La Seguia el Hamra: Contribution à l'étude de la Préhistoire du Sahara Occidental
 9782296562325, 2296562329

Table of contents :
La Seguia El Hamra
Alain Rodrigue
I AVANT-PROPOS
II RAPPEL GÉOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE
III LA RECHERCHE ARCHÉOLOGIQUE AU SAHARA OCCIDENTAL
IV LES INDUSTRIES DE L'OUED IDQUI ET DE TARUMA
V LES SITES RUPESTRES
ANNEXES
TABLE DES MATIÈRES

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La Seguia El Hamra

Alain Rodrigue

LA SEGUIA EL HAMRA Contribution à l'étude de la Préhistoire du Sahara Occidental

L’HARMATTAN

© L'HAR ARMA MAT T TAN, 2011 5-7, ru r ue de l'É l'Éccole-P ole-Poolytechnique ; 75005 P Paaris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-296-56232-5 EAN : 9782296562325

I AVANT-PROPOS Ce livre est la synthèse de trois approches différentes de la préhistoire de la Seguia el Hamra, secteur septentrional du territoire du Sahara Occidental. La première approche est le résultat de trois campagnes de prospection, de 2001 à 2004, sur deux sites majeurs à industries lithiques et l'étude de cette industrie. La seconde approche consiste en un récolement bibliographique de tous les sites à manifestations rupestres signalés à ce jour dans les limites géographiques de la Seguia el Hamra, qu'une partie de cette zone se trouve en secteur occupé par le Maroc ou qu'elle se trouve en zone contrôlée par le Polisario et constituant momentanément le territoire de la République Arabe Saharaouie Démocratique (R.A.S.D., à la suite). La troisième démarche enfin tente de restituer, grâce au logiciel Google Earth, la localisation, le type et la distribution des monuments lithiques actuellement visibles par imagerie satellite. Cette synthèse a ses limites. Elle ne prétend pas résumer la préhistoire d'un territoire, ni dans ses dimensions géographiques, encore moins dans ses différentes séquences chronologiques. Sa raison d'être est de rendre publics trois aspects de cette préhistoire et de faciliter les futures études et les monographies, si l'avenir de ce territoire torturé le permet un jour. Cependant, ces trois démarches se révèlent être complémentaires. Toutes trois mettent l'accent sur l'aspect très original de la préhistoire de la Seguia el Hamra. Si les images gravées s'avèrent être assez semblables à celles du Sud Marocain ou du Sud Oranais, qu'elles prolongent, elles marquent leur différence par des images particulières qui traduisent un contexte faunique ainsi qu'un 5

environnement socio-culturel plus proches du monde saharien que du monde maghrébin ou atlasique. Cette puissante influence saharienne se retrouve dans l'analyse des industries lithiques, celles-ci offrant des faciès rappelant indubitablement les ensembles lithiques mauritaniens, marquant de ce fait une très nette rupture avec les industries nord-atlantiques. Quant aux monuments lithiques, même si leur inventaire est fragmentaire et biaisé, du seul fait que leur découverte et leur recensement résultent du bon vouloir du logiciel de Google ainsi que de la distribution des bandes de haute résolution (B. H. R., à la suite), leur typologie montre qu'ils ont joué un rôle intéressant, servant de lien entre les types de monuments lithiques connus au Sahara central par des prospections de terrain et ceux du Sahara nord-occidental, en affirmant cependant leur originalité par des types inédits. Au-delà de la restitution de ces trois démarches, un autre aspect est fortement souligné tout au long de ce livre. En effet, l'étude de la préhistoire de la Seguia el Hamra n'a jamais été très développée. À peine abordées durant les années de la colonisation espagnole, ces études ont été totalement occultées lors de l'invasion marocaine en 1975. Après le cessez-le-feu de 1991, les recherches archéologiques coordonnées ont repris, timidement d'abord et du seul fait de nos collègues espagnols de l'Université de Gérone et des chercheurs du gouvernement basque. De l'enthousiasme dont ont fait preuve ces chercheurs ont résulté d'excellents travaux et les publications qui ont suivi ont montré l'extraordinaire richesse du patrimoine archéologique du Sahara Occidental. Ces recherches ponctuelles sur le terrain ont surtout mis en évidence l'urgente nécessité de reprendre intégralement les travaux anciens, que ce soit dans l'étroit quadrilatère que nous abordons à peine ici ou dans d'autres 6

vastes secteurs du Sahara Occidental, le Tiris, le Zemmour ou encore les bandes côtières. C'est ce formidable enthousiasme que nous souhaitons alimenter avec ce livre. Dans les pas de nos aventureux collègues espagnols viendront à leur tour, un jour, nous en sommes convaincu, les archéologues saharaouis. Ce livre jouera alors son rôle : celui d'une simple borne qui guidera ces chercheurs dans leur quête, toujours renouvelée, de leurs origines, leur singularité, leur liberté.

II RAPPEL GÉOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE La zone de la Seguia el Hamra est la partie septentrionale du Sahara Occidental, tel que reconnu par l'O.N.U. (inscrit sur la liste des territoires non autonomes sous le nom de Western Sahara). Avec la zone méridionale, le Rio de Oro, ces territoires constituent l'ancienne colonie du Sahara espagnol. Du fait des cartographies des nations colonisatrices du 19e et du 20e siècle, le Sahara Occidental est délimité par des frontières rigoureusement rectilignes (sur les cartes tout au moins). Ainsi, la Seguia el Hamra est délimitée au nord par le parallèle 27°40'N, au sud par le parallèle 20°47'N, à l'est par le méridien 08°40'O. Elle est bordée, à l'ouest, par l'Océan Atlantique (Fig. 1). Trois villes importantes s'y trouvent : El Aioun, à quelques kilomètres de l'océan et environ deux cent kilomètres des Canaries, considérée comme capitale de province par les Marocains et capitale d'état par les nationalistes saharaouis ; Smara, une des villes les plus anciennes du territoire (quelques constructions et une mosquée existaient avant l'arrivée des Européens), considérée comme la capitale intellectuelle et religieuse par les Saharaouis ; Boujdour (ex- Cabo Bojador), située sur la côte atlantique et à près de 200 km d'El Aioun. C'est un des trois ports de pêche du Sahara Occidental. D'autres villages existaient dans cette zone (Hawsa, Farsia...) mais ils ont été rasés pendant la guerre entre le Maroc et le Polisario, entre 1976 et 1991 (Polisario : plus exactement, Frente Por la Liberación de la Seguia el Hamra i el Rio de Oro). Ces villages n'abritent plus aujourd'hui que quelques garnisons de l'armée marocaine.

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Au sud-est du mur de défense marocain, les villages de Tifariti, Bir Lahlou, Meherize, se trouvent en zone contrôlée par le Polisario (zone libérée), constituant, jusqu'à la libération de la totalité de la zone annexée, le territoire de la République Arabe Saharaouie Démocratique, (R.A.S.D.). Bir Lahlou est par ailleurs la capitale provisoire de la R.A.S.D. Ces bourgades ont été partiellement reconstruites et elles abritent des forces du Polisario, des postes d'observation de la Mission des Nations Unies pour un Référendum au Sahara Occidental (MINURSO) ainsi que quelques nomades.

Fig. 1 – Carte du Sahara Occidental. Le territoire de la Seguia el Hamra, que nous détachons artificiellement, pour les besoin de notre propos, du Sahara Occidental, fait bien évidemment partie intégrante de 10

l'ancienne colonie, celle-ci étant considérée par les nationalistes saharaouis comme une entité à part entière, économiquement viable et politiquement unifiée. Le parallèle 27°40' marque la frontière avec le Maroc au nord. À l'est et au sud, les voisins sont l'Algérie, sur une centaine de kilomètres, et la Mauritanie. La Seguia el Hamra est coupée, du nord-est au sud-ouest, par le mur de défense érigé par les forces armées marocaines (F.A.R.), pour se protéger des incursions du Polisario, pendant les années de guerre. Le “mur” est constitué d'une levée de terre (berme), renforcée de loin en loin par des retranchements (artillerie et postes d'observation et d'écoute radar). Les approches en sont abondamment minées. Du point de vue de sa géologie, la partie occidentale de la Seguia el Hamra est constituée d'une puissante couverture de terrasses tertiaires (calcaire arénacé), surmontant des grès du Crétacé supérieur, entaillés dans la vallée de l'oued, au moins jusqu'à El Aioun. Cette partie du territoire est par endroits recouverte de bandes de dunes vives. L'un de ces champs de dunes (le Draa Afrafir), sensiblement orienté nord-sud sur plus de 200 km, envahit régulièrement la route d'El Aioun à la mer. Une deuxième bande de dunes, plus à l'intérieur, n'intéresse que la partie septentrionale de la zone considérée et cesse au niveau de la vallée de la Seguia el Hamra. À partir de Smara affleurent les sols paléozoïques avec des schistes du Dévonien. Émergent aussi des formations du socle très ancien (quediat) de l'Ordovicien et du Cambrien, au niveau d'Amgala. A l'est de Farsia réapparaissent les plaquages tertiaires de la Hamada de Tindouf. C'est dans les craies du Crétacé que se trouve le gisement de surface des phosphates de Bu Craa, sur plus de 80 km de longueur et 15 de largeur. C'est le plus grand gisement de phosphate du monde. 11

La Seguia el Hamra (le “Canal Rouge”) est parcourue d'est en ouest par l'oued qui donne son nom à la zone. Il prend sa source près de Farsia et débouche dans l'océan près d'El Aioun. Un deuxième oued important, l'Oued Idqui, grossi de son affluent l'Oued el Khat, draine la partie sud-orientale de la zone. Ces oueds sont à sec la plupart du temps, sauf lors de fortes précipitations localisées. Mais leur lit conserve toute l'année une humidité relative. Les puits y sont plus nombreux que sur les hamadas où les massifs anciens et la végétation arbustive permet l'élevage de chèvres et de chameaux. Le Sahara Occidental a été peuplé au XIIIe siècle par une population nomade venue du Yemen, les Beni Hassan. C'est une population blanche de laquelle les Maures actuels descendent. Du XIII au XVIe siècle, ces populations ont conservé leurs traditions de nomadisme, ignorant les frontières et les états. À la fin du XVIe siècle, le sultan du Maroc, Mohamed el Mansour, envoya une expédition à la conquête de Tombouctou. L'impact de ce raid fut quasiment nul sur les populations nomades. Elles payèrent tribut au sultan pendant un siècle environ et lorsque l'emprise du sultan disparut, elles reprirent leur indépendance et leur liberté de mouvement (Soler et alii, 1999). Le premier contact des populations du Sahara Occidental avec l'Occident date probablement de 1445, quand le navigateur portugais Joao Fernandes fonde un comptoir au Cap Bojador. Déjà installés dans les Iles Canaries toutes proches, les Espagnols établissent un traité avec quelques nomades maures, en 1886, leur permettant de disposer de comptoirs sur la côte. Dans le même temps, la France a constitué un immense empire dans toute l'Afrique occidentale, qu'elle contrôle par la force. Le territoire qu'elle cède à l'Espagne en 1912 est source de 12

troubles. La France, qui a échancré le territoire, au sud, pour conserver dans sa colonie de Mauritanie les salines de la Sebkha d'Idjil, menace d'intervenir au Sahara Occidental pour mater la résistance. Il faudra cependant attendre 1934 pour que les mouvements de rébellion des nomades maures cessent. L'“œuvre pacificatrice de la colonisation” pouvait commencer. Plus rien ne changea pour le Sahara Occidental jusqu'au 14 décembre 1960. Ce jour-là fut votée à l'O.N.U. la fameuse résolution 1514 qui enjoignait à l'Espagne de procéder à la décolonisation du territoire. Dans un premier temps l'Espagne se braqua et réprima dans le sang les mouvements nationalistes d'où devait émerger, en mai 1973, le Front Polisario (Villemont, 2009). En 1974, les nations voisines, le Maroc, l'Algérie et la Mauritanie, s'entendaient pour une décolonisation rapide du territoire et un référendum d'autodétermination. La première violation de ces accords vint du Maroc qui, en 1975, fit volte-face et réclama le retour du territoire au sein de la mère-patrie, comme partie spoliée du “Grand Maroc”. De son côté, l'Espagne violait ses engagements et signait un accord tripartite (Espagne-Maroc-Mauritanie) pour se débarrasser de son ancienne colonie, sans autre forme de procès. En novembre 1975, le Maroc lançait la “Marche Verte”, pseudo élan patriotique et pacifique, tandis que, dans le même temps, les forces armées marocaines (F.A.R.) pénétraient au Sahara Occidental au niveau de Mahbès pour contrer une éventuelle aide de l'Algérie envers les nationalistes et couper leur fuite vers ce pays. Le Polisario, qui avait entamé sa lutte de libération contre les Espagnols, lança alors ses attaques contre les F.A.R. Une guerre s'ensuivit, incertaine, avec de lourdes pertes de chaque côté, et à l'issue de laquelle les parties en conflit, le Maroc et la R.A.S.D., proclamée en 1976, acceptèrent un

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cessez-le-feu et une supervision de celui-ci par une mission de l'O.N.U. Après la mort du roi du Maroc, Hassan II, en 1999, tous les espoirs étaient permis et les nationalistes saharaouis se plaisaient à rêver d'un assouplissement du régime marocain et d'une prise de conscience de sa part de la volonté d'indépendance du peuple du Sahara Occidental. Mais dès 2004, après des années de tergiversations interminables et d'arguties puniques, le Maroc faisait de nouveau volte-face en rejetant purement et simplement toute idée d'autodétermination, se plaçant ainsi, aux yeux de l'O.N.U. et de la communauté internationale, en situation de totale illégalité. Aujourd'hui, aucun état, même parmi ceux considérés comme des alliés inconditionnels du Maroc, et en premier lieu la France, n'a reconnu ses revendications territoriales. Près de quatre vingt nations ont reconnu diplomatiquement la R.A.S.D. et le droit du peuple saharaoui à un référendum d'autodétermination.

III LA RECHERCHE ARCHÉOLOGIQUE AU SAHARA OCCIDENTAL Aucune véritable synthèse concernant la recherche archéologique n'a encore été effectuée sur l'ensemble du territoire lorsque M. Almagro Basch publie ce que l'on peut considérer comme le premier essai dans ce sens en 1946 (Almagro Basch, 1946). Ainsi que l'auteur le signale dans son introduction, la préhistoire est pratiquement inconnue et les publications se résument à des notes éparses dans des revues la plupart du temps confidentielles. Le travail représente une somme : il recense non moins de 92 gisements du Paléolithique inférieur et du Paléolithique supérieur et autant de sites néolithiques (dits Néolithique de Tradition Capsienne, NTC, à la suite), ainsi qu'une vingtaine de sites majeurs de représentations rupestres. M. Almagro Basch reconnaît que “cette publication servira uniquement à donner une idée sur le passé de ces régions si étendues et jusqu'à aujourd'hui inconnues”. Un des sites côtiers (celui de Taruma, sur lequel nous revenons dans ce livre) lui semble d'un intérêt particulier puisqu'il le publie peu de temps auparavant dans une note qu'il reprendra dans son ouvrage de synthèse (Almagro Basch, 1945-1946). L'Espagne vit alors les années les plus sombres de la dictature franquiste et le désintérêt, voire le mépris, dont le régime fait preuve à l'égard des populations de ses colonies de l'Afrique Occidentale Espagnole au niveau de leur développement économique et sociale va de paire avec l'extrême rareté des recherches archéologiques (Farujia de la Rosa, 2007). 15

Pendant la même période, l'art rupestre est mieux étudié. Peut-être parce qu'il nécessite un moindre investissement ou parce qu'il est plus “visible”. Comme on le verra dans le chapitre qui lui est consacré, cette recherche est le fait de préhistoriens espagnols mais aussi de chercheurs étrangers. L'instabilité politique et l'incertitude quant à l'avenir du territoire mettent provisoirement fin à toute recherche archéologique dans le territoire en 1973. Cependant, en 1975, R. de Balbin Behrmann soutient une thèse doctorale sur ses travaux de prospection et de relevés d'images rupestres menés au Sahara Occidental avant le déclenchement des hostilités ouvertes entre le Maroc et le Polisario (Balbin Behrmann, 1975). Mentionnons encore pour mémoire une brève note de R. de Bayle des Hermens et D. Vialou (1979) qui recense les gisements de tests d'œufs d'autruche, de l'Oued Dra au sud du Cap Bojador (Boujdour). Les localisations y sont fort imprécises, quand elles ne sont pas erronées et l'article semble avoir été publié avec plusieurs années de retard sur les évènements. Dans une synthèse sur le Néolithique du Maroc, à la suite d'une table ronde sur la préhistoire de ce pays en 1985, J.-P. Daugas aborde la préhistoire du Sahara Occidental dans l'optique politique de celle du maghzen marocain (2002) : le territoire y est considéré comme le prolongement géographique naturel du Maroc. La publication de J.-P. Daugas, d'une grande rigueur scientifique, a l'avantage d'offrir un récolement de repères chronologiques jusque là dispersés dans d'autres publications et notamment les travaux de N. Petit-Maire (Petit-Maire et alii, 1980). Une nouvelle dynamique est impulsée en 1996, lorsque sont signés les accords de recherches entre le gouvernement de la R.A.S.D. et une unité de recherche de 16

l'Université de Gérone (Espagne), dirigée par N. Soler Masferrer. L'équipe travaille principalement dans la région méridionale du Sahara Occidental (Zemmour) et s'intéresse plus particulièrement à l'art rupestre (Soler et alii, 1997). La coopération entre la R.A.S.D. et les universités se diversifie à partir de 2000. Une équipe anglaise, dirigée par N. Brooks, travaille dans la zone septentrionale du Sahara Occidental et oriente ses travaux vers les monuments lithiques funéraires (Brooks, 2003). Une équipe basque, quant à elle, concentre ses travaux dans la région du Tiris (sud du Rio de Oro, région d'Aguenit). De cette coopération entre le gouvernement basque et la R.A.S.D., particulièrement fructueuse, résultent les travaux de A. Saenz de Buruaga (2008). C'est la remarquable synthèse d'une équipe qui a vécu et exercé sur le terrain dans des conditions pas toujours faciles, de 2005 à 2007. Il en ressort que cette zone est tout aussi riche de témoins archéologiques que la zone septentrionale : 178 sites ont été reconnus, sur une superficie d'environ 30.000 km2, parmi lesquels 44 habitats de tradition néolithique, 12 ateliers néolithiques, 12 stations rupestres et surtout 97 monuments sépulcraux. Mais les récoltes de surface ont aussi montré l'existence de grands foyers du Paléolithique inférieur et moyen/supérieur (Atérien). Ce sont ces trois grands aspects mis en exergue par les recherches archéologiques de ces dernières années (les industries lithiques des faciès récents, les manifestations rupestres -gravures et peintures- et enfin les monuments lithiques) que nous nous proposons d'illustrer dans les chapitres suivants.

