d'ecrire. Si nous ne faisons que de courtes allusions a la pression exercee sur les gouvernements successifs par Taction des forces populaires et des organisations socialistes, il ne faut pas pour autant en deduire que nous ne croyons pas en I'existence de ces forces populaires ou que leur influence ait ete riegligeable. C'est mgme loin d'etre le cas, et Tabsenqe de references frequentes aux regroupements progressistes est simplement due au fait que dans ce travail nous avons comme but premier d'examiner les evenements politiques et la lutte pour le pouvoir a partir des vues et des actions des representants de la bourgeoisie. Nous avons essaye de demontrer que les diverses presentations de la crise ont eu tendance a dissimuler le fait que presque toutes les personnalites impliquees representaient les interets d ' u n e partie ou d'une autre de la bourgeoisie. Meme la montee au pouvoir du Colonel Ratsimandrava ne fut possible que par I'existence de divisions politiques a l'interieur de la bourgeoisie — resultat de la tactique employee aussi bien par le President Tsiranana que par Ie Gouvernement colonial pour maintenir leurs regimes respectifs. P o u r etayer cet argument, il nous a semble necessaire d'analyser parfois en detail les origines sociales et les motivations politiques des differents individus qui ont joue un role important dans les affaires politiques de cdtte periode. L'histoire de l'ere post-coloniale et le developpement de la crise de 1975 montrent la puissance et la cohesion de cette classe ; la societe malgache est un bon exemple de la facon dont les structures de classe des pays sous-developpes, ou recemment liberes du colonialisme, contribuent a leur stagnation continue, qu'elle soit sociale, politique ou economique. La 11

crise de 1975, n6e en grande partie d ' u n conflit au sein de la bourgeoisie, n ' a pas encore permis de prendre en compte les vrais interets du peuple. L a population a iVt exclue d ' u n e maniere deliberSe du processus en cours et elle a ete tenue dans 1'ignorahce de ce qui se passait. Si, aujourd'hui, le p r p g r a m m e de Ratsiraka ne se traduit p a s par des reformes concretes, rigoureusement appliquees, le statut des masses ne sera pas encore change^ cette fois-ci. Nous esperons aussi que ce livre servira de point de dep a r t s d'autres Etudes, non seulement de la bourgeoisie malgache, mais des classes dominantes des pays d'Afrique et d'autres pays dans Ie m o n d e ou la vie politique est comparable. Cette etude n ' a u r a i t pas pu etre ecrite sans l'aide de plusieurs personnes a Madagascar et en France. J e ne peux pas les n o m m e r , mais je voudrais souligner que ce travail est le resultat d'efforts collectifs. J e Ie declie au succes de leur lutte. Je voudrais remercier aussi tous les amis qui m ' o n t aid£ a traduire un texte 6crit au depart en anglais : en particulier, Beatrice Serafinowiczi Dina Galligo, Veronique Brook et Robert Ageneau.

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5 ^ 127. PADESM, 36-38. PANAMA 92. PARAKY AMBANIANDRO, 90. PARTI REPUBLICAIN, 92. PARTI UNIQUE, 147, 160, 167. PATUREAU, Cdt Fernand, 38, 153. PREMIERE REPUBLIQUE, 34, 40, 41, 42-45, 46-53, 56-59, 64, 75, 105. P.S.D., 29, 34, 35, 43, 44, 47, 49, 53, 55, 64, 65, 66-67, 91, 98, 115. P.S.M., 41, 66-71 passim, 91, 96, 97-98, 99, 101-102, 106-118 passim, 123, 132, 136, 142, 151, 155, 162, 163, 167. R RABEMALANTO, Me, 92. RABEMANANJARA Jacques, 31,

35, 45, 86. RABENORO Aubert, 39. RABENORO Gisaire, 39, 87. RABENORO Joseph,.39. RABENORO Raymond, 39, 83. RABETAFIKA Blaise, 71. RABETAFIKA; Col. Roland,* 35, 49, 50, 71-74, 79, 80, 81-82, 91, 96, 97, 100, 106, 112-118, 120, 129, 132, 154, 168, 196. RABEVAZAHA C61ine,83.

