Les échecs : la valorisation des pièces en cours de partie
 9782851826718, 2851826719

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Titre original: Rethinking the chess pieces © 2004 Andrew Soltis © 2006 Bornemann Ulisséditions 15, rue Mansart, 75009 Paris, France ISBN : 2-85182-671-9

Sommaire 1. La valeur des pièces

Première publication: B.T. Batsford Ltd - London RU.

Chapitre 1. « Un pion égale un, un cavalier égale trois ... »

Traducteur: Marc Pue! Réalisation : Christian Millet

Chapitre 2. Mobilité et cibles

28

Chapitre 3. La taille de l'échiquier

40

Chapitre 4. Coopération et redondance

52

Chapitre 5. La personnalité des pièces

71

7

2. Les déséquilibres matériels Chapitre 6. Les transactions

Toute utilisation commerciale des objets représentés est interdite. Toute repré­ sentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit, ou ayants cause, est illicite (loi du 11 mars 1957, alinéa 1er de l'article 40). Cette représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les arti­ cles 425 et suivants du code pénal. La loi du 11 mars 1957 n'autorise, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, que les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective d'une part, et d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration. Imprimé en Espagne

99

Chapitre 7. La qualité

126

Chapitre 8. Dame contre pièces

154

Chapitre 9. Fous contre cavaliers contre pions

193

Chapitre 10.Tour contre pièces

229

L

1 « Un pion égale un, un cavalier égale trois ... »

que vous avez apprise sur les échecs est le déplacement des pièces. La deuxième leçon,j'imagine, vous a appris à ne pas céder une pièce plus forte contre une plus faible. Pour vous faire comprendre cela, on vous a montré une« table de valeurs relatives» indiquant qu'un fou vaut trois pions ou« unités», une tour cinq et ainsi de suite. Et c'est aussi la dernière véritable leçon sur le matériel à laquelle la plupart des joueurs ont droit. Le résultat est qu'ils restent perplexes devant ce qui peut découler d'une position comme celle-ci : A PREMIÈRE CHOSE

Trait aux Blancs

Nous avons affaire à une ouver­ ture typique de débutants, 1 e4 e5 2 4U3 •c6 3 .i.c4 .i.c5 4 •c3 •r6.

Alors 5 •g5 est le premier exemple d'attaque double que de nombreux joueurs trouvent dans une partie. Mais après les coups naturels 5•••0-0 6 d3 h6 ils jouent 7 •xf7 et on leur dit que c'est une grave erreur. Ou une gaffe. C'est peut-être même« le coup perdant» - bien que la partie vienne de commencer. Comment est-ce possible, demande le débutant? Après tout, la table que l'on trouve dans la plupart des livres d'initiation dit que tour-plus-pion vaut à peuprès deux pièces mineures. Certaines tables disent qu'un fou vaut un peu plus qu'un cavalier et par conséquent les Blancs ont besoin de récupérer un pion et demi pour justi­ fier 7 t"iJxf7. Mais cette explication n'est pas d'un grand secours. Même si un débutant peut saisir ce que veut dire un demi-pion (ce qui n'est pas le cas de certains maîtres), pourquoi la concession d'une si petite quantité de matériel serait-elle si grave? Donner une pièce est une bourde, bien sûr, mais la perte d'un demi-pion peut­ elle vraiment coûter la partie? La confusion continue quand le débutant commence à apprendre des pièges d'ouverture et tombe sur la variante du Dragon de la Sici­ lienne qui se présente ainsi : 1 e4 c5

8 • Un

« Un pion égale un, un cavalier égale trois... »

pion égale un, un cavalier égale trois... »

2 •o •c6 3 d4 cxd4 4 •xd4 g6 5 •c3 .i. g7 6 .i.e3 lt:lf6 7 .i. c4 0-0 8 .i.b3 •as? 10 e5!. Trois grands maîtres et d'innom­ brables mortels sont tombés dans ce piège. Les plus forts parmi les victimes jouent en général 10 ...lt:le8 et sont surpris par 11 i.xf7+! et 12 lt:le6 qui gagne la dame. Mais pourquoi, se demande le néophyte, les Noirs ne jouent-ils pas 10... •xb3? Après tout , 11 exf6 permet 11...lt:lxal 12 fxg7 'Jlxc2+ 13 i1Vxc2 •xg7.Alors les Noirs n'ont pas un pion, mais deux, et ce sont des pions du centre.

Trait aux Blancs

La raison, disent les maîtres, c'est que les Noirs sont moins bien. On accorde généralement aux Blancs un plus-sur-moins, l'abréviation pour un net avantage. Si vous demandez à un maître pourquoi des coups comme 7lt:lxfl dans le premier diagramme et la position des Noirs dans le second sont mauvais, vous obtiendrez diffé­ rentes réponses. Par exemple: Deux pièces, diront-ils, sont tout simplement plus fortes qu'une tour.

L'un des premiers logiciels informa­ tiques d'échecs conçu en Union Soviétique se servait de sept varia­ bles pour évaluer les positions, en commençant par l'estimation du matériel suivante: Pion= 1 Cavalier=3� Fou=3� Tour=5 Dame= 9� Selon cette recette, 7lt:lxf7perd sept unités (3� plus 3�) et en récu­ père six (5plus 1). Une autre table courante accordait trois unités à chacune des pièces mineures et 4� à la tour : si bien que la différence entre fou +cavalier et tour +pion est un demi-pion. Une troisième table, la plus prisée dans les pays occidentaux, attribue trois unités à chacune des pièces mineures, cinq à la tour et neuf à la dame; en consé­ quence, 7lt:lxf7serait un échange égal. Dans le deuxième diagramme, les Noirs sont soit à égalité de matériel d'après la première échelle de valeurs, soit en avance d'un demi pion selon la deuxième, ou d'un pion d'après la troisième.Alors, comment peuvent-ils être moins bien? Le problème est que l'expérience contredit ces échelles. Nous savons que la tour et un seul pion sont souvent une excellente compensa­ tion pour les pièces dans une finale. Dans son ouvrage Finales élémen­ taires aux échecs, Reuben Fine a dit que tour et pion suffisent à annuler contre les deux pièces. Ajoutez un deuxième pion, et le tour a un sérieux

avantage. Voilà qui pèse souvent sur les décisions de milieu de partie concernant l'échange des dames. Mueller - Acs Championnat d'Europe des clubs 2003

9

après 9 1;i.d8+ lt:lg810 1;i.d4, par exemple 10 ...i.xc2 11 1;i.xe7lt:lxe7 12 1;i.d8+ lt:lg813 Il.a8 qui donne raison à Fine. Mais les Blancs ont mieux: 6 g4! .i.d5? Et non 6 ...lt:lxg4 7i.xe8 lt:lxf2 8iaxb5!. Mais 6 ...l:i.ec87g5 lt:le4 8 1;i.fe2 lt:ld6 égalise. 7 .i.xe8 1. xe8 8 g5 •d7 9 1. f4 •gs 10 l.xd4 •b6 11 l.e5 .t.f7 U l.d8!

Trait aux Blancs

Dans une position théorique où 1 i.c3 est courant, les Blancs jouè­ rent: 1 .lf2!? exd4. Sinon les Blancs poursuivent avec l:t afl et xfl. 2 "ike7 i1Vxe7 Ou 2 ... �g4 3 h3 �h5 4 �xd7 avec avantage. 3dxe7l.fe8 Les Noirs mettent leurs espoirs dans les pièces, plutôt que de prendre le risque de 3 ... fb8 41;i.xf7. 4 .i.xf7+ '.ith8 5 l.el lt:lf6 Il y a une suite naturelle avec 6 l:!.d2 i.e4? (6 ... nec8! est bon pour les Noirs) 7 iaxe8 1;i.xe8 8 ll xd4 xe7 et les Blancs se retrouvent avec tour +pion contre deux pièces mineures. Les ordina­ teurs ont tendance à donner l'avan­ tage aux Noirs, mais les Blancs ne devraient pas avoir de problèmes

n

n

n

L'échange de tours accentue forte­ ment l'avantage blanc: c'est un cas parmi beaucoup d'autres où un échange« égal» est loin d'être égal. Les Noirs se sont vite retrouvés pratiquement en zugzwang et ont perdu après 12 ••• •es 13 c3 g6 14 *f2 *g7 15 1. e2 •a7 16 1. e6!. On peut trouver d'autres explica­ tions montrant pourquoi 7lt:lxf7 est mauvais dans le premier diagramme. La disparition des pièces blanches donne une avance de développe­ ment aux Noirs. Il est vrai que les Blancs renoncent à deux pièces qui viennent d'exécuter leur premier coup. En jouant 7lt:lxf7ils détruisent leur propre développement.

1o

« Un

« Un pion égole un, un cavalier égale trois... »

Néanmoins, le coup 7 0.xf7 nuit aussi au développement des Noirs. Les entraîneurs soviétiques considé­ raient qu'avec le roque une tour était développée, et après ... i::t xf7 elle a disparu. De plus, les Noirs devront perdre au moins un coup qu'il aurait été plus avantageux de consacrer au développement, en mettant à nouveau leur roi à l'abri après ...e4! Abandon (à cause de ilf8xg7) Meilleur était 1 ... .txdS 2 •xdS "xg4 3 .i.gl! Le fou contrôle toutes les case du cavalier sauf une et les Blancs mena­ cent de gagner avec ..t>c5xb5. 3... 1.1\eS 4 •es '!l\f3 5 .tf2 '!l\d2 6 •xbS •e47 .i.el! À présent si les Noirs essaient de bloquer le pion « b» par 7 .....t>c7 le roi est chassé par 8 @a6, b4-b5-b6 et, quand le cavalier bougera, �g3(+). 7...'�d6+ 8 •a6 *c6 Le fou gagne encore à l'aile roi après 8...êbxf5 9 b5 êbd6 10 b6 @c6 11 .i.b4 et �f8xg7. 9 .i.f2 �bS10 .i.b6 "d6 11 .i.cS 'SlbS12 .i.f8 'llic7+ 13 •as C'est une illustration de la remarque de Staunton : quand le roi se trouve à une case de distance en diagonale, il ne risque pas plus d'être mis en échec par le cavalier que s'il était éloigné de six ou sept rangées. 13... '!lldS14 .i.xg7 "1f4

Trait aux Blancs

l .i.dS! Les Noirs gaffèrent en jouant l...êbc6+?, ce qui permet un échange aboutissant à une position avec fous de couleurs opposées où les pions des Noirs de l'aile roi tombent: 2 �xc6+! ..t>xc6 3 .ic5

1 5 .i.xf6 '!l\xhS 16 bS+ •b7 17 .tes! Et les Blancs gagnent. Naturellement ce sont les pièces lourdes qui exercent le plus de

restriction. Une tour est particu­ lièrement impressionnante sur la « septième rangée absolue» de Nimzovich ou dans la finale élémen­ taire roi + tour contre roi. Quant à la dame, que nous voyons plutôt en pièce d'attaque, elle est capable d'être remarquable dans un travail de restriction, comme en témoigne le problème suivant de Josef Kling.

« Tesuji», pour définir ce thème dans Inside Chess de 1989: Les pièces font du Tesuji quand elles occupent certaines cases près du cavalier. Par exemple, un roi à une case de distance en diagonale ôte deux coups possibles au cavalier. La dame de la page 71 est vainqueur du cavalier en ne lui laissant que deux coups possibles sur huit après 1 �e4, puis les quatre coups dont il dispose après 3 �e6!. Une tour située à deux cases en diagonale du cavalier le prive de quatre déplacements, comme dans cet exemple cité par Taylor, qui provient d'un vieux manuscrit de Chaturanga

Les Blancs matent sans bauger le rai

Cette tâche qui semble impossible est très facile une fois qu'on a saisi la bonne technique. Il y a mat forcé en 23 coups. L'astuce consiste à restreindre l'action du roi en lui donnant «échec» comme un cavalier ( en évitant le pat 1 �g3??). On commence par 1 ir'h6+ *g22�h4! •g1 3 '*h3! •r2 4 �g4!. Finalement on oblige le roi à aller en a4 après quoi it'b2! force ... •as après quoi '*'a3assène le mat. Dans l'un des scénarios les plus élaborés de la restriction, c'est le cavalier qui joue le rôle de la victime. Le maître FIDE Gordon Taylor a emprunté au jeu de Go le terme

Les Blancs jouent et gagnent

La tour aurait aussi un Tesuji en diagonale sur les cases dl, h5 ou hl. Cependant l'occupation de l'une de ces cases ne suffit pas aux Blancs pour gagner. Il faut qu'ils restrei­ gnent encore plus l'action du cava­ lier avant de mener une attaque victorieuse. 1 l.fS! Maintenant, sur 1 ... êbh2? les Blancs ont un Tesuji mortel avec

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La personnalité des pièces

2 .!:î f4!. La cavalier n'a plus aucun coup et les Blancs gagnent en conduisant leur roi en g2 (ou en f5, suivi de llf2). De même, l...êt:lh4 2 r!.f6! supprime la plupart des coups de cavalier, ne laissant que 2 ...êt.Jg2 3 'it>d4 êt.Jel 4 l:tf2!. Les Noirs peuv ent tente r de délog er la tour en f6 en jouan t 2 ...'it>c7 3 'it>d4 'it>d7 4 We4 We7 mais 5 .ll h6 êt.Jg2 6 îl. h2 êt.Jel 7 .ll e2 gagne aussi. 1...• d2! Une défaite rapide survient après 1...êt.Jgl 2 'it>d4 êt.Je2+ 3 @d3 l'2lg3 4 llg5 êt.Jfl 5 @e2 êt.Jh2 6 êt.Jg2. Autre point instructif : la victoire la plus rapide après 1...êt.Jel 2 @c4 êt.Jg2 3 Wd3 êt.Je1 + 4 @d2 lt'ld2 est acquise par 5 l:Ib5+ et 6 tlb4!, qui interdit au cavalier la fuite sur la quatrième rangée et le condamne à 7 I:!.g4. 2 .lf4! Pour décrire cette tech nique, Averbakh se servait du mot «entrave» et il est vrai que le cava­ lier est véritablement entravé après 2...@a6 3 Wb4! @b6 4 @c3 êt.Jbl+ 5 Wb2 êt.Jd2 6 @c2 et gain, comme l'indique l' Encyclopedia of Chess Endings. Mais la ligne de jeu suivante est plus probante 2..••b3+! 3 •b4 •c1 4 *c4! C'est ce que Taylor appelait un Tesuji latéral par le roi.En privant le cavalier de l'accès à b3 et d3, les Blancs menacent de compléter l'en­ cerclement par 5 Jlf2 et 6 l:tc2. 4...•e2 S Ig4!

La personnalité des pièces 87

Sur 5 ... êilcl les Blancs exécutent; le cavalier par 6 ti g2 et 6 .ri. c2. S••••c7 6 •d3 •c1+ 1 •c2 8 .la4 Notez qu'après 1 llf5 la tour n'a jamais attaqué le cavalier avant' d'être prête à Je capturer. Les exemples pratiques de Tesuji abondent. La partie suivante est· instructive parce que le roi noir est . si mal placé qu'il est exposé à des, clouages et des échecs qui gagnent le cavalier.

•a2:

Karpov - Ftacnik Olympiades 1988

Trait aux Noirs

Dans les finales à quatre pièces, le défenseur maintient instinctivement ses combattants le plus près possible

run de l'autre. Bien que cette tech­ nique fonctionne dans de nom­ breuses positions, elle a été remise tin cause par l'analyse informatique de roi + dame contre roi + tour, qui a démontré que la meilleure défense requiert que la tour soit séparée de son roi de plusieurs cases afin de créer une distance propre aux échecs.Toutefois, dans les finales roi 1- tour contre roi + cavalier, la distance entre le roi du défenseur et son cavalier doit être réduite au minimum. 1. • .'llc4 Le cavalier peut essayer d'at­ teindre un lieu relativement sûr en r2 par un chemin différent, mais il n'y arrivera pas après 1 ... êt.Ja4 2 .ti a7! êt.Jb2 3 Il a2 êt.Jc4 4 llc2 êt.Jb6 (4 .. .li'le3 5 llc3) 5 llb2 êt.Jc4 (5... êt.Jc8 6 @d7) et maintenant 6 r! b3+! suivi de 7 @d5 êila5 8 tî b5. Ce n'est pas mieux avec 2 ... êt.Jc3 3 ll a3 ou bien 2...lt:'ic5+ 3 r;!;>d5 lt:'id3 4 l:la3. 2 .lf3+ .g4 3 .ld3! Limiter le cavalier dans ses mouvements marche, mais l'attaque (3 l:l.c3 lt:'ib2) ne donne rien. 3...•gS Ici 3 ... lt:'ib2 achoppe sur 4 l:ld2 tî::\a4 51ld4+. 4 •ds •b6+ Sur a5 le cavalier succombe immé­ diatement par 5 Il a3 êt.J b7 6 J:l a7 4.)d8 7 .:l;!.d7. S •es! 4'c4+ Et ici 5 ... lt:'ia4 perd du fait de 6 .l:t b3 (menaçant 7 Wd4) êt.Jc5 7 11 b5 êt.Ja6 8 �d6 - avec échec et l:l b6.

6 *e4 "b6 On a quelque chose qui ressemble à la suite de la partie avec 6...@f6 7 l:t d4. 7 I d8! llic4 8 .1 d4 'lib6 La tour a accompli un Tesuji, lais­ sant au roi blanc le soin de donner le coup de grâce. 9 •es llic8 Sinon 10 @d6 et 11 @c7. 10 *e6 •a7 Ou 10 ...lt:'ib6 11 llb4 11 •d7 Abandon. À cause de 11...êt.Jb512 Ild5+.

Restriction par une pièce identique Un autre genre subtil de restriction a lieu entre une pièce et son homo­ logue. Le principe de l'opposition nous a appris qu'un roi est merveil­ leusement efficace pour restreindre l'action de l'autre roi.Nous avons vu aussi les cas fou contre fou page 82. Il en va de même pour les autres pièces.Les dames, par exemple, font un bon travail de restriction réci­ proque, même si nous ne nous en apercevons pas avant la f inale. Botvinnik a modifié la théorie des finales dans sa partie contre Nikolay Minev à Moscou en 1956 où il montra que la meilleure politique dans dame + pion du cavalier­ contre-dame consiste à centraliser la dame et à laisser le roi escorter un pion passé, au lieu de donner ce rôle à la dame.

