Les arbustes du Jardinier Paresseux
 2890005275, 9782890005275, 9782896549030

Table of contents :
L’arbuste... un des meilleurs amis du jardinier paresseux
Presque seulement des avantages !
Qu’est-ce qu’un arbuste ?
Ligneux : voilà le mot clé
Arbre ou arbuste ?
Végétaux exclus de ce livre
LES MEILLEURS ARBUSTES
La rusticité des arbustes : un cas spécial
Controverses sur les zones
LA CULTURE DES ARBUSTES, SANS PEINE
SAVOIR BIEN UTILISER LES ARBUSTES
La planification
Un plan est-il nécessaire ?
Lentement mais sûrement
Le choix des arbustes
Hauteur
Largeur
Les ports les plus habituels
La couleur
Les arbustes à fleurs
Les fleurs qui donnent des fruits
Les feuillages hauts en couleur
Les règles de couleur... du jardinier paresseux
Les arbustes à feuillage persistant
Les belles couleurs automnales
Les arbustes à coloration estivale
Les feuillages texturés
Les tiges
La forme des tiges
La couleur des tiges
La texture des tiges
Le parfum, un délice pour les narines
LE BON EMPLACEMENT DE VOS ARBUSTES
La bonne zone avant tout
Les emplacements ensoleillés
Les emplacements ombragés
Arbustes pour emplacements ombragés
Les sols moyennement humides
Les sols très humides
Les sols très secs
Les sols alcalins, neutres et acides
Les sols alcalins et neutres
Les sols acides
LES PRINCIPALES UTILISATIONS DES ARBUSTES
La haie et autres barrières végétales
Le brise-vent
Le mur insonorisant ou coupe-son
La barrière contre le sel
La barrière pour cacher les vues indésirables
L’intimité
La mise en valeur
La barrière épineuse
La délimitation des terrains
La division interne du terrain
Planter et maintenir une barrière végétale
Le camouflage de la fondation
Les plates-bandes d’arbustes
Que des arbustes
La plate-bande mixte
Le massif
La mosaïque
Le parterre de broderie
Les couvre-sols
La rocaille
Les arbustes en bac
Le bonsaï
Le jardin en auge
Le jardin japonais
Les plantes vedettes
LA CULTURE DES ARBUSTES
L’achat de bons arbustes
Achats en personne
Commandes postales
Avant l’achat
Avant la plantation
Préparation du sol
Ne pas trop « amender » le sol lors de la plantation
Amender le sol en douceur
Plantation dans une plate-bande établie
Plantation dans la pelouse
La technique de base de la plantation
La préparation du trou de plantation
Plantation des arbustes en pot
Plantation des arbustes emmottés
Plantation des arbustes à racines nues
Tuteur ou pas ?
Remplir le trou de plantation
La taille après la plantation
La fertilisation après la plantation
Du paillis, s’il vous plaît
Les soins après la plantation
Des cas d’exception
Plantation d’une haie taillée
Plantation d’une haie libre
La transplantation : en dernier recours
La période propice à la transplantation
Les petits arbustes : comme un pet !
Les gros arbustes : pensez-y deux fois !
La replantation
L’entretien des arbustes
L’arrosage
La fertilisation
Analyse de sol
Le désherbage
Le ménage automnal
Protection hivernale : est-elle nécessaire ?
Une question de taille
Taille classique
Taille d’entretien
Tailles de rajeunissement
Rabattage des arbustes à recéper...
Quand tailler les arbustes
La technique de la taille
Suppression des gourmands indésirables
Suppression des drageons
La multiplication des arbustes
Multiplication par drageons
Multiplication par gourmands
Multiplication par division
Multiplication par bouturage
Marcottage
Semis
Le greffage
La culture in vitro
LES ENNEMIS DES ARBUSTES
Apprendre à fermer les yeux
Les arbustes ont moins de problèmes... pourquoi ?
Un problème causé par des parasites ? Pas toujours !
Une bonne inspection à l’achat
Des traitements en douceur
Les ravageurs des arbustes
Les maladies des arbustes
Les problèmes physiologiques
QUELQUES ARBUSTES DE CHOIX
ARBUSTES POUR LE JARDINIER PARESSEUX
Des arbustes vraiment sans entretien !
Des arbustes à entretien minimal
Toujours en beauté !
Des fleurs en début de saison
Des fleurs au cœur de l’été
Un feu de couleurs à l’automne
Attrayants même en hiver
Des feuilles tout en couleurs
Des fruits beaux à croquer
Arbustes aux parfums envoûtants
Au ras du sol
Arbustes « au naturel »
Dans un sol acide
Sous des conditions extrêmes
Haie à perte de vue
Comme sur ses échasses
Tropicaux égarés !
Des arbustes « Pensez-y bien »
Des arbustes à éviter
SOURCES DE PLANTES
GLOSSAIRE
BIBLIOGRAPHIE
INDEX

Citation preview

Larry Hodgson

97B, Montée des Bouleaux, Saint-Constant, Qc, Canada, J5A 1A9 Tél. : (450) 638-3338 / Télécopieur : (450) 638-4338 www.broquet.qc.ca | [email protected]

Données de catalogage avant publication (Canada) Hodgson, Larry

Les arbustes



(Le jardinier paresseux) Comprend des références bibliographiques et un index



ISBN 2-89000-527-5

1. Arbustes. 2. Aménagement paysager. 3. Arbustes - Québec (Province). I. Titre. II. Collection: Jardinier paresseux. SB435.H63 2002

635.9’76

C2002-940095-3

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada. We acknowledge the financial ­support of the Government of Canada. Nous remercions également livres Canada books™, ainsi que le gouvernement du Québec  : Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). Remerciements de Larry Hodgson

J’aimerais remercier les personnes suivantes pour leur aide à la préparation de ce livre : Susanne Roy, HortiCom Inc.; Jean-Pierre, Jean-François et Claire Devoyault, Au jardin de Jean-Pierre; Robert Mineau, Normand Fleury, Sylvie Perron et Richard Dionne du Jardin botanique de Montréal; Tim Woods de Spring Meadow Nursery Inc.; Frank Moro de la Pépinière Select Plus Internationale; Jean-Denis Brisson du Ministère de l’Environnement du Québec; Linas Breton du Ministère des Ressources naturelles du Québec.

Illustrations

Claire Tourigny

Photographies

Larry Hodgson (sauf mention contraire)

Révision

Marcel Broquet Francine Labelle Andrée Lavoie

Infographie

Brigit Levesque

Éditeur

Antoine Broquet

Copyright © Ottawa 2002 Broquet Inc. Dépôt légal — Bibliothèque nationale du Québec 1er trimestre 2002 Réimpression 1er trimestre 2005 ISBN 978-2-89000-527-5 (papier) ISBN 978-2-89654-903-0 (pdf) Tous droits réservés. Aucune partie du présent ouvrage ne peut être reproduite ou utilisée par quelque procédé que ce soit, y compris les méthodes graphiques, électroniques ou mécaniques, les enregistre­ments ou systèmes de mise en mémoire et d’information, sans l’accord préalable des propriétaires des droits.

TABLE DES MATIÈRES L’ARBUSTE…un des meilleurs amis du jardiniers paresseux. . . . . . . . . . . . 7 Presque seulement des avantages. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Qu’est-ce qu’un arbuste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Ligneux : voilà le mot clé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Arbre ou arbuste ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Végétaux exclus de ce livre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 LES MEILLEURS ARBUSTES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 La rusticité des arbustes : un cas spécial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Controverses sur les zones. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

LA CULTURE DES ARBUSTES, SANS PEINE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 SAVOIR BIEN UTILISER LES ARBUSTES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 La planification. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Un plan est-il nécessaire ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Lentement mais sûrement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Le choix des arbustes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Hauteur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Largeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Les ports les plus habituels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 La couleur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Les arbustes à fleurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Les fleurs qui donnent des fruits. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Les feuillages hauts en couleur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Les règles de couleur…. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Les arbustes à feuillage persistant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Les belles couleurs automnales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Les arbustes à coloration estivale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Les feuillages texturés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 Les tiges. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 La forme des tiges. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 La couleur des tiges. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 La texture des tiges. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 Le parfum, un délice pour les narines. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 LE BON EMPLACEMENT DE VOS ARBUSTES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 La bonne zone avant tout. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Les emplacements ensoleillés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Les emplacements ombragés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 Arbustes pour emplacements ombragés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 Les sols moyennement humides. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

3

Les sols très humides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 Les sols très secs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Les sols alcalins, neutres et acides. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 Les sols alcalins et neutres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 Les sols acides. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

LES PRINCIPALES UTILISATIONS DES ARBUSTES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 La haie et autre barrières végétales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Le brise-vent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Le mur insonorisant ou coupe-son. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 La barrière contre le sel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 La barrière pour cacher les vues indésirables. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 L’intimité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 La mise en valeur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 La barrière épineuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 La délimitation des terrains. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 La division interne du terrain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Planter et maintenir une barrière végétale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Le camouflage de la fondation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Les plates-bandes d’arbustes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Que des arbustes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 La plate-bande mixte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Le massif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 La mosaïque. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Le parterre de broderie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Les couvre-sols. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 La rocaille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Les arbustes en bac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Le bonsaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Le jardin en auge. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Le jardin japonais. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Les plantes vedettes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

LA CULTURE DES ARBUSTES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 L’achat de bons arbustes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Achats en personne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Commandes postales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Avant l’achat. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Avant la plantation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Préparation du sol. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Ne pas trop « amender » le sol lors de la plantation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 Amender le sol… en douceur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 Plantation dans une plate-bande établie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Plantation dans la pelouse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 La technique de base de la plantation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 La préparation du trou de plantation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 Plantation des arbustes en pot. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Plantation des arbustes emmottés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

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Plantation des arbustes à racines nues. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Tuteur ou pas ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Remplir le trou de plantation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 La taille après la plantation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 La fertilisation après la plantation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Du paillis, s’il vous plaît. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Les soins après la plantation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Des cas d’exception. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Plantation d’une haie taillée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Plantation d’une haie libre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 La transplantation : en dernier recours. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 La période propice à la transplantation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Les petits arbustes : comme un pet ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Les gros arbustes : pensez-y deux fois ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 La replantation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 L’entretien des arbustes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 L’arrosage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 La fertilisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Analyse de sol. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Le désherbage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Le ménage automnal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Protection hivernale : est-elle nécessaire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Une question de… taille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 Taille classique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 Taille d’entretien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 Tailles de rajeunissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Rabattage des arbustes à recéper…. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 Quand tailler les arbustes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 La technique de la taille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 Suppression des gourmands indésirables. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 Suppression des drageons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120 La multiplication des arbustes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121 Multiplication par drageons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Multiplication par gourmands. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Multiplication par division. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Multiplication par bouturage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 Marcottage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 Semis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 Le greffage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127 La culture in vitro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

LES ENNEMIS DES ARBUSTES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 Apprendre à fermer les yeux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 Les arbustes ont moins de problèmes… pourquoi ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 Un problème causé par des parasites ? Pas toujours ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 Une bonne inspection à l’achat. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 Des traitements en douceur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

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Les ravageurs des arbustes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138 Les maladies des arbustes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 Les problèmes physiologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

QUELQUES ARBUSTES DE CHOIX. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155 ARBUSTES POUR LE JARDINIER PARESSEUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155 Des arbustes vraiment sans entretien !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156 Des arbustes à entretien minimal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 Toujours en beauté !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 Des fleurs en début de saison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233 Des fleurs au cœur de l’été. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258 Un feu de couleurs à l’automne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 278 Attrayants même en hiver . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295 Des feuilles tout en couleurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311 Des fruits beaux à croquer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342 Arbustes au parfums envoûtants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365 Au ras du sol. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395 Arbustes « au naturel » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 423 Dans un sol acide. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 441 Sous des conditions extrêmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 479 Haie à perte de vue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 499 Comme sur des échasses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 520 Tropicaux égarés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 532 Des arbustes « pensez-y bien ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 565 Des arbustes à éviter. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 584

SOURCES DE PLANTES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 597 GLOSSAIRE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 599 BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 603 INDEX. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 604

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L’ARBUSTE… un des meilleurs amis du jardinier paresseux

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nfin des végétaux pour le véri­ table jardinier paresseux ; les ar­bus­tes sont presque au som­met du palmarès des végé­taux à en­tre­tien minimal. En les choi­sissant bien, vous obte­nez des varié­tés qui n’exigent aucun, mais vraiment aucun entretien ! Vous les plan­ tez, les arrosez un peu la première année et ils se débrouil­lent seuls par la suite. C’est suf­fisant pour réjouir le cœur des jardiniers qui ne sou­haitent pas consacrer leur vie à tailler, à arroser, à fertiliser, etc. En effet, pour ce qui est de la facilité de culture, les arbustes distancent largement les an­nuel­les, les vivaces, les bulbes, les gra­ minées, etc. En fait, seuls les arbres les devancent. Simple­ment par leur hauteur, les arbres peuvent s’approprier l’espace et finir, à très long terme, par éli­miner les arbustes du paysage par leur ombrage. Malgré tout, certains arbustes se défendent bien contre l’om­bre pernicieuse des arbres. Un arbuste que vous plantez au­jourd’hui a de bonnes chances d’exister encore au mo­ment où vos petits-enfants lè­gue­ront votre maison, devenue demeure ances­trale, à leurs pro­ pres petits-enfants.

PRESQUE SEULEMENT DES AVANTAGES !

La liste générale des principaux défauts des arbustes, surtout celle des « arbus­ tes pour jardi­niers paresseux », serait bien courte : le seul auquel je pense est la lenteur que certains mettent à se dévelop­per, et en y réfléchissant bien, peut-être aussi l’ombrage que les grands arbustes projettent sur les végétaux plan­tés à leur pied. Pour ma part, je considère que ces dé­fauts sont amplement compensés par leur perma­nen­ce, car lorsqu’ils sont bien établis, ils sont là pour toujours ! Voici quelques-uns des autres avanta­ges qu’ils procurent :

• Réduction de la pollution atmosphérique : leur capa­cité à absorber les polluants et la poussière est incroyable : entourez d’arbustes une maison de ville et l’air devient rapidement aussi pur que celui de la campagne. • Absorption des sels néfastes : dans un climat nordi­que, la circulation auto­mobile éclabousse, dans les ter­rains en bordure des rues le sel de dégla­ça­ge, endomma­ geant généralement pelouses et plates-bandes. Les embruns salés des bords de mer causent aussi des dégâts sem­bla­bles. Une bordure ou haie composée d’ar­ bus­tes résis­tants au sel marin, tels le rosier ru­gueux (Rosa rugosa) et l’argousier (Hippophae rham­noides), absorbe ce sel avant qu’il n’attaque les autres végétaux. • Réduction du bruit : le feuillage des arbustes aide non seulement à étouffer les bruits indésirables prove­nant de la circulation, des voisins, des cours d’école, etc., mais son bruissement agréable assour­dit davantage les bruits incongrus.

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• Prévention de l’érosion : les feuilles des arbustes inter­cept­ent les gouttes de pluie, rédui­sant leur impact sur le sol, et leurs lon­gues racines retien­nent ce dernier fer­ me­ment, empê­chant son érosion. • Enrichissement du sol : les arbustes retour­nent à la terre presque tous les éléments qu’ils en ont tiré, sous for­me de fleurs fanées et de feuilles mortes. De plus, les feuilles des ar­bustes étant généralement petites, elles s’envo­lent peu et n’exigent pas d’être ramassées. Laissez-les se dé­com­­po­ser sur place pour maintenir la richesse du sol. • Faible fertilisation : la plupart des arbustes cultivés dans un sol de bonne qualité ne réclament que peu d’engrais. La décomposition naturelle des feuilles suffit gé­né­ralement, sinon un apport annuel de compost suffit. • Brise-vent : le feuillage des arbustes fait écran au vent et réduit sa force, permettant des économies d’énergie pour le chauffage des maisons. De plus, l’hiver, la tem­ pérature du côté sous le vent d’une haie ou d’une bordure d’arbustes est souvent de plusieurs degrés plus élevée que du côté exposé au vent, permet­tant d’y cul­ tiver des espèces qui, autrement, ne seraient pas rustiques dans une région. • Écran solaire : les feuilles des arbustes filtrent le soleil et protègent contre ses rayons nuisibles. Durant une canicule, elles rafraîchissent aussi l’air non seule­ment par leur ombre, mais par leur transpiration qui réduit la tem­pérature ambiante de quelques degrés, ce qui peut réduire les coûts de climatisation en été. • Réduction des coûts de chauffage hivernal : la chute automnale des feuilles des arbustes caducs favorise un meilleur ensoleillement de votre demeure, permettant des économies de chauffage. • Écran visuel : la densité du feuillage et la hauteur des arbustes créent une barrière entre vous et vos voisins ou la rue. On peut les planter en haie ou simplement les regrouper ici et là pour cacher des vues indésirables. • Nombreux attraits visuels : au jardin, les arbustes offrent autant d’intérêt visuel que tout autre groupe de végétaux, parfois même plus, car l’hiver, ils surplom­ bent souvent la neige et demeurent visibles lorsque bulbes, vivaces, annuelles, etc. ont disparu. Que ce soit par une belle floraison, des feuilles attrayantes, des fruits décoratifs, une magnifique coloration au­tom­nale, une jolie silhouette ou une écor­ce remar­quable, les arbustes offrent un point d’intérêt en toute saison. • Tailles pour tous les décors : grands, miniatures, ou quelque part entre les deux, peu importe le volume recherché, il existe un arbuste convenant à chaque ­­situa­tion. • Facilité de culture avant tout : j’insiste sur ce point : choi­ sis­ sez des arbustes bien adaptés à vos conditions de culture et évi­ tez le peu d’entre eux demandant beau­coup de soins, (ces derniers étant indiqués dans les fiches individuelles, notam­ment dans le chapitre Des arbustes à éviter) car ils sont parmi L’utilisation d’arbustes dans l’aménage­­ment paysager contribue à créer un milieu dans lequel il fait bon vivre !

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les végétaux qui exigeront le moins d’efforts de votre part, moins que les vivaces, et beaucoup moins que la pelouse. Un terrain meublé d’arbus­tes bien choisis est un terrain qui s’entretient presque tout seul !

QU’EST-CE QU’UN ARBUSTE ?

Avant d’aller de l’avant dans la descrip­tion des arbustes et des avantages qu’ils offrent au jardinier paresseux, il serait bon de s’ar­rêter pour définir les végétaux faisant l’objet de ce livre.

LIGNEUX : VOILÀ LE MOT CLÉ

Mais au juste, qu’est-ce qu’un arbuste ? La définition n’est pas aussi évidente qu’elle le sem­ble. Dans certains cas, déci­der si une plante est un arbuste ou non réveille des polémiques botani­ques vieilles de plusieurs siècles. Cependant, au départ, tout le monde s’entend sur une chose : un arbuste est une plante ligneuse, c’est-à-dire, une plante dont les tiges et les branches forment du bois, la substance dure et fibreuse qui constitue la charpente de la plante. C’est ce qui les différencie des plantes herbacées, comme les annuel­les, les bulbes, les vivaces, les bisan­nuelles et autres dont les tiges de­meu­rent plus ou moins souples et vertes et ne durcissent pas avec le temps. Habituellement, cette charpente est persistante ; elle ne meurt pas à la fin de la saison, mais reprend vie d’une année à l’autre. Il est donc facile de distinguer un arbuste d’une plante herbacée (vivace, annuelle, etc.) dont les parties aérien­ nes meu­rent généra­lement au sol à tous les ans, alors que les branches et tiges des arbus­tes survivent. L’arbuste utilise cette charpente pour grandir année après année jusqu’à ce qu’il atteigne sa hauteur maximale. On note bien sûr quelques excep­tions, notamment des plantes qui ont des branches ligneuses, lesquelles meurent au sol au cours de l’hiver, des nouvelles se formant à leur pied au prin­temps : on les appelle parfois « sous-arbrisseaux ». Il est difficile de classer les végé­taux qui semblent chevaucher deux catégo­ries : les viva­ ces herbacées et les arbustes. Dans ce livre, j’ai plu­tôt respecté le consen­sus général. Ainsi, la plupart des jardiniers placent l’arbuste aux papillons ou buddléia de David (Buddleia davidii) et l’hydrangée de Virginie (Hydrangea arborescens) parmi les arbustes, même si ces plantes meurent au sol à tous les ans, notamment parce que sous des cieux plus cléments, leurs tiges aériennes sont persis­tantes et qu’ils se com­portent comme de véritables arbus­tes. Ainsi, l’ar­bus­te aux papil­lons, dont les branches meurent iné­vita­ble­ment l’hiver jusqu’à la base dans les pays froids, est un arbus­te com­me tous les autres, avec des rameaux ligni­fiés de longue durée qui s’allongent d’année en année… dans les pays plus chauds. Par contre, l’hibis­ cus vivace (Hibiscus moscheutos) et la sauge de Russie (Perovskia atriplici­folia), dont la souche est net­tement ligneuse et les tiges semi-ligneuses, sont des plantes géné­ralement traitées comme des vivaces par les jardi­niers ama­teurs, sans doute parce que leurs tiges meurent presque jus­qu’au sol durant l’hiver, même dans les climats doux. Vous trouverez des rensei­gnements sur leur culture dans le livre, Le jardinier pares­­seux : Les vivaces.

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ARBRE OU ARBUSTE ?

Voilà pour la texture et la persis­tance des tiges, mais comment distingue-t-on un arbuste d’un arbre, puisque tous deux ont des tiges ligneuses et persistantes ? Cette distinction n’est pas évidente, du moins au point de vue botanique. D’ailleurs, d’après de nom­breux auteurs, un arbuste est tout simplement un « petit arbre » de 4 m ou moins. Ils offrent en preuve le fait que plu­sieurs plantes ligneuses deviennent des arbres dans des condi­ tion­s idéales, et demeurent arbustives sous d’au­tres : il n’y aurait donc pas de véritable distinction botanique entre les deux. Cette définition ne plaît cepen­dant pas aux jardiniers qui utilisent très différem­ment les « arbres » et les « arbustes » dans leurs aména­gements. C’est pourquoi on a élaboré une série de définitions pour tenter d’établir clairement les différences. Évidemment, toutes les définitions se rejoignent : Généralement, les arbres un arbre est plus grand qu’un arbuste. Par contre, si ont un tronc unique et on s’en­tend généralement pour dire que tout végétal atteignent plus de 6 m li­gneux non grimpant de plus de 6 m est un arbre, il de hauteur. Les arbustes peu­vent atteindre jusqu’à reste à éta­blir la distinction entre les petits arbres et les 6 m, mais habi­tuellement grands ar­bustes. La taille en soi n’est pas un facteur beau­coup moins. Ils se ramifient à la base. suffisant pour distinguer ces deux types de végétaux. Surgit alors le concept de tronc : un arbre a norma­le­ ment un tronc bien distinct, généralement sans rameaux à la base, du moins chez les sujets matures. D’ailleurs, la plupart des « arbres », n’ont qu’un seul tronc, bien que certaines espè­ces puissent avoir des troncs multi­ples. Un arbuste, du moins un arbuste « typi­que », possède rarement plus qu’une ébauche de tronc, car il se rami­fie abon­dam­ment à son pied ou près du sol. Même le novice distingue rapidement un petit arbre d’un arbuste par le tronc du premier et la multiplication des tiges près du sol du deuxième, ce qui donne à l’ar­bre une silhouette plus dressée et à l’arbuste une forme plus basse, étalée, évasée ou arrondie. Comme dans le cas du vinaigrier ou sumac de Virginie (Rhus typhina), on se retrouve encore une fois avec des plantes se situant « entre les deux » : ni claire­ ment des arbustes, car ils sont plutôt grands à maturité, atteignant généra­lement 4 à 6 m, et souvent avec un « tronc » assez évident, ni clai­rement des arbres, car ils se ramifient à la base ou à une faible hauteur, tel un arbus­te. On donne parfois le nom d’arbrisseaux à ces « grands arbustes presque arbres ». Je les inclus dans ce livre plu­tôt que de les réserver pour un livre sur les arbres, car habi­tuellement, on les utilise davantage comme arbustes. Rarement les utilise-t-on comme arbres de rue ou arbres d’ombrage, par exem­ple. Autre cas susceptible de créer de la confusion : par­fois c’est l’humain qui transforme des arbustes en arbres en dégageant le tronc, ou même en les créant. En effet, lorsque l’on supprime cons­tamment les rameaux secon­daires à la base de presque n’importe quel arbuste, ne laissant qu’une tige amplement ramifiée

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à la tête, on peut transformer presque n’importe quel arbuste en arbre… ou du moins, en arbre miniature. C’est le cas des « arbres sur tige » ou arbres « greffés en tête », géné­rale­ment des arbustes de taille rela­tivement petite gref­fés sur un tronc dressé. On obtient alors un port d’arbre, avec un tronc bien dégagé et des rameaux nombreux à la tête du sujet, mais de taille modeste, généralement de moins de 2 m et souvent même de moins d’un mètre, notamment dans le cas des rosiers sur tige. Comme ces mini-arbres sont habituelle­ment des arbustes spé­cia­lement traités ayant conservé la taille d’un arbuste, j’ai préféré les con­ sidérer comme étant des arbustes. Je traite davantage de leur utilisation et de leur culture dans le cha­pitre La culture des arbustes. Pour les fins de ce livre, considérons donc qu’un arbuste est une plante ligneuse de taille relativement faible, certainement de moins de 6 m et habi­ tuellement inférieure à 4 m, généralement ramifiée à la souche ou près du sol, à l’exception des arbustes sur tige. Ce re­grou­­­pement comprend aussi bien les arbustes cultivés pour leurs fleurs que ceux qui sont populaires pour leur feuil­ lage, et autant les variétés à feuilles caduques, tel le lilas, que les varié­tés à feuil­ lage persistant plus d’un an, tel le rhododendron.

VÉGÉTAUX EXCLUS DE CE LIVRE

Afin de ne pas alourdir ce livre sur les arbustes, certains végé­taux en ont été ex­­clus. Par contre plusieurs de ces plan­tes sont décrites dans les autres livres de la collection du Jardinier pares­seux. Les conifères D’accord, les variétés naines remplissent toutes les conditions, mais exigent souvent des soins très diffé­rents de ceux donnés aux arbustes feuillus (à feuilles larges). La principale raison de l’exclusion des conifères est la tradition. En effet, depuis le tout début de l’hor­ticulture ornementale, les conifères ont toujours été clas­sés dans une catégorie à part, presque exclusivement composée de plantes à aiguilles, et les arbustes feuillus, même si certains ont parfois des feuilles très étroites, dans la leur. Pourquoi chercher à réinventer la roue en les classifiant autrement dans ce livre ? Les grimpants La catégorie des plantes grimpantes et sarmenteuses com­prend des végétaux annuels, mourant après une seule année de croissance, telle la grande capucine (Tropaeolum majus), des vivaces herbacées qui meurent au sol tous les ans mais renaissent au printemps, tel le pois de senteur vivace (Lathyrus latifolius), et des plantes ligneuses dont les tiges persistent d’une année à l’autre, tel le chèvre­ feuil­le grimpant (Lonicera spp.). Les plantes de cette dernière catégorie sont des arbus­tes sur le plan strictement botanique, mais je les ai regroupées avec les autres grimpantes dans une caté­gorie particulière, comme le font la plupart des jardi­niers, car leur utili­sa­tion est très différente puisqu’il faut les palisser ou leur fournir des tuteurs pour grimper, alors que les arbustes se tiennent sans aide. De ce fait, ces végétaux méritent un traitement diffé­rent des arbustes. Un livre sur le sujet est d’ailleurs prévu dans la collection Le jardinier paresseux.

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Les arbustes fruitiers Le but de ce livre étant d’aider les jardiniers amateurs à choisir et à cultiver des arbustes pour embellir leur terrain, nous y présentons surtout des arbustes orne­men­taux. Nous nous limitons à plusieurs arbustes « ornementaux » à fruits co­mes­tibles, voire délicieux, et lorsque c’est le cas, ce fait est souligné dans la fiche de la plante. Vous trouverez donc des renseignements sur la culture d’arbustes à la fois ornementaux et fructi­fères, tels le bleuet et le sureau, mais surtout en vue d’un effet ornemental maximal plutôt que d’une pro­duction de fruits à récolter. Plusieurs arbustes fruitiers sont très jolis, mais plusieurs d’entre eux pré­ sentent de graves problèmes de ravageurs (insectes, maladies, oiseaux, etc.), néces­­sitent une plantation en rangée pour être productifs et une taille pas toujours ornementale, etc. Autrement dit, leur culture exige un traitement très différent et parfois incompatible avec celui des arbustes stric­te­ment ornementaux. Pour leur culture, je vous suggère de consulter un livre sur les arbres et arbustes fruitiers, dont un paraîtra dans la collection Le jardinier pares­seux. Les bambous Peu connus dans les régions nordiques, plusieurs bambous sont pourtant très rustiques et répondent bien à la définition d’arbuste : plante ligneuse, de taille relativement restreinte et abondamment ramifiée à la base. Ce sont, si on veut, des graminées arbustives. Par contre, sous un climat aussi rigoureux que celui du Québec et des provinces avoisinantes, la plupart meurent jusqu’au sol tous les ans. Pour cette raison, et à cause de leur affinité familiale, je me propose de vous les présenter dans le livre Le jardinier paresseux, les graminées orne­mentales. Les arbustes tropicaux En parcourant les régions chaudes de la planète, vous trouveriez des milliers d’autres végétaux qui sont de véritables arbustes. Plusieurs de ces plantes sont cou­ramment cultivées en pot dans les climats plus froids (schefflera, héliotrope, etc.), soit comme plantes d’in­térieur, soit comme végétaux pour décorer terras­ses et balcons durant l’été. Tout en admettant qu’il s’agit effectivement d’arbus­tes, je considère qu’ils méritent surtout une place dans d’autres livres de la col­lec­tion du Jardinier paresseux. Les arbustes à faible rusticité On a prévu distribuer ce livre surtout dans la partie septentrionale de l’Amé­ rique du Nord, notamment au Québec et dans les provinces limitrophes. C’est une région du globe où les hivers sont très rigoureux, com­portant d’assez lon­gues périodes durant lesquelles la température est de -15 ˚C, voire même de -30 ˚C. Beau­coup de véritables arbustes qui ne peuvent survivre à de telles températures sans une protection hivernale importante ont aussi ont été exclus de ce livre, d’où l’absence d’arbustes couramment rustiques sous des climats plus tempérés comme ceux de la France, de la Belgique et de la Suisse. Un auteur ne sachant jamais où ses livres seront lus, j’espère que les lecteurs natifs de ces régions comprendront pourquoi plusieurs de leurs arbustes préférés sont absents de ce livre, tels l’aucuba, le camélia, etc. Dans les régions septen­trionales de l’Amérique, il est absolument impensable de penser les cultiver au jardin.

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LES MEILLEURS ARBUSTES

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omme tous les livres de la collection du Jardinier pares­seux, celui-ci ne se contente pas de répertorier des végé­taux arbustifs par ordre alphabétique, en laissant au lecteur le soin de les classer selon leur utilité. Il tente d’établir un certain ordre de présentation. Ainsi, une bonne partie du livre regroupe les arbustes selon leur uti­ lisation : à floraison prin­tanière, à feuillage décoratif, à fruits orne­ mentaux, pour sols secs, etc. Par contre, comme il est surtout conçu pour les jardiniers amateurs désireux d’obtenir de beaux amé­nage­ ments en travaillant le moins possible, c’est-à-dire pour le jard­inier paresseux… ou astucieux, à votre choix, il convient d’établir une liste de critères pour déterminer quels arbus­tes se méritent une pla­ ce parmi les plus faciles à cul­tiver, et ceux qui, étant au con­traire beau­coup plus exigeants, demandent une mise en garde et une mûre ré­flexion avant l’achat. Ces critères ont servi notamment à choisir les arbustes les plus performants sous un climat nordique et les préconiser plus parti­­ culièrement dans les chapitres intitulés Des arbustes vraiment sans entretien et Des arbustes à entretien minimal, ainsi qu’à désigner ceux qui donnent des résultats si médiocres qu’ils méritent de se re­trou­ ver dans ceux traitant Des arbustes à éviter, Des arbustes « pensez-y bien » ou Des tropicaux égarés.

Ces mêmes critères sont respectés partout dans ce livre et dans chaque des­ cription. Même dans la section Un parfum envoûtant, ou la section Des haies à perte de vue, par exemple, les plus intéressants sont clai­re­ment indiqués dans le texte.

1. Grande résistance au froid

Ce livre ayant été spécialement conçu pour les jardiniers des régions froides, ce facteur a joué un rôle primordial dans le choix des arbustes décrits. Avant toute autre considération, la liste a été établie prin­ci­pa­lement en fonction de la capacité de la plante à résister aux hivers nordiques, la rusticité, ou capacité de survi­vre au froid constituant le principal facteur limitatif dont il faut tenir compte lorsque l’on achète des arbus­tes au Québec et dans les provinces voisines. Après tout, si un arbuste n’est pas rustique, à quoi bon le planter ? Cepen­dant, de nom­breuses pépi­nières vendent des arbustes insuf­fisa­mment rustiques pour sur­vivre à l’hiver, sou­vent sans même en prévenir leurs clients. Pour éviter des décep­tions, il est donc nécessaire de bien vérifier la rusti­cité d’un arbuste avant de l’acheter. Votre principal outil pour savoir si une plante résiste à l’hiver dans votre région est la carte des zones de rusti­cité établie par Agricul­ture Canada. La partie de cette carte couvrant le nord-est de l’Amérique du Nord est repro­duite à la fin du livre. Pour connaî­tre la cote de la zone dans laquelle vous vivez, il suffit de trouver votre loca­lité sur la carte, et la cote d’après le code de couleur. Si votre

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région n’y est pas, ce qui est le cas pour les lecteurs étran­gers, les Européens par exemple, obtenez ce renseignement d’un pépiniériste, d’une société d’hor­ti­ culture locale, d’un jardi­nier amateur expéri­men­té, ou consultez le tableau à la page 16 si vous con­naissez la tem­pé­rature hivernale minimum dans votre région. Remarquez que, plus le numéro de la zone est bas, plus l’hiver est froid. Ainsi, dans la zone 1, la température minimale peut être inférieure à -45 ˚C alors que dans la zone 5, elle se situe normalement entre -29 ˚C et -23 ˚C. Les végétaux aussi sont classés selon leur degré de rusticité, lequel fut décou­vert suite à des dizaines d’années d’ex­périence. On sait maintenant que tel végé­tal est rustique jusque dans la zone 1, alors que tel autre ne l’est pas en des­sous de la zone 5 ou 6. En connais­sant le numéro de la zone où vous vivez et le degré de rusticité de plu­sieurs végé­taux, il vous est possible de prévoir quelles sont les plantes qui réussiront chez vous… si bien sûr, vous respectez leurs autres exigen­ces. Habituellement, une plante est rustique dans sa zone ainsi que dans toutes les zones plus chaudes, donc ayant un numéro plus élevé. Si vous voyez que la

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oici les 10 critères utilisés pour déterminer ce qui cons­titue

l’arbus­te idéal pour un jardinier quel­que peu pares­seux :

L’ARBUSTE IDÉAL : LES 10 CRITÈRES DE SÉLECTION 1. Grande résistance au froid 2. Intérêt prolongé 3. Adaptation à de nombreuses con­d itions 4. Résistance aux insectes et aux maladies 5. Élagage minimal 6. Faible envahissement 7. Longue durée de vie 8. Croissance rapide 9. Bonne disponibilité 10. Attraction des papillons et des oiseaux.

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potentille arbustive (Potentilla fruticosa) est « zonée » 2, vous pouvez présumer qu’elle poussera non seulement dans la zone 2, mais aussi dans les zones 3, 4, 5, 6, etc. Par contre, au-delà de la zone 7 ou 8, le climat devient trop chaud l’hiver pour beau­ coup de végétaux de climat tem­ péré, car ils ont besoin d’un repos hivernal sous le point de congélation. En fait, et aussi curieux que cela puisse paraître, peu nombreux Pour les climats nordiques, une grande sont les arbustes décrits ici qui peuvent résistance au froid et au gel est le facteur survivre en Floride ou dans le sud de la le plus important dans le choix d’un arbuste. Californie, car il n’y fait pas assez froid. En plus, chaque zone principale se subdivise en zones secondaires, « a » et « b », la zone secondaire « a » étant plus froide que la zone secondaire « b ». Ainsi, si vous vivez dans la zone 5b, vous pouvez vous attendre à un hiver plus chaud que dans la zone 5a, et peut-être prendre le risque de planter quelques arbustes de zone 6. Si un arbuste a été classé dans la zone secondaire « a », vous pouvez présumer qu’il est plus rustique que la moyenne des plantes de sa zone, sans nécessairement pouvoir croître dans une zone portant un numéro inférieur. Par exemple, l’arbuste aux papillons ou buddléia de David (Buddleia davidii) est parfois rustique en zone 5, mais n’est vraiment rustique que dans les parties les plus chaudes de cette zone. On lui attribue une rusticité de zone 5b. D’ailleurs, comme il y a plus de végétaux qui tolèrent les hivers doux que de plantes qui tolèrent les hivers sibériens, plus le numéro de votre zone est élevé, plus votre choix de végétaux est grand. La plupart des régions habitées du Québec se situent dans les zones 5, 4, 3 et 2, et à l’ouest de Montréal, une petite pointe est de zone 6. C’est cependant la faible population de la zone 6 qui jouit du plus vaste choix d’arbustes.

LA RUSTICITÉ DES ARBUSTES : UN CAS SPÉCIAL

En ce qui concerne leur rusti­cité, les arbustes posent un problème que ne présentent pas les vivaces, les bulbes et autres plantes herbacées rustiques, lesquels sont des végétaux qui meurent jusqu’au sol l’hiver et sont, le plus souvent, alors entiè­rement couverts de neige. La neige étant un excellent isolant, il est donc souvent possible de « tricher » et de cultiver des herbacées d’une zone plus chaude que celle de votre région. Plantées à un endroit où il y a une bonne accumulation de neige, elles ne subissent pas vraiment le véritable froid de la région. Ainsi, dans mes plates-bandes de zone 4b, et profitant d’une abon­dante couche de neige naturelle, je cultive sans pro­blè­me des vivaces de zone 5 et même parfois de zone 6. En Abitibi, une région en grande partie située dans la zone 2, de nombreuses personnes réussissent sans peine les bulbes de zone 3 et même de zone 4. Avec les arbustes, ce n’est pas aussi facile. D’abord, une grande majorité a des tiges persistantes qui por­tent les bourgeons de feuilles ou de fleurs de l’année

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a température minimale n’est qu’un des facteurs servant à

établir une zone de rusticité. La longueur de la saison sans gel, l’accumulation de neige, la fréquence des très néfastes dégels hivernaux, etc. sont aussi à condidérer. Toutefois, la tempéra­ ture minimale étant le fac­teur principal, on peut l’utiliser pour connaître la cote de sa région.

ZONES DE RUSTICITÉ SELON LA TEMPÉRATURE MINIMALE Zone 2 : -45 ˚C (-50 ˚F) à -39 ˚C (-40 ˚F) Zone 3 : -39 ˚C (-40 ˚F) à -35 ˚C (-30 ˚F) Zone 4 : -35 ˚C (-30 ˚F) à -29 ˚C (-20 ˚F) Zone 5 : -29 ˚C (-20 ˚F) à -23 ˚C (-10 ˚F) Zone 6 : -23 ˚C (-10 ˚F) à -18 ˚C (0 ˚F) Zone 7 : -18 ˚C (0 ˚F) à -12 ˚C (10 ˚F) Zone 8 : -12 ˚C (10 ˚F) a -6 ˚C (20 ˚F) Zone 9 : -6 ˚C (20 ˚F) à -1 ˚C (30 ˚F) Zone 10 : plus de 0 ˚C (32 ˚F) suivante, et ces bourgeons qui restent sur les tiges sont plus exposés au froid que les couronnes enterrées ou partiellement enterrées des vivaces et des bulbes. D’ailleurs, plus la plante est haute, donc exposée au froid, plus elle devient difficile à cultiver dans une zone plus froide que la sienne. Ainsi les arbustes bas, de type couvre-sol, tel le paxistima de Canby (Paxisti­ma canbyi), sont souvent recouverts de neige et l’on peut alors tenter de les cultiver dans une zone plus froi­de que celle recommandée. Par contre, les bour­geons des grands arbustes comme le sureau (Sambucus spp.), lequel peut mesurer 3 m ou plus, sont néces­ sai­rement exposés aux pires froids de l’hiver. Il serait sage de res­pecter la zone de rusticité recomman­dée pour cette espèce. En général, comme il est plus difficile de « tricher » avec les arbustes qu’avec les vivaces, les bulbes, etc., il est préférable de respecter leur degré de rusticité et d’évi­­ter de les cultiver dans une zone plus froide que celle indiquée.

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CONTROVERSES SUR LES ZONES

Il n’y a pas toujours con­sen­sus sur les zones de rus­­ticité des végétaux. Par exem­ ple, lorsqu’une plante a un certain succès dans une zone donnée, même si ce n’est que pendant un an ou deux, ou si seulement quelques plants donnent les résultats attendus, certains pépiniéristes ont tendance à la désigner comme étant rustique dans cette zone, faisant ainsi de l’exception une règle. Les scientifiques sont moins enclins à changer la zone de rusticité des plantes en se fiant sur le qu’en-dira-t-on ; ils préfèrent des études de plus grande enver­gure et sur une plus longue période de temps. Ainsi la même plante peut être désignée pour deux zones, et parfois même plus, selon l’auteur ou le vendeur. Admet­tons que c’est plutôt embêtant pour le pauvre jardinier ! Personnellement, je crois qu’il est très mauvais d’attribuer une nouvelle zone de rusticité à une plante en se fiant uniquement sur une ou deux années de réussite. Il me semble qu’il serait plus honnête de dire : « D’accord, cette plante réussit parfois dans la zone 4, mais en fait, c’est plutôt une plante de zone 5a. » Ainsi, nul ne peut nier que cette plante réussit parfois en zone 4, un détail que les jardiniers habitant cette zone aiment connaître. Dans ce livre, je donne souvent deux zones de rusti­cité : la zone normale pour « site exposé », généra­lement confirmée par des études poussées dans diffé­ rentes régions du globe, et pour les gens qui jouissent d’un micro-climat ou d’un emplacement abrité, un deuxième numéro pour « site protégé ».

2. Intérêt prolongé

Il est évident que lorsque l’on plan­te un arbuste sur son terrain, c’est dans le but de l’embellir. Alors, pourquoi ne pas en choisir un qui demeure beau en tout temps ? Une brève floraison, aussi belle soit-elle, ne compense pas néces­sairement une piètre apparence pendant les 50 autres semaines de l’année. Il faut rechercher des arbustes attrayants en toute saison. Certains ont une floraison spectaculaire, une apparence correcte, mais n’offrent rien d’autre tout le reste de l’été. Ce n’est déjà pas si mal. Cependant, d’autres arbustes ont de belles fleurs au printemps,

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Une zone pour la plante, une autre pour la fleur ?

ur beaucoup de plantes, les bourgeons de feuilles résistent beau­coup mieux au froid que les boutons de fleurs. Ainsi, au printemps, la plante qui semble apparemment en parfait état produit de nou­velles feuilles sans problème, mais ne parvient pas à fleurir, ou ses fleurs sont rares et concentrées à la base de la plante, là où la neige s’était ac­cumulée. Un de ces cas typiques est le forsythia (Forsythia spp.) dont les boutons de fleurs sont souvent moins rusti­ques que les bourgeons de feuilles. Pour éviter toute confusion, vous trouverez une annotation supplémentaire : zone de rusticité (boutons floraux), dans la fiche des­crip­tive des plantes présentant ce pro­blè­me.

Tout n’est pas dit ici sur la rusticité, car c’est un sujet assez compliqué. Pour de plus amples renseignement, voir Protection hivernale.

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un magnifique feuil­lage en été, des fruits ou des feuilles colorées à l’automne et une écorce et un port magnifiques en hiver, c’est beaucoup mieux ! Les arbustes arborant un beau feuillage argenté, panaché ou joliment découpé peuvent être très beaux même sans une floraison remar­quable. Il en est de même pour les arbustes à feuillage persistant, malheureusement trop rares, dont la verdure ajoute de la couleur toute l’année. En fait, beaucoup d’arbustes, avec ou sans fleurs, sont attrayants pendant de longues périodes ; mieux vaut les rechercher quand vient le moment de meubler le terrain de plan­tes décoratives plutôt que de choisir les spectaculaires mais éphémères « mer­veilles de deux semaines ».

3. Adaptation à de nombreuses conditions

Qu’un arbuste soit rustique, c’est très bien, mais pour être vrai­ment utile aux jardiniers vivant dans les contextes les plus divers, un bon arbuste doit être adapté aux différentes con­ditions que l’on retrouve généralement sur un terrain privé. Des arbustes très rustiques ou répondant à plusieurs des dix critères de sélection perdent de l’intérêt parce qu’ils ont des besoins trop spécifiques. Certains ne pous­ sent que dans les sols détrempés et très acides, une combinaison rare dans un jardin typique. D’autres ne poussent que dans un sol rocailleux et plutôt sec, etc. Par con­ tre, il existe des arbustes aux exigences beaucoup plus rédui­tes, tolérant presque tous les sols, peu difficiles quant à l’ensoleil­lement, etc. Évidemment, il n’existe aucun arbuste que l’on peut cultiver autant au plein soleil que sous l’ombre la plus profonde, dans un sol extrêmement alcalin aussi bien qu’extrêmement acide, ou avec les pieds dans l’eau ou au sec. Toutefois, les arbustes les mieux adaptés à de nombreuses conditions de culture sont un véritable régal pour le jardinier amateur et méritent bien quel­ques points supplémentaires.

4. Résistance aux insectes et aux maladies

Pourquoi un jardinier, sur­tout un jardinier amateur qui, on le suppose, peut consa­ crer moins de temps à ses plantes qu’un jardinier professionnel, de­vrait-il passer tous ses moments libres à les traiter contre les insec­tes et les maladies ? C’est pour­­ tant ce que certains arbustes exigent, du moins pour être beaux en tout temps. Il est incroya­ble que dans certains ouvrages, on conseille régulièrement de « traiter hebdo­ma­dairement contre tel ou tel insecte ou maladie », comme si vapo­riser encore et tou­jours tout un arbuste avec un produit souvent aussi dangereux pour l’appli­cateur que pour le rava­geur ne repré­sentait pas un tra­vail consi­dérable ! Pour ma part, j’essaie d’éviter ces plantes problé­ma­tiques, et je pense que vous de­vriez en faire autant. Il existe néanmoins des arbustes qui ne sont pres­que jamais touchés par des in­sec­tes et des mala­dies, et s’ils répon­dent aux autres exi­ gen­ces, pourquoi ne pas les choisir prioritai­rement ? Mais que veut dire au juste « n’être presque jamais touché par des insectes ou des mala­dies » ? Cela signifie ne pas avoir de pro­blèmes visibles plus d’une année sur cinq, ou si le problème survient plus fréquem­ment, s’en sortir sans traite­ment. En effet, presque toute plante peut, à l’occasion, être quelque peu mangée par des chenilles. Toutefois, ces dernières représentent rarement un problème pendant plus d’une ou deux semaines, et à une cer­taine distance, les dégâts qu’elles causent sont généralement peu visibles, mais surtout sans conséquences à moyen ou à long terme pour

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la plante. Si au cours d’un été pluvieux, une touche de mil­diou dépare un peu la plante et en­dommage quelques feuilles centrales, mais sans affecter son apparence générale, on peut assez bien le tolérer. La plante idéale ne devrait pas exiger un recours aux insecticides ou aux pestici­ des pour traverser une mauvaise passe. L’arbuste idéal est, entre autres, Aucun arbuste n’est immunisé contre peu sujet aux insectes tous les ravageurs, car le risque de dégâts est et aux maladies. toujours possible. Parfois, le monde horti­cole est pris par surprise, lorsqu’une plante sur le marché depuis long­temps, généralement considérée comme étant très résistante aux ravageurs, est subitement attaquée par une maladie ou un insecte jusqu’alors inconnu. Ce fut le cas du chèvrefeuille arbus­tif (Loni­cer­a spp.) qui, en Amérique du Nord, était considé­ré comme un arbuste « sans problème » jusqu’en 1976, année où le puceron du chèvrefeuille fut amené d’Europe, causant des balais de sorcière qui enlaidissent la plante sans pourtant la tuer. Plu­sieurs espèces de chèvrefeuille sont maintenant totalement décon­seil­lées (Voir le chapitre Des arbustes à éviter) et des centaines de haies de chè­vre­feuille ont dû être arra­chées. Et dire qu’aujourd’hui, on vend encore ces mê­mes chèvre­feuilles pour faire des haies ! Ce livre vous rensei­gne sur des pro­ blèmes connus ou prévisibles, mais la possibilité qu’un autre fléau de ce genre surgisse soudainement et détruise la cote d’excellence d’un autre arbuste existe toujours.

5. Élagage minimal

La plupart des arbustes à fleurs sont à croissance conti­nue. Ils commencent à pousser au milieu du printemps, au re­tour du beau temps, jusque vers la mi-août, au moment de l’aoû­te­ment. S’il fallait les tailler pour qu’ils conservent une belle forme, on n’en verrait jamais la fin ! Pourtant, de nombreux jardiniers tail­lent leurs haies toutes les deux semaines, presque tout l’été, maugréant à chaque fois. C’est beaucoup trop, à mon avis ! La plupart des arbustes exigent peu de tailles, pre­nant natu­rel­lement une forme intéressante sans que l’on inter­vien­ne, et lorsqu’ils ont atteint leur taille maximale, la maintiennent avec peu d’interventions. Qu’un arbuste ait besoin d’être taillé de temps à autre, pour supprimer quelques branches mortes après un hiver particulièrement dur ou pour le rajeunir aux trois ou quatre ans, n’est pas trop dérangeant. Mais un arbuste qui n’est pas attra­yant s’il n’est pas taillé régulièrement, voilà une plante qui perd beaucoup de points comme végétal approprié pour le terrain d’un jardinier paresseux.

6. Faible envahissement

D’accord, dans certains cas on souhaite qu’un arbuste s’éten­de, dans un milieu sauvage où il est planté pour retenir une berge, par exemple, ou lorsque la surface à faire verdir est vaste et que l’on recherche un couvre-sol qui formera rapidement un tapis parfait. Mais en général, dans le milieu artificiel que r­ epré­sente un terrain

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typique, la préférence est accordée aux plantes qui restent à leur place. La tendance de certains arbustes à produire des rejets à gauche et à droite par des stolons souterrains, souvent loin de la plante mère, leur fait perdre beaucoup de points, bien qu’ils soient magnifiques. C’est notamment le cas du vinaigrier ou sumac de Virginie (Rhus typhina) et du sorbaria à feuilles de sorbier (Sorbaria sorbifolia). D’autres, tel le chèvrefeuille de Tatarie (Lonicera tatarica), n’ont pas de stolons mais produisent des semences qui germent partout, étouffent la végétation indigène et menacent ainsi l’équi­libre envi­ronnemental de tout un secteur. Cependant, la plupart des arbustes restent à leur place ou, s’ils s’éten­dent, ne le font que très lentement, ce qui donne amplement le temps de réagir et de les arrêter par une taille ou une division ponctuelle.

7. Longue durée de vie

Généralement, les arbustes vivent très longtemps et de­vien­nent, à leur grand avantage, des éléments aussi permanents de votre aménagement que les matériaux inertes des différentes constructions qu’ils agrémentent. En effet, on peut attribuer au moins 50 ans de vie utile à la plupart des arbustes… souvent le double ou même plus. Les arbustes n’ont rien à envier à la longé­vité des arbres : la plus vieille plante de la planète ne serait pas un pin californien comme on le croît couramment, puisque ce jeunot n’aurait qu’environ 4 900 ans, mais un arbuste désertique califor­ nien, un chaparral (Larrea tridentata), qui serait âgé de 11 700 ans ! Non seulement les arbustes vivent-ils longtemps, mais s’ils se dégarnissent et perdent leur attrait, ce qui se produit souvent lorsqu’ils vieillissent, on peut géné­ra­ le­ment les tailler sévère­ment, souvent jusqu’au sol, ce qui provoque leur rajeunis­ sement com­plet. À cet égard, ils ont un avantage sur les conifères et autres arbres, la plupart ne supportant pas une taille radica­le ; lorsqu’un arbre vieillit mal ou présente des caries impor­tan­tes, la seule solution possible est souvent de l’éliminer. Comparez cette longévité aux petits végétaux à croissance rapide que sont la plupart des plantes ornementales. Les annuel­les, les bulbes tendres et les bisannuelles doivent êtres remplacés régulièrement, et la plupart des plantes d’intérieur ont une cour­te durée de vie. Même les vivaces et les bulbes rustiques sont sou­vent relativement éphémères, entre 3 et 10 ans de vie, selon l’espèce. Le fait que les arbustes soient généralement très durables sou­li­gne encore davantage les quelques exceptions qui existent : des arbustes qui, parfois à cause d’une mauvaise adaptation à notre climat, ont tendance à disparaître après un an ou deux, laissant un trou béant dans l’aménagement. Une longue durée de vie est donc un facteur à considérer quand vient le temps de choisir un arbuste.

8. Croissance rapide

L’avantage que présente une plante ornementale atteignant rapidement sa taille adulte est évident : un maximum d’effet dans un minimum de temps. Dans ce domaine, rien ne concurrence les annuelles, lesquelles sont à leur apogée en quelques mois seule­ment, et certaines grimpantes les suivent d’assez près. Ce­pen­dant, la rapidité de croissance des arbustes est tout au plus moyenne, la plupart prenant au moins trois ou quatre ans, et souvent beau­coup plus, avant d’atteindre leur plein épanouissement.

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On nous vend le plus souvent des arbustes de quelques an­nées déjà, qui sans avoir atteint leur taille d’adulte, ont au moins un port fourni qui meuble assez bien un espace dans l’aména­gement. Cependant, Il y a parfois un choix à faire. Les arbustes plus gros, comptant de plus nombreuses années de culture, coû­tent plus cher ; alors que le même arbuste, sous forme de bouture enracinée, peut être réellement bon marché. Cependant, vous devrez patienter quelques années avant qu’il atteigne sa « vitesse de croisière ». À vous de décider ce que vous souhaitez, un bon prix ou des résultats rapides. Dans les descriptions des plantes, nous vous indiquons les arbustes à croissance particulièrement rapide qui vous permettent l’achat d’un jeune plant sans attendre des années pour obtenir de bons résultats, et aussi les arbustes à croissance très lente, à ache­ter préférablement de grosseur maximale. Certains arbustes ont une croissance tellement lente, qu’elle annule presque toutes leurs autres qualités. C’est le cas de cer­tains saules, tel Salix x boydii, lequel est si lent que, malgré sa grande beauté, il est pratiquement impossible à trouver sur le marché, peu de pépiniéristes souhaitant prendre cinq ou six ans pour produire une plante « vendable ». Par contre, les rares arbus­tes à croissance très lente font souvent d’excellents sujets pour les espaces restreints où, justement, vous ne désirez pas beaucoup de croissance, comme en auge ou dans un muret. Ces arbustes à croissance très lente font souvent d’excellents bonsaïs.

9. Bonne disponibilité

Même l’arbuste le plus inté­ressant perd quelques points si on ne peut le trouver sur le marché. Or, une bonne disponibilité manque à certains arbustes autrement fort intéressants. Généra­lement, ce manque se fait le plus souvent sentir dans les pépi­nières locales, mais le choix d’arbustes augmente énormément pour celui qui ose les commander par la poste (voir à la page 72). Cependant, certains arbus­tes sont difficilement disponibles par­tout, que ce soit en pépinière, par la poste, sous forme de semen­ces, etc. On mentionne la rareté des arbustes difficiles à trouver dans leur fiche descriptive.

10. Attraction des papillons et des oiseaux

C’est curieux, comme les jardiniers sont difficiles ! Nous n’aimons pas les che­nil­ les, mais nous adorons les papillons ; nous détestons les pigeons, mais aimons les colibris ! Donc, l’arbuste idéal contribue à attirer les oiseaux, bestioles et animaux que nous aimons, tout en repoussant ceux que nous n’aimons pas. Ce n’est pas une mince tâche ! En fait, il est rela­tivement facile de choi­sir des arbustes qui attireront les animaux désirables… mais pour ce qui est de repous­ser les indé­sirables, c’est une autre histoire. Papillons De façon générale, les papillons aiment les fleurs re­grou­­­pées, par­fumées et colorées. Évitez cependant les fleurs doubles qu’ils ne parviennent pas à butiner. Par­mi leurs arbustes préférés, se trouvent les lilas, les spi­rées, les cléthras et le plus connu, l’arbuste aux papil­lons ou buddléia de David (Buddleia davidii). Ces arbustes attireront également une foule d’insectes polli­nisateurs, telles les

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abeilles, qui mettront de la vie dans votre jardin ! Les papil­­lons adorent se poser sur une roche en­so­­leillée pour se réchauffer le matin, et ai­ment bien un petit coin boueux, toujours au plein soleil, pour y boire. Évidemment, si vous voulez attirer les papil­lons, il faut vous abstenir d’appliquer des pes­ticides, même biologiques. Oiseaux frugivores et granivores Les arbustes et les arbres sont les prin­cipaux végétaux présentant un intérêt pour les oiseaux frugivores (qui se nour­rissent de fruits). De nombreux oiseaux, tels les jaseurs boréals, les merles, les moqueurs, etc., vien­dront se délecter des fruits juteux de la viorne, du rosier rugueux, de l’amélanchier et autres, alors que certains, tels les gros-becs, les durs-becs et les geais, préfèrent les fruits secs, comme ceux des noisetiers. Essayez une variété d’espèces dont des arbustes produisant des fruits tôt en saison, tels les amélanchiers, etc., au milieu de l’été, les bleuets, etc. et surtout à l’automne et l’hiver, comme l’if, la viorne, le rosier, etc., afin d’assurer une plus longue fréquentation de votre jardin. En plus de leur nourriture, les oiseaux trouvent souvent dans les arbustes un endroit idéal pour nicher et se protéger des intempéries. Pour attirer encore plus d’oiseaux, incluez dans votre aménagement un bassin d’eau peu profond où ils peuvent se baigner et un petit carré de sable pour un bain sec. Des environ­ nements variés, ensoleillés et ombragés, humides et sec, ouvert et couvert, etc. attirent une plus grande variété d’oiseaux. Comme pour les papillons, il faut évi­ter d’appliquer des pesticides. Afin de ne pas attirer les pigeons et des animaux indésirables, comme les écureuils et autres, évitez de nour­rir les oiseaux avec des graines commerciales. Et afin de ne pas perdre d’un rapide coup de griffes les oiseaux que vous avez attirés, gardez toujours votre chat bien attaché ! Colibris Les jolis oiseaux-mouches, ou colibris, vivent unique­ment en Amérique, et une seule espèce, le colibri à gorge rubis, atteint le Québec et les provinces limitro­phes. À part les fruits, les mêmes conditions générales attirant les oiseaux frugivores, dont la variété des envi­ ronnements, contribueront à le séduire, mais sa préfé­ rence alimentaire va aux fleurs riches en nectar, notam­ ment les fleurs tubulaires rouges et orange. Chez les arbustes, il affectionne particu­lièrement le kolkwitzie, le chè­ vre­ feuille, la ronce fleurie, l’arbuste aux papil­lons, le weigela et le lilas. Comme pour les papil­lons, en ayant des arbustes qui fleuris­ sent à différentes saisons, du début du prin­temps à la fin de l’été, vous vous assu­re­rez de sa fidélité. Ceci clôt le chapitre des définitions et L’arbuste idéal attire la faune désirable informations générales. Passons main­tenant dans la cour arrière ! à l’utilisation des arbustes dans l’aména­ge­ment paysager !

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SAVOIR BIEN UTILISER LES ARBUSTES LA PLANIFICATION

« La bonne plante à la bonne pla­ce » : voilà sept mots qui, pour le jardinier paresseux, résument tout sur l’aménagement, et ils s’ap­ pliquent encore plus aux arbustes qu’à la plu­part des autres végétaux. En effet, lorsque vous plantez des fleurs annuelles dans une nou­velle plate-bande, vous pouvez y aller au pif, si cela vous chante. Après tout, si vous n’aimez pas l’effet, vous pouvez chan­ger les plan­ tations l’année suivante, car les annuelles ne durent qu’une seule sai­son. Il en est de même des autres plantes de cour­te vie ou faciles à transplanter : bisannuelles, bulbes, vivaces, etc. Vous n’ai­mez pas les résultats ? Il suffit de les rem­placer ou de les déplacer. Une plani­fi­ cation poussée, à long terme, n’est vraiment pas obli­ga­toire ou, n’en déplaise aux « décorateurs d’extérieur », très importante. Les arbustes exigent toutefois plus de rigueur. Ce sont essen­ tiellement des plantes permanentes, presque comme votre mai­son. Il ne vous viendrait pas à l’esprit de déplacer votre maison, à moins de force majeure. Vous devriez traiter les arbustes avec autant de respect. Il existe plusieurs raisons de ne pas déplacer les arbustes sur un simple coup de tête. Avant même la plantation, ils sont gros et relativement difficiles à mani­puler. Bien enracinés, les déplacer devient encore plus difficile, et parfois même impossible. Mieux vaut donc déterminer dès le départ les espèces et les variétés qui conviennent le mieux à votre aménagement et les en­droits où vous les voulez. De toute façon, grâce à la taille à maturité de la plu­part des arbustes, ces derniers deviennent des éléments structuraux. D’ailleurs, les spécialistes en aménagement paysager disent sou­vent que les arbustes forment « l’épine dorsale de l’aménage­ment ». Les ar­bus­tes, avec les conifères et les arbres, en combi­nai­son avec les struc­tures (maison, clôtures, terrasse, etc.), forment donc l’essen­tiel du paysage d’un terrain typi­que. Les « fleurs », annuelles, viva­ces, bulbes, etc., sont du flafla, du rem­plis­sage : le véritable aména­ge­ment réside dans les élé­ments permanents : arbustes, arbres, conifères, struc­tures, etc. Savoir bien situer les arbustes, dès le début de l’amé­ nagement de votre terrain, est donc vital.

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Pour cette raison, il est utile de voir les arbustes comme des éléments inertes et non des plantes. Songez d’abord où vous auriez envie d’installer un mur, une division ou une clôture quelconque : un mur élevé pour cacher une vue désagré­ a­ble ou des murets pour diviser une surface trop vaste, par exemple. Maintenant rem­pla­cez mentalement ces murs par des plantations d’ar­bustes. Dès que vous avez accepté le concept que les arbustes, notamment disposés ensemble, sont davan­tage des éléments structuraux que des plantes vivantes, vous êtes fin prêt à esquisser un aménagement paysa­ger !

Un plan est-il nécessaire ?

Oui… du moins dans votre tête ! Et de préférence sur papier aussi. Ce livre sur les arbustes n’a pas pour rôle de donner un cours complet sur l’amé­­na­ gement paysager, mais sachez que planter les arbustes çà et là, sans avoir la moindre idée des résul­tats finaux, ne vous donnera pas l’effet désiré. Vous risquez plutôt d’obtenir un vrai sal­ mi­ gondis ! Idéale­ ment, faites votre propre plan sur papier ou en utilisant un des nom­ breux logiciels susceptibles de vous aider, quitte à lire sur le sujet ou à suivre un cours au besoin, ou faites-le faire (les spé­cialistes en amé­ nagement paysager abon­dent). L’empla­cement de Les arbustes sont chaque arbuste doit avoir été étudié pour obtenir tellement permanents de bons résultats. qu’il est souhaitable de En planifiant votre aménagement, n’oubliez jamais dessiner un plan en bonne et due forme la loi du « moindre effort ». Un aména­ge­ment de jardi­nier avant la plantation. paresseux contient toujours bon nom­bre de végé­taux qui demandent le moins d’entretien (arbres, conifè­res et arbustes) plus des plates-bandes de fleurs (vi­va­ces et annuelles) pour donner de la couleur, mais pas vastes au point d’occu­per tout votre été, et enfin très peu de gazon, car une pe­lou­se est exigeante. Tout doit être prévu pour vous sim­plifier la tâche, et non pour l’aug­menter : évitez donc les îlots qu’il faut con­tour­ner avec la tondeuse, les coins qui lui en interdisent l’accès et toute plan­te capricieuse récla­­mant sans cesse des soins.

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Le bon paysagiste pour vous

i vous cherchez un spécialiste en aménagement paysager, pay­sagiste ou architecte paysager, faites le tour de votre quartier et repérez les maisons dont les aménagements vous plaisent le plus. Il faut que ce soit un aménagement ayant un certain vécu, d’au moins cinq ans, où les plantes bien placées ont eu le temps de mûrir… et celles mal situées celui d’apparaître. Essayez d’obtenir le nom de la per­sonne qui a fait les plans, et si vous voyez le propriétaire, ne vous gênez pas pour lui demander le nom de son paysagiste. Sans doute fier de l’estime que vous accordez à son terrain, il sera heureux de vous renseigner ! Allez voir ce paysagiste. Dans l’aménagement paysager, la recom­man­ dation de bouche à oreille a toujours été la meilleure garantie de succès !

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Lentement mais sûrement

Réalisez votre projet progressivement, à moins, ultime paresse, d’avoir les moyens de faire réali­ser votre aménagement par d’autres ! Oui, c’est pour cette raison que le gazon a sa raison d’être… en tant que verdure « temporaire », facile à poser, économi­que surtout lorsque vous la semez, verte presque tout l’été, dont on planifie la réduction ou l’élimination à plus ou moins long terme. Vous ne savez pas par où commencer votre plan ? Voyez-le comme un assemblage de modules reliés entre eux, à réaliser étape par étape : la façade, la terrasse et ses environs, le coin repos, l’entrée principale, l’entrée secondaire, etc. Une fois votre terrain ainsi subdivisé, il suffit alors d’établir votre ordre de priorité des diffé­rents projets. Commencez ensuite tout simplement par corriger les pires problèmes. Par exemple, une entrée piétonnière de la rue à la porte principale, attrayante et libre de boue peut difficilement attendre, tandis qu’une table placée sur le gazon peut servir de « terrasse » en attendant d’avoir le temps et les moyens de construire un patio. Ensuite, poursuivez l’aménagement de vos rêves d’année en année, en respectant vos priorités.

LE CHOIX DES ARBUSTES

La meilleure façon de choisir des arbustes pour un aménagement n’est PAS d’aller dans une pépinière, de remplir un chariot d’arbustes qui semblent intéressants, et arrivé à la maison, d’essayer d’improviser où les planter : vous risquez fort d’acheter des plantes qui ne conviennent ni à vos conditions, ni à vos besoins, sans compter que, mal placés, les arbustes causeront bien des en­nuis ! Détermi­ nez plutôt d’abord vos besoins à partir de votre plan, et seulement après, allez chercher les arbustes qui y correspondent. Cela ne vous empêche pas d’inclure les arbustes que vous aimez, mais au moins vous serez certain de disposer du nombre approprié pour l’espace disponible. De plus, dès le début, pensez que tous les arbustes sur votre ter­rain ne doivent pas nécessai­re­ment avoir une flo­ raison à couper le souffle, un port spec­taculaire ou un coloris éblouissant. D’ac­ cord, il y a place pour ces plan­tes vedettes dans un plan d’amé­nagement, mais songez en premier lieu aux arbustes qui sont tout sim­plement verts, car ce sont eux qui créeront l’arrière-plan qui re­haus­sera l’appa­rence des autres plantes. Lorsque vous planifiez l’incorporation des arbustes dans votre amé­nagement, il faut apprendre à les visua­li­ser à maturité. Oubliez la petite plante en pot en plastique que vous voyez en pépinière, car petite plante grandira… plus vite que vous l’imaginez. D’ail­leurs, la pire erreur à faire dans un plan, c’est de sous-estimer la taille éventuelle d’un sujet, car vous aurez alors à tailler l’arbus­te pour contrôler sa crois­sance, et ça, le jardinier paresseux tente de l’éviter à tout prix !

Hauteur

Ne croyez pas que les végétaux grandissent indéfiniment. Même les grands arbres ont une taille maximale, et la caractéristique de la majorité des arbustes est d’at­ tein­dre une certaine hauteur… qu’ils conservent par la suite, même sans taille.

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D’ac­cord, la hauteur éventuelle d’un arbuste n’est pas coulée dans le béton, et sous certaines conditions, il peut être plus ou moins haut, mais habituellement, vous avez une bonne idée de sa hauteur maximale en lisant l’étiquette qui l’accompagne ou en consultant sa fiche descriptive dans la deuxième section de ce livre. Il est essentiel de connaître la hauteur éventuelle d’un arbuste avant de le planter, surtout si vous ne voulez pas obstruer une vue. Par exemple, si vous plan­ tez un arbuste sous une fenêtre, une utilisation d’ailleurs très fréquente, choisissez une variété dont la hauteur maximale est inférieure à celle du cadre de la fenêtre ou à peine plus élevée, juste suffisante pour en adoucir les lignes rigides. « Évi­ demment ! », répondez-vous ? Eh bien, en déambulant dans une rue résiden­tiel­le typique, vous constaterez que les fenêtres obs­truées ne manquent pas ! Souvent, là où la vue n’est pas obstruée, il saute aux yeux que les arbustes de fonda­tion ont été taillés et retaillés encore et encore. Pourtant, il aurait été tellement plus facile de choisir des arbustes qui ne dépassent jamais la hau­teur désirée.

Largeur

Tout comme il est vital de connaî­tre la hauteur éven­tuelle d’un arbuste, il faut également con­naître son diamètre à ma­turité. D’ailleurs, l’une des gaffes les plus courantes dans la pla­nifi­cation d’un aménagement consiste à plan­ ter les arbustes trop densément dans le but d’ob­te­nir un effet « immédiat ». Si votre amé­nagement d’ar­bus­tes est apparemment parfait dès la première saison, c’est proba­ ble­ment parce que vous avez planté trop densément : il est presque certain qu’avec le temps, les arbustes vont s’entremêler et s’étouffer. Même de nombreux profes­ En plantant sans tenir sionnels de l’aménagement semblent ignorer l’impor­ compte de la taille tance de laisser de l’espace pour le déve­loppe­ment futur éventuelle des arbus­ d’un arbuste : c’est la raison pour laquelle autant d’amé­ tes, on risque de créer nagements, pourtant signés par un paysa­giste, sont si un aménagement engorgé ! beaux la première année et de­vien­nent un fouil­lis total la cinquième. Par contre, si vous tenez compte du dia­mètre éventuel des arbustes, et les plantez de façon à ce qu’ils se touchent sans exagération à maturité, vous ob­tiendrez un aména­gement encore agréa­ble à voir dans 15, 20, voire même 30 ans, réclamant très peu d’entretien, car les arbus­tes qui se touchent étouf­fent toutes les mau­vaises herbes.

Les ports les plus habituels Vous pouvez, bien sûr, donner aux arbustes la forme que vous désirez, mais c’est alors un éternel recommencement. Mieux vaut choisir les arbustes offrant naturellement la forme recherchée. Peu d’arbustes ont un port pur : nombreux sont ceux, par exemple, ayant un port arrondi mais un peu étalé, ou généralement érigé mais un peu évasé.

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Un aménagement bien rempli dès la première année ?

evant l’impossibilité de trouver des arbustes à maturité en pépinière, ou à cause de leur prix prohibitif lorsqu’ils existent, il est évident qu’un aménagement bien espacé, fait pour durer, semblera quelque peu dégarni pendant deux ou trois ans. Vous avez alors deux options : soit planter vos arbustes plus densément que nécessaire avec l’idée d’en déplacer un sur deux plus tard pour une utilisation ailleurs sur le terrain, ce qui peut représenter un assez gros travail, soit remplir les vides avec autre chose. Bien sûr, un paillis ornemental (voir à la page 91) mettant les arbustes en valeur en attendant leur développement est une excellente option, mais pour plus de couleur, remplissez les interstices de végétaux temporaires : annuelles, bisannuelles, bulbes tendres, vivaces de courte vie, etc. Vous obtiendrez un effet plus fourni dès la première année et par la suite, sans le moindre effort de votre part, ces végétaux temporaires céderont la place aux arbustes lorsqu’ils approcheront de leur taille maximale.

De plus, sous certaines conditions, tout arbuste peut se développer en adoptant une forme différente de la normale. Un arbuste habituellement arrondi aura un port plus érigé si la plantation est tellement serrée que sa seule source de lumière vient d’en haut. Sa croissan­ce sera latérale, penchant vers le côté de la lumière, si son emplacement est trop ombragé. Cependant, en général, lorsque des arbustes poussent à leur guise, sous des conditions de culture normales et avec assez d’espace pour leur croissance future, ils prennent la forme naturelle typi­que de leur espèce et de leur cultivar. Même lorsque l’arbuste subit des dom­mages importants, comme la perte de plusieurs branches à cause d’un hiver parti­cu­liè­rement rigoureux ou une taille très sévère, il a tendance à reprendre sa forme d’origine lorsque l’on s’abstient d’intervenir. Port érigé Peu d’arbustes feuillus ont vraiment un port en colonne ou pyra­mi­dal. Si vous avez besoin de végétaux de cette catégorie, recher­ chez plu­ tôt des conifères étroi­ te­ ment pyramidaux (thu­yas, gené­vriers, etc.) ou encore des petits arbres formant une colonne. Par contre, plusieurs arbustes ont un port plus dressé qu’étalé, de­venant plus hauts que larges. Leur hauteur à matu­rité varie selon l’espèce, mais en géné­ral, ce sont d’assez grands arbustes, surtout utilisés com­me toile de fond pour des arbustes plus petits ou une plate-bande de Port érigé fleurs, ou comme haie, écran ou brise-vent, ou enco­re comme plante ve­dette, princi­palement dans le cas des es­pèces présentant un feuil­lage ou une flo­raison remar­quable. Le cornouiller à feuilles alter­nes (Cornus alterni­folia), avec ses branches presque horizon­tales sur une tige droite, est l’exemple parfait d’un arbuste à port dressé.

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Port globulaire ou arrondi Aucun arbuste ne forme une boule vraiment parfaite, ce qui est fort heureux, car rien ne semble aussi artificiel qu’un globe trop parfait. Cepen­dant, plu­sieurs arbustes prennent une forme naturel­le­ment arrondie, étant presque aussi larges que hauts. Parmi les variations sur ce thème, on trouve le port arrondi aplati, plus large que haut, arrondi dressé, plus haut que large, etc. Selon leur taille et autres attributs, les arbustes arrondis conviennent à presque toutes les utilisa­tions : haie, massif ou plan­te vedette. Souvent ils sont greffés sur une tige dressée, ce qui crée, dans les meilleurs cas, un effet d’arbre mini­ature, contrai­ rement à l’arbuste trop arron­di au bout d’une tige toute droite, lequel fait très artificiel, ressem­ble plus Port globulaiare à un suçon qu’à un arbuste, et s’apparente davan­tage à une topiaire (page 30). Le fusain ailé (Euony­mus alatus) est un exem­ple d’arbuste naturellement arrondi, ce qui est le cas de centaines d’autres, car le port globulaire est, de loin, la forme la plus courante chez les arbustes. Port évasé Les arbustes à port évasé croissent davantage ou autant en largeur qu’en hauteur, ayant tendance à élargir en grandissant : autrement dit, ils poussent plus ou moins en forme de « V » très ouvert. Culti­vés avec d’autres arbus­ tes de même forme, ils s’entre­ croisent pour former un massif uni. La dis­tinc­tion entre un port évasé et un port ar­ron­­di n’est cepen­dant pas toujours claire : plu­sieurs arbustes, éva­sés lorsqu’ils sont jeunes, deviennent plus arrondis à maturité ; d’autres, plutôt ar­ rondis au début, deviennent évasés. Autant les Port évasé arbustes arron­dis que les arbustes évasés servent es­sen­ tiel­lement aux mêmes fins, il est inutile de faire un drame lorsqu’une plante change de forme. Par contre, il est intéressant de varier un peu le menu avec quelques arbustes à port évasé, car les formes arrondies ont tendance à dominer nos aménagements. Les arbustes évasés conviennent aux compositions d’arbustes mixtes, aux plantations de fondation, aux haies et en fait, à n’importe quelle utilisation. Parfois on greffe ces arbustes sur une tige dres­sée, ce qui donne une silhouette en balai. Le caragana argenté (Halimodendron halodendron) est un exemple frappant d’arbuste à port évasé. Port semi-pleureur (en fontaine) C’est un port évasé, poussé plus loin. Jeunes, les bran­ ches se dirigent vers le haut, se courbent peu à peu vers l’exté­rieur en croissant, leurs extré­mi­tés devenant re­ tom­­ bantes à la longue, donnant à l’arbuste l’allure

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Port semi-pleureur

d’une fontaine. Les plus petits arbustes de cette catégorie conviennent bien aux massifs et aux bordures, car cultivés avec d’autres, ils s’entremêlent pour former une masse de verdure. Les plus grands peuvent devenir des arbustes vedettes ou servir de haie, de brise-vent ou de toile de fond. Le kolkwitzia aimable (Kolkwitzia amabilis), avec ses longues tiges arquées, est typique des arbustes en forme de fontaine. Port rampant Certains arbustes sont aussi bien désignés comme couvre-sols. Leur croissance est entièrement rampante et selon l’espèce, ils n’atteignent qu’une faible hauteur, parfois seulement 10 à 30 centimètres. Chez certains, le port est carrément pros­tré : les tiges croissent parallè­lement au sol. Chez d’autres, il est procombant : les tiges sont rampantes, mais érigées aux extrémités. D’au­tres ont des tiges éri­gées de hauteur limitée, mais dra­geonnent abon­damment, créant un tapis Port rampant de rameaux ayant plus ou moins la même hauteur. Habi­tuellement les arbus­tes rampants ont une étendue presque illimitée : pour contrôler leur exubérance éventuelle, il faut les tailler un peu, mais pas tous les ans lorsque l’on a eu soin de leur laisser un peu d’espa­ce au moment de la plantation, ou, solution encore plus paresseuse, les planter là où l’élan de leurs tiges voya­geu­ses sera arrêté par des structures : un mur, des ro­ches, un sentier ou d’autres végétaux plus hauts. À part leur utilisation comme couvre-sol, les arbustes les plus prostrés sont très utiles dans les pentes dont ils épou­sent la forme ou en bordure des murets, car habi­tuel­lement ils retombent en cascade en l’absence d’un sup­port horizontal. Le raisin d’ours (Arctostaphylos uva­­­­ursi), un couvre-sol populaire, est un arbuste ram­pant typique. Port irrégulier Les arbustes au port irrégulier sont difficiles à classer, leurs branches étant parfois dressées, parfois évasées, parfois même prostrées. Elles peuvent pousser bien droites vers le haut, puis changer subite­ment de direction et devenir hori­ zon­tales ou retomban­tes. Il ne faut cependant pas s’imaginer que la croissance de ces arbustes est nécessairement ouverte ou dégarnie. Certains présentent effec­ tivement des vides dans leur silhouette, mais d’autres ont une croissance très dense, mais imprévisible. Sou­vent, ces arbus­tes sont davan­tage cultivés pour leur floraison ou leur tex­ture que pour leur port, et l’on compose donc avec leur croissance difficile à prédire en les plaçant dans un con­texte où il perd de l’importance. Dans un amé­nagement, ils ajoutent fré­quem­ment une note de nature sauvage et aident à compenser pour des struc­ tures ou des planta­tions trop classiques ou rectilignes. Culti­ vés en isolé, ces arbustes ten­ dent à do­ miner la scène : on peut même les qualifier, dans les meilleurs cas, de « drama­tiques ». Dans les pires cas, leur croissance Port irrégulier incontrôlée peut par­fois détruire l’effet d’har­monie souhaité.

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Un peu de taille, juste pour ramener à l’ordre les branches les plus désordonnées sans cependant réduire l’arbus­te à un assujet­tissement total, peut alors être utile. À titre d’exem­ples, plu­sieurs des hydrangées (Hydran­gea), dont la très populaire hydrangée paniculée (Hydrangea pani­cu­la­ta), ont un port irrégulier. Port pleureur Les arbustes n’ont pas un port natu­rellement pleureur : pour cela, une plus grande hauteur est néces­sai­re. Les végétaux naturel­lement pleureurs sont donc des arbres ou des conifères ayant un tronc dressé et des bran­ches retombantes, comme le saule pleu­reur (Salix alba ‘Tristis’) ou le faux-cyprès de Nootka pleureur (Chamaecy­paris nootkatensis ‘Pendula’). Par contre, lorsque l’on greffe un arbuste à croissance pros­trée sur un tronc dressé, on obtient rapi­de­­ment un port pleureur. Ces Port pleureur végétaux uni­ques servent surtout de plan­tes vedettes, ni plus ni moins de point focal. Il faut les utiliser avec parcimonie, car par leur forme originale, ce sont des végétaux qui domi­nent : rare­ ment peut-on en utiliser deux ou trois dans la même partie d’un aménagement sans créer un effet confus. Pensez éga­lement que les formes pleu­reuses attirent néces­sai­re­ment l’œil vers le bas ; aussi bien avoir alors quelque chose à montrer tout près de leur pied. C’est la raison pour laquelle une telle plante est le plus souvent utilisée comme élément central d’un petit massif de fleurs vivaces ou d’annuel­les ou en bordure d’un jardin d’eau. Un exemple d’ar­buste greffé à port pleu­reur ? Le caragana pleureur (Caragana arborescens ‘Pendula’). Topiaire Habituellement, dans les régions septentrionales, ce sont les conifères que l’on taille en topiaire, c’est-à-dire qu’on leur donne une forme géométrique (pom­pons, spirale, boule, etc.) ou une forme d’animal, d’homme, de meuble, etc. Par contre, on voit de plus en plus d’arbustes feuillus utili­sés de cette façon, et dans cer­taines régions du Québec, presque tous les arbustes sont taillés en boule.

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Pour mêler les cartes

e port de tout arbuste est amplifié lorsqu’il est cultivé en isolé. Or, cer­tains arbustes produisent de nombreux drageons, de nouveaux plants formés à partir des racines, parfois presque au pied du plant-mère, parfois à une grande distance de ce dernier. Caractéristique très utile lorsque l’on souhaite naturaliser un arbuste, notamment pour la rétention des berges et des pentes, ou pour un grand trou à boucher sans disposer du budget nécessaire à l’achat de plusieurs arbustes, le drageonnement est moins apprécié dans un aménagement plus con­trôlé, comme c’est le cas de la plupart des terrains privés. Il faut éliminer les drageons lorsqu’ils apparaissent si vous voulez conserver l’appa­rence de votre aménagement. Pour plus de renseignements, voir à la page 120.

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Le jardinier paresseux préfère s’abstenir. En premier lieu, ces formes sont plus curieu­ ses que véritablement jolies, et difficiles à in­té­­grer dans un amé­nagement paysager où les autres plantes ont un port plus naturel. Aus­si, si vous achetez des topiaires déjà tail­ lées, leur prix est exorbitant. Mais le pire, c’est leur entretien : pour qu’elles conservent leur ap­pa­rence « coupée au ciseau », il faut les tail­ ler pres­ que chaque semaine durant toute la belle saison. Autre­ ment dit, ce ne sont vrai­ment pas des choix pour le jardinier Une topiaire peut être intrigante et jolie, mais si vous êtes jardinier amateur, pares­seux! Si vous y tenez, car parfois une forme son entretien étant énorme, ne vous aventurez pas dans cette galère. inat­ tendue peut faire un clin d’œil amu­ sant, limitez au moins leur utilisation. Un arbuste « uni­que » par aména­gement est amplement suffi­sant ! On l’utilise alors de la même ma­niè­re qu’un arbuste pleu­reur, comme élément vedette. Le buis (Buxus) est un arbus­te sou­vent utilisé pour la topiaire.

LA COULEUR

Comme chez presque tous les vé­gé­taux, c’est le vert qui domine aussi chez les arbustes : foncé ou pâle, un peu grisâtre ou tirant sur le jaune, mais néanmoins du vert. Et qui oserait s’en plaindre ? Après tout, le vert, c’est la couleur de la nature et elle se marie bien avec toutes les teintes. Par contre, beaucoup d’arbustes offrent une floraison ou une fructification colorée ou un feuillage haut en couleurs que vous pouvez utiliser sans vous gêner dans votre aménagement.

Les arbustes à fleurs Par définition, tous les arbustes feuillus fleurissent, car sans fleurs, ils ne font pas de graines et ne peuvent donc pas se multiplier. Par contre, les fleurs étant plutôt discrètes chez plusieurs d’entre eux, on peut tout sim­plement considérer ces arbustes comme des plantes ver­tes en faisant abstraction de la floraison. Per­sonne, par exem­ple, ne s’extasie devant les minuscules fleurs jaune-vert d’un buis (Buxus spp.). D’autres ne fleuris­sent que rare­ment en culture. Certains, par contre, ont une florai­son tellement attrayante qu’elle devient leur principale raison d’être, du moins d’un point de vue paysager : sans ses fleurs si extrava­ gantes, je crois que personne ne cultiverait le rhododendron (Rhododendron spp.). Lorsque l’on utilise le terme « arbuste à fleurs », on fait surtout référence aux arbus­tes dont le principal attrait est la floraison. La plupart des arbustes fleurissent au printemps, mais nombre d’entre eux ont une floraison estivale, voire automnale dans certains cas. Cependant, si vous ne regardez que les photos paraissant sur l’étiquette des arbustes, sans vérifier

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la saison de floraison, vous fini­rez sans doute par planter une nette majorité d’ar­bus­tes qui fleurissent tôt en saison. La première règle de l’amé­nagement avec les arbustes à fleurs est donc d’assurer une floraison du printemps jusqu’à l’au­tom­ne, en choi­sissant des variétés fleurissant à différentes périodes. Même à l’intérieur d’une saison, la période de florai­son varie : les chatons de saule (Salix caprea et autres Salix), à titre d’exemple, commencent à s’épanouir lorsque le sol est encore couvert de neige. Les amélan­chiers suivent peu après et la progression continue jusqu’au début de l’été, moment où les arbustes à flo­raison estivale prennent la relève. Ces derniers ont aussi diffé­rentes périodes de floraison. Il faut donc considérer tant la période de floraison que la saison en choisissant des arbustes à fleurs. En général, les arbustes ont une floraison relative­ment brève, du moins comparativement aux plantes annuelles qui fleurissent souvent sans arrêt pen­ dant trois mois ou plus. Ce serait donc une erreur de baser votre aménage­ment paysager sur un arbuste qui n’est beau que pendant deux semaines. Mieux vaut planter une variété d’arbustes qui, comme les instruments de musique dans une symphonie, ont chacun au moins leur petit moment de gloire avant de reprendre un rôle de soutien par la suite. Après tout, une fois leur florai­son terminée, la grande majorité des arbustes contri­buent au moins à verdir l’aménagement. Vous pouvez quand même élever un arbuste à fleurs au rang de vedette durant toute la saison s’il présente d’autres qualités intéressantes ou si sa florai­ son est parti­culièrement durable. Les rosiers remon­tants, par exemple, sont tradi­ tion­nellement des stars de tout aménagement qui les emploie. Soulignez alors leur im­portance en les plaçant en avant-plan, en les entou­rant de végétaux plus petits qui les mettent en valeur, en surélevant leur plate-bande, etc. Faut-il s’inquiéter des règles de couleur dans un amé­na­gement à base d’arbus­ tes à fleurs ? Je serais tenté de dire non… ou si peu. D’abord, les rè­gles des couleurs complé­mentaires versus couleurs contras­tan­tes, des bleus qui rap­prochent et les rouges qui éloi­gnent, etc. – ont été adap­tées de la peinture où elles ser­vaient surtout à créer une im­pres­sion tridimension­nel­le dans un médium essentiellement bidi­men­sionnel. Or, un jardin est nette­ment tridimen­sionnel ! Aussi, les contrastes trop criards décriés par les tenants de ces règles s’appliquent surtout aux couleurs placées côte à côte, non à celles noyées dans une mer de vert comme c’est le cas dans un jardin. À la page 34 vous trou­verez cependant quelques « petites » règles qui pourraient contri­buer à un aména­ge­ment harmo­nieux, sans qu’il soit néces­ saire de comprendre les règles de couleur promues par les te­nants de l’« ultra-sophis­tication ».

Certains arbustes, tels ces rhododendrons et ces azalées, sont uniquement cultivés pour leur floraison.

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Les fleurs qui donnent des fruits Tout ce qui se rap­porte aux fleurs s’ap­plique également aux fruits. Com­para­ tivement aux « arbustes à fleurs », assez peu d’arbustes ont des fruits remar­ qua­bles, mais certaines exceptions peuvent facile­ment ajouter deux ou trois mois à l’attrait de votre amé­nagement, car habituellement, leurs fruits sont à leur meilleur à l’automne, lorsque les feuilles tombent. Les fruits des arbustes à fruc­tification esti­va­le sont rare­ment voyants, cachés dans la verdure. Mais à la chute des feuilles, les arbustes à fruits automnaux, sur­tout ceux à fruits rouges, jaunes, oranges, roses ou blancs, se transforment en vedettes. Aussi, lors de la plani­fication de votre plate-bande ou massif d’arbustes toujours attrayants (ici, il faut souligner que c’est la plate-bande et le massif qui sont « toujours attra­yants », non pas les arbustes), il suffit d’en inclure quelques-uns. Certains des arbustes à fruits ayant aussi des fleurs attrayantes présentent alors deux périodes d’intérêt. D’autres, par contre, ont une floraison cachée ou peu colorée, et leur intérêt est donc surtout automnal. Autre avantage des arbustes à fruits attrayants : ils attirent souvent les oiseaux. D’accord, les oiseaux finis­ sent par manger les fruits et réduisent alors l’effet de l’arbuste, mais rarement avant l’arrivée de la neige. D’ailleurs, les fruits de plu­ sieurs arbustes, tels les houx et les viornes, prennent de la couleur tôt à l’automne, mais ne deviennent su­ crés, donc attrayants pour les oiseaux, qu’après quelques gels. Mê­me les fruits de couleur sombre, noirs, violet foncé, etc., qui ne frap­ Déjà en août, les baies de la viorne trilobée pent pas particulièrement notre commencent à se colorer : imaginez cet regard, attirent les oiseaux. arbuste en novembre, après la chute des

Les feuillages hauts en couleur

feuilles, alors que ses fruits sont rouge vif !

Il n’y a pas que les fleurs et les fruits des arbustes qui ajoutent de la couleur à l’aménagement, leur feuillage aussi devient décor. Fondamentalement, les arbustes viennent dans une vaste gamme de teintes de vert, du plus pâle au plus foncé, ce qui, en soi, per­met de créer des aménagements superbes sans la moin­dre fleur, tout simplement en choisissant des arbustes dont les feuilles ont une forme et une texture décorati­ves, dans une variété de teintes de vert (voir plus loin : Les feuillages texturés). Il y a essentiellement trois catégories d’arbustes à souligner pour la colo­ ration de leur feuillage : les ar­bus­tes à intérêt hivernal, les arbustes à intérêt automnal et les arbustes à feuillage coloré en été.

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LES RÈGLES DE COULEUR… DU JARDINIER PARESSEUX 1. PLANTEZ PAR « TACHES DE COULEUR » Cela aidera à éviter l’effet « pizza » dans l’aména­ gement : une cohue de couleurs qui peut paraître étourdissante. L’idée consiste à regrouper et sou­ ligner avec force la présence de plantes individuelles qui, seules, sont trop petites pour créer une impression. À moins d’avoir un jardin minus­cule, telle une auge ou une rocaille de dimension modeste, une petite spirée du Japon de type Flaming Elf™, d’à peine 20 cm de hauteur et de 60 cm de diamètre, ne fait pas le poids toute seule. Regroupez ces plantes par « ta­ches » de trois plants ou plus. Dans une grande plate-bande, 10 plants ou plus peu­vent être nécessaires pour créer un impact. Par contre, con­trai­rement aux annuelles et aux bulbes notamment, la plu­part des arbustes sont assez gros pour qu’une seule plante puisse constituer en soi une tache de couleur. C’est unique­ment dans de vastes plates-bandes qu’il faut regrouper trois ou quatre cornouillers argentés (Cornus alba ‘Elegantis­si­ma’) pour créer une tache de couleur.

2. RÉPÉTEZ LES TACHES Voilà, beaucoup plus qu’un choix précis de couleurs, le secret de l’harmonie. Lorsque l’œil voit la même plante, de la même couleur, qui se répète ailleurs dans l’aménagement, il perçoit immédiatement une harmonie. Si vous reprenez votre cornouiller argenté de tantôt et le mettez ailleurs dans l’amé­na­ gement, à une certaine distance de la première plantation, votre aména­ge­ment paraîtra harmonieux. Si vous avez assez d’espace pour le faire, répétez encore : l’œil adore le chiffre « 3 », et trois taches de couleur identiques font souvent un effet superbe. Plus votre aménagement est vaste, plus vous pou­vez répéter les taches. Évitez cependant trop de précision dans vos répé­titions, du genre « un arbuste à gauche du sen­tier et le même exactement en face ». Non seulement une telle symétrie indique un manque d’imagination, mais si les deux arbustes face à face ne sont pas absolument identiques, l’œil perçoit cette différence comme une erreur… et dites-vous bien que deux arbustes, pourtant issus de la même plante mère par bouturage, ne seront jamais exactement pareils.

3. ATTÉNUEZ LES CONTRASTES L’œil aime les contrastes autant que l’harmonie. À vous cependant de juger à quel moment un contraste cesse d’être attrayant et déplaît. Le seuil de toléran­ce varie d’une personne à l’autre. Par contre, si vous craignez que votre utilisation d’un rosier arbustif rouge flamboyant risque de contraster de façon discordante avec une potentille bouton d’or avoisinante, vous pouvez facilement diminuer l’effet tranché en plantant entre les deux un arbuste

à feuillage vert ou argenté, ou un arbuste à fleurs blanches. C’est une solution facile mais incro­ya­blement efficace. Encore une fois, les règles de couleur qui s’appli­quent à un tableau ou à votre papier peint n’ont aucun rapport avec ce qui se passe dans un aménagement composé de plantes naturelles. Aucune combinaison de couleurs ne blesse l’œil … quand il est atténué par du vert, du gris ou du blanc.

4. INCLUEZ TOUJOURS AU MOINS UN « RAPPEL » Habituellement, ce ne sont pas les végétaux qui sont difficiles à intégrer harmo­ nieu­sement, ce sont les structures : maison, piscine, terrasse, etc. Pour mieux les marier au paysage, tentez de prendre un élément de la structure dominante et répétez-le chez les végétaux. Déjà les autres structures de l’aménagement peuvent utiliser une couleur ou une texture venant de la structure dominante, habituellement la maison, mais si vous pouvez répéter quelque chose de la maison chez au moins certains végétaux, ce sera encore plus harmonieux. Le plus facile, c’est de répéter une couleur de la maison : des fleurs blanches, par exemple, si votre maison a des éléments blancs, mais parfois la texture joue un rôle similaire : un arbuste à écorce rugueuse peut rappeler une maison couverte de bardeaux de cèdre, par exemple.

5. RECHERCHEZ UN PEU D’INTÉGRATION AVEC LES VOISINS… Nul besoin de répéter ad nauseam exactement le même style d’aménagement que celui de tous vos voisins, mais si tous les terrains de ces derniers sont gazonnés et entourés d’une haie de potentilles, il serait peut-être sage de répé­ ter ces éléments, du moins en façade. Évidemment, vous n’avez pas besoin d’avoir une pelouse qu’il faut tondre pendant trois heures, mais au moins un petit cercle de gazon serait sage. Vous pourriez aussi intégrer une potentille çà et là dans votre bordure d’arbustes, sans en faire une haie si vous n’en voulez pas. De plus, n’oubliez pas que, si votre rue est plutôt habitée par des gens de classe moyenne, il serait mal vu, et peu esthétique, d’installer des fontaines et haies de style Versailles. La modération a toujours meilleur goût, même dans le design !

6. … MAIS SUR LES PARTIES PRIVÉES DE VOTRE TERRAIN Surtout, amusez-vous ! La cour arrière et toute autre partie du terrain non visible de la rue sont à vous et vous pouvez les aménager comme cela vous semble… en respectant bien sûr les règlements municipaux : la plupart n’accep­teront pas de poulailler, si élégant soit-il, ni de tour d’observation du genre tour Eiffel. Mais pour le reste, réalisez vos rêves les plus farfelus, les plus sautés. Terrasse en spirale, pavillon flottant, labyrinthe d’arbustes multi­colores : rien n’est défendu. Ne dit-on pas que chaque humain est roi dans sa propre maison ? Eh bien, bâtissez votre petit royaume personnel dans votre cour arrière !

Les arbustes à feuillage persistant Les arbustes à feuilles persistantes, c’est-à-dire ceux qui gardent leurs feuilles toute l’année, offrent un intérêt particulier parmi les arbustes à feuilles tout simplement vertes. Bien que leurs feuilles ne vivent pas éternellement, elles résistent habituellement pendant au moins deux à trois ans, puis tombent discrè­ tement, à la fin du printemps ou au cours de l’été, lorsque les nouvelles feuilles de l’année sont déjà développées. La plante n’est donc jamais dégarnie. Il ne faut cependant pas croire que les arbustes à feuillage persistant sont toujours « verts ». Très souvent leur feuillage rougit à l’automne pour rependre sa coloration d’origine au printemps, parfois il perd son lustre l’hiver, ou s’en­ roule un peu. Malgré tout, dans un paysage hivernal dominé par des végé­taux dépouillés, quelques arbustes à feuilles intactes sont quand même très appréciés, même si ces dernières sont moins attrayantes. Malheureusement, les jardiniers des régions nordiques ne profitent pas autant des arbustes à feuilles persistantes que ceux des régions à climat plus doux. Leur choix est considérablement limité, car les arbustes à feuilles larges sont principa­lement d’origine tropi­cale ou subtropicale. Parmi les rares arbustes à feuilles persistantes qui résistent au froid, la plupart, tel le thé des bois (Gaultheria procumbens), sont des plantes tapis­san­tes ou très basses qui sont rapidement recouvertes par les premières neiges. Toutefois, la persistance de leur feuillage reste très utile dans l’aménagement, car elles mettent de la couleur en automne et embellissent notamment nos terrains à la fonte des neiges, période où nous apprécions vraiment beaucoup toute autre couleur que le gris. Quelques arbustes à feuillage persistant atteignent une hauteur suffisante pour dépasser la couverture de neige… mais résistent si mal au froid que, pour survivre sans problè­me sous un climat froid, ils doivent être plantés dans des emplacements bien protégés du vent, voire recouverts de jute ou autre pro­tection hivernale… une horreur qui diminue beaucoup leur intérêt pour le jardi­nier paresseux. Parmi les rares ar­bustes à feuilles per­sistantes tout à fait rus­tiques et assez hauts pour voir leur feuillage tout l’hiver, on trouve le rho­ d o­ dendron… mais, il faut cependant choisir les variétés les plus rusti­ques et les planter dans des emplacements jouis­sant d’une certaine pro­tection.

D’accord, le feuillage hivernal tout enroulé d’un rhododendron n’est pas très beau en soi, mais au moins sa couleur vert foncé rehausse l’intérêt de l’aménagement.

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D’accord, son feuillage s’en­roule un peu l’hiver et n’a pas le même lus­tre qu’en été, mais ses gran­des feuilles sur un fond de neige sont inté­ressantes à voir. La suprématie parmi les arbustes à feuillage persistant revient aux conifères, la plupart gardant leurs feuilles en forme d’aiguilles tout l’hiver, au grand plaisir des jardiniers. Il y a bon nombre de conifères très rustiques et très utiles en amé­na­ gement paysager… mais ce sujet dépasse le cadre de ce livre. Donc, si vous dé­si­rez des feuil­les vertes en hiver, les conifères demeurent vraiment le meilleur choix.

Les belles couleurs automnales La plupart des arbustes à feuilles caduques prennent une jolie coloration autom­ nale pour terminer la belle saison avec éclat. Par contre, il y a des exceptions : ainsi la plupart des lilas (Syringa) et des forsythias (Forsythia) dont les feuilles encore vertes tard à l’automne, tombent subitement, presque sans changer de couleur. Certains arbustes sont si jolis à l’automne, que leur coloration automnale n’est plus un simple facteur parmi d’autres dans le choix d’arbustes pour le ter­ rain, mais leur attrait principal. Par exemple, culti­ v erait-on le fusain ailé (Euonymus alatus) s’il demeu­rait vert à l’automne plutôt que de s’habiller d’un magnifique rouge cerise  ? Vous trouverez des renseignements sur les ar­ bustes à coloration au­tom­nale des plus specta­ À l’automne, le fusain ailé ( Euonymus alatus) domine cu­laires dans le chapitre Un facilement le paysage avec sa coloration d’un rouge feu de couleurs à l’automne. intense.

Les arbustes à coloration estivale Certains arbustes n’ont pas un feuillage vert, même en plein été, leurs feuilles étant argentées, bleutées, rouge vin, chartreuse, bicolores ou même tricolores. L’avantage de ces arbustes très colorés est indéniable : ils le sont durant toute la belle saison. Plus du­rables qu’une floraison, ou même une fruc­ti­fi­cation, et ajoutant autant de couleur aux amé­nagements, les feuil­lages colorés méritent une plus grande atten­tion de la part du jar­dinier ama­teur. Cette caractéristique est si prisée que l’on trouve maintenant des formes à feuillage coloré dans presque chaque catégorie d’arbuste, et si un ar­buste n’existe actuel­le­ment qu’en vert, il y a de fortes chances pour qu’un jour, une mutation colorée soit of­ferte

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sur le marché. Plusieurs ar­bus­ tes à feuillage coloré sont décrits dans le chapitre Des feuilles tout en couleurs.

Les feuillages texturés Croire que la coloration est tout ce qui importe dans le feuillage des arbustes serait cependant une grave erreur. Leur forme et leur texture ont aussi beaucoup d’importance. On peut d’ailleurs réussir de magnifiques amé­ nagements com­po­sés unique­ L’un des physocarpes dorés, Physocarpus ment d’arbustes à feuillage vert opulifolius ‘Dart’s Gold’, offre un feuillage moyen, mais saisis­sants par les magnifiquement coloré durant tout l’été. con­ trastes dans la texture des feuilles. Chaque espèce a une feuille distinctive qui facilite son identification, ce qui permet des combinaisons illimitées. Elliptique, ronde, ou cordiforme, arrondie ou pointue, entière, lobée, palmée ou pennée, lisse, duveteuse ou rugueuse, ce ne sont là que quelques-unes des configurations pos­si­bles. Dans l’aménagement, le voi­sinage de plantes à feuilles con­trastantes suscite toujours de l’intérêt. Les plantes à texture fine, à petites feuilles ou à feuilles divi­sées en multiples folioles, créent facilement un arrière-plan qui met en vedette les feuilles plus grosses et de forme con­trastante, à texture grossière. Les plus gran­ des feuilles, surtout celles forte­ ment lobées ou décou­pées, pré­sentent toujours un effet théâ­ tral… et encore plus lors­qu’elles se déta­chent d’un fond de feuilles à texture fine. Pensez « ta­ches de tex­ ture » plutôt que « ta­ ches de cou­ leurs », ré­pé­tez quelques fois ces taches et Les feuilles profondément nervurées, vous aurez rapidement un bel effet, sans vert foncé et au revers gris coton­neux études poussées sur les effets de la texture. de la viorne commune (Viburnum

Les tiges

lantana) sont aussi attrayan­tes que ses fleurs blanches ou ses fruits rouges !

Sous un climat plus tempéré, on peut vraiment préparer un aménagement quatre-saisons dans lequel chaque élément est pensé en fonction de son effet à longueur d’année. Sous les climats nordiques, où la neige vient masquer une bonne partie de nos efforts, c’est moins facile. Par contre, en utilisant des arbustes dont la structure et l’écorce sont décoratives et d’une taille respectable leur permettant de surplomber la neige, vous pouvez au moins égayer votre

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aména­gement l’hiver, même si les lignes les plus marquantes sont quelque peu atté­nuées par la neige. Ces arbustes sont mis en valeur dans le chapitre Attrayants même en hiver.

La forme des tiges

Pensez-y. Même sans ses feuilles, un arbuste a une struc­ ture. La forme évasée, érigée, arrondie, ou autre (voir Les ports les plus ha­bituels à la page 26) et qui donne un si bel effet en été, lorsque l’arbuste est recou­vert de feuilles, est toujours visible l’hiver, notamment dans le cas d’arbustes de grande taille. Une sil­houette en fontaine, par exemple, est particu­ lièrement saisissante sans le feuillage qui la cache. Par contre, la chute des feuilles révèle les défauts de la struc­ture des arbustes, dont les Les tiges tordues du noisetier tortueux (Corylus erreurs de taille : chicots, balais avellana ‘Contorta’) contrastent énormément avec de sorcière, etc. Dans le pro­ les tiges très rouges du cornouiller stolonifère chain cha­pitre, nous étudierons (Cornus serice). la taille plus en détail, mais sachez dès main­tenant que plus vous respectez la forme naturelle de l’arbuste au moment de la taille, plus il sera attrayant l’hiver. D’ail­leurs, les meil­leurs arbustes pour le jardinier pares­seux n’ont que peu ou pas besoin de taille. L’autre révélation hivernale vient des tiges curieusement tordues ou aplaties. Peu visible l’été, cette forme bizarre se dévoile à la chute des feuilles, transformant souvent un arbuste très ordinaire en une espèce de bonsaï… sans taille ! Re­cher­ chez quelques exemples de ces ar­bus­tes « pas comme les autres » dans le cha­pitre Attra­yants même en hiver.

La couleur des tiges

La couleur des tiges des arbustes, pas très voyante en été, devient un facteur de sélection si vous considérez votre aménagement sur plus de trois saisons. D’accord, la plupart des écorces sont brunes ou grises, mais la gamme des teintes est presque infinie, sans compter que quelques arbustes très spéciaux, offrent des écorces d’une couleur étrange : rouge, jaune, orangée, bleutée, blanchâtre, etc. Vous en trouverez quelques exemples dans le chapitre Attrayants même en hiver.

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La texture des tiges

Enfin, la texture rugueuse ou lisse des tiges joue également son rôle dans le jardin hivernal. Certains arbustes ont une écorce s’exfoliant très attrayante que vous pouvez alors utiliser pour améliorer l’aspect de votre terrain en hiver. Cepen­ dant, il est assez courant que les véritables caractéristiques de l’écorce d’un ar­buste ne soient pas apparentes chez les sujets jeunes, mais seulement chez les spécimens totalement matures ; il faut donc être patient !

LE PARFUM, UN DÉLICE POUR LES NARINES

Le parfum est un facteur trop souvent négligé, sans doute parce que l’on ne peut voir que la couleur et la forme d’un arbuste sur une photo ou une étiquette, et qu’il faut quasiment toucher l’arbuste, à la bonne saison, pour l’apprécier. Que l’arôme provienne des fleurs, comme c’est le plus souvent le cas, ou des feuilles, incor­porez dans l’amé­na­gement des ar­bus­tes parfumés à diffé­rentes saisons. Cela suscite tou­jours de l’intérêt et, plutôt que simplement in­vi­ ter à le regarder de loin, aiguil­ lonne la curio­sité du visi­teur pour ses par­fums. Vous trouverez plusieurs exemples d’arbustes parfu­més dans le chapitre Un par­fum envoûtant.

Malheureusement, on ne peut que présenter la pho­to de la daphné camélée (Daphne cneorum) : pour humer son parfum envoûtant, il faut aller au jardin !

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LE BON EMPLACEMENT DE VOS ARBUSTES

L

a devise du jardinier paresseux est simple : la bonne plante à la bonne place ! Dans cette optique, il est très utile de con­ naître la taille, la couleur, le port, la texture, etc. d’un arbuste, mais il manque encore l’essentiel : peut-il survivre dans les conditions offertes sur votre terrain ? En effet, même l’arbuste le plus beau au monde, celui qui convient exactement à l’image idéalisée de votre aménagement, n’a aucune valeur s’il ne s’adap­te pas à vos con­di­ tions de culture. Personnellement, j’adore les palmiers et j’aime­rais bien avoir un beau cocotier en plein centre de ma cour arrière… mais je me contente d’un vinaigrier à feuilles découpées (Rhus glabra ‘Laciniata’), l’arbuste que j’ai pu trouver pour le climat nordique où je vis qui ressemble le plus à un palmier. Pour me consoler, je cultive toutefois sur ma terrasse des palmiers en pot… que je rentre l’hiver.

LA BONNE ZONE AVANT TOUT

Évidemment, le facteur le plus important dans votre choix d’un arbuste est sa résistance au froid, sa rusticité, un sujet déjà discuté dans l’introduction sous le titre Grande résistance au froid. Tout arbuste que vous choisissez doit convenir à votre zone de rusticité ou à une zone de rusticité plus froide, portant un chiffre inférieur, un point c’est tout. D’accord, vous jugez que votre cour arrière bien protégée en zone 4b équivaut à la zone 5a. Parfait ! Pour cette partie du terrain, donc, pensez zone 5a… mais pas zone 6 ! La vérité toute nue, c’est qu’utiliser des arbustes hors zone, c’est aller tout droit vers le désastre ! Et c’est très coûteux, car ces arbustes devront être remplacés un jour, probablement plus tôt que plus tard. En climat nordique, pensez « zone » avant toute autre chose ! Par contre, d’autres facteurs contribuent à l’environnement immédiat de vos arbustes et il faut aussi en tenir compte. Votre sol est-il acide ou alcalin ? Mal drainé, bien drainé ou sec ? L’emplacement est-il ensoleillé ou ombragé ? Voici des questions à se poser avant de se rendre à la pépinière.

LES EMPLACEMENTS ENSOLEILLÉS

Quelle chance ! Vous avez un choix énorme, car dans les régions nordiques, presque tous les arbustes s’accommodent du plein soleil, même ceux pour lesquels on recommande habituellement l’ombre. En effet, la plante qui, dans le Sud, brûle au soleil, s’habitue sans problème au plein soleil du Nord, le facteur limitant étant le plus souvent l’humidité du sol, car généralement, les plantes dites « d’ombre » tolèrent très mal la sé­che­resse. Si votre empla­ce­ment en­soleillé est natu­rel­le­ment humide, vous pouvez y planter ce que bon vous semble.

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Certains emplacements reçoivent 12 heures et plus de lumière par jour : plantez-y ce qui vous plaît !

pouvez choi­sir n’im­porte quoi !

LES EMPLACEMENTS OMBRAGÉS

Mais qu’est-ce qu’un empla­cement « ensoleil­lé » ? 6 heu­ res et plus de plein soleil, selon la définition classique. Dans les faits, les plantes dites « de plein soleil  » s’ac­c om­m odent aussi très bien de 4 heures de soleil par jour, mais leur port sera un peu plus ouvert et leur flo­raison amoindrie. Il n’est pas utile de répertorier les plantes bien adaptées au soleil : vous

Le choix de végétaux est beaucoup plus limité à l’ombre. Plus votre emplacement est ombragé, plus le choix diminue. Calculez que vos plantations sont à mi-ombre lorsqu’elles reçoivent entre 2 et 4 heures de soleil direct par jour, ou reçoivent un éclairage diffus, sous des arbres à rameaux assez ouverts, pendant la plus grande partie de la journée. Elles sont à l’ombre lorsqu’elles reçoivent moins de 2 heures d’enso­ leil­ lement direct ou moins de 6 heures d’éclai­rage dif­fus, si elles sont situées au pied des arbres dont la ramure dense ne laisse pénétrer aucun soleil direct ou si elles sont plantées du côté nord ou nord-est d’un mur ou au­tre structure qui bloque tout rayon de soleil. Souvent les ar­bustes « adaptés » à l’ombre donnent de meilleurs ré­sultats à mi-ombre. Dans les empla­cements ombragés, la plupart des arbustes ont un port plus ouvert et une floraison réduite. D’ailleurs, vous remar­ querez assez rapidement en consultant la deuxième partie de ce livre que les arbustes recom­mandés pour l’ombre sont rare­ment des variétés très fleuries : l’ombre, c’est surtout le royaume des arbustes cultivés pour leur feuillage décoratif. À cette fin, les arbustes à feuillage doré et panaché peuvent rendre de fiers services, car ils illuminent les coins sombres et créent un effet presque équivalent à celui des fleurs. Mais encore faut-il choisir Lorsqu’un emplacement des arbustes dorés ou panachés… adaptés à l’ombre. reçoit du soleil, même d’une intensité réduite Avant de céder à la dépression parce que vous jugez par le feuillage, vous votre terrain trop ombragé, sachez que l’on peut malgré pouvez quand même y cultiver une vaste gamme d’arbustes.

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tout faire de magnifiques aménagements à l’ombre et que, si le choix d’arbustes est moindre que pour les emplacements ensoleillés, il demeure très abon­dant. Voici une courte liste d’arbustes reconnus pour leur excellent compor­tement dans les emplacements ombragés : vous en trouverez d’autres en feuil­letant la section II du livre, notamment dans le chapitre Sous des conditions extrêmes.

ARBUSTES POUR EMPLACEMENTS OMBRAGÉS Les espèces marquées d’un astérisque (*) sont particulièrement bien adaptées à l’ombre très dense. Andromède (Andromeda) Andromède du Japon (Pieris japonica)* Bleuetier (Vaccinium) Buis (Buxus)* Céanothe d’Amérique (Ceanothus americanus) Clèthre à feuilles d’aulne (Clethra alnifolia)* Corète du Japon (Kerria japonica)* Cornouiller (Cornus) (certaines espèces*) Daphné (Daphne) Dierville (Diervilla)* Dirca (Dirca palustris)* Éleuthere (Eleutherococcus)* Fothergilla (Fothergilla) Fusain (Euonymus)* Gadelier (Ribes) Gaulthérie (Gaultheria)* Gaylussacica (Gaylussacica) Hamamélis de Virginie (Hamamelis virginiana) Heptacodium à feuilles de miconia (Heptacodium miconoides)* Hortensia (Hydrangea macrophylla)* Houx (Ilex)* Hydrangée à feuilles de chêne (Hydrangea quercifolia) Hydrangée arborescente (Hydrangea arborescens) Mahonia (Mahonia)* Marronnier à petites fleurs (Aesculus parviflora)* Millepertuis (Hypericum) Noisetier (Corylus) Paxistima de Canby (Paxistima canbyi)* Physocarpe (Physocarpus) Rhododendron (Rhododendron) Rhodotypos (Rhodotypos scandens) Ronce odorante (Rubus odoratus) Sorbaria (Sorbaria)* Stéphanandra incisé (Stephanandra incisa) Sumac aromatique (Rhus aromatica)* Symphorine (Symphoricarpos)* Viorne (Viburnum)*

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LES SOLS MOYENNEMENT HUMIDES

Presque tous les arbustes s’adaptent très bien aux sols bien drainés qui retiennent l’humidité, une combinaison qui peut sembler un oxymoron, mais que tout jardinier comprend très bien. Un sol « humide et bien drainé » est tout sim­ plement un sol ordinaire, qui retient bien l’humidité lorsqu’il pleut ou qu’on l’arrose, mais laisse écouler les surplus d’eau. Inutile de dresser une liste : si votre sol se draine bien, retient assez d’humidité sans se dessécher rapidement, vous pouvez presque y cultiver l’arbuste de votre choix.

LES SOLS TRÈS HUMIDES

Certains emplacements se drainent très mal, et en conséquence, le sol y est presque toujours détrempé. Au printemps, ces emplacements sont souvent noyés pendant quelques semaines, et même en été, des bottes sont quasiment néces­saires pour s’y promener. En général, on trouve de tels emplacements sur les ter­rains bas ou en bordure de l’eau, mais aussi aux endroits où la nature du sous-sol, roche imperméable ou glaise, provoque des surplus d’eau qui ne peuvent s’écouler. Autrement dit, on parle d’un marécage, actuel ou en devenir. Bien sûr, il est possible de corriger les sols très humides par un système de drainage (tuyaux) ou des buttes ou des plates-bandes surélevées. On peut éga­lement creuser un peu et obtenir alors un jardin d’eau ! Par contre, un em­pla­cement détrempé sur au moins une partie du terrain offre des possibilités intéressantes pour cultiver de nombreux végétaux qui préfèrent ou exigent de telles conditions : vi­va­ces, annuelles, ar­bres, conifères et, bien sûr, plusieurs ar­bus­tes. Voi­ci quel­ques sug­ges­ tions d’arbustes qui ado­re­ront votre «  coin humi­ d e  ». Vous en re­trou­ve­rez plu­sieurs dans le cha­ pitre Sous des condi­tions ex­trêmes.

Plusieurs arbustes s’adaptent très bien aux sols détrempés, et même les préfèrent.

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ARBUSTES POUR LES SOLS HUMIDES Andromède (Andromeda) Aronie (Aronia) Aulne (Alnus) Bleuetier (Vaccinium) (plusieurs espèces) Calycanthe (Calycanthus) Cornouiller (Cornus) (plusieurs espèces) Gaulthérie (Gaultheria) Houx (Ilex) (espèces caduques) Kalmia (Kalmia) Myrique baumier (Myrica gale) Rhododendron (Rhododendron canadense, R. viscosa et quelques autres) Saule (Salix) (plusieurs espèces) Sureau du Canada (Sambucus canadensis) Viorne (Viburnum) (plusieurs espèces)

LES SOLS TRÈS SECS

Les milieux très sablonneux ou très rocailleux peuvent, si la nappe phréatique est très profonde, être aussi très secs. Mal­gré la proximité de l’eau, les dunes de sa­ble en bord de mer, par exemple, sont pres­que aussi arides qu’un désert ! Ainsi, sous les arbres à racines peu pro­fon­des, tels les érables, le sol est aussi très sec durant l’été. Enfin, sous les corni­ches des maisons, vous trouvez un sol très sec, car même lorsque les pluies sont très abon­dantes, non seulement l’eau de pluie ne s’y rend pas, mais la chaleur qui se dé­ga­ge de la maison assèche cons­tamment le sol. Habituellement, même dans les sols très secs en été se trouve une certaine humidité au printemps, à la fonte des neiges, et à l’automne lorsque des pluies plus abon­dan­tes sont combinées à une éva­poration réduite due aux nuits plus fraî­ ches. C’est l’été que le problème se pose. Et c’est en­core pire lorsqu’il fait très chaud, car la canicule assèche aussi le sol. Évidemment, vous disposez de plusieurs moyens pour « corriger » un sol sec : une bonne couche de terre riche en humus, re­te­nant bien l’humidité, contribue énor­mé­ment à convertir définitivement un sol sablonneux sec en un milieu nettement plus humide. L’utilisation d’un paillis (voir à la Curieusement, page 89) améliore aussi la capacité de rétention d’eau de presque tous les n’importe quel sol. Enfin, dans les sols vraiment secs où vous arbustes à feuillage argenté, tel ce chalef désirez cultiver une plus vaste gamme de végétaux, il y a argenté (Elaeagnus toujours l’irrigation (page 101). Mais vous avez une option commutata), sont plus facile : plantez dans un sol sec des végétaux qui tolèrent très bien adaptés aux sols très secs. naturellement cette condition.

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La liste suivante contient quelques variétés d’ar­bustes tolérant les sols secs, pré­ cisant même si l’arbuste préfère un em­placement sec ombragé, généralement sous de grands arbres, ou un em­placement sec ensoleillé et généralement chaud, tels les lieux plus dé­couverts. Cependant, même les arbustes tolérant un sol sec préfèrent un peu d’eau à l’occasion. Surtout l’année qui suit la plan­tation, il est très important d’arroser régulièrement, car même les arbustes originaires des sols les plus secs ont besoin d’arrosages régu­liers tant que leurs racines ne sont pas bien déve­lop­pées. Remarquez que plu­sieurs des arbustes tolérant les sols secs sont regroupés dans le chapitre Sous des conditions extrêmes.

ARBUSTES POUR LES SOLS SECS Les espèces marquées d’un cercle plein( ) tolèrent les emplacements ombragés et secs. Celles qui sont marquées d’un cercle vide ( ) préfèrent les emplacements chauds et ensoleillés. Arbre à perruque (Cotinus coggygria) Baguenaudier (Colutea arborescens) Berbéris (Berberis) Buddléia (Buddleia) Caragana (Caragana) Caragana argenté (Halimondendron halodendron) Caryoptaire (Caryopteris x clandonensis) Céanothe d’Amérique (Ceanothus americanus) Chalef (Elaeagnus) Chèvrefeuille (Lonicera) Comptonie voyageuse (Comptonia peregrina) Cotonéastre (Cotoneaster) Cytise (Cytisus) Deutzia (Deutzia)

Éleuthère (Eleutherococcus)

Gadelier doré (Ribes aureum) Genêt (Genista) Heptacodium à feuilles de miconia (Heptacodium miconoides) Lilas à feuilles laciniées (Syringa laciniata) Lilas de Corée (Syringa meyeri) Lilas du Japon (Syringa reticulata) Lilas hâtif (Syringa oblata) Nerprun (Rhamnus) Olivier de Bohême (Elaeagnus angustifolia) Physocarpe (Physocarpus) Potentille arbustive (Potentilla fruticosa) Prinsepia chinois (Prinsepia chinensis) Prunier maritime (Prunus maritima) Pyracanthe (Pyracantha) Rhodotypos (Rhodotypos scandens) Rosier rugueux (Rosa rugosa) Shepherdie (Shepherdia)

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Spirée (Spiraea) (plusieurs espèces) Sumac (Rhus) ( pour certaines espèces) Symphorine blanche (Symphoricarpos albus) Tamaris de Russie (Tamarix ramosissima) Troène (Ligustrum) Viorne (Viburnum) (plusieurs espèces)

LES SOLS ALCALINS, NEUTRES ET ACIDES

En choisissant des végétaux, il est important de connaître le degré d’acidité ou pH du sol, c’est-à-dire, si le sol est acide, neutre ou alcalin. Sur l’échelle de pH allant de 1 à 14, un sol neutre est à 7,0. Un pH supérieur à 7,0 indique un sol alcalin et inférieur à 7,0 un sol acide. Toutefois, si plusieurs produits chimiques peuvent être extrêmement acides ou alcalins, avec des pH de 2 ou 11 pour la plupart, les sols varient de moyennement acides (environ 4,5) à légèrement alcalins (rarement plus que 8,0). À l’intérieur de cette gamme assez restreinte, la grande majorité des sols se situent entre 6,0 et 6,9, donc légèrement acides. La capacité des végétaux d’absorber les éléments nutritifs du sol dépend en bonne partie de son pH, et le niveau préférable pour la plupart des végétaux se situe entre 6,0 et 6,9, exactement le niveau de la plupart des sols. Autrement dit, tout est parfait dans la majorité des cas : si le sol de votre jardin est légèrement acide, comme celui de la plupart des jardins, vous pouvez cultiver la majorité des arbustes sans même vous soucier de l’acidité ou de l’alcalinité. Par contre, plusieurs végétaux qui se sont adaptés aux conditions difficiles, et s’y sont habitués, dépendent d’un sol hors normes, soit légèrement alcalin ou moyennement acide.

Les sols alcalins et neutres

En général, les arbustes « de sol alcalin », aussi appelé « sol calcaire », s’adaptent très bien aux sols légèrement acides, et on peut les utiliser dans la plupart des aménagements sans trop y penser. Par contre, le contraire n’est pas vrai. Les arbustes de sol moyennement ou légèrement acides deviennent chlorotiques : ils jaunissent dans les sols neutres ou alcalins. Si vous savez que votre sol est naturellement neutre ou alcalin, il serait sage d’utiliser des arbustes bien acclimatés à sa condition. Il est évidemment possible d’acidifier un peu plus un sol avec des produits acidifiants, comme le soufre ou la tourbe, mais il a habituellement tendance à revenir peu à peu à sa véritable nature. Mieux vaut respecter Dame Nature et cultiver dans les sols alcalins et neutres uniquement des arbustes qui y croissent bien.

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ARBUSTES TOLÉRANT UN SOL NEUTRE OU ALCALIN (pH supérieur à 7,0) Voici quelques arbustes qui tolèrent, sans nécessairement l’exiger, un sol neutre ou alcalin : Argousier (Hippophae rhamnoides) Buddléia (Buddleia) Buis (Buxus) Caragana (Caragana) Caragana argenté (Halimondendron halodendron) Chalef (Elaeagnus) Chèvrefeuille (Lonicera) Cotonéastre (Cotoneaster) Cytise (Cytisus) (certaines espèces) Deutzia (Deutzia) Forsythia (Forsythia) Fusain (Euonymus) Lilas (Syringa) Millepertuis (Hypericum) (certaines espèces) Olivier de Bohême (Elaeagnus angustifolia) Potentille (Potentilla) Rosier rugueux (Rosa rugosa) Seringat (Philadelphus) Shepherdie (Shepherdia) Tamaris (Tamarix) Troène (Ligustrum)

Les sols acides

Les sols du Nord-Est de l’Amérique sont plus souvent acides que neutres ou alcalins. Et c’est tant mieux pour le choix des végétaux, car un sol légèrement acide est la situation que préfère la grande majorité d’entre eux : vous pouvez planter presque tout ce que vous voulez ! Par contre, certains sols sont plus que légèrement acides : penchant nette­ ment du côté moyennement acide, d’un pH de 4,5 à 6,0. Si à l’origine, votre terrain était couvert de chênes, dans le Sud, ou de pins, d’épinettes ou de sapins, plus souvent dans le Nord, vous risquez fort d’avoir un sol nettement acide. Seule une analyse du sol peut le confirmer avec certitude, car tous ces arbres croissent aussi très bien dans les sols qui ne sont que légèrement acides. Vous pouvez facilement amender un sol trop acide, d’un pH inférieur à 6,0, en y ajoutant des cendres ou de la chaux, un produit minéral peu soluble contribuant à neutraliser l’excès d’acidité pendant de nombreuses années. Par contre, le jardinier paresseux ne se donnera pas la peine d’essayer de « corriger » le pH de son sol « trop acide » : bien au contraire, il en profitera pour cultiver des plantes qui préfèrent les sols moyennement acides, présentant un pH de 4,5 à 6,0, tels les rhodo­den­drons, les houx, les daphnés, etc. D’ailleurs, plu­sieurs des arbustes

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les plus spec­t a­c ulaires de nos amé­n a­g e­m ents préfèrent ou exi­gent même un sol nette­ ment acide. Aussi bien profiter d’un sol naturelle­ ment acide pour les culti­ver ! D’ail­leurs, les sols acides sont si cou­rants et les végé­taux qui y pous­ sent tellement dési­ rables, que nous y consa­crons un cha­pitre de la Section II de ce livre, Dans un sol acide. En général, alors que les plan­ tes « de sol alcalin » tolèrent les sols Une terre moyennement acide est le lieu de prédilection du jardin d’éricacées (plantes de la famille du rhododendron). un peu acides, les arbustes « de sol acide » exigent un sol acide. Dans un sol même légèrement acide (6,1 à 6,9), plusieurs de ces ar­bus­tes ont tendance à jaunir et ne pas donner la performance que l’on attend d’eux.

ARBUSTES TOLÉRANT UN SOL MOYENNEMENT ACIDE (pH inférieur à 6,0) Abélia (Abelia) Andromède (Andromeda) Andromède du Japon (Pieris) Azalée (Rhododendron) Bleuetier (Vaccinium) Bruyère commune (Calluna vulgaris) Bruyère d’hiver (Erica carnea et autres espèces) Clèthre à feuilles d’aulne (Clethra alnifolia) Comptonie voyageuse (Comptonia peregrina) Daphné (Daphne) Enkianthe en cloche (Enkianthus campanulatus) Fothergilla (Fothergilla) Gaylussacica (Gaylussacica) Hamamélis (Hamamelis) Houx (Ilex, espèces à feuilles caduques) Kalmia (Kalmia) Magnolia (Magnolia) Raisin d’ours (Arctostaphylos uva-ursi) Rhododendron (Rhododendron) Thé du Labrador (Ledum groenlandicum)

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LES PRINCIPALES UTILISATIONS DES ARBUSTES

A

près les graminées de gazon, les arbustes sont peut-être, avec les conifères nains, les plus répandus de tous les végétaux utilisés dans les aménagements paysagers modernes des régions tempérées, surtout à cause de leur grande polyvalence. En effet, on peut les employer à presque toutes les sauces ! Sur les grands terrains, on les utilise pour meubler les plates-bandes ou servir de couvre-sols à entretien minimal, tandis que sur les plus petits où les proportions sont très différentes, ils remplacent les arbres auxquels on doit renoncer par manque d’espace. Ils peuvent constituer un fond de scène pour des aménagements plus colorés ou en être les vedettes. Enfin, nul ne peut nier que les jardiniers amateurs sont très influencés par les professionnels de l’aménagement paysager, architectes paysagers et autres concepteurs qui, eux, préfèrent les arbustes et les conifères nains aux vivaces et aux annuelles, non seulement parce qu’ils permettent de créer un aménagement « fini » plus rapidement, mais parce que même les jardiniers les plus nuls réussissent sans peine à maintenir ce type d’aménagement. Mais ce livre n’est pas destiné aux gens qui « achètent » un aménagement paysager clé en main d’un professionnel, mais plutôt aux personnes qui préfèrent s’impliquer davantage sur leur terrain, c’est-à-dire les vrais jardiniers. Voici alors quelques façons d’utiliser les arbustes sur votre terrain.

LA HAIE ET AUTRES BARRIÈRES VÉGÉTALES

Sans doute l’utilisation des arbustes la plus connue est la haie. Mais la « haie » classique, rectiligne et fortement taillée, traversant une vaste pelouse verdoyante, n’est qu’un exemple de ce que l’on peut décrire comme une barrière végétale, laquelle peut cacher une vue indésirable, diviser un terrain en plusieurs parties, devenir toile de fond d’un jardin de fleurs, délimiter un terrain, couper le son ou le vent, et beaucoup plus encore. En utilisant le terme « barrière » plutôt que « haie », on peut oublier l’image de la haie classique, sévèrement taillée, qui n’a pas sa place sur un terrain de jardinier paresseux étant donné l’extrême entretien que sa taille constante impose. Rien n’empêche de mélanger différentes espèces d’arbustes dans une même barrière, en sections plus hautes et plus basses, ou en zones plus larges et plus étroites, de tracer une ligne ondulée ou courbée plutôt que parfaitement droite, etc. J’irai même plus loin, une barrière de compo­sition mixte est supé­ rieure à la « haie » composée d’une seule espèce répétée à l’infini, car trop régu­lière, une haie crée une attente visuelle difficile à soutenir : on s’attend à la perfec­tion, l’égalité totale. Un seul arbuste un peu plus jauni ou quelque peu plus

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chétif, et l’effet est détruit. Au con­ traire, une « haie » conte­ nant une variété de végétaux, variables en hauteur, couleur et texture, remplit bien sa fonction de barrière sans créer d’attente. Les erreurs sont donc moins visibles. Les barrières végétales servent à de nombreuses fins, dont voici un résumé rapide.

Une haie n’a pas besoin d’épouser une forme géométrique, comme ces haies de démonstration.

LE BRISE-VENT

Trois catégories de végétaux font de bons brise-vent : les arbres, les arbustes et les conifères. Leurs tiges ligneuses, solides mais souples, leur permettent géné­ ralement de résister aux pires vents sans se briser, contrairement aux vivaces et aux annuelles qu’ils renversent souvent. Par contre, les conifères et les arbustes à feuilles persistantes ont tendance à brûler sous l’effet des vents très secs de l’hiver. Il faut les utiliser avec discernement. Il reste les arbres et les arbustes à feuilles caduques qui, ayant perdu leurs feuilles à l’automne, s’accommodent de presque tout ce que l’hiver peut leur infliger. Le verglas (page 153) est leur seul ennemi, affectant cependant moins les arbustes que les arbres. Couramment employé à la campagne pour réduire l’érosion et hâter le réchauffement des terres au printemps, à moindre échelle, le brise-vent a aussi son utilité en ville, car il permet la création de microclimats plus chauds où il permet de cultiver des plantes plus délicates ou plus rares, parfois d’une ou même deux zones plus chaudes que celle de la rusticité officielle du terrain. On le place normalement du côté nord, ouest ou nord-ouest, selon le terrain, car dans l’hémisphère nord, la majorité des vents froids viennent du Nord-Ouest. En ville et en banlieue, le vent circulant entre deux maisons est concentré, ce qui augmente sa force : c’est justement à la sortie d’un tel « tunnel » qu’un brise-vent est particulièrement efficace. L’effet d’un brise-vent est remarquable : on estime qu’il protège une aire d’une largeur d’au moins 10 fois sa hauteur, et parfois jusqu’à 20 fois sa hauteur selon sa densité. Donc, avec un petit brise-vent de seulement 1 m de hauteur, vous protégez contre le froid et le dessèchement des végétaux situés sur 10 m ou plus de terrain ! Un brise-vent réduit la force du vent alors qu’une barrière imperméable, tel un mur ou une clôture pleine, fait tourbillonner le vent qui reprend aussitôt sa force.

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Pour comprendre l’effet d’un brise-vent, il faut savoir qu’il tire son efficacité de sa capacité d’absorber la force du vent. C’est en passant au travers les rameaux, en les faisant bouger, que la force du vent diminue. Un mur plein n’absorbe pas cette force ; le vent passe au-dessus ou autour en tourbillonnant et reprend tout de suite avec plus de force qu’auparavant. La preuve de l’efficacité d’un brise-vent est la neige qui s’accumule derrière lui, signe que la force du vent a été diminuée, alors que la neige est emportée de l’autre côté d’une clôture pleine, une belle preuve de l’intensité du vent qui s’y trouve. Pour être efficace, un brise-vent doit être relativement dense, comporter de nombreux rameaux. Les arbustes très ouverts comme le sumac vinaigrier (Rhus typhina) font de piètres brise-vent alors que ceux qui sont à ramure naturellement dense, tels les spirées (Spiraea) et les chèvrefeuilles (Lonicera), sont très efficaces. Comme brise-vent, les conifères sont de beaucoup supérieurs aux arbustes à feuilles caduques, mais leurs aiguilles ont tendance à brûler ou s’assécher du côté du vent si sa force est extrême. Il est alors possible de planter un brise-vent d’arbustes à feuilles caduques du côté du vent, suivi d’un deuxième brise-vent de conifères. L’efficacité du brise-vent se trouve alors doublée : il demeure efficace sur une distance équivalant à environ 20 fois sa hauteur ! De même, un brise-vent élevé protégeant une plus grande surface qu’un brise-vent bas, on peut combiner des arbustes, qui protègent les emplacements près du sol, où les arbres n’ont que peu ou pas de branches, et des arbres plus hauts, ensemble ou en deux rangées. Ainsi un brise-vent de 25 m ou plus de hauteur protège non seulement un terrain de banlieue, mais, étant efficace sur 250 m ou plus, il en protège plusieurs. Dans certaines villes du Grand Nord, c’est d’ailleurs la municipalité qui plante et entretient les brise-vent qui entourent la ville, car en leur absence, personne n’aurait de jardin.

LE MUR INSONORISANT OU COUPE-SON

De même qu’une barrière végétale peut réduire la force du vent, elle peut aussi absorber, du moins en partie, les bruits d’une autoroute à proximité, d’un voisin, des enfants jouant dans une cour d’école voisine, etc. Les branches et les feuilles absorbent tout naturel­lement une partie des bruits désagréables, mais le bruissement des feuilles constitue, en soi, un bruit neutre, « white sound », qui aide à noyer les bruits moins intéressants. En multipliant les végétaux sur un terrain, on augmente ces deux effets. Toutefois, de simples végétaux ne peu­ vent tout faire : si vous vou­lez la paix acoustique, dé­mé­nagez loin de toute ha­bi­tation ou route, cons­truisez un bassin avec une fon­taine chan­ tante… ou met­tez la radio à un poste que vous Les arbustes contribuent à couper aimez (pas trop fort) !

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le son… mais le murmure d’une chute ou d’un tsukubai est encore plus efficace.

LA BARRIÈRE CONTRE LE SEL

L’une des utilisations les plus intéressantes pour des arbustes consiste à prévenir l’éclaboussement des sels de déglaçage sur le terrain. Que ce soit en bordure de mer ou le long d’un chemin où une grande quantité de calcium est utilisée l’hiver, les embruns salins et les éclaboussures des véhicules peuvent se répandre sur le terrain et brûler les végétaux qui s’y trouvent. Peu de plantes tolèrent le sel, les graminées à gazon et la plupart des conifères y étant particulièrement sensibles, mais plusieurs arbustes s’y sont très bien adaptés. Il suffit alors de faire des plantations de tels arbustes en premier plan, près de la mer ou de la route. Le sel se condense sur leurs tiges, protégeant ainsi les plantations de l’autre côté de cette barrière. Bien qu’elle semble peu connue, cette technique n’est pas nou­ velle, puisque de génération en génération, les Gaspésiens ont planté des rosiers rugueux en bordure de mer afin de cultiver ce qui leur plaît du côté sous le vent, sans craindre les embruns. Comment expliquer autrement que par le manque de connaissance de cette caractéristique de certains arbustes, les nom­breuses haies de conifères recouvertes de jute, de géotextile ou de boîtes de bois que l’on voit devant les propriétés en bordure de chemin ? Avec une plantation d’arbustes adaptés aux conditions salines, aucune protection n’est nécessaire.

ARBUSTES RÉSISTANTS AU SEL Les arbustes suivants font d’excellentes barrières contre les embruns salins. De plus, ceux qui sont indiqués d’un astérisque tolèrent aussi les sols salins : donc aucun besoin de lessiver le sol au printemps ! Argousier (Hippophae rhamnoides) Caragana* (Caragana) Chalef argenté* (Elaeagnus commutata) Chèvrefeuille (Lonicera) Cytise (Cytisus) Genêt (Genista) Hortensia (Hydrangea macrophylla) Myrique de Pennsylvanie* (Myrica pennsylvanica) Olivier de Bohême* (Elaeagnus angustifolia) Potentille* (Potentilla) Prunier maritime* (Prunus maritima) Nerprun (Rhamnus) Raisin d’ours* (Arctostaphylos uva-ursi) Rosier rugueux* (Rosa rugosa) Shepherdie* (Shepherdia) Sorbaria (Sorbaria) Sumac (Rhus) Tamaris de Russie* (Tamarix ramosissima) Troène (Ligustrum)

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LA BARRIÈRE POUR CACHER LES VUES INDÉSIRABLES

Voilà une utilisation fort populaire des barrières végétales et où l’on peut véritablement parler d’une haie. Pour ne donner que quelques exemples, on érige de telles barrières à la manière d’un mur pour oublier les voisins, autour des objets strictement utilitaires, telles les poubelles, le composteur ou la ther­ mo­pompe, etc., ou entre le coin de repos et l’aire de jeu des enfants. Le choix des arbustes à haie varie selon les besoins : pour cacher quelque chose au loin, il faut une certaine hauteur et de grands arbustes. À cette fin, l’érable de l’Amour (Acer tataricum ginnala) ou le caragana de Sibérie (Caragana arborescens) sont de bons choix. Plus près, un arbuste de 1,5 ou 1,8 m, tel le fusain ailé nain (Euonymus alatus ‘Compactus’) ou le seringat de Lemoine (Philadelphus x lemoinei), suffit amplement. En fait, il existe des arbustes atteignant tout naturellement la hauteur que vous désirez, de moins de 30 cm à plus de 4 m : vous n’avez qu’à les choisir en fonction de la hauteur dont vous avez besoin.

L’INTIMITÉ

Si les barrières végétales peuvent cacher des vues indésirables, elles peuvent éga­lement vous protéger de la vue des intrus. D’ailleurs, les arbustes cachant les voisins les empêchent aussi de vous voir. Sur votre propre terrain, vous pour­­ riez souhaiter des sections plus ou­vertes à la vue générale et d’autres plus intimes, comme un coin de repos où, occa­sion­­nelle­ment, l’on sou­hai­­te se sous­traire à la vue de tous.

LA MISE EN VALEUR

Ce coin de repos est si bien caché par les arbustes environnants que seul le toit du pavillon est visible.

Il ne faut pas sous-estimer la valeur d’un fond de verdure pour mettre d’autres élé­ments du jardin en valeur, un rôle que remplissent parfai­tement les haies et autres barrières végétales. Pensez aux magnifiques plates-bandes des jardins britanniques qui im­pressionnent toujours, et que l’on se désole de ne pas pouvoir réussir, même en utilisant les mêmes plantes. Nous, Nord-Américains, avons tendance à placer nos plates-bandes devant un tapis de gazon et un horizon bleu, donnant l’impression de ne pas être incorporées au paysage, comme un bateau sur l’eau. Jamais vous ne verrez une plate-bande anglaise qui semble errer dans le paysage, sans trop savoir où elle va. Elle est toujours adossée à un mur ou à des plantations plus hautes, que ce soit une haie libre, une haie taillée, une falaise, une forêt, etc.

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LA BARRIÈRE ÉPINEUSE

Parfois c’est la sécurité que vous recherchez… et les arbustes peuvent répondre à vos besoins. Les arbustes épineux sont nombreux et très efficaces. Dans une étude réalisée en Californie, état où les vols dans les domiciles constituent un problème majeur, on a découvert que les voleurs hésitent plus à franchir une haie d’épineux qu’une clôture surmontée de barbelés, des arbustes piquants à la base d’une fenêtre étant plus efficaces pour éloigner les intrus qu’une mise en garde à l’effet que la maison est protégée par un système anti-vol ! De plus, une barrière d’épineux est plus attrayante qu’un barbelé ou un papier auto-collant !

QUELQUES ARBUSTES AUX TIGES OU FEUILLES ÉPINEUSES Aubépine (Crataegus) Berbéris (Berberis) Caragana (Caragana) (certaines espèces) Cognassier du Japon (Chaenomeles japonica) Éleuthère (Eleutherococcus) Frêne épineux (Zanthoxylum americanum) Houx à feuilles persistantes (Ilex) (certaines espèces) Mahonia (Mahonia) Olivier de Bohême (Elaeagnus angustifolia) Prinsepia chinois (Prinsepia chinensis) Ronce (Rubus) Rosier (Rosa)

LA DÉLIMITATION DES TERRAINS

Voilà l’utilisation la plus populaire pour les haies ! Les belles lignées d’arbustes que l’on voit aux limites de deux terrains aident à « offi­cialiser » la propriété et à repousser les animaux et les ballons de soccer des voisins, du moins un peu, tout en four­nis­ sant une toile de fond contre laquelle le pro­ priétaire peut adosser son aménagement pay­ sager. Ces barrières peuvent être hautes afin de cacher la vue du terrain du voisin et créer de l’in­timité, ou basses pour une division plus psy­­ chologique que réelle lorsque, à sa con­ve­nance, on veut voir à côté, le « paysage em­prunté » des Japonais. Elles peuvent remplacer les clôtures servant essen­tiellement aux mêmes fins. On Cette clôture en perche, insérée ça peut également très agréa­ blement mé­ lan­ ger et là dans une haie libre mixte uti­ clôtures et arbustes, une sec­ t ion de clô­ t u­ re, li­sée comme frontière entre deux quelques arbustes, une autre section de clôture, terrains, sert de « fenêtre » offrant et ainsi de suite. une belle vue sur les sec­teurs les plus jolis du terrain du voisin.

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D’ailleurs, partout dans le monde, ou presque, les gens sentent le besoin de délimiter leur terrain d’une quelconque façon. Rares sont les voisins qui décident de partager leur cour arrière, bien que dans certaines circonstances cette idée puisse être excellente, et habituelle­ment les barrières s’érigent peu après la construction des maisons. Que voulez-vous ? Nul ne peut com­battre la nature humaine et nous semblons avoir un besoin inné de mar­quer notre territoire ! Faut-il préférer une clôture ou une barrière végétale pour délimiter un terrain ? Il est certain que pour des raisons de sécurité, une clôture solide avec porte fermée à clé, que l’on peut toutefois décorer d’arbustes plantés en avantplan pour en réduire la dominance, s’impose autour d’une piscine, mais ailleurs, cela relève surtout des goûts du propriétaire. D’accord, une clôture atteint sa pleine hauteur la première année alors qu’il faut être plus patient avec une haie, mais une clôture vraiment permanente coûte cher. Quant à l’entretien, certaines clôtures, habituellement les plus coûteuses, demandent peu d’entretien, et d’au­ tres en demandent beaucoup. On peut dire la même chose des haies ! Une bonne haie libre ne demande que la suppression des plus vieilles branches aux trois ou quatre ans, mais une haie taillée exige au moins sept à huit tailles au sécateur, tous les ans. Le choix entre une clôture et une haie et un entretien ardu ou mini­ mal est donc vraiment le vôtre. Il est toutefois important de bien s’entendre avec ses voisins avant de planter une haie mitoyenne. Leur idée d’une haie et la vôtre ne s’accordent pas nécessai­ rement ! Habituellement, c’est à celui qui désire la haie de l’entretenir, mais là encore, il faut s’entendre. Rien n’est plus bizarre qu’une haie taillée en carré parfait par un jardinier méticuleux d’un côté, alors que l’autre côté, celui du voisin plus paresseux, pousse naturellement. Remarquez que ni l’un ni l’autre n’ont tort : une haie libre est aussi acceptable esthétiquement qu’une haie taillée, sinon plus, mais les deux dans une même barrière ? Admettons que c’est un peu surprenant ! Mais qui paie pour la célèbre haie mitoyenne ? Il faut encore s’entendre avec les voisins, mais si vous le suggérez… Pour éviter que le voisin ait son mot à dire sur votre barrière végétale, il faut la planter nettement à l’intérieur de la limite de votre terrain. Votre voisin n’aura alors qu’à accepter le résultat.

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Les styles d’aménagements et les arbustes

es arbustes vous facilitent la tâche lorsque vous recherchez un style quelconque à donner à l’une des aires de votre aménagement, car, en fait, ils conviennent à tous les styles, des paysages champêtres (pensez grands arbustes fleuris, tels les lilas ou de plus petits arbustes, des vivaces et des annuelles qui se mêlent librement dans des plates-bandes), aux jardins japonais (où le vert et l’ombre dominent) et aux aménagements résolument modernes (beaucoup de structures, moins de végétaux).

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Il y a déjà une clôture entre votre terrain et celui du voisin… mais vous ne l’aimez pas ? Plutôt que de l’enlever, pensez à la décorer. Une « haie » de votre côté de la clôture est alors une possibilité : des plantes grimpantes peuvent la meubler ou vous pouvez y appuyer une vaste plate-bande qui se termine avec des végétaux ayant la hauteur de la clôture, généralement des arbres, des conifères ou des arbustes. Une haie permet aussi de contourner certains règlements municipaux sur les clôtures. Habituellement, la clôture ne peut dépasser 1,80 m de hauteur à l’arrière et sur les côtés d’un terrain, et souvent aucune clôture n’est permise en façade. Cependant, il est toujours sage de communiquer avec sa municipalité pour connaître les règlements. N’est-il pas curieux qu’en Europe, presque toutes les façades soient clôturées, alors qu’en Amérique du Nord, c’est illégal ? Les règlements municipaux sont généralement muets sur la hauteur des haies, sauf en façade, sur les terrains situés à une intersection, où une haie ne peut habi­ tuellement dépasser 1 m de hauteur, afin de laisser un « triangle de visibilité » pour libérer la vue des automobilistes. Si votre terrain forme l’angle d’une rue, mieux vaut consulter votre municipalité avant de faire quelque aménagement que ce soit, car « votre terrain » ne relève pas entièrement de vous ! Enfin, comme jardinier paresseux, ne songez même pas à planter une haie qui sera éventuellement trop haute et exigera alors une taille régulière juste pour garder sa place. Choisissez plutôt votre future barrière végétale en bonne partie selon la hauteur maximale désirée.

LA DIVISION INTERNE DU TERRAIN

La question de la délimitation de son terrain ne s’arrête pas au contour d’une propriété. Il peut être très intéressant de diviser son terrain en « pièces », à la manière des jardins à l’anglaise, chacune ayant sa propre utilité et son propre thème. Pour que ces beaux concepts, aire de repos, zone de bricolage, potager, terrasse, etc., ressortent davantage, quoi de mieux que de les souligner avec des plantations d’arbustes ou de conifères alignés ? Chacune de ces « pièces » a ses murs végétaux et sa « porte » ou entrée. Dans les aménagements plus sophis­ti­qués, on ne voit que la pièce dans laquelle on se trouve ; l’autre ne se découvrant qu’en franchissant la porte… mais c’est chose difficile sur un petit terrain. Même sur les terrains restreints, on peut toutefois souligner la transition d’une aire à l’autre avec de haies de petite taille. Elles ne ferment pas les pièces complètement, mais comme il faut les contourner pour passer d’une aire à une autre, au moins elles les soulignent.

Planter et maintenir une barrière végétale

La plantation de végétaux pour former une haie ou autre barrière végétale ainsi que leur entretien demandent certaines précisions par rapport à la plantation et à l’entretien de base des arbustes. Vous trouverez ces renseignements au chapitre suivant, La culture des arbustes.

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LE CAMOUFLAGE DE LA FONDATION

Devant les maisons d’autrefois, on ne voyait qu’une pelouse, peut-être un grand arbre, et à la base de la maison, entre la pelouse et le mur, des plantations denses entremêlées d’arbustes et de conifères que l’on appelait « plantations de fonda­ tion ». Les pro­fessionnels de l’amé­nagement ont en horreur les plantations de fon­dation, car ils ont dû travailler ferme pour enseigner aux gens qu’un bel aména­gement concerne le terrain entier, et non pas seulement les assises de la maison. Il ne faut donc pas leur dire que je vous en ai glissé un mot ! Ceci étant dit, je crois que l’époque où même le terme « plantation de fonda­ tion » était quasi­ment à proscrire est révolue et que l’on peut maintenant y revenir quelque peu. Après tout, il y a toujours des éléments moins attrayants que l’on veut cacher sur un terrain, et plusieurs se trouvent à la base de la mai­ son : struc­ture d’un escalier, béton de la fondation, thermopompe, etc. Ap­pelons ces plantations « écrans végétaux en bor­dure de maison », afin que les pay­ sagistes me consi­dèrent avec moins d’horreur. Il n’en demeure pas moins qu’un peu de végétation à la base de la maison n’est pas un crime, et de­vient par­fois une nécessité. Il n’est toutefois pas question de retourner aux plantations trop drues, montant sur la maison et dans la vaste gamme de formes et de couleurs que l’on voyait autrefois. Comme pour toute plantation digne de ce nom, il faut respecter le diamètre des vé­ gétaux à maturité et les espacer Des plantations de fondation mixtes, en conséquence. De plus, plutôt com­portant arbustes, conifères, plantes grimpantes, vivaces, etc., aident à bien que de placer les plantations sous intégrer la maison dans le paysage. la corniche de la maison, où il ne tombe pratiquement aucune pluie, il est sage de les avancer un peu, laissant 45 à 60 cm entre l’arbuste à maturité et la base de la maison. Ainsi, les racines des végétaux ne sont pas directement sous la corniche et reçoivent leur part de la pluie. Évidemment, ceci laisse un vide entre les murs et les premiers arbustes, mais vous pouvez le remplir de paillis ornemental ou de pierre déco­rative. De toute façon, cette partie n’est pas visible de loin, et l’œil est attiré vers la maison et l’aménagement qui l’entoure. Quoi planter près de la fondation ? Les arbustes et les conifères de­meu­ rent un bon choix, mais vous pou­vez aussi utiliser des vivaces, des graminées ornementales, etc. Les plantes couvre-sols vivaces ou ar­bustives créent un très bel effet, si elles sont choisies assez hautes pour la dissimuler. Les arbustes plus élevés conviennent très bien aussi, mais préférez toujours des variétés qui sont moins hautes que les fenêtres, comme le chèvrefeuille de Clavey (Lonicera x xylosteoides ‘Clavey’s Dwarf’), ayant rarement plus de 1 m de hauteur, ou le saule arctique nain (Salix purpurea ‘Nana’). Comme je l’espère, c’est votre maison

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que vous désirez mettre en vedette, évitez donc de multiplier les formes et les couleurs, sinon l’œil se perdra. Un couvre-sol uniforme, rehaussé de deux ou trois arbustes de taille tout au plus moyenne, répétés par petits groupes, peut donner une allure très distinguée qui met la maison en valeur.

LES PLATES-BANDES D’ARBUSTES

Pour plusieurs jardiniers, l’utilisation des arbustes dans l’aménagement commence et s’arrête avec la haie et les plantations de fondation. Mais pour créer un terrain vraiment extraordinaire, ce n’est qu’un début. Pourquoi ne pas incorporer des arbustes dans vos plates-bandes ? Ces bandes de terre géné­rale­ ment plus longues que larges, mais pas néces­sairement étroites et recti­lignes comme elles l’étaient à l’ori­gine, sont presque obli­ga­toires dans les amé­na­ge­ments mo­dernes, et avec raison ! Qui n’apprécie pas un « jardin de fleurs » sur son terrain ? Tra­ dition­nel­lement sur­tout réser­ vée aux her­ bacées, vivaces, bi­­­s an­n uelles, an­n uelles, bul­ bes, etc., la plate-bande mo­derne profite énor­mément de la présence d’arbustes. Ces der­ n iers of­ f rent une hauteur fiable sans tuteurage, con­trai­rement aux grandes herbacées qui sont facilement fauchées par les intempéries. De plus, ils sont visibles à Les arbustes ont autant leur place dans une platebande que les vivaces et les annuelles. l’année, et ne dis­ pa­ raissant pas l’hiver comme c’est le cas des herbacées, garantissent un effet durable. Au surplus, le choix des formes et des couleurs est presque illimité. Et encore plus important peut-être, l’entretien d’arbustes bien choisis est très, très peu exi­geant. Deux options sont possibles : une plate-bande composée uni­quement d’ar­ bus­tes ou une plate-bande mixte.

Que des arbustes Les arbustes offrent une vaste gamme de hauteurs, de largeurs, de ports, de couleurs, etc. Ils peuvent donc, à eux seuls, remplir une plate-bande. Habi­ tuellement on plante quelques arbustes de grande taille à l’arrière-plan, plu­ sieurs variétés de taille moyenne au milieu et, en bordure, des arbustes bas ou des couvre-sols. Par contre, mieux vaut éviter une stricte plantation sur trois rangs (bas, moyen et haut), car elle devient parfois monotone. À la place, brisez occa­sionnellement cet ordre en plaçant un arbuste plus haut en deuxième plan

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ou même à l’avant-plan, et en faisant pénétrer un arbuste bas ou le couvre-sol vers le centre de la plate-bande. Quant à l’arrière-plan, vous créerez un effet plus dynamique si tous les grands arbustes n’ont pas la même hauteur.

La plate-bande mixte Il s’agit d’une plate-bande où se mélangent vivaces, annuelles, bulbes, bis­ an­ nuelles, arbustes et conifères. Souvent les arbus­ tes, généralement plus soli­ d ement dressés que les plantes her­bacées, créent l’arrière-plan, mais vous pou­ vez aussi les utili­ ser ça et là dans la partie avant de la plate-bande. Un arbuste de taille moyen­ ne devient un « tu­ teur » in­té­ressant pour les gran­des her­ bacées, comme le pied-d’alouette (Del­phi­nium) et la rose trémière Rappelez-vous qu’une plate-bande est toujours (Alcea rosea), des plantes qui ont plus jolie lorsqu’elle s’appuie sur un fond tendance à plier ou à casser au quelconque : mur, muret, clôture, haie, forêt, etc. vent. En plantant les her­ bacées derrière un arbuste soli­de, elles sont bien ap­puyées, sans tu­teu­rage. Typiquement, avec le temps, une plate-bande mixte évolue en plate-bande ar­bustive, les plan­tes de plus courte vie cédant la place aux vé­gé­taux plus perma­ nents, tels les ar­bus­tes et les conifères qui s’élar­gis­sent et accaparent tout l’es­pa­ce.

LE MASSIF

On peut aussi utiliser des arbustes en massifs. C’est un jardin ornemental de plantes densément plantées, conçu pour donner l’effet d’un tapis multicolore. Contrairement à la plate-bande, généralement plus longue que large et plutôt rectiligne, le massif est habituellement arrondi ou de forme très souple, souvent isolé du fond de scène, tel un îlot dans une mer de gazon ou de pavés. Pour le massif, on utilise fréquemment des annuelles, car leur floraison abondante assure de la couleur durant toute la saison, mais un massif plus permanent, composé d’arbustes et de vivaces, voire uniquement d’arbustes, est aussi possible, même souhaitable, car son entretien est beaucoup moindre. Dans ce cas, on emploie très souvent des arbustes à feuillage coloré ou des arbustes à floraison par­ti­ culièrement durable pour que le massif demeure attrayant en toute saison. Le massif étant généra­lement conçu pour être vu sous plusieurs angles, on place normalement les végétaux les plus élevés au centre, entourés d’un tapis de plantes plus basses.

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LA MOSAÏQUE

Variante plus contrôlée du massif, une mosaïque est un tableau végétal dessiné avec des plantes. On peut y réaliser des formes de toutes sortes, voire y des­siner une image ou écrire un nom. Habituel­le­ment, la mosaïque se com­pose de plantes an­nuelles à feuil­lage co­lo­ré, mais des arbustes à feuillage coloré sont de plus en plus utilisés, surtout les variétés naines, car recommencer une mo­saï­que tous les ans avec des annuelles est coûteux et exige beaucoup de temps. Avec des arbus­tes, on a la possibilité de créer une mosaïque per­ma­nente. Il exis­ te même des ar­ bustes déve­loppés spé­ci­fiquement pour la mosaïque, telles plu­ sieurs spirées vraiment très peti­tes (Spiraea japonica ‘Green Carpet’, ‘Golden Carpet’, ‘Sparkling Carpet’, etc.). Toutefois, même la mo­saï­ que la plus simple exige une taille régulière pour contrôler L’exposition « Mosaïcultures Internationales de la croissance des vé­gé­taux qui Montréal », présentée pour la première fois en l’an la composent et sou­li­gner ses 2000, a fait découvrir les mosaïques aux NordAméricains. Si élégants et jolis que ces massifs lignes. Ce style de jardin n’est très contrôlés puissent être, l’énorme entretien donc pas recommandé aux qu’ils réclament empêche cependant de les recommander aux jardiniers paresseux. jar­diniers paresseux.

LE PARTERRE DE BRODERIE

Comme la mosaïque, le parterre de broderie, celui-ci du Jardin Quatre-Vents près de la Malbaie, est joli mais non recommandé pour le jardinier paresseux.

Le parterre de broderie est un massif de forme très géométrique, aux lignes très sévères composées d’arbustes ou autres végétaux fortement taillés. Tradi­tion­nel­ lement, on utilisait des arbustes comme le buis (Buxus), la lavande (Lavandula) ou la santoline (Santolina chamaecyparissus) pour tracer des lignes qui s’entre­croisent agréa­ blement, puis on rajoutait des annuelles, des fines herbes ou même tout sim­ple­ ment des pier­res colorées dans les espaces vides. Aucun des arbustes précités n’étant très fiable en région nor­dique, on subs­ titue souvent des formes naines d’épinevinette de Thun­berg (Berberis thunbergii) et des petites spirées (cultivars colorés de

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Spiraea japonica) dans le Nord-Est américain. Il est cependant difficile d’imaginer dans quel contexte un tel style de jardin pourrait convenir à un jardinier quelque peu paresseux, car l’entretien d’un tel parterre exige plusieurs heures de taille par semaine, et à plat ventre ! Mieux vaut visi­ter un jardin public présentant des par­terres de broderie, comme les Grands Jar­dins de Norman­din, plutôt que d’en­­­­­tre­tenir les vôtres  !

LES COUVRE-SOLS

Tout végétal assez bas et dense peut servir de couvre-sol ou de plante tapis­sante. De nombreuses vivaces font des couvre-sols hors pair, dont l’épiaire lai­neux (Stachys byzantina) et le pachy­ sandre (Pachysandra terminalis) ne sont que deux exemples, tout comme les genévriers rampants (Juniperus) qui sont de su­perbes conifères tapissants. On trouve Plusieurs des meilleurs arbustes couvre-sols, tel de si nom­ breux ar­ bustes qui le raisin d’ours (Arctostaphylos uva-ursi), ­sont des sont d’excellents couvre-sols, que plantes indigènes des régions septentrionales de nous leur con­sacrons le cha­pi­tre l’Amérique du Nord. Au ras du sol. On utilise souvent les arbustes couvre-sol pour créer un tapis de verdure à entretien minimal, que l’on peut utiliser dans les endroits où le gazon ne pousse pas car ils sont trop ombragés ou difficiles à maintenir à cause d’une forte pente ou d’affleurements ro­cheux. On les plante aussi dans des emplacements où le gazon pous­se fort bien, mais où l’on ne désire pas passer la ton­deuse pendant tout le week-end. On peut aussi les employer à l’avant-plan d’une plate-bande, dans une rocaille, en bordure d’un muret et dans tout autre en­droit où l’on souhaite une végé­tation basse et dense. Plusieurs arbustes couvre-sols ont un feuillage persistant, garantissant alors une belle apparence de la fonte des neiges printanière jusqu’à l’automne suivant. En plus de fournir de la verdure, certains offrent des fleurs ou des fruits inté­res­ sants, un feuillage coloré ou joliment texturé, ou un port attrayant.

LA ROCAILLE

Une rocaille est essen­tiel­lement un jardin de roches, rehaussé de plantes de petite taille, qui représente un paysage alpin que l’on pourrait trouver en haute montagne. Une plate-bande décorée de roches, mais bon­dée de végétation n’est pas une rocaille pour au­tant : il lui faut cet aspect alpin, voire pres­que lunaire, pour vrai­ment mériter ce nom. On ne s’attend pas à une cou­verture totale de

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végé­ t ation, mais un pay­ sage qui, vu de loin, pa­raît même dénudé de plantes. Le plaisir d’une rocaille, c’est de décou­vrir, en s’ap­pro­chant, qu’elle est par­semée de petits végé­ taux, souvent presque cachés. Plusieurs arbustes con­ vien­nent très bien à la ro­cail­ le, notamment les variétés tapissantes et celles de faible envergure. Par contre, dans une vaste rocaille où de gros­ ses roches dominent, des arbustes de taille moyen­ ne, La rocaille : tout simplement un jardin où les roches voire plus grands, ont aussi dominent. leur place. Pour plus d’au­thenticité, on peut utiliser des arbustes originaires des hautes montagnes ou de l’Arctique, comme le raisin d’ours (Arctostaphylos uvaursi) ou l’airelle (Vacci­nium vitis-idaea), mais aussi des va­riétés d’origine horticole, telles des sélections naines, à feuillage doré ou panaché, etc. Les arbustes de rocaille partagent habituellement leur habitat avec des viva­ ces alpines, souvent avec des conifères miniatures, mais on peut aussi réali­ser une rocaille uniquement composée d’arbustes feuillus.

LES ARBUSTES EN BAC

Il est possible de cultiver des arbustes rustiques en contenant, dans un bac, un panier suspendu, une jardinière, etc., moyennant un petit effort pour les protéger durant l’hiver. Vous pouvez les utiliser pour décorer la terrasse, l’entrée principale, le balcon, etc. Habituellement, afin de déplacer les contenants facile­ ment, on se limite aux arbustes de petite dimension, car il n’est pas question d’y cultiver des lilas français de 3,5 m … à moins de disposer d’un chariot élévateur. N’oubliez pas qu’un arbuste en bac exige des fertilisations et des arrosages plus fréquents que lorsqu’il est cultivé en pleine terre, et un arrosage jusqu’à deux fois par jour par temps chaud et sec. À cette fin, un système d’irrigation goutte à goutte automatisé, avec minuterie, peut être très utile. Vous trouverez des néces­ saires pour l’irrigation goutte à goutte dans les pépinières et les quin­cailleries. Pour la culture en bac, il faut également choisir des arbustes d’une plus grande rusticité que celle recommandée pour votre région, car le froid pénètre plus profondément le sol. Procurez-vous dans ce cas des végétaux plus rustiques d’une zone ou deux que la vôtre. Par exemple, en zone 5, les conditions en con­ tenant équivalent approximativement à celles des zones 4 ou 3, et il faut choisir des végétaux en conséquence. Même alors, une légère protection hivernale est suggérée. Vous pouvez placer le bac près de la fondation de la maison et le

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recouvrir d’une boîte solide, remplie de feuilles mortes ou de papier journal. Ainsi isolés, la plupart des arbustes très rustiques peuvent facilement passer l’hiver. Pour plus de renseignements sur la culture en pot, vous pourriez consulter le livre Le jardinier paresseux : Pots et jardinières.

LE BONSAÏ

Le bonsaï est la version japonaise de l’art oriental de la culture en pot, dont le pendant chinois est le penjing. Avec le temps, ce qui était à l’origine un simple effort pour recréer la nature en pot est surtout devenu la culture d’arbres et d’arbustes nanifiés qui res­sem­ blent, en mi­niature, à de vérita­ bles arbres. Souvent, mais pas tou­jours, le bonsaï représente un arbre tortueux et torturé, battu et poussé par le vent, qui semble Les bonsaïs séduisent à coup sûr, mais ce ne sont âgé de cen­ taines d’années alors pas des plantes pour le jardinier paresseux ! qu’il a parfois moins de 10 ans de véri­table cul­ture. Plu­sieurs ar­bustes rus­tiques sont uti­lisés en bonsaï, tels l’érable ja­po­nais (Acer palmatum), le buis (Buxus spp.), etc., et ces bon­saïs, tout com­me ceux faits de coni­fères rus­tiques, sont donc essen­tiel­le­ment des bonsaïs d’exté­rieur, parfois entrés dans la maison pour une occasion spéciale, mais normalement cul­tivés à l’extérieur. À cette fin, une bonne protection hivernale s’impose, telle que décrite pour les ar­bus­tes en bac. La taille et l’en­tretien des bonsaïs sont très exigeants et acca­parants, et je ne peux guère suggérer au jardi­nier paresseux de s’initier à cet art qui exige presque autant d’attention qu’un bé­bé, donnant une plante qui sera toujours un bébé 50 ans plus tard ! Par contre, si vous êtes déjà un bonsaïste, je vous encourage fortement à devenir un jardinier paresseux pour l’entretien de votre terrain, car les soins que vous devez prodiguer à vos bonsaïs risquent de ne pas vous laisser assez de temps pour vous en occuper.

LE JARDIN EN AUGE

Variante des pots plus tra­di­tionnels, l’auge est un con­te­nant en pierre ou en hy­per­tufe, un mélange de bé­ton, de tourbe et de sable, per­lite, ou vermiculite, etc., qui rappelle les véritables auges en pierre ancien­ne­ment utilisées com­me abreu­ voirs pour les ani­maux. À la dif­férence d’une au­ge abreu­voir, l’auge hor­ti­cole est cependant munie d’un ou de plusieurs trous de drainage. Remplie d’une terre bien drainée, elle reçoit habi­tuellement un jardin alpin miniature, telle une mini-

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rocaille en pot. On y cultive des vivaces alpines, des conifères très nains et aussi quelques-uns des arbustes les plus petits, comme Spiraea japonica ‘Bullata’. Vous trouverez plus de détails sur la culture en auge dans le livre Le jardinier paresseux : Pots et jardinières.

LE JARDIN JAPONAIS

Ce jardin de style oriental est un aména­ ge­ment tranquille, incitant à la méditation. De petits arbustes peuvent partager Les couleurs fortes sont bannies et les une auge avec des plantes alpines. teintes de vert dominent. D’accord, les Japonais s’accordent une courte floraison printanière, mais reviennent ensuite au vert. C’est la rai­son pour laquelle ils font un grand usage d’arbustes de textures dif­féren­tes, en plus de quel­ques conifères et fougères dans leurs amé­na­ge­ments, mais peu de plantes à fleurs. Pour bien réussir un jardin ja­po­nais chez vous, il serait utile de faire la même chose. Sans vouloir donner un cours sur les jardins japonais, sachez qu’on y trou­­ve généra­lement un sentier on­du­ lant en gra­vier ou en pierres pla­tes, de l’eau en mou­vement, un fond de scène qui est habi­tuellement une clôtu­re en bambou et un choix limité de vé­gé­taux, in­cluant notamment un érable japonais (Acer palmatum), espèce arbustive dont les Japonais raffolent particulièrement. Un jardin japonais peut être de toute taille, mais souvent très petit, ce qui est L’eau en mouvement est un élément essentiel du jardin japonais classique. très intéressant pour les citadins !

LES PLANTES VEDETTES

Toute plante peut devenir la vedette d’un aménagement, et même une toute petite plante à feuillage strictement vert sera un point d’attraction majeur si mise en valeur par un pot très fantaisiste dans un environnement relativement austère. Certains végétaux, par contre, semblent nés pour le vedettariat, ce qui est no­tam­ment le cas de plusieurs arbustes. Habituellement, les « vedettes » sont des arbustes qui se distinguent par un port ou une coloration unique. Les arbustes à tiges torsadées, comme le noisetier tortueux (Corylus avellana ‘Contorta’) ou le saule tortueux (Salix babylonica pekinensis

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‘Tortuosa’) notamment, volent toujours la vedette, du moins dans les paysages hivernaux. Les ar­ bus­ tes à feuillage coloré peuvent aussi devenir des ve­det­ tes dans un paysage où l’on se limite aux teintes de vert. Par contre, leur effet sera diminué au milieu d’abon­dantes plantes à feuillage colo­ ré, surtout de teinte simi­laire. De plus, tout arbuste à flo­raison ou à colo­ration automnale remar­quable ris­que de voler la ve­dette, le temps que dure ses coloris. Enfin, les arbustes sur tige (voir la section Comme sur des échasses), au port si excep­tionnel, sont presque toujours Les arbustes sur tige, surtout ceux à port pleureur tel ce caragana (Caragana des vedettes, même sans feuillage. arborescens ‘Walker’), sont presque Utilisez parcimo­ nieusement les nécessai­rement des plantes vedettes. plantes vedettes, sinon leur effet sera diminué. Par exem­ple, un sureau plumeux doré (Sambucus racemosa ‘Sutherland Gold’) aux coloris surprenants, qui semble destiné à faire tourner toutes les têtes, peut sombrer dans l’oubli si de nombreux autres végétaux dorés se trouvent dans les environs. Placez les plantes vedettes là où vous voulez attirer le regard, vers une belle plate-bande ou un jardin d’eau par exemple. Évitez cependant de les placer près des scènes que vous essayez de cacher, telle la boîte de compost ou la thermopompe, sinon les visiteurs ne verront que ces dernières. D’ailleurs, si vous avez des choses que vous désirez soustraire au regard, placez une plante vedette juste assez éloignée pour que l’œil cesse de vagabonder et se fixe sur elle. Ainsi, les visiteurs à deux pas d’une poubelle ne la remarqueront pas, à condition d’y placer des plantes parfumées ! N’oubliez pas non plus que des objets peuvent aussi être les « vedettes » d’un aménagement, comme du mobilier, une statue, une fontaine, etc. Vous pouvez combiner sans problème des points d’intérêt majeurs, fontaine ou gros arbuste très voyant, avec d’autres végétaux assez saisissants mais d’un effet moindre, et l’œil saura découvrir l’effet dominant de l’ensemble. D’ailleurs, n’oubliez pas de toujours combiner des végétaux dont le vedettariat est passager parce qu’alors, lorsque le règne de l’un se termine, celui de l’autre commence. Si votre terrain est divisé en plusieurs « pièces », habituellement vous avez au moins une façade, une cour arrière et peut-être aussi des parties latérales, des vedettes de style très différent peuvent être plantées dans chacune d’elles, à votre guise. Mettez un peu de variété, car, tout com­me dans une maison, l’œil préfère découvrir une ambiance propre à cha­que pièce.

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LA CULTURE DES ARBUSTES

R

ien de plus facile que la culture des arbustes. Il suffit de savoir bien les planter, de connaître quelques détails mineurs sur l’en­ tretien et le tour est joué. Vraiment ? Tenez-vous-le pour dit : le secret de la réussite réside bien moins dans l’entretien que dans la sélection des arbustes. Même planté sur le côté, la moitié de ses racines à l’air, dans un sol de mauvaise qua­lité, sans taille ni entretien, un arbuste survivra pro­bablement et réussira peut-être même très bien… si vous l’avez choisi en tenant compte de sa capacité d’adaptation au milieu que vous pouvez lui offrir. À l’aide des pages précédentes et des fiches appropriées que vous trouverez dans la deuxième partie du livre, choisissez donc d’abord des arbustes bien adaptés à vos conditions : soleil ou ombre, sol humide, bien drainé ou sec, moyennement, légè­rement acide, neutre ou alcalin, etc., dont la hauteur et le diamètre conviennent à vos besoins et aux exigences de votre amé­nagement, et offrant des caractéristiques orne­men­tales que vous jugez inté­ressantes. Vous savez ce que vous voulez ? Bien ! Il est temps d’aller faire vos courses !

L’ACHAT DE BONS ARBUSTES

Il y a principalement deux façons d’acheter des arbustes : en personne et par com­mandes postales. Commençons par la première.

Achats en personne Il y a fort probablement une jardinerie ou pépinière près de chez vous, et peutêtre même plusieurs. Trouvez celles qui ont la meilleure réputation quant à la qualité des plantes et, avec votre liste en main, visitez-les. Dans certains magasins à grande surface, tels que les quincailleries, supermarchés, marchés publics, etc., on vend aussi des arbustes, mais sans vraiment connaître ces produits. Si vous jardinez depuis longtemps, vous savez quoi rechercher et vous pouvez y magasi­ ner sans crainte. Par contre, si vous êtes novice, consultez plutôt un spé­cia­liste qui saura vous conseiller. Vous ne connaissez pas la meilleure pépinière ? Demandez conseil à un voisin qui jardine beaucoup ou à un membre de votre société d’horticulture loca­ le. Ils savent où trouver la qualité. De plus, ils donnent souvent de bons tuyaux sur des « aubaines » intéressantes ou des pépiniéristes peu connus, mais ayant un bon choix d’arbustes inhabituels.

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C

Le meilleur temps pour planter ?

hose qui surprend de nombreux jardiniers, la meilleure saison pour la plan­tation des arbustes est l’automne, normalement en septembre ou octo­bre, ou jusqu’à quatre semaines avant que le sol ne gèle. Il est alors frais et humi­de, ce qui permet à l’arbuste de bien s’enraciner avant l’hiver. La tradition­nelle plan­tation printanière n’est toutefois pas à exclure, mais il faut bien comprendre que si la température monte rapidement peu après la plantation, les racines risquent de s’as­sécher. Un bon paillis et des arrosages réguliers aident à éviter ce pro­blè­me. Enfin, on peut aussi planter les arbustes vendus en pot tout l’été, mais mieux vaut toute­fois exclure les périodes de canicule, très dures tant pour le jar­­dinier que pour une plante faiblement enracinée. Il y a toutefois une exception : plantez toujours au printemps les arbustes à feuilles persistantes et ceux qui sont à la limite de leur rusticité, afin que leur pério­de d’accli­ma­tation soit la plus longue possible avant l’arrivée des vents froids de l’hiver.

Bonnes aubaines Au printemps, mais un peu moins à l’automne, tout le monde s’improvise pépi­ niériste. Même des marchands qui ne peuvent distinguer une potentille d’un pissenlit vendent des arbustes… parfois à des prix défiant toute concurrence. Peut-on s’y fier ? Tout dépend! L’idéal, c’est bien sûr de posséder soi-même quelques con­ naissances. Ainsi, vous êtes en mesure de juger de la qualité des plantes. Par contre, avec la liste de critères qui suit, même un néophyte peut faire une sélec­tion raisonnable. Pensez également que dans les grandes surfaces, telles les quin­cailleries et autres, on vend souvent exactement les mêmes plantes que dans les pépinières et les jardineries, parce qu’ils ont les mêmes fournisseurs : des pépi­nières gros­sistes. Si vous surveillez leurs arrivages et achetez vos arbustes dans les lots nouvellement livrés, vous êtes certain d’obtenir une excellente qualité de plante. Ce que les grandes surfaces arrivent difficilement à faire, c’est de maintenir convenablement les plantes en stock : même si elles arrivent en parfait état, après seulement quelques journées de mauvais traitements, leur qualité diminue inexorablement. C’est encore plus facile de faire un choix convenable lorsque la plante est bien identifiée, portant une étiquette indiquant son nom botanique, sa hauteur et son diamètre éventuels, sa cote de rusticité, ses besoins spéciaux, etc. Les étiquettes faites à la main conviennent si vous achetez d’un spécialiste, car il vous fournit les renseignements dont vous avez besoin. Cependant, si vous, ou le marchand ne parvenez pas à déchiffrer l’écriture, vous avez un gros problème. Voici donc quelques conseils sur l’achat des arbustes, à utiliser chez le spécia­liste et surtout dans les grandes surfaces :

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BONS SIGNES

MAUVAIS SIGNES

Arbuste bien feuillu de la tête au pied.

Arbuste dénudé à la base ou à la croissance généralement dégarnie.

Feuillage uniformément vert partout.

Feuillage jaunissant ou sec, partout ou par endroits.

Feuillage ferme.

Feuillage flétri.

Aucune blessure évidente.

Branches cassées ou arrachées, plaies ouvertes sur certaines tiges.

Vous ne voyez pas d’insectes ou de signes de maladies (examinez les branches, les deux côtés des feuilles et surtout l’aisselle des feuilles). Arbuste solidement ancré dans son pot.

Les feuilles sont trouées, tachetées ou sèches à l’extrémité ; il y a des insectes sur les tiges ou le feuillage ; les feuilles inférieu­res semblent couvertes d’une poudre blanche. L’arbuste « ballotte » lorsque l’on brasse le pot ; les racines semblent faibles.

On peut voir des racines par les trous de Les racines sortent des trous de drainage drainage et elles semblent saines et abon­ et on peut voir qu’elles font le tour du dantes, mais ne font pas le tour du pot. pot, OU on ne voit aucune racine par le trou de drainage et le terreau semble fraîchement placé. Le personnel vous permet de sortir la plante de son pot pour vérifier l’état des racines.

Le personnel s’oppose à ce que vous sortiez la plante de son pot pour vérifier l’état des racines.

À la base de l’arbuste, la surface du terreau Il y a des feuilles mortes, des déchets et des est libre de débris et de mauvaises herbes. mauvaises herbes à la surface du terreau. L’arbuste est bien étiqueté.

L’étiquette est absente ou peu détaillée.

Le personnel semble s’y connaître en horticulture. Les arbustes sont bien présentés et organisés logiquement. L’arbuste est garanti jusqu’au printemps suivant la plantation* ou, mieux encore, jusqu’à 12 mois après l’achat. Curieuse­ ment, les grandes surfaces offrent parfois une meilleure garantie que les pépiniéristes spécialisés !

Vous en savez plus que le personnel. Le lieu de vente est un fouillis total, les arbustes sont sens dessus dessous. Le personnel ne connaît pas les termes et conditions de la garantie sur les arbustes ou la garantie se termine à la fin de la saison en cours.

*Notez bien que toute garantie sur les végétaux, même chez le meilleur marchand de la ville, est limitée. En effet, si vous avez maltraité l’arbuste, ne l’avez pas arrosé, ni planté dans un délai raisonnable, etc., ne vous attendez pas à un remboursement! Et bien sûr, les arbustes hors zone ne sont pas couverts au-delà de la saison en cours (si l’étiquette indique une zone 6 et que vous vivez en zone 4, par exemple).

Un véritable pépiniériste pro­fes­sionnel vous permet, sur demande, de sor­tir un arbuste de son pot pour examiner ses racines. Si la plante est bien cultivée, cela ne le dérange pas. Pour ce faire il suffit de poser une main sur la motte, les doigts autour de la ou des tiges pour bien soutenir la plante, d’inverser le pot, de donner un bon coup avec la pau­me de l’autre main sur le fond du pot pour déta­cher la motte, et tirer pour la sortir. Un arbuste bien Un arbuste en pleine forme et cultivé est garni de correctement em­ poté a assez feuilles de la tête au de racines pour tenir la motte pied et possède un système racinaire solidement, sans qu’une masse bien établi, retenant de raci­nes encercle le pot. Si une bien la terre. bonne partie du terreau tombe, c’est que l’arbuste a été mis en pot récemment et qu’il n’est pas vrai­­­ment prêt pour la vente. Par con­tre, des ra­cines qui tour­nent massi­ Cet arbuste a passé trop temps dans le même ve­ment au­tour du pot sont un indice que la plante a de contenant : il est dé­gar­ passé trop de temps dans ce pot. Que quelques racines ni, sa crois­san­ce est com­ mencent à tourner un peu n’est cepen­ dant pas irré­gulière et sur­tout, un problème. Bien au contraire, à la plantation, vous ses racines trop nom­ tour­nent en pourrez facilement diriger ces racines vers l’extérieur breuses spirale autour du pot. pour assurer un meilleur contact entre la plante et son nouvel environnement.

J

Des plants plus jeunes, s’il-vous-plaît !

e ne comprends pas pour quelles raisons les pépiniéristes n’offrent pas des bou­ tures enracinées ou de jeunes arbustes aux clients avisés. Sauf lorsqu’ils sont difficiles à multiplier, ces très jeunes plants, en pot de 6,5 cm, 7,5 cm ou de 10 cm, encore à plusieurs années de leur maturité, ne devraient coûter que quelques dollars chacun, soit plusieurs fois moins que les arbustes plus établis, ce qui repré­senterait une économie énorme ! Mais les pépiniéristes professionnels semblent croire que tous les jardiniers amateurs désirent de gros plants, ou sont trop incom­pé­tents pour élever eux-mêmes leurs arbustes. À mon avis, ils se trompent roya­lement ! D’accord, certaines personnes veulent des résultats instantanés et sont prê­tes à payer plus cher pour des plantes de bonne taille. Il y aura toujours un marché pour de tels plants ! Mais d’autres jardiniers préfèrent commencer avec de jeunes plants et ont la patience d’attendre les résultats. Actuellement, les jar­diniers « patients » doivent quémander des semences et des boutures de leurs voi­sins afin de préparer leurs propres plants. Une perte nette pour le pépiniériste ! S’il y avait une petite section de jeunes arbustes, arbres et conifères dans les plus grosses pépinières, avec une sélection de variétés intéressantes bien sûr, je suis convaincu qu’ils trouveraient preneurs.

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Taille des végétaux à l’achat Parfois on offre la même plante en deux, voire trois tailles, la plus coûteuse étant bien sûr la plus grosse. Est-il préférable d’acheter des arbustes bien établis ou de jeunes sujets ? Tout dépend de votre bourse. Pour des résultats rapides, achetez les arbustes aussi gros que votre budget vous le permet… mais si vous êtes patient, ou avez de nombreuses années devant vous, vous pouvez économiser énormément avec des arbustes plus petits à l’achat. De plus, les jeunes arbustes s’acclimatent plus rapidement; en un an ou deux, ils dépassent souvent les arbustes plus matures. Habituellement, on trouve en pépinière des potées de 8 l (2 gallons) et plus, mais également d’aussi peu que 2 ou même 1 l avec des arbustes plus petits. Dans le domaine horticole, la grosseur du pot compte souvent plus que son contenu : ainsi vous trouvez des arbustes ayant exactement les mêmes dimen­sions dans des pots de 4 l et de 8 l, ceux de 8 l étant beau­coup plus chers. Un pot ou non ? De nos jours, la plupart des arbustes sont vendus en pot, et c’est peut-être la façon la plus pratique de les acheter, car ils se plantent alors en toute saison, sauf lorsque le sol est gelé ou pendant une période de sécheresse. La plupart de ces « pots de culture » sont en plastique noir recyclé et relativement souple. Sur le plan environnemental, ils sont très intéressants puisque l’on peut les réutiliser encore et encore, et les recycler de nouveau lorsqu’ils ont terminé leur vie utile. Plusieurs marchands acceptent de recycler les pots usagés que vous rapportez et certains vous accordent même une ristourne lorsque vous le faites. Autrefois on voyait beaucoup de pots en fibre ou en papier mâché, mais comme les arbustes qu’on y cultive s’assèchent plus rapidement parce que leurs parois sont perméables, ils ont perdu de la popularité auprès des pépiniéristes détaillants. Si vous trouvez des arbustes qui y sont cultivés, ne les dédaignez pas car leur culture est identique à celle des arbustes cultivés dans des pots en plastique. Par contre, il est préférable d’enlever les pots de fibre et de papier mâché lors de la plantation. Leurs parois étant épaisses, ils n’offrent pas les mêmes caractéristiques que les pots de tourbe mince utilisés pour les petits plants, annuelles et légumes, que l’on peut tout simplement enterrer avec la motte de racines au moment de la plantation. Les pots en fibre et en papier mâché ne se décomposent pas assez rapidement et les racines y restent emprisonnées.

S

Carré ou rond ?

achez qu’à la plantation, il n’y a aucune différence entre un arbuste vendu en pot car­ré ou rond : ces formes relèvent davantage du système d’empotage choisi par le pépiniériste. Vous pouvez donc acheter des plants en faisant abstraction de ce détail.

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Aujourd’hui, on ne trouve que très rarement des arbus­tes vendus dans une motte de terre recouverte de toile de jute, la technique de transplantation qui était pour­tant la plus courante il n’y a que quelques années. On a tellement perfectionné la culture des arbustes en pot dès l’ensemencement, le bouturage ou le greffage, qu’elle est devenue moins coûteuse, ou pas beaucoup plus coûteu­se, que la technique consistant à déterrer un On trouve encore des arbuste en plein champ et à emballer ses racines dans le arbustes emmottés jute. Les arbustes emmottés doivent nécessairement être en pépinière, surtout plantés lorsque les plantes sont en dormance, soit tôt au ceux de grand calibre, mais moins souvent prin­temps ou à l’automne, et leur plantation (décrite à la qu’autrefois. page 84) diffère légèrement de celle des arbustes en pot. Comme les arbustes emmottés, les arbustes à racines nues ne sont disponibles que tôt au printemps ou à l’automne, car il faut aussi les planter lorsqu’ils sont en dormance. Seuls les arbustes les plus solides peuvent être traités de cette façon : ceux à racines fragiles, tels les rhododendrons, ne tolèrent pas d’avoir leurs racines à l’air libre, même en période de dormance. L’avantage des arbustes à racines nues est leur prix bien moindre que celui d’un arbuste de taille semblable en pot, car ils Les arbustes vendus sont légers, faciles à manipuler et prennent peu d’espace à racines nues sont en pépinière, une économie dont le pépiniériste peut of­ferts comme étant alors vous faire profiter. Par contre, de moins en moins un moyen écono­mi­ de pépiniéristes détaillants acceptent de les garder en que de composer une haie. stock à cause des risques de perte si la température se réchauf­fe brusquement ou si les plants ne se vendent pas. Ha­bi­tuellement, seuls les arbustes destinés aux haies se vendent de cette façon, car le coût énorme que représente une haie constituée d’arbustes cultivés en pot fait réflé­chir n’importe qui puisqu’il faut en acheter beaucoup à la fois. Si vous avez la possibilité d’écono­miser en achetant des arbustes à racines nues, tant mieux ! Sachets de semence ? L’ultime économie consiste à partir des arbustes soi-même avec des semences. Sachez cependant que peu de fournisseurs offrent des sachets de semences d’arbustes ou leur choix est limité. Pour en connaître la raison et apprendre à faire des semis d’arbustes, consultez la page 126, mais retenez dès maintenant que les possibilités sont plutôt limitées.

Commandes postales Pourquoi pas ? Personnellement, je commande autant d’arbustes par la poste que j’en achète en pépinière, et je connais beaucoup d’autres jardiniers amateurs qui en font autant, surtout à cause de la disponibilité. Il n’y a pas de véritables

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avantages à acheter des plantes par la poste si vous pouvez trouver exactement les mêmes en pépinière. Mais plusieurs arbustes ne sont pas disponibles au­tre­ ment, ou ne sont pas offerts dans le même format. Par exemple, j’achète rare­ment des rhododendrons dans une pé­ pi­­ nière locale car non seulement le choix est très limité, mais on insiste pour me vendre de gros plants en pots de 8 l à 12 l (2 à 3 gallons) et à fort prix, alors que je préfère des jeunes plants, à petit Les commandes postales permettent prix. Par la poste, je peux trouver des d’obtenir des arbustes plus rares et centaines de variétés de rhodo­dendron, plus petits à des prix raisonnables. dix fois plus qu’à la pépinière, et géné­ rale­ment en pots de 4 l (1 gallon) ou moins, de jeunes plants peu coûteux, comme je les aime. Les arbustes commandés par la poste sont habituellement vendus au printemps, du printemps jusqu’à l’automne dans le cas des arbustes en pot, et livrés au moment qui vous convient, car il vous revient de préciser la semaine de livraison désirée. Je choisis généralement une livraison fin avril ou début mai pour les plantations printanières, afin de mettre les plantes en terre avant que la température ne se réchauffe. N’oubliez pas que vous avez les frais de transport et de manutention à payer, ce qui augmente légèrement le prix indiqué dans le catalogue. Si vous comparez les prix des végétaux vendus par la poste à ceux des plants offerts en pépinière, c’est un facteur à considérer. Vous avez souvent à faire un choix : livraison plus rapide mais plus coûteuse ou livraison standard meilleur marché. Sachant que les envois de ces compagnies se font habituellement le lundi ou le mardi et que les arbustes seront chez vous avant la fin de la semaine, même lorsqu’ils sont envoyés par le moyen le moins coûteux, il n’est pas vraiment utile de payer un supplément pour une livraison rapide, sauf pour les commandes faites à l’extérieur du pays. Autant je suis un enthousiaste des commandes postales faites au pays, autant je dois vous prévenir contre celles faites ailleurs. Non que l’on ne puisse pas en faire, mais le délai de livraison est nécessairement allongé, surtout à cause des douanes et de l’inspection agricole qui étirent le temps de transit. Vous devez être certain de vouloir courir ce risque, car la plupart des producteurs étrangers ne garantissent pas les plantes expédiées à l’extérieur de leur pays. Habituel­lement, les plantes n’arrivent pas mortes, mais un peu moins en forme à cause du transit plus long. Avant de commander à l’étranger, lisez bien le catalogue pour connaître les modalités. La plupart des marchands exigent une commande minimale assez importante, à laquelle s’ajoute la charge pour le « certificat phytosanitaire » ou preuve que la plante a été inspectée par une auto­ rité agricole compétente avant son expédition, exigée par le Canada pour toute commande venant de l’étranger. De plus, vérifiez auprès d’Agriculture Canada

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si un permis d’importation est nécessaire, car au moment où j’écris ces lignes, il ne l’est plus pour les envois venant des États-Unis. Mais avec l’histoire de la fièvre aph­teuse… Malgré tout, je commande régulièrement des arbustes aux États-Unis… mais uniquement les variétés impossibles à trouver au Canada. Pour minimiser les frais de livraison et surtout ceux du certificat, car son prix est le même pour une seule plante ou pour cinquante provenant du même éta­blis­ sement, je place généralement un commande commune avec d’autres amateurs de plantes ra­res afin de partager ces frais. Vous trouverez une liste de quelques catalogues offrant des arbustes à la fin du livre. Commandez durant l’hiver pour une livraison au printemps.

AVANT L’ACHAT

À moins de tomber sur une aubaine inattendue ou d’avoir commandé par la poste, il y a peu de raison d’acheter vos arbustes à l’avance. Il est préférable de préparer la surface à planter, s’il s’agit d’une plate-bande ou autre plantation majeure, et de ramasser tous les outils et matériaux nécessaires pour être certain qu’il ne vous manque rien. Vous pouvez même tracer sur la surface du sol les lignes de votre plan, si vous en avez fait un sur papier, en utilisant de la farine ou de la chaux pour indiquer l’emplacement de vos arbustes et autres plan­tations ou en les remplaçant dans la plate-bande par des roches ou des bri­ques, afin de vous assurer d’avoir bien calculé le nombre de plants requis. C’est ce que vous devriez faire si vous êtes organisé. Personnellement, j’achète souvent mes arbustes au pif et je prépare le site ensuite… mais pourquoi vous entraîner dans mes mauvaises habitudes ? Re­tourner à la pépinière parce qu’il vous manque un plant ou un outil, ou pour essayer de négocier le remboursement d’un plant acheté en trop n’entraîne aucune économie, sans compter que ce ne sont pas tous les marchands qui les reprennent.

AVANT LA PLANTATION

Si pour une raison quelconque, vous avez acheté vos arbustes à l’avance, il faut s’attendre à les entretenir « en attendant ». S’il ne s’agit que d’un délai de deux ou trois jours, placez simplement les plantes en pot à la mi-ombre, sans oublier de les arroser adéquatement. Ce­ pendant, si l’attente est plus longue, les arbustes de plein soleil commenceront alors à perdre leur endur­ cissement au rayons ultraviolets. Pour éviter que cela se produise, placez-les au plein soleil, mais recou­vrez les pots avec du paillis ou autre matériau isolant, car les pots noirs exposés au soleil absorbent énor­mé­ment de chaleur, ce qui peut en­dom­mager les racines situées à pro­ximité des parois.

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Si vous ne pouvez planter les arbustes à racines nues immé­ dia­­tement, placez-les en jauge en attendant.

Le même traitement convient aux arbustes em­mottés… mais sur­veillez l’ar­ ro­sage encore davan­tage, car ils s’assèchent plus rapi­de­ment. Mieux vaut acheter les ar­bus­tes à racines nues immé­diatement avant la plantation, car ce sont les plan­tes les plus fragiles. En pépi­nière, elles sont sou­ vent entreposées dans un lieu réfrigéré jusqu’à la vente, mais il est peu probable que votre frigo soit assez vaste… ou que votre fa­mil­le accepte de se passer de lait et de laitue parce que vos arbustes accaparent tout l’espace. S’il ne s’agit que d’une journée ou deux, vous pouvez tou­tefois les placer à l’ombre dans un emplacement frais si possible, en recou­vrant les racines de jute ou de paillis. Arrosez-les réguliè­rement. Il n’est pas nécessaire de les espacer car les racines d’arbustes serrées les unes sur les autres s’assèchent moins rapidement que lorsqu’elles sont espacées. Vous ne pouvez pas planter vos arbustes à racines nues avant quatre ou cinq jours, voire une semaine ou plus ? Vous devez alors les mettre en jauge, une petite tranchée servant à conserver provisoirement vos plants. Il vous suffit de creuser, dans un endroit frais et ombragé, un trou ou une tranchée d’environ 30 cm de profondeur, d’y placer les arbustes à un angle d’environ 45°, très serrés les uns contre les autres, de recouvrir les racines de terre ou de paillis et de bien arroser. Il faut toutefois les transplanter dans leur emplacement permanent au plus tard lorsque les bourgeons commencent à enfler. Si leur croissance commence vrai­ment, il vous sera difficile de les repiquer sans les endommager. Les arbustes vendus par la poste arrivent parfois en pot. Il suffit alors de les sortir de leur emballage, de les arroser et de les placer à l’ombre pendant quel­ques jours, en les acclimatant ensuite progressivement à l’intensité solaire de leur emplacement final. Cette mini-acclimatation aide la plante à compenser pour la période de noirceur qu’elle a subie dans le transport, car elle y perd un peu de sa résistance aux rayons ultraviolets. Souvent, la plante arrive sans pot, mais emmottée (ses racines sont encore entourées de terre) et emballée dans une feuille de plastique pour conserver l’humidité durant le trajet. Si tel est le cas, enlevez la feuille de plastique, empotez tout simplement l’arbuste, et procurezlui la même acclimatation. Ne le laissez pas emballé dans le plastique, car ce matériau ne permet ni drainage ni circulation d’air. Après l’acclimatation, il suffit de le transplanter en pleine terre.

PRÉPARATION DU SOL

Il n’est pas nécessaire d’amender énormément le sol lors de la plantation des arbustes. Après tout, si en bon paresseux vous choisissez des arbustes adaptés à votre sol d’origine, qu’il soit riche ou pauvre, léger ou lourd, humide ou sec, vous n’avez même pas à y penser ! Par contre, on ne plante habituellement pas un arbuste en isolé sur un terrain vierge ou dénudé. Il se retrouve plutôt en compagnie d’autres végétaux constituant l’aménagement paysager : pelouse, plates-bandes, massifs, etc. Voici un conseil d’un jardinier paresseux à un autre : préparez d’abord votre terrain en fonction des végétaux plus exigeants que sont

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les graminées de gazon, les annuelles, les bulbes, les vivaces, etc., puis, quand tout est à leur goût, choisissez des arbustes convenant à ces nouvelles condi­tions. Si vous souhaitez avoir une belle pelouse, un potager ou une plate-bande d’annuelles et de vivaces, vous devez étendre une couche de bonne terre sur la surface de votre terrain, par-dessus le sol d’origine qui n’est, pro­bablement, qu’une terre de troisième qualité, le plus souvent une terre de remplissage. Ceci est dû au constructeur qui, lors de l’érection des maisons dans les dévelop­ pements domiciliaires modernes, procède en tout premier lieu à l’enlèvement de la couche arable, la « bonne terre » qu’il vend… à d’autres pro­priétaires de terrains dont la couche arable a été enlevée par leur entre­preneur. Un véritable cercle vicieux ! Ce qui reste est le sous-sol, une terre de piètre qualité, impropre à la culture des plantes exigeantes, souvent à base de glaise, de pierre effritée, de sable ou d’un mélange des trois. Chose surprenante, la majorité des arbustes croissent à merveille dans un tel sol : si vous ne désirez que des arbustes et des arbres sur votre terrain, et aucun végétal exigeant, surtout pas de pelouse ou de potager, vous n’avez rien à modifier. Par contre, plus globalement, vous sou­ haiterez fort probablement un aménagement paysager de style moderne, avec pelouse, plates-bandes, etc. Dans ce cas, vous devez remettre en place, sur tout le terrain et non seulement par endroits, une couche arable d’au moins 15 cm de bonne terre, et de préférence de 30 cm ou plus. Sachez que, déposer une couche arable de terre de qualité de plus de 60 cm, c’est l’équivalent de rouler en RollsRoyce, tandis que 30 cm équivaut à un modèle récent de GM et que 15 cm s’est se contenter d’une Lada vieille de 10 ans. Sans aucune couche de terre arable, vous poussez une trottinette, sur une route drôlement cahoteuse !

Ne pas trop « amender » le sol lors de la plantation Jusqu’à tout récemment, peu importe le type d’arbuste, la recommandation générale était d’amender le sol dans chaque trou de plantation, quitte à le rem­placer entiè­re­ ment s’il était vraiment de mauvaise qualité. Le terrain ressemblait alors un peu à un paysage lunaire : un sol de qualité tout au plus ordinaire, parsemé ici et là d’îlots de sol riche et meuble. Et tout devait être pour le mieux dans le meilleur des mondes… Depuis longtemps, il devenait évident que tout ne tournait pas rond suite à l’amendement uni­que­ment du sol du trou de plantation. Cer­tains ar­bustes pour­ rissaient tout sim­plement, malgré les meilleurs soins. D’autres com­men­çaient bien la course mais perdaient de la vites­se en ap­pro­chant de la maturité ou dépé­ rissaient carrément. Ce n’est que vers 1980 que des cher­ cheurs ont com­ mencé à identifier la cause du problème, étudiant des ar­bustes en per­dition : on s’est rendu compte qu’elle était cau­sée par les efforts faits… pour améliorer la terre !

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TERRE PAUVRE, TERRE AMÉLIORÉE Un trou rempli de bonne terre dans un sol générale­ment pauvre, se com­pare à une prison pour la malheu­ reuse plante qui y vit !

On sait main­te­nant qu’un con­traste trop marqué entre la terre de plan­­ta­tion et le sol en­viron­nant est mau­ vais. En effet, il n’y a que peu ou pas d’échange entre des terres dont la texture est trop diffé­rente, cette différence créant quasiment une barrière physique entre elles ; ainsi le trou rempli de terre amendée devient sem­blable à un pot aux parois imper­méa­bles que les racines de l’arbuste ne par­viennent que peu ou pas à traverser. Lors­qu’elles ont rempli tout l’espace disponible, les raci­ nes ont tendance à demeurer prisonnières de cette terre « enri­ chie » et à tourner en rond. Elles finis­sent par s’étouf­fer, d’où le déclin de l’arbuste. C’est pire encore dans les sols glaiseux : non seu­ lement les racines n’arrivent-elle pas à s’évader de leur prison, mais l’eau non plus ; le trou de plantation devient alors une cuve presque imperméable. Lorsqu’il pleut, ne pouvant être évacuée dans un sol naturel­lement compact, l’eau de tout le secteur s’infiltre à tra­vers la terre « amé­ liorée », plus aérée, du trou de plan­ta­tion, et remplit la « cuve ». Com­­me il n’y a pres­que pas de drainage, l’eau de­vient vite sta­gnan­te… et l’arbuste qui y pousse pourrit. Réalisant ce problème, les experts ont recom­mandé pendant un certain temps de déposer au fond du trou une « couche de drainage », du gravier gros­sier pour faci­liter l’évacuation de l’eau, ce qui, bien sûr, n’amé­liore rien, puisque l’eau n’est pas davan­tage évacuée et que les ra­ci­nes y baignent toujours. L’utilisation d’une « cou­ che de drainage » a été vite aban­donnée, même si on en parle tou­jours dans quelques livres datant des années 1970 et 1980. De ces recherches est né une nouvelle méthode de planta­tion qui tarde toutefois à s’imposer, par manque de com­préhension tant du côté des professionnels de l’hor­­­ ticulture que des jardiniers amateurs. Mais la tech­nique convient parfaitement au jardinier pares­seux, car il s’agit de n’apporter aucune amé­lioration au sol au mo­ment de la planta­tion. Il n’y a donc rien à ajouter, ni « terre noire », ni « mélange de plan­tation », ni « tourbe (peat moss) », ni même engrais. Vous plantez directement dans la terre telle quelle, et c’est tout. Ainsi, la terre à l’intérieur du trou équivaut à la terre environnante et les racines quittent librement le trou de plantation pour s’éta­blir tout autour. Au fur et à mesure que l’arbuste grandit, son système racinaire peut suivre, sans être comprimé dans un trou aux parois infranchissables. L’arbuste reprend donc un rythme de vie normal, comme dans la nature où,

PRISON DE BORDEAUX Barrière impénétrable

Dans les sols glaiseux, le trou rempli de « bonne terre » devient semblable à une cuve et se remplit d’eau où, souvent, le pauvre arbuste se noie.

Aujourd’hui, les experts recommandent de ne pas amender la terre du trou de plantation. Ainsi, les racines ne sont pas confinées et courent librement dans tous les sens.

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est-il nécessaire de le signaler, on voit rarement des con­tras­tes très abrupts entre deux types de sol mais plutôt un changement graduel. En effet, Dame Nature n’améliore pas le sol autour d’un seul arbuste en laissant toutes les autres plantes environnantes sur leur faim : elle répartit ses largesses assez librement, telles les feuilles mortes en décomposition, en faisant profiter égale­ment tous les végétaux.

Amender le sol… en douceur Vous craignez que la terre de votre site de plantation soit « trop maigre » pour les arbustes gourmands que vous prévoyez y planter, et comme il n’est pas sage d’améliorer uniquement le sol du trou de plantation pour les raisons expliquées ci-dessus, vous devez donc amender tout le sol environnant. C’est un travail plus facile que vous le pensez. Oubliez la vieille technique du double bêchage pour mélanger la terre d’origine avec les amendements. Elle exige beaucoup de travail… et ne donne pas les résultats escomptés. En effet, on a beau retourner les sols glaiseux, rocailleux ou sablonneux en ajoutant des quantités industrielles de matières organiques, qu’il s’agisse de terre noire, de compost, de terre « de plantation » ou autres, le sol a tendance à reprendre sa forme d’origine assez rapidement, dès que les éléments organiques sont décomposés. C’est donc beaucoup de travail pour des résultats médiocres. De plus, en retournant le sol, vous propagez les mauvaises herbes qui s’y trouvent. C’est la raison pour laquelle un jardinier paresseux retourne son sol le moins possible. Au lieu de retourner le sol, essayez donc de bâtir une nouvelle couche arable au-dessus de la terre existante. Pour cela, délimitez un « lit de plantation » d’au moins 1,5 m de largeur, de préférence 2 m ou plus, pour vos arbustes. Mieux encore, refaites la cour avant ou arrière au complet : après tout, si le sol n’est pas bon à un endroit, il ne l’est sûrement pas ailleurs. Et de plus, pourquoi ne pas faire ce travail qu’une seule fois : quant à rendre votre terrain propice à la culture des arbustes, aussi bien le rendre propice pour la pelouse, le potager, les annuel­les, les vivaces, etc. Ne retournez rien ! Le sol d’origine peut rester en place… en tant que soussol. D’ailleurs, les sols les plus riches au Québec sont formés d’une bonne épais­ seur de 30 cm et plus de terre arable, sur de la glaise presque pure. La glaise, comme le sable ou la roche, en autant qu’elle soit quelque peu drainée*, fait un excellent sous-sol ; c’est uniquement en surface qu’elle cause des problèmes. Pour empêcher les mauvaises herbes présentes dans le sol de remonter à la surface en tra­versant la couche de bon­ne terre, il faut placer sur l’ancien sol une barrière qui les étouf­fera tout en se décom­posant lentement afin de permettre *Votre terre glaiseuse est mal drainée ? La solution du paresseux c’est d’y cultiver les plantes qui aiment un sol humide ! Toutefois, il est compréhensible de ne pas souhaiter avoir un terrain mal drainé partout. Dans ce cas, il faut installer un système de drainage (tuiles, etc.) en surface sur au moins certaines parties de terrain avant de po­ser la couche arable… ou re­haus­ser certaines por­tions du terrain.

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aux racines des végé­taux désirables que l’on y plante de s’en­fon­cer dans le soussol. Person­nellement, j’emploie du pa­pier A. Étalez une couche de papier journal, une épais­seur minimum de trois journal sur la surface. feuilles, mais de sept feuilles ou plus s’il y B. Recouvrez le papier journal de a des mau­vaises herbes très per­sis­tan­tes, 20 à 30 cm de bonne terre. comme la prêle. C’est gratuit. Le carton est efficace aussi et des rouleaux de papier cartonné se vendent spécia­le­ment à cette fin. Il suffit de placer la « barrière décom­posable » sur les végétaux exis­ tants, sans qu’il soit nécessaire d’enlever ou de ramasser quoi que ce soit. S’il vente, mouillez le papier journal pour le faire adhérer au sol. Assurez-vous que les feuilles de papier journal se superposent les unes sur les autres sur au moins 20 cm dans tous les sens afin que les mauvaises herbes ne puissent pas se faufiler dans les interstices. Sans lumière, la plupart des mauvaises herbes, même les plus solides, meurent en moins de 8 semaines, se décomposent rapidement et devien­nent matière organique pour votre sol. Peu après, le papier journal commence à céder à son tour, laissant les racines des végétaux nouvellement plantés s’introduire dans le sous-sol. Il vous faut maintenant une grande quantité de bonne terre, libre de mauvaises herbes, pour éviter de commencer avec des problèmes. Demandez une terre « compostée » à votre marchand, c’est-à-dire une terre qui a été retour­ née à plusieurs reprises pour éliminer les mauvaises herbes. Étendez cette nouvelle terre sur le papier journal. Il faut au moins 20 cm de terre pour planter convenablement des arbustes, car cette couche se tassera après quelques semai­ nes pour diminuer à 15 cm, environ la hauteur d’une motte de racines normale. Avec 30 cm ou plus, c’est encore mieux. Par contre, ajouter subitement plus de 20 cm de terre peut nuire à la santé des arbres et arbustes déjà en place, car leurs racines, alors profondément enterrées, risquent de manquer d’oxygène. Si vous voulez une couche arable de première qualité, sans perdre les arbustes et arbres déjà sur le terrain, bâtissez votre couche année après année, en commençant par une couche de 20 cm. Par la suite, vous pouvez ajouter annuellement une autre couche de 20 cm, ce qui permet aux racines des plantes permanentes de s’ajuster. En effet, lorsque l’on ajoute de la terre sur un jardin, les plantes émergentes produisent rapidement de nouvelles racines plus près de la surface du sol. Idéalement, on devrait ajouter une nouvelle couche arable environ six mois avant la plantation, ce qui donne à la terre le temps de se tasser, mais c’est un détail mineur : vous pouvez poser une nouvelle couche de terre et planter des végétaux la journée même, sans grands problèmes. Pour recréer sans peine une bonne couche arable sur une plate-bande ou un massif :

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Je ne peux m’empêcher d’améliorer le sol !

’habitude d’amender le sol au moment de la plantation est si profondément enracinée chez de nombreux jardiniers, qu’ils ne peuvent s’empêcher de le faire, même en sachant que c’est inutile. Si c’est votre cas, relaxez et agissez com­me d’ha­ bitude… c’est davantage « un gaspillage de temps et d’argent » qu’une « véri­table nui­san­ce », du moins dans la plupart des sols. Il suffit de limiter vos apports d’amen­ dements : deux ou trois poignées de tourbe ou de compost par plante, ça suffit et ne nuit pas. C’est lorsque l’on remplace de l’ancienne terre par de la terre « améliorée » que les choses se gâtent vraiment. Cependant, si vous ajoutez quelques poignées d’amendements au sol, mélangez-les bien avec la terre prélevée pour éviter de créer une texture très différente, donc impénétrable pour l’eau et les racines.

Plantation dans une plate-bande établie Habituellement, on améliore la terre dans une plate-bande ou un massif en la préparant de la manière décrite ci-dessus. Il n’y a donc pas lieu de recommencer si vous décidez plus tard d’y ajouter un ou des arbustes. Il s’agit de tasser tempo­ rairement le paillis, ou même de creuser tout simplement au travers en le laissant se mélanger avec la terre prélevée, d’enlever les plantes occupant cet espace, s’il y en a, et de creuser un trou de plantation selon les indications données dans La technique de base de la plantation. Le sol de votre plate-bande n’a pas été amélioré convenablement et est de piètre qualité ? Je le répète… il est inutile et même souvent nuisible d’améliorer uniquement le sol qui comblera le trou de plantation. Plantez soit des arbustes qui tolèrent les sols pauvres ou amendez tout le sol dans un rayon d’au moins 2 m autour de l’arbuste.

Plantation dans la pelouse Il n’est pas approprié de conserver la pelouse entourant le pied d’un arbuste, car vous risquez de l’éra­fler cons­tam­ ment avec la tondeuse ou le coupebordure à fil de nylon, ce qui brisera les branches ou abîmera l’écorce. D’ailleurs, chez les arbustes, plu­sieurs pro­blèmes de santé com­mencent par un coup de tondeuse ou de coupe-bordure qui ne laisse aucune marque visi­ ble sur l’écorce, mais qui la fait se détacher du cam­ bium, rédui­ sant sa capacité d’ab­sorber l’eau et les éléments nutri­ tifs et offrant ainsi une porte d’en­trée

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Voici une bonne façon d’éliminer un ou des arbustes ! Plutôt que de les abîmer avec le coupe-bordure ou la tondeuse, mieux vaut enlever le gazon à leur pied et le remplacer par du paillis ou une plate-bande.

aux insectes et aux mala­dies. Il est donc préférable de dégager un espace libre de gazon autour du site de plan­tation, d’une di­men­sion égale au diamètre maxi­ mal de l’arbuste, plus 30 cm. Pour faire un rond parfait, plantez un piquet muni d’une ficelle au centre du lieu de plantation. Calculez le rayon du cercle à tracer (i.e, le diamètre de l’arbuste à maturité plus 30 cm, divisé par deux) et au bout de la ficelle de longueur voulue, attachez un couteau. En gardant la ficelle bien tendue, tracez un cercle dans le gazon. Ensuite, découpez le gazon à l’intérieur du cercle et enlevez-le par plaques. Vous pouvez utiliser ces plaques de gazon pour réparer des sections de pelouse morte ou faible ou mettre les plaques de côté dans l’immédiat. Terminez en entourant votre lit de plantation d’une bordure de plastique ou de métal… pour empê­cher le gazon d’y revenir. Pour faire le trou de plantation (voir Comment planter les arbustes) en une seule étape : creusez un peu plus profondément que d’habitude, tournez les plaques de gazon à l’envers et mettez-les au fond du trou de plantation, avant d’y mettre l’arbuste. Elles pourriront en enrichissant le sol. Comme un grand lit de plantation avec un petit arbuste peut sembler exagérément gros pendant quel­ ques années, profitez-en pour y cultiver quelques plantes temporaires (annuelles, vivaces de courte vie, bulbes, etc.) qui lui donneront fière allure jusqu’à ce que l’arbus­ te atteignent ses dimensions finales. Et, comme pour toute plantation, terminez en posant un paillis (voir à la page 91).

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Pour planter un arbuste dans un lieu gazonné, tracez d’abord un cercle au moyen d’un piquet, d’un couteau et d’une ficelle.

Enlevez ensuite les plaques de gazon à l’intérieur du cercle.

N’oubliez pas d’insérer une bordure pour empêcher le gazon environnant d’envahir l’espace dégagé.

Évitez les « îlots à la dérive »

es arbustes de différentes hauteurs créant un fond de scène pour une pelouse verdoyante, voilà qui est très bien, mais pour réduire l’entretien de ces vé­gétaux, il vaut mieux réunir les arbustes en massif ou en plate-bande plutôt que d’en faire des îlots isolés dans une mer de gazon. En tout premier lieu, le temps de tonte augmente pour les contourner, puis cela complique également l’ar­ro­sage et l’irrigation. Facilitezvous la vie et réunissez vos plantations d’arbustes !

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LA TECHNIQUE DE BASE DE LA PLANTATION

Commencez par creuser un trou deux fois plus large que la motte, mais ayant la même profondeur.

Ameublissez légèrement le fond, puis tassez avec le pied

Rajoutez des mycorhizes dans le fond du trou.

Si le sol est glaiseux, grattez les parois pour les ameublir un peu.

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Souvent la plantation d’un arbuste commence… 24 heures avant de sortir la bêche ! En effet, il est plus facile de travailler avec une motte bien humidifiée et dans un sol quelque peu mouillé. Un arrosage la veille s’impose à la fois pour le sol de l’emplacement désiré et pour la plante. Évidemment, il n’est pas nécessaire d’arroser si la pluie ou la fonte des neiges l’a déjà fait pour vous.

La préparation du trou de plantation Le jour de la plantation, ramassez vos outils et maté­ riaux, pelle ou bêche, transplantoir, verge, griffe, cou­ teau, sécateurs, mycorhizes, bordure de plastique, etc.. Si vous plantez plus d’un arbuste, placez chacun d’eux sur son futur emplace­ment pour vérifier l’effet. Avec une pelle ou une bêche, ou un transplantoir si vous avez de très jeunes plants, creusez un trou deux fois plus large que la motte (cet espace supplémentaire facilitera le rem­plissage), mais de la même profon­deur. Mettez la terre à côté du trou et émiettez-la si elle forme des masses solides. Ensuite, ameublissez très légèrement le sol sur une profondeur d’environ 2,5 cm au fond du trou, puis tassez avec les pieds. Ne retournez pas le sol en profondeur, car l’arbuste doit avoir une assise solide pour ne pas bouger. Versez une poignée de mycorhizes dans le fond du trou. Il n’est pas nécessaire, ni même utile, de les mélanger au sol. Au contraire, les mycorhizes réussissent mieux en contact direct avec les racines des arbustes. Si le sol de plantation est très argileux (glaiseux), grattez les parois du trou avec une griffe pour les défaire un peu, car une pelle coupant dans de la glaise a ten­ dance à compacter le sol des parois, ce qui pourrait em­pêcher les racines de s’étendre au-delà du trou. En bri­sant légèrement les parois pour que les racines puis­ sent les transpercer, vous assurerez un meilleur départ à votre nouvel arbuste. Placez la motte au fond du trou pour en vérifier la hauteur : à cette fin, placez un bâton droit sur le trou pour mieux comparer. Dans la plupart des sols, on doit conserver à l’arbuste sa profondeur d’origine ou, mieux encore, le surélever légèrement (moins de 2 cm), en tenant

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Champignons au secours des végétaux

ussi curieux que cela puisse paraître, plusieurs champignons sont bénéfiques pour les végétaux. C’est notamment le cas de champignons souterrains micros­ copiques, appelés mycorhizes. Ils contribuent à une meilleure absorption de l’eau et des engrais par les végétaux et aident à prévenir certaines maladies. Ils sont déjà abondamment présents dans les sols non dérangés et vous n’avez pas à en appliquer si votre terrain est relativement intact. Si c’est une terre de remplissage ou si on a déjà beaucoup remué le sol à cet emplacement, il est fort possible que les mycorhizes soient absents et il est alors valable d’en ajouter. Il faut cependant acheter un mélange de mycorhizes dont l’étiquette spécifie qu’ils conviennent aux arbustes, car selon les types, ils conviennent à différents genres de plants. Enfin, les Éricacées (Rho­do­ dendron, Erica, Calluna, etc.) et plusieurs autres végétaux de milieu très acide ne vivent pas en symbiose avec des mycorhizes : il est alors inutile de leur en donner. Rappelez-vous que parce que les mycorhizes sont des organismes vivants, il est important de conserver le produit dans un endroit frais et sec, entre 4 à 20˚C, et de respecter la date de péremption indiquée sur l’étiquette.

compte du fait que la plupart des arbustes calent un peu après la plantation. Si l’arbuste est légèrement plus haut que dans son emplacement d’origine, l’eau de pluie ou d’arrosage ne s’accumulera pas à la couronne, ce qui aurait eu pour effet de provoquer une pourriture. Tou­te­ fois, dans les sols sablonneux ne présentant aucun danger d’accumulation d’eau autour de la couronne, plan­ tez Placez l’arbuste dans le trou et vérifiez la pro­ l’arbuste de 2,5 à 5 cm plus profond qu’aupa­ra­vant, car fondeur en plaçant un une plantation profonde peut contribuer à un assè­che­ment bâton sur le trou, puis moins rapide des racines. Si l’arbuste n’est pas à la hau­teur ajoutez ou enlevez de désirée, ajustez-la en enlevant ou en ajou­tant de la terre au la terre au besoin. fond du trou, puis tassez légère­ment avec le pied. Si l’arbuste est en pot, il est facile de déterminer la profondeur originale de la motte de racines : elle est éga­le à la surface du sol. Les plantes emmottées ou à racines nues n’ont plus de terre au niveau de la cou­ronne : vous pouvez toute­fois déterminer son niveau selon l’apparence des tiges. La partie auparavant enterrée est plus pâle que la partie de l’écorce qui était ex­po­sée au soleil. Vous voilà prêt à planter ! Comme cette technique varie avec la façon dont l’arbuste a été cultivé, voyons les trois possibilités qui s’offrent à vous.

Plantation des arbustes en pot Pour dépoter l’arbuste, saisissez le conteneur et glissez une main sur la motte, les doigts placés autour de la ou des tiges pour le tenir solidement, puis inversez-le. En tapant solidement sur le fond du conteneur avec la paume de la main, il se

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Plantation d’un arbuste en pot

Dépotez la motte en te­nant l’arbuste soli­de­­ -ment avec une main, puis frappez sur le con­ tenant avec la paume de l’autre main.

Tirez sur les racines en périphérie pour les diriger vers l’extérieur de la motte.

décolle assez facilement et vous n’avez alors qu’à reti­rer le pot. Si le conteneur refuse de lâcher prise, coupez-le délicatement au cou­teau, sans briser les racines à l’inté­ rieur, et écartez les parois. Examinez ensuite les racines. Si elles sont également reparties, tirez tout simplement sur les raci­nes en pour­ tour pour les diriger vers l’extérieur : vous ne voulez pas les encourager à continuer de faire le tour de la motte après la plantation. Cette étape est vitale ! Trop souvent les racines continuent d’encercler la motte après la plan­ tation, et finissent par étouffer la plante. Si, au contraire, l’arbuste a été confiné trop long­ temps dans son pot, ce qui est souvent le cas, les racines encercleront le conteneur en grand nombre. Planté tel quel, l’arbuste risque de s’étouffer en peu de temps, mê­me si vous défaites quelques racines en périphérie. En coupant ces racines qui encerclent, vous forcez l’ar­buste à en produire de nouvelles, sans les contraintes du pot, lesquelles partiront dans tous les sens, comme il se doit. Prenez alors un couteau et entaillez la motte, de haut en bas, sur quatre côtés, à une profondeur égale au quart du dia­mè­tre de la motte. Tirez ensuite sur les ra­cines pour enlever celles qui sont sectionnées et répar­tir les autres tout autour de la motte. Comme une partie de la terre risque de tomber durant cette manœuvre, il peut être nécessaire de rajouter un peu de terre dans le fond du trou pour garder la motte à la bonne profon­deur. Placez maintenant votre arbuste dans le trou de plan­­­tation… et passez à l’étape suivante, Remplissage du trou de plantation. les arbustes qui ont été cultivés dans

Plantation des arbustes emmottés Placez l’arbuste aux racines libérées au centre du trou.

La motte des arbustes emballés dans le jute (emmottés) se compose d’un mélange de racines et de terre : elle n’est pas aussi égale que la motte parfaitement moulée de l’arbuste en pot. De plus, les racines extérieures peuvent être séchées ou endommagées. Détachez le jute et faites une bonne inspection, taillant les racines montrant des problèmes. Il ne faut pas avoir peur de le faire, car la plupart des arbustes tolèrent que l’on supprime jusqu’à la moitié de leurs racines sans réagir. Un peu de taille stimule même la production de nouvelles racines ! Avant de placer l’arbuste dans son trou, faites une

Pour les arbustes dont la motte est presque complè­tement masquée par des racines, entail­lez la motte de haut en bas sur les quatre côtés, puis tirez sur les racines pour éliminer celles qui sont coupées et pour étirer les autres vers l’extérieur.

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petite motte de terre bien tassée au centre, puis placez l’arbuste dessus. Cela vous permet d’étendre un peu les racines, non seulement autour de la motte, mais aussi vers le bas. Ensuite, centrez la plante dans le trou. Autrefois on recommandait aux horticulteurs de ne pas enlever le jute mais de simplement dégager les tiges. C’était à l’époque où le jute était encore composé de fibres naturelles et se décomposait rapidement en contact avec le sol. De nos jours, il y a d’excellents « ju­ tes » en plastique, que les pépiniéristes préfèrent d’ailleurs, parce qu’elles sont plus résistantes et se dis­ tinguent difficilement du vrai jute. Mais ces textiles ne se décomposent pas et, laissés en place, finissent par étran­gler les racines des végétaux. Il faut donc essayer d’enlever le jute. Si l’arbuste est peu lourd, il est facile d’enlever le jute en le détachant et en levant l’arbuste, sinon, on bascule la plante complètement sur le côté, on baisse le jute jusqu’à son pied, puis on pousse l’arbuste complètement du côté opposé pour dégager le jute complètement. Pour des arbustes très lourds, il n’est cependant pas toujours facile d’enlever complètement le jute. Plutôt que de risquer de briser la plante, coupez et enlevez le jute sur le dessus et les côtés de la motte et laissez le fond. Passez maintenant à l’étape remplissage du trou de plantation.

Plantation d’un arbuste en motte

Placez la motte sur un petit monticule au centre du trou de plantation.

Défaites les liens, étendez le jute et taillez toute racine endom­magée.

Plantation des arbustes à racines nues Centrez l’arbuste sur un monticule de terre, vérifiez sa hauteur et étalez les racines autour de ce monticule. Les arbustes à racines nues sont encore plus sus­ ceptibles d’avoir des racines desséchées ou brisées que les arbustes emmottés. Avant la plantation, taillez toute racine endommagée. Il est plus difficile de planter un arbuste à racines nues correctement, car il n’offre aucune surface plane pour l’appuyer au fond du trou, et il a alors tendance à descendre sous le niveau du sol après quelques arro­sages.

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Sus aux racines étrangleuses ! upprimer les racines qui encerclent assure longue vie à votre arbuste !

Pour enlever le jute, penchez la motte sur un côté et enroulez le tissu le plus loin possible sous la motte.

Puis, en penchant la motte de l’autre côté, tirez-le tout simplement.

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Si la motte est trop difficile à bouger, coupez et enlevez tout simplement le plus de jute possible.

Un truc qui réussit souvent bien consiste à former au centre du trou un monticule conique plus gros que lors de la plantation d’un arbuste emmotté, et de bien le tasser avec le pied. En plaçant la base de l’arbuste sur la pointe du monticule, dont vous ajusterez la hauteur au besoin, vous pouvez étaler les racines tout autour et aussi vers le bas, ce qui aide à le fixer. Cependant, il vaut mieux tou­ jours tenir ces arbustes d’une main lors du remplissage du trou, sinon ils glissent vers le fond. Il ne vous reste plus qu’à remplir le trou de plan­ tation.

Tuteur ou pas ?

Plantation d’un arbuste à racines nues

Si l’arbuste a besoin d’un tuteur, insérez-le dans le sol à côté de la motte, ou entre les raci­nes dans le cas des arbus­tes à raci­ nes nues uniquement, avant de rem­plir le trou. Fixez l’arbuste au tuteur seulement après avoir comblé le trou.

L

Normalement, ce serait à cette étape, juste avant de rem­ plir le trou, qu’il faudrait poser le tuteur… mais un tel support est rarement nécessaire pour les arbustes. Ce sont plutôt les arbres qui ont besoin de tuteur, car sou­ vent ils sont mal équilibrés et ont tendance à pencher. Un tuteur peut cependant être utile pour les très grands ar­bustes, surtout ceux à racines nues ou ceux ayant plus de 2 m au moment de la plantation. Dans un empla­ cement très ven­teux, comme au bord de la mer, un tuteur peut être aussi nécessaire, même pour les arbustes de plus petite taille, car ils risquent d’être poussés sur le côté. Si vous jugez bon de mettre un tuteur, enfouissez-le soli­dement au fond du trou, du côté du vent, juste à l’ex­ té­rieur de la motte ou, dans le cas d’un arbuste à racines nues, entre les racines. La hauteur du tuteur devrait avoir au moins la moitié de celle de l’arbuste. Fixez l’arbuste à son tuteur au moyen d’une attache soli­de, non cou­pante. Habi­tuellement, le tuteur n’est re­quis que pendant les pre­miers douze mois suivant la plantation.

Mais où est l’engrais ?

es jardiniers ayant l’habitude d’enfouir de l’engrais dans le trou de plantation doi­ vent maintenant s’inquiéter. À quel moment l’applique-t-on ? En fait, seu­lement à la fin de la plantation, et même là, son emploi est strictement facultatif. Appliquer de l’engrais ralentit le processus de plantation, car il faut le mélanger au sol pour éviter qu’il ne brûle les racines des arbustes par contact. Mieux vaut alors l’appliquer seulement en surface, où il ne présente aucun danger de brûlure.

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Soins spéciaux pour les arbustes « gréffés au pied »

ous un climat froid, il faut toujours planter les arbustes greffés au pied en recou­ vrant de terre le bourrelet (boursouflement à l’endroit où la greffe a été pratiquée) de 2,5 à 5 cm de profondeur. On le fait pour protéger le point de greffe des actions néfastes du gel et du dégel et pour encourager l’arbuste à « s’affranchir », c’est à dire former ses propres racines. Ainsi, advenant le cas où le haut de l’arbuste est en­dommagé, il peut émettre de nouvelles tiges à partir de la base. Si le point de greffe n’est pas enterré et que l’arbuste ne s’affranchit pas, la variété greffée pour­rait mourir si elle est endommagée et c’est le porte-greffe, habituellement une variété moins désirable, qui repousserait. Habituellement, les arbustes greffés au pied, comme certains lilas, ont déjà été plantés à une profondeur appropriée en pépinière et vous n’avez alors qu’à les planter de la façon habituelle. Par contre, parfois les pépinières reçoivent des arbustes destinés à un climat plus tempéré et le bourrelet est alors exposé à l’air. Il arrive que pour économiser lors de l’achat, vous achetiez de très jeunes arbustes greffés qui n’ont pas encore été plantés au niveau nécessaire. Si vous voyez le bour­relet exposé ou partiellement enterré, ajustez la profondeur de plantation pour le recouvrir de 2,5 à 5 cm de terre.

Par contre, les arbustes sur tige ont presque toujours besoin d’un tuteur… à la plantation et souvent pour le reste de leur vie ! Pour en apprendre davantage sur l’uti­ lisation des tuteurs dans ce cas, à venir dans la section II, Com­me sur des échasses !

Et pour finir la plantation…

Remplir le trou de plantation Lorsque l’arbuste est bien en place dans son trou avec ou sans tuteur, commencez à remplir le trou autour de l’arbuste avec la terre prélevée. Pour les arbustes à rac­i­ nes nues, il est important de bien faire pénétrer la terre jusqu’au centre de la masse de racines avec les doigts ou une baguette pour s’assurer de ne laisser aucun vide. Une fois que le trou est à demi rempli, tassez bien avec le pied pour éliminer les poches d’air, en évitant toute­fois de compacter le sol au point de briser les racines. Arro­sez abondamment et laissez le trou se drainer. Cet arro­sage à mi-chemin assure une bonne part d’eau à toutes les racines, et non seulement à celles qui sont en surface. Ensuite, comblez le trou complètement et tassez de nouveau avec les pieds, et arrosez généreusement de nouveau. Avant ce dernier arrosage, si le sol est léger ou sablonneux, formez une cuvette (beigne) de terre

Remplissez le trou à moitié et tassez.

Arrosez généreusement.

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Remplissez complè­te­ ment et tassez. Formez une cuvette autour du trou.

Arrosez généreusement.

Une cuvette perma­ nente entourant un arbuste installé dans une pente peut être utile pour retenir l’eau de pluie et d’irrigation.

haute d’environ 10 à 15 cm le long du périmètre de la motte de racines, puis remplissez-la d’eau. Cela assure qu’une quantité suffisante d’eau arrive aux racines, tel un mini-réservoir d’eau. Formez une digue similaire, mais en demi-cercle, en aval des arbustes plantés dans une pente. Cette cuvette est utile pour les arrosages au cours de la première saison et la deuxième année, vous pouvez l’éliminer en râtelant, car l’arbuste sera alors solidement enraciné et ne nécessitera pas plus d’arrosages que les plan­tations environnantes. Dans une plantation en pente, notamment dans un sol déjà naturellement sec, une petite digue plus perma­ nente aidera à retenir l’eau de la pluie qui, autrement, dé­vale la pente sans pénétrer dans le sol. Habituellement les arbustes en conteneur et emmottés conservent le bon niveau durant la plantation parce qu’ils bénéficient d’une assise solide. Par contre, les arbustes à racines nues, moins stables, calent légère­ ment. Si cela se produit, au moment où le sol est encore très humide, tirez délicatement sur la tige principale ou une branche solide pour remonter la plante et tassez de nouveau le sol avec les pieds pour solidifier le tout. Avant les dernières étapes de la plantation, la taille et l’application d’engrais et de paillis, finissez les autres plantations de la journée ou même de la saison, car il est plus important de mettre des arbustes en terre rapi­de­ ment, et encore plus s’il s’agit d’arbustes à racines nues, que de procéder aux touches finales de la plantation. Pour compléter… Quand toutes vos plantations de la journée ou de la se­maine sont terminées, il ne reste que trois étapes : la taille, la fertilisation et le paillage.

La taille après la plantation Autrefois, on recommandait de toujours réduire du quart la longueur des bran­ ches des arbustes à la plantation pour « compenser les dommages causés aux raci­nes ». Aujourd’hui, nous savons qu’il est rarement nécessairement de tailler aussi sévèrement. D’ailleurs, si l’arbuste est en parfait état, mieux vaut ne pas tailler du tout ! Par contre, il est assez courant qu’un arbuste soit quelque peu endom­magé au cours du transport ou de la plantation et de plus, c’est un bon moment pour corriger tout défaut de structure possible. Pour apprendre à tailler, allez à la page 113. Il vous suffit pour l’instant de couper, selon les méthodes montrées, toute branche cassée, abîmée, malade ou

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morte, les pousses faibles ou en réversion, ainsi que les rameaux qui se croisent et risquent de frotter l’un sur l’autre.

La fertilisation après la plantation Vous vous demandez sans doute s’il est nécessaire d’appliquer de l’engrais aux arbustes nouvellement plan­tés. Après tout, on sait que les racines se déve­lop­ pent davantage en présence de certains nutri­ments, notamment le phosphore (le deuxième des trois chif­fres). Par contre, trop d’engrais, trop rapi­dement, peut empêcher les mycorhizes (voir à la page 83) de se fixer aux racines. Une solution consiste à épandre après la plantation, sur la surface de terre fraîchement remuée, un engrais biologique à dissolution lente, ri­che en phos­phore mais faible en azote. Il n’est pas né­ces­saire de le faire pénétrer, car la pluie et les arrosa­ges s’en char­ geront, et de toute façon, l’engrais se trouve « en­ter­ré » après l’application du paillis. Ne l’utilisez jamais à la concentration indiquée sur l’étiquette, mais réduisez-la de moitié, pour éviter que les racines se concentrent uniquement près de la base de l’arbuste afin de profiter du milieu exagérément riche dans cette zone. Ceci dit, personnellement, je n’applique jamais d’engrais à la plantation, jugeant que 1, les sols sont gé­né­ralement riches en phosphore de toute façon, et 2, les mycorhizes que je viens d’appliquer colonisent rapidement les racines et vont chercher ce phos­phore dans le sol. De plus, comme j’applique régu­ lièrement des paillis organiques à décom­ Appliquez maintenant un position assez rapide, le sol se trouve adéqua­te­ment engrais à disso­lution lente. fertilisé sans autre inter­vention.

