La Grotte Ouest du Portel, Ariège, France: Restes fauniques et stratégies de chasse dans le Pléistocène supérieur pyrénéen 9780860549130, 9781407349848

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La Grotte Ouest du Portel, Ariège, France: Restes fauniques et stratégies de chasse dans le Pléistocène supérieur pyrénéen
 9780860549130, 9781407349848

Table of contents :
Front Cover
Copyright
Résumé - Abstract
Sommaire
INTRODUCTION
LES GROTTES DU PORTEL
METHODOLOGIE
LE LOUP
LE RENARD
L'OURS DES CAVERNES
LE BLAIREAU
LA MARTRE
LE PUTOIS
LES FELIDES
LA HYENE DES CAVERNES
SYNTHESE SUR LES CARNIVORES
LE CHEVAL
LE RHINOCEROS LAINEUX
LE MAMMOUTH
LES GRANDS BOVIDES
LE MEGACEROS
LES GRANDS HERBIVORES
LE RENNE
LE CERF
LE CHEVREUIL
LE BOUQUETIN
LE CHAMOIS
LE SANGLIER
FOETUS / NOUVEAU—NES
LES PETITS HERBIVORES
ESQUILLES
CONSERVATION OSSEUSE
ASSEMBLAGE FAUNIQUE ET STRATIGRAPHIE
BIOSTRATIGRAPHIE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES PLANCHES
PLANCHES

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La Grotte Ouest du Porte!, Ariege, France Restes fauniques et strategies de chasse dans le Pleistocene superieur pyreneen

Annelle Gardeisen

BAR International Series 673 1997

Published in 2019 by BAR Publishing, Oxford BAR International Series 673 La Grotte Ouest du Portel, Ariège, France © Armelle Gardeisen and the Publisher 1997 The author’s moral rights under the 1988 UK Copyright, Designs and Patents Act are hereby expressly asserted. All rights reserved. No part of this work may be copied, reproduced, stored, sold, distributed, scanned, saved in any form of digital format or transmitted in any form digitally, without the written permission of the Publisher. ISBN 9780860549130 paperback ISBN 9781407349848 e-book DOI https://doi.org/10.30861/9780860549130 A catalogue record for this book is available from the British Library This book is available at www.barpublishing.com BAR Publishing is the trading name of British Archaeological Reports (Oxford) Ltd. British Archaeological Reports was first incorporated in 1974 to publish the BAR Series, International and British. In 1992 Hadrian Books Ltd became part of the BAR group. This volume was originally published by John and Erica Hedges in conjunction with British Archaeological Reports (Oxford) Ltd / Hadrian Books Ltd, the Series principal publisher, in 1997. This present volume is published by BAR Publishing, 2019.

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Resume - Abstract

RESUME

ABSTRACT

Les analyses archeozoologiques et taphonomiques des 87054 restes fauniques exhumes lors des fouilles anciennes de la grotte ouest du Portel ont pennis de mettre en evidence un assemblage constitue de 21 especes de mammiferes.

Taphonomic analysis of fossils is an essantial prerequisite for archeozoology and paleoecology because the fossil and geological assemblages are incomplete and result from several number of processes which bias the original record.

Un total de 422 individus a ete repertorie. Ils sont representes par le Renne, le Cheval, le Bison, le Cerf, le Chevreuil, le Bouquetin, le Chamois, le Sanglier, le Rhinoceros laineux et le Mammouth en ce qui conceme les Herbivores et le Renard, le Loup, la Hyene des cavemes, l 'Ours des cavemes, le Blaireau, la Martre, le Putois, le Lion des cavemes, le Lynx et le Chat sauvage en ce qui conceme les Carnivores.

In this work, we have analyzed of 87054 bones and teeth of the west cave at Le Portel, focusing on the geochemical conditions of preservation and fossilization. In order of importance, we have identified 21 species, among the large herbivore community Rangifer tarandus, Equus caballus germanicus, Bison priscus, Cervus elaphus, Capra pyrenaica, Capreolus capreolus, Rupicapra rupicapra, Megaloceros giganteus, Sus scrofa, Coelodonta antiquitatis, Mammuthus primigenius among the carnivore community Canis lupus, Vulpes vulpes, Crocuta crocuta spelaea, Ursus spelaeus, Meles meles, Martes martes, Mustela putorius, Panthera (leo) spelaea, Lynx lynx, Felis sylvestris.

Les analyses taphonomiques couplees aune etude archeozoologique de chaque espece animale ont determine la reconnaissance de quatre ensembles archeologiques successifs. Malgre une altemance certaine entre les occupations humaines et carnivores de la grotte, il est possible de reconnaitre en l'Homme le principal agent accumulateur d'ossements.

A comparison of the Portel cave fauna with well documented faunal associations from upper Pleistocene deposits in southern France leads us to conclude that the environnemental conditions under which the studied large mammal community lived were that of arctic or cold open biotope such as steppe and toundra, contemporaneus of isotopic stage 6-3.

Les strategies de chasse reconnues relevent d 'un comportement opportuniste vis a vis des especes chassees mais d'un choix selectif des proies au sein des troupeaux d'Herbivores (essentiellement Rennes, Chevaux, Bisons et Cerfs ). Par ailleurs, il apparait que ces criteres de selection (age, sexe) evoluent diachroniquement d 'un ensemble archeologique a l'autre et tendent a demontrer des changements d'ordre socioculturel qui impliquent une nouvelle organisation au sein du groupe humain.

The archeozoological analysis including counts and distribution of anatomical remains provide data on the hunting strategies and reveal an opportunistic behaviour of the neandertal man. Nevertheless, the exploitation of the most abundant ongulates, Reindeer, Horse, Bison and red Deer shows a selective pattern in the hunting strategy by the sex and age composition of the hunted species. It has been possible to show that the cave was alternately occupied both by human and carnivores (Hyena, Bear, Wolf, Fox ...). Distribution of hunted cervids indicates a welle established occupation in winter season.

Les differents modeles de predation associes a une industrie lithique mousterienne ainsi que la mise en evidence des alternances d'occupation et les diverses populations de Carnivores nous autorisent a emettre l 'hypothese d 'installations humaines aux mois d'hiver. Les associations fauniques d'herbivores et la distribution des especes en fonction de leur masse ponderale et de leurs caracteristiques environnementales ne montrent que peu de variations de la base au sommet du remplissage : il semblerait que ces populations evoluaient dans un milieu froid ou arctique humide et toujours ouvert (prairie, toundra).

Toa area around the Portel cave may have been a strategic hunting site. The topographic location associated to a small closed valley produced favorable conditions for animal kills which were locally butchered and eaten by neandertal man using mousterian tools.

Enfin, la nature des divers assemblages apparente le site du Portel ouest aux gisements contemporains du Sud Ouest de la France. Les spectres fauniques et industrie lithique permettent de situer le remplissage dans le Wurm ancien (Wurm I et II) correspondant aux stades isotopiques de 5 a 3.

I

Sommaire

SOMMAIRE

INTRODUCTION ............................

p. 1

Presentation .................................

p. 3

LES GROTTES DU PORTEL .. ............... METHODOLOGIE ... ......

............

LE CHEVREUIL ....................... p.241 LE BOUQUETIN ....... .............. . .p.245 LE CHAMOIS . . ...... ........... ...... p.257 LE SANGLIER ........................ p.263 FCETUS/ NOUVEAU-NBS ............... p.263 LES PETITS HERBIVORES .. ........... p.265 ESQUlLLES .......................... p.279

.. p . 5 ... ... p. 21

ETUDES ARCHEOZOOLOGIQUES LE LOUP ......................... .... p. 29 LE RENARD .. ........ . ...... ...... .. .p. 37 L'OURS DES CAVERNES ............... p. 49 LE BLAIREAU .......... .... ... . .. .... p. 55 LA MARTRE ................ .. ... ... .. p. 61 LE PUTOIS ... . . .. ......... .. .... ..... p. 61 LES FELIDES .. . .. .... . . .......... ... .p. 63 LA HYENE DES CAVERNES ............. p. 65 SYNTHES£ SUR LES CARNIVORES ... . .. p. 71 LE CHEVAL .......................... p . 93 LE RIIlNOCEROS LAINEUX ............. p.131 LE MAMMOUTH.......... ... ........ .p.133 LES GRANDS BOVIDES ................ p.135 LE MEGACEROS ...................... p.169 LES GRANDS HERBIVORES ............ p.171 LE RENNE ........................... p.183 LE CERF .... .. .... . ..... ............ .p .215

ETUDE DE LA CONSERVATION ...............

p.291

ASSEMBLAGE FAUNIQUE ET STRATIGRAPIIlE .p.307 BIOSTRATIGRAPHIE . . .. ..........

. .....

CONCLUSION ..............................

p.333

BIBLIOGRAPHIE

p.335

. . .........................

LISTE DES FIGURES .............

. .....