IV LES INDUSTRIES DE L'OUED IDQUI ET DE TARUMA Dans l'inventaire de M. Almagro Basch (op. cit.), la station préhistorique de l'Oued Idqui (Uad Idki, n° XL) est précisément localisée à 10 km de l'embouchure de cet oued dans la Seguia el Hamra. Elle est située en rive gauche de l'oued, immédiatement sous la plate-forme supérieure et elle est décrite comme un atelier d'industries lithiques (« taller de industria litica »). M. Almagro Basch note l'abondance du silex et la grande quantité de lames et d'éclats bruts. Il semble avoir recueilli un échantillonnage de ce qui caractérise le mieux ce site : les grandes lames plus ou moins retouchées (« largas hojas »), les grattoirs ou racloirs en bout de lames (« raspadores »), des lamelles retouchées en pointe (« puntas »), certaines d'entre elles portant un pédoncule latéral (« punta con pedicelo lateral »). Une dizaine de pièces sont restituées en photographies. M. Almagro Basch considère ce site comme un atelier de taille et il conclut que l'ensemble est plus ancien que les industries des escargotières côtières. La céramique est totalement absente et le faciès est qualifié de néolithique saharien (« Neolitico sahariense »). De 2001 à 2004, nous avons séjourné sur le site, en quatre campagnes de prospections et de récoltes de quatre à cinq jours par campagne. Nous avons recueilli un peu plus d'un millier d'outils qui nous permettent de mieux définir le faciès du site découvert par M. Almagro Basch et d'insister sur certains aspects, particulièrement intéressants. L'industrie que nous avons recueillie à Idqui se répartit de la façon suivante : Grattoir..........................................14 1,38 % Perçoir...........................................13 1,28 % 19

Coche et denticulé......................226 22,33% Lame à dos....................................22 02,77% Lamelle à dos..............................469 46,34% Microlithe géométrique................44 04,35% Microburin..................................130 12,85% Pointe d'Ounan.............................10 Armature tranchante.......................1 Tranchet..........................................2 Armature perçante..........................8 Divers...........................................73 07,27% Total..........................................1012 Grattoir : ils sont peu nombreux dans notre décompte. Peut-être faut-il voir dans la faiblesse de cet indice le grand engouement de M. Almagro Basch pour cet artefact et le fait que ces outils aient pu par conséquent être l'objet de récoltes sélectives. Quoi qu'il en soit, on retrouve dans nos séries les types décrits : grattoirs en bout de lame (Fig. 2 ; 2,3,4) ou sur éclat à dos cortical (Fig. 2 ; 1). De nombreux éclats ou lames (Fig. 2 ; 5) ont pu servir de grattoirs occasionnels ou « opportunistes ». Tous ne sont pas aussi typiques que le décrit M. Almagro Basch et les éclats de débitage ont parfois aussi servi de raclettes (Fig. 2 ; 6). Perçoir : fig. 2 ; 7 à 12. Tous sont assez massifs, ce qui va peut-être de paire avec la rareté des « perles » en tests d'œufs d'autruche. Certaines pièces, de section triangulaire, sont puissantes et portent des traces d'usure tournante. Coche et denticulé : avec plus de 22% d'outils de ce type, les coches et denticulés occupent le second poste de notre inventaire (Fig. 2 ; 13 à 20, 22, 24). C'est certainement cet artefact qui définit le plus précisément le site d'Idqui. Les 20

coches sont parfois profondes et entament largement le bord des lames. Tous les supports ont été propices à cette technique et les éclats torses ou à dos cortical, voire même les lames fragmentées par la technique du microburin ont été utilisées (Fig. 2 ; 17). Lame : les lames brutes sont très nombreuses, ainsi que le constatait déjà M. Almagro Basch. Plus rares sont les lames retouchées (22, 2,77%). Une partie d'un bord est abattu (Fig. 2 ; 21 et 23, fig. 3 ; 1 et 2), l'artefact obtenu pouvant être classé, comme cela apparaît parfois dans les listes typologiques, en tant que « couteau » (Fig. 3 ; 16 et 17). Lamelle : 101 ont un dos abattu, 173 sont élaborées par retouches partielles, 41 ont leurs deux bords abattus. Les lamelles représentent près de la moitié du matériel recueilli (Fig. 3 ; 3 à 34, 42 et 46). Un grand soin a été apporté à la confection de ces outils, les retouches rasantes ou envahissantes des éclats lamellaires permettant une très grande diversité morphologique. Certaines d'entre elles sont classiques et évoquent les productions du Paléolithique supérieur du Maghreb, tandis que les lamelles à retouches périphériques deviennent de véritables têtes de projectiles (ébauche de pédoncule). La grande originalité du gisement de l'Oued Idqui est l'existence d'une lamelle à dos abattu et encoche basale (Fig. 3 ; 25 à 34, 42 et 46). Le type est bien individualisé et peut se définir comme suit : lamelle à dos abattu portant à son extrémité proximale une encoche formant redan. La « pointe d'Idqui », terme que nous avons proposé pour singulariser typologiquement cet outil (Rodrigue, 2009), n'a pas été identifiée ailleurs au Maghreb mais elle existe sur un autre site de la Seguia el Hamra (Sebja Um Seikira, station n°XXIV de M. Almagro Basch). 21

Fig. 2 – Industrie lithique d'Idqui. Microlithe géométrique : la station d'Idqui a fourni 13 triangles typiques, isocèles ou scalènes (Fig. 3 ; 35, 37, 38, 39), 15 segments en demi-cercle (Fig. 3 ; 40 et 41) et 16 troncatures (Fig. 3 ; 43, 44, 49, 51). Une chute de microburin (Fig. 3 ; 43) a été récupérée, tronquée et aménagée en minuscule perçoir.

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Microburin : fig. 3 ; 50, 52, 53 et fig. 4 ; 1, 2 et 14. Ils sont très nombreux, occupant avec près de 13% de l'outillage recueilli, le troisième poste de notre inventaire. Rappelons que le microburin est étroitement lié à la technique de fractionnement programmé de lames et lamelles. Il est intéressant de constater ici que le taux de microburins n'est pas en adéquation avec le taux de microlithes géométriques. En revanche, les pointes d'Ounan (Fig. 4 ; 3 à 5) sont directement issues de cette technique. Divers : nous avons recueilli une flèche tranchante (Fig. 4 ; 6), encore celle-ci se rapproche-t-elle des tranchets (Fig. 4 ; 7 et 8). Les retouches de base, rasantes, sur des pointes non retouchées par ailleurs, peuvent avoir produit des armatures de flèche ou de sagaie (Fig. 4 ; 9 et 10). Nous avons recueilli une seule véritable « pointe de flèche » pédonculée (Fig. 4 ; 11), la retouche couvrante n'intéressant qu'une partie du revers. Notons encore l'existence, à Idqui, d'outils « opportunistes » (éclat repris en front de grattage, fig. 4 ; 13) ou d'outils composites (microburin repris en dos abattu et coup de burin, fig. 4 ; 14). Nous avons récolté une seule rondelle en test d'œufs d'autruche, mais cette élément de parure (?), longtemps recherché dans cette région, a pu être l'objet de récoltes sélectives. Les tests, décorés ou non, sont tout aussi absents.

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Fig. 3 – Industrie lithique d'Idqui. Commentaires Quels sont les critères pertinents qui permettent de mieux définir l'industrie d'Idqui? C'est en premier lieu l'extraordinaire abondance de matière première. Les éclats sont innombrables et le silex, extrait des nodules ou des 24

plaques, au niveau même de la terrasse qui abrite le site, est d'excellente qualité. On constate que les tailleurs ne se sont pas souciés un seul instant d'économie. Légèrement en contrebas de la plate-forme, les ateliers de débitage sont encore en place et l'on peut enregistrer l'abondance des grandes lames, bien venues au débitage et parfaitement utilisables et qui ont cependant été abandonnées. Ces ateliers d'Idqui sont très probablement spécialisés. Les grandes lames obtenues à moindre frais sont devenues des pièces à coche ou des denticulés. Les lamelles à encoche de base (pointe d'Idqui) témoignent elles aussi de ce haut degré de spécialisation. L'absent de marque est le burin, ce qui exclut aussitôt l'hypothèse de quelque « influence » ou « tradition » capsienne pour cette industrie, quand on sait l'omniprésence de cet outil dans les faciès authentiquement capsiens de l'oriental algérien. Nulle trace non plus du moindre tesson de céramique. Mais l'argument est moins convaincant, dès lors que l'on considère l'hypothèse d'atelier de taille du silex pour ce site d'Idqui. Le site a-t-il été écrémé de ses « pointes de flèche » de type saharien ? Ainsi que nous le verrons avec la station suivante de Taruma qui a fourni une quantité remarquable de ces armatures pédonculées à M. Almagro Basch, force est de constater que ces objets ne sont jamais totalement ponctionnés sur les stations sahariennes : les dunes qui se déplacent, le vent régulier et parfois violent contribuent à masquer et à découvrir tour à tour des artefacts qui échappent ainsi momentanément à la récolte. En conclusion et ainsi que le pensait M. Almagro Basch, la station acéramique d'Idqui est plutôt un atelier de taille qu'une station de vie. Le site est distant d'une trentaine de kilomètres de la mer (à vol d'oiseau) et il nous semble peu probable qu'il n'ait pas été en relation avec les 25

escargotières de la côte. Plutôt qu'y voir une phase plus ancienne du néolithique saharien, nous ferions volontiers d'Idqui une station complémentaire, temporaire, de celles, plus stables et pérennes, d'installations côtières telles Taruma. Le site de la Sebkha de Taruma (Sebjas de Taruma, n° LXIX) occupe une place particulière dans l'ouvrage de M. Almagro Basch. Il est le seul en effet pour lequel l'auteur s'est intéressé au contexte général qui accompagne le gisement lithique. L'auteur fait une description très précise (et qui n'a guère changé aujourd'hui) de l'environnement de la dépression et de ses abords, du point de vue végétal et géologique. De la même façon, la matière première est fort bien décrite et à la lumière de nos propres récoltes, on comprend aisément que M. Almagro Basch ait été séduit tant par la qualité du silex (« silex si transparent qu'il ressemble à du cristal de roche »), que par la variété et la perfection du matériel taillé. Il est incontestable qu'au vu de ses inventaires pour ce site, M. Almagro Basch à travaillé au moins en deux campagnes et certainement plus longtemps sur ce site que sur n'importe quel autre. Il parle d'ailleurs d'une « minutieuse récolte de pièces ». Les séries que nous avons constituées ne reflètent donc certainement pas la véritable richesse du site qui est très étendu, les objets étant dispersés sur les bords de la dépression, principalement sur ses berges sud-est. Le gisement a été considéré, à juste titre, comme un seul et même site avec deux concentrations : celle que M. Almagro Basch appelle « Sebja Grande », à vingt cinq kilomètres après la sortie du port d'El Aioun et un kilomètre de la côte (Taruma I, ici) et « Sebja Pequeña », à environ trois kilomètres au nord-nord/est de la première (Taruma II, ici). 26

Dans un premier temps, il est utile de commenter les types lithiques qui ont été reconnus par M. Almagro Basch. Hojas (lames) : très abondantes et reprises de très nombreuses façons. Les dimensions sont très variables et l'auteur décrit particulièrement des lames (et des lamelles) de section triangulaire et retouchées sur les trois faces pour en faire des pointes. Raspadores (racloirs) et Raederas (grattoirs) : les types décrits sont indistinctement mélangés mais grattoirs et racloirs semblent nombreux et diversifiés. Buriles (burins) : l'auteur note l'absence du burin d'angle typique (?). Il décrit quelques burins (« algunos buriles ») mais aucun n'est restitué en dessin ou en photographie.

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Fig. 4 – Industries lithiques d'Idqui (1 à 17) et de Taruma (18 à 31). Perforadores (perçoirs) : M. Almagro Basch distingue deux types principaux, l'un sur éclat lamellaire puissant dégageant une pointe acérée, l'autre étant une lame ou une lamelle retouchée sur sa périphérie et qu'il faut se garder de confondre avec une pointe, insiste encore l'auteur. 28

Puntas con aletas y pedicelo (pointes à ailettes et pédoncule) : une centaine de ces pièces auraient été recueillies par M. Almagro Basch. Les dimensions de ces « pointes de flèche » vont de 2 à 8 cm de longueur. Le type est bien fixé, avec un pédoncule court, deux ailettes à peine marquées mais très acérées. Otras tipos de puntas (autres types de pointe) : M. Almagro Basch note l'absence de véritables pointes foliacées bifaciales et ne commente guère les autres types. Il remarque aussi l'absence des pointes à base concave, dites « en Tour Eiffel ». Microlitos (microlithes) : les plus abondants sont des armatures à tranchant transversal (6 ou 8 recueillis) et des segments. Les microburins sont rares. Un seul trapèze a été récolté. En conclusion, M. Almagro Basch considère l'ensemble de Taruma comme l'un des sites les plus riches du territoire. Ce site est dit « Neolitico de tradicion capiense » (N.T.C.) ainsi qu'il était de mise de dater à cette époque les faciès à grandes lames retouchées du Paléolithique supérieur saharien, l'auteur étant visiblement sous la forte influence des travaux de R. Vaufrey. Voyons maintenant de quelle façon se répartit l'outillage que nous avons recueilli à Taruma I : Grattoir......................................6 Coche et denticulé...................88 10,9 % Perçoir.....................................57 07 % Burin.........................................6 Lame.......................................29 03,59% Lamelle.................................380 47 % Microburin..............................28 29

Armature...............................133 Microlithe géométrique..........50 Divers.....................................30 Total......................................807

16,4 % 06,19%

Grattoir : 6 (Fig. 5 ; 1 et 2). Sur lames ou sur éclats, les grattoirs sont parfois associés à des coches ou des denticulés. Coche et denticulé : ce poste est important, avec 10,9% de ce type recueilli (Fig. 5 ; 3 à 5). On peut constater de nouveau que l'outil est obtenu sur des éclats longs ou des lames, certaines d'entre elles étant particulièrement épaisses. Il est impossible de savoir qu'elle était l'indice de ces artefacts dans les récoltes de M. Almagro Basch car il ne les distingue pas, notant ici et là des lames portant des encoches (« muescas »). Perçoir : tout aussi abondants dans nos récoltes, les perçoirs sont bien de deux types (Fig. 5 ; 6 à 10), les uns dégagés sur des pointes épaisses et acérées, les autres étant plutôt du type mèche de foret. Notons la présence, nouvelle ici, de mini perçoirs (Fig. 5 ; 8), peut-être parfaitement adaptés à la confection de rondelles en test d'œufs d'autruche. Burin : ils sont peu typiques, 4 d'entre eux étant obtenus sur impacts de lamelles (Fig. 5 ; 11), 1 seul sur troncature (Fig. 5 ; 12). Lame : le module est variable, les grandes lames étant cependant plus rares ici qu'à Idqui. Certaines portent de minuscules retouches (Fig. 5 ; 14) ou des ébauches de pédoncule (Fig. 5 ; 13).

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Lamelle : fig. 5 ; 15 à 20. Les lamelles sont décomptées avec les lames dans le travail de M. Almagro Basch, ce qui revient à affirmer leur notable abondance. Les lamelles à un bord abattu sont les plus nombreuses, les lamelles à encoche de base (pointe d'Idqui) étant nettement moins présentes sur ce site (Fig. 5 ; 20). Armature : notons, à la suite de M. Almagro Basch, la richesse et la diversité des armatures perçantes. Il est possible de distinguer (un peu artificiellement, nous le concédons, car on passe insensiblement d'un type à un autre) : - la pointe triédrique (Fig. 5 ; 21 et 22). Obtenu par un débitage particulièrement adroit, un long éclat triédrique naturellement acéré est à peine retouché à la base pour dégager une soie ou l'ébauche d'un pédoncule. Ces « pointes de flèche », remarquablement économiques, ont nécessité un minimum d'aménagement. Par leur robustesse, elles n'en devaient pas moins être d'une grande efficacité. La retouche peut être partielle ou totale sur des pointes non pédonculées à section triangulaire (Fig. 5 ; 23). Progressivement, la retouche, rasante sur le revers, peut occuper une grande partie de l'éclat (Fig. 5 ; 24, 25). - la pointe pédonculée (Fig. 5 ; 26 à 29). La morphologie générale est fluctuante, mais toutes, y compris les pointes foliacées ou pistiliformes, dérivent de la retouche, plus ou moins soignée, d'un éclat triédrique. Nous n'avons pas enregistré de pointes de ce type entièrement bifaciales. -oOoEn bordure septentrionale de la petite dépression de Taruma (Taruma II, ici) nous avons recueilli : Grattoir.................................8 31

Perçoir..................................8 Coche et denticulé...............9 Burin....................................1 Lame....................................3 Lamelle..............................14 Armature............................78, 55,31% Troncature............................3 Microburin...........................1 Divers................................16 Total.................................141 Le nombre d'armatures est particulièrement élevé. Les types individualisés à Taruma I se retrouvent ici (Fig. 4 ; 18 à 20, 25 à 31). En recoupant les indices fournis par M. Almagro Basch et les nôtres, on peut constater que le gisement de Taruma est fondamentalement différent de celui d'Idqui. Par son étendue et la dispersion des artefacts tout d'abord et par l'absence de véritables ateliers ensuite. Le gisement de Taruma, situé en bord de mer et facilement accessible (et même bien avant la construction de routes goudronnées) a peut-être été plus fréquemment pillé que celui d'Idqui et ses indices en sont probablement faussés d'autant. Quoi qu'il en soit, on retrouve sur les deux sites les forts indices de coches et denticulés, de lamelles et d'armatures d'économie. Ni Idqui ni Taruma n'ont fourni le moindre tesson de céramique ou la plus modeste hache polie.

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Fig. 5 – Industrie lithique de Taruma I. Conclusions Écartons d'emblée, pour Idqui comme pour Taruma, le qualificatif de NTC dont les avait affublés M. Almagro Basch. Rien ne permet de distinguer la moindre influence capsienne dans les lots que nous avons présentés ici. Bien 33

au contraire, tous les marqueurs du Capsien sont remarquablement absents. S'agit-il pour autant de Néolithique au sens où l'on parlerait de populations en voie de sédentarisation, ignorant la céramique et l'élevage ? Au seul vu des récoltes lithiques aux indices fortement biaisés du fait des ramassages successifs, cette éventualité est impossible à démontrer. La technique du débitage du silex (dérivée en droite ligne de la technique Levallois), la fréquence des lames et des lamelles, la retouche abrupte ou rasante, rarement couvrante, l'absence de burins et la rareté des microlithes géométriques classiques (triangles et trapèzes) militeraient plutôt en faveur d'un faciès de l'Épipaléolithique et plus particulièrement ce qui est connu, depuis les travaux de R. Vernet (2007), sous le nom de culture du Golfe d'Arguin. À Taruma, ainsi qu'à Idqui (avec pour ce dernier site une fonction particulière d'atelier), nous serions en limite septentrionale de l'extension de cette civilisation et peutêtre dans une phase finale, vers 5700 ans B.P. (Before Present). Sur ces bases épipaléolithiques, plus à Taruma qu'à Idqui cette fois, se surimposeraient, en voile, des populations en voie de néolithisation, produisant principalement les armatures pédonculées à retouches partiellement couvrantes. Mais cette influence semble ténue et les recherches futures -fouilles et datationsveilleront à confirmer ou infirmer ce que nous proposons ici, uniquement à titre d'hypothèse.