Du paillis, s’il vous plaît L’un des grands secrets du jardinage « en toute paresse » est l’utilisation de paillis biologique. Peu importe le type de plantation, appliquez toujours un paillis. Dans un milieu naturel, il suffit de tasser temporairement la litière forestière durant la plantation et de la remettre ensuite. Dans les autres cas, il faut généra­ lement importer un paillis. Un paillis d’une épaisseur de 8 à 10 cm est parfait pour les arbustes, mais parfois un peu trop épais pour des plantations mixtes comportant de petites plantes, lesquelles se contentent d’un paillis de 5 cm ou même moins. Des études indiquent que seulement 1 cm de paillis favorise la croissance des plantes… mais sans toutefois contrôler les mauvaises herbes ! DES AVANTAGES Ce livre n’a pas pour but de faire l’éloge des paillis ou d’indiquer les applications de chaque type. Voici cependant une courte liste des avantages qu’ils procurent :

• sol humide plus longtemps sans être détrempé, ce qui réduit ou élimine les besoins d’arrosage et d’irrigation ; • feuillage plus propre puisque les pluies ou les arrosages ne peuvent alors faire rejaillir des particules de terre sur l’arbuste ;

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• moins de maladies foliaires, habituellement transportées sur les feuilles par le rejaillissement de la terre sous l’effet des gouttes d’eau ; • feuilles mortes et autre détritus fondus dans les paillis organiques, donc aucun besoin de ramassage ; • érosion réduite ; • sol enrichi par la décomposition naturelle d’un paillis organique, éliminant souvent le besoin d’engrais ; • réduction des mauvaises herbes, et lorsqu’elles apparaissent, plus faciles à arracher ; • sol toujours meuble, même lorsqu’une personne marche sur le paillis ; • aucun durcissement ou fissuration des sols glaiseux ; • sol toujours plus frais l’été et plus chaud l’hiver, au grand bénéfice des racines ; • réduction du déchaussement causé par le gel et le dégel.

… ET DES INCONVÉNIENTS Par contre, il faut admettre que les paillis causent aussi certains inconvénients :

• chute temporaire possible du taux d’azote dans le sol après l’application d’un paillis frais, notamment la sciure du bois fraîchement prélevée, et jaunissement de certaines plantes en l’absence de fertilisant. Il est à noter que le taux d’azote remonte après quelques mois. Cet inconvénient peut être évité par l’utilisation d’un paillis partiellement décomposé, tel un « paillis forestier » ; • plus grande humidité des sols déjà trop humides, nécessitant le choix d’arbustes bien adaptés pour ces sites très particuliers ; • réchauffement plus lent du sol au printemps, entraînant un retard dans la floraison. Souvent un mal pour un bien, car il prolonge la dormance des plantes, et protège des gels tardifs les plants qui débourrent trop hâtivement ; • pourriture possible. Si le paillis réduit généralement l’incidence des maladies, la pourriture est plus courante chez les arbustes paillés. Il faut alors assurer un bon drainage ; • acidification possible du sol selon les paillis utilisés. Certains paillis, notamment ceux composés d’aiguilles de conifères, de sciure de bois, etc., acidifient le sol. On doit donc les utiliser dans un milieu naturel lement acide ou encore vérifier le pH du sol aux 4 ou 5 ans, et le corriger au besoin (voir Sols acides pour apprendre à le faire) ; • habitat possible pour certains animaux indésirables, notamment les limaces et les mulots. En fait, c’est le seul véritable inconvénient des paillis, car les autres problèmes sont faciles à contourner. Voyez Les ennemis des arbustes pour quelques solutions. Dans les faits, la balance oscille davantage du côté des avantages que des incon­ vénients, à tel point qu’il est difficile de comprendre les raisons pour les­quel­les la majorité des jardiniers hésitent encore à utiliser ce produit extraor­dinaire.

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Choix de paillis Quels produits peut-on utiliser comme paillis ? Tout matériel organique coupé en petits morceaux convient : feuilles mortes déchiquetées pour éviter que le vent les em­porte, rognures de gazon, compost, co­peaux d’écorce ou écorce déchi­ quetée préfé­rablement partiellement décomposée, écales de cacao, de noix de coco ou de sar­rasin, aiguilles de pin ou autres conifères, bois raméal, sciure de bois préfé­rablement vieillie, papier taillé en lanières, etc. Évidemment, certains paillis étant plus attrayants que d’autres, telles les écorces et les écales en général, on les étend dans les endroits où l’appa­ rence est importante, telles les bordures de plate-bande. Réservez les paillis moins dé­co­ra­tifs, comme le papier, la sciure de bois, etc., à l’arrière-plan. Généralement, les paillis grossiers, tels les gros morceaux d’écorce, sont moins effi­caces que les paillis plus fins, se laissant plus facilement traverser par les mauvaises herbes. De plus, ils sont plus difficiles à mani­ puler, lors de la Au Canada, le paillis de thuya (cèdre) plan­ ta­ tion de nou­ veaux végétaux par est sans doute le plus populaire. exemple, puisqu’il faut alors les enlever et les mettre de côté pour planter et les replacer ensuite. Au surplus, il ne faut surtout pas les mélanger au sol, sinon ils créent iné­vitablement des poches d’air. Les paillis plus fins offrent la possibilité de planter au travers, comme s’ils n’étaient pas là, quitte à en remettre une nouvelle couche après la plantation. Ils ne sont pas nuisibles, même mélan­gés au sol, puisqu’en se décom­posant, ils en deviennent l’une des compo­santes. Cependant, il faut se méfier des paillis susceptibles de contenir des graines de mauvaises herbes, comme la paille ou le foin, et ceux pouvant être contaminés par des herbicides ou pesticides (rognures de gazon provenant de pelouses trai­tées, par exemple). Dans la famille des Rosacées (rosiers, pommiers, ceri­ siers, etc.) les feuilles des arbres et arbustes sont souvent infestées de mala­dies fongiques et bactériennes. Vous pouvez utiliser leurs feuilles comme paillis… mais pour d’autres familles de plantes ! À éviter : les « aménagements de station service » Je ne recommande pas les paillis inertes, comme les différentes pierres déco­ra­ tives, gravier, éclats de marbre, pierre volcanique, etc. Ils réchauffent et assèchent le sol, ce qui nécessite des arrosages plus fréquents, et lorsque des feuilles mortes s’y mêlent, les en extraire est très difficile. N’oubliez pas qu’il suffit d’une seule feuille morte pour gâcher l’apparence d’un paillis d’éclats de marbre d’un blanc immaculé. Au surplus, on peut difficilement replanter ou remplacer des végé­taux poussant dans un paillis de pierre : il faut non seulement enlever

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toutes les pierres auparavant, mais aussi les laver pour enlever toute saleté avant de les re­ mettre. Par contre, les ar­bus­tes pré­fé­rant un sol sec et pauvre aiment bien un paillis de pierres. Enfin, je dois men­tion­ner une gaffe à éviter à tout prix : l’utilisation de géotextiles comme paillis pour éradiquer Les paillis de pierre : c’est joli au début, mais les les mau­ v aises herbes. La arbustes qu’ils entourent ont tendance à sécher. tech­nique semble pour­tant très logi­que : après avoir rajouté une cou­che de terre de qualité sur un mas­­sif ou une plate-bande, on recou­vre le tout d’un géo­textile de type « couvre-parterre » que l’on découpe pour épouser la forme de la plate-bande. Ensuite, on coupe de petits « X » dans le géotextile aux endroits de plan­tation pour planter arbres, arbustes, et vivaces à travers ces trous. Le géotextile est ensuite recouvert d’un paillis inerte, habituellement des pierres décoratives mais parfois de l’écorce grossière. C’est ce que j’appelle un « aména­ge­ment de station service », puisque c’est le plus souvent aux postes d’es­sence que l’on voit ce type d’a­mé­­nage­ment. Théoriquement, c’est très bien : le géotextile empêche les mauvaises herbes de pousser, mais parce qu’il est aéré, il permet à l’air et à l’eau de pénétrer. Toutefois, en pratique, les mauvaises herbes finissent par revenir, leurs graines emportées par le vent s’enracinant dans le géotextile, rendant leur extraction impossible. De plus, pour des raisons encore mal comprises, les végétaux croissent mal dans un sol recouvert de géotextile, peut-être parce qu’il se compacte rapidement, qu’il devient trop chaud, que la circulation d’air est réduite ou que les lombrics et micro-organismes y sont rares ou carrément absents. Certains experts pensent que dans un tel aménagement, les plan­ tes continuent de croître trop longtemps à l’automne, ce qui ne leur permet pas d’aoûter adéqua­ tement. Peu importe les raisons, les pertes de végétaux sont énormes, certaines plantes commen­ ç ant à décliner rapidement, d’autres seu­ lement après quelques années. Les arbustes se défendent mieux que la plupart des autres plantes dans un tel environnement, mais s’étiolent aussi (branches mortes, apparence clairse­ mée, etc.) après quelques années. Les arbustes tolèrent mieux que de nombreux autres végétaux les géotextiles de type couvreparterre, mais eux aussi ont tendance à dépérir avec le temps.

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En plus des géotextiles à découper qui se déposent comme un tapis, il existe aussi des disques préfa­ briqués à placer autour des ar­ bustes et des arbres et recouvrir de paillis décoratif. Ce disque est fendu sur la moitié de son diamètre pour per­met­tre de le placer autour de l’ar­buste, avec un trou central qui épouse la base de l’arbuste. Il pré­ sente le mê­ me problème que les autres géo­ textiles « couvrepar­ter­res  »  : la crois­sance des arbus­ tes que l’on y cultive Les disques préfabriqués empêchent la pousse de mauvaises herbes autour des végétaux. perd sa vita­lité après quel­ques Photo : Typar Tree Circle™, Typar années. Il en existe par contre des modèles en carton qui se décom­posent avec le temps, ce qui est bien mieux. On les utilise no­tam­ment pour les plantations individuelles dans une pelouse (voir Plantation dans la pelouse). Cependant, quelques feuilles de papier journal font aussi l’af­faire… et ne coûtent rien. Vous avez un aménagement à base de géotextile ? Quand l’inévitable arrive et que plus que la moitié des plantes meurent, il faut tout arracher et recom­men­ cer avec une couche de bonne terre fraîche… et sans géotextile ! Art d’appliquer un paillis Après la plantation, s’il s’agit d’une nouvelle plate-bande ou d’un réamé­na­ gement, épandez du paillis sur tout le secteur ou, dans le cas de plantations individuelles, n’en épandez que pour recouvrir le pied de l’arbuste fraîchement planté. Versez le paillis et étendez au râteau de jardin l’épaisseur préférée : 8 cm ou moins pour protéger de petites plantes qui risquent d’être étouffées ; 8 à 10 cm pour des arbustes. Certains experts conseille d’éloigner le paillis et laisser 10 à 15 cm d’espace libre autour du tronc. Personnellement, je regarde de quelle façon agit Dame Nature : elle dépose ses paillis naturels, les feuilles mor­tes, autant au pied des arbustes que sur les racines. Si Dame Nature peut le faire sans consé­ quence, vous le pouvez aussi ! De toute façon, j’étends mes paillis jusqu’au pied des arbustes depuis des années, et je n’ai jamais eu de problème de pour­riture. La plupart des paillis s’appliquent tels quels, mais pour certains, telles la tourbe (qui repousse l’eau quand elle est sèche) et les rognures de gazon (qui forment une couche dense et compacte empêchant les racines de respirer), il est préférable de faire un mélange moitié-moitié avec un autre produit avant l’ap­plication.

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Toute bonne chose a une fin… Le principal défaut des paillis organiques est de disparaître avec le temps. Après un an ou deux, parfois un peu plus, il n’en reste presque rien. Ils se décom­posent et se transforment en humus, ce qui est une bonne chose car ils enrichissent le sol. La couche de paillis a servi de barrière aux graines de mauvaises herbes tombées à la surface du sol, les empêchant de germer. Mais, de nouvelles graines, apportées par le vent ou lancées par les mauvaises herbes elles-mêmes, retom­ bent sur votre couche de paillis et peuvent germer éventuel­lement, mais pas si vous remettez une nouvelle couche de paillis régulièrement. Voilà le secret du paillis organique : on le remplace annuellement ou aux deux ans, selon la vitesse à laquelle il se transforme. Ici, remplacer ne signifie pas enle­ver le vieux paillis pour le remplacer par un autre. Après tout, les lombrics et insectes s’occupent de diffuser ce compost frais à travers la zone des racines : en tant que jardinier paresseux, je vous suggère de les laisser faire ce travail à votre place. Il suffit tout simplement de recouvrir le vieux paillis d’une autre couche : un bien petit effort pour les résultats obtenus ! Le paillis constamment renouvelé recrée un écosystème très semblable à ce qui existe dans la nature : la litière forestière se décompose peu à peu, mais elle est constamment remplacée par de nouvelles matières organiques. Ainsi, la qualité du sol de votre plantation s’améliore peu à peu et très également, créant en surface cette couche de sol riche que les végétaux aiment tant.

O

Tout le monde en bac ?

n peut cultiver des arbustes en pleine terre, c’est bien connu, mais en bac ? Pourtant, que de magnifiques terrasses on aurait si on pouvait cultiver quelques arbustes en bac. Le problème c’est que le froid pénètre davantage aux racines lorsque les végétaux sont cultivés en bac… et qu’en général, les racines sont moins résistantes au froid que les bourgeons. Ainsi, un arbuste normalement de zone 5 gèlera proba­ble­ment dans cette zone s’il est en bac, ses racines étant plus exposées au froid. Pour contrer cette difficulté, ne choisissez que des arbustes de zone inférieure à la vôtre, et de préférence de deux zones inférieures. Ainsi, en zone 5, sélectionnez des arbustes des zones 1, 2 et 3, en zone 4, des arbustes de zone 1 et 2, etc. De plus, pour mettre toutes les chances de votre côté, utilisez le plus grand bac possible (car la terre est un excellent isolant) et, de plus, tapissez l’intérieur du contenant avec de l’isolant en styromousse. Enfin, si possible, déplacez vos bacs près de la fondation de votre demeure l’hiver, arrosez-les bien jusqu’à ce que le sol gèle, puis recouvrez-les de paillis ou de neige. L’idéal est une situation du côté nord ou est ou, du moins, à l’ombre, car le soleil hivernal n’est pas l’ami des arbustes en pot : il fait geler et dége­ler à répétition, ce qui provoque la destruction des racines.

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Les soins après la plantation Habituellement, les arbustes demandent très peu de soins après la plantation et le paillage. Il suffit tout simplement de les arroser si le sol commence à s’assécher. Seuls les douze premiers mois qui suivent la plantation sont critiques pour le bon établissement des arbustes. Lorsque leurs racines sont bien développées dans leur nouvel emplacement, la plupart peuvent se passer d’arrosages esti­vaux, même durant les pires sécheresses, et encore plus facilement s’ils sont adé­quatement paillés. Voir L’arrosage (page 101) pour de plus amples détails sur les irrigations après la première année. Dans les endroits très venteux, comme au bord de la mer, il est utile d’instal­ler un brise-vent temporaire du côté du vent pour éviter le dessè­chement de l’arbuste. Il suffit d’en­fon­cer dans le sol quelques tuteurs appro­xi­mativement à environ 20 à 30 cm de la plan­te et d’y fixer un géotextile ou du jute. De plus, l’écran doit être légèrement plus haut que l’arbuste. Une saison de pro­tec­tion suffit, sinon l’arbuste s’y acclimatera et produira des branches faibles, incapables de suppor­ ter le vent. Enlevez l’écran lorsque l’on an­non­ce quelques jour­nées cal­ mes d’affi­lée pour que l’arbuste s’habitue à l’enso­ leil­le­ment accru avant le retour du vent. Dans une zone très Le tuteur utilisé pour solidifier l’arbuste doit venteu­se, un brise-vent temporaire mettant aussi disparaître après un an, car un tuteur laissé l’arbuste à l’abri des trop long­temps empêche l’arbuste de produire des vents dominants est branches for­tes. Voir Tuteur ou pas ? à la page 86 pour très utile. savoir s’il y a lieu d’en poser un.

DES CAS D’EXCEPTION

La Technique de base de la plantation (pages 82 à 99) s’applique essentiel­le­ment à toutes les situations, mais en certaines circonstances, vous voudrez sans doute la modifier un peu.

Plantation d’une haie taillée

Un jardinier paresseux ne plante jamais de haie taillée.

Plantation d’une haie libre

Voici une plantation qui réjouit davantage le jardinier paresseux ! Une haie libre n’est pas une haie que l’on ne taille jamais, mais une haie à laquelle on permet de prendre une forme naturelle. Si vous aimez une haie arrondie, choisissez un arbuste qui prend normalement une forme arrondie. Pour une haie plus haute que large, choisissez un arbuste dressé ; un arbuste en fontaine convient à une haie arquée, et pour une haie basse, un arbuste bas, etc. Pour une haie rectan­ gulaire… allez admirer celle du voisin, car aucun arbuste ne prend naturellement

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une telle forme. Si vous essayez de forcer un arbuste à obéir, vous allez en payer le prix par un entretien accru, même très accru. La plantation d’une haie ne diffère en rien de la plantation d’un arbuste isolé, sauf que la plantation est faite en ligne droite. Il n’est pas nécessaire de creuser une longue tranchée comme on le fait pour les haies taillées, car vous allez davan­tage espacer les arbustes d’une haie libre. D’ailleurs, une haie libre deman­ de non seulement moins de soins, mais coûte aussi moins cher : habituellement, il faut trois fois moins d’arbustes que pour une haie taillée. Faites plutôt des trous individuels, comme pour une plantation en isolé. Pour calculer le nombre d’arbustes nécessaires, déterminez le diamètre à maturité de l’arbuste utilisé, soustrayez 30 cm pour les grands arbustes et de 10 à 20 cm pour les petits, car pour obtenir un bel effet, sans « trou », les arbustes à haie doivent s’entremêler un peu à leur point de rencontre. Si vous plantez une haie mixte contenant plusieurs espèces d’arbustes, il faut tenir compte de diamètres variables. Ajoutez donc le diamètre du premier arbuste à celui du deuxième et divisez par deux, puis soustrayez 10 à 30 cm selon la taille éventuelle des variétés. Par exemple, si vous cultivez côte à côte deux grands arbustes dont le premier atteint 1,50 m de diamètre et son voisin 2 m : le calcul est le suivant : 1,5 m + 2 m = 3,5 m 3,5 m ÷ 2 = 1,75 m 1,75 m – 30 cm = 1,45 m En les plantant à 1,5 m (oui, vous pouvez arrondir les chiffres) de distance, les deux arbustes s’entremêleront pour former une belle haie pleine. Pour vous assurer un bon alignement, enfoncer un piquet à chaque extré­ mité de la haie éventuelle et reliez-les par un fil, à environ 5 cm du niveau de sol. Creu­sez vos trous de plantation en vous assurant de bien suivre cette ligne. Au mo­ment de la plan­ta­tion, remontez un peu le fil pour éviter que les rameaux des arbus­tes le fassent dévier, mais n’oubliez pas de vérifier si les arbustes sont centrés avant de remplir les trous.

Utilisez un fil tendu entre deux piquets pour bien aligner les arbustes de la haie.

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Pour un effet plus dense, plantez deux rangs d’arbustes, mais en quinconce.

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Choix des arbustes à haie

n fait, presque tout arbuste peut composer une haie. Seuls sont éliminés les ar­bus­­ tes couvre-sols très bas, car même une mini-haie a besoin d’une certaine hauteur, et les arbustes qui manquent de rusticité sous notre climat.

Vous pouvez utiliser des arbustes en conteneur ou emmottés pour une haie, mais parce qu’il faut acheter de nombreux arbustes en même temps, la plupart de jardiniers préfèrent des arbustes à racines nues vendus spécifiquement pour les haies, ou partent eux-mêmes des boutures deux ou trois ans avant la plan­ ta­tion. Plantation dans un sol peu profond Parfois, il arrive que l’on veuille planter un arbuste dont la motte est plus haute que la couche arable. Autrefois, on recommandait de creuser un trou plus pro­ fond, jusque dans le sous-sol, et ensuite d’améliorer le sol du trou avec des amendements. On sait aujourd’hui qu’il n’est pas sage de trop améliorer un sol. De plus, dans de nombreux cas, il est impossible de creu­ser plus profondément, soit parce que le soussol est cons­titué de roche ou de glaise (il ne faut jamais creuser une « cuve » dans la glaise de peur de noyer la plante), soit que l’on vient de poser, en bon paresseux, une couche de terre par-dessus une barrière de papier journal et que pour rien au monde on souhaite la percer de peur de laisser échapper les mauvaises herbes (elles n’attendent qu’une telle occasion). Quatre solutions sont alors possibles : Si la motte est trop haute, sciez le surplus.

Pour une coupe en papillon, sciez la motte sur les deux tiers de sa hauteur, en partant du fond vers le haut.

• Retourner en pépinière chercher un arbuste dans une plus petite potée. Voilà la meilleure solution… à con­ dition qu’un tel végétal existe. Malheu­reu­se­ment, il est difficile pour les amateurs de jardinage de trouver des jeunes arbustes en pépinière : ces gens ont tendance à ne vouloir vendre que de gros spécimens. • Couper l’excédent du fond de la motte. Et oui, vous pouvez le faire ! N’oubliez pas que vous pouvez généra­ lement supprimer au moins le tiers des racines d’un ar­buste à la plantation et souvent jusqu’à la moitié, sans aucun problème. Mettez alors la motte sur le côté et sciez (oui, avec une scie à bois !) l’excédent, puis plantez com­ me d’habitude.

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Ouvrez les deux moitiés de la motte en tirant pour les séparer.

Étalez les moitiés dans les deux sens et plantez.

On peut aussi butter des arbustes quand il est impossible de les planter assez pro­fon­ dément.

Une simple barrière de papier journal suffit pour empêcher les racines d’arbres d’en­ vahir votre plantation… du moins pendant environ un an !

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• Couper la motte « en papillon ». Avec la même scie ou un couteau, coupez la motte sur les deux tiers de sa hauteur en partant du fond vers le haut, tirez sur les deux moitiés pour les séparer et les étaler dans les deux sens. En plantant, n’oubliez pas de former un monticule au centre du trou pour y déposer la base de l’arbuste. • Planter en laissant la partie supérieure déga­gée, et butter sur une largeur ayant au moins deux fois le diamètre de la motte. Cette dernière technique s’ap­ pli­­que surtout dans les cas où, de toute façon, vous pré­voyez rehausser le niveau du sol avec le temps. Évi­ dem­­ment, à cause de sa plantation surélevée, cet arbuste est plus exposé au dessèchement qu’un arbuste dont la motte est toute enfouie dans le sol. Pour cette raison, ne plantez de cette façon que des arbustes tolérant une sécheresse occasionnelle. Venir à bout des racines d’arbre Il est très difficile de planter de nouveaux arbustes dans un sol déjà fortement envahi par des racines d’arbre. Pour­ tant, c’est une situation très courante. Certains ar­bres sont cependant plus problématiques de d’autres : les érables et les hêtres, par exemple, font beaucoup de raci­nes en surface, alors que les ormes et les robiniers ont des racines plus profondes, permettant de planter sans grand problème à leur pied. Les complications sont dues au fait que non seule­ ment il est très difficile de creuser un trou de plantation dans un sol rempli de racines, mais que presque aussitôt coupées, les racines repoussent et font une forte com­pé­ tition aux racines des arbustes que vous souhaitez voir s’épanouir. De façon typique, ils poussent, mais chéti­ve­ ment et lentement, mais souvent, ils meurent. Que faire ? La méthode la plus facile est celle décrite à la page  75 (Si vous tenez quand même à améliorer le sol) : recouvrez le sol autour de l’arbre, jusqu’aux limites de son dais, d’une épaisseur de trois à sept feuilles de papier journal, ajoutez 20 cm de terre de qualité, et plan­tez vos arbustes dans cette nouvelle couche de sol. Les racines de l’arbre re­ pous­ seront, mais vos nouvelles plan­ tations joui­ ront d’en­viron un an de paix. Pendant cette première an­née, arro­sez régulièrement afin de bien éta­blir les raci­nes des nouveaux venus. Lorsque les raci­nes des arbres per­ce­ ront le papier journal et que les deux systè­mes de raci­nes s’affronteront, au moins la bataille sera d’égal à égal, car chacun aura un système racinaire solide.

Vous pouvez aussi creuser un trou de plantation à même le sol, en essayant de ne pas devoir couper de grosses ra­ci­nes. Si vous n’avez pas le choix, une hache est l’outil de premier choix, car les sécateurs qui coupent si facile­ment de petites racines ne peuvent venir à bout des très grosses. En tapissant le trou de plantation de papier Creusez, comme d’habitude, un trou deux fois plus journal, vous accordez large que la motte de racines et d’une profondeur égale à vos arbustes une à cette dernière. C’est dans une telle situation difficile longueur d’avance que vous apprécierez vraiment les jeunes arbustes ayant dans la compétition racinaire avec les un sys­tème racinaire encore restreint. Retirez de la terre arbres avoisinants. pré­le­vée le plus grand nombre de racines possible, puis tapis­sez le trou de papier journal. C’est à l’intérieur de cette barrière temporaire que vous plantez.. Encore une fois, le papier journal pourrira, mais à ce stade, les racines de votre nouvel arbuste seront en mesure de se défendre. Pour obtenir de bons résultats, les arbustes plantés dans une situation de compétition racinaire auront toujours besoin d’un peu plus d’arrosage et d’en­ grais que les arbustes vivant dans une situation moins stressante.

LA TRANSPLANTATION : EN DERNIER RECOURS

Dans un aménagement bien planifié, il est rare de devoir transplanter des arbustes… mais qui peut se vanter de toujours faire des plans parfaits ? Et qui ne change pas d’idée à l’occasion ? D’ailleurs, si vous ne le savez pas encore, vous apprendrez un jour que les conditions d’un terrain changent, et qu’entre autres, il devient parfois plus ombragé, ce qui peut vous obliger à déplacer les arbustes amateurs de soleil. Enfin, lorsque vous achetez une maison d’un certain âge, il est presque certain que vous voudrez apporter des changements, ce qui peut inclure le déplacement de certains arbustes. Avant de décider trop rapidement de changer un arbuste de place, sachez cependant que les arbustes résistent davantage au déplacement que les vivaces et les bulbes, mais beaucoup moins que les arbres. En général, vous êtes capable de transplanter un arbuste moyen vous-même et un arbuste de grande taille avec l’aide d’une autre personne. Cette tâche nécessite rarement le recours à un exca­vateur, comme est souvent le cas pour les arbres. Truc de paresseux : il est souvent plus facile d’arracher un arbuste mal placé que de le transplanter. Maintes fois, avec deux arbustes de la même espèce, le plus jeune reprendra plus rapidement que le plus vieux auquel la transplantation peut causer un grand choc. De toute façon, les jeunes arbustes sont souvent plus vigoureux que les plus vieux. À défaut de trouver un jeune plant de la même variété, bouturez ou marcottez l’arbuste auquel vous tenez absolument, s’il s’agit, par exemple, d’une précieuse relique familiale, rapportée des vieux pays par votre ancêtre il y a trois cents ans, et que vous ne pouvez l’abandonner ! Mais si l’arbuste ne se multiplie pas facilement, vous n’avez alors d’autre choix que de vous atteler à la tâche et procéder à une transplantation.

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La période propice à la transplantation À quelle période de l’année est-il préférable de transplanter un arbuste ? La transplantation d’un arbuste, surtout un arbuste bien établi, se fait plus idéa­ lement à l’automne, après la coloration ou la chute des feuilles, mais avant que le sol ne gèle, ce qui donne à l’arbuste transplanté un sol qui demeurera long­temps frais et humide pour faire ses racines. Le deuxième choix ? Au prin­temps, lorsque le sol est quelque peu asséché, mais avant le débourrement (l’éclo­sion des bourgeons). Le problème, c’est l’arrivée souvent trop rapide des tempé­ra­tures estivales qui sape la période de reprise : l’arbuste doit alors produire une nou­ velle feuillaison avant d’avoir suffisamment développé des racines pour la sup­ por­ter. Il faut alors arroser abondamment tout au long de l’été. Vous ne devez songer à transplanter un arbuste en pleine feuillaison, c’est-à-dire en été, que dans les cas extrêmes, et avec les arbustes les plus solides. Quant à l’hiver… sous notre climat, lorsque le sol est gelé en profondeur, c’est absolu­ment impossible !

Les petits arbustes : comme un pet ! Cependant, les petits arbustes se transplantent faci­ lement. Il suffit de découper le sol autour de l’ar­buste, environ aux limites de ses branches, de glis­ ser la bêche sous l’arbuste à différents endroits, et l’utili­ sant comme un levier, dégager la motte. Si l’autre emplacement est éloigné ou si vous ne voulez pas le trans­planter immé­diatement, emballez la motte avec du jute et arrosez généreusement. Si vous n’avez que quelques pas à faire, replantez immédiatement.

Les gros arbustes : pensez-y deux fois !

Pour dégager un petit arbuste, découpez le sol tout autour, et glissez la bêche sous la motte pour la coulever.

Déplacer un gros arbuste, c’est beaucoup plus de travail pour le jardinier… et beaucoup plus stressant pour la plante. L’idéal, c’est de tout préparer à l’avance, même le trou de plantation, de façon à travailler le plus rapi­dement possible. Par contre, sachez que c’est tout un effort ! Prévoyez au moins une grosse demi-journée. Et essayez de trouver de l’aide : c’est un cas où deux paires de bras valent mieux qu’une. Creusez d’abord une tranchée tout autour de l’arbuste, en suivant approxi­ mativement la limite exté­rieure de sa circonférence. Ensuite, utilisez une fourche de jardin pour faire tomber une partie de la terre tout en conser­vant le plus de racines possible. Sachez que les racines fibreuses qui aident l’arbuste à absorber l’eau et les engrais sont plus importantes pour l’arbuste que les grandes racines qui servent, elles, surtout d’ancrage. Dé­cou­pez maintenant sous l’arbuste avec la bêche, cou­pant les racines trop longues avec un sécateur ou même une scie. Une fois l’arbuste dégagé, vous devez être en mesure de le déplacer. Penchez d’abord l’arbuste sur le côté. Enroulez la moitié d’une grande pièce de jute, poussez la partie enroulée sous la motte et étendez le reste. Puis, poussez la motte sur la partie étendue du jute, de façon à dégager la partie enroulée que vous déroulez ensuite… et voilà, vous avez un arbuste assez bien centré sur une grande pièce

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de jute. Si vous pouvez transplanter l’arbuste immédia­ te­ment et que vous avez un aide, transportez-le jusqu’à son nouveau trou à deux, en prenant chacun deux coins de la pièce de jute pour soulever l’arbuste, ou tirez-le en utilisant le jute à défaut de pouvoir le lever. Si vous devez le transporter ailleurs, emballez bien la motte avec le jute et arrosez-la abondamment avant de prendre la route.

Comment transplanter un gros arbuste

La replantation

Creusez une tranchée autour de l’arbuste.

Que ce soit un petit arbuste facile à transporter ou un gros monstre qui a nécessité la force de deux personnes et une demi-journée de travail simplement pour le bou­ ger, il faut ensuite le replanter. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il se replante exactement de la même façon que l’on plan­te un arbuste nouvellement acheté. Certains arbustes aux racines très fines retiennent presque toute la terre de la motte et vous les traitez alors comme les arbustes emmottés (page 84). D’autres per­ dent presque toute la terre qui adhérait à leurs racines : traitez-les comme des arbustes à racines nues (page 85). Dans les deux cas, avant de transplanter, n’oubliez pas de tailler les racines qui ont pu être brisées en le déter­ rant et en le transportant, et supprimez au sécateur ou même à la scie les racines très endommagées.

Réduisez la taille de la motte en utilisant une fourche de jardin pour faire tomber le surplus de terre et des séca­ teurs pour couper les racines trop longues.

L’ENTRETIEN DES ARBUSTES

Avec la bêche, coupez sous la motte.

L’arrosage

Penchez l’arbuste d’un côté et de l’autre pour glisser une pièce de jute sous les racines.

Voilà, c’est fait : vos arbustes sont bien plantés dans des conditions qui leur conviennent. Que reste-t-il à faire ? En fait, très, très peu. Dès qu’ils sont bien établis, plu­sieurs arbustes peuvent même pousser absolument seuls. Voici cependant quelques facteurs à surveiller.

Une fois qu’ils sont bien établis, et surtout si vous les avez paillés, la plupart des arbustes n’auront pas besoin d’arrosage, même durant les périodes de sécheresse. L’arro­­sage est donc surtout important au cours des 12 pre­miers mois qui suivent la plantation, mais pendant 24 mois dans le cas des arbustes à feuilles per­sistantes et ceux cultivés dans un emplacement où il y a une grosse compé­tition racinaire (page 98). De toute façon, durant les pires séche­resses, les arbustes profitent généralement de l’arrosage ou l’irrigation d’autres végétaux, comme une pelouse adjacente.

À deux, transportez l’arbuste jusqu’à son nouvel emplacement.

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Quand vous arrosez un arbuste, il est important de ne pas faire des arrosages superficiels, même lorsqu’ils sont fréquents, car seulement les racines super­ ficielles en profitent. Un arrosage lent mais abondant, qui atteint toutes les raci­ nes, même en profondeur, donne les meilleurs résultats. C’est la raison pour laquelle une cuvette d’arrosage (page 88), formée au moment de la plantation, est si efficace : vous la remplissez d’eau et, du moins dans les sols glaiseux, l’eau descend peu à peu, mais en profondeur, bien qu’elle s’écoule bien sûr plus rapi­ dement dans les sols sablonneux. Il est beaucoup plus efficace de verser l’eau au pied de l’arbuste, au boyau, plutôt que d’arroser son feuillage avec un arro­seur ou un gicleur : lors d’une canicule, la plus grande partie de l’eau qui tombe sur les feuilles s’évapore sans rien laisser aux arbustes. Dans les emplacements très secs, comme dans un sol sablonneux, sous des arbres à racines superficielles ou sous la corniche de la maison, les arbustes ris­ quent cepen­dant de manquer d’eau, même après leur établissement. La pre­mière solu­tion consiste à ne planter à ces endroits que des arbustes tolérants très bien la sécheresse. Si vous ne l’avez pas fait, un boyau suintant peut les arroser très efficacement. Ce boyau d’arrosage, fabriqué à partir de pneus recyclés, laisse l’eau s’écou­ ler goutte-à-goutte, directement dans le sol. Vous n’avez qu’à le faire courir dans la plate bande, au pied des arbustes. Recouvert d’un paillis, il permet d’arroser presque sans aucune perte due à l’é­va­­poration. Ajoutez à votre sys­tème une petite minuterie que vous réglez à 2 ou 3 heures pour obtenir un arro­sage lent mais effi­ca­ce. Les systèmes d’irrigation goutte-à-goutte et à gicleurs sont efficaces aussi, mais beau­coup plus coûteux et difficiles à entretenir, car il faut les vidanger à l’automne, et de plus, ils ont ten­dan­ce à s’obstruer. Par contre, un boyau suintant ne coûte que quel­ques dollars et dure des décen­nies, sans le moindre entretien ! Vous pouvez même le laisser en place tout l’hiver sans le drainer, car au nombre de trous qui le transpercent, il se drai­ne seul. Une fois que l’arbuste a été arrosé en profondeur, vous n’aurez sûrement pas à recommencer avant que la terre à son pied ne soit sèche au toucher. Enfoncez un doigt dans le sol jusqu’à la deuxième jointure : s’il semble sec, il est temps d’ar­roser. N’oubliez pas que de nombreuses municipalités ont des règlements pour l’arro­ s age, régissant les journées où l’arrosage est permis en période esti­va­le, et même les heures. Sinon, il est plus efficace d’arroser en début de soi­rée, au moment où l’évaporation est faible. Un boyau suintant qui serpente entre les plantations favorise un écoulement doux qui va presque entièrement aux racines. Pour le dissimuler, il suffit de le recouvrir de paillis.

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La fertilisation D’accord, pour bien croître, les arbustes ont besoin d’éléments minéraux. Par contre, les arbustes sont loin d’être les végétaux les plus exigeants à cet égard. La plupart pousseront et fleuriront très bien sans le moindre ajout d’engrais s’ils sont plantés dans un sol modérément riche, et si vous appliquez à leur pied des paillis organiques se transformant peu à peu en compost (page 91). Cela est encore plus vrai si votre sol est naturellement riche en mycorhizes ou si vous en aviez ajouté lors de la plantation (page 83). Les engrais en général Pour obtenir des résultats supérieurs, il peut être utile d’ajouter occasion­nel­ lement des éléments nutritifs plus concentrés : ce que nous appelons familiè­ re­ment engrais ou fertilisants. Le marché offre plusieurs formulations dont plu­sieurs sont conçues spécialement pour les arbustes. Habituellement l’engrais est identifié par trois chiffres correspondant aux éléments suivants : azote (N), phosphore (P) et potassium (K). L’azote sert surtout à stimuler la croissance des parties vertes de l’arbuste, le phosphore améliore l’enracinement et la floraison, alors que le potassium aide la plante à accumuler des réserves et à se protéger de ses ennemis. Les chiffres indiquent le pourcentage du contenu de ces éléments. Ainsi, un engrais 5-10-5 contient 5 % d’azote, 10 % de phosphore et 5 % de potassium.. En plus, plusieurs engrais contien­nent d’autres éléments minéraux en quantités infimes, appelée oligo ou micro-éléments, tels le fer, le manganèse, le zinc, etc. Malgré les étiquettes qui incitent à acheter plusieurs engrais, un pour les arbustes, un pour les fleurs, un pour les légumes, etc., tout engrais fait l’affaire : les plantes ne savent pas lire l’étiquette et absorbent les éléments dont elles ont besoin. De façon générale, recherchez un engrais « tout usage » que vous pouvez employer pour toutes les plantes que vous cultivez. Faut-il appliquer des engrais ? Personnellement, je n’utilise presque jamais d’engrais et encore moins sur les arbustes. Si vous fertilisez une pelouse avoisinante ou les vivaces d’une platebande en respectant les doses recommandées, les arbustes reçoivent déjà plus d’en­grais qu’il ne leur en faut. Si, comme moi, vous ne fertilisez ni la pelouse ni la plate-bande, mais, con­trai­rement à moi, doutez de l’efficacité de la combinaison sol riche + paillis dé­com­posable + mycorhizes, libre à vous d’appliquer un engrais quelconque. Pour réduire le travail au maximum, utilisez un engrais biologique à dissolution lente. Généralement, une seule application printanière suffit pour l’année. Re­cher­chez alors un engrais « complet », car il contient tous les oligo-éléments. Éparpillez tout simplement cet engrais sur le sol ou le paillis : il n’est pas nécessaire de le faire pénétrer, la pluie fait ce travail pour vous. N’appliquez ja­mais d’engrais à plus que la moitié de la dose recom­man­dée, car rares sont les plantes qui peuvent en absorber autant et les surplus vont polluer nos cours d’eau.

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Un petit « ravigotant » Parfois certaines plantes souffrent d’un manque d’en­grais qui se signale géné­ ralement par une croissance ralen­ tie ou un feuillage anormalement jaune. Il est facile de faire rever­dir un arbuste avec un engrais à base d’algues ou une émul­sion de poissons vaporisé directement sur le feuillage. Ce der­nier absorbe rapidement ces deux en­grais et reprend une belle couleur verte en quelques jours seulement. L’avan­ tage de ces engrais est d’être abso­lument com­plets : tous les oligo-éléments sont pré­sents. Ce qui fait ralentir ou jaunir un arbuste n’est pas toujours le manque d’un élément majeur, mais parfois d’un oligo-élément, tel le molybdène ou le cui­ vre, le plus souvent absent dans les engrais chimiques.

L’émulsion de pois­sons, à gauche, et l’en­grais d’al­gues, à droite, sont des engrais biologi­ ques com­plets qui s’appliquent directe­ ment sur le feuillage.

Cessez tôt Évidemment, le jardinier paresseux, qui se contente d’au plus une application d’engrais à dégagement progressif au printemps, n’a pas besoin de s’occuper de ce détail, mais si vous avez conservé l’habitude de fer­tiliser mensuellement, selon les recommandations des vendeurs d’engrais, sachez qu’il faut arrêter début août ou, au plus tard, vers le milieu d’août. Une fertilisation tardive durant l’aoûte­ment, la période où les arbustes doivent normalement cesser de pousser pour s’endurcir en prévision de l’hiver, tend à prolonger leur croissance. Or, sous un climat nordique, ces nouvelles poussent n’ont pas le temps de s’aoûter et gèlent l’hiver, ce qui enlaidit l’arbuste sans le tuer et ajoute donc un travail supplé­men­taire au printemps : la suppression des extrémités mortes. Donc, pas d’en­grais après le 15 août. Des arbustes « auto-fertilisants » Certains arbustes fabriquent leur propre engrais, du moins en partie ! La plupart des légumineuses (Caragana, Amorpha, etc.), de même que les aulnes (Alnus) et les chalefs (Elaeagnus), ont la capacité d’absorber l’azote directement de l’atmos­

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Trop d’engrais ?

ouvent les jardiniers se plaignent du fait que leurs arbustes à fleurs sont très verts et bien fournis, mais ne fleurissent que peu ou pas malgré les meilleurs soins et, notamment, un ensoleillement suffisant. Ce problème est souvent dû à un surplus d’engrais. En effet, les engrais appliqués au gazon sont souvent très riches en azote, un élément qui stimule excessivement une croissance verdoyante, mais une floraison réduite. Les racines des arbustes s’étendant généralement bien au-delà de leur site de plantation, souvent dans le gazon avoisinant, il arrive qu’en réduisant la fertilisation de la pelouse, les arbustes se remettent à fleurir !

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phère, grâce à une symbiose avec des bactéries. Il en résulte qu’ils pous­sent généralement vigoureusement même dans les sols les plus pauvres.

Analyse de sol Comme la qualité des sols tend à changer avec le temps par suite d’apports multiples, terre, engrais, paillis acidifiants, etc., il est valable de faire ana­lyser le sol en laboratoire, une fois aux quatre ou cinq ans, pour savoir si un amendement est re­quis. Il existe des nécessaires d’analyse en magasin, mais il n’est pas toujours facile d’interpréter les résultats obtenus sans études en pédologie (science qui étu­ die les caractères chimiques, physiques et biolo­gi­ ques des sols). Mieux vaut demander une analy­se en laboratoire. À cette fin, à l’aide d’un transplantoir propre, prélevez cinq ou six petits échantillons de sol à des endroits différents sur votre terrain, mélangez bien les échantillons prélevés que vous déposez dans un contenant propre. Évitez de toucher au sol avec les mains car vous pourriez fausser les résultats. Cer­tai­nes pépinières procèdent elles-mêmes à cette analyse ou vendent des ensembles pour acheminer les échantillons à un laboratoire par la poste. Il Une analyse en laboratoire, aux quatre ou cinq ans, vous donne importe cependant de remplir attentivement le une meilleure idée de l’amélio­ formulaire qui accompagne votre envoi parce que ration du sol de votre terrain. l’interprétation des résultats en laboratoire dépend de votre culture. Les recommandations ne seront pas les mêmes pour des rosiers et des pommes de terre. Les résultats de l’analyse indiquent la richesse ou la pauvreté du sol, son pH, ses carences s’il y en a, etc., et des recommandations très spécifiques pour cor­riger tout problème remarqué. Il est essentiel de connaître le sol pour bien jardi­ner et une bonne analyse occasionnelle est donc garante de résultats satis­ faisants à long terme.

Le désherbage Les mauvaises herbes font compétition avec les arbustes pour l’eau et les éléments nu­tritifs. Mais, si vous com­mencez dans un sol libre de mauvaises herbes et em­ployez un paillis organique renouvelé réguliè­rement, les mauvaises herbes seront peu nombreuses et faciles à arracher. Par contre, les semences d’arbres comme l’érable et le frêne sont parmi les rares végétaux qui réus­sissent à germer dans un paillis épais. Ce n’est donc pas telle­ment un « désherbage » que doit faire le jardinier paresseux, mais un « désar­ba­ge ». Fort heu­reusement, les semis d’ar­ bres s’arra­chent facile­ment.

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Lorsque vous arrachez une plante indésirable, n’oubliez pas de remplir le trou qui en résulte avec du paillis, sinon un autre mauvaise herbe s’y ins­ tal­lera très rapidement.

Le ménage automnal

Pour désherber efficacement, arrachez la mauvaise herbe et remplissez le trou avec du paillis.

Quel ménage automnal ? Les feuilles des arbustes sont rarement grosses au point de causer des problèmes, et de plus, elles ont le bon sens de tomber toutes seules du plant au bon moment. Laissez-les au sol où elles se fondront au paillis. Il n’y a pas de taille à faire à l’automne, ni de brindilles à ramasser. C’est le calme plat !

Protection hivernale : est-elle nécessaire ? Jusqu’aux années 1980, plus ou moins, l’expression « protection hivernale » était presque inconnue. On plantait à peu près les mêmes arbustes que maintenant, avec autant de succès, mais, sauf pour les rosiers buissons non rustiques, personne ne pensait à les protéger pour l’hiver. Depuis, surtout au Québec, car cette « protectionnite » semble essentiellement limitée à cette province, chaque automne les terrains se transforment en champs de bataille. D’étranges boîtes de bois recouvrent tout ce qui pousse, et les arbustes non munis d’une boîte sont entourés d’une bizarre « clôture à neige » extrêmement laide ou ressemblent à des momies enrubannées de jute ou de géotextile. La situation serait amusante… si elle n’était pas si choquante pour les yeux. Que s’est-il passé ? L’accès plus facile à la propriété étant survenu 20 à 30 ans plus tôt, la classe moyenne avait tout d’un coup droit à son petit bungalow en banlieue. Cette tendance dure toujours et les banlieues ne ces­sent de grossir. Par contre, après 20 ans et plus de tonte de pelouse, les propriétaires ont fini par décou­vrir qu’un terrain peut être autre chose qu’un tapis vert en­tourant une maison, et que l’on peut l’embellir par un aména­ge­ment paysager. Le hic, c’est que tous ont dû apprendre très rapidement à jardiner et à en­tre­tenir cet aménagement, et l’ont ap­pris un peu de travers. N’oubliez pas qu’ils avaient l’habitude de travailler sur leur terrain. La pelouse n’exigeait-elle pas une tonte hebdomadaire ? Or, à coup sûr, les arbustes et les arbres devaient aussi exiger du travail ? On s’est donc mis à tailler tous les arbustes et arbres en boule et les haies en rectangles. Puis quelqu’un s’est mis dans la tête que ces végétaux se­raient encore plus beaux si on les emballait pour l’hiver. Et voilà nos gens atteints d’une épidémie de « protec­tion­nite ». Évidemment, les pépiniéristes, les jardineries, et les nouveaux supermarchés de la plante qui commençaient à éclore partout n’en étaient que plus heureux.

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L’au­­­t omne étant une période plutôt morte pour l’horticulture résidentielle, pourquoi ne pas vendre aux nouveaux jardiniers anxieux les produits qui alimen­ taient leur frénésie : jute, cônes, géo­tex­tiles, clôture à neige, etc. ? Avec d’un côté des jardi­niers inex­ périmentés ne sachant pas qu’un arbuste peut passer l’hiver sans un bon « manteau » épais et de l’autre, des marchands découvrant une nou­­ velle mine d’or, cette malheureuse tendance s’est Embellissement … ou enlaidissement ? propagée à travers la province. De telles structures n’ont jamais leur place sur nos terrains ! Dites-vous bien une chose avant d’aller plus loin  : la protection hivernale telle qu’on la voit actuellement est inutile dans au moins 80  % des cas, et exa­gérée dans la plupart des autres. Les arbustes à feuilles caduques notam­ment, n’ont absolument pas besoin de cet « emballage », tandis que l’on pour­rait beaucoup mieux entretenir les arbustes à feuilles persistantes et les conifères, un autre groupe horri­blement déguisé en hiver, en les plantant tout sim­plement dans des empla­ce­ments plus appro­priés. Le pire aspect de la protection hivernale n’est pas la somme incroyable d’argent et de temps que les gens dépensent pour rien, mais le résultat qui est si L-A-I-D ! L’aménagement paysager est censé embel­ lir, et non pas enlaidir. Or, plusieurs aménagements, surtout des aménagements québécois, sont carrément affreux plus de six mois par année. Six mois de laideur pour six mois de beauté ? C’est inac­ceptable, encore plus lorsqu’il s’agit simplement d’une mode. Je m’excuse auprès des lecteurs étrangers pour cette envolée négative, car la manie de l’emballage hi­ver­nal semble surtout limitée au Québec. Pour une per­sonne qui vit en Europe, en Ontario ou au Nouveau-Brunswick ou ailleurs, il est difficile de comprendre à quel point la province du Québec s’enlaidit l’hiver. Il faut le voir pour le croire : vous serez littéralement estomaqué de constater que de si jolis aménagements puissent devenir si affreux, et pendant si long­temps ! Quant à la protection hivernale recommandée Non seulement cette pour les arbustes hors zone, telle la ketmie des jardins « protec­tion » est totale­ ment inutile, mais en (Hibiscus syriacus) ou les rosiers sur tige, le jardinier tordant les tiges, on risque de briser la plante !

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pares­seux n’y pense même pas. Après tout, est-ce vraiment valable de creuser des tranchées partout dans une plate-bande pour protéger une plante qu’il faudra, de surcroît, déterrer et replanter le printemps suivant ? Si vous aimez ces plantes frileuses, je vous suggère de les cultiver comme annuelles… ou de démé­nager ! Le moins possible Heureusement pour les jardiniers paresseux, la protection hivernale n’est presque jamais nécessaire. À l’automne, vous laissez tout simplement les arbus­ tes se préparer seuls à la saison froide. Au printemps, si une rare branche a gelé ou a cassé sous le poids de la neige, vous la supprimez tout simplement. Emballer un arbuste pour l’hiver ne le protège pas du froid, et de toute façon, ne possédant pas de système de chauffage central comme une maison, emballés ou non, ils sont toujours à la température de l’air ambiant. L’emballage peut protéger les arbustes peu rustiques contre l’assèchement des bourgeons car il réduit l’effet du vent, mais la règle d’or du jardinier paresseux est de n’utiliser que des plantes bien adaptées à son climat. Tous les bourgeons des arbustes qu’il a plantés sont donc aptes à affronter les pires froids de l’hiver. Les nouvelles plantations Existe-t-il des cas où la protection hivernale est utile, même chez les arbustes bien adaptés ? Oui, dans le cas d’arbustes nouvellement plantés, situés en plein vent. Cette plante sera en mesure de tolérer le vent lorsqu’elle sera bien établie, mais nouvellement plantée, ses racines ne sont pas pleinement ancrées et une protec­tion peut alors être utile. Il vous suffit d’entourer l’arbuste d’une clôture à neige, en bois ou en plastique, ou d’enfoncer quelques tuteurs, au moins aussi hauts que l’arbuste, et d’entourer cette cage temporaire de jute ou d’une toile agro­textile. Enlevez cette protection tôt au printemps, au tout début de la fonte des neiges. Après le premier hiver, vous n’en aurez plus besoin. Bien sûr, une telle protection est très laide, mais acceptable et tolérable pour un seul hiver. Sous la corniche Sous la corniche, la neige et la glace peuvent glisser subitement et tomber sur les arbustes. Ce problème existe aussi sous les grands conifères et dans les régions sujettes au verglas. La solution idéale, bien sûr, est de cultiver autre chose à cet endroit : par exemple, les vivaces bien endormies sous la terre ne sont pas dérangées par une chute de neige. Par contre, il y a moyen de protéger ces arbustes sans trop d’effort et sans les enlaidir. Il suffit de piquer, derrière l’ar­buste, un tuteur très solide, puis avec un fil solide mais discret, d’en­tou­rer légèrement l’arbuste et le tuteur, en ser­rant doucement pour remonter quelque peu les branches. Bien fait, un tel travail n’est presque pas apparent. Nul besoin de monter les rameaux en fuseau comme on les voit si souvent : non seu­lement c’est laid, mais cela peut même briser les bran­ches au lieu de les proté­ger ! Au printemps, enlevez le fil. Pourquoi ne pas laisser le tuteur puis­qu’il est caché derrière l’arbuste et servira d’an­née en année ? Soyez bon paresseux et laissez-le sur place !

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Le long des chemins Les arbustes plantés le long des chemins et des entrées subissent de triples dégâts. Ils sont non seulement particu­ lièrement exposés au vent, mais aussi aux embruns sa­ lins (voir à la page 53) ve­nant des produits de dégla­ çage projetés par les véhi­cules et à leur pire ennemi, la souf­fleuse qui lance des cris­ taux de neige coupants susceptibles Un tuteur discrètement placé et un peu de fil de jardin d’arracher l’écorce et les suffisent pour protéger les arbustes des chutes de Ici, on aurait cependant pu utiliser autre chose bourgeons dor­mants. Il n’est neige. que du fil orange ! pas surprenant que les gens recouvrent des haies entiè­res d’une cage de bois, recouverte ou non d’agro­textile ou de jute, pour les protéger contre ces dé­gâts. Mais c’est laid, coûteux et exige un temps fou d’ins­tallation à l’au­tom­ne et d’en­­lè­ve­ment au prin­temps. Que peut faire le jardi­nier paresseux dans un tel cas ? Il est possible et même facile de trouver des arbustes tolérant le sel et le vent le long des chemins (vous trouverez une liste partielle à la page 53). Uti­lisez-les en abondance, car ils sont aussi pra­tiques que jolis : ils arrêtent le sel avant qu’il ne s’attaque au reste du terrain. Une haie en rosiers rugueux ou en argou­siers, par exemple, peut être très appropriée. Mais… Aucun arbuste, même le plus solide, ne résiste aux jets d’une souffleuse : année après année, il sera brisé du côté du jet. Si les dégâts sont mineurs, ce n’est pas un problème car les arbustes se régénèrent rapidement au retour des beaux jours, sans taille. Cependant, si tous les rameaux du côté du jet sont déchiquetés tous les ans, ne pensez pas à une « cage protectrice » mais plutôt à les remplacer par autre chose. Les vivaces et bulbes, en dormance sous la neige, ne subis­ sent aucun dommage causé par la souffleuse. Il est possible de faire de très jolies haies avec des vivaces si vous en désirez une : pensez aux gran­des vivaces comme les eupatoires (Eupatorium) ou la barbe-de-bouc (Aruncus dioicus). Que voulez-vous ? Il y a des emplacements où les ar­bustes ne conviennent pas !

S’il faut une telle protection pour cultiver une haie près du chemin, mieux vaut la remplacer par autre chose !

Les arbustes à feuilles persistantes Les arbustes à feuillage persistant, tels les rhododendrons, fusain de Fortune,

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buis, etc., ont la réputation de toujours exiger une protection hivernale. À cause de leurs feuilles présentes tout l’hiver, elles perdent facilement de l’eau par transpiration lorsqu’il vente, ce qui les fait brûler et s’assécher. Et les gros boutons floraux des rhododendrons ne sont pas moins susceptibles à l’assèchement. Fautil accepter une protection hiver­­nale, au moins pour ces plan­tes ? Si, sans tricher, vous choi­sissez des variétés rustiques dans votre zone, ce n’est pas le froid qui les dérange, mais plutôt le vent. Or, il suffit de les plan­ ter dans un emplacement quelque peu abrité des vents do­minants pour avoir beau­coup de suc­cès. Person­nel­le­ment, je n’ai jamais protégé un rho­do­dendron et pourtant, j’en ai de très jolis. Je réside en zone 4, presque la limite pour ces végé­­taux. Pis encore, mes « rho­dos » n’ont jamais même subi le moindre dégât hiver­ nal ! Tout cela, parce qu’étant pares­ seux… je leur donne des empla­ cements favorables ! Autre détail important : sou­­­ vent le pire ennemi des ar­bustes à feuil­lage persistant n’est pas le vent, mais le soleil ! En effet, exposées au soleil hi­ ver­ nal, les feuilles larges captent ses rayons et dégèlent. La Ce rhododendron, pourtant en zone 4, n’est pas nuit venue, elles regèlent. Et cela autrement protégé contre le froid que par un se répète jour après jour. À force brise-vent que l’on devine à peine. de geler et de dégeler, les cellules finissent par éclater et la feuille est abîmée. Donc, plantez toujours ces arbustes à l’abri du soleil hivernal : orientés à l’est puisque le soleil du matin est sans dan­ger, ou sous couvert d’arbres assez ouverts. Vous constaterez que cultivés à la bonne place et dans la bonne zone, les arbustes à feuillage persistant sont aussi faciles à réussir que n’importe quel autre. Protection des racines Il existe au moins une protection hivernale à la fois efficace et esthétique : le paillis. Non seulement il protège contre les vents asséchants, mais c’est la seule protection qui garde les plantes, ou du moins leurs racines, plus au chaud, car sous un paillis, la chaleur naturelle de la terre reste près de la surface plutôt que d’être repoussée en profon­deur par l’air froid du dessus. En plus du paillis ha­bituel, que les jardiniers paresseux utilisent automa­ tiquement sur tous les vé­gétaux, il peut être utile d’appliquer, surtout sur les arbustes fraîchement plan­tés, un paillis d’hiver ha­bitu­ellement com­posé de feuilles mortes déchi­que­tées à la tondeuse. En effet, s’ils n’ont pas eu le temps de bien s’enraciner avant l’arrivée de l’automne, les arbustes risquent d’être carrément déchaussés (déterrés) par l’action répétée du gel et du dégel. Après tout, cette force sur­prenante réussit à sou­lever des pierres en profondeur et mê­me à les amener en sur­face au prin­temps ; alors, imaginez les dégâts sur des

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Un épais paillis de feuilles protégera les arbustes nouvellement plantés contre le déchaussement.

arbustes peu enracinés ! Les arbustes nécessitant cette couche de protection supplémentaire sont sur­ tout ceux plantés à l’automne, et à feuil­ les persistantes plantés au prin­ temps, car ces derniers sont souvent plus lents à s’en­­ raciner que les arbustes à feuil­ les caduques. Parce que votre but n’est pas de prévenir le gel mais de retar­der le dégel, une fois le sol gelé, appliquez une couche épaisse de 20 cm et plus de feuilles mortes déchiquetées ou de tout autre paillis que vous avez sous la main. Au printemps, après la fonte des neiges, il suffit d’éparpiller le paillis également au râteau.

Pas de protection du tout ? Personnellement, je trouve les protections hivernales tellement affreuses que je n’en utilise aucune, à part le paillis, bien sûr, même la première année. Il est certain que je ne plante pas des arbustes fragiles n’importe où. J’étudie les besoins de chacun et j’essaie de les placer dans des endroits appropriés. Si vous êtes aussi paresseux que moi, vous trouverez aussi le moyen de cultiver les arbustes sans devoir les protéger !

UNE QUESTION DE… TAILLE

« Quand dois-je tailler mon lilas, ma potentille, mon forsythia ? » : c’est la question que l’on entend sans cesse, dès qu’il est question d’arbustes. Pourtant, la vraie question c’est : « Est-ce je dois tailler mon lilas, ma potentille, mon forsythia ? ». Comme pour la protection hivernale, on abuse plus souvent de la taille des arbustes qu’on ne l’utilise à bon escient. Dans la nature, les arbustes ne sont pas taillés, si ce n’est par accident ou le broutage des animaux, et malgré tout, ils poussent et fleurissent bien. Alors en horticulture, pour quelle raison est-ce que l’on s’entête tellement à vouloir tailler, tailler et tailler encore ? La taille, loin d’être obligatoire, devrait être facultative et, du point de vue d’un jardinier paresseux, se faire le moins souvent possible. Heureusement, la taille est rarement nécessaire, comme vous allez le constater dans les prochains paragraphes. Mais cernons d’abord notre sujet… de quelle sorte de taille s’agit-il ? Car il y en a plusieurs et chacune s’applique selon le type de plante… et les besoins de son propriétaire.

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’appelle ceux qui tiennent absolument à tout tailler, des « jardiniers taille-tout ». On les reconnaît par les arbustes taillés en boule tout autour de leur demeure. Je n’ai rien contre cette pratique plutôt surprenante, mais je vous encourage à suivre les leçons de Dame Nature plutôt que de la combattre.

Taille classique Fort populaire chez les jardiniers méticuleux ayant beaucoup de temps à con­sacrer à l’entretien de leur aménagement, la taille classique consiste à donner une forme déter­minée aux arbustes. Certains s’entê­tent à tailler tous les ar­bus­tes en boule ou en pyra­mide, d’autres à créer des haies parfaitement rectan­gu­laires, d’autres encore poussent plus loin et sculptent leurs arbustes en forme d’animaux. Là, il ne s’agit pas tout simplement de supprimer une ou deux branches trop longues, ce que même le jardinier paresseux est obligé de faire un jour, mais carrément de déformer l’arbuste pour en faire une sculpture vivante. Techniquement, une telle taille est très mauvaise : on coupe les ra­meaux à la même longueur, sans égard aux dangers d’infestations et de maladies qui présentent tant de blessures ouvertes, et on la répète jusqu’à sept à huit fois au cours de l’été. Les outils de base ? Le taille-haie pour faire les grandes surfaces rapidement et le sécateur pour plus de minutie, dans le cas des topiaires. Dans le cas des arbustes à fleurs, la taille classique réduit sérieusement la floraison. Son assiduité, laquelle ne permet à aucune branche de mûrir complè­ tement, élimine presque toutes les fleurs chez les arbustes qui fleu­rissent à l’extrémité de la tige. Chez les arbustes fleurissant le long de tiges, cette taille laisse cer­ t aines fleurs, mais seulement celles à l’intérieur de l’arbuste, donc les moins visibles. Si vous tenez à tailler de façon géomé­tri­que, vous avez peu de raison de choi­ sir des arbus­ tes à fleurs et il vaut mieux plan­ ter des arbustes à feuillage. De toute évidence, la taille classique n’est pas une tech­ n ique re­ commandée pour les La taille classique… jar­diniers paresseux. pour jardiniers minutieux seulement !

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Taille d’entretien Voici la « taille de tous les jours »… sauf que j’espère bien que vous n’en ferez pas tous les jours ! Il s’agit d’une taille généralement très légère, que l’on appelle aussi « taille de correction ». Elle est facultative mais aide à donner une plus belle forme à l’arbuste, à éliminer les sources d’infestation, à stimuler une meilleure floraison, etc. En voici plusieurs variantes : Suppression des fleurs fanées Il s’agit sans doute de la taille la plus populaire pour les arbustes à fleurs. Après la floraison, on coupe au sécateur ou on pince tout simplement le capitule de fleurs fanées. C’est donc une taille très légère, limitée aux arbustes fleurissant à l’extrémité des tiges. Le but avoué de cette taille est de stimuler soit une reprise de la floraison au cours de la même saison (rosiers remontants), soit une meilleure floraison l’année suivante. Dans le premier cas, il s’est avéré qu’en supprimant les fleurs avant qu’elles ne produisent des fruits, certains rosiers refleurissent plus rapidement et plus abon­dam­ment. Mais la plupart des rosiers modernes vraiment re­montants refleu­ rissent très bien même sans cette taille… et on perd leurs jolis fruits (cynorrhodons) en sup­ primant les fleurs fanées ! Suggestion : faites-le seu­ le­­ ment si vous voyez qu’un rosier remontant ne donne pas les résultats attendus. D’ail­leurs, il est inu­tile de sup­primer les fleurs des rosiers à floraison uni­que, à moins que vous n’aimiez pas voir leurs fruits. Quant à savoir si la suppression des fleurs d’une année stimule davantage la floraison de l’année sui­ vante, c’est en grande partie un mythe, ou du moins la différence est mi­nime. Malgré tout, beaucoup de jardi­ niers tiennent abso­lu­ment à sup­pri­mer les fleurs fanées d’arbustes comme le lilas. Pourtant, l’auto­rité même dans ce domaine, l’International Lilac Society (la socié­té inter­nationale des lilas), insiste depuis des an­nées sur le fait que supprimer les fleurs fanées des lilas n’aug­ Supprimer les fleurs mente que peu ou pas la floraison de l’année sui­van­te. fanées ne nuit pas à l’arbuste… m ­ ais Le lilas commun (Syringa vulgaris) a tout naturel­lement ne l’aide pas ten­dance à pro­duire une grosse floraison une année, suivie ­non plus. d’une année moins produc­ tive : c’est son cycle naturel. Évi­demment, supprimer les fleurs prévient la formation des capsules de graines… mais est-ce que ces capsules sont vrai­ment si laides qu’il faut les sup­primer ? Supprimez les fleurs fanées des arbustes si vous y tenez abso­lument, mais ne vous attendez pas à stimuler une meilleure floraison ! À quel moment supprimer les fleurs mortes ? Tout dépend si l’arbuste fleurit sur le vieux bois ou le bois de l’année (voir Quand tailler les arbustes ?).

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Suppression des rameaux morts, brisés ou faibles Vous pouvez faire ce nettoyage annuellement ou aux trois ou quatre ans, lorsque cela vous plaît, car elle n’est pas essentielle à la santé de l’arbuste. Certaines espè­ces réclament rarement votre intervention, tel le rhododendron. D’autres, comme la potentille, produisent au contraire beaucoup de rameaux faibles, ce qui aug­mente la possibilité de quelques rameaux endommagés. D’ailleurs, dans le cas de dégâts importants, quand par exemple votre enfant a apla­ ti un arbuste en faisant du toboggan, mieux vaut alors con­si­ dé­rer une coupe de « rajeunissement » (voir à la page 115). S’il n’y a pas de saison pour supprimer des rameaux morts ou endommagés, il n’y en a pas non plus pour ceux qui se croisent ou risquent de frotter ensemble et les ra­meaux faibles qui prennent de l’espace et qui sont inu­ tiles : vous pouvez les couper quand bon vous sem­ble. Sou­vent on le fait à la fin de l’hiver, lorsque l’arbuste est dénudé de ses feuilles, surtout parce que les problèmes sont plus visibles à cette période de l’année. Coupez toujours jusqu’au tissu sain et au-dessus d’un bour­geon Il n’y a pas de saison ou d’une pousse dirigée vers l’extérieur, tel qu’ex­pliqué spécifique pour la dans La tech­nique de la taille. suppression des Parfois c’est le gel qui tue une tige ou une branches mortes partie de tige. Pour certains arbus­tes, comme le sumac ou endommagées : vous pouvez le faire vinaigrier (Rhus typhina), l’extrémité des branches gèle dès que le problème toujours un peu, même à l’état sauvage, mais les rameaux se présente. repoussent vigou­reu­sement et ont vite fait de cacher les bouts morts. Si c’est le cas, pourquoi tailler ? Dame Nature s’occupera du net­toya­­ge ! Par contre, après un hiver parti­ culiè­rement rude, il peut arriver que des branches d’un arbuste normalement bien rustique s’assè­chent et meurent, parfois sur une assez bonne longueur. Si tel est le cas, attendez que de nouveaux bourgeons commencent à gonfler plus bas sur la tige, puis sup­primez la partie morte en coupant immé­ diatement au-dessus de ceux-ci. Si, par contre, l’arbuste subit des dommages dus au froid chaque hiver parce qu’il est dans un endroit trop exposé ou qu’il ne convient pas à votre climat, mieux vaut le remplacer avec un arbuste plus solide. Suppression des branches trop longues Encore une taille à faire occasionnellement, aux trois ou quatre ans ou lorsqu’un problème devient évident. On l’utilise lorsqu’une ou deux branches dépassent et enlaidissent la silhouette de l’arbuste. On peut faire ce genre de taille en tout temps, mais habituellement après la floraison, question de conserver quelques fleurs de plus. Coupez toujours jusqu’au tissu sain et au-dessus d’un œil ou d’une forte pousse dirigée vers l’extérieur, tel qu’expliqué dans La technique de la taille . Si plus de trois branches déparent l’arbuste, il vaut la peine de songer à une Taille de rajeunissement décrite dans Taille de rajeunissement.

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Suppression des pousses en réversion Les arbustes à feuillage panaché donnent souvent des tiges aux feuilles entière­ment vertes. Vous pouvez les supprimer à leur base dès que vous les voyez, sinon, ayant plus de chlorophylle que les autres tiges, elles se développent plus rapide­ ment que la forme panachée Si des tiges toutes désirée et risquent de dominer complè­tement. Il en est de vertes ou toutes blan­ même pour les tiges sans aucune chlorophylle (albinos). ches apparaissent sur De croissance faible, elles ne risquent pas de do­miner l’ar­ un arbuste panaché, buste, mais sapent son énergie et ne lui four­nis­sent rien. supprimez-les. La fréquence des réversions varie selon les cultivars : certains arbustes pana­chés donnent régulièrement des tiges « normales » ou albinos, d’autres presque jamais. Attention cependant aux mutations intéressantes ! Une tige de couleur diffé­ rente du reste de l’arbuste n’est pas toujours une réversion mais parfois une nouvelle muta­tion. Par exemple, une tige à feuilles rouges, jaunes ou torsadées sur un arbuste à feuilles vertes peut avoir une bonne valeur horticole, à condition toutefois d’avoir au moins un peu de chlo­rophylle. Avant de supprimer une tige différente, pensez-y. Il pourrait être préfé­rable de la bouturer ou la marcotter plutôt que de la supprimer.

Tailles de rajeunissement La plupart des arbustes se dégarnissent à la base en vieillissant ou, au contraire, produisent une profusion de tiges qui se font compétition pour obtenir de la lumière. On peut à l’occasion, peut-être aux 4 ou 5 ans pour les arbustes à crois­ sance rapi­de et souvent pas avant 10 à 15 ans pour les autres, pratiquer une taille de rajeu­nissement. Pour stimuler une reprise rapide, le moment idéal pour une taille de rajeunissement est tôt au printemps, avant le débourrement. Cependant, du moins sur les arbustes à floraison printanière, on pratique habituellement cette taille après la floraison afin de ne perdre aucune fleur. La taille de rajeunissement se fait de trois façons : élimination régulière des vieilles branches ; élimination graduelle des vieilles branches ou rabattage pur et simple. Rajeunissement par l’élimination régulière des vieilles branches La méthode de rajeunissement la plus courante est l’élimination régulière des vieilles branches. Il suffit alors d’éliminer les branches les plus âgées, en les coupant à la base des arbustes très denses, ou à une nouvelle pous­se chez les arbustes dégar­nis. Parfois, le sécateur ne suffit pas et il faut une scie d’élagage, petite scie ayant un accès facile aux branches à éliminer à tra­vers la ramu­re de l’arbuste, ou un ébrancheur, sorte de sécateur à long manche. En supprimant régu­liè­rement les bran­ches plus âgées et peu florifères, on empê­che l’arbuste de devenir trop touffu tout en stimulant le déve­lop­pe­ment de jeunes rameaux plus fleuris.

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La suppression régu­ lière des branches de 3 ans et plus donne aux branches plus jeunes et plus florifères la chance de se développer.

Habituellement, on cou­ pe un vieux lilas comme celui-ci près du sol, mais alors, la flo­rai­son est perdue pendant plu­sieurs an­nées. À la place, sup­ primez les gourmands, puis éli­mi­nez, en coupant près du sol, un « tronc » chaque année. L’arbuste se re­nou­vellera peu à peu, mais en produisant au moins quelques fleurs tous les ans.

Rajeunissement sur plusieurs années Dans certains cas, au lieu de rajeunir un arbuste radica­ lement, on choisit de réduire graduellement sa taille sur trois ou quatre ans ; c’est un rajeunissement complet, mais sur plusieurs années. Un très vieux lilas commun (Syringa vulgaris) est parfois composé d’une véritable fournée de jeunes gourmands qu’il faut éliminer (voir à la page 119), mais de seulement quatre ou cinq « troncs », comme des petits arbres, beaucoup trop hauts. Ce sont eux qui produisent toutes les fleurs, mais en vieillissant, ils fleurissent moins et les fleurs sont hors de portée, car ces troncs mesurent souvent 4 m et plus. En rabattant les troncs d’un seul coup, vous éliminez non seulement la floraison de l’année, mais peut-être celles des prochains trois à cinq ans, le lilas est lent à fleurir sur de nouvel­les pousses. Vous pouvez alors choisir d’éliminer chaque année le tronc le plus haut en le coupant près du sol, et ainsi réduire l’arbuste sur plusieurs années. Le lilas re­pren­dra graduellement une forme agréable sans man­ quer de fleurs, car avant que le dernier vieux tronc soit coupé, les repousses au­ront eu le temps d’arriver à la floraison. Rajeunissement radical Parfois, il est préférable de recommencer presque à zéro avec une taille radicale qui n’est, en fait, ni plus ni moins qu’un rabattage. C’est le cas lorsque les tiges sont telle­ ment entremêlées que vous ne savez pas où com­mencer, ou qu’une haie de caraganas, de potentilles ou de saules arctiques a perdu son attrait. Rabattez le sujet à environ 2 ou 3 bourgeons du sol. La plupart des arbustes « rebon­ dis­sent » de façon spec­taculaire après un tel ravalement, mais peuvent néanmoins exiger un an ou deux avant de reprendre leur taille d’origine, parfois même plus dans le cas des arbus­tes à croissance lente.

Rabattage des arbustes à recéper… Lorsque votre potentille ou votre saule arctique commence à vieillir, vous pouvez rabattre à quelques centimètres du sol. La plante repousse­ ra vigoureu­sement et rapidement, dès le pre­ mier été !

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Les sous-arbrisseaux et arbustes à recéper, ces végétaux à mi-chemin entre l’arbuste et la vivace, tel le buddléia, meurent presque jusqu’au sol tous les ans, du moins sous un climat froid. Rabattez (recépez) donc leurs tiges mortes juste au-dessus des premiers bourgeons, ou à environ 5 à 8 cm du sol, au moment du débourrement. On traite aussi de cette façon les arbustes, telle l’hydran­gée arborescente

(Hydrangea arborescens), dont la plupart des tiges meurent à quel­ques centimètres du sol tandis que d’autres survivent, question d’égaliser leur croissance. C’est également un traitement intéressant pour la spirée du Japon (Spiraea japonica), reconnue pour ses monticules très égaux en forme de dôme aplati. Vous pouvez même rabattre ces petits arbustes… à la tondeuse : c’est vite fait et sans effort ! … et les arbustes à écorce colorée On peut également rabattre les arbustes à écorce colorée, comme les divers saules et cornouillers, car les nouvelles tiges sont les plus colorées. On peut du moins le faire dans les régions recevant peu de neige. Là où la neige est abondante, tail­lez ces arbustes à environ 1 m du sol. Cela stimulera la pousse d’une multitude de rameaux colorés qui dépasseront la neige.

Quand tailler les arbustes Entendons-nous d’abord sur un point : lorsque j’indique ici que telle catégorie d’arbustes doivent être taillés au printemps, tel autre à l’été, etc., ce n’est pas une incitation à les tailler à tout prix ! On ne taille les arbustes, tel qu’expliqué dans Une question de taille, que si l’on a une bonne raison de le faire. La plupart des ar­bus­tes n’ont pas besoin de taille annuelle, bisannuelle, ou même triennale. Beau­coup n’ont besoin de taille qu’en de rares occasions… mais à ce moment-là, il faut savoir quelle est la meilleure période pour le faire. En fait, le meilleur moment pour tailler les arbustes est le début du prin­temps, avant ou lors du débourrement. Une taille à cette période donne à l’ar­buste un maximum de temps pour produire de nouvelles tiges et de nouvelles feuilles, et c’est également à cette période que la cicatrisation se fait le mieux. Sans penser à maintenir la floraison, la taille de presque tous les arbustes se ferait au printemps. Mais, comme il faut tenir compte des fleurs que l’on aime tant… Les arbustes fleurissant sur le vieux bois Pour ne pas rater les fleurs des arbustes qui fleurissent sur le vieux bois, les tiges produites l’année précédente, on les taille normalement après leur floraison. La plupart sont à floraison printanière et l’on peut d’ailleurs dire, sans se tromper, que ce sont les arbustes à floraison printanière qu’il faut tailler après la floraison, ce qui est logique. Afin de produire ses fleurs dès le printemps, l’arbuste peut difficilement faire autrement qu’amorcer ses boutons l’été précédent. Ses boutons hivernent sur la plante, commencent à gonfler avec les premières belles journées de la fin de l’hiver, pour s’épanouir complètement avec l’arrivée du beau temps. Il ne faut pas trop tarder à tailler les arbustes qui fleurissent sur le vieux bois, car ils initient souvent la floraison du printemps suivant dans les deux ou trois semaines qui suivent la floraison de l’année en cours. Le forsythia et le lilas sont deux exemples d’arbustes qui fleurissent au printemps, sur le vieux bois.

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Les arbustes fleurissant sur le bois nouveau Essentiellement, ce sont des arbustes à floraison estivale. Tôt au printemps, la plante produit de nouvelles tiges et, sur ces dernières, des boutons de fleurs. On peut donc tailler ces arbustes aussi sévèrement qu’on le souhaite, souvent en les rabattant jusqu’au sol, car ils fleuriront dès le premier été. Les rosiers arbustifs, la potentille arbustive et l’hydrangée paniculée (Hydrangea paniculata) sont des exemples d’arbustes fleurissant sur le bois nouveau. Les arbustes fleurissant tant sur le vieux bois que sur le bois nouveau Certains arbustes font une première floraison sur le vieux bois, au printemps, puis refleurissent une deuxième fois au cours de l’été ou au début de l’automne sur le bois nouveau. Il s’agit d’un groupe très limité et très intéressant qui com­ prend, entre autres, le lilas ‘Josée‘ et certains weigelas. On les taille, si nécessaire, après la première floraison. Quelques cas d’exception Une exception à la règle concernant les arbustes à floraison printanière qui fleurissent sur le vieux bois est l’hortensia (Hydrangea macrophylla). Il fleurit à l’été, mais sur le vieux bois. Comme il fleurit par la suite tout le reste de l’été et que les boutons de fleurs de l’année suivante sont déjà en développement pen­dant la floraison, on ne peut à aucun moment le tailler sans perdre soit des boutons floraux, soit des fleurs épanouies. On taille donc cet arbuste, avec grande parcimonie, lors du dégel, en supprimant toute tige endommagée par l’hiver, et à l’occasion, quelques vieilles tiges pour faire de la place aux plus jeunes. Les rhododendrons et la plupart des autres arbustes à fleurs à feuilles persis­ tantes tolèrent mal la taille : ils peuvent prendre des années à se remettre d’une taille sévère. On se contente de supprimer, au débourrement, toute branche morte, endommagée ou trop longue, au-dessous d’un bourgeon vivant ou d’une pous­­­se dirigée vers l’extérieur. On peut aussi supprimer les fleurs fanées si l’on y tient, mais ce n’est pas une obligation. Enfin, les érables et les bouleaux produisent beau­coup de sève au printemps et « coulent », c’est-à-dire qu’ils perdent beaucoup de sève lorsqu’ils sont taillés tôt dans la saison comme les autres arbustes feuillus. Ils nécessitent peu de taille, mais s’il faut, on le fait à l’été, lorsque la plante est en pleine feuillaison : c’est ce que l’on appelle une « taille en vert ».

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Tailler au printemps ou après la floraison ?

our savoir avec certitude si on doit tailler tel ou tel arbuste à fleurs au prin­ temps, avant le débourrement, ou immédiatement après la floraison, consul­tez sa fiche dans la section II de ce livre. Par contre, règle générale, considérez que les arbustes qui fleurissent avant le 21 juin se taillent après la floraison alors que ceux que fleurissent après le 21 juin se taillent au début du printemps.

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La technique de la taille La taille saine d’un arbuste est facile à comprendre : il faut supprimer la partie non désirée tout en causant le moins de dommage possible aux parties restantes. Il faut essayer de ne pas laisser de chicots trop longs, car ces « moignons » pourrissent lentement et deviennent une porte d’entrée pour les insectes et les maladies. Par con­tre, en tentant d’éliminer le chicot complètement, il y a risque de blesser le bourgeon ou tige de rempla­ce­ ment. Il faut donc es­sayer de laisser un chicot court, sans endom­­ma­ger les tissus proches. De préférence, pratiquez la taille par une journée sèche et claire, car l’humidité peut ralentir la guérison. Il n’est pas nécessaire de badigeonner la plaie de cire, de peinture à émonder ou de tout autre produit.

Suppression des gourmands indésirables Un gourmand est une pousse qui prend naissance à la base du plant ou dans le sol à son pied. Si la plante n’est pas greffée, vous pouvez le conserver et il deviendra tout simplement une nouvelle branche. Par contre, s’il s’agit d’arbuste greffé, il faut bien vérifier l’origine du gour­ mand, en creusant dans le sol au besoin. Si le gour­mand prend naissance au-dessus du bourrelet, le point de jonction entre la variété désirable, ou greffon, et le portegreffe, il s’agit de la variété que vous avez choisie et vous pouvez le conserver. S’il apparaît en des­sous du bour­ relet, ce qui malheureusement est trop souvent le cas, il faut le supprimer sans tarder sinon il risque de trop bien s’établir, d’étouffer et, éventuelle­ment, remplacer l’arbus­te d’origine. Combien de lilas com­muns (Syringa vulgaris), pour ne citer qu’un exemple courant, étaient en fait de superbes lilas français ? Malheureusement, com­me leurs porte-greffes étaient des lilas communs, les gour­mands produits sont géné­rale­ment des lilas com­muns et le lilas français est vite envahi par ces der­niers. Il est parfois facile de reconnaître les gourmands issus du porte-greffe, car leurs feuilles sont souvent très différentes. En effet, on utilise comme porte-greffes des espèces courantes, faciles à multiplier par semences, mais le greffon, lui, a souvent des feuilles colorées, spé­ cia­­lement découpées ou tout simplement différentes de celles du porte-greffe. Par exemple, le prunier pour­pre des sables (Prunus x cistena), au feuillage pour­pre, est

Coupe correcte d’une tige à feuilles opposées.

Pour les arbustes à feuil­ les opposées (vis-à-vis), coupez à l’hori­zon­tale juste au-dessus d’une ramification ou d’une paire de bour­geons sains. Pour les arbustes à feuil­les alternes, cou­pez en biais juste au-dessus d’un bourgeon ou d’une pous­se diri­gée vers l’extérieur de l’arbuste. Ce bour­geon ou cette pousse rempla­cera la tige éliminée.

Coupe correcte d’une tige à feuilles alternes.

Coupe trop proche du bourgeon.

Coupe trop oblique et trop loin du bourgeon.

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Mieux vaut prévenir…

our éviter de propager des maladies d’une plante à une autre, ou même d’une partie de la plante à une autre partie, nettoyez toujours les sécateurs à l’alcool à friction entre deux coupes.

Pour éliminer une bran­­­che complè­te­ ment, coupez-la à son point d’origine, mais sans lais­ser de chicot prononcé.

Coupe trop loin de la tige principale, laissant un chicot important.

Coupe près de la tige principale, ne laissant pas de chicot.

Supprimez un gour­ mand en l’arrachant à son point d’attache. Parfois il faut creuser un peu pour le dégager.

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toujours greffé sur un prunier ordi­naire, à feuilles ver­tes. Si vous voyez des tiges à feuilles vertes qui poussent à son pied, arrachez-les. Dans le cas des arbustes greffés en tête, il est certain que tout gourmand apparaissant au pied de l’arbuste est un gourmand du porte-greffe, car le tronc ainsi que les racines en font partie. Vous en voulez la preuve ? Tout gour­mand apparaissant au pied d’un arbuste pleureur aura un port rigidement dressé plutôt que retombant. D’ailleurs, il vaut mieux arracher les gourmands que tout simplement les couper au niveau du sol, car sou­vent vous réussissez à les enlever complètement, à la base. En les coupant au niveau du sol, vous ne l’éliminez pas complètement et la partie qui reste se multiplie sous le sol, garantissant que le problème se représentera régu­ lièrement. À défaut de pouvoir arracher un gourmand, creusez au pied de l’arbuste pour dégager le pied du gourmand que vous coupez à son point de jonction avec la tige principale.

Suppression des drageons

Les drageons sont des gourmands, mais poussant à partir des racines. Pour cette raison, ils peuvent appa­ raî­tre à une bonne distance de la plante mère. Très sou­ vent, les drageons sont de la même variété que l’arbuste d’ori­gine et peuvent donc servir de source de plants sup­ plé­mentaires (voir Multiplication par dra­geons plus loin). (Les lilas de collection font exception car leurs dra­geons peuvent être des lilas communs.) Par contre, sauf dans les cas où l’on utilise sciem­ment des arbustes dra­geon­ nants pour fixer les pentes, on apprécie rarement que ces jeunes rejets ressortent çà et là dans la pelouse, les plates-bandes, etc. Pour s’en débarrasser, tirez sur la tige pour essayer de l’arracher. Souvent, il faut carrément prendre une bêche et couper autour du drageon pour lui faire lâcher

prise. Sachez que les arbustes drageon­nants ne s’amé­lio­ rent pas avec l’âge. Plus vous en arrachez, plus le système raci­naire à tendance à en produire d’autres.

LA MULTIPLICATION DES ARBUSTES

Si votre budget est illimité, nul besoin de savoir comment multiplier un arbuste, vous n’avez qu’à en acheter d’au­tres au besoin. Par contre, pour obtenir plusieurs exemplaires d’un même arbuste à peu de frais, pour une haie notamment, il suffit d’acheter un premier arbuste, et de le diviser, le bouturer, le marcotter, etc. Cependant, le processus est assez long, la plupart des arbustes prenant trois ans et plus avant d’atteindre une taille « utilisable » à partir d’une bouture, et encore plus encore à partir d’un semis, mais le prix est imbattable, car ces clones sont gratuits ! Voici seulement quelques techniques de multiplication des arbustes, de la plus facile et plus rapide à la plus lente et plus délicate. Ces méthodes ne con­ vien­nent pas toutes à tous les arbustes. Il faut lire la fiche de chacun dans la Section II pour connaître la méthode recommandée. Généralement les jeunes arbustes produits par multiplication sont trop petits pour servir directement dans l’aménagement. Placez-les dans une « pépinière », un petit coin ensoleillé, bien drainé et au sol riche, mais peu visible. Beaucoup de jardiniers utilisent un coin de leur potager comme pépinière. Quand les ar­bustes ont atteint la taille désirée, normalement au bout de deux à trois ans, transplantez-les dans l’aménagement. Les drageons sont des rejets au même titre que les gour­mands, mais pous­sant à partir des racines de l’arbus­ te, donc souvent loin de la plante mère.

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Contrôler les drageons dès le départ

ieux vaut prévenir que guérir, dit-on. Alors en plantant un arbuste ayant la réputation de drageonner, tel les sumacs vinaigriers, certains lilas et sorbarias, etc., entourez-le d’une barrière impénétrable. Ce que j’ai trouvé de mieux jusqu’à maintenant est un grand seau en plastique solide. Découpez le fond et enfoncez-le complètement dans le sol, laissant seulement le rebord à la surface. C’est tout un trou à creuser… mais vous ne le regretterez pas. Ensuite, ajoutez de la terre pour le remplir jusqu’au niveau de plantation désiré, puis plantez l’arbuste. Si des drageons apparaissent, ils seront confinés à l’intérieur de la barrière et ne causeront pas de problème d’envahissement. Il est vrai que les arbustes ainsi traités risquent de se trouver à l’étroit après quelques années… mais les arbustes drageonnants sont presque tous des espèces très solides, capables de tolérer sans peine la restriction de leurs racines.

Un seau large sans fond, enfoncé dans le sol, sert de barrière aux drageons des arbustes envahissants.

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Multiplication par drageons C’est la méthode de multiplication la plus facile pour les arbustes. En effet, vous avez une plante instantanée sans même déranger la plante mère… mais seulement une très petite variété d’arbustes produit des drageons. Il faut aussi s’assurer que le drageon provient de l’ar­ Il suffit de découper un bus­te désiré et non du porte-greffe (attention notam­ drageon et de le trans­ ment aux lilas). La plupart des arbustes drageonnants planter, voilà tout ! poussent cependant sur leurs propres racines, et les dra­geons sont donc fidèles au type. Le meilleur mo­ment pour prélever un dra­ geon est l’automne ou le prin­temps. Certains drageons ayant déjà leur propre système racinaire, il suffit de déterrer délicatement le rejet, de couper son « lien » avec la plante mère, et de le trai­ter comme un plant à racines nues. Dans le cas con­traire, tranchez entre le drageon et la plante mère au printemps, puis prélevez le drageon à l’automne, lorsqu’il aura produit ses propres racines.

Multiplication par gourmands Comme la méthode précédente, sauf que le gourmand croît au pied de la plante mère et est donc plus difficile à atteindre. Si, en le déterrant, vous constatez que le gourmand n’a pas de racines, attendez 6 à 12 mois et essayez de nouveau, car il en produira éventuellement.

Multiplication par division Cette méthode est très facile à pratiquer sur les petits arbustes, mais moins sur les plus gros, car il faut normalement déterrer toute la motte, un travail tita­ nes­que. Beaucoup d’arbustes se prêtent à cette métho­ de, en fait, tous ceux qui produisent des touffes de rameaux partant du sol conviennent, ce qui est le cas de Pour diviser un petit arbuste, il suffit de le la ma­jorité des arbustes. Il faut toutefois attendre que couper en deux parties l’arbuste ait un certain développement, souvent trois ou ou plus avec une bêche quatre ans, car les très jeunes arbustes ne possè­dent pas tranchante et de trans­ encore la touffe de tiges qu’il vous faut. L’avantage de planter les nouvelles divisions ailleurs. la division est de vous donner des arbustes de bonne taille, prêts à utiliser dans l’aména­gement. On pratique la division au printemps ou à l’au­tom­ne. Si vous voulez diviser un arbuste de petite tail­le, il suffit tout simplement d’enfoncer une bêche ver­tica­ lement entre deux sections pour les séparer. Répétez si l’arbuste semble avoir plusieurs « divisions » natu­relles. Après, creusez autour des nouvelles divi­sions, comme pour la séparation des drageons, et trans­plantez les sur­plus ailleurs.

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Pour les arbustes de plus grande taille, il est géné­ralement nécessaire de déterrer l’arbuste pour avoir un accès facile. Lavez les racines de terre, du moins en surface, pour mieux voir ce que vous faites. Avec un couteau, des sécateurs pour les petits arbustes ou une scie à élaguer pour les gros, coupez la motte en deux, trois parties ou plus, conservant à chaque section sa part de racines. Plantez immédiatement à la manière d’un arbuste à racines nues.

Multiplication par bouturage C’est la méthode de multiplication le plus connue: la plupart des variétés peuvent être bouturées. Il faut cependant généralement une hormone d’enra­cinement ven­ due sous forme de poudre ou de gel. Comme plusieurs forces d’hor­­mo­ne exis­tent, assurez-vous d’acheter une hormone recommandée pour les arbustes. Il y a quatre méthodes de bouturage qui s’appliquent aux arbustes : les boutures herbacées, les boutures semi-aoûtées, les boutures ligneuses et les bou­tures de racines. Les trois premières méthodes se ressemblent, la différence majeure réside dans la période de l’année où elles sont pratiquées. Cer­tains arbustes acceptent bien toutes les méthodes, d’autres sont plus capricieux. Voyez leur fiche individuelle dans la section II pour connaître la méthode qui convient. Boutures herbacées Ces boutures se font au printemps ou au début de l’été, sur les nouvelles pousses encore molles et vertes. Prélevez une tige saine, d’environ 15 cm de longueur, cou­pée en biseau. Supprimez les feuilles inférieures puis, si celles qui restent sont très larges, supprimez-en la moitié avec des ciseaux de façon à réduire les pertes d’eau par évaporation. Ensuite, plongez l’extrémité in­fé­rieure de la bouture dans une hormone d’enra­ci­ne­ment, insérez la bouture dans un pot de terreau pasteu­risé humide, seule ou avec d’autres boutures, et recou­vrez le tout d’un sac de plastique. Vous pouvez garder la bouture à l’in­térieur, dans un endroit bien éclairé, mais à l’abri du soleil direct, ou à l’ombre à l’extérieur. Lorsque de nou­ velles pousses apparaissent, enlevez le sac de plastique et transférez les jeunes plants au jardin.

T

  tes-vous un hors la-loi ?

rès souvent les arbustes sont vendus accompagnés d’une étiquette marquée « toute multiplication interdite ». Risquez-vous alors la prison si vous les bou­tu­ rez un jour ? Pas du tout, même si le pépiniériste aimerait sans doute que vous le croyez. En fait, ce qui est illégal dans le cas de ces plantes protégées d’un brevet d’obtention hor­ ticole est la multiplication en vue de la revente. Si vous multipliez un arbuste, même un arbuste breveté, pour vos propres fins et ne vendez pas les plants ainsi pro­duits, dites-vous que c’est bien votre droit.

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Pour faire une boutu­re herbacée ou semi-aoûtée :

Prélevez une tige et supprimez les feuilles inférieures.

Si les feuilles sont très larges, coupez-les en deux.

Appliquez une hormone d’enracinement.

Insérez les boutures dans du terreau et recouvrez-les d’un sac en plastique transparent.

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Boutures semi-aoûtées Il s’agit de boutures prises à la mi-été, lorsque les tiges commencent à s’endurcir, mais que le bois est encore souple et vert. La technique est la même que pour les boutures herbacées. Boutures ligneuses ou aoûtées Dans ce cas, les boutures sont faites à l’automne, après la chute des feuilles. Les tiges sont alors complètement lignifiées, c’est-à-dire qu’elles ne sont plus vertes, mais brunes. Souvent, on prélève des rameaux complets que l’on coupe en sections de 15 cm de long, juste sous un nœud. Plongez la partie inférieure de chaque section dans l’hormone d’enracinement et insérez cinq à huit boutures par pot. Recouvrez d’un sac de plastique. Com­me les boutures ligneuses doivent subir le froid, mais non le gel, placez-les dans une chambre froide ou une couche froide pour l’hiver. Au printemps, mettez les boutures dans un endroit plus chaud, mais ombré. Lorsque de nouvelles feuilles apparaissent, signe que des racines se sont développées, empotez chaque plant dans un pot individuel pendant quelques mois, puis transférez-le en pleine terre dans le jardin. Boutures de racine Certains arbustes, comme l’aralie, le marronnier, le su­mac vinaigrier, etc., ont la capacité de produire de nou­velles pousses à partir de leurs racines. L’idéal con­ siste à profiter d’une transplantion printanière alors que, de toute façon, vous avez à supprimer des racines. En d’au­tres temps, creusez une tranchée près d’un arbuste et prélevez quelques racines épaisses, car les petites radi­celles ne font pas des boutures fortes. Coupez la racine en sections de 8 à 10 cm de longueur et placez ces sec­tions à l’horizontale dans un pot rempli de terre humide. Recouvrez à peine et placez le tout dans un sac de plasti­que. Parfois de nouvelles tiges apparaissent en aussi peu que 4 à 6 semaines, à d’autres moments il faut attendre deux fois plus longtemps. Transplantez les jeunes plants issus du bouturage au jardin. D’ailleurs, plusieurs arbustes produisent des plants à partir de leurs racines simplement parce qu’en plan­ tant un autre végétal à proximité ou en les transplantant ailleurs, vous avez tranché accidentellement une racine

enfouie dans le sol. Dans ce cas, sans faire quoi que ce soit, de nouvelles pousses sortent du sol quelques mois plus tard. Vous n’avez alors qu’à les transplanter ailleurs.

Pour faire des boutures ligneuses :

Marcottage Dans la nature, il est très courant qu’une branche qui tou­ che le sol prenne racine : c’est le marcottage. Plusieurs d’arbustes, notamment les espèces couvre-sol comme la gaulthérie et le raisin d’ours, se marcottent naturellement dans votre aménagement. Vous n’avez alors qu’à section­ner les tiges enracinées de la plante mère, déterrer leurs racines et les transplanter ailleurs. Cependant, pour la majorité des arbustes, le mar­ cottage ne se fait pas normalement tout seul, vous devez le provoquer. Il se fait mieux avec des arbustes à tiges longues et souples, déjà plus ou moins à l’hori­zon­tale. À l’automne ou au printemps, choisissez une tige con­ venable et pliez-la pour vérifier si elle touche le sol. Il faut que le point de contact soit à environ 20 à 30 cm de son extrémité, car un bout de la tige doit dépasser le sol. Creusez un trou d’environ 8 cm de profondeur à l’em­ placement de l’enracinement et enlevez les feuilles s’il y en a sur la section de tige qui sera enterrée. Ensuite, afin de stimuler un enracinement plus rapide, entaillez peu profondément le dessous de la tige et appliquez un peu d’hor­mone d’enracinement sur la blessure. Pliez un trom­bone en métal ou une attache pour faire des cro­ chets. Placez la ti­ge blessée dans le trou et fixez-la au sol avec les cro­chets. Remplissez le trou et arrosez. Comme la marcotte peut en partie dépendre de la plante mère pour ses ressources, elle a tendance à s’enra­ ciner moins rapidement qu’une bouture et il faut souvent atten­dre une année complète. Déterrez alors délicatement la marcotte. S’il y a des racines, détachez-la de la plante mère et transplantez-la au jardin avec une bonne motte de terre.

Coupez des tiges sans feuilles en sections de 15 cm, juste sous un nœud.

Insérez les boutures dans un pot commun.

Bouture de racine

Pour faire des boutures de racines, tranchez de grosses racines en sections de 8 à 10 cm et placez-les à plat dans un pot de terreau humide.

Marcottage

Pour marcotter un arbuste, entaillez une tige rampante ou horizontale, appliquez un peu d’hormone d’enracinement, et recouvrez légèrement de terre la partie blessée. De nouvelles racines se formeront à partir de la blessure et vous pouvez alors transplanter ailleurs la tige devenue une nouvelle plante.

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Semis Curieusement, la technique de multiplication la plus lente est celle utilisée le plus souvent par les arbustes dans la nature : l’ensemencement. En effet, plusieurs ar­bus­tes prennent un ou deux ans seulement pour germer, et encore trois à cinq ans avant de produire des plantes de taille intéressante pour l’aména­gement pay­sager. Par contre, de nombreux arbustes, comme le chè­vrefeuille et la plupart des arbustes indigènes dans votre région, se multiplient spontanément par semences, même dans des aménagements assez contrôlés. Vous n’avez alors qu’à transférer les plants ainsi produits dans des emplacements appropriés. Ce qui complique la culture des arbustes par semences, ce sont les conditions exigées par chaque variété pour germer. En effet, contrairement aux annuelles, aux bisannuelles et à la plupart des vivaces, relativement peu d’arbustes germent rapidement à la température de la pièce. La plupart doivent subir une longue période de froid de 2 ou 3 mois, suivie d’une période de tempé­ra­tures estivales, et plusieurs doivent subir, tour à tour, froid, chaleur, autre période de froid et autre période de chaleur. Ce sont ces derniers qui exigent deux ans pour germer dans la nature ! On peut cependant hâter la germination en utilisant le réfri­ gérateur, comme vous verrez un peu plus loin. Dans le cas des arbustes à fruits secs (capsules, etc.), les graines sont mûres lorsque le fruit s’assèche et brunit. Vous pouvez les semer aussitôt. Les fruits humides (baies, fruits, etc.) changent de couleur à maturité, signalant qu’il est temps d’agir : vous n’avez qu’à les écraser pour en extraire les semences. Certains arbustes ont des fruits qui mûrissent au début ou au milieu de l’été, mais la forte période de mûrissement se situe à la fin de l’été ou à l’automne. Semis en pleine terre La méthode la plus facile, mais souvent la plus lente, pour faire des semis d’ar­ bustes, c’est de semer les graines directement en pleine terre lorsqu’elles arrivent à ma­turité. Semez les graines au jardin, les recouvrant à peine de terre, puis arrosez. Indiquez bien l’empla­ce­ment, désherbez régulièrement et attendez patiem­ment,

S

Des semis infidèles

ans aucun doute, le plus grand défaut des semis d’arbustes est d’être rarement « fidèles au type ». En d’autres mots, les semences de votre rhododendron préfé­ré, disons ‘Aglo’, donneront des plantes très variables, tant en termes de couleurs, de tailles et même de rusticité. Et c’est encore plus vrai si « madame » ‘Aglo’ a convolé, par échange de pollen, avec les 150 rhododendrons de votre collection ! Il n’y a que quel­ques espèces non améliorées, telles que trouvées dans la nature, et poussant à l’écart de tout hybride ou cultivar, qui donnent par semence des plants absolument identiques à la plante mère. À défaut de trouver des semences non hybrides sur vos propres arbus­tes, certains semenciers, malheureusement trop rares, offrent des semences d’ar­bustes qui sont fidèles au type !

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laissant Dame Nature s’occuper du reste. La ger­mi­nation peut se faire immédiatement, au printemps suivant, au cours du premier été, ou au cours de la deuxiè­me année, selon l’espèce. Lorsque les semis ont grossi et sont trop tassés, repiquez-les dans un empla­cement plus vaste. Au cours de leur lente croissan­ce, les semis peuvent avoir besoin de 2 ou 3 repiquages avant d’êtres dignes d’entrer dans l’aménagement. Semis en pot Les semis en pot donnent des résultats plus rapides, mais exigent une meilleure attention, notamment parce que vous devez les arroser. Commencez par semer les grai­nes dans un pot ou contenant de terreau humide, les recou­vrant à peine. Non, il n’est pas nécessaire de les faire sécher auparavant et d’ailleurs plusieurs graines ger­­meront immédiatement si on les sème sans tarder, mais seulement après une double période de dormance si on les laisse sécher ! Scellez la potée dans un sac de plas­­tique transparent. Si vous savez que les semences ont besoin d’une période de froid (vernalisation) pour ger­mer, mettez le pot au froid pour les prochains trois mois. Si vous ne savez pas quelles sont les exigences de la plante, placez le pot dans un endroit bien éclairé et chaud (à la température de la pièce), mais protégé du soleil direct. S’il y a germination avant trois mois, enlevez le sac et acclimatez les semis sur le rebord de la fenêtre. Sinon, mettez le pot au frigo pendant 3 mois, puis exposez-le encore à la lumière et à la chaleur pendant 3 mois. S’il y a germination, transférez les semis et cultivez-les sur le rebord d’une fenêtre ensoleillée. Si les graines ne bougent pas encore, mettez-les de nou­veau au frigo pendant 3 mois, puis sortez-les encore à la chaleur. S’il n’y a pas de germination après un autre 3 mois, c’est que les graines étaient stériles. Tout comme pour les graines semées à l’extérieur, les plants obtenus en pot peuvent avoir besoin de deux ou trois repiquages avant d’êtres prêts pour l’aménagement.

Le greffage Le greffage consiste à prendre un morceau d’un ar­buste et à l’insérer sur un autre. On l’utilise surtout pour mul­ti­plier les arbustes qui sont difficiles à obtenir par d’au­tres moyens. Par contre, c’est une technique qui n’est pas vraiment à la portée des amateurs, entre autres

Faire des semis à l’intérieur :

Éparpillez les graines dans un contenant de terreau humide et recouvrez-les légèrement.

Recouvrez le contenant d’un sac de plastique et placez-le dans un em­pla­cement chaud pen­dant trois mois. S’il n’y a pas de germina­ tion, transférez le contenant au réfrigé­ rateur pen­dant trois mois, puis remettez-le à la chaleur.

Après la germination, repiquez les jeunes semis dans des pots individuels lorsqu’ils ont quatre à six vraies feuilles.

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parce qu’il faut presque sa propre petite pépi­nière à la maison, car pour chaque plante à greffer, il faut des porte-greffes de la bonne variété. Ceci dit, je connais des amateurs qui le font… mais je pense que les autres techniques de multiplication expliquées dans ce livre suffiront dans la plupart des cas. Si le sujet vous inté­ resse néanmoins, et jamais je ne voudrais décou­rager un jardinier qui veut tenter des expériences, je vous encourage à consulter un livre spécialisé à ce sujet, comme Les Greffes, Comment – Quand – Pour­quoi de F. Mainardi Fazio, Éditions de Vecchi S.A., Paris, 2-73280807-5, 1995.

La culture in vitro

Pour greffer un arbuste, on insère le greffon (tige prélevée sur la plante désirable) dans une coche faite dans le porte-greffe, puis on recouvre de raphia ou de ruban à greffer. Lorsque le greffon commence à croître, on enlève le ruban.

Comme pour le greffage, la production d’arbustes « en éprouvette » n’est pas vraiment à la portée des ama­ teurs. Cependant, de plus en plus de plants ache­tés en pépinière sont multipliés de cette façon. Je ne connais aucun ouvrage à vous recommander pour la culture in vitro des arbus­tes, cette tech­nique étant tellement d’avant-garde. Toutefois, soyons honnêtes, la culture in vitro ne convient vraiment pas au jardinier paresseux !

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LES ENNEMIS DES ARBUSTES

V

ous voulez éviter des problèmes d’insectes et de maladies ? En plantant des arbustes réputés pour leur résistance aux para­ sites dans des conditions qui leur conviennent, vous ne devriez pas avoir de problèmes majeurs. Les arbustes sont généralement peu sujets aux insectes et aux maladies… et ceux qui le sont n’obtiennent pas une grosse cote dans la section II de ce livre. Vous pouvez donc planter les arbustes re­com­mandés sans craindre de mener une lutte à finir avec un enne­mi peut-être plus petit, mais beaucoup plus puissant que vous.

APPRENDRE À FERMER LES YEUX

L’un des secrets du jardinier paresseux est sa capacité de fermer les yeux sur les problèmes mineurs ou éphémères des végétaux. En effet, quelques feuilles trouées ne nuisent pas à l’arbuste qui produit même un surplus de feuilles pour compenser les pertes éventuelles. Un peu de blanc (mildiou) en fin de saison, après que la plante ait déjà absorbé suffisamment d’énergie solaire pour l’année, ne lui nuit pas non plus : des générations de lilas ont survécu malgré des infestations annuelles de blanc. Si vous acceptez l’idée que « de toute façon, l’arbuste survit à des attaques autrement plus graves dans la nature », vous êtes en bonne voie d’adopter le concept d’un entre­tien minimal, respectueux de l’environnement. Votre attitude sera donc de choisir des arbustes peu sujets aux problèmes… ou à des problèmes qui ne vous dérangent pas. Lais­ sons la perfection aux jar­diniers méticuleux, le « laisser-faire » étant très approprié dans la plupart des cas. D’ailleurs, ne vous laissez pas influencer par les gens qui profitent de vos malheurs : plusieurs marchands vous poussent à acheter une gamme de produits tous plus ou moins inutiles et nui­ sibles pour l’environnement. Soyez simplement prêt à agir, avec des produits les moins nuisibles pour vous, votre famille et l’envi­ ron­nement, lorsque surviennent les vrais problèmes… lesquels sont rares, voire très rares. Dans toute ma carrière d’horticulteur amateur, je ne me suis jamais senti obligé de traiter un arbuste contre une maladie ou un insecte, n’ayant jamais trouvé de problème assez grave pour inter­ venir… mais il est vrai que je suis très, très tolérant. J’ai toujours eu comme principe de planter des végétaux là où ils poussent le mieux plutôt que là où ils paraissent le mieux, ce qui m’a sans doute beaucoup aidé à cultiver ma paresse. Il n’en demeure pas moins

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que j’ai toujours refusé de cultiver cer­­tains végétaux sans cesse frap­ pés de problèmes de toutes sortes, tels les rosiers hybrides de thé. Je manque peut-être quelque chose, mais lorsque je vois chez mes amis la panoplie de poudres et de solu­tions pour combattre les en­ne­mis des rosiers hybrides de thé, j’en doute. En ne traitant pas les rares insectes qui apparaissent dans vos plantations, vous vous ga­gnez Des coccinelles de différentes espèces se font un un solide appui des animaux festin avec cette branche infestée de cochenilles. bénéfiques. En effet, quand vous refusez de traiter, Dame Nature envoie ses troupes dans 95 % des cas. Quelques pucerons sur une nouvelle croissance ne nuisent pas outre mesure, mais servent rapi­dement de repas aux coc­ci­nelles ou aux chrysopes. Ce­pen­dant, si vous va­porisez la plante d’un pesticide, les premiers à mourir seront… les coccinelles et les chrysopes ! Je n’en reviens jamais de voir des gens vaporiser des produits chimi­ques très toxiques sur tous les végétaux, puis installer des mangeoires d’oiseaux dans leur cour. Détestent-ils les oiseaux au point de les empoi­sonner ?

LES ARBUSTES ONT MOINS DE PROBLÈMES… POURQUOI ?

Pour quelles raisons les arbustes sont-ils si peu dérangés par les insectes et les maladies comparativement aux annuelles ou aux légumes, par exemple ? Parce que leur réaction a toujours été de se battre lorsqu’ils sont confrontés au vieux dilemme du fight ou flight (se battre ou s’enfuir) dont les biologistes nous parlent depuis l’époque de Darwin. Alors qu’une annuelle semble se dire : « Pourquoi combattre les insectes et les maladies ? Je vais atteindre la floraison le plus rapidement possible et produire mes semences en très grande quantité avant que les parasites ne m’attaquent. Après, s’ils me bouffent, cela n’aura plus d’impor­ tance, l’avenir des futures générations étant assuré. » L’attitude de l’arbuste est très différente. Il croît lentement à partir de semences et lorsqu’il fleurit enfin, il produit comparativement peu de semences. Il semble se dire : « J’apprendrai à tenir tête à mes ennemis. Je remplirai mes tiges de lignine, un produit fort peu comestible, et mes feuilles de produits chimiques dissuasifs. Comme cela, mes ennemis n’auront pas l’audace de me manger, mais s’attaqueront plutôt aux annuelles. Je pourrai alors mûrir en paix, à mon propre rythme. Si je suis attaqué, je me défendrai et conserverai des réserves d’énergie pour récupérer après l’assaut. Jamais je ne les laisserai gagner! » Et c’est ainsi que les arbustes poussent lentement mais sûrement, souffrant très rarement d’infestations majeures et repoussant leurs ennemis avec vigueur lorsqu’ils sont attaqués. Et c’est tant mieux, du point de vue du jardinier pares­seux !

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De plus, des groupes entiers d’ennemis des plantes, parmi les plus connus des jardiniers, s’intéressent peu aux arbustes. Les limaces et colimaçons ne sem­ blent pas les apprécier, non plus que les perce-oreilles. Tout jardinier a déjà vu des plants de laitue décimés par les limaces, mais peut-il se souvenir d’avoir vu leurs dégâts sur un arbuste ? Par contre, il y a des ennemis des arbustes que vous ne verrez jamais sur les plantes éphémères. Plusieurs types de chenilles sont spéci­fiques aux arbres et aux arbustes, telles les chenilles à tente, et divers para­sites comme les kermès, lesquels ne se développent que sur les végétaux à crois­sance lente, tels les arbustes, les conifères et les arbres… mais il s’agit d’ex­cep­tions. En général, les arbustes sont relativement libres d’insectes et de maladies.

UN PROBLÈME CAUSÉ PAR DES PARASITES ? PAS TOUJOURS !

Malgré ce que l’on pourrait croire, la plupart des problèmes des arbustes ne sont pas dus aux insectes et aux maladies, mais à des problèmes environnementaux. Un arbuste mal placé vous le signale par des symptômes semblables à ceux des attaques d’insectes (feuilles jaunies, noircies, enroulées, etc.), mais résultant d’autres causes. Avant de vous armer d’un fongicide ou d’un insecticide, même le moins nuisible pour l’environnement en général, assurez-vous que le trai­ te­ment correspond au problème. Malgré votre fongicide pour contrôler des feuilles tachetées de noir, si ces dernières sont dues à la pollution de l’air ou à une carence en manganèse et non à des champignons, vous traitez en vain. Il faut toujours prendre le temps d’identifier le vrai coupable avant de traiter.

UNE BONNE INSPECTION À L’ACHAT

Malheureusement, plusieurs des infestations les plus difficiles à contrôler, telle celle du kermès du fusain, sont presque exclusivement propagées par des plantes infestées. À l’achat, examinez de très près les végétaux que vous lorgnez, surtout sous les feuilles et à l’aisselle des feuilles, lieux de cachette privilégiés par beau­ coup d’insectes et où les premiers symptômes d’une maladie apparaissent sou­ vent. Vous n’avez pas à identifier le problème, évitez tout simplement d’acheter des plantes douteuses. Pourquoi prendre des risques ?

DES TRAITEMENTS EN DOUCEUR

Si vous vous sentez le besoin d’un traitement contre un insecte ou une maladie, voici quelques produits et traitements inoffensifs pour l’environnement. Aucun ne risque après le traitement d’empoisonner les cours d’eau… ou votre cour arrière.

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S

Lire l’étiquette, s.v.p. !

i vous utilisez un produit antiparasitaire quelconque, lisez toujours l’étiquette avant chaque application. Il ne sert à rien d’augmenter la dose recom­man­dée, car vous risqueriez d’endommager les végétaux, ni de la réduire, parce que le pro­ duit ne serait pas efficace. De plus, l’étiquette vous rappellera toute contre-indication que vous auriez pu oublier.

Antitranspirant Il s’agit d’un produit que l’on vaporise sur le feuillage des végétaux à feuilles persistantes pour empêcher leur assèchement sous l’effet du vent, notamment durant l’hiver. Il forme sur la feuille une pellicule biodégradable qui réduit les pertes d’eau résultant de la transpiration. On l’emploie habituellement l’hiver, surtout le premier hiver après la plantation, sur des arbustes comme les rhodo­dendrons. Cependant, appliqués en été, les antitranspirants peuvent prévenir l’infestation des maladies du feuillage en créant sur la feuille une pellicule infranchissable pour les spores des maladies. Une seule application au début de l’été, immédiatement après la formation complète des feuilles, suffit généralement à prévenir la tâche noire, le blanc, etc. …mais ne dites à personne que je vous l’ai dit ! Cette utilisation n’étant pas homologuée, théoriquement, je n’ai pas le droit de vous la conseiller. Toutefois, ce produit ne guérit pas une infestation : il ne fait que la prévenir. Si vos végétaux montrent des symptômes d’infestation, il est trop tard pour agir. B.t. Il s’agit d’une bactérie qui ne s’attaque qu’aux chenilles, Bacillus thuringiensis, dont une variante est vendue pour les plantes ornementales. Il en existe aussi une souche qui réprime les coléoptères nuisibles, dont les doryphores de la pomme de terre, et une autre souche qui s’attaque uniquement aux moustiques, toutes deux étant vendues expressément à ces fins. On l’applique soit comme traitement préventif à appliquer aux deux semaines ou après chaque pluie, soit comme traitement curatif dès que l’on voit des chenilles. La bactérie ne tue pas par contact et les chenilles ne meurent pas immédiatement car son action est différente : après avoir mangé quelques spores, la maladie se développe dans le système digestif de la chenille, ce qui l’empêche de manger et cause sa mort. Il est donc inutile de paniquer si certaines continuent de croquer votre arbuste pendant quelques jours. Bande adhésive On trouve sur le marché des bandes adhésives servant à entourer la partie inférieure des tiges et empêcher les insectes rampants d’atteindre l’arbuste. À cause de son application difficile sur les arbustes à branches multiples partant du sol, cette technique est surtout utile pour les arbustes à tronc unique.

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Bicarbonate de soude Une application hebdomadaire de bicarbonate de soude, au taux de 5 ml dans 2 litres d’eau, s’est avérée très efficace pour prévenir les infestations de mildiou. Plusieurs rosiéristes ne jurent que par ce traitement ! Pour une meilleure adhérence, ajoutez une goutte de savon dans le mélange. Bouillies Les bouillies soufrées, cuivrées et bordelaises sont des fongicides à base de cuivre, assez efficaces pour prévenir la tache noire, les taches foliaires et autres maladies fongiques. Il faut cependant éviter de les utiliser par temps froid et pluvieux, car elles peuvent endommager les feuilles des végétaux sensibles. Compagnonnage Parfois, on prétend que cultiver ensemble certains végétaux (œillets d’Inde, ail, etc.) dans la même plate-bande décourage certains insectes, mais il faut l’expé­ rimenter soi-même. Personnellement, mes expériences de compagnonnage n’ont pas été concluantes, mes plantations de capucines ayant plutôt attiré les pucerons qu’elles devaient éloigner ! Chose certaine cependant, des monocultures (un massif composé uniquement d’une seule variété d’arbuste) tendent à augmenter les problèmes d’insectes et de maladies, tandis que les plantations mélangées, peu importe les végétaux, les réduisent. Cueillette manuelle C’est la méthode de choix pour les problèmes limités… et souvent la seule technique logique ! Ramassez les insectes à la main (oui, vous pouvez porter des gants) et écrasez-les ou jetez-les dans une eau savonneuse. Dans le cas des chenilles qui se transforment en beaux papillons, enlevez-les sur vos plantes désirables et transportez-les sur des végétaux sauvages de la même famille. Destruction ou le déplacement des feuilles tombées Pour éliminer certains insectes et maladies (rouille, mineuses, etc.) qui hivernent dans ou sur les feuilles mortes, il peut être utile de ramasser et brûler ces der­ nières. Il est encore plus facile de ramasser les feuilles mortes et de les utiliser comme paillis sous des arbustes non sensibles, autrement dit, sous tout autre arbuste non infesté ! Ces infestations sont toujours très spécifiques. Le printemps venu, les spores ou les insectes ne s’adapteront pas sous un arbuste inconnu et seront incapables de retrouver leur hôte s’il n’est pas à proximité. Détergent à vaisselle Une solution composée de 5 ml de détergent à vaisselle par litre d’eau, vaporisée sur des insectes nuisibles, peut les étouffer. Ne laissant aucun résidu, ce produit est peu nocif pour l’environnement, mais réprime cependant tant les insectes utiles que les insectes nuisibles. Cependant les détergents étant variables, certains peuvent brûler les plantes. La formulation du savon insecticide (voir plus loin) est semblable, mais spécialement conçue pour éviter ce problème.

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Huile de neem Non homologuée au Canada au moment de la rédaction ce livre, l’huile de neem est parfois vendue en catimini comme un « produit nettoyant pour les feuilles ». On sous-entend, bien sûr, « nettoyer les feuilles… des insectes nuisibles ». Produit naturel dérivé d’un arbre tropical, inoffensif pour les mammifères et les oiseaux, mais efficace contre une vaste gamme d’insectes nuisibles, l’huile de neem s’applique comme traitement préventif et répressif. En plus d’enlever à la plante son attrait pour les insectes nuisibles, l’huile de neem repousse certains insectes, dont les pucerons, et protège donc la plante à long terme. Huile horticole L’huile horticole s’applique en vaporisation. Elle étouffe les insectes et leurs œufs, puis se décompose sans laisser de trace dans l’environnement. On peut l’appli­ quer pour prévenir d’éventuelles infestations ou en traiter une en cours. Elle est efficace contre une vaste gamme d’insectes, et la pellicule qu’elle laisse empêche également certaines spores de maladie de se développer. Malheureusement elle élimine tant les insectes bénéfiques que les insectes nuisibles. Il faut brasser régulièrement le contenant au cours de l’application, car l’huile ne reste pas en suspension très longtemps. Il y a deux formulations d’huile horticole : pour la dormance et la saison estivale. L’huile de dormance, la plus connue des deux, s’applique sur les arbustes à feuilles caduques durant leur dormance, car elle peut brûler les bourgeons en développement ou les feuilles ouvertes. On l’applique après la fonte des neiges, mais avant le débourrement (éclosion des bourgeons), par une journée où la température ne descend pas sous les 4˚C. Elle n’agit que sur les insectes et les oeufs hivernant sur l’écorce des arbustes, et peut servir à prévenir un problème prévu ou à traiter un problème en cours. Plusieurs jardiniers traitent automati­ quement leurs arbres fruitiers avec cette huile et l’appliquent aussi sur leurs arbus­tes ornementaux. L’huile estivale, ou huile horticole légère, bien moins connue, est très utile comme pesticide généraliste, car elle étouffe tout ce qui se retrouve sur les feuil­ les, les fleurs, les tiges et les bourgeons des arbustes. On l’applique sur les plantes en croissance, du printemps à l’automne, sur des feuilles pleinement épanouies, mais toujours à une température inférieure à 30˚C. Elle est peu effica­ce comme moyen de prévention contre les insectes, servant surtout lors de problèmes existants. Par contre, une pellicule d’huile sur les feuilles peut pré­venir certaines maladies. Insectes et animaux utiles Au lieu de paniquer à la vue d’un insecte sur vos arbustes, identifiez-le. La plupart des insectes sont inoffensifs et plusieurs sont bénéfiques et dévorent les ennemis de vos plantes. Les coccinelles, insectes bombés jaunes ou orange à points noirs, et les chrysopes, insectes verts aux ailes transparentes, sont les deux insectes utiles les plus connus, mais il en existe beaucoup d’autres. On peut même acheter des insectes utiles, mais com­me ils sont ailés… rien ne ga­ran­­tit qu’ils resteront chez

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vous ! En géné­ral, ils surgissent sponta­né­ment dès qu’une infestation se ma­nifeste. Il arrive que des « ennemis » se trans­forment en « amis » ! C’est le cas des perce-oreilles (forfi­cu­ les) tant détes­tés et à l’apparence si dégoû­tante. Lors­que leur popu­lation devient trop importante, il est vrai que ces insectes nor­ma­lement pré­da­teurs peuvent, faute de res­sources, s’atta­quer à cer­­tains végé­taux. Par contre, lorsque leur nombre est plus res­treint, les perce-oreilles redeviennent pré­­da­teurs et contribuent à éliminer les insectes in­dé­sirables. Bien qu’il ne soit pas beau, le Alors, ap­pre­nez à les laisser tran­quil­les. crapaud est un consommateur En plus des insectes bénéfiques, de nom­ d’insectes nuisibles très vorace ! breuses autres créatures travaillent pour les jardiniers paresseux : oiseaux, crapauds, chauve-souris, couleuvres, arai­gnées, etc. Tout ce qui vous pouvez faire pour encourager la présence dans votre aménagement, plantations variées, plans d’eau, endroits pour se cacher, pierres au soleil où se réchauffer, absence de pesticides, etc., contribuera à main­tenir un équilibre sain sur votre terrain, c’est-à-dire penchant dans votre direction. Jet d’eau Un fort jet d’eau sur une plante, en vous assurant d’atteindre les deux côtés des feuilles, suffit souvent pour réduire énormément les infestations de pucerons, cochenilles et autres insectes vivant à la surface des végétaux. Répétez au besoin aux trois jours pour les éradiquer. Maladie laiteuse Comme le B.t., la maladie laiteuse (Bacillus populiae) est une maladie bac­té­rienne touchant des insectes nuisibles. On l’utilise uniquement sur les larves des gros coléoptères, hannetons, scarabées japonais, etc., qui rongent les racines des gazons. Or, le scarabée japonais adulte est très néfaste pour certains arbustes, notamment les rosiers, et les hannetons adultes peuvent aussi faire passablement de dégâts. Appliquez le produit non seulement sur votre gazon, mais encouragez vos voisins à faire de même, car les scarabées se déplacent. L’inconvénient de la maladie laiteuse est d’exiger deux ou trois ans avant de se multiplier effica­ce­ ment dans le sol. Par contre, une fois bien établie, elle contrôle les larves pendant 20 ans ou plus. Les spores de la maladie laiteuse sont difficiles à trouver sur le marché canadien, mais sont très répandus aux États-Unis. Pièges à phéromones Ces pièges commencent à être plus facilement disponibles. Ils fonctionnent en dégageant des phéromones (hormones sexuelles) de la femelle de l’insecte que l’on veut prévenir. En pénétrant dans le piège, les mâles y restent emprisonnés, ce qui, théoriquement, fait chuter la population d’insectes dans un secteur. Dans

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les faits, ces pièges finissent souvent par attirer l’insecte, ce qui peut empirer la situation, surtout lorsque les insectes attirés ne pénètrent pas un piège mais s’installent sur les végétaux les plus proches. Il est donc recommandé d’installer les pièges loin des plantes sensibles. Les pièges à phéromones sont très spécifiques : il faut les acheter en fonction du type précis d’insectes à contrôler. Pièges collants On peut se procurer des pièges collants jaunes, soit en plaques ou en rubans enduits de colle ou encore, en fabriquer en peignant en jaune une plaque de bois ou un carton et en le recouvrant d’une huile épais­­ se ou d’une colle spécialement conçue à cette fin. Le jaune attire beaucoup d’insectes nui­ sibles qui s’y engluent. Les pièges collants sont cependant plus effi­caces pour prévenir un pro­ blème futur que pour le contrôler. Lors­que vous voyez que vos pièges sont couverts d’in­­sec­tes, vous pou­vez donc réagir en utili­sant un moyen plus effica­ce. Il y a aussi des pièges collants rouges en forme de boule à suspendre aux branches pour attirer les insectes qui s’attaquent aux fruits. On peut les Ce piège rouge, en forme de acheter ou les fabriquer en appliquant un produit pomme, aidera à empêcher les collant sur une balle en caoutchouc rou­ge… ou insectes nuisibles d’attaquer les pommettes avoisinantes. même sur une pomme en plastique. Pièges et poisons On peut souvent utiliser des pièges pour se débarrasser des mammifères nuisibles (marmottes, lièvres, mulots, etc.) ou encore, les empoisonner. Comme appât pour les pièges, des tranches de pomme recouvertes de beurre d’arachide se sont révélées particulièrement efficaces. Les poisons exigent toutefois d’être utilisés avec prudence, car ils sont souvent enrobés d’appâts susceptibles d’attirer les animaux domestiques, voire les enfants ! Il faut toujours les placer avec précaution, soit dans des endroits difficiles à atteindre ou les camoufler avec une assiette ou des branchages. Pyrèthre, sabadilla, roténone, ryania, etc. Recommandés comme pesticides biologiques, ces insecticides sont pourtant aussi toxiques que de nombreux pesticides chimiques. Même s’ils subsistent moins longtemps dans l’environnement, personnellement, je préfère ne pas les utiliser afin de ne pas empoisonner mon aménagement. Répulsifs Surtout efficace contre les mammifères, les répulsifs les éloignent généralement par leur odeur ou leur goût désagréable. Plusieurs d’entre eux, tels l’urine de prédateur, les composés naturels, les produits chimiques, etc., sont offerts en

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magasin, mais plusieurs « produits maison » aussi sont efficaces : cheveux hu­mains, savons parfumés, boules à mites, œufs pourris, farine de sang, excré­ments de chat ou de chien, vaporisation à l’ail ou à base de sauce Tabasco, etc. Il est même possi­ble de « marquer » son terrain… avec l’urine hu­ maine. Par contre, l’efficacité des produits agis­sant par leur odeur est limitée puisque les ravageurs finissent par s’en accommoder et re­ve­ nir. Une rotation de produits, plus ou moins aux deux semaines, devrait cependant entre­tenir leur mé­fiance et réduire consi­déra­blement les dégâts. Les répulsifs ayant un goût amer, comme le Ro-Pel, sont encore plus effica­ces. Vaporisés ou badigeonnés sur les plantes, ils conservent Le savon Irish Spring est censé leur effet plusieurs mois. Souvent le pro­duit éloigner les mammifères amer possède une faible odeur, im­per­ceptible prédateurs. pour l’homme mais déplaisant aux mam­mifères préda­teurs, qui l’associent rapidement au goût amer du produit et re­non­cent aux végétaux. Évidemment, vous n’avez pas besoin de répulsifs en choisissant des arbustes qui sont naturelle­ment peu attirants pour les mam­mifères ! Savon insecticide Ce produit a été développé précisément pour éliminer les insectes, sans endom­ mager les végétaux. Néanmoins, lisez toujours l’étiquette avant l’ap­plication, car le produit peut brûler le feuillage de certaines plantes. Appliquez-le uniquement sur les insectes visibles, car le savon insecticide agit par contact et n’a aucun effet résiduel, il est inefficace comme moyen préventif, à moins d’être appliqué hebdo­madairement et dès le début de la saison de croissance. Il est possible d’aug­men­ter l’efficacité du savon insecticide en ajoutant 5 ml d’alcool à friction à 1 litre de produit mélangé. Je dis produit mélangé, car au lieu de vous procurer la formule prête à l’emploi, vous réaliserez des économies ap­pré­ciables en achetant, comme moi, le produit concentré contenant 50 fois plus d’ingrédient actif, auquel il suffit d’ajouter de l’eau. Soufre de jardin Avec les diverses bouillies décrites ci-dessus, c’est l’un des rares fongicides que l’on considère acceptable pour les cultures biologiques. Appliquez-le sur le feuillage comme moyen préventif seulement, car aucun fongicide ne guérit un problème déjà visible. Appliquez-le à partir du printemps, aux deux semaines, sur les végétaux sensibles aux maladies des tiges et des feuilles. Évitez de faire cette application lorsque la température dépasse 27 ˚C, car il peut alors endom­ mager le feuillage. Ne l’utilisez pas sur la viorne obier (Viburnum opulus) dont les feuilles sont sensibles au produit. Le soufre de jardin est disponible en pou­dre, mais maintenant aussi vendu en mélange avec du savon insecticide.

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Suppression des parties atteintes C’est souvent le seul traitement logique, notamment lors d’un début d’infestation par la mineuse, la squeletteuse, etc., ou pour éliminer gales, branches brisées, feuilles atteintes ou tout autre problème physique (bris, brûlures, etc.). Terre de diatomée Poudre blanche dérivée de restes fossilisés d’animaux marins, la terre de diatomée s’applique à sec sur le feuillage. Elle est utilisée tant comme pré­ventif que comme traitement contre les infestations. Il faut refaire l’appli­ca­tion aux deux semaines ou après chaque pluie. Vaporisation à l’ail L’ail est réputé pour son efficacité comme insecticide et comme fongicide, surtout pour la prévention. Réduisez en purée 125 ml de gousses d’ail et laissez macérer une heure dans 500 ml d’eau. Filtrez et appliquez. On suggère également d’ajouter quelques gouttes de savon insecticide pour donner une meilleure adhé­rence à la solution. Évidemment, en plus d’éloigner les insectes indésirables, la vaporisation à l’ail est aussi très efficace contre les vampires. Je n’ai pas subi la moindre morsure depuis que je l’utilise !

LES RAVAGEURS DES ARBUSTES

Plusieurs arbustes ont des ravageurs très spécifiques, dont on fait mention dans les fiches individuelles. Voici cependant quelques « généralistes » qui s’attaquent à une vaste gamme de végétaux arbustifs. Altises Ces petits coléoptères sauteurs, noirs ou bleu métallique, percent d’innombrables petits trous dans les feuilles, comme si elles avaient reçu une décharge de fusil à plombs. Les altises sont très courantes, surtout lors­ que l’été est chaud et sec, et certains ar­bustes ont le privilège d’avoir des altises qui leur sont spécifiques. Par contre, sauf vus de près, les dégâts sont souvent peu ap­pa­rents, et les feuilles, même passa­ On voit rarement les altises, mais blement criblées, survivent habituellement on voit leurs dégâts ! le reste de l’été. Par contre, les altises transportent parfois des maladies. Arbustes atteints : cornouillers, hydrangées, weigelas et autres. Traitement : répandez de la terre de diatomée au pied des plantes sensibles au début de mai, lorsque les adultes émergent du sol. Vous pouvez aussi utiliser l’un des produits suivants si vous en voyez sur les feuilles : huile de neem, huile estivale, savon insecticide ou vaporisation à l’ail. Le traitement est plus efficace en soirée, car les altises se cachent durant le jour. Les oiseaux font souvent le ménage pour vous.

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Photo : Lina Breton (Ministère des Ressources naturelles du Québec)

Araignées rouges ou tétranyques Bien qu’elles soient souvent classées avec les insectes, les araignées rouges sont en fait des mites, à huit pattes au lieu de six. Très petites, elles sont presque invisibles et de nombreuses personnes utilisent une loupe pour les voir. Elles prolifèrent surtout par temps chaud et sec, causant peu de problèmes lorsque l’été est frais et pluvieux. On les reconnaît aux petits points qui apparaissent sur le feuillage et au jaunissement général de la plante. Lorsque leur concentration est particulièrement forte, les araignées rouges tissent des toiles entre les feuilles et tiges de leurs plantes hôtes. Arbustes atteints : de nom­breuses espèces. Traite­ments  : détergent à vaisselle, huile de neem, huile estivale, insectes utiles dont les acariens prédateurs surtout, jet d’eau, savon insecticide, vaporisation à l’ail.

Les cercopes se cachent dans une mousse de bulles pour pouvoir sucer tranquillement la sève de leur hôtes

Cercopes Quel jardinier n’a pas remarqué des amas de bulles formant une mousse blanche sur les extrémités des tiges des végétaux. Communément appelé « crachat », ces bul­les hébergent généralement une seule larve jaune oran­ gée. Bien que rarement prolifiques au point de causer des problèmes, les cercopes favo­ri­sent la trans­ mission des maladies d’une plante à l’autre. Arbustes atteints : de nombreuses espèces. Traite­ment  : défaire le crachat avec les doigts et écra­ser la larve.

Cerf de Virginie (chevreuil) Le cerf de Virginie représente un pro­ blème majeur dans certaines régions, notamment là où des déve­ loppements domiciliaires envahissent le territoire natu­ rel de ce mammifère très élégant, mais aussi très gour­mand. Les cerfs man­ gent le feuillage et les fleurs d’un grand nombre d’arbustes durant l’été, et en hiver, presque tout ce qui surplombe la neige. Si les cerfs vous font la vie dure, plantez des arbustes qu’ils ne mangent pas ! Arbustes atteints : de nombreuses es­pèces. Traite­ment  : les répulsifs en alter­ nan­ce (voir Répulsifs page 136) suf­fisent Habituellement, nous admirons les cerfs, parfois, mais un gros chien méchant jusqu’à ce qu’ils dévorent nos plantes ! vivant à l’extérieur les éloigne mieux. Une clôture haute de 240 cm est également efficace, et si les chevreuils essaient de passer sous la clôture, enterrez une autre section de clôture à environ 60 cm de profondeur.

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ARBUSTES QUE LES CERFS NE MANGENT PAS La liste suivante comprend plusieurs arbustes que les cerfs de Virginie ne mangent normalement pas. Par contre, ce sont des créatures qui s’habituent et, dans certaines régions, il est possible qu’elles aient développé un goût pour l’un ou l’autre de ces arbustes : Aralie, Aralia Berbéris, Berberis Bruyère, Calluna, Erica Buis, Buxus Chalef, Elaeagnus Cornouiller, Cornus Cotonéastre, Cotoneaster Daphné, Daphne Éleuthère, Eleutherococcus Enkianthe, Enkianthus Érable du Japon, Acer palmatum Forsythia, Forsythia Fusain, Euonymus Gadelier, Ribes Houx, Ilex (variétés à feuilles piquantes) Kalmia, Kalmia Kerria du Japon, Kerria japonica Lilas, Syringa Magnolia, Magnolia Mahonia, Mahonia Noisetier, Corylus Olivier de Bohême, Elaeagnus angustifolia Pivoine arbustive, Paeonia suffruticosa Potentille arbustive, Potentilla fruticosa Rhododendron, Rhododendron (sauf les azalées) Spirée, Spiraea Sureau rouge d’Europe, Sambucus racemosa Viorne, Viburnum

Chenilles Il existe une grande variété de chenilles sus­ ceptibles d’attaquer les arbustes. Elles peu­vent être de toutes tailles (jusqu’à 10 cm de lon­ gueur) et de toutes couleurs, mais la plupart sont petites et vertes. Il n’y a pas lieu de traiter à moins que les dégâts soient majeurs. Arbustes atteints : de nombreuses espèces, mais surtout les gadeliers (Ribes). Traitement : plusieurs trai­ te­ments sont efficaces : b.t., bande adhésive, cueillette manuelle, détergent à vaisselle,

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Les chenilles sont peut-être voraces, mais souvent Dame Nature se charge de les éliminer.

destruction des feuilles tombées, huile de neem, huile estivale, huile de dorman­ce, animaux utiles (notamment les oiseaux insectivores), jet d’eau, savon insec­ticide, terre de diatomée, vaporisation à l’ail. Chenilles à tente Ces chenilles, comprenant plusieurs espè­ ces, vivent en vastes colonies recou­ver­tes d’une voile de soie où elles se réfugient la nuit. Les « tentes » remplies d’excré­ments sont très peu esthétiques, et même si les Chenilles à tente. dégâts causés sont relativement mineurs, elles sont à éliminer. On voit surtout ces tentes sur les arbres de la famille des Rosa­cées, mais dans les années de pointe, on en trouve aussi sur les arbustes. Arbus­tes atteints  : famille des Rosacées, autres arbustes. Traitement : le b.t. en vient à bout, mais si vous pouvez atteindre la tente, il est plus faci­le de couper et brûler les branches portant leur abri durant la nuit, lorsque les chenilles sont rentrées. Plusieurs prédateurs, dont les oiseaux insectivores, en raffolent. Cochenilles Semblables aux kermès, mais avec une carapace molle recouverte de « coton », les cochenilles déga­gent beaucoup de miel­ lat qui dépare les feuilles inférieures, les­ quelles peuvent alors se recouvrir de fumagine. Pour plus de détails, voir Kermès. Les co­che­nilles sont toutefois plus faciles à trai­ ter car le savon fait fondre leur carapace protectrice.

Les cochenilles font de terribles ravages… mais elles s’atta­ quent rare­ment aux arbustes orne­men­taux… à moins d’avoir acheté des plantes infestées.

Enrouleuses Certaines chenilles ont une façon unique de se cacher des prédateurs : elles tissent des fils pour enrouler les feuilles dans lesquelles elles élisent domicile, puis mangent la feuille par l’intérieur. Elles sont rarement nombreuses et font alors peu de dégâts : à vous de décider si un traitement est néces­ sai­re. Arbustes atteints : de nombreuses espè­ces. Traite­ment  : les animaux utiles en viennent sou­vent à bout, surtout les oiseaux, mais essayez aussi le b.t. ou, à titre préventif, l’huile de dor­mance. Dans bien des cas, il est encore plus facile de tout simplement supprimer les feuilles atteintes. Fourmis Les fourmis ne sont pas, de par leur nature, des ennemis des ar­bustes. Par contre, leur présence sur un arbuste indi­ que souvent un autre problème, car elles se nourrissent du miellat produit par les pucerons et les cochenilles. Si vous

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voyez beaucoup de four­mis qui montent et des­cendent sur le même arbuste, inspectez-le pour en con­naître la raison. Galles Ces drôles d’excroissances peuvent se former sur des tiges qui enflent alors exagérément, ou sur les feuilles qui se parent des petits raisins verts ou multicolores au verso. D’autres galles ont l’allure de bosses chevelues. Elles sont provoquées par divers insectes qui percent les tissus de la plante pour y pondre leurs œufs. Les insectes y injectent aussi des hor­mones qui sti­mulent la crois­sance de façon très loca­lisée, créant ainsi un petit nid pour le dévelop­pe­ment des lar­ves. Cette infes­tation est géné­ra­le­ment légère et ne nuit nul­le­­ment à la santé de l’arbuste, En suivant les four­ car la galle ne réduit en mis, vous trouverez rien sa surface chloro­ souvent… des pucerons ! phyl­lienne. À vous de décider si un trai­te­ment est né­ces­saire. Arbustes Les galles : curieuses à voir, mais atteints : de nom­breuses espè­ces. Trai­tement : généralement peu nuisibles. suppression des par­ties atteintes. Kermès Cet insecte, comptant d’innombrables variétés, est à l’état adulte, immobile et recouvert d’une carapace en forme de dôme qui ressemble à un coquillage. Protégé par sa carapace, il suce la sève de son hôte et produit de nombreux œufs auxquels succède une génération de nymphes qui, elles, se déplacent et se fixent assez rapidement à un nouvel emplacement permanent. Le kermès semble inoffensif, mais peu d’insectes causent autant de dégâts : une toute petite colonie peut sérieusement affaiblir son hôte. Ar­bust­es atteints  : lilas, cotonéasters, ro­ siers, fusains, autres. Traitement : au prin­ temps, gratter les parties atteintes avec une brosse trempée dans de l’eau savon­ neuse pour éliminer les adultes et les carapaces des morts… sous lesquelles se ca­ chent sou­ vent les œufs ! Par la suite, trai­ter à l’huile de dormance. En été, di­vers traitements peuvent contrôler les larves et les Les kermès sont particulièrement nuisibles et em­pêcher de proliférer : dé­tergent à difficiles à contrôler : il faut s’assurer d’acheter vaisselle, huile de neem, huile esti­ des arbustes qui en sont indemnes. vale, jet d’eau, savon insecticide, va­po­risation à l’ail.

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Lièvres Surtout un problème à la campagne durant l’hiver (l’été, les lièvres préférent vos plantes potagères à vos arbustes), les lièvres coupent les extrémités des branches des arbustes, mangent leurs bourgeons et rongent les parties d’écorce non couvertes de neige. Arbustes atteints : fusain, sumac, jeunes arbustes en général. Traitement : chasse, trappe, répulsifs au goût amer et pose de spirales antirongeur, de papier d’aluminium, de broche à poule ou autre autour des tiges. Plusieurs jardiniers suggèrent l’application de farine de sang pour les éloigner. Mineuses Les mineuses et leurs proches parents, les fausse-teignes, creusent des galeries beiges entre les deux surfaces de la feuille, soit sous forme de plaques, soit sous forme de tunnels. Les larves sont généralement petites, parfois presque invi­si­­bles, mais des amas d’excré­ ments (petites ta­ ches noires) sont visi­ bles entre les feuilles. Les adultes, en fait diverses mouches, papillons et coléoptères, sont rarement présents, car ils pon­dent leurs œufs Les mineuses font des dégâts bien et s’en vont. Les dégâts sont généra­lement visibles, mais ne nuisent pas à la peu sérieux. Il n’est pas tou­jours nécessaire santé de leur hôte. de trai­ter. Arbustes atteints : buis, lilas, houx, autres es­pè­­ces. Traitement : cueillette manuelle. Mulots (campagnols) Les mulots ressemblent à des petites souris à queue courte. En été, ils sont généralement inoffensifs. Mais en hiver, ils creusent des galeries sous la neige et, affamés, grugent l’écorce des arbustes. Si le nombre de mulots est restreint, les dégâts sont généralement mineurs et l’écorce repousse. Par contre, au sommet de leur cycle d’environ sept ans, les mulots peuvent arracher complètement l’écorce autour de la tige, provoquant la mort de l’arbuste. La plupart des arbustes régénéreront du pied… mais la taille exigée au printemps est énorme après un tel dégât. Arbustes atteints : de nombreuses espèces. Traitement : les chats sont efficaces en été, mais non en hiver, lorsque les mulots vivent sous la neige. En août, utilisez une trappe à souris appâtée de tranches de pomme couvertes de beurre d’arachide pour les attraper. En préparation à l’hiver, vous pouvez encercler les tiges de spi­ rales anti-rongeur, de papier d’aluminium ou autre, jusqu’à Les mulots gru­ la hauteur maximale de la neige… ce qui devient compliqué gent l’écorce des avec les arbustes ayant de nombreuses tiges. Dans ce dernier ar­bustes et peu­ cas, vaporisez ou badi­geonnez les tiges d’un répulsif au goût vent obliger l’ar­ amer. Durant l’hiver, piétinez la neige autour des arbustes buste à repous­ser de sa base. pour former une barrière difficile à franchir pour les mulots.

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Photo : M. Bernard Drouin, MAPAQ

Perceurs Ces insectes (perceurs, sésies, etc.) pondent habituellement un œuf unique dans les ti­ges des arbustes sensibles. La larve évide les tissus, ce qui, en début d’été, en­traîne le flétrissement de la partie infestée. Arbustes atteints : sureau et autres. Trai­te­ment  : trou­ver le trou percé dans la tige (selon l’espè­ce, on trouve souvent une ac­cu­mu­lation de sciure de bois à la sortie du trou), insérer une tige métallique flexible dans la galerie formée et en poussant, écraser la larve. Ensuite, supprimer les bran­ches flétries et les brûler avant que les adultes en sortent.

Photo : Lina Breton (Ministère des Ressources naturelles du Québec)

Plusieurs jardiniers recommandent l’appli­cation de farine de sang au pied des arbustes pour les éloigner.

Le perceur du cerisier adulte : mais ce sont les larves qui font les dégâts !

Pucerons Petits insectes suceurs, les pucerons ont la forme d’une petite poire translucide montée sur des pattes très minces. Habituellement verts, ils peuvent aussi être noirs, pourpres, beiges, orange ou autre, et parfois être couverts de duvet blanc. Vivant en colonies, on les voit souvent à la queue leu leu à l’extrémité des tiges. Chaque femelle pond des nymphes vivantes qui commencent à pondre à leur tour après quelques jours seulement. Ainsi la population augmente à une vitesse vertigineuse. À l’occasion, quelques individus ailés naissent et ils partent fonder de nouvelles colonies. C’est à l’automne seulement que les femelles pondent des œufs qui hivernent sur les tiges des arbustes infestés. Les plantes légèrement infestées souffrent peu des pucerons et on peut choisir de ne pas intervenir. Les pucerons nuisent surtout en transportant des maladies, tel le célèbre balais de sorcière du chèvrefeuille. Cependant, dans les cas d’infestations plus graves, les feuilles jaunissent ou se tordent et la plante s’af­fai­blit. Les pucerons dégagent un miellat sucré qui tombe sur les feuilles inférieures et risque de provoquer la fumagine. Arbustes atteints : de nombreuses espèces. Traitements : on peut utiliser les capucines pour attirer les pucerons et détruire ces plan­tes dès que les pucerons apparaissent. Plusieurs ani­ maux utiles les mangent, notamment les chrysopes, les coccinelles et les oiseaux. À titre préventif, prin­cipa­le­ ment lorsque l’arbuste a été infesté l’année précédente, Sans doute l’insecte le plus courant chez les arbustes : l’huile de dormance peut le puceron.

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être utile. Une bonne gamme de traitements est efficace contre ces insectes prolifères : détergent à vaisselle, huile de neem, huile estivale, jet d’eau, pièges collants, savon insec­ticide, suppression des parties atteintes, terre de diatomée, vaporisation à l’ail, etc. Scarabées et hannetons Ce sont de gros coléoptères émergeant au début de l’été et qui, en grand nombre, peuvent cau­ser beaucoup de dégâts chez les arbustes. Leurs larves sont de gros asticots dodus, souvent repliés en « C » et vivant dans le sol où elles causent des dégâts majeurs aux plantes her­bacées et aux pelouses qui jaunissent par pla­ ques. En été, les adultes consomment tant les feuilles que les boutons floraux des arbustes et arbres environnants, les criblant de trous. Si les hannetons les plus courants sont connus de tout jardinier comme étant les gros coléoptères bruns que l’on voit partout en juin, les adultes, ayant une courte vie, ne causent des pro­blèmes aux arbustes qu’en­viron aux trois ans, soit au sommet de leur cycle lorsqu’ils sont très nombreux. Le scarabée japonais qui a été importé acciden­ tellement d’Asie est bien pire. Heureusement qu’au Québec, son aire se limite actuellement à la partie sud-ouest de la province. Cependant, il est présent en grand nombre dans le sud de l’Ontario et dans le nord-ouest des États-Unis. On s’attend à ce qu’il étende davantage son territoire dans les années à venir. Il s’agit d’un très joli coléoptère bombé de 2 cm de long, vert métallique et aux ailes cuivrées. Les adultes vivent plus longtemps que les adultes des hannetons (2 mois environ) et mangent énormément, causant des dégâts considérables. Il y a aussi le scarabée du rosier, fréquent sur cette plante. Arbus­tes atteints : de nombreuses espèces. Trai­ tement : le meilleur traitement à long terme est une application de maladie laiteuse. En attendant, ramassez les adul­ tes à la main, le matin parce qu’ils sont alors visibles, mais peu actifs. Les pièges à phéromones peuvent aussi être utiles. Les mouf­ Scarabées japonais adultes. fettes qui creu­sent le sol à la recherche de larves détruisent en même temps votre gazon. Spongieuse Cet insecte, introduit accidentellement aux États-Unis, ne fait que commencer ses ravages au sud-ouest du Québec et dans les provinces limitrophes… mais pro­gres­se d’une année à l’autre. Il s’agit d’une chenille poi­lue, portant des tubercules bleus et rouges, qui émerge en mai et peut com­plètement défolier l’arbuste attaqué en quelques semaines seulement. L’ar­bus­te meurt rarement, réagissant en produisant de nouvelles feuilles, mais des attaques répétées toutes les années peuvent l’affaiblir ou le tuer. L’adulte est un papillon de nuit que l’on voit habituellement aplati sur l’écorce. À l’automne, la femelle produit des amas d’œufs couverts de poils beiges ou jaunes sur le bas des arbustes et des arbres,

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mais aussi sur les meubles de jar­din, murs, etc. Arbus­ tes atteints : de nombreuses va­rié­tés, dont les rosiers, les amé­lanchiers et les tamaris. Trait­ement  : gratter les amas d’œufs à l’autom­ne ou avant leur éclosion en mai. Une bande adhésive à la base de l’arbuste attrape les chenilles qui descendent au sol la nuit et remonte dans l’arbuste le jour. Des vaporisations aux b.t. sont efficaces, de même que le détergent à vaisselle, l’huile de neem, l’huile esti­ vale, le savon insecticide et la vapo­risation à l’ail. De plus, beau­­coup d’insec­tes, ani­maux et oiseaux se nourrissent des larves et des adul­tes. Il existe un pré­da­teur spécifique, un virus (Borreli­navirus reprimens), mais il est encore peu disponible.

Femelle spongieuse pondant des œufs.

LES MALADIES DES ARBUSTES

L’identification d’une maladie n’est pas toujours facile, notamment parce qu’il y a littéralement des milliers de possibilités… et que la même maladie, (Botrytis) par exemple, peut présenter des symptômes très différents selon les espèces atteintes. Par contre, les traitements étant les mêmes dans la plupart des cas, une identification exacte n’est pas toujours nécessaire. En général, les maladies sont plus fréquentes ou plus sévères lorsque la saison est fraîche et pluvieuse. L’utili­ sation d’un paillis et d’un système d’irrigation qui humidifie le sol mais non les feuilles réduit énormément les problèmes. Aussi, de nombreuses maladies sont transportées par les insectes nuisibles, et en surveillant ces der­niers, vous réduisez les problèmes d’infestation de maladies dans votre amé­na­gement. Et comme ces insectes élisent souvent domicile dans les mau­vaises herbes … vous savez donc ce qu’il faut faire. LE « PROGRAMME DU JARDINIER PARESSEUX » Vous ne voulez pas voir de maladies sur vos plantes ? Voici ce que j’appelle le « programme du jardinier paresseux » pour les contrôler sans trop d’efforts : 1. Ne plantez que les variétés recommandées pour leur résistance aux maladies. 2. Plantez-les dans des emplacements qui leur conviennent. Avec un tel programme, vous éliminez 95 % des maladies, avant même qu’elles ne se présentent… et pour les 5 % qui restent, les symptômes seront si minimes qu’aucun traitement n’est nécessaire. LE « PROGRAMME PRÉVENTIF » Il est souvent trop tard ! Vous avez des arbustes infestés de maladies année après année ? Arrachez-les ! Vous n’en avez pas le cœur de le faire ? Entreprenez alors un « programme préventif » efficace pour la plupart des maladies décrites ci-contre :

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1. Enlevez et détruisez les feuilles tombées l’année précédente, ou utilisez les comme paillis… sous d’autres espèces. 2. Appliquez un paillis au pied du plant. 3. Traitez tôt au printemps avec du bicarbonate de soude, de la bouillie ou du soufre de jardin pour tuer les spores, puis avec de l’huile de dormance ou un antitranspirant pour créer une barrière contre les spores à venir. 4. Au cours de l’été, traitez aux 10 jours avec du bicarbonate de soude ou du soufre de jardin. 5. Supprimez immédiatement, au moyen de sécateurs stérilisés à l’alcool à friction entre chaque coupe, toute feuille ou tige infestée. 6. Recommencez annuellement, encore et toujours, durant toute la vie de la plante.

Photo : M. St-Arnaud, Jardin botanique de Montréal

Personnellement, je préfère la méthode du paresseux ! Voici quelques-unes des maladies les plus répan­dues et les traitements qu’elles réclament.

Balai de sorcière sur un chèvrefeuille.

Balai de sorcière Il s’agit d’une prolifération anormale de rameaux sou­ vent faibles, parfois aux feuilles rabougries, à l’extré­mité des tiges. Fréquemment, une telle forma­tion appa­raît après une taille inappropriée et constitue davan­tage un problème physiologique qu’une ma­la­die. D’autres ba­lais de sorcière apparaissent occa­sion­nellement sans que l’on sache vraiment pour­quoi. Cepen­dant, chez le chè­vre­­feuille, le balai de sor­ciè­re est provoqué par le puce­ron du chèvrefeuille, donnant un amas de tiges tordues et de petites feuilles déformées et décolorées. Arbustes atteints : certains chèvre­feui­les. Traitement : arra­chez et détruisez les chèvrefeuilles infes­tés et, la pro­chaine fois, plantez des espèces résis­tantes. Si vous tenez à garder vos chèvrefeuilles in­fes­tés, supprimez au séca­teur les balais qui appa­rais­sent constamment.

Blanc Il s’agit d’une forme de mildiou, d’ailleurs appelé mildiou poudreux, qui se manifeste par des taches blanches et poudreuses sur les feuilles. Il arrive parfois que toute la feuille semble couverte d’une poudre blanche. En fait, le blanc n’est pas une, mais plusieurs maladies, toutes causées par des champignons. Certaines sou­ches sont très spécifiques à leur hôte, d’autres s’attaquent indifféremment à une vaste gamme de plantes. Contrairement aux autres maladies, les spores ger­ment habituellement surtout sur les tissus secs, ce qui fait que la maladie est donc plus courante après une période de séche­resse. Com­me le blanc apparaît souvent en fin de saison, alors que la plante hôte a déjà eu le temps d’accu­ muler des réserves pour l’année, on peut dire que c’est surtout une maladie

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N

Attente exagérée

’oubliez pas que les fongicides ne peuvent en aucun cas effacer les symp­tômes d’une maladie : si la plante a déjà une poudre blanche sur ses feuilles, ou des taches noires, le produit ne les effacera pas. Il peut, par contre, empêcher la maladie de progresser. Les résultats les plus satis­faisants que vous obtenez avec un fongicide sont dus à une application régu­lière, débutant tôt en saison: dans ce cas, vous arrê­tez la maladie avant qu’elle ne commence !

inesthé­ ti­ que, car l’on entend rarement parler d’un arbus­te tué par le blanc… et même les arbustes grave­ ment atteints s’en remettent, revenant ap­pa­­rem­ment en parfait état l’été suivant. Arbustes atteints : de nom­ breu­ ses espèces, mais surtout le rosier, le lilas, le chèvre­feuille, le saule et le cognassier. Trai­te­ment  : plantez des espèces résistantes dans des endroits aérés. Appre­ nez à tolérer la présence du blanc s’il s’agit d’une infestation mineure en fin de saison. Pour la pré­ven­tion, appliquez le « pro­gramme préventif ».

Au début, ressemblant à du sucre à glacer que l’on a saupou­dré, le blanc peut même être assez joli, mais les feuilles finissent par noircir et mourir.

Brûlure bactérienne Cette maladie apparaît généralement lorsque l’extrémité de quelques tiges meurt en pleine période de croissance, le symptôme permettant de l’identifier le plus facilement étant le fait que les feuilles noircissent et restent accrochées au lieu de tomber. La brûlure bactérienne s’étend rapidement, provoquant chancres, écou­ lements et décoloration de l’écorce sur les branches plus importantes. Les branches infestées meurent; et souvent toute la plante suit ! La maladie est souvent trans­portée par les abeilles lors de la pollinisation, puis elle est répandue par la pluie ruisselant vers le sol. Arbustes atteints : lilas et cerisiers, pruniers, sor­biers et autres membres de la famille des Rosacées. Traitement : par temps sec, couper sans tarder les rameaux atteints entre 30 et 60 cm sous les feuilles infes­tées. Stéri­liser les sécateurs entre chaque coupe. Chancre Toute une série de maladies, causées tant par des bactéries que par des champi­ gnons, se caractérisent par une tache décolorée sur la tige qui devient enfoncée ou enflée, ou parfois enflée à l’extérieur et creuse à l’intérieur. Parfois des pustu­ les orange or noires se forment ou la plaie dégage un liquide gommeux. Souvent de tels chancres résultent d’une blessure quelconque : sections gelées, taille inap­propriée, bois mort, blessures causées par la tondeuse, etc. Arbustes atteints :

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rosiers et de nombreuses autres espèces. Traitement : supprimer sans tarder les parties atteintes avec un sécateur propre, coupant près d’un bourgeon sans lais­ ser de chicot, puis vaporiser un fongicide, tel le soufre de jardin. Fumagine Cette maladie est surtout inesthétique et suit toujours une infestation d’insectes (cochenilles, pucerons, etc.) dégageant du miellat. Le feuillage et les tiges se couvrent d’une poudre généralement noire qui s’enlève avec un linge humide. Es­sen­ tiellement présent pour se nourrir du miel­ lat pro­duit par les insectes, ce champignon n’attaque pas les tissus des végétaux, mais fait toutefois office de pare-soleil et peut alors provoquer la chute des feuilles. Arbus­ tes atteints : de nombreuses espèces. Traite­ ment : traiter d’abord l’insecte en cause. Par la suite, on peut laver les feuilles avec un La fumagine n’est pas une maladie linge trempé dans une eau savonneuse pour en soit, mais elle se développe sur les enlever la fumagine. dépôts de miellat.

Moisissure grise La moisissure grise ou botrytis (Botrytis cinerea) se manifeste surtout en fin de saison après un été particulièrement pluvieux. Elle attaque surtout les feuilles inférieures, formant des points ou des plaques ressemblant à du duvet gris sur les feuilles et parfois sur les jeunes tiges. Les tissus atteints ramollissent et noir­ cissent. La moisissure grise est surtout un problème dans les sols détrempés ou lorsque les arbustes sont trop tassés ou manquent de lumière. Arbustes atteints : de nombreuses espèces. Traitement : rarement nécessaire, car le problème se limite habituellement à quelques feuilles inférieures. Cultivez des arbustes généra­le­ment résistants aux maladies, sous les conditions recommandées, et la moisissure grise sera rare. Si le problème revient annuellement, appliquer le « programme préventif »… ou taillez les arbustes atteints pour améliorer la circulation d’air. Pourriture des racines Divers pathogènes peuvent causer la pourriture des racines, notamment peu après la plantation ou à la suite de blessures aux racines. Les arbustes vendus à racines nues ou emmottés sont les plus sensibles. Les feuilles jaunissent ou flétrissent, et finissent par mourir. Si vous examinez les racines, vous constaterez qu’elles sont molles et sentent la pourriture. Arbustes atteints : plusieurs, mais principalement les bruyères et les rhododendrons. Traitement : il n’y a aucun traitement valable. Il faut arracher et détruire les arbustes atteints, après avoir bouturé les parties saines, s’il en reste. Assurer un bon drainage. Arroser réguliè­­rement les arbustes nouvellement plantés, mais jamais à l’excès. Enfin, éviter de sarcler trop près des arbustes pour éviter des blessures susceptibles d’être infestées.

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Rouille Des milliers d’espèces de champignons sont responsables de la rouille, la plupart très spécifiques à certaines espèces. On reconnaît la rouille aux pustules orangées à l’arrière de la feuille et aux taches de diverses couleurs sur leur face supérieure. Parfois les taches s’agrandissent pour infester et tuer toute la feuille. Habi­tuel­ lement la rouille dépare son hôte sans toutefois le tuer, et l’arbuste repous­se sans peine encore pendant de nombreuses années. Certaines rouilles vivent sur un hôte unique, d’autres ont des cycles alternatifs, vivant sur une plante hôte une année pour envahir une autre plante l’année suivante, et le tout recommence. Ain­si la rouille du blé, maladie très grave des céréales, a comme hôte alternatif certaines espèces de berbéris, notamment l’épine-vinette (Berberis vulgaris), à tel point que la culture de cette dernière est défendue au Canada pour protéger les producteurs de céréales. Malheureusement, la culture de tous les berbéris a été longtemps illégale, même ceux qui n’hébergent pas cette maladie ! (Voir le chapitre Des feuilles tout en couleurs pour plus de renseignements sur les berbéris et la loi.) Arbustes atteints : rosier, sorbier, potentille. Traitement : éviter les arbustes sujets à la rouille ou les arracher lorsque les symptômes apparaissent, car si la maladie atteint la plante, elle reviendra de toute façon, année après année. Pour les conserver, il faut appliquer le « pro­gram­me préventif ». Tache noire du rosier De petites taches noires se forment sur les feuil­ les inférieures, puis s’étendent à toutes les feuil­­les. De plus, ces taches s’agrandissent avec le temps. Dans les cas sévères, les feuilles tom­ bent et l’écor­ ce porte aussi des plaques noires. Arbus­tes atteints  : rosiers hy­brides, notamment les hybrides de thé, les grandifloras et les flori­ bun­ das. Traitement : le jardinier pares­seux ne fait ni un, ni deux : il ne plante jamais les rosiers sen­sibles à la tâche noire ! Si vous en avez, com­mencez le « programme préventif » tôt, dès le débour­rement.

La tache noire du rosier est facile à éviter… en plantant des rosiers qui lui résistent.

Taches foliaires Divers champignons, bactéries et virus peuvent causer des taches sur l’endroit ou l’envers des feuilles, mais ces taches peuvent aussi être causées par la pollution, la sécheresse et autres problèmes environnementaux. Les taches sont petites ou grosses, s’étendent ou non pour recouvrir la feuille, sont souvent brunes ou noires, mais peuvent prendre d’autres couleurs. Arbustes atteints : de nombreuses espèces. Traitements : il est inutile de s’inquiéter pour quelques taches sur quelques feuilles seulement, surtout si elles ne s’étendent pas. En cas de problème chronique et d’arbuste déparé, arracher l’arbuste et le remplacer par un arbuste moins sensible (programme du paresseux), ou appliquer le « programme préventif ».

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Tumeur du collet et tumeur des racines Des bactéries déjà présentes dans le sol, (habituellement Agrobacterium tumefaciens), normalement inoffensives, s’infiltrent dans des blessures à la base de l’arbuste et provoque une excroissance enflée semblable à une galle. De petites tumeurs posent peu de problèmes et l’arbuste survit souvent pendant des décennies avec une infestation mineure. Par contre, lorsque la tumeur grossit, la plante s’affaiblit et meurt. Arbustes atteints : famille des Rosacées (pruniers, sorbiers, cerisiers, spirées, etc.), fusains, lilas, saules, rhododendrons et beaucoup d’autres. Traite­ ment : on peut supprimer les tumeurs avec un sécateur trempé dans l’alcool à friction entre chaque coupe, mais sans aucune garantie d’éradiquer la maladie. Il faut arracher et détruire les arbustes sévèrement infestés. Souvent les tumeurs font suite à un sarclage ou à un binage trop poussé. Notez que le sarclage et le binage sont des techniques absolument inutiles qui ne font qu’étendre les mauvaises herbes et endommager les plantes désirables. Il est préférable d’utiliser un paillis pour prévenir les mauvaises herbes… et d’arracher à la main celles qui apparaissent alors rarement.

LES PROBLÈMES PHYSIOLOGIQUES

Très souvent, les « maladies » des arbustes sont des problèmes physio­logiques, donc reliés à une mauvaise culture plutôt qu’à une véritable maladie (bactérie, cham­pignon, etc.). Évidemment, aucun traitement pesticide n’est efficace, car il n’y a pas de « peste » à traiter… sinon le jardinier en cause. La solu­tion à tous les problèmes qui suivent se trouve dans l’amélioration des conditions de culture. Blessures causées par la tondeuse et le coupe-bordure De petites blessures apparaissent à la base de l’arbuste, à la hauteur de la pelouse. Souvent les plaies se rejoignent et forment des plaques boursouflées, parfois enfoncées, où l’écorce tombe. Des champignons s’y développent fréquemment. Cette situation est bien sûr causée par les coups répétés de la tondeuse ou du coupe-bordure sur l’écorce. Arbustes atteints : presque tous. Traitement : remplacer les arbustes morts ou sévèrement endommagés. Placer un tube en plastique ou une protection en spirale autour de la base des arbustes sains. Mieux encore, remplacer la pelouse autour de l’arbuste par du paillis ou des plantations. Branches cassées à la fonte des neiges Plusieurs branches se cassent au centre ou à la base sous le poids de la neige et de la glace hivernale. Arbustes atteints : presque tous. Traitement : supprimez les branches cassées en les taillant au niveau d’une branche saine ou d’un bourgeon sain allant dans le même sens. Pour éviter ces problèmes ou les réduire, marchez autour de vos arbustes tôt au printemps, à la fonte des neiges, pour briser toute croûte de glace qui se serait formée et pourrait entraîner les branches vers le bas en fondant. Habituellement, ces problèmes surviennent surtout lorsque les arbustes sont trop fertilisés ou fraîchement plantés. Habituellement l’ar­buste se remet très rapidement comme d’une taille naturelle : Dame Nature éli­mi­ne les

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branches faibles pour favoriser les plus fortes. Si les mêmes domma­ges se répè­ tent, remplacez l’arbuste par une espèce plus solide. Carences Une carence minérale indique que la plan­te ne reçoit pas assez d’un élément minéral quelconque. Habituellement, les feuilles d’une plante souffrant d’une carence jaunissent, rougissent ou pré­sen­ tent des « brûlures » diverses… mais allez donc savoir lequel des 16 éléments et oligo­éléments il lui faut ! Arbustes atteints : pres­que tous. Trai­te­ment  : des vapori­ sa­ tions d’algues mari­ nes ou d’émulsions Il n’est pas évident d’identifier la cause de pois­ son contenant tous les oligod’une carence avec exactitude, celleéléments corrigent rapidement la situa­ ci pouvant résulter d’un manque de tion, la plante reprenant sa coloration fer, d’azote ou de magnésium par verte en quelques jours seulement. Si la exemple, mais le traitement est toujours semblable. carence revient ou est généralisée (i.e. de nombreux ar­bustes et autres végétaux en souf­frent), obtenez une analyse de sol et corrigez tout problème indiqué : un sol trop acide, par exemple, retient certains éléments miné­raux. L’apport régulier de compost ou l’utilisation d’un paillis qui se décom­pose a tendance à maintenir un bon équilibre du sol et prévenir les carences… à condition de bien contrôler le pH. Déchaussement Les gels et dégels répétés du sol parviennent à déterrer les végétaux. À la fonte des neiges, on découvre que les racines d’un arbuste planté l’automne précédent sont désormais à l’air libre. Dans ce cas, il suffit de replanter dès que possible l’arbuste à la bonne profondeur, et d’appliquer un paillis épais sur le sol gelé. Ainsi, la motte de racines restera sans doute enterrée. Dégâts d’herbicide Problème très fréquent sur ou près des pelouses, en­trées, stationnements, et autres lieux traités aux herbicides dans le but de contrôler les mauvaises herbes. Les feuil­ les peu­ vent jaunir, s’enrouler, tomber, etc. Arbustes atteints : de nom­breuses variétés. Traitement : éviter l’utili­ sation des her­bicides, surtout lorsqu’il vente.

Les feuilles de ce lilas semblent avoir été attaquées par un insecte ou une maladie, mais la cause est un herbicide appliqué sur le terrain d’un voisin, un jour où il ventait.

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Dessiccation hivernale des feuilles C’est un problème d’arbustes à feuillage per­ sis­tant. Les feuilles semblent en bon état tout l’hiver, mais brunissent au printemps. Le pro­ blème prend naissance au cours de l’hiver, lorsque la température grimpe au-dessus du point de congé­lation. Dans ce cas, l’eau des feuil­les s’évapore sans être remplacée, car les racines sont encore gelées. Arbustes atteints : fusain de Fortune, rhododendron, autres ar­ bus­ tes à feuillage persistant. Traitement : Planté dans un endroit trop sup­primer les parties mortes. Si le problème exposé, ce buis (Buxus) a subi re­ vient annuellement, transplanter l’arbuste une dessiccation hivernale sévère, dans un endroit abrité du vent. On peut aussi et peut-être même fatale. vaporiser le feuillage d’un antitranspirant à l’au­tomne. Durant le premier hiver, une protection hivernale est recommandée pour les arbustes à feuillage persistant. Gel Un gel tardif, après l’éclosion des bourgeons ou l’épanouissement des feuilles, peut causer un brunissement des bourgeons ou du pourtour des feuilles et tuer les boutons floraux. Arbustes atteints : de nombreuses variétés, notamment les arbustes sous protection hivernale. Traitement : enlever les protections hivernales (jute, agrotextile, clôture à neige, etc.) tôt au printemps, sinon la chaleur contenue à l’intérieur de l’abri peut stimuler les bourgeons à gon­fler trop tôt en saison, ce qui les laissent sensibles au gel. Généralement, les arbustes refont rapidement de nouvelles feuilles, mais ceux à floraison printa­niè­­re ne fleurissent que l’année suivante. Gélivures Il s’agit de fentes verticales creusées par le gel, notamment sur les parties expo­ sées de l’écorce, devenant visibles au printemps, à la fonte des neiges. Elles sont provoquées par l’expansion des cellules de l’écorce là où le soleil plombe, lors d’une journée hivernale plutôt chaude suivie de nuits très froides. Arbustes atteints : ceux nouvellement plantés ayant peu de rameaux à la base, notamment les ar­bus­tes sur tige. Traitement : la blessure guérit habituellement seule, mais peut devenir une porte d’entrée pour les maladies fongiques ou les insectes. Une légère protection le premier hiver élimine le problème. En général, l’arbuste résis­te aux gélivures lorsqu’il est bien établi. Jets des souffleuses à neige Au dégel, les rameaux sont déchiquetés et écorchés du côté de la rue. Souvent tous les bourgeons sont arrachés. Ces dommages sont causés par les jets de souffleuse qui lancent avec force non seulement des cristaux de neige et de glace, mais aussi des pierres et du sable sur les arbustes. Arbustes atteints : presque tous.

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Traitement : coupées, les branches endommagées seront remplacées par de nou­vel­les branches saines. Éviter de planter des arbustes sur le parcours des jets de souf­fleuse ou ne planter que de petits arbustes qui seront couverts par les pre­mières neiges. Un tel emplacement convient mieux aux vivaces qui meurent au sol tous les hivers et sont donc à l’abri des rejets. Par contre, le rosier rugueux semble assez bien tolérer les rejets de souffleuse, sans doute parce que ses épines amortissent le choc.

Pollution de l’air

La pollution de l’air peut provoquer divers dégâts : taches, striures, feuilles plissées, etc. Arbustes atteints : surtout ceux à feuilles minces. Traitement : prin­cipalement un problème au cœur des villes ou près des autoroutes. Remplacer les variétés endom­ magées par d’autres plus résistantes.

Produits de déglaçage

Les sels de déglaçage peuvent brûler les racines et les bourgeons des arbustes. Les embruns salins, notamment le long des routes où la circulation est rapide, peuvent même être emportés très loin sur le terrain non entouré d’une barrière. L’arbuste a tendance à avoir des extrémités brûlées, surtout du côté de la rue. Dans les cas sévères, il peut en mourir. Arbustes atteints : de nombreuses espèces. Traitement : remplacer les arbustes brû­ lés par des variétés résistantes au sel (voir à la page 53). Une bordure d’arbustes résistants empêche le sel de se rendre plus loin sur le terrain.

Repousse à partir du porte-greffe

Comme expliqué dans Soins spéciaux pour les arbustes « greffés au pied », à la page 87, il arrive que le porte-greffe, habituellement un arbuste sauvage apparenté au greffon (l’arbuste désiré), produise des rejets ou des drageons à la base de l’arbuste que vous aviez planté. Si vous laissez faire, votre arbuste disparaîtra sous la pousse plus vigou­reuse du porte-greffe. Il faut donc éliminer, en les coupant à la base, de préférence sous le sol, ces repousses dès que vous les voyez. Habituellement elles se recon­nais­sent facilement, car elles n’ont pas le même feuillage que le greffon. Mieux encore, évitez d’acheter les arbustes greffés au pied ou, si vous n’avez d’autre choix que de prendre un tel arbuste, plantez-le en enterrant le point de greffe (bourrelet) à au moins 2,5 à 5 cm de profondeur. Cela encouragera le greffon à prendre lui-même racine et ainsi s’affranchir du porte-greffe qui devrait alors disparaître.

Rusticité insuffisante

Les parties non couvertes de neige meurent ou, lorsqu’elles survivent, produisent des feuilles, mais les fleurs sont absentes ou concentrées uniquement au pied de l’ar­bus­te. Parfois l’arbuste meurt. Arbustes atteints : forsythia, deutzia, et de nom­breux autres arbustes. Traitement : si l’hiver a été très froid, tailler les parties en­dom­ma­gées… et se croiser les doigts en espérant que l’hiver suivant sera plus doux. Le premier hiver protéger les arbustes nouvellement plantés. Si le pro­blème revient souvent, remplacer l’arbuste par une variété plus rustique. Il est facile d’éviter ce problème en plantant seulement des arbustes rustiques pour la zone (voir à la page 15).

Sel de mer

Les arbustes exposés directement aux vents venant de la mer peuvent demeurer rabougris ou pousser seulement du côté abrité du vent. Arbustes atteints : de nom­ breuses espèces. Traitement : voir Produits de déglaçage.

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ARBUSTES pour le jardinier paresseux

V

ous trouverez dans cette nouvelle section plus de 166 fiches dé­cri­vant plus de 1500 d’espèces, de variétés et de cultivars d’ar­ bus­ tes intéressants pour votre aménagement. Cependant, tous les arbustes ne sont pas égaux, et ne servent pas aux mêmes fins. Pour faci­liter votre choix, plutôt que de vous présenter une encyclopédie par ordre alphabétique avec les noms botaniques ou communs de cha­que arbuste, j’ai classé les plantes selon leur utilité. Vous recher­chez un arbuste pour sol acide ? Vous lorgnez un arbuste couvre-sol ? C’est plutôt un arbuste à fruits attrayants qui vous tente ? Vous le trou­ve­rez dans les chapitres correspondants à vos besoins. Pour bien commencer, j’ai cependant rassemblé les arbustes les plus faciles à cultiver, les plus performants et les moins problé­ma­ tiques dans un premier chapitre commençant à la page suivante, Des arbustes vraiment sans entretien ! C’est le chapitre idéal pour le véritable jardinier paresseux : vous pouvez faire pres­que n’im­por­te quoi avec les arbustes dans ce chapitre et espérer bien réussir. À partir d’ici, chacune des fiches que vous lirez contient une fou­­­ le de renseignements : d’abord, un tableau synoptique pour cha­que arbuste recommandé, résumant ses besoins généraux (en­soleil­le­ment, type de sol, rusticité, etc.), plus ses dimensions et ses diffé­ren­tes utili­sations. Je vous renseigne aussi sur ses avantages et ses in­convé­ nients, ses meilleurs cultivars, les arbustes apparentés et beau­­­coup plus encore. Vous aurez, en fait, tout en main pour choisir adéqua­te­ ment le ou les arbustes convenant à vos conditions et à vos besoins.

Légende des ❧

Variétés (ou espéces) recommandées Variétés (ou espéces) déconseillées  Autres espèces  Ce symbole indique une espèce indigène au Québec.

pictogrammes ❧ ❧

Note : représenté ici : couleurs de base seulement

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DES ARBUSTES vraiment sans entretien !

A

u palmarès de la facilité de culture, les 10 arbustes décrits ici sont des ga­gnants. Ils sont beaux, solides, facilement dis­ponibles en pépinière, exigent peu ou pas de taille, n’en­vahis­sent pas les plan­ta­tions voisines, vivent long­temps, crois­sent assez rapi­de­ment et sont très rus­tiques. Et surtout, aucun n’est sujet aux insec­tes ou aux maladies, du moins, pas au point de vous obliger à agir. Et tant mieux, car la sensibilité aux insectes et aux maladies est une tare impardonnable pour le jardinier paresseux. Je vous suggère d’utiliser ces arbustes sans entretien comme base de votre amé­na­gement. Plantez-les en grand nombre pour créer un arrière-plan inté­res­ sant qui ne gruge pas votre temps, puis complétez la scène avec des arbustes ou autres végétaux peut-être plus spectaculaires et colorés, mais demandant un peu plus d’attention. Ainsi vous aurez un magnifique aména­gement n’exi­geant qu’un mini­mum de soins. Pour un aménagement qui ne de­mande aucun soin, utilisez unique­ment ces arbustes, en compagnie de quel­ques arbres et conifères tout aussi solides. Votre seul entretien con­sistera alors à balayer à l’occasion quelques feuilles mortes dans les sentiers, car votre terrain sera tou­jours parfait. Vous trouvez qu’un choix de seulement dix arbustes « super performants » vous laisse un peu sur votre faim ? Remarquez que dans le chapitre suivant, Des arbustes à entretien minimal, je vous propose aussi une belle brochette d’arbus­ tes presque aussi performants que les dix que je mets en vedette ici. Leur seul défaut d’ailleurs est souvent un manque de disponibilité ou une rusticité un peu moindre, adéquate pour les jardiniers des zones 4 et 5, mais non pour ceux des zones plus froides. Allez les voir car ils doublent votre choix d’arbustes « pour jardiniers paresseux » !

Azalée rustique Lights Forsythia rustique Hydrangée paniculée Lilas de Preston Physocarpe à feuilles d’obier

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Potentille frutescente Sorbaria d’Aitchison Spirée de Vanhoutte Viorne commune Viorne Onondaga

Azalée rustique Lights

Rhododendron ‘Golden Lights’

Azalée

Lights

L

orsque la ‘Northern Lights’ a été lancée, elle a vraiment ré­vo­lu­­tion­né le monde des azalées. Jus­qu’à maintenant, ces cousines à Nom anglais : Lights Hardy Azalea. feuilles ca­du­ques des rho­do­den­ Hauteur à maturité : variable, 0,8 à 1,5 m. drons étaient con­s­i­dé­rées essen­ Diamètre à maturité : variable, 0,90 à 1,2 m. tiel­lement impos­si­bles à cultiver Port : érigé globulaire. dans les régions froi­des. Mais les Emplacement : soleil ou mi-ombre. azalées ‘Nor­ thern Lights’, rusti­ Sol : riche, humide, bien drainé, légèrement à très ques sans pro­blème en zone 3b si acide. Tolère mal le sel et le compactage. abritées des vents do­minants, ont Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. démon­­tré qu’il n’était plus néces­ Intérêt principal : floraison printanière. saire de vivre en Virginie pour Intérêt secondaire : coloration automnale. pro­­fiter de ces belles plantes. Feuillage : caduc. Les fleurs en entonnoir des Problèmes : peu fréquents. Taille : peu fréquente. Suppression des branches trop aza­ lées Lights mesurent environ longues après la floraison. 5 cm de dia­ mètre et s’épanouis­ Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées. sent au mi­ lieu du printemps, au Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, moment où le feuil­lage commen­ haie, massif, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois. ce à se dé­ ployer. Même lorsque Zone de rusticité : 2a à 4, selon le cultivar. les feuil­ les elliptiques vertes se dévelop­pent, elles ne cachent pas les bouquets de fleurs perchés à l’ex­trémité des branches. La floraison peut durer jus­qu’à 20 jours. Les feuil­les res­tent vertes tout l’été avant de rougir et de tom­­ber à l’au­tomne.

rustique Rhododendron Lights

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Des arbustes vraiment sans entretien !

Les Lights sont issues de croi­sements entre plusieurs es­ pè­ ces d’azalées asiatiques à feuil­ les ca­ duques et l’azalée indi­ gène R. prinophyllum, trou­ vée dans quelques rares en­ droits au sud du Qué­ bec, mais plus abon­ dam­ ment au New Hampshire. La série a été dé­ve­loppée à l’Uni­ver­ sité du Minnesota, source de plusieurs nou­veaux végétaux spéciale­ment rustiques. Les azalées Light tolèrent mieux les con­di­ tions norma­ les des jardins que la plupart des au­tres rho­dodendrons ou azalées, s’ac­com­mo­dant no­tam­ment des sols moins acides. À moins que votre sol soit carré­ment alcalin, vous ne devriez Rhododendron ‘Mandarin Lights’ avoir aucun problème pour les acclimater. Aussi, bien que re­com­man­dées sur­­tout pour la mi-ombre, ces aza­lées sem­blent très bien se développer en plein so­leil. Toute­fois, afin d’éviter l’assè­­chement des bou­­tons floraux, mieux vaut les placer dans un en­droit abrité des vents hiver­naux. Enfin, bien qu’elles préfèrent un sol humide, un bon drainage est es­sentiel. Comme les autres rhodo­den­drons et azalées, les azalées Lights réussissent mieux lors­­qu’elles sont plantées au printemps, et préfèrent une légère protection durant le pre­mier hiver. Leur multi­pli­cation par bouturage est toutefois difficile. Parfois des vieux spé­ cimens se marcottent seuls, mais autrement, mieux vaut acheter des plants. La taille est rarement nécessaire, sinon pour raccourcir une branche trop longue. Dans ce cas, taillez peu après la floraison. Sous certaines condi­tions, quelques hybrides de la série Lights ont tendance à souffrir du blanc, mais si vous les espacez suffisam­ment et les plantez dans un em­pla­ce­ment bien aéré, en utilisant toujours à leur base un paillis régu­liè­­rement renou­velé, aucun traitement ne sera né­ces­­sai­re. D’ailleurs, les hybri­des plus récents, tels les ‘Northern Hi-Lights’, ‘Golden Lights’ et ‘Lemon Lights’, n’ont aucun pro­ blème avec le blanc.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Rhododendron ‘Apricot Surprise’ : fleurs orange, un peu rosées. 1,5 m x 1,2 m. Zone 4. ❧ R. ‘Golden Lights’ : fleurs jaune clair, très parfumées. Bonne résistance au blanc. 1,5 m x 1,2 m. Zone 3b. ❧ R. ‘Lemon Lights’ : jaune citron à gorge orangé. Une nouveauté résistant au blanc. 1,5 m x 1,2 m. Zone encore indéterminée, mais au moins de zone 4. ❧ R. ‘Mandarin Lights’ : fleurs rouge orangé, à nervures orange et avec tache sur le lobe supérieur. 1,5 m x 1,2. Zone 3b. ❧ R. ‘Northern Lights’ : fleurs roses. 1,5 m x 1,2 m. Zone 3b. ❧ R. ‘Northern Hi-Lights’ : non seulement très rustique, mais très résistante au blanc (mildiou). Fleurs blanc crème, à pétale supérieur jaune. 1,5 m x 1,2 m. Zone 3a. ❧ R. ‘Orchid Lights’ : plus compacte que les autres. Fleurs lilas et mauve. 0,8 m x 0,90 m. Zone 3a. ❧ R. ‘Rosy Lights’ : fleurs parfumées rose foncé. 1,5 m x 1,2 m. Zone 3b. ❧ R. ‘Spicy Lights’ : un cultivar plus com­pact, comme ‘Orchid Lights’. Fleurs très par­fumées, de couleur abricot. 0,8 m x 0,90 m. Zone 3b. ❧ R. ‘White Lights’ : fleurs parfumées, rose très pâle à l’épa­nouissement, deve­nant blanches. Le pétale central est marqué de jaune. La plus rus­tique de toute la série. 1,5 m x 1,2 m. Zone 2a, et même 1.

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Forsythia rustique

Le plus rustique des forsythias, F. x ‘Northern Gold’

Forsythia

rustique Forsythia x ‘Northern Gold’ Noms anglais : Hardy Forsythia. Hauteur à maturité : 1,8 à 2,7 m. Diamètre à maturité : 1,8 à 2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé devenant globulaire, et éventuel­lement évasé. Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide, légèrement acide à légèrement alcalin. Légère résistance au sel. Disponibilité : excellente. (D’autres cultivars varient de peu à très disponibles.) Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuilles uniformément vertes l’été et l’automne. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu fréquente. Après la floraison, suppression des bran­ches de 5 ans et plus. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées, division, marcottage. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, fleur coupée. Zone de rusticité (boutons floraux) : 4a, parfois 3b ou moins. Zone de rusticité (feuilles) : 3a.

O

n peut sans aucun doute dire que les jardiniers des ré­ gions froi­ des ont longtemps rêvé d’un forsythia parfaitement rustique, fleu­rissant du pied jus­ qu’à l’extré­mi­té de ses rameaux. Après tout, quelle flo­rai­son spectaculaire  ! D’innombra­bles cloches jaune or, immédia­te­ment après la fonte des neiges, sans au­cun feuillage pour les cacher : on peut difficilement ima­­gi­ner quelque chose d’aussi beau pour enjo­­liver le pay­sage en­core gris au sortir de l’hiver. Toutefois, jus­­­ qu’à l’intro­duc­tion de ‘Northern Gold’ en 1979, ce n’était qu’un rêve. Les forsy­thias plus rusti­ques d’alors ne don­naient des résultats satisfaisants que dans les régions les plus tem­pé­rées : dans les zones 5b et plus éle­ vées. Ailleurs, les ra­meaux étaient rus­ti­ques, ne subis­ sant au­ cun gel même en zone 3a, mais les bou­tons flo­raux

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Des arbustes vraiment sans entretien !

gelaient sur les parties expo­sées. Le forsythia ne fleurissait donc en général qu’à son pied, là où la nei­ge s’était accumulée. Quelle déception ! Puis est arrivé ‘Northern Gold’, un hybride de F. ovata ‘Ottawa’, jusque là con­ si­déré comme étant le forsythia le plus rustique, même s’il était peu sûr en deçà de la zone 5b, et de F. europaea, pas plus rustique. Nul ne sait pour quelle raison ce croi­ sement a donné une plante nettement plus rustique que ses parents, mais ‘Northern Gold’ a démontré sa capacité de fleurir jusqu’à l’extrémité de ses ra­meaux, partout en zone 4a. Avec un peu de protection contre les vents domi­nants, cet hybride réussit à la perfection même en zone 3b. D’ailleurs, si un peu de taille corrective ne vous rebute pas, vous pouvez même l’essayer en zone 2b. Des amis me disent qu’il fleurit bien dans cette zone environ trois années sur quatre, mais exige parfois un peu de taille lorsque les rameaux sont endommagés par un hiver parti­culièrement sévère. Curieusement, alors que les jardiniers nordiques dansaient de joie à l’arrivée de ce nouvel arbuste très rustique, les Français ont pesté et pestent encore contre la surutilisation du forsythia, qu’ils appellent souvent de façon un peu moqueuse, « mimosa de Paris ». « On les voit partout… », se plaignaient-ils, « …ayez un peu plus d’imagination ! » Dans le Nord, où la vue d’un forsythia tout fleuri fait encore stopper les véhicules des gens qui n’ont jamais vu un tel spectacle, on est loin de la saturation. Tant de couleur sur un arbuste, si tôt au printemps ? Amenez-en ! Il faut admettre qu’une fois sa floraison terminée, le forsythia n’ajoute plus grand-chose dans l’aménagement. Pas de fruits intéressants, pas de coloration automnale, aucune écorce ou structure hors de l’ordinaire pour charmer le regard durant l’hiver. C’est bel et bien un arbuste à une seule saison d’intérêt, et comme tel, je devrais théoriquement le déclasser (une place dans Des fleurs en début de saison conviendrait sans doute mieux). Mais sa floraison si spectaculaire, dès la fonte des neiges, fait de lui une vedette que l’on chérit toujours, même s’il joue toujours le même rôle. Malgré tout, après la floraison ses feuilles sont d’un beau vert… et ne sont jamais victimes d’insectes ou de maladies, ou si rarement. Pour être de culture facile, le forsythia l’est. Il se satisfait du plein soleil, et plus il a de soleil, plus il fleurit, mais s’accommode aussi d’un peu d’ombre et de tout sol bien drainé, ni détrempé ni trop sec. Si vous le taillez, car vous pouvez très bien le laisser pousser à sa guise si un port un peu dégarni ne vous dérange pas, c’est surtout pour enlever quelques vieux rameaux de 5 ans et plus et laisser croître les plus jeunes. De plus, vous pouvez carré­ment rabattre un vieux spécimen enche­vêtré pour le rajeunir. Le forsythia se multiplie aisément par bouturage et par marcottage, les vieux sujets produi­sant parfois des rejets que vous pouvez séparer. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Forsythia x ‘Fiesta’ : il fleurit peu sous notre climat et ses boutons floraux ne sont pas rustiques en deçà de la zone 5b, mais avec ses feuilles joliment maculées de jaune et ses tiges rouges, il peut servir d’arbuste d’ornement même s’il ne fleurit qu’à la base ! Comme la floraison a moins d’importance, on peut le cultiver à mi-ombre où son feuillage ressort davantage. 1,8 m x 1,8 à 2 m. Zone 3b (feuillage). ❧ F. x ‘Happy Centennial’ : excellente variété naine au port presque rampant. Se comporte très bien dans la plate-bande. Fleurs jaune clair, parfumées ! 0,6 à 0,8 m x 0,9 à 1,5 m. Zone 4a. ❧ F. x ‘Meadowlark’ : nouveauté développée dans le très froid Dakota du Nord, donc sans doute fiable sous les climats nordiques. Fleurs jaune doré. 1,8 à 2,7 m x 1,8 à 2 m. Zone encore inconnu : peut-être 4a ?

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VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : D’accord, si vous résidez en zone 5b ou plus chaude, une foule d’autres forsythias s’offrent à vous. Mais pourquoi risquer : nul ne sait à quel moment une autre ère glaciaire reviendra ! Aussi bien se contenter des variétés plus sûres décrites ci-dessus, considérant que, soyons honnêtes, tous les forsythias se ressemblent beau­coup. Voici quelques variétés souvent offertes comme étant rustiques en zone 4a, mais dont les fleurs brillent par leur absence dans les zones 5b et plus basses… du moins, la plupart des printemps : ❧ F. mandshurica (forsythia de Mandchourie) : Le plus hâtif des forsythias et, théoriquement aussi, le plus rustique des espèces. Cependant, sa performance en pleine terre au Québec est très irrégulière, sans que l’on sache pourquoi exactement. Se comporte à merveille au Jardin botanique de Montréal, pourtant. 2 m x 1,2 m. Zone 6b 5b en site protégé). ❧ F. mandshurica ‘Vermont Sun’ : identique au précédent. ❧ F. ovata (forsythia hâtif) : floraison peu fiable, même au Jardin botanique de Montréal. 1,2 à 1,8 m x 2,5 à 3 m. ❧ F. ovata ‘Ottawa’ : floraison peu fiable. 1,5 m x 1,2 m. ❧ F. ovata ‘Robusta’ : floraison peu fiable. 2,5 m x 1,5 m. ❧ F. ovata ‘Tetragold’ : floraison peu fiable. 1,5 m x 1 m. ❧ F. x ‘Couralyn’ Week End™ : variété plutôt naine. Floraison peu fiable. 0,7 à 1,2 m x 1,2 m. ❧ F. x ‘Courtasol’ Marée d’Or™ (Gold Tide™) : port arrondi. Floraison peu fiable. 1,2 m x 1,2 m. ❧ F. x intermedia ‘Boucle d’Or’ : naturellement bien fourni. Floraison peu fiable. 1,3 m x 1,3 m. ❧ F. x intermedia ‘Tremonia’ : feuillage joliment découpé. Floraison peu fiable. 2 m x 2 m. ❧ F. x ‘Mêlée d’Or’ : fleurs jaune clair. Floraison peu fiable. 1,2 m x 1,2 m.

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❧ F. x ‘Minigold Fiesta’ : la même panachure jaune que ‘Fiesta’, mais sur une plante naine, aux tiges brunes. Fleurit uniquement à la base au nord de la zone 5b. 1 m x 0,9 m. Zone 3b (feuillage). ❧ F. x ‘New Hampshire Gold’ : port plus globulaire que ‘Northern Gold’, mais semblable quant au reste. 1,5 m x 1,2 m. Zone : 4a. ❧ F. x ‘Northern Gold’ : premier de la lignée des forsythias rustiques et encore une très bonne plante. Fleurs jaune or. 1,8 à 2,7 m x 1,8 à 2 m. Zone 4a. ❧ F. x ‘Northern Sun’ : fleurs jaune claire. Plus grand que ‘Northern Gold’. Floraison très fiable. 2,5 à 3 m x 2 à 2,7 m. Zone 4b.

PROCHE PARENT : Abeliophyllum distichum (forsythia blanc, en anglais : White Forsythia) : non, ce n’est pas un véritable forsythia, mais la plante lui ressemble beaucoup et fleurit encore plus tôt au printemps… d’où, d’ailleurs, un plus grand danger de gel des boutons floraux ! Certains marchands profitent de cette ressemblance pour en mousser la vente, mais sachez que le forsythia blanc souffre du même problème que les forsythias d’autrefois : les bourgeons des feuilles sont passablement rustiques (zone 5a), mais ceux des fleurs le sont beaucoup moins (zone 6a). À essayer à vos risques et périls ! Il existe aussi une sélection à fleurs roses, ‘Rosea’, mais elle n’est pas plus rustique. 0,9 à 1,5 m x 0,9 à 1,2 m.

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Hydrangée paniculée Hydrangée

paniculée

Photo : Monrovia Nursery Compagny

Hydrangea paniculata

Hydrangea paniculata ‘Ruby’ Angel’s Blush™

N

Noms anglais : Panicle Hydrangea, Peegee Hydrangea. Hauteur à maturité : 2 à 5 m. Diamètre à maturité : 2 à 3 m en massif, 4 à 5 m en isolé. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : variable, généralement érigé, toujours irrégulier, et souvent semipleureur lorsque fleuri. Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide, acide à légèrement alcalin, tolérant les sols pauvres et secs. Légère résistance au sel. Disponibilité : excellente à faible, selon les cultivars. Intérêt principal : floraison du milieu ou de la fin de l’été jusqu’aux neiges. Intérêt secondaire : écorce gris brun, profondément fissurée sur les vieux sujets. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Suppression des branches de cinq ans, au printemps. Taille de rajeunisse­ment sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herba­ cées, semi-aoûtées ou aoûtées, du printemps à l’automne. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur coupée et séchée. Zone de rusticité : 3a (4 pour certains cultivars).

on, l’hydrangée paniculée n’est pas nouvelle sur le marché. En fait, le cultivar le plus connu et de loin le plus planté, ‘Grandiflora’, fut introduit en 1862, en pro­ve­­nance du Japon, et de­ meure un classique de l’aména­ gement paysager. Que seraient nos vieux ci­me­­­tières à l’au­­ tomne sans ce magnifique arbuste plo­yant sous le poids de ses énor­mes pani­cules de fleurs blanches, tour­nant au rose ? Sa floraison des plus spectaculaire et très appré­ciée, surtout à la fin de l’été, se poursuit jusqu’au gel, période où peu d’autres arbustes sont en vedette. Une masse de fleurs d’abord verdâtres, puis blanches et ensuite roses, se forme à l’extrémité de chaque bra­nche majeure. Chez l’espèce type, la panicule était composée de nombreuses petites fleurs fertiles peu attrayantes, mais avec des fleurs stériles à quatre ou cinq larges pétales et décidément plus jolies éparpillées çà et là. Ces dernières servent bien sûr à attirer les pollinisateurs vers les fleurs fertiles. Par contre, on cultive rarement l’espèce, préférant des sélections horticoles ayant de plus nombreuses fleurs stériles. Certains cultivars, comme la

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célèbre hydrangée peegee (‘Grandiflora’), produisent presque uniquement des fleurs fertiles et donc rarement des semences, ou les fleurs stériles cachent les fleurs fertiles. On dit alors que la panicule est « pleine », par opposition à celle appelée « ouverte » qui laisse voir un plus grand nombre de petites fleurs fertiles. Remarquez que les deux formes sont très jolies et que, les formes pleines ayant dominé nos aménagements depuis si long­ temps, les variétés ouvertes nous semblent maintenant plus originales. Sans aucune taille, l’hydrangée paniculée atteint facilement 5 m de hauteur et 3 m de largeur, et souvent beaucoup plus ! En rabattant occasionnellement les branches les plus âgées au printemps, on peut cependant la maintenir sans peine à 2 m de hauteur et de diamètre. Je n’ai cependant jamais compris pourquoi tant de pépiniéristes insistent pour convertir cet arbuste à entretien minimal en plante exigeant une taille annuelle, en avisant leurs clients de tailler court au printemps. D’accord, l’arbuste tolère une telle taille, mais pourquoi se donner tant de peine alors que l’hydrangée paniculée se comporte à merveille presque sans soins ? Vous pouvez supprimer les panicules fanées à la fin de l’automne, ce que les jardiniers méticuleux tiennent absolument à faire, mais vous manquez alors le spectacle magnifique d’une hydrangée paniculée sous les premières neiges. Si vous ne taillez pas les panicules, elles tom­bent d’elles-mêmes de toute façon. On vend aussi l’hydrangée paniculée sous forme de petit arbre. Contrairement à plusieurs « arbustes sur tige », les « hydrangées paniculées en arbre » ne sont cependant pas greffées, mais formées par la taille. Il suffit de supprimer toutes les branches d’un jeune plant, sauf la plus droite, puis d’éliminer les branches secon­ daires pour dégager le tronc. Vous trouverez plus de détail sur cette technique dans le chapitre comme sur des échasses. Le port de cet arbuste est variable et généralement irrégulier. Les sujets plus taillés sont arrondis et les moins entretenus sont érigés à évasés au début de l’été, puis semi-pleureurs lors de la floraison. Les feuilles opposées sont ovales et pointues, légèrement dentées, vert foncé, se colorant à peine de jaune ou de rouge à l’automne. Elles sont portées sur des tiges épaisses, brun roux et légèrement fissurées. En vieillissant, les tiges deviennent de véritables troncs présentant une écorce gris brun, profondément et joliment fissurée. L’hydrangée peegee (‘Grandiflora’) est cependant un peu trop courante dans nos jardins, et pendant quelques décennies, l’espèce entière semblait destinée à sombrer dans l’oubli, car les jardiniers étaient fatigués de la voir. Depuis la fin du XXe siècle, l’arrivée sur le marché d’une vaste sélection de nou­ v eaux cultivars a re­n ou­v elé l’intérêt pour cette « belle d’autrefois », et l’hydran­ gée paniculée a repris sa place parmi les arbustes préférés des jardiniers. Il ne faut pas oublier que l’hydrangée paniculée fait une excellente fleur Hydrangea paniculata ‘Grandiflor’

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coupée, fraîche ou séchée. Pour la première utilisation, plongez la tige cou­pée dans de l’eau bouillante pour 20 à 30 secondes afin de dé­bar­­rasser la tige du latex blanc susceptible de boucher les po­res et raccourcir la durée du bou­quet. Les fleurs à sécher se con­ser­veront mieux si elles sont placées debout, dans un vase contenant environ 2,5 cm d’eau au début du processus d’assè­chement. Cet apport de liquide leur permet de s’assé­cher peu à peu au lieu de faner. Ne vous gênez pas pour utiliser de grosses brassées de cette fleur dans tout décor intérieur à l’ancienne. Parfois, une hydrangée paniculée auparavant magnifique refuse obstinément de fleurir. Il se peut que ce soit parce que les conditions ont changé et que l’emplacement est devenu plus ombragé. La plante tolère un peu d’ombre, mais il y a une limite ! Ouvrez par la taille les arbres créant de l’ombre, ou bouturez la plante ou déplacez-la. L’autre raison possible est une taille au mauvais moment. L’hydrangée paniculée fleurissant sur le bois de l’année, il faut la tailler très tôt, peu après la fonte de neiges. Même une taille au mois de mai peut éliminer les boutons floraux embryonnaires. Vous pouvez d’ailleurs tailler sévèrement une vieille hydrangée pour la rajeunir, et quand même la voir fleurir en abondance quelques mois plus tard. Faites attention aux engrais trop riches en azote répandus sur la pelouse environnante, car ils stimulent le développement du feuillage mais nuisent à la floraison. D’ailleurs, un véritable jardinier paresseux fertilise peu sa pelouse ! Enfin, peu d’arbustes sont aussi peu exigeants que l’hy­dran­gée paniculée : soleil ou mi-ombre, tout sol bien drainé, aussi bien acide qu’alcalin, riche ou pauvre, humide ou sec. Elle ne craint que les sols constamment détrempés. De plus, cet arbuste souffre rare­ment de maladies ou d’insectes. À moins d’insister pour la rabattre annuellement, c’est vraiment un « arbuste pour les nuls » ! VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Depuis quelques années, de multiples cultivars d’hydrangées paniculées sont arri­vés sur le marché, au point où le jardinier ne sait plus où donner de la tête. Sachez d’abord que tous sont beaux et de culture facile. Il suffit alors de lire les com­mentaires suivants pour trouver la description qui correspond le mieux à vos dé­sirs ! La zone, les couleurs, les di­men­sions et autres informations n’apparaissent que si elles diffèrent de la norme pour une hydrangée paniculée. Il existe d’ailleurs des dizaines d’autres cultivars et d’autres s’a­jouteront encore sans doute, mais la palette suivante représente bien ceux offerts sur les marchés du Québec et des provinces limitrophes, au moment de la rédaction de ce livre. ❧ H. paniculata ‘Brussel’s Lace’ : port naturellement arrondi et compact… pour une hydrangée paniculée : environ 2 m de hauteur et 1,5 m de diamètre. Panicules ouvertes demeurant blanches jusqu’à la fin de la saison, puis seulement tachetées de rose. ❧ H. paniculata ‘Burgundy Lace’ : panicules ouvertes devenant roses très rapide­ment, puis rose-mauve et violet pâle. Excellente coloration ! ❧ H. paniculata ‘Floribunda’ : vieux cultivar de moindre intérêt, similaire à ‘Unique’. ❧ H. paniculata ‘Grandiflora’ : la bonne vieille « hydrangée peegee ». En rabattant annuellement, on obtient des panicules monstrueuses ayant jusqu’à 45 cm sur 30 cm… mais si vous aimez les panicules gigantesques, ‘Unique’ en produit sans exiger cet effort supplémentaire. Sans taille ou avec une taille plus limitée, vous obtenez plus de panicules, mais seulement environ de 20 cm sur 15 cm.

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❧ H. paniculata ‘Limelight’ : nouveauté à fleurs vert lime, sans la moindre touche de rose. Disponibilité limitée. 1,8 à 2,5 m x 1,8 à 2,5 m. ❧ H. paniculata ‘Greenspire’ : panicules ouvertes de fleurs d’un blanc verdâtre, devenant très légèrement roses avant de verdir de nouveau. Cultivar différent, mais à disponibilité limitée. ❧ H. paniculata ‘Kyushu’ : vieux cultivar à panicules ouvertes. ❧ H. paniculata ‘Melody’ : panicules ouvertes, étroites et courbées en « S », élégantes ! Floraison débutant hâtivement. Très grosse plante. Zone 4. ❧ H. paniculata ‘Pee Wee’ : malgré son nom, « pee wee » signifiant « tout petit » en anglais, ce cultivar atteint environ les mêmes proportions que les autres. Ce sont plutôt ses feuilles et ses panicules pleines qui sont plus petites. Zone 4. ❧ H. paniculata ‘Pink Diamond’ : cultivar d’une coloration excep­tionnelle, similaire à ‘Burgundy Lace’. Il n’y a probablement pas assez de différence pour cultiver les deux. ❧ H. paniculata ‘Praecox’ : fort intéres­sant pour ses panicules ouvertes extrême­ment hâtives, dès le début de juillet sous la plupart des climats. Panicules ouvertes aux fleurs stériles fran­gées. Très rustique : zone 2b ! Ex­traor­dinaire… mais rare­ment disponible commer­cialement. Il faut souhaiter que les producteurs intro­duisent sans tarder cette variété, la meilleure sur le marché pour les régions froides. Ne taillez que si c’est absolument nécessaire : les fleurs se forment sur le vieux bois et la taille sévère souvent réservée à ‘Grandiflora’ les élimine complètement ! ❧ H. paniculata ‘Ruby’ : panicule ouverte, hâtive, de couleur unique : blanc devenant rapidement rose carmin, puis presque rouge. Très intéressant ! Zone 4. Parfois vendu sous le nom de commerce Angel’s Blush™. ❧ H. paniculata ‘Unique’ : énormes panicules pleines blanc pur devenant roses, composées de très grosses fleurs stériles cachant complètement les fleurs fertiles qui sont bel et bien présentes. Comme un ‘Grandiflora’ aux panicules moins penchées et plus coniques. ❧ H. paniculata ‘White Moth’ : comme ‘Unique’, mais aux panicules arrondies plus hâtives, devenant verdâtres en toute fin de saison. VARIÉTÉ DÉCONSEILLÉE : ❧ H. paniculata ‘Tardiva’ : grosses pa­ni­­cules ouvertes n’apparais­ s ant que tardi­ vement. Sans doute intéres­ sant là où l’autom­ n e se prolonge jusqu’en dé­cembre, mais de moin­ dre intérêt là où la saison est courte, car les fleurs gèlent peu après leur épa­nouis­sement. Zone 4.

Hydrangea paniculata ‘Grandiflora’

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Photo : Jean-Pierre Bellemarre, Jardin botanique de Montréal.

Lilas de Preston

Syringa x prestoniae ‘Miss Canada’

L

e­ lilas parfait ! Du moins, Lilas de Preston c’est ce que plusieurs experts Syringa x prestoniae n’hé­ s i­ t ent pas à dire  ! Cette espèce hy­bri­de, déve­loppée à Noms anglais : Preston Lilac. Ottawa à par­tir des années 1920, Hauteur à maturité : 3 à 3,7 m. par Isabella Preston, la célèbre Diamètre à maturité : 1,5 à 2,5 m. spécialiste de l’hybri­ da­ tion au Emplacement : soleil. service d’Agri­c ul­t ure Canada, Port : èrigé globulaire, un peu évasé. Sol : ordinaire à riche, humide, bien drainé, acide est maintenant cul­­­ tivée à tra­ à alcalin. Résistant au sel et au compactage. vers le monde, no­tam­­ment dans Disponibilité : excellente à faible, selon les cultivars. les régions froides à cause de Intérêt principal : floraison parfumée à la fin sa très grande rusticité. Made­ du printemps. moiselle Preston a croisé deux Intérêt secondaire : feuillage dense et attrayant. espèces peu connues, le lilas Feuillage : caduc. duveteux (Syringa villosa) et le Problèmes : peu fréquents. Taille : peu fréquente. Après la floraison, si nécessaire, lilas réfléchi (Syringa reflexa), dans tailler pour favoriser une croissance plus dense. le but de développer un lilas soli­ Multiplication : boutures herbacées. de, rus­ tique, à floraison tardive Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, et aux fleurs parfumées, sou­vent haie, massif, pentes, plate-bande, fleur parfumée, fleur arquées. coupée, attire les papillons et les colibris. Pourquoi le lilas de Preston Zone de rusticité : 2a. est-il si parfait ? Pour plusieurs rai­sons, mais principalement par­ce qu’il ne produit ni drageons ni gour­­­mands, et qu’il est recouvert de la tête au pied de belles feuilles qui ne sont jamais touchées par le blanc. Toute personne ayant déjà cultivé le lilas commun (Syringa vulgaris), aussi appelé lilas hybride français, sait apprécier ces deux qualités. Par contre, bien que

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Des arbustes vraiment sans entretien !

parfumé, le lilas de Preston ne possède pas le « parfum de lilas » si envoûtant qui nous fait souvent tolérer tous les défauts du lilas commun ! Par contre, parce que le lilas de Preston commence à fleurir environ deux se­maines après la fin de la floraison du lilas commun, les deux arbustes se complètent très bien. Ce lilas possède une autre caractéristique très appréciée par les amateurs : dans un genre où les teintes de violet et le blanc dominent, le lilas de Preston ajoute une gamme rafraîchissante de roses. Les fleurs sont plutôt tubulaires, s’ouvrant à peine à l’extrémité, portées en panicules plus coniques que le lilas commun, adoptant une forme d’arc plus ou moins prononcée. Son parfum est doux et délicieux, mais plus proche de celui des troènes que de celui du lilas commun. Les feuilles obo­vales d’un vert riche, sont légèrement bleutées sur l’envers. Il n’y a pas de colo­ration automnale digne de mention. Le lilas de Preston s’accommode bien des conditions typiques de nos parterres, tolérant mieux une certaine acidité du sol que son cousin, le lilas commun qui nous embête un peu avec sa préférence pour un sol neutre. Il tolère bien les sols com­ pactés et lourds ainsi que les produits de déglaçage, mais exige un bon drainage ainsi qu’un fort ensoleil­lement. Les sujets plantés à la mi-ombre croissent bien, mais fleurissent peu. Quant à la taille, elle est rarement requise, car cet arbuste prend tout natu­ rellement une forme érigée arrondie, un peu évasée, et reste assez bien fourni de la tête au pied. Contrai­rement à la croyance populaire, la suppression des panicules immédiatement après la floraison ne stimule pas une meilleure florai­son l’année sui­vante. Faites-le seulement si les capsules de graines vous dérangent. Remarquez que cet arbuste est beaucoup plus gros que ce que les pépiniéristes prétendent géné­ ralement : pour avoir un lilas de Preston de 2 m ou moins de hau­teur et de dia­mètre, il faut rabattre quelques vieilles branches de temps en temps. En ce qui concerne les insectes et les maladies, la plupart des jardiniers n’ont jamais l’ombre d’un problème avec le lilas de Preston. Quant à la multiplication par bouturage (les semis ne sont pas fidèles au type), elle est, comme celle de tous les lilas, plutôt difficile.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Il existe quasiment 50 cultivars de lilas de Preston. Voici cependant les plus faci­ lement disponibles. ❧ Syringa x prestoniae ‘Coral’ : rose pâle. L’un des meilleurs lilas roses, mais peu disponible. ❧ S. x p. ‘Donald Wyman’ : rose pourpré presque rouge. Très populaire. ❧ S. x p. ‘Isabella’ : Lilas rosé pâle. Grandes panicules pyramidales. Nommé en l’honneur d’Isabella Preston, celle qui fut à l’origine des Syringa x presto­niae. Disponibilité faible… mais je tenais à l’inclure pour des raisons histo­riques. ❧ S. x p. ‘James McFarlane’ : Voir S. x josiflexa ‘James McFarlane’ dans le chapitre Un parfum envoûtant. ❧ S. x p. ‘Minuet’ : boutons pourpres donnant des fleurs violet pâle. Variété de taille plus compacte (2,5 m). ❧ S. x p. ‘Miss Canada’ : variété maintes fois primée, sans doute la meilleure chez les lilas de Preston. Boutons rouges donnant des fleurs rose foncé. Panicules nettement arquées. Très florifère. Très populaire. ❧ S. x p. ‘Nocturne’ : boutons violet très foncé. Fleurs rose lilas. ❧ S. x p. ‘Redwine’ (aussi ‘Red Wine’) : le plus « rouge » des lilas de Preston : les boutons sont rouge foncé, les fleurs plutôt magenta. ❧ S. x p. ‘Royalty’ : Voir S. x josiflexa ‘Royalty’ dans le chapitre Un parfum enfoûtant.

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Physocarpe à feuilles d’obier

Physocarpus opulifolius

C

Physocarpe à feuilles d’obier et arbuste solide, fiable, attrayant en toute saison sans Physocarpus opulifolius ja­ mais voler la vedette, est l’un des ar­­bustes les plus utilisés dans Noms anglais : Common Ninebark. l’amé­­­nagement paysa­ger, même Hauteur à maturité : 1,5 à 3 m. Diamètre à maturité : 2 à 3 m. si peu de gens re­con­nais­sent son Emplacement : soleil ou ombre. nom. Il s’agit d’un ar­bus­te adapté Port : érigé globulaire, semi-pleureur chez les sujets matures. à pres­que toutes les condi­tions : on Sol : ordinaire à riche, ou même pauvre, bien drainé, humide se trompe rare­ment en le plantant ! à sec, acide à alcalin. Résistant au sel et au compactage. Le physocarpe est le genre Disponibilité : excellente à limitée, selon les cultivars. d’ar­­buste que le pépiniériste sug­ Intérêt principal : floraison à la fin du printemps. gère lors­que vous lui demandez Intérêts secondaires : fruits colorés à l’automne. un arbuste « sans pro­ b lème ». Écorce exfoliante. Moins tape-à-l’œil que plu­sieurs Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. arbustes à fleurs, la variété nor­ Taille : peu fréquente. Suppression des branches de 4 à male se fond à la plupart des 5 ans après la floraison. Taille de rajeunissement sur dé­cors comme un ca­mé­léon, fai­ les vieux sujets. sant même oublier sa présence. Multiplication : boutures herbacées. Son feuillage est vert… mo­ yen. Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, fondation, Ses fleurs sont nom­ breu­ ses et en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, jo­lies, sans attirer tous les regards rocaille, sous-bois. par leur gros­ seur et leur blan­ Zone de rusticité : 2b. cheur… ordi­nai­res. Il n’a vraiment rien d’une ve­det­te. Le rôle du physocarpe est de créer un joli fond de scène qui met les autres plantes en valeur… et des plantes com­me celle-ci, vous n’en avez jamais trop ! 168

Des arbustes vraiment sans entretien !

Cela dit, tous les physocarpes ne font pas tapisserie pour autant. Il y a aussi des variantes plus voyantes à feuillage doré ou pourpré qui se démarquent dans n’impor­te quelle situation, dont l’as des arbustes à feuillage pourpré ! Elles sont décrites dans les Variétés recommandées ci-dessous. Le physocarpe à feuilles d’obier est un arbuste indigène, très courant à l’est de l’Amérique du Nord où il pousse dans presque toutes les conditions, sauf dans le Grand Nord et les régions subtropicales. Jeune, ou si taillé régulièrement, il a un port érigé un peu arrondi, mais prend en mûrissant une jolie forme semi-pleureuse grâce à ses branches arquées à l’extrémité. Ses feuilles, vert moyen, ayant trois à cinq lobes, font penser à celles de l’érable ou, selon son nom botanique, à celles de la viorne obier (Viburnum opulus), car c’est ce signifie « opulifolius ». Elles deviennent à l’automne de jaune rougeâtre à jaunes et sont jolies, mais sans dominer le paysage. L’écorce des branches plus âgées s’exfolie joliment, tombant par plaques papy­racées, ce que l’on ne peut cependant apprécier qu’après la chute des feuilles. À la fin du printemps, le physocarpe produit des petits bouquets arrondis de fleurs blanches parfois teintées de rose, partout sur ses branches et non pas seulement aux extré­mités. Elles sont très jolies, mais pour des raisons que je m’explique mal, pas aussi saisissantes que celles d’autres arbustes : on les remar­que, mais comme si elles faisaient partie du décor au lieu d’attirer les regards. Ses petits fruits enflés (physocarpus veut dire « fruit en forme de vésicule ») et rouges sont plus saisissants que les fleurs, même si les pépiniéristes le mentionnent rarement. Ils apparaissent comme par magie au début de l’automne, car aussi longtemps qu’ils ne rougissent pas, on ne les remarque pas. Sous sa forme normale verte, le physocarpe est l’un des meilleurs arbustes à haies pour les régions nordiques. Vous pouvez même le tailler en rectangle si vous le vou­lez, mais il est superbe dans une haie libre ou une haie mixte. Comme on peut le trou­ver en différentes hau­teurs, il est possible de choisir sa haie « sans en­tretien » à la hau­teur désirée. Les variétés à feuillage coloré sont aussi très inté­res­santes pour les haies. On peut dire que le physocarpe est « adapté à toutes les conditions ». Soleil ou mi-ombre, et même ombre si on s’intéresse qu’à son feuillage puisqu’il y fleurit peu, sol riche ou pauvre, acide ou légèrement alcalin, humide ou sec, lourd ou léger, etc. La seule chose à éviter est un sol détrempé. Il est de plus très rustique (zone 2b). En fait, rares sont les terrains où le phy­socarpe ne s’intègre pas. Quant à l’entretien, il est de minimal à nul. On peut toujours supprimer quelques branches plus âgées à l’occasion ou rabattre presqu’au sol un plant vieillissant pour le rajeunir, mais c’est tout. Les ébrancheurs invétérés se plaisent à le rabattre tous les ans pour obtenir une croissance plus en forme de boule, ce que le physocarpe tolère sans peine. Enfin, si vous désirez un grand nombre de physocarpes pour faire une haie, sachez que peu d’arbustes sont aussi faciles à bouturer. Même sans hormones d’enra­ cinement, les boutures herbacées prises au début de l’été s’enracinent dans une pro­ portion d’au moins 75 % en seulement quelques semaines.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Sauf mention contraire, toutes les variétés sont de zone 2b.

À feuilles vertes Physocarpe opulifolius : voir la description ci-dessus. C’est l’espèce sauvage, et très facilement disponible. Laissée à elle-même, elle atteint 2,5 à 3 m de hauteur et autant de largeur. ❧ P. opulifolius ‘Nanus’ (physocarpe nain) : comme le précédent, mais de seu­ le­ment 1,5 m de hauteur et de diamètre. Souvent confondu avec P. mono­gynus ❧ P. opulifolius ‘Snowfall’ : nouvelle variété encore peu disponible. Corymbes de fleurs blan­ches plus grosses et plus voyantes et aux branches plus nettement semi-pleureuses. Mêmes dimensions que l’espèce.

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Des arbustes vraiment sans entretien !

❧ P. opulifolius ‘Tilden Park’ : forme rampante fai­sant un excellent et dense couvre-sol. Très tolérant de l’ombre, même pro­fonde, mais sa floraison est alors faible. Dis­po­ni­bilité encore faible. Cer­tains botanistes le clas­sifient avec l’espèce O. cap­titatus. 0,4 à 0,5 m x 0,6 à 1,2 m. Zone 3.

À feuilles jaunes Les variétés à feuilles jaunes exigent plus de lumière, le plein soleil ou presque, sinon leur feuil­la­ge verdit rapide­ment après son épa­­nouissement. Le contraste entre les feuilles jaunes et les fruits rouges est saisissant ! ❧ P. opulifolius ‘Dart’s Gold’ : nain. Feuillage jaune vif au printemps, devenant vert lime l’été. Hauteur et diamètre : 1,2 à 1,5 m. ❧ P. opulifolius ‘Luteus’ (physocarpe doré) : vieille variété encore utile là où l’on recherche de la hauteur, mais remplacée par les deux cultivars nains ailleurs. Hauteur et diamètre : 2,5 à 3 m. ❧ P. opulifolius ‘Nugget’ (‘Golden Nugget’) : nain. Censé être plus nain que ‘Dart’s Gold’, mais je ne vois pas de différence. Le feuillage est cependant plus dense. Hauteur et diamètre : 1,2 à 1,5 m.

À feuillage pourpre ❧ P. opulifolius ‘Monlo’ Diabolo™ (aussi Diablo™) : une vedette instantanée ! Enfin, un arbuste à feuillage pourpre qui va partout et que l’on peut recom­­ mander même aux novices, sans peur de compliquer leur vie ! Diabolo a tout pour plaire : l’adaptabilité et la solidité à toute épreuve de son géniteur et sa coloration pourpre riche très fiable, ne verdissant l’été que sous une ombre trop forte (Diabolo doit aller au soleil ou dans un site seulement légèrement ombra­gé) ou par une chaleur estivale extrême. De plus, les corymbes de fleurs blan­ches des physocarpes verts ou jaunes qui ne ressortaient pas vraiment de­vien­nent des vedettes sur un fond de feuilles pourpres pour les mettre en va­leur. Même après la floraison, les corymbes qui produiront les fruits en fin de saison, que l’on remarque peu sur les variétés vertes ou jaunes, sont très visi­bles chez Diabolo. Étant plutôt rouges alors que les feuilles sont pour­pres, ils ressortent très bien, créant l’effet d’une floraison rouge qui ne veut plus s’arrêter. Seule ombre au tableau, certains pépiniéristes vendent cette plante comme étant compacte et naine, mais pour obtenir une forme « naine », il faut annuel­ lement rabattre toute la plante près du sol. Calculez que Diabolo est aussi gros que le physocarpe à feuilles d’obier ordinaire, soit environ 3 m par 3 m à pleine maturité. Je parie ce­pen­dant qu’une variante naine de Diabolo sera trouvée d’ici peu et, étant donné l’étonnante facilité de multiplication des physocarpes, envahira le marché horticole très rapidement. AUTRES ESPÈCES : ❧ P. monogynus (physocarpe de l’Ouest) : le pendant de P. opulifolius venant de l’ouest du Canada et des États-Unis. De plus petite taille mais très sem­blable à P. o. ‘Nana’. Certains experts croient d’ailleurs que ‘Nanus’ est tout sim­plement un nom don­né par erreur à P. monogynus (voir la des­cription de P. o. ‘Nanus’). Les plantes vendues sous le nom P. monogynus ont ce­pen­dant ten­dance à être plus compacte que P. o. ‘Nanus’ (0,6 à 1 m) de hauteur et moins rustique (zone 4).

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Physocarpus opulifolius ‘Monlo’ Diabolo™ : la nouvelle vedette des parterres.

Potentille frutescente

Potentilla fruticosa ‘Coronation Gold’

Potentille

frutescente Potentilla fruticosa Noms anglais : Bush Cinquefoil, Shrubby Cinquefoil. Hauteur à maturité : 0,3 à 0,6 m pour les variétés basses ; 0,7 à 1,5 m pour les variétés hautes. Diamètre à maturité : 0,6 à 1,2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : variable : globulaire, semi-pleureur ou rampant. Sol : Tout sol bien drainé, même très alcalin. Assez bonne résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon les cultivars. Intérêt principal : floraison tout l’été. Intérêts secondaires : écorce exfoliante chez les sujets matures. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Parfois des problèmes de mulot. Taille : peu fréquente. À la fonte des neiges, si néces­ saire, suppression des branches de 4 à 5 ans et les dom­mages hivernaux. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées. Semences (espèce seulement). Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, couvresol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturali­ sation, pentes, plate-bande, rocaille, attire les papillons. Zone de rusticité : 2a.

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l existe plus de 500 espèces de po­ tentilles, des vivaces herba­ cées pour la plupart. La potentille fru­tes­ cen­te, ou po­tentille arbustive (Potentilla fruticosa), est l’une des rares espèces arbustives. La plupart des bota­nistes s’accordent même pour dire que c’est la seule espè­ce ar­bus­tive, les autres, telles P. davurica et P. parvifolia, étant main­­tenant considé­rées comme des sous-espèces. Personne ne peut nier que la po­ ten­ tille frutescente est populaire. Cer­tains di­ront même trop popu­laire, car on la voit sur de très nom­breux ter­ rains. Moi, je n’y vois qu’une preu­ve de sa grande facilité de culture et de sa flo­raison prolon­gée. Au lieu d’évi­ ter cet ar­bus­te uni­que­ment parce que « tout le monde l’a », plantez l’une des varié­tés moins con­nues, ce qui vous permet de conjuguer originalité avec facilité. Parole de jar­di­nier pares­seux : on n’a jamais trop d’ar­bustes faciles ! La potentille frutescente est indi­ gène presque partout dans les régions froides et tempérées de l’hémisphère

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Des arbustes vraiment sans entretien !

nord, donc jusque dans le Grand Nord québécois. Plante de plein soleil ou de mi-ombre, elle croît dans presque tous les types de sol : riche ou pauvre, humifère, argileux ou sablonneux, sec ou humide. On la voit même en bordure de l’eau où elle est inondée pen­dant des semaines au printemps. Si elle l’accepte lorsqu’elle est en dormance, il vaut mieux lui assurer un bon drainage en été, alors qu’elle est en pleine croissance. De plus, sa résistance au froid est incroyable : cette plante pousse dans la taïga ! D’ailleurs, plusieurs cultivars sont sans doute rustiques en zone 1… mais il n’y a pas de jardins d’essai dans cette région pour confirmer cette théorie ! La potentille est enfin l’un des meilleurs arbustes pour la culture en bac, car ses racines sont des plus résistantes au froid. Ce qui surprend chez la potentille frutescente, c’est la durée de sa floraison. Les meilleurs clones commencent à fleurir avant la fin mai en zone 5, au début ou au milieu de juin ailleurs, et ne s’arrêtent qu’aux premiers gels sévères de l’automne. On ne parle pas ici d’une ou deux fleurs à la fois, mais de dizaines, sinon de centaines de fleurs sur chaque arbuste. Ces fleurs en forme de coupe aplatie ressemblent à de petites roses et appartiennent d’ailleurs à la même famille. Habituellement, elles mesurent environ 2,5 cm de diamètre, parfois deux fois plus, et sont normalement simples. Il existe aussi des variétés qui produisent une bonne proportion de fleurs semi-doubles ou doubles, bien que souvent leurs fleurs demeurent simples le premier été. Dans la coloration, le jaune domine dans tous les tons, du jaune crème au jaune bouton d’or. Il existe quelques cultivars à fleurs roses, orange ou rouges, mais la plupart deviennent jaunes lorsqu’elles sont exposées à trop de soleil. Pour ces cultivars, la mi-ombre ou une expo­sition à l’est conviennent mieux, même si l’arbuste fleurit un peu moins. Cet arbuste croît assez rapidement, atteignant sa pleine taille en seulement deux ou trois ans. Son port peut être arrondi, semi-pleureur ou rampant, selon le cultivar. La poten­tille pro­duit une profusion de petites feuilles à cinq folioles (parfois trois ou sept) qui vont de vert foncé à presque gris, selon le cultivar. Son feuillage qui brunit au froid et ses fruits secs bruns n’offrent aucun attrait à l’automne, mais ses tiges lustrées brunes, à l’écorce exfo­liante, ajoutent une jolie note hivernale. La potentille frutescente fait une excellente haie libre, très égale et très fournie. De plus, elle se bouture facilement, donnant des plants prêts à utiliser en seulement deux ans : vous économisez donc énormément en produisant votre propre haie à partir de boutures. Les tiges minces de la potentille sont nombreuses, mais chez certains cultivars du moins, elles sont peu solides. Il leur arrive de casser sous le poids de la neige. Si cela se produit, vous taillez au printemps pour réparer les dégâts, la potentille fleurissant sur le bois de l’année, ou vous laissez faire Dame Nature qui fournira rapidement de nou­velles branches pour cacher les anciennes. Par contre, au bout de 7 ou 8 ans, une potentille qui n’a jamais été taillée com­mence parfois à compter plus de branches mortes que de bran­ches vivantes, et un rabattage printanier, à 8 cm du sol, permet à l’arbuste de se régénérer complètement. Occasionnellement, on voit des taches ou un peu de blanc sur le feuillage, et par temps très sec, des dommages sont parfois causés par l’araignée rouge, mais ces pro­blè­mes sont peu visibles, ne semblent pas nuire à l’arbuste et ne nécessitent donc aucun traitement. Par contre, les mulots adorent cet arbuste : voyez comment les contrôler à la page 143.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Il existe près de 200 cultivars de la potentille arbustive, la plupart se ressemblant comme deux gouttes d’eau ! Au lieu de vous offrir une liste trop longue de plantes que vous n’ar­ri­verez pas à distinguer de toute façon, voici une liste raccourcie des variétés parti­ culiè­rement solides ou florifères parmi les nombreuses variétés jaunes, ou offrant des couleurs ou autres caracté­ris­tiques inhabituelles. Par contre, toute potentille jaune offerte par votre pépiniériste conviendra à vos besoins, même si elle n’est pas répertoriée ici.

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❧ Potentilla fruticosa ‘Abbottswood’ : la plus florifère chez les potentilles à fleurs blanches. Floraison commençant tôt et finissant tard. Fleurs simples blanc pur. Port étalé, feuillage bleuté. 0,9 m x 0,9 à 1,1 m. ❧ P. fruticosa ‘Coronation Triumph’ : avec son port arrondi et ses branches solides résistant au poids de la neige, elle fait une excellente haie. Feuilles vert moyen. Nombreuses fleurs jaune vif. Longue saison de floraison. 0,9 à 1,2 m x 0,9 à 1,2 m. ❧ P. fruticosa ‘Goldfinger’ : port dense et compact. Feuilles vert foncé. Grosses fleurs jaune vif sur une longue période. Excellente haie. 1 m x 1 m. ❧ P. fruticosa ‘Goldstar’ (‘Gold Star’) : port dressé. Grosses fleurs atteignant jusqu’à 5 cm de diamètre tout l’été. Jaune vif foncé. Feuillage dense gris vert résistant au blanc. 0,8 x 1,2 m. ❧ P. fruticosa ‘Katharine Dykes’ : grosses fleurs jaune pâle. Floraison durable. Beau port semi-pleureur. Feuilles vert gris. 0,8 m x 1,1 m. ❧ P. fruticosa ‘Maanelys’ (‘Moonlight’) : de petite taille. Assez grosses fleurs jaune pâle devenant presque blanches, mais avec un œil jaune. Fleurs nombreuses au cours d’une longue saison. Feuillage argenté. 0,9 m x 0,9 m. ❧ P. fruticosa ‘Marrob’ Red Robin™ : port plutôt rampant. La meilleure potentille rouge… jusqu’à maintenant ! Assez colorée au soleil, mais l’est davantage à mi-ombre. Relativement florifère… pour une potentille rouge. Mi-ombre. 0,6 m x 1,2 m. ❧ P. fruticosa ‘Pink Beauty’ : port compact. Sans doute la meilleure potentille rose jusqu’à maintenant. Abondantes fleurs rose pâle sur une longue saison. Coloration soutenue, même au soleil. 0,6 à 7,5 m x 0,6 m à 7,5 m. ❧ P. fruticosa ‘Rosemarie’ : forme couvre-sol aux fleurs roses, floraison de longue durée. Réussit mieux à mi-ombre. 0,5 x 1 m. ❧ P. fruticosa ‘Snowbird’ : fleurs blanches semi-doubles. Longue période de floraison. Feuillage vert foncé. Entretien minimal. 0,8 m x 1,2 m. ❧ P. fruticosa ‘Uman’ Mango Tango™ : variété naine. Nouveauté aux fleurs bicolo­­res : rouge orangé entouré de jaune vif. Encore plus colorée par temps frais. 0,6 m x 0,6 m. ❧ P. fruticosa ‘Yellow Gem’ : port plutôt rampant. Fleurs flûtées jaune vif d’assez bonne taille. Longue période de floraison. Nouvelles tiges rouges. Feuillage gris vert. 0,4 m x 0,9 m.

VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : D’accord, toutes les potentilles arbustes sont des plantes solides et faciles, mais les suivantes ne répondent pas aux attentes.

❧ P. fruticosa ‘Abbottswood Silver’ : variante de ‘Abbottswood’, mais à feuillage panaché. Malheureusement, la coloration du feuillage n’est visible que de près et les réversions sont fréquentes. De plus, à faible croissance et peu florifère. 0,6 à 0,75 m x 0,6 à 0,75 m. ❧ P. fruticosa ‘Jackmanii’ (‘Jackman’s Variety’) : bonne vieille variété, très solide, aux fleurs jaune vif et aux feuilles vert foncé… mais aujourd’hui dépassée par des variétés à floraison plus durable, tels les cultivars ‘Coronation Triumph’ et ‘Goldfinger’. 1,2 à 1,5 m x 1,2 à 1,5 m. ❧ P. fruticosa ‘McKay’s White’ : variété à petites fleurs blanches et à saison rac­ courcie, inférieure à ’Abbotswood’. Un peu moins rustique : zone 3. 0,7 m x 0,8 m. ❧ P. fruticosa ‘Orangeade’ : fleurs orange… mais la couleur ne tient pas. Port érigé. 0,9 m x 0,75 m. ❧ P. fruticosa ‘Red Ace’ : la première potentille « rouge », mais les fleurs rouge oran­gé ne sont pas fiables. Port faible et irrégulier. Peu florifère. 0,6 à 0,75 m x 1,2 m. ❧ P. fruticosa ‘Tangerine’ : autre potentille orange qui tend vers le jaune si les conditions ne sont pas parfaites. 0,6 m x 1,2 m.

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Sorbaria d’Aitchison Sorbaria d’Aitchison Sorbaria tomentosa angustifolia Noms anglais : Kashmir False Spirea. Hauteur à maturité : 1,8 à 2,5 m. Diamètre à maturité : 1,2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre, même ombre. Port : globulaire irrégulier. Sol : ordinaire à riche en matière organique, bien drainé, humide, légèrement acide à neutre. Légère résistance au sel. Disponibilité : moyenne. Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : feuillage rougeâtre au printemps, fleurs séchant sur place. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Suppression des branches trop longues au printemps. Si désiré, on peut le rabattre au sol tous les ans. Multiplication : boutures herbacées, division, marcottage, semences. Utilisation : Arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur coupée, fleur séchée. Zone de rusticité : 4a. Sorbaria tomentosa angustifolia

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eux sorbarias sont couramment disponibles : le sorbaria à feuilles de sorbier (S. sorbifolia), le plus courant, est terriblement envahissant et ne peut être recom­ man­dé que lorsque l’on peut le contrôler. Et puis il y a l’autre, presque identique mais aucu­nement envahissant… ou si peu ! Le mien n’a produit qu’un seul rejet en 8 ans : donc aucune raison de paniquer. On l’ap­pelle le sorbaria d’Aitchison (S. tomentosa angus­tifolia). Il est superbe ! Les sorbarias, envahissants ou pas, sont très jolis. Très tôt au printemps, alors que la plupart des autres arbustes sont encore en dormance, leurs grandes feuilles pennées commencent à se déployer. Joliment texturées, souvent rehaussées de rouge à l’épa­ nouis­sement et aux folioles lancéolées dentées, elles font presque l’effet de frondes, donnant une note tropicale à l’aména­gement. Elles font penser, en plus petites, aux feuilles du sumac vinaigrier (Rhus typhina). Elles sont d’un vert moyen mat à maturité et ne prennent aucune coloration appréciable à l’automne.

