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French Pages [98] Year 1979
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https://archive.org/details/lelaidelombre0000jean
LES
CLASSIQUES publiés
sous
FRANÇAIS
la direction
JEAN
DU
MOYEN
de MaRIo
AGE
ROQUES
RENART
LE LAÏI DE L'OMBRE PAR
FÉLIX
LECOY
PARIS LIBRAIRIE HONORE CHAMPION, EDITEUR 7, QUAI
MALAQUAIS
(VI*)
1979
104
1979,
Librairie
Honoré
Champion
Reproduction et traduction même partielles interdites Tous droits réservés pour tous les pays, y compris l'U.R.S.S. et les pays scandinaves
I.S.B.N. : 2-85203-071-3
INTRODUCTION
I. —MANUSCRITS
ET ÉDITIONS.
Le Lai de l'Ombre nous a été conservé par sept manuscrits:
: B.N. fr. 837, f°40 r-44 vw : B.N.fr.
1593, f°157 r- 162 v.
: B.N. fr. 12603, f°249 w-255
: B.N.fr.
r.
19152, f°85 w-89 r.
: B.N. nouv. acq. fr. 1104, f° 54 w-61 vw. : B.N. fr. 14971, f°49 w-56 vw. GO. QT à : B.N.fr. 1553, f°493 r 498 ve.
Ces manuscrits sont de la seconde moitié ou de la fin du XIII siècle, sauf C, qui date du début du XIVe.
Le texte de notre poème a déjà été publié sept fois au moins, par Fr. Michel d’abord,
en 1836, dans ses Lais inédits
des XIIe et XIIe siècles, pp. 41-81 (d’après le manuscrit À ; en appendice quelques variantes de B); par A. Jubinal ensuite, en 1846, dans ses Lettres à M. le comte de Salvand'y sur quel-
ques-uns des manuscrits de la Bibliothèque royale de La Haye, pp. 154-176 (d’après le manuscrit F) ; par J. Bédier, plus tard et une première fois, en 1890, dans l’Index lectionum quae in Universitate Friburgensi per menses aestivos anni MDCCCXC babebuntur (édition dite critique) ;par J. Bédier une seconde fois, en 1913, pour la Societe des anciens textes français (avec pour base le manuscrit A); par J. Bédier une troisième fois
en 1929, en appendice à son opuscule La tradition manuscrite
VI
INTRODUCTION
du Lai de l'Ombre, réflexions sur l’art d'éditer les anciens textes, pp. 72-97 (d’après le manuscrit E); par John Orr, en 1948, à Edimbourg (d’après E également); enfin par M. Alberto Limentani, Jean Renart, L'immagine riflessa, Turin, 1970 (d’après l’édition de Bédier, 1913, avec traduc-
tion italienne et un bon commentaire). Le classement rigoureux des manuscrits de notre texte, classement que Bédier avait tenté à l’occasion de son édition de 1890 en utilisant la méthode classique dite des « fautes communes », a donné lieu à de longues discussions dont la portée dépasse, et de beaucoup, le seul texte du Lai de l'Ombre. Reprenant, en effet, en 1913, son travail d’éditeur, Bédier mit en doute, non seulement la validité de son classement de 1890 (ou la validité des classements légèrement dif-
férents qu’avaient proposés certains critiques à la suite de son édition),
mais la validité, ou plutôt l'efficacité même
de la
méthode qu’il avait autrefois mise en œuvre. Il a soutenu qu'il était impossible de déterminer, à partir de critères objectifs et irréfragables, les relations de parenté et de hiérarchie qu’entretiennent entre elles les différentes copies conservées d’un même
texte ; car, tôt ou tard, l’éditeur est contraint d’avoir
recours, pour départager les leçons divergentes de ces copies, à des décisions en un certain sens arbitraires et toujours contestables. Dans ces conditions, il faut renoncer à l’espoir de reconstituer objectivement la lettre originale d’un texte
ancien ; mieux vaut entériner cette faillite de la méthode dite critique et procéder par une toute autre voie: l'éditeur se contentera d’établir quelle est, parmi les copies de l’œuvre qui ont survécu au naufrage des temps, celle qui lui paraît avoir conservé la meilleure version de son texte, et il reproduira cette copie en la retouchant le moins possible, et là seulement où il aura de solides raisons de penser qu’elle est fautive.
Ce faisant, il ne rétablira pas, sans doute, le texte
authentique et premier de l’œuvre qu’il publie — ce que prétendait faire la méthode critique — mais il mettra au moins à la disposition du lecteur moderne un texte réel et placera ce
I.—MANUSCRITS
ET ÉDITIONS
VII
lecteur, compte tenu naturellement des pertes que nous ne pouvons réparer, dans les meilleures conditions où pouvait se trouver un lecteur du moyen âge. Ces réflexions sur la méthode « critique », Bédier les a présentées une première fois aux pages XXIII-XLI de son édition de 1913 ; il les a reprises et élargies, en particulier à propos d’une méthode critique différente, celle de dom Quentin, dans
son opuscule de 1929. Il est inutile de dire qu’elles n’ont pas été admises sans discussion et qu’elles soulèvent encore, chez
de nombreux érudits, la plus vive opposition. Ce n’est pas ici le lieu de retracer, même brièvement, l’histoire de cette abon-
dante querelle. Nous nous contenterons de dire que, même si les arguments de Bédier ne sont pas tous de même poids, si la portée de quelques-uns d’entre eux peut être contestée, en fait, et sans toucher à la question de principe, il est indubitable qu'aucun érudit n’est jamais parvenu à classer sans contestation possible les manuscrits d’une œuvre médiévale française, dès que ces manuscrits sont quelque peu nombreux, ceux du Lai de l'Ombre ne faisant pas exception à cette règle. Il apparaît donc que la pratique recommandée par Bédier reste, dans notre cas au moins, la seule possible, et le problème consiste à déterminer lequel des sept manuscrits de notre texte il convient de choisir comme base d’édition. S'il est impossible de dresser un arbre généalogique qui rende compte d’une façon satisfaisante et complète des rapports qui lient nos sept témoins, il est toutefois aisé de déterminer certains groupements. On a reconnu depuis longtemps, et la chose apparaît clairement au plus rapide examen, que B n’est qu’un doublet deÀ et que G n’est qu’un doublet de C. Il existe également une parenté de D et F, quoique beaucoup moins étroite. Seule la place de E est douteuse, et l’on peut hésiter à le joindre à DF ou à le ranger à part. Par ailleurs, les leçons communes de ABCG s'opposent souvent au texte de DF,E.
Si maintenant
on examine les manuscrits
en eux-mêmes, la version donnée par CG, même une fois cor-
VIII
INTRODUCTION
rigées les erreurs de C par G et celles de G par C, est d’une telle médiocrité que personnne n’a jamais songé à prendre ni C ni G pour guide. D est encore plus mauvais, un tiers de son texte au moins est barbare ou inintelligible, et l’on se demande
ce qu'ont bien pu comprendre au Lai de l'Ombre les possesseurs successifs du 19152 qui n'avaient à leur disposition que le texte qu’il leur offrait. F est très supérieur à D, mais il presente un très grand nombre de leçons particulières et isolées qui sont manifestement des réfections et, trop souvent des pis-aller :si vraiment D et F sont apparentés, on a l’impression que l'original commun d’où ils descendent plus ou moins directement devait être déjà fort corrompu et que si D reflète en une certaine mesure
cet état, le rédacteur de la version F
s'est tiré d’affaire en corrigeant de son propre chef. Ni D ni F ne saurait
fournir un texte à un éditeur.
Enfin, dans le
groupe AB, la supériorité de À est telle, bien que B soit loin d’être mauvais, qu’on ne saurait hésiter entre les deux ; par ailleurs la leçon de A(B) est bonne dans l’ensemble. Il en est de même de celle de E. On n’a donc le choix qu'entre À et E. En 1913, Bédier avait choisiÀ ; en 1929, il publia E, suivi en 1948 par Orr.
Il paraît inutile de reprendre ici l'examen comparatif des mérites respectifs de ces deux copies ; nous pensons, pour notre part, que À est nettement supérieur à E, et c’est lui qui sert de base à notre texte!. 1. La confrontation, une à une, des leçons qui opposent À à E n’aboutit à aucun résultat ferme. Mais l’on peut faire le raisonnement suivant : en 1913, Bédier, pour rendre le texte de A lisible, y avait introduit 34 (41) corrections ; le texte publié ci-après, basé sur À, en comporte 34 ; de même, en 1929, Bédier a retouché 36 fois la leçon de E. et Orr, en 1948, 37 fois. La concordance est remarquable, bien
que les corrections ne soient pas toujours les mêmes, preuve supplémentaire,
s’il en était besoin,
du caractère
toujours subjectif d’une
édition. Or, ce travail d'épuration terminé, il reste dans E 127 leçons isolées ; il n’y en a plus que 60 dans A. Même si ces chiffres n’ont pas une valeur absolue — ce qui est évident — ils sont cependant significatifs. En effet, de deux choses l’une : ou bien E est un texte
I.—MANUSCRITS
ET ÉDITIONS
IX
La leçon de A(B) est bonne, avons-nous dit. Elle exige cependant un certain nombre de retouches. Bédier avait abandonné
la lettre de À 41 fois!. Nous l’avons abandonnée,
nous, 34 fois?, aux vers 12, 50, 54, 125, 152, 162, 191-192, (vers omis par A), 222, 276, 280-283 (vers omis), 286, 289,
360, 362, 370, 394, 412, 469, 475, 498, 511-512, 543, 562566 (vers omis), 591, 600, 690, 712-713, 726, 758, 784, 850, 881, 885, 956-957. De ces retouches, quatre sont de simples questions de graphie : 162, 222, 286, 475. Dans six autres cas, À se trouvait isolé contre toutes les autres copies, y compris son doublet B : 12, 50, 54, 125, 360, 412, au reste 12, 50 et 54 sont des fautes évidentes ; 125 et 360
sont
de peu d’importance ; quant à 412, il est difficile de
décider si B, fautif, va avec À ou avec
les autres
versions;
peut-être ce cas est-il à faire passer dans le groupe suivant. Par 12 fois nous avons abandonné AB pour le texte de CGDFE (groupés ou remontant à un même type de leçon): 152, 280283 (vers Omis), 289, 543, 591, 690, 712-713, 758, 784, 850,
881, 956-957 ; huit de ces leçons corrigées sont d’ailleurs des fautes manifestes
(ou difficilement
défendables) : 152, 591,
690, 712-713, 758, 784, 881, 956-957. Les vers 280-283, absents de À, paraissent exigés par sa propre leçon du vers 284. indépendant des six autres témoins, indépendant, mais authentique; c’est, par exemple, une seconde édition, revue, du poème donnée par le poète lui-même (hypothèse théorique formulée par Bédier et adoptée d’enthousiasme par Orr); dans ce cas, il peut être légitime de le prendre pour guide, la tradition ABCG,DF gardant d’ailleurs toute sa valeur. Mais siE, comme il est plus probable, fait partie du groupe DF, alors le rombre très élevé de ses leçons isolées trahit son caractère d’aberrance secondaire, et il doit être écarté.
1. Il dit 34, p. xlii de son édition. Mais il avait mal lu son manuscrit au vers 409, lequel a, en réalité, la bonne leçon. Il a d’autre part omis de signaler les corrections, parfois insignifiantes, apportées aux vers 25, 162, 271, 286, 437,464, 472 et 475. 2. Nous n’avons pas retenu les corrections de Bédier aux vers 15, 25, 115, 270, 271, 437, 464, 472,
570, 573, 817 et 950. Par contre
nous avons corrigé 276, 289, 370 (correction dans son glossaire), 394 et 412.
proposée par Bédier
INTRODUCTION
X
Au vers 276, AB s'opposent à DE d’une part, à CGF d’autre part, sans que l’on puisse décider avec certitude si CGF doivent être rapprochés de DE ; nous avons adopté le texte de DE (cf. la note). En deux occasions nous avons écartéla leçon commune de ABCG au profit de DEF (511-512 et 562-565); la correction de 885 est du même type, la leçon deÀ (reprenderai) nous paraissant une simple variante de celle de BCG (retenrai) en face du texte ici adopté de DFE (reporterai). Au vers 370, nous avons de même une opposition AB(CG) contre DFE ; mais ici les leçons semblent partout fautives ; toutefois
une légère correction de AB(CG) paraît devoir rétablirletexte premier!. Restent alors sept cas où la répartition des leçons est anormale : 469 (ABCGD
dente ; 600 (ABCD
contre FE), où la faute est évi-
contre GFE), erreur d’un type banal et
sans portée ; 498 (ABD contre CGF, E aberrant, mais sans doute du type ABD) ; 726 (ABE contre CGDF), erreur ana-
logue à la précédente ; au vers 394, je ne sais pas comment on pourrait défendre /: de ACG contre le de BDFE ; je pense que les vers 191-192, absents de ABF contre CGDE,
sont authen-
tiques, car on ne voit pas trop pourquoi ils auraient été ajoutés, alors que l’on comprend fort bien qu’ils aient pu tomber dans quelques copies, même indépendantes ; au vers 362 (AD contre
FE, CG
différents, B absent),
la leçon FE
allège et
éclaircit la phrase. Ceci dit, la recension de A(B)
reste encore incertaine ou
douteuse sur bien des points. Nous indiquons ici les 60 passages où sa leçon s'oppose à l’ensemble de la tradition : 14, 15530734 /4670275,) 9195 MS ALICE 4197197209 231,233; 248-249; 264, 269278 309 312231060331 33% 403, 404, 408, 413, 416, 426, 427, 445, 450, 453, 466, 478, 1. Je signale, en passant, que les leçons divergentes de DFE s’expliquent sans doute ici par la nécessité commune à ces trois copies de donner un texte lisible d’un vers qu’elles ne comprenaient pas (ou plutôt que leur source commune n’avait pas compris). Nous avons là, je pense, une preuve indirecte de la parenté de DFE, et, par conséquent,
du caractère illusoire de la prétendue indépendance de E,
II. — L'AUTEUR
ET L'ŒUVRE
XI
A0 459,007 2179581 557;567,; 515; 610-611; 623, 647, OM 071690, 7227527173; 117, 828,883; 890; 915: On voudra bien noter que la plupart de ces variantes sont insignifiantes ou sans portée. II. —L'AUTEUR
ET L'ŒUVRE.
Le Lai de l'Ombre est signé, l’auteur nous ayant révélé son nom, Jean Renart, au vers 953. Ce nom ne se retrouve explicitement dans aucune autre œuvre médiévale, mais il est admis
aujourd’hui — et il est d’ailleurs à peu près certain que Jean Renart est également le poète dont nous avons conservé deux autres productions, deux romans, l’Escoufle et le Guillaume de Dole.
Ces
trois textes
présentent,
en
effet, un
certain
nombre de traits communs, surtout en ce qui concerne la facture et le style, qui équivalent à une sorte de signature. Le Lai de l'Ombre contient d’ailleurs une allusion au premier de ces romans, aux vers 22-25, allusion amenée et présentée dans
de telles conditions qu’il ne peut guère s’agir que d’un auteur renvoyant à l’une de ses propres œuvres. Et l’on est en droit de penser que le Guillaume de Dole, à son tour, renvoie (vv. 657-676), sous une forme un peu plus voilée, à l'aventure
du Lai de l'Ombre. Enfin Bédier a cru pouvoir montrer que le nom de Jean Renart figurait également dans un «engin», c’est-à-dire une énigme, à la fin des deux romans que la critique moderne avait restitués par conjecture au vieux poète; et si l’on admet
le raisonnement
de Bédier, tous les doutes,
s’il en peut subsister, sont évidemment levés quant à la paternité des trois œuvres. 1. On trouvera aux pages üii-vii de l'introduction à mon édition du Guillaume de Dole, Paris, 1962, un exposé un peu plus détaillé, avec bibliographie, de la question ci-dessus résumée. Il nous a paru inutile de reprendre ici cet exposé. Je suis par ailleurs aujourd’hui
beaucoup moins porté à attribuer également à notre poète les deux pièces intitulées Le Plait Renart de Dammartin contre Vairon son ron-
cin et De Renart et de Piaudoue, comme on l’a fait parfois. Quant au
XII
INTRODUCTION
Nous ne savons rien de Jean Renart, sinon qu'il a dédié son Escoufle à un comte de Hainaut, qui ne peut guère être que Baudouin IV, parti en 1202 pour la quatrième croisade dont il ne devait pas revenir, et son Guillaume de Dole à Milon
de Nanteuil,
personnage
assez bien connu,
qui fut, entre
autres, évêque de Beauvais de 1222 à 1234, date de sa mort.
Nous savons aussi de science à peu près certaine que les trois œuvres conservées de notre poète se sont succédé dans l’ordre: Escoufle, Lai, Guillaume de Dole: en effet, comme nous venons de le dire, le Lai contient une allusion à l’Escoufle, et
le Guillaume une allusion au Lai!. Ce point, toutefois, ne nous avance pas beaucoup en ce qui concerne la date du Laï. S’il est, en effet, constant que l’Escoufle a dû être rédigé vers les années
1200, la date du Guillaume, elle, est sujette à
controverse. Nous disposons,il est vrai, d’un autre élément de discussion. Le Lai de l'Ombre, si l'on en croit les vers 38-45, a été
rédigé à la demande d’un protecteur que le poète désigne par le titre d’eshit, c’est-à-dire d’« évêque désigné » (mais non encore consacré). Le nom de cet eslit n’est pas donné par le texte ; mais on a admis longtemps à la suite de Bédier et de la
plupart des critiques, avec une certaine vraisemblance, sinon en toute certitude, qu’il s'agissait du même Milon de Nanteuil à qui est dédié le Guillaume de Dole. Or Milon de Nanteuil est évêque élu de Beauvais à partir du 19 décembre 1217. Un peu
plus tard, il prend part à la cinquième croisade et débarque en Égypte devant Damiette (après Pâques 1219); là, il est fait prisonnier par les Sarrasins au cours de la journée du 29 août fabliau
d’Auberee,
dont
on
a voulu
aussi
à l’occasion
enrichir
son
bagage littéraire, il n’est certes pas indigne de lui appartenir ; on n'y retrouve pourtant pas clairement la manière et le faire si original du maître. 1. Cette allusion est moins nette que l’allusion à l’Escoufle qui figure dans le Lai, mais ne peut cependant guère être mise en doute, cf. Romania,
82 (1961),
p. 396-399
et R. Lejeune, Cabiers de civi-
lisation médievale, 17 (1974), p. 17, note 83.
IT. — L'AUTEUR
ET L'ŒUVRE
XIII
1219 et il est emmené au Caire, où il restera jusqu’à la libération des chrétiens, libération qui n’eut lieu qu’après le retour de Damiette aux Égyptiens, le 7 septembre 1221. De Damiette Milon se rendit à Acre ; puis, quelque temps après (sans doute
au printemps suivant), il rentra en Europe en passant par Bari et
Rome,
où
il aurait
été sacré évêque
par le pape
(avant
novembre 1222). Il résulte de ces données que le Lai de l'Ombre, s’il a été écrit pour Milon de Nanteuil, n’a pu être composé qu'entre le 19 décembre 1217 et, disons, le milieu de 1222. Toutefois, au cours de cette période, les années de
captivité de Milon (29 août 1219 - 7 septembre 1221) posent un problème. Il y a, dans le Lai, au vers 243, une allusion au sort des chrétiens qui courent le risque d’être faits prisonniers par les Turcs et d’être emmenés au Caire. Or on a noté que cet accident ne s'était justement jamais produit, du moins s'agissant de contingents importants,
avant
août
1219.
