Les énoncés interrogatifs en allemand contemporain 9783111355757, 9783484302891

Over the past few decades, the book series Linguistische Arbeiten [Linguistic Studies], comprising over 500 volumes, has

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French Pages 353 [356] Year 1993

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Les énoncés interrogatifs en allemand contemporain
 9783111355757, 9783484302891

Table of contents :
SOMMAIRE
ABREVIATIONS
INTRODUCTION
Chapitre 1. CADRE THEORIQUE DE LA DESCRIPTION ET PASSAGE EN REVUE DE TRAVAUX SUR L'INTERROGATION EN ALLEMAND
Chapitre 2. LA DEMANDE DE RENSEIGNEMENT
Chapitre 3 .LES QUESTIONS TENDANCIEUSES. STRATEGIES D'ORIENTATION ET D'ANTICIPATION DE LA REPONSE
Chapitre 4. DES USAGES PARTICULIERS D'UNE QUESTION
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE DES EXEMPLES
BIBLIOGRAPHIE
INDEX

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Linguistische Arbeiten

289

Herausgegeben von Hans Altmann, Peter Blumenthal, Herbert E. Brekle, Gerhard Heibig, Hans Jürgen Heringer, Heinz Vater und Richard Wiese

Nicole Fernandez Bravo

Les énoncés interrogatifs en allemand contemporain

Max Niemeyer Verlag Tübingen 1993

Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme Fernandez Bravo, Nicole : Les énoncés interrogatifs en allemand contemporain / Nicole Fernandez Bravo. - Tübingen : Niemeyer, 1993 (Linguistische Arbeiten ; 289) NE: GT ISBN 3-484-30289-5

ISSN 0344-6727

© Max Niemeyer Verlag GmbH & Co. KG, Tübingen 1993 Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes ist ohne Zustimmung des Verlages unzulässig und strafbar. Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen, Übersetzungen, Mikroverfilmungen und die Einspeicherung und Verarbeitung in elektronischen Systemen. Printed in Germany. Druck: Weihert-Druck GmbH, Darmstadt Einband: Hugo Nadele, Nehren

SOMMAIRE

ABREVIATIONS

IX

INTRODUCTION

1

Chapitre 1

CADRE THEORIQUE DE LA DESCRIPTION ET PASSAGE EN REVUE DE TRAVAUX SUR L'INTERROGATION EN ALLEMAND

5

1.1.

La théorie des Actes de langage

5

1.2. 1.2.1. 1.2.2. 1.2.3.

Traitement linguistique de l'interrogation L'indicateur Q La méthode performative Base d'incidence de l'interrogation et typologie des formes

11 11 12

1.3. 1.3.1. 1.3.2. 1.3.3.

Analyses pragmatiques L'attente de la réponse L'image de l'Allocuté dans Q? Taxonomie des questions

18 18 24 25

Chapitre 2

LA DEMANDE DE RENSEIGNEMENT

31

2.1.

Préliminaires

31

2.2. 2.2.1. 2.2.1.1.

38 38

2.2.1.2. 2.2.1.3.

L'interrogation totale Demande de renseignement et négation L'assymétrie entre interropositive et interronégative L'interronégative emphatique Le changement de position de nicht

38 48 50

2.3.

L'interrogation partielle et disjonctive

51

2.4.

Les particules illocutoires comme modificateurs d'illocution

54

13

VI 2.4.1. 2.4.1.1. 2.4.1.2. 2.4.1.3. 2.4.1.4. 2.4.1.5. 2.4.2. 2.4.2.1. 2.4.2.2. 2.4.2.3. 2.4.2.4. 2.4.2.5. 2.4.2.6. 2.4.2.7. 2.4.2.8. 2.4.3. 2.4.3.1. 2.4.3.2. 2.4.4. 2.4.5. 2.4.5.1. 2.4.5.2. 2.4.5.3. 2.4.5.4. 2.4.5.5. 2.4.5.6. 2.4.6. 2.4.6.1. 2.4.6.2. 2.4.6.3.

Chapitre 3

3.1.

La demande légitimée par le rapport au co-texte avant VI denn?/W-denn? Qdenn? demande de renseignement à ancrage explicite Caractérisation sémantique de denn Présupposés pragmatiques Autres valeurs de Q denn? Fonction stratégique de Q denn? La demande fondamentale Qeigentlich/überhaupt? La demande de prise en compte de la réalité Sens de la particule eigentlich Valeur pragmatique de Qeigentlich? Fonction stratégique de eigentlich dans l'interrogative Autres fonctions pragmatiques de (^eigentlich? Compatibilité de eigentlich avec d'autres mots de discours La demande de renseignement absolue Analyse comparative de eigentlich et überhaupt La demande de renseignement limitée à un minimum La valeur illocutoire de Q bloß/nur? comme demande de renseignement Autres fonctions illocutoires de Qbloß/nur? La demande concernant une présomption La demande de renseignement prudente Cooccurrence entre etwa et la forme d'énoncé Etwa marqueur de tendance? Valeur illocutoire de etwa Etwa évocateur d'un monde alternatif virtuel Etwa marqueur d'indétermination dans la question d'hypothèse Etwa dans la question rhétorique Qvielleicht? Vielleicht comme partie de discours Visée illocutoire et stratégique de Qvielleicht? Autres valeurs illocutoires de Qvielleicht?

59 59 62 66 67 69 70 71 74 78 80 82 85 86 88 102 103 105 109 118 119 122 126 128 132 134 135 137 138 146

LES QUESTIONS TENDANCIEUSES. STRATEGIES D'ORIENTATION ET D'ANTICIPATION DE LA REPONSE

151

Définition

151

VII 3.2.

3.3. 3.3.1. 3.3.2. 3.3.2.1. 3.3.2.2.

3.3.2.3.

3.3.2.4. 3.3.2.5. 3.3.3. 3.3.4. 3.3.4.1. 3.3.4.2. 3.3.4.3. 3.3.4.4. 3.3.4.5. 3.3.5. 3.3.6. 3.4. 3.4.1. 3.4.2. 3.4.3.

3.5. 3.5.1. 3.5.2. 3.5.3. 3.5.3.1. 3.5.3.2. 3.5.3.3.

La demande de confirmation en V2 (question à structure de proposition déclarative) Les particules illocutoires renforçant la question tendancieuse Auch Doch Caractéristiques de Qdoch? Cooccurrence de doch et des particules illocutoires V2ja doch (auch)/ doch wohl/doch nicht etwa? Spécificité discursive et stratégique de cette demande d'accord avec la prise de position de Loc Doch tonique Doch pro-énoncé Schon Wohl Les modèles d'énoncé Valeur de wohl dans la demande de confirmation Caractéristiques discursives de Qwohl? Autres valeurs illocutoires de Qwohl? Traductions en français de wohl Mal Effet discursif des particules illocutoires dans Q? L'interronégative suggérant une réponse positive Nicht opérateur de rejet Valeur énonciative Configuration des éléments susceptibles d'orienter vers la confirmation ou l'infirmation de Ρ Les opérateurs de vérification ("tag-particles") en tête ou en queue de phrase interrogative Ρ, nicht wahr? énoncé unique Opérateur de vérification couplé à une assertion ou à une exclamation L'orientation de l'opérateur de vérification, marque distinctive ? Opérateur de vérification coorienté à P/nonP précédent /subséquent Demande de confirmation orientée inversement à la polarité Enoncé en VI avec opérateur de vérification

159

167 167 177 177

186

188 192 194 195 202 202 206 209 210 214 215 215 217 217 223 228

230 230 233 237 237 238 245

Vili 3.5.3.4.

3.5.3.6. 3.5.3.7.

Fonction phatique de l'opérateur de vérification. L'apostrophe Opérateurs de vérification d'insistance couplés à des demandes d'agir (acte indirect) Formules stéréotypées de vérification Configurations de termes marquant la tendance

249 251 253

Chapitre 4

DES USAGES PARTICULIERS D'UNE QUESTION

260

4.1. 4.1.1.

La question problématisante Formes conventionnelles de la question problématisante Les particules illocutoires renforçant la valeur délibérative

260 263

4.2.

La demande de rappel d'information

273

4.3.

Dimension Communicative : La question en retour Classification A quoi sert la question en retour? Réfuter à l'aide d'une question en retour

277 278 294 300

3.5.3.5.

4.1.2.

4.3.1. 4.3.2. 4.3.3 CONCLUSION

246

269

...311

ANNEXE

317

BIBLIOGRAPHIE DES EXEMPLES

325

BIBLIOGRAPHIE

329

INDEX

342

ABREVIATIONS

'überhaupt /= AI AL Alloc E IMP. Loc p/q pp PP q? q?CONF.Ja q?CONF.Nein q?INF.Ja q?rh Subj. VI V2 VD

= Accentuation sur "überhaupt" = Inférence, interprétation = Acte illocutoire = Acte de langage = Allocuté = Enoncé = Impératif = Locuteur = Proposition = Pages suivantes = Présupposition = Question = Demande de confirmation que ja = Demande de confirmation que nein = Demande d'infirmation que ja = Question rhétorique = Subjonctif = Verbe en première position = Verbe en seconde position = Verbe dernier

Note :

Les exemples en exergue du texte sont en italiques. Mises en relief par l'auteur au moyen de guillements ou du soulignement. Les actes de langage et le métalangage concernant l'illocutoire sont en italiques. Les passages traduits sans mention de traducteur ou d'édition le sont par l'auteur.

INTRODUCTION

L'analyse des énoncés interrogatifs que l'on trouvera dans cet ouvrage représente une partie remaniée de notre Thèse d'Etat sur les "Enoncés interrogatifs en allemand contemporain" élaborée sous la direction du Professeur Paul Valentin (université de Paris IV) et soutenue en Sorbonne le 17 mars 1990. Cette Thèse d'Etat contient trois parties : 1/ La question décodée comme acte direct (demande de renseignement et question tendancieuse), 2/ La question interprétée selon l'implication conventionnelle (Grice 1967) comme acte indirect (demande d'agir), 3/ la question rhétorique interprétée grâce à l'implication conversationnelle (Grice), 1/ et 2/ entraînant un comportement linguistique, tandis que 3 entraîne des attitudes mentales. Nous traitons dans le présent ouvrage de la question comme acte direct en mettant ten relief l'élaboration du sens tel qu'il se constitue à partir du rapport entre structure de phrase et "mots de discours" (particules illocutoires) ainsi qu'entre interrogation et négation. Nous renvoyons à notre Thèse d'Etat (Fernandez Bravo: 1990) pour ceux qu'intéressent 2) c'est-à-dire la question comme acte indirect (la demande d'agir y est analysée à partir de questions posées sur les présupposés pragmatiques de l'acte illocutoire intenté), et 3) l'interrogation dont la mise en question des présupposés pragmatiques conduit l'allocuté vers une interprétation rhétorique. Cette recherche s'inspire de la Théorie de l'Enonciation (Benvéniste: 1966) et de la Pragmatique. Suivant les positions théoriques de cette discipline, que nous ne rappellerons pas ici car elles sont maintenant bien connues, l'énoncé interrogatif est analysé comme "proposition" manifestant une valeur illocutoire, donc une question, acte de langage servant à induire une réaction langagière (acte direct et indirect) ou mentale (question rhétorique). Questionner représente, à côté d'asserter, d'ordonner, de déclarer l'une des attitudes humaines fondamentales. Nous considérons le caractère d'acte de l'énoncé, l'illocution, et ce à des fins purement linguistiques, comme l'unité minimale de communication, chaque énoncé étant l'expression d'une illocution. Il s'agit de mettre en parallèle forme et fonction d'un énoncé interrogatif dans un certain con-cotexte. Les options qui ont guidé notre recherche sont les suivantes : Nous avons voulu travailler sur un corpus réel, dans une optique empirique, en relevant quelque 1700 exemples d'interrogations prises essentiellement dans un corpus de langue écrite du 20è siècle tenant compte de différents genres littéraires (romans, théâtre) et de niveau de langue divers, policé, familier voire relâché (roman policier). Les journaux (Zeit, Spiegel) sont

2

précieux à cause du genre de l'interview et pour la question rhétorique. Le roman est intéressant dans la mesure où des faits contextuels y sont verbalisés. Le choix de langue écrite permet de bien observer l'insertion de l'interrogation dans le co-texte. Il a pour inconvénient de ne pas tenir compte des faits d'intonation mais pour avantage de délimiter clairement l'énoncé. L'analyse des "mots de discours", des particules illocutoires en particulier, dont l'interprétation est si subtile, nous a conduit à utiliser parfois la traduction en français, c'est pourquoi nous avons puisé dans les oeuvres de Kafka, retraduit récemment en France et de façon excellente par B. Lortholary. Ceci nous permet de poser l'hypothèse d'universaux appréhendée ici par le biais des particules illocutoires. Elle devrait aboutir à une typologie de l'interrogation. Notre thèse centrale est celle du signifié invariant de l'interrogation comme extériorisation d'un doute cognitif visant ά produire chez l'allocuté une réaction soit langagière, soit mentale (question rhétorique) Ce signifié unique permet un traitement unitaire de l'interrogation, même les demandes d'agir, les questions rhétoriques et les rituels (Wie geht s?) sont des questions à part entière car notre présentation requiert une séparation radicale entre illocution et perlocution (Austin).. Nous défendons ainsi l'idée d'un continuum qui permet de distribuer l'énoncé interrogatif selon des valeurs qui vont de la marque de l'ignorance totale de la réponse {demande de renseignement neutre) jusqu'à l'évidence de celle-ci pour le locuteur (question rhétorique), pôles extrêmes, dont les valeurs intermédiaires sont (en allant du moins vers le plus de connaissance) la question biaisée, posée à partir d'un co-texte marqué, et la question tendancieuse, où le locuteur suppute une orientation possible de la réponse. Nous distinguons entre décodage du signifié de l'interrogation et interprétation de celle-ci (représenté) chez l'allocuté analysant le signifiant et l'insertion de l'énoncé dans un con-cotexte, ce qui permet de rendre compte en particulier des actes indirects et de l'interprétation rhétorique, comme effets de sens en représenté. Nous accordons à la forme de l'énoncé une valeur d'indice privilégié en récusant toutefois la notion de marqueur illocutoire. La grande variété d'actes de langage réalisés par l'interrogation face au petit nombre de formes interrogatives nous amène à défendre la notion de configuration de signes et signaux. Nous privilégions donc un point de vue : celui de la forme des énoncés, le signifiant est le noyau dur, qui permet de considérer que toute variation par rapport à une forme non marquée, neutre, est porteuse de différence sémantique et pragmatique (ex. l'interronégative comme question biaisée par le rapport au co-texte antérieur marqué). Nous utilisons la paraphrase ou la glose comme hypothèses heuristiques. Ainsi la possibilité de paraphrase d'une demande de renseignement

3 par la structure disjonctive correspondante qui réduit le choix de réponse de l'allocuté à une alternative, nous sert de test pour la distinguer de la demande de confirmation toujours orientée sans pour autant que nous voulions réduire une demande de renseignement totale neutre à une demande de renseignement disjonctive ; nous utilisons la paraphrase pour montrer que la question rhétorique est à peu près interprétable comme une assertion sans en être une. La paraphrase par un impératif ou par une expression performative est utile pour dénommer les effets de sens actualisés par les questions comme demandes d'agir. Cette méthode nous a été inspirée par certains passages du corpus où la valeur illocutoire de l'énoncé interrogatif est exprimée dans une partie descriptive métadiscursive. Citons par ex. le passage suivant : Und nun meine Frage und Bitte : - Können Sie mir, da ich keinen anderen Ausweg weiss, als zu zahlen, mit Hunderttausend Peseten aushelfen? (Wer., Mal, 44). question interprétable en représenté comme requête (acte indirect). Nous plaçant du point du linguiste-décodeur, nous considérons tout segment (en VI, V2, elliptique) présentant au minimum un point d'interrogation (à l'occasion un point d'exclamation, par ex. W- denn!/Vl denn/etwa!) et structure VI, ou/et un mot en W- (Wie, Warum... ), et Ob dans une structure non liée, donc un mot ou un signal interrogatif, comme le signe d'une modalité d'énonciation, la question. Toute question est ainsi destinée, selon le point de vue de l'encodage à "l'extériorisation d'un doute cognitif, et selon le point de vue du décodage à "faire réagir l'allocuté", le plus souvent appelé à produire une réaction verbale. Pusieurs méthodes s'offraient à nous. D'emblée nous avons écarté la perspective logique, dont le livre de Krallmann/Stickel (Hgg.) (1981), rend bien compte, mais qui était étrangère à notre visée pragmatique. Les taxonomies existantes (Boriilo: 1978), (Conrad: 1978), (Vandeweghe:1977) s'étaient inspirées des travaux de Searle (1969). Searle distinguait des types d'actes de langage en formulant des règles de bonemploi. Ceci a semblé un point de départ possible. De plus, le sens communiqué n'est pas uniquement tributaire de l'insertion de l'énoncé dans une situation énonciative, mais celui-ci présente, dans sa matière même et en grand nombre, des mots qui renvoient à son caractère d'acte. C'est ainsi que notre intérêt s'est centré sur les particules illocutoires et sur les configurations entre structure et éléments linguistiques. La configuration mise en relief dans le présent travail est celle entre forme interrogative et particules illocutoires d'une part, interrogation et polarité positive ou négative d'autre part. Structures syntaxiques et fonctions pragmatiques sont corrélées.

4 Cette étude sur les Actes de langage accomplis par la forme interrogative en allemand prouvera - s'il en était besoin encore - que le cadre saussurien de l'analyse du signe est trop étroit. Entre le signifiant, auquel nous nous attachons avec beaucoup de soin, et le signifié invariant, il y a tous les effets discursifs, les dérives illocutoires, le calcul de l'implicite, contenus qui proviennent de la valeur prise par l'énoncé en con-cotexte, c'est-à-dire le passage de l'encodage/décodage à l'interprétation unique en représenté. Cette étude nous montre l'importance de l'interlocution par la place accordée par le locuteur à lui-même et à l'allocuté dans son message. Le locuteur induit la poursuite du discours dans son sens en disant, malgré tout qu'il tient compte de l'autre. L'étude de la question fait ainsi apparaître dialogues et monologues comme un champ de négociation.

Chapitre 1 CADRE THEORIQUE DE LA DESCRIPTION ET PASSAGE EN REVUE DE TRAVAUX SUR L'INTERROGATION EN ALLEMAND

1.1. La théorie des Actes de langage Tel énoncé constitue-t-il une question? ou plutôt une assertion, une promesse, une menace, une admonestation? Le premier à donner une forme qui suscite l'intérêt du linguiste à ces questions est Austin en 1962 dans "Quand dire, c'est faire", il est complété par Searle (1969), et Strawson (1971), ces auteurs élaborant progressivement les concepts de locution, illocution, perlocution. En philosophie fondée sur l'analyse du langage ordinaire, Wittgenstein (1953), qui a révélé le caractère fondamental de la pratique interdiscursive, énonce le concept de "language game" (Sprachspiel) et déclare : Wieviel Arten der Sätze gibt es aber? Etwa Behauptungen, Frage, Befehl? - Es gibt unzählige solcher Arten (Phi. Unt. proposition 23.) Cette liste des Sprachspiele serait illimitée. Searle (1969) critiquant la conclusion sceptique du paragraphe 23 des "Investigations", considère que l'énoncé possède des propriétés stables qui permettent de spécifier sa valeur. Il est possible de ramener la variété apparente des valeurs prises par les énoncés au plan discursif à un nombre restreint de types, à une taxonomie des Actes de langage. Nous appuyant sur cette théorie, nous prenons pour point de départ de notre étude du rôle pragmalinguistique joué par les énoncés interrogatifs les hypothèses de travail suivantes : - il existe des types d'énoncés (Handlungstypen) en nombre fini. La liste que nous en arrêtons pour l'allemand, sans préjuger de l'universalité de cette liste, est constituée de l'assertion, de la question, de l'injonction, l'exclamation, la déclaration. C'est la question qui nous intéresse ici. Nous constituons cette liste intuitivement, en nous fondant sur des critères de fonction de l'énoncé dans l'interaction discursive : l'assertion à pour but de "faire croire", la question de "faire réagir", l'injonction de "faire agir", l'exclamation de "dire l'évident", la déclaration d'"agir". Ces types d'énoncés marquent les "places" diverses des interlocuteurs dans un système d'action régi par la parole.

6 Nous mentionnons ici les actes canoniques, car nous observerons des recoupements entre fonctions dans l'usage et l'interprétation des énoncés. Posons que : - les types d'énoncés abstraits sont, d'une façon ou d'une autre, linguistiquement marqués. Ces fonctions illocutoires sont marquées en signifiant et donc repérables en tant que telles. - l'observation du discours nous permettra de dresser un inventaire de types d'actes de langage correspondants, il s'agit d'une liste non finie d'usages des énoncés en relation avec une situation concrète. (Correspondant à la question, on distingue traditionnellement, la demande de renseignement, la demande de confirmation, la question rhétorique...) - chaque énoncé représente la réalisation d'au moins un acte illocutoire. Notre étude nous mène de fonctions repérées intuitivement vers les formes dans lesquelles elles se manifestent (démarche onomasiologique). Nous supposons que chaque énoncé présente des éléments linguistiques qui renseignent sur sa valeur d'acte (démarche sémasiologique !). La condition nécessaire pour déterminer si un énoncé prend valeur de question est sa conformité à un modèle défini quant à la structure de phrase. Des propriétés morphologiques, sémantiques et intonatoires caractérisent l'ensemble des structures interrogatives. C'est le rapport entre de telles structures au plan discursif et les règles de la communication qui devrait permettre de caractériser des types d'acte de langage comme la demande de renseignement, demande de confirmation, mise en garde, requête... Nous avons besoin pour les caractériser de règles linguistiques définissant la visée de l'énoncé et d'instructions générales sur le fonctionnement de la communication. Ces dernières ont reçu des formulations diverses : Postulats de conversation (Gordon/Lakoff:1975), Principes de coopération (Grice: 1968,1975) assortis de maximes fondées sur les implicatures conversationnelles, Lois de discours (Ducrot: 1979), normes imposées à l'énonciation qui permettent de prendre en compte les circonstances de la parole, de calculer les inférences. L'acte de langage est défini triplement comme acte, visée, condition discursive. Nous nous appuyons, dans une perspective de décodage, sur les notions d'implicature, d'inférence, de direction argumentative pour mettre en correspondance un énoncé avec le sens qu'il induit dans un certain con-cotexte. L'invariant est la question, qui se traduit formellement par une interrogation, susceptible d'une grande diversité d'emplois discursifs, dont nous repérons les plus marquants. Avec la restriction qu'il ne s'agit pas de déterminer le sens, mais la valeur énonciative de l'énoncé.

7

La nécessité d'une approche pragma-linguistique mettant en rapport formes et con-cotexte se justifie par l'échec des tentatives de traiter de manière purement syntaxique (la classification syntaxique en type de phrase : déclarative, interrogative, impérative...) ou sémantique de phénomènes, prenant en compte l'utilisation de ces structures dans des situations concrètes qui font apparaître des effets de sens non codifiables syntaxiquement. Nous nous tournons vers la linguistique des Actes de langage, vers une analyse pragmalinguistique qui sépare forme et fonction pour les mettre en relation dans un acte de communication (cf. schéma de l'acte de langage de Lang (1983: 321), Heringer (1974). De ce point de vue, le travail de Wunderlich (1976) a ouvert la voie d'une étude linguistique de phénomènes pragmatiques dont la langue porte trace. Le chapitre V de cet ouvrage est consacré à "Fragesätze und Fragen". Les critiques formulées à l'égard de la théorie des Actes de langage et de la notion d'illocutoire (Grunig:1979), (Grewendorf:1980), portent sur le problème de l'ambiguïté et des "marques". Les actes de langage sont linguistiquement marqués, mais cela ne suffit pas à lever les ambiguïtés qui apparaissent, même dans le cas d'emploi des locutions performatives. Se pose alors tout le problème de l'intégration de l'extra-linguistique et de sa limitation. La pragmatique des Actes de langage achoppe sur le problème des Actes indirects 2. Pour répondre aux détracteurs d'une description englobant l'illocutoire, il n'est que de remarquer qu'il y a des éléments linguistiques (particules, éléments de coordination, modalisateurs... et autres indices illocutoires ou mots de discours 3 , intonation, modes verbaux...) qui contraignent à distinguer radicalement entre proposition et énoncé. D'autre part, pouvoir établir un consensus sur la finalité illocutoire d'un énoncé, dans un contexte donné, représente pour nous une garantie qui met en lumière la compétence communicative des interlocuteurs (Péren-

Evoquant "l'illusion interrogative", Bérendonner (1981) veut abandonner l'idée même d'acte illocutoire arguant du fait qu'il est impossible de déterminer la valeur discursive d'un énoncé en dehors de ce que sa proposition contient, c'est-à-dire un signifié de valeur dénotative et non illocutoire. Or, il y a souvent dans la proposition des signes qui renvoient à autre chose qu'à la "description d'un état de chose", par ex. le point d'interrogation à l'écrit, ou des signifiants c o m m e etwa, bitte..., ce qui nous autorise à faire intervenir le niveau illocutoire dans la description. Nous reprenons ici la terminologie de Ducrot (1980) pour désigner des expressions qui permettent à celui qui parle de manifester sa présence. Elles marquent l'attitude de ce dernier vis-à-vis de ce qu'il communique, le terme employé par Doherty (1985) parlant de "Einstellungswörter", mots d'attitude, conviendrait aussi bien. Nous les étudions plus précisément dans le sous-chapitre sur les particules illocutoires (v. 2.4.).

8 nec : 1985 4 , 1986). Le consensus intersubjectif sur la véritable finalité d'une énonciation, l'accord sur le sens de l'énoncé, devrait permettre de rendre compte des actes indirects aux marques contradictoires ou faisant intervenir les inférences. D'autres critiques sont formulées du côté de la Textlinguistik à l'égard de la théorie des Actes de langage à qui l'on reproche son "atomisme". C'est ce que fait Hundsnurscher (1984) s'appuyant sur une argumentation selon laquelle l'unité minimale de communication est le dialogue et non l'acte de langage isolé. Nous souscrivons à la réponse de Mötsch 5 (1982:126) indiquant qu'il est nécessaire, comme étape préalable à l'analyse du dialogue - qui a ses conditions propres - d'analyser chaque acte de langage défini comme rapport entre niveau locutoire et illocutoire. Se placer au niveau de l'énoncé permet de recenser des formes linguistiques dont la signification est pragmatique et de déterminer leurs "conditions d'emploi". Pour ce qui concerne la question, il est parfois nécessaire d'observer le co-texte arrière, la réponse 6 , pour préciser l'interprétation de l'AL de question, et l'on dépasse ainsi l'acte isolé. Mais il n'est pas moins important d'observer l'insertion de l'interrogation dans le co-texte avant et la valeur argumentative qu'elle prend. Même si la question s'insère généralement dans le dialogue, elle a bien sa place dans le monologue, que l'on songe en particulier à la question rhétorique (Grésillon/Lebrave:1986). Ayant choisi pour corpus des textes écrits qui permettent de mieux cerner les limites de l'énoncé, des textes dramatiques en particulier, nous nous trouvons dans la situation du lecteur-décodeur qui ne connaît pas Il cite cette très fine remarque de Helbig (1984) : "Klar dürfte indes sein, daß es zwischen den lokutiven und illokutiven Akten zwar keine direkten wohl aber reguläre Beziehungen geben muß, die der Sprecher beherrschen muß, wenn er kommunizieren will; denn das Beherrschen einer Sprache setzt nicht nur die Bildung grammatisch korrekter Sätze (die grammatische Kompetenz), sondern auch ein Wissen darüber voraus, in welchen Handlungskontexten welche Sätze kommunikativ angemessen sind (die übergreifende kommunikative Kompetenz.)". (Eine Sprechhandlungsanalyse) "analysiert Beziehungen zwischen bestimmten Handlungsfaktoren und Sätzen natürlicher Sprachen." Mötsch (1979:128) fournit une définition de l'énoncé : "Wir betrachten also die Äußerung als sprachliche Handlung unter dem Aspekt der Beziehung zwischen Eigenschaften von Satztypen und Handlungstypen in kommunikativen Situationen." Cf. Définition de Mötsch (1984:101) : "Antworten heißt eine Aussage machen, die die offene Proposition einer vorangehenden Frage spezifiziert." Rohrer (1968) qualifie de "Antwort" : "jede unmittelbare sprachliche Äußerung des Befragten auf eine Frage", et de "Replik" : "eine Antwort aufgrund der grammatischen Form der Frage". Nous préférons inverser les termes gardant le terme de réponse pour celle qui correspond à la "détermination structurelle " (Conrad 1978, 30 et suivantes) de la question. Weygand (1989:13) considère comme unité d'analyse une paire minimale : "Auf eine bestimmte Illokution soll eine bestimmte Reaktion folgen", elle appelle cette réaction " perlocution".

9 l'arrière-plan du discours, comme nous le supposons des protagonistes, et n'entend pas l'intonation qui pourrait mettre sur la voie du décodage des énoncés non marqués ou ambigus. L'observation du co-texte avant et arrière représente une nécessité, ce qui désamorce un peu la critique sur la méthode atomistique. Dans cette perspective le concept de cohérence discursive nous paraît indispensable pour comprendre que, dans l'ex, suivant, la question ne peut être interprétée que comme demande d'agir : 1

(Es kommen Don Gonzalo und Pater Diego.) Don Gonzalo: Die Stunde ist da. Ich bin kein Mann der blühenden Rede. Was ein Vater empfinden muß an diesem Tag, mein Kind, laß es dir sagen mit diesem Kuß. Pater Diego: Wo bleibt der Schleier? Doña Inez. Sogleich. Pater Diego. Macht euch bereit, macht euch bereit. (FriJua. 26).

Il ne s'agit pas ici de dévoiler une inconnue : Wo? - Dort. La réplique de Doña Inez "sogleich" correspond à l'acceptation d'une injonction inférée (Sogleich hänge ich mir den Schleier um), l'observation du co-texte montre que la question est interprétée comme demande d'agir, décodage confirmé par l'apparition de l'injonction qui suit, en rapport avec la demande de mettre le voile. Il y a conjonction entre signaux qui vont dans le même sens dans cette séquence. La partie locutoire joue aussi son rôle par l'apparition de bleiben dans la question, qui indique qu'une attente de hoc a été déçue que sa demande vise à combler. Poser une question consiste à faire jouer un mécanisme discursif qui sert à extérioriser une absence de savoir du locuteur dans un contexte donné. Mais marquer une inconnue dans un contexte interlocutif suffira, par le biais d'une réflexion sur la pertinence communicative de l'énoncé, à faire décoder la valeur illocutoire en rapport avec les autres illocutions du texte. Prendre un cadre plus vaste que celui de l'énoncé devient un palliatif nécessaire à l'absence de la situation réelle. Nous observerons donc, quand cela est nécessaire, la forme de la réponse induite. Si l'acte de langage est pris isolément, c'est qu'il représente l'unité de communication. Bien entendu, les actes illocutoires sont insérés dans des séquences et il n'est pas indifférent de voir où ils se placent dans la séquence (question initiale vs question en retour) et quelles sont les hiérarchisations possibles (cf. Rosengren, éd.: 1984), où ces problèmes sont posés). Doit-on, comme Searle (1979), comprendre dans une même classe, celles des directifs, questions et injonctions définis par le fait que le locuteur veut obtenir qu'Alloc fasse quelque chose? La question est considé-

10 rèe, en revanche, par Wunderlich (1976), Lyons (1978), Sökeland (1980), Zaefferer (1984), Weygand (1989), comme un acte de langage à part entière, différent des directifs et des assertifs. A ceci plusieurs justifications : Les questions qui posent un problème (questions problématisantes) ne répondent pas à la définition donnée, ainsi, Näf (1987:140) donne-t-il au titre de son article la forme interrogative : 2

Gibt es

Exklamativsätze?

Ce genre de question pose une problématique et ne vise pas à provoquer une réponse immédiate et pas toujours une réponse d'autrui. Il y a, bien sûr, une différence entre "émettre" et "poser une question", mais il s'agit cependant toujours d'une question, c'est à dire de l'extériorisation d'un doute cognitif destiné à faire réagir l'allocuté. Les questions rhétoriques, celles qui donnent à entendre à l'allocuté que la réponse est évidente, prouveraient tout aussi bien cela. Une question, même sans réponse, reste une question. Il y a alors toujours grammaticalisation du contenu de "doute cognitif' inhérent à la question, signalé par une intonation/ponctuation spécifique et/ou par un mot interrogatif. D'autre part, Nein en réponse à : - Meinen Sie das ernst? - Ob Sie das ernst meinen? n'a pas la même valeur que comme réponse à : - Antworten Sie doch! La dénégation comme réponse négative à une de demande de renseignement diffère du refus d'obtempérer (désobéissance à une injonction). D'ailleurs, on aurait pu tout aussi bien, en se fondant sur le rapport de paraphrase (concept flou), la rapprocher d'une assertion comme : - Ich weiß nicht, ob Sie das ernst meinen. - Ich möchte gerne wissen, ob... dont la profération ne conduit pas obligatoirement à enclencher un comportement qualifié de réponse. La paraphrase donne des indications d'affinités sans remettre en question les différences fondamentales dans la relation interlocutive instaurée par les types d'énoncés 7 .

Wunderlich (1976b) ne distingue pas l'exclamation. Pourtant celle-ci s'assortit en allemand d'une intonation spécifique (cf. Luukko-Vinchenzo:1988) d'une ponctuation (!), et de configurations (VI... Ja/aber/vielleicht! IV-doch!), caractéristiques linguistiques suffisantes pour distinguer l'exclamation de l'assertion.

11 1.2. Traitement linguistique de l'interrogation

8

Les travaux linguistiques ont toujours pris en considération la fonction représentative du langage, or les questions n'étant ni vraies, ni fausses, l'étude sémantique de la question n'est pas fondée sur la valeur de vérité de l'énoncé. Le traitement syntaxique de l'interrogation est apparu dans le cadre de la théorie générative. Nous rappelons deux tentatives de syntactisation de phénomènes pragmatiques. Elles postulent que la force illocutoire fait partie du sens des phrases. 1.2.1. L'indicateur Q L'analyse de Katz/Postal (1964), dans le cadre de la grammaire générative, présente la question comme une forme spécifique de directif. L'énoncé interrogatif est décrit par l'intervention d'un opérateur de question Q, accompagné d'un morphème adverbial Wh (whether) pour la question totale ramenée ainsi à l'interrogation disjonctive, S représentant la structure donnée pour la réponse, tandis que la question partielle combine Q, opérateur de question, à Wh- spécifiant le ou les éléments sur quoi porte la question, soit : S Q

Noyau ... wh

Q représente la valeur interrogative dans la structure profonde dont la valeur est rendue par un performatif "I request you, that you answer." (critique de Baker 1970). Il s'agit de rendre compte par l'intervention du morphème Q de l'inversion du sujet. Huber/Kummer (1974) appliquent l'analyse opérant avec morphème Q à l'allemand pour décrire les interrogatives indirectes (cf. Meibauer 1986c: 149).

L'interrogation est un thème important dans le cadre de la logique érotétique. Nous renvoyons à la série d'articles de "Zur Theorie der Frage" (Krallmann/Stickel Hgg. :1978), ainsi qu'à Hölker (1981) : "zur semantischen und pragmatischen Analyse von Interrogativen". En désaccord avec l'annonce du titre, il y examine très soigneusement les différents traitements de l'interrogation sous l'angle logique. Ce livre contient une abondante bibliographie sur le siyet. Nous n'examinerons pas non plus le traitement de l'interrogation dans une grammaire de type Montague, telle qu'elle est appliquée à l'allemand par Zaefferer (1983). Ces approches sont tournées vers la formalisation et l'axiomatisation.

12 Cette description, considérée comme dépassée, pêche par la confusion entre les niveaux d'analyse : elle mêle forme et fonction ; comment peuton inscrire la valeur pragmatique dans la composante syntaxico-sémantique de l'énoncé, alors que celle-ci fait intervenir des paramètres discursifs et situationnels? Comment représenter les actes indirects, par ex. les questions rhétoriques 9 à l'aide du morphème Q? Cela pose des problèmes insolubles, dès que l'on prétend accéder à une certaine généralité, l'analyse transformationnelle n'apporte aucune réponse à la problématique pragmatique. 1.2.2. La méthode performative La deuxième méthode (Lakoff 1971:24) se fonde sur l'étude des performatifs d'Austin et explique la valeur illocutoire par l'intervention d'une paraphrase performative dans la structure profonde. Il s'agit de prédicats abstraits qui sont effacés à un certain stade (Sadock 1974:19) (critique : Grewendorf (1975:144)). S ASK

I

YOU

SI

Plusieurs problèmes se posent : la récursivité infinie, le choix du performatif, qui n'est qu'une sorte d'opérateur abstrait effaçable, ASK est prototypique, l'observation de la relative indépendance entre forme syntaxique et valeur illocutoire (une question peut être interprétée comme acte directif, une injonction de cesser de faire, par ex. dans "Mußt du jetzt unbedingt rauchen?"), le cumul des performatifs pour rendre compte des "whimperatives" (Sadock: 1970) (demande d'agir), des "Queclaratives" (question rhétorique), alors que l'hypothèse performative repose sur le postulat que chaque structure profonde ne présente qu'un seul performatif abstrait. Soit pour les "whimperatives" :

Cette dernière critique est formulée par Wachowicz (1978:202), mais c'est pour proposer la solution Aequist/Hintikka (1969), la paraphrase de Q par "Bring it about that I know" qui ne présente que la particularité supplémentaire d'ajouter un aspect épistémique à la demande de parler. On peut se reporter aux critiques de Levinson (1983:256), qui se demande par ex., s'il faudra poser plusieurs performatifs sousjacents pour rendre compte d'un énoncé interrogatif englobant une relative descriptive comme : Does John, who could never learn elementary calculus, really intend to do an PhD in mathematics?, ainsi que des phrases avec tags, ou des actes indirects.

13

S SHI

CONJ

SH2

H give to SP a drink H give to SP a drink soit : I ask you wether you would and at the same time tell you to give me a drink qui est ainsi présenté comme structure profonde de : - Won't you give me a drink - Do you have anything to drink? - Will you give me a drink?... Cette représentation confond marquage linguistique de l'acte de langage (ces énoncés sont marqués comme question c'est à ce niveau tout ce que l'on peut dire) et usage de la question dans un certain contexte (Wittgenstein 1953). 1.2.3. Base d'incidence de l'interrogation et typologie des formes Se plaçant dans le cadre de la grammaire générative, Rohrer (1968) propose une étude sur la base d'incidence de l'interrogation en allemand. Il remarque que l'interrogation articule deux éléments de nature diverse : - un donné ou présupposé 10 - un recherché ("Das Frageziel"). Sont appelés présupposés sémantiques les éléments d'information que l'interlocuteur peut formuler en propositions de forme assertive explicitement déductibles de l'énoncé et qui lui sont imposés, c'est-à-dire présentés comme non discutables. Le questionneur peut enchaîner sur ses présupposés sémantiques, en les rendant ainsi explicites : La définition de Rohrer (1968:111) en est la suivante : "Die Bedingungen, die der Fragende beim Antwortenden als bekannt vorraussetzt," (und die er als fraglos unterstellt) pourrait-on ^jouter. Il s'agit de la présupposition sémantique généralement définie (Wunderlich 1971) comme ce qui est insensible à la négation ou à la question (Aquist 1965). De toute autre nature sont les présuppositions pragmatiques qui entrent en jeu dans la question, par ex. : "daß es eine Antwort auf X gibt", "daß P2(Alloc) eine Antwort auf X kenne" (Heringer 1974:167). La définition donnée par Katz/Postal (1972:210) concerne les présupposés sémantiques de la question :" The presupposition of questions is a proposition (or cor\jonction of propositions) whose thruth is the condition under which the question expresses a request for information." Pour qu'une réponse à une question soit possible, il faut que les présupposés de celle-ci soient vrais

14 3

Mia: Wann kommt Jachmann? Siehst du, ich erfahre alles. ... Wann kommt Jachmann? Lämmchen: Herr Jachmann ist vor vielen Wochen ein oder zwei Nächte hier gewesen. Seitdem nie wieder. (Dor. Kle., 106)

La question présuppose /Jachmann kommt irgendwann/ ; le commentaire sur le degré d'information de Mia : "ich erfahre alles, also weiß ich auch, daß Jachmann (irgendwann) kommt", enchaîne sur la vérité d'un contenu que Mia vient de présupposer, réfuté par Lämmchen. Le présupposé sémantique de l'interrogation constitue la charpente de la question, ce qui est présenté comme admis, ce à partir de quoi peut se formuler le doute qui porte sur d'autres éléments de la proposition. Selon la manière de poser la question, la part de l'inconnue apparaît différente, mais conditionne la forme de la réponse. Ainsi, toute interrogation partielle est proche d'une phrase déclarative du point de vue de la présupposition. - Wer ist gekommen? (PP : jemand ist gekommen). - Wie viele Tragödien hat Racine geschrieben? (PP : Racine hat χ Tragödien geschrieben.) La conclusion à tirer de cette observation de Rohrer (1968) est la suivante : l'interrogation partielle (marquée par le morphème W-) procède, grâce à ce présupposé d'existence, à une simple recherche d'identification de l'inconnue au moyen de la question. La présupposition étant déjà contenue dans l'interrogation, la question isole l'élément sur lequel porte l'incertitude. Ceci est ainsi formalisable U; (X?) (X ist gekommen). (X?) (Racine hat X Tragödien geschrieben). Donc, la représentation qui voudrait que wer? ne renvoie pas à un élément présupposé se heurte à des objections. Burkhardt (1986:30), remarque qu'il n'est pas licite, comme le fait Walther (1976:143), de paraphraser la question partielle en wer? ainsi : - Ich frage dich : Gibt es zumindest ein X, für das gilt f(X)? car c'est alors une question sur l'existence, donc sur la valeur de vérité de la proposition et pas sur un élément de la phrase et nous voici renvoyé au modèle de l'interrogation totale : - Ist Hans gekommen? (X?) X (Hans ist gekommen) On distingue dans la question le présupposé sémantique, qui est présenté comme non soumis à débat, "indiscutable", de ce qui est "donné à l'essai", proposé, dont la question va vérifier l'existence. Ainsi dans : - Fühlst du dich jetzt besser? 11

(Cf.Jacques 1985:271).

15

PP : du hast dich vorhin schlecht gefühlt. Proposé : jetzt besser. Ce contenu n'est indifférent ni à la négation, ni à l'interrogation. La question porte ici sur l'existence du proposé par rapport au présupposé. (X?) X(Du fühlst dich jetzt besser). Le rapport entre recherché et présupposé est moins évident dans la question totale, remarque Rohrer (1968) ; cependant le recherché (opération d'indentification) peut être focalisé à l'aide d'un supplément d'accentuation à l'oral, le reste étant présupposé (phrase matrice avec élément focalisé) : - Fährt Hans NACH BERLIN? (question sur : nach Berlin?) (Est-ce que c'est à Berlin que va Hans) - FÄHRT Hans nach Berlin (question sur : fahren?) (Est-ce que c'est en voiture que Hans va à Berlin?) Rohrer (1968) distingue selon la façon de marquer l'inconnue dans un contexte donné : 1/ la question en w-ou en qu- 12, 2/ la question portant sur un constituant, marquée par l'accentuation, 3/ la question totale. Il rapproche 2 de 3 comme variantes d'un même type, car elles évoquent une alternative entre deux réponses possibles. Le type de réponse attendue par la forme de la question n'est donc pas tout à fait la même, ce qui inciterait à les distinguer. En effet, 1/ Toute instance de substitution de W- vaut réponse : - Welches Kleid ziehst du an? - Das blaue/kein Kleid/eine Hose... 3/Ja/Nein/ vielleicht et autres modalisateurs sont les instances de substitution possible à : - Gibt es in den Werken eine Arbeit für ihn? 2/ La réponse négative Nein doit être complétée par l'instance de substitution correctrice, cependant Ja seul est possible : - FÄHRST du nach Berlin? - Nein, ich fliege. /*Nein seul serait incorrect. - Ja (ich fahre). De plus, la question focalisée ne vaut pas uniquement pour l'interrogation totale, elle apparaît aussi dans celle en W-? et l'on peut comparer dans leur manière de proposer la forme de la réponse : - Wer hat den Kuchen aufgegessen, Hans? - Hat HANS den Kuchen aufgegessen? Boriilo (1978:151) remarque qu'en français la structure avec interrogative simple : Qui a pris ma chaise? ne présente pas de différence du point de vue du présupposé qui est : quelqu'un a pris ma chaise, avec : - Qui est-ce qui a pris ma chaise? ou avec la déclarative segmentée : c'est Jean qui a pris ma chaise.

16

Aux deux sous-ensembles séparés en fonction de la réponse prévue par la forme de la question (Interrogation en W-? qui implique une réponse par un syntagme nominal variable vs interrogation totale impliquant une réponse par ja/nein/gewiß...) s'ajoute la question focalisée sur une instance de substitution, qui peut s'accomoder de l'une ou l'autre forme. Rohrer (1968) ramène ainsi la question totale à une question disjonctive P? = Ρ oder non P? Il s'agit d'un siyet controversé. Une problématique héritée de la logique érotétique (mais aussi Frege (1915-19), Langacker (1970), Walther (1976)), fait de l'interrogation disjonctive exclusive la forme de base qui vaut aussi pour l'interrogation totale. Le nombre de variantes syntaxiques serait réduit à deux (question totale vs question partielle) 13. Ces réductions ne se préoccupent pas des données linguistiques. Comme le développent Bolinger (1978), Conrad (1978:125), Bäuerle (1979a:129), l'argument de la forme des réponses jugées appropriées suffit à montrer des différences concernant l'instance de substitution demandée dans chaque cas. Ainsi une interrogation disjonctive n'admet pas la réponse Ja/Nein, car elle fournit la matière de la réponse dans un des termes de la disjonction, ce que ne réalise pas l'interrogation totale simple : 4

Don Juan (zu den Vettern) : Fechten wir oder fechten nicht? (Fri. Jua., 35) - *Nein. - Wir fechten.

wir

Ja/Nein/gewiß... conviendrait à : "Fechten wirqui évoque, par l'absence de disjonction, une palette de choix possibles entre deux pôles diamétralement opposés. L'interrogation simple invite à un parcours sur le domaine compris entre les deux pôles (Ja/Nein), tandis que l'interrogation disjonctive restreint le choix. Il n'y a donc pas de raison de ramener l'interrogation totale à une interrogation disjonctive. Bäuerle (1979a) montre que la construction d'alternative(s) est possible même pour la question en W? : - Wer kommt? Kommt Hans oder Fritz, oder...? Toute réduction nous paraît donc ignorer l'importance du signifiant. Il y a bien comme type de phrase interrogative l'interrogation totale, partielle et disjonctive. La tentative de réduction apparaît encore plus complète chez Egli (1974:14) qui réduit la question alternative à deux questions Ja/Nein, tandis que la question totale apparaît comme une sous-classe de question en W-?, comme question sur le modus, explicité par la paraphrase : "es ist der Fall, daß...", au lieu de porter sur le temps, le lieu, la personne... avec seulement deux instances de substitution possibles (,Ja/Nein) face à la multiplicité d'instances possibles pour les autres cas. (Critique de Bäuerle (1979a:134))

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On distinguera 14 : 1/ L'interrogation non focalisée - l'interrogation totale (Ja/Nein) : Kommt sie heute? - Nein. - l'interrogation partielle : Wann hat Ulrich Geburtstag? - Am Sonntag. 2/ L'interrogation focalisée - l'interrogation disjonctive : a) Hat Ulrich am Samstag oder am Sonntag Geburtstag? Am Sonntag) (disjonction de constituants). b) Gehen wir spazieren oder bleiben wir zuhause? Wir bleiben zuhause, (disjonction de propositions 15.) l'interrogation partielle restreinte : Wann hat Ulrich Geburtstag, am Samstag (oder am Sonntag)? - L'interrogation totale restreinte : Kommt sie HEUTE? Nein, morgen. En se distinguant selon la forme syntaxique, ces énoncés présentent différemment l'inconnue. Voici un échantillon de procédés différents qui ouvrent ou restreignent le choix possible d'Alloc : PI? (choix ouvert) : - Bist du fertig? Non PI? (Ρ était attendu) : - Bist du nicht fertig? PI oder P2? : - Bist du fertig oder bist du nicht fertig? question qui crée un effet d'insistance. Non PI, oder doch? : - Bist du nicht fertig, oder doch? (Loc présente interrogativement une proposition négative, alors qu'il s'attendait à Ρ vrai, sur laquelle l'alternative enchaîne.) etc... Ces questions se distinguent syntaxiquement de celles qui sont interprétables comme des demandes d'agir (requête, offre...) car celles-ci n'admettent pas de disjonction (cf. Bölingen 1978) pour l'anglais.) Pour décrire la question, il est nécessaire de distinguer entre forme : interrogation (Satzmodus) et fonction communicative (Handlungsmuster) de l'énoncé interrogatif. Constatant l'impossibilité de rendre compte du

Cf. Nous suivons Bäuerle 1979:143 sur ce point : "Meine These ist also, daß der Unterschied zwischen W-Fragen, Alternativfragen und Ja/Nein-Fragen nicht länger ein Unterschied in der Präsentation der Alternative ist, sondern ein Unterschied im logischen Typ der Frage." L'énoncé disjonctif peut présupposer la vérité d'une des propositions et d'une seule (Grewendorf 1977). Mais il y a une autre variante non binaire (oder was schlägst du vor?). Une proposition disjonctive est dite alternative seulement si elle est associée à la supposition qu'une seule des propositions Ρ et Q est vraie cf. (Cornulier 1975:182).

18 fonctionnement de la question dans son caractère d'acte par la seule analyse de la structure, nous disons que la pragmatique représente un niveau d'analyse irréductible à la syntaxe et à la sémantique. Nous retenons cependant la suggestion de représenter l'acte de question par un opérateur Q? prototypique indiquant son caractère d'acte qui conduit Alloc à réagir. Les conditions d'usage de l'énoncé, soit élargissent le sens de l'énoncé (acte indirect), soit le circonscrivent à son signifiant (acte direct). L'intention de communication et la reconnaissance par le récepteur de celle-ci sont des conditions nécessaires à la signification, car c'est l'usage que Loc fait d'une signification qui donne à l'expression linguistique son véritable sens. L'interprétation pragmatique de l'énoncé doit tenir compte du contexte pour circonscrire son sens.

1.3. Analyses pragmatiques 1.3.1. L'attente de la réponse Une analyse pragmatique ne peut s'abstenir de dresser une liste de types d'énoncés abstraits (Handlungstypen), en nombre fini, qui doivent fonctionner dans un nombre infini de situations. - Nous partons de l'hypothèse qu'il existe un type d'énoncé érotétique, la question, qui doit être marqué en signifiant (démarche onomasiologique). Il se traduit en langue par une forme syntaxique spécifique, la phrase interrogative. - L'étude des énoncés dans le discours nous amène à distinguer et à décrire un certain nombre d'actes de langage 16 (demande de renseignement, de confirmation, question rhétorique...) en relation avec des situations concrètes qui font naître des effets de sens (démarche sémasiologique). Pour cette démarche fondée sur le matériau linguistique la lecture de l'ouvrage de Conrad (1978), qui établit une synthèse sur les travaux antérieurs concernant la question, se révèle fructueuse. Conrad (1978) se place encore dans une perspective logico-sémantique, mettant en relief l'idée qu'une question a au moins une réponse vraie. Les composantes communicatives à l'oeuvre dans la demande de renseignement sont représentées par des prédicats logiques abstraits, dont la formule générale permet de rendre compte de deux sous-types : les questions communicatives ("kommunikative Situation") et les questions gnoséologiques ("Problemsituation"), où l'attention est focalisée sur le problème posé, abstraction faite de la relation d'interlocution : Ballmer (1979) doute qu'une classification soit possible en l'état actuel de la théorie des Actes de langage et propose comme alternative une formalisation de plus : "Als Fazit haben wir vorgeschlagen, direkt mit der Bedeutungsrepräsentation von Sprechakten zu kommen..." Mais le problème qui se pose est bien de savoir comment et à partir de quels a priori on en arrive à une représentation raisonnable "der Bedeutungsrepräsentationen von Sprechakten", (p. 173)

19 ? (S)--AUFF (SP, HÖ, (REC (HÖ, S' (SPEZ (S, S')))) ν (COMM (Hö, Sp, S'(SPEZ (S, S')))) Soit : "Der Sprecher fordert den Hörer auf, ein S' zu ermitteln, das in der Spezifierungsrelation zum in der Frage gegebenen Satz S steht und/oder dem Sprecher dieses/ein S' mitzuteilen, das in der Spezifizierungsrelation zu S steht." Conrad (1978:24) cherche, dans cette formulation, à mettre en relief "die Bestimmungs- oder Suchfunktion" plutôt que la composante directive. La composante séquentielle - la question est ce qui régulièrement appelle une réponse - apparaît essentielle. La "détermination structurale de la réponse" représente un phénomène régulier, mais non constant puisqu'il est des réponses qui ne respectent pas le schéma syntaxique de phrase donné, condamnant à l'échec les représentations purement syntaxiques. La réponse qui obéit exactement à la détermination structurale est un énoncé potentiel, inférable à partir des énoncés réels qui n'en fournissent pas moins à. Alloc la réponse recherchée. Conrad (78:51) reconnaît que le rapport question/réponse oblige à recourir à l'implicite, la définition indiquant qu'une réponse R à une question Q est une phrase (ou une suite de phrases) qui suit le schéma de phrase impliquée dans la structure de Q... ne représente qu'une des réactions possibles dans le cadre des questions relèvant de la possibilité d'une réponse. Ainsi "ich weiß nicht" est considérée comme réaction à une question (comportement satisfaisant l'interaction) sans être une réponse (qui doit faire progresser la connaissance). Conrad (1978:57ff) présente toute une classification des réponses selon le rapport à ce critère. Conrad (1978:45), propose d'autre part, en s'appuyant sur la classification de Restan (1972) pour les langues slaves, une taxonomie qui veut rendre compte de cas considérés jusque-là comme marginaux. Restan (cf. Conrad 18 : 1978:46) distingue deux grands groupes fonctionnels, informative Fragen vs Pseudofragen : 1 Informative Fragen 1 1 rein informative I 1 dubitativ-informative 1 1 präsumptiv-informative ι

\ 1 | 1 | 1 | 1

Pseudofragen rhetorische Fragen emotional-konstatierend

\ 1 | 1 | 1 | 1

Conrad (1978:26) :" Die Frage kann nicht als bloße A u f f o r d e r u n g verstanden werden, irgendetwas mitzuteilen; denn dann w ä r e j e d e r beliebige Satz, d e r auf eine Frage geäußert wird, eine A n t w o r t . Eine Frage ist v i e l m e h r eine A u f f o r d e r u n g zur Ermittlung und/oder Mitteilung eines Satzes, d e r ganz bestimmten, in d e r Frage v o r g e g e b e n e n Bedingungen genügt." " W ä h r e n d bei r e i n - i n f o r m a t i v e n Fragen die A n t w o r t 'völlig o f f e n ' gelassen wird, d.h. der Fragesteller beide Antwortmöglichkeiten mit gleicher Wahrscheinlichkeit erwartet, v e r b i n d e t er bei dubitativen und präsumptiven Fragen bereits eine bestimmte A n n a h m e derart, daß er e n t w e d e r d i e positive o d e r n e g a t i v e A n t w o r t mit größerer Wahrscheinlichkeit erwartet."

20 Restan distribue ces types le long d'une échelle qui va de l'ignorance totale des demandes d'information pour aboutir, de l'autre côté de l'échelle, à des quasi-constatations, celle de la valeur contradictoire à Ρ dans Q?rh : 5

und ich frage Sie: war das notwendig? (cité par (1978:46)) (/= das war nicht notwendig.;

la "constatation" étant mêlée d'émotion dans la question emphatique (emotional-konstatierend) : 6

Conrad expressive-

Was? Du bist schon hier?

Nous adoptons cette perpective qui consiste à décrire les différents actes de question, selon une échelle dont les pôles extrêmes indiquent une absence de savoir totale (demande de renseignement neutre) et la croyance ou le savoir du questionneur (question rhétorique), la réponse allant de soi, en passant par des valeurs intermédiaires, où l'ignorance n'est pas totale. La monographie de Conrad (1974) concerne essentiellement les demandes d'information. Dans un second article (1982), il s'attaque à l'étude des Actes indirects, tout en gardant la même optique logicosémantique, assortie de considérations pragmatiques Cependant, le concept d""Antworterwartung" (attente de la réponse) formulé par Conrad (1978) est insuffisant pour rendre compte de la différence entre réponse présumée et réponse espérée. L'expression des préférences de Loc pour telle ou telle réponse est combinée à son jugement sur des données de la situation. Ainsi, dans la question dubitative, marquée par ex. par V2 doch nicht? (ν. nos ex. chapitre 3), Loc suppose (attitude propositionnelle 19 (propositionale Einstellung)20 (cf. Selon la définition de Récanati (1979:43) :"On appelle ainsi (énoncés d'attitude propositionnelle) les énoncés qui portent sur l'attitude qu'entretient un sujet à l'égard d'une proposition." Lang (1983:314) subsume sous le nom de "Einstellung" aussi bien la caractérisation de (1) l'acte illocutoire que (2) le jugement de valeur qui s'appuie sur (1) (Bedauerns- bzw. Bewertungseinstellung), que (3) le jugement épistémique, qui sont illustrés par les ex. suivants : (1) War Peter krank? (2) Leider ist Peter krank (3) Wahrscheinlich ist Peter krank Ainsi (1) est assorti du commentaire : "In (1) (figuriert) die Proposition Ρ als Inhalt einer Frage(einstellung), etwa :' wissen wollen, ob Ρ wahr ist' Il y a cependant un intérêt méthodologique à séparer : - (1) la visée de l'action qui correspond à une seule énonciation (l'illocutoire) et permet de distinguer la question, l'assertion,... marquées par la forme de l'énoncé et l'intonation (la typographie), - (2) la prise de position de Loc, qui traduit ou donne à entendre ce que Loc/Alloc) espère(nt) ou redoute(nt).

21 Wunderlich 1976:74) qu'un contenu qu'il redoute (attitude appréciative) correspond à la réalité. Alors que pour lui la question ne devrait pas se poser (préférence pour non Ρ marquée par doch), la situation le contraint à la poser. Il s'agit d'un point de vue du locuteur concernant le contenu de la proposition dans son rapport aux modalités d'être, à la réalité ou au désirable 21 . Wunderlich (1976) indique que l'attitude propositionnelle est marquée par l'intonation, les particules, exprimée par des prédicats comme wissen, denken, wünschen, möchten, vorziehen, finden..., par des modalisateurs. Mais elle peut aussi être déduite par Alloc de l'énoncé. Elle correspondrait, dit-il, à la règle de sincérité (Searle 1969, 1972:108), définie, pour la question, comme désir de Loc d'obtenir l'information demandée, règle qui fait partie des conditions pragmatiques présidant à la réalisation de tout AI. : Ich verstehe Intentionen als besondere Einstellungen darauf, was er mit seiner Handlung (speziell seinem Sprechakt) erreichen will; in einer Interaktionssituation will der Sprecher bestimmte Änderungen in den Einstellungen des Adressaten, und vermittels dessen evtl. in dem Verhalten des Adressaten erreichen. (Wunderlich 1976:96-97) Ce terme de "Einstellung" recouvre deux domaines : 1/ "l'attitude épistémique" 2 2 concerne le jugement d'adéquation à la vérité/réalité (vrai, faux, possible, pensable, vraisemblable, certain, réel...) porté par Loc sur la réalisation du contenu concerné. 2/ "l'attitude appréciative" sous la forme d'un jugement de valeur qui dit ou laisse entendre que Loc est (s'attend à être) satisfait ou déçu, ou bien est insatisfait (leider/bedauerlicherweise...) et cherche à éliminer l'insatisfaction" (trait évaluatif : bon/mauvais, favorable/défavorable, normal/anormal...) - (3) le jugement de vérité/réalité sur le contenu de la proposition. 21

22

Ceci est très bien noté par Doherty (1985:36) : "Einstellungen gelten zunächst einem Sachverhalt Erwünschtheit und dergleichen mehr)."

(seinem

Bestehen,

seiner

Cf. Le terme de "epistemic attitude" est utilisé par Doherty (1983:16). "L'attitude épistémique" est transmise par des locutions comme "I think, probably...", ainsi que par la forme positive ou négative de P. Ainsi, Loc indiquerait son attitude positive à l'égard du contenu proposé au jugement d'Alloc dans : - der Lehrer ist hier. Selon Doherty (1985:15), les opérateurs d'attitude épistémique expriment " eine gewisse Haltung des Sprechers hinsichtlich des Bestehens oder Nicht-Bestehens des Sachverhalts, auf den sich die Proposition bezieht."

22 L'intervention d'une attitude appréciative nous permet de décrire par ex. le fait qu'un type d'énoncé, comme la question ayant la potentialité d'une demande de renseignement (type d'AL) puisse en même temps, en rapport avec le con-cotexte, servir à véhiculer un reproche, comme dans l'ex, ci-dessous : 7

Was fällt Ihnen ein, so spät

anzurufen?

Dans cet ex. 7, il s'agit (interprétation comme AL indirect) de signifier à Alloc qu'il a un comportement qui déplaît à Loc et non de lui demander une information sur les raisons qui le conduisent à téléphoner si tard. L'illocution représente le cadre dans lequel une certaine attitude propositionnelle peut s'exprimer. Les particules illocutoires (doch, etwa...), qui modifient, renforcent... l'opinion sur la vérité/réalité de P, concernent l'attitude épistémique, tandis que les appréciatifs (leider, glücklicherweise...) traduisent la position affective de Loc quant à un certain contenu. Les particules illocutoires montrent des restrictions d'emploi par rapport au schéma d'énoncé, que nous considérons comme indicateur potentiel d'illocution ; ainsi ja n'apparaît jamais dans la demande de renseignement, ce qui se comprend, puisque ja souligne que l'information est connue (Doherty 1985:79). L'AI et l'attitude épistémique interagissent selon des modalités que nous étudions plus avant, dans le passage en revue de différents types d'actes de question. Ce que Conrad (1978) dénomme vaguement "Antworterwartung" se traduit parfois à travers des éléments linguistiques marquant l'attitude épistémique. Ainsi en est-il de la négation illocutoire dans : 8

Da klopfte es mit einigen starken Schlägen an die Seitenwand. Κ. schrak auf. "Ist nicht der Landvermesser dort?' fragte er. "Ja", sagte Bürgel, befreite seinen Fuß von K... "Dann soll er endlich herüberkommen", sagte er endlich. (Kaf. Sch., 255)

(La réponse serait obligatoirement "si" en français) ; dans le texte Bürgel enchaîne sur la supposition que la réponse sera positive (attitude épistémique). Les questions sont posées à partir d'un "univers de croyance" de Loc, qui cherche à établir un consensus là-dessus avec Alloc, il se définit non seulement comme : l'ensemble des propositions qu'au moment où il l'exprime le locuteur tient pour vraies (et conséquemment celles qu'il tient pour fausses) ou qu'il cherche à accréditer comme telles. (Martin 1987:10)

23 mais aussi comme l'ensemble des suppositions ou des doutes de Loc au moment où il s'exprime. La combinatoire entre illocution (question/assertion..) et attitude épistémique concernant la proposition (croyance, doute...) nous permet de décrire différents emplois d'interrogations et de distinguer (avec Milner 1983) demande d'information, neutre du point de vue de l'univers de croyance, et question tendancieuse, orientées vers le vrai ou le faux, en relation avec l'univers de croyance de Loc. Nous empruntons à Doherty (1985) le concept d'attitude inférée 23. Ainsi, indique-t-elle (p. 21), pour un énoncé comme : - Ist Konrad nicht verreist? Der Sprecher ist (oder war mindestens bis zur Sprechzeit) der Meinung, daß Konrad verreist sei. Zum Zeitpunkt des Sprechens hat er Gründe, seine Meinung in Frage zu stellen und die gegenteilige Einstellung als eine Möglichkeit in Betracht zu ziehen. L'accent de phrase doit dans ce cas porter sur nicht qui souligne le passage de l'attente positive à l'attente négative.. Quant à l'attitude épistémique dans la question, deux cas sont possibles : 1- Il y a des expressions propositionnelles de l'attitude épistémique de Loc, qui, par ex., cherche à se faire confirmer ce qu'il croit (marqueur : ich denke), malgré l'intervention d'un élément de la situation qui fait naître un doute : 9

Hm... Also Überschrift: Der Kampf in der Klasse Klassenkampf in Bramme.' Irgendwie mußte ich Distanz gewinnen. Corzelius funkelte mich an : "Ich denke, Sie sind SozialistΤ "Sicher - aber ironischer Sozialist. " (Ky rei., 15)

L'insertion de la périphrase : ich denke suivie d'une proposition sans daß, véritable objet de la question, est la marque de la supposition de Loc concernant Ρ et le sous-entendu d'une alternative possible (Loc s'est-il trompé en supposant que P?). 2-

L'énoncé reste neutre par rapport à une quelconque épistémique (demande de renseignement neutre) :

attitude

Cf. le concept forgé par Pérennec (1986) de "prédicats potentiels inférables en un point du texte" nous paraît aller dans le même sens.

24 10

"Ist Finnerty obenΤ "Ich habe ihn in den Club geschickt. " (Von. hol. 19)

Le contraste entre le marquage syntaxique (ex. forme de déclarative V2) et le marquage phonologique ou sa traduction orthographique (intonation/ponctuation de question), peut être interprété comme l'expression d'une attitude épistémique (cf. Chapitre 3), ce qui serait le cas pour : 11

"Finnerty ist oben, nicht wahr?"

où Loe indique qu'il suppose que c'est vrai. Le concept d'attitude épistémique et d'attitude appréciative de Loc visà-vis de Ρ proposé au jugement d'Alloc permet de mieux préciser ce concept flou de "Antworterwartung." Ceci conduit à distinguer radicalement les questions où l'attitude épistémique n'est pas marquée (demande de renseignement sans indication d'orientation vers une valeur de vérité de Ρ proposé), étudiées au chapitre 2, de celles qui la traduisent en signifiant (demande de confirmation, d'infirmation, v. chapitre 3.) Milner (1983, 43) montre qu'il y a certaines interrogations qui exigent, pour être interprétées, la référence au fait même de l'interlocution. Les sous-classes d'AL qui se rattachent au type d'énoncé abstrait de question montrent le rôle réciproque des interlocuteurs en situation d'interlocution. On part ainsi de la liberté totale du questionné dans la recherche de la vérité comme consensus des partenaires, (demande de renseignement), en passant par des stades intermédiaires de liberté sous contrôle (demande de confirmation...), pour aboutir à la liberté très surveillée de celui dont la réaction attendue est l'assentiment tacite à ce qui est dit évident par Loc (question rhétorique). 1.3.2. L'image de l'Allocuté dans Q? Le "point de vue" d'Alloc ou d'un tiers ("polyphonie" (Ducrot 1984:172), "double locution" (Grésillon/Lebrave 1983: 75) peut se superposer à l'expression de la supposition de Loc sur la valeur de vérité de P. Loc fait alors référence aux discours réels ou fictifs d'autrui ou à ses croyances. Des marqueurs linguistiques permettent de repérer ce qui reste souvent implicite : 12

(Έ. a réveillé Bürgel en se trompant de chambre ) "'Wie schade, daß Sie die Tür verwechselt haben. Ich schlafe nämlich, wenn geweckt, gewiß nicht wieder ein.. Nun, das

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muß Sie auch nicht gar so betrüben, das ist mein persönliches Unglück. Warum sind auch die Türen hier unversperrbar, nicht? Das hat freilich seinen Grund..." (Kaf. Sch., 243). (/= Es hat keinen Sinn, daß...; Bürgel pose ici une question dont il n'est pas le responsable dans une sorte d'"interlocution simulée" (Grésillon/Lebrave 1983, 78), interrompant son propre discours par la question fictive d'un Loc 2, assimilable au lecteur, qui exprime ainsi sa perplexité. Ce que nous explicitons ainsi : - Warum sind sie auch unversperrbar, (wollen Sie mich fragen,) nicht? interprétation justifiant l'apparition de la queue de question (nicht?) après une interrogation en W-, trace du dire renvoyant à Loc 2. Loc fait donc :" apparaître une 'image du co-locuteur' par la fiction de laquelle Loc 1 se renvoie à lui-même une question en miroir." (Grésillon/Lebrave 1983:78). Auch au placement précoce, également dans la traduction ci-dessous, renforce la récusation d'une conclusion inférable des propos de Bürgel (Κ. est fautif) : - Pourquoi aussi, les portes ne ferment-elles pas, n'est-ce pas? Le chapitre 2 évoquera par le jeu de particules illocutoires l'image de l'allocutaire dans Ρ (polyphonie). 1.3.3. Taxonomie des questions Nous considérons comme problématiques toutes les tentatives qui dressent une typologie à partir des différentes situations concrètes où s'emploie une question. Nous saluons donc la critique de Burkhardt (1986:33) concernant Hindenlang (1980) : "es handelt sich ... im Grunde um eine Typologie der pragmatischen Verwendungsweisen" ; la liste en est infinie. La typologie de Mötsch (1984) n'échappe pas à cette critique. Il distingue, à partir de trois conditions pour poser une question : 1) Der Sprecher weiß Ρ nicht. 2) Der Sprecher nimmt an, daß der Hörer Ρ weiß. 3) Der Sprecher will Ρ wirklich wissen. sept types différents : 1) Informationsfragen, 2) gnoseologische Fragen, 3) Examensfragen, 4) rhetorische Fragen, 5) Scheinfragen, 6) Scherzfragen, 7) indirekte Aufforderungen. Mais les conditions 1),2),3) ne valent pas pour la question d'examen, uniquement définie selon des critères extralinguistiques. Le problème d'une typologie de cette nature est la possibilité d'ajouter des types supplémentaires. Pourquoi est-il nécessaire - et sur la base de quels critères - de distinguer des "Scheinfragen", catégorie pour laquelle la

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condition 3 semble avoir été ainsi formulée, et en quoi y a-t-il nécessité de parler de "Scherzfragen" comme type? Burkhardt (1986) se propose à juste titre de fournir "eine Typologie der Frage aufgrund rein semantischer Kriterien auf der Ebene der Langue". Il retrouve la classification de Wandenweghe (1977) en distinguant INFORMATIONSFRAGE, et WIMPERATISCHE FRAGE, RHETORISCHE FRAGE d'après le critère d'attente de la réponse. Il signale des usages comme BESTÄTIGUNGSFRAGEN rattachés à la demande d'information, VERSTÄNDNISNACHFRAGEN opposant die "echten" und "die bloß strategisch motivierten" (par ex. les TURN-TAKING-FRAGEN (weißt du, was mir gestern passiert ist?), les "PROBLEMATISIERUNGSFRAGEN". Burkhardt (1986) ne réussit cependant pas à éviter deux écueils, l'impression de catalogue et celle qu'il manque (critique de Meibauer, 1986c:338) : "eine klare Unterscheidung der verschiedenen grammatischen pragmatischen Komponenten." En effet, que viennent faire et comment se justifient des catégories comme PERFIDE FRAGEN, les inévitables PRÜFUNGSFRAGEN, mais encore des AKTIVIERUNGSFRAGEN (Wer kann mir sagen, was ein Säugetier ist?), BEGRÜNDUNGSFRAGEN, VORWURFSFRAGEN... L'on aboutit ainsi à une atomisation d'usages dont Burkhardt (1986:16) prétend faire des types. Il s'agit d'effets de sens particuliers (l'ex, caractéristique est celui du reproche, qui résulte de l'interprétation d'une question, comme acte indirect, par ex. d'une question rhétorique et ne constitue pas un type illocutoire). Les domaines du perlocutoire et de l'illocutoire ne sont pas suffisamment dissociés. Weygand (1989) décrit la question dite "explorative" (exploratives Handlungspiel, 105), selon une perspective qui englobe la réponse, dans le cadre d'une typologie générale des types d'énoncés, à côté des types déclaratif, directif, représentatif. Elle est caractérisé comme "désir de savoir" ("Wissensanspruch") et sous-classifiée selon la réponse visée Antworten (repräsentativ), Antworten (Direktiv), Antworten (Deklarativ). Ceci a pour désavantage de lui faire retrouver dans les types d'actes de langage (Untermuster) les mêmes catégories que pour les types d'énoncés. D'autre part, quand l'auteur décrit par ex. : Sind Sie Deutscher? comme eine Frage nach einer Bestätigung (bei der Passkontrolle)", 109), eile n'établit pas la distinction entre décodage du signifié et interprétation de l'interrogation en con-cotexte (représenté). Le signifié de "Wissensanspruch", qui fait la part trop belle à l'encodage, ne peut rendre compte de tous les emplois interrogatifs, ce qui va à l'encontre d'un traitement unitaire de l'interrogation, l'auteur dédaignant alors le signifié au profit du représenté. Enfin, décrire la question par la réponse visée oblige l'auteur à exclure la question rhétorique du type exploratif, ce contre quoi nous nous élevons. Si celle-ci n'exprime pas, en effet, "un désir de savoir", elle

27 indique cependant "un déficit cognitiF (celui d'un énonciateur différent du locuteur), amenant l'allocuté à réagir (d'après Loc, Alloc ne peut qu'acquiescer à l'inférence obligée en se rendant compte de l'évidence) . Notre point de vue unitaire nous oblige à privilégier un signifiant de nature illocutoire, la ponctuation interrogative, et à considérer même une routine langagière (ex. : Wie geht s?) comme une question visant à "faire réagir l'allocuté". La classification plus abstraite de Vandeweghe (1977:280) selon la visée illocutoire de la question et le type d'interaction discursive, nous paraît plus judicieuse. Il distingue ainsi : 1/ inhaltsbezogene Fragen (Informationsfrage, Verständigungsfrage : warum fragst du das?", Echo-Frage, Vergewisserungsfrage, Nachziehfrage : "nicht wahr?"), 2/ handlungsgebundene Fragen = Fragen verpflichtenden Charakters (Angebot, Bitte..), 3/ beziehungs-bezogene Fragen (rhetorische Fragen). Cette tri-partition fondée sur le rapport d'interlocution, que nous adoptons, met en relief l'intention de communication et le travail d'interprétation. Nous allons donc étudier : - Les demandes de renseignement visant une réaction linguistique de l'allocuté, en évoquant occasionnellement les questions qui visent en plus une réaction gestuelle (demandes d'agir) et celles qui visent une attitude mentale de l'allocuté (questions rhétoriques). Pour éviter de confondre acte de langage et effet de sens particulier dû à l'utilisation des interrogations en contexte, nous partons de l'étude des configurations d'indices linguistiques 24 . Fonctionne comme question ce qui présente les caractéristiques formelles suivantes combinées différemment (Burkhardt 1986:34), (Altmann 1976:37), (Näf 1984:35) : Intonation montante (marquée) ou descendante (non marquée). A l'écrit, point d'interrogation. On trouvera aussi le point (question rhétorique en W-) et le point d'exclamation, quand la question est marquée par ailleurs (Vl/W- denn!) Ordre V1/V2/VD. Mot interrogatif W-/Ob. Formule performative en introduction. Queue de question (tag). Les combinaisons suivantes sont canoniques : VI? (intonation montante) : Gehen uñr? VI oder VI nicht? (intonation descendante) : Bleibst du hier oder nicht? Hölker (1981) cite un grand nombre de formes interrogatives diverses, sans oublier des formes marquées comme : Wann wer mit wem (und) worüber spricht?

28 W-V2? (intonation descendante) : Wie alt ist er geworden? V2 (nicht)?(intonation montante) : Du kommst, (nicht?)? Ob-VD? (intonation montante) : Ob er wohl heute abend kommt? V2, ja? (intonation montante) : Du bleibst hier, ja? (Ceci, sans préjuger des formes interrogatives qui sont des subordonnées autonomes comme : (und) wenn...?, Obgleich...? So dass...?)... A partir de quoi diverses configurations 2 5 sont significatives d'usages marqués : V2- w? (intonation montante) : Er sieht 'was? (question-écho) 'W V2? (intonation montante) : 'Wer spielt? (ex. de question en retour) Wo er die ganze Zeit bleibt? (intonation descendante) question problématisante. A: Am nächsten Tag bin ich dann nach Frankreich gefahren. B: Und du bist 'wo über die Grenze gefahren? (cité par Oppenrieder (1988:169)) demande de renseignement continuative, configuration: und '...wo?)... Le problème d'une analyse de type pragmatique provient de la relative distance entre catégories syntactico-sémantiques et valeur énonciative. Qu'est-ce qui assigne à la phrase la valeur d'une demande de renseignement, de confirmation...? Nous adoptons une idée défendue par Altman (1986) pour : a) partir de la forme de phrase (interrogative), b) observer les éléments qui influencent l'illocution, particules illocutoires (partie centrale de ce travail), verbes de modalité, argumentatifs, mode subjonctif, infinitif... c) déterminer dans quelle mesure une interprétation directe ou indirecte (valeur produite en contexte en fonction de la situation de discours et de l'environnement textuel, donc en représenté), s'impose. L'interprétation est tributaire des configurations entre structure interrogative et éléments linguistiques. Nous avons constitué un corpus de phrases interrogatives totales, alternatives, partielles que nous avons regroupées en types d'actes de langage en fonction de critères internes (traits syntaxico-sémantiques de l'énoncé, configuration entre structure de phrase et particules illocutoires), et externes, comme le rapport à la réponse, l'insertion dans le discours. A partir de l'invariant de sens (intervention d'un opérateur Q? proto typique), nous analysons des questions du déficit cognitif total ou partiel. Selon la visée communicative, on détermine ainsi une classe de questions tournées vers l'obtention d'un savoir (Demandes de Klein (1982:290) étudie la variation du paramètre intonation et de l'accent de phrase en rapport avec le sens et les problèmes de focalisation de l'information. A l'écrit le point d'interrogation est un marqueur suffisant de question.