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VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Sorbaria tomentosa angustifolia, anc. S. aitchisonii (sorbaria d’Aitchison) : vous n’arrivez pas à mémoriser son nom ? Demandez tout simplement au pépi­niériste « le sorbaria qui n’envahit pas » : il saura vous le trouver. Des deux sorbarias courants, celui-ci est le plus gros. Ses feuilles ont de 13 à 23 folioles et mesurent de 23 à 38 cm de longueur. Elles sont rougeâtres au printemps et l’extrémité des tiges a également tendance à être rougeâtre. Ses grosses pani­cules plutôt coni­ques mesurent de 20 à 35 cm de longueur et de diamètre. Il est malheureu­ sement moins rustiques (zone 4a) que son cousin. 1,8 à 2,5 m x 1,2 m. ❧ S. sorbifolia (sorbaria à feuilles de sorbier) : comme le précédent, mais plus petit en tout et il est moins rouge au printemps. Ses feuilles ont de 13 à 25 folioles et ses panicules sont presque deux fois plus petites que celles de S. tomentosa angustifolia, mais deux fois plus nombreuses pour compenser. Il produit des rejets à profusion, partant allégrement à la conquê­te de la platebande grâce à des stolons souterrains pouvant couvrir de vastes distances. Cette caractéristique le rend très utile pour stabiliser les pen­tes et pour la naturali­sation, mais beaucoup moins dans un aménagement res­treint. Plantez-le à l’intérieur d’une barrière infranchissable (voir à la page 121) pour l’utili­ser dans un es­pace restreint ou là où vous passez souvent la ton­deuse. Très rustique (zone 2) ! 1,8 m x illimité. ❧ S. x ‘Appleberry’ : nouvel hybride aux jeunes pousses plus pourprées et aux tiges encore plus rougeâtres. 2 m x 1,8 m. Zone : 4a.

Des arbustes vraiment sans entretien !

C’est en été que le sorbaria est à son meilleur, car l’extrémité de chaque branche se coiffe d’une grosse panicule plumeuse de minuscules fleurs blanc crème. Non seulement les fleurs sont-elles jolies pendant plusieurs semaines, mais elles sèchent sur place, devenant beiges, et persistent une bonne partie de l’été. Bien que plusieurs personnes s’objectent à ces fleurs « passées date » et les coupent sans tarder, je les trouve très jolies et jamais il ne me viendrait à l’esprit de les supprimer. Il est intéressant d’utiliser des sorbarias comme bouche-trous. Lorsque vous avez un espace à combler dans un aménagement, à la suite de la mort d’un autre arbuste ou lorsque les branches inférieures de vos vieux conifères sont tombées, plantez un sorbaria d’Aitchison. Vous verrez qu’il a tendance à pousser selon l’espace à combler, remplissant rapidement le vide dans le feuillage, et en produisant aussi des fleurs si l’emplacement est quelque peu ensoleillé. L’entretien du sorbaria est minimal. Il s’adapte à presque toutes les conditions, sauf aux sols très secs ou détrempés, et fleurit abondamment au soleil ou à mi-ombre. Dans les coins ombragés, il se comporte aussi très bien, mais fleurit peu. Son feuil­ lage cependant assez joli se suffit à lui-même. Parce qu’il fleurit sur le bois de l’année et qu’une taille radicale ne réduit pas sa floraison, les ébrancheurs invértérés préfè­ rent le rabattre au sol à la fonte des neiges. Moi qui suis très paresseux, je le laisse tout simplement pousser sans m’en occuper, mais pas du tout !

Sorbaria sorbifolia

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Photo : Robert Mineau, Jardin botanique de Montréal.

Spirée de Vanhoutte

Spiraea x vanhouttei

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a spirée de Vanhoutte, ou cou­ ronne de mariée, est loin d’être une nou­ veauté. Elle fut intro­ dui­ te par la célèbre pépi­nié­riste française, Billard, en 1862. On ne sait exacte­ment à quel moment cette spi­rée a traversé l’Atlantique, mais elle est cul­­ ti­ vée dans nos régions au moins depuis cent ans, et sa popu­larité n’a jamais flé­chi : on la plante au­jour­d’hui plus que jamais et elle se classe parmi les ar­bus­tes les plus vendus. L’attrait de la spirée de Van­hout­ te tient surtout à sa floraison : à la fin du prin­temps et en début d’été (selon les ré­gions), ses rameaux déjà arqués ploient sur le poids des mil­liers de ses minuscules fleurs blan­ ches, regrou­ pées en de petites om­bel­les arrondies, non seulement à l’ex­trémité mais tout le long ­des ti­ges. Il y en a tel­le­ment qu’elles se fondent les unes dans les autres, donnant l’im­ pres­ sion d’une masse presque continue de fleurs,

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Spirée

de Vanhoutte Spiraea x vanhouttei Noms anglais : Bridalwreath Spiraea. Hauteur à maturité : 18, à 2,5 m. Diamètre à maturité : 1,75 à 2 m, même 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : semi-pleureur. Sol : tout sol bien drainé, de moyennement acide à légèrement alcalin. Résistance au sel. Disponibilité : excellente. Intérêt principal : floraison à la fin du printemps. Intérêts secondaires : joli port. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, suppression des branches de 4 - 5 ans et les dommages hivernaux. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois. Zone de rusticité : 3b.

Des arbustes vraiment sans entretien !

rarement bri­sée çà et là par de petites feuilles dentées de 3 à 5 lobes. Quand vous voyez son effet, vous comprendrez qu’elle porte aussi le nom de « couronne de la mariée » ! Après la floraison, les tiges se recourbant au point de souvent toucher au sol, c’est son port semi-pleureur et son dense feuillage vert foncé, légèrement bleuté, qui priment. À l’automne, les feuilles prennent une teinte pourprée, plus accentuée dans les régions aux températures plus fraîches. Et l’hiver, les longues branches arquées à l’écorce brun marron continuent de fasciner, pliant joliment sous le poids de la neige. Comme les autres arbustes de ce chapitre, la spirée de Vanhoutte tolère presque tous les sols, sauf les emplacements détrempés. Il est plus florifère au soleil, mais fleurit aussi admirablement à la mi-ombre et même un peu à l’ombre. La spirée de Vanhoutte est vraiment un arbuste qui pousse tout seul. De nom­ breuses personnes s’acharnent à la tailler annuellement après la floraison, coupant une branche trop longue ici et une autre croche là, mais les sujets rarement taillés sont souvent aussi jolis que les arbustes entretenus. Il est peut-être valable de rajeunir l’arbuste aux quatre ou cinq ans en coupant les branches les plus vieilles, sinon environ aux 20 ans, un bon rabattage s’impose pour renouveler l’arbuste d’un coup sec. Personnellement, lorsque j’imagine une haie libre, je vois toujours une rangée de spirées de Vanhoutte, tellement cet arbuste convient bien à cette fin. Malheureusement, on voit encore des gens qui en font des haies taillées. C’est triste de voir un arbuste au port naturel si charmant ainsi maltraité. Bon enfant, la spirée tolère bien cette taille et réussit même à fleurir et assez abondamment de surcroît, ce qui est fort rare chez un arbus­te taillé de façon classique, mais ses fleurs se trouvant alors à l’intérieur de l’arbuste plutôt qu’en périphérie sont en bonne partie cachée par les feuilles. Au sud des États-Unis, les jardiniers rapportent des problèmes de maladies foliaires, mais au nord, on ne mentionne aucun problème digne de ce nom, sinon quelques bris hiver­naux occasionnels et facilement réparés avec un peu de taille.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Spiraea x vanhouttei (spirée de Vanhoutte) : voir la description ci-dessus. Cet arbuste hybride est issu du croisement de S. trilobata et de S. cantonensis. ❧ S. x vanhouttei ‘Renaissance’ : un nouveau cultivar de moindre hauteur, mais surtout reconnu pour son excellente résistance aux maladies foliaires. Même si dans le Nord, nous n’avons que peu de problèmes de maladie avec la spirée de Vanhoutte, quant à acheter cette spirée, il vaudrait la peine de rechercher ‘Renaissance’, car on ne sait jamais à quel moment une nouvelle maladie fera son apparition. De plus, sa colo­ra­tion automnale est aussi plus attrayante : un jolie rouge orangé. 1,5 m x 1,5 m. Zone 3b. VARIÉTÉ DÉCONSEILLÉE : ❧ S. x vanhouttei ‘Pink Ice’ : il vaut mieux réserver cette variété aux feuilles forte­ment panachées de rose et de blanc au printemps, puis de jaune crème à l’été, aux collectionneurs. Non seulement cette sélection croît-elle sans beaucoup de vigueur, elle exige souvent la suppression de réversions. De plus, sauf dans les régions aux étés frais, ce cultivar tend à devenir entièrement vert l’été. En som­me, ‘Pink Ice’ est davantage une plante de collectionneur qu’une plante pour jardi­nier moyen. AUTRES ESPÈCES : Il y a plus de 80 espèces de spirées comptant des variétés à floraison printanière et d’autres à floraison estivale. Vous en trouverez d’autres dans les chapitres Des fleurs en début de saison et Des fleurs au cœur de l’été.

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Viorne commune

Viburnum lantana en fleurs

V

Viorne commune oici seulement la première espèce du vaste genre Vibur­num, collec­ Viburnum lantana tivement appelé « vior­nes », un groupe Noms anglais : Wayfaring Tree. très diversifié tant par l’apparence que Hauteur à maturité : 3 à 4 m. par l’utilité, dont les espèces sont d’ail­ Diamètre à maturité : 3 m. leurs présentées dans les dif­ fé­ rents Emplacement : soleil à ombre. cha­pitres de ce livre. Port : érigé, globulaire. La viorne commune, souvent appe­ Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide et lée «  mancienne  » dans son Europe légèrement acide, mais tolère les sols secs natale, est un très grand ar­bus­te, voire et alcalins. Tolérante au sel et au compactage. parfois un petit arbre, ayant presque Disponibilité : bonne. tou­jours quelque chose à offrir. Tôt au Intérêt principal : fruits colorés à partir de l’été et durant une partie de l’hiver. prin­temps, ses feuilles cordiformes se Intérêts secondaires : floraison printanière. déploient, dentées, vert foncé et joli­ Feuillage joliment texturé. Coloration automnale. ment texturées, à l’ap­parence gaufrée. Feuillage : caduc. Le revers de ces feuilles a un effet très Problèmes : peu fréquents. Peu affectée par la attrayant avec son épais duvet blanc. galéruque de la viorne. Au milieu du printemps, et parfois de Taille : peu nécessaire. Suppression des branches façon spo­­radique au cours de l’été, de trop longues après la floraison. larges bouquets de fleurs blanc crème Multiplication : boutures semi-herbacées, appa­raissent à l’ex­tré­mi­té des bran­ semences (espèce seulement). ches. Bien qu’au Québec, plu­ sieurs Utilisation : arrière-plan, coin humide, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, auteurs prétendent qu’elles sont par­ plate-bande, sous-bois, attire les oiseaux frugivores. fumées, je ne qualifierais pas leur Zone de rusticité : 2b. odeur de par­fum, car elles ont tout au plus une odeur plutôt désa­gré­able que l’on ne peut sentir que si le nez rentre qua­siment dans la fleur. Les fleurs forment de petites baies oblon­gues chan­geant régu­liè­rement de cou­leur au cours de l’été, du vert au 178

Des arbustes vraiment sans entretien !

jaune, à l’oran­gé, au rouge vif, pourpre, puis au noir, et comme elles ne mûris­sent pas en mê­me temps, on voit souvent plu­sieurs couleurs dans le corymbe. Les oi­seaux s’y intéressent surtout lorsque ses fruits sont pleinement mûrs, à l’automne et à l’hiver. Le feuillage prend souvent une coloration d’un rouge violacé à l’automne. L’hiver, une fois les fruits tombés, on peut admirer ses tiges épaisses à l’extrémité laineuse. Pour obtenir le maximum de fruits, il vaut mieux planter un autre clone à proxi­ mité, car la pollinisation croisée, bien que non obligatoire, augmente le nom­bre de baies. Les fruits sont comestibles et s’emploient notamment dans la pré­paration de gelées et de marmelades. Cet arbuste crée un dilemme chez le jardinier qui tient à tailler tous ses arbustes au moins une fois par année : s’il taille à la fonte des neiges, l’arbuste ne fleurit pas car il élimine les boutons dormants formés sur le bois de l’année précédente ; s’il taille après la floraison, il élimine les fruits. Le jardinier paresseux, lui, ne taille cet arbuste que pour éliminer une branche morte ou endommagée ou pour contrôler quelque peu un sujet devenu trop grand, ce qu’il peut faire avant ou après la floraison. On peut aussi faire de cet arbuste un petit arbre en éliminant toutes ses tiges, sauf une. Pour d’autres renseignements sur cette technique, voir dans le chapitre Comme sur des échasses. L’arbuste fleurit mieux au soleil et à mi-ombre, mais s’adapte aussi très bien à l’ombre, et s’accommode de presque tous les sols, même les sols très humides. Et, au contraire de certaines autres viornes, la viorne commune n’est pas très sujette à la des­tructrice galéruque de la viorne (page 230). Enfin, moins utilisée à cette fin mais méritant que l’on pense à elle, la viorne com­mu­ ne fait une excellente haie libre, ou même taillée si vous n’êtes pas un jardinier pares­seux.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Viburnum lantana (viorne commune) : voir la description ci-dessus. ❧ V. lantana ‘Aureum’ : une forme au feuillage doré au printemps. Au soleil, les feuilles verdissent à l’été, mais demeurent vert lime lorsque planté plus à l’ombre. 2,5 m x 2,5 m. Zone 3b. ❧ V. lantana ‘Mohican’ : c’est le cultivar le plus couramment disponible, une version plus petite que l’espèce, aux fruits mûrissant plus tôt et rouges pendant plusieurs semaines avant de noircir. 2,5 à 2,7 m. Zone 2b. VARIÉTÉ DÉCONSEILLÉE : ❧ V. lantana ‘Variegatum’ : un cultivar au feuillage discrètement et irrégu­ lièrement panaché de jaune. À mes yeux, et bien que j’adore normalement les plantes panachées, l’arbuste paraît virosé ! Vraiment une plante pour collectionneurs seulement… à moins de trouver un clone aux panachures particulièrement distinctes. 4 m x 3 m. Zone 2b.

AUTRES ESPÈCES : V. lantanoides, anc. V. alnifolium (viorne à feuilles d’aulne) : La version nordaméricaine de la viorne commune. On l’appelle parfois « bois d’orignal », car cet animal aime bien croquer leurs tiges tendres en hiver. Très similaire à la viorne commune, mais à feuilles plus grosses, elle tolère encore mieux l’ombre. Autour du corymbe, elle porte de grosses fleurs stériles blanches, un peu comme celles de certaines hydrangées. Sa coloration automnale pourprée est plus fiable que celle de la viorne com­mu­ne, commençant tôt et durant très longtemps, l’arbuste se coloriant souvent dès le milieu de l’été. Arbuste à port ouvert surtout intéressant en naturali­sation, il se marcotte éventuellement pour former d’immenses talles. Rare­ment disponible commercialement. 2,75 à 3,75 m x 2 m et plus. Zone 2b.

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Viorne Onondaga Viorne Onondaga

Photo : Daniel Fortin, Jardin botanique de Montréal.

Viburnum sargentii ‘Onondaga’ Noms anglais : Onondaga Sargent Viburnum. Hauteur à maturité : 2 à 2,5 m. Diamètre à maturité : 2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé jeune, devenant arrondi à maturité. Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide, de moyennement acide à neutre. Légère résistance au sel. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage ve­lou­té et pourpré. Fruits persis­tant jusqu’à l’hiver. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Résistante à la galéruque de la viorne. Taille : peu nécessaire. Suppression des branches trop longues ou en­dom­­magées après la floraison. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées. Semences vernalisées (espèce seule­ment). Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, sous-bois, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 3.

Viburnum sargentii ‘Onondaga’

Q

u’un si bel arbuste avec une si bonne diffusion, car on le retrouve dans presque toutes les jardineries, soit si peu connu est presque criminel. Quel arbuste magni­fique, à l’allure tellement exotique ! En fleurs, il fait davantage penser à un hortensia (Hydrangea macrophylla, voir dans le chapitre Des arbustes « pensez-y bien ») qu’à une viorne, mais avec la rusticité de la viorne, ce qui permet aux jardiniers nordaméricains, jusqu’en zone 3, de goûter aux plaisirs de l’« hortensia » sans les problèmes d’un entretien complexe. ‘Onondaga’ est en fait un cultivar de la viorne de Sargent (Viburnum sargentii), un grand arbuste à croissance dense et aux feuilles vert moyen, en forme de feuille d’érable. « Ono » diffère de l’espèce par sa taille un peu inférieure, mais surtout par

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Photo : Robert Mineau, Jardin botanique de Montréal.

Des arbustes vraiment sans entretien !

sa coloration très rehaussée. En effet, à l’épanouissement, les feuilles d’apparence veloutée sont rouge violacé, devenant par la suite vert foncé, tout en conservant une jolie teinte pour­ prée durant la saison de crois­sance. Et quelle floraison ! Au milieu du prin­ temps, de lar­ ges corymbes aplatis s’ou­ vrent, com­ posés d’un cercle de larges fleurs sté­ riles blanc crème entou­rant un bouquet de Viburnum sargentii ‘Onondaga’ en fruits. fleurs stériles, rouge bourgogne en bou­­­ton et blanc rosé à l’épa­ nouis­­sement, aux étamines pourpres, le tout mis en valeur par des feuilles encore richement diffusées de pourpre. Wow ! Et le spectacle n’est pas terminé, car les fleurs donnent naissance à des fruits globulaires translucides, rouge vif, qui se colorent tôt et per­sistent une bonne partie de l’hiver, car les oiseaux semblent attendre la fin de l’hiver pour s’en régaler. Enfin, à l’automne, les feuilles vert pourpré l’été, de­vien­ nent rouges ou jaunes, selon les conditions. Spectaculaire, je vous dis ! S’il y a une critique à formuler concernant ‘Onondaga’, c’est sa production relativement faible de fruits comparativement à son énorme quantité de fleurs. Avis aux hybrideurs en herbe : il y aurait sûrement moyen de développer un cultivar semblable, mais plus fructifère ! Son entretien est routinier : emplacement ensoleillé ou ombragé, mais il fleurit toutefois mieux au soleil ou à mi-ombre, dans tout sol quelque peu humide, en évi­tant que ses racines soient constamment inondées. La taille est peu nécessaire et d’ailleurs, si vous taillez après la floraison, vous perdez la fructification ! Enfin, cette viorne semble parfaitement résister à la galéruque de la viorne qui cause tellement de dommages à sa très proche cousine, la viorne obier (Viburnum opulus). Elle devient parfois la cible des pucerons, mais ils sont peu dommageables. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Viburnum sargentii (viorne de Sargent) : c’est l’espèce dont est dérivée ‘Onondaga’, le cultivar décrit ci-dessus. Elle est plus grosse que ‘Onondaga’, et la coloration pourprée de ses jeunes feuilles est rapidement remplacée par du vert foncé. 2 à 3 m x 2 à 3 m. Zone 3. ❧ V. sargentii ‘Flavum’ : cultivar rare, méritant une plus grande diffusion. Comme ‘Onondaga’, mais au lieu d’être pourprés, les étamines, les pédicelles et même les nervures des feuilles sont jaunes. De plus, les fruits sont jaunes ou translucides. Spectaculaire ! 2 m x 2 m. ❧ V. sargentii ‘Onondaga’ : c’est le cultivar le plus populaire et sans doute aussi le plus intéressant. Voir la description ci-dessus. ❧ V. sargentii ‘Susquehanna’ : variété très intéressante, mais peu disponible. Tiges épaisses presque liégeuses. Floraison et fructification abondantes. Feuillage vert, comme l’espèce. 2 à 3 m x 2 à 3 m. Zone 3. AUTRES ESPÈCES : De nombreuses autres espèces de viornes sont décrites ailleurs dans ce livre.

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DES ARBUSTES à entretien minimal

S

i les arbustes du chapitre précédent, Des arbustes vraiment sans entretien, ne suffisent pas à vos besoins, voici encore dix autres arbustes qui n’exigent que très peu de soins. La différence entre les deux groupes est minime. Si les efforts requis pour le premier fri­saient le zéro quasiment absolu, ils sont d’envi­ron 0,3 sur une échelle de 10 points pour le deuxième. En fait, les arbustes dé­crits dans ce chapitre n’exigent presque aucun entretien : vous les plantez, et dans la plupart des cas, les laissez plus ou moins aller à leur guise, mais parfois, il faudra, et je m’en excuse, lever le petit doigt. Dans certains cas, le principal problème de ces arbustes est la taille annuelle pratiquement obligatoire. Mais elle est légère, de­man­dant moins de dix minutes par année, rien de trop déran­geant ! Pour d’autres, le problème en est surtout un de plus faible rusticité. Par exemple, le kolkwitzia n’exige pas beaucoup de soins en zone 5, mais en zone 3, il peut geler quelque peu, notam­ment aux extré­ mités. Si vous vivez en zone 5, vous pouvez même immé­dia­tement classer ces plantes un peu plus frileuses dans le chapitre précédent. Je les ai placées ici car elles ne sont pas dispo­nibles pour tous les jardiniers québécois. D’autres arbustes sont plus sensibles aux insectes ou aux maladies, pas au point de sortir votre masque à gaz et tout l’arsenal des pesticides, mais ils exigent tout de même une certaine sur­veil­lance de votre part et, à l’occasion, un traite­ment. Enfin, certains des arbustes dé­crits ici ont une légère ten­dance à drageonner… mais très peu. Ils ne s’épar­pilleront pas sur votre pelouse telles des « brebis égarées », mais à l’occasion, vous pourriez devoir arracher un plant vagabond. Il arrive aussi que pour certains arbustes, le problème ne soit pas l’en­tretien, mais leur dis­­poni­bilité : ils sont presque par­faits quant à la culture, d’un entretien zéro, mais vous de­vrez les cher­cher car vous aurez de la diffi­cul­té à les trouver en pé­pinière. Avec les arbustes de ce chapitre, attendez-vous à des plantes fiables, sans pro­blè­mes ma­jeurs, peu sujettes à des com­­plications sérieuses, avec des besoins minimaux de taille et autre entretien, qui ne pren­dront que quel­ques minutes de votre temps chaque année, et bien adaptées à une vaste gamme de condi­tions. En somme, je pense que tous les arbustes décrits ici plairont énor­mément à tout jardinier… un brin paresseux !

Caragana de Sibérie Diervillée chèvrefeuille Éleuthère de Siebold Hydrangée Annabelle Kolkwitzia aimable

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Raisin d’ours Rosier rugueux Shépherdie argenté Sureau du Canada Weigela hybride

Caragana de Sibérie

Caragana arborescens

Caragana

de

Sibérie

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oici un solide arbuste tout usa­ ge, très bien adapté à notre cli­mat et presque sans problèmes. Nom anglais : Siberian Peashrub. Bien que d’apparence attrayante, Hauteur à maturité : 4,5 à 6 m. le caragana de Sibérie n’est ce­pen­ Diamètre à maturité : 3,7 à 5 m. dant jamais une vedette : même en Emplacement : soleil. fleurs, il fait davantage partie du Port : érigé globulaire, souvent irrégulier en vieillissant. décor qu’il ne le domine. Mais com­ Sol : tout sol bien drainé, d’acide à alcalin, voire me faire-valoir pour d’autres plan­ sablonneux ou même graveleux. Très tolérant au sel. tations, on ne fait pas mieux. C’est Tolérant au compactage. un excellent choix pour la haie, Disponibilité : excellente (pour l’espèce principale). l’écran visuel ou comme brise-vent. Bonne à faible (pour les cultivars et autres espèces). Ajoutez à cela qu’il sert d’abreu­ Intérêt principal : floraison printanière. voir hâtif aux coli­bris nou­vellement Intérêts secondaires : Feuillage léger. Écorce colorée. arrivés du Sud qui ne trouvent à ce Feuillage : caduc. moment-là que très peu de fleurs Problèmes : peu fréquents. Infestations occasionnelles riches en nectar, et vous avez vrai­ de cicadelles et de pucerons. ment un arbuste ga­gnant. Taille : peu fréquente. Taille de rajeunissement Le caragana de Sibérie est un sur les vieux sujets. arbuste dont les jeunes tiges vertes Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, deviennent jaune bru­ nâtre, mar­ boutures de racine, semences (pour l’espèce seulement). quées de lenticelles et assez attra­ Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, yan­tes l’hiver. Elles sont naturel­ attire les colibris. le­ ment dressées au début, mais Zone de rusticité : 2b. l’ar­­­­­buste prend un port plus ouvert en mûrissant. Il se couvre de feuil­ les pennées, composées de 8 à 12 petites folioles arrondies vert tendre, qui lui donnent une apparence d’une grande légèreté. Les fleurs jaune pâle, en forme de fleur de pois,

Caragana arborescens

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Des arbustes à entretien minimal

s’épanouissant au milieu du printemps, mais un plus tard dans le Nord. Elles sont abondantes, mais clairsemées et partiellement cachées par le feuillage : bien qu’assez visibles, elles ne « sautent pas aux yeux ». Tout au plus peut-on compter sur elles comme point d’intérêt sup­plé­mentaire en début de saison. Après leur chute, l’arbuste révèle de nombreuses cosses aplaties, vertes deve­nant brunes en fin de saison. Elles ne dérangent pas et peuvent même être at­trayantes lorsqu’elles sont vues de près. De toute façon, l’ébrancheur invétéré qui décide de les éliminer entièrement aura du pain sur la planche, car elles sont éparpillées partout sur l’arbuste et non aux extrémités des branches seulement. Il s’agit d’un grand arbuste, et même d’un « trrrrrès » grand arbuste qui grossit vite les premières années. On le convertit d’ailleurs facilement en arbre en taillant toutes les tiges, sauf une (voir le chapitre Comme sur des échasses). Plusieurs jardi­ niers ont la mauvaise habitude de planter l’espè­ce devant une fenêtre ou ailleurs où ils ne souhaitent qu’un petit arbuste et doivent, par la suite, tailler régulièrement cet arbuste pour le contrôler. Même si l’on peut tailler le caragana de Sibérie sans problème, même en haie classique, je vous suggère plutôt de réserver cette espèce pour les em­pla­­cements exigeant un grand ar­buste, et d’utiliser plutôt des caraganas natu­rellement plus petits lorsqu’une plante de taille plus restreinte est requise. Comme l’arbuste ralentit sa croissance après quelques années, il est facile de limiter sa hauteur potentielle de 6 m en éliminant les branches les plus hautes, tous les 4 à 6 ans. On peut ainsi le maintenir sans trop de peine à environ 2 m de hauteur et 1,5 m de largeur. Si le vôtre est quelque peu dégarni après une croissance qui a tendance à être irré­gulière, vous pouvez le rajeunir en le rabattant au sol. Le caragana est parmi les arbustes qui « s’autofertilisent » : il fixe l’azote atmos­ phérique grâce aux bactéries vivant dans les nodules de ses racines, ce qui explique pourquoi il réussit si bien dans les sols très pauvres, voire littéralement planté dans des pierres. Il tolère d’ailleurs tous les sols, même les plus glaiseux ou sablonneux, aussi bien acides qu’alcalins. Tolérant le sel et le vent, c’est un bon sujet pour le bord de mer, d’autant plus qu’il est possible de le cultiver dans du sable pur ! Il résiste bien à la sécheresse et préfère d’ailleurs les sols plutôt secs. Réser­vez les emplacements hu­mides aux arbustes plus difficiles ! La multiplication se fait par bou­turage ou par semis. Dans le dernier cas, il faut faire tremper les graines dans de l’eau tiède pendant 24 heu­res, puis les semer et les placer au réfrigérateur pendant 2 semaines. La germination se produit alors rapi­dement lorsqu’elles sont exposées à une température plus chaude. Le ca­ra­gana de Sibérie sert commu­né­ment de porte-greffe à d’autres cara­ganas plus difficiles à multiplier ou pour les arbustes sur tige. Ce­pen­dant, il a alors le défaut de pro­duire des gourmands à son pied. Comme ceux-ci détruisent la symétrie de la plante greffée, il faut les arra­cher. Cet arbuste présente pourtant quelques petits défauts. Son bois fend facilement, sur­tout sous le poids de la neige, mais puis­qu’il repousse rapidement, il suffit de tailler les bran­ches atteintes. Aussi, les cicadelles, petits insec­tes sauteurs, endommagent par­fois les jeu­nes tiges, provoquant une nouvelle crois­sance tordue et rabougrie. Comme les cica­delles ne cau­sent des dégâts qu’occasion­nel­lement, car une gros­se an­née est toujours suivie de plusieurs an­nées de paix, vous pouvez les oublier en comp­­­tant que l’année suivante leur population aura diminué, ou les traiter tout sim­plement avec un fort jet d’eau du boyau. Il en est de mê­me des pu­ce­rons, éga­lement un problème cy­clique qui n’exi­ge pas né­ces­­sairement une action de votre part.

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Caragana arborescens ‘Walkeri’

Des arbustes à entretien minimal

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Sauf mention contraire, toutes les variétés décrites sont de zone 2b. ❧ Caragana arborescens (caragana de Sibérie, caraganier de Sibérie, pois de Sibérie) : très populaire. Offert dans toutes les pépinières. Voir la description ci-dessus. ❧ C. arborescens ‘Lorbergii’ : curieuse et attrayante mutation aux folioles radi­ calement différentes : très étroites plutôt qu’arrondies, presque linéaires, elles donnent un effet plumeux à la plante, accentué par le port érigé puis arqué des branches. Les fleurs sont aussi plus étroites que la normale. Souvent greffé sur tige (voir le chapitre Comme sur des échasses), je le trouve quant à moi plus joli en forme d’arbuste, soit son port naturel. 2,5 m x 2,5 m. ❧ C. arborescens ‘Nana’ : forme naine et peu fournie, aux tiges tordues. Rare­ ment cultivée, car le caragana globulaire crée le même effet, mais en beaucoup plus dense. 1,2 m (jusqu’à 2 m) x 0,9 m. ❧ C. arborescens ‘Sutherland’ : forme rigidement dressée, voire presque pyra­ midale, faisant un excellent brise-vent ou une haie étroite. Utilisée surtout com­ me porte-greffe pour les caraganas sur tige. Il suffit de prélever un gourmand au pied d’un caragana sur tige pour obtenir gratuitement un caragana ‘Sutherland’. 6 m x 3 m. ❧ C. arborescens ‘Walker’s : mêmes folioles étroites que ‘Lorbergii’, mais sur des tiges rampantes. Plante très populaire greffée sur tige, mais elle est encore plus jolie comme arbuste couvre-sol, mais malheureusement, peu disponible sous cette forme. 0,5 x 2,5 m.

AUTRES ESPÈCES : Il existe plus de 75 espèces de caragana, plusieurs étant rustiques avec un bon po­ten­ tiel pour nos amé­nagements, mais très peu ont été essayées jusqu’à ce jour. En voici certai­nes parmi celles qui sont les plus cou­ram­ment offertes. D’autres, unique­ment offertes sous for­me d’ar­bustes sur tige, du moins jusqu’à main­te­nant, sont dé­cri­tes dans le chapitre Comme sur des échasses. ❧ C. aurantiaca (caragana orangé) : joli caragana assez nain, aux tiges épineuses, faisant une excellente haie orne­mentale ou dissua­sive. Fleurs retom­bantes jaune orangé. Feuilles vert foncé à 4 folioles. Tiges érigées légèrement arquées de couleur brun roux au début, devenant gris foncé. Attachez légè­­rement les bran­ ches pour l’hiver, car elles ont ten­dan­ce à briser sous le poids de la neige. 1 m x 0,8 m. Zone 2. ❧ C. frutex (caragana frutescent, c. de Russie) : arbuste dressé res­sem­blant à C.  arbores­cens, mais plus dense, un peu plus petit et aux fleurs jaune vif, plus grosses et plus voyantes. Feuilles vert foncé, à 4 folioles très serrées. Bonne résistance aux insectes. Excellente haie ! 2 à 3 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 2. ❧ C. frutex ‘Globosa’ (caragana frutescent globulaire, caragana globe) : comme le précédent, mais au port arrondi et encore plus compact. Proba­ble­ment le meilleur caragana pour la haie, car il n’exige aucune taille pour garder indéfiniment une belle forme ! 0,6 à 0,9 m x 0,6 à 0,9 m. ❧ C. microphylla (caragana à petites feuilles) : petites feuilles à folioles ovales gris vert. Fleurs jaunes à la fin du printemps. On offre parfois ‘Tidy’, mais il semble identique à l’espèce. 2 m x 2 m. Zone 2. ❧ C. pygmaea (caragana nain, caragana pygmée) : similaire à C. aurantiaca, mais plus étalé, à fleurs jaune vif. Excellente haie basse. Parfois greffé sur tige. 0,75 m x 1,2 m. ESPÈCES DÉCONSEILLÉES : ❧ Caragana jubata (caragana cactus) : curiosité. Petit arbuste à croissance irré­ gulière. Très épineux ! Feuilles à folioles lancéolées, gris vert. Fleurs blan­ches, rehaussées de rose. Exige un sol très bien drainé, sinon il pourrit rapidement. Pour collectionneurs avertis seulement. 0,5 à 1 m x 0, 3 à 0,8 m. Zone 3.

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Diervillée chèvrefeuille

Diervillea sessilifolius

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Diervillée chèvrefeuille ourquoi croit-on toujours que l’herbe est toujours plus verte Diervillea lonicera dans le pré du voisin ? Une telle Nom anglais : Dwarf Bush Honeysuckle. atti­tude nous porte à ignorer les Hauteur à maturité : 0,9 à 1,2 m. ar­ bus­ tes aborigènes et ne vrai­ Diamètre à maturité : 0,9 à 1,2 m. ment ai­ mer que ceux qui vien­ Emplacement : soleil à ombre. nent de l’étran­ ger. La diervillée Port : évasé, aplati au sommet. chèvre­feuille (Diervillea lonicera), Sol : tout sol bien drainé, acide ou alcalin, pourtant originaire de l’est de voir sablonneux ou rocailleux. Tolère les sols secs. l’Amérique du Nord, fait partie Disponibilité : peu disponible. de ces arbustes oubliés qui sont Intérêt principal : floraison estivale durable. surtout appréciés… en Europe  ! Intérêts secondaires : coloration printanière et Pourtant, sa floraison est par­ automnale des feuilles. bon couvre-sol. ticulièrement persistante, puis­ Feuillage : caduc. qu’elle dure la majeure partie de Problèmes : peu fréquents. l’été, son feuillage est beau et peu Taille : peu nécessaire. Taille de rajeunissement sur les sujet aux insectes, cette plante vieux sujets peut-être, et dans ce cas, tôt au printemps. fait un ex­cel­lent couvre-sol et ne Multiplication : boutures herbacées, division. de­mande pres­que pas d’en­tretien. Utilisation : arrière-plan, bordure, couvre-sol, écran, Pourquoi doit-on aller en Europe fondation, en isolé, haie, massif, muret, naturalisation, pour dé­couvrir ses attraits ? pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, attire les colibris. La diervillée chèvrefeuille Zone de rusticité : 3a. forme un dôme large et assez apla­­ti de feuilles opposées, ovales à lancéolées, légèrement dentées, d’un beau rouge bourgogne devenant vert foncé l’été. Le feuillage sans cesse rehaussé par de petites 186

Des arbustes à entretien minimal

tou­ches de pourpre grâce aux nouvelles feuil­les, devient rouge orangé à l’au­ tom­ne. La durée de sa floraison éton­­ ne, s’éche­lonnant souvent du début de l’été jus­ qu’à l’automne, soit plus de 2 mois. Les petites fleurs jaune citron, en forme d’en­tonnoir, sont portées en bouquets lâches à l’extrémité des rameaux. Comme son nom le suggère, cette plante est très proche du chèvre­ feuille Diervillea lonicera (Lonicera spp.), mais se distingue par sa lon­gue floraison et ses fruits secs pré­sentant peu d’inté­rêt, les chèvrefeuilles pro­dui­sant au contraire des baies charnues et colorées. Il faut savoir que si la diervillée chèvrefeuille est un arbuste drageonnant, elle ne produit pas de « bébés » partout dans la pelouse et la plate-bande comme le sumac vinaigrier (Rhus typhina), mais forme plutôt une touffe dense qui s’élargit peu à peu. Dans un emplacement restreint, il suffit d’insérer une barrière dans le sol (voir page 121) pour contrôler son élan. Dans un milieu plus densément planté, laissez-la aller car elle bouche davantage les trous qu’elle n’étouffe ses voisines. Sa multiplication par division est facile, mais vous pouvez aussi la bouturer. Le plus grand attrait de la diervillée chèvrefeuille est sans doute la très grande adaptation de cet arbuste indigène à une vaste gamme de conditions. Elle convient par­faitement pour la naturalisation, retenir les pentes et récréer un milieu naturel dans la cour. Bien que trouvée surtout à mi-ombre à l’état sau­vage, la diervillée tolère très bien le plein soleil et s’adapte aussi sans pro­blème à l’ombre, bien qu’elle y fleurit peu. Presque tous les sols lui conviennent. C’est un arbuste passe-partout, super rus­ti­que, qui fleurit presque tout l’été. Que peut-on demander de mieux ? VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Diervillea lonicera, anc. D. canadensis (diervillée chèvrefeuille, diervillée du Canada) : voir la description ci-dessus. ❧ D. lonicera ‘Copper’ : une sélection dont les nouvelles feuilles demeurent cuivrées plus longtemps. Peu disponible. AUTRES ESPÈCES : ❧ D. sessilifolia (diervillée à feuilles sessiles) : il s’agit d’une espèce pro­che, mais aux feuilles sans pétioles. Bien qu’ori­ginaire du sud des États-Unis, sa rusticité est assez bonne (zone 4b). 1 à 1,5 m x 1 à 1,5 m. ❧ D. sessilifolia ‘Butterfly’ : une sélection dont les fleurs sont d’un jaune plus vif, et à colora­tion automnale plus prononcée. 1 à 1,5 m x 1 à 1,5 m. Zone 4b. ❧ D. splendens (diervillée splendide) : issue d’un croisement de D. lonicera et de D. sessilifolia. Ressemble à D. sessilifolia, mais les feuilles ont un court pétiole. De toutes les dier­villées, c’est celle dont la floraison est la plus spec­ taculaire et la plus durable. Quant à moi, c’est la variété de choix… dans un climat approprié, car elle est moins rustique que la diervillée chè­vre­feuil­le. 1 à 1,5 m x 1 à 1,5 m. Zone 4b.

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Éleuthère de Siebold

Eleutherococcus sieboldianus ‘Variegatus’

S

i vous trouvez un éleuthère à votre pépinière locale, soyez as­suré que c’est une très bonne source de plantes rares, car l’éleu­thère de Siebold, que ce soit sous l’ancien nom, Acanthopanax sie­b oldianus, ou le nouveau, Eleu­therococcus sieboldianus, est difficile à trouver… et c’est dom­ ma­ ge. De nombreux aména­ ge­ ments pour­raient profiter de la pré­sence de cet arbuste solide et attra­yant. Cet arbuste originaire d’Asie mériterait une distri­bu­tion beau­ coup plus grande, car il a tout pour plaire. Ses feuilles sont ma­gni­­fi­ques. Petites et palmées, avec 5 folioles (parfois 3 ou 7) dentées, d’un vert foncé très bril­ lant, elles rap­pellent, en minia­ ture, des feuil­les de vigne vierge (Parthenocissus quin­quefolia) et

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Éleuthère

de

Siebold

Eleutherococcus sieboldianus Nom anglais : Fiveleaf Aralia. Hauteur à maturité : 2 à 3 m. Diamètre à maturité : 2 à 3 m. Emplacement : soleil à ombre. Port : érigé au début, puis globulaire. Sol : tout sol bien drainé, voire sec, acide ou alcalin. Tolère les sols humides. Tolérant au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : feuillage ornemental. Intérêts secondaires : fruits décoratifs. Tiges épineuses constituant une bonne barrière. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Multiplication : boutures herbacées, boutures de racine, division, semences vernalisées (pour l’espèce seulement). Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois. Zone de rusticité (site exposé) : 5a. Zone de rusticité (site protégé) : 4b.

Des arbustes à entretien minimal

leur allure tropicale attire toujours les regards. Les feuilles apparaissent tôt et durent long­ temps, de­venant d’un beau jaune avant de tomber. Les fleurs, bien qu’insi­ gnifiantes, sont petites, verdâtres, en om­­bel­les ouvertes, et suivies de fruits spec­tacu­lai­res, pourpre foncé à noirs, très attrayants, qui persis­tent longtemps sur le plant. À l’aisselle des feuilles se cachent de petites épines qui, sans être d’une Eleutherococcus sieboldianus grande beauté, créent un certain intérêt en hiver, la seule période de l’an­née où elles sont visibles. L’intérêt principal de l’éleu­thè­re de Siebold ne réside cependant pas dans sa beauté, mais dans son utilité. C’est l’un des très rares arbustes tolérant à la fois la sécheresse et l’ombre, une combinaison très courante, notamment sous des arbustes à racines peu pro­fondes et près des fondations de nos maisons. On peut même le cultiver dans des empla­cements impossibles, comme sous un escalier ou un balcon ! Résistant extrêmement bien à la pollution, il est abondamment utilisé en Russie autour des mines de charbon, où les émissions de suie noire tuent presque toute autre forme de végétation. De plus, grâce à ses épines, il devient une excellente barrière dissuasive, et est fort joli en haie libre. Par contre, vous ne devez pas sciemment faire souffrir votre éleuthère qui sera tout aussi heureux, et probablement plus heureux dans une situation ensoleillée ou seulement mi-ombragée et dans un sol riche et un peu plus humide. D’ailleurs, de croissance lente à l’ombre sèche, il pousse plus rapidement au soleil et dans un sol plus convenable. L’éleuthère de Siebold accepte de bonne grâce toute forme de taille : vous pou­vez le maintenir à la hauteur qui vous plaît, en faire une haie taillée au ciseau, et même en faire une topiaire. On le taille au tout début du printemps, mais cette taille est facultative. Laissé à lui-même, il forme un arbuste d’abord dressé, ensuite évasé, puis lorsque ses branches s’arquent suffisamment vers l’extérieur, il forme un joli dôme de verdure… de 3 m sur 3 m ! Une taille aux 4 ou 5 ans pour éliminer les branches les plus longues le trans­forme en un bel arbuste arrondi d’environ 1,5 m sur 1,5 m. Sa multiplication par division est facile, car l’éleuthère drageonne un peu, mais pas au point de devenir envahissant. Il est également possible de faire des boutures de tiges ou de racines. Les cultivars ne peuvent être multipliés qu’avec ces méthodes, car leurs se­ mences ne sont pas fidèles au type. Vous pouvez ce­pen­dant semer l’espèce, en donnant aux graines six mois de chaleur, suivis de trois mois de froid, puis de la cha­ leur. Les graines germent rapi­dement à leur sortie du réfri­gé­rateur. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Eleutherococcus sieboldianus, anc. Acanthopanax sieboldianus et A. penta­ phyllus : voir la description ci-dessus. Eleutherococcus sieboldianus

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Des arbustes à entretien minimal

❧ E. sieboldianus ‘Aureomargi­ ermettez-moi d’innover. Eleutherococcus natus’ : forme panachée de la précé­ n’ayant pas encore de nom commun français, dente. Similaire à ‘Variegatus’, mais j’ai cru bon d’en créer un : éleuthère. Je sais que à marge plus mince blanc crème. certains auteurs préconisent « acanthopanax », Absolument impossible à trouver tiré de son ancien nom botanique, Acanthopanax. sur le marché. 2,5 x 2,5 m. Cependant, comme ce dernier n’a plus cours et ❧ E. sieboldianus ‘Variegatus’ que la plupart des lecteurs ne connaissent de toute (éleuthère panaché) : encore façon ni l’un ni l’autre, j’ai pensé qu’il leur serait plus populaire que l’espèce… facile d’apprendre son véritable nom plutôt qu’un pour une bonne raison ! Chaque faux nom, d’autant plus qu’acanthopanax est plus feuille lustrée est irrégulièrement difficile à dire ou à retenir qu’éleuthère ! panachée d’un joli blanc crème, créant un effet de neige en été. C’est une plante spectaculaire, méritant une bien plus grande diffusion. L’expert américain, Michael Dirr, le considère tout simplement comme étant le plus joli de tous les arbustes panachés adaptés au climat froid ! Et, contrairement à plusieurs arbustes panachés, celui-ci est peu sujet aux réversions. Son seul défaut : l’éleuthère panaché produit peu ou pas de fruits. Il lui faut, semble-t-il, un pollinisateur mâle. Comme les spécimens d’éleuthères se vendent au compte-gouttes, les chances d’en trouver dans les environs sont minces ! Théoriquement, cet arbuste peut atteindre de 2,5 m en hauteur et en largeur, mais dans le Nord, attendez-vous plutôt à 1,2 à 1,5 m.

P

AUTRES ESPÈCES : Il existe au moins 30 autres espèces d’Eleutherococcus (certains botanistes disent 50), mais très peu ont été essayées hors de l’Asie, leur terre natale. Pourtant, plusieurs seraient très rustiques. Voici les seuls que j’ai vus en culture dans nos régions : ❧ E. sessiliflorus, anc. Acanthopanax sessiliflorus (éleuthère à fleurs sessiles) : souvent vue dans les jardins botaniques, mais apparemment non disponible commercialement, du moins jusqu’à maintenant. C’est pourtant une très jolie plante aux feuilles plus grosses, vert moyen, à 3 ou 5 lobes. Ti­ges seu­lement légèrement épineuses. Fruits abondants devenant pourpres, re­grou­pés en bouquets arrondis. Il est surtout très rustique, de zone 3. 3 m x 3 m. ❧ E. senticosus, Acanthopanax senticosus (ginseng de Sibérie) : en fait, le plus disponible de tous les Eleutherococcus, il est offert par les spécia­listes des… fines herbes, notam­ment dans le catalogue de Richters. Vous pouvez donc facilement le com­mander par la poste. On utilise la racine de cette plante pour fabriquer un subs­titut de ginseng que l’on donne, paraît-il aux athlètes russes qui s’entraînent pour les jeux Olympiques… mais, avec ses feuil­ les à cinq folioles, ses fruits noirs et ses fleurs vert pourpré, le ginseng de Sibérie est aussi très orne­mental. 1,2 à 1,8 m x 1,2 m à 1,8 m. Zone 3. Eleutherococcus sessilifolius

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Photo : Jardin botanique de Montréal.

Hydrangée Annabelle

Hydrangea arborescens ‘Annabelle’

Hydrangée Annabelle Hydrangea arborescens ‘Annabelle’ Nom anglais : Annabelle Smooth Hydrangea. Hauteur à maturité : 1 à 1,5 m. Diamètre à maturité : 1 à 1,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire, irrégulier. Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide, légèrement acide. Tolérant au sel, mais non au compactage. Intolérant de la sécheresse. Disponibilité : dans toutes les pépinières. Intérêt principal : floraison estivale à automnale. Intérêts secondaires : fleurs séchant sur place et persistant l’hiver. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : rabattage au sol tous les ans. Multiplication : boutures herbacées, division, semences (pour l’espèce seulement). Utilisation : arrière-plan, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur coupée, fleur séchée. Zone de rusticité : 3.

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ette variante « moderne » de la bonne vieille hydrangée boule-de-neige a depuis long­ temps balayé les autres variétés d’Hydrangea ar­bo­rescens sur son passage. C’est un arbuste aux tiges épaisses, vertes deve­nant gris brun et peu por­tées à se ramifier. L’ar­bus­te for­me un dô­me arrondi qui a bonne ap­pa­rence à cause de ses gran­des feuil­les, mais qui se ré­vèle abso­lument vide lorsque les feuil­les tombent à l’automne. La plan­te pro­duit de gros­ses feuilles oppo­sées en forme de cœur, vert fon­cé, qui jaunissent parfois à l’au­ tomne, mais cette co­lo­ration n’est pas fiable. De la mi-été jusqu’au mois de septembre, donc pendant plus de 2 mois, de gros corym­ bes ar­ ron­ dis, d’un diamètre de 25 à 30 cm, ap­paraissent à l’extrémité des bran­­ ches. Ils sont composés uni­ que­ ment de fleurs stériles à

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Des arbustes à entretien minimal

4 péta­les. ‘Annabelle’ ne produit en effet aucune fleur fertile, donc aucune semence. Les fleurs, verdâtres au début, deviennent blanc crème par la suite. Elles sèchent sur place à l’automne, prenant une teinte beige grisâtre : on peut les laisser sur place pour un effet hivernal… jusqu’à ce qu’une neige lourde les écrase. Il s’agit, sous notre climat, d’un arbuste à recéper, c’est-à-dire à rabattre presque jusqu’au sol tous les ans. C’est d’ailleurs cette taille impérative qui fait perdre à cet arbuste, autrement très solide, sa place dans le chapitre des arbustes sans entretien. En effet, les tiges meurent au sol l’hiver et de nouvelles tiges apparaissent au prin­temps. Bien sûr, certaines peuvent ne pas geler complètement et repartir à 30 cm ou plus du sol, mais l’effet est alors inégal, et il vaut mieux tout rabattre à 8 cm du sol au début du printemps. En fait, il suffit de passer sur l’arbuste avec la tondeuse, car ses tiges creuses sont facilement déchiquetées par la lame. Fort heureusement, l’arbus­te fleurit abondamment sur les tiges de l’année ! La réputation d’Annabelle basée sur sa prédilection pour l’ombre et sa hantise du plein soleil est surfaite : cette plante fleurit peu à l’ombre, raisonnablement à mi-ombre, et adore le soleil ! Il se peut que dans les régions chaudes, le plein soleil soit trop intense ; ce n’est pas le cas dans le Nord. Il lui faut cependant un sol constamment frais et quelque peu humide. C’est pour cette raison qu’un paillis lui est toujours utile. Annabelle tolère d’ailleurs presque tous les sols, mais préfère ceux qui sont riches en humus ou du moins bien aérés. Annabelle drageonne un peu, surtout dans le sol meuble qu’elle préfère, mais les bébés demeurent près de leur maman et causent peu de problèmes d’envahissement. Si, en grossissant, Annabelle menace de franchir les limites de son emplacement, divisez-la tout simplement. Annabelle se bouture si bien que l’on se demande s’il est valable d’acheter un plant quand une bouture prise sur la plante de votre voisin vous donne un beau spécimen en deux ans seulement. Annabelle est peu sujette aux insectes et aux maladies et fait une excellente fleur coupée, fraîche ou séchée. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Hydrangea arborescens (hydrangée arborescente, hortensia de Virginie) : c’est la maman d’Annabelle, portant surtout des fleurs fertiles, moins jolies que les larges fleurs stériles de sa fille. De plus, son corymbe est moins gros. Elle est présente dans les anciens jardins, mais peu fréquente dans le commerce. Peut se multiplier par semences placées à la chaleur. ❧ H. arborescens ‘Annabelle’ : voir la description ci-dessus. ❧ H. arborescens ‘Grandiflora’ : pendant longtemps, ce fut la forme la plus populaire. C’est la véritable « hydrangée boule-de-neige » d’autrefois, maintenant largement remplacée par Annabelle. Corymbe plus petit et plus irrégulier que celui d’Annabelle (plus en chou-fleur qu’en boule), cachant quelques fleurs fertiles parmi les fleurs stériles. De plus, ses tiges moins solides ploient souvent sous le poids des fleurs. Encore facilement disponible. AUTRES ESPÈCES : ❧ H. heteromalla (hydrangée de l’Himalaya) : arbuste peu connu, ressemblant à H. arborescens, mais à feuilles plus ovales, veinées jaunes. Cepen­dant, contrairement à cette dernière, l’hydrangée de l’Himalaya ne meurt pas au sol tous les ans, se ramifiant abondamment pour former un arbuste énorme. Gros corymbe en forme de dôme aplati, composé de fleurs fertiles blanches entourées de fleurs stériles blanches elles aussi, devenant roses en fin de saison. Écorce rougeâtre. Faible disponibilité. 2,5 à 3 m x 2,5 à 3 m. Zone 3b.

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Kolkwitzia aimable

Kolkwitzia

aimable Kolkwitzia amabilis Nom anglais : Beautybush. Hauteur à maturité : 3 m. Espacement à maturité : 3 m. Emplacement : Ensoleillé. Port : globulaire, devenant semi-pleureur. Sol : ordinaire à riche, bien drainé, acide à légèrement alcalin. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : floraison début de l’été. Intérêts secondaires : feuillage dense faisant un bon écran. Écorce s’exfoliant avec l’âge. Problèmes : peu fréquents. Zone de rusticité (site exposé) : 5b. Zone de rusticité (site protégé) : 4a. Taille : peu nécessaire. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets, après la floraison. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées. Utilisation : arrière-plan, écran, fon­da­tion, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, fleur coupée, attire les colibris.

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Kolkwitzia amabilis

ans doute l’un des arbustes à floraison esti­vale les plus spec­ taculaires au Québec, le kolk­witzia se couvre entiè­rement de fleurs au début de l’été. Évi­ demment, la flo­raison ne dure qu’environ deux se­maines, mais ce sont deux se­mai­nes de grande beauté. D’ailleurs, c’est sans doute pour­ quoi les Anglais le surnom­ment «  Beautybush ». De loin, l’arbuste prend une teinte rose pâle, mais on ne peut dis­tinguer les détails des fleurs que de près. Les boutons allon­ gés rose moyen s’épa­nouissent peu à peu pour s’épanouir en trom­pettes à 5 lobes réellement très jolies, de cou­­­­leur rose tendre et à gorge jau­ ne légè­ rement tachetée de rouge. Il est valable de couper quel­ ques branches

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Des arbustes à entretien minimal

pour faire des arran­ge­ments flo­raux qui mettent da­van­tage en va­leur la beauté des fleurs. Plus ou moins arrondi lors­qu’il est jeune, l’arbuste prend une forme de vase à ma­turité : étroit à la base, avec des branches s’arquant vers le haut, puis vers l’extérieur. Chez les vieux sujets, les branches re­tombent presque jusqu’au sol durant la floraison. On peut s’attendre à ob­te­­­nir un plant d’environ 2 m sur 2 m après 10 ans, et de pres­que 3 m sur 3 m après 10 autres années. Les feuilles vert grisâtre sont ovales, duve­teuses sur la face inférieure. Elles se colorent en jaune rougeâtre avant de tomber, devenant jolies sans être toutefois remarquables. En dehors de la période de floraison, l’arbuste produit surtout une grande masse de verdure : son port pres­que retombant n’est pas très évi­dent. Ses petits fruits secs, bruns et poilus, pré­sentent cepen­dant un certain attrait. Par contre, l’hiver, la plante offre une deuxième saison d’in­térêt, moindre que la première, car le port semi-pleureur ressort et, de plus, l’écorce gris brunâtre s’ex­ folie as­sez joliment. Le kolkwitzia peut habiter de grands massifs d’ar­bustes ou de larges platesbandes. En isolé, entourez sa base d’une plante tapissante ou d’un paillis pour le mettre davantage en valeur et pré­venir l’apparition de mauvaises herbes. Bien que relativement rustique, il vaut mieux donner au kolkwitzia un empla­ ce­ment légèrement abrité afin d’éviter tout dommage aux boutons hivernant sur la plante. L’entretien du kolkwitzia est minime : arrosages par temps sec, c’est absolu­ ment tout. Pour le garder en parfait état, rajeunissez-le à tous les quatre ou cinq ans en supprimant les branches les plus vieilles près du sol. On peut aussi rajeunir un sujet négligé en le coupant près du sol. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Kolkwitzia amabilis (kolkwitzia aimable) : voyez la description ci-dessus. C’est la seule espèce du genre. Il existe par contre deux cultivars, le premier étant parfois offert. ❧ K. amabilis ‘Pink Cloud’ : comme l’espèce, mais légèrement moins rustique et avec fleurs d’un rose plus soutenu. Peu disponible. Zone 4b. ❧ K. amabilis ‘Rosea’ : encore plus près du rouge que ‘Pink Cloud’.

Kolkwitzia amabilis

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Raisin d’ours

Raisin d’ours Arctostaphylos uva-ursi Nom anglais : Bearberry, Kinnikinick. Hauteur à maturité : 4 à 40 cm. Diamètre à maturité : illimité. Emplacement : soleil à ombre. Port : rampant. Sol : tout sol, sec à très humide, très acide à alcalin. Très tolérant au sel. Disponibilité : excellente à faible, selon les cultivars. Intérêt principal : port tapissant. Intérêts secondaires : feuillage persistant. Floraison printanière. Fruits de l’été à l’hiver. Feuillage : persistant. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : marcottage, division, boutures semiaoûtées ou aoûtées, semences vernalisées. Utilisation : bord de mer, bordure, coin humide, couvre-sol, en isolé, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, utilisations médicinales, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 2 (parfois 1).

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Arctostaphylos uva-ursi

oici un changement radical par rapport aux arbustes pré­ sentés jusqu’ici. Tous les au­tres étaient des végétaux ayant une cer­taine hauteur, convenant à l’arrière-plan, aux haies, à cacher les fon­dations de la mai­ son, etc. Voici un arbuste sans aucune hau­teur, du moins vi­suel­ lement ; un véritable couvre-sol qui se colle au sol, se mou­lant aux bosses et aux dé­­­­­­­­pres­­sions com­ me si vous aviez déroulé un tapis vert. Dans la caté­gorie des arbustes couvre-sol, surtout mise en vedette dans le chapitre Au ras le sol, il n’y a pas mieux que le raisin d’ours (Arctosta­ phylos uva-ursi), appelé aussi busserole officinale. Le raisin d’ours est d’une espèce circumpolaire, trouvée dans presque toutes les régions froides de l’hémisphère nord. Il est courant dans le Grand Nord

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Des arbustes à entretien minimal

québécois et au Groenland, et très résistant au sel de mer, il est également présent sur le littoral atlantique de l’Amérique du Nord, jusqu’en NouvelleAngleterre. On le trouve sur­ tout dans les zones dé­nudées, dans les tourbières, la taïga, la toun­dra, au sommet des mon­ tagnes, sur les dunes de sable, etc., mais aussi en fo­rêt dense. Il s’agit d’une plante basse aux feuilles spatulées, coriaces Arctostaphylos uva-ursi ‘Vancouver Jade’ et lus­trées, de 1 à 2 cm de lon­ gueur. Persistantes, elles sont vert foncé l’été et devien­nent bronzées l’hi­ver. L’ex­tré­mité des tiges est dres­sée, mais elles courent sur le sol, recouvrant les rochers bas et s’enracinant là où elles sont en contact avec de la terre. Les fleurs pendantes sont blanches rehaussées de rose, produites en grappes et petites, ayant seulement 4 à 6 mm de diamètre. Malgré leur taille, elles sont assez nombreuses pour créer un impact lors de leur floraison printanière. Les petites baies rondes, de 4 à 10 mm de diamètre, rougissent tôt, souvent dès le mois de juillet, et demeurent attrayantes jusqu’à l’hiver… si elles ne sont pas consommées bien avant. Par contre, plusieurs variétés fructifient peu en culture. Sachez que le raisin d’ours pousse littéralement dans toutes les conditions : soleil ou ombre, sol riche ou pauvre, sec ou détrempé, en bord de mer ou au fond de la forêt. Cependant, il faut admettre que sa floraison et sa fructification sont plus faibles à l’ombre dense. Même si cette plante est apparentée aux rhodo­den­drons, donc de la famille des Éricacées, plantes réputées pour leur besoin absolu d’un sol acide, le raisin d’ours croît sans le moindre problème dans des sols calcai­res. Si d’autres livres disent le con­traire, corrigez-les : on trouve mê­me le rai­sin d’ours à l’état sauvage dans des roches si calcaires, que pres­que aucune autre plante n’y pousse ! Pour être tapissant, le raisin d’ours l’est. Selon le cultivar, il n’atteint que de 4 à 40 cm de hauteur, mais peut couvrir des diamètres de 1 m, 10 m, 100 m, voire 1 kilomètre. Vous pensez que j’exa­gère ? On trouve des colonies de plusieurs kilomètres carrés à l’état sauvage, provenant en fait d’un seul plant qui s’est marcotté presque à l’in­ fini. Tous les raisins d’ours de la région de Cape Cod, au Massachusetts, entre autres, seraient issus d’un seul plant. De petite taille, oui, mais le raisin d’ours est parmi les vé­gétaux les plus répandus sur la planète ! Les fruits rouges du raisin d’ours sont comestibles et font no­tam­ment partie de l’ali­mentation de base des peuples nor­diques. Les oiseaux les Arctostaphylos uva-ursi

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adorent, et aussi les ours, d’où le nom commun. Les tiges et les feuilles ont de plus des propriétés médicinales pro­ches de celles des antibiotiques, mais peu­vent être toxiques lorsqu’elles sont mal utilisées. Laissez cette utilisation aux experts ! Avec autant d’attraits, vous vous de­man­dez sans doute pourquoi le raisin d’ours ne figure pas dans le premier cha­pitre, celui portant sur les arbustes vrai­ ment sans entretien ? Vous devinez sans doute qu’un arbuste capable d’ac­caparer le quart de Cape Cod peut être un tantinet enva­his­sant ! En effet, il court, il court, le raisin d’ours. Lentement, mais sour­noisement. Il s’étale dans tous les sens et, si vous ne réagissez pas, vous n’avez éventuellement que du raisin d’ours dans votre jardin ! De là l’importance de le placer là où il ne peut nuire : dans une rocaille com­posée de gros­ses roches qui agi­ront comme barrière, à travers des végétaux plus gros que ses tiges ne peuvent étouffer ou près d’un sen­tier où le piétinement freine son élan. Dans les autres cas, il faut le tailler annuellement, au prin­temps ou au début de l’été, pour limiter son développement. C’est toujours le pour et le contre des plantes couvre-sol, n’est-ce pas ? Elles donnent un magnifique tapis vert, mais à un certain moment, il faut crier gare. La multiplication du raisin d’ours est un jeu d’enfant, puisqu’il se marcotte de lui-même. Il suffit de déterrer une petite section et de la déplacer. On peut aussi faire des boutures, mais le taux de succès est moindre. Si vous décidez de les semer, faites-le à l’automne, à l’extérieur, et attendez patiemment, car elles germeront uni­que­ment si elles le veulent bien, dans un an, deux ans, trois ans ou même plus ! Notez aussi que les plants matures de raisin d’ours sont difficiles à transplanter: mieux vaut déplacer des divisions. Enfin, certains auteurs américains notent des problèmes de rouille, de mildiou et de galles foliaires : je ne les ai jamais vus, peut-être parce que les cultivars les plus vendus sont réputés pour résister à ces problèmes… ou que ces problèmes de culture ne le touchent que dans les régions chaudes. Préférant les hivers froids et les étés frais (ma cour arrière, toute crachée), le raisin d’ours résiste peut-être mieux aux infestations sous ces conditions. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Arctostaphylos uva-ursi : voir la description ci-dessus. ❧ A. uva-ursi ‘Massachusetts’ : typique de l’espèce, mais résistant mieux aux maladies. Particulièrement fructifère. 4 à 10 cm x illimité. Zone 3. ❧ A. uva-ursi ‘Point Reyes’ : plus résistant à la chaleur estivale. Feuilles plus arrondies, d’un vert plus foncé. 10 à 20 cm x illimité. Zone 3. ❧ A. uva-ursi ‘Radiant’ : port plus dressé. Fruits gros et nombreux. 10 à 25 cm x illimité. Zone 3. ❧ A. uva-ursi ‘Thymifolia’ : sélection arctique très basse. Plus petites feuilles. Ultra rustique. 4 cm x illimité. Zone 1. ❧ A. uva-ursi ‘Vancouver Jade ‘ : la variété la plus populaire… pour la simple raison qu’elle se bouture bien, ce qui simplifie le travail des pépiniéristes ! Aussi, bonne résistance aux maladies. 20 à 40 cm x illimité. Zone 2a. VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ A. x ‘Emerald Carpet’ : plante aux tiges plus dressées. Probablement un hybride avec une espèce de climat plus chaud (un auteur suggère A. densiflora), car il n’est pas assez rustique pour nos régions. 25 à 45 cm x 0,9 à 2 m. Zone 7.

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Rosier rugueux Rosier

rugueux Rosa rugosa

Rosa ‘Henry Hudson’

C

Noms anglais : Rugosa Rose, Saltspray Rose. Hauteur à maturité : varie selon le cultivar, 0,4 à 2,3 m. Diamètre à maturité : varie selon le cultivar, 0,6 à 2 m. Emplacement : soleil ou ombre légère. Port : érigé globulaire. Sol : tout sol bien drainé, même légèrement alcalin, mais préfère un sol riche et légèrement acide. Très résistant au sel. Tolérant au compactage. Disponibilité : excellente à peu disponible, selon les cultivars. Intérêt principal : floraison estivale, souvent remon­tante jusqu’en automne. Intérêts secondaires : fruits colorés persistants. Coloration automnale. Problèmes : sujet à certains insectes et maladies, mais rarement assez pour nécessiter des traitements. Taille : peu fréquente. Suppression des branches de 4 ou 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Suppression facultative des fleurs fanées. Multiplication : boutures herbacées en été, division, semences stratifiées (pour l’espèce seulement). Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, fleur parfumée, fleur coupée, fleur séchée, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 2 à 3.

e rosier d’ori­ gine asiatique s’est si bien accli­ maté à nos con­ di­ tions, qu’il a depuis longtemps pris la clé des champs, et croît au­jour­ d’hui spontanément dans tout l’est de l’Amérique du Nord, notamment en Gaspésie. Oui, le célèbre « rosier du bord de mer », c’est celui-ci ! Le rosier rugueux est une espèce à tiges épais­ses, vertes qui brunissent en vieillissant, très dres­sées, cou­vertes d’épines minces mais spé­cia­ lement nom­breu­ses. Il produit de nombreux re­jets à sa base, ce qui lui confère un port arrondi très large, presque en dôme. Si vous sup­pri­mez ces rejets, vous obtenez un port plus dressé. L’espèce produit de grosses fleurs sim­ples, délicieusement parfumées, de couleur variable : de rose pour­pré, à blanc. Il fleurit massivement au début de l’été, puis sporadiquement le reste de l’été. Grâce à la sélection et l’hy­bridation, la gamme des formes s’est cepen­dant beaucoup accrue : fleurs doubles et semi-doubles, dans une gamme de couleurs plus vaste qui com­prend même le jaune… et la plupart des hybrides ont une floraison plus soutenue, se maintenant tout l’été. De plus, plusieurs rosiers rugueux produisent une profusion de fruits rouge orangé, qui attirent les oiseaux frugivores. Ces fruits sucrés

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Des arbustes à entretien minimal

sont très riches en vitamine C, et figurent dans de nombreuses recettes. Les feuilles lustrées, vert foncé, sont faciles à reconnaître grâce à l’appa­rence rugueuse que leur donnent leurs nom­breuses nervures, plus enfon­cées que celles des autres rosiers. Leur coloration au­tomnale va d’un jaune orangé à rouge. La résistance du rosier rugueux aux intempéries est légendaire : il croît sans peine en bordure de mer, où il est exposé à de for­tes tempêtes, presque des ouragans, à de grands vents si froids qu’ils pénètrent les vêtements les plus chauds, et aux embruns salins… traversant toutes ces épreuves sans broncher. On dit avoir trouvé des spé­ cimens sauvages de rosier rugueux sur la péninsule de Kamtchatka, en Sibérie, zone 1, ce qui en fait proba­blement le plus nor­dique de tous les rosiers. Que dire de sa résis­tance aux deux autres bêtes noires des rosiers, les insectes et les maladies ? En fait, elle est de « bonne » à « excellente », certains cultivars étant plus résistants que d’au­tres. Par contre, dans les régions encore limitées où sévit le scarabée japonais, je vous donne la permis­sion d’arracher ces 3 pages et de les re­coller dans le chapitre Des arbustes « pensez-y bien ». Cet insecte adore mal­heu­reu­se­ment le feuillage des rosiers de toutes sortes ! Quant à la multiplication, le rosier rugueux produit amplement de rejets, vous offrant une source facile de divisions, et il se bouture très bien. Les graines germent bien après une période de froid de 3 mois, mais ne sont pas fidèles au type.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Tous les rosiers décrits et répertoriés ici sont soit des sélections ou des hybrides de R. rugosa. Évidemment, cette liste n’est que partielle, car il existe des centaines d’autres cultivars de rosier rugueux. ❧ Rosa ‘Blanc Double de Coubert’ : vieille introduction. Fleurs blanches, par­fu­ mées, semi-doubles à doubles, plus petites que les variétés modernes. Remon­ tant. Peu fructifère. Très résistant aux maladies. 0,9 à 2 m x 0,9 à 2 m. Zone 3. ❧ R. ‘David Thompson’ : l’un des célèbres rosiers de la série Explorateur d’Agriculture Canada. Fleur double, rouge moyen, parfumée. Ne produit pas de fruits. 1,2 m x 1,2 m. Zone : 3. ❧ R. ‘Exception’ (‘Purple Pavement’, ‘Rotes Meer’) : nain. Floraison tout l’été. Grosses fleurs semi-doubles, rose foncé, parfum épicé très intense. Fruits rouges. Très résistant au blanc. 0,8 à 1,2 m x 0,9 à 1,2 m. Zone 3. ❧ R. ‘Foxi Pavement’ (‘Foxi’, ‘Foxy Pavement’, ‘Buffalo Gal’) : nain. Fleurs très doubles, par­fumées, rose foncé, s’ouvrant tout l’été. 0,7 à 1,2 m x 0,9 à 1,2 m. ❧ R. ‘Frau Dagmar Hastrup’ (‘Frau Dagmar Hartopp’, ‘Fru Dagmar Hartopp’, ‘Fru Dagmar Hastrup’) : certains attribuent même à ce vieux rosier (1914) le titre de « meilleur rosier rustique » ! Nombreuses fleurs simples, rose pâle, très parfumées, au centre jaune contrastant. Abondance de fruits rouges. Excellen­te résistance aux maladies et aux insectes. Joli port arrondi. Beau feuillage dense, vert foncé en été. Excellente coloration automnale jaune à orange. Tout pour plaire, quoi ! 0,9 à 1,5 m x 1,5 à 1,8 m. Zone 3. ❧ R. ‘Hansa’ : gros­ses fleurs doubles, rouge fuchsia, très parfumées. Floraison massive au début de l’été, suivie de floraisons occasionnelles jusqu’à l’autom­ne. Fruits abon­dants et colorés. Un peu dégarni à la base. 1,5 à 2,3 m x 1,2 à 2 m. Zone 2. ❧ R. ‘Harfang des Neiges’ : port érigé et compact. Fleurs d’un blanc pur tout l’été. Bonne résistance aux maladies. 0,6 m x 0,6 m. Zone 3. ❧ R. ‘Henry Hudson’ : rugueux semi-nain de la série Explorateur. Fleurs doubles, blanches nuancées de rose, très parfumées. Peu ou pas de fruits. Très résistant à la tache noire et au mildiou. D’après certains, c’est tout simplement le meilleur rosier de la série ! 0,5 à 0,7 m x 1 m. Rustique en zone 2, mais parfois quelques tiges gelées à supprimer. ❧ R. ‘Jens Monk’ : série Explorateur. Fleurs doubles, rose moyen, parfumées tout l’été, suivies de fruits rouges. Excellente résistance aux maladies. 1,5 à 2 m x1,5 m. Zone 2. 199

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❧ R. ‘Korgosa’ (Robusta) : excellent rosier rugueux, très proche de l’espè­ce, mais nettement plus florifère. Grosses fleurs simples rouges. Légère prédispo­ sition à la tache noire. 1,6 m x 1m. Zone 3. ❧ R. ‘Korhass’ (Hansaland™, ‘Charles Notcutt’) : un ‘Hansa’ amélioré ? C’est ce que dit l’hybrideur, mais… D’accord, la floraison est plus soutenue, mais les fleurs sont d’un rouge beaucoup plus foncé, et son parfum me déçoit : il est présent, mais moins intense que celui de ‘Hansa’. 1,8 m. x 2 m. Zone 3. ❧ R. ‘Martin Frobisher’ : série Explorateur. Fleurs très doubles, rose tendre, parfumées. Moins épineux que la plupart des rosiers rugueux. Bonne remontance. Résistant au blanc. Un peu sensible à la tache noire. 1,5 à 2 m x 1,5 m. Zone 2. ❧ R. ‘Monte Casino’ : rugosa semi-nain. Fleurs rouge carmin doubles, très parfumées. Fleurit tout l’été. 0,9 m x 0,9 m. Zone 3. ❧ R. ‘Monte Rosa’ (‘Pink Pavement’) : port nain érigé. Fleurs roses parfumées. Floraison abondante. 0,9 m x 0.,8 m. Zone 3. ❧ R. ‘Red Dagmar’ : fleur simple, rouge moyen, à cœur jaune. Fleurit tout l’été. Port bas, presque rampant. 0,4 m x 0,7 m. Zone 3. ❧ R. rugosa ‘Albo-Plena’ (R. r. alboplena) : mutation de R. rugosa ‘Alba’ (voir Variétés déconseillées) et, comme lui, à fleurs blanches, parfumées, mais elles sont doubles et remontent plus fidèlement. Très résistant à la tache noire et au blanc. Ne produit pas de fruits. 1,5 m x 1,5 m. Zone 2. ❧ R. rugosa rubra (R. rugosa ‘Rubra’, R. rugosa ‘Atropurpurea’) : essentiel­ lement, c’est le rosier rugueux sauvage, non amélioré par l’homme, que l’on trouve échap­pé de culture à beau­coup d’endroits. Grosse fleur rose pourpré simple (parfois semi-double), très parfumée. Bien remontant. Fruits abondants. 1 à 1,8 m x 0,9 à 1,2 m. Zone 2. ❧ R. ‘Rustica 91’ (‘Moryelrug’, ‘Gelbe Dagmar Hastrup’, ‘Yellow Dagmar Hastrup’, Topaz Jewel™) : l’un des rares rosiers rugueux à fleurs jaunes et l’un des rares rosiers jaunes tout court qui refleurit sans peine dans un climat froid. Fleur jaune pâle semi-double, au parfum fruité. 1,2 à 1,5 m x 1,2 à 2 m. Zone 3. ❧ R. ‘Schneekoppe’ (‘Snow Pavement’) : boutons blancs s’ouvrant pour révéler des fleurs doubles blanches, avec juste une touche de rose. Floraison abondante en début de saison, puis répétée jusqu’à l’automne. Gros fruits rouges. 75 à 90 cm x 80 cm. Zone 3.

VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ R. rugosa ‘Alba’ : fleurs blanches, simples, très parfumées, mais très peu remontant. Il existe d’autres rosiers rugosa blancs de plus grand intérêt. ❧ R. ‘F.J. Grooten­dorst’ : vieille variété connue sous le nom du rosier à fleurs d’œillet, à cause de ses petites fleurs doubles frangées, rappelant un œillet. Bouquets de fleurs rouge moyen, sans parfum, au début de l’été. Refleurit parfois très légèrement à l’automne. Ne produit pas de fruits. La petite taille des fleurs, leur couleur fade et la faible remontance n’en font pas une variété très intéressante pour les jardins modernes. 1 à 1,5 m x 1,5 m. ❧ R. ‘Grootendorst Supreme’ (‘Red Grootendorst)’ : comme le précédent, mais aux fleurs d’un rouge plus foncé. ❧ R. ‘Pink Grootendorst : similaire ‘F. J. Grootendorst’, mais aux fleurs d’un rose moyen. ❧ R. ‘White Grootendorst’ : version à fleurs blanches de ‘F.J. Grootendorst’. ❧ R. ‘Thérèse Bugnet’ : variété vénérable, mais si peu remontante, aux nombreuses fleurs roses doubles en juin.

AUTRES ESPÈCES : Il y a bien plus à découvrir chez le rosier que des rosiers rugueux ! Pour d’autres sug­ gestions, voyez Des fleurs au cœur de l’été, Au ras le sol… et aussi Des arbustes à éviter.

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Shepherdie argentée Shepherdie

argentée Shepherdia argentea Nom anglais : Silver Buffaloberry. Hauteur à maturité : 5 m. Diamètre à maturité : 3 m. Emplacement : soleil. Port : globulaire, irrégulier. Sol : ordinaire à pauvre, bien ­ drai­né, voire sablonneux, légèrement acide à alcalin. Très résistant à la sécheresse et au sel. Disponibilité : excellente (sujets femelles) à peu disponible (sujets mâles). Intérêt principal : feuillage gris argenté. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits en été et à l’automne. Écorce. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Au prin­ temps, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Multiplication : boutures, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, fruits comestibles, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 1. Shepherdie argentée

L

a shépherdie argentée est indigène dans les provinces centrales canadiennes, les Prairies, où elle forme un arbrisseau ou un petit arbre. On peut d’ailleurs ac­centuer ce trait en ne laissant pous­­ser qu’une seule tige qui en devient alors le tronc, tel qu’ex­ pliqué dans le chapitre Comme sur des échasses. La shé­pherdie est quand même très belle en grand arbuste, la forme qu’elle aura naturellement si vous n’in­ter­venez pas. De loin, elle ressemble à un olivier de Bohême (Elaea­gnus angustifolia), et peut d’ailleurs servir à remplacer cette essence souvent problématique (voir à la page 324). C’est d’abord le joli feuillage argenté de cet arbuste que l’on remarque, car les feuilles oppo­sées, étroitement elliptiques, sont recouvertes sur les deux faces d’é­cail­ les argentées et de poils blancs. Les feuilles demeurent argentées tout l’été et ne chan­ gent pas vraiment de couleur à l’automne. Au printemps de petites fleurs jaunâtres,

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Des arbustes à entretien minimal

peu visibles, apparaissent. À la fin de l’été et à l’automne, et tout l’hiver si les oiseaux ne les mangent pas, l’arbuste s’orne de petits fruits rouge orangé. Co­mes­ tibles, mais un peu amers, ils sont surtout utilisés aujourd’hui dans les gelés, les tartes, etc., mais les Amérindiens des plaines les employaient dans la préparation de viande de bison, d’où le nom anglais de « Silver Buffaloberry ». L’écorce attrayante est mise en valeur l’hiver : très argentée sur les jeunes pousses, elle est brune et exfoliante sur les branches plus matures. C’est d’ailleurs uniquement en hiver que l’on remarque les épines de 3 à 5 cm de longueur… à moins d’en faire la pénible découverte lors de la récolte des fruits en août. Il n’y a pas meilleur arbuste adapté aux conditions extrêmes que la shépherdie argentée. Elle croît en symbiose avec des microbes qui lui permettent de « fixer » l’azote présente dans l’air. Ainsi elle peut pousser dans les sols les plus secs et les plus pauvres, qu’ils soient sablonneux, rocailleux, etc. Elle s’adapte bien aussi aux sols argileux et ne craint pas les sols calcaires. Il faut cependant éviter les sols trop humides, car un bon drainage est essentiel. Malgré ses origines très éloignées de l’océan, elle tolère extrêmement bien les conditions maritimes. Prenez cepen­dant pour acquis que le plein soleil est de rigueur : la shépherdie n’est pas une plante d’ombre. Son entretien est de minimal à nul. Évidemment, étant donné sa constitution de fer, il n’est pas nécessaire de la fertiliser, ni même de l’arroser, sauf durant l’année qui suit la plantation. Il reste parfois un peu une taille correctrice à accom­ plir : bran­ches cassées, se croisant, etc. Les boutons floraux apparaissent sur le vieux bois, mais parce qu’ils sont portés vers l’intérieur de l’arbuste, une taille légè­re à la fonte des neiges ne réduit pas la floraison. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Shepherdia argentea : c’est l’espèce décrite ci-dessus. Pour avoir des fruits, il faut planter au moins un plant mâle pour 4 à 5 plants femelles… mais voilà le hic, le sexe des plants vendus en pépinière est rarement indiqué. ❧ S. argentea xanthocarpa (‘Goldeye’) : fruits jaunes. Faible disponibilité. AUTRES ESPÈCES : S. canadensis (shépherdie du Canada, angl : Russet Buffaloberry) : c’est, dans l’Est, le pendant de la shépherdie argentée des Prairies, mais plus nettement arbustive, sans épines et aux feuilles plus arrondies. Port dressé arrondi, souvent irrégulier. Paraît très argentée au printemps, à la sortie des feuilles, mais plutôt gris l’été, car seule la face inférieure de la feuille est argentée. Fruits d’un rouge orangé, mûrissant dès juillet mais ne persistant pas à l’automne. S’adapte aux mêmes conditions que S. argentea et la remplace dans les situations où un arbuste de moins grande taille est recherché. Fruits comestibles insipides, mais n’apparaissant que sur les plants femelles, lorsqu’un mâle est présent. Faible disponibilité. 1,5 à 1,7 m x 1,2 m. Zone 2a. ❧ S. canadensis ‘Rubra’ et S. canadensis ‘Xanthocarpa’ : clones femelles offrant, respec­­tivement, des fruits rouges et jaunes. Disponibilité zéro en Amérique du Nord !

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Sureau du Canada

Sureau

du

Canada

Sambucus canadensis Nom anglais : American Elder. Hauteur à maturité : 2,5 à 4 m. Diamètre à maturité : 2,5 à 4 m. Emplacement : soleil à ombre. Port : irrégulier : érigé évasé, éventuellement semipleureur. Sol : tout sol acide à alcalin, de préférence humide. Tolérant peu le sel. Disponibilité : bonne à faible, selon les cultivars. Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : fruits colorés comestibles. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Parfois perceur du sureau. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunis­ sement sur les vieux sujets. Multiplication : division, boutures herbacées, semiaoûtées et aoûtées, semences (pour l’espèce seulement). Utilisation : arrière-plan, emplacement humide, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, sous-bois, fruits comestibles, attire les oiseaux frugivores et les colibris. Zone de rusticité : 3.

L

Sambucus canadensis ‘Adam’s’

e sureau du Canada, com­ mu­nément appelé su­reau blanc, est indigène presque par­ tout dans l’est de l’Amé­ rique du Nord. C’est un grand arbuste dra­ geonnant aux tiges gris jaunâtre, couvertes de len­ ticelles, d’abord dressées puis arquées, lui donnant à la lon­gue un effet semi-pleureur. Il produit des feuilles vert foncé, opposées, pennées à 7 folioles (parfois 5, 9 ou 11) ovales et dentées. Il forme au début de l’été de lar­ges cymes arrondies et aplaties, com­­posées de nom­ breuses peti­ tes fleurs blanches aux étamines jaunes, ce qui crée un effet de dôme blanc crème. Sa floraison tardive per­ met d’ail­leurs de le dis­tin­guer de l’autre sureau indi­gène, le sureau pubescent (S. pubes­cens), lequel fleurit tôt au prin­ temps et est souvent même cou­vert de fruits rouges au moment où le sureau du Canada com­mence à fleurir.

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Des arbustes à entretien minimal

Après la floraison, des baies se forment, d’abord vertes et deve­nant noir pourpré au début de l’automne. Elles ne durent pas longtemps, étant rapi­dement con­sommées par les oiseaux. Elles sont délicieuses cuites, et servent à la fa­bri­cation des tartes, si­rops, gelées, et souvent en combinaison avec les fleurs, dans des vins et liqueurs. Il faut cependant un autre sureau du Canada à proximité pour assurer une pollinisation croisée, sinon la fructification est faible. Si le sureau du Canada offre des fruits et des fleurs comestibles, il faut toutefois savoir que ses feuilles, son écorce, ses racines, etc. sont toxiques. D’ailleurs, même les fleurs, qui pourtant entrent dans plusieurs recettes de cuisine, seraient toxiques, mais à forte dose seulement. Nos ancêtres connaissaient bien l’effet du « sureau blanc », (ou du « sirop blanc » comme ils l’appelaient parfois), et l’utilisaient pour pré­parer un purgatif allant de faible à violent, selon le dosage. Comme plusieurs des arbustes de ce chapitre, le sureau du Canada s’adapte à presque toutes les conditions. Bien que trouvé souvent en bordure de l’eau dans la nature, et préférant les sols humides, il tolère bien les sols secs. Sa floraison et sa fructification sont plus abondantes au soleil ou à mi-ombre, mais il croît quand même très bien à l’ombre. De plus, tous les sols lui conviennent. Les ébrancheurs invétérés s’amusent à rabattre les sureaux du Canada presque jusqu’au sol tous les ans, afin d’obtenir un arbuste plus compact. Comme le sureau du Canada fleurit sur le bois de l’année, il accepte bien une telle taille, mais se com­ por­te en fait à merveille avec peu ou pas de taille. Il suffirait de supprimer les tiges trop longues ou fai­bles, de préférence après la floraison. Le sureau du Canada s’est récemment acquis une nouvelle réputation : sauveteur de l’orme d’Amérique (Ulmus americana). C’est André Dionne, un orni­thologue québécois, qui a remarqué que les ormes qui avaient à leur pied un sureau du Canada ne souffraient jamais de la maladie de l’orme (Ophiostoma ulmi), un champignon transporté par le scolyte de l’orme. On peut même, semble-t-il, creuser au pied d’un orme déjà malade, assez pour blesser ses racines, et y planter un sureau, pour que l’orme redevienne en santé. La théorie veut que l’élément purgatif des racines du sureau se transmette à l’orme par les blessures de ses racines et détruise le champignon dévastateur. Est-ce vrai ? Si vous avez des ormes encore « récu­pé­rables », pourquoi ne pas en faire l’essai ?

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Sambucus canadensis (sureau du Canada, sureau blanc, sirop blanc) : Voir la des­cription ci-dessus. ❧ S. canadensis ‘Acutiloba’ (‘Laciniata’) : variété à feuilles découpées en lanières comme celles d’une fougère. Croissance vigoureuse. Excellent substitut à l’érable du Japon dans les climats où ce dernier ne réussit pas. 1,8 à 2,4 m 1,8 à 2,4 m. Zone 4. ❧ S. canadensis ‘Adams’ : variété développée pour la culture fruitière. Gros fruits en abondance… s’il y en a un autre dans les environs ! Excellent effet ornemental aussi. Deux autres variétés « à fruits » sont ‘John’s’ et ‘York’. 2,5 à 3 m x 2,5 à 3,5 m. Zone 3. ❧ S. canadensis ‘Aurea’ : il y a d’autres sureaux à feuillage jaune, venant notamment de l’espèce S. racemosa (page 341), mais celui-ci est le plus rusti­ que. Ses feuilles sont jaune doré au printemps, se rapprochant du vert lime au milieu de l’été, sans jamais verdir complètement. Fleurit abon­damment. Fruits rouge vif. Croissance vigoureuse. 2,5 à 3 m x 2, 5 à 4 m. ❧ S. canadensis ‘Maxima’ : sans doute le plus joli cultivar de S. canadensis. Énormes cymes atteignant jusqu’à 45 cm de diamètre. Les pédicelles sont pourpres et demeurent sur l’arbuste après la floraison, prolongeant ainsi sa période d’intérêt. Énormes feuilles, souvent à 11 folioles. 4 m x 4 m. Zone 3. ❧ S. canadensis ‘Rubra : comme l’espèce, mais à fruits rouge vif. Disponibilité faible. Zone 3. Il y a d’autres jolis sureaux à découvrir aux pages 226 et 339… surtout pour 204 les jardiniers des zones 4 et plus élevées.

Weigela hybride

Weigela x ‘Red Prince’

Weigela

hybride

Weigela x Nom anglais : Hybrid Weigela. Hauteur à maturité : variable, 0,6 à 2,5 m. Diamètre à maturité : variable, 0,7 à 2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : variable ; érigé à globulaire, souvent semi-pleureur à maturité. Sol : tout sol moyennement humide, acide à alcalin, mais préfère les sols riches et bien drainés. Peu tolérant au sel. Disponibilité : excellente à faible, selon les cultivars. Intérêt principal : floraison à la fin du printemps ou au début de l’été, souvent remontante. Intérêts secondaires : feuillage coloré (plusieurs cultivars). Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Supprimer les dommages hivernaux au printemps après le débourrement, et les branches trop longues après la première floraison. Suppression des branches de 4 ou 5 ans. Multiplication : boutures herbacées. Utilisation : arrière-plan, bordure, couvre-sol (certains cul­tivars), écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, rocaille, attire les colibris. Zone de rusticité (site exposé) : variable, 3b à 5. Zone de rusticité (site protégé) : variable, 2b à 4. Zone de rusticité (boutons floraux) : variable, 3b à 5b.

D

’abord, un petit cours de diction : en théorie, Weigela se prononce « VÊ-gue-la », d’après le botaniste allemand Van Weigel. Cependant, en pra­ tique, presque tous pro­noncent le W comme « oua » et non com­me un V et, de plus, adou­ cissent le son « gue » en « je », pro­nonçant « OUé-je-la ». Mais pourquoi compliquer les choses (et torturer davantage le pauvre M. Van Weigel) en rajoutant un « i » qui n’existe pas, comme dans « OUAIE-je-li-a » ? Originaire de la Corée et du nord de la Chine, Weigela florida, à fleurs rose pâle, est plus rus­ ti­que (zone 5b) que la moyenne des dix espèces con­nues. W. flori­ da a donné plu­sieurs cul­ti­vars d’in­ térêt, dont plu­ sieurs plus rus­tiques que l’es­pèce, mais ses gê­nes ont aussi largement con­ tri­bué aux hy­bri­des qui le dépas­ sent maintenant en po­pularité.

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Des arbustes à entretien minimal

Le weigela est un arbuste de taille petite à moyenne, avec une belle forme buis­ sonnante, parfois semi-pleureuse à maturité. Ses feuilles opposées, plus ou moins ellip­tiques, légèrement dentées, pointues à l’extrémité, sont un peu lustrées et d’un vert moyen, sans coloration automnale notable. Il existe toutefois une foule de culti­ vars à feuillage coloré : panaché, pourpré, doré, etc., qui sont remarquables, même sans fleurs. Les fleurs en entonnoir de 3 à 5 cm de longueur, roses, rouges ou blanches (rarement jaunes), s’épanouissant à la fin du printemps et au début de l’été, sont produites le long des tiges, si l’extrémité des rameaux n’a pas gelé. Aussi, en plus des fleurs produites sur le vieux bois, la plupart des weigelas fleurissent sporadiquement et parfois même de façon soutenue sur le bois de l’année, ce qui allonge beaucoup leur saison d’intérêt. Les fruits secs du weigela n’offrent aucun attrait. Le weigela s’adapte relativement bien aux conditions diverses, mais il préfère définitivement le plein soleil. Il tolère la mi-ombre, mais de justesse. Pour les sols, il est relativement indifférent : toute texture et tout degré d’acidité ou d’alcalinité lui conviennent, mais il réussit beaucoup mieux dans un sol riche et meuble. Il tolère cependant mal les sols très secs ou détrempés, pré­férant une hu­midité moyenne et un bon drainage. Ses boutons floraux étant un peu gélifs, une certaine protection contre les vents dominants est de rigueur, même si vous avez choisi un cultivar rustique dans votre zone. Même sous les meilleures conditions, les extrémités des tiges du weigela ont tendance à souffrir un peu du gel. Si vous avez bien choisi votre cultivar, les dégâts se limiteront à quelques centimètres de tige morte que l’arbuste remplace rapi­ de­ment. Aucune taille n’est alors vraiment nécessaire. Par contre, un arbuste mal choisi peut geler presque jusqu’à la base et une taille radicale s’impose alors. Il est toujours un peu embêtant de savoir à quel moment tailler le weigela, car il fleurit à la fois sur le vieux bois et sur le bois de l’année : toute taille des parties vivantes va donc nécessaire­ment supprimer une partie de sa floraison. Si vous tenez à tailler à tout prix, je vous suggère de ne faire que de légères tailles de correction, supprimant quelques branches trop longues ou faibles. Il peut cepen­dant être utile de sup­primer, aux 4 ou 5 ans, les branches les plus âgées pour laisser la place aux plus jeunes.

VARIÉTÉS TRÈS RECOMMANDÉES : J’ai essayé de regrouper ici les variétés particulièrement rustiques. Après tout, même en zone 5, pourquoi prendre des risques ? La zone donnée est celle corres­pondant à la rusticité habituelle des boutons floraux. La plupart des cultivars sui­vants survi­ vent en zone 3 et même en zone 2, mais n’y fleurissent pas régulièrement. ❧ Weigela x ‘Centennial’ : de loin le plus rustique des weigelas, sans aucun dommage deux années sur trois en zone 2a, mais quand même plus sûr en zone 3a. Sa première floraison est abondante, mais il ne refleurit que spora­ diquement. Gros arbuste à fleurs rose foncé. 1,5 à 2,1 m x 1,2 à 2 m. Zone 3a. ❧ W. x ‘Courtalor’ Carnaval™ : floraison tricolore : les fleurs peuvent être blanches, roses ou rouge, souvent les trois dans la même grappe ! Floraison abondante. Tend à geler des extrémités… mais sa floraison est tellement ori­ ginale, que ce défaut est plus facile à pardonner. 0,9 x 1,2 m x 1,2 m. Zone 5a. ❧ W. x ‘Courtanin’ (Nain Rouge™) : très nain. Trompettes rouge orangé. Variété bien remontante. Feuillage rougissant à l’automne. 0,6 à 0,9 m x 0,6 à 0,9 m. Zone 4b. ❧ W. florida ‘Nana Variegata’ (‘Variegata Nana’) : port compact. Fleurs peu nombreuses, rose clair à rose foncé, mais beau feuillage vert moyen, marginé de crème. 0,9 m x 0,9 m. Zone 4b. ❧ W. florida ‘Suzanne’ : feuilles largement marginées de blanc crème à rebord rouge. Fleurs rose pâle. Semble plus rustique que les autres weigelas panachés. 1 m x 1 m. Zone 4a. ❧ W. florida ‘Variegata’ : vieille variété populaire à cause de son beau feuillage panaché vert et blanc crème et sa floraison abondante, rose pâle à rose foncé,

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Weigela florida ‘Variegata’

Des arbustes à entretien minimal

mais ne re­fleurit pas aussi abon­dam­ment que plusieurs cultivars modernes. 1,75 m x 1,75 m. Zone 4b. ❧ W. florida venus­ta (weigela gracieux) : bonne rusticité. Diffère de l’espèce par ses feuilles vertes plus petites. Beaucoup de fleurs roses à rose pourpré. Faible disponibilité. 1 m x 0,8 m. Zone 4. ❧ W. x ‘Java Red’ : la caté­gorie des weigelas à feuil­lage pourpré est totalement con­fuse. Certains marchands offrent un arbuste similaire sous des noms comme ‘Foliis Purpureis’, ‘Nana Purpurea’ ou ‘Purpurea Nana’, mais il est difficile de trouver une véritable différence. Feuillage pourpre devenant vert rehaussé de pourpre. Fleurs d’un rouge rosé. Variété peu remontante. Curieusement, de nombreux pépiniéristes sous-estiment sa rusticité, ne lui accordant qu’une zone 4b. Pourtant, dans plusieurs essais, il a démontré une plus grande rusticité. 1 à 1,2 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 3b. ❧ W. x ‘Lucifer’ : com­pact. Feuillage vert foncé. Fleurs rouge foncé de bonne taille. Très vigoureux. 0,9 à 1,5 m x 1,2 m. Zone 4. ❧ W. x ‘Minuet’ : l’un des weigelas les plus rustiques et aussi l’un des plus florifères. Floraison abondante en début de saison et presque toujours au moins légèrement en fleurs par la suite. Variété naine. Fleurs rouge rubis, lé­gè­rement parfumées. Feuillage vert teinté de pourpre. 0,7 m x 0,7 m. Zone 3b. ❧ W. x ‘Pink Delight : feuillage vert. Fleurs rose lavande, ne pâlissant pas au soleil. Bonne rusticité. 1,5 à 1,8 m x 1,2 m. Zone 4a. ❧ W. x ‘Polka : variété très rustique. Fleurit sans arrêt pendant presque 11 semaines ! Fleurs roses à gorge jaune. Feuilles coriaces vert foncé. Pourquoi un cultivar aussi solide est-il si peu disponible ? 0,9 à 1,2 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 3b. ❧ W. x ‘Red Prince’ : une version plus rustique de ‘Bristol Ruby’. Fleurs rouge foncé, ne pâlissant pas au soleil. Remontant. 1,5 m x 1,5 m. Zone 4b. ❧ Weigela x ‘Rumba’ : port compact. Feuillage vert teinté de pourpre. Abondantes fleurs rouge foncé à gorge jaune. Deuxième floraison à la fin de l’été. Excellent cultivar à tous points de vue. 0,9 m x 0,9 à 1,2 m. Zone 4a. ❧ W. x ‘Samba’ : très rustique. Port compact et dense. Feuillage vert foncé rehaussé de pourpre. Fleurs rouge pourpre à gorge jaune. 0,9 m x 0,9 m. Zone 3b. ❧ W. x ‘Tango’ : nain. Feuillage pourpre. Fleurs rouges. 0,6 m x 0,7 m. Zone 4a. ❧ W. x ‘Vanicek’ (‘Newport Red’, ‘Cardinal’, ‘Rhode Island Red’) : port dressé. Fleurs rouge pourpré. Feuilles vertes. Tiges d’un an demeurant vertes en hiver. 1,5 à 1,8 x 1 à 1,2 m. Zone 5a. ❧ W. x ‘Victoria’ : variété naine à feuillage de couleur bronze. Abondantes fleurs rose foncé. Bonne remon­tance. L’un des meil­ leurs weigelas pourpres ! 1 m x 1 m. Zone 4. ❧ W. x ‘White Knight’ : port compact. Feuillage vert moyen. Boutons rosés, fleurs blanches, légèrement par­fu­mées. Floraison presque con­tinuelle. Le weigela blanc con­venant aux régions froides ! 1,2 à 1,5 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 4a.

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Des arbustes à entretien minimal

VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : Ces cultivars ont une rusticité plus limitée. La plupart fleurissent bien en zone 5 la plupart des printemps, ne gelant sévèrement qu’un hiver sur trois ou quatre… mais maintenant qu’il existe des weigelas dont la rusticité est à toute épreuve en zone 4 ou plus basse, pourquoi accepter ces dommages ? ❧ W. x ‘Abel Carrière’ : vieux cultivar de grande taille. Floraison abon­dante. Grosses fleurs rose carmin, gorge tachetée jaune. 2 m x 2,5 m. Zone 5a. ❧ W. x ‘Alexandra’ (Wine & Roses™) : comme ‘Victoria’, mais un peu plus haut… et un peu moins rustique. Excellent couvre-sol. 1,2 m x 1,2 m. Zone 5a. ❧ W. x ‘Brigela’ (‘French Lace’) : théoriquement, un weigela panaché amélioré… mais tout dépend sans doute du climat, car il se comporte moins bien que ‘Variegata’, ‘Nana Variegata’ ou ‘Suzanne’. Fleurs rouge foncé. Feuilles largement marginées de jaune. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5b. ❧ W. x ‘Olympiade’ (Briant Rubidor™, ‘Rubidor’, ‘Rubigold’) : joli feuillage doré. Fleurs rouge rubis faisant un superbe contraste ! Demande un peu d’ombre, car il brûle au soleil. Malheureusement, sa première floraison est souvent limitée à la base de l’arbuste sous notre climat. Gèle parfois jusqu’au sol. 1 m x 1 m. Zone 5a. ❧ W. x ‘Bristol Ruby’ : très populaire en pépinière… mais de faible rusticité. Port dressé. Fleurs rouge rubis, en quantité au printemps et en été. Feuilles vertes. Essayez ‘Red Prince’ pour un effet semblable en région plus froide. 1,8 à 2 m x 1,5 à 1,8 m. Zone 5a. ❧ W. x ‘Bristol Snowflake’ : érigé. Fleurs blanches, parfois teintées de rose. 1,2 m x 1,2 m. Zone 5a. ❧ W. x ‘Candida’ : vieille variété. Fleurs blanches. Feuillage vert tendre. Peu vigoureux. 1 m x 1 m. Zone 5a. ❧ W. x ‘Dropmore Pink’ : développé au Manitoba, mais pourtant peu rustique. Fleurs roses. 1,3 m x 1,2 m. Zone 5b. ❧ W. x ‘Eva Rathke’ : populaire en Europe. Port compact. Fleurs cramoisies. Longue période de floraison. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5b. ❧ W. x ‘Eva Supreme’ : version du précédent à fleurs rouge vif. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5b. ❧ W. florida (weigela florifère) : c’est l’espèce à l’origine des hybrides modernes. Plus haute et plus large que les formes habituelles. Fleurs rose foncé à l’extérieur, roses à blanchâtre à l’intérieur. Faible disponibilité. 2,5 m x 2 m. Zone 5a. ❧ W. florida ‘Pink Princess’ : fleurit presque tout l’été. Feuilles vertes. Fleurs rose vif. Port irrégulier. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5a. ❧ W. x ‘Ruby Queen’ : variété naine au feuillage rouge vin. Fleurs roses. 1 m x 1 m. Zone 5b. ❧ W. x ‘Sunny Princess’ : mutation de ‘Pink Princess’, à feuillage panaché de jaune. Malheureusement, la couleur ne ressort pas bien. Fleurs roses. 1 m x 1 m. Zone 5a. AUTRES ESPÈCES : ❧ W. middendorffiana (weigela de Middendorff) : surtout remarquable par la couleur de ses fleurs : jaune soufre. Floraison assez diffuse. 1 m x 1,2 m. Zone 5. ❧ W. subsessilis ‘Canary’ : fleur jaune citron prenant souvent une teinte rosée après quelques jours. Encore peu connu et peu disponible, mais rustique au Jardin botanique de Montréal. 1,5 à 2,7 m x 1,5 à 1,8 m. Zone : 5b, peut-être encore plus rustique.

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TOUJOURS EN BEAUTÉ !

lusieurs arbustes parmi les plus dési­ra­bles n’offrent qu’une seule saison d’inté­ rêt : une flo­ raison à cou­ per le souffle, des fruits brillamment colo­rés qui atti­rent tous les regards, des feuil­les tellement colorées à l’au­tomne que l’on croi­rait la plate-bande en feu, un port si original et at­trayant que l’ar­buste est presque plus joli sans feuilles qu’avec, etc. Pour le reste de l’an­née, ils ne font qu’oc­cuper de l’espace en attendant de nous séduire encore une fois. Il n’y a rien de mal à planter des arbustes qui deviennent spectaculaires pen­ dant quelques semaines mais sont habituellement très quelconques… du moins, on peut les poser dans un aménagement bien composé où d’autres arbustes pren­nent la vedette à leur tour, faisant dévier l’œil de leur silhouette moins atti­rante. Mais dans les emplacements très visibles, tellement straté­giques qu’ils en sont quasiment les plaques tournantes, ne serait-il pas mer­veilleux de présenter un arbuste toujours beau, printemps, été, automne et hiver ? Pas sim­plement « accep­table », mais réelle­ ment magnifique peu importe la période de l’année ? Eh bien, il existe plusieurs de ces « beautés toutes saisons » que vous pouvez planter sans arrières-pensées, où cela vous chante, en sachant qu’ils vous seront toujours de ser­vice. On vous en présente dix dans ce chapitre. Tous les arbustes décrits ici sont d’une grande beauté pendant au moins trois sai­sons, parfois même quatre. Dans certains cas, chaque saison apporte un nouvel at­trait. Pour d’autres, comme le fusain de Fortune, attrayant par son feuillage persis­ tant des plus décoratifs, une seule caractéristique principale fait tout son charme, mais elle dure et dure et dure… Mais est-ce vrai qu’il faut souffrir pour être beau… ou plutôt que le jardinier doit souffrir pour qu’un arbuste soit toujours beau ? En effet, est-ce que ces arbustes vous feront endurer le martyre par un entretien poussé qui ne vous laisse aucun répit, même pas le temps de respirer ? Non ! Aucun de ces arbustes n’exige des soins exagérés, du moins si vous le plantez dans un emplacement convenable : ni taille constante, ni insectes pour l’enlaidir, ni protection hivernale digne d’un palmier en Alaska ; en fait, rien de si exigeant que leur entretien devienne un véritable far­deau. D’accord, plu­sieurs demandent tout de même quelques petits bichon­nages de plus que les arbustes des deux cha­pitres précédents, con­sa­crés aux arbustes ne néces­sitant pas, mais vraiment pas de soins. Ceux-ci attendent tout simplement quelques petites retouches de temps à autre, puis c’est le retour au « Vogue la galère ! » Les arbustes dont l’entretien est vraiment inacceptable, beaux quatre saisons ou non, je les réserve pour les derniers chapitres de ce livre. Dans celui-ci, vous ne trouverez que de bons arbustes solides et peu exigeants… qui, par pure coïncidence, sont toujours très, très, très jolis.

Amélanchier Aralie du Japon Cornouiller à feuilles alternes

Cornouiller à grappes Corête du Japon Fusain de Fortune

Mahonia à feuilles de houx Sureau noir Viorne trilobée

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Amélanchier Amélanchier Amelanchier spp.

Amelanchier canadensis

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Noms anglais : Serviceberry, Saskatoon. Hauteur à maturité : variable, 3 à 7,5 m. Diamètre à maturité : variable, 2 à 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé globulaire. Sol : tout sol bien drainé, quelque peu humide, légèrement acide à neutre. Légère résistance au sel. Faible tolérance au compactage. Disponibilité : excellente à peu disponible, selon les cultivars. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : fruits comestibles et décoratifs. Coloration automnale. Écorce attrayante. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Sujet au botrytis du fruit au cours des étés pluvieux et occasionnellement à la rouille. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Multiplication : boutures semiaoûtées, division, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, sous-bois, attire les oiseaux frugivores granivores, fruits comestibles. Zone de rusticité : 2 ou 3, selon l’espèce.

e dois me confesser : l’amélanchier est tout sim­ plement mon arbuste préféré ! Et pourquoi pas, puisqu’il a tout pour plaire ? Pour commencer, ses fleurs blanches à cinq pétales sont spectaculaires, apparaissant très tôt dans l’année, quand il n’y a guè­re d’autres arbustes en fleurs que les forsythias et les magnolias. Les fleurs sont petites mais pro­duites en grand nombre : l’arbuste entier en est couvert. La floraison est toutefois brève – 4 à 7 jours – mais si tôt au printemps, on est content juste à voir des fleurs ! Le feuillage, appa­raissant habi­ tuel­lement pen­dant la floraison, est souvent teinté de rouge à son éclosion. Les feuilles dentées, au revers parfois duveteux en début de saison, mûrissent pour prendre un beau vert moyen, puis adoptent des teintes extraordinaires de jaune or, orange ou rouille à l’automne. N’oublions pas les fruits, de petites baies rouges devenant noir pourpré à maturité, s’affichant en juin ou juillet, attirant les oiseaux par centaines… et aussi les enfants. Vous les con­naissez sans doute sous le nom verna­culaire de « petites poires ». Elles sont délicieuses et utilisées en cuisine. Enfin, en hiver, son écorce lisse et gris pâle,

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Toujours en beauté !

striée longitudinalement de marques plus pâles, est de toute beauté. L’amélanchier est l’exemple même de l’arbuste toujours en beauté, à tout moment de l’année. L’identification des amélanchiers est un fouillis total. Vous ne voyez pas une grande différence entre Amelanchier canadensis, A. x grandiflora, A. laevis, A. lamarckii et A. arborea ? Moi non plus ! Et même plusieurs botanistes préfèrent éviter le sujet, d’autant plus que les différentes espèces s’entrecroisent allègrement, en culture comme à l’état sauvage. D’ailleurs, en pépinière, les étiquettes sont si cou­ramment in­terverties, que vous ne savez jamais vraiment ce que vous achetez ! L’amélanchier s’adapte à une vaste gamme de conditions, aussi à l’aise dans le Nord que dans le Sud, en bordure de mer que dans la prairie. Un emplacement en­so­ leillé ou semi-ombragé lui convient parfaitement car dans la nature, on les trouve souvent à l’orée des bois et dans des sous-bois ouverts. Il se contente de presque tout sol légèrement humide et bien drainé, tolère les brumes salines du bord de la mer, mais souffre parfois de la pollution de l’air dans les milieux urbains. L’entretien est minimal : peut-être un peu d’arrosage par temps très sec. La taille est rarement nécessaire, sinon pour ra­len­tir sa croissance… et il ne pousse mê­me pas assez vite pour le tailler annuellement. La multiplication des amélanchiers est difficile, les semences exigent un séjour de 4 mois au frigo, ne sont pas fidèles au type, et les boutures s’en­racinent diffi­ci­ le­ment. Les bou­tures semi-aôu­tées sont les plus faciles, mais même là, le taux de succès de­meu­re plutôt faible. Les pépiniéristes réus­sissent très bien avec la culture in vitro. Les espèces drageon­nantes offrent par contre des pos­sibilités de multi­pli­ cation facile par division. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Note : plutôt que de répéter ad nauseam les mêmes hauteurs, diamètres et zones de rusticité, prenez pour acquis que, sauf mention contraire, si vous les laissez faire, bien sûr, toutes les variétés décrites atteignent 4 à 7 m de hauteur et 2 à 4 m de diamètre à maturité, et sont rustiques en zone 3a. Amelanchier alnifolia (amélanchier à feuilles d’aulnes, saskatoon) : espèce plus arbustive. Les Amérindiens de la région des Prairies l’appelaient « saskatoon », d’où le nom de cette ville. Plus facile à reconnaître en fruits, car à maturité, les baies noir pourpré sont couvertes de pruine blanche, leur conférant une apparence bleutée. C’est l’espèce ayant les fruits les plus délicieux, les plus nom­breux et les plus gros, cultivée commer­cia­le­ment pour ses fruits. L’espèce est sujette à la rouille : lui préférer ses cultivars, pour leur résistance à ce problème. Résiste mieux aux sols alcalins que les autres. 2 à 3 m x 2 à 3 m. ❧ A. alnifolia ‘Regent’ : très compact. Feuilles résistantes aux maladies. Fruits extra sucrés. 1,2 à 1,8 m x 1,2 à 2,4 m. ❧ A. alnifolia ‘Smokey’ : populaire dans les vergers. Gros fruits sucrés. 2 à 3 m x 2 à 3 m. Zone 3. A. arborea (amélanchier arbre) : arbrisseau ou petit arbre, sou­vent à tronc unique. Port plutôt conique. Feuilles duveteuses et grises à l’épa­nouis­se­ment. Fruits pourpres moins sucrés que ceux des autres espèces cou­rantes. D’après plusieurs botanistes, cette espèce est en fait rarement cultivée : la plu­part des amélanchiers arbres vendus sous ce nom descendent d’A. x grandiflora. ❧ A. x ‘Ballerina’ : souvent attribuée à A. canadensis, A. laevis ou A. lamarckii, ‘Ballerina’ est, en fait, de parents inconnus. Belles fleurs, beaux fruits, pas de maladies. Plus arbustive que d’autres. 4 m x 2 m. A. canadensis (amélanchier du Canada) : comme A. arborea, mais plus nettement arbustif, drageonnant à sa base et formant des touffes denses.

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Souvent offert sur le marché… mais dans les faits, les plants s’avèrent presque toujours être A. x grandiflora. Zone 4. ❧ A. canadensis ‘Glennform’ (Rainbow Pillar®) : nouveauté encore peu disponible. Port particulièrement dressé, presque colonnaire. Bonne résis­tance aux maladies. 6 m x 3 m. Zone 4. ❧ A. x ‘Cumulus’ : port plus dressé, prenant naturellement la forme d’un arbre. Sujet au feu bactérien. ❧ A. x grandiflora (amélanchier à grandes fleurs) : à voir les étiquettes, on croirait que cette espèce, un hybride naturel de A. arborea et A. laevis, n’existe pas sur le marché. Amelanchier canadensis Cependant, d’après de nombreux botanistes, presque tous les amélanchiers vendus appartiennent à cette espèce ! Les jeunes feuilles sont à la fois duveteuses, comme A. arborea, et rougeâtres, comme A. laevis. Les fleurs, comme le nom le suggère, sont particulièrement grosses… pour un amélanchier ! ❧ A. x grandiflora ‘Autumn Brilliance’ : une sélection à coloration automnale exceptionnelle, toute orange et rouge… nous dit-on. Dans les faits, je ne vois aucune différence avec l’espèce qui est naturellement très colorée. ❧ A. x grandiflora ‘Rubescens’ offre des fleurs roses qui le de­meu­rent… mais c’est un cultivar peu commercialisé. A. laevis (amélanchier glabre) : diffère surtout d’A. arborea par ses feuilles glabres (non duveteuses) et rougeâtres à l’épanouissement. Fruits délicieux. C’est l’espèce la plus répandue au Québec et dans les régions limitrophes. Plus rustique que la moyenne : zone 2. ❧ A. lamarckii (amélanchier de Lamarck) : le mystère total plane quant à l’origine de cette espèce, maintenant bien naturalisée partout dans le nord de l’Europe, mais inconnue à l’état sauvage. Tous s’entendent toutefois pour lui reconnaître une origine nord-américaine. Sans doute d’origine hybride. Très proche, sinon identique à A. x grandiflora. ❧ A. x ‘Majestic’ : sélectionné pour sa croissance vigoureuse et sa grande résistance aux maladies. Nouveauté prometteuse. ❧ A. x ‘Prince Charles’ : peut-être une sélection d’A. laevis. Fruits délicieux. Excellente coloration automne. Port dressé. ❧ A. x ‘Prince William’ : plus arbustive que certains autres. Feuil­les luisantes. Fruits délicieux. Excellente coloration automne. 1,8 à 2 m x 1,8 m. ❧ A. x ‘Princess Diana’ : probablement un A. x grandiflora. Excellente résistance aux maladies. Croissance lente. ❧ A. x ‘R.J. Hilton’ : probablement A. laevis. Belle varié­té à florai­son, feuillage et port at­trayants. Pas de problèmes de maladie. ❧ A. x ‘Robin Hill’ : diffère des autres par ses boutons floraux presque rouges et ses fleurs roses… même si elles blanchissent rapi­dement, surtout lorsque le printemps est chaud ! Autre­ment, une bon­ne variété, florifère et solide. ❧ A. x ‘Snowcloud’ : appa­rem­ment une sélec­tion d’A. laevis. Choisi pour son port particu­lièrement dressé et par consé­quent, davantage un petit arbre qu’un arbus­te. Fruits beaux et délicieux.­

Aralie du Japon

Aralie

du Japon Aralia elata Noms anglais : Japanese Aralia, Japanese Angelica-Tree, Devil’s Walking Stick. Hauteur à maturité : 3-6 m. Diamètre à maturité : 2-6 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, évasé, irrégulier. Sol : pauvre à riche, humide à sec, acide à légèrement alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : peu disponible en pépinière. Commande postale. Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : feuillage fortement découpé. Co­­lo­ra­ tion automnale. Fruits colorés. Tiges épaisses et épineuses. Feuillage : caduc. Problèmes : sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : suppression des dommages hivernaux au printemps après le débourrement. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures de racine au printemps, division des drageons. Semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, en isolé, pentes, sous-bois, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité (site exposé) : 5b. Zone de rusticité (site protégé) : 4b.

L

Aralia elata en pleine floraison

’aralie du Japon a une ap­pa­ rence nettement tropicale, grâce à ses énormes feuilles for­tement découpées. Elles peu­ vent, en effet, mesurer jusqu’à 1 m de longueur et 75 cm de lar­ geur, qua­siment un record pour un arbuste de climat tem­ péré. Elles sont bi­pen­nées, por­tant une multitude de folioles vert foncé, souvent lui­san­tes. Cha­que feuille res­sem­ble à une bran­che portant des rameaux se­­condaires et de nom­breu­ses pe­tites feuilles, et c’est seu­lement de près que l’on obser­ ve qu’en réalité, toute la « ramu­re » de l’ar­buste se résume à quel­ques feuil­les gi­gan­tesques. À la chute les feuilles, l’ar­ buste change radicalement d’al­ lure. On découvre qu’il se com­­po­se surtout de quelques tiges in­­­di­viduelles dressées, très épais­ses et fortement épi­neuses, pres­que sans branches secon­dai­ res. Rarement voit-on un arbuste d’ap­pa­rence aussi dé­nudée… mais les fortes tiges épi­neuses,

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Toujours en beauté !

presque des gourdins, sont très originales et en con­séquence, saisissantes. L’hiver, on comprend tout l’humour du nom anglais « devil’s walking stick » (canne du diable). D’accord, chaque tige est assez épaisse pour être une canne, mais que d’épines ! La floraison consiste en un brouillard de petites fleurs blanches, portées sur de min­ces tiges : un effet spectaculaire. Elles persistent durant la plus grande partie de l’été, de juillet à octobre. Même lorsque les premières fleurs se transforment en petits fruits noirs, populaires auprès de la gent ailée, l’arbuste continue d’en produire d’autres. À cause de sa hauteur imposante, jusqu’à 6 m en zone 5, moins dans les régions plus froides, et de sa faible ramification, l’aralie du Japon est à cheval entre l’arbre et l’arbuste. Elle forme une touffe grâce aux drageons produits près de sa base et peut même devenir envahissante à la longue. Comme les drageons surgis­sent près de la plante mère, il est cependant facile de limiter son expansion en coupant les surplus. On peut également la planter dans un emplacement d’où elle ne peut s’échapper, entre un mur et un trottoir par exemple. Néanmoins, on trouve parfois de vieux plants aban­donnés, devenus de véritables fourrés de 5 ou 6 m d’envergure. Les tiges visiblement très épineuses font de l’aralie une excellente barrière… mais qu’il faut éviter de planter près de l’aire de jeu des enfants, si vous ne désirez pas avoir la tâche d’y récupérer les ballons perdus ! Sous notre climat, l’aralie est sujette aux dommages hivernaux et peut après le débourrement, nécessiter alors une taille corrective afin de supprimer les extré­ mités mortes. Par contre, elle repousse vigoureusement, de la souche si nécessaire, et reprend rapidement le terrain perdu. On peut même songer à l’utiliser comme grande vivace en zone 3, du moins là où la neige est abondante : elle meurt au sol tous les ans pour re­naître au printemps à partir de ses racines. Toutefois, un empla­ cement à l’abri du vent permet une culture nécessitant le moins d’interven­tions possible, même en zone 4b.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Aralia elata (aralie du Japon, angélique en arbre du Japon) : voir la descrip­ tion ci-dessus. ❧ A. elata ‘Variegata’ (aralie du Japon panachée) : avec ses énormes feuil­les vert gris bordées de blanc crème et sa floraison aussi abondante que l’espè­ ce, l’aralie panachée est l’un des arbustes les plus exotiques, faisant l’envie de bien des collectionneurs. Malheureusement, elle est extrêmement difficile à mul­ti­plier car l’on greffe généralement la forme panachée sur un drageon d’aralie verte, et est donc très dispendieuse. Malgré son prix, le suc­cès n’est pas garanti : il arrive que le froid tue la partie panachée, ne laissant qu’une aralie entièrement verte. Il est donc important de bien pro­té­ger la souche d’une épaisse couche de feuilles mortes pour l’hiver, jusqu’à ce que la plante commence à produire des drageons panachés, signe qu’elle s’est affran­chie de son porte-greffe. Enfin, l’aralie pana­chée est moins résistante au froid que l’espèce : il lui faut un emplacement pro­tégé même en zone 5. Je con­ nais toutefois des gens qui la cultivent sans peine en zone 4b grâce à un emplacement protégé du vent et une couche de neige fiable. VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ A. elata ‘Aureovariegata’ (aralie du Japon dorée) : une forme panachée de jaune, mais de croissance faible. Zone 6. ESPÈCES NON RECOMMANDÉES : ❧ A. spinosa (aralie d’Amérique, angélique en arbre d’Amérique) : le pendant nord-américain de l’aralie du Japon, mais avec des feuilles encore plus grosses. Toutefois, cette espèce drageonne énormément et, de surcroît, est moins rustique (zone 6) : il n’y a donc aucune raison de la préférer à A. elata.

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Cornouiller à feuilles alternes Cornouiller à feuilles alternes Cornus alternifolia Noms anglais : Pagoda Dogwood. Hauteur à maturité : 5-8 m. Diamètre à maturité : 3-5 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : érigé, en pagode. Sol : ordinaire à riche en matières organiques, bien drainé, humide, acide à légèrement acide. Supporte le compactage. Tolère mal le sel. Disponibilité : peu disponible. Intérêt principal : port unique­ ment étagé. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits bleu-noir en été. Tiges colorées. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées. Semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, coin humide, en isolé, naturalisation, pentes, sous-bois, attire les oiseaux frugivores, fleur parfumée. Zone de rusticité : 3a.

Cornus alternifolia

J

e ne comprends pas pourquoi cet arbuste est si acclamé en Europe et en Asie, mais si négligé dans son aire naturelle, l’Amérique du Nord, in­cluant le Québec. Pourtant, il a tout pour plaire : bel­les fleurs, beaux fruits, belle coloration autom­nale et, de surcroît, une silhouette unique. Mais, comme dit le proverbe, « Nul n’est prophète en son pays », et nous ne le remarquons alors qu’à l’état sauvage : « Quel est donc cet arbuste au port si original ? On dirait une pagode chinoise ! ». C’est jus­tement le port superbe du cor­ nouiller alterne qui le rend si remarquable. Contrairement à la majorité des arbustes, il a tendance à n’avoir qu’une seule tige centrale, portant ses branches à l’horizontale, distinctement étagées ; vous pouvez donc, si vous le désirez, le considérer comme un « petit arbre ». Les étages inférieurs sont les plus larges, les étages supérieurs les plus étroits, ce qui crée un effet de pagode orientale fort intéressant… très approprié pour un jardin japonais, notamment. Parfois, les gens suppriment les branches inférieures d’un spécimen adulte pour en faire un petit arbre, ce qui, quant à moi, détruit sa si charmante symétrie naturelle. De tou­te façon, vous avez tout le temps d’y penser avant de passer aux actes, car si le

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Toujours en beauté !

cornouiller alterne croît relativement rapidement dans sa jeunesse, sa croissance devient très lente lors­qu’il atteint en­vi­ron 2 m de hauteur. Dans nos régions, une hau­teur de 5 m est pres­que le maxi­mum : on voit rare­ment ici les « grands » spéci­mens de 8 m de nos amis amé­ricains. À la mi-printemps, au moment du débour­ re­ ment, le cornouiller à feuilles alternes produit de denses Cornus alternifolia bou­quets de fleurs blanc crème, extrêmement par­fumées. en fruits Elles sont suivies en juillet-août de baies lui­san­tes noires ou bleu-noir qui plaisent tellement aux oiseaux, qu’elles dispa­raissent trop rapidement pour être d’un quelconque intérêt automnal ou hivernal. Les feuilles ovales, vert foncé au revers glauque, deviennent pour­pre foncé à l’au­tom­ne. Elles sont alternes, comme le nom de la plan­te indique, ce qui rend leur identification fa­ci­le, car toutes les autres espèces de cornouiller, sauf une (C. con­tro­versa, voir ci-dessous), ont des feuilles oppo­sées. À leur chute, on décou­vre une at­trayan­te écorce grise légèrement fissurée, et surtout, de jeu­nes rameaux pourpres. Dans nos forêts, le cornouiller à feuilles alternes habite les érablières où il se com­porte à merveille sous un couvert forestier, même dense, ne craignant pas la compétition racinaire. Par contre, dans un emplacement aussi sombre, il risque de passer inaperçu. Pourquoi alors ne pas imiter les Européens qui lui donnent la vedette en le cultivant en isolé, par­fois au plein soleil ? Le so­leil ne semble pas du tout le déranger, à con­dition de lui assurer un sol toujours quelque peu humide, et un bon pail­lis devient alors très utile. Seuls sont à éviter les empla­ce­ments très ven­teux et les sites très pro­ches d’un chemin traité avec un produit dégla­çant, car le cornouiller à feuilles alternes préfè­re tout de mê­me une certaine protection contre les éléments. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Cornus alternifolia (cornouiller à feuil­les alternes) : voir la description ci-dessus. ❧ C. alternifolia ‘Argentea’ : aussi vendu sous le nom de C. alternifo­lia ‘Variegata’. Tout simplement spectaculaire ! Son port étagé et ses feuilles délicatement marginées de blanc crème font de cette plante une véri­table vedette. Au Japon, où on lui voue un véritable culte, c’est souvent le seul « arbre » des aménagements de poche que sont les jardins de ville typi­ques. Malheureusement, le cultivar est lent et difficile à multiplier et se vend alors à prix d’or : seuls les grands spécialistes le tiennent. 5-8 m x 3-5 m. Zone 4b. AUTRES ESPÈCES : ❧ C. controversa (cornouiller tabulaire) : le pendant asiatique du cor­nouiller à feuilles alternes, mais à plus de 12 m, c’est un véritable petit arbre. La forme ‘Variegata’, aux feuilles panachées de blanc crème, est très prisée… et très rare. Pour les régions les plus chaudes du Québec seulement : zone 5b, à l’abri du vent. Ailleurs, préférez-lui le cor­nouil­ler à feuilles alternes. 12 à 18 m x 12 m. Zone 6a.

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Cornus alternifolia ‘Argentea’

Cornouiller à grappes

Cornus racemosa

Cornouiller

à grappes Cornouiller racemosa Noms anglais : Grey Dogwood. Hauteur à maturité : 2 m. Diamètre à maturité : 2 m… à l’infini ! Emplacement : soleil ou ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : pauvre à riche, humide à sec, tolère les sols acides et alcalins. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : peu disponible. Intérêt principal : pédicelles rouges en fin d’été et à l’automne. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits estivaux. Coloration automnale. Écorce attrayante. Feuillage : caduc. Problèmes : parfois feuillage un peu troué par les insectes, mais rien de sérieux. Taille : taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées, division, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bordure, coin humide, écran, fondation, haie, naturalisation, pentes, plate-bande, sous-bois, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité (site exposé) : 3a. Zone de rusticité (site protégé) : 2b.

A

rbuste indigène aussi joli que facile de culture, cette véritable plante passe-partout peut aller n’importe où, à l’om­ bre dense ou en plein soleil, dans les emplacements secs ou dé­trem­pés, dans les sols riches ou pauvres, etc. De plus, pas de maladies ou d’insectes qu’il vaille la peine de souligner. Le cor­nouiller à grappes serait presque l’arbuste parfait pour le jardinier paresseux… s’il n’avait pas le dé­ faut d’être si enva­ hissant. Plantez-le, d’ac­ cord, mais soit dans un milieu naturel où sa crois­­­sance débor­ dante sera ap­pré­ciée, soit dans un aména­ge­ment plus sophis­ tiqué, dans un em­ placement où sa tendance à drageonner ne devient pas pro­blématique. Si vous tenez à un arbuste qui reste sagement à sa place… plantez autre chose ! Vous n’avez pas à attendre longtemps pour que cet arbuste

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Toujours en beauté !

atteigne sa pleine hauteur : il le fait souvent dès la première année, devenant plutôt plus dense avec les années… et surtout beaucoup plus large. L’intérêt de cet arbuste tient à son emplacement : il offre suffisamment d’attraits pour tenir la vedette dans une situation très en vue, mais n’a aucun trait si dominant qu’il ne puisse tout simplement être à l’arrière-scène ou boucher des trous dans le paysage. Chez cet arbuste, il y a toujours quelque chose à voir : bouquets terminaux de fleurs blanches au printemps, feuillage lancéolé gris-vert et fruits blancs l’été, feuillage pourpré l’automne, et l’hiver, une belle écorce rougeâtre sur les jeunes tiges, devenant d’un beau gris sur les tiges de 3 ans. Son attrait le plus fascinant se trouve peut-être cepen­dant dans les pédicelles rouges qui supportent les fruits. Elles offrent un contraste saisissant avec les fruits blancs, même lorsqu’ils sont disparus, gobés goulûment par les oiseaux en septembre, car les pédicelles persistent souvent jusqu’en janvier. Cornus

rugosa VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : C. racemosa (cornouiller gris) : voir la description ci-dessus. Il existe quelques cultivars de cet arbuste indigène, mais aucun n’est actuel­lement disponible au Québec. Seront peut-être un jour disponibles ‘Gea­zeam’ (Geagua™), au feuillage vert très foncé et aux jeunes tiges particuliè­rement rouges, ‘Muszam’ (Muskingum™), un couvre-sol de 60 cm de hau­teur au feuillage gris-vert devenant rouge brique à l’automne, et ‘Slavinii’ (‘Slavin’s Dwarf’), un autre couvre-sol (60-90 cm) au feuillage particulièrement dense, car les nœuds sont très rapprochés.

AUTRES ESPÈCES : C. rugosa (cornouiller rugueux) : autre espèce indigène du Québec, au port semblable au précédent. Il en diffère cependant par ses jeunes tiges vert clair plutôt que rougeâtres, ses feuilles plus arrondies, et ses fruits bleus. 1,5 m x 2 m. Zone 3a. ❧ C. amomum (cornouiller soyeux) : son aire naturelle s’arrêtant dans le nord de la Nouvelle-Angleterre, c’est une espèce presque indigène, bien adaptée aux sols humides et à la mi-ombre, car ce sont les conditions dans lesquelles on le trouve à l’état sauvage. En culture, elle a toutefois démontré qu’elle tolère des conditions variées, même le plein soleil, mais plus diffici­lement les sols très secs. Contrairement au cornouiller gris, le cornouiller soyeux a une écorce rougeâtre qui persiste même sur les vieux rameaux et, bonne nouvelle, n’est pas envahissant. Ses baies sont bleu pâle, et d’un bleu encore plus intense chez le cultivar ‘Blue Cloud’. Il existe aussi d’autres cultivars, tels ‘Xanthocarpum’, à fruits jaunes, et ‘Grandiflorum’, à fleurs plus imposantes, mais ils sont peu ou pas disponibles. 2,5 m x 2,5 m. Zone 4b. C. obliqua (cornouiller oblique) : version nordique du cornouiller soyeux, indigène au Québec : certains botanistes le considèrent d’ailleurs comme étant une forme de C. ammomum. Il en diffère par ses tiges pourpres à rouge jaunâtre, ses fruits bleu plus pâle, ses feuilles au revers recouvert de poils bruns et sa plus grande rusticité. Présentement non disponible dans le commerce, il est toutefois facile à obtenir par bouturage des sujets sauvages qui poussent en abondance dans les régions de l’ouest du Québec. 2,5 m x 2,5 m. Zone 3b.

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Corète du Japon

Kerria japonica

Corète

du Japon

L

a corète du Japon, ou tout simplement « kerria », est un arbuste encore méconnu, mais Noms anglais : Japanese Kerria. se gagnant une place d’honneur Hauteur à maturité : 1,2 m. dans nos aménagements. On Diamètre à maturité : 1,5 m. l’apprécie pour ses très belles et Emplacement : soleil ou ombre. très abondantes fleurs jaunes à Port : érigé, diffus. cinq pétales en juin et juillet, puis Sol : ordinaire, bien drainé, légèrement acide à neutre. sporadiques tout l’été, par­ fois Légère résistance au sel et au compactage. jusqu’en octobre. D’ailleurs, dans Disponibilité : bonne. de bonnes conditions, cet arbuste Intérêt principal : floraison estivale. n’est presque jamais dépourvu de Intérêts secondaires : tiges vertes. Feuillage vert vif à l’été. fleurs. On l’aime aussi pour ses Feuillage : caduc. jolies tiges vertes, poussant un Problèmes : sujet à la brûlure hivernale dans les peu en zigzag, attrayantes tout endroits exposés. l’hiver en zone 5, et jusqu’à ce que Taille : suppression des dommages hivernaux après le la neige les recouvre en zone 4. dé­bourrement. On peut aussi rabattre au sol à tous les N’attendez pas du kerria ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. une couverture dense et impé­ Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées. Division. né­tra­ble : sa croissance est plu­tôt Utilisation : bord de mer, bordure, coin humide, couvredif­fuse, ouverte. Les tiges minces sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, platesont dressées, mais ar­quées aux bande, rocaille, sous-bois. extrémités. Leur crois­ sance est Zone de rusticité (site exposé) : 5b. quel­ que peu désor­ donnée, un Zone de rusticité (site protégé) : 4a. dé­ faut moins notable chez les sujets bien matures. Les feuilles vert vif, pointues, dentées et profondément nervurées, sont aussi attrayantes, conférant une jolie texture rugueuse à l’ensemble. La coloration automnale est variable. Parfois les feuil­les tombent lors­qu’encore vertes, ou pren­nent une jolie teinte jaune pâle avant leur chute. Rare­ment produits, les fruits sont de petits akènes bruns, peu visibles.

Kerria japonica

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Toujours en beauté !

Cet arbuste paraît le mieux en groupes d’au moins cinq plants ou en massifs encore plus gros, ce qui efface sa croissance un peu irrégulière. Il a tendance à dra­ geonner, notam­ment dans les sols sablonneux, mais ses drageons sont superficiels et faciles à contrôler, poussant près de la plante mère. Au surplus, les drageons ne sont pas très dominants, car ils se développent uniquement lorsqu’il y a un vide. Dans une plate-bande d’arbustes, par exemple, tout élan de croissance excessive est limité par les plantes voisines. À l’occasion, Il devient même un intéressant « bouche-trou », meublant les espaces nus. On peut cultiver cet arbuste dans pres­que tout sol bien drainé, à l’ombre comme au soleil. Par contre, comme ses fleurs tendent à brûler sous un soleil trop intense, il est recom­mandé de lui offrir un peu de protec­tion contre le soleil du midi, ou de le plan­ter tout simplement à l’ombre où sa floraison sera un peu moin­dre, mais néan­ moins inté­ressante. Cet arbuste est un peu gélif et peut souffrir de dommages hivernaux là où les conditions sont toujours sévères. Certains jardiniers le passent alors tout simplement à la tondeuse au printemps, comme une vivace. La corète repousse alors rapidement et fleurit abondamment, mais sa floraison est retardée et apparaît un mois plus tard plutôt que vers juin ou juillet. Pour éviter de la rabattre, placez-la à l’abri du vent en zone 5b, là où la neige s’accumule dans les régions plus froides. Même convena­ blement située, elle peut nécessiter une légère taille au printemps, si l’hiver a été particulièrement dur.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Note : Tous les cultivars ont les mêmes dimensions et la même rusticité que l’espèce ❧ Kerria japonica (corète du Japon, kerria) : l’espèce, décrite ci-dessus, est moins cultivée que les cultivars suivants. ❧ K. japonica ‘Albescens’ (‘Albiflora’) : cultivar encore peu disponible qui se distingue par ses fleurs simples jaune crème. Pour ceux qui jugent le jaune de l’espèce trop intense. ❧ K. japonica ‘Golden Guinea’ : avec des fleurs simples presque deux fois plus grosses que celles de l’espèce et une floraison encore plus abondante, il mérite de remplacer l’espèce dans nos jardins… mais il est encore peu disponible. ❧ K. japonica ‘Picta’ (‘Variegata’) : cultivar fort intéressant, à feuillage gris vert délicatement bordé de blanc. Avec la délicatesse de sa panachure et son port naturellement diffus, ce cultivar offre un effet moins tape-à-l’œil que celui d’autres arbustes panachés. Très joli dans un jardin japonais ! Ses fleurs jaunes sont les mêmes que celles de l’espèce. Il faut supprimer les tiges entièrement vertes qui apparaissent occasionnellement. Bonne disponibilité. ❧ K. japonica ‘Pleniflora’ (‘Flora Pleno’) : la variété la plus populaire… et avec raison. Les fleurs pleinement doubles paraissent un peu ébouriffées, mais demeurent très jolies et durent plus longtemps que les fleurs simples, donnant l’impression d’une plante très florifère. L’extrémité des pétales a cependant tendance à blanchir dans les emplacements trop ensoleillés. ‘Pleniflora’ est plus vigoureux que l’espèce et aussi plus envahissant : choisissez bien l’endroit où vous le plantez !

AUTRE GENRE APPARENTÉ : ❧ Rhodotypos scandens (rhodotypos, anglais : black jetbead) : arbuste peu connu et très rare dans le commerce, il rappelle un kerria à fleurs blanches, avec seulement quatre pétales. Comme ce dernier, il a habituellement une grosse floraison en début de saison, mais refleurit sporadiquement tout l’été. Jolis petits fruits noirs en fin de saison. Même entretien et mêmes utilisa­tions que le kerria. 1,2 m x 1,5 m. Zone 5b (zone 4a… sous un banc de neige !).

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Fusain de Fortune

Fusain

de Fortune Euonymus fortunei

L

Euonymus fortunei vegetus

e fusain de Fortune est la preu­­­v e que la popularité d’une plante en pépinière a peu Noms anglais : Wintercreeper, Wintercreeper Euonymus. à voir avec sa capacité d’adap­ Hauteur à maturité : 0,1-1,5 m. tation aux conditions générales Diamètre à maturité : 1-2,5 m. de la région où elle est vendue. Emplacement : soleil ou ombre. En ef­ fet, on le trouve en vente Port : rampant ou dressé. par­tout, même en zone 3, mais je Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide, tolère les doute fort que même une plante sols acides à alcalins. Tolère mal le sel et le compactage. sur dix puisse vérita­ b lement Disponibilité : excellente. réus­­sir au Québec, car le fusain Intérêt principal : feuillage persistant, souvent panaché. de Fortune n’est tout simplement Intérêts secondaires : feuillage rougissant à l’automne. pas suf­fi­samment rus­tique pour Feuillage : persistant. notre climat. On voit, à l’occasion, Problèmes : très sujet à la brûlure hivernale et à la de ma­gni­fiques spé­cimens de cochenille du fusain. cette plante, même en zone 3… Taille : suppression des dommages hivernaux en tout temps. la preu­­ve qu’il est pos­sible de le Multiplication : boutures herbacées, marcottage. Pour cul­tiver avec succès… si l’on sait l’espèce, semences vernalisées. s’y prendre. Utilisation : bordure, couvre-sol, en isolé, massif, Le fusain de Fortune, d’ori­ muret, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois. gine chinoise, est avant tout un Zone de rusticité (site exposé) : 5a à 6a. Zone de rusticité (site protégé) : 3a. arbus­te grimpant pouvant attein­ dre, en se hissant sur des troncs ou des murs, 20 m de hauteur sous des cieux plus clé­ments. Sous notre climat, toutefois, il prend plutôt la forme d’un couvre-sol rampant, grim­pant occasionnellement sur un mur très protégé, mais atteignant rarement plus de 1,5 m. On lui connaît deux formes : prostrée et dressée. Certains cultivars sont en effet entièrement rampants, avec une pousse complètement prostrée, atteignant rare­ment plus de 10 cm de hauteur. D’autres produisent aussi des tiges rampantes, mais surtout des tiges dressées et acquièrent donc un port plus dense et plus buissonnant. Par contre, sous notre climat, les tiges atteignent rarement plus de 50 cm. Avec de très bonnes protections, elles peuvent cependant former des arbustes de 1,2 m ou plus.

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Toujours en beauté !

Le trait le plus intéressant du fusain de Fortune est son feuillage. Ses feuilles opposées et ovales sont petites et cirées, très luisantes, aux bords finement crénelés. De couleur vert foncé chez l’espèce, elles sont souvent, sinon presque toujours, pana­ chées de blanc ou de jaune chez les cultivars vendus en pépinière. Il y a d’ailleurs une multitude de cultivars, plus d’une centaine, mais les différences entre les clones sont souvent très minces. La plupart changent de couleur à l’arrivée des fraîches tempé­ ratures automnales, prenant une jolie teinte rougeâtre chez les cultivars à feuil­lage vert et rouge à rose chez les cultivars panachés. Les fleurs sont insignifiantes et le fusain de Fortune ne fructifie pas chez nous. Le secret de la culture du fusain de Fortune consiste à ne pas l’exposer aux froids extrêmes : -21 ˚C semble être sa limite, ce qui correspond à la zone 6. Théori­quement, il n’est pas assez rustique pour le Québec. Par contre, sachant que sous une bonne couche de neige les températures sont très modérées, il est possible de choisir un en­droit où il réussira parfaitement. D’ailleurs, les jardiniers zélés aiment le recouvrir de jute ou d’un géotextile pour l’hiver, mais en le plaçant bien, Dame Nature fait le travail, sans effort de votre part. Au printemps, même dans les meilleures conditions, il faut presque toujours tail­ ler un peu, car il est rare qu’aucune extrémité de tige ne brûle. Il est facile de distin­ guer les tiges vivantes des tiges endommagées, même avant le début de la croissance de la saison. Les premières portent des feuilles saines et luisantes ; les autres ont des feuilles noircies ou tombantes. Cette plante, notamment sous ses formes panachées, produit souvent des réversions (voir à la page 115) et de plus, certains culti­vars sont moins stables que d’autres. Enlevez toujours les tiges non fidèles au type dès que vous les voyez. À part son besoin d’une bonne couche de neige hivernale, le fusain de Fortune est de culture facile, tolérant presque toutes les conditions, sauf les sols très humides. Il faut cependant se méfier des sels de déglaçage, l’arbuste ne les supporte tout sim­ plement pas. Il est aussi très sujet à la cochenille du fusain, un petit kermès à carapace dure qui se développe sur les tiges et sous les feuilles. Heureusement, cet insecte est encore rare au Québec… mais comme il y a de fortes infestations en Ontario, il faut inspecter soigneusement toute plante avant son achat. Il est plus facile d’arracher un fusain infesté que de le traiter ! La multiplication du fusain de Fortune est des plus faciles, par bouturage ou par marcottage. D’ailleurs, les formes rampantes se marcottent toutes seules, il suffit de déterrer une tige enracinée et de couper le lien avec la plante mère pour obtenir une deuxiè­me plante. Sachez cependant que les boutures prises sur les parties ram­pantes donneront des plants rampants, et que celles prises sur les parties dressées don­neront des plants plus buissonnants. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Note : il est important de souligner que sous Variétés recommandées, j’ai choisi les cultivars jouissant de la meilleure réputation sous un climat froid. Ils sont rustiques et n’exigent aucune protection jusqu’à environ -25 ˚C (zone 5a), mais ces cultivars ont quand même besoin d’une bonne couche de neige pour survivre en zones 3 et 4. ❧ Euonymus fortunei (fusain de Fortune) : son nom vient de Robert Fortune, le célèbre explorateur qui ramena tant de nouveaux végétaux de Chine, dont cette espèce. On ne cultive presque jamais l’espèce pure, à feuilles entièrement vertes, mais plutôt ses nombreux cultivars. ❧ E. fortunei ‘Coloratus’ : variété prostrée, à feuillage entièrement vert l’été, rougissant l’hiver. 1 m x 2,5 m. Zone 5a. ❧ E. fortunei ‘Golden Prince’ : aussi vendu sous le nom de ‘Gold Tip’. La plus rustique des variétés à feuillage coloré. Les nouvelles feuilles sont jaune vif, devenant vert foncé en mûrissant. Port buissonnant. 60 cm x 120 cm. Zones 5a. ❧ E. fortunei ‘Kewensis’ : une toute petite miniature, avec feuilles vertes d’à peine 1,5 cm de longueur, bien espacées sur une tige prostrée. Ressemble

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VARIÉTÉS « PENSEZ-Y BIEN » : Bien que les vendeurs les suggèrent pour la zone 5, et même pour la zone 4, en réalité, les plantes suivantes réclament toutes une protection hiver­nale au-delà de la zone 6. ❧ E. fortunei ‘Canadale Gold’ : branches érigées, port buissonnant. Feuilles fortement marginées de jaune. Jeunes pousses entièrement jaunes. D’origine canadienne… mais même rusticité que les autres. 60 cm x 120 cm. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Country Gold’ : port dressé. Feuille verte plutôt arrondie, marge dorée. Sélection canadienne censément plus rustique que les autres, mais… 1 m x 1 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Emerald Gaiety’ : le fusain panaché classique, largement répandu dans toutes les pépinières… mais peu rustique, souffrant facilement du gel. Port dressé. Feuilles vertes à marges blanches. Coloration rosée à l’automne. 1 m x 2 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Emerald ‘n Gold’ : comme ‘Eme­rald Gaiety’, jaune et vert plutôt que blanc et vert. Teinté de rose à l’automne. 75 cm x 2 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘E.T.’ (‘E.T. Gold’) : port dressé. Feuilles vertes marginées de jaune. Mutation de ‘Emerald ‘n Gold’. 1,2 m x 1 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Harlequin’ : très jolie variété à port rampant et à petites feuilles tache­tées de blanc, prenant une teinte rosée en hiver. Parfois la feuille est entièrement blanche avec seulement des petits points verts. Malheureusement, très peu stable. 10 cm x 60 cm. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Interbolwi’ (Blondy) : port buissonnant. Nouvelles pousses presque blanches suivies de feuilles jaune vif au centre, vertes sur le pourtour. Tiges jaunes. Similaire à ‘Sunspot’ et ‘Surespot’. 1 m x 1 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Mor Gold’ : port dressé. Feuilles vertes marginées de jaune. Autre mutation de ‘Emerald ‘n Gold’. 1,2 m x 1 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Niagara Green’ : port dressé. Feuilles vertes. 1,2 m x 1 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Pygmae’ : petite variété rampante à feuil­la­ge vert. 15 cm x 1 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Sheridan Gold’ : sélection canadienne. Nouvelles feuilles entière­ ment jaunes, devenant vertes en mûrissant. Port dressé. 1 m x 1 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Sungold’ : comme ‘Emerald ‘n Gold’, mais à feuilles plus grosses. 1 m x 1,2 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Sunrise’ : sélec­tion canadienne aux feuilles fortement panachées de jaune. Port dressé. 1,2 m x 1 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Sunspot’ : port dressé. Feuilles vertes avec une importante tache jaune au centre. Tendance à revenir au type : supprimez toute tige entièrement verte. 1,2 m x 1 m. Zone 6a. ❧ E. fortunei ‘Surespot’ : comme ‘Sunspot’, mais moins forte tendance à la réversion. 1 m x 1 m. Zone 6a. VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : On voit parfois divers fusains de Fortune greffés sur tige, en forme d’arbre miniature. Même si certains marchands optimistes leur attribuent la zone 4 (!), ils ne sont aucunement rustiques dans nos régions et mériteraient plutôt la zone 7. Une cote 4 n’est justifiée qu’avec une protection hivernale digne d’un palmier !

Toujours en beauté !

davantage à une petite fougère qu’à un fusain ! Malheureusement, peu disponible. 5 cm x illimitée. Zone 5a. ❧ E. fortunei ‘Sarcoxie’ : feuillage vert luisant, rougeâtre en hiver. Port arbustif. L’une des rares variétés qui fleurit et fructifie à l’occasion. 1,2 m x 1,2 m. Zone 5a. ❧ E. fortunei vegetus : très proche de l’espèce et considéré par plusieurs comme étant tout simplement une forme mature (i.e. qui fleurit) de cette dernière. Feuilles vertes rougissant peu l’hiver. Port dressé en zone 6, mais plutôt rampant en zones 5 et plus basses. Hauteur variable, entre 2 m (zone 6) et 30 cm (zone 5). Atteint environ 2 m de diamètre. Zone 5a.

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Mahonia à feuilles de houx Mahonia

à feuilles

de houx Mahonia aquifolia

Mahonia aquifolia

C

Noms anglais : Oregon Grape. Hauteur à maturité : 1 m. Largeur à maturité : 1 m. Emplacement : ensoleillé (en milieu protégé) ou ombre. Sol : ordinaire, bien drainé, humide, acide à légèrement acide ; tolère les sols neutres et alcalins. Port : érigé, arrondi à évasé. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : feuillage persistant et luisant, rougissant à l’automne. Intérêts secondaires : fleurs jaunes et parfumées au printemps. Fruits comestibles bleus à noirs à partir de la fin d’août, persistant une partie de l’hiver. Feuillage : persistant. Problèmes : Sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : suppression des dommages hivernaux après le débourrement. Après la floraison, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures aoûtées à l’automne, division, semences stratifiées. Utilisation : bordure, couvre-sol, fondation, en isolé, massif, natura­ lisation, pentes, rocaille, sous-bois, attire les abeilles et les oiseaux frugivores. Zone de rusticité (site exposé) : 5a. Zone de rusticité (site protégé) : 3b.

e magnifique arbuste originaire de ColombieBritannique mériterait une plus grande utili­ sation. Il confond les non-initiés par ses « feuilles » luisantes, charnues, dentées et piquantes qui rappel­lent celles du houx. Cependant, une obser­ vation plus approfondie révèle que ce ne sont pas des feuilles, mais plutôt des folioles. En effet, il produit de grandes feuilles composées de 5 à 9 folioles. L’aspect est des plus charmeurs, d’autant plus que ses feuilles persistent toute l’année, deve­nant rouges ou bronzées à l’automne. Comme si un feuillage persistant des plus agréa­bles ne suffisait pas, cette plante nous comble par une floraison attrayante, suivie de beaux fruits, et comestibles par surcroît. Les fleurs jau­nes, délicieu­sement parfumées, forment de grands épis au printemps, et sont rem­placées par de denses grappes de baies bleu-vert devenant noires à maturité, à la fin de l’été. Goûtez-y : elles sont délicieuses ! N’attendez pas que les oiseaux le fassent à votre place. Souvent ces baies subsistent une partie de l’hiver. En plus d’être joli, le mahonia s’adapte à presque toutes les conditions : soleil, mi-ombre ou ombre, sols riches ou pauvres, humides ou secs. Il suffit tout simplement de lui assurer un bon drainage et une protection contre le vent.

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Toujours en beauté !

Le mahonia drageonne légè­ re­ ment, faisant avec le temps d’im­men­ses talles lorsqu’il pous­ se à sa guise, et convient donc comme couvre-sol. On peut difficilement parler d’en­ vahis­ se­ ment, toute progression étant facile à limiter en éliminant les plants non désirés. Si le mahonia semble presque parfait jusqu’à main­te­nant, il faut re­con­naître qu’il a aussi quelques Mahonia aquifolia en hiver défauts. Sa reprise est lente ; il faut le bichonner un peu la première année avec un paillis et des arrosages réguliers, plus une protection le premier hiver. Il croît aussi très lentement et l’on doit prévoir des plantes de rem­plissage pour égayer le site le temps qu’il prenne sa place. Mais le pire, c’est qu’il subit souvent des dégâts hivernaux. Le mahonia fait partie de ces arbustes qui se comportent mieux là où la couver­ ture neigeuse est réellement fiable. Il pousse souvent mieux en zone 4b, où l’on con­naît d’ailleurs des spécimens vieux de plus de 70 ans dans l’Est québécois, qu’en zone 5b où la neige fait souvent défaut. Ceci est dû aux vents froids hivernaux qui brûlent les feuilles supérieures. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’atteint pas au Québec son plein potentiel de 1,5 m de hauteur. C’est également la raison pour laquelle on le recommande surtout pour les coins mi-ombragés à ombragés, même s’il tolère bien le soleil : le risque de brûlure est plus grand dans les emplacements ensoleillés. À l’ombre profonde, sa croissance est plus ouverte mais facilement corri­gée par une taille annuelle pour stimuler la ramification, et sa floraison est aussi moins généreuse. Malgré tout, le mahonia donne généralement d’excellents résultats en zone 4b, voire en zone 3b, s’il est planté au nord ou à l’est des bâtiments ou des végétaux plus hauts, là où la neige s’accumule.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Mahonia aquifolia (mahonia à feuilles de houx) : voir la description ci-dessus. ❧ M. aquifolia ‘Atropurpurea’ : identique à l’espèce, mais plus pourpré l’hiver. ❧ M. aquifolia ‘Compacta’ : moins rustique (zone 5b) que l’espèce, mais souvent, grâce à sa taille plus restreinte, plus facile à protéger l’hiver. Hauteur : 0,6 à 0,8 m. ❧ M. aquifolia ‘Smaragd’ : feuillage particulièrement luisant. Nouvelles pousses rougeâtres. Dimensions identiques à celles de l’espèce. AUTRES ESPÈCES : ❧ M. repens (mahonia rampant) : plante peu connue et peu disponible, mais plus rustique dans les emplacements découverts (zone 4a) que le mahonia à feuilles de houx. Fait un excellent couvre-sol par sa faible hauteur. Feuillage bleu-vert, mat, moins piquant que son cousin et sans coloration hivernale remarquable. Le cultivar ‘Rotundifolia’ serait le plus rustique de tous les mahonias, véritablement une plante de zone 3, mais il est uniquement disponible par la poste. Ses folioles sont ovales et sans épines. Hauteur : 0,3 m. Largeur : 1,5 m.

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Sureau noir

Sambucus nigra

L

e sureau noir, appelé aussi sureau commun, est le pen­ dant eurasien du sureau du Canada (Sambucus canadensis), décrit à la page 203. Les deux se ressemblent tellement que même les botanistes ont de la difficulté à les distinguer. Il suffit toutefois d’écraser une feuille et de la sentir pour voir la différence. Le sureau du Canada n’est pas parti­ cu­ lièrement odoriférant, tandis que le sureau commun dégage une forte odeur assez désa­gré­ able, rap­pelant un peu le persil. Sous de bonnes conditions, le sureau noir devient un très gros arbuste, même un petit arbre. Par contre, il se montre un peu gélif, ce qui ralentit un peu son élan sous notre climat. Surtout dans les emplacements exposés des zones 4 et 3, il peut même geler si profondément l’hi­ver qu’il est préférable de le rabattre au sol tous les printemps.

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Sureau

noir

Sambucus nigra Noms anglais : Common Elder, European Elder. Hauteur à maturité : 1,5 à 4 m. Diamètre à maturité : 1,5 à 4 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : érigé, globulaire, devenant semi-pleureur avec l’âge. Sol : pauvre à riche, sec à humide, bien drainé, tolère les sols acides à alcalins. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : peu disponible (espèce). Bonne disponibilité (certains cultivars). Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : fruits à l’automne. Port des sujets matures. Feuillage : caduc. Problèmes : sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Perceurs, pucerons. Taille : suppression des dommages hivernaux au printemps. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées. Division. semences (espèce seulement). Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, sous-bois, attire les oiseaux frugivores, fleur parfumée, fruits comestibles, utilisations médicinales. Zone de rusticité (site exposé) : 5b. Zone de rusticité (site protégé) : 3a.

Il est donc très rustique (zone 3a) de la souche, mais moins des rameaux (seu­ lement sans dommages en zone 5b et 6). Par contre, comme il fleurit et fructifie sur le bois de l’année, cela ne l’empêche pas de se mon­trer tous ses atouts… sauf la belle silhouette des sujets âgés qu’il n’obtient pas. En effet, un sureau noir constamment rabat­tu a un port plus dense, peut-être, mais arrondi, comme tant d’autres arbus­ Sambucus nigra tes, et n’atteint qu’environ 1,5 m de hauteur et de diamètre. Seuls les sujets non taillés sont fidèles à leur renommée en prenant une jolie forme semi-pleureuse de 4 m, et même de 6 m dans leur Europe natale. Comme le sureau du Canada, le sureau noir produit des feuilles pennées, géné­­ralement à 7 folioles (parfois 5 ou 9) légèrement dentées. Mais con­trairement au sureau canadien, les folioles inférieures ne sont jamais lobées et les feuilles ne prennent que peu ou pas de coloration automnale. Au début de l’été, le sureau com­mun produit les mêmes corymbes aplatis et larges de fleurs blanc crème que le sureau du Canada, mais encore plus parfumées. Les nombreux petits fruits lustrés noirs qui mûrissent en septembre ou octobre sont généralement rapidement consom­més par les oiseaux. Ils sont comestibles… mais après cuisson seulement. Comme avec le sureau du Canada, on en fait des tartes, des sirops, des gelées et même des vins et des liqueurs. Le reste de la plante est toxique, provoquant de violentes nausées et diarrhées. Cependant, comme beaucoup de plantes toxiques, cette plante est très utilisée à des fins médicinales. Un grand avantage du sureau commun est d’être adaptable. En fait, s’il préfère les sols plutôt humides et un éclairage diffus, il croît sans peine tant dans les sols riches que pauvres, au plein soleil qu’à l’ombre profonde et supporte sans broncher la sécheresse. Il a un autre avantage, une croissance très accélérée qui bouche ra­pi­ de­ment n’importe quel trou dans le paysage. Son défaut principal ? Ceux qu’un ra­battage printanier n’indispose pas trouveront peut-être qu’il n’en a pas, mais le jardinier paresseux préféra peut-être un des sureaux indigènes n’exigeant aucune taille. Comme tout sureau, le sureau commun est parfois attaqué par un perceur qui creuse un petit trou dans la tige et en vide l’intérieur, provoquant le dépérissement de la branche atteinte. Le plus facile consiste tout simplement à couper la branche attaquée à sa base et à la brûler pour détruire la larve. Toutefois, on voit rarement plus d’une branche attaquée à la fois… et les « infestations » n’apparaissent qu’en­ viron aux 7 à 10 ans. Les pucerons sont plus visibles et plus nuisibles et il faut les chasser avec un fort jet d’eau. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Sambucus nigra (sureau noir, sureau commun) : l’espèce, décrite ci-dessus, est rarement cultivée en Amérique, mais offre de nombreux cultivars de grand intérêt. ❧ S. nigra laciniata (‘Laciniata’) : accusez-moi de parti pris si vous voulez, mais je considère cette variété comme l’un des plus jolis sureaux. Les feuilles d’un vert très foncé sont fortement découpées, quasi en lambeaux, et l’effet est tout à fait remarquable. On dirait un érable du Japon… ou un plant de

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Toujours en beauté !

persil géant, dégageant même une odeur de persil ! Quand la plante est en fleurs, l’effet est saisissant ! Semble plus rustique que l’espèce et se comporte bien, avec peu ou pas de taille, en zone 4b. 1,5 à 4 m x 1,5 à 4 m. ❧ S. nigra ‘Linearis’ (‘Heterophylla’) : feuillage encore plus découpé que ‘Laciniata’, au point de ressembler à de la dentelle. Par contre, cette forme fleurit peu ou pas et ne produit nécessairement pas de fruits. Peu disponible au Québec, bien que populaire aux États-Unis. 1,5 m x 1,5m. ❧ S. nigra ‘Nana’ : une belle forme naine, formant un joli arbuste de seulement 80 cm x 80 cm. À cause de sa petitesse, il est facile de lui trouver un emplacement à l’abri des vents hivernaux, même en zone 3, ce qui élimine tout besoin de rabattage. Il existe aussi de nombreux cultivars de sureau commun à feuillage coloré que j’ai préféré traiter à la page 340 (Des feuilles tout en couleurs). VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ S. nigra ‘Columnare’ : l’attrait de ce cultivar est son port dressé, presque en colonne… mais, sous notre climat, à cause des dommages hivernaux qui exigent un rabattage au sol, il semble encore moins rustique que l’espèce, et il a tendance à former un buisson arrondi assez ordinaire. Son feuillage crispé et condensé n’est pas particulièrement attrayant. À essayer dans les emplacements protégés des zones 5b et plus seulement. 6 m x 70 cm (zone 5b et plus), 1,5 m x 70 cm (zones 5a et moins). AUTRES ESPÈCES : S. pubens (sureau pubescent, sureau rouge, anglais : Scarlet Elder) : espèce indigène très attrayante et largement répandue à l’état sauvage, mais rarement disponible dans le commerce. Dans mon jardin, elle s’est semée toute seule à l’ombre profonde d’un tilleul. Un arbuste qui s’installe tout seul ? Rien de mieux pour le jardinier paresseux ! Feuilles à 5 à 7 folioles (rarement 3), légèrement « pubescentes » (duveteuses) à leur épa­nouis­­se­ ment, mais lisses par la suite, vert foncé à l’été, jaunes à l’automne. Port érigé arrondi. Fleurit très tôt, avant l’apparition des feuilles. Les fleurs blanc crème, modérément parfumées, sont portées en corymbes coniques et non aplatis, contrairement à l’autre sureau indigène, S. canadensis. Les petits fruits rouge vif mûrissent très tôt, en juin ou juillet, souvent au moment où le sureau du Canada est en fleurs ! On dit qu’ils sont toxiques ou, du moins, non comestibles, mais les oiseaux les adorent. Il existerait des cultivars du sureau pubescent, comme ‘Dissecta’ (à feuilles découpées et fort joli !), ‘Leucocarpa’ (à fruits blancs) et ‘Xanthocarpa’ (à fruits jaunes), mais je vous souhaite bonne chance pour les trouver : je ne les ai jamais vus à l’extérieur de certains jardins botaniques ! 4 m x 3 m. Zone 3a. ❧ S. racemosa (sureau rouge d’Europe) : le pendant européen du sureau pubescent nord-américain, décrit ci-dessus, mais avec seulement 5 folioles (S. pubens produit généralement à la fois des feuilles de 5 et de 7 fo­lio­­les sur la même plante) et un peu moins rustique. L’espèce est rarement cul­tivée, mais il en existe plusieurs formes dorées, traitées à la page 405. 3 m x 3 m en Europe, mais rarement plus de 1,5 m x 1,5 m sous notre climat. Zone 4b. ❧ S. racemosa ‘Tenuifolia’ : presque tous les sureaux ont une variante à feuilles fortement découpées et S. racemosa n’est pas en reste avec ce cultivar aux feuilles finement divisées et aux branches arquées. Il est cependant peu disponible commercialement. 1,5 m x 1,5 m. Zone 4b.

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Viorne trilobée Viorne

trilobée Viburnum trilobum Noms anglais : American Highbush Cranberry. Hauteur à maturité : 2,5-5 m. Diamètre à maturité : 2-3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide, tolère les sols acides à neutres. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : dans toutes les pépinières. Intérêt principal : fruits à l’automne et l’hiver. Intérêts secondaires : floraison printanière. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : légère susceptibilité à la galéruque de la viorne. Taille : peu nécessaire. Légèrement, après la floraison, pour favoriser une croissance plus dense. Suppression des branches de 4 à 5 ans. Taille de rajeu­ nissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées. Semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, fondation, en isolé, haie, naturalisation, pentes, platebande, sous-bois, attire les oiseaux frugivores, fruits comestibles, utilisations médicinales. Zone de rusticité : 2a.

Viburnum trilobum

V

iorne trilobée, d’accord, car ce nom aide à le situer dans le monde végétal, mais au Québec on l’appelle souvent « pimbina », un nom amé­ rindien, vous l’aurez deviné, car son fruit cons­ tituait l’un des aliments de base de nom­ breuses tribus amérin­ diennes. Cet arbuste est indigène dans presque tout le nord de l’Amérique du Nord, de la Colombie-Britannique jusqu’à Terre Neuve, de New York jusqu’à la limite des arbres, ou presque. Sa taille varie d’ailleurs en consé­quence, et il est peu probable qu’il atteigne 5 m de hauteur à Chibougamau, même s’il le peut à Montréal. Son nom « légitime », viorne trilobée, est très approprié, car il s’agit bien d’une viorne et il a bel et bien des feuilles à trois lobes, lesquelles ressemblent d’ailleurs beaucoup à des feuilles d’érable. Elles sont vert foncé, luisantes sur le dessus et gri­ sâtres au revers, parfois rougeâtres à leur épanouissement, et peuvent être très ou légèrement dentées. L’arbuste à écorce grise prend assez rapidement une silhouet­te arrondie et dense.

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Toujours en beauté !

Les fleurs blanches, sans odeur notable, regroupées en cymes aplaties, apparais­sent à la fin du printemps et durent souvent presque un mois. Chaque bouquet se compose d’un cercle d’assez grosses fleurs stériles à quatre pétales entourant une masse de petites fleurs fertiles blanches. Les fleurs semblent au moins un peu auto­fertiles, mais le nombre de fruits augmente considérablement lorsque l’on cultive au moins deux clones différents à proximité. Dans plusieurs régions du Québec, il y aurait suffisamment de sujets sauvages pour bien assurer la pollinisation des plants cultivés. Vous souhaitez sûrement que les fleurs soient pollinisées, car les fruits de la viorne trilobée représentent son plus grand attrait. Regroupés en bouquets ouverts ou denses, selon le degré de pollinisation croisée, verts au début, puis jaune vif à la mi-été pour devenir rouge flamboyant dès le début de septembre, Ils sont utilisés en cuisine, mais seulement après que le gel les touche et les rend translucides. Cuits, leur apparence et leur goût rappellent beaucoup les canneberges, que l’on nomme aussi atocas, ce qui incite les Américains à donner à cet arbuste le nom de « highbush cranberry », « canneberge élevée ». Les oiseaux ne semblent s’intéresser aux fruits très acides que lorsqu’ils ont subi un bon gel, donc rarement avant le début de l’hiver. En conséquence, les fruits non cueillis persistent longtemps sur l’arbuste, parfois jusqu’au printemps, séchant sur place tout en gardant leur coloration rouge vif qui confère à la viorne trilobée un effet magique tout l’hiver. De plus, il ne faut pas oublier que les coloris automnaux de cet arbuste sont aussi spectaculaires, surtout sur les sujets en plein soleil : jaune, puis rouge pourpré. Comme la plupart des viornes, cette espèce est de culture facile et de croissance assez rapide. Elle préfère un sol humide mais bien drainé, si possible un peu acide, et le plein soleil, mais tolère la plupart des sols, même secs, et aussi la mi-ombre. Elle survit à l’ombre, mais n’y fleurit pas. La viorne trilobée et la viorne obier (Viburnum opulus, dans le chapitre 18, Des arbustes « pensez-y bien ») se ressem­blent comme deux gouttes d’eau, car la première est, en fait l’équivalent nord-américain de l’autre, une espèce eurasiatique. Par contre, la viorne trilobée jouit d’une plus grande rusticité et, surtout, d’une meilleu­re résistance aux insectes. En effet, le terrible puceron de la viorne boule-deneige, qui fait presque enrouler les feuilles de certaines viornes en balai de sorcière, ne la touche pas, alors que la galéruque de la viorne, qui réduit parfois le feuillage de la viorne obier en dentelle, est moins problématique sur la viorne trilobée. Oui, vous allez parfois trouver des feuilles trouées, surtout si la population de galéru­ ques est particulièrement impor­tante une année, mais rare­ment de façon alarman­ te : si vous ne l’observez pas de trop près, les dommages sont peu appa­rents. Et c’est tant mieux, car le seul trai­tement logique contre la galérique est… d’attendre l’année suivante en espérant que le problème diminue ! VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : V. trilobum (viorne trilobée, pimbina) : l’espèce est très facilement disponible dans le commerce, mais il y a aussi plusieurs cultivars, tous aussi rustiques que l’espèce. ❧ V. trilobum ‘Alfredo’ : port dense et arrondi, floraison et fructifi­cation assez abondante. Similaire mais de beaucoup supérieur à ‘Compactum’ (voir Variété déconseillée), mais malheureusement encore très peu disponible. 1,5 m x 1,5 m. ❧ V. trilobum ‘Bailey Compact’ : une sélection de ‘Compactum’ avec meilleure coloration automnale : véritablement rouge vif. Peu disponible. 1,5 m x 1,5 m.

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VARIÉTÉ DÉCONSEILLÉE : ❧ V. trilobum ‘Compactum’ : variété naine très populaire, surtout employée pour les haies libres, mais à floraison et fructification faibles, pour ne pas dire inexistantes, et à coloration automnale incertaine. De plus, c’est la seule viorne trilobée qui semble très sensible à la galéruque. ‘Alfredo’ et ‘Bailey Compact’ (voir ci-dessus), de taille similaire, mais plus attrayants et rarement touchés par la galéru­que, mériteraient de remplacer ce cultivar désor­ mais dépassé. 1,5 m x 1 m.

Toujours en beauté !

❧ V. trilobum ‘Wentworth’ : variété développée pour la production commerciale des fruits. Port dense et fructification abondante et colorée, avec des fruits plus gros que ceux de l’espèce. Vous trouverez d’autres « pimbinas à fruits », tels ‘Andrews’, ‘Canber’ et ‘Hahs’, chez les pépiniéristes spécialisés en arbustes fruitiers. 2,5 m x 2,5 m.

AUTRES ESPÈCES : Il ne manque pas de viornes assez proches de la viorne trilobée par leur apparence et leur utilisation. En voici quelques-unes V. acerifolium (viorne à feuilles d’érable, anglais : Maple-leaved Arrowwood) : belle espèce indigène, Viburnuam acerifolium malheureusement peu commercialisée, aux feuilles semblables à celles de la viorne trilobée, mais de couleur automnale plus variée : rose, rouge, pourpre, etc. Port plus bas et moins dense que la trilobée. Les fleurs, portées en cymes aplaties, sont blanc crème, sans la « couronne » de fleurs stériles. Les fruits comes­tibles allongés sont noirs et persistent une bonne partie de l’hiver. Excellent remplacement pour la viorne trilobée dans les situations d’ombre forte et de sécheresse, sous des érables par exemple, mais aussi bien adaptée aux emplacements ensoleillés et humides. Un peu drageonnant : ne la planter qu’à un endroit où son développement horizontal, lent mais constant, ne présente aucun problème. Parfois sujette à la galéruque. 2 m x 2 m. Zone 3a. V. cassinoides (viorne cassinoïde, alisier, bourdaine, anglais : Appalachian Tea, Witherod Viburnum) : autre espèce indigène, mais très différente des précédentes par ses feuilles ovales simples, nullement lobées, vert foncé très lustré l’été et rouge orangé à pourpre l’automne. Port d’abord dressé, puis plus large et arrondi. Petites fleurs blanc crème à la fin du printemps ou au début de l’été, portées en denses cymes généralement aplaties mais arquées sur le pourtour. Fruits pointus nombreux, en bouquets très denses, presque comme ceux des sureaux. Ils passent du vert au rose, rouge, bleu et noir, présentant souvent toutes ces couleurs en même temps. Croît bien au soleil comme à l’ombre, et tolère les emplacements secs tout en préférant des conditions plus humides car dans la nature, la plante croît souvent en bordure de l’eau et dans les tourbières. C’est une magnifique espèce, très décorative, qui mériterait une plus vaste distribution commerciale. 1,5 m x 1,2 m (jusqu’à 3 m x 3 m dans des conditions très clémentes). Zone 2a. ❧ V. cassinoides ‘Appalache’ : variété à fruits roses et bleus. Feuilles luisantes. 1,5 m x 1,2 m. Zone 2a.

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Toujours en beauté !

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❧ V. dentatum (viorne dentée, anglais : Arrowwood, Arrowwood Viburnum) : viorne « presque indigène » au Québec, puisqu’elle se trouve au Nouveau-Brunswick et dans tous les états septentrionaux des États-Unis, mais sans apparemment traverser Viburnum dentatum la frontière ! Espèce très attrayante qui devient enfin largement dispo­ nible en pépinière. Le nom « Arrowwood » (bois de flèche) est dû aux Amérindiens qui utili­saient ses racines très droites pour la fabrica­tion des flèches. Arbuste à croissance dense, arron­die, aux branches d’abord dressées puis éventuellement arquées, excellent pour un écran ou une haie. Étant cependant un peu drageonnant, on peut contrôler son expansion au moyen d’une barrière enfoncée dans le sol. Les feuilles sont simples, ovales, grossièrement dentées (d’où le nom V. dentatum) et lustrées, à pétiole court, vert foncé l’été et pourpres ou rouges à l’automne. Comme la plupart des viornes, ses fleurs sont blanches, aux étamines jaunes, et portées en cymes aplaties. Leur odeur est peu remarquable et plutôt désagréable si l’on plonge le nez dans une cyme pleinement épanouie. Les denses grappes de fruits sont bleues, devenant noires à pleine maturité, et persistent une bonne partie de l’hiver. Cette viorne est sensible à la galéruque, mais si certains plants sont très touchés, d’autres sont complètement épargnés et on commence à offrir des sélections spécifiques pour diminuer ce problème, tel ‘Synnestvedt’ (voir ci-dessus). 2 à 6 m x 2 à 4,5 m. Zone 2a. ❧ V. dentatum ‘Morton’ (Northern Burgundy®) : l’une des viornes dentées de la nouvelle série Chicagoland, développée dans la région de Chicago. Port érigé arrondi. Coloration pourpre à l’automne. Abondants fruits bleunoir. 3 m x 3 m. Zone 3a. ❧ V. dentatum ‘Perle Bleue’ : diffère de l’espèce par son port plus dense et arrondi et ses fruits particulièrement abondants qui mûrissent en un bleu uniforme. De plus en plus disponible. 2,5 m x 3 m. Zone 3a. ❧ V. dentatum ‘Ralph Senior’ (Autumn Jazz®) : autre viorne Chicagoland. Port devenant semi-pleureur, aux fruits bleus et à coloration automnale particulièrement spectaculaire. Présentement peu disponible dans le commerce. 3 m x 3,5 m. Zone 3a. ❧ V. dentatum ‘Synnestvedt’ (Chicago Lustre™) : le plus disponible de la série Chicagoland. Feuillage particulièrement lustré. Port érigé, bien arrondi au sommet. Très florifère. Réputé pour sa très grande résistance à la galéruque. 3 m x 3 m. Zone 3a. V. rafinesquianum (viorne de Rafinesque) : arbuste indigène très proche de Viburnum dentatum et considéré par plusieurs botanistes comme étant une variante de celui-ci. Il diffère surtout de Viburnum dentatum par un pétiole quasi absent : ainsi les bases des feuilles opposées se touchent, donnant l’impression d’une seule feuille transpercée par la tige. Aucune distribution commerciale actuellement. Faiblement à moyennement sujette à la galéruque. 2 m x 2 m. Zone 2a.

DES FLEURS en début de saison

S

’il y a une période de l’année où les fleurs sont les plus appréciées, c’est au printemps. Après un hiver blanc, long et souvent gris… la hâte de voir les premières fleurs devient impé­rative. Et les ar­bus­tes se classent parmi les premiers dans la liste des végétaux à belle floraison printanière. Fort heureusement, le printemps est la principale saison de floraison des arbus­ tes. Lorsque l’on pense à un « arbuste à fleurs », c’est presque toujours une variété à floraison printanière qui nous vient à l’esprit : lilas, forsythia, saule, etc. Même, en horticulture, on a tendance à utili­ser le terme « ar­buste à fleurs » pour les espèces à floraison prin­ta­nière : il faut presque préciser « arbus­­te à florai­son estivale » pour inclure les arbustes qui fleu­rissent après le printemps. Les branches de saule sont particulièrement faciles à forcer.

UNE FLORAISON HÂTIVE, UNE TAILLE PLUS TARDIVE Rappelez-vous cependant que pour fleurir aussi tôt au printemps, l’arbuste doit pré­ parer sa floraison… l’été précédent. Tous les arbustes décrits dans ce chapitre s’épa­ nouissent sur le vieux bois. Autrement dit, les bou­tons se forment sur les tiges pro­dui­ tes l’été précédent et dorment tout l’hiver sur le plant. Il ne faut donc jamais tailler un arbuste à floraison printanière à la fonte des neiges.

Amandier nain de Russie Bois joli Cerisier tomenteux

Le

forçage des branches

Le printemps n’arrive jamais assez tôt pour vous ? Sachez que vous pouvez « forcer » des rameaux d’arbustes à florai­son printanière afin d’obtenir une floraison hâtive dans la maison. La technique convient à tous les arbustes à florai­son printanière, mais plus spécialement à ceux qui fleu­ris­sent très, très tôt dans le jardin, comme les saules, les for­sythias, les aman­diers, etc., car ils sont prêts à forcer dès que leurs boutons commencent à gonfler quelque peu, sou­vent dès la fin de février. Aussi, ils éclosent très rapi­ dement en forçage, en une semaine ou moins. À titre de compa­rai­son, les boutons floraux des arbustes à floraison prin­tanière, mais plus tardifs, comme le lilas, ne com­men­ cent à gonfler que vers le début d’avril et exigent au moins deux semaines de forçage pour y arriver. La technique est très facile. Coupez tout simplement des branches chargées de boutons (les boutons à fleurs se reconnaissent facilement, car ils sont plus gros que les bourgeons de feuilles) et plongez-les dans une baignoire d’eau froide pour leur permettre de dégeler doucement. Après 2 ou 3 heures de « conditionnement », recoupez les tiges en fendillant l’extrémité inférieure pour augmenter la surface d’absorption. Ensuite, placez les branches dans une vase rempli d’eau fraîche, changez l’eau quoti­dien­ne­ ment… et vous aurez bientôt de belles fleurs !

Cognassier du Japon Pivoine en arbre Saule à chatons

Seringat Spirées à floraison printanière

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Amandier nain de Russie Amandier de Russie

nain

Photo : Daniel Fortin, Jardin botanique de Montréal.

Prunus tenella

Prunus tenella

L

Noms anglais : Russian Almond, Dwarf Russian Almond. Hauteur à maturité : 1 à 1,5 m. Diamètre à maturité : 1,0 m. Emplacement : soleil. Port : évasé. Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide. Tolère les sols acides à neutres. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage luisant estival. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : flétrissure verticillienne, brûlure bactérienne, chenilles. Taille : après la floraison, si néces­ saire, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Suppression des branches de 4 à 5 ans. Multiplication : greffage. Bou­ tures herbacées ou semi-aoûtées. Semences vernalisées. Utilisation : bordure, écran, haie, fondation, en isolé, massif, pentes, plate-bande, fleur coupée. Zone de rusticité : 2a.

e genre Prunus crée souvent de la confusion chez les jardiniers, car ils y trouvent une multi­ tude de plantes très différentes, dont les cerisiers, les pruniers, les amandiers, et les pê­ chers. Les botanistes n’y voient qu’un seul genre complexe de quelque 400 espèces. Parmi ces nom­­­breuses espèces, on appelle amandiers celles à fruits duveteux et à chair mince entourant un gros noyau. Le véritable amandier, au noyau comestible, Prunus dulcis, est un arbre à jolies fleurs blanches ou roses, mais il n’est pas assez rustique pour notre climat. Il existe toutefois plusieurs amandiers arbustifs plus résistants au froid que l’on ne cultive toutefois pas pour leurs amandes non comestibles, mais pour leurs fleurs. Je décris ici trois espèces d’amandier … et j’ai décidé de commencer par la moins courante. Non, ce n’est pas que je tienne à vous embêter avec une plante difficile à trouver, mais l’amandier nain de Russie (P. tenella) est tout simplement beaucoup plus facile à cultiver que ses cousins… et pourquoi se compliquer la vie inutilement ? Il est notamment très résistant au froid… la normalité pour un arbuste d’origine sibérienne ! Des trois espèces d’amandier décrites ici, l’amandier nain de Russie a la taille la plus petite, attei­gnant rarement plus de 1,5 m. Il produit des fleurs rose moyen, parfumées, sans pé­don­cule… en si grand nombre que les tiges en sont littéralement couvertes. N’hésitez pas à prélever quelques tiges pour les arrangements floraux.

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Des fleurs en début de saison

Grâce à ses feuilles étroites et luisantes apparaissant après la floraison, l’arbuste évasé, densément feuillu pour un amandier, demeure attrayant l’été et prend une jolie teinte jaune orangé à l’automne, alors que les autres amandiers ne sont intéressants qu’à la floraison. À part son écorce brun clair, l’amandier nain n’a que peu d’attraits hivernaux, car ses rameaux sont peu nombreux et l’arbuste semble plutôt chétif. Pourtant, trois saisons d’intérêt, c’est déjà excellent pour un Prunus, et dans les Prairies où sa grande rusticité est très appréciée, il est devenu un arbuste à haie populaire. Dans sa Sibérie natale, on extrait des noyaux une huile parfumée. Semblables à des petites pêches brunes particulièrement poilues, c’est à l’au­ tomne que ses fruits, se manifestent… mais uniquement s’il y a un pollinisateur dans les environs, car comme chez la plupart des Prunus d’ailleurs, il n’y a pas de pollinisation directe (auto-pollinisation) chez cet arbuste. L’amandier nain de Russie peut être pollinisé par d’autres cultivars de la même espèce ou par des cerisiers ou pruniers… si leur floraison a lieu en même temps. Il ne peut pas être pollinisé efficacement par les autres amandiers décrits ici, car leurs fleurs sont souvent telle­ment doubles que les insectes pollinisateurs ne parviennent pas à atteindre le pollen ! Voilà pour les « fleurs » ; maintenant le « pot » ! En général, les amandiers sont des arbustes de courte vie, sujets à plusieurs maladies et insectes, notamment à la brûlure bactérienne. Vous trouverez des solutions à ces problèmes dans Les ennemis des arbustes à partir de la page 129. Cependant, des trois amandiers, c’est l’amandier nain de Russie qui résiste le mieux aux parasites. On peut donc l’utiliser sans crainte de problèmes majeurs. De plus, les pépiniéristes adoptent souvent la voie la plus facile et greffent les amandiers sur des pieds de prunier, car le bouturage est plus lent et moins sûr. Or, c’est presque toujours le prunier qui l’emporte. Vous trouverez des solutions au problème dans Repousse à partir du porte-greffe à la page 154. Une fois affranchi, l’amandier nain de Russie tend cependant à produire de multiples drageons et exige un certain contrôle. L’idéal consiste à le planter dans un lieu confiné où il ne peut devenir envahissant. À part sa susceptibilité aux maladies et sa tendance à drageonner, cette plante ne présente pas de difficultés particulières au niveau de la culture. L’amandier s’adapte à la plupart des sols bien drainés, mais préfère le plein soleil ou seulement un peu d’ombre. Il n’est pas sujet à la brûlure hivernale et exige alors peu de taille. S’il faut le tailler, faites-le après la chute des fleurs. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ P. tenella (amandier nain de Russie) : l’espèce est parfois offerte en vente, mais moins souvent que ‘Fire Hill’. ❧ P. tenella ‘Alba’ : si vous préférez le blanc… mais ce cultivar n’est pas actuellement disponible dans le commerce. 1 à 1,5 m x 1 m. Zone 2a. ❧ P. tenella ‘Fire Hill’ : c’est le cultivar offert le plus souvent : identique à l’espèce mais à fleurs rose plus intense. 1 à 1,5 m x 1 m. Zone 2a. AUTRES ESPÈCES : ❧ Prunus triloba multiplex (amandier de Chine, anglais : Flowering Almond) : ce grand arbuste, parfois un petit arbre, est très utilisé en Chine depuis des temps immé­moriaux, car ses fleurs très doubles rose pâle, inodores, symbolisent le printemps. Les origines de cette plante se perdent dans la nuit des temps et cette espèce est inconnue à l’état sauvage. Traditionnellement, en Asie, on force commercialement cet arbuste et on le vend comme fleur coupée.

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ESPÈCE DÉCONSEILLÉE : ❧ P. glandulosa (amandier du Japon, anglais : Dwarf Flowering Almond) : l’espèce même n’est que rarement cultivée : on lui préfère sa forme double décrite ci-après. Celle-ci a des fleurs roses simples et produit des fruits rouges. 1,5 m x 1 m. Zone 5a. ❧ P. glandulosa ‘Alba Plena’ (‘Alboplena’) : une variété double, comme ‘Rosea Plena’, mais à fleurs blanches et un peu moins rustique. 1,5 m x 1 m. Zone 6a. ❧ P. glandulosa ‘Sinensis’ (‘Rosea Plena’) : c’est l’amandier le plus populaire. Trop, d’ailleurs, étant donné sa performance plutôt décevante. Plus ramifié que l’amandier nain de Russie, mais plus petit que l’amandier de Chine, l’amandier du Japon a souvent un port fort irrégulier, perdant régulièrement au gel l’extrémité de ses rameaux, voire des branches entières. De plus, sa rusticité est limitée : 5a, de préférence dans un emplacement protégé du vent. On le voit souvent planté en zone 4 et même en zone 3, mais l’arbuste ne fleurit alors qu’à sa base ou perd plusieurs branches au cours de l’hiver. Cet arbuste est très sujet aux insectes et aux maladies et n’a qu’une apparence très ordi­naire en dehors de la période de floraison. Il n’offre même pas de colo­ration appréciable à l’automne, et il a souvent une vie très courte : 7 ou 8 ans. Variété tellement double qu’elle ne produit que rare­ment des fruits. 1,5 m x 1 m. Zone 5a.

Prunus glandulosa ‘Roseo Plena’

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Photo : Jardin botanique de Montréal.

Des fleurs en début de saison

Comme l’amandier nain de Russie, cette plante fleurit avant l’épanouis­sement des feuilles et les branches sont tellement couvertes de fleurs qu’on ne les voit plus. Les feuilles, encore vert tendre, commencent à se former sous les fleurs et l’arbuste n’est donc pas dénudé lors de leur chute. Malgré le nom « trilobata » (à trois lobes), les feuilles sont plutôt entières et dentées : seules quelques feuilles ont trois lobes très distincts. Les fruits sont rares, car les fleurs sont tellement doubles qu’elles sont essentiellement stériles : si on les voit, ils sont rouges et duveteux. Tout l’arbuste prend une couleur jaune vif à la chute des feuilles, à l’automne. Malgré ses belles fleurs doubles, cette espèce est moins recommandable que l’amandier nain de Russie, car elle présente des problèmes : croissance irré­gulière, branches qui brûlent parfois l’hiver, maladies et insectes, une vie plutôt courte (normalement 10 à 15 ans pour cette espèce), etc. Elle est toutefois plus grande que l’amandier nain de Russie, pouvant atteindre 2 m de hauteur et autant de diamètre, même si 1,5 m est plus typique sous nos conditions. Sa rusticité est aussi un peu moindre, mais cette espèce se comporte toutefois assez bien en zone 3b, même si, par des hivers particulièrement froids, l’arbus­te ne fleurit qu’à sa base. ❧ Prunus triloba simplex (amandier de Chine, anglais : Flowering Almond) : comme le précédent, mais à fleurs simples rose vif et fructifiant plus fidèlement… s’il y a un pollinisateur potentiel dans le secteur. Cette espèce n’est cependant que rarement offerte. 1,5 à 2 m x 1,2 m. Zone 3b.

Bois joli

Daphne mezereum

Bois

joli Daphne mezereum Noms anglais : February Daphne. Hauteur à maturité : 90 à 120 cm. Diamètre à maturité : 80 cm. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé. Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide, légèrement acide à alcalin. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : fruits à l’été. Feuillage : caduc ou semi-persistant. Problèmes : virus, kermès. Taille : peu nécessaire. Après la floraison pour enlever les branches croisées. Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées. Semences vernalisées. Utilisation : bordure, coin humide, fondation, en isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, sousbois, attire les oiseaux frugi­vores, fleur parfumée, fleur coupée, utilisations médicinales. Zone de rusticité : 3a.

B

ois joli, bois gentil, daphné jolibois : que de noms char­ mants pour décrire cet arbuste ! Ils sont dus au fait que la partie supérieure des branches se couvrent de nombreuses petites fleurs très parfumées, au moment où les feuilles sont absentes. On l’appelle aussi mézéréon, d’un médicament dérivé de ses fruits, maintenant considéré comme étant dange­ reusement toxique. D’ailleurs, toutes les parties de la plante, fleurs, feuilles, tiges et fruits surtout, sont hautement toxi­ ques. Bois gentil ? Peut-être pas si gentil que ça ! Évidemment, il faut cultiver cette espèce hors de portée des jeunes enfants : con­ sommer aussi peu que dix fruits peut être mortel ! Par contre, considérant le bon côté des choses, les mammifères nui­ sibles, chevreuils, lièvres,

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Des fleurs en début de saison

mulots, etc., ne la touchent pas… alors que les oiseaux mangent ses fruits en toute impunité. Mis à part sa toxicité, le bois joli est très apprécié dans l’aménagement pour sa floraison extrêmement hâtive. Avec ses petites fleurs en trompette à quatre sépa­les lilas à pourprées, si fortement parfumées que l’on peut les sentir à 2 m de dis­tance, le bois joli est réellement saisissant. C’est un arbuste très dressé, peu ramifié, produisant des feuilles vert foncé sur le dessus et grisâtres en dessous, étroites et lisses, sans pétiole. Elles sont produites très densément à l’extrémité de la tige, et donnent l’impression d’un verticille, com­ men­­çant à apparaître pendant la floraison comme une simple petite touffe verte au-dessus des fleurs, et tombent tard à l’automne, encore vertes. Les petites baies d’un rouge très vif apparaissent dès juin. Elles persistent une bonne partie de l’été, en partie cachées par le feuillage : à cette saison, le bois joli gagne d’être vu de près. Les oiseaux finissent par les trouver et disséminent ainsi les graines qu’ils contiennent : il n’est pas rare de trouver des bois jolis naturalisés à l’état sauvage, sans toutefois que leur envahissement constitue une menace. On dit souvent que le bois-joli craint le plein soleil. Il n’en est rien ; ce qu’il craint, c’est la chaleur et la sécheresse. Il est alors à son plus beau dans le Nord, où les étés sont plus frisquets. Dans les régions aux étés chauds et secs, comme à Montréal, il suffit de lui donner un bon paillis pour maintenir ses racines au frais et l’irriguer au besoin : il croîtra très bien, plein soleil ou non. Malgré tout, il croît et fleurit à merveille à la mi-ombre et pousse raisonnablement bien même sous une ombre profonde. Son entretien est moindre si vous le placez à un endroit où il est protégé du soleil direct en après-midi. Notez que cette plante préfère un sol neutre ou même alcalin, et est norma­ lement plus appropriée pour l’ouest du Québec où de telles conditions sont plus courantes. Malgré tout, elle semble bien tolérer les sols légèrement acides, typiques de tant d’aménagements au Québec, mais disons qu’elle ne serait pas un bon com­ pagnon pour un arbuste acidophile comme le rhododendron ! Malheureusement, le bois joli a la réputation d’être difficile à bouturer, et le marcottage est plus sûr. L’espèce et D. mezereum alba sont toutefois fidèles au type et faciles à multiplier par semences. Extrayez les graines des fruits à l’automne et semez-les tout simplement, elles germeront sans peine le printemps suivant.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Note : Tous les cultivars ci-dessous ont les mêmes dimensions et zone de rusticité que l’espèce. ❧ Daphne mezereum (bois joli, bois gentil, daphné jolibois, mézéréon) : l’espèce, décrite ci-dessus, est encore la forme la plus vendue : fleurs rose pourpré. 90 à 120 cm x 80 cm. Zone 3a. ❧ D. mezereum alba (‘Alba’) : variante naturelle, se reproduisant fidèlement par semences, à fleurs blanc crème et à fruits jaunes. Croissance vigoureuse. ❧ D. mezereum ‘Autumnalis’ : comme l’espèce, mais refleurit parfois à l’automne. Non encore testé sous les conditions québécoises, cependant. ❧ D. mezereum ‘Bowle’s White’ : une sélection de D. mezereum alba à fleurs blanc pur. Fruits jaunes. ❧ D. mezereum ‘Rubra’ : fleurs pourpres. Fruits rouges.

AUTRES ESPÈCES : Plusieurs autres espèces de Daphne sont décrites dans le chapitre Un parfum envoûtant.

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Cerisier tomenteux Cerisier

tomenteux Prunus tomentosa Noms anglais : Nanking Cherry. Hauteur à maturité : 2-3 m. Diamètre à maturité : 2-3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire, irrégulier. Sol : riche en matière organique, bien drainé, légère­ment acide à neutre. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : excellente. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : fruits à l’été. Coloration automnale. Écorce attrayante l’hiver. Feuillage : caduc. Problèmes : flétrissure verticillienne et rongeurs. Taille : peu nécessaire. Après la flo­raison, au besoin, tailler pour favo­riser une croissance plus dense. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : greffage. Bou­ tures herbacées ou semi-aoûtées. Semences vernalisées. Utilisation : écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, platebande, attire oiseaux frugivores, fleur parfumée, fleur coupée, fruits comestibles. Zone de rusticité (site exposé) : 3a. Zone de rusticité (site protégé) : 2a.

Prunus tomentosa

V

oici un autre Prunus à découvrir, sauf qu’il ne s’a­git pas d’un amandier, mais d’un cerisier ! D’abord, « tomenteux » veut dire « qui pos­sè­de des poils denses ». C’est une référence au revers des feuilles, duveteux à souhait. La surface supérieure est aussi légèrement poilue, de même que les jeunes tiges. Les feuilles sont vert foncé, très ner­ vu­rées, dentées et ovales. Elles prennent une teinte rouge orangé à l’automne, sur­tout si l’arbuste est planté au soleil. Enfin, en hiver, si l’arbuste n’est pas complè­tement cou­vert de neige, vous pouvez admirer sa belle écorce rougeâtre qui s’exfolie comme celle d’un bouleau. Sa floraison est abondante et très hâtive. Les boutons roses de cet arbuste, originaire de l’extrême nord de la Chine, sont d’ailleurs très rustiques, résistants à des tempé­ratures de - 40˚C. Ils s’épa­nouissent pour révéler d’innombrables petites fleurs blan­ches, légèrement rosées, suavement parfumées. Elles sont portées de la base de la plante jusqu’à la tête, couvrant souvent les tiges, mê­me sur le bois vieux de deux ans. D’ailleurs, les fruits tendent à être plus nom­breux vers le bas de la plante qu’aux extrémités. Par conséquent, un peu de taille après la floraison ne réduit pas énor­mé­ ment la production de fruits. Ses cerises sont petites, écarlates et particulièrement voyantes : un véritable régal pour les yeux et la bou­che… et pour les oiseaux . Les fruits sont délicieux crus et excel­ lents dans les tartes et en confiture.

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Des fleurs en début de saison

Bien que autofertile, le cerisier tomenteux fructifie plus abondamment avec d’autres cultivars dans les environs. Il peut aussi être pollinisé par d’autres cerisiers à floraison hâtive, dont des cerisiers indigènes comme le cerisier de Pennsyl­vanie (P. pennsylvanica) et le cerisier à grappes (P. virginiana). Une année de production abon­ dante est souvent suivie par une année maigre. Le cerisier tomen­teux tolère presque tous les sols, mais se plaît particulièrement dans un sol sablonneux. Il préfère le plein soleil, mais tolère un ombrage léger. Il est beaucoup moins sus­cep­tible aux insectes et aux maladies que la plupart des Prunus. Et, comme plusieurs arbustes fruitiers, le cerisier tomenteux produit une écorce sucrée dont les rongeurs, notamment les mulots et les lièvres, sont très friands. Voir le chapitre Les ennemis des arbustes pour quelques idées sur leur contrôle.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Note : Tous les cultivars ci-dessous ont les mêmes dimensions et zone de rusticité que l’espèce. ❧ Prunus tomentosa (cerisier tomenteux, cerisier de Mandchourie) : on offre surtout des plants non identifiés en pépinière. Voir la description ci-dessus. 2 à 3 m x 2 à 3 m. Zone 3a. ❧ P. tomentosa ‘Leucocarpa’ : comme l’espèce, mais aux fruits crème. Fait intéressant, les oiseaux semblent peu s’intéresser aux fruits d’une telle couleur. Peu disponible. ❧ P. tomentosa ‘Orient’ : plus gros fruits rouge-orange. Peu disponible. ❧ P. tomentosa ‘Red Marble’ : variété cultivée commercialement pour ses fruits rouges. ❧ P. tomentosa ‘White Ruby’ : variété cultivée commercialement pour ses fruits blanc crème, peu attirants pour les oiseaux. AUTRES ESPÈCES : Voici deux autres espèces généralement arbus­tives qui méritent un essai. Vous trouverez d’autres cerisiers dans le chapitre Au ras du sol. ❧ P. besseyi (cerisier des sables1, anglais : Western Sand Cherry) : très différent en appa­rence des autres cerisiers, dont les feuilles sont habituel­lement vert foncé, celui-ci provenant des Prairies est très rustique et produit des feuilles vert grisâtre. Vers la fin du printemps, il donne de nombreuses petites fleurs blanches qui recouvrent complètement les branches. Elles sont suivies en juillet ou août de cerises très sucrées, d’un noir brillant. Notez bien que les cerises jusqu’à la maturation complète, demeurent sûres à faire la grimace, puis deviennent subitement aussi sucrées qu’une cerise douce… et attirent tout autant les oiseaux ! Le port du cerisier des sables est plutôt dressé, mais devient semi-pleureur à la longue. Il demande les mêmes conditions que le cerisier tomenteux, mais tolère encore mieux les sols alca­lins et secs. Il drageonne abondamment, et serait alors très intéressant comme arbuste à naturaliser sur un talus menacé d’érosion. Parce que ce cerisier est assez sujet à la brûlure bacté­rienne, évitez de le planter près des pruniers et des cerisiers sauvages, souvent hôtes de cette maladie. Et, comme pour tous les cerisiers, attention aux rongeurs pendant l’hiver ! 1,5 m x 1,5 m. Zone 2a. ❧ P. besseyi ‘Hans’ : le cerisier des sables a fait l’objet de nombreuses études pour la production commerciale des fruits. ‘Hans’ est une de ces variétés (‘Fritz’, ‘Black Beauty’ et ‘Hansen’s’ en sont d’autres). Il est intéressant d’en planter au moins deux pour assurer une bonne pollinisation. Disponible dans les pépinières spécia­lisées dans les petits fruits. 1,5 m x 1,5 m. Zone 2a. ❧ P. fruticosa (cerisier frutescent, anglais : European Ground Cherry) : similaire à P. besseyi, mais plus petit et aux feuilles joliment lustrées. Plus petits et rouge vin. Aussi un peu moins rustique : zone 4. 1 m x 1 m.

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1

À ne pas confondre avec le prunier pourpre des sables : P. x cistena, page 320

Cognassier du Japon

Cognassier

du Japon

Chaenomeles japonica Noms anglais : Flowering Quince. Hauteur à maturité : 50 à 100 cm. Diamètre à maturité : 1 à 1,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : étalé, irrégulier. Sol : tout sol bien drainé, acide à neutre. Résistance au sel. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : fruits comestibles. Feuillage : caduc. Problèmes : sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : suppression des dommages hivernaux au prin­temps, après le débourrement. Après la floraison, si néces­saire, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées. Semences vernalisées. Utilisation : bord de mer, bordure, fondation, en isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, attire les colibris, fleur coupée, fruits comestibles, utilisations médicinales. Zone de rusticité (site exposé) : 5b. Zone de rusticité (site protégé) : 4b.

Chaenomeles x superba ‘Crimson and Gold’

T

rès honnêtement, si ce n’était pour ses magni­ fi­ ques fleurs, presque personne ne cultiverait sans doute le co­ gnassier du Japon, car son appa­ rence est « très quel­ con­ que » en dehors de la flo­rai­son. Ses fleurs sont cepen­dant telle­ ment uniques, que l’on peut facilement lui par­ donner son manque d’inté­ rêt à d’autres saisons. Ses fleurs en coupe attirent les regards, forte­ment colorées de différentes teintes de rouge, orange, rose et blanc, selon le cultivar, et mises en valeur par des étamines jaunes très contrastantes. Elles sont éton­ namment grosses, de 4 à 6,5 cm de diamètre, une taille plus que respectable pour un arbuste à floraison si hâtive. À mes yeux, la fleur rappelle un petit

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Des fleurs en début de saison

camélia. Sa beauté est telle que l’ajout de quelques branches de cognassier est presque de rigueur dans les arrangements floraux à la japonaise. Ne pensez cependant pas que les branches sont entièrement recouvertes de fleurs, comme chez les amandiers et les cerisiers. Non, elles sont placées indivi­ duellement ici et là, parfois par petits groupes. De plus, elles s’ouvrent souvent à l’intérieur de la ramure, non à l’extérieur, ce qui réduit de beaucoup leur effet, surtout si l’on considère que les feuilles commencent à apparaître en même temps que les fleurs et finissent par les cacher en partie. L’arbuste fleurit très tôt, et l’on dit même que les fleurs peuvent s’épanouir dès le mois de janvier dans le Sud ! À cause de cela, les boutons risquent de geler si un redoux stimule un débourrement trop hâtif. C’est pourquoi il vaut mieux placer le cognassier du Japon là où la neige s’accumule, ce qui retarde sa croissance, et à l’abri du vent. En Europe, on cultive souvent le cognassier du Japon en espalier, contre un mur, de façon à stimuler une floraison particulièrement hâtive, mais une telle culture n’est pas recommandée dans les régions nordiques, car la chaleur réfléchie par le mur tend à stimuler une croissance beaucoup trop hâtive qui subira certainement un gel par une froide nuit de printemps. Le port du cognassier du Japon est très irrégulier. Certains cultivars sont plutôt dressés lorsqu’ils sont jeunes, devenant étalés avec le temps. D’autres sont presque rampants. Leur silhouette est aussi influencée par notre climat, car les extrémités des branches supérieures ont tendance à geler et les branches latérales à se déve­ lop­per davantage. Souvent très entremêlées, les branches portent habituellement des épines acérées, faisant du cognassier du Japon un arbuste intéressant pour une haie défensive. Il faut cependant noter que certaines variétés sont inermes (dépour­vues d’aiguillons). Durant l’été, l’arbuste est recouvert de petites feuilles oblongues, vert luisant, qui tombent à l’automne, sans changer de couleur. Mais leur chute réserve une surprise : durant l’été, cachés dans l’enchevêtrement des branches et des feuilles, se sont parfois développés d’assez gros fruits semblables à des pommes. Ces « coings » sont jaune verdâtre, parfois teintés de rouge, et couverts de petits points. Ils sont durs et très acides : comestibles, oui, mais seule­ment après un bon gel qui augmente leur taux de sucre… et de plus, il faut les faire cuire. Les coings sont très riches en vitamines, notamment la vitamine C. On en fait des sirops et des confitures ; en Chine et au Japon, on en tire de plus des produits médicinaux. Les fruits du cognassier du Japon ne sont pas cependant les véritables coings connus des jardiniers européens. Ceux-ci proviennent d’un arbre très proche parent, le cognassier commun (Cydonia oblonga), pas suffisamment rustique pour être cultivé au Québec. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES :

❧ Chaenomeles japonica (cognassier du Japon ; anglais : Japanese Flowering Quince) : il y a en fait trois cognassiers du Japon, celuiChaenomeles speciosa

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Des fleurs en début de saison

ci et les suivants, mais le langage populaire ne distingue pas entre les trois : ils portent tous le même nom commun. En pépinière aussi, et ne vous attendez pas à ce qu’on vous souligne la différence : souvent on vend tous les cultivars sous le nom de C. japonica, peu importe l’espèce véritable. Pour les curieux, sachez que c’est l’espèce Chaenomeles japonica décrite dans ce paragra­phe qui est la plus rustique, mais à peine plus que les deux autres. C’est la variété la plus basse des trois, souvent presque rampante, de nature drageonnante. Elle fait donc un couvresol intéressant… mais une moins bonne haie. Fleurs rouges, orange ou pourpres. 0,5 à 1 m x 1,2 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ C. japonica ‘Sargentii’ : port presque prostré. Fleurs assez abon­dantes, orange saumoné. C’est le seul cultivar communément offert. 50 cm x 1,2 m. Même rusticité que l’espèce. ❧ C. speciosa (cognassier du Japon ; anglais : Common Flowering Quince) : espèce à feuilles plus grosses et aussi plus dressée, atteignant jusqu’à 3 m sous un climat plus doux, mais rarement plus de 1,5 m au Québec. Il en existe de nombreux cultivars dans une gamme de couleurs allant de blanc à écarlate, parfois à fleurs doubles, mais l’espèce d’origine a des fleurs écarlates ou rouges. 1,5 m x 1 m. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ C. speciosa ‘Nivalis’ : fleurs blanches. 1,5 m x 1 m. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ C. speciosa ‘Rubra’ : fleurs simples rouges. Port plus prostré (50 cm x 1,2 m). Bonne rusticité : zone 5b (4b en site protégé). 1,5 m x 1 m. ❧ C. speciosa ‘Rubra Grandiflora’ : grandes fleurs rouge clair. 1,5 m x 1 m. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ C. speciosa ‘Simonii’ : fleurs rouge foncé semi-doubles à doubles. 1,5 m x 1 m. Zone 6a (4b si protégée). ❧ C. speciosa ‘Toyo-nishiki’ : fleurs variables: blanches, roses, rouges ou bicolores sur le même plant. 1,5 m x 1 m. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ C. x superba (cognassier du Japon, anglais : Hybrid Flowering Quince) : le résultat d’un croisement entre C. japonica et C. speciosa, avec des caractéristiques intermédiaires entre les deux, notamment au niveau des dimensions. 1,0 m x 1,5 m. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ C. x superba ‘Crimson and Gold’ : grosses fleurs rouges aux éta­mines jaunes très contrastantes. 1,0 m x 1,5 m. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ C. x superba ’Fire Dance’ : grandes fleurs rouge camion de pompier. 90 cm x 90 cm. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ C. x superba ‘Nicoline’ : fleur rouge écarlate. 1 m x 90 cm. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ C. x superba ‘Pink Lady’ : fleur simple rose foncé. Port plutôt rampant. 90 cm x 90 cm. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ C. x superba ‘Texas Scarlet’ : rouge tomate. Très florifère. Sem­ble plus rustique que la moyenne : zone 5b (4b en site protégé). 1,0 m x 1,5 m.

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Pivoine en arbre

Paeonia suffruticosa

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Pivoine en arbre a façon dont cet arbuste ma­gni­fique est traité dans la Paeonia suffruticosa littérature québécoise est presque Noms anglais : Tree Peony. honteuse : on a l’im­pres­sion qu’il Hauteur à maturité : 1 à 2 m (parfois 3 m). s’agit une plante difficile, cul­ti­va­ Diamètre à maturité : 1 à 2 m (parfois 3 m). ble seulement avec le même gen­re Emplacement : soleil ou mi-ombre. de protec­tion qu’un rosier hy­bride Port : globulaire, irrégulier. de thé  : buttage, géo­ textile, etc. Sol : riche, bien drainé, humide, légèrement acide Il n’en est rien. Le se­ cret de la à neutre. Tolère mal le sel et le compactage. culture de la pivoine en arbre Disponibilité : bonne à faible. consiste à lui trouver un em­pla­ Intérêt principal : floraison printanière. cement conve­nable, c’est tout. Intérêts secondaires : feuillage découpé. La pivoine en arbre n’a rien Feuillage : caduc. à voir avec la pivoine de jardin Problèmes : pourriture grise. habi­tuelle (Paeonia lactifolia ou Taille : peu nécessaire. Supprimer les dommages P. offici­­nalis), appelée pivoine hivernaux au printemps. her­bacée. Il s’agit d’un véritable Multiplication : division, marcottage, semences vernalisées. ar­bus­te, portant des branches peu Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, rami­fiées, très épaisses, souvent haie, massif, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur un peu tordues et recou­ vertes parfumée, utilisations médicinales. d’une écorce écail­leuse. Ses bran­ Zone de rusticité (site exposé) : 6a. ches ne meurent pas au sol Zone de rusticité (site protégé) : 4a (3a pour certaines l’hiver, mais s’allongent d’année variétés). en année. On trouve, au Québec, des pivoines en arbre de plus de 2 m de hauteur et de diamètre. Les feuilles des pivoines en arbre diffèrent aussi de celles des pivoines herbacées : plus grosses, diversement découpées en segments plus larges, vert clair et générale­ ment peu ou pas luisantes. L’effet est d’ailleurs des plus jolis, surtout sur un spécimen 244

Des fleurs en début de saison

adulte, plus fourni. Chez la plupart des cultivars, il n’y a aucun changement de couleur no­table à l’automne. L’attrait principal de l’arbuste réside dans sa floraison. Tôt, ou tard au prin­temps, selon le cultivar, il produit d’énormes fleurs, mesurant de 10 à 35 cm de diamètre ! Elles peuvent être simples ou semi-doubles, bien que les formes doubles soient les plus populaires, et viennent dans une gamme très étendue de blanc, rose, rouge, orange, jaune, violet, bicolores et, même vert pâle. Le spectacle du­re long­temps, car la pivoine en arbre s’épanouit généralement pendant près de 4 se­maines. Cer­taines pi­voines en arbre produisent des fleurs très parfumées, d’autres peu ou pas du tout. Habituellement, la pivoine en arbre ne commence à fleurir que la troisième ou qua­trième année suivant la plantation, ne produisant alors que quelques fleurs. Après une dizaine d’années de culture, la plante commence à prendre de l’expansion et sa floraison devient plus abondante. La pivoine en arbre n’est pas de culture difficile… si vous jouissez des conditions nécessaires. D’abord, si elle tolère le plein soleil, on la cultive généralement à la mi-ombre, lui évitant surtout le soleil de l’après-midi qui peut brûler ses énormes fleurs. Cet emplacement contribue aussi à retarder la florai­son : trop au soleil, dans un endroit trop chaud, les boutons peuvent s’épanouir préco­cement et souffrir du gel. L’idéal est de la cultiver là où beaucoup de neige s’accumule, ce qui retardera suf­fi­samment sa floraison. De plus, une protection contre le vent est essentielle . Enfin, il faut dire que cet arbuste est parmi ceux qui se comportent souvent mieux dans les régions froides que dans le sud du Québec. L’abondance et la durée de la neige en zone 4, et même en zone 3, permettent à l’arbuste de passer l’hiver sans exiger la moindre attention. Sa culture est plus délicate à Montréal, où la neige est trop rare ou fond trop rapidement. À titre de com­paraison, les pivoines en arbre du Jardin botanique de Montréal (zone 5b) doivent être généreusement protégées avec du géotextile pour l’hiver, alors que celles du Jardin Roger-Van den Hende, à Sainte-Foy (zone 4b), beau­coup plus grosses et beaucoup plus florifères, ne bénéficient d’aucune protection que celle offerte par Dame Nature. L’autre défaut de la pivoine en arbre est son prix exorbitant. D’accord, on trouve parfois des aubaines pour les très jeunes arbustes fraîchement greffés, sans nom, généralement importés de Chine. N’hésitez pas à les acheter, surtout si vous voulez seulement essayer cette espèce sous vos conditions. Les variétés étiquetées d’un nom de cultivar se vendent souvent beaucoup plus cher et ne sont pas nécessairement plus matures. Et les variétés de collection… eh bien, dites-vous que $100 et plus est un investissement assez modeste pour un arbuste qui peut facilement vivre plus de 100 ans, et dont vos arrière arrière-petits-enfants pourront aussi profiter ! Au printemps ou à l’automne, la pivoine en arbre est parfois offerte à racines nues et doit alors être plantée rapidement. Les arbustes vendus en pot, par contre, peuvent être plantés en toute saison. À l’occasion on trouve des divisions de pivoine arbustive et on peut alors les planter à la profondeur d’origine, indiquée par la marque laissée sur le tronc. Dans 99% des cas, cependant, vous recevrez une pivoine en arbre greffée sur une racine de pivoine herbacée. Il faut alors localiser le point de greffe, facilement identifiable par le changement de texture entre les deux plantes et la racine de l’espèce herbacée généralement beaucoup plus épaisse que la tige de l’espèce arbustive. C’est important car, sous notre climat, il faut enterrer ce point de greffe à environ 10 cm de profondeur. Cette plantation plus profonde a trois effets : elle protège ce point délicat de l’action très néfaste du gel et du dégel, encourage la partie supérieure (la pivoine en arbre) à produire ses propres racines avec le temps et empêche la pivoine herbacée de produire des feuilles. À l’occasion, on voit néan­moins des feuilles non conformes au type surgir du sol ; ce sont les feuilles du porte-greffe herbacé qu’il faut supprimer pour éviter pour que le porte-greffe domine l’arbuste désiré. Même le jardinier paresseux se donnera la peine de protéger sa pivoine en arbre pour le premier hiver, car l’arbuste émet peu de racines la première année et risque

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Des fleurs en début de saison

d’être déchaussé par l’action du gel et du dégel. Un bon paillis épais (30 à 45 cm) de feuilles mortes déchiquetées est tout ce qu’il vous faut. Après, si l’emplacement est bien choisi, aucune autre protection que celle offerte par Dame Nature n’est requise. D’ail­leurs, l’espèce d’origine, (P. suffruticosa), croît en bordure des glaciers dans les mon­ ta­gnes du nord de la Chine et est rustique jusqu’en zone 3a. Les hybrides modernes, notamment ceux à fleurs jaunes, reçoivent cependant une part des gènes des pivoines arbustives plus gélives, telle P. lutea, et peuvent être moins rustiques, d’où les recom­ mandations de zone 6b dans les emplacements exposés et de 4a en aire protégée. L’entretien de la pivoine en arbre est minimal, consistant surtout à tailler pour supprimer toute section morte ou cassée par la neige au cours de l’hiver. La pivoine en arbre aime un sol riche, mais il faut éviter d’appliquer trop d’engrais de synthèse, notamment ceux riches en azote qui semblent provoquer une croissance rapide… rapide pour une pivoine en arbre, mais gélive et fragile. Un engrais biologique à ac­tion lente, ou tout simplement la décomposition naturelle du paillis placé à son pied, suffira comme engrais. La réussite du bouturage des pivoines arbustes est rarissime et seulement les jardiniers les plus osés s’aventurent à multiplier les pivoines en arbres par greffage. Quant aux semences, elles sont totalement indisponibles et, de toute façon, ne sont pas fidèles au type. Reste la division comme unique moyen de multiplication maison. En fait, elle est facile à faire avec des arbustes matures, car ils drageonnent avec le temps… mais de tels spécimens sont présentement très rares au Québec. En général, qui veut une pivoine en arbre doit l’acheter ! Habituellement, la pivoine en arbre ne présente absolu­ment pas de problèmes d’insecte ou de maladie.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Note : Tous les cultivars ci-dessous ont les mêmes dimensions et zones de rusticité que l’espèce. ❧ Paeonia suffruticosa, syn. P. moutan, P. arborea (pivoine en arbre) : en fait, l’espèce, à fleurs blanches à rouges, n’est jamais offerte, mais plutôt des hybrides complexes, abondamment croisés avec d’autres espèces de pivoine en arbre. Cet arbuste vénérable est cultivé en Chine depuis plus de 1 500 ans, où il est autant apprécié, sinon plus, que le rosier ! En Orient, on compte plus de 1 000 cultivars. Au Québec, malheureusement, on a tendance à nous vendre que des plants uniquement identifiés par la couleur : rouge, rose, jaune, blanc, etc. Attendez-vous à obtenir une variété à grosses fleurs doubles, car ce sont les plus populaires, mais vous ne connaîtrez sa teinte exacte qu’avec le temps. Certaines pépinières spécialisées offrent toute­fois des varié­tés étiquetées. Difficile, cependant, de prévoir quels sont, parmi les quelques 1 000 cultivars existants, ceux qui aboutiront un jour dans nos pépinières ! 1 à 3 m x 1 à 3 m. Zone 6a (4b en site protégé). AUTRE ESPÈCE : ❧ P. rockii (P. suffruticosa rockii, ‘Joseph Rock’) : fleur simple à semi-double de 22 cm, blanche à grosses macules noires. Mi-saison. Léger parfum. Feuillage pourpré. Très populaire auprès des collectionneurs, mais malheureusement très dispendieuse. ESPÈCE DÉCONSEILLÉE : ❧ P. lutea (pivoine en arbre, espèce originale jaune, parent donc de toutes les variétés jaunes et orangées. Petite fleur simple jaune vif de 5 à 6 cm, très tardive. Aucun parfum. Feuilles joliment découpées. Malheureu­se­ment, de rusticité limitée : zone 6a.

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Saule à chatons Saule

à chatons

Noms anglais : Pussy Willow. Hauteur à maturité : 8 m. Diamètre à maturité : 4 m. Emplacement : soleil. Port : érigé, globulaire. Sol : tout sol acide à neutre, de préférence humide. Tolère mal le sel. Supporte le compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage estival. Feuillage : caduc. Problèmes : chancre, autres maladies ; charançons, autres insectes. Taille : rabattage au sol à tous les 3 ou 4 ans. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, marcottage, semences fraîches. Utilisation : arrière-plan, bordure, coin humide, écran, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, fleur coupée, fleur parfumée, utilisations médicinales. Zone de rusticité : 2a.

Photo : Jardin botanique de Montréal.

Salix discolor et autres

Salix discolor

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e nom saule discolore ne vous dit rien ? Essayez « chaton » ! Eh bien, ce grand arbuste ou petit arbre indigène est le saule à chatons, connus de tous les enfants. Ces petites inflorescences couvertes de poils gris sortent très, très tôt, habituellement fin mars, sou­vent lorsqu’il y a encore de la neige au pied de l’arbuste, et sont les premières fleurs du printemps presque partout en Amérique du Nord. On ne peut pas dire que la floraison des saules soit particulièrement saisissante car il faut être assez près pour la remarquer, mais quel baume sur l’âme de voir ces premières fleurs annonciatrices d’un printemps sur le point d’arriver ! Tous les saules produisent des chatons, mais le saule discolore est le saule à chatons au Québec. D’abord, parce qu’il est si répandu à l’état sauvage, étant présent absolument partout dans l’est de l’Amérique du Nord, que ses chatons apparaissent bien avant ses feuilles et ne sont donc pas cachés par elles, et enfin, qu’ils sont particulièrement gros. Les arbustes mâles ont les chatons les plus séduisants, plus denses, couverts d’étamines jaunes, pendant un certain temps, et sont même parfumés à cette période. C’est pourquoi, chez tous les saules « à chatons », seuls les mâles sont généralement cultivés. Aussi, les mâles ne produisent pas les graines enveloppées de « coton » qui volètent partout, s’agglutinant sur nos pelouses, nos plates-bandes et nos vêtements à sécher sur les cordes à linge … ce qui n’est pas vraiment apprécié.

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Des fleurs en début de saison

Le saule discolore est un grand arbuste devenant facilement un petit arbre si on le laisse faire. Ses feuilles lancéolées, s’épanouissant plusieurs semaines après la flo­rai­son, sont « discolores » (de deux couleurs) : rougeâtres et duveteuses à l’épanouis­ sement, deve­nant à maturité, lisses, vert moyen sur le dessus et bleu-gris au revers. Son effet estival est intéressant, mais pas plus. Ses feuilles peuvent jaunir un peu avant de tomber, mais ne sont pas particulièrement saisissantes. Sachez en passant que l’identification précise des saules est très difficile. Il en existe plus de 300 espèces, dont plus de 40 espèces indigènes au Québec, en plus des saules naturalisés et des saules hybrides, car ces plantes s’entrecroisent avec une facilité déconcer­tante. Le meilleur indice pour cette espèce est une floraison très hâtive et de gros chatons. Ce saule est peu disponible commercialement, mais facile à obtenir à l’état sauvage. Une branche coupée au début de la feuillaison et tout simplement insérée dans un sol un peu humide, en plein air, s’enracine deux fois sur trois : aucun arbuste n’est aussi facile à multiplier ! Aussi, il serait possible de marcotter des branches inférieures. Enfin, les graines fraîchement cueillies, pressées à la surface d’un sol humide, germent rapide­ ment et ne nécessitent aucun traitement spécial. En général, les saules sont des plantes très adaptables. Même si le saule discolore est essentiellement un arbuste poussant dans les marécages et sur les rives des cours d’eau dans la nature, tolérant en conséquence les sols détrempés, il s’acclimate aux conditions les plus diverses en culture, même aux sols secs. Par contre, le plein soleil, ou presque, est de rigueur car les saules acceptent difficilement l’ombre. Si les saules sont faciles à multiplier et de croissance rapide, ils sont aussi sujets à de nombreux problèmes d’insectes et de maladies. Remarquez qu’il existe pire que le saule discolore à cet égard, mais il ne faut pas se surprendre de découvrir des taches foliaires, des galles, des chancres, des insectes, etc. On peut contrôler les infes­ ta­tions vraiment sévères, tel un gros chancre, en rabattant la branche infestée à 45 cm en dessous de la plaie avec un sécateur propre. D’ailleurs, pour un plus bel effet et un port plus dense et plus régulier, et pour empêcher le saule discolore de devenir un arbre, il est bon de le rabattre au sol à tous les 3 ou 4 ans, ce qui devrait le maintenir à moins de 2 m de hauteur. Faites-le après la floraison : il repoussera rapidement et refleurira sans peine le printemps suivant. Les saules ont la réputation d’avoir des racines envahissantes qui peuvent endom­ mager les tuyaux ou même les fondations des maisons, et leur culture est même proscrite dans certaines municipalités. Sachez cependant que ces dommages sont uni­quement causés par les gros saules. Les saules véritablement arbustifs n’ont pas la taille d’un saule blanc ou d’un saule pleureur, et leur système racinaire demeure très res­treint. Le saule discolore étant cependant à cheval entre l’arbre et l’arbuste, il serait sage de ne pas le planter trop près de la fondation. Son système racinaire bien développé rend cependant le saule discolore très utile dans la naturalisation, servant à fixer les berges et les talus. Ne craignez pas que les saules arbustifs subissent beaucoup de dégâts hivernaux, comme c’est le cas des variétés arborescentes. D’accord, leur bois demeure fragile, mais il est géné­ralement assez souple pour tout simplement ployer sous le poids de la neige, sans se briser. Enfin, si une branche casse, utilisez-la pour le forçage (voir à la page 233), puis coupez le reste au sol à la fonte des neiges : d’autres viendront rapidement boucher le vide. Sachez aussi que si vous manquez d’aspirine, vous pouvez toujours mâcher l’écorce de saule, car l’acide acétylsalicylique est un dérivé de cet arbre.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Salix discolore (saule discolore) : c’est notre saule à chatons national, décrit ci-dessus. On ne connaît aucune variété horticole commercialement disponible.

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Photo : Jacques Labrecque, Jardin botanique de Montréal.

Des fleurs en début de saison

AUTRES ESPÈCES : Plusieurs autres saules se trouvent Sous des conditions extrêmes, ont Des feuilles toutes en cou­ leurs, sont Attrayants même en hiver ou forment Des haies à perte de vue, mais les espèces et cultivars suivants sont surtout cultivés pour leurs cha­tons qui, comme chez le saule discolore, apparaissent avant le feuillage, ce qui les met nettement en valeur. Salix discolor ❧ S. caprea (saule marsault, saule à chatons européen, anglais : French Pussy Willow, Goat Willow) : on peut voir dans le saule marsault le pendant européen de notre saule à chatons. Ses chatons présentent le même effet duveteux que les chatons du saule discolore, mais sont encore plus gros. C’est aussi un grand arbuste ou petit arbre, mais aux feuilles plus larges et plus luisantes que le saule discolore, avec une nette tendance à drageonner. Sa rusticité étant toutefois moindre que celle du saule discolore, ce dernier est préférable dans les régions très froides. 5 m x 4 m. Zone 4b. ❧ S. caprea ‘Kilmarnock’ (‘Pendula’) : une forme rampante formant soit un couvre-sol prostré ou, greffé en tête, un petit arbuste sur pied. Description dans le chapitre Montés sur des échasses. ❧ S. chaenomeloides (saule à chatons japonais, anglais : Japanese Pussy Willow) : ce saule produit des feuilles luisantes, un peu comme le saule mar­sault, mais plus nettement dentées. L’hiver, les tiges se distinguent tellement par leurs boutons joliment recouverts d’écailles rouges, que les chatons printaniers, gris rosé aux étamines orange, sont presque décevants. Encore peu commercia­lisé au Québec, on ne connaît pas encore la rusticité du saule à chatons japonais, mais il se cultive sans peine au Jardin botanique de Montréal, en zone 5b. 6 m x 4 m. ❧ S. gracilistyla (saule à chatons, anglais : Rosegold Pussy Willow) : autre saule à chatons, peu connu au Québec, il a de très gros chatons gris rehaussés d’étamines d’abord roses puis jaunes, d’où le nom anglais « rosegold », Il ne semble pas encore avoir de nom français. Feuillage oblong, duveteux, gris au début, puis vert moyen. 3 m x 2 m. Zone 5b. ❧ S. gracilistyla ‘Melanostachys’ (saule à chatons noirs, anglais : Black Pussy Willow) : une nouveauté encore peu disponible au Québec qui se caractérise par des écailles noires sur les tiges hivernales rouges, suivies de chatons mâles pres­ que noirs, rehaussés par des étamines d’abord rouge brique, puis jaunes. Les feuilles oblongues sont vert très foncé. Inconnu à l’état sauvage, sa dénomina­ tion bota­nique n’est pas encore sûre, peut-être S. melanostachys ou S. x ‘Melanostachys’. 3 m x 2 m. Zone 5a. S. humilis (saule humble, anglais : Bush Willow, Prairie Pussy Willow) : espèce indigène, sur un vaste territoire couvrant tout l’est de l’Amérique du Nord jus­qu’en Floride et jusqu’aux Prairies. Très populaire comme haie libre dans les Grandes Plaines, il mériterait un essai chez nous aussi. Chatons gris. Feuilles oblon­­­­gues, épaisses, très duveteuses sur la surface inférieure, à pétiole rose, pre­nant une jolie teinte jaune à l’automne. Rameaux arqués, jaunes. 3 m x 3 m. Zone 3a. ❧ S. koriyanagi ‘Rubykins’ (saule à chatons rouges, anglais : Red Pussy Willow) : chatons plus petits que les précédents, mais d’une jolie teinte rougeâtre. Feuilles étroites. 1,8 m 1,8 m. Zone 4b. ❧ S. salicola (saule à chatons arctique ; nom anglais : Polar Bear Willow) : parfois vendue sous le nom S. salicola ‘Polar Bear’. Nouveauté venue du Grand Nord, aux gros chatons gris blanchâtre, partiellement cachés sur les jeunes tiges aussi poilues que les chatons. Feuilles également duveteuses, gris argenté, donnant à l’arbuste un effet givré en plein été. Uniquement commercialisée dans les Prairies pour l’ins­tant, mais méritant bien un essai au Québec pour sa coloration originale et sa rusticité extraordinaire. 3 à 3,5 m x 3 m. Zone 1a.

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Seringat

Philadelphus coronarius ‘Aurea’

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Seringat es seringats sont à cheval Philadelphus spp. entre les arbustes à floraison prin­ tanière et ceux à floraison Noms anglais : Mockorange, Mock Orange. esti­ vale. J’ai ce­ pendant cru bon Hauteur à maturité : variable, 70 cm à 3,5 m. de les in­clure parmi les arbustes à Diamètre à maturité : variable, 40 cm à 3,5 m. florai­son printanière, parce qu’ils Emplacement : soleil ou mi-ombre. fleu­ris­sent tous sur le bois de l’an­ Port : érigé, globulaire, souvent semi-pleureur à maturité. née pré­cé­dente, comme les « véri­ Sol : tous les sols bien drainés, un peu humides, d’acide ta­bles » ar­bus­tes à floraison prin­ta­ à alcalin. Résistance au sel et au compactage. ni­è­­re. Les tailler tôt au prin­temps Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. se­rait donc une grave er­reur, car Intérêt principal : floraison printanière/estivale. cet­te taille élimine la floraison de Intérêt secondaire : écorce s’exfoliant. l’année ! Feuillage : caduc. Les seringats, n’ont qu’une Problèmes : peu fréquents. Blanc, chancre, rouille, pucerons, etc. seu­ le véritable saison d’intérêt : Taille : après la floraison, si nécessaire, tailler leur floraison prin­ t anière ou pour favoriser une croissance plus dense. Taille esti­ vale. À cause de leur effet de rajeunissement sur les vieux sujets. ordi­nai­re en d’autres saisons, les Multiplication : boutures herbacées, division, se­rin­gats sont plus intéres­sants marcottage, semences vernalisées (espèces seulement). comme composantes d’une plan­ Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, tation variée que comme ve­dette. en isolé, haie, massif, plate-bande, sous-bois, fleur Toutefois, ils sont au moins verts parfumée, fleur coupée. et fournis, et peuvent alors faire Zone de rusticité (feuilles) : variable, 2b à 5a. d’excellentes haies libres. Zone de rusticité (boutons floraux) : variable, 3b à 6b. Mais ne mettez pas les seringats de côté pour autant ! Leur floraison est si extraordinaire que l’on ne peut que leur pardonner leur manque d’utilité en d’autres saisons. D’abondantes et souvent assez grosses fleurs d’un blanc

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Des fleurs en début de saison

pur volent toujours la vedette, d’abord par leur apparence puis, en les approchant, par leur parfum si enchanteur. Oui, elles ont vraiment l’odeur des fleurs d’oranger, à s’y tromper ! Il est très difficile de résister à un seringat en pleine floraison ! Le seringat forme un arbuste assez érigé au début, puis plutôt arrondi. À matu­ rité, les branches, un peu raides au début, s’arquent gracieusement vers l’extérieur, lui donnant une silhouette semi-pleureuse. Les feuilles sont simples, ovales, légèrement dentées, vert moyen à vert foncé et de taille variée. Normalement elles tombent encore vertes à l’automne, ne jaunissant qu’au sol. Les fleurs, par contre, sont toujours intéressantes : blanches à blanc crème, à quatre pétales mais plus nombreux chez les variétés doubles, portées en bouquets den­ses sur les pousses de l’année précédente. Pour la grande majorité des seringats, la flo­raison dure environ 3 semaines, parfois presque un mois. Après la floraison, des pe­ti­tes capsules de semences, sans attrait particulier, se développent. Les seringats se plaisent dans une variété de conditions, de préférence en plein soleil ou seulement sous un ombrage léger, sinon la floraison est diminuée. Tous les sols leur conviennent, sauf lorsqu’ils sont très secs ou très humides. Un peu de taille de temps à autre, immédiatement après la floraison, peut être utile afin d’éliminer quelques branches vieillissantes. Il est également possible de carrément rabattre les spécimens com­plètement enchevêtrés à 15 cm du sol, toujours à la fin de la floraison. Ils repoussent rapi­dement et fleurissent même immédiatement l’année suivante, sur un plant plus petit, bien sûr. Comme chez les forsythias, les boutons floraux des seringats sont moins rustiques que les bour­geons de feuilles. En effet, presque tous les cultivars sur­vivent en zone 3b, mais leurs boutons floraux sont, encore pour la plupart, au moins un peu gélifs en zone 5a. C’est pour cette rai­son que chacune des descrip­tions suivantes comprend 2 zones : une pour les feuilles, l’autre pour les boutons floraux. Aussi, sauf mention con­traire, tous les seringats ont les cotes zonières suivantes : Zone de rusticité (feuilles) : 3b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 5b. Vous pouvez toutefois facilement « gagner une zone » en plantant ces seringats à l’abri du vent : ils fleuriront alors sans peine en zone 4b.

VARIÉTÉS ULTRA RUSTIQUES : ❧ Philadelphus lewisii ‘Waterton’ (seringat de Lewis, anglais : West Coast Mockorange) : l’espèce d’origi­ne, indigène dans l’Ouest nord-américain, est naturelle­ment parmi les plus rustiques des seringats. Et ‘Waterton’ est en fait une sélection trouvée à l’état sauvage à l’extrême nord de la zone habituelle pour l’espèce, dans le parc Waterton Lakes, situé en Alberta, donc en zone 3b. Sa florai­son, d’abon­dantes petites fleurs simples blanches, est en consé­quence presque garantie partout au Québec. Est-ce que ‘Waterton’ a un défaut ? Oui, son par­fum. Bien que sem­blable à celui des autres se­rin­gats, il n’en a pas l’intensité. 2 à 3 m x 1 à 1,5 m. Zone de rusticité (feuil­les) : 2b. Zone de rus­ticité (boutons floraux) : 3b. ❧ P. lewisii ‘Blizzard’ : autre sélection albertaine aussi rustique et un peu plus com­ pacte que ‘Waterton’. 1,2 à 1,5 m x 1 x 1,2 m. Zone de rusticité (feuil­les) : 2b. Zone de rus­ticité (boutons floraux) : 3b.