De là
à conclure que le Lai a été écrit après cette date, il n’y a qu’un pas. On hésite, en effet, à admettre que la mention du Caire soit purement fortuite ou gratuite, et que cette mention se soit trouvée, un an plus tard, tristement prophétique pour le destinataire de la pièce. Si cette remarque a quelque poids, la date de la composition du Lai se laisse déterminer avec précision : le poème à été rédigé au cours de lhiver 1221-1222 (après
le 7 septembre
et avant
le retour de Milon
en Italie),
le temps de captivité de Milon paraissant exclu. Mais alors une autre difficulté se présente : on est amené par là à penser que le Lai de l'Ombre aurait été composé en Orient, à Acre, au cours du séjour qu’y fit Milon de Nanteuil, que Jean Renart avait peut-être accompagné en Terre Sainte. Et il n'ya à cette hypothèse rien d’impossible, en principe. On peut même juger que ces circonstances ajoutent quelque intérêt, quelque piquant au poème ; on pourrait y entendre résonner comme un rappel nostalgique des plaisirs et des jeux dont étaient privés les exilés de la croisade, et il y avait là pour eux, peut-être, l’occasion de revivre par la pensée les joies qu’ils avaient pu connaître, l’occasion aussi de nourrir l’es-
XIV
INTRODUCTION
poir, qu’ils n’avaient certainement pas perdu, de les retrouver un jour. Cependant, si les choses se sont bien passées ainsi et si Jean Renart a fait le voyage d’outre mer, on est un peu surpris de ne trouver dans ses œuvres aucun écho d’une pareille
aventure |. Toutefois et plus récemment, en un article fort riche en aperçus nouveaux et ingénieux?, MMe Rita Lejeune a présenté un nouveau candidat à la dédicace du Lar. Soulignant à bon droit la connaissance intime du pays de Liège dont témoigne notre poète dans le Guillaume de Dole à l’occasion du tournoi de Saint-Trond, prenant texte de la « tonalité » guelfe du même roman (allusion voilée à l’empereur Othon de Brunswick (vv. 68-71), caractère des participants impériaux au dit tournoi), elle s’est demandé s’il n’y aurait pas lieu de penser que Jean Renart avait travaillé dans l’entourage et pour le cercle de l’évêque de Liège et s’il ne fallait pas voir dans l’élu du Lai, non pas Milon de Nanteuil, mais Hugues de
Pierpont, élu de Liège de 1200 à 1202, évêque consacré de 1202 à 1229, et qui avait été, en effet, au moins en un pre-
mier temps, jusque vers 1210, un des plus zélés partisans de l'empereur guelfe Othon. Il est vrai qu'Hugues n’est jamais cité nommément par Jean Renart, mais c’est à lui que renverraient les dénominations de seigneur de Dinant, seigneur de Huy, seigneur de Nivelle et comte
de Tré, tous titres dont
pouvait se prévaloir ledit évêque et qui apparaissent dans le Guillaume de Dole aux vv. 2521, 5423, 4677, 2376. Sans doute, dans le roman, ces références se rapportent-elles, en
fait, à des personnages distincts, mais on peut à la rigueur considérer qu’il y a là un procédé, une gentillesse de présentation que perçaient facilement à jour les lecteurs avertis et qui 1. On hésite à rappeler ici les vers 5621-22 du Guillaume de Dole,
qui pourraient être, à la grande rigueur, une allusion, discrète comme il se doit, au fait que le poète, et son
protecteur,
avaient autrefois
accompli leur devoir de chrétien contrairement à bien d’autres. 2. L'article des Cabiers cité ci-dessus et intitulé « Le Roman
Guillaume de Dole et la principauté de Liège », p. 1-24.
de
II. — L'AUTEUR
ET L'ŒUVRE
XV
pouvait amener sur leurs lèvres un sourire entendu !. On ne saurait nier que le procédé est bien dans la manière ironiquement allusive que pratique volontiers Jean Renart. Il y a plus. L'évêque de Liège descendait d’un grand’père paternel, Hugues de Montfélix, simple châtelain d’Épernay à l’origine (donc champenois, lui aussi, comme Milon de Nanteuil), mais qui, dès 1132 au moins, était seigneur de Vanault ; or Vanault
se trouve dans l’actuel arrondissement
de Vitry-le-François,
c’est-à-dire dans ce Perthois où se situe l’action du Lai, et il y
aurait peut-être dans ce choix topographique une discrète allusion à la souche première de l'évêque, même si sa famille,
au cours du siècle précédent, avait prodigieusement étendu sa fortune?.
Dans
ces conditions,
il faudrait faire remonter le
Lai d’une quinzaine d'années et le placer entre 1200 et 1202, époque de l'élection de Hugues de Pierpont, et il n’y a là rien d’impossible non plus. Il reste cependant une légère inquiétude. Tous les éléments liégeois ou guelfes sur iesquels MME Lejeune a attiré l’attention figurent dans le Guillaume de Dole, le Lai ne les connaît pas. Dans ces conditions, si vraiment ces éléments ont l’importance ou la signification qu’on leur attribue, on s’étonne un peu que le Laï soit dédié à Hugues de Pierpont et le Guillaume à Milon de Nanteuil ; à la rigueur on attendrait le contraire. On peut aussi, peut-être, à bon droit se demander de quel œil un Milon de Nanteuil,. à l’époque prévôt du chapitre de Reims
(1208-1210
étant le moment
place le Guillaume),
pouvait
où Mme
considérer
Rita Lejeune
la dédicace d’un
roman où était, dit-on, si magnifiquement exalté l'éclat de la 1. Même jeu sans doute en ce qui concerne l’allusion aux deux neveux de l’évêque (v. 2521 et 5185), qui seraient Jean et Henri d'Eppes, et, mieux encore, l’allusion au « fils du comte de Tré » (v. 2376), bien
que les documents
n'aient conservé aucune trace d’un fils bâtard de
Hugues, détail qui, bien entendu, ne diminue
fait. 2. Sur tous ces faits, cf. l'exposé de MME
p.17 et note 83.
en rien la possibilité du
R. Lejeune, art. cit.
XVI
INTRODUCTION
faction guelfe, alors que le chef de cette faction, l’empereur
Othon, né peut-être en Normandie, élevé à coup sûr dans la maison de Richard Cœur de Lion, devait son élection pour une bonne part à l'or anglais et qu’on ne pouvait douter des sentiments qu’il nourrissait à l’égard de la maison de France. Mais il n’y a là, sans doute, compte tenu des pratiques du temps et de l’attitude volontiers versatile et quelque peu incertaine des grands seigneurs de l’époque, qu’une difficulté mineure sur laquelle on peut probablement passer, sans compter que l'élu du Laï est peut-être un troisième personnage qui, dans l’ombre de l’histoire, attend qu’on pense un jour à lui!.
Le Lai de l'Ombre est un de ces textes, plus que tout autre, dont aucun résuméni aucune analyse ne saurait remplacer la lecture. — Un chevalier, qui peut se vanter d'innombrables conquêtes féminines, se rend en visite à l’improviste chez une 1. Il faut ajouter ici que la proposition de MME R. Lejeune d'’écarter Milon de Nanteuil de la dédicace du Lai et de faire remonter la composition du poème au-delà du « verrou » de 1217 (date de l’élection de Milon) donne évidemment plus de champ à la critique pour l'établissement de la date du Guillaume, nécessairement postérieur au Lai. Certaines servitudes qu’imposait la descente au-dessous de 1217 disparaissent, en effet. Quoiqu'il en soit, MME R. Lejeune propose la chronologie suivante pour le Guillaume : avant 1210, date des premières difficultés qui devaient en fin de compte amener une rupture brutale entre Hugues de Pierpont et l’empereur Othon, et par conséquent le parti guelfe ; après 1208, date de l’assemblée de Francfort, où l’on vit la jeune Béatrice, fille de Philippe de Souabe, le concurrent d’Othon à l'empire, assassiné quelque temps auparavant, venir demander justice au rival heureux de son père. Or, lors de cette assemblée,
non
seulement
Othon
fit droit
à la requête de la jeune fille,
mais on ménagea le mariage d'Othon et de Béatrice (mai 1209). Et Mme Lejeune voit dans les événements de Francfort le modèle de la scène finale du Guillaume, au cours de laquelle Liénor fait triompher sa cause devant la cour de l’empereur et épouse le souverain.
IT. — L'AUTEUR
dame
dont
le renom
de beauté
ET L'ŒUVRE
XVII
2, cette fois, profondément
touché son cœur. Ni l’un ni l’autre, à proprement parler, ne se connaissent, sinon de vue et par oui-dire. Le chevalier fait à la dame, d’entrée de jeu, l’aveu de sa passion et la presse de céder à son amour. La dame résiste ;un long dialogue se déroule alors entre les deux partenaires, dialogue où le chevalier développe tous les arguments traditionnels de la séduction courtoise, mais auxquels la dame oppose le rempart de sa dignité et de son honneur. Finalement la dame se rend aux instances de son prétendant, convaincue, non pas à vrai dire par le jeu de la discussion, mais en considération d’une astuce amoureuse que le chevalier réussit à mettre en œuvre : il lui passe au doigt son anneau par surprise et sans qu’en un premier temps elle s’en aperçoive ; puis sur le refus qu’elle lui signifie d'accepter ce gage d’amour, il jette dans un puits voisin cet anneau
qu'on lui a rendu ; l’image de la dame, que
reflète l’eau du puits sur lequel elle est penchée, est un instant troublée par la chute de l’objet, mais reprend bien vite la forme délicate des traits de l’aimée. Ce retour au calme est comme le double symbolique, la préfiguration contraignante de l’accord qui doit succéder au conflit, ce que ne manque pas de faire remarquer le chevalier. Et la dame, qui comprend le sens caché des choses, ne s’y trompe pas ; elle cède, docile,
à la leçon que lui donne son image. Mais il faut dire que cette banale analyse ne lève pas l’ambiguïté du texte, ou plutôt du dessein de l’auteur. Que se proposait-il ? Raconter simplement une tendre histoire, ou donner aux jeunes chevaliers entreprenants, mais novices, un modèle de conduite? Doit-on voir dans notre lai l’ébauche d’un roman ou l’esquisse d’un enseignement ? Les deux réponses ne s’excluent d’ailleurs pas et peuvent toucher, chacune, une
part de vérité. On peut, en effet, noter dans le déroule-
ment de notre poème un léger développement de l’action, puisqu'il se clot sur une situation qui n’est plus celle de départ, et l’on a aussi parfois, non sans quelque apparence de raison, rapproché la passe d’armes où s'affrontent le chevalier
XVIII
et la dame
INTRODUCTION
de tel dialogue
exemplaire
qui figure, parmi
d’autres, dans le De amore d'André le Chapelain 1 Toutefois,
il semble bien que notre lai ne soit essentiellement et pour le fond ni un récit à proprement parler, ni une leçon. Il vaut mieux y voir sans doute l'exposé d’un moment, d’une situation, à laquelle ne fait que donner un rapide dénouement le spirituel coup de théâtre de la fin. C’est un tableau de genre, auquel Bédier aurait volontiers donné le titre de « La visite imprévue ». Imprévue certes, puisqu’avant leur rencontre les deux personnages ne se connaissent que de réputation ; mais cette réputation, de beauté pour la dame, d’amoureux inconstant et volage pour le chevalier, a suffi pour allumer dans le cœur de l’un l’étincelle de l’amour, et, dans l’esprit de l’autre,
le sentiment d’une certaine curiosité — astucieux départ et qui ouvre parfaitement la voie au débat qui va mettre face à face nos deux héros : l’un animé par l’ardeur d’une passion qui n’est toutefois pas exempte de quelque amour-propre et de quelque ambition de conquête, l’autre protégée par la conscience de sa dignité, tempérée cependant dès le début par quelque faiblesse de complaisance. D'où le dialogue qui constitue incontestablement la pièce maîtresse du poème. Mais ce dialogue lui-même n’est peut-être pas aussi innocent qu’il peut le paraître à première vue, entendons innocent du point de vue de l’auteur. Il est, en effet, nourri par les thèmes classiques de la dialectique courtoise ; mais il s’agit d’une dialectique revue et interprétée par l’impitoyable clairvoyance de notre poète. Il est facile de voir, en effet, quelle distance l’auteur prend lui-même en face de cette idéologie qu’il exploite et avec quelle habileté il entremêle les fils d’une chaîne traditionnelle avec la trame d’une ironie légère et voilée. Le chevalier paraît 1. Cf. sur ce point les remarques intéressantes de Barbara Nelson Sargent dans Romance Notes, 7 (1965), p. 1-7 : « The Lai de l’'Ornbre and the De amore ». Le texte en cause d'André le Chapelain est es-
sentiellement r
le septième dialogue-modèle Loquitur nobilior nobili,
124-150 de l'édition Trojel.
XIX
II. — L'AUTEUR
ET L'ŒUVRE
être la principale victime de cette ironie, et l’on peut voir sans doute dans les outrances de ses affirmations, dans l'usage
abondant qu’il fait des clichés du genre la marque d’une certaine
jeunesse,
d’une
certaine
maladresse
peut-être,
d’une
certaine impétuosité de sentiment qui ne parvient à s'exprimer que par le recours facile à la phraséologie d’usage, mais on peut y voir aussi, et peut-être en même temps, la trace du doute amusé que ressent l’auteur à l’égard de l’efficacité et de la sincérité des formules. La dame, elle, au moins dans l’expres-
sion, à plus de retenue ; elle paraît plus sensible aux réalités ; il semble qu’elle ne s’en veuille pas laisser conter ; mais peutêtre n’y a-t-il là qu’une apparence, une façade, une attitude de défense, autant d’ailleurs contre elle-même et la pente de son cœur que contre son partenaire. Au fond d’elle-même, elle apprécie à sa juste valeur le jeu de son prétendant, elle y croit et se laisse gagner peu à peu à son tour. Le dénouement brusqué vient au reste à point pour écarter opportunément le voile et nous la montre, elle aussi, gagnée à, ou si l’on préfère victime des conventions mondaines du temps — ou de la littérature. Ce dénouement lui-même, d’ailleurs, dont la sentimentalité délicate, mais un peu facile, fait contraste avec la relative
âpreté des propos jusque là échangés, nous laisse incertains sur les intentions ou la pensée vraie de l’auteur : miracle de l'amour triomphant, ou simple ruse astucieuse destinée à voiler d’un manteau honorable les faiblesses d’une vertu peu sûre d’elle-même? Ici encore ambiguïté voulue et mise en œuvre avec adresse. Et cette impression de jeu qui se dégage du texte est encore renforcée par le vague des données extérieures au petit drame lui-même : le chevalier n’a pas de nom, peut-être n’en a-t-il jamais eu, ajoute l’auteur, et la dame est logée à la même enseigne ; nous ne savons rien des antécédents de nos deux héros, et, pour ce qui est de la suite, le poète s’en désintéresse totalement ; dès que se clot le débat, unique objet de ses soins et de son intérêt, il nous abandonne ses personnages, et, nous laissant le soin d’imaginer à notre guise la fin de l'aventure, non sans avoir quelque peu aiguillé
XX
INTRODUCTION
notre curiosité (vv. 958-959), il s’en tire par une pirouette: «Contez, vous qui savez de nombre. » Tout au plus peut-on
entrevoir que, conformément aux données traditionnelles de l'amour courtois, une certaine différence sociale sépare le chevalier de la dame : il n’est, lui, qu’un modeste coureur de
tournois et d’aventures ; elle est, elle, par la grâce d’un époux qui a tout de même droit à une allusion flatteuse, mais discrète,
la maîtresse
d’un
puissant
château.
L’ensemble
est
comme une bulle qui s’en vient doucement crever à la surface des choses et qui, une fois éclatée, s’évanouit. Ceci dit, il faut tout de suite ajouter que ce jeu de fantaisie si habilement mené par l’auteur ne se déroule qu’en contrepoint ; pour le fond et la mise en œuvre de ce « moment » sentimental, la rigueur de l’analyse, la vérité des caractères, la pertinence des répliques, l’enchaînement naturel du dialogue donnent à l’ensemble un ton de vigoureuse réalité. L'auteur s'amuse des personnages qu’il met en scène, mais il les connaît bien et le regard amusé dont il les a observés était aussi un regard pénétrant. Pas une fausse note, aucune platitude ne vient déchirer la toile solide du développement ; aucune prolixité non plus, aucun verbiage. Le Lai de l'Ombre, œuvre subtile, complexe, nuancée, laisse l’impression d’une totale réussite.
Et l’on comprend
l’auteur
qui, dès le début, nous
avait confié que le sujet lui avait plu et convenait parfaitement à sa manière.
[LE LAY DE L’'OMBRE |
Ne me vueil pas desaüser de bien dire, ainçois vueil user mon sens a el qu’a estre oiseus.
[f° 40 a]
Je ne vueil pas resanbler ceus qui sont garçon por tout destruire; quar, puis que j'ai le sens d’estruire aucun vilains se ma a fere
bien en dit ou en fet, est qui ses gas en fet, cortoisie s’aoevre aucune plesant oevre
ou 1l n'ait ranposne ne lait. Fols est qui por parole lait bien a dire, por qu'il le sache ;
[b]
12
et s’aucuns fel sa langue en sache,
par droiture tout ce li doit; quar nient plus que je puis cest doit fere ausi lonc conme cestui, ne cuit je que on peüst hui fere un felon debonere estre :
et miex vient de bone eure nestre
20
qu'’estre de bons, c’est dit pieça.
Par Guillaume, qui depieça l’escoufle et art un a un menbre, si con li contes nous remenbre,
puet on prover que Je di voir ; et miex vient a un honme avoir eür que avoir ne amis :
24
JEAN RENART
amis muert, et on est tost mis
28
fors de l’avoir, qui bien nel garde ou qui a fol le met en garde ; mes celui qui le gaste et use,
et aprés sa folie encuse qu'il l’a despendu sanz mesure, se d’iluec aprés s’amesure, si lait la folie qu'a fait et mesaventure li lait,
36
eürs le ra tost mis en pris. Et por ce l’ai je si empris que je vueil mon sens enploier a bien dire et a souploier a la hautece de l’Eslit. Mout par-me torne a grant delit quant ma volentez est eslite
40
a fere ce qui me delite,
une aventure a metre en rime. L’en dit, qui bien nage et bien rime,
qui de haute mer vient a rive, qui a port de bien dire arrive, plus l’en proisent et roi et conte. Or orrez par tens en cest conte que dirai, s’anuis ne m’enconbre, en cest lai que je faz de l’Onbre.
48
52
Je di que uns chevaliers ere en cele marche de l’'Empiere
de Loheraine et d’Alemaingne. Je ne cuit pas c’uns tels en maingne de Chaalons jusqu’en Partois qui si ait toutes a son chois bones teches conme cil ot.
56
[c]
LE LAI DE L’'OMBRE
De maintes en tret au fil Loth, Gavain, si conme nous dison ;
mes nus n’oi onques son non, ne je ne sai se point en ot. Proece et cortoisie l’ot eslit a estre sien demaine. De la despensse qu’il demaine s’esmerveillent tuit si acointe. Ne trop emparlé ne trop cointe nel trovissiez, ne de ruistece. Il n’ert mie de grant richece, mes 1l se sot mout bien avoir :
bien sot prendre en un lieu l’avoir et metre la ou point n’en ot. Pucele ne dame n’en ot | parler qui mout ne l’aint et prist, n’onques a nule ne s’en prist bien a certes qu'il n’en fust bien, quar il estoit sor toute rien et frans et dous et debonere.
60
64
68
72
76
Quanques chascuns en vousist fere en peüst fere entor ostel ;
mes aus armes autre que tel le trovissiez que je ne di, estout et ireus et hardi,
quant il avoit l’elme en son chief. Bien sot un renc de chief en chief cerchier por une jouste fere. À ce ot torné son afere li chevaliers dont je vos di qu'il vousist que chascun lundi qu'il estoit qu’il en fussent deus,
88
n’onques chevaliers ne fu teus,
92
JEAN RENART
si peniu d’armes qu'il estoit. Ce n’est mie cil qui vestoit sa robe d’esté a yver : plus donoit il et gris et ver
96
c’uns autres de dis tans d’avoir ;
et toz jors veut o lui avoir set conpaignons, OÙ CinC au Mains, ne ja riens ne tenist aus mains,
100
s’on le vousist, que on n’eust. Deduit d’oisiaus, quant lui pleüst, ama, que je ne mespris MIE ;
il sot d’eschés et d’escremie et d’autres geus plus que Tristans. Mout bon may ot un bien lonc tans et mout se fist amer aus genz. Il ert de cors et de braz genz et frans et legiers et isniaus, si ert encor plus preus que biaus : tout ce doit bien chevaliers estre.