29 renseignement et questions tendancieuses), qui s'oppose à celles tournées vers urie action (Demandes d'agir), et à celles (questions rhétoriques) qui mobilisent l'allocutaire en l'amenant à inférer une sorte d'assertion qu'il est le seul à assumer. Le phénomène rhétorique dépasse le cadre de la question pour englober aussi l'injonction. Nous n'évoquerons qu'à l'occasion, les questions dont l'interprétation fait appel à des implicatures conventionnelles (demandes d'agir) et à l'implication conversationnelle (questions rhétoriques). Notre description s'articule à la fois sur des propriétés formelles et énonciatives. A l'interprétation du contenu propositionnel s'ajoute celle de la signification que se propose de lui donner le locuteur. Il s'agit de comprendre la valeur illocutoire de l'énoncé, tâche interprétative du décodeur. A lui de savoir inférer à partir du signifiant, et du discours dans lequel une phrase apparaît, un sens cohérent. Notre propos est de montrer que la valeur illocutoire d'un énoncé est tributaire des propriétés syntaxico-sémantiques de la phrase à travers laquelle il se matérialise. L'étude des configurations entre structure de phrase et termes linguistiques (l'interrogation en V2 + doch/ celle introduite par la formule : weißt du,...?...) permet d'interpréter sémantiquement des propriétés structurales . Nous nous sommes attachées à décrire les particularités linguistiques de types d'actes d'abord grossièrement définis en partant des structures syntaxiques (V1/W-) qui associées au point d'interrogation, expriment le manque cognitif le plus marquant, la demande de renseignement. Il eût été souhaitable de pouvoir faire entrer dans l'analyse les paramètres intonatoires, ce que nous n'avons pu faire à partir d'un corpus écrit. Nous avons cependant parfois donné des précisions sur l'intonation en ayant recours à des informateurs germanophones, par ex. lorsque la question de l'accentuation ou non du négateur nicht permet de poser la question de la différence entre négation propositionnelle et négation illocutoire (v. 2.2.1.2.) Notre étude est centrée sur la combinatoire d'éléments portant sur l'illocutoire comme les particules et la forme interrogative. Nous mettons ainsi en correspondance des éléments linguistiques avec des significations qui concernent la mise en fonctionnement du langage et l'interprétation de ces structures en fonction de paramètres qui dépassent le linguistique et concernent la psychologie des interlocuteurs, les stratégies discursives, le fonctionnement de la communication. Le chapitre 2 de cette étude concerne l'Acte de langage de demande de renseignement neutre et biaisée ; il est centré sur la configuration entre l'interrogation et les particules illocutoires et sur les particularités de l'interronégative par rapport à l'interropositive. Dans le chapitre 3, concernant la question tendancieuse, l'étude de la configuration de l'interrogation avec les particules illocutoires est suivie

30 de celle sur les queues de questions (tags), qui soulignent l'orientation de la question en appelant l'allocuté à la corroborer. Nous complétons (chapitre 4) l'étude de l'interrogation comme acte illocutoire direct en nous interrogeant sur des usages particuliers de questions neutres et tendancieuses caractérisés 1/ par une situation particulière d'interlocution (question personnelle, sans adresse), et 2/ par une dimension communicative (question réciproque de l'énoncé antérieur en rapport étroit de forme et de sens avec lui (question en retour). C'est donc la question comme acte direct 26 qui est notre propos.

Pour les Actes indirects, la valeur première de question étant réinterprétée comme demande d'agir et la question rhétorique, qui vise à instaurer chez l'allocuté une attitude mentale, la réponse pour Loc allant de soi, consulter Fernandez Bravo (1990).

Chapitre 2 LA DEMANDE DE RENSEIGNEMENT

2.1. Préliminaires Comment se traduit linguistiquement la valeur qui, a de tous temps, semblé première dans la caractérisation de la question, celle de la demande de renseignement? La mise en correspondance des deux plans (plan de l'énonciation/plan de la structure) est notre propos. Quand Loc ne dispose pas de l'information suffisante lui permettant d'attribuer une valeur de vérité à une proposition et qu'il pense qu'Aide dispose de l'information complémentaire, il propose un énoncé qui met impartialement en balance les valeurs possibles entre lesquels il lui demande de choisir (mise en débat). Etant donné la différence entre : l'acte de poser une question à quelqu'un (question comme type d'énoncé) et le fait d'utiliser en situation un énoncé interrogatif dans un certain but (demande de renseignement, de confirmation, demande d'agir...) nous nous demandons, en nous plaçant du côté du décodage, comment nous pouvons attribuer une valeur illocutoire à la question, quelle est sa pertinence communicative, vu l'infinie variété des situations concrètes dans lesquelles elle apparaît. La question neutre et biaisêe (chapitre 2), caractérisée par le fait que Loc ignore la valeur de vérité de Ρ soumis au jugement d'Alloc, se distingue des questions tendancieuses (chapitre 3) dans lesquelles Loc, tout en ne sachant pas exactement quelle valeur de réalité assigner à P, fait une conjecture sur celle-ci. Dans la demande de renseignement neutre, Loc ne s'implique pas dans son énoncé, il se présente comme cherchant simplement à obtenir un renseignement, c'est-à-dire à combler son déficit cognitif, tout en n'excluant pas de s'exprimer sur son dire, marquant par ex., par des éléments expressifs, ses sentiments : 1

Don Roderigo: Wo in aller Welt willst du denn hin? Don Juan: Fort. (Fri.Jua., 16)

Loc attend d'Alloc qu'il prononce un énoncé de type déclaratif (cf. Searle 1972:98), qu'il dise que P/non P, ou dans quelle mesure Ρ est vrai (présupposé pragmatique de l'assertion).

32 Dans le cadre de la théorie des Actes de langage nous formulons les présupposés permettant l'accomplissement d'un acte de demande de renseignement. Nous verrons ensuite comment ceux-ci sont modifiés quand Loc utilise l'interrogation à autre chose qu'à demander si un contenu proposé est vrai ou faux ou pour quelle instance de substitution il est vrai. Grice (1957:1968) a montré que certains aspects que le locuteur cherche à communiquer en prononçant une phrase ne font pas partie de la structure logique de cette phrase, mais sont impliqués conversationnellement dans une interaction verbale placée sous le signe du Principe de coopération. Nous considérons les présupposés pragmatiques implicites, énoncés cidessous, comme des conditions d'emploi 1 de la question employée comme demande de renseignement. Ils règlent son usage en disant à quoi celle-ci revient. L'acte de demande de renseignement est soumis aux conditions d'emploi suivantes : I. Conditions d'interprétation de l'Ai 2 a) Loc ne dispose pas du renseignement (cf. condition préliminaire 1 de Searle (1972 : 108). b) Loc désire obtenir cette information (condition de sincérité). (Du moins Alloc doit-il en avoir l'impression.) c) En posant la question, Loc place Alloc devant le choix entre répondre, ne pas répondre (condition essentielle).

Les présupposés pour qu'un acte de question puisse aboutir, "conditions de réussite" de Searle (1972), ont été formulés implicitement dans l'optique de la demande de renseignement car ils ne sont pas également recevables pour tous les types de question. Sökeland (1980:85) ajoute le présupposé suivant : a) la proposition est ouverte, mais cela fait double-emploi avec la condition préliminaire 1. "Ouvert "n'est pas à prendre ici au sens logique défini par Conrad (1978:37) :"Als offene Fragen (werden) solche bezeichnet, für die es kein erschöpfendes Verzeichnis der Antworten, kein Antwortschema oder keine effektive Konstruktion zulässiger Antworten gibt." Meibauer (1986c:60) reprenant les spécifications de Conrad (1983:353) nomme pour sa part : 1 Der Sprecher weiß nicht die Antwort PA zu P. 2 Der Sprecher wünscht, daß der Hörer PA mitteilt 3 Der Sprecher verfolgt das Ziel, den Hörer dazu zu bewegen, ihm die Antwort PA mitzuteilen. 4 PA ist eine zulässige Antwort auf P. Der Zeitpunkt ti der Äußerung der Antwort PA (p) liegt nach dem Sprecherzeitpunkt tO des Frageakts. 1 correspond à a), 2 à b), 3 à c). Le point 4 relève des conditions qui régissent la réponse, le fait qu'une demande de renseignement ne reçoive pas de réponse n'empêche pas celle-ci de subsister comme telle. La remarque de la deuxième partie du point 4 est triviale. En revanche d) et e) n'apparaissent pas.

33

d)

Loe pense qxi'Alloc ne fournirait pas de réponse sans que la question soit posée (condition préliminaire 2). e) Loc pense qu'Alloc est capable et prêt à lui donner le renseignement demandé. Ces présupposés sont parfois explicités par des éléments linguistiques dans la suite du discours. Ainsi l'ex, suivant montre que e) se heurte parfois à des difficultés et appelle un réajustement : 2

Monika: Wann kommt die Mutti wieder? Willy: Mußt sie selber fragen. (Kro. Hei., 32)

La réponse implique : je n'en sais rien. Explicitation de d) : 3

Paul Maigret: Shylock Hoames hat ein Testament und das sagen Sie erst jetzt? Dr. Hudson: Ich bin ja nicht gefragt worden. CWid. Nac., 49-50)

La justification de ces présupposés apparaît, lorsqu'ils sont, pour diverses raisons, neutralisés, et donnent lieu à une expression linguistique : Ainsi peut-on poser une question à quelqu'un dont on n'est pas sûr qu'il détienne l'information (e), certains termes indiquant cette éventualité (incapacité de répondre par défaut d'information), comme par ex. dans : 4

Wissen Sie zufällig, ob Peter kommt?

où zufällig suspend l'actualisation du présupposé e) en acceptant d'avance l'option de Loc de dire qu'il ne sait pas. Il est d'ailleurs admis que le questionné réponde à une demande de renseignement par ich weiß nicht/vielleicht..., sans qu'il contrevienne, pour autant, à la déontologie discursive, même si sa réplique ne fournit pas la réponse positive ou négative appelée par le contenu locutoire de l'énoncé. Il est également licite qu 'Alloc réplique par la mention explicite d'un refus de répondre sur le fond, celui-ci doit être motivé pour respecter cette même déontologie : 5

(Habermas, reprenant la formule de Marcuse "Die Chancen eines besseren Lebens in einer besseren Gesellschaft", lui demande) "Wer bestimmt, was das bessere Leben ist? Marcuse: Genau auf diese Frage würde ich die Antwort ver-

34 weigern. Wenn jemand noch nicht weiß, was ein besseres Leben ist, ist er hoffnungslos. (Hab. Ges., 31) Ce refus de répondre n'annule pas, pour autant, la demande d'information liminaire et ne constitue pas une rebuffade, même si cette réplique conteste le bien-fondé de la question. Le présupposé c précise le but illocutoire correspondant à l'intention de Loc (Searle 1972) : mettre Alloc dans l'obligation d'accomplir un acte linguistique. Faire parler Alloc à propos de Ρ est la caractéristique commune aux demandes de renseignement et aux demandes de confirmation. (Questions adressées). Les cas où ce présupposé est mis en défaut sont ressentis comme déviants. Avec la conséquence qu'utiliser une formule apparemment questionnante peut servir, dans bien des cas, à exprimer autre chose qu'à faire parler. Un tiers présent n'est pas requis de parler lorsque Loc soulève une question devant lui (question problématisante). Il n'est pas prévu qu Alloc réponde autrement que par un assentiment après une question rhétorique, dont la réponse est superfétatoire car réputée évidente. En revanche, la demande de renseignement n'atteind son but qu'en recevant une réponse. La question exerce, en effet, un contrôle structural et sémantique (Loi d'informativité) sur la réaction appropriée. Le linguistique doit, d'ailleurs, être étendu au paralinguistique ; mimiques, gestes,..., du moment qu'ils sont codés, peuvent être considérés comme réponse, comme la partie décrivant l'acte langagier l'indique dans l'ex, suivant : 6

Der junge Soldat... erkundigte sich nach Roberts Ergehen. -"Sie sind also wohlbehalten davongekommen?" fragte er Robert antwortete mit einer wegwerfenden Handbewegung. (Kos. Sta., 276)

Le signe de dénégation vaut réponse négative. Tous ces paramètres peuvent donc être explicités et se traduire en données linguistiques ; ainsi 7 réfère-t'il au présupposé b : 7

Martin: Es würde mich zum Beispiel interessieren : wurden eigentlich in Olympia auch geistige Wettkämpfe ausgetragen? Ich meine, diese Sänger- und Dichterwettstreite, wie in Delphi oder Athen? (Str. Fre., 12)

Loc justifie la pertinence de sa question par le grand intérêt qu'il porte à la réponse, alors qu'un intérêt "normal" pour celle-ci fait partie des condi-

35 tions d'emploi implicite et ne l'autoriserait pas à outrepasser les normes de la politesse en posant au guide touristique des questions "hors-sujet". Le présupposé b) caractérise les questions non mensongères. La règle de sincérité veut que l'on n'énonce que ce que l'on croit vrai. L'on peut donc mentir, par l'intermédiaire d'une question, en donnant à entendre qu'on désire connaître la réponse, sans que ce soit le cas. Dans l'ex, suivant, Loc utilise une demande de renseignement en la détournant de son but : obtenir l'information demandée, la visée perlocutoire 3 évince la visée illocutoire, ainsi que l'indique le commentaire descriptif métalinguistique : 8

"Schlechte Nachrichten?", fragte der DirektorStellvertreter leichthin, nicht um etwas zu erfahren, sondern um K. vom Apparat wegzubringen ; "Nein, nein", sagte K, trat beiseite, ging aber nicht weg. (Kaf.Pro., 28)

L'association des présupposés pragmatiques a-e) permet de distinguer la demande de renseignement des assertions interprétées comme telles (acte indirect). Dans l'ex, suivant, en effet, l'énoncé initial (assertion) ne se donne pas comme appelant une réaction linguistique : A: Es ist wohl sehr spät. Β: Es ist Mittemacht. Cependant, la remarque de A (valeur patente : acte représentatif d'assertion atténuée dénotant une incertitude) est interprétée comme demande d'information dérivée (valeur latente). Mais elle pourrait aussi bien être suivie d'une manifestation d'assentiment : - Ja, sicherlich, de dissentiment, ou bien d'une réaction comportementale. Poser une question interprétable comme demande de renseignement c'est donc orienter la suite du discours. Les présupposés pragmatiques I (conditions de réussite, Begriff des Gelingens) de l'acte illocutoire de demande de renseignement induisent l'interprétation de l'Ai. Les présupposés pragmatiques II (conditions de succès, Begriff des Erfolgreichseins) de l'Ai (distinction énoncée en particulier par Wunder-

Notion forgée par Austin pour désigner les conséquences, les effets d'actes illocutoires sur les actions, les croyances, les pensées d'Alloc. Loc avertit Alloc pour l'EFFRAYER, affirme pour le CONVAINCRE... Elle concerne la post-histoire d'un A L et doit rester ignorée d'Alloc.

36

lieh (1976:110) concernent l'acceptation de l'AL par Alloc, qui induit la réponse. Ils sont nécessaires pour que la parole soit suivie d'effet. II. Conditions d'acceptation de l'AL par Alloc a)

Loc peut produire une justification sur les raisons qui l'amènent à poser une question. b) Loc est habilité à poser la question. c) Q? est conforme aux normes de convivialité. II. permet d'apprécier quelles sont les questions acceptables et permet à Alloc de rejeter celles qui sont impropres en refusant d'y répondre. Ces présupposés touchent à la légitimité de l'AL, la pertinence de la question pour l'interrogé. Le questionneur doit pouvoir être en mesure de fournir des arguments pour montrer le bien-fondé de son acte. Le présupposé b touche les propriétés de l'émetteur de Q?. L'injonction se distingue de la question, en particulier par le rapport qui s'instaure entre Loc et Alloc par le fait même de dire. Celui qui donne un ordre se pose en supérieur hiérarchique. La question crée aussi un système de places. Dans la demande de renseignement, l'interaction est menée par celui qui ne sait pas et s'adresse à celui qui sait ; une relation d'infériorité entre des personnes réelles n'empêche donc pas qu'une question soit posée par l'inférieur au supérieur hiérarchique. Certaines verbalisations marquent que le questionneur doit montrer son habilitation à poser une question. On ne pose pas une question n'importe comment : pour poser une question, il faut être autorisé à le faire, la simple curiosité étant considérée comme un manquement aux règles de déontologie discursive. Demander un renseignement représente, en effet, par l'obligation de réponse qu'elle implique, une prise de pouvoir sur Alloc à laquelle il peut difficilement se soustraire, sauf en contestant par ex. cette habilitation, par une rebuffade. Les réponses divergentes qui mettent en cause le bien-fondé de l'AL (Conrad 1978:74) sont des révélateurs des conditions de son acceptation. 9

A:Was machen Sie im Urlaub? Β .Warum wollen Sie das wissen? (a) Was geht Sie das an? (b)

10

Aron: Ich komme mit einer schlichten Frage. Aber ich besorge, Ihnen zu mißfallen. Konrad:Ich kenne keine Vorbehalte. Aron: Hält sich eine Dame, die Schwester Ihrer Verlobten, hier auf?

37 Konrad: Das halte ich für eine unverschämte Frage(c). (Hac. Bin., 47) Aussi, Loe demande-t-il la permission de poser une question quand il n'est pas certain que sa situation l'autorise à le faire dans le but d'éviter que l'intervention paraisse déplacée : 11

Martin: Was machen Sie, wenn ich fragen darf? Kristine: Ich? (Str. Fre., 12)

On note donc l'ouverture par des commentaires métadiscursifs visant à signifier la fonction illocutoire de l'énoncé et les précautions prises avant d'adresser une demande de renseignement à un inconnu : 12

(Capon, Landlord arrivant à Londres pour se trouver devant la révolte de CromwellJ Guter Herr, erlauben Sie mir die Frage: werden die unerhört hohen Steuern des Königs verschwinden? Ladybird: Aber ja, guter Mann. Wozu haben wir die Revolution begonnen! Capon: Ich danke Ihnen. (Will gehen). Ach, Sie verzeihen, Herr: wann werden sie abgeschafft? (Hai. Cro., 11)

La question est précédée, à chaque fois, d'un commentaire métadiscursif : demande de permission ou assertion à valeur d'excuse qui "fait passer" la question. Le refus de coopérer (Alloc se refuse à donner le renseignement) est la sanction d'une question considérée comme "mal posée" ou "indue", le questionneur contrevenant au Principe général de la coopération 4. En résumé, l'association entre l'extériorisation d'un manque d'information à propos d'un état de chose et l'attente systématique d'une réaction linguistique qui y met fin fait la spécificité de la demande de renseignement. Même lorsque l'interrogation sert en définitive à autre chose qu'à cela, la valeur illocutoire primitive n'est pas annulée. Celle-ci apparaît dans tout énoncé interrogatif, qui porte trace de la "grammaticalisation du trait de doute" (cf. Lyons 1980:373). La fonction de question de toute interrogation, indiquer un doute cognitif pour que l'on y mette fin, est marquée au niveau grammatical

4

"Que v o t r e contribution conversationnelle c o r r e s p o n d e à ce qui est e x i g é d e vous, au stade atteint par celle-ci, par le but ou la direction acceptée de l'échange parlé dans lequel vous êtes engagé". Kerbrat-Orecchioni (1986:195)

38 et/ou intonatoire, alors que l'attente de la réponse est déduisible des présupposés de la conversation, à partir de conventions qui la régissent. Ces présupposés conversationnels sont cependant si contraignants qu'indiquer son doute par une interrogation, suffit la plupart du temps, dans une situation dialogique - sauf instruction divergente de Loc - à faire parler Alloc. Poser une question, c'est rechercher une collaboration explicite ou implicite. L'acte de langage de demande de renseignement est pleinement réussi si sont réunies les conditions suivantes : un décodage correct de l'intention communicative de l'Ai (niveau 1), l'adéquation de l'acte de langage de question à la situation d'énonciation (niveau 2), la réponse marque l'acceptation par le récepteur de l'AL (niveau 3). Le niveau 1 précise les caractéristiques pragmatiques du doute cognitif (intervention de la Loi d'informativité selon laquelle la réponse ne doit pas être évidente ou déjà marquée dans la proposition). Le niveau 2 concerne la caractéristique de la situation de conversation, l'alternance des locuteurs et leur égalité de principe dans l'interaction, chacun y apportant sa contribution, tandis que le niveau 3 concerne la clôture d'un acte accompli, reçu et accepté 5 . Quelle que soit la dénomination donnée à ces principes qui se recoupent partiellement : "conditions de réussite "de l'AL (Searle), "maximes conversationnelles" (Grice), "lois de discours "(Ducrot), "Felicity's conditions" (Goffmann), ils vont nous servir à distinguer divers types d'actes de langage interrogatifs en rapport avec des situations concrètes. 2.2.

L'interrogation totale

2.2.1. Demande de renseignement et négation 2.2.1.1. L'assymétrie entre interropositive et interronégative Dans la demande de renseignement, le fait que l'interrogation se présente sous la forme positive laisse à Alloc le choix entre répondre Ρ ou non Ρ : Est-ce que P? 13

Monk :Liebst du deinen König? (Gibt ihm eine Münze) Ladybird: Es ist ein Spaß, ihn zu treffen. Steckt die Münze ein. (Hai. Cro., 10)

Il semble dans ce contexte évident que Monk attend une réponse positive (il donne déjà la pièce), mais rien dans le libellé de sa question ne donne à penser qu'il ait une opinion sur la valeur de vérité de Ρ sur laquelle il demande à Alloc de statuer.

"Une question préjuge d'une certaine façon l'occurrence à venir d'un acte de réponse qu'elle contraint par sa propre énonciation." Moeschler (1982:108)

39 Dans l'ex. 14, la cohérence discursive veut que l'interlocuteur de Fabian suppose que Ρ a plus de chance d'être vrai que non P. Mais ceci n'apparaît pas dans l'interrogation. 14

"... der Wein ist gut, hat er Ihnen geschmeckt?' "Ich mache mir nicht viel aus Weißwein", erklärte Fabian. (Käs. Fab. 140)

Des exemples de ce type corroborent la remarque de Conrad (1978:129) : Zunächst scheint es so, daß jede neutrale Frageform bereits durch einen entsprechenden Kontext bzw. eine entsprechende Situation, in der sie geäußert wird, präsumptiven oder dubitativen Charakter erhalten kann, ohne daß dies in der Form des Fragesatzes irgendwie reflektiert wird. Ceci nous est prouvé également par l'ex, suivant où l'idée de la valeur positive attachée à la question n'est pas tributaire de son libellé mais est projetée sur elle à partir des indications scéniques livrées par le commentaire du narrateur tout puissant qui parle de "Ahnung": 15

(On inconnu pénètre dans sa maison,) Maria ist starr vor Schrecken und hat plötzlich eine Ahnung. Martha : Sind Sie der Hoffmann? Sie rennt, "Horst, Horst" rufend, in die Wohnung. (Sch. Mes., 93) (Le traducteur utilise d'ailleurs une demande de confirmation en V2 :"Vous êtes Hoffmann T )

Ici, la supposition que oui n'est pas déductible de la forme de Q? mais du rapport au représenté. Elle pourrait être prononcée avec une intonation particulière qui contribuerait à la biaiser. La position inverse à celle de Conrad (1978) est défendue par Doherty (1985:18) selon qui les énoncés suivants : - Konrad ist verreist. - Konrad ist nicht verreist. - Ist Konrad verreist? - Ist Konrad nicht verreist? - Konrad ist verreist? témoignent tous d'une attitude propositionnelle de Loc ; elle invoque le principe suivant : Mit der affirmativen Satzform wird eine positive epistemische Einstellung spezifiziert, mit der Satznegation eine

40 negative... Die positive und negative Einstellung sind die beiden grundlegenden epistemischen Einstellungen, die bezüglich eines Sachverhalts bestehen. Ce principe s'applique parfaitement aux deux premiers ex. (énoncés déclaratifs), mais ne nous paraît pas devoir s'appliquer également aux trois ex. interrogatifs cités. Ainsi, selon Doherty (1985) : - Ist Konrad verreist? indiquerait, grâce au marqueur d'affirmation, la suggestion de valeur positive de Ρ dans Q?, tandis que les deux derniers énoncés interrogatifs présenteraient la conjonction de deux prises de positions alternatives, l'une exprimée, l'autre inférée. Donc, pour : - Ist Konrad nicht verreist? (dacht' ich es mir doch!) (tendance : Nein) attitude illocutoire inférée : Loe pensait, jusque là, que c'était le cas (ich dachte, er sei es.) attitude propositionnelle exprimée : la question est orientée vers une confirmation négative de Ρ : Konrad n'est pas parti, la présence de nicht impliquant l'inférence contradictoire. Mais il ne s'agit là que d'une des possibilités d'interprétation de l'énoncé interrogatif négatif, cette même phrase à l'écrit peut en effet être comprise dans le sens inverse d'une attitude propositionnelle positive : n'est-il pas parti? (/— Il l'est, tu le sais. Cf. ch. 3). Hors-contexte, rien, à l'écrit, ne permet d'opter pour l'une ou l'autre des interprétations possibles. A l'inverse, pour : - Konrad ist verreist? (tendance : Ja) Loe pensait que Konrad n'était pas parti (inférence), cependant que la forme positive de l'interrogation suggère l'idée de la valeur positive attachée à la question. Dans ces deux cas, la position antérieure de Loc allait dans le sens inverse à celle du signifiant (forme affirmative ou négative de P), qui marque la tendance. Mais l'argument fourni à propos de la question au positif, la possibilité d'insertion de modalisateurs ou de particules épistémiques dans la question : - Ist Konrad vielleicht verreist? - Ist Konrad sicher verreist? ne nous oblige pas à faire le saut qui consiste à poser - comme elle le fait pour la question nue - l'existence d'un "positionales Null-Morphem". C'est là assimiler question et assertion pour laquelle en effet la prise de position, la déclaration de vérité, s'exprime ainsi. La différence dans le signifiant (Question en VI vs en V2) est caractéristique. La demande de renseignement neutre (Q?V1) s'exprime par

41 l'intermédiaire d'une interropositive en V I , alors que toute insertion d'un opérateur marquant l'orientation de Loc modifie la demande en indiquant une supposition sur la réponse ; c'est donc aussi le cas dans l'interrogation totale avec négation de phrase : - Ist Konrad nicht verreist? L'interropositive et l'interronégative correspondantes ne sont pas symétriques. Nous ne pouvons dire que l'interropositive en V I véhicule une prise de position sur la valeur de vérité de Ρ 6 . Quand elle semble pouvoir être interprétée ainsi (représenté), c'est toujours à l'appui d'éléments extérieurs du con-cotexte. Nous voulons, en revanche, argumenter en faveur de l'idée que l'interronégative en V I a, par rapport à l'interropositive, un comportement original. Dans le cadre d'une demande de renseignement, elle soumet à Alloc la proposition négative non P, qui a quelque chance d'être vraie, - Ist es der Fall, daß nicht P? Selon nous, l'ajout d'une négation à une interrogation en V I modifie la neutralité de la question. On peut en effet montrer qu'il n'y a pas toujours correspondance entre énoncé positif et négatif d'une même proposition : 16a

Ist es nicht besser, gleich nach Hause zu gehen? /= - Ist es nicht der Fall, daß P?

n'est pas l'énoncé négatif correspondant à la question positive : 16b Ist es besser, gleich nach Hause zu gehen? /= - Ist es der Fall oder ist es nicht der Fall, daß P? 16a est à interpréter comme une suggestion allant dans le sens de faire accepter le contenu gleich nach Hause gehen comme préférable, tandis que 16b est une demande de renseignement sur le préférable. Dans ce cas, l'énoncé au positif présente la mise en débat des deux possibilités (bidimensionalité de Q?). Certains linguistes ont donc émis l'idée d'une différence radicale entre interrogation de forme positive et négative. Ainsi, Anscombre/Ducrot (1983) en se fondant sur certains faits d'enchaînement considèrent que Est-ce que P?/Est-ce que non P? ne peuvent avoir même statut sémanMoeschler (1982:114) va, à l'inverse, j u s q u ' à p r o p o s e r d ' a p p e l e r " d e m a n d e d e confirmation"

une

question

comme :

Est-ce

qu'il

pleut?

prononcée

de

façon

neutre,

p u i s q u e dit-il : "elle laisse e n t e n d r e q u e l'énociateur a des raisons - non certaines d e croire qu'il est vrai qu'il pleut". Il y a bien alors a s s o m p t i o n d ' u n contenu non asserté, mais rien, d a n s le libellé d e la question,

pose effectivement q u e c'est le cas. Le contenu est p r o p o s é au j u g e m e n t d'Alloc pondération.

positif

ne permet d e dire q u e Loc supsans

42 tico-argumentatif et ne sont pas symétriques. Ils pensent que les énoncés de forme interronégative ne servent pas à formuler une demande de renseignement neutre. L'assymétrie entre interropositive et interronégative peut être ainsi présentée : - l'interronégative est formée à partir d'un co-texte avant marqué, alors qu'à l'aide de l'interropositive, Loc s'informe sans pondération sur la vérité de P, chacune des deux valeurs ayant des chances d'être vraie. En d'autres termes, l'interrogation négative peut-elle servir à poser une question neutre ou revient-elle toujours à suggérer "eine Antworterwartung" 7 (Conrad 1978:127), une certaine attitude de Loc concernant la réalité de P? Examinons les cas suivants de forme VI nicht? : - Est-ce que non P? 17

Bridget : Henry, Sie haben entsetzlich schwitzige Hände Die Wolle ist klatschnaß. Ist Ihnen nicht wohl? 8 (Hai. Cro., 13) (Est-il vrai que ça ne va pas Ί)

A partir de l'observation faite par Bridget sur les mains moites de son compagnon, la valeur négative est considérée comme inférable par le questionneur. Citons un autre exemple : 18

"Tenga la bondad de sentarse", sagte der Südländer. Und da hätte sie beinahe verraten, daß sie seine Sprache verstand... Im letzten Augenblick fragte sie stattdessen: "Was haben Sie gesagt, bitte?" 'Verstehen Sie nicht Spanisch?', wollte er wissen. "Nur ein kleines, winziges bißchen", log sie." (Mar. Mal, 11)

Le co-texte aval est clair : Loc part d'une inférence négative qui induit la formulation négative de la question, mais il peut toujours rétablir la bidimensionnalité. En effet, la possibilité de réaction inverse, prévue par le code en cas de mise en débat, est une marque de la demande de renseignement : Verstehen Sie nicht Spanisch, oder doch?

"Die negierten Glieder der Alternative können zwar zum Ausdruck einer Entscheidungsfrage benutzt werden, sind dann aber im Vergleich zur bejahten Form bereits mit einer zusätzlichen Antworterwartung verbunden." La négation partielle dans ce cas (accent sur wohl) sitionnelle.

équivaut à une négation propo-

43 La valeur négative est considérée comme la plus probable, l'enchaînement cohérent avec la question précédente induisant Loc à en inférer que son interlocutrice ne parle pas cette langue, idée qui serait encore plus clairement exprimée dans la demande de confirviation en V2 : - Sie verstehen nicht Spanisch?. Dans les deux ex. ci-dessus, la question négative fait suite à un stimulus qui rend la production de l'énoncé positif, comme question neutre, absurde : - ?ist Ihnen wohl? - ?Verstehen Sie Spanisch? Le caractère énonciatif du segment précédant la question est marqué et induit l'interronégative. Le prédicat descriptif d'acte langagier qui accompagne la question est clair sur le type d'acte de langage. Il s'agit bien d'une demande de renseignement biaisée. La réponse qui suit une interronégative peut-elle nous fournir quelque argument en faveur de l'assymétrie? La réponse à : -"Verstehen Sie nicht SpanischV pourrait être, signal d'acquiescement (Zustimmung) a:

Ja, (Sie haben recht), ich verstehe nicht Spanisch,

b:

Nein *Ja

signal de dénégation (Ablehnung) c:

Doch

Doch (information) affirme le contraire de ce qu'exprime la proposition négative précédente. Il répond par l'affirmative à une question qui attendrait une réponse négative. A

propos de cette possibilité de réaction par ja

+ répétition

de

l'énoncé négatif, Kürschner (1983:82) avance un argument, que nous appliquons

à

l'ex,

ci-dessus

et

qui

semble

aller

dans

le

sens

l'assymétrie : Es liegt dann (a la différence de "Ja (ich spreche Spanisch)", en réponse à "Sprechen Sie nicht kontextbedingtes negatives ja

9

Spanisch?" '), wieder ein

vor... Man

kann auch hier

davon sprechen, daß der Hörer ... zwar nicht eine explizite Behauptung, wohl aber eine Annahme des Sprechers akzeptiert. Nicht est alors accentué. L'énoncé est négatif.

de

44 Un argument supplémentaire à celui du paradigme des mots-énoncés, indiquant que l'interrogation négative se trouve biaisée par rapport à l'interropositive correspondante, s'appuie sur la valeur fonctionnelle de nicht. Si la négation peut avoir pour effet de : rejeter le choix d'un élément potentiel inférable de la situation d'énonciation (Pérennec 1986:182) l'interrogation devient tributaire d'une telle valeur : Loc pose la question à partir du rejet du choix de la valeur positive de P, point de vue commandé par le con-cotexte, Loc n'envisage donc plus d'une manière totalement neutre l'information qu'il sollicite, sans aller cependant jusqu'à émettre une supposition. Nous ne posons cependant pas d'équivalence entre les deux structures Vlnichtl (demande de renseignement biaisée) et V2nichtl (demande de confirmation) 10. Dans le premier cas, le rejet n'est qu'inféré. On ne peut, en effet, greffer à Vlnon P? des expressions comme "nehme ich an/glaube ich ", ou des particules de vérification "was, wie"...?, ou utiliser des particules illocutoires qui sont possibles dans l'interrogation en V2 (Sie verstehen nicht Spanisch, nehm ich an?/was?/ Sie verstehen doch nicht Spanisch?) : * Verstehen Sie nicht Spanisch, nehme ich an? - Les demandes de renseignement neutres 11 présentent le verbe à l'initiale VI et ne comportent aucune indication linguistique particulière indiquant que Loc s'attend à ce que Alloc accepte ou rejette le contenu propositionnel soumis à son jugement. Formulation positive et négative ne sont donc pas équivalentes. Loc formule la question de manière négative quand il suppose que non P a plus de chance d'être vrai en se fondant sur sa connaissance du monde ou sur des inférences. La formulation positive (neutre) peut, dans un certain con-cotexte être interprétée comme l'idée que Loc s'attend à P, mais ceci n'est nulle part inscrit dans sa forme, c'est là une différence essentielle avec QnonP?. Une autre différence nous est suggérée par la remarque de Lyons (1980:383), disant à propos de : - Isn't the door open? : "De même que les questions ouvertes, elles (les questions négatives simples) peuvent simplement être émises (cf. : 'Isn't the door open', he wondered'.)" En revanche, les questions tendancieuses de demande de confirmation adressées.

sont toujours

Lyons (1980:383) les décrit en ces termes, à propos de - Is the door open? : "La présupposition de la disjonction de P et -P n'y est pas pondérée en ce qui concerne l'attente par le locuteur de l'acceptation ou du rejet de la proposition P ou -P sur laquelle porte la question."

45

Il y a dans la demande de renseignement positive une simple assomption du contenu propositionnel non asserté de P, partant l'expression d'une ignorance sur sa vérité. C'est la forme normale et la plus fréquente de ce type d'acte de question. Nous conclurons donc que la formulation négative d'une question 12 n'est pas symétrique de son homologue positif même dans la demande de renseignement. Tableau I 1 polarité

illocution

acquiescement

dénégation

| I

positif 1

demande de renseignement (positive) neutre

Ja

Nein Doch

I négatif 2 ι ι

demande de renseignement (négative) biaisée

Nein Ja + Nonp

Doch

I ι ι I ι ι

ι

L'interrogation totale positive est l'interronégative correspondante l'est 14.

non

marquée,

alors

que

Kürschner (1983:83) .-"Negative Interrogativsätze implizieren also stets eine Antworterwartung von Seiten des Sprechers, positive bedürfen dazu besonderer intonatorischer Konturen oder, auf der morpho-syntaktischen Ebene, der Einfügung von Partikeln." Des lexèmes de "polarité négative" peuvent être insérés pour souligner l'attente d'une réponse négative : - Sprechen Sie nicht einmal Spanisch? - Sprechen Sie nicht mehr Spanisch? On appelle éléments polarisés des expressions qui manifestent des variations d'acceptabilité lorsque l'environnement dans lequel ils sont insérés se trouve affecté ou privé de négation. Certains termes comme einmal/mehr/., qui renforcent la négation sont appelés lexèmes de polarité négative, cf. Kürschner (1983:137) ou sogar/wenigstens,., qui renforcent l'affirmation, lexèmes de polarité positive.) Kürschner (1983:81) admet une possibilité de répondre Doch à : - Wohnen Sie in Freiburg? "Mit Doch schließlich entscheidet er (Loc) sich wieder für die erste der beiden Alternativen (entweder der Hörer wohnt in Freiburg, oder der Hörer wohnt nicht in Freiburg) - wiederum 'zögernd'". Ceci n'est pas admis par le dictionnaire Kla./Ste. (1974 t.2:833), ni par Conrad (1978). Mais nous trouvons des exemples d'auteurs qui démontrent la justesse de cette remarque : "Denk dir, wenn ich jetzt Fìlmschauspielerin würde! Kannst du dir das vorstellen?" "Doch", sagte er. (Käs. Fab., 112) Loc répond ainsi par l'affirmative à une question probablement prononcée sur un ton dubitatif, donnant à entendre que le questionneur attendait une réponse négative. A l'écrit, ceci n'est perceptible que grâce à la rupture marquée par l'apparition de doch qui montre qu'Aiioc l'interprète comme question biaisée. Rien dans la forme ne le laisse supposer au lecteur, qui infère cela de la réponse de Fabian. Kürschner (1983:134) : "Eine der jeweiligen Alternanten ist unmarkiert, die andere markiert, in dem Sinn, daß die unmarkierte Alternante sowohl in positiven wie auch in negativen Kontexten erscheinen kann, die markierte in der Regel jedoch nicht in positiven."

46 En nous fondant sur le rapport entre structure syntaxique et valeur pragmatique, nous serons ainsi amenés à distinguer : - A. les interropositives comme demande de renseignement neutre. Celles-ci peuvent, dans un co-contexte approprié ou par une intonation particulière, être interprétées comme demande biaisée. - B. les interronégatives à négation propositionnelle comme demande de renseignement biaisée. - 1 les interronégatives à négation propositionnelle comme demande de confirmation négative QÎCONf.Nein. - Du kommst (doch) nicht mit ins Kino (hoffe ich)? Cette même structure, dans un environnement particulier et prononcée avec un ton dubitatif, peut être interprétée comme demande d'infirmation Q?INF.Nein : 19

Du erkennst mich nicht? Das kann doch nicht möglich sein!

- 2. les interronégatives à négation illocutoire comme demande confirmation positive Q?CONf.Ja : 20

de

Da klopfte es mit einigen starken Schlägen an die Seitenwand. Κ. schrak auf. "Ist nicht der Landvermesser dort?", fragte er. "Ja", sagte Bürgel. (Kaf Sch., 255)

On remarque que la réponse avec Ja seul s'impose dans ce cas. - S. les interronégatives d'hypothèse à négation illocutoire : 21

Als ich (Ali) Hühnchen esse, diese Nuggets, werde ich auf Anhieb mißtrauisch : das könnte auch Fisch sein. Das hat so einen leichten Nachgeschmack. Bei der Apfeltasche habe ich (Ali) auch den Eindruck : Mensch, ist da nicht wieder Fisch im Spiel? (Wal.unt., 32)

- 4. les interronégatives comme formulation polie de demandes (AL indirect) 22

d'agir

Viviane: Haben Sie nicht Lust, wollen Sie beide nicht mit uns für ein paar Tage in die Berge fahren? Lothar: Herzlich gerne. (Str. Tri., 74).

L'offre exprimée sous forme négative est moins directe, plus polie (rituel de politesse) que celle transmise par son symétrique positif : haben Sie Lust/ Wollen Sie...? qui semble moins laisser la possibilité de n'y

47

pas accéder. L'on remarque donc une certaine polyvalence pragmatique des structures Vlnichfí/V2nicht?. Si l'on y ajoute les phénomènes intonatoires, l'interronégative traduit alors des valeurs supplémentaires. Lorsque Loc veut signaler, dans une demande de renseignement qu'il se place plutôt dans la perspective positive ou négative, il peut ajouter une particule de vérification de même polarité, positive ou négative, que l'interrogation. De petits mots postposés à la proposition précisent l'attitude de Loc, son attente. Ainsi, un énoncé en VI positif peut-il être une demande d'information biaisée : VIP, ja? *nein? VInon P, nein? *ja? 23

Franz: (parlant de son fils) Haben Sie sein Mädchen gekannt, ja?... Elfriede: Elfriede? Ja. Sie hieß auch Elfriede (Str. Tri., 23)

24

Elfriede: Hat dir nicht gefallen, was mein Mann dir geschenkt hat, nein? Answald: Doch, schon. Ein Wandlämpchen. Warum schenkt er mir sowas? Ich weiß nicht, ist das ein Scherzgeschenk oder nicht? (Str.TH., 33)

Il s'agit là d'interrogations renforcées par ja/nein qui répètent la polarité de la question, de même qu'une assertion ou bien qu'une phrase déclarative à valeur de question peuvent être renforcées par un élément prophrase de même polarité, dit sur le même mode illocutoire : heute haben wir kein schönes Wetter, nein. La reprise par un élément de renforcement se fait sur la même positivité ou négativité et exprime l'attente d'une réponse dans un certain sens, la poursuite alternative étant ici bloquée. La reprise par jal efface la neutralité de V1P?, nein? renforce la valeur négative issue du rejet d'une inférence dans VlnonP? De tels énoncés se distinguent au plan formel et sémantique de la question à forme de déclarative, dont l'interprétation est assurée par une particule de vérification V2P, ja/nicht/nein... ? (Reprise avec inversion de négativité possible) V2 nonP, nicht?/nicht wahr?... Les particules de vérification marquent l'énoncé comme question. Loc, en demandant à Alloc son avis, l'oriente vers la confirmation de la proposition précédente. Nous étudions (infra 3.5.) cette procédure de reprise.

48 Tableau II demande d'information biaisée VIP, ja? VlnonP? VlnonP, nein? VlnonP,oder doch?

demande d'information neutre VIP (oder nicht)?

2.2.1.2. L'interronégative emphatique La structure VINICHT? avec accent d'emphase sur nicht serait porteuse d'une valeur illocutoire spécifique. Kürschner (1983) reprend, à l'aide du terme d"'interronégative emphatique", la description que fournit Conrad (1978:130), à la suite de Restan, d'une catégorie de demandes dites "emotional-konstatierend" 16. L'"interronégative emphatique", marquée par un accent d'insistance sur nicht, exprime l'inférence actuelle de Loc, tournée vers la négation du contenu de P, et le rejet de son opinion antérieure inverse (Loc s'attendait à ce Ρ soit vrai), contraste qui donne une coloration émotionnelle (surprise, indignation...) supplémentaire à l'énoncé. Wohnen Sie NICHT in Freiburg (inférence première : Sie wohnen in Freiburg, mais quelque chose fait penser que ce n'est peut-être pas le cas). Mais en constatant, tout en posant la question, Loc fait autre chose que de s'informer, la question 25 n'est pas une demande de renseignement, mais une question tendancieuse : Kürschner (1983:82) distingue "einfach-negative vs emphatisch negative Fragesätze", ces dernières véhiculant une attente positive ou négative : Kommen Sie "nicht mit ins Kino? (trad. : Est-ce que vous ne venez vraiment pas au cinéma? /= Ich nahm an, Sie kämen mit. Ich muß jetzt damit rechnen, daß sie doch nicht kommen.) Un accent d'emphase porte sur la négation propositionnelle marquant le contraste entre l'attente positive de Loc en un temps antérieur et la situation actuelle, certains éléments donnant de la vraisemblance à la réponse négative. V. aussi la structure en QV2? avec accent d'emphase : Sie kommen "nicht mit ins Kino? (trad. : comment, vous ne venez pas?) Meibauer (1986c:131) critique avec raison le fait d'y voir un type de phrase "expressif-emphatique", alors que l'accentuation n'est qu'un moyen, parmi d'autres, pour véhiculer une attitude épistémique dans un énoncé de forme Vlnicht? L'accent contrastif donne des indications supplémentaires concernant l'induction du vrai ou du faux. Doherty (1985 : 41) le compte au nombre des indicateurs attitudinaux. La différence avec la structure négative simple est décrite à l'aide des prédicats suivants : ?( -S)& SUGG( -S) ?( -S)&SUGG(S)t n-m & CONST( -S)tn

49 25

Sind Sie (doch) nicht der Lehrer meiner Tochter?

Cet ex. est forgé par Kürschner (1983:86), Conrad (1978) ne donnant aucun ex. avec négation. On pourrait le gloser par : also sind Sie nicht der Lehrer meiner Tochter. La présence de particules spécifiques, comme doch, règle le problème de l'interprétation. En revanche, l'accent d'emphase est une donnée moins précise. Sur une structure peuvent se greffer des valeurs supplémentaires provenant du co-texte, une question est alors interprétable comme pseudo-constatation, ce que nous indiquons par la traduction dans l'ex, suivant : Hast du dem Kind die Schokolade NICHT gegeben? (Quoi, tu n'as pas donné le chocolat à l'enfant ?) Il s'agit là d'autre chose que d'une demande de renseignement. Lorsqu'il y a contraste entre croyance antérieure et rejet actuel de cette croyance, l'interronégative peut prendre (en représenté) sur fond de contexte approprié, la valeur d'un reproche ou d'un blâme. En revanche, nous avons bien affaire à une demande de renseignement biaisée dans l'ex, suivant, où l'interronégative est suscitée par le co-texte amont : 26

"Was machen Sie denn da?", fragte Frau Hohlfeld. Sie war unbemerkt eingetreten. Fabian sagte abweisend: "Ich fange Fliegen. Sie sind heuer groß und knusprig. " "Gehen Sie 'nicht ins GeschäftΤ "Ich bin in den Ruhestand getreten"... (Käs.Fab., 120) (Vous n'allez pas au bureau ?)

Fabian réplique à la première question par une boutade ironique, obéit à la déontologie discursive, mais ne fournit pas l'information demandée (réplique éludante), ce qui occasionne la deuxième demande. Celle-ci implique une inférence négative s'opposant à la croyance première du questionneur (Fabian devrait être au bureau). Mais nous n'apprenons ceci que grâce au rapport contextuel, il n'y a pas nécessité d'une emphase particulière sur nicht. La question est, naturellement, biaisée. De nombreux facteurs peuvent intervenir qui font varier la forme de l'interrogation. L'interronégative apparaît donc un co-texte marqué, la négation étant de quelque manière rapportée à une inférence ; ainsi dans 27, la narrateur s'interrompt-il pour poser une question qui dans sa forme rejette un élément potentiel inférable (il craint brusquement d'être ennuyeux), mais il n'y a pas d'emphase particulière :

50 27

"Aber", unterbrach sich hier der Vorsteher, als sei er im Eifer des Erzählens zu weit gegangen oder als sei es wenigstens möglich, daß er zu weit gegangen sei: "langweilt Sie die Geschichte nicht?" "Nein", sagte K. "Sie unterhält mich." (Kaf. Sch., 63)

L'ex. 27 est une demande de renseignement biaisée (test : possibilité de paraphrase par la disjonction Langweilt Sie die Geschichte nicht, oder doch?). Une interronégative en VI n'est interprétable hors-contexte comme question non neutre (tendancieuse) que si des mots de discours (ex. doch) ou une intonation spécifique viennent désambiguïser une structure indiquant simplement l'assomption de non Ρ sans parti pris. 2.2.1.3. Le changement de position de nicht L'étude de l'ordre des mots donne-t-elle quelque indication sur la base d'incidence de nicht? Kürschner (1983:88-89) attire l'attention sur le fait que le changement de position de la négation dans l'interronégative à polarité positive n'induit pas de changement de sens comparables à ceux de la déclarative citant pour le type QConf.Ja? : a Hat nicht der Lehrer den Kindern die Schokolade gegeben? b Hat der Lehrer nicht den Kindern die Schokolade gegeben? c Hat der Lehrer den Kindern nicht die Schokolade gegeben? d Hat der Lehrer den Kindern die Schokolade nicht gegeben? énoncés indiquant la supposition : c'est le maître et pas un autre qui a donné le chocolat aux enfants. L'on remarque, la différence avec : Nicht der Lehrer hat den Kindern die Schokolade gegeben. (Pas lui, mais quelqu'un d'autre a donné le chocolat aux enfants), par rapport à: Der Lehrer hat den Kindern nicht die Schokolade gegeben. Der Lehrer hat den Kindern die Schokolade nicht gegeben. (Il n'a pas donné le chocolat aux enfants.) L'interronégative à polarité positive (demande de corifirviation) admet une position très avancée de nicht sur la chaîne, avant le sujet : Hat nicht 'der Lehrer Hat der Lehrer nicht '... (Il l'a fait, n'est-ce pas ?) alors que l'interronégative comme demande de renseignement biaisée ne l'admet pas mais se construit ainsi (négation de phrase) : Hat der Lehrer den Kindern die Schokolade 'nicht gegeben? (Est-il vrai qu'il ne l'a pas fait...?)

51

En plus de sa non accentuation, la position précoce de nicht, garantit la compréhension de Vlnicht? comme demande de confirmation positive. Conclusion La demande de renseignement (question totale) se caractérise par sa binarité qui tient à l'indécidabilité de la réponse. Un seul des termes de l'alternative (ja/nein) apparaît, le terme positif, quand la demande est neutre : 28

Spiegel: Stimmt es, daß Ihre Spione in den Femsehanstalten Ihnen die Pläne der Fernsehnoberen erzählen und Sie dann schnell das passende Programm heranschaffen? Kirsch: Ich habe keine Spione. Ich bin ein gut informierter Kaufmann. (Spiegel Nr. 52, 22. Dezember 1986, 3)

Dans ce cas, seule la forme positive stimmt es? peut faire comprendre la question comme demande de renseignement qui met en balance ja/nein, sans préjuger de la réponse. La réponse négative à la question posée est déductible de l'attaque du présupposé d'existence (Sie haben Spione) véhiculé par l'interrogation précédente. Le prédicat, dans la proposition intégrante, indique cette recherche de la vérité. 2.3.

L'interrogation partielle et disjonctive

Dans le modèle de l'interrogation partielle ou de constituant, le contenu propositionnel est posé comme existant dans le cas où il existe une valeur pour la variable W- : 29

Schmidt: Was sind die wesentlichen politischen Motive für seine (Gorbatschows) Reformen? Schiller: Bei der Perestrojka, dem Gesellschaftsumbau, geht es überwiegend um politische Motive: Demokratisierung im Sozialismus, Beteiligung der Bevölkerung an den allgemeinen Angelegenheiten durch öffentliche Diskussion, außenpolitische Öffnung.' (Zeit Nr. 27, l.Juli 1988, 3)

En prononçant cette interrogation, Loe n'a pour visée illocutoire que d'être informé ponctuellement. Le déficit cognitif ne porte que sur une variable marquée par un support lexical : W- wesentliche politische Motive? Les instances de substitution de w- valent pour réponse apportant l'information demandée. Une phrase interropositive à valeur de demande de renseignement peut s'employer comme phrase disjonctive. C'est ainsi que l'emploi de la

52 phrase positive représente un raccourci qui met en balance impartiale oui et non, en parcourant la gamme des possibles. L'interrogation disjonctive produit, par rapport à la forme simple, un effet de polarisation, voire d'insistance (emphase), comme dans 30 : 30

(Bert soupçonne Carpano d'être le meurtrier de sa fiancée) Carpano: Hören Sie, Bert, ich bedaure den Tod ihrer Braut aus ganzem Herzen. "Waren Sie es, oder waren Sie es nicht?" schrie Plaggenmeyer zurück. (Ky rei., 58)

L'interrogation disjonctive (au lieu de la question simple) rend celle-ci plus péremptoire. Elle restreint le choix des possibles aux réponses situées aux deux extrémités de l'échelle de vérité. La question disjonctive est alternative s'il est présupposé qu'une seule des propositions qu'elle met en balance est vraie. Voici une série d'ex, où l'alternative est indiquée non pas au moyen de la négation de Ρ mais par une formulation paraphrastique : 31

"Wollt ihr den Kampf aufnehmen oder wollen wir ihm ausweichen, was nun, da sich die Gegner alle an einem würde?" Punkt versammelt haben, sehr leicht sein "Kämpfen, kämpfen!" lautete die allgemeine Antwort. (May Mah., 16)

32

"Warten wir ab, bis draußen alles vorbei ist, oder treten wir gleich den Rückzug an?" (Ky. Dra., 183)

33 Die akuteste (Frage) darunter ist wohl die Frage nach dem militärisch-politischen Status des vereinigten Deutschland. Wird ein vereinigtes Deutschland Mitglied der Nato sein, oder wird es außerhalb der Blöcke bleiben, d. h. ein neutraler Staat sein? Unsere Regierung neigt natürlich der letzteren Variante zu, der Neutralisierung Deutschlands. (Zeit, Nr. 27 28. Juni, 1991, 53) Nous utilisons la paraphrase par la structure disjonctive correspondante comme test indiquant l'absence de pondération de la demande de renseignement neutre et biaisée. La demande de renseignement neutre (interropositive), est toujours paraphrasable par l'interrogation disjonctive correspondante, qui met en

53 valeur le choix d'une polarité (P /nonP) mais la paraphrase restreint la gamme des possibles au choix entre les deux pôles de réalité. (a) Spielen wir? est paraphrasable par Spielen wir oder (spielen wir) nicht? La disjonction marque dans la demande de renseignement biaisée (interronégative) un changement d'orientation (b) Spielen wir nicht?/Spielen wir nicht, oder doch? En revanche, la disjonction immédiate est tout-à-fait impossible pour la demande de confirmation, qui implique une supposition positive : (c) "Wir spielen oder nicht? Pour que (c) soit possible, il faudrait modifier la structure et ajouter un élément qui marque le changement d'orientation argumentative comme doch. (d) Wir spielen, oder spielen wir doch nicht? L'allemand diverge ici du français, qui permet une telle disjonction après ce qui a la structure d'une demande en V2, dont nous montrerons ci-après (chapitre 3) qu'elle correspond en allemand à une demande de confirmation. Il est clair que l'alternative se greffe mal sur une demande de confirmation, à cause du revirement total de perspective qu'elle implique. La demande de renseignement, dans l'ex, suivant, est rendue avec une modification de structure dans la traduction allemande. Nous comprenons l'énoncé, en français, comme demande de renseignement neutre disjonctive en V2, licite en langage parlé : 34

Elle: Tu es complètement japonais ou tu n'es pas complètement japonais ? Lui: Complètement. Je suis japonais. Dur.Hir., 27 (M. Duras, Hiroshima mon amour, Folio, 36) (Du bist ganz und gar japanisch, oder bist du nicht ganz japanisch? Ganz und gar. Ich bin JapanerJ

Boriilo 549 cite : il reste du pain ? comme équivalent de il reste du pain ou pas ? Il est possible que cela tienne à l'utilisation importante de la structure V2 en langue parlée. Peut-être y-a-t'il cependant une différence d'attitude. Loc posera plutôt la question simple s'il s'attend à une réponse positive. En tout cas, la structure disjonctive en V2 fonctionne bien comme équivalent de la même phrase avec interrogation inversée en VI ou avec "est-ce que" : - Reste-t-il du pain ou pas ? - Est-ce qu'il reste du pain ou pas ?

54 En allemand, cette possibilité de construction n'existe pas. Les questions en alternative à V2 ne sont possibles qu'avec un changement de structure : V2, oder Vlnicht? 35

Aber unter den Modalitätsverben fehlen dann z.B. anfangen, aufhören, beginnen, sich beeilen, sich mühen, sich gewöhnen, probieren, versuchen - oder sind das keine Modalitätsverben, und wenn nicht : warum nicht? (ZGL 18. 1990 H. Sitta über Engel, 211)

Ayant donné des raisons qui induisent l'inférence : Ρ vrai, c'est à partir de cette supposition que la question disjonctive est posée. Nous allons maintenant nous intéresser à la configuration entre interrogation et mots de discours, signes à fonction communicative, qui diffèrent selon le type de question concernée. Ils aident à faire accepter celle-ci, en renvoyant à une mise en situation du message. 2.4.

Les particules illocutoires comme modificateurs d'illocution

Nous nous intéresserons d'abord à l'interaction entre forme interrogative et particules illocutoires 17 entrant dans la demande de renseignement, en nous demandant quelle est leur fonction communicative. Pour ce qui concerne la délimitation, nous étudions d'abord les particules illocutoires qui rentrent dans l'interrogation en V I ou en W- . Nous verrons dans le chapitre 3 celles qui se trouvent dans la déclarative à valeur de question. Sont traitées dans l'ordre : denn eigentlich/überhaupt bloß/nur wohl, Puis : etwa, vielleicht

Sur les problèmes de dénomination, voir Métrich (1989). Nous choisissons ce terme car il indique que les entités concernées jouent un rôle au niveau de la valeur énonciative de l'énoncé et concernent son caractère d'acte, elles sont régulatrices de l'interaction. Le terme de "marqueurs attitudinaux" nous paraît plus ambigu, car il pourrait tout autant se rapporter au jugement affectif de Loc porté sur un événement indiqué par un appréciatif (das glaube ich dir gern), comme aux jugements concernant l'action (ich vaili, daß Du singst)., ou à ceux concernant la proposition (ich glaube, daß Du recht hast.).

55

Les particules d'illocution ont un signifié très abstrait, elles n'ont pas d'extension, elles ont une fonction communicative et stratégique. Elles présentent avec leurs homologues : adverbes, modalisateurs, particules logiques, des différences qui permettent de les décrire comme classe fonctionnelle spécifique : - elles ne sont généralement pas accentuées (sauf utilisation contrastive, ce qui les différencie d'adverbes ou de particules logiques homonymes), - Elles se situent dans le champ 2 (question en VI?) après le verbe conjugué et les éléments anaphoriques, avant la négation de phrase et avant les caractérisations adverbiales dans une "zone de partage des eaux", entre le topique et le commentaire, ainsi que l'exprime Krivonosov 18 (1965:574) et ne peuvent - sauf überhaupt être placées hors-construction en avant-première position. Elles se situent aussitôt après W-? ou après le verbe conjugé dans le champ 2. Le critère de non-initialisation 19 souvent représenté comme distinctif de cette classe (cf. Métrich 1989:28) n'est pas ici opératoire. Une particule illocutoire n'est donc pas - etwa excepté - sous l'incidence de la négation. 36

Pinneberg: 42 Mark habe ich noch. Lämmchen: Wovon sollen wir nun eigentlich leben? Pinneberg: Ich weiß nicht. (Dor. Kle., 72)

Le topique comprend le sujet urir, le prédicat est constitué par le verbe et son expansion (von etwas) leben, tandis que la particule nun comme "charnière de discours" (qui signale une situation nouvelle) et la particule illocutoire eigentlich se trouvent dans le champ médian. "Die modale Partikel ist im Satz eine Art Grenze für die Bezeichnung des Neuen (des Rhemas) und des Gegebenen (des Themas)... links von der modalen Partikel steht das Gegebene, rechts das Neue". Nous souscrivons au principe de la polyfonctionnalité d'éléments qui peuvent fonctionner, selon l'entourage, en différents types d'emploi, voir Métrich (1989:31). Le rôle joué est fonction du cadre syntaxique où s'insère un élément. Ainsi en va-t-il de vielleicht, qui, joue le rôle de modalisateur indiquant le refits d'assertion, est alors initialisable et peut même en indiquant l'indécidabilité sur la valeur de vérité de Ρ entrer dans une déclarative sous modus interrogatif. Il peut aussi servir de "proénoncé", tandis que dans l'interrogation en VI à valeur rhétorique, il est forcément exclu de la première position et fonctionne comme particule illocutoire. Il en va de même de eigentlich et überhaupt, qui dans VI? ou W-? sont obligatoirement exclus de la première position, y jouent donc le rôle de particule illocutoire, alors que dans la déclarative, ils sont initialisables et renforcent l'assertion en fonctionnant comme connecteurs argumentatifs, comme mots "dont le rôle habituel est d'établir un lien entre deux unités sémantiques" (Ducrot 1980:15).

56

Elles rie peuvent fournir à elles seules une réponse à une question (vielleicht, particule illocutoire, diffère de ce point de vue du modalisateur.) 36b" Ist er schon da ? - Vielleicht. (= modalisateur^ Ceci pose évidemment le problème du rapport entre particule et formules rituelles d'affirmation Ja/Doch/schon 2 0 employés comme mots-énoncés valant réponse : 37

Gefällt es dir - Ja, doch!

wenigstens?

Comme il est possible de trouver schon dans ce contexte d'affirmation restreinte, l'on trouve également doch, seul qui inverse le contenu négatif de la question précédente : 38

Sie wollen mich doch jetzt nicht fragen, wer Plutarch war? - Doch.

Elles ne peuvent, sauf wohl, être répétées dans la réponse : 39

"Glaubst du wohl", sagte sie, "daß es irgendetwas geben kann, das man sich nur ausdenktΤ "Das ist wohl unmöglich", sagte er, "denn was in uns ist, muß auch außerhalb von uns da sein". (Kos. Sta., 256)

Elles ne sont pas membres de la proposition (Satzglied) et ne sont pas anaphorisables (différence avec adverbe), elles sont cependant intégrées, mais portent sur l'énonciation de P. Certaines sont combinables entre elles et avec certains modalisateurs et appréciatifs (leider, zum Glück...) : 40

Können Sie denn überhaupt singen? Ist er denn tatsächlich schon da? Hoffentlich kann ich es ihm doch sagen?

Cette question n'est pas suffisamment discutée par Borst (1985:6) qui se contente de distinguer sans discussion "Partikel" / "Satzäquivalent", sans se poser la question de savoir s'il s'agit du même lexeme.

57 Elles ne figurent pas dans les subordonnées qui suspendent la valeur de vérité (sauf abaissement à partir de la proposition intégrante avec verbe épistémique 21 ) et portent sur toute l'information de l'énoncé a) Ich glaube, daß die Kleine den Mund schon halten wird, étant à peu près équivalent à : b) die Kleine wird den Mund halten - ich meine schon -. On les trouve, en revanche, dans les subordonnées autonomes en obgleich, da, wo, so daß, damit, dans les relatives descriptives (Cf. ex. Métrich 1988:308) : 41

Habermas: Wie spielte sich das nun ab? Die Zeitschrift war der organisatorische Mittelpunkt? Marcuse: Definitiv, ja. Habermas: So daß sich eigentlich alles in Form von Redaktionen abspielte? Marcuse: Allerdings. (Hab. Ges., 18)

Nous ne pensons pas, comme l'indique Doherty (1985), qu'il s'agisse là uniquement de marqueurs d'attitude propositionnelle de Loc concernant la vérité de P, donc d'opérateurs épistémiques, jugement qui nous paraît trop tributaire d'une linguistique de l'encodage. Nous y voyons aussi des régulateurs conversationnels, qui permettent de spécifier la question débattue, comme possibilité de convergence, de connivence, ou encore de divergence avec Alloc. Elles sont régulatrices de l'interaction 22, de la relation actuelle entre les interlocuteurs, et concernent la pertinence communicative de l'AL. Elles ont pour fonction de mettre en rapport la question avec la situation de parole (Fonction stratégique). Certaines des particules illocutoires (auch, doch) sont incompatibles avec l'interrogation ayant valeur de demande de renseignement, elles permettent de distinguer différents types de question (Fonction illocutoire). L'étude de cooccurrence entre un schéma formel d'énoncé , l'interrogation, et certaines particules illocutoires nous permet de distinguer plusieurs sous-ensembles.

La proposition intégrante, transparente, indique comment la proposition introduite par daß doit être prise, sans rien changer à son contenu, ainsi que le montre la paraphrase de a par b. Bublitz (1978:39-40) : "Mps (Modalpartikeln) haben unter anderem die Funktion, Gemeinsamkeiten zwischen den Gesprächspartnern zu suggerieren, zu erfragen, d.h. sich ihrer zu vergewissern, sie wiederherzustellen und aufrechtzuerhalten, da sie für die Kommunikation notwendig sind."

58 Il y a : celles qui figurent dans la demande de renseignement, soit denn, eigentlich, überhaupt, bloß, nur, etwa, vielleicht, les particules de la demande de covfir^nation/d'infirmation : auch, doch. Vielleicht peut être considérée comme une véritable particule, quand elle n'est pas accentuée ; nous la considérerons à part, de même que wohl qui apparaît aussi bien dans la demande de renseignement en W-? que dans la demande de confirmation. Nous verrons comment elles se répartissent et quel est leur rôle lorsque Q? a une autre pertinence pragmatique (question rhétorique). Dans la description de la fonction communicative de ces particules, nous partons du principe que l'on peut dégager un signifié très abstrait commun aux emplois du lexème dans les différents modèles de phrases : Nous considérons avoir affaire au même lexème, qui présente des variantes en interaction avec le changement de schéma d'énoncé, indice d'acte de langage dont la particule aide à distinguer des types. Schématiquement, nous replaçons ci-dessous les éléments évoqués dans leur champ respectif. Tableau III 1 1 II

illocution

ι ι

1 ιI 1 I 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1I

locution

1

I

schéma interrogatif

I

|

I1 1 particules d'illocution ¡ denn, | eigentlich,... | nicht I opérateurs de jugement de | vérité/réalité | sicher, wirklich... | nicht I

proposition

|

indicateurs d'attitude propositionnelle : ich glaube...,

¡ | |

appréciatifs : dummerweise...

| |

I

Nous passons en revue les différentes particules illocutoires de la demande de renseignement.

59 2.4.1. La demande légitimée par le rapport au co-texte avant VI denn?/W- denn? La particule denn, 23 liée à l'interrogative comme forme d'énoncé, apparaît aussi dans les questions délibératives, les questions rhétoriques 24 et dans l'hybride interro-exclamatif25. Métrich (1988:421) signale son emploi sporadique dans la demande de confirmation : 42

So hast du denn auch zurückgeschlagen?

nous n'en avons trouvé aucun ex. dans notre corpus. 2.4.1.1. Qdenn? demande de renseignement à ancrage explicite La demande de renseignement en denn nous rappelle une remarque de Paul Valéry : "Il faut donc examiner questions."

ce qui crée et ce qui annule les

La question en denn désigne ce qui la crée. Denn rattache la question à la donnée antérieure qui la suscite.

Voir pour les autres types d'emploi en corrélation avec le schéma syntaxique Métrich (1989:418). Denn fonctionne ainsi comme adverbe dans : Du heißt nicht Peter, wie heißt du 'denn = dann, comme conjonction : sie kamen nach Hause, denn es war spät, élément de locution : es sei denn das, particule comparative : mehr denn je. Denn, particule illocutoire de l'interrogation, ne peut plus être confondue avec l'adverbe dann comme cela était le cas jusqu'au 18ème siècle. Celui-ci a un contenu lexical propre de temporalité, alors que denn s'est spécialisé dans l'expression de la justification, que ce soit comme connecteur ou comme particule. Denn tonique = dann n'apparaît que dans l'interrogation partielle : Was bist du 'denn? (wenn du nicht Mathematiker bist), ex. cité par Helbig/Kötz (1985:103 ). L'accent contrastif implique une attente diamétralement opposée concernant la spécification de la variable appelée par w-?. Une spécification attendue par Loc est donnée pour contrefactuelle. Loc interroge Alloc sur la spécification juste de P. Il n'a pas encore reçu de réponse satisfaisante. Doherty (1985:76) déclarant :" Durch denn wird der Sprecher auf eine nicht-assertive Haltung festgelegt", elle considère (p. 110) dans la question rhétorique, à quoi elle assimile un ex. comme : - Wer kennt Konrad denn nicht! "daß die Bedeutungen von Partikeln und Frage miteinander verbunden werden, ehe die assertive Uminterpretation stattfindet.'1 Luukko-Vinchenzo (1988) qui s'intéresse à la différenciation entre interrogatives et exclamatives en VI et W-, considère denn comme marqueur interrogatif. Sa présence dans un tel entourage est distinctive. Il peut cependant y avoir hybridation, une question marquée pour l'interrogation ( V I ) et intonation haute prenant valeur loß.

104 129 Der Kollege begann die Arbeit damit, daß er zunächst frühstückte. "Wo nehmen Sie bloß den permanenten Hunger her?', fragte Fabian. "Sie verdienen weniger als ich. Sie sind verheiratet. Sie haben ein Sparkonto. Und dabei essen Sie derartig viel, daß ich davon mit satt werde. " Fischer kaute hinter. "Das liegt bei uns in der Familie", erklärte er. "Wir Fischers sind dafür berühmt". (Käs. Fab.,31) (D'où tirez-vous seulement...? = faimerai savoir seulement ...) 130 (Lämmchen apprend que Jachmann, qui a fait de la prison pour escroquerie, est passé chez elle dans l'après-midi.) "Lämmchen: Ich finde das alles so rätselhaft. Was will er bloß bei uns? Pinneberg: Keine Ahnung" (Fai. Kle., 96) (qu'est-ce qu'il peut bien vouloir ? J'aimerai seulement savoir ce qu'il peut vouloir.,) 131 Wer kann das nur sein? (cité par Métrich 1988:486) fQui cela peut-il bien être ?J Qnur? indique qu'une information restreinte à l'objet de la question est instamment recherchée et pas plus. C'est ce qui fonde Franck (1980:228) à gloser ainsi la valeur de ces opérateurs : - "Ich will jetzt nur/bloß dies eine (wissen) ..." ce qui indique la mise en relief du présupposé pragmatique I b) de la demande de renseignement : le désir de savoir. Ceci est bien exprimé par Thurmair (1989:179, note 109) : Die angezeigte Bedeutungskomponente "Einschränkung" heisst für die Modalpartikel, dass der Sprecher sein ganzes Interesse einschränkt und nur auf seine Äusserung richtet und alles andere ausschliesst. L'accent est mis sur l'écart du désir par rapport à la situation d'ignorance du questionneur. La réponse à l'interrogation partielle portant sur l'inconnue est présentée comme le minimum recherché dans la situation présente pour que Ρ ait une valeur de vérité. Loc demande pour quelle instance de substitution conçue comme mimimum, la prédication est vérifiée.

105 Loe interroge donc sur une inconnue représentée comme le degré minimal d'une échelle de qualité, à partir duquel le prédicat peut être vérifié. Il recherche une information présentée comme minimum justifiant la pertinence de ce thème pour ce rhème. La vérité de la proposition n'apparaît pas comme un absolu (und überhaupt,Q?), mais en terme relatif de degré minimal de vérification de Ρ vrai. C'est un minimum que Loc envisage pour lequel il estime une réponse possible. En rapport avec une situation concrète, la tension qui accompagne la recherche d'une vérité considérée comme minimum, pour que Loc puisse croire Ρ vrai, favorise la traduction d'attitudes 6 8 épistémiques de Loc vis-à-vis du contenu. La question est parfois posée dans un libellé en contradiction avec son attente, comme dans l'ex ci-dessous. W-bloß? est interprétée, par ex., comme question perplexe ou étonnée. Bloß/nur renforcent une simple question la transformant en demande instante, Loc exprimant ainsi un désir de trouver une instance de substitution à W-?, minimum pertinent donnant une valeur de vérité à une fonction propositionnelle dans le cadre de la situation d'interlocution. 132 "Max: Lieber verbergt ihr es mit tausend Listen voreinander, daß ihr euch nicht mehr dieselben seid, die ihr wart, als mit einem raschen Entschluß auseinander zu gehen. Warum denn nur? Anatol: Weil wir es ja selbst nicht glauben." (Sch. Ana., 82) La question paraissant toujours provoquée par un stimulus, bloß/nur sont combinables avec l'opérateur de la question légitime denn, qui situe explicitement la question dans le prolongement de ce qui précède. 2.4.3.2. Autres fonctions illocutoires de Qbloß/nur? Bloß/nur peuvent également servir à la demande de rappel d'information, Loc faisant, ci-dessous, demande et réponse (auto-exhortation à la réminiscence) :

Helbig/Kötz (1985:32) notent le caractère expressif des demandes ainsi marquées (bloß 4 et nur 4), elles sont caractérisées par rapport au désir de savoir : (Sie)"driicken ... eine Verstärkung, das große Bemühen und die nachdrückliche subjektive Anteilnahme des Sprechers aus. beim Kommunikationspartner eine Information zu erhalten."

106 133 (Bianca ne reconnaît pas Anatol, un ancien amant, après une séparation de quelques moisj Bianca: Natürlich - wir kennen uns sehr gut... Anatol (erregt, mit beiden Händen ihre Rechte fassend): Bianca. Bianca: Wo war es nur, wo wir uns trafen... wo nur... ach ja! Max: Erinnern Sie sich... Bianca: Freilich... Nicht wahr... es war in St. Petersburg...? (Sch. Ana., 60) Nous pourrions ainsi gloser cette variante Wie finde ich das eine : wo trafen wir uns? La question induit alors un processus de recherche auquel ne participe pas forcément Alloc, Loe étant ici à lui-même son propre interlocuteur. La traduction de l'attitude 6 9 épistémique apparaît aussi dans la question deliberative70, bloß et nur y renforçant l'expression de la perplexité ; c'est l'écart entre le désir de savoir et la situation présente d'incertitude du questionneur (impossibilité de donner soi-même une réponse) qui est mis en valeur dans cette variante de Q? : 134 Was soll ich nur tun? Ich kann doch nicht... und die anderen würden es bestimmt nicht machen! Also? Aber ich vñll nicht lumpig sein, ich will mich nicht vor mir schämen müssen. Wenn doch Lämmchen da wäre! Wenn ich die fragen könnte. (Fai. Kle., 82) Les particules bloß et nur apparaissent ainsi dans la question simplement émise, de caractère expressif, soupir de forme interrogative sans attente de réponse proférée, Loc se contente de soulever une question d'importance pour lui, fixant à un degré minimum l'objet de connaissance recherché. L'attitude de Loc, l'énoncé comportant nur/bloß traduisant l'inconfort qu'il ressent concernant cette incertitude où il se trouve, apparaît aussi dans les interprétations indirectes de l'injonction. En rapport avec une situation réelle, elle peut valoir menace (a), adjuration (b), imprécation (c), exhortation (d), remontrance (e)... Weydt et allii (1983:85) "Mit nur und bloß drückt man aus, daß das, wonach man fragt, im Moment sehr wichtig ist. La situation monologique interdit d'adresser la question, ne permet que de l'émettre. Comme le remarque Gabriel Marcel, une question comme celle-ci sous-entend : "il faudrait, mais quant à moi, je ne puis. C'est-àdire : je n'ai pas à moi seul les moyens nécessaires pour satisfaire ce désir." (Jacques 1985:289). L'ex, fourni indique que l'incertitude ne pourrait trouver fin qu'en face du partenaire, dans une situation dialogique.

Question orientée vers une action, ration : W soll ich.../Soll ich...?

sans réponse immédiate marquée par la configu-

107 a Komm 'nur nach Hause ! (Arrive-seulement à la maison et tu verras!) b "Werde 'nur nicht böse", sagte Frieda ", (Kaf.Sch., 54). (Ne te fâche surtout pas ! dit Frieda), c Friere nur! (gèle donc !) d Greifen Sie nur zu! (Servez-vous donc !) e Nimm nur die Leute in Schutz, (tu ne vas pas te mettre à défendre les gens ?) L'exclamation peut emprunter aussi la forme Vlnurl : 135 Hättest 'du das nur nicht gesagt! (Métrich 1988:488) (Si seulement tu n'avais rien dit \) Les passages suivants nous montrent la différence de sens entre question problématisante en W-blojS?, où le doute est extériorisé sans possibilité, même minimale, de résolution, et exclamation graduelle de même forme (prédication vérifiée jusque dans le degré minimum, le doute est éliminé) : 136 (Die Frau versucht aufzustehen, fällt zurück aufs Bett.) Frau: Wie komme ich bloß aus diesem Alptraum raus? Ich bin sowas von zerschlagen. Gott, was hast 'du bloß für einen Mist gebaut! Da bleibt bestimmt ein Schaden. (Str. Gro, 145) (P! peut apparaître avec l'ordre marqué : Gott, was du bloß für einen Mist gebaut hast!) Ce type de question apparaît, ci-dessous, dans le discours indirect libre, marqué par le prétérit signifiant de distance. Dans l'ex, suivant, le doute est marquée doublement dans l'énoncé, par le choix du verbe descriptif de comportement et par le renforcement institué par bloß, par quoi le sujet de l'énoncé "extériorise" sa tension vers la recherche de la vérité 71 . Il adopte un comportement linguistique qui signale son doute, il se comporte linguistiquement en homme perplexe. 137 Was konnte bloß in die verdammte Karre gefahren sein? (Qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir dans le ventre, cette sacrée bagnole?) 138 Er schüttelte den Kopf: uñe kann man bloß dahin fahren?

(Métrich 1988:486 : "en interrogative introduite par un interrogatif : (nur) marque à quel point le locuteur aimerait connaître la réponse."

108 L'on passe, grâce à l'expression de la recherche d'une instance de substitution minimale à w- et du désir de voir lever une indétermination, à l'expression de la grande perplexité. Il n'y a pas ici de confirmation de la vérité jusqu'au degré le plus bas, jusqu'à l'extrême, comme dans l'exclamation suivante, marquée par la présence du verbe en finale : 139 "Du bist doch der Archivar", sagte sie stoßweise, "du hast ein Vorrecht. Du hast den Willen zur Freiheit. Du bist beinahe ein Gott." "Wie 'du nur redest, Anna!" (Kos. Sta., 265-266) (comment peux-tu seulement parler ainsi ! /= Ne parle pas ainsi !) L'indication de vérification de Ρ - même à un seuil minimal d'actualisation du prédicat - contribue à l'interprétation conduisant au renversement de polarité (/= so solltest du nicht reden!) Il s'agit d'une exclamation inversive, à l'égal de certaines questions rhétoriques. Il y a bien là une différence avec la question adressée en W-nur?, mise en relation avec une instance de substitution minimale, qui ne fait que de manière implicite naître l'idée qu'il pourrait se faire, dans quelque monde possible, que la prédication ne fût pas vérifiée par défaut d'une instance de substitution pour w-. Question et exclamation sont cependant proches quand elles induisent une interprétation inversive. Voici un ex., à rapprocher du précédent, muni cette fois du signal interrogatif (?), avec verbe en deuxième position : 140 fAnatol supplie Else, sa maîtresse, de tout abandonner pour le suivre) Anatol: Else, du mußt mit mir. Nun, du schweigst, Else nach Sizilien - wohin du willst - übers Meer meinetwegen, Else! Else: Was redest du nur? Anatol: Niemand mehr zwischen dir und mir. (Sch. Ana., 88) (glose = Qu'est-ce qui peut bien te faire parler ainsi ?) Anatol interprète comme demande de précision, donc comme vraie demande de renseignement, ce que l'on pourrait interpréter comme question rhétorique implicite : /= Du sollst so nicht reden!