Philadelphus lewisii ‘Waterton’

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Des fleurs en début de saison

VARIÉTÉS À FEUILLAGE COLORÉ : ❧ P. coronarius ‘Aureus’ (seringat doré, anglais : Golden Mock­orange) : variété très populaire à feuillage jaune vif au printemps deve­nant vert lime à l’été. Comme il tend à brûler en plein soleil, on recommande la mi-ombre pour ce cultivar ou au moins un emplacement où il sera protégé du soleil chaud de l’après-midi. Il ne fleurit que légèrement et bien qu’intéressant, l’effet des fleurs blanches parfumées est un peu diminué par la brillance du feuillage. Comme les fleurs comptent moins, cela veut dire aussi que l’on peut le cultiver dans les zones plus froides où sa floraison risque d’avorter lors des hivers plus froids. 2 m x 1 m. ❧ P. coronarius ‘Variegatus’, (‘Bowle’s Variety’) : très populaire en Europe, mais relativement nouveau en Amérique du Nord. Feuilles vertes joliment ourlées de blanc crème. Ne brûle pas en plein soleil. C’est le feuilla­ge qui prime et sa floraison est souvent plutôt faible. 1,2 m x 1,2 m. Zone de rusticité (feuilles) : 4a. Zone de rusticité (boutons floraux) : 5b. ❧ P. x lemoinei ‘Innocence’ : très ancienne variété, actuellement relancée sur le marché comme une nouveauté dernier cri ! Feuille irrégulière­­ment panachée de blanc et de jaune. Très peu stable : sou­vent de nombreuses branches sont entiè­ rement vertes. Belles fleurs simples blan­ches, très parfumées (l’un des meilleurs parfums du genre !). 90 à 120 cm x 60 cm. ❧ Philadelphus x virginalis ‘Yellow Hill’ : nouveauté à feuilles jaunes, censé­ ment supérieure à P. coronarius ‘Aureus’. Fleurs doubles blanches. 2 m x 1,2 m. VARIÉTÉS STANDARD : ❧ P. ‘Buckey’s Quill’ : fleurs originales : parfumées, très doubles, aux pétales se terminant en pointe. Port arrondi. 1,5 à 1,8 m x 1,3 m. ❧ P. coronarius ‘Speciosissimus’ : variété ancienne à petites fleurs. 2 m x 1 m. ❧ P. x cymosus ‘Perle Blanche’ : vieux cultivar encore offert par­fois. Fleurs simples nombreuses particulièrement parfumées. 2,5 m x 2,5 m. ❧ P. ‘Galahad’ : fleurs simples, blanches, parfumées. Port arrondi. Populaire dans les Prairies où on le dit plus rustique… pourtant, les boutons gèlent parfois jusqu’au sol en zone 3b au Québec. 1,2 à 1,5 m x 1 m. Zone de rusticité (feuilles) : 3b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 5a. ❧ P. x lemoinei (seringat de Lemoine, anglais : Lemoine Mockorange) : hybride de P. coronarius et P. microphylla. Fleurs simples blanches, parfumées. 2 m x 2 m. ❧ P. x lemoinei ‘Silberregen’ (‘Silver Showers’) : fleurs simples, blanches, odo­ rantes. Branches arquées donnant un port semi-pleureur. 1,5 à 1,8 m x 1,2 m. ❧ P. melanocalyx : à l’essai au Jardin botanique de Montréal. Espèce intéressante pour ses fleurs simples, blanches, étoilées à cœur pourpre, mais cette coloration ne semble pas entièrement fiable. 1,5 m x 1 m. Zone de rusticité (feuilles) : 4b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 5b. ❧ P. ‘Natchez’ : grosses fleurs simples, blanches, odorantes. Très recommandé par les Américains, mais trop peu rustique pour une recomman­dation générale au Québec. 2,5 à 3 m x 2,5 à 3,5 m. ❧ P. ‘Pekphil’ (White Rock™)  : fleurs doubles, blanches, odorantes. Port compact. Feuilles vert foncé. 1,3 m x 1,5 m. ❧ P. ‘Snowgoose’  : fleurs doubles blanches, odorantes. Feuilles vert jaunâtre, carrément jaunes à l’automne. Hybride canadien. 1,3 m x 1,0 m ❧ P. ‘Snow Velvet’ : très grosses fleurs semi-doubles, bien parfumées. 1,8 m x 1,2 m. ❧ P. x virginalis (seringat virginal, anglais : Virginal Mockorange) : croisement complexe impliquant P. coronarius, P. microphyllus et P. pubescens. En Amérique du Nord, ce groupe constitue le plus populaire des seringats. Plusieurs des hybrides issus de ces croisements sont à fleurs doubles. 1,5 à 2,7 m x 1 à 1,5 m.

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VARIÉTÉS NAINES ET MINIATURES : ❧ P. coronarius ‘Nanus’ (‘Pumilus’) : une variété naine au dense feuillage vert foncé. Floraison plutôt irrégulière. 1,2 m x 1,2 m. ❧ P. ‘Dwarf Snowflake’ : fleurs doubles, parfumées, aux pétales frangés. Port arrondi. 1,2 m x 1,2 m. Zone de rusticité (feuilles) : 3b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 5a. ❧ P. x lemoinei ‘Manteau d’Hermine’ : arbuste nain à petites feuilles et aux fleurs doubles parfumées, blanc crème. 90 à 120 cm x 60 cm. Zone de rusticité (feuilles) : 3b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 4b. ❧ P. ‘Snowbelle’ : fleurs doubles blanches, très parfumées. Port arrondi. Feuilles vert jaunâtre. 1,2 m x 1,2 m. ❧ P. ‘Snowdwarf’ : les mêmes fleurs doubles, blanches et odorantes, mais sur un cultivar extrêmement compact. Très facilement recouvert par la neige, ce qui assure une bonne floraison en site protégé, même si les boutons ne sont pas plus rustiques que la plupart des autres. Très florifère. Feuillage vert jaunâtre. 70 cm x 40 cm. ❧ P. x virginalis ‘Dwarf Minnesota Snowflake’ : nouvel hybride semblable à ‘Minnesota Snowflake’, mais nettement plus compact. Fleurs doubles blanches, tiges arquées. 90 à 120 cm x 70 à 100 cm. Zone de rusticité (feuilles) : 3b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 4b. ❧ P. x virginalis ‘Miniature Snowflake’ : abondantes fleurs doubles, blanches, parfumées. Feuillage vert foncé, résistant aux maladies. Dérivé d’une mutation apparue sur ‘Minnesota Snowflake’. 90 cm x 1 m. Zone de rusticité (feuilles) : 3b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 4b. VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ P. inodorus grandiflorus (seringat inodore, anglais : Scentless Mockorange) : un seringat sans parfum ? Non, merci ! Fleurs blanches simples en bonne quantité. Feuilles vert foncé, très grosses pour un seringat. 2 m x 2 m. Zone de rusticité (feuilles) : 5a. Zone de rusticité (boutons floraux) : 5b. ❧ P. x purpureomaculata ‘Belle Étoile’ : en croisant P. x lemoinei avec l’espèce P. coulteri, peu rustique, mais avec fleurs ayant une tache rouge à la base, on a réussi à obtenir une série d’hybrides offrant une autre couleur que le blanc. De ce groupe, le plus disponible est un hybride triploïde appelé ‘Belle Étoile’. Grosses fleurs simples, très parfumées, blanches au centre pourpre. Marginalement rustique. Emplacement protégé seulement. Port compact. 2 m x 2 m. Zone de rusticité (feuilles) : 5a. Zone de rusticité (boutons floraux) : 6b.

Des fleurs en début de saison

❧ P. x virginalis ‘Bouquet Blanc’ : fleurs semi-doubles, blanches, très parfumées. Branches arquées. 2 m x 2 m. ❧ P. x virginalis ‘Glacier’ : fleurs doubles blanches, parfumées. Port compact. Semble plus rustique que la moyenne. 1,5 m x 1,2 m. Zone de rusticité (feuilles) : 3b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 5a. ❧ P. x virginalis ‘Minnesota Snowflake’ : hybride très populaire, disponible partout. Sélectionnée au Minnesota pour sa plus grande rusticité… mais pas totalement fiable partout au Québec. Fleurs très doubles, bien parfu­ mées. Tiges arquées. 1,8 à 2,4 m x 1,5 à 1,8 m. Zone de rusticité (feuilles) : 3b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 4b. ❧ P. x virginalis ‘Purity’ : abondantes fleurs simples blanches, très parfumées. Port arrondi. Feuillage vert foncé. 2,5 m x 1,5 m. ❧ P. x virginalis ‘Virginal’ : très populaire. Grosses fleurs semi-doubles à dou­ bles, très parfumée. Port en fontaine, joli mais souvent dégarni à la base. 2 m x 1,2 m.

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Spirées à floraison printanière

Spiraea thunbergii ‘Compressa’

Q

uand j’étais enfant, mon père m’avait expliqué qu’il y avait deux sortes de spirées : celles à fleurs blanches fleu­ rissant au printemps qu’il fallait tailler après la floraison et celles à fleurs roses fleurissant à l’été qu’il fallait tailler tôt au prin­ temps, avant la floraison. Et Pa­pa avait géné­ralement raison, sauf qu’il existe maintenant au moins une spirée rose à flo­rai­son printanière et plusieurs spi­rées blanches à floraison es­ tivale. Concentrons-nous ici sur le vaste lot des spirées à flo­rai­son prin­ tanière, presque tou­tes à fleurs blanches. Les spirées à floraison estivale, à fleurs roses ou non, sont traitées dans le cha­pitre Des fleurs au cœur de l’été. Il y a plus de 80 espèces de spirées, la plupart suffisam­ment rustiques pour être cultivées au Québec, au moins de façon

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Spirées

à floraison printanière

Spiraea spp. Noms anglais : Spirea. Hauteur à maturité : variable, 40 cm à 2 m, selon le cultivar. Diamètre à maturité : variable, 80 cm à 2,5 m, selon le cultivar. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : variable : globulaire à évasé ou semi-pleureur. Sol : tous les sols bien drainés, d’acide à légèrement alcalin. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Parfois pucerons ou mildiou. Taille : après la floraison, si nécessaire, tailler pour favo­ri­ser une croissance plus dense ou suppression des bran­ches de 4 à 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, semences fraîches ou vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bordure, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, muret, pentes, platebande, rocaille, fleur coupée. Zone de rusticité : variable : 2 à 6, selon l’espèce.

ESPÈCES ET VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Il y a tellement de bonnes spirées à floraison printanière qu’il est difficile de savoir où commencer. Alors je vous les présente par ordre alphabétique, tout simplement. À vous de choisir selon vos besoins, vos conditions et les attributs de l’espèce ou du cultivar. ❧ Spiraea x arguta (spirée arguta, spirée argentée, anglais : Garland Spirea) : d’accord, ce n’est pas le dernier cri puisqu’elle est cultivée depuis des géné­rations, mais quelle performance ! Branches arquées, aux extrémités formant de véritables guirlandes lors­qu’elles sont couvertes de fleurs. Petites feuilles étroites, vert grisâtre devenant jaunes à l’automne. Hybride de S. thunbergii et de S. x multi­ flora.1,5 m x 1,5 m. Zone 4a (3b en site protégé). ❧ S. x arguta ‘Compacta’ : une forme plus compacte de la précé­dente et aussi légèrement plus rustique. Supérieur à la forme ordinaire à tous les égards. 1,2 m x 1,2 m. Zone 3b (3a en site protégé). Spiraea prunifolia

Des fleurs en début de saison

limitée. Et elles ont donné naissance à des centaines de cultivars. La plus grande difficulté avec les spirées n’est donc pas de les cultiver, mais de les démêler. Il y a beaucoup de plantes très performantes dans le groupe. En général, les spirées à floraison printanière sont des arbustes de taille restreinte, ayant d’abondants rameaux très minces, formant une masse dense, et des petites feuilles généralement créne­lées ou dentées, avec ou sans coloration automnale. Le port est buissonnant, mais plusieurs espèces ont des branches très arquées et deviennent semi-pleureuses. Toutes produisent des quantités à peine croyable de petites fleurs à cinq pétales, pour la plupart regroupées en corymbes aplatis. Selon l’espèce, la floraison a lieu du milieu à la fin du prin­temps, dure environ 3 semaines, parfois plus. Enfin, il n’y a pas de parfum notable chez la plupart des espèces et les petites capsules de graines, brunes à maturité, sont sans intérêt. Côté culture, les spirées sont des plantes très adaptables, s’acclimatant à la plupart des conditions de sol, à part les sols détrempés ou totalement arides. Elles réussissent mieux en plein soleil, mais se comportent quand même très bien à la mi-ombre. Certaines espèces sont un peu plus gélives que d’autres et perdent leurs extrémités lorsque l’hiver est très froid, mais la plupart ont une solide rusticité au moins jusqu’en zone 4, certaines jusqu’en zone 2. Quant à leurs utilisations possibles, elles sont presque sans limite, mais puisje vous les suggérer tout spécialement comme haie libre ? L’effet est saisissant au printemps et plus qu’acceptable le reste de l’année. Les jardiniers qui aiment tout tailler s’amuseront longtemps avec les spirées : elles produisent des quantités incroyables de branches et tolèrent une taille annuelle. Les jardiniers moins ardents se contenteront d’aérer un peu cette masse en supprimant, aux 4 ou 5 ans, les branches les plus âgées. Je les laisse aller sans leur accorder la moindre attention pendant 12 à 15 ans, puis lorsque je constate qu’elles sont complètement enchevêtrées et com­mencent à moins fleurir, je les rabats tout simplement. Ne pensez pas à tailler les spirées en carré ou en boule, sinon vous éliminerez une bonne partie de la floraison. Évidem­ment, comme tous les arbustes à floraison printanière, les boutons de fleurs des spirées à floraison printanière sont formés l’année précé­dente sur le vieux bois, et la taille se fait donc après la floraison.

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Des fleurs en début de saison

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❧ S. x cinerea ‘Grefsheim’ syn. S. arguta ‘Grefsheim’ ou S. arguta ‘Graciosa’(spirée Grefsheim, anglais : Grefsheim Spirea) : cette spirée ressembleà la spirée arguta… mais fleurit plus tôt, à nu, ce qui augmente son impact. Sa coloration automnale est variable : les feuilles peuvent jaunir ou tomber encore vertes. 90 à 120 cm x 90 à 120 cm. Zone 4a (3b en site protégé). ❧ S. fritschiana (spirée coréenne, anglais : Korean Spirea) : relative­ment nouvelle, mais de grand intérêt pour ses fleurs abon­dantes, sa splendide coloration automnale et sa très grande rusticité. Vers la fin du printemps ou même au tout début de l’été, la spirée coréenne produit des corymbes bien espacés de fleurs blanches sur des branches déjà pleinement feuillées. Les feuilles vert foncé sont surprenantes pour une spirée, mesurant jusqu’à 8 cm de longueur. Elles deviennent très colorées à l’automne, un mélange de teintes rouges, pourpres et jaunes. Forme un dôme compact très différent des autres. 60 à 90 cm x 90 à 120 cm. Zone 3a. ❧ S. fritschiana ‘Chicago Snow’ : c’est le cultivar le plus fréquemment offert, à floraison plus dense que l’espèce. 60 à 90 cm x 90 à 120 cm. Zone 2b. ❧ S. media ‘Mollis’ (spirée soyeuse, anglais : Oriental Spirea) : une « belle d’autrefois », elle pousse et fleurit encore dans de nombreux vieux jardins. Il s’agit de l’une des spirées les plus rustiques et aussi, d’un cultivar très attrayant, produi­sant des quantités de fleurs blanches, surtout aux extrémités des tiges arquées. Elle fleurit assez tôt dans la saison, généralement en mai, au mo­ment même où les feuilles apparaissent. Les feuilles ovales, profon­ dément dentées, sont vert foncé sur le dessus, vert clair au revers. 1,5 m x 1 m. Zone 2a. ❧ S. media ‘Sericea’ : très semblable, sinon identique à S. media ‘Media’. Aussi une « belle d’autrefois ». ❧ S. nipponica (spirée nippone, anglais : Nippon Spirea) : assez semblable à la spirée de vanhoutte, mais à floraison plus tardive et un peu moins dense. Feuillage vert foncé avec reflets bleutés. Aucune coloration automnale. Se comporte très bien en zone 4a si la plante est recouverte de neige. L’espèce est rarement cultivée, mais quelques cultivars sont populaires. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 5b (4a en site protégé). ❧ S. nipponica ‘Halward’s Silver’ : une forme dense et compacte, plus rustique puisque moins exposée au froid. Port arrondi. 90 cm x 90 cm. Zone 4b (3a en site protégé). ❧ S. nipponica ‘June Bride’ : encore plus compact que ‘Halward’s Silver’ et alors plus facilement couverte de neige, ce qui facilite beau­coup sa culture en région froide. 80 cm x 80 cm. Zone 4b (3a en zone protégé). ❧ S. nipponica ‘Snowmound’ : variété abondamment commercialisée et très florifère… si elle ne gèle pas ! Un peu plus compact que l’espèce, mais gelant si exposée au vent. 1,2 m x 80 cm. Zone 5b (4a en site protégé). ❧ S. x sansouciana ‘Snow White’ (spirée Snow White, anglais Snow White Spirea) : hybride canadien entre S. trilobata, l’un des parents de la célèbre spirée de Vanhoutte, et S. trichocarpa, ‘Snow White’. Ressemble d’ailleurs à la spirée de Vanhoutte, avec ses mêmes bran­ches arquées, couvertes de fleurs blanches au printemps, mais les fleurs sont plus grosses et le feuillage, vert clair. Plus résistant aux maladies que la spirée de Vanhoutte, mais de croissance un peu moins vigoureuse. Sa rusticité est excellente. Attention : ce cultivar est vendu sous au moins trois noms : S. x sansouciana ‘Snow White’, S. trichocarpa ‘Snow White’ et S. ‘Snow White’… et certaines pépinières écrivent ‘Snow White’ en un seul mot : ‘Snowwhite’. 1,2 à 1,5 m x 1 à 1,5 m. Zone 2b.

Des fleurs en début de saison

❧ S. thunbergii (spirée de Thunberg, anglais : Thunberg Spirea) : espèce peu connue. Floraison particulièrement hâtive, com­men­çant plusieurs jours avant même la spirée Grefsheim, l’autre « spirée hâtive ». Il lui res­semble d’ailleurs beaucoup, ayant le même port arqué aux minces tiges multiples et une floraison massive blanche. Joli feuillage linéaire, lisse, vert clair, don­nant un effet très gracieux, presque de brouillard. Feuillage jaune orangé à l’automne, persistant jusqu’aux neiges. 1 à 1,5 m x 1,2 à 2 m. Zone 4b. ❧ S. thunbergii ‘Fujino Pink’ : à découvrir absolument si vous avez un emplacement bien protégé, car c’est la seule spirée printanière à fleurs roses. Proche de la spirée de Vanhoutte ou de la spirée arguta à boutons roses et à fleurs rose très pâle ! Avis aux hybrideurs en herbe : augmentez le degré de rose dans les fleurs de ‘Fujino Pink’ et ajoutez un peu plus de rusticité et vous aurez une plante pour laquelle bien des collection­neurs accepteraient le meurtre afin de l’obtenir ! 1 à 1,5 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 5b. ❧ S. thunbergii ‘Ogon’ : nouveauté à fleurs blanches et à feuilles étroites jaune vif, devenant vert lime en été. 1 à 1,5 m x 1,2 à 2 m. Zone 4b. ❧ S. trilobata (spirée trilobée, anglais : Threelobe Spirea) : l’un des parents de la spirée de Vanhoutte. Dense floraison blanche sur des branches arquées. Feuilles arrondies à 3 lobes (parfois 5) de couleur bleu vert. Fleurit abondamment à la mi-ombre. 1,5 m x 2,5 m. Zone 3a. ❧ S. trilobata ‘Fairy Queen’ : forme naine de l’espèce précédente. Feuillage lobé vert foncé. Peu disponible. 90 cm x 90 cm. Zone 3a. ❧ S. trilobata ‘Swan Lake’ : plus compact et à floraison particulièrement abondante. Facilement disponible dans le commerce. 1,2 m x 2 m. Zone 3a. ❧ S. x vanhouttei (spirée de Vanhoutte) : la spirée blanche classique, à floraison printanière et aux branches arquées. Décrite à la page 176. VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ S. nipponica ‘Snowmound’ : une spirée nippone réellement naine, même rampante. Vu sa croissance au ras du sol, on pourrait l’imaginer plus rustique que les autres spirées nippones, mais c’est plutôt le contraire : elle gèle des extrémités même en zone 5b. Une très jolie plante, mais qui semble manquer de rusticité pour notre climat. Lui préférer tout autre cultivar de S. nipponica. 40 cm x 90 cm. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ S. prunifolia ‘Plena’ (Spirée à feuilles de prunier, anglais : Bridalwreath Spirea) : très différente des autres spirées par ses fleurs non en corymbe, mais en petits groupes de 3 à 6, aussi nettement plus grosses et pleinement doubles, un peu comme un amandier de Chine (page 235) à fleurs blanches. Chez cette espèce, ce sont donc les fleurs individuelles qui créent l’impact tandis que les autres doivent compter sur un effet de masse. Comme la spirée à feuilles de prunier fleurit tôt au printemps, à nu, cela augmente la visibilité des fleurs. Malheureu­ sement, sa rusticité est faible et ses feuilles plutôt clairsemées. Justement, il y a trop peu de feuilles rondes et lustrées pour que sa coloration automnale jaune orangé à pour­ prée puisse avoir beaucoup d’impact. C’est donc un arbuste ayant réellement une seule saison d’intérêt. Cette espèce est sujette à la brûlure bactérienne qui noircit l’extrémité des tiges. Pour les traite­ments recom­man­dés, voir la page 146. 1,2 à 2 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 6a (5b en site protégé). Spiraea x sansouciana ‘Snow White’

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DES FLEURS au cœur de l’été

A

près la floraison printanière, quoi de mieux qu’une floraison estivale ? Il y a une belle brochette d’arbustes qui fleurissent l’été… toutefois moins importante que celle des arbustes à flo­ rai­ son printanière, mais quand même appré­ cia­ ble. Cer­tains arbustes à floraison estivale sont d’ailleurs en fleurs tout l’été, ou pendant deux mois ou plus, mais, en général, comme pour les arbustes à floraison prin­tanière, la floraison dure entre deux et trois semaines, cédant la place à des capsules de graines ou des fruits. Certaines variétés fleurissent au début, au milieu ou à la fin de l’été, et plusieurs sont encore en fleurs même lorsqu’une bonne partie de l’automne s’est écoulée. Contrairement aux arbustes à floraison printanière fleurissant toutes sur le vieux bois, dans la grande majorité des cas, les arbustes à floraison estivale fleurissent sur le bois de l’année. Autrement dit, les boutons de fleurs commencent à se former après le dégel, sur les nouvelles tiges de l’année. Alors que tailler, tôt au printemps, un arbuste à floraison printanière peut réduire ou éliminer sa floraison, ceci n’affecte pas les arbustes à floraison estivale. En plus, si vous taillez une branche tôt au printemps, avant le débourrement, deux rameaux se forme­ront, ce qui peut doubler la floraison. Et même, plusieurs arbustes à floraison estivale peuvent être rabattus au sol, tôt au printemps, et quand même fleurir abondamment au cours de l’été. UNE QUESTION DE PLACEMENT Évidemment, il existe beaucoup trop d’arbustes à floraison estivale pour ce seul chapitre : vous en trouverez d’autres un peu partout dans le livre… en commen­çant par le premier chapitre, Des arbustes vraiment sans entretien !, mettant notam­ment en vedette la superbe hydrangée paniculée (Hydrangea paniculata), la potentille frutescente (Potentilla fructicosa) et deux sorbarias (Sorbaria tomentosa angustifolia et S. sorbifolia), des classiques de la floraison estivale.

Marronnier à petites fleurs Millepertuis de Kalm Ronce odorante Rosier arbustif

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Spirée du Japon Spirées à floraison estivale Tamaris de Russie

Marronnier à petites fleurs

Marronnier

à petites fleurs Aesculus parviflora Noms anglais : Bottlebrush Buckeye. Hauteur à maturité : 2,5 m. Diamètre à maturité : 4,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire, étalé. Sol : tous les sols bien drainés, de préférence acides. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Multiplication : division, semences fraîches. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, couvre-sol, écran, en isolé, massif, pentes, sous-bois. Zone de rusticité (site exposé) : 5a. Zone de rusticité (site protégé) : 4a.

V

Aesculus parviflora

ous voulez de l’impact sur votre terrain : voici ce qu’il vous faut, car en fleurs, aucun arbuste n’est plus saisissant. Le nom « marronnier à petites fleurs », de son nom latin « par­ viflora », semble d’ailleurs très mal lui convenir à première vue, car les inflorescences sont énormes, de véritables chan­ delles blanches, pouvant atteindre 45 cm de hauteur, bien qu’une hauteur de 20 à 30 cm soit cependant plus habituelle. Toutefois, les fleurs individuelles sont en fait petites, en trom­ pette, à 4 pétales blancs, d’à peine 1 cm de longueur, assor­ ties d’anthères plus longues qui sont parfois rouges. C’est l’effet d’ensemble des inflorescences comprenant chacune des

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Des fleurs au cœur de l’été

dizaines de fleurs qui crée tant d’intérêt, surtout lorsque les énormes inflo­rescences se comptent par centaines ! En Europe, on donne d’habitude à cet arbuste le nom de « pavier blanc », terme peu connu de l’Amérique francophone. Marronnier est plus courant, d’autant plus que le marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum), cousin du marronnier à petites fleurs, est assez bien connu. Par contre, le marronnier d’Inde est un grand arbre et peu de gens savent qu’il a un parent arbustif. Arbustif, oui, mais véritablement gigantesque, plus large que haut et capable, grâce à son drageonnement lent mais inéluctable et allant dans tous les sens, de complètement recouvrir une cour arrière. Plutôt que de tenter de le contrôler, ce qui est toujours possible, je vous suggère de ne cultiver cet arbuste que si vous avez beaucoup d’espace. Gardé petit, il perd tout son impact, mais si vous le laissez s’exprimer… oh là là ! Que voulez-vous, il est rare de dire qu’un arbuste convient seulement aux grands terrains, mais celui-ci est l’exception qui confirme la règle. Le marronnier à petites feuilles produit des branches épaisses et bien espacées, mais ce détail n’est visible que l’hiver, car tout l’été, il est complètement recouvert d’énormes feuilles palmées à 5 ou 7 folioles. Elles sont rougeâtres à l’épa­nouis­ sement, puis vert moyen à vert foncé l’été, et enfin jaune vif à l’automne sur les arbustes plantés au soleil, mais jaune verdâtre sur les plants plus à l’ombre. La flo­raison massive de juillet est suivie de quelques grosses capsules brunes, lisses et non piquantes comme celles du marronnier d’Inde, contenant des noyaux brun pâle qui semblent polis. Originaire du sud des États-Unis, le marronnier à petites feuilles produit cependant peu de capsules sous notre climat, et elles n’ont pas toujours le temps de mûrir. Quant à sa culture, elle est très facile. Le marronnier à petites fleurs s’adapte à presque tous les sols bien drainés, craignant toutefois les sols calcaires, et se plaît au soleil ou sous un léger ombrage. Aucune taille n’est requise, mais en cas de désastre, s’il se fait écraser, on peut le rajeunir en le coupant au ras du sol, au prin­temps, et il repoussera aussitôt. Contrairement à son cousin, le marronnier d’Inde, il n’est pas sujet aux maladies. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Aesculus parviflora (marronnier à petites fleurs) : cette espèce est habituellement multipliée par semences, avec toute la variabilité que cela implique, et peu de recherches ont été consacrées à la sélection. Les épis peuvent alors être plus ou moins gros, blanc pur ou teintés de rose… vous ne le saurez qu’à la floraison ! ❧ A. parviflora ‘Roger’s’ : le seul cultivar connu, à floraison plus tardive, mais à inflorescences gigantesques : 45 à 75 cm de hauteur ! Disponibilité commerciale ? Zéro ! Dimensions et rusticité identiques à celles de l’espèce. AUTRES ESPÈCES : ❧ A. pavia (pavier, marronnier rouge, anglais : Red Buckeye) : autre marronnier plutôt arbustif, théoriquement d’une rusticité similaire à celle du marronnier à petites fleurs décrit ci-dessus, mais son comportement sous notre climat est inconnu. Fleurs écarlates au début de l’été. Feuilles à 5 folioles rougissant à l’automne. Exige un sol humide et un emplacement ombragé, sinon il est sujet aux maladies foliaires à la mi-été. 3 m x 6 m. Rusticité théorique : 5b.

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Millepertuis de Kalm

Hypericum kalmianum

Millepertuis de Kalm Hypericum kalmianum Noms anglais : Kalm’s St. Johnswort. Hauteur à maturité : 60 à 90 cm. Diamètre à maturité : 60 à 90 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : tous les sols bien drainés, voire secs, acides à légè­ re­ment alcalins. Tolère mal le sel, mais supporte bien le compactage. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : écorce exfoliante. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : avant la floraison, si nécessaire, tailler pour favoriser une croissance plus dense ou rabattre au sol à tous les ans. Multiplication : boutures herbacées, division, semences fraîches. Utilisation : bordure, couvre-sol, en isolé, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, attire les oiseaux granivores, teinture végétale, utilisations médicinales. Zone de rusticité : 3a.

L

a grande difficulté avec les millepertuis, c’est de choisir des variétés conve­ nant à notre climat. Il s’agit en fait d’un genre très vaste, comptant au-delà de 400 espèces, dont des variétés vivaces, annuelles et arbustives lesquelles ne sont pas très rus­ tiques. Parmi les variétés arbus­ tives, la liste des espèces parfai­ tement rusti­ques est très courte. C’est pourquoi j’ai commencé avec le plus évident : notre millepertuis arbustif indigène, le millepertuis de Kalm (Hypericum kalmianum)1. Le millepertuis de Kalm est un arbuste aux tiges frêles, bien ligneuses, plutôt quadran­ gulaires, avec une écorce cuivrée qui s’exfolie joliment avec le temps. De petite taille, il forme un monticule arrondi, un peu irrégulier, couvert de feuilles étroites bleu vert n’offrant

1- Il existe aussi plusieurs autres espèces de millepertuis au Québec, mais elles sont herbacées.

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Des fleurs au cœur de l’été

aucune coloration spéciale à l’automne. Son principal attrait est sa floraison d’environ 6 semaines à compter de juillet. Les fleurs sont typiques des millepertuis : jaune vif, en forme de coupe, à cinq pétales, avec au centre, une touffe dense et arrondie d’étamines du même jaune que les pétales. Ces fleurs sont très grosses pour une si petite plante, de 2,5 à 5 cm de diamètre, et produites en abondance. À l’automne, le millepertuis de Kalm produit de petites capsules vertes, devenant brunes, sans attrait… pour nous, mais les oiseaux les adorent ! Comme les autres Hypericum arbustifs, le millepertuis de Kalm offre deux possi­ bilités très diffé­rentes au niveau de la culture. Vous pouvez le laisser pousser à sa guise, obtenant une plante plus haute, d’environ 90 cm ou le traiter en arbuste à recéper, le coupant au sol tous les printemps. Comme il fleurit sur le bois de l’année, vous ne perdez pas la floraison et bien au contraire, le millepertuis est alors plus touffu et plus bas, d’environ 60 cm, avec des fleurs qui paraissent plus rapprochées et plus nombreuses. Cultivez le millepertuis de Kalm au plein soleil ou à la mi-ombre, dans tout sol bien drainé. Il ne tolère pas les sols détrempés, mais résiste bien à une séche­resse passagère. Dans la nature, il croît souvent parmi les rochers et tolère donc très bien les chaleurs estivales.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Hypericum kalmianum (millepertuis de Kalm) : l’espèce, décrite ci-dessus, est la plus couramment offerte en pépinière. ❧ H. kalmianum ‘Ames’ : une sélection particulièrement dense et arrondie. 60 cm x 60 cm. Zone 3a.

AUTRES ESPÈCES : Le choix de millepertuis ne manque pas ! Par contre, je trouve souvent la rusticité déclarée exagérée, car ils ne sont pas toujours assez rustiques pour notre climat, et même s’ils survivent à court terme, ils montrent leur désapprobation en mourant après deux ou trois ans. Les espèces suivantes sont cependant généralement bien adaptées à notre climat et peuvent vivre de nombreuses années. ❧ H. frondosum, syn. H. aureum (millepertuis doré, anglais : Golden St. Johnswort) : une très jolie espèce plus haute que la précédente, à tiges plus épaisses et à feuilles plus larges, bleu vert. Belles grosses fleurs jaune orangé, bien remplies d’étamines, pendant presque 2 mois ! 1,2 m x 1,2 m. Zone 4b. ❧ H. frondosum ‘Sunburst’ : sélection plus dense et plus florifère que la précédente : la floraison se poursuit jusqu’en octobre. Une vraie gagnante ! 90 cm x 90 cm. Zone 4b. ❧ H. prolificum (millepertuis prolifère, anglais : Shrubby St. Johnswort) : essen­ tiellement le pendant européen de notre millepertuis de Kalm : plante plus haute et fleurs plus grosses, mais un peu moins rustique. Les feuilles diffèrent aussi, étant vert foncé luisant plutôt que bleutées. 90 cm x 90 cm. Zone 4a.

VARIÉTÉS « PENSEZ-Y BIEN » : Les variétés suivantes ont un certain succès de marché… mais un empla­cement où la neige s’accumule est essentiel ! ❧ H. androsaemum ‘Albury Purple’ : jeunes feuilles pourpres, devenant vertes et bordées de bourgogne. Fleurs jaunes en profusion. Fruit rouge devenant pourpre, puis noir. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ H. ‘Hidcote’ : la « star » des millepertuis en Europe, mais plutôt décevante chez nous à cause de sa tendance à mourir après 2 ou 3 ans. Port bien arrondi, feuilles lancéolées bleu vert foncé, plus grosses que celles des autres millepertuis. Grosses fleurs jaune or, parfumées, aux nombreuses étamines. Capsules brun rougeâtre. 60 cm x 60 cm. Zone 6a (4b en site protégé).

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Ronce odorante

J

Rubus odoratus

e déteste le mot « ronce ». Lors­ que je l’entends, je vois tou­ j ours les ronces sauvages (Rubus allegheniensis ou autre), Noms anglais : Flowering Raspberry, Ornamental Raspberry. des plantes fort envahissantes, Hauteur à maturité : 1,5 à 3 m. produisant les délicieux fruits Diamètre à maturité : 2 à 3 m. noirs, appelés mûres, mais dont Emplacement : soleil, mi-ombre ou ombre. les longues branches arquées, Port : érigé, semi-pleureur, irrégulier. agres­ s ivement épineuses, for­ Sol : tout sol bien drainé, modérément humide, d’acide à neutre. Légère résistance au sel et au compactage. ment des fourrés quasiment Disponibilité : bonne. impéné­ t rables. Jamais il me Intérêt principal : floraison estivale. viendrait à l’esprit d’en utiliser Intérêts secondaires : fruits comestibles. comme plantes ornementales. Coloration automnale. Cependant, la preuve que Feuillage : caduc. ce « dédain » pour les ronces Problèmes : peu fréquents. n’est pas toujours mérité est la Taille : peu nécessaire. Taille de rajeunissement sur ronce odorante, aussi appelée les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. fram­boisier d’ornement. Il s’agit Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, boutures d’une espèce indigène fort jolie, de racine, division, marcottage, semences vernalisées. de culture facile, à floraison très Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, fondation, durable et sans épines. Malheu­ en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, sous-bois, reusement, elle est encore très fleur parfumée, fleur coupée, fruits comes­tibles, attire ra­re­ment plantée dans nos amé­ les oiseaux frugivores. na­ gements. En fait, pour voir Zone de rusticité : 3a. la ronce odorante savamment utilisée, il faut aller voir cette espèce de chez nous… en Europe, où l’on raffole de cette « nouveauté d’outre-mer » ! Eh oui, encore une autre plante in­digène qui n’est pas pro­ phète dans son pays !

Ronce

odorante Rubus odoratus

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Des fleurs au cœur de l’été

Il s’agit d’un arbuste assez massif, crois­ sant rapidement jusqu’à une hauteur d’au moins 1,5 à 2 m, et jusqu’à 3 m dans les empla­ cements protégés contre la neige. Les bran­ches, d’abord érigées puis arquées à l’extrémité, sont recou­vertes de grandes feuilles veloutées à cinq lobes, dentées, rappelant la feuille d’érable. Elles sont vert tendre l’été, parfois teintées de rouge au dé­bourrement, puis d’un joli jaune à l’automne. Dès juillet, et souvent jusqu’en septembre, la plante se pa­ re de fleurs rose pour­pré, au cen­tre jaune, de 5 cm de diamètre qui sont, phénomène rare pour un Rubus, déli­ Rubus idaeus ‘Aurea’ cieu­sement parfumées. Avec ses feuilles rappe­ lant l’érable et ses fleurs roses à cœur jaune, la ronce odorante me fait toujours penser à une anémone d’automne… fleurissant hors saison. Et notre « framboisier d’ornement » produit des fruits : des framboises rouges, plutôt aplaties, assez petites, mais d’un goût plutôt insipide. Elles sont intéres­santes en conserve, mais… Je préfère les laisser aux oiseaux ! Et si cela ne suffisait pas, les tiges arquées, à l’écorce brun orangé et exfoliante, prolongent son intérêt durant toute la saison hivernale. En plus d’une très longue période d’intérêt, la ronce odorante est de culture facile. Elle s’adapte à tous les sols, sauf les plus détrempés et les plus secs, et croît sans peine en plein soleil et aussi à l’ombre assez profonde, malgré une floraison alors plus faible. C’est pourtant surtout à l’ombre, ou plutôt à l’orée d’un boisé que cet arbuste est utilisé, car il fait un excellent « bouche-trou » au pied des grands arbres où si peu d’autres plantes ligneuses réussissent. En effet, elle remplit tout simplement l’espace restant, demeurant plus bas si des branches d’arbre sont près du sol, mais atteignant jusqu’à 3 m de hauteur lorsque ces branches sont hautes. Contrairement aux ronces et aux framboisiers cultivés, la ronce odorante n’est sujette ni aux insectes, ni aux maladies. La taille est peu ou pas nécessaire, mais la plante répond néanmoins bien à un rabattage si jamais vous vous sentez obligé de la « nettoyer ». Enfin, sa rusticité excellente en fait une plante quasiment à toute épreuve ! Un arbuste parfait ? Pas tout à fait ! Il drageonne abondamment, ce qui semble être une caractéristique de toutes les ronces et de tous les framboisiers. Plutôt que d’essayer de contrôler sa croissance débordante, ce qui est toujours possible, je vous suggère d’apprendre à tirer profit de ce « défaut ». Ainsi, la ronce odorante fait un excellent sujet pour la naturalisation dans les coins sauvages, où elle peut être plantée parmi les racines d’arbres au pied dénudé qui l’empêcheront de vagabonder.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Rubus odoratus (ronce odorante) : l’espèce porte des fleurs rose très pâle à presque pourpres. Gageons cependant que les Euro­péens, réellement épris de cette plante, ne tarderont pas à nous livrer des formes à fleurs blanches, à fleurs doubles, etc. 1 à 3 x 2 à 3 m. Zone 3a. ❧ R. odoratus ‘Rubra’ : semble très proche de l’espèce, mais aux fleurs peutêtre un peu plus foncées. 1 à 3 x 2 à 3 m. Zone 3a

AUTRES ESPÈCES : Le genre Rubus contient plus de 250 espèces, arbustes, grimpantes et vivaces couvre-sol, la plupart cultivées uniquement comme fruitiers. Quelques espèces font cependant exception à cette règle : ❧ R. ‘Benenden’ : ronce d’origine hybride (R. deliciosus x R. trilobus) et parfois offerte sous les noms R. x tridel ‘Benenden’ ou R. ‘Tridel’. Tiges dressées,

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Des fleurs au cœur de l’été

arquées, sans épines, à écorce exfoliante. Feuilles entières à trois lobes. Belles fleurs blanches de 5 cm rappelant les roses sauvages, portées tout le long des tiges, au début de l’été. Stérile, ne produisant aucun fuit. Très populaire en Europe. 3 m x 3 m. Zone 5b. ❧ R. deliciosus (framboisier des Rocheuses, anglais : Rocky Mountain Flowering Raspberry) : parent de ‘Benenden’ et similaire en apparence, mais fertile et aux feuilles variables, de 3 ou 5 lobes. Fruits pourprés appa­remment délicieux, comme le suggère son nom botanique, mais ne mûris­sant pas nécessairement sous notre climat. 2 à 3 m x 2 à 3 m. Zone 5b. ❧ R. laciniatus (ronce à feuilles découpées, anglais : Fern-leaved Bramble, Cutleaved Bramble) : longues tiges arquées très épineuses. Fleurs insigni­fiantes blanches, suivies toutefois de délicieuses mûres noires très sucrées. Son attrait principal est cependant son magnifique feuillage fortement découpé, vert foncé. Feuilles persistantes sous d’autres climats, mais généralement caduques au Québec. Attention : c’est une ronce très vigoureuse, avec tous les défauts des ronces sauvages. Surtout intéressante dans une situa­tion semi-naturelle. 2 à 3 m x 2 à 3 m. Zone 5b. ❧ R. parviflorus (ronce odorante de l’Ouest, anglais : Thimbleberry, Salmonberry) : une version « western » de la ronce odorante. Même appa­rence, mais aux fleurs blanches. Les fruits sont cependant plus juteux et plus sucrés. 2 à 3 m x 2 à 3 m. Zone 5b. ❧ R. ‘Walberton Red’ (‘Odel’) : hybride à grosses fleurs rose lilas en juin. Feuillage lobé vert foncé. Tiges à écorce exfoliante. Peu envahissant. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5a (4b en site protégé).

ESPÈCE « PENSEZ-Y BIEN » : ❧ R. idaeus ‘Aureus’ (framboisier doré, anglais : Golden Raspberry) : loin de moi l’idée de vous suggérer de « libérer » des framboisiers (R. idaeus) dans un aménagement ornemental. Autant ses fruits sont appréciés pour leur bon goût, autant la plante même est détestée des jardiniers à cause de sa tendance à tout envahir par des drageons passe-partout qui réussissent à déjouer même les barrières les plus sophistiquées. Même si les tiges fortement épineuses sont détestables à tailler, vous devez les rabattre, car chacune ne vit que deux ans, se formant le premier été, fleurissant le deuxième, et mourant la troisième année. Mais… le cultivar ‘Aureum’ est tellement joli, grâce à ses feuilles à 3 ou 5 folioles, jaune vif au printemps devenant vert lime à l’été, que vous accep­teriez peut-être de faire une exception. Normalement les framboisiers demandent le plein soleil, mais chez ce cultivar, ni la faible floraison ni les fruits peu abondants ont beaucoup d’importance. C’est à l’ombre qu’une talle jaune lumineux de framboisiers dorés est absolument superbe, créant une luminosité extraordinaire. 2 à 3 m x 2 à 3 m. Zone 3a. ESPÈCE DÉCONSEILLÉE : ❧ R. rosiflorus ‘Coronarius’ (ronce à fleurs de rosier, Double-Flowered Mauritius Raspberry) : cette ronce à feuilles vert foncé, découpées en 5 à 7 folioles et profon­dément nervurées, est peut-être le Rubus qui produit la plus jolie inflorescence : fleurs blanches énormes, de 7 cm de diamètre, pleinement doubles et ressemblant à des roses. Sous un climat plus clément, cette espèce produit les mêmes longues tiges arquées aux épines agres­sives que celles que nous retrouvons à l’état sauvage au Québec. Cependant, sous notre climat, le froid la rabat presque jusqu’au sol tous les ans, ce qui est bien triste, car le gros de la floraison est détruit. Et malgré des dommages sévères qu’il faut de surcroît supprimer à la taille, cette ronce a l’audace d’être quand même envahissante ! 75 cm x 1 m. Zone 7a.

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Rosier arbustif

Rosa ‘Champlain’

I

l y a déjà une première liste de rosiers sans problèmes dans le chapitre Des arbustes à entretien minimal, où je vous ai présenté quelques rosiers rugueux (Rosa rugosa) et leurs hybrides.  tesvous prêt pour une deuxième ? En fait, et mal­gré ce que vous pourriez croire si vous avez déjà tenté la culture de rosiers par le passé, ce ne sont pas tous les rosiers qui doivent passer l’hiver em­mitou­flés. Et ils ne sont pas non plus tous sujets à toutes les maladies et à tous les insectes de la pla­nète. Il existe plusieurs rosiers de culture facile, adaptés à des conditions assez diverses, très rustiques, résistants aux insectes et aux maladies et ne deman­dant comme soins qu’un mini­ mum de taille, habituel­ lement la suppression des bran­ches en­dom­magées ou les plus  âgées.

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Rosier

arbustif

Rosa spp. Noms anglais : Shrub Rose. Hauteur à maturité : 1 à 3 m. Diamètre à maturité : 90 à 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé globulaire. Sol : tout sol bien drainé, même légèrement alcalin, mais préfère un sol riche et légèrement acide. Souvent résistant au sel et généralement au compactage Disponibilité : excellente à peu disponible, selon les cultivars. Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : fruits colorés persistants. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : sujet à certains insectes et maladies, mais rarement assez pour nécessiter des traitements. Taille : peu fréquente. Suppression des branches de 4 ou 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Suppression facultative des fleurs fanées. Multiplication : boutures herbacées en été, division. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, fleur parfumée, fleur coupée, fleur séchée, fleur parfu­ mée, fleur coupée, fruits comestibles, attire les oiseaux frugivores, utilisations médicinales. Zone de rusticité : 2 à 4.

Des fleurs au cœur de l’été

À l’origine, la catégorie « rosier arbustif » était surtout réservée aux rosiers sauva­ ges, aux variantes de ceux-ci et à leurs hybrides primaires : de gros arbustes épineux, à fleurs beaucoup moins sophistiquées que celles des rosiers buissons (hybrides de thé, grandifloras, floribundas, etc.) alors à la mode. Mais la catégorie a acquis de la popularité, notamment depuis des années 1970, et il en résulte que les rosiers pré­ sentés dans ce chapitre sont presque tous des hybrides complexes. Il faut s’atten­dre à voir dans ce chapitre une bonne variété de ports, de floraisons, de types de feuil­lage, d’épines, de fructifications, etc. J’ai toutefois soustrait d’office les rosiers grim­pants. Mon premier objectif demeure de vous présenter des rosiers de culture facile. Aucun des rosiers recommandés ici n’a besoin de plus qu’une couverture de neige comme protection hivernale. Aussi, quant à choisir, j’ai éliminé de ma liste des « bons rosiers arbustifs » à floraison unique. Après tout, il existe maintenant des centaines de rosiers arbustifs qui, après une floraison massive en juin ou juillet, fleurissent au moins sporadiquement tout l’été. Pourquoi cultiver les variétés anciennes qui ne fleurissent qu’une seule fois ? Plantez les rosiers arbustifs au plein soleil ou très légèrement à l’ombre, dans tout sol bien drainé, ni excessivement acide, ni alcalin à l’excès. Dans la plupart des cas, le besoin de taille est minimal : il convient de supprimer les plus anciennes branches aux 4 ou 5 ans avec un ébran­cheur, genre de sécateur à longues manches. N’approchez jamais un rosier piquant avec un sécateur ordinaire ou votre main sera en charpie ! Vous pourriez aussi avoir à supprimer les branches endommagées par le froid. La taille se fait à la fonte des neiges ou, mieux encore, au débourrement, car il est alors possible de mieux voir ce que l’on fait. Les jardiniers méticuleux tiennent en plus à supprimer les fleurs fanées tout au long de l’été, mais à quoi bon puisque les variétés présentées ici refleurissent d’elles-mêmes ? Et de surcroît, plusieurs d’entre elles forment des fruits si on ne les taille pas ! Ces fruits, appelés cynor­rhodons, ajoutent à l’attrait des rosiers arbustifs à l’automne, attirent les oiseaux l’hiver et peuvent même être utilisés pour faire des gelées et des tisanes : pourquoi alors s’entêter à les éliminer ? Je ne vous présente ici que des cultivars ayant « peu de problèmes ». D’ac­cord, contrairement aux rosiers rugueux qui sont tout naturellement résistants au blanc et à la tache noire, ceux-ci peuvent alors en souffrir, mais les infestations sont rarement assez sévères pour nécessiter un traitement. La même chose s’applique pour les autres maladies et pour les insectes : il est rarement nécessaire d’agir. Attention cependant aux scarabées japonais (page 145), uniquement présents dans quelques régions du Québec, qui peuvent complètement défolier un rosier, même une variété norma­ lement résistante aux insectes. S’il y en a dans votre région, il serait peut-être sage d’oublier la culture des rosiers ! En passant, la plupart des rosiers arbustifs sont obtenus par bouturage et donc francs de pied, poussant sur leurs propres racines, mais posez toujours la ques­tion… au cas où. Les rosiers greffés ne sont pas recommandés sous notre climat.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Je ne prétends pas vous présenter ici tous les bons rosiers arbustifs mais seulement une sélection de variétés éprouvées sous notre climat et donnant généralement satisfaction. ❧ R. ‘Adelaide Hoodless’ : grosses grappes de fleurs rouge rosé, semi-doubles, légèrement parfumées. Floraisons massives en juillet et septembre, quelques fleurs le reste de l’été. Gèle parfois des extrémités si l’hiver est très froid, mais repousse vigoureusement. Un peu de tache noire, mais rien de sérieux. Série Parkland. 1 m x 1 m. Zone 2. ❧ R. ‘Alexander MacKenzie’ : fleurs doubles, rouge moyen, parfumées à la framboise, par bouquets de 6 à 12. Nouvelles feuilles rougeâtres. Ressem­ble à un rosier grandiflora, mais à croissance plus vigoureuse. Bonne résistance aux maladies. Série Explorateur. 1,5 à 2 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 2b.

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Des fleurs au cœur de l’été

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❧ R. ‘Bucbi’ (Carefree Beauty™)  : développé spécifiquement pour sa résis­tan­ ce aux maladies afin d’en faire un rosier « sans entretien », mais manquant un peu de rusticité dans nos régions. Gagnant de All America Rose Selections 1996. Fleurs semi-doubles, rose corail, légèrement parfu­mées à la pomme, pro­duites tout l’été. Fruits orange à l’automne. 90 cm x 1 m. Zone 5 (4 en site protégé). ❧ R. ‘Champlain’ : fleurs parfumées doubles, rouge carmin. Abondante floraison durant tout l’été, jusqu’à tard à l’automne. Fruits ronds, orange. Parfois un peu de tache noire ou, en fin de saison, de blanc. Préfère un site où la neige s’accumule, mais repousse vigoureusement du pied si les branches gèlent. Série Explorateur. 1 m x 1m. Zone 3. ❧ R. ‘Cuthbert Grant’ : grosses fleurs doubles, rouge foncé, à texture veloutée, très parfumées, par groupes de 3 à 6. Floraisons en juillet et en septembre. Feuillage vert luisant, rarement atteint par le blanc ou la tache noire. Série Parkland. 80 à 100 cm x 1 m. Zone 3. ❧ R. ‘De Montarville’ : bouton floral rouge foncé, donnant une fleur rouge moyen, puis rose moyen. Fleurs semi-doubles, en grappes de 1 à 4. Floraison de juin à septembre. Parfois un peu de tache noire, mais presque jamais de blanc. Série Explorateur. 1 m x 1 m. Zone 3. ❧ R. ‘Dwarf Pavement’ : grosses fleurs semi-doubles, rose pâle, intensé­ment parfumées. Presque toujours au moins quelques fleurs. Fruits abondants, rouge écarlate, à l’autom­ne. Port com­pact, très résistant au sel de déglaçage. 60 à 75 cm x 90 cm. Zone 4. ❧ R. ‘Frontenac’ : fleurs doubles, rose fon­cé, en bouquets. Fleurit de juin à fin septem­bre. Bon­ne résistance à la tache noire et au blanc. Gèle par­fois un peu l’hiver. Série Exporateur. 1 m x 75 cm. Zone 3. ❧ R. ‘George Vancouver’ : boutons rouge foncé. Fleurs semi-doubles, rou­ge fuchsia devenant roses. Floraisons en juin et en septembre, quelques fleurs le reste de l’été. Fruits rouges à l’automne. Résistant au blanc et à la tache noire. Parfois un peu de gel l’hiver. Série Exporateur. 90 cm x 1 m. Zone 3. ❧ R. ‘Golden Wings’ : fleurs simples jaune pâle. Parfum capiteux. Feuillage vert foncé lisse. Fruits orange à l’automne. Quelque peu susceptible aux maladies. 1,2 à 2 m x 1,5 m. Zone 5 (4a en site protégé). ❧ R. ‘Hope for Humanity’ : fleurs doubles, parfumées, rouge sang, par bou­ quets de 2 à 15 fleurs. Floraison débutant tôt, se répétant tout l’été. Feuillage lustré. Parfois un peu de tache noire. Série Parkland. 50 cm x 60 cm. Zone 3a. ❧ R. ‘John Franklin’ : fleurs rouge vif deve­nant roses, très parfumées. Floraison longue et abondante commençant à la mi-juin. Résis­tance moyen­ne au blanc et à la tache noire. Série Explorateur. 1,2 m x 1,2 m. Zone 3. ❧ R. ‘Lambert Closse’ : boutons rose foncé. Fleurs doubles, rose moyen devenant rose pâle. Fleurit du début juin jusqu’à la mi-septembre. Parfois un peu de tache noire. Série Explorateur. 85 cm x 85 cm. Zone 4. ❧ R. ‘Maiden’s Blush’ : fleurs doubles, carnées. Floraison continuelle tout l’été. 1,5 m x 1,2 m. Zone 3. ❧ R. ‘Meiflopan’ (Alba Meidiland)’ : les rosiers français sont généralement moins rustiques que les hybrides canadiens, mais certains, comme celui-ci, « passent la barre », étant rustiques en zone 5 et même en zone 4 sous une bonne couche de neige. Masses de petites fleurs doubles, blanches, tout l’été. Feuillage jaune à l’automne. D’autres rosiers arbustifs Meidiland sont plutôt de type couvre-sol et donc présentés dans le chapitre Au ras le sol. 90 cm x 1 m. Zone 5 (4 en site protégé). ❧ R. ‘Meipoque’ (Pink Meidiland)’ : autre rosier français. Petites fleurs dou­ bles, roses à œil plus pâle, tout l’été. Abondants petits fruits rouges à l’au­­tom­ne. Excellente résistance aux maladies. 1 m x 1 m. Zone 5. (4 en site protégé).

Des fleurs au cœur de l’été

❧ R. ‘Meldomonac’ (Bonica™)  : autre rosier français supportant relati­ve­ment bien notre climat. Masses de petites fleurs doubles, roses. Parfum à odeur de pomme. Feuillage luisant, résistant aux maladies. Gagnant de All America Rose Selections 1987. 1m x 1 m. Zone 5 (4 en site protégé). ❧ R. ‘Melpatac’ (Carefree Wonder™)  : fleurs doubles, rose vif, légère­ment parfumées. Floraison continuelle. Fruits rouge orangé à l’automne. Excellente résistance aux maladies et à plusieurs insectes. Gagnant de All America Rose Selections 1991. 1m x 1 m. Zone 5 (4 en site protégé). ❧ R. ‘Morden Amorette’ : fleurs doubles, rouges. Floraison abondante tout l’été. Assez résistant au blanc et à la tache noire. 30 à 50 cm x 60 cm. Série Parkland. Zone 3. ❧ R. ‘Morden Blush’ : fleurs doubles, rose pâle, blanches lors de fortes chaleurs, très parfumées. Longue période de floraison. Fruits rouge orangé à l’automne. Série Parkland. 50 à 100 cm x 1 m. Zone 2b. ❧ R. ‘Morden Cardinette’ : bouquets de fleurs doubles, rouge cardinal. Floraison continuelle. Assez résistant au blanc et à la tache noire. Série Parkland. 30 à 60 cm x 60 cm. 3b. ❧ R. ‘Morden Centennial’ : fleurs doubles, rose riche, légèrement parfumées. Floraison tout l’été. Fruits rouges. Un peu susceptible à la tache noire. Série Parkland. 70 à 100 cm x 1 m. Zone 2. ❧ R. ‘Morden Fireglow’ : fleurs doubles écarlates. Longue période de florai­son. Assez bonne résistance aux maladies. Série Parkland. 70 cm x 70 cm. Zone 3. ❧ R. ‘Morden Ruby’ : fleurs doubles, rouges, tout l’été. Petites fruits orange à l’automne. Assez résistant au blanc, mais susceptible à la tache noire. Série Parkland. 1 m x 1 m. Zone 2. ❧ R. ‘Morden Snow Beauty’ : nouvel ajout à la série Parkland. Fleurs blanc de neige, semi-doubles, tout l’été. Bonne résistance aux maladies. 1,2 m x 1 m. Zone 3. ❧ R. ‘Morden Sunrise’ : première variété à fleurs jaunes de la série Parkland. Boutons jaune orangé donnant de fleurs semi-doubles orange et jaune, puis jaune et crème. Parfumé. 60 à 90 cm x 1 m. Zone 3. ❧ R. ‘Nicolas’ : fleurs semi-doubles, rouge moyen, par groupes de 2 à 3. Fleurit tout l’été. Légère susceptibilité à la tache noire. Série Explorateur. 75 cm x 75 cm. Zone 2. R. nidita ‘Defender’ : d’accord, ce rosier, une sélection de notre rosier brillant indigène (anglais : Shiny Rose) ne fleurit qu’une seule fois par année, en juin, avec seulement des fleurs occasionnelles par la suite, mais il est superbe. En juin, il se couvre massivement de fleurs roses, simples, par­fu­mées, puis tout l’été son feuillage lisse et brillant domine, et enfin à l’au­tom­ne, il produit une profusion de fruits rouges. Intéressant pour la natu­ra­lisa­tion, notamment dans les coins humides puisqu’il supporte plus d’humidité que la plupart des rosiers, et comme haie défensive. 1,5 m x 1 m. Zone 2. ❧ R. ‘Prairie Dawn’ : port semi-pleureur : une vraie fontaine de fleurs doubles d’un rose moyen teinté de saumon. Floraison abondante en début d’été, puis sporadique jusqu’aux gels. Parfum citronné. Petits fruits rouges. Bonne résistance aux maladies. 1,5 m x 1,5 m. Zone 3. ❧ R. ‘Prairie Joy’ : fleurs rose moyen devenant saumon. Floraison dense surtout au début de l’été, mais presque toujours quelques fleurs jusqu’à l’automne. Petits fruits orange. Croissance dense, feuillage résistant à toutes les maladies. Surtout utilisée en haie. 1 à 1,5 m x 1 à 1,4 m. Zone 2. ❧ R. ‘Radrazz’ (Knockout) : fleurs doubles rouge cerise, légèrement parfumées. Floraison tout l’été. Fruits rouge orangé. Feuilles vert foncé, marginées bourgogne. Très résistant aux maladies. Gagnant de All America Rose Selections 2000. 90 cm x 90 cm. Zone 4b.

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Des fleurs au cœur de l’été

❧ R. ‘Simon Fraser’ : fleurs semi-doubles, rose moyen, mais les premiè­res fleurs de la saison sont souvent simples. Floraison tout l’été. Quasiment aucun dommage hivernal. Série Explorateur. 60 cm x 80 cm. Zone 3. ❧ R. ‘William Booth’ : grappes de fleurs simples, rouge foncé devenant rouge moyen. Floraison tout l’été. Excellente résistance aux maladies. Port semipleureur assez unique. 1,5 m x 2 m. Zone 3. ❧ R. ‘Winnipeg Parks’ : fleurs semi-doubles, rouge moyen, légèrement parfu­ mées. Fruits rouges. Beau feuillage devenant rougeâtre à l’automne. Parfois sujet au blanc et à la tache noire. Série Parkland. 70 cm x 30 à 70 cm. Zone 2b.

VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ Rosiers anglais : je me méfie de ces nouveaux « rosiers d’allure ancienne », de l’hybrideur britannique David Austin, car ils manquent de rusticité, exigeant une bonne protection hivernale même en zone 5. ❧ Rosiers indigènes : le Québec possède plusieurs espèces de rosiers indigènes, généralement de type arbustif, mais la plupart ne se comportent pas bien en culture, soit à cause de maladies ou d’insectes, soit par leur refus de fleurir. De plus, leur floraison est brève et n’est pas remontante. ❧ R. glauca (rosiers à feuilles rouges, anglais : Redleaf Rose) : mieux connu sous son ancien nom, R. rubrifolia, ce rosier est bien adapté à notre climat, au point où il se ressème allègrement. De plus, sa coloration intrigue : des tiges pourpres et un feuillage rouge aux reflets bleutés. Au surplus, il résiste mieux aux conditions ombragées que presque tout autre rosier. Mais il a de trop nombreux défauts, à commencer par des petites fleurs rose pâle à cœur blanc qui ne durent que quelques jours… et il n’est nullement remontant. Pire, son feuillage est terriblement abîmé par le blanc et ce, très tôt à l’été. On est presque content lorsque les feuilles noircies tombent en août, laissant la plante presque nue. Il ne lui reste alors que de petits fruits rougeâtres comme unique attrait. 1,5 à 1,8 x 1,5 à 1,8 m. Zone 2. ❧ R. ‘Harison’s Yellow’ : cette ancienne variété, à petites fleurs pendantes jaunes et longues tiges arquées, est spectaculaire lors de sa seule et unique floraison, mais que fait-il le reste de l’année ? De plus, sa rusticité est limitée : zone 6a (5a en site protégé). 2 m x 2 m. ❧ R. ‘J.P. Connell’ : nous avons appris à nous fier aux rosiers d’Agriculture Canada… mais permettez-moi de vous dire que ce cultivar me déçoit. Bien qu’il ait été lancé comme étant le premier hybride rustique à fleurs jaunes d’AgCan, ses fleurs doubles sont à peine jaune ivoire à l’épanouissement, et deviennent rapidement blanc crème. De plus, sa floraison est plutôt faible, surtout les deux ou trois premières années… très peu remontant. En plus, la tache noire le ravage presque tous les ans. 1 à 1,8 m x 80 à 120 cm. Zone 3. ❧ R. sericea pteracantha (rosier aux épines ailées, anglais : Winged Thorn Rose) : curieux rosier aux fleurs insignifiantes, blanches, qui ne durent que deux ou trois jours, il est alors cultivé exclusivement pour … ses épines ! Elles sont acérées, rouge vif et translucides, se joignant l’une à l’autre pour former des ailes le long de la tige. Ses petites feuilles ressemblent à des frondes de fougère. Il faut presque rabattre cet arbuste peu rustique (zone 7) au sol à tous les ans, mais dans mon jardin en zone 4b, amplement recouvert de neige, il repousse tout de même. Une curiosité qui m’avait attiré… mais je ne le recommanderais certainement pas à une personne qui cherche un « beau rosier » pour son aménagement !

AUTRES ROSIERS : Vous trouverez d’autres suggestions de rosiers dans le chapitre Des arbustes à entretien minimal, Au ras du sol… et Des arbustes à éviter.

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Spirée du Japon

Spiraea japonica ‘Albiflora’

Spirée

du Japon Spiraea japonica Noms anglais : Japanese Spirea, Bumalda Spirea. Hauteur à maturité : 40 à 150 cm. Diamètre à maturité : 40 à 150 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire, parfois étalé. Sol : tout sol bien drainé, d’acide à alcalin. Légère résis­ tance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison estivale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : pour le jardinier méticuleux : rabattage au sol tous les ans et supprimer les fleurs fanées tout l’été. Pour le jar­di­nier paresseux : taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées. Semences fraîches ou vernalisées (espèce et sous-espèces seulement). Utilisation : bordure, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, muret, plate-bande, rocaille. Zone de rusticité (site exposé) : 4a. Zone de rusticité (site protégé) : 2b.

P

eu d’arbustes offrent autant de variété que cette seule es­pèce, en si grand nombre que les botanistes avaient à l’origine créé des dizaines d’espèces et de sous-espèces pour ce qui s’est avéré n’être qu’une seule et unique espèce très, très va­riable. Même à l’état sauvage, on découvre des petites formes couvre-sol et des « gaillards » de 1,5 m, une gamme de couleurs allant de blanc pur au rouge rosé, et même des feuil­les aux formes et aux couleurs va­riées. Lorsque les hybrideurs s’en sont mêlé, il en a résulté une cinquantaine de cultivars… et ils n’ont pas encore cessé leurs expériences. Tous les pépiniéristes ne sont pas aussi ouverts que moi aux changements dans les déno­ minations botaniques et tiennent dur comme fer aux anciens noms. Sachez alors que les spi­ rées étiquetées Spiraea albiflora,

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Des fleurs au cœur de l’été

S. x bumalda et S. callosa seront toutes traités ici comme étant des variantes de la spirée japonaise (S. japonica). Afin que vous puissiez vous retrouver en pépinière, j’inclurai l’ancien nom entre paren­thèse dans les fiches. C’est simplement l’une des nombreuses spirées à floraison estivale, d’autres étant décrites dans la fiche suivante, mais elle est si populaire et si variée qu’elle mérite d’avoir la sienne. Encore plus, j’ai mis les variétés de spirée japonaise à feuillage coloré, cultivées moins pour leurs fleurs que pour leur feuil­lage, dans le chapitre Des feuilles tout en couleurs. La spirée du Japon est un arbuste dont les branches sont érigées au centre et davantage horizontales sur les côtés, créant une silhouette en bou­le pour les grands cultivars et plutôt en dôme pour les plus petits. Ses innombrables feuilles sont oblongues et plutôt étroites, munies de nombreuses petites dents, et ont une lon­ gueur variant de 2 à plus de 8 cm. Chez l’espèce ainsi que chez plusieurs hy­brides, les nouvelles feuilles sont rougeâtres, devenant vert moyen à vert foncé l’été. La coloration automnale est souvent bronzée ou pourpre,. Les petites fleurs, blanches à rouge rosé, sont regroupées en corymbes terminaux ayant la forme d’un dôme aplati. Certains cultivars ont des étamines très longues, ce qui donne une apparence mousseuse aux inflores­cen­ces. La floraison prin­cipale dure souvent plus d’un mois, et si l’on supprime les fleurs fanées, plu­sieurs cultivars refleuriront, parfois jus­qu’aux gels. Tout sol non détrempé lui convient. Le plein soleil ou seulement un léger ombrage donnent les meilleurs résultats. La plante est si facile à multiplier par boutures herbacées qu’il suffit simplement d’acheter un exemplaire de chaque cul­ tivar : il s’agit de bouturer autant de tiges qu’on le souhaite au début de l’été et elles donneront des plants prêts à utiliser le printemps suivant. La plupart des cultivars sont rustiques jusqu’en zone 4a en milieu exposé. Par contre, sous une bonne cou­ verture de neige, on obtient souvent de bons résultats même en zone 2b. Les jardiniers méticuleux rabattent cette plante au sol chaque printemps, à la fonte des neiges, et suppri­ment de plus les inflorescences fanées pour stimuler une deuxième floraison. Par contre, je trouve que cet arbuste donne d’excellents résultats, et souvent même une deuxième floraison respectable, si on ne le taille pas du tout, du moins, sur une base régulière. Je suis plutôt les indications de Dame Nature. Inévitablement, après quelques années, il y a des dommages dus au poids de la neige ou au verglas et pour moi, c’est le signe qu’il est temps de rajeunir l’arbuste. Si vous tenez à supprimer les fleurs fanées, oubliez cependant le sécateur parce qu’il faut y consacrer trop de temps. À la place, passez rapidement l’arbuste au coupe-bordure et le travail est fait en moins de deux. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ S. japonica (spirée du Japon, spirée japonaise) : l’espèce n’est presque jamais cultivée, mais ses nombreux cultivars que l’on décrit ci-dessous sont très popu­ laires. Sauf mention contraire, tous sont de zone 4a, mais peuvent tolérer des zones plus basses, parfois jusqu’à la zone 2b, en site protégé. ❧ S. japonica ‘Albiflora’ (S. japonica ‘Alba’, S. albiflora, S. callosa ‘Alba’) : très jolie variété ressemblant à ‘Anthony Waterer’, à fleurs blanc pur. Port dense et ar­rondi. Feuilles vert moyen, sans coloration notable à l’automne. 70 cm x 70 cm. ❧ S. japonica ‘Anthony Waterer’ (S. x. bumalda ‘Anthony Waterer’) : un classique ! Port très égal et arrondi, aux denses corymbes aplatis de fleurs rose carmin. Très remontante. Nouvelles feuilles rougeâtres, puis vert bleuté à l’été et rouge pourpré à l’automne. Parce que ce cultivar a été si souvent multiplié par bouturage, de génération en génération, de petites mutations mineures se sont peu à peu accumulées, et il existe aujourd’hui de multiples souches d‘Anthony Waterer’. Elles varient par la hauteur, la colo­ration, etc. La lignée québé­coise, par exemple, tend à produire d’occasionnelles tiges panachées qui déparent la plante et qu’il faut éliminer. Certains producteurs offrent main­tenant

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Des fleurs au cœur de l’été

des souches « stables », censées représenter la forme « pure », telle la lignée Sapho qui ne produit pas de tiges panachées. 90 à 110 cm x 90 à 110 cm. ❧ S. japonica ‘Bullata’ (S. bullata, S. crispifolia, S. x bumalda ‘Bullata’) : spirée naine aux petites feuilles curieuses, épaisses et d’apparence rugueuse, vert foncé. Fleurs rose foncé, mais peu de remontée. 40 cm x 60 cm. ❧ S. japonica ‘Coccinea’ (S. x bumalda ‘Coccinea’) : une mutation de S. japonica ‘Anthony Waterer’. Port et feuillage identiques, mais fleurs plus foncées, rouge carmin. 90 à 110 cm x 90 à 110 cm. ❧ S. japonica ‘Crispa’ (S. x bumalda ‘Crispa’, S. x bumalda ‘Dolchica’, S. japonica ‘Dolchica’) : un autre ‘Anthony Waterer’, mais cette fois, à feuilles curieusement et joliment tordues et découpées, donnant un effet plumeux à la plante. Nouvelles feuilles rougeâtres. Produit parfois des tiges panachées. Fleurs rouge rosé. 60 à 90 cm x 110 cm. ❧ S. japonica ‘Dart’s Red’ (S. x bumalda ‘Dart’s Red’) : encore une mutation d’Anthony Waterer’, cette fois à fleurs rouge carmin foncé, devenant roses en vieillissant, d’où un effet nettement bicolore. Longue période de floraison. 60 à 80 cm x 60 à 130 cm. ❧ S. japonica ‘Flowering Choice’ (S. x bumalda ‘Flowering Choice’) : sélection supérieure, au port compact, à feuillage vert fin et à fleurs roses se succédant durant tout l’été. Peut-être la plus florifère de toutes les spirées du Japon ! 30 cm x 30 cm. ❧ S. japonica ‘Froebelli’ (S. x bumalda ‘Froebelli’) : comme un ‘Anthony Waterer’ plus gros, sans la tendance à produire des tiges panachées. Fleurs rose vif, bonne remontée si taillée. Nouvelles feuilles vertes à pointe pourprée. 1,2 m x 1,4 m. ❧ S. japonica ‘Gumball’ (S. x bumalda ‘Gumball’) : mutation de ‘Froebelli’, identique mais plus petite. 60 cm x 90 à 120 cm. ❧ S. japonica ‘Green Carpet’ (S. x bumalda ‘Green Carpet’) : variété naine, la seule au feuillage vert de la série Carpet (page 337). Petites feuilles vert clair, pourprées l’automne. Fleurs roses. Intéressant en couvre-sol ou dans la rocaille. 15 cm x 35 cm. ❧ S. japonica ‘Green Globe’ (S. x bumalda ‘Green Globe’) : variété naine à port nettement globulaire. Petites feuilles saumon lorsqu’elles sont nouvelles, vert vif l’été, rouge pourpré à l’automne. Petits corymbes de fleurs rose pâle tout l’été. 15 à 20 cm x 25 cm. ❧ S. japonica ‘Little Princess’ : forme naine à feuilles vert menthe. Fleurs rose pâle. Longue période de floraison. 50 à 70 cm x 50 à 80 cm. ❧ S. japonica ‘Macrophylla’ : nouveauté à port arrondi, cultivée surtout pour ses feuilles vert brillant, beaucoup plus grosses que celles des autres spirées japonaises. Nouvelles pousses rouge pourpré. Fleurs roses en juin. Excellente coloration automnale. 1,2 m x 1,2 cm. ❧ S. japonica ‘Nana’ (S. japonica ‘Alpina’, S. japonica alpina) : excellente spirée naine, formant un véritable tapis couvre-sol. Dans la rocaille, elle épouse la forme des roches ou retombe en cascade. Petites feuilles vertes. Fleurs roses. 40 cm x 1 m. ❧ S. japonica ‘Manon Red Princess’ (S. japonica ‘Manon’) : port globulaire. Feuillage vert. Fleurs roses. 90 cm x 90 cm. ❧ S. japonica ‘Neon Flash‘ (S. x bumalda ‘Neon Flash’) : encore une mutation d’Anthony Waterer’ et, quant à moi, bien supérieure. Feuillage rougeâtre au printemps, vert foncé l’été. Fleurs rouge « néon » tout l’été. Aucune réversion. 90 cm à 90 cm. ❧ S. japonica ‘Shirobana’ (S. japonica ‘Shibori’) : fascinant cultivar à fleurs multicolores. Les corymbes peuvent être rose foncé, rose pâle ou blanc, ou encore, en mélange de deux ou trois teintes. Fleurs d’apparence mousseuse. Très beau feuillage vert moyen. 80 à 120 cm x 80 à 120 cm. 273

Spirées à floraison estivale

Spiraea x billiardii

L

es spirées à floraison es­tivale Spirées à floraison estivale comprennent une vingtaine Spiraea spp. d’espèces dont relativement Noms anglais : Spirea. peu sont en cul­ ture, la grande Hauteur à maturité : variable, 60 cm à 2 m, ex­ c eption étant la spirée du selon le cultivar. Japon (Spiraea japonica) de la fiche Diamètre à maturité : variable, 60 cm à 2 m, pré­ cédente. Pourtant, un bon selon le cultivar. nom­bre des autres spirées d’été Emplacement : soleil ou mi-ombre. sont très intéressantes, avec une Port : variable, de globulaire à évasé. lon­gue floraison durant souvent Sol : tous les sols plutôt humides et acides. Légère une bonne partie de l’été. Plu­ résistance au sel et au compactage. sieurs d’entre elles sont égale­ Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. ment indigènes au Québec. Intérêt principal : floraison estivale. Par leur floraison con­centrée Intérêts secondaires : coloration automnale. aux extrémités des bran­ches, les Feuillage : caduc. spirées à floraison estivale se dis­ Problèmes : peu fréquents. tinguent nette­ment des vari­é­tés Taille : peu nécessaire. Au dégel, suppression des bran­ches à floraison prin­tanières qui fleu­ de 4 à 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. rissent tout le long des ra­meaux. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, Certaines pro­duisent des corym­ semences fraîches ou vernalisées. bes aplatis, d’autres plutôt des Utilisation : arrière-plan, bordure, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, muret, pentes, platepanicules pyra­midales. Les fleurs bande, rocaille, fleur coupée. sont géné­ra­lement petites, mais Zone de rusticité : variable : 2 à 6, selon l’espèce. densément concentrées. L’inflo­ res­cence a sou­vent une appa­ren­ce mousseuse à cause des nombreuses petites étamines qui dépassent des fleurs. Les ports et les colorations automnales varient selon l’espèce.

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VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Spiraea alba (spirée blanche, anglais : White Meadow-Sweet) : espèce indigène à feuilles étroites et aux panicules terminales très ramifiées portant des fleurs blanches. Très longue période de floraison : de juin à août. Aime les lieux humides, mais tolère les sols plus secs. Peu commercialisée. Très intéressante pour la naturalisation. 1 à 2 m x 1 à 2 m. Zone 3b. ❧ S. betulifolia (spirée à feuilles de bouleau, anglais : Birchleaf Spirea) : Cette espèce plutôt naine au port globulaire est relativement nouvelle sur le marché québécois, mais a déjà démontré une très bonne adaptation à notre climat. On la trouve des deux côtés du Pacifique, en Chine, au Japon et dans les Rocheuses . Les feuilles arrondies et dentées, vert moyen, portent bien leurs noms commun et botanique, car elles ressemblent vraiment aux feuilles du bouleau (betulifolia = à feuilles de bouleau). La colo­ration automnale est superbe et dure plusieurs semaines, ce qui est d’ailleurs l’un de ses grands attraits. Les fleurs blanches sont produites en corymbes terminaux durant une bonne partie de l’été. 60 cm x 1,2 m. Zone 4b. ❧ S. betulifolia aemiliana : port plus arrondi que l’espè­ce. 60 cm x 60 cm. Zone 4b. ❧ S. betulifolia ‘Tor’ (‘Thor’) : culti­var spé­cia­le­ment choisi pour sa coloration au­tomnale… mais sa floraison estivale est aussi très bien ! 60 cm x 80 cm. Zone 4b. ❧ S. x billiardii (spirée de Billiard, anglais : Billiard’s Spirea) : issu d’un croisement entre S. douglasii, de la Côte Ouest, et S. salicifolia, d’Eurasie, c’est un arbuste au port évasé et aux feuilles longues et étroites, coiffé d’étroits corymbes pyramidaux de fleurs roses d’apparence duveteuse. La floraison est très durable, persistant jusqu’à l’automne. On peut laisser pousser cet arbuste plus ou moins à sa guise ou le rabattre au sol au printemps. Cette plante étant drageonnante, il faut lui laisser de l’espace pour son développement futur ! 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 5a. ❧ S. x billiardii ‘Triumphans’ : la variété habituellement vendue, aux fleurs ap­pa­ remment d’un rose plus soutenu que l’espèce. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 5a. ❧ S. douglasii (spirée de Douglas, Douglas Spirea) : l’un des parents de S. x billiardii, d’apparence très semblable, avec des panicules roses très voyantes, mais un peu moins rustique. Drageonnant. Sols humides. 1 à 2 m x 1 à 2 m. Zone 5b. S. latifolia (spirée à larges feuilles, anglais : Large-leaved Meadow-Sweet) : espèce indigène aux panicules terminales pyramidales, composées de fleurs blanches ou roses, en août et septembre. Autrefois utilisée comme succédané du thé et parfois appelé « thé du Canada »… comme une demi-douzaine d’autres plantes ! Drageonnante. Aime les lieux humides. Excellente pour la natu­ ra­lisation. 1 à 2 m x 1 à 2 m. Zone 2b. S. tomentosa (spirée tomenteuse, anglais : Hardtack Spirea, Tomentose Meadow-Sweet) : très semblable à l’espèce précédente, mais un peu plus petite, aux feuilles duveteuses au revers et à fleurs d’un rose plus intense. Aussi utilisée comme succédané du thé. 60 à 120 cm x 60 à 120 cm. Zone 3b.

Des fleurs au cœur de l’été

Comme les spirées à floraison estivale produisent leurs boutons floraux sur les nouvelles pousses de l’année, on peut donc les tailler au sol si l’on veut, au printemps. Les spirées à floraison estivale préfèrent les sols plutôt acides et humides, plu­ sieurs tolérant même les sols détrempés. Toutes s’adaptent quand même aux sols de jardin normaux. Attention : la plupart sont drageonnantes !

Spiraea betulifolia ‘Tor’

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Tamaris de Russie

Tamarix ramosissima

U

Tamaris

de

Russie

n regard global sur les Tamarix ramosissima tamaris nous permet de réaliser qu’il en existe plus de Noms anglais : Tamarisk, Salt Bush. 40 espèces. Ce sont des arbustes Hauteur à maturité : 1 à 2,5 m. ou des petits arbres de climat Diamètre à maturité : 1 à 2 m. chaud et sec que l’on s’attend Emplacement : soleil ou mi-ombre ou ombre. davantage à trouver dans Port : évasé, semi-pleureur, très irrégulier. le Sahara aride que dans la Sol : ordinaire à pauvre, très bien drainé, voire sec, acide fraîcheur et l’humi­ dité de nos à alcalin. Excellente résistance au sel, bonne résistance au compactage. régions. Pourtant, il existe quel­ Disponibilité : bonne. ques espèces plus résistantes tant Intérêt principal : floraison estivale. au froid qu’aux sols humides… Intérêts secondaires : port vaporeux. Écorce rougeâtre. dont celle-ci. Feuillage : caduc. Le tamaris de Russie est le Problèmes : peu fréquents. plus nordique de son genre, crois­ Taille : suppression des dommages hivernaux et les sant dans les steppes arides où les branches trop longues tôt au printemps ou rabattre hivers sont souvent très froids. Il au sol tous les ans. s’agit d’un arbuste très curieux Multiplication : boutures herbacées et aoûtées. que l’on pourrait faci­lement pren­ Semences fraîches. dre pour un conifère lorsqu’il Utilisation : arrière-plan, bord de mer, en isolé, haie, n’est pas en fleurs. En effet, ses plate-bande. feuilles sont réduites à de simples Zone de rusticité (site exposé) : 5b. écailles, vert glauque, collées Zone de rusticité (site protégé) : 3b. densément sur des rameaux ultra fins. Mais nul n’est obligé de regarder ses feuilles nues longtemps, car cet arbuste fleurit abondamment et longtemps. En effet, l’extrémité des tiges se pare de panicules

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Des fleurs au cœur de l’été

ouvertes, composées de nombreux épis de minuscules fleurs roses. L’effet, avec ses rameaux si fins et ses fleurs minus­cules, sans feuilles pour tout cacher, est tout à fait vaporeux : aucun autre arbuste ne crée un effet aussi léger dans le jardin ! Si seulement le tamaris était d’apparence plus égale ! Mais non, quelques grands fouets ici, rien de l’autre côté, certaines branches fleurissent, d’autres pas. Comme c’est frustrant ! Et plus votre jardin est exposé au froid, plus son port est irrégulier, car les rameaux gèlent facilement. Il y a presque toujours quelques branches abîmées au printemps, même en zone 5b, ce qui n’empêche pas la floraison, car le tamaris de Russie fleurit sur les nouvelles tiges. Mais tout de même ! Évidemment, la solution serait de rabattre le tamaris presque au sol tous les ans, très tôt au printemps, ce qui lui donnerait une croissance beaucoup plus égale, une forme joliment arrondie, même une certaine densité… très alléchant, n’est-ce pas ? MAIS cela retarde la floraison, et pas juste un peu, beaucoup. Disons, sans exagérer, qu’un tamaris peu taillé peut commencer à fleurir à la fin juin et être encore en fleurs en septembre ! Cependant, rabattez-le et il fleurira lorsque les nouvelles tiges seront prêtes, souvent pas avant le mois d’août ! Vous pouvez aussi laisser votre tamaris pousser à sa guise, ne taillant que les branches mortes. Son port sera ouvert et irrégulier… mais les fleurs apparaîtront tôt sur un arbuste beaucoup plus haut. J’utilise cette technique, ayant placé mon tamaris au fond d’une plate-bande où je ne vois que les branches les plus longues. Je me contente des quelques « plumes » qu’il me présente annuellement, sans es­sayer de contrôler sa croissance. La grosseur de tous les arbustes varie quelque peu selon le climat, mais le tamaris plus que d’autres. En zone 6, on obtient sans problème des arbustes de 2,5 m x 2 m. En zone 3b, rares sont les tama­ris de plus de 1 m x 1 m. La cause est, bien sûr, le froid : le tamaris se fait rabattre pres­que au sol en zone 3 et peut même être considéré, à la rigueur, comme une vivace. Quant aux conditions de culture, le tamaris se comporte très bien dans tout sol bien drainé, même un peu humide, mais est particulièrement intéressant dans les em­placements où peu d’autres arbustes peu­vent croître, comme dans les sols très secs, voire sur le sable pur, ou en bordure de mer ou le long d’une route fortement traitée au cal­cium : il est, en fait, extrêmement ré­sistant au sel. Par contre, votre tamaris n’ai­ mera pas un em­placement ombragé : c’est une plante de plein soleil. Et, si possible, à un endroit à l’abri du vent où il souffre moins de gel hivernal. Enfin, une note sur la plan­tation : le tamaris produit peu de racines et la plan­ tation des sujets emmottés est alors difficile. Mieux vaut acheter des plants en pot.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ T. ramosissima, anc. T. pentandra (tamaris de Russie) : voir la description ci-dessus. ❧ T. ramosissima ‘‘Pink Cascade’ : cultivar populaire à fleurs rose plus riche. Son port est théoriquement plus pleu­reur… ce qui n’est pas évident sous notre climat. 1 à 2 m x 1 à 2 m. Zone 5a (3b en site protégé). ❧ T. ramosissima ‘Rubra’ (‘Summer Glow’) : comme l’espèce, mais à fleurs rose plus vif et à feuillage bleuté. Légèrement plus rustique. 1 à 2 m x 1 à 2 m. Zone 4b (3b en site protégé). ESPÈCE DÉCONSEILLÉE : ❧ Tamarix parviflora (tamaris à petites fleurs, anglais : Small-Flowered Tamarisk) : d’accord, cette espèce est suffisamment rustique pour ne pas mourir du froid au Québec… mais elle ne produit ses fleurs que sur le vieux bois ! En théorie, elle est à floraison printanière, mais chez nous, les fleurs sont rares, habituellement sous le niveau de la neige, car la plupart des boutons gèlent l’hiver. Pour les emplacements protégés seulement. Zone 4b (feuilles). Zone 6b (fleurs).

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UN FEU DE COULEURS à l’automne

A

près les chapitres traitant des arbustes à floraisons printa­nière et estivale, il me semble logique de pour­ suivre avec ceux à floraison autom­nale… sauf qu’il y en a si peu. Il y a des arbustes don­nant des fleurs au cœur de l’été et dont la floraison se poursuit en partie à l’automne, telle la célèbre hydrangée paniculée (Hydran­gea paniculata) dont les inflo­rescences pyramidales, bien blanches en été, deviennent rose foncé en septembre et persistent jusqu’aux neiges. Par contre, les floraisons qui commencent en septembre ou un peu avant la période automnale dans nos jardins, sont rares, très rares… notamment parce que, sous notre climat, elles ont de fortes chan­ces de geler avant même leur épanouissement. Des arbustes à floraison automnale existent pourtant… dont plusieurs sont décrits ici. Ce chapitre traite surtout de plantes attrayantes à l’automne… à cause de leurs feuilles colorées. D’ailleurs, si vous dites « automne » à n’importe quel jardi­nier, la première chose qui lui vient à l’esprit, ce sont les couleurs d’automne des arbustes et des arbres. Dans notre coin du monde, nous sommes particu­lièrement choyés à cet égard : le nord-est de l’Amérique du Nord est tout simple­ment considéré comme étant la région du monde où les coloris d’automne sont les plus intenses.

LE MYSTÈRE DES COLORIS AUTOMNAUX  Cette coloration automnale exceptionnelle est en partie génétique, certaines espèces étant naturellement très portées à changer de couleur à l’automne, et dans nos régions nous avons plus que notre part d’arbustes à feuillage automnal flamboyant. Cependant, l’environnement influence également, mais nous ne comprenons pas exactement de quelle façon il améliore ou nuit à la coloration automnale des feuilles. Les scientifiques donnent une explication facile aux coloris automnaux. À l’au­ tomne, la plante commence à moins nourrir les feuilles et la chlorophylle verte est le premier pigment à disparaître, permettant de voir diverses pigmen­tations toujours pré­sentes, mais cachées par le vert : rouge, rose, jaune, oran­ge, pour­pre, etc. L’on ne com­­prend pas précisément ce qui dé­clenche chez la même plante une forte colo­ ration dans certaines situations, et moyenne dans d’autres. Différentes théories ont été émises : • Le gel provoque la coloration automnale : voilà ce que croient la plupart des gens, et pourtant, cela semble tout à fait faux. Au lieu d’augmenter la coloration, un gel hâtif la réduit, car les feuilles tombent alors rapidement, souvent sans changer de couleur. Les meilleurs coloris d’automne ont plutôt lieu les années où le gel arrive tardivement. • Un emplacement en plein soleil stimule une meilleure coloration : cela paraît généralement vrai pour les teintes de rouge, mais les teintes jaunes demeurent à peu près égales, peu importe l’orientation. • Un stress hydrique (i.e. manque d’eau) provoque une meilleure coloration autom­nale : cela semble vrai, notamment si la sécheresse a été modérée, car une trop grande sécheresse fait tomber les feuilles assez tôt, quelques-unes à la fois, les laissant très peu se colorer à l’automne. De plus, c’est la sécheresse estivale qui semble être le facteur déclencheur, car un automne sec donne souvent des feuilles qui brunissent au lieu de se colorer.

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Un feu de couleurs à l’automne

• Des nuits qui refroidissent graduellement stimulent une meilleure coloration : il semble que ce soit un facteur majeur, car même les arbustes normalement très colorés à l’automne prennent peu de couleurs dans certaines parties du monde, là où le froid frappe subitement après un automne aux températures nocturnes habituellement quasi estivales. • Les arbustes d’origine nordique semblent se colorer plus que les autres : voilà un élément qui se confirme facilement. Très souvent, en présence de deux espèces très similaires, l’une venant d’une région froide et l’autre d’un climat plus doux, c’est l’espèce de la région froide qui est la plus colorée à l’automne. Le sureau du Canada (Sambucus canadensis), considéré comme la version nord-américaine du sureau noir (S. nigra), couvre un territoire plus nordique. Des deux, seul le sureau du Canada a une coloration automnale digne de mention. • Les arbustes d’ailleurs ne « savent » pas toujours qu’il est temps de changer de coul­eur : un autre facteur qui semble se confirmer, surtout dans le cas des arbustes ve­nant du Sud. Même bien adaptés à notre climat, ils ne reconnaissent pas l’arri­vée de l’automne et vont vers l’hiver tout de vert vêtus. Prenez par exemple le lilas commun (Lilas vulgaris), provenant d’une région australe de l’Eurasie. Il jau­nit assez bien… en novembre, sous des cieux plus cléments. Par contre, chez nous, il demeure presque vert, jaunissant à peine… jusqu’à ce qu’un gel profond mette fin au spectacle avant même qu’il ne commence. D’ailleurs, très souvent les feuilles du lilas commun sont arrachées, encore vertes, par l’accumulation de neige ! Mais le grand mystère, demeure… pourquoi chez nous ? Il y a des arbres et arbustes aux beaux coloris d’automne partout dans le monde, même sous les tropiques. Pour­ quoi les trouve-t-on en si grande concentration dans la vallée du Saint-Laurent et ses environs, les Appalaches et les Laurentides ? Personne ne le sait, et pourtant, c’est bien le cas.

FEUILLES ET FLEURS Tous les arbustes inclus dans ce chapitre sont des espèces que l’on cultive surtout pour leurs attraits automnaux. Ils ne manquent pas d’attrait en d’autres saisons, mais chez le pépiniériste, la première chose que l’on souligne est leur beauté à l’au­tomne, qu’elle soit due à leur feuillage coloré ou à leur floraison tardive. Tous ont une longue période d’intérêt. Par exemple, leurs feuilles ne se colorent pas pour tom­ber aussitôt comme celles de tant d’autres arbustes, mais durent un mois ou plus. Par contre, qu’un arbuste ne soit pas inclus dans ce chapitre ne signifie pas qu’il n’offre aucun intérêt automnal. La majorité des arbustes décrits dans ce livre ont une coloration automnale intéressante. La différence, c’est qu’habi­tuel­lement ils sont principalement cultivés pour d’autres raisons, la coloration au­tomnale n’étant qu’un attrait supplémentaire. Et si tous les arbustes décrits dans ce chapitre ont des feuilles caduques, il ne faut pas croire pour autant que les arbustes à feuillage persistant n’of­frent aucun attrait à l’automne. Au contraire, beaucoup rougissent joliment à la fin de l’été pour reverdir au prin­temps.

Aronie à feuilles d’arbousier Érable de l’Amour Fusain ailé

Hamamélis de Virginie Heptacodium Sumac vinaigrier

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Photo : Robert Mineau, Jardin botanique de Montréal

Aronie à feuilles d’arbousier

Aronia arbutifolia ‘Brilliantissima’

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Aronie à feuilles d’arbousier ’aurais pu vous présenter cet arbuste aussi bien avec ceux Aronia arbutifolia ayant une floraison printanière Noms anglais : Red Chokeberry. qu’avec les ar­ bustes à intérêt Hauteur à maturité : 2 à 3 m. hi­vernal, car il se couvre de pe­ti­ Diamètre à maturité : 1,5 m. tes fleurs blanches au milieu du Emplacement : soleil ou mi-ombre. printemps, et ses fruits rouge Port : érigé, arrondi, ouvert. vif persistent longtemps durant Sol : tous les sols, secs ou humides, acides à neutres. l’hiver. Mais il est si specta­cu­laire Résistance au sel et au compactage. à l’automne, qu’il mérite sa place Disponibilité : moyen à faible, selon le cultivar. dans ce chapitre. Intérêt principal : coloration automnale. Les feuilles de l’aronie à Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits à feuil­ les d’arbousier, vert foncé l’automne. lustré sur le dessus et au revers Feuillage : caduc. grisâtre en été, se colorent su­per­ Problèmes : mulots. Plusieurs maladies, mais peu fréquentes. bement à l’automne, adop­ tant Taille : peu nécessaire. Suppression des branches trop un rouge écar­late saisissant qui longues après la floraison. attire tous les regards. Cette Multiplication : boutures herbacées, division. Semences couleur est si intense que l’on en vernalisées (espèce seulement). oublie même les fruits pourtant Utilisation : arrière-plan, bord de mer, coin humide, d’un rouge très vif, lesquels écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, platene deviennent très visibles que bande, sous-bois, attire les oiseaux frugivores, fruits lorsque le feuillage tombe, pro­ comestibles. longeant l’intérêt de l’ar­ buste Zone de rusticité (site exposé) : 5a. au début de l’hiver. Les oi­seaux Zone de rusticité (site protégé) : 4a. hé­ sitent à manger les fruits au début, ne le consommant que lorsqu’ils ne trouvent presque plus rien à manger, en janvier ou février. Comme nous, ils trouvent peut-être leur goût astringent, rappelant celui du cerisier à grappes (Prunus virginiana), un proche parent. 280

Un feu de couleurs à l’automne

Les amélanchiers (page 210) sont pourtant encore plus proches parents des ar­bousiers que des cerisiers à grappe. Avec son port plutôt dressé et ouvert, arrondi avec l’âge, ses petites fleurs printanières, blanches teintées de rose, l’aronie rappelle beaucoup l’amélanchier, sauf que son écorce est brune plutôt que grise et qu’il fleurit plus tardivement. Même ses fruits, par leur forme sinon par leur goût, rappellent les « petites poires » de l’amélanchier. Cette espèce est indigène au sud du Canada et au nord des États-Unis, mais non au Québec, poussant souvent dans des sols humides ou même tourbeux. Toutefois, en culture, elle se montre d’adaptation facile, tolérant autant les sols secs que les sols humides, autant alcalins qu’acides. Sa résistance au sel en fait un arbuste de choix pour le bord de mer et les bordures de route. Sa rusticité est un peu limitée pour son uti­li­sation générale au Québec, mais elle semble très bien adaptée au sud de la province. Bien que devenant un peu dégarnie de la base en vieillissant, elle fait une excellente haie libre, notamment derrière une plate-bande de végétaux qui cachent les vides entre les plants. Même si l’aronie à feuilles d’arbousier fait partie de la famille des rosiers, célèbre pour sa susceptibilité aux maladies, elle ne présente rarement plus que quelques feuilles tachetées ou un peu de blanc. Par contre, les mulots adorent son écorce. Lisez la page 143 pour apprendre à les contrôler. L’espèce drageonne un peu, sans vraiment devenir envahissante. Je vois plutôt dans ses drageons du matériel de multiplication, car un simple coup de pelle vous procure un deuxième plant !

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Aronia arbutifolia (aronie à feuilles d’arbousier) : voir la description ci-dessus. ❧ A. arbutifolia ‘Brilliantissima’ : un cultivar à feuillage plus dense et donc d’un effet automnal supérieur. 2 à 3 m x 1,5 m. Zone 5a. ❧ A. arbutifolia ‘Erecta’ : plus érigé que l’espèce, mais peu disponible. 2 à 3 m x 1 m. Zone 5a.

AUTRES ESPÈCES : A. melanocarpa (aronie noire, anglais : Black Chokeberry) : dans un sens, cette espèce indigène est supérieure à l’aronie à feuilles d’arbousier, car plus rustique et donc adaptée à un plus vaste territoire. D’ailleurs, je crois que l’on sous-estime sa rusticité car j’ai vu de très beaux sujets en zone 3a, alors que la plupart des pépi­nié­ristes ne lui accordent que la zone 4a. L’aronie noire est aussi natu­rellement plus dense et compacte que sa cousine. Par contre, ses fruits pourpre foncé, presque noirs, et non rouges comme ceux de l’aronie à feuilles d’arbousier, impressionnent moins. De plus, ils durent moins long­ temps parce que les oiseaux les mangent plus tôt dans la saison. La coloration au­tom­nale de l’espèce est très variable et à l’état sauvage, j’en vois sans aucune coloration ! Mieux vaut choisir un cultivar reconnu pour sa coloration automnale. Fort intéressante en haie libre ! 1,5 à 2 m x 1,5 m. Zone 3a. ❧ A. melanocarpa ‘Autumn Magic’ : cultivar choisi pour un port encore plus dense et compact que l’espèce, plus une coloration automnale rouge vin plus fiable. 1,5 m x 1,2 m. Zone 3a. ❧ A. melanocarpa elata : version arborescente de l’espèce. 3 à 4 m x 2 m. Zone 3a. ❧ A. melanocarpa ‘Morton’ (Iroquois Beauty™) : nouveauté naine. 60 à 90 cm x 90 cm. Zone 3a. ❧ A. melanocarpa ‘Viking’ : nouveauté à gros fruits noirs particulièrement nombreux et plus sucrés, excellents pour la conserve, et persistant jusqu’au printemps. Floraison plus hâtive. 1 à 2 m x 2 à 2,5 m. Zone 3a. ❧ A. x prunifolia (aronie à feuilles de prunier, anglais : Purple-fruited Chokeberry) : un hybride naturel entre les deux espèces précédentes. Ressemble beaucoup à l’aronie noire dont elle diffère par ses fruits pourpres et sa plus grande taille. 3 à 4 m x 2 m.

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Érable de l’Amour

Acer tataricum ginnala ‘Compactum’

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’aimerais bien vous raconter une belle histoire romantique sur l’origine du nom « érable de l’Amour », du genre : « Un jeune prince s’est noyé en essayant d’atteindre son amoureuse qui l’attendait au pied de cet éra­ ble… », ou encore vous dire qu’on l’appelle ainsi pour ses feuilles vaguement en forme de cœur. La réalité est mal­ heureusement beaucoup plus terre-à-terre, pour ne pas dire géo­gra­phique. On trouve com­­­­­­mu­­nément cette espèce aux alentours du fleuve Amour (Amur en anglais) qui sert de frontière entre la Chine et la Sibérie, tout  simplement ! Peu importe ses origines, l’érable de l’Amour est devenu l’érable chéri des pépiniéristes québécois qui le vendent à la fois comme grand arbuste et aussi comme petit arbre. En réalité, il fait un meilleur arbuste qu’un arbre, car il est sujet aux bris causés par le verglas. Si l’unique

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Érable

de l’Amour

Acer tataricum ginnala Noms anglais : Amur Maple. Hauteur à maturité : 3 à 6 m. Diamètre à maturité : 3 à 6 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : arrondi. Sol : tout sol acide à légèrement alcalin. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente. Intérêt principal : coloration automnale. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits colorés à l’été. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Chancre, criblure. Taille : peu nécessaire. Au besoin, tailler après la floraison pour favoriser une croissance plus dense. Élagage des branches inférieures pour former un arbre. Multiplication : boutures herbacées. Semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur parfumée. Zone de rusticité : 2a.

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VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Acer tataricum (érable de Tatarie, anglais : Tatarian Maple) : il s’agit de l’espèce à laquelle on rattache maintenant l’érable de l’Amour (A. tataricum ginnala). D’ailleurs, la différence entre les deux est bien mince : l’érable de Tatarie est très semblable lorsqu’il est jeune, mais produit à l’âge adulte des feuilles sans lobe en forme de cœur. 4 à 6 m x 4 à 6 m. Zone 2a. ❧ A. tataricum ginnala (érable de l’Amour, érable du Sakhalin) : voir la description ci-dessus. ❧ A. tataricum ginnala ‘Compactum’ (‘Bailey Compact’) : en théorie, une forme naine aux branches plus denses que l’espèce. En réalité, ce cultivar est souvent multiplié par semences, avec toutes sortes de résultats ! Avec un peu de chance, vous aurez un arbuste à feuilles très rouges à l’au­tomne, atteignant 3 m x 2 m. Souvent utilisé en haie. Zone 2a.

Un feu de couleurs à l’automne

tronc casse, votre arbre est fini. Si par contre, quelques branches de l’arbuste cassent, vous n’avez qu’à les tailler. Pour obtenir un arbuste très fourni, il faut donc stimuler une repousse à la base en ra­bat­ tant une branche principale de temps à autre. Si ce n’était de sa superbe coloration autom­ nale, cet arbuste aurait mérité une place dans le chapitre Toujours en beauté, car effectivement il a toujours quelque chose à offrir. Au printemps, il se couvre de petites fleurs blanchâtres pas néces­sai­ rement très visibles, mais délicieu­sement parfu­mées, ce qui est rare chez un érable. Au début de l’été, les feuilles trian­gulaires, trilobées et dentées, vert foncé Acer tataricum ginnala luisant, sont plus ou moins attrayantes, mais à la fin de l’été, ses sama­res rose pâle à rouge vif, selon la plante, sont des ve­dettes. D’ailleurs, on peut trouver des cul­tivars aux samares parti­culiè­rement colorées. e nom Acer tataricum ginnala Sa grande période de vedettariat demeure est nou­veau pour beaucoup de jardiniers, parce que l’on ce­pen­dant l’automne. Même les arbustes plantés à vend encore cet arbuste sous son l’ombre sont d’un beau jaune, mais les sujets plan­tés au soleil prennent une superbe couleur rouge vif ou ancien nom, Acer ginnala. pourpre brillant. Cette colo­ration varie cependant aussi selon la génétique, et cer­tains spécimens rougissent tout naturellement plus que d’au­tres. Enfin, pour complé­ter le portrait saisonnier, l’écorce gris pâle est plus qu’ac­ceptable comme effet hivernal. L’érable de l’Amour s’adapte à de nombreuses conditions de culture, même à l’ombre s’il le faut, mais sa meilleure coloration automnale est obtenue lorsqu’il est planté en plein soleil. À peu près tous les sols lui conviennent, sauf les plus détrem­ pés, et il résiste bien à une sécheresse occasionnelle. De plus, il est très résistant au froid, comme sa cote zonière de 2a en témoigne. Il est peu sujet aux maladies, quoique parfois il développe un chancre que l’on élimine en supprimant tout simplement la branche infestée. Les feuilles sont parfois un peu tachetées ou criblées, mais rien ne vous oblige à faire des traitements. Les érables sont réputés très difficiles à bouturer, mais l’érable de l’Amour est une exception à cette règle. Malheureusement, même si les différents cultivars de la plante peuvent être produits par bouturage, plusieurs pépinières utilisent encore des semences. Il en résulte des variations souvent décevantes, une variété naine qui devient gigantesque, une variété « rouge à l’automne » qui s’entête à rester jaune, etc. Il faut les acheter d’une pépinière productrice qui peut affirmer avoir produit les cultivars par clonage (bouturage) et non par semis.

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Un feu de couleurs à l’automne

❧ A. tataricum ginnala ‘Durand’s Dwarf’ : encore une variété naine, mais facile à reconnaître : les feuilles sont deux fois plus petites que celles de l’espè­ce. Ce cultivar, une mutation prélevée sur un balai de sorcière, n’est pas fidèle au type par semences et donc nécessairement produit par bouturage. Coloration automnale cependant peu fiable. 1 à 1,5 m x 1 à 1,5 m. Zone 2a. ❧ A. tataricum ginnala ‘Embers’ : variété choisie pour ses samares rouges et sa belle coloration autom­nale. Encore peu disponible. 4 à 6 m x 4 à 6 m. Zone 2a. ❧ A. tataricum ginnala ‘Emerald Elf’ : nouveauté. Variété naine au port arron­di. Coloration rouge pour­pré vif à l’automne. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 2a. ❧ A. tataricum ginnala ‘Flame’ : variété à fruits nettement rouges et, théo­ri­ quement aussi, à coloration automnale plus fidèle, mais ce dernier trait dé­pend des conditions… et aussi de la source, car en général on le multiplie par semences, et il en résulte que les arbustes vendus ne sont pas nécessai­re­ment fidèles au type. Souvent vendu formé en arbre. 4 à 6 m x 4 à 6 m. Zone 2a. ❧ A. tataricum semenovii : variante naturelle encore peu disponible, mais aux jolies feuilles fortement découpées, plus petites que A. tataricum ginnala. Belle coloration automnale rouge pourpré. 4 à 6 m x 4 à 6 m. Zone 2a.

AUTRES ESPÈCES : ❧ A. campestre (érable champêtre, anglais : Hedge Maple, Field Maple) : dans son Europe natale, l’érable champêtre devient un grand arbre de 20 m, mais sous notre climat, sa croissance est tellement lente qu’elle se comporte plutôt comme un grand arbuste. D’ailleurs, même en Europe, on utilise souvent cet arbre comme haie, d’où le nom anglais « Hedge Maple ». On donne habituellement à cet érable une cote zonière de 5b, mais j’ose l’étendre à 4b, puisqu’il y a une haie magnifique d’érables champêtres dans le Jardin RogerVan den Hende, à Sainte-Foy, zone 4b, totalement exposée au vent et jamais protégée l’hiver, qui croît à la perfection depuis plus de 30 ans. En réalité, l’érable champêtre n’a tout simplement jamais été testé en région froide : il est peut-être encore plus rustique que 4b ! Les feuilles ont bien une forme de feuille d’érable avec leurs 3 à 5 lobes très profonds, mais sont de petite taille, d’environ 5 à 10 cm, aux extrémités arrondies, sans dents, une caractéristique rare pour un érable et dès lors, aucun danger de confondre cette espèce avec l’érable à sucre ! Les feuilles sont vert foncé l’été, jaunes l’automne. On distingue facilement cet érable des autres espèces usuelles par la sève laiteuse des feuilles et par les jeunes tiges liégeuses. Sous notre climat, les feuilles sont très rapprochées sur la tige, ce qui donne une croissance dense. C’est un arbuste très adaptable, croissant à peu près dans les mêmes conditions que l’érable de l’Amour. La taille éventuelle sous notre climat est inconnue, probablement 7 m x 6 m en zone 5b, 4 m x 4 m en zone plus froide. Zone 4b. ❧ A. campestre ‘Carnival’ : attrayante variété au feuillage vert, panaché de blanc et de rose. Croissance extrêmement lente. Il existe plusieurs autres cultivars panachés, mais aucun ne semble présentement disponible dans nos pépinières. Taille éventuelle : 4 à 7 m x 4 à 6 m ? Zone 4b. ❧ A. campestre ‘Nanum’ : variété naturellement naine, populaire comme haie libre en Europe. Pourquoi ne pas faire la même chose ici ? Taille : 1,2 m x 2 m. Zone 4b. ❧ A. campestre ‘Postelense’ : comme l’espèce, mais à feuillage jaune doré au printemps, devenant vert jaunâtre l’été. Écorce particulièrement liégeuse. Taille éventuelle : 4 à 7 m x 4 à 6 m ? Zone 4b. ❧ A. campestre ‘Royal Ruby’ : nouveauté à feuilles pourpre brillant tout l’été. Il existe d’autres cultivars à feuillage rouge ou pourpre, mais leur couleur est moins intense. Taille éventuelle : 4 à 7 m x 4 à 6 m ? Zone 4b.

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Photo : Roméo Meloche (Jardin botanique de Montréal)

Fusain ailé

Fusain

Euonymus alatus ‘Compactus’

ailé

L

’un des noms communs anglais veut tout dire : « buis­ son ardent » (burning bush). En Noms anglais : Winged Euonymus, Burning Bush. fait, à l’automne, le riche coloris Hauteur à maturité : 4 à 6 m (moins pour les cultivars). rouge rosé aux reflets pourpres Diamètre à maturité : 4 à 6 m (moins pour les cultivars). des feuilles est saisissant, et Emplacement : soleil à ombre. encore plus efficace parce que Port : globulaire, cime aplatie. les feuilles se colorent tôt à l’au­ Sol : tous les sols bien drainés, acides à alcalin, sauf les tomne et tiennent long­temps sur sols à la fois glaiseux et humides. Tolère mal le sel et le compactage. l’ar­buste. Cette colo­ration super­ Disponibilité : excellente. be, ajoutée à son effet « toute sai­ Intérêt principal : coloration automnale. son », a fait du fusain ailé l’un des Intérêts secondaires : feuillage estival. Fruits à l’automne. arbustes les plus populaires dans Tiges ailées l’hiver. les amé­nagements modernes. Feuillage : caduc. Le fusain ailé a beaucoup Problèmes : mulots. Peu de problèmes d’insectes et à offrir à part sa coloration de maladies. au­tom­nale… et n’a pas de flo­rai­ Taille : peu nécessaire. son fan­ tastique. Les fleurs vert Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées. jaunâtre apparaissant à la fin du Semences vernalisées. prin­temps sont peu intéres­santes Utilisation : arrière-plan, couvre-sol (cultivars nains), et presque cachées par le feuil­ écran, fondation, en isolé, haie, massif, plate-bande, souslage. Si finement dentées que ses bois, attire les oiseaux frugivores, arrangements floraux. den­telures sont à re­garder à la Zone de rusticité (site exposé) : 5a. loupe, les feuilles elliptiques sont Zone de rusticité (site protégé) : 3b. vert foncé, d’apparence cirée, et très abon­dantes, donnant à l’arbuste un effet très intéressant tout l’été. Les fruits, des capsules vert pâle l’été, devenant rose rougeâtre à l’automne, se développent sous le

Euonymus alatus

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Un feu de couleurs à l’automne

feuillage et ne sont pas particulièrement visibles… au début. À l’automne, alors que le feuillage rosit, les fruits s’ouvrent pour révéler de très jolies graines orange vif… que l’on aperçoit seulement en tassant le feuillage ! À la chute des feuilles, les fruits peu­vent enfin prendre la vedette… sauf qu’ils sont en bonne partie déjà tombés ! Fort heureusement, il en reste habituellement assez pour étirer son attrait jusqu’à la fin de l’automne. D’ailleurs, l’un des objectifs des hybrideurs est de prolonger encore plus l’effet des fruits. Ces fruits sont très toxiques… pour les humains, mais avalés avec avidité par les oiseaux. On rapporte très peu de cas d’empoisonnement, le livre de référence que j’ai utilisé ne mentionnant aucun cas d’empoisonnement en Amérique du Nord, malgré la grande popularité de l’arbuste ! Les fruits ont sans doute un goût si amer qu’il est peu probable que quelqu’un les avale… sauf un jeune enfant, car si l’adulte a le réflexe de cracher ce qui a mauvais goût, le jeune enfant réagit souvent en avalant rapidement ce qui est désagréable lorsqu’il l’a dans la bouche. Je ne conseille donc pas cet arbuste dans un terrain de jeu ! L’hiver, la plante n’est pas non plus dénuée d’intérêt, car c’est à la chute des feuilles que les très curieuses tiges vertes deviennent visibles, munies de projec­tions de texture liégeuse, brunes, en forme de croix, qui lui ont mérité ses noms communs et botaniques : fusain ailé et E. alatus (« alatus » signifiant ailé). Le degré de déve­ loppement des ailes est variable, certaines tiges en sont presque dépour­vues, d’autres ont des ailes de plus de 125 mm. Malgré tout, les tiges demeurent néanmoins toujours remarquables, notamment lorsque de la neige s’accroche aux ailes brunes. Son port naturel, érigé puis étalé, et ses branches très également placées rehaussent encore plus son apparence hivernale. Le fusain ailé s’adapte bien au soleil ou à la mi-ombre et à presque toutes les conditions, sauf aux sols très lourds et humides. La coloration automnale est toutefois supérieure au soleil, à tel point qu’un arbuste partiellement ombragé est parfois bicolore, jaune à l’ombre et rouge vif du côté du soleil ! La taille est quasi­ment inutile et, même si on voit parfois des fusains ailés taillés en boule, leur affreuse apparence hi­vernale devrait suffire à con­vain­cre quiconque que ce n’est pas une bonne idée, les branches nor­ malement si jo­ liment placées formant alors un enchevêtrement inima­gi­nable. La seule taille à peu près nécessaire est la sup­pres­sion des dom­mages hiver­naux, car chez cette espèce, les extrémités gè­lent fré­quemment. Au be­soin, en zone 2 après un hi­ver rigoureux, par exem­ple, on peut rabattre la plan­te au sol et elle reprend très bien. Ce fusain offre une vaste gamme de possibilités dans le jardin : plantation de fondation, haie libre, massif, etc. Si l’espèce même est trop haute pour faire un bon couvre-sol, plusieurs cultivars conviennent très bien à cette utilisation. Attention cependant en plaçant E. alatus. D’accord, il est de croissance lente, mais n’oubliez pas qu’il atteint sans peine 4,5 m de hauteur et un diamètre encore plus important avec le temps : c’est tout un arbuste, ça ! Curieusement, la plupart des livres et catalogues québécois suggèrent une taille maximale de seulement 2 m x 1,5 m, mais il atteint cette taille en seulement 7 ou 8 ans, alors qu’il n’est encore qu’un bébé ! Si vous voulez un petit fusain ailé, choisissez un cultivar nain! Enfin, bien que peu sujet aux insectes et aux maladies, n’étant d’ailleurs pas touché par la cochenille du fusain qui peut infester son cousin, le fusain de Fortune, page 221, les rongeurs et notamment les mulots adorent son écorce. Voir la page 143 pour des conseils sur la façon de les contrôler.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ E. alatus (fusain ailé) : alors que plusieurs livres lui accorde la zone 3a, le fusain ailé est en fait beaucoup moins rustique, gelant fréquemment en zone 4… et est si gros, que compter uniquement sur la neige pour le protéger est illusoire. Il ne meurt pas, mais demande alors une taille radicale tous les ans. Il

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AUTRES ESPÈCES : Il existe de nombreuses autres espèces de fusains, dont le fusain de Fortune (page 221), cultivé pour ses feuilles persistantes, et plusieurs à feuilles caduques, proches du fusain ailé par leur apparence, mais surtout cultivés pour leurs fruits. Ces derniers sont traités dans le chapitre Des fruits beaux à croquer. Il reste à regarder le fusain nain, le seul autre fusain, avec le fusain ailé, à être surtout cultivé pour son coloris automnal. ❧ E. nanus (fusain nain, anglais : Dwarf Euonymus) : ce petit cousin du fusain ailé forme un monticule globulaire de tiges minces, non ailées, complètement couvertes de feuilles linéaires bleu vert, presque comme des aiguilles, sembla­ bles aux feuilles de romarin comme son ancien nom botanique (E. rosmarinifo­ lius) le suggérait. Les fleurs pourpre brunâtre sont peu visibles à travers le dense feuillage et sont d’ailleurs peu attrayantes. À l’automne, l’arbuste entier devient rouge brillant, un pendant à l’apparence plus fine du fusain ailé. Les capsules rose foncé, suspendues sur de courts pédoncules, s’ouvrent pour révéler des graines brunes et orange… qui ne sont visibles que durant une courte période, après la chute des feuilles. Arbuste fort intéressant comme couvre-sol ou dans la rocaille, mais peu disponible. 50 cm x 50 cm. Zone 2a. ❧ E. nanus turkestanicus : une variante du fusain nain, plus haute et aux feuilles plus longues. Cette forme est aussi beaucoup moins fournie et au début de l’été, cette apparence dégarnie ne l’avantage pas. Cependant, lorsque les fruits roses, suspendus sur de longs pédoncules, apparaissent en août, elle regagne beaucoup d’attrait. Sa coloration automnale est aussi particulièrement intense. J’ai vu de magnifiques spécimens de cette espèce dans les Prairies où cet arbuste semble fort populaire. 1,2 à 1,5 m x 1,5 à 1,8 cm. Zone 2a.

Un feu de couleurs à l’automne

est intéressant de constater que plusieurs de ses cultivars sont beaucoup plus rustiques. Laissez alors l’espèce aux jardiniers des zones 5 et 6. 4 à 6 m x 4 à 6 m. Zone 5a (zone 3a en site protégé). ❧ E. alatus ‘Ciliodentatus’ (E. alatus ciliodentatus) : variété naine semblable à ‘Compactus’, mais à feuilles plus petites et de hauteur moindre, de type couvre-sol. 1,2 à 1,5 m x 1,5 m. Zone 4b (3a en site protégé). ❧ E. alatus ‘Compactus’ : de loin la variété la plus vendue qui, comme la plupart des cultivars nains, convient bien à notre climat, étant plus rustique que l’espèce et, surtout, plus facile à protéger avec une bonne couche de neige, tâche qui incombe alors à Dame Nature. Elle est aussi plus dense et compacte que l’espèce, avec la même coloration automnale, mais les tiges ne sont pas toujours aussi ailées. Croissance très lente. 1,5 à 1,8 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 4b (2a en site protégé). ❧ E. alatus ‘Monstrosus’ : variété aux ailes particulièrement développées : ses branches sont souvent utilisées dans l’art floral. 4 à 6 m x 4 à 6 m. Zone 5a (zone 3b en site protégé). ❧ E. alatus ‘Nordine Strain’ : cultivar plus petit que l’espèce, spécialement choisi pour sa fructification abondante et durable. 2,5 à 3 m x 1,8 à 2,5 m. Zone 5a (3a en site protégé) ❧ E. alatus ‘Ruby Haag’ : d’après plusieurs autorités américaines, ce nouveau cultivar mériterait de remplacer ‘Compactus’, lui étant supérieur à tous les niveaux. Il semble cependant encore peu connu au Québec. Meilleure coloration et plus grande rusticité que ‘Compactus’, et plus compact. Port arrondi. 1,2 à 1,5 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 3a (2a en site protégé). ❧ E. alatus ‘Select’ (Fire Ball™) : une variante plus compacte, plus dense, plus coloré et, d’après les pépinières, plus rustique que ‘Compactus’. Ailes proéminentes. 1,2 m x 1,2 m. 3a (2a en site protégé). ❧ E. alatus ‘Timber Creek’ (Chicago Fire®) : forme intermédiaire entre l’espèce et ‘Compactus’. Nouvelles tiges rouge acajou. Fruits persistant plus longtemps. 2,5 à 3 m x 1,8 à 2,5 m. Zone 4b (3a en site protégé).

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Hamamélis de Virginie

Hamamelis virginiana

C

e grand arbuste ou petit arbre, indigène au sud du Québec, est vraiment dans une catégorie à part, car c’est le seul hamamélis qui fleurit à l’au­ tomne, tous les autres fleu­ris­sant très tôt au printemps. C’est aussi, et de loin, le plus nor­dique de son genre. Pour un arbuste de climat froid, l’avan­tage de fleurir si tard à l’au­ tomne n’est pas évident, mais au niveau de l’évo­ lution, en s’adap­ tant au climat plus froid du Nord, cet arbuste a sans doute trouvé qu’il était pré­ férable de fleurir avant l’arrivée du froid plutôt qu’après, question de protéger ses bou­tons floraux contre le gel. Curieu­ sement, il produit ses semences à l’au­ tomne aussi, un an après la pol­li­ nisation. C’est encore une adap­ tation assez unique pour une plante nordique, car ha­ bituel­ lement, les seules plantes dont les fruits prennent un an pour mûrir sont des plantes tropicales.

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Hamamélis

de

Virginie

Hamamelis virginiana Noms anglais : Common Witchhazel. Hauteur à maturité : 3,5 à 6 m. Diamètre à maturité : 3,5 à 6 m. Emplacement : soleil à ombre. Port : évasé. Sol : ordinaire à riche en matière organique, humide, bien drainé, acide à neutre. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison automnale. Intérêts secondaires : coloration automnale. Port architectural. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Tard à l’automne, après la floraison, au besoin. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées au printemps. Semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, sous-bois, treillis, fleur parfumée, fleur coupée, fleur séchée, utilisations médicinales. Zone de rusticité (site exposé) : 4b. Zone de rusticité (site protégé) : 4a.

Un feu de couleurs à l’automne

L’hamamélis de Virginie offre deux attraits automnaux : un feuillage coloré et une floraison spectaculaire et parfumée. Les grandes feuilles elliptiques à ovales, grossièrement dentées, vert moyen l’été, prennent très tôt, dès septembre, une belle coloration jaune doré qui persiste assez longtemps. On croirait que les boutons floraux poussent les feuilles pour les faire tomber, car presque aussitôt après leur chute, les fleurs s’épanouissent, curieuses fleurs à quatre pétales, jaune pâle, en forme de lanières froissées, délicieusement parfumées. Il est toujours intéressant de placer un hamamélis près de la porte d’entrée pour que ses effluves pénètrent dans la maison. La floraison dure environ un mois, en général durant tout le mois d’octobre. Curieusement, les fleurs se referment par temps froid et s’ouvrent de nouveau lorsqu’il n’y a plus de gel. Les longues branches zigzagantes, peu denses, et l’écorce lisse et grise de l’hamamélis de Virginie lui confèrent une allure architecturale, voire sculpturale, l’hiver. Par contre, ses petits fruits bruns sont peu visibles et sans attrait. En plus de ses fleurs parfumées, l’arbuste entier dégage une odeur agréable assez typique, notamment les feuilles froissées ou les rameaux taillés ou fraîche­ ment brisés. D’ailleurs, l’essence d’hamamélis, dérivée des feuilles et des fleurs, a depuis longtemps servi dans la pharmacopée, les lotions et produits cosmétiques. En aménagement, l’hamamélis s’adapte assez bien aux conditions du jardin, notamment dans les sols humides et riches en matière organique, car dans la na­ture, il croît souvent le long des cours d’eau, mais aussi dans les sols plus pau­ vres. Il tolère la sécheresse lorsqu’il est bien établi, mais préfère une humidité assez constante. Les sols glaiseux ne semblent aucunement le déranger. On le trouve souvent à l’ombre dans la nature et son port est alors très ouvert et son impact diminué. On obtient un meilleur effet en le cultivant au soleil ou à la mi-ombre. N’oubliez pas de lui laisser beaucoup d’espace parce que c’est un arbuste massif. Achetez-le emmotté ou en pot, si possible, la reprise des sujets vendus à racines nues étant faible. Naturellement à cheval entre l’arbuste et l’arbre, l’hamamélis se convertit faci­lement en petit arbre : il suffit de supprimer les branches secondaires pour ne laisser qu’un seul tronc. Le jardinier paresseux apprécie qu’après une rapide mise en forme donnée, il conserve sans peine son apparence d’arbre, ayant peu ten­dance à « retiger » de la base. Malgré sa répartition naturelle comprenant le sud du Québec où on le retrouve jusqu’en zone 4b, cet arbuste n’est pas particulièrement rustique et semble mal tolérer d’être cultivé beaucoup plus au nord. Partout en culture, il préfère un empla­cement relativement protégé des vents dominants. Étant difficile à bouturer et à semer, cet arbuste n’est pas très courant en culture. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Hamamelis virginiana (hamamélis de Virginie) : aucune variété ou hybride n’a encore été sélectionné malgré un potentiel très élevé, consi­dérant la variabilité de l’espèce. Recherchez cependant, si possible, un clone produit au nord de son aire naturelle, car il aura des chances non seulement d’être plus rustique, mais les plants provenant du sud de son aire tendent à fleurir alors que les feuilles sont encore présentes, tandis que ceux du nord fleurissent le plus souvent à nu. 3,5 à 6 m x 3,5 à 6 m. Zone 4b. AUTRES ESPÈCES : Il y a plusieurs espèces d’hamamélis à floraison printanière : elles sont décrites dans le chapitre Tropicaux égarés.

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Photo : Robert Mineau (Jardin botanique de Montréal)

Heptacodium

Heptacodium miconioides

V

Heptacodium oulez-vous être la première personne de votre patelin Heptacodium miconioides à essayer un nouvel arbuste ? Noms anglais : Seven Sons Flower. Plantez l’heptacodium ! Cette Hauteur à maturité : 3 m (estimation). plante figurait dans les col­ Diamètre à maturité : 2,5 m (estimation). lections d’herbiers depuis déjà Emplacement : soleil à mi-ombre. 200 ans, mais n’avait jamais été Port : érigé, irrégulier. essayée en culture en Occident. Sol : riche en matières organiques, bien drainé, humide, Elle n’a été redé­cou­verte qu’en plutôt acide. Résistance inconnue au sel et au compactage. 1980, en Chine, puis offerte à Disponibilité : faible. certains pépi­ niéristes dans le Intérêt principal : floraison automnale. vent par l’Arnold Arboretum Intérêts secondaires : feuillage estival. Fruits automnaux. de Boston, dans les années Écorce hivernale. 1990. Elle n’est sur le marché Feuillage : caduc. que de­puis quel­ques années et Problèmes : sujet à la brûlure hivernale dans les endroits seule­ment chez des spécialistes exposés. en espèces rares. Non, vous Taille : au printemps, si nécessaire, tailler pour favoriser ne retrou­ verez pas cet arbuste une croissance plus dense et pour supprimer les dans votre jardinerie locale… du dommages hivernaux. moins, pas encore ! Multiplication : boutures herbacées, semences L’heptacodium est réel­ vernalisées. lement un arbuste « pas comme Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, plate-bande, sous-bois, attire les papillons, les autres ». Avec son feuillage fleur parfumée. vert foncé, arrondi à la base mais Zone de rusticité (site exposé) : 5a. très pointu à l’extrémité, à trois Zone de rusticité (site protégé) : 4b. nervures parallèles et très arqué, cet arbuste ne ressemble à aucun autre de climat tempéré, faisant très « forêt tropi­cale ». Puis les boutons apparaissent à l’extrémité des tiges, formant des panicules ouvertes à verticilles sept fois divisées,

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Photo : Robert Mineau (Jardin botanique de Montréal)

Un feu de couleurs à l’automne

la dernière division étant le bouton lui-même : les « seven sons » (sept fils) du nom commun anglais, calqué sur le nom chinois. Curieusement, les boutons ajoutent de l’intérêt durant tout l’été, mais ne s’épa­nouissent pas avant la toute fin de la saison. Les fleurs automnales, petites, blanches, très parfumées, persistent jusqu’à la fin septembre. Puis un changement radical se produit : lorsque les pétales tombent, les sépales qui entourent l’ovaire, jusqu’alors petits, verts et cachés derrière la fleur, s’allongent et deviennent roses, presque rou­ges, donnant, en octobre, une deuxième « floraison », la plus jolie des deux, d’ailleurs ! L’effet dure encore 2 ou 3 semaines ! Puis les capsules au centre des sépales arrivent à matu­rité… et le spectacle prend fin, après plus de 4 mois, en tenant compte de l’effet des boutons au début de l’été. C’est quelque chose, je vous l’assure ! Après la floraison, les feuilles tombent assez rapidement, car après tout, on parle du mois de novembre ! Elles tombent vertes ou ne jaunissant que légèrement. Son port est surtout évident l’hiver… et pas très original : branches plutôt dres­ sées au début, puis arquées aux extrémités. L’arbuste ressemble alors, à mes yeux, à un chèvrefeuille… ce qui n’est pas surprenant, car il fait partie de la même famil­ le. Par contre, l’écorce gris brun des spécimens matures s’exfolie pour révéler une écorce lisse et beige, donnant un effet bicolore plus typique d’un eucalyptus que d’un arbuste nordique. L’un des problèmes de culture avec un « nouvel » un arbuste, est d’avoir à s’aven­turer en terrain inconnu. Quelle zone lui donner, par exemple ? Pour l’ins­tant, je propose la zone 5a, connaissant des gens qui le cultivent sans peine dans cette zone depuis 5 ans. Ma plante, en zone 4b, se comporte à merveille, mais n’est pas encore assez grosse pour émerger de la couverture de neige. Et personne, à ma con­ naissance, n’a essayé cette plante en zone 3. Il est possible qu’elle soit plus rustique qu’on ne le pense. Même chose pour sa taille finale. On sait qu’en Chine, l’heptacodium atteint jusqu’à 7,5 m de hauteur, mais plus souvent 6 m, et 4,5 m de diamètre, tout en reconnaissant qu’en culture, les arbustes sont habituellement plus petits, vu les conditions différentes. Après plus de 20 ans de culture à l’Arnold Arboretum, les deux spécimens que j’ai observés n’atteignaient que 3 m x 2,5 m. Est-ce leur taille maxi­male ? Peut-on faire mieux malgré nos hivers froids ? Personne ne le sait. Les plus vieux spécimens que j’ai observés au Québec n’étaient que des « bébés » de moins de 10 ans ! À vous d’en découvrir les dimensions réelles sous notre climat ! On sait, cependant, que l’heptacodium semble bien s’acclimater au soleil et à la mi-ombre et à une variété de sols, mais les meilleurs résul­tats sont obtenus dans les sols riches et humides, et plutôt acides qu’alcalins. Il tolère la sécheresse une fois établi, mais jaunit visiblement sous un tel stress. Malgré son apparence tropicale, il ne souffre que très peu des dommages hivernaux en zone 5 ; parfois les extrémités des rameaux gèlent, mais la repousse de l’année recouvre rapidement les dégâts et cela, sans nuire à la floraison, les boutons étant produits sur le bois de l’année. Et on ne lui connaît aucun ennemi… du moins, pas encore !

VARIÉTÉ RECOMMANDÉE : ❧ Heptacodium miconioides (heptacodium) : aucun choix ici : vous n’avez que l’espèce décrite ci-dessus. On vend aussi cette plante sous le nom de H. jasminoides.

Heptacodium miconioides

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Sumac vinaigrier

Rhus typhina ‘Laciniata’

J

e ne nie pas que le sumac vi­ n ai­ grier est l’un de mes ar­ b ustes préférés… et aussi l’un de mes arbres préférés, car les sujets matures passent dans l’autre camp. J’adore ses ma­ g nifiques feuilles pennées d’allure si tropicale, ses in­croya­ bles coloris automnaux, son port en parasol, ses fruits si du­rables et sa silhouette hiver­nale si archi­ tec­ turale. D’ailleurs, n’eut été d’un défaut bien aga­çant, il aurait eu sa place dans le chapitre Des arbustes vraiment sans entretien. En fait, cet arbuste est ex­ trêmement drageonnant, ses racines souterraines peuvent subi­ tement donner naissance à des rejets éloignés d’au moins 4 m de leur point de départ. Lorsque vous le plantez, vous ne savez jamais où il surgira : au milieu de votre plate-bande, au cœur du potager, chez le voisin, etc. Il y a plusieurs solutions possibles, bien

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Sumac

vinaigrier

Rhus typhina Noms anglais : Staghorn Sumac. Hauteur à maturité : 2 à 6 m. Diamètre à maturité : 2 à 5 m. Emplacement : soleil à mi-ombre. Port : érigé, globulaire, en parasol à maturité. Sol : tout sol bien drainé, même sec, d’acide à alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : coloration automnale. Intérêts secondaires : feuillage estival. Fruits persistants une bonne partie de l’hiver. Port unique. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Sujet à la brûlure hivernale. Taille : peu nécessaire. Si désiré, supprimer les dommages hivernaux au printemps. Taille pour contrôler l’étalement. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures de racine, division, marcottage, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, sous-bois, tiges séchées, fruits comestibles, plante mellifère, attire les oiseaux frugivores, utilisations médicinales. Zone de rusticité : 3a.

Un feu de couleurs à l’automne

sûr : le naturaliser là où vous voulez qu’il occupe un peu de terrain, l’entourer d’un vaste gazon où les drageons sont tondus régulièrement ou le cultiver à l’intérieur d’un seau inséré dans le sol (tel qu’expliqué à la page 121) puisque ses racines très super­ficielles sont alors faciles à retenir. Person­nel­lement, je suis convaincu que quel­ qu’un, quelque part, trouvera une mutation non drageonnante de cet arbre/arbuste extraordinaire. Lorsque cela se produira, je serai tout de suite acheteur ! J’ai cependant un peu le sentiment de prêcher dans le désert quand je chante les louanges de cet arbuste ; les gens sourient poliment… et achètent quelque chose d’origine plus exotique. En fait, malgré son allure si tropicale, le sumac vinaigrier est indigène partout dans le sud du Québec… et nous, jardiniers, démontrons rarement beaucoup d’intérêt pour nos propres plantes indigènes. Pourtant, cette plante d’origine nord-américaine est extrêmement populaire en Europe où on le voit dans tous les aménagements. Mais, dans son propre pays on le traite de « fardoches » ! L’allure tropicale de cet arbuste n’est pas seulement imaginaire. Le très vaste genre Rhus est essentiellement tropical, ne comptant que quelques représentants de climat tempéré. Et le sumac vinaigrier, malgré sa grande diffusion dans les régions nordiques, conserve plusieurs traits des arbres tropicaux. L’extrémité de ses tiges, par exemple, gèle toujours, comme si elles n’avaient pas eu le temps de s’aoûter correctement. Ne vous sentez pas obligé de supprimer les extrémités mortes, elles sont vite cachées par le nouveau feuillage. Il s’agit d’un grand arbuste, à branches très épaisses, recouvertes d’un duvet velouté brun roux, aux fourches régulières et bien espacées. Son allure en hiver est celle des andouillers d’un cerf, d’où le nom anglais « staghorn ». Après de nom­breuses années, les branches supérieures finissent par ombrager les nombreux dra­geons, et ce qui n’était, à l’origine, qu’une colonie mélangée de drageons de toute taille, devient peu à peu deux ou trois petits arbres en forme de parasol. Les « arbres » adultes, que l’on peut toujours considérer comme des arbustes puisqu’ils dépassent rarement 4 à 6 m de hauteur et ont rarement plus qu’un très court tronc, ne semblent plus faire de drageons ou, du moins, pas à leur propre pied. Le duvet brun roux recouvre les jeunes tiges marquées de grosses cicatrices indiquant le point d’attache des anciennes feuilles, mais tombe après deux à trois ans. L’écorce devient plus grise et éventuellement écailleuse. On utilise parfois les jeunes tiges au stade « andouiller » dans les arrangements floraux. Les feuilles pennées, à pétiole central rougeâtre et duveteux, sont longues avec de 11 à 31 folioles pointues et courbées, vert foncé sur le dessus, grisâtre en dessous. À l’automne, les feuilles prennent des teintes flamboyantes rouge écarlate à orange vif. Elles dégagent une sève laiteuse lorsqu’elles sont abîmées. C’est à la mi-été que l’arbuste fleurit, portant des panicules ouvertes (sujet mâles) ou denses (sujet femelles) de fleurs jaune verdâtre, très appréciées des abeilles et de ce fait, le miel de sumac vinaigrier est une production traditionnelle dans bien des régions ! Ces panicules ne sont toutefois pas très frappantes, mais tout change lorsque les fruits apparaissent sur les plants femelles seulement, bien sûr. Rouges et duveteuses, ils sont portés sur des panicules pyramidales dressées. Les fruits juteux persistent une bonne partie de l’hiver sur les épaisses tiges nues, jusqu’à ce que les oiseaux finissent par tous les manger. On peut d’ail­leurs faire une délicieuse limonade rose à partir des fruits. Le sumac vinaigrier se plaît dans tout emplacement au sol bien drainé et ensoleillé ou, tout au plus mi-ombragé. Il semble indifférent à la qualité du sol : riche ou pauvre, humidifère ou rocheux, tout cela lui est égal. D’ailleurs, cet arbuste est une plante pionnière de premier ordre, s’installant rapidement sur les terres dénu­dées et poussant même en pleine ville sur les terrains vagues. On le voit souvent le long des chemins et en bordure de mer, car il tolère très bien les embruns salins. Par contre, il n’aime pas les sols humides.

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Un feu de couleurs à l’automne

Plusieurs maladies et insectes s’attaquent au feuillage du sumac vinaigrier, mais ils causent rarement des problèmes sérieux. En milieu naturel, l’arbuste se fait régulièrement « tailler » par les cerfs et les orignaux, mais repousse toujours. D’ail­ leurs, en culture, si on ne désire pas qu’il devienne arborescent, il suffit de rabattre le sumac vinaigrier aux 7 à 10 ans, et il se renouvelle du pied.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Rhus typhina (sumac vinaigrier, sumac de Virginie, vinaigrier) : voir la description ci-dessus. ❧ R. typhina ‘Dissecta’ : il y a deux cultivars à feuillage découpé de R. typhina, ‘Dissecta’ et ‘Laciniata’. Les deux ont des folioles fortement découpées, pres­que en lanières, donnant un superbe effet mousseux à l’ensemble. Quant à moi, les formes à feuilles découpées sont les variétés de choix pour l’aménage­ment. Des deux, ‘Dissecta’ est le plus découpé. Plant femelle. 2 à 4 m x 2 à 5 m. Zone 3a. ❧ R. typhina ‘Laciniata’ : s’il existe une différence entre ‘Dissecta’ et ‘Laciniata’, elle est très mineure. Plant femelle. 2 à 4 m x 2 à 5 m. Zone 3a. AUTRES ESPÈCES : R. copallina (sumac brillant, sumac à copal ; anglais : Shining Sumac, Flameleaf Sumac) : peu connu en culture, ce sumac arbustif ou arborescent rappelle vaguement le sumac vinaigrier, mais ses tiges duveteuses sont plus étroites que celles du sumac vinaigrier et encore plus évidentes, ses feuilles sont très différentes : moins longues, plus luisantes, avec moins de folioles (5 à 11). Ce qui est le plus frappant, c’est le pétiole central ailé. Beaux coloris automnaux, généralement dans les teintes de rouge et de pourpre. Il est ce­pendant aussi envahissant que le sumac vinaigrier. 6 à 8 m x 6 à 8 m. Zone 5a. ❧ R. copallina ‘Creel’s Quintet’ : variante naine du précédent. Feuilles à 5 folioles, bourgogne à l’automne. 2,5 à 3 m x 2,5 à 3 m. Zone 5a. R. glabra (sumac glabre) : espèce indigène très semblable au sumac vinaigrier, mais plus commun dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Les seules différences notables sont sa taille plus petite… et l’absence de pilosité sur les tiges et les feuilles. 3 m x 2 à 3 m. Zone 3a. ❧ R. glabra cismontana : c’est la forme du sumac glabre trouvé dans les Prairies et les Rocheuses. Plus petit à tous les égards et résistant mieux à la sécheresse que l’espèce. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 3a. ❧ R. glabra ‘Laciniata’ : variété découpée de la même manière que R. typhina ‘Dis­secta’ et R. typhina ‘Laciniata’. Aussi envahissante que l’espèce. En théorie fe­mel­le… mais le mien n’a pas encore fleuri en 8 ans de culture ! 3 m x 2 à 3 m. Zone 3a. ❧ R. glabra ‘Morden’s’ (‘Morden’s Selection’) : cultivar manitobain de plus pe­tite taille que l’espèce, aux fruits d’un rouge particulièrement intense. Peu com­ mercialisé. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 3a. R. x pulvinata (sumac hybride) : cette espèce est un hybride naturel de R. glabra et R. typhina, un croisement se produisant couramment lorsque les deux croissent à proximité. Il est intermédiaire entre les deux espèces, étant moins hirsute que R. typhina, mais plus que R. glabra. 3 m x 2 à 3 m. Zone 3a. ❧ R. x pulvinata ‘Autumn Red Lace’ : nom donné par les botanistes britanniques à R. glabra ‘Laciniata’. Rhus glabra ‘Laciniata’

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ATTRAYANTS MÊME EN HIVER

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rintemps, été, automne… et main­ te­nant, hiver. Oui, malgré ce que vous pou­vez imaginer, il existe des arbus­tes par­ti­cu­lièrement intéressants pour leur appa­ rence hivernale. C’est d’abord le cas de nom­ breux arbustes à fruits persistants, décrits dans le chapitre Des fruits beaux à croquer, mais d’autres retiennent l’attention par leur coloration et leur port. Ce sont ces arbustes que je vous présente dans ce chapitre. UN ARC-EN-CIEL DE COULEURS… D’ÉCORCE Dans le cas de la majorité des arbustes décrits ici, l’intérêt hivernal réside dans la coloration inhabituelle de l’écorce. D’accord, il y a beaucoup d’autres arbus­tes dont l’écorce rugueuse, plaquée, exfoliante peut être décorative, mais à certain mo­ment, la gamme des couleurs commence à s’épuiser. Ils offrent toutes les teintes possibles de gris et de brun. Mais gris et brun, n’est-ce pas un peu… morne ? Ce qui donne tant d’intérêt aux arbustes décrits dans ce chapitre, c’est leur écorce qui n’est ni grise, ni brune, mais… rouge, orange, jaune, blanche… ou même bleue ! Ces couleurs sont tellement inhabituelles qu’elles attirent toujours l’at­tention. Rien de mieux que quelques branches rouges ou jaunes pour égayer une ambiance hivernale ! Il faut cependant savoir que la plupart des arbustes à écorce colorée ont besoin d’un peu d’aide pour conserver leur effet puisque ce sont les plus jeunes rameaux qui sont les plus vivement colorés. Avec le temps, leur écorce devient… brune ou grise ! En consé­quence, il faut habituel­lement soit éliminer par la taille les branches moins colo­rées de 3 ou 4 ans afin de stimuler la pousse de nombreux rameaux de 1 ou 2 ans, soit simplement rabattre l’ar­buste aux 3 ou 4 ans pour pro­voquer son rajeunis­sement total. DES BRANCHES À SILHOUETTE UNIQUE D’autres arbustes n’attirent pas tellement notre regard par la couleur de leur écorce, mais par leur port. Alors que certains adoptent et répètent la même for­ mule à l’infini, section de branche droite, fourche, autre section de branche droite, autre fourche, etc., quelques arbustes semblent avoir complètement perdu la boussole. Leurs branches croissent n’importe comment, de façon complètement désor­donnée, en spirale, en tire-bouchon, en éventail ou autre. Si les écorces colorées de certains arbustes se trouvent telles quelles dans la nature, tous les arbustes à tiges curieusement tordues ou aplaties sont en fait des mutations. On ne retrouve de telles formes à l’état sauvage que s’il y a eu une mutation, et même dans ce cas, la mutation est généralement éliminée avec le temps, car les branches qui ont pris ces formes croissent plus lentement que les branches normales et l’arbuste touché n’arrive pas à faire compétition aux autres. Ce sont des erreurs de la nature qui existent dans nos jardins parce que nous aimons ces formes peu communes… et n’épargnons pas nos efforts pour les préserver.

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Attrayants même en hiver

DES TIRE-BOUCHONS… La cause des tiges tordues ou spiralées de certains arbustes est inconnue. Certains scientifiques suggèrent que leur pointe de croissance se compose de deux genres de cellules, à croissance lente d’un côté, et à croissance rapide de l’autre. En pous­ sant, la branche ne peut faire autrement que de se tortiller. … ET DES CRÊTES-DE-COQ En botanique, les tiges aplaties en éventail sont dites « fasciées » ou « cristées ». Plutôt qu’une pointe de croissance à l’extrémité de la tige, elles présentent une multi­pli­cation des cellules génératrices, en ligne droite. Une telle branche a alors une crois­sance très ralentie, car elle consacre son énergie et ses ressources à l’élar­ gis­sement et n’allonge que très lentement. Il s’ensuit que les branches nor­males finis­sent par la dépasser. Habituellement, la « crête » (aussi appelée fasciation ou plus commu­nément, crête-de-coq) produit à l’occasion une ou plusieurs nouvelles tiges norma­les, lesquelles se mettent à pousser rapidement et deviennent crêtées à leur tour. SURTOUT L’HIVER Remarquez que, jusqu’à un certain degré, les écorces colorées et les tiges tordues et crêtées sont visibles toute l’année. Ce n’est cependant qu’entre la chute des feuilles, à l’automne, et la reprise de la croissance, au printemps, que leur effet est le plus intéressant, car l’été, les feuilles soustraient partiellement, ou du moins en bonne partie, les rameaux à la vue. De plus, ces traits curieux sont encore plus remar­ quables lorsqu’ils sont mis en valeur par un fond de neige blanche. Il n’en demeure pas moins vrai que choisir un arbuste précisément pour son ef­fet hivernal est une idée encore nouvelle et qu’en le faisant, vous faites figure de pion­nier dans l’aménagement paysager. Mais pourquoi ne pas essayer ? Ce n’est pas l’aménagement entier qui doit être pensé en fonction de l’effet hivernal, mais seule­ment quelques arbustes bien placés pour rendre votre terrain attrayant, même en hiver.

Bouleau noir Fox Valley Cornouillers à rameaux colorés Noisetier tortueux Ronce tibétaine Saule blanc Saule tortueux

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Bouleau noir Fox Valley

Betula nigra ‘Little King’ Fox Valley™

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Bouleau noir Fox Valley e bouleau est encore très peu dispo­ n ible sur le mar­ c hé Betula nigra ‘Little King’ Fox Valley™ ca­nadien. C’est, en quelque sorte, un « futur classique ». Noms anglais : Fox Valley River Birch. Pour commencer, sachez que Hauteur à maturité : 2,5 à 3 m. le bouleau noir est nor­ma­lement un Diamètre à maturité : 3 à 4 m. Emplacement : soleil. arbre assez grand de 12 à 15 m. Fox Port : globulaire. Valley est ce­pendant une mutation Sol : tout sol humide, acide à légèrement acide. ar­ bustive de l’espèce, ne for­ mant Légère résistance au sel et au compactage. ha­bi­­tuel­lement qu’un seul «  tronc  » se Disponibilité : faible. ramifiant immé­dia­­tement au-dessus Intérêt principal : écorce s’exfoliant, du sol… et ne se dé­ve­loppant jamais surtout visible l’hiver. en hau­teur. Il for­me plutôt un grand Intérêts secondaires : port de l’arbuste. arbuste au port plutôt arrondi, légè­ Coloration automnale. rement plus large que haut. On le Feuillage : caduc. classe comme un « bouleau nain », Problèmes : peu fréquents. Mineuses. mais uniquement en comparaison Taille : peu nécessaire. avec l’espèce normale. Même si sa Multiplication : boutures herbacées. croissance est relativement lente, Util. : arrière-plan, coin humide, écran, en isolé, haie, il atteint néanmoins environ 3 m x massif, plate-bande, attire les oiseaux granivores. 4 m après 15 à 20 ans. D’accord, c’est Zone de rusticité : 2a. petit pour un bouleau, mais impres­ sionnant pour un arbuste. L’été, l’attrait de cet arbuste se limite à son abondant feuillage qui cache toute sa structure. Les feuilles sont vert moyen et luisantes sur le dessus et grisâtre au revers, et ont une silhouette plutôt triangulaire, avec de nombreuses petites dents. Les fleurs et 297

Attrayants même en hiver

les fruits sont insignifiants et n’apparaissent d’ailleurs que sur les sujets matures. La floraison a lieu au printemps et la chute des graines suit très rapidement. Plusieurs oiseaux granivores s’intéressent toutefois aux fruits beaucoup plus que nous ! À l’automne, la livrée de Fox Valley devient jaune… mais toutefois pendant un temps assez court. C’est à la chute des feuilles que l’arbuste attire vraiment les re­gards. En effet, son écorce est tout à fait remarquable. Vaguement semblable à l’écorce du bouleau à papier (Betula papyrifera) dans sa jeunesse, lisse et blanchâtre avec beaucoup de lenticelles, elle offre un effet très différent en mûrissant. Sa coloration passe de blanc à crème, puis à cannelle, presque rose, et elle s’exfolie non seu­lement un peu, mais abondamment, en lanières s’accumulant sur les branches principales et donnant à l’écorce une surprenante apparence épaisse et chevelue. Il croît dans tous les sols, mais préfère les milieux riches et humides, de préféren­ce au moins un peu acides. Comme son nom anglais, « River Birch » l’indi­que, il croît normalement en bordure des cours d’eau et peut donc tolérer les sols très humides, mais cependant bien drainés. Il ne supporte pas les sols marécageux où l’eau stagne, chassant tout l’oxygène du sol. Malgré ses origines, il tolère la sécheresse, mais s’af­ faiblit lorsqu’elle dure trop longtemps. Le plein soleil, ou presque, est toujours de rigueur, comme pour la plupart des bouleaux. Notez que contrairement au bouleau à papier, ce bouleau noir n’est que rare­ ment attaqué par l’agrile du bouleau, mais souffre parfois un peu de la mineuse (page 143), un problème bien moins grave puisqu’elle ne cause que des dégâts mi­neurs, ne menaçant aucunement la santé de l’arbuste

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Betula nigra ‘Little King’ (Fox Valley™) : seule l’espèce décrite ci-dessus est arbustive. AUTRES ESPÈCES : Il existe des bouleaux naturellement arbustifs, décrits dans le chapitre Des arbustes « au naturel ». Il reste le cultivar suivant : ❧ Betula pendula ‘Trost Dwarf’ (bouleau nain à feuilles découpées, anglais : Trost Dwarf Birch) : le mystère a longtemps plané sur ce curieux petit bouleau appelé à l’origine tout simplement B. ‘Trost’s Dwarf’, sans préciser à quelle espèce il appartenait au juste. On sait maintenant qu’il a été trouvé sous forme de balai de sorcière, sur un bouleau pleureur (B. pendula), dans les pépinières de Southern Oregon Nurseries, en 1976, par l’horticulteur Dieter Trost, et appartient donc à cette espèce. Les boutures prises sur les balais de sorcière, de curieuses excroissances aux nombreuses branches raccourcies trouvées sur les arbres matures, ont souvent donné des variétés naines comme c’est le cas ici. Les rameaux sont minces, d’abord dressés, puis retombants aux extrémités : sans feuilles, l’arbuste ressemble à un bonsaï ! Les feuilles sont découpées en lanières filiformes, ce qui donne à l’arbuste entier un effet plumeux. De croissance lente, il atteint éventuellement au moins 1 m x 1,5 m, probablement plus avec le temps. Ce petit bouleau ne se comporte toutefois pas très bien dans les régions plus chau­des, où sa croissance est souvent faible et ses feuilles chutent préma­ turément. Il convient beaucoup mieux aux régions ayant des étés frais. Côté culture, il préfère un sol moins humide que le bouleau noir et tolérant moins bien la sécheresse, il se plaît dans un sol à peine humide, quoi ! On l’utilise surtout dans les rocailles, en bordure, en isolé… dans un emplacement où sa petite taille et sa forme unique seront mises en valeur. Contrairement à son « papa », le bouleau pleureur, il n’est sujet ni aux agriles ni aux mineuses, sans doute parce que ces insectes ne trouvent pas de quoi se nourrir sur un arbuste aussi chétif ! Zone 3a.

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Cornouillers à rameaux colorés

Cornus alba

Cornouillers

à rameaux colorés Cornus alba, C. sanguinea et C. stolonifera Noms anglais : Redtwig Dogwood. Hauteur à maturité : 1,5 à 2 m. Diamètre à maturité : 1,5 à 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire, irrégulier. Sol : tous les sols, mêmes très humides, acides à alcalins. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : écorce colorée, visible l’hiver. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits colorés. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : altises, chancres, kermès, pucerons, rongeurs. Taille : suppression des branches de plus de 3 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, division, marcottage. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, coin humide, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, attire les oiseaux frugivores, fruits comestibles, utilisations médicinales. Zone de rusticité (site exposé) : 2a. Zone de rusticité (site protégé) : 1a.

V

oici trois espèces qui confondent même les experts  : On peut presque les voir comme une seule espèce très variable. La va­riante nordaméricaine est Connus sericea (C. stolonifera), la variante euro­ péenne C. san­gui­nea et enfin, la variante asia­tique ou sibérienne C. alba. Les trois sont des arbustes drageonnants, formant de vastes fourrés lorsqu’ils sont laissés à eux-mêmes. Ils ont un port plus ou moins arrondi, éven­ tuelle­ ment plus large que haut, et une croissance rapide. Les feuilles elliptiques, aux nervures enfon­ cées, sont vert foncé, devenant rouges ou rouge pourpré à l’automne. Les petites fleurs printanières blanc crème sont regroupées en cymes aplaties, apparaissant après la feuillaison, et ne sont pas particulièrement durables ou attrayantes. Il arrive

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Attrayants même en hiver

I

souvent que les arbustes l existe de très nombreuses variétés de cor­ nouiller à refleurissent sporadiquement rameaux colorés au feuillage coloré, généralement pa­naché au cours de l’été. Les fruits ou doré. Toutefois, j’ai préféré leur consacrer une fi­che dans sont noirs, bleutés ou blancs, le chapitre Des feuilles tout en couleurs, à la page 326. selon l’es­ pèce (voir les des­ criptions). Les cornouillers à ra­meaux colorés sont très faciles à cultiver et d’ailleurs omniprésents dans nos amé­nagements. Tous les sols leur conviennent, même dé­trem­pés, ce qui n’est pas surprenant puisque à l’état sauvage, ils croissent très sou­vent dans les marécages, tolé­rant même assez bien les em­bruns salins, ce qui permet leur plantation en bordure de mer et le long des routes traitées avec des produits de déglaçage. Le plein soleil et la mi-ombre leur conviennent très bien. Il est nécessaire de supprimer les vieilles branches pour accentuer la couleur des rameaux, car les jeunes tiges sont les plus colorées. Pour ce faire, taillez au printemps ou au début de l’été, et les fleurs de ces arbustes n’ayant que peu ou pas d’importance, vous pouvez tailler avant ou après la floraison, supprimant annuellement les branches de plus de 3 ans. Vous pouvez éga­lement rabattre l’arbuste à quelques centimètres du sol lorsque sa coloration diminue. Les cornouillers à rameaux colorés ne sont toutefois pas sans présenter des problèmes. D’abord, tous sont drageonnants, mais faciles à contrôler avec une barrière ou par l’élimination des rejets indésirables. Les altises percent régulièrement le feuillage, mais leurs petits trous ne sont visibles que de près. Les pucerons et les rongeurs aussi causent parfois des ennuis, sans parler des cerfs et des orignaux. Enfin, certains cultivars sont sujets aux chancres. Malgré tout, aucun de ces problèmes n’est majeur au point de mettre les cornouillers sur une liste noire. Les cornouillers à rameaux colorés servent essentiellement à toutes les sauces, mais sont surtout populaires pour la naturalisation ou l’association à d’autres arbus­ tes dans un massif ou une plate-bande.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Note : Sauf mention contraire, tous les cornouillers décrits ici sont de zone 2a (1a en site protégé) et atteignent environ 1,2 m x 1,2 m lorsqu’ils sont taillés régulièrement, mais peuvent atteindre la hauteur indiquée si l’on ne les taille que peu ou pas du tout. ❧ Cornus alba (cornouiller blanc, anglais : Tatarian Dogwood) : cette espèce, originaire d’Asie, est le plus populaire des cornouillers à rameaux colorés en culture, probablement parce qu’il est un peu moins envahissant que notre cornouiller stolonifère indigène. Port plutôt dressé, puis arqué à maturité. Les fruits sont blancs ou parfois bleutés, mais peu nombreux. Les feuilles deviennent rouge pourpré à l’automne. 2 à 3 m x 1,5 à 3 m. ❧ C. alba ‘Bud’s Yellow’ : variante à tiges jaunes semblant supérieur à C. sericea ‘Flaviramea’ qui était jusqu’à maintenant le cornouiller à écorce jaune idéal. C’est que le jaune de ‘Bud’s Yellow est plus pur… et la plante est moins sujette aux chancres. Feuillage jaune à l’automne. Peut aussi être un culivar de C. sericea. 2 à 2,5 m x 1,5 à 2 m. ❧ C. alba ‘Kesselringii’ : forme à écorce pourpre foncé, presque noire. 1,8 à 3 m x 1,5 à 2 m. ❧ C. alba ‘Siberian Pearls’ (‘White Pearls’) : une sélection de ‘Siberica’, théoriquement à floraison et fructification particulièrement abondantes, ce qui ne semble pas toujours vrai. Un emplacement humide, voire marécageux, semble donner les meilleurs résultats. Les fruits, blancs au début, deviennent bleus. Écorce rouge corail. 1,8 à 3 m x 1,5 m. ❧ C. alba ‘Siberica’ (C. alba sibirica, cornouiller de Sibérie, anglais : Siberian Dogwood) : une variété classique. Feuilles plus rondes que l’espèce et écorce 300 rouge corail. Fruits bleutés. 1,8 à 3 m x 1,5m.

Cornus stolonifera

Attrayants même en hiver

❧ C. sanguinea (cornouiller femelle, anglais : Common Dogwood) : c’est la variante européenne de notre triade de cornouillers à rameaux colorés. Cette espèce est peu culti­vée en Amérique du Nord, où on le croyait peu rustique. Or, des études récentes démon­trent qu’il est tout aussi rustique que les autres, se comportant par­faitement en zone 2a, avec à peine quelques extrémités de rameaux endom­ma­gées. L’écor­ce de l’espèce est plu­tôt verte, rougissant cependant du côté du soleil, mais plusieurs culti­vars sont aussi colorés que les autres cornouillers. Les feuilles sont pourpres à l’automne. Son port est semblable à celui de C. alba, mais il est plus drageon­nant. Les fruits aident à distinguer cette espèce des autres, car ils sont pourpre très foncé, presque noirs, tandis que les deux autres espèces ont des fruits blancs ou bleutés. 2 à 3 m x 3 m. ❧ C. sanguinea ‘Midwinter Fire’ : variété dont les tiges sont rouges à la base, orange au centre, et jaunes vers l’extrémité. Parce que la coloration est nettement meilleure sur les jeunes rameaux, il peut être nécessaire de rabattre annuellement ce cultivar pour obtenir un bel effet. Feuilles jaunes à l’automne. 2,5 à 3 m x 3 m. ❧ C. sanguinea ‘Viridissima’ : variété rare aux tiges jaune verdâtre. Feuilles jaunes à l’automne. 2,5 à 3 m x 3 m. ❧ C. sanguinea ‘Winter Flame’ (‘Winter Beauty’) : coloration similaire à celle de ‘Midwinter Fire’, mais inversée : la base de la plante est jaune, les rameaux orange feu et les pointes rouge corail. Un rabattage annuel stimule une meil­leure coloration. Feuilles jaunes et orange à l’automne. Sublime ! 2,5 à 3 m x 3 m. C. sericea, syn. C. stolonifera (anglais : cornouiller stolonifère, hart rouge, RedOsier Dogwood) : c’est la vari­ante nord-américaine de la triade des cor­nouillers à rameaux colorés. Le nom anglais, « Red-Osier Dogwood », vient de ses rameaux utilisés dans la fabrication des paniers. L’espèce est fort populaire dans la natu­ralisation et la stabilisation des berges, mais plu­sieurs cultivars sont aussi utilisés dans des aména­gements plus sophis­tiqués. Inutile de vous dire que, consi­dérant son ancien nom de C. stolonifera, les drageons sont abondants puisque les stolons produisent les drageons. Fruits blancs et trans­lucides à l’automne. 2 à 3 m x 3 m. ❧ C. sericea baileyi (C. baileyi, C. sericea ‘Baileyi’) : tiges habillées du rouge habituel des cornouillers, mais fruits bleus abondants. 2 à 3 m x 3 m. ❧ C. sericea ‘Cardinal’ : rameaux d’un rouge cerise particulièrement vif. 2 à 3 m x 3 m. ❧ C. sericea ‘Flaviramea’ : le traditionnel cornouiller à rameaux jaunes. Très sujet aux chancres, il mériterait peut-être d’être remplacé par C. alba ‘Bud’s Yellow’ qui est plus résistant. 2 à 3 m x 3 m. ❧ C. sericea ‘Isanti’ : variété de taille plus compacte, aux fins rameaux rouges et aux nombreux fruits blancs. Sujet aux maladies. 1,5 x 2 à 2,5 m. ❧ C. sericea ‘Kelseyi’ (‘Kelsey’s Dwarf’) : le plus nain des cornouillers à rameaux colorés. Rameaux rouges. Feuilles plutôt ron­ des. Peu porté à dra­geon­­ ner. Excellent couvre-sol. 60 à 90 cm x 60 à 90 cm.

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Noisetier tortueux

Corylus avellana ‘Contorta’ au débourrement : les jeunes feuilles vertes ne sont pas encore trop agaçantes.

L

’un des plus curieux ar­bus­ tes qui existent. Les tiges gris-brun croissent tou­ jours en torsade, poussant dans tous les sens, se croisant et s’en­ tre­ croisant pour former un amas en­ tortillé. Le nom anglais est d’ail­l eurs superbe : « Harry Lauder’s Walking Stick » (la canne de Harry Lauder). L’his­ toire ne dit pas qui était M. Lauder, mais on peut s’imaginer qu’il avait une physionomie très tortueuse ! L’effet de cet arbuste est tout à fait original et très approprié comme plante vedet­ te mais… la plante est d’une laideur indescriptible lors­qu’elle est en feuilles ! En effet, les feuilles vert foncé, dentées, plus ou moins cor­ d iformes, duveteuses au revers, sont également à moitié entortillées, bosselées, défor­

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Noisetier

tortueux

Corylus avellana ‘Contorta’ Noms anglais : Harry Lauder’s Walking Stick, Corkscrew Hazel. Hauteur à maturité : 1,5 à 2 m. Diamètre à maturité : 1à 2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire. Sol : riche en matière organique, bien drainé, humide, acide à alcalin. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente. Intérêt principal : ramure hivernale. Intérêts secondaires : chatons printaniers. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Multiplication : boutures herbacées, division, marcottage. Utilisation : bordure, écran, fondation, en isolé, platebande, rocaille, arrangements floraux, bonsaï. Zone de rusticité (site exposé) : 5b. Zone de rusticité (site protégé) : 4b.

Attrayants même en hiver

mées, placées sans queue ni tête sur l’arbuste : c’est un fouil­­ lis absolu qui rend l’ar­ buste très difficile à in­corporer à un amé­na­gement. Ce n’est pas mieux au début de l’automne lorsque les feuilles d’allure torturée jau­nissent un peu, semblant crier : «  Arra­ chez-nous ! ». Fort heureu­ sement, elles finissent par tomber ! Je pourrais continuer en vous disant que ce n’est pas Corylus avellana ‘Contorta’ en pleine feuillaison : n’est-ce mieux au printemps, période pas qu’on a envie d’y mettre le feu ? où les chatons femelles sont présents mais peu visibles, et les chatons mâles retombants, brun doré, apparaissent çà et là sur la ramure, ressemblant à autant de guenilles sales enroulées, se balançant au gré du vent… mais ce ne serait pas véridique. Au contraire, on a l’impression qu’aussi longtemps que l’arbuste n’est pas enseveli sous les feuilles, il est attrayant. Les petits chatons, en fait très simples et sans attrait en soi, ajoutent alors un peu d’intérêt pendant leur courte durée, sans toutefois avoir une suite, car le noisetier tortueux produit rare­ment des fruits. Par contre, peu après les feuilles apparaissent… et le noisetier tor­tueux perd tout son attrait jusqu’à l’automne, moment où il perd ses feuilles. Croyez-le ou non, il y a des gens qui protègent cette plante pour l’hiver, en faisant une momie de jute et de géotextile. De laide, elle devient alors hideuse, sans jamais être belle ! Évidemment, pour apprécier le noisetier tortueux, il faut lui donner un emplacement où il se fond dans le décor durant l’été, derrière des annuelles ou des vivaces hautes, pour réapparaître subitement à la chute des feuilles. D’ailleurs, le plus beau noisetier tortueux que j’ai vu était… mort ! Sans feuilles pour l’enlaidir, il était toujours superbe. Qui sait ? Si votre pépinière en tue un par accident, peut-être pourrez-vous l’obtenir à très bon prix et l’utiliser comme élément décoratif pendant quelques années, le temps que les tiges pourrissent ? Cependant, si vous tenez à garder un noisetier tortueux bien en vie, plantez-le dans un sol riche et bien drainé, au soleil ou à la mi-ombre. Nul besoin de le tail­ler et de toute façon, vous ne sauriez par où commencer. Ne le taillez que s’il a subi des dommages. Autrement, en posant sans exagération un peu de paillis à son pied pour l’empêcher de se dessécher, car il tolère un peu de sécheresse, il con­ti­nuera sa lente croissance sans exiger la moindre intervention pendant plusieurs décennies. Enfin, essayez d’obtenir un plant produit in vitro. Jusqu’à tout récemment, on greffait toujours le noisetier tortueux sur un pied de noisetier commun, ce qui obligeait le jardinier à se battre constamment avec les repousses droites du portegreffe. Les noisetiers in vitro sont nécessairement francs du pied et vous libèrent d’une tache bien ingrate !

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Corylus avellana ‘Contorta’ (noisetier tortueux) : voir la description ci-dessus.

AUTRES ESPÈCES : Plusieurs autres noisetiers sont cultivés pour leurs feuilles ou leurs fruits colorés. Ils sont respectivement décrits dans le chapitre Des feuilles tout en couleur.

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Ronce tibétaine

Rubus thibetanus

N

ous avons déjà vu quel­ ques ronces ou framboi­ siers orne­ mentaux pour leurs fleurs (page 263), mais il existe aussi un petit groupe dont l’attrait principal est dû à leurs tiges colorées. Dans ce groupe, la ronce tibétaine est la plan­te la mieux adaptée à notre climat. Il s’agit d’un arbuste aux tiges droites qui s’arquent joliment à leur extrémité. Com­me il croît en touffes, il crée un peu l’effet d’un petit parasol. Les tiges sont brun pourpré, mais si densément re­cou­ vertes de pruine blanche qu’elles pa­raissent blanc bleuté. Elles sont couvertes de petits ai­guillons à la manière du fram­boi­sier comestible (Rubus idaeus). L’hiver, l’arbuste a une appa­rence spectaculaire… du moins, jusqu’à ce que la neige ne le re­cou­vre, comme c’est souvent le cas dans les régions où la neige est abondante.

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Ronce

tibétaine

Rubus thibetanus Noms anglais : Silver Fern Raspberry. Hauteur à maturité : 1 à 1,5 m. Diamètre à maturité : 1 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : évasé. Sol : tout sol, riche ou pauvre, acide à neutre. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : tiges épineuses blanches l’hiver. Intérêts secondaires : feuillage argenté l’été. Feuillage : caduc. Problèmes : sujet à la brûlure hivernale même en site protégé. Taille : suppression des dommages hivernaux au printemps ou rabattre au sol tous les ans. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées, division. Utilisation : arrière-plan, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité (site exposé) : 5b. Zone de rusticité (site protégé) : 4b.

Attrayants même en hiver

L’été, les rameaux se recouvrent de petites feuilles très divisées, à 7 à 13 folioles découpées et dentées. L’ensemble des feuilles découpées sur des tiges ar­quées donne à l’arbuste un petit air de grande fougè­ re… mais de fougère argentée, car les feuilles pres­que blanches au revers sont également recouvertes de pruine blanche. Les fleurs rose vif sont petites, produites sur la croissance de l’année, mais ne durent que quelques jours et sont, de toute façon, dominées par le feuillage. Les petits fruits Rubus cockburnianus noirs n’ont aucun attrait et sont vite mangés par les ‘Goldenvale’ oiseaux. Sous notre climat, les tiges sont presque toujours tuées par le froid à quelques centimètres du sol. Il faut donc le traiter en arbuste à recéper, le coupant au sol au printemps. Toutefois il repousse rapide­ment et densément, regagnant vite ce qu’il a perdu. Il faut aussi contrôler son expansion latérale, car la ronce tibétaine drageonne, produisant des rejets sur de courts stolons. Une barrière d’une quinzaine de cen­ timètres, enfoncée dans le sol, semble toutefois suffisante pour contenir cette plante qui n’est pas aussi terriblement envahissante que d’autres ronces. Si une taille annuelle et un peu de surveillance des drageons ne vous démo­ra­­ lisent pas, sa culture est facile, car, comme toute ronce ou tout framboi­sier, la ron­ce tibétaine s’adapte bien à tous les sols bien drainés, même les sols très pau­vres, et tolère aussi l’ombre même si elle préfère le soleil. Il ne semble pas avoir ni pro­blè­ mes d’insectes, ni de maladies

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Rubus thibetanus (ronce tibétaine) : voir la description ci-dessus. ❧ R. thibetanus ’Silver Fern’ : nom commercial pour R. thibetanus.

AUTRES ESPÈCES : ❧ R. cockburnianus (ronce de Cockburn, anglais : Ghost Bramble) : espèce très semblable à la ronce tibétaine, mais de plus grande taille et aux tiges encore plus pruinées, de couleur blanc craie. Les feuilles sont vertes et plus grosses que celles de la ronce tibétaine, avec 7 à 9 folioles. Cette espèce s’étale rapidement à l’horizontale par ses nombreux stolons forts envahis­sants et doit donc être surveillée de plus près que sa cousine. Ses petites fleurs roses n’ont que peu d’impact, mais par contre, ses fruits d’un noir bleuté sont attrayants et attirent les oiseaux. Encore plus gélive que la ronce tibétaine, la ronce de Cockburn est donc nettement un arbuste à recéper, partout au Québec. 2 à 2,5 m x 2 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ R. cockburnianus ‘Goldenvale’ : nouveauté en Amérique mais fort populaire en Europe, ce cultivar diffère de l’espèce par son feuillage jaune doré tout l’été. 2 à 2,5 m x 2 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ R. phœnicolasius (aucun nom commun français, anglais : Japanese Wineberry) : très nouveau et encore peu disponible dans le commerce, il s’agit d’une grande ronce de 2,5 à 3 m, aux longues tiges arquées, abondam­ ment couvertes de minces aiguillons rouges donnant presque l’impression d’un velours. Ces aiguillons couvrent même les nervures des feuilles trifo­ liées vert pâle sur le dessus, blanchâtres au revers, et les tiges florales sont couvertes de ce « velours rouge » quelque peu piquant. Les petites fleurs rose pâle qui apparaissent en juillet sont suivies de délicieux fruits très sucrés, de couleur rouge orangé. Sous notre climat, c’est un arbuste à recéper. Atten­tion : l’arbuste est très envahissant ! Intéressant à naturaliser dans un milieu à demi sauvage où il peut pousser à profusion. Zone 6b (4b en site protégé).

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Saule blanc Saule

blanc Salix alba et autres

Salix alba vitellina ‘Britzensis’

L

Noms anglais : White Willow. Hauteur à maturité : 23 à 30 m. Diamètre à maturité : 20 m. Emplacement : soleil. Port : érigé (forme normale), arrondi (taillé). Sol : tout sol humide à très humide, acide à alcalin. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : écorce colorée l’hiver. Intérêts secondaires : arrangements floraux. Feuillage : caduc. Problèmes : bactéries, chancres, insectes, taches foliaires. Taille : rabattage au sol ou au niveau de la neige tous les deux ans. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, marcottage. Semences fraîches (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, en isolé, haie, massif, pentes, arrangements floraux, fabrication de paniers. Zone de rusticité : 2a.

e saule blanc (Salix alba) est un arbre très variable, in­di­gène sur un vaste territoire cou­vrant presque toute l’Europe, le nord de l’Afrique et l’Asie cen­trale. Il est couramment cul­tivé en Amérique du Nord où il s’est échappé de culture presque par­tout : c’est le grand saule à écor­ce rugueuse et aux feuilles étroi­tes, argentées au revers, que l’on voit sur les terrains et le long des cours d’eau. Le plus commun des sau­les pleureurs, celui à ra­meaux jaune clair (S. alba ‘Tristis’), en est une variante très cou­ram­ment cultivée. Par contre, sous sa forme normale, le saule blanc n’est pas un arbuste, mais un grand ar­bre, certains cultivars pouvant at­tein­dre 30 m de hauteur. C’est uniquement par la taille qu’il de­meure arbustif. L’espèce même n’a pas d’écorce particulièrement colorée, mais a par contre produit quel­ques cultivars ayant la ramure la plus colorée de toutes les plantes ligneuses, exception faite des cor­nouillers. Ces saules à écorce richement teintée peuvent être très utiles pour égayer votre aménagement d’un peu de cou­leur hivernale. Par contre, la meilleure coloration sur les rameaux des saules à écorce colorée se trou­ve… sur le bois rela­tivement jeune. Vous gagnez alors à les rabattre aux deux ans. Il y a plusieurs façons de tailler un grand saule pour tirer le meilleur effet de son écorce. Dans les régions où l’enneigement est faible, rabattez simplement tou­tes les branches au sol, tous les deux ans. Il en résultera un arbuste très égal, de port arrondi,

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Attrayants même en hiver

d’environ 1,5 à 3 m de hauteur, car tous les rameaux seront prati­que­ment de même longueur. Taillez tôt au printemps afin que l’arbuste ait le temps d’atteindre une bonne taille avant l’hiver. Dans les régions où l’accumulation de neige est importante, le but visé est différent, car on veut voir les tiges au-dessus de la neige. Il faut donc tailler plus en hauteur, à environ 1 m. Avec le temps, l’arbuste développe un tronc solide et droit, coiffé d’un « balai » de branches nouvelles. On voit souvent de tels saules en Europe où on leur donne le nom de « têtards » parce qu’ils sont constamment étêtés. Par contre, en Europe, on le fait dans un autre but, On étête pour provoquer une profusion de rameaux servant à la fabrication de paniers et de meubles, car oui, le saule blanc est l’un des saules à osier, et la hauteur du tronc n’est pas choisie en fonction de l’accumulation de neige, mais afin de faciliter une récolte sans se pen­cher ou utiliser une échelle. Vous aussi pouvez récolter les tiges de saule à écorce colorée pour la vannerie et les arrangements floraux frais ou séchés. Les rameaux de deux ans ont juste la bonne longueur pour la vannerie et sont encore très flexibles. En dehors de la saison hivernale, les tiges colorées du saule blanc sont peu visibles, mais ce dernier produit de très nombreuses feuilles vert moyen, arg­en­tées au revers, très étroites, donnant une impression légère et argentée, sur­tout lorsque l’arbuste est vu de loin. Par contre, ses petits chatons minces sont peu voyants, d’autant plus qu’ils se forment après la feuillaison et non à nu comme c’est le cas pour le saule à chatons (page 247). Les feuilles demeurent vertes long­temps à l’automne, prenant parfois une belle teinte jaune avant de tomber. Le saule blanc est de culture facile, tolérant la plupart des sols le moindrement un peu humides, et poussant d’ailleurs très bien les pieds dans l’eau, en bordure de rivière, par exemple. Tolérant mal l’ombre, il demande un emplacement en plein soleil. Il peut drageonner à l’occasion, mais rarement avec assez de vigueur pour créer des problèmes. Si les grands saules blancs sont sujets à plusieurs maladies et insectes, sachez que le rabattage régulier des variantes à écorce colorée élimine presque tous ces problèmes. Ne vous attendez, au pire, qu’à quelques taches ou trous sur les feuilles, et seulement à l’occasion. Par contre, surveillez le lieu de plantation, car le saule blanc est un des saules dont les racines sont très envahissantes. Sa culture étant même défendue dans certaines municipalités, une vérification s’impose avant son achat. Bien sûr, il est assuré qu’elles ne se développeront pas en longueur si vous rabattez constamment l’arbuste… mais je vous suggère tout de même de l’éloigner d’au moins 10 m de toute fondation ou tuyau. De plus, vous vous promettez bien de le rabattre tous les deux ans… mais si un beau jour vous renoncez à cette taille, il deviendra le grand arbre aux racines envahissantes tant craint par les municipalités. La multiplication des saules est un jeu d’enfants. Il suffit d’insérer une tige dans le sol, même en pleine terre, et elle prendra rapidement racine. Lorsqu’une branche cassée tombe au sol, elle peut s’enraciner ! Même les tiges obtenues d’un fleuriste dans un arrangement floral peuvent prendre racine… à condition qu’elles ne soient pas séchées, bien sûr. Enfin, la rusticité du saule blanc est très variable, ce qui est compréhensible étant donné la très vaste étendue de l’espèce. En fait, tout dépend de l’origine du cultivar. Certains proviennent d’Afrique du Nord et d’autres de Laponie ! Certains pépiniéristes suggèrent alors une cote zonière mitoyenne pour tous les saules blancs : zone 4. Toutes les variétés à écorce colorée sont toutefois originaires du nord de l’Europe, et survivent très bien en zone 2a, et probablement en zone 1a sous une bonne couche de neige.

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Attrayants même en hiver

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Salix alba (saule blanc) : l’espèce en soi est très peu intéressante comme arbuste ornemental. On lui préfère les cultivars suivants : ❧ S. alba ‘Cardinalis’ : cultivar femelle aux tiges rouge pur, naturel­le­ment de taille restreinte. Facilement maintenu à 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m par la taille. Zone 2a. ❧ S. alba ‘Chermesina’ : certains botanistes disent que l’écorce de ce culti­ var est plus rouge que celle de S. alba vitellina ‘Britzensis’, décrit ci-dessous, alors que d’autres affirment… que c’est la même plante ! Voyez S. alba vitellina ‘Britzensis’ pour la description. ❧ S. alba vitellina, parfois vendu comme S. alba ‘Vitellina’ (saule doré, anglais : Golden Willow) : une forme naturellement « naine » de l’espèce, n’atteignant qu’environ 6 m de hauteur et 4 m de diamètre, même sans taille. Facilement maintenu à 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m par la taille. Tiges jaune vif. Il existe des clones mâles et femelles de cette sous-espèce, mais seulement les mâles sont habituellement vendus. Zone 2a. ❧ S. alba vitellina ‘Britzensis’ (saule rouge, anglais : Coral Bark Willow) : arbre de petite taille (environ 6 m), facilement maintenu à 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m si étêté régulièrement. Jeunes rameaux orange écarlate vif. Clone mâle. Zone 2a.

AUTRES ESPÈCES : Avec plus de 300 espèces de saules, la plupart rustiques, vous avez le choix ! Ainsi, vous trouverez d’autres saules arbustifs dans les chapitres Des fleurs en début de saison, Des feuilles tout en couleurs, Au ras du sol et Des haies à perte de vue, en plus de la fiche suivante qui présente quelques saules à croissance torsadée. Voici cependant quelques espèces cultivées surtout pour leur écorce colorée, toutes étant malheureusement peu disponibles. ❧ S. acutiflora ‘Blue Streak’ (saule bleu, anglais : Blue Streak Willow) : fort populaire en Europe, ce saule de 4 à 6 m, facilement maintenu à 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m par la taille, produit à l’été des feuilles lancéolées et des tiges pourpre foncé abondamment couvertes de pruine blanche, ce qui leur donne une superbe apparence bleu pâle. Clone mâle produisant d’at­trayants chatons avant l’épanouissement des feuilles. Zone 3b. ❧ S. daphnoides (saule violet, anglais : Violet Willow) : similaire à S. acutiflora ‘Blue Streak’, mais les tiges sont moins pruineuses, ce qui donne un effet pourpré. Le cultivar ‘Algaia’ est un clone mâle aux tiges sans pruine, rouge pourpré, produisant une abondance de chatons d’abord argentés puis jaunes. Zone 2b. ❧ S. ‘Flame’ : nouveauté à tiges rouge orange vif, légèrement courbées à l’extrémité. Feuilles étroites devenant jaunes à l’automne et persistant très longtemps. Comme les autres saules décrits ici, c’est essentiellement un petit arbre (jusqu’à 7 m de hauteur), mais facilement maintenu à 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m par une taille régulière. Probablement un hybride ou une sélection de S. alba. Zone 4, peut-être même moins.

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Saule tortueux

Saule

tortueux

Salix ‘Erythroflexuosa’, mieux connu sous le nom ‘Golden Curls’.

E

n Chine, le saule tortueux est populaire depuis fort longtemps. Chez nous, il l’est Noms anglais : Corkscrew Willow, Dragon’s Claw Willow. pour les arrangements flo­ Hauteur à maturité : 10 m. raux. Sa caractéristique prin­ Diamètre à maturité : 5 m. cipale est, bien sûr, ses tiges Emplacement : soleil. croissant en tire-bouchon. En Port : érigé irrégulier (forme normale), arrondi irrégulier (taillé). hiver, l’effet est magique, mais Sol : tout sol, acide à alcalin, humide ou sec. Bonne résistance au sel, légère résistance au compactage. hon­nêtement, très quelconque Disponibilité : moyenne. en été, ces tiges croissant de Intérêt principal : rameaux tordus l’hiver. façon très dé­sor­donnée, sont Intérêts secondaires : arrangements floraux. un défaut que même les nom­ Feuillage : caduc. breu­ses feuil­les étroites, argen­ Problèmes : bactéries, chancres, insectes, taches foliaires. tées au revers, et aussi un peu Taille : rabattage au sol ou au niveau de la neige à tous tor­dues, ne par­vien­nent pas les deux ans. tout à fait à cacher. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, marcottage. Inutile de vous dé­crire Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, en isolé, haie, la culture du saule tor­tueux massif, pentes, arrangements floraux, fabrication de paniers. qui est quasiment iden­ tique Zone de rusticité (site exposé) : 5a. à celle des saules à ra­meaux Zone de rusticité (site protégé) : 4a. colorés (la fiche précédente), car, ici aussi, les plus jeunes tiges sont les plus attrayantes. En s’épais­sissant, leurs courbures deviennent moins évidentes. Donc, il faut prendre l’habi­tude de rabattre ces « ar­bus­tes » à tous les deux ans.

Salix babylonica pekinensis ‘Tortuosa’

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Attrayants même en hiver

Deux détails cependant : l’espèce à l’origine de l’effet tortueux, le saule de Pékin (S. babylonica pekinensis), est moins rustique que le saule blanc (S. alba) décrit dans la fiche précé­ dente. Au Québec, il faut être plus prudent en choisissant l’emplacement des saules tortueux, car une bonne couche de neige peut être néces­ saire pour les protéger. Aussi, le saule de Pékin tolère beaucoup plus la sécheresse que la moyenne des saules : non qu’il ne se plaise pas dans les sols humides, mais il ne déteste pas les sols secs.

Crise d’identité Le saule tor­ tueux (S. babylonica pekinensis ‘Tortuosa’), a seu­ l e­ ment récemment été admis comme cultivar de l’espèce S. babylonica pekinensis : on le vend le plus sou­ vent sous son ancien nom, S. mat­ sudana ‘Tortuosa’.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Salix babylonica pekinensis ‘Tortuosa’, aussi S. matsudana ‘Tortuosa’ (saule tortueux) : c’est le bon vieux saule tortueux, aux tiges vert pâle devenant rapidement gris brun. Quoique le plus facilement disponible des saules tortueux sur le marché, il est plus sujet aux maladies, notamment aux chancres, que les autres et sa coloration hivernale n’est pas aussi intéressante. 10 m x 5 m, mais se main­tenant à 1,5 à 3 m x 1 à 1,2 m avec une taille bisannuelle. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ S. ‘Erythroflexuosa’ (saule doré tortueux, anglais : Golden Curls Willow) : habituellement vendu sous le nom S. ‘Golden Curls’ ou S. matsudana ‘Golden Curls’. Il s’agit d’un croisement entre le saule pleureur doré (Salix x sepulcralis chrysocoma) et le saule tortueux (S. babylonica pekinensis ‘Tortuo­ sa’). Il est moins « tordu » que le saule tortueux normal, mais son écorce est d’un joli jaune doré. De plus, ses feuilles sont presque toujours au moins un peu tordues, sinon complètement enroulées, d’où un plus grand intérêt esti­ val. 10 m x 5 m (1,5 à 3 m x 1 à 1,2 si taillée). Zone 5a (4a en site protégé). ❧ S. ‘Scarlet Curls’ (saule rouge tortueux, anglais : Scarlet Curls Willow) : croisez le saule rouge (S. alba vitellina ‘Britzensis’) avec le saule tortueux (S. babylonica pekinensis ‘Tortuosa’) et vous obtenez ce saule, qui combine une jolie écorce rouge avec des tiges et des feuilles tordues. Moins rustique, cependant, que ces deux parents. 10 m x 5 m (1,5 à 3 m x 1 à 1,2 si taillée). Zone 6a (5a en site protégé).

AUTRES ESPÈCES : ❧ S. alba ‘Snake’ : une mutation du saule blanc (S. alba) avec les mêmes tiges tordues que le saule tortueux, mais sur un arbre ou arbuste beaucoup plus rustique. Vendu aussi sous le nom de S. alba ‘Dart’s Snake’. 20 m x 17 m (1,5 à 3 m x 1,5 x 3 m si taillée). Zone 2a. ❧ S. udensis ‘Sekka’ (S. ‘Setsuka’, S. sacchalinensis ‘Sekka’) (saule éventail, anglais : Japanese Fantail Willow) : autre saule souffrant d’une crise d’identité, mais qui vient d’aboutir dans l’espèce S. udensis… pour l’instant ! Celui-ci est très différent des autres par ses tiges seulement un peu courbées, mais surtout aplaties en éventail. C’est, en effet, une forme cristée (fasciée), telle que décrite au début de ce chapitre. Malheureusement, les tiges cristées sont en minorité : souvent l’arbuste arrête même d’en produire, ce qui est, ad­mettons-le, plutôt déce­vant. En tant que clone mâle d’un saule qui fleurit à nu, il produit de jolis chatons au prin­temps, souvent curieu­ sement massées sur les tiges aplaties. Très popu­laire dans les arran­gements floraux à la japonaise. 10 m x 5 m (1,5 à 3 m x 1 à 1,2 si taillée). Zone 4b (3b en site protégé).

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DES FEUILLES tout en couleurs

P

our avoir un bel effet tout l’été, rien n’égale les arbustes à feuillage co­ lo­ ré. En effet, la floraison de plusieurs ar­bus­tes pourtant spec­ta­cu­laires ne dure que deux ou trois semaines, mais les feuilles des arbustes persistent néces­ sai­rement au moins du printemps jusqu’au début de l’automne. Et, si les feuil­les sont aussi colorées que des fleurs, la saison d’intérêt dure toute la belle saison. Évidemment, plusieurs raisons peuvent nous inciter à trouver des feuilles attrayantes : une découpe agréable, une texture saisissante, un beau placement, etc. Par contre, le feuillage de la plupart des arbustes, je dirais même la plupart des végétaux, est vert, foncé, jaunâtre ou autre, mais néanmoins vert. Cette couleur domine tellement dans nos aménagements que souvent, nous ne la remar­quons plus : c’est tout simplement « comme ça ». C’est à cause de cette domi­nance de vert que nous sommes toujours intrigués par les feuillages d’autres couleurs. Feuilles argentées, pourpres, jaunes, bicolores, voilà à peu près la mince gamme des possibilités. Ce sont des couleurs qui, à cause de leur rareté, se distinguent toujours et peuvent ajouter de l’intérêt à nos amé­nagements.

DE PLUS EN PLUS DE CHOIX Les plantes à feuillage coloré sont loin de se démoder. D’une année à l’autre, le marché offre de plus en plus de plantes panachées, dorées, argentées ou pourpres. Presque tous les arbustes possèdent leur variante à feuillage coloré, même si certaines ne sont parfois pas commercialisées parce que la mutation est peu at­trayante, trop peu évidente, peu vigoureuse ou insuffisamment stable, mais sou­vent aussi parce que son créateur ne connaît simplement pas l’abc de la mise en marché. Ainsi, vous trouverez quelques arbustes à feuillage coloré non seule­ment dans ce chapitre, mais dans presque tous les autres. Par exemple, le superbe physo­carpe pourpre (Physocarpus opulifolius ‘Monlo’ Diabolo™), à mon avis tout simple­ment le meilleur arbuste à feuillage pourpre pour nos régions, est classé avec Des arbustes vraiment sans entretien, à la page 170. Ce chapitre met cependant en vedette trois types de plantes à feuillage coloré : les arbustes à feuillage toujours coloré et n’existant que sous cette forme, telles les espèces à feuillage argenté, les arbustes offrant une telle profusion de variantes de couleurs qu’une fiche spéciale s’imposait, et enfin, les arbustes dont la forme verte est peu commercialisée tellement les variantes colorées sont populaires.

Arbre à perruque Épine-vinette de Thunberg Prunier pourpre des sables Chalef argenté Cornouillers à feuilles colorées

Érable de Giguère à feuilles colorées Noisetiers à feuilles colorées Saules à feuilles colorées Spirée du Japon à feuillage coloré Sureaux à feuillage coloré

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Arbre à perruque

Cotinus coggyria ‘Royal Purple’

I

l s’agit du plus massif des arbustes à feuillage pour­pre cultivables sous notre climat. D’ailleurs, on ne cultive presque jamais l’espèce même à feuilles vertes ou vert bleuté, mais seu­le­ment les nombreux culti­ vars à feuillage coloré. Sous des con­ ditions normales, les cultivars attei­ gnent 2,5 à 3 m tant en hauteur qu’en diamètre, tandis que sous d’excellentes condi­tions, ils sont susceptibles de devenir de petits arbres de pres­que deux fois cette taille. Si par contre l’arbuste est régu­liè­ re­ment rabattu, sa taille maxi­ male sera d’environ 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Sous d’autres cieux, cet arbuste est surtout cultivé pour les panicules plumeuses qu’il offre tout l’été. En effet, après

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Arbre

à perruque Cotinus coggygria Noms anglais : Common Smoketree, Common Smokebush. Hauteur à maturité : 1,5 à 3 m. Diamètre à maturité : 1,5 à 3 m. Emplacement : soleil. Port : érigé, globulaire, évasé. Sol : tout sol, riche ou pau­ vre, bien drainé, pas exces­ sivement humide, légère­ment acide à alcalin. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : feuilles colorées l’été (variétés pourpres). Intérêts secondaires : flo­ rai­son estivale. Coloration automnale. Feuillage : caduc.

Problèmes : sujet à la brûlu­re hivernale dans les endroits exposés. Taille : après la floraison, si nécessaire, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Pour une feuillaison particulièrement colorée, rabattre au sol tous les ans. Élagage des branches infé­rieu­­res pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées. Semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, plate-bande, fleur coupée, fleur séchée. Zone de rusticité (fleurs) : variable, 5b à 6b. Zone de rusticité (feuillage) : 4b.

Des feuilles tout en couleurs

une floraison à la fin du printemps sous forme de denses panicules comportant seulement quelques petites fleurs jaune rosée plutôt discrètes, les pédicelles s’allongent et se recouvrent de poils, créant une houppe vaporeuse, superbe et exotique qui persiste le reste de l’été, jusqu’au début de l’automne. On a l’im­ pression que l’arbuste n’est qu’un léger nuage de fils de soie, justifiant ses noms communs : arbre à perruque et barbe de Jupiter (« Smoketree » ou « Smokebush », en anglais). On l’appelle aussi fustet, le vieux nom français du fusain, plante à laquelle on l’associait autrefois. La houppe change de couleur au cours de l’été, passant du vert, au rose et au beige pour l’espèce, alors que les variétés à feuilles pourpres prennent des teintes roses ou pourprées. On peut aussi l’utiliser comme fleur coupée fraîche ou séchée. Les véritables fleurs sont insigni­fiantes et théo­ riquement suivies de capsules de graines tout aussi insignifiantes, mais rarement produites sous notre climat. Vous remarquerez cependant que j’ai commencé le paragraphe précédent par « Sous d’autres cieux,… ». Le problème, c’est que les boutons floraux se forment sur le vieux bois… et sous notre climat, ils brûlent très souvent durant l’hiver à cause de leur rusticité moins grande que celle des bourgeons de feuilles. Il faut même être en zone 6b (zone 5b pour les variétés à feuilles vertes) pour cultiver l’arbre à perruque sans craindre certains dommages hivernaux, même si en zone 4b, l’arbus­te fleurit un peu et surtout sur les branches inférieures lorsque l’hiver a été clément. Vous avez alors une alternative. Si vous voulez miser sur votre chance d’ob­ tenir une bonne floraison, votre premier choix consiste à ne tailler que peu ou pas cet arbuste, ne coupant que les branches trop longues, endommagées, etc., et uniquement après la floraison. Sa croissance risque d’être inégale et sa floraison le sera sûrement, mais vous devriez au moins obtenir une certaine floraison. L’autre choix est de tout rabattre à 10 cm du sol tous les ans, ce qui donne une profusion de branches de longueur quasiment égale… et une meilleure coloration des cultivars à feuillage pourpre, mais par contre, pas de fleurs. Les feuilles de l’arbre à perruque sont uniques chez les arbustes de climat tempéré : presque rondes, aplaties, lisses, aucunement dentelées, avec nervures parallèles, une forme habituellement exclusive aux arbustes tropicaux. Elles sont recouvertes d’une mince pruine blanche, donnant une coloration bleutée aux variétés à feuilles vertes et un aspect velouté aux variétés à feuilles pourpres. Chez l’espèce, les feuilles prennent des teintes orange et bronze à l’automne. Les très populaires variétés pourpres ne prennent aucune coloration automnale, ou devien­nent rouge vif. Enfin, l’arbuste a un port érigé arrondi, souvent un peu évasé lorsqu’il n’est pas taillé. Les deux clés de la réussite avec l’arbre à perruque consistent à le planter bien à l’abri des vents hivernaux, car il est nettement à la limite de sa rusticité même au sud du Québec, et à ne pas trop le fertiliser. En effet, même s’il tolère tous les sols bien drainés, mieux vaut éviter les sols très riches, car ils semblent stimuler une croissance automnale et les rameaux ayant alors de la difficulté à s’aoûter gèlent durant l’hiver. De plus, dans un sol trop riche, l’arbuste ne développe pas sa fameuse coloration automnale. Pour la même raison, évitez les emplacements gazonnés si vous avez l’habitude de fertiliser votre pelouse, car les engrais riches en azote provoque la même réaction. Dans un sol pauvre, même rocailleux, l’arbre à perruque se comporte par contre à merveille. Si l’arbre à perruque a quelques problèmes mineurs d’insectes ou de maladies dans son aire d’origine, l’Europe centrale et l’Asie, ils ne semblent pas avoir immi­gré avec lui. Sa multiplication reste cependant complexe, et il est reconnu

313

Des feuilles tout en couleurs

que même les boutures herbacées sont difficiles à réussir. Commercialement, on multiplie de plus en plus les arbres à perruque in vitro. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ C. coggygria (arbre à perruque) : à cause de la très grande popularité des variétés à feuilles pourprées, l’espèce même est peu cultivée… mais mériterait de l’être. Son beau feuillage bleu vert, ses houppes plumeuses changeant constamment de couleur, passant du vert, au rose et au à blanc pour finalement devenir beiges et persistant de juillet presque jusqu’aux gels, et surtout sa rusticité supérieure en font un excellent sujet pour nos jardins. Excellente coloration automnale. 2 à 4 m x 2 à 4 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ C. coggygria ‘Black Velvet’ : nouveauté encore peu disponible, ce serait le plus « noir » des fustets. Houppe pourpre. 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ C. coggygria ‘Nordine’ : c’est à tort que ce cultivar s’est acquis la réputation d’avoir une meilleure rusticité que l’espèce, car certains pépiniéristes ont cru voir dans le nom ‘Nordine’ une référence à une origine nordique. Il n’en est rien, Nordine est tout simplement le nom de famille de l’obtenteur du cultivar ! Feuilles pourprées au printemps, vert foncé à maturité. Excellente coloration automnale jaune à jaune orangé. 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ C. coggygria ‘Ancot’ Golden Spirits : nouveauté à feuillage doré, pas encore disponible en Amérique du Nord au moment de la publication de ce livre, mais tellement différente des autres que son lancement ne saurait tarder, considérant surtout qu’il est possible de le multiplier in vitro. 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ C. coggygria ‘Pink Champagne’ : nouvelles feuilles pourprées devenant vertes. Houppe rose. 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ C. coggygria ‘Purpureus’ (‘Atropurpureus’) : ancienne variété à feuilles vert pourpré et à houppe rose. 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ C. coggygria ‘Royal Purple’ : couramment la variété la plus populaire à feuilles pourpres, car d’un pourpre foncé très intense tout l’été. Coloration automnale… si elle n’est pas fertilisée à l’excès : rouge pourpré. 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ C. coggygria ‘Rubrifolius’ : aussi vendu sous le nom ‘Foliis Purpureis’. Cotinus coggyria ‘Rubrifolius’

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Des feuilles tout en couleurs

Il s’agit du « vieil » arbre à perruque à feuillage pourpré, trouvé notamment dans les jardins plantés au cours des années 1950 à 1960. Sa coloration est très pourprée au printemps, mais les feuilles deviennent vertes ou vert pourpré l’été, puis rouges à l’automne. On lui préfère aujourd’hui des variétés de couleur plus soutenue. Houppe rose. 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ C. coggygria ‘Young Lady’ : toute nouvelle introduction néerlandaise, à peine disponible en Amérique du Nord, au moment de la publication de ce livre. Ce cultivar est à feuillage vert légèrement bleuté et à houppes roses, comme l’espèce. La différence est qu’il fleurit abondamment, à l’extrémité de tous les rameaux, même chez les jeunes plants. Par contre, il n’a pas encore été testé en climat froid et nous sommes loin d’être assurés que son comportement est fiable dans les régions où les boutons risquent de geler. Donnez-m’en des nouvelles si vous l’essayez ! Excellente coloration rouge orangé à l’automne. 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m. Zone inconnue, mais probablement similaire à celle des autres Cotinus : 6b (4b en site protégé). ❧ C. coggygria ‘Velvet Cloak’ : variété similaire à ‘Royal Purple’, au feuillage pourpre très foncé tout l’été, parfois rouge à la fin de l’automne, et à houppe rose pourpré. 1,5 à 3 m x 1,5 à 3 m. Zone 6b (4b en site protégé). AUTRES ESPÈCES : ❧ C. ‘Flame’ : ce cultivar est considéré un hybride de C. coggygria et C. obovatus. Il porte des feuilles vertes plus grosses que C. coggygria, et d’énormes inflores­cences roses. Surtout cultivé pour sa coloration automnale flamboyante, rouge et orange comme le nom du cultivar le suggère. 4 à 6 m x 3 à 4 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ C. ‘Grace’ : un hybride de C. coggygria ‘Velvet Cloak’ et C. obovatus. Le feuillage très arrondi est d’un pourpre moins intense que ‘Royal Purple’ ou ‘Velvet Cloak’, se rapprochant davantage d’un rouge rosé. Houppe rose violacé. Plus grande taille que les C. coggygria. 3 à 5 m x 2 à 3 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ C. obovatus (arbre à perruque américain, American Smoke Tree) : un grand arbuste, ou petit arbre, originaire des États-Unis, au feuillage vert nettement bleuté et plus gros que celui du C. coggygria. Sa coloration automnale est parti­cu­ lièrement spectaculaire : une variété de teintes de rouge, orange, jaune et pourpre, présentes ensemble sur le même plant. Houppe rose à beige. Plus rustique que plusieurs autres. Autrefois utilisée com­me teinture végétale. 7 à 9 m x 5 à 8 m. Zone 5b (4b en site protégé). Cotinus obovatus

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Épine-vinette de Thunberg

Berberis thunbergii ‘Rose Glow’

V

oici une toute nouvelle plante, ou presque, sur le marché canadien. En fait, la culture de l’épine-vinette de Thunberg était illégale au Canada jusqu’au 15 août 2001, et ce, depuis 35 ans. C’était en effet en 1966 qu’Agriculture et Agroalimentaire Canada a voté une loi interdisant l’importation au Canada, ou la circulation à l’intérieur du pays, de tous les berbéris à feuilles caduques, car l’on considérait que ces derniers étaient porteurs de la rouille du blé, une maladie très néfaste pour la production céréalière. Or depuis longtemps, on a découvert que très peu des quelque 450 espèces d’épinesvinettes (Berberis) étaient vrai­ ment porteurs potentiels de la maladie, dont aucune des varié­ tés à feuillage persistant. Mail il a fallu plus de 25 ans de lob­bying pour amender partiellement la loi.

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Épine-vinette

de Berberis thunbergii

Thunberg

Noms anglais : Japanese Barberry. Hauteur à maturité : 30 cm à 2 m, selon le cultivar. Diamètre à maturité : 30 cm à 2 m, selon le cultivar. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire. Sol : tout sol bien drainé, d’acide à alcalin. Résistance modérée au sel et au compactage. Disponibilité : très faible. Intérêt principal : feuillage coloré l’été. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits à l’automne et à l’hiver. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Suppression des branches de 4 à 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées. Semences vernalisées. Utilisation : bord de mer, bordure, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, muret, plate-bande, rocaille, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 4a.

Des feuilles tout en couleurs

À l’heure actuelle, seulement certains cultivars de Berberis thunbergii sont « légaux » : la restriction s’appliquant toujours aux autres. Toutefois, il est généralement admis dans les milieux botaniques que l’espèce B. thunbergii n’est jamais porteuse de la maladie. On peut donc présumer que, peu à peu, les contrôles se relâcheront et que la culture de toutes les épines-vinettes de Thunberg sera de nouveau permise. Il s’agit d’un petit arbuste au port arrondi, portant de nombreux rameaux fins très épineux, couverts d’innombrables petites feuilles lisses en forme de spatule. Chez l’espèce, dont la plantation est d’ailleurs toujours illégale, les feuilles sont vert vif sur le dessus et bleutées au revers, mais la grande majorité des cultivars populaires ont un feuillage coloré, surtout pourpre, mais aussi doré ou panaché. Les feuilles apparaissent très tôt au printemps, bien avant celles de la plupart des autres arbustes. À l’automne, selon le cultivar et les conditions, les feuilles devien­nent orange, rouges ou pourpres. Au printemps, la plante produit de petites fleurs en forme de clochette, jaunes et attrayantes, mais partiellement cachées par le feuillage. Elles sont autofertiles et en conséquence, même les sujets en isolé donnent naissance à de nombreux petits fruits assez étroits, demeurant verts tout l’été et ne devenant rouge vif qu’à l’automne. Ils produisent beaucoup d’effet sur l’arbuste dénudé et persistent une bonne partie de l’hiver, mais la plupart des cultivars populaires étant plutôt nains, l’effet hivernal est souvent nul, tout l’arbuste étant recouvert de neige. Les cultivars plus hauts peu­ vent toutefois être très attrayants l’hiver, surtout dans les régions où l’ennei­gement est faible. L’entretien des épines-vinettes est minimal : elles prennent naturellement une belle forme dense qui ne requiert que peu ou pas de taille et s’adaptent à presque tous les sols bien drainés. Une fois établies, elles résistent assez bien à la sécheresse. On les dit aussi particulièrement résistantes à la pollution atmosphérique. Bien que l’arbuste tolère la mi-ombre, les coloris des feuillages des variétés pourpres, jaunes et panachées s’intensifient en plein soleil. Sa multiplication par bouturage est relativement facile, mais les semis donnent un mélange de traits, surtout lorsque plusieurs cultivars différents se trouvent dans le voisinage. Les variétés pourpres produisent cependant toujours une bonne pro­ portion de semis au feuillage coloré. L’épine-vinette de Thunberg peut servir partout où l’on recherche un arbuste d’assez petite taille. Grâce à ses épines, elle est particulièrement intéressante sous une fenêtre ou en haie pour décourager les intrus.

ESPÈCE D’ORIGINE : ❧ Berberis thunbergii (épine-vinette de Thunberg) : à feuilles vertes devenant rouge orangé à l’automne. Présentement, la culture de l’espèce est toujours défendue au Canada. De plus grande taille que presque tous ses cultivars : 1,5 à 2 m 1,5 à 2 m. Zone 4a.

VARIÉTÉS LÉGALES : Il y a une multitude de cultivars d’épine-vinette de Thunberg : plus de 50 ! Par  con­ tre, seulement 11 sont présentement permises au Canada. Les voici : ❧ B. thunbergii ‘Aurea Nana’ : en fait, cette plante devrait s’appeler ‘Bogozam’, ou encore, porter le nom de commerce Bonanza Gold™, mais puisque la loi insiste sur le nom erroné de ‘Aurea Nana’, mieux vaut corriger vos étiquettes en conséquence. Une variété naine formant un monticule arrondi de feuilles jaune vif, qui ne brûle pas au soleil et exige même le plein soleil pour offrir sa meilleure coloration. Fruits rouges. Devient rouge vif à l’automne ! 45 cm x 90 cm. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Bailgreen’ Jade Carousel® : cultivar à feuillage vert. Port compact et arrondi. Fruits abondants. 90 cm x 90 à 150 cm. Zone 4b.

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Des feuilles tout en couleurs

❧ Berberis thunbergii ‘Bailone’ Ruby Carousel® : excellente coloration rouge pourpré. Croissance lente. Port arrondi. 90 à 100 cm x 100 cm. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Concorde’ : plant très compact à croissance lente. Petites feuilles veloutées rouge pourpré, particulièrement foncé. Une nette amélio­ ration sur ‘Atropurpurea Nana’ qui était jusqu’à sa venue l’épine-vinette pourpre naine la plus populaire. 60 cm x 90 cm. ❧ B. thunbergii ‘Gentry’ Royal Burgundy™ : feuilles fuchsia au printemps, devenant rouge bourgogne foncé l’été. Plant dense et compact. 45 à 60 cm x 75 à 90 cm. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Monlers’ Golden Nugget™ : nouvelles feuilles orangées, devenant jaune doré à maturité. Port très dense et compact. 40 cm x 60 cm. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Monomb’ Cherry Bomb™ : feuille rouge pourpré. Port diffus, plus ouvert que celui des variétés naines. 90 à 120 cm x 90 à 120 cm. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Monry’ Sunsation™ : port dressé et évasé. Nouvelles feuilles vertes à reflets dorés, devenant jaune vif à maturité. 90 à 120 cm x 120 cm. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Rose Glow’ : très jolie variété à feuillage panaché. Les nou­ velles feuilles sont rose foncé, abondamment tachetées de pourpre foncé, puis deviennent rouge pourpre foncé. L’été, on voit des feuilles panachées à l’extrémité des tiges et des feuilles pourpres à la base. Malheureusement, ce cultivar est plus gélif que la moyenne. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 5b. ❧ B. thunbergii ‘Tara’ Emerald Carousel™ : en fait, un hybride de B. thunbergii et B. koreana. Feuillage vert moyen l’été, devenant rouge pourpré l’été. Rameaux arqués. 1,2 à 1,5 m x 1,2 à 1,5 m. Plus rustique que la moyenne : zone 4a. ❧ B. thunbergii ‘Royal Cloak’ : feuilles rouge pourpre foncé, plus grosses que la moyenne. Port érigé, aux extrémités arquées. De loin, la plante ressem­ble quasiment à un arbre à perruque pourpre. 1,2 m x 1,2 m. Zone 4b.

VARIÉTÉS ILLÉGALES : Bien que je ne vous encourage pas à défier la loi, il semble que, de toute façon, la vente de tous les cultivars de B. thunbergii sera permise un jour, peut-être même très bientôt, alors… ❧ B. thunbergii ‘Aurea’ : la plus courante des épines-vinettes à feuillage doré. Couleur jaune vif, jaune verdâtre à la mi-ombre. Ne brûle pas en plein soleil. Croissance lente. Produit peu de fleurs et de fruits. Demeure jaune à l’automne. 90 à 120 m x 90 à 120 m. Zone 4b. ❧ B. thunbergii atropurpurea : l’épine-vinette originale à feuillage pourpre. Cette variété est produite par semences et donc extrêmement variable, tant au niveau de sa taille que de sa coloration exacte. Généralement, feuillage rouge pour­pré l’été, rouge vif l’automne. 1 à 2 m x 1 à 2 m. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Atropurpurea Nana’ : l’épine-vinette pourpre classique, variété naine populaire sous tous les climats tempérés… sauf au Canada. Aussi vendue sous les noms ‘Crimson Pygmy’, ‘Little Beauty’, ‘Little Favorite’ et ‘Little Gem’. 1,2 m x 1,2 m. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Bagatelle’ : la plus miniature des épines-vinettes de Thunberg. Port dense et arrondi. Feuillage pourpre foncé. Intéressante pour la haie et la bordure de plate-bande. 30 à 40 cm x 30 à 40 cm. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Golden Ring’ (‘Gold Rim’) : curiosité à feuilles rouge pourpré, finement marginées de jaune. 1,2 m x 1,2 m. Zone 4b. ❧ Berberis thunbergii ‘Green Carpet’ : arbuste à port très étalé, presque ram­ pant. Feuillage vert pâle l’été, rouge, orange et jaune à l’automne. 90 cm x 1,5 m. Zone 4b.

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Des feuilles tout en couleurs

❧ B. thunbergii ‘Harlequin’ : comme ‘Rose Glow’, à jeunes feuilles roses irrégulièrement maculées de pourpre, mais encore plus colorées. Les feuilles matures deviennent pourpres. Aussi, plus rustique que ‘Rose Glow’. 1,2 m x 1,2 m. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Kelleriis’ : petite variété à feuilles vertes et maculées de blanc l’été. À l’automne, les parties blanches deviennent rouge rosé ! 1,2 à 1,5 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Helmond Pillar’ : nouveauté à croissance étroitement colon­ naire. Feuillage pourpre foncé. 60 à 90 cm x 30 à 45 cm. Zone 4b. ❧ Berberis thunbergii ‘Kobold’ : variété naine à feuillage vert ressemblant à un petit buis, et un excellent remplacement pour le buis dans les endroits exposés. Fort intéressante pour les haies basses et la bordure des plates-bandes. Rouge vif à l’automne. 30 à 60 cm x 30 à 60 cm. Zone 4b. ❧ B. thunbergii ‘Lime Glow’ : récemment ajouté à la liste américaine des ber­ béris « légaux », ce cultivar devrait donc prendre place rapide­ment sur la liste canadienne des variétés permises. Feuillage d’un vert lime très vif qui ne brûle pas au soleil. Très coloré à l’automne. 90 à 120 cm x 90 à 120 cm. Zone 4b.

ESPÈCE « ILLÉGALE » MAIS INTÉRESSANTE : ❧ B. koreana (épine-vinette coréenne, anglais : Korean Barberry) : illégale, d’accord, mais il semble que cette espèce ne constitue pas un risque de rouille du blé et sera donc probablement permise sous peu. Imaginez une épinevinette de Thunberg à feuilles trois fois plus grosses et très légèrement dentées, et vous auriez un portrait assez fidèle de l’épine-vinette coréenne. D’ailleurs, les deux s’entrecroisent facilement, créant des hybrides rappelant B. thunbergii, mais à feuilles plus grosses. Outre des feuilles plus grosses, les principales différences se trouvent dans la floraison et la fructification. D’abord, les fleurs jaunes sont portées en bouquets terminaux arqués, beaucoup plus visibles que celles de l’épine-vinette de Thunberg qui sont en bonne partie cachées parmi les feuilles. Massés ensemble, les fruits rouges donnent aussi un effet hivernal plus intéressant. Enfin, les feuilles vertes deviennent rouge pourpré à l’automne, une coloration qui dure souvent plus de 2 mois, jusqu’en novembre. Dernier détail intéressant, cette espèce est légèrement plus rustique que l’épine-vinette de Thunberg ! N’avez-vous pas hâte qu’elle arrive sur le marché ? 1,2 à 2 m x 1,2 à 2 m. Zone 4a. ❧ B. koreana ‘Red Tears’ : cultivar à feuillage pourpre rougeâtre. Branches arquées. Fruits rouge vif. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 4a. ESPÈCE DÉCONSEILLÉE : ❧ B. vulgaris (épine-vinette commune, anglais : Common Barberry) : voici la responsable des 40 ans de bannissement injustifié de tant de berbéris ! L’épine-vinette commune est porteuse de la rouille du blé et ne devrait jamais être cultivée dans les régions céréalières. D’ailleurs son bannissement est absolument permanent : dans ce pays, vous ne la verrez sans doute jamais sur le marché. Fort curieusement, on en trouve encore sur les terrains, un peu partout au Canada, et même dans plusieurs jardins publics, car la loi n’oblige personne à arracher les plants déjà établis… et rappelez-vous que sa plantation était parfaitement légale jusqu’en 1966. Il s’agit d’un arbuste épineux surtout remarquable par sa croissance semi-pleureuse, à feuilles vertes, plus grosses que celles de l’épine-vinette de Thunberg et légèrement dentées. Il se recouvre de bouquets pendants de petites fleurs jaunes au printemps et d’abondants fruits translucides rouges à l’automne. 2 à 3 m x 1,5 à 2 m. Zone 3a.

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Prunier pourpre des sables

Prunus x cistena

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et arbuste est l’un des plus couramment cultivés dans les aménagements québécois… et de loin le plus populaire des arbustes à feuillage pourpre. Un visiteur étranger au Québec pourrait facilement croire qu’il n’y a que cet arbuste qui offre un feuillage pourpre foncé, tel­ le­ment il domine nos amé­na­ge­ ments. Il s’agit d’un petit arbuste à croissance lente, atteignant par­ fois jusqu’à 2,5 m de hau­ teur, mais généralement moins. Son écorce d’un rougeâtre foncé, in­té­ressante l’hiver, se recouvre de feuilles d’un pourpre très fon­ cé au printemps, une couleur qui se maintient assez bien tout au long de l’été, devenant à peine un peu plus verdâtre en fin de saison. Pour une co­lo­ration très pourpre, il faut toutefois cultiver

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Prunier

pourpre des sables

Prunus x cistena Noms anglais : Purpleleaf Sand Cherry. Hauteur à maturité : 1,8 à 2,5 m. Diamètre à maturité : 1,2 à 1,8 m. Emplacement : soleil. Port : globulaire, irrégulier. Sol : ordinaire à riche en matière organique, bien drainé, plutôt humide, légèrement acide à légèrement alcalin. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente. Intérêt principal : feuillage coloré tout l’été. Intérêts secondaires : floraison printanière. Feuillage : caduc. Problèmes : criblure, insectes défoliants. Sujet à la brûlure hivernale dans les sites exposés. Taille : après la floraison, si nécessaire, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Supprimer les dommages hivernaux au printemps. Multiplication : boutures herbacées, greffage. Utilisation : bordure, écran, fondation, en isolé, haie, massif, plate-bande, rocaille, fleurs parfumées, fruits comestibles. Zone de rusticité (site exposé) : 4b. Zone de rusticité (site protégé) : 3a.

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cette plante en plein soleil. La floraison est irrégulière mais parfois abondante, apparaissant après la sortie des feuilles. Les petites fleurs sont rose pâle avec centre rose plus foncé, mais souvent peu visibles, dominées par les feuilles très foncées. D’ailleurs, elles sont si pâles qu’elles paraissent souvent blanches en compagnie de feuilles pourpres. Les fruits comestibles, en forme de petites cerises violet foncé, sont produits rarement et lorsqu’ils apparaissent, ils sont peu visibles. Cet arbuste a été développé dans le Dakota du Sud, dans les années 1910, en croisant le prunier pourpre de Pissard (Prunus cerasifera ‘Atropurpurea’), un petit arbre ou grand arbuste très populaire en Europe mais mal adapté aux conditions nordiques, avec le petit prunier des sables (P. pumila), un arbuste couvre-sol indigène (décrit dans le chapitre Au ras du sol). On avait alors obtenu un arbuste de taille intermédiaire, avec la même coloration pourpre foncé que le prunier pourpre, mais avec une rusticité beaucoup plus grande. En effet, P. x cistena survit sans trop de peine en zone 3a, même s’il est souvent rabattu par les hivers rudes dans cette zone. Il est par contre parfaitement rustique en zone 4b, ne subissant presque jamais de dommages hivernaux majeurs. Malgré sa grande popularité, le prunier pourpre des sables n’est pas sans défauts. D’abord, il est de croissance plutôt irrégulière : très densément feuillu une année, presque dénudé l’année suivante… ou encore, très fourni sur quelques bran­ches alors que le reste de l’arbuste est très ouvert. Cet état est particulièrement évi­dent dans les zones plus froides. Parfois des branches meurent sans raison apparente, vous obligeant de sortir le sécateur… et en plus, il se dégarnit de la base en vieillissant. Aussi, il souffre souvent, comme tant de Prunus, de criblure (une maladie fongique produisant de petites taches rondes dans les feuilles), de ten­ thrèdes-limaces, de perceurs, etc. Personnellement, je considère que cet arbuste est dépassé depuis l’arrivée sur le marché du physocarpe pourpre (Physocarpus opuli­ folius ‘Monlo’ Diabolo™), page 170, qui est plus rustique, moins sujet aux insectes et aux maladies, de croissance plus rapide et tout aussi coloré. Si vous achetez un prunier pourpre des sables, recherchez un plant produit par bouturage, car les plants greffés produisent souvent à leur base des repousses toutes vertes, provenant du porte-greffe bien sûr, qu’il faut supprimer régulièrement. On trouve aussi le prunier pourpre des sables greffé sur tige, en forme de petit arbre. En­co­re une fois, il faut parfois supprimer les repousses vertes émanant du portegreffe.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Prunus x cistena (prunier pourpre des sables) : on n’offre généralement que l’espèce, décrite ci-dessus. Les deux cultivars suivants sont toutefois populaires dans le Midwest et devraient apparaître sur le marché ici. ❧ P. x cistena ‘Minnesota Red’ (‘Minnesota Purpleleaf’) : variante au feuillage plus foncé. 1,8 à 2,5 m x 1,2 à 1,8 m. Zone 4b (3a en site protégé). ❧ P. x cistena ‘Big Cis’ : ce cultivar dérive d’une mutation trouvée sur un P. x cistena autrement normal. Il s’agit d’une forme « géante », à croissance très rapide, atteignant environ deux fois la taille de l’espèce. On peut l’utiliser comme grand arbuste ou comme petit arbre. 4 à 4,5 m x 3,7 m. Zone 4b (3a en site protégé). AUTRES ESPÈCES : ❧ P. cerasifera (myrobalan, prunier-cerise, anglais : Cherry-Plum, Myrobalan Plum) : l’espèce porte des feuilles vertes et est d’ailleurs davantage considérée comme un arbre fruitier qu’un arbuste ornemental, quoique ses abondantes petites fleurs blanches très odorantes soient très attrayantes. Normalement un

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grand arbuste, on le taille souvent en arbre. Sa rusticité est toutefois limitée dans nos régions : zone 6a, mais il réussit quand même très bien dans les sites protégés de zone 5b. L’espèce même est rare­ment disponible, mais a donné naissance à plusieurs cultivars à feuillage pour­pre, décrits ci-dessus. 4,5 à 9 m x 4,5 à 7,5 m. Zone 6a (5b en site protégé). ❧ P. cerasifera ‘Atropurpurea’, syn. P. cerasifera ‘Pissardii’ (prunier pourpre de Pissard) : fort populaire en Europe, ce grand arbuste ou petit arbre au feuillage pourpre très foncé et aux fleurs parfumées roses doit son nom à un monsieur Pissard, jardinier du shah de Perse, qui fit envoyer cette plante en France, en 1886. Ce cultivar, ainsi que son cousin encore plus foncé, ‘Nigra’, est toutefois insuffisamment rustique pour le Québec. 4,5 à 9 m x 4,5 à 7,5 m. Zone 6b. ❧ P. cerasifera ‘Newport’ : comme ‘Atropurpurea’, avec des feuilles d’un pourpre tout aussi foncé, mais beaucoup plus rustique. Il s’agit de loin du meilleur cultivar du prunier-cerise pour notre climat. Abondants fruits comestibles pourpres. 4,5 à 9 m x 4,5 à 7,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ P. cerasifera ‘Thundercloud’ : bien que recommandé pour les régions froides, ‘Thundercloud’ ne semble pas beaucoup plus rustique que ‘Atropurpurea’. ‘Newport’ demeure la meilleure sélection pour les régions froides. 4,5 à 9 m x 4,5 à 7,5 m. Zone 6b (5b en site protégé). P. virginiana (cerisier à grappes, anglais : chokecherry) : cet arbuste ou petit arbre est, sous l’une ou l’autre de ses nombreuses sous-espèces, indigène dans presque tout l’est de l’Amérique du Nord, incluant la plupart des régions habitées du Québec. Les feuilles oblongues et dentées sont vert moyen l’été, rouge orangé à l’automne. Il produit des « grappes » (d’où le nom commun) terminales de fleurs blanches très voyantes, suivies à l’été de fruits rouges, mais pourpres chez certaines sous-espèces. Ils sont comestibles, mais tellement acides et astringents (notez le nom anglais « chokecherry », signifiant qu’ils vous étouffent !) qu’ils ne sont guère utilisés que dans la cuisson, avec beaucoup de sucre ! Par contre, les oiseaux, les adorent. Le cerisier à grappes n’est aucunement disponible commercialement, du moins sous sa forme toute verte, quoiqu’il puisse être très intéressant en naturalisation. Il a toutefois donné naissance à plusieurs cultivars à feuillage coloré qui sont, eux, offerts dans le commerce. 6 à 10 m x 5,5 à 7,5 m. Zone 2a. ❧ P. virginiana ‘Canada Red’ : théoriquement, une sélection à croissance plus égale et plus rapide de ‘Schubert’, mais elle semble être identique à ce dernier. Voir la description ci-dessous. 6 à 10 m x 5,5 à 7,5 m. Zone 2a. ❧ P. virginiana ‘Colorata’ :cultivar peu disponible commercialement, mais très intéressant, aux fleurs rose pâle et aux nouvelles feuilles pourprées devenant vertes. 6 à 10 m x 5,5 à 7,5 m. Zone 2a. ❧ P. virginiana ‘Schubert’ : le plus populaire des cerisiers à grappe à feuilles pourpres. Ses feuilles sont en fait vert tendre à l’épanouissement, puis deviennent pourpre foncé en mûrissant. Au début de l’été, lorsqu’il y a à la fois des feuilles vertes et des feuilles pourpres, il prend une apparence joliment bicolore pour devenir, en fin de la saison, uniformément pourpre. Fleurs blanches, fruits pourpre foncé. Coloration automnale rouge à rouge pourpre. Cet « arbuste » est généralement offert en forme d’arbre, d’ailleurs à prix fort, mais fait une excellente plante arbustive si vous l’achetez jeune, avant qu’elle ne soit formée. 6 à 10 m x 5,5 à 7,5 m. Zone 2a. ❧ P. virginiana ‘Schubert Select’ (aussi appelé ‘Canada Select’) : une mutation de ‘Schubert’, à feuillage pourpre plus foncé et plus épais. 6 à 10 m x 5,5 à 7,5 m. Zone 2a.

Chalef argenté

Chalef

argenté Elaeagnus commutata Noms anglais : Silverberry. Hauteur à maturité : 2 à 3 m. Diamètre à maturité : 2 à 3 m. Emplacement : soleil. Port : érigé, globulaire. Sol : tous les sols bien drainés, voire secs, même très pau­vres, acides à alcalins. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : feuillage argenté estival. Intérêts secondaires : floraison printanière parfumée. Fruits à l’automne. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : après la floraison, si nécessaire, pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : division, marcottage, boutures aoûtées, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, fleur parfumée, fruits comestibles, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 1b.

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Elaeagnus commutata

e bel arbuste indigène au feuillage argenté, rap­ pelant vaguement sa parente, la shé­ pher­ d ie argentée (page 201), mé­ riterait d’être cultivé plus sou­vent, car il est très rustique, souf­­fre rarement de la présence d’insectes ou de maladies et peut croître sans le moindre en­tretien dans tout lieu en­soleillé et bien drainé. De plus, son feuillage est attrayant, ses fleurs parfumées sont un véritable délice et l’on peut même con­som­mer ses fruits rouge ar­gen­té… Le chalef argenté a ce­ pen­ dant un vilain défaut, celui d’être très enva­h issant, no­t am­m ent dans les sols sablon­neux. Le chalef argenté est le seul Elaeagnus indigène d’Amérique du Nord. On le trouve partout, au Québec et jusque dans les Territoires du Nord-Ouest. Les quelque 45 autres espèces sont bien reparties partout en Europe,

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en Asie, aux Tropiques et jusqu’au cercle arctique. Comme la plupart des autres chalefs, des feuilles aux jeunes tiges et aux fruits, la plante entière est couverte d’écailles argentées qui reflètent la lumière. Dans la nature, tous sont trouvés dans les sols pauvres : sable, roches, pierres, etc. Sa tolérance au sel de mer est légendaire. Des études démontrent que non seulement ses feuilles repoussent le sel, ce qui est le cas de presque toutes les plantes à feuillage argenté, mais de plus, ses racines ne l’absorbent pas ! C’est un arbuste qui mérite alors d’être planté massivement le long des routes traitées aux sels de déglaçage ainsi, bien sûr, qu’en bordure de mer. L’autre caractéristique de la plupart des chalefs est de produire des nodules sur les racines où se développent, à la manière des légumineuses, des colonies de bacté­ ries qui fixent l’oxygène de l’air. On comprend davantage pourquoi ils réussissent si bien dans les sols les plus pauvres : ils possèdent leur propre source d’engrais ! Le chalef argenté est un arbuste particulièrement argenté, presque blanc compa­ rativement aux autres chalefs. Ses feuilles elliptiques sont blanches au revers et vert argenté sur le dessus. Comme les autres chalefs, il n’y a pas de coloration automnale notable. Les petites fleurs, portées en grand nombre à l’aisselle des feuilles, sont aussi argentées … à l’extérieur, mais jaunes à l’intérieur. Trop cachées par le feuillage, elles sont peu visibles, sauf de près, mais leur parfum délicieux embaume même à 2 m. Même les fruits sont argentés : vert argenté l’été, rouges, mais couverts d’écailles ar­gen­tées à l’automne, ce qui leur confère une coloration blanc rosé. Bien que leur goût soit farineux, ils étaient fort prisés par les Amérindiens qui les incor­poraient au pemmican. Le chalef argenté se comporte à merveille non seulement dans les sols pauvres et secs de ses origines, mais dans tous les sols bien drainés. D’ailleurs, dans les sols glaiseux, il est beaucoup moins envahissant que dans les sols plus légers. Ne tolérant cependant pas les sols inondés, même au prin­temps, il exige un bon drainage. Le plein soleil est de rigueur, car il verdit à l’ombre et perd alors sa coloration argentée si attrayante. Le chalef argenté produit peu de racines, il est par conséquent difficile à trans­ plan­ter. Mieux vaut acheter des sujets cultivés en pot et faire bien attention de trans­ planter la motte intacte. Enfin, cette espèce n’est que peu sujette aux insectes et aux maladies qui déparent son cousin, l’olivier de Bohême, décrit ci-dessous.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Elaeagnus commutata, syn. E. argentea (chalef argenté, chalef changeant) : voir la description ci-dessus. On ne lui connaît aucun cultivar.

AUTRES ESPÈCES : ❧ E. angustifolia (olivier de Bohême, olivier de Russie, chalef à feuilles étroites, anglais : Russian-olive) : ce grand arbuste ou petit arbre à un ou plusieurs troncs est plus populaire en culture que le chalef argenté. Originaire d’Asie et d’Europe centrale, il s’est naturalisé à bien des endroits, notamment dans les Prairies. Sa culture est identique à celle du chalef argenté et il est donc un excellent sujet pour les sols pauvres et secs, en bordure de mer ou le long des routes traitées aux sels de déglaçage. Il est d’ailleurs seulement un peu moins résistant au froid (zone 2b plutôt que 1b) et convient donc presque partout au Québec. On le distingue cependant facilement du chalef argenté par sa taille beaucoup plus grande et ses feuilles très étroites, presque rubanées. En le plan­tant ou le taillant, vous découvrirez une autre différence majeure : sous les feuilles étroites se cachent de solides épines ! Certains sujets sont toutefois inermes. L’olivier de Bohême fleurit moins densément que le chalef argenté mais ses petites fleurs jaune argenté sont encore plus parfumées. Les fruits argentés,

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Des feuilles tout en couleurs

jaunâtres à pleine maturité, sont plus gros que ceux du chalef argenté, avec un goût sucré mais farineux. Parfois, certains suggèrent sa culture à grande échelle comme arbuste fruitier, vu sa grande adaptabilité aux conditions du Québec, mais je ne crois pas que les Nord-Américains soient encore prêts à adopter ce nouveau fruit à texture « curieuse » comme le nouveau « kiwi du Nord » ! L’olivier de bohême a démontré une faiblesse face à plusieurs insectes et maladies : chancres, galles, taches foliaires, pucerons, kermès, etc. La plupart de ces problèmes sont peu néfastes, mais une maladie dépare complètement la plante : la brûlure. Malheureusement, cette maladie semble apparaître sur les arbustes matures, bien établis et jusqu’alors en parfaite santé. Subitement une branche principale se dessèche et meurt, en plein été. On taille pour l’enlever, laissant un trou béant, puis l’arbuste commence à s’en remettre… et le problème reprend quelques étés plus tard. Ce problème est surtout évident lorsqu’on cultive ensemble plusieurs oliviers de Bohême, comme dans une haie ou un brise-vent. Mieux vaut alors cultiver cet arbuste en isolé. 4 à 6 m x 4 à 6 m lorsque cultivé comme arbuste, jusqu’à 8 à 12 m x 8 à 12 m lorsque traité comme arbre. Zone 2b. ❧ E. angustifolia ‘Red King’ : cultivar à fruits rougeâtres, multiplié par bouturage. 4 à 6 m x 4 à 6 m (parfois plus). Zone 2b. ❧ E. multiflora (chalef multiflore, goumi du Japon, anglais : Cherry Elaeagnus) : peu cultivé au Québec à cause de sa rusticité limitée, le chalef multiflore est surtout connu en Asie comme arbuste fruitier, ses fruits rouges sucrés y étant très populaires. C’est un arbuste au port arrondi, un peu aplati au sommet, et aux branches plutôt arquées, recouvertes de feuilles ovales et ondulées, vert foncé sur le dessus et gris argenté avec des écailles brunes au revers. Les fleurs parfumées, blanc argenté, apparaissent en mai et les fruits oblongs, rouge brique et très voyants, suivent en juillet. Les oiseaux en raffolent !. 2 m x 2 m. Zone 6a (5a en site protégé). ❧ E. ‘Quicksilver’, syn. E. angustifolia caspica : cette plante d’origine mystérieuse, trouvée dans une pépinière britannique, est maintenant considérée comme un hybride naturel de l’olivier de Bohême et du chalef argenté. Ce cultivar est peu connu en Amérique du Nord, mais est présentement, et de loin, le plus populaire des chalefs à feuilles caduques vendus en Europe. Il combine les feuilles plus argentées, les tiges inermes et la résistance aux insectes et aux maladies du chalef argenté avec la taille plus grande de l’olivier de Bohême. La forme des feuilles est intermédiaire, plus étroite que celles du chalef argenté, mais pas aussi lancéolée que celles de l’olivier de Bohême. Il produit parfois des drageons, mais n’est pas envahissant comme le chalef argenté. Port pyramidal, croissance rapide. Cet arbuste mériterait une grande diffusion au Canada, car c’est peut-être le meilleur des arbustes à feuillage argenté ! 4 m x 4 m. Zone 2b. ❧ E. umbellata (chalef en ombelle, anglais : Autumn-Olive, Autumn Elaeagnus) : comme le chalef multiflore, ce grand arbuste souvent épineux, assez populaire ailleurs, manque de rusticité pour une culture à grande échelle au Québec. C’est un arbuste au port étalé produisant des feuilles vert vif sur le dessus, gris argenté en dessous, et en mai ou juin, des masses de fleurs blanc argenté extraordinairement parfumées. Son attrait principal est cependant sa profusion de fruits entourant complètement la tige, presque en forme d’ombelle, d’où les noms communs et botaniques. Brun argenté l’été, ils sont surtout remarquables à l’automne, lorsqu’ils prennent une jolie teinte rouge orangé rehaussée d’argent. 3,5 à 5 m x 3,5 à 5 m. Zone 6a (5a en site protégé). ❧ E. umbellata ‘Cardinal’ : une sélection particulièrement fructifère du précédent. 3,5 à 5 m x 3,5 à 5 m. Zone 6a (5a en site protégé).

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Cornouillers à feuilles colorées

Cornus alba ‘Aurea’

D

ans le chapitre précédent, je vous ai présenté toute une gamme de cornouillers à tiges colorées… et à feuillage vert. Cependant, ces mêmes espèces ont aussi produit plusieurs mutations à feuilles colorées. Ainsi, du printemps à l’au­tomne, ces arbustes hauts en couleurs peuvent être des vedettes du jardin grâce à leur feuillage, puis en hiver, leurs tiges prennent la relève. C’est donc une com­bi­nai­ son ga­gnante…et fort po­pulaire, puisque les cornouillers à feuil­ les colorées sont les plus popu­ laires de tous les arbustes à feuil­lage panaché vendus dans les pépinières québécoises. Inutile de vous donner ici beaucoup de détails sur le port et la culture de ces plantes, car les cornouillers à tiges colorées, soit les géniteurs des variétés à feuillage coloré, sont décrits à la page 299. Tous les cornouillers à feuillage coloré conviennent

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Cornouillers

à feuilles colorées

Cornus alba et C. sericea Noms anglais : Redtwig Dogwood. Hauteur à maturité : 1,5 à 2 m. Diamètre à maturité : 1,5 à 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire, irrégulier. Sol : tous les sols, mêmes très humides, acides à alcalins. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : écorce colorée, visible l’hiver. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits colorés. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : altises, chancres, kermès, pucerons, rongeurs. Taille : suppression des branches de plus de 3 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, divisions, marcottage. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, coin humide, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, sousbois, fruits comestibles, utilisations médicinales, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité (site exposé) : 2a. Zone de rusticité (site protégé) : 1a.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Note : Tous les cornouillers décrits ici sont de zone 2a (1a en site protégé).