V LES SITES RUPESTRES Dans la Seguia el Hamra, les gravures et les peintures rupestres sont essentiellement situées à l'est de Smara (Fig. 1), dans toute la zone où affleure le socle ancien, offrant des supports (grès de l'Ordovicien, principalement) très propices à la gravure. En l'état actuel des connaissances, les foyers rupestres semblent également liés aux cours d'eau principaux et à leurs affluents. Un premier foyer important est constitué par l'ensemble des stations situé aux environs de Smara, avec le groupe des asli (rides étroites émergeant des dépôts néogènes), orientés nordsud, ainsi que les foyers des affluents de la Seguia el Hamra, les oueds Tazoua et Miran. Un second groupe de sites rupestres se concentre dans la haute vallée de la Seguia, au niveau de Hawsa d'abord, puis de Farsia. D'autres stations, très à l'est, appartiennent à des systèmes endoréiques distincts des grands bassins. Un troisième groupe enfin, est celui de l'Oued Kenta, qui a révélé son importance il y a peu, avec de très nombreux foyers disséminés. Ainsi que nous l'avons dit dans la brève présentation de la préhistoire dans le territoire et au sujet de la recherche archéologique, l'art rupestre a été une préoccupation plus fréquente pendant la période de la colonisation espagnole. Mais aucun site rupestre n'a fait l'objet d'études exhaustives tandis que les localisations ont été la plupart du temps approximatives. Est-il besoin de redire que les troubles liés à la décolonisation puis à la guerre entre le Maroc et le Polisario ont brusquement mis fin aux prémices de recherche qui débutaient à peine dans les années soixante dix ?

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Depuis 1991 et le cessez-le-feu, deux zones ont fait l'objet de travaux synthétiques : la zone de Smara, où les indications anciennes relatives aux asli ont été reprises et ont abouti à la publication d'inventaires rigoureux (Al Khatib et alii, 2009) ainsi que la zone du Zemmour (autour de la localité de Meherize), où les recherches ont été initiées par l'équipe de l'Université de Gérone (Espagne). De ces derniers travaux a résulté une brillante étude de J. Soler i Subils (2007) qui restitue avec un soin méticuleux les relevés effectués sur le terrain. Plusieurs de ces sites étaient encore inconnus en 1995. Pour la bonne compréhension de l'état de la recherche dans le domaine de l'art rupestre jusqu'à la fin de la colonisation espagnole, il est impératif de citer le travail de récolement effectué par R. de Balbin Behrmann en 1975. La plupart des sites connus alors ont été revus et l'auteur a pris soin d'enregistrer toutes les gravures rupestres qui avaient été déplacées et stockées dans des casernes ou des logements de fonction. Ainsi, R. de Balbin Behrmann note : « Résidence des Phosphates de Bou Kraa » (sic !) : sur des plaques provenant probablement de Smara, Miran, Tazoua...118 sujets (« formas ») gravés parmi lesquels 17 antilopes, 10 anthropomorphes, 10 autruches, 24 bovidés, 5 capridés, 5 éléphants, 8 girafes. « Résidence du Gouverneur » (« General Gobernador ») : 37 sujets. « Mess des Troupes Nomades » à Smara : 113 sujets, parmi lesquels 20 antilopes, 4 anthropomorphes, 21 autruches, 1 char, 5 éléphants, 6 girafes, 1 masse (« maza », qui serait en fait une hache). Il est intéressant de constater que parmi les 1783 sujets considérés par R. de Balbin Behrmann, 268 ne sont plus en place. À partir de ces différents travaux que nous venons d'évoquer certaines observations peuvent être émises, 36

tandis que des impératifs incontournables devront être respectés à l'avenir : - les prospections et les relevés systématiques montrent que les stations rupestres sont d'une exceptionnelle richesse et contiennent une quantité largement supérieure aux inventaires passés (ceux de l'immédiat après-guerre et jusqu'en 1975). À l'avenir, les prospections devront être lentes et méthodiques. - le premier souci des inventaires futurs sera de localiser très précisément le site, afin qu'aucune confusion soit possible. Trop de sites ont été mal ou incomplètement documentés. - les travaux récents montrent le lien étroit qui relie expressions rupestres, industries lithiques et constructions monumentales. L'étude de l'une de ces manifestations anthropiques devra nécessairement être corrélée avec les deux autres. - l'unique dépositaire des connaissances et des collectes devra obligatoirement être le gouvernement de la R.A.S.D. Dans l'inventaire qui va suivre, nous considérons toutes les stations connues de nous actuellement, quelle que soit leur importance. La description des sites se déroule suivant la localisation, du nord au sud. Les stations sont nommées suivant des toponymies approximatives et parfois multiples, avec un code que l'on retrouve sur notre schéma de localisation (Fig. 6). Les planches de dessins sont restituées telles qu'elles ont été publiées par les différents auteurs. Une orientation préférentielle a parfois été privilégiée.

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Fig. 6 – Localisation des sites rupestres Inventaire des sites rupestres HAWSA (Ha) – Zone occupée. Localisation probable : 27° 08' 50''N / 10° 58' 01''O. La station se trouverait dans la haute vallée de la Seguia el Hamra, à la confluence de l'Oued Afra. Hawsa (ou encore Hausa, Hauza) signifierait « la préférée » en dialecte hassania. Un ancien fort qui aurait existé avant la colonisation espagnole a été détruit. Il semble que la station ait été découverte -ou tout au moins décrite- la première fois par J. Mateu (1945-1946). L'inventaire signale des bovidés, des autruches et un éventuel flamant (Fig. 7 ; 1 à 4). Les gravures ont été effectuées selon deux techniques, le piqueté et l'incisé fin (dont une figuration humaine ?). Depuis 1975, la zone est inaccessible et aucune des constructions qui existaient n'a été reconstruite. Les stations rupestres n'ont pas été revues depuis les publications de M. Almagro Basch (1946) et H. Nowak et alii (1975). La zone de Hawsa comprend une quarantaine de monuments lithiques.

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FARSIA (Fa) – Zone occupée. Localisation probable : 27° 06' 56''N / 09° 45' 45''O. Farsia est un puits que les Saharaouis considèrent comme la source légendaire de la Seguia el Hamra. À proximité de ce puits, une terrasse offre deux abris étroits dans lesquels E. Morales Agacino (1942) a relevé des peintures et des gravures. Pour les auteurs (le site a été repris par M. Almagro Basch et H. Nowak et alii, op. cit.), tout l'intérêt de cette modeste station réside dans les signes et les inscriptions dits libyco-berbères, peints en différents tons de rouge (Fig. 8). Le site n'a pas été revu depuis 1975. TUCAT EN HAILA (TeH) – Zone occupée. Localisation probable : 27° 03' 10''N / 10° 34' 56''O. La station de Tucat en Haila se trouverait à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Hawsa, sur la rive nord de la Seguia el Hamra. Le nom de cette localité n'apparaît pas sur les cartes du Servicio Geografico del Ejercito, en 1962, pas plus que les termes approchant Tuccat, Tuccat Najla. D'après H. Nowak et alii (op. cit.), la localisation qui a été donnée par M. Almagro Basch ou J. Mateu (op. cit.) est erronée (60 km au nord-ouest de Smara). Les auteurs distinguent trois foyers principaux :

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Fig. 7 – Hawsa (1 à 4) ; Tucat (5 et 6). D'ap. M. Almagro Basch. Station I : marques de chameliers (?) principalement. Station II : groupe d'autruches et bovidé (Fig. 7 ; 5 et 6), en style Tazina prononcé. Station III : autruches. Les sites rupestres de cette région n'ont pas été revus depuis les prospections des chercheurs espagnols. Il est certain que de nouvelles prospections révèleraient un nombre beaucoup plus important de dessins. 40

FOUM OUED BEN DAKA (ObD) – Zone occupée. Localisation probable : 27° 03' 03''N / 10° 23' 42''O. La station rupestre, aussi dénommée Ben Decca, serait située à une soixantaine de kilomètres de Hawsa, au confluent de l'Oued Ben Daka avec la Seguia el Hamra et sur la rive nord de celle-ci. Elle n'est connue que par la publication de M. Almagro Basch et la reprise de H. Nowak. Elle comprendrait des sujets de styles et de techniques variés. Prédomineraient des images d'antilopes en traits incisés fins et des signes variés, considérés par les auteurs comme des marques de tribus. La zone n'a pas été revue depuis 1975. SUIEL (Su) – Zone occupée. Localisation probable : 27° 01' 24''N / 10° 31' 00''O. La station aurait été découverte par M. Pellicer et P. Acosta (1972). La localisation est imprécise : le foyer se trouverait à une soixantaine de kilomètres à l'est/sud-est de Hawsa, sur la rive nord de la Seguia el Hamra et au confluent de l'Oued Suiel. On en connaît actuellement les quelques dessins publiés par M. Pellicer et P. Acosta (Fig. 9). Les auteurs insistent sur la grande variété thématique, stylistique et technique de cette station. H. Nowak et alii donnent un inventaire du site, sans que l'on sache si les chercheurs se sont rendus effectivement sur place. La station comprendrait : 3 bovidés, 2 Oryx, une gazelle, 5 autruches et un rhinocéros (Fig. 9), un éléphant (Fig. 9 ; 6), que M. Pellicer et P. Acosta décrivent frappé de flèches, ainsi que l'étrange représentation d'un masque (?), (Fig. 9 ; 9) de style et de patine récents, d'après H. Nowak et alii, gravure qu'il est fort intéressant de comparer à des images de même inspiration à Lemcaiteb (Fig. 10 ; 6 ), Pozo Lemcaiteb (Fig. 12 ; 5) ou encore au Gleb Terzug

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(Rio de Oro), débordant du cadre de la présente étude (Soler et alii, 1997).

Fig. 8 – Farsia. D'ap. M. Almagro Basch CHELJA MAIRAT (CM) – Zone occupée. Localisation probable : 26° 55' 15''N / 09° 56' 66''O. La station serait située à l'extrémité du bassin de la Seguia el Hamra, en bordure d'une avancée de la Hamada de Tindouf. Elle est brièvement décrite par M. Almagro Basch et reprise par H. Novak et alii. Elle ne comprendrait qu'une dizaine de sujets gravés en traits polis profonds (Tazina ?), dont un rhinocéros. M. Almagro Basch insiste sur le fait que, sur cette dernière image, la corne secondaire est exceptionnellement plus longue que la corne primaire. La station n'a pas été revue depuis 1975. LEMCAITEB (PL) – Zone occupée. Localisation imprécise.

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Une grande confusion existe quant à la localisation et à la toponymie de cette station, dénommée tour à tour Mecaiteb, près de l'Oued Ben Sacca (ou Saka ?), ou El Mekaiteb ou encore El Mecaiteb. Les gravures rupestres décrites et sommairement dessinées par E. Morales Agacino (1942) diffèrent totalement de celles décrites et reproduites par M. Almagro Basch. Il est fort probable qu'il existe au moins deux stations très proches l'une de l'autre (environ 5 à 6 km). La zone contact, entre le tout début du bassin de la Seguia el Hamra et le rebord de la Hamada de Tindouf a dû favoriser la multiplication des sites rupestres dans cette région. Les images relevées par E. Morales Agacino (Mekaiteb) comprennent un éléphant, deux girafes, deux antilopes, deux animaux indéterminés et un masque (?), semblable à celui de Suiel (Fig. 10). La station qui est décrite par M. Almagro Basch comme détenant « les manifestations de l'art rupestre les plus abondantes du Sahara Espagnol » serait celle du puits Mecaiteb (Pozo Lemcaiteb, in Nowak et alii). Environ trente cinq sujets, parmi lesquels des girafes, deux éléphants en traits incisés fins approchés par trois personnages, deux rhinocéros (Fig. ; 11) sont enregistrés par les auteurs. Mais, ainsi qu'ils le constatent, il leur été impossible d'inventorier les concentrations de façon exhaustive. La majorité des gravures -tout au moins celles publiéesa été exécutée en traits incisés fins avec quelques productions en style Tazina. Les petits personnages à ceinture approchant des fauves ou un groupe de bovidés poursuivis par un chien (ou un lycaon, donné comme hyène par M. Almagro Basch, fig. 11 ; 7), sont à remarquer. Notons le dessin d'un masque (?) associé à une girafe (Fig. 12 ; 5).

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Fig. 10 – Lemcaiteb. D'ap. E. Morales Agacino.

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Fig. 11 – Pozo Lemcaiteb in H. Nowak et alii. Quant à H. Nowak et alii, ils fournissent dans leur publication cinq images totalement différentes (Fig. 13 ; 1 à 5) et provenant du « Pozo Lemcaiteb », dont la gravure d'un rhinocéros touché à la cuisse par une hache, association que l'on retrouve fréquemment dans le Sud marocain (Fig. 13 ; 3). 45

Le recoupement des divers inventaires à Lemcaiteb donne donc un total d'une quarantaine de sujets gravés, ce qui nous rapproche de l'inventaire effectué par H. Nowak et alii. Mais il est certain que toute cette zone est à prospecter à nouveau. SIDI MOULOUD (SM) – Zone libérée. Localisation probable : 26° 50'N / 09° 12'O, in H. Nowak et alii, d'après Milburn, 1973. Cette station, tout comme celle de Sluguilla Lawaj et de Ras Lentareg, a été l'objet d'une totale confusion et d'un grand nombre de redites. Elle semble avoir été découverte par M. Pellicer et P. Acosta qui parlent « d'un des gisements d'art rupestre le plus riche et le plus spectaculaire du Sahara Espagnol », par la variété de sa faune, de la qualité artistique des dessins, sans compter les autres témoins préhistoriques comme les tumulus et une abondante industrie lithique. Le site est aussi appelé Lahuach el Telli. Il est situé à 35 km de la frontière mauritanienne et à environ 10 km du seyyed de Sidi Mouloud. Malgré l'abondance des images -d'après les auteurs- les publications ne restituent qu'une quinzaine de gravures (Fig. 13 ; 6 et 7 et fig. 14). Le site ne semble pas avoir été revu depuis l'inventaire de H. Nowak et alii qui donnent huit photographies et parmi celles-ci des sujets déjà relevés par M. Pellicer et P. Acosta. Les gravures sont incisées en traits peu profonds et le style Tazina n'est pas évident. Il semble que d'autres sujets aient été piquetés (Fig. 14 ; 4 et 18). Les images en traits incisés montrent des bovidés à grandes cornes vers l'avant (représentation assez inhabituelle du bœuf qui tourne la tête, fig. 14 ; 1, que l'on retrouve aussi à Smara -origine inconnue- et à Sluguilla Lawaj, fig. 15 ; 3 et 4). Les gazelles et antilopes sont nombreuses et variées (antilopegirafe ou Gerenuk? fig. 14 ; 14). M. Pellicer et P. Acosta 46

donnent leur interprétation des formes en calebasse (Fig. 14 ; 16 et 17) qu'ils appellent bovidés à grandes cornes vus de dessus («bóvido en esquema visto desde arriba, con gran cornamenta y clara indicación de la espina dorsal»). SLUGUILLA LAWAJ (SL) – Zone libérée. Localisation probable : 26° 48' 24''N / 08° 50' 44''O. Le site de Sluguilla Lawaj semble avoir été signalé une première fois par N. Soler et alii en 2001, quelques années avant la prospection et le travail de relevé et d'inventaire de J. Unge Playa (2009). Les différentes stations rupestres que comprend ce foyer se trouvent en bordure de la sebkha endoréique Dallet el Am et s'étendent sur 35 km de longueur et 1 km de profondeur. Ainsi que le déclare J. Unge Playa, les différents auteurs qui ont travaillé dans la région ne semblent pas avoir perçu la richesse de cet ensemble de sites. M. Milburn (1973) aurait travaillé sur une autre localité, à une quarantaine de kilomètres au sud de Sluguilla Lawaj et publié des gravures jusque là inédites, provenant d'un site qu'il appelle Ras Lentareg. Un toponyme identique est utilisé par F. Soleilhavoup, mais pour publier d'autres images inédites (1997) et pour lesquelles J. Unge Playa soupçonne fortement F. utilisé des photographies Soleilhavoup d'avoir anamorphosées et d'avoir publié des calques incomplets. C'est doublement commissionné par l'Université de Gérone et le Ministère de la Culture de la R.A.S.D. que J. Unge Playa a entrepris l'étude des gravures de Sluguilla Lawaj, en 1995. Les images ont été portées sur des dalles horizontales ou légèrement inclinées. Sur 17 km où ont été recensées systématiquement les gravures, ce sont plus de 1000 sujets qui ont été inventoriés. La publication de 2009 présente les sept foyers répartis sur 4 km de longueur et où 230 sujets ont été relevés. Toutes les gravures sont polies, en traits plus ou moins profonds. La patine est totale et le 47

style de Tazina est prépondérant, bien qu'il affiche quelques petites différences avec celui du Sud marocain (Fig. 15). Les zoomorphes sont ici largement majoritaires (181 ; 78%), avec des bovidés, des antilopes (addax, antilope cheval Hippotragus equinus), des gazelles, des gerenuks etc. Viennent ensuite des oiseaux, 11 dessins d'autruches et peut-être des flamants. Les carnivores sont rares et 6 félins indéterminés sont décomptés. L'auteur enregistre encore 6 éléphants, 11 rhinocéros, un équidé (Equus africanus ?), 14 girafes agrémentées de détails assez inhabituels, 25 zoomorphes indéterminés. J. Unge Playa remarque que, d'une part, les girafes sont exceptionnellement nombreuses et que, d'autre part, la grande faune africaine est mieux représentée au Sahara Occidental que ce qui avait été avancé jusqu'alors ( Muzzolini, 1990, Le Quellec, 1999).

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Fig. 12 – Pozo Lemcaiteb in H. Nowak et alii.

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Fig. 13 – Pozo Lemcaiteb (1 à 5) et Sidi Mulud (6 et 7). sont rares (6). Les Les anthropomorphes représentations en sont variées, avec des postures assez inhabituelles (Fig. 15 ; 19 à 22). Un petit personnage fantomatique est peut-être représenté vêtu.

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Une bonne partie du texte de 2009 de J. Unge Playa est consacrée à ce qu'il appelle des « zeppelins ». À l'encontre de l'interprétation généralement admise actuellement de représentation de nasse ou de piège qui est donnée à cette « forme en gourde » (Fig. 15 ; 26 à 30), et notamment après les travaux de R. Wolff (1997), la proposition de M. Pellicer et P. Acosta de 1972 est curieusement reprise : les images seraient celles de bœufs vus de dessus (« perspectiva cenital »). Les « zeppelins » seraient particulièrement nombreux à Sluguilla Lawaj (86). Cependant, certains de ces « zeppelins » sont classés parmi les zoomorphes, ce qui a pour conséquence de gonfler artificiellement les statistiques. L'étude de J. Unge Playa est loin d'être exhaustive tandis que la lecture que donne l'auteur de certains sujets est parfois surprenante : l'ensemble est indéniablement de style Tazina, ce qui signifie que la faune est parfois identifiable (oryx, girafe, rhinocéros...) mais il reste difficile, dans ce style qui est généralement délirant, de reconnaître un simien (Fig. 15 ; 21) ou un buffle antique (Buffalus antiquus, fig. 15 ; 3). Cependant, les résultats des prospections de J. Unge Playa et de l'équipe de Gérone représentent parfaitement ce que l'on peut attendre des sites rupestres du Sahara Occidental, dès lors qu'une mission archéologique se donne les moyens scientifiques d'études sur le terrain. Il est certain que toute cette région, qui, par certains aspects, ressemble fort à celle de Smara, détient encore une quantité élevée de documents rupestres inédits. OUED SELWAN (OS) – Zone occupée. Localisation imprécise. Les gravures rupestres de l'Oued Selwan ont été découvertes par J. Mateu (1945-1946), reprises par M. Almagro Basch, puis par H. Nowak et alii (1975). Une 51

grande confusion règne quant à la localisation précise des foyers rupestres, tour à tour situés au nord ou au sud de la ville de Smara, toujours à peu de distance cependant et sur les berges de l'Oued Selwan (ou Salwane, Saliwane, Salouane, Zeluan...). Au vu des relevés des divers auteurs, images que nous restituons sur trois planches (Fig. 16, 17 et 18), il est probablement question de plusieurs foyers répartis le long d'une des rides parallèles qui courent aux environs de Smara (à l'ouest de la ville), donnant de ce fait une direction générale sud-nord à tous les cours d'eau affluents de la Seguia el Hamra (oueds Bou Kerch, Selwan, Miran, Tazoua).