109

Bloß/nur entrent dans une question rhétorique 7 2 . C ' e s t le cas lorsqu'ils sont utilisés p o u r induire la recherche d ' u n e instance de substitution minimum qui rendrait Ρ vrai en g a r d a n t la même polarité. Ce seuil n'est pas atteint, ce qui p r o v o q u e le retournement de polarité : 141 Warum hat er's bloß so leicht? Dem versäumt, vergißt, verrät... (Str.

Pre.,

23)

(/=

Daß

passiert

nie etwas.

Er

er es so leicht hat, ist nicht

zu

rechtfertigen.) Bloß/nur, particules illocutoires de la demande de renseignement énoncée en terme de vérité graduelle influent sur l'indétermination de l'instance de substitution pour W - . Loc

marque

ainsi

explicitement

qu'il

ne

possède

pas

l'information

suffisante qui lui permette d ' a t t r i b u e r une v a l e u r de vérité à l'énoncé.

2.4.4. La demande concernant une présomption W-wohl ?/Vl wohl? 73, la Wohl a p p a r a î t aussi dans l'assertion, la demande de confirmation 74 question deliberative, la question rhétorique, l'exclamation , l'injonction. Wohl fonctionne comme modificateur 7 5 d ' u n e demande de renseignement partielle, Loc a t t e n d a n t d ' A l l o c qu'il prononce, non pas une déclara-

Berg (1978:79) distingue deux valeurs (skalierend vs quantifizierend). Soit pour : (1-1) "Warum nur hast du mich bestohlen?" gloses (skalierend) : X ist der Grund dafür ... und X ist negativ zu beurteilen, soit _/Du hattest keinen Grund, mich zu bestehlen. (Quantifizierend) : X ist der Grund dafür... und außer X gibt es keinen. Emploi graduatif), soit -/Nur weil du geldgierig bist, hast du mich bestohlen. Nous étudions dans le chapitre 3 {questions tendancieuses) l'interrogation en Vlwohl? qui exprime une question conjecturale. A rencontre de Luukko-Vinchenzo (1988:28) : "Analog zu eigentlich scheint wohl in w-Verb-Zweit-Sätzen W-er (erotetische Leseart) zu bewirken... In den Exklamativsätzen verursacht wohl Inakzeptabilität", nous citerons: - Ogottogottogott, was 'das wohl wieder kosten wird! - Wie sieht 'der jetzt wohl aus! (ex. cités par Métrich (1988:511). Voir nos propres ex. infra.). Asbach-Schnitker (1979) rappelle les divergences sur la classe de mot à laquelle wohl appartiendrait. Wohl est considéré par les uns comme modalisateur (Helbig, Kolde, Saidow, Schanen-Confais ...), par les autres comme particule (Weydt, AsbachSchnitker, Helbig/Buscha ...). Doherty (1985:81) y voit un "Grenzfall": Avec les modalisateurs, il partage la particularité, "den Sprecher auf eine Einstellung festzulegen", avec les particules, la possibilité, "sowohl als assertierte wie als implizierte Einstellung in die gesamte positionale Bedeutung des Satzes integriert (zu) werden." Dans le chapitre 3, nous énumérons les critères qui permettent de le ranger parmi les particules illocutoires modifiant le rapport d'interlocution.

110 tion ferme, mais une supposition sur une variable qui justifierait la prédication. 142 Rosi: Wo gehen die wohl hin? Werner: Zur Müllkippe wahrscheinlich. (Hir. Fun., 90) (Où vont-ils à ton avis ?j 143 Spiegel: Im Endeffekt hat Michail Gorbatschow einem für ihn unbequemen Menschen gestattet, nach Moskau zu kommen... Warum wohl hat er dieses Wagnis auf sich genommen? Wollte er ein Zeichen setzen, daß er tatsächlich eine Liberalisierung in der Sowjetunion wünscht? Sacharow: Ich persönlich bin nie gegen Gorbatschow aufgetreten. (Spiegel Nr.2 1987, 2) (Pourquoi a-t-il accepté cette gageure, à votre avis ? On remarque la place précoce de wohl, caractéristique du fonctionnement comme particule illocutoirej Dans ces cas, Loe demande au questionné de lui indiquer comme instance de substitution une variable, dont Alloc suppose qu'elle peut donner valeur de vérité à Ρ 76 . Il est donc significatif de trouver dans la réponse (ex. 142) un modalisateur, qui énonce un jugement sur la valeur de vérité "probable" du renseignement transmis. Il s'agit alors d'une assertion au sens strict, elle est relativisée à l'univers de croyance d'Alloc. Dans l'ex. 143, Loe, après la demande de conjecture sur la valeur de vérité de P, énonce lui-même des interrogations qui, dans ce cotexte, sont interprétables comme conjectures. Nous admettons donc pour wohl la description de Doherty (1985) en terme d'opérateur d'attitude épistémique. Wohl décrit l'attitude que doit prendre Alloc par rapport à W-?, qu'il prend effectivement, à propos de P, dans l'assertion. Cette prise de position de Loc consiste à considérer le contenu de P comme vraisemblablement vrai/ vraisemblablement faux, sans pouvoir ou vouloir véritablement l'affirmer. Voici donc là une question orientée vers une vérité relative, une vérité subjectivement approchée. In W-Fragen "wird wohl verwendet, wenn der Sprecher indizieren will, daß er die Frage als Ausdruck seiner subjektiven Unsicherheit intendiert oder sie als Frage nach der Meinung oder Annahme des Hörers in bezug auf die Antwort auf die Äußerung verstanden wissen möchte.'' (Asbach-Schnitker 1979:50). La première caractérisation ne convient qu'aux questions dêlibératives, toute demande de renseignement simple indique l'incertitude de Loc. En revanche, la deuxième caractérisation montre que Loc attend d'Alloc une assertion restreinte portant sur ce qui n'est pas asserté avec la force de ce qui est évidemment vrai, donc une conjecture et pas une information.

Ill

Wohl n'introduit donc pas dans la demande de renseignement de prise de position tranchée de Loc à l'égard de la vérité de P, mais demande à Alloc d'adopter une certaine attitude en énonçant une opinion 77 . Le sens de wohl est généralement décrit comme "Vermutung" (AsbachSchnittker 1979) repris par Doherty (1985). Il aurait un sens présomptif, valeur qui convient bien pour la cooccurrence de wohl inaccentué avec l'interrogative ou la déclarative, mais fait difficulté pour une analyse de - Du hast es nicht gesehen. - 'Wohl habe ich es gesehen! qui indique une assertion renforcée par rapport à l'assertion simple, à moins que ce soit l'adverbe (= gut) (Cf. discussion Chapitre 3, énoncés en V2wohl?). Vlwohl? Controversé paraît également l'usage de wohl dans une interrogation totale 7®. Les ex. cités par Asbach-Schnitker (1979:50) : Ist Hans wohl schon zu Hause? Hat die Vorlesung wohl schon angefangen? semblent acceptables à mes informateurs, bien qu'ils déclarent préférer : Ob Hans wohl schon zu Hause ist? et s'interprètent comme demande de renseignement à vérité relative, trad. : - Est-ce que tu penses que Hans est déjà à la maison ? - Est-ce que tu estimes que le cours a déjà commencé ? ou encore :

L'effet de wohl est donc à comparer à celui des usages directs de verbes de pensée, exprimant des attitudes comme denkst/meinst... du? antéposés/postposés à P, marquant la demande adressée à Alloc de présenter P comme une conviction subjectivement assumée en faisant appel à son univers de croyance. Doherty (1985:80) : "Wie doch ist wohl in der Aussage und in der Sekundärfrage verwendbar :

Konrad ist wohl verreist. Konrad ist wohl verreist? kann aber nicht in einer direkten Frage stehen:

"Ist Konrad wohl verreist?" De tels énoncés sont acceptés par Wolksi (1986:408) qui se réfère à Weydt (1969:27) et à Westheide (1985:17). En revanche, Asbach-Schnitker (1977:51) cite des ex., marqués par la deixis de l'allocuté, "die nur von einigen Sprechern des Deutschen als korrekt akzeptiert werden", comme : ?Warst du gestern wohl in München? ?Hast du wohl die Zeitung gelesen? Ils ne sont pas acceptés, parce qu'il est impossible de demander à Alloc de formuler une présomption sur ce qu'il connaît déjà. La seule possibilité d'interprétation serait celle d'une supposition de Loc : je suppose que tu étais hier à Munich? En revanche : War er gestern ivohl in München? est possible comme demande de formuler .une conjecture.

112

- Hans est déjà à la maison, tu penses ? - Le cours a déjà commencé, tu estimes ? et se distinguent de la demande de covfirmation d'une supposition : - Hans est déjà à la maison, je présume ? - Le cours a déjà commencé, je pense ? que l'on traduirait ainsi : - Hans ist wohl schon zu Hause ? Voici l'ex, cité par Reiter (1979:77) comme caractéristique de "geteilten Erkennbarkeit": C

- Ist Bruno wohl schon in Rom? - Ich glaube schon. fJe crois bien,).

qui s'interprète comme demande de renseignement sur l'avis d'Alloc, marquée par un degré moyen de vraisemblance, ce qui apparaît bien dans la réponse. Wohl est donc modificateur de la demande de renseignement dans Vlwohl? comme dans W-wohl? Loc interroge Alloc sur sa conviction. La réponse présente Ρ vrai comme croyance subjectivement assumée et non comme un savoir objectivement partageable (modalité du croire). Loc ne demande pas à Alloc d'asserter Ρ avec la force de ce qui est évidemment vrai, mais de ce qui est pour lui vraisemblable. La construction en Vlwohl? est peu fréquente, sans doute à cause de son ambiguïté. Elle est interprétable : soit comme : "Frage, die auf die Meinung oder Annahme des Hörers abzielt" (Asbach-Schnitker 1979:50) - Vlwohl? - vermutlich, soit comme indice, "daß der Sprecher den Sachverhalt als sehr wahrscheinlich vermutet" : - Vlwohl, (was?) - Gewiß. Demande de renseignement et demande de confirmation s'avoisinent par le biais de la question conjecturale. C'est pourquoi, l'on confond facilement l'une et l'autre. C'est ce que fait Asbach-Schnitker (1979:51) pour : D

Bist du morgen wohl auf der Uni? (Est-ce-que tu penses être demain à la fac 1)

Nous souscrivons à la première partie de son commentaire, mais pas à la seconde 79 . Il s'agit bien d'interroger Alloc sur son opinion, mais

"Die Partikel indiziert hier einerseits, daß die Frage auf die Meinung des Hörers abzielt, andererseits erwartet der Sprecher auf diese Fragen eine positive Antwort."

113 l'orientation vers le vrai que peut indiquer une telle question, dans un con-cotexte particulier, est alors induite par cet environnement : E

Bist du wohl morgen auf der Uni? Wir könnten uns dort treffen.

Dans ce cas, ce n'est pas dans la question que Loc prend position. L'implication entre les deux propositions supplée à l'indétermination de Vlwohl? sur la valeur de vérité de P. L'opérateur wohl indique que Loc recherche une vérité relative, subjective. Celle-ci repose sur l'accord entre les deux partenaires. L'opérateur d'illocution peut figurer dans des questions qui indiquent, (par ex. configuration Ob/W..VD?) ou encore sont interprétables selon d'autres valeurs que la demande de renseignement. Ex. de question problématisante : 144 Ob sie wohl kommt? 145 Wozu sie wohl noch kommt? La recherche tend vers la formulation d'une supputation, impossible à prononcer dans la situation de discours.

encore

146 Auch die New York Times stellte in einem Jubiläumsartikel bange Fragen: was würde wohl passieren, wenn einige Großanleger sich entschlössen, Knall auf Fall aus dem Aktienmarkt auszusteigen? Wer sollte dann wohl auf der anderen Seite stehen und Aktien kaufen? Das Blatt wußte darauf keine Antwort. (Zeit Nr. 42 4. Oktober 1988) Ex. de question rhétorique : 147 Lang: Ich habe dafür gesorgt... daß unsere Fernsehketten gut 60 Prozent entweder französische oder europäische Filme senden müssen. Spiegel: Selbst wenn es sich um schlechte Filme handelt? Lang: Warum sollten die wohl schlecht sein? (Mei., 122.4) (/= Es gibt keinen Grund dafür, daß sie schlecht seien.,) Dans l'ex, suivant, la question posée en termes de vérité relative est interprétée comme non pertinente. La vérité relative est rejetée au profit de l'évidence:

114

148 Dennoch scheint der Rausch des Machbaren zu triumphieren. Wann wird der Rausch wohl zum Katzenjammer? (Mei. (33)) La réponse qui va de soi serait du type: Irgendwann mal wird der Rausch zum Katzenjammer. Wohl est-il un signe unique? L'indicateur d'attitude wohl fait appel à une vérité en termes de degré relatif. Il montre encore son analogie ancienne avec l'adjectif gut, cependant il y a une différence entre : - Er ist gut zehn Jahre alt (gut : graduatif, il a dix ans bien sonnés.) - Es ist wohl zwei Jahre her. (Il y a quelque chose comme deux ans.) Wohl peut porter sur un élément de P, il est alors d'incidence restreinte 8 0 : - Die Lösung ist wohl akzeptabel, aber nicht ideal. Wohl portant sur le choix d'un simple constituant de Ρ garde la valeur de supposition, qui le rapproche de etwa, ungefähr, désactualisant le procès : 149 - Sie ist wohl neunzehn Jahre alt. - Sie ist wohl neunzehn Jahre alt? Employé en énoncé déclaratif, il apparaît comme modificateur de l'assertion, où il indique une prise en charge relative 8 1 par Loc de la vérité de P, il présente, ci-dessous, l'arrivée prochaine comme "probablement vraie", 150 "Na, bald werden wir wohl da sein", sagt er, wendet den Kopf halb zu ihr." (Woh. Geh., 70) (Eh bien, nous allons sûrement bientôt arriver.^ L'on assimile volontiers wohl à un modalisateur 8 2 comme vermutlich/wahrscheinlich (art. wohl Kla-Ste), tout en remarquant les différences syntaxiques qui le distinguent des modalisateurs, en particulier l'impossibilité, sans ajout, de fonctionner comme pro-énoncé.

8

1

82

cas auquel s'applique le commentaire de Paul (1920:751) : "wohl... steht ferner ähnlich wie zwar zunächst die Richtigkeit einer Aussage bekräftigend, aber mit dem Nebensinn, daß Erwartungen, die man daran knüpfen könnte, nicht zutreffen." (cf. Doherty 1985:81) : "Mit der Bestätigung der positiven Einstellung im Skopus von •wohl wird Ρ nur in einem eingeschränkten Sinn bestätigt." Helbig/Buscha (1972:446) - mais Helbig/Buscha (1988:495) la replace parmi les particules -, Schanen/Confais (1986:524), Bublitz (1978:85).

115

En effet, wohl - lorsqu'il est accentué est initialisable, inaccentué, il est non initialisable, - se place en chaîne dans le champ 2, avec les particules d'illocution en position axiale, proche du verbe conjugué, placé en VI, ou même situé avant le verbe dans le modèle W-V2? (ex. 143), donc en position précoce, au contact du mot interrogatif, - ne peut, comme les modalisateurs, répondre seul à une question en VI (Asbach-Schnittker 1979:40), (Bublitz 1978: 84). En énoncé déclaratif, il peut être initialisable et accentué : 151 Wohl liebte sie die Stadt und das Stadtleben, noch mehr aber liebte sie... (cité par Métrich 1988:508) fSans doute aimait-elle ...) Wohl semble fonctionner ici comme une sorte d'indicateur d'assertion restreinte, corrigée par une assertion plus affirmée. Il y a donc jugement sur un contenu donné pour plus ou moins certain. Wohl n'est pas à confondre avec vermutlich (modalisateur), duquel il se rapproche sémantiquement 83 , car les modalisateurs assertent la phrase, ce qui va à l'encontre de l'utilisation dans une question, où le doute cognitif prédomine. - Werden wir wohl bald da sein? - "Werden wir vermutlich bald da sein? Sa combinabilité à une interrogation en VI comme demande de renseignement orientée vers une conjecture montre qu'il fait office de particule illocutoire réglant l'interaction langagière. Qu'en est-il de wohl tonique ? 8 4 Il indique une prise en charge renforcée de P, Loc énonce Ρ en assumant entièrement sa vérité. D'"opaque" qu'il est comme particule illocutoire atone, wohl, qui reçoit un accent contrastif, devient transparent. L'accent contrastif sur wohl implique que la fausseté de Ρ est envisagée, Loc repousse le rejet de Ρ pour affirmer sa vérité sans restriction. Loc 2 prend ainsi en charge explicitement la vérité de Ρ lorsqu'il revient sur l'assertion négative de Loc 1 pour la contester :

"Wohl legt den Sprecher auf eine opaque Einstellung fest" (Doherty 1985:81). La description de Doherty (1985:93) de : "Konrad ist 'wohl verreist", à cet égard, nous paraît tout-à-fait exacte: "Auffallend ist zunächst, daß mit dem vom Kontrastakzent implizierten alternativen Urteil nicht einfach, wie beim kontrastierenden ja, eine entgegengesetzte Behauptung erfaßt wird, sondern... nur ein einschränkendes Urteil zurückgewiesen, d.h. nicht die Behauptung, daß Konrad nicht verreist ist, sondern der Zweifel daran, daß Konrad verreist ist (Konrad ist vielleicht nicht verreist).

116 152 Ich bin gestern nicht in dem Nachtklub gewesen. - Du bist 'wohl in dem Nachtklub gewesen, oder? (= aber sicher) Er hat ihn nicht verstanden. - Er hat ihn 'wohl verstanden, (ex. cités par Schnitker (1979:58-59) (= sehr gut, unzweifelhaft.;

Asbach-

Il est alors fortement accentué et se présente parfois à l'initiale comme opérateur de récusation d'une assertion précédente: A Er ist nicht gekommen. Β 'Wohl ist er gekommen. (Aber sicher! er ist gekommen). Comment concilier l'idée d'affirmation restreinte par Loc d'un contenu présumé vrai, exprimé par wohl inaccentué, dans la question conjecturale en V2, avec cette valeur d'approbation forte de la valeur de vérité de Ρ 85 transmise par wohl accentué, utilisé (avec sehr) comme pro-énoncé, comme dans l'assertion prenant le contre-pied d'une assertion précédente? Wohl accentué exprime l'assertion modalisée selon le haut degré de certitude, il apparaît dans un enchaînement infirmatif. Wohl a le sens de 'doch/ aber sicher, Loc soulignant le rejet de P/ non Ρ précédent, et son opposition argumentative à ce qui vient d'être dit. Wohl tonique apparaît comme un indicateur d'argumentation (Zurückweisung einer Behauptung) plus clair que (par ex.) le supplément d'intonation sur le verbe de la reprise réfutative. Loc 2 conteste (asserte le contraire) de ce que Loc 1 vient de dire, wohl est signal de prise en charge totale d'un énoncé, qui en l'occurrence, dans cette séquence, prend valeur d'infirmation (acte de nature réactive traduisant le désaccord concernant l'assertion précédente) : - je pense bien que tu es allé au night-club hier soir. - Si fait. Wohl accentué, comme marqueur d'infirmation souligne que l'assertion en retour correspond à une conviction forte. Ρ est alors asserté avec la force de ce qui est certain 86 . Wohl tonique est un opérateur argumentatif de 85

"Mit einem Satz wie: Konrad ist wohl verreist drückt der Sprecher keine Vermutung aus, sondern bestätigt das Bestehen von P" (Doherty 1985:86). Pour employer ses termes : comment wohl, d'opérateur opaque, se transforme-t-ii, une fois accentué, en opérateur transparent? Doherty (1985) émet l'hypothèse qu'il s'agit de deux lexèmes différents, ce qui n'est guère satisfaisant.)

86

Asbach-Schnitker (1979) met en relation : - Ich weiß (sehr) wohl, daß du recht hast. avec l'expression anglaise : - I know pretty well that you are right. On pourrait dire : ich weiss sehr gut, daß du recht hast.. Nous remarquons la possibilité de gradation de wohl, l'adverbe.

fait qui

le rapproche

de

117 contestation : il renvoie à un acte d'énonciation précédent (Loc 1 a prétendu que P) et le conteste. En revanche, il n'y a pas renversement argumentatif dans le cas suivant : (sehr) wohl comme pro-énoncé Kla./Ste. 8 7 (1974 t.6:4379) citent wohl comme pro-élément servant d'énoncé, apparaissant en combinaison avec sehr, sehr wohl, forme qualifiée cependant de vieillie. Cependant, nous rencontrons, dans notre corpus, des exemples récents où sehr wohl sert de réponse à une question-écho, donc de pro-énoncé exprimant une confirmation : 153 "Es gibt eine Anzahl von meinen Kameraden", begann der Sergeant vorsichtig, "die des Aufenthaltes hier überdrüssig sind. Sie wollen der Gefangenschaft entfliehen." "Entfliehen?" wiederholte der Archivar. "Sehr wohl" sagte Berthelet, "über den Fluß zurück." (Kas, Sta., 285) fOui, tout-à-fait", dit Berthelet, "en traversant le fleuve"J La réponse sehr wohl confirme avec force un terme d'un énoncé précédant. Dans un passage du roman "Peter Camenzind", où Hesse rend sensible la teinte du dialecte dans une communication phatique, wohl répété, est utilisé comme marqueur d'approbation, la répétition y tient lieu de gradation : 154 "Machts warm heut, LisbethT "Allweg, Peter. Was schaffst?" "s Dach flicken." "Kann nit schaden, 's hats allweg schon länger nötig gehabt." "Wohl, wohl." (Hes., Cam., 146) (Tout-à-fait, tout-à-fait;. Wohl, non accentué, employé seul dans un énoncé déclaratif, marque l'approbation restreinte, la prise en charge relative de Ρ est vraie, alors que sehr wohl exprime la confirmation sans restriction de Ρ vrai. Nous expliquons le fait que wohl inaccentué signale la conjecture à propos de Ρ et wohl accentué (ou également jawohl, ou sehr wohl) la prise "Als Antwort auf einen Befehl, eine Bitte /Jawohl'." - Herr Ober! Bringen Sie bitte die Weinkarte! - Sehr wohl, sehr wohl, mein Herr! On comprend la formation: sehr wohl par rapport à l'explication donnée pour Jawohl par Paul (1920:750) : "Wohl dient zu einer Verständigung, Bekräftigung des Ausdrucks. So in Jawohl, häufig ironisch gebraucht, so daß es den Sinn einer Verneinung erhält, wie denn awol (ach w o h l ) in einigen Mundarten geradezu - nein ist." Sehr dans sehr wohl renforce l'expression d'approbation.

118 en charge totale, sans restrictions, par la configuration différente de traits conduisant à une interprétation divergente. Wohl accentué n'est combinable qu'avec la déclarative, ce qui n'est pas le cas de wohl coryectural, qui s'allie aussi bien avec la forme déclarative qu'avec l'interrogative. Il s'agit, malgré tout, du même lexème, qui oriente vers la prise en charge de Ρ vrai, en respectant sa polarité. Selon l'insertion dans une séquence et l'accentuation, il renvoie le contenu de Ρ à des degrés différents dans l'échelle allant du certain au probable (vraisemblable). Nous revenons dans le chapitre 3 sur wohl comme renforçateur de la question conjecturale, qui appelle un acquiescement d'Alloc. Conclusion Les opérateurs illocutoires entrant dans la demande de renseignement denn / eigentlich / überhaupt / bloß / nur / wohl renseignent sur la position de Loe à l'égard du monde. Loc ignore la valeur de vérité de P, son degré de réalité ou sa vraisemblance, mais il exerce un contrôle pragmatique sur Alloc en le prévenant que sa question est légitime dans ce con-cotexte {denn), qu'il attend de lui une information présentée comme un minimum (bloß/nur), une coryecture {wohl), qu'il doit se référer au réel pour y répondre {eigentlich) ou que la question se pose de manière absolue {überhaupt). Il donne le choix à son informateur d'asserter Ρ ou non P, tout en élaborant cependant par un jeu de variations formelles sur l'énoncé un contexte d'interlocution. On remarque la particularité de denn, marqueur d'un rapport entre l'énoncé où il se trouve et ce qui précède, de s'associer à eigentlich ou überhaupt, qui partagent la particularité de souligner l'importance de la question pour Loc en termes de réalité profonde ou de vérité absolue, comme il l'est avec bloß/nur, marqueurs d'une vérité relative, suffisante toutefois si la prédication est vérifiée dans la situation d'interlocution donnée. Qu'en est-il du rôle de etwa/vielleicht? 2.4.5. La demande de renseignement prudente Qetwa? Dans une conception du discours comme négociation, etwa et vielleicht, combinés à l'interrogation interprétable comme demande de renseignement, permettent d'éviter que celle-ci paraisse déplacée. Nous allons examiner plus en détail et successivement leur apport. Etwa est une particule illocutoire combinable avec l'interrogation comme demande de renseignement biaisée, question deliberative, question tendancieuse et question rhétorique. Elle peut figurer dans des

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subordonnées conditionnelles, des relatives restrictives (cf. Métrich 1988:445).

2.4.5.1. Cooccurrence entre etwa et la forme d'énoncé Ainsi que le montre l'ex, ci-dessous, etwa peut figurer dans un énoncé jussif négatif qui exprime l'interdiction atténuée (injonction de ne pas faire X), le contenu étant présenté ainsi comme inactuel. La configuration nicht etwa annule ainsi un des présupposés pragmatiques de l'injonction, le fait qu'elle soit exécutable : 155 Sagen Sie nicht etwa, daß er doch kommen wird! Etwa n'est combinable à une proposition déclarative que sous la forme V2 nicht etwa, qui rejette une virtualité en la disant inactuelle : 156 Ich habe es nicht etwa vergessen, sondern hatte keine Zeit dazu. (Wahrig art. etwa, 276) VI etwa? Etwa associé à VI est marqueur d'interrogation. Apparaît-il dans l'exclamation de forme interrogative? Nous analysons l'ex, suivant comme hybride interro-exclamatif 8 8 où il faut s'imaginer le pronom du, élément focalisé, fortement accentué : 157 "Würden Sie mir wohl bitte den Rubinring mal zeigen, Herr Sotemeier, den Sie Anita geben wollten, damit sie mit Ihnen schlafen ginge". Und da... schrie Frau Marianne Sotemeyer los... "Du, Idiot! Hast 'du etwa den Ring herumgezeigt, du...!" Weiter kam sie nicht. " (Mar. Mal., 117)

L'exclamation se greffe sur une question. En effet, la particule etwa "kann nur in Verb-Erst-Sätzen vorkommen, in denen sie das erotetische Illokutionspotentiel sichert.'' (Luukko-Vinchenzo 1988:134) Etwa n'est pas combinable à une assertion positive : "Konrad ist etwa krank. Cette possibilité d'hybridation est niée par Doherty (1985:74) : "die Uminterpretation eines Interrogativsatzes durch eine fallende Intonation als Ausruf (ist) weder mit dem affirmativen noch mit dem negierten etwa möglich." L'ex. 157 doit, en effet, être prononcé avec intonation montante, mais c'est parce qu'il reste quelque chose du doute de Loc. Cette question : Est-ce que tu as montré la bague, par exemple?, est interprétable comme exclamation contradictoire, exprimant l'incrédulité : - ça par exemple, tu as montré la bague! (si je m'attendais à ça!)

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Le signe de ponctuation marque l'énoncé comme exclamatif. Mais à l'oral, il se termine, selon nos informateurs, par une intonation montante sur "gezeigt" et descendante sur "du". L'auteur aurait pu associer ponctuation interrogative et exclamative. En fait, il s'agit pour Loc de montrer, à la fois, l'évidence de Ρ vrai, les preuves qu'il a au moment de l'énonciation tendent à démontrer la vérité de P, alors que ceci s'oppose à ce qui devait être, Loc refuse Ρ vrai. La tension contradictoire ainsi créée (v. le verbe descriptif "schrie") favorise l'exclamation. Vletwa manifeste que c'est une question qui ne devrait pas se poser et dont Loc s'indigne qu'elle se pose avec pour seule réponse possible : Ja. Loc présente le vrai comme une évidence qui s'oppose à son monde d'attente que la situation donne pour contrefactuel, où il doute que Ρ soit vrai,. Etwa est l'indicateur de l'inactualité d'un contenu, que la situation donne pour bien réel. Alors que Loc pensait que la question ne se posait pas, elle se pose et sa réponse est évidente. Mais il doute encore, alors que l'évidence s'impose. Etwa est un opérateur courant de la demande de renseignement. Quelle valeur lui imprime-t-il? 158 (Interview du nouveau premier ministre polonais Mieczyslaw Rakowski, alors que le gouvernement polonais a entamé des négociations avec Lech Valesa) Zeit: Wäre heute etwa auch ein Mehrparteiensystem denkbar, das einer legalen Opposition Chancen gibt, also einen demokratischen Machtwechsel ermöglicht? Rakowski: Das steht nicht auf der Tagesordnung; ich sehe es auch deshalb nicht am Horizont, weil ich doch an meine und meiner Partei Möglichkeiten glaube. (Zeit, Nr. 51 16. Dez. 1988, 8) La valeur de etwa dans l'interrogation découle du signifié général de ce lexème, qui a pour fonction de désactualiser l'élément sur lequel il porte. "Die Zeit" énonce dans sa question une virtualité, il avance avec prudence un contenu qu'il présente au jugement d'Alloc comme arbitraire. Il convient de noter la combinaison entre l'opérateur de l'inactuel etwa et le subj. II qui crée une distance (configuration). Dans la question biaisée en VI nicht?, Loc interroge non P, car c'est la proposition négative qui est à l'origine de son doute. Avec Vletwa?, Loc soumet P au jugement d'Alloc, sans garantie, avec beaucoup de prudence, la question sur P souligne l'arbitraire du choix. Le doute peut aussi bien porter sur le contenu négatif proposé avec prudence.

121 VI etwa nicht? 159 Als wir nach Hause kamen, stand die Tür weit offen : - Hattest du etwa nicht zugeschlossen? fN'avais-tu pas fermé la porte, par hasard ?) Loc supposait qu'Alloc avait fermé la porte, mais il doute maintenant. Etwa est porteur d'indétermination supplémentaire en indiquant l'arbitraire du choix de son champ d'incidence (choix paradigmatique de dimension variable). Il peut s'agir : d'un constituant de groupe nominal, par ex., un nombre (zehn) : Das hat etwa zehn Mark gekostet. Etwa sort un ex. à titre d'illustration. Indiquant l'absence de délimitation précise (etwa = "ungefähr"), il sert de graduatif (= valeur approximative), d'un groupe nominal (= par exemple, mettons) : 160 Als die Zeit herankam, in der ich etwa nach Assisi reisen wollen, lag noch tiefer Schnee. (Hes. Cam., 143) 161 *- Wie weit waren Sie etwa von ihrem Sohn entfernt, ihn zuletzt sahen?" - "Zweihundert, dreihundert Meter vielleicht. " (Wer. Lei., 107)

hatte

als Sie

d'une proposition adverbiale : 162 Wenn es etwa regnen sollte, gehen wir nicht hin. où sa valeur convient à l'appel à s'imaginer un univers. L'indétermination concerne, dans les cas ci-dessus, le choix du nombre, du paradigme nominal ou la validité du prédicat. Etwa, marqueur de virtualité, est compatible avec la réquisition de construire un univers de discours : 163 Wenn etwa die Rede davon sein sollte, so kannst du versichern, daß ich ihn verteidigen werde.

ihm

Wenn désactualise le contenu en indiquant qu'il n'aura pas lieu tant que la condition ne sera pas réalisée. Etwa indique qu'il s'agit d'une hypothèse arbitraire, indiquant que l'inverse est tout aussi possible, de l'illocution :

122 164 Rosi: He! Bleib doch hier! Karin: Willst du etwa hinter der her? Christian: Mögt ihr sie nicht? Rosi: Gefällt sie dir etwa? Karin: Mit sowas gibs du dich ab! Klaus: Die ist bescheuert. (Hir. Fun., 79) 165 Versuchen Sie nicht etwa zu fliehen! (N'allez pas par hasard tenter de vous enfuir !) Dans ces divers emplois s'exerce la valeur désactualisante de etwa, facteur d'indétermination, qui influe sur un contenu ou une énonciation, jusqu'à donner à entendre (ex. 164) que Loc espère une réponse négative 8 9 . 2.4.5.2. Etwa marqueur de tendance? Les linguistes allemands décrivent etwa dans la question comme indicateur de tendance. Selon Weydt, 1969, 33, Loc marque ainsi son attente de voir l'autre réagir négativement. Pour Helbig-Kötz (1985:35) aussi, etwa atone suggère l'attente d'une réponse négative : Rauchst du etwa? est donné pour équivalent de Du rauchst doch nicht? Etwa a pour effet (König 9 0 (1979:126) de provoquer une réponse opposée au schéma propositionnel sous-jacent. a)

Gefällt dir die Platte etwa? - Nein (acceptation,).

b)

Gefällt dir die Platte etwa nicht? -Doch (acceptation^.

Ces représentations font de etwa une sorte d'opérateur de démenti. Si l'emploi de etwa combiné à une question revient à donner à entendre que Loc attend, espère une réponse inverse au libellé de sa question, c'est que s'additionnent deux valeurs, le signifié de doute cognitif inhérent à la question et le sens "virtuel" de etwa. C'est la configuration qui est Les analyses sur les énoncés interrogatifs corroborent (1974:21), hypothèse qu'il a développée en 1985.

l'intuition

de

Pérennec

"Was als Antwort erwartet wird, ist die Negation des gesamten dem Fragesatz entsprechenden Deklarativsatzes ohne etwa."

123 parlante, il ne faut pas attribuer à etwa une valeur qui ne surgit que de l'emploi de cette configuration dans certaines circonstances où Qetwa? laisse entendre à Alloc que Loc s'attend à non Ρ vrai 9 1 . Citons un ex. qui montre que Loc ne préjuge pas de la valeur de P, mais pose la question avec circonspection : 166 "Wie führt der Weg von hier aus zum Wasser? Macht er etwa viele Windungen f "Nein, er bildet fast eine gerade Linie." "Das ist vorteilhaft für mich." (May, Mah., 19) Il n'y a pas ici de préférence pour non P, indiquée par Loc. En effet, l'ex, cité : "Macht er etwa viele Windungen?" ne nous oblige pas à déduire que Loc pense qu'il s'attend à la négation de P. Il propose un contenu virtuel, ce qui rend la question circonspecte. Etwa signale, de la même manière que "par hasard" en français, un contenu proposé au jugement de l'informateur sans garantie, ce qui biaise la question en soulignant le doute, sans aller jusqu'à la tendance négative. Loc pose la question, certes, sans garantie "à tout hasard". Doherty 9 2 1985, 73, qui cherche à formuler le signifié invariant des particules de tendance, indique bien qu' avec etwa la bi-polarité de la question subsiste, mais elle va trop loin en faisant de etwa une sorte de pendant inversé de doch. L'interrogation en etwa n'exclue pas dans l'ex, cité la possibilité que P soit vraie et ne donne pas d'indication sur le fait que cela ne correspond pas au monde d'attente de Loc. Simplement, la marque de désactualisation suffit à biaiser la question, car de l'inactuel, du virtuel, on passe plus facilement au faux. Etwa dans VI etwa?, porte sur le contenu de la question en indiquant sa virtualité. Etwa et doch signalent la non-coïncidence de deux univers de croyance, mais Loc à l'aide de doch tend à faire supposer vraie la proposition positive ou négative dans l'univers où il se trouve, par Qetwa?, Loc ne se compromet pas. Le fait de ne pas s'engager, de présenter une virtualité (Cf. Thurmair 1989:171) : "Der Sprecher bringt mit etwa zum Ausdruck, daß er eine verneinende Antwort erwartet oder genauer: erhofft." "Etwa legt eine (durch seine affirmative Form bestimmte) positive oder eine (durch seine negierte Form bestimmte) negative Einstellung zu ρ fest und bezieht diese Einstellung auf eine alternative Einstellung zu p." Elle indique que dans : - Ist Konrad etwa verreist? etwa (comme doch) implique l'opposition de deux univers de croyance, celui de quelqu'un dont Loc évoque la croyance : - Konrad ist verreist, et celui-ci, sous-jacent au modus interrogatif, le propre univers de Loc qui tend vers l'inverse : - Konrad ist nicht verreist.

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comme objet de question suffit parfois, en contexte approprié à donner à entendre son doute. Ceci n'est qu'un effet de sens de l'emploi de Qetwa? et non un invariant de sens de la particule employée dans l'interrogation. L'inactuel peut être interprété comme orientation vers le faux, par la restriction qu'il introduit. Doch est toujours orienté vers le vrai, etwa indique que le contenu (P) est virtuel. La question est proposée dans sa polarité positive, forme neutre, non marquée dans : 167 Was also haben dann die Sekretäre gegen die Nachtverhöre? Ist es etwa gar Rücksicht auf die Parteien? Nein, nein, das ist es auch nicht. (Kaf. Sch., 247) En niant que Ρ soit vrai, - "Nein, das ist es auch nicht." Loc réagit aux propos inférables de l'interrogation précédente d'un énonciateur qui supposerait (indication donnée par gar qui présente le contenu comme une supposition) Ρ vrai : - es ist Rücksicht auf die Parteien. Si VI etwa? peut tendre vers le faux (Loc tend à supposer vraie la proposition de polarité inverse), c'est que Loc propose le contenu, dans cette polarité (P/non P) avec beaucoup de circonspection. C'est pourquoi l'absence d'actualisation du prédicat pour le propos vaut, dans bien des cas, pour donner à entendre que Loc s'attend au refus de P. L'on comprend, dès lors, que etwa ne puisse être combinée à une question partielle, ce qui irait à rencontre du présupposé d'existence : *Wo ist Peter etwa gewesen? En revanche, etwa (comme doch nicht) peut aussi avoir pour base d'incidence un constituant, lorsque l'énoncé interrogatif est segmenté. W-? etwa X? La question en etwa X? (X est un élément de substitution virtuel pour W-) suit une question de constituant. Si la question en W- ne précède pas la variable virtuelle, elle est interpolate. En con-cotexte marqué, le choix de cet élément (proposé par un énonciateur réel ou fictif) oriente la réponse vers : 1/la négation de membre correspondante, la réponse attendue est nicht X : 168 Wen sollen wir denn für die Stelle nehmen? b)Etwa den Meier? (cité par König (1977:127)) (Meier, peut-être ? à gloser par : pas Meier, tout de même ?)

125 Loe donne à Alloc l'instruction de chercher une instance de substitution qui rendrait Ρ vrai. Loc (qui est un ennemi de Meier) lui demande de refuser un choix paradigmatique imaginable auquel il ne souscrit pas = j'espère que tu ne penses pas à Meier? ou bien exprime une virtualité plausible. 2/ Alloc n'exclut pas la possibilité de X : 169 Aus einer der Türen, die von der Halle abgingen,... trat ein rotgesichtiger, massiver Mann und rief: "He... wen haben wir denn da? Etwa das Fräulein Menzel aus Hamburg, wie?" Überrascht sah sie den Fremden an und nickte." (Mar. Mal., 22) Loc propose avec etwa Xe! une instance de substitution virtuelle. 170 ZEIT: Hoffen Sie auf neue Kredite - etwa von der Bundesrepublik. Rakowski: Es geht um mehr Luft zum Atmen. Durch Umschuldung und vor allem durch Aktivierung der direkten Beziehungen zwischen Firmen. Die Bundesrepublik Deutschland ist unser wichtigster Handelspartner..." (Zeit, Nr. 51, 16. Dez., 1988, 8) On remarquera d'ailleurs dans l'ex. 169, l'emploi d'une queue de question comme dans une question tendancieuse (v. 3.5.3.2.) Etwa, désactualisant et donc facteur de doute, indique malgré tout la bidimensionalité 9 3 de la question en ce qui concerne le jugement de vérité/réalité sur le contenu de P. Une autre construction, avec question de constituant implicite, apparaît dans l'ex, suivant : 171 Wie? Der Herr ... fand irgendetwas entsetzlich. Etwa, daß K. bis in den Hof gedrungen war? (Kaf. Sch. 101) (Interpolation implicite : Was fand er entsetzlich?^ La question porte sur le choix d'une variable et conduit au choix d'un élément, proposé sans garantie : "Comment?... il y avait quelque chose C'est pourquoi vielleicht peut commuter avec etwa, pour marquer le non décidable, ou ce qui est présenté comme soi-disant indécidable, dans la question rhétorique, alors que toute hésitation est impossible et la réponse évidente : "Anna kann's (das Kind.) doch nicht bei sich haben und Sie erst doch nicht. Wo soll's denn während der Proben stecken? Im Souffleurkasten vielleicht?" Georg lächelte." (Sch. Weg., 311) La question est ironique. Son signifié d'indécidabilité, voire d'indifférence sur la valeur de vérité de P, suffit à désactualiser l'énoncé dans lequel il figure, (combiné à la déclarative, il place le contenu hors-référence à la vérité) : "Wen haben uñr den da? Vielleicht das Fräulein Menzel aus Hamburg?"

126

qu'il trouvait épouvantable? Peut-être que K. eût pénétré dans la cour?" Etwa exprime donc l'arbitraire du choix du paradigme auquel il est incident. 2.4.5.3. Valeur illocutoire de etwa Etwa a été présenté comme "indicateur d'illocution" 94 . Il ne pourait l'être que dans la configuration Vletwat car il apparaît aussi dans la relative : (alle, die etwa Bedenken haben sollten...) et dans l'hypothétique (Wenn er etwa doch noch kommt,...) et dans l'injonction négative ; mais il présente une affinité sémantique incontestable avec la question, qui exprime "le doute sur un objet appelant une réaction". Nous le décrirons donc comme un modificateur d'illocution dans Vletwa?, car il biaise la demande de renseignement en marquant son contenu comme virtuel, et comme un renforçateur de prise de position sur la valeur de P, dans la question tendancieuse (Vlnicht etwa? = orientation positive) ou comme marqueur de polarité (Vênicht etwa = orientation positive virtuelle combattue) (voir ex. ci-après 2.4.5.4.). Etwa présente la caractéristique de proposer le contenu de Ρ avec prudence, comme simple hypothèse, etwa indique que Ρ est virtuel ce qui est souvent pris, par implicitation conversationnelle, pour une orientation négative, comme marque d'attente inverse à la polarité de l'interrogation 95 . Loc tendrait vers l'orientation inverse à P. Il ne s'agit là que d'une interprétation possible, qui fait intervenir une implicature, en effet : Demander, avec circonspection, si Ρ existe peut être compris, en concordance avec les informations d'arrière-plan, comme indication qu'il n'y a pas de rapport entre le signifié de la phrase et la réalité, que Loc tend vers la croyance en non Ρ vrai. Cette implicature dépend pour une large part du con-cotexte dans lequel Qetwa? s'insère. 172 (Jänecke associe la pratique du nudisme à l'homosexualité.J Jänecke: Wissen Sie, daß er etwas komische Ansichten hatte? Pinneberg: Komische? Jänecke: Über Nacktheit. Pinneberg: Ja, er hat mir mal davon erzählt. Irgendein FreiKörper-Kultur-Verband. Jänecke: Gehören Sie dem etwa auch an?

94

Cortes/Szabo (1984) cité dans Cortes (1988:99). König (1979:127) : "Diese Antworterwartung beruht auf Wünschen und Bewertungen des Fragenden und nicht auf seinem Wahrscheinlichkeitsurteil und stellt den Versuch dar, diese Bewertung dem Hörer aufzuzwingen"

127

Pinneberg: Ich? Nein. Jänecke: Nein, natürlich, Sie sind ja verheiratet. (Dor. Kle., 94) Un stimulus antérieur oblige Loe 1 à poser une question déconnectée de la réalité (etwa), orientant vers la dénégation de Loc 2 ; la réaction de Loc 1 : natürlich... corrobore la tendance inférée de sa question. La relative indétermination de Qetwa? explique, inversement, qu'à travers cette structure puissent s'exprimer la crainte, la surprise... que quelque chose, à quoi Loc ne s'attendait pas (désactualisation), puisse être possible. L'opérateur de désactualisation permet à la fois de contraster l'attente de Loc et celle d'un autre, celle d'Alloc, d'un tiers ou de lui-même à une autre époque, Loc orientant la poursuite du discours conformément à son attente. Dans l'ex, suivant la structure question-réponse est assumée par le même locuteur : 173 Immerhin ging es aus der Vernehmung hervor, daß Vincent seiner Umsiedlung aufs Land eine mehr als zufällige Bedeutung beimaß. "Sage ich das etwa, (P) weil ich Kultur oder dergleichen verachte? Im Gegenteil96, (Q) gerade weil ich das echt Menschliche, das Leben in der Natur - nicht gegen die Natur und Kultur - im Auge habe", schrieb Vincent (Van Gogh) seinem Bruder. " (Niz. Sto., 167-168) Le rapport entre question/réponse montre que Vincent suspend son jugement définitif, la désactualisation de l'énoncé n'empêche pas que l'hypothèse ait quelque consistance, puisque im Gegenteil a une valeur correctrice et rectificative. Il indique que Ρ et Q sont de valeur antithétique. Ρ désactualisé proposé au jugement est nié, Loc opposant le réel au possible. Cependant l'absence d'actualisation du contenu de Ρ prépare à la dénégation. L'implicature conversationnelle (poser une question sur un contenu marqué comme virtuel tend à orienter vers l'inférence inverse à P) fonctionne, ci-dessous, pour donner à entendre que le questionneur, à propos du contenu marqué par etwa, s'oriente vers une réponse négative, 174 Wie konnte es geschehen, daß deutsche Firmen an den Behörden vorbei dem Oberst Ghaddafi so in die Hände spielen? Ist etwa doch möglich, was Bundeskanzler Kohl für 96

Duden Deutsches Universalwörterbuch (1983:466) :"Etwas (hier die Frage Q) ist etwas anderem (der Aussage P) völlig entgegengesetzt".

128 undenkbar hält, daß sich einzelne innerhalb der Bundesrepublik aus Gewinnsucht an Vorhaben beteiligen, die friedensgefährdend sind? Die Chemieindustrie ist sicher so gewinnsüchtig nicht. (Zeit, Nr. 4 20. Januar 1989, 21, 22) Etwa est accompagné par doch accentué, qui sert à évoquer le contenu contradictoire à celui de l'interrogation - es ist nicht möglich, daß..., Ρ étant ainsi "désactualisé" (etwa), il n'est pas étonnant que Loc enchaîne dans un sens favorable à la conclusion négative, privilégiant donc la tendance inverse à P. Couplé à certains verbes dans une interropositive (configuration : Glaubst du etwa...?), ou encore en con-cotexte dubitatif, il tend à faire supposer vraie la proposition négative correspondante : 175 Franz war skeptisch: "Glaubst du etwa, daß sie Einfluß auf ihren Sohn hat?' En revanche, Qetwa? tend à faire supposer Ρ vrai (= möglicherweise /womöglich), ce qui est corroborré par l'enchaînement dans : 176 "Es gibt einen", antwortete er selbstbewusst, "einen, der zehnmal gescheiter ist als ihr Europäer alle miteinander". "Herr, meinst du etwa dich selber? Fast klingt es so." "Wen ich meine werde ich nicht sagen". (May. Mah., 19) 2.4.5.4. Etwa évocateur d'un monde alternatif virtuel V2 (doch) nicht etwa? (glose : Es stimmt doch nicht etwa, daß P) Lorsque etwa figure dans une demande de confirmation intonatoire interronégative, il implique une alternative à non Ρ probable, si faible soit-elle. Etwa est sous la base d'incidence de nicht, ce qui représente la mise en cause maximale du contenu inverse, malgré tout possible, Ρ virtuel a de la force, Loc souhaite que cette virtualité soit repoussée : 177 Lotte: Nur niemand will mehr zu Gott. Wer will noch über die schöne Frau hinaus? Sie ist dem Mann zum Selbstzweck geworden. Frau: Sie sind nicht etwa eine von der Kirche? Lotte: Nein. (Str.Gro., 150)

129 Sie sind nicht etwa eine von der Kirche? Vous n'êtes pas de l'église, par hasard? (Loc désire que non Ρ soit vrai, mais il est possible que P.)

Etwa, dans l'ex, ci-dessus, désactualise l'énoncé (Loc souhaite que ce prédicat "eine von der Kirche sein" soit faux). Mais le co-texte donnait quelque indice de réalité à cette virtualité redoutée (le monde alternatif est un monde possible où Ρ est vrai.) Du willst doch nicht etwa/Du wirst doch nicht etwa...? La question tendancieuse, qui marque que Loc redoute une hypothèse qui a de la consistance, peut comporter une périphrase woll-/werd- employée à la deuxième personne. Elle admet la combinaison de particules illocutoires (configuration), ce qui est le cas, dans l'ex, ci-dessous, avec la suite : V2 doch nicht (confirmation négative) etwa (Ρ virtuel) : 178 Du willst spielen?

doch nicht

etwa mit

den

Schmuddelkindem

La crainte que Ρ soit vrai est combattue par Loc (doch marquant l'opposition de Loc au contenu virtuel proposé : "du willst spielen mit den Schmuddelkindern"), ce qui donne du poids à l'attente que la valeur inverse (V2 nicht) : "du willst nicht spielen..." soit le cas, etwa signalant la virtualité redoutée (etwa est dans la base d'incidence de nicht), trad. :"tu ne vas tout de même pas jouer avec les petits pouilleux, par hasard ?" Le souhait de Loc que non Ρ soit vrai est indiqué également dans la connotation axiologique qui s'inscrit dans le signifiant "mit den Schmuddelkindern", terme péjoratif qui donne un argument pour non P. L'idée de discordance entre crainte et souhait de Loc est marquée par le rapport entre forme d'énoncé, polarité négative et particules réglant l'interaction. C'est donc une configuration d'éléments qui concourt à l'interprétation. Dans Qetwa doch nicht?, la question est agressive par l'alternative virtuelle à non Ρ qu'elle permet de proposer : 179 "Wie!" rief Κ.... "Du, die Schwester, sagst doch nicht etwa, daß Amalia Sortini hätte folgen sollen und in den Herrenhof hätte laufen sollen?" "Nein", sagte Olga, "möge ich beschützt werden vor derartigem Verdacht. Wie kannst du das glauben?" (Kaf. Sch., 185) (Ne me dis tout de même pas que..../J Le commentaire métalinguistique d'Olga montre que dans V2 doch nicht etwa?, l'idée qu'il peut se faire que Ρ soit vrai est bien exprimée ; ce ne peut être que grâce à etwa. Loc se place au plan de ses préférences pour indiquer par etwa ce qu'il ne souhaite pas, et avec lequel il marque son opposition (nicht). Etwa

130 suspend l'actualisation du dictum. La tendance négative est renforcée par la suite doch nicht. 180 - Sag mal, du hast doch nicht etwa meinen Kugelschreiber genommen? ftu n'as tout-de-même pas pris mon stylo, j'espère ?) Cependant, la crainte est formulée qu'il soit virtuellement possible que P. Lorsque la question figure en énoncé clôturant, Loc dispensant Alloc de répondre, la prise de position négative de Loc annule la possibilité de prise de position alternative (doch, etwa) : 181 "Am Wochenende", sage ich, "machen sie einen Workshop". "Du uñllst doch nicht etwa hin?" fragt meine Frau entsetzt. "Da gehst du nicht hin. Ich verbiete dir das." (F.R. 23. Nov. 1986) (Tu ne vas tout de même pas y aller, par exemple ?) La virtualité redoutée (cf. "entsetzt") que Ρ puisse être vrai trouve son origine dans l'inférence tirée de l'énonciation précédente : "Alloc will möglicherweise hin". Une telle question, qui marque fortement la prise de position négative de Loc, cherche à induire un comportement et prépare à l'interdiction subséquente. Etwa, du fait de son absence d'orientation (virtuel) est la seule particule à pouvoir se trouver sous la portée de l'opérateur de rejet nicht propositionnel. Présentant le contenu positif Ρ de la question avec prudence, il ne change pas l'orientation de la demande de confirmation Q?CONF.Nein, même s'il évoque un monde alternatif. Vlnicht etwa/etwa nicht? (Glose : Stimmt es etwa nicht, daß P?/Stimmt es etwa, daß nicht P?) Etwa peut figurer dans la demande de confirmation en interronégative de sens positif. La question Vlnicht? tend à faire supposer vraie la proposition positive correspondante. Nicht peut, alors, être placé en position précoce. L'orientation de l'énonciateur étant marquée comme négative (nicht), etwa renforce l'orientation positive 97 de Loc, en donnant du poids à la virtualité inverse. L'orientation de Loc (etwa) est celle qui est opposée au Kürschner (1983:85) : Denn, etwa etc.... können ihrerseits in negative Interrogativsätze eingeführt werden, ohne daß die Polarität des erwarteten Antwortsatzes verändert würde - sie bleibt nach wie vor positiv." Nous souscrivons tout-a-fait à ce qui est dit du rôle d'etwa dans la question tendancieuse, en revanche nous n'adhérons pas à la description de etwa comme indicateur de tendance, car si la question est biaisée, c'est plutôt à partir de l'interprétation de son signifié de désactualisatian, la prudence de Loc pouvant parfois être interprétée comme préférence pour l'orientation négative malgré la crainte inverse.

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signe négatif de Ρ, la possibilité inverse n'est certes pas exclue, mais la phrase suggère une interprétation positive, la désactualisation de Ρ étant orientée ici vers une possibilité inverse à non P, vers la virtualité positive : 182 Frau: Sind Sie nicht etwa Schwester in der Klinik Professor Tischner? Lotte: Nein, Graphikerin. (Str. Gro., 147) (Vous ne seriez pas infirmière, hasard...?)

von par

La traduction par le conditionnel 9 8 en français est un critère pour montrer l'orientation vers la réponse positive, la supposition de la valeur positive de P, qui conditionne l'enchaînement : Ja/doch. L'interronégative en VI correspondant à l'ex. 177 marquerait une prise de position positive à l'égard de P (nicht) : - Sind Sie nicht etwa eine von der Kirche? (etwa) donne à la tendance positive quelque crédit (je pensais que vous l'étiez, mais j'ai brusquement un doute) et indiquerait que la virtualité positive (etwa) est la perspective de Loc qui s'oppose (négation) à celle d'un énonciateur différent. Q etwa nicht? tend donc à faire supposer vraie la proposition positive correspondante. Etwa est exclu de la demande de confirmation V2? Q?CovfJa interropositive, comme il l'est de l'assertion positive, à cause du caractère virtuel qu'il évoque, alors que V2 indique une attitude positive conforme au signifiant de P (v. Chapitre 3), car il y aurait alors (via implicature) contradiction entre attente que oui et désactualisation 9 9 : *Du willst etwa jetzt noch ausgehen? D'une part, la sortie est évoquée comme probable (V2), d'autre part, d'autre part elle est indiquée (etwa) comme virtuelle (P faux est possible), le contenu étant présenté comme non actualisé. Pour traduire : "tu ne vas pas encore sortir maintenant, dis?", la négation est nécessaire, V2 nicht indiquant la tendance négative, etwa est sous la portée de nicht, l'inactuel tend vers le faux : 98

99

Boriilo (1981:600). La trad, de Launay (Gallimard:33) de l'ex. 177 p. 129, est donc inexacte : "vous ne seriez pas de l'église, par hasard?", puisqu'elle confond la demande de confirmation positive (QÎConfJa) avec la demande d'infirmation d'une hypothèse (Q?Infdoch), avec etwa dans la base d'incidence de nicht : "vous n'êtes pas de l'église, par exemple?", la suggestion que oui avec la crainte que oui et le souhait que non. Doherty (1985:74) :" Während doch in der Sekundärfrage möglich ist, gerade weil der deklarative Satzmodus die Verwendungsbedingungen der Partikel erfüllt, ist das (affirmative) etwa in der Sekundärfrage ausgeschlossen, weil der deklarative Satzmodus gegen die Verwendungsbedingung der Partikel verstößt."

132

183 Du willst nicht etwa jetzt noch ausgehen? En revanche, dans l'interropositive en V2, 184 Du willst vielleicht jetzt noch ausgehen? vielleicht, qui marque que Loe ne peut prendre position sur la valeur de vérité de Ρ ( r e f u s d'asserter), est acceptable, car il atténue simplement l'implication positive indiquée par V2. Le comportement de etwa est original. Son sémantisme indiquant la non actualisation du contenu sur lequel il porte, donne à entendre, en contexte approprié, une orientation alternative possible à celle indiquée par la polarité de P. etwa seul peut, en cotexte approprié, donner de la vraisemblance à l'orientation par rapport au signe de Ρ (orientation vers Nein). Avec la négation illocutoire qui rejette une inférence textuelle Ρ est orienté vers Ja). Sind Sie etwa von der Kirche? (/= j'espère que non). Sind Sie nicht etwa von der Kirche? (/= je suppose que oui). etwa figure dans une proposition négative, virtualité de Ρ et négation se combinent, la polarité de Ρ reste négative : Sie sind nicht etwa von der Kirche? (/= j'aimerai en exclure la virtualité). etwa produit avec nicht dans Q? un effet de double négation : Sind Sie etwa nicht eine von der Kirche? (/= Sie sind eine von der Kirche?)

2.4.5.5. Etwa marqueur d'indétermination dans la question d'hypothèse Vletwa? présente des saisies diverses du jugement concernant la probabilité d'un contenu, sur une échelle allant du doute à la certitude. Loc adresse à Alloc une question en indiquant qu'il considère le contenu de P, proposé au jugement d'Alloc, avec beaucoup de circonspection (demande d'information biaisée), ce qui, d'après les informations d'arrière-plan, peut parfois être interprété comme question dubitative (tendance), ou bien il pose une question "à tout hasard". La particule etwa présente une affinité avec l'hypothèse, qui suspend un contenu à la réalisation de la condition. Elle apparaît d'ailleurs souvent dans une telle construction : 185 - Sage ihm, wenn du ihn etwa sehen solltest, daß...

133 En contexte neutre, etwa n'exclue pas totalement que l'éventualité conforme au signe de Ρ se trouve vérifiée. 1 0 0 VI est décrit comme le signifiant potentiel de la demande d'opération coopérative par lequel l'on demande à l'allocutaire "de s'activer intellectuellement" (Faucher, 43) que ce soit pour le requérir d'asserter un contenu ou de faire une opération mentale, ce à quoi quelquefois aussi sert la question émise. Elle permet alors à Loc d'extérioriser un doute cognitif, sans qu'il soit tenu à sa résolution dans les questions sans adresse, ainsi que dans l'interrogation indirecte (remarque de Doherty 1985:73) : 186 Nina fragt sich, ob Konrad etwa verreist ist. La combinaison avec ob, indice d'indécidabilité, est donc tout à fait logique, et l'on comprend que etwa puisse ainsi apparaître dans la question problématisante : 187 Ob er etwa krank ist? 188 "Wie kommen Sie denn hierherΤ fragte der Herr... Was für Fragen! Was für Antworten! Sollte etwa K. noch ausdrücklich selbst dem Herrn bestätigen, daß sein mit soviel Hoffnungen begonnener Weg vergebens gewesen war? (Kaf. Sch., 101) Loc énonce une hypothèse (sollte exprime une supposition) qui s'oppose à une supputation inverse implicite, sans que Loc puisse prendre position (etwa), sans qu'une réponse puisse être donnée. Ainsi dans l'ex, suivant, Loc thématise une donnée problématique sous forme de question en présentant une sorte de dialogue cristallisé, la question fait progresser la pensée et donc le discours : 189 (Freud raconte qu'il a cassé son encrier. S'interrogeant sur le sens de cette "maladresse", il l'interprète comme un "acte manqué".)

Citation Thurmair (1989:172) : "Hast du etwa meine Sachen gebügelt? Das wäre doch nicht nötig gewesen." Il n'est pas indifférent de voir etwa combiné à sollte + inf., dont Cortes (1988:135) décrit l'effet en disant que tout se passe comme si le membre de phrase qui en dépend était prononcé par un autre. Ceci donne une indication sur le fait que Loc attribuerait ainsi cette hypothèse à un énonciateur distinct de lui-même en introduisant par rapport à elle une certaine distance (qui peut alors induire l'orientation vers le faux) : - Sollte er etwa kommen,...

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Schloß ich etwa aus den Worten der Schwester, daß sie sich vorgenommen, mich zur nächsten Gelegenheit mit einem schönen Tintenzeug zu beschenken...? Wenn dem so ist, so war meine schleudernde Bewegung nur scheinbar ungeschickt. In Wirklichkeit war sie höchst geschickt und zielbewußt. (Fre. Psy., 143) Freud se pose à lui-même, en tant que son propre allocuté, la question des motifs de son geste maladroit. Etwa est glosable par es mag sein qui marquerait l'indifférence à l'égard de la vérité de P. Mais, même si l'actualisation du procès est supendue, il importe que le contenu soit vrai ou faux. Loc propose Ρ vrai, tout en maintenant l'alternative (désactualisation de P). Etwa maintient cette discordance, entre éventualité évoquée et éventualité alternative 101 , toutes deux possibles. La reprise en "wenn dem so ist" et l'enchaînement sur la proposition positive sous-jacente "in Wirklichkeit..." marquent la rupture avec l'indécision première. Etwa indique ici que le procès est tout d'abord virtuel dans l'imaginaire (wenn), Loc observant malgré l'accumulation des marques augmentant le doute une certaine neutralité, avec laquelle il rompt dans l'enchaînement. La question en VI etwa? est donc engagée dans un mouvement véridictionnel qui, selon les configurations, va du virtuel vers l'implication négative ou positive, la demande de renseignement opposant deux univers de croyance antagonistes. Ce mouvement peut aller jusq'au point de marquer la question comme non pertinente, comme ci-dessous. 2.4.5.6. Etwa dans la question rhétorique Etwa interprétable en contexte comme orientant Ρ vers le faux y est à sa place. La question vaut alors inférence de la réponse de polarité inverse. Alloc est invité à prendre le contre-pied de ce que la proposition exprime littéralement : 190 Der Fabrikant drückt die Löhne; der Staat beschleunigt den Schwund der Massenkaufkraft durch Steuern, die er den Besitzenden nicht aufzubürden wagt; das Kapital flieht ohnedies milliardenweise über die Grenzen. Ist das etwa nicht konsequent? Hat der Wahnsinn etwa keine Methode? (Käs. Fab., 27) (/= das ist konsequent. Der Wahnsinn hat Methode.,) 101

Doherty (1985 : 73) : "Er (läßt) die seiner Einstellung entgegengesetzte Einstellung ... als Möglichkeit zu" .

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191 Der Irrtum liegt darin, die Größe eines staatlichen Territoriums in Beziehung zu seiner geistigen und kulturellen Größe zu setzen. Sind die europäischen Kleinstaaten, sind die Niederlande oder Portugal etwa provinziell? (Zeit Nr. 45 2 Nov. 1990, 69) VI etwa nicht? (Stimmt es etwa, daß nicht P? /= Nein) 192 Er: Er (Sokrates) hat ein schlechtes Gesetz verachtet, und das hat die Dummen ermutigt, die guten Gesetze zu verachten. War das etwa nicht aufsässig und eigensinnig? (Dor. Ram., 223) (/= Das war aufsässig und eigensinnig.) On a dans ce cas un effet de "double négation" (rejet par nicht désactualisation par etwa), qui impose l'inférence Ρ vrai.

et

Stratégiquement, lorsque Loc connaît la réponse et veut l'imposer, etwa peut être utilisé pour renforcer l'agressivité de la question, Loc imposant ainsi son point de vue : 193 Bist du etwa beleidigt? (/= Il n'y a pas de quoi être vexé.) La question ne pouvant se poser, il n'y a qu'une réponse évidente qui rend Ρ caduc. Du point de vue argumentatif, Loc par l'insertion de etwa dans un tel message, tente d'exercer un pouvoir sur autrui par la parole, il poursuit une fin dominatrice 102 . 2.4.6. Qvielleicht? Vielleicht opère comme marqueur de suspension de la valeur de vérité de la proposition où il figure 103 . Il est associable à l'assertion, la demande de 102 Franck (1980 : 221) : "Häufig nennt die Etwa-Frage Dinge, f ü r die der Angesprochene eine gewisse Verantwortung trägt." 103 Çette caractérisation est en accord avec la description lexicographique de Wiegand reprise par Zifonun (1982:35) : "vielleicht wird als Satzadverb in einem Ausdruck vielleicht Ρ gebraucht, um die Ungewißheit darüber auszudrücken, ob der durch Ρ benannte Sachverhalt besteht oder nicht." Zifonun (1982:50) assimile vielleicht à une expression d'attitude, en fait un marqueur propositionnel : "Die durch vielleicht ausgedrückte propositionale Einstellung bezüglich der Proposition ρ in einem Ausdruck

136 renseignement, la demande de confirmation, la question problématisante, la demande d'agir, la question rhétorique, Y exclamation. Vielleicht remplit une fonction originale, par rapport aux modalisateurs d'assertion, gui énoncent une prise de position de Loc par rapport à la vérité et la réalité de Ρ et aux particules illocutoires figurant dans l'interrogation 104. 1. Vielleicht est, de par son sens, bi-orienté en contexte neutre. Entrant dans une demande de renseignement comme demande de statuer sur la vérité/réalité de Ρ ou non P, type de question dont la finalité est d'obliger Alloc à asserter, vielleicht l'incite à la décision sur le potentiellement vrai ou potentiellement faux. Un exemple qui verbalise les deux attitudes discursives possibles après Qvielleicht? le montre : 194 fil s'agit de la visite de Reagan à BitburgJ Die amerikanischen Kommentatoren kannten Schuhmachers Zeugnis, und viele ähnlich lautende, nicht. Und als ob 'SS" allein als Symbol nicht ausreichte, erinnerten sie dann noch an die amerikanischen Soldaten, die Ende 1944 in Malmedy von deutscher SS erschossen worden waren. Könnte der amerikanische Präsident dem deutschen Bundeskanzler vielleicht die Hand zur Versöhnung reichen über dem Grab eines Waffen-SS-Soldaten, der in Malmedy Amerikaner erschossen hatte? Es ist unwahrscheinlich. Die meisten der in Bitburg begrabenen SS-Soldaten sind, wie die Grabplatten ausweisen, vor dem Massaker von Malmedy gefallen. Aber mit völliger Sicherheit auszuschließen ist natürlich nichts. (Zeit 18/85, Nr3, cité par Mei., (12)) vielleicht ρ ist dabei die Einstellung bezüglich der Wahrheitsbedingungen von p..." La modalisation ne peut que concerner toute la matière de l'énoncé, elle dit quelque chose à propos de Ρ (sauf incidence intérieure à la subordonnée ou incidence à un groupe réduit). Nous considérons donc vielleicht comme modalisateur, dans la déclarative, comme particule illocutoire dans l'interrogative. 104 pérennec (1979) a mis en évidence les spécificités illocutoires du refus d'assertion, qui présente la forme Ρ vielleicht et a la particularité de suspendre le présupposé pragmatique fondamental de l'assertion : mettre l'allocuté dans l'obligation de croire à la vérité de l'énoncé. Vielleicht laisse à l'allocuté le choix entre deux valeurs de vérité P/nonP, vielleicht Ρ et vielleicht non Ρ étant logiquement (mais pas argumentativement) équivalents. Pérennec (1979:197) montre aussi que modalisateur et construction extraposée (sicherP/es ist sicher, daß Ρ) ne sont pas équivalents. Il y a avec es ist sicher, daß Ρ assertion de l'énoncé sans restriction et non pas énonciation d'une probabilité. De plus, le modalisateur n'est pas niable contrairement à l'attribut correspondant ou au prédicat d'attitude. Nous ne pouvons donc souscrire à la paraphrase du modalisateur par la construction extraposée correspondante proposée par Zifonun (1982:48) pour Q? : "Ist es der Fall, daß du sicher bist, daß du nicht zu wenig geschlafen hast?" pour Hast du bestimmt nicht zu wenig geschlafen?.

137 L'auteur de l'article indique que les deux réponses ont quelque plausibilité ("unwahrscheinlich, aber nicht auszuschließen"). Loe, tout en ne faisant pas dans Qvielleichfi de supputation sur la réponse possible considère cependant la valeur "non vraie" comme plus probable, celle-ci est induite par le contraste sémantique ("Die Hand zur Versöhnung reichen / über dem Grab eines... Soldaten, der Amerikaner erschossen hat"), pas par vielleicht. Vielleicht présente en tant qu'opérateur illocutoire de suspension d'assertion une affinité avec l'expression d'une ignorance sur la valeur de vérité de la phrase. Cependant, dans bien des cas, l'énoncé est argumentativement rapporté plutôt à la valeur conforme au signe de la question Ja, ou plutôt à la valeur inverse Nein. Vielleicht est donc tout à fait à sa place dans la demande de renseignement qu'il marque comme question bi-polaire. La proposition sur laquelle porte vielleicht, est pour ce que Loc en sait, potentiellement vraie ou potentiellement fausse. Quelles sont les caractéristiques syntaxiques et distributionnelles de cet opérateur qui donnent des indications sur la spécificité de Q vielleicht? 2.4.6.1. Vielleicht comme partie de discours Au plan syntaxique, vielleicht dans (¿vielleicht? se rapproche d'une particule illocutoire : Vielleicht dans la question focalisée se place avant l'élément sur lequel porte le doute 105 ; Il apparaît ainsi, dans l'ex, suivant, après le verbe conjugué à l'initiale, avant le pronom siyet à l'instar d'une particule illocutoire : VI vielleicht 195 "Ich verstehe nicht", sagte er deshalb, "ja, habe vielleicht ich Sie mißverstanden?" fragte der Advokat, ebenso erstaunt und verlegen wie K.. "Ich war vielleicht voreilig." (Kaf., Pro., 77) (Peut-être est-ce moi qui vous ai mal compris ? demanda l'avocat. La traduction en "est-ce que?" fait ressortir la focalisation de la question)

II y a là un parallélisme à noter avec la négation partielle : - vielleicht ick? l'interrogation est focalisée, comme l'est la négation dans : - Nicht ich (habe das getan). Il y a fixation d'un paradigme dont Loc extrait l'élément sur lequel repose l'indétermination. La position précoce de wirklich est possible quand il porte sur un paradigme restreint : Bist ivirklich 'du der Verfasser? (Trad. : Est-ce que c'est vraiment toi l'auteur?, Zeit, n° 9. 23. Februar 1990:17).

138 V2 vielleicht? 196 (Passage de monologue intérieur,) Dann war es vielleicht nicht anders als bei Frieda? O doch, es war anders. Man mußte nur an Friedas Blick denken. (Kaf. Sch, 98) On le rencontre aussi à l'initiale : Vielleicht V2? 197 Viviane: Haben Sie nicht Lust, wollen Sie beide nicht mit uns ein paar Tage in die Berge fahren? Lothar: Herzlich gerne. Es ist nur... Ich habe meine Urlaubsvertretung noch nicht regeln können... Aber Ruth, vielleicht möchtest du mitfahren? Ruth: O ja, sehr gem. (Str., Tri., 74) Ce placement possible, à l'initiale de la proposition déclarative en V2?, distingue vielleicht des particules au sens strict, qui se situent toujours en position médiane avant modalisateur et négation de phrase. La question QvielleichtVê? pose Ρ potentiellement vrai. Il s'agit là d'une question tendancieuse (cf. chapitre 3). Dans l'interrogation en VI, vielleicht fonctionne comme etwa, c'est une particule illocutoire qui souligne la bi-dimensionalité de la question. 2.4.6.2. Visée illocutoire et stratégique de Q vielleicht? A la question bi-polaire L'opérateur vielleicht suspend la valeur de vérité de P. Loc en posant la question propose une potentialité non-orientée : Pour ce que Loc en sait, Alloc n'a pas plus de raison d'affirmer Ρ que d'affirmer nonP. Vielleicht est signe d'indécidabilité sur la valeur de vérité. Dans une demande de renseignement en VI, Loc ne suggère pas qu'il penche pour une réponse positive ou négative, le choix n'est pas pondéré entre Ρ potentiellement vrai vs Ρ potentiellement faux 106 (ex. 198).

Dans l'énoncé exclamatif, vielleicht (accentué commutable avec aber), prend l'orientation argumentative conforme à Ρ vrai, Loc énonçant un état de chose dont il prend brusquement conscience, en assertant vivement Ρ : Siehst du vielleicht schlecht aus! Du bist mir vielleicht einer! War das vielleicht eine anstrengende Arbeit! (Heibig 1977:40) Vielleicht sagen Sie mir, was Sie wollen! Vielleicht renforce la déclarative interprétable comme exhortation, accentue sa véhémence, c'est /P potentiellement vrai/ qui est considéré.

139 198 Singt er, von dem bekannt ist, daß er einen guten Bariton hat, ihr vielleicht am Telefon Lieder vor, Serenaden, Schlager, Arien? Oder wird da ...? (H.Böll, Die verlorene Ehre der Katharina Blum. K&W, 137.) Le personnage évoque une série de potentialités en alternative. Vielleicht exprime l'idée de l'égalité de Ρ ou non Ρ devant la vérité, certains éléments d'information ("einen guten Bariton") renforçant cependant l'orientation vers Ρ possible. Perspective argumentative Qvielleichf? est utilisé à des fins argumentatives plus marquées que Q? 107 ? Le questionneur demande à son informateur de mobiliser sa connaissance du monde pour vérifier s'il confirme ou infirme une possibilité face à laquelle Loc, soit ne marque aucune préférence ni aucune attente, soit argumente pour sa vérité ou sa fausseté. Logiquement bi-orientée, Qvielleicht? explicitant normalement l'indifférence de Loc quant à la réponse, peut cependant figurer dans un énoncé pourvu d'une valeur stratégique et argumentative qui commande un choix entre la réponse positive ou négative. En effet, QVielleicht?, n'oppose souvent pas une possibilité que le contenu soit vrai à 50% à une impossibilité à 50%. Même dans la demande de renseignement neutre, vielleicht P et vielleicht non P ne sont pas considérés par Loc comme argumentativement équivalents 108. Trois arguments plaident pour cette conception : 1) Elle trouve un fondement dans la commutation : vielleicht dans Q? orienté vers /P potentiellement vrai/ peut alors être remplacé par möglicherweise, qui dans la déclarative présente la vérité de l'énoncé comme possibilité, ou à l'inverse par etwa dans Q?, désactualisant orientant parfois vers l'interprétation /P potentiellement faux/. Etwa code la non-actualisation de P dans le contexte.

La caractérisation de vielleicht

indiquée par Zifonun (1982:40)

"Vielleicht

P wird

wahr unter vorliegenden Gegebenheiten, wenn es mindesten eine Konstellation von Begebenheiten gibt, die vereinbar ist mit dem, was S glaubt, und in der Ρ der Fall ist" nous paraît absurde car vielleicht

P se situe toujours en dehors du rapport à la

vérité, ce qui n'est pas le cas avec sicher P, avec lequel elle le compare. Vielleicht

indique le contenu de P indécidable. Cependant, Loc se place générale-

ment, en disant vielleicht

P, dans la perspective argumentative conforme à P et peut

enchaîner comme s'il avait dit P. 108 c e c ¡ apparaît bien dans l'ex, suivant : (in der Apotheke) Liesl Karlstadt : Hats Karl Valentin

(das Kind)

vielleicht die Finger immer

: Ja, stimmt !

Liesl Karlstadt : Dann kriegt es schon die ersten Zähne. (Val.

Kla., 44)

im

Mund?

140 2)

L'idée de la polarisation implicite potentielle de (¡vielleicht? se déduit de l'enchaînement qui se poursuit sur une des valeurs possibles : 199 War es vielleicht die Bedienung, vielleicht Frieda, die der Herr herbeiläuten wollte? Da mochte er lange läuten, Frieda war ja damit beschäftigt, Jeremias in nasse Tücher zu wickeln. (Kaf. Sch., 265)

La reprise par le situatif da (alors) indique que Loe se place dans la perspective de /P potentiellement vrai/. 3) Les questions qui sont des demandes d'agir (acte indirect) se placent dans la perspective de même polarité que celle du signe de la question (Wollen Sie vielleicht Ihren Mantel zunächst ablegen? Trad. : Peut-être voudriez-vous d'abord ôter votre manteau?). a) (¿vielleicht'? favorable à l'orientation positive interprétable comme :"Es kann (der Fall) sein, daß Ρ" La question peut être interprétée comme une indication que Ρ a des chances d'être vraie (inférence : möglicherweise Ρ). En cherchant Jachmann des yeux dans la pièce tout en posant la question : "1st vielleicht Jachmann hier?", Mia indique qu'elle pense qu'il n'est pas impossible que Jachmann soit là. L'observation de l'enchaînement dans l'ex. 195 fournit un argument en ce sens. La description de l'attitude de hoc : "der Advokat ist erstaunt, verlegen") donne à entendre que Qvielleichfí est présentée comme allant dans le sens de la proposition positive : "(Möglicherweise) habe ich Sie mißverstanden", elle évoque un monde possible où "ich habe Sie mißverstanden" est vrai. L'avocat éprouve de l'embarras parce que Ρ est assumé comme possible. La demande de renseignement (bi-polaire) peut donc entrer dans un schéma argumentatif tirant le discours vers certaines conclusions qui favorisent soit Ρ possible, soit non Ρ possible. Cependant, il y a une différence entre une demande de renseignement (construite en VI cf. ex. 199) à visée argumentative et une demande de confirmation. Dans Vlvielleicht?, Loc ne s'engage nullement sur la valeur de vérité de P. Par rapport à Q? "Habe ich Sie mißverstanden?", vielleicht ajoute l'idée que le contenu de Ρ est potentiel ; Mais poser la question : - Vielleicht habe ich Sie mißverstanden? vaut pour l'assomption de /Ρ potentiellement vrai/. Avec VI, la pondération est du domaine de l'implicite. Elle est induite par une implicature : la question VI vielleicht?, dans un environnement favorable à Ρ vrai, est coorientée au signe de P. Le placement précoce de vielleicht favorise le sous-entendu.

