Les arcs romains de Jérusalem: Architecture, décor et urbanisme 9783666539107, 352553910X, 3727811412, 9783525539101

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Les arcs romains de Jérusalem: Architecture, décor et urbanisme
 9783666539107, 352553910X, 3727811412, 9783525539101

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NTOA 35 Caroline Arnould Les arcs romains de Jérusalem

NOVUM TESTAMENTUM ET ORBIS ANTIQUUS (NTOA) Im Auftrag des Biblischen Instituts der Universität Freiburg Schweiz herausgegeben von Max Küchler in Zusammenarbeit mit Gerd Theissen

L'auteur:

Titulaire du diplôme de recherches de l'Ecole du Louvre et d'un doctorat en archéologie soutenu à l'Ecole Pratique des Hautes-Etudes (Paris), Caroline Arnould poursuit des recherches sur Aelia Capitolina. Elle a participé au douzième Congrès international des Etudes juives qui s'est tenu à Jérusalem en 1997; elle est rattachée à l'équipe 1436 de l'E.P.H.E. (Langues, textes et histoire du monde ouest-sémitique ancien).

NOVUM TESTAMENTUM ET ORBIS ANTIQUUS

Caroline Arnould

Les arcs romains de Jérusalem Architecture, décor et urbanisme

EDITIONS UNIVERSITAIRES FRIBOURG SUISSE VANDENHOECK & RUPRECHT GÔTTINGEN 1997

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Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme Arnould, Caroline: Les arcs romains de Jérusalem: architecture, décor et urbanisme / Caroline Arnould. - Freiburg, Schweiz: Univ.-Verl.; Göttingen: Vandenhoeck und Ruprecht, 1997 (Novum testamentum et orbis antiquus; 35) ISBN 3-525-53910-X (Vandenhoeck und Ruprecht). ISBN 3-7278-1141-2 (Univ.-Verl.).

Publié avec le concours du Conseil de l'Université Fribourg, du Rectorat de l'Université Fribourg et de la Fondation Singer-Polignac, Paris Les originaux de ce livre, prêts à la reproduction, ont été fournis par l'auteur. © 1997 by Editions Universitaires Fribourg Suisse Imprimerie Saint-Paul Fribourg Suisse ISBN 3-7278-1141-2 (Universitatsverlag) ISBN 3-525-53910-X (Vandenhoeck und Ruprecht)

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REMERCIEMENTS Ce volume est l'adaptation de ma thèse de doctorat soutenue à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes le 6 janvier 1996 et dont le titre était : "La datation d'arcs monumentaux de Jérusalem et ses conséquences sur l'extension de cette cité aux deux premiers siècles de notre ère." L'initiateur de la recherche est le professeur Ernest-Marie Laperrousaz, qui était alors directeur d'études à la Ve section de l'E.P.H.E. Ensemble nous avons défini le sujet correspondant à ma formation en architecture romaine et à mon désir de travailler sur Jérusalem. La confiance que le professeur Laperrousaz m'accorda, ses encouragements chaleureux et sa connaissance approfondie de Jérusalem me permirent de débuter l'étude dans les meilleures conditions. Le professeur André Lemaire, directeur d'études à la IVe section de l'E.P.H.E., assuma la direction de la thèse lorsque le professeur Laperrousaz prit sa retraite en 1992. Pendant les années qui suivirent, le professeur Lemaire, par les innombrables conseils et informations qu'il me prodigua, me permit progressivement d'aplanir les difficultés. Le soutien qu'il m'apporta a permis l'achèvement de la recherche. Les conditions de préparation de cette thèse ont été privilégiées grâce à l'encadrement de ces professeurs dont l'expérience et l'érudition n'ont d'égal que la disponibilité et la gentillesse. Mes remerciements ne pourraient être à la hauteur de leur aide. A Jérusalem, la tâche m'a été facilitée par l'accueil reçu chez les Soeurs de Sion dont les portes m'étaient toujours grandes ouvertes pour l'observation de l'arc de l'Ecce Homo et l'investigation du site. Mes remerciements iront en premier lieu à Soeur Myriane Hermann qui a suivi attentivement la progression de mon travail. De nombreux renseignements m'ont été fournis par les archéologues rencontrés sur place. Dan Bahat et Amos Kloner ont répondu à mes nombreuses questions et m'ont informée sur leurs travaux. Menahem Magen a bien voulu me préciser quelques points relatifs aux fouilles de la Porte de Damas auxquelles il a participé. Les informations communiquées par ces archéologues sont d'autant plus précieuses que bien souvent elles n'ont pas été publiées. Je dois beaucoup à Jacqueline Dentzer-Feydy. Elle a bien voulu se pencher sur les questions de modénature que je traitais et, avant aussi bien que pendant la soutenance de ma thèse à laquelle elle a accepté de participer, m'a communiqué un certain nombre de parallèles fort utiles pour l'étude. Le professeur François Baratte (Paris I), qui avait dirigé mon mémoire de l'Ecole du Louvre, a accepté de faire partie du jury de soutenance. Les

6 remarques qu'il a émises lors de son intervention m'ont amenée à prendre conscience de la nécessité de préciser certaines affirmations. Ses indications bibliographiques m'avaient auparavant été précieuses pour l'analyse stylistique. Sans la collaboration de Jean Hadas-Lebel pour les traductions latines, la recherche des mentions des arcs dans les sources anciennes n'aurait pu aboutir. Enfin, par son "assistance technique", Francine Campestre m'a, sur le terrain, efficacement aidée.

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INTRODUCTION L'article qu'Y. Blomme publiait en 1979 remettait en cause la datation et les hypothèses généralement admises sur la fonction de l'arc de l'Ecce Homo 1 . D'arc honorifique élevé par Hadrien, le monument devenait une porte de rempart édifiée presque un siècle plus tôt, au temps d'Agrippa 1er. L'année de la parution de cet article était aussi celle du début des travaux de dégagement de la porte romaine située sous la porte de Damas. La datation hadrianique de la porte proposée par les fouilleurs remplaçait là une plus ancienne hypothèse attribuant la construction à Agrippa. Ces réévaluations parallèles sont apparues comme l'indication d'une absence de critères fermes sur lesquels aurait reposée l'appréciation de l'âge et de la destination des arcs. Elles mettaient également en évidence l'existence d'un arrière-plan constitué par des questions essentielles de l'histoire de Jérusalem, la reconnaissance du tracé du mur d'Agrippa, mais aussi, en ce qui concerne l'Ecce Homo, la localisation de la forteresse Antonia. C'est autour de ces questions, parfois sous-jacentes, que se sont articulés les principaux débats concernant les arcs évoqués. Tous deux ont fait l'objet d'études descriptives et analytiques assez succinctes, et aucune monographie ne leur a été consacrée. La nécessité est apparue d'une recherche portant sur les deux arcs, prenant en compte l'intégralité des informations disponibles à leur sujet. Celles-ci peuvent être extraites de l'observation des aspects de l'architecture et du décor, des sources écrites anciennes, de l'examen des vestiges et du matériel retrouvés à leur proximité, ainsi que des résultats de la stratigraphie. Notre travail consistera à collecter les données en essayant d'établir des convergences et à examiner les différentes interprétations proposées. L'un des aspects essentiels de l'étude est représenté par l'analyse comparative, domaine jusque là peu investi. La démarche comparative permettra de considérer les arcs dans une approche plus large. L'arc de l'Ecce Homo (EH) et l'arc de la Porte de Damas (PD) ont été sélectionnés pour notre étude d'une part car ils présentent un état de conservation relativement satisfaisant et, d'autre part, en raison de l'attention qui leur a été portée depuis leur découverte. L'intérêt qu'ils présentent par ailleurs réside dans la relation qu'ils entretiennent avec d'autres structures et qui amène a les considérer à l'intérieur de 1' espace 1 "Faut-il revenir sur la datation de l'arc de l'"Ecce Homo" ? 271.

RB 86,1979, p.244-

8 qui les environne. La destination de cet espace à l'époque reconnue de l'érection des arcs sera l'une des questions soulevées. Les éléments de réponse apparus permettront de déterminer leur rôle dans la cité, dans le contexte de l'urbanisme des villes de l'Orient romain. Après avoir procédé à la description des arcs et à une observation de leurs caractères spécifiques, nous évoquerons les différentes structures placées dans leur environnement. Il sera pour chacun des deux arcs menée en parallèle une analyse comparée des aspects de leur plan, de leur architecture et du décor qu'ils portent. Enfin, les arcs seront replacés dans le contexte urbain, permettant d'ouvrir une discussion sur le caractère, le plan et les limites de la cité qu'ils ornaient.

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1 L'ARC DE L'ECCE HOMO

1.1 Historique de la découverte et de la recherche Jusqu'au milieu du siècle dernier, l'arcade centrale était seule visible. C'est cette partie du monument qui est évoquée dans les sources anciennes. La description de l'arc dans les sources anciennes L'arc n'est pas évoqué dans les écrits des auteurs de l'Antiquité ayant décrit Jérusalem tels que Flavius Josèphe ou Dion Cassius. En ce qui concerne l'époque byzantine, il n'est pas répertorié dans le Chronicon Paschale 2 ni dans les récits des pèlerins. Ceux-ci font part de la localisation de la "maison de Pilate" ou du "prétoire", auquel l'arc sera considéré appartenir, dans la Vallée du Tyropéon. Aucun souvenir évangélique n'est signalé dans la zone environnant l'arc. Sur le tracé de ce qui deviendra la Via Dolorosa, seule est évoquée la Piscine Probatique. Les sources les plus anciennes remontent à l'époque médiévale et sont constituées de textes appartenant au genre des guides et récits de pèlerinages. Leurs auteurs sont pour la plupart originaires de France, d'Italie ou d'Allemagne. Ce sont des laïcs, ou des religieux appartenant le plus souvent à l'ordre des franciscains. Parmi eux se trouvent des moines qui résident à Jérusalem et y entreprennent la rédaction d'ouvrages sur l'histoire, l'histoire religieuse et monumentale de la Terre Sainte. A ce groupe appartiennent François Quaresmius et Elzear Horn. Mieux documentés que les simples pèlerins, ils livrent des descriptions des itinéraires et des monuments plus détaillées. Les pèlerins mentionnent l'arc en tant que témoin de la Passion du Christ. Leurs évocations sont généralement dépourvues de tout élément descriptif. Les traditions qu'ils rapportent sont celles qu'ils entendent sur place, ou qu'ils tirent d'ouvrages auxquels ils se réfèrent lors de leur rédaction. Ce fait explique une certaine uniformité des informations ainsi que la reprise d'expressions identiques par des auteurs s'exprimant à des périodes rapprochées. Ainsi, dans la deuxième moitié du XVe siècle, la phrase "Pilate se trouvait sur l'une de ces pierres lorsqu'il prononça son 2 Texte rédigé à l'époque byzantine et décrivant la ville romaine de Jérusalem.

10 inique sentence" apparaît chez trois auteurs : Gabriele Capodilista 3 , Anselme Adorno 4 et l'Anonyme de Rennes (i486)5, ce dernier ayant préféré l'expression "mauldite sentence". De la même façon, dans les relations publiées au début du XVIe siècle est employée la même formulation : "là où Pilate dit : Ecce Homo". En dépit d'une certaine uniformité des renseignements fournis dans ces relations et de leur imprécision, l'examen de ces sources constitue un apport essentiel. En plus des indications se rapportant aux transformations intervenues sur le monument et à l'aspect qu'il revêtait au cours des siècles passés, les informations que l'on peut en tirer permettent de définir le contexte culturel dans lequel se sont élaborées les différentes théories concernant l'âge et le rôle de l'arc. Nous avons réuni quarante-huit passages relatifs à l'arc, écrits entre le Xlle et le XIXe siècle6. La mention la plus ancienne qui nous soit parvenue est celle de Jean de Wiirzbourg, écrivant vers 1165. L'arc qu'il évoque peut être identifié comme étant l'EH. "... in medio, inquam, illius plateae est quidam arcus lapideus antiquus ultra eandem plateam incurvatus, sub quo dicitur beata virgo Maria cum felici et beata proie..." 7

Au milieu de cette rue est un viel arc de pierre, enjambant la rue, sous lequel on dit que la Sainte Vierge Marie s'est reposée avec son fils bienheureux et saint. On peut s'étonner que la tradition qu'il rapporte n'ait pas été reprise par les autres pèlerins. Il faut se rappeler que jusqu'en 1187, la procession de la commémoration de la Passion passait par l'esplanade du Temple. C'est après que les chrétiens en aient été évincés que le Chemin de Croix a changé de tracé et intégré à son parcours la portion de la voie qu' 3 A.-L. Momigliano-Lepschy, éd.,Viaggo in Terra Santa di Santo Brascha, 1480, con l'Itinerario di Gabriele Capodilista, 1458, Milan, 1966, p.186. 4 J. Heers, G. de Groer, éd., Itinéraire d'Anselme Adorno en Terre Sainte (1470-71 ), Paris, 1978, p.261. 5 B. Dansette, "Les pèlerinages occidentaux en Terre Sainte : une pratique de la "Dévotion moderne à la fin du Moyen-Age ? Relation inédite d'un pèlerinage effectué en 1486.", Archivum FranciscanumHistoricum 72, 3-4, Grottaferrata, 1979, p.330-428, p.342. 6 Ajoutés à ceux relevés par N. Shur (Jerusalem in Pilgrims and Travellers Accounts, A Thematic Bibliography of Western Christian Itineraries 1300-1917, Jérusalem, 1980, p.26), il existerait près de quatre-vingt mentions de l'E.H. 7 Descriptio Terrae Sanctae, dans T.Tobler, éd., Descriptiones Terrae Sanctae ex saeculis VIII, IX, XII et XV, rééd. New-York, 1974, et dans S. de Sandoli, Itinera Hierosolymitana Crucesignatorum (saec. XII-XIII), II, Jérusalem, 1980, p.270. Pour Sandoli, l'identification est probable (p.294 note 5).

11 enjambe l'arc8. La tradition qu'évoque le pèlerin allemand n'aurait pas survécu, l'arc s'étant vu attribuer une nouvelle identification en rapport avec la Passion. La notice de J. de Wiirzbourg est le seul témoignage pour l'époque des croisades 9 . Il faut attendre le XlVe siècle pour voir apparaître d'autres références à l'arc dans des relations de pèlerins. Cette période voit attesté le lien établi entre l'arc et l'épisode évangélique de la présentation de Jésus par Pilate. Le monument porte alors le nom d'arc de Pilate. On sait qu'à partir de ce siècle les franciscains, et plus précisément le Gardien du Mont-Sion, s'étaient accordés la tâche d'accompagner les pèlerins dans leur visite des lieux saints. Fra Niccolo da Poggibonsi nous livre son témoignage aux environs de 1345. "...Andando per la strada ritta, e ascendendo, trovi uno bello arco e sotto il detto arco v 'a la strada. A parte sinistra, allato del detto arco, si erano le case di Pilato, dove Cristo fu presentato. Sotto le case del palagio(l) si à una casa, dove Cristo fu messo in prigione, e legato. L'arco si à di sopra due grandi pietre quadre, e sono scritte di lettere greche, e ebree, e latine, in testimonianza della Passione di Cristo..." ( l ) S a e c . X I V super ruinas arcis Antoniae constructa fuit "Madraseh Djauliyeh" quae saeculo sequenti adhibita fuit prò residentia gubernatoris civitis. " 1 0

En allant par la rue droite, et en montant, on trouve un bel arc et sous ledit arc est la rue. Sur la partie gauche près dudit arc, se trouvent les maisons de Pilate, où le Christ fût présenté. Sous les maisons du palais (1) est une maison où le Christ fût mis en prison et jugé. L'arc a au-dessus deux grandes pierres carrées, et sont inscrites des lettres grecques, et hébraïques et latines, en témoignage de la Passion du Christ... (1) Au XlVe siècle sur les ruines de l'arc de l'Antonia fût construite la 8

Voir J. Wilkinson, Jerusalem Pilgrimage 1099-1185, Londres, 1988, p.76. 9 C'est parfois de façon erronée que des arcs ou portes évoqués par des pèlerins ont été identifiés comme l'EH. Ainsi ceux mentionnés par Tnéodoric et par l'Anonyme de Plaisance auxquels fait référence B. Meistermann (Le Prétoire de Pilate et la forteresse Antonia, Paris, 1902, p. 32-33 et p.48) ne correspondent pas, d'après les indications géographiques, a notre arc, non plus que les Portes Douloureuses évoquées par M. de Vogue qui cite l'auteur de la "Citez de Jherusalem" (Les églises de la Terre Sainte, Paris, 1860, p.302) 10 Libro d'Oltramare I, 202,1346-50, dans D. Baldi, Enchiridion locorum sanctorum, Jérusalem, 1935, p.760-61. Trad. angl. : E. Hoade, T. Bellorini, A Voyage beyond the Seas, Jérusalem, 1945.

12 "Madrasa Djauliyeh" qui au siècle suivant fut habitée comme la résidence du gouverneur de la ville. On apprend de sa relation que les deux blocs inscrits sont en place à l'époque où il écrit. Poggibonsi est le premier auteur à évoquer l'inscription qui, selon lui, est trilingue : grec-hébreu-latin11. Il apparaît au travers de son témoignage que la localisation de la scène de la présentation n'est pas encore fixée au sommet de l'arc. Le plus fréquemment, l'arc est mentionné pour les deux pierres qui y sont encastrées. Nous apprenons de Fra Suriano que ce sont elles qui permettaient d'obtenir les indulgences. Elles figurent à ce titre dans les tables des indulgences. Les mêmes reliques sont intégrées dans les premiers chemins de croix dont elles constituent une station. "Deux pierres du Lithostrotos de Pilate, fixées dans une grande haute arche, près de la maison de Pilate, sur lesquelles Christ se tenait lorsqu'il a été condamné ; sept années et sept quarantaines" 12

Le frère Suriano nous indique aussi l'origine de ces pierres : le "Lithostrotos". Un demi-siècle plus tôt, vin pèlerin évoquait la maison de Pilate comme le lieu de provenance des blocs13. On ne trouve ensuite plus aucune allusion à l'origine de ces pierres. On assiste alors à une déformation de la tradition. Dans un premier temps, les pierres sont vénérées en tant que témoins de la scène de la Passion du Christ car provenant du lieu de la condamnation. Plus tard, on oublie d'où viennent les dalles et c'est le lieu sur lequel elles ont été encastrées, c'est-à-dire l'arc, qui devient le témoin de la scène et l'objet de la vénération. Cette tradition est à l'origine du nom donné à l'arc à partir du début du XVIe siècle : "Ecce Homo", en référence à l'Evangile de Jean. L'attention des auteurs est d'abord fixée sur les blocs inscrits et, à partir du XVIe siècle, sur la galerie qui surmonte l'arc. Ces deux éléments sont en lien direct avec l'épisode de la présentation de Jésus. La galerie et ses deux ouvertures sont mentionnées par les auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles comme étant le cadre précis de la scène. Les deux blocs s'étaient vu auparavant attribuer ce rôle, selon plusieurs pèlerins indiquant que les 11 Les autres auteurs, sans exception, parlent d'une inscription latine. 12 ltinerario de Hierusalem, Venise, 1485. Trad. angl. : T. Bellorini, E. Hoade, Treatise on the Holyland, Jérusalem, 1949, p.103. Fra Suriano, d'origine vénitienne, était entré dans l'ordre des franciscains, et s'était vu accorder la charge de Gardien du Mont-Sion. 13 G. Pfinzing, Pilgerreise nach Jerusalem, 1436-40, dans B. Meistermann, Le Prétoire de Pilate, Paris,1902, p.53.

13 protagonistes se tenaient sur ces pierres. D'autres traditions liées aux pierres encastrées sur l'arc sont mentionnées par les pèlerins, celle en particulier du repos de Jésus. Avant le XVIIe siècle, peu sinon aucune information n'est fournie concernant l'arc. Rauwolff est le seul à en évoquer l'aspect : "Il est presque noir à cause de l'ancienneté, et est construit de façon si artificielle, qu'on peut difficilement trouver une jointure entre les pierres. A son sommet il est ouvert au milieu, et a deux autres petites arches à peu près de la largeur d'une porte ordinaire de l'une à l'autre, supportées par une colonne de marbre." 14

Trois auteurs ont consacré une notice à l'EH : F. Quaresmius et B. Amico au XVIIe siècle, et E. Horn au XVIIIe. Leurs témoignages comme ceux de J. Doubdan et J. Goujon contiennent quelques éléments descriptifs. A partir de la fin du XVIe siècle, la plupart des pèlerins se réfèrent au même ouvrage, celui d'Adrichom, publié en 1584, qui fut très populaire et a été traduit en huit langues. Les vues de cet auteur qui n' a pas accompli le pèlerinage se sont ainsi généralement imposées. Son idée est que l'EH était le portique du Xyste15. "Xystus porticus, in modo pontis lapidei frequentibus arcubus supra plateam publicam ampla latudine exstructa, ac subdialibus inambulationibus ornata : per quam a Palatio Pilati in Antoniam arcem, & inde in templum transitus erat. (...) Ubi ad hue venitur ac peregrinis ostenditur Arcus quidam lapideus, cum hac inscriptione : Tolle, toile, crucifig...propter antiquitate caetera legi nequeunt. Ex eodem Xysto Agrippa rex perelegantem habuit orationem ad populum seditiosum, hortans eos ad obediendum Romanis. Frequenter huius Xysti Iosephus mentionem facit." 16

Le portique du Xyste, à la façon d'un pont de pierre, avec de nombreuses arcades est bâti sur une vaste place publique et orné de promenades en plein-air. C'est ce portique qu'on empruntait pour se rendre du palais de Pilate à la forteresse Antonia et de là au Temple.(...) Quand on arrive à cet endroit, on montre aux pèlerins un arc en pierre R.-A.-S. Macalister, "Rauwolff's Travels in Palestine, 1573", PEFQSt 1909, p.212. L'esplanade jouxtant le palais-royal des Hasmonéens. 16 lerusalem, sicut Christi tempore florvit, et suburbanorum insigniorumque historiarum ejus brevis descriptio, G. Kempensis, éd., Coloniae Agrippinae, 1584, p.127 n°120. 14

14 avec cette inscription : emmène-le, emmène-le et crucifi... le temps a rendu le texte illisible. C'est sur ce même Xyste que le roi Agrippa tint au peuple séditieux un discours des plus raffinés l'exhortant à obéir aux Romains. Flavius Josèphe fait fréquemment mention de ce Xyste. La relation de B. Amico intègre la citation d'une partie du texte d'Adrichom qu'il commente. Amico a résidé en Palestine de 1593 à 1597. Son objectif était de réaliser des dessins des sanctuaires de la Terre Sainte afin qu'ils soient reproduits en Europe. Pour chaque monument considéré, il livre le plan et l'élévation. Les figures sont accompagnées d'explications assez développées. "... ma sotto alla finestra, dove N.S fu mostrato, vi sta una lastra di bianco marmo, di cinque palmi di quadro in circa, bene lauorata, & incastrata, nella quale sta scritto di belle, e grandi lettere latine :Tolle, Tolte crucifige eum. Non posso far di meno di non far un poco di discorso intorno a quest'arco, per quello, che dice il Cristiano Andricomo Delfo nel suo libro, che fa della Citta di Gierusalemme, nel numero centouinti (...) Di ciò dico, che questo arco sta discosto dal palazzo di Pilato circa novanta passi verso Ponente, e l'Antonia sta vereso Levante, discosto dal sudetto palazzo da ottanta passi, tutti sottoposti ad una retta via : di ciò lasso il pensiero al Lettore di giudicare, come può concordare. Ma per meglio accertarsi di ciò guardisi il disegno ; Di più il sudetto Delfo mette nella sua carta il palazzo di Pilato verso Tramontana congiunto con l'arco : e l'Antonia verso mezo giorno pare congiunta con l'istesso arco, ma il Palazzo sta verso mezo giorno, distante come di sopra ho detto : che questo arco sia nella piazza, e di molta gran larghezza, ne anco può essere, perche questo arco sta nella via posto, e fondato sopra le muraglie di detta via, muraglie alte, grosse & antichissime senza habitato da niuna banda, e l'altra : la muraglia di mezo giorno incomincia da l'angolo di Ponente, che lo sa l'arco, sotto del quale vi sta la cappella di Nostra Signora, e seguita infino alla Scala Santa, e quella di Settentrone incomincia da un'altro angolo, che fa la strada d'andare al palazzo d'Erode & tra l'arco, e dove s'incontro Christo con la sua diletta Madre, e seguita infino all'Antonia, è vero, che dal Palazzo di Pilato si passava a quest'arco & indi al Palazzo d'Erode, com'habbiamo anco per traditione..."17 ...mais sous la fenêtre, de laquelle Notre Seigneur était montré, il y a une dalle de marbre blanc, bien taillée et fixée dans le mur, sur laquelle est inscrit en belles et grandes lettres latines : Toile, Toile, crucifige eum. Je ne peux faire moins que de discourir un peu sur cet arc (...) A Trattato delle piante immagini de sacri edifizi di Terra Sancta disegnate in Jerusalemme, Florence, 1620, p. 25-26. Trad. angl. : E. Hoade, Plans of the Sacred Edifices of the Holy Land, Jérusalem, 1953.

15 propos de cela, j'indique que cet arc est distant d u palais de Pilate d'environ 90 pas à l'ouest, et l'Antonia est à l'est, distante de la cour évoquée de 80 pas, et ceux-ci se trouvent dans une rue droite (...) Je laisse au lecteur le soin de juger. Mais afin d'avoir une meilleure idée, regardons le dessin. Plus loin, Delfo met sur son plan le palais de Pilate au nord, attaché à l'arc, et l'Antonia au sud, apparemment aussi reliée au même arc. Mais le palais est au sud à la distance que j'ai indiquée plus haut. Que cet arc soit dans la cour et de très grande taille n'est pas possible, parce que cet arc est au-dessus de la rue, et s'appuie sur les m u r s de ladite rue, dont les murs sont hauts, minces et très anciens, sans aucune habitation sur l'un ou l'autre côté. Le m u r sud part de l'angle ouest, qui forme l'arc, sous lequel est la Chapelle de Notre Dame, et se poursuit aussi loin que la Scala Santa. Et celui du nord commence d ' u n autre angle, qui forme la rue menant au palais d'Hérode et se trouve entre l'arc et le lieu où le Christ a rencontré sa Mère aimée, et continue aussi loin que l'Antonia. Il est vrai que d u palais de Pilate on passait par cet arc sur le chemin du palais d'Hérode, comme nous le savons aussi par la tradition... F. Quaresmius fait partie avec B. Amico de ceux qui contestent les affirmations d'Adrichom. Ce franciscain occupa au sein de son ordre des charges importantes, celle notamment de custode des lieux saints. Son Elucedatio est le plus diffusé de ses nombreux ouvrages. Il contient une notice sur l'EH (chapitre IX) qui est la plus complète parmi celles écrites avant le siècle dernier. Quaresmius est le premier à évoquer l'ancienneté de l'édifice et le sens de l'inscription. Faisant suite à une partie descriptive où il situe l'arc et en signale l'inscription, est développée la discussion portant sur l'identification de l'arc avec le Xyste, où il cite Adrichom et Bonifacius. "...Quantum ad primum, locus iste est pons sive arcus elevatus supra viam crucis, qui duobus fulcitur mûris, altero, qui sinistram partem viae claudit, vel facit; altero, qui ad dexteram, sed ultra murum viae ; novo namque muro videtur partitus. Supra arcum est locus velut porticus, sed nunc sub dio ; ubi sunt duo minores arcus, sive unus magnus, fere inferiori sustentanti respondens, parva columna di visus ; qua velut duae fenestrae efformantur. Hinc est prospectus ad orientem et occidentem urbis, ad domum Pilati et portam judiciariam. Adscendimus ad eum ex domo proxima palatio Pilati, et sola via ab ilio sejuncta arcui proxima, imo ad eum spedante : distat ab aede Pilati quantum jacit arcus.(...) Lapides dolati, quadrati et albi, supra quos steterunt Pilatus et Christus, e veteri loco sublati fuere, et sumptibus et opera cujusdam guardiani sacri montis Sion, ne perderentur conculcarenturve, quod

16 indecens erat, quoniam supra steterunt pedes Domini, in altera parte et facie occidentali ejusdem arcus collocati fuere, in quibus illae solae litterae sculptae TOL. TO ; quae signa acclamationis judaeorum creduntur, qua, ut Pilatus morti crucis ilium adjudicaret, petierunt. Et est communis eorum qui de locis sanctis scripserunt observatio. Quidam rerum studiosus et curiosus peregrinus mihi dixit, se accurate lapides memoratos, cum solis radiis illustrarentur, contemplatum fuisse, et hasce litteras observasse, TO. C. X . , qui istis aliquem insignem virum significari, et vetustum aliquod monumentum esse suspicabatur ; magis tamen aliis consentiendum arbitrer. Posset etiam die has litteras, sensum non mutare, sed eumdem retinere, scilicet, Tolle, crucifige eum qui se dicit Christum. (...) Hie arcus, qui prae vetustate paene demolitus, creditur absque ullahaesitatione vetustissimum esse sanctae civitatis monumentum..." 18

Quant au premier, il s'agit d'un pont ou d'un arc élevé au-dessus du chemin de croix et étayé par deux murs, l'un qui ferme la partie gauche de la voie, l'autre est à droite. Mais au-delà du mur de la rue, il semble en effet que l'arc ait été divisé par un nouveau mur. Au-dessus de l'arc se trouve une sorte de portique mais maintenant il est à ciel ouvert ; on peut y voir deux arcs plus petits. Le grand, en face de l'autre, plus petit, est divisé par une petite colonne : ces deux arcs forment comme deux fenêtres. De là, on a vue sur l'est et l'ouest de la ville, sur la demeure de Pilate et la porte judiciaire. On y monte en passant par le palais de Pilate, tout proche, et par une unique voie qui s'en détache pour rejoindre l'arc tout proche. Il y a de la maison de Pilate à l'arc la distance d'un jet de flèche. Les pierres taillées, carrées et blanches sur lesquelles Pilate et le Christ se tinrent, ont été enlevées de leur ancien emplacement grâce à l'argent et l'appui d'un gardien de la sainte montagne de Sion, pour qu'elles ne disparaissent ou ne soient piétinées alors que les pieds du Seigneur les ont foulées ; elles ont été placées de l'autre côté, sur la façade occidentale de l'arc. Les seules lettres qui y ont été sculptées sont : TOL TO, souvenir, croit-on, des cris par lesquels les Juifs demandèrent à Pilate de le condamner à mort par crucifixion. Cette observation est commune à tous ceux qui ont écrit sur la terre sainte. Un pèlerin savant et scrupuleux m'a dit avoir contemplé attentivement ces pierres (qu'il se remémorait parce qu'elles étaient illuminées par les rayons du soleil) et observé les lettres TO.C.X. L'homme pensait qu'elles désignaient un homme illustre et qu'elles constituaient quelque monument antique : pour ma part, je suis d'un autre avis. Il se pourrait que ces lettres, loin de trahir le sens, le 18

Histórica 160.

théologien

et moralis Terrae

Sanctae

Elucidatio,

II, Venise, 1882, p.158-

17

condensent, comme ceci par exemple : TOlle Crucifige eum qui se dicit Xristum ("emmène-le, crucifie-le, celui qui se dit le Christ"). (...) Cet arc, qui au regard de son grand âge est presque intact, est considéré sans aucune hésitation comme le monument le plus ancien de la ville sainte. La relation du Père Horn est aussi celle d'un franciscain établi à Jérusalem où il vécut de 1724 à 1744. Son ouvrage est consacré essentiellement à la description des principaux monuments de la ville. Sa présentation de l'EH est contenue dans le chapitre sur la Via Dolorosa. "Ex amplius dicto Herodis quadrivio, paululum scilicet 51 pedibus progrediendo versus occidentem, pervenitur ad arcum 9 pedum longum, supra Viam Crucis elevatum 25 circiter pedibus, totidemque vel 17 per transversum hinc inde mûris domorum ei contiguarum innixum. Muro dextro superioribus annis adstructus est alius murus ab infidelibus ad ampliorem habitationem, qui sub arcu nunc protenditur, absque eo, quod illum de super attingat. Superius habet pergulam subdialem ex qua ad utramque plateae partem, videlicet ad occidentem per tria quadrata foramina, ad orientem vero per arcum minorem prospicitur, ubi stans Pilatus judex, ductum e Praetorio Jesum flagellis caesum, spinea corona redimitum, pallio indutum purpureo, consputum, aliisque contumeliis ac passionibus affectum Pontificibus, Scribis, Ministris ac universo populo judaico inferius in platea spedante ex opposito sui palatii, videntum exhibuit, dicens Ecce Homo : Joann., 19,5, ut sic afflicto afflictionem non adderent, sed compaterentur, et cognoscerent quia in eo non inveniebat causam... Superior arcus antea partiebatur in duas quasi fenestras in medio columnella marmorea fultas, quam cum anno 1630 quidam Sultani thesaurarius,Damasco Jerosolymam veniens, et hac transiens, elevatis oculis conspexisset, earn fore commodam exornando cuidam fano turcico, ratus, illieo inopinato super ipsos corruerit, indeque brachium unus, crus alter fregerit. Insuper albi dolati et quadrati lapides, super quos Christus et Pilatus, hic in dextera, ille in laeva parte steterunt, e veteri loco sublati fuere, hinc ne perderentur et conculcarentur, in posterorum memoriam sumptibus et opera cujusdam Guardiani S.Montis Sion in facie occidentali ejusdem arcus collocati fuere, in quorum alterutro pro tunc solum hae litterae sculptae cernuntur : TOL TO, caeteras tempus edax rerum absumpsit ; quae signa creduntur acclamationis Judaeorum dicentium :Tolle, tolle, crucifigeeum. Joan., 19, 15, quibus verbis Christum a Pilato morti Crucis adjudicandum petierunt. Anno 1725 idem arcus prae vetustate ruinae proximus erat, unde ne antiquissimum Viae Dolorosae monumentum corrueret, P. Jacobus de Luca, tunc temporis itidem Guardianus S.Montis Sion, eum utcumque restaurari

18 jussit, et claudi portam per quam prius ascendebatur ad pergulam ejus ex domo vicina palatio Pilati, et sola via Templi ab ilio sejuncta, ubi morantur Indiani monachi sectae Mahometanae, qui tum instructioni puerorum, tum hortulorum suorum culturae maxime quoad flores diligenter incumbunt. Visitanti mihi semel et iterum domum hanc (duabus candelulis prò munere porrectis) prope arcum ostenderunt locum testudineum, terra multa repletum, ubi Christum scholam aliquando servasse credebant." 19

Se dirigeant un peu en direction de l'ouest, c'est à dire 51 pieds à partir du carrefour d'Hérode déjà évoqué, on atteint un arc de 9 pieds de long, s'élevant à peu près 25 pieds au-dessus du Chemin de Croix, et reposant de chaque côté sur les murs des maisons attenantes qui sont de même hauteur ou bien 17 pieds plus hautes. Les années précédentes, au mur de droite, un autre mur a été ajouté par les incroyants à une demeure plus large, dont le mur maintenant se poursuit sous l'arc. Plus haut il a une dépendance ouverte aux cieux, de laquelle on peut regarder dehors de chaque côté de la rue, c'est-à-dire à l'ouest par trois ouvertures carrées, et à l'est à travers une plus petite arche où le juge Pilate se tenait et montrait Jésus (...) L'arc supérieur était auparavant divisé en deux fenêtres soutenues en leur milieu par une petite colonne de marbre. En 1630, un certain trésorier du Sultan est venu de Damas à Jérusalem et passant par là il a levé les yeux et l'a vue. Pensant qu'elle serait utile à décorer un sanctuaire turc, il a ordonné ça et là qu'elle soit enlevée par deux hommes(...). Plus loin, les pierres équarries blanches, sur lesquelles le Christ et Pilate se tenaient, le dernier sur la droite, le premier sur la gauche, ont été déplacées de leur ancien emplacement, et de crainte qu'elles ne soient perdues ou piétinées, pour la mémoire de la postérité, à la charge du Gardien du Saint Mont-Sion, elles ont été placées sur la façade ouest du même arc, sur lequel à présent ne peuvent qu'être vues ces lettres incisées : TOL TO (...); En 1725 l'arc était au bord de la ruine en raison de son âge ; afin que ce très ancien monument ne puisse s'effondrer, Fr. Jacques de Luca, qui à ce moment était le Gardien du Saint Mont-Sion, ordonna qu'il soit quelque peu restauré et que soit fermée la porte par laquelle on pouvait auparavant monter à la place ouverte depuis une maison proche du palais de Pilate et seulement séparée d'elle par la Voie du Temple ; à l'intérieur vivaient des moines indiens de religion musulmane (...) ils m'ont montré près de l'arc un endroit voûté, rempli de terre, où ils croyaient que le Christ pendant un temps a entretenu 19 Ichonographiae Monumentorum Terrae Sanctae (1724-44), Jérusalem, 1962, p.149-

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une école." Sa présentation contient peu d'informations nouvelles. Il rappelle ce qui avait déjà été noté par Anselme20, que les pierres blanches avaient été déplacées pour être intégrées à la façade occidentale du monument. Horn évoque de façon précise la restauration intervenue sur l'arc, dont témoigne aussi Joseph-Antoine de Milan. "Vient ensuite l'arc de l'Ecce Homo. Il y a peu d'années cet arc fut restauré parce qu'il menaçait ruine ; on s'est heurté à bien des difficultés parce qu'un Turc habitait dessus." 21

A partir du XVIIe siècle, on trouve quelques détails techniques concernant l'EH, comme ses dimensions. Sa longueur et sa hauteur sont indiquées par Horn. B. Surius en donne la hauteur, J. Goujon et J. Doubdan, la longueur, la hauteur et l'épaisseur. Le témoignage de ce dernier est intéressant par l'évocation de l'environnement de l'arc. "...Tous ceux qui décrivent cette place en parlent si diversement qu'on ne peut rien assurer de certain sinon qu'il semble que c'était autrefois une grande galerie couverte, soutenue de plusieurs grandes arcades, toutes de pierres de taille, sur chacune desquelles était une grande fenêtre faite en cintre du côté de l'Orient et du Palais de Pilate, et vers l'Occident elle était fermée par le haut d'un mur tout plein, sinon quelques petites fenêtres carrées, et peut avoir quelques huit ou dix pieds de largeur, qui est à mon avis tout ce qu'on en peut conjecturer. Ce qui en reste à présent est une de ces grandes arcades qui portaient la galerie, qui est la même qui traverse la rue, et au-dessus de laquelle est la même fenêtre par où Pilate montra Notre Seigneur, et selon qu'on peut conjecturer, elle n'avait point d'appui, et le pouvait voir aisément depuis les pieds jusqu'à la tête, ayant bien cinq ou six pieds de hauteur et autant de largeur (...) On voit par cette arcade que la rue était beaucoup plus large qu'elle n'est aujourd'hui, d'autant que le piédroit ou pilier qui la porte du côté du nord entre près du quart dans la maison qu'elle touche, et néanmoins elle ne laisse d'avoir encore près de deux toises et demi de largeur autant que la rue, neuf à dix pieds de profondeur et quelques vingt de hauteur. Elle n'est plus couverte c o m m e elle était anciennement, et se ruine beaucoup, faute d ' ê t r e entretenue..." 22

20 Terrae Sanctae descriptio. Hierusalem Urbis descriptio, Cracovie, 1519, p.40. 21 In Giudea e Galilea, 1764-78, dans B. Meistermann, Le Prétoire de Pilate, p.55. 22 p. Bienfait, éd., Le voyage de la Terre Sainte, Paris, 1661, p.186.

20 Le souci de précision perceptible chez ces auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles n'exclut pas les contradictions entre leurs textes. Ainsi, J. Doubdan nous informe en 1661 qu'auparavant se trouvait sur l'arc une petite colonne de marbre, ce que confirme E. Horn indiquant qu'en 1630 celle-ci avait été enlevée. Pourtant, en 1665, J. Thévenot 23 parle de cette colonnette de marbre comme si elle était en place, et B. Surius fait également allusion à la colonne24. Les renseignements que donnent ces auteurs sur les constructions entourant l'arc laissent clairement entrevoir que seule l'arcade centrale en était visible 25 . On apprend d'Amico et Horn que l'arcade repose sur les murs bordant la rue. Doubdan remarque que le piédroit nord est en partie engagé dans la maison attenante. Les indications données par J. Goujon vont dans le même sens26. Les termes employés par les auteurs des différentes époques pour désigner l'arc peuvent permettre de savoir ce qu'ils en voyaient, en même temps qu'ils traduisent leur perception du monument. Les mots revenant le plus souvent sont ceux d'arc et arche, souvent accompagnés des adjectifs vieux ou antique, et de la précision "enjambant la rue". Parmi les autres termes utilisés, se trouvent ceux de voûte, arcure, arceau, arcade, ce dernier étant fréquent dans les récits des XVIIe et XVIIIe siècles. D'autres formules sont employées par des auteurs isolés, telles qu'archivolte par G. Capodilista 27 , portail par un anonyme du XVe siècle28, arc triomphal par L. de Rochechouart 29 . Des expressions plus précises et témoignant de l'idée de leurs auteurs sur le rôle de l'arc apparaissent aux XVIIe et XVIIIe siècles. J. Doubdan évoque l'EH comme "une galerie haute soutenue d'arcades", Quaresmius parle d'un "arc ou pont" et l'abbé G. Mariti (1767) d'un "arc qui a la forme d'une porte"30. Le sens des termes portail et porte est large et peut faire référence à une construction plus développée que la simple arcade. On constate que ces mots sont rarement employés, au 23 L. Billaine, éd., Relation d'un voyage fait au Levant, Paris, 1665, p.397. 24 le pieux pèlerin ou voyage de Jérusalem, Bruxelles, 1666, p.441. 25 Les deux petites arches que mentionne Rauwolff ont été identifiées comme étant les arcades latérales. Il s'agit en fait de l'ouverture double de la galerie, ce qui est confirmé par l'évocation de la colonne de marbre. (PEFQSt 1909, p.212.) 26 " Cette arcade (...) soutenue des deux murailles de la rue...", Histoire et Voyage de la Terre Sainte, Lyon, 1671, p.184-185. 27 Réf. cit. note 3. 28 C. Schefer, éd., Le voyage en la Saincte Cyté de Hiérusalem en 1480, Paris, 1882, p.76. 29 "Exhinc, recta via sunt arcus triumphales...", "Journal de voyage à Jérusalem , 1461", Revue de l'Orient Latin l, Paris, 1893, p.242. 30 T. Laorty-Hadji, éd., Histoire de l'état présent de Jérusalem, Paris, 1853, p.100-102.

21 profit de ceux qui désignent le monument comme une simple arche s'élevant au-dessus de la rue. Documents

figurés

Les relations et guides de pèlerinages intègrent parfois, et ce à partir du XVe siècle, une documentation iconographique. Les descriptions de Jérusalem s'accompagnent de plans de la ville présentant les lieux saints chrétiens. Les figures ayant généralement été très largement reproduites, il est parfois difficile d'en connaître l'auteur ou de déterminer dans quel ouvrage elles ont été pour la première fois publiées. Nous avons réuni une quinzaine de plans ou vues dessinées de Jérusalem sur lesquels apparaît l'EH. Ces illustrations ont été réalisées au XVIe siècle principalement. Deux au moins sont plus anciennes et sont datées de la fin du XVe. L'idée de l'ouverture double sur la partie haute de l'arc est généralement présente, mais traitée de manières diverses. Sur deux illustrations, l'arc présente un aspect très éloigné de l'ensemble des représentations. L'une, réalisée en 1572 par l'artiste flamand F. Hoghenberg, est reproduite dans l'ouvrage de J. Le Saige (pl.1/1). L'arc est dessiné comme un monument de type occidental, avec un ordre de pilastres et un toit en pentes. La deuxième est l'oeuvre d'Adrichom (pl.1/2). L'arc y est représenté sous la forme d'un viaduc, avec de hautes arches et sans étage. La diversité des représentations résulte du fait que certains dessins ont été réalisés par des artistes n'ayant pas vu les monuments représentés. Ainsi en est-il d'Adrichom, qui ne s'est pas rendu à Jérusalem et dont le plan a été très largement diffusé. Par ailleurs la réalisation de ces plans ou vues s'accompagnait d'un souci narratif et non d'une volonté de précision descriptive. Quelques auteurs se sont attachés à reproduire ou à faire reproduire certaines parties de la Via Dolorosa. L'EH apparaît sur ces représentations, comme celle d'Amico (pl.2/1) qui inclut sur le même dessin le lieu de la rencontre avec Marie. A une époque tardive, parallèlement aux descriptions écrites qui deviennent plus fournies, l'arc est l'objet de représentations détaillées : celle attribuée à Rochetta mais qui serait plus ancienne (pl.3/1) et celle de Horn (pl.2/2). Cet auteur est le seul à avoir présenté les deux faces du monument. Ses dessins, très précis, sont accompagnés de renvois au texte. Cette seconde série d'illustrations est l'oeuvre d'auteurs ayant vu le monument et s'étant efforcés de le reproduire avec une certaine précision. L'observation de ces dessins rapprochés de l'EH permet de préciser certains points. Seul le dessin d'Amico se présente comme une reconstitution. Ayant replacé la scène de la présentation sur le monument, il a du

22 "reconstruire" celui-ci. Sa représentation de la galerie est très précise. Il s'agit d'un passage limité par des murs pleins et s'ouvrant en façade par une ouverture double marquée de colonnes. Cet étage est couronné de créneaux. Il est supporté par une corniche. Du côté nord, l'extrémité de l'arc est visible. Le piédroit du côté sud est inclus dans le mur. L'arcade est reproduite comme un arc surbaissé. Une seule pierre apparaît encastrée au-dessus de l'arcade, portant l'inscription latine complète. Le dessin de Rochetta a probablement été réalisé à la fin du XVIe siècle. De la présence de la Scala Santa, on peut penser qu'il nous livre la façade est de l'arc, ce qui est confirmé par le rapprochement avec les dessins de Horn. L'ouverture double y est visible mais elle apparaît comme murée. Son aspect est tout à fait proche de celui du dessin précédent. Sur la gravure de Doubdan (pl.3/2), de 1657, l'étage est en ruines. Le dessin, très sommaire, n'offre pas d'autre détail de la construction. La partie inférieure de l'étage est représentée sur les dessins de Horn exécutés plus tardivement, au XVIIIe siècle. Le départ des deux ouvertures voûtées subsiste. De l'autre côté est indiquée l'existence de trois petites ouvertures carrées. Sur ce même côté ouest sont présentées les deux grandes pierres, dont l'une porte le début de l'inscription. La fenêtre double est présente aussi sur le plus ancien de ces dessins, celui de J. Zuallard (pl.3/3), réalisé à la fin du XVIe siècle, sur lequel le couronnement de l'édifice est irrégulier, suggérant que cette partie était ruinée. La gravure de Zuallard a souvent été reproduite, parfois en étant légèrement transformée. L'imprécision des données écrites et des dessins et les contradictions entre les renseignements fournis limitent l'usage que l'on peut faire de cette documentation ancienne. Elle constitue néanmoins un apport précieux pour connaître les transformations intervenues sur le monument et envisager la restitution de ses parties manquantes. Elle permet par ailleurs de retracer l'historique des argumentations développées autour de l'arc. Découverte de l'arcade septentrionale et travaux des XIXe et XXe siècles Le XIXe siècle voit se maintenir la tradition évangélique attachée à l'arc. Cette tradition est développée par quelques auteurs, et le rôle de l'arc précisé. Sa galerie correspondrait pour certains à la tribune dont il

23 est question dans les Evangiles31. Parallèlement, un intérêt plus scientifique est porté au monument par les archéologues et historiens occidentaux à partir du milieu du siècle. Cet intérêt est lié à la découverte de son arcade latérale nord. L'arcade centrale était à cette période masquée par un plâtrage, oeuvre des derviches indiens qui occupaient un bâtiment situé dans le prolongement sud de l'arc. Une construction avait été aménagée par eux au-dessus de cette arcade. F. de Saulcy rapporte que lorsqu'il vit l'arc pour la première fois, le crépi qui le recouvrait le faisait paraître ogival32. Quelque temps après, en 1852, le plâtrage disparaît partiellement à la suite de l'effondrement d'un mur, tandis que le piédroit médian apparaît au jour. Fin 1857, la Congrégation de Notre-Dame de Sion fait l'acquisition de la portion de terrain où se trouvaient les supposées ruines du Prétoire. L'arcade septentrionale de l'arc est découverte, enfouie sous les détritus, et dégagée. E. Pierotti, qui en a revendiqué la découverte, a pu observer les fondations de l'arcade latérale33. Sous cette arcade avait été aménagée une citerne, visible sur les documents de l'époque. En 1859 sont entrepris les travaux de construction du couvent sous le contrôle de l'architecte C. Mauss, accompagnés des premières fouilles amenant à découvrir la piscine double. La partie de l'arc mise au jour ainsi que l'extrémité nord de l'arche centrale sont intégrées dans le choeur de la chapelle. L'arcade centrale fait l'objet en 1871 d'une intervention de C. Clermont-Ganneau qui dégage ses archivoltes de la couche de mortier qui les masquaient. C. Warren et C. Wilson poursuivent à la même époque l'exploration de la citerne qu'ils identifient comme étant le Strouthion. L'arc est publié en 1914 par L-H. Vincent34. Celui-ci participe aux fouilles menées sur le site de 1927 à 1932 qui permettent de dégager le dallage et les salles environnantes, et donnent lieu à deux publications35. 31 Parmi lesquels l'auteur (Mauss ?)de l'article paru dans le bulletin n°16 des Annales de la Mission de Notre-Dame de Sion, mars 1881, p.18-25, qui précise que la scène de la Présentation n'a pu se dérouler sur l'arc central, trop élevé, mais sur la tribune supportée par l'arcade latérale nord. Cet auteur considère la corniche en place au-dessus de cet arc comme un vestige du "balcon d'une loge ouverte". 32 Jérusalem, Paris, 1882, p.304. L'auteur ici se réfère à son premier voyage accompli en 1850. Il publiera quelques années après la découverte de la portion latérale un article sur le monument : "L'arc de l'Ecce Homo", RA1861, p.185-190. 33 Jerusalem Explored, being a Description of the Ancient and Modem City, I, Londres, 1864,p.60, et Macpëa ou tombeau des Patriarches à Hébron, Lausanne, 1869, p.132, note 3. 34 JN, p.24-30. 35 "L'Antonia et le Prétoire", RB 42, 1933, p.83-113 ; M. Marie-Godeleine, Le Lithostrotos, Jérusalem, 1933.

24 Une deuxième campagne de fouilles se déroule dans les années 1934-37 ayant pour objectif le déblaiement de la piscine double. Elle est suivie de la publication complète des vestiges ainsi que des fragments architecturaux et objets retrouvés dans les fouilles36. Sur le site de la Flagellation, des travaux de déblaiement sont entrepris dès le milieu du siècle dernier, mettant au jour principalement une partie de la piscine double et du dallage qui la surmonte, des citernes et des massifs rocheux. Les relevés réalisés par les pères franciscains et le matériel découvert feront l'objet d'une publication37. Dernières étapes dans la prospection archéologique de la zone, en 1966 un sondage est ouvert au pied de la pile nord de l'arc, permettant d'observer ses fondations, et en 1984, D. Bahat examine le remplissage sur lequel reposent les dalles du Lithostrotos38. L'archéologue a également corrigé la datation de certains des vestiges et des objets du couvent. Les années 1960-80 voient paraître un certain nombre d'articles consacrés aux vestiges de la zone regardée comme celle de l'Antonia. Les théories anciennes concernant la localisation de la forteresse sont critiquées tandis que de nouvelles interprétations des données sont proposées. En dehors de celle, déjà ancienne, qui lui a été consacrée par L-H. Vincent, l'arc de l'EH n'a pas fait l'objet d'étude détaillée. A la suite du sondage creusé à sa base, des précisions ont été apportées sur la question de sa relation avec le dallage39. Les conclusions présentées par L.-H. Vincent relatives à la date de construction et au rôle de l'arc ayant généralement été admises, on ne note pas de nouvelle publication jusqu'à la parution de l'article de Y. Blomme en 197940. Cet auteur, motivé par la datation et la destination nouvelles qu'il propose pour l'arc, critique et précise la description de L.-H. Vincent. Documents iconographiques Les gravures, photographies et relevés exécutés dans le courant du siècle dernier et au début de celui-ci constituent une documentation privilégiée. Ils permettent de connaître l'état du monument à différentes 36 JAT, p.196-216 et Forteresse. 37 B. Bagatti, "Resti romani nell'area della Flagellazione in Gerusalemme", LA 8, 1958, n.309-352, et "Restes romains du couvent de la Flagellation" dans Recherches sur le site du Temple de Jérusalem, Jérusalem, 1979, p.43-72. 38 Le rapport de cette fouille n'a à ce jour pas été publié. 39 Communication de H.-M. Coiiasnon dans la "Chronique archéologique", RB 73,1966, p .573-74. 40 "Faut-il revenir sur la datation de l'arc de 1' "Ecce Homo" ? ", RB 86, 1979, p.244-271.