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Fig. 14 – Sidi Mulud. D'ap. M. Pellicer et P. Acosta.

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Fig. 15 – Sluguilla Lawaj. D'ap. J. Unge Plaja. Ces différents foyers semblent assez riches en dessins rupestres, bien que cette richesse n'ait rien de comparable avec celle des sites des asli. Deux grandes concentrations au moins semblent avoir été individualisées : 54

- ce que les auteurs appellent la « güera del Uad Zeluan », amoncellement rocheux isolé (l'équivalent de güera en Arabe serait koudia). À l'exception d'une girafe en trait incisé fin, le reste serait assez fruste et obtenu en trait piqueté (Fig. 16 ; 1 à 6). Parmi ce groupe, remarquons un faux récent probable (Fig. 16 ; 2). - ce que les auteurs appellent les berges de l'Oued Selwan (« margenes del Uad Zeluan al Sur de Smara ») et qui se situerait par conséquent au sud de la ville. Ce serait ici le site principal, avec de nombreuses gravures en traits polis incisés fins ou profonds mais où le style Tazina n'est pas décisif. M. Almagro Basch remarque la dalle comportant quatre flèches qu'il attribue au N.T.C. (Fig. 16 ; 9). Ce type de flèche, à pédoncule court pour trois d'entre elles et hampe longue pour la dernière, correspondrait plutôt aux productions métalliques que l'on retrouve en Mauritanie et datées du Chalcolithique (âge du cuivre, environ 800 av. J.C., Vernet, 2003). ASLI BOU KERCH (AbK) – Zone occupée. Localisation : 26° 39' 27''N / 11° 46' 06''O et 26° 47' 34''N / 11° 48' 50''O, pour les deux points extrêmes de la ride. Les rides qui s'étendent à une douzaine de kilomètres à l'ouest de Smara et sur une vingtaine de kilomètres de longueur détiennent les foyers rupestres qui sont les plus connus du Sahara Occidental. Ils ont été inventoriés (sinon visités !) par à peu près tous les préhistoriens qui ont sévi dans la région. Ce sont aussi les sites rupestres qui ont eu le plus à souffrir de ces « visites », du fait de leur proximité avec la ville et la très grande facilité d'accès aux gravures. La synthèse la plus exhaustive qui existe aujourd'hui est certainement celle de A. Al Khatib et alii (2009) qui ont individualisé 6 foyers de gravures, inventoriés de Asli Bou Kerch I (AbK I) à Asli Bou Kerch VI (AbK VI). C'est un 55

total de 308 sujets qui est minutieusement analysé, photographié, dessiné, avec deux foyers majeurs, AbK V et VI, les plus proches du lit de la Seguia el Hamra.

Fig. 16 – Oued Selwan, in H. Nowak et alii. Parmi ces sujets, les auteurs ont relevé 32 bovidés, 26 anthropomorphes, 20 chars, 13 girafes, 12 rhinocéros, 9 armes (haches principalement) et 68 sujets indéterminés. 56

Les styles sont variés, du trait incisé au style de Tazina et un grand nombre de gravures sont piquetées. Les prospections au sol, alliées aux relevés photographiques systématiques, ont permis d'enregistrer les importantes destructions, dues à la corrosion, mais aussi aux pillages successifs et à la guerre (plusieurs « murs » de défense traversent les rides d'est en ouest). Paradoxalement, ce sont les foyers de Smara qui ont été prospectés avec le moins de rigueur. Par ailleurs, aucun des sujets relevés par M. Almagro Basch ou H. Nowak et alii a été revu (Fig. 17, 18, 19). Certains documents ont été récupérés (plaques ou blocs facilement détachables) et expédiés dans divers musées des Canaries ou d'Espagne ou dans des casernes du Sahara Occidental. Les évènements ultérieurs n'ont certainement pas contribué à éclaircir leur destinée. Du fait de la configuration des rides rocheuses (6 rides principales parallèles, plus des rides annexes de moindre importance), il est probable que de nombreuses gravures ont échappé aux prospections. D'autres foyers proches de Smara ont été signalés par le passé et il n'est point besoin de collationner les nombreuses toponymies locales des « indigènes » (« los naturales », écrit M. Almagro Basch), Cerro de El Aslein Bukerch, El Aslein Bukerch, Loma de Asli, Asli Richies...pour parvenir à la conclusion que ces sites de Smara sont à revoir intégralement. Signalons encore pour mémoire que R. de Balbin Berhmann (1975) cite le foyer d'Asli Gardega, à 10 km de Smara, où il relève 320 sujets. Il est possible que ce site corresponde à une des crêtes bordant l'Oued Bou Kerch. À Asli Bou Kerch même, R. de Balbin Berhmann relève 967 sujets (parmi lesquels 3 poignards, non revus depuis), inventaire largement supérieur à tout ce qui a été enregistré à ce jour. Sur le foyer appelé Loma de Asli, le même chercheur signale 13 sujets, différents de ceux vus 57

par les auteurs espagnols et autrichiens déjà cités. De notre côté, nous avons relevé 25 sujets appartenant à un foyer que nul n'avait signalé jusqu'alors (Rodrigue, 2010 a). Nous pourrions multiplier les exemples de redites, de confusion, de toponymie redondante ou inexacte. Il relève de ces constatations (au risque de nous répéter) que seules des prospections systématiques, avec des coordonnées extrêmement précises (les GPS seront d'une grande utilité) pourront restituer le potentiel des rides à gravures.

Fig. 17 – Oued Selwan, in H. Nowak et alii. 58

Fig. 18 – Oued Selwan, in H. Nowak et alii. OUED TAZOUA (OT) – Zone occupée. Localisation probable : 26° 36' 24''N / 11°32'' 19''O. Aussi orthographiée Tazua, Tasua, Tassua, suivant les auteurs, la station rupestre est signalée par M. Pellicer et P. Acosta (1972). Elle apparaît également dans l'inventaire de 59

H. Nowak et alii. Les auteurs mettent l'accent sur les conditions particulièrement défavorables du gisement : il s'agit de plaquettes de grès et un nombre certainement élevé de sujets a déjà disparu au moment des inventaires. Les exemples de plaquettes de grès gravées exposées dans la cafétéria (« Speisesaal ») ou le foyer des Troupes Nomades (« Hof der Tropas Nomadas ») de Smara confirment les craintes. La station est décrite comme un « riche gisement de gravures rupestres et de tumulus ». Au moins un monument lithique à antennes et plusieurs tumulus à alignements annexes existent sur la rive de l'Oued Tazoua à cet endroit. L'ensemble se trouve à une dizaine de kilomètres du « mur » de défense marocain. Quant à M. Pellicer et P. Acosta, ils donnent une dizaine de relevés de ce site. Le style Tazina y est présent mais aussi, semble-t-il, un certain nombre de dessins effectués en traits incisés fins (Fig. 20 ; 1 à 9). L'inventaire de H. Nowak et alii donne quatre relevés, reproductions des frottis originaux de H. Biedermann, que nous restituons ici de façon plus précise (Fig. 20 ; 10 à 13). Ils retrouvent ainsi la gazelle déjà signalée par M. Pellicer et P. Acosta, ajoutent un bovidé et un éléphant en traits polis ainsi qu'une autruche piquetée. Aucune de ces gravures n'a été retrouvée lors des prospections de A. Al Khatib et A. Majidi, à partir de mars 2003 (Al Khatib et alii, 2009). Il y aurait donc non pas un site le long de l'Oued Tazoua mais bien plusieurs localisations réparties sur plusieurs kilomètres. Quoi qu'il en soit, l'inventaire de A. Al Khatib et alii donne un total de 24 sujets, dont 11 zoomorphes indéterminés, 4 bovidés, 1 antilope, 1 rhinocéros, 1 félidé, 1 capridé, 1 piège (probable), 1 serpentiforme et 3 signes indéterminés. Le style Tazina n'est pas majoritaire, avec un

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bovidé à l'intérieur duquel est figurée une tête d'oiseau, une probable girafe et une gazelle, sur la même dalle. La localisation de ces sites rupestres, très proches de la berme de défense (« mur ») et des zones minées, n'a pas permis une recherche scientifique rigoureuse et un quadrillage systématique des rides à gravures. Un grand nombre de dessins sont encore à découvrir : nous en prendrons pour preuve l'inventaire effectué sur le site (ou un site immédiatement voisin ?) par R. de Balbin Behrmann. Le chercheur dénombre en effet sur la station « Uad Tassua » 61 sujets, parmi lesquels il faut remarquer la présence de 10 girafes, jusque là non signalées.

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Fig. 19 – Asli Bou Kerch, in H. Nowak et alii. OUED MIRAN (OM) – Zone occupée. Localisation probable : 26° 35' 02''N / 11° 30' 00''O. Le foyer rupestre de l'Oued Miran (aussi orthographié Meran ou Mirane par M. Almagro, 1971) se trouve à moins de cinq kilomètres de celui de l'Oued Tazoua. La station ne semble pas avoir été mentionnée avant l'article 62

de M. Almagro qui publie quelques représentations d'armes (« hachas neoliticas enmangadas »). La gravure de l'homme brandissant une hache est reprise par H. Nowak et alii. La grande faune est bien présente, mais le site décrit par M. Almagro et H. Nowak et alii comporte aussi des images d 'hommes et de cavaliers équipés d'armes métalliques (Fig. 21). Le foyer décrit comme « Meran I » montre à lui seul six images de haches. H. Nowak et alii remarquent que les gravures décrites par M. Almagro se trouvent très au nord de l'Oued Miran, presque à sa confluence avec l'Oued Tazoua. Il est incontestable que l'on se trouve de nouveau en présence d'une longue succession de sites et non d'une seule station. C'est de nouveau une station différente que A. Al Khatib et A. El Majidi ont inventoriée. Ils relèvent 18 sujets dont deux bovidés, deux girafes et trois anthropomorphes, deux d'entre eux s'approchant de grands fauves par l'arrière (probablement des éléphants). C'est aussi 18 sujets qui ont été vus par R. de Balbin Behrmann, dont deux hachiformes, peut-être ceux déjà vus par H. Nowak et alii et publiés aussi par M. Almagro (Fig. 21 ; 8). Il nous faut revenir sur deux images de Miran qui sont d'un très grand intérêt : il s'agit tout d'abord de ce cavalier (Fig. 21 ; 9, d'après un frottis original, in Nowak et alii), brandissant un bouclier rond auquel est adjoint trois sagaies et tenant dans l'autre main une quatrième arme. Cette image est à mettre en corrélation étroite avec la stèle d'Abizar (Kabylie, Algérie) où un cavalier est armé d'un bouclier circulaire et de trois sagaies (Camps, 1980). Certains détails diffèrent (absence du fameux objet rond dans la main droite), mais l'inspiration est identique. Pour G. Camps, il s'agirait de l'image d'un dieu cavalier datant d'avant la conquête romaine. D'autres images de ce 63

cavalier ont été recensées il y a peu (Ait Ali Yahia, 2010), mais toujours en Kabylie.

Fig. 20 – Tazoua. D'ap. M. Pellicer et P. Acosta, H. Nowak.

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Fig. 21 – Oued Miran. D'ap. H. Nowak et alii, M. Almagro. La deuxième image est celle d'une girafe représentée avec, entre les pattes, ce que l'on peut considérer comme le dessin d'une pierre d'entrave (dite aussi pierre de Ben 65

Bârûr), image que l'on retrouve au Messak libyen (Le Quellec, 1998) et qui serait un dispositif de piégeage. GART TEMAR (GT) – Zone libérée. Localisation probable : 26° 34' 16''N / 10° 41' 18''O. H. Nowak et alii donnent la localisation suivant : « 50 km au nord-ouest de Tifariti sur les berges de l'Oued Erni ». Les auteurs signalent des gravures rupestres de bovidés en traits polis à patine sombre. Le site de semble pas avoir été revu depuis 1975. RAS LENTAREG (RL) – Zone libérée. Localisation probable : 26° 27'N / 09° 05'O, d'après M. Milburn (1973). Il semble que cette station, qu'il faut distinguer de Sluguilla Lawaj, ainsi que le rappelle J. Unge Playa (2009), ait été inventoriée par M. Milburn pour la première fois. Mais le doute persiste, car quatre images au moins (dont la girafe tachetée de la figure 23) sont communes aux deux sites. Ras Lentareg a été publié deux fois par M. Milburn, sous deux titres différents (1973 et 1975) mais ils s'agit du même texte repris in extenso avec quelques fioritures et des commentaires pas toujours bien maîtrisés (« tout ce que nous avons pu observer a bien l'air d'être tardif, dégénéré même »). F. Soleilhavoup « découvre » à son tour le site de Ras Lentareg et le publie deux fois, lui aussi, en 1997 et en 1998. Les documents photographiques, pris par un officier de la MINURSO, sont exploités sous la forme de dessins et il est évident que certains d'entre eux sont anamorphosés (Fig. 23, en haut à droite). Le style de la station de Ras Lentareg est indubitablement tazinien, les thèmes exploités étant ceux de la grande faune sauvage, tandis que les images de 66

l'homme restent rares. On retrouve les formes en calebasse (pièges-nasses ?) parfois associées à des animaux (Fig. 22 et 23). Au-dessus d'une girafe à la robe tachetée (Fig. 23), des traits imprécis pourraient être ceux d'un homme brandissant une hache. L'inventaire et les statistiques que fournit F. Soleilhavoup s'appliquent à 102 représentations. Les bovinés, les antilopinés et les autruches sont les sujets les plus fréquents (plus de 50%). L'auteur note le nombre élevé de girafes (8%), remarque qui vient à l'appui de celle de J. Unge Playa au sujet du site de Sluguilla Lawaj. F. Soleilhavoup insiste aussi sur le nombre important (9%) de dessins en « forme de calebasse ».

Fig. 22 – Ras Lentareg. D'ap. F. Soleihavoup. 67

Fig. 23 – Ras Lentareg. D'ap. F. Soleihavoup.

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AMGALA (Am) – Zone libérée ? Localisation : 26° 26' 48''N / 11° 30' 53''O (Coordonnées de la localité d'Amgala, en zone occupée). La station rupestre elle-même se situerait à une dizaine de kilomètres à l'est de la berme (« mur ») de défense et donc en zone libérée. Le site (à moins qu'il ne s'agisse de nouveau de plusieurs foyers distincts ?) est tour à tour appelé Adoloa Amgala par E. Morales Agacino, Odoloa Amgala par M. Almagro Basch et H. Nowak et alii, enfin Amgala par H. Nowak (1976). Le support des gravures est un grès du Dévonien, très sombre et qui éclate en dalles plates de faible épaisseur, ce qui a sûrement facilité le pillage. Les sujets sont de style Tazina, pour quelques uns, mais c'est le style effilé fin qui prédomine. Avec quelques images de bovidés, c'est le très élégant « couple », repris dans plusieurs articles, qui est publié (Fig. 24 ; 7). E. Morales Agacino insiste sur la chevelure de l'homme qui, d'après lui, est à rattacher aux traditions capillaires des Saharaouis. Il peut aussi s'agir d'une coiffure munie de plumes. L'homme est ithyphallique et il est équipé d'une queue postiche. C'est la publication de H. Nowak (1976), quelques mois après sa visite sur le terrain et juste avant l'invasion du territoire par les Marocains, qui est la plus intéressante. L'inventaire de H. Nowak fait état de plusieurs personnages, l'un d'eux gravé devant ce qui semble être un Buffle antique (Fig. 24 ; 5), un autre brandissant une hache métallique à tranchant en éventail (Fig. 24 ; 6). D'autres haches figurent sur la même dalle. L'inventaire de R. de Balbin Behrmann compte quant à lui 107 sujets dont 11 bovidés, 5 buffles (« buffalos », Buffalus antiquus ?), 1 hache et 6 girafes. Il semble que R. de Balbin Behrmann ait fait une distinction entre le site

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principal et une zone méridionale qu'il nomme « Proa » et qui comprend 29 sujets dont 5 girafes. REKEIZ AJAFOUN (RA) – Zone libérée. Localisation : 26° 20' 13''N / 11° 04' 52''O. Avec les quatre stations rupestres suivantes, la station de Rekeiz Ajafoun appartient au groupe de sites découverts autour de la localité de Meherize. C'est aussi la station la plus modeste, puisque l'inventeur (J. Soler i Subils) ne signale qu'une seule peinture représentant un personnage en rouge clair, accompagné de ce qui ressemble à un protomé de girafe. La station de Rekeiz Ajafoun se trouve à 12 km au nord-ouest du site principal de Rekeiz Lemgasem.