104
[d] 108
Amors, qui se fet dame et mestre
112
de ceus dont ele est au deseure, en cel bon point li corut seure : ele vout avoir le treü del grant deduit qu’il a eù de mainte dame en son eage, ne ainc service ne honmage ne l’en fist entrués qu'il li lut.
116
Por ce qu'il ne se reconnut
120
a son honme n’a son baillieu,
se li fist en tans et en lieu sentir son pooir et sa force. Onques Tristans, qui fu a force
tondus conme fols por Yseut,
124
LE LAI DE L’OMBRE
n’ot le tiers d’ahan con cil eut desi qu’il en ot sa pais fete. Ele li ot saiete trete par mi le cors jusqu’au penon : la grant biauté et le douz non d’une dame li mist el cuer. Or li covint a geter puer toutes les autres por cesti. De maintes en avoit parti son cuer, que nule n’en amoit ; mes or set 1] sanz doute et voit
128
132
136
qu'il covient tout metre ensanble por celi servir, qui li sanble
li rubis de toutes biautez. Li sens, la deboneretez,
140
la grant douçor de son cler vis h est, ce li est bien avis,
devant ses iex et jor et nuit. Il n’est joie ne li anuit,
144
fors seul li penssers a cesti. De tant li a bon plet basti Amors, qui le connissoit bien,
n’onques nule si plesant rien
148
qui fame fust n’avoit veüe, ce dist, et s’en trait sa veüe
a garant qu'il dist verité. « Ahi! fet il, tante averté
ai fait de moi et tant dangier! Or veut Diex par cesti vengier celes qui m'ont seules amé. Certes mar ai mesaesmé ceus qui d’Amors erent souspris. Or m'a Amors en tel point mis
152
156
[41a]
JEAN RENART
qu’ele veut que son pooir sache. Onques vilains qui barbiers sache les denz ne fut si angoisseus. »
160
Ce pensse et dit quant il est seus, ne ja, son vuel, ne feïst el
n’onques mes en si tres cruel point ne fu conme Amors l’a mis.
164
« Las! fet il, se je sui amis,
que sera ce se n’est m’amie ? Ce ne sai je ne ne voi mie conment je puisse vivre un JjOr. Deduis d’errer ne de sejor ne me puet mon cuer solacier. Or n’i a fors de tenir chier
168
172
ceus qui Ja vont ou ele maint,
quar por ce fere ont eù maint de lor amor joie et solas. Quar m’eüst ceste fet un las
176
de ses deus braz entor mon col! Toute nuit songe que l’acol et qu’ele m’estraint et enbrace. Li esveilliers me desenbrace en ce qui plus me delitast; lors quier par mon lit et atast son
biau CONS, qui m'art
et esprent
180
;
mes, las! qui ne trueve ne prent! C’est avenu moi et maint autre
184
mainte foiz. Or ne puet estre autre : aler ou envoier m'’estuet
proier, puis qu’autre estre ne puet, qu’ele ait de moi merci en fin et que por Dieu, ainz que je fin, qu’ele ait pitié de ma destrece
188
LE LAI DE L'OMBRE
et que, par sa grant gentillece, qu’ele me gart et vie et sens. Ele 1 avroit un mains des suens s’ele souffroit que je perisse, s’est bien droiz que de son cuer isse douçor, et pitiez de ses iex. Mes je cuit qu'il me venist miex li alers que se g’i envoi.
192
196
L’en dit « n’i a tel conme soi »,
200
ne nus n’iroit si volentiers. Pieça c’on dist que li mestiers aprent l’onme, et la grant soufrete. Puis que g’i ai reson atrete, il n’1 a se de l’aler non dire qu’ele a en sa prison mon cuer, qui de gré s’i est mis.
204
Ja devant qu'il ait non amis,
208
n’en quiert eschaper por tristrece.
[b]
Gentelises, pitiez, larguece
le devroit a ce esmovoir. » Il s’est atornez por movoir, soi tiers de conpaignons sanz plus. Ne sai que vous deïsse plus : il monte, et vallet jusqu'a sis. Il chevauche liez et penssis en son pensser et en sa vole. Ses conpaignons oste et desvoie de la voie de son pensser, qu'il ne s’en puissent apensser en la reson de son voiage. Il dit qu'il chevauche à grant rage,
212
216
220
celant son pensser souz sa joie,
tant qu'il vindrent a la monjoie
224
JEAN RENART
du chastel ou cele manoit. Fet li sires quis i menoit : « Veez con cil chastiaus siet bien! »
Il nel disoit pas tant por rien
228
qu’il montast aus fossez n’aus murs,
mes por savoir se ses eùrs l’avroit encor si amonté
qu'il parlaissent de la biauté
232
la dame qu’il aloit veoir. Font il : « Vous en devez avoir
grant honte, quar mal avez fet, qui ainçois nous avez retret le chastel que la bele dame dont chascuns dist bien qu’el roiame
236
n’a si cortoise ne si bele.
Or tout qoi! font il, quar se ele savoit CON Vous avez Mespris, il vous vendroit miex estre pris aus Turs et menez en Chaaire. » Il dist en sorriant : « Hé! caire! Seignor, por Dieu, or belement! Menez me un poi mains durement,
240
244
quar je n’1 ai mort deservie. Il n’est citez dont j'aie envie, ne chastiaus, se de cesti non.
248
Je voudroie estre en la prison Salahadin cinc anz ou sis, par si que il fust miens, assis si conme est, s’en fusse seürs. — Et quanqu'il a dedenz les murs ?
font cil. Si en seriez trop sire! » Il n’entendent pas a cel dire le sofisme qu'il lor fesoit :
252
256
LE LAI DE L'OMBRE
h bons chevaliers nel disoit
se por oir non qu'il diroient. Il lor demande si l’iroient
260
veoir. « Que feriemes nous donques ? font 1l. Chevaliers ne doit onques
trespasser ne chemin ne voie ou bele dame ait qu’il nel voie. » Fet il : « Je m’en tieng bien a vous,
et si le lo et vueil que nous 1 alons, quant resons l’aporte. » Atant guenchissent vers la porte chascuns le regne del destrier,
264
268
criant : « Aus armes, chevalier ! »
A tel voiz et a tel tençon
sor frain s’en vont a esperon, tant qu’il vindrent a la ferté. Il ont le premier baile outré, clos de fossez et de palis. Li sire avoit devant son pis torné son mantel en chantel, et sorcot herminé trop bel de soie en graine et d’escuiriex. Autretel avoit chascuns d’eus,
et chemise ridee et blanche et chapel de flors et de vanche et esperons à Or VErmeus : je ne sai que il fussent miex plesaument vestu por l’esté. Il ne sont nul lieu aresté duqu’au perron devant la sale. Chascuns vallés encontre avale aus estriers par fine reson. Li seneschaus de la meson
272
276
280
284
288
10
JEAN RENART
les vit descendre en mi la cort
d’une loge ou il ert, s’en cort
292
dire a sa dame la novele
que cil le vient veoir que ele connoissoit bien par oiïr dire. N’en devint pas vermeille d’ire,
296
ainz li vint a mout grant merveille.
Desus une coute vermeiiie avoit lués droit esté trecie. Ele s’est en estant drecie la dame de tres grant biauté ;
300
ses puceles li ont geté au col un mantel de samis,
avoec la grant biauté qu’a mis
304
Nature en li. En son encontre,
que qu’elé-veut aler encontre, cil se hastent tant del venir
qu’ainçois qu’ele peüst issir
308
fors de la chanbre, i sont entré. Au sanblant que lor a moustré h est il bel de lor venue ;
de tant poi conme ele ert venue
312
encontre aus se font il mout lié.
[d]
Un chainsse blanc et deliié ot vestu la preus, la cortoise, qui trainoit pres d’une toise aprés li sor les jons menuz. « Sire, bien soiez vous venuz, et vo conpaignon ambedui,»
316
fet cele, qui bon jor ait hui,
320
qu'ele est bien digne de l’avoir. Si conpaignon li distrent voir que n'ert pas dame a trespasser.
LE LAI DE L'OMBRE
il
Sa biautez les fet trespensser toz trois en lor salu rendant.
324
Ele prent par la main, riant, le seignor, sel maine seoir ;
or ot auques de son voloir, quant delez li se fu assis. Si conpaignon sont bien apris ;
328
assis sont (ne lor firent cuivre)
sus un coffre ferré de cuivre avoec deus seues damoiseles. Que qu'il se delitent a eles en demandant plusors aferes, li chevaliers n’1 penssoit gueres a eus, ainz pensse a son afere. Mes la gentiex, la debonere li set bien rendre par escole reson de quanqu'il l’aparole, qu’ele ert mout cortoise et mout sage. Cil li met adés el visage ses iex por mirer sa biauté ; mout les a bien pris a verté
332
336
340
344
ses cuers, qui toz est en li mis,
que de quanqu'il H ont promis li tesmoingnent il ore bien qu’il ne li ont menti de rien. Mout li plest ses vis et sa chiere. « Bele tres douce darne chiere,
348
fet il, por qui force de cuer
me fet guerpir et geter puer de toutes autres mon pensser, je vous sui venuz presenter quanques je ai, force et pooir, si en puisse je Joie avoir,
352
356
12
JEAN RENART
qu’il n’est riens nule que j’aim tant conme vous, se Diex repentant
me lest venir a sa merci ; et por ce sui je venuz ci que je vueil que vous le sachiez et que gentelise et pitiez vous en praingne, qu'il est mestiers. Quar qui en feroit aus moustiers
360
oroison, si feroit il bien,
por ceus qui n’entendent a rien s’a estre non leal ami. — Ha ! sire, por l’ame de mi,
368
fet ele, qu’avez vous or dit ? — Se Diex me lest veoir l’Endit,
dame, fet il, je vous di voir. Vous toute seule avez pooir sor moi plus que fame qui vive. » La colors l’en croist et avive de ce qu’il dist qu’il est toz suens. Aprés a dit par molt grant sens:
372
376
« Certes, sire, je ne croi mie
que si preudon soit sanz amie con vous estes ; nus nel croiroit.
Vostre pris en abesseroit et si en vaudriiez mout mains.
380
Si biaus hon de braz et de mains,
de cors et de toute autre rien! Vous me savriiez ja mout bien par parole et par l’ueil a trere la pene, et ce que ne vueil fere a entendre, par verité ! » Bien l’a en son venir hurté par parole et desfet son conte,
384
388
LE LAI DE L’OMBRE
13
si con cil qui m’aprist le conte le m’a fet por voir entendant. Il se sueffre a mener tendant,
qu'il n’estoit rien que tant amast. S’une autre le mesaesmast, il s’en seüst bien revengier ; mes 1l est si en son dangier qu'il ne l’ose de rien desdire.
392
396
Puis li reconmença a dire :
« Ha! dame, merci, por pitié! Vostre amors m’a fet, sanz faintié,
descouvrir les maus que je sent. Mout mal s’i acorde et assent vostre parole et vos biaus 1ex, qui m’acueillirent jehui miex au venir, et plus plesaument, et sachiez bien certainement que cortoisie fu qu’il firent ; quar des lors que il primes virent,
400
404
408
n’en virent nul, ce est la sonme,
qui si se vousist a vostre honme tenir con je vueil sanz faintise. Douce dame, par gentelise,
412
quar le vos plese a otroier : retenez moi a chevalier et, quant vous plera, a ami. Ainz que past un an et demi m’avrez vous fet si preu et tel et aus armes et a l’ostel et tant avrez bien en moi mis que li nons c’on apele amis, se Dieu plest, ne m'’ert Ja veez.
[b]
— Li cuidiers que vous en avez,
416
420
14
JEAN RENART
fet ele aprés, vous fet grant bien!
Je n’entendoie au regart rien
424
se cortoisie non et sens. Mes vous l’avez en autre assens noté conme fols, si m’en poise. Se je ne fusse si cortoise,
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il m'en pesast ja mout vers vous. Por c’est fole chose de nous,
dames, qui sons mal parcevanz : quant cortoisie et biaus sanblanz
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nous maine a cortoisie fere, lors cuident tout lor autre afere
cil souspirant avoir trové ! Par vous l’ai je bien esprové,
436
ausi l’avez vous entendu. Miex vous venist avoir tendu la fors une roi aus coulons :
quar se li anz estoit si lons et h demis con troi entier,
ne savriez vous tant esploitier por rien que vous seüssiez fere
que je fusse si debonere envers vous con Je fui orainz. Li hon se doit bien garder, ainz qu'il se lot, de qui il le fet. » Or ne set cil en dit n’en fet
qu’il puist fere ne devenir. «Au mains ne puis je pas faillir, dame, fet il, que j'ai esté. Pitié et debonereté a il en vous, n’en doutez mie, n’onques ne failli a amie
nus en la fin, qui bien amast.
452
LE LAI DE L’OMBRE
Si me sui mis en mer sanz mast por noier, ausi con Tristans. Conment que j'aie esté lonc tans
15 456
sirés de ma volenté fere,
a ce ai torné mon afere que, se je n'ai merci anuit, Jamés ne cuit que il m’anuit nule, quant g’istrai de cesti:
un tel plet m’a mon cuer basti, qui en vous s’est mis sanz congié. » Un petit en fesant ris : « Gié,
460
[c] 464
fet ele, ainc mes tele n’oi!
Or puet bien demorer issi,
468
puis que je voi que ce n’est gas.
Encore, par saint Nicolas, cuidoie que vous gabissiez. — En non Dieu, dame, se fussiez une povre garce esgaree,
472
bele gentiz dame honoree, ne m'en seüsse j’entremetre. » Riens qu'il puist dire ne prometre
476
ne li puet a ce riens valoir que il puisse ja joie avoir de li, si ne set qu’il en face. Li vermaus li monte en la face et les lermes du cuer aus iex, si que li blans et li vermiex l’en moille contre val le vis. Or est il bien la dame avis ne li fausse pas de covent ses cuers, ainz set bien que sovent l’en semont il aillors qu'iluec. Certes, s’or en plorast avoec
480
484
488
16
JEAN RENART la dame, mout li feist bien.
Ele ne cuidast ja por rien qu’il deüst estre si destroiz.
« Sire, fet ele, n’est pas droiz,
492
par Dieu, que j’aim ne vous ne honme, que j’ai mon seignor, et preudonme,
qui mout me sert bien et honeure. — Ha! dame, fet il, a bone eure! Par foi, ce doit il estre liez.
496
Mes se gentelise et pitiez vous prendoit de moi, et franchise,
ja nus qui d’amors chant ne lise
500
ne vous en tendroit a pior, ainz en feriez au siecle honor, se vous me voliiez amer. A une voie d’outremer
504
en porriez l’aumosne aatir. — Or me fetes de vous partir, sire, fet ele ; c’estroit lait. Mes cuers ne me sueffre ne lait acorder en nule maniere; por ce s'est oiseuse proiere, si vous pri que vous en soffrez. — Ha! dame, fet il, mort m'avez!
Gardez nel dites mes por rien, mes fetes cortoisie et bien :
retenez moi par un joiel, Ou par çainture ou par anel,
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512
[d] 516
ou vous recevez un des miens,
et Je vous creant qu'il n’ert riens que chevaliers face por dame,
se J'en devoie perdre l’ame, si m’ait Diex, que je ne face.
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LE LAI DE L’OMBRE
Vo vair oeil et vo clere face me puet de mout poi justicier. Je ai tout souz vostre dangier, quanques Je ai, force et pooir.
17
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— Sire, je ne vueil pas avoir, fet ele, le los sanz le preu. Bien sai c’on vous tient a mout preu
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et s’est pieça chose seüe. Bien seroie ore deceüe, se or vous metoie en la voie de m’amor, et je n’i avoie
532
le cuer. Ce seroit vilonie.
Il est une grant cortoisie d’issir fors de blasme, qui puet. — Dire tout el vous en estuet,
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dame, fet il, por moi garir. Se vous me 1e morir sanz estre amez, ce seroit teche,
se cil biaus vis plains de simplece
540
estoit omecides de moi.
Il en covient prendre conroi prochain en aucune maniere. Dame de biauté et maniere de toz biens, por Dieu, gardez i! »
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Cil bel mot plesant et poli le font en un penssé cheïr d’endroit ce qu’ele veut oir sa requeste, s’en ot pitié,
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quar ne tint a point de faintié les souspirs, les lermes qu’il pleure, ainz dist que force li cort seure d’Amors, qui tout ce li fet fere, ne que ja mes si debonere
552
18
JEAN RENART
ami n’avra, se n’a cestui.
Mes ce que onques mes fors hui n’en parla li vint a merveille. Avoec cel penssé le traveille Resons, qui d’autre part l’oppose qu’ele se gart de fere chose dont ele se repente au loing. A celui qui ert en grant soing du pensser ou ele ert entree a mout bele voie moustree d’une grant cortoisie fere Amors, qui en tant maint afere a esté sages et soutiex. Entrués qu’ele estoit, la gentiex, el pensser la ou ele estoit,
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[43a] 568
si trest erraument de son doit son anel, se li mist el suen.
De ce fist 11 un mout grant sen : si ert sousprise del pensser
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que ainc ne li lut apensser
de l’anel qu’ele ot en son doit. A ce qu’ele mains se gardoit : « Dame, fet il, a vo congié! Sachiez que mon pooir et gié est tout en vo conmandement. » Il se part de li esraument, et si conpaignon anbedui.
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580
Nus ne set l’achoison, fors lui,
por qu'il s’en est ainsi partis. Il est souspiranz et penssis venuz a son cheval, si monte ;
et cele a cui li plus en monte de lui remetre en sa leece :
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LE LAI DE L’'OMBRE
«Iroit s’en 1l a certes ? qu'est ce ? Ce ne fist onques chevaliers!
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Je cuidaisse c’uns anz entiers
li fust assez mains lons d’un jor, mes qu'il fust o moi a sejor ;
592
et 1] m’a ja si tost lessie ! Ahi! se m’i fusse plessie vers lui de parole ou de fez! Por les faus sanblanz qu’il m’a fez
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doit l’en mes tout le mont mescroire.
Qui por plorer le vousist croire ne por fere ses faus souspirs, si me conseut li Sainz Espirs,
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por ice n’i perdist il rien! Nus ne guilast ore si bien ne si bel, c’est ore du mains. »
Atant envoie vers ses mains
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un regart, si choisist l’anel.
Toz li sans jusqu’el doit manel et Jusqu’el pié li esfui n’onques si ne s’esvanui ne n’ot de rien si grant merveille.
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La face li devint vermeille,
puis devint trestoute empalie. « Qu'est ce, fet ele, Diex aïe!
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Ne voi je l’anel qui fu suens ? De tant sui je bien en mon sens que jel vi orainz en son doit. Ce fis mon, fet ele. Et que doit ?
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Et por qoi l’a il el mien mis ?
[b]
Ja n’est il mie mes amis,
et si pens je qu’il le cuide estre. Or est il, par Dieu, plus que mestre
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JEAN RENART
de cest art, ne sai qui l’aprist. Et conment vint ce qu'il me prist ?
A ce que je ere si prise que je ne m'en sui garde prise de l’anel qu’il m’a el doit mis, or dira qu’il est mes amis! Dira il voir ? Sui je s’amie ? Nenil, quar ce seroit folie. Certes, por noient le diroit. Ainz li manderai orendroit
que il viengne parler a mi, s’il veut que jel tiengne a ami, se li dirai qu’il le repraingne.
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Je ne cuit pas qu’il en mespraingne
vers moi, s’il ne veut que jel hace. » Atant conmande c’on li face venir un vallet tout monté.
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Ses puceles l’ont tant hasté qu’il 1 est venuz toz montez : «Amis, fet ele, or tost, hurtez ! Poingniez aprés le chevalier! Dites lui, si conme il a chier m'amor, qu'il ne voist en avant, mes viengne arriere maintenant parler a moi de son afere. — Dame, fet il, je cuit bien fere
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vostre message dusqu’en son. » Atant s’en part a esperon aprés le chevalier poingnant, qui Amors aloit destraingnant por celi qui l’envoie querre. En mains d’une liue de terre l’a il ataint et retorné.