25 périodes, et rendent possible l'observation de certaines parties s'étant depuis lors altérées ou ayant fait l'objet de transformations. Des gravures ont été effectuées avant le dégagement de la partie latérale. Elles présentent l'arcade centrale et les constructions la surmontant. Elles sont datées des armées 1830-1850 et sont l'oeuvre de voyageurs occidentaux 41 . Deux photographies ont été prises par A. Salzmartn peu avant le dégagement de l'arcade nord. Elles sont datées de 1856. L'une montre la partie alors visible du piédroit médian 42 . Au moment de la construction du sanctuaire, c'est-à-dire postérieurement au dégagement de l'arcade septentrionale, plusieurs dessins et photographies ont été réalisés. Parmi ces documents, la photographie de C. Wilson43 (pl.4/1) et la lithographie exécutée d'après une photographie, reproduite pour la première fois par E. Pierotti44 (pl.4/2). De la même période date l'aquarelle anonyme appartenant aux collections du couvent45. On dispose par ailleurs de coupes et relevés d'ensemble ou de détail de l'arc. Les plus anciens ont été effectués avant le dégagement de l'arcade latérale. Ils sont l'oeuvre de J.-H. Michon46. Les autres relevés sont postérieurs à la découverte de l'arcade nord. Une coupe transversale de la Via Dolorosa intégrant l'arc et l'élévation de la façade occidentale de celui-ci, ont été réalisés par l'architecte du couvent des Soeurs de Sion, C.Mauss47. M. de Vogue est l'auteur d'un dessin48. Ces figures sont schématiques et assez fantaisistes. C'est à L.-H. Vincent que l'on doit les premiers véritables relevés. Le chapitre de Jérusalem Nouvelle

consacré à

l'EH est illustré de cinq figures : la modénature des arcades (Fig. 9), un plan au sol (Fig. 11), une coupe de la baie septentrionale de l'arc (Fig.7), 41 Entre autres, celle de W.-H. Bartlett dans H. Stebbing, The Christians in Palestine, Londres, 1847, p.148 et celle de G. Williams, The Holy City, II, Londres, 1849, p.526. 42 Les deux photographies ont illustré l'ouvrage de Salzmann, Jérusalem : Etude et reproduction photographiée des monuments de la ville sainte depuis l'époque Judaïque jusqu'à nos jours, Paris, 1856. La première est reproduite dans E. Schiller, The First Photographs ofjerusalem, I : the Old City, Jérusalem, 1980, pl. 109 ; la seconde dans Félix de Saulcy (1807-1880) et la Terre Sainte, Paris, 1982, p.155, n°180. 43 Ordnance Survey, Londres, 1865, pl.27b. 44 Jérusalem Explored, II, pl.XIII. La photographie est attribuée à O. von Ostheim ar N. Perez qui la reproduit en pl.223 de Focus East (Early photographs in the Near ast 1839-85), Jérusalem, 1988. 45 Reproduite dans JN, fig.5. Elle est généralement datée de 1858 mais est plus récente puisque les restaurations intervenues sur l'arc y sont visibles. 46 F. de Saulcy,Voyage autour de la mer morte et dans les terres bibliques, II,Atlas, Paris,1853, pl. II. Sur cette planche sont reproduits l'élévation de la façade ouest de l'arc, le plan au sol et le profil de l'archivolte.

f

Publiés dans La piscine de Bethesda, Paris, 1888, fig.47. Ils sont datés de 1858. 48 Le Temple de Jérusalem, Paris, 1864, fig.55. 47

26 l'inscription de l'arcade centrale (Fig. 12), l'élévation de la partie septentrionale (Fig. 8) 49 . Un relevé coté de la zone du Lithostrotos, ainsi qu'une coupe et un relevé de la façade de l'arc ont été réalisés par Y. Blomme et E. Nodet 50 . Date et fonction présumées Avant le XIXe siècle Jusqu'au siècle dernier, la question de la date et du rôle de l'arc n'est qu'exceptionnellement abordée dans les écrits des pèlerins. L. de Rochechouart et G. Lengherrand sont les seuls, au XVe siècle, à donner une indication de date suggérant que l'arc fut construit par sainte HélèneSi. A partir du XVIe siècle, époque à laquelle la galerie est envisagée comme le lieu de la présentation de Jésus, un lien est établi entre ce monument et les lieux en rapport avec la condamnation : palais de Pilate, palais d'Hérode, forteresse Antonia. L'arc a parfois été regardé comme un élément de la maison de Pilate ou comme un pont reliant cette même maison à d'autres édifices, explication fournie par Amico. Avant lui, dans la deuxième moitié du XVIe siècle, Greffin-Affagartsz et Adrichom avaient retenu cette idée de galerie ou passerelle reliant la maison de Pilate au prétoire. L'idée d'Adrichom est traduite sur son plan de Jérusalem (pl.1/2). L'ouvrage du prêtre allemand ayant été très 49 Ce relevé présente un certain nombre d'inexactitudes. Certaines ont été notées par Y. Blomme ("Faut-il revenir sur la datation de l'arc de 1' "Ecce Homo" ? ", RB 86,1979, p. 247) : le positionnement de la corniche et son développement sur trois blocs au lieu de deux, et la situation du bloc portant l'inscription. On peut remarquer d'autres erreurs de détail.Le tracé de l'extrados des arcs et l'apparence de la niche ne sont pas rendus de manière conforme. L'assise du cul de four de la niche est sur sa représentation constituée de deux blocs. Le joint qui est reproduit entre deux blocs est en réalité une fissure dans le bloc unique. Vincent restitue une assise au-dessus de la corniche moulurée alors que celle-ci, absente dans la réalité, ne figure pas dans sa proposition de reconstitution. Les moulurations ne sont pas rendues de manière fidèle. Les archivoltes sont reproduites avec des fasces de largeur presque égale, ce qui n'est en fait pas le cas. L'imposte du grand arc présente ,à l'intérieur de l'arc, un profil régulier, alors que le bloc dégradé ne présente qu'une partie de sa mouluration. Quant à l'arc latéral, son imposte gauche en façade est elle aussi altérée et ne laisse pas voir sa terminaison en oblique, pourtant figurée sur le relevé. 50 Ces relevés n'ont pas été publiés. Ils nous ont été communiqués par E. Nodet que nous remercions. Nous reproduisons en pl.ll le relevé du dallage. 51 "...quos beata Helena fecit erigi..." dans "Journal de voyage à Jérusalem" , Revue de l'Orient Latin 1, Paris 1893, p.242 ; "...lequel fit faire Ste Hélainne..." dans Voyage de G. Lengherrand, 1485-1486, éd. Marquis de Godefroy Ménilglaise, Mons, 1864, p.119. 52 Cité par Vincent (JN, p.582) : "Plus loing ung peu est le prétoire de Pillate et aussi sa maison en laquelle Jésus fut flagellé et couronné d'épines. (...) qu'on povoyt aller de l'une à 1 autre par dessus une arche de pierre qui traversoyt la rue, faicte en manière de gallerye."

27 largement diffusé, son interprétation s'est généralement imposée. Quaresmius, qui a réfuté cette identification, a conservé l'idée d'un élément de la maison de Pilate. J. Goujon, au XVIIe, retenant l'idée de la tribune d'où Jésus aurait été présenté à la foule, emploie le terme de dinan correspondant à la réalité de l'architecture de son époque. Parallèlement aux représentations mettant l'arc en lien direct avec le palais de Pilate, un certain nombre de dessins montrent l'arc isolé et bien dissocié des résidences de Pilate et d'Hérode. Aux XIXe et XXe siècles La relation entrevue par certains pèlerins entre l'EH et l'Antonia est développée par B. Meistermann qui fait de l'arc la porte d'entrée de la forteresse. Sa démonstration a depuis longtemps été remise en cause mais on peut retenir les comparaisons pertinentes qu'il a établies avec certaines portes municipales comme celle de Pompéi, et les portes d'entrée des camps prétoriens53. Le caractère militaire de l'EH avait déjà été noté par D. Zanecchia pour qui l'arc aurait été construit par la Dixième légion54. G. Dalman, lui, y voit la porte du prétoire d'Aelia Capitolina, c'est-à-dire la résidence du gouverneur à l'époque romaine55. Les considérations émises à propos de l'arc ont pendant longtemps été liées à la question de la localisation du prétoire à l'Antonia. Dans un premier temps intégré dans la restitution de celle-ci, il en a ensuite été exclu et s'est vu alors assigner une date de construction postérieure. Y. Blomme a rappelé comment la thèse de L.-H. Vincent s'était imposée56. Elle est pleinement adoptée par M.-A. de Sion qui la défend dans son ouvrage. La datation de l'arc au temps d'Hadrien soutenue par Vincent et le rôle que celui-ci lui assigne dans la cité d'Aelia Capitolina dont il aurait constitué la porte orientale, ont été généralement acceptés jusqu'à la parution de l'article d' Y. Blomme57. Retenant une datation hadrianique, C. Maurer envisage deux périodes de construction, la première s'inscrivant dans le projet d'aménagement de la colonie par Hadrien, et la seconde voyant l'achèvement du monument après la Deuxième Révolte58. Une tentative 53 Le Prétoire de Pilate, p. 36-39 et Guide de Terre Sainte, Paris, 1936, p.156-157, où il fait un rapprochement avec l'entrée du camp de Lambèse. 54 La Palestine d'aujourd'hui. Ses sanctuaires, ses localités bibliques et historiques, I, Paris, 1899, p.358. 55 "Oi e via dolorosa in Jerusalem", Palàstinajahrbuch 2,1906, p.15-26, spéc. p.22. 56 RB 86,1979, p.244-246. 57 Vincent reprend en fait une hypothèse émise par J. Germer-Durand, "Topographie de Jérusalem, II : Depuis Hadrien jusqu'au XVe siècle", Echos d'Orient 7,1904, p.65-75, spéc. p.68. 58 "Der Strutionteich und die Burg Antonia", ZDPV 80, 1964, p.137-149, spéc. p.147.

28 isolée est celle de J. Jotham-Rotschild, qui a identifié l'EH avec le Trikamaron et l'a inclu dans sa restitution de la ville au milieu du Ille siècle59. La datation hadrianique n'est pas nouvelle. On peut même dire qu'un consensus existe déjà au siècle dernier. Les auteurs s'exprimant alors rejettent l'idée d'un monument contemporain de la Passion. F. de Saulcy, l'acceptant dans un premier temps, l'écartera après observation des vestiges60. D'autres, comme V. Guérin, tout en conservant la tradition qui met l'arc en liaison avec le prétoire de Pilate, envisage qu'il ait été l'objet d'une reconstruction sous Hadrien ou Constantin 61 . C. ClermontGanneau a imaginé un arc triomphal construit par Hadrien pour commémorer la victoire romaine lors de la révolte de Bar-Kokhba62. Le règne d'Hadrien avait déjà été proposé au XVIIIe siècle par l'Abbé Mariti, qui le retenait comme période de construction la plus ancienne63. Des datations nettement plus basses sont parfois admises. E. Pierotti hésite entre Hadrien et Justinien64. C'est aussi une date tardive, le IVe siècle, qui est retenue par M. de Vogiie, le premier à prendre en compte des caractères stylistiques comme le profil des moulures65. La troisième perspective apparue, la plus récente, est celle d'Y. Blomme 6 6 . Reprenant à son compte les observations des savants allemands de la première moitié du siècle incitant, d'après des critères stylistiques, à reculer la datation de l'arc, il adopte la proposition de H. Kähler67 de la placer au temps d'Hérode Agrippa I. Les parallèles retenus l'amènent non seulement à revoir l'âge de l'arc mais aussi sa fonction. La théorie qu'il élabore fait de l'EH une porte du rempart édifié par Agrippa, le "troisième mur" évoqué par Flavius Josèphe. Son argumentation repose principalement sur les similitudes présentées, dans 59 M. Avi-Yonah et al., Jerusalem, The Saga ofthe Holy City, Jérusalem, 1954, pl.21. Le trikamaron est un édifice public mentionné dans le Chronicon Paschale (éd. Dindorf, I), qui aurait orné Aelia Capitolina. 60 Voir essentiellement Voyage en Terre Sainte, 1851, I ,Paris, 1862-65, p.112 et Carnets de voyages en Orient (1845-1869), Paris, 1955, p.135. 61 La Terre Sainte. Jérusalem et le nord de la Judée, Paris,1897, p.114-115. V. Guérin voit dans l'arc la "porte de l'atrium du prétoire". 62 SWP, Jerusalem, p.295. On peut citer également l'appréciation de C. Schick qui pense à un arc triomphal élevé en l'honneur d'Hadrien : "Die Baugeschischte der Stadt Jerusalem in kurzen Umrissen von den ältesten Zeiten bis auf die Gegenwart dargestellt", ZDPV17,1894, p.165-179, voir p.168. 63 T.Laorty-Hadji, éd., Histoire de l'état présent de Jérusalem, Paris,1853, p.102. 64 Macpéla ou tombeau des Patriarches à Hébron, Lausanne,1869, p.132. 65 Le Temple de Jérusalem, p.125. 66 RB 86,1979, p.244-271. 67 "Triumphbogen (Ehrenbogen)", Paulys-Real-Encyclopedia, vol.VII A 1, Stuttgart, 1939, col.461.

29 l'ordonnance générale, entre l'EH et les portes augustéennes. L'arc étant considéré comme une porte de ville, l'auteur l'envisage dans son contexte, apportant une nouvelle interprétation des données concernant la question du rapport de l'arc avec le Lithostrotos et avec la piscine du Strouthion. Notons qu'une hypothèse très proche avait été émise aussi tôt que le milieu du XIXe siècle par E. Robinson. Celui-ci restituait l'arc dans un mur suivant le même tracé que celui proposé par Blomme mais qu'il considérait avoir été le deuxième mur68. La thèse d'Y. Blomme, à laquelle s'est rallié notamment P. Benoit, a soulevé des critiques formulées par S. Loffreda 69 et par E.-M. Laperrousaz70, et n'a pas supplanté la traditionnelle datation hadrianique.

68 Later Biblical Researches in Palestine and the Adjacent Regions : a Journal of Travels in the Year 1852, Londres,1856, p. 191 et 220. 69 "Resti archeologici nell'area della Flagellazione in Gerusalemme", LA 35,1985, p.313-326, en partie, p.323 note 16. 70 "Bulletin de la Société Ernest Renan, IV : A propos de 1' "Arc de 1' Ecce Homo" et du "Troisième mur" de Jérusalem", Revue de l'Histoire des Religions, 1981, p.123124.

30 1.2 Description Etat actuel du monument La partie septentrionale de l'arc est intégrée dans la chapelle du couvent de l'Ecce Homo tandis que son arche principale enjambe la rue. Restaurations D'amples restaurations sont intervenues sur l'arcade latérale lorsqu' elle fut intégrée à la chapelle du couvent, comme on peut l'observer à partir des gravures et photographies exécutées au moment des travaux. Le fait est confirmé par le Duc de Luynes, présent à ce moment et écrivant même que "l'arc a disparu sous les restaurations"71. Ainsi, les voussoirs de l'arche nord ont été replacés et cimentés. Un tenon de métal a même été placé du côté est. Des blocs du piédroit septentrional ont été remplacés. La gravure publiée dans l'ouvrage d'E. Pierotti (pl.4/2) laisse clairement apparaître les restaurations qui ont été réalisées sur cette partie. Un bloc était manquant, celui placé immédiatement à gauche de la corniche. Cette assise et celle qu'elle surmonte ne présentaient pas l'aspect qu'elles offrent actuellement. Les traces de ciment y sont d'ailleurs abondantes. Sur ce même piédroit, de petites pierres ont été placées pour combler les espaces séparant des blocs entre eux et créés par leur déplacement. Sur le piédroit médian, la partie manquant sous la niche a été maçonnée. Par ailleurs, on observe sur la gravure de Pierotti que sur les derniers voussoirs du côté nord de la petite arche, la mouluration était interrompue72. L'importante restauration intervenue au siècle dernier n'a affecté que le parement de l'arc, il n'y a pas eu de modification de sa structure. Deux types de ciment sont visibles, employés partout sur le monument. Ce ciment moderne comble les espaces vides au niveau des joints mais seulement en façade. La mouluration de l'intérieur de la niche est visible sur les documents iconographiques du siècle dernier. Elle est évoquée par F. de Saulcy et plus tardivement par M.-A. de Sion73. Il faut en conséquence admettre que c'est récemment que cette partie s'est dégradée. Le parement de l'édifice est partout assez altéré et des blocs 71 Voyage d'exploration à la mer morte, à Petra et sur la rive gauche du Jourdain, Paris, 1874, p.73. 72 II semble que la photographie d'après laquelle a été exécutée la lithographie ait été retouchée avant son execution. En effet, sur celle-ci, l'imposte du grand arc résente une projection très importante, qui n'existaitpas dans la réalité comme atteste la photographie rapprochée d'A. Salzmann. Ceci a d'ailleurs été corrigé par une tâche brune aposée à l'endroit de la saillie, avant la reproduction de la gravure dans Le Lithostrotos, Jérusalem, 1933, fig.7. 73 RA 3,1861, p.187 ; Forteresse, p.37.

F

31 présentent des encoches importantes comme ceux qui composent les montants de la petite arcade, entaillés dans leur partie inférieure. Sur plusieurs blocs, de petites cavités sont visibles, qui pour certaines sont le fait de dégradations intervenues postérieurement à la construction. Cependant, sur deux blocs en tous cas, elles semblent correspondre à des entailles de pinces ou des logements de tenons de scellement. Il est rare que ce type de marques subsiste sur les parties apparentes des monuments à valeur décorative. La face présentant ces trous est à priori le lit d'attente des blocs. Ces pierres, si elles ont été placées de cette façon à l'origine, témoignent d'une construction peu soignée. Dans le cas contraire, leur présence résulterait d'une restauration ancienne, en tous cas réalisée avant le dégagement du piédroit nord. En ce qui concerne les interventions anciennes, quelques indications sont fournies par des pèlerins. Surius signale que "les chrétiens" pouvaient entretenir l'arc 74 . Horn fait état du déplacement des deux pierres blanches, consécutif à la destruction de la galerie en 1630. On peut penser que cette intervention s'accompagna de remaniements dans la mesure où les blocs furent transférés de la façade est à celle de l'ouest. L'intégration même de ces pierres à l'édifice, survenue au XlVe siècle, a dû occasionner des dégâts dans sa partie haute. Horn rapporte aussi qu'en 1725, étant sur le point de s'effondrer, l'arc dut être restauré. Toujours au XVIIIe siècle, J.-A. de Milan mentionne des réparations. Il est fait état encore d'une restauration au début du XIXe siècle. L'arcade aurait été au même moment badigeonnée de chaux75. Façade est La partie visible de l'arc est la façade occidentale. La face opposée est, dans sa partie septentrionale, intégrée et masquée par les constructions du couvent 76 . Seules en sont visibles l'archivolte de l'arc et une partie du piédroit externe (pl.10/2). L'archivolte était moulurée, les voussoirs supérieurs conservant des traces du listel qui les ornaient. Un plâtrage moderne dissimule la partie supérieure des claveaux, recouvrant la maçonnerie jusqu'à l'extrados de l'arc. Les blocs d'imposte, eux, n'offrent en façade aucune trace de mouluration. Nous verrons plus loin qu'à l'intérieur des passages, les blocs constituant la partie orientale des assises d'impostes ne sont pas moulurés. Un mur de maçonnerie apparaissant à l'extérieur de la chapelle est composé d'assises très remaniées de l'arc. Un bloc de ce mur est le sommier de l'arc central. le pieux pèlerin ou voyage de Jérusalem, Bruxelles, 1666, p.441. 75 Selon E. Robinson, Later Biblical Researches, p. 172, qui se réfère à Berggren, Reise III, 1821, p.35. 76 H faut noter qu'aucune description n'a été donnée de cette façade.

32 L'archivolte orientale de l'arc central offre un état de conservation supérieur à celui de la face opposée. Le profil en est identique. Il est assez rare sur ce type de monument que les deux façades principales ne soient pas semblables dans leur structure et leur décoration. Quelques cas peuvent être cités, comme celui de l'arc de Pétra où les colonnes sont libres sur la façade extérieure, engagées sur la face intérieure, ou de façon plus évidente encore, celui des arcs doubles, dont une seule des faces est visible, donc ornée. On peut supposer que l'EH n'était pas doublé puisque les archivoltes sont décorées sur les deux faces. Arcade sud A partir du moment où l'arcade latérale nord de l'EH fut découverte, des tentatives furent faites pour découvrir la seconde arche latérale. On peut aujourd'hui affirmer qu'il ne subsiste rien de l'arc au sud de sa grande arcade, au-delà du mur qui la limite de ce côté. Les religieuses du couvent de l'Ecce Homo témoignent de travaux importants réalisés il y a quelques années par les propriétaires de la boutique adjacente, qui auraient pu être à l'origine de cette démolition. Il est impossible de savoir à quel moment les vestiges de cette partie de l'arc ont été détruits. Les témoignages antérieurs ne s'accordent pas à propos de ce qui subsistait de la partie sud de l'arc. M.-A. de Sion écrit en 1955 : "le peu qui reste (...) est empâté dans un mur moderne. La baie, élargie et prolongée, constitue la voûte d'une petite salle de prières"77. Cependant, le dessin de L.-H. Vincent réalisé antérieurement ne laisse rien apparaître de cette baie 78 . Les auteurs des descriptions plus anciennes semblent avoir déjà constaté sa disparition. M.-A. Ratisbonne note : "le second arc latéral n'existe plus" 79 , tandis qu'un peu plus tard, V. Guérin signale un seul bloc lui appartenant 80 . Il faut rappeler que pendant toute cette époque, cette portion de terrain était la propriété d'une dervircherie et que les conditions d'approche des vestiges étaient difficiles. L'extrémité visible de l'arc du côté méridional est aujourd'hui constituée par la face intérieure du piédroit médian intégré au mur de la rue. Sous le crépi qui recouvre celui-ci, une étroite partie de la maçonnerie du piédroit se laisse voir, comprenant l'imposte.

77 Forteresse, p.36, note 21. 78 JN, fig.8. 79 Le T.R. Père Marie-Alphonse Ratisbonne et la Mission de Notre Dame de Sion en Terre Sainte, Paris, 1931, p.20. 80 Jérusalem, son histoire, sa description, ses établissements religieux, Paris, 1889, p.299.

33

Extrémité de l'arc Quelques blocs appartenant à l'extrémité septentrionale de l'arc sont visibles par une ouverture aménagée dans la cour bordant la chapelle de l'Ecce Homo. Une pierre est manquante. L'observation permet d'indiquer que la hauteur et la nature des blocs sont identiques à ceux qui composent la façade ouest de l'arc, et qu'aucune mouluration ne se trouve sur cette partie. Les blocs présentent leur face longue et non leur extrémité, ce qui pourrait indiquer qu'on ait là la façade latérale nord de l'édifice, et donc bien son extrémité. Structure et aspect Le matériau utilisé pour le parement de l'arc est une pierre assez poreuse et hétérogène. La technique mise en oeuvre est le moyen appareil. L'appareillage présente une certaine irrégularité, due à l'agencement des blocs de formes et de tailles inégales. Ainsi les lits ne se correspondent pas entre les piédroits encadrant la petite baie conservée. La position des joints verticaux est parfois inharmonieuse. Les mesures font néanmoins apparaître qu'à l'origine les blocs devaient permettre de constituer des assises régulières, puisque la plupart ont une hauteur variant de 0,57 à 0,60 mètres. On peut reconnaître l'emploi probable à l'origine du pied romain comme unité de mesure, car la hauteur des assises était égale sensiblement à deux fois la hauteur du pied romain standard qui est de 0,296 m. La longueur de certains blocs peut être très importante. Plusieurs dépassent 1,10 m. La pierre creusée du cul de four de la niche atteint même près de 1,90 m. Le parement des blocs est plus ou moins lisse. On peut observer sur certaines surfaces le parement brettelé obtenu avec un outil à dents. Les pierres devaient être assemblées à joint sec mais un peu partout un ciment moderne est visible. Il n'est pas possible de déterminer quel était le type de joint employé à l'origine. En surface, la pierre est en certains endroits très altérée, notamment à l'intérieur de la niche. Les pierres ne sont pas parfaitemement équarries. Ce parement de pierre limite probablement un blocage, mais il n'a jamais été observé et l'on ne peut dire de quoi il se compose. Plusieurs raisons peuvent expliquer l'aspect général peu soigné du monument. Celle qu'avance M.-J. Ollivier, que la pierre aurait été revêtue de plaques de marbre, ne peut être retenue, d'autant que les fragments de marbre blanc retrouvés d'après lui en grand nombre dans les fouilles, ne figurent pas dans la publication de celles-ci81. Le même type d'altérations La Passion, Paris, 1891, Appendice C : La Tour Antonia, p.465-472, en partie, p.471. 81

34 que celles constatées sur l'EH apparaît sur les maçonneries conservées dans l'Hospice Alexandra. Pour Vincent qui a publié les vestiges, la présence de trous, d'encoches, et l'irrégularité de l'appareillage témoignent qu'un revêtement devait exister à l'origine82. Peut-on imaginer que l'EH était à l'origine recouvert d'un stucage ? C'est une technique attestée sur des constructions hérodiennes, à Massada entre autres exemples, mais qui semble rare sur des arcs monumentaux. Sur aucune partie du monument ne subsistant de trace d'enduit, cette hypothèse est à écarter. Reste l'explication d'une constuction ayant mis en oeuvre certains matériaux de remploi. Blocs mesurés Façade ouest, au-dessus du sol de la chapelle, longueur et hauteur : Piédroit nord, montant de l'arc : assise 1 : 0,93 m - 0,60 m assise 2 : 0,75 m - 0,60 m assise 3 :1,05 m - 0,58 m Piédroit médian : bloc inscrit : 1,16 m - 0,57 m bloc placé entre l'archivolte et le bloc inscrit : 1,14 m - 0,57 m bloc de couronnement de la niche : 1,89 m - 0,60 m Arc nord : sommier gauche : 1,24 m - 0,42 m sommier droit : 0,52 m - 0,39 m Arc central : sommier gauche : 0,59 m - 0,44 m deuxième voussoir gauche : 0,86 m - 0,52 m Fondations (Pl.5/2) E. Pierotti a pu examiner avant la construction du couvent la base des piliers de l'arc, observant que ceux-ci reposaient directement sur le rocher83. C'est ce que confirmera B. Meistermann : "sous l'arc lui-même le sol n'a pas été recouvert de dalles. On s'est contenté de le strier. L'arc est placé sur un rocher homogène et compact"84. Cette observation est basée sur le fait que la crypte aménagée sous l'arc a été creusée dans le roc. Sans remettre en question le fait que l'édifice ait été établi sur la masse 82 /N, p.54. 83 Jérusalem Explored (réf. cit. note 34), I, p.60. 84 Le Prétoire de Pilate, p.29.

35 rocheuse, Vincent et M.-A. de Sion ont affirmé que sous ses piédroits se poursuivait le dallage antique observé en d'autres endroits. La coupe de Vincent restitue trois assises de l'arc sous le sol du sanctuaire, sur une hauteur de 1,80 m 85 . Ces pierres sont posées sur le dallage reposant luimême sur le rocher. Une mince couche en traits hachurés est destinée à évoquer le blocage permettant de compenser l'irrégularité de la surface rocheuse. Cette couche est représentée s'amincissant d'ouest en est. La crypte moderne est présentée comme entièrement creusée dans la roche. En 1966, H.-M. Coùasnon a réalisé un sondage à la base du piédroit nord de l'arc, du côté est. Il a ainsi fait apparaître les assises inférieures de l'édifice. La masse apparaissant à la base du sondage a été décrite par Coùasnon comme étant une partie de la roche, taillée de façon à réserver l'emplacement d'une dalle86. Sa conclusion au vu de ce sondage sera reprise quelques années plus tard par P. Benoit. Tous deux considèrent que "le pavage a été posé en fonction de l'arc, dont il est contemporain"87. En réalité, comme l'a fait remarquer Y. Blomme, il s'agit non de la roche mais d'une pierre appareillée appartenant à l'assise inférieure de l'arc. Celle-ci repose sur un blocage composé de moellons et de mortier88. On peut observer à l'intérieur du sondage : à la partie supérieure, le prolongement de la maçonnerie du piédroit composée de deux blocs formant une hauteur d'un mètre, en-dessous d'eux la pierre décrite dans un premier temps comme partie du rocher puis par Y. Blomme comme le bloc inférieur de la maçonnerie, et, à la base du sondage, une mince couche de terre mêlée de débris d'une épaisseur maximale d'une soixantaine de centimètres. La pierre de base est réalisée dans un matériau différent de celles qui la surmontent, de teinte plus claire et de texture plus fine, et elle a été taillée de façon à offrir dans sa partie inférieure une avancée. Cet élément en saillie est épais de 0,20 m tandis que la partie la surmontant a 0,40 m de hauteur. On peut imaginer que cette avancée se serait trouvée sous le sol, la partie au-dessus aurait, elle,

85 JN, fig.7. Mauss (La piscine de Bethesda, Paris, 1888, fig.47) restitue aussi le dallage sous les pieds de l'arc. 86 "Chronique archéologique", RB 7 3 , 1 9 6 6 , , p.573-574. P. Benoit, "L'Antonia d'Hérode le Grand et le forum oriental d'Aelia Capitolina", HTR 64, 1971, p.135-167. Après qu'il ait eu connaissance de l'observation de Blomme, Benoit reprendra son idée d'une retaille réalisée "par l'architecte du pavement, qui l'aura ainsi adaptée à la base de l'arc antérieur." ("L'Antonia d'Hérode le Grand et le forum oriental d'Aelia Capitolina", Exégèse et Théologie, IV, 1982, p.311-346, spéc. p.327). 88 RB 86,1979, p.270.

36 été visible comme formant la base du monument89. Le fond du sondage correspond au sol d'origine puisqu'il s'agit du rocher. Si la pierre décrite plus haut est l'assise de base de l'arc, l'édifice aurait été établi sans fondations, avec un simple blocage pour égaliser le sol. La pierre évoquée aurait pu appartenir à une assise faisant office d'assise de plinthe ou de régulation. La présence du blocage aurait été nécessaire pour compenser l'irrégularité de la surface du rocher, qui aurait été grossièrement nivelé. Cette interprétation du sondage nous semble la seule possible. Elle ne s'oppose pas à l'idée d'un arrangement réalisé en fonction du dallage. Les informations ne concernent que la partie observée et ne peuvent être généralisées à l'ensemble du monument.

Fig.l Arcade latérale, façade ouest

Un point qui n'a pas reçu d'explication est la présence d'une encoche pratiquée à la base de cette pierre, profonde de 3 cm. La saillie de la pierre s'interrompt à la droite de cette rainure, laissant penser qu'il y a eu intervention sur la pierre en place.

37 Dimensions et proportions générales Les mesures d'ensemble et de détail ont été données par Vincent et M.A. de Sion. Certaines d'entre elles sont aujourd'hui difficiles à vérifier comme la longueur totale, dont le calcul ne peut être fait qu'en connaissant l'épaisseur du mur sud de la chapelle. La longueur restituée de l'arc serait de 18,94 m. L'épaisseur, mesurée à l'intérieur du passage nord est de 2,66 m. On note le rapport particulièrement important entre la longueur et l'épaisseur du monument, rapport de 7,10. En ce qui concerne l'élévation, les dimensions annoncées dépendent du niveau reconnu de la base de l'arc, comme nous l'avons vu précédemment. Arcade nord : si l'on ajoute à la hauteur sous clef de l'arc à partir du sol de la chapelle, 3,56 m, la hauteur mesurée dans le sondage depuis la base, on a une dimension de 5,10 m. Si l'on considère que la base de la pierre inférieure se trouvait sous le sol de l'époque, on a une élévation de 4,90 m environ. Cette baie est large de 2,36 m. Arcade centrale : nous reproduisons les mesures données par L.-H. Vincent : 6,25 m sous clef ; 5,20 m de largeur. Nous devons corriger ce premier chiffre en lui enlevant 0,10 m. En effet il est probable que Vincent a ajouté à la hauteur de l'arc au-dessus du sol de la chapelle les 1,80 m qu'il avait mesuré au piédroit nord en-dessous du sol. Or cette mesure est d'1,70 m à son point le plus bas. En considérant ces mesures, on obtient les rapports suivants : la baie centrale serait approximativement 1,2 fois plus haute que large, rapport qui semble peu important. Elle est par ailleurs 2,2 fois plus large que la baie latérale. La pile interne conservée a une largeur de 2,49 m, la pile extrême de 2,05 m. La limite marquée du côté nord par le mur moderne ne correspond pas forcément à l'extrémité d'origine de l'arc. Si c'était le cas, cela signifierait que les piles internes étaient nettement plus larges que les piles externes. L'élévation Les passages L'arcade latérale nord (Fig.l) Montants : les arcs reposent, par l'intermédiaire d'impostes, sur les extrémités des piédroits. Il n'existe pas de pilastres comme c'est le cas habituellement, et aucune saillie ou moulure ne signale en façade ce qui correspond aux montants des arcs. Les blocs d'imposte ont une largeur en

38 façade correspondant exactement à celle des sommiers de l'arc qu'ils reçoivent. La mouluration en occupe la partie supérieure. Sa saillie est de 9 cm. Le profil est composé d'un talon dont la courbe inférieure est faiblement marquée, amorti par une baguette et couronné par un listel plat (fig.2). Ce bandeau orné s'interrompt obliquement en façade. La partie inférieure des blocs d'imposte est laissée nue.

Imposte de l'arc nord Archivolte de l'arc nord Fig.2 Profils des moulurations

Arc (pl.6/1) : l'arc n'a pas été conçu de façon indépendante. Il correspond à l'extrémité de la voûte. Les voussoirs composant celle-ci présentent en façade des irrégularités dans leur forme et leur largeur. Le sommier gauche est un bloc particulièrement long dont seulement la moitié est affectée à l'arc, l'autre partie appartenant à l'appareillage du piédroit nord. Le bord externe des voussoirs ne suit pas un tracé de courbe régulière. On peut remarquer au-delà de la moulure externe de l'archivolte une surface nue de 6 à 8 cm 90 . Cette irrégularité de l'extrados n'est pas perceptible de loin, la forte saillie des moulures de l'archivolte permet de masquer la bordure des voussoirs et procure l'illusion d'un arc extradossé régulier. Les joints de l'extrados étant obliques, l'intégration de l'arc dans l'appareil de l'édifice n'est pas adroitement réalisée. La clé est à sommet plat. Elle n'est pas saillante et n'est pas signalée par une ornementation autre que la mouluration de l'archivolte. Cette mouluration (pl.6/2, fig.2), qui n'occupe que la surface inférieure des voussoirs, a une largeur moyenne de 0, 49 m. Elle se compose de deux fasces en retrait, la fasce inférieure étant presque deux fois moins large que celle

90 Le deuxième voussoir de gauche a probablement été cassé lors du placement sur le piédroit de la pierre moderne.

39 qui la surmonte, et d'un talon surmonté d'un listel plat 91 . Le profil du talon est assez prononcé, le dessin de sa courbe convexe s'approchant du demi-cercle. L'archivolte se présente avec une saillie de 0,10 m au niveau de son bandeau. Au-dessus de l'arc se trouvent deux blocs d'une hauteur de 0,35 m et d'une longueur totale de 2,20 m portant une corniche moulurée. La mouluration est conservée sur toute sa longueur, elle s'interrompt obliquement aux extrémités. Son profil est du même type que celui des impostes et présente les mêmes proportions. Le tracé du talon en est plus proche que de celui de l'archivolte. La saillie de la moulure est légèrement plus importante que celle des impostes. La situation de cette corniche surprend à deux égards : par son désaxement par rapport à l'arc, et par l'écart très faible qui la sépare de celui-ci. On ne peut admettre comme le fait Y. Blomme que la corniche était à l'origine décentrée 92 . Les bouleversements intervenus sur le piédroit nord de l'édifice auraient pu entraîner le déplacement vers la droite de ces blocs moulurés. En ce qui concerne sa situation par rapport à l'archivolte de l'arc dont elle n'est séparée que de 6 cm, elle s'observe sur d'autres arcs à trois baies comme l'arc de Trajan à Timgad, la porte de Patara où l'ouverture est placée sur l'arc central, la Porte Venus de Spello et la porte de Nicée où la niche est placée sur une ouverture à linteau. On constate sur ces monuments que l'espace ayant reçu l'ouverture ou la niche est relativement faible en hauteur et a amené à resserrer les différents éléments entre eux. En ce qui concerne l'EH, l'exiguïté de cet espace est dû à la hauteur importante de la baie latérale. Cette corniche a généralement été envisagée comme le support d'une ouverture. La reconstitution proposée par Vincent fait apparaître ainsi deux grandes fenêtres au-dessus des arcades latérales. Pour lui, il s'agissait "d'en décharger le cintre et surtout rompre la monotonie des massifs qui épaulaient le grand arc" 93 . Plutôt que des ouvertures, des niches pourraient être restituées au-dessus des petits arcs. C'est une disposition très courante, illustrée par de nombreux exemples dans la partie orientale de l'empire romain. La composition de la mouluration est parfaitement conforme à ce qu'on trouve généralement pour les appuis de niches. Il est vrai que l'EH est déjà pourvu de niches, celles ménagées dans ses piédroits médians. On peut exclure l'idée de frontons, formule elle-aussi commune, par le fait que la largeur du bandeau mouluré est inférieure à celle de la baie. Or les frontons couronnant des baies sont de 91 Les fasces sont les bandeaux constituant des parties de l'architrave dont l'archivolte adopte souvent le profil.

92 RB 86,1979, p.247. 93 JN, p.26.

40 même largeur qu'elles. Passage (pl.7/1, 9/1) : les moulurations des impostes de l'arc se poursuivent à l'intérieur du passage, sur une longueur de 2,10 m au nord, 1,46 m au sud. Leur saillie est plus importante qu'en façade : 0,13 m et 0,12 m respectivement. Il faut noter que ces blocs d'imposte n'offrent pas en façade les mêmes dimensions : 0,34 m de hauteur et 0,56 m de largeur pour celui du sud, 0,32 m et 0,53 m pour l'imposte nord. En-dessous des impostes, les parois des passages sont constituées d'assises irrégulières. La voûte est composée d'assises de hauteur décroissante. A la naissance, on trouve d'abord trois assises importantes, celles qui les surmontent étant plus étroites. La clé est constituée d'un voussoir légèrement plus large que ceux qui l'encadrent. Au total, onze voussoirs forment le berceau de la voûte, voûte en plein-cintre dont le tracé de l'intrados présente une légère irrégularité. Les blocs constituant les assises de la voûte sont de longueur variable, les joints verticaux le plus souvent ne se prolongent pas. L'arcade centrale (Pl.7/2, 8/1, 8/2) Montant : le montant nord se présente de la même façon que les montants de l'arcade latérale, n'offrant aucune saillie en façade. Le bloc d'imposte a une hauteur de 0,32 m. La mouluration offre le même profil et les mêmes proportions que celles du petit arc. Elle devait à l'origine se poursuivre à l'intérieur du passage puisqu'elle orne les seuls 0,30 m encore apparents de celui-ci. Sa partie supérieure présente les traces d'une cassure qui a affecté aussi la mouluration en façade. Seule la baguette est bien conservée. Arc : Vincent le décrit comme d'un tracé en plein-cintre absolu, contrairement à celui de l'arcade nord qui serait légèrement surhaussé94. Dix-neuf ou vingt-et-un claveaux le composaient. A l'intérieur de la chapelle sont conservés le sommier de l'arc et les six claveaux le surmontant, très altérés. Ils sont du type "à crossettes", ce qui est difficilement perceptible car ils sont affectés d'une fissure. La maçonnerie au-dessus de l'arc a été restaurée. Une partie importante de l'arc subsiste à l'extérieur du couvent. Le départ de la voûte du côté sud est intégré au mur de la rue. L'intrados de la voûte est masqué par un plâtrage. Le bandeau d'archivolte se développe sur une hauteur et avec une projection sensiblement égales à celles de l'arc nord. La mouluration en présente le même profil, avec une divergence dans les proportions puisque la fasce inférieure est 94

jN,p.26.

41 exactement deux fois moins large que celle qui la surmonte. La forme des claveaux est difficile à déterminer car, au-delà du bandeau d'archivolte, le plâtrage recouvre les parties anciennes. Il semble néanmoins que l'arc ne soit pas extradossé et que les voussoirs les plus hauts soient à sommet plat, car la base des deux blocs modernes semble reposer dessus. Ces deux blocs quadrangulaires encastrés au-dessus de l'arcade sont taillés dans un matériau et avec des dimensions différents de ceux qui composent l'arc. Il ne fait aucun doute qu'ils correspondent aux pierres inscrites évoquées dans les récits des pèlerins à partir de la première moitié du XlVe siècle. L'un des blocs porte les traces d'une inscription. On ne peut observer aucune pierre antique au-dessus de l'arcade. Les massifs

L'arc est dépourvu de podium, ses piédroits reposent directement sur les fondations. La naissance des piliers n'est pas ornée d'une plinthe moulurée comme c'est souvent le cas sur les arcs monumentaux. Comme nous l'avons vu plus haut, les trois assises de base de l'arc se trouvent sous le sol de la chapelle. Il semble qu'à l'origine les piédroits aient été composés d'assises à peu près égales, d'une hauteur moyenne de 0,58 m. Des blocs de cette dimension composent le montant nord de la petite baie. Les deux autres montants conservés présentent une plus grande irrégularité mais on y retrouve l'emploi de ce module. Plusieurs auteurs ont signalé le bouleversement intervenu sur le piédroit extrême, dû au rattachement de l'arc à une autre structure dont il reste le départ. Ce mur ne peut qu'être postérieur à l'arc puisqu'il a entraîné cette transformation. Au-dessus du niveau de l'imposte, le parement de ce piédroit présente des traces de réfection, et notamment l'introduction d'un bloc neuf. C'est le seul recours certain à un matériau moderne qui puisse être signalé sur cette face. Les autres restaurations ont mis en oeuvre des matériaux d'origine, certaines pierres ayant sans doute été retaillées, et un ciment ayant été utilisé pour les lier. Les piédroits extrême et médian conservés, larges respectivement de 2,05 m et 2,49 m sont ainsi plus épais que larges. Le piédroit nord n'offrait à la vue qu'une surface plane, dépourvue d'ornement. Le massif médian est, lui, animé par une niche (pl.9/2) et par la poursuite des moulures d'imposte de la grande baie. On peut supposer qu'une niche ornait le piédroit interne sud, répondant aux conventions de symétrie. La niche conservée est placée exactement au centre du piédroit qu'elle orne, bordée de chaque côté d'un espace de 0,75 m. Sa largeur est de 0,93 m. La partie inférieure de la niche est très altérée, dans sa structure même. Son couronnement en demi-coupole est taillé dans un

42 bloc monolithe dont il occupe exactement les 5/6e de la hauteur. E. Pierotti désigne cette niche comme étant croisée, mais aucun argument ne sert son hypothèse 95 . Une observation technique permet d'ailleurs de l'infirmer. On constate que le sommier de l'arc nord, qui jouxte le bloc creusé du cul de four, est moins long que les autres voussoirs, avec un espace très restreint au-delà de l'extrados. Il semblerait qu'il ait été réalisé de manière à réserver un espace suffisant au bloc portant la demicoupole. La mouluration de l'imposte de retombée de la coupole se projette à 9 cm en avant du fond et se développe sur une hauteur de 13 cm. Elle est illisible en raison de l'état altéré de la pierre. D'après les indications fournies par M.-A. de Sion, son profil était identique à celui des impostes et de la corniche, se composant d'un talon placé sous un bandeau et surmontant une baguette 96 . La niche à cul-de-four est un élément courant dans l'architecture romaine d'Orient. Généralement, les niches font l'objet d'une ornementation, sous la forme d'une coquille à l'intérieur de la voûte, ou d'un bandeau mouluré l'entourant. L'emplacement de cette niche sur un piédroit interne de l'arc est tout à fait inhabituel. Il s'explique par le développement particulier de ce piédroit en largeur. On conçoit mal qu'une surface aussi importante ait été laissée nue. Le bandeau d'imposte de l'arc central se développe en façade sur une longueur de 1,93 m, correspondant à deux blocs. A son extrémité gauche, la mouluration se termine en retour. La hauteur des pierres, de 0,32 m, est exactement égale à celle des blocs d'impostes de la baie latérale. Lé profil de la mouluration est identique dans la composition, il diffère quelque peu quant aux proportions. La poursuite de la mouluration d'imposte en façade au-delà des retombées des arcs est inhabituelle. Sur les monuments où cette décoration se rencontre, deux formules différentes ont pu être employées. Sur certains arcs, comme les arcs triples d'Antalya (Asie Mineure) ou de Khamissa (Afrique), l'imposte entoure complètement le piédroit. Un autre groupe d'arcs, souvent largement décorés, présente une prolongation des impostes, mais celles-ci s'interrompent à la rencontre de pilastres ou de colonnes engagées. Le parti adopté par l'architecte de l'EH correspond peut-être à une adaptation de ce schéma. Au-dessus du bandeau d'imposte se trouve une pierre inscrite (pl.10/1). Ses dimensions (1,16 m.-0,57 m.) la font apparaître comme l'une des plus importantes des pierres taillées composant la partie conservée de l'arc. L'épigraphe en occupe la partie supérieure. Il reste à signaler pour ce piédroit la présence d'une moulure fragmentaire sur le bloc surmontant la pierre inscrite. Cette moulure, une baguette 95 Jérusalem Explored (réf. cit. note 34), II, légende de la pl.XIII. 96 Forteresse, p.37.

43 de 4,5 cm de haut, est conservée sur une longueur d'environ 0,20 m. La projection de la pierre au dessus de la baguette pourrait suggérer qu'il se soit agi d'une console destinée à supporter une statue, mais sa position serait parasite. Il s'agit en effet de la même assise que celle de la corniche dont elle est très proche. De plus, la baguette ayant été taillée à la base du bloc ne se trouve pas en correspondance avec celle de la corniche. On voit mal quelle fonction assigner à cette pierre si elle était en place. Le bloc appartient-il à l'état d'origine ? Sa présence sur les documents iconographiques du siècle dernier indique qu'il n'a pas été placé là lors de la dernière restauration. Etant taillé dans le même matériau que le reste de la construction, il a dû lui appartenir à l'origine mais peut-être n'est-il pas en place. On peut imaginer son déplacement lors d'une restauration ancienne. Il est à noter que la pierre placée immédiatement à sa droite est moderne. Le fait le plus remarquable concernant les piédroits de l'EH est l'absence de pilastres, colonnes ou demi-colonnes, absence qui ne peut être qu'exceptionnellement constatée sur ce type de monuments. Pour cette raison, L.-H. Vincent a été dans un premier temps amené à restituer un ordre de colonnes libres, à partir de socles retrouvés dans la basilique 97 . Il abandonnera plus tard cette hypothèse. Elle ne peut être acceptée dans la mesure où les arcs ornés de colonnes dégagées sont généralement pourvus de pilastres en faible saillie et qu'il est très rare que les piédestaux des colonnes libres ne soient pas, eux, attachés au monument qu'ils ornent. La présence de niches et le retour des impostes sur les piédroits médians empêche de restituer des colonnes d'encadrement, et l'on ne peut imaginer qu'il y ait eu des colonnes d'angles s'il n'y avait pas de colonnes d'encadrement. Analyse stylistique Parti d'ensemble, caractères originaux Les proportions de notre arc sont très éloignées de celles correspondant au canon vitruvien. On note sa très grande longueur et surtout le rapport entre cette longueur et une épaisseur relativement faible. La largeur des piédroits médians surprend aussi si l'on considère, d'après l'observation faite plus haut, que l'on possède l'intégralité du piédroit extrême. A l'origine, l'arc triple n'est que le développement de l'arc à ouverture unique. Ses piédroits ont simplement été évidés pour former des baies secondaires. L'EH ne répond aucunement à ce schéma. Les parties composant l'arc verticalement ne sont pas bien dissociées. Les pilastres ou 97 /N, p.28 et fig.ll.

44 colonnes et leurs socles ayant entre autres rôles celui de marquer chacune des parties sont inexistants. Cette absence d'ordre est d'ailleurs l'un des caractères les plus originaux de l'EH. Les passages ne sont ainsi pas bien marqués, par cette absence de pilastres ou de colonnes d'encadrement, par le fait aussi que les archivoltes des arcs ne soient pas très larges et en assez faible saillie. Un souci de relier entre eux les différents composants de l'arc apparaît à travers le prolongement des impostes de l'arc central en façade qui, nous le verrons plus loin, est sans équivalent, ainsi que les niches qui correspondent à une volonté d'animer les piédroits, en quelque sorte de leur conférer une existence propre. Le parti habituel vise, à l'opposé, à assigner aux piédroits le seul rôle de porter la structure des arcs. Le fait que les montants des arcs ne se distinguent pas des piédroits contribue à créer un lien entre ces piédroits et les arcades. L'impression produite est que les arcades sont de simples ouvertures percées dans le mur. Le prolongement dés impostes à l'intérieur des passages permet de créer un lien entre les façades et l'intérieur des passages. La façade de l'arc paraît comme inarticulée. L'accent est mis sur les lignes horizontales: corniches des ouvertures ou niches de l'étage supérieur, impostes profilées en façade, bandeau mouluré à la retombée de la voûte de la niche. Il semble qu'on ait voulu accorder le rôle principal à l'arcade centrale. Elle est avantageusement soulignée et encadrée par ses impostes prolongées en façade et par les niches placées sur les piédroits la recevant. Ces deux éléments sont au contraire placés de façon inélégante par rapport aux petites baies qu'ils semblent repousser. Nous avons déjà pu souligner que le sommet des arcs latéraux dépassait en hauteur les impostes de la grande baie. Quant à la niche, d'une part elle est placée trop près du départ de la petite arcade, d'autre part sa corniche est située à un niveau légèrement supérieur à celui des impostes de cette même arche, deux détails qui nuisent à l'harmonie d'ensemble. La présence de niches sur les piédroits médians résulte d'une mauvaise compréhension. Les niches creusées sur les piédroits le sont sur des arcs simples où, encadrant l'arcade unique, elles génèrent un équilibre. Sur les arcs triples, en règle générale, les niches sont placées au-dessus des arcades latérales avec lesquelles elles forment un ensemble. Placées comme elles le sont ici, elles apparaissent comme un redoublement des baies latérales, et sont un élément parasite dans l'ordonnance générale. En dehors de la forme de la niche à demi-coupole, on ne décèle sur l'édifice aucune influence hellénistique. Celle-ci aurait pu s'exercer dans les parties hautes et on ne peut donc affirmer que le monument a échappé à cette sphère d'influence. Cependant on constate que dans la conception générale, il n'y a pas été soumis. L'absence d'animation de la façade, de recherche de jeux d'ombre et de lumière qui auraient été produits par des

45 colonnes ou demi-colonnes, par une forte saillie des moulures en façade, des décrochements dans cette dernière, tout cela s'oppose à l'établissement d'un lien avec l'architecture hellénistique. Les architectes de l'EH ont fait preuve d'une relative liberté par rapport aux conventions régissant l'ordonnance de ce type d'édifices. La présence de niches sur les piédroits internes, la poursuite des moulurations d'impostes sur ces mêmes piédroits, associées à l'absence d'ordre, font de l'EH un monument qui se place en marge de la série plus ou moins standardisée des arcs monumentaux de l'Orient romain. L'impression générale est celle d'une façade ou d'une entrée plus que d'un arc monumental, dans le sens où il semble que l'arc ait été traité comme un élément d'un ensemble plutôt qu'un monument qui existerait pour lui-même. Observations sur la modénature Les moulures, nues, reproduisent une modénature simple dont le motif prévalent est le talon. Celui-ci est traité de deux manières légèrement différentes, selon qu'il est appliqué aux impostes et à la corniche ou bien aux archivoltes. Dans le premier cas, il est moins découpé et plus rigide, tandis que, dans le second, sa courbe est plus prononcée et son profil plus harmonieux. La forme du talon de la première catégorie peut être qualifiée d'anguleuse. Elle manifeste une certaine rudesse de l'exécution et trouve assez peu de parallèles sur les monuments de la région. Le profil des archivoltes reprend en le développant le schéma appliqué aux impostes et à la corniche. Le talon, surmonté d'un bandeau relativement haut puisqu'équivalent à presque la moitié de la hauteur du talon, est amorti par les fasces tandis que sur les autres moulurations, il l'est par la baguette. Les impostes et les archivoltes de l'arc central et de l'arc latéral présentent la même composition, imposant une unité à l'ensemble. Cette répétition des mêmes formes génère aussi une uniformité qui est l'un des éléments participant à l'austérité générale de l'édifice. Le traitement est plus soigné aux archivoltes, en tous cas celle du petit arc, seule bien visible, et à la corniche qu'aux impostes de ce même arc. Le talon et la baguette y sont bien dissociés, ce qui n'est pas le cas aux impostes où les baguettes sont d'épaisseur irrégulière et mal raccordées au talon qui les surmonte.