RABIALAHY (Freres), 38'. RADAMATI, 27. , , RADILOFE, Me'F61icien; 92. RAHERIVELO-RAMAMpNJY, 38. RAHERIVELO-RAMAMONJY (fils), 39. RAJAOBELINA LtSdn, 82. RAJAONA, M% 92. * , RAJAONAH Pierre, 190. RAJAONARIVELO Alfred, Philemon, Armand, 38. RAJAONARISON, Col. Brechard, 49-50, 80, 97-102 passim, 106113, 118, 129-130, 133, 136. RAKOTOARIJAONA, Cdt Desire. 117, 156. RAKOTOMALALA, Lnt. Col. .Joel, 118, 156, 190. RAKOTOMAVO Solo, 90. RAKOTOMAVO, 90. RAKOTONDRABE Samuel, 27. RAKOTONIRAINY, Col.' Alphonse, 190. RAKOTONIAINA Justin, '197. RAKOTONIRINA Manandafy, 68, 196, 197. RAKOTOPARE (pere), 38. RAKOTOPARE David, 38. RAKOTOZAFY, 137, 150. RALAIMONGO Jeari", 30. RAMAHOLIMIASA RAHAGA, ,87. RAMAKAVELO, Cap, 117. RAMANANDRAIBE, 87, 90, 166. RAMANANJATO Gabriel, 1Q6. RAMANANTSOA Charjes, 44, 86. RAMANANTSOA, Gal. Gabriel, 35, 48, 49, 53, 56, 57, 59-61, 64-65, 66, 71, 74, 75, 79, 81, 95, 96-101, 103, -104-105, 113, 115, 120,J 128-131, 132, 147, •155-156, 162, 1 6 8 . . , tfAMANITRX Me Victor, 92. RAMAROLAHY, Gal. Philibert, 50, 80-81, 99/115,' 154, 168. RAMAROSON Albert-Marie, 82. RAMAROSON Andri, 90. 203

RAMBOA, M« Adrien, 92. RAMENASON Gaston, 87. RAMILAMANANA Samuel, lOd. RAMPANANA, Cdt Martin* 190. RANDRIANASOLO Justin, 106. RANJEVA, Pr Raymond, 71. RANJEVA, Dr Yvette, 71. RANOHISQA, 90. RAOBADIA, 90. RAPARISON (pere), 38. RAPARISON Olivier,' 38. RASAMOELY, 82. RASENDRAJeaii,.89. RASETA; Dr Joseph, 31, 35, 44, 45. RASIDY Andre\ 86. RATSIFEHERA Arsene, 19*3. RATSIMANDRAVA (pere?, 37, 72. RATSIMANDRAVA, Col.. Richard, 11, 35, 37, 49, 50, 5662 passim, 66, 70, 71, 72-75, 80, 82, 90, 95-96, 98-101/ 102, 104-105, 106-118 passim, 123, 125-127, 128-132, 138-148 passim, 155-156, 162-163, 167. RATSnUKA (pere), 37, 74. RATSIRAKA, Cap. de Fregate Didier, 10, 35, 37, 38, 39. ,40, 50, 66, 71, 74-75, 83, 95, 96, 99101, 102-103, 107, 111, 113, 117, 118, 120, 123-153 passim, 154-171 passim, 196. RATSIRAKA Etienne, 74, 89, 91, 108, 128. RAVELOSpN-MAHASAMPQ Christopher, 37, 38. RAVELOSON-MAHASAMPO (pere), 37. • RAVOAHANGY-ANDRIANAVALONA, Dr Joseph, 30, 31, 44. RAVONY Jules, 36, 37. RAVONY Francisque," 38. RAZAFINDRALAMBO Edilbert, 92. KAZAFINDRAMIANDRA Honore, 89. RAZAFITSIAFAJATO, 114. 204

RAZANAMASY Yves, 39-40. REFERENDUM du 8 octobre 1972, 40, 64-65, 68, 79, 149150, 155, 159. Du 21 dricembre 1975, 65, 158, 164; 167. RESAMPA Andre\ 35, 43, 47, 49, 54; 86, 102, 103, 104, 106, 108; 109, 115, 117, 118, 154, 157,' 165. REVOLTE du SUD (1971), 43, 53, 54-55, 57, 58, 60. RIZ, 88, 96.