652
LE LAI DE L’'OMBRE
21
Sachiez qu’il se tint a buer né de ce c’on l’avoit remandé,
mes n’a pas au mes demandé
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por qoi on remandé l’avoit. Li aniaus qu’ele avoit el doit ert l’achoisons del remander. Ce li fist son oirre amender, quar tart li est qu’il le revoie. Li escuiers s’est en la voie del retor de lui acointiez. E! Diex, conme il en par fu liez del retorner, se por ce non
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qu'il estoit en grant soupeçon c’on ne li vueille l’anel rendre.
[c]
H dist qu'il s’iroit ainçois rendre
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a Cistiaus qu’il le repreïst.
« Ne cuit pas qu’ele mespreïst envers moi, fet il, de tele oevre. »
La joie del retor li cuevre le penssé dont il est en doute.
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Il est venuz a tant de route conme il ot vers la forterece.
La dame, qui en grant destrece
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estoit seur son cors desfendant, ist de la sale, descendant
pas por pas aval le degré. Porpensseement et de gré vint en la cort por li deduire.
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En son doit vit l’anelet luire
qu’ele veut rendre au chevalier. «S'il m'en fet ja point de dangier, fet ele, et il nel veut reprendre,
por ce ne l’irai je pas prendre
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22
JEAN RENART
par ses biaus chevex. Se je puis, ainz le menrai ja sor cel puis, si parlerai iluec a lui. S’il nel veut prendre sanz anui, je ronperai c1 la parole. Conment ? Je n’ere pas si fole
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que je le gete en mi la voie, mes en tel leu c’on ne le voie,
ce ert el puis, n’est pas mençonge. Ja puis n’en ert plus que d’un songe chose dite qui me messiece. Dont n’ai je ore esté grant piece
696
o mon seignor sanz vilonie ?
Se cis par sa chevalerie ou par souspirer devant mi veut ja que jel tiengne a ami a cest premerain parlement, il l’avroit ainçois durement
700
704
deservi, se jel devoie estre. » Atant est cil entrez en l’estre,
qui de tout ce ne se prent garde. Il voit celi que mout esgarde volentiers aler par la cort :
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il descent lués et vers li cort,
si con chevaliers fet vers dame. Si dui conpaignon, ne nule ame
Fir2
de l’ostel, ne li font anui. « À foi, bone aventure ait hui
ma dame, a cui je sui et iere! » Ne l’a ore en autre maniere ferue del poing lez l’oïe ; ele a hui mainte chose oïe qui mout li touche pres del cuer.
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[d]
LE LAI DE L’'OMBRE
« Sire, dist ele, alons la fuer
25 720
seoir sor cel puis por deduire. » I n’est chose qui li puist nuire,
ce dist, puis que l’aqueut si bel. Bien cuide avoir par son anel conquise s’amor et sa grace, mes n’est encor preu en la nasse por qoi il se doie esjoir. Ainz qu’il peüst lez li seir, ot 1l chose qui li desplest.
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« Sire, fet ele, s’il vos plest, dites moi, la vostre merci,
cest vostre anel que je voi ci, por qoi le me lessastes ore ?
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— Douce dame, fet il, encore
quant m'en irai, si l’avrez vous. Je vous dirai, ce sachiez vous,
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si nel tenez pas a faintié, de tant vaut il miex la moitié qu'il a en vostre doit esté. S’il vous plesoit, en cest esté
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le savroient mi anemi, se vous m’aviiez a ami reçut, et je Vous a amie. — En non Dieu, ce n’i a il mie,
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fet ele, ainçois 1 a tout el ! Ja puis n’istrai de cest ostel, si m'ait Diex, se morte non,
que vous avrez ne cri ne non de m’amor, por rien que Je voie. Vous n’en estes preu en la voie, ainz en estes mout forvoiez. Tenez, je vueil que vous aiez
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24
JEAN RENART
vostre anel, que je n’en ruis mie. Ja mar m'en tendrez a amie
por garde que j'en aie faite. » Or se despoire, or se deshaite cil qui cuidoit avoir tout pris.
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« Mains en vaudroit, fet il, mes pris,
se c’est a certes que je O1. Onques mes nule joie n’oi qui si tost me tornast a ire.
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— Conment donques, fet ele, sire ?
Avez i donc anui ne honte de moi, a cui noient ne monte
vers vous d’amor ne de lingnage ? Je ne faz mie grant outrage se Je vous.vueil vostre anel rendre. Il le vous covient a reprendre,
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[44a] 768
quar je n'ai droit au retenir, puis que je ne vous vueil tenir a ami, quar je mesferoie. —Diex, fétilSetje me féroie
d’un coutel tres par mi les cuisses, ne me feroie teus anguisses conme ces paroles me font. Mal fet qui destruit et confont chose dont l’en est au deseure. Trop m'i cort force d’amors seure por vous et met en grant destrece. Chose n’est qui a ce me mece, nule del mont, que jel repraingne. Ja Diex, à foi, puis ne me praingne à bone fin que Jjel prendrai ! Mes vous l’avrez et si lerai mon cuer avoec en vo servise,
A2
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784
LE LAI DE L’'OMBRE
n'il n’est riens qui a vo devise vous serve si bien ne si bel conme entre mon cuer et l’anel. »
Fet ele :
25
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«N’en parlez vous onques,
quar vous en perderiez adonques m'acointance et ma feauté, se vous contre ma volenté me voliez fere a vous entendre. Il le vous covient a reprendre. — Non fet. — Si fet. La n’a que dire, ou vous estes mout plus que sire, se vostre anuis a ce m'’esforce que vous le me vueilliez a force, maugré mien, fere retenir. Tenez ! — Ja mes nel quier tenir.
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#Srterez. Jeinon icral voir. — Volez le me vous fere avoir a force ? — Naje, bele amie. Bien sai, tel pooir n'ai Je mie,
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ce poise moi, si m'ait Diex!
Ja puis vilonie ne deuls ne m’avendroit, c’est ma creance,
se vous en un poi d’esperance
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me metiez por reconforter. — Vous porriez ausi bien hurter
a cel perron le vostre chief que vous en venissiez a chief.
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Si lo que vous le repraingniez. — I] sanble que vous m’apraingniez, fet il, a chanter de Bernart.
Je me leroie ainz une hart
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poncier el col quel repreïsse.
[b]
Ne sai que je vous en feisse
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JEAN RENART
lonc plet : au reprendre n’a rien. — Sire, fet ele, or voi je bien
que ce vous fet fere enresdie, quant parole que je vous die ne vous puet au prendre mener. Or vous vueil je aconjurer : par cele foi que moi devez vous proi que vous le reprendez, si chier con vous avez m’amor. » Or n’ia il en ceste error
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tor c’un seul, qu'il ne li coviegne a reprendre, ou qu’ele nel tiegne
a desleal et a gengleus. « Diex, fet il, li quels de ces deus
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m'est or partis li mains mauvais ? Or sai je“bien, se je li lais,
qu’ele dira je ne l’aim mie. Qui tant estraint crouste que mie en saut, ce est par grant destroit. Cis seremenz m'a si destroit que li lessiers ne mi est preus, ainçois cuit je que li miens preus et m’onors 1 soit au reprendre, se Je ne vueil de mout mesprendre
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vers ma douce dame honoree,
qui s’amor m'a aconjuree et la grant foi que je li doi. Quant je l’avrai mis en mon doi, si sera il siens ou il iert. SE]je faz ce qu’ele me quiert, je n’1 puis avoir s’onor non. N'est pas amis qui dusqu’en son ne fet la volenté s’amie,
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LE LAI DE L’'OMBRE
et sachiez que cil n’aime mie qui rien qu’il puist en lest a fere.
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Je doi atorner mon afere del tout a son conmandement,
quar il ne doit estre autrement s’a la seue volenté non. » Il nel nonma pas par son non quant il dist : « Dame, jel prendrai par covent que Jje en ferai, aprés la vostre volenté,
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la moie, encor ait il esté
en cel doit que je voi si bel. — Et Je vous rent donques l’anel par covent que vous l’en faciez. »
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N'’ert enviesis ne esfaciez
li sens del gentil chevalier. Toz esprendanz, de cuer entier. le prist tot porpensseement,
si le regarde doucement. Au reprendre dist : « Granz merci7 | Por ce n’est pas li ors noirciz,
[c] 868
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fet il, s’il vient de cel biau doit. » Cele s’en sorrist, qui cuidoit qu’il le deüst remetre el suen ;
mes il fist ainz un mout grant sen, qu'a grant joie li torna puis. Il s’est acoutez sor le puis, qui n’estoit que toise et demie parfons;si ne meschoisi mie
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en l’aigue, qui ert bele et clere,
l’onbre de la dame, qui ere la riens el mont que miex amot. « Sachiez, fet il, tout a un mot
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JEAN RENART
que je n’en reporterai ainz l’avera ma douce la riens que j’aim plus — Diex ! fet ele, ci n’a Ou l’avrez vous si tost — Par mon chief, tost
mie, amie, aprés vous. que nous. trovee ? vous ert moustree
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la preus, la gentiz qui l’avra. — Ou est ? — En non Dieu, vez le la, vostre bel onbre qui l’atent. »
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L’anelet prent et vers li tent : « Tenez, fet il, ma douce amie! Puis que ma dame n’en veut mie,
vous le prendrez bien sanz meslee. » L’aigue s’est un petit troublee au cheoir que li aniaus fist, et quant Ji onbres se desfist: « Veez, fet il, dame, or l’a pris. Mout en est amendez mes pris, quant ce qui de vous est l’enporte. Quar n’eüst il ore huis ne porte la jus! Si s’en vendroit par ci por dire la seue merci de l’onor que fete m'en a. »
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E ! Diex, si buen 1 assena
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a cele cortoisie fere ! Onques mes rien de son afere ne fu a la dame plesanz. Toz reverdiz et esprendanz li a geté ses iex es suens. Mout vient à honme de grant sens qu'il fet cortoisie au besoing. € Orainz ert de m’amor si loing
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cis hom, et ore en est si pres !
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[d]
LE LAI DE L’OMBRE
29
Onques mes devant ne aprés n’avint, puis qu'Adam mort la ponme, si bele cortoisie a honme,
ne sai conment il l’en menbra. Quant por m’amor a mon onbre a geté son anel enz el puis, or ne li doi je ne ne puis plus veer le don de m’amor. Ne sai por qoi je li demor : onques hom si bien ne si bel ne conquist amor par anel ne miex ne dut avoir amie. » Sachiez qu’ele n’en bleça mie
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quant ele dist : « Biaus douz amis,
tout ont mon cuer el vostre mis
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cist douz mot et li plesant fet et li dons que vous avez fet a mon onbre en l’onor de moi. Or metez le mien en vo doi.
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Tenez, jel vous doing conme amie. Je cuit, vous ne l’amerez mie
mains del vostre, encor soit 1l pire. — De l’onor, fet il, de l’Empire
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ne me feïst on pas si lié. » Mout se sont andui envoisié sor le puis de tant conme il peurent. Des besiers dont il s’entrepeurent vait chascun la douçor au cuer.
Lor bel oeil ne getent pas puer lor part, ce est ore del mains. De tel geu con l’en fet des mains estoit ele dame, et 1l mestre,
fors de celui qui ne puet estre :
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30
JEAN RENART
de celui lor couvendra bien. N'i covient mes baer de rien Jehan Renart a lor afere ; s’il a nule autre chose a tere,
bien puet son penssé metre aillors. Quar puis que lor sens et Amors
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956
ont mis andeus lor cuers ensanble,
del geu qui remaint, ce me sanble, vendront il bien a chief andui, et or me tais atant meshui. Ici fenist li Lais de l’onbre ; contez, vous qui savez de nonbre. Explicit li Lais de l'ombre.
960
VARIANTES
On ne trouvera ci-dessous qu’un choix de variantes. J'ai pensé qu'il était inutile d'enregistrer les nombreuses fautes, souvent très grossières, de D, les fantaisies individuelles de F, les faiblesses évidentes du groupe CG, et, d’une façon générale, les
leçons isolées, sauf toutefois celles de E. J'ai éliminé également les menues variantes (cette fois, y compris celles de Æ) qui m'ont paru sans portée pour le style ou la langue. Tel qu’il est, ce choix reste abondant — trop abondant même peut-être encore — mais j'ai préféré pécher par excès plutôt que par défaut. Il permettra, je pense, sans trop de peine, d’une part de mesurer le degré de confiance que l’on peut accorder à la version du ms. À, en en signalant les points faibles ou
douteux,
et, d’autre
part, de se faire une idée suffisam-
ment exacte des incertitudes foncières de la tradition. On pourra d’ailleurs avoir recours à la varia lectio complète en principe qui figure dans l'édition que Joseph Bédier a procurée pour la Société des Anciens Textes
Français, en 1913,
édition aujourd’hui épuisée, mais que possèdent toutes les grandes bibliothèques de travail. Il est vrai que cette varia lectio a besoin d’être complétée ou rectifiée par l’erratum qu’en a donné M. J. Orr dans sa propre édition du Lai de l'Ombre. J'ajoute toutefois que cet erratum lui-même n'est pas exempt d’inadvertances assez nombreuses. Toutes les leçons et variantes enregistrées ici ont été vérifiées sur les
manuscrits. Je souhaite seulement, sans trop oser l’espérer, ne
LE LAI DE L’'OMBRE
32
pas avoir laissé échapper plus d’erreurs que mes devanciers. —
Les mss. sont cités, non pas suivant l’ordre alphabétique de
leurs sigles, mais selon le groupement principe CGDFE. Les vers
1-52 manquent
dans F —
de leur parenté, en
2 ainz vuel BGE ; ains
vorrai C — 5 sont oiseus E — 6 Mes DE — 7 et en fet DE — 9 Quant ma E — 10 A direE — 11 ou il n’a CE — 12 por ran-
posne À — 14 aucuns fols CGDE — 15 Par derriere CGDE ; ce li loit E — 21 estre des bons GDE — 24 cis contes E — 25 Poez savoir B — 26 mielz valt DE — 27 que parenz ne amis DE —
30 Et qui BCGDE — 31 Mes cil qui tout gaste et tout use (tot degaste
et use G) CG ; Mes celui qui tot gaste et use D ; Sa-
chiez que tost le gaste et use E — 32 Aprés sa folie s’acuse E — 34 Se d’iluec avant CGDE ; se mesure C, prant mesure D, amesure Ë — 35 Son sens sa folie son lait B, Et fait sens et folie i (i manque G) lait CG, Son sens sa folie et son lait D,
Ses sens sa folie entrelet E — 36 le lait GDE — 38 Et por ce ai cest lai empris E — 39 mon sens desploier E — 41 de mon dit C, del delit G, d’un eslit D — 43 sa volenté m'a eslite B, sa volenté est eslite G, sa volenté m'a eslit D, la volenté m'est eslite E — 45 D'une aventure metre CDE, Une aventure metre
G — 46 qui bien nage bien rime CGD(rive)E — 48 Et au port (pont C) CG; Fox est se a la mer estrive E — 50 tens G; par tans en monte À, par tans en quel escoutez en icest conte E — 51-52 intervertis dans ferai E; s’aucuns ne m’encombre BE, se nus ne
Or poés par conte C; Or B — 51 Que m’enconbre
CD; se anuis ne me conbre G — 52 Que j'ai fait de cest lai de l'ombre B; Et(Que
G) je faich chi le lait (lai G) de l’onbre
CG; En ce dit que j'ai fet de l’onbre D; Et dirai ci du lay de l’onbre E — 53 Ez vous c’uns bons chevaliers B; En (Or G) se dist ch’uns chevaliers CG ; Ge vos di c’uns chevaliers D; Jadis un frans chevaliers F; Ci dit que uns chevaliers E — 54 De cele marche d’Engleterre À — 57 Percois B, Artois C, Pierchois G,
Pertois D, Persois F, Perchois E — 62 Mes ains ne pou savoir son non B; Mais je ne sai mie son non CG ; Mais ge ne soi on-
VARIANTES
33
ques son non D; Mes je n’oï onques son non EF — 64 Hennor et largece (Largesce et honnour F) et sens ot (l’ot F) DF —
69 trouvissiez pour sa preuesce BE ; tropuissiés ne de richeche C; Nel (Ne D) trovast nus por (de D) sa proece DF — 75 Parler
que (que manque C) durement nel (nel manque E, ne l'en C) prist CGDFE — 91 Qu’il estoit (Que il D) estoit qu'il en fust deuz BCGDE ; Qu'il ert d’armes qu'il en fust deus F — 92 che-
valier (chevaliers GF) ne fist Diex GDFE — 93 Si peneus B, Si preus (preu GE) d’armes conme CGDE, Plus jolis d’a. qu'il F — 94 Che n’ert pas chieus qui ostoioit C, Ce n'iert pas celui qui D, Ce n'iert mie cil qui F, Ce n’estoit pas cil qui E —95 en ivier GDE, en l’iver F — 98 Tous jours vaut avoec li avoir CG, volt D, Adés vault entour lui avoir F, Et tot jorz voloit il avoir EË — 102 quant liu eüst CG ; Le d. d’ois. que lui plut D; quant
(qu’en
E)
li leüst FE
—
103 despris GDE
—
108 de
cors et biaus et gens BE ; de cors et bras gens G ; Quar il estoit et beaus et genz D; Biaux fu et de bras et de cors gens F; cf. vv.