46 Essais de restitution Il ne subsiste de l'arc que sa partie inférieure. Rien ne permet de savoir quel était le couronnement de l'édifice. Des auteurs se sont hasardés à conjecturer l'existence d'une galerie, sur la base de descriptions anciennes et de comparaisons avec le même type de monument. Que ressort-il de la documentation ancienne, écrite et figurée ? Dans un certain nombre de notices rédigées par les pèlerins, il est question d'une galerie, mais cela assez tardivement. La première mention est celle de Bonifacius au milieu du XVIe siècle, qui signale l'existence d'une fenêtre98. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs auteurs évoquent la présence de deux ouvertures appartenant à une galerie. Parmi eux, E. Horn qui rapporte que la colonnette de marbre séparant les fenêtres avait été retirée en 1630 sur l'ordre d'un trésorier du sultan. Cette petite colonne de marbre est décrite par d'autres auteurs. On ne peut imaginer qu'elle ait fait partie de la construction primitive. Il est difficile de concevoir qu'un élément de marbre ait pu appartenir à notre édifice, construit en calcaire et sans grand raffinement. Par ailleurs, pourquoi n'aurait-elle pas été évoquée antérieurement à ces récits ? On peut observer que c'est à cette période que l'épisode de la Présentation de Jésus est restitué sur la partie haute de l'arc et on est en droit de penser que cela correspond au moment où cette construction à fenêtres est en place. La galerie telle qu'elle est décrite ou reproduite sur des dessins de cette époque, ceux de Horn ou Amico par exemple, est très éloignée dans son aspect des galeries ornant les portes augustéennes. Il s'agit plutôt d'un passage limité par des murs pleins percé seulement de quelques ouvertures : une double à l'est et trois petites à l'ouest, et qui est découvert. Textes et dessins s'accordent pour montrer deux faces différentes. Ce passage ne peut etre considéré comme un vestige antique". Des reconstitutions ont été proposées par B. Meisterman100 et par L.-H. Vincent 101 . Leur restitution des parties hautes est à peu près identique. Concernant le couronnement de l'édifice, l'idée est que l'absence d'ordre entraîne l'absence d'attique. Du point de vue de la construction, rien ne s'oppose à l'existence d'un attique, mais les deux éléments sont formellement liés. La simplicité de l'organisation de la partie basse du monument ne permet pas d'imaginer un couronnement élaboré. Sur la 98 Liber de perenni cultu Terra Sancta, 222, dans D. Baldi, Enchiridion sanctorum, Jérusalem, 1935, p.766.

locorum

99 La galerie restituée par Blomme n'est pas conforme à ce qui apparaît dans les sources anciennes. La différence entre les deux façades, en particulier, n'apparaît pas sur son dessin (RB 86,1979, fig.7).. 100 Le Prétoire de Pilate, fig.12. 101 JN, fig.6.

47 base des modèles existants, on peut proposer la restitution d'une architrave. L'emplacement de l'appui de la niche nous indique que la hauteur d'origine de l'arc n'était pas très importante car, sinon, les niches se seraient développées, de façon plus normale, à une certaine hauteur au-dessus des arcades latérales. En ce qui concerne l'hypothèse de l'intégration de l'arc à un mur, on ne peut pas l'appuyer sur les récits anciens. Il ressort clairement des témoignages que seule l'archivolte de l'arcade centrale était visible et que les constructions bordant la rue masquaient les parties latérales de l'arc. Les pèlerins n'ont d'évidence pas vu les extrémités de la construction, ce qui explique que nulle référence ne soit faite à des arcades latérales. Il faut interpréter les attaches représentées, sur certains dessins, de part et d'autre de l'arcade comme une convention suggérant que la construction se poursuivait. Le parallèle se trouve dans les textes où il est indiqué que "l'arc est plus large que la rue" 102 . Le dessin attribué à Rochetta a servi l'argumentation de Blomme. Son observation révèle que l'auteur n'a pas eu l'intention de représenter une muraille se poursuivant dans l'axe de l'arc mais le mur qui en entourait le piédroit sud. La seule illustration ancienne sur laquelle l'arc apparaît intégré dans une muraille est le plan d'Amico 103 . L'idée de l'auteur était de représenter la ville dans l'Antiquité, au moment de la condamnation de Jésus, et non la ville qu'il avait sous les yeux. On n'est en possession d'aucun élément permettant de conjecturer l'existence d'une courtine de part et d'autre de l'arc. Meistermann signale "les amorces qui existent sur le flanc extérieur, face nord de l'arcade septentionale" mais lorsqu'il écrit, le couvent est déjà construit et son observation de la face latérale a dû être limitée 104 . A l'opposé, le Duc de Luynes qui a pu voir l'arc avant la construction du couvent témoigne qu'il était isolé 105 . Il ne semble pas qu'on puisse restituer à l'arc des tours d'encadrement, du fait de la largeur des piédroits extrêmes d'une part, mais surtout en raison du contexte rocheux. En effet, du côté sud, à très peu de distance de l'extrémité de l'arc, le niveau du sol est supérieur de plusieurs mètres à celui sur lequel a été établi l'arc.

102 B. Surius, Le pieux pèlerin ou voyage de Jérusalem, 1666, p.441. 103 Trattato delle piante immagini de sacri edifizi di Terra Sancta disegnate in Jerusalemme, Florence, 1620, ili. 45. 104 le Prétoire de Filate, p.32. 105 Voyage d'exploration à la mer morte, à Petra et sur la rive gauche du Jourdain, Paris, 1874, p.73.

48 Les inscriptions Plusieurs inscriptions ont été vues, comme le rappelle Y. Blomme 106 . L'une d'entre elles a été relevée par C. Clermont-Ganneau mais l'estampage en a été perdu 107 . Clermont-Ganneau indique qu'il avait réalisé un croquis de cette inscription grecque mais on ne le trouve pas reproduit dans ses publications. Aucun témoignage autre que le sien n'existe. L'inscription de l'arcade centrale L'inscription gravée sur l'une des deux pierres encastrées au-dessus de l'arcade centrale a souvent été évoquée dans la littérature ancienne. Le bloc portant cette inscription ne fait pas partie de la construction d'origine. Les témoignages des pèlerins nous apprennent en effet que deux blocs ont été insérés à l'époque médiévale sur la partie haute de l'édifice. Sur l'un des deux ont été vues des lettres mais les auteurs ne s'accordent pas sur le rendu de cette inscription. Pour les auteurs de récits anciens, il s'agissait des paroles "Toile, toile, crucifige eum". Il est noté au XVIIe et au XVIIIe siècle qu'on ne peut plus y lire que : TOL TO. A la même époque, J. Boucher (1610-12) indique avoir vu les lettres E, H, M, O 108 . Un siècle plus tard, l'abbé Mariti indique qu'il n'a pu y voir qu'un O 109 . A l'exception de ce dernier, les auteurs cités semblent avoir rapporté sans la vérifier la tradition concernant l'inscription, apparue pour appuyer celle de la localisation de la scène de la Présentation. Clermont-Ganneau, se basant sur le témoignage rapporté à Quaresmius d'un pèlerin ayant lu TO C X, soumet la possibilité d'une lecture en rapport avec la Xe légion : TOLO. L. X. FR. 110 . L'inscription n'a que peu retenu l'intérêt des auteurs de ce siècle, et aucun estampage n'en a été réalisé. Vincent 111 et M.-A de Sion 1 1 2 ont reproduit l'inscription telle qu'elle avait été relevée par RB 86, 1979, p.255. Par ailleurs, Vincent met en relation avec l'arc une inscription latine "de haute époque impériale" gravée sur un fragment de fût de colonne ultérieurement transformé en auge (JAT, p.211 note 1), et T. Tobler (Dritte Wanderung nach Palästina im Jahre 1857, Gotha, 1859, p.344) évoque une pierre trouvée au pied de l'arc et portant une inscription grecque et une croix. 107 Archaeological Researches, I, p.76. On regrette l'imprécision du témoignage de Clermont-Ganneau qui note : "...in one of the faces of the arch." Dans les notes manuscrites extraites de ses Carnets de 1871 (non publiés), le savant fait allusion à cette inscription et à la perte de son estampage. 108 Bouquet sacré composé des plus belles fleurs de la terre saincte, Paris, 1620, p.23334. 109 T. Laorty-Hadji, éd., Histoire de l'état présent de Jérusalem, Paris, 1853, p.102. HO Carnet VI 9a (non publié) Hl

JN, fig. 12.

112 Forteresse, p.38.

49 Thomsen 113 . Aujourd'hui sont encore visibles les lettres TOIC et A.

Fig.3 Inscription du piédroit médian

L'inscription du piédroit médian (pl.10/1, fig.3) La troisième inscription est celle qui peut être vue sur le piédroit médian, sur le bloc placé immédiatement au-dessus de l'imposte du grand arc. Un estampage en a été réalisé par Y. Blomme et E. Puech (fig.3). Dimensions du bloc : 1,16 m x 0,57 m Champ épigraphié : env. 0,80 m x 0,30 m Hauteur moyenne des lettres : env. 7 cm.

--P-EAAINON -©OI La partie épigraphiée occupe la partie supérieure du bloc marqué par une entaille large et profonde. L'inscription n'est pas en position centrée, elle se développe sur la partie gauche de la pierre, mais il faut considérer qu'elle est lacunaire. On peut estimer que la pierre épigraphiée est en place. L' emplacement de cette inscription permet de penser qu'elle a été gravée à un moment où seule une partie de l'édifice subsistait ou était visible. A moins qu'une inscription identique ait été gravée symétriquement, mais les inscriptions sur les monuments à caractère honorifique, dans le cas où elles étaient doublées, étaient répétées sur la face opposée, rarement sur la même. La situation de l'inscription, rejetée sur le haut du bloc, la faible hauteur des caractères et leur tracé relativement irrégulier, et surtout la position du bloc inscrit laissent penser qu'il ne s'agit pas d'une dédicace, ou en tous cas de la dédicace d'un monument à caractère 113 «Die lateinischen und griechischen Inschriften der Stadt Jerusalem und ihrer nächsten Umgebung», ZDPV 64,1941, p.4

50 honorifique. L'espacement entre les lettres est légèrement variable comme l'est le tracé de certaines d'entre elles. Ainsi la forme des deux O et des deux A n'est pas identique et les N ne présentent pas les mêmes proportions. Les caractères ne sont pas placés selon une ligne droite régulière. Les trois dernières lettres de la première ligne sont resserrées entre elles et légèrement décalées vers le haut. Le texte a généralement été considéré comme remontant à l'époque byzantine, suggérant à L.-H. Vincent l'explication suivante : "...dans la période byzantine, un fonctionnaire s'arrogea la gloriole de graver son nom au-dessus de ces niches"114. M.-A. de Sion115, suivie par Y. Blomme116, assigne au texte une origine plus ancienne, le Haut-Empire. L'argument est la forme des lettres. Pour Y. Blomme, les caractères ne sont pas byzantins mais romains, et de haute époque. Il reconnaît cependant que le E lunaire pose problème. Le tracé arrondi de cette lettre se rencontre en effet rarement avant l'époque romaine tardive. Si l'on consulte le corpus des inscriptions grecques de Jerash 117 , on constate que le E lunaire apparaît sur une seule inscription du 1er siècle, précisément datée de 7374, alors qu'il est très courant dans les épitaphes ou dédicaces des Ile et Ille siècles, et surtout des Ve et Vie. M. Sartre note qu'à Bostra, en dehors de rares exceptions, tous les E sont lunaires118. On peut observer que les deux inscriptions les plus anciennes de son corpus, l'une de 117-120, l'autre une dédicace à Antonin le Pieux, présentent un E carré. M. Sartre indique aussi qu'une très légère évolution peut être perçue dans le tracé du E lunaire, allant dans le sens d'une ouverture de la lettre. La forme plus ouverte apparaît sur les monuments des Ve et Vie siècles. Notons que le E de notre inscription ne se range pas dans cette catégorie de E ouverts. Dans la région d'Arados, on peut reconnaître le E lunaire sur une inscription de 147-148 119 , les inscriptions plus anciennes présentant un E carré. Dans la région centrale de Jordanie120, les inscriptions se rapportant au lie siècle ont aussi un E carré. A Jérusalem même, peu d'inscriptions lapidaires grecques antérieures à l'époque byzantine ont été conservées. 114 JN, p.29. 115 Forteresse, p.38. 116 RB 86,1979, p.256. 117 C.-B. Welles, "The Inscriptions" dans C.-H. Kraeling, Gerasa, City ofthe Decapolis, New-Heaven, 1938, p.355-615. 118 M. Sartre, Inscriptions grecques et latines de la Syrie, T.XIII, Fasc.l, Bostra, Paris, 1982, p.32. 119 J.-P. Rey-Coquais, Inscriptions grecques et latines de la Syrie, T.VII, Arados et régions voisines, Paris, 1970, n°4052. 120 p.-L. Gatier, Inscriptions de la Jordanie, II, Paris, 1986, n° 1 4 , 1 6 , 1 7 .

51 Elles appartiennent au 1er siècle et proviennent principalement de monuments publics : les inscriptions placées dans le Temple comme le décret en interdisant l'accès aux Gentils, celle relatant la donation d'un pavement 121 , et l'inscription de la synagogue de Theodotus, fils de Vettenus, sur l'Ophel, datée de la fin de la période122. Dans tous ces cas, le E est carré. Parmi les très rares inscriptions grecques d'Aelia Capitolina figure la dédicace de Pompéia Lucilia sur un ex-voto trouvé dans la piscine de Bethesda 123 . Elle est datée des Ile-IVe siècles et le E y est lunaire. Elle constitue donc une exception notable. Les autres lettres ne présentent pas à priori de traits particuliers qui pourraient constituer des indices chronologiques124. Pour conclure, le dessin du E nous permet d'écarter la période du 1er siècle, et comme la totalité ou quasi-totalité des inscriptions lapidaires se rapportant à Aelia Capitolina est en latin, on peut raisonnablement envisager la période byzantine pour notre inscription. La forme des caractères et le nom d'Aurelius qu'il croit avoir reconnu incitent M. de Vogue à placer l'inscription à "une époque postérieure à la fondation d'Aelia Capitolina"125. Les lettres AYP qu'il restitue comme ayant formé la première ligne de l'inscription qui en aurait comporté trois, lui semblent appartenir au nom Aurelius. Un rapprochement avec l'épitaphe rédigée en grec d'un tribun de la Xe légion portant le nom d'Aurelius Marcellinus, trouvée à Tibériade, est suggéré par M.-A. de Sion126. C. Conder reproduit aussi ces trois lettres mais il les dissocie du reste de l'inscription, indiquant qu'elles se trouvent sur une autre pierre de l'édifice127. Y. Blomme considère qu'il s'agit des lettres appartenant à la première ligne de l'inscription et se trouvant à gauche de la cassure affectant le bloc. Il ne subsiste de ce groupe de trois lettres que la dernière, le P, qui se trouve à gauche de l'entaille. Le reste de l'inscription n'a pas fait l'objet de propositions de lecture. Ne disposant d'aucun élément relatif à la signification de cette inscription, et du fait de son état lacunaire, il est difficile de tirer des conclusions. Il semble raisonnable de considérer qu'elle n'ornait pas le monument à l'origine, étant donné sa position et le tracé de ses lettres qui a été reconnu comme byzantin. 121 B. Isaac, "A Donation for Herod's Temple", IEJ 33,1983, p.86-92 et pl. 9B. 122 NEAEHL, 2, p.723. 123 JN, p.695-696. Cf p.256. 124 Bien que pour Y. Blomme (RB 86,1979, p.25), "le dessin des caractères peut difficilement passer pour byzantin". Même celui du E lunaire "est aussi peu byzantin que possible '). 125 le Temple de Jérusalem, p.125. 126 Forteresse,

p.38.

127 SWP, Jerusalem, p.426.

52 Conclusion Nous avons pu voir que la question du rôle joué par notre arc avait longtemps été débattue et que des propositions très diverses avaient été émises, puisque l'arc fut tantôt considéré comme une entrée de forteresse, une porte de rempart ou un arc honorifique. Que l'arc ait été envisagé dans des fonctions aussi diverses témoigne bien du fait qu'il n'est pas un monument type et qu'il est difficile de le faire entrer dans une catégorie. Cet aspect original, non conforme aux modèles existants, pourrait résulter d'une nécessité d'adaptation telle que l'intégration de l'arc à un contexte établi. Il pourrait également témoigner d'un conjugaison de différentes tendances. La caractéristique générale du monument est sa simplicité. Elle apparaît au niveau du plan, de l'ordonnance des façades, dans l'absence de décor végétal ou historié et la sobriété du traitement de la décoration architecturale. Cet ensemble de critères associé au manque de soin apporté à la construction s'oppose à l'idée d'un édifice à caractère honorifique. L'aspect décoratif semble d'une certaine manière avoir été gommé au profit de l'aspect fonctionnel. L'ampleur des ouvertures témoigne que le rôle de passage de l'arc était prééminent. Cette largeur des baies et la faible épaisseur du monument semblent aller à l'encontre d'un éventuel rôle défensif. La question du rôle attribué à l'arc est liée à celle de son intégration dans le contexte environnant et l'étude de celui-ci doit permettre de préciser la discussion. Quelques informations peuvent être tirées de l'observation de ses façades, comme la présence de niches sur les piédroits internes qui empêche la restitution d'un dispositif intégrant l'arc à une colonnade. L'absence de renseignements majeurs fournis par les textes ou par les inscriptions rend nécessaire une étude comparative. La lecture comparée du plan de l'arc et des différentes composantes de son ordonnance permettra de progresser sur la voie de la reconnaissance de sa fonction et de sa date de construction.

53

1.3 L'arc dans son contexte L'environnement naturel et les structures antiques, creusées ou construites, découvertes aux abords de l'arc doivent être pris en considération afin que l'arc puisse être inséré dans le contexte géographique et matériel. Les diverses études consacrées au site ont le plus souvent été réalisées dans le cadre des spéculations sur la forteresse Antonia, celles-ci étant elles-même liées à la question de l'emplacement du prétoire des Evangiles. Rappelons quelles sont les principales thèses apparues à ce sujet et les publications afférentes. B. Meistermann est à l'origine de la restitution de la "Grande Antonia" développée par Vincent128. Celui-ci a tenté de démontrer que l'Antonia était la résidence d'Hérode le Grand et que le prétoire était à y localiser, et d'autre part que les vestiges découverts chez les Soeurs de Sion appartenaient à cette forteresse129. Dans un premier temps, les fouilles de N.D. de Sion ont été publiées comme étant celles du prétoire, sans soulever de réelle objection : "aucune objection qualifiée d'archéologie ne s'est élevée contre l'interprétation spontanée des faits enregistrés..." 130 . Cependant, déjà en 1922, A. Legendre contre la thèse de B. Meistermann, mettant en avant notamment le fait que la forteresse n'aurait pu s'étendre au-delà de la coupure artificielle du Bézetha131. Parmi les opposants à la théorie de l'AntoniaPrétoire, figure F.-M. Abel, en faveur de la localisation de la condamnation au palais hérodien occidental. Cette position est aussi celle de P. Benoit mais celui-ci, dans un premier temps, "tient pour acquise" la reconstitution de l'Antonia de Vincent dans son ensemble132. P. Benoit se consacre à nouveau à ce sujet en 1971, dans un article qu'il reverra à la suite des informations nouvelles apportées par Y. Blomme133. Dans ces deux articles, il reprend sa démonstration de 1952 mais y intègre les données de l'archéologie afin d'argumenter contre la théorie de Vincent. Celle-ci a par ailleurs fait l'objet d'une critique motivée de C. Maurer qui s'est intéressé à l'ensemble des vestiges présents sur le site134. L'argumentation de Maurer est en partie reprise par A. Vanel qui parle d'une 128 le prétoire de Pilate et la forteresse Antonia, Paris, 1902. 129 "L'Antonia, palais primitif d'Hérode", RB 61, 1954, p.87-107, et "Le Lithostrotos évangélique", RB 59,1952, p.513-530. 130 "Autour du prétoire", RB 46,1937, p.563-570, p. 563. 131 "Prétoire", DB 5, col.621-640, spécialement col. 633-634. 132 "Prétoire, Lithostroton et Gabbatha", RB 59,1952, p.531-550. 133 "L'Antonia d'Hérode le Grand et le forum oriental d'Aelia Capitolina", HTR 64,1971, p.135-167, et Exégèse et Théologie, IV, Paris, 1982, p.311-346. 134 "Der Strutionteich und die Burg Antonia", ZDPV 80,1964, p.137-149.

54 "...grande Antonia pour le moins suspecte." 135 . Entre temps, B. Bagatti a publié les fouilles entreprises dans l'établissement de la Flagellation sans aborder la question de la localisation de l'Antonia136. Récemment, G.-J. Wightman, dans le cadre d'une série d'articles sur les forteresses de Jérusalem, a réalisé une synthèse des travaux publiés sur l'Antonia et ses vestiges137. Il y expose les principales données liées à la "maximalist view" et la "minimalist view", et précise un certain nombre d'observations d'ordre topographique. La topographie Niveau du sol Les restitutions du contexte topographique telles qu'elles sont proposées tiennent pour un fait acquis que les piédroits de l'EH reposent sur le rocher, ce qui permet à leurs auteurs de déterminer le niveau de celui-ci138. Le niveau du sol rocheux sous l'arc et dans ses environs est un point qui peut être vérifié d'après l'ensemble des relevés. Sur les registres de niveaux réalisés par les responsables du Survey, le niveau du sol rocheux sous l'arc est indiqué à 9 pieds (2,75 m environ) en-dessous de la surface 1 3 9 . E. Pierotti affirme avoir vu le rocher à 18 pieds (5,50 m environ) en-dessous du sol. On peut supposer que les mesures n'ont pas été prises au même endroit, à moins de les mettre sur le compte de la fantaisie de Pierotti, évoquée par certains de ses contemporains 140 . La mesure annoncée par les ingénieurs britanniques correspond à peu près à la réalité du sondage. Les 2,75 mètres entre le sol de l'époque qui, d'après les photographies, était légèrement au-dessus du sol actuel, et le roc pourraient être équivalents aux 2,20 mètres observés aujourd'hui sous le sol de la chapelle141. L'observation a été faite dans le sondage pratiqué devant la face est de l'arc. Le niveau du rocher devant la face ouest du piédroit nord est indiqué sur le relevé de Blomme comme se trouvant à 135 "Prétoire", SDB 8,1972, col. 514-554, en particulier col. 538-541. 136 Réf. cit. note 37. 137 "Temple Fortresses in Jerusalem, Part II : The Hasmonean Baris and Herodian Antonia.", BAIAS 10,1990-91, p.7-35. 138 Comme celle de G.-J. Wightman, BAIAS 10, 1990-91, fig.5 entre autres. Wightman reprend dans cet article toutes les données relatives au contexte, corrigeant parfois les informations de Vincent et de M.-A. de Sion. 139 SWP, Jerusalem, p.279. 140 C.-R. Warren (Recovery Jerusalem, Londres, 1871, p.204) note à propos des citernes et souterrains du Temple que les croquis de Pierotti ne correspondent pas à la réalité. 141 II s'agit dans ce cas du choeur de la basilique, surélevé de 0,60 m par rapport au niveau de la nef.

55 1,75 m sous le sol de l'église 142 . Les tranchées réalisées dans les environs de l'arc ont révélé le sol rocheux à peu près au même niveau. Un sondage au pied du "trumeau", situé à quelques mètres à l'ouest de l'arc, a permis d'atteindre le roc à 2,50 m sous le sol du narthex de la basilique 143 . A l'angle sud-ouest de l'EH, à 1,70m environ en-dessous du niveau de la rue, ont été retrouvées des dalles du même pavement que celui des Soeurs de Sion et de la Flagellation. Ces dalles sont posées directement sur le rocher144. Ces deux dernières mesures révèlent la déclivité du sol en direction de l'ouest. Les renseignements relatifs au sol rocheux à proximité de l'arc concernent exclusivement sa partie nord, les travaux ayant été réalisés de ce côté de la rue.

Fig.4 Escarpe rocheuse dégagée par C. Clermont-Ganneau

Le fossé En plusieurs endroits apparaissent, au-dessus du sol, des parois rocheuses artificielles. Elles ont généralement été considérées appartenir à la contrescarpe qui limitait le fossé de l'Antonia, plus rarement à celle du fossé du "deuxième mur". Le tracé de cette escarpe rocheuse a fait l'objet de restitutions variées. Il est aujourd'hui impossible, du fait des constructions, de reconnaître le tracé complet des escarpes. Quelques portions sont visibles dans le couvent de l'EH tandis que d'autres ont pu être observées avant la construction de celui-ci. Une portion est incorporée dans le mur nord de la basilique et se trouve à une distance de 14 m à l'ouest de l'arc. Elle se développe selon un tracé est-ouest, sur une 142 Relevé non publié. 143 JAT, p.209 (Le texte de JAT reprenant, avec de minimes modifications, celui de la RB 42, 1933, nous indiquerons les références dans JAT). Il sera question du "trumeau" p.79. 144 Cf RB 4,1907, p.120-121. Le niveau de la rue est plus bas que celui du sol de l'église d'environ 1 m.

56 hauteur d'environ 5 m et une longueur d'environ 4,50 m. Trois blocs appartenant à deux assises la surmontent. L'un des blocs présente une marge sur son bord inférieur. Il est clair qu'il a été recoupé 145 . Une autre portion de l'escarpe, longue de 3,30 m, est visible dans le narthex de l'église. C. Clermont-Ganneau a observé la poursuite de la coupure à l'ouest du couvent, sur une longueur d'environ 25 m et dans la ligne de l'escarpement visible dans l'église 146 (fig.4). Il a noté, ce qui est bien visible sur ses plans, qu'à une dizaine de mètres à l'ouest de la portion de l'église, le tracé de l'escarpe formait un retour en direction du nord-ouest, avant de se poursuivre selon sa direction générale ouest, sud-ouest. Il lui semble très probable que le rocher observé à l'angle nord-est de l'Hospice Autrichien soit en liaison avec cette ligne. L'historien a, lors de son exploration, remarqué que la coupe du rocher était artificielle, et a évoqué le fossé de l'Antonia décrit par Flavius Josèphe (G/ V, IV,2, §149). Cependant, pour lui comme pour C.-R. Conder, l'escarpe reconnue appartiendrait à la limite du fossé protégeant le "deuxième mur". Après eux, les auteurs se sont accordés pour reconnaître dans cette coupure artificielle du rocher la contrescarpe du fossé de l'Antonia. Vincent et M.-A. de Sion voient dans cette portion un mur d'appui de la porte fortifiée de la forteresse. Ils imaginent plus au nord la contrescarpe du fossé, en accord avec leur restitution de la forteresse. Puisque cette coupure se poursuit à l'ouest sur une distance importante, on ne peut la mettre dans son intégralité en rapport avec le fossé de l'Antonia. La portion occidentale aurait pu être réalisée dans un second temps 147 . A l'est de la section de la basilique,la coupure s'élargit vers le nord. Selon les tracés -qui ne s'accordent pas-, elle décrit une sorte d'arc de cercle ou même un quadrilatère régulier. On peut observer dans un couloir d'accès à la basilique la poursuite de l'escarpe en direction du nord, un pilier de la basilique couvrant le retour d'angle. Une autre portion apparaît un peu plus au nord, orientée selon le même axe, puis une autre se retournant en direction de l'est, décrite comme une "rampe rocheuse". Il apparaît au travers des descriptions que la poursuite de 145 Vincent (JAT, p.200) a noté la ressemblance qu'offraient ces blocs avec ceux retrouvés dans la galerie septentrionale. Un rapprochement a été établi par Mauss (La piscine de Bethesda, Paris, 1888, p.49 note 1) avec les blocs de la tour antique découverte derrière l'église Sainte-Anne. On peut noter également la ressemblance avec les pierres de l'intérieur des tours de la PD et celles des murs conservés dans l'hospice Alexandra, dont certains ne présentent une marge que sur leur bord inférieur. 146 Archaeological Researches, I, p.48 et fig. p.51 et p.57, SWP, Jerusalem, p.302-303, PEFQSt 1874, p.105-107 et p.142-145. 147 a moins qu'elle n'ait fait partie de travaux plus anciens, comme le suggère Benoit :"ce fossé aurait été supprimé, absorbé par l'extension nouvelle de la forteresse.."(Exégèse et Théologie, IV, 1982, p.331).

57 l'escarpe en direction du nord n'a pu être observée au-delà de cette dernière portion. M.-A. de Sion indique que "ses affleurements ont été repérés" à l'angle nord-ouest, mais ses affirmations semblent reposer uniquement sur les relevés établis par C. Mauss148. L.-H.Vincent affirme que l'escarpe se prolongeait, au-delà de la portion intégrée à l'église, en direction de l'est, "presque jusqu'à l'arc antique"149. Cette partie qu'il décrit comme "très déchiquetée" et qui aurait émergé à 2 m au-dessus du sol de la basilique, aurait été supprimée lors de la construction de celle-ci. Elle est sans doute à mettre en relation avec le massif rocheux que nous évoquons plus loin. L'information est majeure, car la présence de ce mur rocheux s'oppose à l'établissement d'une cour dallée telle qu'elle a été restituée. On constate qu'il n'apparaît pas sur les reconstitutions des auteurs cités, à l'exception de celle de Meistermann, où la masse rocheuse se développe jusqu'à l'arc, avec la légende "rocher inégal"(cf fig.5). Des pans rocheux sont visibles dans les bâtiments de l'Ecce Homo et de la Flagellation. Une section peut être observée en arrière de la galerie septentrionale, qu'une ouverture dans le mur nord laisse voir. Elle marquerait la limite du fossé. Ce dernier est localisé par Vincent dans l'espace, large d'environ 9 m, séparant cette escarpe de la galerie (cf fig.7), tandis que pour D. Bahat, le fossé s'étend au sud jusqu'à la plateforme sur laquelle est établi le collège musulman150. Cette limite sud du fossé avait déjà été reconnue par C. Wilson qui évoque le rocher sur lequel à son époque se trouvaient les casernes151. Elle est généralement acceptée. Sa limite nord ou contrescarpe est sujette à diverses propositions. On peut noter une divergence majeure dans la restitution du fossé entre Vincent et M.-A. de Sion152. Cette dernière a repéré une portion de ce qu'elle a identifié comme la contrescarpe du fossé à une douzaine de mètres au nord du couvent. Le fossé serait d'après elle établi entre la salle du silo et 148 Elle évoque les relevés de C. Mauss exécutés au moment de la construction du couvent et qu'elle a pu consulter dans les archives de celui-ci. Ils y sont aujourd'hui introuvables. 149 Vincent {¡AT, p.198) indique se baser sur les relevés de Mauss et sur les figures que celui-ci publia dans La piscine de Bethesda (fig.45 et 48). Ces figures sont difficiles à interpréter. 150 Vincent (JAT, p.199) indique que la galerie nord est établie sur une escaipe rocheuse, ce qui n'est pas conforme à la réalité. D'après les vues de Bahat (line maison à Jérusalem, Jérusalem, 1989, p.21. Bahat est Fauteur de la partie archéologique de ce guide du couvent de 1 Ecce Homo), le fossé aurait une largeur de plus de 50 m, largeur beaucoup trop importante pour un fossé défensif. Elle s'accorde avec l'emplacement de la piscine qui se serait développée sur toute sa largeur. 151 "Récent Discoveries at Jerusalem", PEFQSt 1872, p.47-51, spécialement p. 4849 et coupe face p.50. 152 Elle a été notée par C. Maurer (ZDPV 80,1964, p. 147-148) et est bien visible sur les plans.

58 cette contrescarpe, qu'aucun cliché dans sa publication ne permet de visualiser. En ce qui concerne l'espace dans lequel Vincent a reconnu le fossé, elle évoque les gradins qui y sont taillés dans la roche pour permettre de diriger les écoulements153. Pour Loffreda, le fossé se serait étendu dans l'espace occupé aujourd'hui par la rue entre le collège musulman et les bâtiments du couvent de la Flagellation154. L'information littéraire, la mention par Flavius Josèphe d'un fossé protégeant l'Antonia, a, dans certains cas, précédé l'observation. Toutes les coupures rocheuses ne peuvent être reconnues comme des sections de la contrescarpe d'un fossé défensif. Le rocher de la colline de Bezetha a vraisemblablement été entaillé à plusieurs reprises. La difficulté qui se présente dans la restitution du tracé de l'éventuelle contrescarpe du fossé de l'Antonia vient de l'angle droit que présente la section de la nef de la basilique et du fait que la portion visible derrière la galerie nord se trouve à une trentaine de mètres en arrière de celles de la basilique. Cette section ne doit sans doute pas être considérée comme appartenant à la contrescarpe d'un fossé puisque ne présentant pas une paroi verticale mais un plan irrégulièrement incliné. Quand aux sections occidentales, elles auraient pu appartenir à une escarpe réalisée au moment du percement de la voie. En ce qui concerne l'environnement naturel de l'arc, il faut mentionner l'existence d'un massif rocheux qui apparaît à une distance de 6 ou 7 m au nord-ouest de l'édifice. En partie masqué par le sol du couvent, il se développe à près de 2 m au-dessus du sol antique. Plus au nord, se trouve la "rampe" rocheuse s'inclinant vers l'est et évoquée plus haut 155 . Cette rampe s'inscrit dans la prolongation de la coupure rocheuse observée auparavant. Cette paroi rocheuse, après son parcours nord-sud, change d'axe et se développe selon une orientation ouest-est. En bordure de la section de dallage strié visible sous le narthex de l'église, se présente un affleurement rocheux légèrement surélevé par rapport aux dalles. On peut constater qu'il se développe en partie dans l'axe de l'ouverture septentrionale de l'arc. En conclusion, on peut émettre la remarque que l'arc se développe dans un paysage rocheux très présent. La proximité des massifs rocheux s'accorde mal avec l'idée d'un monument honorifique, devant bénéficier des dégagements nécessaires à sa fonction de prestige. Les escarpements 153 M.-A. de Sion évoque par ailleurs la "profonde échancrure destinée à isoler l'Antonia (à l'ouest)" (Forteresse, p. 52). Il n'y en a aucune trace dans la publication des travaux de Clermont-Ganneau dont elle donne pourtant la référence. 154 LA 35,1985, p. 325. 155 Ces derniers éléments n'apparaissent pas sur les plans de Wightman.

59 artificiels suggèrent plutôt une fonction défensive. La position de l'arc par rapport à l'escarpe de la basilique, dans le même axe et avec son piédroit nord dans la continuité de la paroi rocheuse, pourrait indiquer qu'un lien a existé entre les deux structures. En l'absence des relevés réalisés lors de la construction du couvent, qui s'est accompagnée de transformations du site, les restitutions sont hypothétiques. Celle que nous proposons voit une poursuite du rocher jusqu'à une distance peu importante de l'arc. Quant à l'affleurement bordant la voie, sa présence obstruant en partie le passage sous l'arcade latérale indique que le passage se faisait plutôt par l'ouverture centrale de l'arc.

Les vestiges voisins de l'arc Les fouilles réalisées dans le domaine de la Congrégation Notre-Dame de Sion et dans celui de la Flagellation ont permis de découvrir des structures antiques. L'étude de ces vestiges a généralement été intégrée à des études d'ensemble visant à des restitutions, leur fonction et l'époque de leur réalisation étant alors présupposées. Les différents vestiges doivent être envisagés isolément les uns des autres. Nous tenterons de définir l'éventuel rapport qu'ils entretenaient à l'origine avec l'arc.

60 Les structures creusées Il existe dans le secteur un nombre important de salles creusées dans la roche, correspondant à différentes fonctions. Certaines apparaissent audessus du niveau du sol actuel, d'autres sont souterraines. T. Tobler en avait déjà repéré une partie avant l'exploration systématique de Clermont-Ganneau156. Celui-ci a décrit les quatre pièces observées lors de son exploration de la partie rocheuse se développant à l'ouest du couvent. Certaines sont munies de banquettes et d'escaliers. L'auteur propose de reconnaître une fonction funéraire à ces salles qui auraient pu faire partie d'une nécropole s'étendant le long de la vallée venant de la porte de Damas. Leur creusement aurait été réalisé avant le percement du fossé. Plusieurs observations lui permettent de reconnaître l'antériorité de ces structures à la période qui voit la construction de l'Antonia : leur proximité de celle-ci, le fait que l'un des côtés d'une chambre supérieure ait été détruit lors de la création de l'escarpe, le fait aussi que les entrées d'origine ait disparu, se trouvant probablement dans la partie détruite lors des travaux. La double pièce creusée dans la paroi rocheuse bordant le narthex de la basilique se trouve dans le prolongement de l'ensemble découvert par Clermont-Ganneau. Vincent y a reconnu un hypogée, et les traces de remaniement observées l'ont amené à développer l'idée de sa transformation en corps de garde assurant la protection de l'entrée de la forteresse157 (voir fig.7). Des ressemblances avec les tombeaux découverts dans le pays et remontant à la période du Premier Temple ont été notées. On peut remarquer que deux des structures que M.-A. de Sion identifiait comme de petites citernes au nord de la cour présentent un plan similaire à cet hypogée158. Les remaniements que Vincent a décrits ne peuvent être datés. On peut tout aussi bien les attribuer à l'époque byzantine puisque lui-même a noté la présence d'une croix gravée de cette période. M.-A. de Sion conjecture, elle, une transformation à cette époque de l'ancienne salle de garde en citerne. On y remarque des canaux et de petits bassins. Il existe également dans le domaine de la Flagellation des structures creusées dans la roche. Parmi elles ont été reconnus des citernes et des bassins que Bagatti pense avoir été des bassins de décantation, ainsi que des silos et des cavités destinées aux amphores. Des bassins, petites citernes et canaux se trouvent dans la partie nord de l'Ecce Homo, appartenant à un vaste système hydraulique dont la citerne du Strouthion représente la structure majeure. Ces structures seront décrites plus loin. 156 Dritte Wanderung nach Palästina im Jahre 1857, Gotha, 1859, p.244; Archeological. Researches, I, p. 52-67. 157 JAT, p. 209-212. 158 Forteresse, pl.29.

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La piscine double (fig.6) Même s'il n'est pas établi qu'il ait existé un rapport physique entre l'arc et la piscine, étant donné leur proximité on peut envisager qu'ils aient pu appartenir à un même programme édilitaire. La connaissance de l'époque de réalisation de la citerne dans ses deux étapes, creusement et couvrement, pourrait aider à la compréhension du contexte. Cette citerne a très tôt été identifiée comme étant le Strouthion qu'évoque Flavius Josèphe (G/ V, 467) et l'identification a été généralement acceptée159. La description de cette citerne a été donnée par Vincent et M.-A. de Sion160. La distance entre l'arc et la citerne est d'à peu près 10 m à leur point le plus rapproché, c'est-à-dire entre le massif extrême nord de l'arc et le bord ouest de la piscine. G.-J. Wightman note la pente rapide du rocher à cet endroit. Il considère que les gradins bordant les parois rocheuses du bassin commençaient à quelques mètres seulement à l'est de l'arc161. Le mur sud de la citerne correspond d'après D. Bahat à l'escarpe du fossé qui limitait l'Antonia162. Le fait que l'angle nord-ouest du podium rocheux qui aurait supporté l'Antonia ait été taillé en fonction de l'orientation de la citerne permet de dire à Wightman que les travaux de réalisation de la citerne et du podium ont été accomplis en même temps163. Plusieurs arguments ont été avancés en faveur de la contemporanéité de la voûte de la piscine et du dallage. L'un est lié à la conception même de la voûte, voûte double qui n'était pas nécessitée par la largeur de l'espace à couvrir mais par une hauteur à ne pas dépasser, celle du haut du rocher avoisinant164. Un autre facteur d'ordre technique, souligné par Benoit, est la parfaite relation entre les canaux existant sur le dallage et

159 EH e a cependant été remise en question à plusieurs reprises, notamment par Meistermann, Prétoire, p. 13, puis par J. Simons, Jerusalem of the Old Testament, Leiden, 1952, p.434. L'identification avait été proposée par Clermont-Ganneau tandis que Warren pensait que le Strouthion désignait les piscines jumelles de Bethesda (PEFQSt 1880, p.38). L'usage de la citerne ne fait pas de doute mais on comprend mal pourquoi aucune trace a'enduit ne subsiste. 160 JAT, p.203-207 ; Forteresse, p.64-77. Vincent se réfère pour la section sud du bassin aux relevés établis par les ingénieurs du Survey lorsque cette section était encore accessible. 161 BAIAS 10,1990-91, p.18-19. 162 "The Western Wall Tunnels", dans H . Geva, éd., Ancient Jerusalem Revealed, Jérusalem, 1994, p. 177-190, particulièrement p.190. 163 BAIAS 10,1990-91, p.17. 164 Cette idée a été avancée par Wightman, BAIAS 10,1990-91, p.23-24.

Fig.6 La citerne du Strouthion, plan et coupe

63 les bouches percées dans les voûtes165. Pour Vincent et M.-A. de Sion, la citerne fut creusée et couverte au temps d'Hérode. Cette datation est contestée par P. Benoit qui s'est interrogé sur la date de construction de la voûte. Pour lui, une telle réalisation ne peut, du point de vue technique appartenir à l'époque de l'édification de l'Antonia qu'il place entre 37 et 35 av. J.-C. Sans entrer dans le détail de la construction, il se réfère à l'ouvrage d'A. Choisy où il est indiqué que la voûte maçonnée n'est apparue que sous le règne d'Auguste166. Un deuxième argument permet à Benoit de contrer l'hypothèse de la couverture hérodienne de la piscine. Il se rapporte à la découverte par B. Bagatti d'une base de colonne remployée dans la construction de la voûte où elle était placée à l'envers167. Il ne fait aucun doute pour Benoit que cette base est hérodienne, ce qui lui permet d'assigner à la voûte une date de construction plus tardive. Bagatti n'a, dans ses publications, livré aucun renseignement concernant la datation de la base. L'état très altéré de ses moulures et le fait qu'il n'existe pas de typologie précise des bases de colonnes romaines d'Orient la rendent difficile. Une autre donnée archéologique est notée par P. Benoit, servant l'idée que la citerne fut d'abord utilisée à ciel ouvert avant de recevoir sa couverture, ce qui est confirmé par l'interprétation qu'il fait du passage de Flavius Josèphe relatif à l'assaut lancé par Titus sur l'Antonia (G/ V, XI, 4 § 467). Benoit indique que les cinq gradins qui se trouvent au sommet des parois rocheuses de la piscine appartiennent à la structure des citernes ouvertes où leur fonction est de filtrer l'eau s'écoulant dans le bassin168. B. Bagatti, qui a observé ces degrés dans le domaine de la Flagellation, leur attribue le même rôle 169 (voir fig.8). Bagatti cite l'exemple de citernes palestiniennes qui présentent cette particularité. Vincent, après avoir reconnu un escalier, a rectifié cette interprétation en indiquant qu'il s'agissait plutôt de marches rocheuses de 165 Cf Exégèse et Théologie, IV, p.316.Tous les auteurs reconnaissent la parfaite cohésion entre voûtes et dallage, dont Vincent donne une description technique : "Dans la zone septentrionale, où les voûtes plus élevées affleurent directement les dalles par leurs claveaux de ferméture, la réalisation des bouches consistait simplement à encadrer par des dalles amincies à 22-25 cm l'espace béant d'un claveau supprimé.(...)On y chercherait vainement quelque indice d'un travail de seconde main ; par leurs plus menus détails techniques ces bouches s'harmonisent avec les voûtes et furent prévues dans la construction primitive." (JAT, p. 208). 166 L'art de bâtir chez les Romains, Paris, 1873.(cité dans Exégèse et théol, p.317-318). 167 la g, 1958, p.324, fig.7.

168 Clermont- Ganneau (PEFQSt 1871,2, p.106) considérait aussi que la citerne avait été utilisée à ciel ouvert avant d'être couverte mais il n'indique pas sur quoi se basait son assertion. C. Maurer (ZDPV 80,1964, p.149) le déduit du fait que les monnaies les plus anciennes retrouvées sur le site l'ont été dans la citerne. Ces monnaies appartenant aux époques hellénistique et hérodienne (cf p.92), cela pourrait être une indication que le couvrement soit plus tardif. 169 la 8,1958, p.322-323, fig.5 et 6 ; Recherches sur le site du Temple, p.50.

64 carrière 170 . Cette hypothèse semble peu vraisemblable par le fait même que des portions de maçonnerie ont complété la partie creusée de ces degrés 171 . L'hypothèse de gradins de décantation peut, elle aussi, être écartée. La fonction de filtrage qui leur a été attribuée n'est pas justifiable. Ces gradins, restitués par les auteurs sur le pourtour de la piscine, n'ont été, semble-t'il, été observés que du côté est, sur la courte portion existant sous la chapelle de la Condamnation. Il n'est en conséquence pas assuré que les autres côtés en aient été pourvus. Vincent évoque en effet des gradins "remblayés sous le grand dallage supérieur" 172 mais une seule tranchée a été pratiquée dans le dallage lors des fouilles et elle est située au nord de la citerne. Sur la citerne de Beit-Izza, proposée comme parallèle par Bagatti comme sur celles de Gezer, les marches ne sont présentes que le long d'un côté 173 . Elles permettaient l'accès au bassin. La citerne hasmonéenne visible dans le tunnel du mur occidental du Temple était également pourvue de marches d'accès. Le doute concernant la présence de gradins sur tous les bords du Strouthion permet de suggérer une fonction identique. La citerne se présente comme un long bassin rectangulaire creusé dans la roche, partagé en deux galeries par un mur médian et couvert par deux voûtes axiales 174 . L'étude typologique des voûtes et de certains éléments caractéristiques de la construction peuvent aider à la datation. Il s'agit de voûtes appareillées. L'usage de la voûte clavée est attesté dans la région dès le début du Ile siècle av. J.-C, à Iraq al Amir (Jordanie). A Jérusalem-même, on a un certain nombre d'exemples de la période hérodienne de voûtes maçonnées couvrant des structures creusées. Ainsi les miqw'ot des maisons découvertes dans le quartier juif de la Vieille Ville, et des tombes comme celle du Nazirite sur le mont Scopus (début 1er siècle ap. J.-C.) 175 . Dans l'architecture romaine d'Occident, les voûtes appareillées sont relativement rares, les constructeurs ayant plutôt recours aux voûtes en ciment, matériau moins coûteux et tout à fait adapté pour les structures voûtées et curvilignes. Le béton n'étant pas de JN, p.598 et RB 42, 1933, p.97, où il fait remarquer que le fond de la citerne "présente à peu près l'irrégularité usuelle d'un fonds de carrière". 171 C'est ce que note Bagatti : LA 8, p.320, Recherches p.50. Vincent indique que les gradins avaient été régularisés par du béton (JN, p.598). 170

172 JAT, p.203. 173 Pour Beit- Izza, cf pl. 3 7 / 9 2 de B. Bagatti, I monumenti di Emmaus el-Qubeibeh e dei dintorni, Jérusalem, 1947 ; pour Gezer, cf R.-A.-S. Macalister, The Excavations of Gezer, I, Londres, 1912, p.274-275. 174 L'appareillage des voûtes est composé d'assises d'une hauteur régulière, d'environ 0,30 m, dont certains blocs ont une longueur dépassant 1,10 m. 175 c f Eretz-Israel 10,1971, pl.36. Deux exemples de tombeaux sont cités par M.A. de Sion, Forteresse, p.67.

65 qualité satisfaisante en Orient, la voûte appareillée est plus largement employée. La couverture des citernes est cependant plus généralement réalisée au moyen de dalles supportées par des arches régulièrement espacées176. La solution consistant à partager l'espace à couvrir en deux galeries résulte selon Wightman d'une volonté d'adaptation de la hauteur de la couverture au niveau du contexte environnant177. L'auteur remarque que ce bassin large de 14 m aurait techniquement pu être couvert par une voûte unique, les "arche de Wilson" et "arche de Robinson" couvrant un espace large de 13 m (précisément 13,40 m et 12,80 m). La voûte de l'"arche de Wilson" n'est, en fait, pas hérodienne dans son état présent. A Samarie, le corridor souterrain du temple d'Hérode fut dans une première étape pourvu de voûtes jumelles, remplacées à la période romaine tardive par une voûte unique couvrant une largeur de 6,20 m 178 . Vincent avait également retenu comme parallèle l'arche de Wilson, ainsi qu'une arche située dans le prolongement du "viaduc de Warren". Les études récentes ont montré qu'une partie de ces structures voûtées appartenait à une époque plus tardive que l'époque hérodienne, probablement le début de la période arabe179. De l'époque hérodienne dateraient seulement les murs -et non les voûtes- de 1' "arche de Wilson" et de la salle connue sous le nom de "Masonic Hall". L'argumentation de Vincent, qui fait remonter à la période hérodienne aussi le "Secret Passage", est basée sur certaines ressemblances d'ordre technique qu'il considère comme une "complète analogie structurale". La datation de ces salles est pour lui assurée du fait que "les voûtes de (...) l'Antonia sont d'époque hérodienne incontestable" 180 . Les structures voûtées sûrement attribuées à l'époque hérodienne sont peu larges. Il ne faut cependant pas en déduire que les architectes de cette période n'aient pas eu la capacité technique de couvrir de larges espaces. On doit bien admettres que les salles évoquées plus haut étaient à l'origine couvertes de voûtes appareillées, même si celles-ci n'ont pas été conservées. Les voûtes de large portée sont fréquentes au Ile siècle. H. Dodge, qui cite l'exemple des bains d'Hadrien à Hierapolis (Asie Mineure) dont le frigidarium nord est couvert par une voûte de 12,50 m, indique : "The fact that cut-stone was used for large-scale 176 Un exemple proche chronologiquement et géographiquement est celui de la citerne centrale de la "Piscine Probatique" où la voûte fût à l'époque d'Aelia Capitolina remplacée par cet agencement. (M.-J. Pierre, J.-M. Rousee, "SainteMarie de la ProBatique, état et orientation des recherches", POC 31,1981, p.23-42). 177 BAIAS 10, p.23-24. 178 c f G.-A. Reisner, C.-S. Fischer, D.-G. Lyon,Harvard Excavations at Samaria, 1908-1910, Cambridge, 1924,1, p.172 et fig.83. 179 s u r C es salles, voir l'article de D. Bahat cité en notel62. 180 JAT, p.62.