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La personnalité des pièces

La personnalité des pièces

De la même façon Baburin - Borgo Linares 1996

II existe un aspect méconnu des finales avec un cavalier battant un autre cavalier par le biais de la restriction. C'est ce que, pour leur : malheur, les Blancs ne comprirent pas dans la position suivante, croyant qu'un échange de tours faciliterait la défense. Feokitistov - Voitsekhovsky Moscou 1996

Trait aux Blancs

Les Blancs ont un pion de plus en d6 mais l'échange des dames (1 W'a8+) ne donner» rien tant que leur roi ne sera pas assez près pour le protéger. 1 •g2! 'it'dS Trait aux Blancs Grâce à la forte case centrale de la dame, le roi peut faire route vers la victoire dans des variantes comme Les Blancs ont une nulle facile l...�a7 2 °@e5+ @d8 3 @f3 °@a3+ avec 1 êbxf7! �xb7 2 êbd6+. 4 @f4 °@cl+ 5 °@e3 'iVc4 + 6 @g5 1 Ixb6? �d5+ 7 'it>f6 °@xd6+ 8 @xf7 et les Mais pourquoi faire de la fantaisie, pions de l'aile roi tombent. se demandent les Blancs, quand on 2 �b5+ 'it'd7 3 iVeS+ .dS 4 .f3! peut forcer l'élimination des tours et Il était encore trop tôt pour prendre le pion après ? 4 'ii'h8+ 'iVe8 5 �xe8+ @xe8 6 @f3 1 .. .'llixb6 2 'llxt7? 'lllc4! @d7. Ce coup gagne en fermant le sas 4•.• •es 5 'it'c5+ .b7 de secours en d6. Si le cavalier se Ou bien 5...@d8 6 �a5+ et les cache en h8, les Noirs la capturent Blancs gagnent parce que leur roi est par ...@f6/ ...g5 et ...�g7. assez près pour 6...@e8 7 'li'a8+. 3 llidS llia5! 4 llit7 6 iVdS+ '+ic6? Autrement, 4 ... @f6 et 5... @e7 Ce coup rapproche la fin mais la gagne. progression victorieuse des Blancs 4.•.• b7! serait évidente après @e3, f2-f3 et A présent, 5 h4 @f6 6 êbh8 g6 et @f4-g5 suivi de @f6/'li'xf7 ou g3-g4. 7 ...@g7 et c'est perdu. 7 •e4! f6 S d7 Abandon. 5 f4

Seule façon de sauver le cavalier.

5... •xf4 6 g4 •g3

L'obtention d'un deuxième pion de plus est décisive (7 g5 hxg5 8 êbxg5 êbc5 9 @fl @h4 10 éiJf7 ,t?xh3 et gain). Ce thème est mis en relief dans un exercice soviétique pour débutants. Chacun des joueurs dispose d'un cavalier sur un échiquier sans aucune autre pièce. Les Blancs, qui ont le trait, essaient de faire« échec» au cavalier ennemi. S'ils y parvien­ nent en 15 coups, ils sont vainqueurs. Sinon les Noirs gagnent.

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Lasker et publié dans Novoye Vremya en 1 894 (Alexey Troitsky publia une étude similaire un an plus tard et ce thème fit désormais partie de la tradition du monde de la composition.)

Les Blancs jouent et gagnent

1 c4 llid2!

Si ce cavalier tente de faire obstacle au pion en se rendant en b6, via c3 et d5, les Blancs poussent leur pion jusqu'à c7, puis éliminent le cavalier par lùd7 et ont la promotion. Trait aux Blancs 2 c5 llib3 3 c6 'llld4 4 c7 llib5 Maintenant, 5 cS('it') lùd6+ annule par manque de matériel pour On a l'impression que les Noirs mater. défendent facilement. En fait, dans 5 cS(lli)!! une telle position, il y un gain forcé Ce coup est gagnant parce que les pour les Blancs en quelques coups. Blancs peuvent se servir de leur 1 llig3 "b6 cavalerie pour restreindre l'action de Ou bien 2 . ..liJc7 3 êbe4 lùb5 l'unique cavalier noir. Dans Six 3 lùc3 «échec». Hundred Endings, Portisch et 2 llie4 'lias 3 llid6! Sarkozy estimèrent à tort qu'une Les Blancs gagnent grâce au zugz­ position avec 2 cavaliers + pion­ wang. contre-2 cavaliers était nulle parce L'un des exemples les plus célè­ que le défenseur avait la ressource bres de restriction cavalier-contre­ de céder un de ses cavaliers pour cavalier fut composé par Emmanuel empêcher le promotion. En fait la

90 La personnalité des pièces

pos itio n est perd ue parc e que le Benko - Bronstein camp dominant peut avoir un troi­ Budapest 1949 sième cavalier par promotion. Dans ce cas trois est vain que ur d'un seul par rest ricti on. Lasker n'alla pas plus loin dans son étude, mai s dan s une vrai e part ie le jeu pou rrai t se pou rsui vre ave c des Tesujis périodiques 5... *e2 6 •d7 •d3 7 *e6 'llle3 8 •es 'llle4+ 9 •ds 'llle3+ 10 •es! 'lllhl 11 'lllf7 'lid2 12 'llle6 'llle4 + 13 •r4 •e3 14 'lie7 •d3 15 'llle6 Trait aux Noirs 'lid2 16 'lllee5+ •e3 17 'llld6 'lllh3 18 *e3 l.lid2 19 'lid8! 'lift+ 20 •12 'lid2 21 l.lide 6 *e2 22 •e2 'lllhl 106 'lllh2+! 'lllxh2 Nulle. 23 *e3 *h3 24 •d4 *e2 25 'llle4 'll\d2 26 l.lif6 'lih3+ 27 •e4 'llld2+ Bloquer 28 .h 4 .hl 29 'llld4+ •c1 30 'llld3+ •dt 31 '!Iles l.lihl 32 •h3 'lid2+ 33 *e3 'lihl+ 34 •h2 'llld2 L'aptitude à bloquer des pions 35 'lig4 'lllfl 36 *e3 l.lid2 37 l.lie3+ ennemis prend toute son importance •et 38 'llle2+ •hl 39 •xd2 •h2 en phase tardive du milieu de partie 40 'lie4+ *al 41 *e2 *a2 42 l.lic3+ et en finale. Cette technique révèle encore une faiblesse fondamentale et 43 'lllh3 mat. des pièces lourdes : elles sont trop On peut ajouter en note que les cas fortes pour bloquer. de roi + 2 cavaliers-contre-roi+ cava­ En général, une pièce bloquante lier se présente rarement. Pourtant occupe une case particulière nous en avons un exemple dans une jusqu'au moment où elle est atta­ partie de grands maîtres. En bref : quée par une pièce plus faible. Les diagramme suivant. tours, même protégées, ont la répu­ Ici aussi nou s avons une nullité tation d'être de médiocres blagueurs immédiate si le pion se transforme parce qu'elles risquent d'être mena­ en dame (...c2:le3+). Il s'ensuivit : cées par des pièces mineures. Avec 104...fl( l.ii)+ 105 *e3 •f3 les dames, c'est pire encore, comme Les Blancs peuvent encore perdre si leur roi est entraîné dans un coin nous l'avons vu, par exemple et maté. Naturellement, pour que page 24. En revanche, un roi, en finale, s'ac­ cela marche il faut une coopération quitte fort bien de cette tâche, parti­ extraordinaire des Blancs. En fait, culièrement parce qu'il a en Benko mit bru squ eme nt fin à la commun avec les pièces lourdes d'at­ partie. taquer le pion qu'il bloque. Le fou

La personnalité des pièces

cst un excellent blagueur dans le linales avec fous de couleurs oppo­ slSes, mais pas avec des fous de même rouleur. Quant au pion, Nimzovich fit l'éloge de ses capacités de hloqueur en ces termes « Qui met le mieux un frein à un pion ambitieux? Un pion. Qui protège le mieux l'une de ses propres pièces? Un pion. Et quelle pièce travaille pour le plus petit salaire? Toujours le pion. » Il y a une raison particulière qui fait que le cavalier est un excellent hloqueur: c'est qu'une fois qu'il a été contraint d'ouvrir le passage et de laisser le pion avancer, il trouve habi­ l uellement le moyen de stopper la promotion en se sacrifiant. Le cava­ lier étant « bon marché», cela peut suffire à annuler. Cela explique en partie que cavalier + pion-contre­ cavalier fasse normalement partie nulle, alors que dame + pion contre dame est souvent gagnant. L'agilité dont fait preuve le cavalier pour bloquer ou se sacrifier est une chose que les compositeurs connaissent bien et que ceux qui disputent de vraies parties devraient mieux connaître. Les Noirs menacent de gagner par l...@c5 et 2 ...b3. Pourtant, les Blancs peuvent faire nulle - même si le pion atteint b2 - à condition que le cavalier atteigne l'une des cases d'accès à bl, comme a3, c3 ou d2. 1 'llle7+ *e4! Sur 1... c6 malgré le clouage, et si 2 i.f2, alors suivi de ...i.xg3 et/ou ... l:!. h2 serait 1...i.xf2 2 'it>xf2 tl:d7. si fort que les Blancs sont obligés 2 .t xd2 *e6 3 .te3 •ds 4 .lh4 d'accepter le sacrifice de pièce. h6 5 .txcS bxcS 5 .t xcS! gxh2 6 .le7+ •c6 Les Blancs progressèrent réguliè7 .t xa7 .1 h7! rement en jouant 6 •e3 fS 7 •d3 Les Noirs vont conserver un pion 'lie6 8 .1 a4 'llic7 9 g4 et finirent par de plus après ...hl(�) et bénéficier gagner. de grandes chances de victoire. Cependant, dire que les échanges Dernier point : nous savons que le avantagent le camp ayant la supé­ rayon d'action de la tour est suscep­ riorité matérielle est trompeur, à tible d'être réduit par le trafic sur cause de la ligne de démarcation l'échiquier.Mais quelle densité faut­ d'un pion et demi. Êtes-vous le il pour diminuer les chances de camp supérieur si vous avez une victoire? tour mais que votre adversaire a une Voici comment Purdy voyait le pièce et deux pions? La meilleure problème: la qualité vaut à peine un réponse est ... «probablement» pion et demi quand il y a au moins (diagramme suivant). 14 pions sur l'échiquier. Si des pions sont échangés, cette valeur atteint un 1 ld2! Ici le facteur décisif est l'étendue peu plus de deux pions, disait-il. de l'échiquier. Tant qu'il y a des C'est surestimé : ce n'est que pions aux deux ailes, les Blancs ont lorsque il y a dix pions ou moins que intérêt à proposer - et les Noirs à le camp de la tour a des chances refuser - d'échanger les tours. réelles contre une pièce et deux pions.

J. Polgar - Bareiev Linares 1994

Trait aux Blancs

L .te4! Les Blancs seront légèrement moins bien s'ils laissent les Noirs roordonner leurs pièces (1 l!t de 1 ii\d7 2 .l'.Ie3 .Uc6). Maintenant, 1 ... 'ilfx e4?? ou 1... �. x e4 2 l':!. g4 �xg4?? et c'est mat en d8. L.. • .t xe4 2 .1 g4 �e7 3 l. xe4 'llic6 4 .lgl Selon Purdy, avec 12 pions sur l'échiquier, un échange de dames avantagerait les Blancs. Mais leurs tours ne disposent pas d'assez de lignes ouvertes après 4 �d7 �xd7 S .l:X xd7 il c8. Au lieu de faire çà, les Blancs veulent lancer un assaut sur

la colonne « g » par h2-h4-h5 et lleg4. 4... �d6 5 �e2 l.d8 6 h4 hS! Voilà qui assure la sécurité de l'aile roi ( ...lt:îe7-f5). Même si les Blancs échangent les dames et une paire de tours, il n'y a toujours pas de percée à l'aile dame, par exemple: 7 lldl 'ii'xdl+ 8 1W xdl .ll x dl+ 9 xdl e810 lla4 d7 11 b4 a5. C'est l'équivalent de ce qui s'est passé dans la partie - 7 �e3 �dS 8 •c2 'llie7 9 �e2 'lifS 10 .ldl �xdl+. Si nécessaire les Noirs pourraient obturer la colonne par ...!:fJd6. Notre compréhension de la valeur de la qualité et des fluctuations que lui font subir des facteurs comme le rayon d'action et le nombre de pions sur l'échiquier change presque inces­ samment depuis 200 ans. Depuis plusieurs décennies, on porte aux nues de plus en plus souvent les vertus du sacrifice de la qualité. Le balancier est peut-être allé trop loin dans ce sens - après tout, une tour est une tour - et il se peut que le xx1e siècle assiste à une inversion de la tendance.

Dame contre pièces 155 Karpov - Kamsky Championnat du monde FIDE, 9e partie 1996

8 Dame contre pièces

Q

UAND UN JOUEUR CÈDE - OU

est forcé de céde r - sa dame contr e des pièce s enne mies , il décle nche une lutte entre deux principes : la coopération contre l'attaque double. On dira, en restant dans les géné­ ralités, que les pièces ont une légère supériorité si elles sont bien coor­ données et trouvent des cibles à atta­ quer.La dame, elle, est supérieure si elle peut placer des échecs et des fourchettes - en somme, si elle fait ce qu'une dame excelle à faire. Il faut que la dame puisse se comporter en dame pour qu'elle ait sa chance face aux pièces. Voici un cas radical où elle n'y parvient pas: Selesniev - von Bardeleben Match de 1920

Trait aux Blancs

L'avantage positionne! des Blancs est énorme mais apparemment il leur

manque un point de pénétration. Certes, les cases de l'aile roi ont l'air faibles mais y acheminer la dame via .l �a5, 2 �el et 3 �h4est lent. 1 .lxc3! .la8 Les Noirs n'ont pas le choix. 2 .la3 .lxa7 3 bxa7 'wi'a8 Ils sont contraints de bloquer le pion avec la seule pièce disponible. 4 .!gS! Les Noirs abandonnent. P resque tous les coups sont · gagnants, mais le dernier des Blancs est convaincant parce que ikd8-c7b8! condamnerait la dame à la prison à perpétuité. Une cage de ce type est exception­ nelle. Il est plus fréquent de voir la dame limitée dans son action par l'embouteillage des pions.Son confi­ nement peut être le fait de ses propres pions, tout comme celui des pions ennemis. 1 e4 d6 2 d4 ,..f6 3 l.lic3 g6 4 .!c4 .!g7 5 �e2 'lic6 6 e5! l.lixd4 7 exf6 l.li xe2 8 fxg7 1 g8 9 l.ligxe2 1 xg7 10 .th6 .1 g8 11 0-0-0 Avec deux pions et une dame pour trois pièces mineures, les tables d'équivalences donnent aux Noirs un avantage important. Les ordina­ teurs eux aussi sont massivement en faveur des Noirs. Pourtant, l'expé­ rience est massivement en faveur des Blancs.

La raison en est que les pions des Noirs entravent les mouvements de k:urs pièces lourdes. S'ils disposent leurs pions dans la formation du hérisson, ils ne tardent pas à se faire l;craser, comme le montre la première partie Short - Miles ( Londres 1984) - 1 1...e6? 12 h4 .;i d713 ê2'le4f6 14lî::lf4cJ;;f7(14...d5 15 êî:lxd5ou 15"\11..xd5) 15Rhel lle8 16 g4 et les Blancs ont vite été gagnants. On pourrait croire que la meil­ leure case pour le fou des Noirs est rs mais 11...JÎ.f512 ttld4e513 ê2'lf3! engendre des problèmes tactiques (13 ...î!'f6?? 14 .l'lg5; 13 ... 'fHe7 14ttld5).Le mieux pour les Noirs est peut-être 11 ... .i.e6 12 .txe6 fxe6 Les Blancs ont de bonnes chances de gain parce que les pièces sont plus aptes que la dame à tirer parti de l'embouteillage des pions après 13 f4 ou 13 h4et 14.tf. hel. En revanche la chance tourne quand la dame est libre de ses mouvements pour des attaques doubles ou triples (diagramme suivant). 1... Ia6?

Trait aux Noirs

Il est tout naturel que les Noirs veuillent améliorer la coordination de leurs pièces(... l:l:ca8 et ....Yld5). Seulement, il est impossible aux échecs de faire avancer ensemble toutes les unités d'une grande armée puisque vous n'avez le droit qu'à un coup à la fois.li y a des chances pour qu'à certains moments une pièce en déplacement rompe les rangs. Ce moment peut être exploité. 2 'wi'c4! Karpov dit que cela paraissait «incroyable» qu'avec un seul coup la dame puisse avoir dans son colli­ mateur six cibles - les deux pions, les deux tours, le fou en c6 et le roi. Seules deux d'entre elles sont mena­ cées tout de suite, mais 3 'fUxe6+ donnerait une deuxième fourchette. Le coup naturel 2 ....Ylb7 serait une invitation à jouer 3 �xe6+ h8 4�d7 .tl b6 5 l':!. c3 g8 6 Jle5ou 4...Ug8 5.l'le5. Les Noirs jouèrent 2 ..• 1: ca8 3 �xe6+ •h8 mais furent perdus après 4 ..tes(4...Il e8? 5�f7!, autre fourchette ).

.a.