❧ Cornus alba ‘Argenteo-marginata’ (cornouiller argenté, cornouiller panaché, anglais : Silver Leaf Dogwood) : malgré la très grande popularité de cette plante, les botanistes se disputent toujours sur son vrai nom : les Européens prétendent l’avoir découvert en premier et l’appellent ‘Elegantissima’ alors que les Nord-Américains revendiquent aussi sa découverte et l’appelle ‘Argenteo-marginata’. Parfois on les retrouve côte à côte dans la même pépinière sous deux noms différents, alors qu’il s’agit manifestement de la même plante ! Vous connaissez sûrement cette plante, car vous la voyez partout. Ses carac­ téristiques de base sont un feuillage vert largement marginé de blanc crème, le tout devenant rouge carmin à l’automne, et ses tiges rouge foncé. Une superbe com­binaison… mais cet arbuste est peut-être un peu trop commun pour mériter beau­coup d’espace dans un aménagement moderne. Je vous encourage à « faire diffé­rent » en choisissant l’un des cultivars suivants. Fruits bleutés. 2 à 3 m x 1,5 à 3 m. ❧ C. alba ‘Aurea’ : voici un arbuste beaucoup plus original et, pour l’instant du moins, assez peu planté en Amérique du Nord. Ses tiges sont rouges et les feuilles d’un joli jaune doux au printemps, plutôt chartreuses l’été, mais présentant toujours de nouvelles feuilles jaunes à l’extrémité des branches, du moins jusqu’en septembre. À l’automne, les feuilles deviennent jaune franc avant de tomber. Port plus arrondi et compact que l’espèce. 1,5 à 2 m x 1,5 m. ❧ C. alba ‘Bailhalo’ (Ivory Halo®) : sélection compacte d‘Argenteo-marginata’, aux tiges rouges plus minces, mais avec les mêmes feuilles vertes et blanches. 1,5 à 1,8 m x 1,5 à 1,8 m. ❧ C. alba ‘Gouchaultii’ : plutôt que blanc et vert, ‘Gouchaultii’ est jaune et vert, même jaune, rose et vert au printemps, car les nouvelles feuilles portent une touche de rose, non seulement dans la panachure, mais aussi dans la partie verte de la feuille. Tiges rouges. 2 à 3 m x 1,5 à 3 m. ❧ C. alba ‘Morden Amber’ : autre variété à feuillage « doré », avec une coloration jaune plus soutenue que ‘Aurea’. Tiges rouge foncé. 2 m x 2 m. ❧ C. alba ‘Sibirica Variegata’ : comme ‘Argenteo-marginata’, mais à feuilles un peu plus grosses, sur un plant plus compact. De plus, les teintes rouges et ro­ses des feuilles automnales sont spectaculaires. Un bon choix pour les petits ter­ rains. Fruits bleutés plus abondants qu‘Argenteo-marginata’. 1,8 à 3 m x 1,5 m. ❧ C. alba ‘Spaethii’ : feuillage panaché jaune et vert. Comme ‘Gouchaultii’, mais sans la touche rose au printemps. 2 à 3 m x 1,5 à 3 m. ❧ C. alba ‘Variegata’ (‘Albovariegata’) : sembla­ble à ‘Argenteo-marginata’, mais à croissance plus vigoureuse et à feuilles marginées de crème plutôt que blanc crème, et au centre vert plus foncé. Il faut toutefois voir les deux côte à côte pour voir vrai­ment la différence. 2,5 à 3 m x 2 à 3 m. ❧ C. sericea ‘Silver and Gold’ : belle combinaison de couleurs : feuillage panaché blanc crème et vert avec des tiges jaunes. Une mutation de C. sericea ‘Flaviramea’. 2 à 3 m x 3 m. ❧ C. sericea ‘White Gold’ (‘White Spot’) : feuilles vert et jaune au printemps, vert et blanc crème l’été. Tiges jaunes. Assez semblable à ‘Silver and Gold’. 2 à 3 m x 3 m.

Des feuilles tout en couleurs

particulièrement aux em­ place­ ments mi-ombragés ou autres lieux d’apparence sombre, comme devant une haie de thuyas vert foncé, où ils donnent l’impression très appréciée d’une percée de lumière.

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Photo : Jardin botanique de Montréal

Érable de Giguère à feuilles colorés

Acer negundo ‘Kelly’s Gold’ : semble le mieux adapté à notre climat froid.

I

l semble curieux d’inclure l’érable de Giguère parmi les « arbustes », car l’espèce, abon­ damment naturalisée partout au Québec mais originaire des Prairies, est un arbre. Les variétés à feuillage coloré sont cependant de taille plus restreinte et généralement utilisées comme de grands arbustes. L’érable de Giguère n’est pas un érable comme les autres. Ses feuilles ne sont pas seulement pro­ fon­dément lobées, mais carré­ment composées, avec 3 à 5 folioles pointues irrégulièrement dentées. Les feuilles de l’espèce sont vert jaunâtre, devenant un peu plus jaunes à l’automne, mais les culti­ vars décrits sont tous à feuilles dorées ou panachées. Les rameaux sont verts, parfois re­ couverts de pruine blanche au dé­ b ut, puis bru­nissent en s’aoûtant. Les cultivars femelles, en minorité,

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Érable de Giguère à feuilles colorés Acer negundo Noms anglais : Manitoba Maple, Box Elder. Hauteur à maturité : très variable, de 1,5 à 8 m. Diamètre à maturité : très variable, de 1,5 à 7 m. Emplacement : soleil. Port : érigé, globulaire, irrégulier. Sol : tous les sols sauf les plus humides. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : feuilles colorées en été. Intérêts secondaires : floraison printanière. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Perceurs à l’occasion. Sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : au printemps, si nécessaire, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. On peut aussi rabattre au sol tous les ans. Suppression des réversions. Multiplication : boutures herbacées, semences vernalisées (espèce seulement). Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, coin humide, écran, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, attire les oiseaux granivores. Zone de rusticité : variable, 3a à 6a.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Acer negundo ‘Aureo-marginatum’ (‘Aureo-variegatum’) : en fait, un arbre, mais facilement maintenu arborescent par un rabattage occasionnel. Ce cultivar mâle produit des feuilles vert foncé, bordées de jaune. On le maintient facilement à environ 5 m de hauteur et de diamètre par une taille occasionnelle. Zone 5b. ❧ A. negundo ‘Kelly’s Gold’ : nouveauté qui semble, pour l’instant, le meilleur cultivar pour notre climat. Son feuillage est jaune vif au printemps et plutôt chartreuse l’été, avec toutefois toujours quelques nouvelles feuilles bien jaunes à l’extrémité des branches durant tout l’été. Naturellement arbustif, il atteint environ 5 m x 5 m, formant un arbuste assez arrondi, que l’on peut aussi réduire à un seul tronc, et dans ce cas il devient un petit arbre d’environ 7,5 m x 6 m. Il est trop nouveau pour avoir été abon­dam­ment testé, mais il semble se comporter à merveille en zone 4b et serait à essayer en zone 3, peutêtre dans un emplacement protégé. Plant mâle.

Des feuilles tout en couleurs

produisent une abondance de samares vertes à l’été, lesquelles brunissent sur l’arbre et restent en place une partie de l’hiver, attirant une multitude d’oiseaux granivores. Très tôt au printemps, les deux sexes pro­duisent une grande quantité de petites fleurs jaunes avant l’épanouissement des feuilles. Ces fleurs, peu attrayantes en soi, sont « intéres­santes », car elles mettent un peu de couleur dans le morne paysage de fin d’hiver. À l’état sauvage, l’espèce couvre un territoire considérable, allant des Prairies jusqu’aux montagnes du Mexique. Par conséquent, la rusticité des cultivars varie selon le lieu d’origine de leurs géniteurs, certains étant bien rustiques, d’autres très frileux. On retrouve toujours un peu de brûlure hivernale, le degré des dommages variant d’à peine perceptible à sévère, selon le cultivar. Par conséquent, pour être beaux, cer­tains cultivars doivent être rabattus annuellement au sol, sinon leur croissance est irrégu­ lière. D’autres, par contre, n’exigent aucune taille de routine, et l’on peut se contenter de les rabattre aux 7 ou 8 ans s’ils menacent de devenir trop gros. En­fin, les variétés panachées sont sujettes à des réversions qu’il faut alors supprimer.

VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ A. negundo ‘Auratum’ : très attrayant cultivar au feuillage jaune vif au printemps et presque crème l’été, mais trop peu rustique pour convenir à notre climat. Par sa nature, c’est un petit arbre, mais il gèle jusqu’au sol chez nous. 1,5 à 2 m x 1,5 m à 2 m (sous notre climat). Zone 6b (5b en site protégé). ❧ A. negundo ‘Elegans’ (‘Elegantissima’) : comme ‘Aureo-marginatum’, i.e., à feuilles vertes et jaunes, mais moins rustique. À traiter en arbuste à recéper sous notre climat. 1,5 à 2 m x 1,5 m à 2 m (sous notre climat). Zone 6b (5b en site protégé). ❧ A. negundo ‘Flamingo’ : le plus populaire des érables de Giguère pana­chés que l’on trouve dans les pépinières nordiques… mais malgré tout, ce culti­ var est peu rustique et survit rarement plus que 3 ou 4 ans sous notre climat. Magnifique feuillage rose éclatant et vert au printemps, devenant blanc et vert l’été. Il a toutefois souvent quelques nouvelles feuilles roses et vertes à l’extrémité des tiges, même en été. 1,5 à 2 m x 1,5 m à 2 m (sous notre climat). Plant mâle. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ A. negundo ‘Variegatum’ (‘Argenteo-variegatum’) : variété à feuillage vert et blanc, mais manquant de rusticité. Cultivar femelle produisant des samares aussi panachées que les feuilles. À rabattre au sol annuellement sous notre climat, car il gèle sévèrement de toute façon. 1,5 à 2 m x 1,5 m à 2 m (sous notre climat). Zone 6b (5b en site protégé).

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Photo : Roméo Meloche (Jardin botanique de Montréal)

Noisetiers à feuillage coloré

Corylus maxima ‘Purpurea’

L

es noisetiers orne­ mentaux sont tout simplement des varian­ tes à feuillage coloré de deux noisetiers euro­ péens : le noisetier com­ mun (Corylus avel­lana) et le noisetier franc, aussi appelé grand coudrier (C. maxima). Ces deux ar­bus­ tes sont très sem­blables à tous les points de vue, la dif­férence majeure étant que le noisetier franc est deux fois plus gros que le noisetier commun. Il s’agit de grands arbustes aux branches multiples, pubescentes, brunes et aux feuilles alternes, vaguement en forme de cœur, pro­ fon­ dément nervurées et dentelées, vert très foncé chez les espèces, mais pourpres ou jaune-vert

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Noisetiers

à feuillage coloré

Corylus avellana et C. maxima Noms anglais : Hazel, Filbert. Hauteur à maturité : 3 à 6 m, selon l’espèce. Diamètre à maturité : 2 à 4 m, selon l’espèce. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : riche en matière organique, légèrement humide, acide à légè­ rement alcalin. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : feuillage coloré au printemps et au début de l’été. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits comestibles. Feuillage : caduc. Problèmes : sujet à plusieurs insectes et maladies, mais les dommages sont minimaux. Sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : suppression des branches de 4 à 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées, division, marcottage, greffage. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, plate-bande, sous-bois, treillis, fruits comestibles, attire les oiseaux granivores et les écureuils. Zone de rusticité (site exposé) : 5a à 6b, selon l’espèce. Zone de rusticité (site protégé) : 4b à 5b, selon l’espèce.

Des feuilles tout en couleurs

chez les cultivars. Au printemps, avant la sortie des feuilles, les arbustes portent des fleurs femelles insignifiantes et des fleurs mâles très déco­ratives sous forme de longs chatons retombants, se balançant à la moindre brise. Les fleurs femelles, portées sur tous les sujets, donnent à l’au­tomne des noisettes, fruits secs emballés dans une curieuse enveloppe frangée de couleur verte. Les cultivars ornementaux ne sont cependant pas nécessairement très fructifères, mais lorsque produits, leurs fruits sont comestibles. Bonne chance pour les récupérer avant les écureuils et les geais ! Les noisetiers européens ont une rusticité limitée chez nous. Néanmoins, lors­ qu’ils sont plantés dans une zone et un milieu correspondant à leurs besoins, sol riche, humide, bien drainé, etc., ils ne souffrent pas outre mesure du gel, montrant plutôt leur adaptation imparfaite par une croissance plutôt lente, pour ne pas dire très lente. Ils deviennent éventuellement très imposants, notamment le noi­setier franc qui peut atteindre la taille d’un arbre… après quelques dizaines d’années ! Bien que les noisetiers tolèrent bien la taille, et même le rabattage, elle est rarement nécessaire, sauf pour supprimer quelques rameaux morts ou brisés. On peut toutefois rabattre les vieilles branches aux 4 ou 5 ans si on tient à les garder petits. Par contre, compte tenu de leurs feuilles assez grosses, et du plus grand impact des gros spécimens, les noisetiers sont plutôt des arbustes qui gagnent en beauté lorsqu’ils grossissent. Il est donc préférable de leur choisir un emplacement où ils peuvent atteindre, lentement mais sûrement, leur taille maximale. Les noisetiers ornementaux sont peu dérangés par les insectes et les maladies… sinon par les écureuils qui volent toutes les noisettes. En fait, ce sont de véritables tortues ; lentement mais sûrement, sans le moindre effort de votre part, ils finissent par gagner… votre respect ! Une note importante : le bouturage des noisetiers étant difficile, ils sont souvent vendus greffés sur des porte-greffe de noisetier sauvage, ce qui oblige à tailler fréquemment les repousses vertes qui naissent au pied du plant. Pour éviter ce problème, lorsque vous l’achetez, demandez toujours un noisetier « franc de pied », cultivé sur ses propres racines.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Corylus avellana ‘Aurea’ (noisetier doré, anglais : Golden-Leaved Hazel) : très joli cultivar à feuillage jaune vif au printemps, jaune-vert le reste de l’été. Les feuilles sont de nouveau jaunes à l’automne. Croissance très lente. Atteint environ 3 m x 2 m sous notre climat. Zone 5a (4b en site protégé). ❧ C. avellana ‘Rote Zeller’ (noisetier commun pourpre, anglais : Purple Common Hazel) : variante à feuillage pourpre foncé, luisant au printemps. La couleur pâlit avec le temps, devenant vert bronzé l’été. Lors des étés très chauds, la coloration pourpre disparaît complètement, laissant les feuilles entièrement vertes. Même les fleurs et les fruits sont rougeâtres. Le plus rustique des noisetiers pourpres. Environ 3 m x 2 m sous notre climat. Zone 5a (4b en site protégé). VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ Corylus maxima ‘Purpurea’, syn. C. maxima atropurpurea (noisetier pourpre, anglais : Purpleleaf Filbert) : de loin le plus populaire des noisetiers à feuillage coloré, mais trop peu rustique pour être fiable sous notre climat. Feuillage pourpre très foncé au printemps, vert bronzé l’été. Atteint environ 6 m x 4 m sous notre climat. Zone 6b (5b en site protégé). AUTRES NOISETIERS : D’autres noisetiers sont décrits dans le chapitre Attrayants même en hiver.

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Saules à feuillage coloré

Salix elaeagnos

A

vec quelque 300 espèces de saules, la plupart rus­ tiques, est-il surprenant de dé­couvrir que plusieurs offrent un feuillage coloré ? Il y en a d’ail­ leurs deux formes prin­ ci­ pales : les argentées et les panachées. Les saules au feuillage argenté comptent plus de 50 espèces, mais relativement peu d’entre elles sont offertes en pépinière. Cette forme se trouve notamment dans les régions très nordiques, où les poils blancs qui recouvrent les feuil­ les et leur donnent une appa­rence argentée contribuent à les protéger contre le froid. On le remarque aussi dans les milieux relativement secs, pour un saule, notamment dans les Prairies canadiennes et les step­ p es de Russie. Dans ce

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Saules

à feuillage coloré

Salix spp. Noms anglais : Willow. Hauteur à maturité : variable, 15 cm à 9 m. Diamètre à maturité : variable, 40 cm à 8 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : variable : globulaire, évasé ou rampant. Sol : tout sol humide à très humide, acide à alcalin. Tolère mal le compactage. Les variétés argentées résistent au sel. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : feuillage coloré l’été. Intérêts secondaires : floraison printanière. Tiges parfois colorées l’hiver. Feuillage : caduc. Problèmes : chancre, kermès, autres insectes et maladies. Taille : fréquente. Rabattre au sol à tous les 2 ou 3 ans. Multiplication : boutures herbacées, marcottage, semences fraîches (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, bordure, coin humide, couvresol, écran, en isolé, haie, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille. Zone de rusticité : varie selon l’espèce.

Des feuilles tout en couleurs

dernier cas, leur pilosité aide à prévenir le dessèchement. Ces saules sont, pour la plupart, naturellement arbustifs et certains sont même rampants, notamment ceux d’origine arctique, une région où une trop grande hauteur entraî­ne nécessairement des dommages dus au gel. L’entretien de ces saules est minimal : on peut tout simplement rajeunir par la taille les variétés dressées aux trois ou quatre ans lorsqu’elles se dégarnissent. Les variétés rampantes sont encore moins exigeantes car aucun entretien n’est requis, à moins qu’elles ne deviennent trop accaparantes en s’élargissant progressivement et s’enracinant là où elles tou­chent le sol, ce qui éventuellement peut nous inciter à les contrôler. Les saules panachés n’existent pas dans la nature. Ce sont des mutations trouvées sur des saules à feuillage tout vert que les pépiniéristes ont reproduit pour répondre à notre intérêt pour un feuillage coloré. Ces saules sont davantage de petits arbres que de véritables arbustes, conservés à une hauteur d’arbuste par une taille annuelle, tôt au printemps. Inévitablement, ces saules offrent leurs plus riches couleurs à l’épanouissement des feuilles, puis leurs panachures verdissent l’été. Pour cette raison, on les rabat une deuxième fois, en plein été, afin de stimuler un renouvellement complet des branches et des feuilles à partir du pied. Les saules étant des végétaux très solides, ils tolèrent très bien de telles tailles. La plupart des saules à feuillage coloré ont des feuilles étroites, mais parfois arrondies, et généralement plus pâles au revers que sur le dessus. Leurs tiges sont minces avec une écorce de couleur variable. Certains à feuillage coloré produisent de beaux chatons au printemps, lorsque les feuilles sont absentes, mais d’autres fleurissent après la sortie du feuillage et leurs fleurs ont donc moins d’impact. Enfin, sachez que plusieurs des saules décrits ici sont aussi vendus sur tige, « greffés en tête », sous forme de petits arbres. Sauf indication contraire, cultivez les saules argentés en plein soleil, dans tout sol au moins un peu humide durant l’été. Ils tolèrent mieux la sécheresse que les saules à feuillage panaché, qui préfèrent un sol humide en tout temps. Ces derniers donnent leur meilleure coloration à mi-ombre, car ils ont tendance à verdir trop rapidement en plein soleil. Tous les saules tolèrent très bien les sols détrempés au printemps, et plusieurs peuvent croître les racines presque dans l’eau, comme en bordure d’un étang. La multiplication des saules par bouturage est un jeu d’enfants. La plus petite branche insérée dans le sol prend rapidement racine. Il est donc inutile de payer pour obtenir plusieurs saules : achetez un arbuste et bouturez-le, voilà tout ! Les saules ont de nombreux ennemis : insectes, maladies, rongeurs, etc. Par contre, le fait de rabattre régulièrement les grands saules semblent les décourager, et si des mulots ou des lièvres s’attaquent aux tiges durant l’hiver, peu importe puisque vous les taillez au printemps de toute façon ! Certains saules de plus petite taille sont cependant à surveiller pour le chancre, généralement la seule infestation assez sévère pour mériter un traitement. Supprimez les branches infestées, quitte à rabattre l’arbuste au sol si vous préférez, sachant que les saules rebondissent toujours très rapidement même après les tailles les plus sévères. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Salix alba sericea, syn. S. argentea et S. alba argentea (saule blanc argenté, anglais : Silver Willow) : variante du saule blanc (S. alba), ce saule si variable a donné, entre autres, toute une gamme de saules à tiges vivement colorées décrites à la page 306. Ce cultivar, aux tiges moins colorées, en fait, brun pâle, produit des feuilles étroites intensément argentées, couvertes sur les deux faces de poils blancs, et rappelle par son port et sa coloration l’olivier de Bohême. Comme tous les saules blancs, il peut devenir un arbre, mais

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Des feuilles tout en couleurs

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cette forme est plutôt arbustive de nature et est facilement maintenue sous une forme dense et compacte par un rabattage au sol aux 3 à 4 ans. 3 à 8 m x 3 à 8 m, selon le degré de taille donnée. Zone 2. ❧ S. elaeagnos, syn. S. rosmarinifolia (saule drapé, anglais : Hoary Willow, Rosemary Willow) : l’un des saules les plus faciles à intégrer dans un aménagement, car son feuillage extrêmement fin, très argenté au printemps et vert argenté l’été, semble se marier avec toute végétation. C’est un arbus­ te dense aux minces tiges brun roux, abondamment recouvertes d’étroites feuilles vertes sur le dessus et ornées de duvet blanc au revers. Elles sont d’un beau jaune l’automne. De loin, on peut prendre cet arbuste pour un romarin, d’où son ancien nom botanique S. rosmarinifolia. Au printemps, il produit des chatons étroits non dénués d’intérêt. Pour une belle croissance dense, il faut le rabattre aux 3 à 5 ans. 3 à 9 m x 2 à 3 m. Zone 5. ❧ S. exigua (saule coyote, anglais : Coyote Willow) : saule originaire des Prairies américaines, aux feuilles étroites très argentées, couvertes de duvet blanc à leur épanouissement, mais plus vertes en été. Chatons longs dorés en même temps que les feuilles. Tend à drageonner. Tolère bien les sols sablonneux. Souvent vendu greffé en tête. 3 à 4 m x 4 à 5 m. Zone 3b. ❧ S. geyeriana (saule argenté, anglais : Silver Willow) : encore rarement offert, ce saule de l’Ouest américain est intéressant non seulement par ses feuilles, étroites et argentées comme celles de tant d’autres saules, mais aussi par son beau port arrondi et, surtout, ses tiges argentées devenant presque noires avec le temps. 1,8 à 3 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 4. ❧ S. helvetica (saule suisse, anglais : Swiss Willow) : petit saule intéres­sant pour la rocaille, aux petites feuilles lancéolées gris argenté sur le des­sus et blanches au revers, recouvertes de poils blancs. Intéressant aussi pour sa floraison, car les chatons gris argenté apparaissent avant les feuilles. 60 cm x 40 cm. Zone 5b. ❧ S. lanata (saule laineux, anglais : Woolly Willow) : peu disponible en Amérique du Nord, mais fort populaire en Europe, le saule laineux est un arbuste à croissance lente, formant un dôme arrondi. Les feuilles sont surprenantes chez un saule, étant arrondies ou même en forme de cœur, ondulées sur le bord. Elles sont en fait vert foncé sur le dessus, mais sou­ vent couvertes de duvet gris, ce qui leur donne une apparence gris argenté. Elles sont blanc cotonneux au revers. Les chatons gris-jaune sont assez visibles, même s’ils apparaissent après les feuilles, puisque dressés et portés au-dessus du feuillage. 60 à 120 cm x 90 à 150 cm. Zone 3. ❧ S. lapponica (saule lapon, anglais : Lapland Willow) : comme le nom le suggère, ce saule vient du Grand Nord européen et se comporte à merveille sous nos climats. C’est un petit saule arbustif à croissance lente, au port plu­ tôt prostré et à multiples ramifications. Les nouvelles tiges duveteuses et argentées deviennent brun-roux et lisses en mûrissant. Les feuilles ovales sont gris-vert sur le dessus et d’un blanc duveteux au revers. Jolis chatons soyeux et argentés. Atteint 60 cm x 60 cm assez rapidement, puis éventuel­ lement jusqu’à 1,5 m x 2 m. Zone 3. ❧ S. repens (saule rampant, anglais : Creeping Willow) : ce saule ram­ pant de l’Eurasie, véritable couvre-sol, est très variable à l’état sauvage, offrant à la fois des formes aux feuilles vert luisant et aux feuilles gris-vert. Habituellement, en culture, on n’offre que ces dernières. Les feuilles ovales sont très argentées au printemps, mais vertes sur le dessus et argentées au revers, en été. Les formes mâles, surtout, offrent de jolis chatons gris aux anthères jaunes, avant l’épa­nouis­sement des feuilles. Le port de l’arbuste est

Des feuilles tout en couleurs

prostré, c’est-à-dire que les tiges matures courent sur le sol, mais que les nouvelles sections sont dressées. Sou­vent greffé en tête. 60 à 80 cm x illimité. Zone 3. ❧ S. repens argentea, syn. S. arenaria (saule rampant argenté, anglais : Silver Creeping Willow) : variante de la précédente à feuillage couvert de soies blanches durant tout l’été et paraissant Salix integra ‘Hakuro Nishiki’ donc gris argenté. Chatons particulièrement soyeux sur les sujets mâles. 1 m x illimité. Zone 2. ❧ S. repens ‘Boyd’s Pendulous’, syn. S. repens pendula : feuillage gris-vert. Port complètement lâche et intéressant sur un muret, car les rameaux tombent en cascade. Souvent greffé en tête. Clone mâle. 15 cm x illimité. Zone 3. ❧ S. repens ‘Voorthuizen’ : clone femelle très rampant. Feuillage gris-vert. 80 cm x illimité. Zone 3. VARIÉTÉS « PENSEZ-Y BIEN » : Les variétés suivantes, toutes deux à feuillage panaché, sont généralement de culture facile, mais ne conviennent pas à un aménagement à entretien minimal, car il faut les rabattre non pas une fois, mais bien deux fois par année, tôt au printemps et encore à la mi-été. Cette taille vise à maintenir une belle coloration des feuilles et, en même temps, restreindre leur croissance, car les deux peuvent devenir de petits arbres si on les laisse croître. Intéressants… des mauvais choix pour le jardinier paresseux ! ❧ S. cinerea ‘Tricolor’, syn. S. c. ‘Variegata’ (saule cendré panaché, anglais : Variegated Gray Willow) : ce grand arbuste très rustique produit des larges feuilles vertes, panachées de vert et de jaune, souvent avec une touche de rose en début de saison. Rabattez au sol en juillet, quand les feuilles verdissent, pour une deuxième feuillaison colorée. Il atteint 4,5 m x 1,5 m ou plus si on ne le taille pas, mais environ 1 à 1,5 m x 1 m si on le rabat tous les deux ans. Jolis chatons gris apparaissant avant les feuilles… si vous ne le rabattez pas trop tôt ! Zone 3. ❧ S. integra ‘Hakuru Nishiki’, syn. S. i. ‘Albomaculata’ et ‘Alba Maculata’ (saule maculé, anglais : Hakuru Nishiki Willow) : inconnu jusqu’au milieu des années 1990, ce saule est rapidement devenu l’un des saules arbustifs les plus populaires. Son nouveau feuillage printanier est presque entièrement rose, avec seulement quelques taches de blanc et de vert. Avec le temps, le rose disparaît, remplacé par le blanc, donnant une feuille blanche, tachetée de vert. Ensuite le blanc aussi diminue, ne laissant quasiment que du vert. En le rabattant sévèrement à la mi-été, vous obtiendrez cependant des repousses aussi colorées que celles du printemps. Laissé à lui-même, cet « arbuste » devient un petit arbre, mais on le voit rarement sous cette forme. Il est, par contre, souvent offert sous forme d’arbuste sur tige. Sous le régime habituel de « deux tailles par année », il atteint environ 1,5 m x 1 m. Zone 2.

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Spirée du Japon à feuillage coloré

Spiraea japonica ‘Goldflame’

N

ous avons amplement discuté des spirées du Japon à feuillage vert à la page 271, et je vous suggère d’y re­tourner pour plus de détails sur sa culture (en fait, Spiraea japonica de leur nom botanique actuel, mais souvent vendus sous le nom de S. x bumalda). Cependant, par l’hybridation, cette espèce a donné naissance à de nombreuses variétés à feuil­­ lage coloré, devenues si po­ p ulaires qu’elles méritent bien un traitement à part. Sachez simplement que les spirées du Japon, qu’elles soient à feuillage vert ou à feuillage coloré, sont toutes d’assez petits arbustes à port arrondi, aux multiples rameaux fins cou­ verts de petites feuilles dentées et coiffées de dômes de fleurs habituellement roses, une flo­ raison d’ailleurs qui se répète

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Spirée

du Japon à feuillage coloré Spiraea japonica Noms anglais : Japanese Spirea, Bumalda Spirea. Hauteur à maturité : 40 à 150 cm. Diamètre à maturité : 40 à 150 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire, parfois étalé. Sol : tout sol bien drainé, d’acide à alcalin. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : feuillage coloré à l’été. Intérêts secondaires : floraison estivale. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : pour le jardinier méticuleux : rabattage au sol tous les ans et supprimer les fleurs fanées. Pour le jardi­nier paresseux : taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées. Semences fraîches ou vernalisées (espèce seulement). Utilisation : bordure, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, muret, plate-bande, rocaille. Zone de rusticité (site exposé) : 4a. Zone de rusticité (site protégé) : 2b.

Des feuilles tout en couleurs

souvent durant une bonne partie de l’été. Elles se plaisent dans tout sol bien drainé, au soleil ou à la mi-ombre. Et elles sont tout simplement des « musts » pour la plate-bande et la rocaille, surtout sur les petits jardins. La spirée du Japon est très réputée pour sa capacité de générer des variations à partir de semences. D’ailleurs, il n’est pas impossible que vous trouviez dans vos plates-bandes un jeune plant spontané de spirée du Japon au feuillage coloré, aux fleurs d’une nouvelle couleur ou ayant un port unique. Les hybrideurs ont profité de cette plasticité naturelle pour créer des dizaines de cultivars différents, notam­ment à feuillage doré ou rouge et jaune. D’ailleurs, le centre mondial de l’hybri­dation des spirées est au Québec, chez HortiClub de Boisbriand, où, sous la direction initiale du célèbre hybrideur Tony Huber, la majorité des cultivars à feuil­lage coloré a été développée. Tout a commencé cependant avec l’introduction de ‘Goldflame’, avec un feuillage jaune aux extrémités rouges et à fleurs roses, aux Pays-Bas, puis M. Huber a utilisé ‘Goldflame’ pour développer d’autres hybrides : ‘Gold Mound’, ‘Flaming Mound, etc. J’ai cependant une critique à faire au sujet des spirées japonaises à feuillage coloré : il y en a trop sur le marché ! Les avantages du cultivar ‘X’ ou ‘Y’ par rapport aux autres ne sont pas toujours évidents, et parmi une foule des cultivars tous assez semblables, choisir devient impossible. L’idéal serait d’avoir un jardin d’essai uniquement réservé à ces plantes où l’on pourrait cultiver, côte à côte, toutes les variétés afin de déterminer lesquelles sont vraiment les meilleures. Et puis, on pourrait oublier les moins intéressantes pour ne garder que 4 ou 5 variétés réellement supérieures. Comme un tel jardin n’existe pas, j’ai dû vous présenter plusieurs variétés. Suivez les commentaires jusqu’aux variétés qui conviennent le mieux à vos besoins… mais, pour l’amour, ne les achetez pas toutes !

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Note : tous les cultivars suivants sont parfaitement rustiques jusqu’en zone 4a, mais peuvent tolérer des zones moindres, parfois jusqu’à la zone 2b, en site protégé. ❧ Spiraea japonica ‘Candlelight’ (S. x bumalda ‘Candlelight’) : variété à feuillage doré au printemps, sans nouvelles pousses rouges, devenant plutôt jaune-vert à l’été. Longue période de floraison : fleurs roses. Port arrondi. Belle coloration automnale. 60 à 90 cm x 60 à 90 cm. ❧ S. japonica ‘Fire Light’ (S. x bumalda ‘Fire Light’) : une version améliorée de ‘Goldflame’, aux jeunes pousses orange au printemps devenant jaune en mûrissant et demeurant bien jaune l’été, sans tendance à verdir. Devient rouge feu à l’automne ! Fleurs rose foncé. Port compact en dôme. 60 à 90 cm x 120 cm. ❧ S. japonica ‘Flaming Elf’ (S. x bumalda ‘Flaming Elf’) : les ‘Elf’, de HortiClub, sont des spirées tapissantes, idéales comme couvre-sol ou dans la rocaille. Ce cultivar est une jolie version miniature de ‘Gold Mound’. Nouvelles pousses jaunes, teintées de rouge, devenant jaunes et ensuite vert lime. Fleurs roses. 15 cm x 60 cm. ❧ S. japonica ‘Flaming Mound’ (S. x bumalda ‘Flaming Mound’) : comme un ‘Goldflame’, mais plus globulaire et à coloration plus stable. Nouvelles pousses rouges. Feuilles jaune orangé au printemps, devenant jaunevert l’été, mais jamais vertes comme ‘Goldflame’. Fleurs roses tout l’été. Coloration automnale : rouge vif. 60 cm x 60 cm. ❧ S. japonica ‘Golden Carpet’ (S. x bumalda ‘Golden Carpet’) : la série ‘Carpet’, une autre de l’équipe Tony Huber de HortiClub, est réputée pour

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Des feuilles tout en couleurs

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ses petites feuilles et son port plus bas et plus compact que les autres, convenant donc parfaitement pour la rocaille ou la bordure. La première de la série, du moins par ordre alphabétique, est ‘Golden Carpet’, au feuillage jaune devenant jaune-vert l’été. Fleurs roses. 15 à 20 cm x 35 cm. ❧ S. japonica ‘Goldflame’ (S. x bumalda ‘Goldflame’) : la première des spirées jaunes. Toujours très populaire, même si elle a maintenant été dépassée à tous les niveaux par ses descendantes. Il est peut-être temps de retirer ce désormais « vieux » cultivar du marché et le mettre au musée ! Les nouvelles feuilles sont rougeâtres devenant jaunes, mais la coloration estivale disparaît complètement, laissant une plante entièrement verte qui redevient toutefois jaune à l’automne. Fleurs rose très foncé, presque rouges. Tend à produire des réversions, des tiges soit toutes vertes, soit toutes jaunes qu’il faut supprimer. 60 à 90 cm x 70 à 120 cm. ❧ S. japonica ‘Gold Mound’ (S. x bumalda ‘Gold Mound’) : parfois écrit ‘Goldmound’. Cet hybride de Tony Hubert entre ‘Goldflame’ et une variante naine de spirée du Japon, S. japonica alpina, a lancé la recherche pour des formes encore plus denses et plus compactes de ‘Goldflame’. Les nouvelles pousses sont moins teintées de rouge que ‘Goldflame’ et ‘Gold Mound’ et deviennent rapidement toutes jaunes, puis jaune-vert l’été. Fleurs rose pâle à la mi-été. 70 à 110 cm x 1 à 1,2 m. ❧ S. japonica ‘Golden Elf’ (S. x bumalda ‘Golden Elf’) : autre spirée couvre-sol de la série Elf (voir ‘Flaming Elf’), celle-ci offre un feuillage jaune constant du printemps jusqu’aux gels et une floraison rose sporadique tout l’été. S’ouvre un peu au centre durant l’été. 15 à 20 cm x 45 à 60 cm. ❧ S. japonica ‘Lemon Princess’ (S. x bumalda ‘Lemon Princess’) : comme ‘Gold Mound’, mais d’un jaune plus vif qui ne verdit pas du tout l’été et à port plus compact. 60 cm x 60 à 90 cm. ❧ S. japonica ‘Limemound’ (S. x bumalda ‘Limemound’) : mutation de ‘Gold Mound’ à feuillage très jaune avec à peine un peu de rouge au printemps, mais vert lime le reste de l’été. Port aussi plus compact. Coloration rouge orangé à l’automne. 60 à 90 cm x 60 à 90 cm. ❧ S. japonica ‘Lisp’ Golden Princess® (S. x bumalda ‘Lisp’ Golden Princess®) : port compact. Nouvelles pousses rouge pourpré, devenant jaune vif. Fleurs rose pourpré vif en début d’été. Feuillage rouge vif à l’automne. Préfère le plein soleil. 45 à 80 cm x 60 à 90 cm. ❧ S. japonica ‘Walbuma’ Magic Carpet™ (S. x bumalda ‘Walbuma’ Magic Carpet™) : d’après plusieurs experts, la meilleure des spirées à feuillage coloré ! Très petite variété aux feuilles miniatures rouge vif au printemps, devenant jaunes l’été, mais toujours avec des taches de rouge grâce à la formation continuelle de nouvelles feuilles. Fleurs rose foncé au début de l’été, puis sporadiquement le reste de la saison. Très vigoureux et solidement rustique. Croissance lente mais sûre. 40 cm x 90 cm. ❧ S. japonica ‘Mertyann’ Dakota Gold Charm® (S. x bumalda ‘Mertyann’ Dakota Gold Charm®) : comme ‘Gold Mound’ (feuillage jaune avec nouvelles pousses faiblement rougeâtres et fleurs roses sporadique­ment tout l’été), mais moins dense. En fait, probablement inférieur à ‘Gold Mound’ sur presque tous les points. 38 à 45 cm x 60 à 90 cm. ❧ S. japonica ‘Sparkling Carpet’ (S. x bumalda ‘Sparkling Carpet’) : port dense et prostré, aux nouvelles pousses rose pourpré devenant jaunes. Petites feuilles. Fleurit peu ou pas. Excellent couvre-sol. 10 cm x 30 cm.

Sureaux européens à feuillage coloré

Sureaux

européens à feuillage coloré

Sambucus nigra et Sambucus racemosa Noms anglais : European Elder. Hauteur à maturité : 1,5 à 4 m. Diamètre à maturité : 1,5 à 4 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : érigé, globulaire, devenant semi-pleureur avec l’âge. Sol : pauvre à riche, sec à humide, bien drainé, tolère les sols acides à alcalins. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : moyen à faible (selon le cultivar). Intérêt principal : feuillage estival. Intérêts secondaires : floraison estivale. Fruits à l’automne. Feuillage : caduc. Problèmes : sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Perceurs, pucerons. Taille : en zone 5a et moins, rabattre S. nigra au sol au prin­temps. En zone 5b et plus, supprimer tout simplement les dom­mages hi­vernaux au printemps. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées. Division. Semences (espèce seulement). Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, fondation, en en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur parfu­ mée, fruits comestibles, utilisations médicinales, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité (site exposé) : 5b. Zone de rusticité (site protégé) : 3a.

Sambucus racemosa ‘Sutherland Gold’

L

a des­ cription prin­ cipale des sureaux européens est donnée à la page 226, dans le chapitre Toujours en beauté. Mais Toujours en beauté, les sureaux à feuillage coloré le sont, à bien des égards, encore plus que les variétés à feuilles vertes, car leur feuillage est spec­ ta­cu­laire du printemps jus­ qu’à l’automne, à tel point que leur floraison et leur fructification, ne consti­ tuent que des at­traits secondaires. La culture des su­ r eaux européens est amplement décrite dans le chapitre Toujours en beauté. Ce sont, en ré­su­ mé, des ar­ b ustes qui tolèrent pres­ que toutes

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Des feuilles tout en couleurs

les conditions, soleil ou ombre, sol riche ou pauvre, humide ou sec. Cependant, pour une meilleure coloration, placez les variétés à feuillage pourpré en plein soleil car, de toute façon, une coloration aussi sombre ne ressortira pas dans un emplacement ombragé. Toutefois, les variétés dorées et panachées pré­fèrent la mi-ombre, leur coloration étant parfois un peu délavée en plein soleil.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Sambucus nigra (sureau noir, sureau commun, anglais : Common Elder, European Elder) : il existe plusieurs variantes à feuillage coloré. Mieux vaut le considérer comme un arbuste à recéper, du moins en zones 5a et moins. Les arbustes recépés annuellement dépassent rarement 1,5 m x 1,5 m. Note : sauf mention contraire, les dimensions et la rusticité des plantes suivantes s’appliquent à tous les cultivars de S. nigra. 3 à 4 m x 3 à 4 m (zones 5b et plus), 1,5 m x 1,5 m (zones 5a et moins). Zone 5b (zone 3a en arbuste à recéper). ❧ S. nigra ‘Aurea’ : très « doré » au printemps, il devient rapidement vert lime, puis vert. Il existe d’autres sureaux dorés beaucoup plus intéressants, dont le sureau du Canada doré (S. canadensis ‘Aurea’, décrit à la page 203), qui en est presque le sosie. Ou encore, regardez les cultivars dorés du sureau rouge d’Europe (S. racemosa), décrits ci-dessous. ❧ S. nigra ‘Aureomarginata’ : très joli cultivar au feuillage vert largement mais irrégulièrement brodé de jaune vif. Fleurs parfumées blanc crème, fruits noirs. ❧ S. nigra ‘Gerda’ Black Beauty™ : magnifique nouveauté, populaire en Europe, mais encore très peu diffusée en Amérique du Nord. Il s’agit du plus noir des sureaux noirs : déjà, ses feuilles émergent pourpre foncé au printemps, puis, contrairement à celles des autres sureaux à feuillage pourpre, deviennent de plus en plus foncées durant l’été. De plus, ses fleurs printanières, parfumées au citron, sont roses au lieu d’être blanches. ❧ S. nigra ‘Guincho Purple’ : encore le plus populaire des sureaux à feuilles pourpres, je considère que ce cultivar désuet depuis l’arrivée de ‘Gerda’ (Black Beauty™). Son feuillage très pourpre au printemps verdit par la suite, devenant uniquement vert pourpré à la mi-été, alors que ‘Gerda’ est presque noir à la mi-été. Ses boutons sont rosés, mais les fleurs sont bel et bien blanches à leur épanouissement. ❧ S. nigra ‘Madonna’ : ce cultivar rappelle ‘Aureomarginata’, mais ses feuilles ne sont pas simplement marginées de jaune vif, souvent le centre de la feuille est aussi marbré de jaune. Plus d’impact que ‘Aureomarginata’. ❧ S. nigra ‘Marginata’, syn. S. nigra ‘Albomarginata’ : comme ‘Aureomargi­na­ ta’, sauf que les feuilles vertes sont marginées de blanc et non de jaune. ❧ S. nigra ‘Pulverulenta’ : feuilles abondamment tachetées de blanc. Les nouvel­les feuilles sont, en fait, presque blanches, devenant plus vertes avec le temps, ce qui confère à l’arbuste une apparence bicolore, car il y a toujours quel­ques nouvelles feuilles blanches à l’extrémité des tiges, du moins jusqu’à la fin de l’été. Semble plus gélif que les autres. Mieux vaut le considé­rer comme arbuste à recéper sous tous les climats. 1,5 m x 1,5 m. Zone : 5b (4b en site protégé). ❧ S. nigra ‘Purpurea’ (S. nigra purpurea) : ce nom, avec ‘Foliis Purpureis’, a long­ Sambucus nigra ‘Madonna’

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AUTRE ESPÈCE : ❧ S. racemosa (sureau rouge d’Europe, anglais : European Red Elder) : la forme toute verte est décrite plus en détail à la page 228, mais sachez que cette espèce produit des fleurs malodorantes, blanc crème, en panicules plutôt arrondies au printemps, et non des cymes aplatis délicieu­sement parfumés en été comme S. nigra, et des fruits rouges dès le début de l’été. Cette espèce est plus rustique que S. nigra et ne gèle pas des extré­mités dans le sud du Québec, ce qui est bien car elle fleurit sur le bois de l’année précédente et qu’un gel des rameaux signifierait alors l’élimina­tion de la floraison et conséquemment, des superbes fruits rouges, l’un de ses attraits majeurs. On peut la considérer rustique en zone 4b, et intéressante dans les emplacements protégés de la zone 3b. Elle atteint jusqu’à 3 m x 3 m en Europe, mais rarement plus de 1,5 m x 1,5 m sous notre climat. ❧ S. racemosa ‘Plumosa Aurea’ : superbe arbuste à feuillage non seulement jaune vif au printemps, mais aussi joliment découpé. Il est à couper le souffle lorsqu’il est en fruits, car ces derniers mûrissent au début de l’été, au moment où les feuilles sont encore très jaunes. Les feuilles verdissent peu à peu et sont uniformément vertes en fin de saison. Placez-le à mi-ombre, car les feuilles tendent à brûler au plein soleil. Attention : cet arbuste est très souvent la victime des pucerons. 1,5 m x 1,5 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ S. racemosa ‘Sutherland Gold’, syn. ‘Sutherland’ : cultivar canadien très semblable à ‘Plumosa Aurea’, mais moins sujet aux dommages hivernaux et aux pucerons et résistant mieux au soleil. De plus, en été, sa coloration jaune reste plus vive. Fruits rouge vif. Mériterait de remplacer le vieux ‘Plumosa Aurea’ dans nos jardins. 1,5 m x 1,5 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ S. racemosa ‘Goldenlocks’ : nouveauté naine d’origine canadienne, à feuillage doré. Intéressant partout où l’on désire un sureau doré de petite taille, mais tout spécialement dans les zones 4a et 3b, car à cause de sa plus petite taille, il est plus facile de lui trouver un emplacement abrité du vent pour l’hiver, et ainsi le protéger contre le gel hivernal. 80 à 120 x 80 à 120 cm. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ S. racemosa ‘Goldfinch’ : autre forme très colorée, comme ‘Sutherland Gold’, mais de plus grande taille. Origine canadienne. 3 m x 2 m. Zone 4b (3b en site protégé).

Des feuilles tout en couleurs

Sambucus nigra ‘Pulverulenta’

temps servi pour designer tout S. nigra à feuillage pourpre produit par semis. Un plant acheté sous le nom ‘Purpurea’ peut donc varier d’à peine pourpré à presque noir. Avec le temps, plusieurs pépinié­ristes ont fini par choisir leur propre clone et le multiplier par bouturage, lui donnant le nom ‘Purpurea’ ou ‘Foliis Purpureis’. Par consé­quent, une plante portant ce nom sera probablement bel et bien pourpre, mais plutôt que de risquer, mieux vaut se fier à ‘Guincho Purple’ ou, mieux encore, au superbe ‘Gerda’ !

Sambucus nigra ‘Guincho Purple’

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DES FRUITS beaux à croquer

S

i certains arbustes se cultivent surtout pour leurs fleurs, d’autres pour leurs feuilles et d’autres encore pour leur écorce colorée, est-il sur­ prenant d’ap­ prendre que plusieurs arbustes se cultivent avant tout pour leurs fruits ? En effet, leur liste serait très longue… si ce livre portait sur les arbustes fruitiers, car il y a énor­mément d’arbres et d’arbustes intéressants surtout pour leurs fruits comes­tibles. Par contre, ce livre est consacré aux arbustes orne­mentaux et si leurs fruits sont comestibles en plus d’être beaux, tant mieux. Mais avant tout, ils doivent être attrayants. La plupart des arbustes de ce chapitre ont justement des fruits décoratifs qui leur valent une place de choix dans l’aménagement paysager. Le fruit est de plus parfois comestible, mais aussi quelquefois indigeste ou même toxique. Il arrive qu’il apparaisse au cours de l’été et soit mis en valeur par le feuillage, qu’il ne soit produit qu’à l’automne ou qu’il persiste une partie de l’hiver. Dans ce dernier cas, c’est vrai que les fruits volent vraiment la vedette, puisque souvent, rien d’autre n’est vraiment bien attirant dans les environs. En général, les fruits colorés présentent aussi l’attrait d’attirer les oiseaux et autres animaux au jardin. Les arbustes à fruits décoratifs ont un grand intérêt pour le jardinier amateur. S’il y a des arbustes à beaux fruits dans quasi tous les chapitres de ce livre, les arbustes suivants sont vraiment ceux qu’il faut cultiver si votre intérêt porte surtout sur les fruits.

Bleuetier en corymbe Fusain d’Europe Houx verticillé Prinsepia chinois Sorbier de Koehne Symphorine blanche

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Bleuetier en corymbe

Vaccinium corymbosum ‘Bluecrop’

Bleuetier

en corymbe Vaccinium corymbosum Noms anglais : Highbush Cranberry. Hauteur à maturité : 1 à 1,8 m. Diamètre à maturité : 80 cm à 1,5 m. Emplacement : soleil, mi-ombre ou ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : ordinaire, riche en matière organique ou sablonneux, humide à plutôt sec, bien drainé, très acide à acide. Tolère le compactage. Intolérance au sel. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : fruits en été. Intérêts secondaires : floraison printanière. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Sujet à la chlorose dans les sols neutres et alcalins. Taille : peu nécessaire. Supprimer les dommages hivernaux, s’il y en a. Multiplication : boutures herbacées, semences fraîches (espèce seulement). Utilisation : bordure, coin humide, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, fruits comestibles, attire les oiseaux frugivores et les mammifères. Zone de rusticité (site exposé) : 5. Zone de rusticité (site protégé) : 4.

I

maginez un arbuste aux jolies fleurs printanières, avec un feuillage superbe tout l’été et surtout brillamment coloré à l’automne, qui est absolument libre de maladies et d’insectes, assez rustique, n’exigeant pres­ que pas de taille… et de surcroît, produisant des fruits aussi délicieux que décoratifs. C’est le cas des bleuetiers, et notamment du bleuetier en corymbe qui est facilement dispo­nible. La raison pour laquelle cet arbuste n’oc­ cupe pas un des tous premiers rangs de la liste des arbustes orne­mentaux m’échap­pe com­ plè­ tement : c’est presque une tragédie ! Le bleuetier en corymbe est indigène à l’est de l’Amérique du Nord, de la Floride jusqu’au sud du Québec. Ce n’est pas le bleuetier de notre enfance, qui est plutôt le bleuetier nain (V. angustifolium, décrit ci-dessous), car le bleuetier en corymbe est

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Des fruits beaux à croquer

plutôt rare au Québec, étant à la limite nord de son territoire. Par contre, les gros « bleuets cultivés » vendus dans nos marchés, à fruits moins bleus et plus noirs que « nos » bleuets, appartiennent à cette espèce, cultivée commer­cialement dans le sud du Québec, ailleurs au Canada et aux États-Unis. Le bleuetier en corymbe est un arbuste beaucoup plus érigé que le bleuetier nain : dressé, il atteint facilement 1 à 1,3 m de hauteur, et jusqu’à 2 m sous les cli­ mats plus cléments. Ses feuilles sont aussi plus grandes, de 3 à 9 cm de longueur. Elles sont elliptiques, à bords lisses et d’un vert foncé luisant. Attrayantes tout l’été, elles le sont encore davantage à l’automne lorsqu’elles prennent différentes teintes de jaune, d’orange et de rouge flamboyant. Les petites fleurs blanches, parfois rosées, en forme de clochettes pendantes, sont portées en corymbes à l’aisselle des branches. Elles donnent naissance à de petits fruits d’abord vert blanchâtre, puis au milieu de l’été, pourpre très foncé, presque noirs, mais recouverts d’une mince pruine blanche qui leur donne un aspect bleuté. Les fruits sont abondants et très visibles, et créent un effet superbe sur le fond du feuil­lage luisant… mais tendent à rester peu de temps sur l’arbuste, avidement cueillis par les propriétaires des plants. Cependant, laissés sur place, ils peuvent persister longtemps, jusqu’à la fin de l’été. Même si les oiseaux viennent les manger, ils ne semblent pas dévaliser toute la plante en quelques heures comme ils le font avec d’autres arbustes fruitiers, et laissent toujours quelques fruits jusqu’au début de l’automne. Plusieurs mammifères adorent aussi les bleuets, dont les ours… mais ces derniers ont tendance à éviter tout contact avec les humains, et se contentent des bleuets sauvages. Les fruits sont délicieux, comme tout Nord-américain le sait, bien que les bleuets en corymbe ne soient pas aussi sucrés que les « bleuets sauvages ». En les cuisinant, il faut toujours ajouter une bonne dose de sucre. Le bleuetier en corymbe est très facile à cultiver… à une seule et unique condition : un sol au moins légèrement acide, et même très acide. En effet, j’aurais facilement pu présenter cette plante dans le chapitre Dans un sol acide. Cet arbuste ne tolère pas du tout le calcaire, et même dans les sols neutres il démontre son mécon­ tentement par un feuillage jauni : une maladie appelée « chlorose », en hor­ticulture. Heureusement, la plupart des sols de l’est de l’Amérique du Nord sont acides et il est donc rarement nécessaire d’amender vos conditions pour cultiver cet arbuste. Par contre, évitez de chauler la pelouse avoisinante et de le planter près de produits alcalinisants, dont le béton. À part un sol acide, la culture du bleuetier nain est routinière : il s’adapte très bien aux sols humides ou secs, riches ou pauvres, en plein soleil ou à la mi-ombre. Assurez-lui toutefois un arrosage adéquat la première année, car il lui faut au moins 12 mois pour bien s’établir. Aussi, ses racines sont peu abondantes et très superficielles : sarcler au pied d’un bleuetier peut le tuer ! Un bon paillis, augmenté régulièrement à mesure qu’il se décompose, réduira les mauvaises herbes tout en gardant le sol plus humide. D’ailleurs, un paillis acidifiant (tourbe, sciure de bois, aiguilles de pin ou d’épinette, etc.) aidera à maintenir son sol bien acide. Enfin, si le bleuetier en corymbe croît naturellement en zone 4 et que par conséquent les pépiniéristes lui accordent souvent cette cote, dans la nature il n’y croît que dans les lieux où la couverture de neige est abondante. Évitez alors de le planter en plein vent… et sachez que, pour une culture vraiment garantie, exception faite de certains cultivars particulièrement rustiques, il vaut mieux considérer le bleuetier en corymbe comme un arbuste de zone 5. Enfin, il vaut la peine de planter au moins 2 cultivars différents, même 3. En effet, si certains bleuetiers s’auto­pol­linisent, la production de fruits est beaucoup plus abon­dante lorsqu’il y a pollinisation croisée.

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VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Vaccinium. corymbosum (bleuetier en Corymbe) : Il existe plus de 50 cultivars de bleuetier en corymbe. Voici alors seulement quelques variétés largement disponibles. ❧ V. corymbosum ‘Bluecrop’ : mi-saison. Très prolifique, avec de gros fruits. Zone 5a (4a en site protégé). 1,2 m x 1 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ V. corymbosum ‘Blue Gold’ : tardif. Bonne production de fruits de taille moyenne. Bien rustique. 1 m x 80 cm. Zone 4a. ❧ V. corymbosum ‘Blueray’ : mi-saison. Excellent pollinisateur pour ‘Bluecrop’. Gros fruits acidulés bleu pâle. Excellente coloration rouge à l’automne. Tiges rouges l’hiver. 1,3 m x 1 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ V. corymbosum ‘Elliot’ : fruits sucrés. Gros arbuste atteignant jusqu’à 1,8 m x 1,5 m. Coloration rouge orangé à l’automne. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ V. corymbosum ‘Herbert’ : tardif. Port dressé. Fruits bleu moyen très gros. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ V. corymbosum ‘Jersey’ : variété populaire. Tardif. Gros fruits bleu pâle, acidulés au début, mais sucrés à pleine maturité. 1,3 m x 1 m. Zone 5a (4a en site protégé) ❧ V. corymbosum ‘Northland’ : hâtif. Fruits de taille moyenne. Considéré le plus rustique des bleuetiers en corymbe. 1,2 m x 1 m. Zone 4a (3a en site protégé). ❧ V. corymbosum ‘Patriot’ : hâtif. Très productif. Énormes fruits sucrés. L’un des plus rustiques. Devient très populaire. 1,3 m x 1 m. Zone 4a (3b en site protégé). ❧ V. corymbosum ‘Rancocas’ : hâtif. Fruits de taille moyenne. Bien rustique. 1,5 m x 1 m. Zone 4a (3b en site protégé). AUTRES BLEUETIERS : Au Québec, nous pensons tellement aux « bleuets du Lac Saint-Jean » que nous ou­blions qu’il y a des bleuetiers presque partout au monde, même sous les tropiques où ils sont à feuilles persistantes. Voici cependant quelques espèces plus rustiques, bien adaptées à notre climat. V. angustifolium (bleuetier nain, anglais : Lowbush Blueberry) : voici le véritable « bleuet du Lac Saint-Jean », le petit arbuste couvre-sol que tout le monde connaît. Après tout, qui n’a jamais été « aux bleuets » dans son enfance? Curieusement, malgré son excellente rusticité et sa très belle apparence au jardin, ce bleuetier est peu cultivé chez nous. Serait-ce un autre cas de « plante qui n’est pas prophète dans son pays »? Il s’agit d’un petit arbuste nain aux petites feuilles luisantes vert foncé, vivement colorées en rouge, orangé ou jaune à l’automne. Les fleurs prin­ tanières en forme de clochette sont petites et varient de blanc rosé à presque rouges. Les fruits sont petits mais nombreux, très bleus et très sucrés. Le bleuetier nain fait une excellente mini-haie ou encore un bon couvre-sol. Je l’ai déjà vu remplacer le buis dans un parterre à la française très classique… et le résultat était étonnant. Aussi adaptable que son cousin plus grand, le bleuetier en corymbe, il tolère presque toutes les conditions… sauf les sols neutres ou alcalins. Comme pour le bleuetier en corymbe, la plantation d’au

Des fruits beaux à croquer

Le bleuetier est rarement dérangé par les insectes et les maladies, du moins, dans les aménagements paysagers. Il y a parfois quelques feuilles tachetées, mais rien ne vous oblige à agir. Dans les grandes cultures, où l’on cultive des centaines de plantes à proximité, cela est moins vrai, car la promiscuité tend à attirer plusieurs parasites.

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moins deux cultivars est suggérée. L’entretien? Le même que pour le bleuetier en corymbe, notamment en ce qui concerne le paillis (très impor­tant pour cette espèce) et un bon suivi les 12 premiers mois. Aussi, ne craignez pas de rabattre presque jusqu’au sol les plants « fatigués », environ aux 8 à 10 ans : ils repousseront rapidement. 15 à 60 cm x 60 cm. Zone 2. ❧ V. angustifolium ‘Augusta’ : hâtif à mi-saison. Production abondante de fruits plutôt insipides. Ce cultivar, comme les suivants, vient du Laboratoire de recherche de Kentville, Nouvelle-Écosse. 15 à 60 cm x 60 cm. Zone 2. ❧ V. angustifolium ‘Brunswick’ : hâtif. Fruits bleu moyen plus gros que la moyenne. Bonne production. 15 à 60 cm x 60 cm. Zone 2. ❧ V. angustifolium ‘Blomidon’ : mi-saison. Prolifique et très rustique. Gros fruits (pour un bleuetier nain), mais de saveur moyenne. Particulièrement rustique. 15 à 60 cm x 60 cm. Zone 1b. ❧ V. angustifolium ‘Chignecto’ : mi-saison. Fruits bleu pâle très sucrés, abondants. 15 à 60 cm x 60 cm. Zone 2. ❧ V. angustifolium ‘Cumberland’ : hâtif à mi-saison. Bonne produc­tion de fruits bleu clair ayant très bon goût. Populaire dans les sites de produc­tion commerciale, car il semble très résistant aux insectes et aux maladies qui peuvent se présenter sous de telles conditions. 15 à 60 cm x 60 cm. Zone 2. ❧ V. angustifolium ‘Fundy’ : hâtif à mi-saison. Très bonne production de fruits bleu pâle de très bonne taille et ayant une bonne saveur. 15 à 60 cm x 60 cm. Zone 2. ❧ V. angustifolium x corymbosum (bleuetier hybride, anglais : Half-high Blueberry) : ces bleuetiers hybrides possèdent une bonne vigueur et une rusticité quasi égale à celle du bleuetier nain. Ils sont de taille intermé­diaire entre le bleuetier nain et le bleuetier en corymbe, leurs deux parents. Les fruits sont aussi de taille intermédiaire, plus gros que les fruits du bleuetier nain, mais plus petits que ceux du bleuetier en corymbe. Leur goût se rapproche davantage de celui des fruits du bleuetier nain. Comme ses deux parents, son feuillage est vert foncé luisant l’été, et rouge, orangé ou doré l’automne. 75 cm x 60 cm. Zone 3. ❧ V. angustifolium x corymbosum ‘Friendship’ : mi-saison. Très gros fruits bleu ciel au goût doux. 75 cm x 60 cm. Zone 3. ❧ V. angustifolium x corymbosum ‘Northblue’ : tardif. Gros fruits très abondants. L’un des bleuetiers le plus largement disponible. 75 cm x 60 cm. Zone 3. ❧ V. angustifolium x corymbosum ‘Northcountry’ : tardif. Similaire à ‘Northblue’, mais aux fruits un peu plus petits. Les deux sont d’ailleurs souvent plantés ensemble pour assurer une bonne pollinisation croisée. 75 cm x 60 cm. Zone 3. ❧ V. angustifolium x corymbosum ‘Northsky’ : hâtif. Fruits de taille moyenne. 50 cm x 50 cm. Zone 3. ❧ V. angustifolium x corymbosum ‘St. Cloud’ : hâtif. Bonne production de fruits de taille moyenne. 60 cm x 60 cm. Zone 3. ❧ V. angustifolium x corymbosum ‘Top Hat’ : un véritable bleuetier ornemental. Il forme un arbuste très dense, rappelant un buis, mais à feuilles plus luisantes et produit une abondance de petites clochettes blanches. Bien que comes­tibles, les fruits bleus sont surtout réputés pour leur capacité à tenir longtemps. Enfin, les feuilles deviennent d’un rouge flamboyant à l’automne. 60 cm x 60 cm. Zone 3. ❧ V. caespitosum (bleuetier rampant, anglais : Dwarf Bilberry) : plante d’origine arctique et alpine, trouvée de l’Alaska jusqu’au Nunavut et dans les

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Rocheuses jusqu’en Californie. Peu cultivé dans le Sud, mais très intéressant comme plante tapissante. Il croît rapidement, s’enracine aux nœuds, et forme alors un très joli tapis de pe­tites feuilles vert foncé, souvent dentelées, rehaussé au printemps de clo­chet­tes roses individuelles et, en été, de fruits noirs légèrement bleutés. Pro­portionnellement à la taille de la plante, les fleurs et les fruits sont gros et donc très visibles. Il pourrait facilement remplacer certains couvre-sols tra­ditionnels, dont la petite pervenche (Vinca minor). 15 cm x illimité. Zone 2. V. myrtilloides (bleuetier fausse-myrtille, anglais : Sour-top Blueberry) : bien que très courant dans la nature et d’ailleurs présent presque partout au Canada, du Labrador à la Colombie-Britannique, ce petit bleuetier n’est que peu disponible commercialement. On le voit couramment à l’état sauvage et l’on mange même ses fruits, car il ressemble tellement au bleuetier nain que peu de gens remarquent les différences. Pourtant, son feuillage est velouté plutôt que lisse, ses clochettes blanc verdâtre et ses fruits sont portés seuls ou par groupes de deux plutôt qu’en bouquets. Utilisée principalement en naturalisation et pour attirer la faune ailée. 15 cm x illimité. Zone 2a. LES AIRELLES : En plus des bleuetiers, le genre Vaccinium contient aussi des espèces à fruits rouges et aux feuilles persistantes. D’ailleurs, les différences sont telles qu’elles sont parfois considérées comme appartenant à un genre différent, Oxycoccus. On les appelle couramment airelles en Europe et canneberges en Amérique. Ce sont également des plantes d’intérêt ornemental indéniable… mais aucune n’a présentement de succès dans nos aménagements paysagers. D’ailleurs, même si les fruits sauvages sont très populaires et récoltés en quantités industrielles, les plants sont peu cultivés . La plupart sont des plantes tapissantes d’origine arctique ou sub-arctique, descendant dans le Sud le long des côtes froides ou les chaînes de montagne. ❧ V. macrocarpon, parfois appelé Oxycoccus macrocarpon (canneberge, airelle à gros fruits, gros atocas, anglais : Large Cranberry, American Cranberry) : C’est la canneberge de commerce, source du jus du même nom et la garniture populaire qui accompagne la dinde des fêtes de l’Action de Grâce et de Noël. C’est une plante typique des tourbières humides partout dans l’est de l’Amérique du Nord, mais bien adaptée aussi en milieu plus sec si le sol est riche en matière organique… et surtout, acide! C’est une plante basse, rampante, aux longues tiges prostrées et minces, et aux petites feuilles ovales, vert foncé l’été et pourprées à l’automne. Les fleurs blanc rosé, aux pétales recourbés vers le haut, révèlent leurs étamines jaunes, et ressemblent donc bien peu aux fleurs en clochette des Vaccinium de type bleuetier. Les fruits rouges globulaires sont très gros compte tenu de la faible hauteur de la plante et, malgré leur acidité demeurent populaires auprès des peuples indigènes d’Amérique du Nord depuis la nuit des temps. D’ailleurs le nom populaire « atocas » vient de son nom amérindien. En culture, il faut lui offrir le plein soleil, ou seulement un peu d’ombre, et un sol au moins un peu humide en tout temps. Malgré les images que vous avez peut-être vues de canneberges flottant dans l’eau par milliers lors des récoltes à grande échelle, la canneberge n’est pas une plante aquatique. Comme les fruits flottent, dans certaines régions, les champs sont inondés au moment de la récolte et l’on ramasse les fruits qui remontent à la surface. 15 cm x illimitée. Zone 2. ❧ V. oxycoccos, parfois Oxycoccus microcarpus (airelle canneberge, canneberge, atocas, anglais : Small Cranberry, European Cranberry) : espèce circum­ polaire, trouvé souvent dans les tourbières plus humides que V. macrocarpon.

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En culture, cette plante préfère en conséquence des conditions de grande humidité. Courtes tiges dressées portant des fleurs et fruits ressemblant à ceux de V. macrocarpon, mais plus petits. Les tiges minces finissent par se coucher au sol et s’enraciner, et la plante entière devient un vaste tapis vert rehaussé de rose durant la floraison, et de rouge durant la fructification. Souvent les fruits demeu­rent longtemps sur l’arbuste, parfois tout l’hiver. 15 cm x illimitée. Zone 2. ❧ V. vitis-idaea (airelle, vigne du mont Ida, pommes de terre, anglais : Cowberry, Lingonberry) : encore une plante d’origine circumpolaire. L’origine de son nom est inconnue, mais selon une théorie, les « vignes » que les Vikings ont vues en Amérique du Nord et en l’honneur desquelles ils ont appelé le continent Vinland, n’étaient pas des vignes de raisin (genre Vitis), mais la vigne du mont Ida. C’est une petite plante tapissante aux tiges rampantes souterraines, produisant de courtes tiges aériennes dressées. Ces dernières portent de petites feuilles persistantes ovales d’un vert foncé très lustré qui deviennent pourprées en hiver. Les fleurs en forme de cloche sont blanches ou roses, et apparaissent en petits bouquets terminaux à la fin du printemps. Les fruits rouges suivent à l’été. Ils ont un goût acide et amer qui, curieusement, est fort apprécié de certains peuples, notamment les Scandinaves. En cuisine, on les fait cuire avec beaucoup de sucre. Plante de tourbière, l’airelle préfère les mêmes conditions de grande humidité et d’acidité que V. oxycoccos, mais tolère quand même bien les conditions normales de jardin si le sol est acide. Elle constitue un superbe couvre-sol là où les conditions le permettent. 15 à 25 cm x illimité. Zone 2. ❧ V. vitis-idaea ‘Koralle’ : friands d’airelles, les Européens ont développé plusieurs hybrides aux fruits plus gros et plus sucrés que l’espèce, dont seulement un, ‘Koralle’, aux fruits rouges et produisant souvent une deuxième récolte la même année, est parfois offert en Amérique. 15 à 25 cm x illimité. Zone 2. V. vitis-idaea minus (airelle vigne du mont Ida, pommes de terre, anglais : Lingberry, Cowberry) : il s’agit de la forme nord-américaine de l’espèce, plus petite dans toutes ses parties, mais autrement très semblable. Le curieux nom commun « pommes de terre », utilisé dans le Bas Saint-Laurent, ne fait pas référence à la « patate » (Solanum tuberosum), mais au fait que les petits fruits ressemblent à de minuscules pommes et croissent au niveau de la terre. 10 à 20 cm x illimité. Zone 2. GENRE APPARENTÉ : Gaylussacia baccata (gaylussacia à fruits bacciformes, anglais : Huckleberry) : ce petit arbuste est présent dans l’ouest du Québec, en Ontario et dans les états de l’Est américain, mais ressemble tellement à un bleuetier nain que peu des gens font la distinction : nous avons probablement tous mangé ses fruits sans le savoir. La différence entre les Gaylussacia et les Vaccinium est d’ailleurs très mince, dépendant de quelques détails mineurs des fleurs. La différence principale que vous remarquerez cependant, ce sont les fruits noirs, sans la moindre trace de la pruine blanche qui donne le « bleu » des bleuets. On trouve parfois aussi des plants à fruits rouges ou blancs, mais ils ne sont pas dans le commerce. Autre différence, les jeunes feuilles sont collantes. Les fleurs roses ou rouges sont en forme de clochette et le feuillage vert résineux, caduc, rappelle celui du bleuetier nain, mais en plus mince. La culture de cette espèce est d’ailleurs identique à celle du bleuetier nain. 30 cm à 1 m x 1 m. Zone 2.

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Photo : Jean-Pierre Bellemarre, Jardin botanique de Montréal

Fusain d’Europe

Euonymus europaeus ‘Aldenhamensis’

Fusain d’Europe Euonymus europaeus Noms anglais : European Euonymus, European Spindle Tree. Hauteur à maturité : 3 à 4 m. Diamètre à maturité : 1,5 à 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, puis globulaire ; semi-pleureur lorsqu’en fruits. Sol : tous les sols bien drainés, même alcalins. Tolère mal le sel. Supporte le compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : fructification automnale. Intérêts secondaires : floraison printanière. Coloration automnale. Tiges colorées. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Kermès. Taille : peu nécessaire. Suppression des branches de 4 à 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Élaga­ ge des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées, semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, sous-bois, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 4b.

N

’est-il pas curieux que cet arbuste soit si peu utilisé dans nos aménagements privés alors qu’il attire toujours les com­mentaires enthousiastes des visiteurs dans les jardins publics où il abonde? J’espère d’ailleurs que ces pages attireront plus d’intérêt sur cet arbuste qui le mérite bien. Le fusain d’Europe est l’es­ pèce à l’origine du nom fusain, car on utilisait son bois dur pour fabriquer des fuseaux (fusus en latin). D’ailleurs cette même uti­ lisation se cache derrière le nom anglais « Spindle Tree » (spindle signifie fuseau). On uti­lise aussi ses tiges carbonisées pour faire les crayons (fusains) pour des­siner. Il s’agit d’un grand arbuste, voire d’un petit arbre atteignant jusqu’à 6 m dans son Europe na­tale. Son port est plutôt dressé et conique dans sa jeunesse,

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Des fruits beaux à croquer

mais il s’élargit davantage à maturité. Il porte une profusion de branches et est complètement couvert d’un épais feuillage ovale, vert mat en été. Son feuillage est tellement dense que les petites fleurs jaune verdâtre sont totalement invisibles. Durant l’été, le fusain d’Europe fait surtout office de masse de verdure. À l’automne, toutefois, les choses s’améliorent. D’abord, la coloration automnale des feuilles est déjà très bien : un pourpre rougeâtre très intense au soleil, bien que les arbustes cultivés trop à l’ombre prennent plutôt des teintes de jaune. Par contre, même avant le jaunissement des feuilles, les fruits prennent leur coloration automnale. Les capsules roses à rouges, à 4 lobes, sont très voyantes et leur forme curieuse a mérité à la plante son autre nom commun, bonnet-de-prêtre. Mais ce n’est pas tout ! À la chute des feuilles, les fruits s’ouvrent, montrant des graines d’un orange très vif. L’effet est superbe et encore plus frappant, car les branches plient sous le poids des fruits, donnant à l’arbuste un joli port semi-pleureur. Les fruits, pourtant légèrement toxiques pour les humains, sont consommés par les oiseaux et les attirent au jardin. Par contre, ils ne les mangent pas tous en même temps et souvent, à la fin de l’hiver, il reste encore des fruits et des graines sur le fusain. Son effet hivernal est rehaussé par l’apparence des branches : vertes, elles portent toutefois des ailes liégeuses brunes longitudinales, donnant une apparence quadrangulaire aux tiges. Les ailes sont à peine plus que des renflements, mais rappellent toutefois les vraies ailes très apparentes du fusain ailé (E. alatus), décrit dans le chapitre Un feu de couleurs à l’automne. Bien qu’originaire des sols alcalins, le fusain d’Europe semble tolérer tous les sols, même les sols acides, en autant qu’ils soient bien drainés. Le plein soleil ou un ombrage léger est de rigueur. Lorsqu’il est établi, cet arbuste n’a réellement besoin d’aucun entretien : on le laisse pousser, voilà tout ! Il supporte pourtant bien la taille, même radicale s’il le faut, mais il est difficile d’imaginer une raison pour le tailler : même les vieux spécimens de 40 ans ou plus sont encore très beaux et très fournis. De plus, ses branches sont suffisamment élastiques pour plier au lieu de casser sous le poids de la neige. Un problème à surveiller : la cochenille du fusain, un petit kermès à carapace dure qui se développe sur les tiges et sous les feuilles. Elle semble pour l’instant rare au Québec, mais le sud de l’Ontario subit de graves infestations. Avant acheter cet arbuste (ou d’ailleurs tout fusain), il est important de bien inspecter les tiges et les feuilles de tout bord,et de tout côté. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ E. europaeus (fusain d’Europe, bonnet-de-prêtre) : l’espèce est assez plastique, donnant à partir de semences des plants de taille et de couleur variable. Pour cette raison, les jardiniers lui préfèrent généralement l’un des cultivars décrits ci-dessous, multipliés par bouturage. 3 à 4 m x 1,5 à 3 m. Zone 4b. ❧ Euonymus. europaeus albus, aussi E. europaeus ‘Albus’ : variété très différente des autres, car aux fruits blancs. 3 à 4 m x 1,5 à 3 m. Zone 4b. ❧ E. europaeus ‘Aldenhamensis’ : variété à fructification très abondante. Les fruits sont gros et rose vif. Suspendus sur un pédicelle plus long, ils sont donc bien visibles avant que les feuilles ne tombent. 3 à 4 m x 1,5 à 3 m. Zone 4b. ❧ E. europaeus ‘Atropurpureus’ : ce nom semble avoir été donné par erreur et correspond plutôt à l’espèce E. atropurpureus, décrit ci-dessous.

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AUTRES ESPÈCES : Il y a plusieurs fusains assez proches du fusain d’Europe, qui occupent la même niche écologique, et qui sont cultivés en Asie et en Amérique du Nord. En voici 5 autres espèces avec plusieurs de leurs cultivars et de leurs sous-espèces. Tous sont surtout cultivés pour leurs fruits, parfois aussi pour le coloris automnal de leur feuillage, mais rare­ment pour leur floraison estivale, souvent verdâtre et presque cachée par le feuil­lage dense. ❧ E. atropurpureus (fusain noir, anglais : Eastern Wahoo, Eastern Wahoo Euonymus) : pendant nord-américain de son cousin européen, ce fusain a les mêmes branches quadrangulaires, mais un port plus ouvert et des fleurs pourpres plus visibles. C’est le seul fusain courant dont on peut dire que les fleurs ont un peu d’attrait ! Les feuilles vert clair, finement dentées, jaunissent à l’automne. Les fruits sont rouge rosé, s’ouvrant pour révéler des graines écarlates. Dans le sud des États-Unis, il fait un petit arbre de 7,5 m, mais il demeure arbustif chez nous. Peu disponible en pépinière. 2 m x 1,5 m. Zone 3b. ❧ E. bungeanus (fusain de Bunge, anglais : Winterberry Euonymus, Midwinter Euonymus) : grand arbuste ou petit arbre d’origine asiatique, facilement reconnaissable par ses branches quadrangulaires très arquées. Sous les climats doux, les feuilles vert pâle sont persistantes, mais tombent à l’automne chez nous après avoir pris des teintes de jaune et de rose. Les fleurs jaune verdâtre sont peu visibles, mais les fruits, blanc jaunâtre teinté de rose, sont très attrayants. Les fruits s’ouvrent pour révéler des graines blanches ou roses, avec des attaches orange. Comme les noms communs anglais le suggèrent, les fruits persistent particulièrement longtemps et constituent l’attrait principal de l’espèce. Il peut théoriquement atteindre 6 m x 5 m, mais une taille de 3 m x 3 m est plus probable sous notre climat. Zone 5a. ❧ E. bungeanus ‘Pendulus’ : comme l’espèce, mais aux branches très arquées, presque pleureuses. Fruits rouges. Cependant peu disponible. 3 m x 3 m. Zone 5a. ❧ E. hamiltonianus (fusain de Hamilton, anglais : Hamilton Euonymus) : cette espèce très variable, offrant de nombreuses formes, est indigène dans une bonne partie de l’Asie du Nord, de l’Himalaya et jus­qu’au Japon. Par contre, il semble que l’espèce même ne soit pas cultivée. On voit plutôt sur le marché une profusion de sous-espèces et de cultivars, la plupart raisonnablement rustiques et tous très attrayants à l’automne, à la fois par leur feuillage elliptique, finement dentelé, richement coloré et par leurs fruits roses abondants aux graines rouges à orange. 3,5 m x 3 m. Zone 4a. ❧ E. hamiltonianus maackii : sous-espèce chinoise aux feuilles plus petites et plus étroites que celles des autres fusains et encore plus finement dentées. Excellente coloration automnale. Fruits roses à graines orange. 3,5 m x 3 m. Zone 4a. ❧ E. hamiltonianus nikoensis : sous-espèce japonaise à fruits non pas roses, mais rouge vif. Spectaculaire l’automne et une bonne partie de l’hiver ! 3,5 m x 3 m. Zone 4a.

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❧ E. europaeus ‘Red Cascade’ : les fruits très abondants d’un rouge très vif et les branches très arquées de ce cultivar en font une plante simplement spectaculaire lorsqu’elle est en fruits. Variété méritant une distribution beaucoup plus vaste. 3 à 4 m x 1,5 à 3 m. Zone 4b.

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❧ E. hamiltonianus ‘Red Elf’, parfois vendu sous le nom E. hamiltonianus ‘Red Cap’ : port érigé, feuilles vertes ou jaune pâle à l’automne. Fruits nombreux d’un rose très riche. Malgré son nom suggérant une taille réduite (« elf » veut dire lutin en anglais), ce cultivar semble aussi gros que les autres. 3,5 m x 3 m. Zone 4a. ❧ E. hamiltonianus sieboldia­ Euonymus hamiltonianus sieboldianus nus, aussi connu sous les noms E. hamiltonianus yedoensis, E. hians, E. semiexertus et E. yedoensis : cet arbuste arrondi est ven­ du sous plusieurs « noms de plume » : il faut donc faire attention pour ne pas l’acheter deux fois ! C’est un grand arbuste, même un petit arbre, aux nom­ breuses feuilles vert mat en été, devenant jaunes, roses ou rouges à l’autom­ ne. Les fruits sont rose vif avec des graines rouge sang. 3,5 m x 3 m. Zone 4a. ❧ E. hamiltonianus sieboldianus ‘Coral Charm’ : variété à port dressé, très semblable à ‘Red Elf’. Feuilles jaunes à l’automne. Fruits rose pâle aux graines rouges. 3,5 m x 3 m. Zone 4a. ❧ E. phellomanus (fusain à tiges liégeuses, anglais : Corky-stemmed Euonymus) : la proche parenté de cette espèce avec le fusain ailé (E. alatus, page 285) est très évidente ici, car ses tiges portent aussi quatre ailes liégeuses très marquées, bien que moins développées que celles de E. alatus. Par contre, par sa fructification abondante, elle semble plus proche de E. europaeus. Un très grand arbuste devenant un petit arbre sous d’autres climats. Feuilles vert foncé, sans coloration particulière à l’automne. Les fruits à 4 lobes, produits en abondance, sont roses. 5 m x 2,5 m. Zone 5. ❧ E. planipes, syn. E. sacchalinensis (fusain écarlate, anglais : Scarlet Euonymus) : un grand arbuste, abondamment couvert de feuilles vert foncé l’été, mais vraiment très rouges à l’automne. Ses feuilles sont rouge vif et ses fruits très persis­tants, écarla­tes. Qu’il ne soit rusti­que que jusqu’en zone 5, tel que sug­gé­ré par les pépinié­ristes, me semble toutefois un peu surpre­ nant, car il est origi­ naire de Sibérie et de l’île Sakhaline, deux régions répu­ tées pour leurs hivers rudes. Il serait à essayer sous un climat plus froid. 4 m x 4 m.

Euonymus planipes

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Houx verticillé Houx

verticillé

Ilex verticillata Noms anglais : Common Winterberry, Coralberry, Michigan Holly. Hauteur à maturité : 1 à 2,5 m. Diamètre à maturité : 75 cm à 2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire ou étalé, au sommet aplati. Sol : ordinaire à riche, un peu ou même très humide, très acide à acide. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : fruits à l’automne et en hiver. Intérêts secondaires : fleurs printanières. feuillage dense. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : au printemps, après la floraison, si nécessaire. Multiplication : boutures herbacées ou partiellement aoûtées, greffage. Semences (espèce seulement). Utilisation : arrière-plan, bordure, coin humide, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur coupée, fleur séchée, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 3b.

Ilex x ‘Sparkleberry’

C

e houx, indigène de l’Amérique du Nord, du Québec jus­qu’en Floride, est solidement rusti­ que… mais ne ressemble pas à un houx. En effet, ses feuilles ne sont piquantes, mais elliptiques, à marge finement dentelée, comme tant d’autres arbustes. En plus, elles ne sont pas persistantes, mais caduques. Il produit à profusion des fruits rouges, visibles dès la fin de l’été et persistant presque tout l’hiver. Les fruits ne sont pas comestibles, mais ils sont aimés des oiseaux qui viennent surtout les manger à la fin de l’hiver. Les fruits apparaissent sur presque toute la longueur des rameaux, formant des amas entourant la tige, presque en verticille, d’où les noms communs et botaniques de l’arbuste. En plus de sa fructification, le houx verticillé produit une floraison attrayante : de nombreuses petites fleurs blanches qui s’épanouissent avant les feuilles. Notez qu’il faut planter au moins un arbuste mâle pour une dizaine d’arbustes femelles. Le houx verticillé s’adapte bien aux conditions de jardin typiques, mais préfère toutefois un sol plutôt riche et acide et une humidité constante. Un paillis orga­nique serait très apprécié, non seulement parce qu’il tiendra le sol plus humide et l’enrichira en se décomposant, mais les houx produisent des racines super­ficielles qui pour­raient

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Des fruits beaux à croquer

être endommagées par le binage ou autres intrusions. Croissant au bord de l’eau dans son milieu naturel, il fait aussi un très bon choix pour les milieux détrempés. Il s’adap­te à toutes les conditions lumineuses, mais fleurit et fructifie peu dans les milieux vraiment ombragés. Il croît lentement au début, mais prend un peu de vitesse une fois lorsqu’il est bien établi. Habituellement, on plante ce houx et on le laisse pousser, sans plus de soins. Par contre, si vous avez une bonne raison pour le tailler, il accepte de tels travaux de bonne grâce. Sachez toutefois que la taille, habituellement pratiquée au printemps, après la floraison, réduira nécessairement la portée de sa fructification, au moins pour l’année en cours. Quant aux insectes, ils touchent rarement le houx verticillé, et même les mulots et les cerfs de Virginie semblent l’éviter, comme tous les houx, d’ailleurs. Les feuil­ les peuvent parfois souffrir un peu de blanc en fin d’été, mais rarement au point où il faut réagir. La chlorose (jaunissement) des feuilles est un problème dans les sols insuffisamment acides. Enfin, un rameau de houx verticillé plein de fruits est un excellent ajout dans les arrangements de fleurs coupées, fraîches ou séchées, notamment durant le temps des Fêtes.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Ilex verticillata (houx verticillé) : on ne vend presque jamais l’espèce même, mais plutôt des cultivars et des hybrides. ❧ I. verticillata ‘Afterglow’ : clone femelle aux fruits abondants orange à rouge orangé. Floraison hâtive. Bien rustique. 2 m x 1,2 m. Zone 3b. ❧ I. verticillata ‘Aurantiaca’ : clone femelle aux fruits orange devenant jaunes, mais tombant plus hâtivement que les autres. Les oiseaux semblent trouver ses fruits peu inté­ressants. Floraison hâtive. 2 m x 1,2 m. Zone 4. ❧ I. verticillata ‘Cacapon’ : femelle. Comme ‘Afterglow’, mais à port plus dressé. Fleurs s’épanouissant sur une longue période, permettant sa pollinisa­ tion par tout houx verticillé mâle. Fruits rouges, persistant très longtemps. Feuilles ondulées luisantes. 2 m x 1,5 m. Zone 4. ❧ I. verticillata ‘Early Male’ : comme le nom le suggère, sujet mâle et donc sans fruits, planté pour polliniser les arbustes femelles, notamment celles dont la floraison est hâtive, comme ‘Afterglow’, ‘Aurantiaca’, ‘Cacapon’, ‘Harvest Red’, ‘Oosterwijk’, ‘Red Sprite’, etc. Nouvelles feuilles vert pourpré. 2 m x 1,2 m. Zone 3b. ❧ I. verticillata ‘Jim Dandy’ : sujet mâle de port compact à floraison hâtive, intéressant pour la pollinisation des mêmes houx femelles que ‘Early Male’ Parfois vendu sous le nom ‘Dwarf Male’. 1,5 m x 1,5 m. Zone 3b. ❧ I. verticillata ‘Oosterwijk’ : femelle. Sélection néerlandaise aux fruits rouges particulièrement persistants, sur un arbuste compact. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5. ❧ I. verticillata ‘Red Sprite’ : femelle à floraison hâtive. L’un des houx verticillés les plus nains. Fruits abondants rouge éclatant, persistant très longtemps. 1 m x 75 cm. Zone 4. ❧ I. verticillata ‘Southern Gentleman’ : sujet mâle à floraison tardive et donc intéressant comme pollinisateur pour les houx verticillés à floraison prolongée ou tardive comme ‘Cacapon’, ‘Spravy’, ‘Spriber’, ‘Winter Gold’ et ‘Winter Red’, et aussi pour les houx hybrides à feuilles caduques comme ‘Sparkle­ berry’ et ‘Harvest Red’. Vert foncé luisant, sans fruits. 2 m x 2 m. Zone 4. ❧ I. verticillata ‘Spravy’ Berry Heavy® : femelle. Floraison tardive. Fruits abondants et très gros d’un rouge brillant. 2 à 2,5 m x 2 m. Zone 5. ❧ I. verticillata ‘Spriber’ Berry Nice® : femelle. Floraison tardive. Cultivar à fruits particulièrement voyants, rouge très vif. Réputé résistant au blanc. 2 à 2,5 m x 2 m. Zone 5. ❧ I. verticillata ‘Winter Gold’ : femelle. Floraison tardive. Mutation de ‘Winter Red’ à fruits jaunes parfois teintés de rose. Fruits abondants. 2 m x 2 m. Zone 4.

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HOUX VERTICILLÉ HYBRIDE ❧ Ilex verticillata x serrata (houx verticillé hybride, anglais : Hybrid Winterberry) : le croisement le plus courant dont ont résulté plusieurs hybrides. En général, on les distingue par leur nouvelle crois­sance pourprée, un port plus large et des fruits mûrissant dès la mi-août. Par con­tre, si les fruits persistent longtemps, ils tendent aussi à se décolorer bien avant la fin de l’hiver. Les variétés hybrides femelles peuvent être pollinisées par d’autres houx hybri­des Ilex verticillata mâles, par des houx verticillés mâles ou par des ‘Spriber’ Berry Nice® houx dentelés mâles (I. serrata). ❧ I. verticillata x serrata ‘Apollo’ : variété mâle à floraison tardive, surtout utilisée pour polliniser d’autres houx à floraison tardive (voir I. verticillata ‘Southern Gentleman’ pour une liste). 3 m x 1,8 m. Zone 5. ❧ I. verticillata x serrata ‘Harvest Red’ : femelle. Port plus large que la plupart des houx verticillés. Gros fruits rouge foncé. Floraison hâtive : utilisez ‘Early Male’ ou ‘Jim Dandy’ comme pollinisateurs. 3 m x 3 m. Zone 5b. ❧ I. verticillata x serrata ‘Sparkleberry’ : le plus populaire des houx verticillés hybrides. Jeunes pousses rougeâtres. Fruits rouges très abondants et très persistants. Port très dressé. Excellent choix dans les régions plus tempérées. ‘Southern Gentleman’ et ‘Apollo’ conviennent comme pollinisateurs. 3 m x 1,8 m. Zone 5.

AUTRES ESPÈCES : Le cas des houx « typiques », soit à feuilles persistantes piquantes, est discuté à la page 552. Reste à voir ici quelques espèces moins connues, mais non dénuées d’intérêt, au feuillage à bord lisse. ❧ Ilex glabra (houx glabre) : ce houx drageonnant est probablement le plus rustique des houx à feuilles persistantes… mais ne pensez pas trouver un houx de type « décoration de Noël », car non seulement les petites feuilles ne sont-elles pas piquantes, mais les fruits sont noirs au lieu d’être rouges. Cette espèce est « quasi » indigène au Québec, car on le trouve à l’état sauvage dans les états et provinces limitrophes. On l’apprécie pour son port densément ramifié et ses nombreuses feuilles là où elle est bien rustique. Elle est souvent utilisée dans la haie pour remplacer le buis. En cas de dégât hivernal, ce sont généralement les vieilles feuilles qui brûlent : les bourgeons des clones rustiques ne gèlent habi­tuel­lement pas et la plante se recouvre alors de nouvelles feuilles au printemps. ❧ I. glabra ‘Chamzin’ Nordic® : variété mâle, surtout plantée comme pollinisateur pour les nombreux cultivars femelles, mais néanmoins très jolie malgré l’absence de fruits. Port compact et arrondi, comme ‘Compacta’. Feuilles lustrées vert très foncé. 1,2 m x 1,2 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ I. glabra ‘Compacta’ : variété la plus populaire, plant femelle aux fruits luisants noirs. Souvent c’est la seule variété offerte sur le marché, où elle est vendue comme arbuste à fruits ornementaux… sans toutefois offrir le plant mâle nécessaire pour la production des baies ! 1 m x 1 m. Zone 5b (4b en site protégé).

Des fruits beaux à croquer

❧ I. verticillata ‘Winter Red’ : femelle. Floraison tardive. Abondance de fruits rouge vif persistants. Peut-être le plus spectaculaire des houx verticillés. 2 m x 2 m. Zone 3b.

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Des fruits beaux à croquer

❧ I. glabra leucocarpa ‘Ivory Queen’ : variété fort intéressante par son port relativement compact et dense, mais surtout grâce à ses beaux fruits blanc ivoire se terminant en pointe noire. Les fruits ressortent admirablement bien du feuillage vert très foncé. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ I. glabra ‘Nova Scotia’ : cultivar choisi dans un peuplement sauvage de Nouvelle-Écosse et réputé plus rustique que les autres houx glabres de grande taille. Port dense, maintenant bien ses feuilles inférieures. Fruits noirs. 1,5 à 2,5 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ I. glabra ‘Shamrock’ : variété aux feuilles particulièrement lustrées, plus petites que celles de ‘Compacta’. Les nouvelles feuilles sont vert brillant. Fruits noirs. Excellente pour une haie basse ! 90 cm à 1 m x 90 cm à 1 m. Zone 5b (4b en site protégé).

ESPÈCES DÉCONSEILLÉES : ❧ I. decidua (houx décidu, anglais : Possumhaw) : ce houx à feuilles caduques est originaire du sud-est des États-Unis, jusqu’à l’état du Maryland, et manque donc un brin de rusticité pour bien réussir chez nous. C’est toutefois possible dans un emplacement protégé de la zone 5b où l’arbuste peut être très attrayant. On appréciera ses feuilles obovées à peine dentées, vert foncé très lustré mais jaunes à l’automne, et ses fruits rouges mûrissant en septembre et persistant parfois jusqu’en mars… sur les sujets femelles, bien sûr. Il existe plusieurs cultivars, dont ‘Warren’s Red’. Spécialement choisi pour sa plus grande résistance au froid, ce cultivar est le plus intéressant à essayer au Québec. 2 à 4 m x 1,5 x 3 m. Zone 6b. ❧ I. serrata (houx dentelé, anglais : Japanese Winterberry, Finetooth Holly) : cette espèce est essentiellement une version asiatique de notre houx verticillé indigène, I. verticillata. D’ailleurs, les deux diffèrent très peu : les feuilles sont encore plus finement dentelées, les fruits sont plus petits, la nouvelle croissance est pourprée et, enfin, l’arbuste devient plus gros… du moins, sous un climat propice. Sa rusticité est cependant un peu faible pour le Québec en général. Puisque I. verticillata est presque identique, mais avec une rusticité garantie, pourquoi prendre des risques avec un sosie plus gélif? 1,2 à 2 m x 1,2 à 2 m. Zone 6a (5b en site protégé).

AUTRE GENRE APPARENTÉ : Nemopanthus mucronatus (faux houx, némopanthe mucroné, anglais : Mountain Holly) : seule espèce de son genre, le faux houx ne diffère des Ilex que par quelques détails mineurs de ses fleurs, et ressemble à tout autre égard à un houx à feuilles caduques. C’est un arbuste indigène, croissant dans l’est de l’Amérique du Nord, surtout abondant dans le Nord et les régions monta­ gneuses. On le trouve presque partout au Québec, dans les lieux humides et les tourbières, mais il tolère quand même les sols plus secs. En fait, sa culture est identique à celle du houx verticillé auquel il ressemble d’ailleurs beau­coup. Habituellement, les fleurs mâles et femelles sont produites sur des plantes différentes, bien qu’il existe quelques plants portant les deux sexes. Les jolis fruits rouge violacé vif apparaissent en août et persistent une partie de l’hiver. Cet arbuste pourrait remplacer le houx verticillé dans les régions froides, et serait aussi très utile en natura­lisation. Certains livres suggèrent une zone 3, mais étant donné la distribu­tion de cette espèce jusque dans le nord du Québec, il est probable que la zone 2 ou même la zone 1 lui conviennent davantage. 1,5 à 3 m x 1 à 1,5 m.

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Prinsepia chinois

Prinsepia

chinois Prinsepia sinensis Noms anglais : Cherry Prinsepia. Hauteur à maturité : 2 m. Diamètre à maturité : 2 m. Emplacement : soleil. Port : globulaire, semi-pleureur. Sol : riche, bien drainé, humide, acide à légèrement alcalin. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : peu disponible. Intérêt principal : fruits à la fin de l’été. Intérêts secondaires : floraison printanière. Feuillage très hâtif. Écorce s’exfoliant. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, marcottage, semences fraîches ou vernalisées. Utilisation : arrière-plan, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, fruits comestibles, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 2b.

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Prinsepia sinensis

omment cet arbuste peutil être si peu connu? Il est solidement rustique, attrayant toute l’année, ne demande aucun soin particulier et peut même protéger votre demeure contre les voleurs ! Un arbuste presque parfait… si vous pou­ vez le trouver ! Eh bien, « Cher­ chez et vous trouverez », car en fait, il n’est difficile à découvrir que dans les pépi­nières locales, étant largement disponible par commande postale. Il s’agit d’un arbuste très épineux constituant une ex­ cellente barrière défensive. Plantez-le sous votre fenêtre et à coup sûr, aucun voleur n’y entrera ! Ses branches arquées, gris brun, à écorce exfoliante, lui donnent un port semi-pleureur. Très tôt au printemps, ses

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Des fruits beaux à croquer

branches se couvrent de longues feuilles lancéolées vert vif, si tôt qu’il est déjà complètement couvert de feuilles lorsque le reste du paysage est encore très gris. Les fleurs jaune pâle à 5 pétales, printanières aussi, sont attrayantes vues de près, mais un peu cachées par le feuillage. À la fin de l’été, des fruits rouge très vif apparaissent et volent la vedette, semblables à des cerises non seulement par leur taille et leur forme, mais aussi par leur gros noyau, et les oiseaux semblent beaucoup les apprécier. La coloration automnale est par contre faible, les feuilles jaunissant tout simplement un peu avant de tomber. Les fruits, que l’on dit riches en vitamines, sont comestibles. Quant à moi, je les trouve acides et pâteux, mais peut-être sont-ils plus acceptables en cuisine, avec beaucoup de sucre ! Dans leur pays d’origine, la Chine, ils étaient utilisés pour prévenir et traiter le scorbut. L’entretien du prinsepia chinois est non seulement minimal, il est nul. Si vous le plantez dans un site ensoleillé, dans un sol riche et bien drainé, vous n’avez qu’à l’arroser une fois, et vous le laissez pousser. Il serait peut être nécessaire de rajeunir les vieux spécimens, environ aux 40 ans, en les rabattant au sol et en portant alors de bons gants, car ses épines bien cachées sont acérées. De plus, sa rusticité est excel­lente : la plupart des livres le classent en zone 4, mais ayant vu des haies com­plètes utilisant le prinsepia chinois au nord d’Edmonton, je peux vous assurer qu’il est rustique au moins jusqu’en zone 2b. La seule difficulté de sa culture est la multi­plication : les taux de réussite du bouturage ou du marcottage sont faibles, et il faut avoir de la patience pour le reproduire à partir de semences. À part quelques trous occasionnels dans une feuille ou deux, causés par Dieu sait quel insecte, cet arbuste ne semble pas souffrir d’infestations vous obligeant à réagir. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Prinsepia chinensis (prinsepia chinois) : décrit ci-dessus. Aucun cultivar n’est connu. 2 m x 2 m. Zone 2a. AUTRES ESPÈCES : ❧ Prinsepia uniflora (prinsepia à haies, anglais : Hedge Prinsepia) : il n’y a que 3 ou 4 espèces de Prinsepia, toutes rares en culture. Je pense que cette espèce n’est pas en culture au Canada, mais elle semble intéressante. Ses feuilles sont plus petites et plus foncées que celles de P. sinensis, et ses fleurs blanches, mais son port est semblable. On dit que la fructification est inégale lorsque la plante est produite par semences : il vaudrait mieux prendre une bouture sur un spécimen reconnu pour l’abondance de ses fruits rouge pourpre foncé. Cette espèce mérite sûrement d’être essayée au Québec. 2 m x 2 m. Zone 3b (peut-être moins).

Prinsepia sinensis

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Photo : Roméo Meloche (Jardin botanique de Montréal)

Sorbier de Koehne

Sorbus koehneana

Sorbier

de Koehne Sorbus koehneana Noms anglais : Koehne’s Mountainash. Hauteur à maturité : 2,5 m. Diamètre à maturité : 1 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, évasé. Sol : tout sol bien drainé, acide à alcalin. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : fruits en fin d’été. Intérêts secondaires : floraison printanière. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : brûlure bactérienne. Taille : peu nécessaire. Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées, greffage, semences fraîches ou vernalisées. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, fruits comestibles, attire les papillons et les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 4b.

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ou­veau sur le marché, ce curieux végétal est promis à un bel avenir. Curieux tout simplement parce qu’il sur­ prend. En effet, les sorbiers, ap­ p­ elés aussi cormiers, sont bien connus de presque tous les jar­di­niers… mais comme ar­bres. Chez les quelque 85 espè­ ces connues, seulement 3 ou 4 sont réellement arbustives, et jus­ qu’à tout récemment, seules les espèces arborescentes étaient un peu cultivées. Cu­rieux aussi parce que nous nous attendons à voir des fruits rou­ge orangé sur un sorbier. Or, le sorbier de Koehne porte des fruits… blancs ! Il s’agit d’un arbuste d’en­ viron 2,5 m de hauteur, pouvant atteindre jusqu’à 5 m sous des cieux plus cléments, portant de petits corymbes de fleurs blanches au printemps. Il a les

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VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Sorbus koehneana (sorbier de Koehne) : voir la description ci-dessus. 2,5 m x 1 m. Zone 4b. AUTRES ESPÈCES : ❧ Sorbus recta (sorbier nain, anglais : Dwarf Chinese Mountainash) : un tout petit arbuste, très drageonnant, que l’on utilise généralement comme couvre-sol. L’été, les feuilles sont vert foncé avec un pétiole rouge, puis deviennent rouge pourpré à l’automne. Les fruits sont rouges, puis roses ou blanc rosé à pleine maturité. Certains sources suggèrent une zone de rusticité de 5, mais cet arbuste réussit très bien dans les Prairies où on lui accorde la zone 2b. Il faut s’y fier, car si des gens connaissent bien le comportement d’un arbuste sous un climat froid, ce sont bien les habitants des Prairies ! 40 à 60 cm x illimité. Zone 2b.

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Photo : (Jardin botanique de Montréal)

Des fruits beaux à croquer

mêmes feuilles pen­ nées aux nom­breu­ ses folioles dentées que les sorbiersarbres, mais plus petites. En effet, malgré quelque 17 à 33 divisions, la feuille ne dépasse pas 15 cm de lon­ gueur. Vert foncé à l’été, elle devient rou­ge à l’au­tom­ne, mettant par­f ai­t e­ ment en valeur les fruits d’un blanc de porcelaine retom­ Sorbus koehneana bant de pédicelles rouges. La culture de cet arbuste est simple. Tout emplacement ensoleillé ou à mi-ombre, dans un sol bien drainé, lui convient. On pourrait le tailler à volonté, après la floraison printanière, mais cela éliminerait les fruits. Habituellement, on le laisse donc croître à sa guise. On peut aussi pincer les jeunes plants partis de semis ou de boutures, une ou deux fois dans leur jeunesse, pour stimuler une bonne ramification à la base, car si le sorbier de Koehne peut faire un petit arbre avec un seul tronc, il a meilleure apparence sous forme d’arbuste. La multiplication peut se faire par bouturage ou par greffage, et, le sorbier de Koehne est d’ailleurs souvent offert greffé sur tige pour faire un petit arbre. Cependant, à la maison, ses semis sont si faciles que l’on pense rarement à d’autres techniques. Les oiseaux découvrent moins rapidement les fruits blancs du sorbier de Koehne que les fruits rouges des autres sorbiers, ce qui prolonge leur saison d’in­ térêt à l’automne. Les fruits sont comestibles, surtout lorsque les gelées autom­nales les ont rendus plus juteux… mais ils sont si décoratifs que je doute fort que de nombreuses personnes fassent autre chose que de les admirer.

Symphorine blanche

Symphorine

blanche

Symphoricarpos albus Noms anglais : Snowberry. Hauteur à maturité : 1 à 1,5 m. Diamètre à maturité : 1,5 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : tout sol bien drainé, humide ou sec, acide à alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente. Intérêt principal : fruits hivernaux. Intérêts secondaires : floraison estivale. Feuillage : caduc. Problèmes : blanc, décoloration des fruits. Taille : au printemps, si nécessaire, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, coin humide, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, sousbois, fleur coupée, plante mellifère, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 2a.

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Symphoricarpos orbiculatus ‘Variegatus’

e dois admettre que la po­pu­ larité continue de cet arbuste me surprend. Non qu’il ne soit pas utile, mais je considère qu’il n’est pas vrai­ m ent « beau ». Son apparence estivale est très quelconque, et même lorsque les fruits ronds et blancs ap­pa­ raissent, il faut réellement attendre que les feuilles tom­ bent, ce qu’elles ne font que tar­ divement et sans vraiment chan­ g er de couleur, et que l’ar­ bus­ te soit à nu pour que les fruits deviennent vraiment intéressants. À mon avis, c’est le genre d’arbuste que l’on devrait utiliser à l’arrière-plan ou dans les endroits peu visibles de façon à ne pas trop le voir avant l’hiver. Et pourtant, je le vois constamment au premier plan des haies, des plates-bandes, des plantations de fon­ dation,

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Des fruits beaux à croquer

etc. Est-ce simplement moi qui ne comprends pas? En tout cas, je vous suggère de bien regarder l’ap­pa­rence de cet arbuste durant l’été, dans un aménagement et non seulement en pot, avant d’en acheter 45 pour faire une haie ! Il s’agit d’un arbuste indigène dans presque toute la partie septentrionale de l’Amérique du Nord, dont l’ouest du Québec. Drageonnant de nature, il forme assez rapidement une vaste fourrée de tiges grêles, souvent arquées aux extré­mités. Plantez-le à l’intérieur d’une barrière si vous ne tenez pas à un envahissement. Les feuilles presque rondes sont d’un vert légèrement bleuté. Étant plus ou moins cachées par les feuilles, ses petites fleurs roses, réunies en grappe, ont peu d’impact, sauf de près. Cependant, les abeilles les adorent et l’on considère que la symphorine blanche est une excellente plante mellifère. Comme la floraison débute généralement en juin et continue une bonne partie de l’été, on voit à la fois des fruits mûrs et des fruits immatures dans la même grappe. Les fruits ronds, blanc neigeux, sont gros comparativement à la taille de l’arbuste, et malgré tout assez visibles à travers les feuilles, mais sans devenir vrai­ment intéressants avant la chute des feuilles. Ils seraient légèrement toxiques, assez pour provoquer au moins des maux de ventre, et comme même les oiseaux hésitent à les manger au début, ils persistent une bonne partie de l’hiver. Je ne sais pas si le froid prolongé améliore leur goût ou si les oiseaux sont tout simplement plus affamés à la fin de l’hiver, mais les fruits finissent par être mangés. Malgré son apparence à peine acceptable l’été, la symphorine blanche rend un fier service aux jardiniers par sa grande adaptabilité. En effet, même si cette plante est indigène dans les sols calcaires plutôt pauvres, elle semble tolérer toutes les conditions: soleil ou ombre profonde, sol bien drainé, humide ou sec, riche ou pauvre, acide ou alcalin. De plus, sa rusticité est excellente, elle tolère sans peine la pollution de l’air et les conditions citadines, et résiste de plus passablement bien aux embruns salins. J’apprécie surtout sa grande tolérance de l’ombre : peu d’arbustes réussissent aussi bien au pied des grands arbres. Bien que de nombreux jardiniers s’entêtent à tailler cet arbuste en boule ou en carré, la taille est peu nécessaire, mais bien tolérée. On pourrait se contenter de rabattre un arbuste vieillissant pour le rajeunir. La taille se fait habituellement à la fonte des neiges : comme les fleurs se forment sur le bois de l’année, à partir du début de l’été, une taille hâtive ne dérange pas la fructification. Fait à noter : les tiges de la symphorine en fruit font d’excellentes « fleurs coupées » et durent au moins 2 semaines dans un vase. La symphorine blanche est généralement peu dérangée par les insectes, mais le blanc (mildiou) est régulièrement un problème sur le feuillage en fin de saison. Sans être fatal, il donne à l’arbuste une apparence « poussiéreuse », ce qui explique en partie l’apparence « quelconque » de l’arbuste. Certaines symphorines hybrides sont peu sujettes au blanc et remplacent bien l’espèce si la maladie vous dérange. Personnellement, comme je préconise la plantation des symphorines plutôt comme plantes de remplissage dans les endroits peu visibles l’été, je ne considère pas cette maladie comme un problème majeur, car j’aime bien placer cet arbuste là où il ne devient très apparent que lorsque les feuilles tombent. Les fruits aussi sont sujets à différentes maladies qui les font brunir, notamment l’anthracnose. Par contre, seuls quelques fruits sont habituellement affectés et les dégâts ne sont vraiment pas tellement visibles, sauf de très près. Par contre, il me semble qu’une sélection serait nécessaire pour développer des cultivars résistant mieux à ces problèmes.

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VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Symphoricarpos albus, parfois vendu sous le nom S. racemosus (symphorine blanche) : voir la descrip­tion ci-dessus. Malgré sa grande popularité, cette espèce n’a pas donné beaucoup de cultivars. 1 à 1,5 m x 1,5 m. Zone 2a. ❧ Symphoricarpos albus laevigatus, syn. S. rivularis (grande symphorine blanche, anglais : Tall Snowberry) : la version « Western » de l’espèce, croissant des Rocheuses jusqu’à la côte ouest. Un arbuste plus grand, aux fruits plus gros et plus nombreux, et aussi plus drageonnant que l’espèce typique. Sauf aux endroits où l’on préfère un arbuste de plus petite taille, cette sous-espèce mériterait pleinement de remplacer S. albus, mais est présente­ ment peu disponible. 2 m x 2,5 m. Zone 2a. ❧ Symphoricarpos albus ‘Taff’s White’, syn. S. albus ‘Variegatus’ : feuilles bordées de blanc. Ce cultivar produit cependant rarement des fleurs et, par conséquent, peu ou pas de fruits. 1 à 1,5 m x 1,5 m. Zone 3a.

Des fruits beaux à croquer

Pour la multiplication, la symphorine se bouture très facilement et offre de plus des drageons que l’on peut prélever. Quiconque désire d’autres plants a donc tout le matériel requis sous la main.

AUTRES ESPÈCES : Le genre Symphoricarpos, Symphoricarpos albus comprend environ 17 espèces, est essen­ tielle­ment nord-américain et il n’existe qu’une seule espèce en Chine. Les espèces et hybrides sui­vants sont les plus cultivées au Québec. ❧ Symphoricarpos x chenaultii (symphorine de Chenault, anglais : Chenault Coralberry) : cette espèce hybride résulte du croisement de S. microphyllus, une espèce subtropicale mexicaine, et de la très rustique symphorine à feuilles rondes (S. orbiculatus), décrite ci-dessous. Les fleurs sont roses et les fruits blanc rosé deviennent rouge pourpré du côté exposé au soleil. Tiges arquées. Peu disponible. 1 à 2 m x 2 m. Zone 6a. ❧ Symphoricarpos x chenaultii ‘Hancock’ : un peu plus rustique que l’espèce, ce cultivar nain d’origine ontarienne gèle néanmoins au sol tous les ans dans les régions où la neige est peu abondante. Fruits blancs avec points roses, entièrement roses du côté du soleil. Bon couvre-sol. Plus résistant au blanc que la symphorine blanche. 50 cm x 1,2 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ Symphoricarpos x doorenbosii (symphorine de Doorenbos, anglais : Doorenbos Coralberry) : cette espèce hybride est un croisement entre le peu

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Des fruits beaux à croquer

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rustique S. x chenaultii à fruits roses, et le très rustique S. albus laevigatus à fruits blancs. Le brassage de gènes de ce cocktail génétique a donné une série de plantes très variables, de hauteur et de port variables et même de rusticité variable, parfois à fruits presque blancs, parfois à fruits très foncés, presque rouge pourpré. Hérite souvent de la résistance aux maladies des S. x chenaultii. Généralement : 2 m x illimité. Zone 5a. ❧ Symphoricarpos x doorenbosii ‘Erect’, syn. S. ‘Erect’ : variété à port érigé et étroit. Fruits rose lilas. 1,5 m x 1,3 m. Zone 5a. ❧ Symphoricarpos x doorenbosii ‘Kordes’ Amethyst™ : nouveauté aux fruits rose pourpré qui risquent de remplacer toutes les autres symphorines quand le cultivar sera plus abondant sur le marché. Port plus dense et moins drageonnant que les autres. Bien rustique… pour une symphorine de Doorenbos ! 1 m x 1,5 m. Zone 4a. ❧ Symphoricarpos x doorenbosii ‘Magic Berry’ : port buissonnant, fruits rose lilas très abondants. Très joli arbuste, mais moins attrayant que ‘Kordes’. Bonne rusticité. 90 cm à 1,5 m x 1,5 m. Zone 4a. ❧ Symphoricarpos x doorenbosii ‘Marleen’ : port dressé aux rameaux arqués. Fleurs blanc rosé. Fruits roses abondants. 1,5 m x 1 m. Zone 4a. ❧ Symphoricarpos x doorenbosii ‘Mother of Pearl’ : gros fruits blancs, rehaussés de rose, ou si vous préférez, rose perle, comme le nom le suggère. Les branches en sont tellement chargées qu’elles ploient sur leur poids et deviennent semi-pleureuses. Bonne rusticité. 1,5 m x 1,2 m. Zone 4a. ❧ Symphoricarpos x doorenbosii ‘White Hedge’ : variété intéressante, proche en apparence de la symphorine blanche, mais sans les problèmes de maladie. Fleurs blanches, parfois rosées. Abondance de gros fruits blancs. Toutefois moins rustique que la symphorine blanche. 1,5 m x 1 m. Zone 4a. ❧ Symphoricarpos occidentalis (symphorine occidentale, anglais : Wolfberry) : proche de la symphorine blanche, mais moins rustique et aux fruits blancs plus gros. Fleurs roses. Feuilles gris vert. Espèce peu commercialisée. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5a. ❧ Symphoricarpos orbiculatus (symphorine à feuilles rondes, anglais : Coralberry) : il s’agit de l’arbuste qui a introduit toutes les teintes roses, pourprées et rouges des hybrides décrits ci-dessus. Ce qui est cependant curieux, c’est que cet arbuste qui, quant à moi, a une apparence supérieure à celle de la symphorine blanche et est tout aussi rustique, ne soit pas plus cultivé. Ses feuilles ovales, pas aussi rondes que les noms botaniques et communs le suggèrent, sont vert foncé et portées sur des branches arquées. Les fleurs abondantes sont d’un jaune pâle quelque peu rosé, et les fruits, plus petits que ceux de la symphorine blanche mais beaucoup plus nombreux, sont rouge corail. De plus, parmi toutes les symphorines, seule celle-ci offre des feuilles colorées à l’automne, car elles deviennent rouge orangé avant de tomber. Malheureusement, elle est tout aussi susceptible au blanc que sa cousine plus populaire. 1 m x 1 m. Zone 2b. ❧ Symphoricarpos orbiculatus ‘Foliis Variegatis’, syn. S. orbiculatus ‘Variegatus’ : il existe plusieurs formes de symphorine au feuillage panaché à feuilles rondes, mais seul ce cultivar semble disponible commercialement au Québec. C’est un très joli arbuste nain aux feuilles marginées de jaune au printemps, de blanc crème à l’été. Il lui faut du soleil pour maintenir sa coloration. 80 cm x 80 cm. Zone 3b.

ARBUSTES aux parfums envoûtants

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ares sont les personnes qui ne sont pas attirés par les fleurs par­ fu­ mées : pour certaines, le parfum d’une fleur est encore plus important que sa forme ou sa couleur. Les gens qui aiment les fleurs parfumées seront ravis d’apprendre qu’il existe de nombreux arbustes à fleurs par­fumées, et parfois à feuilles odoriférantes, dont plusieurs sont présentés dans ce chapitre. Si les fleurs parfumées vous intéressent particulièrement, planifiez votre aména­gement en utilisant non seulement le plus grand nombre possible de fleurs par­fumées, mais aussi parfumées à différentes périodes du printemps et de l’été. Un environnement soi­gneusement préparé peut également rehausser l’impact des par­fums. Les lieux abrités du vent, où la chaleur se concentre le jour, permettent aux parfums de s’ac­cumuler et de s’intensifier. Par contre, dans les lieux venteux et frais, les par­fums se dissipent rapidement. Vous pour­riez utiliser des haies et des barrières quelconques pour réduire le vent et concentrer les parfums. Un jardin en contrebas intensifie aussi les parfums. Les arbustes parfumés que l’on frôle en passant seront plus remar­qués que les fleurs éloignées, et cela est encore plus vrai si les fleurs sont au niveau des narines. Pensez alors à placer les arbustes parfumés de tout acabit près des entrées de maison et des sentiers souvent utilisés, ainsi qu’à surélever sur des murets les petits arbustes parfumés. De plus, la taille peut être utile pour garder les fleurs au niveau des narines. Certains lilas communs sont si gigantesques que les fleurs sont totalement hors de portée. En rabattant les plus vieilles branches aux 4 ou 5 ans, on peut maintenir un lilas ou tout autre grand arbuste à fleurs, à la bonne hauteur, pour profiter de son parfum au maximum. Ne croyez surtout pas qu’il n’y a aucun autre arbuste à fleurs parfumées dans les autres chapitres de ce livre ; pensez aux chalefs (Elaeagnus), aux seringats (Philadelphus), aux roses (Rosa), etc., tous présentés dans d’autres chapitres.

Clèthre à feuilles d’aulne Daphné odorant Fothergilla robuste Gadelier doré

Lilas hâtifs Lilas commun Lilas nains Lilas tardifs Viorne de Corée

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Clèthre à feuilles d’aulne

Clethra alnifolia ‘Ruby Spice’

Q

ue ferions-nous sans Clèthre à feuilles d’aulne le clèthre à feuilles Clethra alnifolia d’aulne ? En effet, les jardins Noms anglais : Summersweet, Sweet Pepperbush. nordiques n’ont pas accès à Hauteur à maturité : 1,5 m. tous les ar­bustes parfumés qui Diamètre à maturité : 2 m. fleurissent l’été dans le Sud, Emplacement : soleil ou ombre. tels les jas­mins, buis de Chine Port : érigé, globulaire, irrégulier. (Murraya pani­culata), Osmanthus Sol : tout sol quelque peu humide et acide. fragrans, etc. Lorsque la dernière Résistance au sel. fleur de lilas est fanée et que les Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. serin­gats (Philadelphus) rede­ Intérêt principal : floraison estivale. viennent uniformément verts, il Intérêts secondaires : coloration automnale. ne reste presque plus d’ar­bustes Feuillage : caduc. par­ fumés… si ce n’était pas Problèmes : peu fréquents. Acariens. du clèthre. Par mi­racle, dès la Taille : peu nécessaire. Tôt au printemps, tailler pour fin de juillet dans cer­tains cas, favoriser une croissance plus dense ou pour rajeunir les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. cet arbuste si par­ fumé fleurit Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées. pendant 6 à 8 se­mai­nes, ce qui Semences fraîches (espèce seulement). assure une flo­ raison jusqu’à Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, coin l’automne. À lui seul, le clèthre humide, couvre-sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, embaume toute la fin de l’été ! pentes, plate-bande, sous-bois, fleur parfumée, attire Cet arbuste était pourtant les papillons. peu connu il n’y a pas si long­ Zone de rusticité : 4b. temps, ayant vraiment pris son essor dans les années 1990. À cette époque, il n’existait que deux ou trois cultivars ; de nos jours, deux ou trois nouveaux cultivars font leur apparition chaque année. Les

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Arbustes au parfum envoûtant

variétés roses, en particulier, sont très à la mode. L’espèce, par contre, est à fleurs blanches, avec à peine une touche de rose en début de saison, mais par hybridation, on a réussi à faire ressortir des roses de plus en plus intenses. À cette vitesse, un vrai rouge ne tardera pas ! Indigène dans l’est de l’Amérique du Nord, de la Floride jusqu’au Maine, le clèthre à feuilles d’aulne a une rusticité quelque peu variable : les cultivars issus des plantes au nord de son aire seraient solidement rustiques, mais peu de pépiniéristes les offrent. Il serait fort intéressant de travailler sur des formes encore plus rustiques de façon à partager cette plante avec les jardiniers de zone 3. Le clèthre à feuilles d’aulne est à port plutôt dressé au début, devenant plus arrondi avec le temps. Il drageonne, surtout dans les sols humides, et peut alors de­­mander un certain contrôle à ce niveau. Les feuilles lisses vert foncé, aux bords dentés, rappellent les feuilles d’aulne. Leur coloration automnale est variable, mais sou­vent excellente, de jaune à jaune orangé. En été, à l’extrémité des nouvelles pousses, apparaissent des épis dressés de petites fleurs blanches à roses, très parfumées, aux étamines proéminentes, don­ nant une apparence mousseuse à l’épi. Non seulement les fleurs s’épa­nouissentelles peu à peu, du bas vers le haut de l’épi, ce qui demande un certain temps, mais plusieurs formes développent des épis secondaires à la base des premiers et ceux-ci prennent la relève lorsque les premiers commencent à moins fleurir. C’est ce qui explique la longue saison de floraison. D’ailleurs, les hybrideurs travaillent sur des variétés encore plus tardives, fleurissant en septembre et octobre, mais l’on ne con­naît pas encore leur comportement sous notre climat. L’hiver, la plante perd un peu de son charme, car les capsules sèches persistent tout l’hiver, mais ne sont pas particulièrement attrayantes. L’écorce des vieilles bran­ches tombe par plaques, mais n’est pas très visible. On trouve le clèthre à feuilles d’aulne dans les sous-bois humides dans la nature et il préfère un sol au moins un peu humide en culture. Il peut d’ailleurs très bien croître dans les sols carrément détrempés. Côté ensoleillement, tout lui convient, du plein soleil à l’ombre profonde, mais il est peut-être à son meilleur sous une ombre légère. En plein soleil, le sol a tendance à trop sécher, mais un bon paillis peut corriger ce défaut. Côté qualité du sol, le clèthre n’a qu’une seule exigence : la terre doit être au moins légèrement acide. Comme c’est le cas de la plu­part des sols de jardin, ce n’est pas vraiment un problème. De récentes études démontrent une résistance remarquable aux embruns salins et aux conditions urbaines. L’entretien de cet arbuste est minime . Il exige peu de taille, mais l’accepte bien si un correctif est néces­saire. On taille normalement tôt au printemps puisque les boutons floraux se déve­loppent sur les nouvelles tiges de l’année. Dans les lieux secs, il est un peu sensible aux mites ériophydes qui déforment ses nouvelles feuilles. Aucun trai­tement n’est nécessaire : il suffit d’augmenter l’humidité du sol pour les voir disparaître ! VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Clethra alnifolia (clèthre à feuilles d’aulne) : l’espèce est à fleurs entièrement blanches ou à peine marquées de rose. On la croyait dépassée par les nouveaux hybrides, mais voilà qu’elle redevient populaire. Les hybrides étant tous à floraison plus tardive, l’espèce est maintenant consi­ dérée comme une « variété hâtive ». En effet, sa floraison débute dès la fin juillet. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 4b.

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❧ Clethra alnifolia ‘Ann Bidwell’ : cultivar proche de l’espèce, à fleurs blanches, mais à floraison plus tardive : août et septembre. Épis multiples. Feuillage vert foncé lustré. 1,2 à 2 m x 1 à 1,5 cm. Zone 4b. ❧ Clethra alnifolia ‘Compacta’, syn. C. alnifolia ‘Nana’ : variété compacte à fleurs blanches, semblable à ‘Hum­ming­bird’, mais à feuilles d’un vert moins foncé. 90 cm à 1,2 m. Zone 4b. ❧ Clethra alnifolia ‘Hokie Pink’ : Clethra alnifolia ‘Hummingbird’ port plus dense et plus ovale que l’espèce, aux fleurs d’un rose soutenu. Floraison en août et septembre. 1,2 m x 1 m. Zone 4b. ❧ Clethra alnifolia ‘Hummingbird’ : magnifique cultivar à fleurs blanches, au feuillage particulièrement dense et à port très compact. Les feuilles sont particulièrement foncées. Les fleurs blanches commencent hâtivement, dès juillet, et se maintiennent au moins 8 semaines puisque l’arbuste fleurit non seulement de l’extrémité des tiges, mais aussi aux aisselles des feuilles. Excellente coloration jaune automnale. 75 cm x 1,2 m. Zone 4b. ❧ Clethra alnifolia ‘Nova Scotia’ : cultivar récolté à l’état sauvage dans la région nordique de son aire, en Nouvelle-Écosse. Il a beaucoup de potentiel dans les zones limitrophes, car, il serait plus rustique que la moyenne. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 3b ? ❧ Clethra alnifolia ‘Paniculata’ : ancienne variété, sélectionnée dès 1770 ! En fait, c’est essentiellement la même plante que l’espèce. Théoriquement les fleurs blanches sont produites en panicules, i.e. en épis multiples, mais en fait la plupart sont simples. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 4b. ❧ Clethra alnifolia ‘Pink Spires’ : vieille variété un peu dépassée, car elle est aussi grosse et irrégulière que l’espèce alors que l’on recherche des variétés plus compactes. Boutons rose foncé, fleurs rose pâle. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 4b. ❧ Clethra alnifolia ‘Rosea’ : autre vieille variété, semblable à ‘Pink Spires’, mais aux fleurs roses pâles à leur épanouisse­ment, puis pâlissant pour devenir plutôt blanc rosé. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 4b. ❧ Clethra alnifolia ‘September Beauty’ : variété à floraison particulièrement tardive, débutant en septembre… mais comment se comportera-t-elle sous notre climat, où septembre signale vraiment la fin de l’été ? D’après moi, ce cultivar nouveau n’a jamais été essayé au Québec et il est alors à vérifier. Gros épis de fleurs blanches. 1 à 2 m x 2 m. Zone 4b. ❧ Clethra alnifolia ‘Sixteen Candles’ : nouveauté. Un semis de ‘Hummingbird’ ayant toutes ses caractéristiques, mais encore plus dense et florifère. Présen­tement, le plus compact des clèthres à feuilles d’aulne. Fleurs blanches, abondantes. 70 cm x 1,2 m. Zone 4b.

Daphné odorant

Daphne x burkwoodii ‘Carol Mackie’

Daphné

odorant Daphne cneorum

S

i les parfums vous attirent, vous serez au septième ciel avec un daphné odorant dans Noms anglais : Rose Daphne, Garland Flower. votre jardin ! Ce petit arbuste Hauteur à maturité : 15 à 30 cm. pres­que prostré, atteint rarement Diamètre à maturité : 60 à 90 cm. plus de 20 cm de hauteur, forme Emplacement : soleil ou mi-ombre. un dôme de feuilles per­sistantes Port : globulaire, évasé, rampant. étroites, lancéolées ou spatulées, Sol : ordinaire à pauvre, voire sablonneux, bien drainé, vert foncé lustré, et porte en légèrement humide, légèrement acide à neutre. Tolère bouquets ter­mi­naux de nom­breu­ mal le sel et le compactage. ses petites fleurs roses au parfum Disponibilité : bonne. intense au milieu du printemps. Intérêt principal : floraison printanière. Et pour étirer le plai­sir, il refleurit Intérêts secondaires : deuxième floraison estivale. sou­vent une deuxième fois à la Feuillage persistant. Port. fin juillet, mais moins abon­dam­ Feuillage : persistant. ment. Les fleurs sont telle­ ment Problèmes : courte vie. parfumées que l’on peut les sentir Taille : après la floraison, si nécessaire. de loin, et un seul ra­meau fleuri Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, marcottage. Semences vernalisées (espèces seulement). embaume toute la pièce de la Utilisation : bordure, couvre-sol, isolé, massif, muret, mai­son où vous le placez ! pentes, plate-bande, rocaille, fleur coupée, fleur Voilà pour les bonnes nou­ parfumée, attire les papillons. velles. Cependant, le daphné Zone de rusticité : 3b. odo­­ rant a aussi une mauvaise réputation qu’il partage avec d’autres daph­nés : celle de mou­rir subi­te­ment, sans rai­son apparente. Cette dispa­rition est d’autant plus cho­quante que souvent la plante avait bien réussi pendant 4 ou 5 ans, et avait même fleuri en abondance au cours du prin­temps pré­cé­dent. Dans la plupart

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Arbustes au parfum envoûtant

des cas, le problème est l’excès de cha­leur et l’in­suf­fisance d’eau. Ce daphné, origi­ naire de l’Eurasie, est en fait une plante alpine et souffre sous la chaleur et l’humidité écrasantes des étés conti­nentaux. C’est la raison pour laquel­le le daphné réussit mieux dans le Nord et les régions maritimes où les étés sont plus frais. Pour le cultiver dans le sud du Québec et sous d’autres climats semblables, il faut prendre la précaution de toujours le pailler et l’arroser réguliè­rement en cas de sécheresse, ce qui aide à maintenir une certaine fraîcheur autour de ses racines. À part sa tendance à disparaître sans crier gare, le daphné n’est pas difficile à cultiver et n’exige essentiellement aucun soin. Le plein soleil ou presque ainsi qu’un sol bien drainé, neutre à légèrement acide, conviennent mieux. Bien qu’il tolère les sols plus riches, le daphné réussit généralement mieux dans les sols plutôt pauvres, voire rocailleux ou sablonneux. S’il est considéré extrêmement rustique, le daphné odorant préfère néanmoins la protection d’au moins une mince couche de neige partout où on le cultive, même en zone 5. Lors de sa plantation, il faut procéder pru­demment et faire attention à ses racines peu nombreuses et fragiles : préférez toujours un plant en pot plutôt qu’emmotté ou à racines nues. D’ailleurs, si vous devez dépla­cer un daphné établi, mieux vaut prendre une bouture ou le marcotter, car il a horreur des transplantations. D’ailleurs, sa multiplication par semen­ces pose un problème, car ce daphné, contrairement à d’autres espèces, ne produit que peu ou pas de fruits brun doré en culture. De taille naturellement restreinte, le daphné odorant nécessite peu de taille. Si vous avez une raison pour le tailler, faites-le après la floraison. Enfin, tous les daph­nés sont toxiques et ne conviennent donc pas aux aménagements fréquentés par de jeunes enfants. Cette espèce ne produisant pas de fruits voyants, elle est toutefois moins dangereuse que les autres. Comme chaque plante vous offre la qualité de son défaut, celle-ci n’est pas touchée par les mammifères (cerfs, mulots, etc.) et devient alors intéressante dans les aménagements car alors, ces petites créatures ne causent pas de problèmes.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Daphne cneorum (daphné odorant, daphné canulé, daphné camélé, thymélée des Alpes) : l’espèce est offerte à l’occasion, mais moins souvent que son culti­var ‘Ruby Glow’, décrit ci-dessous. Rose moyen. 15 à 30 cm x 60 à 90 cm. Zone 3b. ❧ Daphne cneorum alba, syn. D. cneorum ‘Alba’ : identique à l’espèce, mais à fleurs blanches. 15 à 30 cm x 60 à 90 cm. Zone 3b. ❧ Daphne cneorum ‘Ruby Glow’ : c’est de loin le cultivar le plus disponible. Comme l’espèce, mais à fleurs d’un rose plus intense. 15 à 30 cm x 60 à 90 cm. Zone 3b. ❧ Daphne cneorum ‘Variegata’, syn. D. cneorum ‘Albomarginata’ : variété peu courante en culture, mais très intéressante à cause de son feuillage joliment marginé de crème. 15 à 30 cm x 60 à 90 cm. Zone 3b.

AUTRES ESPÈCES : On trouve plus de 50 espèces de daphnés, à feuilles caduques ou persistantes, toutes originaires d’Europe. Cependant, la plupart ne sont pas suffisamment rusti­ques pour notre climat. Voici par contre certaines espèces adaptées aux climats froids, toutes à feuilles caduques ou semi-persistantes. Il y a aussi le bois joli (Daphne meze­­reum), décrit dans le chapitre Des fleurs en début de saison. ❧ Daphne alpina (daphné alpin, anglais : Alpine Daphné) : cette petite espèce à feuilles caduques, indigène des Alpes, n’est pas très courante en culture, mais pourrait être intéressante dans le sud du Québec. Feuilles duveteuses, vert gris. Fleurs blanches et parfumées à la fin du printemps. Fruits rouge orangé. 60 cm x 60 cm. Zone 5b. ❧ Daphne x burkwoodii (daphné de Burkwood, anglais : Burkwood’s Daphne) : ce daphné hybride, issu d’un croisement entre D. cneorum et D. caucasicum,

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Arbustes au parfum envoûtant

est en voie de devenir le daphné de nos aménagements. Son port plus haut le rend plus impressionnant que le petit dôme couvre-sol du daphné odorant, et ses fleurs rose pâle devenant blanches sont tout aussi parfumées, sans oublier qu’en plus, il produit de très jolis fruits rouges. Sous d’autres climats, le feuil­ lage du daphné de Burkwood est semi-persistant, mais tombe générale­ment l’hiver sous notre climat. Il reste toutefois longtemps sur la plante, pres­que jus­ qu’en décembre. Comme le daphné odorant, le daphné de Burkwood est sou­ vent de courte vie et disparaît subitement sans raison apparente, notam­ment sous les climats aux étés chauds. 90 cm x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ Daphne x burkwoodii ‘Albert Burkwood’ : le croisement original de D. cneorum x D. caucasicum n’a donné que 2 plants : ‘Albert Burkwood’ et ‘Somerset’. Tous les D. x burkwoodii au monde descendent de ces deux cultivars. ‘Albert Burkwood’ est le plus bas et porte les fleurs les plus pâles. En général, toute plante vendue simplement sous le nom de D. x burkwoodii appartient à cette catégorie. 90 cm x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ Daphne x burkwoodii ‘Brigg’s Moonlight’, syn. D. x burkwoodii ‘Moonlight’ : une mutation de ‘Carol Mackie’, décrit ci-dessous, à la panachure exactement inversée, donc des feuilles au centre crème et à marges vertes. La plante est vigoureuse… mais de croissance très lente. Fleurs roses. 90 cm x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ Daphne x burkwoodii ‘Carol Mackie’ : le daphné de Burkwood a donné naissance à plusieurs cultivars au feuillage panaché, mais celui-ci est de loin le plus populaire. Ses feuilles sont vert moyen, marginées de jaune au printemps et de blanc crème en été, ses fleurs rose pâle, et il est un peu plus compact que les variétés à feuilles vertes. Cette mutation de ‘Somerset’ est apparue spontanément dans le jardin de Carol Mackie, une horticultrice amateur américaine qui a eu le bon sens de bouturer la nouvelle forme et de la distribuer aux pépiniéristes. Plante spectaculaire, difficile de lui résister en pépinière ! 80 cm x 70 cm. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ Daphne x burkwoodii ‘Silver Edge’ : variété dérivée de ‘Somerset’, à feuilles finement marginées de blanc. 1 m x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ Daphne x burkwoodii ‘Somerset’ : la deuxième plante issue du seul croise­ment jamais réussi entre D. cneorum et D. caucasicum. ‘Somerset’ est le plus populaire des deux en culture, peut-être à cause de sa taille plus haute et de ses fleurs d’un rose plus soutenu. 1 m x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ Daphne caucasica (daphné du Caucase, anglais : Caucasian Daphne) : l’un des parents de D. x burkwoodii auquel il ressemble beaucoup, mais un peu plus haut. Il en diffère cependant par ses feuilles caduques vert jaunâtre et ses fleurs blan­ches très parfumées, apparaissent au printemps, puis sporadiquement assez sou­vent au cours de l’été. Peu disponible au Québec. 1,2 m x 1,2 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ Daphne giraldii (daphné de Giraldi, anglais : Giraldi Daphne) : curieux daphné, car non seulement ses fleurs sont d’une couleur inhabituelle pour le genre (jaunes plutôt que roses et blanches), mais à peine parfumées. Les feuilles caduques vert jaunâtre apparaissent en verticilles aux extrémités des tiges, et non tout le long des tiges, comme chez les autres daphnés, ce qui lui donne vaguement l’allure d’un petit rhododendron à feuilles étroites. Fruits rouges peu nombreux, mais très visibles. On lui donne souvent une cote zonière 4b, mais j’ose l’étendre à la zone 2b, vu le grand succès connu avec cette plante au jardin Devonian Botanical, à Spruce Grove, Alberta (zone 2b). 60 cm x 30 à 60 cm.

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Fothergilla robuste

Fothergilla major

A

Fothergilla

robuste

rbuste indigène peu con­nu Fothergilla major de l’est des États-Unis, il est fort intéressant pour l’amé­na­ Noms anglais : Large Fothergilla. gement paysager. Son principal Hauteur à maturité : 1 à 3 m. at­trait est sa floraison : nombreux Diamètre à maturité : 1 à 2,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. épis terminaux de fleurs blan­ Port : globulaire. ches, apétales. La couleur blanche Sol : riche en matière organique, bien drainé, humide, des fleurs vient des nombreuses très acide à acide. Tolère mal le sel et le compactage. éta­mines qui donnent à l’in­flo­res­ Disponibilité : faible. cence une apparence similaire à Intérêt principal : floraison printanière. un court goupillon. Les fleurs très Intérêts secondaires : coloration automnale. par­fumées, à odeur de miel, appa­ Feuillage : caduc. raissent avant les feuilles ou au Problèmes : peu fréquents. moment de leur épa­nouis­se­ment. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise. Les fruits en capsule qui en résul­ Taille pour contrôler l’étalement. tent sont sans véritable attrait. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, Lorsque les fleurs tombent, boutures de racine, division, marcottage. Semences les feuilles sont pleinement épa­ vernalisées. nouies. Elles sont vert foncé sur Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, fondation, le dessus, grisâtres au re­ vers. isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur parfumée. Ova­ les, dentées vers la poin­ Zone de rusticité (site exposé) : 5b. te et par­ fois tout autour de la Zone de rusticité (site protégé) : 4a. feuille, elles rappellent les feuilles d’hama­mé­lis, lequel est d’ailleurs de la mê­me famille botanique. La coloration autom­nale est souvent spectaculaire, le

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Arbustes au parfum envoûtant

jaune, l’orange et le rouge vif se retrouvent sur la même plante. La coloration est aussi intense à l’ombre qu’au soleil. L’hiver, l’arbuste laisse voir des tiges grises, plutôt érigées, légèrement en zigzag, d’apparence un peu exotique. Plantez le fothergilla au soleil ou à mi-ombre, dans un sol riche en matières orga­ niques et au moins un peu acide. Bien qu’indigène dans des sols plutôt sa­blonneux, il semble bien tolérer la glaise. Parce qu’il préfère une humidité moyen­ne, mais cons­tante, dans les lieux où il serait sujet à la sécheresse, un bon paillis s’impose… et peut-être aussi un boyau suintant. Sa rusticité est difficile à cerner et plusieurs suggèrent une cote zonière 5b. Pour­tant, les arbustes du Jardin Roger-Van den Hende, à Sainte-Foy, en zone 4b, de la sous-espèce monticola, sont sur place depuis 35 ans et personne ne se souvient de domma­ges hivernaux. Ils représentent peut-être des clones de rusticité supérieure, ce qui est fort possible puisque monsieur Van den Hende avait l’habi­tude de com­ mander des plantes venant de l’extrême nord de leur aire naturelle. Ou peut-être la bonne couver­ture de neige du Jardin suffit pour les protéger. En attendant d’en savoir plus, en zone 4b, il serait sage de les placer dans un emplacement pro­tégé. Par contre, une culture en région froide semble influen­cer la taille éven­tuelle des plants, car l’arbuste atteint jusqu’à 3 m de hauteur dans le Sud, mais a de la difficulté à se rendre à 1,8 m au Québec, même en zone 5b. Son entretien est réellement minimal. N’eut été de sa faible disponibilité, il aurait mérité une place dans le chapitre Des arbustes vraiment sans entretien ! En fait, il pousse vraiment sans entretien. Par contre, sa croissance est toujours lente et il prend plu­sieurs années avant même de s’approcher de ses dimensions maximales. Il peut dra­geonner un peu, mais rare­ment au point de déranger.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Fothergilla major (fothergilla robuste) : l’espèce est décrite ci-dessus, mais rarement vendue. Habituellement, les arbustes offerts sous ce nom sont en réalité de la sous-espèce de plus petite taille, F. major monticola, décrite ci-dessous. 1,8 à 3 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ Fothergilla major monticola : autrefois connu sous le nom F. monticola, elle est devenue sous-espèce, et la plus courante en culture. D’ailleurs, les Fothergilla major vendus au Canada semblent tous relever de la sous-espèce plutôt que de l’espèce. La différence majeure sera surtout une taille inférieure… et une crois­ sance encore plus lente ! 1 à 1,5 m x 1 à 1,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ Fothergilla major ‘Mount Airy’ : cultivar plus densément feuillé, avec une abondance de fleurs et une couleur automnale particulièrement saisissante. Ce serait une sélection de F. major monticola. 1 à 1,5 m x 1 à 1,5 m. Zone 5b (4b en site protégé).

AUTRES ESPÈCES : ❧ Fothergilla gardenii (fothergilla nain, anglais : Dwarf Fothergilla) : espèce très similaire à la précédente, mais plus petite dans toutes ses parties, elle porte des épis plus arrondis qu’allongés, mais aussi blancs et parfumés. Elle fleurit plus hâtivement que le fothergilla robuste, les fleurs étant sur le point de faner lorsque les feuilles apparaissent. Sa rusticité est toutefois un peu moindre. 60 à 90 cm x 60 à 90 cm. Zone 5b. ❧ Fothergilla gardenii ‘Blue Mist’ : cultivar populaire aux États-Unis, apprécié autant pour son feuillage vert très bleuté que pour ses fleurs blanches et parfumées. Port un peu ouvert. Coloration automnale faible. Malheureu­sement moins rustique que l’espèce. 60 à 90 cm x 60 à 90 cm. Zone 6a. ❧ Fothergilla gardenii ‘Jane Platt’ : port plutôt pleureur, aux branches arquées, et aux feuilles légèrement bleutées, plus étroites que la normale. Coloration jaune rougeâtre à l’automne. 90 cm x 90 cm. Zone 5b.

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Gadelier doré

Ribes aureum

C

et arbuste, indigène de l’Ouest nord-américain jusqu’en Saskatchewan, est nettement sous-utilisé dans les aménagements. Sa floraison hâtive jaune vif, avec des fleurs parfois marquées de rouge, très parfumées, répandent une odeur à la fois douce et épicée. Le gadelier doré offre des fruits comestibles, une belle colo­ ra­ tion automnale, n’a pas de pro­ blè­mes sérieux de maladies ou d’insectes, exige peu de taille et est, de plus, très rustique. Il at­tire même les colibris, même si ces derniers ne peuvent pro­ fiter de ses effluves déli­ cieux, puis­qu’ils ne semblent pas avoir un odorat très déve­loppé. Que pourrait-on deman­der de plus ? En fait, peut-être une plus belle forme. En effet, sa crois­ sance est plutôt très irrégulière, généralement arrondie, souvent

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Gadelier

doré

Ribes aureum Noms anglais : Golden Currant. Hauteur à maturité : 1 à 2 m. Diamètre à maturité : 1 à 2,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire, irrégulier. Sol : tout sol bien drainé, légèrement acide à neutre. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : fruits comestibles. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : blanc (mildiou), tache foliaire. Taille : après la floraison, si requise, pour favoriser une croissance plus dense. Supprimer les branches de 4 à 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, greffage, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, couvresol, écran, fondation, isolé, haie, massif, pentes, platebande, fleur parfumée, fleur coupée, fruits comestibles, attire les oiseaux frugivores et les colibris. Zone de rusticité : 2a.

Arbustes au parfum envoûtant

très clair­semée, voire vide par endroits. Un peu de taille après la floraison l’aide un peu, mais disons que sa forme ne méritera jamais à cet arbuste un trophée de beauté. Dans une tentative pour corriger ce défaut, l’arbuste tend à produire de nombreux drageons et exige en conséquence un certain contrôle pour éviter l’envahissement. Les trompettes jaunes si délicieusement parfumées, portées en bouquets un peu lâches, s’épanouissent au mois de mai sous la plupart des climats. Elles sont produites sur le vieux bois, incluant même le bois de deux ou de trois ans. La taille consiste alors à éliminer, après la floraison, les vieilles branches fleurissant seulement aux extrémités pour stimuler la croissance des jeunes branches qui fleuriront à leur tour pendant 3 ou 4 ans. Aussi, en zones 2a et 3 où il y a parfois quelques dommages hivernaux, on peut également supprimer les extrémités mortes dès leur apparition. L’arbuste fleurissant tout le long de ses tiges, ces dommages affectent peu sa floraison. Entre juin et août, des fruits comestibles noir pourpré se forment. Ils sont utilisés crus et en confitures et autres préparations pour remplacer le cassis (gadel­ les noires). Ce ne sont pas les gadelles de commerce (R. nigra), mais elles sont néan­moins délicieuses. Par contre, les fruits sont touchés par les mêmes insectes qui créent tant de problèmes chez les gadeliers fruitiers : à titre de jardinier pares­ seux ne désirant pas traiter constamment pour obtenir de beaux fruits, je laisse agir la nature, récoltant les fruits les années où les insectes sont peu présents, et les laissant aux oiseaux lorsqu’ils sont piqués ou tombent prématurément. Les fruits sont ce­pen­dant rarement très abondants, peut-être à cause de ce qui semble être une incom­patibilité pollinique partielle : en effet, il semble produire des fruits en abon­dance que lorsqu’il y a deux arbustes de souche différente dans les environs… mais la plupart des pépinières ne vendent que des plants non-identifiés, sans doute tous obtenus du même plant-mère. D’autres gadeliers peuvent toutefois le polli­ niser, notamment le gadelier odorant (R. odoratum). Les feuilles du gadelier doré sont petites, à 3 ou 5 lobes et très dentées, rappelant une feuille d’érable miniature. Vert jaunâtre au printemps, elles de­vien­nent vert moyen l’été, puis d’un beau rouge à l’automne. Les fruits dispa­rais­sant bien avant la chute des feuilles, il ne reste alors que la Groseillier, gadelier ou cassissier ? ramure grisâtre, dres­ Problème « épineux » pour le linguiste : faut-il appeler cet arbuste sée ou légè­ r ement un groseillier, un gadelier ou un cassissier ? En fait, le mot arquée, sans véritable « gadelier » (mot correspondant au fruit, « gadelle ») est un « qué­ attrait hivernal. Mais bécisme de bon aloi ». En effet, lorsque les premiers colons sont trois saisons d’inté­rêt, arrivés en Nouvelle-France, le nom exact des Ribes n’était pas c’est déjà très bien ! encore déterminé et ces plantes portaient différents noms à tra­ C’est un bon vers la France. Les habitants du Nouveau-Monde ont fini par en choisir deux : groseillier pour les variétés à gros fruits pi­quants, et ar­buste «  passe-par­ », tolérant la gadelier pour les variétés à petits fruits en grappe, sans aiguille. tout  En France, le mot « gadelier » a disparu du langage cou­rant et l’on plu­part des sols bien établit surtout une distinction entre les cassissiers (R. nigrum), drainés et craignant à fruits noirs, et les groseilliers, à fruits d’une autre cou­leur. R. seulement les sols aureum portant des fruits noirs sans toutefois être le cassissier très acides ou très habituel, il peut donc s’appeler groseillier doré, cas­sissier doré al­ calins. Cet arbuste et gadelier doré, chaque nom étant légitime à certains points de est tou­ tefois un peu vue, et utilisé dans différentes parties du monde. Pour ce livre, sus­ c eptible aux taches j’ai choisi d’employer le nom franco-canadien, gadelier. Oh, en y pensant bien, il y a une autre possibilité : gadellier, avec deux « l » ! foliaires (une maladie fongique) et au blanc

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Arbustes au parfum envoûtant

(mildiou), problèmes accentués par un air stagnant. Pour cette raison, mieux vaut le placer en plein soleil, ou à mi-ombre dans un lieu un peu venteux. Malgré sa région d’origine, les Prairies, il croît à merveille en bordure de mer et résiste bien aux sels de déglaçage. La multiplication est facile, notamment par bouturage des tiges herbacées. Il reste un problème : ce gadelier, comme tant d’autres Ribes, est hôte de la rouille vésiculaire du pin blanc, maladie qui ne dérange pas les gadeliers (vous ne saurez même pas qu’il est infesté), mais qui peut sérieusement endommager ou même tuer les pins blancs (Pinus strobus) et d’autres pins nord-américains à 5 aiguilles (aucun autre n’étant communément planté dans le Nord-Est). En théorie, il faut éviter de le planter à moins de 300 m d’un pin blanc. En pratique, le gadelier doré est considéré comme n’étant que légèrement sujet à cette mala­die, et plusieurs spécimens ne le seraient pas du tout : le danger est donc minimal. Il serait intéressant cependant de faire des sélections basées sur leur résis­tance à cette maladie et les introduire comme cultivars. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Ribes aureum (gadelier doré, groseillier doré, cassissier doré) : on ne connaît aucun cultivar de la plante décrite ci-dessus… mais plusieurs botanistes lui confèrent actuellement le statut de sous-espèce ou même de cultivar de la plante décrite ci-après, sous les noms R. odoratum aureum ou Ribes odoratum ‘Aureum’. 1 à 2 m x 1 à 2,5 m. Zone 2a. AUTRES ESPÈCES : En plus des espèces décrites ici, d’autres Ribes, cultivés davantage pour leur port et leur feuillage que leurs fleurs, sont décrits dans le chapitre Des haies à perte de vue. ❧ Ribes odoratum (gadelier odorant, groseillier odorant, cassissier odorant ; anglais : Clove Currant, Buffalo Currant) : espèce très proche de R. aureum, et portant probablement le vrai nom des plantes vendues sous celui de gadelier doré. Par contre, les gadeliers odorants (R. odoratum) présentement vendus sous ce nom n’ont pas le même parfum fruité que le gadelier doré, ayant plutôt une odeur de clou de girofle. J’ai donc pensé conserver cette distinction, question de vous guider dans le choix du parfum. Autrement, les deux « espèces » sont essentiellement identiques. 1 à 2 m x 1 à 2,5 m. Zone 2a. ❧ Ribes odoratum ‘Crandall’ : il s’agit du cultivar le plus couramment vendu sous le nom de R. odoratum, choisi à cause de sa production abondante de fruits plus gros que la normale et de son excellente résistance au blanc et à la rouille vésiculaire du pin blanc. Semble produire abondamment même sans la présence d’autres cultivars. 1 à 2 m x 1 à 2,5 m. Zone 2a. ESPÈCES DÉCONSEILLÉES : ❧ Ribes sanguineum (gadelier à fleurs, cassissier à fleurs, groseillier à fleurs, anglais : Flowering Currant, Winter Currant) : parfois offert, ce gadelier aux fleurs roses, rose foncé ou blanches, et à fruits noir bleuté, est très décoratif certes, mais de rusticité très limitée. Il survit et croît même très bien dans les emplacements où la couverture de neige est excellente, mais autrement, il gèle sévèrement même en zone 6b. Pour les vrais « maniaques » de la protection hivernale seulement. 3 m x 2 m. Zone 7.

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Lilas hâtifs

Lilas

hâtifs Syringa x hyacinthiflora et S. oblata Noms anglais : Early Flowering Lilac. Hauteur à maturité : 2 à 5 m. Diamètre à maturité : 2,5 à 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : arrondi, irrégulier. Sol : tout sol bien drainé, humide, légèrement acide à alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêt secondaire : coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : blanc, kermès, mineuses, perceuses, brûlure bactérienne. Taille : suppression des branches trop longues après la floraison. Suppression des fleurs fanées facultative. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées, di­vi­­ sion, greffage. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, fleur coupée, fleur parfumée, attire les papillons. Zone de rusticité (site exposé) : 2b. Zone de rusticité (site protégé) : 2a.

I

Syringa oblata

l existe tellement de lilas différents qu’il eut été facile de consacrer un livre complet à leur culture. Pour faciliter votre choix je les ai subdivisés en 4 caté­go­ ries, selon leur utilisation dans le jardin : lilas hâ­tif, lilas commun (lilas mi-saison), lilas nain (aussi mi-saison) et lilas tardif. Dans les débuts de cette section, une fiche spéciale est réservée au lilas de Preston (Syringa x prestoniae) dans le chapitre Des arbustes vraiment sans entretien ! Une dernière fiche réservée aux lilas au feuillage découpé, moins recommandés pour notre climat, se trouve dans le cha­ pitre Des arbustes « pensez-y bien ».

LA CULTURE ET LES UTILISATIONS GÉNÉRALES DES LILAS Étant donné la similarité de culture des différents lilas, je résume ici leur culture et leurs utilisations générales, au lieu de

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Arbustes au parfum envoûtant

répéter les mêmes choses dans chaque fi­che. C’est bien de commencer avec les hâtifs, car ils sont très « typiques » de leur gen­re à presque tous points de vue : apparence, culture, utilisation, parfum et maladies ! Le genre Syringa compte environ 20 espèces, surtout asiatiques, et seulement quelques espèces indigènes de l’est de l’Europe. De tous les arbustes parfumés des régions nordiques, le lilas est le plus connu. Non seulement est-il si parfumé qu’il embaume souvent tout le jardin, mais il fait une excellente fleur coupée, remplissant aussi la maison de ses doux effluves. On peut de plus forcer les branches de lilas pour une floraison plus hâtive dans la maison. Un autre avantage du lilas est sa bonne rusticité. La plupart des espèces, sont assez rustiques pour survi­vre presque partout au Québec. Enfin, avantage fort appréciable, les lilas ont une longue vie. Comme l’olivier auquel il est étroitement apparenté, le lilas semble éternel, repoussant de la base si les vieilles branches meurent. Les lilas sont en général de grands arbustes, voire de petits arbres (voir Lilas nains pour quelques exceptions) à croissance assez élancée, densément feuillus au sommet plutôt arrondis, mais plutôt dégarnis du pied. Les feuilles sont généra­lement ellip­tiques et vert moyen, sans beaucoup de coloris automnaux (voir les descriptions individuelles, car il y a des exceptions), et persistent longtemps, chu­tant souvent au milieu ou même à la fin novembre. Les fleurs sont petites et tubulaires, souvent cou­ leur « lilas », ou de différentes teintes de violet, blanc, rose ou, plus rarement, crème, presque toujours réunies en épis denses ou ouverts. Les graines produites en capsules sèches ont peu d’attrait. Presque n’importe quel sol leur convient, à l’exception d’un sol détrempé et très acide. Évitez toutefois les sols glaiseux qui sont détrempés au printemps : les lilas exigent un bon drainage en tout temps. Le plein soleil est préférable, mais ils tolèrent quand même un peu d’ombre. Ils tolèrent mal la compétition racinaire. Ils met­tent 5 à 7 années pour donner une floraison digne de ce nom. Trop d’azote peut empêcher la flo­raison. Il n’est pas sage de cultiver un lilas au milieu d’une pelouse réguliè­rement fertilisée, par exemple, car la dose d’azote de seconde main qu’il reçoit peut nuire à la production des boutons floraux. La taille des lilas crée beaucoup de confusion. Croire qu’il est nécessaire de supprimer les fleurs fanées des lilas pour qu’ils refleurissent l’année sui­vante est un non-sens. Par contre, même s’il est vrai que de nombreux lilas ont tendance à alterner entre une année de flo­rai­son abondante et une année de floraison parsemée, supprimer les fleurs n’y change pratiquement rien. Mieux vaut choisir des cultivars reconnus pour la ré­gu­­larité de leur floraison que de tailler inutilement. Une autre taille à considérer est celle conçue pour limiter la hauteur des arbustes. La plupart des lilas atteignent sans peine 5 m de hauteur, voire beaucoup plus, ce qui met leurs belles fleurs hors de portée, les variétés naines faisant excep­tion, bien sûr. Lorsque l’arbuste atteint une taille d’adulte « raisonnable », donc, soit plus ou moins de 2,5 m dans la plupart des cas, supprimez annuel­lement la branche la plus longue, la coupant presque au sol. Ainsi l’arbuste sera constamment rajeuni. Si votre arbuste est déjà beaucoup trop gros, il faut une taille un peu plus radi­ cale. Rabattez-le presque jusqu’au sol. Vous éliminerez malheureusement la florai­ son pendant 2 ou 3 ans, mais au moins l’arbuste reprendra assez rapidement une for­me intéressante. Enfin, il y a la question des gourmands, un problème majeur chez plusieurs lilas. En effet, un lilas commun (S. vulgaris) s’entoure souvent de centaines de repousses qui nuisent non seulement à son apparence, mais aussi à sa floraison, car les gour­ mands sapent son énergie. Éliminez-les annuellement en les coupant au sol ou, mieux encore, en creusant pour les éliminer complètement (voir la page 120). Laissez toute­ fois un ou deux gourmands plus forts pour le renouvellement de l’arbuste. Ainsi lorsque vous rabattrez les vieilles branches trop hautes, il y aura de jeunes branches vigoureuses pour les remplacer.

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Arbustes au parfum envoûtant

Quand tailler ? Pour une taille de routine ou, si vous insistez, la suppression des fleurs fanées, il faut agir immédiatement après la floraison, car les boutons de fleurs de l’année suivante commencent à se former très rapidement, une semaine ou deux après la dernière floraison. Par contre, une taille sévère se fait mieux tôt au printemps, lorsque l’arbuste est en dormance, car il est beaucoup plus facile de voir ce que l’on fait. Vous pouvez supprimer les gourmands lorsque cela vous convient. Pour le commun des mortels, la multiplication des lilas se fait surtout par di­vision des gourmands… sur les espèces et cultivars qui en produisent. Le bou­turage est pos­sible, mais plutôt difficile. Commercialement on les multiplie par greffage… ce qui posait jusqu’à récemment un problème majeur, car on utilisait le lilas commun (S. vulgaris) comme porte-greffe. Or, comme cette espèce drageonne abondamment, on ne compte plus les jardiniers qui ont planté un lilas particulier, tel un hybride français aux caractéristiques reconnues, pour le voir peu à peu se transformer en lilas ordinaire, car les gourmands nombreux du porte-greffe finissent généralement par étouffer leur hôte ! De nos jours, les producteurs préfèrent au greffage le bouturage et la culture in vitro, ce qui élimine ce problème, ou lorsqu’ils les greffent, ils utilisent plutôt comme porte-greffe le lilas duveteux (S. villosa) qui ne drageonne pas. Le lilas ne vient pas non plus sans son lot de problèmes de santé. Les plus visibles sont cependant les moins graves. La fausse-teigne du lilas, une mineuse, creuse des galeries dans les feuilles et parfois les fait s’enrouler. Les conséquences sur l’arbuste sont nulles. Donc, apprenez à fermer les yeux sur ce problème. Seuls les jardiniers les plus pointilleux appliqueront le remède habituel consistant à arracher les feuilles atteintes une à la fois ! C’est la même chose pour le blanc qui fait grisonner les feuilles en fin d’été. Cette maladie fait partie du cycle de vie de nombreux lilas et ne nuit pas du tout à leur santé générale ou à leur capacité de fleurir. Il y a cependant deux insectes qui méritent plus d’attention : la cochenille-virgule ou kermès et les divers perceurs qui adorent le lilas. Le premier est plus facile à prévenir qu’à contrôler : inspectez bien les lilas achetés avant de les planter. Les perceurs sont faciles à contrôler en taillant régulièrement vos lilas, car ils fréquentent surtout les vieilles branches. Aussi, la brûlure bactérienne est une maladie très grave, relativement rare dans le Nord, mais susceptible de tuer éventuellement l’arbuste. Si vous voyez une tige dont les feuilles noircissent en plein été, supprimez-la sans tarder. Pour plus de détails, voyez la page 148.

ESPÈCES RECOMMANDÉES :

Lilas hâtif ❧ Syringa x hyacinthiflora, parfois écrit S. x hiacinthiflora (lilas à fleurs de jacinthe, anglais : Early Flowering Lilac) : ce lilas hybride résulte d’un croisement entre le lilas commun (S. vulgaris) et le lilas hâtif (S. oblata). Il ressemble physiquement au lilas commun par la plupart de ses caracté­ ristiques, mais commence à fleurir environ 7 à 10 jours plus tôt. D’ailleurs, les deux se complètent parfaitement, le lilas commun prenant la relève lorsque la floraison du lilas à fleurs de jacinthes tire à sa fin. En général, les fleurs du lilas à fleurs de jacinthe sont plus grosses et plus nombreuses avec le même parfum capiteux, mais sa gamme de couleur est moins étendue. De plus, sa floraison est plus régulière : il ne « saute pas une année » comme S. vulgaris et ses hybrides. Aussi, l’arbuste à tendance à offrir une rusticité légèrement plus grande, à être moins sujet au blanc et moins drageonnant, et de plus, être un peu moins dégarni que son parent plus connu, nécessitant donc moins de taille. La plupart prennent une coloration au moins un peu rougeâtre à l’automne. La majorité des hybrides ont été développés dans les Prairies canadiennes. 2 à 5 m x 2,5 à 3 m. Tous sont de zone 2b. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Annabel’ : fleurs roses doubles. Même les jeunes plants fleurissent assez bien. 5 m x 3 m.

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❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Assessipi’, syn. ‘Asessipi’ : fleurs simples, lilas rosé. Floraison abondante sur toute la plante. 5 m x 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Blanche Sweet’ : boutons bleu pâle s’épanouis­sant en fleurs blanches légèrement rosées. L’un des meilleurs lilas blancs. 4 m x 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘California Rose’ : fleurs simples roses, rehaussés de rose plus pâle. Comme son nom le suggère, conçu pour fleurir même sous les climats chauds… mais aussi résistant au froid que les autres. 4 m x 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Clarke’s Giant’ : énormes fleurs bleu lavande. Pétales réfléchis. 4 m x 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Corinna’s Mist’ : nouveauté encore peu disponi­ ble. Mutation de ‘California Rose’, aux feuilles panachées de petites taches blanches. 4 m x 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Dark Night’ : pourpre foncé. L’un des lilas les plus foncés. 4 m x 3 m. Zone 2b. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Ester Staley’ : panicules coniques de boutons rose car­ min formant de grosses fleurs rose lilas. Demande beaucoup de taille. 4 m x 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Evangeline’ : gros boutons rose foncé. Fleurs doubles rose pâle. Port compact. Ne drageonne pas. Exceptionnellement résistant au blanc. 2,5 à 3 m x 2,5 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Excel’ : masses de fleurs rose bleuté, très odoran­tes. Croissance dense. 5 m x 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Forrest Kresser Smith’ : abondantes fleurs lavande simples. Bonne fleur coupée. 5 m x 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Laurentian’ : dense floraison. Fleurs bleutées. 2 à 5 m x 2,5 à 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Lavender Lady’ : énormes fleurs très parfumées, panicules souvent retombantes. 5 m x 3 m ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Maiden’s Blush’ : fleurs abondantes sur toute la plante, de couleur rose pâle à moyen. Port compact. Feuillage bourgogne à l’automne. 1,5 m x 1,5 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Mary Short’ : fleurs rose très claire. Floraison abondante. Hybride de Père Fiala (voir la fiche sur les lilas communs pour comprendre l’importance de cet hybrideur américain). 4 m x 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Mount Baker’ : grosses fleurs blanches recou­vrant parfois toute la plante. Feuillage pourpre à l’automne. 5 m x 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Pocahontas’ : bouton pourpre très foncé, fleurs violet pourpré sombre. Floraison abondante. 3 à 4 m x 3 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Royal Purple’ : pourpre double. 3 m x 2,5 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Sierra Snow’ : fleurs d’un blanc pur, aux pétales recourbés. Très populaire auprès des collectionneurs. 3 m x 2,5 m. Zone 2b. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Sister Justina’, syn. ‘Sister Justena’: fleurs blanches très odorantes. Hybride Fiala. 3 m x 2,5 m. ❧ Syringa x hyacinthiflora ‘Sweetheart’ : nouveau sur le marché. Boutons magenta. Fleurs doubles rose poudre. Très parfumé. 4 m x 3 m. ❧ Syringa oblata (lilas hâtif, anglais : Early Lilac) : grand arbuste ou petit arbre. Peu cultivé et surtout utilisé en hybridation. Ressemble au lilas commun par ses fleurs lilas, son parfum et ses feuilles, mais fleurit 7 à 10 jours plus tôt et offre de beaux coloris bourgogne à l’automne. Feuilles souvent rougeâtres au printemps. Intéressant en climat froid, car très rustique. 4 à 8 m x 3 à 4 m. Zone 2a. ❧ Syringa oblata dilatata : la forme la plus courante en culture. Plus petite et plus arbustive que l’espèce. 3 à 3,5 m x 7,5 à 3 m. Zone 2a.

Lilas commun

Syringa vulgaris ‘Sensation’ :

Lilas

commun Syringa vulgaris Noms anglais : Common Lilac, French Hybrid Lilac. Hauteur à maturité : 2,5 à 6 m. Diamètre à maturité : 2 à 5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : arrondi, érigé, irrégulier. Sol : tout sol, bien drainé, humide, légèrement acide, neutre ou alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Feuillage : caduc. Problèmes : blanc, kermès, mineuses, perceuses, brûlure bactérienne. Taille : suppression des branches trop longues après la floraison. Suppression des fleurs fanées facultative. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées, division, greffage. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, attire les papillons, fleur parfumée, fleur coupée. Zone de rusticité (site exposé) : 2b. Zone de rusticité (site protégé) : 2a.

L

bicolore de près, moche de loin

e plus typique des lilas mi-saison est, bien sûr, le lilas commun. D’ailleurs, lorsque l’on distingue une « mi-saison » pour les lilas, c’est uniquement pour comparer les dates de floraison des autres lilas à celle de ce lilas si populaire. C’est le grand arbuste très drageonnant que nous con­ naissons tous, généralement dégarni à la base, devenant très haut (jusqu’à 6 m) et formant même de véritables troncs avec le temps, aux feuilles presque cordiformes et aux panicules terminales de fleurs lavande pâle ou, si vous préférez, de couleur lilas, très parfumées. Les feuilles sont vert foncé, parfois grises en fin d’été lors­ qu’elles sont infestées de mildiou, et jaunis­ sant parfois partiellement avant de tomber, en novembre. C’est

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Arbustes au parfum envoûtant

essentiellement un arbuste n’offrant qu’une seule saison d’intérêt : durant sa flo­rai­son en mai ou juin, selon les régions. Voilà pour l’espèce. Cependant, elle a donné une multitude de cultivars aux fleurs de couleurs variées, blanches, mauves, violettes, pourpres, rosées, crème, etc., et aux parfums légèrement variables mais proches de celui de l’espèce. Les premiers cultivars étant arrivés de la France vers la fin du 19e siècle, on appelle encore couram­ ment tout cultivar différent de l’espèce « hybride français » ou même seulement « lilas français », même si les plus récentes nouveautés ont plutôt ten­dance à être alleman­ des, américaines, britanniques ou canadiennes. Cependant, la plupart des « hybrides français » plantés avant 1970 sont rapidement devenus des lilas communs ordinaires (S. vulgaris), car à l’époque, on avait l’habitude de les greffer sur un pied de lilas commun et celui-ci ne tardait pas à dominer puis à éliminer son greffon. De nos jours, avec la grande popularité du bouturage et de la culture in vitro, ce problème s’est amoindri. La culture de cet arbuste est décrite à la page 377 (voir La culture et les utilisa­tions générales des lilas). Rappelez-vous surtout qu’il s’adapte à presque tous les sols bien drainés mais aucunement aux sols détrempés au printemps, tout au plus modérément acides, et préfère le plein soleil tout en tolérant un peu d’ombre. Aussi, il est particu­ lièrement lent à fleurir. À partir d’un arbuste typique acheté en pépinière, il faut normalement attendre au moins 3 ans pour une première floraison et souvent 5 à 7 avant qu’elle soit très importante. Sauf pour quelques cultivars, sa floraison est net­tement bisannuelle : il fleurit abondamment une année et peu ou pas la suivante. Notez bien que le monde des lilas est en pleine effervescence, notamment depuis l’introduction accélérée des hybrides du père John Fiala, décédé en 1990, qui avait la réputation d’être le meilleur hybrideur américain de lilas. Auparavant, ses hybrides n’infiltraient que graduellement le marché, souvent sur des périodes de plus de 30 ans, parce que les lilas sont très longs à produire par bouturage. Grâce à la culture in vitro, on peut maintenant produire des lilas par millions en quelques années seule­ment, et aujourd’hui, les hybrides du père Fiala arrivent donc massivement en pépinière.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Syringa vulgaris (lilas commun, lilas hybride français, lilas français, anglais : Common Lilac, French Lilac) : très bien connu et souvent naturalisé presque partout au Québec. En creusant non loin d’un « lilas sauvage » vous trouverez généralement les fondations d’une maison disparue. Abondantes fleurs lilas. 2,5 à 6 m x 2,5 à 5 m. Zone 2b. NOTE : À moins de mention contraire, tous les cultivars décrits ont environ les mêmes dimensions à maturité (5 à 6 m x 3 à 4 m si non taillés) et aussi la même rusticité : Zone 2b. La liste des cultivars vous semble longue ? Et pourtant, elle ne représente que la pointe de l’iceberg : il y a au-delà de 2 000 cultivars en tout ! J’ai essayé surtout de répertorier ceux qui sont actuellement offerts au Québec… ou qui le seront bientôt. Quelques cultivars plus petits de S. vulgaris paraissent aussi dans la fiche suivante : Lilas nains. ❧ Syringa vulgaris ‘Adelaide Dunbar’ : variété unique car toute la plante est foncée : feuilles, tiges et fleurs. Fleurons rouge pourpre. ❧ Syringa vulgaris ‘Agincourt Beauty’ : violet foncé. Les plus grosses fleurs individuelles de tous les lilas communs. 2,5 m x 2 m. ❧ Syringa vulgaris ‘Alba’ : ancienne variété à fleurs blanches, simples, sans doute le tout premier cultivar. ❧ Syringa vulgaris ‘Aloise’ : petites fleurs d’un blanc satiné. Tiges contrastantes brun chocolat. ❧ Syringa vulgaris ‘Andenken an Ludwig Späth’ (‘Ludwig Spaeth’) : vieux cultivar à fleurs rouge pourpré conservant bien leur couleur. Parfum intense. Floraison abondante. 3 à 5 m x 2 à 3.

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Arbustes au parfum envoûtant

❧ Syringa vulgaris ‘Angel White’ : fleurs d’un blanc pur. Originalement dé­veloppé pour les régions aux hivers doux, mais aussi rustique que les autres. ❧ Syringa vulgaris ‘Arch McKean’ : fleurs pourpre rougeâtre. Floraison abondante. Parfum modéré. Produit peu de drageons. Port compact. Hybride Fiala. 2,5 m x 2,5 à 3 m. ❧ Syringa vulgaris ‘Atheline Wilbur’ : boutons rose foncé. Fleurs non seule­ ment doubles, mais presque triples. Fleurs magenta aux pointes rosées. Hybride Fiala. ❧ Syringa vulgaris ‘Avalanche’ : grandes panicules de fleurs blanches, simples. Floraison abondante. Port arrondi. Hybride Fiala. 3 m x 2 à 3 m. ❧ Syringa vulgaris ‘Belle de Nancy’ : vieille variété encore couramment vendue. Fleurs doubles rose vif, au centre plus pâle. Très parfumée. Semble manquer un peu de rusticité, car les boutons sont parfois endommagés par le froid en zone 2. 3 m x 3 m. Zone 3b. ❧ Syringa vulgaris ‘Biala Anna’ : variété moderne, unique à cause de ses pétales étroits. Fleurs blanches. Panicules coniques très denses. ❧ Syringa vulgaris ‘Bridal Memories’ : fleurs simples d’un blanc pur. Floraison abondante une année, faible l’autre. Port globulaire. ❧ Syringa vulgaris ‘Burgundy Queen’ : fleurs simples rouge vin. Floraison très hâtive, avec les S. x hyacinthiflora. ❧ Syringa vulgaris ‘Catawba Pink’ : boutons rose foncé. Petites fleurs doubles, rose plus pâle au centre blanc. ❧ Syringa vulgaris ‘Charles Joly’ : grosses fleurs doubles, rouge pourpré au revers rose. Ancienne variété, mais encore l’une des plus rouges chez les lilas communs. Feuillage résistant au blanc. 3 m x 2,5 m. ❧ Syringa vulgaris ‘Charm’ : boutons d’un riche rose foncé. Grosses fleurs rose lilas sur de grosses pa­ni­cules. Port compact et ar­rondi. 2,5 à 3 m x 2,5 à 3 m. ❧ Syringa vulgaris ‘Clyde Heard’ : boutons rouges. Fleurs bleu violet. ❧ Syringa vulgaris ‘Congo’ : énormes panicules de fleurs rouge vin devenant pourpres. Considéré le plus beau des rouges. Parfum délicat. ❧ Syringa vulgaris ‘De Miribel’ : pétales longs et coniques, violet très foncé aux marges plus pâles. ❧ Syringa vulgaris ‘Edith Cavell’ : gros panicules de fleurs doubles, crème devenant blanches. Port dressé. Plant vigoureux. Très parfumé. ❧ Syringa vulgaris ‘Edward J. Gardener’ : boutons rose foncé. Fleurons doubles aux pétales larges à l’extérieur, étroits et un peu tordus au centre. Couleur : rose clair pâlissant avec le temps. Excellent parfum. ❧ Syringa vulgaris ‘Father John Fiala’ : fleurs doubles, blanc pur au centre jaune. Pas un hybride Fiala, mais nommé en son honneur. ❧ Syringa vulgaris ‘Frank Patterson’ : lilas pourpre rehaussé de rouge. Parmi les plus sombres des pourpres. Port dressé. ❧ Syringa vulgaris ‘George Bellair’ : l’un des plus beaux rouges doubles, de couleur très riche. Disponibilité faible. ❧ Syringa vulgaris ‘Glory’ : énormes panicules de fleurs rouge magenta. ❧ Syringa vulgaris ‘Hugo de Vries’ : boutons rougeâtres. Fleurs d’un très riche pourpre foncé. ❧ Syringa vulgaris ‘Katherine Havemeyer’ : gros fleurons de couleur rose mauve riche. Très Syringa vulgaris ‘De Miribel’ parfumé. Floraison abondante. Tendance à fleurir annuellement. Feuillage résistant au blanc. 383

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❧ Syringa vulgaris ‘Königin Luise’ : fleurs blanc satiné. Tiges vertes contrastantes. ❧ Syringa vulgaris ‘Kosmos’ : fleurs violet foncé. Très parfumé. Hybride russe. ❧ Syringa vulgaris ‘Krasavitsa Moskvy’ (‘Beauté de Moscou’, ‘Beauty of Moscow’) : hybride russe. L’un des lilas modernes les plus populaires. Floraison abondante. Boutons lilas rosé. Fleurs doubles blanches, rehaussées de lavande pâle. Excellent parfum. Saisissant ! ❧ Syringa vulgaris ‘Léon Gambetta’ : boutons roses. Fleurs doubles ou même triple rose pâle. Parfum très sucré. Très joli. ❧ Syringa vulgaris ‘Letha E. House’ : fleurs rose satiné sur d’abondantes panicules portés partout sur l’arbuste. Hybride Fiala. ❧ Syringa vulgaris ‘Lois Amee Utley’ : boutons rose Syringa vulgaris foncé. Fleurons doubles lilas, rappelant des petites ‘Lucie Baltet’ roses. ❧ Syringa vulgaris ‘Lucie Baltet’ : l’un des premiers hybrides. Boutons lavandes. Fleurs rose pastel. 2 m x 2 m. ❧ Syringa vulgaris ‘Macrostachya’ : panicules étroites. Boutons roses. Fleurons simples rose pâle devenant blancs. ❧ Syringa vulgaris ‘Marie Finon’ : grosses fleurs d’un blanc pur satiné, simples en forme de coupe. Parmi les plus beaux des blancs. ❧ Syringa vulgaris ‘Michel Buchner’ : floraison abondante. Boutons violets et fleurs doubles lavande, donnant une impression bicolore. Très parfumé. ❧ Syringa vulgaris ‘Miss Ellen Willmott’ : fleurons blanc crème, deux fois plus gros que ceux des autres lilas blancs. Peu porté à drageonner. Floraison à tous les ans. 3 m x 3 m. ❧ Syringa vulgaris ‘Mme Lemoine’ : grosses fleurs doubles blanches. L’un des plus parfumés des lilas blancs. Fleurs partiellement cachées par le feuillage. Port arrondi. Croissance vigoureuse. ❧ Syringa vulgaris ‘Monge’ : gros fleurons. Rouge pourpré très riche. Les longues tiges en font une bonne fleur coupée. 3 m x 3 m. ❧ Syringa vulgaris ‘Monique Lemoine’ : blanc double rappelant ‘Mme Lemoi­ne’, mais dont les fleurs ne sont pas cachées par le feuillage. Très parfumé. ❧ Syringa vulgaris ‘Montaigne’ : double mauve rosé avec des touches de blanc. Parfum sucré. Longues tiges en faisant une bonne fleur coupée. Port dressé. ❧ Syringa vulgaris ‘Mrs. Edward Harding’ : fleurs rose carmin touché de rose plus pâle. Pétales courbés. Port ouvert. Très bonne variété. 4 m x 4 m. ❧ Syringa vulgaris ‘Nadezhda’ : hybride russe dont le nom signifie « espoir ». Boutons pourpres. Fleurs bleu pâle. Comme un ‘Président Grévy’ amélioré. ❧ Syringa vulgaris ‘Olivier de Serres’ : boutons roses. Gros fleurons violet pâle, rehaussés de bleu foncé. ❧ Syringa vulgaris ‘Paul Thirion’ : panicules compactes et voyantes. Boutons rouge cramoisi, fleurons rose pâle. Très parfumé. ❧ Syringa vulgaris ‘Pink Elizabeth’ : fleurs simples rose pâle. 2,5 m x 2 m. ❧ Syringa vulgaris ‘Président Grévy’ : énormes panicules de fleurons d’un bleu très pâle. Très parfumé. Floraison abondante. Croissance vigoureuse. 3 m x 2,5 m. ❧ Syringa vulgaris ‘President Lincoln’ : abondantes panicules de bonne taille. Fleurons bleu clair. Résistant au blanc.

VARIÉTÉS NON RECOMMANDÉES : ❧ Syringa vulgaris ‘Dappled Dawn’ : fleurs lilas… mais cette variété fleurit peu et est surtout cultivée pour son feuillage irrégulièrement panaché de jaune. Malheureusement, la coloration est peu fiable… et à mes yeux, les plants faiblement panachés semblent maladifs. ❧ Syringa vulgaris ‘Primrose’ : le premier lilas de couleur jaune. En fait, les boutons sont jaunes, mais les fleurons simples, à peine jaune crème au début, deviennent blancs en 24 heures. Le « jaune » est plus visible si ce cultivar est planté près d’un lilas blanc. Je n’ai rien contre ce lilas si le marchand le vend comme lilas blanc, mais il perd de nombreuses plumes si vous l’avez acheté en pensant obtenir un lilas jaune ! ❧ Syringa vulgaris ‘Sensation’ : le premier lilas véritablement bicolore : les fleurons sont pourpres, marginés de blanc. Cette caractéristique le fait vendre par centaine de milliers… mais, en réalité, l’effet n’est intéressant que de près et la floraison est souvent faible. Croissance sans vigueur. En fait, un lilas de piètre qualité ayant toutefois une fleur unique. 3 m x 3 m.

Arbustes au parfum envoûtant

❧ Syringa vulgaris ‘Président Poincaré’ : gros panicules de fleurs doubles ma­gen­­ ta, rehaussées de lavande. Floraison abondante et annuelle. Parfum superbe. ❧ Syringa vulgaris ‘Rochester’ : fleurons uniques : simples mais avec 5 pétales ou plus par fleur (les autres lilas simples en ont 4). Fleurs d’un blanc pur. Port compact. 2 à 3 m x 1,5 à 2,5 m. ❧ Syringa vulgaris ‘Ruhm von Horstenstein’ : floraison abondante. Gros fleurons rouge pourpré rehaussés de carmin. ❧ Syringa vulgaris ‘Sarah Sands’ : floraison plus tardive que les autres lilas communs. Fleurons à la marge rouge pourpré foncé et au centre plus pâle. ❧ Syringa vulgaris ‘Slater’s Elegance’ : fleurons blancs en forme de coupe. Panicules massives. ❧ Syringa vulgaris ‘Sylvan Beauty’ : fleurs simples pourpre foncé. Très florifère. ❧ Syringa vulgaris ‘Victor Lemoine’ : ancienne variété encore populaire. Fleurons doubles lavande rosé, très serrés. Superbe parfum. Panicules nombreuses. ❧ Syringa vulgaris ‘Volcan’ : boutons et fleurs pourpre très foncé. Panicules sur des tiges plus longues et donc très en évidence.

LILAS DE MI-SAISON : L’espèce suivante fleurit à peu près en même temps que le lilas commun. ❧ Syringa x persica (lilas de Perse, anglais : Persian Lilac) : cette espèce d’origine mystérieuse a été trouvée dans les jardins de Perse, en 1614, d’où son nom, mais jamais à l’état naturel. On croit donc qu’il s’agit d’un hybride dont les parents exacts sont inconnus : possiblement S. oblata avec un « père inconnu » ou S. afghanica avec S. laciniata, le lilas à feuilles en dentelle. Que ce dernier soit impliqué semble évident parce qu’à l’occasion, le lilas de Perse produit non pas des feuilles lancéolées habituelles, mais des feuilles trilobées, preuve irréfutable que l’un des parents portait des feuilles découpées. Les feuilles sont vert foncé et les fleurs, tellement abondantes qu’elles font plier souvent les branches, sont lilas. Bien que parfumées, les fleurs ont un effluve très différent et beaucoup moins intense que celui du lilas commun. Laissé à lui-même, il atteint éventuellement 3 à 3,5 m de hauteur et se maintient facilement à la hauteur suggérée à l’aide d’un peu de taille. Il produit peu ou pas de semences et drageonne rarement. 1,8 à 2,5 m x 1,5 à 3 m. Zone 4a.

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Photo : Robert Mineau (Jardin botanique de Montréal)

Lilas nain

Syringa meyeri ‘Paliban’

L

es arbustes décrits ici ne sont pas tout à fait nains, mais plutôt des lilas à petites feuilles et de taille restreinte qui ont donné naissance à des cultivars vraiment nains. Dans les régions où ils crois­ sent sans problème, ils sont parmi les lilas les plus inté­ ressants pour le jardinier paresseux, car il peut tout de go éliminer en grande partie la taille qu’exige le lilas com­ mun, notamment pour con­ trôler sa hauteur débor­dante. De plus, les lilas nains ne drageonnent pas, encore un avantage sur le lilas commun. Les multiples espèces de lilas nains sont toutes assez proches parentes et indi­gènes de l’Est asiatique. Mal­ g ré de nombreuses si­mili­tudes, chaque espèce pos­ sède ses propres caractéristiques. En général, on peut les décrire comme étant des arbustes de petite taille (moins de 2 m

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Lilas

nain

Syringa patula, S. meyeri et S. microphylla Noms anglais : Dwarf Lilacs. Hauteur à maturité : variable, selon l’espèce : 1 à 2 m. Diam. à maturité : var., selon l’espèce : 60 cm à 1,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire. Sol : tout sol, bien drainé, humide, légèrement acide, neutre ou alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon l’espèce et le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : coloration automnale (parfois). Feuillage : caduc. Problèmes : blanc, kermès, mineuses, perceuses, brûlure bactérienne. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Suppression des branches de 4 à 5 ans. Supprimer les dommages hivernaux au printemps. Suppression des fleurs fanées facultative. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées, division, greffage. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : bord de mer, bordure, couvre-sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, fleur coupée, fleur parfumée, attire les papillons. Zone de rusticité (site exposé) : 5b. Zone de rusticité (site protégé) : 3b.

Arbustes au parfum envoûtant

à maturité), produisant des épis de petites fleurs parfumées au printemps. Leur floraison a lieu à mi-saison, car ils fleurissent à peu près en même temps que le lilas commun. Aussi, plusieurs d’entre eux refleurissent un peu l’été, pas assez pour complètement recouvrir l’arbuste comme au printemps, mais admet­tons que des lilas parfumés en juillet ou en août sont toujours les bienvenus. Leur port est plutôt dense et arrondi et ils ne se dégarnissent pas de la base. Si vous en plantez plusieurs en ligne, vous aurez une excellente haie. Leur culture de base est semblable à celle des autres lilas décrits plus en détail dans la fiche des Lilas hâtifs, La culture et les utilisations générales des lilas, c’est-à-dire plein soleil ou presque, sol quelconque mais bien drainé. La grande exception est bien sûr la taille qui, dans ce cas, se résume à un peu de ménage printannier lorsque l’hiver à été dur, et à la suppression des branches brisées ou trop longues. Pour stimuler une bonne floraison, on supprime les branches les plus âgées aux 4 ou 5 ans pour rajeunir graduellement l’arbuste, ce qui contribue en même temps à contrôler un peu leur hauteur, car tous peuvent, sans aucune taille pendant de nombreuses années, dépas­ser 2 m de hauteur. On peut aussi les rabattre pour les rajeunir. Les lilas nains ont moins de problèmes que le lilas commun : ils sont rarement atteints par le blanc, par exemple, et leurs tiges sont généralement trop frêles pour attirer les perceurs. Leur rusticité est cependant beaucoup moins bonne. En fait, ils peuvent tous être très gélifs, mais résistent bien à l’hiver lorsqu’ils sont plantés dans un lieu abrité. Donc, partout au Québec, il vaut mieux les planter à l’abri des vents d’hiver et dans un emplacement où la neige s’accumule. Sans protection, on constate souvent des dommages hivernaux allant de mineurs en zone 5b, à fatals en zone 3b. Certains auteurs les classent en zone 2, mais les rapports que je reçois des jardiniers en 3a et moins sont presque toujours négatifs. Les lilas nains sont souvent vendus greffés en tête, habituellement sur une tige de S. villosa. Étant donné leur rusticité déjà marginale et leur point de greffe exposé aux éléments, on ne peut guère les recommander pour le Québec, car les dégâts peu­vent être sérieux, même en zone 5b.

ESPÈCES RECOMMANDÉES : ❧ Syringa meyeri ‘Palibin’, syn. S. palibiana (lilas Paliban, lilas de Corée, anglais : Dwarf Korean Lilac) : il s’agit d’un petit arbuste aux tiges multiples, atteignant éventuellement 1,8 m x 2,1 m, mais souvent moins de 90 cm x 120 cm avec une taille occasionnelle. Petites feuilles aux marges ondulées, un peu rougeâtres au printemps, mais sans coloris véritable à l’automne. Boutons vio­lets s’ouvrant pour dévoiler des fleurs rose violacé, parfumées, qui persis­tent souvent 3 semaines ou plus. 0,9 m à 1,8 m x 1,2 à 2,1 m. Zone 5b (3b en site protégé). ❧ Syringa meyeri ‘Snowstorm’, syn. ‘Snowwhite’ : un lilas de Corée à boutons rose pâle et à fleurs blanches. Premier lilas nain à fleurs blanches. Refleurit souvent à la fin de l’été. 90 à 120 cm x 1,2 à 2 m. Zone 5b (3b en site protégé). ❧ Syringa microphylla ‘Superba’ (lilas superbe, anglais : Littleleaf Lilac) : fleurs simples, rose foncé, assez parfumées. Petites feuilles denses, sans coloris appréciable à l’automne. Refleurit parfois en fin d’été. Port plus large que les autres lilas nains. Comme les autres espèces naines, le lilas superbe est très gélif, dans ce cas-ci sans doute parce qu’il continue de croître tard à l’automne et donc s’aoûte mal. Un emplacement protégé est toujours requis. 1,5 à 1,7 m x 2 à 3 m. Zone 5b (4a en site protégé). ❧ Syringa patula ‘Miss Kim’, syn. S. velutina (lilas de Mandchourie, anglais : Manchurian Lilac) : voici un petit lilas populaire aux feuilles ovales plus grosses que les autres. Vert mat l’été, elles deviennent rouge pourpré à l’au­ tom­ne. Les fleurs sont lilas pâle, bien parfumées, en panicules très éga­lement distribuées sur la plante. 1,5 à 2 m x 1,5 m. Zone 5b (3b en site protégé). ❧ Syringa patula ‘Cinderella’ : nouveauté similaire à ‘Miss Kim’ (description précédente), mais à fleurs parfumées, rose pâle. Feuillage rouge vin à l’automne. 1,5 à 2 m x 1,5 m. Zone 5b (3b en site protégé).

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Arbustes au parfum envoûtant

LILAS HYBRIDE NAIN À PETITES FEUILLES Les lilas nains ont été croisés entre eux, ce qui a donné une série d’hybrides nains, tous relativement nouveaux sur le marché. ❧ Syringa x ‘Anastasia’ : un croisement entre S. microphylla et S. meyeri. Fleurs rouge vin. 1,2 à 1,5 m x 2 m. Zone 5b (3b en site protégé). ❧ Syringa x ‘Bailbelle’ (Tinkerbelle™) : issu d’un croisement entre S. meyeri ‘Palibin’ et S. microphylla ‘Superba’, ce cultivar récent combine le port dense de ‘Palibin’ avec les fleurs de ‘Superba’. Boutons rouge vin, fleurs roses. Très parfumé. Premier hybride de la série Fairytale™. 1,5 à 1,8 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 5b (3b en site protégé). ❧ Syringa x ‘Baildust’ (Fairy Dust™) : deuxième hybride nain dans la série Fairytale™ , après ‘Bailbelle’. Fleurs rose pâle. Refleurit un peu en fin d’été. 1,5 à 1,8 m x 1,5 à 1,8 m. Zone 5b (3b en site protégé). ❧ Syringa x ‘Sleeping Beauty’ : autre croisement entre S. meyeri ‘Palibin’ et S. microphylla ‘Superba’. Fleurs rose clair, très parfumées. 1,2 à 1,5 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 5b (3b en site protégé). ❧ Syringa x tribida ‘Josée’ : ce cultivar français résulte d’un croisement entre trois espèces (S. meyeri, S. microphylla et S. patula) et est le plus populaire des lilas nains hybrides, notamment parce qu’il a la réputation de fleurir sporadiquement tout au long de l’été. Sous d’excellentes conditions, il refleurit jusqu’à 4 fois par été : au Québec, deux est plus la norme … mais une troisième n’est pas impossible lorsque l’automne est doux. Fleurs simples roses, bien parfumées. Croissance souvent faible. 90 à 150 cm x 1,5 à 3 m. Zone 5b (3b en site protégé). LILAS COMMUN NAIN : On commence à voir sur le marché des cultivars nains ou semi-nains du lilas commun (S. vulgaris). Ils ont tous les attraits du lilas commun, et malheureusement aussi tous les défauts, mais sur des plantes de taille réduite. Imaginez ! Les lilas de votre enfance, mais à portée des narines… sans taille ! Pour une description du lilas commun et plus de détails sur sa culture, consultez la fiche précédente. Notez que la rusticité de ces lilas est excellente : ce sont les lilas nains de choix pour le Nord. Note : Comme les lilas nains à petites feuilles, les lilas communs nains sont souvent greffés en tête. Par contre, contrairement au précédents, leur taux de survie est bon. Cependant, il n’en demeure pas moins que les arbustes greffés en tête, peu im­por­te la variété, ne vivent pas très vieux sous notre climat. ❧ Syringa vulgaris ‘Albert F. Holden’ : gros panicules aérés, un peu retombants. Fleurs pourpre foncé au revers lavande argenté, donnant un effet bicolore. Bon parfum. Hybride Fiala. 2 m x 2 m. Zone 2b. ❧ Syringa vulgaris ‘Marie Frances’ : semi-nain. Fleurons rose saumon. Très parfumé. Hybride Fiala. 1,5 à 2,5 m x 1,50 à 2,7 m. Zone 2b. ❧ Syringa vulgaris ‘Pixie’ : nain à semi-nain. Fleurs blanches, doubles. Hybride Fiala. 2 m x 2,5 m. Zone 2b. ❧ Syringa vulgaris ‘Prairie Petite’ : l’un des plus petits lilas communs. Fleurs simples lavande. 1 à 1,2 m x 1,2 à 2 m. Zone 2b. ❧ Syringa vulgaris ‘Wedgwood Blue’ : boutons roses. Fleurs simples, à peu près du même bleu que la céramique de Wedgwood. Très parfumé. Gros panicules. Résistant au blanc. Hybride Fiala. 1,8 m x 2 m. Zone 2b. ❧ Syringa vulgaris ‘Wonderblue’ (Little Boy Blue™) : lilas semi-nain. Fleurs dites « bleu ciel » (en horticulture, lire « lavande pâle »). 1,2 à 1,5 m x 1,5 à 1,8 m. Zone 2b. ❧ Syringa vulgaris ‘Yankee Doodle’ JP : lilas semi-nain. Fleurs d’un pourpre très foncé. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 2b.

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Lilas tardif

Syringa x josiflexa ‘Lynette’

Lilas

tardif Syringa x chinensis, S. reflexa, S. villosa, etc. Noms anglais : Late Lilacs. Hauteur à maturité : variable, selon l’espèce : 2,5 à 9 m. Diamètre à maturité : variable, selon l’espèce : 1,5 à 7,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé ou globulaire, souvent irrégulier. Sol : tout sol, bien drainé, humide, légèrement acide, neutre ou alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : bonne à faible, selon l’espèce ou cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : parfois coloration automnale ou écorce hivernale, selon l’espèce. Feuillage : caduc. Problèmes : fréquence variable, selon l’espèce. Blanc, kermès, perceurs, brûlure bactérienne, etc. Taille : suppression des branches trop longues après la flo­ raison. Suppression des fleurs fanées facultative. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrô­ler l’étalement. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées, division, greffage. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, fleur coupée, fleur parfumée, attire les papillons. Zone de rusticité : variable selon l’espèce : 2a à 5.

L

a définition d’un lilas tardif est très claire : tout lilas dont la floraison débute après celle du lilas commun (Syringa vulgaris). En fait, la plupart des lilas appar­ tiennent à cette catégorie ! Leur floraison peut donc commencer dès la mi-juin dans certaines régions pour certaines espèces, alors que la floraison de certaines autres frise le mois d’août dans les régions les plus septentriona­ les. Ici je ne vous présente que les espèces ainsi que leurs cultivars et hy­bri­des générale­ ment cultivés au Québec. C’est déjà pas mal de terrain à couvrir… et de plus, bien que dis­po­nibles, la plupart de ces plan­tes sont inconnues du public. Bonne découverte !

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Arbustes au parfum envoûtant

Remarquez que la culture générale des lilas est expliquée dans la fiche Lilas hâtif (voir La culture et les utilisations générales des lilas). En général, les lilas tardifs exigent les mêmes conditions : plein soleil ou mi-ombre, tout sol bien drainé, pas trop acide, etc. Pour ceux dont la culture diffère de la moyenne, les détails sont donnés dans la description. Enfin, remarquez que la plupart sont de bonne taille et prennent passablement de place, trop peut-être sur un petit terrain : il y a peu de lilas nains chez les lilas tardifs ! ESPÈCES RECOMMANDÉES : ❧ Syringa x chinensis, syn. S. rothomagenensis (lilas chinois, lilas de Rouen, anglais : Chinese Lilac, Rouen Lilac) : malgré son nom, espèce hybride n’ayant aucun lien avec la Chine, ayant été trouvé tel quel au Jardin botanique de Rouen, en France. On croît maintenant que c’est un hybride naturel résultant d’un croisement entre le lilas commun (S. vulgaris) et le lilas de Perse (S. x persica). Il ressemble au lilas commun, mais avec des feuilles plus étroites et des fleurs plus petites, portées en panicules énormes, souvent ramifiés. Il fleurit tout de suite après le lilas commun sous plusieurs climats, mais souvent presque en même temps dans les régions nordiques. Port arrondi, aux branches arquées. Fleurs pourpre lilas, parfu­ mées. Malheureusement il se dégarnit à la base en vieillissant, nécessi­tant éventuellement une bonne taille de rajeunissement. Peu porté à dra­geon­ner, mais sensible au blanc et à la brûlure bactérienne. 2,5 à 3 m x 2 m. Zone 2b. ❧ Syringa x chinensis ‘Alba’ : comme l’espèce, mais à fleurs blanches. 2,5 à 3 m x 2 m. Zone 2b. ❧ Syringa x chinensis ‘Lilac Sunday’ : nouveauté à fleurs violet pâle. Port dressé. 2,5 à 3 m x 3 m. Zone 2b. ❧ Syringa x chinensis ‘Saugeana’ : la variété la plus cultivée. Fleurs rouge violacé. 2,5 à 3 m x 2 m. Zone 2b. ❧ Syringa x josiflexa (lilas josiflexa, anglais : Josiflexa Lilac) : cette espèce hybride provient d’un croisement entre le lilas hongrois (S. josikaea) et le lilas réfléchi (S. reflexa). En général, il est très semblable au lilas de Preston, décrit dans le chapitre Des arbustes vraiment sans entretien, mais avec un parfum épicé rappelant la cannelle brûlée. Les deux sont d’ailleurs très souvent confondus dans le commerce. Fleurit annuellement, environ 2 semaines après le lilas commun. Feuilles lancéolées. 3 à 3,7 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 2a. ❧ S. x josiflexa ‘Agnes Smith’, syn. S. x prestoniae ‘Agnes Smith’ : blanc avec un soupçon de rose. 3 à 3,7 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 2a. ❧ S. x josiflexa ‘Bellicent’ : rose clair. 3 à 3,7 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 2a. ❧ S. x josiflexa ‘Elaine’ : blanc pur. 3 à 3,7 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 2a. ❧ S. x josiflexa ‘Lynette’ : rose lavande. 3 à 3,7 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 2a. ❧ S. x josiflexa ‘James McFarlane’, syn. S. x prestoniae ‘James McFarlane’ : rose vif. Très populaire. 3 à 3,7 m x 1,5 à Syringa x chinensis 2,5 m. Zone 2a.

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Arbustes au parfum envoûtant

❧ S. x josiflexa ‘Redwine’ (aussi ‘Red Wine’), syn. S. x prestoniae ‘Redwine’ : le plus « rouge » des lilas tardifs : les boutons sont rouge foncé, les fleurs plutôt magenta. 3 à 3,7 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 2a. ❧ S. x josiflexa ‘Royalty’, syn. S. x prestoniae ‘Royalty’ : violet pourpré. Le plus foncé parmi les lilas tardifs pourpres. 3 à 3,7 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 2a. ❧ S. josikaea (lilas hongrois, anglais : Hungarian Lilac) : les fleurs de cette espèce hongroise sont mauve pourpre et très parfumées, s’épanouis­sant 10 à 15 jours après celles du lilas commun. Les feuilles sont longues et lancéolées, aux nervures proéminentes, sans coloration notable à l’automne. Elles ne ressemblent d’ailleurs aucunement à une feuille de lilas, mais davan­tage à celles d’un Prunus. Port arrondi, branches érigées. 3 m x 4 m. Zone 2b. ❧ S. josikaea ‘Holger’ : fleurs lilas violet. Parfum doux. Le cultivar S. josikaea le plus courant. 3 m x 4 m. Zone 2b. ❧ S. reflexa (lilas à grappes retombantes ; anglais : Nodding Lilac) : grand arbuste aux tiges solides et à grandes feuilles ovales vert foncé. Son attrait principal vient de ses énormes panicules de fleurs rose pourpré à l’épanouissement, devenant roses avec centre blanc en mûrissant. Ce n’est pas un lilas que l’on voit souvent dans les jardins privés, mais il est néanmoins disponible chez un spécialiste des lilas. 3 à 3,5 m x 3 m. Zone 3. ❧ S. reticulata (lilas du Japon, anglais : Japanese Tree Lilac) : ce lilas est très populaire depuis quelque temps… en tant qu’arbre. En fait, il atteint facilement 9 m de hauteur et peut facilement être taillé pour former un petit arbre. Par contre, si dans la nature il forme le plus souvent un grand arbuste à tiges multiples, pourquoi pas en culture aussi ? Parmi ses attraits, ses branches et son tronc recouverts d’écorce rougeâtre et de nombreuses lenticelles font penser davantage à un cerisier qu’à un lilas. Ses magnifiques panicules plumeuses de fleurs blanc crème à odeur de miel apparaissent si tardivement, bien après ceux de tous les autres lilas, que sa floraison n’est pas du tout printanière, mais nettement estivale, ayant lieu en juillet dans la plupart des régions. Sa floraison tend à être annuelle… lorsqu’il se décide à fleurir, ce qui peut prendre 5 à 7 ans. Ses feuilles simples, ovales, vert foncé, ne prennent pas une couleur automnale digne de mention. Essentiellement sans problèmes d’insecte et de maladie et sans gourmands : l’un des lilas les plus faciles à cultiver. 7 à 9 m x 4,5 à 7,5 m. Zone 2a. ❧ S. reticulata ‘Cameo’s Jewel’ : un cultivar au feuillage panaché de jaune au printemps, et de blanc crème à l’été. Coloration irrégulière : il faut supprimer les tiges entièrement vertes et entièrement blanches. 4 à 7 m x 3 à 5 m. Zone 3a. ❧ S. reticulata ‘Chantilly Lace’ : panachure plus régulière que la précédente, à la marge de chaque feuille, mais tendant à brûler au plein soleil. Croissance faible. 4 à 7 m x 3 à 5 m. Zone 3a. ❧ Syringa reticulata ‘China Gold’ : feuillage doré au printemps, jaune-vert à l’été. 4 à 7 m x 3 à 5 m. Zone 3a. ❧ S. reticulata ‘Golden Eclipse’ : encore une autre variété panachée. Cette fois-ci, les feuilles sont vert foncé, entourées de vert pâle au prin­temps, puis la partie pâle devient jaune à l’été. 4 à 7 m x 3 à 5 m. Zone 3a. ❧ S. reticulata ‘Ivory Silk’ : le cultivar le plus vendu, surtout en tant qu’arbre. Son tronc naturellement droit le rend moins intéressant comme arbuste, mais en le taillant jeune pour stimuler la ramification, il prend une forme arbustive. 8 à 9 m x 4,5 à 7,5 m. Zone 2a.

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❧ S. reticulata pekinensis, syn. S. pekinensis (lilas de Pékin, anglais : Peking Lilac) : maintenant considéré comme une sous-espèce de S. reticulata, le lilas de Pékin en est essentiellement une variante arbustive, formant rarement un seul tronc, mais plutôt des branches multiples au niveau du sol. Feuilles plus petites et plus fines, fleurs blanc crème, un peu plus hâtives, avec écorce rougeâtre s’exfoliant très joliment sur les sujets matures, comme l’écorce d’un bouleau. 4 à 6 m à 4 à 6 m. Zone 4a. ❧ S. reticulata pekinensis ‘DTR 124’ Summer Charm™ : cultivar à croissance plus rapide, mais autrement presque identique à l’espèce. 4 à 6 m à 4 à 6 m. Zone 4a. ❧ S. x swegiflexa ‘Fountain’ (lilas fontaine, anglais : Fountain Lilac) : ce croisement entre le lilas à grappes retombantes (S. reflexa) et le lilas Chengtou (S. sweginzowii) produit des feuilles ovales pointues et des panicules pendantes de fleurs roses parfumées environ 2 semaines après le lilas commun. Port érigé arrondi. 3 m x 2 m. Zone 3. ❧ S. sweginzowii (lilas Chengtou, anglais : Chengtu Lilac) : grand arbuste à port dressé produisant à la fin de juin (juillet dans le Nord) des panicules très plumeuses de fleurs parfumées rose lilas devenant rose saumon en mûrissant. 3 à 3,5 m x 3 à 3,5 m. Zone 3. ❧ S. tomentella (lilas tomenteux, anglais : Woolly Lilac) : le nom semble un peu exagéré, car les feuilles ne sont pas vraiment tomenteuses, mais seulement un peu duveteuses au revers. Panicules lâches un peu retombants. Fleurs parfumées de couleur variable : violettes à presque blanches. La forme la plus distribuée porte des fleurs rose violacé, blanches à l’intérieur. Port dense, sans gourmands. 2,5 à 3,5 m x 2 à 3 m. Zone 5. ❧ S. tomentella ‘Kum Bum’ : sélection à fleurs violettes et à feuillage « doré » (jaune au printemps, jaune-vert l’été). Sélection de Père Fiala. 2,5 à 3,5 m x 2 à 3 m. Zone 5. ❧ S. villosa (lilas duveteux, anglais : Late Lilac) : un grand lilas avec de grosses feuilles elliptiques recouvrant totalement sa charpente et ne se dégarnissant pas à la base en vieillissant comme tant d’autres lilas. Port érigé au début, puis arrondi : excellent choix pour une grande haie. Les fleurs tubulaires étroites sont portées en panicules denses et coniques à l’extrémité des tiges, sur le bois de l’année (contrairement au vieux bois, comme chez le lilas commun). Elles sont généralement roses avec des touches couleur de lavande, parfois blanchâtres, et très parfumées, mais avec une odeur semblable à celle des troènes : une fragrance pénétrante que vous aimez ou n’aimez pas. Fleurit à tous les ans, environ 10 à 15 jours après le lilas commun. L’un des parents des célèbres lilas de Preston. 3 m x 2 m. Zone 2b. ❧ S. villosa ‘Aurea’ : fleurs rose pâle à blanches. Feuillage jaune-vert. 3 m x 2 m. Zone 2b. ❧ S. yunnanensis (lilas du Yunnan, anglais : Yunnan Lilac) : un grand lilas aux longues feuilles elliptiques. Fleurs très parfumées, roses en bouton, rose lilas à l’épanouissement, portées en panicules étroites. Port ouvert. Ne drageonne pas. 3 à 4 m x 3 m. Zone 4. ❧ S. yunnanensis ‘Prophecy’ : un hybride tétraploïde développé par le père Fiala. Fleurs d’un rose lavande foncé. Feuilles charnues. 3 à 3,5 m x 2 à 3 m. Zone 4.

Photo : Robert Mineau (Jardin botanique de Montréal)

Viorne de Corée

Viburnum carlesii

Viorne

de Corée Viburnum carlesii Noms anglais : Korean Spice Viburnum. Hauteur à maturité : 1,2 à 1,5 m. Diamètre à maturité : 1,2 à 2,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire. Sol : tout sol riche et bien drainé, acide à neutre. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts sec. : fruits à la fin de l’été. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Pucerons, taches foliaires, blanc. Taille : peu nécessaire. Avant la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Mult. : bout. semi-herbacées, greffage. Semences vernalisées. Utilisation : écran, fondation, isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur parfumée, attire les papillons et les oiseaux frugivores. Zone de rusticité (site exposé) : 5b. Zone de rusticité (site protégé) : 4b.

L

es quelque 150 espèces de viornes se divisent en deux caté­ gories : celles qui ont des fleurs délicieusement parfu­ mées et celles dont les fleurs sont sans odeur ou à odeur désa­ gréable. On peut aussi les diviser selon leur rusticité… pour constater rapidement que les variétés parfumées sont presque toutes de climats doux, lais­ sant aux jardiniers nordiques les variétés inodores ou malo­ dorantes. D’ailleurs, il y a plu­ sieurs viornes rustiques dans les chapitres Toujours en beauté, Des haies à perte de vue et Des arbustes pensez-y bien. Il ne reste qu’une seule viorne à la fois délicieusement parfu­ mée et relativement peu rus­ tique : la viorne de Corée. Les boutons rose foncé, massés en dôme à l’extrémité

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Arbustes au parfum envoûtant

des tiges, s’ouvrent vers le milieu du printemps pour révéler des petites fleurs blan­ ches au parfum pénétrant, épicé, exotique. Il suffit d’un seul arbuste pour embaumer tout le jardin ! En plus d’être parfumée, la viorne de Corée est aussi très attrayante. Pre­mière­ ment, elle fleurit à nu et les inflorescences blanches en dôme arrondi dominent. Après la chute des fleurs, les feuilles très attrayantes, vert foncé luisant, duveteuses, dentées, prennent la relève, recouvrant bien l’arbuste. Vers la fin de l’été, les fruits rouges ressortent, devenant noirs à pleine maturité. Ils ne persistent cependant pas longtemps, car les oiseaux les adorent. À l’automne, l’arbuste au complet devient souvent rouge vin : un effet saisissant ! Du moins, si la pleine coloration est atteinte, car certains clones sont peu colorés. Au premier abord, la viorne de Corée semble de culture très facile : plein soleil ou mi-ombre, presque tous les sols légèrement humides mais non détrempés, sans entretien ou taille particulière, aucun problème majeur d’insectes, même pas la redoutable galéruque de la viorne, ou de maladies méritant un traitement, etc. Un véritable arbuste de paresseux, quoi ! Sauf que… Sa rusticité est douteuse. En effet, exposée aux éléments, la viorne de Corée ne résiste qu’en zone 5b. Bien pro­tégée des vents hivernaux, elle croît sans difficulté en zone 4b. Si vous ajoutez à cela une bonne couverture de neige, débutant en décembre et persistant jusqu’au printemps, la zone 2b n’est plus impossible ! Par contre, sa bonne performance au-delà de la zone 4b est peu fiable. On greffe par­fois la viorne de Corée sur des vior­nes de plus faible rusticité, ce qui le rend très vulné­rable aux froids hivernaux, et ex­plique plusieurs pertes mys­té­rieu­ses. Demandez tou­jours une viorne de Corée, poussant sur ses propres racines.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Viburnum carlesii (viorne de Corée) : descriptions ci-dessus. 1,2 à 1,5 m x 1,2 à 2,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ V. carlesii ‘Aurora’ : fleurs rose pâle avec inflorescences plus grosses. Nouvelles feuilles cuivrées. Plus compact. 1,2 à 1,5 m x 1,2 à 2,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ V. carlesii ‘Compacta’ : variété naine. Mieux adaptée aux conditions froides, car elle sera entièrement couverte de neige dans plusieurs régions. 75 à 100 cm x 75 à 100 m. Zone 5b (4b en site protégé).

VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ Viburnum x ‘Cayuga’, syn. V. carlesii ‘Cayuga’ : pas un véritable V. carlesii, mais un hybride d’origine complexe qui lui ressemble beaucoup, avec toutefois des inflorescences plus spectaculaires. Par contre, sa rusticité est marginale au Québec. 1,5 m x 1,5 m. Zone 6b (5b en site protégé).

AUTRES ESPÈCES : J’ai légèrement menti lorsque j’ai dit qu’il n’y avait pas d’autres viornes parfumées adaptées au Nord : il y a les plantes suivantes… des parentes très proches. ❧ Viburnum bitchiuense (viorne de Bitchiou, anglais Bitchiu Viburnum) : très semblable à la viorne de Corée, mais il est de plus grande taille, et porte des feuilles plus petites et des fleurs d’un blanc rosé qui offre le même parfum que la viorne de Corée. 3 m x 3 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ V. x juddii (viorne de Judd, anglais : Judd Viburnum) : croisement entre V. carlesii et V. bitchiuense. Ressemble beau­coup à la viorne de Corée, mais de plus grande taille, avec des inflorescences plus grosses. Ses fleurs sont légèrement rosées au début, devenant blanches avec le temps. Parfum identique à celui de la viorne de Corée. Légèrement plus rustique que ses deux parents. Coloris automnal rouge à pourpre. 1,8 à 2,5 m x 1,8 à 2,5 m. Zone 5a (4a en site protégé).

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AU RAS DU SOL

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ous les arbustes ne sont pas de grands végétaux aux tiges s’éle­ vant vers le ciel. Certains sont très bas, même rampants, ce qui limite un peu leur utili­sation, car on ne peut bien sûr utiliser en haie un arbuste complè­ tement prostré d’un maximum de 15 cm de hau­teur. Ce­pen­dant, ils conviennent très bien en bor­dure d’un amé­nagement, dans une rocaille, sur un muret, etc., sans oublier que les arbustes bas nous ren­dent aussi un fier service comme couvre-sols, ces tapis végétaux n’exigeant aucune tonte remplacent de plus en plus souvent le gazon dans nos aménagements.

LES BUTS D’UN TAPIS DE VERDURE Que recherche-t-on dans un couvre-sol ? D’abord, une couverture complète, en relativement peu de temps. En effet, on sait que les espaces vides d’un aména­gement sont rapidement envahis par les mauvaises herbes, mais qu’une bonne couverture végétale prévient cet envahissement. Donc un feuillage dense, capable d’étouffer les mauvaises herbes présentes et de prévenir leur établissement, est de rigueur. Une belle apparence en tout temps est aussi un prérequis. L’idéal, c’est une plante à feuillage persistant… mais les couvre-sols à feuilles persistantes sont rares dans les climats froids et l’on accepte alors volontiers les espèces à feuilles caduques. Cependant, un couvre-sol n’a pas nécessairement besoin de voler la vedette puisque ce rôle revient aux végétaux plus gros. Donc, si une belle floraison dura­ble, un beau feuillage panaché ou des fruits persistants sont des atouts, ils ne consti­tuent pas une obligation. Une crois­sance égale, par contre, l’est. Il est difficile de concevoir et d’accep­ter un « tapis » avec des trous et des bosses par-ci, par-là. Un couvre-sol doit aussi survivre presque sans soins : peu ou pas de taille, faible besoin d’engrais, pas de problèmes majeurs d’insectes et de maladies, etc., et il n’y a pas véritable­ment de limite quant à la taille d’une plante couvre-sol. On imagine souvent un couvresol comme étant presque rampant à ras le sol, mais en fait, dans un aménagement très vaste surtout, même un arbuste de 2 m peut faire l’affaire, pour autant qu’il se marie bien avec ses voisins pour créer un effet de « tapis ». Même pour les besoins des aménagements plus restreints, une hauteur de 75 cm ou 1 m n’est pas exagérée pour un couvre-sol en deuxième plan. Mais nous sommes exigeants et préférons comme couvre-sols des plantes de hauteur restreinte, d’une largeur quasiment illimitée, donc rapidement aptes à boucher des trous éventuels, avec un feuillage très dense… bien sûr. Heureusement pour nous, plusieurs couvre-sols sont des arbustes rampants, donc à croissance com­ plètement prostrée, s’enracinant souvent là où les tiges touchent le sol. D’autres ont un port plus dressé, mais lorsqu’ils sont drageonnants, leurs rejets bouchent les trous. Et enfin, d’autres sont des arbustes à port plus « arbustif », dressés, sans drageons, mais croissant densément et également lorsque cultivés en massif. LA PLANTATION EN DEUX MOTS On plante les arbustes couvre-sol comme tout autre arbuste, mais un peu plus densément. En effet, pour qu’un tapis se forme assez rapidement, on peut espacer les arbustes couvre-sol plutôt dressés d’environ les 2/3 de leur diamètre maximal.

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Au ras du sol

Quant aux variétés tapissantes, dont le diamètre est essentiellement illimité, tout dépend de la vitesse à laquelle vous désirez obtenir un tapis bien fourni. En plan­tant densément, avec des écarts d’environ 2 fois le diamètre de l’arbuste à l’achat, vous aurez votre tapis en un an si la croissance de l’arbuste est le moindrement rapide. Pour économiser, espacez-les de 4 fois leur diamètre initial… mais soyez patient, car il faudra deux ou trois ans pour obtenir l’effet désiré. Pour économiser encore davan­ tage, achetez des plants plus jeunes, des boutures enraci­nées. Il faut presque négocier l’achat de ces jeunes plants avec un pépi­nié­riste, car ils n’ont pas l’habitude de les vendre aux consommateurs. Enfin, l’ultime économie consiste à faire vos propres boutures. La plupart des plantes rampantes s’enra­cinent rapide­ment et sont prêtes à être transplantées en 2 ou 3 mois. Vous pouvez alors planter très densément puis­ qu’elles ne vous coûtent rien !

UN PROBLÈME D’ENVAHISSEMENT Comme plusieurs des arbustes couvre-sols sont des plantes rampantes ou drageonnantes, il y a toujours un risque d’envahissement… mais c’est un risque calculé. Si vous considérez comme un avantage le fait qu’ils couvrent le sol d’une partie de votre aménagement… vous devez d’autre part être toujours prêt à les contrôler lorsqu’ils débordent trop. En y pensant à l’avance, vous pouvez contrôler les arbustes dra­geon­nants par des barrières insérées dans le sol. Les variétés ram­ pantes, par contre, sautent les barrières souterraines et il faut prévoir une barrière au moins aussi haute que l’arbus­te : cercle de roches, muret, plantations plus hautes, etc. pour limiter leur croissance. Vous pouvez aussi les placer le long d’un sentier ou d’une aire de station­nement où le piétinement et les roues des véhicules contrôleront leur expansion. Évi­dem­­ment, on peut aussi tailler les rameaux trop entreprenants. CONSEILS POUR L’UTILISATION DES COUVRE-SOLS Vous pouvez utiliser les arbustes couvre-sols comme bon vous semble… mais voici quelques conseils utiles : • Choisissez d’abord votre couvre-sol selon son adaptabilité à vos conditions (soleil/ombre, sol riche/pauvre, terre humide/sèche, etc.), considérant son apparence seulement en deuxième lieu. • Habituellement les couvre-sols à petites feuilles conviennent mieux aux peti­tes surfaces ou aux petits terrains, et ceux à grosses feuilles aux espaces plus vastes. • Évitez de mélanger les variétés : un tapis de verdure doit normalement être homogène, et non disparate. La variété viendra normalement des autres plan­ta­ tions. Vous pouvez par contre utiliser un couvre-sol dans une partie du terrain et un autre ailleurs, mais rarement plus de deux couvre-sols dans la même « pièce » de votre aména­gement. Enfin, ne croyez pas trouver tous les arbustes couvre-sols dans ce chapitre. La plupart des arbustes de hauteur limitée peuvent faire un bon couvre-sol si vous les plantez un peu plus densément que d’habitude.

Andromède des marais Cerisier des sables Cotonéastre tapissant Cytise prostré Gaulthérie couchée Genêt de Lydie

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Paxistima de Canby Rosiers couvre-sol Saules prostrés Stéphanandra crispé Sumac aromatique

Photo : Jacques Allard

Andromède des marais

Andromeda polifolia ‘Blue Ice’

Andromède

des marais

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usqu’à récemment, cet ar­buste couvre-sol était peu courant dans nos aména­ge­ments, car on Noms anglais : Bog Rosemary. le jugeait trop acidophile pour Hauteur à maturité : 30 à 45 cm. convenir ailleurs que dans une Diamètre à maturité : 60 à 90 cm. tourbière. Il com­mence toutefois Emplacement : soleil ou mi-ombre. à sortir de l’om­bre à mesure que Port : dressé en monticule, rampant. l’on dé­couvre qu’il n’est pas si Sol : riche en matières organiques ou sablonneux, dif­ficile et, surtout, qu’il est très, humide, très acide à légèrement acide. Tolère mal très beau ! le sel et le compactage. Il s’agit d’un petit arbuste Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. indigène des régions froides Intérêt principal : floraison printanière/estivale. de l’hémisphère nord, dont le Intérêts secondaires : feuillage persistant. Québec, où dans la nature, il Feuillage : persistant. croît habituellement dans les Problèmes : peu fréquents. Galles. maré­cages, les tourbières et les Taille : peu nécessaire. terres sablonneuses humides. Multiplication : boutures herbacées, division, Ses tiges sont courtes et dressées marcottage, semences vernalisées. ou semi-prostrées, portant des Utilisation : bordure, coin humide, couvre-sol, feuilles li­ néaires coriaces, per­ fondation, massif, muret, naturalisation, pentes, sistantes, rappelant souvent des plate-bande, rocaille. aiguilles. En les examinant de Zone de rusticité : 2. près, on re­marque qu’elles sont en fait plu­tôt ovales, mais enroulées vers le bas. De la fin du prin­temps, au début de l’été, de nom­breu­ses petites clochettes blanches ou roses apparaissent à l’extrémité des tiges de hau­teur limitée, environ de 30 à 45 cm, selon le cultivar. Cependant, la plante

Andromeda polifolia

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Au ras du sol

produit aussi des tiges souterraines qui permet­tent à la plante d’agrandir son diamètre à dé­faut de monter, formant un monticule dense. Les capsules de graines offrent peu d’intérêt. L’andromède des marais ne se limite pas autant qu’on le croyait aux lieux détrempés et acides. Il s’accommode de la plupart des sols de jardin qui demeurent au moins quelque peu humide en tout temps. Pour maintenir cette humidité vitale, un bon paillis organique est essentiel, surtout dans les emplacements très ensoleillés. Un sol plutôt acide est obligatoire… mais la plupart des sols de jardin le sont déjà. Évidemment, un milieu encore plus acide lui plairait davantage, telle une plate-bande de rhododendrons. Côté ensoleillement, il préfère le plein soleil dans le Nord, mais un peu d’ombrage dans les régions plus tempérées. Plante d’origine arctique, l’andromède des marais est difficile à cultiver dans les zones supérieures à 6. Je crois qu’elle est encore plus rustique que la cote zonière 2a que lui attribuent les chercheurs, car on retrouve cette espèce jusqu’au Nunavut et au Groenland, mais comment le vérifier étant donné l’absence de jardins d’essais dans ces zones ? Malgré tout, comme plusieurs plantes arctiques, elle exige une bonne couche de neige pour la protéger des vents asséchants. Sa nature étalante facilite la multiplication de l’andromède : prenez tout simple­ ment une petite division dans le contour de la touffe. Malgré sa croissance dra­ geonnante, elle croît si lentement qu’elle n’est absolument pas envahissante, for­mant plutôt un monticule dont le diamètre grossit peu à peu. Fort intéressante comme couvre-sol, bien sûr, mais aussi dans la rocaille, la plate-bande et en bordure d’un jardin d’eau. L’andromède serait toxique si consommée en grande quantité, mais elle n’a pas vraiment d’attrait pour les enfants. Il y a déjà eu des intoxications chez des gens qui l’ont confondue avec le thé du Labrador (Ledum groenlandicum, page 477) et ont pré­ paré une tisane avec ses feuilles. En passant, dans la mythologie grecque, Andromède était l’épouse de Persée.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : A. polifolia (andromède des marais, andromède à feuilles de Polium) : très variable, l’espèce a donné naissance à plusieurs cultivars. 30 à 45 cm x 60 à 90 cm. Zone 2a. ❧ A. polifolia ‘Alba’, syn. ‘Compacta Alba’ : variété naine semi-prostrée. Fleurs d’un blanc pur. 15 cm x 20 cm. Zone 2a. ❧ A. polifolia ‘Blue Ice’ : très populaire et le seul cultivar offert dans la plupart des pépinières. Remarquable par son feuillage d’un vert bleuté poudreux, probablement l’arbuste au feuillage se rapprochant le plus du bleu. Abondante floraison rose. Croissance rapide (pour une andromède). Port dense et compact. 30 cm x 60 cm. Zone 2b. ❧ A. polifolia ‘Kirikamina’, syn. ‘Kirigamine’, ‘Kiri Kaming’ : feuillage vert foncé, fin, rougissant l’hiver. Port très compact. 20 à 30 cm x 60 cm. Zone 2a. ❧ A. polifolia ‘Nana’ : feuillage gris vert. Fleurs rose pâle. Port dense et compact. 30 cm x 60 cm. Zone 2a. ❧ A. polifolia ‘Nikko’ : port compact en monticule arrondi. Feuilles gris vert. Fleurs rose pâle. 30 cm x 90 cm. Zone 2a. AUTRES ESPÈCES : A. glaucophylla, syn. A. polifolia glaucophylla (andromède glauque, anglais : Bog Rosemary) : il n’y a que deux espèces dans le petit genre Andromeda : voici l’autre, d’origine strictement nord-américaine. C’est d’ailleurs celle que l’on retrouve le plus souvent dans le sud du Québec. Les feuilles persistantes, vert bleuté, diffèrent de celles de l’andromède des marais par leur revers duveteux. Clochettes roses sur des tiges plus courtes. 30 à 90 cm x 60 à 90 cm. Zone 2a… au moins !

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Cerisier déprimé

Prunus pumila depressa

Cerisier

déprimé Prunus pumila depressa Noms anglais : Creeping Sand Cherry. Hauteur à maturité : 30 cm. Diamètre à maturité : 2 m. Emplacement : soleil. Port : rampant. Sol : tout sol bien drainé, de légèrement acide à alcalin. Bien adapté aux sols pierreux et sablonneux. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : peu disponible. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage glauque. Fruits comestibles colorés. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Criblure, brûlure bactérienne. Taille : peu nécessaire. Multiplication : boutures herbacées, greffage, semences vernalisées. Utilisation : bordure, couvre-sol, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, attire les oiseaux frugivores, fruits comestibles. Zone de rusticité : 3a.

A

ppelé aussi cerisier des sables déprimé, le cerisier déprimé ne tente pas de gagner votre sympathie : sa « déprime » n’est pas psychologique mais physique, uniquement reliée à sa faible hauteur. Cet arbuste, indigène au Québec, croît dans la nature sur les dunes de sable et les amas de gravier le long des rivières. Cer­ tainement parmi les plus cu­ rieux des cerisiers, jamais il ne quitte le sol, se contentant de ramper sur des distances assez grandes. N’apportez pas non plus votre escabeau pour ré­colter ses fruits : mieux vaut le faire à plat ventre ! Il est mer­ veilleux sur une haute muraille, car il pend alors de toute sa longueur. Malgré son port complètement prostré, il forme à la longue un tronc épais … mais rampant : curieux, mais vrai !

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Au ras du sol

Malgré son port intrigant, le cerisier prostré offre de nombreux attraits. Pour commencer, ses fleurs, blanches, parfois légèrement rosées et réunies en ombelles, lesquelles sont particulièrement abondantes et s’épanouissent tout le long des tiges tôt au printemps, au moment où les feuilles sont encore petites. Ensuite, lorsque les fleurs fanent, les feuilles lancéolées, vert gris, légèrement dentées prennent la relève. L’arbuste produit à l’été des cerises rouges devenant noires à maturité : acides, mais ayant bon goût, elles sont très appréciées des hommes… et des oiseaux. Enfin, à l’automne, les feuilles rougissent joliment. Croissant dans la nature dans le gravier et le sable, cet arbuste ne demande habituellement pas un sol très riche… mais le tolère. Un bon drainage est cepen­ dant très important, car cette espèce préfère un sol sec à un sol détrempé. Le plein soleil est obligatoire. Dans la nature, c’est une plante pionnière qui disparaît rapidement lorsque des plantes plus hautes lui font trop d’ombre. Le cerisier dépri­mé demande peu d’entretien et rarement une taille. Vous le plantez et vous le laissez pousser, voilà tout ! Les Prunus en général sont réputés pour leur sensibilité aux insectes et aux maladies, mais le cerisier déprimé fait exception. À part un peu de criblure et, dans de rares cas, de la brûlure bactérienne (coupez alors les tiges noircies sans tarder), il n’a presque pas de problèmes de santé. La plupart des arbustes rampants s’enracinent aux endroits où ils touchent le sol, se marcottant donc naturellement, ce qui rend leur multiplication facile. Ce n’est toutefois pas le cas du cerisier déprimé ; il faut normalement le multiplier par bouturage, par greffage ou par semis. D’ailleurs ce sont ces difficultés de multi­ plication qui expliquent sa rareté en culture. On le voit cependant de plus en plus souvent comme arbuste pleureur sur tige, greffé en tête. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Prunus pumila depressa, syn. P. depressa : le cerisier déprimé est maintenant considéré une sous-espèce du cerisier des sables (P. pumila). On ne lui connaît aucun cultivar. Plusieurs auteurs lui accordent une cote zonière de 4a, mais puisqu’on le retrouve à l’état sauvage jusqu’en Abitibi, je crois qu’une zone 3a serait plus réaliste. 30 cm x 2 m. Zone 3a ?

AUTRES ESPÈCES : P. pumila (cerisier des sables, anglais : Sandcherry) : autre cerisier indigène de l’est de l’Amérique du Nord, mais uniquement présent à l’extrême ouest du Québec, le cerisier des sables est à port plus érigé, attei­gnant une hauteur abracadabrante de… 90 cm ! En fait, ses rameaux sont dressés au début, puis se couchent quand ils sont plus lourds. Encore une espèce probablement plus rustique qu’on le dit. 50 à 90 cm x 2 m. Zone 3a ? ❧ P. maritima (prunier maritime, anglais : Beach Plum) : à l’état naturel, ce prunier pousse sur la côte atlantique de l’Amérique du Nord jusqu’au Nouveau-Brunswick, sans toutefois toucher le Québec. Habitué aux dunes sablonneuses et aux amas rocheux situés à quelques pas de la mer, il résiste extrêmement bien au sel et au vent. D’ailleurs, il ne prend sa forme couvresol rampant que sous l’influence des vents maritimes, car à l’intérieur du continent, il est plus dressé, atteignant 1,8 m. Sur la côte, par contre, il dépasse rarement 90 cm, formant un fourré dense grâce à ses drageons nombreux. Fleurs blanches. Grosses prunes pourpres très sucrées, jaunes ou jaune rouge, cultivées commercialement. Feuilles vert foncé mat, sans coloris automnal particulier. Couvre-sol supérieur pour la Gaspésie… et le long des autoroutes ! 90 à 180 cm x illimité. Zone 4a.

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Cotonéastres tapissants

Cotoneaster microphyllus

Cotonéastres

tapissants

Cotoneaster adpressus, C. apiculatus, C. dammeri, etc. Noms anglais : Creeping Cotoneasters. Hauteur à maturité : variable selon l’espèce : 8 cm à 1 m. Diamètre à maturité : var. selon l’espèce : 80 cm à 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : étalé, rampant. Sol : tout sol bien drainé, acide à alcalin. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : port rampant. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits persistants. feuillage persistant. Feuillage : caduc, semi-persistant ou persistant, selon l’espèce. Problèmes : fréquents. Araignées rouges, brûlure bactérienne, chancres, pucerons, rongeurs, rouille. Sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : suppression des dommages hivernaux au printemps. Après la floraison, si nécessaire, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées, marcottage. Semences vernalisées. Utilisation : bordure, couvre-sol, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité (site exposé) : 5b. Zone de rusticité (site protégé) : 3b.

I

l y a essentiellement deux grou­­ pes de cotonéastres : les va­­ riétés à croissance dressée, in­clu­ses dans le chapitre Haie à perte de vue, et les variétés ta­pis­ santes décrites ici. Il s’agit de petits arbustes très attrayants, à croissance totalement étalée, parfois ram­ pante, parfois arquée. Leurs feuil­ les sont petites mais jolies, de forme variable, mais souvent vert foncé et luisantes. Elles prennent souvent une jolie teinte rouge vin l’hiver et, selon les espèces, tombent à l’automne ou persistent tout l’hiver. Les cotonéastres tapis­ sants produi­ sent de nombreuses petites fleurs, le plus souvent indivi­duelles ou par groupes de 2, presque sans pédicelle, blanches ou roses à cinq pétales : jolies, mais surtout intéressantes de près. Les fruits ronds et rouges sont petits… mais gros par rap­port aux plants. Contrai­ rement aux fleurs, les

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fruits sont très visibles, se colorant à la fin de l’été et persis­tant au moins jusqu’à la fin de l’automne, parfois même une bonne partie de l’hiver. Ils sont souvent laissés sur l’arbuste jusqu’au printemps puisque dans la ville, on ne retrouve pas les gallinacés qui les mangent normalement, gélinottes, tétras, faisans, etc. Par contre, à la campagne, ils les attirent souvent tout l’hiver et on peut les voir à leur recherche, fouillant avidement sous la neige et y creusant même des tunnels. Les cotonéastres tapissants sont des plantes qui vieillissent souvent mal : ils remplissent rapidement l’espace qui leur est alloué, mais déclinent aussi rapidement… et nous ne les aidons pas. Habituellement nous les plantons rapprochés pour obtenir un bel effet rapidement et ils deviennent alors totalement enchevêtrés. S’ils semblent résistants aux insectes et aux maladies au début, ils ont tendance à accumuler des ennemis peu à peu. Brûlure bactérienne, chan­cres, maladies foliaires, pucerons, etc. : plus la végétation est dense et entre­mêlée, moins l’air circule, et plus ils présentent de problèmes. Une tige meurt ici, une autre là, il faut traiter ici, puis dans un autre coin ; il y a presque toujours quel­que chose à faire. En plus, les tiges retiennent tout ce qui passe : feuilles mortes, papiers, déchets de toutes sortes. Le mot « ménage » n’est vraiment pas vain avec les cotonéastres ! Souvent la solution la plus facile consiste à les rabattre à 10 à 15 cm du sol, aux 3 ou 4 ans, ou lorsque leur croissance devient entremêlée. Les rongeurs sont sans doute leurs pires ennemis. Mulots en ville, mulots et lièvres à la campagne, ces petits animaux font des dégâts incroyables l’hiver, attendant précisément que la plantation mûrisse pour passer à l’attaque. Combien de jardiniers ont trouvé leur tapis de cotonéastres, pourtant si beau à l’automne, com­ plètement dévasté au printemps ? Même si vous n’avez pas encore vu de mulots, il est toujours valable d’appliquer un bon répulsif à l’automne (farine de sang, Ro-Pel, etc.), car les mulots sont cycliques : on ne voit pas de dégâts pendant plu­sieurs années, puis un certain hiver, ils rasent tout. Enfin, l’autre problème, c’est le froid. La rusticité prétendue des cotonéastres tapissants semble davantage tenir à une bonne couverture de neige qu’à une rusticité réelle. Les pertes peuvent être considérables même en zone 5b si l’hiver est froid, alors qu’ils peuvent proliférer sans le moindre dommage même en zone 2a lorsque la neige arrive tôt et en abondance, et qu’elle persiste tout l’hiver. Logiquement, sachant que tôt ou tard il y aura un hiver sans neige dans de nom­breuses régions, la limite pro­bable de leur utilisation, en site protégé, est pro­bablement 4b pour la plupart des espèces et cultivars. Vous pourriez toutefois risquer les variétés vraiment rampantes en zone 3b, en les protégeant avec quelques branches de sapin si la neige tarde ou menace de disparaître trop rapidement. Considérant la petite taille des plants en pot, on a tendance à sous-estimer l’im­ portance de leur véritable étendue et à les planter trop densément. Pour maintenir une bonne croissance à long terme, les plants espacés devraient rarement se toucher avant 5 ans. Utilisez aussi un paillis pour contrôler les mauvaises herbes en attendant que le « tapis » se referme. Enfin, plantez toujours les cotonéastres dans des empla­ce­ ments abrités du vent, où une bonne couche de neige s’accumule, surtout en zone 5b ! La culture des cotonéastres est élémentaire : un peu de soleil, même filtrant à travers des feuillages surplombants, et tout sol bien drainé suffisent. Un peu de paillis pour garder le sol un peu humide, et vous avez presque terminé, sauf parfois un peu de taille pour nettoyer l’arbuste et contrôler son étalement. Évitez cependant les ferti­lisations abondantes, surtout riches en azote, qui semblent réduire sa rusticité déjà limitée. En plus de servir de couvre-sols, les cotonéastres tapissants sont superbes dans une rocaille et retombent très joliment des murets. La multiplication par division est facile, car la plupart se marcottent tout natu­ rellement. Sinon, ils se bouturent sans la moindre difficulté. Curieusement, à moins

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ESPÈCES TAPISSANTES : Le genre Cotoneaster est composé d’arbustes de toutes tailles originaires d’Eurasie et d’Afrique du Nord, et compterait 70 à 200 espèces, selon différents auteurs. D’autres suggèrent même 600 ! En fait, les différences entre les divers cotonéastres sont si min­ces qu’il faut souvent compter le nombre de graines par fruit pour les dis­tin­ guer… et si c’est là l’unique différence, l’espèce à laquelle appartient un coto­néas­tre importe donc peu. ❧ Cotoneaster adpressus (cotonéastre rampant, anglais : creeping Cotoneaster) : forme un véritable tapis, égal dans tous les sens. Cette variété rampe véritablement. Les premières tiges, courtes et rigides, sont dressées, puis s’étalent. Les nouvelles tiges enjambent les précédentes et s’enracinent en touchant le sol, formant une moquette dense. Les petites feuilles ovales persistantes, ondulées sur les bords, sont vert foncé luisant, rouges à l’automne, les petites fleurs blanc rosé et les fruits rouges. Résistant à la brûlure bactérienne. 30 à 45 cm x 120 à 180 cm. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ C. adpressus ‘Little Gem’, syn. C. adpressus ‘Tom Thumb’, C. apiculatus ‘Tom Thumb’, C. horizontalis ‘Tom Thumb’ : populaire cultivar souffrant d’une crise d’identité qui semble changer d’affiliation botanique aux 6 mois ! Très nain et compact, formant souvent un monticule parfait. Feuilles persistantes vert foncé, devenant orangées et rouge vin à l’automne. Fleurs blanc rosé. Fruits rouges. Se maintient sans taille. Excellent pour la rocaille. 50 cm x 80 cm. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ C. adpressus praecox : voir C. nashan. ❧ C. apiculatus (cotonéastre apiculé, anglais : Cranberry Cotoneaster) : plus populaire que l’espèce précédente, mais pas nécessairement meilleur au jardin, le cotonéastre apiculatus produit des tiges plus nettement arquées, étalantes, allant dans tous les sens et s’entrecroisant rapidement pour former un tapis impénétrable… et une trappe à déchets beaucoup trop efficace ! Son port étant plus « arbustif » que celui du cotonéastre rampant, il peut faire aussi bien une haie basse qu’un tapis de verdure. Les petites feuilles vert foncé, luisantes et persistantes, sont ovales, se terminant subitement en fine pointe (i.e. apiculées). Les fleurs sont roses, les fruits rouge vif. 50 à 100 cm x 1 à 1,8 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ C. apiculatus ‘Tom Thumb’ : voir C. adpressus ‘Little Gem’. ❧ C. cochleatus, syn. C. microphyllus cochleatus, C. cashmirensis (cotonéastre nain rampant, anglais : Dwarf Creeping Cotoneaster : port prostré et compact, à crois­sance lente, s’enracinant là où il touche le sol. Feuilles persistantes, vert moyen. Fleurs blanches, fruits rouges. 20 cm x 1,5 m. Zone 6a (5a en site protégé). ❧ C. dammeri (cotonéastre de Dammer, anglais : Bearberry Cotoneaster) : port plutôt prostré lorsqu’elle est jeune, aux rameaux se marcottant lorsqu’ils touchent le sol. Croissance plus rapide que certaines autres, ce qui rend cette espèce très populaire comme couvre-sol. Devient très entremêlée avec le temps et demande alors beaucoup de taille. Feuilles souvent deux fois plus grosses que celles de C. apiculatus, elliptiques, vert foncé lustré l’été, vert pourpré l’hiver. À feuilles persistantes… en théorie. En effet, très souvent elles gèlent et tombent au cours de l’hiver. Plusieurs cultivars de cette espèce sont très populaires dans nos aménagements, mais souffrent néanmoins souvent du gel et exigent alors une bonne taille. 30 à 45 cm x 2 à 2,5 m. Zone 5b (4b en site protégé).