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Fig. 24 – Amgala. D'ap. H. Nowak, M. Almagro. REKEIZ LEMGASEM (RzL) – Zone libérée. Localisation : 26° 19' 30''N / 10° 45' 28''O. La station de Rekeiz Lemgasem, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Tifariti, est la plus importante station de peintures rupestres découvertes à ce jour dans cette zone. Quelques peintures étaient connues depuis les missions d'observation et de contrôle de la MINURSO, en 1995, et les plus spectaculaires ont été publiées (Soleilhavoup, 1998). Mais c'est à la suite des prospections de l'équipe de l'Université de Gérone et 71

l'excellent travail de synthèse de J. Soler i Subils (2007) que l'on peut aujourd'hui évaluer l'ampleur exacte d'un tel gisement. Ce sont 80 abris, plus ou moins importants, qui ont livré des peintures. Toute la zone est par ailleurs riche d'industries lithiques et de constructions monumentales. Ainsi que l'envisage J. Soler i Subils, ce sont certainement les différents styles de peintures qui ont pu être distingués à Rekeiz Lemgasem qui serviront, à l'avenir, de critère de référence pour toutes les autres manifestations rupestres de la zone. Certains de ces abris, très étroits, puisqu'ils ont été creusés dans des grès par des phénomènes éoliens, ne comportent qu'une seule image, tandis que d'autres montrent de véritables scènes de chasse ou des files interminables d'un même sujet. C'est bien en effet cette répétition des files indiennes qui caractérise le mieux l'« ambiance » générale des abris : l'Abri des Gazelles compte 53 images de l'animal, parfaitement recopiées, comme au pochoir, les unes à la suite des autres. Un autre abri offre 52 images indéterminées, stéréotypées, dont il est difficile de dire s'il s'agit d'hommes ou de gazelles. Ailleurs, ce sont 15 chasseurs qui sont en ligne, en présence d'un éléphant. Enfin, un abri est appelé l'Abri des Cent Mains, tandis qu'un auvent offre les images peintes de mains d'enfants. Une autre caractéristique de cet ensemble, qui, malgré des peintures récentes (quelques inscriptions libycoberbères ou Arabes) semble homogène, est le nombre très élevé de représentations de personnages. Les peintures, qui restent malgré tout imprécises (évanescence naturelle ?) sont assez achevées pour que l'on puisse distinguer des scènes de chasse et peut-être, ainsi que le propose J. Soler i Subils, des scènes de danse. Les « danseurs » ont des cuisses épaisses et se tiennent par 72

la main. Ces anthropomorphes apparaissent en plusieurs styles : en contours fantomatiques (ce que l'auteur appelle des « Martiens », sans référence aucune aux « Martiens » du Sahara central, cela va de soi), ou avec des têtes en enclume qui rappellent les bérets des toréadors (« barret de torero »), ou des têtes « en champignon », images que l'on retrouve au Sahara central. Les arcs sont nombreux mais aussi les hallebardes, quelques haches et des armes de jet. Les hallebardes et les haches, très probablement métalliques, sont un repère puissant en vu d'un calage chronologique. Le rouge et toutes ses variations sont la couleur dominante, mais les peintres ont aussi utilisé le noir, l'ocre et le blanc : une antilope est parfaitement exécutée en rouge et ocre, un autre abri offre l'image d'une girafe blanche. La faune sauvage est très présente (éléphants, rhinocéros...) avec un nombre particulièrement élevé de girafes représentées avec beaucoup de maîtrise (proportions, taches). On peut raisonnablement envisager une situation de refuge tardif pour cet animal dans cette région où les cours d'eau (quasiment fossiles aujourd'hui), ainsi que les lacs (réduits à l'état de sebkhas plus ou moins salées), devaient être pérennes et où poussent encore des acacias. Il est difficile de restituer les relevés des peintures qui ont été effectués par l'équipe des chercheurs de l'Université de Gérone par des dessins, sans compter qu'un choix, parmi les milliers de peintures que comprend les abris de Ras Lentareg serait orienté. On ne peut que renvoyer à la consultation de l'ouvrage de J. Soler i Subils. Nous le rappelons ici : l'ensemble peint de Ras Lentareg est la plus importante découverte d'art rupestre qui ait été faite dans cette partie occidentale du Sahara depuis des décennies. Il serait souhaitable, ainsi que le suggère N. Brooks et alii (2003), que toute la zone de 73

Tifariti-Meherize soit inscrite au patrimoine de l'UNESCO, exceptionnellement riche de ses œuvres peintes, mais aussi de ses industries lithiques et de ses monuments nombreux et variés. UADI YMAL (UY) – Zone libérée. Localisation : 26° 17' 52.37''N / 11° 10' 48''O. Les abris peints de l'Oued Ymal (Uadi Ymal) se trouvent à 20 km au nord-ouest de la localité de Meherize (Hassi Mehairis). La région a été prospectée par H. Nowak (1976) pour les sites à gravures d'Amgala, mais les abris peints étaient inédits jusqu'aux travaux de J. Soler i Subils. Ces abris ont la même disposition que ceux de Rekeiz Lemgasem : sur une assise granitique, des bancs de grès d'une dizaine de mètres d'épaisseur ont été creusés par l'érosion (éolienne, principalement) et offrent d'étroites cavités dans lesquelles ont été portées des peintures. Au Uadi Ymal, ce sont deux abris, avec une vingtaine de sujets, qui ont été prospectés et relevés, représentant principalement des anthropomorphes dont un grand personnage assez inhabituel (plus de 30 cm de hauteur), peint en rouge, avec une tête trilobée et en position d'orant. UADI KENTA (UK) – Zone libérée. Localisation : 26° 09' 58''N / 11° 13' 42''O. Les abris peints de l'Oued Kenta (Uadi Kenta) se trouvent à 17 km au nord-est de la garnison de Meherize. Par le nombre de sujets peints, c'est le deuxième centre important dans cette zone. Il existe trois concentrations distinctes dans des abris peu profonds, de part et d'autre de l'oued et sur un piton isolé (uteit, en dialecte hassania) au milieu du lit asséché. Les peintures ont été relevées par l'équipe de l'Université de Gérone et publiées une première fois en 2006 (Soler i Subils et alii, 2006), puis

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publiées in extenso dans le mémoire de J. Soler i Subils (2007). Ce sont 25 abris qui ont été identifiés, certains ne possédant guère plus qu'un ou deux sujets, tandis que d'autres possèdent plusieurs dessins de personnages et d'animaux. Les anthropomorphes peints en rouge semblent danser, à la manière de ceux de Ras Lentareg. Ici également, ils apparaissent en ligne. Mais ces abris se distinguent surtout par le nombre important de peintures énigmatiques composées de croisillons, de chevrons, de dessins en réticulés, mais aussi d'une quantité notable d'inscriptions libyco-berbères. Ce groupe d'abris se distinguent également par la quantité d'artefacts lithiques qui ont été récoltés sur le sol ou aux abords des auvents. La céramique reste rare et l'industrie en quartzite et silex est majoritairement laminaire. Indice intéressant : les burins d'angle simples ou multiples (surprenants burins de type Noailles pour certains !) sont toujours très présents et typiques. Cette industrie originale, assez homogène et que l'on retrouve dans presque tous les abris, est difficilement classable, parmi les faciès déjà individualisés au Sahara Occidental même ou en Mauritanie. À notre sens, elle paraît plus épipaléolithique que néolithique (absence d'armatures, de microlithes géométriques et des techniques de taille inhérentes à cette période). ASAKO (As) – Zone libérée. Localisation imprécise. L'abri se trouverait au sud de Meherize et proche de la frontière mauritanienne. Le site fut découvert lors d'une prospection de l'équipe de l'Université de Gérone en 1996, mais pas revu depuis. L'ensemble est constitué d'un chaos granitique au bord duquel est creusé un abri de faible dimension. 75

Les peintures se résument à un groupe de personnages schématiques (6 ou 7), semblant se tenir par la main. Un dernier panneau comporte un personnage plus élaboré qui rappelle les « danseurs » des autres abris. Conclusions Les campagnes de prospection et de relevés des équipes espagnoles, basques ou encore anglaises dans les zones libérées, et plus particulièrement dans le Zemmour, ont abouti à des résultats plus que prometteurs. Ces derniers indiquent clairement que tous les sites rupestres, sans exception, qui ont été signalés par le passé devront être revus et inventoriés systématiquement. La tâche est immense, du fait de la situation politique d'une part, mais aussi du fait de l'absence de cartographie et de toponymie précises. Les plus récents travaux de synthèse montrent par ailleurs la grande diversité de l'art rupestre dans la zone de la Seguia el Hamra. Si les gravures rupestres des berges de l'oued semblent s'inscrire dans une continuité spatiotemporelle avec celles du Sud Oranais et des berges du Dra (bien que les statistiques fauniques et les styles soient l'indice d'une spécificité, y compris le style Tazina), un groupe comme les peintures des environs de Meherize rompt totalement avec ce semblant d'harmonie. Est-il besoin de rappeler ici les difficultés persistantes à inclure l'art rupestre de la Seguia el Hamra dans l'ensemble saharo-maghrébin ? Ces contraintes sont issues de la situation passée : un grand nombre de gravures ont disparu et certains sites rupestres ne nous fournissent plus qu'un pâle fantôme de leur splendeur d'antan. Les images que nous restituons dans ce livre ne sont que des reproductions des dessins effectués par les différents chercheurs. Dans quelles conditions ces relevés ont-ils été exécutés ? Nous savons que les stations des asli, près de 76

Smara, sont des sites mixtes : les gravures les plus spectaculaires ont pu mériter une note, une publication ou un relevé. Qu'en est-il des autres, piquetées et énigmatiques, certes moins spectaculaires, mais qui cependant méritent tout autant d'être incluses dans n'importe quel inventaire que ce soit ? Cette distinction n'existe pas, bien sûr, quand le travail de saisi a été aussi rigoureux que celui d'A. Al Khatib ou de J. Soler i Subils. Mais en a-t-il toujours été ainsi ? Les relevés anciens et les prospections récentes de dégager quelques critères permettent-elles remarquables et quelques observations générales ? Et tout d'abord existe-il une station (ou un groupe de stations) homogène ? La station de Ras Lentareg, grâce à ce que l'on sait par la trentaine de sujets publiés, semble être la plus « tazinienne » : par les thèmes développés (faune, personnages discrets, pièges-nasses) et par le style, la station peut être rattachée aux stations taziniennes du Sud Marocain ou du Sud Oranais. Notons cependant, par deux fois, l'existence d'armes très probablement métalliques : minuscule hache derrière la patte d'un rhinocéros et hache au-dessus d'une girafe (Fig. 23). Ce Tazinien là, bien que très typique, n'est donc pas très ancien, si l'on entérine l'utilisation du métal dans la région aux alentours du 1er millénaire av. J.C. À peu près partout dans la Seguia el Hamra existe un style particulier dit « incisé fin » : le trait est poli, très peu profond et les images sont assez naturalistes ou simplement un peu moins délirantes que les images taziniennes. Cet incisé fin cohabite avec le style de Tazina à Lemcaiteb. Il est remarquablement élégant à Amgala où l'on dénombre pas moins de sept anthropomorphes, certains d'entre eux arborant la queue postiche des chasseurs et brandissant des armes très probablement 77

métalliques. Deux autres personnages d'Amgala en incisé fin sont armés de haches à tranchant en éventail (Fig. 25, d'après Almagro, 1971). D'autres armes métalliques existent à l'Oued Miran ou à l'Oued Selwan, sous la forme de pointes, ainsi qu'à Asli Bou Kerch (5 haches au moins). Peut-on alors considérer l'« incisé fin » comme un second techno-morphe (interaction entre style et technique) contemporain du style de Tazina ? Les autres stations rupestres sont des stations mixtes, par les thèmes employés et les techniques utilisées. Il est loisible d'envisager l'étude plus approfondie de ces dernières stations pour établir un début de déroulé chronologique.

Fig. 25 – Amgala. D'ap. M. Almagro. Une dernière mention, capitale, doit être réservée aux stations de Meherize. Elles sont loin d'être homogènes, certaines détiennent des peintures qui se rattachent à des 78

thèmes anciens (nombreux chasseurs armés d'arc), mais nombre d'entre elles montrent des personnages équipés d'armes de jet, de haches et même, semble-t-il, de hallebardes (lames triangulaires). Les ensembles rupestres de Meherize seraient à rapprocher des peintures du site de Tenses, au sud-est de l'Adrar mauritanien, où figurent des personnages longilignes et à cuisses épaisses, se tenant par la main et semblant danser. Dans la Seguia el Hamra, d'innombrables berges d'oueds, des affleurements rocheux, des abris aussi, n'ont jamais été prospectés, pour ne pas dire simplement visités. Le gouvernement de la R.A.S.D., qui contrôle une bonne partie du territoire potentiellement riche en art rupestre, a su, très intelligemment, impliquer des archéologues et des pariétalistes venus d'horizons différents, personnels hautement qualifiés dont il manque cruellement. Il serait souhaitable que les gouvernements et les organismes scientifiques disposant des moyens et des compétences attendues et qui ont investi dans la recherche internationale ne se détournent pas, au nom de quelque engagement politique douteux, du formidable élan que le gouvernement de la R.A.S.D a initié dans les territoires qu'il contrôle.

VI LES MONUMENTS LITHIQUES DE LA SEGUIA EL HAMRA Le mégalithisme au Sahara et en Afrique du Nord Le mégalithisme, tel qu'il est connu par des monuments spectaculaires « construits » comme les alignements de Carnac ou Stonehenge, n'existe pas au Sahara. Le mégalithe (du grec megas, grand et lithos, pierre) est une construction à base de blocs de pierre de grandes dimensions plus ou moins mis en forme (certains blocs mesurent plusieurs mètres et pèsent plusieurs tonnes). Le mégalithe peut être une simple pierre levée et l'on parle alors de menhir ou un agencement constitué de plusieurs dalles ou blocs dressés sur lesquels reposent des dalles de couverture (dolmen). Mais les mégalithes peuvent être encore plus simples : les trilithes sont formés de trois blocs levés et d'un quatrième de faîte. D'autres sont complexes : allées couvertes, compartimentées ou non ; allées à cellules ; cercles de pierres ; alignements etc. Ces mégalithes peuvent atteindre de grandes proportions et des architectures remarquables et l'on parvient aux monuments célèbres évoqués au début de ce chapitre. Au Sahara et en Afrique du Nord, à l'exception d'Algérie, des grands monuments remarquable d'inspiration méditerranéenne, il est inexact d'utiliser le terme « mégalithe ». Il existe cependant des constructions, des ordonnancements de pierre qui laissent entrevoir des pratiques cultuelles, des usages sépulcraux ou non, ces ordonnancements pouvant parfois être d'une grande complexité et atteindre des dimensions respectables. Pour tous ces monuments il est impératif d'adopter le terme de « monuments lithiques », terme qui a l'avantage de couvrir 81

la grande diversité des constructions sahariennes et nordafricaines, même s'il nous faudra convenir de l'existence de types différents suivant les régions et suivant les époques. Les mégalithes d'Europe et les monuments lithiques du Sahara et du Maghreb (M.L., à la suite) relèvent tous d'un même élan, d'une même formidable volonté d'édifier des constructions appelées à durer. Leur fonction première a certainement été d'ordre religieux et/ou funéraire mais leur aspect monumental (au sens strict) leur confère une valeur symbolique et sociale indéniable. L'étude des M.L. du Sahara et de l'Afrique du Nord, qui connaît un engouement nouveau, fait apparaître des constantes, aussi bien dans leur construction que dans leur localisation. Les M.L. au Sahara et au Maghreb Le tumulus Le M.L. le plus connu et certainement le plus répandu est le tumulus, amoncellement de blocs disparates et apparemment sans ordre. Ces tumulus (le pluriel du nom apparaît parfois dans son acceptation latine stricte « tumuli »), lorsqu'ils sont très simples et de petites dimensions, prennent les noms arabes de redjem ou kerkour, mais on ne peut pas toujours en garantir l'ancienneté et le rôle exclusivement cultuel. Suivant le profil général, on parle de tumulus simple, de tumulus en calotte de sphère, de tumulus tronconique ou à cratère (Hachid, 2000), les dénominations étant assez précises et imagées pour ne pas nécessiter plus amples descriptions. Ces tumulus, de hauteur et de diamètre variable, se révèlent être, la plupart du temps, des tombes. Dans le meilleur des cas, des ossements, des dents, des objets cultuels ou de parure, de la céramique...peuvent être récupérés et permettent de dater la construction. La pratique des tumulus au Sahara et en Afrique du Nord 82

couvre une très grande période, du Néolithique (vers 8000 B.P.) jusqu'à la prééminence de l'Islam dans ces contrées. Mais le tumulus n'est pas toujours un simple amoncellement de pierres, grossièrement circulaire et peu élevé. Il peut avoir été construit sur une plate-forme soigneusement dallée et circonscrite par des petites dalles de champ et présenter des gradins. Il prend alors, au Maghreb, le nom de bazina. Il peut être accompagné par des constructions annexes, par d'autres tumulus plus petits ou par des alignements constitués eux-même de tumulus (Fig. 26 ; 14). Enfin, il peut être bordé par une plate-forme en languette et progressivement on passe ainsi à un autre type de monument lithique. Seuls les tumulus à constructions annexes (languette, antennes, alignement...) peuvent être considérés comme ayant une orientation. Dans l'écrasante majorité des cas, les tumulus sont circulaires (Fig. 26 ; 1). Ils se comptent alors par centaines, voire par milliers, sur quelques kilomètres carrés. Certains sont ovalisés et ils prennent la forme de navette (Fig. 26 ; 3). D'autres sont étirés et s'incurvent en forme de croissant plat ou à arêtes vives (Fig. 26 ; 2). Ils prennent alors l'aspect de dunes (barkhanes), ressemblance qui va jusqu'à la restitution de la dissymétrie des deux bords.

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Fig. 26 – Schéma des divers types de M.L. Les tumulus en croissant (Fig. 26 ; 4), les navettes, les tumulus à alignement, sont orientés. L'orientation est obtenue par la ligne qui part du centre du M.L. et coupe à angle droit la ligne joignant les deux sommets du croissant (ou les deux extrémités des antennes). Le système de perpendiculaires est appliqué au M.L. à couloir ou à alignements.

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Le monument à antennes Les monuments à antennes existent dans tout le Sahara et jusque dans le Sud marocain. Leur variabilité est très grande. Les plus simples sont constitués d'un tumulus auquel sont adjoints deux « bras » ou « antennes », cellesci étant disposées en V plus ou moins ouvert. L'antenne simple est construite à l'aide de galets ou de blocs calibrés. Les deux antennes ne sont pas toujours rigoureusement d'égale longueur (Fig. 26 ; 5). Elles peuvent aussi être plus élaborées : construites en couloirs, à double rangée de pierres, l'espace intérieur des couloirs étant parfois dallé ou empli de pierres plus petites (Fig. 26 ; 6). Les antennes partant du tumulus ne sont pas toujours rectilignes. Certaines sont incurvées et se rapprochent l'une de l'autre jusqu'à devenir sub parallèles (Fig. 26 ; 7). Elles peuvent englober totalement le tumulus (Fig. 26 ; 8, 10), les antennes s'amincissant progressivement ou se terminant en couloir. C'est parmi le type à bulbe et antennes (Fig. 26 ; 9) ou « en delta » (Fig. 26 ; 11) que l'on compte les monuments les plus imposants, la distance d'une extrémité d'une antenne à l'autre pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres. Le tumulus n'est pas toujours présent : le M.L. est alors réduit à une aire en forme de delta ou de « chapeau de gendarme » (Rodrigue, 2010 b), celle-ci étant remplie de cailloutis. Une autre forme, moins fréquente au Sahara Occidental, se complique par la présence d'un tumulus sur plate-forme et deux antennes (Fig. 26 ; 8). Des constructions annexes (tumulus, languette, antenne unique...) accentue encore le constat de très grande variabilité de ces monuments. Le monument à couloir Dits aussi « monuments à couloir et enclos », ces monuments, très imposants et pour certains, connus de 85

longue date, sont très fréquents au Sahara central (Tassili), mais plus rares ailleurs ou prenant des formes dérivées et atténuées. Le vocabulaire utilisé pour les identifier se trouve particulièrement imagé : pour ne citer que les termes utilisés en Français, on parle de monument « en trou de serrure » (Fig. 26 ; 12) ou « en aile de mouche » qui consiste en un M.L. formé d'un tumulus autour duquel est construit un enclos qui se referme autour du tumulus en aménageant un couloir. Les aménagements (intérieurs et extérieurs) de tels monuments sont innombrables. Des M.L. à couloir et enclos ont été identifiés dans le Sud marocain. Ils sont probablement dérivés des majestueux M.L. « en trou de serrure » du désert algérien, mais ils sont rares au Sahara Occidental (ou plus exactement difficilement observables sur Google Earth ?). Les monuments divers Un peu partout au Sahara et au Maghreb (zones sahariennes) d'autres monuments lithiques plus discrets peuvent être relevés. De nouveau, ce sont des dénominations simples et imagées qui permettent de définir la morphologie de ces M.L. Nous en proposons quelques unes ici, mais notre liste est loin d'être exhaustive : - cercle de pierre : simple circonférence délimitée par des blocs plus ou moins jointifs ou des galets. L'espace circonscrit est vide (Fig. 26 ; 13). - monument en L : alignement coudé (Fig. 26 ; 16). - monument en demi cercle ou en quadrilatère ouvert (ouverture généralement à l'est), dit aussi « tente de Fatima » (Fig. 26 ; 15). - quadrilatère fermé (Fig. 26 ; 17), qui peut être confondu avec un lieu de prière musulman. - dallage : surface circulaire soigneusement dallée ou emplie de pierres, de faible hauteur. 86