66 vaulting in the Roman period should not be viewed with surprise ; it is merely représentative of the logical development of a pre-existing tradition as well as good use of local materials."181 Le mur médian est percé d'ouvertures surmontées d'arcs à double rang de voussoirs. Des exemples anciens de cet agencement peuvent être cités, comme l'arc de tête de la Cloaca Maxima à Rome qui présente trois rangs de voussoirs et est daté du début du 1er siècle av. J.-C. (vers 80) ou la Porta Maggiore à Ferentino qui présente deux arcs à double rouleau de claveaux, datant de la même période. Il ne s'agit toutefois pas de parallèles dans la mesure où ce ne sont pas des arcs de décharge comme c'est le cas au Strouthion. Il n'y a pas là en tous cas d'indice de datation. Certaines portions du berceau des voûtes ne sont pas en plein-cintre, bien que Vincent fasse observer que le terme de voûte brisée ne puisse vraiment s'appliquer au tracé qu'elles présentent. Le tracé de la courbe des voûtes est irrégulier182. Vincent explique que, dans les sections où les supports se rapprochent, le tracé du berceau subit une déformation car, le nombre des voussoirs restant le même, la voûte se trouve légèrement relevée. Cette explication n'est pas convaincante. L'architecte avait la possibilité de placer le sommier de la voûte un peu en retrait sur les parois rocheuses, procédé auquel il a eu recours dans une section du tunnel oriental où un débord de quelques centimètres a été noté. Surtout, c'est dans la partie centrale de la citerne et non la partie la plus étroite que se trouvent les voûtes de ce type. Les portions de voûtes présentant une section pointée ne sont cependant pas de réelles voûtes brisées car cellesci sont pourvues d'un voussoir de faîte d'une forme qui lui est propre, élément qui n'existe pas ici. Les voûtes brisées sont rares dans l'empire romain. D'une manière générale, les Romains ont utilisé des voûtes en plein-cintre ou surbaissées. A. Choisy a noté que des arcs brisés existaient dans l'architecture romaine de la Cyrénaique et de l'Orient183. Peut-être pourrait-on y voir une survivance de traditions anciennes puisque la forme existe dans l'architecture de l'Orient ancien, réalisée dans un matériau différent, la brique. Ainsi, à Tello (Iraq) se trouve un bâtiment, identifié sans certitude comme un réservoir, dont une partie est voûtée par un berceau, "sorte d'ogive imparfait"184. 181 "The Architectural Impact of Rome in the East", dans M. Henig, Architecture and Architectural Sculpture in the Roman Empire, Oxford, 1990, p.108-120, cf p.114. 182 C'est principalement cette observation qui fût à la base de l'opinion émise à la fin du siècle dernier, que les souterrains furent couverts à différentes périodes. Wilson considérait que la voûte brisée correspondait à une réparation de la couverture. 183 Histoire de l'architecture, I , Paris, 1899, réimp. Paris, 1976, p.406. 184 R. Busenval, Technologie de la voûte dans l'Orient ancien,Paris, 1984,1, p.86.

67 Les parois supportant les voûtes étant inclinées, les architectes ont adopté le parti de les diviser en trois sections dont une inclinée entre deux horizontales. La voûte inclinée est d'une conception difficile et, là encore, l'Occident romain y a peu recouru, préférant le système des arcs échelonnés lorsqu'il y avait nécessité d'une voûte placée en oblique. Les exemples régionaux cités par M.-A. de Sion sont ceux de voûtes en berceau échelonné. Des berceaux inclinés se rencontrent dans les édifices de spectacles et de jeux où ils couvrent des surfaces étroites, généralement des escaliers. Comme exemples proches, on peut citer l'hippodrome de Tyr (Ile-IIIe siècle) et le théâtre de Shahba-Philippopolis (Ille siècle). De belles voûtes inclinées se rencontrent aussi au stade de Pergé (Pamphylie), du Ile siècle, où l'espace couvert est large de 5,70 m, et à l'odéon d'Athènes (Ile siècle). M.-A. de Sion s'interroge sur la présence de décrochements avec "segment d'arcade en blocage" à la jonction entre la partie horizontale sud et la portion de voûte montante, et parle de "gaucheries" dues aux artisans185. Le rapprochement qu'elle établit avec les voûtes de soutènement du temenos de Zeus à Jerash et la remarque que cette structure n'existe pas du côté où la voûte inclinée se raccorde à la portion de voûte horizontale au nord, suffisent à indiquer que l'objectif de l'architecte était de surhausser le départ de la voûte montante de façon à en réduire l'inclinaison. Le décrochement permet également d'éviter la rencontre des berceaux. Il semble donc s'agir plutôt d'une habileté technique. En conclusion, il apparaît qu'on est en présence d'une réalisation très aboutie du point de vue technique et qui présente un appareillage soigné. Les parallèles ont montré que les méthodes de construction employées existaient à des périodes reculées, mais leur combinaison et la qualité observée dans leur traitement indique qu'on se place à une période où on est arrivé à une maîtrise des techniques de voûtement. L'emploi du berceau incliné semble être l'indice d'une construction romaine tardive. Nous reprenons à notre compte la remarque de Benoit concernant la date de construction de la piscine, qui serait postérieure à l'époque hérodienne. Le dallage (pl.ll, 12) La question du rapport entre l'arc et le dallage a fait couler beaucoup d'encre. Nous avons vu que le sondage réalisé en 1966 avait permis de confirmer que l'arc reposait directement sur le rocher et non sur le dallage. Si l'on rectifie l'interprétation de ce sondage comme l'a fait Blomme, en considérant que le bloc visible à sa base appartient à la 185 Forteresse, p. 70.

68 maçonnerie de l'arc et non au rocher, on n'a plus aucun indice d'un lien physique entre l'EH et le "Lithostrotos"186. Cette pierre pourvue d'une avancée avait été considérée comme étant la partie supérieure du rocher qu'on aurait taillé de façon à permettre l'insertion d'une dalle. Le fait qu'il s'agisse d'une pierre appareillée et non du rocher ne remet pas nécessairement cette théorie en cause. Il aurait pu y avoir le même souci d'adaptation des dalles au pied de l'arc, qui aurait entraîné cet arrangement. Cette lecture des faits n'est cependant pas assurée. C. Coiiasnon a mis en avant un obstacle, le fait que le niveau des dalles serait à cet endroit de 45 à 50 cm plus haut que celui du pavage de la crypte. Il a cependant aplani cette difficulté en proposant de tenir compte de la dénivellation du terrain. L'idée que le dallage avait été posé en fonction de l'arc entraînait celle de la contemporanéité des deux. Si l'on considère que l'assise de base de l'arc a été travaillée de façon à recevoir l'extrémité du dallage, on a une deuxième solution car cet arrangement aurait pu être réalisé dans un second temps. Du fait de l'absence d'un lien physique entre l'arc et le dallage, on peut admettre les deux éventualités, celle d'une unité de conception et celle d'une adaptation postérieure du dallage.

Fig.7 Vestiges du site de l'Antonia d'après L.-H. Vincent 1 : hypogée-"corps de garde" 2 : escarpe rocheuse 3 : arc 4 : "galerie nord" 5 : stylobate 6 : citerne du Strouthion 7 : canaux 186 RB 86,1979, p.270.

69 La situation de l'arc par rapport à la zone dallée soulève une deuxième question. Cette zone, conservée sur une surface d'environ 400m 2 comporte une partie striée187. L'hypothèse devenue traditionnelle voyait dans ce dallage le pavement d'un forum coupé par une voie. L'arc qui enjambait la voie aurait marqué l'entrée de la place. Les difficultés relatives à cette hypothèse ont bien été mises en évidence : l'arc n'est pas placé correctement, c'est-à-dire de façon symétrique, par rapport à la cour ou place telle qu'elle a été restituée, il n'est pas non plus placé dans l'axe de la zone striée. En dehors de cette partie striée dont des portions ont été conservées à l'ouest et à l'est de l'arc, le dallage n'existe pas dans la zone où se trouve l'arc. Trois portions du dallage strié sont visibles. La plus grande se développe dans le prolongement oriental du dallage lisse conservé sous le couvent de l'Ecce Homo, les deux autres sections se voient sous la basilique de ce couvent et dans la chapelle de la Condamnation 188 . L'aspect des dalles est le même sur les différentes sections. On peut constater une plus grande altération des dalles de la partie striée par rapport au dallage lisse. La plupart des dalles présente des stries serrées mais, sur certaines, les stries sont plus espacées. Le niveau d'usure est plus important sur quelques dalles où les stries sont partiellement effacées. Il n'y a pas de cohérence dans l'emplacement de ces dalles usées. Ainsi, dans la section de la chapelle de la Condamnation, une seule dalle présente ces traces d'usure. La présence de quelques dalles usées et de dalles pourvues de stries plus espacées que les autres, et les éclats visibles sur les bords de certaines, amène à penser à une reprise de cette partie du dallage. Elle aurait consisté soit en une réfection complète soit au remplacement de quelques-unes des dalles. En ce qui concerne la partie conservée dans le couvent de l'Ecce Homo, H. Sénés a montré, à l'aide d'observations techniques, que, hormis la petite section sous le narthex, elle semblait résulter d'une réfection du pavement. Il a noté, entre autres remarques, que la rangée de dalles lisses contigue à la partie striée avait des bords non parallèles, "comme pour effectuer un redressement de l'orientation du dallage"189. 187 il n ' y a p a s de consensus sur la superficie de la surface dallée et ses limites, ni sur la situation exacte de sa partie striée, comme on peut s'en rendre compte d'après les différents plans. Les chiffres annoncés, variant entre 1500 et 2500 m2, sont ceux de la superficie qu'aurait à l'origine recouverte le pavement s'il s'était étendu jusqu'aux limites imposées par l'escarpe rocheuse. 188 Les planches L X / 6 et LXI/III de L.-H. Vincent et F.-M. Abel, Jérusalem, II, montrent le dallage avant la construction de la chapelle moderne où il n'est plus que partiellement visible. 189 Biblica 38,1957, p.358-363, spécialement p.361. L'idée de H. Sénés, qui a effectué un relevé des dalles striées, est cjue l'espace était d'abord, sous Herode, une cour fermée qui a été transformée ultérieurement en zone de circulation.

70 Ce pavement, connu sous le nom de Lithostrotos, n'a pas été daté avec certitude190. Pour P. Benoit, le dallage étant forcément contemporain de la voûte qui le supporte, c'est la datation de celle-ci qui permettra d'assigner une date au dallage. L'examen du lit de pose a été réalisé par D. Bahat sur une étroite section du dallage localisée au sud de la galerie septentrionale 191 . Les dalles soulevées reposaient sur un lit de pose endessous duquel se trouvait une épaisse couche de pierres et de terre mêlées. En certains endroits, un matériel moderne s'était introduit. L'ensemble des tessons retrouvés a été reconnu par l'archéologue appartenir au 1er siècle. Il identifie la couche comme étant le résultat d'un remplissage qui se serait produit après la destruction de la cité en 70, observant qu'un niveau semblable existe en de nombreux points de la ville. Le pavement lui-même ne présente pas de caractères particuliers, et des ressemblances avec des exemples de dates aussi bien hérodienne que byzantine ont été notées 192 . Vincent a remarqué la similitude du pavement de l'Ecce Homo et de celui de l'hospice Alexandra193. Sur la base de cette ressemblance, et partant de l'affirmation que le Lithostrotos est romain, il recule la datation du dallage de l'Hospice Alexandra, jusque-là considéré comme byzantin. Le pavement du cardo peut être rapproché du Lithostrotos de même que celui conservé à l'intérieur de la porte de Damas. En revanche, la rue pavée dégagée au pied de l'esplanade du Temple et reconnue comme hérodienne194, présente un agencement différent. L'emploi de dalles de mêmes dimensions lui confère une grande régularité. Les dalles sont soigneusement taillées et exactement ajustées les unes aux autres, ce qui n'est pas le cas sur notre pavement. Ces caractéristiques définissent aussi les deux sections de pavement observées près de la Porte des Lions et devant la "3e station". Les tessons 190 Le nom de Lithostrotos est issu de l'Evangile de saint Jean où il désigne le pavement de la cour dans laquelle fut jugé Jesus-Christ. P. Benoit (Exégèse et théologie, IV, p.314, note 10) ne pense pas que les caractères du dallage de l'Ecce Homo autorisent l'identification. 191 Le rapport de cette fouille n' a à ce jour pas été publié. Les informations nous ont été communiquées par D. Bahat. 192 Benoit (Exégèse et théologie, p.313-316), qui cite un certain nombre d'exemples, a mis en avant le fait que les pavements appartenant à différentes époques ne se distinguent pas forcément dans leur aspect, et conclut que la comparaison ne fournit pas a ' indice chronologique. C'est l'une des difficultés qui se posent pour la datation d'un dallage, une autre étant que les dalles étant régulièrement soulevées, le matériel retrouvé en-dessous n'est pas forcément contemporain de leur pose. 193 Bien que ne l'ayant pas retenue dans un premier temps : "si nous cherchons quelque pavement comparable, nous ne le rencontrons (...), ni au Forum d'Aelia. (RB 42,1933, p.104). Le mauvais état de conservation de ces dalles n'autorise pas le rapprochement. 194 Elle a récemment été attribuée à Agrippa I.

71 associés à ce dallage ont permis sa datation à l'époque hérodienne195. L'épaisseur des dalles semblerait indiquer qu'on ait conçu l'espace comme un lieu de circulation plutôt qu'un espace piétonnier. D'une manière générale en effet, les lieux tels que les forums, non soumis au passage des chars, sont revêtus de dalles minces, les voies de circulation étant, elles, couvertes de dalles de pierre dure et épaisses. Limites du dallage Nord : la limite est marquée en partie par les galeries nord et est que nous décrirons plus loin. Sud : les murs sud du couvent de l'Ecce Homo et de la chapelle de la Condamnation limitent la partie visible du pavement mais une portion en a été observée plus au sud, en 1870, par Warren 196 . Celui-ci, explorant le tunnel reliant le sud-ouest de la piscine à l'esplanade du Temple, fait état de la découverte d'un pavement qu'il considère être le même que celui de l'EH. On n'a aucune autre mention de cette partie de dallage observée audessus de l'arche recouvrant une partie du tunnel197. Ouest : Meistermann signale que le dallage de la cour, c'est-à-dire la partie lisse du dallage, s'interrompt à une distance de 21 m à l'est de l'escarpe nord-sud 198 . Cela n'apparaît pas dans les publications plus tardives où il est restitué jusqu'à l'escarpement. La section aujourd'hui visible est plus étroite que celle qu'a vue Meistermann, en partie masquée par la rue et les constructions du couvent. Le témoignage de ce dernier est chargé de conséquences puisqu'il nous apprend que le dallage lisse conservé s'interrompait un peu à l'est de l'arc 199 . La restitution de l'espace dallé à l'ouest de l'arc n'est donc pas assurée. Elle nous paraît peu probable du fait de l'existence d'un massif rocheux au nord-ouest du monument. En ce qui concerne l'espace strié, les dalles se poursuivent à 195 Pour la section de la rue des Lions, cf NEAEHL, II, p.743. 196 SWP, Jerusalem, p.211. 197 Nettement plus au sud, des dalles striées du même type que celles du "Lithostrotos" ont été vues par J. Murphy-O'Connor dans le vestibule du "Ribat Mansuri" (The Holy Land, An Archaeological Guide from Earliest Times to 1700, Oxford, 1992, p.42) . La ressemblance a également été notée par M.- H. Burgoyne qui indique que les dalles sont en remploi (Mamluk Jerusalem, Jérusalem, 1987, p.133). 198

Le prétoire de Pilate, p.30.

1 " Il n'y a pas lieu de douter de l'affirmation de Meistermann qui donne par ailleurs une mesure exacte de la largeur de la zone dallée. Les architectes du Survey indiquent que le pavement s'étendait jusqu'à l'arc (SWP, Jerusalem, p.211). Sur le plan de C. Mauss (La piscine de Bethesda, Paris, 1888, fig.45 ), une ligne est tracée gui définit la zone à 1 intérieur de laquelle des portions de dallage ont été observees. Le manque de précision du plan et l'absence de description l'accompagnant limitent l'exploitation qu'on peut en faire. On peut s'étonner de voir la ligne contourner la piscine au nord et le piédroit médian sud de l'arc.

72 l'ouest de l'arc jusqu'à une distance importante de celui-ci puisqu'elles ont été observées par R. Savignac jusqu'à l'est de l'hospice autrichien200. La partie dallée visible devant celui-ci a dû appartenir à la même voie. Est : du côté est, le dallage est le long de sa partie nord limité par un banc de maçonnerie dégagé dans le domaine de la Flagellation 201 (voir fig. 8). A l'instar de Meistermann, Vincent et M.-A. de Sion parlent d ' u n stylobate ou stéréobate 202 . Ce banc, composé de deux parties d'une longueur totale de 17 mètres et formé de longues dalles, est partiellement visible à l'intérieur et devant le musée de la Flagellation. Des marches étaient accolées au banc tandis que de petites cavités sont creusées sur les dalles. Bagatti infirme l'hypothèse du stylobate et supprime l'idée d'un portique mais ne présente pas d'autre interprétation concernant la fonction de ce banc203. Plus au sud, une saillie rocheuse est signalée par Meistermann et par Vincent comme formant la limite du dallage204. Les relevés effectués dans le domaine de la Flagellation ont permis d'établir qu'en fait, le pavement ne s'étendait pas au delà d'un caniveau qui se développe dans l'axe du banc de maçonnerie, légèrement plus à l'est205. La masse rocheuse évoquée est celle qui émerge derrière le chevet de la chapelle de la Condamnation (voir fig.8). On constate que la présence de cette saillie rocheuse, se trouvant sur le tracé de la voie dallée, aurait constitué un obstacle au prolongement de celle-ci vers l'est. Cette voie striée est présentée sur les plans de M.-A. de Sion comme se prolongeant,

200 "Création d'un sanctuaire et d'une tradition à Jérusalem", RB 16,1907, p.113126. 2

° 1 Bagatti, Recherches, p.47-49, et LA 8,1958, p.316 à 320 et fig. 2 à 4. M.-A. de Sion évoque l'existence de ce "stéréobate" en bordure nord d u dallage mais lui attribue un bloc d'appareil à refends et à bossage, différent des pierres composant la partie visible dans le domaine de la Flagellation. 202 L e terme de stéréobate employé par Vitruve désigne un mur de fondation mais il a été interprété de différentes manières. Il semble avoir été utilisé ici comme synonyme de stylobate.

203 IA 8, p.316-17. 204 "E n c e t endroit, le pavé bute contre le rocher ". Meistermann indique aussi que le rocher "porte en divers endroits les premières assises de constructions romaines" (Prétoire, p.31). 205 La situation de ce caniveau et celle du banc de maçonnerie s'accordent mal car le tracé d u premier est décalé à l'est de celui du banc. Cela s'explique si l'on dissocie l'espace revêtu du pavement lisse de la partie pourvue de dalles striées, dont le développement n'était pas le même. Le caniveau ne nous semble pas avoir constitué la limite orientale de la section striée. Quant au "stylobate", il aurait p u marquer la limite entre la cour et un espace dévolu à une autre fonction, marqué par u n o u des bâtiments auxquels appartiendraient les murs visibles dans le musée de la Flagellation.

73 réduite en largeur, au-delà de la limite orientale de la cour 206 . Si cette partie du dallage a réellement été observée au sud de la chapelle de la Condam-nation, cela indiquerait que la voie se prolongeait à l'est seulement partiellement207. Si cette partie de dallage n'existe pas, c'est que la voie se terminait à l'extrémité de l'espace dallé, sans débouché. Dans les deux cas, la situation paraît anormale. Quelle pourrait être la raison d'être d'une voie aboutissant à l'extrémité d'une cour ou place ? Et par ailleurs comment imaginer que cette voie se rétrécisse au point où elle sort de la ville ? 208 L'examen des plans montre que le rocher formant obstacle se trouve placé dans l'axe de la petite baie de l'arc, la partie de la voie enjambée par l'arcade centrale, celle empruntée par les véhicules, pouvant se poursuivre sur toute sa largeur. La relation entre l'arc et la voie à dalles striées ne s'impose pas facilement. Les plans de Vincent et M.-A. de Sion indiquent que le dallage strié n'existait pas sous le passage sud de l'arc (voir fig.7). D'après les portions conservées, il ne se serait pas étendu sur toute la largeur de son arcade septentrionale. Les stries n'étaient en fait pas nécessaires sous les ouvertures latérales de l'arc, réservées au passage piétonnier, mais si l'arc et le dallage avaient été conçus l'un avec l'autre, il y aurait probablement eu une harmonisation. La largeur de la voie était limitée par la présence, à une quinzaine de mètres à l'ouest de l'arc, du "trottoir rocheux". Il n'existe à priori aucun argument décisif en faveur ou opposé à la contemporanéité du pavement et de l'arc. L'ensemble des données prises en compte permet néanmoins de restituer un contexte dans lequel l'arc et le dallage coexistent. On serait tenté de concevoir plusieurs phases dans l'aménagement de l'espace dallé, l'une d'entre elle correspondant à la pose du pavement lisse et la seconde à l'établissement de la voie striée. Il a en effet été noté que les sections striées présentaient des traces de réfection, observation à laquelle on peut ajouter le fait que certaines dalles de ces sections ont manifestement été remployées. C'est ce qui explique probablement la présence du caniveau dans la chapelle de la Condamnation, dont le tracé est perpendiculaire par rapport aux autres

206 Là encore, on observe des divergences entre les plans de Vincent et de M.-A. de Sion. Sur le premier, c'est un dallage lisse qui se poursuit dans la continuation de la voie striée au-delà de la cour. On note aussi que M.-A. de Sion restitue deux bandes striées parallèles tandis que Vincent présente une zone sans interruption. La portion de dallage strié de la chapelle de la Condamnation se développe plus au sud que la partie visible dans le couvent de l'Ecce Homo. 207 Wightman (BAIAS 10,1990-91, p.24) indique qu'une portion de la voie a été trouvée près du Birket- Israïl. 208 Cette largeur était cependant suffisante pour une voie de circulation.

74 caniveaux 209 , de même que celle, signalée par M.-A. de Sion, de deux dalles dépourvues de stries et sur lesquelles sont gravées des jeux 210 . Les jeux étant identiques à ceux de la cour, ce sont peut-être des dalles en provenant. On peut observer que l'établissement d'une place dallée à cet emplacement entraînait des difficultés dues à la topographie des lieux puisqu'il a fallu intégrer le paysage rocheux dans la conception. Pourquoi aurait-on établi une place publique dans un contexte rocheux aussi malaisé ? Le positionnement de l'arc par rapport au rocher de la Flagellation qui, nous l'avons vu, n'obstrue pas l'axe de son ouverture centrale, pourrait indiquer que le débouché vers l'est faisait partie du "cahier des charges" des constructeurs de l'arc. Il y aurait donc à l'origine une relation entre l'arc et une voie ou en tous cas un passage en direction de l'est211. Les salles septentrionales La "galerie nord" : cette salle borde l'espace dallé dans sa partie nordest, légèrement en contrebas par rapport à lui. Elle a été dégagée lors des travaux de fondation du couvent et décrite par Vincent et M.-A. de Sion, dans le cadre de leur reconstitution de la forteresse Antonia 212 . Les structures consistent en une large salle limitée au nord et au sud par des murs épais, divisée en deux galeries dans le sens de la longueur par des piliers de section carrée. Du côté est, la galerie nord est arrêtée par un contrefort massif tandis que la galerie du sud se poursuit, formant une sorte de corridor . L'ensemble est couvert de voûtes d'arêtes surbaissées. Les murs comme les piliers et les voûtes qu'ils supportent présentent un caractère tardif et ne sauraient être attribués à une époque précédant l'époque arabe213. De la même façon, l'escalier reliant cette salle à la "salle du silo", que M.-A. de Sion évoque comme "escalier antique", ne peut être estimé antérieur à cette période. La "galerie nord" était reliée au Strouthion qui se trouve en contrebas. Les aspérités du sol rocheux dans 209 L a présence de ce caniveau ne s'oppose pas à la poursuite de la voie vers l'est, même si elle a dû constituer une difficulté pour la circulation. 210 Forteresse, p.124. 211 II n'est pas exclu que le massif rocheux, sur lequel des blocs antiques ont été vus par Meistermann, ait supporté la pile d'une arche simple qui aurait enjambé la voie. 212 JAT, p.200-201, et Forteresse, p.88-89. Les clichés illustrant la publication des fouilles de 1933, Le Lithostrotos, ont été retouchés, de sorte que les piliers paraissent antiques. Wightman (BAIAS 10, 1990-91, p.25-27) a mis en avant les divergences apparaissant entre les reconstitutions de ces salles par Vincent et M.A. de Sion, mais il ne semble pas avoir observé les vestiges sur place ni tenu compte des investigations de D. Bahat. P. Benoit (Exégèse et théologie, p.334-336) avait déjà confronte les plans et descriptions de ces auteurs pour en relever les différences. 213 La salle est désignée comme médiévale sur les panneaux de présentation.

75 le corridor oriental sont identifiées par Vincent comme les restes d'un escalier descendant du Lithostrotos. Il s'agit, comme dans les pièces adjacentes, de degrés permettant de réguler l'écoulement de l'eau. Des blocs de fort calibre, visiblement retaillés, sont intégrés dans la maçonnerie des murs. Trois d'entre eux marquent l'angle du gros contrefort. Celui du bas présente un bossage et des marges sur l'une de ses faces214. Il n'est de toute évidence pas en usage primaire. Il n'a pas été taillé pour cet emplacement puisque l'une des deux faces visibles présente un bossage tandis que l'autre est lisse. Il a également été retaillé dans la longueur car il ne présente pas de marges le long de l'arête de gauche, qui est d'ailleurs irrégulière. La face ouest de ce bloc est large de 0,75 m, la hauteur du bloc étant de 0,60 m. La saillie du bossage est de 3,4 cm. Les marges, inégales, sont larges de 10 à 12 cm. Le champ est grossièrement dressé, il semble que le bossage que présentait la pierre à l'origine a été aplani. La pierre surmontant ce bloc est longue de 0,90 m sur sa face ouest, et haute de 0,60 m. Elle est lisse et présente des traces de "combpick". La troisième pierre, lisse, présente sa face longue dans le corridor. La longueur est de 0,85 m. Les auteurs indiquent que des pierres à marges du type du bloc inférieur du pilier ont été retrouvées en grand nombre parmi les éboulis du mur nord effondré. Ils en déduisent que la façade extérieure du mur aurait présenté ce type de parement à marges et redans. Aucune de ces pierres ne se trouve sur place. Ils évoquent également des traces de calcination de certaines pierres du mur nord, traces qui ne sont plus visibles. Considérant ces marques d'incendie et l'identification d'un renfoncement dans un mur comme la brèche qu'aurait creusée un boulet trouvé sur place, ils reconnaissent une phase de destruction de la salle. Aucun élément, dans l'état actuel de la galerie, ne peut être attribué à une destruction. La destination de cette salle est mal définie. Vincent et M.-A. de Sion s'accordent pour reconnaître, dans sa partie orientale, un système de captation des eaux dirigées vers un bassin aménagé au sud de la galerie. Une fonction défensive a aussi été attribuée à la galerie par Vincent, déduite de sa position supposée au nord de l'Antonia et de l'épaisseur de son mur septentrional215.

214 Bagatti signale la similitude entre ce bloc et l'un de ceux de la bouche n°l (Recherches sur le site du Temple, p.70 note 34). 215 Ce mur "paraît se prolonger à l'est très loin sous les constructions modernes" d'après M.-A de Sion. Sur les plans de Vincent il s'arrête au niveau du contrefort tandis que se poursuit l'escarpe sur laquelle selon lui la galerie aurait été bâtie. Quoicju il en soit, la fonction défensive ne peut être invoquée, étant donné la situation de la salle dans le fossé, et celle de la "salle du silo" qui la surplombe.

76 A l'ouest de la galerie se trouve une extension du Strouthion 216 .

Fig. 8 Secteur ouest du domaine de la Flagellation 1 : gradins de la citerne 2: dallage 3: massif rocheux 4: «stylobate»

A l'est, légèrement surélevé par rapport à la galerie nord, se trouve un espace désigné comme la "galerie est". Il nous semble qu'il ne s'agissait pas d'une salle à l'origine mais de la continuation de la zone postérieurement couverte pour former la galerie nord. La couverture et les murs n'appartiennent pas à l'état ancien. Le sol de la salle est constitué par le rocher en déclivité dans lequel des aménagements ont été réalisés. L'élément majeur est un bassin rectangulaire dont l'ouverture est de 1,55 m sur 0,75 m. Trois marches sont taillées du côté nord. Au sud, la paroi du bassin est plus basse. M.-A. de Sion restitue un système de vanne amovible. De ce côté, une canalisation relie le bassin à un autre bassin, ovale, d'un rayon d'environ 0,50 m et d'une profondeur d'une trentaine de centimètres. A proximité de ce second bassin et relié à lui par des 216 Wightman (BAIAS 10, 1990-91, fig.8 et 9) a mis en parallèle les plans de Vincent et de M.-A. de Sion afin de faire apparaître leurs divergences concernant les structures à l'ouest et au nord de la galerie.

77 canalisations faiblement marquées dans le sol, se trouvent de petites cupules. Ces cavités correspondent à ce qui est désigné sous le nom de "cup-marks", liées le plus souvent à l'alimentation en eau ou à la production d'huile. On a probablement là un pressoir à olives, d'un type simple, tel que ceux qui ont été repérés dans la région de Gezer et de Beth Guvrin 217 . L'identification d'un pressoir à vin n'est cependant pas exclue 218 . Cette salle montre également des traces nettes de travaux de carrière. Au nord de la galerie septentrionale, se trouve une salle dont M.-A. de Sion seule a noté l'existence et qu'elle nomme "salle du silo". Elle a indiqué qu'elle était surélevée de 8 m par rapport à l'espace dallé. La présence du silo maçonné et des deux citernes qu'elle décrit a pu être constatée. En revanche, ce qu'elle évoque sous la mention de "trace de pressoir antique" et figure sous la forme de deux cercles inscrits est inexistant219. A son emplacement, se trouve un double bassin résultant d'un aménagement récent. Il recouvre peut-être la structure décrite, qui aurait été creusée dans le sol. Le silo est entièrement construit. Il présente à l'intérieur une maçonnerie très régulière et un appareillage grossier à l'extérieur. Des parallèles nombreux sont cités par l'auteur pour justifier l'identification du silo, confortée par l'idée que toutes les conditions étaient réunies pour le stockage de denrées220. On peut s'étonner que l'humidité ambiante provenant de la présence des citernes et de l'écoulement des eaux sur le sol ait pu constituer un facteur favorable. La fonction de ce vestige ne fait cependant pas de doute mais la question de son ancienneté peut être discutée. Aucun silo antique de Palestine ne peut être comparé à celui-ci, la présence de parois aussi bien appareillées ne trouve pas de correspondance dans l'architecture des silos. On observe aussi que les traces d'outils visibles sur la maçonnerie, se présentant comme des stries espacées, ne ressemblent pas à celles observées sur les constructions antiques de la région. La construction du silo doit être attribuée à la période arabe, reconnue par M.-A. de Sion comme la période d'aménagement des citernes de cette salle. Au fond de la pièce, à son extrémité orientale, se trouve le départ d'un couloir rocheux de faible 217 A Jérusalem, un pressoir a été retrouvé dans les dégagements des salles souterraines du St-Sépucre. De petites cupules semblables aux nôtres se trouvent près des bassins. V. Corbo y voit des petites fosses destinées à recevoir des amphores. ("Gli édifici délia S. Anastasis, LA 12,1962, fig.13). 218 Voir par exemple le pressoir découvert à Jérusalem : "Jérusalem, Giv'at Massu'a", ESI 12,1993, fig.89. 219 Forteresse, p.60 et pl.14. 220 L'auteur reconnaît d'ailleurs une fonction de grenier à cette salle, "en temps de paix", la même salle ayant pu jouer un rôle défensif.

78 largeur qui se dirige vers le nord. Cet étroit tunnel n'a jamais été complètement exploré. M.-A. de Sion y reconnaît "l'amorce de la sape creusée par les Zélotes pour miner l'agger de Titus..."221. Il a été établi par Bahat qu'il s'agissait de l'extrémité du canal dirigeant l'eau depuis le nord vers le Strouthion. La question de la fonction de ces salles doit être examinée. Les trois salles se trouvent à des niveaux différents. Dans les deux dernières qui ont été décrites, la déclivité du rocher et les installations permettaient de drainer l'eau s'écoulant de la paroi rocheuse et du canal jusqu'à la galerie septentrionale. De là, l'eau se jetait dans la piscine double. La présence de gradins ou d'aspérités taillées sur le sol rocheux et celle de bassins à différents niveaux s'accordent avec cette utilisation222. Les aménagements visibles dans le domaine de la Flagellation sont comparables à ceux de l'EH. Des "cup-marks", plus larges et plus profonds que ceux de la "galerie est", apparaissent sur le massif rocheux à l'est de la chapelle de la Condamnation. On peut imaginer que les structures évoquées aient existé à l'origine dans un espace découvert - les assises encore en place dans le domaine de la Flagellation et les matériaux anciens en remploi dans les salles de l'Ecce Homo auraient alors appartenu à des constructions plus récentes-. A l'époque médiévale, qui aurait vu l'installation du silo et des citernes de la "salle du silo", l'espace aurait été aménagé en plusieurs salles reliées entre elles. La datation des structures d'origine ne peut être établie. La fonction à laquelle elles se rapportent peut être entrevue comme artisanale223. Des ateliers de foulons sont attestés dans la région de la piscine de Bethesda. Les quartiers nord de la cité étaient, d'après Flavius Josèphe (G/ V, 331), affectés aux activités commerciales et artisanales. La présence probable d'un pressoir et l'existence de cavités destinées sans doute à recevoir des jarres, permet d'envisager la production d'huile ou de vin. La création d'un système hydraulique aussi élaboré laisse entrevoir l'ampleur de l'activité.

221 Forteresse, p.60.

222 M.-A. de Sion (Forteresse, p. 82-84) a bien expliqué le fonctionnement de ce système hydraulique, avec la régularisation du débit des écoulements et les citernes échelonnées. 223 R j e n ne permet d'envisager une destination cultuelle bien que Bagatti (LA 8, 1958, p.348, Recherches, p.65) associe à l'autel trouvé dans les fouilles ae la Flagellation l'empreinte de pied autrefois remarquée par Schick, qu'il rapproche du pied votif de Pompéia Lucilia découvert dans la Piscine Probatique.

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Les portions de maçonnerie antique

Un massif de maçonnerie a été découvert lors de la construction de la basilique. Il n'est plus visible aujourd'hui mais a été décrit par M.-A. de Sion qui l'identifiait, ainsi que Vincent, comme le trumeau de la porte double de l'Antonia224. Le massif, situé à 7 m au sud de la section de la contrescarpe intégrée à l'église, mesure 4,50 m mais M.-A. de Sion intègre au mur un bloc isolé repéré plus à l'ouest, portant la longueur totale du mur à 16 m. Plusieurs auteurs ont souligné la présence parasite de ce mur par rapport à l'arc. Il se trouve en effet à proximité de celui-ci et dans l'axe de son ouverture centrale. Cette difficulté a été contournée par Benoit qui évoque la possibilité d'une date de construction plus tardive que celle de l'arc225. Cela est aussi envisagé par C. Maurer ainsi qu'A. Vanel qui remarque que cette structure n'a pas été datée avec certitude et conçoit qu'elle appartienne à l'époque médiévale226. Notons que sur les dessins anciens, le mur bordant la rue se développe selon un tracé correspondant à celui de ce massif. Il peut donc s'agir d'un vestige de mur médiéval. Dans la partie nord de la Flagellation subsistent des vestiges de constructions d'apparence antique, notamment les restes d'un édifice fondé sur la roche immédiatement à l'est du banc rocheux, et un mur présentant des pierres en forte saillie intégré dans la construction du musée. Leur état est très lacunaire et on ignore tout de la fonction des bâtiments auxquels ils appartenaient. Bagatti a noté que leur appareillage à blocs bruts rappelait celui des maçonneries découvertes dans l'Ecce Homo 227 . A l'extérieur des domaines des couvents de l'Ecce Homo et de la Flagellation, la base du minaret de la madrassa Muazzawiyya, autrefois connue sous le nom de "tour Antonia", et les assises conservées d'une tour découverte dans le domaine de Sainte-Anne228, présentent des caractères proches des constructions observées dans le couvent de l'Ecce Homo. Les constatations issues de l'étude des vestiges voisins de l'arc amènent à soulever quelques questions. On a pu observer que les vestiges 224 Forteresse, p.96. 225 Exégèse et théologie, p.332. 226 ZDPV 80, p,147;SDB, col.540. 227 LA 8, p.336. 228 Découverte par C. Mauss qui a noté la ressemblance de ses blocs avec ceux qui surmontent la contrescarpe de la basilique de l'Ecce Homo (Piscine, p.47). Il 1 estimait postérieure à l'époque romaine. M. Avi-Yonah, à la suite de Vincent, a intégré la tour à son tracé du "3e m u r " ("The Third and Second Walls of Jerusalem", IEJ 18,1968, p.102, fig.l).

80 majeurs découverts sur le site appartenaient à un vaste et complexe système hydraulique, que différents types d'appareillages coexistaient, et que des traces de remaniements étaient visibles en certains endroits. Ces éléments permettent de penser que plusieurs périodes d'occupation du site se sont succédées. Sa vocation aurait changé au cours du temps. Elle est difficile à déterminer en raison de l'incertitude concernant la destination des structures retrouvées. A une époque ancienne, le site aurait eu une destination funéraire dont témoignent les hypogées, antérieurs, comme l'a démontré Clermont-Ganneau, au percement du fossé. L'existence de murs très massifs comme le mur de la galerie septentrionale, suggère leur valeur défensive, à associer à la présence de l'escarpe. La destination économique du site ou d'une partie du site est attestée par la présence d'entrepôts et magasins reconnus dans les salles découvertes par Clermont-Ganneau. Nous avons vu qu'il était vraisemblable de restituer dans la zone une ou des activités artisanales, organisées autour du système hydraulique. Parmi les différents types d'appareillages reconnus sur le site, l'appareillage à bossage et refends est représenté par quelques blocs in situ ou en remploi. L'un, recoupé, se trouve au-dessus de la portion de contrescarpe de la basilique, un autre est intégré dans l'angle du contrefort de la galerie septentrionale et d'autres du même type ont été signalés comme faisant partie des éboulis du mur septentrional de cette même galerie. Une pierre isolée a été trouvée dans l'angle nord-est de la cour dallée, et deux autres ont été remployées dans une bouche de la piscine. Ces pierres n'ont pas toutes la même forme ni les mêmes dimensions mais elles peuvent être regroupées en raison de leur parement à marges et bossage central. Les marges larges et le bossage inégal sont généralement regardés comme des caractéristiques de la période hasmonéenne. Les blocs sont en remploi dans la bouche de la citerne, mais aussi sur la contrescarpe et dans le contrefort de la galerie nord puisqu'ils se présentent recoupés. Leur taille importante nous amène à considérer que ces pierres appartenaient à une construction érigée sur le site car leur poids les rendaient difficiles à transporter. Peuvent être associées à ces matériaux d'autres pierres de dimensions voisines et dépourvues de marges. On en rencontre dans les murs de la galerie nord et de la salle du silo. En ce qui concerne les vestiges les plus remarquables, c'est-à-dire la piscine et le dallage, les questions concernant leur lien et celui qu'elles entretenaient avec l'arc peuvent être à nouveau soulevées. Les observations techniques qui ont été faites offrent quelques indications. Ainsi a

81 été reconnue la cohésion entre le système des canaux du pavement et des bouches de la citerne, ce qui entraîne l'idée d'une même réalisation. L'indication par Flavius Josèphe du positionnement des machines de guerre "face au milieu de la piscine appelée Strouthion" suggérerait que celle-ci fut dans un premier temps conçue et probablement utilisée à ciel ouvert 229 . La présence possible de marches d'accès sur un côté de la citerne et son mauvais positionnement par rapport à l'espace dallé viennent conforter cette affirmation230. Les comparaisons établies pour la piscine et pour le dallage tendent à les attribuer à une époque postérieure à l'époque hérodienne. L'existence de matériaux de remploi dans les bouches, base de colonne et pierres à marges, sont l'indication que le voûtement de la citerne a été réalisé alors que les éléments d'un édifice détruit étaient disponibles. La base de colonne offre un indice plus précis : son profil de type attique, même s'il a existé plus tôt, n'est répandu en Palestine qu'à l'époque hérodienne231. Parce qu'il n'est espacé d'elle que de quelques mètres au point le plus étroit, l'arc n'a pu "cohabiter" avec la piscine ouverte. Cette proximité entre les deux édifices a amené Blomme à proposer une solution peu raisonnable : la piscine aurait été enjambée par un pont dans l'axe de l'arc232. La partie maçonnée de la piscine double est la réalisation la plus soignée dans la zone de l'Antonia. Si l'arc et la citerne ont fait partie d'un même programme de construction, on explique mal pourquoi une construction qui n'était pas visible, la citerne, aurait été plus soignée que l'arc, qui apparaît en surface. Il est vrai que les réservoirs sont un type de constructions faisant généralement l'objet de soins particuliers. Par ailleurs, le parement de l'arc, nous l'avons vu, a été très remanié. Cette remarque n'est donc pas suffisante pour mettre en doute l'idée d'un ensemble conçu par les mêmes architectes. La relation entre l'arc et le pavement est difficile à déterminer. La situation irrégulière de l'arc par rapport à l'espace dallé d'une part, et par rapport à la voie striée d'autre part, a été soulignée par divers auteurs. Il faut rappeler que l'étendue et la configuration de cet espace à l'origine nous est mal connue. On peut cependant supposer que le dallage lisse s'étendait jusqu'à l'arc du fait qu'il recouvrait la citerne dont l'angle nord229 G], V, 467. La piscine, si elle avait été couverte, n'aurait pu servir de repère. 230 L a seconde observation est faite par J. Simons (Jerusalem in the Old Testament, Leiden, 1952, p.434) qui remarque que la citerne est placée en biais par rapport à l'axe de la cour, et que ses extremites dépassent les limites de cette dernière. C'est un premier obstacle, majeur, à la restitution de la forteresse telle qu'elle a été proposée par Vincent et M.-A. de Sion. 231 Une seule base attique probablement d'époque hasmonéenne a été retrouvé. Cfp.237, note 197. 232 RB 86,1979, p.267-68. Blomme l'explique par le fait que "les architectes d'Hadrien auraient eu à intégrer à leur plan un monument déjà existant".

82 ouest est dans l'alignement de la face est de l'arc. Il paraît en revanche fort improbable qu'il se soit développé à l'ouest de l'arc. Par ailleurs, le tracé de la voie s'accorde mal avec l'emplacement de l'arc. L'arc et la voie striée semblent, d'après les différents faits observés, n'avoir pas été solidaires à l'origine233. Fragments architecturaux et matériel retrouvés dans les fouilles L'examen rapide des éléments découverts dans les fouilles peut aider à fournir quelques indications concernant l'occupation du site. Le matériel a été succinctement publié par B. Meistermann234 puis par Vincent235 et M.-A. de Sion, cette dernière ayant publié, outre les vestiges architecturaux, les objets et monnaies trouvés lors des fouilles du domaine de l'Ecce Homo 236 . La publication du matériel découvert dans le domaine de la Flagellation, en partie réalisée par Vincent237 puis par B. Bagatti reste très incomplète238. Fragments

architecturaux

Les fragments architecturaux découverts lors des fouilles du domaine de Notre-Dame de Sion se trouvaient principalement à proximité de la galerie septentrionale et dans la partie nord du tunnel oriental de la piscine dont la voûte s'était effondrée. Ces éléments sont considérés avoir fait partie de l'ordonnance de la cour dallée qui aurait été pourvue d'un péristyle. Quelques pièces ont été tirées du remblai dégagé sous le dallage de la basilique et en divers endroits du domaine de la Flagellation. Une rapide observation de ces fragments, considérés jusqu'alors dans le cadre de la reconstitution de l'Antonia, permettra d'ajouter quelques données pour la datation des vestiges voisins de l'arc.

233 H manque cependant des indications stratigraphiques pour pouvoir l'affirmer. Ainsi, a Pétra, il a été remarqué que l'arc était plus tardif que la voie, non seulement parce qu'il n'était pas aligné sur celle-ci mais aussi parce que le dallage avait été réparé à l'emplacement de ses piédroits. 234 Prétoire, p.241-242, et fig.32. 235 236 237 238

JN, p.597-598. Forteresse, p.154-173 et p.275-289. jn, p.597-598. LA 8,1958, p.343-350.

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83

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Fig.29 Plan de la porte de Tibériade

Typologie des tours La forme des tours est estimée par Wightman pouvoir constituer un indice chronologique 177 . Le plan à pans coupés qu'elles présentent se rencontre peu fréquemment. J. Lander a répertorié huit exemples de portes appartenant à cette typologie qui regroupe en fait deux catégories. Dans la première, les angles coupés sont remplacés par des parties incurvées, dans le second type -auquel appartient notre porte-, les sections sont droites. L'ensemble des portes à pans coupés se répartit entre l'Afrique du nord et la région danubienne. Wightman propose de 177 DG, p.42. Nous nous référons pour cette étude principalement à l'ouvrage de synthèse qu'il a utilisé : J. Lander, Roman Stone Fortifications, Variations and Changes from the Ist century A.D. to the Fourth, BAR Int. Ser. 206, Oxford, 1984.

222 reconnaître cette forme dans un bâtiment appartenant à l'architecture civile, les Bains de Titus à Rome178. Cet exemple ne peut pas être pris en compte car le plan dans lequel l'auteur a reconnu le pan coupé est le plan d'ensemble du complexe. Le rapprochement avec la tour défensive n'a pas de légitimité. Une autre construction peut être ajoutée à la liste de Lander, la tour sud de la Porta Tiburtina du mur d'Aurélien à Rome. Notons que la porte de Gheria el-Garbia est la seule à offrir, comme la PD, trois ouvertures (fig.30). Les portes présentant des pans coupés droits appartiennent aux camps de Lambèse, Bu Ngem, Ausum et Gheria elGarbia (fig.30). Tipasa présente une tour à pans coupés curvilignes semblable à celles qui se rencontrent dans des forts du limés danubien. Lander expose les deux interprétations qui prévalent quant à l'origine du plan 179 . La première voit une relation entre les deux types, la seconde considère le deuxième type comme dérivé de l'architecture des portes augustéennes à cour. Les quatre portes africaines comparables à la PD sont celles d'établissements militaires. Elles auraient été construites par la Ille légion Augusta. Ce sont des réalisations tardives, appartenant à la fin du Ile siècle et au début du Ille. Les portes de Lambèse et de Gheria el-Garbia sont les plus anciennes, datées respectivement de 160-65 et de 198. Doit-on en déduire que les tours de la PD sont à rapporter à cette période ou peut-on concevoir qu'elles soient plus anciennes ? Plutôt que d'envisager la pénétration des schémas de l'architecture romaine de l'Occident dans les villes d'Orient, il est dans certains cas plus opportun de considérer que celles-ci aient pu fournir les prototypes. H. Von Petrikovits estime que les villes d'Orient ont fourni à l'Occident les modèles de l'architecture défensive, ces modèles dérivant des fortifications grecques 180 . D'autres auteurs ont entrevu l'influence qu'aurait exercée l'architecture civile sur l'architecture militaire. Elle peut être illustrée par deux points précis. Le premier est que la saillie partielle ou totale des tours qui est connue dans des enceintes civiles du Haut-Empire, l'est beaucoup plus tardivement dans l'architecture militaire. Par ailleurs, ainsi que l'indique J. Lander, les tours arrondies sont présentes dès le milieu du 1er siècle à Fréjus, Autun et Cologne tandis qu'elles ne se rencontrent dans les établissements militaires qu'à la période romaine tardive.

178 The Walls of Jerusalem, p.172 note 33. 179 op. cit., p.116-119. 180 "Fortifications in the North-Western Roman Empire.", JRS 61, 1971, p.178218. S. Johnson (Late Roman Fortifications, Londres, 1983, p.30) considère que l'architecture défensive romaine a pu s'inspirer également a e modèles orientaux tels que ceux des Parthes ou des Nabatéens.

223

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3 Fig.30 1 : Porte du camp de Lambèse 2 : porte du camp de Bu Ngem 3 : porte du camp de Gheria el Garbia

Les tours de la PD constituent le seul exemple de tours à pans coupés d'une part en Orient et d'autre part dans l'architecture civile. Les fortifications des villes orientales' sont souvent mal conservées. Elles appartiennent le plus souvent, pour la période romaine, à la fin de la période. Jerash, Palmyre, Doura-Europos présentent une enceinte élevée à la fin du Ille ou au début du IVe siècle181. Pour la période romaine ancienne, les témoignages appartiennent à l'urbanisme hérodien. Des restes d'enceinte ont été conservés à Césarée et à Samarie182. On y trouve des tours rondes et un exemple de tour polygonale. Autres documents de l'époque hérodienne, la porte de Tibériade (fig.29) et la forteresse de l'Herodion, présentent des tours rondes. A Jérusalem, les tours du palais occidental d'Hérode étaient de section carrée. En Judée, à l'époque hellénistique, deux types de tours sont utilisées, carrée et ronde 183 . La tour à 181 Sur les enceintes de Syrie, voir P. Leriche, "Les fortifications grecques et romaines en Syrie", dans J.-M. Dentzer, W. Orthmann, éd., Archéologie et Histoire de la Syrie, II, Saarbrücken, 1989, p.267-282. 182 L a datation hérodienne des fortifications de Césarée est discutée. Elles pourraient remonter au milieu du 1er siècle av. J.-C. (Cf R.-L. Vann, Caesarea Papers, JRA Supplementary Series 5, Ann Arbor, 1992, p.42-48.) 183 Voir sur ce sujet R. Arav, Hellenistic Palestine, Settlement Patterns and City Planning, 337-31 B.C.E., BAR Int. Ser. 485, Oxford,1989.

224 pans coupés pourrait dériver de la tour carrée. Wightman note sa parenté avec la tour polygonale, qui serait un autre des développements de la tour carrée 184 . Parmi les portes d'Afrique du nord citées plus haut, celle du camp de Lambèse montre une forme de tour proche des tours carrées dont les angles auraient été coupés. Elle semble apporter la preuve de l'origine hellénistique du type. Dans l'architecture grecque, on trouve en effet des tours dont les deux angles extérieurs sont coupés. L'apparition du plan à pan coupé doit être mise en rapport avec la volonté d'améliorer les conditions d'accès. Elle ne semble pas pouvoir être justifiée par des considérations défensives. A la différence des autres, les tours de la PD présentent un évasement peu important. En l'absence d'une typologie, on ne saurait mettre ce trait sur le compte d'une ancienneté ou, au contraire, d'une évolution du type. Les tours de la PD ont une saillie relativement importante par rapport à la courtine de la porte. La saillie des tours peut représenter un critère de datation dans l'architecture militaire mais, là aussi, l'évolution diffère entre le domaine militaire et le domaine civil. La recherche d'une plus grande projection des tours à l'extérieur de l'enceinte est liée aux impératifs de défense. Comme l'a noté Wightman, la période séverienne privilégie l'emploi de la tour ronde 185 . Son efficacité est plus importante mais elle est également plus difficile à construire. Comment expliquer que la forme à pans coupés, qui n'est pas attestée ailleurs en Orient, ait été choisie pour la PD ? L'une des raisons peut être qu'on a adapté le plan en fonction de la construction qui existait sur le site. Celle-ci consistait apparemment en une tour polygonale dont on aurait conservé le tracé général en le simplifiant. La présence à Jérusalem de ce type de tours est surprenante du fait de la rareté du type, de son occurrence exclusivement en Occident et dans l'architecture militaire. Elle est difficile à comprendre si le monument auquel appartiennent les tours possède une valeur symbolique, comme semble l'indiquer son absence de relation originelle avec un rempart. On peut penser que, puisque cette forme n'était pas répandue dans la région, son adoption ait été le fait de maîtres-d'oeuvre originaires d'une région et d'un milieu où elle était courante. Elle répondait peut-être aussi à des intentions particulières qui semblent pouvoir être déterminées comme étant liées à l'organisation de l'espace. L'idée de créer une cour extérieure a pu être présente dans les options des architectes bien que, à la différence des autres exemples connus, l'évasement de nos tours soit peu important. 184 DG, p.43. 185 DG, p.43.