156 Dame contre pieces

Évaluations fautives Malgré les tables d'équivalences ou peut-être à cause d'elles - Dame­ contre-pièces est le déséquilibre matériel le plus souvent mal évalué. Cela arrive même dans des ouver­ tures très analysées. 1 d4 d5 2 c4 c6 3 '!lif3 'l\f6 4 '!lic3 e6 5 .i.g5 dxc4 6 e4 b5 7 e5 h6 8 .i.h4 g5 9 'l\xg5 hxg5 10 .i.xg5 'tib d7 11 g3 b4(?) 12 '!lie4 '!lixe4 13 .i.xd8 •xd8 14 .i.g2 f5 15 exf6 'lidxf6

Dame contre pieces 157

à l'avance, lui plaisait.« Mais, hélas,· je ne l'ai jamais atteinte»,a-t-il écrit - parce que les Blancs gagnèrent sur le champ avec 16 i;>-xe4 êbxe4 17 �f3! (17...ft:ld618 Wiff6+). Leur incapacité de coordonner leurs pièces sans danger a coûté aux Noirs deux autres parties dans des tournois internationaux en 1979-

1980 avant que cette variante aille rejoindre la pile des «réfutées». En revanche, quand il y a peu de risques d'attaques doubles de la ' dame, l'adversaire est souvent mieux placé pour gagner malgré un net désavantage indiqué par les tables. Elyanov - Alexandrov Open Aéroflot 2003

Les Blancs ont troqué trois pièces contre la dame et un pion. D'un point de vue matériel, ils ne devraient pas être plus mal. Cependant des articles parus dans Shakhmatny Bulletin et ailleurs dans les années cinquante considéraient la position comme favorable aux Noirs, en mentionnant 16Wife2 êbd6 17 �xc6 ll b8. Le GMI Vladimir B agirov a évoqué son choix de cette ligne de jeu à Sarajevo en 1980, parce que « tous les manuels» donnaient l'avantage aux Noirs et parce que la position consécutive à 18 Wife5 �e7 19 Wifa5+ � b6, qu'il avait préparée

3 'tWg5 l.d3 4 't!Vg4 .i.c3 5 .h2 �f4

Trait aux Blancs

Les Blancs n'ont rien de mieux à faire que de se saisir de la dame. 1 .1 d8+ 'ifxd8 2 .i.xd8 .1 xd8 La compensation des Noirs se limite à une tour et un cavalier et la plupart des évaluations des tables indiquent une supériorité blanche de plus d'un pion. Pourtant, il devrait être évident que seuls les Noirs ont des chances de gagner.

Les pièces et les pions des Noirs se protègent bien mutuellement, et ces derniers peuvent progresser sur les cases noires. Le roi blanc n'a aucun rôle important à jouer, à t'inverse de son homologue noir. Mais avant tout, les Blancs ne disposent d'au­ rnne cible tandis que les Noirs peuvent attaquer les pions f2 et f3 et potentiellement le roi. 6 �d7 f6 7.g3 .h7 8 'i!Vf5+ .h6 9 'i1t'd7 .lcl La menace est ... l:1 hl-h3+. 10 .h2 .lfl Notez que l'initiative ne compte guère ici, ce qui n'est pas rare dans les combats dame-contre-pièces. En règle générale, l'initiative est déci­ sive dans des cas comme celui où la dame vient d'être capturée et où les pièces restent tactiquement vulnéra­ bles pendant quelques coups ( comme dans les diagrammes page 156). Néanmoins,une fois que ces possi­ bilités offertes à la dame ont disparu, les pièces ont la maîtrise de l'emploi du temps : elles peuvent prendre leur temps.

11 '*'d2? Le coup perdant.La dame blanche devait surveiller à la fois f2 et g7, par exemple 11 �a7! @g612 'ife3 @h5 13 �a7! puisque 13...h414 Wi/xg7 l.lxf2+ 15 c;t>gl lig2+ 16 Wi/xg2 aboutit à une finale de pions nulle. De même, sur 11...i;t,h5 12 Wi/xg7 llxf2+ 13 Wg1 llxf3, les Blancs annulent par des échecs. lt .... h5! 12 '*'a2 •h4 13 �a7 '!lih3! 14 'ilt'xg7 .lxf2+ 15 •hl .lxf3 16 �f8 Xfl+ 17.h2 .lf2+ 18 •hl l.l\g5! Les Blancs perdent forcément s'ils permettent ... @g3 ou ... êbf3. lis abandonnèrent après 191Vc4? êbf3 20 Wi/a2!? parce que 20 ... Sh2+! aboutit à une finale de pions gagnante. Il y a eu quantité de cas de ce genre qui ont incité de nombreux maîtres à se montrer p rudents concernant les déséquilibres avec une dame. Ils adorent sacrifier - ou gagner - une darne, mais en même temps ils ont appris à se méfier de ce que disent les valeurs des tables sur les positions qui en résultent.

158 Dame

Dame

contre pièces

Calculs et autres fardeaux Avant la seconde guerre mondiale un sacrifice de dame était générale­ ment synonyme de combinaison menant à un mat. L'une des études les plus approfondies de ces sacri­ fices, un article de 20 pages d' Alexander Konstantinopolsky, paru dans l'annuaire soviétique des échecs de 1955, donnait presque 50 exemples. Cependant, un tiers seulement d'entre eux pouvaient être approximativement considérés comme positionnels, ou pour s'ex­ primer comme Spielmann, comme de véritables sacrifices. Une autre source contemporaine, Je volume de Weltgeschichte des Schachs consacré aux parties sovié­ tiques de 1953-1960, contenait un total impressionnant de 45 sacrifices de dame, dont seulement 19 étaient positionnels (y compris quatre défaites). Depuis, les sacrifices de dame prolifèrent, en partie parce qu'ils sont amusants. Il suffit d'avoir un peu joué pour savoir qu'on éprouve beaucoup plus de plaisir à faire ce sacrifice qu'à être dans l'autre camp, avec une dame. Néanmoins, l'inconvénient des pièces est qu'elles nécessitent une somme de calculs plus importante. D'ordinaire, le joueur ayant la dame à moins d'options (de«coups candi­ dats») à prendre en considération. Les variantes qu'il a à calculer risquent d'être assez longues, surtout à cause de la possibilité pour la dame de faire échec sur échec, mais son

adversaire a des variantes plus nombreuses et plus complexes à évaluer. Dans notre dernier exemple, le joueur ayant les pièces avait relati­ vement peu de façons de gagner. Dans le prochain, il en a plusieurs, et par surcroît, une combinaison décisive. C'est cela qui concourt à sa perte. D. Gurevitch - Seirawan Championnat des États-Unis 2000

..i Qif5+) 4 e8( l2l )+ lbxe8 5 lt'lxe8+ .!1g8 6 C2:îf6+ @g7 7 i.d4. II devrait y avoir un gain, parce que les pièces vont avoir une bonne coordination avec Je roi, et l'impact des cavaliers sera plus grand sur l'échiquier réduit 4ui résultera de la liquidation des pions de l'aile dame. 3 .td4+! Ce coup qui ajoute un pion à la compensation de trois pièces des Blancs devrait accélérer la victoire, mais ses cons éque nces sont plus difficiles à calculer 4 •xg4 �a4! 5 '!lf3?? 3... Les Blancs ne voient pas 5 l)'\h7+ g8 6 e7! �xd 4+ 7 h3 et fait dam e ou 5 ...a6, ... .tl. b8). plus de façons d'annuler. 7••• dxc4 8 tt'xc4 �b7 9 �b3+ Habituellement, les deux camps essaient de gagner en promouvant •c7 10 c4

164

Dame contre pièces 165

Dame contre pièces

Le camp de la dame a habituelle­ ment plus de chances d'accomplir un sacrifice réussi que le camp des pièces. On ne sait pas vraiment pourquoi. C'est peut-être parce que les pièces ont généralement besoin de temps pour mener à bonne fin une attaque et parce qu'elles ne nécessi­ tent pas ou ne peuvent pas utiliser l'immédiateté qu'un sacrifice fournit. En revanche, il suffit souvent d'une dame et d'une pièce mineure pour réaliser une attaque décisive contre le roi, une fois qu'un sacrifice a balayé les pions de la défense. C'est précisément le cas ici. La dame blanche ne peut prouver sa valeur que si elle arrive à franchir l'obstacle des pions et à envahir le camp ennemi par les case noires. Les Noirs réussirent à tenir quelque temps mais furent perdus après 10.•. .tc6 11 .te3 1 b8 12 dS! 'lld8 13 tvc3. Le joueur ayant les pièces a plus de manières d'annuler que son adversaire surtout parce qu'il a un plus grand nombre de pièces. Ainsi, si le camp de la dame est sur le point de promouvoir son unique pion de l'aile dame, il se peut que l'adver-

saire puisse donner une pièce pour l'en empêcher, et annuler quand même en gardant la maison à l'aile roi.En revanche, le camp de la dame ne peut se permettre le luxe de la donner contre un pion passé, sauf dans des positions extraordinaires, c'est-à-dire des positions de pat. Quand le joueur ayant la dame cherche à annuler, il se trouve souvent limité à l'échec perpétuel, tandis que les pièces peuvent aussi: a) bloquer un pion potentiellement vainqueur; b) fomenter du contre­ j eu en mettant le paquet sur une cible; ou c) bricoler une forteresse. Youssoupov - Hort

Bundesliga allemande 1994

5 tve4 .td6 6 •el! .!.17 7 •dl a5 M •c2 a4 9 •b2 a3+ 10 •a2 l.&e2 Il !. b3 .!. f1 L'épreuve est plus dure avec 11.•. llf2! puisque 12 c1Îxf2 tZ'icl + est gagnant pour les Noirs. Cependant avec, 12 ... @al! il ne reste rien de mieux aux Noirs que 12 ... ll f1+ et la nullité par échec perpétuel. 12 tve 6+ •hs 1 3 .lxa3 '.&c3+ 14 éb3 .lbl+ 15 ,t,xc3 .l.xa3+ 16 •c2 :1 a b3 1 7 't!Vf7! .llb2+ 18 •dl .lbl+ 19 •e2 La présence des fous est favorable aux Blancs (19 ... llh8 20 .\ll.d2 et ill.c3+).Néanmoins, les Noirs réussi­ rent à bâtir une forteresse. 19... .lxe3+! 20 t,xe3 .lb8 21 h4 Les Blancs gagneraient si on leur laissait jouer leur roi en h6, mais les Noirs peuvent déjouer ce plan par ... Yg8-g7. Les Blancs ont besoin d'une autre cible. 21... .lg8 22 g4 Ig7 23 '1We 8+ lg8 24 'i!ff7 lg7 25 �e 6 lg8 ! 26 h5 gxh527 gxh5

roi en f7, via c6-d7-e8, sans réussir à démolir la muraille défensive. Finalement, la nulle fut conclue d'un commun accord. Voyons maintenant les cas spécifi­ ques. Nous allons examiner trois déséquilibres fondamentaux - dame contre deux ou trois pièces mineures, dame contre tour et une ou deux pièces mineures, et dame contre deux tours.

Dame contre pièces mineures Un sacrifice de dame pour deux pièces - sauf s'il mène à une attaque de mat ou à une puissante emprise sur la position - nécessite des pions et des atouts positionnels en prime. II peut suffire de seulement deux pions de plus et de bonnes lignes ouvertes, à condition qu'au moins un pion soit un pion passé éloigné en puissance. Filip - Korchnoi Bucarest 1954

Trait aux Blancs

1 l.&e5 Ce coup semble gagnant parce que la dame et le cavalier sont attaqués et que l...ihe5 2 1:t:g5 et l...�a6 2 rlxe7 semblent désespérés. 1...'.&e2+! 2 9f2 .txe5! 3 lgS l.&f4! 4 1 xg6+ f xg6 Les Noirs obtiennent tour, pièce et pion pour la dame. C'est suffisant parce qu'il s'agit du pion passé« a». Le meilleur bloqueur blanc s'avère être le roi.

21... 1 g5! 28 •n h6? La forteresse est en place. Les Blancs firent une tentative minu­ tieuse de victoire en amenant leur

Trait aux Noirs

1... .txe5!

166 Dame cantre pièces

On dirait une combinaison incor­ recte qui perd une pièce. En réalité il s'agit d'un sacrifice de dame contre deux pièces (qui d'ailleurs enfreint la recommandation de Minev puisque les Noirs n'ont que deux pièces mineures pour commencer). 2 .i.xc6 .i.xf43 �f6 .i.xh64.i.xd7 l.xd7 En fait, les Noirs ne risquent pas grand chose puisque leur roi est en sécurité et qu'il n'y a pas de pion passé à l'horizon des Blancs.Forts de la paire de fous et de deux pions supplémentaires, tous deux à l'aile dame, les Noirs détiennent les seules chances de victoire. 5 1. fel .i.f8 6 h4 1. ad8 7 h5? Faute d'avoir un pion passé, les Blancs doivent absolument se créer des objectifs, notamment le roi à mater ou l'échec perpétuel.Le coup du texte rend l'aile roi des Noirs plus perméable, mais les Blancs devraient d'abord établir un blocage par 7 l::!.d4. 7.•. d4 8 hxg6 hxg6 9 l.d3 .i.a6 10 l.edl? C'est une sous-estimation de la force de tour, fou et deux pions passés.Les Blancs devraient essayer d'échanger les tours avec 10 Jl h3 i1.g7 11 �c6 et .Ue8+! pour rendre le roi vulnérable, par exemple, ll...d3 12 �e8+! J:.!.xe8 13 �xd7 i1.b5! 14 �xb5 .Uel+ 15 '.t>h2 d2 16 1:ld3. 10 ..• .txd 3 11 l.xd 3 l.c8?! 12 �f3? Ici les deux joueurs sous-estiment les chances de gain des Noirs. Les Blancs auraient quelque espoir de

Dame contre pièces 167

tenir bon en finale après 12 .!:t xd4! JJ..g713 �xg7+ '.t>xg7 14 �xd7. 12... .i..g7 1 3 �e4 l.cd8 14f4 l.d5 15 g4 .i.f6 16 •g2 11 hS

•rs

•n

Avec deux pièces et trois pions pour la dame, les Noirs doivent gagner, ce qui devint évident après des négligences des Blancs (10 �c2 ,..xd2+ 11 'llixd2 ,..a6 12 h4? .i.e7 13 l.h3? 'llih414�h3 cxd415 l.g3 0-0 16 h5 d5 17 '-'c6 18 1. cl .i.d618 l.g4 e5). Trois pièces représentent presque toujours une compensation suffi­ sante pour la dame en milieu de partie ou en finale. Dans Chess the Easy Way, Fine dit qu'une dame est égale à trois pièces mineures plus un pion. Selon Purdy, c'était une« aber­ ration mentale» et il voulait dire «moins» un pion. Dans Basic Chess Endings, Fine choisit une troisième formule : trois pièces, dit-il, sont à peu près égales à une dame, sans pion supplémentaire pour un camp ou pour l'autre. Néanmoins, de nombreuses per­ sonnes ont le sentiment que plus tôt dans la partie, la dame a besoin d'au moins un pion de plus pour avoir une chance contre trois pièces.C'est ce que montre un sacrifice classique de la Défense Sicilienne que l'on rencontre dans des lignes comme 1 e4 c5 2 •r3 •c6 d4 cxd4 4 'lxd4 •r6 5 ,..c3 d6 6 .i.c4 e6 7 .i.e3 .i.e7 8 .th3 0-0 9 0-0 a610 f4 '-'a5 11 �f3 h5 Quoique naturel, le dernier coup des Noirs permet 12 e5 .i.h7 13 exf6! .i.xf3 14 fxe7 'i!Vxe7 15 1. xf3 Les tables d'équivalences de l'ère soviétique considéraient qu'une dame valait 9 Yi unités, un cavalier trois et un fou trois et demi. Ce qui

,..f3

Les Noirs peuvent toujours détruire le blocage par ....tl:c3. La partie prit fin quand les Blancs, cher­ chant désespérément la perpétuelle, finirent par gaffer 18 �el •gs 19 �h4 l.8d7 20 'i!Vh3 a5 21 a3 .lc5 22 �hl l.dc7 23 *e2 a4 24 �hl 1. 7c6 25 �hl l.c8 26 'ilt'hl l.c2+ 27 l.d2 l.e8+ 28 •dl 1. c3 29 d5 1. xa3 30 �xh5 l.al+ 31 *c2 l.c8+? 32 •d3 l.el 33 .lc2 l.dl+ 34 *e2? d3+ ! 35 •xdl dxc2+ 36 *cl a3 37 �a6 .i.h2+ Les Blancs abandonnent. Ajoutons une compensation supplémentaire aux deux pièces et deux pions, et l'avantage passe nette­ ment du côté des pièces.

'*'

Bagheri - Murey Championnat NAO 2003

1 d4 e6 2 -f3 c5 3 c3 ,..f6 4 .i..g5 't!Vh6 5 •hd2 'ir'xh2 ! 6 ,..c4't!Vxc3+! Nettement meilleur que 6 ...�b5. 7 .i.d2 't!Vxc4 8 e4 �xfl+ 9 •xn •xe4

veut dire que la seule combinaison exactement égale à la dame serait deux cavaliers et un fou (Spielmann était d'accord). Ici, les Blancs ont deux fous et un cavalier pour dame et pion, déséqui­ libre paraissant avantager les Noirs. Pourtant, 11 ...bS a quasiment disparu, à cause de la méfiance qu'inspire la position noire après, disons, 15 ... li."\c4 1 6 .�xc4 bxc4 17 .!lel, suivi de lbdl et i1.d2-c3. N'en déplaise à la table, la croyance populaire a un parti pris contre la dame quand elle affronte trois pièces. Cela peut changer avec l'émergence d'une nouvelle généra­ tion de maîtres. On en trouve une illustration dans une variante bizarre de la Sicilienne qui a commencé à apparaître dans les parties de grands maîtres vers 2000 . 1 e4 c5 2 ,..f 3 •c6 3 d4 cxe4 4'-'xd4e6 5 '-'c3 '*°c7 6 -dh5 �h8 7 .i.e3 a6 8 .i.h6!? Si cette ligne de jeu est bonne pour les Blancs, c'est que Je cinquième coup des Noirs peut être réfuté. 8...axhS 9 •xh5 .i.b4+ C'est le meilleur moyen de supprimer le venin de 10 l2:lc7+ et

Dame contre pieces 169

168 Dame contre pieces

1 0 ilc7. Les Blancs ont l'avantage après 9 ... .U a4 10 tiJc7 + @e7 11 c4. 10 c3.i.aS 11 •c7+ �xc712 i.xc7 i.xc7

L'idée fondamentale des Blancs est de se servir de leur pion supplé­ mentaire comme élément d'une poussée générale des pions de l'aile dame, avec a2-a4 et b2-b4, paralysant les pièces noires. Une victoire de Ruslan Ponomariov en 1999 valut à cette ligne de jeu une certaine respectabilité, mais elle est encore très jeune et il est difficile de s'y fier. Voici un déroulement classique 13 �g4 g6 14 i.c4 "ge7 15 '11fe2 0-0 16 0-0 et maintenant 16 .•• b6 17 a4 i.b7 18 b4 ou bien 16... dS 17 i.b5 e5 18 exd5 'lixd5 19 .lfdl i.e6 20 '1Wf3 'lide7 21 a4. Ces lignes ont été essayées, avec de bons résultats pour les Blancs. Néanmoins, le joueur pragmatique peut suivre une règle approxima­ tive : trois pièces mineures, sauf en cas de manque total de coordination, sont une compensation adéquate pour une dame, voire pour une dame et un pion. Deux pièces mineures ont besoin de pions et d'autres bonnes choses pour contrebalancer la dame.