LISTE DES TABLEAUX ...................... LISTE DES PLANCHES PLANCHES . . ...............

Ill

. ... p.323

. .. .......

. .... p.343 p.349

. ...........

p.351

. .. ............

p.353

Introduction

INTRODUCTION C' est le 19 septembre 1949 que M. Joseph Vezian a effectivement commence a degager le porche ouest de la grotte nouvellement acquise, aide de son fils Jean qui a poursuivi cette fouille jusqu ' en 1985. Les carnets de notes scrupuleusement tenus par les fouilleurs racontent l 'histoire de la grotte et des recherches. Des les premiers deblaiements, l' attention des deux chercheurs se porte sur la localisation des objets dans l 'espace. Ils etablissent tres tot un repere orthonorme et un niveau O de reference sur le point le plus eleve de la voute. Ces reperes permettent de relever la position des objets en trois dimensions. Les informations et de nombreuses illustrations soot consignees dans les carnets (Figure 1) de meme que chaque objet coordonne a ete marque a l'encre de Chine.

swface d'environ 40 m2 (Figure 5). La richesse de certains niveaux archeologiques (en particulier les couches F2 et F3) et la presence de restes neandertaliens en font un des gisements les plus importants du debut du Pleistocene superieur de la region pyreneenne.

Quelques publications ont depuis ete consacrees a la grotte ouest du Portel (Vezian 1952-53, 1964, 1972, 1988, 1989; Meroc 1955; Brabant et Sahly 1964; Astre 1965; Clottes 1973, 1975, 1979; Lumley 1976; Tavoso 1976; Gardeisen 1989, 1994, 1997; Marquet 1989).

Le Paleolithique moyen est moins connu ; il est surtout represente par les grottes de Malarnaud, de Soulabe et du Portel ouest. Au dela des limites du departement de l 'Ariege, on citera le gisement de l 'lnfemet, ou encore ceux de Mauran et de Montmaurin (Haute-Garonne). Sans etre exhaustive, cette enumeration souligne l 'interet des vestiges exhumes lors des fouilles anciennes du Portel et la necessite de la reprise de l 'etude .

La grotte ouest du Porte! presente un remplissage important d'une puissance de 2 a 5 metres de profondeur sur une

En effet, on constate le manque d' informations relatives a cette periode dans les Pyrenees ariegeoises ou l' accent a tres tot ete mis sur le Paleolithique superieur (des 1897 a Marsoulas) et particulierement sur l'art parietal et mobilier. Ainsi, l'interet des prehistoriens s'est davantage porte sur des grottes omees telles que Niaux, Bedeilhac, Le Mas d' Azil, les Cavemes du Volp, ou la grotte est du Portel pour ne citer que les plus celebres. Les principales civilisations du Paleolithique superieur y sont representees.

La Grotte Ouest du Porte/

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Figure 1. Extrait du carnet de fouille de la grotte ouest du Portel, annee 1957. Dessins et liste d'objets avec leurs coordonneesspatiales. 2

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Introduction

Presentation

d La premiere partie est une presentation generale du gisement et des methodes de travail.

Notre analyse portera sur les restes fauniques de grands mammiferes. Son but reside dans la comprehension de la signification de !'assemblage osseux et !'interpretation des relations entre l'Homme, les animaux et le milieu:

d La seconde partie comprend l 'etude archeozoologique de chaque espece representee (par chapitre ). Le materiel est decrit os par os, les problemes de repartition anatomique et de conservation differentielle y sont abordes ; les traces diverses de meme que les phenomenes de fragmentation et fracturation sont releves de maniere poser les jalons de !'interpretation globale de !'assemblage osseux .

- raisons et conditions de 1'apport de restes animaux dans la grotte en relation avec les occupations humaines (restes neandertaliens, outillage) ou animales (carnivores) - traitement et abandon des carcasses d'intervention de l'Homme et des animaux)

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!!. La troisieme partie fait le lien entre les resultats archeozoo-

(processus

logiques et la stratigraphie: son but est de voir dans quelle mesure il peut y avoir evolution dans les modes d' acquisition et de subsistance et done de definir les diverses phases d' occupation .

- conditions d'enfouissement et de remplissage ("histoire" de l'os apres son exploitation): agents physico-chimiques ou biologiques, ruissellement , etc.

a

d Enfin la conclusion nous amenera un premier bilan de I' occupation de la grotte ouest , sachant que de nouvelles voies pourront s' ouvrir lors de la reprise des fouilles, particulierement au niveau methodologique, de fa~on aborder ulterieurement toutes les questions de repartition spatiale.

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On peut done partir de ces donnees apprehender les modes de subsistance neandertalienne (techniques de chasse et d ' exploitation ...), comportement animal (occupation de la grotte par les carnivores ...) et milieu ecologique (association d'herbivores ...).

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3

La Grotte Ouest du Porte!

4

Les grottes du Porte!

LES GROTTES DU PORTEL Commune de Loubens, Ariege Le massif du Plantaureloriente sud-estI nord-est appartient a la chaine des Petites Pyrenees ; ii se caracterisepar une mince arete calcaire qui se dresse en muraille de 500 a 700 metres d'altitude entre les environs du Mas d' Azil et de Lavelanet et dont l' abrupt est oriente au sud.

On atteint le lieu-dit du Cap del Saut en empruntant la departementaleD 11 qui traverse le Plantaurel entre Loubens et la D117 par le col ou pas du Portel, a 6 kilometres au nord-est du passage de l' Ariege a Saint Jean de Verges (Planche I).

Figure 2. Situation geographiquedu Portel par rapport aux gisements contemporainscites (1: La Quina. 2: Le Moustier.3: La Ferrassie.4: Combe-Grenal.5: Pech de l'Aze. 6: La Chapelle aux Saints. 7: La Borde. 8: Balauziere.9: La Calmette. 10: Macassargues.11: Hortus. 12: Canalettes. 13: Baumasse d'Antonegues.14: Touma!. 15: Ramandils. 16: Montmaurin. 17: Gargas. 18: Mauran. 19: Le Portel. 20: Grotte des Cedres). 5

La Grotte Ouest du Porte/

La grotte du Portel est le lit fossile du ruisseau qui traverse actuellement le Plantaurel et coule en contrebas. Le tenne local de "pas" designe l'ancienne cluse correspondant au passage de la riviere qui coulait encore ciel ouvert la fin du Pliocene et qui a creuse la grotte 485 metres d'altitude (Goron 1941) (Planche II). En realite, l'heure actuelle, il ya apparemment deux grottes du Porte!, meme s'il est possible que les deux cavites communiquent (Figure 3).

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(1959), Leroi-Gourhan (1965), Vialou (1981), l'Atlas des grottes omees paleolithiques fran9aises (1984) ou encore Delporte (1991) et Leroi-Gourhan (1992). La grotte est classee Monument Historique le 24 fevrier 1969.

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Les fouilles de la galerie principale ou galerie de droite et de la grande salle ont mis en evidence un niveau gallo-romain date de 275 ap. J.C., du Magdalenien IV et une couche d'ossements d'Ours sous le Magdalenien (Vezian 1955, 1972). Le Magdalenien IV fouille en trois sondages parait assez homogene: il s'agit des foyers A, Bet C (Figure 3).

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1. GROTTE EST La grotte est ou grotte de Crampagna a ete rendue celebre par ses peintures parietales trouvees le 6 mars 1908 par le Dr. Jeannel (Jeanne! 1908). D'autres peintures soot rapidement decouvertes (Jammes, Jeannel, Regnault 1908) et la galerie des Bisons devient la "galerie Breuil" le 8 avril de la meme annee (Breuil, Jammes et Jeannel 1908). Par la suite, la grotte omee fait l' objet de nombreuses publications (Jammes et Jeannel 1909; Bourdelle et Jeannel 1934; Vezian 1924, 1941, 1945; Breuil et Jeannel 1955; Beltran, Robert et Vezian 1956; Rousseau 1973; Dauvois et Vezian 1979; Dauvois 1985) et est integree dans les grands ouvrages d'art parietal dont on ne citera que ceux de Breuil (1952), Zervos

!l. Le foyer A a ete denomme le gisement de la "tete de

Cheval" en raison du contour decoupe qui fut decouvert. La couche magdalenienne se trouve prise entre deux planchers stalagmitiques . On y a trouve de l 'industrie en silex et de l'industrie osseuse, des elements de parure (pendeloques, tete de Cheval decoupee dans un os hyoide, rondelles, plaquettes gravees de tetes animales) . Des analyses Cl4 indiquent une datation de 10810 BC±l70 et l'analyse pollinique suggere une phase temperee qui pourrait correspondre au tout debut de !'episode de Bolling, autour de 11000 BC (Leroi-Gourhan 1979).