225 Plan et proportions A la différence de celui de l'EH et du type de l'arc monumental en général, le plan que présente la PD n'est pas celui de massifs alignés sur un même plan. Il est formé de murs parallèles, les murs extrêmes appartenant en même temps à l'architecture des tours186. Au niveau du plan, passages et tours sont indissociables. La façade est, elle, dissociée des passages et ce trait distingue aussi ce plan du plan-type de l'arc monumental. Les voûtes prennent naissance à un niveau légèrement plus haut que les arcs, et les parois des passages sont en retrait par rapport aux montants des baies. La façade apparaît comme plaquée devant le passage dont elle ne souligne pas la structure. Un autre élément montre la désolidarisation des passages et de la façade, c'est le fait que les moulurations des impostes ne se poursuivent pas le long des parois des passages. Ces éléments, réunis, se rencontrent exclusivement sur des arcs monumentaux encadrés de tours. Et, à l'exception des portes de Umm Qeis, de Tyr, Tibériade et Constantinople, il se développe en liaison avec une enceinte. En Orient, on rencontre ce plan à la Bab Charqui de Damas et à Shahba (Philippopolis) entre autres exemples. A Damas, le plan a été adopté pour la porte alors que l'arc de la "rue droite", isolé, se présente comme un arc monumental standard. Il ne fait aucun doute que ce plan appartient à l'architecture défensive. Il caractérise les portes augustéennes qui peuvent aussi présenter à la place des passages, deux portes successives. On le rencontre fréquemment dans le domaine militaire, appliqué aux entrées des camps, en Afrique du nord comme en Europe. Dans l'architecture augustéenne, porte d'enceinte et arc isolé répondent à une conception différente et leur plan est bien différencié. A Aoste, qui possède une porte d'enceinte de même époque, l'arc d'Auguste, monument honorifique, présente les caractéristiques de sa catégorie. En Orient, les types sont moins distincts et on assiste à une fusion des schémas. Quoiqu'il en soit, on est en présence d'un plan issu de l'architecture défensive. L'observation des plans des arcs qui présentent la même typologie que la PD, ceux de Tyr, Umm Qeis (fig.28/2) et Constantinople (fig.28/1), révèle des divergences. L'une réside dans la longueur des passages, moins importante aux trois premiers arcs cités qu'à la PD. Ce qui par ailleurs distingue l'arc de Tyr des autres arcs de la série est l'existence de façades identiques. Pour autant qu'on puisse les restituer, sur les autres arcs, la façade arrière n'était pas constituée d'un arc monumental comme la façade principale. L'arc de Tyr est à rapprocher de l'arc de triomphe et 186 Nous avons noté dans la description l'incertitude concernant la restitution des murs intérieurs des passages.

226 de la porte sud de Jerash. Les trois exemples ont reçu un traitement identique des façades et montrent des façades dissociées des passages. Les dimensions présentées par la PD sont impressionnantes mais elles s'accordent avec celles que présentent les portes du même type. La longueur de la façade, environ 20 m, correspond à celle des arcs isolés répertoriés dans la région. Elle est comparable à celle de l'EH. A ces dimensions s'ajoutent celles des tours, permettant à la PD d'atteindre une longueur totale d'environ 40 m. Celle de la porte de Umm Qeis est de près de 45 m. L'épaisseur de ces édifices est déterminée par celle de leurs tours. Celles de la PD présentent une saillie importante mais leur profondeur est conforme à celle des tours d'encadrement de portes. En ce qui concerne la façade de la porte, apparemment traitée de façon identique aux façades des arcs isolés, les proportions n'ont rien de remarquable. La largeur de la baie centrale était importante puisqu'égale à 2,3 fois celle des baies latérales. Celles-ci se sont vues accorder une importance secondaire dans la répartition des volumes, au profit de l'arcade centrale et des piédroits médians. La largeur de ces derniers était rendue nécessaire par le développement de l'ordre qui les orne. Les piédroits extrêmes sont, eux, peu larges. Aucun espace ne sépare les piédestaux qu'ils portent, des tours adjacentes. Cette disposition est peut-être à mettre sur le compte d'une adaptation au terrain. Généralement, sur les arcs pourvus de tours ou de pavillons, les piédroits extrêmes se poursuivent au-delà de l'ordre avant de se raccorder aux structures qui les jouxtent. C'est le cas des arcs triples de Jerash, des portes de Shahba (fig.31/1) et de Baalbek (fig.31/2). On peut surtout signaler la hauteur importante que devait atteindre la façade à l'origine. Elle est déductible de la hauteur des piédestaux et de l'épaisseur des demi-colonnes. La relation qu'entretenaient l'arc central et les arcades latérales correspond, d'après ce qui a été vu du montant de la baie centrale, au schéma standard de l'arc à trois baies. L'arc central prenait naissance à un niveau plus élevé que les extrados des arcs latéraux. Cela est démontré par le fait que le bloc le plus haut du montant central ne présente pas de traces de moulurations. Les impostes se situaient en conséquence à un niveau au moins égal à celui de l'assise surmontant la baie orientale. Les caractéristiques entrevues montrent que le parti adopté à la PD rejoint celui qui apparaît sur la majorité des arcs des provinces orientales. Nous avons noté la tendance générale à l'élévation de ces arcs, et particulièrement celle de l'arcade centrale. L'arc de Pétra semble avoir été le premier dans le temps à manifester cet étirement en hauteur qui est généralement considéré

227 comme un trait caractéristique des périodes antonine et flavienne187.

b Fig.31 Plans au sol 1 : porte de Shahba 2 : porte de Baalbek

Structure Il a été noté que la construction de la porte mettait en oeuvre des blocs d'un calibre très important. C'est vrai pour la façade jusqu'à la hauteur de l'assise qui surmonte l'arcade latérale, dont la hauteur est moins importante que les autres assises. La remarque s'applique également aux tours et à l'intérieur des passages. Les dimensions des pierres correspondent à celles des blocs utilisés dans certaines constructions hérodiennes où l'emploi de blocs de gros calibre ne constitue cependant pas une règle générale. Le choix de l'appareillage semble être lié au type de l'édifice. On peut distinguer pour la période hérodienne l'appareillage régulier et formé de blocs de très grandes dimensions des murs du Temple de Jéru187 Regardé par E. Weigand (Wiener Jahrbuch,p. 100) puis par Wright (RB 73, 1966, p.417) comme une disposition apparaissant à partir du règne de Trajan, idée reprise par A.-B. Hatch, "Note on the Architecture of the Triumphal Arch" dans Tne Excavations at Dura-Enropos, Preliminary Report of Fourth Season of Work, New Haven, 1933, p.67.

228 salem ou du Haram d'Hébron et l'appareillage plus modeste employé dans l'architecture domestique. La hauteur moyenne des assises de la PD, 1,10 m, correspond à celle des assises du mur de soutènement du Temple. L'emploi de blocs de fort calibre pour des surfaces planes comme celles qu'offrent les tours ne représente pas de difficultés particulières. Elle est remarquable pour une façade découpée telle que celle de la porte. L'emploi de cinq claveaux pour former l'arc est une exception technique. Les exemples manquent pour la période hérodienne où il semble que le couronnement en linteau ait été privilégié. La porte de Hôssn Soleiman présente un arc de décharge formé de sept claveaux dont les sommiers sont particulièrement larges. Sa façade, dans son ensemble, met en oeuvre des blocs de dimensions considérables mais l'irrégularité des assises correspond mal avec la régularité qu'offre la PD. Nous n'avons trouvé, parmi les arcs monumentaux romains, aucun exemple où les impostes et sommiers des arcs sont taillés dans un même bloc, et aucun qui présente des voussoirs aussi larges. En ce qui concerne la régularité de l'appareillage et le soin apporté à la construction, en dehors des exemples cités, le porche de la tombe de Jason à Jérusalem (début du 1er siècle av. J.-C.) peut fournir un élément de comparaison. Les blocs y sont très finement équarris et assemblés. Architecture et organisation des façades La PD partage avec l'EH le fait d'être dépourvue de podium et de pilastres. Les montants des baies ne sont marqués par aucune saillie ou élément décoratif et leur largeur a été réduite par le développement de l'ordre. L'importance accordée à celui-ci est à remarquer. En ce qui concerne les proportions, on peut d'abord noter que la largeur des piédestaux est équivalente aux trois-quarts de celle de l'ouverture latérale. Elle est également supérieure à la moitié de celle des montants. Cette largeur particulière des socles de l'ordre se constate sur l'arc de triomphe de Jerash (fig.35). La hauteur des piédestaux y constitue aussi un trait remarquable. Elle est à la PD égale aux deux tiers de celle des montants de l'arcade latérale et est encore plus importante à l'arc d'Hadrien à Jerash où la base des fûts des colonnes se trouve au niveau des impostes des arcs latéraux. Cette hauteur semble avoir été déterminée en fonction de l'arcade centrale plutôt que des arcades latérales. Du fait de l'absence de podium ou de plinthe à partir desquels pourraient naître les montants des baies, ainsi qu'il en est à l'arc de Pétra, les colonnes prennent naissance à un niveau supérieur à celui des montants de l'arcade

229 et paraissent ainsi désolidarisées par rapport à elle188. Cet agencement nous semble être lié à l'importance accordée à l'arcade centrale dont il souligne l'élévation, tout en accentuant sa séparation d'avec les baies latérales. Il marque la division tripartite de la façade. L'ordre qui ornait la façade de la PD est un ordre colossal qui peut être restitué sur toute sa hauteur. L'ordre colossal de colonnes ou de pilastres est récurrent dans l'architecture des arcs d'Orient. Il apparaît sur les arcs à trois baies et la porte nord de Jerash, à Palmyre et à Pétra. C'est un élément qui participe à l'axialité et à la verticalité du monument qu'il orne. La hauteur des piédestaux nous semble constituer un indice de datation. En effet, sur les arcs de datation haute, le piédestal ne connaît pas un tel développement et sa hauteur ne dépasse pas celle de la moitié des montants des arcs qu'ils encadrent. On peut le constater sur l'arc de Pétra comme sur la porte de Tibériade. En dehors de l'Orient, cela se vérifie sur l'arc d'Orange (fig.13). Sur les portes augustéennes munies d'un ordre colossal, celui-ci prend naissance à la base du monument, sans être supporté par des piédestaux. A l'opposé, des arcs d'époque tardive comme ceux de Septime Sévère ou de Constantin à Rome ont leurs colonnes portées très haut. Si les fûts des colonnes corinthiennes sont le plus souvent cannelés dans les provinces européennes bien que cela ne constitue pas une règle générale, il est beaucoup plus fréquent en Orient que ces fûts soient lisses. Les arcs du Proche-Orient ornés d'un ordre de colonnes engagées sont nombreux. Parmi eux figurent les trois arcs de Jerash, les arcs de Tyr et de Doura-Europos, l'arc nabatéen de Bosra, sur lequel il ne s'agit pas d'un ordre colossal. Dans cette liste se trouvent la majorité des arcs à trois baies. Parmi ceux qui en sont exclus -ornés le plus souvent d'un ordre de pilastres- l'arc de Pétra représente un cas unique, avec un ordre de colonnes engagées sur sa face ouest et des colonnes libres sur sa face est. L'ordre de colonnes dégagées n'est pas représentatif d'une époque déterminée. Les colonnes dégagées connaîtront une certaine faveur dans l'architecture d'Occident à la fin du Ile et au Ille siècle, mais sans exclure l'emploi de colonnes engagées. Les colonnes libres sont connues dans l'architecture des arcs en Orient à une date ancienne puisqu'elles apparaissent à la porte de Tibériade, du 1er siècle. La disposition est assez particulière puisque les fûts des colonnes, étant placés très près des parois, présentent une section qui n'est pas complètement circulaire mais légèrement aplatie. La porte monumentale de Umm Qeis était égale188 C'est un caractère qui a été noté par P. Gros à propos des arcs du sud de la Gaule ("Pour une chronologie des arcs de triomphe a e Gaule Narbonnaise", Gallia 37,1979, p.55-83). P. Gros indique (p.58) que "les colonnes s'affirment ainsi comme des éléments de haut relief, dont la fonction est d'animer les surfaces qui encadrent le fornix central, mais non pas de souligner la structure d'ensemble de l'édifice."

230 ment pourvue de colonnes libres. La disposition consistant à encadrer les arcades par des colonnes engagées est considérée comme un emprunt à l'architecture hellénistique. Cette inspiration peut expliquer l'importance accordée à l'ordre sur les arcs orientaux où il figure souvent presque à l'exclusion de tout autre élément d'animation et de décoration des façades. R. Martin a montré que la colonne d'applique possède à l'origine une valeur fonctionnelle, servant à renforcer les murs189. A partir du IVe siècle av. J.-C., elle est traitée comme un élément décoratif, à partir du moment où apparaissent les architectures d'apparat dans lesquelles le programme décoratif est dissocié de la structure architectonique. C'est à Alexandrie que l'élément se voit accorder une prééminence dans le répertoire ornemental. Le motif est l'un des constituants de l'ordonnance des façades de tendance baroque. La très forte projection des colonnes et surtout des piédestaux qui les portent crée des reliefs propices à accrocher la lumière. Associée à la saillie importante des moulurations et à la forme découpée des tours, elle permet d'obtenir une animation de la façade de l'édifice. Décoration L'élément architectonique que représente l'ordre de colonnes engagées constitue l'essentiel de la décoration de la façade de la porte, réduite, si l'on écarte l'hypothèse de niches, à la décoration architecturale. Les niches La présence de niches ne peut être conjecturée de la seule présence d'une moulure sur une pierre de l'assise surmontant l'arcade. La pierre n'est peut-être pas in situ et la présence de la moulure pose problème par rapport aux autres blocs de cette assise. L'épaisseur et la projection de cette moulure paraissent trop peu importantes pour former le larmier d'une niche. On ne peut cependant pas en déduire l'absence de niches sur notre porte. En effet, sur les arcs triples présentant une différenciation importante dans la hauteur des baies, à la différence de ce que montre l'EH, un espace sépare les niches des extrados des arcs qu'elles surmontent. On peut facilement concevoir que le larmier de la niche se soit trouvé au-dessus de l'assise précédemment évoquée.

189 "Valeur et emploi fonctionnel des colonnes d'applique dans l'architecture hellénistico-romaine", dans Mélanges d'histoire ancienne et d'archéologie offerts à Paul Collari, Lausanne, 1976, p.285-294.

231

Le décor architectural La répartition des moulurations sur l'édifice est conventionnelle. Elles soulignent les bandeaux d'archivoltes, les impostes, la base et le couronnement des piédestaux et les plinthes des tours 190 . Les fûts des colonnes engagées reposent sur des bases attiques. Les moulurations, constituées de combinaisons de motifs, se répètent avec de faibles variations. Elles se développent sur plusieurs registres et sont assez couvrantes. Ainsi, les impostes présentent, en-dessous de la mouluration principale, un bandeau mouluré. A l'instar de la majorité des arcs d'Orient, la PD présente des moulures nues. Les profils de la PD Motifs et composition La moulure de base, intégrée à des compositions variées, est la doucine ou cyma recta. Elle appartient au répertoire ornemental romain. L.-T. Shoe a remarqué qu'elle est très présente dans la décoration des portes où elle est souvent utilisée comme moulure de couronnement pour les archivoltes, les impostes, l'entablement, l'attique et les piédestaux 191 . Elle a noté que le motif ne se rencontrait, à Doura-Europos, que sur l'arc triomphal. L'emploi de la doucine à la PD répond au schéma standard de la décoration des portes romaines. On la trouve comme motif de couronnement à l'archivolte, aux impostes, aux piédestaux et à la plinthe des tours. La doucine renversée -cyma reversa- apparaît à la base des piédestaux et à la plinthe. La doucine se rencontre fréquemment dans la décoration des monuments des villes d'Orient, dont certains arcs tels que l'arc nabatéen de Bosra, la porte nord et l'arc de triomphe de Jerash. Il semble néanmoins, qu'utilisé en moulure de couronnement, le motif laisse souvent la place à une combinaison d'un quart-de-rond et un cavet. Ce dernier motif a connu une grande faveur dans la région. A l'époque hérodienne, la doucine est déjà employée comme moulure de couronnement en Judée mais les exemples connus montrent des profils sculptés et non lisses. En tant que motif d'origine romaine, elle se rencontre dans toutes les provinces de Rome. Dans les moulurations de la PD, la baguette et le filet occupent une place importante. Des baguettes séparent les fasces de l'archivolte, des 190 Aucun élément n'a été retrouvé de l'arc central mais, à notre connaissance, aucun arc à trois baies ne présente des archivoltes moulurées seulement aux petites baies. Il y a donc tout lieu de penser que l'archivolte centrale l'était également. 191 "Architectural mouldings of Dura Europos", Berytus 9,1948, p.1-40, spéc. p.

232 baguettes et/ou filets accompagnent les doucines des impostes, des piédestaux et de la plinthe. L'utilisation de motifs de transition est courante dans la décoration architecturale romaine. Dès le 1er siècle, on trouve à Rome des baguettes placées entre les fasces de l'architrave. Plus tard, ce motif simple sera remplacé par des combinaisons de motifs. Il est courant dans l'architecture hadrianique que les motifs composant une mouluration soient séparés par une baguette. C'est une règle générale au Panthéon de Rome où sont utilisés filets et baguettes. Les profils orientaux montrent une large utilisation de la baguette. Elle ne paraît pas être liée à une époque particulière. L'association de la baguette et du filet, que l'on retrouve à plusieurs reprises dans la décoration de la PD, est banale au Ile siècle, en tous cas dans les couronnements. Profil

de

l'archivolte

L'archivolte de l'arc oriental de la PD se compose de trois fasces séparées par des baguettes et d'une doucine encadrée de filets. La fasce supérieure est séparée par une baguette de la mouluration de couronnement. On note que le bandeau inférieur est moins large que ceux qui le surmontent. La doucine est, dans l'architecture romaine, associée aussi bien à des profils à deux qu'à trois fasces. La division de l'architrave -et consécutivement de l'archivolte qui reproduit son profil- en trois fasces apparaît dès l'époque républicaine à Rome et se poursuit jusqu'à la fin de l'Empire. Des architraves ou archivoltes à trois fasces et baguettes se rencontrent à Rome à une époque aussi ancienne que le règne d'Auguste. Les motifs de transition entre les fasces de même que l'amincissement de la fasce inférieure n'existent pas au début de ce règne, ainsi que l'a montré P. Gros192. Les exemples retenus par Wightman d'architraves à division triple et baguettes intermédiaires suffisent à montrer la largeur de l'espace chronologique à laquelle appartient le type 193 . Il nous faut rechercher des exemples d'architraves ou archivoltes présentant une doucine comme moulure de couronnement et trois fasces séparées par des baguettes. Cette composition se rencontre à la colonnade du temple de Bêl, au temple de Baalshamin et au mur d'enceinte du sanctuaire aux enseignes du camp de Dioclétien de Palmyre, au temple de Jupiter et au temple de Bacchus de Baalbek, aux arcs latéraux de l'arc de triomphe de Jerash (fig.32), aux parodoi du théâtre d'Amman (fig.32), à l'entablement du théâtre de Samarie. Le temple d'Amman présente la même composition à l'excep192 Aurea Templa. Recherches d'Auguste, Rome, 1976, p. 216. 193 DG, p.41-42.

sur l'architecture

religieuse

de Rome à

l'époque

233 tion de la baguette entre la doucine et la fasce supérieure (fig.32). En dehors de la province syrienne, on peut citer l'arc de Trajan à Bénévent, la colonnade de la villa d'Hadrien à Tivoli, les propylées du sanctuaire d'Apollon à Cyrène. Le premier des exemples énumérés, le temple de Bêl à Palmyre, est daté du règne de Tibère. Au premier siècle appartient également le temple de Jupiter à Baalbek. Les autres monuments remontent aux Ile et Ille siècles. Les parallèles les plus ressemblants à la PD sont le camp de Dioclétien à Palmyre et le théâtre d'Amman. La différence qu'ils offrent avec la PD réside dans l'interversion par rapport à elle entre le filet et la baguette placés sous la doucine. Ces monuments sont datés respectivement de la fin du Ille siècle et la deuxième moitié du Ile siècle. Il est important de noter que les éléments de remploi sont nombreux dans l'architecture du camp de Palmyre et que la datation assignée à l'ensemble n'est peut-être pas celle de l'architrave observée. L'ensemble des parallèles offre peu d'indices pour la datation de l'archivolte de la PD. En effet, si la majeure partie appartient à une période tardive, deux parmi eux montrent que la composition est attestée dans la région dès le premier siècle. Le profil de la doucine semble plutôt témoigner en faveur d'une réalisation peu ancienne.

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Fig.32 Profil d'archivoltes

1 : arcs latéraux de l'arc d'Hadrien à Jerash 2 : parodoi du théâtre d'Amman 3 : temple d'Amman Profil des

impostes

La doucine constitue fréquemment la moulure principale des impostes. Celles de la PD se caractérisent par le développement de la mouluration qui présente une moulure de base reprenant le thème de la baguette associée au filet, un bandeau et une moulure de couronnement constituée d'une doucine appuyée sur un filet et une baguette. Les compositions qui

234 s'en rapprochent sont rares. On peut citer celles de l'arc nabatéen de Bosra où le profil est dépourvu de baguettes, et de la Porte Noire de Besançon où l'astragale sous la doucine est absent. Profils de la plinthe et des piédestaux Les moulurations de la plinthe des tours reproduisent celles de la base et du couronnement des piédestaux. S'y ajoute une mouluration de base entre le socle et le mur. Les moulurations sont conformes aux modèles classiques, présentant une doucine renversée entre deux boudins ou baguettes à la base, et une doucine appuyée sur une baguette en couronnement. On rencontre les mêmes compositions au tétrapyle sud de Jerash, au temple corinthien situé à l'est du théâtre de Palmyre, à l'exèdre des Sévères de Leptis Magna et au podium du temple d'Artémis à Jerash. La mouluration de base des piédestaux de la PD présente des baguettes particulièrement épaisses par rapport à la doucine qu'elles encadrent. La disposition qui apparaît à la base de la tour, où une troisième mouluration surmonte les autres, ne correspond pas à un schéma établi. Elle résulte du souci de lier visuellement la façade de l'arc et la tour, en prolongeant sur cette dernière les moulurations des piédestaux. Les bases de colonnes Retrouvées en très grand nombre sur les sites, les bases de colonnes peuvent faire l'objet d'une tentative de classement typologique auquel on peut intégrer les bases de la PD, puisque rien ne distingue les bases des colonnes engagées des bases de colonnes libres. Si une évolution dans le détail des moulures est difficile à dégager, quelques groupes peuvent être distingués. Les fragments pris en considération sont ceux qui sont bien datés et suffisamment nombreux à être identiques pour suggérer une tendance. Comme pour la modénature d'une façon générale, des erreurs peuvent être commises dans la recherche d'une évolution. D.-E. Strong et J.-B. Ward-Perkins ont ainsi montré que la base attique à double scotie se rencontrait sur des monuments augustéens mais aussi trajaniques ou hadrianiques 194 . Typologie des bases de colonnes romaines d'Orient Base attique et base occidentale : l'observation du profil des bases permet de reconnaître plusieurs catégories. Une première distinction peut être faite entre deux types que L.-T. Shoe a reconnus comme étant la

194 "The Temple of Castor in the Forum Romanum", PBSR nouvelle série 17,1962, p.1-30, spéc. p.7.

235 base attique et la base italienne195. Sur la base italienne ou romaine, le listel supérieur est en retrait par rapport au tore supérieur (fig.33/1). Ce type de base est le type ionique régulier, employé à Rome et dans les provinces occidentales. On en trouve quelques exemples sur des sites d'Orient comme à l'arc de Pétra, au théâtre, à la celia du temple de Bêl et au sanctuaire aux enseignes du camp de Dioclétien à Palmyre. En Syrie et en Arabie, c'est la base attique traditionnelle qui domine largement. Sa caractéristique est que le listel supérieur est à l'aplomb du tore qui le surmonte. Il en est séparé par un sillon. Cette forme s'est répandue en Orient à l'époque hellénistique et continue à être utilisée durant l'époque impériale. Les bases de la PD appartiennent à cette catégorie. Bases "romaines tardives" (fig.33/2) : le type de la base attique a subi des variations dans son traitement. Elles permettent de distinguer plusieurs séries. Un ensemble de bases de colonnes présente un profil qui apparaît comme une déformation du schéma initial. Le tore supérieur est peu épais, sa hauteur étant à peu près égale à la moitié de celle du tore inférieur. Ce dernier présente une forte projection et son profil dépasse le plus souvent le demi-cercle. Ces traits apparaissent sur des bases de la rue à colonnade et de la basilique de Samarie, à l'arc d'Hadrien de Jerash et au théâtre de Daphné. Ces monuments appartiennent à la deuxième moitié du Ile siècle, à l'exception de l'arc d'Hadrien, un peu plus ancien. Le type ne se rencontre pas sur des monuments plus anciens. Son adoption dans la deuxième moitié du Ile siècle n'exclut pas celle d'autres types.

Fig.33 1 : base "occidentale" 2 : base "romaine tardive" 3 : base byzantine 195 "The Roman Ionic Base in Corinth" dans Essays in Memory of Karl Lehmann, New-York,1964, p.300-303. R. Ginouvès (Dictionnaire méthodique de l'architecture grecque et romaine, II, Paris, 1992, p.73 ) les désigne sous les noms de base grecque et base romaine.

236 Bases byzantines (fig.33/3) : le profil des bases des colonnes de cette période est bien caractérisé. Le tore supérieur a disparu pour laisser la place à un élément droit de faible hauteur. Le listel supérieur s'étant, lui, épaissi, les deux éléments sont de hauteur sensiblement identique et de même profil. Le tore inférieur présente une forte saillie. Le listel inférieur étant généralement en très forte avancée, la scotie ne forme plus un arc de cercle mais son dessin est irrégulier. A Jérusalem, on trouve des bases de ce type dans la colonnade du cardo, dans l'atrium de l'église Saint-Etienne, provenant de l'église de la piscine de Siloé et en remploi dans le Dôme du Rocher. Les fouilles du domaine de l'Ecce Homo et de la Flagellation en ont également livré. Elles sont nombreuses parmi les

Fig.34 Bases de colonnes 1 : sanctuaire d'Artémis à Jerash 2 : temple de Bêl à Palmyre 3 : temple de Jupiter à Baalbek Les caractéristiques

des bases de la PD

Les caractéristiques qu'offrent les bases des colonnes engagées de la PD, de type attique, les distinguent des deux groupes précédemment reconnus. Le rapport de hauteur entre le tore supérieur et le tore inférieur est équivalent à 1,5 pour la base est, 1,7 pour la base ouest. Cette dernière présente également une plus forte projection du tore inférieur. La scotie est assez profonde. Le raccordement de la base au fût est marquée par une baguette épaisse en-dessous du congé sur la base occidentale196. La base orientale présente un élément en bandeau et biseau dont il y a tout lieu de penser qu'il résulte d'un inachèvement. Le même détail se voit au temple de Bacchus à Baalbek dont les fûts des colonnes ont été également 196 a Rome, à l'époque impériale, cette mouluration appartient au fût alors qu'à l'époque républicaine, le bloc dans lequel était taillée la base incorporait cette moulure et une courte section de la cannelure : cf D.-E. Strong, J.-B. Ward-Perkins, PBSR 17,1962, p.5-7.

237 laissés inachevés. Plusieurs documents peuvent être retenus comme parallèles pour nos bases. Dans le profil général et les proportions, les bases de la porte nord de Jerash, de l'agora et du sanctuaire d'Artémis de la même ville (fig.34/1), les bases du temple de Jupiter à Baalbek (fig.34/3), peuvent leur être rapprochées. Ces monuments appartiennent au Ile siècle. L'astragale surmontant le tore supérieur est présent sur les exemples cités, mais il est plus mince que sur la base occidentale de la PD. L'astragale y est particulièrement épais puisque sa hauteur est égale à peu près aux 3 / 4 de celle du tore supérieur. Souligné d'un sillon profond, il apparaît presque comme un tore supplémentaire. Aux bases du temple de Baalbek, l'astragale est proportionnellement plus important que sur les autres monuments mentionnés. Nous avons trouvé un seul exemple de base présentant un astragale aussi épais qu'à la PD. Elle appartient au mausolée de 'Askar, au sud de Naplouse, daté de la fin du Ile, début du Ille siècle. Le profil d'ensemble de cette base de colonne est assez proche de celui de notre base. Un groupe de bases peut être examiné, celui des bases ayant appartenu à des constructions de l'époque hérodienne et des procurateurs. A ce groupe appartiennent les bases des colonnes engagées ou libres des palais et villas de Massada, originellement stuqués, deux bases du "tombeau des Rois", les bases des colonnes engagées et libres du palais supérieur de l'Herodion et une base trouvée dans le quartier juif de Jérusalem. De ces bases peut être rapprochée une base de colonne découverte dans ce même quartier et à laquelle le contexte stratigraphique a permis d'assigner une date hasmonéenne 197 . Ces bases n'ont pas d'éléments caractéristiques. Elles sont bien proportionnées, avec un tore inférieur à peu près 1,5 ou 1,6 fois plus épais que le tore supérieur. Parmi les exemples cités, seules la "base hasmonéenne" et la base du portique de l'Herodion présentent une baguette. Elles permettent d'affirmer que cet élément existe déjà dans le profil des bases à une époque ancienne. Il est attesté en Syrie à l'époque hellénistique. Les bases de la PD ne se distinguent pas des exemples hérodiens, à l'exception de l'épaisseur de l'astragale. Elles partagent avec elles le fait d'avoir des listels épais. En conclusion, l'étude a permis de mettre en évidence le fait que les bases de la PD présentaient un profil "oriental", n'étaient pas des réalisations byzantines et ne présentaient pas les caractéristiques romaines 197 n . Avigad (Discovering Jerusalem, p.161), qui l'a découverte, a mis en avant le fait que cette base aux dimensions considérables (1,80 m de diamètre) formait un document unique puisqu'aucune autre base attique d'époque hellénistique n'avait été découverte dans le pays. Sa datation hasmonéenne n'est toutefois pas incontestable. G. Foerster (Masaaa V, The Yigael Yadin Excavations 1963-65 Final Reports, Art and Architecture, Jérusalem, 1995, p.101), l'évoque comme une "base of the Herodian period or perhaps even earlier".

238 tardives. La comparaison avec les bases d'époque hérodienne peut être retenue même si elle n'est pas la seule valable. Elle n'exclut pas la possibilité de réalisations du Ile siècle, époque à laquelle les types existants sont divers. A cette époque appartiennent les parallèles retenus. Les nombreuses bases exhumées sur le site de Beth Shean, dont beaucoup ont appartenu à des constructions du Ile siècle, montrent des profils proches de ceux des bases du 1er siècle. L'époque hadrianique présente cette diversité. Les bases de l'arc de triomphe de Jerash, nous l'avons vu, montrent déjà les caractères des profils tardifs. A la porte d'Antalya, le traitement des bases est différent, avec une scotie bien arrondie et un tore inférieur en légère avancée par rapport au tore supérieur. Les bases de la porte d'Hadrien à Ephèse présentent également un profil différent de ceux des bases de l'arc de Jerash, avec les deux tores de hauteur presque égale. En conséquence, on ne retiendra pas la base de colonne comme un critère de datation sûr. Conclusion Les motifs et les compositions des moulurations ne présentent pas de caractères offrant prise à une tentative de datation. L'ensemble des indices doit être réuni afin qu'une orientation puisse être donnée. L'aspect élaboré des moulurations semble s'opposer à une datation du Ille siècle où la tendance est à la simplification. Les profils des bases vont également dans ce sens. Leur profil classique amène à privilégier les périodes des 1er et Ile siècles. Les schémas que présente le décor architectural de la PD trouvent des parallèles sur des monuments de la 1ère moitié du 1er siècle jusqu'à la deuxième moitié du Ile siècle. Des rapprochements avec des réalisations de ces différentes périodes ont pu être faits pour les profils des archivoltes comme pour les bases des colonnes. Néanmoins, quelques détails nous amènent à favoriser le Ile siècle. Il s'agit de la présence comme d'un élément récurrent de l'astragale ou la baguette dans la décoration. Ce motif ne paraît pas avoir joui d'une telle faveur dans la Palestine du 1er siècle où les moulures sont également plus liées les unes aux autres. Les baguettes de l'archivolte et l'astragale de la base de colonne sont encadrées d'un profond sillon qui en accentue la saillie. Par ailleurs, le dessin de la doucine présente un caractère tardif, en tous cas à l'archivolte, où son profil est raide et ne présente pas le modelé des réalisations anciennes.

239 Monuments proposés comme parallèles La porte de Tibériade L'analogie a été proposée par Y. Blomme à propos de la poursuite des moulurations des piédestaux sur la plinthe des tours. La comparaison peut être élargie à l'ensemble du monument. La porte de Tibériade est, selon le même principe qu'à la PD, constituée d'un passage accolé à des tours. Des différences apparaissent dans le plan : à Tibériade, le passage est unique, les tours sont circulaires et elles ne sont pas placées dans le prolongement de la porte mais sont reliées aux massifs limitant le passage (cf fig.29). L'emplacement des tours en avant de la porte crée une solution semblable à celle produite par la saillie des tours de la PD. Ce que l'on connaît du contexte de Tibériade indique que la porte était conçue de façon isolée, assumant une fonction d'accès à la ville. Elle était également reliée à une voie qui se développait à l'intérieur de la ville dont elle marquait la limite. Son plan, en dépit des différences énoncées, est à rapprocher de celui de la PD car il semble correspondre à une même conception. La porte de Tibériade se présentait à la fois comme une structure défensive, accordant une place importante à ses tours, et comme un édifice d'apparat mettant en oeuvre un programme ornemental. Celuici n'est connu que pour la partie basse du monument, seule conservée. Elle consiste en niches creusées dans la façade tournée vers la ville et en un ordre de colonnes d'encadrement. A l'instar ce qui existe à la PD, les moulurations de base des piédestaux se poursuivent sur la plinthe des tours. Les piédestaux et les bases des colonnes qu'elles supportent n'offrent pas de points de comparaison. La place accordée à l'ordre sur cette façade répond à un parti qui n'est pas celui adopté par les architectes de la PD. La largeur des piédestaux et le diamètre des colonnes est ici plus modeste et un léger espace sépare les piédestaux des montants de l'arcade. Les piédestaux, cela a déjà été noté, sont de faible hauteur. Les moulurations de base et de couronnement y tiennent une place peu importante tandis que les dés sont ornés de motifs de losanges. Au-dessus d'eux sont placés les blocs portant la mouluration de base des colonnes et le départ de leur fûts. Ces colonnes ne sont pas engagées dans la construction ainsi qu'à la PD. Elles ne présentent pas de base attique mais une simple mouluration à la base du fût. L'état de conservation des tours ne permet pas d'étudier la modénature des plinthes. Seule la mouluration de base est visible. Sa composition diffère également de celle des plinthes de nos tours. Dans les limites que présente l'état très lacunaire des vestiges, la porte de Tibériade offre de nombreux points de divergence avec la PD, en ce qui concerne la typologie, l'organisation des façades et la modénature.

240 Ce qui réunit les deux monuments est au niveau de la conception d'ensemble. La porte de Tibériade nous semble représenter un témoignage de la création d'un nouveau type de bâtiment, inspiré de la porte d'enceinte, qui allie à sa fonction défensive un aspect décoratif. La PD, ainsi que la porte de Umm Qeis, appartiendrait à une phase ultérieure dans l'élaboration du type. L'adoption du triple passage et de tours d'une forme plus adaptée, parce qu' offrant une saillie extérieure en même temps que placées dans la continuité de l'édifice, illustrent cette progression.

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Fig.35 Arc d'Hadrien à Jerash

L'arc d'Hadrien à Jerash (fig.35) C'est dans l'organisation des façades et non plus au niveau du plan que le rapprochement peut être effectué. Les proportions sont assez comparables. Sur l'un et l'autre des monuments, l'arcade centrale est nettement plus élevée que les arcades latérales. C'est ce que l'on suppose pour l'arc de la PD d'après la hauteur du montant conservé ainsi que la hauteur restituée des colonnes. Les baies latérales se sont vues accorder vine largeur réduite par rapport à celle de la baie centrale et à celles des piédroits. Les façades de l'arc de Jerash et celle de la PD sont marquées par l'ordre d'encadrement auquel a été accordé une place prédominante. Il s'agit dans les deux cas d'un ordre colossal de colonnes engagées. Les piédestaux sont particulièrement hauts et larges. Ils occupent plus de la moitié de la largeur des piédroits. Leur hauteur, dans les deux cas,

241 dépasse la moitié de celle des montants des baies latérales. A Jerash, l'ordre n'est qu'un élément du programme décoratif. Celui-ci n'est pas totalement conservé à la PD et l'on ignore si d'autres motifs participaient à l'animation des façades comme c'est le cas à Jerash. On peut reconnaître sur ces deux arcs une tendance à la verticalité et la même division tripartite des façades. Le traitement des façades est un peu différent à la porte sud de la même ville. Les deux édifices étant supposés appartenir à la même période, les ressemblances notées entre l'arc de triomphe et la PD ne doivent pas être considérées d'emblée comme l'indice d'une date de construction identique. L'accentuation du rôle accordé à l'ordre, élément décoratif en même temps que support de l'attique, peut être mis sur le compte d'une recherche de l'apparat. L'effet décoratif est plus marqué sur l'arc d'Hadrien de Jerash que sur la PD, par la présence des chapiteaux d'impostes, des feuilles d'acanthe à la base des fûts des colonnes engagées et par le traitement élaboré des niches. Parmi les arcs attribués à Hadrien, seul l'arc de Jerash offre des points de comparaison avec la PD. Son aspect massif, la largeur relative de ses pylônes le distinguent dans la série des arcs hadrianiques, et le rapproche de la PD. Les arcs de cette série, dans leur ensemble, présentent des massifs peu épais, accordant toute l'importance aux arcades et aux ordres qui les flanquent et les surmontent. A l'exception de quelques monuments signalés précédemment198, la plupart de ces arcs ont un aspect décoratif marqué et sont notamment pourvus de pilastres ornés de chapiteaux d'impostes. L'arc de Jerash apparaît comme le moins grec et le plus romain de la série. Il est le seul arc attribué à Hadrien qui soit connu dans la région. Le rapprochement effectué entre la PD et cet arc peut-il être élargi à l'ensemble des arcs d'Orient ? Notre porte partage avec eux le rôle important accordé à l'ordre et une tendance à l'élévation et à l'animation des façades. Le rapport qu'entretiennent les baies y est identique. Les solutions adoptées varient selon les arcs mais ces carac-téristiques sont les principaux critères qui les définissent. La PD appartient, dans les grandes lignes de sa structure et de son ordonnance, à l'architecture des arcs et portes d'Orient. Cette architecture s'est développée au sein du monde romain et conformément aux modèles de Rome mais elle a intégré des schémas issus des traditions hellénistiques. Le rôle de l'ordre sur la façade de la PD exprime cette filiation.

198 Cf p.127-128.

242

2.5 Essai de datation et hypothèses sur la fonction de laPD Essai de datation La remarque faite pour l'EH de la pauvreté des informations chronologiques est valable pour la PD. L'état de conservation, l'absence de décor sculpté et l'incertitude concernant la contemporanéité de l'inscription et de la porte en sont à l'origine. Avant de faire appel à l'histoire pour déterminer l'époque de construction de la porte, on peut réunir toutes les indications issues de l'étude comparative et de la stratigraphie et voir si elles convergent. L'analyse stylistique n'a pas apporté de conclusions sur la question de la datation. Quelques détails de la décoration architecturale orientent vers le Ile siècle mais ils ne constituent pas des indices suffisants pour dater la porte. On peut essayer de tirer des informations supplémentaires de l'observation des caractères typologiques. La forme des tours est parmi eux un élément majeur. Il a été observé qu'aucun exemple de tours à pans coupés n'existait antérieurement au milieu du Ile siècle. Il paraît à priori logique de ne pas assigner une date de construction plus ancienne à la PD. Une autre lecture des faits peut cependant être proposée, consistant à voir dans ces tours des prototypes. Elle est justifiée par la constatation du faible évasement des murs obliques qui pourrait être la marque de l'expérimentation du modèle. Que les tours de la PD en soient la première application pourrait s'expliquer par l'influence reconnue par certains historiens de l'architecture des villes sur celle des camps. A considérer que ces tours soient plus anciennes que les autres tours à pans coupés connues, quelle période aurait pu voir leur édification ? Ce type d'expérimentation architecturale dans le domaine des fortifications peut se concevoir sous le règne d'Hérode le Grand. La période a vu s'élever un certain nombre de constructions défensives, remparts, forteresses, et il a été reconnu qu'Hérode a parfois anticipé sur les modèles romains dans ses réalisations199. L'architecture défensive dans le domaine urbain n'est pas très bien représentée au Proche-Orient à la période romaine où les fortifications connues appartiennent le plus souvent au Bas-Empire. Si la tour à pans coupés est une création locale, comment expliquer que la forme n'ait pas été reprise dans l'architecture 199 C'est ce que souligne P. Gros dans Les enceintes augustéennes dans l'Occident romain, Actes du colloque international de Nîmes 1985, Nîmes, 1987, p.163. Il évoque également "le faste qu' Hérode confère à ses fortifications, dont les points forts sont traités comme de véritables monuments autonomes".

243 de la région, que ce soit dans le cadre urbain ou militaire ? Si l'on en reste à la première interprétation, on considère que la forme adoptée à la PD se serait inspirée de celle connue dans l'architecture des camps d'Afrique du nord ou d'un prototype commun disparu. On doit alors admettre une date de construction qui ne serait pas beaucoup plus ancienne que celle du plus ancien exemple connu de ce type de tours, le camp de Lambèse, daté de 160-165. Est-ce qu'une datation hérodienne pourrait s'accorder avec les autres caractères du monument ? Elle paraît peu adéquate en ce qui concerne quelques éléments. Des piédestaux aussi hauts que ceux de la PD ne se retrouvent pas avant une époque nettement plus tardive. Ils sont généralement liés à des arcs montrant une forte élévation de l'arcade centrale, dont l'exemple le plus ancien est celui de Pétra. Cette tendance à l'élévation est elle-même dans l'architecture des arcs considérée comme la marque d'une période avancée. Dans le domaine de la décoration architecturale, la composition des moulurations et le profil des bases de colonnes ne s'opposent pas à une datation dans la première moitié du 1er siècle, avec une réserve concernant le large emploi de la baguette qui ne nous semble pas se rencontrer à la période hérodienne. On peut également retenir de la modénature hérodienne que les moulurations de couronnement sont plutôt composées de deux motifs au lieu d'un motif simple, et que la doucine n'est pas souvent utilisée. Les monuments offrant des analogies avec la PD, au premier rang desquels se place l'arc de triomphe de Jerash, appartiennent au Ile siècle. Cet édifice est le plus proche du notre dans le traitement des façades. Du point de vue de la typologie, c'est la porte monumentale d'Umm Qeis qui forme le meilleur parallèle. Sa structure tripartite et la forme de ses tours correspondent à un traitement du type qui peut être rapproché de la PD. Les parallèles que constituent cette porte et la porte de Tibériade nous semblent s'opposer à la datation hérodienne de la PD. La porte de Tibériade a été datée de la fondation de la cité par Hérode Antipas, dans les années 17-20. Nous avons vu que son plan reproduisait le même principe que celui de la PD, un passage encadré de tours. La PD et la porte de Umm Qeis, qui aurait été édifiée à la fin du Ile siècle ou au début du Ille, montrent une conception d'origine identique à celle de la porte de Tibériade mais un plan plus élaboré. Le remplacement d'un passage unique par un passage triple et la recherche de tours d'une forme plus appropriée à ce type de monument traduisent une progression dans l'application du type. En conséquence, la date de construction de la PD doit être située à une période plus proche de celle de la porte de Umm

244 Qeis que de celle de Tibériade. Elle nous éloigne de l'époque hérodienne. La datation la plus satisfaisante nous semble être la datation hadrianique ou antonine. C'est l'époque de la réalisation de la plupart des grands programmes urbanistiques de la région. Dans le domaine de l'architecture défensive, c'est la période où les ouvertures simples dans les remparts sont remplacées par des architectures plus élaborées et qui présentent un passage triple. L'information tirée de la stratigraphie ne permet ni de confirmer ni d'infirmer cette datation. Les renseignements fournis sont en effet relatifs aux interventions sur le site mais ne sont pas strictement liés à l'édification de la porte. Les circonstances historiques tendent à privilégier le règne d'Hadrien à celui de ses successeurs. La construction de la porte correspond à une entreprise de grande envergure liée à un aménagement de l'espace. La fondation de la colonie pourrait fournir le cadre de tels travaux. Hypothèses sur la fonction Concernant la datation de la porte, les auteurs peuvent être répartis en deux groupes200. Le premier comprend les tenants d'une datation hérodienne, pour lesquels la porte appartenait au rempart d'Agrippa I. Pour les seconds, c'est avec Aelia Capitolina qu'elle doit être mise en rapport, et plus précisément avec le règne d'Hadrien. La question de la destination de la porte n'a jamais été vraiment discutée par ces derniers. Wightman a ouvert le débat en faisant part de la difficulté à admettre l'idée d'une porte présentant un caractère défensif et l'absence de rempart à l'époque de sa construction. La lecture du rapport de Hamilton a conduit cet auteur à considérer qu'une courte section de mur s'étendait de chaque côté des tours. Elle l'amène à formuler une hypothèse : la porte, encadrée de sections de murs de manière à enjamber le départ de la Vallée du Tyropéon, est une marque cérémonielle de la limite de la cité201. La liaison observée entre la tour ouest et la courtine ne concerne en fait que les deux assises inférieures, supposées avoir appartenu à un état antérieur de la construction, comme cela a été noté plus haut. La fonction de la porte nous semble pouvoir être définie comme étant principalement honorifique et symbolique. La typologie et le plan, dérivés de l'architecture défensive, laissent entrevoir aussi un rôle en rapport avec le contrôle du passage. La présence des tours conçues comme 200 Sur l'historique de la datation, voir p.155-158. 201 DG, p.102.

245 des tours défensives et non comme des pavillons en est un signe. Leur forme est issue de l'architecture défensive de même que celles de la porte de Umm Qeis, dont le dessin rappelle celui des tours de la forteresse de Lejjun. Ces tours abritaient les corps de logis. Le plan de la porte appartient également à l'architecture des fortifications comme le montrent les parallèles établis avec les portes d'enceintes de villes et les portes de camps militaires. La position qu'occupe la porte, position définie en fonction de la vallée qu'elle coupe et qui constituait l'un des points de passage vers la ville, traduit un rôle lié à la protection de la cité. En l'absence de remparts autour de la ville, l'efficacité défensive de la porte est réduite. Elle peut être restituée en fonction d'un dispositif intégrant d'autres constructions en divers points de la ville. Dans un contexte non troublé, sa situation lui permettait de constituer un point de contrôle dans l'une des zones d'accès principales à la cité. Les aménagements réalisés, dallage et plans inclinés pour les véhicules, indiquent bien qu'on avait là un passage privilégié alors qu'à l'est et à l'ouest de la porte, l'accès était rendu difficile par la configuration du relief. La PD nous est apparue comme une synthèse réalisée entre deux types de monuments, la porte défensive et l'arc monumental. C'est bien ce que laisse apparaître la structure de l'édifice constitué de passages voûtés encadrés de tours et offrant à l'extérieur une façade à l'aspect décoratif marqué. De l'architecture défensive, la porte a conservé le plan mais non la fonction si l'on admet qu'elle n'était pas intégrée à un rempart. Le soin apporté dans le traitement de la façade comme dans celui des faces extérieures des tours, auquel s'oppose l'aspect frustre de l'intérieur, révèle la recherche de l'apparat. Les analogies que présente la façade de la PD avec celles de l'arc de triomphe de Jerash sont une indication de sa valeur honorifique. La place accordée aux colonnes, dépourvues de fonction, la tendance à l'élévation, le soin apporté au traitement de son décor architectural, en même temps que son emplacement dans une zone que l'étude du contexte a montrée vierge de constructions, tout cela montre la qualité de prestige accordée à l'édifice. De l'observation de la typologie et du plan de la porte, d'autres points peuvent être déduits. Le type qu'elle représente est celui d'arcs placés à la limite de la ville, ou placés en avant d'elle. Elle appartient à la catégorie reconnue par D. Scagliarini Corlaita d'arcs qui organisent l'espace 202 . A l'opposé, se trouvent les arcs s'intégrant à un secteur de la

202 cfp.100.

246 ville ou permettant de réaliser une articulation entre deux quartiers203. Le plan et l'emplacement de la porte résultent d'un projet qui ne s'arrête pas à sa construction. Celle-ci a dû être liée à l'origine à une entreprise plus large, qui aurait pu consister en l'aménagement d'un nouveau secteur de la ville, ainsi qu'il en est à Jerash, ou à une nouvelle définition du caractère de la cité. Cette deuxième interprétation nous semble devoir être retenue. La porte de Tibériade aurait été l'ornement de la nouvelle ville créée selon la volonté du prince. On concevrait volontiers que la PD s'intègre dans le projet de la nouvelle colonie. Les colonies sont le plus souvent pourvues d'une enceinte. Comme cela a été démontré à propos des enceintes augustéennes d'Occident, l'enceinte élevée autour d'une colonie possède un caractère honorifique204. Une hypothèse peut être formulée, consistant à voir dans la PD une construction remplaçant l'enceinte qu'elle symbolise. Les concepteurs de Colonia Aelia Capitolina l'auraient dotée d'un monument pourvu d'un caractère honorifique et issu de l'architecture défensive, trouvant la solution la plus adéquate s'ils avaient décidé de laisser la ville ouverte. La triple fonction reconnue à la porte et sa datation hadrianique s'accordent dans le cadre de la fondation d'Aelia Capitolina. La datation peut être précisée, elle correspond à la première phase des travaux réalisés par Hadrien. Ceux-ci ont pris place avant la révolte de 132-135. Le programme consistait en la délimitation des principaux quartiers, la mise en chantier des bâtiments publics et l'aménagement de l'esplanade du Temple 205 . La porte aurait été érigée dans cette phase d'organisation de la cité, prenant place dans la définition de ses limites, et en tant qu'emblème de la colonie.

203 E. Will a constaté dans les villes de Syrie telles qu'Antioche, Apamée, Damas et Bosra, la liaison entre les portes et les arcs et les artères principafes.: "Les villes de la Syrie à l'époque hellénistique et romaine." dans J.-M. Dentzer, W. Orthmann, éd., Archéologie et Histoire de ta Syrie, II, Saarbrücken, 1989, p.223-250, spéc. p.243 et 245. 204 Une inscription de Nîmes traduit le caractère de prestige de l'enceinte : "L'empereur César Auguste, fils du divin (César), consul pour la onzième fois, en sa nuitième puissance tribunicienne, donne à la colonie les portes et les murs." dans : P.-A. Février et al.,Histoire de la France urbaine. La ville antique, des origines au IXe siècle, Paris, 1980, p.244. 205 s . Follet, "Hadrien en Egypte et en Judée", Revue de Philologie, Littérature et Histoire ancienne 42,1968, p.54-77, d'après le Chronicon Paschale.