Dame contre tour et piece(s) Voici les conseils couramment donnés à propos de Dame-contre­ tour + pièce mineure a) Si elle arrive dans une finale avec égalité de pions, « la dame gagne (non sans difficulté)», écrivit Fine. b) Si les pièces ont un pion de plus, « on les considère généralement comme équivalentes à une dame,» écrivirent Portisch et Sarkozy. c) Si les pièces ont deux pions de plus que la dame, elles ont de réelles chances de gain, surtout s'il y a beau­ coup de pions sur l'échiquier. La conclusion la plus précise est peut-être que la tour et la pièce ont besoin d'un pion et demi de plus pour contrebalancer la dame.« Pour tracer la frontière entre perte et profit, il est nécessaire de couper un pion en deux», écrivit Neishtadt. Spielmann pensait que c'était exact si la pièce mineure était un cavalier. Si c'était un fou, un pion suffisait, disait-il. La base de données de Kaufman indiquait que la différence entre les deux pièces était minime. Néanmoins, nombreux sont les maîtres qui ne se fient pas à ce genre de généralisation quand ils ont à évaluer une position en cours de partie. Ils doutent souvent que tour + pièce + 2 pions offre de réelles chances de gain. Les Noirs peuvent gagner en déclouant le pion « e » avec 1... .l::te6!, par exemple, 2 CiJd4 lle5 3 �f4 .l:! h5. Mais ils préférèrent prendre la dame.

And. Tzermiadianos - Simeonidis Championnat de Grèce 2002

Trait aux Noirs

1....i.e7? 2 1. xe4! .txe4 3 1. xe4 .i.xgS? Là, 3 ...1Yxc2 4 Jdxe7 l:txe7 5 'J/lixe7 �xh6 6 I/We8+ et c'est nulle par échec perpétuel. Cependant les Noirs selon toute apparence ne croyaient pas qu'ils pourraient être moins bien avec une dame affron­ tant une tour, un cavalier et deux pions. 4 l.xe8+ •h7 5 "xgS+ Les Blancs perdent en jouant 5 l::!. xh8+?? @ xh8 6 ilxg5 I/Wxc2 parce qu'ils n'ont qu'un fou et un cavalier pour la dame. 5.... xh6 6 l.xh8+ *g7 7 l.h7+ •gs 8 l.xf7 Les pièces blanches se protègent bien les unes les autres et le camp blanc peut conserver au moins un pion de l'aile dame pour une promo­ tion potentielle. Cela se traduit par de sérieuses chances de victoire. 8... �xc2 9 l.xb7 '+icl+ 10 •h2 �f4+ 11 •h3�xf2

(Diagramme ci-contre.)

12 Ib8+?!

Pourtant les Blancs aussi tirèrent la conclusion qu'ils ne pouvaient pas gagner malgré 12 IU7! alors que ce coup leur donnerait toutes les chances (12 ...I/Wxb213 l:txa7). 12...•g7 l3 •e6+ •h7 Mais pas 13 ... @h6?? 14 lîh8mat ou13 .....t>f7?? 14 Zlf8+. 14 'ligS+ Nulle ! ? Les Blancs seraient encore bien avec 14 ... �g7 15 l:tb7 + @g8 161H7. On trouve un cas analogue dans les archives, montrant un maître soviétique laissant échapper une chance unique de battre Paul Keres. « Aussi bizarre que cela puisse paraître,» dit le livre du tournoi, les Noirs proposèrent la nullité au moment précis où leur avantage devenait évident. Keres - Kasparyan Championnat soviétique 1952

1 e4 c6 2 d4 dS 3"c3dxe4 4 "xe4 .trs 5 'lig3i.g6 6 "1h3"d7 7 .i.c4 "gf6 8 'lif4 eS 9 dxeS? �as+ 10 .i.d2 WxeS+ 11 '-'ge2 .tcS12 0-0 0-0-0! 13'lig3�d4 14 i.d3 Xhe8 15 b4! .txb4 16 c3 .txc317 "ge2 .i.xal 18 'llxd4 .i.xd4 19 Wc2

110 Dame contre pièces

Dame cantre pièces 171

Da ns une par tie du ma tch des candidats Portisch - Tal de 196 5, les Blancs ne se laissèrent pas tromper par 17 iÎxh7+?? @xh7 18 �x d5 Il g8+. Ils prépar ère nt la com bi­ nai son ave c iî.xh7+ à l'ai de de 17 •hl et finirent par fair e nul le apr ès 17 •.. .lfd 8 18 .lgl+ .h 8 19 .i..e2 . Dans une première version de son livr e sur la Nim zo, Tai ma ino v écrivit : « Pas 19 .i..e4? à cause de 19.•. ..tg2+!.» Pourtant, c'est exacte­ me nt ce qui se pro dui sit dan s la partie Tal - Beliavski, Riga 1975, qui se pou rsu ivit par 20 •xg2 it'g5 + 21 *hl .1 xdl 22 1 axdl it'x c5 23 Id5!.

Les Noirs se son t peut-être fait du souci à cause de la situation de leu r roi , ma is ils son t de tou te évidence mieux après 19 ...'Llc5 ou 19 ...iÎxd3. Indépe nda mm ent de la vér ité arithmétique, fixe r la frontière à 1 � pion n'est pas dépourvu de bon sens parce que la dame a tendance à avoir l'avantage quand la différence est de un pion, et que les pièces l'ont quand la différence est de deux pions. Cel a ne veu t pas dire qu' en gén éra l la dam e gag ne qua nd la différence est de un pio n et per d quand elle est de deux En fait le résultat probable qua�d il y a 'un déficit d'un pion est la nullité.Le fait qu'une tour et une pièce coopèrent Trait aux Noirs effi cac eme nt en déf ens e et dan s l'édification d'une forteresse en est une raison, quel que soit le nombre Il n'y aurait plus eu d'espoir pour de pions.Nous en trouvons la confir­ les Blancs après 20 1l xg2 i!1xd1 + . mation dans la variante de la Nimzo­ Mais il y a un monde entre avoir une Indienne qui suit : qualité de moins avec seulement un 1 d4 'llf6 2 c4 e6 3 'llc3 .i..b4 4 e3 pion en compensation, et posséder 0-0 5 .i..d3 d5 6 �f3 c5 7 0-0 �c6 tour, pièce et pion contre une dam e. 8 a3 .i..a5 9 cxd5 exd5 10 dxc5 .i..xc3 Même si un pio n et dem i est une 1 1 bxc 3 .i..g 4 12 .i..b 2 'lle5 13 c4 bon ne lign e fron tièr e dan s les 'llxf3+ 14 gxf3 .i..h3 15 cxd5 �xd5 déséquilibres liés à la qualité et à 16 .i..xf6 gxf6 l'op pos itio n dame-c ont re- tou r

+ pièce, il y a une plus grande marge d'erreur dans le second cas de figure. Dans le diagramme les Blancs menacent .llh5xh7+ en plus de ll xc5, ce qui leur donne de meil­ leures chances que les Noirs, même avec un seul pion de plus. La suite fut 23 ... lj/,:!lf8! 24 .î:!.d7 (24 iÎxh7 i!1h6) llc8 et les Noirs parvinrent à faire nulle après 25 llxb7 !îe7 26 J;'lb4 lle5 27 .�xh7 llg5!. On notera que les Blancs avaient des pions « f» doublés et pourtant globalement la structure des pions leur était favorable, parce que leur fou était solidement implanté en e4 avec un important rayon d'action. En l'absence d'un pion passé, les chances de gain dans ce type de finale dépendent souvent de la portée du fou. de Firmian - Dautov Essen 1999

1 e4 c6 2 d4 d5 3 'llc3 dxe4 4 'llxe4 .t.rs s 'llg3 .i.g6 6 h4 h6 1 •f3 •r6 8 •es .i.h7 9 .i..c4 e6 10 "*'e2 •ds 11 ..td2 •d7 12 0-0-0 •xe5 13 dxe5 �c7 14 f4 0-0-0 15 .lh3 .i.b4 16 .i.xd5 .i.xd2+ 17 1. xd2 1. xd5 18 1. xd5 cxd5 Désormais, un coup de cavalier menacera kl.c3.Mais est-ce vraiment une menace? Sur 19 ê7le4 iÎxe4! 20 .!lc3 �xc3 21 bxc3 h5! les Noirs ont une position en béton, comme dans la partie. 19 •rs .i..xf5! 20 1. c3 �xc3 21 bxc3 h5! Les Noirs n'ont pas de faiblesses, leur fou est solidement implanté sur la meilleure diagonale blanche et

leur dernier coup interdit g2-g4 et h4-h5. Si leur adversaire laisse les Noirs geler la structure encore plus en jouant ...b8 et ... llc8-c4, ces derniers auront des chances de succès, même sans pion supplémen­ taire. Les Blancs essayèrent 22 c4! dxc4 23 it'xc4+ •b8 24 �d4 mais les Noirs eurent un contre-jeu satisfai­ sant après 24.•. 1. c8 . En définitive la partie s'acheva par la nullité à l'issue de 25 c3 b6 26 a4 1. c5 27 a5! .i xa5 28 it'd8+ •b7 29 it'd7+ *a6! Uoue pour le gain) 30 °1!Vc8+ •b5 31 •b2 g6 32 g3 .i.g4.

la paire de fous Un seul pion peut suffire à tour et pièce, mais zéro pion aussi. Si les choses sont embrouillées, c'est dû en partie au sens que nous donnons à « compensation adéquate». Si les pièces tentent seulement d'annuler, il arrive qu'elles puissent le faire sans pions de plus, grâce à leur propen­ sion à bâtir une forteresse. En revanche, si les pièces essaient de gagner, deux pions constituent plus ou moins la condition minimum

Dame contre pièces 173

172 Dame contre pièces

requise - à une exception près, qui a son importance. Il s'agit du cas où l'assortiment des pièces inclut la paire de fous. Kasparov a dit que tour+ pièce + pion est une compensation suffi­ sante pour la dame, en jouant pour le gain, quand la paire de fous est incluse. Cela se comprend si vous estimez que la paire de fous apporte un demi-pion supplémentaire, puisque le joueur ayant les pièces a alors, en réalité, un pion et demi, et non un pion, comme compensation. Unzicker - Keres Moscou 1956

Trait aux Blancs

Les Noirs sont en quête d'une position bon-cavalier-contre­ mauvais-fou mais ils pêchent par excès de subtilité : 1 .i.xe7 I c8? Le but est d'empêcher les Blancs de contrôler l'unique colonne ouverte après 1 ... �xe7 2 J,a2 et l':i.cl. 2 .ixd6! .1xc2 3.i.xc2 Bien que les Blancs n'aient qu'un pion de plus, leur avantage est important parce que les deux fous

coopèrent avec le pion « d », ce qui apparaît après : 3••. f6 4 .i.b3 i)\f4 5 .1. dl! 'lid7 6 .ld2 'llb6 7..i.c7! Cette astuce (7 ... WJ/xc7 8 d6+) entraîna l'effondrement des Noirs. 7.•. 'llc4 8 d6 ille6 9 .tas IS\c5 10 .i.b4'lld711 .1 c2 a5 De toute façon, les Noirs auraient perdu les deux pions de l'aile dame ( J 1...�xe4 12 ébd2). Ils abandonnè­ rent après 12 .i.xa5 'i+'xe413 �d2 'it'd3? 14 Xxc4•h715.i.c2. II y a longtemps que l'on apprécie la force de la paire de fous dans des ouvertures sans autre déséquilibre matériel, telles que la Nimzo­ Indienne, la Défense Berlinoise, les Quatre Cavaliers, et ainsi de suite. Néanmoins, la force de la paire de fous dans un déséquilibre dû à la dame a modifié encore plus la théorie dans des lignes comme la variante Rauzer de la Sicilienne : 1 e4 c5 2 'llf3 illc6 3 d4 cxd4 4 illxd4 'llf6 5 'llc3 d6 6 .ig5 e6 1 �d2 a6 8 0-0-0 h6 9 .if4 .i.d7 10 illxc6 .i.xc611 f3 Vers 1960 on estimait générale­ ment que 11 ...i!'b6 était le meilleur coup parce que ...d5 provoquerait 12 �el i.b4? 13 a3 i.xc3 14 iYxc3 ou bien 13 ... i.a5? 14 e xd5 ébxd5 15 b4! avec un gros avantage, comme le déclarait Die Sizilianische Verteidi­ gung (1961 ), parmi d'autres autorités de l'époque. Cependant: 11..•dS 12 �el .i.b4 13 a3 .tas 14 exd5?! i)\xd5 15 b4 il\xf4! 16 .1 xd8+i.xd8

21 gS h5 22 @b2 i.e7 23 .td3 comme dans une partie antérieure Ernst - Lerner. 21 b5 .te7 22 g5 h5 23 *b2 1 fc8

Les Noirs ont une tour et un fou pas de pion de plus- pour la dame. Cependant, la force de la paire de fous, et du fou de cases noires en particulier, ainsi que le relâchement de l'aile dame blanche indiquent que les Noirs devraient avoir de bonnes perspectives. Ce jugement a résisté à l'épreuve du tem ps. Au cou rs des deu x der nières déc enn ies, qua nd les Blancs ont eu le dessus, ce n'est pas par ce qu'i ls ont exp loit é leur mod este ava nta ge mat érie l, mai s t plutôt, ordinairement, en lan çan t avan h4 (17 roi e l'ail à une offensive de et f4 de r alie cav de déloger le jouer g2-g4-g5). Les Noirs répliquent avec leur propre attaque et l'issue du combat dépend souvent de qui bron­ chera le premier. Prenons comme exe mpl e la par tie Ernst-Lerner, Gausdal 1992: 17 h40-0 18'it'e3 'lld5 Les Noirs feraient sans doute mieux de préserver du matériel par 18... i.c7. 19 'llxd5 .i.xd5 20 g4a5! Des deux rois, c'est le roi blanc qui est le plus en sécurité, et les Blancs sont un peu mieux après 20 ...b5

À présent 24 c4 .txc4 25 i.xc4 .üxc4 26 J:lcl .�.cS! et tout va bien pour les Noirs. 24 '1!Vf4 .t xa3+! 25 •xa3 l.xc2 26 lh2 Xc3+27.b2 lb3+28.al l.c8 Les Noi rs n'o nt qu'u ne tour et deu x pion s pou r la dame, mais la menace ... llxf3 leur donnèrent des chances de gain . En définitive ils obtinrent la nullité. Notez bien que les Noirs n'avaient pas la « paire de fous» au sens habi­ tue l du term e, qua nd un jou eur possède les fous et son adversaire un fou et un cavalier ou deux cavaliers. Quand Kasparov a dit qu'une tour, un pion et la paire de fous étaient une compensation suffisante pour la dame, c'est à ce sens-là qu'il pensait. Cependant, dans ces déséquilibres concernant la dame, il existe un autre sens: la« paire de fous» peut simple­ ment vouloir dire qu'un joueur a les deux fou s con trai rem ent à son adv ersa ire, com me dan s les deu x

Dame contre pièces 175

174 Dame contre pièces

derniers diagrammes.Dans ce cas,la paire de fous peut représenter tout de même un avantage sensible parce que les fous attaquent des cases des deux couleurs. L'adversaire n'a pas la possibilité de se défendre en trans­ férant des cibles potentielles sur des cases d'une seule et même couleur. La dame s'avère être un piètre défenseur face à un adversaire qui détient la paire de fous et l'initiative. Voici une autre ligne d'ouverture très en vogue récemment : 1 e4 c5 2 •o d6 3 d4 cxd4 4 •xd4 l.iif6 5 •c3 g6 6 6 .te3 .tg7 7 f3 0-0 8 '*'d2 •c6 9 0-0-0 d5 10 •bt •xd4 11 e5 •rs 12 exf6 .txf6 On s'est beaucoup penché sur: 13 •xd5 iVxd5! 14 �xd5 •xe3 15 �d2 •xdl 16 *'xdl .te6

Il n'y a pas de pion en plus ici, mais le fou de cases noires est si fort que ce sont les Noirs qui ont les meilleurs résultats depuis que le sacrifice a fait son apparition en 1997. Si les Blancs peuvent protéger les case noires, surtout b2, ils ne devraient pas être en danger (mais pas nécessairement gagnants après, disons, 17 itb5 a618 ita4 et itb3). La partie Adams - Ivanchouk,

Dortmund 1998 est une illustration des embûches possibles: 17 .i.d3 I.Hd8 18 '*'el .ld6 19 '*'as b6 Les coups 19 ...itd4 et 20 ... tiad8 aussi sont prometteurs. 20 �el .lc8 21 a3 .lc5 22 g4 .1 cd5 23 '*'g3 h5 Ivanchouk a dit qu'il avait préparé un sacrifice en d3 et que les Blancs l'avait laissé le faire « dans des circonstances optimales». 24 h3? h4 25 '*'f2 .1 xd3! 26 cxd3 .l.xd3 Voilà qui laisse les Noirs avec la paire de fous et un pion pour la dame, mais ils ont une emprise suffi­ sante pour compenser le déficit. Les Blancs ont des problèmes pour défendre b2 après ... a'. b3, et ils fail­ lirent perdre après 27 �e2 .1 b3 28 .1. dl g5! (Les Blancs ont le dessus après 28 ... Rxb2+ 29 '!Wxb2 itxb2 30 c3 piège le cavalier). Échanges

Trait aux Blancs

Malgré la présence de 12 des 16 pions, les Blancs ont un sérieux avantage, qui devient plus clair après

Au moment de décider d'échanger ou non des pièces quand un camp a la paire de fous il y a deux principes à ne pas perdre de vue a) L'avantage paire de fous­ contre-fou + cavalier est significatif et est amplifié par les échanges de

pièces lourdes ( on en trouve l'illus­ tration dans l'exemple précédent et aussi p.108). b) L'avantage fou-contre-cavalier est relativement mince, ce qui veut dire qu'un échange de tours quand vous avez tour + fou-contre-tour + cavalier ou l'échange des fous quand vous avez paire de fous­ contre-fou + cavalier risque fort d'être mauvais -voire très mauvais. Le corollaire est que, s'il y a eu échange de fous dans une partie, il importe peu que vous jouiez lZ:lxia. Le point b) est souvent une source de problèmes pour les amateurs car il leur arrive d'avoir l'impression que l'avantage du fou sur le cavalier est à son comble quand il n'y a plus de pièces lourdes sur l'échiquier. Certes, il arrive que la seule diffé­ rence entre les pièces mineures soit cruciale. En finale, comme l'écrivi­ rent Portisch et Sarkozy « un fou soutenant un pion passé est beau­ coup plus puissant qu'un cavalier. » Mais, ajoutaient-ils, « cette supério­ rité est encore plus prononcée si chaque joueur possède une tour. » L'échange des dames est aussi l'objet d'une décision de la plus haute importance. (Voir diagramme suivant.)