Au ras du sol

d’une pollinisation croisée avec un cultivar différent dans le voisinage, les graines sont fidèles au type, même celles des cultivars. Enfin, notez que les fruits sont réputés légèrement toxiques : évitez de planter des cotonéastres à la portée des enfants.

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❧ C. dammeri ‘Lowfast’, syn. ‘Lofast’ : cultivar à croissance basse : un véritable tapis au ras du sol. Croissance rapide, couvrant une vaste surface. Moins de dommages hivernaux que d’autres, car il demeure souvent couvert de neige. 15 à 30 cm x 3 m. 5b (4a en site protégé). ❧ C. dammeri ‘Moner’ (Canadian Creeper™) : nouveauté à croissance basse, faisant un dense tapis au ras du sol. Fleurs blanches, fruits rouges assez gros. 15 à 30 cm x 3 m. 5b (4a en site protégé). ❧ C. dammeri ‘Mooncreeper’, syn. ‘Moon Creeper’ : forme un tapis vert foncé très lustré. Fleurs blanches plus grosses et plus voyantes que celles des autres cotonéastres. Fleurs rouges. 25 à 45 cm x 3 m. 5b (4a en site protégé). ❧ C. ‘Hessei’ (cotonéaster d’Hesse, anglais : Hessian Rockspray) : hybride de C. horizontalis et de C. nashan. Feuilles caduques vert foncé lustré. Fleurs rose foncé. Fruits rouges. Très joli port. Résistant aux araignées rouges et à la brûlure bactérienne. 45 cm x 2 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ C. hjelmqvisti, syn. C. horizontalis ‘Robusta’ (cotonéastre de Hjelmqvist, anglais : Hjelmqvist Cotoneaster) : très semblable à C. horizontalis, mais plus dressé. Petites feuilles caduques. Fleurs roses. Fructification rouge très abondante. 90 cm x 1,80 m. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ C. horizontalis (cotonéastre des rochers, anglais : Rock Cotoneaster, Rockspray) : on prétend toujours que cette plante est moins rustique que les autres, ce qui semble faux, du moins si les tiges rampantes sont couvertes de neige. Petites feuilles caduques en rangées serrées, vert foncé brillant, pourprées à l’automne et persistant jusqu’en novembre. Les branches en éventail font un très bel effet. Fleurs roses, fruits rouge vif. Port d’abord tapissant, mais par la suite, formant des « étages » de rameaux, telle une pagode. 60 à 90 cm x 1,5 à 2,5 cm. 6a (4b en site protégé). ❧ C. linearifolius, syn. C. microphyllus thymifolius (cotonéastre à feuilles de thym, anglais : Thyme-leaved Cotoneaster) : arbuste prostré aux rameaux nombreux et rigides. Petites feuilles d’un vert foncé luisant, aux bords enroulés vers le bas, les faisant paraître particulièrement étroites. Feuillage persistant. Fleurs blanches en corymbes. Fruits regroupés écarlates. 30 à 90 cm x 1,5 à 2 m. Zone 6a (5a en site protégé). ❧ C. microphyllus (cotonéastre à petites feuilles, anglais : Little-leaf Cotoneaster) : le nom est trompeur car les feuilles de cette espèce ne sont pas plus petites que celles d’autres cotonéastres. Feuilles vert foncé luisant, grises et duveteuses au revers. Branches primaires étalantes ou rampantes, et branches secondaires dressées. Fleurs blanches, fruits rouges. 60 à 90 cm x 1,5 m. Zone 6b (5a en site protégé). ❧ C. nashan, syn. C. adpressus praecox (cotonéastre précoce, anglais : Early Cotoneaster) : comme C. adpressus, mais nettement moins rampante, plutôt un arbuste étalé aux tiges arquées. Petites feuilles… mais plus grosses que celles de C. adpressus, vert foncé devenant rouges avant de tomber à l’automne. Floraison hâtive (fleurs roses) et fruits rouge orangé, abondants et gros, apparaissant en été, plusieurs semaines avant ceux des autres. 1 m x 1,8 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ C. perpusillus, syn. C. horizontalis ‘Perpusillus’ (cotonéastre couvre-sol, an­glais : Dwarf Rockspray Cotoneaster) : très prostré. Tiges horizontales, duve­ teu­ses, poussant en éventail et s’entremêlant pour former un tapis impénétra­ ble. Petites feuilles vert foncé luisant, grisâtres au revers, rouges à l’automne. Fleurs roses. Fruits luisants rouges. Très sensible à la brûlure bactérienne, mais plus rustique que la moyenne des cotonéastres. 80 cm x 1,5 m. Zone 5a (3b en site protégé).

Au ras du sol

❧ C. procumbens ‘Queen of Carpets’ : nouveauté extra basse, formant un tapis ultra-mince. Fleurs blanches. Nombreux fruits rouges. Feuilles persistantes. 8 à 13 cm x 3 m. 5b (4a en site protégé). ❧ C. procumbens ‘Streibs Findling’, syn. C. dammeri ‘Streib’s Findling’ : variété très basse, rampante, aux branches arquées et à croissance très dense. Excellente lorsqu’elle retombe d’un muret. Fleurs blanches. Fruits rouges. Feuilles persistantes, très petites, bleu vert peu lustré. Superbe ! 15 à 30 cm x 3 m. 5b (4a en site protégé). ❧ C. radicans ‘Eichholz’, syn. C. dammeri ‘Eichholz’, C. dammeri ‘Oakwood’ : variété à feuilles persistantes assez larges, d’un vert luisant devenant jaune ou rouge orangé à l’automne. Fleurs blanches. Fruits rouge orangé. Croissance rapide. 20 à 30 cm x 2,5 à 3 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ C. salicifolius ‘Gnom’, syn. ‘Gnome’ : forme naine rampante du grand cotonéastre à feuilles de saule (dressé et 3 m de haut !). Certains botanistes pensent que la petite taille et le port rampant de ‘Gnom’ (et de S. salicifolius ‘Repens’, décrit ci-dessus) indiquent qu’il s’agit d’un hybride issu d’une espèce couvre-sol, peut-être C. dammeri. Feuilles très différentes de celles des autres cotonéastres, car lancéolées et étroites. Elles sont semi-persistantes, vert foncé luisant et duveteuses au revers. Fleurs blanches en corymbes, fruits rouges. Exige une bonne couverture de neige. 20 à 30 cm x 1 à 1,5 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ C. salicifolius ‘Repens’, syn. C. salicifolius ‘Repandens’ : comme la précédente, différente de la plupart des autres par ses feuilles plus longues et étroites, lesquelles sont semi-persistantes (caduques sous notre climat), vert foncé luisant, rouge pourpré l’automne. Port prostré. Fleurs blanches en corymbes. Fruits rouges. Malgré une faible rusticité, on peut cultiver ‘Repens’… en s’assurant qu’elle sera bien recouverte de neige. 30 à 75 cm x 2,5 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ C. x suecicus ‘Coral Beauty’, syn. C. dammeri ‘Coral Beauty’ : C. x suecicus est un genre hybride résultant de croisements entre C. dammeri et C. microphyllus. Feuillage persistant d’un vert riche en été, mais pourpré l’automne. Croissance dense. Fleurs blanches. Fruits rouge corail. Ce cultivar est fort populaire, mais moins rustique que d’autres. 60 cm x 180 cm. Zone 6b (5a en site protégé). ❧ C. x suecicus ‘Skogholm’, syn. C. dammeri ‘Skogholm’ : très populaire cultivar d’origine suédoise. Sa croissance est rapide… mais il vieillit mal, car ses rameaux arqués s’entremêlent beaucoup. Produit fréquemment des branches érigées qu’il vaut mieux supprimer. Au printemps, il y a souvent des branches mortes à supprimer et des déchets à ramasser. Fleurs blanches. Fruits rouge orangé. Feuilles persistantes vert foncé devenant jaune orangé à l’automne. Note : il semble y avoir plus d’un ‘Skogholm’ sur le marché : l’un fructifie abondamment, l’autre peu. Achetez toujours ce cultivar en fin de saison, en fruits, pour vous assurer d’obtenir le bon. 45 à 80 cm x 3,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ C. atropurpureus ‘Variegatus’, syn. C. horizontalis ‘Variegatus’ : seul cultivar à feuillage panaché couramment offert. Croissance rampante, branches en éventail. Petites feuilles vert foncé brillant, bordées de crème en été, rouges à marge rose à l’automne. Croissance très lente, mais effet spectaculaire… on considère que c’est le plus attrayant des arbustes pana­chés. Malheureusement, très peu rustique : pour les maniaques de la protec­tion hivernale seulement. 60 à 90 cm x 2,5 m. Zone 7a (5b en site protégé).

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Photo : Jardin botanique de Montréal.

Cytise prostré

Cytisus decumbens

U

Cytise prostré n cytise en fleurs est un spectacle inoubliable. Toute Cytisus decumbens la plante se couvre de fleurs d’un Noms anglais : Prostrate Broom. jaune très, très vif  : sortez vos Hauteur à maturité : 10 à 20 cm. verres fumés ! Sa floraison dure Diamètre à maturité : 40 à 100 cm. trois semaines, souvent plus. De Emplacement : soleil. près, on découvre des fleurs en Port : étalé, rampant. forme de pois de senteur… avec Sol : tout bien drainé, acide à alcalin, même pauvre raison, car le cytise fait aussi partie ou sec. Résistance au sel et au compactage. de la famille des Légu­ mineuses. Disponibilité : faible. Les feuilles se forment après la Intérêt principal : floraison printanière. floraison. Oblongues, sim­ ples, Intérêts secondaires : tapis végétal. sans pétioles, elles s’at­ tachent Feuillage : caduc. di­rectement aux tiges angu­laires. Problèmes : peu fréquents. Sujet à la brûlure hivernale Les tiges sont dres­sées au début, dans les endroits exposés. puis se penchent vers le sol à la base. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise. Ainsi la touffe grossit peu à peu, Taille pour contrôler l’étalement. puisque ces dernières s’enracinent Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, en tou­chant le sol. Après 5 ans, on division, marcottage, semences vernalisées. peut s’attendre à une plante d’un Utilisation : bord de mer, bordure, couvre-sol, isolé, diamètre d’environ 40 cm, de 1 m massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille. après 10 ans, donnant un effet de Zone de rusticité (site exposé) : 6b. monticule aplati. Planté à 30 cm les Zone de rusticité (site protégé) : 4b à 2a. uns des autres, les cytises forment un tapis parfait en 3 ou 4 ans. Rappelant des petits haricots, les gousses de graines ne sont toutefois pas particulièrement attrayantes. De plus, les feuilles ne prennent pas une véritable coloration automnale. 406

Au ras du sol

Le cytise prostré convient aux sols pauvres et secs, poussant même dans le sable ou le gravier, car il fournit son propre engrais : l’azote qu’il obtient des bactéries vivant sur ses racines. Bien établi, il résiste parfaitement à la chaleur et à la sécheresse. Son seul problème de santé serait la pourriture, susceptible d’appa­raître dans les sols humides. La taille est rarement nécessaire, sauf pour corriger les dommages hiver­ naux ou peut-être rajeunir un arbuste après 20 ou 30 ans. On taille après la floraison parce que la plante fleurit sur le vieux bois. Habituellement, le cytise prostré se passe de l’intervention humaine. Son point faible ? Le cytise prostré a absolument besoin d’une couverture de neige pour prospérer, du moins au nord de la zone 6. Au Québec, la seule zone où la couche de neige est peu fiable est la zone 5. On ne peut donc guère le recom­mander pour le sud de la province, mais le cytise peut être cultivé sans crainte dans les zones 4b à 2a. Le monde à l’envers, quoi ! Enfin, la multiplication du cytise est un jeu d’enfant : il se bouture bien et fournit énormément de marcottes naturelles.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Cytisus decumbens (cytise prostré) : voir la description ci-dessus.

AUTRES ESPÈCES : Le genre Cytisus est très vaste et offre plusieurs arbustes très rustiques, mais malheu­ reusement peu dis­ponibles en Amérique du Nord. Pour un effet semblable, voyez les genêts (Genista) plus loin dans ce chapitre. Voici cependant quelques espèces parfois offertes au Québec. ❧ C. x beanii ‘Golden Carpet’ (cytise de Bean, anglais : Beans Broom) : Espèce hy­­ bride issue d’un croisement entre C. ardoinii et C. purgans. ‘Golden Carpet’, dé­ve­ loppé à Ottawa, est le cultivar le plus courant en culture et ressem­ble à l’es­pèce, mais à port un peu plus dressé, avec les mêmes fleurs jaunes, mais aux feuilles trifoliées étroites et velues. 30 cm x 80 cm. Zone 5b (4b à 3b en site protégé). ❧ C. nigricans (cytise en épis, anglais : Spike Broom) : Très beau, avec un port dressé un peu évasé, des feuilles trifoliées vert sombre et de longs épis de fleurs jaunes en juillet. 60 cm x 40 cm. Zone 5b (4b à 3b en site protégé). ❧ C. x kewensis (cytise de Kew, anglais : Kew Broom) : espèce hybride : C. ardoinii x C. multiflorus. Comme le cytise de Bean, mais à fleurs jaune crème. 30 cm x 75 cm. Zone 5b (4b à 3b en site protégé). ❧ C. x praecox (cytise précoce, anglais : Warminster Broom) : hybride d’origine complexe. Branches gris vert, érigées, puis arquées, donnant un effet en dôme. Petites feuilles lancéolées hirsutes, gris bleu. Fleurs jaune soufre malodorantes. Intéressant sur un muret, car il retombe joliment. 1 m x 1,2 m. Zone 6a (5b en site protégé). ❧ C. x praecox ‘Allgold’ : fleurs jaune doré. ❧ C. x praecox ‘Hollandia’ : fleurs rose saumon. 1 m x 1,2 m. Zone 6a (5b en site protégé). ❧ C. x praecox ‘Zeelandia’ : fleurs jaune crème. ❧ C. procumbens (cytise rampant, anglais : Ground Broom) : version un peu plus haute et moins poilue de C. decumbens. 40 cm x 1 m. Zone 6b (4b à 2a en site protégé).

GENRE APPARENTÉ : ❧ Chamaecytisus purpureus, syn. Cytisus purpureus (cytise pourpré, anglais : Purple Broom) : récemment séparée de genre Cytisus à cause notamment de la couleur surprenante de ses fleurs : lilas pourpré et de sa préférence pour les lieux plus humides, abrités du soleil. Superbe couvre-sol, à croissance complè­ te­ment rampante. Fleurit abondamment tout le long de ses longs rameaux. Feuilles trifoliées vert foncé. Préfère la mi-ombre au plein soleil. Sols riches, humides mais bien drainés, acides à neutres. 50 cm x 1 m. Zone 5b (4b à 2b en site protégé). 407

Gaulthérie couchée Gaulthérie

couchée

Photo,  médaillon du haut : Jean-Pierrte Bellemarre, Jardin botanique de Montréal.

Gaultheria procumbens

Gaultheria procumbens

V

Noms anglais : Wintergreen. Hauteur à maturité : 10 cm. Diamètre à maturité : illimité. Emplacement : soleil ou ombre. Port : rampant. Sol : tout sol riche en matière organique, de préférence sablonneux et acide, bien drainé mais légèrement humide en tout temps. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : feuillage persistant. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits persistants. Feuillage : persistant. Problèmes : peu fréquents. Faible croissance dans les milieux secs ou alcalins. Taille : peu nécessaire. Multiplication : boutures semiaoûtées, marcottage, division, semences vernalisées. Utilisation : bordure, coin humide, couvre-sol, fondation, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, fruits comestibles, attire les oiseaux frugivores, utilisations médicinales, feuillage parfumé, parfumerie. Zone de rusticité : 2a.

ous connaissez sans doute mieux ce petit arbuste indigène sous le nom de thé des bois, car ses feuilles ont longtemps servi à faire un suc­ cédané du thé. La gaulthérie couchée est l’un des meilleurs couvre-sols qui soit pour notre climat, car elle est rigoureusement rustique, son feuillage est dense et persistant, et sa couverture très égale. Les feuilles ovales de 3 à 5 cm de longueur sont vert foncé luisant, rougeâtres dessus, pourprées l’hiver. Elles sont portées sur des tiges dressées aux extrémités, rampantes ailleurs. Elles s’enracinent au contact du sol, créant le tapis de verdure tant recherché. Les petites clochettes blanches, légèrement parfumées, appa­ raissent vers le milieu ou la fin du printemps et durent assez longtemps. Les fruits rou­ ges sont gros, voyants et persistants. Mûrissant en août, ils sont souvent encore présents le printemps suivant, à la fonte des neiges. Les fruits sont comestibles et très aromatiques. D’ailleurs, toute la plante est odoriférante : froissez-la et vous verrez. On extrait des fruits et des feuilles l’essence de wintergreen (du nom anglais de cette plante), une huile essen­tielle à odeur balsamique, utilisée notamment en par­fumerie et par différentes indus­tries pour aromatiser des gommes, toniques, désodo­ris­ants, etc. L’huile a aussi des uti­li­­sations médicinales.

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Au ras du sol

La gaulthérie couchée est « de culture facile »… mais seulement si vos conditions lui conviennent. Il lui faut absolument un sol au moins quelque peu acide, bien drainé tout en étant toujours un peu humide ; elle tolère même un sol très acide et aurait pu facilement avoir sa place dans le chapitre Dans un sol acide. Si vous lui assurez de l’acidité et de l’humidité sans l’inonder, elle croîtra sans problème au soleil comme à l’ombre. D’ailleurs, on l’utilise souvent au pied des conifères, où la grande acidité et le manque de lumière limitent vos choix. Un paillis est toujours utile là où le sol ris­que de s’assécher. Autrement son entretien est… nul ! L’espèce croit abondamment, surtout sous le couvert des conifères, presque partout dans le nord-est de l’Amérique du Nord, mais il est toutefois difficile de transplanter cet arbuste à partir de l’état sauvage car il fait peu de racines et la motte s’émiette. Mieux vaut plutôt prélever une bouture ou déterrer une petite marcotte. Par contre, les plants cultivés en pot se transplantent sans peine.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Gaultheria repens (gaulthérie couchée, thé des bois) : voir la description ci-dessus. Il n’existe aucun cultivar couramment commercialisé de cette espèce. 10 cm x illimité. Zone 2a.

Photo : Raymond Gagnon, Jardin botanique de Montréal.

AUTRES ESPÈCES : Le genre Gaultheria est très vaste, mais provient surtout des montagnes d’Amérique du Sud et d’Amérique Centrale, donc subtropical ou presque. Les plantes décrites ici sont parmi les rares espèces qui s’adaptent aux climats tempérés froids. G. hispidula, syn. Chiogenes hispidula (gaulthérie hispide, petit thé, anglais : Creeping Pearlberry, Snowberry) : espèce plus nordique, indigène de l’Alaska jusqu’au Labrador. Comme une mini-gaulthérie couchée à fruits blancs, avec les mêmes arômes et utilisée aux mêmes fins. Tiges complè­tement prostrées et couvertes de poils comme l’envers des feuilles persis­tantes et charnues, d’un vert mat. Les fleurs en clochette sont petites, blanches à roses, tandis que les fruits blanc perle sont souvent plus gros que les feuilles ! Fort intéressante dans les milieux acides humides. Contraire­ment à sa cousine, elle tolère et préfère même les sols détrempés. Cepen­dant, l’espèce est peu commercialisée présentement. 5 à 8 cm x illimité. Zone 1a. ❧ G. miqueliana (gaulthérie de Miquel, anglais : Miquel Wintergreen) : l’une des ra­res gaulthéries asiatiques, elle porte des feuilles oblongues, crénelées, très lui­san­ tes et de courts épis de fleurs blanches ou roses, suivis de baies comestibles blan­ ches. Toute la plante est aromatique. Peu connue au Québec, mais se compor­tant merveilleusement au Jardin botanique de Montréal. 30 cm x illimité. Zone 5b ? GENRE APPARENTÉ Epigaea repens (épigée rampante, fleur de mai, anglais : Mayflower) : petit arbuste de nos sous-bois, aux branches prostrées et ramifiées, et aux feuilles coriaces vert foncé et poilues. Fleurs campa­nu­lées blanches ou roses, très par­ fumées au printemps, suivies de baies blanchâtres à l’été. Encore plus difficile à transplanter à partir de l’état sauvage que la gaulthérie couchée, mais consti­ tuant un superbe couvre-sol dans les emplacements qui lui convien­nent : à l’ombre ou à la mi-ombre, dans un sol humide et acide. Fleur emblème de la Nouvelle-Écosse. Peu disponible com­ mercialement… mais abon­dante dans nos forêts ! 10 à 15 cm x 60 cm. Zone 2a. Epigaea repens

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Genêt de Lydie

Genista lydia

L

es genêts (Genista) ressem­ blent énormément aux cytises (Cytisus), présentés dans une fiche précédente, à tel point que, devant un genêt ou un cytise inconnu, il faut examiner les graines avec une bonne loupe pour les distin­guer : les cytises ont une graine à petite bosse, alors que celles des genêts n’en ont pas. Côté pratique, chez plu­ sieurs genêts (pas tous), la photo­synthèse se fait par les tiges vertes et les feuilles sont peu nom­ breu­ ses ou très réduites. Si l’arbuste semble sans feuillage en plein été, c’est probablement un genêt. Par contre, durant la flo­rai­ son, les deux sont pa­reils, avec d’abondantes fleurs jaune vif en forme de pois de senteur. Le genêt de Lydie en est un bon exemple : on ne voit même plus ses tiges densément chargées des fleurs qui commencent en juin. Les abeilles les adorent !

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Genêt

de Lydie Genista lydia Noms anglais : Lydia Woadwaxen. Hauteur à maturité : 40 cm. Diamètre à maturité : 90 cm. Emplacement : soleil. Port : étalé. Sol : ordinaire à pauvre, très bien drainé, même sec, acide à légèrement acide à alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison printanière/estivale. Intérêts secondaires : port intéressant. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise. Supprimer les dommages hivernaux au printemps. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures semi-aoûtées, marcottage, semences vernalisées. Utilisation : bord de mer, bordure, couvre-sol, fonda­ tion, isolé, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille. Zone de rusticité (site exposé) : 5a. Zone de rusticité (site protégé) : 4b à 2b.

Au ras du sol

Si durant la floraison, on voit surtout un monticule de fleurs, après, il ne reste qu’un curieux arbuste aux tiges vertes et angulaires, très arquées, apparemment sans feuilles. De loin, on dirait un genévrier très aéré. En fait, de près, on remarque qu’il y a bel et bien des feuilles étroites gris vert, mais très, très petites, presque comme des aiguilles collées aux tiges. Les petites cosses aplaties, comme des gousses de pois, sont peu visibles. Il n’y a aucune coloration automnale spéciale… mais les tiges demeurent vertes jus­qu’à l’arrivée de la neige… et sont déjà vertes lorsqu’elle fond au printemps. Pour l’entretien et l’utilisation du genêt de Lydie, je vous suggère de retourner en arrière de quelques pages et de lire la fiche sur les Cytisus. Tout est pareil : même besoin d’un emplacement ensoleillé et sec, avec un sol pauvre, même absence d’ennemis, etc. Le genêt de Lydie est toutefois naturellement plus rustique que le cytise prostré, croissant en zones 5a et 5b même sans neige. Sous une bonne couver­te de neige, par contre, il peut pousser jusqu’en zone 2b.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Genista lydia (genêt de Lydie) : voir la description ci-dessus. On ne lui connaît pas de cultivars. 40 cm x 90 cm. Zone 5a (4b à 2b en site protégé).

AUTRES ESPÈCES : Il y a près presque 100 espèces de genêts, mais peu conviennent à notre climat. Vous trouverez toutefois d’autres espèces rustiques dans le chapitre Sous les conditions extrêmes. Je décris ici quelques espèces tapissantes ou de rocaille. ❧ G. depressa (genêt déprimé, Anglais : Ground Woadwaxen) : mini-genêt utilisé en rocaille. Forme un tapis couvre-sol de feuilles linéaires poilues, vert gris, et se recouvre de fleurs jaunes au printemps. 5 cm x 30 cm. Zone 5b. ❧ G. pilosa (genêt poilu, genêt velu, genette, anglais : Silkyleaf Woadwaxen) : cette petite espèce s’étale sur le sol pour former un dense monticule rappelant un genévrier horizontal… lorsqu’il n’est pas en fleurs. Comme les autres genêts, elle se recouvre à la fin du printemps de fleurs jaunes, qui durent plusieurs semaines et s’étirent au début de l’été. Ses feuilles simples, sans pétiole, vert riche, sont petites, mais plus visibles que celles du genêt de Lydie. Les tiges et l’envers des feuilles sont couverts de courts poils, d’où les noms communs et botani­ques. Les feuilles sont semi-persistantes. Gousses de 2,5 cm. Un peu comme avec les cytises, on peut compenser sa rusticité relativement faible par une bonne couche de neige, ce qui permet de cultiver facilement cette plante dans les régions assez froides. 30 à 45 cm x 1 m. Zone 5b (4b à 3b en site protégé). ❧ G. pilosa ‘Goldilocks’ : variété plus dressée, mais autrement identique à l’espèce. Sa plus grande hauteur limite toutefois son utilisation dans les ré­gions plus froides, les extrémités ayant tendance à geler lorsque la plante n’est pas entièrement couverte de neige. 60 cm x 1 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ G. pilosa ‘Gold Flash’ : croissance rapide et couvrant une grande surface. Feuilles plus grandes. 30 cm x 1,5 m. Zone 5b (4b à 3b en site protégé). ❧ G. pilosa ‘Vancouver Gold’ : le cultivar le plus courant. Plante rampante très prostrée, aux feuilles très petites. Un tapis de fleurs jaunes pendant plus d’un mois ! 30 à 45 cm x 1 m. Zone 5b (4b à 3b en site protégé). ❧ G. radiata (genêt rayonnant, anglais : Spanish Woadwaxen) : autre genêt couvre-sol, atteignant environ 30 cm de hauteur sous notre climat, et formant un coussin de minces tiges vertes autour desquelles « rayonnent » de minces feuilles vertes. Fleurs jaunes. Gousses aplaties. 30 cm x 60 cm. Zone 5b. ❧ G. subcapitata (genêt subcapité, anglais : Subcapitate Woadwaxen) : petit genêt de rocaille. Feuilles étroites trifoliées duveteuses. Fleurs jaunes en abondance au début de l’été. 6 cm x 30 cm. Zone 5b.

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Paxistima de Canby

Paxstima canbyi

C

e petit arbuste des mon­ tagnes de Virginie, encore inconnu il y a peu de temps, commence à se faire des amis. Il ressemble à une petite pruche au port étalant et particu­ lièrement dense, mais ce n’est absolument pas un conifère. D’ailleurs, de près, on réalise que les « aiguilles » sont de véritables feuilles, même den­ tées sur le bord, un peu comme un mini-houx. Cette apparence « d’aiguille » est due au fait que les bords de la feuille s’enrou­ lent souvent vers le bas. Les Américains l’appellent parfois le buis du jardinier du Nord, « Northerner’s Boxwood », car il remplace bien le buis dans les aménagements où il tend à geler, et peut même être taillé pour former des mini-haies rectangulaires.

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Paxistima

de

Canby

Paxistima canbyi Noms anglais : Canby Paxistima, Cliff Green, Rat-stripper. Hauteur à maturité : 30 à 40 cm. Diamètre à maturité : 1 à 1,5 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : étalé. Sol : tout sol bien drainé et légèrement humide, même pauvre ou rocailleux, acide à alcalin. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : port dense. Intérêts secondaires : feuillage persistant. Feuillage : persistant. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : Boutures herbacées ou aoûtées, division, marcottage. Utilisation : bordure, couvre-sol, fondation, isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille. Zone de rusticité (site exposé) : 6a. Zone de rusticité (site protégé) : 4b à 2a.

Au ras du sol

En isolé, il forme un monticule bas au sommet aplati, produisant des multitu­ des de minces tiges entièrement couvertes de petites feuilles très étroites vert foncé, ce qui lui donne une texture très fine. Les feuilles sont persistantes et deviennent pourprées l’hiver. Les tiges sont dressées au début, puis retombent à sa base et prennent racine en grandissant. Ainsi, le paxistima s’élargit peu à peu dans tous les sens, mais ne monte que peu ou pas. Par ses stolons souterrains, il produit aussi à l’occasion des drageons à une certaine distance du plant mère. On peut les enle­ver au besoin, mais on les apprécie beaucoup lorsque le paxistima est utilisé com­me couvre-sol. Ni les petites fleurs verdâtres qui apparaissent au printemps, ni les petites capsules blanches qui suivent ne sont très voyantes. En fait, la plante est tout simplement une masse verte à l’année, un peu plus pourprée l’hiver. Mais en fait, que veut-on de plus d’un couvre-sol ? Côté culture, presque tout lui convient. Son emplacement idéal est le plein soleil dans un sol riche et humide, mais l’arbuste croît aussi bien, mais plus lentement, dans les sols pauvres. Dans la nature, on le trouve autant dans les sols acides que calcaires et en culture, il s’adapte également à ces deux types de sol. Bien qu’il soit très fourni à mi-ombre, il pousse bien à l’ombre, mais de façon moins dense et vigoureuse. A-t-il des défauts ? Oui, surtout deux : en vieillissant, après environ 12 à 15 ans de culture, il tend à se dégarnir du centre. Lorsque l’on rabat la plante, ce problème disparaît pour une autre période de 12 à 15 ans. Ensuite, il semble exiger une couverture de neige. En zones 2a à 4b, pas de problème, car le paxistima est l’un des rares arbustes qui se portent souvent mieux dans le nord que dans le sud du Québec où la neige n’est pas fiable. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Paxistima canbyi (paxistima de Canby) : voir la description ci-dessus. On ne lui connaît aucun cultivar ou variété. 20 à 30 cm x 1 à 1,5 m. Zone 6a (4b à 2a) » AUTRE ESPÈCE : Paxistima est un tout petit genre nord-américain, avec seulement 2 espèces. Voici la deuxième : ❧ Paxistima myrtifolia, syn. P. myrsinites (paxistima à feuilles de myrte, buis d’Oregon, anglais : Mountain Lover, Oregon Paxstima canbyi Boxwood) : similaire à son cousin de l’Est à bien des égards, le paxistima à feuilles de myrte est toute­fois une plante plus basse, nettement prostrée, aux feuilles plus lon­gues et plus larges. Que je sache, n’ayant jamais été essayée au Québec, sa rusticité est inconnue. Les Américains suggèrent la zone 5 (6 pour nous), mais il serait intéressant de l’essayer sous nos conditions. 5 cm x 1 m. Zone 6 ?

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Rosier couvre-sol

Rosa ‘The Fairy’

L

Rosier

couvre-sol

’idée de base d’un rosier Rosa spp. couvre-sol est un rosier à crois­­­sance étalante, mais aussi Noms anglais : Groundcover Rose. d’entretien minimal. Pour cette Hauteur à maturité : 40 cm à 2 m. raison, il faut des plan­tes ré­sis­ Diamètre à maturité : 40 cm à 2,5 m. Emplacement : soleil. tant aux insectes et aux ma­ladies, Port : évasé à rampant. très rustiques, flo­rifères, à feuil­ Sol : tout sol bien drainé, même légèrement alcalin, mais lage dense et, si pos­sible, portant préfère un sol riche et légèrement acide. Résistant au sel des fruits à l’au­­tomne. Si seule­ et au compactage. ment tous les rosiers étaient aussi Disponibilité : excellente à peu disponible, selon les cultivars. faciles ! Intérêt principal : floraison estivale. Par contre, le rosier couvreIntérêts secondaires : fruits colorés persistants. sol parfait n’a pas encore été Coloration automnale. dé­ veloppé. Si les variétés sui­ Feuillage : caduc. vantes sont toutes « bonnes », car Problèmes : sujet à certains insectes et maladies, mais j’ai éli­ miné d’office les variétés rarement assez pour nécessiter des traitements. à crois­ sance faible, à floraison Taille : peu fréquente. Supprimer les dommages hivernaux non re­mon­­tan­te, etc., la plupart au printemps. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Suppression facultative présentent quand même un des fleurs fanées. ou deux dé­ fauts : une « petite » Multiplication : boutures herbacées, division. Semences suscepti­ bilité à la tache noire, vernalisées (espèces seulement). par exemple, ou un peu de gel Utilisation : bord de mer, bordure, couvre-sol, fondation, hi­ ver­ nal. Dans ce dernier cas, isolé, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, fleur l’ar­buste doit ré­pon­dre au critère parfumée, fleur coupée, fleur séchée, fruits comestibles, suivant : s’il est un peu gélif, il attire les oiseaux frugivores, utilisations médicinales. doit au moins avoir la capacité Zone de rusticité : variable selon le cultivar : 6 à 2a. de camoufler lui-même les dom­ ma­ges hivernaux par une crois­sance vi­gou­reuse. J’essaierai de souligner dans ce texte les points forts et faibles de cha­que rosier choisi.

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VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Vous ne trouverez ici qu’une liste relativement courte de rosiers, surtout des idées pour le jardinier qui veut incorporer quelques rosiers couvre-sol dans son aména­ gement, mais il y en a des centaines d’autres… et plusieurs des rosiers arbustifs plus classiques peuvent aussi jouer ce rôle. ❧ Rosa ‘Bountiful Abundance’ : port prostré. Masses de fleurs doubles, rose corail, tout l’été. 30 m x 1 m. Zone 5 (4 en site protégé). ❧ R. ‘Captain Samuel Holland’ : série Explorateur. Fleurs doubles, rouge moyen, légèrement parfumées, produites tout l’été. Parfois, légers dommages hivernaux dans les sites exposés. Bonne résistance au blanc et à la tache noire. 60 cm x 1,8 m. Zone 3b. ❧ R. ‘Carefree Delight’ : gagnant d’un prix All American Rose Selections, en 1996. Fleur simple en coupe, rose carmin à œil blanc crème. Léger parfum. Bonne résistance aux maladies. Feuillage vert foncé. Petits fruits rouges à l’automne. 75 cm x 1,5 m. Zone 5 (4 en site protégé). ❧ R. ‘Charles Albanel’ : série Explorateur. Fait un tapis bas très résistant à la tache noire et au blanc. Fleur double parfumée, rouge moyen. Floraison prin­ ci­pale au début de l’été, mais avec des floraisons sporadiques jusqu’aux gels. Gros fruits rouges. Dommages hivernaux très rares, même en zone 2. 50 cm x 1 m. Zone 2. ❧ R. ‘Henry Kelsey’ : série Explorateur. Fleurs doubles, rouge pur, au parfum épicé, présentées en grappes. Fleurit en juin et encore en août et septembre. Conçu comme rosier grimpant, mais s’étalant très bien sans support. Résistant au blanc, mais légèrement susceptible à la tache noire. 80 à 1,5 m x 2 à 2,5 m. Zone 2. ❧ R. ‘John Davis’ : série Explorateur. Grappes de fleurs rose moyen, très doubles, ressemblant à des roses anciennes. Floraison continuelle du mois de juin au mois d’août. Feuillage coriace et luisant. Résistant au blanc et à la tache noire. Quelques dommages hivernaux, mais vite compensés par la repousse. 2 m x 2 à 2,5 m. Zone 2b. ❧ R. ‘Louis Jolliet’ : série Explorateur. Grappes de fleurs doubles, rose moyen, au parfum épicé. Presque toujours en fleurs. Fruits rouge orangé. Port semirampant. Résistant à la tache noire et au blanc. Dommages hivernaux mineurs en zones 2 et 3. 1 m x 1,2 m. Zone 2b. ❧ R. ‘Marie-Victorin’ : très double, aux fleurs pêche devenant rose pâle. Floraison constante tout l’été. Petit grimpant faisant un bon rosier rampant. Feuillage vert foncé, luisant. Bonne résistance au blanc et à la tache noire. Parfois dommages hivernaux mineurs en zone 3. 1 m x 1,5 m. Zone 3. ❧ R. ‘Meipelta’ (Fuchsia Meidiland®) : boutons mauve foncé. Fleurs semi-doubles rose fuchsia. Fleurit abondamment tout l’été. Feuillage vert foncé, teinté de bronze. Résistant aux maladies. 60 cm x 1 à 1,3 m. Zone 5 (4 en site protégé).

Au ras du sol

Les rosiers couvre-sol résultent habituellement des croisements entre rosiers arbus­tifs très rustiques et rosiers-buissons d’apparence plus raffinée, notamment les rosiers floribundas, polyanthas et miniatures. Ils offrent donc rarement les grosses fleurs des hybrides de thé et des grandifloras, mais compensent souvent en produi­ sant des quantités imposantes de fleurs plus petites. Pour plus de détails sur la culture des roses, je vous suggère de consulter la fiche Rosiers arbustifs dans le chapitre Des fleurs au cœur de l’été. Pour l’instant, il suffit de savoir que les rosiers couvre-sol préfèrent un sol riche, bien drainé et légèrement aci­ de, le plein soleil (ou à peine un peu d’ombre) et une humidité constante. Donc, un boyau suintant qui vous permet de les arroser sans mouiller le feuillage est un atout majeur. Comme vous voulez un tapis sans entretien et que ces rosiers prennent sou­vent quelques années pour donner une couverture parfaite, il est très important de bien les pailler, car rien n’est plus désagréable que de désherber un tapis de rosiers épineux ! Enfin, achetez toujours des rosiers francs de pied, surtout pour la formation d’un couvresol, car sous notre climat, les pertes hivernales sont énormes chez les rosiers greffés.

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Au ras du sol

❧ R. ‘Meibonrib’ (Magic Meidiland®) : fleurs doubles, rose cerise à base blanc crème, produites en petites grappes tout l’été. Tiges rampantes. Petites feuilles vert foncé, très lustrées. 60 cm x 1,5 m. Zone 5 (4 en site protégé). ❧ R. ‘Royal Edward’ : série Explorateur. Variété semi-naine aux tiges presque prostrées. Boutons rose foncé, fleurs doubles, rose moyen devenant rose pâle. Floraison abondante en juin et assez remontante tout l’été. Résistance au blanc et à la tache noire. 40 cm x 55 cm. Zone 4. ❧ R. rugosa ‘Passion’ (‘Roccoco’) : rosier rugueux produisant tout l’été des fleurs semi-doubles, rose foncé. Bonne résistance aux maladies. 70 cm x 80 cm. Zone 3. ❧ R. rugosa ‘Monte Casino’ (Pink Pavement®) : Rosier rugueux aux tiges étalées. Fleurs semi-doubles, rose saumon tout l’été. Fleurit bien à l’ombre partielle. Très résistant au sel. 60 à 90 cm x 90 cm. Zone 3. ❧ R. ‘Sea Foam’ : énormes masses de fleurs doubles, blanc crème. Refleurit abondamment. Port étalant. Croissance vigoureuse. Petites feuilles luisantes. Excellente résistance aux maladies. 90 cm x 2 m. Zone 5. ❧ R. ‘The Fairy’ : Rosier polyantha, particulièrement rustique. Couvre-sol très populaire, très résistant aux maladies. Petites fleurs doubles, rose pâle, pro­duites constamment tout l’été. Parfum fruité doux. 60 à 75 cm x 60 cm. Zone 4b. ❧ R. ‘The Fairy Damsel’ : autre polyantha, encore plus rampant que le précédent, mais moins connu. Bouquets de fleurs doubles rouge foncé tout l’été. Fruits rouges. 45 cm x 120 cm. Zone 4b.

VARIÉTÉS « PENSEZ-Y BIEN » : Tous les rosiers couvre-sols ne sont pas nécessairement très bien adaptés à notre climat. Ceux décrits ici gèlent terriblement environ un hiver sur 2 ou 3, même en zone 5b, s’ils ne sont pas abrités du vent. Si dans votre région, la température hiver­nale est parfois plus basse que -23 °C, une protection annuelle s’impose. ❧ R. ‘Noala’ Coral Flower Carpet® : fleurs simples, rose corail devenant plus foncé. Léger par­fum. Pétales un peu ondulés. Grap­pes de 20 à 30 fleurs. Feuil­ lage vert foncé luisant, libre de mala­dies. 80 cm x 1 m. Zone 6 (5 en site protégé). ❧ R. ‘Noamel’ Appleblossom Flower Carpet® : masses de fleurs Une protection semi-paresseuse rose pâle tout l’été. Feuillage très Si vous tenez à essayer ces rosiers couvre-sols brillant, résistant aux maladies. Le presque rustiques, vous n’avez qu’à recouvrir plus vigoureux et le plus sain des toute le plantation d’une toile de géo­ textile rosiers Flower Carpet®. 60 à 75 x 1 à plastifié et placer des bri­ques ou des pierres sur 1,5 m. Zone 6 (5 en site protégé). le pourtour pour le fixer solidement. Oubliez la ❧ R. ‘Noare’ Red Flower Carpet®, pro­tection indivi­duelle, elle exige trop d’efforts ! syn. ‘Red Velvet’ : grappes de fleurs semi-doubles, rouge vif au cœur jaune. Fleurit tout l’été. Bonne vigueur et excellen­te résistance aux maladies. 60 à 75 x 1 à 1,5 m. Zone 6 (5 en site protégé). ❧ R. ‘Noaschnee’ White Flower Carpet®, syn. ‘Ophalia’ : abondantes fleurs semi-doubles, blanc pur, légèrement parfumées, tout l’été. Résiste bien à la pluie. Très résistant aux maladies. Feuillage lustré. 45 à 75 cm x 90 à 120 cm. Zone 6 (5a en site protégé, 2b avec protection hivernale). ❧ R. ‘Noason’ Yellow Flower Carpet®, syn. ‘Sunshine’ : fleurs semi-doubles, jaunes devenant crème. Feuilles reluisantes. Excellente résistance aux mala­dies. 60 à 75 cm x 1 à 1,5 m. Zone 6 (5a en site protégé, 2b avec pro­tection hivernale). ❧ R. ‘Noatraum’ Pink Flower Carpet®, syn. ‘Emera’, ‘Carpet Flower’, ‘Pavement’ : grappes de fleurs semi-doubles, rose vif devenant rose pâle. Floraison répétée tout l’été. Parfum fruité à la framboise. Croissance très vigoureuse. Résistant aux maladies. Fleurit bien même à l’ombre. 60 à 75 cm x 90 à 120 cm. Zone 6 (5 en site protégé).

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Saules prostrés

Salix x cottetii

N

ous avons déjà vu des saules arbustifs dans les cha­pitres Des fleurs en début de saison et Attrayants même en hiver, et nous Noms anglais : Groundcover Willows. en verrons d’au­ tres dans Haies Hauteur à maturité : 1 cm x 30 cm, selon l’espèce. à pertes de vue et Comme sur des Diamètre à maturité : 60 cm x illimité, selon l’espèce. échasses. Il y avait même des Emplacement : soleil ou mi-ombre. saules couvre-sols dans le chapi­ Port : rampant. tre Un feu de cou­ leurs… mais Sol : tout sol humide à très humide, acide à alcalin. admettons que leur beau feuil­ Tolère mal le compactage. lage argenté était le premier Disponibilité : faible. at­ t rait, leur port couvre-sol Intérêt principal : port prostré. ve­ nant seulement en deuxième Intérêts secondaires : floraison printanière. lieu. Mais que voulez-vous ? Feuillage : caduc. Avec 300 espèces différentes, le Problèmes : chancre, kermès, autres insectes et maladies. genre est très vaste et offre de très Taille : peu nécessaire. Après, si requise, tailler pour fa­vo­ riser une croissance plus dense. Taille de rajeunis­se­ment nom­breu­ses possibilités. sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Ce groupe de saules est l’un Multiplication : boutures herbacées, marcottage, des moins bien con­nus. La plu­ semences fraîches (espèces seulement). part des jardiniers n’ont jamais Utilisation : bordure, coin humide, couvre-sol, isolé, mas­ vu un sau­ le prostré, même si sif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille. l’Arctique et les montagnes du Zone de rusticité : variable, selon l’espèce : 1 à 5b. monde entier en comptent des dizaines d’espèces. Les plus petits des saules prostrés sont un choix naturel pour la rocaille ou le jardin alpin, mais les plus gros, font d’excellents couvre-sols denses et à croissance très rapide. Je dois cependant admettre que je les trouve à leur meilleur lorsqu’ils retombent d’un

Saules

prostrés Salix x cotteti et autres

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Au ras du sol

muret : une véri­table cascade ! D’ailleurs, plusieurs de ces saules sont vendus greffés en tête pour en faire de petits arbustes pleureurs. Les saules ont la réputation d’être des plantes faciles à cultiver. Donnez-leur tout simplement un sol bien drainé, mais toujours un peu humide, plein soleil ou presque, et ils seront contents. Pré­voyez alors de l’espace pour leur développement futur… ou soyez prêt à utiliser le sécateur. Tous se multiplient très facilement, car le plus souvent, une tige insérée en pleine terre s’enracine. Tous ces saules se marcottent plus facile­ment encore au contact du sol, et il ne vous reste qu’à déterrer une marcotte déjà enracinée, la détacher du plant mère et la transplanter ailleurs. Côté maladies et insectes, les saules ont mauvaise réputation… mais c’est plutôt un problème avec les grands saules. Les variétés couvre-sol présentent rarement des problèmes notables.

ESPÈCES RECOMMANDÉES : ❧ Salix x cottetii (saule de Banker, anglais : Banker’s Willow) : ce croisement naturel entre S. myrsinifolia et S. retusa provient des Alpes européennes et c’est l’un des saules prostrés les plus spectaculaires. Ses tiges courent sur le sol, s’élevant seulement aux extrémités et uniquement de quelques centimètres. Les feuilles sont longues, étroites, vert brillant, plus pâles au revers. Au printemps, il produit de jolis chatons argentés avant l’apparition des feuilles. Il a une croissance phénoménale de parfois 2 m par année ! C’est de loin l’arbuste couvre-sol qui s’étend le plus rapidement ! Souvent vendu greffé en tête comme arbuste pleureur. 25 cm x illimité. Zone 4. ❧ S. x grahamii ‘Moorei’ (saule lustré nain, anglais : Glossy Dwarf Willow) : petit saule utilisé en rocaille. Hybride naturel. Branches principales prostrées avec de petits rameaux dressés, formant ainsi un joli monticule dense. Chatons gris, femelles. Feuilles vert foncé, luisantes, devenant jaunes à l’automne. Zone 5. 10 à 30 cm x 60 cm. ❧ S. lindleyana (saule de Lindley, anglais : Lindley Willow) : tout petit saule, utilisé dans les rocailles et les auges. Tiges prostrées. Petits chatons dressés, rougeâtres, devenant noirs. Feuilles minuscules, vert foncé, luisantes, formant un tapis dense. Zone exacte inconnue, mais réussissant bien à Montréal. 10 cm x 60 cm. Zone 5b ? ❧ S. nakamurana yezoalpina, syn. S. yezoalpina (saule alpin nain, anglais : Dwarf Alpine Willow) : très populaire chez les amateurs de plantes alpines. Grandes feuilles presque arrondies, vertes, luisantes, aux nervures enfoncées, jaunes à l’automne : elles ressemblent presque davantage à des feuilles de cornouiller qu’à des feuilles de saule ! Port prostré. Tiges pourprées. En même temps que les feuilles au printemps, chatons dressés gris, rehaussés d’étamines jaunes sur les sujets mâles. Superbe tombant en casca­de ! Zone 5. 8 à 10 cm x 1,5 m. S. reticulata (saule réticulé, anglais : Net-vein Willow) : petit saule pa­narc­ tique très nain, aux tiges rampantes et aux feuilles elliptiques, presque rondes, vertes et luisantes : les nervures très enfoncées leur donnent une très jolie texture. Chatons allongés gris. Zone 1. 6 cm x 1 m. ❧ S. x ‘Silver Falls’ : je n’ai pas trouvé beaucoup de renseignements sur ce saule prostré, aux feuilles argentées et aux chatons jaunes. Habituellement vendu greffé en tête. 25 cm x 1,2 m. Zone 3. S. uva-ursi (saule raisin-d’ours, anglais : Bearberry Willow) : petit saule de rocaille, indigène au Québec et dans toutes les régions froides et arctiques de l’Amérique. Forme un tapis dense très bas de petites feuilles arrondies, luisantes, ressemblant, comme son nom le suggère, aux feuilles du raisind’ours (Arctostaphylos uva-ursi). Impressionnants chatons rouges au printemps. 1 à 5 cm x 60 cm. Zone 1.

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Stéphanandra crispé

Stephanandra incisa ‘Crispa’

Stéphanandra

crispé

Stephanandra incisa ‘Crispa’ Noms anglais : Dwarf Cut-leaf Stephandra. Hauteur à maturité : 45 à 90 m. Diamètre à maturité : 1,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : évasé, semi-pleureur. Sol : tout sol légèrement humide et bien drainé, plutôt acide qu’alcalin. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : excellente. Intérêt principal : port semi-pleureur. Intérêts secondaires : feuillage fin. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : peu nécessaire. Suppression des branches trop longues ou abîmées au printemps. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, division, marcottage, semences vernalisées. Utilisation : bordure, couvre-sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois. Zone de rusticité (site exposé) : 3b. Zone de rusticité (site protégé) : 2b.

U

n arbuste ne doit pas tou­ jours être extra­o rdi­n aire pour être populaire. La preuve ? Le stéphandra cris­ pé que l’on voit dans presque tous les amé­ nagements, sans pourtant être si saisissant qu’il attire toute l’at­ tention. Au con­ traire, son ap­pa­ren­ce «  ordinaire  », toujours at­trayante sans jamais briller, en fait un excellent arbuste « bouchetrou » : il remplit bien un espace tout en laissant les autres plantes prendre la ve­dette, comme tout bon couvre-sol. Cet arbuste d’origine asia­ tique s’emploie surtout comme couvre-sol, notamment dans les pentes et sur des murets pour profiter de son port pleureur. On peut aussi l’utiliser en isolé ou même en faire une haie libre, basse. Ce que l’on aime surtout, c’est son port arqué très léger. Ses nombreux rameaux brun roux, très minces et un peu en

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Au ras du sol

zigzag s’arquant jusqu’au sol, lui donnent un certain charme, même l’hiver. Lors­que les feuilles d’abord rougeâtres, puis vert moyen l’été apparaissent, elles prennent le peu de vedettariat qu’offre le stéphandra : petites, trilobées mais profondément incisées, elles continuent le thème du « très léger » commencé par les tiges. Les fleurs, blanc crème en panicules terminales ouvertes, sont peu voyantes : elles sont là, généralement en abondance, mais peu de gens les remar­quent, même pas leur propriétaire. Les fruits n’ajoutent rien à l’apparence de la plante, sans rien lui enlever. Le feuillage devient vaguement rouge pourpré ou rouge orangé à l’autom­ne : comme en d’autres saisons, la couleur est là, sans parti­culièrement attirer les regards. Une des raisons de la grande popularité du stéphandra est sa culture facile. S’il préfère un sol riche et humifère, bien drainé mais toujours un peu humide, il s’accommode en fait de tous les sols non détrempés. Soleil ou mi-ombre ? Cela lui est égal. Sa croissance est dense, et rares sont les mauvaises herbes qui réussissent à s’établir sous un stéphandra. Bien que certains auteurs lui attribuent une cote zonière de 5b « seulement », il semble bien croître au moins jusqu’en zone 3b, parfois avec quelques dommages hivernaux, mais rien de terrible. On le voit même utilisé en zones 2b et 3a où les dommages hivernaux sont par contre souvent un peu plus sévères, mais faciles à corriger par la taille. Un emplacement abrité est approprié dans ces régions. La multiplication de cet arbuste est facile, car ses branches arquées s’enracinent en touchant le sol et il est aussi drageonnant : vous n’avez qu’à couper les marcottes ou drageons. Il se bouture aussi très bien. Le stéphandra ne semble connaître aucun problème d’insecte ou de maladie. La seule ombre à son tableau, c’est qu’il est un peu envahissant par ses marcottes et ses drageons. Il est par contre facile à contrôler… et d’ailleurs, c’est bien pour sa capacité de remplir tout son espace qu’on le cultive comme couvre-sol ! Atten­tion aussi aux endroits trop venteux où les minces tiges se dessèchent parfois.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ S. incisa ‘Crispa’, syn. S. incisa ‘Crispa Nana’ (stéphandra crispé) : de loin plus populaire que l’espèce : c’est le stéphandra de nos parcs et aménagements. 45 à 90 m à 1,5 m. Zone 3b (2b en site abrité). ❧ S. incisa (stéphanandra incisé, anglais : Cut-leaf Stephandra) : il s’agit de l’espèce d’origine, à feuilles plus grosses et moins découpées que ‘Crispa’, mais autrement semblable. Plus populaire comme écran ou haie que comme couvre-sol, mais pouvant servir quand même à bien des sauces. On le voit cependant peu dans le commerce. Sa rusticité plus faible en fait un moins bon arbuste d’utilisation générale. 1,2 à 1,5 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ S. incisa ‘Oro Verde’ : comme S. incisa, mais à feuilles moins découpées. 1 m x 1,5 m. Zone 4b. AUTRE ESPÈCE : Des trois autres espèces de Stephanandra, seule la suivante semble présentement cultivée : ❧ S. tanakae (stéphanandra de Tanakae, anglais : Tanakae Stephanandra) : beaucoup moins connue, cette espèce produit des feuilles vert tendre presque deux fois plus grosses que celles du stéphanandra incisé ou crispé, à 3 ou 5 lobes, et très dentées, avec nervures enfoncées. Meilleure coloration automnale : rouge orangé nettement plus vif. Les fleurs aussi sont plus grosses, mais pas plus voyantes. Le port est aussi arqué l’espèce et celle-ci plus drageonnante. 1,5 à 3 m x 3 m. Zone 4b.

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Sumac aromatique

Rhus aromatica

Sumac

aromatique

I

l est difficile de croire que ce sumac est apparenté aux grands sumacs avec feuilles pen­ Noms anglais : Fragrant Sumac. nées d’allure si tropicale et au Hauteur à maturité : 60 cm à 120 cm. port en parasol, décrits dans Diamètre à maturité : 2 à 3 m. le chapitre Un feu de couleurs à Emplacement : soleil ou mi-ombre. l’au­tomne. En effet, cet arbuste à Port : globulaire, irrégulier. crois­­­sance ra­mas­sée et aux petites Sol : tout sol bien drainé et plutôt acide, même les sols secs. Tolère mal le compactage. Résistance au sel. feuilles tri­ lobées fait davantage Disponibilité : moyenne. penser à… l’herbe à la puce (voir Intérêt principal : couvre-sol. Espèces dé­con­seillées ci-dessous), Intérêts secondaires : floraison printanière. aussi un pro­ che parent. Mais Fruits à l’automne. Coloration automnale. le sumac aro­ ma­ tique est bel et Feuillage : caduc. bien un petit sumac, indigène Problèmes : peu fréquents. Sujet à la brûlure hivernale de surcroît. Au Québec, on ne le dans les endroits exposés. retrouve que dans l’Outaouais, Taille : suppression des dommages hivernaux au mais il est abondant en Ontario et printemps. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. aux États-Unis, jusqu’en Floride. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, boutures C’est un arbuste aux mul­ de racine, division, marcottage, semences vernalisées. tiples branches principales Utilisation : arrière-plan, bordure, couvre-sol, écran, érigées, couchées et enracinées fondation, isolé, haie, massif, muret, naturalisation, à la base. Il produit aussi des pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, feuilles ra­ meaux hori­ zontaux et atteint parfumées, attire les oiseaux frugivores. souvent en­tre 2 et 3 m de hauteur Zone de rusticité (site exposé) : 4a. sous des cieux plus cléments, Zone de rusticité (site protégé) : 3a. mais envi­ ron 1,2 m à maturité sous notre climat. Ses feuilles, vert moyen, ont trois folioles dentées. Elles sont aromatiques lorsque froissées ou écra­ sées, tout comme les tiges, d’où ses noms

Rhus aromatica

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Au ras du sol

communs et botaniques. La coloration au­tom­­nale est saisissante et persiste plusieurs semaines : tout l’arbuste devient d’un rouge ou rouge pourpré flamboyant dès septembre. Les chatons jaunes, mâles et femelles portés sur des plants différents, appa­rais­ sent avant le feuillage, tôt au printemps, les fleurs mâles étant les plus specta­culaires, mais par contre, les fruits rouges, mûrissant en août et persistant une partie de l’hiver, ne paraissent que sur les plants femelles. Un mélange assez équilibré de plants des deux sexes serait donc attrayant dans un aménagement. Cet arbuste est fort intéressant comme grand couvre-sol, en haie libre ou pour la naturalisation et la stabilisation des pentes. On l’utilise aussi beaucoup pour attirer les oiseaux, car s’ils mangent ses fruits, ils semblent également apprécier le gîte qu’il offre. Dans les aménagements plus contrôlés, une barrière enfoncée dans le sol gardera cette plante envahissante à sa place. Sa culture est simple : il s’adapte au soleil comme à la mi-ombre, et tout sol non détrempé semble lui convenir, même le plus pauvre, bien qu’il semble préférer les sols légers aux sols lourds. Il se marcotte et drageonne abondamment, offrant donc une source facile de nouveaux plants. On peut aussi bouturer les tiges ou même les racines. Il peut parfois souffrir de taches foliaires ou d’autres infestations mineures, mais rien de très sérieux ni de très fréquent. Enfin, choisissez toujours un plant produit à partir d’un clone réputé pour sa bonne rusticité. Plusieurs des cultivars venant du sud des États-Unis se sont montrés très gélifs sous notre climat.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Avis aux pépiniéristes : il manque actuellement sur le marché un cultivar mâle. Sans un mâle dans les environs, les cultivars actuels, tous des femelles, ne produisent pas de fruits (ou si peu, car parfois le pollen d’un autre Rhus réussit un peu), ce qui est bien dommage ! Rhus aromatica (sumac aromatique) : voir la description ci-dessus. 60 cm à 120 cm x 2 à 3 m. Zone 4a (3a en site protégé). ❧ R. aromatica ‘Gro-Low’ : de loin le plus populaire des sumacs aromatiques, un couvre-sol nain mais couvrant une grande surface assez rapidement. Fruits rou­ ges… lorsqu’un mâle est présent ! 60 cm x 2 à 3 m. Zone 4a (3a en site protégé). VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ R. aromatica ‘Konza’ : femelle à croissance dense… mais insuffisamment rustique pour notre climat. 3 m x 2 à 3 m. Zone 6.

AUTRES ESPÈCES : ❧ R. trilobata (sumac trilobé, anglais : Skunkbush Sumac) : arbuste très similaire, essentiellement la version occidentale (Californie, Colombiebritannique, etc.) de notre espèce indigène. Feuilles plus petites et souvent moins dentées. Aromatique, d’accord… mais à odeur de mouffette ! 1 à 2 m x 2 à 3 m Zone 5b (4b en site protégé). ESPÈCE À ÉVITER : Toxicodendron radicans, syn. R. radicans (herbe à la puce, sumac vénéneux, anglais : Poison Sumac, Poison Oak) : plante indigène, habituellement arbustive sous notre climat, avec feuilles à 3 folioles, semblables à celles du sumac aromatique, mais plus grosses et plus luisantes, et aux fruits blancs. Une forte proportion de la population est allergique à sa sève qui peut provoquer de graves dermatites. Même frôler les feuilles ou aspirer la fumée de tiges jetées au feu suffisent pour provoquer une réaction ! Mieux vaut acheter des sumacs à trois folioles comme R. aromatica qu’essayer de les récolter à l’état sauvage de peur de ramasser accidentellement cette espèce. 30 cm à 1 m x illimité. Zone 3a.

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ARBUSTES « AU NATUREL »

C

’est une chose d’aménager un ter­rain selon un plan établi, en plantant ici et là des arbustes, des plates-bandes, des pelouses, etc. afin de créer un petit milieu b.c.b.g. (bon chic, bon genre) autour de sa mai­son. Mais tenter de recréer un milieu plus naturel sur son terrain, proche de l’en­vi­ ronnement du secteur, est une toute autre chose. Votre but ne consiste pas tant à l’aménager pour la beauté que pour recréer la nature sans trop d’intervention humaine, un milieu où les plantes poussent plus ou moins à leur guise et qui attire une faune trop souvent chassée de nos parcs et terrains privés (oiseaux, mammifères, insectes, etc.). Ce n’est donc pas avec des arbustes au feuillage pourpre et aux fleurs si transformées par l’homme qu’elles ne produisent même plus de nectar que vous réussirez. Il vous faut retourner à la base, aller chercher des plantes de votre propre milieu et les planter en asso­ciation, telles qu’elles apparaissent dans la nature. Nous parlons ici de « natu­ra­ lisation », une technique de plus en plus appliquée non seulement dans les grands parcs, mais aussi sur les terrains privés. Pendant que vos voisins contemplent avec satis­faction leur pelouse parfaitement verte, maintenue avec amour et herbicide… et vide de toute vie animale, avec cette technique, votre terrain offre non seulement l’apparence d’avoir été « planifié par Dame Nature », mais aussi gîte et nourriture aux crapauds, papillons, cardinals, etc. Vous pouvez, bien sûr, travailler à recréer le véritable milieu d’origine de votre terrain. Même s’il y a 30 ans que les arbres ont été coupés et la terre aplanie au bé­lier mécanique pour faciliter la subdivision, rien ne vous empêche d’arracher le gazon et de planter les espèces qui s’y trouvaient autrefois. Dans le sud du Québec, le milieu d’origine était peut-être boisé d’érables, de hêtres, de bouleaux jaunes, etc. avec, en strate inférieure, des viornes à feuilles d’aulne et des noisetiers à bec long, ou si vous vivez plus au nord, une forêt de sapins et d’épinettes avec, à leur base, les arbustes habituels de ce milieu, tels des bleuetiers et des gaulthéries cou­chées. Par contre, rien ne vous oblige à copier Dame Nature en tout : recréez des commu­nautés de plantes indigènes en les mélangeant à votre guise, même si ce n’est pas exactement tel qu’à l’état sauvage, et la nature revient habituellement au galop.

UN AUTRE GENRE D’ARBUSTE Puisqu’un milieu naturalisé ne doit pas, en principe, avoir besoin d’entretien, exception faite de la plantation et d’un peu d’arrosage le premier été, juste pour par­tir les plantes du bon pied, les caractéristiques désirables chez un arbuste à introduire ne sont pas les mêmes que pour un aménagement plus classique. L’ap­ parence n’a qu’une importance secondaire, car alors, il faut rechercher un arbuste capable de se défendre dans son nouveau milieu, et que cela valorise un attribut souvent perçu comme négatif dans d’autres situations : le drageonnement et autres formes d’en­vahissement. Si, dans un aménagement b.c.b.g., on préfère géné­rale­ ment des arbus­tes qui savent rester à leur place, en naturalisation, des arbustes qui s’étendent par drageonnement et par marcottage sont les bienvenus. L’uti­lisation actuelle la plus commune des arbustes à naturaliser est la plantation sur des terrains très sujets à l’érosion, pentes, dunes et berges, d’arbustes qui s’étendent d’euxmêmes et créent ainsi une masse enchevêtrée de racines qui stabilisent la surface.

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Arbustes « au naturel »

LES ARBUSTES : DE PARFAITES PLANTES-NOURRICES En plus de retenir les berges et ralentir les dunes en mouvement (autre utilisation des arbustes en naturalisation), les arbustes constituent de parfaites « plantes-nourrices ». Ils attrapent les feuilles tombées, créant une première ébauche de litière forestière et enrichissant le sol, ils font de l’ombre qui rafraîchit le sol brûlant et retient davantage l’humidité… et plusieurs arbustes pour la naturalisation vivent même en symbiose avec des bactéries ou champignons qui fixent l’azote atmos­phé­rique, enrichissant le sol encore davantage. Tout cela crée un milieu propice à la germination de vivaces, d’arbres et d’autres arbustes indigènes : c’est en fait, la forêt qui se régénère, toute seule, d’ailleurs. Vous n’avez pas à intervenir, sinon pour éliminer des espèces étrangères. Laissez pousser des arbustes indigènes et les autres espèces, même disparues depuis longtemps, réapparaissent comme par magie, mais en fait, sous forme de graines apportées par le vent, les oiseaux et d’au­tres animaux. Votre plaisir peut être d’amorcer le processus, puis de le regarder évoluer seul. DES PLANTES NOUVELLES… BIEN DE CHEZ NOUS Le but de ce chapitre est de vous présenter quelques arbustes de chez nous, donc indigènes au Québec et/ou dans les régions limitrophes, méconnus et pourtant très intéressants à cultiver. Il y a, bien sûr, des arbustes indigènes dans d’autres chapitres, mais ceux-ci sont moins connus, moins commercialisés. J’espère que vous serez agréa­blement surpris par leur apparence, leur utilité et, éven­tuelle­ment, leur performance sur votre terrain. Et, tout comme mine de rien, j’ai réussi à insérer de nombreuses espèces indigènes dans les chapitres sur les bons arbustes pour l’amé­ nagement paysager (vous n’aviez même pas remarqué, n’est-ce pas ?), je profite des fiches suivantes sur les arbustes indigènes pour souligner quelques espèces apparen­ tées qui sont importées mais qui, elles aussi, sont passées plus ou moins inaperçues.

Aulne crispé Bouleau nain Céanothe d’Amérique Comptonie voyageuse

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Frêne épineux Myrique baumier Ptéléa trifolié Staphylier à trois feuilles

Aulne crispé Aulne

crispé

Alnus viridis crispa Noms anglais : American Green Alder, Mountain Alder. Hauteur à maturité (milieu protégé) : 2 à 3 m. Hauteur à maturité (milieu exposé) : 20 à 45 cm. Diamètre à maturité : 1 à 1,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : tout sol un peu à très humide. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : feuillage dense. Intérêts secondaires : chatons printaniers. Fruits persistants. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Chenilles à tentes, mineuses, chancres. Taille : peu nécessaire. Tôt au printemps, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Suppression des branches de 4 à 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, coin humide, couvre-sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, muret, naturalisation, pentes, platebande, rocaille, attire les oiseaux granivores. Zone de rusticité : 1a.

Alnus viridis crispa

À

l’état naturel, l’aulne crispé pousse surtout dans le Grand-Nord. Il croît au soleil et à mi-ombre (c’est d’ailleurs l’un des rares aulnes à ne pas exiger le plein soleil), dans les sols riches ou pauvres, glaiseux, sablonneux ou pierreux, alca­lins ou acides, secs ou détrempés. Il est aussi as­sez résistant au sel pour pousser en bord de mer et le long des routes. De plus, l’aulne crispé, comme la majorité des aulnes, abrite sur ses racines des colonies de bactéries qui fixent l’azote de l’air. Donc non seulement vient-il avec son propre engrais, mais il enrichit le sol pour les autres végétaux à venir, et c’est justement là son plus grand intérêt : l’aulne est la plante nourrice idéale. Dans les milieux perturbés où toute la bonne terre a été enlevée, même des milieux aussi impossibles que les tas de scories provenant des mines, l’aulne crispé s’établit sans peine, enrichit et ameublit la terre stérile avec ses racines, rafraîchit

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Arbustes « au naturel »

le sol en surface avec son ombre et crée en ce faisant le milieu parfait pour l’éta­ blissement de plantes un peu plus exigeantes. Avec l’aulne crispé, vous pouvez démarrer la première étape d’un processus de régénération qui aboutira au retour de la forêt d’origine : vous n’avez même pas besoin d’introduire les autres plantes, Dame Nature s’en chargera. Si l’aulne crispé est incroyablement adaptable, c’est aussi un arbuste très « plastique », prenant la forme exigée par les conditions. Dans les milieux propices, il devient un grand arbuste érigé au début, plus arrondi à maturité, de 2 à 3 m de hauteur. Dans le Nord, il prend la même forme érigée arrondie, mais atteint des hauteurs moindres, selon les conditions : 75 cm à 1,5 m. Si le site est très venteux, comme à flanc de montagne ou sur une falaise en bord de mer, il adopte une forme complètement prostrée, de seulement 20 à 45 cm de hauteur. D’accord, l’aulne crispé est rarement une « vedette », mais fait un excellent « fond de vert » pour d’autres végétaux. Il ressemble un peu au bouleau, mais avec une écor­ce foncée aux lenticelles horizontales, devenant écailleuse sur les vieilles bran­ches. Ses feuilles simples munies de petites dents, vert clair brillant et parfois ondulées, sont attrayantes l’été. Il n’offre cependant que peu ou pas de coloration automnale. Les chatons mâles, étroits et dressés, apparaissent à l’automne, puis cessent de croître jusqu’au printemps, devenant pendants et se balançant au gré du vent. Les chatons femelles, plutôt ronds, s’apparentent à de petits cônes et persistent l’hiver, libérant peu à peu leurs semences sur la neige. D’accord, ni les uns ni les autres ne sont d’une beauté extrême, mais c’est encore mieux que des tiges nues comme celles de la plupart des arbres et arbustes durant la « morte saison » ! Dans un aménagement classique, l’aulne crispé est surtout utilisé dans les régions très froides, notamment en zone 1, où il constitue l’un des rares arbustes ornementaux présentant une certaine hauteur. On peut l’utiliser en haies, en isolé, en écran… à toutes les sauces, quoi ! Dans le Sud, il est employé en naturalisation sur les pentes, les berges, les tas de scories, etc. Côté maladies et insectes, il y a peu de problèmes majeurs. Des mineuses peuvent s’infiltrer à l’intérieur des feuilles, mais les dégâts sont sans gravité. Quant aux nids des chenilles à tente et aux chancres apparaissant sporadiquement, sup­ primez-les par la taille. La multiplication par bouturage est possible, mais l’aul­ne croît si rapidement par semences que d’autres méthodes sont rarement utilisées. VARIÉTÉ RECOMMANDÉE: A. viridis crispa, syn. A. crispa (aulne crispé) : notre aulne crispé, trouvé sur un vaste territoire s’étirant du Labrador jusqu’en Alaska, est maintenant considéré l’une des nombreuses sous-espèces de l’aulne vert d’Europe (A. viridis). Description ci-dessus. 20 cm à 3 m x 1 à 1,5 m. Zone 1a. AUTRES ESPÈCES: Il y a plusieurs aulnes cultivés comme arbres au Québec, mais seule l’espèce sui­ vante est généralement considérée comme étant un arbuste. A. rugosa (aulne rugueux, anglais : Speckled Alder) : grand arbuste ou petit arbre, cette espèce indigène diffère de l’aulne crispé surtout par ses feuilles vert tendre au débourrement, ensuite vert mat et plus profondé­ment dentées. Il porte aussi des lenticelles blanchâtres sur une écorce qui demeure lisse, jamais écailleuse. Il préfère nettement les lieux humides et est fort intéressant pour la stabilisation des berges et la revalorisation des marécages. 4,5 à 7,5 m x 3 à 4 m (moins dans le Nord). Zone 1.

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Bouleau nain Bouleau

nain

Betula nana Noms anglais : Dwarf Birch, Arctic Birch. Hauteur à maturité : 60 à 120 cm. Diamètre à maturité : 60 à 120 cm. Emplacement : soleil. Port : globulaire. Sol : ordinaire à sablonneux ou tourbeux, humide, très acide à neutre. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : port arrondi. Intérêts secondaires : coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Multiplication : boutures herbacées, marcottage, semences vernalisées. Utilisation : bordure, coin humide, couvre-sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, attire les oiseaux granivores. Zone de rusticité : 1a.

N

Betula nana

e croyez surtout pas que tous les bouleaux sont des arbres à écorce papyracée blanche ! Ce petit bouleau, circumpolaire dans l’hémisphère nord, dans le nord du Québec, est un véritable arbuste, dépassant rarement 1,2 m de hauteur… et son écorce n’est pas blanche, mais brun foncé. Il a un port naturellement arrondi, en monticule dense, avec des branches minces. Ses nombreuses et minuscules feuilles sont presque rondes, dentées, vert moyen luisant en été, jaune vif à l’automne. Ses petits chatons printaniers sont jaunes et plutôt arrondis, peu visibles à l’épa­nouis­ sement des feuilles. Cet arbuste est en fait si petit, avec des feuilles si bien pro­por­ tionnées à sa taille, qu’il commence à se trouver une vocation de bonsaï, faisant un excellent arbre miniature lorsque bien taillé. Il est aussi bien aimé des amateurs de jardins alpins et de rocailles, notamment pour la culture en auge, car il cadre très bien dans des paysages miniatures. En naturalisation, cet arbuste est très intéressant en bordure des étangs ou des cours d’eau ainsi que sur les surfaces rocheuses : autrement dit, tout milieu rappelant son milieu arctique original. Il s’adapte très bien aux sols pauvres et sablonneux, à condition qu’ils soient toujours un peu humides. On peut aussi le planter dans

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Arbustes « au naturel »

des tourbières reconstituées, un autre milieu qu’il habite à l’état sauvage. Il faut toutefois l’utiliser en compagnie d’autres végétaux nains, du moins au début, car les plantes plus hautes lui font rapidement de l’ombre, ce qu’il ne tolère pas. N’oubliez pas que, dans son milieu arctique d’origine, du haut de ses 1,2 m, il crée l’ombre ! Excellente plante-nourrice, donc, mais qui paie le prix de son appui à Dame Nature en cédant la place à d’autres espèces qu’il invite sur votre terrain. Son entretien est nul… mais utilisez du paillis en abondance pour éviter qu’il soit envahi par les mauvaises herbes durant les premières années : sa croissance est si lente qu’il est vite « noyé » par la compétition. La taille est possible, mais pourquoi ralentir encore plus un processus déjà aussi lent qu’un escargot ? Dans son milieu naturel, les branches inférieures sont souvent recouvertes de mousse et finissent par s’enraciner. En culture, on peut le multiplier par marcottage de la même manière, en enterrant partiellement des branches basses. Autrement, la multiplication par bouturage est possible, mais difficile. Habituellement on le multiplie plutôt par semences. Il est peu sujet aux insectes et aux maladies, sans doute parce qu’une aussi petite plante leur offre peu à manger ! Par contre, plusieurs oiseaux s’intéresseront à ses graines. VARIÉTÉ RECOMMANDÉE: Betula nana (bouleau nain, bouleau arctique) : on ne lui connaît aucun cultivar. Voir la description ci-dessus. 60 à 120 cm x 60 à 120 cm. Zone 1a. AUTRES ESPÈCES: B. glandulosa (bouleau glanduleux, anglais : Glandular Birch) : cette espèce nord-américaine, indigène du Labrador jusqu’en l’Alaska, est aussi d’origine nordique, mais pousse plus fréquemment aussi dans le centre du Québec, notamment dans les tourbières. On le distingue par ses feuilles plus allongées et plus grosses (mais néanmoins jamais plus de 3 cm de long), sa taille plus importante, mais surtout par les glandes résineuses ressemblant à de petites verrues sur ses rameaux. 1 à 2 m x 1 à 2 m. Zone 2a. P. pumila (bouleau nain américain, anglais : Dwarf American Birch, Low Birch) : c’est le bouleau nain commun des tourbières du sud du Québec, très semblable au bouleau glanduleux, mais avec de nouveaux rameaux munis de longs poils fins et dépourvu de glandes sur les tiges. De plus, il tend à drageonner assez abondamment par rhizomes. Port assez ouvert. 1 à 2 m x 1 à 2 m. Zone 2a.

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Photo : Jardin botanique de Montréal.

Céanothe d’Amérique

Ceanothus americanus

Céanothe d’Amérique Ceanothus americanus Noms anglais : New Jersey Tea, Redroot, Wild Snowball. Hauteur à maturité : 1 à 1,2 m. Diamètre à maturité : 1 à 1,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire, évasé. Sol : sol léger, pauvre, bien drainé, acide à légèrement alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taches foliaires, blanc. Taille : peu nécessaire. Au dégel, Suppression des branches de 4 à 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, couvre-sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, attire les papillons et les oiseaux granivores, tisane, utilisations médicinales. Zone de rusticité : 4.

C

onnaissez-vous les célèbres « lilas de Californie » ? Ils font rage actuellement en Europe avec leurs panicules denses et plumeuses de fleurs d’un bleu véritable pendant une bonne par­tie de l’été. Comment ne pas les voir ? Eh bien, ces « lilas » sont des Ceanothus. Main­tenant que vous le savez, oubliez-les. Notre Ceanothus indigène n’a rien de commun avec les hybrides européens ! D’accord, c’est très injuste, et même doublement injuste si l’on considère que le céanothe d’Amérique est l’un des parents des hybrides à fleurs bleues ! Mais notre espèce, bien que jolie, est à fleurs blanches, une belle couleur certes… mais si ordinaire. Il s’agit d’un arbuste au port arrondi et aux nombreuses tiges minces dressées. Ses feuilles

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Arbustes « au naturel »

caduques (celles des espèces californiennes sont souvent persistantes) sont simples, ovales, finement dentées, aux nervures enfoncées et souvent duveteuses au revers, et deviennent d’un beau jaune à l’automne. En juin et juillet, l’arbuste est à son meilleur, car l’extrémité des tiges se couvre de panicules plumeuses de petites fleurs blanches, tubulaires, qui ressemblent effectivement à la fleur du lilas… de Preston ! Elles ne sont nullement parfumées… mais attirent quand même de nombreux papillons. Les graines qui sont produites n’ont pas d’attrait parti­ culier pour nous, mais nourrissent les oiseaux. Dans la nature, on trouve cet arbuste dans tous les types de sols bien drainés ou secs de l’est de l’Amérique du Nord, surtout de l’Outaouais, dans le Québec, jusqu’au Manitoba et vers le sud, jusqu’en Floride. On le trouve plus abondam­ ment dans les milieux dérangés, car il semble avoir besoin de lumière pour bien germer. Cependant, lorsqu’il est établi, il persiste souvent sous une couverture fores­tière dense, quoique sa floraison diminue. Sa grande adaptabilité au milieu naturel se répète en culture : il croit sous presque toutes les conditions possibles, pour autant que le sol soit bien drainé. Il tolère d’ailleurs très bien la sécheresse et est intéressant dans les emplacements où la chaleur et la sécheresse estivales ont raison des autres plantes. Comme de nombreuses autres plantes-nourrices, il vit en association avec des bactéries qui fixent l’azote de l’air, lui permettant de bien réussir dans les sols très pauvres et sablonneux. Il est cependant difficile à transplanter, car il produit non seulement des racines fines et superficielles, mais aussi de grosses racines noueuses et tordues, de couleur rouge (d’où l’un de ses noms anglais, « Redroot »), ayant jusqu’à 20 cm de diamètre ! Mieux vaut prendre des boutures que d’essayer de déplacer une plante adulte ! Ces racines ligneuses lui permettent de se régénérer après un in­cendie et par conséquent, cette espèce est particulièrement populeuse dans les lieux sujets aux feux de forêt et d’herbe. Le nom anglais « New Jersey Tea » rappelle que les feuilles furent utilisées comme succédané du thé après le Boston Tea Party. Ses feuilles sont également utili­sées à des fins médicinales et récoltées par les Amérindiens pour traiter di­verses maladies. VARIÉTÉ RECOMMANDÉE: Ceanothus americanus (céanothe d’Amérique): cette espèce n’a pas encore donné de cultivar, mais c’est l’un des parents des célèbres lilas de Californie, mentionnés ci-dessus. 1 à 1,2 m x 1 à 1,5 m. Zone 4. AUTRE ESPÈCE: C. ovatus (céanothe à feuilles ovées, anglais : Prairie Redroot, Inland New Jersey Tea): espèce très semblable, mais à floraison plus hâtive de 3 ou 4 semaines. Considérée comme une variante de C. americanus par certains botanistes. Normalement, cette espèce pousse surtout au centre du continent, mais on la trouve néanmoins au Québec, dans le Témiscamingue. 1 à 1,2 m x 1 à 1,5 m. Zone 4.

ESPÈCES À VENIR : Pourquoi pas un petit espoir ? C. americanus, croisée avec l’espèce tropicale mexi­ caine C. coeruleus, a donné de magnifiques céanothes hybrides à fleurs bleues… mais pas assez rustiques pour notre climat (zone 8). Mais qu’adviendrait-il si on la croisait avec l’une des nombreuses espèces à fleurs bleues de zone 6 trouvées au centre des États-Unis ? J’ai bon espoir de voir des céanothes bleus dans mes plates-bandes d’ici peu !

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Comptonie voyageuse

Comptonia peregrina

Comptonie

voyageuse Comptonia peregrina Noms anglais: Sweetfern. Hauteur à maturité: 60 à 90 cm. Diamètre à maturité: illimité. Emplacement: soleil ou mi-ombre. Port: globulaire, étalé. Sol: tout sol riche ou pauvre, humide au sec, au moins un peu humide. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité: moyenne. Intérêt principal: effet tapissant. Intérêts secondaires: feuillage curieux et aromatique. Feuillage: caduc. Problèmes: peu fréquents. Taille: peu nécessaire. Tailler pour contrôler l’étalement. Multiplication: boutures herbacées, boutures de racine, division, marcottage, semences vernalisées. Utilisation: bord de mer, bordure, coin humide, couvre-sol, fondation, isolé, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, feuillage parfumé. Zone de rusticité: 2a.

L

ongtemps inconnue des jardiniers, la comptonie voya­ geuse commence enfin à trouver sa place en pépinière. Je lui prédis un brillant avenir parce que c’est réellement un arbuste exceptionnel… diffé­rent, peut-être, mais avec beaucoup de potentiel. La comptonie voyageuse est indigène de l’est de l’Amérique du Nord, très abondante dans le nord du Québec et en NouvelleAngleterre, mais, curieusement, moins fréquente dans les parties habitées de la province. C’est une plante colonisante, s’éten­ dant dans tous les sens grâce à des rhizomes souter­ rains min­ ces, formant au début un arbuste arrondi, et éven­ tuellement, un tapis aplati aux bords arrondis. Les tiges érigées sont vertes ou jaunâtres, poilues, devenant

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Arbustes « au naturel »

brun cuivré et glabres par la suite. Les tiges sont couvertes de petites glandes rési­ nifères dégageant un arôme balsamique délicieux. Les feuilles, aussi odori­férantes que les tiges, constituent cependant son point fort : longues et étroites, vert pâle devenant vert foncé lustré, elles sont profondément lobées sur toute leur lon­gueur, et ressemblent davantage à des frondes de fougère qu’à des feuilles d’arbuste. Elle a vraiment une apparence unique parmi les arbustes de climat tem­péré. Après avoir vu la comptonie, vous ne la confondez plus jamais avec au­cun autre arbuste. Elle n’offre pas de véritable coloration automnale et ses fleurs, de petits chatons mâles et femelles généralement sur le même plant, sont peu visibles et sans vé­ritable attrait, tout comme les capsules de graines qui suivent. L’odeur délicieuse de la comptonie voyageuse ne se dégage pas seulement lorsqu’elle est froissée, comme tant d’autres arbustes parfumés, mais même par temps chaud. Son arôme s’apparente à l’odeur du myrique baumier, décrit plus loin dans ce chapitre, les deux plantes étant apparentées. Dans la nature, la comptonie voyageuse est surtout commune dans les sols secs et pauvres, tourbeux ou sablonneux, ce qui est compréhensible, car ses racines vivent en symbiose avec un champignon ayant la capacité de fixer l’azote de l’air. Vous pensiez que j’allais dire « des bactéries qui fixent l’azote », n’est-ce pas ? En effet, la symbiose avec des bactéries qui fixent l’azote est beaucoup plus courante que l’association avec les champignons qui fixent l’azote. En culture, elle a démontré sa capacité de pousser dans presque tous les sols non calcaires et même sous les conditions de grande humidité : une vraie plante passe-partout. Passe-partout, elle l’est : très envahissante, avec ses stolons horizontaux qui courent partout. En naturalisation, c’est l’un de ses points forts. Il s’agit d’une plante pionnière, revenant très rapidement après un incendie, et sert donc de plante-nourrice pour le retour des essences plus hautes de la forêt. Dans un aménagement plus classique, où elle est utilisée comme couvre-sol, il faut cepen­ dant freiner son élan avec une barrière enfoncée dans le sol, car cette plante n’a vraiment pas de limites : tant qu’il y a de l’espace, elle continue son expansion. Il n’est pas nécessaire que la barrière soit profonde cependant, car les stolons sont très superficiels. À part le contrôle de ses rhizomes vagabonds, l’entretien de la comptonie voyageuse est nul, ce qui convient parfaitement pour un arbuste surtout destiné à la naturalisation, n’est-ce pas ? Évidemment, on pense tout de suite à la natu­raliser dans les sols pauvres, mais elle peut aussi s’avérer très utile dans la stabi­lisation des berges et des dunes (n’oubliez pas sa grande résistance à la sécheresse) et le long des routes, car la comptonie voyageuse semble très résistante au sel. En aménagement plus classique, c’est le couvre-sol tout désigné. Voilà pour les fleurs ! Maintenant le pot : pour l’amour du ciel, comment transplanter cet arbuste de l’état naturel ? Déterrez-le et vous verrez : il n’a presque pas de racines ! J’ai essayé deux fois sans le moindre succès… jusqu’à ce que je décide, sagement, de plutôt prélever des boutures de tiges non-aoûtées et de racines : et j’ai enfin réussi ! Fort heureusement, les plants cultivés en pot se transplantent facilement. VARIÉTÉ RECOMMANDÉE: Comptonia peregrina, syn. C. asplenifolia : unique espèce du petit genre Comptonia et on ne lui connaît aucun cultivar. 60 à 90 cm x illimité. Zone 2a.

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Frêne épineux

Zanthoxylum americanum

Frêne

épineux

Zanthoxylum americanum Noms anglais : Common Prickly-Ash, Toothache Tree. Hauteur à maturité : 2 à 5 m. Diamètre à maturité : 3 à 4 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, globulaire, irrégulier. Sol : ordinaire à pauvre, bien drainé à sec, légèrement aci­ de à neutre. Résistance au sel et au compactage inconnu. Disponibilité : peu disponible. Intérêt principal : tiges épineuses. Intérêts secondaires : coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures semi-aoûtées, boutures de racine, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, écran, isolé, haie, naturali­ sation, pentes, plate-bande, plante mellifère, attire les papillons, les abeilles et les oiseaux granivores, utilisations médicinales. Zone de rusticité : 4a.

S

oyons honnête, cet arbuste indigène ne gagnera jamais un concours de beauté. C’est même d’ailleurs probablement l’arbuste le plus obscur présenté dans ce livre… mais si vous aimez les curiosités, il vous plaira sans doute beaucoup. Pour voir des épines comme ça, il faut normalement se rendre sous les tropiques. En effet, ses tiges éparses sont couvertes d’épines solides et acérées qui grossissent avec le temps. Sur les vieux spécimens, l’écorce est tout simplement fantas­ ma­ g orique, avec des épines grosses comme des poings, com­ plè­ tement usées à l’extrémité, comme le montre la photo. Au con­ traire, sur les autres ar­ bustes, les épines atteignent leur apogée sur les jeunes tiges et disparaissent sur les vieilles.

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Arbustes « au naturel »

Ses épines ne sont pas son seul attrait. Les feuilles pennées, à stipule piquante, composées de 7 à 11 folioles ovales vertes, jaune orangé à l’automne, sont jolies et rappellent, en plus d’être épineuses, les feuilles de frêne, comme le suggèrent ses noms communs français et anglais. Son port est dressé et arrondi, un peu ouvert, mais très acceptable. On l’utilise surtout en naturalisation, car la plante s’adapte bien aux sols pauvres et secs, et ses fleurs verdâtres attirent les abeilles, les pa­pillons et d’autres insectes, et ses graines noires, contenues dans des capsules de même couleur, les animaux… mais pour avoir des graines, il faut des plantes des deux sexes. Or, les rares fois où cette espèce est offerte en pépinière, tous les plants disponibles sont habituellement des clones, soit mâles, soit femelles. En consé­quence, les graines sont donc rarement produites en culture. Les épines semblent aussi rassurer les oiseaux nicheurs, car il est rare de voir un frêne épineux sans au moins un petit nid. En aménagement plus classique, on emploie le frêne épineux soit comme spécimen puisqu’il est particulièrement intéressant l’hiver quand ses épines sont à nu, soit comme haie défensive. Indigène dans l’est de l’Amérique du Nord, cette espèce est plutôt rare et à sa limite nordique dans l’Outaouais. C’est un grand arbuste chez nous qui devient souvent un petit arbre, atteignant jusqu’à 8 m de hauteur, dans les régions au climat plus tempéré. On ne connaît pas avec précision sa zone de rusticité limite, 4a étant uniquement la zone la plus froide où on le trouve dans la nature. Il serait intéressant à l’essayer en zone 3 pour vérifier s’il est possible de l’étendre un peu. La culture de cet arbuste est facile car il s’adapte bien à tout sol bien drainé et plutôt neutre, même les sols secs. Dans la nature, il croît souvent dans les sols de mauvaise qualité : sablonneux, pierreux ou rocheux. On ne lui connaît pas d’insectes nuisibles ou de maladies en particulier. Une feuille ou deux mâchouillée par une chenille, et seulement à l’occasion, semble être la limite de ses problèmes. Achetez cependant des plants en pot si possible, car il se transplante difficilement de l’état naturel. Sa multiplication est plutôt difficile : mieux vaut la laisser aux pépiniéristes. Les tiges, les feuilles et les fruits sont aromatiques, munis de petites glandes remplies d’huile essentielle rappelant l’arôme du citron. Les Amérindiens mâchaient d’ailleurs son écorce et ses fruits pour réduire la fièvre, l’arthrite et… pour traiter les maux de dent, d’où le nom anglais « Toothache Tree ». VARIÉTÉ RECOMMANDÉE : Zanthoxylum americanum, syn. Zanthoxylon americanum, Xanthoxylum americanum (frêne épineux, clavalier d’Amérique) : seul représentant nordique d’un genre bien réparti sur l’hémisphère nord et contenant quelques 150 espèces. Quelques autres clavaliers seraient peut-être rustiques dans les emplacements protégés de la zone 5b, comme Zanthoxylum piperitum, Zanthoxylum schinifolium et Zanthoxylum simulans, car les Américains leur accordent une cote zonière 5 (habituellement 6 chez nous), mais ils ne semblent pas avoir été essayés sous notre climat. Zanthoxylum veut dire bois jaune. 2 à 5 m (8 m en région tempérée) x 3 à 4 m. Zone 4a.

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Photo : Robert Mineau, Jardin botanique de Montréal.

Myrique baumier

Floraison de Myrica gale.

Myrique

baumier

Myrica gale Noms anglais : Sweet Gale. Hauteur à maturité : 60 à 120 cm. Diamètre à maturité : 2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : riche en matière organique, très humide à sec, très acide à légèrement acide. Tolère mal le compactage. Résistance au sel. Disponibilité : faible. Intérêt principal : adaptabilité aux sols humides. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits persis­tants. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tail­ler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de ra­jeu­ nis. sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures semi-aoûtées, division, marcottage, semences fraîches. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, coin humide, couvre-sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, attire les oiseaux frugivores, feuillage et fruits parfumés, utilisations culinaires et médicinales. Zone de rusticité : 1a.

C

et arbuste de taille réduite est commun presque par­ tout au Québec, du Grand-Nord jusqu’à la frontière américaine, et d’ailleurs sous les climats froids et alpins de presque tout l’hémis­ phère Nord. C’est l’un des arbus­ tes les plus fré­quemment vus au Canada sur les rives des rivières et des lacs. Il s’agit d’un arbuste au port buissonnant plutôt diffus. Son écorce, brun roux à brun foncé, est ponctuée de petites glandes odoriférantes, à senteur bau­ mique, d’où ses deux noms les plus communs : myrique bau­ mier et bois-sent-bon. L’arbuste se couvre de chatons dressés brun doré tôt au printemps, avant ou en même temps que le débourrement. Les fleurs des deux sexes étant sur des plants différents, il faut nécessairement planter au moins un plant mâle et jusqu’à dix plants femelles afin

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Arbustes « au naturel »

d’obtenir des fruits en culture. Les petites feuilles spatulées, presque sans pétiole, sou­vent dentées à l’extrémité, sont vert foncé, parfois bleutées sur le dessus, et ponc­ tuées de glandes odorantes au revers. Les froisser libère le même arôme baumique que les tiges. Les feuilles jaunissent à l’automne; à leur chute, on remarque, sur les plants femelles, de nombreux fruits jaunâtres, cireux, très odorants, munis de deux ailes. Ils demeurent souvent sur le plant tout l’hiver. Les deux ailes permettent aux fruits de flotter jusqu’à un nouvel emplacement, ce qui explique son énorme succès comme plant riverain. Le myrique baumier est surtout utilisé en naturalisation dans les lieux ensoleillés ou légèrement ombragés, au sol au moins légèrement acide, notamment sur les rives des cours d’eau, dans les tourbières, les marais et toute situation où le sol risque de demeurer longtemps inondé. Il s’adapte pourtant très bien aux sols plus secs, à con­ dition qu’ils soient plutôt acides. Il drageonne assez abondamment et est alors utile pour la stabilisation des berges. La qualité du sol n’a pas d’importance, car comme tant d’arbustes « à naturaliser », le myrique baumier fournit son propre engrais. Dans ce cas, c’est sous forme de champignons bénéfiques vivant sur ses racines et fixant l’azote atmosphérique. En cela, il rappelle sa cousine, la comptonie voyageuse (page 431). Le myrique baumier est peu utilisé en aménagement paysager, malgré un beau port, plusieurs traits intéressants et notamment sa capacité de s’adapter à presque toutes les conditions. Il serait particulièrement intéressant dans les zones plus froides où le choix d’arbustes ornementaux est réduit. Cet arbuste a une longue histoire d’utilisation humaine sur trois continents. On fait des tisanes avec les feuilles qui servent aussi pour aromatiser la bière, les soupes et les ragoûts, ainsi que pour parfumer le linge et pour éloigner les insectes. De plus, on peut faire fondre la cire des fruits pour fabriquer des chandelles. Enfin, on utilisait toute la plante dans la préparation de divers médicaments et toniques.

VARIÉTÉ RECOMMANDÉE : Myrica gale (myrique baumier, bois-sent-bon, myrique des marais) : malgré la vaste distribution de cette espèce, on ne lui connaît aucune variété horticole. Les sujets récoltés dans le sud de son aire (Virginie, France, etc.) sont toutefois moins rustiques que ceux provenant du Nord. En région nordique surtout, recherchez toujours une « sélection locale » pour vous assurer de bons résultats. 60 à 120 cm x 2 m. Zone 1a. AUTRE ESPÈCE : M. pennsylvanica (myrique de Pennsylvanie, cirier, anglais : Bayberry) : cet arbuste de la côte atlantique de l’Amérique du Nord est à peine indigène au Québec où on ne le trouve qu’aux Îles de la Madeleine. Poussant normalement près de la mer, il est très résistant aux embruns salins et aux vents violents, et croît sans peine dans les dunes et les roches grâce à sa symbiose avec le même champignon que M. gale. Il s’adapte aussi très bien aux conditions moins salines, voire aux aménagements sans aucun sel. Comme son cousin, toutes les parties du myrique de Pennsylvanie sont aromatiques et utilisées aux mêmes fins. Les célèbres chandelles aromatiques de la Nouvelle-Angleterre (« bayberry candles ») sont dérivées des fruits de cette plante. La production de petits fruits gris blanc est d’ailleurs phénoménale; souvent l’arbuste entier (du moins les sujets femelles) en est couvert. Persistants tout l’hiver, ils constituent alors le principal attrait ornemental de cette espèce. Enfin, pour notre climat, choisissez toujours un sujet provenant du nord de son aire naturelle (Terre Neuve, NouvelleAngleterre, etc.), car la rusticité de l’espèce est variable. 1,5 m x 2 m. Zone 4b (pour les sujets nordiques), zone 5b (pour les sujets du sud).

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Ptéléa trifolié Ptéléa

trifolié

Noms anglais : Hoptree, Water-Ash, Stinking-Ash. Hauteur à maturité : 3 à 6 m. Diamètre à maturité : 3 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : érigé, globulaire, irrégulier. Sol : tout sol riche ou pauvre, acide à alcalin, très humide à sec. Tolère le compactage. Résistance au sel inconnue. Disponibilité : faible. Intérêt principal : fruits ailés. Intérêts secondaires : floraison printanière. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées, boutures de racine, semences vernalisées ou fraîches. Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, isolé, haie, naturalisation, pentes, platebande, sous-bois, attire les oiseaux granivores, fleur parfumée, fruits comestibles. Zone de rusticité : 3b.

Photo : Gilles Murray, Jardin botanique de Montréal.

Ptelea trifoliata

Ptelea trifoliata

C

’est un grand arbuste à tiges multiples qui, à l’instar du lilas commun, peut se dégarnir en mûrissant et prendre la forme d’un petit arbre. D’ail­leurs, en supprimant les branches inférieures et en utilisant un tuteur pour sup­ porter le futur « tronc », on peut en faire un véritable petit arbre. Indigène dans seulement quelques régions du Canada, le ptéléa trifolié est surtout un arbuste de l’est des États-Unis. Des analyses polliniques du sol indiquent toutefois qu’il a été plus largement diffusé au Canada avant les dernières glaciations. Il s’agit sans doute de l’un de ces végétaux qui, poussés vers le Sud par le froid de l’époque glaciaire, regagnent peu à peu leurs aires normales. Le ptéléa produit une abondance de feuilles trifoliées, à longs pétioles ellip­ tiques, vert foncé lustré, avec ou sans dents, acuminées ou non et vaguement similaires à des feuilles de frêne, d’où plusieurs des noms anglais (frêne = « Ash »). Les feuilles deviennent jaunes ou jaune verdâtre à l’automne.

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Arbustes « au naturel »

Toute la plante est munie de glandes résinifères qui dégagent une odeur citronnée désagréable lorsque les tiges sont écrasées ou les feuilles froissées (d’où les noms « bois puant » et « Stinking-Ash »). D’ailleurs, en tenant la feuille devant une source lumineuse, on voit les petites glandes translucides sur l’envers de la feuille. Les fleurs étoilées sont petites, blanc verdâtre, portées en panicules globulaires à la fin du printemps ou au début de l’été. Habituellement elles sont unisexuées et portées sur des plants différents, mais plusieurs souches cultivées semblent bisexuées, ce qui est tant mieux, car il n’est plus nécessaire de planter des plantes de sexe différent pour avoir des fruits ! C’est regrettable que ces fleurs au parfum exquis ne soient pas plus visibles. Si vous avez des visiteurs alors que cet arbuste est en fleurs, ne manquez pas de leur faire découvrir cet arbuste méconnu, au parfum si envoûtant. Beaucoup plus visibles sont les fruits : d’abondantes samares aplaties circu­ laires, vert pâle, entourées d’une aile translucide. Les fruits ressemblent aux sama­ res des ormes, d’où plusieurs des noms communs français : orme à trois feuilles, orme de Virginie et orme de Samarie. Le plus curieux est sans doute « orme de Samarie », car la Samarie est située en Palestine, et le ptéléa est une espèce stric­ te­ment nord-américaine qui n’a assurément jamais connu la Samarie ! Les fruits apparaissent à la fin de l’été et brunis, persistent souvent tout l’hiver… si les grosbecs ne les mangent pas avant ! Ils sont comestibles et aromatiques, mais au goût amer. Ils ont déjà servi dans la fabrication de bière pour remplacer le houblon, d’où le nom anglais, « Hoptree », car « hops » signifie houblon. Le ptéléa trifolié mérite une bonne popularité en naturalisation grâce à notre intérêt pour les oiseaux qu’il attire en grand nombre. Aussi, il a l’avantage de bien pousser à l’ombre dense, même s’il y fleurit peu, et donc fort intéressant à natu­ raliser dans une forêt départie de sa flore d’origine. Il croît encore plus den­sément au soleil et dans tous les types de sol. Comme dans la nature, on le trouve très souvent sur les berges des cours d’eau ou même dans les marais, il peut donc être intéressant dans ces situations. Il croît aussi dans les sols très secs. Malgré un bon potentiel ornemental, en Amérique du Nord, le ptéléa trifolié est rarement utilisé en aménagement paysager plus classique. Pourtant, il serait magnifique dans plusieurs emplacements, notamment sous des conditions om­bra­ gées où le choix d’arbustes est assez mince. En Europe, cet arbuste est fort apprécié et a même mérité des prix de la prestigieuse Royal Horticultural Society. Habituellement on multiplie le ptéléa par semences, semées à l’automne ou au printemps, traitées au froid ou non. On peut aussi bouturer des tiges herbacées. Quant à la présence d’insectes et de maladies, elle est rare et, dans ce cas, ne semble pas causer beaucoup de dommages. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Ptelea trifoliata (ptéléa trifolié, orme à trois feuilles, orme de Virginie, orme de Samarie) : la plus nordique des 11 espèces de Ptelea, toutes nordaméricaines, et probablement la seule adaptée à notre climat. 3 à 6 m x 3 m. Zone 3b. ❧ P. trifoliata ‘Aurea’ : une très jolie forme aux feuilles jaunes au printemps, devenant vert lime l’été. Peu commercialisée en Amérique du Nord, mais populaire en Europe. 3 à 6 m x 3 m. Zone 3b.

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Staphylier à trois folioles

Staphylea trifolia

Staphylier

à trois folioles

Staphylea trifolia Noms anglais : American Bladdernut. Hauteur à maturité : 3 à 4,5 m. Diamètre à maturité : 2 à 3 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : érigé globulaire, parfois semi-pleureur. Sol : tout sol bien drainé, légèrement humide, acide à alcalin. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : fruits automnaux. Intérêts secondaires : floraison printanière. Écorce ornementale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, division, marcottage, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur séchée, attire les oiseaux granivores. Zone de rusticité : 4a (3a en site protégé).

A

rbuste indigène peu con­ nu, surtout commun dans l’extrême ouest du Québec, en Ontario et aussi à l’ouest des ÉtatsUnis. De port plutôt dressé dans sa jeunesse, il devient rapidement arrondi lorsque les branches des vieux spécimens deviennent joliment arquées. Ses feuilles trifoliées, vert foncé, res­semblent un peu à celles de l’es­ pèce précédente (Ptelea trifoliata), avec laquelle il n’a pourtant au­cun lien de parenté. Elles dif­fèrent cepen­ dant par leurs dents, fines mais nom­breuses, et leur revers duve­ teux… et elles n’ont pas d’odeur désagréable lorsque froissées. Leur coloration au­ tomnale est jaune pâle. Les fleurs en clochette sont nom­breuses, blanc verdâtre, portées en petites panicules lâches et suspendues à toutes les aisselles des feuilles.

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Arbustes « au naturel »

Ce sont les fruits, surtout visibles à partir de septembre, qui sont l’attrait principal de l’espèce. Papyracés, à 3 lobes (parfois 2, 4 ou 5) et curieusement enflés, un peu comme des lanternes chinoises, ils sont vert pâle, puis prennent une teinte rosée avant de sécher sur place, devenant d’un beau beige doré. Ils persistent sur l’arbuste une partie de l’hiver, contrastant joliment avec l’écorce d’abord gris vert strié de blanc, puis brun pourpré. On peut aussi les utiliser séchés comme décoration intérieure. Les fruits contiennent des graines dorées, ou brun doré, aimées des oiseaux. C’est l’apparence renflée des fruits qui a mérité au staphylier son nom anglais, « Bladdernut » (« bladder » = vessie ou vésicule). En somme, c’est un arbuste qui, sans avoir une apparence saisissante, a un charme discret, présentant toujours quelques attraits, que l’on finit par apprécier après une indigestion d’arbustes à fleurs et fruits plus colorés. Cultivez le staphylier… où vous voulez, il semble s’accommoder de presque tout. Soleil ou ombre, sol riche ou pauvre, acide ou alcalin, etc. Par contre, pour une croissance maximale, un sol riche en humus est recommandé. Le staphylier n’est pas aussi tolérant côté arrosage, préférant un sol au moins légèrement humide en tout temps, sans toutefois supporter les sols inondés. Un sol bien drainé avec, en surface, un bon paillis lui plaira beaucoup. Comme plusieurs arbustes pour la naturalisation, le staphylier à trois folioles est drageonnant et donc utile pour stabiliser les pentes. En aménagement, on peut facilement contrôler les drageons qui ne sont pas si nombreux en les sectionnant, ce qui donne du matériau vivant pour d’autres plantations. La multiplication se fait surtout par division et bouturage, car le processus de germination est lent et complexe (2 ou 3 périodes de froid, suivies de 2 ou 3 périodes de chaleur, etc.). On ne lui connaît aucun ennemi du côté des insectes et les rares maladies dont il peut souffrir (taches foliaires, brûlure des pointes, etc.) ne sont pas assez importantes pour même attirer l’attention, encore moins pour vous obliger à agir. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Staphylea trifolia (staphylier à trois folioles, staphylier à trois feuilles) : description ci-dessus. C’est l’unique représentant du genre en Amérique, les 10 autres espèces étant indigènes de l’Eurasie tempérée. On ne lui connaît aucune variété horticole. 3 à 4,5 m x 2 à 3 m. Zone 4a (3a en site protégé). AUTRES ESPÈCES : ❧ S. bumalda (staphylier de Bumald, Bumald Bladdernut) : version asiatique de notre espèce indigène, mais aux fleurs blanches en panicules érigées et lâches, et aux fruits à 2 lobes (rarement 3 ou plus). 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 4a (3a en site protégé). ❧ S. colchica (faux pistachier) : comme le staphylier de Bumald, cette espèce indigène du Caucase porte des panicules érigées (non pas retombantes) de fleurs entièrement blanches. À la différence des 2 autres espèces décrites cependant, ses feuilles ont habituellement 5 lobes (rarement 3). Très populaire en Europe, mais un peu gélif pour une utilisation générale au Québec. 3 à 4,5 m x 2 à 3 m. Zone 5b (4b en site protégé).

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DANS UN SOL ACIDE

P

our beaucoup de jardiniers, le diagnostic d’un sol « acide » (un pH d’en­ tre 4,5 à 6) serait un vrai désastre. Après tout, la pelouse y pousse mal… et même aujourd’hui, pour beaucoup de gens, il n’y a que la pelouse qui compte. Et si vous voulez convertir un sol acide en sol légèrement acide (un pH de 6,1 à 6,9, plus adapté aux gazons), vous n’avez d’autre choix que d’appliquer de la chaux pour dimi­nuer le pH. Évidemment, la terre redevient rapidement acide et il faut donc corriger encore et encore… mais peu importe, pour autant que le gazon soit beau ! Comme jardinier paresseux, je m’oppose à ce travail. Pourquoi regarder un sol acide comme un ennemi quand il peut être votre ami ? En fait, la « solution » est simple : cultivez des végétaux bien adaptés à un sol acide (acidophiles) et le succès est retentissant ! De plus, la gamme des possibilités est vaste, les arbustes présentés dans ce chapitre n’étant que la pointe de l’iceberg. LA « TERRE DE BRUYÈRE » Ce qui dore la pilule des sols acides de nos jours est la possibilité d’y cultiver les Éricacées, les plantes de la famille de la bruyère (Erica et Calluna). D’ailleurs, en Europe, n’appelle-t-on pas une terre acide « terre de bruyère » ? Non, ce ne sont pas les seules plantes qui préfèrent un sol acide (voyez la liste partielle des Arbus­tes tolérant un sol moyennement acide à la page 49), mais les Éricacées sont net­ tement dominantes à cet égard. D’ailleurs, les « bruyères et compagnie » do­minent telle­ment dans les sols acides que toutes les plantes décrites dans ce cha­pitre appar­tiennent à cette vaste famille de quelques 70 genres comptant au-delà de 2 000 espèces. Mais les bruyères ne sont plus les grandes vedettes de leur famille. Le jardi­nier moyen connaît davantage, du moins de réputation, les célèbres rhodo­ dendrons (Rhododendron), « rhodos » pour les intimes, ces arbustes qui sont en voie de devenir aussi désirables que les rosiers l’étaient au 20e siècle. Imaginez ! Alors que d’autres jardiniers doivent se démener pour cultiver des rhododendrons au coût de maints travaux qui n’auront pas de cesse, combattre la célèbre chlorose (jaunissement des feuilles) qui indique que le sol est encore une fois redevenu trop alcalin, si votre sol est naturellement acide, vous n’avez qu’à planter les rhodos sur votre terrain et les arroser. Ils croîtront et fleuriront sans la moindre peine. Un sol acide est donc une bonne chose. Profitez-en ! ACIDE ET HUMIDE Remarquez cependant que les Éricacées ont d’autres besoins en commun, notamment plus d’humidité que la normale. Ça, du moins, c’est relativement fa­ci­le à réaliser: il suffit d’appliquer un bon paillis organique et d’en rajouter à me­sure qu’il se décompose. De plus, le paillis, crée un milieu très propice au développement des racines des Éricacées, car elles sont habituellement très su­perficielles et sous un bon paillis, le sol demeure bien meuble. Et quant à choisir, pourquoi ne pas employer un paillis acidifiant, autrement dit, un paillis

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Dans un sol acide

qui rend le sol plus acide en se décomposant ? Des produits comme les aiguilles de pin et autres conifères, les feuilles de chêne déchiquetées, le compost, la tourbe de sphai­gne, les petits morceaux d’écorce de conifère, même la sciure de bois, rempliront tous le rôle de paillis tout en empêchant l’alcalinisation du sol. Il est spécialement important de bien arroser les Éricacées à l’automne, juste avant la chute des neiges, du moins si l’automne est sec. PAS DE MYCORHIZES… MAIS BEAUCOUP DE NEIGE Les Éricacées sont parmi les rares plantes qui ne vivent pas en symbiose avec les champignons mycorhiziens. Inutile d’en ajouter au sol à la plantation. Par contre, du moins sous notre climat, elles exigent vraiment une bonne couverture de neige. Même les espèces indigènes ne vivent qu’aux endroits où au moins leurs racines sont bien protégées par la neige, et croyez-moi, il y en a qui croissent au-delà du cercle arctique. D’ailleurs, au Québec, la zone la moins propice pour les rhodo­ dendrons et compagnie n’est pas la zone 4, ni même la zone 3, même si les hivers y sont très froids, la neige y arrive généralement tôt et demeure en place longtemps, mais la zone 5, car là, les hivers sont relativement doux et la neige a tendance à fondre en plein hiver : un véritable désastre pour les Éricacées à feuilles persis­ tantes. Non qu’on ne puisse cultiver de rhodos, d’azalées, de bruyères, etc. en zone 5, mais c’est plus difficile. LES PLANTES ACIDOPHILES Les plantes acidophiles proviennent de différentes régions du globe, mais sont souvent associées aux tourbières où une grande quantité de matières végétales à décom­position lente, combinée avec drainage réduit, résulte en un milieu acide. D’ailleurs, ces milieux ne manquent pas au Québec, où « sol humide » rime presque toujours avec « sol acide ». Dans ce chapitre, vous découvrirez plusieurs plantes acidophiles, assez pour créer une plate-bande très variée, uniquement composée d’arbustes de sol acide, si cela vous tente. Et vous trouverez, éparpillés dans tous les chapitres de cette section, d’autres arbustes qui, à défaut d’être acidophiles, se sentent très à l’aise dans un sol acide.

Azalées botaniques Azalées hybrides Bruyère commune Bruyère d’hiver Kalmia à feuilles étroites Rhododendrons botaniques à grosses feuilles

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Rhododendrons hybrides à grosses feuilles Rhododendrons hybrides finlandais Rhododendrons botaniques à petites feuilles Rhododendrons hybrides à petites feuilles Rhododendrons yak Thé du Labrador

Azalées botaniques

Rhododendron canadense albiflorum

Azalées

botaniques Rhododendron canadensis et autres Noms anglais : Species Azaleas. Hauteur à maturité : variable, 75 cm à 2,5 m. Diamètre à maturité : variable, 1 à 2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : riche, humide, bien drainé, légèrement à très acide. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Blanc, charançons, chlorose, pourriture de la couronne. Taille : peu fréquente. Suppression des branches trop longues après la floraison. Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, attire les papillons. Zone de rusticité : 4a à 5b, selon l’espèce.

Médaillon : Rhododendron canadense

P

our bien des gens, « azalée » égale « climat doux ». On pen­ se davantage aux paysages ultra colorés au printemps des Callaway Gardens, en Georgie, qu’au Jardin Roger-Van den Hende, à Sainte-Foy au Québec, même si ce dernier contient l’une des plus importantes collections d’azalées au Canada. En fait, on trouve de telles azalées partout dans les régions tropicales et tempérées de l’hémisphère Nord, même sous les froids sibériens du Québec. C’est d’ailleurs à partir de ces espèces d’origine qu’ont été développées les azalées hybrides Exbury, Knapp Hill, de Gand, Mollis, Weston, etc., décrites dans la fiche suivante. Les azalées rustiques ont des feuilles vert moyen, minces, lis­ ses ou duveteuses, grandes ou pe­ tites, rougissant souvent joliment à l’automne. Les fleurs

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Dans un sol acide

en trompette, habi­tuel­lement parfumées, appa­ rais­ sent à la Les azalées sont en fait des Rhododendron. Autrefois on mi-printemps, en même temps distinguait entre Rhododendron, à 10 étamines ou plus, que les feuilles, ou à la fin de à fleurs en forme de coupe et généralement à feuilles cette saison, après la feuil­ coriaces et persistantes, et Azalea, à 5 étamines, à fleurs laison. Sous des conditions en trompette et habituellement, pour les espèces de exceptionnelles (un été très climat tempéré, à feuilles minces et caduques. Cepen­ sec, un automne long et doux), dant, les deux « genres » ont démontré être géné­ ti­ certaines azalées re­fleu­rissent que­ ment compatibles, s’entrecroisant pour donner tomne, mais il n’existe des plantes aux traits mélangés, et furent donc réunis à l’au­ c ore, sous le seul nom de Rhododendron. Aujourd’hui, la pas vraiment… en­ distinction entre « rhododendron » et « azalée » perdure d’azalées rustiques à flo­raison bien plus en fonction des habitudes des jardiniers qu’en au­tomnale. Les fruits secs sont fonction des exigences de la botanique. La distinction sans attrait et certains jar­ est toutefois utile pour nous aider à diviser un vaste diniers les suppriment. En général, les azalées genre de près de 900 espèces et plus de 10 000 cultivars en catégories plus petites, plus faciles à saisir. Pour sont plus faciles à cultiver que les besoins de ce livre, les azalées sont essentiellement les rhododendrons à feuilles des Rhodo­dendrons à feuilles caduques et aux fleurs en persistantes. Elles croissent trompette. très bien en plein soleil ou à mi-ombre, et tolèrent mieux des sols plutôt secs, même si un bon paillis et un arrosage ré­gulier par temps de sécheresse sont fortement recommandés. Bien que préférant un sol moyennement acide, elles s’adaptent très bien à la terre à jardin ordinaire, sauf si elle est vraiment alcaline. Parce que leurs racines sont superficielles, les azalées réclament un sol léger et aéré, et il faut éviter de sarcler à leur base. Les boutons de fleurs de l’année suivante commencent à se former immédiatement après la floraison et toute taille, si nécessaire, doit aussi avoir lieu lorsque les dernières fleurs se fanent, sinon la floraison de l’année suivante est perdue. Par contre, à part la suppression de branches trop longues, les azalées ont besoin de peu de taille. On peut toutefois facilement rajeunir une azalée vieillissante en rabattant les plus vieilles branches ou même tout l’arbuste parce que cette plante se régénère bien du pied. Les boutons floraux, déjà très visibles à l’automne, peuvent s’assécher lorsqu’ils sont exposés au soleil et aux vents froids de l’hiver. Idéalement, on cultive les azalées un peu à l’abri. Aussi, étant donné leur système racinaire lent à se développer, mieux vaut les planter au printemps et les protéger de jute ou de géotextile pendant le pre­ mier hiver pour leur donner la chance de bien s’établir avant de subir un « véritable hiver ». Ensuite, si vous aviez choisi un cultivar bien adapté à vos conditions, aucune protection ne sera nécessaire. Enfin, si vous respectez les zones recommandées, une bonne couche de neige hivernale ne leur est pas aussi nécessaire que pour les rhodo­ dendrons à feuilles larges, mais demeure toujours bienvenue. Notez que la rusticité des azalées semble chuter lorsqu’elles sont fertilisées trop abondamment. Des appli­ cations régulières de paillis comportant du compost sont peut-être la meilleure fertilisation à leur donner ! La multiplication des azalées, que ce soit par bouturage ou par semences, est plutôt difficile. Mieux vaut acheter des plants si vous en voulez des nouveaux. Par contre, certaines azalées drageonnent et vous offrent alors de jeunes « clones » que vous n’avez qu’à déterrer et transplanter ailleurs. Note importante : Plusieurs azalées semblent plus gélives durant les 4 ou 5 premières années de culture, puis, lorsqu’elles survivent, finissent par s’acclimater parfaitement. Je vous suggère donc d’acheter de très jeunes plants, à peine plus que des boutures enracinées, et de les planter dans un emplacement convenable, où la neige s’accumule. Quand ils seront assez gros pour dépasser davantage de la neige, leur pleine rusticité sera acquise !

Rhododendron

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ou azalée ?

Dans un sol acide

ESPÈCES RECOMMANDÉES : ❧ Rhododendron calendulaceum (azalée flamboyante, anglais : Flame Azalea) : espèce américaine indigène en Virginie et en Georgie, mais passablement rusti­ que plus au nord. Ses fleurs printanières inodores sont grosses et viennent dans plusieurs teintes souvent très vives de rouge, d’orangé, de jaune et de saumon. Elle est bien établie depuis des décennies au Jardin Roger-Van den Hende, à Sainte-Foy, en zone 4b, mais profite d’une bonne couche de neige. Elle y fleurit jusqu’à l’extrémité des branches tous les ans, sans jamais souffrir de brûlures hivernales. Feuilles jaunes à l’automne. 120 à 180 cm x 120 x 180 cm. Zone 5 (4b en site protégé). R. canadense (rhododendron du Canada, rhodora, anglais : Rhodora) : c’est notre rhododendron indigène, si commun dans les tourbières et terres acides partout au Québec, et de Terre-Neuve à l’Ontario et jusqu’en Pennsylvanie dans le Sud. D’ailleurs, malgré ses feuilles caduques vert gris, on le considère comme étant un rhododendron et non une azalée. Les fleurs sont inhabituelles pour un rhododendron, étant à deux lèvres plutôt qu’en coupe. Ainsi, pendant longtemps, on l’avait mis dans son propre genre, Rhodora. Croissance assez ouverte, souvent dénudée à la base, mais au sommet abondamment couvert de fleurs rose magenta avant la feuillaison. Excellent sujet pour les coins humides et la naturalisation en tourbières et dans les marécages. Sensible au blanc dans les emplacements secs. 90 à 120 cm x 1,5 m. Zone 2b. ❧ R. canadense albiflorum : comme l’espèce, mais à fleurs blanches. 90 à 120 cm x 1,5 m. Zone 2b. ❧ R. japonicum (azalée du Japon, anglais : Japanese Azalea) : Azalée à feuilles caduques. Grosses fleurs, rouge brique à rouge orangé, malodorantes, à la fin du printemps. 1 à 2,5 m x 1,5 à 2 m. Zone 6 (4b en site protégé). ❧ R. kiusianum ‘Album’ (azalée de Kyushu, anglais : Kyushu Azalea) : cette forme à fleurs blanches de l’azalée de Kyushu est plus rustique que l’espèce (normalement 7a), se cultivant bien en zone 5b avec une simple protection contre le vent. Petites feuilles normalement persistantes, mais souvent caduques sous notre climat. Fleurs en entonnoir. 1 m x 1 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ R. kiusianum ‘Benisuzume’ : fleurs rouge orangé. 75 cm x 1 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ R. kiusianum ‘Yumbae’ : fleurs roses. 1 m x 1 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ R. mucronulatum (rhododendron de Corée, anglais : Korean Rhododendron) : comme R. canadense, il s’agit de l’un des rares véritables rhododen­drons à feuilles caduques. Il s’agit de l’un des rhodos décidus les plus rustiques et les plus faciles à cultiver. Floraison très hâtive, à plan­ter à l’abri du vent pour éviter que les boutons soient touchés par des gels tardifs. Fleurs rose pourpre en enton­noir. Feuilles caduques, vert moyen l’été et jaune et rouge bronzé à l’automne. Port érigé. 1 à 1,5 m x 1 à 1,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ R. mucronulatum ‘Cornell Pink’ : la variété la plus cou­ rante. Rose pur, sans trace de magenta. 1 à 1,5 m x 1 à 1,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). Rhododendron mucronulatum

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Dans un sol acide

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❧ R. mucronulatum ‘Crater’s Edge’ : variété naine. Boutons rouge foncé, fleurs rose lavande. 90 cm x 1,2 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ R. mucronulatum ‘Mahogany Red’ : fleurs rouge cramoisi. Feuillage vert très foncé, rouge foncé à l’au­tomne. 1 à 1,5 m x 1 à 1,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). Rhododendron schlippenbachii ❧ R. periclymenoides, syn. R. nudiflorum (azalée-chèvrefeuille, anglais : Honeysuckle Azalea, Pinxterbloom Azalea) : Azalée américaine indigène du Massachusetts à l’Ohio et à la Caroline du Nord. Curieuses fleurs en entonnoir très éclaté et aux longues étamines. Légèrement parfumées, violet foncé à rose pâle, même blanches, elles apparaissent avant les feuilles. Feuil­ lage vert vif l’été, jaune à l’automne. Drageonne souvent abondam­ment. Tolère les sols sablonneux et secs. 1,2 à 1,8 m x 1,2 m. Zone 5b (4b en site protégé). R. prinophyllum, syn. R. roseum (azalée rose, anglais : Roseshell Azalea, Piedmont Azalea) : espèce américaine, surtout de la Nouvelle-Angleterre jusqu’en Oklahoma, mais indigène dans le sud du Québec. Feuilles cadu­ques, vert pomme l’été, souvent bronzées à l’automne. Fleurs rose vif au parfum intense de clou de girofle. 1,2 à 1,75 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. schlippenbachii (azalée royale, anglais : Royal Azalea) : fleurs parfu­mées rose pâle, parfois blanches, avant les feuilles. Feuilles orange, rouges et jaunes à l’automne. Croît sans le moindre dommage au Jardin Roger-Van den Hende depuis 30 ans et fleurit abondamment tous les ans. 1,2 à 2 m x 1,2 à 2 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ R. vaseyi (azalée de Vasey, anglais : Pinkshell Azalea) : espèce américaine de la Caroline du Nord. Fleurs inodores, rose clair, en forme de cloche. Bien implantée au Jardin Roger-Van den Hende (zone 4b) où elle fleurit abondam­ ment. Port dressé irrégulier. Feuilles vert moyen devenant rouge pâle à l’automne. 1,5 à 2 m x 1, 5 à 2 m. Zone 6b (4b en site protégé). ❧ R. viscosum (azalée des marais, anglais : Swamp Azalea) : autre espèce amé­ricaine, indigène de l’Alabama jusqu’aux portes du Québec, le Maine comptant plusieurs stations. Fleurs blanches, rarement roses, au parfum de clou de girofle, en juin ou juillet. Tiges collantes. Feuilles caduques vert lustré, orangées à l’automne. Très rustique et bien adaptée aux régions où la neige est abondante. N’est pas aussi dépendante d’un sol humide que son nom commun semble le suggérer. 75 à 150 cm x 75 à 100 cm. Zone 4a (3b en site protégé). ❧ R. yedoense poukhanense, syn. R. poukhanense (azalée de Corée, anglais : Korean Rhododendron) : fleurs lavande à rose pourpré, avec une macule plus foncée sur le pétale supérieur. Légèrement parfumé. Feuillage vert foncé devenant rouge orangé à l’automne. 1 à 2 m x 2 à 3 m. Zone 5b (4b en site protégé).

Azalées hybrides Azalées

hybrides Rhododendron spp. Noms anglais : Hybrid Azaleas. Hauteur à maturité : variable, 1,2 à 2 m. Diamètre à maturité : variable, 1 à 2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : riche, humide, bien drainé, légèrement à très acide. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière ou estivale. Intérêts secondaires : coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Blanc, charançons, chlorose, pourriture de la couronne. Taille : peu fréquente. Suppression des branches trop longues après la floraison. Multiplication : boutures herbacées ou semi-aoûtées. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, rocaille, sousbois, attire les papillons. Zone de rusticité : 2a à 5b, selon le cultivar.

Rhododendron ‘Viscosepala’

L

es azalées hybrides sont en culture depuis fort longtemps, mais ont été jusqu’à récemment considérées trop peu rustiques pour le Québec. On découvre cependant que leur réputation de plan­tes gélives, à protéger absolument durant l’hiver pour avoir quelques fleurs, est nettement surfaite. Au contraire, de nombreuses azalées hybrides sont très rustiques et fleurissent en abondance sans soins particuliers. La preuve de cela est la série Lights, maintenant très populaire et fortement recommandée pour notre climat. Elle est d’ailleurs tellement performante qu’elle a été décrite dans le chapitre Des arbustes vraiment sans entretien. Les azalées hybrides rustiques sont habituellement des croisements entre les espèces américaines et eurasiatiques. Les premières sont solidement rustiques, du moins sous couverture de neige, en zones 5 et moins, et surtout de couleur rose ou blanche. Les azalées eurasiatiques, surtout orientales, sont moins rustiques mais offrent une plus vaste gamme de couleurs, notamment jaune, orange et rouge. Curieu­ sement, les hybrides sont souvent plus rustiques que leurs deux parents ! Plusieurs

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Dans un sol acide

experts essaient de regrouper les centaines d’hybrides d’azalées rustiques selon leur parenté ou leur provenance (hybrides de Gand, hybrides Exbury, hybrides Knapp Hill, hybrides Mollis, etc.), mais le degré d’hybridation est tel que je con­ sidère maintenant cela pratiquement impossible. Ici je les présente surtout en ordre alphabétique seulement, avec parfois des références à leurs origines. Comme la culture des azalées hybrides est généralement identique à celle des espèces botaniques, je vous réfère donc à la fiche précédente. En résumé, ce sont des plantes de sol au moins légèrement acide, bien drainé et humide, préférant plus de soleil que les rhododendrons à feuilles persistantes et moins sujettes aux brûlures hivernales que ces derniers. Ayant un système racinaire fragile, elles préfèrent un sol meuble et un bon paillis organique et craignent les sols lourds, glaiseux ou calcaires. De plus, une bonne couche de neige ne leur nuit jamais ! La multiplication des azalées hybrides est plutôt difficile et se fait uniquement par bouturage, les semences n’étant jamais fidèles au type. La plus grande difficulté avec les azalées hybrides consiste à choisir des cultivars convenables. En fait, il en existe des centaines, mais seulement quelquesuns sont bien adaptés aux climats vraiment froids. C’est pour cela qu’il est si facile de recommander les azalées Lights, décrites dans le premier chapitre de cette section, Des arbustes vraiment sans entretien ! : on peut cultiver n’importe lequel des hybrides Lights et espérer de bons résultats. Mais comment choisir parmi les centaines d’autres azalées, dont les croisements sont si complexes que souvent leur origine est oubliée ? Acheter une azalée au hasard risque de vous décevoir, car la majorité ne sont pas rustiques sous notre climat. On ne peut que se laisser guider par des listes de cultivars recommandés, dont la suivante. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Cette description ne couvre que des cultivars couramment disponibles (du moins par la poste) et réputés pour leur bonne rusticité et leur bonne adaptabilité aux conditions climatiques de l’est de l’Amérique. Les dimensions données sont celles obtenues sous notre climat : ailleurs, les plantes peuvent souvent être deux fois plus grosses. ❧ Rhododendron ‘Cannon’s Double’ : fleurs printanières, doubles, bicolores, orange et jaune crème. Croissance vigoureuse. Sujet au blanc. Hybride Exbury. 90 à 150 cm x 1 m. Zone 5 (4b en site protégé). ❧ R. ‘Fireball’ : feuillage rougeâtre au printemps. Fleurs printanières rouge feu. Hybride Knapp Hill. 90 à 150 cm x 1 m. Zone 5 (4b en site protégé). ❧ R. ‘Gibraltar’ : bouquets arrondis de fleurs, orange brillant rehaussé de rouge. Floraison printanière. Sujet au blanc. Hybride Knapp Hill. 1 à 1,75 cm x 1 à 1,25 m. Zone 4b (zone 4a en site protégé). ❧ R. ‘King’s Red’ : fleurs rouge vif à pétales ondulés. Floraison printanière. Hybride Exbury. 1 à 1,75 cm x 1 à 1,25 m. Zone 5 (4b en site protégé). ❧ R. ‘Klondyke’ : nouvelles feuilles rouge cuivré. Grosses fleurs orange doré. Croissance lente. Floraison printanière. Hybride Exbury. 1 à 1,75 cm x 1 à 1,25 m. Zone 5 (4b en site protégé). ❧ R. ‘Lemon Drop’ : nombreuses petites fleurs jaune citron à la mi-juillet. Parfum citronné. Fleurs partiellement cachées par les feuilles. Feuilles rouges durables à l’automne. Hybride Weston. 1 à 1,5 cm x 1 m. Zone 4b (3a en site protégé). ❧ R. ‘Lollipop’ : fleurs roses marquées de jaune. Fleurs parfumées. Floraison estivale. Hybride Weston. 1,5 m x 1 m. Zone 5 (4b en site protégé).

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Dans un sol acide

❧ R. hybrides Mollis, syn. R. x kosteranum : non pas un cultivar, mais un groupe d’hybrides dérivés, entre autres, de l’espèce asiatique R. molle. Ces hybrides datent des années 1860, et plusieurs des noms de variétés ont été perdus. Généralement ce sont de grandes plantes aux nombreuses petites fleurs dégageant un parfum musqué, dans des teintes vives d’orange, de jaune et d’écarlate, et parfois pastel, rose ou blanches. Rusticité variable… mais certaines survivent depuis plus de 60 ans au Mount Hermon Cemetery, à Sillery, en zone 4b sans le moindre entretien ou autre protection qu’une bonne couche de neige. Ces variétés fleurissent jusqu’au bout des branches, même celles complètement exposées à des températures de -35 ˚C… mais souffrent terriblement de gel à Montréal, à -23 ˚C, car leurs racines sont davantage exposées par les dégels hivernaux ! On peut en déduire que les racines et la base de la plante ont absolument besoin d’une bonne couverture de neige ou d’un paillis très épais. Étant donné l’imbroglio concernant la rusticité de ces cultivars, recherchez des boutures prélevées sur des plantes cultivées en zone froide. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zones 4b à 2b. Non recommandée en zone 5. ❧ R. Mollis ‘Snowdrift’ : boutons rose pâle, fleurs blanches, parfois blanc crème. Floraison printanière. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 4a (3b en site protégé). Non recommandée en zone 5. ❧ R. ‘Narcissiflora’ : vieille variété à petites fleurs doubles, parfumées, jaunes. Parmi les azalées qui résistent depuis 60 ans au Mount Hermon Cemetery. Hybride de Gand. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zones 4b à 2b. Non recommandée en zone 5. ❧ R. ‘Parade’ : abondantes fleurs rose foncé à œil orange. Parfum doux. Floraison estivale. Feuilles rouges en automne. Hybride Weston. 1,5 m x 1 m. Zone 4b (4a en site protégé). ❧ R. ‘Pink and Sweet’ : fleurs rose pâle à gorge jaune. Floraison estivale. Parfum épicé extrêmement intense. Feuillage rouge pourpré à l’automne. Hybride Weston. 1,5 m x 1 m. Zone 4a (3b en site protégé). ❧ R. ‘Popsicle’ : fleurs rose corail, parfumées. Floraison estivale. Très rusti­ que, autant que les azalées Lights. Hybride Weston. 1,5 m x 1 m. Zone 3a. ❧ R. ‘Strawberry Ice’ : boutons rose foncé. Fleurs rose tendre avec des marques plus foncées, gorge jaune. Floraison printanière. 1,2 m x 1 m. Hybride Exbury. Zone 4b (4a en site protégé). ❧ R. ‘Sunbonnet’ : fleurs jaunes très abondantes. Floraison printanière. 1,5 m x 1 m. Zone 5b (zone 4b en site protégé). ❧ R. ‘Tunis’ : fleur rouge écarlate, tachetée d’orange. Floraison printanière. Hybride Knapp Hill. 1,2 m x 1 m. Zone 4b (zone 4a en site protégé). ❧ R. ‘Viscosepalum’ : fleurs blanches. Floraison printanière. Hybride de Gand. 1,5 m x 1 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ R. ‘Weston’s Innocence’ : fleurs d’un blanc pur au printemps. Très parfumées. Feuillage bronzé à l’automne. Hybride Weston. 1,5 m x 1 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ R. ‘White Swan’ : fleurs blanches à gorge jaune. Très parfumées. Floraison printanière. 1,2 m x 1 m. Zone 4b (zone 4a en site protégé).

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Bruyère commune

Calluna vulgaris ‘Alportii’

C

e magnifique petit arbuste forme un dense monticule de tiges bien serrées, entiè­ re­ ment recouvertes de petites feuilles en forme de minuscules écailles, habituellement vertes, mais argentées ou dorées chez certains cultivars. Les feuilles sont placées sur quatre rangées, ce qui donne à la tige une ap­parence carrée. Au milieu ou à la fin de l’été, il pro­ duit au sommet de ses courtes branches de minces épis de pe­ tites clo­ chettes pourprées, parfu­mées. La bruyère commune (voir la fiche suivante pour la « bruyère d’hiver », Erica carnea) est la plus rustique des bruyères et adore le climat de l’est et du nord du Québec, avec ses étés frais et sa couverture de neige durable. Elle l’aime tellement qu’elle se ressème abondam­ment dans les sols acides dénu­dés de ce coin de pays et l’on trouve des petites

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Bruyère

commune

Calluna vulgaris Noms anglais : Scotch Heather. Hauteur à maturité : 10 à 75 cm. Diamètre à maturité : 30 à 60 cm. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : évasé, arrondi ou rampant. Sol : ordinaire à pauvre, bien drainé, humide, très acide à neutre. Tolère mal le compactage. Résistance au sel. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison estivale/automnale. Intérêts secondaires : port tapissant. Coloration automnale. Feuillage : persistant. Problèmes : peu fréquents. Araignées rouges, pourriture de la couronne en milieu humide chaud. Très sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : peu nécessaire. À la fonte des neiges, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées, semences fraîches. Utilisation : bord de mer, bordure, couvre-sol, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, fleur parfumée, fleur séchée, plante mellifère, utilisations médicinales. Zone de rusticité (site exposé) : 6. Zone de rusticité (site protégé) : 4 à 2a.

Dans un sol acide

colonies naturalisées de bruyère commune en Gaspésie, sur la Côte-Nord, ainsi qu’à Terre-Neuve. Ce serait le résultat, semble-t-il, de graines de Calluna importées accidentellement d’Europe dans le lest des bateaux il y a plusieurs générations. On ne peut cependant pas en dire autant de sa performance dans l’ouest de la province. Sous ses étés chauds et souvent secs et ses hivers sans neige, la plante croît faiblement et disparaît souvent après un hiver trop dur. On peut même généralement recommander la bruyère commune partout ailleurs au Québec… mais il faut bien choisir son emplacement en zone 5. Pour le conserver dans les régions sujettes à la fonte des neiges, il est quasiment nécessaire de la recouvrir de sapinages à l’automne ou de pelleter pour la recouvrir régulièrement de neige. Secret de jardinier pares­seux : apprenez à laisser cette jolie mais capricieuse plante aux autres si elle vous demande trop de travail ! Aux endroits où le climat permet sa culture, la bruyère commune demande un sol bien drainé et humide, pauvre (sable, pierres, tourbière, etc.) à riche en humus. Bien que la bruyère préfère un sol au pH de moins de 6, elle s’adapte très bien à un sol au pH de 6,5, à condition qu’il ne contienne pas de calcaire. Elle tolère cependant difficilement les sols abondamment fertilisés et les arrosages excessifs : un em­pla­ce­ ment tout près d’un gazon bichonné risque de causer sa mort. En effet, mieux vaut négliger cet arbuste plutôt que de le dorloter ! Le plein soleil est idéal, mais la bruyère commune réussit quand même bien à l’ombre, fleurissant toutefois un peu moins. La taille est peu nécessaire, sauf peut-être pour égaliser un arbuste vieillissant ou dégarni. La bruyère fait un excellent couvre-sol et est très populaire dans la rocaille, le jardin alpin et en auge. À essayer absolument en bordure de mer car elle tolère très bien le sel, et parmi les roches et lichens du Grand-Nord, dans ce dernier cas, préfé­ rablement un peu à l’abri des pires vents hivernaux. La floraison survient tardivement, en août ou septembre, se maintient sur 2 mois, et parfois plus. Très souvent la plante est encore en fleurs quand arrivent les premières neiges. Les fleurs sèchent souvent sur place, donnant l’impression d’un arbuste en­core en fleurs lorsque la neige fond le printemps suivant. La multiplication est facile par bouturage et par semis, mais les semis de cultivars ne sont pas fidèles au type. Dans les régions aux étés frais et aux hivers neigeux, la bruyère commune a peu d’ennemis. Dans les régions aux étés chauds et aux dégels hivernaux, elle souffre souvent de pourriture de la couronne, d’arai­gnées rouges, de brûlures hivernales, etc. La bruyère a une longue histoire d’utilisation dans son Europe natale, d’abord dans la fabrication de balais (Calluna vient du latin kalluno pour « nettoyer »), mais aussi comme plante médicinale pour traiter diverses maladies. Les fleurs très par­ fumées qui attirent énormément les abeilles permettent la production d’un miel de bruyère. On peut aussi faire sécher les tiges fleuries pour une décoration hivernale.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Il n’y a qu’une seule espèce dans le genre Calluna, C. vulgaris, mais elle a donné à ce jour plus de 1 000 cultivars ! En voici quelques-uns, la plupart des variétés nai­nes, ces dernières semblant mieux s’acclimater au Québec que la bruyère normale, laquelle atteint jusqu’à 75 cm de hauteur. Note : Sauf mention contraire, tous les cultivars décrits mesurent environ 20 à 30 cm x 30 à 60 cm et sont adaptés aux endroits des zones 4 à 2a recevant une bonne couverture de neige. En zone 5, il y a souvent des pertes hivernales. ❧ C. vulgaris ‘Alportii’ : fleurs roses, feuillage vert vif. ❧ C. vulgaris ‘Aurea’ : feuillage doré l’été, devenant roux l’hiver. Fleurs rose pâle. La coloration du feuillage rend cette variété de plus en plus populaire. 30 à 45 cm x 30 à 60 cm.

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Dans un sol acide

❧ C. vulgaris ‘Blazeaway’ : fleurs mauve lilas. Feuillage vert devenant rouge à orange l’hiver. Spectaculaire ! 30 à 45 cm x 30 à 60 cm. ❧ C. vulgaris ‘Boskoop’ : fleurs rose-lilas. Feuillage doré l’été, rouge orangé l’hiver. Très populaire ! ❧ C. vulgaris ‘Corbett’s Red’ : fleurs rose très foncé. Feuillage vert foncé. Port compact. Excellent couvre-sol. 30 à 45 cm x 30 à 60 cm. ❧ C. vulgaris ‘Cuprea’ : fleurs mauve pâle. Longues tiges dorées en été, rouge bronzé en hiver. ❧ C. vulgaris ‘Darkness’ : croissance dense. Feuillage vert foncé. Fleurs cramoisies : l’une des plus sombres chez les bruyères communes. ❧ C. vulgaris ‘Golden Carpet’ : variété naine tapissante, à feuillage jaune devenant rouge orangé l’hiver. Fleurs mauves. Moins rustique que d’autres. 10 à 15 cm x 30 cm. Zones 4a à 4b. ❧ C. vulgaris ‘Gold Haze’ : fleurs blanches. Feuillage doré maintenant sa coloration toute l’année. ❧ C. vulgaris ‘J.H. Hamilton’ : port nain et compact. Fleurs doubles rose foncé. Feuillage vert foncé. 10 à 15 cm x 25 cm. ❧ C. vulgaris ‘Jan Dekker’ : feuillage gris argenté. Fleurs mauves. Variété compacte : 10 à 15 cm x 30 cm. ❧ C. vulgaris ‘Mair’s Variety’ : longs épis de fleurs simples, blanches. Excellente fleur séchée. Feuillage vert foncé. Croissance vigoureuse et floraison abondante. ❧ C. vulgaris ‘Marleen’ : boutons blancs à pointe pourpre. Feuillage vert foncé. Les fleurs sont stériles, un trait qui prolonge leur durée jusqu’en novembre. ❧ C. vulgaris ‘Multicolor’ : feuillage vert jaunâtre au printemps, devenant jaune doré à l’automne. Nouvelles pousses printanières rouge cuivré. Fleurs pourpres. Port rampant. 10 à 15 cm x 25 cm. ❧ C. vulgaris ‘Radnor’ : fleurs rose foncé double. Port compact. Feuillage vert tendre. ❧ C. vulgaris ‘Rosea’ : fleurs rose foncé. Port compact étalant. Feuillage vert teinté de bronze en hiver. Nouvelles pousses rougeâtres au printemps. ❧ C. vulgaris ‘Spring Torch’ : fleurs mauves. Feuillage vert moyen aux pointes roses et rouges en hiver, crème et blanches en été. Port arrondi. 30-45 cm x 45-60 cm. ❧ C. vulgaris ‘Underwoodii’ : fleurs lilas apparaissant tôt, dès juillet, mais n’ouvrant pas complètement. Comme elles ne sont pas pollinisées, elles ne montent pas en graines et restent donc longtemps sur la plante. Elles finis­sent par pâlir et devenir blanc argenté, mais sont encore en bon état en novembre. Port étalé. Feuillage vert foncé rosé en hiver. 30-45 cm x 45-60 cm. ❧ C. vulgaris ‘White Lawn’ : petit couvre-sol aux fleurs blanches. Feuillage vert moyen. Port complètement prostré. 10 cm x 45 cm.

VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ C. vulgaris ‘Peter Sparkes’ : croissance faible. Même s’il survit en zone 2a sous une bonne couche de neige, ce cultivar tend à subir des dégâts hivernaux sous presque tous les climats. Feuillage vert tendre. Fleurs doubles rose foncé. 40 cm x 55 cm.

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Bruyère d’hiver

Erica tetralix ‘Pink Star’

Bruyère d’hiver Erica carnea Noms anglais : Spring Heath, Winter Heath. Hauteur à maturité : 10 à 20 cm. Diamètre à maturité : 45 à 60 cm. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : étalé. Sol : ordinaire à pauvre, bien drainé, humide, très acide à alcalin. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : port étalé. Feuillage : persistant. Problèmes : peu fréquents. Blanc, rouille, pourriture de la couronne. Sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : peu nécessaire. Peu fréquente. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées. Semences fraîches. Utilisation : bordure, coin humide, couvre-sol, isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, plante mellifère. Zone de rusticité (site exposé) : 6. Zone de rusticité (site protégé) : 4b.

I

l y a plus de 700 espèces d’Erica, la plupart originaires d’Afrique du Sud, mais plu­ sieurs venant aussi d’Europe. La bruyère d’hiver (E. carnea) est l’espèce la plus courante en culture. Indigène dans les Alpes, elle peut fleurir dès le mois de décembre ou janvier sous un climat propice (d’où les noms « bruyère d’hiver » et « bruyère de neige »), mais plus habi­ tuellement en février ou mars. Sous notre climat, elle fleu­ rit peu après la fonte des neiges. Il y a une forte ressem­ blan­ce entre Calluna et Erica, d’ail­ leurs tous deux appelées bruy­res. Les Erica en général, et E. carnea plus particu­liè­re­ment, ont des feuilles plus longues et pointues, en aiguille, plutôt que des feuilles en « écaille », et leurs fleurs moins en forme de clo­chet­te ont d’avantage l’allure

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Dans un sol acide

d’un tube pincé à une extrémité. Comme pour Calluna, la floraison dure un bon deux mois. Le feuillage tend à être vert moyen à vert foncé, sans changement de couleur notable selon la saison. Ce qui les distingue le plus, c’est la période de flo­ rai­son : s’il y a des fleurs au printemps, c’est une bruyère d’hiver, et si les fleurs ap­pa­­raissent à la fin de l’été ou à l’automne, c’est une bruyère commune. Cette similitude s’étend aussi à leur culture : je vous suggère tout simplement de lire la culture de Calluna vulgaris (fiche précédente) pour tout savoir sur E. carnea. Les seules différences sont que Erica tolère moins bien les embruns salins, résiste mieux aux sols calcaires, un pH de 7 ne la dérangeant pas particulièrement, et est moins rustique. En effet, E. carnea est à peine rustique au Québec, ne survivant pas du tout dans un endroit pleinement exposé, ou seulement avec des dommages majeurs presque tous les hivers. Dans un emplacement plus abrité du vent en zone 5, la réussite est un peu meilleure, mais même en zone 4, sous une abondante couver­ture de neige, il y a souvent des dommages. Toutefois, c’est seulement en zone 4b, dans un empla­ cement où la couverture de neige est assurée et où la plante profite à la fois d’une humidité suffisante au début de la saison hivernale et d’un drainage parfait, que l’on peut espérer que cette plante puisse vraiment réussir au Québec. Les amateurs de rocailles et de plantes alpines pourront toutefois la réussir dans les zones 4 et 5 en la recouvrant abondamment d’un paillis aéré (des sapinages, par exemple) au début de l’hiver. Personnellement, dédaignant tout effort de protection hivernale, j’ai appris à la remplacer par la bruyère commune (Calluna vulgaris) qui semble totalement rustique dans mon jardin de zone 4b où elle profite d’une abondante et fidèle couverture de neige, tandis que la bruyère d’hiver (E. carnea) subit des dommages presque chaque hiver. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Erica carnea (bruyère d’hiver, bruyère des neiges) : c’est l’espèce la plus couramment vendue au Québec et vient dans une bonne variété de cou­leurs dans la gamme des rouges, roses, pourpres et blancs. Note : sauf mention con­traire, toutes les variétés décrites ont un feuillage vert foncé, mesurent envi­ron 10 à 20 cm x 45 à 60 cm et sont rustiques en zone 6 (4b sous couverture de neige). ❧ E. carnea ‘Alba’ : fleurs blanches. ❧ E. carnea ‘December Red’ : fleurs lilas devenant pourprées. Port étalé. ❧ E. carnea ‘Golden Starlet’ : fleurs blanches. Feuillage doré l’été, vert lime l’hiver. ❧ E. carnea ‘Heathwood’ : fleurs rose pourpré. Feuillage vert bronzé. ❧ E. carnea ‘Myretoun Ruby’ : fleurs rose foncé, devenant carmin. ❧ E. carnea ‘Pirbright Rose’ : fleurs rose foncé. Feuillage gris vert. ❧ E. carnea ‘Praecox Rubra’ : fleurs rose rouge. Réputé très hâtif en Europe (dès novembre !), mais fleu­rit avec les autres sous notre climat. ❧ E. carnea ‘Rosea’ : fleurs rose foncé. ❧ E. carnea ‘Scatterley’ : mi­nia­ ture intéressante, aux fleurs roses minuscules et aux petites feuilles vert moyen. 10 à 15 cm x 20 à 35 cm. Erica carnea

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Dans un sol acide

❧ E. carnea ‘Snow Queen’ : grosses fleurs blanches, tenues bien au-dessus du feuillage. Port compact. ❧ E. carnea ‘Springwood Pink’ : la bruyère d’hiver classique à fleurs roses. Nouvelles feuilles rougeâtres. ❧ E. carnea ‘Springwood White’ : la bruyère d’hiver classique à fleurs blanches. ❧ E. carnea ‘Vivelli’ : fleurs lilas devenant magenta.

AUTRES ESPÈCES : ❧ E. x darleyensis (bruyère Erica carnea ‘Golden Starlet’ de Darley, anglais : Darley Heath) : croisement de E. carnea avec E. erigena. Ressemble à E. carnea, mais théoriquement de plus grande taille. Sous notre climat, par contre, les tiges gèlent souvent aux extrémités et les plantes ne réussissent pas nécessairement à atteindre leur hauteur potentielle. Plusieurs cultivars existent, mais tous sont de rusticité très limitée au Québec. Fleurit dès l’automne ailleurs, mais tôt au printemps chez nous. 20 à 60 cm x 60 à 100 cm. Zone 6b (4b sous couverture de neige). ❧ E. x darleyensis ‘Arthur Johnson’ : longs épis de fleurs rose pâle devenant rose lavande. Léger parfum. 30 à 60 cm x 60 à 75 cm. Zone 6b (4b sous couverture de neige). ❧ E. x darleyensis ‘Furzey’, syn. ‘Cherry Stevens’ : rose lilas devenant rose rouge. 20 à 45 cm x 45 à 60 cm. Zone 6b (4b sous couverture de neige). ❧ E. x darleyensis ‘Silberschmelze’ : fleurs blanches. Variété tapissante. 20 à 45 cm x 60 à 100 cm. Zone 6b (4b sous couverture de neige). ❧ E. tetralix (bruyère à quatre angles, bruyère de marais, anglais : Crossleaved Heath) : cette bruyère est d’origine plus nordique que les autres Erica, jusqu’en Scandinavie, et serait plus rustique, mais ne semble pas avoir été beaucoup essayée au Québec. De petite taille et à floraison plus tardive (début à la fin de l’été) que les autres Erica, elle se rapproche de Calluna en apparence. Feuillage souvent argenté. Fleurs roses. Préfère un sol plus humide que les autres Erica. 20 à 50 cm x 30 à 45 cm. Zone 5, même sans couverture de neige ! 4a sous couverture de neige. ❧ E. tetralix ‘Alba’ : fleurs blanches. 20 à 50 cm x 30 à 45 cm. Zone 5 (4a sous couverture de neige). ❧ E. tetralix ‘Con Underwood’, syn. ‘Constance’ : fleurs cramoisies. Feuillage bien argenté. 20 à 25 cm x 30 à 45 cm. Zone 5 (4a sous couverture de neige). ❧ E. tetralix ‘Pink Star’ : fleurs rose lilas, portées en étoile tout autour de la tige. 15 à 20 cm x 30 à 45 cm. Zone 5 (4a sous couverture de neige). ❧ E. vagans (bruyère de Cornouailles, bruyère vagabonde) : espèce similaire à E. carnea, mais à tiges plus dressées. Floraison tardive : juillet à octobre. Rusticité semblable à E. carnea. Fleurs roses ou rose pourpré chez l’espèce, davantage blanches, rouges et pourpres chez les nombreux cultivars. 30 à 60 cm x 45 à 100 cm. Zone 5b (4b sous couverture de neige).

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Kalmia à feuilles étroites

Kalmia angustifolia

L

e kalmia à feuilles étroites est l’un des végétaux les plus ca­ rac­ téristiques de la flore du nord-est de l’Amérique du Nord. Au début de l’été, on voit ses fleurs roses partout : forêts, marécages, tourbières, flancs de montagne, etc. Sa capacité d’adap­ tation est phénoménale : on le trouve dans les sols les plus secs et aussi les racines baignant dans les sols dé­trempés des tour­bières, au plein soleil comme à l’ombre. Il n’y a que les sols cal­ cai­ res et les sols glaiseux où il manque… une leçon à retenir pour sa culture. C’est un petit arbuste à feuilles opposées ou verticillées, étroites, arrondies à l’extrémité, de texture coriace. Elles sont per­ sistantes, vert foncé parfois bleuté l’été, souvent pourprées l’hiver. Son port est arrondi, mais sou­ vent irrégulier dans la nature, ce que l’on voit moins en culture. Drageonnant, il forme à la longue un tapis végétal et fait un bon

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Kalmia

à feuilles étroites Kalmia angustifolia Noms anglais : Lambkill Kalmia, Sheep Laurel. Hauteur à maturité : 30 cm à 1 m. Diamètre à maturité : 1,2 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : globulaire, irrégulier. Sol : ordinaire, riche en matière organique, tourbeux, sablonneux ou pierreux, pauvre, humide, très acide à légèrement acide. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : coloration automnale. Feuillage : persistant. Problèmes : peu fréquents. Blanc, taches foliaires, chenilles. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées, division, marcottage, semences fraîches. Utilisation : coin humide, couvre-sol, fondation, isolé, haie, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, attire les papillons. Zone de rusticité : 1.

Dans un sol acide

couvre-sol. Les boutons floraux sont portés en corymbes terminaux denses. Ils sont généralement rose foncé, s’ouvrant pour révéler des fleurs en forme de coupe, roses à rose pâle, parfois blanches. En culture, cet arbuste est aussi adaptable que dans la nature : tout sol, même très pauvre, lui convient… sauf les sols calcaires et/ou argileux. Pour obtenir le plus de succès possible cependant, trouvez-lui un emplacement au moins légèrement humide en tout temps et bien acide. Sa rusticité est quasiment à toute épreuve, car il tolère sans peine les températures hivernales de -50 ˚C. Malgré tout, comme beau­coup d’Éricacées, il tient à sa petite couche de neige. S’il s’adapte au soleil comme à l’ombre, il fleurit peu à l’ombre dense. Dans les zones 1 à 4, il est beaucoup plus flori­fère en plein soleil, mais en zone 5 et plus chaude, il semble toutefois souffrir d’une trop grande chaleur et préfère la mi-ombre. Dans les régions aux étés chauds, un bon paillis et un sol maintenu constamment humide aident à conserver la fraîcheur qu’il préfère. Sa multiplication est difficile. Les boutures s’enracinent faiblement et même la culture à partir de semences n’est pas aisée. On peut prélever des divisions ou les marcottes qui se forment tout naturellement, mais son bois est très résistant aux sécateurs ! Justement, la difficulté de production de masse de cette plante a toujours freiné son succès commercial. Avec l’arrivée de la culture in vitro, qui fonctionne très bien avec le kalmia des montagnes, son cousin, peut-être le kalmia à feuilles étroites connaîtra-t-il sa part de la popularité actuelle des Éricacées ? Il le mériterait bien, car sa floraison est une splendeur ! À l’état naturel, le kalmia à feuilles étroites connaît sa part d’insectes et de mala­ dies, ce qui ne semble pas souvent le cas en culture. Comme plusieurs noms courants le suggèrent (crevard de moutons, Lambkill Kalmia, Sheep Laurel), le kalmia est très toxique pour de nombreux animaux de ferme, moutons, vaches, chevaux, etc., qui sont toutefois rarement tentés de manger ses feuilles avant la fin de l’hiver, lorsque rien d’autre n’est disponible. Curieusement, les orignaux l’évitent, même en temps de famine, mais les caribous le mangent sans problème ! Le dan­ger pour les enfants est toutefois limité, car il faut manger ses feuilles en importantes quantités pour s’intoxiquer… et les feuilles n’ont rien de bien attirant pour un enfant.

VARIÉTÉ RECOMMANDÉE : Kalmia angustifolia (kalmia à feuilles étroites, crevard de moutons) : habituel­ lement on vend l’espèce telle quelle, mais il en existe plusieurs variétés sélec­ tionnées… qu’on ne semble trouver que dans les jardins botaniques. Aucu­ne des variétés (K. angustifolia candida à fleurs blanches, K. angustifolia rosea à fleurs rou­ ge rosé, K. angustifolia rubra à fleurs rouge pourpré ou K. angustifolia pumila, une variété naine, etc.) n’est présentement disponible dans le commerce. Avis aux hybrideurs… cette plante a beaucoup de potentiel ! 30 cm à 1 m x 1,2 m. Zone 1.

AUTRE ESPÈCE : Il y a 7 espèces de Kalmia en tout, toutes originaires de l’est de l’Amérique du Nord, mais, à part K. angustifolia, seule l’espèce suivante est suffisamment rustique pour notre climat. Le superbe K. latifolia, tant aimé des jardiniers américains et européens, est décrit dans le chapitre Des tropicaux égarés.

K. polifolia (kalmia à feuilles d’andromède, kalmia glauque, anglais) : Bog Kalmia, Bog Laurel, Swamp Laurel) : c’est une espèce plus largement diffusée dans la nature, trouvée partout dans l’est de l’Amérique du Nord jusqu’aux Ro­cheu­ses, mais plus limitée quant à son habitat : marais, tourbières et autres lieux très humides. En culture, elle s’adapte quand même bien aux conditions plus sèches, mais, à l’instar de son cousin, pas aux sols calcaires. C’est un arbuste aux attrayantes feuilles vert foncé, luisantes, d’apparence linéaire, car les bords s’en­roulent vers le bas. Elle fleurit plus tôt que le kalmia à feuilles étroites, à la mi-printemps, et ses petites fleurs rose pourpré sont moins nombreuses. 10 à 100 cm x 30 à 75 cm. Zone 1. 457

Photo : Roméo Meloche, Jardin botanique de Montréal.

Rhododendrons botaniques à grosses feuilles

Rhododendron catawbiense ‘Boursault’

V

oici la plante qui a démarré la vogue de popularité des rhodo­ den­ drons ! Nommé d’après la rivière Catawba qui coule à travers les Carolines, où il fut découvert par le collecteur de plantes, John Fraser, en 1799, ce rhodo­ dendron fut envoyé à SaintPétersbourg où il a ravi la cour impériale russe par sa floraison spectaculaire et sa grande rusticité. En peu de temps, le rhodo­den­dron de Catawba régnait dans tous les jardins européens d’im­ portance, et le rho­ do­ den­ dron, jus­qu’alors con­sidéré comme un arbuste d’intérêt mineur, s’éle­­­vait au rang de vedette. Puis vinrent les croise­ments, d’abord intras­ pécifiques (entre diffé­rentes variétés de R. catawbiense), puis interspécifiques (entre

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Rhododendrons

botaniques à grosses feuilles Rhododendron catawbiense et autres Noms anglais : Catawba Rhododendron, Ironclad Rhododendron. Hauteur à maturité : 90 cm à 3 m. Diamètre à maturité : 1,2 à 2,5 m. Emplacement : mi-ombre ou ombre. Port : variable : érigé ou globulaire. Sol : riche en matière organique, bien drainé et légèrement humide, très acide à légèrement acide. Aucunement résistant au sel ni au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage persistant. Feuillage : persistant. Problèmes : sensibilité moyenne : chancres, charançons, perceurs, pour­riture de la couronne, taches foliaires. Très sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus den­se. Taille de rajeunissement sur plu­sieurs années sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herba­cées et semi-aoûtées. Semences. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, isolé, haie, massif, plate-bande, sous-bois, attire les papillons. Zone de rust. (boutons floraux) : 5b (4a en site protégé). Zone de rusticité (survie) : 3a.

Dans un sol acide

différentes espèces de rhododendrons américains et autres). Bientôt le rhododendron de Catawba et ses descendants étaient présents dans presque tous les jardins de climat tempéré du monde et se sont même naturalisés abon­damment en Europe, en Nouvelle-Zélande, en Amérique du Sud, sur la côte ouest américaine, etc. Le rhododendron de Catawba est entré tardivement au Québec, car on le considérait insuffisamment rustique pour notre climat, notamment après l’échec des premières tentatives du Jardin botanique de Montréal, où on les avait plantés dans un sol argileux, en plein soleil et exposé à de grands vents ! C’est à la suite des travaux du professeur Roger-Van den Hende, dans son Jardin pédagogique de l’Université Laval, à Sainte-Foy, devenu le Jardin Roger-Van den Hende, dans un environnement bien drainé, riche en tourbe acidifiante, à mi-ombre et abrité du vent, que les jardiniers québécois ont découvert cet arbuste magnifique. Au­jourd’hui, on le cultive partout dans le sud de la province, voire jusqu’en zone 3b. C’est un grand arbuste assez spectaculaire. Ses grosses feuilles coriaces, oblongues, vert foncé et persistantes, se développant en pseudo-verticilles aux extré­mités des branches, sont très différentes des autres feuilles de nos régions, lui don­nant l’allure d’une plante tropicale, peut-être même d’un caoutchouc (Ficus elastica). Puis dès l’automne, au centre de chaque verticille, se forme un gros bouton floral poin­tu en forme de minaret qui reste fermé jusque vers la fin du printemps, pour enfin s’épanouir en une énorme boule de fleurs lilas pourpré, le tout mesurant jus­qu’à 15 cm de diamètre (23 cm chez certains hybrides). Incroyable ! En dehors de sa floraison, le rhododendron de Catawba n’offre pas vraiment d’autres périodes d’intérêt. Son feuillage vert foncé persistant sur un si gros plant crée toutefois un excellent arrière-plan pour d’autres floraisons et ne manque pas d’intérêt sur un fond de neige. Les feuilles s’abaissent et s’enroulent par temps froid, mais reprennent leur forme au printemps. Les nou­ velles feuilles, vert plus pâle, appa­raissent après Des rhodos la chute des fleurs. Les capsules poilues qui con­ avec ou sans écailles ? tiennent les graines n’offrent que peu d’intérêt. D’après les botanistes, les rhodos à Faisons une courte pause dans notre résumé feuilles persistantes se divisent en du rhodo­dendron de Catawba pour discuter de deux groupes principaux : ceux qui la culture des rhodos en général, car cette espè­ ont des écailles sous les feuilles, les ce est assez typique dans ses deman­des et peut lépidotes, généralement à feuilles servir de modèle pour les autres. de petite ou de moyenne taille et décrites plus loin, et les « élépi­do­ tes », sans écailles. Tous les rhodos à grosses feuilles appar­ tiennent à ce deuxième groupe. Comme jardinier sans microscope, cela ne changera pas grand-chose à votre existence, mais c’est important pour les hybrideurs, car les deux groupes ne se croisent pas.

LA CULTURE GÉNÉRALE DES RHODODENDRONS Nous avons beaucoup appris sur la culture des rhodos en zone froide depuis 20 ans et il est main­­tenant possible d’affirmer que ces ar­bus­tes, autrefois considérés des plus capricieux, sont en fait de culture facile… à condition de respecter leurs besoins. Dans le passé, la principale erreur de culture consistait sans doute à les cultiver en plein soleil. Pourtant, même dans la nature, la plu­part des rhododendrons à feuilles persistantes ne poussent pas au soleil, mais plutôt à l’ombre de grands arbres. Ils ne souffrent pas trop du plein soleil sous un climat plus doux, mais chez nous, les feuilles brûlent ter­ riblement l’hiver sous l’effet répété du gel et du dégel provoqué par un soleil hi­ver­nal intense qui dégèle les feuilles le jour et les laisse geler de nouveau durant nos nuits nettement sous zéro. Sous notre climat, c’est donc la mi-ombre qu’il leur faut, voire l’ombre, où la plante est moins densément feuillue et sa floraison plus clair­se­mée, mais où elle poussera sans peine. Évitez les plantations orientées au sud ou à l’ouest des

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Dans un sol acide

édifices, où la chaleur réfléchie peut causer les mêmes dégâts. Par contre, les orien­ tations est et nord, où le sol demeure gelé tout l’hiver, leur convient parfai­tement. Aussi, les rhodos demandent un sol meuble et riche en humus, acide à légèrement acide, très bien drainé, mais en même temps toujours au moins un peu humide. Ils sont, à ce niveau, généralement plus exigeants que leurs cousines, les azalées, qui tolèrent davantage les écarts. Le sol ne doit pas du tout être calcaire, même s’il a été amendé pour le rendre plus acide. Faites même attention en les plantant de ne pas les placer trop près des murs ou des dalles en béton, car ce produit alcalinise le sol. De plus, leurs racines sont incapables de se développer dans un sol glaiseux, même acide. De même, les rhodos ne tolèrent aucunement le sel de mer ou les produits de déglaçage. Cela vous paraît compliqué ? Pourtant, beaucoup de sols de jardin québécois sont naturellement meubles, acides et bien drainés. Autrement il est presque toujours nécessaire de cultiver les rhododendrons sur une butte ou une platebande surélevée remplie de substrat convenable, tel un mélange de terre de jardin, de tourbe, de com­post, de terre noire et de morceaux d’écorce décomposés. Leurs racines étant peu pro­fondes, ils réussissent alors parfaitement, même si le sous-sol est alcalin ou glaiseux. Paillez toujours abondamment les rhodos, de préférence avec un paillis acidi­ fiant, et évitez de sarcler ou de marcher à leur pied, leurs racines étant très fragiles. Un système d’irrigation, tel un boyau suintant, est utile s’il y a risque constant de sécheresse, sinon des arrosages peuvent compenser. Les rhodos étant lents à s’établir, il est sage de les planter au printemps plutôt qu’à l’été ou l’automne, car ils ont alors le temps de faire des racines avant de subir les froids hivernaux. Il est inutile d’appliquer des mycorhizes à la plantation, car leurs racines ne les abritent pas. Attention aux fertilisants, même ceux « pour rhododendrons », qui tendent à stimuler une belle croissance verte, mais sujette aux dommages hivernaux. Mieux vaut y aller très mollo avec tout engrais. Beaucoup de jardiniers réussissent par­ faitement bien avec rien d’autre que des applications régulières de compost sous forme de paillis, ce qui donne une fertilisation naturelle et douce. En cas de chlorose (jaunissement des feuilles), au lieu de traiter avec un engrais acidifiant, appliquez plutôt un peu de soufre de jardin ou un compost acide très bien décomposé en surface (ne jamais les faire pénétrer) et arrosez pour stimuler leur diffusion. La suppression des fleurs fanées, une pratique de base longtemps conseillée dans l’entretien des rhodos, est devenue de plus en plus contestable parce qu’il y a danger d’endommager les tissus sous-jacents qui engendrent 90% de la croissance de l’année. De plus, les études récentes ne semblent pas confirmer d’importantes améliorations dans la floraison ou la croissance après ce nettoyage. Si vous tenez à le faire, que ce soit immédiatement après la floraison. De nombreux rhododendrons des plus spectaculaires n’ont jamais été débarrassés de leurs fleurs fanées et se comportent à merveille. Autrement, la taille des rhodos se fait seulement en douceur, car ils ne se remettent pas facilement d’une taille sévère comme la plupart des arbustes ou même des azalées. On peut toutefois supprimer une branche trop longue en la rabattant juste au-dessus d’un regroupement de feuilles après la floraison, ou si la branche est nue, au-dessus d’un renflement de sa surface qui indique un bourgeon dormant. Pour un rhodo sérieusement dégarni à sa base, ce qui se produit chez tous les plants après 40 ou 50 années de culture, mais beaucoup plus tôt chez les sujets très à l’ombre, il vaut mieux pratiquer une taille de rajeunissement progressif, sur 3 ou 4 ans. Taillez modérément et attendez de voir où apparaîtront les nouvelles tiges, puis taillez encore l’été suivant au-dessus de ces repousses et attendez les résultats, etc. Ne rabattez jamais un rhodo au sol car il y aurait des chances qu’il ne revienne pas !

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Dans un sol acide

La question de la protection hivernale est épineuse chez les rhododendrons. Avec leurs feuilles persistantes, souvent de très bonne taille, ils sont très sujets au dessèchement hivernal et pourtant, installer des protections demande beaucoup d’ef­forts pour un résultat si laid. Plutôt que de les protéger annuellement et pour rendre un tel travail inutile, je suggère de bien les placer de façon à bien les protéger des vents dominants par un écran végétal quelconque, haie, boisé, etc. Si, de surcroît, la neige s’accumule naturellement à cet endroit, c’est encore mieux. On voit de magni­fiques rhodos qui ne sont jamais protégés même en zone 3b, et autres en zone 5b, situés en plein vent, abondamment protégés, qui ne sont jamais beaux ! Il faut toutefois vous assurer que les rhododendrons ne manquent pas d’eau à la fin de l’automne, car des dommages sérieux peuvent survenir s’ils entre­pren­nent l’hiver avec des tissus assoiffés. Si Dame Nature n’a pas déversé ses pluies autom­nales aussi généreusement que d’habitude, continuez de les arroser jusqu’à ce que le sol gèle. Enfin, il existe une protection facile qui n’enlaidit pas le paysage, une bonne vaporisation des deux côtés des feuilles avec un antitranspirant. Il serait toutefois sage de protéger les jeunes rhododendrons fraîchement plantés pendant les 2 premiers hivers de leur culture, car ils sont lents à s’enraciner. Piquez 4 ou 5 tuteurs dans le sol autour de l’arbuste et faites une « cage » de jute ou de géo­tex­tile ou formez un tipi offrant la même protection. Il ne faut pas que la protection touche aux feuilles, car elles brûleront. Ne mettez pas cette protection trop tôt ; insé­rez les tuteurs dans le sol en octobre, mais attendez qu’il soit bien gelé avant de recouvrir les rhodos de jute ou de géotextile. Je dois cependant admettre que je viens de commettre un « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Je n’ai jamais protégé un rhodo, même jeune, avec du jute ou du géotextile parce que je ne supporte pas la vue de tels produits dans mes aména­ ge­ments, et je n’ai jamais perdu ou même eu un rhodo endommagé. Par contre, je plante toujours des jeunes plants, en fait, des boutures enracinées. Je sais qu’ils sont difficiles à trouver sur le marché autrement que par commande postale, mais quant à moi, j’insiste pour dire que le secret de la culture des rhodos sans peine consiste à les planter très jeunes. Ainsi, ils s’acclimatent bien, entourés d’autres végétaux qui coupent le vent et attrapent la neige, avant d’affronter les pires assauts de l’hiver au moment où leurs feuilles émergent enfin de la masse de végétation qui les entoure. Il est beaucoup plus difficile de réussir en pleine terre la plantation d’un rhodo très avancé ayant vécu bien emmitouflé dans une pépinière ! Enfin, les rhododendrons connaissent leur lot de problèmes de santé potentiels. À part des brûlures hivernales en site exposé et la chlorose due à un sol trop alcalin dont nous avons déjà discuté, il y a les insectes, les maladies, etc. Causée inévita­blement par une plantation inappropriée (drainage, mes amis, drainage !), la pourri­ture de la couronne est très fréquente et ne laisse d’autre choix que de remplacer l’arbuste… de préférence, en plantation surélevée ! Quant aux insectes et aux mala­dies, surveillezles et soyez prêts à agir si le problème semble important. Comme pour la plupart des arbustes, les dommages sont généralement peu sérieux.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Rhododendron catawbiense (rhododendron de Catawba, rhododendron Catawba) : l’espèce elle-même est rarement cultivée de nos jours, le marché offrant plutôt ses sélections horticoles ou des hybrides primaires. Fleurs pourpre lilas. Notez que l’arbuste est réellement très, très rustique, survivant sans peine en zone 3a… mais perd généralement feuilles et boutons floraux sous de telles conditions, ce qui réduit singulièrement son attrait. 1,5 à 3 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 3a (survie), 5b (fleurs), 4b en site protégé. Note : sauf mention contraire, les cultivars suivants ont tous les mêmes dimensions et la même rusticité que l’espèce, soit : 1,5 à 3 m x 1,5 à 2,5 m. Zone 5b (4b en site protégé).

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Dans un sol acide

❧ R. catawbiense ‘Album’ : boutons roses, fleurs blanches avec taches jaune verdâtre. Très rustique. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. catawbiense ‘Boursault’ : rose lilas. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. catawbiense ‘Caractacus’ : rouge. ❧ R. catawbiense ‘Compacta’ : fleurs rose tachetées de jaune. Très compact. 90 cm x 120 cm. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. catawbiense ‘Grandiflorum’ : grosses fleurs rose lilas. ❧ R. catawbiense ‘Purpureum Elegans’ : violet pourpré. ❧ R. catawbiense ‘Roseum Elegans’ : rose lilas avec taches brunes. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. catawbiense ‘Roseum Pink’ : rose lilas avec taches brunes. Comme le précédent, mais plus compact. 1,2 m x 1,2 m. Zone 4b (3b en site protégé).

AUTRES ESPÈCES À GRANDES FEUILLES : Le rhododendron de Catawba n’est pas le seul Rhododendron à grandes feuilles persistantes : il y en a littéralement des centaines ! D’accord, la majorité de ces espèces sont peu rustiques, mais les suivantes s’adaptent bien à nos conditions climatiques lorsque placées avec soin. Plusieurs d’ailleurs sont les parents des nombreux rhodos hybrides rustiques décrits dans la fiche suivante. ❧ R. brachycarpum (rhododendron de Fuji-Yama, anglais : Fujiyama Rhododendron) : espèce peu connue, originaire du Japon, mais passablement rustique. Fleurit plus tardivement que les rhodos de Catawba. Fleurs de couleur variable : blanches à roses. Feuilles au duvet brunâtre au revers. Parent des hybrides finlandais. Réussit merveilleusement au Jardin RogerVan den Hende ! 1,6 m x 1 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ R. degronianum (rhododendron degronianum, anglais : Degronianum Rhododendron) : espèce compacte et dense aux fleurs rose pâle à blanches, souvent rayées. Grosses feuilles vert foncé, duvet roux au revers. Japon. 1 m x 1 m. 6a (5b en site protégé). ❧ R. maximum (rhododendron géant, anglais : Rosebay Rhododendron, Great Laurel) : espèce de la côte atlantique nord-américaine, courante en NouvelleAngleterre et trouvée aussi en Ontario et en Nouvelle-Écosse. Des rumeurs persistantes laissent entendre qu’elle serait indigène à quelques endroits au Québec. Ressemble à R. catawbiense, mais souvent à feuilles plus longues et d’un vert plus pâle. Floraison tardive variant de pourpre à rose ou blanche. Très florifère, même à l’ombre. Acclimatée aux sols humides, mais tolérant des sols normaux de jardin. Atteint parfois la taille d’un petit arbre. 1,2 à 4 m x 2 à 4 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. maximum ‘Pink Sprite’ : fleurs roses. Port compact. 1,2 m x 2 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. maximum roseum : fleurs ro­ses. 1,2 à 4 m x 2 à 3 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. smirnowii (rhododendron de Smir­now, anglais : Smirnow rhodo­den­­dron)  : rhodo compact à grosses feuilles vert foncé et au revers duve­­teux gris ou brun. Fleurs en clochette, aux pétales ondu­lés, rose pourpré à rose franc. Cauca­se. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2 m. Zone 5b (4b en site protégé).

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Rhododendron maximum

Rhododendrons hybrides à grosses feuilles

Rhododendron ‘Lee’s Dark Purple‘

Rhododendrons

hybrides à grosses feuilles Rhododendron spp. Noms anglais : Large-leaf Hybrid Rhododendrons. Hauteur à maturité : 1 m à 2 m. Diamètre à maturité : 1 à 2 m. Emplacement : mi-ombre ou ombre. Port : variable : érigé ou globulaire. Sol : riche en matière organique, bien drainé et légèrement humide, très acide à légèrement acide. Aucunement résistant au sel ni au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage persistant. Feuillage : persistant. Problèmes : sensibilité moyenne : chancres, charançons, perceurs, pourriture de la couronne, taches foliaires. Très sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur plusieurs années sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées et semi-aoûtées. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, isolé, haie, massif, plate-bande, sous-bois, attire les papillons. Zone de rusticité (boutons floraux) : variable, mais généralement 5b (4a en site protégé). Zone de rusticité (survie) : 3a.

Q

u’arrive-t-il lorsque l’on commence à marier les gènes des rhododendrons bo­ tani­ ques à grosses feuilles ? Un joli méli-mélo de traits à rendre fous les botanistes qui tentent de les classifier… mais qui pro­voque une danse de joie chez les ama­teurs de jardinage ! La plu­part de ces cultivars ont au moins un peu de « sang » de R. catawbiense, mais souvent aussi celui d’autres espèces tant rus­ tiques que gélives. Il en résulte que parmi les milliers de cul­ tivars issus de ces mariages, rela­tive­ment peu nombreux sont ceux reconnus pour leur bonne adaptation à notre cli­ mat. Par contre, bien peu d’entre eux ont été essayés sous un climat froid, car avec des milliers de cultivars à essayer et plus ou moins 100 nouvelles variétés lancées cha­ que année, il y aurait de quoi tenir un jardin d’essai de rhodo­ dendrons en région froide très, très occupé !

463

Dans un sol acide

Je ne répertorie ici que les cultivars reconnus pour leur bonne rusticité. Si vous tenez à prendre un risque avec une variété inconnue, ses chances de passer l’hiver sont très bonnes… mais la rusticité de ses boutons floraux étant nettement infé­rieure à sa capacité de survie, il est beaucoup moins sûr que la plante fleurisse, du moins de façon fiable. Il est inutile de répéter ici les conseils concernant la culture des rho­do­dendrons. Regardez tout simplement La culture générale des rhododendrons, à la page 459. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Dans cette fiche, la date de floraison est relative à celle de R. catawbiense. En consé­ quence, une variété hâtive s’épanouit un peu avant R. catawbiense, une variété de mi-saison fleurit en même temps, une variété mi-tardive éclot vers la fin de la flo­rai­­son de R. catawbiense, et une variété tardive lorsque les fleurs des derniers R. catawbiense sont fanées. VARIÉTÉS HÂTIVES ❧ Rhododendron ‘Spring Dawn’ : semi-hâtif. Fleur rose foncé avec tache jaunâtre. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé).

Photo : Jardin botanique de Montréal.

VARIÉTÉS DE MI-SAISON ❧ R. ‘Bessie Howells’ : fleurs rouges aux pétales ondulés. Port compact. 1,2 m x 1 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. ‘Boule de Neige’ : très populaire cultivar à fleurs blanches. Port arrondi. Très proche de R. catawbiense. 1,5 m x 1,2 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. ‘Casanova’ : boutons roses. Fleurs jaune pâle, rehaussées d’orange. 1,3 m x 1 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. ‘Cunningham’s White’ : boutons mauves. Fleurs blanches. Lobe supérieur tacheté de jaune verdâtre. Port dense et compact. 1,3 m x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé).

Rhododendron ‘Nova Zembla’

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Dans un sol acide

❧ Rhododendron ‘Daphnoides’ : curieux rhododendron aux feuilles enroulées. Fleurs pourpre foncé. 1,3 m x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. ‘Henry’s Red’ : rouge très foncé. Très rustique. 90 cm à 1,8 m x 1,5 m. Zone 4a (3a en site protégé). ❧ R. ‘Lee’s Dark Purple’ : très vieux cultivar, encore couramment disponible. Abondantes fleurs pourpres, marquées de brun verdâtre. 1,8 m x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. ‘Normandy’ : fleurs en entonnoir rose brillant, marges ondulées plus fon­cées, taches orange. Port large et arrondi. 1 m x 1 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. ‘Nova Zembla’ : fleurs rouges, rehaussées de lavande. Port érigé. Croissance rapide. Feuilles légèrement bronzées à l’automne. L’un des plus populaires ! 1,2 m x 1,2 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. ‘Paul R. Bosley’ : fleurs roses avec taches rouges au centre. 1,5 m x 1,5 m. Zone 4b (3b en site protégé). VARIÉTÉS MI-TARDIVES ❧ R. ‘America’ : abondance de fleurs rouge clair. Port arrondi. 1,5 m x 1,2 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. ‘Chionoides’ : boutons blanc crème. Fleurs blanches au centre jaune. Feuil­les plutôt étroites. Croissance dense. 1,2 m x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. ‘Golden Gala’ : fleurs jaune pâle en forme de cloche. Nain, croissance dense. 1 m x 1 m. Zone 4b (4a en site protégé). ❧ R. ‘Hindustan’ : boutons rouges. Fleurs jaune orangé, rehaussées de rose. Feuilles à marge ondulée. 1,5 à 1,8 m x 1,5 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. ‘Parson’s Gloriosum’ : fleurs lavande, rehaussées de rose. Port érigé com­pact. Feuillage dense. Très rustique. 1,5 m x 1,2 m. Zone 4a (3a en site protégé). ❧ R. ‘Pink Treasure’ : grosses fleurs roses. Port dressé. 2 m x 2 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ R. ‘Wojnar’s Purple’ : fleurs pourpres à taches pourpre assez foncé. Floraison abondante. Feuillage légèrement enroulé. 1 m x 1 m. Zone 4b (3b en site protégé). VARIÉTÉS TARDIVES ❧ R. ‘Connecticut Yankee’ : boutons pourpre. Fleurs violet foncé, tachetées de jaune. Port compact. 1 m x 1 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. ‘Gabriel’ : Fleurs roses à tache olive. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. ‘Hong Kong’ : fleurs jaune pâle. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. ‘Jonathan Shaw’ : fleurs violet pourpre au centre rougeâtre. Compact. Port dense. Feuilles aux marges ondulées. 1 m x 1,5 m. Zone 5b (5a en site protégé). ❧ R. ‘Minnetonka’ : fleurs rose lavande, tachetée orange et jaune. Compact. 1,2 m x 1,5 m. Zone 4a (3b en site protégé). ❧ R. ‘Summer Glow’ : très tardif. Fleurs rose vif au centre rose pourpré à l’intérieur, violettes à taches orangées à l’extérieur. Port large. 2 m x 2 m. Zone 5b (4b en site protégé).

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Photo : Daniel Fortin, gracieuseté de la Pépinière des Farfadets.

Rhododendrons hybrides finlandais

Rhododendron ‘Elviira’

D

’accord, en théorie, ces rhododendrons hybrides sont à grosses feuilles et appar­ tiennent donc officiel­ lement à la fiche précédente. Mais ces nouveautés ont été développées en Finlande, par l’équipe du docteur Peter Tigerstedt, de l’Université de Helsinki, à partir des rho­ dodendrons les plus rustiques, notamment des sousespèces de R. brachycarpum et de R. smirnowii qu’il a rap­portées lui-même des régions les plus nordiques de leur aire naturelle. Il en a résulté une pe­tite série d’hybrides ultra rus­ tiques qui semblent faites ex­ près pour le Québec. Aussi bien profiter de sélections faites sous un climat très semblable au nôtre, à défaut d’avoir nos pro­ pres hybrideurs de rhodos. S’il y en a, je m’excuse, mais je n’en connais aucun.

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Rhododendrons hybrides finlandais Rhododendron spp. Noms anglais : Finnish Hybrid Rhododendrons, Marjatta Hybrid Rhododendrons. Hauteur à maturité : 60 cm à 2 m. Diamètre à maturité : 45 cm à 1,8 m. Emplacement : mi-ombre ou ombre. Port : variable : érigé, globulaire ou rampant. Sol : riche en matière organique, bien drainé et légèrement humide, très acide à légèrement acide. Aucunement résistant au sel ni au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage persistant. Feuillage : persistant. Problèmes : sensibilité moyenne : chancres, charançons, perceurs, pourriture de la couronne, taches foliaires. Très sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur plusieurs années sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées et semi-aoûtées. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, isolé, haie, massif, plate-bande, sous-bois, attire les papillons. Zone de rusticité (boutons floraux) : variable, 4b à 3a. Zone de rusticité (survie) : 3a.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Rhododendron ‘Elviira’ : mi-tardif. Le plus nain des rhododendrons finlandais. Port très dense, très ramifié. Fleurs rouge vif. 60 cm x 45 à 60 cm. Zone 4a (3a en site protégé). ❧ R. ‘Haaga’ : mi-saison. Fleurs rose foncé avec une tache plus foncée. Port dressé. 1,5 à 2 m x 1,2 à 1,5 m. Zone 3b (3a en site protégé). ❧ R. ‘Hellikki’ : mi-saison. Fleurs lavande rose. Feuillage couvert de duvet jaune à l’épanouissement. 1,5 à 1,8 m x 1,5 à 1,8 m. Zone 3b (3a en site protégé). ❧ R. ‘Helsinki University’, syn. ‘Helsingin Yliopisto’ : mi-saison. Fleurs rose brillant aux taches orange. Les jeunes plants ont un feuillage rougeâtre. 1,5 à 1,8 m x 90 cm à 1,2 m. Zone 3a. ❧ R. ‘Kullervo’ : variété naine à boutons roses et à fleurs rose pâle, devenant blanches. Nouveauté sortie en Europe, bientôt en Amérique. 1 m x 1 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. ‘Mikkeli’, syn. ‘Saint Michel’ : tardif. Fleurs blanches, tachetées de vert. Port compact. Abondamment ramifié. Difficile d’imaginer un rhododendron à grosses feuilles plus rustique ! 1,5 à 1,8 m x 1,5 à 1,8 m. Zone 3a. ❧ R. ‘Pekka’ : grande variété à fleurs rose pâle et à feuillage vert pâle que j’ai vu en exposition en Europe. Elle n’est pas encore sur le marché et je ne connais ni ses dimensions, ni sa zone de rusticité… mais j’imagine qu’elle sera trrrrrrès rustique. ❧ R. ‘P.M.A. Tigerstedt’, syn. ‘Peter Tigerstedt’ : mi-tardif. Blanc à points violets sur le lobe supérieur. Port dressé. 1,8 m x 1,8 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. ‘Pohjolan Tytär’, syn. ‘Pohjola’s Daughter’ : boutons rose foncé. Fleurs rose très pâle, presque blanches, en forme d’entonnoir. Port très compact, presque rampant. 1 m x 1,5 m. Zone 4b (3b en site protégé).

Dans un sol acide

En fait, je suis personnellement prêt à essayer toute plante venant des pépi­ nières finlandaises ! Notez que ce n’est pas fini. Le programme d’hybridation n’en est qu’à ses débuts, et de plus, il existe d’autres hybrides déjà à l’essai en Finlande, dont plusieurs seront lancés dans les prochaines années. C’est donc un groupe à surveiller ! Pour des détails sur leur culture, voir La culture générale des rhododendrons, à la page 459.

Rhododendron ‘Helsinki University’

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Rhododendrons botaniques à petites feuilles

Rhododendron dauricum

C

e que les jardiniers classi­ fient comme « rhodo­ den­ drons à petites feuilles » sont ceux que les botanistes ap­pellent « lépidotes » (voir Rhodos avec ou sans écailles ?, à la page 459), mu­ n is de petites écailles au revers et parfois sur le des­ sus des feuilles. Il faut le sou­li­gner, car certains « rho­ doden­ drons à petites feuil­les » ont malgré tout des feuilles relati­ vement gros­ ses… de 8 cm de longueur ou plus. La classi­fi­cation « à petites feuilles » est quand même assez bonne, car leurs feuilles sont ef­fec­­tivement plus petites que les feuilles des rhodos « élé­pidotes », sans écail­les, que nous appelons rho­do­den­drons à grosses feuilles. Notez aussi que la plu­part des espèces à petites feuil­les ont une certaine colo­ration autom­nale, leurs feuilles pren­nent des teintes rouges ou pour­ pres, alors que les feuilles des espèces à grosses feuilles ne changent habituel­ lement pas de couleur.

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Rhododendrons

botaniques

à petites feuilles Rhododendron caroliniana et autres Noms anglais : Small-leaf Species Rhododendrons. Hauteur à maturité : 15 cm à 1,8 m. Diamètre à maturité : 30 cm à 1,8 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire ou rampant. Sol : riche en matière organique, frais, bien drainé et légèrement humide, très acide à légèrement acide. Aucunement résistant au sel ni au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage persistant. Coloration automnale. Feuillage : persistant (rarement caduque). Problèmes : sensibilité moyenne : chancres, charançons, perceurs, pourriture de la couronne, taches foliaires. Très sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Plusieurs espèces intolérantes à la chaleur estivale. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur plusieurs années sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées et semi-aoûtées. Semences. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, isolé, haie, massif, plate-bande, sous-bois, attire les papillons. Zone de rusticité (boutons floraux) : variable, selon l’espèce. Zone de rusticité (survie) : généralement 3a.

Dans un sol acide

Ne prenez pas pour acquis que tous les rhodos à petites feuilles sont de petite taille : certains sont de taille assez semblable à celle de la moyenne des rhodos à gros­ses feuilles. Le groupe des rhododendrons à petites feuilles comprend des espèces très diverses, dont certaines d’origine tropicale, mais aussi les plus rustiques de tous les rho­­dos à feuilles persistantes. Curieusement, malgré des divergences génétiques im­portantes dans ce groupe, les hybrideurs arrivent généralement à les hybrider, ce qui a donné naissance aux nombreux rhododendrons hybrides à petites feuilles décrits dans la fiche suivante. Malgré leurs origines variées, on peut dire qu’en général, les rhodos à petites feuil­ les sont moins exigeants que ceux à grosses feuilles, s’adaptant mieux aux sols un peu moins acide (un pH de moins de 6,5 convient, même si 5, c’est meilleur) et surtout, moins sujets aux dommages hivernaux. Leurs feuilles plus petites s’assèchent moins en effet lors des dégels. Il est donc possible de les cultiver en plein soleil sans trop de pro­blème. Ça tombe bien, car ils semblent exiger plus de soleil que les rhodos à grosses feuilles, même si la mi-ombre leur convient bien aussi. Par contre, les espèces alpines et arctiques, généralement celles à croissance basse, tolèrent mal la chaleur estivale. Elles peuvent être difficiles à réussir dans les régions les plus chaudes de la province, mais sont des plus faciles, voire « increvables », en région maritime et dans le Nord. Pour les autres détails sur la culture des rhodos à petites feuilles, je vous suggère de consulter La culture générale des rhododendrons, à la page 459.

ESPÈCES RECOMMANDÉES : ❧ Rhododendron carolinianum : voir R. minus minus. ❧ R. dauricum (rhododendron de Dahurie, anglais : Dahurian Rhododendron) : ce rhododendron est à feuillage caduc sous notre climat. Par contre, dans d’autres régions, il est semi-persistant et certaines sous-espèces, telle R. dauricum sempervirens, sont à feuillage persistant. Le rhododendron de Dahurie couvre un vaste territoire dans la taïga et les montagnes de Russie et d’Asie. C’est une plante réellement à petites feuilles, de 2 à 3 cm de longueur, caractéristique qu’elle a transmise à plusieurs de ses « descendants », comme le célèbre R. ‘P.J.M.’. Les feuilles elliptiques sont d’un vert foncé luisant l’été et pourprées à l’automne. Les fleurs en forme d’entonnoir, aux étamines très visibles, apparaissent très tôt, peu après la fonte des neiges dans certaines régions. Elles sont d’un rose pourpré très vif. Sa rusticité est variable, selon l’origine du clone . 1 m à 1,8 m x 1 m à 1,8 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. dauricum album ‘Olstrum’s Form’ : grosses fleurs blanches. Port dressé et compact. Semi-persistant. 1,2 m x 1,2 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. dauricum ‘Midwinter’ : fleurs rose vif, encore plus précoces que chez l’espèce. Semi-persistant. 1,2 m x 1,2 m. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. fastigiatum (rhododendron aux feuilles pourpres, anglais : autumn Purple Rhododendron) : ce rhodo rampant pour la rocaille et les jardins alpins, formant un joli dôme densément feuillu. Nombreux petits entonnoirs pourpre lavande vers le milieu du printemps. Mini-feuilles oblongues de 1 à 2 cm de longueur, pourpres à l’automne. Préfère le soleil à la mi-ombre. Vu sa petite taille, il est souvent entièrement couvert de neige en zones 2b à 4, ce qui assure sa survie et une bonne floraison. Chine. 15 à 30 cm x 30 à 80 cm. Zone 7 (2b en site protégé). ❧ R. ferrugineum (rhododendron des Alpes, rosage, anglais : Rock Rhododen­ dron, Alpenrose) : il s’agit d’une espèce alpine, de hauteur variable, générale­ ment équivalente à la hauteur de la couverture de neige. Forme un dôme aplati de petites feuilles (4 cm et moins de longueur) vert foncé luisant, rouil­le au revers (ferrugineum veut d’ailleurs dire « d’apparence rouillée »). Fleurs tubulaires rose cramoisi. Floraison très tardive, généralement en juillet.

469

Dans un sol acide

À planter au plein soleil dans un emplacement où la neige s’accumule. Tolère mal les étés chauds. 30 à 150 cm x 1 à 1,8 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. hippophaeoides (rhododendron hippophaeoïde, anglais : Sea Buckthorn Rhododendron) : petit arbuste originaire de la péninsule du Yunnan, aux feuilles étroites, aromatiques, écailleuses des deux côtés et paraissant donc gris vert. Port ouvert, érigé. Fleurs lavande bleuté à rose pâle au début du printemps. Tolère les sols détrempés. Tolère mal la chaleur estivale.1 à 1,5 m x 75 cm. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ R. hippophaeoides ‘Fimbriatum’, syn. R. fimbriatum : comme la précédente, mais à fleurs mauve pourpré et à feuilles plus larges et moins argentées. 80 cm x 75 cm. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ R. impeditum (rhododendron des nuages, anglais : Cloudland Rhododendron) : petit rhododendron croissant en coussin dense pour la rocaille et le jardin alpin. Nombreuses petites fleurs allant de bleu pourpré à violettes. Hâtif. Minuscules feuilles écailleuses des deux côtés, vert gris l’été, rouge pourpré l’hiver. Facilement couverte par la neige l’hiver et donc croissant sans problème dans de nombreuses régions. Tolère mal la chaleur estivale. Utilisé en bonsaï. 30 à 45 cm x 1 m. Zone 5a (4a en site protégé). R. lapponicum (rhododendron lapon, anglais : Lapland Rhododendron) : espèce alpine et arctique circumboréale, trouvée dans tous les pays septen­tri­ onaux, et indigène dans le nord du Québec et sur plusieurs montagnes. Ultra rustique, mais préférant néanmoins une mince couverture de neige. Tolérant mal la chaleur estivale, un sol frais est obligatoire. Espèce naine, prostrée, à petites feuilles. Fleurs en cloche ouverte violet rose. Bon drainage nécessaire. Idéal dans la rocaille et en auge. 30 cm x 50 à 60 cm. Zone 1. ❧ R. litangense : espèce naine, considérée tout simplement une R. impeditum par plusieurs botanistes. Je la liste séparément à cause de ses fleurs de couleur violette, donc différente des fleurs bleu pourpré plus typiques de l’espèce, tout en admettant qu’autrement, il n’y a que peu de différence. 30 à 45 cm x 1 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. minus minus, syn. R. caroliniana (rhododendron de Caroline, anglais : Carolina Rhododendron) : nouveau nom pour une espèce indigène dans la chaîne de montagnes Blue Ridge du Tennessee et des Carolines. Fleurs de mi-saison aux couleurs variables : blanches, rose pâle, rose foncé ou lilas. Feuilles d’environ 7 cm de longueur, aromatiques, vert foncé, couvertes d’écailles blanches au revers, pourprées l’hiver. La hauteur en sol québécois varie d’ailleurs selon la couverture nivale. 50 à 175 cm x 90 à 150 cm. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. minus minus ‘Album’ : fleurs blanches. 50 à 175 cm x 90 à 150 cm. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. minus minus ‘Luteum’ : fleurs jaune pâle. 50 à 175 cm x 90 à 150 cm. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ R. minus minus ‘Roseum’ : 50 à 175 cm x 90 à 150 cm. Zone 4a (3b en site protégé). Rhododendron minus minus

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Rhododendrons hybrides à petites feuilles

Rhododendrons

Rhododendron ‘PJM’

hybrides

à petites feuilles Rhododendron spp. Noms anglais : Hybrid Small-leaf Rhododendrons. Hauteur à maturité : 30 cm à 1,5 m. Diamètre à maturité : 60 cm à 1,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire ou rampant. Sol : riche en matière organique, frais, bien drainé et légèrement humide, très acide à légèrement acide. Aucunement résistant au sel ni au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage persistant. Coloration automnale. Feuillage : persistant. Problèmes : sensibilité moyenne : chancres, charançons, perceurs, pourriture de la couronne, taches foliaires. Très sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tail­ler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeu­ nissement des vieux sujets étalée sur plusieurs années. Multiplication : boutures herbacées et semi-aoûtées. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, isolé, haie, massif, plate-bande, sous-bois, attire les papillons. Zone de rusticité (boutons floraux) : variable, mais généralement 4a (2b en site protégé). Zone de rusticité (survie) : 2b.

E

n 1939, l’horticulteur Ed Mezitt, de Weston Nurse­ ries, Hopkinton, Massa­chusetts, s’est amusé à trans­ f érer le pollen d’un rhododendron de Caroline (R. minus minus), indigène dans la région, sur les fleurs d’un rhododendron importé (R. dauricum). Le croi­ se­ment semblait impos­sible  : les deux appartenant à des sous-genres différents. Le genre Rhododendron, fort de presque 900 espèces, est com­posé de 8 sous-genres, chacun subdivisé en une à plusieurs sections. Com­­­ me de plus, ces plantes pro­­­­venaient de régions géo­ graphiques très distinctes, les chances de compatibilité étaient donc faibles. Son but ? Créer des rhododendrons moins impo­ sants, mais aussi florifères et aussi rustiques que les hybrides à grosses feuilles si populaires à

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Dans un sol acide

l’époque. Les résultats ont dépassé toutes ses espérances. La plante produite a été nommé ‘P.J.M.’, en l’honneur de Peter John Mezitt, père d’Ed Mezitt et fondateur de l’entreprise familiale. Lancé en 1944, ‘P.J.M.’ est rapidement devenu et demeure le rhododendron le plus populaire dans le monde ! On l’apprécie dans le Nord pour son excellente rusticité, car comme tant d’hybrides, il est plus rustique que ses deux parents, dans le Sud pour sa capacité de fleurir sous un climat chaud, et partout pour son beau port dense, sa taille restreinte et sa floraison incroyable. Après cet exploit, Ed Mezitt, décédé en 1986, et aujourd’hui son fils Wayne, sont devenus des experts dans l’hybridation des rhododendrons et des azalées, créant sous le nom « Hybrides Weston », une bonne partie des hybrides nains couramment disponibles. Évidemment, il y a plus que des ‘P.J.M.’ dans la gamme des rhododendrons hybrides à petites feuilles. Les cultivars décrits dans les Variétés recommandées comprennent des gênes d’autres espèces que R. minus minus et R. dauricum. Il n’en demeure pas moins que bien qu’elle s’améliore d’année en année, la gamme des cou­leurs et des formes est encore assez limitée, ne comportant pas de jaunes purs et bien peu de bicolores, etc. En plus d’une belle floraison et d’une jolie silhouette dense et arrondie, la plupart offrent un feuillage parfumé vert foncé, devenant acajou à l’automne. Quant à la culture des rhodos hybrides à petites feuilles, voyez La culture générale des rhododendrons, à la page 459. Cependant, la plupart préfèrent plus de lumière (du soleil direct ou au plus une ombre légère) et sont généralement de cul­ture plus facile, tolérant mieux les sols à peine acides et les emplacements venteux et sans accumulation de neige. Si vous doutez pouvoir cultiver des rhodos chez vous, commencez avec un ‘P.J.M.’, un ‘Aglo’, un ‘Ramapo’ ou l’un des autres culti­vars éprouvés, choisis dans la vaste gamme des rhodos hybrides à petites feuilles. Ainsi, vous mettrez toutes les chances de votre côté. Ils sont difficiles à rater, je vous le jure ! Enfin, la plupart des rhodos hybrides de ce groupe ne produisent que peu ou pas de semences. Même les jardiniers les plus méticuleux ne trouveront pas grand-chose à « nettoyer » après la floraison ! VARIÉTÉS SUGGÉRÉES : Il existe maintenant plus d’une centaine de rhodos hybrides à petites feuilles et beaucoup seraient sans doute bien adaptés à notre climat, car la plupart des hybrideurs qui travaillent sur ce groupe recherchent tout particulièrement une bonne rusticité, détail souvent ignoré par les hybrideurs d’autres types de rhodos. Je ne présente ici que les cultivars les plus disponibles ou les plus prometteurs pour notre climat. Note : Sauf mention contraire, les hybrides suivants ont une floraison hâtive, un port plutôt arrondi, de petites feuilles aromatiques d’un vert foncé luisant à coloration automnale pourprée, mesurent environ 1 m x 1,2 m après 5 à 7 ans, mais pouvant éventuellement devenir deux fois plus gros sous de très bonnes conditions, et rustiques en zone 4a (2b sous couverture de neige). ❧ Rhododendron ‘Aglo’ : populaire et très solide, ce cultivar a fait ses preu­ves dans le jardin. Fleurs rose foncé au centre rouge. Plus hâtif que ‘P.J.M.’. Mes amis d’Edmonton le recommandent fortement pour leur climat froid ! ❧ R. ‘April Mist’ : fleurs rose pâle doubles. Port érigé. ❧ R. ‘April Rose’ : fleurs rose foncé doubles. Port érigé. ❧ R. ‘Black Satin’ : fleurs rouge pourpre un peu après ‘P.J.M.’. Feuillage très foncé.

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Dans un sol acide

❧ R. ‘Bluenose’ : fleurs « bleues ». Moins rustique que d’autres : 5b (4b en site protégé). ❧ R. ‘Brittany’ : boutons jaune pâle. Fleurs jaune pâle au début, puis rose pâle avec lobe supérieur plus foncé. Port étalé. Petites feuilles arrondies. 5a (4a en site protégé). ❧ R. ‘Jericho’ : fleurs jaune verdâtre. Très florifère. Port bas, étalé. 1 m x 1,5 m. 5a (4a en site protégé). ❧ R. ‘Molly Fordham’ : petites fleurs blanches en grand nombre. Semi-hâtif. Petites feuilles très foncées. Port érigé compact. 1,3 m x 1 m. 4b (3b en site protégé). ❧ R. ‘Mrs. P. Den Ouden’ : fleurs rouge cramoisi. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ R. ‘Northern Starburst’ : version tétraploïde de ‘P.J.M. Compacta’. Fleurs lavande rose, plus grosses avec plus de substance. Feuilles plus épaisses vert foncé, acajou à l’automne et presque noires l’hiver. 1,2 m x 1,2 m. ❧ R. ‘Olga Mezitt’ : d’une lignée très différente de ‘P.J.M.’. Fleurs rose pêche, s’épanouissant juste après ‘P.J.M.’. Couleur acajou à l’automne. 90 cm x 1 m. Zone 4b (2b en site protégé). ❧ R. ‘Olga Petite’ : variante naine d‘Olga Mezitt’. 80 cm x 80 cm. ❧ R. ‘P.J.M.’ : le classique des rhodos hybrides à petites feuilles. Fleurs lavande rose. ❧ R. ‘P.J.M. Compacta’, syn. ‘P.J.M. Compact’ : n’est pas, en fait, une variante naine comme le nom le suggère. Même, s’il y a une différence avec ‘P.J.M.’, elle est très mince ! Fleurs lavande rose. ❧ R. ‘P.J.M. Elite’ : comme ‘P.J.M.’, mais légèrement plus tardif. ❧ R. ‘P.J.M. Regal’ : comme ‘P.J.M.’, mais à coloration un peu plus foncée et un peu plus large. 1 m x 1,5 m. ❧ R. ‘Purple Gem’ : port arrondi, compact, nain. Petites feuilles. Fleurs pourpre clair. Proche de ‘Ramapo’. 60 cm x 1 m. ❧ R. ‘Ramapo’ : un croisement entre R. fastigiatum x R. minus minus. Plant beaucoup plus nain et compact que ‘P.J.M.’ Fleurs rose violacé. Feuilles vert bleuté, aromatiques, bronzées à l’automne. Excellent pour la rocaille. Un classique ! 60 cm x 1,2 m. ❧ R. ‘Staccato’ : fleurs semi-doubles rose argenté. Semi-hâtif. Port large et érigé. 1,2 m x 1,2 m. Zone 5a (zone 4a en site protégé). ❧ R. ‘Tow Head’ : petites fleurs jaune verdâtre, tachetés de jaune orangé. Semi-hâtif. Excellent choix pour la rocaille. 30 cm x 60 cm. Zone 5a (zone 4a en site protégé). ❧ R. ‘Waltham’ : fleurs rose pâle. Mi-saison. Port compact. Feuilles vert foncé. ❧ R. ‘Weston’s Pink Diamond’ : les parents de cet hybride sont le rhodo­den­ dron de Corée (R. mucronulatum), l’un des rares rhodos à feuilles caduques, et un rhodo sans nom dérivé de la série ‘P.J.M.’. À feuillage semi-persistant. Floraison hâtive. Boutons rose brillant s’ouvrant pour révéler des fleurs doubles, rose pourpré, aux pétales ondulés. Feuillage vert luisant. Port dressé. Peu connu, mais un vrai gagnant ! 1,5 m x 1 m. Zone 5a (zone 4a en site protégé). ❧ R. ‘Windbeam’ : fleurs rose saumon. Semi-hâtif. 1,2 m x 1,2 m.

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Rhododendron yak

Rhododendron yakushimanum ‘Ken Jancek’

L

e monde des rhodo­ den­ d rons évolue cons­ tamment, parfois lentement, parfois comme un éclair. C’est l’éclair qui a prévalu lorsque les hybrides de Rhododendron yakushimanum sont apparus sur le marché, subitement, vers la fin des années 1990. Ce rhododendron, que les ama­ teurs appellent tout simplement « yak », n’a été découvert qu’en 1921, sur l’Île Yakushima, au Japon. Les hybrideurs ont travaillé sur lui depuis 1970 environ, sans trop réussir à percer le marché. Puis, tout d’un coup, la nouvelle s’est répandue : on a dit que les rho­ dodendrons yak étaient beaux, de culture facile et très rus­ tiques. La demande étant là, et la culture in vitro aidant, on pouvait les avoir. La culture in

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Rhododendron

yak Rhododendron yakushimanum et ses hybrides Noms anglais : Yak Rhododendron, Yaku Rhododendron. Hauteur à maturité : 90 cm à 2 m. Diamètre à maturité : 90 cm à 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire. Sol : riche en matière organique, bien drainé et légèrement humide, très acide à légèrement acide. Aucunement résistant au sel ni au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage persistant. Feuillage : persistant. Problèmes : sensibilité moyenne : chancres, charançons, perceurs, pourriture de la couronne, taches foliaires. Très sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : peu nécessaire. Taille de rajeunissement sur plusieurs années sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées et semi-aoûtées. Semences (espèce seulement). Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, isolé, haie, massif, plate-bande, sous-bois, attire les papillons. Zone de rusticité (boutons floraux) : variable, 6b à 5b (5b à 4b en site protégé). Zone de rusticité (survie) : 3b.

Dans un sol acide

vitro accélère énormément la production de masse de ces rhodos à croissance si lente, car leur production en grande quantité par bouturage demande 40 ans. Nous en sommes présentement à « trier l’ivraie et le bon grain ». Il s’agit d’un rhododendron à grosses feuilles, i.e. un élépidote, donc proche parent de R. catawbiense et compagnie, qui porte d’ailleurs les feuilles longues et coriaces typiques de ce groupe. Par contre, sa croissance est beaucoup plus basse et compacte. La différence vient du fait qu’il y a peu d’espace entre les nœuds : alors qu’un rhodo hybride à grosses feuilles peut facilement croître de 20 cm ou plus par année, avec une longue tige nue entre deux regroupements de feuilles, les yaks bougent à peine, grandissant d’à peine 3 ou 4 cm par année. Ses nouvelles feuilles sont entièrement recouvertes d’un épais duvet blanc qui leur donne une apparence argentée. En été, le duvet tombe peu à peu jusqu’à ce que la surface su­pé­rieure ait la même texture lisse et cirée que les autres rhodos à grosses feuilles. Sur le dessus, par contre, la feuille demeure duveteuse et couleur rouille ou beige. Elle a environ 8 à 14 cm de longueur, et paraît plus étroite que les feuilles des hy­brides à grosses feuilles, surtout parce que, sur les bords, elle s’enroule vers le bas. Les fleurs, apparaissant juste avant la principale saison de floraison des autres rhodos à grosses feuilles, sont de bonne taille et en forme de coupe, ramassées en groupes de 10 environ, à l’extrémité des branches. Habituellement les boutons sont roses ou rouges, s’ouvrant pour révéler des fleurs allant du rose au blanc. L’égalité de croissance lente mais sûre de ce rhodo est phénoménale. Jeune, il forme un arbuste en dôme arrondi très dense, un peu plus large que haut, et garde cette forme le reste de sa vie. Même les spécimens de 40 ans, bien que plus gros que les « jeunes » de 4 ou 5 ans, demeurent toujours aussi denses. Dans leurs descriptions, de nombreux auteurs accordent une taille assez minime à cette espèce, environ de 90 cm x 90 cm. En fait, le rhododendron yak et ses hybrides atteignent plus ou moins cette taille assez rapidement, en seulement 5 à 6 ans. Par la suite, leur croissance semble ralentir, mais néanmoins, ne soyez pas surpris de voir cet arbuste atteindre un jour, peut-être dans 40 ans, 2 m x 3 m ! Dans le jardin, n’oubliez pas que vous pouvez toujours tailler, mais graduellement, un rhodo yak devenu trop gros. Calculez alors des dimensions d’environ 1,2 m x 1,5 m dans vos plans d’aménagement : il prendra environ 10 à 15 ans pour atteindre cette taille. La culture des rhododendrons yak est identique à la culture de base expliquée dans La culture générale des rhododendrons, à la page 459. Par contre, la densité de leur feuillage et leur port compact les protègent un peu mieux contre les froids de l’hiver que les rhodos à croissance plus ouverte. Si vous respectez les zones des cultivars, vous pouvez alors oser les exposer à plus de soleil et plus de vent que d’autres. D’ailleurs, les rhodos yak ne sont pas aussi « ombrophiles » que les rhodos à grosses feuilles standard : ils préfèrent le plein soleil ou seulement un léger ombrage. De plus, toujours parce qu’ils sont très « ramassés », il est plus facile pour Dame Nature de bien les couvrir de neige. Chez moi, par exemple, en zone 4b, mon ‘Ken Jacek’ de 8 ans disparaît toujours sous la neige et ne subit jamais de dommages, même s’il est théoriquement de zone 5b. Plus il y a de neige chez vous, plus vous avez de chances « d’étendre » sa zone vers le Nord sans perdre sa magnifique floraison ! VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Rhododendron yakushimanum, syn. R. degronianum yakushimanum, R. metternichii yakushimanum (rhododendron yak) : l’espèce est rarement

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Dans un sol acide

cultivée. Cependant, il y a plus de 100 cultivars résultant de croisements avec d’autres rhodos à grosses feuilles, mais gardant le port et l’apparence de R. yakushimanum. 90 cm à 2 m x 90 cm à 3 m. Variable, zone 5b ou 6b. Note : Sauf mention contraire, tous les cultivars décrits sont des mêmes dimensions que l’espèce et de zone 5b (4a en site protégé). ❧ R. ‘Angel’ : boutons roses. Fleurs d’un blanc pur. ❧ R. ‘Anuschka’ : fleurs rouge rosé. ❧ R. ‘Caroline Allbrook’ : fleurs lavande pâle. ❧ R. ‘Crete’ : boutons rose pourpre, fleurs blanches. ❧ R. ‘Edelweiss’ : fleurs blanc lilas. ❧ R. ‘Fantastica’ : fleurs rouge rosé, au centre blanc. ❧ R. ‘Ken Jancek’ : l’hybride yak classique ! Fleurs blanches, marginées de rose. ❧ R. ‘Koichiro Wada’ : fleur tricolore rouge, rose et blanche. ❧ R. ‘Mardi Gras’ : boutons rose vif, fleurs d’un blanc pur. ❧ R. ‘Mist Maiden’ : autre classique… semble encore plus rustique que les autres. Une zone 4b peut-être, avec possibilité de le cultiver dans les sites enneigés dans la zone 3b. Faites-en expériences et dites-le moi ! Rose devenant blanc. ❧ R. ‘Morgenrot’ : fleurs rouge claire au centre rose. ❧ R. ‘Pana’ : fleurs rouges au centre blanc. ❧ R. ‘Parsival’ : fleurs rouges, un peu plus hâtives que les autres. ❧ R. ‘Schneekrone’, syn. ‘Snowcrown’ : fleurs blanches, avec une petite touche de rose à l’épanouissement, puis entièrement blanches. ❧ R. ‘Skookum’ : fleurs rouges aux étamines blanches. ❧ R. ‘Yaku Prince’ : fleurs roses avec taches plus foncées, devenant blanc pur. ❧ R. ‘Yaku Princess’ : boutons roses, fleurs blanches avec taches verdâtres. Rhododendron yakushimanum ‘Mist Maiden’ VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : L’espèce R. yakushimanum étant elle-même à la limite de rusticité au Québec, à cheval entre les cotes zonières 6b et 5b selon le clone choisi, est-il surprenant que certains de ses hybrides soient un peu gélifs ? Voici quelques cultivars qui sont vraiment de zone 6b, adaptables donc chez nous en zone 5b en site protégé. Étant donné l’abondance des variétés naturellement de zone 5b, vaut-il vraiment la peine de prendre le risque ? Mieux vaut les laisser aux jardiniers de climat plus doux. ❧ R. ‘Bambi’ : fleurs rose doux. ❧ R. ‘Don Giovanni’ : fleurs rose clair. ❧ R. Seven Dwarfs (‘Doc’, ‘Dopey’, ‘Hoppy’, ‘Grumpy’, ‘Sneezy’, etc.) : une série de 7 hybrides qui, dans l’ensemble, sont peu rustiques. ❧ R. ‘Elya’ : boutons roses, fleurs blanches.

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Thé du Labrador

Ledum groenlandicum

Thé

du Labrador Ledum groenlandicum Noms anglais : Labrador Tea. Hauteur à maturité : 60 à 120 cm. Diamètre à maturité : 80 à 150 cm. Emplacement : soleil ou ombre. Port : globulaire évasé, parfois rampant. Sol : sablonneux ou tourbeux, riche en matière organique ou non, légèrement à très humide, très acide à légèrement acide, voire neutre. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage persistant. Feuillage : persistant. Problèmes : peu fréquents. Rouille, taches foliaires. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Multiplication : boutures semi-herbacées aoûtées, marcottage, semences. Utilisation : bordure, coin humide, couvre-sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, attire les papillons, tisanes, utilisations médicinales. Zone de rusticité : 1.

J

oli arbuste indigène, comme le nom botanique le suggère, au Groenland, mais aussi partout dans le nord de l’Amérique, jusqu’en Pennsyl­ vanie vers le sud. Peu connu en culture (pourquoi, je ne le sais pas !), mais pourtant très attrayant, produisant au prin­ temps des corymbes de 5 cm de jolies petites fleurs blanches à blanc crème, légè­rement parfu­ mées, au milieu ou à la fin du printemps. La flo­raison est très durable, notam­ ment sous un climat frais : presque un mois ! Après la floraison aussi, la plante est plus que présentable, avec ses tiges couvertes de duvet blanc au printemps, devenant brun rouille en été, et ses petites feuil­­les persistantes elliptiques, enroulées vers le bas, vert foncé dessus, et au revers couvert de duvet blanc devenant brun. Il n’y a pas de véritable coloration

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Dans un sol acide

automnale et ses petites cap­sules n’ajoutent rien à son apparence… sans tou­te­fois rien lui enlever. La culture de cet arbuste est la même que Ouais… il paraît que la plante que nous avons toujours connue sous celle de toute Éricacée : sol plutôt acide (quoiqu’il le nom de Ledum groenlandicum tolère raisonnablement bien les sols neutres) et a été transférée dans le genre meuble, au soleil ou à mi-ombre. Il préfère un sol Rhododendron, avec les 4 autres espèces du genre, où elles ont au moins légèrement humide en tout temps (un leur propre sous-section : Ledum. paillis serait donc très utile) et croît à la perfection Cela, parce qu’il est possible de dans les sols très humides, voire les marécages. Il les croiser avec certains Rho­do­ est alors très intéressant en bordure d’un jardin dendron et que de plus, ces hy­bri­ des sont au moins par­tiellement d’eau… et un choix évident pour la naturalisation fertiles. J’ai cru bon de conserver dans les tourbières et autres sites humides. Com­ le nom Ledum pour ce livre parce me de nombreuses plantes nordiques, il préfère que le changement n’est pas un été frais, sans être aussi capricieux à cet encore accepté de tous. égard que certains des rhododendrons alpins. Dans une région où les étés sont chauds, veillez doublement à garder le sol humide… et cultivez-le plutôt à l’ombre qu’au soleil. Le seul symptôme que l’on remarque pour souligner son mécontentement dans un emplacement chaud tient aux quelques petites taches foliaires ou un peu de rouille qui apparaissent parfois alors qu’il ne semble pas avoir d’ennemis dans les lieux nordiques. Seuls bémols dans sa culture ? Sa multiplication, bien que possible par boutu­ rage ou marcottage, est un peu difficile. Achetez donc d’autres plantes si vous en avez besoin ! Aussi, malgré sa grande rusticité en milieu naturel, il préfère toujours une couverture de neige l’hiver et croîtra donc plus joliment, sans brûlures hiver­ nales, dans les sites où la neige est abondante. Enfin, comme son nom le suggère, les feuilles du thé du Labrador sont souvent utilisées pour faire une tisane rappelant le thé. Elles auraient des propriétés légère­ ment narcotiques et soulageraient la douleur. Les peuples autochtones s’en servent comme médicament pour traiter de très nombreux malaises.

Un

changement de nom ?

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Ledum groenlandicum, syn. Rhododendron groenlandicum (thé du Labrador, lédon de Groenland) : voir la description ci-dessus. 60 à 120 cm x 80 à 150 cm. Zone 1. ❧ L. groenlandicum ‘Compactum’ : forme naine. 30 à 60 cm x 80 cm. Zone 1.

AUTRES ESPÈCES : Ledum palustre, syn. Rhododendron tomentosum (romarin sauvage, anglais : Wild Rosemary, Crystal Tea) : espèce beaucoup plus répandue sur la scène internationale, étant circumboréale. Au Québec, il est cependant plus rare que le thé du Groenland, étant surtout limité au Grand-Nord. Fleurs blanc crème à roses. Feuilles coriaces, encore plus enroulées que celles du thé de Labrador, vertes sur le dessus, couvertes de duvet rouille au revers. En Allemagne et en Norvège, les feuilles narcotiques étaient autrefois utilisées pour augmenter les propriétés enivrantes de la bière ! 1 m x 1 m. Zone 1. L. palustre decumbens, syn. Rhododendron tomentosum subarcticum : forme à croissance prostrée et aux feuilles si enroulées qu’elles sont carrément linéaires. C’est la forme habituellement trouvée au Québec. 20 cm x 1 m. Zone 1. ❧ L. palustre ‘Milky Way’ : cultivar à port dressé et à fleurs d’un blanc pur. 1 m x 1m. Zone 1.

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SOUS DES CONDITIONS EXTRÊMES

C

e chapitre est destiné à ceux qui désespèrent de réussir avec quel­que arbuste que ce soit, des jardiniers dont les conditions de culture sont si la­men­ tables que même les pissenlits crè­vent… si toutefois ils réussissent même à germer ! Leur problème est facile à comprendre. Leurs conditions de culture sortent tellement de l’ordinaire que même les arbustes dits « de culture facile », tels le lilas commun, la potentille arbustive et le sureau du Canada ne peuvent y pousser. Évidemment, les arbustes décrits ici peuvent aussi être intéressants pour les jardiniers qui jouissent de conditions plus favorables, car quel arbuste un peu choyé ne croîtrait pas bien ? Mais il y a 18 autres chapitres remplis d’arbustes con­ venant aux conditions plus classiques. Laissons aux pauvres jardiniers qui jardi­ nent là où personne ne devrait le faire au moins un chapitre spécialement à eux ! DE MAL EN PIS… Quelles sont ces conditions si exécrables ? Un sol aussi assoiffé que le Sahara, plus sablonneux qu’une dune, une terre si pierreuse que tous les voisins viennent y chercher du gravier, un sol si pauvre qu’aucune trace de minéraux ne peut être détectée ou si minéralisé que des cristaux de calcaire se forment sur les tiges et les feuilles, si dur qu’on s’y promènerait dans un char d’assaut sans laisser de traces, un emplacement si chaud l’été qu’on y cuirait un œuf, si froid l’hiver que les pierres fendent, un couloir où le vent est si fort qu’il arrache les feuilles des végétaux, un site régulièrement léché par les vagues de la mer et constamment sous une pluie d’embruns salins, un emplacement si humide qu’on y patauge jusqu’aux genoux, si spongieux qu’on pourrait y faire de la trampoline… et la liste pourrait continuer encore longtemps. De plus, comme le malheur ne frappe jamais seul, la plupart des « sites impossibles » souffrent de deux ou trois problèmes en même temps : un sol sablon­neux, sec et pauvre ou humide, spongieux et froid, etc. À tel point que même le jardinier le plus optimiste voudrait s’arracher les cheveux. PAS D’ARBUSTES PASSE-PARTOUT Le pire, c’est que l’arbuste vraiment passe-partout, apte à pousser dans les con­di­ tions les plus extrêmes, tolérant à la fois les sols secs et détrempés, exces­si­vement riches et désespérément pauvres, fins comme du sable mouvant et durs comme de la roche, n’existe pas. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il y a toujours au moins un arbuste qui convient à vos conditions et souvent même à plu­sieurs… et ce chapitre est là pour le prouver. D’ailleurs, dans le chapitre précédent, nous avons vu l’une de ces conditions extrêmes, les sols très acides. Ce problème est si courant dans la région couverte par ce livre, et le nombre d’arbustes qui peuvent y convenir si grand, que j’ai pu constituer un chapitre complet pour ceux dont le sol est acide. On s’est si bien tiré d’affaire que j’ai peur que de nombreux lecteurs augmentent volontairement l’acidité de leur jardin !

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Sous des conditions extrêmes

DES ARBUSTES À PART Ne cherchez pas dans ce chapitre les arbustes « classiques » de l’aménagement pay­sager. Bien peu d’entre eux sont bien ronds, bien égaux et resplendissants en toute saison. Les arbustes décrits ici sont souvent un peu trop « quelconque » pour un aménagement b.c.b.g. Ils courent un peu trop, sont un peu dégarnis à la base, ou offrent une trop courte saison d’intérêt. Par contre, lorsque vous êtes au bout du rouleau et cherchez tout simplement un arbuste, n’importe quel arbuste pour bou­cher un trou ou ajouter un peu de verdure à un terrain ayant davantage l’allure d’un champ de bataille que d’un aménagement paysager, ils deviennent très utiles. Après tout, ils sont au moins verts et vivants, donc un premier pas en avant. Il n’existe vraiment aucun arbuste totalement sans attrait. Chacun a au moins un feuillage présentable ou un port acceptable, et certains des arbustes décrits ici connaissent même de véritables moments de gloire, telle une floraison épous­ touflante. Regardez les photos et lisez un peu sur chacun, vous devrez l’admettre. Jolis et utiles ? C’est parfois vrai… et pourquoi pas ? DE L’AIDE AILLEURS Les arbustes de ce chapitre ne comblent pas vos besoins ? Sachez que vous trouverez des listes d’arbustes convenant à toutes sortes de conditions et de combinaisons de situations dans le chapitre La culture des arbustes. Il y a des listes d’Arbustes pour les emplacements ombragés, …pour les sols humides, …pour les sols secs, …tolérant un sol neutre ou alcalin et d’autres encore. D’ailleurs, le chapitre Des arbustes au naturel mérite peut-être une relecture, car il contient plus que sa part d’arbustes s’adaptant aux conditions difficiles.

Acacia rose Argousier Bois bouton Caragana argenté Cassandre Dirca des marais Genêt des teinturiers Nerprun à feuilles de capillaire Saule des rives et des marécages

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Photo : Robert Mineau, Jardin botanique de Montréal.

Acacia rose

Acacia

rose Robinia hispida Noms anglais : Bristly Locust, Rose Acacia, Rose Acacia Locust. Hauteur à maturité : 2 m. Diamètre à maturité : illimité. Emplacement : soleil. Port : globulaire, semi-pleureur, irrégulier. Sol : ordinaire à pauvre, bien drainé à très sec, acide à légèrement alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : stabilisation des pentes. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Chenilles, mineuses, perceuses, blanc, taches foliaires. Sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Supprimer les dommages hivernaux au printemps en tout temps après le débourrement. Taille de rajeunis­ sement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étalement. Multiplication : boutures herbacées, division, marcottage, greffage, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, couvre-sol, écran, isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, plante mellifère. Zone de rusticité (site exposé) : 4b. Zone de rusticité (site protégé) : 4a.

D

Robinia hispida

’accord, ce grand arbuste a une flo­ raison spectacu­l aire, avec de multiples racè­ mes retombants de fleurs inodores, roses à rose pourpré, chacune en forme de fleur de pois de senteur. Mais il n’ai­me pas les sols riches et humides de la plupart des aména­g ements, les­q uels pro­v oquent chez lui une croissance rapide mais faible, qui ne s’aoûte pas et cause des dommages majeurs en hiver. C’est pourquoi on le voit si peu souvent dans les jardins. L’acacia rose s’est plutôt taillé une place au soleil dans la sta­ bi­ lisation des pentes et des dunes, car il adore les

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Sous des conditions extrêmes

sols pauvres, sablonneux et bien drainés, voire très secs. En bonne légumineuse qu’il est, il se passe d’un sol riche puisqu’il emmagasine sa propre source d’azote sous forme de colonies bactériennes vivant sur ses racines et aptes à fixer l’azote atmosphérique. Pour stabiliser des sols, il produit une abondance de drageons, et un seul plant produit rapidement une colonie, surtout dans les sols sablonneux. L’acacia rose n’est pas vraiment un acacia (Acacia) bien sûr, puisque ce vaste genre strictement subtropical et tropical a surtout ses origines en Australie et en Afrique. Cependant, l’acacia rose appartient à la même famille que les Acacia, lesquels sont aussi des Légumineuses, a un port et une croissance similaires, et même s’il n’y a jamais mis le pied, forme la même « brousse » épineuse que l’on retrouve sur ces continents. C’est un arbuste à croissance rapide, aux tiges d’abord dressées, puis arquées aux extrémités. Les feuilles pennées à 9 à 13 folioles ovales sont bleu vert, mais jaunes à l’automne. Les tiges et les pétioles sont hérissés de minces poils raides bruns qui sans être des épines pénétrantes, n’incitent pas du tout à les serrer trop fort ! Rarement produites, les gousses de graines, en forme de cosses de pois, sont également couvertes de ces poils raides. Au début de l’été, la floraison est très dense et attire grand nombre d’abeilles. D’ailleurs, dans certaines parties des États-Unis, du miel d’acacia, « locust honey », est produit à partir de cette espèce et d’autres robiniers. Indigène dans le sud-est des États-Unis, l’acacia rose gèle à l’occasion des extrémités, et parfois sur une bonne longueur. Par contre, cela n’empêche pas la flo­raison à partir des tiges plus basses et ne nuit pas à la survie de l’arbuste qui repousse allègrement au printemps, de la base s’il le faut. Un emplacement à l’abri du vent est quand même recommandé. La multiplication se fait par prélèvement des drageons ou par semences. On greffe parfois cette espèce sur un court tronc dressé de R. pseudoacacia pour former un petit arbuste sur tige à tête arrondie… mais cela ne réussit bien que dans les zones 6b et plus, car la tête (la partie greffée) exposée au vent a tendance à geler. Plusieurs insectes et maladies attaquent le grand frère de l’acacia rose, R. pseudacacia, mais causent rarement des dégâts notables sur R. hispida. Enfin, avis à tous ceux qui, pour des raisons totalement incompréhensibles, s’aventureraient à essayer de manger cet arbuste hérissé : il est toxique partout, de la tête aux racines. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Robinia hispida (acacia rose, robinier hispide) : l’espèce elle-même est la forme habituellement cultivée. 2 m x illimité. Zone 4b (4a en site protégé). ❧ R. hispida fertilis, syn. R. fertilis : comme l’espèce, mais produisant de nombreuses gousses. 2 m x illimité. Zone 4b (41 en site protégé). AUTRES ESPÈCES : Le genre Robinia est composé de 20 espèces, surtout des arbres, dont le robinier faux-acacia (R. pseudacacia) est le plus connu. Des croisements entre le robinier faux-acacia et l’acacia rose ont donné de jolis arbres à fleurs roses… mais, parmi les espèces arbustives rustiques, seule la suivante est arbustive : ❧ R. viscosa (robinier visqueux, anglais : Clammy Locust) : très similaire à R. hispida, mais aux tiges lisses, inermes… et collantes. Mêmes fleurs roses en racèmes retombants. Plus rustique que R. hispida et souvent trouvée natu­ ralisée dans le sud du Québec, jusque dans la région de la capitale. 2,5 m x illimité. Zone 4a (3a en site protégé).

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Argousier

Hippophae rhamnoides

Argousier Hippophae rhamnoides Noms anglais : Sea Buckthorn. Hauteur à maturité : 2 à 9 m. Diamètre à maturité : 2 à 9 m. Emplacement : soleil. Port : érigé, évasé. Sol : ordinaire à pauvre, bien drainé à sec, légèrement acide à alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : bonne. Intérêt principal : fruits persistants. Intérêts secondaires : feuillage argenté. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures semi-ligneuses, boutures racine, division, marcottage, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, fleur coupée, fleur séchée, fruits comestibles. Zone de rusticité : 2b.

V

oici un arbuste qui méri­te d’être beaucoup plus utilisé. Il est bien adapté aux condi­ tions générales du Québec, plus spécialement aux sols pauvres, pierreux et secs, où il pousse souvent avec plus de vigueur que dans les sols plus riches et plus humides. C’est de plus un véritable « must » pour les jar­ di­ niers aux prises avec des pro­ blèmes de grand vent ou d’em­ bruns salins. Dans la nature, dans son Eurasie natale, l’ar­ gousier croît en bordure de mer. Comme il pousse à merveille dans le sable (il vit en symbiose avec des bactéries qui fixent l’azote at­mosphérique, à l’instar des Légu­ mineuses), il peut même servir pour la sta­ bi­lisation des dunes. Et de plus, il croît à merveille en bordure des routes.