382-83
loiaus F — bon point 115 Qu'’ele avoir E — CGDFE —
—
109 et larges et isniaus CG, et courtois et
112-114 Amors qui est et dame et mestre En ce li corut seure Que ele en velt estre au deseure E — en v. avoir CFG, Qu'’ele volt avoir D, Et si veut 116 qu'il ot eu BCGDFE — 118 N’onques serviche 119 ne li fist CGDFE — 125 conme sot À — 132 Or
li convient CGD, Or li estuet FE — 134-135 manquent DF — 134-135 De maintes s’en estoit partis (parti E) Ses cuers (Son
cuer E)CGE — 141 La grant biauté de E — 147 qui la connoissoit DF, qu’il la connoissoit E — 148 C’onques CGFE — 152 Ha fet il AB; tante (tant B) aversité AB, tant kierté C, tant iureté G ; tant DF, tente E — 156 desaamé CGDE, mesaamé F
— 157 Fet cil qui d’amors ert seurpris E; sorprisD — 158 en tel point pris FE — 162 dist ACGF ques DE; mes entre si CG, nus hom en si cruel FE (einsi) — 167 se (que CGD, s’el n’est amie FE — 171 mon mal alaschier DF(alegier) E — 175 De
— 164 Onques CG, C’onainsi cruel D, mes hom G) n’est (n’ert CG) amie cuer alasquier CG, mon lor dame DFE — 177 en-
tor le col DE — 187-188 manquent B — 191-192 manquent
34
LE LAI DE L’'OMBRE
ABF — 194 Elle averoit trop peu de sens CG, Qu’elle avroit bien perdu son sens F; Il i avroit E — 195 morusce CGF, morisse DE — 196 que je seuisse C, que son cuer seusse G; Bien croi que en son cuer deusse F — 197 Pitié et douchour CGDE; Pitié trouver par ses douz iex F — 198 me (m'i F) vauroit miex CGFE, me venrroit D — 204 ai parole atrete E — 205 se d’aler la non E — 209 N'’en quier DE ; por destreche CGE ; departir par destrece DF — 217 Celant son penser et sa voie CG,
cf. v. 223; À son penser et a sa voie DE; À ses
amours et a sa joie F — 218 S’envoiseüre oste F — 219 Ses compaignons de son p. F; De la voie et de son p. E — 222 dist ACG, Or dit D, Dient F — 223 En son penser (voyage G) et en sa voie CG, cf. v. 217; Celant son penser sor sa voie D,
et sa joie F, et sa voie E — 226 qui i m. B, qui les m. CGDEF — 230 Fors por CG, Com por FE; Tant con il fait par ses eürs D — 231 L’eüst (L’avoit DFE) encor si haut monté CGDFE ; L'avoit B — 232 de la bonté C; de sa biauté D: de sa bonté E
— 233 De (A D) la dame qu’il va veoir CGDFE cil DFE;
vous devriez avoir E —
— 234 Font
240 Et (Or F) sachiés bien
font il (de voir F) se ele CF; Or tost dient il car (certes font il D) se (que D) ele GD — 244 à daire C, à dire G, arriere D, aaire F, aere E — 245 Or seignor (seignors E) or tout b. CGE ;
Or seignor trestot b. D; Biaux seignor or tout b. F — 248249 11 (Qu'il F) n’en est (n’est C) nus (uns F) dont j'aie (ai G) envie Des (De C) castiaus CGDFE ; se de cestui DE, se destui
B — 253 Si comme
est qu’en f. E — 256 a son direE — 259
Fors por oïr mon E— 263 Trespasser n’en chemin n’en (ne G) voie CGD — 264 Bele dame qu'il ne la (le CGF) voie CGDFE — 269 ch. la teste (les testes D) du (le G) destrier CGDFE —
270 Aus dames ch. CGF ; Lors dames ch. D — 217 A tel voiage tel jouvent (jouant G)CG ; A tel voiage tel chançon F; A tel voiage tel tençon E; manque
ainsi que 272 D — 274 un nou-
vel baile DFE — 276 Li sire avoit devant lui mis CGF; devant son vis AB
— 278
Et sourcot d’ermine CGDE ; molt bel DE:
Et s’ot surcot fres et nouvel F — 279 De soie en graine bien (mit G) goutex CG; De soie en graine et chascuns d’els D;
VARIANTES
35
d’escarlate et de vairs entiers F — Les vers 280-283 manquent dans AB; la leçon imprimée ci-dessus est celle de E — 280 Et por veoir (voir G) savoir (faute pour s’avoit) chascuns d’iaus
CG ; Moult vestoit tout jours volentiers F — 284 que je fuisse mieus C, qu’il i fussent meus G, comment il fust mieux F, comment fussent miaus E — 286 nu lieu À — 289 Aus estres
AB, As destriers D — 297 La dame ainz en ot grant merveille DE, Ne ce n'iert mie de merveille F — 305 li qu’en son encontre G, li ot sens encontre F, li si com l’en conte £ — 308
ele puist (peust Æ) venir CGE — 309 De la cambre (la sale F) 1 (il C, u G) sont cil (il CE) entré CGDFE — 311 de sa venue E — 312 ele est venue (issue F) CGDFE — 316 miex d’une B,
plus d’une CGDFE — 323 Que n'est BGD, Qu'’el n’est E — 331 ne if. CGDFE — 333 Avoec aus de ses d. C, Avuec soies dam. G, Avuec.Il.gentix d. D, Aveuc.Il. sages d. F, Avecques ses .II. d. E — 334 il delitoient a C, En qui se delitent a G, il se deduisent DE (-uient), Çou qu’il entendirent a F — 336
Lor bons sire ne p. (n’entendi F) DFE — 337 A jaus et (ains GF) bec a CGF/YEnçois
—1339par parole CGDFE
—
343 Les eulz E — 346 ot E — 350 douce amie chiere CGDE
béeaD
—
351-352 manquent F —360 Que por ce À, Por cho... ichi G —362 Que gentilises et À ; Vir se gentilleche et C ; Et gentilleces et G; Que gentillece et D; Et que jentillece et FE; manque B — 370 veoir lundit (lundi CG} ABCG ; Dame fait il se diex m'aïst D ; Foi que je doi saint esperit F; Molt me mer-
veil dont si fet dit E — 373 que dame qui DE — 376 Aprés li dist CG, Enprés a dit D, Fet ele aprés F, Puis Li a dit E; par molt hom
beau sens DE — 378 Que si fais hom G, Que si biaus Æ — 382 de cors et de mains CGDE — 383 De bras et
CGE, Et de braz D; Et de cors F; et de tote rien DF — 385 et par latrere B; Par parole et par oeil (l’uel GD) traire CGD;
Une plume traire par l’ueil F; Par parole parmi l’ueil trere E —
386
La penne
a che que je (ne G) voeil faire CG; Et ce
quidier que je mains vueil F; La plume et ce qu’on ne doit fere E — 387 por verité G; Faire entendant par verité F; Fere a entendre par verté E —394 S’un autre DE; li m. ACG — 398
36
LE LAI DE L’'OMBRE
Lors li F; Ainz li DE — 403 vostre parole a vos CGDFE ; a vos dous (.II. G) CG — 404 orains mieus CGDFE — 406 Et bien
sachiés CG, Or sachiez bien DFE — 408 Certes l’eure (Quar tres l’eure DE, Quar puis l’eure F) qu’il (qui C, que D) primes
premiers CG) virent CGDFE — 412 dame dame na gentilisse B — 413 a asaiier CGDFE DE) anchois un CGDE, .. cois un F, début — 422 que vous i avés CDE — 423 Fet ele 426 en autre sens CGDFE
CGDFE
—
Les
vers
vo gentelise À, — 416 Et (Quar du vers illisible vos en fet E —
— 427 Noté (Tourné
429-433
se présentent
C) folement
dans E sous
la
forme suivante : I] m'en pesastjadurement ; Mes il avient assez sovent, Quant aucune dame vaillant Fet aucun chevalier semblant De cortoisie et d’ennor fere — 445 com j’estoie CGDFE — 447 K'il (Qui G) saiche de qui (cui G) il se fait CG ; C’on se
jut (ou peut-être vit) a qui on le fait F; Qu'il se vant de chose qu'il n'ait E — 448 Or ne set il n’en (ne C) dit ne fait BCG; Or ne set en dit né-en f. D ; Or ne voit cil F ; n’en dit n’en fait E — 450 A (Au GE) mains ne (n’en D) doi (puis Æ) je (doie
CG) pas venir CGDFE — 453 je n’en dout mie CGDFE — 462 manque C ; Ja ne cuic mais que nus m’anuit G ; Ne qui ja mais qu'ele m'aïst D; Ja mais ne cuit qu’il m’en anuit F; Ja mes ne
cuit que m'i anuit EË — 464 Itel pl. BCF — 466 En faissant .I. petit risset C, En f. un petit ris je G, En f. un petit congié D, En f. un petit ditié E, En f. un petit ris gié F — 469 que ce est gas (a gas CG) ABCGD; Puis que voi que n'est pas a gas E, Quant Jj'oi que ce n’est pas a gas F — 472 En n. Dieu (Dieu manque D) nes (ne B, nai F) se vous f. BDF; En n. D. fait il
se f. CG; Certes dame
CGDE
se vos f. E —
474 Bele douce dame
— 475 je (jou G) entremetre ABCGDE
— 476 Que
qu'il puist dire E — 478 Que ja (Que il ja D, Qu'il E) en doie (doie ja E) joie avoir CGDE ; A enterine Joie avoir F — 483 Li mouille CGE — 487 L’en souvient il CGDFE — 488 Certes
s’ele plorast avec E — 489 La dame mit par fesist (moult feïst grant FE) bien CGDFE — 493 Que ge ainge (ainme E) vos ne autre home DE, Certes que j’aim ne vous ne F — 494 Car j'ai mon seignor mon preudonme CG ; J'aime mon s. mon pr. D;
VARIANTES
37
Que j'ai mon s. moult prodome EF — 497 Par foi mit en doit estre liés CG ; De ce doit il estre molt L. E ; Certes ce F — 498
Se gentelises et AB; Mais se gentilleche et CGF; Se gentillece et D; Et gentillece et E —
502 Aiïins feriés au CFE; Ains me
feriés au G; Ainz en feroit au D — 505 En manque E — 507 s'iert plus (molt C) lait CGDF; c'est plus lait E — 508 ne m'i FE — 511 manque ABCG, qui ont, apres 512, le vers suivant Se vous de moi merci n'avez — 513 Gardez nu fetes mes E — 515 Recevez moi DE — 517 Ou vous retenez un BCGE, Ou
vous en prendez un F — 518 qu’il n'iert biens EF, Quaril est cortoisie et biens D — 521 je n’en oel CG; Vostre (Vos F, Vo E) doz 523 ostagier DE, estanchier F — 524 Car je sui sous (sor G) vostre CG;
face E — 522 Vo douch vis vo (et vo FE) DFE — Je ai touz caus vostre B; Ge met tot en vostre D;
Que vous avez tout sans dangier F'; Je sui toz en vostre E — D27FPetl"damele IoX"sanz preu E=#529 Etrc’est D} F As sible — 531 Se'je vous CGDFE — 535 du blasme E — 538 lessiez ci morir B, laissiés or m.CG — 542 Vous en couvient CG — 543 De moi en AB — 548 ce que ne veult F — 549 et s’en ot
(s’en a F) DFE
— 550 Car n’i entent point de pitié (faintié
G) CG; Quar ne tient faintié E — 551 As s. (l'en C) vient (vinit ABCG — 562 De celui
mie n'as C) DE
de faintié F; El ne le tient mie a L CG — 555 s’el n'a DFE — 557 li a CGDFE — 562-565 manquent — 566 en tant maint (mal C) be-
soing ABCG —567 À esté voiseuse (wiseus C, viseus F) et CGFE; À esté cortoise et D; et soutive D; et soutille E —
568 Entrus que estoit la gentille E; la gentil D — 569 El penser de la u estoit CG; El grant penser ou el estoit DE; El penser ou elle entendoit F — 570 Il a trait l’aniel de CG; Cil trait err. DE; Trait cil err. F — 571 Erraument
si CG — 572
De che fist il que mit grant bien CG; Aprés a fait ausi grant sen D; Puis (Si F) fist aprés un greignor sen FE — 573 Qui li
desrompi (Qu'il li rompi lués F) son penser DFE — 575 qu’ele avoit el (en G) doit CGDFE — 576 qu’ele ne s’en gardoit E — 580 Lors se CG, Si s’en part D, Cil se E — 582 set la reson E — 583 Por quoi il se (s’en E) depart ainsis (issis £) DE, Pour-
38
LE LAI DE L'OMBRE
quoi il s’en aloit ensi F — 584 Il fu s. E — 585 Venuz est al cheval DE ; Venus est a son ch. G. — 586 A cele B; Dist celle (ele G) CG; Fait cele DFE — 591 mains cors d’un AB — 594 s’or m'i (me F) DFE — 597 meins croire £ — 600 conseut
sainz esperiz AB, c. li sains espris CD — 601 Ja por ce n'i DE, Pour ce ni perdist il ja r. F — 606-608 Tous li sans jusqu’el doit mamel (manmel E ; jusques el cervel D) De son pié li esvanuy
(Et jusques as piez est li vis D) N’onques mais sine s'esbahi DFE — 610-611 La faiche qu’ele avoit vermeille Li devint (L’en devint DFE) trestoute (la faice toute C) enpalie (espalie G) CGDFE — 613 Je voi ci l’a. E — 615 Queje CDE — 616 Cestui ce fis mon et que doit (mon orendroit E) DFE — 622 qu’il mesprist B; Diex com fuisse (conment fusse G) ensi (manque G) qu'il li mist CG ; Diex (Mais F) conment fu ce qu’il me prist DF; Diex conment est ce qu’il me mist E —
623 À ce que je fui (sui GDE) si sousprise (soutise E) CGDFE — 626 que c’est nres amis Ë — 627-629 Ce fera mon gen’en dout mie Dira il voir sui ge s’amie Nenil por noient le diroit DE ; Dira il voir sui je s’amie Ensi dira je n’en dout mie Mais
pour noient voir le diroit F — 645 d’un sien afaire EF — 647 vostre volenté CGFE ; vostre voloir D — 651 De celi (celui F,
celeDE) CGDFE
1656
Qu'il H est tart (moult
1n'a pas ain(le tart F) que
mes DE
661
il (qu’il F) la voie DF;
Qu'il tarde cele qu’el le voie E — 664 com il fust ore liez E —667 Qu’ele (Qu’el ne E) li DE; Que nel remant pour l’a. F — 671 Fait il envers (vers F) moi DFE; de cele (de cest D, d’une tele F) oevre CGDFE — 673 il ert DFE — 674 manque E — 677 Estoit et seur li (lui F) desfendant FE; Estoit
envers lui d. D — 686 nel li lairai pas G; ne li leréje pas E — 688 menré desor ce puis E — 690 S'il le veut AB — 691 J'en B; Jou emprenderai (en prendrai G) ja la p. CG; Ja n’en repranrai la p. D; Tost l’en repenrai sa p. F ; Je rompré molt tost la p. E — 694 Ne en tel liu ou (que G) on le voie CG; Ou dont en tel leu c’on nel voie DFE — 695 Ou dont el puch
n'est pas m. CG; Ert ce el puis n’est pas m. D; Droit en cel puis n’est pas m. F — 696 Ja plus n’en ert CG; Puis ne m’en
VARIANTES
39
ert D; nes (manque G, ne DFE) que d’un (de E) songe CGFDE — 701 Et par (por D) DE — 704 Il avroit E — 712713 n'ont nule asme De l’oster AB — 714 Che (Cil G) dist — 719 Qui molt li touche (torne G) poi au
CG ; Fait il DFE
cuer CG; Qui molt poi li touchent au cuer DF — 722 Or n’est il riens qui (qu’il C) CGDFE — 724 Or cuide bien par son anel E — 725 Avoir et s’amor et sa g. E — 726 Il n’est encor ABE ; preu en la trace E; Mais il n’en est pas bien aisse (bien en nasse G) CG; Mais il n’est pas encor a ce F — 732 queje tieng ci FE — 733 le me donastes ore CGE; le lessastes vous ore F — 734 En mon doit si ferai je encore F — 735 Se Dieu plaist quant je m’en irai F — 736 Je le vous doins ce saciés vous CG; Gel vos dorroi tot a estrox D; Dame
fet il si vous
dirai F; Si vos dirai E — 750 n’en estes pas (mie C) en CGE —
752 que vous l’aiiés CGDFE me tenrés CDFE
— 753 voeil mie CGDE
— 754
— 758 voudroit À ; Mes en nondroit B; vos
pris CG ; Miels en vaudroit D ; Moult en vaudrait ja mieux mes prise
=s759)Serc'ertiE
quete
onCGEs=-$763
Aves vous
dont CG; Avez en vos D; Vous n'i avez F; Avez 1 vos E — 768 Il n’i a voir fors del reprandre DE — 769 el retenir GDFE
— 773 la cuisse CGDFE — 774 tel angoisses B ; tant d’anguisse CG ; tel anguisse DFE
—
777 che dont il (dont on DE)
estre au (el G) deseure CGDFE Forche
d’amors
me
keurt
puet
— 778 Trop me cort BGDE ;
trop seure
C; Trop durment
me
queurt amours seure F — 780 Car n’est cose qui Vous conteche CG; Ja mar baeroit en destrece D; Ne ja mar baerez a
ceste (a ce E) FE — 781 Que je nel (ne G) faice ains que je (jel G) prengne CG ; Nule de moi que D; Por riens du mont
que je le prengne F — 784 Ainz l’avrez E, Ains l’arez vous F'; et si avrai AB, et vous donrai CG, et ge larai DF, et si vos lerai E —
786 Si n’est D; Qu'il n’est FE et ma finité D ; et m’amisté F — 792 Me faisiés ja vo (vostre G) anel (donques F) vers moi mesprandre
— 791 et ma seürté CGE;
vous outre ma FE — 793 prendre CG; Volez ore DF ; Me volez fere a vos
mesprendre E — 795 Si fet non fet E — 798 par force CE — 803 naje douche amie CF; naje voir douce amie G; naje
40
LE LAI DE L'OMBRE
(nenil E) voir amie DE — 809 por conforter FE — 812-813 manquent CG ;812 manque E — 814 Il m'est vis que E — 815 Dist elle CG; de Renart E — Dans F les vers 814-815 sont ainsi conçus Ha dame mais vous estaigniez La dolour qui m'’esprent et art — 816 Ains me lairoie a une hart CGDF — 817 Lacier
BE ; (a une
hart) Pendre
(Prendre
G, Lacier D,
Rompre F) le col CGDF — 819 qu’au (qu’el F) reprendre DFE — 822 Que por parole que je die E — 826 Et proier que vos le (que le E) prenez (reprenez E) FE — 827-828 manquent
F — 828 il en Dieu amor (enmor D) CGDE
— 831 et anieus
CG ; ou a jengleus FE —832 de ces jeus CE —837 En vole c’est par trop destroit G ; E. s. certes trop est destrois C ; ce par est trop destraint (estraint E) DE ; ce qui est plus estroit F — 838 s. est trop estraint D; siataint E — 843 ma gentix dame DFE — 847 u qu'il ert CG; S’ert il siens ja vaé n’en ert D ; S’iert siens l’aniaux (Si ert il siens E) la ou il iert FE — 850 N'est pas
sages AB — 851 Ne fet au voloir de $’amie E — 854 Ains doit CG ; Si doi DE; son af. CG, cest af. F — 858 Il n’en nonma
mie par non CG; Ne l’apela pas D; Ne la nonma pas F; Il na noma pas Ë — 859 Ains a dit CG; je pr. E — 866 N'est envielliz E — 868 Tot en prenant E — 873 de vo biau doit E — 876 Mais il a fait un molt grant bien C ; Mais il en fist un molt
grant sens G; Ainz fist aprés un grangnor sen D ; Mais il a fet un autre sen F; Mes il fist un plus greignor sen E — 877 Dont molt grant joie li vint puis DFE — 881 L’aigue qui ert et bele et AB; De l’eaue E — 883 qu'il (ki G, que E) plus amot CGDFE — 885 je n’en reprenderai À; je ne le retenrai BCG; Je ne l’en reporterai F — 886 l’avra ma tres douce CG; l’avra ma dame m'amie D; l’avra ja ma E — 887 j'aim mielz aprés DE — 890 En non Dieu ja vous CGDE ; Molt par tans vous sera m. F — 894 l’aniel li rue et il le prent CG, et il li tent D;
Il prent l’anelet si li tent F ; L’anel a pris et si li tent E — 901 Vez dame fait il or DFE — 902 vos pris CG — 904 il manque BD; n’eüst or ne huis CGE; n’eüst il ne huis F — 908 D. com bien (boin G) CG; si bien D; si buer E; D. tant bon y F —
910 N’onques
CG;
C’onques DE
— 913 el siens E — 915
VARIANTES
41
Qui fet BCGFE ; Et dit la dame par besoing D — 927 N'’onques C ; C’onques GFE — 929 ne doit CE ; Que miex deüst G; Nus ne doit avoir mielz amie D; Ne si bien doie F — 930 ne bleça B ; nel (nu E) bl. CE ; Qu'’el ne le blece F — 932 Tout ai en vous le mien cuer (mon cuer el vostre G) mis CG ; Tout ont vostre cuer (vostre cuer ont E) el mien mis DE — 937 je vos E — 938 Je cuide (Je croi G) vous (que vous G) nel (n’en G) hairés mie CG ; Je croi D, c. vous ne l’avrez mie E —
940 manque B — 943-944 manquent G — 946 n’en gietent E —
947
Lor
partie c’est or (ore G) del (des G) mains
Lor part del deduit du mains Æ —
951
CG;
c’est du mains F; Lor parole ce est Dont
il lor covenra
molt bien DE ; Des
autres lor estut il bien F — Pour la fin de CG, cf. ci-dessous; la fin des vers 952-954 est illisible dans F, on ne distingue que les débuts N’en couvient pas pa.., Ci le lairai a lor.….., Se... nul — 952 mais parler de rien D, mes penser a rien E — 953-954 Mais aut chascuns a son afaire Se il a autre chose a
faire D — Après 954, F a deux vers supplémentaires Je puis bien ces lay ci fenir Ci les lais andeus couvenir — 955 Si metrai mon penser aillours F — 956 Puis que lor sens et lor amors AB; Que puis que E — 957 Et qu'il ont mis lor cuers (cuer B) ensanble AB; ont mis andoi lor D; À mis lors cuers
andeus ens. F — 959 Ne covient pas ci a parler D —960 Ge vueil ci mon
conte finer D: Or le lairai atant mes
hui F; Et
or s’en taise atant mes hui E — 961-962 manquent DF. Pas d’explicit CE; Chi define li lais de l’onbre de l’aniel
G ; Explicit DF. Voici le texte de CG à partir du vers 952; les vers ou les mots entre crochets ne figurent que dans C : N’en couvient ja penser de rien [Car puis orent il mout boin tans Et mout s’entramerent tous tans. Ne vaurrai plus lonc conte faire] Jehans Renars a lor afaire; S’il a nule [autre] chose a faire, [Il le fera sans nul contraire ;]Bien puet son penser metre aillors. Contés, vous ki savés millors, Car de cestui plus ne dirai. Quant lieus
42
LE LAI DE L’'OMBRE
en ert, s’en (si G) parlerai De la boine vie k’il orent. Quant
boin lor fu et il lor plorent, En grant joie [et] en grant deduit Furent sovent et jor [et] nuit, Et [les] tornois souvent antoit (hastoit
G) Et l’ounour
de tous
en avoit.