1 'i'c3 Dans une position comme celle là, le propriétaire du fou doit accueillir favorablement l'échange des dames et ... 1... � xc3?? ...son adversaire devrait l'éviter. C'est une décision désastreuse puisque les Noirs ne peuvent pas

214

Fous contre cavaliers contre pions

6eller - Flohr Championnat soviétique 1954

Trait aux Blancs

avancer leurs pions de l'aile dame ou échanger le pion «a » des Blancs. Les Noirs auraient des chances à peu près égales en jouant 1...1Yb1 +. 2 Ixc3 ,..e6 3 e5 b6 4 Ic6 .lb8 5 .tfl! Les Blancs ont u n plan gagnant fondé sur f2-f4 et @f2-e3, mais il leur faut d'abord interdire ... b5. 5•..•f86f4 g5 Ne voyant pas le neuvième coup des Blancs, les Noirs raccourcissent la partie de plusieurs coups. 7.i.c4! gxf4 8gxf4 '!l\xf4 9 I f6

Fous contre cavaliers contre pions 215

10 X xf7+ •es 11 e6 La principale menace est12 .ltb5+ @d813 :!ld7+ @c814 .lta6+. ll...'!l1e712 .lxh7•d8 13 .ta6! Abandon. À cause de 13 ... l'la814 .!:.l.h8+ et de13 ...êt'lc614 ttd7+ @e815 .tb5!. C'est Tarrasch qui fut l'auteur de la publicité sans doute la plus célèbre en faveur de la paire de fous en déclarant qu'une tour et deux fous«ne sont pas inférieurs» à deux tours et un cavalier, ce qui implique que la paire de fous vaut bien plus qu'un pion. Cependant, quand des GMI contemporains ont l'occasion d'ob­ tenir le déséquilibre de Tarrasch, ils ont tendance à préférer une com­ pensation plus concrète pour la qualité. Svidler - Adams Elista 1998

2 tours + cavalier. La base de données de Kaufman confirme cette impression mais montre que, s'il y a échange d'une paire de tours, le joueur en second est légèrement mieux. (Sa « redondance» a été réduite.) Cependant les Blancs se dirent que 1 tl'ixc8 et 2 d4 ne procuraient qu'«une certaine compensation » et optèrent pour : 1 �e4 �g4 Selon leur évaluation, 1 ...•t.f5 2 tl'ixg5 .ltxd3 3 tl'if3 ,�.c4! menaient à l'égalité et avaient prévu 2 f3 g4 3 .�J4 gxf3 4 1Yxf3 êî'ig4 5 è2'ld6 ,�,.e6 6 .tl.el. 2 .txg5 .trs 3 .i.f4 .lad8 4 ir'e2 Ife85 Iel Les Blancs ont deux pions pour la qualité, compensation plus substan­ tielle que ce qu'ils auraient tiré de 1 tl'ixc8. 5... *g76f3 '!l\e5 7.i.c2 c5! Les Noirs proposèrent la nullité. Les Blancs, suivant l'avis de leur capitaine d'équipe, refusèrent mais reconnurent que l'offre était«abso­ lument justifiée.»

La dame au centre du débat

Trait aux Blancs

9... ,..g6 Ou bien 9 ...Ït'lh3+ 10 'ïi;;>g2 tl'ig5 11 h4 Iîc812 .ldf4! et gain.

Les Blancs pourraient simplifier par 1 '!lixc8 .X axc8 2 d4, obtenant ainsi «Tarrasch» et un pion de plus. Selon Spielmann, il y a égalité entre paire de fous + tour + pion et

La controverse porte aussi sur dame + cavalier-contre-dame + fou . Capablanca disait que dame et cava­ lier dominent «souvent » une dame et un bon fou. Dorfman a été plus catégorique :«Habituellement dame et cavalier dominent dame et fou.» Cependant, d'autres forts joueurs s'interrogent sur la signification de «souvent» et de «habituellement».

Anand - Kamsky Match des candidats de la FIDE, 5< partie, 1994

Trait aux Blancs

Les Blancs jouèrent 1 ir'd3 et proposèrent la nullité.Karpov en fut tout étonné, étant donné ce qu'il appela«l'avantage stratégique clas­ sique des Blancs. » Dans les opérations de faible rayon d'action, avec des pions sur une seule aile, dame + cavalier a naturellement une meilleure coordi­ nation que dame + fou.Même avec des pions sur les deux ailes la présence des dames peut aider le cavalier. Si le camp du fou possède un pion passé éloigné, il gagne habi­ tuellement dans les positions maté­ riellement équilibrées et dépourvues de dames, selon Portisch et Sarkozy. En revanche, avec les dames sur l'échiquier, le cavalier peut tenter de bloquer le pion sur une case non contrôlée par le fou, tandis que la dame cherche du contre-jeu ailleurs. En outre, le dame associée au fou souffre de redondance, puisque ces pièces utilisent toutes deux les diagonales. Quand le fou est

216 Fous contre cavaliers contre pions

mauvais, la supériorité du cavalier monte en flèche. Reshevsky - Unzicker Santa Monica 1966

Fous contre cavaliers contre pions 217

taires). Le taux n'est que de 54,4 % avec six pions et reste compris entre 49 et 51,5 % pour moins de six. Autrement dit, la différence est insi­ gnifiante. Même avec un grand nombre de pions, la meilleure défense pour le camp �+éb contre 'ib'+.,t a des chances d'être l'échange des dames. Tal - Botvinnik Match du championnat du monde, deuxième partie, 1961

Trait aux Noirs

Un coup après le contrôle de temps, les Blancs proposèrent la nullité. Les Noirs acceptèrent mais furent incapables ultérieurement d'expliquer leur décision. Ils ont d'excellentes chances de victoire après 1... .1 xa7 2 'l!Vxa7 'it'b3 3 'it'a8+ •h7 4 �xe4 'it'xc3 et peuvent même se permettre de proposer l'échange des dames après 5 �e2 'it'e3+ (6 �xe3 êt:lxe3 7 Wf2 ébg4+ ou 6 wfl �h3+ 7 wel b4). Néanmoins, la supériorité de �+éb est énormément exagérée. Quand les pions ont une structure souple et que le fou n'est pas mauvais, l'avantage est mince. Dans son étude d'une base de données, Kaufman dit que le différence est «insignifiante». Timoshchenko constate que la supériorité de �+éb atteint son apogée - un taux de gain de 58 % - quand il y a sept pions de chaque côté (sans pièces supplémen-

Trait aux Blancs

Les Blancs jouissent d'une majo­ rité à l'aile dame, majorité qui devrait se trouver bien d'un échange de dames, pour les raisons exposées par Portisch et Sarkozy. Cependant, 1 a4 'ib'c3! permet aux Noirs de se défendre (2 'ib'xc3 ébxc3 3 a5 il.e7 4 b5 Wd6!). 1 a3 'i!Vc3 2 �g5 �f6 Les deux joueurs crurent que la finale cavalier-contre-fou serait plus facile pour les Noirs sans les dames. Le coup du texte est mauvais, mais seulement parce que 2 ...f6! aurait pu annuler rapidement après 3 �xg6 'ifxa3. 3 'it'g3 �f4 4 �d3 �cl s a4 •gs?

Les Noirs laissent encore passer une chance avec 5 ... 'l!iVc3!, par exemple 6 'ib'a6 W/c7 7 'ib'b5 ébc3 8 �a6 t2Jd5 9 b5?? ébb4. 6 a5 'it'el 7 'it' d4 Les Blancs peuvent créer un pion passé qui gagne puisque le cavalier ne peut pas le bloquer. 7...a6 8 b5! axb5 9 a6 �aS 10 a7! Un échange de dames ou de pièces mineures serait fatal. On notera que les Noirs n'ont jamais eu l'occasion de bloquer le pion. Les Blancs évitèrent judicieusement 10 V/Ifa7 l?:,c7 ll W/b8+ Wh712 a7 b4 13 W!Jxc7 îJ/!ixc7 14 a8('li) b3 qui devrait faire nulle. La partie se termina par 10...b4 11 .i.c4 f6? 12 .i.bS b3? 13 'it'a4! Abandon mais ll...'l/iVa3 12 il.xd5 exd5 13 't'Nb6 et �b8+ perd aussi. La peur de se retrouver avec dame et fou contre dame et cavalier est en grande partie injustifiée, mais comme beaucoup d'autres peurs, elle est persistante. li arrive souvent que des joueurs se suicident positionnel­ lement, par exemple en faisant de

leur fou sans homologue un mauvais fou, afin d'éviter cette situation. Les Blancs ne peuvent pas péné­ trer avec leur dame ni forcer l'échange des dames. Les Noirs ont intérêt à rechercher un échange de fous ou, à défaut, à essayer de limiter l'action de l'autre fou. 1...c5! Et non 1... d5? 2 cxd5.il.xd5 3 c4 et i.b2, et ce fou (de même que le roi noir) devient un facteur important. 2 .i.ct 3 'iiVe2 'it'c6 4 'it'c2?! Les Blancs ne se rendent pas compte qu'ils s'acheminent vers une position perdante. Ils devraient ouvrir des lignes en jouant h2-h3 et g2-g4. 4... d5 5 .i.f3 'i1Vd7 6 cxd5 .i.xd5 7 .i.e2 Pendant tout le reste de la partie les Blancs sont terrifiés par une éventuelle réduction à W/+êù contre �+il.. Ils sont en infériorité après 7 il.xd5 �xd5 8 gl é2Je6 mais loin d'être perdus. 7... �e 6 8.i.e3 •e7 9 'it'd2 'it'c6 10 ..tn c4! 11 d4?

•rs

Suba - Smyslov Las Palmas 1982

Trait aux Noirs

Les Blancs perdaient le contrôle de e4 de toutes façons, mais il était

218

Fous contre cavaliers contre pions

Fous contre cavaliers contre pions

temps de riposter par 11 dxc4 .ixc4 12 .ixc4 �xc4 13 �gl et .id4-d5. 11 ...aS 12 �b2 4'c713 .tel 4'b5 14 �c2 •r615 .gl .i.e4 Les Noirs ont progressé régulière­ ment. Même s'ils finirent par l'em­ porter grâce à une bévue, leur avantage était manifeste après 16�f2 •n 11 .td2 �d618 �h4 h6 19 �h5+ •gs 20 tvg6 .i.d5 21 ..tel .i.f7 22 �g3 �e4! 23 �h4 •h7 24 .tri .tds.

La valeur des pions Les déséquilibres dus au fou et au cavalier que nous avons examinés jusqu'ici naissent des échanges. Il existe un déséquilibre connexe pièce contre pions - qui provient de sacrifices. Mais avant de nous pencher sur pièce-contre-pions, il sera utile d'étudier l'évolution de la valeur d'un pion au cours d'une partie. Nous savons qu'à mesure que la partie avance la valeur relative d'un pion diminue par rapport à une pièce. En outre, nous admettons qu'une pièce est généralement supé­ rieure à trois pions dans l'ouverture et le milieu de partie mais souvent inférieure dans la phase finale. Un pion change aussi de valeur relativement aux autres pions. En finale un pion est un pion et rien d'autre. Cependant chacun des pions naît dans des circonstances diffé­ rentes, car la colonne où il se trouve est grandement déterminante pour son avenir. Certains pions comptent plus que d'autres - du moins pendant

les 20 premiers coups - parce qu'ils sont plus près du centre. La table des valeurs d'échange dans l'ouverture de Lasker commence par fixer la «valeur du premier coup» - c'est-à­ dire avoir les Blancs - à une unité. Ensuite elle donne Pion tour = � unité Pion du cavalier= 1 X Pion du fou = 1 � Pion central = 2 Pour un joueur de notre époque, c'est bizarre. Comment un pion central peut-il valoir quatre fois plus qu'un pion tour? Le match de bienfaisance qui eut lieu en 2001 entre Kasparov et l'amateur britannique Terence Chapman nous fournit un test indi­ rect de la table de Lasker. Dans toutes les parties, Kasparov eut un handicap de deux pions mais à chaque partie l'identité des pions changeait, ce qui contribua à influencer les résultats Dans la première partie, Kasparov avait les Noirs (soit -1 selon Lasker) et il joua sans les pions tours (encore - 1), ce qui fait moins 2 en tout. II gagna. Dans la deuxième partie,Kasparov joua sans son pion«a» (- �) et sans son pion «d» (- 2). Mais il avait les Blancs (+ 1 ),de sorte que le handicap était de moins 1 Yi). La partie fut nulle, parce que les Noirs eurent la possibilité de cacher leur roi derrière une barrière de pions de l'aile dame. Dans l a troisième partie, Kasparov eut encore les Noirs et joua sans ses pions«a » et«b »,avec un déficit global de moins 2 % - le

plus fort handicap du match, selon Lasker. Il perdit. Dans la quatrième partie, Kasparov joua avec les Blancs sans ses pions«a» et«e», avec un déficit relativement petit de 1 �. et il gagna. Kaufman a testé la table de Lasker d'une autre manière et en a exposé la méthode dans le numéro de janvier 2003 de Chess Life. Il s'est servi de 25 versions ou des configu­ rations différentes de forts logiciels pour des matches de 50 parties. Le but était de voir ce qui arrivait quand une partie commençait avec des pions en moins. La conclusion à laquelle il a abouti est que Lasker avait énormément surévalué les pions centraux et sous-évalué «quelque peu» les pions tours, tout en ayant des évaluations assez exactes par ailleurs. À un moment donné du milieu de partie, souvent après le 25c coup, la rangée d'un pion devient beaucoup plus importante que sa colonne. A cet égard, nous avons encore moins d'éléments pour nous guider que ceux de la table de Lasker. En règle générale, les pions protégés et/ou passés sont censés voir leur valeur croître à chaque fois qu'ils avan­ cent. Nous en avons vu des exem­ ples dans les diagrammes des pages 161 et 181 où un pion passé avancé compense largement un déficit matériel. Goufeld a proposé une règle géné­ rale selon laquelle un pion de la deuxième ou troisième rangée accroît sa valeur de 50 % pour chaque rangée supplémentaire. Cela

219

paraît terriblement exagéré puisque un pion vaudrait une pièce mineure sur la sixième rangée et une tour sur la septième. Chistyakov, dans le numéro de décembre 1988 de Shakmaty v SSSR, citait un «apho­ risme de Rubinstein» - « Un pion avancé sur la sixième rangée joue le rôle d'une pièce.» Toutefois,comme il n'existe aucune analyse sérieuse de la manière dont les pions changent de valeur, nous en resterons là.

Pièces contre pions On parle parfois de façon sarcas­ tique d'un très mauvais fou comme d'un « gros pion. » Pourtant on connaît peu d'exemples de GMl renonçant à un mauvais fou pour deux pions,et encore moins d'exem­ ples de réussite de cette transaction. Les pièces mineures sont tout simplement beaucoup plus fortes que les pions jusqu'à la phase �nale. Dans quelles proportions? Ecou­ tons une fois encore ce que disent les sages: La Bourdonnais déclarait qu'un fou«vaut au moins trois pions». Steinitz, quant à lui, estimait qu'un cavalier«n'est en général que légè­ rement supérieur à trois pions » mais qu'un fou «est beaucoup plus fort que trois pions». Bronstein disait qu'un cavalier vaut trois pions et un fou quatre. Sarrat déconseillait de sacrifier une pièce pour trois pions avant la phase finale sauf si l'une des deux conditions suivantes était remplie : le sacrifice empêche le roque ou

Fous contre cavaliers contre pions 221

220 Fous contre cavaliers contre pions

bien démolit la structure de pions de l'adversaire. Selon Spielmann, le sacrifice d'une pièce contre trois pions dans le milieu de partie n'est sensé que s'il y a des chances d'attaque. Dans les positions défensives «il arrive fréquemment que même quatre bons pions ne soient pas une compensa­ tion suffisante pour la pièce.» Peut-être pensait-il à la 22e partie du match A lekhine-Capablanca après 54 coups il ne restait plus qu'une tour blanche et quatre pions isolés contre une tour et un cavalier noirs. Les Noirs parvinrent à éliminer les quatre pions et se permi­ rent même de jouer une douzaine de coups pour le gain avant de concéder la nulle. Depuis l'époque de Spielmann, est apparu un nouveau point de vue qui met l'accent sur la différence entre deux types de sacrifice de pièce.L'un se fonde essentiellement sur la compensation matérielle, idéale­ ment trois pions au moins. L'autre, avant tout, sur les menaces, la pres­ sion et l'initiative. Étant donné que le second type concerne plus le calcul que la valeur des pièces, nous allons fixer notre attention sur la première catégorie, le sacrifice orienté vers la finale. Dans une finale élémentaire, un cavalier annule généralement contre deux pions et perd souvent contre trois pions isolés (sans autre maté­ riel). Fine semble s'être trompé en suggérant que la tâche du cavalier est beaucoup plus ardue contre des pions liés que contre des pions isolés.