Les M.L. de la Seguia el Hamra et leur observation En ce qui concerne les M.L. de la Seguia el Hamra, tels qu'ils sont inventoriés ici, on se doit de rappeler que notre observation s'est faite à partir des images satellites fournies par le logiciel Google Earth. Cette observation, accessible à tous (sauf au Maroc, où l'accès à ce logiciel est rigoureusement censuré), permet d'identifier les M.L. les plus imposants, ceux dont la situation et la construction sont restituées, en image, par un contraste suffisamment marqué, conduisant à une identification sûre. Un grand nombre de M.L. de petites dimensions ou insuffisamment contrastés ont naturellement échappé à cette observation. Dans cette catégorie entrent les cercles de pierres, les tumulus sur plate-forme ou à gradins, les petits monuments en L, les coffrages, les monuments à couloir etc. Par ailleurs, notre observation des M.L. de la Seguia el Hamra et les inventaires qui en découlent sont biaisés par le fait que seules les bandes de haute résolution (B.H.R., à la suite) permettent d'identifier de façon certaine la morphologie, les dimensions (approximatives) et l'orientation des M.L. Comme pour toutes les zones désertiques du monde, les B.H.R. ne sont pas nombreuses au Sahara Occidental. On peut estimer qu'elles couvrent le dixième du territoire, leur positionnement ne correspondant pas toujours avec les zones potentiellement riches en M.L. Les zones couvertes par les B.H.R. (Mahbès, Sluguilla Lawaj, Bir Lahlou, Ain Bentili, Tifariti, Meherize, Hawsa, Seguia el Hamra) donnent un total de 483 M.L. On peut estimer en toute logique que ce nombre est à multiplier par 10 pour toute la zone. La simple observation par imagerie satellite fournit cependant plusieurs paramètres très intéressants :

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- la disposition des B.H.R., généralement étendues en bandes nord-sud, longues et étroites, permet de disposer d'une bonne image de distribution lorsque cette bande suit un oued de même orientation. Nos observations des M.L. du Sud marocain nous ont permis en effet de noter que les M.L. étaient préférentiellement situés sur les berges des oueds. Dans la Seguia el Hamra, cette distribution est vérifiable le long de l'oued éponyme, mais aussi le long de l'oued qui débouche au niveau de Hawsa (Oued Hawsa ?). - l'inventaire permet aussi de reconnaître l'aire de distribution des M.L. par type, conduisant à d'utiles rapprochements avec ceux des autres régions du Sahara, dans l'optique d'éventuels emprunts, imitations ou dérivés. - l'orientation des M.L., paramètre essentiel et qui permet, lorsque les M.L. sont enregistrés sur le terrain, d'aboutir à des observations d'une grande pertinence (Gauthier et alii, 2003), peut être prise en compte, malgré l'imprécision d'un relevé sur image satellite. De la même façon que nous avons inventorié les sites rupestres de la Seguia el Hamra, nous donnons infra le répertoire des zones à monuments. À chaque zone correspond un code que l'on retrouve sur la carte des M.L. (Fig. 27). Les caractéristiques des M.L. sont données en annexes, en fin d'ouvrage (Code, type de M.L., localisation, longueur de la plus longue antenne -ou longueur du monument- orientation).

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Fig. 27 – Carte de localisation des M.L.

MAHBES (M)

La B.H.R. de Mahbès s'étend sur 320 km2 environ, dont une grande partie en territoire algérien. Elle couvre une région dénuée de relief et de cours d'eau, ce qui explique peut-être le faible nombre de M.L. repérés (3). Deux d'entre eux sont des M.L. à antennes, le troisième est un M.L. en croissant. L'orientation est comprise entre 100 et 124°.

SLUGUILLA LAWAJ (S)

La B.H.R. de Sluguilla Lawaj couvre une superficie de 220 km2 environ. 8 M.L. sont du type « à antennes », 3 sont des croissants. Les orientations sont comprises entre 81° et 128°. Deux M.L. sont remarquables : S 10, qui est un tumulus à antennes et orienté à 285° et S 11, M.L. dont l'antenne la plus longue mesure 70 m.

BIR LAHLOU (B)

La bande de Bir Lahlou couvre environ 680 km2. 81 M.L. sont visibles, 47 étant du type « à antennes » (3 d'entre eux à bras sub parallèles) et 34 sont des croissants. Les orientations vers l'est vont de 80° à 138°. Plusieurs M.L. sont remarquables : 89

- B 28, qui dispose d'une antenne de 78 m. - B 57, dont les antennes sont « en couloir ». - B 61, dont une antenne mesure 101 m. - B 65, avec une antenne de 110 m de longueur. Notons encore que 11 M.L. sont orientés vers l'ouest, entre 254° et 292°.

AIN BENTILI (A)

La B.H.R. d'Ain Bentili s'étend, pour un tiers environ, en territoire mauritanien. Elle couvre 280 km2. 10 M.L. ont été repérés, dont 6 M.L. à antennes et 4 croissants. Deux M.L. sont remarquables : A 1 qui est orienté à 284° et A 2 qui possède une antenne de 67 m de longueur. A 9 et A 10 sont respectivement à 1 km et 500 m de la frontière mauritanienne. La zone à M.L. se poursuit en Mauritanie.

TIFARITI (T)

La zone de Tifariti est particulièrement bien couverte, avec deux B.H.R. de 272 km2 et de 520 km2, respectivement, la seconde se prolongeant en Mauritanie. C'est un total de 108 M.L. qui a été inventorié dans cette zone, dont 67 monuments à antennes, 32 monuments en croissant et 9 monuments complexes. La disposition des bandes permet de constater l'existence de deux concentrations, l'une autour de la gara de Hasi Bou Yerida et du massif de Fedrat Ferquech, la seconde au nord de la localité de Tifariti, les M.L. étant dispersés sur des rides en chevrons. T 1 est à 30 km au nord/nord-est de Tifariti et à 4 km de Hasi Bou Yerida, T 104 à 2 km de la frontière mauritanienne. Les M.L. remarquables sont : - T 10 : une antenne mesure 88 m de longueur. - T 69 : monument à antennes dont l'une mesure 277 m de longueur. C'est le plus grand monument de la Seguia el Hamra. Le corps lui-même mesure 66 m de 90

longueur et 10 m de largeur. Il est visible à 4000 m d'altitude. - T 6 : cercle de pierres autour d'un tumulus et alignement en demi cercle à l'est. - T 23 : croissant orienté à 152° avec languette double orientée au nord/nord-ouest (338°). - T 58 : monument à enclos. Une situation particulière est celle de trois M.L. à enclos (T 105 à T 107), très proches les uns des autres, avec trois orientations différentes (21°, 177°, 78°).

MEHERIZE (Mh)

La B.H.R. de Meherize couvre 630 km2. 134 M.L. y ont été identifiés, parmi lesquels 71 monuments à antennes et 44 croissants. Il est possible que certains croissants aient des extrémités qui se prolongent en antennes, mais cellesci ne sont pas toujours discernables sur les photos satellite. Plusieurs monuments à antennes atteignent ou dépassent 100 m et plus pour une longueur d'antenne : Mh 19 (98 m) ; Mh 86 (297 m) ; Mh 91 (320 m) ; Mh 99 (311 m) ; Mh 107 (254 m) ; Mh 129 ( 106 m). Un croissant (Mh 35) mesure 35 de longueur. Neuf M.L. sont orientés vers l'ouest, entre 246° et 280°, 4 d'entre eux entre 268° et 272°. Notons encore d'autres M.L. complexes : Mh 31, qui est un monuments à alignement (11 empierrements à l'est du M.L.) ; Mh 89 et Mh 120 : monuments à alignement ; Mh 131 : monument à enclos et couloir. Dans l'axe du couloir se trouve un cercle de pierres avec un alignement à l'ouest.

HAWSA (H)

La B.H.R. de Hawsa couvre, sur 16 km de largeur et 235 km de longueur, toute la zone nord de la Seguia el Hamra, jusqu'à la frontière marocaine. 68 M.L. ont été 91

repérés, parmi lesquels 25 monuments à antennes, 11 d'entre eux étant du type « delta » (Fig. 27 ; 11) ou « delta à bulbe ». Il y a 11 M.L. en croissant. Notons encore la présence de 5 tumulus en « aiguille de boussole » ou « en navette », plusieurs tumulus sur plateforme et 4 tumulus à alignement. Un M.L. possède une antenne de 117 m (H 31). Les orientations vont de 65° à 138° et deux M.L. ont une orientation ouest (H 13, 261° et H 42, 269°).

SEGUIA EL HAMRA (SH)

Les M.L. sont localisés le long du lit de l'oued. Les vallées affluentes montrent des M.L. dispersés. Ils ne sont pas décomptés ici. 68 M.L. ont été identifiés, se répartissant en : 34 monuments à antennes (9 monuments « en delta » et 6 à antennes en demi cercle), 8 croissants et 9 M.L. à alignements. Toute la vallée compte de nombreux tumulus sur plate-forme ou des tumulus plats (cercles de pierres dans nos annexes) ou annulaires. Le plus grand M.L. est un monument dont une des antennes mesure 177 m de longueur (SH 60). Il est curieux et tout à fait inhabituel : les antennes sont segmentées, à la manière des pattes d'araignées et elles sont très fines (moins d'un mètre de large). Le tumulus lui-même ne mesure que 11 m de long sur 4 m de large environ. A noter : dans toute la zone de la Seguia el Hamra, aucun M.L. n'est orienté vers l'ouest. Conclusion Pour l'ensemble de la zone, le M.L. le plus fréquent est le monument à antennes (plus de la moitié). Viennent ensuite les M.L. « en croissant » (pour un tiers environ), le reste se répartissant en M.L. à alignement ou en tumulus sur plate-forme.

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Il est intéressant de constater qu'à l'intérieur même d'un territoire aussi exigu (relativement) que le quadrilatère de la Seguia el Hamra, les zones de répartition par type de M.L. peuvent varier. Ainsi, les grands M.L. à antennes de la région de Meherize qui, par certains aspects, rappellent les imposantes constructions du nord Mali, sont absents au nord de la Seguia el Hamra. Inversement, les M.L. « en delta » ou « en delta et bulbe », rappelant les étonnants monuments de l'Oued Chebika (Maroc), intéressent plus particulièrement la zone de Hawsa et de la Seguia el Hamra (avec quelques M.L. de ce type isolés ailleurs). Une étude récente des M.L. de la région de Tan Tan (Maroc) montre que, s'il est encore trop tôt, vu le manque d'éléments datables, de situer chronologiquement les différents M.L., au moins peut-on, dans un premier temps, établir les séquences suivant lesquelles ces monuments ont été construits (Delor et Germond, 2009). Les monuments à bulbe (ou gibbosité, fig. 26 ; 9), seraient les plus anciens, suivis des M.L. à antennes simples (« deltas ») ou des « croissants ». Une troisième phase verrait l'élaboration, par emprunt sur place des anciens matériaux, des tumulus à cercle de pierres ainsi que des M.L. « en aile de mouche » (monument à enclos et couloir, Fig. 26 ; 12). Enfin viendraient les tumulus simples, sans orientation préférentielle. Ainsi, il est intéressant de constater que les différents M.L. cohabitent le plus souvent. Ce qui signifie l'existence de lieux privilégiés, conservant au cours du temps leur caractère singulier (sacré ?) et le retour cyclique de populations aux préoccupations religieuses ou sociales différentes, mais perpétuant le caractère particulier des lieux anciens. Ce premier inventaire donne une idée de la richesse du territoire de la Seguia el Hamra en monuments lithiques. Ceux-ci avaient jusque là échappé à l'observation (hormis 93

ceux étudiés par les équipes espagnoles de ces dernières années). Leur densité, leur accessibilité, particulièrement dans les zones libérées de la R.A.S.D., laissent entrevoir des synthèses futures qui seront d'un passionnant intérêt.

VII CONCLUSIONS GÉNÉRALES Les industries lithiques d'Idqui et de Taruma montrent une très grande originalité, par rapport à ce qui est connu sur les rives du Dra. Les armatures qui ont été produites à Taruma ne se retrouvent pas au nord de Tarfaya. Les deux faciès, quel que soit leur chronologie respective, appartiennent indubitablement au monde saharien. Au Paléolithique supérieur et plus encore au Néolithique, deux mondes évoluent parallèlement au Sahara Occidental et il semble bien que la limite territoriale de ces deux entités soit l'oued Seguia el Hamra. La brillante civilisation d'Arguin, délimite ainsi son expansion vers le Nord, au moins jusqu'au niveau d'El Aioun. La limite territoriale est peut-être encore plus sensible lorsqu'on synthétise les divers répartitions par style des gravures rupestres. Le style de Tazina, presque exclusif dans le sud du Maroc, jusqu'à l'Oued Dra (avec des sujets peut-être plus récents, en piqueté), ne domine pas au Sahara Occidental et il est partout accompagné de gravures en effilé fin. C'est de nouveau au sud de la Seguia el Hamra, au niveau des horizons ouverts sur la Mauritanie (et le Sahara), que de grandes différences peuvent être constatées. Il est incontestable aussi que la nature des roches et le rôle du climat dans cette région ont favorisé la création d'abris qui ont eux-mêmes encouragé la technique des peintures, plutôt que celle des gravures. Bien sûr, il s'agit bien d'une même culture, basée sur l'exploitation du bœuf et toute imprégnée des méthodes cynégétiques qui perdurent naturellement. Mais des originalités apparaissent, tel cet indice élevé d'images de girafes ou encore ces étranges représentations de

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« masques » qui, à notre connaissance, n'ont pas d'équivalents connus. Plus intéressant encore, en l'état actuel de la recherche, est la répartition des zones à gravures par rapport à celles des zones à M.L. La Seguia el Hamra joue un rôle attractif évident, et il n'est que de comparer les deux cartes de répartition pour mettre en exergue la fonction vitale qui a été celle des cours d'eau au Néolithique et à la fin de cette ultime période de prospérité (toute relative). Plusieurs contraintes de taille dévalorisent encore les modestes résultats qui sont avancés ici : les cartes montrent les zones qui sont presque autant de « terra incognita » (zone au sud de Smara, entre Rekeiz et Ras Lentareg, rives de la haute Seguia...), zones certainement pas vides de témoins préhistoriques, mais où nul n'a prospecté et risque fort de ne pas prospecter dans les années qui viennent. Les industries lithiques préhistoriques (en tenant compte des prospections anciennes et non pas avec nos seules études) semblent partout être récentes. Il est peu probable que cette situation réponde à une réalité. Les artefacts très anciens existent, attestant de la présence humaine dans cette zone dès le Paléolithique, mais il faudra probablement aller les chercher en fouilles et non dispersés sur des regs, car au Sahara Occidental, comme partout ailleurs au Sahara, ce sont les industries les plus récentes qui sont les plus abondantes. Des observations et des inventaires comme ceux qui sont donnés dans ce livre servent certainement la recherche en ce qui concerne les monuments lithiques. Mais, on l'aura compris, les conditions et les étapes de construction d'un monument ne peuvent se lire correctement du ciel. Et, cela va de soi, la carte de répartition des M.L. du Sahara ne sera instructive que lorsqu'elle sera exhaustive. 96

Les trois aspects de la préhistoire de la Seguia el Hamra, tels que nous les avons proposés ici, ne sont pas les seuls qui donneront, à l'avenir, une image de son peuplement préhistorique plus proche de la réalité. D'autres monographies, d'autres synthèses, d'autres travaux d'équipes multidisciplinaires seront nécessaires. Ces travaux seront longs et pénibles et, il faut le souhaiter, ils devront s'étendre à toute l'étendue du territoire du Sahara Occidental. Pour atteindre cet objectif, purement scientifique, le territoire devra avoir retrouvé son intégrité territoriale et politique, il devra être soigneusement sécurisé (combien de zones pour longtemps encore inaccessibles, car minées ?), les habitants de la Seguia el Hamra, comme tous les Saharaouis, devront être les seuls maîtres de leur destinée. À l'heure où nous achevons ce livre, l'avenir du territoire du Sahara Occidental semble intimement lié à celui, fort incertain, des autres pays du Maghreb. Le passé, quant à lui, est déjà écrit. La cupidité, l'orgueil, le mépris dont les États font preuve en vue de perpétuer l'impérialisme colonial prennent le pas sur la science et la sagesse et empêchent de lire, en toute sérénité, ce fabuleux passé.

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ANNEXES A : M.L. à antennes ; C : M.L. en croissant ; MA : M.L. à alignement. CP : Cercle de pierres ; CE : M.L. à couloir et enclos ; X : Autre. Mahbès (M) M001 A M002 A M003 C

27° 15' 36'' N/ 08° 42' 25'' O 25m 103° 27° 15' 23'' N/ 08° 42' 24'' O 20m 100° 124° 27° 14' 39'' N/ 08° 41' 11'' O 9m Sluguilla Lawaj (S)

S001 S002 S003 S004 S005 S006 S007 S008 S009 S010 S011

A C A A C A A A C A A

26° 52' 34'' N/ 08° 57' 25'' O 26° 52' 43'' N/ 08° 53' 46'' O 26° 52' 39'' N/ 08° 52' 36'' O 26° 52' 36'' N /08° 52' 07'' O 26° 51' 56'' N/ 08° 54' 10'' O 26° 51' 22'' N/ 08° 55' 24'' O 26° 49' 15'' N/ 08° 59' 15'' O 26° 49' 11'' N/ 08° 56' 47'' O 26° 48' 18'' N/ 09° 00' 13'' O 26° 49' 16'' N/ 08° 59' 17'' O 26° 52' 48'' N/ 08° 55' 25'' O

60m 17m 17m 36m 27m 13m 21m 16m 13m 11m 70m

095° 102° 105° 112° 107° 105° 125° 128° 097° 285° 081°

20m 50m 13m 23m 14m 11m 18m

100° 100° 105° 100° 126° 114° 111°

Bir Lahlou (B) B001 B002 B003 B004 B005 B006 B007

C A C C C C C

26° 32' 15'' N/ 09° 42' 31'' O 26° 29' 56'' N/ 09° 36' 50'' O 26° 29' 30'' N/ 09° 42' 27'' O 26° 27' 39'' N/ 09° 39' 52'' O 26° 27' 55'' N/ 09° 31' 34'' O 26° 26' 47'' N/ 09° 32' 27'' O 26° 26' 39'' N/ 09° 33' 10'' O 105

B008 B009 B010 B011 B012 B013 B014 B015 B016 B017 B018 B019 B020 B021 B022 B023 B024 B025 B026 B027 B028 B029 B030 B031 B032 B033 B034 B035 B036 B037 B038 B039 B040 B041 B042