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Fig. 3 Plan general des grottes est et ouest du Portel d'apres le plan de L. Jammes

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Les grottes du Porte/ 2. GROTTE OUEST ·

D. Le foyer B, tres pauvre, n'a donne que quelques pieces lithiques.

La grotte ouest ou du "Cap del Saut" est un porche obstrue par des depots wiirmiens situe a 410 metres d'altitude sur le versant sud-ouest du massif. L' actuel ruisseau dont elle est le lit fossile coule acinquante metres en contrebas de son entree orientee vers le sud-ouest (Planche III).

D.Le foyer C presente un niveau magdalenien pris entre des eboulis et une argile collante contenant des ossements en connexion anatomique de trois rennes. L'industrie lithique est semblable a celle du foyer A. Des objets d'art mobilier ont egalement ete recueillis: quelques plaquettes portant des traces charbonneuses, un baton perce et grave de quelques traits, des sagaies a rainures striees, des pendeloques, un Cheval grave sur un fragment de cote, des plaquettes gravees dont l'une d'un Ours blesse par des sagaies (Vezian 1955).

2.1 Les fouilles Vezian Apres avoir de gage l' entree du porche des niveaux tres remanies de surface, les fouilleurs se sont limites a un sondage de 6 metres par 4 metres de surface qui se reduit a 2 metres par I metre dans les niveaux inferieurs jusqu'a une profondeur de 5 metres, d'ou le tenne frequemment employe de "puits" (Figure 4).

Entin, le gisement dit "gisement de l'arriere-fond'' (Figure 3) est decouvert par Joseph Vezian et Henri Breuil en 1920: il presente une couche unique de mousterien ou la faune est essentiellement constituee de Cheval et de Renne.

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Fig. 4 Coupes stratigraphiques de la fouille de la grotte ouest du Portel (V ezian 1989) Fig . 4a Coupe longitudinale Fig. 4b Coupe transversale

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La Grotte Ouest du Porte/

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Figure 5. Plan de la grotte ouest. Contour de la roche (trait plein noir), nouveau carroyage et localisation des coupes stratigraphiques (en gris numerotees). Le trait noir en pointille correspond au contour de la paroi au niveau du carroyage (plan O: references pour les mesures de profondeur)

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Les grottes du Porte/

Nous avons entrepris en equipe plusieurs campagnes de releves de coupes, de plans et de prelevements sedimentologiques, geomorphologiques et palynologiques. Aux differentes etudes correspondantes s' ajoute une analyse spatiale des niveaux archeologiques avec la creation d'une base de donnees et de son systeme d' exploitation. Nos interventions ont consiste en releves de treize coupes, du plan de la grotte avec mise en place d'un carroyage calque sur le systeme de releve tridimensionnel originel (Figure 5).

Une stratigraphie a ete mise en evidence: les couches sont nommees du haut vers le bas par des lettres majuscules ( de A M) accompagnees parfois d'un cbiffre (de 1 3) indiquant une subdivision d'ensemble ( ex: ensemble F subdivise en Fl, F2 et F3). Plus rarement, un niveau intermediaire ou une "poche" est individualise par une lettre supplementaire (ex: FIA, BIA). Nous exposons clans le paragraphe suivant notre propre interpretation du remplissage car certaines subdivisions, apres observations sur le terrain et sur le materiel archeologique (faune et industrie), ne nous ont pas toujours semble pertinentes. A titre indicatif, J. V ezian distingue quatre ensembles (Vezian 1988, 1989) en excluant la coucbe sommitale A faite de colluvions de surface, d'humus et de pierres clans laquelle des terriers de blaireaux ont ete reconnus. La presence de ces animaux est egalement attestee par de nombreux restes dont certains ont ete attribues a des fretus ou nouveau-nes. Par ailleurs, le contenu faunique de ces niveaux est tres heterogene: on y trouve quelques ossements d'animaux domestiques (moutons/chevres, avifaune) dont l'etat de conservation indique un depot recent.

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Descriptiondes couches Couche A: melange de colluvions de surface, d'bumus, de quelques pierres et d'argile brune a ossements de blaireaux et faune recente remanies. Elle etait presente sur toute la surface de la grotte, du sommet jusqu' a un metre de profondeur. Le contenu de cette couche ne sera pas pris en compte ici. Couche B: ensemble assez complexe qui se decompose en B, BO, Bl, BI A et B2. L' essentiel du materiel et en particulier de la faune se concentre clans BIBI/BIA. La couche Best constituee d'une matrice rouge argileuse contenant de nombreuses pierres corrodees qui soot plus grosses a la base (Bl/BIA) et deviennent de gros blocs d'effondrement en B2. Elle se developpe sur une epaisseur maximale d' environ 1,20 m

Ensembles B,Bl/BlA, B2 Paleolithique superieur: pauvre en pieces caracteristiques et perturbe par les animaux fouisseurs

Les couches A et B representent ce que nous appellerons l' ensemble superieur par opposition aux ensembles mousteriens de Ca G.

C/Cl et DIDI Ensemble mousterien

E Couche argilo-limoneuse sterile

Couche C: couche argilo-sableuse en contact avec les blocs de B2 ; niveau homogene et compact a rares elements cryoclastiques d'environ 40 cm d'epaisseur. Ensemble constitue de C et Cl.

F, Fl/FIA, F2/F2A, F3 et G Ensemble mousterien: industrie a dominante de quartz et faune abondante caracterisee par des "elements froids" tels que Cheval et Renne ; on note egalement la presence de Bovides, de cerfs et d'une minorite de chevreuils, bouquetins et isards; presence quasi-constante de carnivores.

Couche D: argile brune petit cailloutis corrode sur une epaisseur de I 0 a 15 cm ; materiel marque D et D1. La sous-couche DI designe une zone tres localisee ou les pierres sont moins corrodees.

a

H, I, J, K/K.1/K2,L, M Ensemble de base (inferieur): mal caracterise d'autant plus que la surface fouillee est reduite ; niveau apparemment sterile en industrie et limite a quelques restes de carnivores et de microfaune

Couche E: argile (limon) compacte et sterile, sans cailloux, de 15 a 25 cm d'epaisseur. Couche F: couche limono-argileuse tres brune (les ossements sont "noircis") aelements calcaires non corrodes (environ 1O cm).

Le materiel inventorie sur les carnets de fouille represente un total de 24 003 objets, tous types confondus. Les pieces les plus caracteristiques sont reperees en trois dimensions mais les prelevements ont egalement parfois ete effectues par lots (debris de quartz, lot d' esquilles ...). Cet inventaire ne comporte pas tout le materiel non coordonne qui est tres abondant.

Couche Fl: elle constitue avec FIA une subdivision de F que nous reconnaissons (variation dans la composition faunique). Argile jaune plus claire qu' en F.

2.2 Stratigraphie

Couche F2: matrice sablo-limono-argileuse rouge riche en cailloutis sur

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La Grotte Ouest du Pone/

40 a45 cm d'epaisseur (materiel F2 et F2A). C'est la couche la plus riche (elle a egalement livre des restes de Neandertaliens). Les ossements s'individualisent bien de ceux des couches F et F3 par leur couleur.

et G que se repartit l 'industrie lithique la mieux definie et I' occupation humaine y est egalement attestee par des restes neandertaliens (couche F2). 2.3 Sedimentologie

Couche F3: meme type de remplissage que F2 mais dans une argile brun fonce (environ 20 cm). Couche G: identique a F3 mais plus pauvre en materiel ; cailloutis toujours present dans une matrice limono-argileuse. Rupture dans les compositions fauniques par rapport a l'ensemble F. Les couches qui suivent correspondenta ce que nous appellerons l' ensemble inferieur soit de H a M. Compte tenu de la technique de fouille (retrecissement du sondage), il se presente comme un ensemble tres pauvre en materiel archeologique: il est d'ailleurs peu significatif du point de vue de la faune des grands mammiferes. Couche H: argile sableuse agros elements qui differe de G par les dimensions des pierres incluses (environ 60 cm d'epaisseur). Couche I: cailloutis a petits elements anguleux emballe dans une argile sableuse; couche pratiquement sterile sur 60 cm. Couche J: lit noir tres argileux de 2 a 7 cm, sterile avec quelques concretions. Couche K: argile rouge a dominante limono-argileuseou sablo-limoneuse (K2) subdivisee en Kl, K2 et K3 selon la presence ou non d'un lit de pierres blanchatres et tres corrodees (K2). Couche L: plancher stalagmitiquediscontinu. Couche M: argile blanchatre. En resume, nous avons quatre ensembles: - ensemble superieur (sup) de A a B - 2 ensembles mousteriens (moust) de Ca G, separes par la couche E - ensemble inferieur (inf) de H aM. Les ensembles mousteriens ont foumi les lot d' ossements de grands mammiferes les plus significatifs. En effet, ce complexe a ete moins perturbe que le superieur par les animaux fouisseurs (ce qui n'exclut pas leur presence). De plus, il a ete fouille sur une grande surface et a fourni les series osseuses et dentaires les plus abondantes.Entin, c 'est entre les couches C