Bien
le savoit
sa
douche amie Ki mout en ert joians et lie, [Car il estoit plaisans et dous Et se faisoit amer a tous.|
NOTES
15. Pour la valeur de par droiture et de devoir, cf. Cleomades 2406 : « Mout crueus et fel estoit, Sa façon par droit le devoit » et la note d’A. Henry à son édition. 22-24. Le conte en question n’est autre que le roman de l'Escoufle, de Jean Renart lui-même, où on voit en effet le
héros mettre en pièces l’escoufle, cause initiale de tous ses malheurs, v. 6770 ss.
35. S1 fait repartir la chaîne des hypothèses ; la principale n’arrivera qu’au vers 37. 43-45. Vers quelque peu obscurs. Mot à mot : « Ma volonté a été choisie en vue de réaliser un travail qui me plaît, à savoir mettre en vers une histoire, une aventure. » Le Lai de l’ombre
pourrait donc être une œuvre de commande, sans qu’il soit nécessaire que le sujet en ait été fourni par le destinataire (en l'occurence l’eslit du vers 41). Mais la formule Ma volentez est quelque peu étrange. L'auteur veut sans doute dire que c’est une joie pour lui de constater que le souhait de son protecteur se trouve conforme à ses propres goûts. Sur ce passage, on pourra voir L. Foulet, Romania 51 (1925), p. 102103. 46-49.
Nouvelle
difficulté.
Le texte de AB
ici conservé
peut se comprendre si on admet qu’il y a jeu de mots sur rimer, pris à la fois dans le sens de « rimer » et de « ramer » ;
44
LE LAI DE L’'OMBRE
dans ce cas, le vers 47 reprend « qui bien nage » et le vers 48 «et bien rime »:le bon navigateur et le bon poète ont droit, tous deux, à l’estime des rois et des contes. Le jeu de mots se retrouve dans les derniers vers du Roman
de la Violette, de
Gerbert de Montreuil (dont on a pu dire qu’il donnait l’impression de savoir par cœur notre lai): « Gyrbers de Mosteruel define De la violete son conte; N’en velt plus faire lonc aconte ;Tant a rimé qu’il est a rive », c’est-à-dire : « Il a telle-
ment ramé (et rimé) qu’il a fini par aborder au rivage. » Les mss CGDE
n’ont pas et au vers 46 ; dans ce cas, il faut faire de
qui bien nage bien rime une sorte de dicton (donc, à placer entre guillemets), développé lui aussi par les vers 47-48 : le sens est à peu près le même; cette interprétation est d’ailleurs possible avec le texte de AB : il suffit de voir dans et bien rime la principale, introduite par et (construction bien connue), de qui bien nage. — G. Paris corrigeait qui en que au vers 46, Schultz-Gora au vers 47 : ces retouches paraissent inutiles. — La métaphore qui consiste à comparer le travail de l'écrivain, parfois du scribe, à une navigation plus ou moins périlleuse est banale; elle remonte à l'antiquité, cf. E.-R. Curtius, Europaische Literatur und Lateinisches 1948, p. 136-138 (Schiffahrtsmetaphern).
55. Cf. ce début
du Contes
Mittelalter,
Bern,
des biraus, de Baudouin de
Condé, v. 4-5 : « Ere en la marche de l’Empire D’Alemaigne et de Loheraine. »
57. Le flottement de la tradition manuscrite ne permet pas de décider avec certitude quel était le nom géographique dont l’auteur avait fait ici le choix. On a proposé (Orr) Perchois et compris
le « Perche ». Mais outre que, dans ce cas,
l’expression serait banale et gratuite, je ne sache pas que le Perche ait Jamais été désigné ainsi. Bédier lisait Parçois, comme
avait fait Fr. Michel, et mettait, prudemment, le mot
en rapport avec le nom de la commune de Percey, à quelque distance de Dole. Il se fondait sur un passage du Guillaume
NOTES
45
de Dole (v. 657-674) où le même terme réapparaît (le ms porte d’ailleurs Perchois) dans le bref et allusif récit d’une aventure amoureuse que Bédier attribuait au héros du roman, à savoir Guillaume; il lui avait donc paru naturel de placer cette aventure dans les environs immédiats de la résidence dudit héros. Mais il est à peu près certain, comme nous l’avons dit dans notre introduction, que les vers du Guillaume se réfèrent en réalité à notre Lai de l'ombre, conformément à une pratique dont Jean Renart donne ici même un autre exemple (v. 22-24,
rappel de l’Escoufle). Nous
sommes
donc ramenés
au seul texte du Lai. Compte tenu de l'inspiration « champenoise » d’une bonne partie de l’œuvre de notre auteur, on adoptera donc la solution proposée jadis par Servois et P. Meyer, Partois ou Pertois, c’est-à-dire « le pays de Perthes »
(dans l’actuel département de la Haute-Marne). Ajoutons que l'extrême précision de ce détail géographique ne laisse pas, sans doute, d’être agrémenté d’une certaine touche d’ironie; outre que le Perthois, petite région vraisemblablement peu connue, ne pouvait guère être identifiée que par les initiés du cercle auquel
l’œuvre
était destinée,
on se rappellera qu’il
n’y a pas loin de Châlons (sur Marne) à Perthes, et que l’éloge hyperbolique du héros voit ainsi son éclat quelque peu terni. Cf. encore p. XV de l’Introduction une autre raison en faveur de la lecture Pertois. 62-63. Affirmation outrancière et plaisante, qui a de plus pour l’auteur l’avantage de le dispenser de donner un nom à son héros et, par suite, de trop particulariser son récit. Il en sera de même pour la dame, et le lecteur pourra ainsi choisir (ou, s’il le préfère, rester indécis) entre deux interprétations du conte: aventure réelle — prétendument réelle, bien entendu — ou bien récit exemplaire, didactique, si l’on veut :
leçon d'amour à l'usage des jeunes conquêtes et des dames du monde qui tendance, pour leurs amoureux, à se prestiges d’une vertu trop austère. Peu
chevaliers en mal de auraient une fâcheuse laisser tenter par les probable, à mon sens,
46
LE LAI DE L'OMBRE
l'hypothèse de Mm€ M.Picchio Simonelli, Cultura neolatina, 35,975); pa
72-73. Éloge à première vue surprenant. Notre héros appartenait sans doute à ce petit monde de « chevaliers tornoieors » qui, sous le faux-semblant d’un pseudo-amateurisme,
couraient les tournois et tiraient de substantiels revenus de leur habileté aux armes. Toutefois, et c’est ce que signifie sans doute
le v. 73, notre
personnage,
quand
il avait mis, après
l'avoir vaincu, quelque adversaire plus riche, mais plus maladroit, dans l'obligation de se racheter, lui, son cheval et ses
armes, notre personnage donc abandonnait volontiers une partie de ses gains aux chevaliers plus pauvres qui avaient pu se trouver malchanceux, quoique méritants.
77. Bien a certes. L'verprétation de Bédier : « Jamais il ne s’en prit sérieusement à aucune femme sans en être aimé » est évidemment la bcnnt malgré M. Limentani, qui objecte que l'Amour reprochera justement à notre chevalier de l'avoir négligé. Mais ce que l’Amour reprochera à notre héros, c’est de n’avoir jamais aimé du fond du cœur, non point d’avoir été un coureur de femmes opiniâtre et heureux. 90. mencé
Il semble bien, en effet, que les tournois aient comde préférence le lundi; :e souhait, ou le regret, du
chevalier de Jean Renart est donc analogue à celui de nos écoliers de naguère qui se lamentaient de ne pas connaître de « semaine des quatre jeudis ».
102. «S'il arrivait que cela lui plût, quand cela lui plaisait »; la remarque est destinée à souligner le caractère de fantaisie capricieuse et primesautière du personnage. La leçon leüst de E me paraît une platitude. 108. A propos de cet éloge, cf. le compliment que la dame adressera plus tard au chevalier, v. 382.
NOTES
47
147. Bédier a coupé Qu'i le c. et interprété le comme un féminin renvoyant à la dame ; ; désignerait le chevalier. Sens: « Amour a dressé au chevalier un piège d’autant plus adroit que le chevalier connaissait bien la dame ». Cette interprétation, qui est celle de E (qu'il la) est possible. Cependant on notera que ABCGDF ont tous qui (et non qu’il). La bonne leçon semble donc bien qui. D'autre part peut-on dire que le chevalier connaissait
bien la dame ? Celle-ci, en tout cas, ne
le connaissait que de réputation (295) et il semble que la rencontre rapportée par le lai soit la première de nos deux personnages (556). Autrement dit, le chevalier ne pouvait guère connaître la dame que de vue. Mais il n’y avait pas là une vraie difficulté pour l’Amour « qui connaissait bien le chevalier », c’est-à-dire qui connaissait sa nature inflammable
et qui pouvait ainsi lui tendre facilement le piège où il devait tomber. Dans ce cas, on peut garder le texte de À : qui renvoie à Amour et le (masc.) au chevalier. Il est vrai qu’alors de tant (146) semble rester en l’air et ne pas être suivi de la corréla-
tive que l’on attend ; on peut suppléer à ce défaut en lisant C'onques
au v. 148, avec CGFE ; ou, mieux
à mon
sens, en
considérant que de tant n'annonce pas quelque chose qui devrait suivre, mais renvoie à ce qui précède : « Voilà le piège que lui avait tendu l'Amour qui connaissait son homme, et il est bien vrai que notre chevalier n'avait jamais vu...» 184. Cf. Morawski,
Proverbes,
1522 : « L’en ne peut rien
prendre ou rien n’a.» 191-192.
Absents
de AB(F),
ces
vers,
comme
l’a noté
Bédier, sont manifestement nécessaires si l’on ne veut pas faire dire au chevalier une absurdité, à savoir « que l'Amour lui garde la vie avant qu’il ne meure ». 197.
CGDE,
mais non pas F, contrairement à la note de
Bédier, intervertissent douçor et pitiez.
216-223. Le texte de ce passage pose quelques problèmes. Au vers 219, E et E seul (F a une leçon aberrante, mais qui
48
LE LAI DE L’'OMBRE
semble
confirmer
penser;
cette
ABCGD)
donne
lecture est tentante,
De
la voie
et de son
si l’on pense que l’auteur
joue sur le couple penser, voie, cf. 217 ; mais dans ce cas, on
attendrait De sa voie...; de plus, avec cette leçon, les vers 220-221 apparaissent comme une redondance peu heureuse. Avec
la leçon
commune,
au
contraire,
nous
retrouvons
le
couple penser, voie de 217 développé en quatre vers : 218219 correspondent à penser, 220-221 à voie. — Au vers 223, le mot-rime est joie dans ABF (avec une variante absurde chez ce dernier) et voie dans CGDE
(mais avec une permuta-
tion curieuse des vers 217 et 223 chez CG). La leçon de DE (et sa voie) a l'inconvénient de répéter une troisième fois, sans nuance supplémentaire, ce qui a été dit aux vers 218221; joie, par contre, convient au vers précédent (222), où il
faut voir sans doute une sorte d’excuse, un prétexte plutôt, que le chevalier présente à ses compagnons pour expliquer la sortie quelque peu inattendue à laquelle il les a entraînés (v. 212-213);
il s'agirait, selon lui, de donner
libre cours à
une certaine exubérance juvénile (a grant rage) qui se traduit par une galopade, en apparence sans but précis, à travers la campagne. Tout compte fait, la leçon de À apparaît ici nettement meilleure que celle de E. 249. Cesti est à comprendre comme un masculin (ou bien renvoie à citez ?)
270. Aus
Les
armes,
mss s'opposent ABE; As dames,
ici d’une façon CGDF.
«anormale »:
Bédier et Orr ont tous
deux abandonné leur modèle, À pour Bédier, E pour Orr et adopté la leçon de CGDF, sur le vu d’un passage du Guillaume de Dole,
223:
Ça, chevalier,
as dames.
Mais rien n’oblige à
penser que notre auteur ait utilisé deux fois la même plaisanterie, et, s’il est vrai, comme
le dit Bédier, que des copistes,
intrigués ou gênés par l’expression, ont pu corriger As dames en Aus armes, il n'en est pas moins vrai que d’autres copistes ou d’autres lecteurs, qui connaissaient le Guillaume de Dole,
NOTES
49
ont pu remplacer Aus armes par As dames. I convient donc de garder ici le texte de À, qui d’ailleurs fait figure lui aussi. Je me permettrai de citer à ce propos, malgré l'écart des temps,
Stendhal,
dans Le rouge
et le noir.
Au ch. V de la
partie I (p. 25 de l’éd. Garnier), Julien Sorel, dans des conditions quelque peu différentes, il est vrai, s’écrie au moment
de
se rendre pour la première fois chez M. de Reynal : « Serai-je un
lâche? se dit-il. Aux
armes!»
Et plus loin, I, ch. xiii,
p. 324, quand le même Julien se décide à faire copier la lettre d'amour que lui a envoyée Mathilde de ia Mole et où il croit voir un piège, nous lisons : « Aux armes! s’écria Julien. Et il franchit d’un saut les marches du perron de l'hôtel. » 276.
Nous avons abandonné
(piz) de DE
(CGF
la leçon vis de AB pour pis
ont une leçon aberrante) ; le manteau, qui
est en fait une sorte de pélerine ou de cape, dont il est question ici de déplacer l’ouverture vers le côté, couvre, en effet,
la poitrine, et non le visage. La correction a, de plus, pour effet de faire disparaître la seule rime de s à z de notre texte; cf. à ce propos la note suivante et la note à 583. 280-283.
Ces quatre vers manquent
à AB,
mais ils parais-
sent nécessaires, compte tenu des v. 284-285, où il est question de l’ensemble du petit groupe de nos visiteurs, et non pas du seul chevalier, héros de l'aventure. Leur insertion a de plus comme conséquence de faire disparaître, ici aussi, la rime de s à z (escuiriex, miex) de AB, l’auteur employant la forme escurel. 289. Orr a bien vu que les valets dont il est ici question sont les valets des visiteurs (cf. 215), qui se hâtent de mettre
pied à terre et qui se précipitent pour tenir l’étrier à leurs maîtres (nombreux exemples de la locution tenir l’estrier dans le Tobler-Lommatzsch).
La leçon estres de AB est une
faute banale (oubli d’un signe d’abréviation). 344.
Le renvoi à 150-151 est manifeste. Le sens est donc:
50
LE LAI DE L'OMBRE
« Son cœur avait bien fait de prendre ses yeux comme garants, de leur avoir fait confiance; il constate la vérité de ce qu’ils lui avaient promis.» Prendre à verté ne signifie donc pas «prendre à témoin», comme traduit Bédier, « constater, reconnaître la véracité de... ».
mais
plutôt
370. Nous avons, faute de mieux, adopté la conjecture proposée par Bédier dans son glossaire. Les mss DEF ont ici trois leçons divergentes et manifestement refaites.
385-387. Sur l’infinitif objet introduit par a après des verbes du type savoir ou faire, cf. Gamillscheg, Historische franzôsische
Syntax, p. 467, 4 et le T-L., 3, 1587, 18 et 9, 258, 40. Il n’est au reste pas exclu que fere au vers 386,
par une sorte d’haplologie, ne soit à la fois l’objet de vueil et de savriiez à 384: «et ce que je ne vueil fere [fere] a entendre. » 486-489.
Passage difficile que Bédier n’a pas cru devoir
commenter. Pour Orr, ses cuers (486) est le cœur de la dame; l” (487) et l1 (489) renvoient également à la dame. Autrement
dit, la dame s’apercevrait que son propre cœur ne la trompe pas, que ce cœur est souvent occupé par la pensée du chevalier et que, si elle avait joint ses larmes à celles de son soupirant, elle en aurait ressenti un grand soulagement. Mais, outre que cette interprétation s’accorde mal avec le fait que la dame n’avait jusqu'ici jamais rencontré le personnage (295), il semble que nous brûlions ainsi quelque peu les étapes. La dame ne sentira son cœur s’émouvoir que plus tard; pour l'instant, et ce n’est qu’un premier point, elle se contente de constater que les déclarations de son amoureux sont sincères et qu’il ne s’agit pas du simple jeu auquel elle avait d’abord cru (468-471); ses cuers, repris par 1! à 487 serait donc le cœur du chevalier, /” (487) et /1 (489) renvoient également au chevalier, tandis que le /i du vers 485 renvoie à la dame : « La
dame voit alors que le cœur du chevalier n’est pas le cœur d’un
NOTES
Sul
faux personnage ;elle comprend que ce cœur l’oblige à penser souvent à elle, même en son absence, et si elle avait joint ses larmes aux siennes, elle l'aurait grandement soulagé. » Cf. les
vers 550-555
et, sur ce point, la traduction avec note de
M. Limentani dans son édition.
500. Lire est peut-être à prendre au sens d’enseigner : « ni les poètes ni les théoriciens de l’amour ». 511. L’absence de ce vers et l’introduction compensatrice de la platitude Se vous de moi merci n'avez après 512 est une faute manifeste que Bédier avait bien vue. 527.
Le couple onor (los), preu est fréquent en ancien
français ; on en trouvera des exemples, dispersés, dans le T-L. à
l'article pro et ici même aux vers 840-841. Toutefois ici le jeu entre les deux éléments n’est pas tout à fait clair. La dame veut dire évidemment qu'il ne lui convient pas de recevoir sans rien donner, de tirer gloire (/os) d’une situation à laquelle elle n'aurait en rien contribué. Mais si le los est, sans aucun
doute,
l’honneur
qui reviendrait
à la dame
d’avoir
publiquement un brillant chevalier comme «ami », de quel preu s'agit-il ? De celui que la dame, de celui que le chevalier ou de celui que tous deux tireraient dans le privé de leurs relations amoureuses ? Le léger voile d'incertitude qui couvre ici l'expression n’est probablement qu’un effet de délicatesse. Les deux personnages savent très bien au fond de quoi en définitive il retourne, la fin du conte le montre surabondam-
ment ; mais leurs propos ne se départent pas de la tenue qui convient. 573. Les reproches que Bédier a formulés contre la leçon de ABCG ne me paraissent pas fondés. L’astuce du chevalier consiste évidemment, non pas dans le seul geste d’avoir passé son anneau au doigt de la dame, mais à avoir profité de sa distraction passagère pour réaliser l'opération, d’où notre
52
LE LAI DE L'OMBRE
ponctuation forte après 571 et le rattachement du vers 572 à la suite, ce qui écarte l’objection d’une mauvaise coupure du couplet. Le texte de EF 572-573 est, bien entendu, excel-
lent lui aussi : Puis fist aprés un greignor sen Qu'il li desrompi son penser. Il ne me paraît cependant pas nécessaire de penser à une
double
astuce,
la seconde
renchérissant
sur la
première. On notera d’ailleurs que, contrairement à ce qu'il dit en note, Bédier n’a pas adopté, à proprement parler, la leçon de DEF; son texte est une combinaison des deux versions (ABCG pour 572, DEF pour 573). Pour être logique avec lui-même, il aurait dû corriger également le vers 572. 583. La rime des à z disparaît si l’on intervertit avec DEF ainsi et partis, et si l’on adopte la forme atnsis (D) ou 1ss1s (E) que notre auteur a plusieurs fois utilisée dans l’Escoufle (s adverbial). 606.