141

Vielleicht V2? est la marque d'une question tendancieuse. La mise en exergue de vielleicht marque cependant que le caractère d'indécidabilité de Ρ pour Loc subsiste, même quand il pose la question à partir d'un point de vue positif sur l'énoncé : 200 (In der Apotheke) Liesl Karlstadt : Hustet das Kind? Karl Valentin : Nein, es schreit nur. Liesl Karlstadt : Vielleicht hat es Schmerzen ? Karl Valentin : Möglich. (Val. Kla. 44) 201 Vorsicht überhaupt mit dem Zibet! Ein Tropfen zuviel schafft Katastrophen. Alte Fehlerquelle. Wer weiß - Vielleicht hat Pelissier zu viel Zibet erwischt? Vielleicht bleibt bis heute abend von seinem ambitiösen 'Amor und Psyche? nur noch ein Hauch von Katzenpisse übrig? Wir werden's sehn. (Süs. Par., 81) La familiarité du lecteur avec la psychologie du parfumeur Baldini, dans le roman de Siiskind "das Parfüm', lui impose de comprendre que celui-ci se place dans la perspective de Ρ possible. Ces questions prises dans un monologue intérieur verbalisent des craintes qui prennent ainsi quelque réalité, tout en étant déclarées du domaine de l'indécidable. Cependant dans V2?, vielleicht tempère la possibilité envisagée. Vielleicht, normalement, ne modifie pas la direction argumentative de l'énoncé sans vielleicht, l'ex, suivant le montre, lui qui fait coexister deux phrases qui ne peuvent être vraies en même temps, ou bien qui marque que la question de la vérité est supendue par impossibilité de statuer sur elle : - non P, aber vielleicht doch Ρ 202 'Amalia aber hat Sortini nicht geliebt, wendest du ein. Nun ja, sie hat ihn nicht geliebt, aber vielleicht hat sie ihn doch geliebt, wer kann das entscheiden? Nicht einmal sie selbst.' (Kaf. Sch. 188) La prise de position de l'allocuté en faveur de "Sie hat ihn nicht geliebt" s'oppose à l'orientation contradictoire (doch) potentielle de Loc , car il ne s'agit nullement d'un fait établi, doch se trouve dans la base d'incidence de vielleicht. L'enchaînement conclut sur le caractère invérifiable de P. Cependant, Qvielleicht? interprétable comme suggestion d'agir est toujours polarisée, elle est orientée vers le vrai (v. 3ème argument pour la neutralisatisation de la bi-polarité de vielleicht dans certains contextes.). Ainsi en va-t-il dans l'ex, suivant :

142 203 "Sag, Georg, du kommst doch heute wahrscheinlich noch vom Land zurück? Wenn draußen alles in Ordnung ist, ganz bestimmt. Wir könnten uns vielleicht am Abend noch treffenΤ "Das wäre mir sehr lieb, Felidan." (Sch. Weg., 270) Dans la suggestion, interprétation de Q? replacé dans un certain cocontexte, vielleicht atténue la force de la demande. Elle apparaît comme une adresse détournée qui évoque la possibilité de l'action. Loc se place dans cette perspective. Il est remarquable que vielleicht s'associe alors tout naturellement au subj. II d'hypothèse. Nous notons apssi une certaine corrélation, du point de vue de la valeur argumentative, entre Ρ vielleicht/et Ρ (énoncés déclaratifs) : 204 "Was mag das für eine große Verbindung mit dem Schloß sein, wirst du dir vielleicht denken. Und du hast recht; eine große Verbindung ist es nicht. " (Kaf. Sch., 210) car Loc bâtit la poursuite de son discours sur : Alloc pense que ce n'est pas une bien grande relation. C'est ainsi que, dans l'ex, a) suivant, le refus d'assertion a la même orientation argumentative que l'assertion corrrespondante de même polarité, soit : er wird kommen. a) Peter hat seine Arbeit eben beendet, er wird vielleicht kommen, En revanche, a' (sauf cotexte particulier comme : er wird vielleicht kommen, um Rat zu holen) est mal formé : a') *Peter hat seine Arbeit noch nicht beendet, er wird vielleicht kommen. Il faut, pour rétablir une suite cohérente, ajouter une locution adversative aber/doch qui exprime l'inversion d'orientation argumentative. Que se passe-t-il pour Qvielleicht? par rapport à Q? Loc énonce une phrase au contenu possible qu'il soumet au jugement à'Alloc. 1 Qvielleicht? est argumentativement coorienté au signe de P. Ceci est toujours le cas dans l'interrogation en V2 : 205 Kristine: Ich habe dich vielleicht ein wenig aufgehalten? Ich hätte dir viel mehr geben können. (Str. Fre., 40) La forme oblige à l'inférence de : ich habe dich möglicherweise aufgehalten/Es kann sein, daß ich dich aufgehalten habe. 2 Dans VI vielleicht? Le contenu apparaît à Loc potentiellement vrai (cf. l'ex, suivant), ceci découle de l'interprétation séquentielle :

143 206 "Das wäre doch wahrhaftig das Äußerste an Kühnheit, wenn Sie auf solche Weise die Verantwortung für sich auf mich überwälzen wollen. Ist es vielleicht die Gegenwart des Herrn Sekretärs, die Ihnen dazu Lust machtΤ "Nein, Herr Landvermesser; ich treibe Sie zu gar nichts an. " (Kaf Sch., 109) Cette interprétation de vielleicht par möglicherweise (orientation positive) incite le traducteur à recourir au conditionnel, qui exprime en français l'orientation positive, la supposition que c'est bien le cas : "Serait-ce la présence de M. le secrétaire qui déclenche cette envie ?" Mais il fait ainsi entrer dans l'explicite ce qui reste dans l'original du domaine de l'interprétation de l'implicite (perspective argumentative). En général, dans ce cas, le cotexte avant ou l'enchaînement donne des raisons pour Ρ potentiellement vrai, comme dans l'ex, suivant (passage en discours indirect libre), où l'énoncé a) précédant b) amène à tirer cette conclusion : 207 a) Schon begann er an sich, an der Realität seines Selbst zu zweifeln. b) Vielleicht war er in einen sonderbaren Basar der unterirdischen Stadt geraten, wo alle Welt auf und ab promenierte, hin und her kreiste und er sich nur in jedermann hineinsah. c) Vielleicht war dies wie in dem Empfangsraum der Steinfabrik ein Bilderfries in anderer Form, der auf seine Weise Gespenstergeschichten erzählte ? (Kos. Sta., 213-214) Deux arguments potentiels b) c) soutiennent l'affirmation a) du doute sur la réalité. Dans la déclarative comme dans l'interrogative, Loe peut se placer dans la perspective de Ρ vrai possible. Mais ceci reste du domaine de l'implicite et ne peut être déduit que du rapport au con-cotexte. Dans l'ex. 208, aber confère à l'interrogation qui suit le statut d'argument inversement orienté au signe de la question deliberative (discours indirect libre) portant sur l'éventualité du retour chez ses parents de Fabian, victime d'un licenciement : 208 Sollte er, vom letzten Geld, ein Billett kaufen und zur Mutter kutschieren? Aber vielleicht wußte Zacharias morgen einen Ausweg? Als er aus dem Bahnhof trat... (Käs. Fab., 124)

144

L'équivalence logique entre Ρ et non Ρ n'empêche pas l'utilisation argumentative de Vêvielleicht? dans le sens d'une pondération selon le signe de la question : - Zacharias weiß morgen möglicherweise einen Ausweg. L'enchaînement narratif conduit le lecteur à tirer cette inférence d'un énoncé de forme déclarative affaibli par la présence de vielleicht. Le même phénomène de pondération relative se produit dans le cas inverse où l'actualisation de Ρ est redoutée, comme dans : 209 fK. propose son aide à Frieda, dont il remarque l'air combattif, tout en s'exprimant de manière sybilline) "Ich weiß nicht, was Sie wollen", sagte sie.... "Wollen Sie mich vielleicht von Klamm abziehen? 109 Du lieber Himmel!" und sie schlug die Hände zusammen. "Sie haben mich durchschaut", sagte K...."Gerade das war meine geheimste Absicht. Sie sollten Klamm verlassen und meine Geliebte werden." (Kaf. Pro., 41) ftrad. de Lor. 64 avec un conditionnel explicitant l'orientation vers Ρ vrai - Est-ce que vous voudriez m'enlever à Klamm ?) Le seul fait que Qvielleichtf? soit formulée positivement en référant à un monde possible donne à son contenu une certaine réalité. Pour Frieda, poser la question à propos de Ρ possible, c'est envisager Ρ potentiellement vrai, c'est déjà supposer sa valeur de vérité. Vlvielleicht'? rend l'assomption de Ρ vrai possible. L'interjection "du lieber Himmel!" indique que ce contenu, à peine inscrit dans la question, s'impose à Loc qui réagit émotionnellement à l'interprétation implicite. L'enchaînement se fait donc sur Ρ vrai à partir de l'assomption de Ρ possible. K. confirme l'appropriété de l'inférence positive. L'assomption de P, d'un contenu envisagé comme possible qui a des chances d'être vrai, suffit à lui conférer une réalité (Loi de discours) à partir de laquelle la question du souhait d'infidélité est légitime. La question donne à entendre une orientation implicite (VI) ou suggère une orientation explicite (V2) affaiblie par vielleicht vers P/non Ρ vrai : a)

- Habe ich dich vielleicht aufgehalten? (Peut-être ai-je abusé de ton temps? = Aurais-je abusé de ton temps Ί)

109 Cet énoncé peut être ainsi glosé : Ρ (Sie/mich //von Klamm abziehen wollen) Ρ ist möglicherweise wahr. Ist es nicht so?

145 b)

- Willst du vielleicht 'nicht singen? (Peut-être ne veux-tu pas chanter 1)

a) b) valent - en contexte marqué - pour P/non Ρ vrai possible. Nous avons déjà indiqué que VI? seul pouvait aussi avoir une orientation implicite sur arrière-plan discursif approprié. Mais nous avons l'impression que la présence de vielleicht en renforce l'augure. Dans V2vielleicht?, Loc présente à l'allocutaire une déclarative (V2) concernant la possibilité de Ρ vrai qu'il n'a plus qu'à accepter telle quelle, c)

-Ich habe dich vielleicht aufgehalten? (Jai peut-être abusé de ton temps ?)

La question attribue à l'allocutaire une tendance à la réponse positive modérée par vielleicht. L'ajout de vielleicht à une interrogation dans un contexte marqué assimile la question à une potentialité soumise à l'allocuté. Elle requiert de lui une opération mentale qui se double d'une demande de décision pour dire si elle correspond ou non à la vérité. Si etwa présente le virtuel, vielleicht exprime le potentiel. B. Qvielleicht? est orientée vers le sens inverse du signe de Ρ (Es kann der Fall nicht sein, daß P.) Qvielleicht? donne à entendre que la réponse Nein est plausible ou s'impose (question rhétorique), il est remplaçable par etwa 110 , et indique alors que Loc considère que la question est illégitime, dans le contexte. Si Loc admet de recevoir une réponse - superfétatoire de son point de vue car évidente - à sa question, celle-ci sera une infirmation de la potentialité évoquée dans l'énoncé, Loc est certain que Ρ est faux, sa question est donc plaisante, polémique ou agressive, comme ci-dessous : 210 K. sah die Wirtin schweigend an. "Warum sehen Sie mich an', fragte die Wirtin, 'habe ich vielleicht etwas anderes gesagt? So ist es immer, Herr Sekretär. Fälscht die Auskünfte, die man ihm gibt und behauptet dann, falsche Auskünfte bekommen zu haben'. (Kaf. Sch., 148) Qvielleichfi impose l'inférence : sie hat nichts anderes gesagt. L'interprétation rhétorique délie l'allocuté de l'obligation de répondre, réaction propre à la demande de renseignement, elle n'admet que l'acquiescement à non Ρ inférable. 110

Bublitz (1978:56).

146 L'ex, suivant est une question rhétorique (monologue intérieur) :

en discours indirect libre

211 Auf dem Heimweg machte Therese ihrer Empörung Luft. Sie ladet den Menschen ein und zum Dank wird er frech. Hat sie vielleicht was von ihm wollen ? Sie hat das nicht nötig, fremden Männern nachzurennen. (Can. Ble. 105) La lecture rhétorique imposant l'inférence d'une assertion de polarité inverse : sie hat nichts von ihm wollen, est renforcée par la justification subséquente qui poursuit sur la négation : "sie hat das nicht nötig". Etwa marquerait que la question ne mérite même pas d'être posée : hat sie etwa was von ihm wollen? comme argument fort du désintéressement de Loc.. Qviellmchfi évoque ce qui ne peut être vrai. Selon ce que le questionné sait du contexte discursif et du cotexte, il peut en déduire qu'on lui pose une question non orientée (assomption : vielleicht Ρ/vielleicht non Ρ) ou bien que Loc suppute plutôt Ρ vrai possible ou bien qu'il le répute faux. En posant la question de l'adéquation de la possibilité de Ρ ou non Ρ à la réalité dans (¿vielleicht?, Loc peut en situer le contenu selon un parcours dont les deux extrémités sont marquées par le pôle représentant, à gauche le vrai, à droite l'inactuel interprété comme contrefactuel : (ce qui peut être vrai)

(ce qui peut ne pas être vrai)

le potentiel

l'inactuel

möglicherweise P?

etwa P?

2.4.6.3. Autres valeurs illocutoires de Qvielleicht? Le terme de suspension d'assertion figure dans les questions émises comme interrogation sur un possible. Il montre une affinité avec la construction en ob...? 111 : Est-ce que peut-être...? Vielleicht renforce la désactualisation du contenu marquée par ob. Ceci est visible dans la question problématisante suivante :

m

En gothique, le mot interrogatif ibai est une conjonction de subordination ( = que), il a une valeur suspensive par rapport à la décision : P vrai/faux, est donc tout a fait approprié comme signifiant de l'interrogation (Exposé de Paul Valentin, Colloque sur l'interrogation, Sorbonne, Paris 1983).

147 212 "Ich war immer eine schwache Christin; aber ob wir doch vielleicht von da oben stammen und wenn es vorbei ist, in unsere himmlische Heimat zurückkehren, zu den Sternen oben oder noch darüber hinaus? Ich weiß es nicht, ich will es auch nicht wissen, ich habe nur die Sehnsucht". (T. Fontane E f f i Briest. Goldmann, 263) Vielleicht est approprié à l'indication de doute subectif transmise par la question problématisante ou deliberative en obi Sa valeur d'indétermination concernant la valeur de vérité se trouve en accord avec le sens de ob suspensif de la valeur de vérité de la proposition qu'il introduit. Il se trouve, ci-dessus, dans le champ de doch, qui oriente vers Ρ vrai (cf. 3.3.2.) Vielleicht figure aussi dans les questions rhétoriques Dans une interropositive, la réponse suggérée est de type négatif ; le fait de proposer Ρ vrai potentiel apparaît extravagant, dans des conditions normales de discours, ce qui radicalise la force illocutoire de la question et renvoie implicitement à l'assertion négative correspondante. 213 Bin ich vielleicht 214 Kann ich vielleicht

dein

Diener?

hellsehen ?

L'absence de congruence sémantique des termes en combinaison par référence au représenté (ich) (Diener sein/hellsehen), est l'indice que ce sont des questions tournées vers l'infirmation de Ρ vrai présenté comme possible. - "Diener sein" = évaluation négative dont il est injurieux pour Loc qu'elle puisse être envisagée à son égard, - "hellsehen" = terme survalorisé par rapport au dénoté : la possibilité positive rendrait Loc égal à Dieu. Loc veut obliger Alloc à opérer l'inversion sémantique de polarité de la proposition, à répondre Nein, et impose l'inférence d'une telle réponse (/=ich bin nicht dein Diener, ich kann nicht hellsehen) en indiquant que la question est absurde. La non-alternativité de certaines questions totales se fonde sur le rapport à une attente de Loc dans une certaine situation. L'orientation vers la réponse apparaît de manière encore plus explicite, par ex. dans la demande portant sur l'attitude de l'allocuté à l'égard de P. Ainsi, l'introduction de la proposition par Glaubst du vielleicht? (configuration) attribue à l'allocuté une tendance à la réponse positive en laissant entendre que le croire de Loc s'oppose au croire d'autrui orienté vers Ρ vrai :

148

215 Oskar: Marianne! Du weißt,..., daß ich es ernst nehme mit den christlichen Grundsätzen. Marianne: Glaubst du vielleicht, ich glaube nicht an Gott? Ph! Oskar: Ich wollte dich nicht beleidigen. (Hör. Wie. 36) Marianne dénonce comme inexacte l'implication possible de l'énoncé précédent : "Du nimmst die christlichen Grundsätze nicht so ernst wie ich". Elle présente la question avec cette polarité comme non fondée {vielleicht commute avec etwa) et extériorise son indignation au moyen de l'interjection Ph\ L'enchaînement contextuel se fait sur le contenu implicite de la séquence précédente (sous-entendu). Oskar s'excuse d'avoir laissé entendre cela par l'affirmation vibrante de son credo. Glaubst du vielleicht, daß P? est orienté en direction du f a u x quand vielleicht commute avec etwa (Crois-tu p a r hasard/peut-être...?). Vielleicht a s a place d a n s les offres d'agir (AL indirect) de forme (¿vielleicht?, Loe se place alors dans la perspective - Es kann der Fall sein, daß P.

216 Kann ich dir eventuell/ möglicherweise/ vielleicht sein? Darf ich dir vielleicht etwas zu trinken anbieten? article vielleicht t.6, 4154)

behilflich (Kla./Ste.,

qui propose d'envisager Ρ comme possible. L a présence de vielleicht influe sur la force illocutoire d'une question. Ainsi Qvielleicht? comme demande de renseignement indirecte indique que Loc concède à Alloc la possibilité qu'il ne réponde p a s informativement. Il s'agit d'une demande polie qui atténue ainsi la mise en demeure de répondre. Proposition intégrante : Weißt du/du weißt vielleicht?

217 Wissen Sie vielleicht, wann der nächste Zug abfährt? (/= Es kann sein, Sie wissen...? orienté vers : c'est possible.) L a demande de renseignement (AI indirect) se distingue de la demande directe p a r le fait que Loc thématise un p r é s u p p o s é pragmatique de la demande de renseignement. Vielleicht, p a r la référence à un potentiel, a t t é n u e la demande de répondre informativement. De même, la visée perlocutoire prime d a n s l'offre ou la suggestion, où, d a n s l'univers du sujet parlant, la tendance e s t en direction du vrai et non de l'inverse.

218 Leopold: Wollen wir was spielen, vielleicht? (Fas. Tro., 16)

Mensch ärgere

dich

nicht

149

Vielleicht porte ici sur le choix paradigmatique de l'actarit objet. Conclusion Par rapport à vielleicht modalisateur de P, qui est, du point de vue argumentativ coorienté à la polarité de l'assertion non modalisée correspondante, - Vielleicht hat er sich geirrt, coorienté à er hat sich geirrt. - Vielleicht hat er sich nicht geirrt coorienté à er hat sich nicht geirrt, vielleicht, opérateur d'indécidabilité dans l'interrogation de mise en débat, présente une affinité avec la demande de renseignement sans pondération. Cependant, il n'est pas exclu des interrogations qui ne font pas jouer l'alternative. Ainsi, la configuration VielleichtV2? indique que dans l'univers évoqué par Loc, la tendance est en faveur de Ρ vrai (demande de confirmation). En revanche, dans la configuration VI vielleicht?, Loc soit observe une attitude de neutralité, le contenu échappant à la preuve empirique, soit donne à entendre une prise de position pour ou contre P. Ce contenu est implicite et l'interprétation n'est possible que par référence au discours et à l'argumentation. L'insertion de termes de jugement (glaubst du vielleicht..?) peut renforcer la contradiction entre l'univers évoqué, qui tend vers le vrai, alors que pour le sujet parlant, la proposition qui figure dans le champ de l'interrogation tend vers le faux. Ainsi la bi-polarité potentielle de vielleicht est-elle mise à profit pour être interprétée tantôt comme indécidabilité à l'égard de l'opposition vrai/faux, tantôt comme orientation vers le vrai, tantôt comme orientation vers le faux. Tout dépend du sens induit par le con-cotexte, des termes linguistiques comme les connecteurs argumentatifs aber/oder/doch... servant de repères à la détermination des inférences. Nous pouvons à partir de ses emplois divers proposer une description sémantique unique de vielleicht : il fonctionne dans la question comme opérateur d'indétermination indiquant que Loc suspend son jugement. Les éléments linguistiques qui l'accompagnent peuvent contrebalancer cette idée, le choix n'étant plus à 50% pour Ja, à 50% pour Nein, selon un degré croissant ou décroissant de possibilité que Ρ soit vrai. La question en vielleicht se prête donc à l'argumentation et au sous-entendu.

150

Vielleicht en cooccurrence avec la question est parfois commutable avec la locution kann es sein ou avec womöglich/möglicherweise, qui renvoient à un degré de certitude minimale. L'emploi argumentatif d'un énoncé qui les comporte rend caduque la suspension de jugement. L'on voit alors que Loc, tout en posant la question de la vérité/fausseté de P, donne à entendre le vrai. Ainsi dans l'ex, suivant, le questionné interprète la question comme véhicule de l'éventualité, Ρ vrai possible : 219 DIE ZEIT: Herr Professor Richter, kann es sein, daß die Menschen so dumm sind, daß man ihnen gehörig Angst machen muß, damit sie zur Vernunft kommen? Horst-Eberhard Richter: Wenn eine reale Gefahr verdrängt wird, dann ist es nützlich, diese Gefahr immer wieder zu benennen. Manchmal brauchen die Menschen einen Anstoß, endlich die Augen aufzumachen, damit sie etwas gegen eine Bedrohung unternehmen. Aber wie kommen Sie zu Ihrer reichlich kraß formulierten Annahme? (Zeit, Nr. 15 8. April 1988, 13) Comme l'indique le commentaire métalinguistique du partenaire, la question n'est pas neutre et donne à entendre une supposition. Poser la question sur la possibilité d'existence suffit alors à conférer à celle-ci quelque crédit. Le vrai peut être insinué avec une telle force que poser la question équivaut pour Loc à donner à entendre Ρ vrai sans le dire (son contenu est vérifiable par Alloc) : 220 "Kann es sein, daß Sie Frau Bilsing sogar sehr gut kennen?" Inzwischen ist der Vopo fast lila. (Mar. Lei., 77) (= Se peut-il que...?; Par kann es sein, Loc exprime une potentialité conforme à la polarité de P. Etwa et vielleicht, du fait de leur bi-orientation, l'un comme expression du virtuel et l'autre du potentiel, peuvent, en contexte marqué, donner à entendre le faux (etwa) ou le vrai (vielleicht).

Chapitre 3 LES QUESTIONS TENDANCIEUSES i. STRATEGIES D'ORIENTATION ET D'ANTICIPATION DE LA REPONSE 3.1. Définition Nous appelons demandes de renseignement neutres, les questions qui n'indiquent aucune tendance, Loc ne montrant pas d'avance une préférence pour l'une des deux orientations contradictoires. Ρ a autant de chances d'être vrai que d'être faux, pour ce que Loc en sait. Q? neutre A: Hat Ihnen der Wein geschmeckt?

/

Q? biaisée A: Hat Ihnen der Wein 'nicht geschmeckt? Hat Ihnen der Wein etwa geschmeckt? der Wein hat mir nicht geschmeckt.

Β: - Ja (Ρ vrai). Β: - Nein (Ρ faux).

Β: - Nein. B: - Oh ja, = (non Ρ vrai). Β: - Doch (non Ρ faux)

La question biaisée fournit la transition vers des interrogations qui ne sont pas neutres par rapport à l'orientation vers la réponse, mais montrent une supposition de Loc (Q? marquée), indiquent son attente d'une réponse positive ou négative orientant le discours dans un certain sens (QTtendancieuse). La question tendancieuse comporte un indice de l'orientation de Loc concernant la réponse. Il s'attend plutôt à une réponse positive ou à une réponse négative ou la souhaite. A n'ignore pas (ou croit ne pas ignorer) totalement la valeur de vérité de la proposition soumise à B, il cherche à se faire confirmer une opinion ou un état de croyance. Il indique son attente de confirmation (demande de confirmation 2 ) positive ou négative, Franck (1979) utilise le terme de "tendenziöse Fragen". Les catégories que nous appelons demande de confirmation et d'infirmation apparaissent chez Conrad (1978:129) sous les termes de "präsumptive vs dubitative Frage" ainsi définies :"Stimmt die sprachliche Ausdrucksform der Frage mit dem S (Satz) des Erwartungsteils überein, handelt es sich um eine präsumptive Frage, ist die sprachliche Form der Frage dem erwarteten S entgegengesetzt, so liegt eine dubitative Frage vor".

152

qui va dans le même sens que ce que Q? suggère, ou bien son attente d'infirmation de la tendance énoncée (demande d'infirmation 3 ), qui recherche une réponse contradictoire à ce que la phrase énoncée propose. La supposition sur la réponse, anticipée par Loc, a des conséquences sur la structure de l'interrogation. Elle est souvent associée à certains mots de discours. Q?CONF.Ja - Interropositive QV17/QV2? A: - Hast du auch einen Brief für mich? - Du hast (doch) einen Brief für mich? B: - Ja = accord avec la tendance. - Nein = désaccord. Trad. : Tu as bien une lettre pour moi? Glose : ich nehme an, du hast einen Brief für mich? Il s'agit d'une demande de confirmation de P, conformément à sa polarité, Loc cherchant à obtenir l'accord avec la supposition que Ρ a plus de chances d'être vraie que non P. L'interrogation en VI comporte obligatoirement une particule illocutoire comme signifiant marquant la tendance. L'interrogation en V2 contient cette supposition, la particule y est donc facultative. Loc construisant une proposition dont il modalise la vérité en énonçant une supputation en attente de vérification. - Interronégative avec inversion de polarité de Ρ sens positif QV1? A: - Hast du nicht einen Brief für mich? Β: - Doch (Ja) = accord. - Nein = désaccord. Trad. : N'aurais-tu pas une lettre pour moi? Glose : ich nehme an, du hast einen Brief für mich? Cette formulation s'emploie comme variante, lorsqu'on fait la supposition de la valeur positive de la proposition. QÎCONf.Nein - Interronégative sans inversion de polarité de Ρ sens négatif QV2 (doch)? A: "Sie glauben nicht im Ernst, daß er wirklich kommt, der mit dem steinernen Sockel?" (Fri. Jua., 59) B: - Nein = accord. - Doch = désaccord.

Elle oriente vers l'affirmation du contraire de ce qu'il y a dans la phrase.

153

Trad. : Vous ne pensez pas sérieusement qu'il va réellement venir celui qui se trouve sur un socle de pierre (j'imagine) ? Loc s'attend à une réponse négative, la question vise à vérifier si celle-ci est effectivement négative. Cette interrogation est proche d'une déclarative négative exprimant une constatation coorientée à non P, qui comporte une négation propositionnelle de valeur sémantique (demande

de confirmation

de non P).

Glose : ich nehme an, Sie glauben nicht im Ernst, daß...? La réponse Doch est inverse à l'attente suggérée par la façon de libeller la question. Dans la variante suivante, la question est tournée vers la réponse négative, tandis que la virtualité (etwa) positive a pris de la consistance. Q V 2 (doch) nicht etwa?, question qui énonce une virtualité redoutée, peut être interprétée comme expression de l'attente inverse d ' A l l o c qui ne veut pas y croire : A: Β:

Du hast es doch nicht e t w a vergessen? -Nein = accord. -Doch = désaccord. (Trad. : Tu ne vas pas me dire que tu l'as oublié par hasard ?) Etwa tend ici à indiquer que des éléments dans la situation font redouter la virtualité que oui.

Q ?INF. Ja/Doch A A' A" Β

QV1 etwa/wirklich (en contexte marqué pour la préférence négative) - Meinst du etwa, ich habe die Blumen gestohlen? - Du meinst doch nicht etwa, ich habe die Blumen gestohlen? - Muss das wirklich sein? - Nein = accord - Ja/Doch = désaccord

Q? INF. Nein - QV1? interronégative (A hört die Haustür unten klappern und stellt die Frage) A: Hast du e t w a nicht zugeschlossen? Β - Doch = accord. - Nein = désaccord. a fermé la porte à clé, tout en craignant que ce ne Loc espère qu'Alloc soit pas le cas. (Voyons, tu n'aurais pas fermé la porte à clé ?) Selon la polarité de la phrase soumise à l'interrogation, il faut donc distinguer :

A) L'interropositive (CONF.Ja)

comme

demande

de

confirmation

positive

Supposition de Loc : es ist der Fall, daß P. Elle prend la forme soit d'une interrogation intonative en V2, soit d'une interrogation en VI assortie d'une particule (les demandes de confirmation avec particule illocutoire sont étudiées infra en 3.3.).

154 1

"Leni ist Ihre Geliebte?", fragte K. kurz..."O Gott, sagte der und hob die eine Hand in erschrockener Abwehr vor das Gesicht, "nein, nein, was denken Sie denn?" (Kaff. Pro., 123) (Qu'est-ce que vous allez imaginer là ?)

La dénégation véhémente s'élève contre la tendance de la question QV2? qui exprime la supposition du questionneur selon laquelle "Leni ist Blocks Geliebte" est vérifié. C'est pourquoi la question est qualifiée de "brutale" ("fragte kurz"). Il y a dans la demande de confirmation positive présomption que la proposition positive est vraie, ce que la question vise à vérifier, à faire confirmer. comme demande de confirmation positive B) L'interronégative (CONF.Ja) VI nicht? = non P? 2

Max: Na. Bist du nicht bald fertig? Anatol: Gleich, gleich. (Sch. Ana., 68)

La valeur positive de Ρ est considérée comme probable par le questionneur qui suscite la réaction adéquate. C) La demande de confirmation négative Q?CONF.Nein supposition de Loc : es ist der Fall, daß nicht Ρ V2 nicht? 3

(Justine vient d'annoncer à Aron qu'elle est tombée amoureuse) Justine: Ab und an erlaubt mir meine Zeit ja doch, einsam zu sein. Aron: Jetzt bist du nicht mehr einsam? Justine: Ich liebe ja. (Hac. Bin., 12) (la réponse de Justine implique Nein et s'accorde à la tendance de Q?)

Aron spécule sur la vérité de l'énoncé négatif qu'il déduit des propos de Justine. (Trad. : Maintenant tu n'es plus seule, tu penses ?). La question contient un appel à la confirmation de non P. 4

K. faßte sie bei der Hand und dann beim Handgelenk. "Sie sind mir aber nicht böse?" sagte er. Sie... antwortete. "Nein, nein, ich bin niemals und niemandem böse." (Kaff. Pro., 27)

155 Au-delà de la demande de confirmation de non P, la question est interprétable (AI indirect) comme requête, acceptée dans la suite du discours : /= Ich bitte Sie, mir nicht böse zu sein. - V2 'nicht? Si la négation est emphatique, elle peut aussi être renforcée par gar/überhaupt/wenigstens..., elle marque alors une crainte que oui - Sie werden X nicht tun? 5

Karl: Olim erfährt es so oder so. Vierbein: Sie werden es nicht dem Chef hinterbringen? Karl: Hat er nicht Anspruch, unterrichtet zu werden, wie man Rinder nach Argentinien verkauft?" (Hac. Bin., 14) (Vous n'allez pas le dire au chef, j'espère ?)

Supposition du questionneur : Karl könnte es dem Chef hinterbringen, cette crainte conduit à la requête : "Sie werden es nicht dem Chef hinterbringen?" (ich bitte Sie darum!) La question rhétorique dans 5, en guise de réponse, avance un contreargument péremptoire qui vaut pour donner à entendre Doch, marque de désaccord avec la tendance. Q?INF.Nein Supposition de Loc : es ist nicht der Fall, daß nicht P. - (VI) etwa nicht 6

"Sie halten Kohler immer noch für schuldigΤ "Sie etwa nicht?" "Vielleicht", antwortete er. (Dür. Jus., 139) (Et vous, pas ?)

La structure complète serait : Sie halten ihn etwa nicht für nicht schuldig? Loc aimerait que son interlocuteur rejette non P, contenu qui semble avoir quelque vraisemblance, convaincu qu'il est de la validité de P. Supposition de Loc : er ist schuldig. La réponse souhaitée est Doch. Récapitulons brièvement ces cas de figure. 1. CONF. Ja dans les variantes avec P positif ou négatif : es ist der Fall, daß P? implique P vrai. Loc invite l'allocutaire à se prononcer sur la suggestion de P vrai 2. CONF. Nein Es ist der Fall, daß nicht P? implique non P vrai. comme invitation à se prononcer sur la suggestion de non P vrai. 3 INF. Ja Es ist nicht der Fall, daß P? implique P non vrai. comme invitation à se prononcer sur la suggestion de P faux. 4. INF.Nein

156

Es ist nicht der Fall, daß nicht P? implique non Ρ non vrai. comme invitation à se prononcer sur la suggestion de nonP faux.

Tableau 1

Conf.Ja

Conf.Nein

Inf.Ja

Inf. Nei η

Ρ vrai

η.Ρ vrai

Ρ n.vrai

η.Ρ n.vrai

Peter ist ( d o c h ) schuld?

+

Ist nicht Peter schuld?

+

+

Peter ist nicht schuld? Du sagst doch nicht etwa,

-

daß Peter schuld ist?

+

1st Peter etwa schuld?

+

Ist Peter etwa nicht schuld? Was? Peter ist nicht schuld? 1 (dass ich nicht l a c h e ! )

En même temps que loc pose la question, il propose au jugement du vérificateur une phrase déclarative que celui-ci n'a plus qu'à reprendre telle quelle. Le champ d'incidence de l'interrogation n'est donc pas le même : l'interrogation a pour - dans la demande de renseignement, champ la phrase, elle porte sur le contenu propositionnel tout entier :

Q? (P) - dans

la

l'interrogation contenu :

demande porte

sur

de l'acte

confirmation de

conjecture

(d'infirmation), concernant

le

Q? (ich nehme an, daß Ρ) Elle véhicule une supposition, qui est généralement celle de Loc. Nous allons voir comment la configuration entre structure de phrases et éléments linguistiques concourt à exprimer la direction vers le vrai ou vers le faux de la question posée.

157 Tableau 2 1 1 1 I 1 I Du bist ι I I1 1 Du bist 1 1 1 1 1 1 I Bist du 1 1 ! Du bist 1 1 1 1 ! Du bist 1 1 1

inférence müde?

du

doch müde?

bist inférence

nicht müde? wohl müde? 'nicht müde?

müde

1 1 1 1 1 ! Du bist nicht müde? 1 1 ! (en con-cotexte approprié) 1 Bist du etwa müde? 1 1 1 1 1 1 I Du bist doch nicht müde? 1 1 I Du bist doch nicht etwa I müde? 1 1 I Du bist doch wohl nicht I etwa müde? 1

1 I inférence 1 ! du 1 1 11 1 bist 1 1 I inférence 1 1 { nicht 1 1 I müde I 1 ¡ etc... 1 1

Critères permettant de distinguer la question tendancieuse de la demande de renseignement: sa fonction d'orientation de la réponse est marquée en signifiant (voir l'étude des marques ci-après), il y a, par rapport à la demande de renseignement, une modification des présupposés pragmatiques comme règles auxquelles est soumis l'acte de demander. En effet, la question n'est pas ouverte mais partiellement fermée, car Loc, en suggérant une orientation, attend une réponse qui porte sur sa supposition. Elle ne remplit donc pas toutes les conditions requises pour permettre l'accomplissement de l'acte de demande de renseignement qui ne marque pas de préférence pour la réponse. La demande de renseignement neutre (question totale) du fait de son absence de pondération, peut être paraphrasée 4 par une question disjonctive, potentielle ou actuelle, couverte par une seule énonciation: 7

Kommen Sie mit (oder (kommen Sie ) nicht (mit))?

La demande de confirmation/d'infirmation disjonctive du fait même de son orientation :

exclut la paraphrase

Nous ne ramenons pas pour autant la question simple à la question disjonctive (cf. critiques justifiées de de Cornulier (1982) contre une telle assimilation) car celle-ci n'est pas neutre mais force l'allocuté à répondre en l'enfermant dans une alternative tranchée. Ainsi la question disjonctive 7 se placerait, par ex., dans un contexte où le choix a déjà été donné antérieurement sans qu'une réponse ait été obtenue. Elle est plus instante. Il s'agit simplement de souligner la mise en débat, dont la forme tranchée est celle qui fait prendre en compte les deux pôles de l'échelle de vérité.

158

*Sie kommen doch mit ins Kino, oder nicht? Pour rendre une suite disjonctive acceptable, il est nécessaire de construire deux énoncés successifs, l'ordre différent des prédicats est associé à deux actes illocutoires : V2 (doch) = demande de confirmation sur laquelle Loc revient par une demande de renseignement (VI) biaisée, posée en alternative : 8

Sie kommen doch mit ins Kino, oder kommen Sie nicht mit? (Confirmes-tu que Ρ ? Si tu ne confirmes pas que P, non Ρ ?)

En contraste avec l'énoncé interrogatif disjonctif, bi-orienté, Loc indique ici une correction de la visée illocutoire première, qui donnait à entendre une préférence pour la réponse positive, la deuxième question marquant qu'il y a conflit entre sa supposition antérieure (Loc s'attendait à ce qu'Alloc accepte P) et quelque chose tendant à donner du crédit à non Ρ 5. Une variante est représentée par la coordination de deux questions, marquées par deux points d'interrogation : 9

Der Reisende trat auf mich zu, sagte: "Ergebenster!" und "Guten Abend!" und : "Sind wohl auch angekommen? oder verreisen jetzt?' "Nein!" - sagte ich. "Soeben angekommen!" und ging mit Anna in die Stadt zurück. (J. Roth "Die Geschichte einer Liebe", DTV, 68)

La réponse montre bien qu'il n'y a pas disjonction, mais série de deux questions, en alternative. Malgré l'ellipse du pronom sujet, on peut reconstituer la demande de confirmation "Sie sind wohl auch angekommen?" assortie de la question en alternative : "Oder Sie verreisen jetzt?", marquée par un nouveau point d'interrogation. La question tendancieuse fait intervenir les croyances de Loc à propos de la valeur de vérité de P (question partiellement fermée comportant une indication que Loc s'attend à ce qu'Alloc l'accepte ou le rejette). Si l'on considère la caractéristique d'ouverture de la réponse comme trait distinctif et que l'on place les différents types de question sur une échelle du doute cognitif, les questions tendancieuse se placent dans une zone intermédiaire entre le pôle constitué par les demandes de renseignement d'une part, qui sont ouvertes et ne contiennent pas

Dans l'ex, suivant, oder nicht n'exprime pas une alternative possible, mais représente une queue de question (question-tag) qui met Alloc en demeure d'enchaîner sur l'énoncé en V2 et de prendre parti : "Die meinen, ich hätte sie umgebracht. Ausgerechnet ich! Ich war ihr bester Freund, das können Sie doch bezeugen, oder nicht?" "Von uns war es keiner", beruhigte ich ihn! (Fer. Ulm., 71)

159

d'indications sur les croyances de Loc, et les questions rhétoriques d'autre part qui sont fermées, Loc sachant si Ρ est à accepter ou à rejeter. Nous allons maintenant étudier comment Loc indique qu'il s'attend à ce qu'Alloc accepte ou rejette Ρ proposé dans la question. 3.2. La demande de confirmation en V2 (question à structure de proposition déclarative) Dans cette étude, il s'agit pour nous de montrer que la valeur illocutoire d'un énoncé est solidaire des propriétés syntactico-sémantiques de la proposition à travers laquelle elle est transmise. Nous avons vu que la structure VIP? pouvait, en général, être interprétée comme demande de renseignement neutre, c'est-à-dire sans marque d'attente concernant le choix entre Ρ ou non P. Qu'en est-il de la structure V2P? Les grammaires se contentent de rappeler cet emploi, décrit comme variante de l'interrogation en VI? 6 La valeur de cette structure doit être déduite des termes employés pour la désigner, comme celui de "Vergewisserungsfrage" (Helbig/Buscha 1972:544), (Conrad 1978:45). Cet auteur évoque "(eine) von der fragesatzüblichen abweichenden Wortstellung" mise en rapport avec l'attente de la réponse, marquée par la forme positive ou négative de P. Hölker (1981:20) cite quelques "Interrogativsätze ohne Inversion", n'en commentant que l'aspect intonatoire. La grammaire de l'Akademie Verlag (1980), ne cite que des phrases en V2 sous la rubrique "Vergewisserungsfrage" 7 . Elle y voit un cas spécial de "Entscheidungsfragen", présentant les particularités suivantes : Position 2 (V2) de la partie conjugée du verbe, intonation montante, incertitude moindre, qui bloquent la formulation d'une alternative éventuelle prononcée dans la foulée : Die Beeren sind von deiner Mutter? ("oder nicht). Engel 8 (1988:181) utilise le terme de "Konstativsatz". Weygand (1989:106) emprunte aussi à Franck (1979) le terme de "tendenziöse Frage". Helbig/Buscha ( 1 9 7 2 : 5 0 7 ) : "Die Entscheidungsfrage hat im allgemeinen die durch den Stellungstyp 2 festgelegte Satzgliedsstellung. Durch eine interrogative Intonation kann jedoch auch ein Aussagesatz zum Fragesatz werden." La définition en est réellement abstruse : "Die Vergewisserungsfrage fragt, ob das mit ihr verbundene Sachverhaltsabbild endgültig ist, bzw. ob es richtig verstanden wurde" (p. 7 6 9 ) . "Sätze wie : Heute kommt dein Onkel? sind damit, obwohl sie die kommunikative Funktion einer Frage haben, Konstativsätze."

160 La question en V2, qui n'est caractérisée comme telle que par l'intonation montante (ou le point d'interrogation), est la moins marquée sur le plan formel. Il semble donc naturel qu'elle s'adapte facilement à des situations où la question est orientée. Malgré la structure de phrase déclarative, l'interrogation suspend l'assertion, tout en étant en chemin vers celle-ci. Cette observation nous paraît corroborée (outre la résistance à la disjonction, bien notée par la grammaire de l'Akademie), par la présence de termes associés à l'assertion : celle de la particule illocutoire ja 9 , qui n'apparaît jamais dans une demande de renseignement. 10

Kolb: Junge, du willst ja meinen Rat holen, willst du doch? Arno: Ja, natürlich. (Dor. Mos., 57)

La reprise interrogative place l'assertion qui précède sous la portée de l'interrogation. On remarque l'alternance V2ja/pseudo-Vldoch? Loc se place avec V2ja? dans la perspective de l'acceptation de Ρ par lui-même comme par son allocuté (consensus), puis avec pseudo-Vldoch? dans la perpective où son acceptation de Ρ est en contradiction avec une autre possible (Arno will nicht seinen Rat holen), ce qui laisse ouverte la possibilité de dénégation. celle de lexèmes à polarité positive coorientés au signe de P, par ex. noch immer : 11

Gerstäker begrüßte ihn mit der Frage: "Du bist noch immer im Dorf Τ - "Ja", sagte K., "ich bin für die Dauer gekommen." (Kaf. Sch., 227)

celle de modalisateurs indiquant la prise de position en faveur de P, relativisée à l'univers de croyance de Loc. : 12

Sie: Wahrscheinlich werden wir sterben, ohne uns je wiedergesehen zu haben? Er: Das ist wahrscheinlich, ja. (Trad., 73 de Dur. Hir., 107 :"il est probable que nous mourrons, sans...?")

celle d'adverbes d'intensité sur lesquels l'interrogation ne porte pas. Ceux-ci sont utilisables dans une interrogation en VI pour poser une question sur un degré d'intensité ou de quantité : "Ja (legt) den Sprecher nicht nur auf im Skopus der Partikel stehenden Einstellung (zu ρ oder nicht p) fest, sondern darüber hinaus auf eine assertive Haltung." (Doherty 1985:78)

161 13

"Aber Sie sind so still, Herr Landvermesser?" "Ich bin sehr müde", sagte K, der... "Natürlich", sagte Bürgel lachend, "hier ist jeder müde. " (Kaf. Pro., 244)

Par rapport à : Sind Sie so still?, à travers l'interrogation en V2, Loe suppose vrai le haut-degré de la qualité, l'interrogation est interprétée comme question sur les motifs (AI indirect). celle de particules de vérification (queues de question) qui précisent la valeur interrogative de l'ensemble, tout en demandant confirmation de Ρ supposé vrai : 14

"Im übrigen waren Sie es, die sich gegen den Gedanken gewehrt hat, daß Frau Kleebusch ermordet worden sein könnte, nicht wahr?" "Ja", sagte Sonja, "das stimmt. " (Mar. Mal, 102)

Le commentaire portant sur l'illocutoire montre que la réponse affirmative après une demande de confirmation signifie : "votre supposition est juste". Il s'agit d'une phrase déclarative affirmative (ou négative) à propos de laquelle une confirmation est sollicitée sous forme interrogative. La reprise interrogative n'est pas possible après une interrogation en V I comme demande de renseignement. La modification de la construction qui consiste à ajouter un opérateur de vérification : V2, nicht wahr? assure systématiquement à la phrase la valeur illocutoire d'une demande de confirmation. celle de mots d'implication (also, dann ...), marquant la question comme témoin d'une certaine étape d'un raisonnement proposé à l'assentiment d'Alloc : 15

Pinneberg : Daß wir hier wohnen, weiß nur der, der die Lagerräume vermietet hat. Offiziell wohnen wir vorne beim Tischler. Jachmann: So, dann weiß keiner, nicht mal die Polizei, daß Sie hier wohnen ? Pinneberg : Keiner. (Dor. Klei., 97)

la possibilité de décrire la demande par un prédicat d'acte langagier attaché à l'assertion (sagen dans 4) La différence entre VI/V2? nous paraît donc liée au contraste entre neutralité/impartialité par rapport à la vérité de P, et évaluation de cette vérité, soumise à l'appréciation d'Alloc. La structure en V2 induit une présomption de vérité, sur laquelle Alloc doit se prononcer.

162 Cependant, ainsi que nous l'avons déjà dit plus haut, il n'est pas exclu qu'un énoncé à forme de demande de renseignement neutre (VIP) soit utilisé dans un con-cotexte non neutre et soit, ainsi, interprétée comme appelant une réponse dans un certains sens : 16 K. lief schon hinter Jeremias her, fing ihn ein und sagte. "Ist es die Sehnsucht nach Frieda, die dich plötzlich ergriffen hat? Ich habe sie nicht minder." CKaf. Sch., p. 226) (Est-ce la hâte de revoir Frieda qui t'a saisi ? Je ne l'éprouve pas moins que toi.) La cohérence discursive (description de Q? par sagen et non par fragen, puis la transformation d'un élément Thématique ("die Sehnsucht") en élément thématique ("sie"), et enfin l'absence d'attente de réponse permettent d'interpréter VIP? comme supposition que Ρ est le cas. La connaissance du monde et de la situation permettent parfois à l'allocutaire, et au lecteur, de projeter sur une structure neutre, non marquée, des valeurs contextuelles supplémentaires. Nous repérons, dans l'ex, ci-dessous, les éléments qui "mettent sur la voie" : 17 Ann: Ich möchte zu Herrn Hoff mann. Schwester: Warten Sie! Sie läßt den Mann im Rollstuhl stehn. Er streicht sich mit einer Hand über den linken Oberschenkel, der krampfartig zittert. Aus einem Zimmer am Gangende kommt der Arzt Gröske. Er schaut Ann aus neugierigen Augen an, ziemlich lange, aber sein Blick hat nichts Aufdringliches. Gröske: Sind Sie seine Frau? Ann nickt geduldig. (Sch. Mes., 10) (Trad, par D. Casanova : Etes-vous sa femme ?) Il nous semble que dans ce cas la traductrice aurait été aussi autorisée à proposer : "Est-ce que vous êtes sa femme?" ou encore : "Vous êtes sa femme?" qui expliciterait, ce qui reste du domaine de l'implicite. On voit donc le rôle de l'implicite, la supposition provient du rapport avec le co-texte explicite antérieur et de la connaissance de la situation. Elle ne s'inscrit pas dans l'énoncé, mais découle de son interprétation dans le discours. Dans le cas où le con-cotexte permet d'extraire de l'énoncé interrogatif une supputation qui requiert confirmation, celui-ci prend la forme VI?. L'interrogation en V2 est apte à véhiculer des valeurs qui s'ajoutent à la présomption de vérité coorientée au signe de l'énoncé. Ainsi la question est posée par rapport à une certaine attente ("repère constitutif terme de départ de la relation prédicative", Culioli).

163 Quand il y a contradiction entre l'état de chose à quoi s'attendait Loc et ce qu'il "constate", la demande se charge d'une réaction par rapport à la recherche du vrai (surprise, scepticisme...). Voici un ex. de question en retour reformulée (celle-ci revient sur le message antérieur cité avec une variation), elle emprunte la forme d'une demande de confirmation : 18

"Wer seid Ihr?", fragte er und sah von einem zum anderen. "Eure Gehilfen", antworteten sie. "Es sind die Gehilfen", bestätigte de Wirt. "Wie?", fragte K., "Ihr seid meine alten Gehilfen, die ich nachkommen ließ, die ich erwarte?" Sie bejahten es. (Kaf. Sch., 34) (Vous,... mes assistants ?)

En exprimant, au contraire, une forte présomption, Loc par la structure V2?, peut poursuivre son discours sans attendre confirmation, en se plaçant dans l'optique indiquée : 19

"Sie haben ein wenig Schwindel, nicht?' fragte sie ihn,... "Machen Sie sich darüber keine Gedanken", sagte sie, "das ist hier nichts Außergewöhnliches, fast jeder bekommt einen solchen Anfall, wenn er zum erstenmal herkommt. Sie sind zum erstenmal hier? Nun ja, das ist also nichts Außergewöhnliches. " (Kaf. Pro., 53) (Vous n'étiez jamais venu ? Ca n'a donc rien d'anormal.)

La structure V2, employée pour marquer une supposition de Loc, présente, selon l'environnement, une variation dans la vérité subjectivement approchée. Ceci nous incite à observer dans quelle configuration elle se présente. Nous allons donc maintenant centrer notre étude sur l'interrogation en V2. Nous observerons comment la présence de certains éléments linguistiques infléchissent l'interprétation et sont susceptibles de caractériser l'interrogation, perçue différemment de la demande de renseignement. Indices Lorsque l'interrogation (question totale) ne présente pas la forme canonique VI, c'est qu'elle contient une suggestion de Loc concernant la vérité de P. Dans ce cas, l'intonation montante à l'oral, le point d'interrogation à l'écrit, sont indispensables pour indiquer la valeur de question. La question doublée d'une supposition sur sa valeur de vérité se présente alors, comme ci-dessous, sans précision sur ce qui permet à Loc d'exprimer sa supposition : 20

(Le policier demande à Eva de lui raconter les circonstances de sa liaison)

164

"Sie hatten damals keinen FreundΤ "Nein, ich war allein. " (Wer. Lei., 101)

erkundigte

sich

Trimmel.

Mais souvent aussi, Loe précise les éléments qui motivent sa croyance en présentant, par ex., son énoncé comme déduction à partir de ce qui précède (cf. so, dann V2? de l'ex. 15). La tendance de la question et les inférences à en tirer sont parfois précisées dans le co-texte arrière de l'interrogation, par ex. dans le commentaire d'Alloc portant sur l'illocutoire (éléments mis en relief dans l'ex, suivant) : 21

"Ihr sehet das Schloß an", fragt er,., in einem Ton als billige er nicht, was K. tue. "Ja", sagte K.. "Ich bin hier fremd, erst seit gestern abend im Ort." - "Das Schloß gefällt Euch nicht", fragte der Lehrer schnell. "Wie?", fragte Κ zurück, ein wenig verblüfft, und wiederholte in milderer Form die Frage : "ob mir das Schloß gefällt? Warum nehmt Ihr an, daß es mir nicht gefällt?" - "Keinem Fremden gefällt es", sagte der Lehrer. (Kaf. Sch., 14)

La demande de confirmation négative transmet la supposition (Annahme) suivante : le château ne plaît pas à K. (Q?CONF.Nein). K. récuse la tendance propre à la question en la déclarant inappropriée et la reformule dans les mêmes termes, mais comme simple demande de renseignement (Ob-Frage), comme question en retour non pondérée. Il la juge "moins brutale", puisqu'elle le laisse choisir entre Ρ et non P, sans l'influencer. Comme rien d'autre dans la question de l'instituteur ne révèle la tendance, celle-ci est bien à mettre au compte du choix du schéma formel de la proposition déclarative en V2 que l'intonation (la ponctuation) transforme en question. Il est d'ailleurs remarquable que Kafka accompagne le prédicat d'acte langagier se référant à la question tendancieuse d'un commentaire métadiscursif ("wiederholte in milderer Form") (ν. ci-dessus). C'est aussi le cas avec "kurz" dans l'ex, suivant, fait qui démontre ainsi la prise de pouvoir accrue de Loc sur Alloc, qui n'est censé répondre qu'en se plaçant dans ce cadre pré-construit de supposition de valeur de vérité de P/non Ρ 10 : 22

"Leni ist Ihre Geliebte", fragte K. kurz..."0 Gott", sagte der und hob die eine Hand in erschrockener Abwehr vor das Gesicht,

Kafka (Pro., 109) décrit cette manière d'interroger comme "question franche" : "Sie sind unschuldig?"fragte er. "Ja", sagte Κ... Niemand hatte ihn so offen gefragt.

165 "nein, nein, was denken Sie denn? " (Kaf.Pro., 123) fQu'allez-vous imaginer là?) La demande de confirmation a pour fonction de restreindre le choix de l'allocuté par la communication de ce que Loc suppute. Alloc a toujours la ressource de contester la tendance indiquée par la question. L'ex, suivant montre que l'intonation à l'oral joue un rôle déterminant dans l'expression d'une telle supposition : 23

"Also", sagte der Untersuchungsrichter, blätterte in dem Heft und wandte sich im Ton einer Feststellung an K... "Sie sind Zimmermaler?" "Nein", sagte K., "sondern erster Prokurist einer großen Bank... Ihre Frage, Herr Untersuchungsrichter, ob ich Zimmermaler bin - vielmehr, Sie haben gar nicht gefragt, sondern es mir auf den Kopf zugesagt, - ist bezeichnend für die ganze Art des Verfahrens, das gegen mich geführt wird. " (Kaf. Pro., 34)

La demande de confirmation, marquée par V2, appuyée par une intonation quasi-assertive, se présente comme déduction. Elle "assène1' l'opinion du questionneur en même temps que la question. Le passage précédent offre un exemple d'emploi réfutatif de "sondern", qui enchaîne sur la dénégation concernant le choix du prédicat antérieur, la séquence réfutative porte sur l'opinion suggérée du questionneur. Cette préparation à l'assertion de même polarité que Ρ par la question est caractéristique des questions rituelles sur l'identité au tribunal H. Loc peut aussi, après coup, justifier la tendance qu'il exprime, expliciter à partir de quels indices il tire cette supposition (ex. 24) : 24

Jennifer: Sie suchen den Ausgang? Jan (zusammenhangslos, abwehrend): Bitte? Jennifer: Ich dachte, weil ich Sie schon in Boston gesehen habe, daß Sie hier fremd sind. (Bac. Got., 193)

Jennifer justifie la supposition contenue dans sa question CONF.Ja er. évoquant la raison étayant sa présomption selon quoi Ρ est vrai : "ich dachte, weil..." De même, les raisons de croire Ρ vrai sont évoquées ci-dessous :

Ceci apparaît dans les questions rituelles du juge qu'il pose, en l'occurrence, sans attendre la réponse déjà connue : "Sie heißen, Sie sind geboren? wann? wo?..." (Bac. Got, 189)

166 25

Hier fühlte ich, während ich verlegen und belustigt dem Geschwätz zuhörte, mich vom Blick der Malerin überflogen und gemustert. Sie sah mich lange und unbefangen an. - "Sie sind Oberländer?" - "Ja, Fräulein". - "Man sieht es." (Hes. Cam., 49)

Cette façon de poser une question est tributaire des informations de Loc sur le contexte et la situation d'information. Le rapport à l'avant-texte est donc déterminant, la partie narrative dans 26 en donne une idée. Dans l'ex, suivant, le lecteur sait que la logeuse s'attend à la visite de ses locataires, qui ont emménagé le jour même, la question tendancieuse est donc appropriée à la situation : 26

"Gleich mache ich Licht", sagte die klagende Stimme, immer noch aus derselben Ecke. "Sie sind die jungen Leute? Ich muß mich nun erst zurechtmachen. " (Fai. Kle., 39)

La question de la logeuse énonce une quasi-constatation, qui n'attend pour ainsi dire plus confirmation, elle prend la valeur phatique d'une simple phrase de prise de contact, en créant le consensus, et continue à parler sans attendre de réponse. Habermas (1978) interrogeant Marcuse sur son entrée à l'institut de Francfort, se place, dans l'ex, ci-dessous, selon l'optique favorable à Ρ : 27

Habermas: Sie haben Horkheimer damals getroffen?" Marcuse: Ich war Ende 1932 in Frankfurt, habe aber nur Leo Löwenthal getroffen, nicht Horkheimer. (Hab., Ges., 12)

V2 est donc la marque linguistique de préparation à l'assertion ultérieure, contenu subordonné à l'acte de question (vérification). La forme d'énoncé en V2 n'est certes pas spécialisée pour une fonction pragmatique définie (Faucher 1984:119). Cependant, elle est apte à proposer à l'assentiment d'Alloc un contenu qu'il n'a plus qu'à reprendre tel quel pour le déclarer vrai. Combinée à l'interrogation, marquée à l'écrit par le point d'interrogation, elle est indice de demande de confirmation contenant une supposition sur la valeur possible de Ρ 12. 12

Cf. Borst (1985:92) :"Im Gegensatz zur VI-Frage gestattet eine V2-Frage ohne doch keine echte Entscheidung zwischen Ja und Nein. Daraus folgt aber, daß es zweckmäßig ist, eine V2-Frage zu wählen, wenn eine Bestätigung des Eintretens /

167 3.3. Les particules illocutoires renforçant la question tendancieuse Elles accompagnent volontiers la demande de confirmation marquée par V2. Elles servent de marqueur de demande de confirmation de l'interrogation implicite en VI. Nous allons étudier quelles sont les orientations de Loc ou de tiers concernant la valeur de vérité de Ρ transmises par ces particules. 3.3.1. Auch VI auch?/W-auch? Auch apparaît aussi dans la question rhétorique, dans la question deliberative, l'assertion, l'injonction et (aber/und) auch dans l'exclamation 13, la demande de rappel d'information 14. Doherty (1985) n'étudie pas cette particule dans sa monographie. Nous tentons cependant de nous situer dans sa lignée pour dégager à travers la diversité des emplois un invariant de sens 15 . Auch, dans ses différents usages, fait preuve d'une certaine variabilité d'effets du fait de la cooccurrence avec d'autres éléments. Nous postulons qu'à partir d'un signifié invariant d'un morphème, des effets de sens particuliers se dégagent en contexte selon l'emploi de ce morphème comme connecteur, graduatif ou particule illocutoire. La caractérisation proposée par Weydt et allii (1983) : "Einordnung von Aussagen in einen gemeinsamen Zusammenhang" nous paraît mettre sur la bonne voie. Nous partons de l'hypothèse que auch indique "un ajout d'un élément à un autre élément qui va dans le même sens". Auch renoue, par conséquent, avec un élément du co-texte antérieur sur lequel la question s'appuie.

Nichteintretens der Frage erwünscht ist. In gewissem Umfang ist dann nämlich in einer solchen Frage die erwünschte Antwort des Hörers bereits vorherbestimmt." Ex. cité par Thurmair (1989:159) :"Wenn sie welche gefunkt kriegten, dann lachten sie : Geschieht ihnen ganz recht, oh. oh, was sind wir auch für blöde Kerle!" Wolski (1986:419) souligne donc "eine erhebliche Verwendungsbreite". Ceci conduit Franck (1980) à distinguer 4 auch, tandis que Helbig/Kötz (1985) opposent trois auch comme particules atones à deux auch toniques. La plupart des auteurs distinguent de la particule illocutoire, le connecteur (= außerdem) : auch fiel ihm auf. daß... et le graduatif remplaçable par ebenfalls, selbst, sogar...: auch er war da. Wolski (1986:419-428) nous semble aussi vouloir aller dans ce sens, mais nous ne pouvons approuver sa caractérisation (p. 422) : "Mit : Das ist auch kein Wunder bestätigt der Sprecher die positive Einstellung im Skopus von auch als Ergebnis einer Schlußfolgerung aus Vorausgegangenem" car il ne décrit ainsi que l'utilisation argumentative possible de cet énoncé à l'intérieur d'une séquence et non pas le sens invariant de auch.

168

Nous passons en revue différents emplois de auch qui font apparaître cette valeur additive = donnée ajoutée à une donnée antérieure. Cela est le cas : - du graduatif (ajout d'un élément à un ensemble). VI auch (= ebenfalls•)? 28

(Fräulein Sonntag excuse l'absence de son amie alléguant) "Sie hätte Ihnen auch nichts anderes sagen können, als ich Ihnen sagen werde. Im Gegenteil, ich glaube, ich kann Ihnen sogar mehr sagen, da ich doch verhältnismäßig unbeteiligt bin. Glauben Sie nicht auchΤ "Was wäre denn zu sagen?" antwortete K.... Sie maßte sich dadurch eine Herrschaft schon darüber an, was er sagen wollte". (Kaf.Pro., 61)

Le commentaire métalinguistique - qu'il faut bien attribuer à K.- exprime sa résignation d'auditeur placé dans une situation assymétrique (cf. question rhétorique en W-denrii). Sa remarque résignée concerne, la demande de confirmation (Q?Conf.Ja) auquel le soumet l'interronégative - ich glaube X /Sie auch (-ebenfalls) glauben X, vermute ich?. - V2auch? 29

Frau Mörschel: Wo der Bengel nun wieder bleibt. Die ganzen Puffer werden zäh. Herr Mörschel: Überstunden. Sie machen auch manchmal Überstunden, nicht wahr? Pinneberg: Ja, ziemlich oft. (Dor. Kle., 13)

- glose : Er macht Überstunden./Sie ebenfalls? - de auch connecteur (= außerdem/überdies) qui apparaît, ci-dessous : Dans l'ex, suivant, le verbe en premier élément est sollen au subj. II, La traduction en français par le conditionnel démontre l'orientation de la question vers Ja : 30

Angeklagter: Verzeihen Sie, daß ich auf die erste Frage zurückkomme. Sollten Sie auch wissen, wer ich bin? Richter (nach einer kurzen Pause, zögernd, schüchtern): Der gute Gott von Manhatten. (Bac. Got. 189) (Serait-ce que vous sachiez aussi qui je suis?)

L'accusé se réfère ainsi aux questions rituelles sur l'identité de l'accusé posées sans attente de réponse, le juge ajoutant :"Es wäre töricht, wenn ich Sie die Fragen beantworten ließe, auf die ich die Antworten schon weiß." La question renoue donc avec cette assertion en se plaçant dans le

169 même ordre de jugement. L'orientation vers le vrai (Vlauch) est située dans un monde fictif possible (subj.II). Mais ici, du fait de la distance créée par soll- , dans l'univers de Loc, la tendance en direction du faux, est induite. Deux tendances se combattent (l'évocation de l'univers de croyance de l'autre laisse entendre une impression trompeuse). - de auch particule illocutoire. La particule illocutoire se distingue du connecteur par la place dans la phrase : elle ne peut apparaître à l'initiale. Celle-ci apparaît dans l'ordre atténué : Ich gehe einen Augenblick weg. Sei auch schön artig! La particule auch en marquant la prise de position de Loc en faveur de l'accomplissement d'un ordre, produit un effet d'adoucissement, l'injonction doit être entendue davantage comme une consigne que comme un ordre formel. Elle figure aussi dans l'exclamation : Und empfindlich sind Sie auch! (Et vous êtes susceptible par-dessus le marché !) La particule est associée à l'interrogation dans la structure Vlauch? : 31

a) - Wir wollen jetzt gehen. Hast du die Tür auch zugeschlossen? (Q? est orientée vers la réponse : Ja, (ich habe zugeschlossen). (Tu as fermé la porte, aussi?) b) - Ich habe meinen Schirm vergessen. Hast du die Tür auch nicht zugeschlossen? (Q? est orientée vers la réponse : - Nein, (ich habe nicht zugeschlossen)). (Tu n'as pas fermé la porte au moins?)

Auch indique que Loc pose la question en envisageant P/(non P) vrai en continuation de ce qui précède, auch marque la conformité entre une donnée précédente et l'objet de la question. Loc oriente sa question vers la réponse conforme à la polarité indiquée par la phrase. La suggestion reste cependant, grâce à la forme interrogative, sous le contrôle d'Alloc. La question en Vlauch? est biaisée voire même tournée vers l'approbation de la conjecture. Nous retrouvons bien dans Qauch? l'idée évoquée ci-dessus d " ajout d'un élément à un autre qui va dans le même sens". Loc se fonde sur un élément du co-contexte antérieur pour croire P/non Ρ vrai, ou bien fait comme si cet élément existait, la question va dans le sens de ce qui est logiquement attendu. Lorsque la mère demande à l'enfant : 32

Hast du die neue Lektion auch

verstanden?

interrogation dans laquelle auch n'est pas glosable par ebenfalls - elle pose la question en espérant que c'est le cas :

170

Glose : ich hoffe, daß du die Lektion verstanden hast. Auch, particule énonciative entrant dans une question tendancieuse recherchant l'approbation, exprime le fait qu'une attente de Loc demande à être satisfaite en confirmation d'une donnée livrée par la situation ou inférée. Q?auch s'appuie donc sur une donnée antérieure en indiquant que la question va dans le même sens. Il renforce l'assertion. Loc indique ainsi la confirmation d'un fait attendu 16 . L'énoncé a la forme V2auch. 33

(Adenauer über Verhandlungen in Moskau) Aber es lag uns daran, daß Bulganin und Chruschtschov vor den gesamten beiden Delegationen - zusammen etwa 30 - 40 Mann - ihr Ehrenwort wiederholten, damit dieses Wort nicht nur mir - weil es ja so nicht bewiesen werden könnte - allein gegeben war. Das haben sie auch getan, (cité par Franck 1980:215)

Auch et wohl tonique apportent la confirmation forte de la vérité d'un contenu. Mais tandis que cette confirmation est marquée comme conforme à ce qui précède avec auch, wohl indique qu'elle s'oppose à une appréciation antérieure contradictoire (- Du hast es nicht gesehen! 'Wohl habe ich es gesehen! = sehr gut) Ich fühle mich krank und bin es auch (- tatsächlich.) (= ajout dans le même sensqui structure la progression textuelle.) Auch, particule, porte dans VI? sur l'illocution en indiquant la prise de position de Loc destinée à influer sur la suite de discours, son attente demande à être satisfaite : 17 34

(Ich habe mich mit einem Schüsselchen Obstsalat vor einer halben Stunden hingesetzt, Christina ruft von nebenan) - Ißt du auch deinen Salat? 18 (ex. cité par Bublitz 1978:102) (Tu manges ta salade de fruits, dis?J

L'ajout de auch exerce une pression sur Alloc, mais elle est due au simple fait que Loc s'attend à recevoir la confirmation demandée. Les caractéristiques indiquées par Franck (1980: 215) : "fügt zu der Behauptung eine erklärende oder rechtfertigende Nuance hinzu..." ressortissent de l'emploi argumentatif de l'énoncé dans lequel auch figure et ne peuvent lui être attribué. Ceci a été noté par Weydt (1969:40) : "Dem Hörer...(wird) suggeriert, der Sachverhalt habe so zu sein, daß man die Frage mit Ja beantworten könne, und bei Negation entsprechend mit Nein." Bublitz (1978) est d'avis que la demande de confirmation soutient une requête dans : iß ihn, (du brauchst doch Vitamine). Ceci ne peut être qu'une interprétation liée à un con-cotexte précis qui incite à interpréter la question comme demande d'agir.

171

Dans la question en VI, auch, particule illocutoire, exprime conformément à son signifié d'"addition" la tendance vers le vrai (ou le faux) conformément au signe de Ρ en relation avec la donnée antérieure. Il fonctionne dans Vlauch? comme indicateur de tendance. Ob... auch? Auch atone est utilisable dans une question problématisante en ob 19 (cf. Wolski 1986:426) : 35

Ob sie auch Geld hat?

qui laisse plus ouverte l'alternative entre Ρ et non Ρ (ob désactualisant). La question est posée en couplage avec le co-texte et structure ainsi le discours. Auch (particule illocutoire) en marquant que la question s'ajoute à une donnée antérieure peut donc en configuration avec VI donner à entendre une attente, voire une préférence. Bien que la demande de confirmation en Vlauch? soit orientée dans la direction correspondant à l'attente de Loc, celui-ci n'exclut pas une réponse divergente. Auch dans l'interrogation, peut-il être considéré comme indice de question dubitative 20 , ainsi que l'indiquent certains auteurs? La valeur dubitative éventuelle découle de la connaissance du contexte et de la situation de discours et n'est pas attachée spécifiquement à auch, mais à l'énoncé tout entier. C'est, dans l'ex, suivant, la connaissance de la situation extralinguistique, le fait que le lecteur sache que Lämmchen n'apprécie guère l'appartement vieillot loué par Pinneberg qui lui fait supposer une mise en doute que Ρ soit vérifié : 36

Gedankenvoll fragt sie später : "Haben wir auch WasserΤ "Wieso?" fragt er vorsichtig. "Nun, zum Baden! Was heißt das, wieso?' sagt Lämmchen ungeduldig. (FalKle., 33) (TVous avons de l'eau, j'espère?)

La valeur dubitative serait alors de l'ordre du sous-entendu. La question est tournée vers la réponse positive, Loc se plaçant dans la perspective de Ρ vrai, l'adduction d'eau est normale dans un appartement européen.

Nous n'en trouvons pas d'exemple dans notre corpus. Helbig/Buscha (1988:489) voient auch exprimer : "Zweifel in Entscheidungsfrage", Helbig/Kötz (1985:31) : "auch 3 indiziert einen Zweifel oder (?) eine Vergewisserung, oftmals mit einer drohenden Nuance (?)," et Weydt et allii (1983:31) : "auch in Entscheidungsfragen drückt eine gewisse Besorgnis aus". Ils font de la surinterprétation en projetant sur auch des éléments de sens qui proviennent du con-cotexte.

172

C'est la connaissance du monde (le lecteur sait que Lämmchen est méfiante) qui conduit à y déceler une orientation négative. Elle aurait pu tout aussi bien demander : - Haben wir wenigstens Wasser? qui se place dans la perspective Ρ vrai avec l'indication qu'il s'agit là de l'hypothèse minimum que Loc peut envisager et que, par conséquent, il estime plausible. Des deux ex. donnés par Weydt et allii (1983:31), comme expression dubitative (orientation négative), le premier se prête davantage à une telle interprétation supplémentaire que le deuxième. Nous imaginons un contexte possible : 37

38

(La mère à l'enfant qui prend son goûter) Du warst so schnell fertig, hast du dir auch die gewaschen?

Hände

(La personne relevant l'enfant qui vient de tomber et saigne du genou) Hast du auch ein Taschentuch dabei?

L'ex. 37 véhicule plus facilement un tel sous-entendu, parce que le premier énoncé (rapidité anormale) peut impliquer non Ρ dans un rapport de cause à effet : l'enfant ne s'est pas lavé les mains. Ceci ne découle nullement du sens de l'énoncé interrogatif. Dans l'ex, ci-dessous, la valeur dubitative véhiculée par la question en Vlauch?, qui vient en renfort d'un contenu logiquement attendu, provient de l'enchaînement de Qauch? sur une assertion de contenu négatif à propos du sujet de l'énoncé. La question se place dans la même perspective argumentative d'un jugement de valeur négatif (prise en charge de non ·Ρ par Loc). Il s'agit d'une question rhétorique. Ceci est bien signalé par le démenti (doch d'infirmation) à l'inférence obligée /= Er kann keine Sätze, die nicht mit ich anfangen : 39

"Aron: Du liebst ihn noch immer! Justine: Ich liebe ihn nicht mehr, wie könnte ich? Aber ich liebe seine Vorzüge. Aron: Sie müssen mir entgangen sein. Kann er auch Sätze, die nicht mit ich anfangen? Justine: Doch. Natürlich. Manche beginnen mit mich oder mein." (Hoc. Bin., 87)

En extériorisant un doute cognitif, alors qu'il sait, Loc produit un effet rhétorique. La demande de confirmation comme "ajout qui va dans le même sens que l'énoncé précédent" est, de fait, contradictoire à celui-ci

173 qui donne à entendre qu'un défaut, la vanité, est attribuable à l'homme dont il est question. Nous nous gardons donc d'associer aux particules des valeurs qui proviennent de l'interprétation de l'énoncé dans une suite et de la connaissance du monde 21 . Autres valeurs de Qauch? Il est intéressant de signaler que Vlauch? peut prendre valeur rhétorique (ce qui n'est signalé ni par Franck (1980), ni par Meibauer (1986c) qui ne cite que des ex. en W-aucft?). Pourtant, comment ne pas interpréter l'exemple suivant selon l'inférence inversive /= Es interessierte sie nicht im mindestens ? 40

Was sollte sie ihr denn sagen? Ich werde morgen nach Wien fahren, meinen Jugendgeliebten wiedersehen... Was ging das alles Frau Rupius an? Interessierte sie es denn auch nur im mindesten? " (Sch. Ber.,

119-120)

La particule illocutoire auch dans Vlauch? exprime l'attente de voir confirmer Ρ dans son signe, quand aucun élément en dehors de l'énoncé ne vient interférer. Sinon, il s'agit de l'interprétation rhétorique inversive (Pauch? /= non Ρ), comme dans l'ex. 39. La chaîne d'inférences déduisibles nous montre que Loc se place au niveau de ses préférences personnelles. La traduction de auch par "j'espère" rend compte du fait que Loc ne formule pas de jugement de réalité mais s'attend à ce que Ρ soit le cas. La valeur de Qauch? peut être décrite ainsi : i: Loc weiß nicht, ob Ρ oder nicht P. ii: Loc erwartet, daß P, comme addition logiquement attendue à une donnée antérieure, iii er fragt, ob Alloc bestätigt, daß P. Vlauch? prend valeur rhétorique quand la réalité contredit ce qui est marqué comme conforme à la polarité de P. C'est bien le cas dans l'ex, suivant avec une accumulation de particules illocutoires (vielleicht/auch) et de noch : 41

(Deux policiers, représentants des deux polices de la RFA et de la RDA, s'affrontent à propos d'un meurtre commis entre les deux Allemagnes.)

Cette confusion incite Helbig/Buscha (1972) à remplacer auch par wirklich qui, lui, se r é f è r e à une énonciation ou à un fait antérieur p o u r interroger sur son bienf o n d é . Mais la possibilité de communication n'indique pas la synonymie, car il y a ici v a r i a t i o n d e sens.

174 "Sind Sie vielleicht auch noch eingeladen worden, hierher zu kommen?" fragt er grimmig.'Deutsch-deutsche Amtshilfe? "Natürlich nicht!" sagt Trimmel. (Wer. Lei., 87) (er (le policier de l'est) propose une fausse continuité avec ce qui précède, pour mieux donner à entendre le vrai.) Auch fonctionne ici par antiphrase (ironie), Loc 1 donnant à entendre que ce qui est marqué comme logiquement attendu de ce qui précède est faux. Le policier de l'ouest ne peut qu'acquiescer à l'assertion négative inférable, inférence corroborée par le commentaire métalinguistique ("er fragt grimmig"), (Trimmel n'est pas en mission officielle). Quand il s'agit d'interrogations portant sur un acte qui engage la responsabilité de l'allocutaire, la question rhétorique Vlauch? dont l'interprétation inverse la polarité peut être interprétée, en rapport avec le représenté, comme blâme/reproche, Loc donnant à entendre que l'action exprimée par le prédicat aurait dû ne pas avoir été effectuée, qu'elle n'était pas nécessaire (configuration Vlmüss-/auch?) : 42

Karl: Ich verlor mich an sie ohne den leisesten Argwohn und sie ist doch nur wie alle anderen. Mußten Sie mich auch diese Frau kennen lehren, Vierbein? (Hac.Bin., 14.) (Pourquoi me faire faire la connaissance de cette femme, aussi? 22J

La question induit l'inférence négative : Sie brauchten mich nicht diese Frau kennen zu lehren, comme contradiction sémantique par rapport au libellé. W-auch? Wer/warum/wie/wieso/wozu auch ? En dehors de l'emploi dans la demande de rappel d'information (Wie hieß er auch wieder?), l'interrogation en W-auch?, où auch n'est pas synonyme de ebenfalls, est à interpréter comme question rhétorique : 43

Sie war damals Sekretärin in einem volkseigenen Buchverlag... Und als Erich Landsberger ihr den wahren Luxus in der Liebe zeigte, fand sie überhaupt nichts dabei, daß er aus der BRD kam... Oder doch: er hatte besseres Geld - und er gab es ihr reichlich und gem. Vor allem ja auch deshalb,

En français, "aussi", particule illocutoire est reconnaissable comme telle par les places marquées qu'elle peut occuper, soit directement après le mot interrogatif : "pourquoi aussi...?", soit en position détachée avant Ρ : "aussi, pourquoi..."? Le placement précoce de auch après W- est possible en allemand (v. discussion et ex. infra).