Deux series de prelevements sedimentologiqueset geomorphologiques ont ete effectuees: l'une dans la coupe du puits avec 58 echantillons (Menzhi 1988) et l'autre dans la coupe sous le porche (Kabiri 1988), 52 echantillons. 2.3.1 La coupe sous le porche

Elle est constituee des couches A, BO,B, Bl, BIA et en partie de la couche C. Cette sequence est partagee en quatre ensembles dont !'interpretation est rendue d'autant plus delicate que la coupe est situee a l 'entree de la grotte ou l 'existence d'apports exterieurs ne peut etre ecartee. 2.3.2 La coupe du puits

Mieux protege des alterations extemes eventuelles,le puits a livre une stratigraphie permettant d'individualiser quatre ensembles. On a, du bas vers le haut: Ensemble I (couches J et K): cet ensemble se caracterisepar un fort pourcentage de limon, d' argiles et de sables mal classes. Les grains de quartz sont nombreux et majoritairement luisants. Le climat correspondant serait humide et legerement froid. Ensemble II (couches H et I): fraction grossiere importante ; niveau pauvre du point de vue archeologique.Les sables sont mal classes et la fraction limono-argileuse toujours dominante. Les grains de quartz emousses luisants soot tres importants. La base indique un ensemble plus humide que dans le niveau des blocs effondres, plus sec. Ensemble ill (couches F a G): la fraction limono-argileuse domine toujours les sables mal classes alors que la fraction grossiere varie irregulierement; les traces d'un ruissellement important et une forte regulation mecanique indiquent un climat froid et humide. Ensemble IV (couches C aE): correspond au taux de sable le plus eleve. La fraction limono-argileuse est toujours dominante de meme que les grains de quartz. La couche C presente une decarbonatationparticulierementimportante.Le role de l' eau et du ruissellement est detenninant dans la mise en place de ces depots qui indiquent la aussi un climat humide, tempere a froid.

Les grottes du Porte/

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Figure 6. Coupe stratigraphique transversale 16/17 (N°13) du puits; voir la figure 5. pour sa localisation

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Figure 7. Coupe stratigraphique longitudinale G/H (N°1 l) du puits; voir la figure 5. pour sa localisation

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La Grotte Ouest du Porte/

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Figure 8. Coupes stratigraphiquesdes niveaux superieurs; voir la figure 5; pour leur localisation Figure 8a. Coupe transversale 17/18 (N° 1) Figure 8b. Coupe longitudinale G/H (N°6)

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Les grottes du Porte/

2.4 lndustrie lithique

Elle se caracterise par la variete petrographique de ses matieres premieres et par un debitage Levallois tres discret. Ce debitage non ordonne temoigne cependant d'une exploitation maximale de la matiere premiere; il semble plutot opportuniste et genere par la mauvaise qualite du silex.

L'industrie lithique du Portel ouest est attribuee a un mousterien de type charentien, a racloirs dominants, essentiellement sur quartz, silex et quartzite (Figure 9 et 10).

2

1

3

4

5

Figure 9. Industrie sur quartz, couche F2- 1 a 5: racloirs transversaux simples convexes (dessins 0. Berard, echelle 1/1)

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La Grotte Ouest du Porte/

2 3

1

5

4

6

Figure 10. Industrie sur silex, couche F2 1: racloir double birectiligne - 2: racloir couble biconvexe - 3 et 4: denticules - 5 et 6: encoches clactoniennes (dessins 0. Berard, echelle 1/1)

14

Les grottes du Porte/

2.5 Liste faunique

Martes sp. (Martre)

La liste originelle, etablie conjointement par Vezian et Astre sur la base des observations de Bouchud, Prat et Pales consignees dans les carnets de fouilles, n 'a subi que tres peu de modifications depuis le reexamen de la faune (Gardeisen 1988). On exclura cependant, faute de confirmation, la determination de G. Astre "d'un petit Bovide affinite de Buffle" qu 'il propose de baptiser Bujfelus ? ariegicus (Astre 1965). Cette piece, unique dans le gisement, a malheureusement ete perdue; nous n'avons isole aucun autre fragment de Bovide susceptible de lui etre apparente. De plus, nous n'avons jamais eu la piece en main, ce qui rend sa diagnose difficile. Compte tenu des illustrations et des descriptions, !'attribution de cette dent aun Bovide ne semble pas poser de probleme, de meme que sa position anatomique dans une rangee de premolaires superieures. Cependant, nous ne voyons pas la matiere a creer une nouvelle espece. 11n' est pas exclu que cette dent presente une pathologie ou bien qu' elle ait ete deformee par les sues digestifs d'une Hyene. 11nous a ete permis de constater, au sein du gisement, que certains os ou dents ingeres pouvaient subir des modifications nuisant a leurs determinations anatomique et/ou specifique.

Hyenides Crocuta spelaea Gold. 1810 (Hyene des cavemes)

L'abondance des restes d'Equides, en particulier de dents isolees, a permis d'orienter la determination sous specifique du Cheval (Gardeisen 1986). L' observation des faces occlusales a mis en evidence des caracteres caballins bien affirmes puis des etudes comparatives (Eisenmann 1980 et Bonifay 1966) et des calculs d'indices protoconiques ont complete la diagnose. L'indice protoconique augmente brutalement de la Pm2 a la Pm3 puis progressivement de la Pm3 a la Ml. Sa valeur diminue pour la M2 et rejoint approximativement celle de Ml pour la M3. Ainsi, les courbes se distinguent nettement de celles rapportees aux chevaux ante-wlirmiens ou a E. cabal/us cf gallicus (Eisenmann 1980, Guadelli et Prat 1983, Guadelli 1987). De plus, les calculs de hauteur au garrot (coeff. de Kiesewalter) permettent de constater que le Cheval du Portel est plus grand que ceux de Solutre ou de la Balauziere avec une taille d 'environ 1,53m contre 1,40m.

Elephantides Mammuthus sp. Burnett 1830 (Mammouth)

Felides Panthera (leo) spelaea Gold. 1810 (Lion des cavemes) Lynx lynx L. 1758 (Lynx du Nord) Fe/is silvestris Schreber 1777 (Chat sauvage)

a

Bovides Bos primigenius Bojanus 1827 (Boeuf primitif) Bison priscus Bojanus 1827 (Bison) Bos /Bison (Boeuf / bison)

Caprides Capra ibex L. 1758 (Bouquetin) Rupicapra rupicapra L. 1758 (Chamois ou Isard) Cervides Rangifer tarandus L. 1758 (Renne) Megaloceros sp. Owen 1807 (Megaceros) Cervus elaphus L. 1758 (Cerf) Capreoluscapreolus L. 1758 (Chevreuil)

Rhinocerotides Coelodonta antiquitatis Blumenbach 1807 (Rhinoceros laineux)

Equides Equus cabal/us cf germanicus Nehring 1804 (Cheval) Suides Sus scrofa L. 1758 (Sanglier) Si on exclut l'ensemble inferieur pauvre en artefacts, les restes fauniques sont toujours associes a une industrie mousterienne. Le remplissage se caracterise par la dominance des carnivores sur les herbivores dans les ensembles inferieur et superieur. A l 'inverse, et malgre une presence constante des carnivores, les deux ensembles mousteriens temoignent de l' apport dans la grotte d'une majorite d'herbivores etroitement lies aux occupations neandertaliennes. La distribution stratigraphique des principaux. herbivores reconnus (Cheval, Renne, grands Bovides, Cerf, Bouquetin) met en evidence des phases d' exploitation diff erenciees. Le Renne et dans une moindre mesure le Bouquetin, dominent largement dans l 'ensemble inferieur alors que le Cheval n 'y occupe qu 'une place mineure ; grands bovides et cerfs sont tres discrets. Le premier ensemble mousterien "F" se caracterise par la dominance du Cheval sur le Renne, situation qui s'inverse dans la couche F3 ou le Renne est majoritaire. Cette

Liste de la faune de grands mammiferesreconnus dans la grotte ouest du Portel

Canides Canis lupus L. 1758 (Loup) Vulpesvulpes L. 1758 (Renard) Alopex lagopus L. 1758 (Renard polaire ou Isatis) Ursides Ursusspelaeus Rosenmuller 1794 (Ours des cavemes) Mustelides Me/es me/es L. 1758 (Blaireau) Mustelaputorius L. 1758 (Putois) 15