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2.6 Restitution hypothétique d'une inscription dédicatoire La datation hadrianique et le caractère honorifique de la porte ayant été établis, il est permis d'envisager de lui restituer une pierre inscrite attribuée généralement à un arc monumental élevé au nord de la ville206. La pierre fut découverte en 1903, lors de la construction d'une maison à une centaine de mètres à l'ouest de St-Etienne. Elle fût trouvée en association avec d'autres vestiges parmi lesquels une seconde plaque inscrite 207 . Les deux inscriptions sont conservées au Studium Biblicum Franciscanum de Jérusalem. Hauteur de la pierre : 0,98 m selon le relevé de Vincent Hauteur des lettres : 12,5 -13 cm.

IMP. CAE PARTIC TRAIANO PONT. MA La première ligne n'étant pas conservée sur toute sa hauteur, il faut restituer à la pierre au moins une dizaine de centimètres supplémentaires. Les caractères sont décrits par Savignac comme de "beaux caractères de l'époque des Antonins..." 208 . Le même auteur restitue la titulature courante d'Hadrien, Il estime que les deux pierres découvertes ont appartenu à un monument érigé à la gloire d'Hadrien. ClermontGanneau rapporte l'inscription que nous évoquons à la fondation d'Aelia Capitolina209. On peut émettre l'idée que le monument d'où elle provient ait été la PD. La hauteur de la pierre, qui correspond à celle des assises de l'arc, la hauteur des lettres et leur tracé régulier s'accordent avec cette restitution. Le lieu de la découverte, environ 300 m au nord de la porte, rend possible cette attribution.

206 Voir Appendice 2. 207 L a description des vestiges et l'étude des épigraphes est due à R. Savignac, "Chronique archéologique. Inscription romaine et sépultures au nord de Jérusalem", RB 1904, p.90-98. 208 RB 1904, p.94. Les deux plaques inscrites sont considérées par tous les auteurs comme ayant appartenu a un seul monument, en dépit des divergences paléographiques et de leur différence d'épaisseur, évoquée par C. Clermont-Ganneau (Recueil d'archéologie orientale, VI, Paris 1905, p.189). 209 Recueil, VI, op. cit., p.191.

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Résumé La porte de Damas antique apparaît dans les récits de pèlerinages à partir du IVe siècle mais elle ne fait l'objet d'aucune description dans les textes anciens. Il faut attendre la deuxième moitié du XIX e siècle pour voir apparaître des informations. Les auteurs évoquent les voussoirs qui en étaient visibles et signalent les blocs d'apparence antique à la base des tours. Les premières fouilles dignes de ce nom réalisées aux abords de la PD ont lieu en 1937-38 et sont conduites par R.-W. Hamilton. Trois sondages permettent à Hamilton de dégager partiellement l'arcade orientale de la porte et d'examiner la maçonnerie de la tour occidentale et sa jonction avec le mur de courtine. Hamilton a aussi étudié le contexte stratigraphique dans la zone de la porte d'Hérode. La deuxième campagne de fouilles a été menée par Hennessy en 1964-66. Elle a permis d'exposer la baie orientale de la porte sur toute sa hauteur. Le matériel recueilli lors des travaux a été publié par G.-J. Wightman en 1989. Les dernières fouilles réalisées dans le secteur de la PD se sont déroulées entre 1979 et 1984. M. Magen et D. Alon qui en étaient responsables ont pu dégager le passage oriental avec sa voûte, l'intérieur des tours, et ont mis au jour un dallage antique à l'arrière de la porte. La datation hadrianique s'est imposée progressivement et a remplacé l'attribution à Agrippa I proposée par les auteurs dès le siècle dernier. La datation au temps d'Agrippa était motivée par l'identification de la porte comme un vestige du "Troisième mur" évoqué par Flavius Josèphe. La porte est constituée d'un triple passage limité du côté extérieur par une façade monumentale et encadré par des tours à pans coupés. Il ressort de l'observation que la façade est traitée avec un souci d'apparat. L'appareillage est très régulier, les moulurations soignées et les proportions harmonieuses. L'ordonnance est caractérisée par l'importance accordée à l'ordre de colonnes engagées et par la tendance à l'élévation. Le trait le plus remarquable de la construction est la taille considérable des blocs qu'elle met en oeuvre. Des blocs de trois types différents apparaissent dans l'appareillage des tours. Certains sont recoupés, ce qui atteste leur remploi. L'un des types peut être reconnu comme hérodien. Il est représenté, entre autres, par la maçonnerie découverte à la base de la tour occidentale et dont l'appartenance au rempart d'Agrippa I peut être envisagée. Les travaux stratigraphiques ont été réalisés dans un contexte perturbé, ce qui limite la portée de leurs résultats. La connection entre la porte et un niveau daté avec vraisemblance du règne d'Agrippa n'est pas

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assurée. De l'étude du contexte, on peut retirer que la porte aurait existé isolément d'un rempart, en liaison avec la voie menant vers le Tyropeon, et que la zone se développant à l'extérieur d'elle aurait été vierge de constructions. La stratigraphie ne peut être prise en compte pour la datation de la porte non plus que l'inscription qui orne cette dernière. Le lien d'origine entre l'inscription et l'édifice n'a pu être établi avec certitude. Le type que présente la PD d'une porte encadrée de tours non reliées à un rempart est marginal dans la série des portes. Il est néanmoins attesté sur plusieurs sites du Proche-Orient, les exemples les plus évocateurs se trouvant à Tibériade et Umm Qeis (Gadara). La forme à pans coupés de ses tours ne se retrouve, elle, que dans l'architecture des camps militaires des provinces occidentales et à une date tardive. La tendance à l'élévation et l'importance accordée à l'ordre de la façade et la présence répétitive de la baguette dans la modénature sont les indices d'une datation à placer au Ile siècle. La date de réalisation des édifices intervenant en comparaison incite à resserer cette datation autour des règnes d'Hadrien et d'Antonin. La construction de la porte correspond à une entreprise de grande ampleur qui s'accompagnait d'un aménagement de l'espace se développant autour d'elle. La fondation de la colonie représente un contexte favorable à de tels travaux . La valeur honorifique de la porte et l'emprise qu'elle affirme sur le paysage urbain laissent entrevoir le rôle prééminent qui lui fut accordé.

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3 LES ARCS DE JÉRUSALEM DANS LE CONTEXTE HISTORIQUE ET URBANISTIQUE

Les deux arcs étudiés ont été mis en relation avec Aelia Capitolina. Leur place et leur rôle dans la ville restent à préciser en même temps que le lien entre leur érection et les différentes phases de l'histoire de la colonie. Celle-ci est connue partiellement, par les sources écrites d'époque romaine ou byzantine, et par l'archéologie. Des questions importantes restent posées, à propos du rôle d'Hadrien dans l'aménagement de la cité, de ses limites, de la présence ou l'absence d'une enceinte et de la place qu'y tenait la légion, entres autres. Tout en intégrant les arcs dans le cadre géographique et historique tel qu'il a été défini, nous pouvons procéder à une lecture parallèle. Les données concernant les arcs considérés comme des témoignages d'Aelia Capitolina peuvent permettre de compléter les informations sur celle-ci. Un bref rappel des sources et des documents appartenant à Aelia Capitolina doit préalablement être établi.

3.1 Sources et documents d'Aelia Capitolina Les sources écrites Y. Blomme a répertorié les textes évoquant Aelia Capitolina. La grande majorité des passages appartient à l'époque byzantine et consiste en simples mentions1. Pour l'Antiquité, le passage essentiel est celui de Dion Cassius (vers 160-230), Historia Romana, livre LXIX, 12,1. Il a été transmis par l'Epitome de Xiliphin, moine de Constantinople (Xle siècle). L'auteur évoque la fondation d'Aelia comme cause de la Deuxième Révolte2. Hippolyte de Rome (vers 170-235), dans Capita Adversus Caium, indique que la légion établie à Jérusalem par Trajan éleva une idole sur le mont du Temple. Origène (183-254), Commentaire de saint Mathieu (§ 469) mentionne les statues d'Hadrien et de Gaïus. Pour le IVe siècle, on peut retenir les relations du Pèlerin de Bordeaux, 1 Annexe n°l de Colonia Aelia Capitolina, mémoire de l'EBAF, Jérusalem, 1977-78 (non publié). 2 Voir les commentaires de M. Stern sur ce passage dans Greek and Latin Authors on Jews and Judaism, II, Jérusalem ,1980, p.395-401.

251 d'Epiphane et de St-Jérôme. Les documents les plus importants pour l'époque byzantine sont, d'une part, une notice d'Eusèbe de Cesaree (Historia Ecclesiastica, IV, 6, 4), d'autre part, un passage du Chronicon Paschale qui consiste en une énumération des monuments ornant Aelia Capitolina3. Le passage a souvent servi de référence dans les tentatives de restitution de la cité. Vincent4 puis E.-W. Cohn5, entre autres auteurs, ont proposé une identification des monuments cités dans ce texte. La carte de Madaba La mosaïque de Madaba constitue l'unique document figuré dont on dispose pour la période byzantine6. Cette mosaïque de pavement, dont la superficie est d'environ 30m2, présente la Palestine sous la forme d'ime carte. Jérusalem a fait l'objet d'ime représentation plus détaillée que les autres villes. La mosaïque est généralement datée du règne de Justinien (527-565). La datation est principalement appuyée sur les indications tirées des monuments figurés7. Une datation des Vile-Ville siècles est proposée par D. Bahat. Elle est basée sur l'identification de la porte Dorée de Jérusalem dont la présence révélerait une date tardive8. L'archéologie Vestiges construits et creusés Un recensement des vestiges se rapportant à Aelia Capitolina a été réalisé par S. Margalit9. Les restes de constructions attribuables à cette période sont peu nombreux. Il est, de plus, souvent difficile de dissocier entre les période romaine et byzantine, et l'attribution de certains vestiges à Aelia reste conjecturale. L'archéologie n'a pas permis de localiser, ou de façon incertaine, les monuments mentionnés dans les écrits. 3 éd. Dindorf, I, p.474. 4 JN, p.6-18. 5 New Ideas about Jerusalem's Topography, Jérusalem, 1987, p.136-138. 6 En dehors de la mosaïque de Khirbet U m m er-Rasas (Jordanie) sur laquelle Jérusalem n'apparaît pas de façon détaillée.: M. Piccirillo, Biblica 71,1990, p.527541. 7 Sur la datation, voir H. Donner, The Mosaic Map of Madaba, Palaestina antiqua 7, Kampen, 1992, p.13-14. 8 Non encore publié. 9

"Aelia Capitolina", Judaica 4 5 / 1 , 1 9 8 9 , p.45-56.

252 Vestiges monumentaux St-Sépulcre-Mauristan Des murs en pierres à marges et un arc monumental ont été découverts dans l'Hospice russe Alexandra. Ils constitueraient l'angle sud-est du mur du téménos du temple érigé sur le forum. Deux ouvertures, dont l'une est visible dans le couvent, sont généralement supposées avoir été percées au IVe siècle, mais sont considérées hadrianiques par V. Corbo. L'appartenance des vestiges au forum d'Aelia est discutée, entre autres, par L.-H. Vincent et par C. Coùasnon10. Sous la basilique du Saint-Sépulcre ont été également dégagées des maçonneries. Certaines sont attribuées à Hadrien et appartiendraient au mur de soutènement du téménos11. La partie sud de ce mur a été découverte et identifiée par V. Corbo sous le parvis du Saint-Sépulcre. Un mur mis au jour sous l'Eglise du Rédempteur a été assigné par U. Lux à l'époque hadrianique12. Lors de fouilles effectuées en 1960 dans le Mauristan, au sud-est du Saint-Sépulcre, K. Kenyon a trouvé un important remplissage. Elle l'a mis en rapport avec les opérations de nivellement qui ont précédé la construction du forum. Dans le remplissage se trouvait une section de canalisation d'Aelia Capitolina13. Citadelle-Jardin Arménien L'angle d'un bâtiment a été dégagé dans la cour de la Citadelle, associé à un tuyau de canalisation portant l'estampille de la légion14. Dans la même zone, une petite portion d'un bâtiment et une canalisation de pierre ont été attribués par les fouilleurs à la strate datée de 70-13215. Des murs dégagés dans le Jardin Arménien et décrits comme pauvre-

JN, p.80-88 ; Coüasnon : The Church of the Holy Sepulchre, Jerusalem, Londres, 1974, p.45. Récemment, la datation hadrianique de ces murs a été remise en question par S. Gibson et J.-E. Taylor qui indiquent que des remplois du même type se retrouvent à la période constantinienne : Beneath the Church of the Holy Sepulchre, Jerusalem. The Archaeology and Early History of Traditional Golgotha, Londres, 1994, p.67. 11 M. Broshi, G. Barkay, "Excavations in the Chapel of St-Vartan in the Holy Sepulchre", IEJ 35,1985, p.108-128. Sur les restes romains, cf p.l 19-124. 12 "Vorläufiger Bericht über die Ausgrabung unter der Erlöserkirche im Muristan in der Alstadt von Jerusalem in der Jahren 1970 und 1971", ZDPV 88, 1972, p.185201. 13 Jerusalem, Excavating 3000 Years of History, Londres, 1967, p.152-153. 14 C. Johns, "The Citadel", QDAP 14,1950, p.121-190, spéc. p.152-153. 15 R. Amiran, A. Eitan, "Excavations in the Courtyard of the Citadel, Jerusalem, 1968-69. Preliminary Report", IEJ 20,1970, p.9-17.

253 ment construits ont été datés par K. Kenyon16 de la période romaine mais assignés par A.-D. Tushingham à la période byzantine17. Tyropeon-Ophel

Parmi les vestiges de bâtiments mis au jour le long du mur ouest du mont du Temple par B. Mazar, l'un contient un four de briques estampillées. Mazar a attribué ces constructions à la légion18. Il estime le complexe contemporain du premier état des bains découverts un peu plus au nord. B. Mazar a également dégagé une structure romaine sur l'Ophel, près de l'angle sud-ouest de l'esplanade du Temple. Le bâtiment a continué à être utilisé pendant la période byzantine. Ville

ouest

Les restes d'un fort ou de barraquements, des canalisations et des fours utilisés pour la production de briques et de tuiles ont été trouvés dans les fouilles de Binyane Ha'Umma19. On peut signaler encore les restes de bâtiments découverts dans le domaine de Sainte-Anne et qui ont été mis en relation avec un sanctuaire consacré à Sérapis-Asclépios sur la base des ex-votos découverts (voir plus loin) 20 . Voies Cardo : un dallage et des colonnes ont été mis au jour sur le tracé du cardo, dans sa partie nord, jusqu'au croisement avec la rue de David21. Decumanus : son tracé est généralement restitué selon celui de la rue de David et la rue de la Chaîne. Une partie en a été exposée à l'extrémité orientale de la rue de la Chaîne22. Les fouilles réalisées rue de David n'en ont pas attesté l'existence à l'époque romaine. Voie de la Vallée : trois sections de son dallage ont été découvertes, 16 "Excavations in Jerusalem, 1964", PEQ 97, 1965, p.20. "The Armenian Garden", PEQ 100,1968, p.109-111 et Excavations in Jerusalem, 1961-67,1, p.60. 18 The Mountain ofthe Lord, New-York, 1975, p.243. 17

19 B. Arubas, H. Goldfus, "Jerusalem, Binyane Ha'Umma", Hadashot Arkheologiot 100,1993, p.63-67 et ESI 13, 1995, p.74-78. 20 Cf A. Duprez, Jésus et les dieux guérisseurs, A propos de Jean V, Paris, 1970, p.43-46. 21 J. Wilkinson, "The Streets of Jerusalem", Levant 7,1975, p.118-136, fig. 2. 22 R. Abu Riva, "Jerusalem, Street of the Chain (A)" et L. Gershuny, "Jerusalem, Street of the Chain (B)", ESI 10,1991, p.134-136.

254 l'une rue ha-Gai, l'une en face de la Troisième Station de la Via Dolorosa23, la troisième dans la Vallée du Tyropeon. Pour cette dernière, une datation byzantine a été proposée24. Decumanus secondaire : son tracé supposé correspond à la rue Sitti Mariam. Lui appartiendraient les portions de dallage strié découvertes dans le couvent de l'Ecce Homo, dans le domaine de la Flagellation et dans les bâtiments du Patriarcat grec orthodoxe. Tombes Plusieurs tombes de l'époque Aelia Capitolina ayant livré un matériel funéraire ont été découvertes au nord et à l'ouest de la ville. Une liste exhaustive serait longue à établir. Parmi les tombes mises au jour au nord de la ville, on peut évoquer celles trouvées par R.-W. Hamilton et S.-A.-S. Husseini rue de Naplouse25 et celles creusées dans une section du mur appelé "Troisième Mur" au nord de la porte de Damas, découvertes par S. Ben-Arieh et E. Netzer26. Dans la ville ouest ont eu lieu de nombreuses découvertes. Une nécropole dégagée par G. Barkay sur le site de Ketef Hinnom a livré des crémations dans des marmites de terre cuite27. Elle a été identifiée comme étant une nécropole de soldats de la Xe légion. Les tombes fouillées à Nahal Raqafot ont révélé un riche matériel28. Elles ont été datées du Ille siècle. Les tombes trouvées à Manahat et rue Shmuel ha-Navi ont également été rapportées au début du Ille siècle29. Citernes Les citernes de St-Abraham, de Ste-Hélène, le Birket Israël et le Strouthion semblent avoir été en usage de ce temps. Les grottes aménagées à proximité de la piscine de Bethesda étaient utilisées pour des bains thérapeutiques. L'identification s'est faite sur la 23 Cf NEAEHL, II, p.763-64. 24 R.-W. Hamilton, "Street Levels in the Tyropeon Valley", QDAP 1,1932, p.105110 et QDAP 2, 1933, p.34-40. Hamilton note (QDAP 1, p.110) : "To assign the lower level to the Herodian city and the upper to the early byzantine period is a hypothesis not contradicted by the evidence of the postsherds." 25 "Shaft Tombs on the Nablus Road, Jerusalem", QDAP 4,1935, p.170-174. 26 "Excavations along the 'Third Wall' of Jerusalem, 1972-74", IE] 24,1974, p.97107. 27 "Excavations at Ketef Hinnom in Jerusalem", dans Ancient Jerusalem Revealed, p.85-106, en partic. p.90-92. 28 l.-Y. Rahmani, "Roman Tombs in Nahal Raqafot, Jerusalem", Atiqot 11,1976, p.77-88. 29 J. Gath, L.-Y. Rahmani, "A Roman Tomb at Manahat, Jerusalem", IE} 27,1977, p.209-214 et L.-Y. Rahmani, "Roman Tombs in Shmuel ha-Navi Street, Jerusalem", IE] 10, 1960, p.140-148.

255 base des vestiges et des ex-votos retrouvés (voir plus loin), et d'après le témoignage du Pèlerin de Bordeaux. Fragments architecturaux Une classification des fragments architecturaux retrouvés à Jérusalem reste à faire. En dehors de ceux précédemment évoqués des couvents de l'Ecce Homo et de la Flagellation, on peut octroyer à Aelia les chapiteaux de l'hospice Alexandra, peut-être des bases de colonnes de SteAnne, et un chapiteau des collections de la mosquée el-Aqsa, remarqué par Y. Meshorer30. Statuaire et objets La statuaire d'Aelia Capitolina est représentée par vin faible nombre de documents. Une tête de statue de marbre, identifiée comme étant un portrait d'Hadrien, a été découverte en 1873 au nord de la ville31. Des fragments de statues de marbre et des statuettes de bronze ont été retirées des fouilles de B. Mazar au pied du mont du Temple et sur l'Ophel32. Le matériel retrouvé comprenait également des lampes et de la vaisselle de terre cuite, des gemmes, des sceaux et de la verrerie. Les offrandes votives exhumées dans le domaine de Ste-Anne consistaient en statuettes et bas-relief. Parmi ces ex-votos, datés des Ile-IVe siècles, se trouvent des statuettes féminines en terre-cuite, plusieurs bas-reliefs, deux bateaux votifs et le pied votif gravé du nom de Pompéia Lucilia33. On peut mentionner également un autel mouluré trouvé dans les déblaiements réalisés près du rocher du Calvaire 34 , un fragment d'antéfixe découvert dans les fouilles de Binyane Ha'Umma et, mais avec réserve, le vase trouvé par Clermont-Ganneau dans le secteur de Bethesda35. Des objets de parures en or ont été découverts dans les tombes évoquées plus haut, datées du Ille siècle, de Nahal Raqafot, Manahat et rue

30 The Coinage of Aelia Capitolina, Jérusalem, 1989, p.43-44. 31 PEFQSt 1874, p.7 et p.207-210 ; Clermont-Ganneau, Archeological Researches. I, p.259-266, JN, p.37. C. Watzinger (Denkmäler Palästinas, II, Leipzig, 1935, p. 86) a remis en question l'identification d'un empereur et propose d'y voir une tete de prêtre. 32 The Mountain of the Lord, op. cit., p.237. Cf également M. Ben Dov, In the Shadow of the Temple, Jérusalem, 1982, p.198-202. 33 Pour une description de ces objets, voir JN, p.695-696 et pl. LXIX, SDB VIII, 1972, col.615-617 et A. Duprez, réf. cit. note 20, p.46-54. C. Watzinger (Denkmäler Palästinas, II, p.86) associe vin fragment de relief au culte d'Isis. 34 Beneath the Church of the Holy Sepulchre, réf. cit. note 8, fig.44. 35 Cf p.91.

256 Shmuel ha-Navi 36 . Ces tombes ont livré des sarcophages de plomb portant des représentations mythologiques et allégoriques37. Des bijoux ont également été trouvés dans des tombes découvertes près de la piscine de Siloé38. Dans les fouilles de Ketef Hinnom ont été exhumés des bijoux mais aussi un nombre important de clous de bottes de soldats39. L'essentiel du matériel archéologique se rapportant à Aelia consiste en tuiles et briques portant l'estampille de la Xe légion, auxquelles on peut ajouter des tuyaux et plaques de terre-cuite également estampillés. Les fouilles réalisées dans le quartier juif, dans le Jardin Arménien, dans la Vallée du Tyropeon ainsi qu'au Binyane HaUmma ont livré en très grand nombre les tuiles et briques fabriquées par les soldats de la légion 40 . Documents épigraphiques Une vingtaine d'inscriptions découvertes à Jérusalem peut être rapportée à Aelia41. Elles consistent majoritairement en épitaphes de soldats et de vétérans de la Xe légion, auxquelles s'ajoutent plusieurs inscriptions honorifiques. Quelques objets portant une inscription ont été retrouvés, tels que le pied votif de Pompéia Lucilia déjà mentionné, une écuelle et une anse de vase42. La quasi-totalité des inscriptions est en latin. Parmi les exceptions, on peut signaler l'inscription lapidaire conservée à l'hospice Alexandra, rédigée en grec, mais dont on ignore la provenance43. L'inscription du pied votif mentionné est également en grec ainsi qu'un graffite tracé dans une tombe44. 36 A Nahal Raqafot a été trouvé un camée monté en broche dont le matériau et le type de travail révèle la rareté (Cf Atiqot 11, 1976, p. 84-85 et pl. 23/1, 2). 37 Sur d'autres sarcophages de plomb de la même période retrouvés à Jérusalem : M. Avi-Yonah, "Lead Coffins from Palestine", QDAP 4,1935, p.87-99 et p. 138-153, spéc. p.150 et L.-Y. Rahmani, "On Some Recently Discovered Lead Coffins from Israel , IE/36, 1986, p.234-250, spéc. p.236-241. Fouilles de l'Office des Antiquités, information communiquée par D. Bahat. 39 G. Barkay, "Excavations at Ketef Hinnom in Jerusalem", dans Ancient Jerusalem Revealed, Jérusalem, 1994, p.91. 40 Pour la répartition des briques et tuiles et leur provenance, voir l'étude déjà citée de D. Barag, "Brick Stamp-Impressions of the Legio X Fretensis ", dans EretzIsrael 8,1967, p.168-182 (hébreu), et Bonner jahrbucher 167,1967, p.244-267. 41 Un corpus des inscriptions d'Aelia Capitolina a été réalisé par Y. Blomme : Colonia Aelia Capitolina, mémoire de l'EBAF, Jérusalem, 1977-78, p.106-115 (non publié). Voir aussi B. Isaac, The Limits of Empire, p.324. 42 Sur ces deux objets, voir RB 1908, p.410-411. 43 RB 1894, p.259. 44 Sur ce dernier, cf E. Dabrowa, Legio X Fretensis, A Prosopographical Study of its Officers (I-III c. A.D.), Stuttgart, 1993, p.86. B. Isaac n'a pas pns en compte cette inscription.

257

Numismatique

La première étude majeure consacrée au monnayage d'Aelia Capitolina est celle de L. Kadman 45 . Des travaux plus récents sont venus la compléter, en particulier ceux de Y. Meshorer 46 et de D.-T. Ariel 47 . Le monnayage couvre une période allant de la fondation de la colonie au règne de Valérianus (250-260). L. Kadman remarque que les trois-quarts des types de monnaies se rapportent aux règnes de quatre empereurs : Antonin le Pieux, Marc-Aurèle, Elagabale et Dèce48. Plus de 1200 pièces ont pu être examinées par cet auteur, classées dans son corpus par types : divinités, types en rapport avec la colonie et types militaires. Kadman note la très grande occurrence des types en relation avec Tyché qui représentent 40% de l'ensemble des monnaies.

45 The Coins ofAelia Capitolina, Corpus Nummorum Palaestinensium 1, Jérusalem, 1956. 46 The Coinage ofAelia Capitolina, Jérusalem, 1989. 47 "A Survey of Coin Finds in Jerusalem", LA 32, 1982, p.273-326, en partie. p.294-297. Cf aussi sur les bronzes de l'époque d'Hadrien : L. Mildenberg, The Coinage of the Bar Kokhba War, Aarau, 1984, p.99-101. 48 The Coins ofAelia Capitolina, op. cit., p.26.

258

3.2 L'EH et la PD dans le contexte historique Les limites chronologiques d'Aelia Capitolina sont représentées par sa fondation, que les auteurs s'accordent à placer en 130, et 326, date à laquelle la ville passe aux mains de Constantin. L'édification de la PD et celle de l'EH paraissent correspondre à des périodes distinctes de l'histoire de la ville. Dans le premier cas, la fondation de la colonie est à privilégier tandis que l'EH nous semble devoir être rapporté à une période ultérieure, qui reste à préciser. La construction de la PD et la fondation d'Aelia Capitolina Que la construction de la PD ait eu lieu dans le cadre de la fondation d'Aelia Capitolina est suggéré par sa typologie. Le type qu'elle présente, issu de l'architecture défensive et traité avec une recherche de l'apparat, possède une valeur honorifique et symbolique. Cette dernière notion s'exprime par la présence des tours, tours non reliées à une courtine, et aussi par l'ampleur de la réalisation. Le choix a été fait d'emprunter un modèle romain, celui de la porte monumentale, pour marquer l'espace. C'est une application particulière de ce modèle, la porte encadrée de tours et non intégrée à un rempart, qui a été employée ici. Elle correspondait vraisemblablement à des exigences spécifiques car c'est un type peu représenté. Son choix est probablement à lier à son rôle "d'organisateur de l'espace" et au fait qu'il soit une symbolisation de l'enceinte. La présence des tours, qui ne sont pas des pavillons mais bien des tours défensives, permet, en l'absence de celle-ci, de suggérer l'enceinte. L'érection d'une enceinte autour d'une ville nouvellement fondée est un acte de prestige. L'existence d'une enceinte n'est néanmoins pas nécessaire pour que la ville possède le titre de colonie, ainsi que l'exprime P. Gros : "La tendance actuelle, contrairement à la conviction qui a longtemps prévalu, est de considérer qu'il n'existe pas forcément de relation entre le privilège de posséder un rempart et le titre de colonie.." 49 . Deux interprétations sont possibles. L'une considère la construction de la PD comme la première étape de travaux consistant à entourer la ville d'un rempart, la seconde voit dans la porte un édifice qui aurait rempli la fonction de prestige généralement dévolue à l'enceinte. Cette seconde lecture nous semble devoir être retenue. L'adoption de ce modèle à cet emplacement semble parfaitement correspondre à la première phase des travaux effectués à Aelia, en même temps qu'elle s'accorde avec la nécessité de marquer de façon 49 les enceintes augustéennes dans l'Occident romain. Actes du colloque international de Nîmes 1985, Nîmes, 1987, p.162.

259 cérémonielle la limite de la nouvelle cité. En raison des contradictions qui apparaissent dans les sources, notamment entre Dion Cassius et Eusèbe, différentes versions ont été proposées de l'histoire de la construction d'Aelia50. La contradiction majeure concerne le moment où serait intervenue la fondation d'Aelia qui serait, selon Dion, la cause de la révolte et d'après Eusèbe, sa conséquence. Que la fondation ait précédé la guerre est maintenant accepté de façon consensuelle, grâce à la découverte de monnaies d'Aelia dans des trésors constitués par les insurgés51. Les auteurs s'accordent pour admettre que les plans ont été élaborés et certains aménagements réalisés lors de la visite d'Hadrien à Jérusalem et de sa décision de fonder une nouvelle ville. Aucune information n'apparaît dans les sources à propos de la porte. On peut concevoir qu'elle ait été intégrée au premier projet, du fait qu'elle ordonne l'espace autour d'elle. En effet, par son plan et par son emplacement dans une zone non construite, la porte marque la limite entre la zone urbaine et la zone extra-urbaine. Elle définit aussi le parcours à emprunter pour se rendre dans les secteurs principaux de la cité. Sa construction est à mettre en relation avec l'organisation du secteur septentrional de cette dernière. En considérant le rôle qu'a pu jouer la porte, on doit accepter l'idée que sa construction, ou au moins sa conception, a fait partie du projet initial d'aménagement. La décision de fonder une nouvelle ville à l'emplacement de Jérusalem aurait été prise par Hadrien lors de sa visite en Palestine en 13052. Il est probable qu'elle ait eu le statut de colonie dès sa fondation bien que cela ne soit attesté qu'à partir de 135 53 . Il nous est apparu que la PD devait être mise en relation avec la nouvelle colonie en raison de son caractère honorifique et emblématique. Que sa réalisation soit intervenue lors de la décision initiale d'Hadrien de fonder une nouvelle cité, probablement ayant le 50 E.-M. Smallwood (The Jews under Roman Rule, Leiden, 1976, p.433) suppose que Dion évoquait le début du projet et Eusèbe son accomplissement. M. Stern (Greek and Latin Authors on Jews ana Judaism, II, Jérusalem, 1980, p.396) adopte la même lecture des faits. 51 Sur ce sujet, voir notamment Y. Meshorer, Jewish Coins of the Second Temple Period, Tel Aviv, 1967, p.9, et L. Mildenberg, The Coinage of the Bar Kokhba War, op. cit., p.100. 52 Cf B. Isaac, "Roman Colonies in Judaea : the Foundation of Aelia Capitolina", Talanta 12-13,1980-81, p.31-54. L'objection majeure est celle de W.-D. Gray "The Founding of Aelia Capitolina and the Chronology of the Jewish War under Hadrian', American Journal of Semitic Languages ana Literatures 39, 1923, p.248256. L'auteur considère que la décision aurait été prise par Hadrien des son accession, en 117. 53 C'est ce qu'indique E.-M. Smallwood (The Jews under Roman Rule, p.433 note 21). Pour E.-W. Conn (New Ideas on Jerusalem's Topography, p. 117), 1 incorporation de civils d'origine syrienne et phénicienne lors du passage d'Hadrien en 130 lui aurait valu ce titre.

260 titre de colonie, paraît vraisemblable. La solidité de la construction lui aurait permis de résister aux dégâts consécutifs aux épisodes belliqueux qui se déroulèrent à Jérusalem et dont l'importance ne nous est pas connue. L'envergure de la réalisation révèle l'ampleur du projet urbain d'Hadrien. On peut supposer la présence de l'empereur lors des travaux accompagnant la fondation. Le caractère honorifique de la porte permet de la lier à la décision impériale, de même que sa typologie. Dans les villes où le même type de monument se rencontre, il est en relation avec le pouvoir impérial ou local. C'est le cas à Tibériade où la porte aurait été élevée lors de la fondation de la ville par Hérode Antipas et à Constantinople où l'arc était en relation avec la voie menant au palais. A Jerash où les arcs présentent des pavillons latéraux, type pas très éloigné du notre, un lien a pu être établi entre l'arc et l'empereur. Les circonstances de la construction de la porte monumentale de Umm Qeis ne sont pas connues à ce jour. Les portes augustéennes, avec lesquelles nous avons établi des rapprochements, ont été réalisées dans des conditions semblables, marquées par l'intervention du souverain. B. Isaac ne reconnaît pas le rôle de bâtisseur qu'aurait joué Hadrien à Jérusalem et pense que son intervention se serait limitée à la fondation de la colonie54. Les parallèles que représentent la porte de Tibériade et les fortifications urbaines de l'Occident augustéen permettent d'entrevoir un cadre politique et économique semblable. Une situation de paix ou de "promesse de paix" et de prospérité prévaut, et les autorités décident d'honorer la ville en lui offrant un monument dont la valeur fonctionnelle s'accompagne d'une valeur de prestige. Antipas à Tibériade et Auguste en Europe ont, en offrant des portes à leurs populations, flatté celles-ci tout en marquant les villes de l'empreinte romaine par le type de bâtiment choisi. Ce que montre la PD, un plan élaboré, l'emploi de blocs épais, le soin apporté à l'appareillage et à la décoration, est en accord avec les conditions qui existent au moment de la fondation d'Aelia Capitolina. L'étude de J.-M.-C. Toynbee sur l'iconographie des monnaies hadrianiques montre le rôle qu'Hadrien a voulu jouer en Judée. L'auteur constate un changement dans la représentation de la province sur les monnaies romaines des Flaviens et celles d'Hadrien. L'imagerie qui apparaît sur ces dernières traduit, selon lui, l'atmosphère qui règne dans la province pacifiée et heureuse, bénéficiant des bienfaits impériaux. Les représentations sont en contraste avec celles de la période précédente accompagnées des inscriptions Iudea capta ou Iudea devicta. Ce contraste 54 The Limits of Empire, p.354 : "There is no clear evidence that Hadrian personally, or the authorities at a lower level, were responsible for any construction." ; p.359 : "...it has not been proved that there was any government-initiated construction." Voir aussi "Roman Administration and Urbanization", dans Greece and Rome in Eretz Israël, Collected Essays, Jérusalem, 1990, p.151-159.

261 paraît à J. Toynbee, qui parle de "Pax Hadriana", avoir une signification historique 55 . L'attitude de l'empereur envers la Judée, qui s'exprime à travers les monnaies, correspond à la réalité de la situation dans la région. Sous son règne, des cités sont embellies et agrandies, des monuments sont érigés, théâtres, aqueducs, temples 56 . Le terme de restitutor qui apparaît sur les monnaies révèle les intentions d'Hadrien à Jérusalem, rénover la ville, en accord avec sa politique d'hellénisation dans la région. Si l'on agréée l'idée que la PD fut érigée lors de la fondation de la cité, pour l'orner et marquer sa spécificité de colonie, la porte devient un document intéressant du fait qu'elle est le seul témoignage monumental de cette période. B. Isaac a souligné l'absence de constructions attribuables à Hadrien, émettant l'opinion que l'intervention de l'empereur aurait pu être réduite à l'acte de fondation envisagé comme une démarche administrative. Il ne nous semble pas légitime de rejeter l'éventuelle paternité d'Hadrien dans le projet de la PD. On peut considérer, du fait de la valeur symbolique qu'elle possède, qu'elle ait été l'unique réalisation architecturale ayant accompagné les travaux de fondation de la colonie. Ces travaux auraient consisté à déterminer les limites de la ville, son plan et l'emplacement des principaux bâtiments de la vie publique. Que Jérusalem ait été aux mains des insurgés et le site du Temple reconsacré semble être démontré par le monnayage frappé pendant la Révolte et portant les légendes "Libération de Jérusalem". Pour certains historiens cependant, la signification est symbolique57. Au témoignage des monnaies s'ajoute celui de documents découverts dans les grottes de Murabba'at dont deux actes de vente rédigés à Jérusalem en 134, indiquant que la ville était à cette époque aux mains des insurgés58. Les dégâts occasionnés par cette occupation et les affrontements avec l'armée auraient pu affecter l'état de la PD. On peut suggérer que les 55 The Hadrianic School, Cambridge, 1934, p.119-121. 56 B. Isaac (The Limits of Empire,p. 358-359) nuance l'importance du rôle d'Hadrien dans l'urbanisation en Orient. Il note son intérêt pour la religion, exprimé par la construction de nombreux temples, et surtout pour l'administration et pour l'armée. A Jerash, J. Seigne parle d'une "remise en ordre politico-religieuse" qui aurait accompagné la construction du sanctuaire d'Artémis dont il attribue le projet à Hadrien.: Studies in the History and Archaeology of Jordan, IV, p.338-339. 57 Cf L. Mildenberg, The Coinage of the Bar Kokhba War, op. cit., p.30-31. Le très faible nombre de monnaies frappées lors de la révolte trouvées à Jerusalem pourrait fournir une indication que la ville n'ait pas été occupée par les insurgés. C'est l'idée de D.-T. Ariel : LA 32,1982, p.293 et note 60 où il cite les références pour la discussion. 58 Cf E-M.-Laperrousaz, "A propos du maître de justice et du Temple de Jérusalem: deux problèmes de nombre , Mémorial Jean Starcky, Revue de Qumran 57-58,1991, p.267-274.

262 restaurations intervenues après la reprise de la ville par l'armée romaine se soient accompagnées de la pose de l'inscription et le remaniement de l'assise dans laquelle elle est placée. L'après-guerre. Le caractère de la colonie. La deuxième période d'aménagement d'Aelia est à placer dans les années qui ont suivi la fin de la Deuxième Révolte. Une nouvelle cérémonie de fondation aurait pris place, à l'occasion de laquelle furent frappées des monnaies portant l'inscription "Colonia Aelia Capitolina Condita". Il y a tout lieu de penser que la présence de l'armée à Jérusalem fut renforcée ou au moins maintenue. L. Kadman rappelle l'ampleur des effectifs mobilisés pour cette guerre et les pertes importantes subies par les Romains59. La participation d'Hadrien à la guerre est attestée par les textes 60 . Auparavant, l'empereur était déjà impliqué dans l'organisation de l'armée en Orient, le stationnement des troupes et leurs déplacements 6 1 . Le réseau routier fut complété par la création de nouvelles voies, avant et après la guerre62. Avant son déclenchement, les effectifs de l'armée auraient été doublés. La présence d'un étendard sur une monnaie de fondation montre l'association entre l'armée et la nouvelle cité. Elle montre le caractère militaire de la ville refondée. Selon Y. Meshorer, Hadrien a accordé une place importante aux motifs de la légion sur les monnaies d'Aelia pour souligner le fait que la colonie avait été fondée après une victoire militaire63. L'emprise de la légion sur la cité de l'après-guerre a été prépondérante64. Le rôle que l'armée a joué à Aelia peut être discuté. Il est prééminent selon B. Isaac. D'après lui, Aelia est une colonie fondée dans l'objectif de servir l'armée, dans la mesure où ses colons pouvaient fournir des recrues. Jérusalem était une ville de garnison avant la guerre de Bar Kokhba. La Xe légion y avait été établie dès 70 comme l'indique Flavius 59 The Coins of Aelia Capitolina, p.20. Cf également M. Stem, Greek and Latin Authors, p. 396. 60 S. Follet, "Hadrien en Egypte et en Judée", RPh 42,1968, p.54-77. L'empereur aurait assisté à la prise de Bethar (Bettir). 61 Sur l'implication d'Hadrien dans les affaires de l'armée, voir F.-M. Abel, Histoire de la Palestine depuis la conquête d'Alexandre jusqu'à l'invasion arabe , II, Paris, 1952, p.70-71 et p.80. 62 B. Isaac, The Limits of Empire, p.111 et E.-M. Smallwood, The Jews under Roman Rule, p.458. 63 IEJ 13, 1963, p.60. 64 L'observation de D.-T. Ariel (LA 32,1982, p.294) résume la situation : "The overall historical impression of Jerusalem in tnat period (130-135 à 260) is of a provincial center which was a legionary base."

263 Josèphe 65 . Une population de vétérans a, à partir de la fondation de la colonie, constitué un noyau d'habitants civils. La période qui a vu la "première fondation" d'Aelia Capitolina est celle des constructions et restaurations et de la fondation de nouvelles villes par Hadrien. Ses passages en Syrie, en Arabie, en Asie Mineure et en Egypte, se sont accompagnés de tels travaux. Le projet de restaurer Jérusalem, d'y établir un centre cultuel et culturel gréco-romain s'accorde avec ce contexte. Le dessein initial de l'empereur se serait modifié à la suite de la Révolte. Cette transformation aurait été dans le sens d'une extension du rôle accordé à la légion et d'un amoindrissement de celui de la colonie. Le caractère prestigieux de la fondation d'Aelia Capitolina tel qu'il a été mis en avant précédemment, et son rôle de base légionnaire, ne doivent pas être mis en contradiction. Le souci de renforcement de la présence de l'armée en Judée aurait existé parallèlement aux objectifs d'urbanisation et d'hellénisation. Le projet d'origine prévoyait sans nul doute un certain nombre de réalisations dignes de celles dont une colonie peut se prévaloir. Ces réalisations auraient été conçues pour des raisons de prestige politique ainsi que pour doter les vétérans nouvellement installés d'un cadre de vie agréable. Il semble falloir admettre que le programme prévu ait été au moins partiellement abandonné. L'archéologie et l'épigraphie en fournissent des indices. L'absence d'édifices de spectacle ou de jeux peut s'expliquer de cette façon. Même à considérer les destructions ayant pris place à l'époque byzantine et les secteurs de la ville non fouillés, l'absence de ce type d'édifice semble être une réalité. Les sources sont à ce sujet équivoques. Dion Cassius, qui évoque la construction de tels édifices ailleurs, n'en fait pas mention pour Jérusalem. Le Chronicon Paschale mentionne un théâtre, et le Dialogue de Timothée et Aquila rapporte qu'un théâtre a été édifié à Jérusalem par Hadrien. Quel crédit apporter à ces sources tardives lorsque les événements ne sont pas rapportés par les textes plus anciens ? L'absence de structures de divertissements correspond mal au modèle de la cité gréco-romaine conçue comme le cadre de vie d'une population civile. La seconde indication de la non-conformité d'Aelia au modèle de la colonie est l'emploi généralisé du latin. B. Isaac l'a constaté à partir des inscriptions retrouvées à Aelia, qui sont toutes rédigées en latin66. Celui-ci était d'un usage limité en Orient où il était

65 G] VII, 1-3, 6-6. Deux autres villes en Palestine ont abrité une légion : Césarée et à partir de 117, Légio-Caparcotna. 66 The Limits of Empire, p.324. Nous avons mentionné l'existence de quelques exceptions.

264 quasiment restreint aux milieux militaires67. B. Isaac a remarqué qu'à Bosra, les soldats et leurs familles portent des noms latins tandis que les civils ont des noms grecs ou nabatéens68. A Jerash, la très large majorité des inscriptions lapidaires datées de la période qui s'étend de Tibère à Constantin est en grec. Parmi elles figure la dédicace de l'arc triomphal d'Hadrien. En dehors d'inscriptions funéraires bilingues, l'essentiel des inscriptions latines est tardif, Ile et surtout Ille siècle, et se rapporte principalement aux agents impériaux. Dans le cadre des réaménagements opérés dans la cité après la guerre, une reconstruction ou une transformation des établissements légionnaires peut être envisagée. On concevrait volontiers qu'elle ait accompagné des mesures de redéploiement de la légion dans la ville. L'activité édilitaire de la légion à Jérusalem est centrée sur deux périodes : après la Première Révolte, lorsque la légion y fut établie, et au lendemain de la révolte de Bar Kokhba 69 . En dehors de ces périodes, des travaux d'entretien et de réparation ont pu avoir lieu, mais probablement pas de constructions majeures. Il est autorisé de penser que l'érection de l'EH, dont le caractère militaire a été reconnu, a pris place dans cette période d'après-guerre. Quel rôle attribuer à la légion à Jérusalem ? Sans qu'elle puisse être précisément définie, son action peut être liée à la romanisation de la région. La nécessité d'accentuer la mainmise de Rome sur la Judée est certainement apparue à Hadrien de façon plus prégnante à la suite de la guerre de Bar Kokhba. Si aujourd'hui on pense qu'une nouvelle révolte était impossible, l'analyse devait à l'époque être différente et l'autorité avait tout lieu de se prémunir contre une nouvelle sédition. Ce sont justement les mesures militaires qui étaient destinées à l'empêcher. Le point de vue de B. Isaac a été évoqué plus haut. L'auteur réfute l'idée d'une activité de construction à Aelia sous Hadrien et entrevoit la cité comme une réserve de recrues pour l'armée70. La région était agitée de

67 Comme l'indiquent E.-M. Meyers, J-E. Strange, Les Rabbins et les premiers Chrétiens, Archéologie et Histoire., Paris, 1984, p.113 : "Le latin ne prit jamais vraiment pied en Palestine en dehors de la sphère d'influence des légions romaines et des procurateurs." 68 Greece and Rome in Eretz Israel (réf. cit. note 54), p.155. 69 D. Barag, Bonner Jahrbuchrer 167, 1967, p.263. 70 Cf art. cit. note 52.

265 soulèvements probablement même entre les deux révoltes71. Les moyens mis en oeuvre pour la romaniser auraient été basés sur l'armée et non sur la diffusion de l'hellénisme, telle qu'elle était pratiquée ailleurs. Le rôle de l'armée dans la romanisation de l'Orient a été mis en évidence. J.-F. Gilliam a souligné notamment que l'essentiel des tâches administratives étaient confié aux soldats72. Quelle était la juridiction qu'exerçait la légion dans la cité ? La question de l'administration d'Aelia Capitolina est mal connue. On ne connaît pas la répartition des tâches entre la légion et le conseil de la cité. Il est fait référence à ce dernier, formé de décurions, sur l'inscription de la PD ainsi que sur une dédicace à Antonin. En ce qui concerne la PD, l'inscription pourrait se rapporter à une restauration plutôt qu'à la construction de la porte sur laquelle une réelle inscription honorifique avait du être apposée. L'intervention aurait résulté d'une décision du conseil municipal. Les implications de la présence de la légion à Jérusalem dans les domaines culturels et économiques sont difficiles à détecter. Le matériel retrouvé, bien que pauvre, laisse entrevoir une participation des soldats dans l'entretien des ouvrages d'alimentation en eau73. La production de tuiles et de briques semble voir avoir été l'activité principale. La construction des bâtiments légionnaires est bien évidemment l'oeuvre de la légion elle-même. On peut en toute logique lui attribuer celle de l'EH ainsi que le couvrement du Strouthion et la pose du dallage. La citerne aurait été remise en usage à cette époque. Selon E.-W. Cohn, le canal alimentant le Strouthion aurait été restauré car le quartier de Bethesda dans lequel se trouvait le Birket-Israël et un établissement thermal ne pouvait être pourvu par ses seules sources74. L'évidence numismatique amène à ne pas négliger deux aspects autres que celui de ville de garnison dans l'identité de la cité. Il s'agit d'une part de l'aspect religieux, d'autre part du fait qu'Aelia Capitolina soit apparue comme l'expression de la volonté impériale. Les types numismatiques représentant des divinités reflètent une activité cultuelle 71 Selon E.-M. Smallwood (The Jews under Roman Rule, p.437), le fait que la force légionnaire en Palestine ait été doublée à l'époque ou peu avant le règne d'Hadrien révèle que la province était considérée comme un centre d'agitation réel ou potentiel. M. Stern (Greek and Latin Authors, p.397) établit également une relation entre la présence à Jérusalem d'un détachement de la Ille légion, sous le règne de Trajan, et la crainte de troubles. 72 "Romanization of the Greek East : the Rôle of the Army", dans Roman Army Papers, Amsterdam, 1986, p.281-287. 73 Une inscription trouvée à Bethléem atteste l'intervention de la Xe légion dans la réparation del'aqueduc alimentant Jérusalem. L'aqueduc de Césarée fut également restauré par des soldats de la Xe légion. 74 New Ideas about Jerusalem's Topography, p.126.

266 intense, axée principalement sur Astarté, la Tyché de la ville, et Sérapis. Les textes et l'archéologie ont permis de recouvrer partiellement le visage du centre cultuel que constituait la cité dont deux sanctuaires ont été localisés dans sa partie septentrionale. La question de la construction d'un sanctuaire sur le mont du Temple et de l'identité de la divinité à laquelle il aurait été consacré reste débattue75. La cité a connu un essor démograhique dans les périodes les plus récentes de son histoire. Si la construction de la PD et de l'EH paraît se rapporter aux premières phases de l'histoire d'Aelia Capitolina, certains aménagements des secteurs dans lesquels ils se trouvent peuvent être mis en rapport avec le développement ultérieur de la ville. C'est peut-être le cas de la place dallée sur laquelle ouvre la PD, et probablement celui de l'espace auquel introduit l'EH, comme l'indiquent les nombreux fragments architecturaux datés de la période romaine tardive. Le témoignage de la numismatique indique que les règnes d'Antonin, Marc-Aurèle et Lucius Vérus au Ile siècle, Elagabal au Ille, ont été favorables à la cité. L'abondance des monnaies frappées sous leurs règnes à Jérusalem est l'indication d'une importante activité économique. Le riche matériel qu'ont livrées certaines tombes atteste la prospérité de la cité. Il convient de rappeler le passage de Marc-Aurèle à Jérusalem, ainsi que celui de Septime-Sévère à l'occasion duquel une monnaie fut frappée. Les tendances artistiques reflétées par les arcs Les tendances artistiques qui s'expriment sur l'EH nous ont amené à le distinguer des créations orientales et à le lier aux productions occidentales et en particulier africaines. Elles témoignent du caractère occidentalisant de la cité. L'emploi du latin est, nous l'avons vu, la marque du lien avec Rome. Pour B. Isaac, les citoyens d'Aelia s'identifiaient plutôt à Rome qu'à l'Orient hellénistique76. Cette affirmation ne concerne pas les habitants civils de la ville que l'on sait avoir été peuplée de colons originaires de Syrie et d'Asie Mineure. Sans doute le nombre de ces colons et leur poids dans les affaires de la cité était-il 75 Voir en dernier lieu J. Murphy-O'Connor, "The location of the Capitol in Aelia Capitolina", RB 101, 1994, p .407-415. Pour J. Germer-Durand, ("Topographie de Jérusalem. Depuis Hadrien jusqu'au XVe siècle", Echos d'Orient 7,19Ô4, p.65-75, en artic. p.67) et E.-W. Cohn, (New Ideas on Jerusalem's Topography, p.124), le rikamaron évoqué dans le Chronicon Paschale est à identifier avec la cella du sanctuaire édifié sur le mont du Temple.