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Sous des conditions extrêmes

Donc, même sans attraits physiques particuliers, l’argousier serait utile… mais en plus, il est beau, et même très beau ! D’accord, ses fleurs jaunâtres, s’épanouis­sant en abondance tôt au printemps, avant la feuillaison, ne sont pas très remarquables, mais ses feuilles étroites, lancéolées, vert gris dessus et gris argenté dessous, sont magnifiques ; l’arbuste entier semble recouvert d’un nuage d’argent. Et vers la fin de l’été, les petits fruits orange commencent à apparaître. Ils sont globulaires et très nombreux, persistants tout l’hiver, faisant de l’argousier le meil­leur arbuste pour la fructification hivernale, après le houx verticillé. Les oiseaux ne semblent pas aimer les fruits, mais les êtres humains les récoltent. Crus, ils sont très acides, mais délicieux en tarte et en marmelade et de surcroît, riches en vitamine A et surtout en vitamine C : de véritables petites oranges nordiques ! En Europe, des plantations commerciales d’argousier sont bien établies pour la cueillette de leurs fruits, et l’on étudie la possibilité d’en faire la production au Québec. Pouvez-vous imaginer cela ? Grâce à sa rusticité phénoménale, on pourrait situer ces vergers beaucoup plus au Nord que nos vergers actuels de pommes, de prunes, etc. Par contre, pour avoir des fruits, il faut avoir au moins un plant mâle pour 4 ou 5 femelles… et c’est là le hic. En effet, on multiplie l’argousier presque unique­ment par semences en pépinière, d’où l’impossibilité de connaître le sexe des arbus­tes que l’on plante. Il existe toutefois quelques cultivars de sexe connu, multi­pliés par bouturage ou marcottage, parfois même par division des drageons. Mieux vaut se fier à ces rares cultivars si vous tenez absolument aux fruits. En passant, les tiges couvertes de fruits font aussi d’excellentes « fleurs coupées », fraîches ou séchées. L’argousier se situe à mi-chemin entre le petit arbre et le grand arbuste. On peut le tailler en arbre, sachant toutefois d’avance que son tronc tordu et noueux lui donnera davantage l’apparence d’un bonsaï que d’un arbre bien droit. Il atteint environ 6 m x 6 m ici, sous cette forme, jusqu’à 9 m x 9 m sous des cieux plus clé­ ments. Pour une forme plus arbustive, rabattez l’arbuste une fois, le printemps suivant la plantation, pour stimuler la croissance de tiges multiples. À maturité, il atteindra alors entre 2 à 4 m dans tous les sens. L’argousier est par contre épineux : ne récoltez pas ses fruits sans porter de bons gants en cuir. Ses épines en font une excellente haie défensive que même les cerfs de Virginie ne traversent pas ! Cependant, ses épines si acérées font qu’il ne convient pas pour les petits terrains ou les aires de jeu. D’autre part, de nombreux oiseaux semblent apprécier la protection offerte par ses épines et nichent volon­tiers dans ses branches. Bonne nouvelle pour les jardiniers paresseux, on ne lui connaît aucun ennemi à traiter : ni insecte, ni maladie. La mauvaise nouvelle ? Il est difficile à transplanter, et la solution la plus facile consiste à acheter des plants en contenant. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Hippophae rhamnoides (argousier, argousier faux-nerprun) : espèce très variable, puisque produite par semences dans 99% des cas. 2 à 9 m x 2 à 9 m. Zone 2b. ❧ H. rhamnoides ‘Leikora’ : en Europe, il existe des dizaines de variétés femelles à fruits plus gros et plus abondants, destinés à la consommation humaine. ‘Leikora’ est le premier à traverser l’Atlantique, mais ‘Askola’, ‘Friesendorf Orange’ et ‘Hergo’ suivront probablement bientôt. 2 à 9 m x 2 à 9 m. Zone 2b. ❧ H. rhamnoides ‘Pollmix’ : clone mâle réservé au service des demoiselles précitées. 2 à 9 m x 2 à 9 m. Zone 2b. ❧ H. rhamnoides ‘Sprite’ : miniature à feuille dense. 1 m x 1 m. Zone 2b.

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Bois bouton

Cephalanthus occidentalis

Bois

bouton Cephalanthus occidentalis Noms anglais : Common Buttonbush. Hauteur à maturité : 1,5 à 2 m. Diamètre à maturité : 3 à 4 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : globulaire, ouvert. Sol : tout sol riche ou pauvre, acide à alcalin, mais humide. Tolère mal le sel. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : fruits ronds persistants. Feuillage lustré. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Tôt au printemps, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées ou aoûtées, semences fraîches. Utilisation : arrière-plan, coin humide, couvre-sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur parfumée, attire les¢papillons, plante mellifère. Zone de rusticité : 4a.

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ar pure coïncidence, la pré­ sentation en ordre al­ pha­ bétique de ce chapitre a fait en sorte que les arbustes décrits jusqu’ici étaient tous pour un sol pauvre et sec. Voilà donc tout un changement, car le bois bou­ton est un arbuste pour sol humide, même très humide. En effet, cet arbuste in­ digène, qui atteint sa limite nordique dans l’ouest du Québec, mais que l’on trouve partout aux États-Unis et jusqu’à Cuba et en Amérique centrale, croît habituellement dans les marécages et le long des cours d’eau. Il peut pousser non seulement en marge de l’eau mais, fait rare pour un arbuste, carrément dans l’eau, ses racines superficielles entiè­ rement submergées, mais les tiges hors de l’eau. Indifférent au type de sol, à sa richesse ou

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Sous des conditions extrêmes

sa pauvreté et même à son acidité ou son alcalinité, et croissant au soleil comme à l’ombre (bien que fleurissant davanta­ge au soleil ou à mi-ombre), le bois bouton est le sujet idéal pour les emplacements humides ou inondés de votre terrain. Évidemment, le bois bouton est un sujet superbe pour la naturalisation, aidant à stabiliser les berges sujettes aux inondations, mais il ne faut pas non plus pros­ crire son utilisation comme plante strictement ornementale. D’ailleurs, ses inflo­ rescences parfaitement rondes, blanches et exquisément parfumées méritent d’être appréciées de près, assez pour construire un sentier sur pilotis spécialement pour que vos visiteurs puissent traverser le marécage et aller à sa découverte. Aussi, même s’il ne croit que dans les sols détrempés dans la nature, il s’accom­mode quand même très bien des conditions de jardin… en autant qu’on le paille abon­ damment et qu’on l’abreuve en période de sécheresse. Il s’agit d’un arbuste au port arrondi assez ouvert, s’élargissant avec le temps. Ses branches d’abord érigées, puis arquées, restent nues longtemps au printemps, car c’est l’un des derniers arbustes à feuiller. Les feuilles, opposées sur les branches normales, mais par groupes de 3 sur les tiges florales, sont très attrayantes. D’elliptiques à lancéolées, elles sont vert moyen à vert foncé et très luisantes, pres­ que comme des miroirs. Elles ne prennent pas une coloration automnale parti­culière. Les fleurs apparaissent en été, sur les tiges de l’année. Blanc crème et très par­fumées, avec des stigmates bien exposés donnant une apparence duveteuse à l’ensemble, elles sont réunies en inflorescences parfaitement rondes sur de longs pédicelles, vers les extrémités des branches. Impossible de confondre cet arbuste avec quelque autre arbuste de climat tempéré que ce soit : des fleurs semblables, on n’en retrouve que sous les tropiques ! Les fleurs attirent les abeilles en grand nombre… et aussi les papillons. Après la floraison, qui dure d’ailleurs un bon mois en plein été, les capsules persistent tout l’hiver, ressemblant à de petits boutons noirs. D’accord, des boules noires sont peut-être un peu moins attrayantes que des boules blanches, mais en plein hiver, sur un fond de neige blanche, elles ne sont pas mal du tout ! Le bois bouton se bouture facilement et germe rapidement à partir de semences fraîches. Il répond bien à une taille printanière, au besoin… mais norma­ lement, il ne nécessite pas d’intervention. Il n’est atteint par aucune maladie ou insecte d’importance majeure. Enfin, les feuilles de bois bouton étant toxiques, mieux vaut ne pas planter cet arbuste là où les enfants seraient tentés de les goûter. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Cephalanthus occidentalis (bois bouton, bois noir, céphalanthe occidental) : il y a environ 5 autres espèces dans ce genre obscur, mais seul notre bois bouton est réellement adapté aux climats froids. Il n’y a aucun cultivar connu. 1,5 à 2 m x 3 à 4 m. Zone 4a.

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Caragana argenté

Halimodendron halodendron

Caragana

argenté Halimodendron halodendron Noms anglais : Salt Bush, Salt Tree. Hauteur à maturité : 2 m. Diamètre à maturité : 1 à 2 m. Emplacement : soleil. Port : globulaire érigé, irrégulier. Sol : ordinaire à pauvre, légèrement humide à sec, très bien drainé ou sablonneux, légèrement acide à alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : s’adapte aux sols de piètre qualité. Intérêts secondaires : floraison estivale. Feuillage argenté. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées ou ligneuses, boutures de racine, greffage, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, attire les colibris. Zone de rusticité (site exposé) : 3.

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i vous cherchez un arbuste résistant au sel, voici le cara­ g ana argenté. Son nom bota­ nique le dit et le répète au cas où vous n’auriez pas compris, car Halimodendron veut dire « arbre qui aime le sel », et halo­dendron signifie la même chose. Quant aux noms anglais, « Salt Bush » et « Salt Tree », ils insistent aussi là-dessus. Serezvous alors surpris d’apprendre que les embruns salins et même les sols con­taminés au sel ne le déran­gent nullement  ? Il s’agit d’un arbuste proche du caragana (Caragana, page 183 et page 525), ayant les mêmes fleurs en forme de pois de senteur et aussi les mêmes feuilles pennées et toujours comme lui, porte sur ses racines des colonies de bactéries lui per­ mettant d’absorber l’azote at­mosphérique et donc de vivre

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dans les sols très pauvres. Il en diffère cependant d’abord par la couleur de ses fleurs, rose pourpré et non jaunes, et de plus, parfumées. Elles s’ouvrent en très grand nombre à la fin du printemps ou au début de l’été et créent plus d’effet que celles des véritables caraganas. Aussi, ses feuilles sont couvertes de poils blancs, ce qui lui donne une apparence nettement argentée. Elles sont composées de 1 ou 2 (rarement 3) paires de folioles plus larges à l’extré­mité qu’à la base. Plutôt qu’une foliole à l’extrémité de la feuille, il y a une épine et ses tiges aussi sont très épi­neu­ ses, portant de longs aiguillons acérés pour mieux se protéger des prédateurs : le cerf de Virginie, entre autres, ne l’approche pas. Son port est plutôt érigé, arrondi au sommet, mais souvent dégarni à la ba­se, ressemblant en fait à un petit arbre aux tiges multiples. Un peu de taille après la floraison, en supprimant les branches les plus longues, peut lui donner une forme plus dense et plus globulaire. Ce proche parent du caragana vient de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale, autour de ces immenses lacs très salins que nous appelons mer Caspienne et mer Noire. Anciennement le fond d’une mer beaucoup plus vaste, le sol des environs est souvent si contaminé de sel et si alcalin que presque rien ne peut pousser… sauf le caragana argenté. En Europe, on l’utilise abondamment pour fixer les dunes de sable en bordure de mer. Chez nous, on commence à peine à découvrir cet arbuste très nouveau sur le marché, mais il pourrait avoir la même fonction. Avis aux Madelinots : voici enfin un arbuste que vous pouvez cultiver mieux que les autres ! Le caragana argenté exige des conditions « difficiles ». Il ne tolérera pas long­ temps un sol riche et humide, étant sujet à la pourriture lorsque le sol qui l’entoure n’est pas parfaitement drainé. D’ailleurs, il est presque toujours vendu greffé sur les racines d’un vrai Caragana, car les racines de ce dernier tolèrent mieux les con­ditions humides de notre climat. Cependant, si vous le plantez dans un site des­séché, aride, sablonneux, voire très alcalin, il s’affranchira de son porte-greffe. Il peut quand même croître dans un sol ordinaire pas trop riche, si le drainage est bon. Le plein soleil est de rigueur. En plus des dunes de sable et des bords de mer, on peut l’utiliser le long des autoroutes ou tout simplement sur une pente enso­ leillée. Et tout emplacement dans un sol calcaire et bien drainé serait parfait. Bien établi, le caragana argenté est très résistant à la sécheresse et préfère d’ailleurs un sol sec. Pour une fois, aucun paillis n’est requis. La taille, telle que mentionnée ci-dessus, consiste surtout à éliminer les bran­ ches dégarnies. Cet arbuste tend à drageonner, surtout dans les sols sablon­neux, un net avantage dans les sites où il est utilisé pour stabiliser les berges ou les dunes, mais moins apprécié dans un aménagement plus classique. Supprimez tout simplement les drageons égarés. Enfin, on vend souvent le caragana argenté greffé sur un tronc de Caragana pour en faire un arbuste sur tige, mais vous pourriez facilement créer le même effet chez vous par une taille sélective (voyez Créer votre propre arbuste sur tige dans le chapitre Comme sur des échasses). VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Halimodendron halodendron (caragana argenté) : il s’agit de l’unique espèce du genre Halimodendron. Il existerait des cultivars à fleurs pourpres et blanches, mais aucun n’est disponible dans nos pépinières pour l’instant. 2 m x 1 à 2 m. Zone 3.

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Photo : Réjean Martel, Jardin botanique de Montréal.

Cassandre

Chamaedaphne calyculata

Cassandre Chamaedaphne calyculata Noms anglais : Cassandra. Hauteur à maturité : 60 à 120 m. Diamètre à maturité : 1 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, globulaire, irrégulier. Sol : riche en matière organique ou tourbeux, humide, très humide, acide à légèrement acide. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : feuillage persistant. Feuillage : persistant. Problèmes : peu fréquents. Balai de sorcière, rouille, taches foliaires. Taille : peu nécessaire. Multiplication : boutures semi-aoûtées, division, semences. Utilisation : bordure, coin humide, couvre-sol, isolé, massif, naturalisation, plate-bande, rocaille. Zone de rusticité : 1.

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e cassandre aurait facile­ ment pu être classé dans le chapitre Dans un sol acide avec les autres Éricacées, car effec­ti­ ve­ment, un sol au moins un peu aci­de est l’une de ses exi­gen­ces. Mais bien plus qu’une plante de sol acide, c’est une plante de sols humides, d’où son place­ ment dans ce chapitre. Si vous avez déjà visité une tourbière, vous connaissez sans doute le cassandre : il est omni­ présent dans les milieux ouverts. On le trouve aussi dans tous les lieux humides enso­ leillés, par­ tout au Québec, surtout au nord, même au-delà de la limite des arbres. Il croît sans aucun sol, bien enracinée dans la tourbe, mais aussi dans les terres hu­mi­ des, voire inondées, car il ne craint pas d’avoir les racines en­tièrement sous l’eau.

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C’est un arbuste assez ouvert, érigé, arrondi, avec des branches raides arquées aux extrémités. Les feuilles persistantes, elliptiques à lancéolées, parfois finement dentelées vers la pointe, sont vert foncé, brillantes ou mates, écailleuses au revers, longues de 2 à 5 cm. La floraison commence tôt au printemps et dure longtemps : une série de petites cloches blanches, pendant d’un racème feuillu terminal. Leur apparence a mérité à la plante l’un de ses noms communs : faux bleuets, car les fleurs rappellent celles des Vaccinium. Le fruit, une capsule, est sans intérêt. Dans l’ensemble, le cassandre ressemble à un petit andromède du Japon (Pieris japonica), arbuste « importé » fort désirable, mais mal adapté à nos conditions, à découvrir dans le chapitre Des tropicaux égarés. Encore une fois, la question se pose : « Pourquoi dédaignons-nous tellement nos végétaux indigènes, surtout au point de se battre avec une plante importée similaire, mais de culture plus difficile ? » Très intéressant pour la naturalisation dans les lieux humides, le cassandre est aussi impressionnant dans les emplacements humides d’un aménagement plus soigné, tels un jardin d’eau, une tourbière recréée, etc. On peut également le cul­tiver facilement dans un sol « sec », en autant, bien sûr, qu’il demeure humide et frais. À cette fin, un paillis est utile, en plus d’arrosages ou d’irrigation par temps sec. En zone froide, le cassandre croît mieux en plein soleil, mais préfère la mi-ombre dans les régions aux étés chauds. Très rustique, comme ses origines arcti­ques le dé­montrent, il préfère néanmoins une couche de neige en zone 1. Il con­naît peu de pro­blèmes pathologiques et la multiplication se fait par bouturage ainsi que, et surtout par division des drageons puisque le cassandre forme des colonies grâce à ses stolons souterrains.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Chamaedaphne calyculata, syn. Cassandra calyculata (cassandre, cassandre caniculé, faux bleuets) : le genre Chamaedaphne, un changement de nom qui passe mal dans le commerce où l’on utilise encore le nom de Cassandra, ne contient que cette seule espèce circumboréale, donc présente sur les 3 continents de l’hémisphère nord. Il demeure une « plante rare » dans le commerce, à rechercher surtout auprès des spécialistes en plantes indigènes. 60 à 120 cm x 1 m. Zone 1. ❧ C. calyculata ‘Nana’ : variété naine au port compact et dense, aux feuilles plus petites. Très attrayante et faisant un excellent couvre-sol. 30 à 45 cm x 1 m. Zone 1. ❧ C. calyculata ‘Verdant’ : sélection naine, moins rustique, faisant une excellente plante tapissante. 50 cm x 1 m. Zone 3b.

AUTRE GENRE : Cassiope (cassiopée) : prenez un cassandre, réduisez sa hauteur et compri­ mez ses feuilles en petites écailles, les plaçant densément en 4 rangs sur de petites tiges frêles, à tel point qu’il ressemble plus à une mousse qu’à un arbuste, et vous aurez quelque chose très proche du cassiopée. Ce petit genre d’arbustes couvre-sol des régions arctiques et alpines de l’hémisphère nord ne mérite qu’une mention en passant, puisque peu ou pas cultivé en Amérique du Nord. Par contre, ils sont très appréciés des amateurs euro­péens de plantes alpines et de jardins de tourbière, notamment parce que leurs fleurs blanches en clochettes pendantes semblent si grosses par rapport à la taille de la plante. C. hypnoides et C. tetragona sont circumbo­réaux et indigènes dans le nord du Québec ainsi que sur certaines monta­gnes du Sud. C. lycopodioides et C. mertensiana sont plutôt indigènes dans les Rocheuses et l’Alaska. Il existe aussi plusieurs hybrides. Tous demandent les mêmes conditions de sol acide et de grande humidité que le cassandre, mais sont plus exigeants quant à leur préférence pour des tempéra­tures fraîches en tout temps. 5 à 18 cm x 15 à 20 cm. Zones variables : 1 à 4.

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Dirca des marais

Dirca palustris

Dirca

des marais Dirca palustris Noms anglais : Leatherwood, Atlantic Leatherwood. Hauteur à maturité : 1 à 1,8 m. Diamètre à maturité : 1 à 1,8 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : globulaire. Sol : ordinaire à riche en matière organique, humide à très humide, acide à légèrement acide. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Kermès. Taille : peu nécessaire. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées, division, marcottage, semences vernalisées. Utilisation : coin humide, couvre-sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, sous-bois, utilisations médicinales. Zone de rusticité : 4a.

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i votre site est à la fois om­bragé et détrempé, voici l’ar­ buste qu’il vous faut ! Le dirca des marais, mieux connu au Québec sous le nom « bois de plomb », est un arbuste indigène que l’on retrouve abondam­ ment dans le sud et l’ouest de la province, ainsi que dans les provinces limitrophes et dans l’est des États-Unis, dans les forêts humides, justement. Il est peu disponible dans le com­merce. L’on vous dira que c’est à cause des difficultés de mul­ tiplication, en sachant très bien que son principal défaut est d’être un arbuste indigène et que, répétons-le tous en chœur : « Les jardiniers québécois n’ap­précient pas les plantes indigènes  ! » Cet arbuste est au port ar­ ron­ di très égal, notamment au so­ leil ou à la mi-ombre. À

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Sous des conditions extrêmes

l’ombre profonde, il croît et fleurit très bien, mais sa croissance est plus ouverte et irrégulière. Les branches brunes et lisses sont bien ramifiées, abondamment couvertes de feuilles elliptiques, au pétiole très court et aux marges lisses, sans dents, qui sont d’un beau vert clair, très attrayant à l’ombre. Cette coloration est moins évidente chez les sujets cultivés en plein soleil. Les feuilles deviennent jaune clair à l’automne, se colorant autant à l’ombre qu’au soleil. Trouvez un dirca en fleurs est toujours un plaisir. Les fleurs ne sont pas nécessairement saisissantes, mais elles paraissent très tôt, avant la feuillaison et sont alors bien visibles. Jaune verdâtre et tubulaires, étamines et stigmate bien en évidence, elles pendent de presque chaque aisselle. Elles sont cependant vite ca­chées par les feuilles qui sortent pendant la floraison. Même si cette plante est proche parente des daphnés, réputés pour leur parfum, les fleurs de dirca sont inodores. Les fruits, vert pâle à rougeâtres, sont cachés par le feuillage et tombent à maturité, normalement en juillet ou août. Ils sont sans doute mangés par des oi­seaux ou d’autres animaux, mais je n’ai jamais découvert lesquels. L’origine du nom « bois de plomb » est dû au fait que les branches ne cassent pas lorsqu’elles sont pliées et on peut même en faire des nœuds ! D’ailleurs, cette capacité de plier sans casser a valu à son écorce d’être utilisée pour les attelages de raquettes, la vannerie, les courroies de toutes sortes et même pour faire des li­gnes à pêche et des cordes pour les arcs. Le nom anglais « Leatherwood » (bois de cuir) vient aussi de ces utilisations. Excellent choix pour la naturalisation dans les lieux humides à détrempés, surtout ombragés, le dirca a aussi sa place dans les aménagements, notamment dans les sols toujours un peu humides. Un paillis et un arrosage au besoin aideront à conserver son humidité durant les périodes de sécheresse. Bien qu’il se cultive aussi au soleil, son feuillage est plus beau à l’ombre ou à la mi-ombre. La plante est aussi utilisée à des fins médicinales. Les feuilles et tiges écrasées dégagent un arôme caractéristique et une sève qui brûle la peau, en superficie et sans laisser de séquelles, mais admettons que c’est quand même surprenant. Les autochtones utilisaient ce principe pour provoquer un renouvellement de la peau. La sève a aussi une action purgative violente, bien connue des premiers habitants de la Nouvelle-France. La plante entière est légèrement toxique… mais avec des effets plus désagréables que néfastes. La multiplication du dirca est facile à petite échelle, car l’arbuste drageonne… non pas abondamment, mais assez pour produire des rejets que vous pouvez prélever. Faites attention au moment de la transplantation, car les racines super­ ficielles et peu nombreuses du dirca s’endommagent facilement. On peut aussi prélever des boutures, toutefois difficiles à réussir. En pépinière, on le multiplie le plus souvent par semences vernalisées, et parfois par marcottage. Le dirca est peu sujet aux insectes et aux maladies. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Dirca palustris (dirca des marais, bois de plomb, bois de cuir) : il n’y a que 2 espèces de Dirca, celle de l’Est (décrites ici) et celle de l’Ouest (D. occidentalis), moins rustique, 1 à 1,8 m x 1 à 1,8 m. Zone 4a.

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Genêt de teinturiers

Genista tinctoria ‘Golden Carpet’

Genêt

de teinturiers

Genista tinctoria Noms anglais : Dyer’s Greenwood, Common Woadwaxen. Hauteur à maturité : 30 à 100 cm. Diamètre à maturité : 80 à 1 m. Emplacement : soleil. Port : globulaire, évasé. Sol : ordinaire à pauvre, sablonneux ou pierreux, bien drainé à très sec, légèrement acide à alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible à bonne, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison estivale. Intérêts secondaires : branches vertes en hiver. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Taille : rabattage au sol tous les ans, au printemps, ou après la première floraison. Multiplication : boutures herbacées, semi-ligneuses ou ligneuses, semences vernalisées. Utilisation : bordure, couvre-sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, fleur coupée, teinture végétale, utilisations médicinales. Zone de rusticité (site exposé) : 6a. Zone de rusticité (site protégé) : 2b.

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lus le temps est chaud et sec, plus le sol est pierreux, sablonneux, rocailleux, et déses­ p érément pauvre, plus le genêt des teinturiers est con­ tent. Cet arbuste d’Europe centrale et d’Asie Mineure croît tout naturellement dans les paysages arides de la garrigue et des steppes et adore le coin le plus sec et le plus ensoleillé que vous avez à lui offrir. Il s’agit d’un arbuste aux nombreuses branches peu ramifiées, à croissance en balai. Les branches photosyn­ t hé­ tiques sont vertes toute l’année, ajoutant de l’intérêt durant la saison morte. Au printemps il produit des feuilles d’un vert riche, étroites, à la marge hir­sute, puis, en été, de nom­ breu­ses fleurs jaunes en forme de pois de senteur (sans la sen­ teur), portées en épis étroits. La floraison principale débute avec

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Sous des conditions extrêmes

l’été et dure presque un mois. Par la suite, l’arbus­te fleurit sporadiquement le reste de l’été, jusqu’en septembre. Les petites cosses aplaties sont sans attrait et il n’y a aucune coloration automnale. De la famille des Légumineuses, le genêt des teinturiers vit en symbiose avec des bactéries qui fixent l’azote atmosphérique. Cela explique sa capacité de vivre dans les sols si pauvres. D’ailleurs, la pire erreur à faire avec un genêt des tein­ turiers est de le fertiliser, ce qui favorise des tiges longues mais faibles, très gélives et qui, de surcroît, réduit la floraison. Cette espèce préfère particulièrement les sols alcalins et secs, même si elle tolère quand même assez bien les sols légèrement acides et plutôt humides de la plupart de nos jardins. Bref, disons qu’un paillis n’est pas nécessaire ! Par contre, sous notre climat, le genêt des teinturiers exige la protection d’une bonne couche de neige. Sans neige, il meurt, même en zone 5b. Même avec une modeste couche de neige, il croît et fleurit jusqu’en zone 2b. Cependant, il est préférable de considérer le genêt des teinturiers comme un arbuste à recéper. Sauf dans les emplacement où il est couvert de neige jusqu’à l’extrémité de ses branches, les parties exposées au froid gèlent l’hiver. Au prin­ temps, rabattez-le donc au sol. Cela retarde un peu la première floraison, mais elle n’en sera que plus abondante. Certains jardiniers le rabattent même une deuxième fois, après la floraison principale… et il repousse aussitôt et refleurit autant que la première fois. Par contre, même sans taille, ce genêt est rarement sans quelques fleurs durant toute la période estivale. La multiplication se fait habituellement par semis, et par bouturage pour les cultivars. Le genêt des teinturiers se ressème aisément lorsque les conditions lui plaisent et il s’est naturalisé dans certaines parties de l’Amérique du Nord. Il ne semble pas souffrir d’insectes ou de maladies. Enfin, vous l’aviez peut-être deviné déjà, mais ses noms botaniques et com­ muns indiquent que les tiges écrasées du genêt des teinturiers ont longtemps servi à faire une teinture jaune. Aussi, il a des utilisations médicinales, notamment dans le traitement des maladies urinaires. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Genista tinctoria (genêt des teinturiers) : l’espèce est offerte, mais aussi plu­ sieurs cultivars. 60 à 1 m x 80 à 100 cm. Zone 6a (jusqu’à 2b en site protégé). ❧ G. tinctoria ‘Golden Plate’ : fleurs d’un jaune pur. 1 m x 1 m. Zone 6a (jusqu’à 2b en site protégé). ❧ G. tinctoria ‘Plena’, syn. ‘Flore-Plena’ : jolie variété naine semi-prostrée, aux fleurs jaunes doubles. Excellent couvre-sol ! 60 cm x 60 cm. Zone 6a (jusqu’à 2b en site protégé). ❧ G. tinctoria ‘Royal Gold’ : la variété la plus populaire et probablement aussi la plus florifère. Fleurs jaune doré. 90 cm x 90 cm. Zone 6a (jusqu’à 2b en site protégé).

AUTRES ESPÈCES : D’autres genêts paraissent dans le chapitre Au ras le sol. En voici cependant un qui apprécie les mêmes conditions arides que G. tinctoria. ❧ G. sagittalis, syn. Chamaespartium sagittale (genêt ailé, anglais : Winged Genista) : curieux arbuste aux tiges principales rampantes, mais produisant de courtes tiges ailées et dressées que l’on prend pour des feuilles… jusqu’à ce qu’elle se mettent à fleurir ! Ces tiges sont annuelles et tombent à l’automne. Les petites feuilles hirsutes sont éparses et insignifiantes : la plante fait sa photosynthèse par ses tiges. Grappes denses de fleurs jaunes en début d’été. Mêmes conditions que G. tinctoria. 10 à 30 cm x 1 m. Zone 5b (3b en site protégé).

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Nerprun à feuilles de capillaire

Nerprun

Rhamnus frangula ‘Asplenifolia’

à feuilles de capillaire

(Rhamnus frangula ‘Asplenifolia’) Noms anglais : Fern-leaf Buckthorn. Hauteur à maturité : 2 à 3 m. Diamètre à maturité : 1,5 à 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, globulaire, évasé. Sol : tout sol bien drainé mais humide, riche ou pauvre, acide ou alcalin, glaiseux, sablonneux ou pierreux. Tolère mal le compactage. Résistance au sel. Disponibilité : faible. Intérêt principal : feuillage estival. Intérêts secondaires : fruits à l’automne. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Brûlure des rameaux, chancres, rouille, taches foliaires. Taille : peu nécessaire. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées ou semi-ligneuses, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, plate-bande, rocaille, plante mellifère, attire les papillons et oiseaux frugivores, teinture végétale, utilisations médicinales. Zone de rusticité : 3b.

L

’espèce à l’origine du cul­ tivar décrit ici, le nerprun bourdaine (Rhamnus frangula), a la réputation de pouvoir pous­ ser sous presque toutes les con­ ditions… mais est tellement envahissante par ses semences que je la présente dans le cha­ pitre Des arbustes « pensez-y bien ». Ce clone est cependant beau­ coup plus discipliné, car ses se­mences donnent des plants peu vigoureux, réduisant donc le danger d’envahis­ s ement. De toute façon, le R. frangula ‘Asplenifolia’ est beaucoup plus attrayant que l’espèce ! Même si on l’utilise présentement surtout sous les conditions difficiles, il mérite­rait aussi un emplacement dans un aménagement soigné. La culture de cet arbuste est facile : il ne demande presque aucun soin ! Plantez-le au soleil ou à mi-ombre, dans tout sol bien drainé et légèrement humide, et

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Sous des conditions extrêmes

c’est tout. Évitez surtout l’application d’engrais riches en azote, car ils provoquent une croissance rapide des branches qui s’aoûtent mal et deviennent sensibles au gel ce qui, à son tour, entraîne la brûlure des rameaux et des chancres. Taillez seulement si l’arbuste est endommagé ou devient trop gros. Étant donné sa croissance lente, cela ne risque pas de se produire avant plusieurs années ! En Europe, on utilise souvent cet arbuste pour la stabilisation des dunes en bor­ dure de mer et le long des routes, car il résiste bien aux embruns salins, et en ville, il tolère bien la pollution atmosphérique. Le nerprun à feuilles de capillaire est un grand arbuste, rarement un petit arbre comme le nerprun bourdaine. Il croît assez lentement avec un port érigé et évasé très attrayant. En mûrissant, il se dégarnit un peu à la base, mais comme on l’utilise habi­tuellement en plantations mixtes avec d’autres arbustes, ce défaut n’est pas très nota­ble. Son attrait principal est son feuillage : plutôt que les larges feuilles ellipti­ques, vert foncé luisant de l’espèce, R. frangula ‘Asplenifolia’ produit de curieuses feuilles étroites aux marges irrégulières, comme autant de rubans verts. L’effet est des plus char­meurs. L’arbuste est un nuage de verdure et il est souvent confondu avec l’érable japonais. Les feuilles prennent une attrayante couleur jaune rouille à l’automne. Les petites fleurs verdâtres autofertiles sont peu visibles, étant presque cachées par le feuillage. Elles attirent néanmoins des nuages d’abeilles et aussi des papillons. Les fruits verts, suggérant des petites cerises, sont rouges et ensuite noirs à pleine maturité, au début de l’automne. Les oiseaux les adorent… mais ces fruits causent des maux d’estomac et de la diarrhée chez les humains. D’ailleurs, le genre Rhamnus est très utilisé en médecine populaire pour traiter une vaste gamme de maladies. Dans le cas de cette espèce, c’est l’écorce qui s’em­ ploie dans le traitement de la constipation, de l’hépatite, des problèmes de vésicule biliaire, etc. On tire aussi une teinture verte de l’écorce des nerpruns. La multiplication de ce cultivar doit nécessairement se faire par bouturage, car il n’est pas fidèle au type par semences. Cet arbuste est peu sujet aux maladies et aux insectes en général, mais il pré­ sente un problème potentiel de brûlure des rameaux (voir R. frangula ‘Columnaris’ ci-dessous). Attention cependant à l’endroit où vous plantez un nerprun. Ces arbustes servent d’hôtes alternants à la rouille de la couronne (Puccinia coronata), une maladie de l’orge. Par contre, peu de gens possèdent un champ d’orge à côté de leur jardin, ce problème est peut-être moins sérieux qu’autrefois, lorsque l’orge était cultivée dans tous les patelins. De toute façon, l’espèce décrite ici, R. frangula, n’est pas considérée comme un hôte majeur de cette maladie, contrairement à son frère, le nerprun purgatif (R. cathartica).

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Rhamnus frangula ‘Asplenifolia’ (nerprun à feuilles de capillaire) : voir la description ci-dessus. 2 à 3 m x 1,5 à 3 m. Zone 3b.

VARIÉTÉ DÉCONSEILLÉE : ❧ R. frangula ‘Columnaris’, syn. R. frangula ‘Tall Hedge’ (nerprun colonnai­re) : cet arbuste était autrefois un arbuste populaire pour la haie, car il atteint, sans aucune taille, 3,5 m de hauteur et seulement 1 m de diamètre. Planté en ligne droite, il faisait une grande haie remarquable, bien qu’un peu dégarnie à la base. Par contre, à la longue, on a remarqué qu’une telle promiscuité menait souvent à une infestation de Tubercularia ulmea, un champignon provo­quant la brûlure des rameaux et des chancres. De nos jours, ce grand arbuste étroit se cherche une nouvelle vocation ! Chose certaine, les feuilles elliptiques, en soi assez ordinaires n’ont pas l’attrait de R. frangula ‘Asplenifolia’. 3,5 m x 1 m. Zone 3b.

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Saules des rives et des marécages

Salix bebbiana en fleurs

Saules des rives et des marécages Salix bebbiana et autres Noms anglais : Riverside and Swamp Willows. Hauteur à maturité : 6 à 10 m. Diamètre à maturité : 4 à 7 m. Emplacement : soleil. Port : variable : érigé, globulaire, évasé. Sol : tout sol humide à très humide, riche, argileux, sableux ou pierreux, acide à neutre. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : faible… dans le commerce, excellente dans la nature ! Intérêt principal : assèchement des coins humides. Intérêts secondaires : stabilisation des berges. Floraison printanière. Feuillage vert estival. Feuillage : caduc. Problèmes : fréquents. Blanc, brûlure des rameaux, chancres, rouille, taches foliaires, chenilles, galles, perceurs, pucerons, branches cassantes, etc. Taille : au besoin, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Suppression des branches de 4 à 5 ans. Taille de rajeu­nissement sur les vieux sujets. Taille pour contrôler l’étale­ment. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées ou ligneuses, division, marcottage, semences fraîches. Utilisation : arrière-plan, coin humide, couvre-sol, écran, isolé, haie, massif, naturalisation, pentes, fleur coupée. Zone de rusticité : 1.

N

ous avons vu le saule sous toutes les formes : à beaux chatons, à feuillage argenté ou panaché, à tiges tordues, à écorce colorée, à port prostré, etc. et, dans le chapitre suivant, nous verrons quelques saules à utiliser dans les haies. Il ne reste alors qu’une catégorie : les saules ar­ bus­ tifs «  ordinaires  ». En fait, les saules décrits ici ne gagneront ja­mais un concours de beauté : ils sont tout simplement «  verts  », parfois avec des cha­ tons at­ tra­ yants au printemps, et c’est tout. Ces saules sont parfois sujets aux insectes, aux ma­ ladies ou aux dommages hiver­ naux, ou mangés par les mulots, les liè­ vres ou les orignaux, mais peu importe. Il s’agit de saules que l’on plante dans un but spéci­ fique : remplir un trou dans le paysage et, en fait, un trou dans un sol très humide. Leur hauteur exacte, leur coloration précise, leur forme, rien de tout cela n’a

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Sous des conditions extrêmes

d’importance, en autant qu’ils remplissent leur rôle : meubler et drainer les coins jugés trop humides. En fait, ces saules, tous indigènes et d’assez bonne taille, entre l’arbre et l’ar­buste, sont adaptés à un milieu très humide, voire presque aquatique. Ils peuvent pousser avec les racines constamment dans un sol détrempé : en bordure d’un lac, le long d’une rivière, dans un marécage, etc. Non seulement remplissent-ils un vide dans le paysage par leur bonne taille et leur feuillage abondant mais, dans bien des cas, ils peuvent aider à assécher un terrain trop humide et ainsi vous permettre de jardiner d’une façon un peu plus classique, sans devoir mettre vos cuissardes. En effet, il faut beaucoup d’eau pour maintenir tant de feuilles pleines de sève. Alors qu’un gazon ou quelques petites vivaces dans un coin humide n’arrivent pas à assécher un terrain, ces arbustes pompent l’eau au rythme de plusieurs dizai­nes de litres par jour et peuvent faire d’un sol détrempé un sol tout simplement humide. Aussi, ces saules arbustifs sont un choix tout naturel pour stabiliser les berges et les dunes humides. D’ailleurs, plusieurs poussent habituellement sur les bancs de sable des rivières, et lorsqu’une branche cassée en amont se fiche dans le sable et prend racine, elle crée ainsi par sa seule présence une nouvelle île. Autre­ment dit, ces saules réclament la terre à l’eau. Ce sont, si vous voulez, les Hollan­dais du monde des arbustes ! Naturalisez-les alors le long de votre terrain grugé par les eaux et rapidement, votre propriété grossira au lieu de disparaître. Je vous mets cependant en garde contre la plantation de ces saules en ville, où leur plantation est souvent illégale, ou à la campagne, près des fondations d’une maison, d’un puits, d’un champ d’épuration, etc. Ces saules, contrairement aux petits saules que nous avons vus jusqu’ici, ont de longues racines susceptibles de boucher les tuyaux, pénétrer une fondation fêlée, et créer tous les méfaits dont on accuse habituellement les saules. On estime habituellement que la distance sécuri­taire entre un grand saule et un tuyau, une fosse septique, un champ d’épuration ou une fon­dation de maison est de 18 m (60’). Pour les saules de plus petite taille, comme ceux-ci, deux fois la hauteur de l’arbuste est une bonne règle de base. Que faire si ces saules deviennent trop hauts ou prennent trop d’espace ? Rabat­tezles, tout simplement et ils repousseront rapidement à partir de leurs racines. Enfin, notez que ces saules ont leur lot de problèmes de santé… mais si vous les utilisez uniquement comme fond de scène, il y a rarement lieu d’agir. En cas de pro­blè­­­me majeur… rabattez-les. Encore une fois, c’est souvent la meilleure façon de ré­gler les problèmes avec ces saules à croissance si rapide.

ESPÈCES RECOMMANDÉES : Vous n’achèterez probablement pas de saules pour votre coin humide ou stabiliser un sol, mais prélèverez tout simplement des boutures sur les saules du voisinage pour les repiquer sur votre terrain. De ce fait, et sachant que l’identification de ces saules est très difficile même pour un botaniste, le nom exact du saule importe peu, en autant qu’il remplit son rôle. Fabriquez une étiquette marquée « Salix » et vous serez aussi avancé que la plupart des botanistes ! Salix bebbiana (saule de Bebb, anglais : Bebb’s Willow) : feuilles elliptiques de 3 à 7 cm, vert mat, couvertes de poils blanchâtres sur le dessous. Chatons voyants, apparaissant en même temps que les feuilles. Grand arbuste ou très petit arbre. 8 m x 4 m. Zone 1. S. interior (saule de l’intérieur, saule des bancs de sable, anglais : Sandbar Willow) : feuilles très étroites, de 5 à 15 cm de longueur, vert jaunâtre des deux côtés. Chatons après l’épanouissement des feuilles. C’est le saule qui s’enraci­ne dans les bancs de sable de nos rivières. Grand arbuste, rarement un arbre. 6 m x 4 m. Zone 1. S. lucida (saule brillant, saule luisant, saule laurier, anglais : Shining Willow) : feuilles lancéolées, plus pâles à l’envers, mais luisantes des deux côtés. Chatons et feuilles apparaissant en même temps. Arbuste ou très petit arbre. 10 m x 7 m. Zone 1.

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HAIE À PERTE DE VUE

H

aie, brise-vent, clôture vi­van­te : quel que soit le nom donné à ces barrières végé­ tales plantées à la queue leu leu, elles font partie du paysage depuis le tout début de l’agriculture. En effet, les premières haies n’étaient pas plantées, ayant évo­ lué tout natu­ rellement. En encerclant leurs champs avec des murets de pierre ou des clôtures de perche pour contrôler les animaux, les premiers fermiers sédentaires ont créé un mi­lieu propice à la germination de beaucoup d’arbres et d’arbustes. Protégés tempo­rairement des dents des moutons et des vaches par les roches et les poteaux, ces végétaux ont pris leur essor et assez rapidement, les pierres ont disparu sous un mur de ver­dure, taillé à l’occasion par les animaux qui broutaient. Cela don­nait une haute haie composée d’un mélange d’espèces. On voit encore en Europe de ces anciennes haies, certaines vieilles de plu­sieurs siècles mais devenues au­jourd’hui des espèces en dan­ger, l’agri­culture moderne préfé­rant ouvrir les champs à l’infini plutôt que de les clore. Remarquant que les ani­maux évitaient ces bor­dures végétales, dans les régions où les pierres et le bois étaient rares, les agriculteurs ont com­mencé à planter des arbres et des arbustes en ligne pour faire une clôture vivante. Bientôt, les citoyens ont adopté cette mode de plan­tation en ligne, ne choisissant souvent qu’une seule espè­ce… taillant les bar­rières végé­tales pour les garder plus étroites et moins hautes, donc mieux adaptées à l’espa­ce plus restreint de la vil­le. La haie classique, taillée au couteau, si populaire à l’é­po­­que de la Re­naissance et en­co­re même aujourd’hui, était née.

UNE HAIE PLUS NATURELLE Il est évident que le jardinier paresseux peut diffi­cilement s’intéresser aux haies rigou­reusement taillées, un domai­ne qui va comme un gant aux jardiniers tailletout. Ce­pendant, des haies libres, mixtes ou composées soit d’une seu­le espèce, sont loisibles. On touche abon­damment des bar­­riè­res végétales et leurs utilités dans La haie et autres bar­rières végétales, à partir de la page 50, et l’on explique leur plantation et l’espa­ce­ment requis entre les végétaux dans la rubrique Plantation d’une haie libre, à la page 95. Il ne reste donc qu’à vous pré­senter quelques sujets con­venables; presque tous les arbustes conviennent à l’utilisation en haies, du moins, ceux qui ne sont pas com­plè­tement pros­trés. Même un tout petit arbuste peut faire une toute petite haie en le plantant en ligne. Après tout, tout ce que l’on demande habituellement à une haie, c’est d’avoir un feuillage quelque peu dense, une bonne résistance aux maladies et aux insectes et une certaine adaptabilité, en somme, presque la définition d’un arbuste pour jardiniers paresseux.

Beaux,

bons, pas chers

Un petit rappel pour ceux qui, dans la hâte de com­mencer leur haie, ont sauté directement à ce cha­pitre sans lire la première partie du livre : sachez qu’une haie peut coû­ter très cher si vous achetez des arbustes en pots de 4 litres. Habituellement, les pépiniéristes offrent donc un choix plus limité d’arbustes à racines nues, à planter tôt au printemps. Voyez Un pot ou non? pour connaître le pour et le contre de l’achat d’arbustes à racines nues, à la page 71, et Plantation des arbustes à racines nues, à la page 85, pour apprendre à les planter. Pour économiser encore davantage, il ne faut pas hésiter à produire vos propres arbustes pour la haie, notamment à partir de boutures. Avec quelques dizaines de boutures enracinées dans la maison, transférées ensuite dans un petit carré de « pépinière » ou un coin du potager et entretenues pendant 1 ou 2 ans, vous pouvez produire votre propre haie à un prix dérisoire.

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Haie à perte de vue

Remarquez que la floraison est rarement prise en considération dans le choix d’une haie, car après tout, les haies classiques sont si fortement taillées qu’elles fleurissent rarement. Et d’ailleurs, souvent les haies servent d’arrière-scène dans un aménagement plus pensé… et dans ce cas, une haie trop fleurie vole la vedette. Mê­ me de nos jours, la majorité des « arbustes à haie » vendus comme tels en pépinière sont des espèces fleurissant peu ou dont les fleurs sont peu apparentes. Même si, tout étant considéré, au moins les trois quarts des arbustes décrits dans ce livre peuvent servir de haies, j’ai cru bon de regrouper ici plusieurs des arbustes les plus utilisés à cette fin et en conséquence, susceptibles d’être vendus à un prix de haie, habituellement à racines nues. Ce sont généralement des arbustes très solides, très adaptables et un peu à tout usage, que vous pouvez aussi utiliser en massif, dans la plate-bande, en isolé, etc. En effet, les « arbustes à haies » sont essentiellement des plantes caméléons, s’adaptant à presque toutes les situations que vous leur imposez.

D’abord, l’adaptabilité

Peu importe les raisons pour lesquelles vous désirez ériger une barrière végétale sur votre terrain, le secret de la réussite d’une haie est le suivant : choisissez d’abord vos arbustes en fonction de leur capacité de s’adapter à vos conditions de culture et aux heures que vous prévoyez consacrer à toute taille éventuelle, et ne considérez l’apparence qu’après.

AUTRES ARBUSTES À HAIE En plus des 7 arbustes présentés dans ce chapitre, je tiens à souligner les arbustes suivants qui sont aussi parfois offerts à racines nues pour utilisation en haie, mais placés ailleurs dans ce livre en raison de leurs autres attraits. Si vous prévoyez ériger une haie chez vous, il serait sans doute valable de consulter les fiches des arbustes suivants : • Caragana (Caragana spp.) • Érable de l’Amour (Acer tataricum ginnala ‘Compactum’) • Épine-vinette de Thunberg (Berberis thunbergii)

• Physocarpe (Physocarpus spp.) • Potentille arbustive (Potentilla fruticosa) • Rosiers arbustifs (Rosa spp.) • Spirée (Spiraea spp.) • Symphorine (Symphoricarpos spp.)

ARBUSTES À ÉVITER POUR LA HAIE Enfin, notez que tous les arbustes vendus pour la confection d’une haie ne con­ viennent pas nécessairement à cette utilisation. Certains chèvrefeuilles (Lonicera), par exemple, n’ont pas leur place dans une haie, mais sont pourtant vendus à cette fin (voir à la page 587). Et surtout, l’exécrable orme de Sibérie (Ulmus pumila), pourtant décrié par des générations d’horticulteurs, se vend encore abondamment comme haie. Pour savoir pourquoi il ne faut pas le planter, allez à la page 579. LES CLASSIQUES Enfin, voici les arbustes les plus traditionnels pour l’utilisation en haie, à tel point qu’on ne les utilise presque jamais à d’autres fins.

Buis de Corée Chèvrefeuille nain Cotonéastre à haies Gadelier alpin

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Grand chèvrefeuille Osier pourpre (saule arctique) Troène commun Viorne obier naine

Buis de Corée

Buxus sempervirens ‘Suffruticosa’

Buis

de Corée Buxus sinica insularis Noms anglais : Korean Boxwood, Korean Box. Hauteur à maturité : 50 à 100 cm. Diamètre à maturité : 80 cm. Emplacement : soleil ou ombre. Port : globulaire. Sol : tout sol bien drainé et meuble, acide à alcalin, au moins légèrement humide. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : port dense. Intérêts secondaires : feuillage persistant. Feuillage : persistant. Problèmes : peu fréquents. Sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : peu nécessaire. Supprimer les dommages hivernaux au printemps, en tout temps après le débourrement. Taille en cube, en boule, ou en Mickey Mouse si vous y tenez vraiment. Multiplication : boutures semi-ligneuses. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : bordure, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, muret, plate-bande, rocaille, sous-bois, topiaires, utilisations médicinales. Zone de rusticité (site exposé) : 5a. Zone de rusticité (site exposé) : 3b.

L

e buis est la haie des aména­ ge­ ments classiques. On en parle souvent comme d’une haie « taillée au couteau », tellement les angles sont parfaits. D’accord, cela est dit avec un brin d’exa­ gération, mais avec le buis, c’est presque possible ! Personnellement, je ne com­ prends pas toute cette excitation. Je trouve sa coloration vert très foncé presque dépri­ mante. De plus, il n’a aucun autre attrait que son feuillage, car les petites fleurs sont bien cachées et il ne produit pas de fruits dignes de mention. Et les feuilles sont malodorantes, répandant une odeur d’urine. Le buis commun (Buxus sempervirens), n’est pas assez rus­ t ique pour notre climat, brû­ lant terriblement lorsqu’il est cultivé dans des zones infé­ rieures à 6b. Mais il y a d’autres

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Haie à perte de vue

espèces, en particulier, le buis de Corée jusqu’à récemment appelé B. microphylla koreana, mais maintenant con­sidéré B. sinica insularis, s’est montré bien adapté à notre climat… du moins, sous certaines conditions, dont une épaisse couche de neige. Malheureusement, même si les feuilles sont persistantes, elles deviennent jaune brunâtre l’hiver. Bien sûr, elles redeviennent vertes au printemps, mais c’est néanmoins une colora­tion bien décevante comparativement à celle du buis commun, toujours vert foncé. Un autre défaut des buis, sous un climat froid, est de mal supporter la taille. En Europe, pour obtenir l’effet « taillé au couteau », on taille le buis 4 ou 5 fois par année. Mais chez nous, ces tailles répétées retardent l’aoûtement de la plante et ses extrémités gèlent. Mieux vaut ne plus toucher au buis après le mois de juillet. Par contre, en laissant des buis pousser à leur guise, leur apparence est plus qu’acceptable. Si vous ne tenez pas à les protéger tous les hivers, cultivez toujours des buis adaptés à votre climat et plantez-les à l’abri du vent hivernal. Bien que tolérant le plein soleil l’été, le buis de Corée risque de brûler sous le soleil d’hiver. Donnez-lui alors un emplacement à mi-ombre ou même à l’ombre, et tout ira bien. Comme pour le rhododendron, une protection pour le tout premier hiver serait utile, qu’il s’agisse d’un traitement à l’antitranspirant ou d’une petite « cage » de jute ou de géotextile (voir à la page 461). Côté culture, tout sol bien drainé lui convient, même alcalin, mais évitez les sols lourds et glaiseux. Comme le rhododendron, le buis est souvent lent à s’en­ raciner correctement et en conséquence, une plantation au printemps convient alors mieux qu’une plantation automnale. Ses racines étant superficielles, il ne faut jamais sarcler à sa base. Un paillis aidera à prévenir les mauvaises herbes tout en créant un milieu très propice au développement de ses racines. Enfin, évitez les engrais riches en azote qui stimulent une croissance plus rapide, mais résultent en beaucoup de brûlures hivernales. Le buis, voyez-vous, n’aime pas se sentir pousser dans le dos, il grandira, mais très lentement. D’ailleurs, une haie de buis est très coûteuse. Contrairement aux autres arbustes décrits dans ce chapitre, il n’est jamais offert à racines nues. Et il faut plusieurs années de culture pour produire un buis prêt à vendre: le pépiniériste ne l’offrira pas au même prix qu’un arbuste prêt en 6 mois ! Aussi, étant donné la rusticité limitée des buis, les vendeurs n’acceptent pas toujours de garantir cet arbuste au-delà du premier été. Lorsque votre haie de 50 buis à 20 $ le plant crève après un premier hiver, c’est assez désolant ! Je vous suggère d’essayer deux ou trois cultivars de buis différents pour voir si, premièrement, ils poussent bien sous vos conditions et, deuxiè­me­ment, vérifier lequel donne les meilleurs résultats. Puis, si vous vous sentez riche, sortez votre portefeuille. Sinon… eh bien, bouturez ! Au moins une bonne nouvelle : à part un peu de brûlure hivernale facilement corrigée par une taille rapide, le buis n’est sujet ni aux maladies ni aux insectes, les quelques insectes auxquels il est sensible semblant limités aux climats doux. Enfin, le buis est considéré une plante toxique… mais n’offre rien de très appétissant pour les enfants. On utilise des extraits de son écorce et de ses feuilles pour traiter plusieurs maladies, mais un bon dosage est très important pour éviter ses effets toxiques. Son bois très dur est utilisé dans la fabrication des boîtes, d’où le nom commun anglais de « Boxwood ».

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Buxus sinica insularis, syn. B. microphylla koreana (buis de Corée) : comme le buis commun, mais plus petit dans toutes ses parties, même ses feuilles. Jaunit l’hiver. Floraison et fructification insignifiantes. 60 à 120 cm x 75 à 120 cm sous notre climat (jusqu’à 1,5 m x 1,5 m sous un climat plus doux). Zone 5a (3b en site protégé).

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Haie à perte de vue

❧ B. sinica insularis ‘Pincushion’ : forme naine à croissance dense. Feuilles bronzées l’hiver. 50 cm x 50 cm. Zone 5a (3b en site protégé). ❧ B. sinica insularis ‘Tall Boy’ : port plus dressé et ouvert que les autres… et ainsi plus sensible aux vents hivernaux. Feuilles bronzées à brunes l’hiver. 50 cm x 50 cm. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ B. sinica insularis ‘Winter Beauty’ : feuillage vert cuivré l’hiver. 90 à 120 cm x 90 à 120 cm. Zone 4b (3b en site protégé). ❧ B. sinica insularis ‘Winter Gem’ : compact et dense, n’atteignant que très len tement sa taille maximale. Ne jaunit pas l’hiver. 90 à 120 cm x 90 à 120 cm. Zone 5a (3b en site protégé). ❧ B. sinica insularis ‘Wintergreen’ : similaire à ‘Winter Gem’. Reste vert l’hiver. 90 à 120 cm x 90 à 120 cm. Zone 5a (3b en site protégé).

AUTRES ESPÈCES : ❧ B. microphylla japonica (buis du Japon, anglais : Japanese Littleleaf Boxwood) : cette espèce, aux feuilles plus grosses que le buis de Corée, est moins rustique, mais a donné naissance à des cultivars plus intéressants. 90 à 180 cm x 90 à 180 cm (jusqu’à 3 m dans tous les sens sous un climat vraiment doux). Zone 7a (6a en site protégé). ❧ B. microphylla japonica ‘Morris Midget’ : tout petit buis abondamment couvert par la neige et donc facile à cultiver sous notre climat. Superbe dans la rocaille ! 50 cm x 50 cm. Zone 5a (3b en site protégé). ❧ B. sempervirens ‘Suffruticosa’ (buis commun, buis toujours vert, anglais : Common Boxwood, Common Box) : pour les puristes, voici une sélection du buis commun européen, l’espèce utilisée à Versailles. Ce cultivar est plus rustique que l’espèce. Croissance péniblement lente, mettant jusqu’à 150 ans pour atteindre 1 m de hauteur, mais facile à maintenir à la taille voulue. 15 à 150 cm x 20 à 2 m. Zone 6b (5b en site protégé).

HYBRIDES INTERSPÉCIFIQUES : ❧ B. sinica insularis x B. sempervirens (buis hybride de Sheridan, anglais : Sheridan Boxwood) : ce croisement célèbre entre le buis de Corée et le buis commun fut réalisé à la pépinière Sheridan, Oakville, Ontario, dans les années 1960 et a donné des plantes denses et compactes comme le buis de Corée, mais restant vert foncé tout l’hiver comme le buis commun. De plus, grâce à la vigueur hybride, les plantes sont plus rustiques que l’un ou l’autre parent. Vraiment la crème des crèmes du buis pour les climats froids ! Les hybrides d’origine portent tous le mot « Green » dans leur nom de cultivar. ❧ B. ‘Green Gem’ : port arrondi. Feuillage vert foncé toute l’année. Demande pe u de taille. Croissance très lente. 50 à 75 cm x 50 à 75 cm. Zone 4b (2a en site protégé). ❧ B. ‘Glencoe’ (Chicagoland Green™) : introduction américaine récente. Excellente coloration hivernale. Croissance plus rapide que les buis de la série Green. 60 à 90 cm x 90 cm. Zone 4b (2a en site protégé). ❧ B. ‘Green Mound’ : port plus ou moins globulaire. 1 m x 80 cm. Zone 4b (2a en site protégé). ❧ B. ‘Green Mountain’, syn. B. ‘Clipped Cone’ : port pyramidal. Excellent choix pour remplacer l’épinette naine d’Alberta (Picea glauca albertiana ‘Conica’) trop utilisée et toujours brûlée dans nos aménagements. Le buis vendu sous le nom de «  Clipped Cone  » est tout simplement un ‘Green Moun­tain’ taillé pour en faire une pyramide encore plus égale. 1,3 m x 1 m. Zone 4b (2a en site protégé). ❧ B. ‘Green Velvet’ : croissance plus rapide que les autres. Nouvelles feuilles vert lime. 1 m x 1 m. Zone 4b (2a en site protégé).

503

Chèvrefeuille nain Chèvrefeuille

nain

Photo : COPF.

Lonicera x xylosteoides et autres

Lonicera x xylosteoides ‘Miniglobe’

L

Noms anglais : Dwarf Honeysuckles. Hauteur à maturité : variable, 60 cm à 1,8 m. Diamètre à maturité : variable, 90 cm à 1,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire. Sol : tout sol riche ou pauvre, humide ou sec, acide à alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : port dense et arrondi. Intérêts secondaires : fleurs printanières. Fruits colorés en été. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Araignées rouges, blanc, pucerons, mineuses, taches foliaires. Taille : peu nécessaire. Supprimer les dommages hivernaux au printemps après le débourrement. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées, semi-ligneuses ou ligneuses. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : bord de mer, bordure, coin humide, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, attire les colibris et les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : variable, 5a à 2b.

e genre Lonicera comprend environ 180 espè­ces, dont plusieurs sont des variétés grim­ pantes et éliminées d’office de ce livre. J’ai regrou­pé les autres en trois catégories : les chèvrefeuilles nains, les grands chèvrefeuilles, traités plus loin dans ce cha­pi­tre, et les chèvrefeuilles « pas dans ma cour  », soit ceux qui sont sujets au terrible balai de sorcière, vus dans Des arbustes à éviter. De tous les chèvrefeuilles pour jardiniers pa­ resseux, les variétés naines sont les meilleures pour la composition des haies. L’avantage est évident lors­qu’ils sont cultivés à proximité des autres chèvrefeuilles arbustifs : ils ont une croissance naturellement compacte et un feuillage dense, ne se dégarnissant jamais avec le temps comme les grands chèvrefeuilles. Aussi, ils prennent tout naturellement une belle forme, généralement sans la moindre taille. Plantez-les en ligne droite et laissez-les aller, c’est tout ! Ils font une haie se rapprochant beaucoup de la forme classique. Aussi, leur croissance est rapide, ils sont peu sujets aux insectes et aux maladies (même pas le balai de sorcière), ils verdissent rapidement au printemps et conservent longtemps leur coloration à l’automne. De plus, on les vend de plus en plus souvent à racines nues, dans la section « haies » des pépinières, donc à de bons prix, et non seulement dans la section « arbustes  », où les plants sont plus dispendieux. Quant à moi, ils frôlent la perfection pour la haie.

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ESPÈCES RECOMMANDÉES : ❧ Lonicera alpigena ‘Nana’ (chèvrefeuille nain des Alpes, anglais : Dwarf Alps Honeysuckle) : grosses feuilles vert foncé, souvent un peu ondulées. Fleurs tubulaires jaunes, portées par paire. Curieux fruits rouges, collés ensemble pour former un seul fruit siamois de jusqu’à 1,25 cm de longueur. 90 cm x 90 cm. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ L. x xylosteoides ‘Clavey’s Dwarf’, syn. Lonicera x xylosteoides ‘Claveyi’ (chèvrefeuille nain, anglais : Dwarf Honeysuckle) : résultat d’un croisement entre le chèvrefeuille des haies (L. xylosteum) et le chèvrefeuille de Tatarie (L. tataricum), ‘Clavey’s Dwarf’ est le chèvrefeuille nain le plus disponible pour la haie. Fleurs jaunes au printemps et fruits rouges à l’automne. Sa hauteur naturelle varie selon le climat : il dépasse rarement 80 cm dans les régions très froides, mais atteint plutôt 1,5 m dans le sud de la province. 80 cm à 1,8 m x 1 à 1,5 m. Zone 2b (2a en site protégé). ❧ L. x xylosteoides ‘Miniglobe’ : ce cultivar, développé à Morden, Manitoba, fa it une haie basse. On pourrait difficilement imaginer un arbuste à croissance plus dense et plus égale. Feuillage légèrement bleuté. Son seul défaut ? Les fleurs d’un jaune très pâle et les fruits rouges réellement peu visibles… un mince prix à payer pour une si belle haie ! 60 cm à 1 m x 90 cm à 1,2 m. Zone 2b (2a en site protégé). ❧ L. xylosteum ‘Emerald Mound’, syn. L. xylosteum ‘Compacta’, L. xylosteum ‘N ana’ (chèvrefeuille à haies, chèvrefeuille nain d’Europe, anglais : Dwarf European Fly Honeysuckle) : l’espèce est de grande taille et est décrite avec les autres grands chèvrefeuilles à la page 510. Il s’agit d’un petit arbuste formant un dôme aplati très égal, aux feuilles vert bleuté mais jaune pourpré à l’automne, et aux petites fleurs jaunes peu voyantes. Les fruits estivaux sont rouges. Excellente haie dans les régions plus chaudes de la province, mais souffrant de gel hivernal dans le nord. 80 cm x 1,2 m. Zone 4a (3b en site protégé).

Haie à perte de vue

Les chèvrefeuilles nains sont des arbustes densément ramifiés, aux feuilles ovales arrondies généralement vert bleuté. Ils ont rarement une coloration au­tomnale digne de mention, mais produisent, au printemps, de petites fleurs tubu­laires jaunes ou blanches, suivies de fruits ronds rouges. Il faut cependant souligner tout de suite que l’effet des fleurs et des fruits est faible sur la plupart des chèvrefeuilles nains, car ils sont petits et partiellement cachés par le feuillage. La culture des chèvrefeuilles est facile. Tous les sols sont acceptables s’ils sont bien drainés, même les sols secs ou pauvres. Le soleil et la mi-ombre leur convien­nent parfaitement, et si l’ombre est acceptable, ils y sont moins denses et peu flori­fères. Ils tolèrent même les embruns salins et peuvent donc pousser le long des routes et en bordure de mer. La taille est inutile, sinon pour supprimer les extrémités gelées sur les espèces cultivées hors zone. Enfin, ils se bouturent facilement, vous permettant de composer une haie en seulement deux saisons si vous préférez les produire vousmême. Les fleurs des chèvrefeuilles attirent les colibris alors que les fruits, colorés mais jugés insipides par les humains, sont populaires auprès les oiseaux frugivores.

AUTRES ESPÈCES : ❧ L. x ‘Novso’ (Honey Baby™) : nouveauté développée à partir de deux espè­ ces grimpantes, Lonicera japonica ‘Halliana’ et Lonicera periclymenum ‘Belgica Select’. ‘Novso’ est cependant plus utilisé comme arbuste à recéper, c’est-àdire, à rabattre au sol chaque printemps, ce qui donne un arbuste compact, unique parmi les chèvrefeuilles arbustifs par ses grosses fleurs tubulaires crème et jaune pâle à 2 lèvres, de 4 à 5 cm de longueur. Elles s’épanouissent à l’extrémité des tiges de juillet à octobre, et sont très parfumées en soirée. Feuilles vert foncé, plus grosses que celles des autres chèvrefeuilles nains. 1 m x 1 m. Zone 5a (4a en site protégé). 505

Cotonéastre à haies

Cotoneaster lucidus

L

e cotonéastre à haies, indigè­ne au nord de la Chine, est un arbuste naturellement très arron­ di, un peu plus haut que large à maturité. Il est den­sément couvert de feuilles ovales vert foncé lustré, « lucidus » signifiant « brillant ». Les petites fleurs sont blanc rosé, sans beaucoup d’effet et sont presque cachées de vue. Les fruits, verts et ensuite rouges pour enfin devenir noirs à l’automne, subissent le même sort. On ne les voit qu’à la chute des feuilles. Le coloris au­ tomnal rouge orangé de cet arbus­te est spectaculaire. Les deux principales raisons de la grande popularité de cet arbuste pour la haie sont sa grande rusticité et sa capacité de pousser dans presque toutes les conditions. Il tolère le soleil ou la mi-ombre, de même que tous les sols qui ne sont pas noyés ou aussi secs qu’un désert. Par con­ tre, il préfère les sols meubles,

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Cotonéastre

à haies

Cotoneaster lucidus Noms anglais : Hedge Cotoneaster. Hauteur à maturité : 1,5 à 2 m. Diamètre à maturité : 1 à 1,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire. Sol : tout sol bien drainé, acide à alcalin. Tolère mal le compactage. Résistance au sel. Disponibilité : excellente. Intérêt principal : fait une haie dense. Intérêts secondaires : coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Brûlure bactérienne, kermès, perceurs, taches foliaires. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Suppression des branches de 4 à 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures semi-ligneuses, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, coin humide, écran, fondation, en isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité : 2b.

Haie à perte de vue

riches en matières organiques et légèrement humides. Une bonne circulation d’air est importante pour prévenir la brûlure bactérienne. D’ailleurs, seule cette dernière maladie est réellement incommodante. Si vous voyez des tiges dont les feuilles sèchent et noircissent en plein été, supprimezles. Enfin, il faut noter que cet arbuste est un hôte intermédiaire de la rouille du genévrier. Les symptômes sont absents ou mineurs sur le cotonéastre, mais plus sérieux sur les genévriers : évitez de planter ces deux arbustes à proximité. Cet arbuste est facilement disponible à racines nues et se transplante bien ainsi. Il se bouture plutôt difficilement et est généralement multiplié par semences vernalisées. Si vous tenez à tailler vos cotonéastres en cube, en losange, en boule, etc., libre à vous. À mes yeux, il est beaucoup moins beau ainsi. Environ 4 à 5 tailles par année seront nécessaires… mais ne taillez plus après le début d’août afin de per­ mettre à la haie de bien s’aoûter. On peut aussi rabattre des arbustes indis­ciplinés à quelques centimètres du sol, ils repousseront rapidement. Enfin, notez que ses fruits sont réputés légèrement toxiques. Évitez alors de planter des cotonéastres à la portée des enfants.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Cotoneaster lucidus (cotonéastre à haies) : aucun cultivar ne semble exister. Voir la description ci-dessus. 1,5 à 2 m x 1 à 1,5 m. Zone 2b. AUTRES ESPÈCES : Certains botanistes prétendent qu’il y a jusqu’à 600 espèces de cotonéastres, et dans ce lot, sans doute des dizaines de variétés à port dressé (les cotonéastres rampants sont couverts dans le chapitre Au ras le sol) et suffisamment rustiques pour notre climat. Pour l’instant, C. lucidus est la seule espèce à haie couramment cultivé. Voici quelques-unes des autres variétés qui attendent d’être découvertes. ❧ Cotoneaster acutifolius (cotonéastre de Pékin, anglais : Peking Cotoneaster) : le vrai cotonéastre de Pékin est rarement cultivé. Presque tous les arbustes vendus sous ce nom sont C. lucidus, décrit précédemment. Le véritable C. acutifolius est similaire, mais à feuilles plus duveteuses, gris vert, et il est moins rustique. 1,5 à 2 m x 1 à 1,5 m. Zone 5a. ❧ C. dielsianus (cotonéastre de Diels, anglais : Diels Cotoneaster) : arbuste parfois vu dans les jardins botaniques, mais rare en pépinière. Il a un port érigé, avec des branches arquées, et son feuillage est gris vert l’été, rouge l’automne. Fruits rouges. Excellent en haie libre ou en isolé. Origine : Chine. 2 m x 1,5 m. Zone 3a. ❧ C. integerrimus (cotonéastre commun, anglais : Medicus Cotoneaster) : d’origine eurasienne. Arbuste aux feuilles vert bleuté foncé, blanc tomen­ teux au revers. Fleurs blanc rosé, pendantes. Fruits rouges ressemblant à des mini-pommes. 2 m x 1,5 m. Zone 4. ❧ C. melancocarpus (cotonéastre à fruits noirs, anglais : Blackberry Cotoneas­ ter) : originaire de Russie. Arbuste à port dressé, mais aux branches retombantes. Comme C. lucidus, mais à feuilles plus grosses et plus blanches au revers. Fruits noirs. 1,5 m x 1,5 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ C. tomentosus (cotonéastre tomenteux, Anglais : Woolly Cotoneaster) : feuilles vert foncé, lisses, blanches et duveteuses au revers. Fleurs roses. Fruits persistants d’un rouge brillant. Comme C. integerrimus, mais plus gros dans toutes ses parties. 2 m x 1 m. Zone 5b.

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Gadelier alpin

Ribes alpinum ‘Schmidt’

N

Gadelier

alpin

ous avons vu quelques Ribes alpinum gadeliers à fleurs très par­ fumées dans le chapitre Un par­ Noms anglais : Alpine Currant. fum envoûtant… où nous avons Hauteur à maturité : 1 à 2 m. aussi expliqué pourquoi certains Diamètre à maturité : 1 à 2 m. Ribes s’appellent ga­ deliers en Emplacement : soleil ou ombre. Amérique, mais gro­seilliers ou Port : globulaire. cassissiers en Europe. Sol : tout sol bien drainé, plutôt sec, légèrement acide à neutre. Résistance au sel et au compactage. À première vue, cet arbuste Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. ressemble beaucoup au gadelier Intérêt principal : port dense et globulaire. doré (Ribes aureum). Ses petites Intérêts secondaires : coloration automnale. feuilles trilobées et dentées, Feuillage : caduc. ressemblant à de mini-feuilles Problèmes : peu fréquents. Araignées rouges, blanc, d’érable, sont similaires et son mulots, perceurs. port aussi densément ramifié. Taille : peu fréquente. Après la floraison, si requise, À la floraison, cependant, vous tailler pour favoriser une croissance plus dense. ver­rez tout de suite la diffé­ren­ce, Suppression des branches de 4 à 5 ans. Taille de car R. alpinum produit des fleurs rajeunissement sur les vieux sujets. insignifiantes, jaune verdâtre, Multiplication : boutures herbacées. Semences vernalisées (espèce seulement). sans parfum, tout le contraire Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, des fleurs jaune flam­ boyant au couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, parfum intense du gadelier doré. muret, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, fruits Le gadelier alpin est in­di­gè­ comestibles. ne dans les Alpes européennes, Zone de rusticité (site exposé) : 4b. comme son nom le suggère. Il Zone de rusticité (site protégé) : 2a. s’adapte aux sols pauvres, mais préfère les sols riches et meubles, plutôt neutres et très bien drainés, même secs. Il croît très bien au soleil… mais aussi à

508

Haie à perte de vue

l’ombre, avec une croissance moins dense. Il n’aime pas les étés chauds… mais ceux du Québec le sont rarement assez pour le déranger. En culture, on utilise principalement les formes naines de cet arbuste, généra­le­ment dans la composition de haies basses. Elles sont d’ailleurs facilement dispo­nibles en pépinière, au printemps, sous forme d’arbustes à racines nues. Le gadelier alpin peut cependant être aussi très attrayant en isolé, ce qui laisse voir son port naturel, dense et globulaire. Évidemment, lorsqu’ils l’utilisent en haie, les jardiniers taille-tout tiennent à le passer fréquemment aux ciseaux pour lui donner une forme géométrique. Les plus paresseux peuvent toutefois le laisser prendre sa belle forme arrondie. Dans ce dernier cas, taillez seulement pour éliminer les branches mortes ou endommagées, et aussi pour supprimer de temps en temps une ou deux branches plus anciennes. Au besoin, on peut aussi rajeunir tout l’arbuste en le rabattant à quelques centimètres du sol. En zones 2 et 3 surtout, il arrive que l’extrémité des tiges gèle. Si c’est le cas, taillez jusqu’au bois sain, même si cela signifie presque jusqu’au sol, et il reprendra rapi­dement. Dans ces zones, il forme un dôme aussi large que dans les régions plus au sud, mais est plus aplati, tout en demeurant une haie basse intéressante. La multiplication est facile, notamment par bouturage. La multiplication par se­mences est plus complexe, car la plupart des sujets en culture sont des plants mâles qui ne produisent, bien sûr, aucun fruit. De plus, même si le vôtre était femelle, cette espèce s’entrecroise assez facilement avec d’autres espèces de Ribes, même avec les gadeliers ou groseilliers sauvages des environs, et vous n’êtes donc jamais assuré que les semis seront des hybrides. Mais pourquoi trouve-t-on quasi uniquement des cultivars mâles en culture ? Parce que les plants femelles seraient des hôtes alternants de la rouille vésiculeuse du pin blanc (voir la fiche sur les Ribes dans le chapitre Un parfum envoûtant pour en savoir plus), une maladie sans gravité pour le gadelier, mais parfois fatale pour le pin. C’est regrettable, car la culture d’un plant femelle aurait donné des fruits rouges. D’accord, les fruits sont assez bien cachés dans le feuillage dense et on les dit non comestibles, mais au moins, ils attirent les oiseaux. Pour souligner ses bobos, disons que le gadelier alpin est généralement assez résistant aux insectes si courants chez les gadeliers fruitiers et sauvages. Une pro­ tec­tion contre les mulots, comme une application automnale de farine de sang, peut aider à prévenir les sérieux dégâts que ces bestioles peuvent parfois créer. Par contre, admettons que même lorsque les mulots, lièvres ou cerfs croquent un gadelier alpin presque au sol, il repousse rapidement de la base. Enfin, l’espèce est sujette au blanc, ce qui peut faire chuter les feuilles prématurément, ce qui n’est pas vraiment bon pour une haie ornementale ! C’est la raison pour laquelle les jardiniers choisissent surtout des cultivars résistants aux maladies des feuilles de préférence à l’espèce.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Ribes alpinum (gadelier alpin, groseillier alpin) : l’espèce est peu cultivée, mais il y a plusieurs cultivars nains, surtout mâles, sur le marché. 1 à 2 m x 1 à 2 m. Zone 4b (2a en site protégé). ❧ R. alpinum ‘Aureum’ : à ne pas confondre avec le très parfumé gadelier doré, Ribes aureum, décrit à la page 374. Ce cultivar du gadelier alpin est un nain aux feuilles jaunes au printemps, davantage jaune vert l’été. 60 cm x 90 cm. Zone 4b (2a en site protégé). ❧ R. alpinum ‘Green Mound’ : port plus étalé, plus en monticule qu’en boule. Feuilles vert foncé résistantes aux maladies. Peu ou pas d’entretien. Résistant aux maladies foliaires. 1 à 1,2 cm x 1,5 m. Zone 4b (2a en site protégé). ❧ R. alpinum ‘Spreg’ (Green Jeans™) : feuillage très luisant, presque comme un miroir. Très résistant aux maladies foliaires. 1 à 1,2 cm x 1,5 m. Zone 4b (2a en site protégé). ❧ R. alpinum ‘Schmidt’, syn. ‘Smithii’ : le cultivar le plus disponible au Québec. Résistant aux maladies foliaires. 80 cm à 1,2 m x 1 à 1,5 m. Zone 4b (2a en site).

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Grand chèvrefeuille

Lonicera maximowiczii sachalinensis

I

l y a quand même, des arbus­tes à haie qui fleuris­sent joliment ! Les grands chèvre­feuilles en sont la preuve. D’ailleurs, les chèvre­feuilles arbustifs étaient parmi les arbustes les plus recom­ mandés pour la confection de haies… jusqu’en 1976, année où le puce­ ron du chèvrefeuille a envahi l’Amérique du Nord. Il s’est étendu au Canada entier à l’est des Rocheuses et à une bonne partie des États-Unis, provo­ quant une croissance tordue, déformée et décolorée à l’extré­ mité des branches des plantes atteintes. L’effet est absolument dévastateur. Du jour au lende­ main, le chè­vre­feuille s’est retrou­ vé éliminé de la liste des arbustes offrant un intérêt orne­men­tal au Québec… ou du moins, la plu­ part des chèvre­feuil­les l’ont été. Mais plusieurs chèvrefeuilles sont naturellement résistants à

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Grand

chèvrefeuille Lonicera maximowiczii sachalinensis et autres Noms anglais : Tall Honeysuckles. Hauteur à maturité : variable : 1 à 5 m. Diamètre à maturité : variable : 1 à 5 m. Emplacement : soleil ou ombre. Port : variable : globulaire ou semi-pleureur. Sol : tout sol riche ou pauvre, humide ou sec, acide à alcalin. Résistance au sel et au compactage. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : utilisation comme haie ou écran. Intérêts secondaires : fleurs printanières. Fruits colorés en été. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents pour les variétés recommandées. Araignées rouges, blanc, pucerons, mineuses, taches foliaires. Taille : peu nécessaire. Supprimer les dommages hivernaux au printemps. Suppression des branches de 4 à 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées, semi-ligneuses ou ligneuses. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, bord de mer, bordure, coin hu­mide, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, mas­sif, muret, naturalisation, pentes, plate-bande, rocail­le, attire les colibris et les oiseaux frugivores, fruits comestibles. Zone de rusticité (site exposé) : variable : 2a à 5b.

Haie à perte de vue

cet insecte, même parfois très résistants. De nos jours, seuls les chèvre­feuilles très résistants à cette maladie méritent d’être plantés. Plus de la moitié des 180 espèces de Lonicera sont de grands arbustes qui convien­nent à l’utilisation comme brise-vent ou haies de grande envergure. Ils ont un port plutôt arrondi, souvent semi-pleureur à pleine maturité, mais parfois un peu irrégu­lier, à l’écorce brun pâle et s’exfoliant très souvent. La plupart produisent des feuilles relativement petites, ovales, d’un vert mat glauque ou bleuté, à marge lisse. Les fleurs tubulaires, petites mais souvent abondantes, de différentes teintes de blanc, jaune, rose ou rouge, sont l’un de leurs principaux attraits, mais je pense qu’en fait, les fruits habituellement d’un rouge ou orangé translucide, mais parfois bleus, sont encore plus décoratifs. Ils persistent au moins deux mois, disparaissant surtout lorsque les feuilles tombent à l’automne, permettant aux oiseaux de trouver ce qui en reste. La plupart n’offrant que peu, pour ne pas dire aucun coloris automnal exceptionnel. Riches en nectar, les fleurs des chèvrefeuilles attirent les colibris. Quant aux fruits, ils sont comestibles, malgré une croyance tenace prétendant le contraire, mais d’un goût généralement insipide. Il y a toutefois des exceptions, car une espèce, le chè­vre­feuille bleu, est cultivée comme arbuste fruitier ! Les chèvrefeuilles, bien choisis en respectant leur rusticité et l’absence de balai de sorcière, sont de culture très facile, s’adaptant à presque tous les sols et à toutes les expositions, voire aux embruns salins. Notez seulement leur intolérance aux sols complètement détrempés et leur préférence pour un peu de soleil. En effet, ils sur­ vivent à l’ombre, mais y sont rarement très fournis ou très florifères. Pour la plupart, les grands chèvrefeuilles ne sont pas naturellement denses et fournis comme les variétés naines décrites à la page 504. Ils sont plutôt « hauts sur pattes », présentant assez rapidement une feuillaison dense et attrayante… au-dessus de quelques longues branches dénudées. La solution est cependant facile , rabattez à 15 cm du sol la branche la plus âgée… et recommencez annuellement ou aux deux ans. Quant à la taille de finition d’une haie classique… oubliez ça ! La croissance des chèvrefeuilles n’est pas assez dense pour cacher les extrémités des tiges mortes iné­ vitablement laissées par la taille et de plus, cette taille supprime leur floraison. Par con­tre, certains chèvrefeuilles démontrent une capacité naturelle à faire une bonne haie relativement dense et d’autres plutôt de bons écrans ou brise-vent, étant trop ouverts et irréguliers pour une haie d’apparat. Devinez cependant lesquels vous sont offerts et vendus habituellement comme plants pour faire une haie ! Les chèvrefeuilles, notamment les chèvrefeuilles de Tatarie et de Chine, sont très envahissants par leurs semences, prenant souvent la clé des champs grâce aux grai­nes répandues par les oiseaux avides de leurs fruits. Inutile cependant de songer à les bannir pour contenir le fléau. C’est « trop peu, trop tard », car ils sont déjà bien installés partout au Québec, se mêlant à nos espèces indigènes sans sembler leur nuire. Dans le jardin, les semis égarés ne posent pas de problème particulier puis­ qu’un bon paillis les empêche de germer, et lorsqu’ils vagabondent, ils s’arrachent facilement. Les chèvrefeuilles ont leur lot d’ennemis, un peu de blanc, quelques taches fo­liai­res, etc., mais rarement au point de déranger. Il reste le tristement célèbre puceron du chèvrefeuille et le balai de sorcière qu’il provoque. À moins d’adorer pulvériser constamment, du printemps à l’automne, les chèvrefeuilles qui y sont sensibles, ou de les tailler encore et encore pour supprimer les tiges atteintes, mieux vaut éviter les chèvrefeuilles atteints de cette déformation (voir le chapitre Des arbustes à éviter). Seules des espèces et des cultivars essentiellement libres de balai de sorcière sont décrites ici. D’accord, sur certaines espèces, on peut parfois voir quelques feuilles s’en­rou­ler, soit le premier syptôme du fléau, mais le balai ne se forme pas et les «  dégâts  » sont peu visibles.

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Haie à perte de vue

ESPÈCES RECOMMANDÉES COMME HAIE : Cette catégorie comprend les espèces et variétés qui font une belle haie égale et exigent un minimum de taille. ❧ Lonicera caerulea edulis (chèvrefeuille bleu, camérisier bleu, anglais : Sweetberry Honeysuckle, Bearberry Honeysuckle) : espèce eurasiatique, ce chèvrefeuille de taille moyenne offre de nombreux rameaux gris brun partant du sol, lui donnant un port arrondi, très régulier et dense. Les feuilles sont légèrement bleutées, sans véritable coloration automnale. Les fleurs tubulaires jumelles sont blanc crème ou jaunâtres et donnent, dès juin, des fruits globuleux, bleu foncé pruineux, peu à très sucrés. Il y aurait même des cultivars choisis spécifiquement pour la production commerciale de leurs fruits, mais peu sont disponibles en Amérique. Mieux vaut planter deux clones différents, sinon la production est faible. 1 à 1,5 m x 1 x 1,5 m. Zone 3a. ❧ L. caerulea dependens : comme le précédent, mais aux fruits plus petits, aux rameaux rougeâtres et de plus grande taille. 1,5 à 3 m x 1,5 à 2 m. Zone 2a. ❧ L. maximowiczii sachalinensis (chèvrefeuille de Sakhalin, anglais : Sakhalin Honeysuckle) : superbe espèce possédant toutes les qualités des grands chèvrefeuilles communément plantés en haie, tels L. korolkowii et L. tataricum, mais sans leurs défauts. Beau port arrondi dense et fourni, ne se dégarnissant pas à la base. Feuilles vert foncé. Abondantes fleurs rouges, plus grosses que celles des deux espèces précitées, suivies de fruits rouges. Avec ses feuilles jaune vif, de loin le chèvrefeuille le plus intéressant pour ses coloris automnaux. Totalement résistant au balai de sorcière. Une vraie merveille ! Comment se fait-il que cet arbuste superbe n’occupe pas le tout premier rang de la liste des chèvrefeuilles vendus pour les haies ? 1,8 à 2,5 m x 1,8 à 2,5 m. Zone 4a (2b en site protégé). ESPÈCES RECOMMANDÉES COMME ÉCRAN : Ces chèvrefeuilles peuvent servir de haie si le jardinier est disposé à les tailler sou­vent, mais conviennent mieux à l’utilisation comme écran, brise-vent ou arrière-plan d’une plate-bande qui les cachera en partie, car leur croissance est moins dense et surtout, ils se dégarnissent rapidement à la base. ❧ L. alpigena (chèvrefeuille des Alpes, anglais : Alps Honeysuckle) : assez différent des autres, avec ses feuilles vert foncé plus grosses, atteignant jusqu’à 10 cm de longueur, et ses fruits siamois rouges jusqu’à 1,25 cm de longueur, rappelant davantage les cerises que les petites baies rondes de L. tataricum. les petites fleurs tubulaires jaunes ou jaune verdâtre aussi sont placées par paire sur de longues tiges florales. Croissance un peu trop irrégulière pour faire une haie soignée, mais excellent comme fond de scène. 1,2 à 1,8 m x 1,2 à 1,8 m. Zone 5b. ❧ L. chrysantha latifolia (chèvrefeuille de Turquie, anglais : Turkish Coralline Honeysuckle) : grand arbuste très ramifié aux feuilles vert mat. Fleurs jaune pâle. Fruits rouge corail, translucides. Port régulier, mais ouvert. 2 à 4 m x 2 à 3 m. Zone 4a. ❧ L. korolkowii (chèvrefeuille de Korolkow, anglais : Bluefleaf Honeysuckle) : deux espèces ont été terriblement confondues dans le commerce : le chèvre­ feuille de Korolkow, L. korolkowii, qui n’est pas sujet au balai de sorcière, et le chèvrefeuille de Tatarie, L. tataricum, qui l’est. Le vrai L. korolkowii est un grand arbuste à port irrégulier, aux fleurs roses parfumées et à fruits rouges et trans­ lucides, se distinguant surtout du chèvrefeuille de Tatarie par son feuillage particulièrement bleuté. 1,8 à 3 m x 1,8 à 3 m. Zone 4a (2b en site protégé). ❧ L. korolkowii ‘Abbotsford’ : fleurs blanc rosé. Fruits rouges. Feuillage vert. Résistant au balai de sorcière. 1,8 à 3 m x 1,8 à 3 m. Zone 4a (2b en site protégé).

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AUTRES ESPÈCES : L. involucrata (chèvrefeuille involucré, anglais : Bracted Honeysuckle, Twinberry) : arbuste indigène dans une bonne partie de l’Amérique du Nord, mais rare au Québec. Il est très différent des autres chèvrefeuilles décrits ici, avec ses grosses feuilles de 5 à 10 cm, ses nouvelles tiges, quadrangulaires et surtout les deux bractées, d’abord vertes puis pourprées, à la base des fleurs. Ces dernières sont jaunes, en forme de cloche, mesurant 1 à 2 cm de long, et cèdent la place à deux baies comestibles noir pourpré, autrefois utilisées comme teinture pourpre. L’arbuste fleurit sur le bois de l’année, depuis juillet jusqu’aux gels parfois, avec des fleurs et des fruits mûrs présents ensemble sur le même arbuste. Son port est relativement dense, mais très irrégulier. On peut difficilement l’utiliser comme haie, car il gèle sérieu­sement presque tous les ans. En culture, il vaut mieux le traiter en arbuste à recéper, le rabattant près du sol annuellement. Il tolère moins bien les sols secs que les autres chèvrefeuilles, mais par contre, résiste bien aux sols détrempés. Non sujet au balai. 1,2 à 2,2 m x 1 à 2 m. Zone 5b (2a en arbuste à recéper).

Haie à perte de vue

❧ L. korolkowii ‘Aurora’ : fleurs rose pourpré. Très beau et florifère. Résistant au balai de sorcière. 1,8 à 3 m x 1,8 à 3 m. Zone 4a (2b en site protégé). ❧ L. korolkowii ‘Honeyrose’ : un cultivar supérieur aux autres. Fleurs rouge rosé, très abondantes. Fruits rouges. Feuillage très bleuté. Résistant au balai de sorcière. 1,8 à 3 m x 1,8 à 3 m. Zone 4a (2b en site protégé). ❧ L. korolkowii zabelii (chèvrefeuille de Zabel) : cette sous-espèce du chèvre­ feuille de Korolkow a créé la pagaille dans l’espèce L. korolkowii. En effet, il existe un vrai L. korolkowii zabelii, aux fleurs d’un rose plus foncé que l’espèce, aucunement sujet au balai de sorcière, mais qui a été confondu avec un autre chèvrefeuille portant un nom semblable, L. tataricum ‘Zabelii’, qui lui, l’est. Le résultat ? La plupart des L. korolkowii zabelii dans le commer­ce, du moins au Québec, sont en fait des L. tataricum ‘Zabelii’, donc très su­jets au balai. À votre place, je n’achèterais aucun chèvrefeuille dont le nom de cultivar commence avec « Z  » ! 1,8 à 3 m x 1,8 à 3 m. Zone 4a (2b en site protégé). ❧ L. maackii (chèvrefeuille de Chine, anglais : Amur Honeysuckle) : espèce à port plus large que d’autres… trop pour faire une bonne haie, mais fort intéressant comme brise-vent. Se dégarnit rapidement à la base, mais ses branches s’arquent jusqu’au sol, cachant partiellement le vide. Feuilles vert foncé d’assez bonne taille (5 à 7 cm). Fleurs blanches devenant jaunes, portées par groupes de quatre. Fruits rouge sang qui persistent jusqu’en février. L’espèce se ressème abondamment… je dirais même, excessivement ! 4 à 5 m x 4 à 5 m. Zone 2b. ❧ L. tataricum ‘Arnold’s Red’ : en général, les chèvrefeuilles de Tatarie sont très sujets au balai de sorcière… mais il y a des exceptions. Ce cultivar est typique de l’espèce, mais portant des fleurs rouges plutôt que roses. Branches dressées aux extrémités retombantes, souvent dégarnies à la base. Feuilles vert bleuté… mais pas autant que ceux de K. korolkowii. Fruits rouges. Résistant au balai. 2 m x 2 m. Zone 4a (2b en site protégé). ❧ L. tataricum ‘Freedom’ : fleurs blanches, teintées de rose. Résistant au balai. Serait peut-être un hybride de L. tataricum avec L. korolkowii, ce qui expliquerait sa résistance au balai de sorcière. 2 m x 2 m. Zone 4a (3b en site protégé). ❧ Lonicera xylosteum (chèvrefeuille d’Europe, anglais : European Fly Honeysuckle) : Port très arrondi grâce à ses longues branches arquées. Feuilles pubes­centes, gris vert. Fleurs blanches ou blanc jaunâtre. Fruits d’un rouge très foncé. Sujet au gel des extrémités dans les zones 2 à 4… la plante compensant rapidement les pertes par sa repousse. 2,5 à 3 m x 3 à 4 m. Zone 5a (2a en site protégé).

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Osier pourpre (saule arctique)

Salix purpurea ‘Nana’

L

’osier pourpre, aussi appelé saule arctique, est utilisé à bien des sauces, même à la sta­bili­sation des berges et des du­ nes, mais avant tout dans les haies. En effet, une li­ gnée d’osiers pourpres, avec leur abondante ramure fine légère­ ment pourprée en hiver et les nombreuses mais également fines feuilles bleutées en été, est tout ce qu’il y a de plus gra­ cieux et en même temps très dense, convenant parfaitement pour une haie de division. Les rameaux souples bougent cons­ tamment au vent, lui donnant une allure des plus vaporeuses. Les feuilles étroites sont bleu vert foncé au revers argenté, ce qui donne, de loin, une coloration d’un bleu gris pâle. Les feuilles ne changent pas de couleur à l’automne, mais tiennent longtemps, ce qui

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Osier

pourpre (saule arctique)

Salix purpurea Noms anglais : Purple Osier Willow, Blue Arctic Willow, Basket Willow. Hauteur à maturité : 3 m. Diamètre à maturité : 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire. Sol : tous les sols, sauf les plus secs. Légère résistance au sel, bonne résistance au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : port à la fois dense et gracieux. Intérêts secondaires : feuillage gris-vert. Rameaux fins et colorés. Feuillage : caduc. Problèmes : fréquents. Bris hivernaux, brûlure des rameaux, chancres, rouille, taches foliaires, chenilles, galles, perceurs, pucerons, etc. Taille : suppression des dommages hivernaux au printemps. Rabattre au sol pour le rajeunir. Multiplication : boutures herbacées ou ligneuses, division des rejets, marcottage. Utilisation : arrière-plan, bordure, coin humide, couvresol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, muret, pen­tes, plate-bande, rocaille, utilisations médicinales, vannerie. Zone de rusticité (espèce) : 4b. Zone de rusticité (cultivars) : 2b.

Haie à perte de vue

prolonge leur effet. Même nu, l’arbuste n’est pas sans attraits. Au printemps, il produit de plus, avant les feuilles, de petits chatons jaunâtres le long de ses ra­meaux. Les clones en cultu­re sont normalement des mâles et aucune semence n’est donc produite. Le milieu idéal pour l’osier pourpre est au plein soleil dans un sol humide et plutôt argileux, mais en fait, il tolère tout et même Salix pentandra les sols secs, un aspect assez surprenant chez un saule. Terres riches ou pauvres, acides ou alcalines, légers ou lourds : tout lui convient. Il peut même tolérer les inondations printanières prolongées ! Et en plus du plein soleil, il s’adapte bien à la mi-ombre. La méthode la plus usuelle de multiplication est le bouturage. Une tige insérée directement en pleine terre prend rapidement racine, ce qui vous fournit une haie absolument gratuite. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Salix purpurea (osier pourpre, saule arctique) : la forme originale est rarement cultivée. 3 m x 3 m. Zone 4b. ❧ S. purpurea ‘Nana’, syn. S. purpurea gracilis (osier pourpre nain, saule arctique nain, anglais : Dwarf Purple Osier Willow, Dwarf Blue Arctic Willow, Dwarf Basket Willow) : variété sélectionnée dans le nord de l’Europe, de taille et de rusticité nettement supérieure à l’espèce. C’est la forme utilisée couramment en aménagement paysager. 1 à 1,5 m x 1 à 1,5 m. Zone 2b. ❧ S. purpurea ‘Pendula’ : une forme plus étalée, souvent employée greffée en tête pour faire un mini-arbre. 30 cm x 2 m. Zone 2b. AUTRES ESPÈCES : Plusieurs autres saules arbustifs peuvent servir à la composition des haies. En voici quelques-uns. ❧ S. brachycarpa ‘Blue Fox’ (saule bleu, anglais : Blue Fox Willow) : saule au port globulaire. Feuilles veloutées étroites, bleu argenté. Chatons jaunâtres en avril. Écorce grise teintée de vert. 50 cm à 1 m x 50 cm à 1 m. Zone 1. ❧ S. pentandra (saule laurier, anglais : Laurel Willow, Bay Willow) : en fait, un arbre d’assez bonne taille, mais souvent sévèrement taillé et utilisé comme haie dans le Nord. Les feuilles odorantes sont superbes : plus ovales que celles de la plupart des saules et très, très glacées. Le feuillage est similaire à celui du saule brillant (S. lucida, page 498), mais la feuille est luisante seulement sur la face supérieure. Notez que le saule laurier fait un piètre sujet dans le Sud, où ses feuilles sont tellement mangées par divers insectes qu’il est souvent nu en août ! Cependant, aucun problème en zone 3a et moins ! Europe. 6 m x 12 m. Zone 1b.

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Photo : Jean-Pierre Bellemarre, Jardin botanique de Montréal.

Troène commun

Ligustrum obtusifolium regelianum

L

es troènes sont parmi les plus populaires arbustes pour les haies… dans d’autres pays ! Leur rusticité est très limitée au Québec où même les variétés les plus rustiques peu­ vent souffrir de gel aux ex­tré­ mités. Pour cette raison, on les voit rarement dans la province et, plutôt que de les dédai­gner parce qu’ils sont trop communs, ce qui est souvent le cas ailleurs dans le monde, ils ont pour nous une grande originalité. Je ne considère pas les troè­ nes comme étant de bons ar­bus­ tes à haie au Québec et j’ai failli les mettre dans le chapitre Des arbustes « pensez-y bien  ». Ce­pen­ dant, étant donné le succès de certains jardiniers ayant une haie de troène plan­tée dans un lieu naturel­ lement protégé du vent, je vous les présente avec les autres arbustes à haie. Mais n’ou­bliez pas mon avertissement !

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Troène

commun

Ligustrum vulgare Noms anglais : Common Privet. Hauteur à maturité : 3 m. Diamètre à maturité : 2,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre ou ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : tout sol riche ou légèrement pauvre, mais bien drainé, acide à alcalin. Tolère les sols secs et le compactage. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêt principal : croissance dense en haie. Intérêts secondaires : floraison printanière. Fruits persistants. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Anthracnose, chancres. Sujet à la brûlure hivernale dans les endroits exposés. Taille : suppression des dommages hivernaux au printemps. Tailler au printemps ou jusqu’au milieu de l’été pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures herbacées ou ligneuses, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, plate-bande, attire les oiseaux frugivores. Zone de rusticité (site exposé) : 6b. Zone de rusticité (site protégé) : 5b.

Haie à perte de vue

Les troènes en général, et le troène commun en particulier, sont des arbustes aux nombreuses ramifications entrelacées, abondamment recouvertes de feuilles souvent étroitement ovales, vert foncé luisant. Leur port naturel est buissonnant, mais on les taille habituellement en formes géométriques, une taille qu’ils suppor­tent d’ailleurs très bien. Les fleurs blanches, produites en panicules termina­les den­ses, sont étroites et fortement parfumées, avec cette odeur particulière de « troè­ne » qui n’est pas apprécié de tous. Elles sont toutefois souvent absentes des haies taillées, car la taille les supprime. Même chose pour les fruits noirs, persistant une partie de l’hiver, mais rares sur les haies taillées. Les fruits légèrement toxiques attirent les oiseaux. Enfin, le feuillage demeure vert jusqu’à la fin, tombant souvent très tard à l’automne (les troènes à feuillage persistant sont traités dans le chapitre Des tropicaux égarés). À part leur rusticité limitée, les troènes s’adaptent bien à la plupart des con­ ditions de culture, en autant qu’ils reçoivent au moins un peu de soleil et que le sol soit bien drainé. Ils sont notamment très résistants à la pollution atmos­phé­rique et aux conditions de ville. Je ne déteste pas voir des haies de troène « coupées au couteau » lorsque je suis en visite ailleurs, mais n’accepterais pas toute la taille que cela implique chez moi. On peut cependant obtenir une belle forme sans trop de peine en nettoyant avec un sécateur, juste assez pour égaliser et supprimer les dommages hivernaux. Cela donne un port assez arrondi, mais sans artifice et très joli. Le troène commun, surtout, est sujet à l’anthracnose qui provoque des chan­ cres et dessèche des tiges, exigeant qu’on les supprime. Autrement, la plupart des mala­dies et insectes qui attaquent le troène ailleurs ne semblent pas l’avoir sui­vi dans le Nord. La multiplication par bouturage est facile.

VARIÉTÉS « PENSEZ-Y BIEN » : ❧ Ligustrum vulgare (troène commun) : décrit ci-dessus. 3 m x 2,5 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ L. vulgare ‘Cheyenne’ : comme l’espèce, mais un peu plus rustique. 3 m x 2,5 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ L. vulgare ‘Chlorocarpeum’ : fruits jaunes. 3 m x 2,5 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ L. vulgare ‘Lodense’, syn. L. vulgare ‘Nanum’ : feuillage vert. Son port bas devrait offrir plus de protection contre le froid, mais il ne semble pas pour autant aussi rustique que ‘Cheyenne’. Haie basse. 1 m x 2,5 m. Zone 6b (5b en site protégé).

AUTRES ESPÈCES « PENSEZ-Y BIEN » : Les espèces suivantes sont de rusticité variable, mais au moins, ne souffrent pas d’anthracnose. ❧ L. amurense (troène de l’Amour, anglais : Amur Privet) : feuilles mattes poilues. Un peu plus rustique que le troène commun. S’aoûte cependant mal et la pousse terminale tend à geler. Jusqu’à 4 m x 3 m, mais rarement plus de 2 m x 1,5 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ L. x ibolium (troène ibolium, anglais : Ibolium Privet) : feuilles très foncées et luisantes. 2 m x 1,5 m. Zone 6b (6a). ❧ L. obtusifolium (troène à feuilles obtuses, anglais : Border Privet) : similaire à L. vulgare, mais feuilles devenant pourprées à l’automne. Port nettement plus étalé. L’un des troènes les plus rustiques. 2 x 3 à 4 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ L. obtusifolium regelianum : plus bas que l’espèce et un brin plus rustique. Probablement le meilleur sujet pour notre climat. 1,5 à 2 x 3 à 4 m. Zone 5a (4a en site protégé).

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Viorne obier naine

Viburnum lentago

C

Viorne obier naine e n’est pas moi qui choisis les arbustes mis en marché Viburnum opulus ‘Nanum’ com­me haies. Sinon, j’aurais sans Noms anglais : Hedge Viburnum. dou­te retiré la viorne obier naine Hauteur à maturité : 1 à 1,5 m. de la liste. Elle a déjà été une plan­ Diamètre à maturité : 75 cm à 1,5 m. te plus qu’acceptable pour cette Emplacement : soleil ou ombre. utilisation… mais avant l’arrivée Port : globulaire. en Amérique du puceron de la Sol : tout sol bien drainé, riche ou pauvre, acide à alcalin. viorne boule-de-neige et de la Résistance au sel et au compactage. galéruque de la vior­ne. Aujour­ Disponibilité : excellente. d’hui, le premier tord les feuilles Intérêt principal : port dense et compact. à l’extrémité des branches alors Feuillage : caduc. que le deuxième mange celles Problèmes : fréquents. Blanc, puceron, galéruque, qui restent. Heureusement que taches foliaires. ces deux ennemis ne sont pas pré­ Taille : peu nécessaire. Au printemps, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de sents partout : ils se concentrent rajeunissement sur les vieux sujets. strictement dans la vallée du Multiplication : boutures herbacées. Saint-Laurent. Utilisation : bordure, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, C’est un arbuste bien nain, au haie, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois. port arrondi et à croissance très Zone de rusticité (site exposé) : 2b. dense. Les feuilles sont peti­tes, à 3 Zone de rusticité (site protégé) : 2a. ou 5 lobes, très dentés, rappelant une feuille d’érable miniature. Elles sont vert clair l’été, parfois un peu rougeâtres avant de tomber à l’automne. Cet arbuste ne fleurit pas, ou très rarement. Puisqu’il n’y a pas de fleurs, les fruits sont absents aussi. On le cultive strictement alors pour le beau mur de verdure qu’il forme. 518

VARIÉTÉ « PENSEZ-Y BIEN » : ❧ Viburnum opulus ‘Nanum’ (viorne obier naine, obier nain) : voir la description ci-dessus. 1 à 1,5 m x 75 cm à 1,5 m. Zone 2b (2a en site protégé). Les autres Viburnum opulus sont décrits dans le chapitre Des arbustes « pensez-y bien  ».

AUTRES ESPÈCES : Si les ennuis de santé de la viorne obier naine vous font peur, voici d’autres espèces de viorne qui font d’excellentes haies. ❧ V. lentago (viorne lentago, alisier, bourdaine, anglais : Nannyberry, Nannyberry Viburnum, Sheepberry) : arbuste indigène très intéressant pour une haie de bonne taille ou un écran… et totalement résistant aux pucerons de la viorne boule-de-neige et aux galéruques. Les feuilles sont très différentes, simples, elliptiques, à marge dentée. Elles sont vert pâle à l’épanouissement, vert foncé luisant en été et généralement rouge pourpré à l’automne. Cette espèce fleurit abondamment au printemps, en corymbes aplatis de petites fleurs blanc crème qui attirent les abeilles et de nombreux papillons. La viorne lentago produit même des fruits comestibles, des petits fruits passant par toute une gamme de couleurs : vert, jaune, rose et noir. On les cueille après les gels, car le froid les rend plus sucrés. Les fruits non cueillis persistent sur l’arbuste une bonne partie de l’hiver. 2 à 6 m x 2 à 3 m. Zone 2a. ❧ V. prunifolium (viorne à feuilles de prunier, anglais : Blackhaw Viburnum) : espèce indigène dans l’est des États-Unis et très proche de V. lentago par l’apparence et l’utilisa­tion, mais aux feuilles plus petites. Elle est aussi moins rustique… et moins sujette au blanc. En rabattant occasion­nel­lement la branche la plus haute, vous pouvez aussi la maintenir indéfiniment à environ 2 m x 2 m. 2 à 4 m x 2 à 3 m. Zone 4a. ❧ V. trilobum ‘Alfredo’ : presque un sosie de la viorne obier naine, avec en moins les ennuis de santé, et en plus une belle floraison et une bonne fructifi­cation. Voir la descrip­tion de ce V. trilobum et d’autres de Viburnum prunifolium cette espèce à la page 229.

Haie à perte de vue

La culture de cette viorne est simple, car tout sol bien drainé lui convient et elle semble aussi à l’aise à l’ombre qu’au soleil. Elle forme une vraie haie de paresseux que vous n’aurez probablement jamais à tailler. Si jamais, par malheur, les enfants du voisin devaient traverser votre haie en toboggan, la laissant un peu aplatie, il vous suffit de la rabattre au sol pour qu’elle se régénère rapidement. Et si vous voulez allonger votre haie, sachez que les boutures reprennent facilement.

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COMME SUR DES ÉCHASSES

E

st-ce que les arbustes « greffés en tête », sur un tronc de 1,5 à 3 m, sont des arbres ou des arbustes ? Je suis venu à la conclusion que les arbres greffés sur un tronc rigide étaient des arbres et que les arbustes sur tige étaient des… arbustes. Ces derniers ont donc leur place dans ce livre… mais il est valable d’ajouter quelques mots à leur sujet, car leur culture n’est pas exactement identique à celle des autres arbustes. UN ARBUSTE COÛTEUX Sachez dès le départ que les arbustes sur tige ne sont pas donnés. L’étape de greffage est risquée et cause des pertes. De plus, la production de ces plantes est plus longue et exige une main-d’œuvre spécialisée. Le pépiniériste doit nécessairement vous refiler la facture pour ces services supplémentaires. Il faut donc être vraiment sûr de vouloir un de ces arbustes uniques et être disposé à accepter les risques inhérents à sa culture, car la survie d’un arbuste greffé sur tige n’est jamais garantie à long terme. UNE CULTURE PLUS RISQUÉE Une greffe exposée à l’air constitue toujours une faiblesse. En effet, alors que les arbustes greffés au pied finissent souvent par s’affranchir, c’est-à-dire produire leurs propres racines et devenir indépendants du porte-greffe, les arbustes « greffés en tête » dépendent du porte-greffe leur vie durant. Or, le point de greffe est, à l’origine, une blessure provoquée dans le « tronc » du petit arbre. Cette blessure devient souvent cariée ou se fend en deux. De plus, le tronc non plus ne suit pas toujours le développement de l’arbuste qu’il porte à son sommet; si le haut devient plus lourd que ce que le tronc peut suppor­ter, l’arbuste sur tige peut subitement se détacher au niveau du point de greffe ou le tronc peut casser ou se déchirer. Il en résulte que les arbustes sur tige sont souvent éphémères compara­ tivement à un arbuste ayant ses propres racines et souvent une vie utile de 50 ans ou plus, alors qu’elle est plutôt de 10 à 15 ans pour l’arbuste sur tige. Il y a des excep­tions, mais elles sont rares. Cependant, 10 à 15 ans, c’est quand même raison­nable. Malheureusement, il arrive très souvent qu’un arbuste sur tige ne passe pas plus de deux ou trois hivers. POUR DES GREFFES QUI DURENT ET DURENT Que faut-il donc connaître sur les arbustes sur tige pour prolonger le plus possible leur vie utile ? D’abord, il faut choisir une variété bien rustique. Étant donné que le point de greffe est toujours exposé au froid, l’arbuste se trouve dans la situation d’une plante vivant sous un climat plus froid que la normale pour la région. D’accord, l’arbuste greffé peut y survivre, mais vous augmentez vos chances si vous calculez toujours 1 ou 2 cotes zonières inférieures à la vôtre. Par exemple, si vous résidez en zone 5, mieux vaut choisir un arbuste zoné 4 ou, mieux encore, zoné 3. En zone

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Comme sur des échasses

3, recherchez un arbuste sur tige de zone 2 ou 1, etc. Dans les descrip­tions suivantes, la zone don­née correspond à celle tolérée par l’ar­buste greffé en tête. Ainsi, vous n’avez pas à faire ce calcul. Au moment de la plantation, il faut absolument fournir un tuteur très solide aux arbustes greffés en tête, d’une hauteur au moins égale à celui du point de greffe. Voir à la page 86 pour savoir comment l’installer. Le printemps suivant, détachez l’arbuste de son tuteur et faites-le bouger dans tous les sens. S’il semble assez solide pour tenir debout, enlevez le tuteur, car le Un arbuste sur tige exige toujours un tuteur solide durant les 12 pre­miers tronc demeure faible s’il ne peut bouger au mois après la planta­tion… vent, et son diamètre augmente rapidement et parfois durant le reste de sa vie ! lors­ qu’il est détaché. Si, l’arbuste pen­ che après l’avoir détaché, semble peu solide ou menace même de casser, vous n’avez pas le choix et devez l’atta­cher de nouveau au tuteur… proba­blement pour le reste de sa vie, car, toujours fixé à un sup­port im­mua­ble, son tronc ne deviendra sans doute jamais as­sez solide pour supporter le poids de l’arbuste qu’il nourrit. Si votre arbuste sur tige doit demeurer attaché à son tuteur, il faut quand même changer l’emplacement de l’attache aux six mois, sinon elle aura tendance à pénétrer dans le bois à force de toujours frotter au même endroit. D’ailleurs, si l’attache est bien posée, elle empêche l’arbuste de plier, mais n’est pas serrée au point d’empêcher le plant de bouger un peu. Il faut au moins un peu de mou­ vement pour renforcer le tronc. UN PEU DE MÉNAGE À FAIRE Il est fort possible que votre arbuste sur tige produise des gour­mands à sa base… et ces gourmands ne sont pas, bien sûr, de la variété choisie. Par exemple, on greffe habituellement les caraganas pleureurs (Caragana arborescens ‘Pendula’ et autres) sur une tige de C. arborescens ‘Sutherland’, un culti­var aux tiges exception­ nellement droites. Lorsque des gour­mands sortent du sol, au pied de votre plante, ce ne sont pas des tiges rampantes de la forme pleureuse, mais de longs « fouets » produit par ‘Sutherland’. De même, il faut supprimer les tiges et les feuilles qui naissent sous le point de greffe du tronc de l’arbuste greffé. Certains arbustes greffés en tête produisent peu de ces croissances indésirables, d’autres énormément. On peut réparer un arbuste au tronc fendu en perçant deux trous à travers la partie brisée et en resserrant les deux parties du tronc ensemble avec des vis à bois galvanisées.

DU HAUBANAGE D’URGENCE Examinez attentivement votre plante pour déceler tout signe de fendillement, un problème fréquent chez les arbustes sur tige. Si le haut de l’arbuste commence à fendre, ou si un jour vous découvrez votre arbuste complètement fendu en deux, il demeure toujours possible de le sauver au moyen d’un haubanage.

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Comme sur des échasses

Nettoyez d’abord les débris susceptibles d’empêcher la plaie de se refermer. Ensuite, percez deux trous dans le tronc, un de chaque côté de la blessure, un dans le haut de la fente, l’autre environ 10 cm plus bas. Maintenant fraisez les trous et insérez dans chacun une vis à bois galvanisée longue d’environ les 3/4 du dia­mètre du tronc. Serrez bien. N’appliquez surtout pas de pâte ou de peinture d’émondage; ces produits gardent la blessure humide alors que, pour une bonne guérison, il faudrait qu’elle soit sèche. Après un certain temps, peut-être 6 mois, 1 an ou deux, la blessure se refermera et ne sera presque plus visible. PEU DE CARIES, BEL ARBUSTE ! Quant à la carie, genre de pourriture qui commence en catimini, par l’intérieur, c’est une autre des faiblesses des arbustes greffés sur tige. Dites-vous bien que si votre arbuste montre une carie (trou) visible au niveau du point de greffe, un point mou, un écoulement de sève, des champignons ou encore, souffre d’un dépérissement général, il n’en a pas pour longtemps à vivre… et il n’y a pas grand-chose à faire. UNE BONNE PROTECTION LA PREMIÈRE ANNÉE Le premier hiver, protégez bien votre arbuste sur tige avec du jute ou un agro­ textile. Le deuxième hiver, la protection ne sera plus nécessaire, car il faut que l’arbuste s’adapte à son environnement; en l’emballant chaque hiver, vous ne l’aidez nullement. CRÉER VOTRE PROPRE ARBUSTE SUR TIGE Oubliez le greffage pour obtenir votre propre arbuste sur tige rapidement. C’est un procédé trop complexe à faire soi-même qui donnera des plants naturellement faibles ayant besoin d’une attention particulière, autrement dit, aussi compliqués à maintenir que les arbustes sur tige achetés dans le commerce ! Et de toute façon, quel jardinier a déjà un « tronc » parfaitement droit, exactement de la bonne variété pour servir de porte-greffe ? Après tout, vous devez greffer un saule sur un saule, un caragana sur un caragana ou, du moins, sur un arbuste qui est proche parent. Admettons que c’est assez peu probable. Laissons donc aux horticulteurs professionnels cette méthode laborieuse à taux d’échec élevé. À la place, je vous suggère une « mise en arbre par la taille ». Il s’agit premiè­ rement de choisir un arbuste qui produit tout naturellement des tiges solides et épaisses, capables de vivre très longtemps, tel une viorne ou une hydrangée pani­ culée, et de dégager le futur « tronc ». Parmi les nombreuses branches de l’ar­bus­te, sélectionnez la plus droite… et suivez les étapes indiquées dans les illustrations. COMMENT FABRIQUER SON PROPRE ARBUSTE SUR TIGE Combien de temps faut-il pour créer vous-même un arbuste sur tige ? Le temps varie selon les circonstances. Si votre arbuste est jeune, avec des tiges encore très courtes et frêles, 3 ou 4 ans. Si, par contre, vous utilisez un arbuste plus mature, ayant déjà une bonne tige droite et solide, et bien ramifiée au sommet par surcroît, vous n’aurez qu’à tailler pour dégager ce qui est déjà essentiellement un arbre en devenir. Vous aurez alors un arbuste sur tige acceptable dans la même journée, mais il faudra sans doute attendre un peu les résultats de la taille au sommet du nouvel arbre pour qu’il devienne aussi dense que vous le voulez. UN ARBUSTE PLEUREUR SUR SA PROPRE TIGE Voilà pour l’arbuste ayant tout naturellement une structure solide, mais peuton aussi créer ses propres arbustes pleureurs ? Oui, mais c’est plus complexe et plus long. Il suffit de redresser la tige d’un arbuste rampant, tel le saule marsault

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Créer son propre arbuste sur tige

1. Sélectionnez une tige droite et solide et éliminez toutes les autres tiges partant de la base de la plante.

2. Supprimez aussi les rameaux secondaires sur le « tronc », mais laissez les feuilles poussant directement du tronc et à son sommet.

3. Attachez le tronc à un tuteur solide ayant au moins la hauteur désirée.

4. Lorsque l’arbuste a atteint la hauteur désirée, taillez le bourgeon au sommet du tronc pour stimuler la ramification.

5. Lorsque les nouveaux rameaux au sommet ont 4 à 6 feuilles, taillez-les à leur tour… et continuez ainsi jusqu’à ce que votre arbuste sur tige ait vraiment la forme d’un petit arbre.

6. L’entretien d’un tel « mini-arbre » consiste à supprimer régulièrement les gourmands au pied de l’arbuste et les rameaux apparaissant sur le tronc, à enlever le tuteur lorsque le tronc semble solide, et à faire un peu de taille annuelle sur les branches de l’arbre de façon à rac­ cour­cir celles qui sont trop longues et stimuler une ramification plus dense.

Comme sur des échasses

pleureur (Salix caprea ‘Kilmarnock’), et de la fixer solidement à un tuteur dressé. Attachez-la au support au moins à tous les 15 cm, car sa nature même l’incitera à retomber immédia­tement dès qu’elle ne sera plus supportée. Lorsque cette tige atteint le sommet du tuteur, procédez comme aux étapes 4 à 6 ci-dessous afin de stimuler la production d’un bon nombre de rameaux pleureurs. Le « tronc » si durement gagné finira par se lignifier après quelques années et n’aura peut-être plus besoin de tuteur.

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Comme sur des échasses

QUELQUES AUTRES ARBUSTES SUR TIGE Voici une courte liste de quelques-uns des ar­bus­tes couramment disponibles sur tige et déjà décrits ailleurs dans le livre : Amandier de Chine (Prunus triloba multiplex) Boule-de-neige (Viburnum opulus ‘Roseum’) Bouleau nain à feuilles découpées (Betula ‘Trost Dwarf’) Caragana argenté (Halimodendron halodendron) Cerisier déprimé (Prunus pumila depressa) Cornouiller argenté (Cornus alba ‘Elegantissima’) Cotonéastre apiculé (Cotoneaster apiculatus) Cotonéastre précoce (Cotoneaster nashan) Fusain ailé nain (Euonymus alatus ‘Compactus’) Fusain d’Europe (Euonymus europaeus) Fusain de Fortune (Euonymus fortunei (divers cultivars)) Fusain nain du Turkestan (Euonymus nanus turkestanicus) Hydrangée paniculée (Hydrangea paniculata ‘Grandiflora’, ‘Pink Diamond’,‘Unique’, etc.) Ketmie des jardins (Hibiscus syriacus) Lilas à feuilles laciniées (Syringa laciniata) Lilas de Mandchourie ‘Miss Kim’ (Syringa patula ‘Miss Kim’) Lilas de Preston (Syringa x prestoniae (plusieurs cultivars)) Lilas français (Syringa vulgaris (plusieurs cultivars))

Lilas Palibin (Syringa meyeri ‘Palibin’) Lilas superbe (Syringa microphylla ‘Superba’) Noisetier tortueux (Corylus avellana ‘Contorta’) Orme de Sibérie (Ulmus pumila) Potentille arbustive (Potentilla fruticosa) Prunier pourpre des sables (Prunus x cistena) Rosier (Rosa (diverses variétés)) Salix coyote (Salix exigua) Saule à chatons japonais (Salix chaenomeloides) Saule argenté (Salix geyeriana) Saule cendré panaché (Salix cinerea ‘Tricolor’) Saule éventail (Salix udensis ‘Sekka’) Saule Flame (Salix ‘Flame’) Saule maculé (Salix integra ‘Hakuro Nishiki’) Sorbier de Koehne (Sorbus koehneana) Viorne cassinoïde (Viburnum cassinoides) Viorne odorante (Viburnum x carlcephalum) Viorne trilobée (Viburnum trilobum) Weigela (Weigela (plusieurs cultivars))

DES ARBUSTES UNIQUEMENT SUR TIGE Les fiches suivantes présentent plusieurs arbustes qui sont presque toujours ven­ dus sur tige, très rarement sous forme d’arbuste normal.

Caragana pleureur sur tige Pommetier arbustif sur tige Saule marsault pleureur

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Caragana pleureur sur tige

Un Caragana arborescens ‘Pendula’ de plus de 20 ans, preuve que les arbustes greffés sur tige peuvent parfois être durables.

Caragana

pleureur sur tige

Caragana arborescens ‘Pendula’ et autres Noms anglais : Weeping Siberian Peashrub. Hauteur à maturité : variable, 1 à 4 m. Diamètre à maturité :variable, 50 cm à 2,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : pleureur. Sol : tout sol bien drainé, d’acide à alcalin, voire sablonneux ou même graveleux. Très tolérant au sel. Tolérant au compactage. Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : port. Intérêts secondaires : floraison printanière. Feuillage léger. Écorce colorée. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Infestations occasionnelles de cicadelles et de pucerons. Taille : peu nécessaire. Suppression des branches trop longues ou endommagées après la floraison. Multiplication : greffage, mise en arbre d’une bouture. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, en isolé, platebande, rocaille, attire les colibris. Zone de rusticité (non-greffé) : 2b. Zone de rusticité (greffé) : 3b (2b en site protégé).

N

ous avons déjà vu les caraganas dans le chapitre Des arbustes à entretien minimal, mais on les utilise abondam­ment gref­fés sur tige aussi, notam­ment les formes pleu­reuses. Pour plus de détails sur les caraganas en général, je vous suggère de consulter la fiche à la page 183, mais pour résumer, disons que les caraganas sont des arbustes souvent épineux, aux petites feuilles pennées vert vif et aux fleurs en forme de pois de senteur, généralement jaunes. Ils sont particulièrement bien adaptés aux sols pauvres et secs, mais très faciles quand même dans les sols riches et plus humides typiques de nos jardins. Le plein soleil (ou pres­que) est important et leur rusticité est normalement excellente… mais

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Comme sur des échasses

rappelez-vous qu’un arbuste greffé est toujours plus fragile au froid que sa forme normale. Les caraganas sont très populaires comme arbustes sur tige, notamment parce que leur croissance rapide fait en sorte que le marchand peut vous les offrir à meilleur prix que d’autres. Par contre, le fendillement est un problème majeur avec ce genre et, de plus, un tuteur peut être requis en permanence, car le « tronc » est rarement très solide. Aussi, le porte-greffe, habituellement C. arborescens ‘Suther­ land’, produit souvent à sa base des gourmands qu’il faut supprimer régulièrement. VARIÉTÉS RETOMBANTES : ❧ Caragana arborescens ‘Lorbergii’ : plus semi-pleureur que pleureur : les branches inférieures se dirigent un peu vers le bas, mais les autres sont plutôt étalées à dressées. Folioles très étroites, plumeuses. Fleurs jaunes. 2 à 4 m x 1 à 2,5 m. Zone (greffé) : 3b (2b en site protégé). ❧ Caragana arborescens ‘Pendula’ : port plus nettement pleureur : les branches s’arquent d’abord vers l’extérieur, puis retombent. Folioles presque rondes. Fleurs jaunes. Populaire. 2 à 2,5 m x 1 à 2 m. Zone (greffé) : 3b (2b en site protégé). ❧ Caragana arborescens ‘Walker’ : le plus pleureur des caraganas : les branches retombent tout droit vers le sol. Folioles très fines d’apparence plumeuse. Fleurs jaunes. Populaire. 1 à 2 m x 1 à 1,5 m. Zone (greffé) : 3b (2b en site protégé). AUTRES ESPÈCES : On greffe souvent d’autres espèces et variétés de Caragana sur tige. Ces plantes non-pleureuses donnent un effet d’arbuste arrondi sur un tronc droit. Parmi les plus souvent utilisés à cette fin, on trouve les formes suivantes : ❧ C. aurantiaca (caragana frutescent globulaire, caragana globe) : tiges un peu arquées, formant un parasol. Fleurs jaunes. Très sujet aux bris hivernaux ! 2 m x 1,5 m. Zone (greffé) : 3b (2b en site protégé). ❧ C. frutex ‘Globosa’ (caragana frutescent globulaire, caragana globe) : port très arrondi. Feuillage délicat. Nombreuses fleurs jaunes. 1 à 2 m x 50 cm à 1 m. Zone (greffé) : 3b (2b en site protégé). ❧ C. pygmaea (caragana nain, caragana pygmée) : feuillage fin. Fleurs jaune orangé, en grand nombre. 1 à 2 m x 1,2 m. Zone (greffé) : 5a (4a en site protégé). ❧ C. roborovskyi (caragana de Roborovsky, anglais : Roborovsky Globe Peashrub) : port globulaire. Feuilles argentées. Fleurs jaune vif. 1,25 à 2,5 m x 1 à 1,25 m. Zone (greffé) : 3b (2b en site protégé). ❧ C. rosea (caragana rose, anglais : Rose Peashrub, Red Flower Peashrub) : port en dôme étalé. Tige épineuses. Feuilles vert vif. Boutons rouges donnant des fleurs jaunes, marginées de rose. 1,25 à 2,25 m x 1 à 1,25 m. Zone (greffé) : 3b (2b en site protégé). ❧ C. tragacanthoides (caragana à dessus plat, anglais : Spiny Red Peashrub) : tiges aux épines rouges. Fleurs jaunes. Croissance plutôt horizontale, donnant un effet de parasol. 1,25 à 2 m x 1 à 1, 5 m. Zone (greffé) : 3b (2b en site protégé).

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Pommetier arbustif sur tige

Pommetier

Malus ‘Tina’

arbustif sur tige

Malus spp. Noms anglais : Dwarf Crabapple Standard. Hauteur à maturité : 1 à 2,5 m. Diamètre à maturité : 70 cm à 2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire, sur tige. Sol : tout sol bien drainé et légèrement humide, acide à alcalin. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêt principal : floraison printanière. Intérêts secondaires : fruits colorés. Feuillage : caduc. Problèmes : assez fréquents. Acariens, blanc, brûlure bactérienne, chancres, charançons, chenilles, kermès, mouche de la pomme, mulot, perceurs, pucerons, rouilles, tavelure. Taille : peu nécessaire. Suppression des branches trop longues après la floraison. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : greffage, mise en arbre d’une bouture enracinée. Semences vernalisées (espèces seulement). Utilisation : arrière-plan, bord de mer, en isolé, platebande, rocaille, attire les oiseaux frugivores, fleur parfumée, fleur coupée, fruits comestibles. Zone de rusticité (non-greffé) : 4a. Zone de rusticité (greffé) : 5a (4a en site protégé).

O

n estime qu’il y a plus de 600 variétés de pommiers et pommetiers, mais en grande majorité, des arbres. Il n’y a aucune différence botanique entre les deux, mais l’usage populaire regroupe les Malus à gros fruits sous le nom « pom­ mier », et ceux à petits fruits sous le nom « pommetier ». Les pommetiers arbustifs décrits ici forment un tout petit groupe composé d’espèces et d’hy­ brides naturellement arbustifs. Peu d’espèces arbustives sont cultivées, mais quelques cul­ tivars, pour la plupart issus d’une hybridation très com­ plexe, sont disponibles. Les pommetiers arbustifs ont généralement un port arrondi, en forme de sucette lors­ que greffés sur un tronc droit, et produisent au prin­ temps des fleurs blanches à

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Comme sur des échasses

roses, souvent légèrement parfumées, suivies de fruits rouges, jaunes ou pourpres qui persistent parfois l’hiver. Les fruits sont comestibles et aussi aimés des oiseaux. Les feuilles sont ovales, légèrement dentées, et généralement entières, mais parfois lobées, vertes ou rougeâtres. Il y a peu de coloration automnale. Les pommetiers arbustifs sont peu exigeants quant à leurs conditions de culture : le plein soleil ou une ombre très légère, et tout sol bien drainé et légèrement humide, voilà tout. Évitez surtout les sols glaiseux, détrempés au printemps. Comme les fleurs sont autostériles, il faut avoir à proximité au moins un plant de n’importe quel autre pommetier pour obtenir des fruits. En banlieue du moins, c’est rarement un problème, car si votre quatrième voisin possède un pommetier ou un pommier, vous êtes sauvé. Cependant, il faut aussi des abeilles… ce qui cause parfois un problème dans les quartiers où tous les voisins font traiter leur gazon. Avec un peu de chance, tout cela sera illégal lorsque ce livre sera publié. Sinon, votre seul espoir consiste à déménager dans une municipalité soucieuse de l’environnement. Remarquez aussi que la plupart des pommetiers ont une floraison bisannuelle; s’ils fleurissent massivement une année, la floraison de l’année suivante sera plus faible. Étant naturellement nains, les pommetiers arbustifs demandent beaucoup moins de taille que les pommiers arborescents. Il s’agit surtout de supprimer les branches trop longues ou endommagées. Faites-le tout de suite après la floraison, car les pommetiers commencent à produire les boutons floraux de l’année suivante très rapidement après la chute des fleurs. Aussi, n’oubliez pas de supprimer les gourmands apparaissant au pied du porte-greffe. Avec raison, les pommetiers ont la réputation d’être très susceptibles aux maladies. Par contre, plusieurs de ces problèmes ne concernent que la qualité gustative des fruits et ont peu d’importance lorsque l’on ne les mange pas. D’autres problèmes, telles les chenilles à tente, sont faciles à repérer et à traiter, et certains sont mineurs et n’exigent pas de traitement. Enfin, la plupart des cultivars décrits ici ont été spécialement sélectionnés pour leur résistance aux trois maladies les plus dévastatrices : le blanc (mildiou), la brûlure bactérienne et la tavelure. Il est donc généralement possible de cultiver ces pommetiers arbustifs avec très peu d’interventions. Il est toutefois toujours sage de ramasser les feuilles et fruits tombés à l’automne et de les détruire ou de les disposer ailleurs que sous des pommetiers, car souvent les spores des maladies hivernent dans ces déchets. Enfin, notez bien que les pommetiers arbustifs, sur tige ou cultivés avec leurs propres racines, sont pour la plupart, moins rustiques que les pommetiers tradi­ tionnels. Ils sont surtout réservés aux jardiniers de zone 5, peut-être 4 pour les formes cultivées au sol. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES :

Pommetiers arbustifs sur tige : Les plantes décrites ici sont aussi disponibles sous forme d’arbuste. Dans ce cas, une deuxième hauteur est mentionnée. ❧ Malus ‘Courtabri’ Pom’zai® : pommetier très nain, à croissance lente. Feuilles vertes. Boutons roses, fleurs blanches. Pommettes rouge orangé. Bonne résistance aux maladies. 1 à 2,5 m x 1,2 à 2 m (sur tige). 1,2 à 2 m à 1,2 à 2 m (au sol). Zone (greffé) : 5a (4a en site protégé). ❧ M. ‘Camzam’ Camelot™ : port arrondi. Boutons rose fuchsia, fleurs blanches. Feuille vert foncé, rehaussée de pourpre. Résistant aux maladies. 1 à 2,5 m x 1,2 à 2 m (sur tige). 2 à 2,5 m à 1,5 à 2 m (au sol). Zone (greffé) : 5a (4a en site protégé). ❧ M. ‘Guinzam’ Guinevere™ : port arrondi. Fleurs blanches à marge mauve. Petites pommettes rouges, persistant longtemps. Feuille verte, rehaussée de

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Comme sur des échasses

pourpre. Résistant aux maladies. 1 à 2,5 m x 1,2 à 2 m (sur tige). 2 à 2,5 m à 1,5 à 2 m (au sol). Zone (greffé) : 5a (4a en site protégé). ❧ M. ‘Lanzam’ Lancelot™ : port densément globulaire. Fleurs blanches. Petites pommettes jaunes, persistant longtemps. Feuille verte l’été, jaune l’automne. 1 à 2,5 m x 1,2 à 2 m (sur tige). 2 à 2,5 m à 1,5 à 2 m (au sol). Zone (greffé) : 5a (4a en site protégé). ❧ M. ‘Lollipop’ : port arrondi. feuillage vert. Boutons rouges, fleurs blanches. Petites pommettes jaune orangé. Résistant aux maladies. 1,5 à 2,5 m x 70 à 100 cm (sur tige). 1 à 1,5 x 70 à 100 cm (au sol). Zone (greffé) : 5a (4a en site protégé). ❧ M. ‘Tina’, syn. M. ‘Sargent Tina’ : un hybride de M. toringo sargentii, décrit ci-dessous. Port en globe aplati. Feuillage vert foncé. Fleurs blanches très parfumées. Minuscules pommettes rouges, persistant longtemps. Très résistant aux maladies. 1,5 à 2,5 m x 90 cm à 1,8 m (sur tige). 1 à 1,5 m x 90 cm à 1,8 m (au sol). Zone (greffé) : 5a (4a en site protégé).

Pommetiers arbustifs (non greffés sur tige) :

Ces pommetiers naturellement arbustifs sont plus gros et rarement vendus sur tige. ❧ M. ‘Coccinella’ : grand arbuste à feuillage rouge bronze et aux fleurs rose pourpré. Fruits pourpres. Excellente résistance aux maladies. 5 m x 3 m. Zone 4a (3a en site protégé). ❧ M. ‘Jewelberry’ : gros arbuste qui pourrait être formé en petit arbre par la taille. Floraison bisannuelle. Boutons roses. Fleurs blanches. Petites pommettes jaunes. Feuillaison dense et verte. Peu susceptible à la brûlure et la tavelure. 3 m x 4 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ M. ‘Rainbow’ : petit pommetier nain cultivé surtout pour son feuillage panaché. Feuillage marbré de blanc et de rose. Fleurs blanches. Fruits rougeâtres. Croissance lente. Supprimez les réversions. Résistant aux maladies. Origine québécoise. 3 m x 2 m. Zone (greffé) : 3. ❧ M. toringo sargentii, syn. M. sargentii (pommetier de Sargent, anglais : Sargent Crabapple) : port arrondi large. Feuillage vert foncé lobé. Boutons rouges, fleurs blanches très parfumées. Floraison annuelle sous de bonnes conditions. Petites pommettes rouge vif. Naturellement résistant aux maladies, un trait qu’il a transmis à ses nombreux hybrides. 2 à 3 m x 3 à 4 m. Zone 5a (4a en site protégé).

AUTRES GENRES APPARENTÉS : Comme les pommetiers auxquels elles sont apparentées, les aubépines (Crataegus) n’ont pas la réputation d’être des arbustes, mais plutôt des petits arbres. Par contre, il existe des exceptions, dont deux sont décrits ici. Leur culture est identique à celle des pommetiers. Rappelez-vous seulement de porter des gants en manipulant les aubépines, car elles sont généralement très épineuses ! ❧ Crataegus monogyna ‘Compacta’ (aubépine pygmée, anglais : Pygmy Hawthorn) : fleurs blanches, parfumées. Abondants fruits rouges. Petites feuilles profondément découpées en 5 à 7 lobes, vert foncé luisant. Branches courtes et sans épines. Susceptible aux maladies. Fait une haie intéressante lorsque cultivée au sol. 3 m x 2 m (sur tige). 1 à 1,5 x 1 à 1,5 m (au sol). Zone (greffé) : 5b (4b en site protégé). C. rotundifolia, syn. C. chrysocarpa phoenicea (aubépine à feuilles rondes, anglais : Round-leaved Hawthorn) : grand arbuste ou petit arbre indigène de l’est de l’Amérique du Nord et abondant au Québec. Fleurs blanches. Petites feuilles vert foncé luisant, arrondies avec de nombreux lobes aigus. Épines acérées mais courtes. Habituellement cultivée sur ses propres racines, au sol. Excellente haie dissuasive ! 4 à 6 m x 4 à 6 m. Zone (greffé) : 3.

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Saule marsault pleureur

Salix caprea ‘Kilmarnock’

N

Saule

marsault pleureur

on, il ne s’agit pas du Salix caprea ‘Kilmarnock’ et autres grand saule pleureur (Salix x sepulcralis chrysocoma et autres), Noms anglais : Weeping Willow Standard. avec son rideau de feuil­les, sous Hauteur à maturité : 1,5 à 3 m. les longues branches duquel on Diamètre à maturité : 1 à 2 m. pique-nique en famille, ou même Emplacement : soleil. à 3 à 4 famil­les, au bord de l’eau. Port : pleureur. Avec ce petit saule, il y a à peine Sol : tout sol acide à neutre, de préférence humide. assez de place pour abriter deux Tolère mal le sel. Supporte le compactage. enfants de 3 ans, debout ! Cette Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. image illustre bien la différence Intérêt principal : port pleureur. entre l’arbre pleureur et l’ar­buste Intérêts secondaires : floraison printanière. Feuillage : persistant. pleureur. Problèmes : assez fréquents. Chancre, autres maladies ; Le saule marsault pleureur charançons, autres insectes. (S. caprea ‘Kilmarnock’) est une Taille : peu nécessaire. Suppression des branches trop variante prostrée et rampante de longues après la floraison. Supprimer les dommages l’un des saules à chatons les plus hivernaux en tout moment. populaires, le saule mar­ sault, Multiplication : greffage, mise en arbre d’une bouture décrit dans le chapitre Des fleurs enracinée. en début de saison. Gref­fé sur une Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, en isolé, tige de saule dres­sé, plusieurs pentes, plate-bande, rocaille, fleur coupée. espèces pou­vant servir, ses tiges Zone de rusticité (non-greffé) : 4b. longues et lâches retombent et Zone de rusticité (greffé) : 5b (4b en site protégé). courent même sur le sol. Cet arbuste très décoratif commence la saison en beauté, à la fonte des neiges, avec de gros chatons gris argenté, rehaussés de jaune or grâce aux nombreuses étamines.

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Comme sur des échasses

Après, les feuilles vert foncé luisant, duveteuses au revers, plus larges que celles de plusieurs saules, maintiennent l’intérêt durant l’été. Il n’y a pas de coloration automnale digne de mention, mais les tiges tombant en cascade sont attrayantes tout l’hiver. Comme cet arbuste peut retomber sur une bonne longueur, il est intéressant à acheter greffé sur une tige la plus haute possible; on en trouve, occasionnellement, de 3 m de hauteur. Il peut aussi être intéressant de cultiver la forme greffée sur tige sur un mur, dans une rocaille ou sur une autre élévation afin de permettre aux rameaux de « pleurer » encore plus. Sa culture est facile puisque tout sol un peu humide convient. Il demande le plein soleil ou presque. La taille consiste surtout à couper les rameaux qui courent sur le sol s’ils vous dérangent, et à enlever les branches mortes ou endommagées. Attention aussi aux gourmands et aux drageons qui émanent du porte-greffe. Il faut les éliminer avant qu’ils ne dominent le greffon moins vigoureux. Il peut souffrir de plusieurs maladies et insectes, mais rarement de problèmes sé­rieux. La multiplication des formes pleureuses est peu possible… à moins de bou­ tu­rer ou marcotter une tige (très facile à faire) et de la faire monter sur un tuteur, tel qu’ex­pliqué dans Un arbuste pleureur sur sa propre tige. Il est, par contre, fa­ci­le de bouturer ou de marcotter une tige de ce saule et d’en faire un arbuste couvre-sol.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Salix caprea ‘Kilmarnock’, syn. S. caprea pendula : il existe plusieurs formes prostrées ou pleureuses de ce saule, dont ‘Kilmarnock’ est la plus populaire à cause de ses gros chatons couverts d’étamines dorées. 1,5 à 3 m x 1 à 2 m (greffé). 30 cm x illimité (couvre-sol). Zone (greffé) : 5b (4b en site protégé). ❧ S. caprea ‘Curly Locks’ : comme le précédent, mais à tiges tortueuses. Mâle, aux gros chatons gris doré. 1,5 à 3 m x 1 à 2 m (greffé). Zone (greffé) : 5b (4b en site protégé). ❧ S. caprea ‘Weeping Sally’ : comme ‘Kilmarnock’, mais à chatons femelles moins attrayants. 1,5 à 3 m x 1 à 2 m (greffé). 30 cm x illimité (couvre-sol). Zone (greffé) : 5b (4b en site protégé).

AUTRES SAULES PLEUREURS : Les espèces suivantes sont décrites dans d’autres chapitres comme saules à port rampant. Tous mesurent environ 1,5 à 2 m x 1 à 1,5 m lorsque greffés sur tige. La zone est indiquée suivant leur comportement greffé sur tige. Ils sont tous plus rustiques lorsque cultivés comme couvre-sol. ❧ Salix x cottetii (saule de Banker, anglais : Banker’s Willow) : feuilles luisan­ tes. Chatons argentés. Port complètement retombant. Zone (greffé) : 5 (4 en site protégé). ❧ S. purpurea ‘Pendula’ (osier pourpre pleureur, anglais : Weeping Purple Osier Willow) : tiges arquées, pourprées, formant un parasol. Fines feuilles bleu gris. Zone (greffé) : 3b (2b en site protégé). ❧ S. repens (saule rampant, anglais : Creeping Willow) : feuilles gris vert. Port arqué. Zone (greffé) : 4 (3 en site protégé). ❧ S. repens ‘Boyd’s Pendulous’, syn. S. repens pendula : feuillage gris vert. Ra­meaux tombant en cascade. Zone (greffé) : 4a (3a en site protégé). ❧ S. x ‘Silver Falls’ : feuilles argentées. Chatons jaunes. Zone (greffé) : 4a (3a en site protégé). AUTRES SAULES SUR TIGE : Les saules arbustifs au port moins pleureur sont très souvent greffés sur tige. Vous trouverez leurs descriptions dans plusieurs chapitres de ce livre.

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TROPICAUX ÉGARÉS !

Q

uel jardinier nordique ne rêve pas de pourvoir cultiver, en pleine terre dans sa propre cour, des orangers, des bananiers, des palmiers, etc. ? Étant réalistes, nous savons que ce n’est guère possible, sans des efforts mons­trueux. Chose certaine, ces plantes devraient rester dans le domaine du rêve. Mais il n’y a pas que des orangers, des bananiers et des palmiers qui tentent un horticulteur passionné. Il y a une foule de plantes que l’on dit habituellement impossibles à cultiver ici à cause de notre climat… mais que, dans certains cas, sous certaines conditions, nous pouvons réussir au-delà de nos plus folles espérances. C’est le cas des arbustes présentés dans ce chapitre! Je peux vous assurer d’une chose : malgré le titre, car j’ai peut-être exagéré un peu en appelant ces végétaux des « tropicaux », la culture de toutes les plantes décrites ici est possible au Québec, si vous réunissez les conditions nécessaires. Ce sont normalement des plantes des zones 5b, parfois 6a… mais à peine. Dans un lieu exposé de la zone 5b, par exemple, elles sont toutes sujettes à disparaître, tôt ou tard. Par contre, dans un lieu protégé, on peut aussi cultiver toutes ces plantes en zone 4, parfois même dans les zones 3 ou 2. Leur culture est même possible sans aucune protection, autre que celle que leur fournit Dame Nature, bien sûr. Rappelez-vous que le titre de ce livre commence avec « Le jardinier paresseux », un personnage qui bannit officiellement tout effort de protection artificielle. N’ALLEZ PAS PLUS LOIN : D’accord, j’admets une légère protection le pour amateurs avertis seulement ! premier hiver, un genre de cage formée de La lecture du reste de ce chapitre tuteurs et entourée de jute ou de géo­ est strictement défendue aux jardiniers textile, comme pour les rhododendrons du dimanche, aux novices et à tous ceux (page 461), juste pour leur donner une qui font une dépression lorsqu’ils perdent chance, et même la permission de recom­ une plante. Seuls les maniaques des mencer pour un deuxième hiver si la plante plantes ont la permission demeure faible, mais après, nada, nothing, de l’auteur pour nichts. Il ne faut pas oublier le but même de votre continuer ! expéri­mentation devrait être d’acclimater des plantes à vos conditions et non de modifier vos conditions pour plaire aux plantes. Personnellement, je n’utilise aucune protection artificielle sur quelque arbuste que ce soit : c’est ma religion ! DES ARBUSTES A.R.C.P. Vous découvrirez très rapidement que plusieurs des arbustes décrits dans ce chapitre sont bel et bien des plantes ligneuses dans leurs pays d’origine, mais qui

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Des

Tropicaux égarés !

se comportent davantage comme des vivaces chez nous, car elles meurent jusqu’à leur base tous les hivers. Le meilleur traitement à donner à ces arbustes consiste donc… à les rabattre, à 8 à 10 cm du sol, à la fonte des neiges. C’est ce qu’on appelle en horticulture des « arbustes à recéper ». Vous trouverez davantage d’explications sur cette technique dans Rabattage des arbustes à recéper, à la page 116. J’ose me permettre de présenter une théorie personnelle : très souvent des plantes peu ou à peine rustiques finissent par s’acclimater au froid. C’est un phénomène que l’on observe fréquemment. Un arbuste en arrache pendant les deux, trois ou quatre premiers hivers… puis, subitement, ne gèle plus et se comporte comme s’il était né pour supporter de telles conditions. Et souvent, on peut par la suite multiplier le « survivant » et le distribuer à des amis et des horticulteurs qui les réussissent à leur tour. La première chose que vous savez, vous avez introduit un nouveau cultivar qui fait le tour du monde… du moins, du monde nordique ! contenants pour les plus frileux ?

Si vous perdez encore et toujours certains arbustes décrits dans ce chapitre, mais les aimez tellement que vous voulez continuer de les essayer, pourquoi ne pas les cultiver en contenant ? C’est peu faisable avec les très gros arbustes, comme l’arbre aux cloches d’argent (Halesia), mais beaucoup d’autres se main­tien­nent facilement en contenant : buddleias, érables du Japon, pieris, etc. Il suffit de rentrer le bac pour l’hiver dans un endroit froid, mais où la température se maintient à peu près ou au-dessus du point de congélation : garage légèrement chauffé, chambre froide, etc. N’ou­bliez pas de les arroser à l’occasion : après tout, ils sont en dormance, mais pas morts !

Mais assez de théorie, passons à l’attaque… et bonne chance !

Abélia à grandes fleurs Arbre aux cloches d’argent Arbre aux papillons Arbre de neige Arbre pompadour Baguenaudier Callicarpe pourpre Caryoptère hybride Corylopse à épis Enkianthe en cloche Érable du Japon

Exochorda hybride Hamamélis printanier Houx bleu Hydrangée à feuilles de chêne Kalmia des montagnes Laurier benzoin Leucothoë retombant Lilas à feuilles en dentelle Magnolia de Soulange Pieris des montagnes

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Abélia à grandes fleurs

Abelia x grandiflora

C

et arbuste est réellement à la limite de sa rusticité au Québec. Il gèle d’ailleurs au sol tous les ans. Fort heureusement, il fleurit sur le bois de l’année : en le rabattant au sol tôt au printemps, il parvient à bien fleurir l’été. La floraison est abondante et durable : presque tout l’été. Boutons roses, fleurs blanc rosé, légèrement parfu­ mées. Beau feuillage luisant. Il y a plusieurs cultivars, mais aucun ne semblant plus rus­ ti­ que, je ne les mentionne pas ici.

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Abélia

à grandes fleurs

Abelia x grandiflora Noms anglais : Glossy Abelia. Hauteur à maturité : 80 cm x 1,2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire étalé. Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide, plutôt acide. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : faible. Intérêts : floraison estivale. Feuillage attrayant. Feuillage : semi-persistant. Problèmes : sujet au gel hivernal dans les endroits exposés. Blanc, pucerons, taches foliaires. Taille : rabattage au sol tous les printemps. Multiplication : boutures herbacées et ligneuses de racine, semences fraîches. Utilisation : bordure, couvre-sol, en isolé, massif, muret, plate-bande, rocaille, sous-bois, attire les papillons et les colibris, fleur parfumée. Zone de rusticité (survie des rameaux) : 6b. Zone de rusticité (repousse de la base) : 5b (moins sous couche de neige).

Arbre aux cloches d’argent Arbre aux d’argent

cloches

Noms anglais : Carolina Silverbell. Dimensions à maturité : 4 m x 6 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire. Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide, acide à légèrement acide. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : faible. Intérêts : floraison printanière. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Sujet au gel des tiges dans les endroits exposés. Taille : peu nécessaire. Supprimer les dommages hivernaux au printemps. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées ou ligneuses, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, en isolé, pentes, plate-bande, sous-bois, attire les papillons. Zone de rusticité (survie des rameaux) : 4b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 5b (4b en site protégé).

Photos : Robert Mineau, Jardin botanique de Montréal.

Halesia carolina

Halesia carolina

C

e grand arbuste, parfois un petit arbre, in­ digène dans les sous-bois de l’est de l’Amérique du Nord, juste un peu au sud du Québec, est passablement rustique … mais ses bou­tons floraux le sont moins. Plantez-le toujours bien à l’abri, car ses fleurs prin­ ta­nières en forme de cloche, blan­ches ou parfois rosées, sus­pendues le long des ra­meaux, sont son attrait principal ! Selon l’emplacement, il peut demander un peu de taille pour réparer les dégâts hivernaux, mais il succombe rarement et repousse de la base, s’il le faut. Les fruits à 4 ailes sont intéressants… mais rarement produits sous notre climat. Feuilles simples, vert foncé, jaunes à l’automne. Cet arbuste est parfois identifié par le synonyme H. tetraptera. ❧ H. diptera porte des fruits à 2 ailes au lieu de 4, mais est autrement identique. Serait-il plus rustique ? H. monticola aussi est similaire à H. carolina, mais c’est véritablement un arbre… qui ne semble pas plus rustique ! Plusieurs autorités considèrent cette dernière plante comme une sous-espèce, soit H. carolina monticola.

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Arbre aux papillons

Buddleia fallowiana x davidii ‘Lochinch’

À

voir le nombre incroyable Arbre aux papillons de cultivars d’arbres aux papillons ou buddleias (Buddleia Buddleia davidii davidii) disponibles sur le mar­ Noms anglais : Butterfly-Bush, Summer Lilac. ché québécois, on croirait que Dimensions à maturité : 1 à 2 m x 1,5 à 2,5 m. c’est l’un des arbustes les plus Emplacement : soleil. adaptés à nos conditions. La Port : évasé. réa­lité est tout autre, car c’est un Sol : tout sol riche ou pauvre, bien drainé, légèrement arbuste très frileux, gelant au sol acide à alcalin. Résistance au sel et au compactage. partout au Québec, mais pou­ Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. vant se régénérer rapi­ dement Intérêt : floraison estivale. et même fleurir abondamment Feuillage : caduc. l’été même. On le traite donc Problèmes : sujet au gel des tiges. comme arbuste à recéper que Taille : rabattage au sol à tous les printemps. l’on rabat à 10 cm du sol au Multiplication : boutures herbacées et ligneuses. printemps … et l’on se croise Semences (espèces seulement). les doigts ! Utilisation : bord de mer, bordure, en isolé, massif, pentes, plate-bande, rocaille, fleur coupée, fleur parfu­ L’arbre aux papillons, mée, attire les papillons et les colibris, plante mellifère. buddleia pour les intimes, est un Zone de rusticité (survie des rameaux) : 7a. très joli arbuste qu’il vaut la pei­ Zone de rusticité (repousse de la base) : 5b (moins ne d’apprivoiser. Ses rameaux sous couche de neige). érigés et étalants partent tar­ divement au printemps, mais rattrapent vite le temps perdu. Ils portent de longues feuilles lancéolées, vert moyen, au revers duveteux et blanchâtre. À l’extrémité des branches apparaissent de

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VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Buddleia davidii, syn. Buddleja davidii (buddleia de David, arbre aux papillons) : l’espèce, aux fleurs lilas pâle, n’est presque jamais cultivée, mais que de variétés horticoles ! En voici seulement quelques-unes, toutes d’environ 1 à 2 m x 1,5 à 2,5 m, sauf mention contraire. ❧ B. davidii ‘Black Knight’ : violet très foncé, presque noir. Serait légèrement plus rustique que la moyenne. ❧ B. davidii ‘Burgundy’ : fleurs rouge magenta. Ressemble beaucoup à ‘Royal Red’. ❧ B. davidii ‘Charming’ : grosses panicules rose foncé. ❧ B. davidii ‘Dartmoor’ : différent des autres par ses branches latérales et ses panicules ramifiées. Fleurs mauve pourpre. ❧ B. davidii ‘Empire Blue’ : bleu lavande à œil orange. Feuilles gris vert. ❧ B. davidii ‘Fascination’, syn. ‘Fascinating’ : larges panicules rose lilas vif. Croissance vigoureuse. ❧ B. davidii ‘Harlequin’ : surtout cultivé pour son feuillage panaché, marbré de crème. Fleurs rouge pourpré. ❧ B. davidii ‘Île de France’ : violet foncé à œil orange. Feuillage bleu vert. Croissance vigoureuse. ❧ B. davidii ‘’Mongo’ Nanho Blue™, syn. Petite Indigo™ : fleurs bleu mauve. Feuilles étroites. Relativement nain, atteignant 90 à 150 cm. ❧ B. davidii ‘Monum’ Nanho Purple™, syn. Petite Plum™ : rouge pourpre. Feuilles étroites. 80 à 120 cm. ❧ B. davidii ‘Nanho Alba’, syn. ‘Nanho White’ : blanc. Feuilles étroites, bleu vert. Assez compact : 90 à 150 cm. ❧ B. davidii ‘Orchid Beauty’ : mauve. Croissance très vigoureuse : atteint facilement 2,2 m de hauteur.

Tropicaux égarés !

longues panicules étroites portant des centaines de petites fleurs, dans une vaste gamme de couleurs : blanc, rose, rouge, pourpre, etc., souvent avec un œil orangé. Les petites fleurs en trompette dégagent un parfum intense qui attire les papillons et les abeilles, alors que les colibris adorent leurs couleurs : que de mouvement dans le jardin ! La floraison est très durable, souvent de juillet jusqu’en septembre, parfois même en octobre. La culture est moins facile à saisir, car même rabattu au sol presque comme une vivace, et bien couvert de paillis et d’une épaisse couche de neige l’hiver, la vie du buddleia tend à être assez courte sous notre climat. Deux ans, trois ans, parfois un peu plus. Pour les conserver de nombreuses années, il faut comprendre que si cet arbuste s’adapte à presque tous les sols à court terme, il est en fait d’origine semi-désertique. Pour vivre longtemps, il préfère un sol parfaitement drainé, ce qui est surtout important l’hiver, car dans la région de la Chine où il est indigène, l’été est la saison humide et l’hiver la saison sèche. Notre humidité hivernale peut lui être fatale. Le plein soleil lui est nécessaire et, étant donné notre situation à la limite de ses possibilités, il lui faut aussi bien sûr un endroit abrité des vents où la neige s’accumule. Comme paillis, utilisez des produits légers qui ne demeurent pas hu­mides, telles des branches de conifères, de la paille, etc. Nos habituels paillis d’écor­ce, de feuilles mortes, de cacao, etc. retiennent trop d’humidité et peuvent le tuer. Enfin, une petite suggestion pour faciliter sa culture : pourquoi ne pas acheter des buddleias au printemps et les considérer comme des annuelles ? S’ils meu­rent, vous n’êtes pas déçu, mais s’ils passent l’hiver, vous êtes content !

537

Tropicaux égarés !

❧ B. davidii ‘Peace’ : grosses fleurs blanches à œil orange. Port arqué. L’un des meilleurs buddleias à fleurs blanches. ❧ B. davidii ‘Pink Delight’ : rose pur. Grosses panicules. Feuilles gris vert. Port relativement compact : 1,5 m x 1,5 m. ❧ B. davidii ‘Pink Buddleia davidii ‘Orchid Beauty’ Perfection’ : fleurs roses. Longue saison de floraison. ❧ B. davidii ‘Royal Red’ : classique aux fleurs rouge pourpré riche. Très vigoureux. ❧ B. davidii ‘Santana’ : rouge magenta. Feuillage marbré de jaune. ❧ B. davidii ‘Summer Beauty’ : grosses panicules rose fuchsia. Feuilles gris vert. ❧ B. davidii ‘White Ball’ : fleurs blanches. Port arrondi nain. 1,2 x 1,2 m. ❧ B. davidii ‘White Bouquet’ : grosses panicules blanches, à gorge jaune orangé. Feuilles gris vert. ❧ B. davidii ‘White Profusion’ : fleurs blanches à œil jaune. AUTRES ESPÈCES : ❧ B. alternifolia (buddleia à feuilles alternes, anglais : Alternate-leaf Butterfly Bush) : évidemment, à feuilles alternes, tous les autres buddleias ayant des feuilles opposées. Rameaux nettement retombants rappelant un petit saule pleureur. Feuilles gris vert. Longues panicules de fleurs bleu lavande très tôt, en juin, bien avant les autres. Nettement plus rustique que les autres car ses branches survivent bien à l’hiver dans mon jardin, mais… cette espèce fleurit sur le bois de l’année précédente. Si les boutons floraux gèlent, adieu la floraison ! Il faut donc le tailler après la floraison… en espérant que les boutons passent l’hiver. 1,5 à 2 m x 1,5 à 2m. Zone 4b (survie des branches). Zone 5b ou 6a (boutons floraux). ❧ B. alternifolia ‘Argentea’ : comme le précédent, mais à feuilles argentées. Serait aussi un peu plus rustique. Zone 4b (survie des branches). Zone 5b : (boutons floraux). ❧ B. fallowiana x davidii ‘Lochinch’ : comme B. davidii, mais à feuillage très argenté. Fleurs bleu lavande à œil orange. 1 à 2 m x 1,5 à 2,5 m. 5b (4b en site protégé). ❧ B. x wyeriana ‘Honeycomb’ : espèce hybride (B. globosa x B. davidii) ressemblant à B. davidii par son port et son feuillage, mais aux fleurs jaune franc. Différent… mais moins rustique ! 1 à 2 m x 1,5 à 2,5 m. 6b (5b en site protégé). ❧ B. x wyeriana ‘Sun Gold’ : comme le précédent, sauf que ses fleurs sont re­grou­pées en petites boules le long des panicules. Encore plus différent ! Moins florifère que ‘Honeycomb’. 1 à 2 m x 1,5 à 2,5 m. 6b (5b en site protégé).

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Photo médaillon : Jean-Pierre Bellemarre, Jardin botanique de Montréal.

Arbre de neige

Arbre

Chionanthus virginicus

de neige

É

blouissante ! C’est l’adjectif qui convient le plus à la floraison de ce grand arbuste à Noms anglais : White Fringetree. port érigé et arrondi. Les fleurs Dimensions à maturité : 2 à 5 m x 2 à 5 m. blanches, légèrement parfu­mées, Emplacement : soleil ou ombre. s’épanouissant en pani­ cules en Port : érigé, globulaire, irrégulier. même temps que les feuilles, Sol : tout sol bien drainé et humide, acide à neutre. Tolère mal le sel et le compactage. se composent de 4 pétales de Disponibilité : faible. 3 cm de longueur et pendent Intérêts : floraison printanière. Fruits décoratifs. lâ­chement : tout l’arbuste semble Feuillage : caduc. couvert de plu­mes blanches qui Problèmes : sujet au gel des tiges dans les endroits se balan­cent au vent ! Les fruits exposés. pour­pres, pruineux, mûrissant en Taille : suppression des dommages hivernaux au sep­tembre, sont très at­trayants et printemps. Élagage des branches inférieures pour former attirent les oiseaux… mais il faut un « arbre ». des arbustes mâle et femelle pour Multiplication : greffage, semences vernalisées. les obtenir. Voilà qui pose pro­ Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, en isolé, blème, car cet arbuste est ha­bi­ haie plate-bande, rocaille, sous-bois, attire les oiseaux tuel­ lement produit par semis frugivores. puisqu’il serait presque impos­ Zone de rusticité : 5b (4b en site protégé). sible à bouturer, et l’on ignore donc son sexe au moment de l’achat ! Les feuilles simples, elliptiques ou oblongues, sortent très tard : rarement avant la fin de mai. Elles sont de vert moyen à vert foncé, jaune pâle à jaune doré à l’automne. S’adapte à presque toutes les conditions… mais préfère la mi-ombre (le plein soleil si on peut assurer une humidité suffisante en période de canicule) et un sol riche, meuble et au moins légèrement acide.

Chionanthus virginicus

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Arbre pompadour

Calycanthus floridulus

U

Arbre pompadour ne plante de collec­tion­neur ! La Calycanthus floridulus fleur marron pour­pré, rarement jaune, de 5 cm, aux péta­les nombreux Noms ang. : Carolina Allspice, Common Sweetbush. et rappelant une fleur de magnolia, Dimensions à maturité : 2 à 3 m x 2 à 3 m. est de couleur trop sombre pour Emplacement : soleil ou ombre. impressionner de loin. Les fleurs Port : arrondie, régulière. sen­tent les fruits tropicaux. Malheu­ Sol : tout sol bien drainé et humide, acide à légère­ ment alcalin. Tolère mal le sel et le compactage. reusement, l’intensité du parfum est Disponibilité : faible. très inégale chez les arbustes partis Intérêts : floraison printanière. Feuillage et ramure de semences, comme la plupart le odorante. sont. Achetez si possible un cultivar Feuillage : caduc. reconnu pour son parfum, comme Problèmes : peu fréquents. Sujet au gel des tiges ‘Michael Lindsey’ ou ‘Edith Wilder’, dans les endroits exposés. malheu­ reusement très rares sur le Taille : suppression des dommages hivernaux au marché. printemps. Multiplication : boutures semi-ligneuses, division, L’arbuste est de croissance très marcottage, semences vernalisées. éga­le, formant un beau dôme arrondi Utilisation : écran, fondation, en isolé, haie, massif, de feuilles elliptiques, vert foncé, plate-bande, sous-bois, fleur parfumée. jaunissant parfois avant de tomber. Zone de rusticité : 5b (jusqu’à 3b en site protégé). Tant les feuilles que les tiges répan­ dent leur arôme épicé lorsque frois­ sées, d’où les noms communs « piment de la Caroline » et « Carolina Allspice ». L’arbuste est indigène au sud-est des États-Unis, mais s’est révélé remarquablement rustique, du moins dans un emplacement abrité du vent. Je connais des spécimens splendides en zone 3b ! C. floridulus fertilis, syn. C. fertilis, serait plus solidement rustique que l’espèce… mais moins parfumée.

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Baguenaudier commun

Colutea arborescens

Baguenaudier

commun

C

et arbuste est nécessai­ rement un arbuste à recéper, à rabattre au sol tous les ans sous Noms anglais : Bladder Senna. notre climat. En fait, ses tiges ne Hauteur à maturité : 1,2 à 2 m x 1,2 à 2 m. résis­tent pas, même en zone 6. Il Emplacement : soleil. en résulte que sa taille est réduite Port : globulaire, irrégulier. par rapport aux 4 m qu’il atteint Sol : tout sol bien drainé, voire sec. Tolère les sols d’acides à alcalins. Résistance au sel et au compactage. dans son Europe natale, mais il Disponibilité : faible. a un port plus égal. Il est très à Intérêt : floraison estivale. Fruits gonflés à l’automne et l’aise dans les sols sablonneux à l’hiver. et secs, mais s’adapte en fait à Feuillage : caduc. tous les sols bien drainés. Le Problèmes : sujet à la brûlure hivernale. plein soleil est obligatoire, sinon Taille : rabattage au sol à tous les ans. la floraison et la fructification Multiplication : boutures semi-aoûtées, semences seront faibles ou absentes. Une vernalisées. bonne couche de nei­­ ge aussi Utilisation : arrière-plan, bord de mer, écran, fondation, est presque obli­ ga­ toire, ce qui en isolé, haie, pentes, plate-bande, attire les colibris. explique pour­quoi cet arbuste se Zone de rusticité (survie des rameaux) : 6b. comporte souvent mieux dans Zone de rusticité (repousse de la base) : 5b (moins les zones 3 et 4 où la couche de sous couche de neige). neige est plus fiable qu’en zone 5. Le baguenaudier est une Légu­ mineuse : ses fleurs, ses fruits et son feuillage rappellent nettement les pois. Les fleurs jaune pur, par bouquets de 6 à 8, commencent à s’épanouir dès juin et continuent pendant le reste de l’été. Aux fleurs succèdent des cosses curieusement enflées, vertes au début, puis rougeâtres et enfin brunes. Elles persistent tout l’hiver. Vos enfants découvriront rapidement qu’elles explosent lorsque pressées, un peu comme les capsules d’impatiente. Les feuilles pennées, vert tendre, ont de 9 à 13 folioles. Il n’y a pas de coloration automnale notable.

Colutea arborescens

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Callicarpe pourpre

Callicarpa dichotoma

A

Callicarpe

pourpre

utre arbuste qui meurt au Callicarpa dichotoma sol ou presque dans notre climat, mais qui fleurit sur le Noms anglais : Purple Beautyberry. bois de l’année. Le callicarpe Dimensions à maturité : 1 à 1,2 m x 1,2 à 1,5 m. pourpre se cultive surtout Emplacement : soleil ou mi-ombre. pour ses nombreuses petites Port : globulaire, aux branches arquées. Sol : tout sol bien drainé et légèrement humide, acide à baies qui recouvrent ses tiges neutre. Tolère mal le sel et le compactage. en septembre et persistent Disponibilité : faible. longtemps. Leur couleur surtout Intérêts : fruits automnaux. Floraison estivale. attire tous les regards : un beau Coloration automnale. violet lilas. Les baies sont déjà Feuillage : caduc. très apparentes lorsque la plante Problèmes : peu fréquents. Sujet au gel des tiges dans est en feuilles : imaginez l’effet les endroits exposés. Taches foliaires. lors­ q u’elles tombent ! Il n’en Taille : rabattage au sol à tous les ans. demeure pas moins que la plante Multiplication : boutures herbacées et semi-ligneuses, a une floraison intéressante. Les semences vernalisées. petites fleurs roses, portées en Utilisation : fondation, en isolé, haie, massif, platebande, fleur coupée, attire les oiseaux frugivores. petites cymes denses en juin ou Zone de rusticité (survie des rameaux) : 7a. juillet, sont aussi nombreuses Zone de rusticité (repousse de la base) : 5b (moins que les fruits. Le feuillage, enfin, sous couche de neige). est simple et elliptique, dentelé, vert moyen l’été, mais prend une jolie teinte jaune pourprée à l’automne. Sa culture n’est pas difficile, en autant que vous lui trouviez un coin abrité des vents hivernaux et, surtout, où la couverture de neige est fiable, ce qui permet sa culture jusqu’en zone 2b. Il préfère le plein soleil ou la mi-ombre et les sols riches, bien drainés et légèrement humides en tout temps, mais s’adapte à presque tout sol bien drainé. Callicarpa dichotoma, avec sa sous-espèce à fruits blancs, C. dichotoma albifructus, et un cultivar à fruits violets particulièrement dense, ‘Issai’, ce sont les callicarpes les plus rustiques. Les jardineries, par contre, nous offrent le plus souvent C. bodinieri giraldii ‘Profusion’, ayant plus ou moins les mêmes dimensions, mais cette espèce est nettement moins rustique et disparaît souvent, même en zone 5b. Sa zone de « survie » serait 6b.

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Caryoptère hybride

Caryopteris x clandonensis ‘Blue Mist’

Caryoptère

hybride Caryopteris x clandonensis Noms anglais : Bluebeard, Blue-Spirea. Dimensions à maturité : 60 à 80 cm x 60 à 80 cm. Emplacement : soleil. Port : globulaire. Sol : sol ordinaire à pauvre, bien drainé, au moins légèrement humide, acide à alcalin. Tolère mal le compactage. Légère résistance au sel. Disponibilité : faible. Intérêts : floraison estivale à automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Sujet au gel des tiges dans les endroits exposés. Taille : rabattage au sol à tous les ans. Multiplication : boutures herbacées. Utilisation : bordure, couvre-sol, en isolé, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, fleur parfumée. Zone de rusticité (survie des rameaux) : 7b. Zone de rusticité (repousse de la base) : 6b (4b ou moins sous couche de neige).

S

ous notre climat, il vaut mieux considérer le caryop­tè­re comme une vivace. En effet, tout meurt au sol l’hiver, jusqu’à la base et il repart à neuf, s’il re­part, de bour­ geons cachés sous le sol. On le cultive pour les pe­tits bouquets de fleurs tubulaires bleu violet aux éta­ mines sail­lan­tes qui se renou­vel­lent sans arrêt de la fin août jus­qu’aux gels. Ses nombreux rameaux qua­ dran­ gulaires portent des feuilles lan­­céo­lées, argentées, aroma­tiques, dé­ga­geant une sen­teur balsa­mi­que lorsque frois­sées. Très peu rus­tique, il est cer­ tain qu’un bon paillis et une excel­lente couche de neige sont né­ cessaires pour conserver cet ar­­ buste à recéper. Ou encore, cultivezle com­me une annuelle.

❧ Caryopteris x clandonensis ‘Blue Mist’ : fleurs bleu vif. ❧ C. x clandonensis ‘Dark Night’ : pourpre bleuté foncé. ❧ C. x clandonensis ‘First Choice’ : bleu cobalt. Floraison débutant hâtivement. ❧ C. x clandonensis ‘Inoveris’ Grand Bleu™ : floraison hâtive et particulièrement abondante. Fleurs bleu foncé. Feuilles vert foncé luisant. 75 cm x 75 cm. ❧ C. x clandonensis ‘Worcester Gold’ : surtout cultivé pour ses feuilles étroites et dentées, jaune chartreuse tout l’été. Fleurs bleu pâle. Superbe couvre-sol !

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Corylopse à épis

Corylopsis spicata ‘Golden Spring’

Corylopse à épis e principal charme de cet Corylopsis spicata ar­ buste aux branches tor­ tueu­ses et flexibles réside dans Noms anglais : Spike Winterhazel. ses multiples épis retombants de Dimensions à maturité : 1,8 m x 2 m. fleurs jaunes très parfumées qu’il Emplacement : soleil ou mi-ombre. présente très tôt au printemps Port : évasé et arrondi. lorsque presque rien d’autre Sol : sol riche, meuble, bien drainé et au moins un peu n’est en fleurs. Appelé aussi acide. Tolère mal le sel et le compactage. faux-noisetier, il ressemble effec­ Disponibilité : faible. tive­ment à un noisetier ou encore Intérêts : floraison printanière. Beau feuillage texturé. à un hamamélis, et c’est d’ail­ Feuillage : caduc. leurs un proche parent des deux Problèmes : sujet au gel des tiges dans les endroits exposés. plan­ tes. Les feuilles, qui appa­ Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise. rais­sent après la floraison, sont Multiplication : boutures herbacées, marcottage, attrayan­ tes en soit : dentées, à semences vernalisées. nervures sail­lantes, pourprées au Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, début, puis vert lime. Les fruits massif, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, fleur n’ont pas d’at­ trait. C. spicata coupée, fleur parfumée. a don­né une très jolie forme à Zone de rusticité (survie des rameaux) : 5a. feuilles dorée que j’ai vue en Zone de rusticité (boutons floraux) : 6a. Angleterre : ‘Golden Spring’. Malheureusement, ses bou­ tons floraux gèlent souvent l’hiver… et peuvent aussi geler au printemps lors d’une vague de froid imprévue alors qu’il est en fleurs. Même au Jardin botanique de Montréal, il tend à fleurir seulement sur sa moitié inférieure. Un emplacement protégé est donc obligatoire. Il se plaît dans un sol riche et meuble, au moins légèrement acide, jamais détrempé ou complètement sec. Un autre corylopse pour les collectionneurs est le corylopse glabre (C. glabrescens), aux épis floraux jaune pâle aussi parfumés, mais un peu plus tardifs. Feuilles vert foncé, bleutées au revers, devenant jaunes à l’automne. Il a environ les mêmes dimensions, mais est encore moins rustique : zone 6b (5b en site protégé).

L

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Photo : Robert Mineau, Jardin botanique de Montréal.

Enkianthe en cloche

Enkianthus campanulatus ‘Red Bells’

Enkianthe

en cloche

S

i votre sol est acide et toujours un peu humide, cet arbuste de la famille des Ériacées peut être Noms anglais : Redvein Enkianthus. très intéressant chez vous. C’est Dimensions à maturité : 1,2 à 2 m x 1,2 à 2 m. un assez grand arbuste (jusqu’à 7 Emplacement : soleil ou mi-ombre. m sous un climat plus doux) aux Port : érigé étroit. feuilles ovales poin­tues, finement Sol : riche en matière organique, bien drainé, humide, den­ tées, vert foncé devenant très acide à légèrement acide. Tolère mal le sel et le jaunes, orange ou rou­ges à l’au­ compactage. tomne. Tiges rou­geâtres. Clo­chet­ Disponibilité : faible. tes re­tom­bantes, crème ou jau­nes, Intérêts : floraison printanière. Coloration automnale. striées de rouge, rappe­ lant les Feuillage : caduc. fleurs de bruyère, mais en plus Problèmes : sujet au gel des tiges dans les endroits gros. Tolère le plein soleil si l’on exposés. peut garantir une humidité égale Taille : suppression des dommages hivernaux au et une bonne protection hiver­ printemps. Taille pour contrôler l’étalement. nale. Autrement, cet arbuste con­ Multiplication : boutures herbacées, division, vient mieux dans un sous-bois marcottage, semences (espèce seulement). ouvert et à l’orée d’un boisé, où il Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, sera protégé contre les méfaits de haie, massif, plate-bande, sous-bois. l’hiver. Com­me il sem­ble ga­gner Zone de rusticité (survie des rameaux) : 4a. de la rusticité en mû­ ris­­ sant, la Zone de rusticité (boutons floraux) : 5b. protection des jeunes plants est donc une priorité. ❧ Enkianthus campanulatus ‘Red Bells’ : le cultivar habituel. Fleurs plus rouges que l’espèce, mais autrement identiques. Feuilles rouges à l’automne. ❧ E. campanulatus ‘Variegatus’ : comme l’espèce mais au feuillage panaché de blanc crème.

Enkianthus campanulatus

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Érable du Japon

Acer palmatum dissectum ‘Inaba-shidare’

J

e vous ai accroché avec la ma­gnifique photo, n’est-ce pas ? C’est toujours comme ça avec l’éra­­ble japonais : un coup de fou­ dre garanti ! Ce petit érable est officiel­ lement un arbre de 4,5 à 7,5 m de hauteur, mais soyons réalistes, il ne sera jamais autre chose qu’un arbuste chez nous. Même en zone 6, où il est théoriquement rus­ tique, il n’atteint pas plus de 3 m, alors que 1,5 m est quasiment le ma­ximum ailleurs au Québec. Plan­ tez cet arbuste à l’abri du vent, dans un sol riche et hu­mide mais bien drainé. Il aime le plein so­leil… mais brûle tel­lement dans les emplace­ments exposés au soleil hivernal qu’il est préférable de lui donner un site mi-ombragé sous notre climat. C’est surpre­ nant comme cet arbuste, en théorie si frileux, peut bien pous­ ser dans le Nord sous une couverture de neige. On en trouve souvent de

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Érable

du Japon

Acer palmatum Noms anglais : Japanese Maple. Dimensions à maturité : 90 cm à 1,5 m x 1 à 3 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire ou semi-pleureur, irrégulier. Sol : riche en matière organique, bien drainé, au moins légèrement humide, acide à légèrement acide. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : excellente à faible. Intérêts : beau port. Feuillage attrayant, souvent coloré. Floraison printanière. Samares colorées. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : sujet au gel des tiges dans les endroits exposés. Autrement, peu de problèmes. Taille : suppression des dommages hivernaux au printemps. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées, greffage, semences fraîches ou vernalisées. Utilisation : arrière-plan, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, attire les oiseaux granivores. Zone de rusticité : 6a (5a ou moins en site protégé).

Tropicaux égarés !

superbes spécimens même en zone 3b, devenus presque rampants parce que leurs extrémités gèlent réguliè­rement, mais néanmoins magnifiques. Il va sans dire que cet arbuste va demander une certaine taille au printemps. Selon la sévérité du froid hivernal, il peut parfois exiger un rabattage presque jusqu’au sol… mais revient généralement s’il était déjà bien établi. Une protection de jute ou de géotextile est recommandée pour les deux premiers hivers. La forme originale, essentiellement jamais vue en culture, portait des feuilles avec 5 à 7 lobes, vert moyen en été et rouges, orange ou jaunes à l’automne. En culture, vous trouverez de tout : feuilles vertes, rouges ou panachées, larges ou étroites, presque rondes à finement découpées, etc. La coloration automnale aussi couvre toute la gamme des possibilités. Son port est également variable : la plupart ont une silhouette plutôt arrondie, mais il y a des cultivars érigés, semi-pleureurs, couvre-sol, etc. Les petites fleurs printanières rouges sont intéressantes, mais sur­ tout visibles sur les cultivars à feuillage vert. Les samares ailées, produites à l’au­ tom­ne, sont attrayantes aussi, surtout lorsqu’elles sont marquées de rouge et que le feuillage est vert. Les variétés à feuilles rouges ont des samares de cette couleur. Malheureusement, les érables du Japon sont souvent vendus greffés. Ce n’est pas un problème pour le jardinier de climat doux, mais quel malheur pour le jardinier nordique, car les plants greffés étant plus fragiles au gel, surtout pendant les premiers 5 à 7 ans, il perd alors environ une zone de rusticité alors que l’on n’en a déjà aucune à perdre ! Pourtant, le bouturage est pos­si­ble : in­sis­tez pour obtenir des érables japonais bouturés. Encore aujourd’hui, certains producteurs sèment ses graines et vendent les cultivars sans nom, ou sous des noms presque génériques comme ‘Atropur­pu­reum’, si les feuilles sont rouges, ‘Dissectum’ si les feuilles sont très découpées, etc., car les semences donnent souvent un peu de tout. Les semis ont le défaut de donner des plants très variables, droits, arrondis, semi-pleureurs ou couvre-sol, avec une coloration automnale aussi variable, mais au moins ils sont francs de racine et plus susceptibles de résister à nos hivers que les arbustes greffés ! Enfin, à défaut de réussir avec l’érable japonais en pleine terre, sachez qu’il se comporte très bien en contenant, en autant qu’il est correctement abrité l’hiver. D’ailleurs, on en fait de magnifiques bonsaïs d’extérieur, souvent conservés en cou­ che chaude l’hiver.

VARIÉTÉS : Note : À moins d’indication contraire, les cultivars décrits atteindront sous notre climat environ 90 cm à 1,5 m x 1 à 3 m. Leur cote zonière sans protection parti­cu­liè­re est de 6a. ❧ Acer palmatum (érable du Japon) : la forme d’origine, à feuilles larges et vertes est peu cultivée. ❧ A. p. atropurpureum, syn. A. p. ‘Atropurpureum’ : nom donné à tout cultivar à feuilles larges et rouges. Certains plants sont très rouges au printemps, mais verdissent l’été, rougissant de nouveau à l’automne. Mieux vaut choisir un cultivar reconnu si vous recherchez un érable japonais bien rouge. Généralement plus rustique que la moyenne : zone 5b. ❧ A. p. ‘Beni-Schichihenge’ : feuilles à 5 à 7 lobes profonds, bleu vert, fortement panachées de blanc et de rose. Capricieux : pour les collectionneurs avertis seulement ! ❧ A. p. ‘Bloodgood’ : un Atropurpureum aux feuilles rouge pourpré soutenu. Excellente coloration automnale rouge vif. Bonne disponibilité. L’un des plus rustiques. Zone 5a. ❧ A. p. ‘Burgundy Lace’ : un Dissectum Atropurpureum à feuilles rouge pourpré finement découpées, plutôt rouge verdâtre l’été.

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Tropicaux égarés !

❧ A. p. ‘Butterfly’ : variété panachée à feuilles panachées vert et rose au printemps, vert gris et crème l’été. Rouge rosé l’automne. Port plutôt dressé. ❧ A. p. dissectum, syn. ‘Dissectum’ : nom donné à tout plant à feuilles vertes finement découpées obtenu par semis. En général, ce trait donne aussi un port arqué, aux branches parfois retombantes. Tous les autres caractères (coloris automnal, rusticité, etc.) sont variables. ❧ A. p. dissectum atropurpureum, syn. ‘Dissectum Atropurpureum’ : lors­qu’un semis est à la fois à feuilles laciniées (fortement découpées) et rouges, on le place ici. Comme tous les Dissectum, les plants sont généra­lement à port arqué et pleureur. Il n’y a aucune garantie sur ses autres traits. ❧ A. p. dissectum ‘Crimson Queen’ : un Dissectum Atropurpureum populaire à feuillage lacinié, rouge pourpré, gardant bien sa coloration estivale. Port arqué, retombant. Assez rustique (zone 5b). ❧ A. p. dissectum ‘Filigree’ : un Dissectum à feuilles laciniées, jaune verdâtre, tachetées de points crème et jaunes. Port arqué, retombant. ❧ A. p. dissectum ‘Garnet’ : un Dissectum Atropurpureum assez disponible. Feuillage rouge pourpré, verdissant un peu à l’ombre. Feuilles moins laciniées que la plupart des Dissectum Atropurpureum. ❧ A. p. dissectum ‘Inabe Shidare’, syn. ‘Red Select’ : un Dissectum Atropurpureum à feuilles extrêmement laciniées, rouge pourpre, mais à croissance plus érigée. Bonne rusticité. Zone 5a. ❧ A. p. dissectum ‘Ornatum’ : l’un des tous premiers cultivars de Dissectum Atropurpureum. Feuillage rouge bronzé au printemps, vert rougeâtre à l’été, rouge vif à l’automne. ❧ A. p. heptalobum, syn. A. p. ‘Heptalobum : nom donné à tout semis à feuilles très larges et à 7 lobes se terminant en pointe fine, à feuillage vert ou pourpré. Variable. ❧ A. p. ‘Nuresagi’ : un Atropurpureum à feuilles rouge foncé, presque noires. D’après plusieurs experts, ce cultivar malheureusement rare serait le plus rustique de tous les érables japonais. Zone 4b. ❧ A. p. ‘Red Pygmy’ : un Dissectum Atropurpureum au feuillage très découpé et rouge foncé. Plutôt nain… mais cela ne paraîtra pas dans notre climat, où tous les érables japonais sont nanifiés par les dommages hivernaux. Bonne disponibilité.

AUTRES ESPÈCES : ❧ A. japonicum (érable du Japon, anglais : Full Moon Maple) : autre érable indigène du Japon. Très semblable à A. palmatum, mais à feuilles plus larges et généralement avec plus de lobes : 7 à 11 (A. palmatum porte 5 à 7 lobes). Notez aussi la différence entre les 2 noms communs : érable du Japon pour A. japonicum, érable japonais pour A. palmatum. Feuilles vert doux l’été, jaune et cramoisi l’automne. Sous notre climat, c’est un arbuste d’environ 1 à 1,5 m x 1 à 3 m, mais un arbre de 12 à 15 m dans son pays d’origine. Zone 6a (5a ou moins en site protégé). ❧ A. japonicum ‘Aconitifolium’ : chacun des 9 à 11 lobes est profondément redivisés en de multiples lobes secondaires. Très joli et très différent : fait toujours saliver les collectionneurs ! Vert tendre l’été, rouge cramoisi à l’au­ tomne. 1 à 1,5 m x 1 à 3 m. Zone 6a (5a ou moins en site protégé). ❧ A. shirasa­wanum ’Aureum’, syn. A. japonicum ‘Aureum’ : l’espèce est semblable à A. japonicum, mais naturellement arbustif et toujours à 11 lobes. Ce culti­var, est d’un beau jaune doux. Croît mieux à la mi-ombre. Sublime ! 1 à 1,5 m x 1 à 3 m. Zone 6a (5a ou moins en site protégé).

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Photo : Roméo Meloche, Jardin botanique de Montréal.

Exochorda hybride

Exochorda x macrantha ‘The Bride’

Exochorda

C

et arbuste est assez couramment offert au Québec. Malheureu­ sement les branches étant plus rustiques que les boutons flo­ raux, Noms anglais : Hybrid Pearlbush. souvent l’arbuste survit sans peine, Dimensions à maturité : 1,5 m x 1,5 m. mais ne fleurit pas. Port dressé aux Emplacement : soleil ou mi-ombre. longues branches arquées. Feuil­ Port : érigé, semi-pleureur. les ovales, à marges lisses, vert Sol : ordinaire à riche, bien drainé, humide mais non détrempé, acide à neutre. Tolère mal le sel et le foncé, sans coloration autom­ nale. compactage. Les boutons de fleurs sont regrou­ Disponibilité : bonne. pés en bouquets à l’extré­ mité des Intérêts : floraison printanière. Fruits persistants. tiges ; blancs, nacrés et arrondis, ils Feuillage : caduc. ressem­ blent à des perles, d’où le Problèmes : sujet au gel des tiges dans les endroits nom de « Pearlbush » . Les fleurs à exposés. 5 péta­les, blanc pur, s’épa­nouis­sent Taille : suppression des dommages hivernaux au juste avant ou pendant la feuillaison. printemps. Après la floraison, si requise, tailler pour Les fruits secs persis­tants ajoutent un favoriser une croissance plus dense. Suppression des peu d’intérêt l’hiver. branches de 4 à 5 ans. Taille de rajeunissement sur Il préfère les sols riches mais les vieux sujets. tolère tout sol bien drai­né, au soleil Multiplication : boutures herbacées ou ligneuses, pour une meil­ leure floraison ou à division, marcottage. la mi-ombre où il produit moins de Utilisation : écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, fleur séchée. fleurs, mais a plus de chances de Zone de rusticité (survie des rameaux) : 5a. passer l’hiver. Zone de rusticité (boutons floraux) : 6a. E. x macrantha ‘The Bride’ est la forme couramment offerte et l’une des plus rustiques. On trouve également E. racemosa (exochorda commun, anglais : Common Pearlbush), de rusticité égale en théorie, mais plus sujet au gel puisque plus haut (3 m x 3 m), et aussi E. giraldii wilsonii (exochorda de Wilson, anglais : Wilson’s Pearlbush), comme E. racemosa, mais à fleurs plus grosses. Enfin, il y a une nouveauté encore peu disponible, mais qui serait nettement plus rustique que les autres, E. serratifolia ‘Northern Pearls’, qui serait rustique en zone 4b sans protection ! Il atteint une taille de 1,5 à 2,5 m x 1 à 2 m.

hybride Exochorda x macrantha ‘The Bride’

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Hamamélis printanier

Hamamelis vernalis ‘Sandra’

N

ous avons déjà vu notre hamamélis indigène, l’ha­ ma­mélis de Virginie (Hama­melis virginiana), dans le chapitre Un feu de couleurs à l’automne, car c’est l’un des rares arbustes qui fleurit vraiment à la toute fin de l’automne. Tous les autres ha­mamélis sont à florai­son prin­ tanière. Ils fleurissent né­ ces­ sairement à nu, bien avant que tout autre arbuste soit en feuilles. Leurs fleurs suavement parfu­ mées sortent d’ailleurs si tôt qu’elles sont très souvent cou­ vertes de neige, ce qui ne sem­ble pas leur nuire et crée d’ail­leurs un effet féerique. À la place, les pétales ont la curieuse habitude de se protéger en s’enroulant en boule par temps froid. Le plus petit des hamamélis à floraison printanière est aussi le plus rustique : l’hamamélis du printemps (H. vernalis), du

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Hamamélis

printanier

Hamamelis vernalis Noms anglais : Vernal Witchhazel. Dimensions à maturité : 1,8 m x 1,8 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : évasé, devenant arrondi. Sol : tout sol ordinaire à riche, légèrement acide à neutre, au moins un peu humide. Tolère les sols détrempés. Peu résistant au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêts : floraison printanière. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Problèmes : sujet au gel des tiges dans les endroits exposés. Blanc, gales et taches foliaires, mais peu fréquents. Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise. Taille pour contrôler l’étalement. Élagage des branches inférieures pour former un « arbre ». Multiplication : boutures herbacées, division, semences vernalisées. Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, fondation, en isolé, haie, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois, fleur parfumée, fleur coupée. Zone de rusticité (survie des rameaux) : 4b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 5b.

Tropicaux égarés !

centre sud des États-Unis. Ses fleurs intensément parfumées sont les plus hâtives de toutes, sortant dès que la neige a disparu. Elles sont petites, jaunes, orange ou rouges, composées de longs pétales étroits et curieusement ondulés. Les feuilles simples, dentées, joliment texturées, sont vert moyen à vert foncé, souvent grisâtres en dessous, et prennent une jolie teinte dorée à l’automne, persistant longtemps sur l’arbuste avant de brunir…d’ailleurs trop longtemps, car l’un des désagréments que présente cet arbuste est le bon nombre de feuilles brunes qui persistent tout l’hiver, cachant en partie les fleurs printanières. Cela semble surtout vrai sur les jeunes plants. Heureusement que certains cultivars, tel ‘Sandra’, à fleurs jaunes, tendent davantage à perdre leurs feuilles à l’automne. C’est un arbuste drageon­nant, mais pas nécessairement envahissant du moins, facile à contrôler. Aucun cultivar n’est couramment disponible et même l’espèce est difficile à trouver. 1,8 m x 1,8 m. Zone 5b (5a en site protégé). La multiplication par semis ou par boutures étant difficile, on peut prélever et replanter des drageons. LES ESPÈCES « PENSEZ-Y BIEN » : Les espèces restantes sont toutes d’origine asiatique. Ce sont de grands arbustes ou de petits arbres aux feuilles vertes l’été, jaunes à l’automne et elles tombent à l’automne. Ainsi les fleurs printanières nombreuses, deux fois plus grosses que celles de H. vernalis, sont en pleine vue. Leur floraison n’est que légèrement plus tardive, survenant 2 ou 3 semaines après la fonte des neiges au lieu d’une semaine, et le spectacle dure presque 1 mois. Aucune n’est drageonnante et, comme elles se bouturent difficilement, les cultivars sont généralement gref­ fés sur un semis. Elles sont mal­ heureusement aussi moins rus­ tiques que H. vernalis et doi­vent être plantées dans un empla­ cement bien abrité. ❧ H. x intermedia (hamamélis hybride, anglais : hybrid Witchhazel) : résultat de croisements entre H. japonica et H. mollis, qui ont donné des dizaines d’hybrides de couleurs fort intéressantes, tels ‘Diane’, à fleurs rouges peu parfumées et Hamamelis x intermedia ‘Arnold Promise’ à pétales très froissées, presque crêpées, et ‘Arnold Promise’, à grosses fleurs jaunes bien parfumées et aussi froissées. 4,5 à 6 m x 4,5 à 6 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ H. japonica (hamamélis du Japon, anglais : Japanese Witchhazel) : port évasé ou étalé. Fleurs jaunes moins parfumées que l’hamamélis de Chine, mais joliment froissées. Feuilles colorées de jaune, de rouge et de pourpre à l’automne. 4,5 à 6 m x 4,5 à 6 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ H. mollis (hamamélis de Chine, anglais : Chinese Witchhazel) : le plus parfumé des hamamélis, à pétales plus droits que les autres. Fleurs jaunes, souvent au cœur rouge. 2 à 4,5 m x 2 à 4,5 m. Zone 6b (5b en site protégé).

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Houx bleus

Ilex x meserveae ‘Blue Princess’

N

Houx bleus ’est-ce pas qu’il est dif­ Ilex x meserveae ficile de croire que c’est une horticultrice amateur qui Noms anglais : Blue Holly. a développé ces houx magni­ Dimensions à maturité : 1 à 1,2 m x 1,5 à 2 m. fiques, à l’image même mais Emplacement : soleil ou mi-ombre. beaucoup plus rustiques que le Port : arrondi. « houx de Noël » européen (Ilex Sol : riche, frais, bien drainé et légèrement humide, au aquifolium) ? Pourtant, peu après moins un peu acide. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : bonne. la deuxième guerre mondiale, Intérêts : feuillage persistant. Fruits colorés. Madame F. Leighton Meserve Feuillage : persistant. (d’où le nom x meserveae), de St. Problèmes : sujet au gel des tiges dans les endroits James, New York, ne faisait que exposés. s’amuser dans sa cour arrière Taille : suppression des dommages hivernaux au printemps. lorsqu’elle a décidé de croiser Multiplication : boutures semi-ligneuses. deux houx de sa collection Utilisation : bordure, couvre-sol, écran, fondation, en de plantes rares, I. rugosa et isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, rocaille, I. aqui­folium. Les semis n’ont sous-bois, fleur coupée, attire les oiseaux frugivores. germé qu’après 3 ans d’attente Zone de rusticité (survie des feuilles) : 6a (jusqu’à 3b sous couche de neige). et ce n’est que 10 ans plus tard qu’elle a vu les premiers fruits. Cepen­dant, ses nouveaux houx ont fait sensation dès leur lancement en 1962, étant les premiers houx à feuillage persistant et piquant convenant aux climats froids. Elle les avait nommés « Blue Hollies », puisque leur feuillage est légèrement bleu, et la plupart des cultivars ont d’ailleurs le mot « Blue » dans leur nom. Mme Meserve, décédée en 1992, a consacré le reste de sa vie à l’hybridation des houx rustiques et

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Tropicaux égarés !

certaines de ses créations attendent encore leur lancement, car les houx sont très longs à tester et à multiplier. Les houx bleus sont des houx arbustifs, du moins sous notre climat, car ailleurs, ils deviennent de petits arbres de 5 m ou plus ! Leur port est relativement arrondi au début, puis, contraints à une hauteur moindre par le gel occasionnel des extrémités, ils s’élargissent, atteignant environ 2 m de diamètre après 15 à 20 ans. Espacez-les de 60 à 80 cm pour une couverture relativement rapide en haie ou comme couvre-sol. Ils portent des feuilles d’un vert foncé luisant, persistantes et piquantes tout autour de leur marge, devenant quelque peu pourpres l’hiver. Les petites fleurs blan­ches sont insignifiantes, mais lorsque les deux sexes sont présents, les femelles produisent de jolies baies rouges, parfois jaune orangé, qui persistent tout l’hiver et même jusqu’au début de l’été suivant. Alors que sans être toxiques, les fruits des houx décidus sont impropres à la consommation, les fruits des houx à feuillage persistant sont toxiques, du moins à forte dose. Heureusement que les feuilles piquantes découragent les petites mains de s’aventurer à travers les rameaux à la recherche des fruits colorés. Les oiseaux, par contre, s’y faufilent et les mangent impunément. Les houx s’adaptent à plusieurs conditions de culture différentes, mais sous notre climat, mieux vaut les cultiver dans un sol riche et légèrement humide, à la mi-ombre (au soleil il y a plus de danger de gel hivernal), dans un lieu naturellement abrité du vent où la neige s’accumule. Dans un tel emplacement, ils survivront sans peine en zone 3b avec toutefois un peu de taille printanière. Dans un site exposé, même en zone 5b, on ne peut s’attendre à de bons résultats qu’avec quelques cultivars spécialement rustiques, tels ‘Blue Girl’ et ‘Blue Princess’, ou mieux encore, avec ceux de la série China. Pour ne pas réduire leur rusticité, évitez de trop fertiliser les houx à feuilles persistantes, surtout avec un engrais riche en azote. Une vaporisation d’antitranspirant, tard à l’automne, est utile si la couverture neigeuse est incertaine… et comme tous les arbustes à feuilles larges persistantes, les houx bleus doivent être adéquatement arrosés jusqu’à ce que le sol soit gelé. Normalement, la taille de ces houx, en mai, se limite à la suppression des branches gelées. Il ne faut pas le faire trop tôt pour voir si ces branches bourgeonnent, car parfois, les feuilles noircissent et tombent à l’extrémité des rameaux, mais la croissance reprend lorsque les bourgeons dormants n’ont pas été atteints. Par contre, si votre arbuste est bien fourni, vous pouvez vous permettre de récolter quelques rameaux pour le temps des Fêtes.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Note : À maturité, tous les houx bleus atteignent environ 1 à 1,2 m x 1,5 à 2 m sous notre climat, et sont rustiques en zone 6a. ❧ Ilex x Berri Magic™ : une boîte à surprise : vous ne savez pas ce que vous obtenez en achetant ce « cultivar ». En effet, il s’agit de deux houx cultivés dans le même pot, l’un mâle et l’autre femelle, habituellement ‘Blue Boy’ et ‘Blue Girl’, mais parfois ‘China Boy’ et ‘China Girl’. ❧ I. x meserveae Blue Angel® : plant femelle. Fruits rouges. Le moins rustique des houx bleus : zone 6b. ❧ I. x meserveae ‘Blue Boy’ : plant mâle. L’une des premières introductions. ❧ I. x meserveae ‘Blue Girl’ : plant femelle aux fruits rouges. Introduit avec ‘Blue Boy’. Très solide et très rustique. Réussit souvent en zone 5b sans protection. ❧ I. x meserveae ‘Blue Prince’ (Blue Prince®) : feuilles dense et foncé. Le plus rustique des houx mâles bleus. Réussit parfois en zone 5b sans protection. ❧ I. x meserveae ‘Blue Princess’ (Blue Princess®) : produit plus de fruits que ‘Blue Girl’ et est aussi rustique. ❧ I. x meserveae ‘Gretchen’ : plant femelle à fruits rouges. Feuillage bordé d’une marge jaune crème. Saisissant ! 553

Tropicaux égarés !

❧ I. x meserveae ‘Honey Maid’ : plant femelle à fruits rouges. Une mutation pana­chée de ‘Mesad’ : vert ourlé de jaune crème, comme ‘Gretchen’, mais d’un vert plus foncé. ❧ I. x meserveae ‘Mesad’ Blue Maid® : plant femelle à croissance rapide. Assez nouveau. Même rusticité que ‘Blue Girl’. ❧ I. x meserveae ‘Mesan’ Blue Stallion® : plant mâle très prolifique en pollen. Aussi rustique que ‘Blue Prince’. ❧ I. x ‘Mesgolg’ (Golden Girl®) : feuilles et port comme les autres houx bleus, mais à fruits jaune doré. Une mutation de ‘Blue Girl’.

SÉRIE CHINA Mme Meserve a aussi développé une autre série de houx, en croisant cette fois I. cornuta x I. rugosa, ce qui a donné deux cultivars encore plus rustiques que ceux de la série Blue, aux feuilles vert foncé, sans teinte bleutée, et parfois légèrement enroulées vers le bas. 1 à 1,2 m x 1,5 à 2 m. ❧ ‘Mesdob’ (China Boy®) : plant mâle. Feuilles vert luisant, moins foncé que les Blue. Port dense et compact. Zone 4b. ❧ ‘Mesog’ (China Girl®) : version femelle de ‘Mesob’. Fruits rouges. Zone 4b. AUTRES HOUX RUSTIQUES À FEUILLAGE PERSISTANT ❧ I. aquifolium (houx européen, houx de Noël, anglais : English Holly) : normalement le houx européen, le houx classique des décorations de Noël, avec ses feuilles luisantes vert foncé, entourées de piquants et ses fruits rouges, il n’est pas très rustique, environ de zone 7a, mais certains de ses cultivars sont aussi rustiques que les houx bleus… c’est-à-dire dans un emplacement protégé. C’est le cas de ‘Alaska’, une plante femelle qui croit à la perfection au Jardin Roger-Van den Hende, depuis 30 ans dans un site d’ailleurs très exposé, et aussi de ‘Limsi’ Siberia™, aussi une plante femelle. Les deux peuvent être pollinisées par tout mâle à feuillage persistant. 1 à 1,5 m x 1,5 à 2 m. Zone 6a (moins sous couverture de neige). ❧ I. crenata (houx crénelé, anglais : Japanese Holly, Box-Leaved Holly) : le seul houx ici qui ne ressemble pas à un houx. Ses feuilles persistantes n’ont pas les piquants habituels des « houx de Noël » . Les petites feuilles vertes, vert foncé, très luisantes, enroulées vers le bas, font penser à des feuilles de buis. Rusticité variable, mais I. crenata ‘Hetzii’ est solidement implanté au Jardin Roger-Van den Hende (zone 4b) où il forme un couvre-sol dense. Plante femelle à fruits rouges. 50 cm x 2 m (sous nos conditions). Au moins zone 6a (moins sous couverture de neige). ❧ I. x Centennial Girl® : hybride Meserve de I. centrochinus x I. aquifolium. Port pyramidal au début. Feuillage vert foncé à texture satinée. Fruits rouge vif, persistant tout l’hiver. Dimensions éventuelles inconnues sous notre climat car ce cultivar vient d’être lancé. Zone 6a. ❧ I. x Ebony Magic™ : comme les houx bleus, mais à feuillage très foncé. Plan­te femelle à fruits rouge orangé. Dimensions encore inconnues sous notre climat. Zone 6a. ❧ I. x Ebony Male™ : plante mâle correspondant à Ebony Magic™. Zone 6a. ❧ I. x ‘Mondo’ Little Rascal™ : petit houx nain, croissance en monticule, avec de petites feuilles persistantes très dentées. Feuilles vert foncé lustré, pourpré en hiver. Plant mâle pouvant servir à polliniser d’autres houx à feuilles persistantes. 60 cm x 90 cm. ❧ I. rugosa (houx prostré, anglais : Prostrate Holly) : petit houx couvre-sol : le plus rustique des houx à feuillage persistant et le principal parent des houx des séries Blue et China. Feuilles vert foncé lustré… mais les marges sont seu­ lement dentées, sans les piquant qu’on aime tant chez les houx. 30 à 45 cm x 2 m. Zone 4a.

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Hydrangée à feuilles de chêne Hydrangée

à feuilles de chêne Hydrangea quercifolia Noms anglais : Oakleaf Hydrangea. Dimensions à maturité : 1 à 1,5 m x 1,5 à 2,5 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : érigé, globulaire. Sol : tout sol riche, frais, bien drainé, au moins légèrement humide, acide à neutre. Tolère mal le compactage. Légère résistance au sel. Disponibilité : faible. Intérêts : floraison estivale à automnale. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Persistant. Problèmes : absence de floraison, blanc. Taille : suppression les dommages hivernaux au printemps. Multiplication : bout. semiligneuses, semences fraîches. Utilisation : arrière-plan, bord de mer, couvre-sol, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur coupée, fleur séchée. Zone de rusticité (survie des rameaux) : 5b. Zone de rusticité (boutons floraux) : 6b.

Hydrangea quercifolia, tel qu’il apparaît en zone 4b, avec une panicule florale esseulée.

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es hydrangées découvertes dans les chapitres Des arbustes vraiment sans entretien ! et Des ar­bus­ tes à entretien minimal fleurissent toutes sur le bois de l’année. Que leurs branches gèlent un peu ou non à peu d’importance, car tout recom­mence à zéro au printemps. Mais par contre, pour cette hy­dran­gée qui fleurit sur les tiges produites l’année pré­cédente, ce point est très impor­tant, car lorsque les bourgeons floraux ne passent pas l’hiver, il n’y a pas de fleurs. Or, c’est ce qui se produit habituel­lement au Québec, même en zone 5b. Toutefois, on sait qu’il est possible de la conserver dans un endroit très protégé l’hiver, notamment sous une épaisse couche de neige, et obtenir occasionnellement quelques fleurs. Malgré sa floraison peu fiable, l’hydrangée produit bien ses grosses feuilles en forme de feuille de chêne, vert mat l’été et d’une spectaculaire combinaison de rouge, de pourpre et d’orange à l’automne. Pour elles seules, il est valable de cultiver cet arbuste. Cependant, c’est surtout une plante pour collectionneurs avertis, qui se con­ tenteront des feuilles… en espérant voir des fleurs un jour ! La floraison légèrement parfumée est pourtant magnifique, laissant voir des panicules pyramidales mélangeant de gros fleurons stériles blancs, devenant souvent pourprés, et de petits fleurons fertiles presque cachés. Normalement assez haut et arrondi, cet arbuste légèrement drageon­ nant prend souvent un port plus large et étalé en région froide. Il existe un nombre grandissant de cultivars d’hydrangée à feuilles de chêne, sur­ tout sélectionnés pour des traits… qui ne s’appliquent pas sous notre climat, telle la grosseur ou la couleur des fleurs. Je vous fais donc grâce des descriptions. Tout cultivar qui vous tombe sous la main fait l’affaire. Les seuls noms à retenir sont ‘Pee Wee’ (60 à 100 cm x 60 à 100 cm) et ‘Sike’s Dwarf’ (60 à 75 cm x 120 cm), les seules variétés naines, car leur petite taille les met plus à l’abri du froid, augmentant les chances de survie… et de floraison !

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Kalmia des montagnes

Kalmia latifolia

C

Kalmia des montagnes et arbuste à feuilles per­sis­ tantes est le grand cou­sin des Kalmia latifolia petits kalmias de nos tour­bières, Noms anglais : Mountain Laurel. décrits dans le chapitre Dans un Dimensions à maturité : 90 cm à 3 m x 1 à 3 m. sol acide. Indi­ gène dans le sud Emplacement : soleil ou mi-ombre. du Canada, possiblement aussi à Port : globulaire. quel­­­ques endroits au Québec, jus­ Sol : riche en mat. organique, bien drainé, humide, très aci­ que dans le centre des États-Unis, de à légèrement acide. Tolère mal le sel et le compactage. il res­ semble vague­ ment à un Disponibilité : faible. rho­do­­dendron aux feuilles lan­ Intérêts : floraison printanière. Feuillage persistant. céolées, mais à petites fleurs. Ses Feuillage : persistant. fleurs en coupe s’épa­nouis­sent en Problèmes : sujet au gel des tiges et au brunissement bouquets denses à l’extré­mité des des marges des feuilles dans les endroits exposés. tiges. Toute la plan­­­te est toxique Parfois blanc, gales, kermès ou taches foliaires. pour les mam­mifères. Taille : peu nécessaire. Supprimer les dommages Même si le kalmia des monta­ hivernaux au printemps. Après la floraison, si requise, gnes est indigène, il est à peine Suppression des branches trop longues. rusti­que chez-nous. Il ai­me bien Multiplication : boutures herbacées ou semi-ligneuses. un soleil filtré, une protection Semences (espèce seulement). con­­tre le vent et un sol plutôt aci­ Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, rocaille, sous-bois. de, tou­jours un peu humide, mais Zone de rusticité : 5b. bien drainé, et apprécie un paillis. On compte au-delà de 50 culti­vars du kalmia des montagnes. Les variétés de petite taille sont recommandées pour les expériences hors zone, parce que plus faciles à protéger du vent. Voici quelques exemples : ‘Bullseye’ (boutons pourpres, fleurs crème à bande pourpre, 1,2 m x 1 m); ‘Carousel’ (blanc à bandes pourpre, 1,2 m x 1,2 m) ; ‘Elf’ (boutons roses, fleurs blanches, 1 m x 1 m); K. latifolia ‘Little Linda’ (boutons rouges et fleurs roses, 1 m x 1 m); et ‘Minuet’ (rose à larges bandes cannelle et marron, 80 cm x 80 cm). ‘Olympic Fire’ (boutons rouges, fleurs roses, 1,8 m x 1,8 m) est de plus grande taille et a fait ses preuves sous notre climat.

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Photo : Robert Mineau, Jardin botanique de Montréal.

Leucothoë retombant

Leucothoe fontanesiana

Leucothoë

retombant

J

olie plante de type couvre-sol, indigène dans les montagnes du Tennessee et des Carolines, le Noms anglais : Drooping Leucothoe, Fetterbush. leucothoë est extrêmement popu­ Dimensions à maturité : 80 cm à 1 m x 1,5 m. laire dans les régions juste un peu plus chaudes que la nôtre. Il forme Emplacement : soleil ou ombre. un dôme de branches arquées Port : arrondi, semi-pleureur. portant des feuilles lancéolées Sol : riche, meuble, bien drainé, humide, très acide à per­sistantes et, à la fin du prin­ légèrement acide. Tolère mal le sel et le compactage. temps, de denses épis retombants Disponibilité : faible. de petites clochettes allongées, Intérêts : floraison printanière. Feuillage persistant. blanches, fortement parfumées. Coloration printanière et automnale. Les feuilles sont habituellement Feuillage : persistant. rouges à leur sortie, deviennent Problèmes : sujet au gel des tiges dans les endroits exposés. Taches foliaires. vert foncé luisant, puis pourprées l’hiver. Certains cultivars, tel Taille : suppression des dommages hivernaux au printemps. Éliminer les pousses faibles ou trop ‘Scarletta’, ont des nouvelles vigoureuses après la floraison. feuilles très rouges et portent Multiplication : boutures semi-ligneuses, semences pres­que toujours quelques feuilles (espèce seulement). colorées, du moins jusqu’en août. Utilisation : bordure, coin humide, couvre-sol, ‘Girald’s Rainbow’, syn. ‘Rain­ fondation, en isolé, massif, muret, pentes, plate-bande, bow’, le cultivar le plus offert, est rocaille, sous-bois, fleur parfumée. très apprécié pour son feuillage Zone de rusticité : 6a. panaché multicolore (rouge, rose, blanc, crème et vert) au printemps, devenant vert et blanc par la suite. Il existe une foule d’autres cultivars, ainsi que des espèces similaires, tel L. axillaris, mais aucun facilement disponible au Québec. Cette Éricacée croîtra bien sous les mêmes conditions que les rhododendrons : un emplacement protégé du soleil hivernal et du vent, dans un sol riche, meuble, acide, toujours un peu humide et couvert d’un paillis abondant. On peut compenser son man­ que de rusticité par une abondante couverture de neige ou le cultiver en contenant (voir Des contenants pour les plus frileux ?, à la page 533).

Leucothoe fontanesiana

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Lilas à feuilles en dentelle

Syringa laciniata

C

Lilas à feuilles en dentelle e lilas «  pas comme les au­ tres » offre un feuillage Syringa laciniata vrai­­ment surprenant , des feuilles Noms anglais : Cutleaf Lilac. for­te­­ment découpée en 3 à 9 lo­bes, Dimensions à maturité : 1,2 à 2 m x 2 m. rarement simples. Ses tou­tes peti­ Emplacement : soleil. tes panicules de fleurs lilas pâle, Port : globulaire. très parfumées, sur­prennent aus­ Sol : ordinaire à riche, humide, bien drainé, acide à si, car ils appa­rais­sent non seu­ alcalin. Résistant au sel et au compactage. lement à l’extrémité des bran­ches, Disponibilité : faible. mais sur une bon­ne partie de leur Intérêts : floraison printanière. Feuillage découpé léger. longueur, ar­ quant souvent les Feuillage : caduc. rameaux sous leur poids. Problèmes : absence de floraison. Sa culture est très similaire Taille : suppression des dommages hivernaux au à celle des autres lilas (voir La printemps. Après la floraison, si requise, tailler pour cul­ture et les utilisations générales favoriser une croissance plus dense. des lilas, à la page 377) sauf… que Multiplication : boutures herbacées, semences vernalisées. ses boutons floraux man­ quent Utilisation : écran, en isolé, haie, plate-bande, fleur coupée, fleur parfumée, attire les papillons et les colibris. un peu de rusticité. Com­me ils Zone de rusticité (survie des rameaux) : 4b. se for­ment sur le vieux bois, on Zone de rusticité (boutons floraux) : 6a. réussit très souvent à cultiver ce lilas, mais rarement à obtenir des fleurs. Et un lilas sans fleurs, c’est drôlement décevant. Son cousin plus grand (3 m x 2 m), les lilas à feuilles pennées, (S. pinnatifolia), partage des feuilles similaires… et le même problème. On voit rarement ses fleurs blanc rosé… et même les branches gèlent car il est de zone 6b. Il reste le lilas à feuilles variées (S. x diversifolia), un hybride des deux précédents dont les feuilles sont diversement découpées. Il semble plus rustique que ses deux parents et réussit souvent à bien croître et fleurir en zone 4b.

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Magnolia de Soulange

Magnolia x soulangeiana

Magnolia

de

Soulange

Q

u’est-ce qui pousse tant de jardiniers à vouloir à tout prix cultiver le magnolia de Noms anglais : Saucer Magnolia. Soulange ? D’accord, ses fleurs Dimensions à maturité : 5 m x 4 m. sont grosses, telles d’énormes Emplacement : soleil ou mi-ombre. tulipes isolées à l’extrémité Port : érigé devenant globulaire. de ses rameaux, et aussi bien Sol : riche en matière organique, bien drainé, humide, aci­ visibles, car il ne porte aucun de à neutre. Tolère mal le compactage. Résistance au sel. feuillage au moment de la Disponibilité : excellente à faible, selon le cultivar. Intérêts : floraison printanière. Fruits (lorsque présents). floraison, mais cette prima don­ Feuillage : caduc. na est des plus capricieuses, Problèmes : sujet au gel des boutons et des fleurs dans nous honorant rarement d’une les endroits exposés. Floraison faible ou rare. Blanc, flo­ raison vraiment belle plus taches foliaires. sou­vent qu’aux 4 ou 5 ans. En Taille : peu nécessaire. Après la floraison, si requise, fait, sous notre climat, lorsque tailler pour favoriser une croissance plus dense. les fleurs daignent s’épanouir, Multiplication : boutures herbacées ou semi-ligneuses, elles tendent à être brunies sur greffage, marcottage. Semences vernalisées (espèces). une partie des pétales. De plus, Utilisation : arrière-plan, en isolé, plate-bande. les fleurs sont trop grosses pour Zone de rusticité (survie des rameaux) : 4a. la taille de l’arbuste et, avec sa Zone de rusticité (boutons floraux) : 6a. base complètement dénudée, il semble toujours mal équilibré, comme une ballerine aux jambes effilées avec les biceps d’Arnold Schwarzenegger. Si seulement l’arbuste était entièrement couvert de fleurs, ça irait, mais elles sont très éparpillées, laissant beaucoup de vides. Donc, belle fleur, mais effet moyen seulement.

Magnolia x soulangeiana

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Tropicaux égarés !

Néanmoins, en climat froid, où les magnolias sont le symbole même du Sud, n’importe quel magnolia est sans doute préférable à l’absence totale de magnolias, et à l’occasion, le magnolia de Soulange fleurit quand même raisonnablement en zone 5b. Je vous suggère néanmoins de considérer les autres magnolias présentés dans cette fiche avant d’acheter un magnolia de Soulange uniquement parce que c’est tout ce que votre jardinerie locale a en stock. Parfois, il est valable de chercher un peu plus loin la « perle » de votre aménagement. Et, en effet, à moins que votre aménagement ne couvre quelques hectares, un magnolia en sera toujours une plante-vedette. C’est un grand arbuste qui peut facilement faire office de petit arbre sur nos tous petits terrains modernes. D’ail­leurs, plus il vieillit, plus il prend une apparence arborescente, car ses branches d’abord dressées deviennent de plus en plus horizontales et l’arbuste se dégarnit à la base, permettant à ses branches épaisses de ressembler à des troncs. Le magnolia de Soulange est une lignée hybride développée vers le début du 19e siècle par un Français, Étienne Soulange-Bodin, en croisant le magnolia à fleurs de lis (Magnolia liliiflora), à fleurs pourprées, avec le moins connu magnolia de Yunnan (M. denudata), à fleurs blanches, les deux étant d’ailleurs relativement rustiques. Le croisement a donné la plante vendue maintenant sous le nom de M. x soulangeiana, à gros boutons roses s’ouvrant pour révéler une fleur aux gros pétales blancs, rehaussés de rose. En répétant la même formule de croisement avec différentes variétés de M. liliiflora, on a réussi à créer près d’une soixantaine de cultivars, toujours aux boutons longs et à grosses fleurs en forme de coupe, mais de couleur variée : blanc, rose, lavande, etc. Le croisement semble plus ou moins stérile, car ces cultivars produisent rarement des semences. Les grosses feuilles sont simples, oblongues, de 8 à 15 cm de long, vert foncé sur le dessus, légèrement pubescentes en dessous, sans coloration automnale. Cette espèce n’est pas de culture particulièrement difficile. Elle aime, comme tous les magnolias, des sols riches et légèrement humides, mais tolère les sols plus pauvres et plus secs, même les sols glaiseux et lourds. Le plein soleil donne une meilleure floraison, mais la mi-ombre est aussi acceptable. Elle tolère très bien la pollution de l’air et fait un excellent arbuste de ville. Sa rusticité est cependant faible. Les branches survivent bien en zone 4a, mais les gros boutons floraux poilus, formés à l’automne, gèlent. Bien que l’on cultive souvent cet arbuste en zone 5b où il y fleurit la plupart des printemps, on ne peut pas vraiment dire que les boutons sont solidement rustiques car il leur faut des conditions de zone 6a. D’ail­leurs, en observant les conditions en 5b où cet arbuste réussit le mieux, on se rend compte qu’il s’agit habituellement d’un microclimat proche de la zone 6a. Même dans les endroits où le magnolia de Soulange est solidement rustique, ses boutons floraux ouvrent très tôt… devenant alors sujets aux gels tardifs dès leur épanouissement, expliquant ainsi le brunissement prématuré des pétales si caractéristique de cette espèce. Évitez de planter le magnolia de Soulange dans une dépression, car le froid s’y accumule. Par contre, un terrain en pente permet au froid de se drainer plus bas avant de toucher aux boutons en éclosion ou aux fleurs. Autre que le risque de gels tardifs, le magnolia de Soulange est relativement libre de problèmes. Sous notre latitude, il est rarement victime d’insectes ou de maladies, sauf parfois quelques taches foliaires ou, en fin de saison, du blanc, mais rarement assez pour avoir besoin d’un traitement. Son prix reflète sa croissance lente. Disons qu’il faut avoir les poches bien garnies pour planter une haie de magnolias avec des plants achetés ! En consé­quence, il est utile de savoir que sa multiplication par bouturage est facile. Oubliez cependant les semences : d’abord elles sont rarement faites, et lorsqu’elles le sont, la germination est lente et il faut de plus attendre plusieurs années avant que le plant atteigne une taille suffisante pour fleurir… et même là, les fleurs ne sont pas fidèles au type.

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VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : ❧ Magnolia x soulangeiana (magnolia de Soulange) : c’est le magnolia décrit plus haut et la forme la plus vendue au Québec. Son vrai nom est ‘Étienne Soulange-Bodin’, car il s’agit bel et bien d’un cultivar. Quant à la floraison… eh bien, aucun des magnolias de Soulange n’est très fiable sous notre climat. 5 m x 4 m. Zone 6b. ❧ M. x soulangeiana ‘Alexandrina’ : fleurs pourpres à l’extérieur, blanches à l’inté­rieur. Hâtif. Semble le plus résistant au gel des boutons épanouis que la plupart… mais pas plus résistant aux froids hivernaux. ❧ M. x soulangeiana ‘Rus­tica’ M.x soulangeiana ‘Rus­tica Rubra’, syn. ‘Rubra’ : ne vous fiez pas au nom : il ne semble pas plus rusti­que que les autres… et en fait, c’est peut-être le moins rustique. Fleurs rouge rosé, blanches à l’intérieur. Superbes fleurs, mais le feuillage se déchire au vent et termine souvent la saison en lambeaux. Magnolia stellata 5 m x 4 m. Zone 6b.

AUTRES ESPÈCES : Il existe quelques 120 autres espèces de magnolias, indigènes en Amérique et en Asie, mais la plupart de climat chaud. Toutes les espèces les plus rustiques pro­ viennent des pays asiatiques : Chine, Japon, Corée, etc. Voici ceux que l’on trouve le plus sou­vent et les plus susceptibles de bien s’acclimater aux régions nordiques. ❧ M. kobus (magnolia kobus, anglais : Kobus Magnolia) : il mérite seulement une mention en passant, car ce grand magnolia est en fait un arbre, mais il est passablement rustique, fleurissant sans peine en zone 5a. ❧ M. liliiflora ‘Nigra’ : le plus populaire et le plus foncé des magnolias à fleurs de lis. Très utilisé en hybridation. Les boutons longs et étroits ont donné aux magnolias de Soulange leur forme particulière. Grosses fleurs de 13 cm x 13 cm, rouge pourpré très foncé à l’extérieur, blanches à l’intérieur. Grosses feuilles d’un vert très foncé, fragiles au vent, souvent en lambeaux à la fin de l’été : une protection contre le vent est fortement recommandée. 2,5 à 3,5 m x 2,5 à 3,5 m. Zone 6a. ❧ M. liliiflora x stellata série Little Girl : cette série, développée à l’Arbore­tum national de Washington, D.C., vient du croisement de l’un des magno­lias aux fleurs les plus grosses et les plus colorées, le magnolia à fleurs de lis (M. lilii­ flora), avec l’un des magnolias les plus rustiques et de plus petite taille, aux fleurs les plus petites en plus, M. stellata. Cela a donné des arbus­tes de taille variable, aux fleurs bien parfumées, plus petites mais plus nombreuses que M. liliiflora, dans une vaste gamme de couleurs… et des plants passablement rus­ ti­ques : plusieurs sont zonés 5a et fleurissent très bien dans les emplace­ments pro­tégés en zone 4b. Les cultivars portent des noms féminins. Remar­quez que ces cultivars ont tendance à fleurir occa­sion­nellement l’été, mais avec seulement quelques fleurs ici et là. Un sol acide est préférable. Attention au vent : leurs feuilles sont fragiles ! Il s’agit de :

Tropicaux égarés !

Les magnolias produisent peu de racines mais elles sont très épaisses, facile­ ment endommagées… et lentes à s’établir. Achetez de préférence un plant en pot ou emmotté et plantez-le au printemps pour lui donner un période maximale de temps pour s’acclimater avant l’hiver. Une protection pour le premier hiver est sage. D’ailleurs, les magnolias tendent à prendre quelques galons en rusticité après 4 ou 5 ans de culture, car jeunes, ils sont plus frileux.

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Tropicaux égarés !

❧ M. liliiflora x stellata ‘Ann’ : fleurs rose foncé, plus pâles à l’intérieur. Parfum épicé. 2,5 à 3 m x 3 m. Zone 5a. ❧ M. liliiflora x stellata ‘Betty’ : grosses fleurs, rouge pourpré à l’extérieur, blan­ ches à l’intérieur, 4 m x 4 m. Zone 5a. ❧ M. liliiflora x stellata ‘Jane’ : rouge pourpré à l’extérieur, blanc à l’intérieur. Très parfumée. Port compact érigé : 4 m x 3 m. Zone 5a. ❧ M. liliiflora x stellata ‘Judy’ : petites Magnolia stellata ‘Royal Star’ fleurs étroites, rouge pourpré et blanc. 2 à 3 m x 2 à 2,5 m. Zone 5b. ❧ M. liliiflora x stellata ‘Pinkie’ : rose foncé en bouton, rose pâle et blanc à l’extérieur en fleurs. Sujet au blanc. 5 m x 2,5 m. Zone 6b. ❧ M. liliiflora x stellata ‘Randy’ : fleurs pourpres, blanches à l’extérieur. Sujet au bla nc. 4 m x 2,5 m. Zone 6a. ❧ M. liliiflora x stellata ‘Ricki’ : fleur pourpre foncé, pourpre à blanc à l’intérieur. 4 m x 4 m. Zone 5b. ❧ M. liliiflora x stellata ‘Susan’ : rouge pourpré. Sujet au blanc, 4 m x 3 m. Zone 5b. ❧ M. x loebneri (magnolia de Loebner, anglais : Loebner Magnolia) : cet hybride entre deux magnolias très rustiques, le grand M. kobus et le petit (pour un magnolia) M. stellata, a donné l’espèce hybride la plus recom­mandée pour notre climat, parfaitement rustique en zone 5b et très utilisable dans les emplacement protégés de la zone 4b. Ce très grand arbuste devien­dra un jour petit arbre, mais croit si lentement qu’il faut attendre 30 ans ou plus pour le voir en arbre ! Feuilles jaunes à l’automne. Fleurs parfu­mées, petites pour un magnolia, mais quand même d’un diamètre très res­pec­table de 9 cm, aux pétales nombreux. Résiste souvent aux gels tardifs qui font brunir tous les magnolias de Soulange ! Ses cultivars les plus connus sont : ❧ M. x loebneri ‘Ballerina’ : boutons blanc crème, fleurs blanches au centre rose. Plus tardif que les autres et de dimensions plus restreintes. 5 à 6 m x 7 m. Zone 4b. ❧ M. x loebneri ‘Leonard Messel’ : le magnolia de Loebner rose classique. Fleurs rose lilas, parfumées, aux pétales ondulés en quantité exceptionnelle. 8 m x 6 m. Zone 5. ❧ M. x loebneri ‘Merril’ : est-ce le plus rustique de tous les magnolias ? On rapporte qu’il a déjà fleuri de la tête au pied après trois jours à -45 ˚C au nord d’Edmonton. Fleurs en quantité industrielle. Quant à moi, tout simplement le plus spectaculaire des arbustes à fleurs pour climat froid ! Fleurs d’un blanc pur, très parfumées. 10 m x 8 m. Zone 4a (moins en site protégé). ❧ M. stellata (magnolia étoilé, anglais : Star Magnolia) : enfin, un « petit » magnolia pour les cours plus restreintes ! Il prend 10 à 15 ans pour atteindre 3 m ! Énormes quantités de fleurs d’un blanc pur, parfumées, de 8 à 10 cm de diamètre. Feuilles petites pour un magnolia – environ 8 à 10 cm de lon­gueur – souvent jaunes ou bronze à l’automne. 3 à 5 m x 3 à 5 m. Zone 5a. ❧ M. stellata ‘Centennial’ : cultivar à croissance rapide et aux fleurs doubles d’un blanc pur. 3 à 5 m x 3 à 5 m. Zone 5a. ❧ M. stellata ‘Pink Stardust’ : fleurs roses très doubles et très parfumées. 3 à 5 m x 3 à 5 m. Zone 5a. ❧ M. stellata ‘Royal Star’ : boutons roses, fleurs doubles, blanches. 3 à 5 m x 3 à 5 m. Zone 5a. ❧ M. stellata ‘Waterlily’ : bou­tons roses, fleurs blanches, très parfumées. 3 à 5 m x 3 à 5 m. Zone 5a.

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Pieris des montagnes

Pieris

des montagnes Pieris floribunda

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Pieris floribunda Méd. : P. japonica ‘Flaming Silver’

l y a 7 espèces de Pieris, sur­ tout d’origine asiatique, toutes Noms anglais : Mountain Pieris. étant des arbustes à feuilles Dimensions à maturité : 60 cm à 2 m x 60 cm à 2 m. persistantes lancéolées et pro­ Emplacement : mi-ombre ou ombre. duisant à l’automne de denses Port : globulaire. panicules de boutons floraux Sol : riche en matière organique, bien drainé, humide, blanc verdâtre persistant tout très acide à légèrement acide. Tolère mal le sel et le l’hiver, et s’épanouissant au prin­ compactage. temps pour offrir de nombreuses Disponibilité : faible. fleurs blanches en clochette, par­ Intérêts : floraison printanière. Boutons persistants. fumées, qui ressemblent à des Feuillage persistant. fleurs de muguet, un spectacle Feuillage : persistant. d’une durée de 2 ou 3 semaines. Problèmes : sujet au gel des tiges dans les endroits Ces plantes étant de la famille exposés. Pourriture, taches foliaires. des rhododendrons, ils préfèrent Taille : suppression des dommages hivernaux au printemps. un sol plutôt acide et toujours Multiplication : boutures herbacées ou ligneuses, un peu humide, bien paillé, à la marcottage, semences. mi-ombre ou à l’ombre. Elles sont Utilisation : arrière-plan, écran, fondation, en isolé, haie, massif, plate-bande, sous-bois, fleur parfumée, magnifiques aussi en contenant. fleur coupée. Même si pour sa beauté, le Zone de rusticité : 5b (4b en site protégé). plus populaire et le plus dési­ra­ ble des pieris est sans doute l’an­ dro­mède du Japon, P. japonica, décrit ci-dessous, je me permets d’attirer d’abord votre attention sur la seule espèce américaine du genre, P. floribunda. On sait que, lorsqu’il y a deux espèces similaires, l’une indigène en Amérique et l’autre en Eurasie, l’espèce américaine est habituellement la plus rustique… et c’est le cas ici. Seul P. floribunda, le pieris des montagnes, semble s’acclimater facilement au Québec. Il croît sans peine en

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Tropicaux égarés !

zone 5b et réussit aussi très bien dans les sites protégés de la zone 4b, comme c’est le cas au Jardin Roger-Van den Hende. C’est un très joli arbuste, attrayant à l’année grâce à ses feuilles persistantes, vert foncé, moins brillantes que celles de P. japonica, et à ses boutons attrayants l’hiver et donnant des fleurs spectaculaires au printemps. Il n’a que deux défauts, dont le plus grave est d’être indisponible commercialement. N’est-il pas incroyable qu’un si bel arbuste, adapté à tout le moins dans la vallée du Saint-Laurent, ne soit pas disponible dans toutes les jardineries ? Son autre défaut ? Il n’offre pas les superbes changements de couleurs de P. japonica. 60 cm à 2 m x 60 cm à 2 m. Zone 5b (4b en site protégé).

AUTRES ESPÈCES : ❧ P. japonica (andromède du Japon, pieris du Japon, anglais : Japanese Pieris, Japanese Andromeda) : très semblable au pieris des montagnes, l’espèce japonaise offre cependant un attrait de taille : ses nouvelles feuilles pourprées très luisantes. Comme il continue de produire de nouvelles feuilles du printemps à l’automne, il est presque toujours joliment bicolore. On trouve maintenant des pieris du Japon à nouvelles feuilles jaunes, oranges, rouges, roses, etc., sans parler des nombreux cultivars à feuillage panaché, avec nouvelles feuilles roses et feuilles matures colorées en vert foncé et blanc. Éblouissant, au point de presque faire oublier ses jolies fleurs blanches en cloches ! Toutefois, le pieris du Japon n’est pas aussi rustique que le pieris des monta­gnes. Sa culture est marginale, normalement dans les endroits protégés de la zone 5b seulement. Par contre, il existe près d’une centaine de cultivars de cette espèce dont peu ont été essayés au Québec. Qui sait, il y en a peut-être un qui pourrait se révéler plus rustique que les autres. Je vous encourage donc à faire des expériences. Les variétés naines, notamment, ont plus de chances d’être protégées par la neige et d’être alors plus solides. Je vous fais grâce de la longue liste des cultivars existants, étant donné qu’aucun n’est reconnu pour sa grande rusticité. Voici seulement 3 noms que vous pourriez rencontrer : ❧ P. x ‘Flaming Silver’ : nouvelles feuilles rouge rosé, devenant vert marginé blanc. Une mutation panachée de ‘Forest Flame’. 1 à 1,5 m x 1,2 à 2 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ P. x ‘Forest Flame’ : en fait, un hybride entre P. japonica et P. formosa. Nouvelles feuilles passant de rouge vif à rose à crème puis à vert. 1 à 1,5 m x 1,2 à 2 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ P. japonica ‘Mountain Fire’ : nouvelles feuilles rouge feu. Forme naine. 50 cm x 60 cm. Zone 6b (5b en site protégé).

HYBRIDES RUSTIQUES : Depuis peu on croise P. floribunda ave P. japonica, le but étant d’obtenir une plante qui ressemble à l’andromède du Japon, mais aussi rustique, et pourquoi pas plus rustique, que le pieris des montagnes. L’un des rares hybrides disponibles, du moins occasionnellement, est ‘Brouwer’s Beauty’, à port dense et compact et aux nouvelles feuilles, à défaut d’être rouges, d’un beau jaune vert qui contraste bien avec les feuilles matures vert foncé et brillantes. Fleurs blanches. À essayer ! 90 cm x 90 cm. Zone 5b ? UNE SUGGESTION : Le cassandre (Chamaedaphne calyculata), est une espèce indigène très proche des pieris par sa floraison et est rustique jusqu’en zone 1 ! Pourquoi ne pas l’essayer si vos pieris vous laissent tomber ?

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DES ARBUSTES « Pensez-y bien »

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l y a beaucoup d’arbustes « faciles » et solides, décrits dans les 16 premiers cha­pitres de cette sec­tion, plus un choix abondant de variétés un peu plus exo­ tiques et un peu moins sûres au chapitre précédent pour les jardiniers qui aiment prendre des risques, Des tropicaux égarés. Avons-nous donc vraiment besoin d’arbustes présentant de gros problèmes à cause de notre climat ou de leur survie en général ? Les arbustes décrits dans ce chapitre sont tous des cas douteux pour différentes raisons, leur culture en général n’étant aucunement recommandée car les diffi­cultés dépassent ce que les jardiniers les plus entreprenants sont disposés à envi­sager. Bien que sur le marché et que certains soient même présents dans toutes les pépinières, pour quelle raison voudrait-on les acheter et s’embourber dans un cer­cle vicieux n’offrant aucun échappatoire et sans lumière au bout du tunnel ? Le pourquoi de leur « bannissement » au chapitre Des arbustes « pensez-y bien » varie : certains sont peu rustiques, les uns ont de gros problèmes d’insectes et de maladies, les autres exigent une protection hivernale complexe, d’autres encore sont envahissants, plusieurs sont peu disponibles… mais, dans la plupart des cas, c’est une combinaison de facteurs qui le justifie. On peut, par exemple, accepter un ar­buste qui est peu rustique ou susceptible de recevoir la visite des insectes, mais pourquoi se battre avec un arbuste à peine capable de survivre à l’hiver qui, au moment où l’on pense l’avoir « sauvé », se fait « bouffer » par des prédateurs ? Si ces arbustes sont si « difficiles », pourquoi ne pas les bannir complètement au chapitre Des arbustes à éviter ? Parce qu’il reste une lueur d’espoir ! Parfois, ils sont tellement beaux que l’on est prêt à tout endurer, ou encore, l’espèce décriée a quelques parents peu connus pour redorer un peu son blason. Dans le fond, ce chapitre constitue une mise en garde, mais la décision finale vous revient !