Contre des cibles éloignées, le roi et le cavalier n'ont pas une bonne coor­ dination et, comme l'a dit Averbakh, la nulle n'est possible que «si les pions ne sont pas trop séparés les uns de autres ». Svidler - Anand Dos Hermanas 1999

montre beaucoup plus efficace qu'un cavalier.Il est capable de réaliser de vrais tours de magie en arrêtant une masse de pions ennemis parce qu'il peut tracer une ligne inviolable au travers de l'échiquier. La position suivante se présenta dans une variante du Gambit Dame Refusé très controversée que l'on estimait favorable aux Blancs : si les Noirs cherchent leur salut dans une finale, les pions de l'aile roi semblent peser plus lourd que le fou supplé­ mentaire. Azmaiparashvili - Shirov Madrid 1996

Trait oux Blancs

Dans son livre,Fine dit qu'avec des pions isolés, le roi de la défense peut en général s'occuper de l'un d'eux pendant que le cavalier affronte les deux autres. Dans le diagramme, les Blancs ne peuvent pas pousser les pions de l'aile roi sans leur roi, et ce dernier ne peut pas s'éloigner beau­ coup du pion noir. Voyant que i•xd4 permet1... "1b5+, les Blancs proposèrent la nulle. Cependant, à sa grande déception, on lui dit plus tard que2•es 'lixa7 3•b6 _.c8+4 •c7! gagne grâce à l'astuce 4...'11e75 h7 •g76 f6+!. Les Noirs perdent aussi après 4 ...ê2'ia7 5 c3, qui annule. 5 •g7 f5 6 •f6g4 71iPe6 g3 8 .th3 Et les Blancs gagnèrent parce que, après la promotion dans les deux camps, 8...•gs 9 •xd6 f4 10 •es f3 11 d6 g2 12 d7 gl(�) 13 d8(�)+ •hs ils ont 14 �h8+ .gS15 �g7+.

Geller - Kopylov

Championnat soviétique 1951

En dépit des deux derniers exem­ ples, il ne faut pas sous-estimer les pions. Ils ont la possibilité d'exploiter leur supériorité numérique au moyen de cette technique des finales qu'est la disparité. Si le roi ennemi est occupé à stopper les pions sur une aile, sa pièce mineure perd souvent la bataille contre roi et pions sur l'autre (diagramme suivant). Ayant peut-être peur de �d6 et l:!. f8 mat, les Noirs jouèrent 1... ée7 2 .1 b8! .1 xb8? En principe cet échange est très bon pour un défenseur qui n'a qu'un pion de moins dans une finale de fous de couleurs opposées. Mais ici

pièce mineure sans homologue peut­ être décisive : un fou de plus a des chances de gagner, et un cavalier de plus risque de perdre. Kamsky - Gelfand Linares 1993

wf7

Échanges et sacrfices

223

Trait aux Noirs

les Blancs ont une autre idée gagnante. 3...•e7 2 l.b8! l.xb8? Les Noirs perdent un autre pion après 3. . .a6 4 .ia7. 4 .txa7! •c7 5 f4 •b7 6 .txb6 •xb6 7 g5 Avec trois pions pour le fou et des pions passées potentiels sur les deux ailes, les Blancs ont de bien meil­ leures chances que dans la finale avec fous de couleurs opposées. 7 ... .i.fS Si on lui en laisse le temps, le fou gagnera un pion de l'aile dame. 8 g6 Mais les Noirs n'ont pas le temps nécessaire parce que h5-h6-h7 gagne si le fou quitte les diagonales clefs. Ils abandonnèrent après 8 ... •c6 9 •h4 .i.e610 h6 gxh611.h5 •d6 12 •xh6 •e7 13 g 7 à cause de 13....ig8 14 @g6 We615 a4 et ainsi de suite.

Trait aux Blancs

Cette position survint un coup après un nouveau coup des Noirs qui améliorait une ligne d'ouverture considérée comme légèrement favo­ rable aux Blancs. Si la pièce mineure en f6 était un cavalier, les pions des Blancs leur procureraient un léger avantage. Ils progresseraient lente­ ment après, disons, 1 l1 dl suivi par c2-c3, çi,c2, c3-c4 et @c3. L'échange des quatre tours serait probablement gagnant pour eux. Toutefois, avec un fou au lieu d'un cavalier, les Noirs peuvent attaquer sur les deux ailes, ce qui leur donne l'avantage. La suite fut 1 c3 hS! 2 l.dl h4 3 h3 .lhe8 4 :ld7+ •g6 5 •dt l.ab8 6 l.dd2 l.b6 7 l.fe2 l.e b8 8 .lf2 .i.g5 9 1. de2 .1. 8b7 10 a4!? Les deux camps se battent pour gagner et les Blancs viennent de Si l'on ajoute plusieurs pièces et franchir le Rubicon. En avançant les pions à l'échiquier, la nature de la

224 Fous contre cavaliers contre pions

Fous contre cavaliers contre pions 225

pions de l'aile dame ils vont en perdre ou en échanger un. 10 ... .tf6 11 *cl .1 a6 12 .1 e4 .lba713b3 Mais pas 13 ll ff4? ilg5. Les échanges de pions devraient aider le camp de la défense, c'est-à-dire les Blancs à présent. 13....txc314 .lg4+ •hS 15 If5+ .h6 16 .lxh4+ .g6 17 les .i.f6 18 lg4+ *h6 19 *c2 .le6 20 a5 .le3 21 b4

rité des priorités est communément de se débarrasser des dames. D'autres échanges aussi ont tendance à lui faciliter la tâche même si son adversaire a un avan� tage matériel conforme aux tables qui accordent 3 Yi unités ou plus à une pièce. Un échange de tours est généralement bon pour les pions, comme avec 2 ...Il xb8, page 223. Le camp de la pièce a intérêt à garder les tours sur l'échiquier, comme dans les deux derniers diagrammes.Tour­ prend-tour transforme souvent une nulle en gain, et vice versa. Tal - Ragozine

Championnat soviétique 1956

Les pièces des Noirs ont une bonne coordination. Leur avantage serait indiscutable après 21 ... .U ae7! 22 a6 .1l a3 23 1:1 a5 Il e2+ 24 @d 1 !Ixa5 ou 23 b5 .lle2+ 24 @dl Il.b2. En fait, dans la partie, les Blancs obtinrent du contre-jeu - 21.. . .1 a3? 22 .1 e4! .1 d723g4 .tg5 24 .1 e6+ g6 25 *b2 Ixh3 26 .lc3 lh4 27 a6et perdirent parce que les Noirs réus­ sirent à rendre un fou pour le pion «a» et à gagner la finale tour+ pion­ contre-tour. Quand un joueur cède une pièce contre trois pions avec l'idée de gagner au moyen d'une promotion plutôt que d'une attaque, certains principes peuvent le guider.La prio-

Trait aux Noirs

roi. Il s'en faut de peu, mais les Blancs gagnent par un seul tempo dans différentes variantes. La suite fut 3...'llic6 4b5•d4 5b6 •d76 h4 •c6 7 h5 •e6 8 h6 9 .g3! •xb6 10 •r4 *c7 11 •rs (Tesuji) .d7 12 •r6 •es 13 .g7 et gain, par exemple 13 ...@e714 h7ou bien 13 ...t2:ie6+ 14 '.t>g8. Il y a un autre principe à ne pas oublier quand on envisage un sacri­ fice pièce-contre-pions: c'est« ce qui disparaît». Il arrive souvent qu'un joueur hésite à donner une pièce bien placée pour trois pions, simplement parce que la pièce semble trop précieuse. Ce qu'il ne voit pas, c'est que la pièce sacrifiée est moins importante que les pièces qui restent. Dans l'exemple suivant, les Blancs sacrifient le meilleur de leurs fous, mais ensuite une série de coups quasi contraignants leur permet d'échanger leurs deux cavaliers contre les deux fous. En consé­ quence, les Blancs ont un fou opposé aux deux cavaliers noirs, ce qui leur est favorable.

•rs

Keres - Olafsson

Les Blancs ne jouissent que d'un mince avantage après 1 ...t2:id7parce que le cavalier peut capturer le pion «a» ou se sacrifier à l'aile roi de manière à aboutir à une finale de tours nulle. Mais : 1 ....e7?? 2 .lb4! .ixb4 3 axb4 La seule défense des Noirs consiste à se servir de leur cavalier pour arrêter les pions de l'aile roi pendant que leur roi ramasse le pion « b» et revient à toute vitesse à l'aile

Bled 1961

Trait aux Blancs

1 .i.xe6! C'est le genre de sacrifice que les Noirs évitent enjouant ...ilg8 dans le diagramme page 33. 1...fxe6 2 •xe6 �e7 Les autres coups de dame permet­ tent t2:ic7+ et t2:ixa8, après quoi la tour et deux pions sont meilleurs que les deux pièces mineures. 3 t2:if5! Les travaux de Kaufman ont montré que le joueur ayant une pièce de plus contre 3 pions a un avantage gagnant s'il possède aussi la paire de fous.Si la différence était de quatre pions, ajoutait-il, le désavantage serait minime. Ici les Noirs ont la paire de fous dans la finale pièce-contre-3 pions qui suit.Cependant, ils n'arrivent pas à garder les deux fous. 3... .txf5 4 •xg7+ •n 5 •xrs i!Vxe2 + En principe, les Noirs aimeraient garder les dames, mais 5...'iVf8 ne rime à rien. 6 •xe2 *e6 Les Noirs ne trouvaient pas très sympathique 6 ...ilc77t2:ixh6+ @g6 8 g4!.Mais la question critique est de savoir pourquoi ils ne jouèrent pas 6 ....il.f8, ce qui priverait les Blancs d'un troisième pion. Keres a précisé que son adversaire croyait tenir la nulle après 6 ...@e6 et n'avait pas analysé 6...ilf8 7 h5 @e6, par exemple 8 t2:ie3 .td6 ou 8 êbh4 .l:lg8 9 t2:ig6 ild6! 10 ilxh6 êt'ixh5 11 .ll xh5 M xg6. 1•xd6 Mais pas 7 t2:ixh6 ilf8.Mais main­ tenant le fou des Blancs est fort.

226 Fous contre cavaliers cont re pions

Fous contre cavaliers contre pions 227

7..• 11Pxd6 8.if4+ *e6 9 hS! Les Blancs fixent un pio n qu'ils pre nne nt pour cible sur une cas e noire. 9.••c s 10 dxc S "1x c5 1 1 .la dl 'lid 512.icl .lae813 .lh4 b614f3 ! La structure de pions adéquate est f3, g4 et h5. Elle réduit la mobilité des pièces des Noirs et les force à en garder une en réserve pour défendr e h6: 14••. '.IU6 15 .1716.ie3 .1 eS I7.i.d4 .le61s .lf4 .ld8I9g4 .Id s 20 b4 "1d7 21 let .lxel 22 •xet *e623 •e2

•rz

Modèle slave Le combat entre une pièce et troi s· pions trouve peut-être sa meille ure illustration dans une variante de le Défense Slave qui a joui d'une brè ve popularité vers 1950- puis d'u ne '. popularité beaucoup plus grande après 1990. Voici le début : 1 d4 dS 2 c4 c6 3 •o ,..f6 4 1 dxc4 5 a4 .trs 6 'Iles e6 7 f3 .tb 4 8 e4 .ixe4 9 fxe4 'llxe4 10 .i.d 2 �x d4 11 '-'xe4 Wxe4+ 12 �e 2 .ixd2+ 13 •xd2 �dS+ 14 •c2 15 'tixc4

.c3

,..a6

La menace 24 c4 est agaçante mais Les Noirs ont trois pions pour leur les No irs peuvent con tinu er à se fou de cases blanches. Il reste sur bat tre en se dép oui llan t d'u n l'éc hiq uie r am ple me nt assez de quatrième pion: 23 ... bS 24 .�.xa7 matériel pour un mat , de sorte que l'.î.d6, comme l'indiqua Keres. les Blancs ont intérêt à arriver en 23•.. 'tieS? 24 lxf6+! finale. Ils peu ven t pratiquement Tra nsf orm e la pos itio n en forcer la disparition des dames par déséquilibre gagnant tour-contre ­ �e5. Seulement, l'échange risq ue fou + 3 pions. Les Noirs abando n­ fort de se faire en d5, en créa nt une nèrent après 24•.• •xf6 25 f4 *e 6 masse de trois pions liés noirs. (25... ll xd4 26 fxe5+) 26.ixeS :1 d8 Cette position a été abondamment 27 .i.d4 bS 28 •o a6 29 *e4. testée. Du coté blanc on trouve, entr e autres, Kramnik, Topalov, Bareiev, et Karpov, tandis que les Noirs ont été conduits par Khalifman, Beliavski, Iva ntc hou k et Lau tier . Quant à

{N i

Shirov et Anand, ils ont essayé les Blancs et les Noirs. L'analyse d'une base de données donne 158 parties de maîtres jouées entre 1999 et le début de 2004. En faisant abstraction des nulles de grands maîtres et des résultats dus à une gaffe, on voit que les Blancs �nt gagné dans 53 % des cas, les NolfS dans 21 %, le reste étant des nulles. En remontant davantage dans le temps, on constate que les résultats étaient à peu près égaleme�t partagés au milieu de la décennie , 1990, puis penchèrent du cote des Blancs. Il n'y a là rien de surprenant: le joueur doté de la pièce a souvent plus de manières de gagner et de nombreuses parties d'expériment�­ tion sont nécessaires pour découvnr les stratégies appropriées. L'une des plus souvent couron­ nées de succès jusqu'à présent, à la suite de l'échange des dames, consiste à échanger une paire de tours et à rendre vulnérable la structure de pions des Noirs sur les cases blanches au profit du fou (comme a5-a6 à l'aile dame et g2g4 après ...f5 ou h2-h4-h5 après ...g6 à l'aile roi). Voici à titre d'exemple, ce qm arriva dans Ja partie Sakaiev Volkarev, Linares 2001 1S••. 0-016�e5 l.ab817a5 .ifd8 18 .i.e2 f6 19 �xdS cxdS 20 "1d2 .! dc8+ 21 •b3 .1 cS 22 .1 bel .1 bc8 23 1. c3 .1 xc3+ 24 bxc3 "1c5+ 2s •h4 •n Maintenant 26 a6 b6 27 lldl e5 avantage les pions noirs. Les Bl�ncs ont besoin d'activer leur fou meme

s'il faut pour cela échanger des pions et des pièces. 26 ,..b3! •xb3 27 •xb3 eS 28 c4 dxc4+ L e fou gagne du terrain d'une façon ou d'une autre (28...d4 29 iJ3 et ctd5+). Il s'ensuivit : 29 .txc4+ *e7 30 1 dl .1 c7 En principe, les Noirs aimeraient échanger les tours, mais 30 ... l:Id8 31 Ilxd8 xf2 l::txdl avec des chances égales. Mais même après les coups de la partie 7..•aS 8 .t.e2 eS9 a4.td4 les Noirs étaient en meilleure posture que s'ils n'avaient pas joué 1 ...t2:lxe3. Finalement, la nulle fut conclue.

Deux contre un Si la différence est d'un pion, l'avan­ tage numérique des pièces entre en jeu. Quand les deux pièces coopè­ rent contre une cible défendue par la tour, elles peuvent inverser le déséquilibre Soutovski - Zagorskis Olympiades 2002

Tour contre pièces 233

leur capacité à limiter leurs pertes à un seul pion. 1... .i c62 b4 fS3 .t.g2 1.b64 '.t>b3 eSS 'lixb7! Les Noirs menaçaient de fermer la diagonale par 5 ...e4. S•••�f7+ 6c4 .1xb77 .t.dS! Les Blancs préparent le coup décisif !Yb6, que les Noirs doivent interdire. Par exemple, 7 ...�h5 8 �b6 �dl+ annule. Mais 8 'lWd2 et •\l.xb7+ aboutissent à une finale de dame et pion qui est à l'avantage des Blancs, par exemple 8 ...e4 9 c5 'lWh7 10 a4 wa7 11 "lxb7 'iYxb7 12 'i:Wd4. 7•.•�d7? 8 �b6! •bs 9 'i!Vxa6e4 10 'i!Vxb7+ Et les Blancs gagnèrent la finale de pions. Les pièces ont généralement des possibilités beaucoup plus impor­ tantes d'inverser le déséquilibre. Néanmoins, si elles travaillent médiocrement ensemble, la tour peut s'imposer. Ainsi, quand deux cavaliers sont réduits à se protéger mutuellement, ils s'exposent à une liquidation tour-prend-pièce. Keres - Szabo Match des candidats 1953

Trait aux Blancs

1.tfl! Après ce coup, les Noirs ne peuvent pas éviter la simplification au moyen de �g2/t2:lxb7. Leurs chances de survie vont dépendre de

Trait aux Blancs

Plus tôt, dans un milieu de partie de Défense Sicilienne, les Noirs avaient donné deux cavaliers pour une tour et deux pions. Les Blancs n'avaient pas saisi les occasions de lancer une attaque à l'aile roi. Les Noirs alors forcèrent judicieusement le passage en finale même si cela entraînait un doublement de pions et la perte de leur deuxième pion supplémentaire. Il semblerait que les Noirs sont en train de gagner. Leur première menace est ...@e7 et ... b4 pour piéger le cavalier. 1 'lid2 *e7 2'lib3 I b4 3 'li3cS Les Blancs évitent la première crise mais vont en subir une autre si les Noirs arrivent à amener leur roi en d5 et à menacer ... l:txc5. 3 ... fS 4 .gl l.bS S .f2 •r6 6 •d7+ *e6 L'analyse post-mortem penchait pour 6 ...@g5, visant à créer un pion passé« f». 7 'lib6! •es 8 .g3 1.b3 + Les Noirs gagnent après 8 ...f4+ 9 @g4 f5+ 10 @g5 � b3 11 0:'lc4+? '.t>d5 12 êbbd6 parce que les cava­ liers immobiles ne peuvent s'op­ poser à 12 ...f3 13 gxf3 .t:!:xf3. Les Blancs peuvent toutefois coor­ donner leurs cavaliers par 11 êbd7+! @d5 12 êbdc5 et tenir bon avec êbxa6. 9 •h4 l.c3 (diagramme ci-contre) 10 'licS! I xcS Les Noirs n'avaient rien de mieux. Les Blancs obtinrent la nulle dans la finale de dames après 11 •d7+ •d6 12 l.lixcS t,xcS 13 •gs .bS 14 .h6!.

n

Ce déséquilibre est une bataille entre les possibilités de coopération des pièces et la capacité de la tour pour faire avancer ses pions et pour attaquer les pions ennemis. Au moment d'opter pour ou contre tour-contre-pièces, il convient de ne pas perdre de vue que la force de la tour se réalise rarement avant la finale.C'est dans cette phase qu'elle est à même de contrebalancer les deux pièces, même s'il n'y a pas de compensation de pions. Unzicker - Najdorf Coupe Piatigorski 1966

Trait aux Noirs

1...iVxdS! 2 .i.xf8 'lixd3 La menace 3 ... t2:lf2+ gagne du matériel. 3 �f3 iVxf3 4 X xf3 l.lieS