Ç

76 The Limits of Empire, p.325.

267 restreint. Les vestiges architecturaux sont trop peu nombreux pour qu'une étude des courants artistiques s'exprimant à Aelia soit possible. Nos deux arcs peuvent servir d'appui à une réflexion sur ce sujet. L'EH présente ce qu'on pourrrait définir comme un conservatisme dans l'organisation des façades, se traduisant principalement par l'absence d'élévation de l'arcade centrale. Les rapprochements réalisés dans le cadre de l'analyse stylistique ont amené à lui reconnaître une originalité au sein de la série des arcs orientaux. Elle se traduit par une résistance à l'élévation mais également à l'animation des façades. L'EH apparaît en marge des courants et influences qui se sont exercés dans l'architecture orientale à l'époque de sa réalisation. Les tendances qu'on peut y reconnaître ont pu avoir été véhiculées par l'armée. Cela expliquerait les traits pour lesquels des correspondances avec l'architecture des camps ont été établies. Par la recherche de l'élévation et celle de l'animation des volumes, par la place accordée à son ordre de colonnes, la PD apparaît comme un représentant des tendances de l'architecture de Syrie et d'Arabie à l'époque romaine. Elle témoigne de la synthèse Orient-Occident qui s'opère dans ce domaine. Son plan et l'organisation de sa façade sont des exemples du processus dans lequel les formes romaines sont adaptées par une imprégnation d'éléments hellénistiques et proprement orientaux. Les provinces orientales sont au Ile siècle le cadre de réalisations artistiques et architecturales montrant une grande créativité. La fusion d'éléments romains et d'inspirations locales se révèlee à la même époque dans le domaine religieux. L. Kadman a observé que le monnayage d'Aelia Capitolina exprimait bien le syncrétisme s'opérant dans la religion et dans les domaines culturels. Il remarque notamment la présence de divinités d'origine orientale telles qu'Astarté et Sérapis et également les éléments orientaux que montre l'architecture des temples représentés sur les monnaies77. Nos arcs apparaissent comme les représentants de la double identité d'Aelia, base légionnaire tournée vers l'Occident et dont l'appartenance au monde oriental est probablement celle qu'affirme le pouvoir civil de la cité.

77

The Coins of Aelia Capitolina, p.73-74.

268

3.3 Les arcs dans le contexte urbanistique La relation entre l'armée et la colonie, difficile à définir dans l'histoire, l'est également sur le plan de l'urbanisme. La pauvreté des vestiges a entraîné les auteurs à avoir recours aux sources écrites telles que le Chronicon Paschale -sources très éloignées dans le temps de la colonie d'Hadrien-, à la carte de Madaba et à l'observation du plan de la Vieille ville de Jérusalem. J. Wilkinson a expliqué que le tracé des rues actuel reproduisait partiellement celui de l'époque hellénistique et romaine car l'étendue des propriétés reste généralement inchangé. Une transformation apparaît dans la largeur des voies, allant vers une restriction depuis l'époque romaine78. Le plan d'Aelia Capitolina Les auteurs s'accordent généralement pour restituer Aelia suivant le plan traditionnel d'une ville romaine d'Orient, présentant un quadrillage de rues, des voies à colonnades et des édifices publics insérés dans un tissu urbain régulier. Le schéma restitué, inspiré du plan des camps militaires, comprend deux voies principales, le cardo et le decumanus, se coupant à angle droit. Une deuxième idée répandue est que le secteur nord aurait été affecté à la vie civile tandis que la partie sud était réservée à l'armée. La réalité archéologique s'accorde-t'elle avec cette vision théorique ? Les documents que représentent nos arcs peuvent fournir quelques informations se rapportant au plan de la colonie. E.-W. Cohn a proposé de reconsidérer les vues traditionnelles concernant le plan d'Aelia du fait de l'absence de vestiges attribuables à la période romaine dans la partie sud de la ville. Il n'a cependant pas proposé d'alternative 7 9 . Le quadrillage qu'aurait présenté la ville a été imaginé sur la base du tracé actuel des rues et d'après les portions de dallages antiques exposées. Cette approche, basée sur un matériel peu important et difficile à dater, a ses limites. Ainsi, les fouilles menées le long du tracé supposé du decumanus n'ont amené aucune découverte. Le tracé du cardo tel qu'il apparaît sur la carte de Madaba et tel qu'il peut être restitué d'après la topographie n'est confirmé par la présence de colonnes in situ ou peu éloignées de leur position d'origine que dans sa partie nord80. Son extrémité méridionale a été située au niveau de la rue de David. Plus au sud, les vestiges appartiennent à l'état byzantin de la voie. 78 Levant 7, 1975, p.118-136. 79 New

Ideas on Jerusalem's

Topography,

p.116.

80 Cf J. Wilkinson, Levant 7,1975, p.120 et fig.2.

269 La création du réseau des rues sous Hadrien et ses successeurs s'adaptait aux contraintes que représentaient les exigences de la topographie et la conservation d'aménagements plus anciens, au premier rang desquels figure l'esplanade du Temple mais aussi des citernes et probablement certaines rues. On peut en effet, ainsi que le fait J. Wilkinson81, attribuer à Agrippa I le réseau de rues du secteur nord de la ville. L'existence d'une maçonnerie vraisemblablement hérodienne sous la PD indique bien que des structures antérieures à Aelia ont pu être conservées. La prise en compte de ces contraintes n'aurait pas permis l'établissement d'un quadrillage hérité du plan hippodamien82. Il faut souligner, de plus, que le plan quadrangulaire inspiré des camps est en fait adopté pour les villes d'Orient à une époque plus tardive, le Ille siècle. Un bon exemple est celui de Shahba (Philippopolis) créée par Philippe l'Arabe. Par ailleurs, le tissu orthogonal est plutôt adopté pour les villes de plaines et ne sied pas à la topographie de Jérusalem. Si les informations manquent pour restituer le réseau des rues, elles font également défaut pour tracer les contours de la colonie. Les divergences dans les plans proposés reflètent cette situation. Dans certains cas, le rempart ottoman est considéré former la limite nord d'Aelia83. Des auteurs envisagent que certains quartiers n'aient pas été intégrés à la ville, tels que le mont du Temple et le quartier de Bethesda. C'est l'idée de J. Germer-Durand qui propose un plan au contour polygonal84. C'est également l'opinion de G.-J. Wightman 85 et de B. Lifshitz86. Selon ce dernier, le plan de la cité affectait la forme d'un parallélogramme.

81 L evant 7,1975, p.135. 82 En cela, Aelia ne se distingue pas des villes syriennes. E. Will indique à leur propos : "...au plan à quadrillage régulier (...) succède un dispositif ou édifices divers et habitations sont implantés par rapport aux artères principales. On passe ainsi du plan parfaitement régulier, maintenu à Apamée entre autres, à celui de Palmyre où se juxtaposent vieille ville, zones monumentales et résidentielles nouvelles ; le damier n'existe plus ou n'a plus de raison d'être." (Archéologie et Histoire de la Syrie, II, 1989, p.245.) 83 Ainsi sur les plans de Wilkinson (Levant 7,1975, fig.12), Wightman (The Walls of Jerusalem, fig.63), Cohn (New Ideas on Jerusalem's Topography, carte C l ) et Bahat (The Illustrated Atlas of Jerusalem, Jérusalem, 1990, p.59). 84 Echos d'Orient 7,1904, p.67, plan p.68. 85 The Walls of Jerusalem, fig.63. 86 ANRWII,

8,1977, p.484.

1 PD 2 EH 3 Hypothétique forum secondaire 4 Cardo 5 Voie de la Vallée 6 Forum 7 Temple 8 Temple de Serapis-Asclepios 9 Emplacement supposé du camp de la légion Les arcs dans le plan de la ville La lecture du plan de la PD livre quelques indications relatives à l'organisation de la cité. Il n'y a pas lieu de douter que la porte en marquait la limite septentrionale. C'est ce qu'indique la présence des tours mais également l'absence révélée de vestiges de constructions dans la zone qui s'étend au nord de la porte. Qu'elle ait elle-même été

271 précédée d'un arc placé plus au nord, sur ce qui aurait été la ligne du pomoerium est possible mais, là encore, une confirmation archéologique fait défaut. La restitution d'un arc monumental à quelques centaines de mètres au nord de la porte ne repose que sur des découvertes fragmentaires et reste conjecturale87. Une place aurait pu être aménagée à l'extérieur de la porte, ce que suggère la forme de ses tours. A l'intérieur, c'est une place de forme elliptique et marquée d'une colonne qui est généralement figurée sur les plans. L'existence de cette colonne n'est appuyée que par sa représentation sur la carte de Madaba et sur le nom arabe qui désigne la PD et signifie "porte à la colonne". La disposition aurait été assez proche de ce que l'on peut voir à Jerash où la place ovale était marquée en son centre d'un piédestal. La carte de Madaba a également servi de référence pour la restitution de la place. Sa présence est vraisemblable même si sa forme est hypothétique. Nous avons reconnu à la PD un rôle d'organisateur de l'espace. L'idée que des voies menant vers les différents quartiers de la colonie aient convergé vers elle s'accorde avec cette conception. La porte était un élément d'unification dans la cité dans la mesure où elle constituait un point de passage quasiment obligé. Parallèlement, par les voies qui partent d'elle, elle permet la répartition dans les différents quartiers, organisant ainsi le parcours à l'intérieur de la ville. La PD se voit, par cette fonction, confirmée dans le rôle prééminent que nous lui avions entrevu. Son orientation la lie à la Voie de la Vallée. Cela est l'indice d'une activité essentielle dans la vallée du Tyropeon e t / o u sur le mont du Temple qui la surplombe. La conception d'Aelia Capitolina comme celle d'une cité régulièrement organisée selon un plan quadrillé ne résiste pas à l'observation. La position de la PD et l'orientation des voies qui y convergent ne résultent pas d'une telle planification. La PD affirme son emprise sur le paysage urbain. L'EH, à l'opposé, s'intègre au contexte auquel il est soumis. Son implantation dans une zone marquée par les éminences rocheuses et surplombée par le mont du Temple montre le rôle secondaire joué par l'arc dans l'organisation de l'espace. La voie qui y mène ne figurait pas parmi les artères principales de la ville. Sa largeur est réduite par les surélévations rocheuses qui, de plus, constituaient un obstacle à la création de colonnades. L'emplacement aurait été choisi car il présentait l'avantage d'être en partie fermé par les coupures rocheuses. L'EH, en même temps qu'il marquait l'accès à l'espace dallé, fermait cet espace à l'ouest. Le massif rocheux affleurant à l'est, qui aurait pu supporter la pile d'un arc simple, aurait clos 87 Voir Appendice 2.

272 l'espace à son extrémité orientale. L'arc et l'espace auquel il introduit ont été placés en fonction de structures prééxistantes. Le lieu dans lequel les différentes structures composant cet espace ont été établies correspond sans doute à l'ancien fossé de la forteresse hérodienne. Quant aux parois rocheuses, elles ont probablement fait l'objet de retailles à partir des travaux anciens de l'escarpe du fossé. Le couvrement de la citerne a permis de retrouver les lignes d'orientation de la cité. L'espace réalisé, avec ses différents aménagements, s'affirme sans rupture dans le tissu urbain de la colonie. Son axe nord-ouest est approximativement celui formé par les murs du Temple tandis que ses limites nord-sud sont sensiblement parallèles à celles du cardo. Il apparaît donc que la PD a participé à la définition du plan de la cité alors que l'EH a été intégré au plan prééxistant. L'une des idées généralement acquises, que la partie nord de la ville ait été réservée à la colonie et sa partie sud à la légion, se trouve remise en question par la présence de l'EH. Il a déjà été indiqué que la situation restituée ne s'accordait pas avec l'absence de vestiges dans la partie sudouest de la ville. La vocation militaire de l'espace dont l'EH forme l'entrée a été reconnue. La destination de l'ensemble peut faire l'objet de simples conjectures, en l'absence d'une documentation suffisante. L'implication de la légion dans les travaux liés à l'alimentation en eau de la ville l'aurait amenée à prendre possession des lieux dont les avantages défensifs auraient constitué une seconde motivation. La cour dallée aurait formé une zone d'exercices en même temps qu'un lieu de réunions et de cérémonies. Les salles bordant la cour sur ses côtés nord et est pourraient avoir été des magasins. Ceux-ci sont indispensables dans une cité occupée par une légion. La relation entre le complexe évoqué, la colline de l'Antonia et le mont du Temple reste inconnue. Les limites de la cité L'opinion répandue qu'une colonie est pourvue d'une enceinte a amené un certain nombre d'auteurs à restituer un rempart autour de la ville. Les tenants de l'idée d'une ville ouverte se basent sur l'évidence archéologique, essentiellement représentée par les résultats des fouilles de Hamilton à la base du mur nord. Rappelons que les conclusions de l'archéologue étaient celles d'un rempart édifié à la fin du Ille siècle au plus tôt. L'évidence d'une reconstruction du mur de la ville apparaît

273 également dans les fouilles de la Citadelle et du quartier chrétien88. Le statut de colonie ne vaut pas nécessairement à la ville d'être dotée d'un rempart. Le type et le plan que présente la PD peuvent s'accorder avec les deux hypothèses présentées plus haut. La première est celle d'une porte conçue dans un projet de fortifications dont elle aurait été la première réalisation. La guerre et des changements dans le programme urbanistique auraient amené à abandonner le projet d'édification du rempart. La deuxième interprétation, que nous retenons, voit dans la porte une suggestion de l'enceinte qu'elle est destinée en quelque sorte à remplacer. La valeur défensive du rempart n'était pas à considérer puisque la légion assurait la protection de la cité. Sa fonction honorifique et symbolique est remplie par la porte. Il est généralement considéré, sur la base des résultats des fouilles d'Hamilton, qu'un rempart aurait été élevé à la suite du transfert de la légion à Eilat-Aila, sous le règne de Dioclétien (286-303). Une deuxième lecture des faits est possible, qui attribue à Constantin l'érection du rempart. Cette datation byzantine nous semble mieux s'accorder avec l'histoire et avec les données de l'archéologie. La limite nord de la ville a été fixée dès la fondation d'Aelia comme l'indique la présence de la PD. Cette limite avait du être déterminée à une époque plus ancienne, probablement le règne d'Agrippa I. Il est remarquable de constater qu'elle n'a pas varié jusqu'à une époque récente de l'histoire de la ville. La reconnaissance des autres contours de la ville reste conjecturale. A l'ouest, la limite correspondait probablement au tracé du mur extérieur de l'ancien palais d'Hérode. Au sud, l'extension de la ville aurait été celle du camp, qui reste totalement inconnue. La limite est a fait l'objet de restitutions divergentes. Pour certains, déjà cités, le mont du Temple et le quartier de Bethesda étaient exlus de la ville. Celle-ci aurait été confinée aux deux collines occidentales89 et L'EH en aurait constitué la porte orientale 90 . Cette hypothèse, à supposer qu'ait pu être reconnue une fonction de porte à l'EH, ne tient pas compte des constructions et aménagements qui se développent plus à l'est. J. Wilkinson, comme D. Bahat et H. Geva, intègrent le quartier de Bethesda et font correspondre la limite orientale de la ville au tracé du 88 Résumé des résultats des fouilles dans G.-J. Wightman, The Walls of Jerusalem, p.200-208. L'auteur y discute les deux alternatives, romaine tardive et byzantine. 89 Selon J. Germer-Durand (Echos d'Orient 7, 1904, p.67), "La colonie romaine n'avait aucun motif de se mettre ainsi à cheval sur une dépression, et comme la colline occidentale se prêtait mieux que l'autre à l'assiette d'une ville, c'est là qu'elle vint s'installer." 90 C'est l'idée qu'a développée L.-H. Vincent : cf JN, p.29-30.

274 rempart ottoman 91 . L'existence d'un sanctuaire dédié à SerapisAsclépios dans l'actuel domaine de Sainte-Anne et l'utilisation probable du Birket Israël sont l'indication d'une extension vers l'est plus importante que celle entrevue par les premiers auteurs cités. L'extension de la ville a pu varier durant les deux siècles d'existence de la colonie. Il est raisonnable de penser que, lors de la période suivant la révolte de Bar Kokhba, le complexe militaire de l'EH ait limité la ville à l'est. On peut suggérer que l'accès oriental à la cour dallée ait été emprunté par les légionnaires quittant la ville ou bien se rendant au sanctuaire de Serapis. La fréquentation de ce dernier par une population civile et la création d'une nouvelle voie menant à ce quartier auraient repoussé la limite de la ville vers l'est92. La restitution du secteur septentrional de la ville L'absence de vestiges romains constatée dans la partie sud de la ville rend difficile la lecture du plan de la colonie. Ce silence de l'archéologie dans les quartiers où avait été fixée la localisation du camp légionnaire a entraîné deux prises de position. La première ne remet pas en cause la localisation du camp, mais envisage qu'en dehors d'éventuelles constructions à proximité des tours du palais-royal hérodien, les établissements de la légion n'aient consisté qu'en structures non maçonnées93. La deuxième conception est celle de B. Isaac qui propose de rechercher le camp ailleurs dans la ville. Citant les exemples de Palmyre et Louxor, l'auteur suggère que le mont du Temple ait pu recevoir les installations militaires94. Son hypothèse n'est encore qu'une piste de recherche. Elle amène à remettre en cause la division traditionnellement reconnue entre quartiers légionnaires au sud et quartiers civils au nord. Les effectifs de la légion à Jérusalem ne sont pas connus. Si l'on considère les troupes dispersées dans les environs de Jérusalem et le long des routes qu'elles contrôlent, on doit accepter l'idée que la légion toute entière ne résidait pas dans la colonie95.

91 Cf leurs plans dans Levant 7, 1975, fig.12, The Illustrated Atlas, p.59, IE] 34, 1984, p.249, fig.3 et NEAEHL, II, fig. p.758. 92 Sur ce quartier, voir plus loin. 93 C'est l'idée de H. Geva, "The Camp of the Tenth Legion in Jerusalem : An Archaeological Reconsideration, IEJ 34,1984,p.239-254, spéc. p..248-251. 94 The Limits of Empire, p.427. 95 Sur l'armée dans les environs de Jérusalem, voir B. Isaac, "The Roman Army in Jerusalem and its Vicinity",dans Studien zu den Militärgrenzen Roms III, 13, Stuttgart, 1986, p.635-640, spécialement p.636-638. E. Dabrowa (réf. cit. note 44), p.14 note 27, mentionne les centres de Giv'at Ram et de Ramat Rahel.

275 En l'état actuel des connaissances, la nature de l'occupation de la zone correspondant à la moitié sud de la vieille ville ne peut être discutée. La poursuite du cardo romain dans la partie méridionale de la ville a été infirmée par les fouilles. L'idée d'une zone inoccupée ou, en tous cas, n'ayant pas fait l'objet d'une planification se trouve confortée. Le secteur nord concentrait les organes essentiels de la vie publique. L'existence d'un forum et d'un temple est attestée dans l'actuel quartier chrétien, celle de marchés y a été restituée. Le cardo menait à ce quartier représentant le coeur de la cité et où siégeait probablement le conseil municipal. Deux voies autres que le cardo sont considérées avoir rejoint la PD. De la voie menant vers la vallée du Tyropeon, représentée sur la carte de Madaba et dont le tracé subsiste dans la topographie actuelle, ont été dégagées plusieurs portions de pavement, attribuables, avec réserves pour certaines, à l'époque romaine. L'existence de cette voie dès la fondation de la colonie peut être inférée de l'orientation de la PD. Elle révèle une activité dans le secteur du Tyropeon ou sur le mont du Temple. La découverte de bâtiments attribués par Mazar à la légion pourrait suggérer l'existence d'une activité militaire dans la vallée du Tyropeon. Selon Cohn et Wilkinson, une troisième voie partait de la PD 96 . Son tracé a été restitué à partir de celui d'une artère de la Vieille Ville, la rue Sheikh Rihan. L'idée de Cohn est que la voie aurait relié la PD au supposé forum oriental pour des raisons commerciales. Si l'on reconnaît au quartier de l'EH une vocation militaire, on peut aussi bien justifier le lien avec la PD. Puisque ses tours abritaient des gardes, la voie aurait permis de faciliter les déplacements des légionnaires. Notre hypothèse est que le quartier de Bethesda aurait été dans un premier temps réservé à l'armée. Les installations de bains liées au culte de Serapis auraient pu être le privilège des légionnaires qui y accédaient directement depuis la cour de leur quartier oriental. A une époque plus avancée dans l'histoire de la colonie, le sanctuaire se serait développé 97 . Sa fréquentation par une population civile aurait entraîné une circulation importante dans le quartier, rendant nécessaire la création d'une nouvelle voie. Cette voie est celle à laquelle appartient le dallage strié dont l'adaptation aux structures préexistantes explique les anomalies remarquées. Les fragments architecturaux et le matériel datés de la fin du Ile ou du Ille siècle, retrouvés sur les sites de l'Ecce Homo et de la Flagellation, peuvent être mis en relation avec ces réaménagements. Cette conception de l'évolution du sanctuaire nous semble 96 New Ideas on Jerusalem's Topography, p.128, Levant 7, 1975, p.120. 97 La chronologie du site n'est pas très précise. Les rares monnaies qu'a livré le niveau romain suggèrent une datation des installations des IlIe-IVe siècles Cf A. Duprez, (réf. cit. note 20), p.46. Les ex-votos ont été datés des Ile-IVe siècles.

276 s'accorder avec le témoignage de la numismatique98. Le schéma chronologique qui peut être proposé découpe l'histoire édilitaire d'Aelia Capitolina en trois phases majeures, que nous ne sommes pas en mesure de dater. La première correspond à la fondation de la cité. L'oeuvre de planification se serait accompagnée de quelques aménagements dont le plus notable est la construction de la PD. Celle-ci est demeurée un point central dans les aménagements ultérieurs, en tant qu'emblème de la nouvelle cité. La période consécutive à la Deuxième Révolte aurait vu la ville s'organiser. L'aspect honorifique apparu avec Hadrien se serait amoindri tandis que les préoccupations militaires auraient été plus largement prises en compte. L'affirmation d'Aelia comme ville de garnison se traduit par l'attribution d'un ou de nouveaux quartiers à la légion, dont le quartier de Bethesda. Le complexe de l'EH est réalisé dans cette période. Lors de la troisième phase, laquelle couvre au moins la fin du Ile siècle et la première moitié du Ille siècle, la ville connaît un développement démographique et économique. Son visage, tel qu'il apparaît dans la numismatique -source essentielle pour cette période- est celui d'un centre religieux. La grande quantité de monnaies se rapportant à l'activité religieuse a été notée. A cette période, qui a du voir des travaux d'édification à Jérusalem, peuvent être rapportés les nouveaux aménagements du quartier de Bethesda. Une révision du caractère et du plan d'Aelia Capitolina montre que la ville se différencie des cités romaines d'Orient telles qu'on les conçoit traditionnellement. Nombre d'embellissements qu'on a voulu rapporter à la colonie appartiennent probablement à la ville byzantine, tels que le pavement de certaines artères ou même leur création, et peut-être également le rempart. Les travaux réalisés dans la cité constantinienne furent certainement beaucoup plus importants que dans la Jérusalem d'Hadrien. Rappelons que les inscriptions se rapportant à l'époque byzantine sont nettement plus nombreuses que les inscriptions d'Aelia Capitolina. Les difficultés que représentent le manque d'informations archéologiques, la date tardive de la plupart des sources et les lacunes dans la connaissance des villes de garnison en Orient ne permettent pas d'avoir une vision précise et sûre du plan de la cité et de son évolution. Les restitutions sont encore largement basées sur la théorie de l'organisation des colonies et sur l'observation du tissu urbain moderne. Les différentes 98 L. Kadman (The Coins ofAelia Capitolina, p.41-42) indique que, sous le règne d'Hadrien, Serapis a été promu au rang de dieu protégeant l'armée, et note qu'à l'exception du règne de Septime Sévère, des monnaies a e Serapis continuent à etre frappées jusqu'à larrêt de la frappe de monnaies à Aelia.

277 observations tendent à faire apparaître une cité qui, dans son plan et son organisation, n'est pas en rupture mais bien plutôt dans la continuité de la ville d'avant 70. L'idée d'un remodelage complet de la ville selon les principes de l'urbanisme classique et qui se serait accordé avec le dessein politique d'Hadrien en Judée, n'est pas vérifiée par l'archéologie. Le secteur nord de la ville est apparu comme le centre public de celle-ci. Il est le siège de l'activité civique et religieuse et le lieu des décisions et cérémonies militaires. Si la cité ne présente pas des contours très nets, c'est probablement parce qu'une partie de ses habitants vit en dehors : légionnaires contrôlant les routes mais aussi vétérans cultivant les terres qui leur ont été attribuées. Le caractère d'Aelia Capitolina nous est apparu tel qu'il est reflété par ses monnaies. L. Kadman a mis en évidence l'absence d'une distinction nette entre les différents types, religieux, militaires et impériaux. L'auteur a également entrevu dans l'iconographie des monnaies la rencontre entre l'Orient et l'Occident, que traduit l'architecture de nos arcs" .

99 The Coins of Aelia Capitolina, p.52 et p.73-74.

278

Résumé Les deux arcs étudiés ayant été assignés à l'époque d'Aelia Capitolina peuvent être traités comme des documents susceptibles de compléter les informations disponibles sur la colonie. Nous avons dressé un rapide inventaire des sources qui s'y rapportent et des vestiges qui en sont conservés. Il fait apparaître la numismatique comme la principale source de connaissance d'Aelia. La PD, à laquelle a été attribuée une fonction de prestige et le rôle de marquer la limite de la zone urbaine, a probablement été construite dès la fondation de la colonie. Elle ferait partie des aménagements décidés par Hadrien avant le déclenchement de la révolte de Bar Kokhba. Les projets d'Hadrien concernant Aelia Capitolina sont à mettre en relation avec sa politique d'hellénisation de la région. Après la guerre qui a interrompu les travaux, la cité est refondée et son caractère militaire s'affirme. Il est attesté par les monnaies. Aelia Capitolina s'est dès lors développée en tant que base légionnaire et en tant que centre cultuel. On peut attribuer à la légion les travaux de couverture du Strouthion et de pose du dallage du Lithostrotos ainsi que la construction de l'EH. La PD et l'EH ont vu le jour dans des circonstances différentes de l'histoire de la colonie, et ils manifestent des tendances artistiques également différentes. L'EH a échappé aux principales tendances qui caractérisent les façades des arcs orientaux, l'accentuation de l'élévation et la recherche de l'animation, et présente des analogies avec certaines réalisations occidentales. A l'inverse, la PD montre une conformité aux formes de l'architecture des cités d'Orient. Sa façade, avec la place qu'elle accorde à l'ordre de colonnes engagées, est d'inspiration hellénistique, et le type qu'elle présente -type de la porte encadrée de tours et isoléen'est attesté que dans la région. Aelia Capitolina est généralement restituée comme une cité au plan régulier, présentant un réseau de voies se coupant à angle droit et ornées de colonnades. Cette reconstitution est en fait théorique, elle est en partie infirmée par la topographie et par quelques indices archéologiques. La prise en compte de vestiges antérieurs à leur construction dans l'implantation de nos arcs montre que la nouvelle cité intégrait des aménagements anciens. La PD marquait la limite nord de la ville. Elle en constituait le principal point d'accès, et vers elle convergeaient les voies principales de la cité. Son orientation la liait en particulier à la voie de la vallée du Tyropeon. L'EH est placé dans une zone marquée de constructions et d'aménagements anciens et a été soumis à ce contexte. Il ne constituait

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pas la limite orientale de la cité comme cela a parfois été avancé puisque diverses installations existaient plus à l'est. Sa présence en tant qu'élément d'un établissement légionnaire dans la partie nord de la ville remet en cause l'hypothèse traditionnele du secteur nord affecté à la vie civile et la partie sud à l'armée. La partie sud-ouest de la ville, où, selon l'hypothèse traditionnelle basée sur le récit de Flavius Josèphe, se serait trouvé le camp, est pour l'heure impossible à restituer. Son occupation à l'époque d'Aelia est elle-même sujette à caution. Le secteur nord concentrait les organes essentiels de la vie publique. L'interprétation que nous avons proposée concernant le site de l'Ecce Homo inciterait à supposer que le quartier de Bethesda ait été dans un premier temps réservé à la légion avant que le sanctuaire de Serapis ait attiré une population civile. Le changement se serait produit à une période plus tardive de l'histoire de la colonie, pas avant la fin du Ile siècle. Cette hypothèse amène a considérer l'évolution qu'aurait connue la colonie durant ses deux siècles d'existence. Les vestiges examinés sur le site de l'Ecce Homo en sont une indication.

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CONCLUSION L'observation d'une part, l'étude des différents rapports et descriptions d'autre part, ont permis de faire apparaître un certain nombre de données. Celles-ci se sont révélées exploitables dans le cadre d'une démarche visant à préciser la date de construction et la fonction dévolue aux deux arcs. L'historique de la recherche a mis en évidence l'alternative unique qui était généralement proposée concernant leur datation, hérodienne ou hadrianique. Il a montré que les propositions s'appuyaient en premier lieu sur des considérations historiques, associées à quelques observations stylistiques telles que le rapport de hauteur des arcades de l'EH ou la forme des tours de la PD. Il nous est donc paru nécessaire de réunir les différentes pistes de recherche. La description des arcs a révélé les caractéristiques de leur plan, de leur architecture et du traitement des façades. L'établissement de parallèles avec les réalisations architecturales et urbanistiques d'Orient, et dans certains cas avec des exemples occidentaux, a permis de caractériser les éléments constitutifs de nos arcs, apportant des indications relatives à leur date de construction et leur fonction. L'étude typologique s'est avérée riche d'informations. Il est apparu que la PD appartenait à une catégorie représentée par quelques édifices situés en Orient, caractérisés par la présence de tours non liées à une courtine, et dont les exemples à trois arcades représentent une évolution du type. Par ailleurs, la porte se distingue par la forme particulière de ses tours, la forme à pans coupés, qui n'est connue qu'à partir de la deuxième moitié du Ile siècle. Les rapprochements effectués ont amené à distinguer l'EH des types reconnus dans l'architecture des arcs monumentaux et à établir un lien avec l'architecture défensive, dont celle des camps militaires. Dans l'organisation des façades, des tendances ont été repérées. La présence de demi-colonnes d'encadrement sur hauts piédestaux et l'élévation de la baie centrale de la PD sont caractéristiques des façades d'inspiration hellénistique répandues dans les cités d'Orient au Ile siècle. L'absence d'ordre et le rapport particulier de la hauteur des arcs que présente l'EH trouvent plutôt des parallèles dans 1' Occident romain, particulièrement en Afrique. Dans le domaine de la décoration architecturale, la composition des moulurations et le traitement des motifs peuvent constituer des éléments de datation. Le profil des talons de l'EH peut être considéré comme tardif de même que la division des archivoltes en deux bandeaux et la diminution du bandeau inférieur. Les

281 éléments de comparaison retenus pour les moulurations de la PD appartiennent à des époques variées mais quelques traits, comme la présence répétée de la baguette, incitent à privilégier pour leur exécution le Ile siècle. Les informations relatives à l'occupation du site et, dans le cas de la PD, celles de la stratigraphie, ont été ajoutées aux conclusions de l'analyse stylistique, permettant de déterminer la datation des arcs et d'établir une chronologie des vestiges. La datation du Ile siècle qui a été retenue a restreint la discussion portant sur le tracé du "troisième mur" aux vestiges situés sous la PD et considérés comme antérieurs à la construction de la porte. La fonction et la destination des arcs, en partie révélée grâce à l'analyse comparée, a pu être précisée dans la partie consacrée à Aelia Capitolina. L'insertion des arcs dans l'histoire et le plan de la cité a permis de mieux définir le rôle qu'ils y occupaient. Un angle de vue plus large a été adopté pour considérer les édifices en liaison avec les quartiers qu'ils occupaient, et aussi en tant que documents historiques. La question relative à l'extension de la cité à l'époque de la construction des arcs a été discutée dans cette partie. Elle représente l'un des aspects de la question plus générale de l'organisation et du caractère de la colonie. La rareté, voire l'absence, de vestiges monumentaux d'Aelia fait apparaitre les arcs étudiés comme des documents uniques. Ils constituent des témoins pour la connaissance de la ville, ses limites, son plan, et également son organisation et les influences artistiques qui ont pu s'y exercer. Ils figurent par ailleurs parmi les très rares arcs monumentaux de la Palestine romaine. L'utilisation des documents que constituent les arcs a permis une nouvelle lecture de l'organisation de la cité. La PD y joue un rôle majeur, en tant que point de passage et de contrôle principal, et par sa valeur honorifique, en tant qu'emblème de la colonie. L'EH et l'espace auquel il donne accès affirment la présence militaire dans le secteur septentrional de la ville. Les divergences entre les deux édifices, mises en évidence dans l'étude comparée et dont témoignent le plan, l'organisation des façades et le traitement de la décoration, reflètent la destination particulière qui leur a été accordée. Elles témoignent aussi de la double identité d'Aelia Capitolina, à la fois cité d'Orient au même titre que celles qui ont été évoquées, mais aussi base légionnaire tournée vers l'Occident. Les aménagements réalisés sur le site de l'EH, que nous avons attribués à une époque postérieure à la construction de l'arc, incitent à ne pas restreindre l'activité architecturale et urbanistique d'Aelia Capitolina à sa fonda-

282 tion. L'attribution à Hadrien est encore trop largement généralisée. La recherche que nous avons menée sur les arcs de Jérusalem s'inscrit dans le cadre d'un intérêt renouvelé pour ce type de monument. Les arcs monumentaux font partie intégrante de l'urbanisme des cités romaines d'Orient au même titre que les théâtres, les nymphées et les rues à colonnades ou même plus encore car, comme l'a montré cette étude, ils sont intimement liés à l'histoire des cités et à leur organisation. En l'absence de travaux de synthèse consacrés aux arcs et portes des provinces orientales de l'empire, les monographies constituent des sources importantes. La récente publication d'I. Kader sur les propylées et les portes de villes du début de l'empire représente une étape majeure dans la connaissance du sujet100.Espérons que notre étude trouvera sa place à côté de cet ouvrage désormais essentiel.

100 Propylon und Bogentor, Untersuchungen zum tetrapylon von Latakia und anderen frühmiserzeitlichen Bogenmonumenten im Nahen Osten, Mayence, 1996.

283

APPENDICE I Répertoire des portes et arcs monumentaux de l'Orient romain Nous avons adopté pour ce recensement vin classement par pays. Seuls les bâtiments conservés au moins partiellement et ayant fait l'objet de publications sont mentionnés. Nous ne prenons pas en compte les arcs et portes signalés par des auteurs à une époque ancienne et qui ont disparu ou dont la description est trop succincte pour constituer un document exploitable. Dans le cas où le nom de la ville à l'époque antique diffère de celui utilisé actuellement, le nom ancien est indiqué à la suite du nom actuel. Les dénominations habituelles des édifices sont employées. Israël et Cisjordanie Tiberiade Porte simple encadrée de tours rondes, dont la construction aurait eu lieu lors de la fondation de la ville sous Hérode Antipas, dans les deux premières décennies du 1er siècle. Elle est placée à l'extrémité du cardo, contemporain de la porte. Il est considéré que la porte existait à l'origine indépendamment d'un rempart. L'arcade est encadrée de colonnes sur piédestaux. G. Foerster, "HaHafirot beTeveryah", Qadmoniot 10,1977, p. 87-91. NEAEHL, IV, p.1471.

Samarie Porte ouest. La porte, à baie unique, date de Septime Sévère ainsi que la voie qui y aboutit. Elle est encadrée de tours rondes assignées à l'époque hellénistique. G.-A. Reisner-C.-S. Fischer-D.-G. Lyon, Harvard Excavations at Samaria, Cambridge, 1924,1, p.198-207, II, pl.42b. NEAEHL, IV, p.1307.

Jordanie Pétra L'arc triple est situé à l'extrémité de la voie à colonnade et à l'entrée du temenos. Sa partie supérieure a disparu. Les trois baies sont hautes et étroites, l'arc est assez largement décoré et pourvu d'un ordre de colonnes

284 engagées sur une face et un ordre de colonnes libres sur l'autre. Sa construction était traditionnellement attribuée à Trajan mais des études récentes ont amené à reculer sa datation1. Un terminus post quem de 76 ap. J.-C (ou 9 av. J.-C) est fourni par la stratigraphie de la voie pavée, réalisée antérieurement à la construction de l'arc. I. Kader place l'érection de l'arc au temps d'Aretas IV ( 9 / 8 av. J.-C.-40 ap. J.-C.) où il aurait servi de propylées et de porte de ville avant d'être remanié après l'annexion de la Nabatène en 106 ap. J.-C. Il aurait alors joué le rôle de propylées du temenos. G.-R.-H. Wright, "Structure et date de l'arc monumental de Pétra", RB 73,1966, p.404-419. J. Me Kenzie, The Architecture ofPetra, Oxford, 1990, p.132-134. I. Kader, Propylon und Bogentor, p.108-144.

Jerash (Gerasa) Trois arcs monumentaux ornent la ville romaine. Par ailleurs, l'existence de portes à une baie percées dans le rempart est attestée. L'arc de triomphe ou arc d'Hadrien se trouve à peu près à 400 m au sud de la ville. C'est un arc à trois baies encadré de pavillons. L'inscription dédicatoire à l'empereur Hadrien nous donne sa date de construction : 129-130. L'ordre des façades est composé de quatre colonnes engagées. Des niches surmontent les passages latéraux. Il s'agit d'un arc honorifique destiné à commémorer le passage de l'empereur dans la ville. Plus tard, semble-t-il, aurait-on projeté de l'intégrer à un mur d'enceinte. A.-H. Detweiller, "The Triumphal Arch", dans C.-H. Kraeling, Gerasa, City of the Decapolis, New Haven, 1938, p.73-83.

La porte sud s'ouvre dans le rempart mais la construction de celui-ci étant plus tardive, la porte existait à l'origine isolément. Son plan et l'ordonnance de ses façades sont les mêmes que ceux de l'arc de triomphe. Elle s'en distingue par ses dimensons plus réduites. Deux pavillons latéraux la flanquent, construits en même temps qu'elle. Elle est contemporaine de l'arc de triomphe. A.-H. Detweiller, "The South Gâte", dans C.-H. Kraeling, Gerasa, City ofthe Decapolis, New Haven, 1938, p.149-152. J. Seigne, C. Wagner, "Jerash : notes sur l'étude et la restauration de la porte sud", AD A] 3 6 , 1 9 9 2 , p.241-254. 1 Plusieurs auteurs avaient suggéré une datation ancienne sur la base d'observations stylistiques : cf F. Baratte dans Un royaume aux confins du désert : Pétra et la Nabatène. Muséum de Lyon, Lyon, 1978-79, p.72, et Z. Safar-Ismail, Les chapiteaux à rinceaux de Pétra et le àécor architectural correspondant, Thèse Paris I, 1980, p.273280.

285 La porte nord est située à l'extrémité du cardo et ouvre dans le rempart. Elle est datée de 115 d'après une inscription et présente un passage unique. Le plan au sol affecte une forme particulière, trapézoïdale, qui s'adapte à l'orientation des deux voies dont elle marque la jonction. A.-H. Detweiller, "The North Gâte", dans C.-H. Kraeling, Gerasa, City ofthe Decapolis, New Haven, 1938, p.117-123.

Umm Qeis (Gadara) Trois portes ornent l'ancienne cité de la Décapole. La porte monumentale, située à 360 m à l'ouest des remparts de la ville et à 43 m à l'ouest du stade ou hippodrome, présente trois ouvertures flanquées de colonnes sur piédestaux et est encadrée de tours en forme de fer à cheval. Elle a été datée de la fin du Ile ou du Ille siècle sur des critères stylistiques. La porte ouest est percée dans le rempart, au débouché d'une voie à colonnade. La baie unique ouvrait entre des tours rectangulaires dont une seule est conservée. Elle est datée comme le mur d'enceinte du début du IVe siècle. La porte de Tibériade était constituée d'un passage voûté en berceau encadré de tours circulaires dont la tour sud a été dégagée. Sa construction pourrait remonter au début du 1er siècle. T.Weber-A. Hoffmann, "Gadara of the Decapolis. Preliminary Report of the 1989 Season at U m m Qeis, AD A] 34,1990, p.3Î1-336. S. Kemer- A. Hoffmann, "Gadara-Umm Qeis. Preliminary Report on the 1991 and 1992 Seasons."ADA} 3 7 , 1 9 9 3 , p. 359-384. I. Kader, Propylon und Bogentor, p.163-164.

Amman (Philadelphia) Les restes de trois portes percées dans le rempart entourant l'acropole ont été vues. Deux d'entre elles ouvrent dans le mur sud, la troisième dans le mur ouest. La porte principale, la porte C, donnait accès au temenos du temple. Elle était reliée par un escalier aux propylées de la ville basse. La façade présentait trois ouvertures à linteaux surmontées d'arcs. Elle est reliée à une structure semi-circulaire. La seconde porte du mur sud était à baie unique. A. Northedge, "The Fortifications of Qal'at Amman. Preliminary Report.", ADA] 27,1983, p.437-459.

286 Umm

el-Jimal

La porte de Commodus est percée dans le mur occidental de l'enceinte, au débouché d'une importante voie. Elle est datée de 176-180 par l'inscription qu'elle porte, une dédicace à Marc-Aurèle et Commode. Quatre autres portes ouvrant dans le rempart sont partiellement conservées. Elles sont dépourvues de caractère monumental. H.-C.Butler, Ancient Architecture in Syria, Publications of the Princeton University Archaeological Expédition in Syria in 1904-1905 and 1909, Div. II Section A, Part 3, Leiden, 1913, p.156-158.

Syrie Damas

La Bab Charqui est située dans le rempart et à l'extrémité de la voie à colonnade appelée "rue droite". Elle a été largement restaurée. Les trois arcades qu'elle présente sont séparées par de larges pylônes marqués de pilastres en forte saillie. Cet arc et le suivant ont été traditionnellement datés des Sévères. Une datation du temps d'Auguste a été suggérée pour la Bab Charqui, reposant sur les caractères de sa décoration sculptée2. C. Watzinger, K. Wulzinger, Damaskus, die antike Stadt, Berlin-Leipzig, 1921, p. 65-77, fie. 38-45. I. Kader, Propylon und Bogentor, p. 169.

L'un des deux arcs qui enjambait la "rue droite" est partiellement conservé. Il est de faible épaisseur et repose sur un podium. Ses trois ouvertures sont séparées par de larges pylônes marqués par des pilatres étroits et peu épais. Les arcs latéraux prennent naissance à un niveau légèrement inférieur à celui de l'arc central. E. Will, "Damas antique", Syria 71,1994, p.1-43, spécialement p.41, fig.16.

Il existait trois autres portes dans le rempart, aux extrémités des deux artères principales de la ville. Palmyre

L'arc principal de Palmyre marque l'extrémité de la voie à colonnade à laquelle il est relié. Son plan laisse apparaître deux arcs à trois ouvertures présentant une orientation divergente et engagés à leur extrémité. Les façades sont assez richement ornées. L'élévation des baies centrales est largement supérieure à celle des baies latérales. L'arc a été K.-S. Freyberger, "Untersuchungen zur Baugeschichte des Jupiter Heiligstums in Damaskus", DaM 4,1989, p.61-86.

2

287 daté du début du Ille siècle. Selon E. Will, les blocs inscrits retrouvés au pied de l'arc lui auraient appartenu. L'inscription qu'ils portent fournit un terminus post quem de 212 pour sa construction3. T. Weigand, Palmyra, Ergebnisse der Expeditionen von 1902-17, Berlin, 1932.

D'autres arcs ornent la ville: la porte de Damas, à trois baies, associée à une place ovale, et la porte prétorienne, également à trois baies. Shahba (Philippopolis) Six portes marquaient le rempart de la ville, daté du milieu du Ille siècle. Les quatre portes situées aux extrémités du cardo et du decumanus principaux étaient à trois baies. Elles étaient encadrées de tours. Parmi elles, la porte sud présentait une architecture à linteaux. Les deux autres portes présentent un passage unique. H.-C. Butler, Architecture and Other Arts, Publications of an American Archaeological Expedition to Syria in 1899-1900, New-York, 1904, p.393-395. K. -S. Freyberger, "Die Bauten und Bildwerke von Philippopolis. Zeugnisse imperialer und orientalischer Selbstdarstellung der Familie des Kaisers Philippus Arabs", DaM 6,1992, p.293-311, spéc. p.295 et pl. 59 a / b .

Doura-Europos L'arc est situé à une distance importante de l'enceinte de la ville, enjambant la voie principale qui y mène. Seule la partie basse des piédroits a été conservée. Les fragments trouvés à terre ont permis de restituer l'inscription dédicatoire et la décoration architecturale des parties hautes. L'arc est composé de trois arcades, celle du milieu présentant une élévation très importante. L'inscription a permis de dater l'arc de 115-116. P.-V.-C. Baur et al., éd., The Excavations at Dura-Europos. Preliminary Report of the 4th Season of Work, 1930-31, New-Haven, 1933, p.73-74.

Bosra (Bostra) La porte ouest s'ouvre dans le rempart de la ville. Immédiatement à l'est de la porte se développe une place ovale. La façade présente une ouverture unique, surmontée d'un second arc. La décoration de pilastres se poursuit sur les tours adjacentes. L'édifice a été daté du Ile siècle. K. Mukdad, L'urbanisme de Bosra â l'époque romaine. Thèse Paris 1,1984, p.8689. 3 "Le développement urbain de Palmyre : témoignages épigraphiques anciens et nouveaux", Syria 60,1983, p. 69-81. Sur la datation de l'arc, cf p.73-74.

288 H.-C. Butler, Ancient Architecture in Syria. Princeton University Archaeological Expédition to Syria 1904-1905 and 1909, Division II, Section A, Part 4, Leiden, 1914, p.226-229.

L'arc nabatéen ou arc oriental est situé à la limite de deux quartiers de la ville dont il marque la jonction. Il est placé dans l'axe de la voie principale est-ouest. Son plan est dissymétrique, les façades présentant une orientation différente. La baie unique est encadrée de piédroits massifs dont la décoration de colonnes et de niches est répartie sur deux registres. L'étude de son décor architectural et les sondages réalisés dans le secteur qu'il occupe ont amené J.-M. Dentzer et son équipe à placer sa construction dans la deuxième moitié du 1er siècle ou le début du Ile. Une date plus haute, reposant sur des critères stylistiques, a été proposée par F.-S. Freyberger4. K. Mukdad, L'urbanisme de Bosra à l'époque romaine, Thèse Paris 1,1984, p.198203. H.-C. Butler, Ancient Architecture in Syria. Princeton University Archaeological Expédition to Syria 1904-1905 and 1909, Division II, Section A, Part 4, Leiden, 1914, p.240-243. J.-M. Dentzer, "Les sondages de l'arc nabatéen et l'urbanisme de Bosra", CRAI 1986, p.62-87. J. -M. Dentzer, P.-M. Blanc, R. et A. Mukdad, "Nouvelles recherches francosyriennes dans le quartier est de Bosra ash-sham", CRAI 1993, p.117-147. I. Kader, Propylon und Bogentor, p.144-158.

L'arc central, placé au centre de la cité, est en relation avec la rue menant au théâtre, au point où cette rue rejoint le decumanus. C'est un arc à trois baies. Le plan au sol montre huit piédroits car un passage coupe les massifs dans le sens de la longueur. Les façades présentent une arcade centrale particulièrement élevée et une décoration de pilastres. Sa construction appartient au Ile ou au Ille siècle. K. Mukdad, L'urbanisme de Bosra à l'époque romaine, Thèse Paris 1,1984, p.195198. H.-C. Butler, Ancient Architecture in Syria. Princeton University Archaeological Expédition to Syria 1904-1905 and 1909, Division II, Section A, Part 4, Leiden, 1914, p.243-247. Si'

La porte extérieure du sanctuaire est traitée comme un arc monumental à trois ouvertures de hauteurs presque égales. La décoration est constituée de niches aux extrémités des piédroits et de pilastres combinés à des quarts de colonnes. Sa construction a été placée à la fin de l'époque antonine ou le début de l'époque sévérienne. 4 DaM 4,1989,

p.46-52.

289

H.-C. Butler, Ancient Architecture in Syria. Princeton University Archaeological Expedition to Syria 1904-1905 and 1909, Division II Section A, Leiden, 1907, p.395-397.

Apamée L'arc monumental d'Apamée est relié à une porte qui se trouve en arrière de lui. Il présente trois passages et aurait probablement été érigé dans le courant du Ile siècle. A l'époque byzantine, une façade a été plaquée contre la face arrière de l'arc. J.-C. Balty, "Grande colonnade et quartiers nord d'Apamée à la fin de l'époque hellénistique", CRAI1994/1, p.77-101.

Liban Tyr L'arc se dresse à une distance importante de la zone résidentielle de la ville antique. Il enjambe une voie romaine et se trouve à proximité d'un hippodrome. Immédiatement à l'est de l'arc se développe la nécropole romaine. Le monument a fait l'objet d'une importante restauration, intégrant la reconstruction de toute la partie centrale. L'arc est composé de trois arcades encadrées de tours rondes. Les façades sont ornées d'un ordre de demi-colonnes et de niches surmontant les baies latérales. M. Chéhab, auteur de la reconstruction de l'arc, propose une datation au temps d'Hadrien ou de Septime Sévère, sur des critères stylistiques et historiques. Elle est contestée par I. Kader qui, sur la base de considérations stylistiques, place la construction de l'arc au début de l'Empire. M.-H. Chéhab, "Fouilles de Tyr. La nécropole. I : L'arc de triomphe", Bulletin du Musée de Beyrouth, Paris, 1983, p.11-124. I. Kader, Propylon und Bogentor, p.165-169.

Hössn Soleiman (Baetocécé) La porte nord du téménos présente trois ouvertures à linteaux. Des niches placées sur les piédroits médians encadrent l'ouverture centrale. Elle a été datée du dernier tiers du Ile siècle. D. Krencker-W. Zschietzschmann, Römische Tempel in Syrien, Berlin, 1938, p.89-92, pl.33.

290 Baalbek (Heliopolis) Une porte du rempart présente trois ouvertures à linteaux. Elle est encadrée de tours carrées. T. Wiegand, Baalbek, Ergebnisse der ausgrabungen und Untersuchungen in dem jähren 1898 bis 1905, I, Berlin, Leipzig, 1921, p.20-21.

291

APPENDICE II Autres arcs monumentaux de Jérusalem Les deux arcs étudiés ne sont pas les seuls témoins à Jérusalem de l'architecture des arcs monumentaux d'époque romaine. L'existence d'un arc supplémentaire est attestée par les vestiges qui subsistent dans l'Hospice Alexandra. Un quatrième arc est souvent restitué, auquel ont été rapportés divers vestiges découverts au nord de la ville. L'arc de l'Hospice Alexandra L'arc comme les vestiges qui l'entourent, dallage et maçonneries, ont été découverts au milieu du siècle dernier par le consul de Prusse à Jérusalem. Après l'acquisition du terrain par la Mission ecclésiastique russe, des fouilles furent réalisées, auxquelles participèrent notamment C. Clermont-Ganneau, C. Schick et L.-H. Vincent. Le déblaiement du site fut achevé à la fin du siècle par l'archimandrite à la tête de la Mission russe. Les vestiges sont toujours visibles dans les bâtiments de l'Hospice Alexandra. La description de l'arc a été donnée par L.-H.Vincent1. Depuis les travaux de Vincent, aucune étude n'a été publiée le concernant. Vincent le restitue comme un arc triple qui aurait marqué l'entrée orientale du forum d'Aelia Capitolina. Son hypothèse sur la fonction de l'arc et sa date de construction ont été depuis lors admises. Ayant fait l'objet d'un important remaniement à une époque ancienne, l'arc ne se présente pas dans son état d'origine. Dans son état actuel, il est composé d'une arcade dont l'un des montants est constitué par une colonne portant un chapiteau de type byzantin. De l'autre côté, l'arc repose sur l'extrémité du piédroit par l'intermédiaire d'un chapiteau corinthien qui n'est pas à son emplacement d'origine. L'extrémité de la façade est marquée par la saillie d'un pilastre surmonté d'un chapiteau du même type. Cette partie nord serait la partie non remaniée de l'arc. La saillie verticale serait celle d'une sorte de contrefort qui aurait marqué l'extémité du piédroit. La reconstitution de Vincent paraît hasardeuse. Elle est basée sur les traces de remaniement visibles dans la maçonnerie mais aussi sur l'attribution à l'arc de fragments architecturaux conservés au couvent russe. La datation repose, elle, sur des considérations historiques et topographiques. Un examen des chapiteaux pourrait fournir des indices sur la 1 JN, p.71-79. Elle fut précédée d'études plus anciennes dont la principale est celle de H. Guthe, ZDPV 8,1885, p.245-259. Cf aussi Clermont-Ganneau, Ârchaeological Researches, I, p.85-87.