Boule-de-neige Cornouiller fleuri Deutzia Hydrangée à grandes feuilles

Itéa de Virginie Ketmie de Syrie Orme de Sibérie Viorne odorante

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Boule-de-neige

Viburnum opulus ‘Roseum’

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Boule-de-neige

a viorne boule-de-neige, ou Viburnum opulus ‘Roseum’ tout simplement boule-deneige, est un très vieux cultivar Noms anglais : Snowball Bush, European Snowball, Guelder Rose. de la viorne obier (Viburnum Dimensions à maturité : 2,5 à 4,5 m x 4 à 5,5 m. opulus), cette dernière, indigène Emplacement : soleil ou mi-ombre. sur un vaste territoire de Port : globulaire. l’Eurasie. Datant du 17e siècle, la Sol : tout sol un peu à très humide, acide à alcalin. boule-de-neige a été très popu­ Résistance au sel et au compactage. laire au Québec autrefois, car on Disponibilité : excellente. la re­trouve abon­damment autour Intérêts : floraison printanière. Coloration automnale. des maisons ancestrales. Feuillage : caduc. C’est un grand arbuste très Problèmes : très fréquents. Blanc, puceron, galéruque, fourni dont les feuilles vert foncé, taches foliaires. à trois lobes dentés et pointus, Taille : après la floraison, Suppression des branches de 4 rappellent une petite feuille à 5 ans. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Éla­ d’éra­ ble. Ses tiges dressées au ga­ge des branches inférieures pour former un « arbre ». dé­part deviennent arquées avec Multiplication : boutures herbacées. le temps, lui donnant un port très Utilisation : arrière-plan, coin humide, écran, fonda­tion, arrondi. À l’automne, ses feuilles isolé, haie, massif, pentes, plate-bande, fleur coupée. prennent un rouge pourpre très Zone de rusticité : 3a (2a en site protégé). at­trayant… mais c’est surtout au printemps, quand il fleurit, qu’il est à son meilleur. Il produit des cymes arrondis de fleurons blanc verdâtre, devenant d’un blanc pur à maturité et rosissant légèrement à la fin de la floraison. Dire que l’arbuste se recouvre de ses jolies inflorescences est à peine exagéré. Les inflorescences demeurent longtemps en place, séchant éventuellement pour devenir beiges, puis tombent d’elles-mêmes.

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Des arbustes « pensez-y bien »

Sa culture est particulièrement facile : elle s’adapte à presque tous les sols sauf les plus secs et réussit très bien dans les sols très humides. Toutes les conditions d’ensoleillement lui conviennent, mais la boule-de-neige fleurit peu à l’ombre. La taille est minimale, se limitant surtout à la suppression des vieilles branches moins florifères… et même en ne le taillant pas du tout, elle garde une belle forme. En zone 2, l’extrémité des tiges peut geler si l’hiver est particulièrement rigoureux et nécessiter une taille légère. Mais comment se fait-il qu’un arbuste si facile, si joli et si populaire se retrouve parmi les « pensez-y bien  » ? Trop d’insectes, mes amis ! Depuis assez long­temps déjà le puceron de la viorne boule-de-neige (Aphis viburniphila), importé acciden­tellement d’Europe, faisait des ravages sur la boule-de-neige, s’attaquant aux autres viornes obiers, mais démontrant une nette préférence pour la boule-de-neige, enroulant les feuilles à l’extrémité de ses rameaux au printemps en un simili-balai de sorcière. Mais pire encore, la galéruque de la viorne (Pyrrhalta viburni) a fait son apparition, importée à Montréal accidentellement en 1978. Cet insecte squelettise la feuille en dévorant le limbe et ne laissant que les nervures. Elle s’attaque à plusieurs autres viornes, mais elle-aussi semble avoir une préférence marquée pour la viorne boulede-neige. Deux insectes, une seule plante ? C’est un peu trop !

VARIÉTÉS « PENSEZ-Y BIEN  » : La viorne obier (Viburnum opulus) a donné naissance à un nombre important de cultivars. Les suivants sont particulièrement sensibles aux insectes et aux maladies. ❧ V. opulus ‘Roseum’, syn. V. opulus ‘Sterilis’ : c’est la boule-de-neige décrite ci-dessus, et de loin la variété la plus sensible. 2,5 à 4,5 m x 4 à 5,5 m. Zone 3a (2a en site protégé). ❧ V. opulus (viorne obier, anglais : European Cranberrybush Viburnum) : inflorescences rondes composées d’assez gros fleurons blancs, stériles, formant une auréole autour d’un dôme de petites fleurs fertiles blanc crème. Fruits comestibles rouges à l’automne, aimés des oiseaux et des hommes. Même port et coloration que la boule-de-neige. Quant à choisir un arbuste avec des auréoles de fleurs blanches, des fruits rouges comestibles et un feuillage en forme de feuille d’érable, je préfère son sosie, la viorne trilobée indigène (V. trilobum, page 229), qui ne semble aucunement intéresser le puceron de la viorne boule-de-neige et seulement un peu la galéruque. 2,5 à 4,5 m x 4 à 5,5 m. Zone 3a (2a en site protégé). ❧ V. opulus ‘Aureum’ : feuilles jaunes au printemps, vert lime l’été. Croissance plutôt faible. Le rouge des fruits est très visible sur un feuillage si pâle. Susceptibilité moyenne aux pucerons et aux galéruques. 4 m x 3 m. Zone 3a. VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Ces cultivars semblent plus résistants aux insectes et méritent peut-être un essai. ❧ V. opulus ‘Compactum’ : comme V. opulus, mais de seulement 1,5 m x 1,5 m. Floraison et fructification prolifiques. Souvent vendu greffé sur une tige. Zone 3a (2a en site protégé). ❧ V. opulus ‘Harvest Gold’, syn. ‘Park Harvest’ : nouvelles feuilles d’un jaune riche, marginées de rouge vin. Elles deviennent chartreuses l’été. Bonne florai­ son et bonne fructification. 2,5 à 4,5 m x 4 à 5,5 m. Zone 3a (2a en site protégé). ❧ V. opulus ‘Kristy D.’ : nouveauté. Feuillage panaché de crème sur un plant de port similaire à ‘Compactum’. 1,5 m x 1,5 m. Zone 4a (3a en site protégé). ❧ V. opulus ‘Nanum’ : variété naine, presque sans fleurs, utilisée surtout comme haie. Description à la page 518. ❧ V. opulus ‘Xanthocarpum’ : comme V. opulus, mais à fruits jaune doré, persistant longtemps sur l’arbuste. Spectaculaire sur un feuillage automnal rouge ! 2,5 à 4,5 m x 4 à 5,5 m. Zone 3a (2a en site protégé).

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Cornouiller fleuri

Cornus florida

V

Cornouiller

fleuri

éritable rival du magnolia Cornus florida pour le prix de la « meil­ leure floraison printanière chez Noms anglais : Flowering Dogwood. Dimensions à maturité : 2 à 6 m x 2 à 8 m. tous les arbustes ». Les branches Emplacement : soleil ou mi-ombre. encore dénudées de ce grand Port : arrondi. arbuste ou petit arbre, mais Sol : riche, bien drainé, humide, plutôt acide. Tolère mal plutôt d’environ 2 à 3 m x 2 à 3 m le sel et le compactage. sous nos con­ ditions, se recou­ Disponibilité : faible. vrent d’énormes inflores­ cences Intérêts : floraison printanière. Fruits colorés à blan­ches ou roses de 8 à 10 cm, l’automne. Coloration automnale. Écorce. en mai ou en juin. En pleine flo­ Feuillage : caduc. raison, il est à couper le souffle ! Problèmes : sujet au gel des tiges dans les endroits La partie voyante de la « fleur » exposés. Anthracnose, blanc, chancres, perceurs. est en fait composée de 4 grosses Taille : peu nécessaire sauf au printemps… et tout bractées ovales, souvent échan­ simplement pour supprimer les dommages hivernaux. crées à leur extrémité. Les vraies Élagage des branches inférieures pour former un arbre. fleurs forment une boule verte Multiplication : boutures herbacées, greffage. au centre des bractées. Semences vernalisées (espèce seulement). Les feuilles sont vert mo­yen, Utilisation : arrière-plan, écran, isolé, haie, sous-bois, ovales, pointues à l’extré­ attire les oiseaux frugivores, fruits comestibles. mité, avec marges lisses. Elles Zone de rusticité (survie des rameaux) : zone 5a. Zone de rusticité (boutons floraux) : 6b. de­viennent rouges à rouge pour­ pré à l’automne et l’effet dure plus d’un mois. Les petits fruits allon­gés, regroupés en bouquets, sont généralement épars mais d’un beau rouge. Ils peuvent persister une partie de l’hiver si les oiseaux

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Des arbustes « pensez-y bien »

ne les découvrent pas trop vite. Même l’écorce est attrayante, gris foncé et rugueuse, elle rappelle la peau de l’alligator. Vous ne verrez cependant pas beaucoup de cornouillers fleuris au Québec, même si l’arbuste est indigène dans l’est de l’Amérique du Nord et que son aire naturelle s’arrête juste au sud du Québec. On trouve ce cornouiller dans tous les états de la Nouvelle-Angleterre, et bien qu’il soit assez frisquet, dans le Maine aussi. Même s’il est généralement possible d’étendre l’utilisation de la plupart des végétaux d’au moins une zone ou deux au-delà de leur aire naturelle, le cornouiller fleuri, de rusticité 6b dans la nature, semble tenir à cette zone en culture. Obtenir qu’il fleurisse en zone 6a n’est pas facile. Les bourgeons de feuilles sont de zone 5a, plus rustiques que ceux des fleurs. Mais un cornouiller fleuri sans fleurs est beaucoup moins excitant ! Au Jardin botanique de Montréal, où l’on réussit à maintenir quelques arbustes, leur floraison est irrégulière, faible ou absente, et leur croissance n’est pas vigoureuse. On s’est donc rabattu sur quelques cultivars à feuillage panaché qui offrent au moins de belles feuilles. Cependant, ne perdez pas tout espoir de cultiver un jour un cornouiller fleuri, car on entrevoit des développements intéressants quant à sa rusticité. L’un des problèmes que l’on avait jusqu’à maintenant, c’est que les cornouillers utilisés en aménagement paysager et en hybridation provenaient inévitablement des états du sud des ÉtatsUnis : Caroline, Virginie, etc. Mais, il y a quelques années, un nouveau cultivar, ‘New Hampshire’, choisi à l’état naturel à l’extrême limite de son aire dans l’état du même nom, a été annoncé dans les revues horticoles amé­ricaines. On lui attribuait une cote zonière de 4, donc de 5 dans le système cana­dien, ce qui en fait un cultivar fort intéressant à essayer chez nous. Malheu­reusement, je le cherche sans succès depuis des années. Mêmes les pépinières améri­caines ne semblent pas l’offrir. Triste, n’est-ce pas ? Si jamais vous en entendez parler, je serais très intéressé à le savoir ! Autre bonne nouvelle, l’université de Guelph, en Ontario, à la limite nordi­que de l’aire naturelle du cornouiller fleuri dans cette province, est de plein pied dans un programme d’hybridation qui fait appel aux plantes locales pour tenter de créer des cultivars plus rustiques. Actuellement, on s’attend à produire des plants qui fleurissent abondamment en zone 4, canadienne, cette fois-ci. Aucun cultivar n’est encore prêt pour un lancement, mais il n’en demeure pas moins que c’est une nou­ velle très encourageante. Avant de vous extasier à l’arrivée imminente d’un cornouiller fleuri rustique sur le marché, sachez que cette espèce a bien d’autres défauts que sa rusticité fragi­le. Il a de nombreux problèmes, dont le perceur du cornouiller et surtout, d’une nouvelle forme d’anthracnose spécifique aux cornouillers fleuris et leurs parents proches, laquelle fait présentement des ravages aux États-Unis chez les C. florida sauvages et cultivés. Elle provoque des taches foliaires et la mort des jeunes ra­meaux, et peut même tuer l’arbuste. Quand viendra le grand jour du lancement d’un cornouiller fleuri assez rustique pour votre climat, plantez-le dans un sol riche, bien drainé, légèrement humide et au moins un peu acide, à la mi-ombre de préférence, ou au plein soleil, et bien sûr, à l’abri des vents dominants. Un paillis est vital, car on a remarqué que les cornouillers dont les racines demeuraient au frais résistaient beaucoup mieux à l’anthracnose. En attendant, on peut cultiver des spécimens magnifiques, en contenant, que l’on hiverne dans un garage légèrement chauffé ou une chambre froide.

VARIÉTÉS « PENSEZ-Y BIEN  » : ❧ Cornus florida (cornouiller fleuri, bois-de-chien, bois-bouton, cornouiller à fleurs, cornouiller de Floride) : aucune variété n’est encore recommandée… mais surveillez tout cultivar de l’université de Guelph. Aussi, il existe

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Des arbustes « pensez-y bien »

plusieurs variétés à feuillage panaché, comme Cherokee Daybreak™ (vert et blanc), ‘Rainbow’ (jaune et vert) et ‘Tricolor’ (blanc, rose et vert) susceptibles de peut-être servir d’arbustes à feuillage décoratif. 2 à 6 m x 2 à 8 m (probable­ ment plutôt 2 à 3 m x 2 à 3 m sous notre climat). Zone 6b (zone 5b pour la survie des rameaux). ❧ C. florida Spring Grove™ : cultivar venant d’un cornouiller fleuri ayant survécu à -32˚C dans le cimetière de Spring Grove, à Cincinnati, ce qui lui conférerait une solide zone 4 au Canada. Bractées blanches. À essayer. Mêmes dimensions que C. florida. Zone présentement indéterminée.

AUTRES ESPÈCES : ❧ C. kousa (cornouiller kousa, anglais : Kousa Dogwood) : ce pendant asiati­ que du cornouiller fleuri américain lui ressemble énormément, mais aux fleurs à bractées pointues et non échancrées, et à fruits rouges, ronds, résultat en fait de la réunion de plusieurs fruits. De plus, son écorce s’exfolie joliment par plaques. Les Américains le disent plus rustique que C. florida, ce qui ne semble pas particulièrement vrai chez nous. Fleurs blanches ou roses, selon le cultivar. Bonne résistance aux perceurs et à l’anthracnose. Quelques variétés à feuilles panachées existent aussi ici, tel ‘Limon Ripple’ (chartreuse et vert), et pour­raient être utilisées pour la beauté de leur feuillage. 2 à 7 m x 2 à 5 m (probablement plutôt 2 à 3 m x 2 à 3 m sous notre climat). Zone 6b (zone 5b pour la survie des rameaux). ❧ C. kousa chinensis : comme le précédent, mais cette sous-espèce provenant de la partie nord de son aire est donc plus rustique. Un certain succès au Jardin botanique de Montréal. Bractées blanches. Mêmes dimensions que C. kousa. Zone 6a (5b en site protégé). ❧ C. kousa chinensis ‘Milky Way’ : nom collectif pour plusieurs variantes de C. kousa chinensis qui sont particulièrement florifères. Bractées blanches. Mêmes dimensions que C. kousa. Zone 6a (5b en site protégé). ❧ C. mas (cornouiller mâle, corbier, anglais : Cornelian Cherry, Cornelian­ cherry Dogwood) : autre grand arbuste, rarement un petit arbre, le cornouiller mâle est bien connu dans son Europe natale où il est cultivé depuis des siècles pour ses fruits rouges ressemblant très vaguement à des cerises. Comestibles, ils sont très riches en vitamine C et entrent notamment dans des sirops et des confitures. Les fleurs jaunes, minuscules mais produites abondamment en petits bouquets sur toute la ramure de l’arbuste, sont très jolies… mais pas aussi spectaculaires que celles du cornouiller fleuri, car les grandes bractées de ce dernier sont absentes. Par contre, il fleurit vraiment très tôt au printemps et crée un très bel effet dans un paysage autrement dénudé. Rusticité variable qui semble dépendre en partie de la protection contre le vent, car l’arbuste réussit bien mieux au Jardin Roger-Van den Hende (zone 4b, mais à l’abri) qu’au Jardin botanique de Montréal (zone 5b, mais plus exposé). 6 m x 4,5 m. Zone 5b (4a en site protégé). ❧ C. mas ‘Aurea’ : feuillage jaune doré. Fleurs jaunes. 6 m x 4,5 m. Zone 5b (4a en site protégé). ❧ C. mas ‘Golden Glory’ : feuillage vert, fleurs jaunes. À port plus dressé et é­troit que l’espèce. Aussi, moins rustique. 6 m x 3 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ C. mas ‘Variegata’ : feuillage vert et blanc. Fleurs jaunes. Semble un peu moins rustique que l’espèce. 6 m x 4,5 m. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ C. officinalis (corbier japonais, cornouiller mâle japonais, anglais : Japanese Cornel Dogwood) : très semblable à C. mas, mais fleurissant environ une semaine plus tôt et à écorce plus colorée. Les fruits rouges sont utilisés en pharmacologie. 6 m x 4,5 m. Zone 6a (4b en site protégé).

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Deutzia

Deutzia x hybrida ‘Monzia’ Pink-A-Boo™

Deutzia Deutzia spp. Noms anglais : Deutzia. Dimensions à maturité : 30 cm à 2 m x 90 cm à 2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire. Sol : tout sol ordinaire à riche, bien drainé, humide, acide à légèrement alcalin. Tolère mal le sel et le compactage. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêts : floraison printanière à estivale. Feuillage : caduc. Problèmes : peu fréquents. Sujet au gel des tiges dans les endroits exposés. Taille : après la floraison, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Supprimer les branches de 4 à 5 ans. Supprimer les dommages hivernaux au printemps. Multiplication : boutures herbacées et ligneuses. Semences (espèces seulement). Utilisation : fondation, isolé, haie, massif, muret, platebande, rocaille. Zone de rusticité (survie des rameaux) : variable : 5a à 6a. Zone de rusticité (boutons floraux) : habituellement 6b.

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es deutzias ressemblent à de petits seringats (Philadel­ phus spp.)… et justement, ils sont proches parents. Les deu­ tzias ont des feuilles très semblables, simples, elliptiques et denti­ culées, d’ailleurs de la même teinte vert moyen. Les fleurs sont assez proches aussi, généralement plus petites, mais ayant la même forme et la même texture, et habituel­ l ement blanches, bien que l’on trouve aussi des deutzias roses. Comme les seringats, ils fleurissent à la fin du printemps ou au début de l’été. Mais alors que les seringats nous comblent avec leur parfum de fleur d’oranger, les deutzias sont inodores ou très légèrement parfumés. Les deutzias sont actuelle­ ment à peu près au même stade

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Des arbustes « pensez-y bien »

que les for­sythias, il y a 20 ans, avant l’arrivée du Forsythia ‘Northern Gold’ et des autres forsythias hybrides plus rustiques. C’est essentiellement un genre ayant une bonne rusticité des tiges et des bourgeons de feuilles, mais des boutons de fleurs moins résistants au froid. Donc, l’arbuste ne meurt pas et grandit d’année en année… mais si l’arbuste fleurit, c’est seulement à la base ou parfois sur une ou deux branches bien espacées. Il arrive qu’après un hiver doux il fleurisse de façon spectaculaire… mais c’est un fait rare. Si vous tenez quand même à les essayer, leur culture est assez facile. Bien qu’ils préfèrent le plein soleil et un sol raisonnablement riche et toujours au moins un peu humide, ils tolèrent la mi-ombre et la plupart des sols bien drainés. Un emplacement abrité est toujours préférable, car ils sont tout de même à la limite de leur rusticité au Québec. Évitez les engrais azotés qui décuplent les dommages dus au gel. La plantation est facile, la multiplication par bouturage aussi et, à part l’occasionnelle tache foliaire et les extrémités gelées déjà mentionnées, ils sont peu sensibles aux insec­tes, aux maladies et autres dommages. Toutefois, il y a environ 60 espèces de Deutzia, toutes originaires d’Asie, la plupart beaucoup trop peu rustiques pour le Québec, mais certains deut­zias sont plus ré­sistants au froid que d’autres, et je vous présente ici ceux qui ont le plus de chan­ce de vous satisfaire. ESPÈCES « PENSEZ-Y BIEN » : ❧ Deutzia gracilis (deutzia gracile, deutzia grêle, anglais : Slender Deutzia) : port arrondi dans les endroits protégés et presque rampant ailleurs. Fleurs printanières étoilées blanches, parfumées, en petits bouquets... sur les branches inférieures. Feuilles étroites devenant bourgogne à l’automne. 70 à 80 cm x 90 cm. Zone 6a (4a en site protégé). ❧ D. gracilis ‘Nikko’, syn. D. crenata nakaiana ‘Nikko’ : comme le précédent, mais aux tiges arquées formant un couvre-sol. Intéressant sur un muret, car les tiges retombent joliment. Sous notre climat, il est souvent complètement couvert de neige et réussit alors à fleurir passablement. Petites fleurs blanches parfumées. 30 à 50 cm x Deutzia x lemoinei ‘Compacta’ 1,5 m. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ D. x hybrida (deutzia hybride, anglais : Hybrid Deutzia) : le croisement de D. discolor x D. longiflora, a donné de nombreux cultivars à fleurs inodores, roses, d’assez grosse taille, s’épanouissant au début de l’été. Sous notre climat, ils fleurissent presque uniquement à la base. Deux cultivars de cette catégorie ont un certain succès sur le marché québécois, ‘Magicien’ (syn. ‘Magician’), à fleurs rose mauve, marginées de blanc et pourpres au revers, et ‘Monzia’

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Des arbustes « pensez-y bien »

Pink-A-Boo™, à fleurs roses, marginées de crème. 1 m x 1,5 m. Zone 6a (4b en site protégé). ❧ D. x lemoinei (deutzia de Lemoine anglais : Lemoine Deutzia) : hybride entre D. gracilis et D. parviflora. Souvent recommandé comme le deutzia le plus rustique, mais il est probable que D. parviflora, décrit ci-dessous, le Deutzia parviflora soit davantage. Tiges suffisamment rustiques pour faire une belle haie, mais sa floraison à la fin du printemps n’est pas toujours fiable. Fleurs blanches, inodores. 2 m x 2 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ D. x lemoinei ‘ Compacta’ : forme plus compacte du précédent. 90 cm à 1,2 m x 80 cm à 1,2 m. Zone 5b (4b en site protégé). ❧ D. x rosea (deutzia rosé, anglais : Rose-panicle Deutzia) : un hybride de D. gracilis x D. purpurascens. Fleurs inodores, blanches, à marges roses au printemps. Floraison parfois abondante… à la base ! 1 m x 2 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ Deutzia parviflora (deutzia à petites fleurs, anglais : Mongolian Deutzia) : espèce aux corymbes de petites fleurs blanches, inodores, au début de l’été. Branches arquées, écorce s’exfoliant. Peut-être le plus rustique des deutzias présentement disponibles, il fleurit souvent sur l’arbuste entier sous notre climat. 1,8 m x 1,25 m. Zone 5a (4a en site protégé). ❧ Deutzia scabra (deutzia scabre, anglais : Fuzzy Deutzia) : fleurs blanches, inodores, parfois teintées de rose, à la fin du printemps. La plante la plus souvent vendue sous ce nom porte des fleurs doubles. Feuilles pubescentes. Port arqué souvent très irrégulier, écorce s’exfoliant. 1,8 m x 1,2 à 1,8 m. Zone 6a (4b en site protégé).

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Hydrangée à grandes feuilles

Hydrangea macrophylla

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ui ne connaît pas l’hy­ drangée à grandes feuilles, appelé aussi hortensia, quatre-saisons et hydrangée des fleu­ ristes ? Si vous ne la con­naissez pas comme arbuste d’ex­­ térieur, vous l’avez sûre­ ment déjà reçue ou offerte à la Fête des Mères ou à Pâques, car cet arbuste est plus couram­ ment cultivé en serre comme potée fleurie prin­ tanière que vendu comme ar­buste à fleurs pour l’amé­nage­ment paysager. De port arrondi, il produit une profusion de tiges épaisses, peu ramifiées, couvertes de grosses feuilles vert foncé, ova­ les et pointues, d’environ 20 cm x 15 cm, aux marges den­ tées. En été, mais au printemps dans une serre un peu chauffée, de gros corymbes se forment à l’extrémité des tiges, composés de petits fleurons fertiles et de

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Hydrangée

à grandes feuilles

Hydrangea macrophylla Noms anglais : Bigleaf Hydrangea, Florist’s Hydrangea, Hortensia. Dimensions à mat. : 80 cm à 1,2 m x 80 cm à 1,2 m. Emplacement : mi-ombre. Port : globulaire. Sol : riche, bien drainé, humide, acide à légèrement alcalin. Tolère mal le compactage. Résistance au sel. Disponibilité : bonne à faible, selon le cultivar. Intérêts : floraison estivale. Feuillage : caduc. Problèmes : absence de floraison, blanc, pucerons, taches foliaires. Taille : rabattage au sol à tous les ans. Multiplication : boutures herbacées, semi-ligneuses et ligneuses. Utilisation : bord de mer, bordure, écran, fondation, isolé, massif, plate-bande, rocaille, sous-bois, plante d’intérieur. Zone de rusticité (survie des rameaux) : 6b. Zone de rusticité (repousse de la base) : 5b (moins sous couche de neige). Zone de rusticité (boutons floraux) : 6b.

Des arbustes « pensez-y bien »

gros fleurons à 4 pétales très larges. Il y a deux formes principales : les plus connus des jardiniers, les « hortensias » forment une grosse boule de fleurons entièrement stériles ou avec seulement quelques fleurons fertiles bien dissimulés, et, les « marginalis » (« lacecaps » en anglais), la forme plus rare se rapprochant davantage de la forme sauvage, qui produisent une cyme plus aplatie de petits fleurons fertiles entourés d’un anneau de fleurons stériles. Il n’y a pas de coloration automnale chez cette espèce, ni de fruits dignes d’intérêt, les marginalis n’en produisant que rarement, et les hortensias jamais. La floraison est estivale et dure très longtemps, souvent de juillet jusqu’à la fin août, ou parfois septembre surtout chez les hortensias, car les fleurons stériles ne semblent pas savoir quand s’arrêter. En Europe, en Colombie-Britannique et aux États-Unis jusqu’à l’est dans la région de Boston, cette plante se voit partout dans les jardins, à tel point que les habitants la considèrent quasiment banale. Pour nous, qui la voyons si rarement, c’est au contraire une plante originale et exotique, donc des plus désirables. L’hydrangée à grandes fleurs est très gélive sous notre climat, mourant au sol sous les conditions normales, mais repoussant généralement assez vigoureusement avec le retour du beau temps. Mais les boutons floraux sont normalement produits sur le bois de l’année précédente ou, plus précisément, sur de gros bourgeons de l’année précédente apparaissant à la base de tiges. Lorsque ces tiges meurent jusqu’au sol, il n’y a pas de floraison ! Le problème n’est donc pas tant que l’arbuste meurt, car il repousse, mais il ne produit ici que du feuillage. Comment arriver à le faire fleurir ? Il est pourtant très simple de réussir l’hydrangée à grandes feuilles si vous récréez des conditions semblables à celles de son milieu d’origine, au Japon. Elle y pousse dans des forêts assez ouvertes de grands arbres à feuilles caduques qui la protègent contre le vent et la recouvrent d’un épais manteau de feuilles mortes à l’automne. En hiver, cette région est abondamment couverte de neige. Pour réussir l’hydrangée à grandes feuilles, incitez-la à se croire encore chez elle et tout ira très bien, même dans les zones beaucoup plus froides. Commencez par lui choisir un emplacement convenable. Comme les « tropicaux égarés  », l’hortensia doit être à l’abri du vent et du soleil hivernal, peut-être derrière une haie ou sous des arbres à feuilles caduques. En région très froide (zones 2 à 3), pensez de plus à le planter du côté est ou nord de la maison, près de la fondation, mais jamais au sud ou à l’ouest, où la neige fond trop rapidement. De cette façon, la fondation fournira une douce chaleur de fond, insuffisante pour faire fondre la neige, mais faisant en sorte de vous faire gagner quelques degrés. À l’automne, recouvrez sa base de 30 cm de feuilles mortes déchiquetées. Sous un climat neigeux, vous n’avez rien d’autre à faire, car la couche de neige complétera rapidement votre protection. Dans une région où la neige est rare, plantez l’hydrangée à grandes fleurs dans un emplacement où vous lancez automatiquement la neige en pelletant votre entrée… et si la neige se fait plus rare une année, faites exprès pour lancer le peu de neige qu’il y a, sur l’hydrangée. Au printemps, laissez le paillis de feuilles sur place. Dégagé de paillis, le sol se réchauffe trop vite et l’hydrangée pourrait commencer sa croissance alors que le risque de gel est encore important et peut anéantir vos efforts. Le paillis conservera le sol froid plus longtemps, retardant le départ de la végétation… et protégera vos futures fleurs. De toute façon, il se décomposera rapidement en nourrissant vos plates-bandes. Il y a un autre secret pour réussir l’hydrangée à grandes feuilles, le choix d’un bon cultivar. En effet, plusieurs hydrangées modernes ont été développées pour la culture dans les pays chauds ou en serre où la résistance au froid n’est pas un facteur primordial. C’est pourquoi l’hortensia que vous avez reçu à Pâques ne réussit que rarement à s’implanter. Il vous faut ce que l’on appelle dans le domaine, des « cultivars de jardin ». Sans vous présenter une liste exhaustive des hy­drangées

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Des arbustes « pensez-y bien »

rustiques, les variétés sui­ vantes vous donneront un Bleu ou rose ? aperçu des possibilités. L’hydrangée à grandes feuilles est l’une des rares plantes Notez enfin que quelques dont le changement de couleur est relié au type du sol. cultivars de jardin possèdent Elle a des fleurs bleues dans un sol acide, et roses dans un la capacité de fleurir aussi sur le sol alcalin ou neutre. Du moins, c’est le cas pour l’espèce bois de l’année. L’avantage sous et des cultivars plus anciens. Les hybrides modernes sont un climat un peu plus chaud moins sujets à ces fluctuations de couleur. De nombreuses variétés modernes bleues le demeurent même dans un est une floraison plus durable, sol plutôt alcalin. Et beaucoup de variétés naturellement essentiellement deux florai­ roses ou rouges ne bleuissent pas dans un sol acide, sons, une au début de l’été, et mais prennent plutôt une teinte pourprée. Les variétés même avant que les premières blanches sont indifférentes à la nature du sol. inflorescences soient fanées, En passant, la plupart des sols de l’est de l’Amérique une deuxième, moins dense, du Nord sont acides. En conséquence, vos hydrangées qui prolonge la saison d’intérêt bleues demeureront d’un bleu pur alors que les roses et jusqu’à la mi-automne. Sous les rouges risquent de s’embrouiller un peu. Je ne vous suggère cependant pas d’essayer de notre climat, ces cultivars sont changer le pH d’un sol pour une raison aussi farfelue doublement intéressants. En que vouloir épater les voisins en faisant basculer vos effet, même si toutes les tiges hydrangées à grandes feuilles du rose au bleu et du bleu gèlent au sol, la plante pourrait au rose sur une base annuelle. fleurir quand même sur les Ajouter continuellement au sol des produits, même nou­velles tiges émergeant au d’origine naturelle, peut conduire à sa minéralisation et le printemps, bien que moins rendre impropre à l’horticulture. On ne les utilise qu’en cas abon­damment que sur le vieux de besoin légitime. Apprendre à vivre avec les con­ditions bois. Leur capacité de fleurir à sa disposition a toujours été un bon principe de base du même si l’hiver est rigoureux, jardinier paresseux… et respectueux de l’environnement ! fait de ces variétés fleurissant sur le bois de l’année des plantes qui mériteraient d’être beaucoup plus utilisées en région froide. Soit dit en passant, les plantes vendues sous le nom « H. macrophylla » sont pour la plupart des hybrides complexes comprenant, entre autres, des gènes d’H. aspera et d’H. serrata. L’espèce elle-même n’est presque plus cultivée.

VARIÉTÉS RECOMMANDÉES : Note : Les cultivars suivants atteignent tous environ 80 cm à 1,2 m x 80 cm à 1,2 m dans notre climat. Leur zone de rusticité, sans aucune protection, est de 6a. Type hortensia (inflorescence globulaire) :

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❧ Hydrangea macrophylla ‘All Summer Beauty’ : fleurit sur le vieux bois et le bois de l’année, assurant une bonne floraison même en cas de gel sévère. Bleu riche en sol acide, rose pourpré en sol alcalin. Longue période de floraison. Très recom­mandé  ! ❧ H. macrophylla ‘Alpenglühen’, syn. ‘Glowing Embers’ : rouge en sol alcalin, rouge rosé en sol acide. ❧ H. macrophylla ‘Bouquet Rose’ : fleurs bleues en sol acide, roses en sol neutre. ❧ H. macrophylla ‘Early Sensation’ : nouveauté fleurissant uniquement et abon­ damment sur le bois de l’année. Fleurs bleues en sol acide, roses en sol alcalin. ❧ H. macrophylla ‘Forever Pink’ : fleurit sur le bois de l’année. Fleurs roses en sol acide, rouge rosé en sol alcalin. Spécialement rustique. ❧ H. macrophylla ‘Harlequin’ : nouveauté à fleurs bicolores : rose rouge, marginées de blanc. Les fleurs deviennent entièrement roses en fin de saison. Il existe d’ailleurs plusieurs nouveautés à fleurs bicolores qui commencent à arriver du Japon. Leur capacité de résister à nos hivers n’est cependant pas encore connue. ❧ H. macrophylla ‘Nikko Blue’ : la classique hydrangée bleue des plates-bandes. Grosses inflorescences bleues en sol acide, roses à mauve en sol alcalin. Fleurit

pour le feuillage ?

Il y a de plus en plus d’hydran­gées à grandes fleurs au feuillage panaché. Dans bien des cas, ces variétés sont cultivées exclusi­ vement pour leur feuil­ lage. Comme la floraison ne comp­ te pas, on n’a pas besoin de les pro­ té­ ger pour l’hiver, car elles re­pousseront tout simplement de leurs racines. Utilisez-les comme s’il s’agis­ sait d’un hosta ou toute autre vivace à feuillage coloré. Dans ce groupe, il y a, entre autres, ‘Golden Sunset’, ‘Lemon Wave’, ‘Maculata’ et ‘Quadricolor’.

partiellement sur le bois nouveau, donc il réussit à fleurir où d’autres hydrangées à grandes fleurs ne font que du feuillage. ❧ H. macrophylla ‘Pink Beauty’ : fleurs rose clair en sol alcalin, bleu en sol acide. ❧ H. macrophylla ‘Royal Purple : fleurs pour­ pre foncé en sol acide, rouge pourpré en sol alcalin.

Type marginalis (inflorescence aplatie) :

❧ H. macrophylla ‘Lemon Wave’ : cultivé uniquement pour son feuillage fortement panachée de jaune, crème, blanc et vert. Absolument à couper le souffle ! Fleurit rarement sous notre climat… mais les fleurs sont mauves, au cas où ce détail vous

intéresserait ! ❧ H. macrophylla ‘Maculata’ : feuillage marginé de blanc. Fleurs blanches. L’une des rares hydrangées panachées qui fleurit bien. ❧ H. macrophylla ‘Mariesii’ : fleurs rose mauve. Quelques fleurs stériles parmi les fleurs fertiles. ❧ H. macrophylla ‘Mariesii Perfecta’, syn. ‘Blue Wave’ : fleurs bleu foncé en sol acide, rose lilas en sol alcalin. ❧ H. macrophylla ‘Monred’ Red ‘N’ Pretty™ : fleurs rouge foncé. ❧ H. macrophylla ‘Perfecta Blue’ : fleurs bleu foncé en sol acide, roses ou lilas en sol alcalin. Port arrondi. ❧ H. macrophylla ‘Quadricolor’ : quatre couleurs dans chaque feuille : vert foncé, vert lime, blanc, et crème. Fleurit rarement. ❧ H. macrophylla ‘Tokyo Delight’ : fleurs fertiles blanches, devenant roses. Fleurs stériles roses.

Des arbustes « pensez-y bien »

Juste

AUTRES ESPÈCES :

❧ H. serrata (hydrangée serrée, anglais : Sawtooth Hydrangea) : une espèce très proche de H. macrophylla, mais plus rustique. Les tiges sont plus grêles, les feuilles un peu plus étroites et l’inflorescence un peu moins large… mais, à moins d’indiquer clairement ces différences, personne ne les remarque, et d’ailleurs, plusieurs botanistes classent maintenant cette espèce sous le nom H. macrophylla serrata. Il y aussi deux autres différences : les feuilles de la plupart des cultivars rougissent à l’automne, un trait très apprécié… et la majorité des cultivars de H. serrata changent peu de couleur à cause du type de sol, mais leur coloration varie plutôt constamment tout au long de la saison de floraison. La plupart sont de type « marginalis  » (à fleurs stériles rayonnant autour d’un centre de fleurs fertiles). 1 m x 80 cm. Zone 5a. ❧ H. serrata ‘Arctic Blue’ : bleu en sol acide, plus pourpré en sol alcalin. ❧ H. serrata ‘Beni-Gaku’ : fleurs roses devenant rouges. Feuilles aux nervures rouges. ❧ H. serrata ‘Blue Billow’ : fleurs stériles d’un bleu riche, fleurs fertiles bleu pourpré… le tout devenant rose foncé. ❧ H. serrata ‘Blue Bird’ : fleurs stériles bleu pâle. Fleurs fertiles bleu foncé. ❧ H. serrata ‘Golden Sunlight’ : surtout cultivé pour son feuillage jaune au printemps, vert lime en été. Fleurit à l’occasion seulement, fleurs blanches à rose pâle, devenant rose foncé. ❧ H. serrata ‘Preziosa’ : un classique ! L’une des rares hydrangées serrées aux fleurs de type hortensia. Fleurons totalement stériles, presque vert blanchâtre en début de saison, puis blancs, et progressivement de plus en plus roses durant l’été, presque rouges à la fin de la saison.

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Photo : Spring Meadows Nursery.

Itéa de Virginie

Itea virginica ‘Sprich’ (Little Henry®)

C

Itéa de Virginie et arbuste est vraiment un « pensez-y bien » puisque Itea virginica son comportement est totalement Noms anglais : Virginia Sweetspire, Virginia-mallow. in­ c on­ n u sous notre climat. Dimensions à maturité : 1 à 3 m x 1,5 m. Indigène de la côte est des ÉtatsEmplacement : soleil ou ombre. Unis, cet arbus­te n’a pas encore Port : érigé, éventuellement globulaire. été distri­bué au Québec. Sol : tout sol un peu à très humide, acide à alcalin. C’est un arbuste peu ramifié, Tolère mal le sel et le compactage. aux feuilles elliptiques joliment Disponibilité : faible. den­tées, vert foncé l’été et rouge à Intérêts : floraison estivale. Coloration automnale. rouge pourpré très vif l’automne. Feuillage : caduc. Le coloris per­ s iste jusqu’aux Problèmes : sujet au gel des tiges dans les endroits neiges. On ap­pré­cie aussi les jolis exposés. Autrement, peu fréquents. épis semi-dres­ sés et étroits de Taille : suppression des dommages hivernaux au petites fleurs parfu­ mées, blanc printemps. Après la floraison, si requise, tailler pour crème, produites au début de favoriser une croissance plus dense et pour supprimer l’été. À l’état naturel, l’itéa de les branches de 4 à 5 ans. Virginie mesure jusqu’à 3 m de Multiplication : boutures herbacées ou semi-ligneuses, hauteur, mais la plupart des culti­ semences. vars sont plus compacts. ‘Henry’s Utilisation : arrière-plan, bordure, coin humide, couvreGarnet’, par exemple, atteint envi­ sol, écran, fondation, isolé, haie, massif, muret, pentes, ron 1,2 m x 2 m, alors que ‘Sprich’ plate-bande, rocaille, sous-bois. ® (Little Henry ), un couvre-sol, Zone de rusticité (survie des rameaux) : 6a (5a en plafonne entre 60 à 90 cm x 1,2 m. site protégé). Les deux sont recon­nus pour leur colora­tion autom­nale exceptionnelle. L’itéa de Virginie s’adapte à tous les sols, mais préfère un sol riche et humide, même détrempé. La mi-ombre donne les meilleurs résultats, mais il tolère bien l’ombre et aussi le plein soleil, pour autant que son sol reste toujours un peu humide. Puisque les horticulteurs américains disent qu’il est rustique en zone 5, sans doute le sera-t-il en zone 6a chez nous. Comme dans un lieu protégé, on gagne environ une zone, on peut présumer que l’arbuste s’adapterait sans trop de peine à la zone 5a. Il se régénère bien de la base en cas de gel sévère, mais comme il fleurit sur le vieux bois, les fleurs seraient alors perdues ici.

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Orme de Sibérie

Haie d’Ulmus pumila

Orme

de Sibérie Ulmus pumila

L

’orme de Sibérie porte les feuil­les elliptiques et dentées typiques des ormes, mais de taille plus petite, d’en­ Noms anglais : Siberian Elm, Chinese Elm. viron 2 à 8 cm de longueur, et presque Dimensions à maturité : 15 à 20 m x 8 à 12 m. sy­ mé­ triques à la base, alors que la Emplacement : soleil ou mi-ombre. plupart des ormes ont des feuil­ les Port : ovoïde. clairement asymétriques. Les feuilles Sol : tout sol bien drainé, acide à légèrement alcalin. Résistance au sel et au compactage. sont d’un vert foncé assez luisant, Disponibilité : excellente. leurs nervures sont plu­tôt sail­lantes. Intérêts : aucun. Après une floraison peu remarquable, Feuillage : caduc. il produit une abondance de fruits Problèmes : très fréquents. Dépérissement aplatis (samares) en forme de disque nectrien, insectes défoliateurs. en­touré d’une aile circulaire. Feuil­les Taille : constante. Supprimer régulièrement les jaunes à l’automne. rameaux trop longs. Très honnêtement, l’orme de Sibé­ Multiplication : boutures herbacées, semences rie est le pire « arbuste » à haie vendu vernalisées. au Québec. Sa vente à cette fin devrait Utilisation : écran, haie, massif. être défendue ! Ima­ ginez le cas. On Zone de rusticité (survie des rameaux) : 2b (2a en vend, habi­tuellement à des novices en site protégé). horticulture, des « arbustes à haie » en leur disant : « Tenez, monsieur ou madame, ça pousse vite et ça ne coûte pas cher ! ». Ces gens plantent alors leur petite haie du mieux qu’ils le peuvent et essaient de l’entretenir convenablement. Ils réalisent très vite que, oui, la haie pousse vite, trop vite. Il faut tailler et retailler, encore et encore, pour la garder sous contrôle. S’ils travaillent fort, ça va raisonnablement bien… pendant quelque temps. S’ils oublient de tailler une ou deux fois, la haie commence immé­diatement à se dégarnir et lorsqu’ils essaient de la

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Des arbustes « pensez-y bien »

tailler sévèrement pour la contrôler, des trous se forment et ne se comblent plus. Dans les deux cas, plutôt qu’une haie bien dense, il ne leur reste qu’une suite de troncs courts, épais, nus à la base, et coiffée irrégulièrement de feuillage. Pire, des pustules orange commencent à apparaître sur les branches : c’est le début du dépérissement nectrien, une maladie fongique. Éven­tuellement, ils se mettent à arracher les sujets morts… et c’est la fin de la belle haie « rapide et pas chère ». La raison de tout cela est bien simple. L’orme de Sibérie n’est pas un arbuste, mais un grand arbre. C’est la raison pour laquelle il croît si rapidement. À force de tailler, tailler, et retailler un géant pour le forcer à devenir nain, son système se dérègle et il com­mence à dépérir. De toute évidence, l’orme de Sibérie n’est pas fait pour devenir une haie ! Pourtant, à tous les ans, on en vend des dizaines de milliers de plants à cette fin.

VARIÉTÉS DÉCONSEILLÉES : ❧ Ulmus pumila (orme de Sibérie) : l’orme de Sibérie n’est même pas un bon arbre ornemental, et encore moins un arbuste à haie. Il croît rapidement, d’accord, mais son bois est fragile et cassant. Se promener sous un orme de Sibérie lors d’un verglas est presque suicidaire ! De plus, il produit une quantité incroyable de semences qui germent partout et produisent de petits plants qu’il faut arracher. Cependant, il existe des cultivars plus intéressants que l’espèce qui peuvent être de bons arbres de rue. Inutile de vous les détailler ici, car aucun n’est arbustif et ne convient pour une utilisation dans des haies. 15 à 20 m x 8 à 12 m. 2b (2a en site protégé). Note : Aucun des ormes décrits dans cette fiche n’est sujet à la maladie hollandaise de l’orme.

AUTRES ESPÈCES : Les ormes sont plus connus comme grands arbres, mais la nature nous réserve parfois des surprises, notamment sous forme de mutations miniatures apparais­sant sur de grands arbres et prenant la forme de balais de sorcière. Souvent ces croissances sont dues à des maladies ou à des insectes (voir Balai de sorcière à la page 147), mais parfois c’est une véritable mutation qui peut donc être multipliée par bouturage et devient, si on la lance sur le marché, un nouveau cultivar nain. Le genre Ulmus a donné plusieurs de ces mutations prenant plutôt la forme d’un arbuste que celle d’un arbre. En voici deux : ❧ U. x hollandica ‘Jacqueline Hillier’, syn. U. x elegantissima ‘Jacqueline Hillier’ et U. minor ‘Jacqueline Hillier’ (orme hollandais, anglais : Dutch Elm) : minus­ cule orme vraiment arbustif, très ramifié et portant de toutes petites feuilles elliptiques, dentées, vert moyen. Les branches s’arquent gracieusement l’une sur l’autre, lui donnant l’aspect d’une pagode. Écorce lisse et grise. Excellent sujet pour la rocaille, le jardin alpin et le bonsaï. Croissance très, très lente, d’à peine quelques centimètres par année. 20 cm à 1,5 m x 30 cm x 1 m. Zone 4b. ❧ U. parviflora ‘Geisha’ (orme de Chine, anglais : Chinese Elm, Lacebark Elm) : le véritable orme chinois… version miniature, du moins. Arbuste bas et compact aux petites feuilles gris vert, panachées de crème. Port ouvert et étalé. Aussi vendu greffé sur tige pour en faire un mini-arbre. Croissance très lente. Intéressant en bonsaï. 1 à 3 m x 1,5 à 3,5 m. Zone 6a (5a en site protégé).

AUTRE GENRE : Le genre Fraxinus (frêne), un autre genre surtout connu pour ses arbres, produit aussi des mutations naines de temps en temps. En voici une : ❧ F. excelsior ‘Crispa’ (frêne à feuillage crispé, anglais : Crinkle-leaf Common Ash) : version miniature du frêne commun. Feuillage vert foncé lustré, cu­rieu­ sement ondulé et bosselé. Croissance très lente. 1 à 3 m x 1 à 3 m. Zone 4b.

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Viorne odorante

Viburnum plicatum

Viorne

odorante

Viburnum x carlcephalum Noms anglais : Fragrant Viburnum, Carlcephalum Viburnum. Dimensions à maturité : 1,2 à 2 m x 1,2 à 2 m. Emplacement : soleil ou mi-ombre. Port : globulaire. Sol : tout sol riche et bien drainé, acide à neutre. Légère résistance au sel et au compactage. Disponibilité : faible. Intérêts : floraison printanière. Fruits à la fin de l’été. Coloration automnale. Feuillage : caduc. Persistant. Problèmes : faible floraison, gel des extrémités, pucerons, taches foliaires, blanc. Taille : suppression des dommages hivernaux au printemps. Après la floraison, si requise, tailler pour favoriser une croissance plus dense. Taille de rajeunissement sur les vieux sujets. Multiplication : boutures semi-herbacées, greffage. Semences vernalisées. Utilisation : écran, fondation, isolé, haie, massif, muret, pentes, plate-bande, sous-bois, fleur parfumée, attire les papillons et les oiseaux frugivores. Zone de rusticité (survie des rameaux) : 4b et moins. Z. de rust. (boutons floraux) : 6b (5b en site protégé).

J

’aime bien donner une chan­ ce au coureur. Alors j’ai mis beaucoup d’arbustes « mar­ gi­n aux », ou «  borderline » comme on dit en anglais, dans le chapi­tre Des tropicaux égarés, traitant des plantes peu rus­ tiques, à planter pour faire une expé­ r ience seulement. Mais dans le cas des viornes, je me suis permis d’être plus restrictif. Il y a tellement de viornes de toutes sortes de catégories sur le marché, parfumées, à natu­ raliser, pour les haies, etc., qu’il me semble qu’on aurait le droit d’en éliminer quelques unes. Toutes les viornes décrites ici sont de très belles plantes, mê­me assez rustiques… si l’on ne parle que du feuillage, car les boutons de fleurs formés sur le vieux bois tendent à geler sous notre climat. De plus, des sosies de ces viornes, plus

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Des arbustes « pensez-y bien »

solidement rustiques, sont décrits dans d’autres chapitres. Pourquoi prendre des risques lors­que l’on peut avoir une valeur sûre ? Néanmoins, si les espèces décrites sont généralement peu fiables au niveau de leur floraison, donc risquées sous notre climat, il vaut la peine de lire les descrip­ tions de certains de leurs cultivars puisque parfois, un arbuste peu recommandé produit une variété de grand intérêt ! Si vous voulez essayer la viorne odorante ou d’autres viornes décrites ici, pour plus de détails sur leur culture, je vous réfère à la fiche sur la viorne de Corée (Vi­bur­­num carlesii) dans le chapitre Un parfum envoûtant. ESPÈCES « PENSEZ-Y BIEN » : ❧ Viburnum x carlcephalum (viorne odorante) : d’accord, cette viorne est belle, avec des dômes arrondis de boutons roses et des fleurs blanches très parfumées, avec en plus de jolis fruits passant du rouge au noir. Cependant, la viorne de Corée (Viburnum carlesii), son parent direct, et la viorne de Judd (V. x juddii) sont très semblables, aussi parfumées et plus rustiques. Sous notre climat, la viorne odorante n’est pas tellement odorante puisqu’elle ne produit que peu de fleurs ou seulement quelques-unes vers le bas de l’arbuste. Je vous réfère aux viornes de Corée et de Judd, toutes deux décrites à la page 393 pour obtenir une plante plus sûre. 1,2 à 2 m x 1,2 à 2 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ V. x burkwoodii (viorne de Burkwood) : une descendante parfumée de la viorne de Corée (Viburnum carlesii) assez similaire à son parent… et trop peu différente pour mériter beaucoup d’intérêt dans un climat où elle est si peu rustique. 2 à 2,5 m x 2 à 2,5. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ V. x burkwoodii ‘Mohawk’ : la variété la plus souvent offerte. Fleurs ayant une touche de rose, mais dont les boutons floraux ne sont pas plus résis­tants au froid que ceux des autres viornes de Burkwood : même en zone 5b, elle fleurit dans le bas seulement. 2 à 2,5 m x 2 à 2,5. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ V. farreri ‘Nanum’ (viorne parfumée naine, anglais : Dwarf Fragrant Viburnum) : viorne naine formant un monticule de feuilles joliment tex­ turées, rougeâtres lorsqu’elles s’épanouissent, vert moyen l’été et d’un beau rouge pourpré à l’automne. Je souligne le feuillage, car sous notre climat, les boutons roses se développent trop tôt et gèlent presque inévita­blement avant de s’ouvrir. Vous ne verrez pas souvent les jolies boules de petites fleurs blanches et parfumées. Même si la rusticité générale de cet ar­buste est très acceptable, sa floraison par trop hâtive en fait une plante vrai­ment peu adaptée à notre climat ! Zone 5b (4b en site protégé). 50 cm x 60 cm. ❧ V. plicatum (viorne plicatum, anglais : Doublefile Viburnum) : ce très joli arbuste présente des feuilles joliment plissées, semblables à celles du noisetier (Corylus spp.), devenant rouge pourpré à l’automne, un port étagé et des branches quasi horizontales, lui donnant l’allure d’une pagode. Au printemps il forme, tout le long de ses branches, de grands corymbes aplatis, blanc crème, composés au centre de petits fleurons fertiles entourés de larges fleurons stériles, sans parfum, suivis de baies rouges en été, passant au noir à maturité, à l’automne. L’effet d’ensemble est superbe et cet arbuste est fort populaire dans les climats juste un peu plus chauds que le nôtre, mais… il n’est vraiment pas très heureux chez nous. Même en zone 5b, il faut le placer dans un endroit bien abrité, sinon les boutons de fleurs gèlent en tout ou en partie. 3,5 m x 2,5 m. Zone 6a (5b en site protégé). ❧ V. plicatum ‘Lanarth’ : port moins horizontal que l’espèce, donnant une floraison plus également repartie, mais pas plus rustique ! 3,5 m x 2,5 m. Zone 6a (5b en site protégé).

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Des arbustes « pensez-y bien »

❧ V. plicatum ‘Mariesii’ : encore plus en pagode que l’espèce et particulière­ ment florifère. La forme la plus vendue. 3,5 m x 2,5 m. Zone 6a (5b en site protégé). ❧ V. plicatum ‘Nanum Semperflorens’ : très semblable, pour ne pas dire identique à ‘Summer Snowflake’, décrit ci-dessous. ❧ V. plicatum ‘Pink Beauty’ : comme l’espèce, mais à fleurs d’un rose soutenu. Superbe… en zone 6 ! 3,5 m x 2,5 m. Zone 6a (5b en site protégé). ❧ V. plicatum ‘Summer Snowflake’ : pour prendre des risques avec une viorne plicatum que l’on sait peu rustique, ce cultivar serait sans doute le meilleur choix, car non seulement fleurit-il au printemps, mais il continue de fleurir, au moins sporadiquement, durant tout l’été. 1,2 à 12 m x 1,5 m. Zone 6a (5b en site protégé). ❧ V. rhytidophyllum (viorne à feuilles gaufrées, anglais : Leatherleaf Viburnum) : le premier prix pour la beauté du feuillage chez la viorne va à cette espèce : feuilles lancéolées mais arrondies aux extrémités, coriaces, vert sombre brillant, veloutées au revers et surtout, joliment réticulées de nervures enfoncées lui donnant un effet gaufré. Elles sont imbattables ! Et ses fleurs blanc crème, en grands corymbes aplatis ne sont pas moins attrayantes… mais c’est une espèce à feuilles persistantes et, comme beaucoup de genres comportant à la fois des variétés persistantes et caduques, les espèces persistantes sont moins rustiques. C’est ce cas-ci, oubliez-la ! Zone 7a (6a en site protégé). ❧ V. x rhytidophylloides (viorne rhytidophylloïde, anglais : Lantanaphyllum Viburnum) : en croisant la viorne commune (V. lantana) avec la viorne à feuilles gaufrées (V. rhytidophyllum), on a obtenu une espèce intermédiaire, ayant aussi de belles feuilles étroites et gaufrées comme V. rhytidophyllum, mais pas aussi belles, étroites et gaufrées, tout de même différentes de celles des autres viornes. Elle profite aussi d’une meilleure rusticité, plus proche de celle de la viorne commune. La viorne rhytidophylloïde (essayez de répé­ter ça trois fois, rapidement, sans que la langue vous fourche !) a un feuillage semi-persistant. Il en résulte que, sous notre climat, ses feuilles restent vertes jusqu’en novembre, puis tombent sans changer de couleur. Ses dômes de fleurs blanc crème apparaissent au printemps et sont suivis de fruits rouges, devenant noirs à pleine maturité, au début de l’automne. Très intéressante… mais de rusticité douteuse. 2 à 3 m x 2 à 3 m. Zone 6b (5b en site protégé). ❧ V. x rhytidophylloides ‘Alleghany’ : ce cultivar est nettement plus rustique que l’espèce et serait donc la variété à essayer chez vous. Sous couverture de neige, il se comporte même très bien en zone 2b ! D’accord, la floraison risque d’être un peu faible certaines années, et elle n’atteint pas une aussi grande taille dans le Nord que dans le Sud (calculez 1,5 m ou moins en zones 2 et 3), mais c’est réellement un très bel arbuste, très différent de tout autre de climat froid à cause de son si beau feuillage. Feuilles rugueuses à souhait. De plus, leur vert très foncé met bien en valeur les fleurs blanc jaunâtre. Résistant aux maladies. Voir la fiche sur la viorne commune (V. lantana) dans le chapitre Des arbustes vraiment sans entretien ! (page 178) pour en savoir plus sur la culture de cette espèce, car elle diffère légèrement de celle de la viorne odorante. 2 à 3 m x 2 à 3 m. Zone 4a (2b en site protégé).

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DES ARBUSTES À ÉVITER

N

ous voilà vraiment au fond du baril. Les arbustes décrits dans ce chapitre ne valent pas la peine de figurer dans votre aménagement paysa­ger, ni même dans votre arbo­retum personnel. Si vous ne les avez pas sur votre terrain, ne les plantez pas. Si vous les avez déjà, arrachez-les ! Qu’il s’agisse d’une maladie ou d’un insecte si tenace qu’aucun traitement n’est possible, d’un manque flagrant, mais vraiment flagrant de rusticité, d’une exigence surhumaine pour une protection hivernale ou d’absen­ce totale d’attraits combiné à de vilains défauts, avec des problèmes si grands, ces ar­bustes ne sont pas pour vous, où que vous résidiez au Québec. De nombreux arbustes décrits ici sont très rarement disponibles en pépinière. Mon avertissement est donc surtout destiné au collectionneur de plantes qui tombe sur la description d’un arbuste inconnu et qui décide de le faire venir probablement par la poste, car les catalogues de vente postale sont le royaume de ces botanistes ama­teurs inébranlables. Par contre, il est incroyable de constater que certains se vendent couramment au Québec, dans presque toutes les pépinières, sans le moindre avertissement concer­nant leurs problèmes. Je n’ose pas dire que c’est du vol, mais… soyons hon­nête, c’est du vol pur et simple. Par contre, si le vendeur vous en avise et que vous achetez tout de même l’arbuste, c’est une chose. Mais, s’il vous offre l’un de ces arbustes sans mentionner son défaut, et surtout s’il vous encourage à l’acheter, c’est un vendeur à la petite semaine qui ne sait pas ce qu’il vend, ou un commerçant qui tente de vous rouler en pleine connaissance de cause. « Caveat emptor » (à l’acheteur de se méfier) dit-on en latin, comme si une telle supercherie était justifiée. Je n’accepte pas un tel manque de moralité. Je crois à l’honnêteté dans les affaires comme dans la vie. Comme consommateur, vous avez le droit de connaître le pour et le contre du produit que vous achetez. Il est donc de mon devoir de vous mettre en garde contre certaines plantes qui « n’ont aucun bon sens » !

Ajonc commun Buisson ardent Chèvrefeuille de Tatarie Fuchsia rustique

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Ketmie de Syrie Nerprun cathartique Rosier buisson Rosier sur tige

Ulex europaeus,

Anglais : Gorse, Furze Il y a des avantages à vivre dans un pays froid… et l’un d’eux est de n’avoir pas à craindre un envahis­sement par l’ajonc com­ mun (Ulex europaeus). Cet arbuste, originaire d’Europe occidentale et d’Afrique Ulex europaeus en pleine floraison (et pleine du Nord, produit au début sur ses expansion) en Nouvelle-Zélande. jeunes tiges de véritables feuil­les trifoliées, comme de nombreuses au­tres Légumineuses, mais ses feuilles se muent rapidement en épines vertes lorsque la plante se développe un peu, et par la suite, il reste sur les tiges que des feuilles transformées en petites écailles. Ce sont les épines qui s’occupent de la photo­synthèse à la place des feuilles… mais en rendant l’arbuste totalement impénétrable. Capable de croître dans les sols très pauvres et très secs, l’ajonc a réussi à s’établir dans les sols dégradés et rocailleux sur tous les continents, sauf l’Antarctique (tiens ! une autre région froide où l’on n’a pas à craindre l’ajonc !) et est parvenu rapidement à dominer le paysage, à l’exclusion des autres végétaux. Pour vous don­ner une petite idée de l’étendue du problème, voici quelques pays ou régions du monde où l’envahissement par l’ajonc est devenu un problème très sérieux : l’Australie, la Californie, la Colombie-Britannique, Hawaï, l’île de la Réunion, la Nouvelle-Zélande, le Pérou et le Sri Lanka. L’ajonc élimine la nourriture de base et le gîte naturel des oiseaux et animaux indigènes, rend les sols inutilisables pour la foresterie et l’agri­culture, et étant très inflammable, devient la source de terribles incendies, … bien qu’il produise de magnifiques fleurs jaunes en forme de pois qui ornent les collines d’un saisissant jaune brillant. Il crée une beauté incroyable dans un paysage totalement envahi d’ajonc, le genre « un spectacle que j’aime voir lorsque je voyage, mais que pour tout l’or du monde, je ne voudrais jamais avoir dans ma cour » ! Dans plusieurs pays, les jardiniers ont autrefois introduit exprès l’ajonc comme plante ornementale, notamment pour en faire des haies défensives, car personne n’essayerait de traverser une haie d’ajonc… qui serait, semble-t-il, même à l’épreu­ ve des léopards ! Il paraît qu’en Nouvelle-Zélande, un colon écossais (interprétez-le comme vous l’entendez) qui souffrait du mal du pays, a fait venir des plants d’ajonc de son pays natal au milieu du siècle dernier… et a ainsi provoqué ce que l’on considère aujourd’hui être une catastrophe naturelle touchant presque le quart de l’Île du Sud. C’est du moins l’histoire que l’on m’a racontée aux antipodes. D’ailleurs, brûler régulièrement est un des trucs de survie de l’ajonc : les gousses de graines ne s’ouvrent que lorsqu’exposées à de fortes chaleurs, et l’ajonc est l’une des premières plantes à germer après un incendie. De plus, il repousse souvent de ses racines très profondes. En créant un environnement propice aux feux de brousse, il assure sa propagation. Le soleil étant vital pour lui, le pire ennemi de l’ajonc est la forêt avec toute l’ombre qu’elle crée… mais lorsque la brousse brûle, la forêt brûle également… et c’est ainsi que l’ajonc continue son expansion vertigineuse. Aujourd’hui, des millions de dollars sont dépensés pour tenter de limiter son expansion à défaut de pouvoir l’éliminer… et pourtant, les autorités forestières d’au moins un pays, l’Australie, où des populations d’ajonc hors de contrôle sont en bonne partie responsables des terribles incendies de décembre 2001 en Nouvelle Galles du Sud, tiennent davantage les jardiniers responsables de l’explosion de la

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Ajonc commun

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population d’ajoncs que son expansion naturelle. Il semble que de gentils jardiniers, voyant cette superbe masse de jaune, d’ailleurs si délicieusement aromatisée à la noix de coco (oui, sans farce !), ne peuvent s’empêcher de prélever des boutures et des graines pour les planter chez eux ! Ce serait ainsi que l’ajonc conquiert région après région. Si vous visitez l’Australie, vous verrez des pancartes décrivant l’ajonc et avisant les promeneurs de ne pas le cueillir sous aucun prétexte. En ColombieBritannique, où le problème se limite encore à quelques comtés seulement, on prie les citoyens de rapporter la présence de tout plant d’ajonc au gouvernement afin qu’une équipe spécialisée se rende le détruire ! Heureusement, normalement l’ajonc n’est pas rustique chez nous… mais au cas où il existerait une population locale plus acclimatée au froid, évitez de recueillir ses semences lorsque vous voyagez. Ce n’est pas une plante que l’on souhaite avoir chez soi… et l’on ne sait jamais ! En bon citoyen du monde, évitez d’introduire tout autre plante susceptible de devenir problématique. 1,8 m x 1,8 m. Zone 7a.

Buisson ardent Pyracantha spp. Anglais : Firethorn

Le buisson ardent est un proche parent du cotonéastre (Cotoneaster), ressemblant beau­ coup aux variétés tapissantes à petites feuilles (chapitre Au ras le sol), mais il a des tiges épi­ neuses et des feuilles semi-persistantes, étroi­ tement lancéolées et légèrement dentées. On reconnaît cependant les mêmes minuscules fleurs blanches et les mêmes petits fruits rou­ ges. On les distingue cependant par les énor­ mes masses de fleurs blanches recouvrant pres­­ que entièrement ses rameaux que le buis­son ardent produit à la toute fin du prin­ temps, alors que celles des cotonéastres sont si épar­pillées qu’elles créent peu d’effet. Lorsque les fruits des buissons ardents Pyracantha coccinea… en zone 8 ! rougissent, quel spectacle ! Il sont produit en quantité souvent incroyable et l’on comprend alors très bien le sens de son nom commun « buisson ardent » : on le croirait en feu. Même le nom botanique y fait réfé­rence : pyr veut dire feu (pensez à « pyromane »), alors qu’acantha réfère aux épines nombreuses et très acérées. Dans son Eurasie natale, le buisson ardent est un assez gros arbuste de 3 à 4 m x 3 à 4 m, et souvent davantage, car il prend appui sur les arbres environnants pour devenir sarmenteux (semi-grimpant) et monte alors à 7 m ou plus. On utilise souvent les buissons ardents en espalier dans les régions de climat modéré (zone 8 et plus). Dans les régions froides… ils ne demeurent guère plus que des couvre-sols, souvent fauchés sur plus que la moitié de leur hauteur par l’hiver. Tailler toutes ces branches piquantes est hasardeux : portez des gants et des lunettes de protection. De plus, s’y piquer peut provoquer chez certaines personnes de graves réactions allergiques. Leur zone de rusticité ? Normalement 7, 6b pour les plus rustiques. Il y a quelques années cependant, Monrovia Nurseries de Californie a lancé un nouvel hybride censément extra rustique, Pyracantha angustifolia ‘Monon’ (Yukon Belle™)

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qui a connu une brève période de gloire au Québec… mais la prétention de son adaptation en zone 4 ne s’est pas confirmée. Nos pépiniéristes avaient sans doute mal interprété la zone de rusticité, car la cote 4 était basée sur l’échelle américaine d’une zone plus élevée que la nôtre, soit environ 5 chez nous. Et je pense également que Monrovia avait un tantinet exagéré. Aujourd’hui, plusieurs pépinières améri­ caines ont réduit sa cote zonière à 5 (notre zone 6)… que j’estimerais plutôt à 6b, maximum, car les dommages en situation réelle dans notre zone 5b sont très im­portants, la plante exigeant une taille sévère tous les ans et n’arrivant à fleurir et à fructifier qu’une fois en passant. En effet, les fleurs de tous les buissons ardents apparaissent sur le vieux bois et seulement les tiges qui n’ont pas gelé fleurissent et produisent des fruits. La plupart des pépinières québécoises qui le vendaient l’ont depuis abandonné à cause de sa piètre rusticité, sa floraison et sa fructification très faibles, aussi sa gran­de susceptibilité à la tavelure, laquelle tache, provoque la chute des feuilles et noircit les fruits, et la brûlure bactérienne qui fait noircir les tiges. De plus, l’hiver son apparence est hideuse, car toutes les feuilles non couvertes de neige gèlent et brunis­sent, mais en restant collées aux tiges jusqu’au printemps. Ces problèmes ont fait disparaître le buisson ardent dans plusieurs aménagements américains, même dans les zones 7 à 9 où il peut toutefois atteindre son développement complet. Si vous tenez malgré tout à essayer cet arbuste, voici quelques variétés théori­ quement plus rustiques (toutes de zone 6b) qui ont au moins une petite chance de survivre au Québec. À cause de notre climat, tous les arbustes suivants, pour la plupart considérés des grands arbustes s’étalant d’environ 2 à 3 m x 2 à 3 m ailleurs, forment plutôt des tapis de 40 à 80 cm x 1,5 à 3 m. ❧ P. angustifolia ‘Monon’ (Yukon Belle™) : fruits orangés, très susceptible à la brûlure bactérienne et à la tavelure. ❧ P. coccinea ‘Chadwickii’ : fruits rouge orangé. ❧ P. coccinea ‘Kasan’ : fruits rouge orangé, assez susceptible à la tavelure. ❧ P. coccinea ‘Lalandei’ : fruits rouges, la variété « classique » pour les régions froides, mais très susceptible à la tavelure. ❧ P. coccinea ‘Thornless’ : fruits rouges, aucune épine, très susceptible à la brûlure bactérienne et à la tavelure, ❧ P. coccinea ‘Wyattii’ : fruits rouge orangé, très susceptible à la brûlure bactérienne et à la tavelure. ❧ P. x ‘Gnozam’ (Gnome®) : fruits orange, très susceptible à la tavelure. ❧ P. x ‘Orange Charmer’ : fruits rouge orangé, résistant à la tavelure. ❧ P. x ‘Teton’ : fruits jaune doré, résistant à la brûlure bactérienne et à la tavelure.

Chèvrefeuille de Tatarie Lonicera tatarica

Anglais : Tartarian Honeysuckle Tous les printemps, depuis son introduction accidentelle à Montréal en 1976, un petit insecte eura­sia­tique, appelé puceron du chèvre­ feuille (Hya­daphis tartaricae), s’installe à l’extré­mité des nouvelles croissances des chèvrefeuilles arbustifs et se met

Lonicera tatarica ‘Arnold’s Red’ est l’un des rares chèvrefeuilles de Tatarie que l’on peut encore recommander.

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à proliférer. Au début, la colonie de petits insectes vert pâle à crème n’affecte que les plus jeunes feuilles, les bosselant un peu. Mais à mesure que la colonie grossit, toute la nouvelle pousse se tord, se déforme et se décolore : un vrai balai de sorcière. D’ailleurs, les propriétaires d’arbustes infestés parlent du balai de sorcière plutôt que de pucerons, car ces derniers sont si bien cachés qu’ils sont presque invisibles. À la fin de l’été, des pucerons ailés se développent et partent à la recherche d’autres chèvre­feuilles où ils pondent leurs œufs. Les œufs de puceron hivernent sur les arbustes anciennement et nouvellement infestés, et l’infestation recom­mence et s’aggrave le printemps suivant. Le résultat de cette infestation est très laid et sa correction assez exigeante. Il faut supprimer les pousses infestées dès qu’on le remarque et nettoyer de nouveau l’arbuste à la chute des feuilles, car plusieurs balais se cachent au cœur de l’arbuste et ne sont visibles que l’hiver ou tôt au printemps. Au printemps, une vaporisation d’huile au stade dormant contribue à éliminer les œufs pondus sur les pousses d’apparence normale. Mais il en reste toujours quelques-uns et il faut toujours recommencer ! Il n’y a aucune raison de refaire continuellement ce ménage constamment. Si la plupart des chèvrefeuilles arbustifs sont susceptibles à ces pucerons, il existe un nombre quand même important d’espèces et de cultivars qui ne sont pas touchés par ce fléau, et souvent si semblables, que les variétés susceptibles et les variétés résistantes se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Il suffit d’arracher les plants infestés et de les remplacer par des variétés résistantes. Quant aux pépiniéristes, s’ils cessaient de produire les variétés susceptibles… tout le monde serait content. Mais comment se fait-il que la majorité des pépinières, du moins au moment de la publication de ce livre, vendent encore, en pleine connaissance de cause, des chèvre­feuilles non seulement réputés pour leur susceptibilité à cette maladie, mais déjà infestés ? Il n’aurait pas été plus dispendieux pour eux de produire l’une ou l’autre des dizaines de variétés résistantes. Se pourrait-il qu’elles le fassent inten­ tion­nellement pour garder de pauvres clients captifs dans le cercle infernal des « produits pour traiter un problème insoluble », afin d’augmenter leurs profits en vendant après l’arbuste le produit pour traiter l’infestation ? L’idée est trop horrible ! Je dis aux pépinières responsables de cette situation : « Cessez cette supercherie immédia­te­ment. C’est un manque total de respect envers vos clients, et vous êtes en train de perdre votre réputation », et aux acheteurs de chèvrefeuilles : « Évitez à tout prix les chèvrefeuilles sur la liste suivante et toute pépinière qui les vend. Lisez le chapitre Haies à perte de vue pour trouver un chèvrefeuille ne présen­tant pas ce problème, car le choix est abondant. » Je présente mes excuses aux pépinières honnêtes qui ont cessé de produire et de vendre des chèvrefeuilles susceptibles aux pucerons du chèvrefeuille depuis que le problème est devenu évident, aux environs de 1985. Vous agissez en vrais professionnels et vous faites honneur au domaine de l’horticulture. Vous méritez mon respect ! Je présente aussi les mêmes excuses aux producteurs de nouvelles variétés de Lonicera qui ne savaient pas que les plantes qu’ils introduisaient étaient susceptibles. Tout le monde a le droit de se tromper ! Que faire devant un chèvrefeuille qui n’est ni sur la liste des chèvrefeuilles à bannir, ni parmi les espèces et variétés recommandées aux pages 504 et 510 ? Il y a littéralement des centaines d’espèces et de cultivars de Lonicera et leur degré de résistance n’est pas toujours clairement établi. On lance de nouveaux cultivars de chèvrefeuille tous les ans. Alors, allez-y avec beaucoup de circonspection dans vos « expérimentations » (il faut alors les voir sous cet angle)… et ne plantez surtout pas 20 m de haie avec un chèvrefeuille inconnu. Essayez un plant et, si après 5 ans, il

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n’y a pas de problème, achetez-en d’autres du même cultivar. Je me suis moi-même fait prendre en achetant, il y a quelques années, un tout nouveau chèvrefeuille au feuillage panaché, une sélection québécoise par surcroît, L. canadensis ‘Marble King’. Mais à ce moment-là, ni l’obtenteur ni moi ne savions qu’il y avait un problème. Que les pépinières qui le vendent le sachent cependant : en constatant le triste état du ‘Marble King’ planté dans ma cour, je peux vous assurer qu’il est très susceptible. Je promets de l’arracher le printemps prochain ! Dans la nature, en Russie, pays d’origine de cette infestation, le principal hôte de l’insecte est le chèvrefeuille de Tatarie (L. tatarica), alors que le chèvrefeuille de Korolkow (L. korolkowii), qui partage à certains endroits la même aire, n’est jamais infesté. C’est la même chose en culture : il y a des chèvrefeuilles très susceptibles, légèrement susceptibles et non susceptibles. Curieusement, certains cultivars du chèvrefeuille de Tatarie, pourtant normalement l’hôte principal de l’insecte, ne sont pas susceptibles, comme ‘Arnold’s Red’ et ‘Freedom’. Ils sont décrits à la page 513. Voici les chèvrefeuilles les plus reconnus pour leur susceptibilité à cette maladie, et malgré tout disponibles en pépinière au Québec. Je ne prends pas la peine de les décrire, car de toute façon, qui voudrait les acheter? ❧ Lonicera x amoena (chèvrefeuille plaisant, anglais : Gotha Honeysuckle) ❧ L. x bella (chèvrefeuille élégant, anglais : Belle Honeysuckle) ❧ L. x bella ‘Dropmore’* (chèvrefeuille de Dropmore, anglais : Dropmore Honeysuckle) ❧ L. canadensis (chèvrefeuille du Canada, anglais : American FlyHoneysuckle) ❧ L. canadensis ‘Marble King’ (chèvrefeuille panaché, anglais : Variegated Honeysuckle) ❧ L. muendeniensis (chèvrefeuille de Muenden, anglais : Muenden Honeysuckle) ❧ L. microphylla (chèvrefeuille à petites feuilles, anglais : Littleleaf Honeysuckle) ❧ L. morrowii (chèvrefeuille de Morrow, anglais : Morrow Honeysuckle) ❧ L. x myrtilloides (chèvrefeuille à feuilles de myrtille, anglais : Huckleberry Honeysuckle) ❧ L. x notha (chèvrefeuille notha, anglais : Rutarian Honeysuckle) ❧ L. tatarica (chèvrefeuille de Tatarie, anglais : Tartarian Honeysuckle) ❧ L. tatarica ‘Alba’ (chèvrefeuille de Tatarie à fleurs blanches, anglais : Whiteflowered Tartarian Honeysuckle) ❧ L. tatarica ‘Bytown’ (chèvrefeuille Bytown, anglais : Bytown Honeysuckle) ❧ L. tatarica ‘Grandiflora’ (chèvrefeuille grandiflore, anglais : Bride Honeysuckle) ❧ L. tatarica ‘Hack’s Red’ (chèvrefeuille Hack’s Red, anglais : Hack’s Red Honeysuckle) ❧ L. tatarica ‘Morden Orange’ (chèvrefeuille Morden Orange, anglais : Morden Orange Honeysuckle) ❧ L. tatarica ‘Rosea’ (chèvrefeuille de Tatarie à fleurs roses, anglais : Rosy Tartarian Honeysuckle) ❧ L. tatarica ‘Zabelii’, syn. L. muendeniensis ‘Zabelii’ : (chèvrefeuille de Tatarie de Zabel, anglais : Zabel’s Honeysuckle). *À ne pas confondre avec le chèvrefeuille grimpant L. x brownii ‘Dropmore Scarlet’ qui offre une excellente résistance aux pucerons.

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Fuchsia rustique Fuchsia magellanica

Anglais : Hardy Fuchsia Si vous êtes aussi maniaque que moi de plantes rares commandées par la poste, un jour vous verrez sûrement une mention du « fuchsia rustique » (Fuchsia magel­lanica). Ce petit fuchsia arbustif, une réplique miniature parfaite de nos fuchsias de terrasse, serait le plus rustique Fuchsia magellanica ‘Aurea’ de son genre. Originaire de la Terre de Feu, à l’extrême sud de l’Amé­rique du Sud, où semble-t-il les hivers sont froids et ennei­gés, il serait le seul capable d’hiverner en pleine terre dans le Nord. Mais qui nous dit cela ? Les gens vivant en France, en Grande-Bretagne, dans le nord de la Californie, en ColombieBritannique, etc., uniquement sous des climats où il y a bel et bien un hiver avec de la neige… mais un hiver si doux. Lorsque le thermo­mè­tre descend à -15 ˚C, c’est l’événement de l’année, sinon de la décennie. Chez nous, quand il fait « seulement » -15 ˚C en janvier, on s’émer­veille du peu de rigueur de l’hiver ! Il est beau le petit fuchsia, avec ses petits « pendants d’oreille » violets aux calices écarlates et ses petites feuilles verticillées,… mais il n’est pas assez rustique pour notre climat à nous. Et quand on dit que ses cultivars ‘Riccartonii’ (calice plus foncé) ou ‘Aurea’ (feuilles jaune or) sont « encore plus rustiques que l’espèce », on parle de l’espèce qui survit à peine en zone 7b, et de ses cultivars qui résistent bien en zone 7a. Comme vos autres fuchsias, cultivez, en pot, cette petite merveille que l’on peut facilement maintenir à 45 cm x 45 cm par la taille, mais qui en fait, peut atteindre 3 m x 3 m si on le laisse faire, et rentrez-le pour l’hiver, mais n’essayez pas de le faire hiverner à l’extérieur, du moins pas au Québec ! 3 m x 3 m. Zone 7b (7a en site protégé). En passant, c’est la même histoire pour plusieurs autres végétaux dits rusti­ques. L’oranger rustique (Poncirus trifoliata), le palmier rustique (Trachycarpus fortunei), etc. ne sont pas tellement rustiques. Rappelez-vous que le terme « rustique », « hardy » si vous fouillez dans les catalogues de langue anglaise, est un terme bien relatif.

Ketmie des jardins Hibiscus syriacus

Anglais : Rose-of-Sharon, Shrub Althea Arbuste très populaire dans les régions à climat tempéré doux, la ketmie des jardins, aussi appelée mauve-en-arbre ou hibiscus arbustif, a un port dressé et se recouvre en été de multitudes de pe­ tites feuilles trilobées, vert foncé, res­sem­blant à une feuille d’érable. À partir du milieu de l’été, mais tout l’été sous les climats plus cléments, il produit de magnifiques fleurs en forme de soucoupe mesurant de 5 à

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Hibiscus syriacus ‘Oiseau Bleu’

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10 cm de diamètre, dans une vaste gamme de tons de blanc, rose, rouge, mauve et bleu violet, souvent à œil plus foncé. Elles peuvent être simples, semi-doubles ou doubles et chacune ne durent qu’une seule journée. Elles se succèdent toutefois pendant une longue saison de floraison qui peut même, sous les climats vraiment doux, s’étendre sur 10 ou 11 mois. Chez nous, la ketmie commence habituellement à fleurir à la fin de juillet pour cesser en septembre. Les feuilles résistent assez tard à l’automne, puis tombent encore vertes ou après avoir jauni quelque peu. Les fruits secs, produits sur les plantes fertiles (les variétés triploïdes et à fleurs doubles étant généralement infertiles), s’ouvrent en étoile brune et persistent tout l’hiver, offrant un petit plus à cette saison. Ce n’est d’ailleurs pas un arbuste si difficile à combler, du moins côté feuillaison : le plein soleil et presque tout sol bien drainé, ni sec, ni détrempé, voilà tout. Par con­tre, un sol très riche et meuble donne plus de fleurs. Un emplacement abrité du vent, où il fait très chaud l’été, est par contre presque essentiel pour une bonne floraison. Voir une ketmie des jardins c’est la vouloir : ses grosses fleurs d’allure tropicale la font vendre par milliers au Québec, et ce, dans une plus vaste gamme de variétés que la plupart des arbustes vraiment rustiques ! Pourtant, il n’y a probablement pas un hibiscus sur vingt qui survit à son premier hiver, et les spécimens de 5 ans ou plus sont très rares. Cet Hibiscus, pourtant le plus rustique des hibiscus arbustifs, n’est tout simplement pas assez résistant au froid pour notre climat. Pour survivre au Québec, il lui faut absolument une protection hivernale très importante. Le plus sûr, c’est de creuser une tranchée de 60 à 90 cm de profondeur et d’y coucher l’arbuste en octobre, le recouvrant de terre et de paillis, et au printemps, la déterrer et la replanter. La méthode la plus courante, mais beaucoup moins sûre, est celle utilisée pour « rosier hybride de thé » : on butte la base de l’arbuste avec 20 cm de terre prélevée d’ailleurs dans le jardin, on le taille juste assez pour le cacher sous un cône à rosier ou un géotextile plastifié, puis on prie la Vierge Marie. Malgré tout, il est fréquent qu’il ne passe pas l’hiver. Au printemps, rabattez la ketmie à 10 cm du sol, sa partie supérieure étant sans doute morte. Comme elle fleurit sur le bois de l’année, cette taille sévère n’empêche pas sa floraison. Vous ne saurez cependant pas si elle a survécu avant le mois de juin, car cet arbuste recommence très lentement à pousser. Si oui, malgré un aspect bien frêle au début, il repousse plus vigoureusement avec le temps. Plus l’été est chaud, plus il arrive rapidement à la floraison. Parfois dès le mois de juillet, mais souvent en août. Dans les zones 4 ou inférieures, il arrive souvent qu’il ne fleurisse pas avant le mois de septembre, ou même pas du tout si l’été est trop frais. Ce qui précède sert tout simplement à vous expliquer la situation. Vous avez l’assurance que je ne vous recommande ni de creuser des tranchées, ni de recouvrir vos hibiscus d’un cône à rosier. Tant de travail pour un arbuste qui ne donnera que quelques fleurs avant de retourner en dormance ? Non, merci ! Pour le jardinier paresseux, il y a cependant 4 possibilités pour cultiver la ketmie sous notre climat. • La plus facile, c’est de cultiver autre chose. C’est aussi la méthode la plus sage. • La deuxième n’est pas trop éreintante : la cultiver comme une annuelle et la laisser mourir au froid. Sa floraison est alors hâtive, car la ketmie a généralement été forcée en serre : souvent elle est déjà en boutons lorsque vous l’achetez et encore en fleurs lorsque le gel frappe à l’automne. Superbe ! • La troisième possibilité consiste à la cultiver en contenant, et rentrer ce dernier dans un lieu froid mais libre de gel l’hiver (voir la page 533).

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N’oubliez cependant pas qu’un arbuste en contenant exige des soins plus poussés qu’un arbuste en pleine terre, notamment un régime régulier d’arrosages. • La quatrième ? La recouvrir abondamment de feuilles mortes à l’automne : au moins 30 cm. Ça marche à coup sûr… mais vous en payez le prix plus tard en saison, car un paillis garde son sol plus frais, et votre ketmie ne se remet pas à pousser avant le mois de juillet… imaginez le retard dans la floraison. Personnellement, je recommande la première possibilité. Depuis déjà longtemps, j’ai décidé d’abandonner la culture de cet arbuste si exigeant. Ce qui m’exaspère le plus avec cet arbuste, c’est que les pépinières le vendent allégrement, avec une jolie étiquette « zone 5 » solidement attachée à une tige. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais quant à moi, c’est du vol. Il faudrait au moins être honnête, mettre cette plante dans un coin « pour jardiniers avertis seu­lement », avec une étiquette « zone 6b », et fournir un dépliant détaillé expli­quant sa culture. Au moment de l’achat, dites-vous bien que toutes les ketmies n’ont pas la même rusticité. Plusieurs des variétés les plus hâtives et les plus florifères sont en fait des croisements avec des espèces subtropicales, comme H. paramutabilis et H. sinosyricus, et plutôt de zone 7, avec encore moins de chances que les autres que ses variétés réussissent chez vous ! Par contre, simplement en les regardant, il n’est pas évident de distinguer entre une ketmie presque rustique et une ketmie qui ne l’est pas du tout. C’est pourquoi vous serez peut-être plus en sécurité avec un cultivar qui a au moins fait quelques preuves au Québec, comme ‘Aphrodite’ (simple, rose foncé à œil rouge) ; ‘Ardens’ (double, rose pourpré) ; ‘Diana’ (simple, blanc, pétales crêpés, triploïde) ; ‘Hamabo’ (simple, rose à cœur rouge) ; ‘Helene’ (simple, blanc, cœur rouge pourpré, triploïde) ; ‘Minerva’ (simple, lavande, œil rouge, triploïde) ; ‘Oiseau Bleu’, syn. ‘Blue Bird’ (simple, bleu à cœur rouge) ou ‘Woodbridge’ (simple, rosé, centre rouge). Taille approximative (sous climat froid) : 80 cm à 1,8 m x 80 cm à 1,2 m. Zone 6b (5b en site protégé).

Nerprun cathartique Rhamnus cathartica

Anglais : Common Buckthorn, European Buckthorn Ce grand arbuste ou petit arbre à plusieurs troncs a été introduit d’Europe, il y a très longtemps et fut jadis un arbuste à haie populaire. Cependant, c’est un hôte alternant de la rouille de la couronne (Puccinia coronata), une maladie de l’orge, et il a donc été rapi­dement mis au ban des arbustes utiles dans les campagnes où l’orge était encore très cultivée. De nos jours, il reste rare en culture, mais est si bien natura­ lisé, notamment en bordure des anciens champs de culture et le long des rou­tes, qu’il n’est pas près de disparaître ! L’attrait de cet arbuste est surtout automnal, lorsque ses rameaux sont char­gés d’assez gros fruits noirs et luisants. D’ailleurs le nom commun « nerprun » , appliqué à tous les Rhamnus, dériverait de cette espèce, dont les fruits noirs ressem­blent à des prunes, d’où « noirprun », encore utilisé dans certaines parties de la France, puis « nerprun ». L’effet des fruits n’est pas très durable cependant, car les oiseaux les dévorent alors qu’ils sont encore partiel­lement cachés par les feuilles, ne laissant pour l’hiver qu’une silhouette noircie et épineuse, aux branches souvent crochues ou en zigzag.

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Des arbustes à éviter

En d’autres saisons, le nerprun cathartique forme surtout une masse de verdure très ordinaire. Les feuilles sont plutôt arrondies, pointues à l’extrémité, avec des nervures enfoncées. Elles maintiennent une coloration d’un vert foncé luisant tout l’été, et jusque tard à l’automne, jaunissant un peu avant de tomber. Les feuilles sont surtout regroupées sur de courts rameaux qui, à la chute des feuilles, deviennent des épines et persistent de nombreuses années. Les petites fleurs verdâtres sont sans attraits, et cachées de toute façon dans le feuillage. Il faut disposer d’au moins un arbuste mâle dans les environs, sinon il n’y a pas de fruits. Comme le nom « nerprun cathartique » et son pseudonyme « nerprun purgatif » le suggèrent, les fruits du nerprun cathartique ont des effets purgatifs violents et furent longtemps utilisés en médecine populaire pour traiter la constipation. De nos jours, on leur préfère des méthodes plus douces et l’on considère même que ses fruits sont toxiques. D’accord, il faut en consommer de grosses quantités pour vraiment s’intoxiquer, mais le mangeur de nerpruns risque de vivre quelques heures très désagréables ! Le vrai problème avec le nerprun cathartique est son côté envahissant. Pas tel­ le­ment par ses drageons, même s’il en produit souvent, mais par ses graines dépo­ sées un peu partout par les oiseaux. Même dans son Europe natale, on ne recom­ man­de pas sa culture à cause de ce défaut. Imaginez-vous qu’en Amérique, où cet arbuste si envahissant ne fait même pas partie de la flore naturelle ! Dans certaines régions du Québec, notamment sur les sites dérangés par l’homme, le nerprun est devenu l’espèce dominante ! Avec ses autres défauts (transporteur d’une maladie des céréales, fruits potentiellement toxiques, tiges épineuses qui rendent sa taille difficile, apparence peu esthétique, etc.), il n’a vraiment rien pour plaire au jardinier. Si pour une raison que vous êtes seul à connaître, vous teniez à le cultiver, peutêtre un jardin montrant les plantes médicinales d’autrefois, ou sait-on jamais, une collection de « plantes indésirables », sachez que sa culture est doublement facile, car il vit en association avec des bactéries fixant l’azote atmosphérique, à la manière des Légumineuses, et peut donc survivre dans les sols très pauvres. Sinon, presque tout sol non détrempé et non excessivement sec lui convient, ainsi qu’un emplacement au soleil ou à la mi-ombre. Il tolère très bien les conditions de ville (compactage du sol, pollution de l’air, produits de déglaçage, etc.) et croît bien aussi en bordure des cours d’eau ou au bord de la mer où il peut contribuer à stabiliser les sols. Les oiseaux au moins vous en remercieront et même doublement, car ils aiment non seulement manger ses fruits, mais de nombreux volatiles aiment nicher dans un arbuste aussi épineux. 6 m x 5 m. Zone 2. Le nerprun cathartique a aussi plusieurs cousins aussi envahissants que lui, et aussi peu recommandables. Le nerprun bourdaine (R. frangula), dont deux cultivars nettement plus intéressants que l’espèce sont décrits dans le chapitre Sous les conditions extrêmes, n’a aucun attrait en soi, sinon sa capacité de pousser sous des conditions exécrables : sols secs, pauvres, etc. Il est similaire au nerprun cathartique, mais avec des feuilles plus allongées et des fruits devenant rouges avant de noircir. Et… il est sans épines. Cette espèce européenne aussi s’est déjà bien naturalisée dans certaines parties du Québec, ainsi d’ailleurs que dans presque tous les pays tempérés du monde. 3 à 4 m x 3 à 4 m. Zone 3b. Enfin, le nerprun de Dahurie (R. davurica), une espèce asiatique, n’est pas encore, paraît-il, naturalisé au Québec… et c’est peut-être mieux comme ça. Sans attrait particulier, elle ressemble à un grand nerprun cathartique aux feuilles plutôt triangulaires et est aussi envahissante. 7,5 à 9 m x 7,5 à 9 m. Zone 4a.

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Rosa spp.

Anglais : Bush Roses D’accord, les fleurs sont belles, mais il faut être soit masochiste ou un véritable maniaque de travail acharné pour cultiver des rosiers buissons au Québec. Ils sont pourtant parmi les rosiers les plus populaires, ou du moins ils l’étaient, leur blason semblant se ternir de plus en plus. On parle des célèbres hybrides de thé et grandifloras surtout, mais aussi, à un moindre degré, des rosiers floribunda, polyantha et miniatures. La litanie de leurs défauts est presque infinie : susceptibilité extrême aux insectes et aux maladies, piètre appa­ rence dans le jardin (les fleurs sont belles, mais Rosa x ‘Arctic Flame’ : un rosier l’arbuste, « pas regardable »), fortement épineux, Sub-Zero. vie courte, exigence de taille sévère, etc. Leur pire défaut est cependant leur manque d’adaptation à notre climat : elle est nulle. Ces arbustes sont de zone 7 ou 8, incapables de croître sans protection hivernale au nord de la Virginie. Ainsi, pour tenter de les conserver, il faut les but­ter à l’automne, poser un cône à rosier ou un géo­textile plastifié, l’enlever juste au bon moment pour ne pas stimuler une croissance trop hâtive qui risque de geler… ni leur faire subir des tem­pé­ratures de moins de -18˚C sans protection, la température approximative où les plus résis­tants au froid sont capables de survivre. Malgré tout notre dé­voue­ment, traitements antipa­ra­sitaires hebdo­madaires pendant presque 6 mois, dorlo­tement, préparation pour l’hiver, etc., ils ont le culot de mourir sans crier gare ! Les pertes hiver­nales varient ordinairement entre 15 à 75%, car il y a de bons hivers et des moins bons. Vous me concéderez que c’est très déce­vant de faire tant d’efforts pour conser­ver une plante et la voir mourir quand même ! Je considère que la seule utilisation rationnelle pour un rosier hybride de thé ou grandiflora est… comme plante annuelle. Choisissez des variétés réputées pour leur résistance aux maladies et aux insectes (tache noire, blanc et rouille sont les trois problèmes les plus graves et peuvent complètement défolier l’arbuste en 24 heures) et plantez-les au soleil, dans un sol riche et meuble, plutôt acide, arrosez régulière­ment au besoin… et laissez-les crever à l’automne. Voilà pour les hybrides de thé et les grandifloras, les deux catégories les plus populaires de rosiers buissons (ainsi appelés pour les distinguer des rosiers arbustifs, plus vigoureux et plus rustiques). Que dire maintenant des trois autres catégories de rosiers buissons : les floribundas, les polyanthas et les miniatures. Ces derniers sont un peu plus intéressants, voir même « acceptables » dans certaines circonstances. D’abord ils ont un feuillage plus dense et un port plus égal que les hybrides de thé et les grandifloras, qui, avec leurs tiges épaisses dressées, faiblement feuillues et leur absence de rameaux secondaires pour remplir le vide, n’ont aucune allure lorsqu’ils ne sont pas en fleurs. Aussi, plusieurs , notamment chez les miniatures, sont passablement rustiques sous un épais paillis et une bonne couverture de neige, et certains peuvent survire à nos hivers sans aucune protection. La culture des rosiers floribundas, polyanthas et miniatures est possible même pour le jardinier paresseux, à condition de choisir des variétés résistantes aux insectes et aux maladies, et reconnues comme étant rustiques en zone froide, bien sûr.

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Photo : McFayden Seed Co. Ltd.

Des arbustes à éviter

Rosiers buisson

Des arbustes à éviter

Il n’en demeure pas moins que le vent commence à tourner pour les rosiers buissons. Il n’y a pas si longtemps, seule la fleur importait. En autant qu’elle était belle et de forme « classique » (bouton pointu se déferlant peu à peu en une grosse fleur double aux pétales partiellement enroulés vers le bas), on acceptait tout : zéro pour la résistance aux maladies, manque total de vigueur, apparence inférieure du reste du plant, etc. Aujourd’hui, on commence à exiger, même d’un rosier hybride de thé ou grandiflora, au moins une certaine résistance aux maladies et une bonne apparence générale du plant. Les rosiers buissons des années 1950 à 1970, avec de superbes fleurs, mais dont la survie quotidienne dépendait totalement du degré de bichonnage par son propriétaire, deviennent de plus en plus des dinosaures. Le jardinier moderne recherche à la fois la beauté… et la facilité. Et saviez-vous qu’il existe, depuis les années 1950, des rosiers buissons de type hybride de thé suffisamment rustiques pour survivre au Québec, sans aucune protection ? La série Sub-Zero, développée il y a environ 50 ans au Rhode Island par feu le docteur Walter D. Brownell, mais qui ne fait que commencer à trouver sa place dans nos jardins, est composée de rosiers d’origines variées, mais toujours bien rustiques en zone 4. La plupart sont des croisements entre des rosiers arbustifs rustiques, qui leur transmettent leur bonne rusticité et leur résistance aux maladies en plus d’un port un peu plus fourni et feuillu, et des hybrides de thé à grosse fleur de forme classique. On les classe parmi les rosiers hybrides de thé. Les rosiéristes puristes rétorqueront sans doute que ces rosiers ne sont pas les égaux d’un ‘Pascali’ ou d’un ‘Peace’… ce à quoi je réponds « …et 99% des autres hybrides de thé non plus ! » Ils procureront pleine satisfaction aux jardiniers qui ne s’inscrivent pas dans des concours, mais aiment s’amuser avec les fleurs. Étant plus arbustif de nature que les plus typiques rosiers hybrides de thé, ils croissent plus densément, produisent plus de feuillage… et un plus grand nombre de fleurs. En fait, croyez-le ou non, ils sont presque attrayants même sans fleurs, un accomplissement majeur pour un hybride de thé, n’est-ce pas ? Cependant, ils ne sont pas longtemps sans fleurs, car leur floraison est continuelle durant tout l’été, jusqu’au mois de novembre dans mon jardin. Ce genre d’hybride n’est qu’un début. Je pense que si les hybrides de thé et les grandifloras veulent garder leur place dans nos aménagements, il faudra qu’ils suivent une cure de rusticité et de résistance aux insectes et aux maladies, et qu’ils corrigent leur mauvaise posture. Et ils vont le faire : car après tout, leur avenir en dépend ! En résumé, je ne recommande donc pas la culture des hybrides de thé, des gran­difloras ou de tout autre rosier qui nécessite d’importants travaux de protec­tion contre les maladies et les méfaits de l’hiver. Si les rosiers hybrides de thé, grandiflora et compagnie vous plaisent, je vous suggère d’essayer les rosiers Sub-Zero : vous m’en donnerez des nouvelles ! Voici les rosiers Sub-Zero les plus disponibles. Tous mesurent environ 90 x 120 cm x 90 à 120 cm, et sont rustiques en zone 4a (jusqu’en zone 2a sous couverte de neige). Tous sont malheureusement vendus greffés, ce qui réduit beaucoup leur rusticité aussi longtemps qu’ils ne se sont pas affranchis de leur porte-greffe. Plantez-les profondément, pour couvrir le point de greffe soit de 10 cm de sol, ce qui stimule un bon enracinement du greffon. Comme pour les rhododendrons, une plantation printanière est recommandée pour allonger le plus possible leur saison de culture et fournissez-leur une protection hivernale pour le premier hiver. Une petite cage entourée de jute ou de géotextile suffit. Pour le deuxième hiver, ils seront bien enracinés sur leurs propres racines et une protection ne devrait plus être nécessaires en zones 4a et plus, ni dans les régions plus froides où la neige est abondante, surtout s’ils sont bien paillés.

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Des arbustes à éviter

❧ Rosa x ‘Arctic Flame’ : rouge moyen double. Très parfumé. ❧ Rosa x ‘Charlotte Brownell’ : jaune riche au début, devenant jaune crème, marginé de blanc. ❧ Rosa x ‘Dr. Brownell : jaune double de forme très classique. Grosse fleur. Très parfumé. ❧ Rosa x ‘Margaret Chase Smith : fleurs rouge foncé. Très parfumé. ❧ Rosa x ‘Maria Stern’ : orange et jaune orangé, double. Parfum épicé intense. Très résistant aux maladies. ❧ Rosa x ‘Orange Ruffles : grosse fleur jaune orangé à orange aux pétales ondulés. Parfum intense. ❧ Rosa x ‘Senior Prom’ : fleurs double rose foncé. Forme classique. Enfin, pour la culture générale des rosiers, lisez la fiche du Rosier arbustif dans le chapitre Des fleurs au cœur de l’été.

Rosiers sur tige Rosa spp.

Anglais : Tree Roses Quand même ! On sait déjà que les rosiers buissons ne sont pas rustiques sous notre climat. Or, imaginez ceci : un rosier buisson greffé sur une tige, exposant le point de greffe à des températures de -35 ˚C ! De tous les ar­bustes décrits dans ce livre, les rosiers sur tige sont les moins recommandables. Coûteux, difficiles à maintenir, impossibles à hiverner raisonnablement, au point où je vous suggère tout simplement de ne pas en acheter, point à la ligne. Si vous y tenez vraiment et que vos goussets vous le permettent, cultivez-les comme des annuelles, les laissant geler à l’automne. De toute façon, vous n’avez que deux possibilités pour les conserver : les enterrer dans une tranchée d’au moins 60 cm de profondeur (90 cm dans les régions où la couche de neige n’est pas fiable) ou les hiverner en serre froide, dans un garage peu chauffé ou dans une couche froide. D’ailleurs, comme ce sont des plantes très coûteuses, je vous suggère de pratiquer la culture des rosiers en contenant pendant au moins deux saisons avant d’acheter un rosier sur tige. Quand vous aurez la main avec un rosier bon marché, comme le populaire floribunda/polyantha ‘Moersdag’ Mother’s Day, et réussi à les faire survivre deux hivers en contenant, vous serez prêt pour un rosier sur tige. Pour les autres jardiniers, donc 99,99999999% des lecteurs, les rosiers sur tige sont strictement Verboten ! Rosa x ‘First Class’

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SOURCES DE PLANTES Des arbustes par la poste ?

Si vous ne trouvez pas les arbustes que vous recherchez à votre pépinière locale et qu’on ne peut pas les commander pour vous, sachez qu’il est facile de faire venir de jeunes arbustes par la poste. Afin de vous aider dans vos recherches, voici quelques adresses de sources d’arbustes (et d’autres plantes) inusités.

ALCLA Native Plant Restoration Inc. 253147, Bearspaw Road Calgary, Alberta, T3L 2P5

Au jardin de Jean-Pierre 1070, Rang 1 Ouest Sainte-Christine, Québec J0H 1H0

Téléphone : (403) 889-4795

Téléphone : (819) 858-2142

Courriel : [email protected]

Courriel : [email protected]

Site Web : alclanativeplants.com

Site Web : www.jardinjp.com

Spécialité: plantes indigènes de l’Alberta

Guide des végétaux : 7$

Arboquebecium pépinière 300, Chemin Veilleux Sainte-Catherine-de-Hatley Québec, J0B 1W0 Courriel : [email protected] Site Web : www.arboquebecium.com Spécialité : arbres et arbustes indigènes du nord est de l’Amérique du Nord

Spécialité : arbres et arbustes

Corn Hill Nursery Ltd. 2700, Route 890 Corn Hill Nouveau-Brunswick E4Z 1M2 Téléphone : (506) 756-3635 Courriel : [email protected] Site Web : www.cornhillnursery.com Spécialité : arbustes à fleurs et rosiers

Chiltern Seeds 114 Preston Crowmarsh Wallingford, OX10 6SL, England

Croque paysage Cultiver l’abondande 2097, Route 117, Val-David Québec, J0T 2N0

Téléphone : +44 (0)1491 824675

Site Web : www.cultiverlabondance.com

Courriel : [email protected]

Spécialité : arbres, arbustes, grimpantes, etc.

Site Web : www.chilternseeds.co.uk Spécialité : vaste choix de semences

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Fraser’s Thimble Farms 175, Arbutus Road Salt spring Island Colombie-Britannique V8K 1A3 Téléphone : (250) 537-5788 Courriel : [email protected] Site Web : www.thimblefarms.com Spécialité : plantes de collection Golden Bough Tree Farm 900 Napanee Road Marlbank, Ontario K0K 2L0 Courriel : [email protected] Site Web : www.goldenboughtrees.ca Spécialité : arbres, arbustes et fruitiers rustiques Grimo Nut Nursery 979, Lakeshore Road, R.R. 3 Niagara-on-the-Lake Ontario, L0S 1J0

Jardin 2m 920, Montée Laurin Saint-Eustache, Québec J7R 0J2

Pépinière Casse-Noisette 320, rang Rivière Sud-Ouest, Maskinongé, Québec J0K 1N0

Téléphone : (450) 472-5520

Téléphone : (819) 227-1052

Courriel : [email protected]

Courriel : [email protected]

Site Web : www.jardin2m.com

Site Web : www.cassenoisettepepiniere.com

Spécialité : Jardinerie offrant une vaste sélection qui fait la livraison partout au Québec

Spécialité : plantes à noix, arbres, arbustes

La Pépinière Rustique 1614, chemin du Village Saint-Adolphe-d’Howard Québec, J0T 2B0 Téléphone : (819) 327-2225 Courriel : [email protected] Site Web : pepiniererustique.ca Specialité : plantes et semences de végétaux indigènes

Téléphone : (905) 934-6887

Nettlecreek Nursery 1830, Hollow Road Fonthill, Ontario, L0S 1E6

Site Web: www.grimonut.com

Téléphone : (289) 501-1295

Spécialité : arbres à noix

Site Web : nettlecreeknursery.com Spécialité : arbres et arbustes

Semences Mont Royal Montréal, Québec Courriel : [email protected] Site Web : www.mountroyalseeds.com Spécialité : Semences d’arbres et d’arbustes The Heather Farm Box 2206, Sardis Colombie-Britannique, V2R 1A6 Téléphone : (604) 823-4884 Site Web : www.theheatherfarm.com Spécialité : bruyères et rosiers miniatures Wrightman Alpines Nursery 480, Brandy Cove Road Saint-Andrews, Nouveau-Brunswick E5B 2P9 Téléphone : (506) 529-9188 Courriel : [email protected] Site Web : www.wrightmanalpines.com Spécialité : plantes alpines

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GLOSSAIRE Acide : Se dit d’un sol au pH inférieur à 7. Affranchir (s’) : Se dit d’un plant greffé qui produit ses propres racines au-dessus du point de greffage et devient autosuffisant. Agrotextile : Étoffe utilisée en horticulture ou en agriculture pour protéger les plantes ou pour empêcher la croissance des mauvaises herbes. On dit aussi géotextile. Akène : Fruit sec ne contenant qu’une seule graine. Alcalin : Se dit d’un sol au pH supérieur à 7. Amendement : Substance incorporée au sol pour en modifier la composition. Apiculé : Se terminant en petite pointe. Araignée rouge : Acarien s’attaquant fréquemment aux végétaux. Aussi appelé tétranyque. Arbuste : Plante ligneuse se ramifiant à la base. Arbuste à recéper : Arbuste qu’il faut couper ras le sol tous les ans. Arbustif : Se dit d’un arbuste ou d’une plante ayant le port d’un arbuste. Blanc : Maladie provoquée par un champignon où les feuilles, fleurs ou fruits se recouvrent d’une poudre blanche. Appelée aussi oïdium. Botrytis : Champignon pathogène qui provoque, entre autres, la fonte des semis et la pourriture grise. Bractée : Feuille différente des autres, accompagnant une fleur et aidant souvent à attirer les pollinisateurs. Les feuilles rouges d’un poinsettia sont des bractées. Brûlure : Tache décolorée sur le feuillage causée par une maladie, un produit chimique, une insolation, un herbicide ou d’autres facteurs. Caduc(que) : Se dit des parties végétales qui tombent à l’automne, notamment des feuilles. Calice : Enveloppe extérieure de la fleur, formée de sépales. Capsule : Fruit sec et arrondi contenant de nombreuses graines. Carence : Manque d’une substance vitale dans le sol et se manifestant par diverss symptômes, notamment une décoloration de la feuille ou une croissance ralentie. Circumboréale : Se dit d’une plante répandue dans tout l’hémisphère boréal. Collet : Limite entre la tige et le point de départ des racines. Compost : Matière obtenue par la décomposition des déchets végétaux. Cordé, cordiforme : En forme de cœur. Corymbe : Inflorescence dont les pédoncules partent de différents niveaux, mais arrivent environ à la même hauteur. Couvre-sol : Type de plante à croissance basse qui peut remplacer le gazon. On dit aussi plante tapissante. Crénélé : Dont les bords sont découpés en dents arrondies et larges. Crête de coq : Excroissance anormale en éventail. Cristé : Se dit d’un organe à croissance anormale en éventail. Croisement : Synonyme d’hybridation. Cultivar : Variété obtenue et multipliée par l’humain. Son nom est indiqué par des guillemets simples (‘x’). Cyme : Inflorescence formée d’axes portant chacune une seule fleur. Dentelé, denticulé : Muni de dents fines. Doïque : Dont les deux sexes sont présents sur des plantes différentes.

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Drageon : Jeune tige produite à la base d’une plante. Élépidote : Se dit d’un rhododendron dont l’envers des feuilles n’est pas couvert d’écailles. Elliptique : Se dit d’une feuille en forme de cercle allongé. Entier, entière : Se dit d’une feuille qui n’est ni divisée, ni dentée. Épi : Inflorescence dont chaque fleur est attachée à un pédoncule vertical commun, comme un épi de blé. Espalier : Plantation faite à la verticale le long d’un mur ou d’un treillis. Espèce : Division du genre. Groupe de plantes trouvées dans la nature et possédant des caractéristiques essentiellement identiques. Son nom suit celui du genre et est normalement écrit en italique ou souligné. Exemple : vulgaris, dans Syringa vulgaris. Évasé : Largement ouvert, en parlant du port des arbres et arbustes. Famille : En botanique, regroupement de genres ayant des caractères communs. Fasciation : Croissance anormale en éventail. Fascié : Se dit d’un organe à croissance anormale en éventail. Fidèle au type : Se dit d’une semence qui produit une réplique exacte du plant mère. Fleur : Organe reproducteur des plantes supérieures. Fleuron : Fleur faisant partie d’une inflorescence, notamment chez les viornes et les hydrangées. Florifère : Qui produit beaucoup de fleurs. Aussi, qui porte des fleurs. Foliole : Petite feuille faisant partie d’une feuille composée. Fructification : Apparition des fruits. Période à laquelle apparaissent les fruits. Fruit : En botanique, organe formé par le gonflement de l’ovaire. En usage courant, un fruit à chair juteuse. Gélif : Sensible à la gelée. Genre : Terme botanique pour un ensemble d’espèces ayant des caractéristiques communes. Une famille botanique peut comporter plusieurs genres qui, à leur tour, se divisent en espèces. Le nom du genre prend la majuscule et s’écrit en italique ou souligné. Par exemple, Viburnum, dans Viburnum sargentii. Glauque : Recouvert de pruine blanchâtre. Globulaire, globuleux : En forme de sphère. Gourmand : Pousse vigoureuse et élancée se développant soit sur une branche charpentière ou (dans le cas des plantes greffées) à partir du porte-greffe. Grappe : Inflorescence formée d’un axe primaire portant des axes secondaires terminés par une fleur. Greffage : Action de greffer. Greffe : Plante qui a été greffée sur une autre plante. Greffer : Multiplier une plante en provoquant la soudure de deux plantes entre elles. La partie aérienne s’appelle le greffon ; la partie avec racines s’appelle le portegreffe. Greffon : Partie d’un végétal que l’on greffe sur un autre végétal. Haie : Écran végétal. Elle peut être taillée ou libre. Haubanage : Mise en place d’infrastructures solidifiant la charpente d’un arbre. Herbacé : Qui a la consistance molle de l’herbe. Se dit aussi des plantes n’ayant pas de tiges ligneuses. Humifère : Qui contient de l’humus. Humus : Produit résultant de la décomposition des matières organiques. Hybridation : Action de croiser deux plantes pour obtenir une nouvelle variété. Hybride : Plante résultant du croisement de deux races, espèces ou genres. Se dit aussi d’une telle plante.

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Indigène : Se dit d’une plante qui croît spontanément dans un pays. Inflorescence : Ensemble de fleurs regroupées. Interspécifique : Se dit d’un croisement entre deux espèces. Intraspécifique : Se dit d’un croisement entre deux individus de la même espèce. Lancéolé : En forme de lance. Lépidote : Se dit d’un rhododendron dont l’envers des feuilles est couvert d’écailles. Lignée : Ensemble de la descendance des mêmes parents. Ligneux : Qui a la consistance du bois. Lobe : Découpure arrondie d’une feuille ou d’une fleur qui n’atteint pas la nervure médiane. Lobé : Divisé en lobes. Marcottage : Méthode de multiplication végétative dans laquelle les branches touchant à terre forment des racines et, éventuellement, une nouvelle plante. Marcotte : Plant produit par marcottage. Massif : Association de diverses plantes en un ensemble décoratif. Mellifère : Qui permet de produire du miel, donc les plantes que les abeilles visitent abondamment. Meuble : Friable, facile à travailler. Mildiou : Maladie où les feuilles, fleurs ou fruits se recouvrent d’une moisissure blanche et duveuteuse. Appelé aussi blanc. Mutation : Apparition brusque de nouvelles caractéristiques qui se maintiennent au cours des générations suivantes. Naturalisé : Se dit d’une plante se comportant comme une plante autochtone, mais qui n’est pas indigène. Aussi, se dit d’un végétal planté dans le but de créer l’impression d’une plantation spontanée. Naturaliser : Planter en permanence un végétal dans le but de créer l’impression d’une plantation spontanée. Nervure : Élément de la charpente de la feuille. Neutre : Se dit d’un sol dont le pH correspond à 7. Aussi, d’une fleur n’ayant ni organes masculins ni féminins. Nu, fleurir à : Fleurir pendant que les feuilles sont absentes. Oblong, oblongue : Plus long que large et arrondi aux deux extrémités. Oligo-élément : Minéral contenu dans un sol, un engrais, etc., mais à dose très faible. Ombelle : Inflorescence en forme de parasol. Paillis : Couche d’un matériel appliquée sur la surface du sol pour diverses raisons. Palmé : Se dit d’une feuille lobée qui rappelle une main ouverte. Panaché : Se dit d’une feuille ou tige marquée de deux couleurs. Souvent les plantes panachées ont le terme “variegata” comme composante de leur nom botanique. Panicule : Inflorescence de forme plus ou moins triangulaire. Penné : En forme de plume, soit une feuille composée autour d’un long axe. Persistant : Restant sur la plante plus d’une saison. Pétale : Division de la corolle. Pétiole : Organe mince et allongé de la feuille qui la relie à la tige. pH : Échelle de notation de 0 à 14 qui indique l’acidité ou l’alcalinité, notamment celui d’un sol. Pleureur : Aux feuilles ou branches retombantes. Port : Aspect général d’une plante : port pleureur, port rampant, etc. Porte-greffe : La partie de la greffe qui porte les racines et sur laquelle vient se souder la plante désirable (le greffon).

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Procombant : Se dit d’une plante dont les tiges reposent par terre sans prendre racine. Synonyme : rampant. Pruine : Matière cireuse et blanchâtre qui recouvre certains fruits ou feuilles. Pubescent : Garni de petits poils. Pyramidal : Qui à la forme d’une pyramide. Rabattre : Supprimer totalement une branche. Racines nues, à : Plante dont le système racinaire n’est pas protégé par une motte de terre ou de substrat. Rameau : Pousse secondaire sur une branche. Ramifié : Ayant beaucoup de rameaux ou branches. Rampant : Se dit de plantes à port bas et étalé. Rejet : Drageon ou gourmand. Remontant : Se dit des plantes dont la floraison se répète au cours de la saison. Recéper : Couper un végétal près du sol pour favoriser une repousse plus vigoureuse ou éliminer les branches endommagées par le froid. Repiquage : Transplantion d’un végétal, et surtout d’un semis. Rhizome : Tige épaisse horizontale, généralement au moins partiellement souterraine. Rocaille : Jardin rappelant un flanc de montagne et où les roches dominent. Rouille : Diverses maladies caractérisées par la formation de pustules orangées. Rustique : Qui s’adapte bien aux conditions climatiques du secteur. Au Canada, on utilise surtout ce terme pour désigner une plante résistante au froid dans une zone donnée. Samare : Graine munie d’une aile. Sarmenteux : Tige grêle qui réussit à monter en s’appuyant sur un support. Simple : Se dit d’une feuille non composée, d’une tige ou d’une inflorescence non ramifiée ou d’une fleur ayant seulement un rang de pétales. Aussi, plante médicinale. Spontané : Qui croît à l’état sauvage. spp. : Espèce au pluriel. On utilise cette abréviation avec un nom de genre pour indiquer plusieurs espèces. Stérile : Inapte à la reproduction. Stolon : Tige rampante qui s’enracine pour donner de nouvelles plantes. Stolonifère : Muni de stolons. Taille : Suppression de certaines parties d’une plante. Tapissant : Qui pousse en largeur et non en hauteur, recouvrant le sol. Tétranyque : Acarien s’attaquant fréquemment aux végétaux. Appelé aussi araignée rouge. Tomenteux : Veut dire «  qui possède des poils denses  ». Transplantation : Opération consistant à déplacer une plante d’un endroit à l’autre. Tuteur : Support pour les plantes. Variété : Plante différant légèrement de l’espèce. Si elle est trouvée à l’état sauvage, on l’appelle sous-espèce. Si elle apparaît en culture, on dit que c’est un cultivar. Vernalisation : Faire subir du froid à une graine dans le but d’en hâter la germination. Verticille : Ensemble d’organes autour d’un axe. Zone climatique, de rusticité : Chiffre qui indique le degré de tolérance au froid pour une plante donnée.

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INDEX Abelia, 49 Abélia à grandes fleurs, 534 Abelia x grandiflora, 534 Abeliophyllum distichum, 161 ‘Rosea’, 161 Absorption des sels, 7 Acacia rose, 481 Acanthopanax pentaphyllus, voir Eleutherococcus sieboldianus Acanthopanax senticosus, voir Eleutherococcus senticosus Acanthopanax sessiliflorus, voir Eleutherococcus sessiliflorus Acanthopanax sieboldianus, voir Eleutherococcus sieboldianus Acer campestre, 284 Acer campestre ‘Carnival’, 284 ‘Nanum’, 284 ‘Postelense’, 284 ‘Royal Ruby’, 284 Acer japonicum, 548 ‘Aconitifolium’, 548 ‘Aureum’, voir A. shirasawanum ’Aureum’ Acer negundo, 328 ‘Argenteo-variegatum’, voir . A. negundo ‘Variegatum’ ‘Auratum’, 329 ‘Aureo-marginatum’, 329 ‘Aureo-variegatum’, voir A.negundo ‘Aureo marginatum’ ‘Elegans’, 329 Acer negundo ‘Elegantissima’, voir A.negundo ‘Elegans’ ‘Flamingo’, 329 ‘Kelly’s Gold’, 329 Acer palmatum, 140, 546 atropurpureum, 547 ‘Beni-Schichihenge’, 547 ‘Bloodgood’, 547 ‘Burgundy Lace’, 547 ‘Butterfly’, 548 Acer palmatum dissectum, 548 atropurpureum, 548 dissectum ‘Crimson Queen’, 548 ‘Filigree’, 548 ‘Garnet’, 548 ‘Inabe Shidare’, 548 ‘Ornatum’, 548 ‘Red Select’, voir A.palmatum dissectum ‘Inabe Shidare’ Acer palmatum heptalobum, 548 Acer palmatum ‘Nuresagi’, 548 ‘Red Pygmy’, 548 Acer shirasawanum ’Aureum’, 548 Acer tataricum, 283 Acer tataricum ginnala, 282 ‘Bailey Compact’, voir A.tataricum ginnala ‘Compactum’ Acer tataricum ginnala ‘Compactum’, 283

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‘Durand’s Dwarf’, 284 ‘Embers’, 284 ‘Emerald Elf’, 284 ‘Flame’, 284 Acer tataricum semenovii, 284 Achat d’arbustes, 67 Aesculus parviflora, 43, 259 ‘Roger’s’, 260 Aesculus pavia, 260 Airelle, 348 Airelle à gros fruits, 347 Airelle canneberge, 347 Ajonc commun, 585 Alisier, 231, 519 Alnus, 45 Alnus crispa, voir A.viridis crispa Alnus rugosa, 426 Alnus viridis crispa, 425 Altises, 138 Amandier de Chine, 235, 236 Amandier du Japon, 236 Amandier nain de Russie, 234 Amélanchier, 210 Amélanchier à feuilles d’aulnes, 211 Amélanchier à grandes fleurs, 212 Amelanchier alnifolia, 211 ‘Regent’, 211 Amelanchier alnifolia ‘Smokey’, 211 Amelanchier arborea, 211 Amélanchier arbre, 211 Amelanchier x ‘Ballerina’, 211 Amelanchier canadensis, 211 ‘Glennform’, 212 Rainbow Pillar® : voir A.canadensis ‘Glennform’ Amelanchier x ‘Cumulus’, 212 Amélanchier de Lamarck, 212 Amélanchier du Canada, 211 Amélanchier glabre, 212 Amelanchier x grandiflora, 212 ‘Autumn Brilliance’, 212 ‘Rubescens’, 212 Amelanchier laevis, 212 Amelanchier lamarckii, 212 Amelanchier x ‘Majestic’, 212 ‘Prince Charles’, 212 ‘Prince William’, 212 ‘Princess Diana’, 212 ‘R.J. Hilton’, 212 ‘Snowcloud’, 212 ‘Robin Hill’, 212 Amelanchier spp., 210 Aménagements de station service, 91 Analyse de sol, 105 Andromeda, 43, 45, 49 Andromeda glaucophylla, 398 Andromeda polifolia, 397 ‘Alba’, 398 ‘Blue Ice’, 398 ‘Compacta Alba’, voir A.polifolia ‘Alba’ Andromeda polifolia glaucophylla, voir A.glaucophylla

polifolia ‘Kiri Kaming’, voir A.polifolia ‘Kirikamina’ ‘Kirigamine’, voir A.polifolia ‘Kirikamina’ ‘Kirikamina’, 398 ‘Nana’, 398 ‘Nikko’, 398 Andromède à feuilles de Polium, 398 Andromède des marais, 397 Andromède du Japon, 564 Andromède glauque, 398 Angélique en arbre d’Amérique, 214 Angélique en arbre du Japon, 214 Animaux bénéfiques, 134 Antitranspirant, 132 Araignées rouges, 139 Aralia, 140 Aralia elata, 213 ‘Aureovariegata’, 214 ‘Variegata’, 214 Aralia spinosa, 214 Aralie d’Amérique, 214 Aralie du Japon, 213 Aralie du Japon dorée, 214 Aralie du Japon panachée, 214 Arbre à perruque, 312 Arbre à perruque américain, 315 Arbre aux cloches d’argent, 535 Arbre aux papillons, 536 Arbre de neige, 539 Arbre ou arbuste ?, 10 Arbre pompadour, 540 Arbustes, 105, 565 à coloration estivale, 37 à entretien minimal, 182 à éviter, 584 à faible rusticité, 12 à feuillage décoratif, 33 à feuillage persistant, 36 à fleurs, 31 à haie, 499 à l’épreuve des cerfs, 140 à racines nues, 72 à recéper, 116 au naturel, 423 aux parfums envoûtants, 365 couvre-sols, 395 emmottés, 72 en bac, 63 épineux, 55 fleurissant sur le bois nouveau, 118 fleurissant sur le vieux bois, 117 fleurissant sur le vieux bois et sur le bois nouveau, 118 fruitiers, 12 pour emplacements ombragés, 43 résistants au sel, 53 sans entretien, 156 sur tige, 66, 520 tropicaux, 12 Arctostaphylos densiflora, 197

x ‘Emerald Carpet’, 197 uva-ursi, 49, 53 uva-ursi ‘Massachusetts’, 197 uva-ursi ‘Point Reyes’, 197 uva-ursi ‘Radiant’, 197 uva-ursi ‘Thymifolia’, 197 uva-ursi ‘Vancouver Jade’, 197 Argousier, 483 faux-nerprun, 484 Aronia, 45 arbutifolia, 280 arbutifolia ‘Brilliantissima’, 281 arbutifolia ‘Erecta’, 281 melanocarpa, 281 melanocarpa ‘Autumn Magic’, 281 melanocarpa ‘Morton’, 281 melanocarpa ‘Viking’, 281 melanocarpa elata, 281 x prunifolia, 281 Aronie à feuilles d’arbousier, 280 Aronie à feuilles de prunier, 281 Aronie noire, 281 Arrosage, 101 Atocas, 347 Attraction des papillons et des oiseaux, 21 Attrayants même en hiver, 295 Au ras le sol, 395 Aubépine, 529 Aubépine à feuilles rondes, 529 Aubépine pygmée, 529 Auges, 64 Aulne crispé, 425 Aulne rugueux, 426 Azalée de Corée, 446 Azalée de Kyushu, 445 Azalée de Vasey, 446 Azalée des marais, 446 Azalée du Japon, 445 Azalée flamboyante, 445 Azalée Lights, 157 Azalée rose, 446 Azalée royale, 446 Azalée-chèvrefeuille, 446 Azalées botaniques, 443 Azalées hybrides, 447 B.t., 132 Bacillus thuringiensis, 132 Baguenaudier commun, 541 Balai de sorcière, 147 Bambous, 12 Bande adhésive, 132 Barrière contre le sel, 53 Barrière enfoncée, 121 Barrière épineuse, 55 Barrières végétales, 50 Berberis, 46, 55, 140 Berberis koreana, 319 koreana ‘Red Tears’, 319 thunbergii, 316 thunbergii atropurpurea, 318 thunbergii ‘Atropurpurea Nana’, 318 thunbergii ‘Aurea Nana’, 317 thunbergii ‘Aurea’, 318 thunbergii ‘Bagatelle’, 318

thunbergii ‘Bailgreen’, 317 thunbergii ‘Bailone’, 318 thunbergii ‘Bogozam’, voir B.thunbergii ‘Aurea Nana’ thunbergii Bonanza Gold™, thunbergii Cherry Bomb™, voir B.thunbergii ‘Monomb’ thunbergii ‘Concorde’, 318 thunbergii ‘Crimson Pygmy’, voir B.thunbergii ‘Atropurpurea Nana thunbergii Emerald Carousel™, voir B.thunbergii ‘Tara’ thunbergii ‘Gentry’, 318 thunbergii ‘Gold Rim’, voir B.thunbergii ‘Golden Ring’ thunbergii Golden Nugget™, voir B.thunbergii ‘Monlers’ thunbergii ‘Golden Ring’, 318 thunbergii ‘Green Carpet’, 318 thunbergii ‘Harlequin’, 319 thunbergii ‘Helmond Pillar’, 319 thunbergii Jade Carousel®, voir B. thunbergii ‘Bailgreen’ thunbergii ‘Kelleriis’, 319 thunbergii ‘Kobold’, 319 thunbergii ‘Lime Glow’, 319 thunbergii ‘Little Beauty, voir B.thunbergii ‘Atropurpurea Nana thunbergii ‘Little Favorite’, voir B.thunbergii ‘Atropurpurea Nana thunbergii Little Gem’, voir B.thunbergii ‘Atropurpurea Nana thunbergii ‘Monlers’, 318 thunbergii ‘Monomb’, 318 thunbergii ‘Monry’, 318 thunbergii ‘Rose Glow’, 318 thunbergii Royal Burgundy™, voir B.thunbergii ‘Gentry’ thunbergii ‘Royal Cloak’, 318 thunbergii Ruby Carousel®, voir B.thunbergii ‘Bailone’ thunbergii Sunsation™, voir B.thunbergii ‘Monry’ thunbergii ‘Tara’, 318 vulgaris, 319 Betula glandulosa, 428 nana, 427 nigra Fox Valley™, voir B.nigra ‘Little King’ nigra ‘Little King’, 297 pendula ‘Trost Dwarf’, 298 pumila, 428 ‘Trost Dwarf’, 524 Bicarbonate de soude, 133 Blanc, 147 Blessures causées par la tondeuse, 151 Blessures causées par le coupebordure, 151 Bleuetier en corymbe, 343 Bleuetier fausse-myrtille, 347 Bleuetier hybride, 346 Bleuetier nain, 345 Bleuetier rampant, 346 Bois bouton, 485 Bois de cuir, 492 Bois de plomb, 492 Bois gentil, 237 Bois joli, 237

Bois noir, 486 Bois-bouton, 569 Bois-de-chien, 569 Bois-sent-bon, 436 Bonnet-de-prêtre, 350 Bonsaï, 64 Bouillie, 133 Bouleau arctique, 428 Bouleau glanduleux, 428 Bouleau nain, 427 Bouleau nain à feuilles découpées, 298 Bouleau nain américain, 428 Bouleau noir Fox Valley, 297 Boule-de-neige, 566 Bourdaine, 231, 519 Boutures aoûtées, 124 Boutures de racine, 124 Boutures herbacées, 123 Boutures ligneuses, 124 Boyau suintant, 102 Branches cassées à la fonte des neiges, 151 Brise-vent, 8, 51 Brûlure bactérienne, 148 Bruyère à quatre angles, 455 Bruyère commune, 450 Bruyère d’hiver, 453 Bruyère de Cornouailles, 455 Bruyère de Darley, 455 Bruyère de marais, 455 Bruyère des neiges, 454 Bruyère vagabonde, 455 Buddleia, 46, 48 Buddleia à feuilles alternes, 538 Buddleia alternifolia, 538 alternifolia ‘Argentea’, 538 davidii, 536 davidii ‘Black Knight’, 537 davidii ‘Burgundy’, 537 davidii ‘Charming’, 537 davidii ‘Dartmoor’, 537 davidii ‘Empire Blue’, 537 davidii ‘Fascination’, 537 davidii ‘Harlequin’, 537 davidii ‘Mongo’, 537 davidii ‘Monum’, 537 davidii ‘Nanho Alba’, 537 davidii Nanho Blue™, voir B.davidii ’Mongo’ davidii Nanho Purple™, voir B.davidii ‘Monum’ davidii ‘Nanho White’, voir B.davidii ‘Nanho Alba’ davidii ‘Orchid Beauty’, 537 davidii ‘Peace’, 538 davidii Petite Indigo™, voir B.davidii ’Mongo’ davidii ‘Pink Delight’, 538 davidii ‘Pink Perfection’, 538 davidii ‘Royal Red’, 538 davidii ‘Santana’, 538 davidii ‘Summer Beauty’, 538 davidii ‘White Ball’, 538 davidii ‘White Bouquet’, 538 davidii ‘White Profusion’, 538 Buddleia de David, 537 Buddleia fallowiana x davidii ‘Lochinch’, 538 Buddleia x wyeriana ‘Honeycomb’, 538 Buddleia x wyeriana ‘Sun Gold’, 538 Buddleja davidii, voir B.davidii Buis commun, 503 Buis d’Oregon, 413 Buis de Corée, 501

Buis du Japon, 503 Buis hybride de Sheridan, 503 Buis toujours vert, 503 Buisson ardent, 586 Buxus, 48, 140 Chicagoland Green™, voir B. ‘Glencoe’ ‘Clipped Cone’, voir B. ‘Green Mountain’ ‘Glencoe’, 503 ‘Green Gem’, 503 ‘Green Mound’, 503 ‘Green Mountain’, 503 ‘Green Velvet’, 503 microphylla koreana, voir B.sinica insularis microphylla japonica, 503 microphylla japonica ‘Morris Midget’, 503 sempervirens ‘Suffruticosa’, 503 sinica insularis, 501, 502 sinica insularis x Buxus sempervirens, 503 sinica insularis ‘Pincushion’, 503 sinica insularis ‘Tall Boy’, 503 sinica insularis ‘Winter Beauty’, 503 sinica insularis ‘Winter Gem’, 503 sinica insularis ‘Wintergreen’, 503 les vues indésirables, 54 bodinieri giraldii ‘Profusion’, 542 Callicarpa dichotoma, 542 dichotoma ‘Issai’, 542 dichotoma albifructus, 542 Callicarpe pourpre, 542 Calluna, 140 Calluna vulgaris, 49, 450 vulgaris ‘Alportii’, 451 vulgaris ‘Aurea’, 451 vulgaris ‘Blazeaway’, 452 vulgaris ‘Boskoop’, 452 vulgaris ‘Corbett’s Red’, 452 vulgaris ‘Cuprea’, 452 vulgaris ‘Darkness’, 452 vulgaris ‘Gold Haze’, 452 vulgaris ‘Golden Carpet’, 452 vulgaris ‘J.H. Hamilton’, 452 vulgaris ‘Jan Dekker’, 452 vulgaris ‘Mair’s Variety’, 452 vulgaris ‘Marleen’, 452 vulgaris ‘Multicolor’, 452 vulgaris ‘Peter Sparkes’, 452 vulgaris ‘Radnor’, 452 vulgaris ‘Rosea’, 452 vulgaris ‘Spring Torch’, 452 vulgaris ‘Underwoodii’, 452 vulgaris ‘White Lawn’, 452 Calycanthus, 45 Calycanthus fertilis, voir C. floridulus fertilis Calycanthus floridulus, 540 Calycanthus floridulus ‘Edith Wilder’, 540 Calycanthus floridulus ‘Michael Lindsey’, 540 Camérisier bleu, 512 Camouflage de la fondation, 58 Campagnols, 143 Canneberge, 347 Caragana, 46, 48, 53, 55 Caragana à dessus plat, 526 Caragana à petites feuilles, 185

Caragana arborescens, 183 arborescens ‘Lorbergii’, 185, 526 arborescens ‘Nana’, 185 arborescens ‘Pendula’, 525 arborescens ‘Sutherland’, 185 arborescens ‘Walker’, 185, 526 Caragana argenté, 487 Caragana aurantiaca, 185, 526 Caragana cactus, 185 de Roborovsky, 526 de Russie, 185 de Sibérie, 183 frutescent, 185 frutescent globulaire, 185, 526 frutex ‘Globosa’, 185, 526 globe, 185, 526 jubata, 185 microphylla, 185 nain, 185, 526 pleureur sur tige, 525 pygmaea, 185, 526 pygmée, 185, 526 roborovskyi, 526 rose, 526 rosea, 526 tragacanthoides, 526 Caraganier de Sibérie, 185 Carences, 152 Caryoptère hybride, 543 Caryopteris x clandonensis, 46, 543 x clandonensis ‘Blue Mist’, 543 x clandonensis ‘Dark Night’, 543 x clandonensis ‘First Choice’, 543 x clandonensis Grand Bleu™, voir C. x clandonensis ‘Inoveris’, 543 x clandonensis ‘Inoveris’, 543 x clandonensis ‘Worcester Gold’, 543 Cassandra calyculata, voir Chamaedaphne calyculata Cassandre, 489, 564 Cassandre caniculé, 490 Cassiope, 490 hypnoides, 490 lycopodioides, 490 mertensiana, 490 tetragona, 490 Cassiopée, 490 Cassissier à fleurs, 376 Cassissier odorant, 376 Céanothe à feuilles ovées, 430 Céanothe d’Amérique, 429 Ceanothus americanus, 43, 46, 429 Ceanothus coeruleus, 430 Ceanothus ovatus, 430 Céphalanthe occidental, 486 Cephalanthus occidentalis, 485 Cercopes, 139 Cerf de Virginie, 139 Cerisier à grappes, 240, 322 Cerisier de Mandchourie, 240 Cerisier de Pennsylvanie, 240 Cerisier déprimé, 399 Cerisier des sables, 240, 400 Cerisier frutescent, 240 Cerisier tomenteux, 239 Chaenomeles japonica, 55, 241 japonica ‘Sargentii’, 243 speciosa ‘Nivalis’, 243 speciosa ‘Rubra Grandiflora’, 243 speciosa ‘Rubra’, 243

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speciosa ‘Simonii’, 243 speciosa ‘Toyo-nishiki’, 243 x superba, 243 x superba ‘Crimson and Gold’, 243 x superba ‘Fire Dance’, 243 x superba ‘Nicoline’, 243 x superba ‘Pink Lady’, 243 x superba ‘Texas Scarlet’, 243 Chalef à feuilles étroites, 324 Chalef argenté, 323 Chalef changeant, 324 Chalef en ombelle, 325 Chalef multiflore, 325 Chamaecytisus purpureus, 407 calyculata, 489, 564 calyculata ‘Nana’, 490 calyculata ‘Verdant’, 490 Chamaespartium sagittale, voir Genista sagittalis Champignons bénéfiques, 83 Chancre, 148 Chenilles, 140 Chenilles à tente, 141 Chèvrefeuille à feuilles de myrtille, 589 à haies, 505 à petites feuilles, 589 bleu, 512 Bytown, 589 d’Europe, 513 de Chine, 513 de Dropmore, 589 de Korolkow, 512 de Muenden, 589 de Sakhalin, 512 de Tatarie, 513, 587 de Tatarie à fleurs blanches, 589 de Tatarie à fleurs roses, 589 de Tatarie de Zabel, 589 de Turquie, 512 de Zabel, 513 des Alpes, 512 du Canada, 589 élégant, 589 grandiflore, 589 grimpant, 11 Hack’s Red, 589 involucré, 513 Morden Orange, , 589 nain, 505 nain d’Europe, 505 nain des Alpes, 505 notha, 589 panaché, 589 plaisant, 589 nains, 504 Chevreuil, 139 Chiogenes hispidula, voir Gaultheria hispidula Chionanthus virginicus, 539 Cirier, 436 Clavalier d’Amérique, 434 Clethra alnifolia, 43, 49, 366 alnifolia ‘Ann Bidwell’, 368 alnifolia ‘Compacta’, 368 alnifolia ‘Hokie Pink’, 368 alnifolia ‘Hummingbird’, 368 alnifolia ‘Nana’, voir C. alnifolia ‘Compacta’ alnifolia ‘Nova Scotia’, 368 alnifolia ‘Paniculata’, 368 alnifolia ‘Pink Spires’, 368 alnifolia ‘Rosea’, 368 alnifolia ‘September Beauty’, 368

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alnifolia ‘Sixteen Candles’, 368 Clèthre à feuilles d’aulne, 366 Cochenilles, 141 Cognassier du Japon, 241 Colibris, 22 Coloris automnaux, 37 Colutea arborescens, 46, 541 Commandes postales, 72 Comme sur des échasses, 520 Compagnonnage, 133 Compétition racinaire, 98 Comptonia asplenifolia, voir C. peregrina Comptonia peregrina, 46, 49, 431 Comptonie voyageuse, 431 Conifères, 11 Conseils sur l’achat des arbustes, 68 Contrôle des drageons, 121 Corbier, 570 Corbier japonais, 570 Corète du Japon, 219 Cornouiller à feuilles alternes, 215 Cornus à fleurs, 569 à grappes, 217 argenté, 327 blanc, 300 de Floride, 569 de Sibérie, voir Cornus alba ‘Siberica’ femelle, 301 fleuri, 568 gris, 218 kousa, 570 mâle, 570 mâle japonais, 570 oblique, 218 panaché, 327 rugueux, 218 soyeux, 218 stolonifère, 301 tabulaire, 216 à feuilles colorées, 326 à rameaux colorés, 299 43, 45, 140 Cornus alba, 299, 300 alba ‘Albovariegata’, voir C. alba ‘Variegata’ alba ‘Argenteo-marginata’, 327, 524 alba ‘Aurea’, 327 alba ‘Bailhalo’, 327 alba ‘Bud’s Yellow’, 300 alba ‘Elegantissima’, voir C. alba ‘Argenteo-marginata’ alba Ivory Halo®, voir C. alba ‘Bailhalo’ alba ‘Gouchaultii’, 327 alba ‘Kesselringii’, 300 alba ‘Morden Amber’, 327 alba ‘Sibirica Variegata’, 327 alba ‘Spaethii’, 327 alba ‘Variegata’, 327 alba ‘White Pearls’, voir C. alba ‘Siberian Pearls’ alternifolia, 215 alternifolia ‘Argentea’, 216 alternifolia ‘Variegata’, voir C. alternifolia ‘Argentea’ amomum, 218 baileyi, voir C. sericea baileyi controversa, 216 controversa ‘Variegata’, 216 florida, 568 florida Cherokee Daybreak™, 570

florida ‘New Hampshire’, 569 florida ‘Rainbow’, 570 florida Spring Grove™, 570 florida ‘Tricolor’, 570 kousa, 570 kousa chinensis, 570 kousa chinensis ‘Milky Way’, 570 mas, 570 mas ‘Aurea’, 570 mas ‘Golden Glory’, 570 mas ‘Variegata’, 570 obliqua, 218 officinalis, 570 racemosa, 217 racemosa Geagua™, voir C. racemosa ‘Geazeam’ racemosa ‘Geazeam’, 218 racemosa Muskingum™, voir C. racemosa ‘Muszam’ racemosa ‘Muszam’, 218 racemosa ‘Slavinii’, voir C. racemosa ‘Slavin’s Dwarf’ racemosa ‘Slavin’s Dwarf’, 218 rugosa, 218 sanguinea, 299, 301 sanguinea ‘Midwinter Fire’, 301 sanguinea ‘Viridissima’, 301 sanguinea ‘Winter Beauty’, voir C. sanguinea ‘Winter Flame’ sanguinea ‘Winter Flame’, 301 sericea, 299, 301 sericea baileyi, 301 sericea ‘Cardinal’, 301 sericea ‘Flaviramea’, 301 sericea ‘Isanti’, 301 sericea ‘Kelseyi’, 301 sericea ‘Kelsey’s Dwarf’, voir C. sericea ‘Kelseyi’ sericea ‘Silver and Gold’, 327 sericea ‘White Gold’, 327 sericea ‘White Spot’, voir C. sericea ‘White Gold’ stolonifera, voir C. sericea Corylopse à épis, 544 Corylopse glabre, 544 Corylopsis, 544 Corylopsis spicata, 544 Corylopsis glabrata, 544 Corylus, 140 avellana, 330 avellana ‘Aurea’, 331 avellana ‘Contorta’, 302, 524 avellana ‘Rote Zeller’, 331 maxima, 330 maxima atropurpurea, voir C. maxima ‘Purpurea’ maxima ‘Purpurea’, 331 Cotinus coggygria, 46, 312 coggygria ‘Ancot’, 314 coggygria ‘Atropurpureus’, voir C. coggygria ‘Purpureus’ coggygria ‘Black Velvet’, 314 coggygria ‘Foliis Purpureis’, voir C. coggygria ‘Rubrifolius’ coggygria Golden Spirits, voir C. coggygria ‘Ancot’ coggygria ‘Nordine’, 314 coggygria ‘Pink Champagne’, 314 coggygria ‘Purpureus’, 314 coggygria ‘Royal Purple’, 314

coggygria ‘Rubrifolius’, 314 coggygria ‘Velvet Cloak’, 315 coggygria ‘Young Lady’, 315 ‘Flame’, 315 ‘Grace’, 315 obovatus, 315 Cotoneaster, 46, 48, 140 acutifolius, 507 adpressus, 401, 403 adpressus ‘Little Gem’, 403 adpressus ‘Tom Thumb’, voir C. adpressus ‘Little Gem’ adpressus praecox, voir C. nashan apiculatus, 401, 403, 524 apiculatus ‘Tom Thumb’, voir C. adpressus ‘Little Gem’ cashmirensis, voir C. cochleatus cochleatus, 403 dammeri, 401, 403 dammeri Canadian Creeper™, voir C. dammeri ‘Moner’ dammeri ‘Coral Beauty’, voir C. x suecicus ‘Coral Beauty’ dammeri ‘Eichholz’, voir C. radicans ‘Eichholz’ dammeri ‘Lowfast’, 404 dammeri ‘Moner’, 404 dammeri ‘Mooncreeper’, 404 dammeri ‘Oakwood’, voir C. radicans ‘Eichholz’ dammeri ‘Skogholm’, voir C. x suecicus ‘Skogholm’ dammeri ‘Streib’s Findling’, voir C. procumbens ‘Streibs Findling’ dielsianus, 507 ‘Hessei’, 404 hjelmqvisti, 404 horizontalis, 404 horizontalis ‘Perpusillus’, voir C. perpusillus horizontalis ‘Robusta’, voir C. hjelmqvisti horizontalis ‘Tom Thumb’, voir C. adpressus ‘Little Gem’ horizontalis ‘Variegatus’, voir C. atropurpureus ‘Variegatus’ integerrimus, 507 linearifolius, 404 lucidus, 506 melancocarpus, 507 microphyllus, 404 microphyllus cochleatus, voir C. cochleatus microphyllus thymifolius, voir C. linearifolius nashan, 404, 524 procumbens ‘Queen of Carpets’, 405 procumbens ‘Streibs Findling’, 405 salicifolius ‘Gnom’, 405 salicifolius ‘Repandens’ : voir C. salicifolius ‘Repens’ salicifolius ‘Repens’, 405 x suecicus ‘Coral Beauty’, 405 x suecicus ‘Skogholm’, 405 tomentosus, 507 Cotonéastre à feuilles de thym, 404 à fruits noirs, 507

à haies, 506 à petites feuilles, 404 apiculé, 403 commun, 507 couvre-sol, 404 d’Hesse, 404 de Dammer, 403 de Diels, 507 de Hjelmqvist, 404 de Pékin, 507 des rochers, 404 nain rampant, 403 précoce, 404 rampant, 403 tomenteux, 507 Cotonéastres tapissants, 401 Couleur des tiges, 39 Coupe en papillon, 97 Couvre-sols, 62 Crataegus, 55, 529 Crataegus chrysocarpa phoenicea, voir C. rotundifolia Crataegus monogyna ‘Compacta’, 529 Crataegus rotundifolia, 529 Crevard de moutons, 457 Croissance rapide, 20 Cueillette manuelle, 133 Culture des arbustes, 67 Culture des lilas, 377 Culture des rhododendrons, 459 Culture en bac, 94 Cuvette d’arrosage, 87 Cytise de Bean, 407 Cytise de Kew, 407 Cytise en épis, 407 Cytise pourpré, 407 Cytise précoce, 407 Cytise prostré, 406 Cytise rampant, 407 Cytisus, 46, 48, 53 Cytisus x beanii ‘Golden Carpet’, 407 decumbens, 406 x kewensis, 407 nigricans, 407 x praecox, 407 x praecox ‘Allgold’, 407 x praecox ‘Hollandia’, 407 x praecox ‘Zeelandia’, 407 procumbens, 407 purpureus, voir Chamae purpureus Daphne, 43, 49, 140 Daphné alpin, 370 Daphne alpina, 370 x burkwoodii ‘Albert Burkwood’, 371 x burkwoodii ‘Brigg’s Moonlight’, 371 x burkwoodii ‘Carol Mackie’, 371 x burkwoodii ‘Moonlight’, voir D. x burkwoodii ‘Brigg’s Moonlight’ x burkwoodii ‘Silver Edge’, 371 x burkwoodii ‘Somerset’, 371 camélé, 370 canulé, 370 caucasica, 371 cneorum, 369 cneorum alba, 370 cneorum ‘Albomarginata’, voir D. cneorum ‘Variegata’ cneorum ‘Ruby Glow’, 370 cneorum ‘Variegata’, 370

de Burkwood, 371 de Giraldi, 371 du Caucase, 371 giraldii, 371 jolibois, 237 mezereum, 237 mezereum alba, 238 mezereum ‘Autumnalis’, 238 mezereum ‘Bowle’s White’, 238 mezereum ‘Rubra’, 238 odorant, 369 x burkwoodii, 371 Déchaussement, 152 Définition d’un arbuste, 9 Délimitation des terrains, 55 Désherbage, 105 Dessiccation hivernale des feuilles, 153 Destruction des feuilles tombées, 133 Détergent à vaisselle, 133 Deutzia, 46, 48, 571 Deutzia à petites fleurs, 573 Deutzia de Lemoine, 573 Deutzia crenata nakaiana ‘Nikko’, voir D. gracilis ‘Nikko’ Deutzia discolor, 572 Deutzia gracile, 572 Deutzia gracilis, 572 Deutzia gracilis ‘Nikko’, 572 Deutzia grêle, 572 Deutzia x hybrida, 572 Deutzia x hybrida ‘Magicien’, 572 Deutzia x hybrida ‘Monzia’, 573 Deutzia x hybrida Pink-A-Boo™, voir D. x hybrida ‘Monzia’ Deutzia hybride, 572 Deutzia x lemoinei, 573 Deutzia longiflora, 572 Deutzia parviflora, 573 Deutzia purpurascens, 573 Deutzia rosé, 573 Deutzia x rosea, 573 Deutzia scabra, 573 Deutzia scabre, 573 Deutzia spp., 571 Diervilla, 43 canadensis, voir D. lonicera Diervillea lonicera, 186 Diervillea lonicera ‘Copper’, 187 Diervillea sessilifolia, 187 sessilifolia ‘Butterfly’, 187 Diervillea x splendens, 187 Diervillée à feuilles sessiles, 187 Diervillée chèvrefeuille, 186 Diervillée du Canada, 187 Diervillée splendide, 187 Dirca de l’Ouest, 492 Dirca des marais, 491 Dirca occidentalis, 492 Dirca palustris, 43, 491 Disponibilité, 21 Division, 122 Division interne du terrain, 57 Double bêchage, 78 Drageons, 121 Durée de vie, 20 Écran solaire, 8 Écran visuel, 8 Elaeagnus, 46, 48, 140 Elaeagnus angustifolia, 46, 48, 53, 55, 140, 324 angustifolia caspica, voir E. ‘Quicksilver’ angustifolia ‘Red King’, 325

argentea, voir E. commutata commutata, 53, 323 multiflora, 325 ‘Quicksilver’, 325 umbellata, 325 umbellata ‘Cardinal’, 325 Éleuthère à fleurs sessiles, 190 Éleuthère de Siebold, 188 Éleuthère panaché, 190 Eleutherococcus, 43, 46, 55 Eleutherococcus senticosus, 190 Eleutherococcus sessiliflorus, 190 Eleutherococcus sieboldianus, 188 Eleutherococcus sieboldianus ‘Aureomarginatus’, 190 Eleutherococcus sieboldianus ‘Variegatus’, 190 emplacements ensoleillés, 41 emplacements ombragés, 42 Engrais, 86, 103 Enkianthe en cloche, 545 Enkianthus, 140 Enkianthus campanulatus, 49, 545 Enkianthus campanulatus ‘Red Bells’, 545 Enkianthus campanulatus ‘Variegatus’, 545 Ennemis des arbustes, 129 Enrichissement du sol, 8 Enrouleuses, 141 Entretien des arbustes, 101 Envahissement, 19 Epigaea repens, 409 Épigée rampante, 409 Épine-vinette commune, 319 Épine-vinette coréenne, 319 Épine-vinette de Thunberg, 316 Érable champêtre, 284 Érable de Giguère à feuilles colorés, 328 Érable de l’Amour, 282 Érable de Tatarie, 283 Érable du Japon, 546, 548 Érable du Sakhalin, 283 Erica, 140 Erica carnea, 49, 453 carnea ‘Alba’, 454 carnea ‘December Red’, 454 carnea ‘Golden Starlet’, 454 carnea ‘Heathwood’, 454 carnea ‘Myretoun Ruby’, 454 carnea ‘Pirbright Rose’, 454 carnea ‘Praecox Rubra’, 454 carnea ‘Rosea’, 454 carnea ‘Scatterley’, 454 carnea ‘Snow Queen’, 455 carnea ‘Springwood Pink’, 455 carnea ‘Springwood White’, 455 carnea ‘Vivelli’, 455 x darleyensis, 455 x darleyensis ‘Arthur Johnson’, 455 x darleyensis ‘Furzey’, 455 x darleyensis ‘Silberschmelze’, 455 erigena, 455 tetralix, 455 tetralix ‘Alba’, 455 tetralix ‘Con Underwood’, 455 tetralix ‘Constance’, voir E. tetralix ‘Con Underwood’ tetralix ‘Pink Star’, 455 vagans, 455 Érosion, 8 Euonymus, 43, 48, 140 Euonymus alatus, 285

alatus Chicago Fire®, voir E. alatus ‘Timber Creek’ alatus ‘Ciliodentatus’, 287 alatus ‘Compactus’, 287, 524 alatus Fire Ball™, voir E. alatus ‘Select’ alatus ‘Monstrosus’, 287 alatus ‘Nordine Strain’, 287 alatus ‘Ruby Haag’, 287 alatus ‘Select’, 287 alatus ‘Timber Creek’, 287 atropurpureus, 351 bungeanus, 351 bungeanus ‘Pendulus’, 351 europaeus, 349, 350, 524 europaeus albus, 350 europaeus ‘Aldenhamensis’, 350 europaeus ‘Atropurpureus’, 350 europaeus ‘Red Cascade’, 351 fortunei, 221, 524 fortunei Blondy, voir E. fortunei ‘Interbolwi’ fortunei ‘Canadale Gold’, 223 fortunei ‘Coloratus’, 222 fortunei ‘Country Gold’, 223 fortunei ‘E. T.’, 223 fortunei ‘E. T. Gold’, voir E. fortunei ‘E. T.’ fortunei ‘Emerald ‘n Gold’, 223 fortunei ‘Emerald Gaiety’, 223 fortunei ‘Gold Tip’, voir E. fortunei ‘Golden Prince’ fortunei ‘Golden Prince’, 222 fortunei ‘Harlequin’, 223 fortunei ‘Interbolwi’, 223 fortunei ‘Kewensis’, 222 fortunei ‘Mor Gold’, 223 fortunei ‘Niagara Green’, 223 fortunei ‘Pygmae’, 223 fortunei ‘Sarcoxie’, 223 fortunei ‘Sheridan Gold’, 223 fortunei ‘Sungold’, 223 fortunei ‘Sunrise’, 223 fortunei ‘Sunspot’, 223 fortunei ‘Surespot’, 223 fortunei vegetus, 223 hamiltonianus, 351 hamiltonianus maackii, 351 hamiltonianus nikoensis, 351 hamiltonianus ‘Red Cap’, voir E. hamiltonianus ‘Red Elf’ hamiltonianus ‘Red Elf’, 352 hamiltonianus sieboldianus, 352 hamiltonianus sieboldianus ‘Coral Charm’, 352 hamiltonianus yedoensis, voir E. hamiltonianus sieboldianus hians, voir E. hamiltonianus sieboldianus nanus, 287 nanus turkestanicus, 287, 524 phellomanus, 352 sacchalinensis, voir E. planipes semiexertus, voir E. hamiltonianus sieboldianus yedoensis, voir E. hamiltonianus sieboldianus Exochorda commun, 549 Exochorda de Wilson, 549 Exochorda giraldii wilsonii, 549 Exochorda hybride, 549 Exochorda x macrantha ‘The Bride’, 549 Exochorda racemosa, 549

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Exochorda serratifolia ‘Northern Pearls’, 549 Faux bleuets, 490 Faux houx, 356 Fertilisation, 103 Feu de couleurs à l’automne, 278 Feuillages texturés, 38 Feuilles tout en couleurs, 311 Fleur de mai, 409 Fleurs au cœur de l’été, 258 Fleurs en début de saison, 233 Forçage des branches, 233 Forme des tiges, 39 Forsythia, 48, 140 Forsythia blanc, 161 Forsythia x ‘Couralyn’, 161 x ‘Courtasol’, 161 de Mandchourie, 161 x ‘Fiesta’, 160 x Gold Tide™, 161 hâtif, 161 x intermedia ‘Boucle d’Or’, 161 x intermedia ‘Tremonia’, 161 mandshurica, 161 mandshurica ‘Vermont Sun’, voir F. mandshurica x Marée d’Or™, 161 x ‘Mêlée d’Or’, 161 x ‘Minigold Fiesta’, 161 x ‘New Hampshire Gold’, 161 x ‘Northern Gold’, 159, 161 x ‘Northern Sun’, 161 ovata, 161 ovata ‘Ottawa’, 161 ovata ‘Robusta’, 161 ovata ‘Tetragold’, 161 rustique, 159 x Week End™, 161 Fothergilla, 43, 49 Fothergilla gardenii, 373 Fothergilla gardenii ‘Blue Mist’, 373 Fothergilla gardenii ‘Jane Platt’, 373 Fothergilla major, 372 Fothergilla major monticola, 373 Fothergilla major ‘Mount Airy’, 373 Fothergilla nain, 373 Fothergilla robuste, 372 Fourmis, 141 Framboisier des Rocheuses, 265 Framboisier doré, 265 Fraxinus, 580 Fraxinus excelsior ‘Crispa’, 580 Frêne, 580 Frêne à feuillage crispé, 580 Frêne épineux, 433 Fruits, 33 Fruits beaux à croquer, 342 Fuchsia magellanica, 590 Fuchsia magellanica ‘Aurea’, 590 Fuchsia magellanica ‘Riccartonii’, 590 Fuchsia rustique, 590 Fumagine, 149 Fusain à tiges liégeuses, 352 Fusain ailé, 285 Fusain d’Europe, 349 Fusain de Bunge, 351 Fusain de Fortune, 221 Fusain de Hamilton, 351 Fusain écarlate, 352 Fusain nain, 287 Fusain noir, 351 Gadelier à fleurs, 376 Gadelier alpin, 508 Gadelier doré, 374 Galles, 142 Gaultheria, 43, 45

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Gaultheria hispidula, 409 Gaultheria miqueliana, 409 Gaultheria procumbens, 408 Gaulthérie couchée, 408 Gaulthérie de Miquel, 409 Gaulthérie hispide, 409 Gaylussacia à fruits bacciformes, 348 Gaylussacia, 43, 49 Gaylussacia baccata, 348 Gel, 153 Gélivures, 153 Genêt ailé, 494 Genêt de Lydie, 410 Genêt de teinturiers, 493 Genêt déprimé, 411 Genêt poilu, 411 Genêt rayonnant, 411 Genêt subcapité, 411 Genêt velu, 411 Genette, 411 Genista, 46, 53 Genista depressa, 411 Genista lydia, 410 Genista pilosa, 411 Genista pilosa ‘Gold Flash’, 411 Genista pilosa ‘Goldilocks’, 411 Genista pilosa ‘Vancouver Gold’, 411 Genista radiata, 411 Genista sagittalis, 494 Genista tinctoria, 493 Genista tinctoria ‘Flore-Plena’, voir Genista tinctoria ‘Plena’ Genista tinctoria ‘Golden Plate’, 494 Genista tinctoria ‘Plena’, 494 Genista tinctoria ‘Royal Gold’, 494 Géotextiles, 92 Ginseng de Sibérie, 190 Goumi du Japon, 325 Grand coudrier, 330 Grande symphorine blanche, 363 Grands chèvrefeuilles, 510 Greffage, 127 Gros atocas, 347 Groseillier à fleurs, 376 Groseillier alpin, 509 Groseillier odorant, 376 Haie libre, 95 Haies, 50 Haies à perte de vue, 499 Halesia carolina, 535 Halesia diptera, 535 Halesia monticola, 535 Halimodendron halodendron, 46, 48, 487, 524 Hamamélis de Chine, 551 Hamamélis de Virginie, 288, 550 Hamamélis du Japon, 551 Hamamélis hybride, 551 Hamamelis x intermedia, 551 Hamamelis x intermedia ‘Arnold Promise’, 551 Hamamelis x intermedia ‘Diane’, 551 Hamamelis japonica, 551 Hamamelis mollis, 551 Hamamélis printanier, 550 Hamamelis vernalis, 550 Hamamelis vernalis ‘Sandra’, 551 Hamamelis virginiana, 43, 288, 550 Hannetons, 145 Hart rouge, 301 Heptacodium, 290 Heptacodium miconioides, 43, 46, 290 Herbe à la puce, 422

Hibiscus moscheutos, 9 paramutabilis, 592 sinosyricus, 592 syriacus, 524, 590 syriacus ‘Aphrodite’, 592 syriacus ‘Ardens’, 592 syriacus ‘Blue Bird’, voir H. syriacus ‘Oiseau Bleu’ syriacus ‘Diana’, 592 syriacus ‘Hamabo’, 592 syriacus ‘Helene’, 592 syriacus ‘Minerva’, 592 syriacus ‘Oiseau Bleu’, 592 syriacus ‘Woodbridge’, 592 vivace, 9 Hippophae rhamnoides, 48, 53, 483 rhamnoides ‘Askola’, 484 rhamnoides ‘Friesendorf Orange’, 484 rhamnoides ‘Hergo’, 484 rhamnoides ‘Leikora’, 484 rhamnoides ‘Pollmix’, 484 rhamnoides ‘Sprite’, 484 Hortensia, 574 Hortensia de Virginie, 192 Houx bleu, 552 de Noël, 554 décidu, 356 dentelé, 356 européen, 554 glabre, 355 prostré, 554 verticillé, 353 verticillé hybride, 355 Huile de neem, 134 Huile horticole, 134 Hydrangea arborescens, 43, 192 Hydrangea arborescens ‘Annabelle’, 191 arborescens ‘Grandiflora’, 192 aspera, 576 heteromalla, 192 macrophylla, 43, 53, 574 macrophylla ‘All Summer Beauty’, 576 macrophylla ‘Alpenglühen’, 576 macrophylla ‘Blue Wave’ :voir H. macrophylla ‘Mariesii Perfecta’ macrophylla ‘Bouquet Rose’, 576 macrophylla ‘Early Sensation’, 576 macrophylla ‘Forever Pink’, 576 macrophylla ‘Glowing Embers’, voir H. macrophylla ‘Alpenglühen’ macrophylla ‘Harlequin’, 576 macrophylla hortensia, 575 macrophylla ‘Lemon Wave’, 577 macrophylla ‘Maculata’, 577 macrophylla ‘Mariesii Perfecta’, 577 macrophylla ‘Mariesii’, 577 macrophylla ‘Monred’, 577 macrophylla ‘Nikko Blue’, 576 macrophylla ‘Perfecta Blue’, 577 macrophylla ‘Pink Beauty’, 577 macrophylla ‘Quadricolor’, 577 macrophylla Red ‘N’ Pretty™, voir H. macrophylla ‘Monred’ macrophylla ‘Royal Purple’, 577 macrophylla serrata, voir H.

serrata macrophylla ‘Tokyo Delight’, 577 macrophylla marginalis, 575 paniculata, 162 paniculata ‘Brussel’s Lace’, 164 paniculata ‘Burgundy Lace’, 164 paniculata ‘Floribunda’, 164 paniculata ‘Grandiflora’, 164, 524 paniculata ‘Greenspire’, 165 paniculata ‘Kyushu’, 165 paniculata ‘Limelight’, 165 paniculata ‘Melody’, 165 paniculata ‘Pee Wee’, 165 paniculata ‘Pink Diamond’, 165 paniculata ‘Praecox’, 165 paniculata ‘Ruby’, 165 paniculata ‘Tardiva’, 165 paniculata ‘Unique’, 165 paniculata ‘White Moth’, 165 quercifolia, 43, 555 quercifolia ‘Pee Wee’, 555 quercifolia ‘Sike’s Dwarf’, 555 serrata, 577 serrata ‘Arctic Blue’, 577 serrata ‘Beni-Gaku’, 577 serrata ‘Blue Billow’, 577 serrata ‘Blue Bird’, 577 serrata ‘Golden Sunlight’, 577 serrata ‘Preziosa’, 577 Hydrangée à feuilles de chêne, 555 à grandes feuilles, 574 Annabelle, 191 arborescente, 192 de l’Himalaya, 192 des fleuristes, 574 paniculée, 162 peegee, 164 serrée, 577 Hypericum, 43, 48 androsaemum ‘Albury Purple’, 262 aureum, voir H. frondosum frondosum, 262 frondosum ‘Sunburst’, 262 ‘Hidcote’, 262 kalmianum, 261 kalmianum ‘Ames’, 262 prolificum, 262 Ilex, 43, 45, 49, 55, 140 Ilex aquifolium, 554 Ilex aquifolium ‘Alaska’, 554 Ilex aquifolium ‘Limsi’, 554 Ilex aquifolium Siberia™, voir I. aquifolium ‘Limsi’ Ilex x Berri Magic™, 553 Ilex China Boy®, voir I. ‘Mesdob’ Ilex China Girl®, voir I. ‘Mesog’ Ilex decidua, 356 Ilex x Ebony Male™, 554 Ilex glabra, 355 Ilex glabra ‘Chamzin’, 355 Ilex glabra ‘Compacta’, 355 Ilex glabra leucocarpa ‘Ivory Queen’, 356 Ilex glabra Nordic®, voir I. glabra ‘Chamzin’ Ilex glabra ‘Nova Scotia’, 356 Ilex glabra ‘Shamrock’, 356 Ilex x Little Rascal™, voir I. x ‘Mondo’ Ilex ‘Mesdob’, 554

Ilex x meserveae, 552 Ilex x meserveae Blue Angel®, 553 Ilex x meserveae ‘Blue Boy’, 553 Ilex x meserveae ‘Blue Girl’, 553 Ilex x meserveae Blue Maid®, voir I. x meserveae ‘Mesad’ Ilex x meserveae ‘Blue Prince’, 553 Ilex x meserveae ‘Blue Princess’, 553 Ilex x meserveae Blue Stallion®, voir I. x meserveae ‘Mesan’ Ilex x meserveae Golden Girl®, voir I. x Golden Girl® Ilex x meserveae ‘Gretchen’, 553 Ilex x meserveae ‘Honey Maid’, 554 Ilex x meserveae ‘Mesad’, 554 Ilex x meserveae ‘Mesan’, 554 Ilex x meserveae ‘Mesgolg’, 554 Ilex ‘Mesog’, 554 Ilex x ‘Mondo’, 554 Ilex rugosa, 554 Ilex serrata, 356 Ilex verticillata, 353 Ilex verticillata ‘Afterglow’, 354 Ilex verticillata ‘Aurantiaca’, 354 Ilex verticillata Berry Heavy®, voir I. verticillata ‘Spravy’ Ilex verticillata Berry Nice®, voir I. verticillata ‘Spriber’ Ilex verticillata ‘Cacapon’, 354 Ilex verticillata ‘Early Male’, 354 Ilex verticillata ‘Jim Dandy’, 354 Ilex verticillata ‘Oosterwijk’, 354 Ilex verticillata ‘Red Sprite’, 354 Ilex verticillata x serrata, 355 Ilex verticillata x serrata ‘Apollo’, 355 Ilex verticillata x serrata ‘Harvest Red’, 355 Ilex verticillata x serrata ‘Sparkleberry’, 355 Ilex verticillata ‘Southern Gentleman’, 354 Ilex verticillata ‘Spravy’, 354 Ilex verticillata ‘Winter Gold’, 354 Ilex verticillata ‘Winter Red’, 355 Insectes bénéfiques, 134 Insectes nuisibles, 138 Inspection à l’achat, 131 Intérêt prolongé, 17 Intimité, 54 Itéa de Virginie, 578 Itea virginica, 578 Itea virginica ‘Henry’s Garnet’, 578 Itea virginica Little Henry®, voir I. virginica ‘Sprich’ Itea virginica ‘Sprich’, 578 Jardin en auge, 64 Jardin japonais, 65 Jet d’eau, 135 Jets des souffleuses à neige, 153 Kalmia, 45, 49, 140 Kalmia à feuilles d’andromède, 457 Kalmia à feuilles étroites, 456 Kalmia angustifolia, 456 Kalmia des montagnes, 556 Kalmia glauque, 457 Kalmia latifolia, 556 Kalmia latifolia ‘Bullseye’, 556 Kalmia latifolia ‘Carousel’, 556 Kalmia latifolia ‘Elf’, 556 Kalmia latifolia ‘Little Linda’, 556 Kalmia latifolia ‘Minuet’, 556 Kalmia latifolia ‘Olympic Fire’, 556

Kalmia polifolia, 457 Kermès, 142 Kerria, 220 Kerria japonica, 43, 140, 219, 220 japonica ‘Albescens’, 220 japonica ‘Albiflora’, voir K. japonica ‘Albescens’ japonica ‘Flora Pleno’ japonica ‘Pleniflora’ japonica ‘Golden Guinea’, 220 japonica ‘Picta’, 220 japonica ‘Pleniflora’, 220 japonica ‘Variegata’, voir K. japonica ‘Picta’ Ketmie des jardins, 590 Kolkwitzia aimable, 193 Kolkwitzia amabilis, 193 Kolkwitzia amabilis ‘Pink Cloud’, 194 Kolkwitzia amabilis ‘Rosea’, 194 Lédon de Groenland, 478 Ledum groenlandicum, 49, 477 Ledum groenlandicum ‘Compactum’, 478 Ledum palustre, 478 Ledum palustre ‘Milky Way’, 478 Ledum palustre decumbens, 478 Leucothoe axillaris, 557 Leucothoe fontanesiana, 557 Leucothoe fontanesiana ‘Girald’s Rainbow’, 557 Leucothoe fontanesiana ‘Scarletta’, 557 Leucothoe fontanesiana ‘Rainbow’, voir L. fontanesiana ‘Girald’s Rainbow’ Leucothoë retombant, 557 Lièvres, 143 Ligustrum, 47, 48, 53 amurense, 517 x ibolium, 517 obtusifolium, 517 obtusifolium regelianum, 517 vulgare, 516 vulgare ‘Cheyenne’, 517 vulgare ‘Chlorocarpeum’, 517 vulgare ‘Lodense’, 517 vulgare ‘Nanum’, voir L. vulgare ‘Lodense’ Lilas à feuilles en dentelle, 558 à feuilles pennées, 558 à feuilles variées, 558 à fleurs de jacinthe, 379 à grappes retombantes, 391 Chengtou, 392 chinois, 390 commun, 381 commun nain, 388 de Californie, 429 de Corée, 387 de Mandchourie, 387 de Pékin, 392 de Perse, 385 de Preston, 166 de Rouen, 390 du Japon, 391 du Yunnan, 392 duveteux, 392 fontaine, 392 hâtif, 380 hâtifs, 377 hongrois, 391 hybride nain, 388 nain, 386 Paliban, 387 superbe, 387 tardif, 389

tomenteux, 392 Lindera benzoin, 43, 45 Lonicera, 46, 48, 53, 500 alpigena, 512 alpigena ‘Nana’, 505 x amoena, 589 x bella, 589 x bella ‘Dropmore’, 589 caerulea dependens, 512 caerulea edulis, 512 canadensis, 589 canadensis ‘Marble King’, 589 chrysantha latifolia, 512 x Honey Baby™, voir L. x ‘Novso’ involucrata, 513 korolowii, 512 korolowii ‘Abbotsford’, 512 korolowii ‘Aurora’, 512 korolowii ‘Honeyrose’, 513 korolowii zabelii, 513 maackii, 513 maximowiczii sachalinensis, 5 10, 512 microphylla, 589 morrowii, 589 muendeniensis, 589 muendeniensis ‘Zabelii’, voir L. tatarica ‘Zabelii’ x myrtilloides, 589 x notha, 589 tatarica, 587 tatarica ‘Alba’, 589 tatarica ‘Arnold’s Red’, 513 tatarica ‘Bytown’, 589 tatarica ‘Grandiflora’, 589 tatarica ‘Freedom’, 513 tatarica ‘Hack’s Red’, 589 tatarica ‘Morden Orange’, 589 tatarica ‘Rosea’, 589 tatarica ‘Zabelii’, 513, 589 x xylosteoides ‘Claveyi’, voir L. x xylosteoides ‘Clavey’s Dwarf’ x xylosteoides ‘Clavey’s Dwarf’, 505 x xylosteoides ‘Miniglobe’, 505 xylosteum, 513 xylosteum ‘Compacta’, voir L. xylosteum ‘Emerald Mound’ xylosteum ‘Emerald Mound’, 505 xylosteum ‘Nana’, voir L. xylosteum ‘Emerald Mound’ Magnolia, 49, 140 Magnolia à fleurs de lis, 561 Magnolia de Loebner, 562 Magnolia de Soulange, 559 Magnolia étoilé, 562 Magnolia kobus, 561 Magnolia liliiflora ‘Nigra’, 561 x stellata ‘Ann’, 562 x stellata ‘Betty’, 562 x stellata ‘Jane’, 562 x stellata ‘Judy’, 562 x stellata ‘Pinkie’, 562 x stellata ‘Randy’, 562 x stellata ‘Ricki’, 562 x stellata ‘Susan’, 562 x stellata Little Girl, 561 x loebneri, 562 x loebneri ‘Ballerina’, 562 x loebneri ‘Leonard Messel’, 562

x loebneri ‘Merril’, 562 x soulangeiana ‘Alexandrina’, 561 x soulangeiana ‘Étienne Soulange-Bodin’, 561 x soulangeiana ‘Rustica’, 561 x soulangeiana ‘Rustica Rubra’, voir M. x soulangeiana ‘Rustica’ stellata, 562 stellata ‘Centennial’, 562 stellata ‘Pink Stardust’, 562 stellata ‘Royal Star’, 562 stellata ‘Waterlily’, 562 Mahonia, 43, 140 Mahonia à feuilles de houx, 224 Mahonia aquifolia, 224 Mahonia aquifolia ‘Atropurpurea’, 225 Mahonia aquifolia ‘Compacta’, 225 Mahonia aquifolia ‘Smaragd’, 225 Mahonia rampant, 225 Mahonia repens, 225 Mahonia repens ‘Rotundifolia’, 225 Maladie hollandaise de l’orme, 204 Maladie laiteuse, 135 Maladies, 146 Malus Camelot™, voir M. ‘Camzam’ s ‘Camzam’, 528 ‘Coccinella’, 529 ‘Courtabri’, 528 Guinevere™, voir M. ‘Guinzam’ ‘Guinzam’, 528 ‘Jewelberry’, 529 Lancelot™, voir M. ‘Lanzam’ ‘Lanzam’, 529 ‘Lollipop’, 529 Pom’zai®, voir M. ‘Courtabri’ ‘Rainbow’, 529 ‘Sargent Tina’, voir M. ‘Tina’ sargentii, voir M. toringo sargentii ‘Tina’, 529 toringo sargentii, 529 Marcottage, 125 Marronnier à petites fleurs, 259 Marronnier rouge, 260 Massif, 60 Ménage automnal, 105 Mézéréon, 238 Millepertuis de Kalm, 261 Millepertuis doré, 262 Millepertuis prolifère, 262 Mimosa de Paris, 160 Mineuses, 143 Mise en jauge, 75 Moisissure grise, 149 Mosaïque, 61 Mulots, 143 Multiplication des arbustes, 121 Multiplication par bouturage, 123 Multiplication par division, 122 Multiplication par drageons, 122 Mycorhizes, 83 Myrica gale, 45, 435 Myrica pennsylvanica, 53, 436 Myrique baumier, 435 Myrique de Pennsylvanie, 436 Myrique des marais, 436 Myrobalan, 321 Némopanthe mucroné, 356

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Nemopanthus mucronatus, 356 Nerprun à feuilles de capillaire, 495 Nerprun bourdaine, 593 Nerprun cathartique, 592 Nerprun colonnaire, 496 Nerprun de Dahurie, 593 Noisetier commun, 330 Noisetier commun pourpre, 331 Noisetier doré, 331 Noisetier franc, 330 Noisetier pourpre, 331 Noisetier tortueux, 302 Noisetiers à feuillage coloré, 330 Obier nain, 519 Oiseaux, 21 Oiseaux frugivores et granivores, 22 Olivier de Bohême, 324 Olivier de Russie, 324 Oranger rustique, 590 Orme à trois feuilles, 438 Orme d’Amérique, 204 Orme de Chine, 580 Orme de Samarie, 438 Orme de Sibérie, 500, 579 Orme de Virginie, 438 Orme hollandais, 580 Osier pourpre, 514 Osier pourpre nain, 515 Oxycoccus, voir Vaccinium Oxycoccus macrocarpon, voir Vaccinium macrocarpon Oxycoccus microcarpus, voir Vaccinium oxycoccos Paeonia arborea, voir P. suffruticosa Paeonia ‘Joseph Rock’, voir P. rockii Paeonia lutea, 246 Paeonia moutan, voir P. suffruticosa Paeonia rockii, 246 Paeonia suffruticosa, 140, 244 Paeonia suffruticosa rockii, voir P. rockii Paillis, 89 Palmier rustique, 590 Papillons, 21 Parfums, 40 Pavier, 260 Paxistima à feuilles de myrte, 413 Paxistima canbyi, 43, 412 Paxistima de Canby, 412 Paxistima myrtifolia, 413 Paxistima myrsinites, voir P. myrtifolia Perceurs, 144 Période de taille, 111 Perovskia atriplicifolia, 9 Petit thé, 409 Philadelphus, 48 ‘Buckey’s Quill’, 252 coronarius ‘Aureus’, 252 coronarius ‘Bowle’s Variety’, voir P. coronarius ‘Variegatus’ coronarius ‘Nanus’, 253 coronarius ‘Pumilus’, voir P. coronarius ‘Nanus’ coronarius ‘Speciosissimus’, 252 coronarius ‘Variegatus’, 252 coulteri, 253 x cymosus ‘Perle Blanche’, 252 ‘Dwarf Snowflake’, 253 ‘Galahad’, 252 inodorus grandiflorus, 253 x lemoinei, 252

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x lemoinei ‘Innocence’, 252 x lemoinei ‘Manteau d’Hermine’, 253 x lemoinei ‘Silberregen’, 252 x lemoinei ‘Silver Showers’, voir P. x lemoinei ‘Silberregen’ lewisii ‘Blizzard’, 251 lewisii ‘Waterton’, 251 melanocalyx, 252 microphyllus, 252 ‘Natchez’, 252 pubescens, 252 x purpureomaculata ‘Belle Étoile’, 253 ‘Snow Velvet’, 252 ‘Snowbelle’, 253 ‘Snowdwarf’, 253 ‘Snowgoose’, 252 spp., 250 x virginalis, 252 x virginalis ‘Bouquet Blanc’, 253 x virginalis ‘Dwarf Minnesota Snowflake’, 253 x virginalis ‘Glacier’, 253 x virginalis ‘Miniature Snowflake’, 253 x virginalis ‘Minnesota Snowflake’, 253 x virginalis ‘Purity’, 253 x virginalis ‘Virginal’, 253 x virginalis ‘Yellow Hill’, 252 White Rock™, voir P. ‘Pekphil’ Physocarpe à feuilles d’obier, 168 Physocarpe de l’Ouest, 170 Physocarpe doré, 170 Physocarpe nain, 169 Physocarpus, 43, 46 monogynus, 170 opulifolius, 168 opulifolius ‘Dart’s Gold’, 170 opulifolius Diabolo™ : voir P. opulifolius ‘Monlo’ opulifolius ‘Luteus’, 170 opulifolius ‘Monlo’, 170 opulifolius ‘Nanus’, 169 opulifolius ‘Nugget’, 170 opulifolius ‘Snowfall’, 169 opulifolius ‘Tilden Park’, 170 opulifolius Diabolo™, 170 Pièges à phéromones, 135 Pièges collants, 136 Pièges et poisons, 136 Pieris, 49 ‘Brouwer’s Beauty’, 564 des montagnes, 563 du Japon, 564 x ‘Flaming Silver’, 564 floribunda, 563 x ‘Forest Flame’, 564 japonica, 43, 490, 564 japonica ‘Mountain Fire’, 564 Pimbina, 229 Piment de la Caroline, 540 Pivoine en arbre, 244 Planification, 23 Plantation, 82 d’une haie libre, 95 d’une haie taillée, 95 dans la pelouse, 80 dans un sol peu profond, 97 dans une plate-bande établie, 80 des arbustes à racines nues, 85 des arbustes emmottés, 84

des arbustes en pot, 83 Planter et maintenir une barrière végétale, 57 Plantes grimpantes et sarmenteuses, 11 Plantes vedettes, 65 Plantes-nourrices, 424 Plate-bande d’arbustes, 59 Plate-bande mixte, 60 Pois de Sibérie, 185 Pollution atmosphérique, 7 Pollution de l’air, 154 Pommes de terre, 348 Pommetier arbustif, 527 Pommetier arbustif sur tige, 527 Pommetier de Sargent, 529 Poncirus trifoliata, 590 Port érigé, 27 Port évasé, 28 Port globulaire, 28 Port irrégulier, 29 Port pleureur, 30 Port rampant, 29 Port semi-pleureur, 28 Ports des arbustes, 26 Potentilla, 48, 53 fruticosa, 46, 140, 171 fruticosa ‘Abbottswood Silver’, 173 fruticosa ‘Abbottswood’, 173 fruticosa ‘Coronation Triumph’, 173 fruticosa ‘Goldfinger’, 173 fruticosa ‘Goldstar’, 173 fruticosa ‘Jackmanii’, 173 fruticosa ‘Jackman’s Variety’, voir P. fruticosa ‘Jackmanii’ fruticosa ‘Katharine Dykes’, 173 fruticosa ‘Maanelys’, 173 fruticosa Mango Tango™, 173 fruticosa ‘Marrob’, 173 fruticosa ‘McKay’s White’, 173 fruticosa ‘Moonlight’, voir P. fruticosa ‘Maanelys’ fruticosa ‘Orangeade’, 173 fruticosa ‘Pink Beauty’, 173 fruticosa ‘Red Ace’, 173 fruticosa Red Robin™, 173 fruticosa ‘Rosemarie’, 173 fruticosa ‘Snowbird’, 173 fruticosa ‘Tangerine’, 173 fruticosa ‘Uman’, 173 fruticosa ‘Yellow Gem’, 173 Potentille frutescente, 171 Pots de culture, 71 Pots en fibre, 71 Pots en papier mâché, 71 Pourriture des racines, 149 Préparation du sol, 75 Prinsepia à haies, 358 Prinsepia chinois, 357 Prinsepia sinensis, 46, 55, 357 Prinsepia uniflora, 358 Problèmes physiologiques, 151 Produits antiparasitaires, 132 Produits de déglaçage, 154 Protection hivernale, 105 Protection hivernale des arbustes à feuilles persistantes, 110 Protection hivernale des nouvelles plantations, 108 Protection hivernale des racines, 110 Protection hivernale le long des chemins, 109

Protection hivernale sous la corniche, 108 Prunier maritime, 400 Prunier pourpre de Pissard, 322 Prunier pourpre des sables, 320 Prunier-cerise, 321 Prunus besseyi, 240 besseyi ‘Black Beauty’, 240 besseyi ‘Fritz’, 240 besseyi ‘Hans’, 240 besseyi ‘Hansen’s’, 240 cerasifera, 321 cerasifera ‘Atropurpureum’, 322 cerasifera ‘Newport’, 322 cerasifera ‘Pissardii’, voir P. cerasifera ‘Atropurpureum’ cerasifera ‘Thundercloud’, 322 x cistena, 320, 524 x cistena ‘Big Cis’, 321 x cistena ‘Minnesota Purpleleaf’, voir P. x cistena ‘Minnesota Red’ x cistena ‘Minnesota Red’, 321 depressa, voir P. pumila depressa fruticosa, 240 glandulosa, 236 glandulosa ‘Alba Plena’, 236 glandulosa ‘Alboplena’, voir P. glandulosa ‘Alba Plena’ glandulosa ‘Rosea Plena’, voir P. glandulosa ‘Sinensis’ glandulosa ‘Sinensis’, 236 maritima, 46, 53, 400 pennsylvanica, 240 pumila, 400 pumila depressa, 399, 524 tenella, 234 tenella ‘Alba’, 235 tenella ‘Fire Hill’, 235 tomentosa, 239 tomentosa ‘Leucocarpa’, 240 tomentosa ‘Orient’, 240 tomentosa ‘Red Marble’, 240 tomentosa ‘White Ruby’, 240 triloba multiplex, 235, 524 virginiana, 240, 322 virginiana ‘Canada Red’, 322 virginiana ‘Canada Select’, voir P. virginiana ‘Schubert Select’ virginiana ‘Colorata’, 322 virginiana ‘Schubert Select’, 322 virginiana ‘Schubert’, 322 Ptelea trifoliata, 437 Ptelea trifoliata ‘Aurea’, 438 Ptéléa trifolié, 437 Pucerons, 144 Purple-fruited Chokeberry, 281 Pyracantha, 46 angustifolia Yukon Belle™, voir P. angustifolia ‘Monon’ coccinea ‘Chadwickii’, 587 x Gnome®, voir P. x ‘Gnozam’ x ‘Gnozam’, 587 coccinea ‘Kasan’, 587 coccinea ‘Lalandei’, 587 x ‘Orange Charmer’, 587 x ‘Teton’, 587 coccinea ‘Thornless’, 587 coccinea ‘Wyattii’, 587 spp., 586 Quand tailler les arbustes, 117 Quatre-saisons, 574 Rabattage des arbustes à recéper, 116 Raisin d’ours, 195

Rajeunissement par l’élimination régulière des vieilles branches, 115 Rajeunissement radical, 116 Ravageurs des arbustes, 138 Réduction des coûts de chauffage, 8 Réduction du bruit, 8 Règles de couleur, 32, 34 Replantation, 101 Repousse à partir du portegreffe, 154 Répulsifs, 136 Résistance au froid, 13 Résistance aux insectes et aux maladies, 18 Réversions, 115 Rhamnus, 46, 53 Rhamnus cathartica, 592 davurica, 593 frangula, 496, 593 frangula ‘Asplenifolia’, 495 frangula ‘Columnaris’, 496 frangula ‘Tall Hedge’, voir R. frangula ‘Columnaris’ Rhododendron, 43, 49, 140 ‘Aglo’, 472 ‘America’, 465 ‘Angel’, 476 ‘Anuschka’, 476 ‘Apricot Surprise’, 158 ‘April Mist’, 472 ‘April Rose’, 472 aux feuilles pourpres, 469 ‘Bambi’, 476 ‘Bessie Howells’, 464 ‘Black Satin’, 472 ‘Bluenose’, 473 ‘Boule de Neige’, 464 brachycarpum, 462 ‘Brittany’, 473 calendulaceum, 445 canadense, 45, 443, 445 canadense albiflorum, 445 ‘Cannon’s Double’, 448 ‘Caroline Allbrook’, 476 carolinianum, voir R. minus minus ‘Casanova’, 464 catawbiense, 458 catawbiense ‘Album’, 462 catawbiense ‘Boursault’, 462 catawbiense ‘Caractacus’, 462 catawbiense ‘Compacta’, 462 catawbiense ‘Grandiflorum’, 462 catawbiense ‘Purpureum Elegans’, 462 catawbiense ‘Roseum Elegans’, 462 catawbiense ‘Roseum Pink’, 462 ‘Chionoides’, 465 ‘Connecticut Yankee’, 465 ‘Crete’, 476 ‘Cunningham’s White’, 464 ‘Daphnoides’, 464 dauricum, 469 dauricum album ‘Olstrum’s Form’, 469 dauricum ‘Midwinter’, 469 de Caroline, 470 de Catawba, 458 de Corée, 445 de Dahurie, 469 de Fuji-Yama, 462 de Smirnow, 462 degronianum, 462

degronianum yakushimanum, voir R. yakushimanum des Alpes, 469 des nuages, 470 ‘Doc’, 476 ‘Don Giovanni’, 476 ‘Dopey’, 476 du Canada, 445 ‘Edelweiss’, 476 ‘Elviira’, 467 ‘Elya’, 476 ‘Fantastica’, 476 fastigiatum, 469 ferrugineum, 469 fimbriatum, voir R. hippophaeoides ‘Fimbriatum’ ‘Fireball’, 448 ‘Gabriel’, 465 géant, 462 ‘Gibraltar’, 448 ‘Golden Gala’, 465 ‘Golden Lights’, 158 groenlandicum, voir Ledum groenlandicum ‘Grumpy’, 476 ‘Haaga’, 467 ‘Hellikki’, 467 ‘Helsingin Yliopisto’, voir R. ‘Helsinki University’ ‘Helsinki University’, 467 ‘Henry’s Red’, 465 ‘Hindustan’, 465 hippophaeoïde, 470 hippophaeoides, 470 hippophaeoides ‘Fimbriatum’, 470 ‘Hong Kong’, 465 ‘Hoppy’, 476 hybrides Mollis, 449 impeditum, 470 japonicum, 445 ‘Jericho’, 473 ‘Jonathan Shaw’, 465 ‘Ken Jancek’, 476 ‘King’s Red’, 448 ‘Klondyke’, 448 kiusianum ‘Album’, 445 kiusianum ‘Benisuzume’, 445 kiusianum ‘Yumbae’, 445 ‘Koichiro Wada’, 476 x kosteranum, voir R. hybrides Mollis ‘Kullervo’, 467 lapon, 470 lapponicum, 470 ‘Lee’s Dark Purple’, 465 ‘Lemon Drop’, 448 ‘Lemon Lights’, 158 Lights, 157 litangense, 470 ‘Lollipop’, 448 ‘Mandarin Lights’, 158 ‘Mardi Gras’, 476 maximum, 462 maximum ‘Pink Sprite’, 462 maximum roseum, 462 metternichii yakushimanum, voir R. yakushimanum ‘Mikkeli’, 467 ‘Minnetonka’, 465 minus minus, 470 minus minus ‘Album’, 470 minus minus ‘Luteum’, 470 minus minus ‘Roseum’, 470 ‘Mist Maiden’, 476 Mollis ‘Snowdrift’, 449

‘Molly Fordham’, 473 ‘Morgenrot’, 476 ‘Mrs. P. Den Ouden’, 473 mucronulatum, 445 mucronulatum ‘Cornell Pink’, 445 mucronulatum ‘Crater’s Edge’, 446 mucronulatum ‘Mahogany Red’, 446 ‘Narcissiflora’, 449 ‘Normandy’, 465 ‘Northern Hi-Lights’, 158 ‘Northern Lights’, 158 ‘Northern Starburst’, 473 ‘Nova Zembla’, 465 nudiflorum, voir R. periclymenoides ‘Olga Mezitt’, 473 ‘Olga Petite’, 473 ‘Orchid Lights’, 158 ‘Pana’, 476 ‘Parade’, 449 ‘Parsival’, 476 ‘Parson’s Gloriosum’, 465 ‘Paul R. Bosley’, 465 ‘Pekka’, 467 periclymenoides, 446 ‘Peter Tigerstedt’, voir R. ‘P.M.A. Tigerstedt ‘P.J.M.’, 473 ‘P.J.M. Compacta’, 473 ‘P.J.M. Elite’, 473 ‘P.J.M.Regal’, 473 ‘Pink and Sweet’, 449 ‘Pink Treasure’, 465 ‘P.M.A. Tigerstedt’, 467 ‘Pohjolan Tytär’, 467 ‘Pohjola’s Daughter’, voir R. ‘Pohjolan Tytär’ ‘Popsicle’, 449 poukhanense, voir R. yedoense poukhanense prinophyllum, 158, 446 ‘Purple Gem’, 473 ‘Ramapo’, 473 roseum, voir R. prinophyllum ‘Rosy Lights’, 158 ‘Saint Michel’, voir R. ‘Mikkeli’ schlippenbachii, 446 ‘Schneekrone’, 476 Seven Dwarfs, 476 ‘Skookum’, 476 smirnowii, 462 ‘Sneezy’, 476 ‘Snowcrown’, voir R. ‘Schneekrone’ ‘Spicy Lights’, 158 ‘Spring Dawn’, 464 spp., 447, 463, 466, 471 ‘Staccato’, 473 ‘Strawberry Ice’, 449 ‘Summer Glow’, 465 ‘Sunbonnet’, 449 tomentosum, voir Ledum palustre tomentosum subarcticum, voir Ledum palustre decumbens ‘Tow Head’, 473 ‘Tunis’, 449 vaseyi, 446 ‘Viscosepalum’, 449 viscosum, 45, 446 ‘Waltham’, 473 ‘Weston’s Innocence’, 449



‘Weston’s Pink Diamond’, 473 ‘White Lights’, 158 ‘White Swan’, 449 ‘Windbeam’, 473 ‘Wojnar’s Purple’, 465 ‘Yaku Princess’, 476 yak, 474 yakushimanum, 474 ‘Yaku Prince’, 476 yedoense poukhanense, 446 Rhododendrons botaniques à grosses feuilles, 458 Rhododendrons botaniques à petites feuilles, 468 Rhododendrons élépidotes, 459 Rhododendrons hybrides à grosses feuilles, 463 Rhododendrons hybrides à petites feuilles, 471 Rhododendrons hybrides finlandais, 466 Rhododendrons lépidotes, 459 Rhodora, 445 Rhodotypos, 220 Rhodotypos scandens, 43, 46, 220 Rhus, 47, 53 Rhus aromatica, 43, 421 aromatica ‘Gro-Low’, 422 aromatica ‘Konza’, 422 copallina, 294 copallina ‘Creel’s Quintet’, 294 glabra, 294 glabra cismontana, 294 glabra ‘Laciniata’, 294 glabra ‘Morden’s’, 294 glabra ‘Morden’s Selection’, voir R. glabra ‘Morden’s’ x pulvinata, 294 x pulvinata ‘Autumn Red Lace’, 294 radicans, voir Toxicodendron radicans trilobata, 422 typhina, 292 typhina ‘Dissecta’, 294 typhina ‘Laciniata’, 294 Ribes, 43, 140 Ribes alpinum, 508 Ribes alpinum ‘Aureum’, 509 Ribes alpinum Green Jeans™, voir R. alpinum ‘Spreg’ Ribes alpinum ‘Green Mound’, 509 Ribes alpinum ‘Schmidt’, 509 Ribes alpinum ‘Smithii’, voir R. alpinum ‘Schmidt’ Ribes alpinum ‘Spreg’, 509 Ribes aureum, 46, 374 Ribes odoratum ‘Crandall’, 376 Ribes sanguineum, 376 Robinia fertilis, voir R. hispida fertilis Robinia hispida, 481 Robinia hispida fertilis, 482 Robinia pseudacacia, 482 Robinia viscosa, 482 Robinier hispide, 482 Robinier visqueux, 482 Rocaille, 62 Romarin sauvage, 478 Ronce à feuilles découpées, 265 Ronce à fleurs de rosier, 265 Ronce de Cockburn, 305 Ronce odorante, 263 Ronce odorante de l’Ouest, 265 Ronce tibétaine, 304

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Rosa, 55 Rosa ‘Adelaide Hoodless’, 267 Rosa Alba Meidiland, voir R. ‘Meiflopan’ Rosa ‘Alexander MacKenzie’, 267 Rosa Appleblossom Flower Carpet®L, voir R. ‘Noamel’ Rosa x ‘Arctic Flame’, 596 Rosa ‘Blanc Double de Coubert’, 199 Rosa Bonica™, voir R. ‘Meldomonac’ Rosa ‘Bountiful Abundance’, 415 Rosa ‘Bucbi’, 268 Rosa ‘Buffalo Gal’, voir R. ‘Foxi Pavement’ Rosa ‘Captain Samuel Holland’, 415 Rosa Carefree Beauty™, voir R. ‘Bucbi’ Rosa ‘Carefree Delight’, 415 Rosa Carefree Wonder™, voir R. ‘Melpatac’ Rosa ‘Carpet Flower’, voir R. ‘Noatraum’ Rosa ‘Champlain’, 268 Rosa ‘Charles Albanel’, 415 Rosa ‘Charles Notcutt’, voir R. ‘Korhass’ Rosa x ‘Charlotte Brownell’, 596 Rosa Coral Flower Carpet®, voir R. ‘Noala’ Rosa ‘Cuthbert Grant’, 268 Rosa ‘David Thompson’, 199 Rosa ‘De Montarville’, 268 Rosa x ‘Dr. Brownell’, 596 Rosa ‘Dwarf Pavement’, 268 Rosa ‘Emera’, voir R. ‘Noatraum’ Rosa ‘Exception’, 199 Rosa ‘F.J. Grootendorst’, 200 Rosa ‘Foxi’, voir R. ‘Foxi Pavement’ Rosa ‘Foxi Pavement’, 199 Rosa ‘Frau Dagmar Hastrup’, 199 Rosa ‘Frontenac’, 268 Rosa Fuchsia Meidiland®, voir R. ‘Meipelta’ Rosa ‘George Vancouver’, 268 Rosa ‘Gelbe Dagmar Hastrup’, voir R. ‘Rustica 91’ Rosa glauca, 270 Rosa ‘Golden Wings’, 268 Rosa ‘Grootendorst Supreme’, 200 Rosa ‘Hansa’, 199 Rosa Hansaland™, 200 Rosa ‘Harfang des Neiges’, 199 Rosa ‘Harison’s Yellow’, 270 Rosa ‘Henry Hudson’, 199 Rosa ‘Henry Kelsey’, 415 Rosa ‘Hope for Humanity’, 268 Rosa ‘J.P. Connell’, 270 Rosa ‘Jens Monk’, 199 Rosa ‘John Davis’, 415 Rosa ‘John Franklin’, 268 Rosa Knockout, voir R. ‘Radrazz’ Rosa ‘Korgosa’, 200 Rosa ‘Korhass’, 200 Rosa ‘Lambert Closse’, 268 Rosa ‘Louis Jolliet’, 415 Rosa Magic Meidiland®, voir R. ‘Meibonrib’ Rosa ‘Maiden’s Blush’, 268 Rosa x ‘Margaret Chase Smith’, 596 Rosa x ‘Maria Stern’, 596 Rosa ‘Marie-Victorin’, 415

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Rosa ‘Martin Frobisher’, 200 Rosa ‘Meibonrib’, 416 Rosa ‘Meiflopan’, 268 Rosa ‘Meipelta’, 415 Rosa ‘Meipoque’, 268 Rosa ‘Meldomonac’, 269 Rosa ‘Melpatac’, 269 Rosa ‘Moersdag’, 596 Rosa ‘Monte Casino’, 200 Rosa ‘Monte Rosa’, 200 Rosa ‘Morden Amorette’, 269 Rosa ‘Morden Blush’, 269 Rosa ‘Morden Fireglow’, 269 Rosa ‘Morden Ruby’, 269 Rosa ‘Morden Snow Beauty’, 269 Rosa ‘Morden Sunrise’, 269 Rosa ‘Moryelrug’, voir R. ‘Rustica 91’ Rosa Mother’s Day, voir R. ‘Moersdag’ Rosa ‘Nicolas’, 269 Rosa nidita ‘Defender’, 269 Rosa ‘Noala’, 416 Rosa ‘Noamel’, 416 Rosa ‘Noare’, 416 Rosa ‘Noaschnee’, 416 Rosa ‘Ophalia’, voir R. ‘Noaschnee’ Rosa x ‘Orange Ruffles’, 596 Rosa ‘Pavement’, voir R. ‘Noatraum’ Rosa Pink Flower Carpet®, voir R. ‘Noatraum’ Rosa ‘Pink Grootendorst’, 200 Rosa Pink Meidiland, voir R. ‘Meipoque’ Rosa ‘Pink Pavement’, voir R. ‘Monte Rosa’ Rosa ‘Prairie Dawn’, 269 Rosa ‘Prairie Joy’, 269 Rosa ‘Purple Pavement’, voir R. ‘Exception’ Rosa ‘Radrazz’, 269 Rosa ‘Red Dagmar’, 200 Rosa Red Flower Carpet®, voir R. ‘Noare’ Rosa ‘Red Grootendorst’, voir R. ‘Grootendorst Supreme’ Rosa ‘Red Velvet’, voir R. ‘Noare’ Rosa Robusta, voir R. ‘Korgosa’ Rosa ‘Rotes Meer’, voir R. ‘Exception’ Rosa ‘Royal Edward’, 416 Rosa rubrifolia, voir R. glauca Rosa rugosa, 46, 48, 53, 198 Rosa rugosa ‘Alba’, 200 Rosa rugosa ‘Albo-Plena’, 200 Rosa rugosa ‘Atropurpurea’, voir R. rugosa rubra Rosa rugosa ‘Monte Casino’, 416 Rosa rugosa ‘Passion’, 416 Rosa rugosa Pink Pavement®, voir R. rugosa ‘Monte Casino’ Rosa rugosa ‘Roccoco’, voir R. rugosa ‘Passion’ Rosa rugosa rubra, 200 Rosa ‘Rustica 91’, 200 Rosa ‘Schneekoppe’, 200 Rosa ‘Sea Foam’, 416 Rosa x ‘Senior Prom’, 596 Rosa sericea pteracantha, 270 Rosa ‘Simon Fraser’, 270 Rosa ‘Snow Pavement’ : voir R. ‘Schneekoppe’ Rosa spp., 266, 414, 594 Rosa Sub-Zero, 595

Rosa ‘Sunshine’, voir R. ‘Noason’ Rosa ‘The Fairy Damsel’, 416 Rosa ‘The Fairy’, 416 Rosa ‘Thérèse Bugnet’, 200 Rosa Topaz Jewel™, voir R. ‘Rustica 91’ Rosa White Flower Carpet®, voir R. ‘Noaschnee’ Rosa ‘White Grootendorst’, 200 Rosa ‘William Booth’, 270 Rosa ‘Winnipeg Parks’, 270 Rosa ‘Yellow Dagmar Hastrup’, voir R. ‘Rustica 91’ Rosage, 469 Rosa Yellow Flower Carpet®, voir R. ‘Noason’ Rosier à feuilles rouges, 270 Rosier arbustif, 266 Rosier aux épines ailées, 270 Rosier brillant, 269 Rosier couvre-sol, 414 Rosier rugueux, 198 Rosier Sub-Zero, 595 Rosier sur tige, 596 Rosiers anglais, 270 Rosiers buisson, 594 Rosiers indigènes, 270 Rouille, 150 Rubus, 55 Rubus ‘Benenden’, 264 Rubus cockburnianus, 305 Rubus cockburnianus ‘Goldenvale’, 305 Rubus deliciosus, 265 Rubus idaeus ‘Aureus’, 265 Rubus laciniatus, 265 Rubus ‘Odel’, voir R. ‘Walberton Red’ Rubus odoratus, 43, 263 Rubus odoratus ‘Rubra’, 264 Rubus parviflorus, 265 Rubus phœnicolasius, 305 Rubus rosiflorus ‘Coronarius’, 265 Rubus thibetanus, 304 Rubus thibetanus ’Silver Fern’, voir R. thibetanus Rubus ‘Tridel’, voir R. ‘Benenden’ Rubus x tridel ‘Benenden’, voir R. ‘Benenden’ Rubus trilobus, 264 Rubus ‘Walberton Red’, 265 Rusticité insuffisante, 154 Sachets de semence, 72 Saison de plantation, 68 Salix, 45 Salix acutiflora ‘Blue Streak’, 308 Salix alba, 306 Salix alba argentea, voir S. alba sericea Salix alba ‘Cardinalis’, 308 Salix alba ‘Chermesina’, 308 Salix alba ‘Dart’s Snake’, voir S. alba ‘Snake’ Salix alba sericea, 333 Salix alba ‘Snake’, 310 Salix alba vitellina, 308 Salix alba vitellina ‘Britzensis’, 308 Salix arenaria, voir S. repens argentea Salix argentea, voir S. alba sericea Salix babylonica pekinensis ‘Tortuosa’, 309 Salix bebbiana, 497 Salix brachycarpa ‘Blue Fox’, 515 Salix caprea, 249 Salix caprea ‘Curly Locks’, 531

Salix caprea ‘Kilmarnock’, 249, 523, 530 Salix caprea ‘Pendula’, voir S. caprea ‘Kilmarnock’ Salix caprea ‘Weeping Sally’, 531 Salix chaenomeloides, 249, 524 Salix cinerea ‘Tricolor, 335 Salix cinerea ‘Variegata’, voir S. cinerea ‘Tricolor’ Salix x cottetii, 417, 531 Salix daphnoides, 308 Salix daphnoides ‘Algaia’, 308 Salix discolor, 247 Salix elaeagnos, 334 Salix exigua, 334, 524 Salix ‘Flame’, 308, 524 Salix geyeriana, 334, 524 Salix ‘Golden Curls’, voir S. ‘Erythroflexuosa’ Salix gracilistyla, 249 Salix gracilistyla ‘Melanostachys’, 249 Salix x grahamii ‘Moorei’, 418 Salix helvetica, 334 Salix humilis, 249 Salix integra ‘Albomaculata’, voir S. integra ‘Hakuro Nishiki’ Salix integra ‘Hakuro Nishiki’, 335, 524 Salix interior, 498 Salix koriyanagi ‘Rubykins’, 249 Salix lanata, 334 Salix lapponica, 334 Salix lindleyana, 418 Salix lucida, 498, 515 Salix matsudana ‘Golden Curls’, voir S. ‘Erythroflexuosa’ Salix matsudana ‘Tortuosa’, voir S. babylonica pekinensis ‘Tortuosa’ Salix nakamurana yezoalpina, 418 Salix pentandra, 515 Salix purpurea, 514 Salix purpurea gracilis, voir S. purpurea ‘Nana’ Salix purpurea ‘Nana’, 515 Salix purpurea ‘Pendula’, 515, 531 Salix repens, 334, 531 Salix repens ‘Boyd’s Pendulous’, 531 Salix repens pendula, voir S. repens ‘Boyd’s Pendulous’ Salix repens ‘Voorthuizen’, 335 Salix repens argentea, 335 Salix reticulata, 418 Salix rosmarinifolia, voir S. elaeagnos Salix sacchalinensis ‘Sekka’, voir S. udensis ‘Sekka’ Salix salicola, 249 Salix ‘Scarlet Curls’, 310 Salix x sepulcralis chrysocoma, 310 Salix ‘Setsuka’, voir S. udensis ‘Sekka’ Salix x ‘Silver Falls’, 418, 531 Salix spp., 332 Salix udensis ‘Sekka’, 310 Salix uva-ursi, 418 Salix yezoalpina, voir S. nakamurana yezoalpina Sambucus canadensis, 45, 203, 226 canadensis ‘Acutiloba’, 204 canadensis ‘Adams’, 204 canadensis ‘Aurea’, 204, 340 canadensis ‘John’s’, 204 canadensis ‘Laciniata’, voir S. canadensis ‘Acutiloba’ canadensis ‘Maxima’, 204

canadensis ‘Rubra’, 204 canadensis ‘York’, 204 nigra, 226 nigra ‘Albomarginata’, voir S. nigra ‘Marginata’ nigra ‘Aureomarginata’, 340 nigra Black Beauty™, voir S. nigra ‘Gerda’ nigra ‘Columnare’, 228 nigra ‘Foliis Purpureis’ : voir S. nigra ‘Purpurea’ nigra ‘Gerda’, 340 nigra ‘Guincho Purple’, 340 nigra ‘Heterophylla’, voir S. nigra ‘Linearis’ nigra laciniata, 227 nigra ‘Linearis’, 228 nigra ‘Madonna’, 340 nigra ‘Marginata’, 340 nigra ‘Nana’, 228 nigra ‘Pulverulenta’, 340 nigra ‘Purpurea’, 340 pubens, 228 pubens ‘Dissecta’, 228 pubens ‘Leucocarpa’, 228 pubens ‘Xanthocarpa’, 228 racemosa, 140, 228, 341 racemosa ‘Goldenlocks’, 341 racemosa ‘Goldfinch’, 341 racemosa ‘Plumosa Aurea’, 341 racemosa ‘Sutherland’ : S. racemosa ‘Sutherland Gold’ racemosa ‘Sutherland Gold’, 341 racemosa ‘Tenuifolia’, 228 Saskatoon, 211 Sauge de Russie, 9 Saule à chatons, 247 à chatons arctique, 249 à chatons européen, 249 à chatons japonais, 249 à chatons noirs, 249 à chatons rouges, 249 alpin nain, 418 arctique, 514 arctique nain, 515 argenté, 334 blanc, 306 blanc argenté, 333 bleu, 308, 515 brillant, 498 cendré panaché, 335 coyote, 334 de Banker, 418 de Bebb, 498 de l’intérieur, 498 de Lindley, 418 des bancs de sable, 498 doré, 308 drapé, 334 éventail, 310 humble, 249 laineux, 334 lapon, 334 laurier, 498, 515 luisant, 498 lustré nain, 418 maculé, 335 marsault, 249 marsault pleureur, 530 raisin-d’ours, 418 rampant, 334 rampant argenté, 335 réticulé, 418 rouge, 308 rouge tortueux, 310 suisse, 334

tortueux, 309 violet, 308 Saules à feuillage coloré, 332 Saules des rives et des marécages, 497 Saules prostrés, 417 Savon insecticide, 137 Scarabées, 145 Sel de mer, 154 Semis, 126 Semis en pleine terre, 126 Semis en pot, 127 Semis fidèles au type, 126 Seringat, 250 Seringat de Lemoine, 252 Seringat de Lewis, 251 Seringat doré, 252 Seringat inodore, 253 Seringat virginal, 252 Shepherdia, 47, 48, 53 Shepherdia argentea, 201 Shepherdia argentea ‘Goldeye’ : S. argentea xanthocarpa Shepherdia argentea xanthocarpa, 202 Shepherdia canadensis, 202 Shepherdia canadensis ‘Rubra’, 202 Shepherdia canadensis ‘Xanthocarpa’, 202 Shepherdie argentée, 201 Shépherdie du Canada, 202 Sirop blanc, 204 Soins après la plantation, 95 Sols acides, 48 Sols alcalins, 47 Sols glaiseux, 77 Sols moyennement humides, 44 Sols neutres, 47 Sols très humides, 44 Sols très secs, 45 Sorbaria, 43, 53 Sorbaria à feuilles de sorbier, 174 Sorbaria aitchisonii :voir S. tomentosa angustifolia Sorbaria x ‘Appleberry’, 175 Sorbaria d’Aitchison, 174 Sorbaria sorbifolia, 174 Sorbaria tomentosa angustifolia, 174 Sorbier de Koehne, 359 Sorbier nain, 360 Sorbus koehneana, 359, 524 Sorbus recta, 360 Soufre de jardin, 137 Sous des conditions extrêmes, 479 Sous-arbrisseaux, 9 Spécialistes en aménagement paysager, 24 Spiraea, 47, 140 alba, 275 albiflora, voir S. japonica ‘Albiflora’x arguta, 255 x arguta ‘Compacta’, 255 arguta ‘Graciosa’, voir S. x cinerea ‘Grefsheim’ arguta ‘Grefsheim’, voir S. x cinerea ‘Grefsheim’ betulifolia, 275 betulifolia ‘Tor’, 275 betulifolia aemiliana, 275 x billiardii, 275 x billiardii ‘Triumphans’, 275 bullata, voir S. ‘Bullata’ x bumalda, voir S. japonica x bumalda ‘Anthony Waterer’, voir S. japonica ‘Anthony Waterer’

x bumalda ‘Bullata’, voir S. japonica ‘Bullata’ x bumalda ‘Candlelight’, voir S. japonica ‘Candlelight’ x bumalda ‘Coccinea’, voir S. japonica ‘Coccinea’ x bumalda ‘Crispa’, voir S. japonica ‘Crispa’ x bumalda ‘Crispa’, voir S. japonica ‘Crispa’ x bumalda Dakota Gold Charm®, voir S. japonica ‘Mertyann’ x bumalda ‘Dart’s Red’, voir S. japonica ‘Dart’s Red’ x bumalda ‘Dolchica’, voir S. japonica ‘Crispa’ x bumalda ‘Fire Light’, voir S. japonica ‘Fire Light’ x bumalda ‘Flaming Elf’, voir S. japonica ‘Flaming Elf’ x bumalda ‘Flaming Mound’, voir S. japonica ‘Flaming Mound’ x bumalda ‘Flowering Choice’, voir S. japonica ‘Flowering Choice’ x bumalda ‘Froebelli’, voir S. japonica ‘Froebelli’ x bumalda ‘Gold Mound’, voir S. japonica ‘Gold Mound’ x bumalda ‘Golden Carpet’, voir S. japonica ‘Golden Carpet’ x bumalda ‘Golden Elf’, voir S. japonica ‘Golden Elf’ x bumalda Golden Princess®, voir S. japonica ‘Lisp’ x bumalda ‘Goldflame’, voir S. japonica ‘Goldflame’ x bumalda ‘Green Carpet’, voir S. japonica ‘Green Carpet’ x bumalda ‘Green Globe’ : voir S. japonica ‘Green Globe’ x bumalda ‘Gumball’, voir S. japonica ‘Gumball’ x bumalda ‘Lemon Princess’, voir S. japonica ‘Lemon Princess’ x bumalda ‘Limemound’, voir S. japonica ‘Limemound’ x bumalda ‘Lisp’, voir S. japonica ‘Lisp’ x bumalda Magic Carpet™, voir S. japonica ‘Walbuma’ x bumalda ‘Mertyann’, voir S. japonica ‘Mertyann’ x bumalda ‘Neon Flash’, voir S. japonica ‘Neon Flash’ x bumalda ‘Sparkling Carpet’, voir S. japonica ‘Sparkling Carpet’ x bumalda ‘Walbuma’, voir S. japonica ‘Walbuma’ callosa ‘Alba’, voir S. japonica ‘Albiflora’ x cinerea ‘Grefsheim’, 256 crispifolia, voir S. japonica ‘Bullata’ douglasii, 275 fritschiana ‘Chicago Snow’, 256 japonica, 271, 336 japonica ‘Alba’ : voir S. japonica ‘Albiflora’

japonica ‘Alpina’, voir S. japonica ‘Nana’ japonica ‘Anthony Waterer’, 272 japonica ‘Bullata’, 273 japonica ‘Candlelight’, 337 japonica ‘Coccinea’, 273 japonica ‘Crispa’, 273 japonica ‘Dart’s Red’, 273 japonica Dakota Gold Charm®, voir S. japonica ‘Mertyann’ japonica ‘Dolchica’, voir S. japonica ‘Crispa’ japonica ‘Fire Light’, 337 japonica ‘Flaming Elf’, 337 japonica ‘Flaming Mound’, 337 japonica ‘Flowering Choice’, 273 japonica ‘Froebelli’, 273 japonica ‘Gold Mound’, 338 japonica ‘Golden Carpet’, 337 japonica ‘Golden Elf’, 338 japonica Golden Princess®, voir S. japonica ‘Lisp’ japonica ‘Goldflame’, 338 japonica ‘Green Carpet’, 273 japonica ‘Green Globe’, 273 japonica ‘Gumball’, 273 japonica ‘Lemon Princess’, 338 japonica ‘Limemound’, 338 japonica ‘Lisp’, 338 japonica ‘Little Princess’, 273 japonica ‘Macrophylla’, 273 japonica Magic Carpet™, voir S. japonica ‘Walbuma’ japonica ‘Manon Red Princess’, 273 japonica ‘Mertyann’, 338 japonica ‘Nana’, 273 japonica ‘Shirobana’, 273 japonica ‘Shibori’, voir S. japonica ‘Shirobana’ japonica ‘Sparkling Carpet’, 338 japonica ‘Walbuma’, 338 latifolia, 275 media ‘Mollis’, 256 media ‘Sericea’, 256 x multiflora, 255 nipponica, 256 nipponica ‘Halward’s Silver’, 256 nipponica ‘June Bride’, 256 nipponica ‘Snowmound’, 256, 257 prunifolia ‘Plena’, 257 salicifolia, 275 x sansouciana ‘Snow White’, 256 ‘Snow White’, voir S. x sansouciana ‘Snow White’ spp., 254, 274 thunbergii, 257 thunbergii ‘Fujino Pink’, 257 thunbergii ‘Ogon’, 257 tomentosa, 275 trichocarpa, 256 trichocarpa ‘Snow White, voir S. x sansouciana ‘Snow White’ trilobata, 257 trilobata ‘Fairy Queen’, 257 trilobata ‘Swan Lake’, 257 x vanhouttei, 176, 257

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x vanhouttei ‘Pink Ice’, 177 x vanhouttei ‘Renaissance’, 177 Spirée à feuilles de bouleau, 275 à feuilles de prunier, 257 à larges feuilles, 275 argentée, 255 arguta, 255 blanche, 275 coréenne, 256 de Billiard, 275 de Douglas, 275 de Thunberg, 257 de Vanhoutte, 176 du Japon, 271 du Japon à feuillage coloré, 336 Grefsheim, 256 japonaise, 272 nippone, 256 Snow White, 256 soyeuse, 256 tomenteuse, 275 trilobée, 257 Spirées à floraison estivale, 274 Spirées à floraison printanière, 254 Spongieuse, 145 Staphylea bumalda, 440 Staphylea colchica, 440 Staphylea trifolia, 439 Staphylier à trois feuilles, 440 Staphylier à trois folioles, 439 Staphylier de Bumald, 440 Stéphanandra crispé, 419 Stéphanandra de Tanakae, 420 Stephanandra incisa, 43, 420 Stephanandra incisa ‘Crispa’, 419 Stephanandra incisa ‘Crispa Nana’, voir S. incisa ‘Crispa’ Stephanandra incisa ‘Oro Verde’, 420 Stéphanandra incisé, 420 Stephanandra tanakae, 420 Styles d’aménagement, 56 Sumac à copal, 294 Sumac aromatique, 421 Sumac brillant, 294 Sumac de Virginie, 294 Sumac glabre, 294 Sumac hybride, 294 Sumac trilobé, 422 Sumac vénéneux, 422 Sumac vinaigrier, 292 Suppression des branches trop longues, 114 des drageons, 120 des fleurs fanées, 113 des gourmands indésirables, 119 des parties atteintes, 138 des pousses en réversion, 115 des rameaux morts, brisés ou faibles, 114 Sureau blanc, 204 commun, 227 du Canada, 203 noir, 226 pubescent, 228 rouge, 228 rouge d’Europe, 228, 341 Sureaux européens à feuillage coloré, 339 Symbiose avec des bactéries, 105 Symphoricarpos, 43 albus, 47, 361, 363

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albus ‘Taff’s White’, 363 albus ‘Variegatus’, voir S. albus ‘Taff’s White’ x chenaultii, 363 x chenaultii ‘Hancock’, 363 x doorenbosii, 364 x doorenbosii Amethyst™, voir S. x doorenbosii ‘Kordes’ x doorenbosii ‘Erect’, 364 x doorenbosii ‘Kordes’, 364 x doorenbosii ‘Magic Berry’, 364 x doorenbosii ‘Marleen’, 364 x doorenbosii ‘Mother of Pearl’, 364 x doorenbosii ‘White Hedge’, 364 ‘Erect’, voir S. x doorenbosii ‘Erect’ occidentalis, 364 orbiculatus, 364 orbiculatus ‘Foliis Variegatis’, 364 orbiculatus ‘Variegatus’, voir S. orbiculatus ‘Foliis Variegatis’ racemosus, voir S. albus rivularis  : S. albus laevigatus Symphorine à feuilles rondes, 364 Symphorine blanche, 361 Symphorine de Chenault, 363 Symphorine de Doorenbos, 364 Symphorine occidentale, 364 Syringa, 48, 140 x ‘Anastasia’, 388 x ‘Bailbelle’, 388 x ‘Baildust’, 388 x chinensis, 389, 390 x chinensis ‘Alba’, 390 x chinensis ‘Lilac Sunday’, 390 x chinensis ‘Saugeana’, 390 x diversifolia, 558 x Fairy Dust™, voir S. x ‘Baildust’ x hyacinthiflora, 377 x hyacinthiflora ‘Annabel’, 379 x hyacinthiflora ‘Assessipi’, 380 x hyacinthiflora ‘Blanche Sweet’, 380 x hyacinthiflora ‘California Rose’, 380 x hyacinthiflora ‘Clarke’s Giant’, 380 x hyacinthiflora ‘Corinna’s Mist’, 380 x hyacinthiflora ‘Dark Night’, 380 x hyacinthiflora ‘Ester Staley’, 380 x hyacinthiflora ‘Evangeline’, 380 x hyacinthiflora ‘Excel’, 380 x hyacinthiflora ‘Forrest Kresser Smith’, 380 x hyacinthiflora ‘Laurentian’, 380 x hyacinthiflora ‘Lavender Lady’, 380 x hyacinthiflora ‘Maiden’s Blush’, 380 x hyacinthiflora ‘Mary Short’, 380 x hyacinthiflora ‘Mount Baker’, 380 x hyacinthiflora ‘Pocahontas’, 380 x hyacinthiflora ‘Royal Purple’, 380

x hyacinthiflora ‘Sierra Snow’, 380 x hyacinthiflora ‘Sister Justina’, 380 x hyacinthiflora ‘Sweetheart’, 380 x ‘Josée’, voir S. x tribida ‘Josée’ x josiflexa ‘Agnes Smith’, 390 x josiflexa ‘Bellicent’, 390 x josiflexa ‘Elaine’, 390 x josiflexa ‘James McFarlane’, 390 x josiflexa ‘Lynette’, 390 x josiflexa ‘Redwine’, 391 x josiflexa ‘Royalty’, 391 josikaea, 391 josikaea ‘Holger’, 391 laciniata, 46, 524, 558 meyeri, 46, 386 meyeri ‘Palibin’, 387, 524 meyeri ‘Snowstorm’, 387 meyeri ‘Snowwhite’, voir S. meyeri ‘Snowstorm’ microphylla, 386 microphylla ‘Superba’, 387, 524 oblata, 46, 380 oblata dilatata, 380 palibiana, voir S. meyeri ‘Palibin’ patula, 386 patula ‘Cinderella’, 387 patula ‘Miss Kim’, 387, 524 pekinensis, voir S. reticulata pekinensis x persica, 385 pinnatifolia, 558 x prestoniae, 166, 377, 524 x prestoniae ‘Agnes Smith’, voir S. x josiflexa ‘Agnes Smith’ x prestoniae ‘Coral’, 167 x prestoniae ‘Donald Wyman’, 167 x prestoniae ‘Isabella’, 167 x prestoniae ‘James McFarlane’, voir S. x josiflexa ‘James McFarlane’ x prestoniae ‘Minuet’, 167 x prestoniae Miss Canada’, 167 x prestoniae ‘Nocturne’, 167 x prestoniae ‘Redwine’, voir S. x josiflexa ‘Redwine’ x prestoniae ‘Royalty’, voir S. x josiflexa ‘Royalty’ reflexa, 389, 391 reticulata, 46, 391 reticulata ‘Cameo’s Jewel’, 391 reticulata ‘Chantilly Lace’, 391 reticulata ‘China Gold’, 391 reticulata ‘Ivory Silk’, 391 reticulata pekinensis, 392 reticulata pekinensis Summer Charm™, voir Syringa reticulata pekinensis ‘DTR 124’ reticulata pekinensis ‘DTR 124’, 392 rothomagenensis, voir S. x chinensis x ‘Sleeping Beauty’, 388 x swegiflexa ‘Fountain’, 392 sweginzowii, 392 x Tinkerbelle™, voir S. x ‘Bailbelle’ tomentella, 392

tomentella ‘Kum Bum’, 392 x tribida ‘Josée’, 388 velutina, voir S. patula ‘Miss Kim’ villosa, 389, 392 villosa ‘Aurea’, 392 vulgaris, 381, 524 vulgaris ‘Adelaide Dunbar’, 382 vulgaris ‘Agincourt Beauty’, 382 vulgaris ‘Alba’, 382 vulgaris ‘Albert Fuchsia Holden’, 388 vulgaris ‘Aloise’, 382 vulgaris ‘Andeken an Ludwig Späth’, 382 vulgaris ‘Angel White’, 383 vulgaris ‘Arch McKean’, 383 vulgaris ‘Atheline Wilbur’, 383 vulgaris ‘Avalanche’, 383 vulgaris ‘Belle de Nancy’, 383 vulgaris ‘Beauté de Moscou’, voir S. vulgaris ‘Krasavitsa Moskvy’ vulgaris ‘Beauty of Moscow’, voir S. vulgaris ‘Krasavitsa Moskvy’ vulgaris ‘Biala Anna’, 383 vulgaris ‘Bridal Memories’, 383 vulgaris ‘Burgundy Queen’, 383 vulgaris ‘Catawba Pink’, 383 vulgaris ‘Charles Joly’, 383 vulgaris ‘Charm’, 383 vulgaris ‘Clyde Heard’, 383 vulgaris ‘Congo’, 383 vulgaris ‘Dappled Dawn’, 385 vulgaris ‘De Miribel’, 383 vulgaris ‘Edith Cavell’, 383 vulgaris ‘Edward J. Gardener’, 383 vulgaris ‘Father John Fiala’, 383 vulgaris ‘Frank Patterson’, 383 vulgaris ‘George Bellair’, 383 vulgaris ‘Glory’, 383 vulgaris ‘Hugo de Vries’, 383 vulgaris ‘Katherine Havemeyer’, 383 vulgaris ‘Königin Luise’, 384 vulgaris ‘Kosmos’, 384 vulgaris ‘Krasavitsa Moskvy’, 384 vulgaris ‘Léon Gambetta’, 384 vulgaris ‘Letha E. House’, 384 vulgaris Little Boy Blue™, voir S. vulgaris ‘Wonderblue’ vulgaris ‘Lois Amee Utley’, 384 vulgaris ‘Lucie Baltet’, 384 vulgaris ‘Ludwig Spaeth’, voir S. vulgaris ‘Andeken an Ludwig Späth’ vulgaris ‘Macrostachya’, 384 vulgaris ‘Marie Finon’, 384 vulgaris ‘Marie Frances’, 388 vulgaris ‘Michel Buchner’, 384 vulgaris ‘Miss Ellen Willmott’, 384 vulgaris ‘Mme Lemoine’, 384 vulgaris ‘Monge’, 384 vulgaris ‘Monique Lemoine’, 384 vulgaris ‘Montaigne’, 384 vulgaris ‘Mrs. Edward Harding’, 384

vulgaris ‘Nadezhda’, 384 vulgaris ‘Olivier de Serres’, 384 vulgaris ‘Paul Thirion’, 384 vulgaris ‘Pink Elizabeth’, 384 vulgaris ‘Pixie’, 388 vulgaris ‘Président Grévy’, 384 vulgaris ‘President Lincoln’, 384 vulgaris ‘Président Poincaré’, 385 vulgaris ‘Primrose’, 385 vulgaris ‘Rochester’, 385 vulgaris ‘Ruhm von Horstenstein’, 385 vulgaris ‘Sarah Sands’, 385 vulgaris ‘Sensation’, 385 vulgaris ‘Slater’s Elegance’, 385 vulgaris ‘Sylvan Beauty’, 385 vulgaris ‘Victor Lemoine’, 385 vulgaris ‘Volcan’, 385 vulgaris ‘Wedgwood Blue’, 388 vulgaris ‘Wonderblue’, 388 vulgaris ‘Yankee Doodle’, 388 yunnanensis, 392 yunnanensis ‘Prophecy’, 392 Tache noire du rosier, 150 taches de couleur, 34 Taches foliaires, 150 Taille, 119 Taille après la plantation, 88 Taille classique, 112 Taille d’entretien, 113 Taille des arbustes à écorce colorée, 117 Taille des arbustes fleurissant sur le bois nouveau, 118 Taille des arbustes fleurissant sur le vieux bois, 117 Taille des arbustes fleurissant sur le vieux bois et sur le bois nouveau, 118 Taille des végétaux à l’achat, 71 Taille maximale, 25 Taille minimale, 19 Tailles de rajeunissement, 115 Tamaris à petites fleurs, 277 Tamaris de Russie, 276 Tamarix, 48 Tamarix parviflora, 277 Tamarix pentandra, voir T. ramosissima Tamarix ramosissima, 47, 53, 276 Tamarix ramosissima ‘Pink Cascade’, 277 Tamarix ramosissima ‘Rubra’, 277 Tamarix ramosissima ‘Summer Glow’, voir T. ramosissima ‘Rubra’ Technique de la taille, 119 Terre compostée, 79 Terre de diatomée, 138 Tétranyques, 139 Texture des tiges, 40 Thé des bois, 409 Thé du Labrador, 477 Thymélée des Alpes, 370 Tiges décoratives, 38 Topiaire, 30 Toujours en beauté, 209 Toxicodendron radicans, 422 Trachycarpus fortunei, 590 Transplantation, 99 Transplantation des gros arbustes, 100 Transplantation des petits arbustes, 100

Troène à feuilles obtuses, 517 Troène commun, 516 Troène de l’Amour, 517 Troène ibolium, 517 Tropicaux égarés, 532 Tumeur des racines, 151 Tumeur du collet, 151 Tuteurs, 86 Ulex europaeus, 585 Ulmus americana, 204 Ulmus x elegantissima ‘Jacqueline Hillier’, voir U. x hollandica ‘Jacqueline Hillier’ Ulmus x hollandica ‘Jacqueline Hillier’, 580 Ulmus minor ‘Jacqueline Hillier’, voir U. x hollandica ‘Jacqueline Hillier’ Ulmus parviflora ‘Geisha’, 580 Ulmus pumila, 500, 524, 579 Utilisations des arbustes, 50 Vaccinium, 43, 45, 49 angustifolium, 345 angustifolium ‘Augusta’, 346 angustifolium ‘Blomidon’, 346 angustifolium ‘Brunswick’, 346 angustifolium ‘Chignecto’, 346 angustifolium x corymbosum, 346 angustifolium x corymbosum ‘Friendship’, 346 angustifolium x corymbosum ‘Northblue’, 346 angustifolium x corymbosum ‘Northcountry’, 346 angustifolium x corymbosum ‘Northsky’, 346 angustifolium x corymbosum ‘St. Cloud’, 346 angustifolium x corymbosum ‘Top Hat’, 346 angustifolium ‘Cumberland’, 346 angustifolium ‘Fundy’, 346 caespitosum, 346 corymbosum, 343 corymbosum ‘Blue Gold’, 345 corymbosum ‘Bluecrop’, 345 corymbosum ‘Blueray’, 345 corymbosum ‘Elliot’, 345 corymbosum ‘Herbert’, 345 corymbosum ‘Jersey’, 345 corymbosum ‘Northland’, 345 corymbosum ‘Patriot’, 345 corymbosum ‘Rancocas’, 345 macrocarpon, 347 myrtilloides, 347 vitis-idaea, 348 vitis-idaea ‘Koralle’, 348 vitis-idaea minus, 348 Vaporisation à l’ail, 138 Viburnum, 43, 45, 47, 140 acerifolium, 231 alnifolium, voir V. lantanoides bitchiuense, 394 x burkwoodii, 582 x burkwoodii ‘Mohawk’, 582 x carlcephalum, 524, 581 carlesii, 393 carlesii ‘Aurora’, 394 carlesii ‘Cayuga’, voir V. x ‘Cayuga’ carlesii ‘Compacta’, 394 cassinoides, 231 cassinoides ‘Appalache’, 231 x ‘Cayuga’, 394 dentatum, 232

dentatum Autumn Jazz®, voir V. dentatum ‘Ralph Senior’ dentatum Chicago Lustre™, voir V. dentatum ‘Synnestvedt’ dentatum Northern Burgundy®, voir V. dentatum ‘Morton’ dentatum ‘Perle Bleue’, 232 dentatum ‘Ralph Senior’, 232 dentatum ‘Synnestvedt’, 232 farreri ‘Nanum’, 582 x juddii, 394 lantana, 178, 583 lantana ‘Aureum’, 179 lantana ‘Mohican’, 179 lantana ‘Variegatum’, 179 lantanoides, 179 lentago, 519 opulus, 567 opulus ‘Aureum’, 567 opulus ‘Compactum’, 567 opulus ‘Harvest Gold’, 567 opulus ‘Kristy D.’, 567 opulus ‘Nanum’, 567 opulus ‘Park Harvest’, voir V. opulus ‘Harvest Gold’ opulus ‘Sterilis’, voir V. opulus ‘Roseum’ opulus ‘Roseum’, 524, 566 opulus ‘Sterilis’, voir V. opulus ‘Roseum’ opulus ‘Xanthocarpum’, 567 plicatum, 582 plicatum ‘Mariesii’, 583 plicatum ‘Nanum Semperflorens’, 583 plicatum ‘Pink Beauty’, 583 plicatum ‘Summer Snowflake’, 583 prunifolium, 519 rafinesquianum, 232 x rhytidophylloides, 583 x rhytidophylloides ‘Alleghany’, 583 rhytidophyllum, 583 sargentii ‘Flavum’, 181 sargentii ‘Onondaga’, 180 sargentii ‘Susquehanna’, 181 trilobum, 229, 524 trilobum ‘Alfredo’, 230, 519 trilobum ‘Bailey Compact’, 230 trilobum ‘Compactum’, 231 trilobum ‘Wentworth’, 231 Vigne du mont Ida, 348 Vinaigrier, 294 Viorne à feuilles d’aulne, 179 à feuilles d’érable, 231 à feuilles de prunier, 519 à feuilles gaufrées, 583 boule-de-neige, 566 cassinoïde, 231 commune, 178 de Bitchiou, 394 de Burkwood, 582 de Corée, 393 de Judd, 394 de Rafinesque, 232 de Sargent, 181 dentée, 232 lentago, 519 obier, 567 obier naine, 518 odorante, 581 Onondaga, 180 parfumée naine, 582

plicatum, 582 rhytidophylloïde, 583 trilobée, 229 Weigela, 524 x, 205 x ‘Abel Carrière’, 208 x Briant Rubidor™, voir W. x ‘Olympiade’ x ‘Bristol Ruby’, 208 x ‘Bristol Snowflake’, 208 x ‘Candida’, 208 x ‘Cardinal’, voir W. x ‘Vanicek’ x Carnaval™ : voir W. x ‘Courtalor’ x ‘Centennial’, 206 x ‘Courtalor’, 206 x ‘Courtanin’, 206 de Middendorff, 208 x ‘Dropmore Pink’, 208 x ‘Eva Rathke’, 208 x ‘Eva Supreme’, 208 florida, 208 florida ‘Nana Variegata’, 206 florida ‘Pink Princess’, 208 florida ‘Suzanne’, 206 florida ‘Variegata’, 207 florida‘Variegata Nana’, voir W. florida ‘Nana Variegata’ florida venusta, 207 florifère, 208 x ‘Foliis Purpureis’, voir W. x ‘Java Red’ gracieux, 207 hybride, 205 x ‘Java Red’, 207 x ‘Lucifer’, 207 middendorffiana, 208 x Nain Rouge™, voir W. x ‘Courtanin’ x ‘Nana Purpurea’, voir W. x ‘Java Red’ x ‘Newport Red’, voir W. x ‘Vanicek’ x ‘Olympiade’, 208 x ‘Pink Delight’, 207 x ‘Polka’, 207 x ‘Purpurea Nana’, voir W. x ‘Java Red’ x ‘Red Prince’, 207 x ‘Rhode Island Red’, voir W. x ‘Vanicek’ x ‘Rubidor’, voir W. x ‘Olympiade’ x ‘Rubigold’, voir W. x ‘Olympiade’ x ‘Ruby Queen’, 208 x ‘Rumba’, 207 x ‘Samba’, 207 subsessilis ‘Canary’, 208 x ‘Sunny Princess’, 208 x ‘Tango’, 207 x ‘Vanicek’, 207 x ‘Victoria’, 207 x ‘White Knight’, 207 x Wine & Roses™, voir W. x ‘Alexandra’ Xanthoxylum americanum, voir Zanthoxylum americanum Zanthoxylon americanum, voir Zanthoxylum americanum Zanthoxylum americanum, 55, 433 Zanthoxylum piperitum, 434 Zanthoxylum schinifolium, 434 Zanthoxylum simulans, 434 Zones de rusticité, 13, 17, 41

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zones de rusticité