Tour contre pieces 235

234 Tour contre pieces

Puisque 5 iJ..xg7? i2:lxf3 perd, les Blancs doivent causer des dégâts à l'aile dame. 5 .1 a3 ..txf8 6 .1 xa7 b6 7 .1 b7 ..tes Nous avons donc tour contre fou et cavalier, sans pion de plus. Si les Blancs prennent le temps d'activer leur roi, les Noirs ont des chances de gagner en sécurisant leur aile roi et en avançant leur roi. En fait, les Blancs jouent sans leur roi, lequel ne bougera plus jamais. Ils sauvent la partie en maintenant l'ac­ tivité de leur tour et en poussant leurs pions avant que les pièces noires ne travaillent ensemble pour les stopper 8 b4! .te3 9 a4 'Slc6 10 aS bxaS 11 bS! ,..eS 12 b6 •g7 13 .1 e7! •r6 14 b7 .ta7 15 .1 e8 ,..d7 16 .1a8 .tb8 19 .1 xaS

clamé déclara qu'on pouvait sans risques donner deux pièces mineures, quelles qu'elles soient, si une tour et deux pions étaient la compensation. Dans Basic Chess Endings Fine alla plus loin en disant qu'une tour et deux pions, «c'est toujours gagnant» contre deux pièces en finale. Steinitz, en revanche, s'exprima avec plus de discernement quand il déclara que l'issue de la partie pouvait dépendre de la nature des pièces restant en lice. Deux fous selon lui, étaient « à peu près égaux,; à une tour et deux pions, tandis qu'un cavalier et un fou étaient un peu plus faibles. Nous savons qu'en général les fous et les tours s'améliorent à mesure que des pions sont échangés . Toutefois une paire de fous risque de s'avérer maladroite parce qu'ils sont incapables de défendre les mêmes cases. Ce phénomène devient appa­ rent quand la tour parvient à établir un pion passé éloigné. Timoshenko - Rogozenko Cappelle la Grande 1998

Les Noirs réagissent de façon agressive à la menace 2 il,,xf6, par rapport à 1 ... �c8. Seulement ils sous-estiment le coup suivant des Blancs. 2 .txf6! ..txf6 3 .1d6 .1e6 4 1. xe6 fxe6 5 fxg4 .i.c3 Le gain du pion n'est que provi­ soire. Mais les Blancs ont de bonnes chances de victoire parce que les fous sont assez peu aptes à défendre contre un pion passé. 6 .ldl .txe4 7 b4! Les pions, plus rapides, vont gagner (7 Il d6? e5 8 � xa6 .in et ...e4). 7....g7 8 bS axbS 9 axbS •r6 Les Noirs devraient restreindre l'activité de la tour, par exemple: 9 ...Jld5 10 lld3 :tas 11 .!la3 .�,b6 12 .lh6 �gl. li s'ensuivit: 10 .1d7 .tes 11 h4 h6 12 b6 .tc6 13 .lh7 .i.f4 14 •b2 .te4 Le pion des Noirs est beaucoup plus lent (14 ...eS? 15 b7 e4 16 11 xh6+ et gagne). Maintenant les Blancs progressent régulièrement 15 .1 d7 .i.c6 16 .1a7 .tf3 17 •b3 .i.e3 18 .la4! *eS 19 .lb4 .i.b7.

Voici la fin : 17.•.•e6 18 .la3 hS 19 .1 c3 h4 20 g3 hxg3 21 hxg3 •d6 22 I c8 1-c7 23 g4 gS 24 .1 g8 f6 25 Xg7 .tc6 26 lf7 Nulle.

Quelles pièces? Il y a deux siècles, Sarrat, le « Professeur d'échecs» autopro-

Trait aux Noirs

1.. • .tc6?

La dernière erreur des Noirs fut de mal choisir l'emplacement du roi:

20 .1 b5+ .d6? 21 gS! hxgS 22 hxgS eS 23 g6 .i.h6 24 c4 .i.g7 25 .laS e4 26 *c2 e3 27 •d3 .i.e4+ 28 *e2! •c6 29 .1 a7 .td4 30 .1 e7 .i.xg6 31 1 e6+ •b7 32 .1xg6 et gagne. Les Noirs perdirent parce qu'il y avait des pions sur les deux ailes et parce que leur roi ne pouvait pas coopérer correctement avec les fous. Sur un échiquier plus petit, sans le souci du pion passé éloigné, les fous peuvent se débrouiller. Kasparov - Kramnik Championnat du monde, 11e partie, 2000

Kasparov avait mis 15 minutes et Kramnik seulement 5 à jouer 21 coups pour arriver à cette posi­ tion. De toute évidence ils étaient arrivés à des conclusions opposées dans leur analyse à domicile. Kasparov croyait que les Blancs avaient un gros avantage, étant donné leurs deux pions en plus et la faiblesse des pions noirs. lh4 Mais Kramnik ne pensait pas que l'avantage des Blancs était impor­ tant. Selon lui 1 g3 f5! 2 e5 �c5+ 3 @g2 @e7 4 b4 �e3 et ...f4 était égal. Le challenger mentionna aussi

Tour contre pièces 237

236 Tour contre pièces

1 �t2 h4! et 1 .l:Ial �b7 2 Ii:a5 i.e5 comme preuves des chances noires. 1..•• e, 2 •r2 .i.b7 3 e4 .tes 4 .ld2 D'après Kramnik, la seule chance des Blancs d'avoir un avantage était 4 b4 �c3 5 b5. Il ne tira pas de conclusion sur ce qui serait arrivé après 5 .. .�b4. 4... .i.eS5 Ids .i.e66 .las eS! Les pièces noires sont actives et Kramnik n'eut aucune difficulté à assurer la nulle après 7 •e3 .td4+ S •d3fS 9 b4fxe4+ 10 •xe4 .if2 11 bxeS .i.xh4. La nature des pièces devient critique quand il y a une différence d'un seul pion. Spielmann pensait qu'une tour et un pion s'en tiraient rarement bien dans une finale contre deux fous (avec d'autres pièces sur l'échiquier). Toutefois, il n'avait pas peur d'ajouter que si les pièces mineures sont un fou et un cavalier, ou deux cavaliers, la transaction « réussit presque toujours».

Échanges L'échange des dames influence le résultat de tour-contre-deux pièces plus que tout autre déséquilibre. Cela signifie que le joueur qui a les pièces - même s'il n'a pas l'initia­ tive - fait tout son possible pour maintenir les dames sur l'échiquier (diagramme suivant). 1 �dS'iWbS! Purdy disait que tour-contre­ pièces est une exception de plus à la règle générale selon laquelle un

Kramnik - Kasparov Moscou 2001

ment les chances de gain. Si la tour a aussi un pion de plus susceptible de devenir un pion passé éloigné, l'avantage peut être décisif. Timman - Nogueiras Rotterdam 1989

Trait aux Blancs

joueur ayant une avance de matériel a intérêt à rechercher les échanges. 2 las �b2 3 l.a2 '11r'e3 4 �d2 �b3 Oui, les Noirs ont eux aussi un avantage après 4 ...�xd2 5 Uxd2 J.kd4 et ...Wf6/ ...0'lc5. Toutefois, en l'absence d'un pion passé potentiel, ils auraient des problèmes techni­ ques pénibles à résoudre. Pourquoi échanger les dames quand vous êtes le seul joueur pouvant mater? 5 dS 'iWb8 6 .1 a8 '11Ve7! 7 .1 a6 .i.d4S �c6 'ii'e7 Les Noirs ont compris: la place de la dame est à l'aile roi (9 'iWc2 VWg5 gagne). 9 .laS 'iWf6 10 �e2 'ligS 11 .!a3 'iWe6! La dame va faire irruption en h3 . Les Blancs abandonnèrent après 12 h4'*'h3+ 13 •gl 'lie6 14 .1. b3 'iWg4 15 �d3? 'lies 16 �f3 'iWxf3 17 .1 xf3 'lixe4. Non seulement l'échange des dames nuit aux pièces, mais il aide la tour, ce qui revient à modifier forte-

'*'

�d3+ 12 .i.bS 'lixf2 13 .1 a6+ •es 14 l.xg6 •rs 1s ie6! 'lig416 a4 �es 17 ie7 .i.d41S aS .i.gl 19 a6 4f3 20 .1 eS+ Abandon. Pour le camp de la tour, échanger les dames équivaut à gagner un pion. En conséquence a) atteindre la finale vaut souvent un pion pour le camp de la tour (comme Szabo p. 233); b) l'adversaire a intérêt à donner un pion pour éviter la finale. Dans certaines circonstances cela vaut même deux pions. Vasioukov - Tal Championnat soviétique 1961

Trait aux Noirs

Ici la différence est de deux pions et les Noirs sont indéniablement plus mal après 1...l/1}Vf6 - mais loin d'être perdus. t...'1!r'e6? Mauvais par principe. 2 �xe6 1. xe6 3 1. xe6 'lixe6

4•n •n

Permet à la tour d'arriver sur la septième rangée mais 4 ... êbc5 5 il d4 0'la4 6 a3 ! perd aussi, comme le fit remarquer Timman. 5 1. d7 'lieS 6 .i a 7 •e6 7 •e2 ,;,d6S ,;,e3 Les Noirs ne peuvent pas empê­ cher la création d'un pion passé. La seule question est de savoir s'ils peuvent sacrifier une pièce pour ce pion et annuler avec la qualité en moins, en éliminant les pions de l'aile roi. Ce ne fut pas possible: S... hS 9 •d4.i.f6+ 10 •e4.i.xb2 11 •xb4

Trait aux Blancs

Les Noirs gagnent forcément l'une des deux pièces en l'air. S'ils se retrouvent avec deux cavaliers pour une tour, sans pion de plus [1 i&h3 'li'xg5], ils gagneront facilement parce qu'ils auront encore deux pions à l'aile dame. 1 .i.d7! L'idée principale est de forcer l'échange des dames dans des lignes de jeu comme 1... 'iWxg5 2 �xc6 'li'xcl (ou 2 ...bxc6 3 �xc6 �d8? 4 'iWe8+ et 3 ... �d6? 4 llxd6) 3 l:ixc1 bxc6 4 J:l'.xc6.

238 Tour contre pièces

Pareillement, 1 ...êt'ixd7 2

Tour contre pièces 239

:a. xd7

V/tixg5 3 V/tixg5 �xg5 4 I!xc7 êt'ixb4

5 a3!. 1.•. 'lid4! Les Noirs décident à bon escient de renoncer à deux pions afin de garder les dames. 2 �xe7 .i.d8 3 �xb7 �xg5 Les pièces noires sont supérieures après 4 a4 Vjj/e7 5 �c6 V/!ixb4. 4 .i.e8! �f6 5 a4 Il faut que les Noirs fassent atten­ tion à de nouveaux sacrifices tels que 5 ...'ii'e6 6 �b5 �h3 7 1lxd4! exd4 8 a5. 6 .i.b5 �d6 Les Noirs ont un avantage, mais il serait minime après 7 @g2, puisque 7 ...�xb4 permet 8 'iVb8 V/!ie7 9 a5. 7 .lcl? 'lixa4! Grâce à 8 �xa4 êt'ie2+ les Noirs n'ont qu'un pion de moins, ce qui est suffisant pour gagner. 8 .g2 ,..b6 Mais pas 8 ...�xb4 9 :il c8 'l!Wxb5? 10 1:!.xd8+ r:J;;g7 11 �xb5 êt'ixb5 12 l:!.d5. 9 .les Les Noirs prendront lentement la relève une fois les pièces lourdes émasculées, par exemple 9 ...rJ;;g7 10 �e8 V/!if6 11 '?Wb8 êt'ie6 12 l:tc6 ..t>f8. (Mais ils gaffèrent en jouant 9 ...iYf6? 10 V/!ib8! et n'obtinrent que la nulle.) Quand les dames ont déjà disparu, la grande question est de savoir à qui profite un échange de tours. Spiclmann, entre autres, était convaincu qu'un échange profite en général au joueur qui conserve une tour. Cela se comprend parce que

•rs

l'échange réduit sa redondance et prive l'adversaire de la pièce la plus capable d'entraver les pions passés. En outre, quand la tour encore présente parvient à couper le roi ennemi sur une colonne ou une rangée, un échange peut de façon décisive ouvrir la voie à son roi sans rival. Dyachkov - Dreiev Russie 2000

7 .i.e2 •es 8 "b2 Ou 8 êt'ic5 d4 9 ll'ia6 ..t>c3 et ... J:!. d2. 8•..•d4 9 .d2 g510 'lidl f4 Les Noirs l'emportèrent après 11 'lib2 Ic612 'lidl l.e513 'lib2 e3+? 14 fxe3+ fxe3+ 15 •dl .1 a5 16 �a4 .lf5! 17 •b2 (17 �f3 g4! 18 hxg4 h3) .lf218 'lid3 .lxg2. Cependant, l'avantage des échanges peut changer de camp si la situation est compliquée par des problèmes de circulation et de manque de colonnes. C'est alors le roi qui avance le plus facilement qui détermine souvent le résultat. Stocek - Movsesian Cesko 2001

Quand faut-il donner les pièces?

Trait aux Blancs

Les pièces légères défendent effi­ cacement l'aile dame et les Blancs auraient l'égalité après 1 f3!. 1 .ldl? Ixdl+ 2 .i.xdl e4! Peut-être que le raisonnement des Blancs a été qu'à la suite d'un échange de tours ils pourraient redonner vie à leur cavalier par b2b3 et êt'ib2. Mais c'est le roi noir qui compte maintenant. Il dispose d'une voie toute tracée vers d4 et, sans tour, les Blancs n'ont aucun moyen de le stopper. 3 •e2 f5 4 •d2 •r6 5 b3 .1. d7+ 6 *el .id6 Les Noirs veulent répliquer à êt'ib2-c4 par ... Il. a6 et à êt'ic5 par .U c6-cl-al.

mieux à faire avec leur tour et le résultat de l'échange est de libérer leur roi . 2 .1 xb8 '!lixb8 3 f4 'lia6 4 .1 d4 L'échange de pions par 4 f5 ll'ic5! 5 fxe6+ @xe6 est légèrement mieux. 4..••e65 •n La tour a peu de possibilités (5 l:la4? ci.b4; 5 Ue4 ti:lc5 ou 5 f5 exf5 6 ïî h4 �e5). 5•.. .te7 6 E d2 .i.f6 À présent 7 e3 l![. b4 15 èbxd5 .ll xb2. On trouve un autre exemple dans une variante rare du Dragon jouée par Keres et Gulko qui apparaît à la suite de 1 e4 c5 2 '!lif3 d6 3 d4 cxd4 4 '!lixd4 41\(6 5 '!aic3 g6 6 .te2 .tg7 7.te3 0-0 8 '!lib3 '!aic6 et maintenant 9g4. Au lieu des coups routiniers (9....lii.e6, 9... a5) les Noirs jouent les coups thématiques: 9•.. d5 10 exd5 •b4 Les Noirs sont mieux si les Blancs les laissent reprendre en d5. 11 .tf3 .txg4! 12 .i.xg4 'llxg4 Maintenant 13 ���c5 est réfuté par 13....�.xc3+ 14 bxc3 1$xd5 parce que15 'fi'xg4 provoque les répliques 15 ... i2:îa6 ou 15 ... i2:îxc2+ 16 We2 �e5+ et 17 ...èbxal. 13 iVxg4 •xc2+ 14 *e2 ,..xal 15 .lxal .i.xc3 16 bxc3 �xd5

Les pièces m ineures blanches trouveront de bonnes cases si on leur en laisse le temps. Leur plus gros problème n'est pas le matériel mais la dame noire active. L'initiative des Noirs leur donne l'avantage après 17 ndl �b5+ 18 �f3 l:tad8 ou 17 t2'id2 l::!.fd818 �e4 �h5+. Dans certains cas, le camp de la tour établit une telle mainmise sur les colonnes ouvertes qu'il bénéficie d'un avantage plus durable qu'une initiative : une véritable emprise. Dans l'exemple frappant qui suit, l'emprise des Blancs sur les colonnes de l'aile dame transforme les pièces mineures de l'adversaire en simples spectateurs: Vassioukov - Zakharov 1961

Championnat de Moscou

1 e4 g6 2 d4 .tg73 ,..c3 c5 4 •f3 iVa5 5 d5 d6 6 ,..d2 .txc3 7 bxc3 iVxc3 8 .lbl �a5 9 .td3 a6 10 0-0 b5 11 a4 c4 12 .i.xc4 bxc4 13 'llxc4 iVc714 '!aib6 Puisque 14... .i:i.a7 perd à cause de la fourchette contre les tours, 15 t2'ixc8 'li'Vxc8 16 �d4, les Noirs continuèrent par 14... .tb7 1 5 '*°d4 '!aif6 16 .th6 ,..bd717,..xa8 ,..xa8 18 .1b4!

244

Tour contre pièces

Tour contre pièces

Les Blancs ont un pion et une tour pour les deux cavaliers. Pour que leurs tours influent sur le jeu, ils prennent le risque remarquable de laisser leur fou se faire piéger. 18••. .lg8 19 .l.fbl?! gS 20 .lc4 �d8 Les Noirs jouent le reste de la partie comme s'ils ne croyaient pas à la puissance des pièces lourdes. Meilleur était 20...êt'lc5 21 e5 lt'lfd7. 21 �a7 eS 22 "iVxa6 fle7 23 'i/a7 Maintenant 23... llg6 24 Ycb4 menaçant .il b8. 23..• 'llig4 24 1. c7 'llixh6 25 .1b6! 'llig4 26 c4 'llif6 27 cS 'llixe4? Les Noirs devraient survivre et conserver leur avantage matériel après 27 ...dxc5 28 .l::!'.xf6 '.t>xf6 29 .l:Ixd7. 28 c6 'lf6 29 h3! hS 30 .1 b3 g4 31 h4! Incroyable : les Noirs en sont réduits à jouer des coups pour rien. Les Blancs peuvent gagner en avan­ çant leur pion « a » jusqu ' à la sixième rangée et en doublant leurs tours sur la septième. Ils prirent tout leur temps: 31... lh8 32 aS Xg8 33 a6 .lf8 34 .lbs .lg835 •n .lh836 g3 .1rs 37 *e2 .1g8 38 •dl .1f8 39 *el .1g8 40 .dl .1. f8 41 •c1 .1g8 42 cxd7 �xd7 43 .d2 rs 44 •e2 .1f8 45 .1bb7! .i.xb7 46 'tlr'xb7 f4 47 a7 f3+ 48 tpe3 e4 49 a8(�) Abandon. Il existe une autre condition qui augmente les chances d'une tour contre deux pièces mineures: c) Quand il y a des pions sur les deux ailes.