La Grotte Ouest du Porte/

- Arvicola terrestris (Campagnol terrestre) pour !'ensemble

association evoque un climat de type glaciaire ou cerfs, chevreuils et grands bovides n 'apparaissent que ponctuellement, a la faveur d'interstades climatiques. Cependant, on remarque dans la couche FI une baisse relative de la proportion de rennes correspondant a une augmentation des grands bovides et des cerfs. Cette etape s'inscrit dans la diminution progressive du Renne de F3 aFl tout en indiquant un rechauffeinent et un taux d'humidite favorisant la mise en place d'un couvert de type "forestier". La couche F traduit un retour a la situation observee en F2. Cette evolution dans les frequences d'herbivores permet done d'etablir au sein de !'ensemble "F" des altemances pouvant etre liees a des modifications climatiques et environnementales. Les associations de rennes et de chevaux dominants avec des grands bovides pouvant supporter des conditions relativement rigoureuses (surtout le Bison) et la presence de cerfs et de bouquetins rappellent les associations typiques d'herbivores de la "seconde phase wurmienne" du sud ouest (Delpech et al. 1983). Le Renne et sans doute le Renard polaire presents en F2 confirment la rigueur d'un climat froid plus ou moins humide egalement etabli par la sedimentologie. On peut rapprocher ces associations d'Ongules au groupe de milieu ouvert non arctique decrit par F. Delpech et caracterise a Combe Grenal par les couches 11 a 14 (Bordes et Prat 1965). On retrouve les memes associations a la grotte Tournal de Bize (Aude), a la Baumasse d' Antonegue (Herault), ala Crouzade (Aude) (Gerber 1973) ou encore a la Breche Genay (Cote d' or) (Patou 1987). Le manque d'informations relatif au mousterien ariegeois ne permet pas la comparaison avec des sites plus proches geographiquement. On citera tout de meme la grotte d'Isturitz et la poche ossifere de Rebenacq I ayant livre une faune plus temperee dominee par le Cerf et ou les restes de Renne et de Cheval soot rares (Saint Perier 1952 et Clot 1981). Le deuxieme ensemble mousterien C-D traduit a nouveau (idem couche F 1) une regression des rennes et un maintien des grands bovides qui evoluent dans l' ensemble superieur par la dominance de ces demiers sur les chevaux. Com.me nous l 'avons indique plus haut, la faune de la couche B est caracterisee par une forte proportion de carnivores qui se dessine des la couche C. La dominance des grands bovides et la rarefaction des chevaux et des rennes, depasses alors par les cerfs, indiquent un changement notable des conditions climatiquesplus temperees. Ces resultats sont en accord avec une recrudescence de rongeurs forestiers dans la couche BI A.

du remplissage -Chionomys nivalis (Campagnol des neiges) de F3 au

sommet, pour les especes forestieres temperees moins bien representees. L' auteur signale egalement la presence de Campagnol de Lenke (un individu) associe au Lemming des steppes. Enfin, le Lievre siflleur a livre quelques dents dans la couche K. Cette demiere couche se distingue done du reste du remplissage par cette association de rongeurs qui denote d 'une abondance relative d' especes forestieres temperees. La presence de Lagurus et Pliomys semble en rapport avec des espaces decouverts et compose une association rare qui s 'observe dans le Riss ill et le Wurm ancien. Cependant,le changement brusque au niveau K dans les associations et une etude biometrique des molaires d'Arvicola suggerentque la couche s'est formee pendant la phase rissienne (Marquet 1989). 2.6.1 Climatologie On aborde la stratigraphie du bas vers le haut.

* Couche K: climat difficile a caracteriser mais qui penche pour une humidite liee au froid. * Couches G, H, I: phase climatique seche avec augmentation de Microtus arvalis et diminution d'Arvicola sp.Microtus malei est un indice de froid. Les couches Get H sont concordantes pour proposer un milieu legerement froid mais tres sec ou les espaces decouverts dominent. * Couches F a F3: accentuation du froid et forte humidite en augmentation par rapport aux couches sous-jacentes. * Couches C, D: retour a un climat plus sec et sans doute moins froid. * Couche B 1A: relativement moins sec et caracterisepar des especes forestieres. * Couches B, BI : recrudescence de l 'humidite et retour du froid. L' ensemble de la stratigraphie se caracterise par une humidite quasi-constante accompagnee d'un cachet froid peu rigoureux. Les climatogrammes obtenus au Portel (Marquet 1989) indiquent la predominance de Microtus I Arvicola dont les fluctuations determinent quatre etapes dans le remplissage qui correspondent sensiblementa des phases deja mises en evidence lors des fouilles: ensemble superieur B et ensembles mousteriens (individualisationde C-D et du niveau "F" avec F, Fl, F2, F3). Les taux observes rapprochent ces climatogrammesde ceux des climatozones du Regourdou 2 et 4 (Chaline 1977) temoins d'influences continentales (avec Lagurus)qui situent bien le remplissage dans ce que les auteurs appellent le Wurm ancien.

2.6 Micro-mammiferes Les etudes issues des echantillonnagestires des tamis ont ete menees par J. Cl. Marquet . Les especes mises en evidence sont: - Microtus malei (Campagnol de Male) sur presque tout le remplissage -Microtus arvalis (Campagnol des champs) - Microtus gregalis (Campagnol des hauteurs), plus rare - Lagurus lagurus (Lemming des steppes), surtout couche K, pour les especes continentales

2.7 Donnees palynologiques Les donnees concernant la grotte ouest du Portel se limitent a l'analyse d'un echantillonnage effectue par J. Renault16

Les grottes du Porte/

2.9.2 Methode biochimique

Miskovsky en collaboration avec M. Girard. Le diagramme "temoigne d'espaces steppiques a Composees puis a Graminees avec Pins, Genevriers , Bouleaux et Saules tres rares" (Renault-Miskovsky 1992). II semble que ces premiers resultats doivent etre completes par l 'analyse de nouveaux prelevements.

2.9.2.1 Echantillonnage Le choix des echantillons osseux a ete effectue selon trois criteres (Tableau 1): l:l.Stratigraphique: nous avons preleve un fragment au moins dans chacune des couches definies par J. V ezian. Pour les couches les plus riches, nous sommes alles jusqu'a trois ossements . Ceci nous a pennis de couvrir 5,20 m. de remplissage avec 32 echantillons. Dans ce cas de figure, les ossements sont preleves de fa~on aleatoire , sans critere anatomique ou specifique , notre seul souci etant de selectionner des parties compactes, essentiellement des fragments de diaphyse, epais et bien conserves.

2.8 Restes Neandertaliens Les ossements sont issus des couches les plus riches en materiel, c'est-a-dire celles ou la frequentation humaine est la plus intense : il s' agit du niveau "F" et plus particulierement de la couche F2. Un ensemble de dents isolees a ete decouvert le 24 mars 1963 puis les decouvertes se sont etalees jusqu ' en 1985. Les deux derniers fragments appartiennent au squelette post-cephalique: ils ont ete isoles lors du tri de la faune.

l:l.Anatomique: nous avons fixe notre choix sur le Cheval qui est une des especes les mieux representees. Notre seconde preoccupation a done ete, dans la mesure du possible, de prelever un fragment au moins de chacun des ossements du Cheval. Cependant, dans le cas des carpes et tarses constitues de plusieurs os, nous n'en avons selectionne qu'un seul pour ne pas alourdir l'echantillonnage (n=l6) et les resultats.

Couche Fl: - une canine superieure lacteale. CoucheF2: - nombreux fragments de calotte cranienne brisee ( parietaux, frontal et occipital) - 6 dents superieures isolees dont 5 lacteales. - 13 dents inferieures isolees dont 3 lacteales . - un fragment de diaphyse de fibula . - une phalange proximale . Couche F3: - 3 dents lacteales .

a

l:l.Par coucbe : enfin, il nous a semble indispensable , la suite d ' autres auteurs (Schroeder, Bada, Beraud-Colomb ), de voir comment pouvaient se distribuer les resultats au sein d' un meme niveau; nous avons selectionne les deux couches F et F2 pour leur richesse en restes de Cbeval (desormais seule espece prelevee) et leur interet arcbeologique , en particulier dans les variations d'assemblages osseux . Dans ce cas, nous n ' aurons aucune preoccupation anatomique , le but n 'etant d ' obtenir que des series statistiquement interessantes (n=30) pour une espece et une coucbe donnees .

Au total , quarante cinq restes (dont vingt trois dents isolees) sont attribues a l ' Homme de Neandertal. Les etudes preliminaires indiquent la presence de deux enfants , l' un de 11-13 ans et l' autre d' environ 7 ans, et probablement d 'un adulte (phalange) . D ' apres Sahly, l' enfant de onze ans du Portel presenterait quelques affinites avec les fossiles d' Ehringsdorf et de Steinheim attribues a une lignee "pre-neandertalienne " (Brabant et Sahly 1964). Pour M.A. de Lumley (Lumley 1976), certains caracteres pourraient placer les dents du Portel "a un stade evolutif proche de celui des Neandertaliens evolues " . Par contre , les elements craniens presenteraient un aspect plus archaique .