175 weil sie sehr schnell schwanger war von ihm - und weil sie von Anfang an nie auf die Idee kam, das Kind abtreiben zu lassen... Warum auch? dachte sie manchmal. (Wer. Lei., 95) W- auch? induisant l'inférence : Es gab keinen Rechtfertigungsgrund dafür, das Kind abtreiben zu lassen. 44

In dem Restaurant da drüben hat sich der Jakob letztes Jahr seine Muschelvergiftung geholt.- Aber wer geht auch in so 'ne üble Spelunke zum Muschelessen?" (cité par Franck 1980:218) (wer auch (immer)...?)

inférence : Niemand (außer Jakob) geht in so'ne üble Spelunke zum Muschelessen. La liaison logique entre les deux énoncés, le rapport cause (fréquenter ce restaurant dans un certain but) /effet négatif, qualifie d'injustifiée toute connotation implicite d'étonnement que Ρ puisse être le cas = "Kein Wunder". La notion d'"ajout qui va dans le même sens" comme conformité d'une donnée avec l'autre, convient donc tout-à-fait comme indice qu'il faut ajouter à l'énoncé pour l'interpréter quelque chose qui en change diamétralement le sens /= Niemandl. Dans W-aucht interprétée comme question rhétorique, la valeur d'"add.ition" est incompatible avec l'interprétation littérale et favorise de ce fait l'interprétation inversive. La position médiane de auch n'est pas discrimante de la particule, en effet la question doit être rapportée à son entourage afin d'éliminer la possibilité que ce soit l'adverbe qui y apparaisse (test : le remplacement par ebenfalls rend l'enchaînement paradoxal), soit : "In dem Restaurant... hat sich... Jakob... seine Muschelvergiftung geholt, aber (?)wer geht ebenfalls in so 'ne üble Spelunke? " Auch placé directement après W-? Le test du placement précoce proposé par Meibauer 2 3 (1986c: 114) à propos de schon peut-il être étendu à aucht : L'alliance du caractère syntaxique (interrogation en W-) et de la position précoce serait suffisamment discriminant. Auch, particule illocutoire, se distinguerait ainsi de auch = ebenfalls/überdies par sa place dans : W-auchV...? "Man kann... die Teilhypothese aufstellen, daß schon im Vorfeld von Ergänzungssätzen immer rhetorisch ist." Nous corrigeons cette formulation ainsi : la position précoce de schon est un signe de son rôle de particule illocutoire. La possibilité que Wschon? puisse être comprise comme demande de rappel d'information interdit de faire de schon un marqueur de la valeur rhétorique.

176 tandis que : W..V nicht auch? indiquerait l'emploi comme graduatif (nicht nie le prédicat) C'est là un test intéressant mais pas toujours applicable, en particulier lorsque la proposition est courte : - Wer raucht schon hier? (inférence : Niemand). "Wer schon raucht hier? De plus, le déplacement vers l'avant, parfois acceptable avec Wer/Warum/Wie? ne l'est pas avec Was heißt..."? Il est possible dans : Wer auch geht in so 'ne üble Spelunke? Warum sollte auch der Kreis unserer Freunde nicht größer werden? Warum auch sollte der Kreis...? Wie sollten wir auch lernen... ? Warum auch hast du das getan? Wie auch sollten wir lernen.... ? mais il est impossible dans : Was heißt hier auch Nachrüstung? *Was auch heißt hier Nachrüstung? 45

Ich friere so - Warum ziehst du dich auch so leicht an bei so 'nem naßkalten Wetter? (cité par Franck (1980-218) (= Warum auch ziehst du dich so leicht an...?) (Pourquoi aussi...?)

Le critère du placement précoce ne fonctionne pas toujours sans que nous puissions réellement en trouver le motif. Les questions rhétoriques sont les seules questions en W- dans lesquelles l'interprétation revient à imposer l'inférence d'un jugement négatif sur la vérité de l'énoncé. Le signifié d'"addition" de auch (dans 45 en continuité avec kein Wunder= inféré) s'ajoute à une question indiquant soit qu'aucune variable, soit qu'aucune autre variable que X, n'est susceptible de donner à l'énoncé le label (+vrai), wer auch? impliquant : soit niemand/ soit niemand außer Χ).

La description unique qui vaut pour tous les emplois de auch à partir d'une caractérisation abstraite comme "ajout d'un élément à un autre élément qui va dans le même sens" se justifie car elle transcende la diversité des emplois. Nous avons observé que seule la configuration entre structure syntaxique et auch (Vlaueh?/W-auch?/obauch'ì) nous permet de distinguer des types de questions.

177

Auch ne peut être considéré en soi comme marqueur d'illocution, bien que w-auch?, soit le plus souvent d'interprétation rhétorique, une fois éliminée la possibilité qu'il s'agisse d'une demande de rappel d'information (v. 4.2.). Il fonctionne dans une configuration. 3.3.2. Doch V2 doch?, Wenn doch?, Doch est un opérateur de l'assertion, l'injonction, la demande d'agir, de l'exclamation. W-doch? n'apparaît que dans les demandes de rappel d'information comme : Was wollte ich doch hier? Doch semble rare dans l'emploi rhétorique, car les constructions en V2? y sont peu fréquentes, signalons cependant l'ex, cité par Meibauer (1986c: 196) : 46

Die CDU wiederum findet, die Grünen gehörten sowieso an den Rand. Denn, nicht wahr, sie sind doch alles andere als die politische Mitte?.

Voilà un ex. de demande de confirmation (avec particule de vérification nicht wahr antéposée à P) d'interprétation rhétorique sans inversion de polarité. 3.3.2.1. Caractéristiques de Qdoch? Doch, particule inaccentuée de la demande de confirmation apparaît en configuration avec V2. Seul doch muni d'un accent contrastif figure dans la construction en VI. Nous relevons aussi un emploi apparent en VI (pseudo VI) dû à une ellipse de l'anaphorique, caractéristique de la langue parlée : 47

Kolb: Junge, du willst ja meinen Rat holen, willst du doch? Arno: Ja, natürlich. (Dor. Mos., 57) (= (Das) willst du doch?)

La classe de contextes de doch associé à une interrogative comprend W-? d'une part, V2? d'autre part, ainsi que la question hypothétique Wenn... doch?. Etudes sur le rôle de doch Rath (1975:235ff), étudiant en langue orale la fonction communicative de doch, cite et commente uniquement des ex. de combinaison avec l'assertive ou la jussive. Il décrit ses différents effets de sens à partir de ce qu'il nomme : "(die) Grundfunktion der Konsensherstellung"

178

Doch, particule d'Indication de connivence" (avec Alloc?), serait donc utilisé dans les fonctions suivantes 2 4 : a) le rappel d'un fait connu des deux interlocuteurs (Verweis auf Bekanntes) et communément accepté, b) la mise en relief ("Äußerungen (oder Teile von ihnen) werden hervorgehoben") , c) la fonction correctrice (doch est alors glosé ainsi : "entgegen der vorigen (oder allgemein vertretenen) Auffassung", d) la fonction "d'adoucissement" (injonction). Métrich (1988:253) trouve curieux qu'on puisse associer l'idée d'un consensus avec celle d'opposition entre deux prises de position alternatives marquée par doch. Il apporte un contre-ex. à "la référence au connu" : "Unser Direktor zum Beispiel, der hat gesagt : Sie können mir, Sepp! - ich heiße doch Joseph Heibig (1977) retient pour sa part les caractéristiques suivantes 25 : a) die Vergewisserung b) den Gegensatz c) die Emphase d) die Verstärkung einer Aufforderung. Ces caractérisations manquent d'homogénéité. A-t-on affaire à un seul lexème ou à plusieurs, thèse à quoi inviterait la diversité d'effets? L'idée de "connivence" (Rath), de "Vergewisserung" (Heibig), n'est-elle pas déjà sous-jacente à l'énoncé en V2 seul? Certains auteurs attribuent à doch des éléments d'information qui sont dûs à un effet contextuel (emphase) ou résultent d'une configuration de traits propres à l'énoncé (mise en relief). Ainsi, Borst 2 6 (1985:9) associe à l'idée de confirmation une composante (+ erwünscht) associée à un contexte et pas à l'invariant et ne peut donc, en tant que tel, caractériser doch dans V2doch?

26

On pourrait proposer en illustration les ex. suivants : a "Sie sind doch vom Oberland", sagte sie. "Ich möchte Sie gerne einmal υοιι dort erzählen hören". (Hes. Cam., 86) b Das ist doch zu blöde! c Will niemand mehr trinken? - Ich doch. d "Sag doch, worin verberge ich dir etwas?" (Kaf. Sch. 153) Illustration : a) Konrad ist doch verreist? b) Konrad ist doch verreist. c) Das ist doch allerhand! d) Komm doch gleich! "Die Bewertung durch dieses Merkmal (+erwünscht) qualifiziert die V2-Frage für den Gebrauch in einer speziellen Situation, die dann gegeben ist, wenn das der Frage unterworfene Eintreten/Nicht-Eintreten des bezeichneten Ereignisses vermutlich zu erwarten, vor allem aber erwünscht ist".

179 De même Helbig/Buscha (1972:436), prétendent décrire l'invariant des particules en y insérant des valeurs contextuelles. Doch traduirait ainsi : "subjektive Sorge und Zweifel in der Vergewisserungsfrage und rhetorische Frage." A cet égard, le travail de Doherty (1985) constitue un progrès. Elle tient compte de l'implicite, en montrant (p. 66) que l'invariant attaché au morphème doch est l'idée d'"opposition". Nous nous inspirons de sa définition 2 7 pour dire que doch met en évidence l'existence d'un contraste entre deux données qui s'excluent. Ainsi dans V2doch?, le choix entre les deux données alternatives P/non Ρ est pondéré par Loc qui oriente sa question vers le vrai ou le faux et s'oppose ainsi à une prise de position alternative d'un autre énonciateur, déductible de doch. Cela permet d'expliquer pourquoi la construction en VI, qui indique l'absence de pondération, est exclue et de contraster l'emploi d e ja/doch. Ja 28 , particule illocutoire typique de l'assertion marque l'accord entre la prise de position de Loc et d'un autre qui se trouve être souvent l'allocuté. Ja est la particule de la connivence, du consensus alors que doch met en valeur le contraste entre deux orientations contradictoires. Passons à l'illustration. 48

Franz: Verzeihen Sie - Sie sind doch die Dame, die es sieben Jahre, das stimmt doch Leo, sieben Jahre, die es sieben Jahre mit ihm ausgehalten hat? Vera: Wenn es nach mir gegangen wäre, wir wären heut noch zusammen. (Fas. Tro., 43)

Dans l'ex, ci-dessus, la valeur de doch, qui indique la supposition suivante de Loc : Ρ tend vers le vrai (pour telle instance), est explicitée par l'emploi avec la locution es stimmt comme signe de souscription à Ρ proposé.) Examinons les exemples en nous plaçant dans la perspective suivante : En conformité avec le signe positif ou négatif de l'interrogation, Loc cherche à obtenir l'approbation d'Alloc concernant la phrase dans la "Die invariante Bedeutung von doch liegt (ähnlich wie die des Kontrastakzents) in der Gegenüberstellung zweier alternativer Einstellungssachverhalte, von denen dem Sprecher gerade jene Einstellung zu Ρ zugeordnet ist, die durch das positionale Ausdrucksmittel im Skopus von doch bestimmt ist." (Doherty 1985:66) Ja est un opérateur qui marque la concordance entre les deux univers de croyance de Loc et de la personne évoquée implicitement, qui peut être Alloc ou un tiers. Ceci apparaît bien dans l'ex, suivant : "Kann ich jetzt zu meinem Gepäck?" - "Ich komme mit", rief er, "Ich brauche auch mal eine Ablösung... Ihr Gepäck ist ja einwandfrei, hoffe ich?" (Zuc. Stü., 92).

180 polarité proposée, qui marque sa propre supposition, et rejette (doch) la prise de position divergente implicite. La valeur de Ρ tend vers le vrai ou le faux selon que doch se greffe sur un contenu positif ou négatif. L'orientation vers le vrai dans la demande (Q?CONF.Ja) - Pdoch? est orientée vers la réponse Ja. Ainsi, dans l'ex, suivant : 49

de confirmation

Kessler: Sie wohnen doch in der SpesserStraße, Pinneberg: Woher wissen Sie das? Kessler: ich habe mal so was gehört. (Dor. Kle.,76)

de Ρ

Pinneberg?

Kessler prononce là une question à effet de rappel d'information (la réponse affirmative est présupposée), la demande de confirmation n'est que de pure forme et vise (effet perlocutoire) à démarrer l'interaction sur un consensus, par un rappel du connu. La question en retour de Pinneberg implique la confirmation de la tendance, elle montre que Kessler a dévoilé qu'il était suffisamment informé. Kessler aurait pu fournir, dans la foulée de la demande ainsi pondérée, la justification (ich habe es gehört) de la tendance de sa question. L'emploi de wissen dans la question en retour montre qu'un présupposé de discours est converti ici en question. Dans : 50

Ich bin gestern der Aglietti begegnet. Wir wollten sie ja eigentlich neulich schon besuchen. Also komm! Du hast doch einen reinen Kragen? Sie sieht nämlich darauf. (Hes. Cam., 49)

l'orientation vers la réponse positive (confirmation de P) n'exclue pas l'inverse possible. V2doch? s'accompagne d'une justification car Q?Conf.Ja est interprétable en l'occurrence comme demande d'agir implicite. Ce contenu découle de l'emploi d'une question par laquelle Loc cherche à s'assurer de la vérité de la proposition positive, et sans attendre de réponse, enchaîne sur cette perspective. Dans ces ex., l'énoncé représente une question qui porte sur une supposition, car il anticipe une réponse de la part de celui à qui il s'adresse : 51

"ich muß da 'η bißchen richtigstellen. Sie haben doch'η Augenblick Zeit?" Was sollt ich sagen? "Also schön', sage ich, aber beeilen Sie sich, ich habe schließlich auch noch was anderes zu tun.'" (Deu. Erz., 31)

181

V2doch peut être paraphrasée par la demande de confirmation V2, soit pour l'ex. 51, - Sie haben einen Augenblick Zeit? Mais nous y voyons, en ce qui concerne le rapport à autrui, rence. Sans doch, PV2 ne marque pas explicitement que Loc compte la possibilité d'une prise de position divergente et tend annuler l'effet.

simple en une difféprend en donc à en

L'orientation vers le faux dans l'interronégative comme demande de confirmation de non P (Q ?CONF. Nein) Q doch non P? La présence du marqueur d'"infirmation" nous permet de défendre l'idée d'une assymétrie entre formulation positive et négative dans la demande de renseignement. Vlnicht? est plus marqué pour une orientation (question biaisée) que la phrase positive correspondante (question neutre), tout en gardant la valeur fondamentale bi-dimensionelle de la demande de renseignement (que nous pouvons formaliser par : VI nicht/oder doch?), la paraphrase possible par l'interrogation disjonctive correspondante formée des deux propositions en alternative nous paraissant un test révélateur de la demande de renseignement. Cette assymétrie entre formulation positive et négative ne s'observe nullement dans le cas de la demande de confirmation. Dans V2nichtt, Loc pose la question en se plaçant du point de vue de la réponse négative (Loc suppose que non P). Doch implique l'idée d'altérité des opinions sur non P, Loc suggérant une réponse négative. Ce faisant, Loc indique expressément la possibilité de réaction d'Alloc en sens inverse, fondée sur la supposition que P puisse être le cas à ses yeux : 52

Frau Scharenhöfer: Wie kann das Geld alle sein? Soviel kann eine alte Frau doch nicht ausgeben? Pinneberg: die Inflation. (Dor. Kle., 22)

La réponse de Pinneberg vaut confirmation de la tendance qui est déjà impliquée par doch comme possible malgré l'ordre V2. Le même rapport entre suppositions contradictoires est impliqué dans le cas suivant : 53

Kristine: Wo bitte les ich das? Martin: Plutarch. Über große Männer. Kristine: Hat der über die Spiele geschrieben? Martin: Sie haben mir einen langen Vortrag über Olympia gehalten, Sie wissen hier beinahe zu jedem Stein etwas Interessantes zu erzählen. Sie wollen mich doch jetzt nicht fragen, wer Plutarch war?

182 Kristine lacht. Ich kenne ihn wirklich nicht. (Str. Fre., 13) Loc marque sa préférence pour non Ρ vrai, tout en suspectant que la donnée contradictoire est possible. Loc organise le réel en fonction d'hypothèses contradictoires, tout en se plaçant du point de vue de ce à quoi il s'attend. La demande de confirmation de non Ρ est tout autant à considérer comme une supputation d'irifirmation de Ρ vrai, qui a cependant dans ce contexte quelque risque d'être vérifié. Dans l'ex, suivant, celui qui interroge contraste son opinion, allant dans le sens de non P, avec une opinion inverse qui va dans le sens de P, à laquelle les données de la situation lui fournissent quelques raisons de croire : 54

Mia: Gott, was die junge Frau für 'ne Brust man am Tage gar nicht so. Du erwartest doch Pinneberg: I wo. Die ist bei Lämmchen immer (Dor. Kle., 73) (Tu n'attends quand même pas

hat! Das sieht nicht? so. un enfant?)

L'interronégative en V2 doch focalisant la question sur la valeur négative de P est une forme habituelle de la demande de confirmation négative (Q?CONF.Nein). Si des réponses telles que "Aber nein!," "I wo!", "Wieso denn?" (Mais non! Penses-tu!, Pourquoi dis-tu ça?) sont parfaitement adéquates, c'est parce qu'elles infirment l'orientation vers P, supposition explicitée par doch. Doch implique toujours que deux univers de croyance s'opposent, celui de Loc actuellement, et celui de la personne qui est évoquée implicitement (alors queja indique qu'ils se superposent). Nous souscrivons à la description de Doherty (1985:67) disant : "Die Einstellung, die durch das positionale Ausdrucksmittel im Skopus von doch bestimmt wird, (ist) die Einstellung des Sprechers". Cette caractérisation s'applique par ex. à wirklich sous la portée de doch dans : - Konrad ist doch wirklich verreist? Dans l'ex, ci-dessus, Mia oriente la question vers non P vrai, quelqu'un n'excluant pas que P soit possible. L'orientation vers le vrai fondée sur des raisons de croire correspond dans un monde alternatif où non P serait faux à une crainte de Loc, à ce qu'il ne souhaite pas.

183 Nous analysons doch comme opérateur de divergence 29 entre une valeur dans le monde évoqué et la valeur inverse dans le monde alternatif 30. Par rapport à la demande de confirmation simple en V2 qui fait apparaître l'univers de croyance de Loc, celle qui est marquée par doch le montre en rupture avec un univers de croyance contradictoire ainsi évoqué. Voyons dans le contexte suivant, en quoi la succession de V2?/V2dochl à propos du même contenu est porteuse de sens et de quoi elle est significative? 55

Dann kehrte er (der Maler) zu seinem Sessel zurück und stellte endlich die erste sachliche Frage, die K. alles andere vergessen ließ. "Sie sind unschuldig?" fragte er. "Ja", sagte K. Die Beantwortung dieser Frage machte ihm geradezu Freude, besonders da sie einem Privatmann, also ohne jede Verantwortung erfolgte. Noch niemand hatte ihn so offen gefragt. Um diese Freude auszukosten, fügte er noch hinzu : "Ich bin vollständig unschuldig". "So", sagte der Maler,... "Wenn Sie unschuldig sind, dann ist ihre Sache sehr einfach"...."Meine Unschuld vereinfacht die Sache nicht... Es kommt auf viele Feinheiten an, in denen sich das Gericht verliert. Zum Schluß aber zieht es von irgendwoher, wo ursprünglich gar nichts gewesen ist, eine große Schuld hervor". "Ja, ja, gewiß", sagte der Maler, als störe Κ unnötigerweise seinen Gedankengang. "Sie sind aber doch unschuldig?" "Nun ja", sagte K. "Das ist die Hauptsache", sagte der Maler. (Kaf. Pro., 109-110)

Le co-texte indique que le peintre n'a au départ aucune conviction propre, mais l'indication V2 nous montre qu'il se place poliment dans la perspective favorable à Loc permettant à celui-ci de reprendre tel quel le

Ceci est c o n f o r m e à la remarque de Hentschel (1986:138) qui v o i t doch "einen Widerspruch zwischen zwei Bezugspunkten." 3 0

exprimer

Doherty ( 1 9 8 5 ) décèle dans : - Konrad ist verreist? l'implicitation de l'alternative. Mais quelle serait, dans cette perspective, la d i f f é r e n c e avec : - Konrad ist doch verreist? mise à part la distinction entre implicite/explicite? Selon cet auteur, dans V2? la prise de position potentielle ( ? ) serait celle de Loc ou d'un autre, alors q u e dans V2doch, cette prise de position est celle de Loc. Pour que la supposition dans V2? soit imputable à un autre q u e Loc. il faut q u e cela soit signalé d'une manière ou d'une autre dans le texte, sinon la croyance est attribuée à celui qui pose la question.

184 schéma d'énoncé. V2 indique que le point de vue choisi est favorable à Ρ vrai. Loc indique par V2doch? que le fait lui paraît établi 31 . La chronologie V2/V2doch? ne peut donc en l'occurrence être modifiée, ce qui montre que doch ajoute du poids à la supposition que oui, qui s'appuie sur le discours d'Alloc. La conviction de Loc s'oppose à une conviction inverse exprimée par d'autres (le tribunal). La question en V2 n'indique pas cette discordance, la structure impliquant simplement la possibilité de réaction bi-polaire. Doch ajoute l'idée que Loc est responsable du mode évoqué où Ρ proposé est le cas. Dans V2, l'orientation vers la polarité conforme au signe de l'interrogation n'implique pas qu'il s'agit pour Loc d'un fait acquis. C'est du moins l'impression que nous donne l'ex, ci-dessus, où les deux structures se complètent. Q?CONFJa/Q?CONFNein marquées par doch visent à obtenir une approbation sur Ρ ou non Ρ en prenant en compte la discordance possible entre deux univers de croyance. Qdochl exprime la conformité du jugement de Loc avec le signe de Ρ et implique une prise de position inverse d'un énonciateur réel ou fictif. Il est le signe d'une contradiction entre le monde de croyance de Loc où Ρ est évoqué comme vrai, tandis que Ρ est considéré comme faux par un autre. Il apparaît donc en cas de controverse possible, que Loc prétend, par la façon-même de poser la question, aplanir. Dans l'ex, suivant, c'est Alloc qui est considéré comme tenant potentiel de la prise de position alternative : 56

Chefarzt : Tut mir leid, Herr Hoffmann ist nicht haftfähig. Wenn es soweit ist, gebe ich Ihnen Bescheid. Scholz: Wann ist es soweit? Dann wären Sie endlich die Polizei los. Chefarzt: Ich gebe Ihnen Bescheid! Scholz: Aber ein paar Fragen werden Sie doch gestatten? (Seh. Mes., 32) (Mais vous m'autoriserez bien quand même à lui poser quelques questions?) "

L'opposition argumentative entre le refus du médecin d'autoriser le policier à transporter le malade en prison et la requête minorée du policier demandant alors la permission de pratiquer un interrogatoire sur place, contre-argument renversant la visée du discours (aber), suscite l'apparition de l'opérateur de discordance (doch = trotzdem) : Loc se place

Cf. Métrich (1988:266) :"La fonction générale de dock paraît donc ici la même que dans les énoncés déclaratifs, présenter le contenu propositionnel (ici : de la question) comme acquis. Simplement le caractère acquis du contenu est limité à la subjectivité du locuteur, et la question consiste à demander, ce qu'il en est vraiment dans la réalité objective."

185 dans la perspective de l'assentiment (P vrai), sans pouvoir exclure un jugement inverse (Nein reste possible). De même, dans l'ex, suivant, V2doch? pose deux univers de croyance divergents, la croyance évoquée de Loc qui va dans le sens de la proposition déclarative, et la croyance contradictoire d'Alloc. La valeur de vérité de Ρ tend vers le vrai ("das siehst du ein/du spürst selbst, daß dies nicht auf die Dauer ist"), tout en n'excluant pas une réaction inverse que Loc craint. 57

'Und nun wohnen wir hier draußen und in der Stadt sieht uns nie jemand zusammen"... Lämmchen... sagt..."Wir können doch hier nicht wohnen bleiben, Junge, das siehst du doch einΤ "Versuch es doch, Lämmchen!" bittet er,...'Nun gut, ich will es versuchen, Junge. Aber du spürst doch selbst, daß dies nicht auf die Dauer ist?" (FalKle., 49)

Lämmchen présente sa propre position comme une donnée acquise pour appeler une réponse conforme à l'orientation du signe de l'énoncé. On remarquera que Pinneberg donne à entendre un point de vue inverse à travers sa requête : IMP.Dochl par laquelle il indique son souhait de voir réalisé ce que Lämmchen refuse. Dans le monde alternatif, Ρ est faux. Si doch renforce la requête en indiquant que Loc prend en compte la non-coïncidence entre les sphères de jugement ("Versuch es doch!"), il renforce ainsi la demande de confirmation en V2 en soulignant que, dans le monde de Loc, Ρ est envisagé comme vrai, par delà la controverse possible. Dans le passage ci-dessus, celle-ci concerne l'opposition argumentative entre les énoncés : - Nun wohnen wir hier... - Wir können doch hier nicht wohnen bleiben. - Versuch es dochlDoherty (1985) signale que doch ne peut être employé dans une phrase conditionnelle en structure liée : -"Wenn es doch regnet, bleiben wir zu Hause. Ceci est tout-à-fait logique étant donné que doch porte sur l'illocution et concerne l'énonciation. Son emploi redevient possible, dès que le wennSatz est un énoncé à part entière, comme dans la question d'hypothèse (und wenn...?) suivante qui invite Alloc à imaginer la conséquence : 58

(le journaliste se représente Gorbatschov devant la porte de la conférence au sommet des sept occidentaux en juillet

186 et interroge le portier sur ce qu'il fera si Gorbatschov tente d'entrer). Und wenn er plötzlich doch eine (Einladung) aus dem Sakko zieht? Dann kann es nur eine Selbsteinladung, also eine Fälschung sein. (Zeit, Nr. 25 14. Juni 1991, 6) Dans l'ex, suivant, il s'agit aussi d'une question d'hypothèse interprétable comme question rhétorique qui équivaut à l'assertion correspondante de même polarité : 59

'Nun kann ich doch nicht wieder zu ihm. Ich tue und tue es nicht." "Aber wenn er doch recht hat? Du siehst doch selbst, daß er recht hat". (Fai. Kle., 48) (doch = trotzdem /= er hat bestimmt recht.)

Dans l'interrogation de forme hypothétique aber wenn... doch? doch marque la divergence argumentative, en mettant en relief la prise de position de Loe orientée vers l'acceptation de la supposition (er könnte eine Einladung aus dem Sakko ziehen/er könnte recht haben) qui est en contradiction avec le monde de croyance d'Alloc, tel qu'on peut l'imaginer d'après le co-texte antérieur, le refus catégorique dans l'ex, cidessus. En l'occurrence, la séquence : A : non P. Β : Aber wenn doch Q? voit se succéder deux énoncés argumentativement orientés dans deux directions opposées (aber). Les particules illocutoires indiquant l'attitude épistémique de Loc fonctionnent donc en conjonction avec des marqueurs d'orientation argumentative. 3.3.2.2. Cooccurrence de doch et des particules illocutoires V2 ja doch (auch)/ doch wohl/doch nicht etwa? La suggestion de la réponse, conforme à Ρ vrai, malgré une controverse possible (V2 doch?), rend la configuration entre doch wohl possible : 60

"Ich habe außer den amtlichen auch noch eine, bisher freilich unausnützbare, persönliche Beziehung zu Klamm. Das ist doch wohl nicht wenig?" (Kaf. Sch., 190) (Ce n'est quand même pas peu de chose, je suppose?,).

187 Wohl est dans le champ de doch et explicite l'idée que la demande de confirmation repose sur une conjecture. Doch présente Ρ comme un contenu acquis pour Loc, wohl créant une brèche dans cette certitude subjective. Il affaiblit la certitude. Etwa, qui indique la désactualisation de Ρ arbitraire ne peut être compatible qu'avec V2 doch nicht?, doch et etwa se trouvant sous la base d'incidence du négateur : 61

Franz ist doch nicht etwa verreist?

L'interronégative en V2 appelle à une confirmation négative, doch quémandant l'approbation malgré la controverse possible, la question doch nicht etwa marque triplement la tendance 3 2 , etwa affaiblissant l'actualisation de P, étant sous la portée de nicht. Doch accentué, en configuration avec VI, peut apparaître en cooccurrence avec etwa dans l'ordre etwa doch. Rappelons l'ex, déjà cité : 62

Wie konnte es geschehen, daß deutsche Firmen an den Behörden vorbei dem Oberst Ghaddafi so in die Hände spielen? Ist etwa 'doch möglich, was Bundeskanzler Kohl für undenkbar hält, daß sich einzelne innerhalb der Bundesrepublik aus Gewinnsucht an Vorhaben beteiligen, die friedensgefährdend sind? (Zeit Nr. 4, 20. Januar 1989, 21, 22)

Dans cette question problématisante, les deux opérateurs illocutoires se complètent, etwa désactualisant P (es ist möglich, daß deutsche Chemiefirmen aus Gewinnsucht, sich an Vorhaben beteiligen, die friedensgefährdend sind) proposé au jugement du lecteur, tandis que 'doch implique que Loc s'attendait à l'inverse. La supposition que c'est le cas est ainsi doublement affaiblie. La redondance dans l'information concernant l'attitude épistémique de Loc et le rôle qu'il assigne à Alloc (confirmation de P) dans l'interaction amenée par Qdoch? apparaît aussi lorsque s'ajoute à V2doch1 une particule de vérification postposée à P : Cette latitude de redondance dans l'emploi de particules, couplées à une verbalisation métadiscursive qui en répète la valeur, est remarquée par Franck (1980:212213). Cet auteur commente ainsi l'ex, suivant: A Der Wein ist ja ausgezeichnet! Β Das sollte er auch sein. Es war auch der teuerste, den es bei Lidchi gab. "Diese Sätze leisten eine Art explizite Paraphrase, dessen, was durch das AUCH im folgenden Satz implizit (?) gesagt wird. Solcherlei direkt aufeinanderfolgende MP(Modalpartikeln)-Wiederholungen im gleichen Zug in Sätzen mit ganz unterschiedlicher propositionnaler Bedeutung sind übrigens typisch für MP. Dabei ist häufig der erste MP-Träger eine Art deskriptive explizite Formulierung dessen, was der illokutive/argumentative Zweck des ganzen Zuges ist."

188 63

Herr Mörschel: Es gibt doch 'new Tarifvertrag Pinneberg: Ich glaube. (Dor.Kle., 13)

64

Emma: Musik ist doch etwas Schönes, nicht? Havlitschek: Ich könnte mir schon etwas Schöneres vorstellen, Fräulein Emma. (Dor. Kle. 13)

bei Euch, was?

La demande de confirmation se termine alors sur l'appel interrogatif. Loc vise à faire approuver Ρ par Alloc, à le faire agir dans le sens voulu. Havlitschek (ex. 64), en restreignant l'approbation, réussit à faire passer un compliment, par sous-entendu. L'appel interrogatif en queue d'énoncé was?/nicht? signale la question en terminant l'énoncé avec la montée de la voix 33 . Loc construit une proposition faisant apparaître son univers de croyance orienté vers Ρ vrai, tout en évoquant un univers alternatif {doch). La déclarative présente à. Alloc un fait qui est pour Loc établi. La particule de vérification indique que l'énoncé ramifié tout entier se trouve, malgré cette évidence, sous la portée de la question, Loc recherchant l'approbation d'Alloc. Il y a donc progression dans le discours, où apparaît d'abord une demande de confirmation indiquant une supposition controversée (doch) tournée vers l'approbation de P, puis une assertion de Ρ marqué par une prise de position consensuelle (superposition des deux univers de croyance de Loc et d'Alloc signalée par ja). 3.3.2.3. Spécificité discursive et stratégique de cette demande d'accord avec la prise de position de Loc Doch dans Qdoch? renoue (ou feint de renouer) avec ce qui précède. Il enchaîne sur un élément verbal (ex. 73), ou sur la situation de discours (ex. 69). La question introduit à une thématique : "du kennst doch Inge? Nun..." Loc n'attend pas alors, le plus souvent de confirmation pour enchaîner sur ce qui est ainsi rapporté à d'autres coordonnées. Les questions de rappel d'information ont souvent cette fonction d'introduction d'un discours. Elles exhortent à rendre actuel un savoir virtuel : Du kennst doch/du weißt doch/du erinnerst dich doch...

Cf.Luukko-Vinchenzo (1988: 166) parlant des "tags" : "Ihr wichtigtes intonatorisches Merkmal ¡st das steigende Tonmuster, d i e Aussagesätze selbst weisen - w i e f ü r den Satzmodus typisch - fallendes Tonmuster auf."

189 65 Du kennst doch die Geschichte, die vor vier Jahren im Institut stattgefunden hat? Welche Geschichte? Nun, die gewisse... Sie haben einen hübschen Burschen unter sich gehabt, in den viele von ihnen verliebt waren. Das kennst du ja, denn das kommt alle Jahre vor... Avec "Du kennst doch die Geschichte...?" Loc suggère très fortement qu'il s'attend à une réponse positive, malgré une alternative possible (doch de discordance), ja dans "Das kennst du ja", ne prévoyant plus que le consensus. 34 Se conformant à la déontologie discursive qui veut qu'on n'affirme pas pour l'allocuté, Loc enchaîne alors sur le rappel de l'histoire. Voici une autre introduction de discours : 66 "Mit Bergmann muß ich anfangen, du weißt doch, im Anfang war ich hier bei Bergmann?" "In der Konfektion, ja". (Fai. Kle., 45) Doch quémandeur d'approbation, malgré l'alternative soulignée, concourt au rappel d'évidence (perlocutoire), quand Loc prétend se référer à un élément supposé connu de lui-même et de son récepteur pour faire progresser le discours. Si l'on considère Qdochl du point de vue de la séquence, l'interrogation peut être utilisée (perlocution) à des fins argumentatives, pour contrer ce qui a été dit antérieurement en soulignant la pertinence d'un contre-argument et amener Alloc à se placer dans la même perspective argumentative : 67 Herr Mörschel: Anders denken. Sie denken genauso wie ein Prolet. Pinneberg: Das glaub ich nicht, ich zum Beispiel... Herr Mörschel: Sie, zum Beispiel, haben sich doch Vorschuß genommen? Pinneberg: Wieso? Vorschuß? Herr Mörschel: Naja, Vorschuß, da, bei der Emma. Mächtig proletarische Angewohnheit. (Dor. Kle., 14) CSont ainsi qualifiés, sur un mode économique, les rapports prénuptiaux de Pinneberg et de Lämmchen.)

"Die Bedeutung von ja legt den Sprecher auf die Bestätigung der im Korpus der Partikel stehenden Einstellung zu Ρ fest." (Doherty 1985: 91)

190

Qdoch? entre dans une structure argumentative : répliquant à la réfutation de P I : "Pinneberg denkt anders als ein Prolet", à l'aide de P2Qdochl, qui évoque la croyance de M Mörschel en P2 vrai, tout en donnant à entendre que l'avis de Pinneberg peut être contradictoire, M Mörschel présente, dans sa demande de confirmation un argument favorable à l'assertion contestée (celui qui agit comme un prolétaire a une mentalité de prolétaire). La particule doch joue un rôle dans la construction de l'argumentation. doch? quémandeur d'approbation induisant la poursuite du discours dans un certain sens (fait acquis pour Loc, disant qu'il prend en compte l'orientation inverse possible). Vêdoch? se signale ainsi comme question à double-locution, Loc prenant position par rapport à un jugement inverse inférable ; il n'en cherche pas moins à entraîner l'adhésion d'Alloc. La remarque de Rath (1975) se justifie parfaitement : "Doch bezieht den Partner ein, gibt ihm zu verstehen, daß man seine Position im eigenen Argumentationszusammenhang mitbedenkt." La demande d'approbation sans ancrage dans le discours-avant, est destinée à lancer un nouveau thème en créant l'illusion d'une continuité discursive par la référence à un contexte discursif implicite. Elle sert à neutraliser une objection explicite ou implicite. Une telle question "préliminaire" a pour but d'introduire à autre chose, en créant les conditions favorables à une coopération langagière. C'est bien pourquoi Q?CONF.Ja en doch peut servir d'introduction : - à un dialogue 68

(le policier Scholz commence à interroger le suspect amnésique à l'hôpital en lui posant les questions rituelles nom, prénom... sans obtenir de réponse. Il est rappelé aux réalités par l'admonestation du médecin-chef présent à l'interrogatoire) Chefarzt: Sie müssen erst einmal den Kontakt zu ihm herstellen. Solche Fragen interessieren ihn nicht. Fragen Sie etwas, das ihn interessiert! Chefarzt demonstriert, indem er Hoffmann wieder umdreht und auf die Geige an der Wand zeigt. Chefarzt: Sie spielen doch Geige, Herr Hoffmann? Hoffmann nickt. (Sch. Mes., 34-35)

La demande de confirmation indiquant la croyance que c'est le cas (Question de rappel d'information) se fonde sur les données de la situation

191

comme raisons de croire. L'alternative possible est de l'ordre du : "si je ne m'abuse"? Qdochl sert à des fins perlocutoires (rappel d'évidence) : la prise de position positive de Loc lui permet d'entamer le dialogue. à un autre acte de langage. Elle introduit ainsi, une requête dérivée qu'elle aide à "faire passer", en prenant en compte la divergence possible : 69

70

Du arbeitest doch gem im Garten? Ja, warum? (pourquoi me demandes-tu cela?) - Du könntest mir beim Anlegen eines Goldfischteiches (cité par Hundsnurscher 1975:81) Du hilfst mir doch ein bißchen bei den

helfen,

Vorbereitungen?

En rapport avec le représenté, elle peut servir à renforcer une interronégative interprétée comme : une suggestion (Soll ich nicht doch....?) tournée vers l'acceptation de Ρ : 71

Direktor: Herr Hoffmann... Ihre Frau anrufen? (Sch. Mes., 69)

soll ich nicht doch noch

einmal

- à "adoucir" une question interprétable comme requête d'agir. Nous citons un ex. implicite : 72

Du begleitest uns doch noch ein paar Schritte? (glose : Kannst du uns doch noch ein paar Schritte begleiten?)

Doch remplit donc (ex. 68), la fonction d'établir le contact avec l'allocuté (fonction phatique) ; il influe, le cas échéant sur la valeur perlocutoire de l'énoncé, en faisant accepter à Alloc ce dont l'acceptation peut faire difficulté. Il met en jeu une stratégie d'anticipation de la réponse, Loc s'appuyant sur ce qu'il croit un fait acquis. En comparant les versions a/b/c d'une question : 73

a Wissen Sie, wo sich Leni versteckt hat? b Draußen auf dem Gang sagte K: "Sie wissen doch, wo sich Leni versteckt hatΤ "Versteckt?", sagte der Kaufmann, 'Nein, sie dürfte aber in der Küche sein und dem Advokaten eine Suppe kochen." (Kaf. Pro., 123-124) c Sie wissen, wo sich Leni versteckt hat?

on observe la modification des valeurs respectives de la question :

192 a/

(demande de renseignement) ne contient pas de supposition sur la valeur de P. b/c sont des variantes de la demande de confirmation (CONF.Ja). La supposition sur la valeur de vérité de P, l'orientation vers le vrai, est transmise de manière moins tranchée dans c que dans b (voir verbe descriptif). Doch a donc pour effet d'intensifier la supposition contenue dans l'interrogation en V2, Loc se place dans la perspective Ρ vrai, tout en mettant en relief une divergence de jugement possible. L'opposition entre deux jugements alternatifs nous paraissant l'invariant de doch, explique son emploi comme connecteur adversatif, ou comme pro-énoncé d'infirmation, lorsque la réponse n'est pas celle suggérée par la question. 3.3.2.4. Doch tonique Doch (= pourtant/cependant/néammoins), employé comme connecteur d'énoncé, est accentué et peut figurer seul en attaque d'énoncé (ex. 70) : 74

Die meisten berufen sich auf ihre schwache Nerven, widrige Bedingungen oder Wehwehchen. Das Wetter sei zu schlecht gewesen daheim, sagen die Leichtathleten. Doch war es in der DDR besser? (Mei. 1986c:209, ex. 150)

75

"Es laufen keine Beschwerden gegen die Nachtverhöre ein. Warum also 'doch die Abneigung der Sekretäre?" Auch das wußte K. nicht. (Kaf.Pro., 247)

Doch indique l'existence d'une opposition, d'une divergence argumentative entre El et E2. Dans Wl'doch 35 /W-doch? doch peut exercer la fonction de connecteur argumentatif. Doch particule accentuée présente (cf. Doherty 1985:88-89) des particularités qui la distingue de doch atone. Pour cet auteur, il s'agit ici d'une particule illocutoire malgré son accentuation : l'accent contrastif sur doch permet son emploi avec l'interrogation en VI : 76

35

Ist Konrad 'doch verreist? (Konrad est-il, malgré tout, parti?)

Helbig/Kötz (1985:73) citent : Schaffst du das 'doch bis morgen?

193 Employé avec V2, il peut figurer sous la portée d'un modalisateur : 77

Konrad

ist wahrscheinlich

'doch

verreist?

Ainsi que le note Doherty (1985), doch laisse le choix à Alloc de confirmer ou non ce qui est présenté par Loc comme vraisemblable. Curieusement, remarque-t-elle l'accentuation de doch a pour effet d'affaiblir la supposition coorientée au signe de Ρ 36 , en impliquant que des éléments d'information donnent un certain poids à un monde alternatif. L'opinion favorable à Ρ est encore affaiblie, ci-dessus, puisque doch est sous la portée d'un modalisateur "opaque". Ainsi : - Ist Konrad also 'doch verreist? implique que Loc s'attendait à l'inverse (Konrad ist nicht verreist). Loc corrige sa propre supposition antérieure. Ce qui rend difficile l'idée qu'il s'agisse dans le cas de Vl'doch? d'un connecteur est sa place dans l'énoncé en milieu de champ et non au contact de l'énoncé précédent comme dans DochV2? et W-doch? : 78

Da endlich macht der Kerl den Mund auf : "Sie sind Polizeibeamter". "Woher wissen Sie das denn"? fragt Trimmel überrascht und erstaunt. Gelesen haben kann er 's nicht in dem neuen Paß... Ist Eva Bilsing wider Erwarten 'doch zur Vopo gelaufen, nachdem sie den Brief gefunden hat? (Mar. Lei., 75)

Doch indique la contradiction entre une attente de Loc et la possibilité inverse évoquée par l'interrogation. Doch enchaîne ici sur du non verbal indiqué dans le texte par le blanc et les trois petits points. Doch est remplaçable par trotzdem mais ce remplacement ne serait possible, ci-dessus, que si l'on avait précisé qu'Eva Bilsing avait des raisons de ne pas y aller. Doch tonique s'emploie aussi en subordonnée pour peu qu'elle ne soit pas liée et ait valeur d'énoncé. Elles apparaît dans la relative appositive, les phrases en damit, weil, obgleich, wie... (voir ex. Métrich 1988:312) Dans l'ex suivant, il est possible de le faire remonter de la subordonnée dans la proposition intégrante : Wär's doch möglich..., 79

Wär's möglich, daß 'doch ein anderer war, als der Betrug geschah, der uns (Bre. Ui, 702)

(als Sheet) der beschäftigt?

Besitzer

"Mit doch (ist) nur eine potentielle Bestätigung gegeben, der Sprecher (läßt) also zunächst einmal auch die Möglichkeit einer Nicht-Bestätigung zu." (Doherty 1985:92)

194 En dehors de Vl'doch?/, doch accentuable apparaît aussi : dans Vl/V2doch! exclamatif :

80

Anton (triumphierend): (Dar. Kur., 155)

81

Hat er doch einen Bart!

Sie haben also 'doch gewirktf"

lorsque c'est I'allocuté qui est appelé à s'imaginer un contenu, ce qui ressort bien de la traduction donnée par Faucher (1984:49) du passage suivant :

82

Gehe ich doch gestern die Hauptstraße entlang und treffe meinen alten Lehrer! (Ste.Kla., art. doch) Pas plus tard qu'hier, Grand'Rue, qui est-ce que je rencontre? Mon vieux maître! (Doch est non-accentué^.

Loc indique ainsi la divergence entre l'attente antérieure qu'il n'y ait pas corrélation entre PI et P2 et la réalité. en cooccurrence avec l'impérative pour une injonction autoritaire elle y a un effet de renforcement remarquable 3 7 83

"Nun ja, ihr habt sie (Mieze) verletzt, damit habt ihr euch hier eingeführt. Sehen Sie doch!" und sie rief Κ auf das Katheder. (Kaf. Sch., 127 Trad. : Mais regardez !)

Il y a opposition entre le comportement demandé et celui qui est observé, dans l'expression du souhait où doch renseigne sur la prise de position de Loc à l'égard du monde réel, qui contraste avec le monde imaginé : Täte er es doch! La traduction en français montre que doch, particule inaccentuée, est rendue par "bien" lorsque l'énoncé est au positif ( V2doch ?), ex. 68 : "Vous jouez bien du violon, Hoffmann?", ex. 55 "Vous êtes bien innocent?", ou encore par "n'est-ce pas?", ex. : Vous savez où Leni se cache, n'est-ce pas?", alors que doch accentué (Vl'doch?) (ex. 76) se traduit par "malgré tout", tandis que dans l'énoncé négatif V2doch nicht? (ex. 60) la particule inaccentuée est bien rendue par : "quand même, tout de même". Dans la demande de rappel d'information : Wie heißt er doch gleich..? "donc" ou "déjà" sont possibles.

"Loc jugeant qu'Alloc

ne l'accomplirait pas spontanément" (Métrich 1988:277).

195

3.3.2.5. Doch pro-énoncé Doch d'ivfirmation marque le désaccord de Loc avec l'orientation vers le faux de l'énoncé précédent, il fonctionne comme signal de discordance, Loc répondant par l'affirmative à une question orientée vers une réponse négative : -A : non P? -B : Doch! = non (nonP) - Kennst du das nicht? - Doch. Doch s'emploie parfois à la place de Ja confirmant une orientation, ou en cooccurrence (voir ci-dessous) après une interronégative orientée vers une réponse positive, Loc s'arrêtant sur la forme de la question et non sur l'idée positive qu'elle implique : 84

Leopold: Aber mein Aussehen? Sehe ich nicht jünger aus? Franz: Ja, doch. Gewiß, Sie sehen jünger aus. (Fas. Tro., 10)

Cela se produit dans l'ex, suivant où une demande de renseignement formellement neutre (interropositive) est suivie de doch, malgré l'accord du questionné sur l'idée positive : 85

"Läßt sich bei der Obduktion eines Kindes eigentlich sofort feststellen, ob's an Leukämie gestorben ist?" fragt er danach. -"Doch, doch", sagt Dr. Barth, "das sieht der Pathologe an der Struktur des Knochenmarks". (Mar. Lei., 129)

Loc par doch enchaîne sur l'implicite du discours, le questionné a "entendu" une orientation négative, le contenu négatif doit être fortement présent dans la situation d'énonciation, doch est amené en réaction à une négation implicite. La réponse "si, si" fait référence à l'alternative implicite dans la structure en VI au positif. Loc enchaîne sur l'alternative négative implicite et en prend le contrepied. La présence de doch évoque toujours l'idée d'ivfirmation d'une inférence contradictoire, même si le support de cette croyance combattue n'est pas nommé explicitement dans le texte (v. l'ex, cité chap. 2 note 13). Conclusion Doch apparaît donc dans la question tendancieuse comme un renforçateur de tendance, évoquant le jugement de Loc favorable à la vérité de P, son univers de croyance, un univers de croyance alternatif étant pris en compte.

196

3.3.3. Schon Schon peut-il jouer un rôle dans la question tendancieuse? Schon apparaît dans l'assertion, la question rhétorique, la demande de rappel d'information, l'injonction, l'exclamation. Schon, particule illocutoire est homonyme de l'adverbe = bereits 38. La place dans la proposition 3 9 peut parfois, mais pas toujours, permettre de les distinguer : position tardive de l'adverbe, séparé du groupe des particules, dans l'ex, suivant : 86

"Zudringlich?", fragte Κ. "Jasagte der Advokat... "Sie haben doch wohl ihre Zudringlickeit schon bemerkt?", fragte er. (Kaf. Pro., 134) (Vous avez tout de même dû déjà remarquer...)

position médiane axiale de la particule, après V2 dans une en W- :

question

87

zu-

Andererseits: Wer wünscht sich schon die alten Zeiten rück, in denen es kaum Wahlmöglichkeiten gab. (Mei., 1986c: ex.229) (schon = auch))

La position précoce de schon est discrimante de la particule Meibauer (1986c:114) évoque "entambiguisierende Stellungen" pour schon (v. ex. cidessous). Cet auteur propose un autre critère que la place précoce après W(question de constituant W-schon?), pour distinguer entre schon particule (opérateur illocutoire) et schon adverbe temporel (membre de la proposition), c'est de combiner schon et nicht. On peut alors distinguer deux configurations : - nicht, négation propositionnelle accentuée, est combinée à l'adverbe schon, qui peut se placer après, tandis que nicht qui porte sur l'illocution, se combine à schon, particule placée en position précoce : 88

Wer holt 'nicht schon Bücher? (schon

89

Wer holt schon nicht Bücher? (schon temporel ou

90

Wer schon holt nicht Bücher? (/= alle holen Bücher, schon = auch, particule illocutoire.)

38

Cf. L'étude d' Abraham (1977).

39

Cf. Borst (1985:17).

temporel). illocutoire).

197 Placé après nicht, schon est temporel, placé en position précoce, il donne des indications sur l'illocutoire. VI.... schon? Nous trouvons dans notre corpus un emploi de schon dans une interronégative orientée vers une réponse positive (QfCovf.Ja): 91

Mandl: Ich glaube, wir können für heute Schluß machen. Anna (lachend) : Ich habe nichts dagegen, wir sind in den letzten Tagen immer solang dageblieben. Sind Sie nicht sowieso schon sehr überarbeitet? Sie sehn so blaß aus, Herr Mandl. (Ges. 179) (schon - bereits)

Schon fonctionne ici comme adverbe de temps indiquant que le prédicat valait déjà dans la période précédant l'acte de langage. Lorsque schon est combiné à immer, l'interprétation comme passage d'un seuil "Grenziiberschritt" (cf. Pérennec 1988:45), c'est-à-dire comme "Wechsel des Noch nicht Wahren in dasjenige des Wahren" se fait bien sentir, schon se rapportant à une expression temporelle : 92

Hoffmann wehrt sich gegen die Hilfe der Schwester und nimmt den Löffel in die linke Hand. Emilie: War er schon immer so agressiv? Anleitner: Er ist Linkshänder, das ist alles. (Sch. Mes., 19) (a-t-il toujours été aussi agressif ?)

La question est posée à partir du présupposé : Hoffmann ist jetzt sehr aggressiv, l'information demandée porte sur la permanence/l'absence de permanence de l'agressivité. Il s'agit donc d'une demande de renseignement donc d'une question sans indication de tendance. Schon a pour base d'incidence immer dans cette interrogation en VI et fonctionne comme particule scalaire. V2...schon ? L'existence de V2...schon? avec schon, particule d'approbation discursive, n'est mentionnée que par Grésillon (1981:66) 40 . Cet auteur interprète comme demande de confirmation l'énoncé suivant : 93

Die Miete hast du schon bezahlt? ftrad. proposée : le loyer tu l'as payé, sans doute?)

Etant donné qu'aucun contexte n'est proposé, on ne voit pas comment le distinguer de l'adverbe de temps, synonyme de bereits (le loyer, tu l'as déjà payé?)

Cf. Franck (1980:207) : "In Satz-Fragen kann schon MP nicht gebraucht werden."

198 Une telle éventualité d'emploi de schon dans une demande de confirmation n'est pas évoquée par Gornick-Gerhardt (1981) qui ne mentionne dans sa monographie sur schon en cooccurrence avec l'interrogation (schonS) que des ex. en W-. Gornick-Gerhardt (1981) étudie la particule modale schon en rapport avec ses différents environnements, ce qui lui fait distinguer : schonl " der einschränkenden Bestätigung", A: Nach Biberach zu fahren ist doch nur ein Katzensprung. B: Schon, aber ich müßte heute abend auch noch zurückfahren. (cité, 57) schonê "Widerspruch einer möglichen Schlußfolgerung des Hörers", A: Wer fährt zum Linguistenkongreß nach Wien? B: Ich schon, (cité, 75) schonS, marqueur de l'interrogation rhétorique, Ich werde nicht zur Wahl gehen. Was kann meine Stimme schon ändern? (cité, 81) = auch, schon4 "der plausiblen Begründung", In einer Kleinstadt kann man sich nicht so entfalten. Da muß man schon ein Mann sein, um was vom Leben zu haben, (cité, 88) schon5 "der Dringlichkeit", Schluß jetzt, beeilt euch schon! schonô "der A-Fortiori-Argumentation"

41

,

Wenn ich schon ein eigenes Zimmer habe, dann will ich darin machen, was ich will, (cité, 113) Il nous paraît important, au lieu de distinguer ainsi des homonymes, de pouvoir donner de la valeur de la particule schon une description unique 42 . "schon markiert die rhetorische Frage, in der es steht, als Begründung für eine meist zu erschließende - negative Beurteilung einer vorausgehenden realen oder imaginierten sprachlichen Handlung bzw. ihres Inhalts. "(Gornik-Gerhardt 1981:83), Q?rh justifie en l'occurrence la décision de ne pas aller voter par le rappel d'un fait notoire pour Loc/Alloc. C'est ce à quoi Borst (1985:178) semble aboutir en dégageant pour schon un signifié d'"affîrmation restreinte" : "Die Bedeutung von schon endlich besteht je nach Vorkommen in intentional eingeschränkter Zustimmung (des Sprechers) bzw. total eingeschränkter Affirmation des Ein(tretens)/Nichtein(tretens) von E (= dem im schon enthaltenden Satz bezeichneten Ereignis) bei gleichzeitiger Affirmation des Gegenteils dieses Ein/Nichtein von E." Il rend ainsi compte des emplois dans l'assertive, la proposition en wenn et de l'interrogation rhétorique.

199

Une telle classification aboutit à une atomisation du sens de la particule confondu avec la gamme des emplois. De plus, est porté au compte de schon4/5/6 ce qui revient à la relation entre deux énoncés successifs, ou bien (schonS) à la sous-classe d'énoncé. L'auteur montre qu'il y a des points de recoupement 43 , mais laisse insatisfait sur ce qui fait l'unité sémantique de la particule. Gornick-Gerhardt (1981) utilise la notion de présupposition pour procéder à des regroupements 44 , mais "präsupponiert" semble compris au sens de "inféré" et non de présupposé. A partir de son signifié "passage du non vrai (à partir d'un univers de croyances distinct de celui de Loc) au vrai" pour P, la particule fait office d'élément renforçateur d'approbation discursive marquant la correction d'un possible 4 5 qui s'exprime dans l'énoncé précédent, ou procède d'une inférence à tirer du co/contexte ; elle introduit une suite correctrice, Loc indiquant que ce qu'il prend en charge (par ex. l'assertion), se distingue de ce que pense possible un énonciateur. Que par l'emploi de schon, particule, Loc envisage le possible dans un univers distinct du sien, par ex. dans celui d'Alloc, apparaît très bien quand il est combiné à un élément introduit par wenn, énoncé asserté qui trace le cadre de l'énonciation subséquente, comme dans l'ex, suivant : 94

Abschließend fragt sie mich listig, ob ich den amerikanischen Anti-Kommunismus für eine Art von Paranoia halte. "Wenn Sie mich schon so fragen - Ja!" erwiderte ich. " (Zeit Nr. 2 26. Januar 1985, 56)

4,}

Gornick-Gerhardt (1981:125) :"Gemeinsamkeiten zwischen den sc/ion-Typen bestehen in zweierlei Hinsicht: einerseits hat schon die Funktion der Bestätigung, andererseits eine Funktion des Widerspruchs." Comment schon peut-il à la fois approuver et contester? Cf. Bublitz (1978:183) : " ...mit schon wird zugleich zugestimmt und widersprochen, wobei der Satz mit schon nur als Begründung für einen Widerspruch dient."

44

Cf. Gornik-Gerhard (1981:125) : "Bezüglich der Funktion der Bestätigung markieren die sc/ion-Typen 1,3,5 und 6 den Inhalt der Äußerung als präsupponiert: dagegen weist schon4 nur die Gründe, die für den dargestellten Sachverhalt sprechen, als präsupponiert aus; während schon2 die prinzipielle Richtigkeit eines vom Hörer gezogenen Schlusses bestätigt und damit also dessen prinzipielle Richtigkeit präsupponiert. Die Funktion des Widerspruchs äußert sich bei schon 1, und schon2 darin, daß der Sprecher mit ihnen einer impliziten Schlußfolgerung des Hörers widerspricht; mit schonZ, schon4 und schon5 richtet er sich gegen eine Meinung, Handlung etc. des Hörers (oder einer dritten Person); mit schon3 kann der Sprecher seinen Widerspruch sowohl gegen eine implizite Schlußfolgerung als auch gegen eine Meinung. Handlung etc. richten." Nous nous inspirons ici pour décrire le sens de schon de la caractérisation de Martin (1983:43) à propos de déjà et encore, qui : "envisagent le possible dans un univers distinct de l'univers actuel" de Loc. "l'univers de ce qui aurait pu être" que Martin appelle "anti-univers".

200 Nous reprenons dans cette optique les différents ex. replacés dans les divers contextes d'emploi répertoriés par Gornik-Gerhardt (1981)cités cidessus : Schon 1 confirme la valeur Ρ vrai de l'assertion précédente en convertissant un posé en présupposé sémantique : - es stimmt schon, daß... mais repousse une proposition potentielle, inférable de cette acceptation, du type : Ich werde also hinfahren. 2 La question précédente à été interprétée 4 6 par Loc comme rhétorique, induisant l'inférence de : Niemand fährt nach Wien..., s'en prenant au présupposé selon lequel : quelqu'un ira au congrès. L'assertion en schon a un aspect polémique. Loc récuse le caractère rhétorique de la question en indiquant une variable qui donne à l'énoncé une valeur de vérité, conformément à la polarité de P. Elle corrige la prise de position implicite : "pour aucun Χ, Ρ vrai". 3 confirme la mise en doute du présupposé sémantique: Meine Stimme kann etwas ändern par rapport à ce qui aurait pu être, d'où l'emploi possible de doch de discordance, dans ce cas: Meine Stimme kann doch nichts ändern, l'adéquation du jugement de Loc à la réalité fait état d'une correction, d'une réorientation, et pas d'une contradiction (schon vs doch). 5 est marqueur d'approbation dans une jussive tournée vers l'exécution immédiate d'une injonction dont l'exécution à été différée. La possibilité que Loc ne soit pas disposé à l'exécuter existe. C'est dans une perspective inverse orientée vers Ja que Loc se place, elle est destinée à rendre caduque la supposition qu'elle puisse ne pas être obéie. 6 dans : wenn schonP/(dann)Q, schon semble se rapprocher d'un graduatif, ainsi que le montre la substitution par sogar. (Ρ, pris en charge par Loc en correction d'un possible, donne des raisons pour accepter Q à plus forte raison). Il paraît possible, malgré une gamme d'emplois hétérogènes, de rendre compte de divers emplois discursifs du mot schon à partir de la description unique comme particule d'approbation discursive correctrice indiquant le passage d'un seuil (du non vrai au vrai). Curieusement - est-ce à cause de la possibilité de confusion avec l'adverbe de temps? - nous ne rencontrons pas d'exemple de demande de confirmation le comportant.

L'enchaînement par X schon fournit ainsi une indication sur la valeur de rhétoricité de la question précédente qui n'apparaît pas dans l'énoncé proprement dit et qui doit être réinterprétée selon le représenté.

201 En revanche, c'est - avec denn - la particule la plus fréquente dans la question rhétorique et elle apparaissent souvent combinée (v. ci-dessous). Ex. de variante scalaire (axe vrai/ faux) : 95

Heute im Zeitalter der prompten Lusterfüllung, wo der Impuls alles, der Formaffekt wenig bedeutet, ist das ganz anders. Wer will schon auf die Nachwelt warten, wer weiß, ob es sie überhaupt noch geben wird. (Zeit Nr 9 9. Febr. 1988, 51)

Variantes avec auto-réponse : 96

Was passierte sonst schon in Bramme? Nichts, was die Welt wissenswert fand. (Ky rei., 83)

Ex. de variante quantifiée (Wer... außer X?) : 97

Rosita: Nannte er sie immer Natercia? Catarina: Es ist merkwürdig, nicht wahr? Rosita: Wer käme schon darauf? Nur ein Dichter? (Eie. Set., 54)

Combinaisons W- denn schon/?W-schon noch? 98

Erich: Und Sarajewo? Und Bosnien- Herzegowina? Rittmeister: Was wissen denn Sie schon vom Weltkrieg, Sie Grünschnabel?! Was Sie in der Schule gelernt haben und sonst nichts. (Hör.Wie., 77) OVas...denn...schon?/= Wenig!;

La question rhétorique ainsi marquée entre dans un schéma argumentatif dans lequel Loc met en regard de la valeur de vérité qu'il envisage, celle antinomique de son allocuté et la question se prête donc à la réfutation. 99

Millau, die Stadt der Lederindustrie, stellte vor allem Handschuhe (etwa für Dior) her; nun ist es arm - wer trägt schon noch Handschuhe?" (Mei. (1986c:ex.489) (/= Fast niemand mehr.;

La valeur de schon marquant qu'un seuil a été franchi, celui de vérification du moment de l'énoncé, entre en contradiction avec la valeur de noch, qui marque l'en-deça du seuil. La configuration W-schon noch? fonctionne donc comme signal de rhétoricité qui résoud la contradiction apparente du signe.

202 3.3.4. Wohl En configuration avec les interrogations en VI (Kommt er wohl noch?), la question est le plus souvent interprétable comme demande de renseignement, avec W-wohl? comme question conjecturale (Was mag wohl darin sein?) et question rhétorique, avec Ob?-Vd? comme question problèmaUsante (Ob er wohl noch kommt?). Wohl apparaît aussi dans l'assertion et l'exclamation. 3.3.4.1. Les modèles d'énoncé Interprétable comme demande de confirmation, déclarative V2wohV>

elle se construit en

100 -"Sie wollen wohl einiges verbessernΤ, fragte die Frau langsam und prüfend... "Ich habe das aus Ihrer Rede geschlossen... Glauben Sie, daß es Ihnen gelingen wird, eine Besserung zu erreichen?" (Kaf Pro., 41) Lortholary ("Le Procès" 1983 Flammarion) traduit la supposition de Loc favorable à Ρ vrai, (qui s'exprime dans V2? renforcé par wohl présomptif), par un conditionnel appuyé par une particule de vérification : "vous voudriez améliorer un peu les choses, n'est-ce pas?" Le fait que la conjecture appelle un acquiescement est corroboré par la poursuite immédiate par Loc de son propre discours, l'énoncé suivant convertit le contenu proposé en présupposé (cf. la reprise anaphorique das.) La configuration wohl + construction déclarative montre que Loc énonce une présomption qui a pour lui une grande probabilité de vérification. C'est bien ce qu'indique le commentaire métadiscursif, dans l'ex, suivant car il met l'accent sur le caractère de préparation à l'assertion de la demande de confirmation précédente, qui n'est "qu'à moitié une question", bonne définition de la demande de confirmation marquée par wohl : 101 "Ich kenne auch seine Frau", sagte K..."Sie ist schön ... aber ein wenig bleich und kränklich. Sie stammt wohl aus dem Schloß?" Das war halb fragend gesagt." (Kaf. Schi. 67) f e i l e est bien 4 7 originaire du château?") Dans QV2?, le facteur discrimant de question est la ponctuation interrogative, mais wohl apparaît aussi bien dans la déclarative comme modiLa traduction de Lortholary (1984) tient compte du commentaire métadiscursif plutôt que du seul wohl, qui signifie à peu près : "je présume".

203 ficateur d'illocution donnant à 1 'assertion une valeur de conjecture que dans l'interrogation, où il renforce la tendance exprimée par V2 4 8 (cf. : Das hat er wohl nicht gewollt? Ce n'est pas ce qu'il voulait, je pense?). Un certain nombre d'auteurs (Doherty (1985), Bublitz (1978: 86) s'accordent à penser que wohl n'est pas employable dans l'interrogation en V I dans une interprétation autre que la requête. Nous avons cité (en 2.4.4.) des ex., considérés par Reiter (1979) et Asbach-Schnitker (1979) comme grammaticaux, que nous analysions comme demande de renseignement à vérité relative. Nous en relevons un ex. dans la littérature populaire, interprétable comme demande de confirmation d'une supposition : 102 Berta Kleinbusch aus Pinneberg, Holstein. "Nach Arenal soll ich hin. Hotel Navarra. Ist das wohl hier richtig?" "Ja", sagte Sonja, "herzlich willkommen". (Mar. Mal.,57) Nos informateurs consultés ne l'acceptent pas sans restriction. A notre avis, cela tient à la façon relâchée de s'exprimer de Berta Kleinbusch, qui aurait dû dire dans un style plus correct : Bin ich hier wohl richtig? Même dans ce cas, l'ordre V I s'impose. Berta pose une question à propos d'une supposition : je suis ici au bon endroit, je pense? Dans ce contexte, il se serait absurde qu'elle se contente d'un simple avis d'Alloc. La question est tendancieuse, elle a un caractère de conjecture. Vlwohl? peut donc, lorsque le con-cotexte s'y prête, être interprété comme question tendancieuse. Wohl fait office de modificateur d'illocution, la question ne pouvant être entendue comme simple demande de renseignement tournée vers une assertion minorée. Il y a, pourtant, des restrictions d'emploi à VlwohU! : ainsi, l'on ne peut modifier systématiquement la place du verbe (VI au lieu de V2), sans obtenir des phrases curieuses, voire agrammaticales (106), l'on en arrive parfois même à changer le sens (105), alors que pour d'autres le changement semble acceptable. Soit à partir des énoncés a) réels, b) construits : 103 a) Sie wollen wohl einiges verbessern? = Vous voulez,sans doute, améliorer certaines choses? (demande de confirmation où la supposition que Ρ est vrai, dans la situation d'énonciation, est très grande)

48

Cf. les études de Reiter (1979) et de Asbach-Schnittker (1979:41) : "Die pragmatische Funktion von wohl wird ... in der Regel dadurch charakterisiert, daß ein Sprecher durch die Verwendung von wohl indiziert, daß er die Richtigkeit der von ihm gemachten Aussage über das Bestehen eines Sachverhalts, das Zutreffen eines Ereignisses, das Sich-Abspielen eines Vorgangs nicht behauptet, sondern als sehr wahrscheinlich vermutet Cf. Bublitz (1978:85) : "Ein Aussagesatz mit wohl wird oft als Frage interpretiert."

204

b) Wollen Sie wohl einiges verbessern? = Voulez-vous bien apporter quelques améliorations? est ou encore, à interprétable comme question tendancieuse cause de la périphrase wollen Sie...?, comme injonction polie ou ironique (intervention d'une implicature), c'est-à-dire comme demande d'agir. 104 a) Du hast wohl viel zu tun? b) Hast du wohl viel zu tun? (Tu as, j e présume, beaucoup à faire?) 105 a)"Es ist wohl schon Mittag vorüber?", fragte an den Weg, en er vorhatte. (Kaf. Sch., 89) (b) Ist Mittag wohl schon vorüber? (a) il est midi passé, je suppose? b) est-il midi passé, à ton avis?)

er in

Gedanken

106 a) Sie waren wohl befreundet mit diesem Hans? b) *Waren Sie wohl befreundet mit diesem Hans? (Vous étiez lié avec ce Hans, je présume?) L'emploi de wohl dans VI avec prise de position de Loc est soumis à des restrictions. Cela tient-il à la difficulté d'emploi des p h r a s e s associant verbe à l'initiale Vlwohll et deixis de l'allocutaire signalée p a r AschbachSchnitker (1979:51)? La raison de ces restrictions doit s a n s doute être recherchée dans le rapport entre supposition préalable et appel interrogatif qui porte sur celle-ci. Lorsque Loc est quasi-certain de la valeur de P, l'interrogation à forme de déclarative, toute prête à la reprise assertive, s'impose ( demande de confirmation). La modalité du "presque certain" marquée par la configuration V2wohV? s'applique à des supputations sur les faits du présent (ex. 103), du passé, ou de l'avenir (cf. ex. ci-dessous)

107 Jänecke: Sie waren wohl befreundet mit diesem Pinneberg: Bin ich noch. (Dor. Kle., 94)

Heilbutt?

Pinneberg corrige l'implication selon laquelle il ne serait plus l'ami de Heilbutt (temps passé), en corroborant la tendance : "(Ja), (das) bin ich noch". Portant sur un contenu futur, wohl présomptif a p p a r a î t en configuration avec werden :

205

108 "Damit ist es für heute genug und wir können uns verabschieden, allerdings nur vorläufig. Sie werden wohl jetzt in die Bank gehen wollen? 'In die Bank?, fragte K, 'ich dachte, ich wäre verhaftet.' " (Kaf. Pro., 16 = je suppose que vous voulez vous rendre à la banque?) Quel est le statut respectif de Loc et à'Alloc dans une interaction amenée par Qwohl? Reiter (1979) décrit le contenu de wohl, particule, comme "eingeschränkte Erkennbarkeit" des interlocuteurs concernant la valeur de vérité du contenu propositionnel. Une telle restriction dans la connaissance de la vérité du contenu n'est pas homogène, elle concerne soit Loc, soit Alloc, soit les deux interlocuteurs. Quatre relations d'interaction peuvent donc se présenter avec Qwohl? en ce qui concerne l'appréhension de la valeur de vérité de Ρ : A. Loc ne connaît pas la réponse, demande à son partenaire de formuler une supposition (il est possible quAlloc ne connaisse pas exactement la réponse) ; c'est ce qui se passe lorsque l'allocuté doit formuler une opinion (contenu passé, présent), faire un pronostic (contenu futur) : 109 Hat die Vorlesung wohl schon angefangen? 110 Wann fängt wohl die Vorlesung an? (wohl = à ton avis,) Β. Loc utilise son savoir partiel pour faire une conjoncture sur la réponse, il demande si sa supposition est juste, car Alloc connaît la réponse. 111 Sie waren wohl befreundet mit diesem Heilbutt? (wohl = sans doute) C. Loc connaît la réponse, pense que l'allocuté ne la connaît probablement pas et lui demande de faire une supposition (assertion conjecturale) : 112 Heute bekam ich ein riesiges Paket und was war wohl drin? (cité par Asbach-Schnitker 1979:50) (Et qu'est-ce qu'il y avait dedans, à ton avis?) i Loc sait que Ρ ii Loc pense qu 'Alloc ne le sait pas iii Loc demande à Alloc ce qu'il suppose. Le déficit cognitif porte sur l'opinion d'Alloc. D. Loc et Alloc connaissent la réponse, même si ce dernier semble l'ignorer (question rhétorique, variante à variable quantifiée avec auto-réponse) :

206 113 "Weiß nicht, ob das bloß Ärger ist", unterbrach ihn der Arzt. "Was?". "Daß sie so wütend das Maul aufreißt". "Woher wissen Sie das?" Seine Stimme klang heiser. "Woher wohl?". Der Arzt stand auf, "von dem Photo". (Erz. 48) (d'où, tu imagines ?J La combinaison Qwohl? selon la configuration dans laquelle elle se présente peut donc donner lieu à des différents types de question (demande de renseignement A, demande de confirmation B, question rhétorique D.)

3.3.4.2. Valeur de wohl dans la demande de confirmation Les présupposés pragmatiques : la) Loc ne dispose pas du renseignement demandé, IeJ Loc pense qu'Alloc est prêt et capable de lui donner le renseignement demandé, formulés à propos de la demande de renseignement (cf. 2.1.) sont modifiés, en particulier e), car Loc admet, grâce à wohl, que son allocuté ne pourra reprendre Ρ à son compte ou l'infirmer avec un degré de certitude absolu. Loc ne se présente pas comme ignorant totalement ce qui fait l'objet de sa question. Wohl est un signe qui introduit dans l'interrogation une conjecture concernant la valeur de vérité de P. Il renforce la tendance véhiculée par une interrogation en V2 pour la prise en charge par Alloc de P/non Ρ vrai (Q?CONF.Ja/Q?CONF.Nein), ou bien exprime cette tendance dans une interrogation en VI (wohl = renforçateur vs modificateur d'illocution.) La question totale en V2 wohl est coorientée au signe de Ρ Par l'intermédiaire de Qwohl?, Loc demande à Alloc de confirmer une présomption qu'il lui soumet. Qwohl? suggère très fortement que Loc s'attend à une réponse qui va dans le sens indiqué par la polarité de Ρ : 114 Dann fragte ich diesen Vater: "Sie sind wohl kein großer Bilderfreund?" (Pie. Wer., 107) (vous n'êtes, sans doute, pas grand amateur de tableaux ?) V2 wohl nicht/kein X? est orienté vers Nein. C'est une question dans la mesure où il subsiste un doute cognitif (valeur commune à tous les énoncés interrogatifs). 115 "Sie kennen im Schloß wohl nur die Büroeinrichtungen", fragte K. -"Ja", sagte der Vorsteher..."Sie sind auch das Wichtigste." (Kaf. Schi., 67)

207 V2 wohl? est orienté vers Ja. Le questionneur oriente l'interaction par la forme de sa question de telle sorte que le vérificateur est amené à répondre dans les limites que le questionneur a déterminées par son intervention 49 . L'interprétation par Alloc de la tendance apparaît très bien lorsqu'il la récuse, ainsi dans : 116 K. fragte: 'Sie kennen wohl den Grafen? "Nein", sagte der Lehrer... K. gab aber nicht nach und fragte weiter: "Wie? Sie kennen den Grafen nicht?" - "Wie sollte ich ihn kennen?" (Kaf. Schi., 14) (comment voudriez-vous que je le connaisse? /= je ne le connais pas.) La question rhétorique revient sur la mention pour la réfuter, (wie... sollte ich?) va en l'encontre de l'orientation coorientée à Ρ qui s'y exprime (K. kennt vermutlich den Grafen). Wohl est combinable avec les modalisateurs du jugement de réalité wirklich/tatsächlich50, qui portent sur le caractère effectif de l'événement : 117 Jachmann: Die Sahne ist ja doch weg, Lämmchen, wenn man an die Fünfzig kommt. Blaue Milch, Magermilch, Gelabber. Und Sie kommen ja wohl wirklich nicht für mich in Frage, Lämmchen? Lämmchen: Nein, Jachmann, wirklich nicht. (Dor.Kle., 124) Dans l'interrogation en V2, ci-dessus, la combinaison de la particule ja, signalant la superposition des deux univers de croyance, de wohl présomptif et du modalisateur wirklich, invitant Alloc à se placer au plan de la réalité pour corroborer la supposition par une assertion , renforce la supposition que non Ρ correspond à une réalité. La question, cependant, comporte une petite part de doute, si faible soit-il. Loc fait une supposition sur le caractère effectif de non P. La fonction communicative de wohl, que ce soit dans la phrase déclarative ou interrogative, est à rapprocher de celle de certaines formes La présence de wohl produit un effet d'atténuation de la mise en demeure de se prononcer sur la vérité de P, ce qui, dit Reiter (1979) permet de rendre la question plus "polie". Ceux-ci sont dits "transparents" (cf. Doherty 1985), c'est-à-dire qu'ils donnent une indication précise sur le caractère effectif de P, par opposition aux modalisateurs "opaques" comme wahrscheinlich., vermutlich, sicher..., qui portent sur la vérité du dire, sans donner une information tranchée. Wohl présente une affinité sémantique avec les modalisateurs opaques et l'on rencontre les suites : wohl sicher/wohl vermutlich/wohl wahrscheinlich.

208 verbales (verbes de pensée à la première et deuxième personne) indiquant l'attitude propositionelle : - ich nehme an/vermute...? ou bien, avec deixis de l'allocutaire : - du nimmst an, du vermutest...? Ces formes verbales expriment un univers de croyance, donc une connaissance restreinte de Loc/d'Alloc, ou des deux, concernant la vérité d'un événement. S'il s'agit bien avec wohl de formuler une présomption sur la vérité de P, pourquoi apparaît-il, à l'occasion, combiné à glaubst du, pendant d'une assertion avec deixis de Loc, comme dans l'ex, suivant? : 118 "Glaubst du wohl", sagte sie, "daß es irgendetwas geben kann, das man sich nur ausdenktΤ "Das ist wohl 51 unmöglich", sagte er, "denn was in uns ist, muß auch außerhalb von uns da sein." (Kas. Sta., 256) Wohl peut redescendre dans le daß-Satz. La question peut-être interprétée comme : "Gibt es wohl irgendetwas, daß man sich nur ausdenkt, glaubst du?" (Crois-tu, qu'il puisse exister quelque chose que l'on ne peut que se représenter ?) La valeur de vérité subjective s'applique au daß-Satz présenté comme conviction subjectivement assumée 52 . La base d'incidence n'est donc pas la même, la question concernant l'univers de croyance d'Alloc porte sur un événement du monde qui présente pour Loc quelque vraisemblance (wohl). Alloc est requis de se prononcer selon sa conviction propre. L'ajout d'une particule de vérification soulignant l'appel interrogatif est possible dans toute interrogation en V2, donc s'applique ici tout naturellement : 119 "Willst du noch etwas spazieren gehenΤ "Ja, Törleß wird wohl noch zu tun haben, was?" (Mus. Tör., 67)

On remarque la reprise possible de wohl dans la réponse qui marque l'absence de certitude sur le contenu de l'assertion, fait qu'on n'observe pas pour les autres particules de demande de confirmation (a), mais qui est caractéristique des modalisateurs, ce qui la rapproche de ceux-ci : a) Hängt das Bild auch nicht zu hoch ? -*Ja, es hängt auch zu hoch. b ) Wird es ihm sicher gelingen? -Aber sicher. Paul (1920:751) cite un ex. parallèle avec ce commentaire : "Wohl drückt nicht die Unsicherheit des Satzes glaubst du aus..., wohl bezieht sich auf den aus dem Zusammenhang zu ergänzenden Inhalt dessen, was man glaubt."

209 En acceptant l'invitation de son ami, Beineberg adresse au tiers présent une question tournée vers la corroboration de la supposition qui s'y énonce (Ich denke ja). On pourrait décrire ainsi les opérations mises en jeu pour la demande de confirmation d'une conjecture signalée par wohl : i ich weiß nicht, ob Ρ oder nicht Ρ ii ich vermute, daß P/nonP iii bestätigen Sie diese Vermutung?