SAM-KAN, 91. SAMPY, 29. SAVONNERIE TROPICALE, 90. SENAT, 64. S.I.C.E., 86, 91. SINPA, 84, 87-89, 96, 162. S.I.N.T.P., 84, 89. S.M.R., 158. S.M.T.M., 158. SOCIETE GENERALE D'lNVESTISSEMENT, 38. SOCIETES DTNTERET NATIONAL, 73, 81, 84-85, 87-89, 91. SOJA, Cdt. 105, 133, 153, 168. SOLO-PRIX, 90. SOMACODIS, 87. SOMALAC, 87. SONACO, 84, 89, 96, 162.

TAVY,-19, 21. TOTOLEHIBE Jean-Louis,- 36. TRIBUNAL MILITAIRE; 38, 81, 92, 101, 102, 106-118 passim, 154. TSELATRA, 197. TSIRANANA Philibert, 11, 35, 36; 38, 42-45 passim, 46-53

passim, 54-56, 59-60, 63, 64, 72, 86, 98, 100, 102, 104, 106, 108-109, 110-111, 117, 118, 124, 147, 154, 155, 162, 164, 165.

U U.D.S.M., 36. UNIVERSITE de MADAGASCAR, 51, 55, 137, 197.

VELONJARA Pascal, 37. VOLDEBOEUF, 21. V.V.S., 30.

ZAFIMAHOVA Antoine, 37. ZAFIMAHOVA Jean d'Albert, 37. ZAFIMAHOVA Norbert, 36-37, 44. , ZAFY Albert, 108. ZIMBO, 110, 116, 117. ZOAM, 19, 56, 57, 152, 196, 197.

Erratum Page 156, 3e paragraphe, lignes 7 et 8, lire : le lieutenant-colonel Rakotomalala, au lieu de ; lieutenant-colonel Rakotonirainy. 205

T A B L E T A B L E

D E S

M A T I E R E S

Introduction

I — LE POUVOIR DE LA BOURGEOISIE DEPUIS L'INDEPENDANCE

Chapitre 1 : La bourgeoisie et la «question Ethnique » Les classes sociales a Madagascar La bourgeoisie malgache Y a-t-il u n « probleme Ethnique » a Madagascar ? . Origines historiques de la bourgeoisie malgache . . .

17 20 24 26

Chapitre 2 : Decolonisation et premiere Republique de Tsiranana Le mouvement nationaliste apres la Deuxieme Guerre mondiale , La continuity des groupes. d'alliance entre 1950 et 1976 Quelques exemples „ Le conflit entre Merina et CStiers a u sein de- la bourgeoisie La strategic-de Tsiranana pour consolider sorfpouYoir

31 34 36^ 40 42 207

Chapitre 3 : Le courant d'opposition a Tsiranana au sein de la bourgeoisie La bourgeoisie et le problems de Pemploi — L'armie — L'enseignement L'Sconomie : du neocolonialisms a la malgachisation

47 48 50 52

Chapitre 4 : Le « c o u p d ' E t a t » de mai 1972 : la chute de la 1 " Republique La revolfe du Sud et la crise de 1971 Le rdle ambigu des Forces a r m i e s en mai 1972

54 57

Chapitre 5 : Le gouvernement Ramanantsoa (19721975) Le statut constitutionnel du nouveau regime Les contradictions politiques face aux partis de droite et de gauche ". Les conflits dans le Conseil des ministres

63 66 71

Chapitre 6 : L'hggemonie de la grande bourgeoisie sous le regime de Ramanantsoa Le pouvoir de la bourgeoisie dans les forces armees ; Dans Padministration La malgachisation de Peconomie sous Ramanantsoa •; • Les banques et les compagnies privees Les soci&6s d'int6r6t national Dans la justice t

79 81 84 85 87 91 /

208

II — L A C R I S E D E 1975

Chapitre 7 ; La fin du gouvernement Ramanantsoa et la crise de 1975 Les difficultes du regime La dissolution du gouvernement La prise du pouvoir par Ratsimandrava et son assassinat Le conflit au sein des Forces armees