2.9.2.2 Resultats Nous ne nous pencherons pas ici sur les principes et methodes utilises pour ces analyses , les dites methodes ayant deja ete decrites (Hare et Abelson 1968; Schroeder et Bada 1976). Les preparations et mesures des tawc de racemisation ont ete realises par A. El F ouikar dans le cadre d 'un doctorat de paleobiochimie au laboratoire d' Anthropologie, U.R.A. 184 du CNRS Marseille . Ces analyses , couplees a celles de nos donnees archeozoologiques , ont egalement ete traitees dans une optique de methode d' etude de la conservation des ossements (voir chap . Conservation et aussi El Fouikar et Gardeisen 1994).

2.9 Chronologie 2.9.1 Methode physique Malgre le nombre d ' etudes entreprises, la grotte ouest souffre du manque de resultats en matiere de datation absolue. En effet, les echantillons preleves a plusieurs reprises n'ont rien donne par manque d' elements, en particulier d 'uranium. Un resultat tres preliminaire a ete obtenu sur un echantillon provenant de la base du premier ensemble mousterien : 134 000 ± 8000 ans (0 . Ajjaja, laboratoire de datations, lnstitut de Paleontologie Humaine, communication orale ).

2. 9.3 Methode stratigraphique La sequence wilrmienne des depots est attestee tres tot et confinnee dans le Wiinn ancien par la reconnaissance de l' industrie mousterienne et de la faune. La position exacte de cette sequence est cependant moins nette dans la litterature. Pour L. Meroc (1960) , l' "ensemble mousterien froid (avec Renne) " est attribue au Wurm I avec cependant une interro17

La Grotte Ouest du Portel

.1 CUEILLETTE: les donnees paleobotaniques ne nous ren-

gation sur un eventuel remplissage s' etalant au Wurm I et II. D'apres A. Tavoso (1976), il y aurait une evolution de l'ensemble G-F2 attribue au Wurm I a !'ensemble C-D de l'interstade Wurm II-ill: ses remarques restent cependant a l'etat d'hypotheses. En 1972, J. Vezian envisageait deja une occupation principale du debut de la glaciation Wurmienne (V ezian 1972). Enfin, ses demiers travaux le font opter pour un second ensemble de la fin du Wurm II et d'une partie de l'interstade II-III par homologie a la sequence de Gargas ; l' ensemble cryoclastique superieur se serait forme au debut du Wurm III, dans le Paleolitbique superieur (Vezian 1988). Cette appartenance du niveau B et particulierement Bl au Paleolithique superieur etait deja evoquee par J. Clottes (Clottes 1976).

seignent pas vraiment sur les possibilites offertes a I'Homme dans le domaine vegetal. Cependant, meme dans un contexte climatique rigoureux evoquant des espaces a caracteres steppiques peu boises, il est permis d'envisager une cueillette de baies comestibles, de jeunes pousses etc., dans un perimetre proche de la cavite. .1 STRATEGIE:lorsque dans une micro-regiondonnee, l'es-

sentiel des conditions de subsistance sont reunies, le choix definitif d'installation peut etre determine par des conditions topographiques particulieres qui offrent un cadre strategique precis, pour la capture d'animaux sauvages. Egalement dependants de points d' eau facilement accessibles, les troupeaux soot amenesas'y rendre regulierement.Il devientinteressant pour l'Homme de pouvoir observer leursmouvements afin de les pieger. routes les conditions requises ace type de strategie sont reunies dans les environs du porche ouest du Portel. De l' entree de la grotte, on atteint rapidementl' eperon rocbeux qui culmine a presque 700 metres (Planche IV). De la, on a un panorama circulaire couvrant les espaces de collines au nord (Planche V) et au sud du massif (Planche VI): c'est un point d'observation ideal. De plus, d' autres petits sommets alentours et vite atteints pennettent d'avoir une vision tres large des lieux (PlancheVII).

3. CONTEXTETOPOGRAPHIQUE Au-dela des donnees paleoenvironnementalesencore souvent imprecises, une installation prehistorique doit egalement etre abordee en terme de topographie c'est-a-dire en terme de choix d'implantation humaine. En effet, dans un contexte culture! de chasseurs-cueilleurs, ce choix doit repondre a plusieurs criteres. .1 ABRI: contre les intemperieset le froid mais egalement abri

contre les predateurs eventuels d' ou le choix d 'une grotte adaptee au groupe humain. Ce critere englobe egalement !'orientation de la cavite qui s'ouvre au sud-ouest.

Enfin, la perte du ruisseau de Baulou (Planche Vill) traverse le Plantaurel en contrebas de la grotte dans un espace encaisse entre deux "murailles" de calcaire: les troupeaux devaient emprunter ce defile transfonnable en piege pour atteindre l' eau (Planche IX).

.1 EAU: quel que soit le groupe ou l'animal, l'eau est indis-

pensable a la vie et genere le choix d'installation ou de passage quasiment obligatoires, en particulier pour les especes animales mais egalement pour l 'Homme.

La grotte du Portel se trouve ala croisee de ces differentsfacteurs pouvant influer sur le choix d'installation d'un groupe humain: elle se presente comme un site privilegie, particulierementpour la chasse.

.1 CHASSE: la presence plus ou moins proche du gibier doit pouvoir assurer au groupe un approvisionnement came relativement rapide et regulier.

18

Les grottes du Porte/

Nb

Strati. Rad-ulna Couches z Vez D

1 2 F F 3 4 . F F 5 Fl 6 Fl 7 Fl 8 9 Fl 10 F2 11 F2 12 F2 13 F2 14 F2 15 F2 16 F2 17 F2 18 F2 19 F2 20 F3 21 F3 22 F3 23 F3 24 F3 25 F3 26 F3 27 F3 28 F3 29 F3 30 G 31 32

2,9

3

Strati!!raohique Couches Z Vez. A A A B B

BIO

3,15 3,45

3,62

Bl BIA D C Dl E E Cl F Fl Fl F2 F2 F2 F2A F3 F3 G G H

H I J

K L L

0 0,2 0,8 1,25 1,5 1,65 1,8 2 2,25 2,5 2,7 2,7 2,8 2,8 2,9 3,1 3,2 3,32 3,45 3,55 3,2 3,62 3,65 3,68 3,79 3,85 3,92 4,07 4, 12 4,75 5,05 5,2

Anatomique F2 N° I coord manchbule scapula hwnerus

Type

radius ulna capitatum

metacarpe (extr. prox.) coxal

femur tibia naviculaire metatarse (extr. prox.) phal I ind. phal II ind

Anatomiaue

Type

F N° I coord

mandibule 3,45*0 ,4*2 ,9 mandibule vertebre cote crane scapula 3,4* 1,7* 3,43 hwnerus radius 4,5*2 ,5*3,5 trapezoi'de metacarpe 3* l ,2*2 ,85 5,5*4 , l *3,5 coxal 4*0 , 15*3,35 femur tibia metatarse 3*1 ,2*2,85

Tableau 1. Selection de l'echantillonnageosseux de Cheval destine aux analyses biochimiques

19

Anatomiaue

Tvne

F3 N° I coord

mandibule vertebre cote scapula hulmerus radius carpe metacarpe 4,4*0,4*3 ,63 coxal femur 3,4* l ,8*3,68 tibia metatarse phal. I ind. 3,88*0 ,4*3 ,6 phal. III ind. 4,3*0 ,4*3 ,5

La Grotte Ouest du P01tel

20

Methodologie

METHODOLOGIE

(Barone 1986, Devilliers et Clairambault 1976, Pales et Lambert 1971, Schmidt 1972) et de travaux divers , theses et articles, pour les determinations intra-specifiques (Boessneck et al. 1963 , Bonifay 1971, Cregut-Bonnoure 1987, Eisenmann 1980, Poplin 1976 etc).

Le materiel faunique issu des fouilles V ezian nous est parve nu classe par couche. La plupart des restes sont marques de leu.r couche stratigraphique de provenance et pour certains , des trois coordonnees de localisation etablies selon deux axes principaux (longitudinal et transversal) et un point de reference situe dans le sommet de la voute pour la mesure des profondeurs (Figure 5). Ces donnees ne sont pas exploitees dans le cadre de ce memoire mais sont cependant l'objet d'un travail. Les coordonnees notees dans les carnets de fouilles sont traitees informatiquement et doivent servir a individualiser les differents sols d 'habitat . En parallele , tous les objets archeologiques sont fiches , industrie et faune , de maniere a pouvoir localiser les dents et ossements clans la stratigraphie en fonction de leur detemrination taxonomique (Figure 11). Les differentes informations afferentes au fragment sont indiquees sous forme codifiee en reference a un lexique des faunes mis au point sous la direction du Pr. H. de Lumley . Le traitement de ces informations n ' a pas encore ete realise pour des questions de delais. Dans un premier temps, nous avons isole les dents des ossements de fa~on a pouvoir etablir rapidement une premiere liste indicative de la faune (Gardeisen 1988) qui s' est averee completer celles precedemment etablies (Vezian 1952, 1964, 1989 et Astre 1965). A partir de la, nous avons procede a l' identification precise de chacune des dents puis au tri des ossements par grande famille d' abord , puis par espece, pour en arriver a la determination anatomique et specifique de chacun des fragments determinables. Ce travail a ete effectue a 1' aide d 'une collection osteologique de comparaison (laboratoire d ' Anthropologie URA 184 a Marseille et collection personnelle) , d' ouvrages de base d'anatomie comparee

I

LE PORTEL EnU'ft QUEST ZONE ........... . . COUCHE.