3.3.4.3. Caractéristiques discursives de Qwohl? On peut comparer l'effet de Qwohl? en réponse (question en retour), l'informateur Β ne connaissant pas l'information demandée mais proposant une conjecture sur celle-ci, dans : 120 A: Warum steht der Kuchen hier? Β: Du sollst ihn wohl essen? (/= Du sollst ihn essen, nehme ich an?) à celui de la question comme acte initial introduisant l'interaction, présentant une supposition à confirmer : 121 "Daß ich entschlossen bin, dies, so weit es an mir liegt, auf keinen Fall zuzulassen, das werden Sie wohl verstehen? 'Gewiß, sagte K." (Kaf. Sch., 69) (je suppose que vous le comprenez?) Dans la réponse confirmant la tendance figurent alors souvent, comme cidessus et ci-dessous, des modalisateurs assertant Ρ avec la force de ce qui est évidemment vrai : 122 'Jetzt fährst du wohl gleich wieder aufs Land hinaus?" fügte er hinzu. 'Natürlich", erwiderte Georg. (Sch. Weg, 269) L'interrogation en %oohl est ancrée dans le contexte antérieur, quand le stimulus suscitant la supposition qu 'Alloc est invité à corroborer apparaît, mais ce n'est pas sytématique, ainsi que le montre l'ex, précédent : 123 Albert: Ich glaube, du bekommst ein ganz anderes Gesicht, wenn man mit dir über gewisse sexuelle Dinge spricht. Lotte: Red doch nicht so viel darüber!

210 Albert: Willst wohl nicht sexuell mit mir reden, nein? Lotte: Schon. Aber... (Str. Oro., 208) L'interdiction de parler sur ce siyet amène Albert à proposer une conjecture sur ce qui la motive. L'ellipse du pronom siyet de 2ème pers. (du) willst (Pseudo VI) est évidente, Qwohll est assortie d'une particule de vérification, queue de question qui en réitère la valeur négative. Schon d'affirmation restreinte (pro-énoncé) montre que la question précédente est tendancieuse. Dans l'ex, suivant, la plainte de sa logeuse motive la conjecture de K., orientée vers Ρ vrai : 124 "Es gibt viel Arbeit", sagte sie, "während des Tages gehöre ich den Mietern; wenn ich meine Sachen in Ordnung bringen will, bleiben mir nur die Abende". "Ich habe Ihnen heute wohl noch eine außergewöhnliche Arbeit gemacht"Wieso denn?", fragte sie... "Ich meine, die Männer, die heute früh hier waren." (Kaf. Pro. 19) Dans l'ex, ci-dessous, la demande de confirmation d'une supputation est rattachée à l'information précédente, qui justifie la question : 125 -Fast hätte ich das vergessen, hier ist noch ein Brief für Frau Sauerbier. Die ist wohl nicht zu Hause ? Nein, die ist verreist, (cité par Bublitz 1978:85) La question est orientée vers le faux. Il n'y a aucune indication dans l'avant-texte motivant la supposition de non Ρ vrai, qui découle de la connaissance du monde de référence. 3.3.4.4. Autres valeurs illocutoires de Qwohl? Wohl apparaît avec verbe dernier dans des structures indiquant une question émise (non adressée), construction qui caractérise certaines questions problématisantes, comme : Ob/W- wohl Vd/W-V2? 126 Ob sie (die wenigen Mädchen und Frauen) wohl wußten, daß jede Beschleunigung, die sie veranlassten, für die ungezählten Arbeitsgeschöpfe draußen auf den Geröllfeldem eine kaum erträgliche Steigerung von Mehrleistung bedeutete?... "Ich verstehe nicht", sagte der Archivar, der sich in den Bil-

211 dem seiner Gedanken nicht zurechtfand, "ich verstehe nicht die ständige Beschleunigung der Arbeit". (Kas. Sta., 205) 127 Wo ich morgen um diese Zeit wohl bin? (/= ich frage mich, wo ich morgen um diese Zeit bin.) Loc dit, ou se dit (ex. 126) (la pensée représente un énoncé sans énonciation), qu'il a cette proposition en tête et il l'examine sur le mode conjectural. La configuration ob (marqueur d'indécidabilité)/ mot interrogatif en W- (marqueur d'indétermination), point d'interrogation, et verbe dernier à l'indicatif 53 sont, comme énoncé initial, la marque d'une question que l'on se pose à soi-même, sans pouvoir y répondre. Les structures interrogatives adressées à un allocuté à verbe dernier sont des questions en retour. 128 Franz, wenn ich daran denke, mag ich schon überhaupt nicht mehr. Ich muß oft daran denken. Franz: Was wohl nachher kommt? (Fas. Tro., 32) La question problématisante peut se présenter aussi comme question en W-V2 : 129 Auch die New York Times stellte in einem Jubileumsartikel zum Crash bange Fragen : Was würde wohl passieren, wenn einige Großanleger sich entschlössen, Knall auf Fall aus dem Aktienmarkt auszusteigen? Wer sollte dann wohl auf der anderen Seite stehen und Aktien kaufen? Das Blatt wußte darauf kein Antwort Dans tous ces cas, la question porte sur une conjecture (marqueur wohl). VI wohl? Le haut-degré de probabilité que l'attente coorientée à la polarité de Ρ soit comblée rend Qwohl? apte à être interprété, en rapport avec le représenté, comme expression conventionnelle de la requête (acte dérivé).

Ob et verbe dernier au subjonctif 1 sont la marque d'une question rapportée (interrogation indirecte), ex. : Das Privileg, reisen eu können, das er (Stephan Hermlin) als offizieller Schriftsteller genossen habe - ob das wohl die Schuld daran trage, wenn er bei der Bevölkerung der DDR heute so unbeliebt sei? Als Max Ophüls in seinem Dokumentarfil "Novembertage" dem Dichter Stephan Hermlin diese Frage stellt..., verliert dieser für einen pikierten Moment sichtbarlich die Fassung. (Zeit Nr. 50 7. Nov. 1990, 59.)

212 Dans la configuration - Haben Sie wohl/Werden/Würden Sie/Könnten Sie wohl (mal)...?, Loc présente poliment le contenu de Ρ comme une éventualité favorable à l'acquiescement. 130 Haben Sie wohl die Weinkarte? 131 Würden Sie wohl mal dieses Bild zeigen? 132 "Machst/wirst du wohl deine Schulaufgaben machen? (ex. cité par Weygand 1989:281) (/= Sie forderte sie barsch auf...) Grâce à wohl, Loc oriente explicitement sa question vers une réponse affirmative. Les questions en Q-wohl?, interprétables comme requête, sont plus polies que les questions correspondantes sans wohl. Cet opérateur induit un effet d'atténuation favorable au bon accueil de la requête : 133 - Hast du wohl ein Taschentuch für

mich?

134 - Könntest du mir jetzt wohl helfen? En donnant à entendre qu'il ne formule qu'une supposition, Loc rend le refus moins abrupt. L'ordre V1/V2 est lié à une différence de force illocutoire Vlwohl? prend valeur de requête polie et se distingue de V2wohl? présentant les mêmes constituants : 135 Sie haben wohl die Weinkarte?, V2wohl? se présente comme demande de confirmation de Ρ vrai, expression plus "directe" de l'orientation vers une acceptation de Ρ vrai, la question étant interprétée comme requête plus instante. Cependant, wohl s'emploie aussi dans les questions qui servent, dans une situation concrète, à l'admonestation, au rappel à l'ordre rudes, 136 Wirst du wohl die Klappe halten? Loc demandant parfois confirmation d'une supposition défavorable à Alloc, voire absurde : 137 Wo ist deine Jacke? Du willst wohl eine Erkältung

kriegen?

L'énoncé, en présentant le faux comme une supposition dont Loc demande confirmation (procédé de la question contradictoire), doit être

213 pris à contre-pied de ce qu'il exprime littéralement. C'est un type de question à valeur rhétorique, Loc connaissant la réponse et sachant qu'Alloc la connaît aussi. Qwohl? apparaît donc volontiers dans les questions à valeur directive destinées à activer Alloc pour qu'il fasse cesser un état de choses. Selon le commentaire de Thurmair (1989:144), il s'agit là de : "Aufforderungen mit einem drohenden oder auch beschwörenden Unterton". II est normal que wohl serve d'indice à la demande d'agir dans une question placée dans un certain contexte, puisqu'il est associé à une même périphrase qui apparaît dans un énoncé injonctif : 138 Willst du wohl sofort aufhören! (Veux-tu bien t'arrêter !) Associée à l'exclamation, totale que partielle :

wohl apparaît aussi bien dans l'exclamative

139 Du bist wohl verrückt! Wie sieht der jetzt wohl aus! Was das wohl wieder kosten wird! Was der wohl wieder vorhat! Loc déclare injustifiée l'assertion conjecturale (V2wohl), ou la mise en débat interrogative (w-wohl), qui se heurtent à l'évidence des faits 54 . Le contenu de Ρ est toujours négativement connoté. Lorsque l'interrogation subsiste, Loc présente un contenu comme supposition injurieuse dans l'ex. 140 : 140 Bei dir ist wohl eine Schraube

locker?

141 Du spinnst wohl, was? Asbach-Schnitker (1979) note qu'il y a, avec l'exclamation, des constructions impossibles : "Wie ist er wohl müde! *Wie arbeitet er wohl langsam! mais il faut tout simplement, changer l'ordre des mots pour les rendre acceptables, car il s'agit d'exclamations graduelles (portant sur un écart quantitatif) : Wie er wohl müde sein mag/wird! Wie müde er wohl ist! " D i e Partikel w i r d v e r w e n d e t , u m zu unterstreichen, d a ß es sich nicht u m e i n f a c h e Feststellungen

handelt, s o n d e r n

abweichungen." (Asbach-Schnitker

1979:53)

u m subjektiv festgestellte N o r m -

oder

Erwartungs-

214

Wie langsam er wohl arbeitet! Wohl y est employable quand Loe se pose d'abord une question à luimême ; le parcours des possibles concernant la valeur de vérité de Ρ va de la supputation à l'admission sans réserve de Ρ vrai, contenu imposé par le réel.

3.3.4.5. Traductions en français de wohl Les questions que l'on se pose sur la nature de ce terme (particule illocutoire vecteur de l'attitude propositionnelle orientant la réponse vers l'approbation, modalisateur... ) se reflètent dans la diversité des traductions en français de ce terme par un équivalent (modalisateur / verbe de modalisation / introducteur épistémique). En voici quelques ex. : 142 Alle sahen ihm wohl nach und wunderten sich wie ihr Vorgesetzter lief. (Kaf. Pro., 29) (passage en discours indirect libre, tous le suivaient sûrement des yeux, "Le Procès" Flammarion 1983, 73) 143 "Sie sind wohl sehr froh, daß Ihr Prozeß schon so weit fortgeschritten ist?Jragte K." (Kaf.Pro., 129) (vous devez être content ...? Flammarion 1983:217) 144 Flake: Daß wir im Trust dir helfen wollen könnten, daran denkst du wohl gar nicht? (Bre. Ui., 690) (tu parais oublier, que le trust veut te rendre service? "Arturo Ui" l'Arche 1959:16 ; 145 'Daß ich entschlossen bin, dies, so weit es an mir liegt, auf keinen Fall zuzulassen, das werden Sie wohl verstehen? 'Gewiß, sagte K. " (Kaf.Sch., 64) (je suppose que vous le comprendrez?, Flammarion 1983:98) Une autre traduction proche de l'effet de wohl, dans V2 wohl? est celle par la queue de question (particule de vérification), on remarque dans cette traduction le conditionnel, qui exprime explicitement en français l'orientation positive :

215

146 "Sie wollen hier wohl einiges verbessern" fragte die Frau langsam und prüfend... "Ich habe das aus Ihrer Rede geschlossen. " (Kaf.Proz., 41) n'est-ce pas?)

(Vous

voudriez

améliorer

les

choses

ici,

3.3.5. Mal Dans les questions à effet directif (demande d'agir), la particule illocutoire mal, renvoyant à un réfèrent temporel unique susceptible de valider le rapport thème/rhème, se combine à V2 comme demande de confirmation, pour indiquer l'attente positive, elle marque une demande d'agir non impérative dont Thurmair (1989) glose ainsi la valeur : "das macht keine Mühe", accéder à la demande ne pose pas de difficulté : 147 Möchten Sie mal die Tafel abwischen? En voici un exemple attesté avec einmal, la forme complète indiquant un niveau de langue plus officiel : 148 Der Chefarzt sitzt hinter seinem Schreibtisch und blättert in Hoff manns Akte. Scholz (der Kommissär) hat seiner Aufforderung, sich zu setzen, nicht Folge geleistet. Chefarzt: Kann ich den Haftbefehl einmal sehen? Scholz holt ihn aus seiner Aktentasche und gibt ihn dem Chefarzt, der das Schrifstück überfliegt. (Sch. Mes., 32) L a périphrase Kann...ich, accompagnée de (ein)mal, est une configuration conventionnelle interprétée, en rapport avec le représenté, comme demande de permission tendancieuse (orientée vers ja).

3.3.6. Effet discursif des particules illocutoires dans Q? Les interrogations, renforcées par des marqueurs d'orientation, sont le signal d'un comportement langagier qui induit ou précise certaines relations de pouvoir et d'entente entre les interactants, qui s'installent par la parole. Il s'agit, dans tous les cas, pour le locuteur de restreindre le choix de l'allocuté, l'"autre" étant, malgré tout, placé dans la position de vérificateur (recherche du consensus, de la connivence) ; c'est entre ces deux pôles (prise de pouvoir et recherche d'entente) que s'établit sans cesse une relation dialectique. Pour ce qui est de la direction de l'interaction langagière dans un certain sens, indication à quoi contribuent éminement les particules illocutoires, nous remarquons une différence de degré de contrôle du processus

216 d'interlocution entre la question tendancieuse et la question rhétorique. La question tendancieuse laisse ouverte la possibilité pour Alloc de refuser la tendance évoquée, alors que la question rhétorique ne lui en laisse plus le loisir, la réponse étant pour Loc évidente. Les interrogations partielles, c'est-à-dire celles dans lesquelles Loc ignore peu de choses (question sur une variable susceptible de rendre l'énoncé vrai) mais dispose déjà d'information, sont, lorsque y figurent les particules illocutoires auch, schon, le plus souvent d'interprétation rhétorique. Nous avons évoqué dans le chapitre 2 celles qui accompagnent la demande de renseignement partielle (eigentlich, überhaupt, bloß, nur, wohl). Doch et etwa, en revanche, n'entrent jamais dans une question partielle, car ils induisent l'alternative entre la valeur vrai/faux qui ne convient qu'à la question totale. Les interrogations totales de demandes de confirmation marquées par doch, wohl, sont caractérisées par l'ordre V2? La particule ja fonctionne avec l'interrogation du moment que celle-ci est en V2, a donc la forme déclarative et est tournée vers l'approbation de Ρ vrai (superposition des universe de croyance). Elle indique la supposition de Loc, selon laquelle un accord sur Ρ est possible. Vlwohl? est exceptionnellement décodé comme question avec attente d'une réponse positive, tandis que Vlauch? est la forme normale d'une demande de confirmation qui se signale comme en concordance avec ce qui précède, au contraire de Vletwa?, qui, en entourage marqué, apparaît comme question dont on ne pensait pas qu'elle dût être posée vu l'inactualité de son contenu. L'emploi de schon en configuration avec Vil comme particule d'approbation discursive est nul, par rapport à doch accentué, avec lequel elle présente une affinité sémantique. Il semble qu'il y ait ici complémentarité : doch marquant dans la demande de confirmation en Vêdoch? la tension vers le dépassement d'une controverse pour un contenu que Loc suppose acquis, alors que sa supposition s'affaiblit dans Vl'doch? ; doch n'est pas utilisé dans un énoncé en W-?, d'interprétation rhétorique. En revanche schon est exclusivement et ce grâce à son sémantisme - il affirme et corrige - employé pour une interrogation en W-, généralement d'interprétation rhétorique. Il semble qu'on peut parler ici d'une distribution complémentaire. Seul wohl, particule de l'affirmation restreinte, est utilisable, sans restriction dans la forme de l'énoncé, comme marque de cor\jecture, aussi bien dans la demande de confirmation en VI, en V2, que dans la demande de renseignement en VI-/W-? ainsi que comme question émise (question problématisante ou délibérative) : "Bin ich hier wohl richtig?, Du bist wohl müde?, "Wer mag das wohl sein?" "Ob wir wohl in den Himmel kommen?" ou dans une question rhétorique : " Woher weißt du das? - Woher wohlT

217 Si l'on plaçait les particules illocutoires de la question tendancieuse sur une échelle décroissante allant du vrai au faux, on pourrait les distribuer selon l'univers de croyance manifesté par Loc comme dans le tableau 3. Tableau 3

+ faux

+vrai

1 1

ajout conforme à ce qui précède

fait acquis

probable

possible

virtuel

auch

doch

wohl

vielleicht

etwa

Dans l'interprétation rhétorique, c'est au pôle opposé dans l'échelle de vérité que l'allocuté est renvoyé (inversion de polarité). 3.4. L'interronégative suggérant une réponse positive 3.4.1. Nicht opérateur de rejet On peut distinguer en allemand deux grandes catégories d'interronégatives qui indiquent une orientation de la réponse : - Vlnicht..?, avec nicht atone, qui s'utilise quand on veut voir confirmer la valeur positive de non Ρ : Ist Herr Müller nicht hier? - Doch, tatsächlich. - Y2nicht...? qui appelle confirmation de la valeur négative présentée dans P. Sie waren bei der Einweihung nicht zugegen? - Nein. De ce type de question tendancieuse, on peut distinguer la variante emphatique VI"nicht avec accent d'insistance (v. 2.2.1.2.), qui véhicule des indications supplémentaires sur l'attente de Loc, celui-ci s'attendait tout d'abord à Ρ vrai, alors que maintenant il a un doute : 149 "Wer bist dur 'Du erkennst mich 'So", sagte K. (Kaf. Sch. 321)

nicht? Jeremias,

dein

alter

Gehilfe".

218 Nous considérons que la configuration Vlnicht? 55 , avec nicht accentué normalement, vaut comme demande de renseignement biaisée (v.2.2.1.) avec un co-texte précédent marqué pour une inférence négative. V2nicht? à orientation positive n'apparaît que dans la question avec périphrase interprétée comme requête polie : Sie vrissen nicht (zufällig), ob...) 150 Volker: Sie wissen nicht zufällig, wo sich dieser Kollege aufhält? (Sch. Mes., 16) ('vous ne sauriez-pas par hasard, où...?) Nous nous intéressons maintenant à la configuration interronégative de forme Vlnicht?, qui introduit l'attente d'une réponse positive (valeur Q?Covf.Ja). Caractéristiques Nicht portant sur l'illocution se distingue de la négation portant sur le prédicat par sa non-accentuation à l'oral, il est modificateur d'illocution. Nicht, modificateur d'illocution, se distingue de la négation propositionnelle par sa possibilité de placement précoce avant les particules d'illocution ; il se place, en position axiale, avant les adverbes. Les énoncés de forme interronégative servent à indiquer une demande de corifirmation positive, à partir d'un certain con-cotexte : Glose : Ich frage : ist es nicht der Fall, daß P? La base d'incidence de la négation peut être illocutoire, la négation porte sur l'acte interrogatif (ci-dessus) ou propositionnelle (ci-dessous). Glose: Ich frage : ist es der Fall, daß nicht P? La phrase négative (négation illocutoire) a alors un sens positif. Nicht illocutoire est, par rapport à la négation de phrase, un mot qui peut aussi bien apparaître en position précoce (avant le sujet) qu'en position tardive, en fin d'énoncé. L'énoncé est plus facilement repéré avec son sens inversif, lorque la négation est précoce (Pérennec 1986:199). Cette dernière se distingue structurellement et sémantiquement de QÎCONF.Nein, car la question biaisée accepte que l'on envisage l'alternative dans la foulée. Ceci n'est envisageable, dans la question tendancieuse qu'en créant une pause entre les deux énoncés (orientation négative proposée à l'assentiment, puis sollicitation d'une contre-argumentation éventuelle.) Demande de renseignement biaisée exprimant l'alternative : Sie haben heute abend noch viel zu tun, haben Sie gesagt ; Kommen Sie nicht ins Kino, oder doch? L'alternative dans la foulée envisage l'hypothèse contraire à non P posée dans Vlnicht? Demande de confirmation COΝF. Nein : Sie kommen heute abend nicht ins Kino (nehme ich an)? Oder (kommen Sie)'doch? Elle présente une suite de deux questions, l'une orientée vers : Nein\, l'autre proposant une alternative.

219 Voici deux ex. où nicht se place après VI et précède le sujet, à l'instar d'une particule d'illocution ou d'un modalisateur : 151 "Hatte nicht der alte Mann sich den Tod geholt, dadurch daß...? CKalendergeschichten" Brecht, cité par Faucher 1984:184) 152 "Da klopfte es mit einigen starken Schlägen an die Seitenwand. K. schrak auf. 'Ist nicht der Landvermesser dortΤ fragte er. "Ja", sagte Bürgel. (Kaf. Sch. 253) ÇN'est-ce pas le géomètre qui est là ?" "Si", dit Bürgel.) On peut comparer cet ex. à : 1st vielleicht der Landvermesser dort?, question qui, argumentativement, malgré l'opérateur d'indécidabilité, peut donner à entendre qu'AMoc s'attend à ce que ce soit le cas. L'orientation positive est indiquée dans Vlnicht?, elle n'est pas le résultat d'une interprétation, comme l'est Vlvielleicht? ci-dessus. L'ex, ci-dessus nous montre qu'un autre critère de distinction de la négation comme modificateur d'illocution, par rapport à celle qui porte sur le prédicat, concerne le rapport à la réponse. Ja seul en réponse est alors possible et corrobore la tendance. Nicht portant sur l'acte interrogatif est combinable avec les particules illocutoires qui orientent la réponse vers l'approbation : Nicht auch/wohl, ou celles qui indiquent que l'énoncé ne peut être asserté, ou que le contenu n'est pas actuel : Nicht vielleicht/etwa? L'opérateur du rejet est généralement nicht, mais la négation dans la question orientée peut prendre également la forme de l'indéfini négatif kein : 153 Jan: Aber hat uns kein Eichhörnchen einen Brief zugesteckt? Jennifer: Ich habe nichts gemerkt. (Bac.Got., 211) 154 Spiegel: Hast du keine Angst vor AIDS? Brigitte: Wahnsinnig! (Spiegel Nr.30 25. Juli 1988, 48) (orientation du Spiegel : Du hast doch Angst vor AIDS?) questions qui signifient : Ist es nicht der Fall, daß uns ein Eichhörnchen einen Brief zugesteckt hat/ daß du Angst hast? Elle se combine avec les lexèmes à polarité positive schon, noch, sogar, selbst (cf. Kürschner (1983:82, 123)) :

220

α

Wohnen Sie nicht noch in Freiburg? wohnen noch in Freiburg? )

(orientation : Sie

b

Wohnen Sie nicht schon in Freiburg? wohnen schon in Freiburg?)

(orientation : Sie

c

Hat nicht sogar Helmut Lothar gratuliert? sogar Helmut hat ihm gratuliert.)

d

Schien nicht selbst die christliche Religion in Griechenland schon vorgebildet? (orientation : Ja, selbst die christliche Religion schien vorgebildet zu sein.)

(orientation : ja,

etc... Le problème qui se pose ici est celui de la description du morphème nicht qui donne lieu à deux types de traitement : 1/ ou bien on considère que la diversité des emplois est telle qu'il vaut mieux distinguer deux lexèmes, 2/ ou bien on opte pour un lexème unique dont les divers emplois produisent des effets de sens spécifiques. 1/ Franck (1979:9) distingue deux nicht, l'un est décrit sémantiquement comme "abtönend", l'autre dans sa particularité logique "propositional verstanden zu werden". Nicht d'"appréciation" est atone, tandis que nicht propositionnel est accentuable. Cependant l'accentuation est un critère peu fiable car il dépend de nombreux paramètres (présence de certains autres lexèmes dans : wohnen Sie (immer) 'noch nicht in Freiburg?, noch est accentué et pas nicht, pourtant négation propositionnelle), possibilité d'accentuation contrastive... 2/ Doherty (1985:18) compte nicht (opposé au zéro de la phrase au positif) parmi les opérateurs épistémiques exprimant une prise de position par rapport à la vérité de l'énoncé. Elle n'évoque pas le cas des énoncés positifs comportant une négation. Kürschner (1983:32-33) critique la distinction faite par HelbigBuscha (1972) d'homonymes, c'est-à-dire d'un nicht, qui sert à la négation et d'un nicht particule, qui ne sert pas à nier et apparaît par ex. dans : - l'exclamation Was weiß er nicht alles! "Aber verachtet uns nicht alles!" (Kaf. Sch., 191) - la question Kannst du mir nicht helfen?

221

Kürschner (1983:14) préfère parler dans ce cas d'une négation polysémique, d'une unité de sens, observant que la négation se combine, quel que soit son emploi, avec les lexèmes polarisés négativement 56 . Pérennec 5 7 (1986:180) propose également une description unique de la négation. Il nous semble, comme cet auteur, raisonnable d'envisager l'acte de nier comme unique, en notant que ce qui diffère, c'est "le statut syntaxique des paradigmes textuels dont sont extraits les éléments placés sous la portée de la négation." (Pérennec (1986:183). L'invariant de sens du négateur proposé par ce linguiste est la notion de "rejet". Les différences tiennent donc à ce sur quoi porte la négation. Nous défendons l'idée d'une description unique d'un même mot qui pourrait rendre compte d'emplois discursifs divers. Nicht ne peut échapper à cette règle. L'interronégative interprétable comme demande de confirmation orientée vers Ja peut-elle être traitée dans le cadre de cette hypothèse? L'analyse des ex. suivants va nous permettre de le préciser : 155 Mandl: Ich glaube, wir können für heute Schluß machen. Anna (lachend): Ich habe nichts dagegen, wir sind in den letzten Tagen immer solange da geblieben. Sind Sie nicht sowieso schon sehr überarbeitet? Sie sehen so blaß aus, Herr Mandl? (Ges., 179) Le négateur rejette une suite potentielle à "Wir sind in den letzten Tagen immer so lange da geblieben" du type : "c'est à cause de cela que vous avez l'air surmené", "suite isotope", pour proposer la suggestion d'un surmenage qui vient de plus loin (sowieso), dont la plausibilité paraît très grande au questionneur dans ce contexte, il la renforce par une justification ("Sie sehen so blaß aus"), c'est donc une portion d'énoncé fictive, mais inférable du contexte (nicht nur deswegen (Arbeit in den letzten Tagen) qui serait niée" pour mieux mettre en relief la proposition contradictoire (Sie sind sowieso schon sehr überarbeitet") comme appel à la confirmation positive.

"In bezug auf negativ-polare Lexeme können sie (nicht und andere Negativa) in diesen Sätzen (Interrogativsätzen) dasselbe Kookurrenzverhältnis aufweisen wie in anderen Satztypen." (Kürschner 1983:123). "la proposition négative se présente comme la contradictoire d'une proposition potentielle inférable du contexte discursif... En produisant des énoncés négatifs, l'énonciateur rejette une continuation possible."

222

156 Und von einem anderen Zettel liest er also: Die ägyptische Finsternis. "Ist das nicht deine Schrift ? Hast du das hingeschrieben?" 'Da ich nicht antworte, sagt Ivan. "Das gefällt mir nicht". (Bac. Mal. 54) Est rejetée par la négation une dénégation potentielle de l'allocutaire (= Tu ne vas pas me dire que ce n'est pas ton écriture?) L'interronégative et l'interropositive qui suit sont en relation de paraphrase. La seconde interrogation est une reprise de la première et doit être interprétée, dans ce contexte, comme suggestion que c'est bien le cas, malgré la forme neutre en VIP? Cette solution de subsumer la diversité des emplois sous un acte unique de négation, dont la spécificité apparaît ici comme rejet d'une inférence textuelle dans l'objectif de réorientation du discours dans un certain sens, nous semble justifier le rapprochement de la négation avec les opérations de modalisation de l'énoncé, grâce à des opérateurs comme gewiß, sicher... qui servent également de signes de souscription à la vérité. La négation consiste, dans le cas des interronégatives à interprétation positive, à rejeter un élément potentiel inférable à partir des énoncés précédents ou du contexte et générateur d'isotopie. La question de forme négative revient, d'une certaine façon, à proposer au jugement de l'allocuté un contenu faux avec la polarité qu'il a, en le plaçant sous le contrôle du vérificateur. A la différence de l'interronégative qui est une invitation à se prononcer sur la proposition négative qui a quelque chance d'être vraie (spéculation sur la vérité de la proposition négative), elle représente un appel à la confirmation positive. L'orientation positive s'explique par un phénomène semblable à celui d'une double négation, l'opérateur de "rejet" nicht se combine à la configuration du "doute cognitif (VI?), / rejet + doute cognitif/ valant implication positive. Cet effet semblable à celui d'une double négation apparaît bien dans l'interprétation rhétorique qui indique que la constatation positive inverse est adéquate. L'inversion de polarité donnée pour un fait caractéristique de la question rhétorique : "Avec la négation elle affirme, sans négation elle nie" (Fontanier 1821:369) est un phénomène plus général qui apparaît aussi dans l'interronégative tendancieuse. Elle représente un mécanisme argumentatif spécifique par lequel Loc propose au vérificateur une proposition dont il suppose la fausseté avec cette polarité qu'elle a. L'effet de l'opérateur de rejet est, en l'occurrence, comparable à celui des particules illocutoires orientant vers la poursuite dans un certains sens, sans qu'il soit licite pour autant de les confondre. Doherty (1985) rassemble sous le terme d"opérateurs épistémiques" : négation, zéro correspondant à la forme positive de la phrase (éléments

223 phrastiques), particules illocutoires, qui relient une interrogation à l'avant-texte et à la réponse et modalisateurs, leur insertion dans Ρ indiquant une attitude propositionelle de hoc ; il serait d'ailleurs nécessaire d' ajouter par ex., les verbes d'opinion ou de modalité à la première et deuxième personne, indiquant l'univers de croyance. Il s'agit là d'éléments de nature hétérogène qui opèrent, tantôt au niveau de la proposition, tantôt au niveau illocutoire, mais exercent une fonction pragmatique analogue, celle de relier entre eux des énoncés d'une certaine façon en orientant le discours. Ils se répartissent sur différentes classes de mots, ont divers emplois, et exercent leur influence à différents niveaux ; on ne peut donc les réunir dans une classe, par ex. celle des "mots de discours" que sur le seul critère de "fonctionnement dans la communication". Tableau 4 ! Demande de confirmation positive

1 1 1 infîrmation | 1 1 Nein ! Nein I

1 I Réaction 1 approbation ι I

I -Du hast d a s (sicher) hingeschrieben? 1 -Hast du das nicht (noch/sogar) hingeschrieben? 1

I demande de confirmation négative 1

! 1 ι

Ja Ja/Doch I

¡

I

I

! -Du hast das (sicher) nicht hingeschrieben?

I

¡

I

1

I I

! ι

Nein

Doch

!

!

Nein

Doch

!

I

! -Hast du das (tatsächlich) 'nicht hingeschrieben? 1 (attente actuelle qui s'oppose à une croyance 1 antérieure : er hat das hingeschrieben)

ι I

¡

I I1

ι I

I Iι

3.4.2. Valeur énonciative Vlnichfí 1 /Nicht dans la demande de confirmation

CONF.Ja

157 Endlich hinter Ziegevfeìfd wurden die Mittelgebirge brauchbar für A.P. Roll und das Team und die Dreharbeiten. "Ist es hier nicht so ähnlich, uñe Sie es beschrieben haben?"... Plath wollte beides dringend : widersprechen und zustimmen. Er entschied sich für die Zustimmung. (Woh. Geh., 5) "Es ist hier so ähnlich, wie Sie es beschrieben haben" est proposé à l'approbation de Plath en proie à l'irrésolution, orientation préparée par le commentaire : "Für... wurden die Mittelgebirge brauchbar."

224

Le commentaire métadiscursif suivant la question montre bien de quoi il s'agit pour le questionné : confirmer "zustimmen" (ja 58 doch) ou infirmer "widersprechen" (nein), l'orientation positive posant que le thème vaut pour le rhème. 1. Loc propose un contenu 2. Loc demande à Alloc de dire oui (Milner 1973:29). Dans la réponse à : - Qnicht? - Ja rend sensible l'orientation positive de la question. - Doch est moins fréquent (congruence formelle entre question à morphème de forme négative et réponse) comme déclaration d'accord avec la tendance, - Ja/Nein sont souvent inférables à partir de la réponse, mais l'on trouve également des précisions concernant l'attitude d'approbation ou de récusation du questionné : 158 Lämmchen fragte bedenklich. "Gleich willst du mit? Ist es nicht besser, ich bereite Vater und Mutter vor, wo sie doch gar nichts von dir wissen?" "(Nein) Was doch sein muß, tut man am besten gleich". (Fai. Kle ., 13) 159 Habermas: War nicht das Programm einer marxistischen Sozialpsychologie von Fromm überhaupt in das Institut eingebracht worden, Ende der 20er Jahre schon?... War es nicht doch Fromm, der in einer eigenen ... Variante eine Vermittlung von Marx und Freud versucht hat? Marcuse : Ja, ich gebe das ohne weiteres zu. (Hab. Ges., 15) (oui, je l'admets, sans difficulté^ 160 "Es gibt einen großen Beamten im Schloß, der heißt Sortini". "Ich habe schon von ihm gehört", sagte K., "er war an meiner Berufung beteiligt". - "Das glaube ich nicht", sagte Olga, "Sortini tritt in der Oeffentlichkeit kaum auf. Irrst du dich nicht mit Sordini mit d geschriebenΤ - "Du hast recht", sagte K, "Sordini war es". (Kaf. Sehl., 179) L'assentiment demandé peut varier selon la nature objective (placement au plan des faits ) ou subjective (appel au jugement d'Alloc) de ce qui est objet de supputation : - Ist es nicht so(/eine Tatsache), dqß P? (vérité objective) - Sind Sie nicht der Meinung, daß P? (vérité subjective) Hundsnurscher (1975:106) : (Antworten (mit ja) heißt) "einer Behauptung zustimmen."

225 161 Rudolf (zu Kriegbaum) : Der tut nichts, der redet nur, sonst kann er nichts. Ist er nicht komisch? (Kriegbaum und Rudolf lachen über Antons Spiel) (Dar. Kur., 177) 162 Franz: Wenn ich eine Wohnung hätte, ich würde mir in meinem Zimmer mindestens zwei Wände schwarz anstreichen. Leopold: Meinen Sie nicht, daß Sie das auf die Dauer deprimiert? Also, mich würde das krank machen. (Fas. Tro., 17) (= Würde Sie das nicht auf die Dauer deprimieren?) Nicht se situe dans la phrase englobante, ou bien représente, dans la phrase simple, la trace de ce que Hare (cf. Lyons 1980:369) décrit comme le "neustique" (partie de phrase qui exprime l'engagement de Loc : ich weiß/glaube - es ist der Fall - daß... vis à vis de la vérité du contenu propositionnel. La construction avec phrase englobante peut être utile quand la proposition est négative afin d'éviter la succession de deux nicht 59, l'information sur l'opinion de Loc est donnée dans la proposition englobante : 163 Finden Sie nicht auch, daß ein Herr sich nicht so kleiden darf? Mandl: Ein helles Blau, das finde ich auch ... Ja, das finde ich auch. (Ges., 179) Dans l'ex, ci-dessus la négation du neustique et la négation propositionnelle apparaissent respectivement, dans la proposition englobante et dans l'englobée. Ce n'est que dans un niveau de langue populaire que nicht portant sur la souscription à la vérité peut être répété deux fois, comme ci-dessous : 164 "Ein irres Risiko. Glauben Sie nicht, daß er bei der ganzen Aktion nicht seinen Hintergedanken hatte? Daß er gedacht hat, er kann Eva demnächst auch noch rausholen?" "Damit die Familie endlich glücklich vereinigt ist?" (Wer. Lei., 116) Meibauer (1986c:129) a tort d'analyser comme négations propositionnelles les deux nicht dans : Können Sie nicht nicht rauchen? car le premier sert à adoucir la requête, à exprimer une requête polie, trad.= Ne pourriez-vous pas ne pas fumer?, tandis que l'autre a une portée phrastique. L'un est incident à können, l'autre à rauchen.

226 Il importe ici à Loc de suggérer Ρ vrai par une interronégative marquée deux fois. On observe assez souvent que le contenu de P, transmis par Vlnicht? comme indication que pour Loc Ρ est vrai, est repris dans une interropositive qui ne peut, dans cet enchaînement, être interprétée comme simple demande de renseignement, mais comme demande de confirmation implicite (séquence P1/P2 v. ex. ci-dessous) :

165 fChrista Wolf vient de dire que l'art, en ce siècle scientifique, se doit de poser aux contemporains les grandes questions ) Frage: PI Liegt nicht ein Widerspruch zwischen dieser Zielsetzung und dem konkreten Ergebnis? P2 Könnten Sie die manchmal sehr intimen, auch privaten Konflikte der Christa T. mit diesem Maß messen? Antwort: Ich weiß, worauf Sie hinauswollen : Deutet sich hier etwas an, wie ein Rückzug in die Innerlichkeit, Ausflucht ins Privatleben? Ich finde nicht. (Wol. Sei, 55 ) Nicht de Ist es nicht der Fall, daß P? apparaît aussi dans bien d'autres emplois d'énoncés interrogatifs, par ex. : problématisante - L'interronégative d'hypothèse comme question 166 (Commentaire à propos de l'accident de Airbus A320 en juin 1988, lors d'un meeting aérien en Alsace, le journaliste se faisant l'écho de "böse Spekulationen") Ein Flugzeug, dessen Ruder... über elektrische Impulse bewegt werden, in dem ein Computer den Kapitän überwacht... - ersetzt es am Ende nicht nur die Gefahr menschlichen Fehlverhaltens durch eine Vielzahl potentieller technischer Pannen, die in ihrer Summe noch bedrohlicher wirken? (Zeit, Nr. 27 1. Juli 1988) Celle-ci s'interprète comme la mise en avant d'une hypothèse qui présente quelque chance d'être vérifiée. Il ne faut donc pas la confondre avec ce qui peut être interprété comme une assertion, soit - L'interronégative comme question rhétorique qui impose l'inférence de P, comme vérité d'autorité :

167 (Rakowski répond au reproche d'avoir fermé les chantiers de Gdansk sans consultation) Stellen Sie sich doch vor, ich hätte mich vor die Werftarbeiter gestellt und gesagt:... wir müssen die Werft schließen... Dann

227

wäre eine monatelange Diskussion entstanden, und schließlich hätte man gesagt : Was hat eigentlich dieser Rakovski getan? Er redet nur, erwägt, diskutiert. War das nicht lange genug in Polen? Ich kenne doch meine Leute. (Zeit, Nr. 51 16.Dez. 1988, 8) (/= Es war lange genug in Polen.; 168 Wer wird nicht einen Klopstock loben? (Lessing cité par Zaefferer 1984:86) énoncé d'où Alloc est obligé de tirer l'inférence = Jeder lobt Klopstock und Leute wie ihn, l'interrogation W-nonP? donne à entendre la réponse Ρ comme allant de soi par inversion de polarité.) La négation nicht n'est donc pas un indicateur de rhétoricité : elle indique simplement que le rejet de Ρ vrai n'est pas conforme à l'opinion de Loc, quelle que soit la valeur prise par Vlnicht? en situation. L'interronégative utilisée pour la demande de confirmation positive oriente l'allocuté vers la valeur inverse de la proposition soumise au jugement du vérificateur, la contestation restant possible, tandis que l'interronégative utilisée comme question rhétorique lui impose cette vérité comme non discutable, car évidente. - L'interronégative dans la demande polie d'agir Non P, réinterprété selon le jugement de Loc, permet de rechercher, de façon polie et circonstanciée, une approbation, un consensus, de formuler une requête, de demander une permission, de faire une proposition...: 169 Wollen wir nicht mal eine Pause machen? (/= Machen wir doch eine Pause!; Lorsque nicht accompagne une périphrase conventionnelle de requête comme : Können Sie/wollen Sie/ Haben Sie/ Wissen Sie?... (en contexte approprié), l'atténuation de la mise en demeure de répondre est encore accentuée par l'emploi de zufällig, vielleicht (par hasard) qui fonctionnent comme marqueurs de potentialité, Loc admettant, par avance, que l'interlocuteur puisse répondre Nein (ich kann/will/weiß..." nicht). 170 Können Sie nicht zur Seite rücken? Voici ci-dessous, un ex. de question en W- indiquant conventionnellement une suggestion (configuration Warum wollen wir... nicht?) marquant l'action conjointe de Loc/Alloc. La réponse négative est inférable de la

228 présentation par Loe 2 d'un motif défavorable à l'acceptation de la suggestion. Négation et interrogation conjointes induisent à l'acceptation de Ρ proposé : 171 "Ich schlage vor, ich reite der Karawane mit Ben Nil entgegen, während du Ibn Asl einen Hinterhalt legst". "Warum wollen wir ihm denn nicht gleich gemeinsam entgegengehen ?" "Weil wir in diesem Fall Ibn Asl nicht bekommen würden". (May Mah., 129) La réponse à la variable donnant une raison pour non Ρ suffit au refus d'honorer la proposition, qui se présente comme question tendancieuse portant sur les raisons d'accomplir l'action conjointe (warum... nicht?) 3.4.3. Configuration des éléments confirmation ou Pinfirmation de Ρ 6 0

susceptibles

d'orienter

Nicht est combinable avec les particules illocutoires doch, etwa, et certains modalisateurs : VI nicht'doch (L'ordre VI 'doch nicht est plus rare) :

vers

la

vielleicht

172 "Würdest du auch so sprechen, wenn wir jetzt unten zwischen den anderen säßen? Kämen dir da nicht doch deine Worte etwas abenteuerlich vor?" "Nein, nein, lieber Törleß, ich würde dasselbe behaupten". (Mus.Tör., 117) 173 Halten Sie es nicht für moralisch 'doch bedenklich, Photos, die wir gesehn haben, zu veröffentlichen? (Zeit, Nr 17 17.März 1990, 10)

diese

La question est orientée vers la réponse confirmative : Ja, (combinaison nicht + doch = tout de même), ce dernier ajoutant l'idée d'une prise de position contradictoire au libellé de P, appelant Alloc à accepter P. Dans la combinaison nicht vielleicht/nicht zufällig, particule illocutoire et adverbe de manière ont pour effet d'atténuer l'appel à l'approbation et servent à faire accepter cet acte d'autorité discursive (visée perlocutoire), en laissant quelque chance à la réponse non P. Nous prenons comme référence le travail de Doherty (1985:82-85) qui étudie les combinaisons de ce qu'elle appelle les particules épistémiques ja, doch, wohl en relation avec ce qu'elle nomme le mode épistémique, c'est-à-dire l'acte de langage accompli (assertion ou question). Nous considérons en plus auch et etwa et nous bornons à la cooccurrence avec l'interrogation.

229 De même, faire précéder la série des particules de demande d'approbation par denn, qui marque la question pertinente par rapport au con-cotexte, sert à mieux faire accepter la question ainsi posée. La combinaison VI nicht doch wohl? 61 donne à wohl le rôle principal, Loc indiquant ainsi qu'il ne s'agit que d'une supposition (wohl), en opposition possible avec une autre appréciation (doch). La combinaison VI nicht etwa? indique que la valeur de Ρ paraît positive, malgré la virtualité de Ρ qui tempère la perspective positive : - Sind Sie nicht etwa Schwester in der Klinik von Professor Tischner? En revanche, il est moins fréquent de voir combinés, comme dans l'ex, ci-dessous, l'opérateur concernant la réalité de P, fréquent dans la demande de renseignement et le négateur, signe de prise de position positive de Loc : 174 Zeit: Ergibt sich eigentlich aus Ihrer Art zu denken und zu handeln nicht unvermeidlich eine - nicht nur ideologische Verminderung des Machtmonopols der Partei? Rakowski: Zweifellos." (Zeit Nr. 51 16.Dez. 1988, 8) Le jugement positif est indiqué également par le commentaire unvermeidlich. Eigentlich et nicht sont en position éloignée, Alloc est requis de se placer au plan de la réalité, pour répondre à l'orientation proposée. Nicht est dans le champ d'incidence de eigentlich. Nous allons étudier maintenant un autre procédé permettant de solliciter explicitement l'acceptation de l'allocuté par l'adjonction de queues de phrases aux phrases déclaratives : 175 (Sie (Josephine) trinkt.) Lotte: Du trinkst gern mal was, ja? Das brauchst du sicher um nachts schlafen zu können? Josephine (lächelt): Auch. (Str. Gro., 225) Cet exemple comporte deux demandes de confirmation successives V2, ja? / V2sicher?, deux manières différentes de donner une indication sur les croyances et les doutes de Loc à propos de la valeur de vérité de P. La première interrogation présente en complément un "tag interrogatif 6 2 . Soll ich nicht doch wohl Dr. Martin anrufen? Les termes employés pour désigner les locutions interrogatives antéposées ou postposées sont divers : "Vergewisserungsfragen nach Aussagesätzen" (Bublitz 1978:129), "question-reprise" (Boriilo 1978:302), Sadock (1974) parle de "répétition de la question", Rehbein (1979) de "Sprechhandlungsaugmente", "tags" (Siebert-Ott 1984). Lyons (1980:384) utilise le terme de "checking tags" ("tags"de vérification), ainsi décrits : "(leur) fonction est expressément de solliciter l'acceptation ou le rejet par l'interlocuteur de la proposition qui lui est présentée."

230

Les "tags" sont des interrogatives elliptiques dont la force illocutionnaire est celle de poser une question marquée par ?.

3.5. Les opérateurs de vérification ("tag-particles") en tête ou en queue de phrase interrogative Marque d'un rapport interpersonnel particulier du questionneur à son vérificateur, la demande de confirmation, en sollicitant l'avis de l'interlocuteur, le guide, le "dernier mot" lui restant. Nous avons vu qu'elle prend tout naturellement la tournure syntaxique de la proposition déclarative (V2). Ce schéma facilite la reprise assertive proposée à Alloc. On peut y adjoindre une queue ou tête de phrase qui focalise ainsi la valeur de question de l'énoncé. P/non P, nicht... ?/nieht wahr?/ nicht wahr, P/non P? La question tendancieuse renforcée par un "tag" segmentée, distinguant P et l'appel interrogatif. segmentée qui isole le signe de l'Ai représente une encore d'arriver au même résultat, guider la réponse de l'attitude de Loc :

est une structure cette construction façon plus marquée d'Alloc dans le sens

176 a) "Nicht wahr, Fania, ich muß so handeln?' (Fen. Mäd., 146) La question tendancieuse est alors constituée d'une proposition renforcée d'un opérateur (tourné vers l'approbation ou l'infîrmation de P). Il réitère la valeur positive ou négative de la proposition, ou bien l'inverse. D'un point de vue syntaxique, l'on peut distinguer deux variantes marquées par l'intervention d'opérateurs de vérification : A- l'opérateur fait partie de l'énoncé globalement interrogatif, B- l'opérateur marquant l'appel interrogatif est couplé à un acte de langage précédant.

3.5.1. P, nicht wahr? énoncé unique Quels sont les arguments qui montrent que l'opérateur fait partie de l'énoncé en précisant sa valeur illocutoire? lorsque l'opérateur est antéposé à l'énoncé, c'est la proposition en V2 qui reçoit l'intonation montante finale (le point d'interrogation à l'écrit),

231 Nicht wahr, Sie kennen das? l'énoncé reste globalement interrogatif, si l'opérateur de vérification se place en fin d'énoncé : Ich mußte so handeln, nicht wahr, Fania? Ich kann nicht so werden wie die, nicht wahr? L'antéposition de l'appel interrogatif donne plus de poids à l'orientation vers Ρ vrai. Dans le cas d'une construction avec "queue de question", l'intonation de la proposition en V2 est montante, ce qui montre dans V2, nicht wahr? que l'énoncé n'est pas terminé : Sie kennen das, nicht wahr? Il n'y a pas de pause entre les deux composantes de l'énoncé. La demande de confirmation est mise en exergue. C'est là un procédé de renforcement d'une question tendancieuse à fonction de guidage du questionné (Cf. "Hörersteuerung", Rehbein (1979), "inhaltliche Steuerung dieser Gespräche", Siebert-Ott (1984). Se succèdent en chaîne des éléments amalgamés dans la demande de confirmation non segmentée : - la proposition orientée (V2) - la visée interrogative ? Un élément hors-construction avant ou arrière, la plupart du temps elliptique, marque que la question est adressée et pas simplement émise en une adresse qui oriente vers la reprise du contenu exprimé dans l'autre partie de la proposition, conformément à la polarité positive ou négative de P. Voyons quelques ex. V2P, nicht? 177 "Wollen Sie mich jetzt allein lassen? Ich bleibe bei meinem Jungen und werde sein Manuskript lesen. Fünf Jahre hat er daran gesessen, nichtΤ Fabian nickte und gab die Hand. (Käs. Fab., 152) Le geste de Fabian ("nicken") équivaut à une approbation de l'orientation vers Ρ vrai contenue dans la question. L'opérateur nicht wahr?, placé en exergue, signale la valeur de demande de confirmation de la proposition déclarative, la déclarative V2 est à interpréter comme question à la recherche d'une approbation. V2non P, nicht wahr? 178 Jennifer: Man geht nicht mit einem Fremden in ein Hotel, nicht wahr? Jan: Mir sind diese Redensarten bekannt. (Bac. Got, 194)

232

Jennifer demande à Jan d'approuver une idée reçue, en reprenant non Ρ sur le mode assertif. Le rôle de l'opérateur interrogatif mis en exergue est de renforcer la question, qui ne serait sinon décelable, à l'écrit, que par le point d'interrogation. C'est un procédé de mise en relief de la demande de confirmation. Qu'une telle explicitation précède le dictum ou lui succède, c'est là une manière de focaliser l'expression sur l'illocution, par mise en relief du segment interrogatif, de préciser, dans le rapport d'interlocution, ce sur quoi porte la question. Il y a une séparation nette entre dictum (Ρ) et modus. !

V2 /

nicht wahr?

j

I orientation de la valeur de Ρ

I

I I I I

I | | |

focalisation sur la valeur illocutoire de question destinée à créer le consensus.

I = un énoncé globalement interrogatif.

|

Antéposition/postposition de l'élément interrogatif Il y a deux places possibles de la mise en exergue de l'appel à confirmation. La demande de confirmation est plus instante avec l'antéposition de l'appel, position moins fréquente, donc plus marquée. 179 "Hat der Maijeh viele Krokodile?" "Unzählige. Ganz besonders wimmelt die Bucht, die sich in den Berg hineindrängt, von ihnen. " "Nicht wahr, um diese Bucht führt nur ein schmaler Weg?" "Ja." (May Mah., 139) Dans l'ex, suivant, il précède Ρ, puis lui succède, après confirmation par Alloc de la vérité de Ρ : 180 "Du, du Junge, ich udii nicht so werden wie die! Nicht wahr, ich kann nicht so werden wie die?! Ich hob Angst"... "Du bist doch Lämmchen und bleibst Lämmchen, wie kannst du werden wie die olle ScharrenhöferT "Nicht wahr?" (Fai. Kle. ,42)

233 Le deuxième Nicht wahr?, employé seul, enchaînant sur la confirmation donnée de Ρ vrai fonctionne comme signal stéréotypé de connivence (fonction phatique) 6 3 . La prise en compte de la dimension dialogique est fournie par la formule qui donne confirmation, tout en semblant questionner (procédé rhétorique). Citons-en encore un exemple, avec gelfí : 181 Justine: Aber es ist hübsch hier. Bahnhofvorsteher: Gelt? Nichts, was einen stört, nichts, man vermissen könnte. (Hac. Bin., 25)

was

La formule Nicht wahr? peut ainsi ponctuer une séquence à caractère confirmatif et avoir une valeur clôturante, comme marque de connivence : 182 Frau Nothnagel: Es soll ja eine sehr gute Vertretung aber ich verkaufe nichts. So gut wie gar nichts. Pinneberg: Ja, so 'ne ist heute schwer. Frau Nothnagel: Nicht wahr? Es ist schwer. (Dar. Fai. Kle., 92)

sein,

3.5.2. Opérateur de vérification couplé à une assertion ou à une exclamation L'opérateur de vérification nicht? est analysable comme forme tronquée d'une question tendancieuse Vlnicht? qui demande à Alloc de confirmer l'énoncé précédent. La question concerne l'acceptation de l'Ai accompli dans Pl. PI, Q2? La phrase interrogative fait retour sur l'acte de langage initial, par ex. l'assertion ci-dessous :

Nicht wahr, n'est même pas interrogatif dans l'énoncé suivant, il n'est pas accompagné du point d'interrogation ; signal stéréotypé de confirmation, il est indice de convergence de vue, à cette étape du dialogue, et crée un effet d'emphase : Ladybird: General, wohin kann ich die Koffer bringen? Elisabeth D.J.: General? Olivier, du bist General? Gott sei uns gnädig. Capon: Ja, nicht wahr, liebe Frau, das sind Neuigkeiten. (Hei. Cro., 15) Loc indique ainsi qu'il y a convergence de point de vue des instances énonciatives duelles. La formule interrogative (ja?/nein?ne?/gelt7) perd également sa valeur interrogative quand il ne s'agit plus que d'un rituel de poursuite, qui remplit les pauses du discours du locuteur (ex. cités par Bublitz 1978:128-129). Elle y accrédite, sans conduire à une véritable question l'idée du dialogue (stéréotype langagier).

234 183 Martin: Es ist ziemlich heiß. Finden Sie nicht? Kristine: Denken Sie drüber nach. Es wird noch viel heißer. Wir haben erst Anfang Mai. (Str. Fre., 14) Dans la séquence à interrogative elliptique, la deuxième phrase se trouve réduite à l'opérateur postposé. PI, Q2?tronqué (nicht?) 184 'Ich wollte ein paar Worte mit Ihnen sprechen. Wollen Sie mir das jetzt erlauben?" "Jetzt?", fragte Frl. Bürstner, "muß es jetzt sein? Es ist ein wenig sonderbar, nicht?" (Kaf.Pro., 51) (T ra d. Lortholary, 51 : C'est un peu étrange, vous ne trouvez pas ?) Nous faisons l'hypothèse qu'il s'agit de deux phrases jointes par un lien parataxique dont la deuxième est la forme tronquée de "(Finden Sie) nicht?" Fr. Bürstner exprime un jugement, puis demande à K. d'approuver. Plus importante que la réponse même, qui n'est pas toujours exigée (qui ne récuse consent), est la création de la connivence (Loc/Alloc) que la question permet d'instaurer. Le couplage P+Q? se termine sur l'appel interrogatif. Fragen est le verbe descriptif d'acte langagier qui accompagne cette formule. Quelques caractéristiques fonctionnelles nous invitent à distinger cette variante de l'énoncé globalement interrogatif : La première phrase est déclarative et reçoit une intonation descendante, puis la courbe s'inverse et remonte sur la phrase interrogative. Il s'agit donc de deux énoncés couplés. Es ist ein wenig sonderbar, nicht? Il y a une pause entre les énoncés couplés, celle-ci peut être, à l'écrit, notée par un point, comme dans l'ex, suivant, dans lequel Loc imagine un énonciateur (assimilé à l'allocuté) qui pose une question, Loc y répond aussitôt en un dialogue fictif (polyphonie) qui a pour fonction d'accréditer la réponse donnée : 185 Kriegbaum: Und warum bin ich dort oben gefahren? Warum? Dienstlich! Weil ich die Straße einmal persönlich in Augenschein nehmen wollte. Nicht wahr? Anton: Ich kann mir denken, daß es sich so verhält. (Dor. Kur., 154) L'opérateur de vérification permet d'interpeller Alloc, Loc se plaçant dans la perspective de l'acceptation de "Weil ich...".

235 Un opérateur une exclamation vérification suit souligné dans la

de vérification (relance interrogative) peut accompagner : Dans l'ex, suivant, la question avec opérateur de une exclamative graduelle qui dit l'évident, ce qui est traduction en français ("comme") :

186 "Er empfängt mich, weil ich sein Klient bin. Wenn auch dafür noch fremde Hilfe nötig wäre, müßte man bei jedem Schritt immer gleichzeitig betteln und danken". "Wie schlimm er heute ist, nicht?" fragte Leni den Kaufmann. " (Kaf. Pro., 132) ("trad. Lortholary : "'Comme il est méchant aujourd'hui, vous ne trouvez pas?' dit Lèni au négociant.") 187 Kinder, Ihr seid aber fleißig, 188 Das ist ja wunderbar,

was?

nicht?

L'exclamation est indiquée par la présence d'une particule illocutoire spécifique aber, (on y rencontre aussi ja /vielleicht...) soutenue, à l'oral, par une intonation adéquate. La relance interrogative en fin d'énoncé est aussi possible avec les exclamatives partielles : Wie er schwatzt, was?'/wie?'/nicht? Les deux AL successifs peuvent ne pas être adressés au même Alloc. Dans une situation de parole triangulaire, Nicht wahr? peut ainsi servir à demander confirmation à un tiers de la vérité de Ρ précédent, de lui demander de se porter garant. Il y a ainsi, dans les ex. suivants, changement d'adresse en passant de l'assertion : "Aile indizien..." à la question de vérification : "nicht wahr?" visant à l'accréditer par la confirmation de Jane :

189 Arsene Lupinescu ('répondant à Hero Woolf) : Ich habe gleich gesagt, alle Indizien weisen klar darauf hin, daß es Dr. Hudson ist, nicht wahr, Jane? (Wid. Det., 66) Dans l'ex, suivant, la phrase déclarative se termine par un point.

190 Bridget: Sie (Capon) Henry? (Hai. Oro., 49)

können unbesorgt

sein. Nicht

wahr,

236 Loe émet une opinion. Il/Elle demande confirmation de la justesse de son jugement à un tiers présent. La question a une visée perlocutoire, convaincre le premier allocutaire qu'il/elle dit vrai. La question avec opérateur de vérification est souvent de polarité inverse à Ρ précédent, mais ceci ne constitue pas (comme Boriilo 1978:302, le prétend pour le français) un critère distinctif des deux sousensembles, demande de confirmation renforcée vs assertion couplée à une question de vérification (voir 3.5.3.). La question de vérification couplée à un autre énoncé ne constitue cependant qu'un pseudo-énoncé car elle n'est pas indépendante. Elle porte sur l'énoncé directeur, l'assertion, l'exclamation, voire l'injonction), AI sur lesquels Alloc est interpellé (les accepte-t'il ou non ?). Elle ne peut être employée seule et n'a donc aucune autonomie : ce n'est que par référence à l'acte de langage directeur qu'elle prend valeur de demande d'acceptation de cet acte. Puisque cela correspond à un changement de point de vue, il paraît souhaitable de distinguer deux sous-groupes : 1/ l'énoncé globalement interrogatif avec mise en exergue de la valeur de demande de confirmation comme procédé de renforcement, 2/ les énoncés couplés parataxiquement, l'interrogation orientant la réponse vers la valeur marquée dans Ρ ou inférable de P. Dans la demande de confirmation renforcée, c'est la question soumise à approbation qui importe. Il s'agit, dans le cas n°l, pour Loc de vérifier l'acceptation par Alloc de son orientation sur la valeur de vérité de P. Dans le cas n°2, Loc cherche à vérifier si Alloc accepte l'acte de langage effectif, à le faire s'exprimer à ce propos, c'est alors l'assertion, l'exclamation, l'injonction qui prévaut. La question de vérification, quelquefois réduite à un mot interrogatif {was?/une?), focalise l'attention sur Ρ vrai, évident, Ρ à rendre vrai, Loc n'attendant pas forcément de réponse : 191 Rudolph: Klingt ganz echt, wie? Klingt fast uñe Schrecken, uñe? (Dar. Kur., 177) Elle sert à faire réagir l'autre à un acte représentatif, directif,.. précédent, pour les lui faire accepter. Mais il n'est pas toujours possible de trancher, pour certains ex., entre demande de confirmation renforcée ou énoncé couplé à une question de vérification. C'est le cas, lorsque le statut de Ρ est incertain, s'agit-il d'asserter Ρ ou de proposer Ρ vrai sous bénéfice de vérification? Rien à l'écrit ne permet de trancher quand ne figure pas un signe prosodique clair (! et pause).

237 192 Emma: Musik ist doch etwas Schönes, nicht? Havlitscheck: Ich könnte mir schon etwas Schöneres vorstellen, Fräulein Emma. (Hör. Wie., 58) Lorsque Loe exprime son opinion concernant Ρ (V2), on peut penser qu'il l'asserte. La question de vérification sollicite Alloc, le pressant d'acquiescer. L'opérateur de vérification Nicht? précise la fonction communicative de l'énoncé, surmonter la dualité des instances énonciatives devant la compréhension (ex. 192). Les questions avec opérateur de vérification comportent souvent la mention de l'allocuté, sa nomination, soulignant l'attente de sa coopération discursive. 193 Pinneberg: In manchen Spiegeln sieht man aus wie eine Wasserleiche, so grün. In manchen ganz breit und in manchen so angestaubt... Aber dieser Spiegel ist gut, was, Lämmchen? (Dor. Kle., 71) 3.5.3. L'orientation de l'opérateur de vérification, marque distinctive ? 64 3.5.3.1. Opérateur de vérification coorienté à P/nonP précédent / subséquent V2P, ja?/ V2nonP, nein? L'opérateur interrogatif est de même polarité que l'autre constituant de l'énoncé. Il y a reprise de la valeur positive dans 194 et négative dans 195 :

64

Boriilo (1978:301) distingue en français "la question-soutien": - tu as compris, oui? - tu n'as pas faim, non? de "la question-reprise", - on a le temps, non? - tu n'as pas faim, si? les premières (cas n ° l ) étant considérées comme variantes de l'interrogation standard marquant l'attente d'une réponse confirmative en un énoncé, tandis que dans les secondes (cas n°2) la reprise interrogative se greffe sur une phrase déclarative, la réponse attendue étant l'ii^rrnaticrn de la proposition interrogative. Il s'établit une polarité inverse entre Ρ et la particule qui la suit, dit-elle. Sur le français, il semble cependant que l'on puisse faire varier la particule interrogative, sans changement notable de sens : - on a le temps, oui ?/non ?/n'est-ce pas ?/hein ?... - tu es fou, non ?/oui ?/ou quoi ?..., "non ?" semble jouer le même rôle que "oui ?","dis ?","hein ?", interchangeables, c'est-à-dire celui d'une ponctuation interrogative emphatique.

238

194 "Man sagt ja immer, daß Perlen Tränen bedeuten, aber das ist wohl ein Aberglaube, ein Unsinn, ja?1 (Mar. Mal., 62) En proposant une conjecture (wohl) au jugement d'Alloc, Loe oriente la réponse vers Ρ vrai. 195 " Moritz : Dir gefällt s nicht, was ich hier gemacht nein?" (Str. Tri., 41)

habe,

Loe oriente la réponse vers la négative, corroborant la tendance de non P? La question réitère la valeur positive (confirmation positive) ou négative (confirmation négative) de l'énoncé, Loc demandant à Alloc de corroborer sa propre opinion, ou ce qu'il imagine être l'opinion d'Alloc, en employant un procédé de renforcement, par mise en exergue de l'interrogation. Les choses se compliquent ci-dessous : 196 Lämmchen sieht ihn flammend an: Du hältst mir 'ne Frau, ja? Mindestens fünf Stunden muß eine Frau her. (Dor. Kle., 36 ) Il s'agit là d'une demande de confirmation interprétable comme question rhétorique, c'est par dérision que Lämmchen demande confirmation du modus positif d'une proposition qui énonce un contenu absurde dans le contexte où se situe l'énoncé (situation financière précaire des deux jeunes mariés). Elle propose le faux pour faire apparaître le vrai, le "tag" de vérification est donc ironique. 3.5.3.2. Demande de confirmation orientée inversement à la polarité de Ρ a)

opérateur interronégatif inversif ou alternatif V2P, nicht (wahr) ?/nein ?/ne ?/oder? zusammen, 197 "Und mit Arno waren Sie ja in Gefangenschaft nicht wahr?...Da haben Sie wohl schon gemeinsame Pläne geschmiedet?" Gerhardt gibt keine Antwort. (Dar. Mos. 30)

La demande de confirmation sert, en fait, au rappel d'information (und V2 ja), cadre d'une demande de confirmation sans attente de réponse, suivi d'une deuxième demande de confirmation présomptive (wohl).

239 L'énoncé segmenté constitue un seul énoncé, l'opérateur nicht est une interronégative de sens positif (attente d'accord sur P.)

(wahr)?

198 Martin: Geh ich zurück, dann rückst du näher. Kristine: Das ist beinah wie beim Tanzen, nicht ? (Str. Fre., 39) 199 Eigentlich ist es furchtbar lustig, nein? (art. Nein Kla.Ste. 1974 t. 4:2634) Il semble que l'opérateur orientant vers Ρ positif nicht (glose : Meinen Sie nicht?) ait entraîné dans son sillage ne? 65 , puis nein? utilisables indifféremment après un énoncé positif ou négatif. Le rôle des éléments négatifs est d'orienter la réponse vers la valeur inverse à la leur, c'est-àdire vers celle de Ρ précédent. Nous ne pouvons donc distinger les deux sous-classes indiquées {demande de confirmation renforcée vs assertion couplée à une question de vérification), en nous servant de l'expression interrogative. La différence porte sur le degré d'assomption de Ρ plus fort dans le deuxième cas que dans le premier. Ja? pourrait tout aussi bien remplacer nicht, et nein? dans les ex. ci-contre. Examinons maintenant une variante de la demande de confirmation avec opérateur de vérification disjonctif, qui se présente comme (fausse) alternative : P(V2), oder/oder nicht? Oder? marque-t-il l'appel à la confirmation de Ρ (c'est bien ça?), est-il le marqueur du rejet de Ρ vrai, ou encore s'agit-il d'une simple invite à parler (oder was meinst du?) à propos de Ρ assumé? 200 "Meinen Teil habe ich abbekommen, oderΤ Er demonstriert Schurig seine Gehbehinderung. Hoffmann: das bleibt. (Sch. Mes., 105) (J'ai eu ma part, non? = tu n'es pas de cet avis?) Loc présuppose manifestement par son comportement (demonstriert) que l'avis d'Alloc ne peut être différent du sien, ce que corrobore la forme d'assentiment donnée par Alloc, qui implique Ja.

Sigrun Rubenach nous signale qu'à Hambourg faire le rapprochement avec nicht?

ne?

se dit

nech?

il convient donc de

240

201 Anton (entsetzt): er ist tot! er ist tot! was sollen wir tun? Rudolf: Neue Eingaben machen. Er hat doch einen Nachfolger, oder? Anton: Ja, Dr Kirstein, ja, ich muß sofort schreiben. (Dor. Kur. 178) Oder? se greffe sur un énoncé en V2 marqué par une particule illocutoire (doch) indiquant le jugement positif de hoc qui prend en compte un jugement contradictoire possible. Nous interprétons ici oder? comme façon de redonner la parole à Alloc (oder was meinst du?), Loe n'évoque pas la possibilité alternative (oder hat er keinen Nachfolger?) au niveau du contenu. Mais Loc ne redonne pas la parole à Alloc sans influer sur la suite du discours. Ceci se vérifie dans la traduction de l'ex, français suivant : 202 -Tu as les yeux verts, c'est bien ça? (Duras, Hiroshima mon amour, 31) : Du hast grüne Augen, oder?) La question se réfère ici aussi à la subjectivité des appréciations. Loc demande "c'est bien ça?" pour connaître l'avis de l'intéressé, plutôt que la qualité objective de l'objet apprécié. Oder? qui redonne la parole à l'autre lui concède une alternative qui n'était pas prévue par l'assertion précédente. Pourtant, Loc s'attend à être corroboré et non à être contredit. La vérification encore plus claire est celle par oder nicht?, Loc précisant par là que l'allocuté est invité à corroborer une assertion précédente, tout en concédant qu'il peut être d'un avis contraire, alors qu'il s'agit d'un truisme : 203 Denn die Ehe ist, urie man so sagen kann... eine christliche Einrichtung oder nicht? (cité par Rath (1979:48)) Rath (1979) attire en effet l'attention sur le caractère stratégique de la reprise alternative qui sert à redonner la parole à l'autre 66 , mais pas n'importe comment. Oder/oder (etwa) nicht? induisent ainsi la poursuite du discours dans le sens que Loc cherche à imprimer :

"Durch die Verwendung einer Frage - die hier am Schluß des Sprecherbeitrags durch Frageintonation realisiert ist - gibt die Sprecherin ihrem Diskussionspartner zu verstehen, daß er zu dem angesprochenen Problem doch Stellung nehmen möge. Dies ist eine Aufforderung zum Sprechen".

241 204 "Landsberger schickt irgendwelche Typen nach Leipzig und läßt seinen Sohn Chris klauen, damit er zwei Kinder hat, oder er klaut ihn sogar selber... das ist doch, was Sie sich da zusammengereimt haben, oderΤ (Wer. Lei., 88) (oder? /= qu'en pensez-vous?) Redonner la parole à l'allocuté est la fonction de oder? Ceci est flagrant dans l'ex, suivant, où il suit une interjection indiquant que Loc ne veut plus continuer à parler d'un sujet (basta = signal terminal sur le thème, phrase-énoncé ponctuée d'un point). Loc attend l'avis d'Alloc, lui demandant d'enchaîner sur le dit (oder? = qu'en penses-tu?). 205 Rudolf: Ne 67 also, wir tun unsere Pflicht bißchen mehr, basta. Oder? (Dor. Kur., 153)

und noch ein

L'invitation à parler (oder?) tout en se situant dans le même ordre de jugement (oder (etwa nicht?)) est parfaitement canalisée, lorqu'en demandant à l'autre s'il est d'avis contraire, l'on dit en même temps que l'avis contraire n'est pas d'actualité (queue de question quasi rhétorique) : 206 Leopold: Du kennst mich hauptsächlich im Bett. Ich weiß nicht warum, aber das klappt immer. Oder etwa nicht? Franz: Doch, im Gegenteil. (Fas. Tro., 55) Leopold par oder nicht? demande à Franz s'il est (etwa = simple virtualité) d'avis contraire, ne lui redonne pas simplement la parole. La réponse est doublement infirmative (Franz indique par l'adjonction de "im Gegenteil" à "doch", marqueur d'infirmation, son dissentiment avec la tendance négative de la question de vérification). Voici encore un ex. de queue de question rhétorique : 207 Ohne Konzerte und Drogen würde dieser Ort wild, oder etwa nicht? Knapp die Hälfte von Neza (Slum von Mexiko-Oity) ist jünger als achtzehn. Die Mehrheit der Jugendlichen organisiert sich in Banden. (Zeit Nr. 46 9. Nov. 1990, 17) Lorsque l'énoncé assertif précédent est négatif, y-a-t-il des changements formels ou sémantiques?

Ne ponctue, dans ce cas, un énoncé non interrogatif comme une sorte de tic langagier (comme "n'est-ce pas" en français.)

242

Non Ρ oder (doch)? 208 Franz: Manchmal sitzen wir auch einfach so da, sprechen gar nichts. Man kann ja nicht immer sprechen, oder? (Fas. Tro., 15) 209 "Normale Menschen fliegen jedenfalls kaum in so einem Zustand auf eine Mittelmeerinsel, oder?" Da blieb ihr nichts anderes übrig als zu nicken." (Mar. Mal., 61.) Ici l'assertion qui indique un renforcement argumentatif (marqueur jedenfalls) est couplée à une question de vérification. Dans ce cas aussi, l'orientation est donnée par Loc, la question n'est là que comme appel à confirmer la tendance. Oder? sert à demander à l'autre de s'exprimer sur ce sujet, constitue une demande d'évaluation de l'assertion négative comme acte initial de séquence. L'appel à l'avis potentiellement contradictoire n'est que de pure forme. Avec oder doch?, il y a thématisation de la possibilité de réaction inverse d'Alloc, Loc anticipant sur le désaccord possible concernant l'acte d'assertion directeur : 210 Leopold: Aber Burschi, du wirst doch nicht verletzt sein, weil ich Vera mitgebracht habe. Oder doch? (Fas. Tro., 55) En revanche, l'opérateur de vérification sans oder : *Man kann ja nicht immer sprechen, doch ? est impossible. L'opérateur de vérification oder? est moins marqué pour une tendance que oder (etwa) nicht?, queue de question rhétorique, ou oder doch?, toujours couplé à une phrase négative. Il s'agit dans tous les cas pour Loc d'accréditer l'idée du dialogue, de faire parler Alloc, tout en manifestant une attente sur l'orientation de sa réponse, même si l'avis contraire semble prévu par la question. P(V2) (oder) wie/was (denkst du L'opérateur de vérification disjonctif peut être étoffé, configuration que nous interprétons comme : "ou (ta réponse est) quoi ?" Une forme sans disjonction (ta réponse est quoi ?) sert à redonner la parole à l'allocuté en cherchant l'accord : 211 Ein Prachtkerl, was? Valerie nickt langsam." (Hör. Wie., 108)

243 212 Rudolf: Klingt ganz echt, wie? (Dar. Kur., 177) 213 (Kriegbaum kommt zurück, er sieht fröhlich aus, er hat eine Blume in der Hand.) Kriegbaum (forsch gehend): Na, da staunen Sie aber, was? (Dor. Kur., 169) (was?/= was sagen Sie dazu?) L'opérateur interrogatif wie/was? redonne la parole à l'allocuté. Les queues de question s'emploient comme demande de confirmation d'une énonciation antérieure ou d'une opinion. Elles induisent la poursuite du discours dans un certain sens et ont pour finalité (eine) "inhaltliche Steuerung" (Siebert-Ott 1984- 241). Résumé des suites rencontrées : 1 Préférence pour la réponse positive, invite à parler. - la question comporte un inverseur de polarité : P, nicht/nicht wahr?/ne?/nein? - un opérateur de même polarité : P, ja?, non P, nein? - un opérateur marquant l'orientation alternative : P, oder?/oder (etwa) nicht? 2.

Préférence pour la réponse négative, invite à parler. la question comporte un opérateur de même polarité : non P, nein?/nicht wahr?/ne? un opérateur marquant la prise de position inverse à la tendance proposée non P, oder?/oder doch?

Tableau 5 1 ! Q? comme invite à parler selon P

1 I orienté 1 vers ι I

I Dir gefällt's doch

, ja?

I

, nicht (wahr)?

Ι

, nein

! -ja ιI 1 "doch I1 1 1

1 I réponse 1 possible 1 1 !ja/nein I1 1 ι1 1 1

t ! 1 1 1 ¡ 1 1 I 1 1 1

244

Tableau 5 (suite) , ne?68 , nein? , oder? , oder etwa nicht? ¡ Dir gefällt's nicht

, nicht wahr ? -"ja nein

-nein

¡

1

schon

oder? oder doch ? *doch? Il se constitue, du fait de la fonction discursive d'invite à parler que peuvent prendre les opérateurs de vérification, une expression stéréotypée de vérification. Ja /oder etwa nicht? sont les formes marquées pour la polarité positive, ils ne peuvent apparaître qu'après Ρ positif, oder doch? pour la polarité négative. Les autres formes sont non marquées, elles sont interchangeables. 214 Das ist beinahe wie beim Tanzen, ja? L'enchaînement sur l'accord de Ρ est facilité par Ja. Nein? est d'utilisation moins fréquente que nicht (wahr)? et peut être mis en exergue d'une partie d'énoncé positive ou négative : 215 Das ist doch sehr interessant, nein? 216 Du hast nicht zufällig eine Pappnase zur Hand, nein? (cité par Bublitz 1978:126) En revanche, l'énoncé négatif n'accepte pas toutes les suites, oder doch est marqué pour la valeur positive inversive. 217 Sie haben kein Geld, nein?/nicht?/nicht wahr? /stimmts?/oder (doch)? *ja?/*doch? 68

Selon Rath (1979:120) Ne sert de "Sprechersignal" dans : Sprecherin: ... schließlich und endlich hab ich nicht nachgelassen, und dann hat sie's dann hinten im Mietbuch miteinquittiert, ne? Hörer: Ja. Ne/Ja peuvent ainsi être utilisés comme signaux de contact.

245

On trouve doch, opérateur polarisé positivement, accompagnant nicht comme infirmation d'une demande de confirmation renforcée, ci-dessous : 218 Seine Stirn hellt sich auf : "Ich bekomme das von Krankenkasse wieder, nicht wahr?" "Doch nicht, das ersetzen die Kassen nicht". (Fai. Klß., 10)

der

3.5.3.3. Enoncé en VI avec opérateur de vérification Lorsque la reprise a la même valeur positive ou négative que la phrase interrogative en VI, y-a-t'il supposition sur la valeur de vérité de P, à laquelle elle fait suite, s'agit-il d'une demande de confirmation CVergewisserungsfrage nach Fragesatz)? Dans 2.2.1., nous avons interprété ces formes comme demandes de renseignement biaisées, v. tableau II. Dans ce cas, l'opérateur interrogatif est strictement coorienté à la polarité de la proposition précédente : Ρ (Vl)ja?/non Ρ (Vl)nein? 219 "Haben Sie schon einmal hier telefoniert, ja? Nun also dann werden Sie mich vielleicht verstehen?" (Kaf. Sch., 72) (Avez-vous déjà téléphoné dans ce pays, oui?) 220 Rufst du mich morgen an, ja?" oder? *nicht?, *was? *wie? *nicht wahr? (cité par Bublitz 1978:129) 221 Willst du nicht mitfahren, nein? /*ja/*oder/*was? 222 Hat dir nicht gefallen, was mein Mann dir geschenkt hat, nein? Cette restriction 6 9 montre toute la différence avec les demandes de confirmation renforcées en V2 qui acceptent une variété de formules interrogatives 223 Du rufst mich morgen oder?/was ?/gell ?...

an,

ja?/nicht?/nicht

wahr?/

L'explication donnée par Bublitz (1978:130) à cette restriction : "eine Abfolge von zwei Fragesätzen, dessen zweiter sich auf den ersten bezieht, (wird) vermieden " ne nous convainc pas, puisque les besoins de la clarté de la communication font que la redondance d'information est un phénomène constant. Il ne s'agit d'ailleurs que d'une seule phrase interrogative avec focalisation sur cette valeur.