96 97 100 '102

Chapitre 8 : Le proces du siecle (21 mars au 12 juin 1975) La premiere hypothese de l'assassinat Les contradictions de cette premiere hypothese La seconde hypothese : Parrestation du colonel Rabetafika La troisieme hypothese L'arriere-plan politique du proces

107 109 112 117 118

III — L A P R I S E D U P O U V O I R PAR RATSIRAKA

Chapitre 9 : La montee de Ratsiraka Le ministre des Affaires Etrangeres (1972-1975), . . . Comportement du gouvernement Ramanantsoa . . . La montee dans le Directoire militaire La base politique nationale de Ratsiraka . . s . . . . . . . Comparaison entre les programmes de reTorme. de Ratsiraka et de Ratsimandrava — Le Fokonolona et la decentralisation — L'armee populaire

124 128 132 .134 138 139 143 209

Ratsiraka face a u C . N . P . D Ratsiraka en face des regroupements de gauche . . .

148 151

Chapitre 10 : Le nouveau regime de Ratsiraka Le C.S.R., Ie C . M . D . , le C.N.P.D. et le nouveau gouvernement Les reformes « progressistes » d u regime' Les liens de Ratsiraka avec la bourgeoisie Les dangers d ' u n glissement a droite

15p \5p 161 165

Postface

172

ANNEXES

Cartes de Madagascar et de Pocean Indien

14 et 184

Les gouvernements successifs de 1972 a 1976 1. Le gouvernement du General Ramanantsoa (en decembre 1972) 2. Le gouvernement du Colonel Ratsimandrava (fevrier, 1975) 3. Le Directoire Militaire (fevrier-juin 1*975) 4. Le premier gouvernement de Ratsiraka , Le deuxieme gouvernement de Ratsiraka (forme en aout 1976) >.

185 186 187 188 189

Les partis politiques et P A . R . E . M . A . U L'AK.F.M : '2. Le Parti Socialiste Malgache (P.S.M.) . . . . . . . . . 3. Le M o n i m a „ 4. Le M . F . M 5. L ' A . R . E . M . A . . ,

192 193 195 196 198

"Index des noms

201

210

k

EDITIONS L ' H A R M A T T A N — Idoc France Afrique et Madagascar Roland Pichoh, Le drqme rhodesien, Resurgence de Zimbabwe. Sylvain Urfer, Socialisme et Eglise en Tanzanie. Robert Archer, Madagascar depuis 1972, La Marche d'une revolution. Ph'. Leveau et J.-L. Paillet, L'alimentation en eau de Caesarea de Mauritanie. Daniel Boukman, Et jusqu'a la derniere pulsation de nos veines. Antilles, Reunion Collectif, La traite silencieuse, les Emigre's des DOM. Alain Lorraine, Tienbo le rein et beaux visages cafrines sous la lampe. Dany B6bel-Gisler et Laennec Hurbon, Cultures et pouvoir dans la Caraibe. Michel Robert, Let Reunion, combats pour l'autonomie. Collectif, Djibouti, Antilles, Guyanne, Mayotte, Tahiti... Encore la France coloniale. Dany Bebel-Gisler, Le criole, force jugulie. Alain Lorraine, Le peuple du Maloya (fevrier 1977). Questions inter nation a les, education Charles Foubert, Portugal 1974-75, les annees de I'espoir. M. Rocard, A.P. Lentin, G. Arroyo, Les dominations socio-politiques dans le monde. Colette Humbert, Conscientisation, Michel Seguier, Critique institutionnelle et criativiti collective. Marcel Roger, Timor oriental: hier la colonisation portugaise, aujourd'hui la resistance a {'agression indonesienne (janyier 1977). Christianisme au present Michel Clevenot, Le contre-evangile d'Anatole. R. Ageneau et D. Pryen, Apris la mission, christianisme et espoirs de liberation. R. Davezies, P. Cantier, J.-M. Trillard, Echanges et dialogue ou la mort du clerc. .Cercle Jean XXIII, Jean et Colette Guichard, Liturgie et lutte des classes. Marcel Henriet, Le rapport de l'Assemblee cecumenique de Nairobi. Charles Condamines, Chili, le rdle politique de I'Eglise cathotique (1958-1976).

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