,r

.

Depuis la premiere definition de la taphonomie enoncee par Efremov en 1940, un certain nombre de travaux ont ete consacres a l' etude de la diagenese et des processus physicochimiques engages apres l' enfouissement des ossements . Mais au-dela des phenomenes propres a la conservation osseuse (a laquelle participe la conservation differentielle) qui soulevent le probleme de la representativite des echantillons (Poplin 1977) , l 'analyse taphonomique entreprend l'os comme etant un marqueur de la constitution du gisement et de tous les evenements geochimiques , climatiques ou biologiques (hommes , carnivores ...) intervenant clans la mise en place du remplissage. Ce type d ' analyse implique une etude detaillee de toutes les marques visibles sur les surfaces osseuses (alterations diverses, fragmentation d' origine mecanique , fracturation d' origine biologique , marques de "boucherie " et d ' exploitation a nimale) destinee a une interpretation de l ' origine de l'assemblage osseux et des conditions d' enfouissement. La taphonomie devient done un test prealable a toute etude archeozoologique. Ainsi , de nombreux prehistoriens se sont penches sur la signification des ossements retrouves en contexte archeologique la suite de precurseurs tels que H. Martin , H. Breuil , J. Bouchud , R. Dart , A. Leroi-Gourhan , F. Poplin et bien d' autres .

a

OS DETERMINABLE

Vezian

· VX .,.. .. .....

~

z

I s I 1 I a I 9 l10l

::: ::::: : :::: :: ::::

Oriefttatton .. . . . . .. . , . . . ~ 1 . . .. .. . . .. . re&..... ..•.... ... Penoa;e . . . .

~:::::::::::J~ .::::::::::::

DIMENSIONS

!1J213!4l sl

FRAGMENTATION

Olfflanaion:a . . .. ....

CALCINATION

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CONCRETION

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___

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4!1iiALYSE.TR"IT'EVIE~T

,,., oa en co,,,,.xion .. ... ... . . .. . ... .

PATHOLOGJE

OBSERVATIONS

TRACES

CONSD VATION

PHOTO

DESSIN

I MOULAGE

Figure 11. Fiche de saisie de la faune du Portel ouest (echelle 1/2)

21

La Grotte Ouest du Porte!

- bois et chevilles osseuses - crane: fragments osseux craniens , maxillaires et mandibules ( sans dents) - hyoides - maxillaire: dents en place - mandibule: dents en place - dents isolees superieures: lacteales differenciees - dents isolees inferieures: lacteales differenciees - vertebres cervicales : atlas et axis differencies - vertebres thoraciques - vertebres lombaires - vertebres caudales - sacrum - cotes, cartilage inter costal , stemebre - scapula -humerus - radius / radio-ulna - ulna - carpe (tousles carpiens) - metacarpe (tousles metacarpiens) - phalanges I, II et III anterieures - coxal - femur - tibia - patella - fibula et os malleolaire - tarse (tous les tarsiens) - metatarse (tousles metatarsiens) - phalanges I, II, III posterieures - sesamoides (sans differenciation de membre, grands et petits) - metapodes (sans differenciation de membre) - phalanges (sans differenciation de membre).

Une abondante litterature, tres souvent d 'origine anglosaxonne, nous propose une serie d' ouvrages a caractere methodologique (Chaplin 1971; Cornwall 1974; Shipman 1981; Klein et Cruz-Uribe 1984) ou de travaux temoignant de cette nouvelle sensibilite a I' approche taphonomique et archeozoologique (Krantz 1968; Payne 1972; Freeman 1973; Grayson 1973,1979 ; Hill 1979, 1989; Bunn 1982). De plus, quelques ouvrages "references" j alonnent cette abondante base tels que ceux de R.L. Binford (Binford 1968, 1981), de C.K. Brain (Brain 1981) ou de A.K. Behrensmeyer (Behrensmeyer et Hill 1980). Une voie est egalement ouverte par l'approche ethno-archeologique (Leroi-Gourhan 1955, 1972; Binford 1978; Poplin 1973). Pres de nous, des etudes de plus en plus nombreuses se consacrent a l' approche taphonomique et archeozoologique des gisements prehistoriques (Poplin 1976; Delpecb et Rigaud 1977; Moigne 1983; Patou 1984; Bonifay 1989, Fosse et Bonifay 1989, Brugal et Jaubert 1991) et donnent a la discipline sajuste place dans !'analyse faunique (Guerin et Faure 1987; Moigne 1989). En I' absence de veritable "traite", tenter de tirer une methodologie theorique a partir de l' ensemble de ces ouvrages parait illusoire. En effet, I' experience montre que I' etude archeozoologique, si elle doit s 'appuyer sur des principes communement admis par la communaute des chercheurs, est etroitement liee a ces donnees de base que soot les ossements et leur contexte archeologique. C' est au cours des premieres phases de tris et de determination que I' on prend contact avec le materiel et que I' on peut commencer a faire des choix dans I' eventail des methodes de decompte et d'observation des traces et des surfaces, en fonction des caracteristiques propres a !"assemblage . 1. MATERIEL DENTAffiE

2.2 Decompte stratigraphique detaille Le materiel dentaire a ete comptabilise de fa~on detaillee par type et par couche. Compte tenu de la forte proportion de dents isolees , il a servi de base a l'etablissement d' un NMI de frequence. La hauteur des couronnes a ete prise dans le but d' etablir des classes d' age ; I' absence de series, en particulier de jugales, ne nous a pas pennis de realiser ces classes sur la base des dates d' eruptions dentaires.

Pour chacune des couches, on effectue un decompte plus complet que le precedent qui englobe les dents et les ossements par fraction, c' est-a-dire portion proximale , diaphyse et portion distale . Pour chaque os, un NMI est etabli, qui tient compte de l' age des individus sur la base de l 'observation des articulations et des associations de cotes (NMI de frequence ).

2. MATERIEL OSSEUX

Les ages sont estimes selon quatre grandes categories:

Ces methodes sont reproduites pour cbaque espece ou groupe d 'especes tout au long de la stratigraphie.

TJ (tres jeune) : l' os est encore tres poreux et les articulations ne sont pas formees ; il peut s' agir de fretus ou de nouveaune.

2.1 Decompte anatomique

J (jeune): l'os est forme ou presque mais les extremites artiLes premiers decomptes (NR, NMI) sont effectues par coucbe , sur !'ensemble de la stratigraphie, element anatomique par element anatomique sans distinction de fragment , de cote, de sexe ou d' age. Ces tableaux sont foumis dans le texte a la fin de chaque chapitre concemant les especes (partie Etude Archeozoologique ). Les elements anatomiques sont comptabilises par fragment comme suit:

culaires (epiphyses) ne sont pas encore soudees. JA (jeune adulte ou sub-adulte): les articulations soot soudees mais on voit encore nettement la ligne de synostose ; I' os est totalement forme. A (adulte): les epiphyses sont parfaitement synostosees et il 22

Methodologie

ne reste plus aucune marque de leur jonction

ala diaphyse.

champ "Charriage": le deplacement des ossements dans les couches ou en surface, apres depots sur le sol, entraine des phenomenes d'origine mecanique, quel que soit l'agent perturbateur, a partir du moment ou les marques engendrees ne sont pas considerees comme etant volontaires. La presence de charriage (P) entraine une striation inorganisee ala surface de l' os ; on peut egalement re lever des marques d' ecrasements sur place (E) ou des impacts (I) lies au tassement des terres et au pietinement des hommes et des animaux. Entin l 'os peut etre roule (R) c'est-a-dire que le charriage est alors masque (mais toujours perceptible) par le passage de l' eau: la surface et les bords prennent alors un aspect poli. Ce phenomene est souvent associe aux emousses de bords et de faces. Le lessivage induit peut parfois donner a I' os un aspect lustre (L): la surface est dissoute et polie, elle devient brillante (Planche XII). /j,

Il est ainsi possible, sur la base de l' ensemble du materiel de chaque espece et par couche, de deduire les frequences anatomiques a partir des nombres de restes ou d'individus. On peut alors apprehender la validite de la representation squelettique par rapport aun nombre theorique d'os attendu, calcule apartir du NMI etabli par couche. De plus, le decompte est detaille de fa~on ace que l' on puisse egalement etablir des portions anatomiques, par regroupement d'os (exemple: extremites des pattes par opposition a la partie charnue du membre, cuisse ou epaule).