Il se peut qu'une tour jouisse d'un plus grand rayon d'action que des pièces mineures, mais il importe peu qu'elle n'ait pas de cibles. Elle fonc­ tionne le mieux quand il y a deux théâtres d'opérations : des pions à pousser et/ou à attaquer sur les deux ailes.

sive qui interdirait l'accès à la tour. Ils auraient quand même été moins bien après 6...e5 7 lZ'le3 mais ils auraient pu sérieusement résister. 6... lc2! Bien entendu, le pion« a» compte plus pour les Noirs que le pion «f». 7 .i.xf6 Ia2 8 *e3 .lxa3

245

26 *c2 a4 27 .i.e7 1. c3+ 28 •bl l.c7. Maintenant voyons la situation du point de vue des pièces. Taimanov - Shcherbakov Championnat soviétique 1955

Huebner - Karpov Tilburg 1977

Trait aux Blancs

Trait aux Noirs

1... .txe3! Karpov laisse passer la méthode lente ( ...b5 et ...lZ'lb6) en faveur de ce qu'il appelle une « combinaison pas très compliquée». 2 fxe3 'Slxe3+ 3 •n 'llxfl 4 �xfl Les Noirs arrivent aussi à échanger leur tour redondante (puisque 4 llxfl perd à cause de 4 ... l'î c2 5 l2:lc4 b5 ou 5 �cl .tI ac8 6 èiJb3 îl8c3). 4••. .1xcl 5 .i.xcl .1c86 .i.b2 Dans les milieux de partie à base de tour-contre-2 pièces, la tour a besoin d'une colonne. En revanche, en finale, il lui faut quelque chose de plus, un point de pénétration. Ici, les Blancs sont à un pas ( èiJe3) de l'édification d'une muraille défen-

Les pions passés feraient la déci­ si on assez vite après 9 '-'d2 bS 10 'lle4 as. Karpov joua hâtivement 10••• b4? et dut regrouper ses forces rapide­ ment suite à 11 •d4! aS 12 •c4. II réussit quand même à gagner parce qu'il y avait des pions de l'aile roi que les Blancs devaient absolument protéger. Il associa une attaque à l'aile roi à la menace d'une invasion royale au centre et à la perspective ...a4 12... .la2 13 h4 *c6 14 .i.d4 .le2 15 i.eS 1. el 16 .i.f6 .1bl 17 .i.e7 eS 18g4 .lcl+ 19 .b3 édS!. À présent 20 �d8 permet 20 ... i;;t>d4 21 �xa5 c;tixd3 22 êZ'if6 U bl + 23 '.t>a2 @c2! et gagne. Les Noirs abandonnèrent après 20 .i.gS 1. bl+ 21 •c2 .1. hl 23 •b3 1 h3! 24 "t'6+ •d4 25 ,..xh7 .1xd3+

Les Blancs ont la possibilité de passer en force avec 1 lt'lxf6 êt'lxf6 2 �e3, menaçant �b6 ou �d4. Seulement après 2 ...îlxe6 3 �b6 ti. e5! ils n'ont rien de mieux qu'une nulle par répétition de coups (4 �d4 lle6 5 �b6 lle5). La position blanche paraît trop bonne pour çà. Donc: 1 .lxf6? 'llxf6 2 .i.h6+ •h8 3 •xf6 .1xe6 4 •ds À première vue, cela paraissait avantager les Blancs, par exemple 4 ... J:îxe4 5 @f2 mais les Noirs peuvent attaquer l'aile dame par 5... J:.td4. Ils trouvèrent un meilleur plan : se faire un pion passé sur chaque aile. 4•..gS! 5 .trs .g8 6 i.e7 Maintenant, 7 �xg5 perd face à 7 ... llg6comme cela aurait été le cas deux coups plus tôt.

.f7

246 Tour contre pièces

7 .td8 Zxe4 Puisque 8 .ilxa5 perd à cause de 8... Ï:.e5, la partie continua avec: 8 .1 d4 9 'lle3 .1 d3 10 .txa5 .1 xb3 11 *e2 *e6! 12 h3 h5 13 .td8 dS 14 tpd2 d4 15'lic2 .1 xh3 16.txg5 •rs 17 .1..e7 b3 18 "xd4+ *e4

•n

Tour contre pièces 247

on envisage la transaction pièces­ con tre-tour. La tour a besoin de l'accès à au moins une colonne avec un point de pénétration sur la première ou la deuxième rangée de l'adversaire, de manière à atteindre des cibles. Hort - Huebner

Bundesliga (Allemagne) 1981

1 e4 c5 2 "f3 d6 3 ..i.b5+ .td7 4 .txd7+ °iVxd7 5 0-0 �c66c3 'lf6 7 �e2 e68 d4 cxd4 9 cxd4 dS 10 e5 "e4 11 "bd2 'l\xd2 12 .txd2 ..i.e7 13 .1 acl 0-0 14 .1 c2 1. ac8 15 1. fcl a616h4?

Dans ce genre de finale, les pièces ont généralement des chances de nullité grâce à la possibilité de sacri­ fier une pièce contre le pion le plus dangereux. Néanmoins, il arrive que la finale soit très difficile. Dans le diagramme, par exemple, les Blancs ne virent pas une nulle théorique (19 ê2lxb3! .Uxb320 cJ;,e2). Après 19 'lb5? h4 20 'l\c3+ •d4 16..• .txh4! 21 "b5+ •c4 22 "a3+ •ds 23 a5 Bien que leurs pièces mineures les Noirs gagneraient aisément par soient excellentes, les Noirs y renon­ 23... Jlh2+ et 24 ...h3.Mais ils abou­ cent. Même s'ils n'obtiennent qu'un tirent à une autre forme de nulle en seul pion et ne peuvent pas forcer le gaffant, se retrouvant avec un seul passage en finale, l'unique colonne pion, nulle que rendit célèbre la ouverte compense largement la partie entre les deux Lasker à New différence. York en 1924 - 23••.b2?? 24 .i.xh4! 17 .lxc6 .1 xh4 25 *c3. Les Noirs gardent un deuxième d)Quand la tour dispose de pion après 17 é:2Jxh4 é:2Jxd4 18 �d3 colonnes ouvertes. l2Jxc2 19 1hc2 llxc2 20 'iVxc2 .t:i:c8. Cette considération est elle aussi Le facteur décisif est alors l'impos­ de la plus haute importance quand sibilité pour les Blancs d'obturer la

colonne «c» (21 .ilc3? 'iVd8! 22 é:2Jf3 d4). 17 ... l.xc6 18 "xh4 .lxcl+ 19 .txcl 'iVa4 20 �g4 •h8 21 a3 �c2 22 'iVf4 À présent 22 ... llc8! 23.ile3'iVe4 aurait gagné en finale (24 �xe4 dxe4 25 .ild2 J:l. c2 26 .ilc3 g5 ! ) ou dans une phase tardive du milieu de partie (24 'ivg5 'ivbl+ 25 cJ;,h2 'ifxb2). 22 ... •g8? 23 b4 .1 c 8! 24 .te3 �dl+ 25 •h2 �h5! 26 g3 .lc3 27 a4 l.b3 La tour s'impose parce que 28il.d2 perd à cause de 28 ...g5 !. Les Noirs gagnèrent après 28 •g2 .1 xb4 29 a5 l.bl. Cependant, si la tour dispose de nombreuses colonnes, mais sans possibilité d'atteindre des cibles, la chance passe du côté des pièces. Celles-ci excellent à priver la tour de points de pénétration. Étant donné que le roi entre souvent en lice dans la bataille contre la tour, le bilan n'est pas deux pièces contre une, mais trois contre une. lllescas - Speelman Linares 1992

Les pièces lourdes des Noirs semblent compenser la différence matérielle, mais c'est une illusion. 1'lic3! iVd4+ Les pièces lourdes s'avèrent être maladroites après 1 ... 'iVf5 2 @g2 'iVd33�d1! rl:e34 çi;,f2. 2 �xd4 exd4 La tour occupe déjà un point de pénétration en f3et ainsi les Blancs doivent prendre garde à ce qu'elle n'en atteigne pas d'autres, par exemple 3 lbdl .l:I.d3! 4 ê2lf2 t!.d2 5 i,,c1 Il a2 6 é:2Jd3 çt,f7 7 h3 @e6. 3'lib5! Les pièces peuvent interdire l'accès à la tour après 3 ... .Ud34 cJ;,fl Ud2 5 .ilxd4 puisque 5 ...a6 est contré par 6 cJ;,el. 3.•.d3 4 .tel Mais pas 3 �c3? a6 4 é:2Jd4 d2 5 .ilxd2 Il d3. 4...a65'lic3! La tour disp ose de quatre colonnes, mais le fou en ferme une, le cavalier en obture une autre tandis que le roi et les pièces blan­ ches font en sorte que les colonnes «e» et «f» restent inviolées. C'est trois pièces contre une, puisque le roi noir ne peut pas aider la tour à pénétrer. Les Blancs prirent leur temps pour capturer le pion « d » - 5.•• I f66h4 7 .1..f4 1. c68 -*.d2 •e6 9 •es 10 èe3 .1. g6 11 .tel •rs 12 •xd3 - et pour achever le processus technique.

•n

Trait aux Blancs

•n

Tour contre pièces 249

248 Tour contre pièces

Application des critères Ces critères - savoir si on peut arriver en finale, le degré de coordi­ nation des pièces, qui a l'initiative, l'existence ou non de colonnes ouvertes, et la présence de pions sur les deux ailes - ces critères doivent servir à évaluer presque toutes les transactions pièces-contre-tour. Ces facteurs ont habituellement plus d'importance pour savoir qui est mieux que le nombre de pions donnés par surcroît. On trouve un bon modèle de ces considérations dans la variante Dilworth (Kleczynski en Polonais) de !'Espagnole. Voici comment elle se manifeste : 1 e4 eS 2 'lif3 .. c6 3 .i.bS a6 4 .i.a4 'lf6 5 0-0 .. xe4 6 d4 bS 7 .tb3 dS 8 dxeS .i.e6 9 c3 .i.cS 10 1Jlb d2 0-0 11 .i.c2 �xf2 12 .1 xf2 f6. L'une des anciennes lignes principales continue ainsi : 13 exf6 .i.xf2+ 14 @xf2 "it'xf6 15 •n 'lieS 16 .gl •xn+ 17 gxf3 "it'xf3 18 �xf3 .1. xf3.

Les Noirs ont deux pions et une tour mais sans perspectives immé­ diates de création d'un pion passé. Ce qui rend la position favorable aux

Noirs, c'est qu'ils ont rempli la plupart des conditions idéales : Ils arrivent dans une finale. Il y a des colonnes ouvertes pour leurs tours et des pions sur les deux ailes. Leur adversaire possède un très bon fou de cases noires mais ses pièces ne sont pas particulièrement bien coordonnées. Enfin , grâce à la faiblesse de la deuxième rangée des Blancs, les Noirs ont de sérieuses chances de maintenir leur initiative. Quand les maîtres se mirent à jouer cette variante, les Blancs eurent de bons résultats en échan­ geant des tours et en bloquant les pions.Depuis cette époque, les Noirs ont marqué beaucoup de points, en gagnant presque la moitié des parties et en faisant nulle dans la plupart des autres. La vulnérabilité du roi blanc face à ...�h3 et ... île8e6 a contribué à grossir le score des Noirs. Voici un exemple instructif avec la partie Garcia-Bartis, Mar del Plata 1975: 19 .te3 .i.h3 20 .tes .1e821 'lig3 h5 21 ...g6 et 22 ...h5 étaient plus forts avec un net avantage pour les Noirs. 22 •xh5 L'inversion du déséquilibre 22 �g6 ! t!: e5 23 .txh5 ri: xg3+ 24 hxg3 .Il xh5 - offre de bonnes chances de nulle grâce aux fous de couleurs opposées. En fait, plusieurs des parties nulles qui ont suivi 18 ... llxf3 se sont produites quand les Blancs ont rendu la pièce pour déboucher sur une finale avec une tour et des fous de couleurs opposées.

22 .•. .1e223.i.b3 c6 11 faut maintenant que les tours capturent des pions (24 Il b 1 .U xb2!). 24 'lig3 .1xb2 25 .i.d4 as Également bon était 25 ... ll d3, avec la menace 26 ... lldd2. 26 .1el a4 27.i.dl

27••. .lbl! Si les Blancs procèdent à un échange de tours (28 .txf3 ll xe l +) ils n'ont plus rien pour protéger leur pion «a», ni pour stopper celui des Noirs. Par ailleurs, ils n'ont aucun coup utile. 27 .hl .1f528 'lig3 .i f3 29 .hl .lal b4! 30 .i.xf3 .lxel+ 31 32 cxb4 .1xa2+ Le pion «a» noir a rapidement remporté la victoire (33 @g3 nct2 34 �e3 .l:!.d3 35 .tes a3). Une deuxième situation, issue d'une variante classique de la Défense Pétroff, peut se présenter. En voici le début: 1 e4 e52 •n •r6 3 d4 •xe4 4 .td3 dS 5 •xe5.i.d6 6 0-0 0-0 7 c4 .i.xeS 8 dxeS 'lllc6. Depuis les années quatre-vingt il est admis que la meilleure ligne de jeu pour les deux camps est : 9 cxdS

•rz

�xdS 10 �c2 'lb4 11 .i.xe4 'lxc2 12 .i.xdS .i.fS 13 g4! .txg4 14 .i.e4 'lixal 15 .i.f4 fS 16 .i.dS+ .hH 17 .lcl c618.i.g2 .lfd819 •d2 .

Les Blancs ont une qualité et un pion de moins, mais comme le cava­ lier est cerné, ils vont vraisemblable­ ment se retrouver avec un fou et un cavalier contre une tour et un ou deux pions. Quelques-uns des meil­ leurs joueurs du monde ont essayé de trouver des améliorations pour les Blancs et pour les Noirs. Une fois Anand a joué la finale de pièces mineures avec un pion de plus contre Kasparov (19 ... l:!.xd2 20 .txd2 lld8 21 .tc3 J:ldl+ 22 Ilxdl .txdl) et est parvenu à dégager s on cavalier et à faire nulle en jouant 23 f4 lt'lc2 24 @f2 @g8 25 a4 a5 26 .txa5 èt'ld4. 19.•. h6 20 h4 1 d3! Les Blan cs se cons olid ent et détiennent un avantage important après 20 ... R d4 21 i.e3 rI b4 22 b3 ou 22 It. xa 1 f4 23 i.c5 .ll xb2 24 èt'lb3. 21.i.fl! Les Noirs pensent à contre-atta­ quer après 21 .t!.xal g5! 22 hxg5 hxg5 23 .txg5 .l:!.g8 24 i.f6+ Wh7.

250 Tour contre pièces

C'est confirmé par 25 lt:ifl f4 26 c;t>h2 II g6!. 21••. .1 d4 22 .te3 .1 d5 23 .1 xal .1 xe5 24 'lic4 Les Noirs ont deux pions et une tour pour les pièces mais les fous des Blancs sont forts. Par exemple, 24 ... Ite4 25 �d3 lle6 26 f4 l:ld8 27 .tc2 et l2:ie5, selon l'analyse de Timman. Sa victoire contre Youssoupov lors de leur match des candidats en 1992 fut obtenue comme suit: 24••. .ld5 25 .tg2 .1b5 26 .i el et quand les Noirs donnèrent un pion pour sortir les tours de l'échiquier, ils perdirent, 26.•. .1 d8 27 .txa7 .1 dl 28 .1 xdl .txdl 29 .td4 f4 30 .te4. La tenta­ tive pour améliorer les chances des Noirs avec 24 ... ile6 échoue après 25 f4! .tf3 26 l2:ie5. Cette partie est typique des posi­ tions tour-contre-pièces : les pièces ont plus de ressources et le joue1,1r qui les conduit plus de matière à réflexion que son adversaire. Bien que la ligne de démarcation soit de un pion et demi , de nombreux joueurs préféreraient avoir les Blancs.

Tour contre pièces 251

sacrifices. Quantitativement, le sacri­ fice est si important que le déséqui­ libre ne dure pas longtemps : ou bien l'attaque du sacrificateur l'emporte, ou bien son adversaire rend une qualité ou d'autre matériel. Le plus célèbre sacrifice à long terme de deux qualités eut lieu dans la partie Lilienthal- Ragozine, Moscou 1935 où les Noirs obtinrent deux pions passés liés sur la cinquième rangée comme compen­ sation. Quand les pions atteignirent la sixième, les Blancs restituèrent une qualité - et abandonnèrent quand ils atteignirent la septième. Quand un avantage de deux qualités dure jusqu'à la finale, il est généralement décisif. L'expérience du passé, si rare soit elle en la matière, indique que le camp des pièces a besoin d'au moins deux pions pour tenir bon. Kotov - Najdorf Tournoi des candidats 1953

Déséquilibres hors nonnes II existe quelques autres déséquili­ bres matériels impliquant des tours et des pièces mineures qui n'en­ trent dans aucune autre catégorie et dont les théoriciens se sont fort peu souciés. Le premier est celui de la double qualité qui se présente vers la fin du milieu de partie au moyen de deux

Trait aux Blancs

1 .1 xd6+! •xd6 2 'lixf5+ *c6 Dans son compte rendu en deux volumes du tournoi, Najdorf décla­ rait que 2 ...t7 4 l2:ixe4 Il xb2+ 5 @f3 h5 . 3 'lixe4 .1 xb2 + 4 *f3 .1b4 5 'lifg3 .1aa4 6h5 X a3 + En revanche, Bronstein, dans son livre sur le tournoi, signalait que l'obstacle principal des Noirs était d'arriver à déterminer le but qu'ils devaient se donner. « Le gros problème de Nadjorf est qu'il ne sait pas s'il doit jouer pour le gain ou réfléchir à la manière de sauver la partie», disait-il. 7.g4 .d78g6 Les Blancs évitent 8 CZ'\f6+ et 9 CZ'\xh7 parce que les tours risquent de devenir dangereuses. Voici une ligne possible : 8...