246

Dans la demande de renseignement en VI, l'opérateur interrogatif postposé à VIP? sert à prier Alloc de parler, il met en relief le présupposé pragmatique qui veut que la question cherche une réponse. La formule interrogative extraposée est un procédé de mise en focus de la question, en répétant la polarité de P. Ceci a pour effet d'indiquer que Loc pose la question à partir du point de vue positif (P, ja?) ou négatif (non P, nein?) commandé par le cotexte avant marqué (question biaisée) et qu'il n'est donc pas tout à fait neutre sans aller jusqu'à supposer, comme dans V2, ja?. Signaux d'interrogation :

VI + intonation montante/? ja/nein + intonation montante/? = interrogations renforcées par une particule interrogative d'insistance, indiquant l'assomption renforcée de Ρ ou non Ρ sans anticiper la réponse probable d'Alloc (question biaisée). Cette structure est très peu employée, sans doute à cause de son ambiguïté, Loc part d'un co-texte avant marqué sans suggérer l'orientation. 3.5.3.4. Fonction phatique de l'opérateur de vérification. L'apostrophe Nous décelons une différence entre les queues de question, qui ont pour fonction de structurer l'énoncé en délimitant les arguments (demande de confirmation d'une orientation de Loc), et les tournures à fonction phatique, qui servent à maintenir le contact entre le locuteur et celui à qui il s'adresse. Tandis que, dans la demande de confirmation, Loc formule une opinion "à l'essai", tout en espérant qu'elle sera corroborée par Alloc, nicht wahr?/hm?/gelt?... peuvent servir de signaux de "contact" marquant le désir de Loc de surmonter la dualité devant la compréhension. Ils ponctuent donc un discours en cours d'élaboration : 7 0 224 Sprecher: Ich habe eine Frage, und das ist die Frage der Moral, nicht wahr? Hörer: Ja.

Cf. Rath (1979:120) cite et commente cet ex., indiquant bien ce qui s'y exprime : "Die Vergewisserungssituation (wird) gleich auf drei verschiedene Weisen ausgedrückt. Einmal wird explizit gesagt, daß der gesamte Komplex als eine 'Frage' verstanden wird, daß also die gesamte Aussage ein ungelöstes Problem darstellt. Zum zweiten wird nach dem zentralen Begriff - der in Frage steht, die "Moral"- ein Sprechersignal gesetzt. Drittens wird dieses Sprechersignal mit Frageintention gesprochen. Der Hörer geht auf die Frage mit einem 'Ja' als Hörersignal ein." Ces éléments, dans leur fonction de "Sprecher-Hörersignale" (Rath, 119), permettent de vérifier le degré d'acceptation par Alloc de ce que Loc dit et d'accréditer l'idée du dialogue.

247

Sprecher: der inneren Moral jedes Menschen, (cité par Rath 1979:120) Parmi les interrogations à fonction phatique, nicht wahr? sert à rappeler un contenu connu (rappel d'information). Elle est destinée (fonction perlocutoire) à éveiller l'intérêt, à susciter l'attention de l'allocuté, à maintenir le contact avec lui. hoc n'attend alors qu'une réponse approbative : 225 (Lämmchen cherche à distraire Pinneberg de ses noires pensées) Lämmchen: Ich habe doch heute bei Krämers gestopft, nicht wahr? Er antwortet nicht. Lämmchen: Du weißt, ....? (Fai. Kle., 309) Elle apparaît, en particulier, dans les prises de contact, comme cidessous : 226 (Suzanne zündet sich eine neue Zigarette an... stößt eine dicke Rauchwolke aus. Moritz setzt sich neben sie.) Suzanne: Schlechte Luft, hm? Moritz: Ja, leider. (Str. Tri., 52) L'opérateur na indique spécifiquement la fonction phatique : 227 Na, wie geht s denn? Na, du? Associé à l'interrogation, vérification :

il

peut

remplir

l'office

d'opérateur

de

228 "Jetzt hast du es geschafft, Ludwig, jetzt ist es aus'. Menschenskind, Karl, überleg dir bloß, was das heißt, wenn der Hauptmann das selber gesagt hat. 'Geschafft, sagte er und 'ausi. Damit hat er doch den Krieg gemeint, na?" (Kos. Sta., 282) Rien ne s'oppose à la répétition de l'appel interrogatif en extraposition finale, Loe marquant deux fois qu'il sollicite l'approbation : 229 Nicht, wenn wir erst einmal in Trier wohnen, fahren öfters mal zu meiner Familie, nicht?/'ja?' (cité par Bublitz 1978:129)

wir

248

La structure devient ainsi de plus en plus marquée pour la valeur /demande d'approbation de P/, orientation qui peut aussi être indiquée dans les commentaires des paroles, ou dans les descriptions de gestes de Loc, comme dans l'ex, ci-dessous : 230 Richard setzte sich ans Klavier und spielte ein paar Takte. "Sie kennen das, nicht wahrΤ nickte er herüber. " (Hes. Cam., 42) Dans les dialectes de l'allemand moyen et supérieur et dans la langue parlée, gelt? est la formule marquant une demande de confirmation renforcée : 231 Du kommst doch auch mit ins Kino, gelt? (Kla.Ste. 1984 t.2:1520) Comme nicht wahr?, gelt sert de formule de connivence dans un dialogue et apparaît aussi en réponse, comme marque de confirmation. Hm sollicite l'attention de l'allocuté et se présente en queue de question : 232 Suzanne : Schlechte Luft, hm? Moritz:ja, leider. (Str. Tri., 52) A l'aide d'une queue de question, on peut aussi interpeller l'allocuté : 233 Wo warst du solange, he? Cart. He? Kla/Ste. 1874 t.3:1752 "grober Anruf, der zur Verstärkung einer Frage nachgestellt wird.") Il s'agit ici essentiellement de langue orale, l'apostrophe foe? remplace le nom ou la qualification de l'allocuté, ainsi que l'on peut s'en rendre compte en comparant avec d'autres variantes de question avec mobilisation de l'attention, qui produit un effet d'insistance : 234 "Wann gehst du denn abends zu Bett, du?" (Dar. Oro.,50) ex. traduit en français par l'interrogation renforcée : "A quelle heure te couches-tu le soir, heinT Ou encore : 235 "Was gibt s denn heute zu Päppeln, junge Frau?" flüstert er an ihre Schulter. " (Fai. Kle., 58) Ces "queues de questions" n'ont qu'une valeur phatique.

249

3.5.3.5. Opérateurs de vérification d'insistance couplés à des demandes d'agir (acte indirect) V2, verstehst

du?/verstanden?/kapiert?...

Toute une série de formules interrogatives "hörst du?, siehst du?, verstehst du?, verstanden?, einverstanden?, he?, klar? na? nein?... se trouvent associées à un énoncé interprétable comme acte indirect, entrent dans une stratégie de persuasion et servent à susciter l'adhésion 7 1 , à faire acquiescer Alloc à ce qui est attendu de lui, c'est à dire une réaction comportemenentale. Nous en citons quelques ex. : 236 Du darfst ihn nicht zu hart anpacken, weißt du? (Kla.Ste. 1974 t.6:4371) 237 Keine Zeitungen hier oben, nein? (Str. Gro, 164) 238 Wollen Sie ihm antworten, ja? 239 Tambour-Major :... Sapperlot, Tambour-Majors anlegen, he? (Büc. Woy., 22)

wir

wollen

eine Zucht

von

240 "Hören Sie, ich habe eine großartige Idee. Sie werden mit mir kommen, Georg. Ich stelle Sie als Direktor vor, ja? Sie sind auf der Durchreise hier, müssen noch heute mit einem Separatzug um elf Uhr fort, nach Petersburg". *Sind Sie zu dergleichen Komödien aufgelegt?' fragte Georg. " (Sch. Weg, 264) Les opérateurs de vérification, en relançant le contact en fin d'énoncé, sont adjoints à déclarative en V2 (ou à VI : wollen/würden Sie..?) interprétables comme demande d'agir (injonction, interdiction, proposition...). Loc se place dans la seule perspective de l'acceptation, sans concéder l'option de refuser d'obéir ce qui bloque l'emploi de oder?

Cf. Diller (1980:78) évoque le "oui d'insistance" dans une injonction exprimée à travers u n e question : Est-ce que tu viens, oui? "non?" n'est pas possible, "n'est-ce pas?" est interprété comme concédant explicitement à Alloc l'option de refuser : le seul élément inversif possible serait "ou quoi?".

250

Les ex. suivants (du mußt...!/ Sie haben...zu comme injonctions indirectes :

tun) sont interprétables

241 "Warum hast du dich ausgezogen? Was wolltest du von mir?' "Nun, ich dachte..." Zögern. "Was dachtest du?" "Die anderen..." "Was die anderen?" "Beineberg und Reiting..." Was Beineberg und Reiting? Was taten sie? Du mußt mir alles erzählen! Ich will es so; Verstehst duΤ (Mus. Tör., 99) 242 Wärter: Sie haben stehen zubleiben verstanden? (Bac. Got., 187)

während

dem Verhör,

Loe cherche à se faire confirmer la bonne réception de l'injonction, l'interdiction, la résolution (ex.243), l'effort d'imagination demandé (ex. 245), condition de réussite de l'Ai dont l'accomplissement est requis : 243 "Also geht in Ordnung, Lämmchen", sagte er. "Machen wir und möglichst bald, was?" (Fai. Kle.12) (was?/= was meinst du?) L'opérateur de vérification thématise une des conditions préliminaires à la réussite des actes directifs, il faut qu'ils aient été entendus, et admis pour pouvoir être obéis en toute connaissance de cause. Quand l'injonction ou la création d'un monde (acte de déclaration) empruntent la forme d'un énoncé à l'impératif (marque VI sans sujet), il s'agit d'un AI direct : 244 Vergiß nicht, die Tür zuzuschließen,

ja?

245 Nehmen wir an, dies sei ein rechter Winkel, ja?/nicht? (cité par Bublitz 1978:133) Dans ce dernier ex., nicht concède explicitement à l'allocuté l'option de refuser de s'imaginer. En fait, il l'invite à inverser non P. L'opérateur de vérification peut aussi accompagner une question, lorsqu'il s'agit par là d'activer Alloc pour qu'il change de comportement (admonestation/blâme).

251

246 Ihr seid wohl nicht gescheit, vrie? (vous êtes fous ou (votre réponse est) quoi?J Sous l'apparence d'une demande de confirmation d'orientation négative, l'interrogation suggère la désapprobation qui se greffe sur la présomption (wohl) que non Ρ est le cas, alors que Ρ serait souhaitable (question contradictoire). L'énoncé couplé à une question de vérification peut être interprété comme question rhétorique, qui donne à entendre le vrai et n'attend de réponse qu'un acquiescement tacite, 247 (Labude parle des possibilités de progrès de l'humain et de la société, se heurtant au scepticisme de Fabian.) 'Erst muß man das System vernünftig gestalten, dann werden sich die Menschen anpassen". Fabian trank und schwieg. Labude fuhr erregt fort. "Das siehst du ein, nicht wahr? Natürlich siehst du das ein. Aber du phantasierst lieber von einem unerreichbaren Ziel". (Käs. Fab., 41) Dans l'ex, suivant, la question rhétorique vaut pour assertion inférée de non Ρ (inversion de polarité). C'est une question contradictoire (qui dit le faux pour faire apparaître le vrai par inversion de polarité). L'opérateur de vérification faussement alternatif (il ne s'agit pas de demander à Alloc s'il juge Ρ vrai) est couplé à Q? indiquant une intention polémique : 248 Martin: Willst du mich zum Narren halten? Merkst du eigentlich nicht, daß du einen Schritt zu weit gehst? Willst du mir zumuten, daß ich mich neben deinen betrunkenen Liebhaber ins Bett lege, oder wie denkst du? (Str. Fre., 25) (/= du willst mir doch nicht zumuten,... Tu ne vas pas m'imposer de ... ou quoi?) 3.5.3.6. Formules stéréotypées de vérification

A une question de vérification peuvent être assimilées les demandes de confirmation effectuées à travers les formules stéréoypées suivantes : 1st das richtig? (oder ist das nicht richtig?)/Stimmts (oder nicht? 249 (Un policier vérifie ses informations.,) Scholz: Von Ihrer Frau lebten Sie zuletzt getrennt, ist das richtig? (Sch. Mes., 37)

252 250 "Komisch, als er mich mit meinem alten Dienstgrad anredete, da sehe ich den Zabel auf einmal u/Leder vor mir". "Richtig", sag ich, "so 'n langer Dünner, Stimmts?" (Deu. Erz., 28-29) (un grand mince, pas vrai ?) 251 Kristine: Du hast nicht stimmt s? (Stra. Fre., 40)

viel anfangen

können

252 Zauberkönig: Das ist mein Neffe und das ist Herr Stimmt s? Alfred: Gewiß. (Hör. Wie., 41)

mit

mir,

Zentner.

Se présentant comme interrogation sur l'admission par Alloc de la vérité de Ρ précédent, "Stimmts (oder stimmt s nicht?") (dernier ex.) permet de l'interpeller, le mettant en demeure d'enchaîner sur l'énoncé de présentation : "Das ist mein Neffe...". La reprise alternative par oder nicht? donnerait à entendre une contestation possible de Ρ précédent. Nous trouvons dans notre corpus un ex. avec nicht wahr? utilisé de la même façon : 253 (L'infirmière veut faire passer Pinneberg et Lämmchen, en consultation privée, devant les patients pris en charge par la caisse de sécurité sociale. Elle a recours à la stratégie de la question de vérification.) "Das ist der Schwiegersohn von Herrn Doktor mit seiner Frau, nicht wahr?" Pinneberg lächelt geschmeichelt." (Fai. Kle., 6) L'information est adressée aux patients, la question de vérification à Pinneberg, qui confirme par son sourire. En fait l'assertion couplée à une question de vérification sert à affirmer péremptoirement. Loc ne sollicite pas de corroborer ce qui est donné pour un fait. Le sens de l'énoncé reste essentiellement informatif. La formule stéréotypée peut prendre la forme d'une interronégative avec verbe de jugement à la 2ème personne/personne de politesse Meinst du nichtî/findest du nicht?, ou bien celle d'une expression impersonnelle, Ist es nicht so? = n'est-ce-pas? 254 "Finden Sie nicht auch, daß ein Herr sich nicht so kleiden darf?" "Ja, das finde ich". (Ges., 179)

253 Nicht? est donc la réduction d'une proposition plus complète qui pourrait avoir la forme suivante : - ist es nicht so?, würden Sie das nicht sagen? finden Sie nicht1?... 255 Anton: Vorsichtig! Kriegbaum Das geht doch schon blendend, finden Sie nicht? Anton: Es geht Ihnen nicht rasch genug, Herr Ministerialdirigent, wieder im Amt zu sein. (Dor. Kur., 167) Argumentativement, Loc marque ainsi qu'il s'attend à la poursuite du discours dans le sens indiqué par l'énonciation, objet de l'interrogation. 3.5.3.7. Configurations de termes marquant la tendance La phrase déclarative sous le contrôle de la question présente parfois une combinatoire d'indicateurs de tendance (recherche de l'assentiment) comme les particules illocutoires et les modalisateurs, généralement dans cet ordre. Doch, opérateur relevant d'un univers de croyance qui évoque un monde alternatif tout en orientant dans la perspective inverse, est quelquefois employé en complémentarité avec des opérateurs du jugement épistémique porté par Loc sur le statut énonciatif de P. V2dochMod/Mod' doch ? 256 Sie haben doch bestimmt genug zu essen? Le modalisateur est sous la portée de doch. Loc dit que c'est la prise de position indiquée par l'élément sur quoi porte doch (bestimmt) qui s'impose pour lui, contrairement à la croyance d'un autre (Doherty 1985:67). VI nicht vielleicht 'doch? Dans les ex. suivants, doch dernier élément de la série, fixe l'orientation vers le vrai saisie ici à diverses étapes du raisonnement. L'interronégative de sens positif en VI appelle une réponse affirmative (renforcement de la tendance) : 257 'Haben Sie sich seitdem, erwiderte der Anwalt nachdenklich, 'Ihrem Gatten versagt?" Sie beugte sich in dem Sessel vor und nickte knapp mit dem Kopf. .."Denn", sprach Anna..."Ich konnte den anderen... nicht mit Hasso betrügen. Es gibt nur eine Treue. Und die geht über den Tod hinaus". 'Haben Sie', überlegte der Anwalt, "nicht vielleicht 'doch vor Ihrer letzten Reise, mit Ihrem Mann... Ich denke, es wäre gar nichts Ungewöhnliches".

254

(Kas. Sta., 126) (N'auriez-vous pas par hasard tout de même...? La position précoce de nicht marquant l'orientation vers la reprise positive, Loc table sur "l'effet d'atténuation que produit vielleicht" (cf. Pérennec 1987:195), doch indiquant la prise en considération de la prise de position antérieure d'Anna infirmant la supposition (P vrai) maintenue par Loc. Celui-ci enchaîne en se plaçant dans la perspective qui est favorable à sa suggestion : celle de l'acceptation du contenu positif ("Sie haben mit Ihrem Mann...") malgré l'atténuation (vielleicht?). 258 "Aber wollen Sie denn nicht vielleicht doch ein aufnehmen?" fragt Klaus höhnisch. "Ja, warum denn?" sagt Trimmel fast ängstlich." (Wer. Lei., 108)

Protokoll

La demande de confirmation introduite par la forme verbale "Wollen Sie...?" est interprétable comme suggestion d'agir ironique. Vielleicht/doch peuvent figurer avant ou après nicht, opérateur de rejet portant sur l'illocutoire. Dans l'ex, ci-dessous, mal est quantificateur (unicité) renvoyant à la situation unique où le prédicat a pu valoir, le questionneur énonçant des circonstances favorables à Ρ vrai possible (zufällig) : 259 (le policier montre à un informateur la photo d'un prisonnier évadé) "Ich bin sicher, daß er sich hier irgendwo im Kiez versteckt hält. Haben Sie ihn vielleicht mal zufällig...?" Theo betrachtete das Bild ein Weilchen, dann schüttelte er den Kopf. Nein". (Ky Dra., 18) Le rejet, dans l'interronégative qui suggère la vérité de P, concerne l'orientation vers le faux. Les opérateurs nicht/doch se complètent. Voici une question rhétorique inversive : 260 Aber trotz der göttlichen Natur, die aus mir, dem geschwänzten Lichtgeist, herausstrahlt, teile ich doch nicht das Los aller Sterblichen? (Hof Mur., 131) V2 doch nicht (doch = jedoch, trotzdem)? = orientation vers non P vrai, nicht propositionnel :

255 261 "Als ich sie heute abend angriff, war es doch nicht etwas so Schlimmes urie damals im Krankenhaus? fragte er kleinlaut". (Bre. Ber., 168) On voit comment l'interaction est modelée par les opérateurs influant sur le discours ultérieur. Ces éléments (ja, doch, vielleicht, wohl) sont régulateurs de l'interaction discursive. Trois sont même réunis, dans l'ex, suivant, marquant une question tendancieuse, en monologue, axée vers l'acceptation de la constatation par le lecteur : 262 Schon sehr früh hatte man griechisch-deutsche Wortgleichungen aufgestellt; und es lag auf der Hand, daß griechisch Ì £ , lateinisch sex, deutsch sechs dasselbe Wort war, aber grie, lateinisch quatuor, deutsch vier waren ja chisch TtH * f doch wohl offensichtlich drei ganz verschiedene Wörter?" (Arens:"Sprachwissenschaft" 1969:155 Verlag Karl Alber) 263 "Zudringlich?" fragte K. "Ja", sagte der Advokat... "Sie haben doch wohl ihre Zudringlichkeit schon bemerkt?' fragte er. (Kaf. Pro., 225) (Vous avez bien dû remarquer qu'elle importune les gens?) La demande de confirrriation/d'infirTnation caractérisée par la marque d'une attitude épistémique est plus instante, lorsqu'elle comporte un opérateur de vérification postposé (redondance d'information) : 264 "... das hat er mir gleich am ersten Abend erzählt. Hat mir sogar Fotos von seiner Frau gezeigt... Eine Hamburgerin, glaub ich..." "Richtig. Er selbst ist ja aus Sachsen, nichtΤ "Ja. Obgleich man's ihm nie anhören könnte". (Wer. Lei., 103) 265 Habermas: Warum gingen die beiden (Horkheimer, nach Kalifornien? Das war doch der Verzicht Fortsetzung der Zeitschrift, nicht?" (Hab. Ges., 20)

Adorno) auf die

266 Kolb: - nera Witz muß man doch mal erzählen können, nich? Arno: Ja. Kolb: Findest du doch auch, Junge! (Dcrr. Mos., 58)

256

267 "Man sagt ja immer, daß Perlen Tränen bedeuten, aber das ist wohl ein Aberglaube, ein Unsinn,... Ja?" (Mar. Mal., 62) L'orientation vers le vrai est donc marquée plusieurs fois au plan syntaxique (V2) et lexical (ja/nicht?, doch/nicht?, wohl/ja?...). La question renforcée porte sur Ρ marquée selon diverses valeurs d'orientation de la réponse et de croyance : 268 Ich werde Ihnen erzählen. Bestimmt hilft s, wenn ich es Ihnen erzähle, nicht, Doktor? so was gibt s doch : daß man sich leichterfühlt, wenn so was raus ist?" "Weiß nicht", sagte der Arzt. (Deu. Erz., 26)" VI eigentlich nicht?/Vl nicht überhaupt? Eigentlich et überhaupt (ex. 159) apparaissent dans une question tendancieuse quand il s'agit d'une interronégative de sens positif. 269 Zeit: Ergibt sich eigentlich aus Ihrer Art zu denken und zu handeln nicht unvermeidlich eine - nicht nur ideologische Verminderung des Machtmonopols der Partei? RaJcovski: Zweifellos. (Zeit Nr 51 16. Dez. 1988, 8) De tels ex. montrent une combinaison de signifiés destinés à indiquer à Alloc la prise de position de Loc à laquelle il serait mal venu de se soustraire pour une poursuite coopérative du discours. Tableau 6 I

1

I Liste des opérateurs de vérification les plus fréquents

¡

! polarité marquée 1

ja?/nein?/ne?/nicht?/nicht wahr?/ Ist doch so/Ist es nicht so?...

¡ |

! non marquée

was?/wie?/gell/gelt?/Hm?/Na?/...

¡

I 1

1 1

1

! marquée pour 1 l'alternative 11

1

! relation marquée 1 envers Alloc 1 (doch/wohl)?... I

1 I

1

1

1 | | 1

oder?/oder doch?/ oder nicht?/ oder etwa nicht?... weißt du?/verstehst du?/kapierst du?/ weißt du nicht ?.... du weißt

1 1

¡ | 1 1

257 Tableau 6 (suite) conditions d'interprétation de l'AL gut?/klar?/stimmt's?/einverstanden?/ richtig?... ¡ autres présupposés I pragmatiques

i | I

wollen Sie?/ können Sie?..

Conclusion La question tendancieuse a bien valeur de question car Loc est incertain sur la réaction de son allocuté sollicité de répondre verbalement. Ce n'est pas une simple demande de renseignement dans la mesure où s'y exprime linguistiquement le désir de Loc d'orienter d'une manière ou d'une autre la poursuite de l'échange dans son propre sens, conformément à sa perspective, en rendant plus ardu à Alloc le rejet de ce qui est proposé à son assentiment. D'autres moyens linguistiques comme l'introduction de Q? par une proposition intégrante : ich denke/glaube?/meinst/glaubst du... explicitent l'appartenance de la proposition qui figure dans leur champ à l'univers de croyance de Loc/d'Alloc, l'évocation sous forme de question sur le croire d'autrui suffisant, en co-texte adéquat à faire entendre que Loc n'y croit pas. Il faudrait aussi évoquer le rôle des connecteurs argumentatifs justifiant l'ordre V2 (So/also/dann/und/das heißt...?) et marquant que la question tendancieuse s'insère dans un co-texte marqué, dont l'orientation se justifie de quelque manière (perspective argumentative). Lorsque le doute cognitif est minimal, voire quasi nul, la fonction de Q?tend est d'exprimer l'attitude affective de Loc à l'égard du message (surprise, scepticisme, ironie, attitude polémique, désapprobation, etc). Voici un ex. de question marquant la surprise, und liant l'énoncé qui précède à Qtend?, qui vise à un éclaircissement interprétatif : 270 (Lämmchen veut avoir confirmation des motifs qui expliquent le comportement étrange de son mari alors qu'il vient de les lui énoncer, v. reprises anaphoriques "das", "darum") "Und das wolltest du mir nicht erzählen? Und darum bist du ganz heimlich verheiratet mit geschlossenem Verdeck und der Ring in der Hosentasche?" "Darum, ja". (Fai. Kle., 48)

258 De telles phrases peuvent être employées pour poser ou émettre une question. N'exprimant pas la recherche d'un savoir ( demande de renseignement), elles suggèrent la vérité d'une proposition en posant la question sur elle. La question tendancieuse représente ainsi le maillon intermédiaire dans une échelle allant du doute cognitif maximal de Loc (demande de renseignement) au savoir de Loc concernant la réponse à la question posée ( question rhétorique). Exprimant une supputation de Loc sur l'orientation de la réponse, elle présente, surtout dans s a variante inversive, des affinités avec l'interronégative inversive d'interprétation rhétorique ( ex.: Habe ich es nicht gesagt? /= ich habe es gesagt.) Mais alors que la question tendancieuse se soumet à l'avis du vérificateur (Loc attend une réponse qui peut être divergente - ceci est bien marqué par les opérateurs de vérification associés - P, nicht wahr?/oder?), et laisse par conséquent à l'allocuté le choix, la question rhétorique neutralise les présupposés I a) Loc ne connaît pas la réponse I b) concernant le désir de savoir et le ayant trait à l'obligation de répondre de la demande de renseignement, car pour lui la réponse est de renseignement et les questions évidente. Dans les demande tendancieuses, Loc laisse une marge de réponse à Alloc. Voici, ci-dessous un ex. où une question posée apparemment comme question tendancieuse (avec Alloc institué en vérificateur) est en fait correctement interprétée par l'allocuté (er stellte eine Frage, deren Antwort er selber schon kannte), donc en l'occurrence comme question rhétorique non inversive (/= Nein, Huschel hat den Geburstag von Walther Ulbricht nicht wenigstens einmal gewürdigt,) :

271 (reportage concernant la revue de RDA "Sinn und Form". Peter Huschel, rédacteur en chef de 1948 à 1962 se souvient) "immer wieder gab es Sitzungen in der Akademie, mußte ich berichten, 1958 zum Beispiel über die ersten zehn Jahrgänge. Da stellte dann Alexander Abusch eine Frage, deren Antwort er selber schon kannte: Haben Sie den Geburtstag von Walther Ulbricht nicht wenigstens einmal gewürdigt? ich verneinte, und dann nahm Herr Professor Kurella die Hefte in seine gepflegten Finger, hob sie hoch, ließ sie herunterfallen und rief: In den ganzen zehn Jahren wurde die Existenz der DDR nicht erwähnt (was übrigens nicht stimmte)". (Zeit Nr. 24 Sl.Mai 1991, 35) La question rhétorique est donc une vraie question fil y a bien marque d'un doute cognitif d'un énonciateur fictif différent de Loc), mais pour Loc, qui joue l'ignorant, il n'y a aucun doute.

259 La question rhétorique neutralise les présupposés pragmatiques susnommés en vigueur dans la question neutre et (en partie) dans la question tendancieuse, car toutes deux sont tournées vers une réaction langagière de l'allocuté, institué d'une part en informateur, d'autre part en vérificateur. La question tendancieuse fait intervenir des implicatures conventionnelles (Grice), la question rhétorique des implicatures conversationnelles. C'est là toute la différence entre une question tendancieuse comme "1st er nicht komisch", tournée vers l'approbation d'Alloc, et la question rhétorique de même signifiant (cf. ex. 161) visant à produire chez Alloc l'inférence (attitude mentale) /= Ja, er ist wirklich komisch.

Chapitre 4 DES USAGES PARTICULIERS D'UNE QUESTION Nous avons jusqu'ici considéré l'interrogation dans le cadre d'une interaction comportant deux personnages distincts, le questionneur (Loc) et le questionné {Alloc). Nous avons évoqué le cas où l'énoncé interrogatif ouvre une séquence en induisant une réponse subséquente. Ainsi distinguons-nous, car ceci va de pair avec des différences en langue, la demande de renseignement adressée, comme attitude interrogative interpersonnelle de la question émise, non adressée, donc comme attitude personnelle (question problématisante). De même différencions-nous la demande de renseignement, qui se présente comme énoncé initial d'une séquence qu'elle introduit, des questions comme énoncé réactif. Ces deux critères (adresse vs non adresse), (action première vs réaction), nous permettent de traiter maintenant de la question : 1 comme attitude personnelle extériorisant un doute cognitif sans attente de réponse (question problématisante), 2 comme reprise ou réaction interrogative concernant un fragment antérieur délimitable (question en retour). Dans le premiers cas, celui de la question problématisante, Loc dit, en même temps qu'il pose la question, qu'il n'existe pas actuellement de réponse directe qui apporte assez d'information pour satisfaire à la question ou encore que personne n'est là pour l'apporter. Dans le deuxième cas, la question se moule étroitement sur un événement antérieur qui sert de stimulus avéré et qui en conditionne la structure. 4.1. La question problématisante Il y a question délibérative 1 quand Loc exprime un doute à propos d'un événement, sans adresser la question à un allocutaire qui serait en mesure de réagir ou de le lever. C'est une question sans adresse extérieure. Loc se pose une question et la pose, sans pouvoir y répondre. Parmi les questions dêlibératives, nous distinguons deux sous-classes, selon qu'il s'agit d'une question qui pose un problème, donc tournée vers le savoir, c'est la question problématisante 2 , forme de question, qui peut Cf Meibauer (1986c:77) : "Eine deliberative Frage (zielt) nicht unbedingt auf die Antwort eines Gesprächpartners. Dieser Fragetyp wird gern verwendet, wenn jemand in räsonnierender Weise eine Frage an sich selbst stellt." Conrad (1978:23) utilise le terme de "gnoseologische Fragen, weil sie nicht auf die Mitteilung eines Sachverhalts zielen, sondern auf die Auflösung eines Erkenntnisprozesses in echten Problemsituationen. Sie werden nicht in einer kommunikativen Situation gestellt und scheinen von der Existenz des Sprecher r Hörer-Verhältnis zu

261 n'être pas marquée par une structure particulière, mais qui sert souvent à introduire une problématique, plutôt qu'à provoquer une réponse immédiate, même si elle est parfois suivie d'une réponse. La deuxième sous-classe concerne les actes de langage indirects, c'est la question deliberative proprement dite qui est tournée vers un faire, vers une décision à prendre (V. Fernandez Bravo 1990:450), dont nous citons, ci-dessous, un ex. marqué (configuration was soll ich nur tun?) : 1

(Pinneberg va-t-il démissionner par solidarité avec son collègue licencié? "Was soll ich nur tun? Ich kann doch nicht... Aber ich will nicht lumpig sein... Wenn doch Lämmchen da wäre! Wenn ich die fragen könne". (Fai. Kle., 82)

Nur renforce l'idée d'une recherche instante de solution comme minimum requis. La question problématisante s'oriente vers la transformation de "nos états de croyance" (Apostel 1981:24), la question deliberative proprement dite vers la modification de "nos dispositions à l'action". Quand, formellement, rien ne la distingue d'une demande de renseignement comme question adressée et en attente de réponse, un prédicat d'acte langagier qui l'accompagne pourra être discriminatoire des emplois différents. 2

Olim: Nein, es ist eine viel tiefer schürfende Frage, die ich aufwerfe : zu welchem Punkt schlägt Begabung in ehrgeizige Absichten um? Es gibt einen solchen Punkt. (Hac. Bin., 22)

Cet ex. montre qu'une question problématisante peut être émise dans une situation dialogique, mais que celle-ci est mise entre parenthèse, car il n'est pas attendu dAlloc une réponse, la question reste en deçà de ce qui fait sa nature interactionnelle, c'est-à-dire d'être orientée vers la réaction de réponse qui vient combler le déficit cognitif. Elle consiste plutôt à déterminer alors devant l'allocuté la forme d'une question possible, comme ci-dessous : 3

Cromwell: Ach, Thomas, ich grüble und grüble. War es richtig, was wir begonnen haben? Wieweit können wir noch

abstrahieren, so daß die ganze Aufmerksamkeit auf die gefragte Unbekannte, auf 'das Problem' an sich konzentriert ist." Conrad distingue "questions communicatives" et "questions gnoséologiques."

262 gehen, ohne uns selbst zu verlieren? Wir wollen England erneuem. Sind wir nicht seine reißenden Wölfe geworden? (Hai. Oro., 51) Ces ex. montrent que la question problématisante 3 prend les formes qui servent à la demande de renseignement (Vl/W-?) ou celles de la demande de confirmation interronégative (Vlnicht?), lorsque la question n'est pas neutre : "Sind wir nicht seine reißenden Wölfe geworden?". L'ex, suivant, pris dans le contexte journalistique, avec des éléments narratifs qui prennent en compte l'aspect subjectif accompagnant le déficit cognitif, nous la font interpréter comme question problématisante (le journal se pose en vain la question, configuration W- würde wohl InfP./Wsollte... wohl Inf.?) : 4

Auch die New York Times stellte in einem Jubileumsartikel zum Crash bange Fragen : was würde wohl passieren, wenn einige Großanleger sich entschlösse, Knall auf Fall aus dem Aktienmarkt auszusteigen? Wer sollte dann wohl auf der anderen Seite stehen und Aktien kaufen? Das Blatt wußte darauf keine Antwort. (Zeit Nr. 42 4. Okt. 1988)

5

Wer sagt die Unwahrheit: Reiner Pfeiffer oder Uwe Barschel? ... Hat die Republik einen neuen politischen Handel - oder einen neuen Presseskandal. Noch darf gerätselt werden: noch fehlen schlüssige Beweise. Und noch sind die Zweifel in jeder Richtung erlaubt. Da ist zunächst einmal Schleswig-Holsteins Ministerpräsident Barschel - verfolgte Unschuld oder ertappter Sünder? (Zeit Nr. 39 18. September 1987)

Nous analysons ainsi la question implicite terminant un paragraphe qui évoque la faiblesse du chancelier Kohi jusque dans son propre parti en appelant le lecteur à une réflexion : Warum bloß wagt die Union nicht darüber zu sprechen?... En revanche, une autre question du même article terminant un autre paragraphe portant sur le rapport entre traditionnalistes et modernistes dans la coalition CDU/CSU, nous semble, de par sa forme (cf. infra), marquée comme question problématisante : "Ob der Kanzler noch Zeit und Kraft findet, diese Aufgabe zu meistern?" (Zeit Nr. 17 21. April 1989, 1) Ce cas est un peu particulier dans la mesure, où l'article de journeaux rétablit une situation interactive, mais sans possibilité de rétroaction du lecteur-allocuté. Se poser une question devant lui, c'est aussi l'amener à se la poser.

263

4.1.1. Formes conventionnelles de la question problématisante Ich-Frage Il s'agit souvent d'une question à la première personne, d'une pensée verbalisée (ex. 5), ainsi que les prédicats descriptifs d'acte de pensée qui l'accompagnent alors l'indiquent : 6

Manchester: Warum aber, frage ich mich, kommt eine neue Zeit immer mit einem Sortiment ausgesuchter Plattköpfe daher, die sich auf ihre schlichte Einfalt überdies noch etwas einbilden? (Hai. Cro., 9)

7

Ceas de monologue,) denn mit welcher Größenordnung habe ich es zu tun, wenn ich mich mit Roithammer beschäftige? frage ich mich, mit einem Kopf, der alles zum Äußersten zu treiben gewillt und gezwungen ist. (Ber. Kor., 38)

8

Fabian stand im Torbogen, griff in die Tasche, ob das Geld noch darin sei - und dachte : 'Was wird aus mir? Da er nicht arbeiten durfte, ging er spazieren." (Käs. Fab., 84)

Les questions problématisantes sont, en particulier, celles où Loc se pose une question à soi-même 4 . La question a beau être simplement émise, Loc se la pose réellement, ainsi que le marque le point d'interrogation. La structure de la proposition peut également mener à l'interprétation comme question problématisante : Question totale : ob....? La question en ob? est particulièrement apte à exprimer l'incertitude, la perplexité, sens lié à son emploi historique comme signifiant de l'hypothétique et de la condition. 5 9

Die wenigen Mädchen und Frauen hantierten... an den Schalthebeln, durch die... das Tempo besonders geregelt

4

Cf. Lyons 1980:375 : "Se poser une question, c'est accomplir un acte mental ou illocutionnaire qui est régi par les mêmes conditions de succès que celles qui gouvernent les questions de demande d'information adressées à d'autres qu'à soi".

5

Cf. Paul art. ob. (1920:269, § 462) : "Als Einleitung dient seit der urgermanischen Zeit ob, also diesselbe Konjunktion, die zur Einleitung abhängiger Fragesätze verwendet wird. Gemeinsam ist beiden Verwendungsweisen die Ungewißheit. Aber bei der Frage verbindet sich damit ein Streben zur Gewißheit zu gelangen, während man im Bedingungssatz die Ungewißheit als solche hinstellt.

264 wurde. Ob sie wohl wußten, daß jede Beschleunigung, die sie veranlqßten, für die ungezählten Arbeitsgeschöpfe draußen... eine kaum erträgliche Steigerung von Mehrleistung bedeutete...? Ob diese wiederum ahnten, daß sie... an die Verwandlung der gleichen Materie verkauft waren? (Kas., Sta., 205) 10

fGustl au concert regarde les chanteuses) Ob das lauter anständige Mädels sind, alle hundert? Oh jeh'L. (Sch. Gus., 208)

11

morgen ist mein Todestag - 5. April - Ob sie mich nach Graz überführen? Haha! da werden die Würmer in Graz eine Freud' haben! (Sch. Gus., 225)

II est normal de trouver employé, dans ce cas, ob comme subordonnant de l'indécidable, car il est le subordonnant de l'alternative entre le contenu positif et négatif dans l'interrogation indirecte : ich kann mich nicht entscheiden/weiß nicht, ob..., la question n'est pas pondérée, rien ne vient infléchir le doute cognitif. Mais il existe malgré tout la possibilité, comme avec la structure VI, d'orienter la réponse vers l'approbation à l'aide de l'interronégative à valeur positive, par ex. dans : 12

"Wer weiß, ob die Schwäche, die uns beide überkommen hat, nicht daher stammt, daß wir noch immer nicht gefrühstückt haben?" "Möglich", sagte Frieda." (Kaf. Sch. 136)

Même dans la situation interpersonnelle, la question en ob se spécialise dans l'extériorisation d'une pure incertitude, elle thématise une éventualité, ceci explique la traduction de l'incertitude par "peut-être", marque de l'indécidable dans l'ex, suivant : 13

Der Brief war schon vor fünf Tagen dort (in Philadelphia) aufgegeben worden... "Der Brief war lange unterwegs", sagte ich, "ob sie inzwischen tot ist?" (Han. Bri., 13.) (Peut-être est-elle morte entretemps?^

Même insérée dans un passage de dialogue, la question en ob est différente ; c'est une interrogation personnelle, Loc énonçant pour lui-même une question sans réponse actuelle, celle-ci est différée ou impossible à donner ; bien quAlloc, en situation interpersonnelle, puisse proposer sa

265

réponse, comme ci-dessous, l'interrogation n'est pas interprétable comme demande de renseignement, même si, contrairement à ce qui se passe habituellement, elle joue un rôle dans la progression du discours, Loc répondant comme il le ferait à une demande de renseignement : 14

"Weißt du, was für ein Inserat Mama aufgegeben hatΤ "Ein Inserat? keine Ahnung... Was soll das für ein Inserat sein". "Ich weiß doch nicht. - Ob sie unser Zimmer wieder vermieten willΤ "Das kann sie doch nicht so ohne uns. Nee, glaube ich nicht. Die ist froh, daß sie uns hat". "Wenn wir keine Miete zahlenΤ "Bitte, Lämmchen, wir zahlen schon noch". "Was es nur für ein Inserat sein mag? Ob es mit diesen Gesellschaften abends zusammenhängt?" (Fai. Kle. 139)

Dans cet ex., plusieurs marques de désactualisation apparaissent ob...?/w...mag'i avec verbe en dernière position comme marque de non actualisation. Celui qui pose la question, se demande quelque chose, sans pouvoir ou vouloir répondre formellement, il indique qu'il se pose la question à lui-même. On remarquera que la question problématisante (ex. 15) où figurent les particules illocutoires doch/vielleicht se rapproche de la question d'hypothèse (ex. 16), avec nicht d'illocution, infléchissant Q? vers l'acceptation du contenu comme pure spéculation, sans que cela vise à provoquer une réponse. Tout ceci apparaît bien dans la configuration : énoncé interrogatif et éléments descripteurs d'attitude inférentielle ou discursive (am. Ende ex. 16) : 15

"Ich war immer eine schwache Christin; aber ob wir doch vielleicht von da oben stammen und, wenn es vorbei ist, in unsere himmlische Heimat zurückkehren, zu den Sternen oben oder noch darüber hinaus? Ich weiß es nicht, ich will es auch nicht wissen, ich habe nur die Sehnsucht." (Fontane : E f f i Briest, Goldmann, 263)

La différence est que la question problématisante (ex. 15) est simplement orientée positivement, alors que la question d'hypothèse (ex. 16) se présente comme interronégative tournée vers l'approbation et l'on peut la rapporter aux questions rhétoriques, en ce qu'elle donne à entendre une assertion inverse (/= das spräche für die Regierungen...) tout en posant une question : c'est ainsi que nous analysons l'interronégative suivante, marquée par le subj.II

266

16 Im Winter gab es hier nie Aufruhrszenen und das Volk vertagte seinen Unmut immer bis zu den wärmeren Sommermonaten : Spräche das nicht am Ende für die Regierungen, deren Druck nicht entsetzlich gewesen sein kann, weil man demselben nur Widerstand leistete, wenn das Wetter schön war und man sich mit Vergnügen schlagen konnte?" (Zeit Nr.50 9. Dez. 1988, 5) Dans l'ex, ci-dessous, la série de questions problématisantes neutres débouche tout naturellement sur une interronégative comme question tendancieuse, ob...nicht? : 17 Er könnte Karl Lincke vom Stasi in Ostberlin privat anrufen. Aber ob der zu Hause ist? Ob er solche unwesentlichen Details im Kopf hat? Ob er sich nicht - das vor allem - halb totlachen würde über den gehobenen Dienstgrad aus dem Westen, der nicht mal fähig ist, im Umkreis von Bekannten eine Anschrift rauszukriegen? (Wer. Lei.48) La dernière question : ob + würde + nicht? peut être interprétée comme la mise en avant d'une spéculation dont l'explicitation serait : - er wird sich vielleicht halb totlachen...? Elle se distingue des questions neutres que Loe se pose à soi-même dans l'avant-texte. Question partielle : W-? verbe dernier Beaucoup de questions délibératives en W-? ne sont décelables comme telles que parce qu'elles sont des Ich-Fragen ou par le rapport au cocontexte, car elles présentent la structure non marquée W-V2? : 18

Was guckt mich denn der Kerl dort immer an? Mir scheint, der merkt, daß ich mich langweil' und nicht hergehör'. (Sch. Gus., 208)

19

Und warum hab'ich denn nur gesagt : Halten Sie's Maul! Wie ist mir denn das nur ausgerutscht? Ich bin doch sonst ein höflicher Mensch. (Sch. Gus., 224)

20

Wer grüßt mich denn dort von drüben? Habe die Ehre, habe die Ehre! Keine Ahnung hab' ich, wer das ist. (Sch. Gus. 212)

267 En revanche une structure originale par rapport à celle qui sert à la demande de renseignement présente le verbe en dernière position comme expression de l'incertitude entre Ρ ou non Ρ : 21

(Gusti pense brusquement à Adèle, son ancienne maîtresse) Na, Gusti... war doch die einzige, die dich gern gehabt hat, was sie jetzt macht? Na, was wird's machen - jetzt wird's halt einen anderen haben. (Sch.Gus. 227)

22

Der arme Teufel, gestorben ist er nicht, aber blind ist er geworden. Was mit dem nur geschehen ist? Wo er jetzt lebt? Schrecklich, so herumlaufen, wie der. (Sch. Gus., 220)

23

(Mia entre dans la chambre de son fils) Mia: Ist Jachmann vielleicht hier? Mia macht Licht. Wo er wieder ist? Manchmal rennt er auf die Straße bloß, weil es hier zu heiß ist. (Dor.Kle., 76)

Dans ce dernier ex., la question perplexe, simplement émise, est bien marquée comme telle par le verbe dernier. C'est pourquoi, lorsque le verbe est en finale, la question ne présente guère de particule illocutoire en dehors de wohl/nur 6 , la structure est en elle-même suffisamment marquée par la configuration W-Vd?. Rapprochons-la de l'exclamation correspondante en WVdnur/dochVd(!) • 24

"Was 'Sie doch für ein Mensch sind, Kommissär Bärlach". (Dürrenmatt, der Verdacht, Rororo, 21)

Comment distingue-t-on question et exclamation7 en W-? Le point d'interrogation est à l'écrit un discrimant suffisant ; à l'oral, il semble que l'intonation de l'interrogation en W-soit normalement descendante,

Nous nous inscrivons en faux contre la remarque de Luukko-Vinchenzo (1988:64) (voir les contre-ex. 36 et 37 ci-après : "Die deliberativen Verb-Zweit-Wort-Fragen unterscheiden sich von den Ergänzungsfragen vor allem durch die mögliche Verwendung der Modalpartikel wohl".

Und ob er da

ist! Cette forme peut aussi se prêter à VcxclctTucttion et indique que Id mise en doute interrogative est ir\justifiée (Martin 1987:99).

268

mais elle ne présente pas l'intonation exclamative spécifique, ni les particules illocutoires (doch/aber) qui accompagnent une exclamation en W-f (Cf. Luukko-Vinchenzo 1988:65). Malgré la présence d'une particule atypique (bloß) nous interprétons l'ex, suivant comme exclamation, marquée par le point d'exclamation qui nous fait imaginer une accentuation sur du, la partie descriptive qui s'y réfère indique d'autre part que Loc "se dit à lui-même l'évident", sans pouvoir ne pas s'en étonner : verständlich 25 Anleitner... überlegt, wie er sich Hoffmann machen soll. Anleitner spricht mehr zu sich selbst, er probiert Wörter und Sätze aus. Anleitner: Wie bist 'du da bloß hineingeraten! Hoffmann nickt, ohne damit eine Zustimmung auszudrücken. (Sch. Mes., 19) ("Comment t'es-tu fourré là-dedans!/= Je ne comprends pas. Au moment où Ρ est assuré, le fait évoqué paraît incompréhensible et consternante Dans la question deliberative, la présence fréquente de déictiques (jetzt, hier...) est à noter, mais les déictiques ont aussi une grande place dans l'exclamation. Entre la question problématisante, simplement émise, forme par laquelle Loc soliloque, et l'exclamation, qui est un discours que la situation arrache à Loc, et qui porte sur un contenu actualisé, il y a la différence entre l'extérorisation d'un doute sans résolution et la certitude du "c'est étonnant et pourtant il en est ainsi". Il se trouve qu'un point d'exclamation peut parfois figurer dans une question teintée d'affectivité, l'ex, suivant sera ainsi analysé comme question problématisante dans la mesure où le doute subsiste (ich frage mich), wie du hier ein paar Monate raufkommen willst) : 26

(Lämmchen, qui attend un enfant, a loué deux pièces que l'on ne peut atteindre que par une échelle) Pinneberg: Na ja, wie du hier in ein paar Monaten raufkommen uñllst...! Lämmchen: Das laß meine Sorge sein. Hauptsache, daß du die Wohnung willst. (Dor. Fai. Kle., 81)

La question problématisante, question "vive", se distingue de l'interrogation indirecte à valeur assertive, qui n'admet pas de point d'interrogation en finale : Ich frage mich immer wieder, was mit dem nur geschehen ist.

269 Nous distinguons le cas de celui-ci-dessous : 27

Ich möchte wissen, wer sich am meisten kränken die Mama oder die Steffi?... (Sch. Gus., 217)

möcht?..

où la question est vive, à cause du signal interrogatif, tout en restant sans réponse. Dans la traduction en français de telles questions, l'on remarque l'intervention du verbe de modalisation "pouvoir" qui présente le contenu comme aveu de doute : 28

Mir ist, als wäre zuhause Post in meinem schreibt mir da? (Str. Gro., 131) (Qui peut bien m'écrire?;

Kasten... Wer

C'est donc comme aveu marqué de doute cognitif l'expression stéréotypée : Wer weiß, ob...? : 29

que

fonctionne

Dann sprach man... über Heinrich Bermann, von dem seit Wochen niemand eine Nachricht hatte. "Wer weiß, ob er überhaupt nach Wien zurückkommt", sagte Else. "Warum sollte er nicht? - Wie kommen Sie darauf, Fräulein Else?" (Sch. Weg., 156)

4.1.2. Les particules illocutoires renforçant la valeur délibérative Voici un ex. implicite que seul le rapport au co-texte marque comme décrochage énonciatif (discours indirect libre) : 30

Er hatte eigentümlicherweise strahlend blaue Augen... Wie kommt ein Spanier zu so strahlend blauen Augen? Sie stellte noch einmal fest, daß man auf Schulbänken unzulänglich belehrt wird. Oder gab's da irgendwelche Germanen - Wandergruppen, die vor 2000 Jahren... Ja, richtig... Am Ende war ihr blauäugiger Bewacher ein verspäteter Westgote? (Mar. Mal., 10)

La question problématisante induit ici un processus de recherche qui mène à la formulation de conjectures.

270

Les particules les plus fréquentes en dehors de denn qui relie directement la question à un stimulus précédent, etwa désactualisant qui augmente le doute, sont d'abord bloß/nur (ν. combinaisons denn wohl/denn nur/bloß?), ce qui s'explique par leur valeur. Loc aimerait pouvoir trouver cette information minimale qui comblerait son désir de savoir. 31

Wieviel Kompagnien rücken denn aus beim Leichenbegängnis von einem Leutnant?... Das müßt ich eigentlich wissen... (Sch. Gus., 219)

32

Je mehr sie sich dem Türkenviertel näherten, desto ruhiger wurde er. Doch je ruhiger er wurde, desto ängstlicher wurde sie. Tugrul als K-Y-Führer: Planten sie etwa, sie als Geisel zu nehmen? Damit die Inhaftierung und Verurteilung Kunzes zu erzwingen? Oder die Freilassung der Türken im Tempelhofer Ausländerknast? Möglich war alles. (Ky dra., 138)

Nur/bloß précoces expriment encore plus fortement la tension causée par le déficit cognitif et le désir de savoir : 33

Shy lock Hoames: Ich habe mir zuerst natürlich auch überlegt, wer nur kann das getan haben? Sie... Paul Maigret: Oh!... Shylock Hoames: Sie, Dr. Hudson: Oh! Shylock Hoames: Oder Sie? (Wid. Nac., 56)

34

(le journaliste prétend que la RDA a une odeur particulière) Was riecht hier bloß so? dachte ich dann immer, und : irgendwann kriege ich es heraus. Aber da Spionage ja verboten war und sich unfehlbar alsbald weit größere Alltagsrätsel auftaten, nahm ich die Fährte niemals auf. Gerade noch könnte man es nun .nachholen und ihn dingfest machen. Also was roch eigentlich so? Welches Molekül war verantwortlich für jenen Eigengeruch? (Zeit, Nr.43 19.Okt. 1990, 98)

On remarquera la reprise de la question problématisante initiale (was... hier bloß...?) qui ne se distingue de la demande de renseignement que par l'adresse (question personnelle), par Was... eigentlich? (question fonda-

271

mentale orientée vers le réel) ; eigentlich y figure à bon droit. Toutes les particules illocutoires qui fonctionnent dans la demande de renseignement doivent pouvoir être utilisées dans la question problématisante non pondérée, tournée vers la recherche de l'information (donc aussi eigentlich/überhaupt), etwa (hypothèse redoutée) ainsi que vielleicht (potentialité) biaisant quelque peu la question, et wohl. 35

Doch was soll eigentlich so gefährlich an diesem sein? Die Antwort bleibt unvermeidlich spekulativ. (Zeit Nr. 18 29. April 1988, 10)

Siegeszug

Wohl apparaît quand Loe est à la recherche d'une conjecture : 36

Was für ein Mann er (wohl) ist? Ich habe oft darüber gedacht. (cité par Mei. 1986c:61 )

nach-

37

Franz: Wenn ich daran denke, mag ich schon überhaupt nicht mehr. Ich muß oft daran denken. Was wohl nachher kommt? (Faß. Tro. 32)

Certaines questions problématisantes qui accueillent bloß/nur sont particulièrement teintées d'affectivité, elles indiquent une grande perplexité qui incitent à les rapprocher d'exclamations correspondantes. C'est ce qui est fait dans les ex. suivants où W-bloß?! exprime une tension affective du sujet parlant, à peu près semblable à celle qui se traduit avec Wenn nur\ exprimant une supposition nuancée de désir, on remarquera d'ailleurs, dans l'ex, suivant, la traduction en français par "si... seulement + irréel!" : 38

(Die Frau versucht aufzustehen, fällt zurück auf das Bett.) Frau: Wie komme ich bloß aus diesem Alptraum raus? Ich bin sowas von zerschlagen Gott, was hast du bloß für einen Mist gebaut! Da bleibt bestimmt ein Schaden. (Str.Gro., 145) (Trad. Launay (1978:28)) (Gallimard: Si je pouvais seulement sortir de ce cauchemar... !)

Le traducteur a interprété la question problématisante comme expression d'un souhait. Lorsque la question problématisante exprime un souhait, elle se présente canoniquement comme énoncé en wenn nur :

272

39

Herr Leutnant, Sie werden mir doch zugeben, daß nicht alle ihre Kameraden zum Militär gegangen sind, ausschließlich um das Vaterland zu verteidigen! So eine Frechheit! Wenn ich mich nur erinnern könnte, was ich d'rauf geantwortet half? (Sch. Gus., 211)

Il y a cependant une différence de sens entre question vive sans réponse (Wenn... nur...?), et souhait ardent de trouver une réponse (Wenn... nur...!). La question qui s'impose dans la situation permet l'exclamation : c'est à se demander si/quel...! Lorsque la question est en W-V2nur?, il n'y a pas de différence formelle avec la demande de rappel d'information (v.4.2.). La différence est dans la situation d'énonciation ; dans ce dernier cas, Loc a connu la réponse et est à même de devenir son propre informateur : 40

und am Abend waren wir schon beim Ronacher... der Kopetzky, der Ladinser und ... wer war denn nur noch mit uns? - Ja, richtig, der Freiwillige, der uns auf dem Marsch die jüdischen Anekdoten erzählt hat... (Sch. Gus., 219)

41

In welcher Gegend die Schwester von Kopetzky steht? Ob ich sie erkennen möchte? Ich habe sie ja nur zwei- oder dreimal gesehen... Wie hat sie nur geheißen? Und dann hat sie mir eine Ansichtskarte aus Belgrad geschickt. (Sch. Gus., 208)

La question problématisante peut donc emprunter, soit la forme d'une demande de renseignement (VI? W-V2?), soit celle d'une question tendancieuse (Vlnicht?), ou la forme d'une subordonnée à valeur d'énoncé : Ob?/ W-Vd?. Nous distinguons l'interrogation du déficit cognitif maximal, question initiale introduisant une séquence (demande de renseignement de mise en débat ou question ponctuelle), qui peut parfois être rattachée au con-cotexte (Qdenn?), et la question induite par une situation ou un énoncé antérieurs (question en réaction). Nous mentionnons ici brièvement deux types qui relèvent de ce dernier cas, la demande de rappel d'information et la question en retour. Dans le cas de la demande de rappel d'information, Loc présuppose un acquis cognitif antérieur, qui lui permettra donc de vérifier lui-même si la réponse est bien l'information recherchée.

273 4.2. La demande de rappel d'information La question est posée en relation avec un contexte antérieur dans lequel Loc était en possession de l'information demandée. Deux variantes apparaissent : 1/ questions totales avec proposition intégrante où figurent des périphrases explicites avec verbe de cognition comme : Weißt du (noch?), du weißt (doch)?, Erinnerst du dich (noch)?, du weißt ja?..., formules qui servent à activer l'allocuté pour qu'il mobilise un savoir. 42

"Weißt du noch, daß wir heute abend einmal in einem Atelier sqßen... und daß du erzähltest, wie du die Männer für ihren Egoismus bestrafen willst Τ Sie antwortete : "An dem Vorsatz hat sich nichts geändert". (Käs. Fab., 79)

43

"Du weißt ja", sagte sie eines Tages, "daß ich nicht bei dir bleiber Sie spürte im Dunkeln auf ihrem Arm, daß er mit dem Kopf nickte. (Erz., 145)

2/ Questions en WLa demande de rappel d'information fait intervenir alors des mots de discours qui expriment l'attitude de Loc dans cette demande du rappel de connaissances partagées (ou présumées telles). a/ W-auch (wieder) ? 44

Wie hieß der kleine Ort in der Provence auch wieder, wo Jochen ein Haus kaufen wollte - weißt du -, wo wir damals im April zweimal übernachtet haben ? (cité par Franck 1980:219 )

Auch imprime à la question la marque qu'il s'agit là d'un ajout qui va dans le même sens 8 que l'énoncé précédent, participe du même mouvement argumentativ il indique que la question s'insère normalement dans la suite discursive. b/ W-doch? 45

8

Wie heißt doch (gleich/rasch/noch) Vornamen? (cité par Bublitz 1978:104)

eure

Katze

mit

Mit dieser Partikel bewertet der Sprecher den "Tatbestand als normalen und ordnungsgemäßen Begleitumstand (Voraussetzung, Folge) der Handlung, auf die verwiesen wird." (König 1977:128)

274

b

Wo arbeitest du doch (gleich)? (cité par Heibig 1977:39) (Tex. est assorti de la justification de la demande (ich habe es vergessen).

c

Wie hieß sie doch rasch, Lola ?

C'est le seul cas, avec la question problématisante, d'utilisation de doch (tonique) en question en W-. Gleich/rasch/noch fonctionnent comme renforçateurs qui rendent la demande de rappel d'information plus pressante. On remarquera, ci-dessous, l'utilisation rhétorique de la séquence question/réponse, dont la question est constituée par une demande de rappel d'information : 46

Wie hat der Dichter doch so schön gesagt? : 'Es schlug mein Herz geschwind zu PferdeF

Des énoncés de cette nature apparaissent en réaction à un stimulus concotextuel. Nous observons les différences de configuration {W-doch? - demande de rappel d'"information" vs V2doch 9 = demande de confirmation, prototypiques de deux actes illocutoires différents. La particule doch apparaît dans la fonction et avec la charge sémantique du morphème qui est utilisé dans la demande de confirmation : elle marque une opposition 10 à une attente : Loc est étonné de ne pouvoir satisfaire son désir d'indiquer quelque chose qu'il a su, un fait acquis. Loc a, comme on dit, le nom recherché "sur le bout de la langue". C/ W-noch? 47

Wie war das noch?

48

Wie hieß er noch gleich? (comment s'appelait-il déjà?,)

Le signifié temporel de schnell/gleich/noch dans ce type d'énoncé se trouve en harmonie avec l'idée que l'état de doute ne doit pas se prolonger. Noch indique qu'une donnée se prolonge en deçà d'un seuil de

du weißt doch/noch? sert aussi à rappeler une information en créant la connivence propice à la suite, comme dans l'ex, déjà cité : Mit Bergmann muß ich anfangen, du weißt doch, im Anfang war ich bei Bergmann?" "In der Konfektion, ja". (Fai. Kle., 511). Cf. Hartmann 1986:148 : "Die invariante Bedeutung von doch besteht nach Doherty (1985:66ff) in der Gegenüberstellung zweier alternativer Einstellungsverhalte."

275 vérification. Le déficit cognitif concerne une information connue dans le passé. La dimension temporelle de noch est évidente. On ne s'étonnera donc pas de l'apparition fréquente d'adverbes de temps : gleich, ou de manière : rasch/ruhig accompagnant une particule d'illocution dans la demande de rappel d'information, à l'instar de la demande de renseignement, acte indirect, interprétation de l'énoncé jussif ci-dessous, par quoi on pourrait la gloser : 49

- Sag doch gleich/rasch/ruhig: Wie hieß sie?...

On note une tendance à les employer seuls, sans particule illocutoire de renfort. Iwasaki (1970:69) cite : 50

- Wie hieß er schnell?

en regard de : 51

- Wie hießen Sie denn gleich?

d/ W-schon 52

Wie heißen Sie schon? (comment vous appelez-vous déjà?)

Dans ce contexte sont employés noch/schon qui forment un mini-système et dont le sens est déterminé par le rapport au passage d'un seuil (Pérennec 1988:55). Si noch marque l'en-deça du seuil de vérification du prédicat, schon en indique l'au-delà, le moment de vérification du prédicat (ce thème valant pour ce rhème) est dépassé. Le rapport à la temporalité est dans un tel contexte patent. "Votre nom a déjà été prononcé auparavant, je l'ai entendu", voilà ce qu'indique ce rappel d'une énonciation antérieure que la question évoque en se référant ainsi à un univers distinct de l'univers actuel de Loc. Schon est particule illocutoire et non adverbe, car il n'est pas substituable par bereits. Schon indique une certaine restriction par rapport à une attente positive (Loc s'attendait à se souvenir du nom.) La question de rappel d'information contenant schon exerce, en rapport avec le représenté, une pression "amicale" sur Alloc, incité à rappeler ce qui a déjà été dit et qui ne fait pas mystère. Lorsque la question est émise (question deliberative où Loc s'adresse à lui-même en tant qu'Aline pour activer sa propre mémoire) la question fait appel au savoir stocké, l'opposition (doch) marquée fait référence à l'écart entre désir de réminiscence et moyen pour le satisfaire (autoexhortation à la réminiscence) : 53

Was sollte ich doch bestellen?

276

54

Was wollte ich doch hier?

Si l'on compare en question simplement émise : 55a Wie hieß er doch? à 55b Wie hieß er nur? 55c Wie hieß er bloß? des nuances de sens importantes apparaissent : W-doch? (opposition entre avant et après) indique que la question ne devrait logiquement pas être posée, la réponse ayant été sue, alors que W-nur et 6Zoß? interrogent sur le degré minimal d'une échelle d'actualisation, comportant un seuil de vérification du prédicat : er hieß so und so. Lorsque {W- hieß...doch/noch/schon?) est adressé et reçoit une réponse, Loe est en mesure de juger si la réponse est satisfaisante ou pas, et peut l'exprimer, comme ci-dessous : 56

"Im übrigen bewundere ich diesen Pudel, wie hieß er dochΤ "Schnuck", sagte Asta. "Richtig, Schnuck". (Fontane : "Unwiederbringlich", cité par Iwasaki (1977: 70))

Orienté vers une "information", la plupart du temps le rappel d'un nom propre, d'une citation... aisément vérifiables, ce type d'acte illocutoire comporte la plupart du temps un "mot de discours", dont nous rappelions ci-dessous l'incidence sémantique sur la proposition. Tableau I (Question en w?)

auch (wieder)

doch

noch/schon (wieder)

+ fait (potentiellement) connu des deux interlocuteurs attente tournée vers la correction de l'oubli

(oubli) en opposition à l'acquis (savoir)

prolongation d'une attente en deçà du seuil/ dépassement du seuil

277

4.3. Dimension Communicative : La question en retour H Nous étudions maintenant l'énoncé interrogatif comme réplique qui fait retour sur un énoncé antérieur. Il y a en effet des questions qui ne sont produites qu'en rapport étroit de forme et de sens avec l'énoncé précédent ou situé dans l'avant-texte. Le phénomène le mieux observé à cet égard est celui de la questionécho 12 qui répète textuellement, en totalité ou en partie, l'énoncé qui précède : 57

"Verraten Sie mir", sagte er, "woran es liegt, daß die meisten... so lange geglaubt haben, noch am Leben zu sein". "Es könnte daran liegen", sagte der Archivar, daß viele von euch um das Erlebnis des Sterbens betrogen worden sind". "Um das Erlebnis des Sterbens?", wiederholte fragend Berthelet. (Kas. Sta., 296)

La partie métadiscursive décrit exactement la fonction illocutoire du segment précédent.

Cette appellation a été choisie plutôt que celle de "question réactive", en nous fondant sur la définition du Petit Robert (1960:1549) à propos de la locution "en retour" : "se dit d'une action, d'une parole, d'une affirmation qui est réciproque d'une autre, sert de compensation, d'échange." 11 s'agit bien là d'une parole qui sert d'échange, dont la présence ne se justifie que par celle de l'énoncé précédent. Le terme de "Rückfrage", demande d'éclaircissement, n'en mentionne qu'une des possibilités. Nous embrassons un champ plus vaste qui comprend aussi "die Frageübernahme". Wunderlich (1986b:44) illustre le terme de Echo-Fragen, par les ex. suivants : 1 Peter hat ein Seepferd gekocht. 2 (a) Peter hat ein Seepferd gekocht? (b) Peter hat was gekocht? (c) Peter hat ein was gekocht? (d) Was hat Peter gekocht? (e) Ein Seepferd hat Peter gekocht? ( 0 (Ist das wirklich wahr:) Hat Peter ein Seepferd gekocht? définis par un caratère intonatoire : "die betonte Silbe des Fokuselements (wird) mit Tiefton, und alle folgenden Silben bis zum Satzende (werden) mit Hochton realisiert." Il s'agit donc d'une question focalisée sur un élément dont la compréhension n'est pas assurée :"Echo-Fragen sind immer möglich, wenn eine Vorgängeräußerung zu einem problematischen Verständnis führt." Mais en la caractérisant ainsi : "Die EchoFrage unterbricht die Dialogentwickung, sie dient zur Verständnissicherung ", Wunderlich n'évoque qu'un type particulier d'un phénomène plus général. Nous en voyons pour preuve le fait que Loc peut poser une question rhétorique sous forme de "question en retour". C'est aussi une procédure qui permet de retarder la réponse demandée.

278 A la différence de Wunderlich (1986b) qui utilise le terme de "EchoFrage" pour désigner tout type d'interrogation en réaction à un énoncé initial, nous réserverons le terme de question-écho pour celle qui répète totalement ou partiellement le signifiant, la seule variation observée concernant les éléments se rapportant aux coordonnées spatiotemporelles de l'énonciation (cf. ci-dessous). On voit apparaître à l'intérieur de la séquence : énoncé 1/ énoncé 2 comme question en retour, des enchaînements de nature diverse. 4.3.1. Classification A. La question répétée Le cas le plus simple est celui où l'énonciateur d'une question n'a pas reçu l'information ou la réaction recherchées et la reprend, ce qui donne alors lieu, la plupart du temps, à une variation de forme. Q? est assortie ci-dessous d'un prédicat métadiscursif glosant la construction interrogative, ich frage Sie/dich/euch :...? Le prédicat d'acte langagier ne réfère pas au contenu objet du doute, mais au fait même de l'énonciation : 58

"Was wollen Sie hier?" fragt er Kaspar. "Ich frage : was wollen Sie hier?", sagt Weichmann. Wo er hinwolle, will Weichmann wissen, ob er fremd in der Stadt sei. (Handke "Kaspar" Suhrkamp: 119) (je vous demande ce que vous faites ici?)

Un usage indépendant de la construction subordonnée à valeur d'énoncé est une marque caractéristique de la question répétée : 59

Willy: Was ham mir zum Essen? Martha: Mußt die Monika fragen. Willy: Monika, was ham mir zum Essen. Monika hört nicht. Willy: Was mir zum Essen ham? (Kro. Hei., 12)

Après une première question-écho, Loe utilise une structure marquée d'interrogation à verbe dernier. Peut-on dériver cette structure d'une interrogation indirecte? Un fait de ponctuation s'y oppose. A l'écrit, ces subordonnées sont accompagnées du point d'interrogation qui signale l'appel interrogatif, mais à l'oral, il n'y a pas de montée de la voix. Dans l'interrogation indirecte introduite par X fragt,., il ne reste plus que l'objet de l'interrogation. L'appel interrogatif a disparu. Dans la IchFrage (expression performative), en revanche, l'appel interrogatif est

279 porté par la forme verbale car Loc en prononçant cette phrase, accomplit l'action de poser une question : Ich frage dich, was wir zum Essen haben. La proposition subordonnée, dans l'ex. 59, entre en rapport direct avec la réalité, puisqu'elle requiert du questionné une réaction langagière, elle est sous la portée de la question 13. Le point d'interrogation apparaît lorsque le verbe de l'intégrante doit être réinterprété comme expression de la valeur interrogative, le tout est sous la portée du signal d'interrogation (?) : 60

Arno... sagt nach längerem Schweigen unvermittelt. - Was hast du denn für einen Vorwand? Gerhard gibt keine Antwort, ißt weiter. -Ich will wissen, wofür du lebst? Es macht sich doch jeder was zurecht. " (Dor. Mos, 41) (= Ich will wissen : Wofür lebst du?J

La proposition intégrante explicite le présupposé pragmatique I c) de la demande de renseignement (déclaration d'intérêt pour la réponse), elle a forme déclarative, ce qui donne lieu à la structure - hybride entre l'assertion et la question 14 - ich will wissen, w-/? La configuration : verbe en dernière position et point d'interrogation sans proposition intégrante constitue donc une caractéristique de la question répétée ou rephrasée, qu'elle partage avec la question deliberative. De même, la subordonnée conjonctive introduite par ob munie du point d'interrogation (?) sert à indiquer la mise en débat actuelle. La présence du point d'interrogation interdit l'analyse comme interrogation indirecte amputée de sa phrase-matrice : Ob Ρ, frage ich. La répétition d'une question par Ob/W-/... VD? représente un des cas où la proposition subordonnée entretient un rapport immédiat avec la réalité de l'énonciation. L'indication qu'il s'agit là d'une question posée actuellement : "Je me pose et je te pose la question de savoir si...", est fournie par le point d'interrogation. 61

Rampa Zampa: Stell sie auf den Tisch! Conrad: Vorsichtig? Rampa Zampa: Was heißt das?

Ceci est bien noté par G. Kaufmann, "Die indirekte Rede und mit ihr konkurrierende Formen der Redeerwähnung" Hueber (1976:139) qui cite comme réaction à : Du bist doch Herrin über dein Geld! un ex. de question indirecte avec "question vive" : Mit Einwänden verschlimmerte der Freund nur den Zustand. Sie sei Herrin über ihr Geld? Ja, aber die tägliche Entwertung, sie konnte es nicht verwalten ohne Wolf. En français, un mélange de construction directe et indirecte apparaît aussi dans la formulation (agrammaticale) suivante avec pronom enclitique : -'Pouvez-vous me dire quelle heure est-il?

280

Conrad: Ob ich die Pauke vorsichtig hinstellen soll? Rampa Zampa: Die Pauke war in der Schlacht. Was heißt da vorsichtig? (Fue. Ada., 42) La question partielle subit une variation formelle lorsqu'elle est répétée, ce qui est le signe de son renforcement ; ici c'est l'alliance de la ponctuation interrogative et du verbe dernier qui est significative : La question répétée varie dans sa forme. L'ex, suivant montre la variation subie par une demande de renseignement en W-? paraphrasée par une demande en V2? elliptique, un vide marquant l'indétermination sur le segment recherché : 62

Frau zu Lotte: Wer sind Sie? Lotte: Ich kenne Sie vom Sehen. Frau: Sie sind? Lotte: Ich bin Lotte. " (Str. Gro., 146) (= Sie sind (wer)?;

La première question posée est suivie d'une réplique ne satisfaisant pas à la demande de renseignement. Celle-ci est réitérée sous-forme de phrase incomplète laissant vide la place de l'inconnue. La répétition de la question donne lieu à une variation qui fait apparaître des structures paradoxales, en regard de la syntaxe ordinaire de la phrase allemande. B. A la répétition de sa question par un locuteur, qui n'a pas reçu de réponse satisfaisante ou qui demande confirmation, correspond, du côté de l'allocuté, la demande de répétition d'un énoncé ou de tout autre élément linguistique premier qui n'a pas été reçu, ou une demande de précision, afin d'obtenir un aval ou un démenti. La demande de répétition peut prendre la forme d'une demande de renseignement portant sur toute l'énonciation. - Was (sagst/fragst du)? (demande de répétition totale) : 63

Justine: Kein Wort von Pflicht, Greffel. Ich halte Greffel: Was? Justine: Ich rustiziere. Greffel: Was? Justine: Ich genieße die Landlust. (Hac., Bin., 48-49)

Villegiatur.

64

Rudolph (befeuchtet den Zeigefinger und hält ihn, die Luft prüfend, in die Höhe): Thermische Aufwinde.

281 Anton (sieht von seiner Lektüre auf): Was sagst du? Rudolph: Thermische Aufwinde. (Dor. Kur., 147) Was? est familier. La formule de demande de répétition polie : Wie bitte? (ex. suivant) se présente comme requête de dire indiquant que l'énoncé précédent n'a pas été compris par l'allocuté (étape de l'uptake austinien.) 65

Aus welcher Gegend sind sie (die Kartoffeln) - jetzt samma scho fertig.' - Wie bitte? - Samma scho fertig, hab i (j sagt. (Presse, 186)

denn?

Une autre variante consiste à répéter interrogativement un terme ou plusieurs de l'énoncé précédent, ce qui signifie quelque chose de plus. Ce surplus de sens est toujours entendu grâce à l'intervention d'une implicature si Alloc répète Ρ ou une partie de Ρ sous forme interrogative, il veut implieiter autre chose (cf. Kerbrat-Orecchioni 1986:270). Par ex, Loc a enregistré ce que son interlocuteur a affirmé sans le tenir pour véridique (étape de l'admittance 15 impliquée par l'énonciation). La question en retour met en lumière l'étape de la compréhension ou de l'acceptation d'un énoncé par l'allocuté. 66

(Stappenbeck a porté les bagages de Greffel depuis la gare) Greffel: Hier sind zehn Mark für Sie. Stappenbeck: Der Preis ist hundertzwanzig. Greffel: So, hundertzwanzig? Stappenbeck: Bedenken Sie, vom Bahnhof bis hier in die Taiga heraus, und die Hitze als Erschwernis. Greffel: Hundertzwanzig, sagen Sie? Stappenbeck: Sechs große Koffer, wenn ich die Netzchen und Beutelchen nicht zähle. Greffel: Nun, Mann, kommen Sie zum Ende. Stappenbeck: Der Tag ist Sonntag. Greffel: Hundertzwanzig also. Stappenbeck: Die Zeit ist nach sechzehn Uhr. Nein, es bleibt bei hundertzwanzig, und es ist wohlfeil.

"The incrementation f r o m Gi to Gi+1 (symboles d e l'augmentation du fond commun de la conversation), then, involves the admittance to the c o m m o n ground of the proposition representing the fact that the speaker p e r f o r m e d a particular speech act. where, to be admitted, the act must be understood by the adressee(s). and judged acceptable." (Rogers 1978 cité par Moeschler (1982:69)).

282 Greffel: Hundertzwanzig, warum denn nicht zig? Hier sind Ihre hundertzwanzig. (Hoc. Bin., 69)

hundertzwan-

La question-écho est utilisée dans une négociation (Aushandeln) (valeur perlocutoire) et interprétée comme question dubitative, comme une demande d'infirmation, qui contraint Loc 2 à trouver des arguments convaincants pour l'acceptation de "Der Preis ist hundertzwanzig." La question-écho donne à entendre ce moment d'hésitation face à l'acceptation ; dans l'ex, ci-dessus, elle est variée formellement, et suivie à chaque fois de justifications supplémentaires de Loc 2, jusqu'à l'acceptation finale. Il y a un nombre très grand de modalités de retour par une question sur un énoncé antérieur. Quel ordre introduire dans cette diversité? 1) Classification syntaxique Wunderlich 16 (1986:47) décrit trois types qui se distinguent syntaxiquement : 1) Fragen, die ein Element der originalen Äußerung an der originalen Position fokussieren. 2) Fragen, die ein Element durch ein W-Wort ersetzen. 3) Fragen, die die W-Frage in die Spitzenstellung bewegen. Parmi ceux-ci, 1) est caractérisé essentiellement par une accentuation d'emphase sur le terme qui fait problème. Il consiste à isoler l'élément sur quoi porte l'interrogation par rapport à ce qui est présupposé. Cet élément ne peut pas toujours être repris par un W-Wort. Ex. cités : 1/ Peter hat leider gewonnen. Peter hat leider gewonnen? 2/ Käte ist gegangen, weil sie Halsschmerzen hatte. Käte ist weswegen gegangen? (elle est partie pourquoi?) 3/ Käte hat den Kiosk am Bahnhof gemietet. Wo hat Käte den Kiosk gemietet? réalisable aussi comme type 2 : Den Kiosk wo hat Käte gemietet? 17 Les traits syntaxico-sémantiques de l'énoncé interrogatif montrent une accommodation de forme à l'énoncé initial de l'allocuté. Cette observation nous amène à nous appuyer sur la typologie proposée par Wunderlich (1986b) privilégie un point de vue syntaxique et intonatoire qui lui permet de faire des remarques sur les phénomènes de prosodie de la question en retour indiquant la focalisation de l'information dans P. Cette forme n'est acceptable en langue parlée qu'avec une forte intonation sur wo, indispensable (question focalisée). La question en retour peut aussi être elliptique : Den Kiosk wo?

283 Boriilo (1978) pour le français, que nous adaptons aux possibilités allemandes d'expression. 2) Classification selon le critère du rapport de forme entre énoncé initial et question en retour Boriilo (1978) distingue aussi trois types de questions en retour. Il s'agit de : 1 - La question-écho 67

Frage: Immerhin haben Sie zugegeben, daß zwei authentische Figuren auftreten : Christa Τ und ein Ich. Antwort: Habe ich das zugegeben? Sie hätten recht, wenn nicht beide Figuren letzten Endes doch erfunden wären. (Wol. Sei, 52)

La question est identique dans son libellé, ou du moins textuellement proche, de l'énoncé qui précède, ce qui autorise tous les phénomènes d'ellipse. On observera, cependant, certains effets de "désactualisation" de l'énoncé, comme le passage du mode personnel à l'infinitif (forme vide de référence personnelle) et l'ellipse de la partie conjugée du verbe : 68

(Leni) "Ich will keinen anderen Dank und brauche auch keinen anderen, als daß du mich lieb hast". "Dich liebhaben?" dachte K. im ersten Augenblick, erst dann ging es ihm durch den Kopf. "Nun ja, ich habe sie lieb". (Kaf. Pro., 132)

La question-écho présente ici un contenu de pensée, ("dachte Κ."). L'objet du doute est marqué par le terme répété sous la forme interrogative. 2 - La question-suspens 18 Elle comporte un mot interrogatif marquant le segment indéterminé : 69 A: übrigens, Helga hat sich einen echten Radznicki zugelegt. B: Einen echten was hat sie sich zugelegt? 3 - La question reformulée La question du locuteur initial (= Loe 1) est reformulée par l'allocuté jouant le rôle de Loc 2 dans une question en retour :

Tout en gardant la rubrique 2, nous ne reprendrons pas le terme de "question-suspens", dont nous ne voyons pas très bien le sens, puisqu'une question suspend obligatoirement toute assertion. Cette rubrique 2 est caractéristique de formes comportant un mot interrogatif en W-? non initial, Loc remplaçant un ou plusieurs constituants du premier énoncé par un ou des élément(s) interrogatif(s), comme lieu(x) d'indétermination marquée.