292 datation. Ils se caractérisent par l'importance accordée aux feuilles, réparties sur trois rangs aux dépends des calices et crosses qui sont atrophiés, par la rigidité du traitement de ces feuilles et la présence d'un motif géométrique sur l'abaque. Ces caractères révèlent une époque tardive, si l'on se réfère à l'évolution retracée par D. Schlumberger2. M. Fischer a répertorié le chapiteau de l'arcade de l'Hospice Alexandra parmi un groupe de trois documents provenant de Jérusalem3. Il place leur réalisation au début du IVe siècle. La datation des chapiteaux ne peut cependant entraîner celle de l'arc, dont la partie d'origine pourrait être plus ancienne. Fragments rapportés à un arc monumental Y. Blomme a retracé l'historique de la recherche du monument qu'il nomme "hypothétique arc commémoratif de la colonie"4. Les fragments attribués à cet arc ont été découverts à 350 mètres environ au nord de la ville, dans des lieux et à des périodes différentes. Ils sont constitués d'une tête de statue identifiée comme étant un portrait d'Hadrien5, deux fragments de fût de colonne, et deux fragments d'une inscription qui aurait pu être une dédicace à Hadrien et Antonin6. Ces différents vestiges ont, dès le siècle dernier, été associés dans la restitution d'un arc honorifique. Ils furent ensuite mis en relation avec une section de mur dégagée en 1924 et une base de colonne monumentale découverte en 1964. Comme l'indique Blomme, la tradition s'est ensuite établie de la découverte cette année-là des vestiges d'un arc monumental7. L'auteur fait apparaître les contradictions issues des reconstitutions proposées. Les différents morceaux présentent un rapport de proportions qui rend la restitution d'un arc monumental invraisemblable. Ainsi, la colonne aurait eu un diamètre considérable tandis que les dimensions de l'élément de statue et de l'inscription sont trop réduites. Blomme suggère que les fragments aient appartenu à une colonne commémorative. Il peut être noté que la base de colonne présente un profil byzantin. Les autres éléments d'architecture n'offrent aucun indice de datation. La 2 "Les formes anciennes du chapiteau corinthien en Syrie, en Palestine et en Arabie", Syria 14,1933, p. 283-317, spécialement p.293-294. 3 Das korinthische Kapitell im Alten Israel in der hellenistischen und römischen Periode, Mayence, 1990, p l . 5 1 / 2 8 9 ; discussion p.71. 4 Colonia Aelia Capitolina, mémoire de l'EBAF, 1977-78 (non publié), p. 74-78. Le terme "arc commémoratif" est celui employé par Vincent (JN, p.35-39) à qui l'on doit la démonstration concernant cet arc. 5 Cfp.255etnote31. 6 Cfp.247. 7 On retrouve cette idée dans l'ouvrage de B. Mazar, The Mountain of the Lord, New-York, 1975, p.241.

293

statue et les pierres inscrites sont à rapporter à une construction d'Aelia Capitolina mais, ayant été retrouvés à des emplacements différents, ils ont pu appartenir à des édifices distincts. Clermont-Gartneau indique que la dalle portant une dédicace à "Antonin probablement" est "d'épaisseur moindre" et que "les caractères ne sont pas exactement du même module". Cette variation dans la paléographie est également relevée par R. Savignac pour qui elle ne s'oppose pas à leur appartenance au même édifice. On peut considérer, du fait des différences citées, que les pierres évoquées n'aient pas appartenu au même monument. Clermont-Ganneau, qui les associe, envisage qu'elles aient appartenu au mur d'enceinte.

294

DICTIONNAIRE DES TERMES TECHNIQUES

(d'après R. Ginouvès, Dictionnaire méthodique de l'architecture grecque et romaine, 2 vol., Paris, 1985-1992.) Architrave Ail. : Architrav, Epistyl Angl. : Architrave, Epistyle Archivolte Ail. : Archivolte, Faszienbogen Angl. : Archivolt Baguette (syn : astragale) All. : Rundstab, Rundstäbchen, Reif(chen), Ring, Astragal Angl. : Astragal, Half round, bead, roundel, reed Bandeau All. : Band(gesims), Platte, Bort Angl. : Fascia Berceau (voûte en) All. : Tonnengewölbe Angl. : Barrel vault Boudin All. : Wulst(stab), Pfühl Angl. : Half round, Half round roll, roundel Claveau (syn : voussoir) All. : Keil-, (ge)wölbestein Angl. : Voussoir, Archstone Congé All. : Anlauf, Apophyge, Apothesis Angl. : Apophyge Doucine (syn : cyma recta) All. : Steigendes, stehendes Karnies, steigende Welle Angl. : Cyma recta Doucine renversée All. : Fallendes, liegendes Karnies, fallende Welle, Sturzrinne Angl. : Cyma recta Ecoinçon All. : Spandrille Angl. : Spandrei Extrados All. : Oberbogen, Bogenrücken Angl. : Extrados

Extradossé All. : Mit Bogenrücken Angl. : With parallel extrados Fasce All. : Faszie Angl. : Fascia Filet All. : Plättchen Angl. : Fillet Fronton AU. : Giebel Angl. : Pediment Imposte AU. : Kämpfer, Kämpferstein Angl. : Impost, Impost block Intrados AU. : Innere Gewölbefläche, (Bogen)leibung Angl. : Intrados Larmier AU. : Traufgesims Angl. : Corona Linteau All. : Sturz Angl. : Lintel Listel All. : Leiste Angl. : Fillet Piédestal All. : (Säulen)postament, Piedestal Angl. : Pedestal Piédroit (syn : pylône) AU. : Pylon Angl. : Pier, Pillar Pilastre AU. : Wand-, Halbpfeiler, Pilaster Angl. : Pilaster Plinthe AU. : Plinthe, Fussleiste Angl. : Plinth, Kickplate

296 Scotie All. : Gedrückte Hohlkehle, Skotie, Skotia, Trochylus Angl. : Scotia, Trochilus Sommier All. : Anfangsstein, Anwölber, Anfänger Angl.: Springer, Summer Talon (syn: cyma reversa) All. : Verkehrt steigendes Karnies, verkehrt steigende Welle Angl.: cyma reversa Tore All. : torus Angl.: torus

297

ABBREVIATIONS AASOR ADAJ AE AJ A JA ANRW BAR BAR Int. Ser. BAS OR CIL CRAI DB DG

ESI Forteresse GJ HTR IEJ INJ JAOS JAT

JN JRA JRS LA MUSJ NEAEHL PBSR PEFQSt

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298 PEQ POC QDAP RA RB RPh SDB SWP ZDPV

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305 Table des figures Fig. 1 EH, arcade latérale, façade ouest. Dessin de G. His. Fig. 2 EH, profil des moulurations. Dessin de G. His. Fig. 3 EH, inscription du piédroit médian. D'après Y. Blomme, RB 86,1979, fig.4. Fig. 4 Escarpe rocheuse dans le secteur de l'Ecce Homo. D'après C. ClermontGanneau, Archaeological Researches, I, p.57. Fig.5 Vestiges du site de l'Antonia. D'après B. Meistermann, Le Prétoire de Pilate, fig.8. Fig.6 Citerne du Strouthion. D'après L.-H. Vincent, JAT, pl.XLVII. Fig.7 Vestiges du site de l'Antonia. D'après L.-H. Vincent, JAT, pl.XLIV. Fig.8 Secteur ouest du couvent de la Flagellation. D'après M. Piccirillo, Le musée du Studium Biblicum Franciscanum, Jérusalem, 1984. Fig.9 Base de colonne et piédestal du couvent de la Flagellation. D'après B. Bagatti, LA 8, 1958, fig.19/1,7. Fig.10 Tuiles estampillées du couvent de la Flagellation. D'après B. Bagatti, LA 8, 1958, fig. 21/2,3. Fig.ll Schéma d'implantation des arcs dans la ville. D'après D. ScagliariniCorlaita, dans Studi sull'arco onorario romano, fig.27. Fig.12 Plan de l'arc d'Hadrien de Jerash, d'après C.-H. Kraeling, Gerasa, City of the Decapolis,p\.W ; plan de l'arc de Pétra, d'après J. Me Kenzie, 77ie Architecture of Petra, pl.55c ; pian de la porte d'Aoste, d'après H. Schiiltze, Bonner ]ahrbucher 118, 1909, pl.XIII. Fig.13 L'arc d'Orange. Dessin de G. His d'après R. Amy, L'arc d'Orange, II, Paris, 1962, pl.4. Fig. 14 La porte d'Aoste. Dessin de G. His d'après H. Schiiltze, Bonner Jahrbucher 118,1909, pl.XIII. Fig. 15 Profils de moulurations 1 : de Kom el-Dik, d'après J. Me Kenzie, Petra, pl.210/a 2 : du temple de Bêl à Palmyre, d'après R. Amy, H. Seyrig, E. Will, Le Temple de Bêl à Palmyre, Paris, 1975, fig.17 3 : de la stoa d'Hadrien à Athènes, d'après B. Meistermann, Le Prétoire de Pilate, fig.13 4 : de l'église d'Odruh, d'après R.-E. Brùnnow, A.-V. Domaszewski, Die Provincia Arabia, I, p.461 5 : de la porte nord de Jerash, d'après C.-H. Kraeling, Gerasa, City of the Decapolis, pi .XX 6 : de l'église de Siloé, d'après F.-J. Bliss, A.-C. Dickie, Excavations at Jerusalem, pl. face p.207.

306 Fig. 16 Plan de la porte d'Hadrien à Ephèse. D'après H. Thiir, Das Hadrianstor in Epnesos, pl.3. Fig. 17 L'arc d'Hadrien à Athènes. Dessin de G. His d'après H. Thiir, Das Hadrianstor in Ephesos, pl.77. Fig. 18 PD, plan au sol. D'après G.-J. Wightman, Damascus Gate, fig.ll. Fig. 19 PD, élévation de l'arcade latérale. D'après G.-J. Wightman, Damascus Gate, fig. 12. Fig. 20 PD, profil de l'archivolte et de l'imposte. D'après G.-J. Wightman, Damascus Gate, fig.14. Fig. 21 PD, base de colonne occidentale. Dessin de G. His.. Fig. 22 PD, plinthe de la tour. D'après G.-J. Wightman, Damascus Gate, fig.15 Fig.23 Sondage A de Hamilton. D'après R.-W. Hamilton, QDAP10,1940, fig. 4 Fig. 24 Sondages de Hamilton dans le secteur de la PD. D'après R.-W. Hamilton, QDAP 10,1940, fig.2. Fig. 25 PD, pierre épigraphiée. D'après R.-W. Hamilton, QDAP 10,1940, fig.l2d. Fig. 26 Tesson de marmite du sondage ZII, d'après G.-J. Wightman, Damascus Gate, pl.1/7 ; tesson de jarre du sondage ZII, d'après G.-J. Wightman, Damascus Gate, pl.1/10 ; tesson de jarre de Qumran, d'après F. Diez-Fernandez, Ceramica común romana de la Galilea, p.135. Fig. 27 Marmite du sondage JIII, d'après J.-B. Hennessy, Levant 2,1970, fig.3 ; tesson de marmite de Abû el-Ayaliq, d'après P.-W. Lapp, Palestinian Ceramic Chronology, p.187 ; marmite de type N', d après P.-W. Lapp, Palestinian Ceramic Chronology, p.187. Fig. 28 Plan au sol de la Porta Aurea de Constantinople, d'après Archaeology in the Levant, Essaysfor Kathleen Kenyon, fig. 2 ; plan au sol de la porte monumentale de Umm Qeis, d'après ADA] 34,1990, fig.4. Fig. 29 Plan au sol de la porte de Tibériade. D'après Qadmoniot 10,1977, p.88. Fig. 30 Plan des portes des camps de Lambèse, Bu Ngem et Gheria el-Garbia. D ciprés S. Johnson, Late Roman Fortifications, Londres, 1983, fig.10. Fig. 31 Plan au sol de la porte de Shahba, d'après H.-C. Butler, Architecture and Other Arts, fig.138, et de la porte de Baalbek, d'après T. Wiegand, Baalbek, I, Berlin-Leipzig, 1921, fig.5. Fig. 32 Profils de moulurations 1 : des arcs latéraux de l'arc d'Hadrien à Jerash, d'après C.-H. Kraeling, Gerasa, City of the Decapolis, pl.V 2 : du théâtre d'Amman, d'après ADA] 27,1983, fig.18 3 : du temple d'Amman, d'après ADAJ 27,1983, fig.7. Fig. 33 Typologie des bases de colonnes. Dessin de G. His

307 Fig. 34 Bases de colonnes 1 : du temple d'Artémis à Jerash, d'après Syria 66,1989, pl.V/1, 2 : du temple de Bêl à Palmyre, d'après R. Amy, H. Seyrig, E. Will, Le Temple de Bêl à Palmyre, Paris, 1975, fig.10 3 : du temple de Jupiter à Baalbek, d'après T. Wiegand, Baalbek, I, Berlin-Leipzig, 1921, fig.38. Fig. 35 L'arc d'Hadrien à Jerash. D'après C.-H. Kraeling, Gerasa, City of the Decapolis, pl.II. Fig. 36 Plan d'Aelia Capitolina. Dessin de J. Kugerl d'après NEAEHL, II, p.758.

308 Table des planches 1

1 Plan de F. Hoghenberg, d'après S. Loewenhardt, Reisen nach Jerusalem, Das Heilige Land in Karten und Ansichten aus fünf Jahrhunderten, Wiesbaden, 1993, fig.21 (détail) 2 Plan d'Adrichom, d'après S. Loewenhardt, Reisen nach Jerusalem, Das Heilige Land in Karten und Ansichten aus fünf Jahrhunderten, Wiesbaden, 1993, fig.25 (détail)

2

1 Plan d'Amico, Plans of the Sacred Edifices of the Holy Land, Jérusalem, 1953, pl.21. 2 Plan de Horn, Ichonographiae Monumentorum Terrae Sanctae (172444), Jérusalem, 1962, fig.28

3

1 Dessin attribué à Rochetta, d'après J. Zuallardo, Il devotissimo viaggio di Gerusalemme, Rome, 1595, p.156 2 Dessin de J. Doubdan, d'après RB 86,1979, p.257 3 Dessin de J. Zuallard, Il devotissimo viaggio di Gierusalemme, Rome, 1595, p.154

4

1 Photographie de C. Wilson, Ordnance Survey, Londres, 1865, pl.27b 2 Lithographie d'E. Pierotti, Jerusalem Explored, being a Description of the Ancient ana Modern City, II, Cambridge, 1864, pl.XIII

5 1 EH : arcade Nord (photographie EBAF, J.-M. de Tarragon) 2 EH : sondage au pied du piédroit septentrional 6

1 EH : arc latéral (photographie EBAF, J.-M. de Tarragon) 2 EH : archivolte de l'arc latéral

7

1 EH : arc latéral, intérieur du passage 2 EH : arc central, partie Nord (photographie EBAF, J.-M. de Tarragon)

8

1 EH : arc central, face Ouest 2 EH : arc central, face Est

9 1 EH : imposte du passage latéral (photographie EBAF, J.-M. de Tarragon) 2 EH : niche sur le piédroit médian (photographie EBAF, J.-M. de Tarragon) 10 1 EH : pierre épigraphiée (photographie EBAF, J.-M. de Tarragon) 2 EH : arc latéral, face Est 11 Relevé du dallage du couvent de l'Ecce Homo (E. Nodet, Y. Blomme) 12 1 Couvent de l'Ecce Homo, dallage 2 Couvent de l'Ecce Homo, dalles striées 13 1 Couvent de l'Ecce Homo : chapiteau 2 Couvent de l'Ecce Homo : vases 14 1 Dessin du XVIe siècle, d'après Z. Vilnay, The Holy Land in Old Prints and Maps, Jérusalem, 1965, p.73/41 (détail) 2 Dessin du XIXe siècle, d'après F. de Saulcy, Voyage en Terre Sainte, Paris, 1865, p.116

309 15 1 PD : arcade latérale 2 PD : arc latéral 16 1 PD : montant occidental de l'arcade latérale 2 PD : imposte de l'arc latéral 17 1 PD : montant occidental de l'arcade centrale 2 PD : mouluration des piédestaux 18 1 PD : base de colonne occidentale 2 PD : base de colonne orientale 19 1 PD : intrados de l'arc 2 PD : sommier-imposte de l'arcade occidentale 20 1 PD : tour Est 2 PD : tour Est, détail de la maçonnerie 2 1 1 PD : tour Est, intérieur 2 PD : tour Ouest, intérieur 22 1PD ::1e le "mur 29" (Photographie A.Kloner) 2PD : fragment architectural 23 1 PD : dalle lisse avec jeu 2 PD : dallage et piédestal

310 INDEX Afrique 98, 103, 104,106, 111,112,116,121, 122, 126,128, 133, 134,139, 140, 149, 221, 224, 225, 243, 280 Agrippa I 7,13, 14, 28,70 n.194, 92,136, 138, 148, 152-157, 201, 203, 205-207, 244, 248, 269, 273 Amman portes 100, 119, 285 temple 232,233 fig.32 théâtre 232,233 Antalya (porte d') 42,116,121,126,127, 238 Antonia arc 11,13 colline 146,149, 172, 272 forteresse 7, 13-15, 24, 26, 27, 53, 54- 56, 58-61, 63, 65, 74, 75, 82, 91, 94, 143 fossé 55-61,80,94 site 68, 81,142 n.359 tour 79 Aoste (porte d') 101 n.280,107 fig.12,108,109, 111 fig.14,122,129,130, 131 n.118, 134, 225 Apamée 246 n.203, 269 n.82 arc 289 Athènes aqueduc d'Hadrien 126 arc 122,127, 128 fig.17,197 odéon 67 stoa d'Hadrien 120,125 fig.15 Baalbek porte 226,227 fig.31, 290 temple de Bacchus 232,233,236 temple de Jupiter 237 Bar Kokhba (révolte de) 262, 264, 274, 278 Bethesda 136, 255, 265, 269, 273, 275, 276, 279 piscine 51, 61 n.159, 78, 254 Bosra 119, 246 n.203, 264 arcs 100, 101, 103, 105, 106, 108, 114, 116, 121, 122, 187, 229, 231, 234, 287, 288 chapiteaux 105,118 forteresse 145 Bossage (pierres à) 72 n.201, 75, 8 0 , 1 3 2 , 1 6 9 , 1 8 8 , 1 9 1 , 1 9 2 Camps 27, 97,112, 131, 133,134,143,145,146, 222, 225, 242, 243, 245, 249, 267-269, 280 d'Afrique 243 de Doura-Europos 133,145 de Jérusalem 144,146,149, 273, 274, 279 de Lambèse 27 n.53,133,145, 222, 223 fig.30, 224, 243 de Lejjun 133 de Louxor 145 de Palmyre 133,145, 232, 233, 235 Cardo 70,84 dejerash 285 de Jérusalem 214-216, 219, 236, 272, 275 de Shahba 287 de Tibériade 219, 253, 268, 272, 283

311 Chapiteaux 241 dejerash 241 de Jérusalem 85,214,255,271,274,292 de l'Hospice Alexandre à Jérusalem 291,292 de Syrie 85 du site de l'Ecce Homo 84-86,93 Chronicon Paschale 9, 28 n.59,142, 246 n.205, 251, 263, 266 n.75, 268 Citernes bouches de 84 n.239 d'Aelia Capitolina 254, 269 de Beit-Izza 64 deGezer 64 de Jérusalem 254,269 du site de l'Ecce Homo 23,60,77,78 du site de la Flagellation 24,60 du Strouthion 23, 61-68, 76, 77, 81, 94,135,141,143,146,148,149, 265, 272 du Temple 54n.l40 hasmonéenne 64 omeyyades à la porte de Damas 152,157,159,160,170,174,175,181,182, 183 n.88, 184, 190, 192, 199 Constantin 28,258,273 arc de Constantin à Rome 229 voir aussi inscriptions Constantinople (Porta Aurea) 108,109, 218,219, 220 fig.28, 221, 225, 260 Dallages 70 n.192 de Jérusalem 70,253, 254, 268 de l'Ecce Homo (Lithostrotos) 23,24,26 n.50,35,36,58,61,63 n.165,64,6773, 76, 80-82, 93, 94,148, 265, 275, 278 de l'Hospice Alexandra 70 de la porte de Damas 154,212-14,245,248 dePétra 82n.233 Damas 246n.203 arcs 103 n.284,110 n.300,108,109,122,126,136,139, 225, 286 Decumanus de Bosra 288 de Jérusalem 253,254,268 de Shahba 287 Doura-Europos arc 99, 101, 104-106,118, 121, 219, 229, 231, 287 moulures 118,120,123,124 voir aussi camps, enceintes temples Enceintes 97, 99,100,106, 109,111,114,131, 219, 220, 222, 224, 225, 245, 246, 258 augustéenne 130,131,246 d'Aoste 225 deCésarée 223 de Doura-Europos 145, 223, 287 dejerash 284 de Jérusalem 140-142,144,145,152,153,155,156,192, 246, 250, 258, 272, 273, 293 de Palmyre 223 deSamarie 192,223 deUmmel-Jimal 286 de Umm Qeis 285 du Temple 191,192

312 Ephèse (porte d'Hadrien) 238 Escarpe de l'Ecce Homo 55-57,61,68,69 n.188, 71,75 n.215,80, 94, 95,141, 272 du mur nord 212 Forum d'Aelia Capitolina 69-71,142,143, 252, 270, 275, 291 Fronton 39,114,115 n.304,116, 188 Gadara (voir Umm Qeis) Hadrien 103, 104, 110, 119, 121,127 n.332, 282, 289 arcs d' 126-129, 197, 241 et Jérusalem 250, 252, 259-261, 263, 264, 268, 269, 276-278, 282 et l'arc de l'Ecce Homo 7,27, 28,139,140,148 et l'armée 262,276n.98 et la Judée 260, 264, 265 n.71, 277 et la porte de Damas 156,157,196, 244, 246, 259-262, 264, 265 n.71, 278 inscription d' 247, 249, 284, 292 portrait d' 255,292 statue d' 250 Hellénistique art 44, 45, 85, 91, 218, 224, 230, 241, 267, 278, 280 époque 63 n.168, 202, 203, 205, 235, 237 n.197, 246 n.203, 268,283 Hérode 15,18, 26, 27, 53, 63, 65, 69 n.189, 92,157 n.38,184,185, 206, 215 n.168, 242 Antipas 243,260 palais d' 223,273 porte d' 153, 201, 210, 211, 248 voir aussi temples Hôssn Soleiman (porte de) 100,114,115 n.305,139, 228, 289 Inscriptions 102-04, 200, 204, 260, 262 d'Arados 50 deBethar 196 de Bethléem 265 n.73 de Bosra 50 de Doura-Europos 287 de Jerash 50,197, 264, 284, 285 de Jérusalem 50,51,196,256,263,276 de Jordanie 50 de l'arc de l'Ecce Homo 12 n . l l , 13-15, 22, 26, 41, 48-51,135,148 de la porte de Damas 153,156,169,188,195-97, 217, 249, 262, 265 de Nîmes 246n.204 de Palmyre 287 de Umm el-Jimal 286 voir aussi Hadrien Jerash 119,141, 226, 229, 246, 261 n.56, 271 arcs 105,114, 115, 120, 122, 126, 260 arc d'Hadrien 100 n.178,101,104,106,108,113,120, 121, 124,129, 219, 228, 231, 232, 233 fig.32, 235, 238, 240, 241, 243, 245, 284 porte nord 100,106,120,122, 123, 229, 237, 285 porte sud 100,106, 218, 226, 228, 284 temple d'Artemis 234,236 fig.34 temple de Zeus 67 tétrapyle 234 voir aussi enceintes, inscriptions Khamissa (arc de) 42, 106,112,116,140 Lámbese arcs et portes 106,121 prétoire 106, 108, 115, 121, 122, 133, 134, 140, 143 voir aussi camps, tours

313 Légion 105,112,134,144 n.365, 145 n.367, 262, 263 n.65,264 n.67 Xe 27, 48, 51, 86 n.248, 89,144,147,149,196, 204, 213, 250, 252-54, 256, 262-65, 270 fig.36, 272-76, 278, 279 Ille 222, 265 n.71 Lithostrotos (voir dallages) Madaba (carte de) 151, 214, 216, 251, 268, 271, 275 Monnaies 144 n.363, 260, 261 d'Aelia Capitolina 91,139,196,197, 257, 259, 261 n.57, 262, 266, 267, 276-78 de l'Ecce Homo et de la Flagellation 63 n.168,82,87,92-94,138 de la porte d'Hérode 211 de la porte de Damas 199-201,205-07 de Sainte-Anne 275n.97 Mur "deuxième" 29,55,56,155 n.28,157 n.38,185 "troisième" 7, 28, 79 n.228, 136,140,156, 157 n.37,181,184-85, 248, 254, 281 Palmyre 105,145, 269 n.82, 274, 286-87 arc 100, 104 n.287, 106, 110 n.300,113-115, 118, 121, 122, 229, 286-87 chapiteau 85 voir aussi camps, temples, voies Patara 39,111-13,116, 117,132 Pèlerin(s) 9-13,16, 26, 27, 31, 41, 46-48,148,150 de Bordeaux 250,255 Pétra arc 32, 82 n.233,100,103,105,107 fig.12,108,110 n.298,114,121,135, 218, 226, 228, 229, 235, 243, 283-84 chapiteau 105 moulures 122,123 Philippopolis (voir Shahba) Portes augustéennes 29, 46,108,112, 115, 129-31,136,143, 219 n.176, 222, 225, 229, 260 Prétoire 146 d'Aelia Capitolina 27,143 de Pilate 9, 23, 26-28, 53,150 Propylées 98, 99,102 n.281,110-12, 127, 233, 282, 285 Samarie 191,192 n.104 basilique 123, 235 céramique 91 piédestaux 83 porte 114,187,283 temple d'Hérode 65 théâtre 121, 232 voir aussi enceintes, tours, voies Shahba 269 portes 98,105,187, 225, 226, 227 fig.31, 287 théâtre 67,109 Si' (porte de) 114, 288-89 Strouthion (voir citernes) Temples 97,142 n.359, 261, 267 d Aelia Capitolina 142 n.359, 270 fig.36, 252, 271-75 d'Amman 232,233 fig.32,285 d'Artemis à Doura-Europos 194 d'Artemis à Jerash 234 d'Auguste à Pisidie 102 n.281 d'Hérode à Jérusalem 10,13,18, 51,54 n.140,64,70, 71,86,89,124,137,145, 183, 191-92, 193 n.105, 227, 228, 246, 250, 253, 255, 261, 266, 269 d'Hérode à Samarie 65

314 de Baalbek 232, 233,236, 237 de Kalat Fakra (Liban) 85 de Palmyre 120,123,124,125 fig.15, 232-35,236 fig.34 Tibériade 260 épitaphe porte 100,103,105 n.291,136,137,181, 218-21, 225, 229, 239, 240, 243, 244, 246, 249, 260, 283 voir aussi tours, voies Tombes 144n.365 dans le secteur de la porte de Damas 153,203,205,207,215,216 de Jérusalem 64, 91,137,254-56, 266 Tours 47, 97, 130, 131, 134, 141, 218-21, 224-26, 230 deCésarée 223 de Constantinople 219 de Judée 223 de l'arc de Tyr 289 de la porte de Baalbek 290 de la porte de Damas 56 n.145, 151-57,159-64,167-70,173-94,198-202, 20612, 216-28, 231, 234, 239, 240, 242, 244, 245, 248, 249, 258, 270, 271, 275, 278, 280 de la porte de Tibériade 218, 223, 239, 243, 283 de Sainte-Anne à Jérusalem 56 n.145,79 deSamarie 223,283 deTipasa 222 des portes de Shahba 287 des portes de Umm Qeis 219 n.176,245,285 du camp de Lambèse 224,243 du camp de Lejjun 245 du mur d'Aurélien à Rome 222 du palais d'Hérode à Jérusalem 145,223,274 Tyr arc 100,103 n.284, 218, 219, 221, 225, 229, 289 hippodrome 67 monnaies 92 voir aussi voies Ummel-Jimal porte de Commodus 112,286 voir aussi enceintes, voies Umm Qeis 249 porte de Tibériade 103,137,218,221,285 porte monumentale 100,105,112,168 n.57,179 n.74,219,221,225,226,229, 240, 243, 245, 260, 285 porte ouest 285 voir aussi enceintes, tours, voies Voies 71, 100, 102, 103, 105, 134,143, 262, 268 à colonnades 101, 102,106, 268, 278, 283, 286 dans le secteur de la porte de Damas 214-16,271,275 de Bosra 288 de Constantinople 260 de Damas 286 de Doura-Europos 287 dejerash 141,285 de Jérusalem 10,18, 253,268, 275, 278 de la Vallée (du Tyropeon) à Jérusalem 151,214,217,249,270 fig.36,271,275, 278 de Palmyre 141,286 dePétra 100,283,284

315 deSamarie 283 deTibériade 219,239 de Tyr 289 de Un\m el-Jiirtal 286 de Umm Qeis 285 en relation avec l'arc de l'Ecce Homo 58,59,69,72-74,81,82,94,95, 141-42, 148-49 Xyste 13,15

TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION

7

1. L'ARC DE L'ECCE HOMO

9

1.1 HISTORIQUE DE LA DÉCOUVERTE ET DE LA RECHERCHE La description de l'arc dans les sources anciennes Découverte de l'arcade septentrionale et travaux des XIX e et XXe siècles Date et fonction présumées

22 26

1.2 DESCRIPTION Etat actuel du monument Structure et aspect Fondations Dimensions et proportions générales L'élévation Analyse stylistique Essais de restitution Les inscriptions Conclusion

30 30 33 34 37 37 43 46 48 52

1.3 L'ARC DANS SON CONTEXTE La topographie Les vestiges voisins de l'arc Fragments architecturaux et matériel retrouvés dans les fouilles Conclusion

53 54 59

1.4 ETUDE TECHNIQUE ET STYLISTIQUE COMPARÉE Classification Les arcs romains d'Orient Caractéristiques comparées de l'EH Monuments proposés comme parallèles

9 9

82 93 96 97 98 106 125

1.5 ESSAI DE DATATION ET HYPOTHÈSES SUR LA FONCTION DE L'EH 135 Essai de datation 135 Hypothèses sur la fonction 139 RÉSUMÉ

148

318 2. L'ARC ROMAIN DE LA PORTE DE DAMAS

150

2.1 HISTORIQUE DE LA DÉCOUVERTE ET DE LA RECHERCHE150 Sources anciennes 150 Travaux du XIXe siècle 151 Fouilles et études au XXe siècle 153 La datation 155 2.2 DESCRIPTION Etat actuel du monument Plan au sol Fondations Structure et parement Dimensions et proportions L'élévation Observations sur la maçonnerie Analyse stylistique L'inscription Conclusion

159 159 160 161 162 164 164 187 193 195 197

2.3 LE CONTEXTE ARCHÉOLOGIQUE Les informations fournies par la stratigraphie L'environnement de l'arc Conclusion

199 199 209 217

2.4 ÉTUDE TECHNIQUE ET STYLISTIQUE COMPARÉE Typologie Plan et proportions Structure Architecture et organisation des façades Décoration Monuments proposés comme parallèles

218 218 225 227 228 230 239

2.5 ESSAI DE DATATION ET HYPOTHÈSES SUR LA FONCTION DE LA PD 242 Essai de datation 242 Hypothèses sur la fonction 244 2.6 RESTITUTION HYPOTHÉTIQUE D'UNE INSCRIPTION DÉDICATOIRE

247

RÉSUMÉ

248

319 3. LES ARCS DE JÉRUSALEM DANS LE CONTEXTE HISTORIQUE ETURBANISTIQUE 250 3.1 SOURCES ET DOCUMENTS SUR AELIA CAPITOLINA Les sources écrites La carte de Madaba L'archéologie

250 250 251 251

3.2 L'EH ET LA PD DANS LE CONTEXTE HISTORIQUE La construction de la PD et la fondation d'Aelia Capitolina L'après-guerre. Le caractère de la colonie Les tendances artistiques reflétées par les arcs

258 258 262 266

3.3 LES ARCS DANS LE CONTEXTE URBANISTIQUE Le plan d'Aelia Capitolina Les arcs dans le plan de la ville Les limites de la cité La restitution du secteur septentrional

268 268 270 272 274

RÉSUMÉ

278

CONCLUSION

280

APPENDICE 1 RÉPERTOIRE DES PORTES ET ARCS MONUMENTAUX DE L'ORIENT ROMAIN

283

APPENDICE 2 AUTRES ARCS MONUMENTAUX DE JÉRUSALEM

291

Dictionnaire des termes techniques Abbréviations Bibliographie Table des figures Table des planches Index Table des matières

294 297 299 305 308 310 316

PLANCHES

PLANCHE 1 - A

PLANCHE 1 - B

ESÂmEEÈiSEm

uercietitvi. j-ç.

Brmui fifAiimirum.

ml.iS.

iBwaaiiM«

PLANCHE 2 - A

PLANCHE 2 - B

2

Plan d'E. H o r n (XVIII e siècle)

PLANCHE 3 - A

2

Dessin de D o u b d a n (1657)

PLANCHE 3 - B

PLANCHE 4 - A

PLANCHE 4 - B

2

Lithographie d'E. Pierotti

PLANCHE 5 - A

PLANCHE 5 - B

PLANCHE 6 - A

PLANCHE 6 - B

2

E H : archivolte de l'arc latéral

PLANCHE 7 - A

1

E H : arc latéral, intérieur du passage

PLANCHE 7 - B

2 EH: arc central, partie Nord

PLANCHE 8 - A

1

E H : arc central, face Ouest

PLANCHE 8 - B

PLANCHE 9 - A

PLANCHE 9 - B

2 EH: niche sur le piédroit médian

PLANCHE 1 0 - A

PLANCHE 1 0 - B

2

EH: arc latéral, face Est

PLANCHE 11

Dallage du «Lithostroton», Couvent de l'Ecce Homo

PLANCHE 12

PLANCHE 1 3 - A

1

Couvent de l'Ecce Homo: chapiteau et piédestal

PLANCHE 1 3 - B

PLANCHE 14

1

2

Plan du X V I e siècle (détail)

Dessin du X I X e siècle: voussoirs du passage de la P D

PLANCHE 1 5 - A

1

P D : arcade latérale

PLANCHE 1 5 - B

PLANCHE 16

PLANCHE 1 7 - A

1

P D : montant occidental de l'arcade centrale

PLANCHE 1 7 - B

PLANCHE 18

2 PD: base de colonne orientale

PLANCHE 19

PLANCHE 2 0 - A

ii]"iíifrii ; 1:

1 PD: tour Est

Î ..^li

PLANCHE 20 - B

PLANCHE 21

PLANCHE 22

1

P D : «mur 29»

2

P D : fragment architectural retouvé dans les fouilles

PLANCHE 23

NOVUM TESTAMENTUM ET ORBIS ANTIQUUS (NTOA)

Bd. 1

MAX KÜCHLER, Schweigen, Schmuck und Schleier. Drei neutestamentliche Vorschriften zur Verdrängung der Frauen auf dem Hintergrund einer frauenfeindlichen Exegese des Alten Testaments im antiken Judentum. XXII+542 Seiten, 1 Abb. 1986. [vergriffen]

Bd. 2

MOSHE WEINFELD, The Organizational Pattern and the Penal Code of the Qumran Sect. A Comparison with Guilds and Religious Associations of the Hellenistic-Roman Period. 104 Seiten. 1986.

Bd. 3

ROBERT WENNING, Die Nabatäer - Denkmäler und Geschichte. Eine Bestandesaufnahme des archäologischen Befundes. 360 Seiten, 50 Abb., 19 Karten. 1986. [vergriffen]

Bd. 4

RITA EGGER, Josephus Flavius und die Samaritaner. Eine terminologische Untersuchung zur Identitätsklärung der Samaritaner. 4+416 Seiten. 1986.

Bd. 5

EUGEN RUCKSTUHL, Die literarische Einheit des Johannesevangeliums. Der gegenwärtige Stand der einschlägigen Forschungen. Mit einem Vorwort von Martin Hengel. XXX+334 Seiten. 1987.

Bd. 6

MAX KÜCHLER/CHRISTOPH UEHLINGER (Hrsg.), Jerusalem. Texte - Bilder Steine. Im Namen von Mitgliedern und Freunden des Biblischen Instituts der Universität Freiburg Schweiz herausgegeben... zum 100. Geburtstag von Hildi + Othmar Keel-Leu. 238 S„ 62 Abb.; 4 Taf.; 2 Farbbilder. 1987.

Bd. 7

DIETER ZELLER (Hrsg.), Menschwerdung Gottes - Vergöttlichung von Menschen. 8+228 Seiten, 9 Abb., 1988.

Bd. 8

GERD THEISSEN, Lokalkolorit und Zeitgeschichte in den Evangelien. Ein Beitrag zur Geschichte der synoptischen Tradition. 10+338 Seiten. 1989.

Bd. 9

TAKASHI ONUKI, Gnosis und Stoa. Eine Untersuchung zum Apokryphon des Johannes. X+198 Seiten. 1989.

Bd. 10

DAVID TROBISCH, Die Entstehung der Paulusbriefsammlung. Studien zu den Anfangen christlicher Publizistik. 10+166 Seiten. 1989.

Bd. 11

HELMUT SCHWIER, Tempel und Tempelzerstörung. Untersuchungen zu den theologischen und ideologischen Faktoren im ersten jüdisch-römischen Krieg (66-74 n. Chr.). XII+432 Seiten. 1989.

Bd. 12

DANIEL KOSCH, Die eschatologische Tora des Menschensohnes. Untersuchungen zur Rezeption der Stellung Jesu zur Tora in Q. 514 Seiten. 1989.

Bd. 13

JEROME MURPHY-O'CONNOR, O.P., The Ecole Biblique and the New Testament: A Century of Scholarship (1890-1990). With a Contribution by Justin Taylor, S.M. VIII + 210 Seiten. 1990.

Bd. 14

PIE TER W. VAN DER HORST, Essays on the Jewish World of Early Christianity. 260 Seiten. 1990.

Bd. 15

CATHERINE HEZSER, Lohnmetaphorik und Arbeitswelt in Mt 20, 1-16. Das Gleichnis von den Arbeitern im Weinberg im Rahmen rabbinischer Lohngleichnisse. 346 Seiten. 1990.

Bd. 16

IRENE TAATZ, Frühjüdische Briefe. Die paulinischen Briefe im Rahmen der offiziellen religiösen Briefe des Frühjudentums. 132 Seiten. 1991.

Bd. 17

EUGEN RUCKSTUHL/PETER DSCHULNIGG, Stilkritik und Verfasserfrage im Johannesevangelium. Die Johanneischen Sprachmerkmale auf dem Hintergrund des Neuen Testaments und des zeitgenössischen hellenistischen Schrifttums. 284 Seiten. 1991.

Bd. 18

PETRA VON GEMÜNDEN, Vegetationsmetaphorik im Neuen Testament und seiner Umwelt. Eine Bildfelduntersuchung. 558 Seiten. 1993.

Bd. 19

MICHAEL LATTKE, Hymnus. Materialien zu einer Geschichte der antiken Hymnologie. XIV + 510 Seiten. 1991.

Bd. 20

MAJELLA FRANZMANN, The Odes of Solomon. An Analysis of the Poetical Structure and Form. XXVIII + 460 Seiten. 1991.

Bd. 21

LARRY P. HOGAN, Healing in the Second Temple Period. 356 Seiten. 1992.

Bd. 22

KUN-CHUN WONG, Interkulturelle Theologie und multikulturelle Gemeinde im Matthäusevangelium. Zum Verhältnis von Juden- und Heidenchristen im ersten Evangelium. 236 Seiten. 1992.

Bd. 23

JOHANNES THOMAS, Der jüdische Phokylides. Formgeschichtliche Zugänge zu Pseudo-Phokylides und Vergleich mit der neutestamentlichen Paränese XVIII + 538 Seiten. 1992.

Bd. 24

EBERHARD FAUST, Pax Christi et Pax Caesaris. Religionsgeschichtliche, traditionsgeschichtliche und sozialgeschichtliche Studien zum Epheserbrief. 536 Seiten. 1993.

Bd. 25

ANDREAS FELDTKELLER, Identitätssuche des syrischen Urchristentums. Mission, Inkulturation und Pluralität im ältesten Heidenchristentum. 284 Seiten. 1993.

Bd. 26

THEA VOGT, Angst und Identität im Markusevangelium. Ein textpsychologischer und sozialgeschichtlicher Beitrag. 288 Seiten. 1993.

Bd. 27

ANDREAS KESSLER/THOMAS RICKLIN/GREGOR WURST (Hrsg.), Peregrina Curiositas. Eine Reise durch den orbis antiquus. Zu Ehren von Dirk Van Damme. X + 322 Seiten. 1994.

Bd. 28

HELMUT MÖDRITZER, Stigma und Charisma im Neuen Testament und seiner Umwelt. Zur Soziologie des Urchristentums. 344 Seiten. 1994.

Bd. 29

HANS-JOSEF KLAUCK, Alte Welt und neuer Glaube. Beiträge zur Religionsgeschichte, Forschungsgeschichte und Theologie des Neuen Testaments. 320 Seiten. 1994.

Bd. 30

JARL E. FOSSUM, The Image of the Invisible God. Essays on the Influence of Jewish Mysticism on Early Christology. X + 190 Seiten. 1995.

Bd. 31

DAVID TROBISCH, Die Endredaktion des Neuen Testamentes. Eine Untersuchung zur Entstehung der christlichen Bibel. IV + 192 Seiten. 1996.

Bd. 32

FERDINAND ROHRHIRSCH, Wissenschaftstheorie und Qumran. Die Geltungsbegründungen von Aussagen in der Biblischen Archäologie am Beispiel von Chirbet Qumran und En Feschcha. XII + 416 Seiten. 1996.

Bd. 33

HUBERT MEISINGER, Liebesgebot und Altruismusforschung. Ein exegetischer Beitrag zum Dialog zwischen Theologie und Naturwissenschaft. XII + 328 Seiten. 1996.

Bd. 34

GERD THEISSEN / DAGMAR WINTER, Die Kriterienfrage in der Jesusforschung. Vom Differenzkriterium zum Plausibilitätskriterium. XII + 356 Seiten. 1997.

Bd. 35

CAROLINE ARNOULD, Les ares romains de Jérusalem. 368 pages. 1997.

EDITIONS UNIVERSITAIRES FRIBOURG SUISSE VANDENHOECK & RUPRECHT GÖTTINGEN

INSTITUT BIBLIQUE DE L'UNIVERSITÉ DE FRIBOURG EN SUISSE

L'Institut biblique de l'Université de Fribourg en Suisse offre la possibilité d'acquérir un

certificat de spécialisation CRITIQUE TEXTUELLE ET HISTOIRE DU TEXTE ET DE L'EXÉGÈSE DE L'ANCIEN TESTAMENT (Spezialisierungszeugnis Textkritik und Geschichte des Textes und der Interpretation des Alten Testamentes)

en une année académique (octobre à juin). Toutes les personnes ayant obtenu une licence en théologie ou un grade académique équivalent peuvent en bénéficier.

Cette année d'études peut être organisée "S"

autour de la critique textuelle proprement dite (méthodes, histoire du texte, instruments de travail, édition critique de la Bible); autour des témoins principaux du texte biblique (texte masorétique et masore, textes bibliques de Qumran, Septante, traductions hexaplaires, Vulgate, Targoums) et leurs langues (hébreu, araméen, grec, latin, syriaque, copte), enseignées en collaboration avec les chaires de patrologie et d'histoire ancienne, ou

autour de l'histoire de l'exégèse juive (en hébreu et en judéo-arabe) et chrétienne (en collaboration avec la patrologie et l'histoire de l'Eglise). L'Institut biblique dispose d'une bibliothèque spécialisée dans ces domaines. Les deux chercheurs de l'Institut biblique consacrés à ces travaux sont Adrian Schenker et Yohanan Goldman.

Pour l'obtention du certificat, deux examens annuels, deux séminaires et un travail écrit équivalent à un article sont requis. Les personnes intéressées peuvent obtenir des informations supplémentaires auprès du Curateur de l'Institut biblique:

Prof. Dr. Max Kiichler, Institut biblique, Université, Miséricorde CH-1700 Fribourg / Suisse

Fax +41 - (0)26 - 300 9754

ORBIS BIBLICUS ET ORIENTALIS (une sélection)

Bd. 25/1 MICHAEL LATTKE: Die Oden Salomos in ihrer Bedeutung für Neues Testament und Gnosis. Band I. Ausführliche Handschriftenbeschreibung. Edition mit deutscher Parallel-Übersetzung. Hermeneutischer Anhang zur gnostischen Interpretation der Oden Salomos in der Pistis Sophia. XI-237 Seiten. 1979. Bd. 2 5 / l a MICHAEL LATTKE: Die Oden Salomos in ihrer Bedeutung für Neues Testament und Gnosis. Band Ia. Der syrische Text der Edition in Estrangela Faksimile des griechischen Papyrus Bodmer XI. 68 Seiten. 1980. Bd. 25/2 MICHAEL LATTKE: Die Oden Salomos in ihrer Bedeutung für Neues Testament und Gnosis. Band II. Vollständige Wortkonkordanz zur handschriftlichen griechischen, koptischen, lateinischen und syrischen Überlieferung der Oden Salomos. Mit einem Faksimile des Kodex N. XVI-201 Seiten. 1979. Bd. 25/3 MICHAEL LATTKE: Die Oden Salomos in ihrer Bedeutung für Neues Testament und Gnosis. Band III. XXXIV-478 Seiten. 1986. Bd. 52

MIRIAM LICHTHEIM: Late Egyptian Wisdom Literature in the International Context. A Study of Demotic Instructions. X - 2 4 0 Seiten. 1983.

Bd. 58

ODO CAMPONOVO: Königtum, Königsherrschaft und Reich Gottes in den Frühjüdischen Schriften. XVI-492 Seiten. 1984.

Bd. 61

HELMUT ENGEL: Die Susanna-Erzählung. Einleitung, Übersetzung und Kommentar zum Septuaginta-Text und zur Theodition-Bearbeitung. 205 Seiten + Anhang 11 Seiten. 1985.

Bd. 76

JOZE KRASOVEC: La justice (Sdq) de Dieu dans la Bible hébraïque et l'interprétation juive et chrétienne. 456 pages. 1988.

Bd. 90

JOSEPH HENNINGER: Arabica varia. Aufsätze zur Kulturgeschichte Arabiens und seiner Randgebiete. Contributions à l'histoire culturelle de l'Arabie et de ses régions limitrophes. 504 Seiten. 1989.

EDITIONS UNIVERSITAIRES FRIBOURG SUISSE VANDENHOECK & RUPRECHT GÖTTINGEN

Résumé Le présent ouvrage est consacré aux deux arcs monumentaux conservés à Jérusalem: l'«Ecce Homo» et la porte romaine située sous la porte de Damas. Les deux monuments ont fait l'objet d'études ponctuelles, souvent anciennes et en tous cas incomplètes. Leur datation comme la place et le rôle qu'ils occupaient dans la cité devaient être réévalués et précisés. La démarche adoptée a consisté à collecter l'ensemble des données disponibles, à les analyser et les confronter. Ces données concernent les arcs mais aussi le site dans lequel ils sont implantés: la topographie, les vestiges et le matériel retrouvés. L'analyse comparative occupe une place importante dans l'étude. La typologie des arcs, leur plan, l'ordonnance de leurs façades et le décor architectural sont examinés en relation avec les réalisations locales et l'ensemble des arcs et portes du monde romain. Les informations réunies ont amené à conclure à une datation de la deuxième moitié du IIe siècle pour l'Ecce Homo et du règne d'Hadrien pour la porte de Damas. Le rôle qui leur a été accordé a pu être défini: l'Ecce Homo constituait l'entrée monumentale d'un espace dévolu à la légion tandis que la porte de Damas était un monument emblématique érigé à la fondation d'Aelia Capitolina dont il marquait la limite au nord. La dernière partie de l'ouvrage est un élargissement de la réflexion sur la relation entre les arcs et Aelia Capitolina, du point de vue de l'histoire et de l'urbanisme.

ISBN 3-7278-1141-2 (Editions Universitaires) ISBN 3-525-53910-X (Vandenhoeck & Ruprecht)

Summary The present study looks at the two monumental archways of Roman period Jerusalem: Ecce Homo and the Roman archway underneath present-day Damascus gate. Both monuments have been addressed in earlier studies, but since these are either outdated or uncomplete, a re-evaluation and precise definition of the two monuments' date and function was in order. This study collects, analyzes and confronts all available data concerning the archways and their sites: topography, architecture and other material remains. Comparative analysis takes an important place: the typology and plan of the archways, the organization of their facades and their architectural decoration are examined against the background of other local examples and of all arch- and gateways of the Roman word. Ecce Homo is dated to the second half of the 2nd century, while the archway underneath Damascus gate was built during the reign of Hadrian. While Ecce Homo was a monumental gate to the area occupied by the roman legion, the archway underneath Damascus gate was an emblematic monument related to the foundation of Aelia Capitolina which defined the latter's northern limit. The study concludes with a broader reflection on the relationship between the archways and Aelia from the point of view of history and urbanism.

ISBN 3-7278-1141-2 (Editions Universitaires) ISBN 3-525-53910-X (Vandenhoeck & Ruprecht)

BIBLISCHES INSTITUT DER UNIVERSITÄT FREIBURG SCHWEIZ

Nachdem Sie das Diplom oder Lizentiat in Theologie, Bibelwissenschaft, Altertumskunde Palästinas/ Israels, Vorderasiatischer Archäologie oder einen gleichwertigen Leistungsausweis erworben haben, ermöglicht Ihnen ab Oktober 1997 ein Studienjahr (Oktober Juni), am Biblischen Institut in Freiburg in der Schweiz ein

Spezialisierungszeugnis BIBEL UND ARCHÄOLOGIE (Elemente der Feldarchäologie, Ikonographie, Epigraphik, Religionsgeschichte Palästinas/Israels)

zu erwerben. Das Studienjahr wird in Verbindung mit der Universität Bern (25 Min. Fahrzeit) organisiert. Es bietet Ihnen die Möglichkeit, eine Auswahl einschlägiger Vorlesungen, Seminare und Übungen im Bereich "Bibel und Archäologie" bei Walter Dietrich, Othmar Keel, Ernst Axel Knauf, Max Küchler, Silvia Schroer und Christoph Uehlinger zu belegen; diese Veranstaltungen durch solche in Ägyptologie (Hermann A. Schlögl, Freiburg), Vorderasiatischer Archäologie (Markus Wäfler, Bern) und altorientalischer Philologie (Pascal Attinger, Esther Flückiger, beide Bern) zu ergänzen; ra*

die einschlägigen Dokumentationen des Biblischen Instituts zur palästinisch-israelischen Miniaturkunst aus wissenschaftlichen Grabungen (Photos, Abdrücke, Kartei) und die zugehörigen Fachbibliotheken zu benutzen; mit den großen Sammlungen (über lO'OOO Stück) von Originalen altorientalischer Miniaturkunst des Biblischen Instituts (Rollsiegel, Skarabäen und andere Stempelsiegel, Amulette, Terrakotten, palästinische Keramik, Münzen usw.) zu arbeiten und sich eine eigene Dokumentation (Abdrücke, Dias) anzulegen;

•s*

während der Sommerferien an einer Ausgrabung in Palästina / Israel teilzunehmen, wobei die Möglichkeit besteht, mindestens das Flugticket vergütet zu bekommen.

Um das Spezialisierungszeugnis zu erhalten, müssen zwei benotete Jahresexamen abgelegt, zwei Seminarscheine erworben und eine schriftliche wissenschaftliche Arbeit im Umfange eines Zeitschriftenartikels verfaßt werden. Interessenten und Interessentinnen wenden sich bitte an den Curator des Instituts: Prof. Dr. Max Küchler, Biblisches Institut, Universität, Miséricorde CH-1700 Freiburg / Schweiz

Fax +41 - (0)26 - 300 9754