C C A C C C A A C A A A C C A A A A C C A A C C C C A A A C C A C A A

26° 25' 16'' N/ 09° 38' 18'' O 26° 24' 30'' N/ 09° 37' 03'' O 26° 24' 20'' N/ 09° 36' 25'' O 26° 23' 52'' N/ 09° 35' 36'' O 26° 23' 35'' N/ 09° 35' 30'' O 26° 23' 21'' N/ 09° 33' 35'' O 26° 23' 03'' N/ 09° 29' 04'' O 26° 22' 04'' N/ 09° 34' 41'' O 26° 21' 45'' N/ 09° 37' 30'' O 26° 21' 28'' N/ 09° 37' 21'' O 26° 21' 17'' N/ 09° 37' 49'' O 26° 21' 04'' N/ 09° 37' 09'' O 26° 20' 15'' N/ 09° 38' 30'' O 26° 19' 29'' N/ 09° 37' 36'' O 26° 19' 02'' N/ 09° 35' 20'' O 26° 18' 34'' N/ 09° 36' 46'' O 26° 18' 00'' N/ 09° 30' 53'' O 26° 17' 55'' N/ 09° 35' 59'' O 26° 17' 44'' N/ 09° 30' 08'' O 26° 17' 34'' N/ 09° 35' 20'' O 26° 17' 04'' N/ 09° 30' 06'' O 26° 17' 03'' N/ 09° 30' 12'' O 26° 17' 03'' N/ 09° 30' 03'' O 26° 16' 35'' N/ 09° 41' 59'' O 26° 16' 64'' N/ 09° 32' 12'' O 26° 16' 45'' N/ 09° 32' 10'' O 26° 16' 34'' N/ 09° 32' 15'' O 26° 16' 46'' N/ 09° 31' 29'' O 26° 16' 43'' N/ 09° 29' 14'' O 26° 16' 36'' N/ 09° 29' 05'' O 26° 16' 29'' N/ 09° 30' 19'' O 26° 16' 29'' N/ 09° 29' 15'' O 26° 16' 27'' N/ 09° 29' 40'' O 26° 16' 21'' N/ 09° 29' 34'' O 26° 16' 20'' N/ 09° 30' 23'' O 106

11m 11m 21m 9m 18m 28m 45m 35m 6m 12m 7m 23m 8m 16m 20m 38m 38m 21m 10m 13m 78m 20m 20m 18m 22m 16m 40m 18m 23m 15m 10m 16m 14m 10m 11m

131° 111° 108° 104° 100° 116° 107° 107° 107° 106° 104° 093° 138° 099° 103° 094° 266° 080° 112° 106° 110° 257° 104° 097° 094° 091° 087° 100° 088° 105° 285° 083° 113° 135° 276°

B043 B044 B045 B046 B047 B048 B049 B050 B051 B052 B053 B054 B055 B056 B057 B058 B059 B060 B061 B062 B063 B064 B065 B066 B067 B068 B069 B070 B071 B072 B073 B074 B075 B076 B077

A A A A A A A A A C A C A A A C C A A C C C A A A A A C C A A A A A A

26° 16' 18'' N/ 09° 30' 41'' O 26° 16' 47'' N/ 09° 27' 27'' O 26° 16' 46'' N/ 09° 27' 17'' O 26° 16' 44'' N/ 09° 27' 20'' O 26° 16' 42'' N/ 09° 27' 14'' O 26° 16°40'' N/ 09° 27' 19'' O 26° 16' 35'' N/ 09° 27' 11° O 26° 16' 34'' N/ 09° 27' 21'' O 26° 16' 32'' N/ 09° 27' 16'' O 26° 16' 26'' N/ 09° 27' 12'' O 26° 16' 37'' N/ 09° 27' 44'' O 26° 16' 03'' N/ 09° 37' 13'' O 26° 15' 47'' N/ 09° 37' 55'' O 26° 15' 40'' N/ 09° 35' 01'' O 26° 15' 17'' N/ 09° 38' 36'' O 26° 15' 07'' N/ 09° 38' 24'' O 26° 15' 21'' N/ 09° 36' 42'' O 26° 15' 20'' N/ 09° 36' 35'' O 26° 14' 59'' N/ 09° 35' 35'' O 26° 14' 48'' N/ 09° 36' 03'' O 26° 14' 35'' N/ 09° 36' 26'' O 26° 14' 32'' N/ 09° 36' 34'' O 26° 15' 02'' N/ 09° 29' 42'' O 26° 14' 58'' N/ 09° 29' 15'' O 26° 14' 56'' N/ 09° 29' 50'' O 26° 14' 41'' N/ 09° 29' 32'' O 26° 14' 39'' N/ 09° 29' 26'' O 26° 14' 46'' N/ 09° 28' 54'' O 26° 14' 32'' N/ 09° 28' 49'' O 26° 14' 26'' N/ 09° 29' 24'' O 26° 14' 25'' N/ 09° 29' 13'' O 26° 14' 27'' N/ 09° 28' 50'' O 26° 14' 11'' N/ 09° 35' 19'' O 26° 14' 17'' N/ 09° 33' 05'' O 26° 14' 17'' N/ 09° 31' 07'' O 107

15m 45m 60m 18m 30m 11m 66m 10m 23m 12m 62m 32m 11m 46m 30m 16m 22m 41m 101m 11m 13m 12m 110m 71m 20m 18m 28m 14m 12m 20m 50m 43m 21m 40m 73m

260° 108° 101° 094° 107° 113° 265° 093° 102° 109° 102° 122° 100° 095° 097° 108° 277° 097° 108° 289° 292° 264° 115° 090° 086° 107° 115° 096° 095° 108° 096° 254° 118° 089° 090°

B078 B079 B080 B081

A A C C

26° 14' 02'' N/ 09° 33' 08'' O 26° 13' 52'' N/ 09° 33' 08'' O 26° 13' 43'' N/ 09° 34' 18'' O 26° 13' 12'' N/ 09° 34' 41'' O

16m 13m 21m 25m

094° 092° 107° 107°

16m 67m 17m 18m 39m 13m 36m 16m 30m 25m

284° 106° 100° 114° 117° 121° 105° 107° 098° 100°

84m 35m 23m 33m 19m 11m 32m 17m 36m 88m 26m 40m 47m 8m 24m 20m

098° 274° 274° 092° 103°

Ain Bentili (A) A001 A002 A003 A004 A005 A006 A007 A008 A009 A010

C A C C A C A A A A

26° 03' 35'' N/ 09° 41' 45'' O 26° 03' 41'' N/ 09° 40' 47'' O 26° 03' 40'' N/ 09° 40' 04'' O 26° 03' 24'' N/ 09° 41' 41'' O 26° 03' 24'' N/ 09° 41' 37'' O 26° 03' 23'' N /09° 41' 34'' O 26° 03' 18'' N/ 09° 39' 37'' O 26° 03' 14'' N/ 09° 39' 49'' O 26° 00' 39'' N/ 09° 40' 56'' O 26° 00' 19'' N/ 09° 37' 48'' O Tifariti (T)

T001 T002 T003 T004 T005 T006 T007 T008 T009 T010 T011 T012 T013 T014 T015 T016

A A A C C CP A A C A A A A A C C

26° 24' 50'' N/ 10° 28' 20'' O 26° 24' 03'' N/ 10° 32' 34'' O 26° 23' 50'' N/ 10° 33' 18'' O 26° 23' 45'' N/ 10° 32' 21'' O 26° 23' 42'' N/ 10° 31' 51'' O 26° 23' 39'' N/ 10° 31' 25'' O 26° 23' 26'' N/ 10° 32' 07'' O 26° 24' 19'' N/ 10° 29' 51'' O 26° 24' 13'' N/ 10° 29' 41'' O 26° 23' 13'' N/ 10° 24' 53'' O 26° 22' 27'' N/ 10° 33' 31'' O 26° 22' 32'' N/ 10° 24' 25'' O 26° 22' 13'' N/ 10° 31' 55'' O 26° 22' 01'' N/ 10° 31' 37'' O 26° 21' 57'' N/ 10° 26' 46'' O 26° 21' 56'' N/ 10° 26' 40'' O 108

090° 108° 108° 104° 094° 090° 097° 100° 113° 098°

T017 T018 T019 T020 T021 T022 T023 T024 T025 T026 T027 T028 T029 T030 T031 T032 T033 T034 T035 T036 T037 T038 T039 T040 T041 T042 T043 T044 T045 T046 T047 T048 T049 T050 T051

C A A A C A X A A A A A C A C C C C C A C A A A C A A C A A A A A A A

26° 21' 45'' N/ 10° 25' 13'' O 26° 21' 25'' N/ 10° 26' 19'' O 26° 21' 17'' N/ 10° 26' 29'' O 26° 21' 19'' N/ 10° 24' 42'' O 26° 21' 42'' N/ 10° 27' 30'' O 26° 21' 11'' N/ 10° 24' 31'' O 26° 21' 01'' N/ 10° 27' 09'' O 26° 21' 02'' N/ 10° 25' 18'' O 26° 21' 01'' N/ 10° 25' 21'' O 26° 20' 53'' N/ 10° 24' 08'' O 26° 20' 17'' N/ 10° 24' 12'' O 26° 19' 43'' N/ 10° 31' 37'' O 26° 19' 45'' N/ 10° 30' 32'' O 26° 19' 12'' N/ 10° 31' 35'' O 26° 19' 46'' N/ 10° 24' 55'' O 26° 18' 41'' N/ 10° 25' 19'' O 26° 18' 39'' N/ 10° 25' 17'' O 26° 18' 10'' N/ 10° 26' 12'' O 26° 17' 58'' N/ 10° 29' 03'' O 26° 17' 03'' N/ 10° 27' 34'' O 26° 16' 50'' N/ 10° 27' 15'' O 26° 16' 28'' N/ 10° 27' 39'' O 26° 16' 26'' N/ 10° 26' 59'' O 26° 16' 04'' N/ 10° 26' 37'' O 26° 16' 50'' N/ 10° 29' 58'' O 26° 16' 46'' N/ 10° 31' 53'' O 26° 16' 45'' N/ 10° 31' 55'' O 26° 16' 43'' N/ 10° 32' 24'' O 26° 16' 39'' N/ 10° 33' 11'' O 26° 15' 58'' N/ 10° 31' 50'' O 26° 15' 57'' N/ 10° 31' 51'' O 26° 15' 53'' N/ 10° 32' 10'' O 26° 15' 40'' N/ 10° 33' 35'' O 26° 15' 20'' N/ 10° 33' 10'' O 26° 15' 20'' N/ 10° 28' 17'' O 109

11m 45m 8m 25m 13m 19m 20m 83m 28m 23m 41m 10m 29m 13m 16m 9m 8m 45m 9m 10m 15m 7m 33m 13m 45m 15m 32m 21m 26m 24m 15m 22m 30m 16m 13m

101° 251° 105° 107° 122° 282° 152° 111° 095° 119° 115° 111° 132° 118° 090° 073° 113° 098° 106° 083° 094° 112° 115° 111° 109° 085° 107° 103° 100° 119° 103° 109° 107° 108° 098°

T052 T053 T054 T055 T056 T057 T058 T059 T060 T061 T062 T063 T064 T065 T066 T067 T068 T069 T070 T071 T072 T073 T074 T075 T076 T077 T078 T079 T080 T081 T082 T083 T084 T085 T086

C C A C C A CE A A A A A CP C A? A C A A C C A A C? C C A A A A CP A A C A

26° 14' 52'' N/ 10° 31' 52'' O 26° 14' 45'' N/ 10° 35' 34'' O 26° 14' 41'' N/ 10° 35' 19'' O 26° 14' 38'' N/ 10° 29' 49'' O 26° 14' 34'' N/ 10° 29' 56'' O 26° 14' 27'' N/ 10° 36' 24'' O 26° 14' 03'' N/ 10° 35' 12'' O 26° 14' 05'' N/ 10° 33' 57'' O 26° 13' 48'' N/ 10° 36' 56'' O 26° 13' 56'' N/ 10° 35' 15'' O 26° 13' 58'' N/ 10° 30' 42'' O 26° 13' 44'' N/ 10° 29' 41'' O 26° 13' 12'' N/ 10° 34' 14'' O 26° 12' 27'' N/ 10° 32' 41'' O 26° 12' 24'' N/ 10° 31' 16'' O 26° 12' 11'' N/ 10° 36' 41'' O 26° 12' 14'' N/ 10° 32' 40'' O 26° 12' 01'' N/ 10° 33' 22'' O 26° 11' 41'' N/ 10° 30' 45'' O 26° 11' 35'' N/ 10° 30° 54'' O 26° 11' 32'' N/ 10° 30' 50'' O 26° 11' 29'' N/ 10° 31' 32'' O 26° 11' 30'' N/ 10° 32' 00'' O 26° 11' 16'' N/ 10° 35' 14'' O 26° 11' 15'' N/ 10° 33' 54'' O 26° 11' 14'' N/ 10° 33' 23'' O 26° 11' 15'' N/ 10° 31' 25'' O 26° 11' 02'' N/ 10° 35' 47'' O 26° 10' 51'' N/ 10° 35' 22'' O 26° 10' 48'' N/ 10° 34' 33'' O 26° 10' 52'' N/ 10° 33' 50'' O 26° 10' 49'' N/ 10° 33' 18'' O 26° 10' 28'' N/ 10° 30' 02'' O 26° 10' 20'' N/ 10° 31' 29'' O 26° 10' 05'' N/ 10° 31' 35'' O 110

51m 60m 10m 15m 16m 52m 62m 41m 9m 28m 11m 26m 8m 33m 10m 19m 21m 277m 27m 13m 14m 68m 28m ? 12m 8m 51m 18m 21m 27m 20m 57m 26m 9m 45m

302° 111° 103° 290° 111° 098° 130° 102° 103° 111° 096° 103° 116° ? 264° 101° 086° 257° 120° 092° 099° 252° ? 119° 121° 074° 259° 099° 105° 102° 096° 282° 106°

T087 T088 T089 T090 T091 T092 T093 T094 T095 T096 T097 T098 T099 T100 T101 T102 T103 T104 T105 T106 T107 T108

A A A A C A C A A C A A A A A C A A CE CE CE CP

26° 09' 55'' N /10° 35' 41'' O 26° 09' 53'' N/ 10° 33' 29'' O 26° 09' 48'' N/ 10° 31' 16'' O 26° 09' 08'' N/ 10° 36' 37'' O 26° 08' 33'' N/ 10° 36' 35'' O 26° 08' 29'' N/ 10° 35' 40'' O 26° 08' 06'' N/ 10° 31' 16'' O 26° 07' 57'' N/ 10° 35' 56'' O 26° 07' 35'' N/ 10° 33' 58'' O 26° 07' 03'' N/ 10° 37' 52'' O 26° 07' 06'' N/ 10° 25' 36'' O 26° 06' 16'' N/ 10° 26' 58'' O 26° 04' 42'' N/ 10° 33' 43'' O 26° 02' 43'' N/ 10° 32' 50'' O 26° 02' 40'' N/ 10° 33' 11'' O 26° 02' 39'' N/ 10° 33' 14'' O 26° 02' 37'' N/ 10° 33' 10'' O 26° 01' 11'' N/ 10° 33' 31'' O 26° 24' 25'' N/ 10° 32' 12'' O 26° 24' 29'' N/ 10° 32' 09'' O 26° 24' 30'' N/ 10° 32' 12'' O 26° 24' 26'' N/ 10° 32' 09'' O

24m 15m 8m 23m 12m 12m 13m 38m 17m 45m 18m 10m 10m 13m 16m 11m 22m 17m 58m 73m 72m 8m

100° 278° 107° 093° 124° 096° 108° 104° 285° 116° 109° 121° 087° 100° 084° 093° 101° 277° 021° 177° 078°

17m 58m 17m 9m 70m 13m 8m 21m 6m 59m 10m

118° 108° 088° 090° 105° 090° 093° 105° 093° 106° 105°

Meherize (Mh) Mh001 A Mh002 A Mh003 A Mh004 A Mh005 A Mh006 A Mh007 A Mh008 A Mh009 C Mh010 A Mh011 A

26° 18' 28'' N/ 11° 08' 21'' O 26° 16' 20'' N/ 11° 08' 50'' O 26° 16' 20'' N/ 11° 06' 14'' O 26° 16' 05'' N/ 11° 06' 31'' O 26° 16' 19'' N/ 11° 04' 37'' O 26° 16' 16'' N/ 11° 04' 40'' O 26° 16' 01'' N/ 11° 04' 27'' O 26° 15' 47'' N/ 11° 03' 36'' O 26° 15' 19'' N/ 11° 02' 23'' O 26° 15' 02'' N/ 11° 03' 09'' O 26° 15' 07'' N/ 11° 03' 14'' O 111

Mh012 A Mh013 X Mh014 C Mh015 A Mh016 C Mh017 C Mh018 C Mh019 A Mh020 X Mh021 A Mh022 C Mh023 C Mh024 X Mh025 A Mh026 A Mh027 C Mh028 C Mh029 C Mh030 A Mh031 MA Mh032 X Mh033 C Mh034 A Mh035 C Mh036 A Mh037 A Mh038 X Mh039 A Mh040 C Mh041 C Mh042 X Mh043 C Mh044 X Mh045 A Mh046 A

26° 14' 42'' N/ 11° 02' 09'' O 26° 14' 27'' N/ 11° 03' 43'' O 26° 14' 19'' N/ 11° 03' 43'' O 26° 14' 14'' N/ 11° 02' 18'' O 26° 14' 13'' N/ 11° 02' 18'' O 26° 14' 07'' N/ 11° 05' 48'' O 26° 13' 43'' N/ 11° 09' 36'' O 26° 13' 50'' N/ 11° 06' 01'' O 26° 13' 38'' N/ 11° 04' 47'' O 26° 13' 41'' N/ 11° 03' 38'' O 26° 13' 21'' N/ 11° 08' 29'' O 26° 13' 21'' N/ 11° 06' 22'' O 26° 13' 28'' N/ 11° 04' 09'' O 26° 13' 24'' N/ 11° 04' 16'' O 26° 13' 21'' N/ 11° 04' 11'' O 26° 13' 17'' N/ 11° 04' 12'' O 26° 13' 22'' N/ 11° 02' 22'' O 26° 13' 14'' N/ 11° 02' 35'' O 26° 13' 10'' N/ 11° 02' 38'' O 26° 13' 07'' N/ 11° 05' 47'' O 26° 13' 06'' N/ 11° 05' 43'' O 26° 12' 59'' N/ 11° 04' 15'' O 26° 12' 56'' N/ 11° 04' 15'' O 26° 12' 53'' N/ 11° 04' 33'' O 26° 12' 55'' N/ 11° 04' 34'' O 26° 12' 51'' N/ 11° 04' 45'' O 26° 12' 52'' N/ 11° 05' 28'' O 26° 12' 38'' N/ 11° 06' 38'' O 26° 12' 36'' N/ 11° 06' 40'' O 26° 12' 30'' N/ 11° 06' 29'' O 26° 12' 39'' N/ 11° 04' 24'' O 26° 12' 32'' N/ 11° 04' 23'' O 26° 12' 30'' N/ 11° 04' 34'' O 26° 12' 14'' N/ 11° 07' 38'' O 26° 12' 04'' N/ 11° 04' 12'' O 112

26m 15m 9m 19m 13m 23m 11m 98m 16m 5m 7m 19m 9m 54m 4m 12m 17m 9m 20m 22m 10m 9m 17m 51m 18m 10m 8m 39m 13m 20m 11m 10m 12m 12m 31m

088° 078° 096° 118° 109° 108° 084° 095° 099° 099° 119° 109° 111° 103° 093° 099° 275° 260° 098° 246° 111° 115° 098° 116° 126° 104° 109° 094° 101° 095° 102° 120° 257°

Mh047 A Mh048 A Mh049 C Mh050 X Mh051 C Mh052 A Mh053 CE? Mh054 X Mh055 A Mh056 CP Mh057 A Mh058 C Mh059 A Mh060 A Mh061 C Mh062 C Mh063 A Mh064 A Mh065 A Mh066 C Mh067 A Mh068 C Mh069 C Mh070 A Mh071 A Mh072 A Mh073 A Mh074 X Mh075 A Mh076 A Mh077 A Mh078 A Mh079 A Mh080 C Mh081 A