284

70

Deutscher: Amtierten Sie schon in Coventry bei der... äh, damals? Richter: Bei der Zerstörung, meinen Sie? Vor 24 Jahren, nein. (Hoc. Sol., 12)

La question reformulée sert à obtenir l'aval de Loc 1. C'est une demande de précision, portant ici sur un des termes de l'énoncé précédent manquant. Loc 2 ne se contente pas de reprendre la phrase précédente de Loc 1, il l'interprète, la complète. Considérant le rapport formel entre élément linguistique premier et question en retour, ainsi que la mise en relief du lieu du manque, nous évoquons donc : A/ la reprise textuelle ou elliptique (question-écho), B/ la reprise textuelle focalisée sur un segment à l'aide d'un mot interrogatif en W-, (question-écho en W- type 1 ou type 2) C/ la reprise avec variation du signifiant (question reformulée). A. La question-écho Elle reprend en répétant une partie du signifiant, un énoncé de Loc 1, Loc 2 tenant à s'en faire confirmer la teneur :. 71

Anton: Wenn ich Ihnen einen Rat geben darf, überlassen Sie die Arbeit vorerst getrost ihrem Nachfolger. Kriegbaum: Nachfolger? Anton: Eine geeignete Persönlichkeit, die Sie ersetzt. Kriegbaum: Ersetzt? Sie sind gut. (Dor. Kur., 160)

Ex. de séquence Q?/Q?-écho : 72

Aber der Advokat fragte : "War sie wieder zudringlichΤ "Zudringlich?", fragte K. "Ja", sagte der Advokat... "Sie haben doch ihre Zudringlichkeit schon bemerkt?", fragte er. (Kaf. Pro., 134)

En posant littéralement la question de l'emploi du terme : "(que voulezvous dire par) importune?", Loc indique un doute sur le présupposé. La demande de confirmation CONF^Ja de l'avocat conteste tout doute sur l'élément cité en reprenant sous forme de présupposé le terme problématique. La répétition interrogative est restreinte à la partie de l'énoncé qui fait problème. Après une question totale, elle peut se présenter sous la forme : Ob...VD?

285

73

"Glaubst du, daß er unrecht zu handeln meint?" "Ob er es meint?... Vielleicht; vielleicht nicht, antwortete der Mann, vielleicht darf man bei solchen Gefühlen gar nicht so fragen". (Mus. Erz., 146)

En l'occurrence Loe 2 reprend l'interrogation à son compte avant de dire qu'il ne peut y répondre. On voit donc bien qu'il ne s'agit pas d'une simple question répétitive, mais que répéter une question, pour peu qu'il ne s'agisse pas de signifier qu'on veut s'en faire confirmer la teneur, ou pour en proposer une interprétation, peut être interprété, en relation avec le co-texte et le représenté, comme l'expression d'une objection, d'un sentiment de doute. L'enchaînement sur sa propre question par Loc 2 comporte des commentaires sur des parties de l'énoncé prononcé par Loc 1, constituant par ex. une récusation de l'acte de langage initial. La séquence normale question/réponse est ajournée, l'acte initial n'est pas accepté : 74

Kristine: Macht es dir Spaß? Martin: Ob es mir Spaß macht? Ha, das ist es wieder, trübe Zauberwort. Die Schule soll Spaß machen. (Str., Fre., 20)

das

Ou bien encore (Cf. Boriilo 1978:676), il s'agit d'une pure répétition, Loc 2 (B dans l'ex, ci-dessous) reprenant à son compte l'interrogation de Loc 1 (A ci-dessous) en marquant ainsi qu'il partage sa perplexité : 75

Bei meinem ersten Grenzüberschritt fällt mir auf, daß die Honecker-Photos in den Zollbaracken abgehängt sind. Ich frage den Grenzbeamten, wann der Vorsitzende von der Wand genommen wurde. Zwei Tage nach dem Rücktritt erfahre ich. (A) "Und wer wird an die Stelle tretenΤ Er (B) zuckt mit den Achseln, grinst, "Ja, wer?" (Zeit Nr. 7 9. Feb., 1990)

Quelles régularités observe-t-on? : la question-écho simple comporte une répétition totale ou partielle de termes employés dans l'énoncé initial de Loc 1, il y a inversion des indices de personnes qui renvoient aux protagonistes du dialogue (Ql?ich /Q2?du) lors du passage de l'énoncé initial à la question en retour. Loc 2 peut aussi reprendre sous forme interrogative l'énoncé de Loc 1 à son compte, avant d'y répondre ou de donner son sentiment.

286 l'élément soumis à répétition est placé hors-actualisation, c'est ce qu'expriment la mise à l'infinitif (ex. 68), ou aussi l'effacement des marques de deixis. Lorsque la question est totale, elle peut prendre la forme caractéristique Ob...Vd?, dans laquelle Ob est marqueur d'indétermination sur la valeur de vérité de Ρ (absence d'actualisation du contenu de P) ; le contenu, objet de la question, n'est présenté, que comme simple objet de pensée : "Du fragst mich, ob es mir Spaß macht?" (v. ex. 74 ci-dessus) Si c'est une question en W- la forme avec verbe final est fréquente, elle indique l'absence de prise en charge du contenu, objet de la mise en débat : 76

Wie kommen Sie zu meiner Adresse? - Wie ich zu Ihrer Adresse komme (danach fragen Ich habe mir eben Ihre Adresse ausgebettelt.

Sie)?

Ces ex. montrent que l'on peut intégrer la forme W-... Vd? à une structure segmentée avec verbe portant sur l'énonciation, ce qui pourrait expliquer l'anomalie de structure constatée dans la question-écho ("question vive" avec verbe dernier) 19 , par rapport à la question en W- initiale. Il s'agit, croyons nous, d'une marque de non-actualisation du contenu. Sur quoi la question-écho fait-elle retour? W-...?/Vl-écho? peut apparaître quand Loc 2 conteste un présupposé de la question initiale, donc l'AL tout entier : 77

"Höre, Reiting, warum nimmst du dich Basinis so warm anΤ "Nehme ich mich seiner an? Das weiß ich gar nicht. Überhaupt habe ich gewiß keinen besonderen Grund". (Mus. Tör.48)

Reiting donne à entendre un doute en posant la question sur le présupposé, indiquant ainsi que la question initiale est inappropriée (inférence de son désaccord avec la manière de poser la question). Pour qu'une question soit un acte de langage réussi, il faut que les présuppositions impliquées ne soient pas contestées par Alloc. La question-écho enchaîne sur une assertion : 78 Aron: Wie gerätst du an derlei? Justine: Denk dir, er hat mich bei einem aufgegabelt.

Betriebsvergnügen

Mais une telle explication ne peut s'appliquer à l'ex. 59 : Was mir zum Essen ham? (danach frage ich).

287

Aron: Aufgegabelt, er dich? Justine: Ist das nicht allerliebst? (Hoc. Bin., 11) La virgule marquant une pause, semble indiquer la perplexité du questionneur concernant le rapport thème/rhème ("aufgegabelt, (sagst du), er dich?"). On remarque ici que la succession des éléments répétés peut être perturbée (hormis la succession commandée par l'ordre grammatical), les éléments Thématiques précédant les éléments thématiques : 79

Justine: Sie haben diese anstrengende Reise leider gemacht. Greffel: Umsonst, was reden Sie, die Reise? Justine: Ich meine, sie blieb ohne Gewinn. (Hac. Bin., 49)

Cet ex. comporte, en incise, un commentaire portant sépare le thème et le rhème, Loc soulignant ainsi l'applicabilité de ce thème à ce rhème. - La question-écho enchaîne sur un énoncé interprété d'agir, séquence :injonction/question-écho (Pour Conseil/ Question-écho v. ex. 71) 80

umsonst

sur le dire qui son doute sur comme demande l'enchaînement :

Conrad: Meister Adam Riese. Was tun wir jetzt mit Kerl? Adam Riese: Bitte, laß ihn herein! Conrad: Hereinlassen. Hereinlassen? Adam Riese: Durch die Tür meinetwegen. Conrad: Meister Adam Riese, ist das gut überlegt?' (Fuc.Ada., 39)

dem

La question-écho (question deliberative) est elliptique par rapport à : - "(soll ich ihn) hereinlassen?" forme conventionnelle du retour sur une injonction qui demande des précisions pour être obéie. La question-écho à l'infinitif est dans cet exemple précédée d'une mention du discours de Loc 2 à l'infinitif "hereinlassen", fragment non pris en charge par lui, marque de polyphonie dans son propre discours, ce fragment cité précédant la reprise sous forme interrogative de l'énoncé de Loc 1. L'infinitif de forme interrogative en écho à l'injonction joue le même rôle que la question en ob? en écho de l'assertion ; il indique l'absence d'actualisation du contenu, objet de la demande. En l'occurrence, Loc

288 doute du bien-fondé de l'injonction et demande, pour pouvoir y obéir, précision et justification, comme le précise la seconde question réactive de Loc 2. Cependant la répétition de la question-écho peut, en rapport avec le représenté dans le contexte induire un sous-entendu. Dans l'ex. 71, Anton interprète la question-écho elliptique comme une demande d'éclaircissement à propos du terme répété, manifestation implicite de désaccord avec l'emploi du terme répété, ce qui est confirmé par le jugement de valeur ironique subséquent : "Sie sind gut". Ceci vise (aspect perlocutoire) à annuler l'acceptation de l'acte de langage de conseil par récusation de l'un de ses termes. Mais cet aspect est "sousentendu" par la répétition interrogative de la même structure (mise en valeur du doute cognitif.) Il y a donc une gamme d'interprétation de la question-écho qui va de la demande de confirmation comme demande de précision : tu as bien dit que P/Y? en passant par la demande d'infirmation: tu crois que P? pour aboutir à la question rhétorique, sans attente de réponse : comment peux-tu dire que P/Y? = ne me demande pas P/Y) qui doit être déduite de l'enchaînement et du rapport de la question-écho au con-cotexte. La récusation d'une partie du contenu, ou du contenu tout entier, de l'AL précédent peut, lorsque la question-écho induit le doute, être explicitée, après celle-ci par un commentaire portant sur le dire : 81

Kristine: Ich dachte, du wolltest mich wiedersehen. Martin: Sprich nicht so sorglos, Kristin. Kristine: Ich - sorglos? Wie kannst du so etwas sagen? (Str. Fre., 17)

Loc marque, par la reprise en question-écho elliptique son désaccord avec la requête précédente de Martin, dont les présupposés lui semblent faux. Le tiret remplace ici une forme plus nette : sei/bin/und, qui concerne la liaison du prédicat et du sujet, und marquant l'incompatibilité, implicite de la liaison proposée (identité) entre le thème et le propos. B. La question-en W- focalisée sur un segment de l'énoncé initial Ces questions diffèrent de la question-écho proprement dite. L'allocuté ne reprend pas à l'identique la phrase interrogative, déclarative ou impérative initiale, ou l'un de ses segments, mais focalise sa question sur l'un des termes de l'énoncé marqué comme objet du doute par W-?. W- se substitue à un (ou plusieurs) constituants, sur lequel (lesquels) porte la demande d'éclaircissement interprétatif.

289 82

Martin: Ach, das können Sie schon bei Plutarch lesen. Kristine: wo, bitte, les ich das? Martin: Plutarch. (Str. Fre., IS)

On remarquera l'adjonction de bitte ci-dessus, comme marque de requête polie. C'est une demande qui vise ici à faire répéter un terme déjà produit, qui n'a pas été compris. L'élément en W-, nouvellement inséré, reçoit le maximum d'intonation, quelle que soit sa place : - mot interrogatif à la même place que le segment qui n'a pas été reçu par Loc 2 (structure marquée) par rapport à : 'Wo kann ich das lesen? 83

Ich kann das 'wo lesen?

L'interrogation multiple La question en retour en W- peut comporter plusieurs variables, objet de l'interrogation, avec focalisation sur le dernier élément en w- de la série. La question apparaît sous forme d'interrogation partielle multiple : 84

A Peter ist mit Greffel ins Kino gegangen. - B1 Mit wem ist Peter wohin gegangen? - Β2 Wohin ist Peter mit wem gegangen?

De manière significative, toute une partie de l'énoncé reproduit étant présupposé, l'élément sur lequel se focalise la question a tendance à se déplacer vers la droite sur la chaîne, contrairement à ce qui se passe dans la demande d'information initiale en W-. Parmi les mots interrogatifs, marquant l'interrogation multiple, l'un signale la question en retour (ob), l'autre le segment indéterminé (w-), ou encore l'un et l'autre portant sur deux segments encore ignorés de Loc 2. Ob...w/W-...w-? 85

Hast du Peter gestern gesehen? - Ob ich Peter 'wann gesehen habe?

86

Wem hat Peter das Buch gegeben? - Wem 'wer das Buch gegeben hat? (cité par Wunderlich 20 1986b:21)

Nous renvoyons à l'article de Wunderlich (1986b) pour plus d'exemples, ces questions posant des problèmes syntaxiques que nous n'évoquerons pas ici. Voir aussi Meibauer (1986b).

290 87

Als der nächste Zug weg war, fragte ihn die Billettverkänferin : "Wann müssen Sie 'wo sein?" Benito erwiderte : "Ich muß nach San Cristobal. Ich muß unterwegs wo was verdienen" - "Nun also", sagte die Frau am Schalter ... "da rate ich Ihnen zu einem Billett nach Altanilpa..." (Seghers Ausgewählte Erzählungen, Luchterhand, 1984:334)

Le maximum d'accentuation est donné à l'élément en w- en second, qui se place après le mot interrogatif marquant la répétition (Ob), ou après un premier mot interrogatif en W-. Lorsqu'il y a une série de mots interrogatifs, le dernier est donc le plus accentué. Il est facile de gloser la question en Ob/W-... w-? par la construction avec verbe de discours placé en intégrante : - du fragst mich, ob ich Peter 'wann gesehen habe? - du fragst mich, wem 'wer das Buch gegeben hat? - ob ich Peter 'wann gesehen habe, fragst du?... - du hast mich 'wann angerufen, sagst du? La suite Ob-w-? est un trait original de construction, la présence d'un élément en w- n'étant pas admise dans une interrogation totale initiale. Cette configuration est la marque d'une question en retour. La répétition concerne certains éléments lexicaux sous la portée de Ob désactualisant, la variation porte sur l'unité remplacée par w-? (V2)...was? La question en retour revient sur au moins un élément de l'énoncé précédent en utilisant un mot interrogatif qui prend la place de la donnée sur laquelle porte le doute cognitif : 88

Konrad: Wir haben auch Platz für Sie übrig, wenn Sie meine Geliebte geworden sind. Justine: Ich ihre was? Konrad: Ja, ich habe meinen Blick auf Sie geworfen. Hac. Bin., 56)

Un autre trait significatif marque la question en retour : la réponse affirmative après question comportant un mot interrogatif en w- accentué ne pose alors pas de problème, alors qu'un tel enchaînement est impossible dans le cas de la question initiale. La réponse affirmative est correcte car elle concerne l'interprétation du dire, montrant ainsi que (V2)...was? porte sur l'illocutoire. "Ja, (meine Geliebte, sie haben richtig gehört.)". L'enchaînement (justification) concerne dans, l'ex, ci-dessus, le caractère approprié du dire.

291 Wast est le mot interrogatif le moins spécifié, il remplace des segments de grandeur variable, par ex. dans 64, le rhème tout entier. Il peut se rapporter à des morceaux de syntagme, voire à des morphèmes 2 1 : 89

Käte hat den Kiosk am Bahnhof gemietet? Käte hat was am Bahnhof gemietet? (cité par Wunderlieh 1986b:47)

L'anomalie de structure, le déplacement de w- derrière V2 à l'intérieur de Ρ, est bien la marque qu'il s'agit d'une question en retour. C. La question reformulée Généralement, Loc introduit des éléments nouveaux qui en explicitent le contenu, ou bien en retranche, pour rendre la question plus appropriée à ce qu'il perçoit de la situation, à son horizon d'attente. Il construit donc une demande de confirmation, ou d'infimnation, s'il conteste, d'une manière ou d'une autre, l'énoncé précédent. La reformulation prend différentes formes : a) - Reformulation paraphrastique 90

"Dieses Dorf ist Besitz des Schlosses. Wer hier wohnt oder übernachtet, wohnt oder übernachtet gewissermaßen im Schloß. Niemand darf das ohne gräfliche Erlaubnis..." K. sagte : "In welches Dorf habe ich mich verirrt? Ist denn hier ein Schloß?... Und man muß die Erlaubnis zum Übernachten haben? fragte K., als wolle er sich überzeugen, ob er die früheren Mitteilungen nicht vielleicht geträumt hätte." (Kaf. Sch., 7)

K. revient sur l'assertion précédente pour s'en faire confirmer la teneur, ainsi que la partie commentant les motivations de K. le précise. Le passage de VI? à V2? distingue la demande de réitération indiquant que Loc s'assure de sa bonne compréhension du contenu énoncé, et la demande de confirmation d'un contenu que Loc 2 a du mal à accepter. 91

Justine: Haben sie dir denn Urlaub geben können? Karl: Urlaub! Ich habe ihnen das Arbeitsverhältnis vor die Füße geknallt. Justine: Was, du hast deine Stelle aufgegeben? Karl: Ich war zu empört über die Art, uñe man mit Dir umsprang. (Hoc. Bin., 55)

ex cité par Meibauer (1986b, 343) A: Sie hat eine gute Ausbildung. B: Sie hat eine gute Gasbildung?

292

On remarquera l'exclamation-écho ("Urlaub!"), qui récuse un des termes choisis par Justine et, ainsi, la question précédente. La variation paraphrastique entre assertion préalable de Karl et question en retour de Justine concerne le niveau de langue. Il se pose encore une question pour Justine, lors même qu'elle vient d'en entendre la réponse ("Was (höre ich),...?"). Ce fait paradoxal indique simplement qu'il s'agit d'un contenu que le questionneur (Loc 2) n'est pas prêt à accepter. Sans que rien ne l'indique expressément dans la formulation de la question en retour, celleci véhicule alors, implicitement, des valeurs supplémentaires par rapport à une simple demande de confirmation en retour. Elle peut indiquer, comme dans l'ex, ci-dessus, la surprise de Loc 2. b) - Introduction d'une spécification Lorsque le questionneur, aux yeux du questionné, n'est pas assez explicite, et ce pour quelque raison que ce soit, le partenaire se fait repréciser les termes du message sur le mode de la demande de confirmation (Q?Conf.Ja) : 92

"Ob ich mich noch an den Unteroffizier Zabel erinnere", fragt er. "Zabel", sagte ich wieder, "lassen Sie mich überlegen, 68. Infanteriedivision Τ Er nickt. " (Erz., 26-27)

X, (meinen Sie?) 93

Butcher: Er zweifelt sagt er, /Daß wir Kaianlagen Flake: Was? Schändlich! Butcher: Daß wir sie nicht bauen wollen? Flake: Nein, daß er zweifelt. (Bre. Ui, 689)

bauen.

La question concerne ce sur quoi porte l'adjectif de jugement, seule la nominalisation en daß est modulée interrogativement, mais il s'agit en fait d'une demande de confirmation : "(Es ist schändlich), daß..., (meinen Sie)?" 94

Justine Denk dir, ich habe mich verliebt. Aron: Richtig? Justine: Voll und toll." (Hac. Bin., 10) (= Richtig (verliebt, meinst du)? - (ja), voll und tollj

Une phrase énoncée sur le mode exclamatif peut être reprise en questionécho, ou en question reformulée (ex. suivant) par un participant au dialogue :

293 95

Marianne: Heut möcht ich weit weg - heut könnt man im Freien übernachten. Alfred: Leicht. Marianne: Ach, wir armen Kulturmenschen! Was haben wir von unserer Natur! Alfred: Was haben wir aus unserer Natur gemacht? Eine Zwangsjacke. Keiner darf, uñe er will. (Hör. Wie., 53)

Il s'agit là d'une guestion reformulée rhétorigue avec auto-réponse, qui vise à corriger l'exclamation précédente du partenaire dans ses termes, d'où la reformulation. Elle introduit ici une affirmation catégorique qui récuse la plainte sur le déterminisme exprimée par Loe 1 et la réfute. Le regret qui s'exprime à travers l'exclamation du partenaire est rejeté par le second locuteur. - c) Introduction d'une rectification par soustraction

96

"Das Schloß gefällt Euch nicht?" fragte der Lehrer schnell. "Wie?", fragte Κ zurück, ein wenig verblüfft und wiederholte in milderer Form die Frage: "Ob mir das Schloß gefällt? Warum nehmt Ihr an, daß es mir nicht gefälltΤ "Keinem Fremden gefällt es", sagte der Lehrer. (Kaf. Sch., 17)

Après une demande d'explication qui porte sur l'illocution "Wie (meinen Sie das)?", en reposant la guestion de son interlocuteur, K. la modifie, en retranchant la tendance vers : Nein, contraignant ainsi l'instituteur à s'en justifier. Loc 2 récuse l'orientation de la question initiale de Loc 1, ce qui met en c a u s e Loc 1, accusé de trop orienter le discours dans son sens. La question rephrasée est donc en quête d'informations supplémentaires. Il ne s'agit p a s là de pures questions-répétition, mais d'une manière de faire avancer le discours par un recadrage de ce qui paraît pertinent. Il se trouve que Loc 2 peut rephraser aussi un contenu qu'il tient pour acquis. L a question posée - alors que pour Loc aucune question ne se pose (interprétation rhétorique) - produit un effet de sens, (par ex. de reproche) à comprendre en relation avec le con-cotexte, qui, ci-dessous, est verbalisé par le prédicat descriptif ("Mit einem leisen Vorwurf sagen") :

97

"Woran denkst du?" - "Ich? Um die Wahrheit zu sagen, denk! ich an eine Melodie aus der Oper, die mir dieser Mensch nachmittags vorgespielt hat..."

294 "An Melodien denkst du jetzt?"... sagte Berta lächelnd, mit einem leisen Vorwurf* (Seh. Ber., 157)

aber

La question en retour présente un rapport de forme et de sens avec l'énoncé précédent. Elle joue un rôle différent, dans l'interaction, selon que Loc 2, exprimant un doute, crée une obligation de réponse ou pas. 4.3.2. A quoi sert la question en retour? Elle peut avoir la valeur effective d'une demande de renseignement familière (Was?), ou polie (Wie bitte?), d'une question deliberative, d'une demande de confirmation ou d'infirmation, mais peut aussi être interprétable comme question rhétorique. 1/ Loc 2 reprend à son compte un contenu ou une partie du contenu de l'énonciation de Loc 1, en marquant sa propre perplexité (question deliberative : Was soll ich...?) 98

2/

"'Was ist los mit dir? (sagt Ivan), 'spiel doch, spiel mir etwas vor!' Aber was soll ich Iwan spielen?' (Bac. Mal, 84)

Loc 2 reprend à son compte la question formulée comme demande de renseignement, en mention du discours de Loc 1, dont la seule reprise suffit à la faire interpréter comme une demande de confirmation : 99

"Haben sie dir Näheres gesagt?... Wie Sie sich das denken?... Das meinetwegen?" "Näheres? Nein, sie sagten nur, daß sie schon sorgen würden". (Mus. Erz., 100) (Näheres(, sagst du)?;

Cette même valeur est aussi actualisée quand Loc, ayant mal compris la question, demande une confirmation de sa teneur, ou des précisions. 3/ Loc 2 donne à entendre son désaccord avec l'assertion, l'injonction... précédentes, voire même s'indigne qu'une question est posée, alors qu'elle ne devrait pas se poser (Q?rh). La question rhétorique comme question en retour a la forme V2 : Insérée dans un cadre énonciatif, P/X , frage ich dich/ meinst du?, alors qu'aucune question ne se pose pour loc, Q?rh oriente vers la valeur contradictoire à celle de son libellé (le positif vaut pour le négatif, le négatif pour le positif = valeur inversive. Ainsi /= Ich will nicht streiten mit dir est inférable de la question posée, puis l'orientation négative est commentée ci-dessous,

295 100 Leopold: .. Ach! ... Laß mich in Ruhe, wenn du nur streiten •willst mit mir. Franz: Ich will streiten mit dir? Ich? Ich könnte platzen vor Zorn, mir liegt nichts ferner, als mit dir zu streiten. (Fas. Tro. 28) La question en retour comme demande d'éclaircissement interprétatif a manifestement pour objet l'entente dialogique sur le contenu propositionnel. Ceci est explicité dans des incidentes portant sur la mise en situation du message, à l'aide d'un prédicat métadiscursif : fragst du/sagst du?/meinst du?... (ex. 70) La citation interrogative peut être interprétée comme une mise en doute des paroles de Loc 1, Loc 2 montrant qu'il n'accepte pas sans justification, sans précision, le contenu affirmé précédemment : 101 Beineberg brummte etwas von üben, Geist vorbereiten, - noch nichts anfangen können, - später... "Vorbereiten? Üben? Wofür denn? Weißt du etwas Bestimmtes? Du hoffst vielleicht auf etwas; aber auch dir ist es ganz ungewiß". (Mus. Tör., 23) La question-écho reprend un segment plus ou moins long, l'accentuation et l'intonation sont à leur point maximum sur les termes répétés, pour indiquer l'incertitude, la surprise, le doute, ce qui se traduit parfois, dans le discours écrit, par un commentaire sur l'attitude de Loc 2 (v. cidessous.) La question-écho traduit une modalité du doute sur une partie de la phrase qui vient d'être énoncée et provoque ici des questions "en cascade" dans l'ex, suivant : X - X?/Ob aber X? 102 "Ein niedliches Hündchen", bemerkte ich. "Ein Hund?", fragte Kafka mißtrauisch. "Ein kleiner Hund. Haben Sie ihn nicht gesehen?" "Gesehen hab ich. Ob es aber ein Hund war?" "Ein Pudelchen war es! Ein Pudel!" "Das kann ein Hund, aber auch ein Zeichen sein. Wir Juden irren uns manchmal in tragischer Weise". (Binder, "Kafka ohne Welt" W.G. Fischer: 125) La valeur dubitative de la question-écho (Loc 2 doute de la réalité de Ρ précédent) n'est pas seulement liée à la forme en Ob, qui indique l'absence d'actualisation du contenu. Elle découle de la réorientation argumentative en sens inverse du discours, marquée, dans la question suivant la reprise assertive d'une partie du rhème, par aber.

296 L'orientation négative de la question-écho apparaît bien, grâce à la cohérence discursive, lorsque l'enchaînement argumentatif donne des arguments pour non Ρ comme c'est le cas ci-dessous, 103 Martha : Zahlt alles die Krankenkasse, das nütz ich aus. Willy : Ob die alles zahlt, wo das Kind nicht von mir ist? (Krö. Hei., 25) La subordonnée continuative négative fournit un argument pour non Ρ ("Die zahlt nicht alles"), elle montre Loe 2 doutant (question problématisante) : - "Ob die alles zahlt, wo...?" implique : Das steht nicht fest. Reprendre la phrase d'un autre, quand il ne s'agit pas de s'en faire préciser les termes, d'en demander confirmation, sert au questionneur à spécifier la relation interlocutive, à contester une énonciation précédente. L'insertion de mots interrogatifs ou exclamatifs, comme Wie? Was?/= Wie/Was höre ich/redest du? (ex. 105, 107, 108), Wie! et So?/! Ah bon?) (ex. 109), qui accompagnent ou remplacent une répétition, avec supplément d'intonation par rapport à une question initiale correspondante, donnent à entendre une résistance à l'acceptation de Ρ préccédent, voire expriment une incompréhension ou un doute. So?!/ Was?!/ Wie?! Ces petits mots accompagnent ainsi des questions qui ne sont pas de pures répétitions ; elles indiquent, par le retour sur un contenu qui est donné pour vrai par Loc 1 dans un acte de langage antérieur, perplexité, surprise, voire mise en doute de Loc 2 : 104 Rudolf: Wo ist er? (Anton deutet die Richtung.) Rudolf: Er geht fort? Anton: Spazieren. Er kann schon wieder ganz gut gehen. Rudolf (mißtrauisch) : So. Er kann schon wieder ganz gut gehen? Anton: Ich habe ihn sozusagen gesund gepflegt. (Dor. Kur., 168) Si Loc 2 répète une information donnée sous forme de question, c'est pour marquer qu'elle fait problème, qu'il ne l'accepte pas d'emblée. Le rapport au représenté donne des renseignements supplémentaires, qui apparaissent à l'écrit sous forme d'indications scéniques ("mißtrauisch" ex. 104) renseignant sur l'attitude appréciative de Loc 2. Wie/was? (Y?) 105 Caruther: Und wo ist Sheet? Flake: Hat keine Zeit zu kommen. Er läuft von Bank zu Bank jetzt.

297 Clark: Was? auch Sheet? (Bre. Ui, 688) L'ajout de Was? et du graduatif (.question reformulée) donnent à entendre la contradiction entre le fait indiqué dans l'énoncé asserté et l'attente du questionneur, inversement orientée. La question-écho indignée (unwilliger Fragesatz) marquée est elliptique et comporte souvent was/wie + reprise d'un terme de l'énoncé précédent, accentué : 106 "Man könnte denken", sagte die Frau, 'du habest noch nicht zwanzig Schritte hinein in den Prater gesehen, der solche Raritäten doch auch wohl aufzuweisen hat". "Was Prater? Sapperlot, uñe du nur das Wort hier nennen magst! Vor lauter Karossen, Staatsdegen, Roben und Fächern, Musik und allem Spektakel der Welt, wer sieht denn da noch sonst etwas?" (Mörike "Mozart auf der Reise nach Prag" Brösdorf L., Köln:210) (= Was (sprichst du vom) Prater?) 107 (Der Lehrer) "Ich habe mir nur ein kleines Protokoll nach seinem Diktat über Ihre Besprechung aufgesetzt und daraus über die Güte des Herrn Vorstehers und über die Art Ihrer Antworten genug erfahren". Während K. seinen Kamm... suchte, sagte er : "Wie? Ein Protokoll? In meiner Abwesenheit nachträglich aufgesetzt von jemandem, der gar nicht bei den Besprechungen war? Das ist nicht übel". (Kaf. Sch., 88) Dans cet ex., la construction en série de questions-retour contribue à l'interprétation comme récusation d'un discours inacceptable, les questions exprimant l'étonnement, l'indignation de Loc 2, qui n'attend pas confirmation de ce qui est clair pour lui quoiqu'inacceptable (v. le commentaire ironique). Ne cherchant pas à faire préciser à Alloc les termes d'un énoncé déjà produit, Loc enchaîne sur sa série de questions (Wie? question-écho + question reformulée qui réinterprête le discours précédent). En suspendant la valeur de vérité de ce qui vient de lui être communiqué comme un fait, Loc indique que ce contenu ne fait pas partie de son monde de représentation et qu'il s'indigne. La notion d'implicature conversationnelle (cf. Grice:1957, 1975) est utile pour décrire la valeur de la question-écho implicite. Elle se réfère au fait qu'il y a des aspects du sens que Loc veut donner à entendre sans le dire et qui sont impliqués conversationnellement par l'énonciation de Ρ ;

298

ils ne découlent pas du sens littéral de la phrase et doivent être le résultat d'une inférence. Celle-ci découle en l'occurrence de la reprise interrogative de ce qui a été mentionné comme un fait. Voici deux ex. où la séquence Was? - Ja est significative, Was? y est interprétable comme question-écho incrédule : 108 "Vorläufig muß ich ihm ja doch zu Willen sein. Wenn er nur lieber unterlassen möchte mich zu stechen". "Was?" "Ja, mit einer Nadel, - nun nicht heftig, nur um zu sehen, uñe ich darauf reagiere". (Mus. Tör. 102) 109 Er sagte mit einer weibischen, buhlerischen Betonung. "Du bist also ihre ... Mai...tresse?" "Oh nein, ich bin ihr Freund!" "Wie kannst du dich unterstehen, das zu sagenΓ "Sie sagen es selbst". "Was...?" "Ja. Reiting". "So, Reiting?" "Ja, er ist sehr freundlich zu mir". (Mus. Tör. 101) La question en retour peut ainsi donner à entendre l'attitude épistémique de Loc 2 vis-à-vis de la valeur de vérité de l'énoncé précédent qu'il n'accepte pas comme tel et dont il demande des preuves ou un complément d'informations. La question-écho22 est donc souvent étonnée voire méfiante, ou indignée. Elle est alors accompagnée de commentaires d'attitude concernant Loc dans le discours écrit d'où est tiré notre corpus : 110 "Er wird bald in der Mühle sein", sagte sie. "In der Mühle?", wiederholte er erstaunt. "So nennt man doch", sagte sie, "die nächste Station im Nordwesten, wohin die Sammeltransporte gehen". (Kas. Sta., 254) Le commentaire signale que le contenu de l'énoncé précédent va à rencontre d'une attente de Loc 2. Le questionneur ne met pas en doute les paroles de Loc 1, mais elles lui semblent extraordinaires. Les questions-écho ont en propre un certain affect qui leur est systématiquement associé : "elles citent un terme, mais c'est toujours avec une nuance d'étonnement. Le sujet parlant a retenu chez son interlocuteur l'emploi d'un terme qui le surprend ; il lui en demande justification." (Milner 1978:129)

299 111 Und wieder antwortete Leni : "Er schläft hier öfters". "Schläft hier?" riefK." (Kaf. Pro., 132) Dans l'ex, ci-dessus, le prédicat descriptif d'exclamation signale la question étonnée. La question-écho est ainsi suivie, ci-dessous, d'un commentaire exclamatif corroborant l'expressivité (étonnement) véhiculée par le retour sur une partie du message précédent en citation. 112 Mann: Es ist vermutlich nur die Spitze des Eisbergs der allgemeinen Erregung in der Heiterkeit Lotte: Die Spitze des Eisbergs? Hoho! Frau: Eine anspruchsvolle Aussage. (Str. Oro., 148) Extérioriser la part d'affect inhérente à la question en retour apparaît comme le contenu essentiel lorsque Loc 2 enchaîne sur une information répétée par sa question, sans attendre une réponse déjà connue : 113 (Un client se plaint du vendeur auprès de son chef) Jänecke: Wir werden den Mann entlassen... Der Herr: Das ist ja nun nicht gerade nötig, mein lieber Herr. Das verlange ich nicht. Allerdings hat er mich angefaßt. Jänecke: Er hat Sie angefaßt? Herr Pinneberg, gehen Sie sofort auf das Personalbüro und lassen Sie sich Ihre Papiere geben. (Dor. Kle., 113) La question en retour, exprime alors l'étonnement de quelqu'un qui "n'en croit pas ses oreilles" et qui, dans l'acte érotétique, fait passer son indignation. Il s'agit là d'un usage rhétorique de la question en retour. Répéter un énoncé sous forme de question est donc aussi pour le questionneur une façon de marquer son caractère inapproprié à la situation. Elle rentre alors dans une stratégie, conduisant à la rectification 23, comme ci-dessous : 114 "Erlauben Sie, Herr Vorsteher, daß ich Sie mit einer Frage unterbreche", sagte K. "Erwähnten Sie nicht früher einmal eine Kontrollbehörde?..."

Cf. Roulet (1980:102) montre que Loc réfute un A L précédent à l'aide d'une rectification. La réfutation par rectification est une réaction relativement coopérative.

300 "Nur ein völliger Fremder kann Ihre Frage stellen, ob es Kontrollbehörden gibt? Es gibt nur Kontrollbehörden". (Kaf. Sch., 96) Dans la perspective de l'interaction langagière comme accomodation l'un à l'autre des deux partenaires du dialogue que nous avons esquissée (recherche du consensus) jusqu'ici en étudiant la question, nous n'avons pas encore évoqué la polémique. L'utilisation polémique de la question en retour comme acte de réfutation d'un énoncé précédent montre que le fond commun à une conversation est un espace de négociation. Mais il y a des ruptures, des désaccords. Loc 1 et Loc 2 règlent la situation énonciative en termes d'intention, d'action et de réaction langagières. 4.3.3. Réfuter à l'aide d'une question en retour Il s'agit de réfutation propositionnelle quand la question-écho, enchaîne sur Ρ prédédent (question/assertion/exclamation) et est interprétable comme infirmation de P. A.

Elle a une forme marquée lorsqu'elle se présente comme citation elliptique avec verbe à l'infinitif ou substantif nu, désactualisé : 115 A: Kannst du radfahren? Β; Ich und radfahren? (le vélo et moi, ça fait

deux.)

116 Justine: Wenn du mich im Ernst liebtest, das würde ich doch spüren? Aron: Spüren, du? Justine: Habe ich keinen Spürsinn? Aron: Nein. Nicht für das Innere von Leuten. (Hac. Bin. 12) 117 Adam Riese: Wollt Ihr nicht die Ketten ablegen General? Rampa Zampa: Ketten? Ein Soldat und Ketten? Conrad: Der Meister versteht nichts von Eurer Kleidung Rampa Zampa : Das ist ein Schuppenpanzer. (Fuc. Ada., 43) L'implication négative de la question-écho prononcée par Aron (ex. 116), est bien décodée par Justine, qui pose une question CONF-Nein en retour (= "Hab ich keinen Spürsinn, (meinst du)?"). La question-écho elliptique est dotée d'une accentuation forte sur les deux termes à intonation haute, le pronom réfèrent étant particulièrement accentué une pause les sépare,

301

Loe mettant en relief l'inadéquation du thème et du propos. En questionécho, le rhème ou une partie Thématique de l'énoncé précédent peut être topicalisé (ex. 117). La mise en doute portant sur la prédication suffit à donner à entendre que l'AL précédent n'est pas accepté parce que le contenu n'est pas vérifié. B)

Formes non marquées de réfusation de l'AL précédent

Dans l'ex, suivant - la forme de la question en retour n'indiquant nullement que cette dernière sert à réfuser l'énonciation précédente c'est le rhème de l'assertion précédente qui est refusé ( question-écho avec "auto-réponse"), puis rectifié :

118 Josephine.Hör mal. Er mopst sich über uns Kinder! Lotte.Er mopst sich? Aber nein. Er macht sich Sorgen. (Dor. Oro., 129) Il s'agit là de l'utilisation rhétorique du schéma question-réponse. La répétition dubitative fournit la transition menant à l'inversion de la tendance argumentative, marquée par aber. L'exclamation-écho contradictoire (à inférence négative) prépare de même à la rectification, dans l'ex, suivant, le présupposé n'étant pas accepté :

119 Justine: Du hast es zu arg mit ihm getrieben. Aron: Ich mit ihm? Justine: Vermutlich war sein wirklicher Grund Eifersucht. Aron: Der wirkliche Grund! Er ist nicht einmal ihm eingefallen. (Hoc. Bin., 62) Question-écho marquée comme récusation de l'assertion précédente et exclamation-écho inversive concourent à exprimer le refus de Loc 2 d'accepter ce qu'on lui dit. Voici, dans l'ex, suivant, une version plus elliptique de question en écho, posée par Loc 2 alors que pour lui aucune question ne se pose, elle permet la focalisation sur le désaccord, elle fournit une transition à la rectification ( r é f u t a t i o n ) : 120 Bernd: Tja. Ich bin Pessimist. Lotte: Pessimist? Ein Dieb bist du! (Grò. Str., 223)

302 La question-écho qui répète une partie d'énoncé en la recentrant sur un fragment focalisé, sert à refuser l'acte de langage précédent (contestation du dire). La question-reformulée sert aussi à la contestation du dit : ist auch durch. Jetzt 121 Lämmchen: Der Halb-Eif-Uhr-Zug bekomme ich Angst. Jachmann: Müssen Sie nicht. Pinneberg beißt sich durch. Lämmchen: Durch was? Das stimmt ja alles nicht, was Sie sagen, Jachmann. Das ist ja nur Trost. (Dar. Kle., 121) La (fausse) demande de spécification (durch was?) souligne le défaut de l'assertion à laquelle elle renvoie, donc l'impossibilité d'attribuer une valeur de vérité à l'énoncé précédent (présence d'un acte de justification de ce refus : "Das ist nur Trost"). Loe interprète l'énonciation positive précédente comme non véridique (mensonge). La question en retour peut donc s'attaquer au posé (réfutation propositionnelle 24 ), à l'acte illocutoire, ou aux termes présupposés (réfutation présuppositionnelle). Loc 2 s'attaque ainsi au présupposé de l'énoncé précédent, dans l'ex, suivant à valeur rhétorique : 122 "Jetzt sind wir im grünen Ende", sagt er. "Im grünen Ende?" "Ja, unsere Straße heißt das grüne Ende". "Das ist eine Straße?! Ich dachte schon, der Mann hat sich verfahren". (Fai. Kle., 33) La question-écho, par l'absence apparente de progression du discours qui la caractérise, est décodée comme demande d'explication, de justification de l'emploi des termes répétés. Aucune justification n'étant attendue, c'est la valeur comme assertion négative correspondante qui doit être inférée de la question-exclamation de forme positive. C. La question en Wieso? Parmi les interrogations en W-?, celle en Wieso? occupe un statut à part car elle sert à exprimer quelque chose de l'opinion du questionneur. Posée en réaction à une situation ou à un énoncé, elle est l'indice de la question étonnée. Elle équivaut à : Warum sagen/fragen Sie denn das? (comment cela?).

Cf. Roulet (1980:96) :"Une réfutation propositionnelle ne vise pas à corriger une assertion, mais plutôt à la refuser."

303 Elle se distingue de inwiefern?, "en quoi, dans quelle mesure", qui lui est proche sémantiquement, mais qui ne peut porter que sur le posé de l'énonciation préalable (question sur l'assignation d'un terme à un objet, d'un rhème à un thème) : 123 Ist er nicht komisch? - Inwiefern ist er komisch? La question revient alors sur le prédicat de l'assertion préalable : - er ist komisch, findest du nicht? La partie d'énoncé introduite par inwiefern reprend une portion d'énoncé qui demande justification. C'est une question portant sur la justification du choix d'un terme. En revanche, wieso comme question en retour marque une question subjective (cf. Milner 1973:35-36). Il indique alors, en effet, que l'interrogation fait retour sur l'illocution précédente de Loc 1 et la conteste : glose : uñe kannst du so etwas sagen/fragen...? . On peut distinguer deux emplois : 1. La question de re - Wieso? - Aus dem und dem Grund. Wieso? comme question initiale ou comme question en retour introduit une demande de renseignement sur un événement ou un état de choses, elle appelle une réponse qui sert à prouver la réalité d'un fait : = comment se fait-il que?... Il s'agit de la recherche d'une cause objective (wieso? - warum denn?). Ainsi, dans l'ex. 124, elle introduit quelque chose de nouveau 124 SPIEGEL: Wieso ist es wohl im Westen möglich, so viele Bücher zu drucken, wie die Leser haben wollen, und bei Ihnen nicht? NENASCHEW: Vor allem, weil im Westen weniger gelesen wird. (Spiegel, Nr 45 Okt. 1988, 104) 125 "Gib jetzt genau acht und beantworte meine Fragen : Wieso konntest du stehlen?' "Wieso? Schau, ich brauchte das Geld dringend". (Mus. Tör., 103) La question répétée correspond à : Warum ich stehlen konnte? Schau... Elle peut donc tout-à-fait appeler et recevoir une réponse causale, comme nous le voyons ci-dessous :

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126 "Was verschafft mir die Ehre?... Ein Festausschuß. Gibt es eine Überraschung?" "Nein, nur eine Frage". "Eine Frage?" sagte Sotemeier mit schmalen Lippen. "Und wieso kommen Sie da gleich zu zweitΤ "Weil uns beide Ihre Antwort interessiert!' erwiderte Ramon". (Mar.Mal., 116) Cependant, elle nous intéresse ici, quand elle se rapporte à un dire préalable. - La question de dicto Deux variantes peuvent être distinguées, la question non focalisée et la question focalisée. a) La question non focalisée Lorsque le foyer de la contestation n'est pas spécifié, wieso? suffit. La question exprime le refus de l'acceptation ("admittance") du dire de l'autre, c'est une remise en cause de l'énonciation précédente, un acte de réfutation, acte illocutoire de nature réactive (Moeschler 1982:106). L'énonciation réfutée peut être de différent type : Séquence : asserHon/tuieso? (= Warum sagst du, daß P?) L'ex, suivant exprime, de manière redondante, le refus de Loc 2 de croire à la vérité de ce qui est asserté : 127 Jänecke: Wir haben ihn also entlassen müssen, Ihren Freund Heilbutt. Er hat da sehr häßliche Geschichten gemacht. Pinneberg: Wieso? Das glaube ich nicht. Jänecke lächelt nur. (Dor.Kle., 95) (= Wie kam das?) L'objet pragmatique de la réfutation en vñeso? est l'acte précédent, son objet sémantique le contenu de celle-ci. Il en va de même dans les ex. ci-dessous.

d'assertion

128 "Es gibt immer einen Punkt dabei (bei der Religion), wo man dann nicht mehr weiß, ob man lügt oder ob das, was man erfunden hat, wahrer ist als man selber". "Wieso?" "Nun, ich meine es ja nicht wörtlich. Man weiß ja gewiß immer, daß man schwindelt ; aber trotzdem erscheint einem die Sache mitunter so glaubwürdig, daß man gewissermaßen, von seinem Gedanken gefangengenommen, stillsteht". (Mus. Tor., 22) (= comment cela?;

305 Il est caractéristique que Loc 1, soit amené par cette contestation à s'expliquer sur la justification de son énoncé, d'où, dans l'enchaînement, l'apparition de formules comme : nun, ich meine es... ja.... La contestation du bien-fondé de l'assertion de Loc 1, dans l'ex, suivant, s'accompagne du rejet explicite des termes de l'énoncé précédent : 129 SPIEGEL: Ganz sicher wollen sie (die Leser) eine offenere Diskussion über die dunklen Seiten der Vergangenheit. NENASCHEW: Wieso? Die haben wir doch. Diese Diskussion hat niemand beendet und wird niemand beenden. (Interview mit dem Chef der sowjetischen Buchproduktion. Spiegel Nr. 52 22. Dezember 1986, 103) (= Warum denn das?; L'acte de langage précédent, l'assertion modalisée du Spiegel est contestée (wieso?), Loc introduisant ensuite un argument pour la contradiction : (wir brauchen sie nicht zu wollen,) "die haben wir doch". La réfutation de l'AL précédent par wieso? équivaut à un rejet du contenu de la proposition au positif, elle marque l'inappropriété contextuelle de Ρ : - assertion (P) - réfutation Wieso? (= Neg (P)), (da) Q. Séquence : question/Wieso? Wieso? peut servir à contester une question réputée non fondée, inappropriée par Loc 2, le droit de questionner (présupposé pragmatique II b) étant ainsi contesté à Loc 1 dans l'ex, suivant, cité par Milner (1973:61) : 130 Eine Frage bitte : Haben Sie jemand im Haus, Gefährtin oder Diener etwa? - Wieso? - Es ist von einiger Wichtigkeit für mich, es zu wissen. Ich hätte nicht gern noch jemand eingeweiht. (Wieso? = Warum fragen Sie das denn?) Séquence injonction/Wieso? Dans l'ex, ci-dessous, l'injonction (acte indirect) est transmise au moyen d'un énoncé déclaratif comportant la périphrase conventionnelle : du sollst. 131 Du sollst das lassen. Wieso denn? (= Wie kommt es, daß du mir das verbieten willst?)

306

Cette contestation d'un ordre inacceptable peut prendre la forme d'un énoncé clôturant 25 , Loc produisant souvent en plus un contre-argument péremptoire destiné à imposer silence. Pour réfuter, Loc 2 peut utiliser wieso? seul, wieso denn?, ou encore citer aussi le(s) terme(s) du contenu responsable(s) du fait qu'il prétend non vérifié l'énoncé précédent. b) La question se focalise sur un terme de l'énoncé précédent Wieso (sagst/fragst/willst du) X? Elle concerne, par ex., l'applicabilité sémantique du prédicat à un sujet dans une certaine situation de discours. 132 Lämmchen: Sagen Sie, Jachmann, soll das ewig so weitergehen, daß die Männer zu Hause sitzen und die Frauen arbeiten. Es ist doch unmöglich. Jachmann: Wieso ist denn das unmöglich? Im Kriege haben ja auch die Frauen die Arbeit gemacht... und jeder hat das in Ordnung gefunden. (Dor. Kle., 121) Lorsque l'élément sur lequel se focalise la réfutation est la négation, la question à valeur réfutative de Loc 2 peut être assortie de l'opérateur de rejet Wieso nicht?, forme plus marquée que Wieso? 133 Pater Diego: Hier, mein Kind, sind wir allein. Donna Anna: Nein Pater Diego: Wieso nicht? Donna Anna: Ein Mann. (Fri. Jua., 17) Du point de vue du rapport à la situation de discours, les énoncés subséquents apportent des arguments favorables à l'une ou l'autre thèse, selon celui qui parle. On observe la même construction argumentative que précédemment, en l'occurrence, pour l'ex, ci-dessus, la suite : - Neg P. - Wieso denn X (Neg Ρ)? - Neg Ρ (da) Q Wieso nicht? conteste, dans l'ex, suivant, l'implication négative de l'assertion précédente et renverse la perspective argumentative 134 SPIEGEL: Armer Sowjetmensch. Er muß arbeiten... in den Geschäften Schlange stehen. Nun soll er auch noch in der Bibliothek warten? L'énoncé "termine un échange sans appeler de réponse." (Milner 1978: 125)

307 NENASCHEW: Wieso nicht? Warum kann ein Mensch acht Stunden vor dem Femseher sitzen und nicht in die Bibliothek gehen? (Spiegel Nr. 52 22. Dezember 1988, 104) (/= Er sollte nicht auch noch in der Bibliothek warten. - Wieso nicht?) Par rapport à warum nicht?, qui peut indiquer une suggestion d'agir à orientation argumentative inversive par rapport à ce qui précède, wieso nicht? conteste l'énoncé négatif (ou à implication négative) précédant et inverse sa polarité. La question en Wieso? sert donc aussi à contester un énoncé précédent à orientation positive, wieso nicht? une implication ou une assertion négative. A ces questions peut être associé un affect, marqué, à l'écrit, par le commentaire. Elles citent un terme avec une nuance d'étonnement et fonctionnent alors comme contestation qui enclenche une justification. Ceci est caractéristique de l'ex, suivant, où la contestation d'un présupposé suffit à rendre inacceptable l'énoncé dans son entier : 135 "Zur Zeit Oberkellner im größten, modernsten und menschenleersten Hotel des berühmten Balearen-Badeorts Arenal..." "Wieso menschenleer?" fragte sie erstaunt. "Heute noch", erwiderte er. " (Mar. Mal, 20) (= Comment ça, désert?) La question en Wieso? en retour, telle que nous venons de l'étudier, est le signal du refus d'acceptation de l'Ai initial, quel que soit ce sur quoi porte ce refus : condition d'emploi d'un acte, présupposé sémantique, posé, ou type d'acte... D'autres verbalisations ont cette même fonction de marquer la divergence d'interprétation des deux partenaires. D Qsollen?, signal de divergence interactionnelle La question marquée par W- soll (denn)...?, par laquelle Loc 2 renvoie à l'intention présumée de l'allocuté : du willst daß,..., tend à montrer l'écart des instances énonciatives devant l'interprétation de la vérité, Loc donnant à entendre grâce à l'interrogation sa volonté inverse. Loc relève la phrase qui vient d'être prononcée en exprimant par un signifiant une modalité de doute sur sa vérification 26 . L'énonciateur prend ses distances (sollen) par rapport à l'énoncé précédent, en marquant sa tendance aux faux. Schwitalla (1979:194) utilise dans ce cas le terme de redundantes Fragen "wobei ein Teil der vorausgegangenen Äußerung des Partners mit einer Frageintonation wiederholt wird, die starken Zweifel ausdrückt.11

308

C'est là l'inverse du cas de la question-écho qui signale que hoc 2 (ex. 75) partage la perplexité de Loc 1 ; la question-écho divergente se greffant sur une interrogation s'élève contre la pertinence même de la question . Séquence question partielle/ W- soll/sollte INF.? La question en retour est, en l'occurrence, une question rhétorique. La réponse est donnée pour évidente. On relève, dans les ex. 136 et 137, un commentaire qui lève toute ambiguïté sur le sens possible de la structure : 136 "Nur eines noch : Wie ist dir zumute?" "Wie soll mir zumute sein? Ich kann es nicht länger ertragen (Mus. Tör., 124) (/= ganz übel/schlecht ; échelle de qualité : bien vs mal.,) 137 Butcher: Und danach kam der Vorschlag ganz natürlich. Dogsborough: Butcher und Flake, was steckt dahinter? Butcher: Was soll denn dahinter stecken? 's ist ein Vorschlag! (Bre. Ui., 692 /= Nichts!) Faisant suite à une assertion, W- soli...? la disqualifie : - elle s'attaque, dans l'ex, ci-dessous, à l'implication négative das ist zu viel : 138 Erfährt dieses Jahr schon zum 2. Mal in Urlaub. - Warum sollte er nicht? - elle conteste le posé dans : 139 Κ. fragte. "Sie kennen wohl den Grafen?" -"Nein", sagte der Lehrer. "Wie? Sie kennen den Grafen nicht".-"Wie sollte ich ihn kennen?" (Kaf. Sch., 14) (Pourquoi voudriez-vous que je le connaisse?) C'est un cas où le français, avec le conditionnel de citation, et l'allemand (subj. II non hypothétique) marquent aussi par le mode une distance visà-vis de l'acceptation de l'AL précédent. Warum/Wie soll-/ "pourquoi veux-tu que..." sont la marque de référence à un autre énonciateur 27 , Loc donnant à entendre que celui-ci "veut".

Milner/ Milner (1975:138), paraphrasant l'axiome de J. Lacan, selon lequel le sujet second restitue au sujet premier son propre message inversé, écrivent : "'Pourquoi veux-tu que?' est une locution performative de reprise : par sa seule présence elle permet de citer un terme d'autrui et met ce dernier en position d'avoir pris ce terme en charge. La forme interrogative conjointe à la présence d'une telle locution, revient

309 l'impossible. Dans l'univers de Loc, la tendance est en direction du faux donc v a u t mise en doute. L'orientation vers le faux, conditionne la progression argumentative (reproche + réfutation accompagnée d ' u n e justification) dans :

140 "Endlich kommen Sie", sagte die Wirtin schwach... "Wie hätte ich kommen sollen", fragte K. sanft. "Sie haben mich doch nicht rufen lassen". (Kaf. Sch. 75) L a question récuse le reproche précédent en produisant une justification qui en annule le bien-fondé (comment voudriez-vous que j'ai été là plus tôt?) - Séquence Assertion/Question totale : V2 soll/sollte INF?

141 "Aber auch du willst hier bleiben, es ist ja dein Land. Nur Klamm fehlt dir... " - "Klamm sollte mir fehlenΤ sagte Frieda... "Nicht Klamm, sondern du fehlst mir". (Kaf. Sch., 133) (Tüamm me manquerait?; L a reprise dubitative introduit une rectification : l'énoncé négatif correspond à la réponse appropriée à la question tendancieuse, la négation pose explicitement l'existence d'une contradiction avec ce qui a été a s s e r t é au préalable. La localisation du désaccord correspond au terme cité. Comme première occurrence, la question en VI soll/sollte? exprime la mise en doute de Loc sur la valeur de vérité de P, surtout lorsqu'elle est associée au subj.II (distanciation) :

142 Er holte eine (Flasche) hervor, schraubte den Verschluß auf und roch dazu, unwillkürlich mußte er lächeln, der Geruch war so süß, so schmeichelnd... "Sollte das Kognak sein?", fragte sich K. zweifelnd und kostete aus Neugier. Doch, es war Kognak, merkwürdigerweise und brannte und wärmte". (Kaf Sch., 101) L'enchaînement p a r doch, marqueur d'infirmation ne laisse aucun doute sur l'orientation négative inférable de la question qui le précède / = das war doch nicht Kognak. L'ex, suivant nous semble aller dans le même sens :

143 Aron: Sehen Sie diese Gestalt drüben am Amsel: Sehr wohl.

Waldrand?

à interroger autrui sur cette prise en charge elle-même : c'est-à-dire le mettre en demeure de la justifier." Cela revient à contester l'énoncé précédent.

310 Aron: Sollte ich mich so irren Amsel: Nein, es ist der Kader. (Hac., Bin., 45) L'autorité déterminante sont ici les circonstances, sollen au subj.II est requis pour l'expression interrogative de l'éventualité. La réponse négative : "Sie irren sich nicht", conforte l'hypothèse exprimée dans la question (Si je ne me trompe pas, c'est bien X?). Irren et zweifeln sont des verbes à contenu négatif, ceci contribue à fixer l'orientation négative (la mise en doute de "irren", qui est renforcée en l'occurrence par le mode subj.II, qui introduit une distanciation. Exprimer un doute sur une éventualité en amenant l'allocuté à réagir à ce propos, contenu transmis par ce type de question initiale, représente une stratégie discursive différente de la question de même configuration posée en retour sur le vouloir d'autrui. Poser une question dessus suffit à donner à entendre la disjonction des deux univers de croyance de Loc et d'Alloc. Conclusion Les différentes espèces de question en retour peuvent s'accrocher à des portions diverses de l'énoncé précédent - elles posent la question de la pertinence du présupposé, de l'acte de langage, de l'emploi d'un terme, de la prédication... Elles font apparaître l'interaction verbale comme objet de négociation entre les deux interlocuteurs, ce qui ne va pas sans conflit (réfutation comme refus d'acceptation). Le récepteur d'une énonciation n'est pas réduit au rôle de témoin muet, personnage passif qui n'est là que pour décoder les intentions d'un locuteur tout-puissant. Le locuteur insère dans son message des éléments qui visent à obtenir le consensus. Ainsi, l'enchaînement par une question peut avoir pour objet premier, pour celui qui la pose, de pouvoir s'entendre dialogiquement avec son partenaire sur le contenu propositionnel (demande d'éclaircissement interprétatif.) En outre, la question en retour peut avoir un aspect métadiscursif (entente sur le sens des termes employés.) Il s'agit aussi d'être d'accord sur les présupposés... Si elle représente donc souvent une tentative de réduire l'écart entre le monde de croyance des deux partenaires (gemeinsames Hintergrundwissen) et un effort pour que les partenaires de la communication tombent d'accord sur une vérité établie dans le discours, la question en retour sert aussi à souligner les doutes, les divergences d'interprétation, les points de rupture, bref à contester le dire et le dit de l'allocuté.

CONCLUSION Pour une approche pragmatique, la langue est un lieu de mise en scène et une question, suivie ou non de réponse, acquiert une pertinence pragmatique en agissant sur autrui, obligé à réagir. Partant de la subjectivité dans le langage "l'homme dans la langue" (Benvéniste 1966), on découvre l'interlocution comme ce qui fait parler un locuteur d'une certaine façon avec autrui, institué en allocuté, dans une communauté de communication. Car, ainsi que l'écrit Jacques (1985: 24) :"Toute phrase est à quelque degré co-produite". La valeur illocutoire - la valeur de question - spécifie donc la forme que prend la relation interlocutive. Il s'agit alors, à partir de l'interrogation, de détecter le phénomène d'interaction entre deux énonciateurs. Ce travail est consacré aux énoncés interrogatifs dont la visée, du point de vue du questionneur, est, soit d'acquérir une information par le biais d'une demande de renseignement totale, partielle ou disjonctive (chapitre 2), soit de voir vérifiée ou infirmée par l'allocuté une orientation vers la réponse par le biais d'une question tendancieuse ('chapitre 3), soit d'indiquer l'impossibilité actuelle du savoir (chapitre 4) ; c'est là le rôle de la question problématisante ou de la demande de rappel d'information, cette dernière exhortant à ramener un renseignement connu sur la scène actuelle de la parole. La forme neutre de la demande de renseignement (question totale) est une interropositive avec verbe à l'initiale (VI?), l'interronégative apparaissant, soit comme question braisée par le rapport au con-cotexte antérieur, soit comme question tendancieuse orientant vers une réponse positive. La question tendancieuse est caractérisée par le schéma de la déclarative (V2) associée au signal de l'interrogation (?) ou encore par VI auch?, Vlnicht? à négation illocutoire. Le con-cotexte peut toujours suppléer à une structure neutre en donnant à entendre une certaine attitude épistémique du questionneur. Deux pôles d'intérêt ont retenu plus spécifiquement notre attention : 1/ L'étude de la configuration entre structure de phrase et particules illocutoires. Elle nous permet de distinguer des sous-classes de demandes de renseignement : la question légitime (légitimée en particulier par le rapport déclaré au co-texte avant) Qdenn? la question fondamentale rapportée au réel Qeigentlich? la question essentielle de portée globale Qüberhaupt? la question restreinte au minimum (Qbloß/nur?)

312 la question prudente Qetwa? la question indéterminée ( (¿vielleicht'Ì) la question demandant à Alloc de formuler une présomption ( Qwohl?) Dans V2?, les particules illocutoires ont pour effet de faciliter à Alloc la reprise du schéma déclaratif proposé, Loc recherchant son assentiment sur la tendance indiquée. Les particules créent les conditions favorables à la poursuite du discours dans le sens escompté par Loc. Ainsi par : Vlauch? Loc souligne à travers l'idée d"addition à ce qui précède", véhiculée par auch, la poursuite du discours dans le même sens qu'un élément du co-texte avant, VSdochl, qu'il s'attend à une approbation malgré sa prise en compte d'une divergence possible, Vêwohlt, il indique que la question est une simple conjecture du questionneur. Les queues de question relancent en fin d'énoncé le dialogue avec la même recherche de connivence, cependant que Vl'doch? et V2vielleicht? affaiblissent l'orientation conforme au signe de Ρ de la question. 2/ La polarité de l'énoncé. Nous avons constaté que l'interronégative avec négation illocutoire n'est nullement symétrique de l'interropositive correspondante. On distingue ainsi : - a) la question biaisée, Loc proposant au jugement d 'Alloc Ρ négatif en co-texte marqué pour le négatif, mais sans pondérer l'énoncé, - b) la demande de confirmation de non Ρ ( Q f c o v f . N e i n ) - c) la question inversive (Qîconf.Ja) qui propose à l'allocuté de dire Ρ vrai, en opposition à son signe, les questions tendancieuses b), c) faisant jouer les particules illocutoires selon l'orientation escomptée. Les questions tendancieuses, surtout dans leur forme interronégative inversive, représentent l'avant-poste de la question rhétorique qui fait de l'inversion de polarité (Ρ? /= non P, non Ρ ?/= Ρ) son moyen favori d'expression. Certes une question est tournée vers le vrai/le réel, entendus ici au sens d'une vérité de discours, car ce qui est accepté, ce sont des énoncés. Mais le discours informatif ne constitue qu'une petite partie de l'énoncé. L'étude des énoncés interrogatifs vérifie qu'il n'y a pas de communication sans terrain d'entente : les croyances communes servent à titre de présuppositions pour en constituer d'autres. L'homme croit et le discours informatif se meut dans la croyance. Ainsi la demande de renseignement marquée par VI wohl? ou par le subj. II de distanciation ( Und was wäre ein solches Vorgehen?) indiquent à l'allocuté qu'on lui demande d'affirmer sans savoir ou sans être sûr, de

313

dire s'il croit que Ρ est vrai et de le soutenir. A l'inverse, dans la question tendancieuse, le locuteur soumet sa propre croyance au vérificateur. Les structures syntaxiques les plus marquées apparaissent dans la question personnelle tournée vers une recherche (question problématisante : questions multiples, W-VD?, Inf-?) et dans les questions en retour (question-écho en V2 w-?, Ob w-?, ellipses...) Dans certains environnements, l'assignation de la valeur prise par la question est textuellement déterminée et contextuellement motivée (acte indirect). L'énoncé interrogatif à valeur de demande de renseignement, de demande de confirmation, de question d'hypothèse... sert de support à d'autres fonctions illocutoires, sans que la valeur fondamentale soit neutralisée, et ce même dans les stéréotypes langagiers prononcés dans certaines situations-type comme : Könnten Sie mir mal das Salz geben? En effet, utilisée en situation, souvent en configuration avec des éléments linguistiques comme les particules illocutoires, une demande de renseignement peut être entendue avec l'effet de sens d'une demande d'agir (ex. : Wo bleibt der Schleier?), tandis qu'une question tendancieuse oriente favorablement la réponse dans la question interprétée en représenté comme demande d'instruction, de requête, d'offre, par ex. dans : Sie nehmen vielleicht einen Wein, Hans?...). Tout se passe alors comme si demande de renseignement et question tendancieuse servaient de support à un représenté actionnel. Une question est ce qui peut en premier lieu se ramener à une demande de renseignement, à une question tendancieuse, à une question d'hypothèse ou à une question problématisante. Mais qui ne connaît d'ex, où la demande d'agir ou encore l'assertion constituent le sens profond de l'énonciation de telles questions? Celui-ci résulte du travail d'interprétation d'une question prise dans un environnement. Celui qui demande : Können Sie mir Geld wechseln? n'a nullement besoin d'ajouter, si l'allocuté répond : Ja - Bitte, wechseln Sie miri, mais il peut toujours se retrancher en cas de contestation, sur la question : Ich habe Sie ja nur gefragt. Il y a donc comme une stratification de valeurs, la question est l'acte réalisé (le signe en étant la réponse toujours possible), même si la coopération débouche sur une action non linguistique. Dans ce cas intervient la relation avec le co-texte ; Ainsi la suite : Warum trinken Sie denn nicht? Schenken Sie sich ein\ est-elle isotope car la question est interprétée comme demande d'agir. Les questions dites indirectes comportent soit dans leur signe, soit dans leur environnement immédiat, des éléments linguistiques médiateurs de l'interprétation indirecte ; Ces signifiants médiateurs sont polysémiques, c'est vrai, mais ils sont lisibles dans une configuration.

314 Peu fréquents sont les hybrides où un signifiant (par ex. bitte) renvoie manifestement à une demande d'agir : Würden Sie, bitte, nach der Post sehen?, interprétée comme injonction plus polie que : Sehen Sie bitte nach der Posti. Mais certains signifiants (en particulier les verbes de modalité à la 1ère ou 2ème personne qui indiquent la possibilité, la nécessité, la normativité, l'opportunité de l'action) jouent en contexte un rôle de médiateur de l'interprétation contextuellement motivée, en renvoyant aux présupposés pragmatiques de l'acte directif. C'est ainsi qu'avec une certaine configuration (par ex. Wollen Sie...7) une demande de renseignement prend la valeur d'une demande d'agir en représenté. Ces signifiants conventionnels sont polysémiques, darf ich apparaissant par ex. aussi bien dans une demande de permission : Darf ich ins Kino gehen? que dans une injonction : Darf ich dich bitten den Raum zu verlassen?, que dans un rituel : Darf ich bitten?. Tout dépend donc des configurations avec les lexèmes engagés. N'ayant qu'épisodiquement évoqué ici les actes indirects, nous avons à l'occasion de l'emploi des particules illocutoires dans l'interrogation cité quelques questions rhétoriques. Nous ne les assimilons pas aux actes indirects (demande d'agir), à la fois pour des raisons d'interaction : il ne s'agit pas en questionnant de "faire dire", de "faire agir" extérieurement, mais de faire raisonner l'allocuté et à cause du processus inférentiel différent (inférence conversationnelle et non pas conventionnelle) qu'elles mettent en oeuvre. De plus, le phénomène rhétorique dépasse l'interrogation, il concerne aussi l'injonction. Il intervient quand les présupposés pragmatiques essentiels de l'acte direct y sont neutralisés. Pour illustrer cette idée, qu'on se réfère à : Nennen Sie mir einen guten Arzt am Ort! conçu comme injonction impossible à obéir, à : Wißt Ihr überhaupt, was Not, was Hunger bedeuten?" donnant à entendre l'inférence de "Ihr wißt nicht, was Not, was Hunger bedeuten", donc comme question sans attente de réponse verbale. La question rhétorique occupe une place de choix dans le discours non conversationnel bien que dialogique (roman, article de journal), car elle pose l'autre en face de soi. Nous rejetons la notion de marqueur de rhétoricité au profit de la notion de configuration d'éléments médiateurs ; par ex. un terme à implication négative employé dans un énoncé positif comme brauchen + inf. dans : Brauche ich Ihnen das zu versichern? (/= Ich brauche Ihnen das nicht zu versichern), est médiateur de l'interprétation rhétorique.

Je considère comme hybrides les énoncés ou deux valeurs illocutoires question et requête sont codées, c'est le cas dans : "Sagst du mir bitte deinen Namen?

315 Ainsi, si W-schon? est souvent caractéristique d'une question rhétorique, il peut aussi apparaître dans une demande de rappel d'information et n'est pas un marqueur. La notion de configuration d'éléments médiateurs est donc centrale. C'est grâce à la configuration W-schon noch?, et non du fait du seul schon dans l'ex, suivant mentionnant des événements appartenant au passé : Was hat die Regierung Modrows in ihrem letzten Monat schon noch zu fordern? /= nichts!, que l'interprétation rhétorique est induite. Was passierte schon in Bramme? est, hors contexte, ambigu. En revanche : Was passierte sonst schon in Bramme est clair : /= Nichts. L'étude de corpus que nous avons entreprise nous fait déboucher, à partir de l'énoncé, sur deux perspectives, celle de l'agencement du discours et celle de la représentation du locuteur et de l'allocuté dans l'énoncé. Pour ce qui est du rapport au discours, l'accomodation de la question, comme acte initial, à la réponse, est flagrante. La question initiale sert à enclencher l'interaction. La question en retour interrompt une séquence d'interaction en suscitant des exigences nouvelles. L'observation de ce qui précède une question et l'induit et de ce qui la suit est indispensable. Bien que l'énoncé interrogatif soit par ses propriétés syntaxiques et intonatoires isolable, il ne l'est nullement au plan sémantique et pragmatique et ne peut être interprété que dans le cadre de l'enchaînement discursif. La liberté de choix du locuteur est canalisée par son intervention dans un discours en cours d'élaboration et conditionnée par ce qui a déjà été dit. Le deuxième facteur qui limite la liberté du locuteur est la présence de l'allocuté. Ainsi la belle formule de Benvéniste (1966) mise en exergue de toute étude de l'énonciation "chercher l'homme dans la langue" présentet-elle deux faces : le locuteur se représente dans son message par la deixis, la modalisation, l'appréciation, la métaphore vive... mais il donne autant de place à l'allocuté. La question nous apparaît comme le champ priviligié de la négociation. Si tout énoncé doit être considéré comme vecteur de dialogue - celui qui ne conteste pas l'assertion d'un autre - semble l'admettre, la question est expressément tournée vers l'autre pris comme informateur, garant de vérité, dans la demande de renseignement, comme vérificateur dans la question tendancieuse, comme complice dans la question rhétorique, tandis que le locuteur se présente comme solliciteur. Ainsi, la demande de confirmation démontre la prise de pouvoir du locuteur sur la décision future par le choix de la forme déclarative ou de l'interronégative de sens positif : Das ist doch schön?/Ist das nicht schön?, qui se présentent comme du pré-asserté. L'accomodation du libellé de la question à l'autre, est donc un fait constant. Le locuteur est amené à souligner aussi qu'il ne pose pas une question oiseuse, que la réponse l'intéresse, que sa question n'est pas

316 absurde, par ex. en faisant dépendre celle-ci de l'évocation d'un univers de croyance qui pose les limites de sa validité. Les particules illocutoires dans l'interrogation jouent ce rôle de régulation de l'interaction. La nature des garanties demandées au partenaire est constamment évoquée : c'est une information au plan des faits que le locteur attend de la question avec eigentlich, überhaupt marque la question maximale que le locuteur puisse poser à cette étape de l'entretien, en revanche, c'est une simple présomption qui est demandée à l'allocuté par Qwohll... Au terme de cette étude, nous voyons s'établir dans le rôle interactionnel joué par les particules illocutoires dans l'interrogation un système de pondération : Eigentlich/überhaupt s'opposant à wohl comme la recherche de la vérité/réalité à celle de l'opinion et à bloss/nur comme la vérité fondamentale à une vérité relative, denn s'opposant à etwa comme ce qui est d'actualité à l'inactuel. Auch présente la demande de confirmation en continuité avec ce qui précède, tandis que doch, en concédant la possibilité d'une réaction en sens inverse, cherche à l'éviter. Le rapport entre etwa et vielleicht dans la question est intéressant, car l'on peut rapprocher le sens du "virtuel", du "non actualisé" (etwa) et celui de l'"indécidable" (vielleicht). Pourtant le champ de etwa va de l'inactuel au faux, tandis que l'interprétation de vielleicht couvre tout le champ qui va du vrai au faux (peut-être bien que oui, peut-être bien que non). C'est pourquoi il tempère l'orientation vers le vrai de la demande de confirmation, comme il est le médiateur de l'interprétation rhétorique inversive (Bin ich vielleicht dein Diener? /= ich bin nicht dein Diener). En décrivant les questions, on les voit traversées par la perspective de l'argumentation, etwa tirant, à partir de son signifié du "non actualisé", l'interropositive vers l'implication négative, vielleicht, à partir de son signifié d'"indécidabilité", orientant la question vers l'implication positive ou négative selon la polarité de l'énoncé. Sans cesse le locuteur articule son discours en vue de le faire accepter par son allocuté selon ses vues. Dans la parole chacun est passible de l'autre, mais la prise de parole de l'autre est le signe qu'il va prendre part à la genèse du sens. Une question se détermine au sein d'un processus dialogique qui lui donne une pertinence pragmatique. La remarque suivante de Bakhtine parlant de la relation interlocutive est vérifiée par la question : "Tout discours est dirigé sur une réponse et ne peut échapper à l'influence du discours-réplique prévu... Il est déterminé en même temps par la réplique non encore prononcée mais sollicitée et déjà prévue." Ainsi retrouve-t-on dans tout discours la co-existence d'un discours produit par l'un avec l'image du discours anticipé de l'autre.

ANNEXE

319

Tableau 1: denn denn Sens: relation explicative Domaines d'emploi Question Assertion

Demande de renseignement

Rhétorique

Ancrage dans situation actuelle stimulus à Q? ( P ) Qc enn?

Ρ denn Q

demande La vérité de Q

demande de

injustifiée dans

rend acceptable

renseignement

cette polarité:

l'énonciation de Ρ

justifiée

inverse Ρ dans sa polarité

Tableau 2: eigentlich eigentlich Sens : place Ρ au niveau du réel Domaines d'emploi Question Assertion

Demande de renseignement

probi ématisante

rhétorique

demande d'agir

Question fondamentale Assertion

amorce

renforce

c h a n g e m e n t do

l'inversion de

perspective

polarité

requête

rappel à

suggestion

l'ordre

320 Tableau 3: überhaupt

überhaupt Sens: généralisation, globalisation, extension de la perspective Domaines d'emploi Question Assertion

Demande de renseignement

Compréhension maximale

Problématisante

Rhétorique

Mise en garde

Question fondamentale en prolongement de ce qui précède, nouveau départ

favorise l'orientation vers le faux

radicalise

Tableau 4: etwa etwa Sensxontenu inactuel Domaines d'emploi Injonction négative

Question

lixclamation d e m a n d e de renseigne ment

demande prudente

probléma-

demande

question

lisanle

d'infirmalion

d'hypothèse

hypothèse

rhétorique

interdiction

oriente vers le

renforce

fondée sur-

contenu

l'inversion

une

hybride interro-

contradictoire

de polarité

hypothèse

exclamatif

321

Tableau 5: etwa

Ja/Doch

orientation vers

(+)

VI

etwa?

VI

nicht etwa?

+

VI

etwa nicht?

+

V2

(doch) nicht etwa?

Nein +

+

Tableau 6: vielleicht

vielleicht Sens:valeur de vérité indécidable Domaines d'emploi

Question Assertion

refus d'assertion

demande de renseignement

Demandes d'agir

problé ma· lisante

tendancieuse

délibérative

rhétorique

marque de la bipolarisation de la question

alterne valeur coorientée à H

inference positive

renforce l'inversion de polarité

requête

Kxclama tion graduelle

suggest, /offre

oriente favorablement la demande

renfort

322

Tableau 7: auch auch Sens :ajout qui va dans le même sens qu'un autre élément Domaines d'emploi Question Assertion

Demande de confir-

Demande

probléma-

de rappel

tisante,

d'infor-

délibé-

mation

rative

mation

confirmation d'un f a i t attendu

Exclamation

Injonction

rhétorique

recherche

r e n f o r t de

d'appro-

l'inversion

bation

de polarité

atténuation

Tableau 8: doch doch Sens : discordance - opposition à une alternative Domaines d'emploi

Question

Assertion

Proénoncé

demande demande demande de rappel de confirma-

d'infor-

tion

mation

d'hypothèse

rappel d'information

d'agir, rhéto

sugges-

injonc-

rique

tion

tion

(nicht doch)

oriente donnée

vers

acquise pour

l'accepta-

hoc

infir-

tion de Ρ

conforme à

mation

VI'doch

la p o l a r i t é

affaiblit

de I»

la suppo sition

exhor-

introduit un discours

renforce l'inversion de polarité

tation le f a i t

adoucis-

mieux

sement

passer"

admonestation renfort

323

Tableau 9 : schon

schon Sens passage du seuil de vérification du non vrai au vrai Domaines d'emploi Question Assertion

d e m a n d e de rappel d'information

Exclamation

Injonction

rhétorique

r e n f o r t de l'inversion de polarité

a p p r o b a t i o n ut c o r r e c t i o n d'un possible

pressante

Tableau 10: wohl

wohl Sens : présomptif (vérité relative) Domaines d'emploi Question Assertion

demande de renseignement

afTaiblil la supposi fio v a l e u r de η d'Alloc. v é r i t é de Ρ requise

problèma lisante

Demande de confirmation

Khetorique

conjecture renforce de hoc s u r l'inversion vérité de Ρ de p o l a r i t é exprimée

Kequête admo nestation reproche

lOxcla niation

renforce l'inversion de p o l a r i t é

Injonction renforcée

φ Ut Ό 3

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