Cf. Jourdain de Blaives, 3690-91 : « Quant il les voit,
moult en a grant frison, Li sans li fuit desci que au talon », ou bien Narcisse 513-514 (éd. Thiry-Stassin et Tyssens) :« Li sans Hi saut parmi l’orteil Qui tot le pié li fait vermeil. » Pour le mouvement inverse, si je puis dire, cf. Huon de Bordeaux, 6124-25 : « Geriaumes l’ot, le sens cuide derver, Li sans du
piet li est al vis montés», expression que l’auteur semble affectionner puisqu'il l’emploie deux fois encore, aux vers 7348-49
et 9720-21.
— Orr a fait hautement
valoir, dans ce
passage, la prétendue supériorité de esbabi (DEF) sur esvanui (ABCG);
mais
esbabi
n’est
qu’une
platitude,
esvanuï,
au
contraire, une sorte d’hyperbole qui est bien dans la manière de l’auteur.
610-611. La face qu'’ele avoit vermeille L'’en devint trestote empalie, leçon des autres mss (CGDEF), excellente en elle-même, me parait toutefois exprimer avec moins de vivacité le coup de surprise qui frappe la dame que la léçon de AB, malgré (ou à cause de) la répétition de devint.
NOTES
622. Le nous avons des mss en (CGE). Le mais
53
texte de ce vers est incertain, d'autant plus que 1c1 une fois de plus un groupement « anormal » ce qui concerne le mot-rime: prist (ABDF), mist plus simple est donc de conserver le texte de À,
1l n’est
sans
doute
pas indispensable
de voir, comme
Bédier, un impersonnel dans 1! me prist. 700-705. On peut se demander si la relative incohérence (grammaticale) du discours de la dame n’est pas déjà chez elle l'indice d’une volonté de refus quelque peu ébranlée. 726. Mes, leçon de CGDF, contre Il de ABE paraît nécessaire; la suite du vers est incertaine, cf. les variantes. Le mot-rime de AB(C)GC, nasse, a le défaut de ne fournir
qu’une mauvaise rime à grace, mais trace de E et le texte de F, excellent en lui-même, sont isolés. Il faut sans doute com-
prendre : « Il n’y a encore rien de pris dans la nasse (aucun
avantage) dont il puisse se réjouir. » 817. Poncier, leçon du seul ms.A paraît êtrelabonne leçon (lectio difficilior) compte tenu de la relative incohérence des autres témoins et sur le vu de ce passage de Folque de Candie (6138-48) : « As estres fu la roïne apoiee ; Le conte esgarde qui ist de la chauciee Ou vet en bois ; n’ot gueres de mesniee Que
ses archiers; chascun a otreiee, Qui faudra cop qu’i portera ponciee La hart au col, ja ne li ert tranchiee, Jusqu’a Orenge en la sale jonchiee. La se rendra Bietriz l’envoisiee... La penitance iert a son los jugiee. Rit s’en Guillaume...» Il s’agit de Guillaume qui part à la chasse avec quelques hommes et l’on décide en plaisantant que tout chasseur maladroit et qui manquera son coup rentrera à Orenge, la corde au cou, pour s’y voir infliger une punition au gré de la belle Béatrice. Poncier la bart au (ou el) col a auc. signifie donc: « passer une corde,
nouer une corde au cou de quelqu'un », quelqu’obscur que puisse être le verbe poncier en ce qui concerne son origine ou son emploi. On notera seulement le ton de plaisanterie hyperbolique des deux seuls exemples jusqu'ici relevés.
54
LE LAI DE L'OMBRE
858. Sur le vu des leçons de E et F, Orr voit dans nel un féminin, donc la dame. Mais le leçon de E (na) est barbare et
celle de F isolée. D'autre part, avec cette interprétation le vers n’a guère de sens; ce n’est même pas un vers de remplissage, comme le dit Orr, puisqu’en tout état de cause, le chevalier n’en est pas encore à ce point de familiarité qu'il puisse s'adresser à la dame en l’interpellant par son nom, lequel nom n’est d’ailleurs nulle part donné dans le texte, et il y a lieu de penser que cet anonymat, pour la dame comme pour le chevalier, est significatif, cf. note 62-63. On est donc
amené à adopter l'interprétation de Tobler, approuvée par Bédier : ce que le chevalier évite d'appeler par son nom, c’est l'anneau, en se gardant bien de dire : « Je vais reprendre, soit mon
anneau,
soit votre anneau. » Il a recours à la formule
neutre « l’anneau ». 904. La ponctuation de Bédier (virgule après Quar), dans son édition de la SAT, et sa traduction en note sont fautives. Quar est à joindre au subjonctif qui suit, comme à 176 et 413. Le sens est : « Dommage qu'il n’y ait en bas ni porte ni issue, autrement
elle viendrait
ici pour
[s'entendre]
remercier
de
l'honneur qu’elle m’a fait.» Sur quar introduisant un subjonctif de souhait ou de regret, cf. G. Moignet, Grammaire de l’anc. fr, p. 289. Quant à l’infinitif dire, il n’a pas comme
sujet le sujet du verbe principal (vendroit), comme c’est la règle en français moderne, mais soit un impersonnel (« pour qu'on lui dise »), soit un terme présent à l’esprit de celui qui parle, mais non exprimé (ici le locuteur lui-même, « pour que je lui dise»), cf. Tobler, Vermischte Beiträge, 13, 91-95.
950. Contrairement à ce que pourrait faire croire la varia lectio de Bédier, la leçon qu’il a adoptée, et qui est d’ailleurs excellente, Mes du geu qui ne puet estre, est la leçon du seul ms D; E s'accorde avec ABCG(F) pour donner le texte que
nous avons conservé.
GLOSSAIRE
a ce que 576, alors que, au moment
ou; 623 vu que, étant
donné que, sous prétexte que (exactement: conformément à ce que).
aïe 612, dans l’exclamation Diex aïe, prononcée par la dame, exactement «Dieu m'aide!», aie étant un im-
pératif.
aatir 505, comparer.
aigue 881, 898, eau.
abessier 380, intr., diminuer. achoison 582, 659, raison, mo-
ainc
tif. acointance
791,
société,
fré-
quentation, familiarité. sent.
574,
—
mes
467,
ainçois, 2, 745, 840, mais, mais plutôt, mais au contraire;
ainçois
acointe 67, ceux quile connaïs-
que 308, avant que,
236, plutôt que, 668, plutôt
que de.
acointier, soi connaissance
— 663, faire de, entrer en
relation avec.
acol 178, de acoler, prendre par le cou, embrasser. aconjurer 824, conjurer; 844 (avec un nom de chose pour objet) conjurer (quelqu'un) au nom de quelque chose. acouter, soi — 878, s'accouder. adés 342, constamment. afere 335, 337, 566, 645,953,
affaire; torner
910, conduite son
—
88,
(?);
460,
en
venir à, en arriver à; atorner son — 854, régler sa conduite ; tout lor autre afere 434, quel-
que chose qui est tout différent (de ce qu'ils imaginent).
ahan
118,
jamaïs.
126,
souffrance,
peine.
ainz 297, 337, 486, 502, 552,
630,
688,
751,
876
(si le
texte est bon), 886, mais plutôt, mais au contraire; ainz
que 190, 416, 446, 728, 816,
avant que.
ait, sub. prés. 3 de aïdier, dans la formule Si m'aït Diex 521, 747, 805, formule de solennelle affirmation,
exactement «(et s17e dis vrai) alors,
que
Dieu
m'assiste. »
Cf. conseut. ambedui
319,
581, tous deux
(cas sujet). amender
902,
ameliorer,
re-
bausser; — son oirre 660, hater sa marche. amesurer,
sOi —
34, revenir à
l'esprit de mesure.
56
LE LAI DE L’'OMBRE
amonter
231, élever, favoriser.
andeus 957, andui deux. anelet 682, 894.
angoisseus
161,
959,
rempli
tous
d'an-
goïsse.
anguisses 774, angoisses, souffrances. anui 763, peine profonde, vivement
ressentie ; 51 gêne pro-
voquée
par des
importuns;
713 gène; 797 insistance importune;
qu'il
sanz
soit
—
690,
besoin
anuit 144, subj. anuier, ennuyer. anuit 462, subj.
sans
d'insister.
prés.
3 de
prés.
3 de
anuitier, tomber (en parlant de la nuit). Les vers 462-463
signifient:«Je ne-pense pas voir jamais tomber aucune autre nuit quand je sortirai de celle-ci. » anuit 461, adv., ce soir. aoevre, s — 9 de soi aovrer,
s’employer. aparole, de aparler ser la parole.
340, adres-
apensser, soi — de 220, 574, attacher son attention à, remarquer.
aporter 267, comporter, exiger. apris, bien — 330, bien élevé. aqueut
assis
252,
situé,
en
place,
fondé. atant 268, 604, etc., alors. atast 182, de ataster, chercher en tâtonnant.
atorner
854, cf. afere; soi — 212, s'équiper, se préparer.
auques 328, quelque peu. ausi 437, ainsi. autre, — que tel 82, bien diffe-
rent
de ce que je viens de
dire (qu'il était); Or ne puet estre — 186, il ne peut en être autrement; 434, cf. afere. autretel 280, la même chose. avaler 288, descendre. avenir 185, 807, 919, arriver,
se produire. averté 152, avarice (ici, au fig., répugnance à se donner, à s'abandonner, à se laisser al-
ler a l'amour). avis, estre — 142,484, paraître, sembler. avoir, il n’i a se de l’aler non
205, il n’y a qu'à (y) aller; ce n’i a il mie 744, il n'est pas question de cela, même valeur à 745 et 819; soi — 71,
se comporter (comme doit), tenir son rang. AVOIR
27029
073
il se
007 SUDSt,
biens, fortune.
723, prés. 3 de acoillir,
accueillir.
art 183, pres. 3, 23 passé 3 (pour arst, cf. mort) de ardre, brüler. assener
908,
toucher
au
but,
réussir son coup. assens 426, sens. assentir, soi — 402, être d'’intel-
ligence.
baer 953,
s'intéresser
à, fixer
son attention sur.
baile 274,
avancée abords
clôture,
qui
défense
interdit
les
d’une enceinte forti-
GLOSSAIRE
fiée; ici, espace qu'enferme cette clôture.
baillieu 121, nistration
officier
d'admi-
et de justice,
ici,
au sens fig., serviteur, subordonne.
bastir, cf. plet. belement 245, doucement. bien, estre — de 77, être dans
les bonnes grâces de. bon, avoir — jor 320, avoir une
journée heureuse, favorable; estre de bons 21, étre de bonne, de haute naissance. buen 908, adv., bien, heureuse-
ment. buer, (a) — né654, d’heureux auspices.
ne sous
ST
Martin,
I, 1853, var. d'autre
Renart,
et
Montaiglon
Raynaud,
Fabliaux,
p. 259, var. d'autre Renart) de l’expression parler d’autre
Bernart, analogue à l’exPression, beaucoup plus fréqguente, chanter, parler, plaidier d’autre Martin, dont
le sens est clair, à peu près «changer deton, déchanter». Mais,
ici, l'absence
est génante.
interjection,
cf. M.
Roques, Romania 69 (1933), D: 427, note 1. celer 223, cacher.
cerchier 87, parcourir en tout sens. certes, a. — 77, 588, 759, serieusement, réellement. chainsse 314, vétement léger
de toile fine porté par les femmes (en principe, vêtement d'intérieur). chantel, torner son mantel en —
277, placer son manteau côte,
de biais, pratique
de qui
de autre
Le contexte in-
vite à comprendre peut-être : «C’est comme si vous vouliez
m'apprendre
à chanter une
autre chanson, c'est-à-dire je n'ai pas l'intention de changer de ton.» On notera que le ms. E présente, variante Renart.
caire 244,
ici aussi, la
chevalerie 700,
les
par excellence,
qualités,
du chevalier.
chief 85, 811, 890, tête; de — en — 86, d’un bout à l'autre; venir a — 812, 959, venir à bout. chier, avoir — 642, tenir — 172, aimer, estimer. chiere 349, visage, expression
du visage (coordonné à vis). chois,
avoir
a son
—
58, avoir
à sa disposition, pouvoir disposer à sa guise de. choisir 605, apercevoir. cointe 68, hautain, orgueilleux,
fier.
passait pour une élégance; cf. Guillaume de Dole, 1574
col 177, 302, 817, cou.
et Froissart,
confondre 776, anéantir.
nécé
chanter,
Buisson
de Jo-
Li 21ss:
— de Bernart 815, lo-
cution obscure. On connaît deux exemples (Renart, éd.
et III,
congié,
sanz
—
465,
sans
en
avoir la permission; à VO — 577, avec votre permission
(formule de politesse)
58
LE LAI DE L'OMBRE
conroi, prendre — 542, s’occuper de, prendre soin de. conseut 600, subj. prés. 3 de
conseillier,
dans
la formule
Si me conseut li Sainz Espirs,
formule de solennelle affirmation, cf. aït. conte, 389,
desfaire son — a auc. ruiner les calculs de
quelqu'un, jets.
traverser ses pro-
jeu sur l'autre sens du mot «raconter».
contreval 483, prép., en descendant le long de. coulon 439, pigeon. placé sur siège.
coussin,
un
matelas
lit ou ‘
sur un
covenir192 019572542610, impers., convenir, falloir; De
celui lor couvendra bien 951, de celui-là, ils sauront se tirer
d'affaire tout seuls. covent, fausser de — 485, man-
quer
à sa parole,
tromper;
par — que 860, 865, a condition que. creance 807, croyance. creanter 518,
assurer,
pro-
mettre.
cri 748, réputation. cuevre 672,
prés. 3 de covrir,
cacher. cuidier 18, 56, 198, etc., pen-
ser, croire (souvent avec la nuance «croire à tort, s’imaginer»); 422, subst., croyance
illusoire. cuivre 331, gêne, trouble, embarras.
maîtresse,
c'est-à-
dire libre de se livrer au jeu des mains (948).
dangier 524, domination, pouvoir;
faire
—
de 153,
684,
faire le difficile, le délicat, se refuserà;estre en — 396, être livré à la discrétion de. debonere
conter 962, compter, maïs avec
coute 298,
dame 949,
19,
79,
338,
etc.
noble, généreux; debonereté 140, 452, noblesse du cœur,
générosité des sentiments. deceüe 530, trompeuse(conformement
à une
valeur
bien
connue du participe passé). deduire 681, 721, se distraire. deduit 116, 170, plaisir; — d’oisiaus102, le plaisir de la
chasse (au faucon). degré, aval le — 679, en descendant l'escalier.
delez 329, a côte de. deliié 314, fin. delit 42, plaisir.
delitier 44, 181, faire plaisir; soi — 334, se distraire, pren-
dre plaisir. demaine,
sien
—
65, apparte-
nant en propre. demener 66, montrer,
étaler (en parlant de la dépense). demorer 468, intr., rester en l'état; 926, trans., faire attendre, retarder.
depieça 22, pass. 3 de depecer, depiecer, mettre en pièces. desaüser, soi — 1, perdre l'habitude. desdire 397, contredire. desenbracier 180, rompre un embrassement.
GLOSSAIRE
deservir 247, 705, mériter. deseure, estre au — 113, 777;
59
propre «chèrement
(payé)».
dominer, l'emporter sur. desfendant, seur son cors — 677, a son corps défendant,
malgré elle.
el 3,163,536,745, autre chose.
desi que 127, jusqu'a ce que. despoire 756, prés. 3 de desperer, se désespérer.
empalie 611, pälie. emparlé 68, hautain, arrogant en paroles. Cette nuance péjorative apparaît dans un certain nombre d'exemples du Tobler-Lommatzsch (Mont.
destraignant 560, tourmentant, cf. destroit.
et Rayn., Fabliaux, 1, 108, B. Hant., 11, 8942 et 12471)
deshaitier, soler.
soi —
destrece 191,
676,
756,
se dé-
779,
tour-
ment, angoisse. destroit 491, tourmente; 838, astreint, contraint. destroit 837, subst., action de serrer. desvoier 218, detourner, engager sur une fausse route. deuls 806, cas suj. de deul, douleur. devise, a vo — 786, à votre gré,
à votre volonté. devoir, tout ce li doit 15, tout cela lui convient ou lui revient;
et
que
doit?
616,
qu'est-ce que cela signifie ? dont ne 698, interrogatif. doute, sanz — 136, sans aucun doute; estre en — 673, conce-
voir quelque inquiétude. drecier, soi — 300, se lever, se mettre debout. droiture, par — 15, conforme-
ment
à son
naturel,
à ce
qu'on est en droit d'attendre.
duque 287, jusque. durement 246, avec rudesse; 704, largement, abondamment. Ou, peut-être, en re-
tenant quelque chose du sens
et du Godefroy. emprendre 38, entreprendre. encontre 288, 306, adv., à la rencontre; 313, prép., audevant de; en son — 305, audevant d'elle.
encor, encore 726, temporel dans une phrase négative; 734, temporel avec le futur; 110, devant un comparatif; 231, 470, pour marquer
une
sorte de progression; 862, 939, suivi du subjonctif, «quoique, bien que». encuser 32, accuser. endroit, d’ — de ce que 548, le passage, difficile, semble signifier: «La réponse du chevalier amène la dame à penser, à réfléchir, à s'interroger (avec inquiétude) sur le point de savoir (d’endroit
ce que) s1 elle ne doit pas consentir à prêter l'oreille à la requête de son ami». enresdie 821, entétement. entendre 256, comprendre; 424,
donner
donner
à comprendre,
un sens;
437,
com-
prendre, interpréter;— a 366,
60
LE LAI DE L’'OMBRE
tendre à, aspirer à ; 793 (avec
un nom de personne), s'intéresser
à, s'attacher
absolument,
à; 387,
s'appliquer
(à),
esmerveillier, soi — 67, s'étonner.
esmovoir 211, pousser à, amener à esperon, a — 272, 648, en éperonnant (son cheval).
s'attacher (à); fere entendant 391, faire comprendre, donner à entendre. entier, cuer — 868, cœur loyal, sincère. entre... et... 788, aussi bien (l’un) que (l'autre). entremetre, soi — 475,se mêler
esploitier 442, s'avancer (par son travail ou ses efforts). esprendre 183, enflammer (d'amour) ; esprendant 868,
de, se risquer à. entrepeurent 944,
estout 84, prenant.
entrepestre,
pass.
6 de
se rassasier l’un
l’autre. entrués que 119,
Chi estant, en — 300, debout
audacieux,
entre-
estraindre 179, 836, etreindre,
serrer. 568,
tandis
que.
enviesi 866, affaibli par l’âge. envoisier, soi — 942%se donner
du plaisir. erraument 570, esraument 580,
rapidement. errer 170, voyager.
error 828, embarras, perplexite. eschés 104, échecs (jeu). escole, par — 339, habilement
estre 706, cour (du château). estruire 6, édifier, produire. estuet 187, 536, il faut. esvanuir, soi — 608, s'evanouir, perdre contenance. eür 27, 37, 230, chance. eure, nestre de bone — 20, naître sous une bonne étoile; a bone eure 496, tant mieux!
grand bien lui fasse!
(comme quelqu'un qui aurait
fait ses classes, qui aurait appris à mener
une discussion,
un débat). escoufle 23, écoufle, milan. escremie
faillir 450, 454, manquer. faintié 400, 550, 737, feinte,
tromperie. sorte de
104, escrime.
esfacié 866, effacé, affaibli. esforcier 797, contraindre. esfuir 607, fuir, se retirer.
esgaree 473, abandonnée, sans défense, sans protection. eslit 43, 65, part. pass. lire, élire, choisir.
faintise 411, feinte, tromperie.
feauté 791, liens de fidélité qui attachent le seigneur et le vassal; ici (en valeur figurée) les chances qu'a le chevalier
d'entrer dans ce réseau d'obligations réciproques avec la dame.
de es-
fel 14, cas rég. felon 19, terme
eslit 41, évêque désigné, c'’est-à-
fere 387, construit avec a, fere
dire non encore consacré.
d'’injure, traître. a entendre.