26° 12' 15'' N/ 11° 02' 39'' O 26° 11' 28'' N/ 11° 05' 12'' O 26° 10' 54'' N/ 11° 05' 02'' O 26° 10' 54'' N/ 11° 04' 34'' O 26° 10' 54'' N/ 11° 04' 33'' O 26° 10' 54'' N/ 11° 04' 28'' O 26° 10' 52'' N/ 11° 04' 29'' O 26° 10' 52'' N/ 11° 04' 30'' O 26° 10' 51'' N/ 11° 04' 32'' O 26° 10' 48'' N/ 11° 04' 41'' O 26° 10' 38'' N/ 11° 08' 03'' O 26° 10' 14'' N/ 11° 08' 00'' O 26° 09' 53'' N/ 11° 07' 33'' O 26° 10' 37'' N/ 11° 03' 18'' O 26° 10' 21'' N/ 11° 03' 09'' O 26° 10' 22'' N/ 11° 02' 51'' O 26° 09' 52'' N/ 11° 04' 51'' O 26° 09' 49'' N/ 11° 03' 19'' O 26° 09' 31'' N/ 11° 10' 03'' O 26° 09' 31'' N/ 11° 09' 38'' O 26° 09' 35'' N/ 11° 03' 26'' O 26° 09' 47'' N/ 11° 03' 25'' O 26° 09' 23'' N/ 11° 03' 00'' O 26° 08' 50'' N/ 11° 03' 05'' O 26° 08' 56'' N/ 11° 03' 19'' O 26° 08' 47'' N/ 11° 03' 11'' O 26° 08' 42'' N/ 11° 05' 07'' O 26° 08' 15'' N/ 11° 02' 57'' O 26° 07' 53'' N/ 11° 02' 45'' O 26° 07' 49'' N/ 11° 02' 37'' O 26° 07' 44'' N/ 11° 02' 42'' O 26° 07' 40'' N/ 11° 03' 04'' O 26° 07' 34'' N/ 11° 02' 50'' O 26° 07' 10'' N/ 11° 06' 00'' O 26° 07' 04'' N/ 11° 05' 36'' O 113

094° 9m 6m 089° 14m 100° 8m 13m 101° 56m 097° ? 090° 9m 48m 097° 11m 22m 126° 32m 097° 16m 108° 10m 103° 089° 9m 094° 8m 47m 094° 80m 086° 22m 088° 100° 9m 28m 071° 12m 105° 11m 258° 34m 093° 8m 133° 13m 114° 109° 7m 10m 30m ? 080° 37m 095° 13m 093° 55m 084° 52m 115° 12m 133° 88m 105°

Mh082 A Mh083 A Mh084 A Mh085 A Mh086 A Mh087 A Mh088 C Mh089 MA Mh090 A Mh091 A Mh092 C Mh093 A Mh094 C Mh095 A Mh096 C Mh097 C Mh098 A Mh099 A Mh100 A Mh101 A Mh102 C Mh103 C Mh104 A Mh105 C Mh106 A Mh107 A Mh108 A Mh109 C Mh110 A Mh111 C Mh112 A Mh113 X Mh114 C Mh115 C Mh116 C

26° 06' 51'' N/ 11° 06' 28'' O 26° 06' 49'' N/ 11° 06' 22'' O 26° 06' 45'' N/ 11° 12' 37'' O 26° 06' 39'' N/ 11° 05' 25'' O 26° 06' 26'' N/ 11° 06' 54'' O 26° 06' 28'' N/ 11° 04' 46'' O 26° 06' 14'' N/ 11° 06' 16'' O 26° 05' 49'' N/ 11° 03' 32'' O 26° 05' 34'' N/ 11° 07' 45'' O 26° 05' 32'' N/ 11° 04' 55'' O 26° 05' 22'' N/ 11° 05' 27'' O 26° 05' 04'' N/ 11° 05' 41'' O 26° 04' 41'' N/ 11° 07' 09'' O 26° 04' 12'' N/ 11° 07' 51'' O 26° 04' 07'' N/ 11° 06' 54'' O 26° 04' 01'' N/ 11° 08' 11'' O 26° 04' 00'' N/ 11° 06' 47'' O 26° 03' 40'' N/ 11° 06' 40'' O 26° 03' 34'' N/ 11° 06' 46'' O 26° 03' 32'' N/ 11° 09' 24'' O 26° 03' 25'' N/ 11° 12' 49'' O 26° 03' 19'' N/ 11° 10' 36'' O 26° 03' 21'' N/ 11° 09' 20'' O 26° 03' 01'' N/ 11° 05' 18'' O 26° 05' 50'' N/ 11° 07' 16'' O 26° 02' 49'' N/ 11° 05' 28'' O 26° 02' 36'' N/ 11° 13' 24'' O 26° 02' 35'' N/ 11° 13' 20'' O 26° 02' 33'' N/ 11° 08' 55'' O 26° 02' 35'' N/ 11° 08' 12'' O 26° 02' 33'' N/ 11° 08' 11'' O 26° 02' 32'' N/ 11° 08' 02'' O 26° 01' 55'' N/ 11° 11' 50'' O 26° 01' 50'' N/ 11° 11' 51'' O 26° 01' 53'' N/ 11° 09' 42'' O 114

086° 086° 090° 078° 093° 094° 080° 110° 22m 086° 320m 095° 21m 270° 25m 115° 30m 135° 28m 105° 091° 7m 15m 132° 51m 088° 211m 087° 36m 092° 29m 106° 17m 100° 13m 117° 33m 114° 19m 083° 12m 094° 254m 074° 17m 116° 28m 109° 11m 268° 13m 080° 19m ? ? 8m 10m 056° 10m 095° 7m 089°

8m 25m 34m 12m 297m 8m 13m

Mh117 A Mh118 A Mh119 A Mh120 MA Mh121 C Mh122 C Mh123 C Mh124 A Mh125 A Mh126 C Mh127 C Mh128 A Mh129 A Mh130 A Mh131 CE Mh132 C Mh133 C Mh134 C

26° 01' 54'' N/ 11° 05' 51'' O 26° 01' 53'' N/ 11° 05' 54'' O 26° 01' 50'' N/ 11° 05' 54'' O 26° 01' 40'' N/ 11° 09' 59'' O 26° 01' 41'' N/ 11° 08' 40'' O 26° 01' 45'' N/ 11° 07' 07'' O 26° 01' 34'' N/ 11° 05' 17'' O 26° 01' 16'' N/ 11° 07' 26'' O 26° 00' 46'' N/ 11° 06' 56'' O 26° 00' 49'' N/ 11° 04' 09'' O 26° 00' 43'' N/ 11° 06' 23'' O 26° 00' 35'' N/ 11° 06' 08'' O 26° 00' 35'' N/ 11° 04' 53'' O 26° 00' 26'' N/ 11° 04' 28'' O 26° 00' 26'' N/ 11° 09' 29'' O 26° 00' 13'' N/ 11° 06' 02'' O 26° 00' 14'' N/ 11° 05' 58'' O 26° 00' 03'' N/ 11° 10' 22'' O

11m 20m 7m 3m 16m 12m 10m 33m 87m 13m 8m 13m 106m 25m 38m 10m 12m 12m

093° ? 103° 120° 096° 100° 109° 280° 116° 101° 147° 099° 109° 099° 082° 272° 136°

Hawsa (H) H001 H002 H003 H004 H005 H006 H007 H008 H009 H010 H011 H012 H013 H014

A A X X A A A A C C C X X A

07° 39' 12'' N /10° 49' 30'' O 27° 39' 07'' N/ 10° 49' 45'' O 27° 39' 03'' N/ 10° 48' 30'' O 27° 39' 08'' N/ 10° 47' 46'' O 27° 38' 59'' N/ 10° 51' 36'' O 27° 38' 33'' N/ 10° 48' 46'' O 27° 38' 27'' N/ 10° 50' 21'' O 27° 38' 21'' N/ 10° 49' 53'' O 27° 37' 06'' N/ 10° 52' 43'' O 27° 36' 50'' N/ 10° 52' 23'' O 27° 36' 36'' N/ 10° 42' 37'' O 27° 35' 58'' N/ 10° 49' 44'' O 27° 34' 55'' N/ 10° 53' 21'' O 27° 33' 48'' N/ 10° 53' 10'' O 115

20m 117m 16m 50m 94m 75m 81m 24m 10m 21m 11m 14m 14m 10m

101° 096° 065° 095° 102° 076° 114° 108° 084° 138° 261° 127°

H015 H016 H017 H018 H019 H020 H021 H022 H023 H024 H025 H026 H027 H028 H029 H030 H031 H032 H033 H034 H035 H036 H037 H038 H039 H040 H041 H042 H043 H044 H045 H046 H047 H048 H049

X X C X A X X A A X X X X X X A A C A X A X A X X X A A X X MA A A X C

27° 30' 22'' N/ 10° 51' 03'' O 8m 27° 29' 58'' N/ 10° 50' 47'' O 33m 27° 30' 31'' N/ 10° 45' 23'' O 23m 27° 30' 07'' N/ 10° 44' 29'' O 12m 27° 29' 54'' N/ 10° 44' 15'' O 18m 27° 27' 34'' N/ 10° 48' 02'' O 22m 27° 26' 20'' N/ 10° 50' 26'' O 14m 27° 26' 14'' N/ 10° 49' 39'' O 67m 27° 26' 10'' N/ 10° 48' 29'' O 53m 27° 26' 07'' N/ 10° 48' 33'' O 12m 27° 25' 51'' N/ 10° 50' 05'' O 26m 27° 25' 29'' N/ 10° 48' 15'' O 52m 27° 24' 37'' N/ 10° 50' 26'' O 16m 27° 24' 21'' N/ 10° 51' 06'' O 22m 27° 23' 50'' N/ 10° 52' 35'' O 10m 27° 23' 58'' N/ 10° 53' 26'' O 63m 27° 22' 30'' N/ 10° 54' 15'' O 117m 27° 22' 17'' N/ 10° 53' 49'' O 34m 27° 21' 49'' N/ 10° 55' 34'' O 21m 27° 19' 13'' N/ 10° 56' 36'' O 10m 27° 13' 42'' N/ 10° 55' 40'' O 16m 27° 09' 10'' N/ 10° 57' 26'' O 11m 27° 09' 11'' N/ 10° 57'' 11'' O 66m 27° 09' 17'' N/ 10° 51' 55'' O 7m 27° 08' 59'' N/ 10° 52' 18'' O 11m 27° 08' 51'' N/ 10° 51' 53'' O 11m 27° 08' 49'' N/ 10° 50' 17'' O 15m 27° 08' 47'' N/ 10° 50' 14'' O 15m 27° 08' 39'' N/ 10° 51' 24'' O 36m 27° 05' 58'' N/ 10° 58' 31'' O 7m 27° 08' 22'' N/ 10° 55' 40'' O 11m 27° 08' 17'' N/ 10° 55' 43'' O 42m 27° 08' 13'' N/ 10° 55' 47'' O 8m 27° 05' 55'' N/ 10° 55' 12'' O 18m 27° 05' 59'' N/ 10° 53' 07'' O 14m 116

079° 108° 105° 125° 73° 087° 102° 087° 067° 079° 115° 102° 108° 113° 090° 068°

116° 269° 133° 087° 085° 098°

H050 H051 H052 H053 H054 H055 H056 H057 H058 H059 H060 H061 H062 H063 H064 H065 H066 H067 H068

A C C A C A MA X X MA X X X MA A X C C A

27° 50' 02'' N/ 10° 54' 58'' O 27° 04' 28'' N/ 10° 54' 13'' O 27° 04' 23'' N/ 10° 53' 05'' O 27° 04' 27'' N/ 10° 50' 39'' O 27° 04' 19'' N/ 10° 50' 37'' O 27° 03' 14'' N/ 10° 59' 01'' O 27° 02' 43'' N/ 11° 00' 28'' O 27° 02' 26'' N/ 11° 00' 22'' O 27° 02' 47'' N/ 10° 58' 59'' O 27° 02' 54'' N/ 10° 58' 39'' O 27° 02' 37'' N/ 10° 57' 34'' O 27° 02' 36'' N/ 10° 57' 02'' O 27° 02' 57'' N/ 10° 56' 10'' O 27° 02' 41'' N/ 10° 56' 04'' O 27° 02' 44'' N/ 10° 54' 52'' O 27° 02' 33'' N/ 10° 53' 46'' O 27° 02' 27'' N/ 10° 57' 07'' O 27° 02' 15'' N/ 10° 58' 58'' O 27° 01' 33'' N/ 10° 55' 39'' O

38m 090° 14m 098° 8m 095° 42m 074° 17m 086° 57m 085° 17m 099° 12m 12m 7m 15m 12m 10m 6m 77° 31m 072° 9m 22m 097° 16m 101° 52m ? 091°

Seguia el Hamra (SH) SH001 C SH002 C SH003 MA SH004 X SH005 X SH006 MA SH007 C SH008 A SH009 A SH010 A SH011 MA SH012 C SH013 MA

26° 59' 21'' N/ 11° 32' 56'' O 26° 58' 46'' N/ 11° 32' 43'' O 26° 56' 11'' N/ 11° 32' 48'' O 26° 55' 55'' N/ 11° 34' 10'' O 26° 55' 48'' N/ 11° 34' 35'' O 26° 50' 29'' N/ 11° 32' 49'' O 26° 51' 26'' N/ 11° 32' 56'' O 26° 51' 26'' N/ 11° 33' 10'' O 26° 54' 03'' N/ 11° 39' 06'' O 26° 52' 14'' N/ 11° 41' 28'' O 26° 51' 50'' N/ 11° 44' 19'' O 26° 50' 36'' N/ 11° 47' 39'' O 26° 49' 00'' N/ 11° 48' 31'' O 117

15m 16m ? 17m 11m 21m 14m 34m 29m 174m 13m 20m 16m

128° 122° ? ? 094° 085° 104° 105° 095° 108° 084°

SH014 MA SH015 MA SH016 C SH017 A SH018 A SH019 A SH020 A SH021 A SH022 X SH023 A SH024 A SH025 A SH026 C SH027 CP SH028 X SH029 A SH030 A SH031 A SH032 CP SH033 CP SH034 MA SH035 A SH036 C SH037 A SH038 MA SH039 A SH040 CP SH041 X SH042 A SH043 A SH044 CP SH045 A SH046 A SH047 A SH048 A

077° 26° 48' 57'' N/ 11° 49' 28'' O 9m 26° 48' 58'' N/ 11° 49' 29'' O 9m 117° 26° 50' 27'' N/ 11° 49' 03'' O 12m 090° 26° 50' 22'' N/ 11° 48' 53'' O 25m ? 121° 26° 49' 56'' N/ 11° 49' 24'' O 52m 111° 119° 26° 50' 32'' N/ 11° 50' 15'' O 8m 26° 50' 47'' N/ 11° 51' 44'' O 77m ? 103° ? 26° 52' 35'' N/ 12° 24' 28'' O 62m 122° 26° 50' 46'' N/ 12° 24' 15'' O 13m 131° 26° 49' 57'' N/ 12° 24' 16'' O 14m 095° 107° 26° 49' 10'' N/ 12° 23' 00'' O 8m 26° 50' 20'' N/ 12° 25' 35'' O 33m ? 118° ? 26° 49' 51'' N/ 12° 25' 36'' O 24m 105° 26° 49' 38'' N/ 12° 25' 29'' O 10m 26° 49' 30'' N/ 12° 25' 02'' O 6m 26° 50' 22'' N/ 12° 27' 07'' O 17m 120° 26° 49' 07'' N/ 12° 27' 35'' O 71m 089° 26° 49' 05'' N/ 12° 27' 41'' O 44m 101° 26° 48' 41'' N/ 12° 28' 56'' O 18m 26° 50' 31'' N/ 12° 29' 42'' O 14m 094° 26° 51' 54'' N/ 12° 29' 18'' O 6m 26° 52' 48'' N/ 12° 28' 29'' O 43m 091° 26° 53' 06'' N/ 12° 29' 55'' O 25m 089° 26° 53' 56'' N/ 12° 31' 55'' O 11m 111° 26° 53' 31'' N/ 12° 32' 48'' O 11m 26° 54' 21'' N/ 12° 33' 24'' O 69m 110° 26° 54' 39'' N/ 12° 33' 31'' O 14m 26° 54' 41'' N/ 12° 33' 36'' O 15m 26° 53' 55'' N/ 12° 36' 07'' O 22m 089° 26° 53' 52'' N/ 12° 36' 11'' O 25m 110° 26° 54' 10'' N/ 12° 37' 12'' O 19m 140° 26° 52' 55'' N/ 12° 38' 55'' O 40m 114° 26° 53' 38'' N/ 12° 39' 06'' O 60m 104° 26° 53' 38'' N/ 12° 39' 50'' O 82m 109° 26° 55' 33'' N/ 12° 42' 44'' O 94m 116° 118

SH049 A SH050 C SH051 A SH052 A SH053 A SH054 X SH055 X SH056 X SH057 X SH058 CE SH059 A SH060 A SH061 A SH062 A SH063 A SH064 CP SH065 X SH066 A SH067 A SH068 X

26° 55' 32'' N/ 12° 42' 53'' O 71m 097° 26° 54' 11'' N/ 12° 43' 53'' O 14m 095° 26° 50' 03'' N/ 12° 45' 43'' O 14m 103° 26° 49' 56'' N/ 12° 45' 47'' O 45m 133° 26° 50' 41'' N/ 12° 46° 25'' O 43m 124° 26° 53' 16'' N/ 12° 48' 04'' O 8m 26° 53' 24'' N/ 12° 56' 24'' O 15m 26° 53' 27'' N/ 12° 56' 31'' O 14m 26° 53' 26'' N/ 12° 56' 33'' O 13m 26° 53' 57'' N/ 12° 57' 08'' O 19m 110° 081° 26° 52' 49'' N/ 12° 58' 08'' O 7m 26° 03' 56'' N/ 12° 59' 17'' O 177m 123° 26° 53' 49'' N/ 12° 59' 20'' O 95m 118° 26° 53' 54'' N/ 12° 59' 17'' O 57m 122° 26° 54' 31'' N/ 12° 57' 59'' O 20m 124° 26° 55' 56'' N/ 12° 59' 43'' O 7 26° 56' 03'' N/ 13° 00' 03'' O 8m 26° 55' 47'' N/ 13° 02' 03'' O 49m 095° 26° 57' 40'' N/ 13° 02' 14'' O 45m ? 113° 26° 59' 58'' N/ 13° 04' 14'' O 25m

TABLE DES MATIÈRES I – Avant propos ................................................................. 5 II– Rappel géographique et historique............................... 9 III – La recherche archéologique au Sahara Occidental .. 15 IV – Les industries de l'Oued Idqui et de Taruma............ 19 V – Les sites rupestres ..................................................... 35 VI – Les M.L. de la Seguia el Hamra .............................. 81 VII – Conclusions générales ............................................ 95 Bibliographie.................................................................... 99 Annexes.......................................................................... 105

L'HARMATTAN, ITALIA Via Degli Artisti 15; 10124 Torino L'HARMATTAN HONGRIE Könyvesbolt ; Kossuth L. u. 14-16 1053 Budapest L'HARMATTAN BURKINA FASO Rue 15.167 Route du Pô Patte d’oie 12 BP 226 Ouagadougou 12 (00226) 76 59 79 86 ESPACE L'HARMATTAN KINSHASA Faculté des Sciences sociales, politiques et administratives BP243, KIN XI Université de Kinshasa

L’HARMATTAN CONGO 67, av. E. P. Lumumba Bât. – Congo Pharmacie (Bib. Nat.) BP2874 Brazzaville [email protected]

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