61
GLOSSAIRE
ferir 717, 772, frapper.
gentillece 192, noblesse d'âme.
ferté 273, château-fort. fil 60, cas rég., fils. fin 190, subj. prés. 1 de finer,
gié 466, 578, cas suj. tonique du pron. pers. de la 1ère
mourir
foi, a — ! 714, 782, par — 497,
par ma foi(les trois exemples dans la bouche du chevalier). force 124, ciseaux. lors na den 2 y a
pas autre chose à faire que. forvoié 751, hors du bon chemin. frain, sor — 272, le frein bien en main, c'est-à-dire en contrôlant l'allure de leur cheval;
cf. Guillaume de Dole 2316. franchise 499,
générosité
(du
cœur).
pers. Sing.
graine 279, teinture écarlate fournie par la cochenille. gré, de — 207, 680, de bon gré. gris 96, fourrure de petit-gris. guenchir 268, tourner. guerpir 352, quitter, abandonner. guiler 602, tromper, ruser.
hace 635, subyj. prés. 3 de haïr. hart 816, corde. hautece 41, grandeur, dignite.
herminé 278, garni d'hermine. homme
fuer, la — 720, la dehors.
121,
410,
hurter
810,
heurter,
frapper;
(de
l’éperon) ;
640, frapper gabissiez 471, subj.
imp.
5 de
gaber, plaisanter. garant, traire a — 151, prendre à témoin. garce 473, fille (sans nuance péjorative probablement).
garçon 5, terme bon à rien.
de
vassal,
bomme-lige.
mépris,
388, heurter, comme au tournoi, un adversaire qui se précipite, afin de briser son élan.
iluec 487,
689,
là; d' — aprés
34, par la suite.
garder, soi — 446, 560, 576, prendre garde; 513, 545 à
ire 296,
l'impératif, même sens. gas 8, 469, suj. sing. ou reg. pl. de gab, plaisanterie.
isnel 109, leger, rapide. issi 468, ainsi. ist 678, pres. 3; istrai 463, 746,
gengleus 831,
bhâbleur,
trom-
peur. gentelise 210,
colère;
761,
chagrin.
ireus 84, bouillant, furieux
fut. 1 ; 1sse 196, sub. pres. 3 de issir 308, 535, sortir.
362,
412, 498,
noblesse d'âme. gentiex, gentiz 337, 474, 568, etc., cas suj. de gentil 867,
noble.
ja (163), 208, 500, 618, 754, 782, en tête de phrase pour renforcer une affirmation; ja
62
LE LAI DE L'OMBRE
mes 462,
554,
800;
ja puis
lut 119,
574, pass. 3 de loisir,
être permis.
696, 746, 806.
jehui 404, tout à l'heure, il y a un instant. joiel 515, joyau. jons 317, les joncs dont on couvrait le sol des appartements. justicier 523, exercer son auto-
rité, gouverner (ici, au figuré).
lais 834,
prés.
ind.
1, lait 12,
35, 36, 508, pres. ind. 3, lest 359, 370, 853, subj. pres. 3, lerai 784, fut. 1, leroie 816, cond. 1 de laissier. lait 11, subst., injure, insulte. lait 507, adyj., laid, vilain (moralement).
larguece 210,
générosité,
lar-
gesse.
maingne 56,
subj.
maint 173,
225,
3,
imparf.
3 de manoir,
demeurer. mains, un — 194, un de moins; c’est ore du — 603,947, c'est
le moins qu'on puisse dire. manel, doit — 606, petit doigt. manier 544, adj., qui a la pratique de, capable de. mar 156, 754, bien à tort.
marche 54, région frontière. may,
une
avoir bon
vie
—106,
agréable,
mener
libre
de
SOUCIS.
mece 780,
sub.
prés.
3 de
metre, amener à. menbrer 921, impers.,
souve-
nir
merci 189, 359, 399, 461, mi-
las 176, lacet, nœud.
le 211/547,.558
6615
892;
pron. pers. féminin. leece 587, joie. lerai, leroie, lest, cf. lais. lez 717, 728, a côté de.
lié 216,
313,
497,
664,
941,
joyeux. lingnage 765, parente. lo 266,
813, prés.
séricorde, grâce, pitié; la vostre — 731, de grâce; 871, 906, remerciement. merveille 609, étonnement ; venir a— 297, 557, etonner. mes 656, messager. mes hui 960, désormais.
mes que 592, à condition que.
1 de loer,
mesaesmer
156,
conseiller. Cf. lot. loge 292, galerie.
mesaventure
loing,
meschoisir 880,
au —
561, a la longue,
lot 447, subj. prés. 3 de louer
36, malchance.
manquer
d'a-
mescroire 597, se méfier de.
de,
soi
se faire
gloire de. lués 710,
prendre
percevoir.
los 527, honneur, gloire. se
394,
en dédain.
en fin de compte.
loer,
prés.
prés. 3, manoit
mesfere 771, mal agir. meshui 960, désormais.
meslee 897, querelle. immediatement;
droit 299, à l'instant.
—
mesprendre 241,
634,
commettre une faute.
670,
GLOSSAIRE
messiece 697, subj. prés. 3 de messeoir,
7e
pas
convenir,
déplaire. É mestier 202, necessite; il est — 363, il en est besoin. mestre 112, maîtresse
(amor
étant fém. en anc. fr.); 949, maître (cf. dame); plus que — 620, d’une habileté qui dépasse même celle du maître. mesure,
sanz
—
33, sans esprit
de mesure ou de modération,
cf. amesurer. metre,
tout
—
ensanble 137,
employer tous ses moyens, ou, peut-être, tout risquer. mon
(ce fis —
616), particule
affirmative, assurément.
monjoie 224, point élevé d'ou l'on aperçoit pour la première fois le but de son voyage. monter 480,monter;
637, 229,
639.
63
oevre, de tel — 671, en agissant
ainsi. oïe 717, ouie. oirre 660, marche. oiseus 3, oisif, désœuvré; 510, inutile. onbre, subst. masc., 882, 893,
900, etc., reflet.
opposer 559, trans,
représen-
ter, soulever une objection. orainz 445, 615, 916, lyaun instant, un moment.
orendroit 630, sur le champ. oroison 365, prière. ostel 81, 418,
713,
746,
mai-
son. otroier 413, accorder, octroyer.
outrage 766, excès (dans paroles ou la conduite). outremer,
les
voie d’— 504, pèle-
rinage en Terre Sainte. outrer 274, franchir, dépasser.
215,585,
monter à cheval;
586,
764,
impers,
concerner, Se rapporter à, intéressser, avoir de l’importance pour. mort 919, passé3 (pour morst, cf. art) de mordre. mot,toutaun—884,en un mot.
moustier 364, église. movoir 212, se mettre enroute.
palis 275, palissade. par 42, 664, particule superla-
tive. parcevant,
mal
—
431,
mal
avisé. parlement 703,
conversation,
entrevue. partir 134, 506, trans., quitter, séparer ;soi — 580,s’en — 583,
648, lieux;
s'en
aller,
li quels
quitter de ces
les deus
nagier 46, naviguer.
M'est or partis li mains mau-
naje 803, non. nasse 726, nasse.
vais?
non 748, le titre (opposé à cri «la réputation»), cf. 208 et 420. noter 427, interpréter.
832-33,
de
ces
deux
conduites entre lesquelles il me faut choisir (qui me sont proposées en partage), laquelle est la moins mauvaise ? pas, — por — 679, pas à pas.
64
LE LAI DE L'OMBRE
pene, trere la — par l’ueil 386, exactement «tirer la plume
par l'œil ou de l'œil», en fait «tromper, leurrer». peniu 93, endurant, capable de
supporter peine et fatigue. penon 129,
empenne
flèche, c.-a-d. les fixées à son talon.
d'une
plumes
perron 287, 811, montoir, bloc
de pierre ou sorte de borne placé de façon à aider les cavaliers
à monter
à cheval; à
811, le mot désigne peut-être la margelle du puits. pesast, cf. poise. petit, un — 466, 898, un peu. pieça 21, 202, 529, sl y a long-
temps. piece, grant — 698, langtemps. pior 501, pire 939, comparatif, pire, plus mauvais. pis 276, poitrine. plesaument 405, d’une façon agréable. plessier 594, plier, céder. plet, fere lonc — 819, renir de longs (bon)
discours; —
146, 464,
bastir
un
premerain 703, premier. prendre,
avoir
tout
pris 757,
lavoir emporté sur toute la ligne. preu, adj. 110, 315, 417, etc., excellent, vaillant ; 839, avan-
tageux. preu,
subst.,
527, 840, profit,
avantage. preu, adv. 726, 750, suffisamment. primes 408, pour la première fois. pris 37,
380,
758,
902,
prix,
valeur, réputation. prist 75, subj. prés3 de proisier, apprécier, estimer, priser. prochain 543, rapide, qui ne tarde pas. proisent 49, prés. 6 de proisier, cf. prist. puer,
geten
"132;
352:9%6;
904,
introduit
rejeter. quar 176, 413,
un subjonctif de soubait, d’exhortation ou de regret. qoi 240, tranquille, silencieux.
chercher
querelle, susciter une affaire. poindre 641, 649, piquer (des éperons).
rage,
poise 427, 805, prés. 3, pesast 429, imparf. subj. 3 de peser,
ranposne 11, raillerie,
impers., chagriner, peiner. poli 546, délicat, raffiné. poncier 817, cf. la note. por que 13, suivi du subjonc-
regne 269, rêne.
tif, supposé que; 583, suivi de l'indicatif, pourquoi. porpensseement 680, 869, delibérément,
avec
attention,
réflexion, circonspection.
(a grant
—
) 222,
joie
bruyante, allégresse. moque-
rie, bläme. remaindre 958,
rester,
man-
quer, faire défaut. renc 86, espace où se dispute un tournoi, piste de combat. rendre, soi — 668, entrer en re-
ligion. reson,
atrere
—
204, invoquer
la raison; rendre — 340, faire
GLOSSAIRE
raison,
riposter; par fine —
289, comme
reson
ilse doit. À 559,
est peut-être person-
nifiée
65
simplece 540, droiture du caractère exempt de duplicité, franchise. sire,
retenir, — a chevalier 414, sans compl. 515, accepter, engager
en tant que chevalier, expres-
sion de la pratique féodale transposée ici dans le langage courtois. retrere 236, mentionner. reverdi 912, ravive.
ridee 281, plissée. rimer 46, cf. la note. roi 439, filet.
si en seriez trop
—
cela serait trop beau
255,
(pour
vous); vous estes mout
plus
que — 796, votre autorité, votre exigence dépasse les bornes. sofisme 257, astuce. sofrir 195, 392, 508, permettre; soi — de 511, s'abstenir
soing 562, souci. solacier 171, consoler.
route 674, troupe. ruis 753, prés. 1 de rover, demander. ruistece 69, rudesse.
reconforter,
solas 175, réconfort. somme,
ce est la — 409, pour
tout dire, en un mot. son, dusqu’en — 647, 850, jusqu'au bout.
sorcot 278, pièce du vêtement qui se portait sur la cote. soufrete 203, indigence, priva-
sachier 14, 160, tirer.
saiete 128, flèche. samis 303, étoffe de soie ser-
rendre hommage à.
gée, d’origine orientale. senblant 310, 432, 596, visage,
air, expression du visage. saut 837, prés. 3 de saillir, jaillir. sejor 170, le fait de rester chez sot; a — 592, à demeure.
semondre 487, insistance. sen 572,
876,
rappeler action
avec
sage (et
opportune). seure,
corre
courir
Sus,
—
114, 552, 778,
attaquer,
tion. souploier 40, s'incliner devant,
s’en
prendre à. si, par — que 252, à condition
que. siet 227, prés. 3 de seoir, être situe.
soutiex 567, cas suj. de soutil, subtil.
tart, estre — a auc. 661, tarder.
teche 59, qualite; 539, sens, mais en mauvaise tençon, a tel — 271, en sant de la sorte. tendant, mener — 392, serre, mener durement.
même part. rivalimener
tens, par — 50, bientôt. tiers,
soi
—
compagnons
213,
avec
deux
(lui faisant
le
troisième).
tor 829, façon de se retourner, de se tirer d'affaire.
66
LE LAI DE L'OMBRE vanche 282, pervenche.
traïner 316, trainer. trere, — a 60, ressembler.
veer 421,
tres, — par mi 773, de part en part. trespasser 263,
323,
dépasser
sans s'arrêter.
trespensser 324, penser, s'absorber dans sa réflexion. treù 115, tribut.
925,
interdire,
re-
fuser. venir, — miex 20, 26, 198, 242, 438, valoir mieux.
ver 96, fourrure de d’hermine, cf. vair. verté, prendre note.
a —
vilain 8, grossier,
queues
344, cf. la discourtois;
160, paysan.
vair 522, en parlant des yeux, brillants, aux reflets changeants. Cf. ver. vallet 215,
bomme valier.
288,
637,
jeune
au service d'un cheù
vilonie 533,699, 806, conduite propre au « vilain ». vis 141, 349, 483, 540, visage. voir 627, vrai.
vousist 410, sub]. imp. 3 de voloir. vuel, son — volonte.
163, s’il suivait sa
TABLE DES NOMS
ADAM 919. Alemaingne 55. AMORS 112, 147, 158, 165, 566, 650, 956. BERNART, cf. chanter au glossaire.
GAVAIN
61,
Gauvain,
l’un
des compagnons de la Table Ronde. GUILLAUME 22, heros du roman de l’Escoufle.
ISEUT
125.
JEHAN, cf. RENART.
Chaaire
243,
Le
Caire,
en
Égypte. Chaalons
Cistiaus baye.
Loheraine
57, Chälons.
669,
Ciîteaux,
DIEU 154, 421; por — 190, 245,545 (toujours prononcé par le chevalier) ;par — 493,
620 (par la dame) : en non — 472, 744, 892; Diex, exclamatif, 664, 772, 782, 832, 888, 908. Cf. encore au glossaire aïe.
Empiere
54,
Empire
55, Lorraine.
LOTH 60, personnage des romans arthuriens, père de l'abGauvain.
940,
l'Empire. Endit, |’ — 370, foire établie
à Saint-Denis (leçon conjecturale). ESLIT 41, évêque désigné (non encore consacré); paraît s'appliquer ici à Milon de Nanteuil.
NICOLAS, saint — 470.
Partois
57,
le
Perthois
(en
Champagne), région qui doit son nom à son ancien cheflieu,
Perthes
département
(dans
l'actuel
de la Haute-
Marne). RENART, Jean — 953, l'auteur du Lai de l'Ombre. SAINS
ESPIRS
600,
le Saint
Esprit. SALAHADIN
251
Saladin,
soudan d'Égypte. TRISTAN 105, 124, 457. TURS 243, les Turcs.
TABLE
Pages
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31-42
43-54 et
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55-66
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LES
CLASSIQUES publiés
sous
FRANÇAIS
la direction
JEAN
DU
MOYEN
de Mario
AGE
ROQUES
RENART
LE LAI DE L'OMBRE PAR
FÉLIX
LECOY
PARIS LIBRAIRIE HONORE CHAMPION, EDITEUR 7, QUAI
MALAQUAIS
(VI°)
1979
104
LES
CLASSIQUES
FRANÇAIS
DU
MOYEN
AGE
199,
— LA CHASTPLAINE DE VERGI, éd. par GASTON RAYNAUD, 3° éd. revue par LUCIEN FOULFT ; vi11-36 pages. — François Villon, ŒUVRES, éd. par AUGUSTE LONGNON, 3° éd. revue par LUCIEN FUULET ; x111-136 pages. 3°, — CounrTois D’ARRAS, jeu du x111° siècle, 2° éd. revue par EDMonND FARAL ; vit-37 pages. 4°9e®, — La VIE DE SAINT ALEXIS, poème du xi° siècle, texte critique
2°°,
de GASTON PARIS ; vi-L0 pages. 5°, — LE GARÇON ET L'AVEUGLE, jeu du x111° siècle, 2° éd. revue Mario LOQUES ; vi1-18 pages. 6°. — Adam le Bossu, LE JEU DE LA FEUILLÉE, 2° éd. revue ERNEST LANGLOIS ; XX11-82 pages. 7°. — Les CHANSONS De Colin Muset, éd. par JOSEPH BÉDIER. 8°°, — Huon le Roi, LE VAIR PALEFROI, avec deux versions LA MALE HoNTE par Huon de Cambrai et par Guillaume, 3°
par par de
6d.
revue par ARTHUR LANGFroRrs ; xv-68 pages. 9°. — LEs CHANSoNs ne Guillaume IX, duc d'Aquitaine (10711127). 2° éd. revue par Al.F. JFANROY ; XXI-48 pages. 10. — Philippe de Novare, ME:MoIRFS (1218-1243), éd. par CHARLES
KOHLER ; XXVI-173 pages, avec 2 cartes. (Épuisé.) 11°. — Les Poésies LE Peire Vidal, 2° éd. revuc par JOSEPH ANGLADE; x:1-191 payes.
12°°%, — Béroul, LR ROMAN DE TRISTAN, poème «du xii° siècle, éd. par ErRNrsr MURET ; 4° éd. revue par L. M. DEFOURQUES ; xvi173 pages. 13°. — Huon le Roi de Cambrai, Œuvres, t. I, 2° éd. revue par ARTHUR LÂNGroRs ; xVII-48 pages. 14°%, — GORMONT ET ISEMBART, fragment de chanson de geste du xn° siècle, 3° éd. revue par ALPHONSE PAYOT ; x1v-71 pages. 15°. — Les CHANSONS DE Jaufré Rudel, 2° éd. revue par ALFRED 16.
JEANROY ; X111-37 payes. — BiBLIOGRAPBIE SOMMAIRE DES CHANSONNIERS ALFRED JKANROY ; VIII-89 pages.
17. —
Bertran
de
Marseiile,
LA
VIE
DE
SAINTE
PROVENÇAUX,
ÉNIMIE,
éd.
par
par
CLovis BRUNEL ; xv-78 pages. (Épuisé.) 18. — BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE DES CHANSONNIERS FRANÇAIS DU MOYEN AGE, Par ALFRED JFANROY : VIII-79 pages. 19°. — La CHANSON D'ASPREMONT, chanson de geste du x11° siècle, texte du manuscrit de Wollaton Hall, 2° éd. revue par L. BRANDIN, t. 1, VV. 1-6156 ; x11-20X pages. 20. — GAUTIER D'AUPAIS potine courtois du xini® siècle, éd. par
EDpmonD FARAL ; x-32 pages. (Épuisé.)
21*°
— PETITE SYNTAXE DE L'ANCIEN FRANÇAIS, par LUCIEN FOULET, 3° éd. revue ; v:11-304 pages. 22°. — Lr COURONNEMENT DE Louis, chanson de geste du x11° siècle, 2° éd. revue par ERNEST LANGLOIS. 23. — CHANSONS SATIRIQUES ET BACHIQUES DU Xili® ÿECLE, éd. par A. Jeanroy
24. —
Les
et A. LÂNGroRs : xIv-145
Chansons
DE
Conon
LENSKÔLD ; XXI11-39 pages.
25°.
—
LA CHANSON
de
pages.
Béthune,
(Épuisé. )
D'ASPREMONT,
éd. par AxEL
WAL-
2° éd. revue par LouIs BRANDIN,
t. IL, vv. 6155-11376 ; 211 pages. 26. — Piramus ET TisBé, poème du x11° siècle, éd. par C. DE BoER:; x11-55 pages. 27. — Les Poésies pe Cercamon, éd. par ALFRED JEANROY ; Ix40 pages. 28. — Gerbert de Montreuil, LA CONTINUATION DE PERCEVAL, éd. par Mary WiLLiams, t. I, vv. 1-7020 ; v-215 pages. 29. — Le Roman pe TROIE en prose, éd. par L. CoNsrTans et E. FA .
t. 1; 1vV-170 pages.
80. —
(Épuisé.)
..
La PASSION DU PALATINUS, éd. par GRACE
FRANK.
at
Library, Westfield College (University of London) Kidderpore Avenue London NW3 Date for return