2.3 Biometrie Certaines donnees ont ete exploitees pour des differenciations d' ordre specifique ou sexuel. Les ossements ou fragments presentant des fractions osseuses completes (par exemple les extremites articulaires proximales, distales ou bien les os du carpe et du tarse) sont mesures selon les indications d'auteurs faisant reference dans ce domaine (Hue 1884 ; Van den Driesch 1976) ou bien dans des publications specialisees ayant trait ades especes particulieres (Brugal 1983, Cregut 1992; Eisenmann 1980, 1981).

/j, champ "Stries": ne sont considerees que les stries de type volontaire attribuables aun outil tranchant d'origine lithique: elles doivent presenter un rainurage dont la section est en V, observable a la loupe ou a la binoculaire (Shipman 1981) (Planche XIII et XVIII). Les stries peuvent alors etre courtes sur diaphyse (CD) ou epiphyse (en general transverses par rapport a l 'axe de l 'os) ; localisees sur une insertion musculaire ou ligamentaire (I) ; tongues et longitudinales definies comme des stries de raclage (R) ; courtes, profondes et appuyees, liees a un effort plus important de l'homme tel qu'une percussion qui entraine un micro-esquillage parasite de part et d'autre de !'incision (SP), par exemple lors de I'utilisation de l 'os comme retouchoir (Planche XIII).

2.4 Taphonom.ie

Les ossements sont examines un par un afin de relever les marques qu'ils portent sur leur surface. La methode de releve de ces marques ne conceme que les herbivores ; il est effectue sous forme de bordereaux destines a etre saisis puis traites al' aide d 'un micro-ordinateur. Le choix des criteres selectionnes a ete etabli apres examen visuel de l' ensemble du materiel ; ce choix est done intimement lie a!'assemblage osseux qui l'a genere. On notera: fj,

champ "Impacts": ce champ conceme les interventions anthropiques volontaires de fracturation des os. Il va done audela de l'aspect descriptif puisqu'il implique une interpretation des stigniates: on distingue les impacts de charriage, de carnivores et de percussion attribues a l 'Homme. Ces modes d'interpretation sont decrits plus precisement sur des exemples reels pris dans l' ensemble des grands herbivores (voir chap. Grands Herbivores dans la partie "Etudes archeozoologiques"). Le nombre de points d'impacts est note (Nb) et peut etre accompagne de la lettre P qui signale une trace de percussion associee aI'impact: ces marques sont interpretees comme des reprises de percussion, sachant pour l'avoir experimente que l'on ne casse pas forcement un os frais du premier coup. /j,

champ "Couche": la couche archeologique de provenance

champ "Anatomie": la determination anatomique sous forme codifiee (ex: HU PROX G = extremite proximale d'humerus gauche) /j,

champ "Alteration": l'os peut etre fissure (F), desquame (D) et/ou presenter des surfaces piquetees attribuables a des dissolutions (par exemple de type acide) (P). L'alteration (A) n'est pas toujours definissable: en fait, l'occurence A indique la presence de concretions (oxydes de manganese essentiellement). L' emousse decrit l' etat de la surface osseuse sur les faces (Fe), sur une pointe (Pe) ou sur les bords (Be). Il correspond aun polissage de l' os qui modifie la forme originelle du fragment et de ses plans de fracture. Ce phenomene est essentiellement lie au lessivage des couches produit par l'eau et/ou la presence de sables. Il peut dans certains cas induire de fausses interpretations d'utilisation ou d'industrie osseuse (Planche X, XI, XII). jj,

/j, champ "Esquillement": on inclut dans ce champ des impacts attribues aune percussion volontaire directe ou indirecte sur l'os (P). Ce phenomene peut etre lie a des coups n 'entrainant pas de fracture de l 'os (percussion directe) ou encore a des ecrasements consecutifs aun choc porte Sur la face opposee de l' os ; il s 'agit alors de traces provoquees par la pression de l'os sur une enclume au moment de la fracturation ou encore la pression d'une piece lithique (Planche XIX). L' esquillement permet egalement de noter la presence de negatifs d'enlevement sur la face exteme de l'os.

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La Grotte Ouest du Porte!

II peut etre reduit aun ou deux enlevements (EP), envahissant (E) ou sous forme de retouches, sur un plan de fracture ou sur un bord (R). La presence d'esquillement ne signifie pas forcement que la fragmentation puisse etre attribuee a un quelconque agent, de type humain, carnivore ou mecanique (Planche XIV,XX).

Lorsque plusieurs phenomenes se recouvrent sur un seul os, il est rare de pouvoir les hierarchiser ou de les situer dans le temps sauf dans les cas indubitables de stries coupees par des coups de dents ou des plans de fracture. - E: est choisi pour Eclat. De meme qu'en typologie lithique, lorsqu'il y a percussion et fracturation, des eclats sont extraits de la matiere. Le meme phenomene se produit sur l' os et provoque l 'enlevement d' eclats dans le sens technologique et typologique du tenne: presence d 'un talon et d'un bulbe tout comme sur la face inferieure d'un eclat de silex. En general, la determination d'un eclat implique une fracturation d'origine anthropique (Planche XIV aXVII).

fl. champ "Carnivore": la grotte a souvent ete un abri de carnivores (hyenes, loups, renards, ours, lions, Mustelides) qui ont laisse les marques de leurs crocs (D ou DD lorsque les traces sont recouvrantes), provocant des impacts associes (I), accompagnes de coups de griffes (G) ou qui ont parfois ingere les fragments: l' action des sues digestifs se traduit par une dissolution quasi totale des surfaces de l'os (B) (Planche XXII aXXIV). D'eventuelles marques attribuables ades rongeurs ou des racines sont trop peu nombreuses pour faire l'objet d'une releve systematique.

champ "Mesures": les fragments sont mesures selon les deux grands axes principaux de l' os. La longueur et la largeur maximales correspondent aux cotes du rectangle qui leur est associe. Un indice d'allongement est deduit sur le quotient de la longueur sur la largeur du fragment. Il est ainsi possible d'etablir des classes de taille. fl

a comptabiliser les fragments osseux presentant des traces associees ; "Impacts" et "Stries" (IS), "Stries" et "Carnivores" (SC) et "Stries", "Carnivores" et "Impacts" (SCI). fl. champ "Age": on estime l'age de l'individu apartir de l'etat de ses soudures osseuses ; fretus ou nouveau-ne (TJ), jeune (J), jeune adulte (JA), adulte (A). fl. champ "Mixte": ce champ est destine

RECAPITULATIF Alteration:

F: fissure D: desquame P: piquetage de dissolution A: altere Pe: pointe emoussee Fe: face emoussee Be: bord emousse

fl. champ "Fragmentation": c'est le seul champ d'interpretation. Compte tenu des observations precedemment decrites, nous avons essaye de determiner la nature de cette fragmentation. Pour cela, il faut se referer aux marques elles-memes et a leurs eventuelles associations ; il devient alors possible d' emettre plusieurs hypotheses:

Charriage:

- ;FG:c'est le code d'une fragmentation d'origine mecanique (opposee a biologique). Elle est determinee en 1'absence de traces specifiques al'Homme (impacts, percussion) en considerant que la presence de stries n'implique pas forcement une origine anthropique ou carnivore (coups de dents, impacts) a la fragmentation. Ce code est egalement utilise par defaut, lorsqu'il n'est pas possible de trancher (presence d'impacts supposes d'origine mecanique).

P: present E: ecrasement I: impact R: roule L: lustre Stries:

CD: courte(s) sur diaphyse I: sur insertion ou ligament R: raclage SP: "strie(s) de percussion" P: percussion

- FC: la fragmentation est traduite en tenne de fracturation lorsqu'elle implique un agent dit biologique tel l'Homme ou le Carnivore. II n'est pas utile dans ce cas de preciser qui de l'Homme ou de l'animal a fracture car cette information est induite par le contenu des champs leur correspondant (voir champs "Carnivore" ou "Impacts"). Dans les cas de stries associees ades marques de carnivores (champ "Mixte" SC), il est tres difficile de trancher.

Impacts: P: percussion associee/enclume Nb: nombre d'impacts

- FM: ce cas de figure est pris en compte sous le terme de fragmentation mixte lorsque l' on observe des interventions attribuables a la fois a des agents mecaniques et biologiques (champ ''Mixte"). Cette codification peut done concemer des ossements presentant des impacts mecaniques ou humains associes ades marques de carnivores.

Esquillement:

EP: esquillementpresent E: esquillement envahissant R: retouches

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Methodologie

superficial cracking ou peel off=exfoliation- ou alteres, nous avons fait un choix intimement lie notre assemblage. Bien consciente que les classifications des degradations observees sur les ossements soient insatisfaisantes, nous avons reduit les observations liees aux divers phenomenes d'alteration aune simple description sans pouvoir attribuer un agent de fayon certaine a chaque phenomene meme s 'il peut y avoir des cas de forte presomption (ex: dissolution, charriage -abrasion marks- cf. Planche XI et XII).

Carnivores: D/DD: coups de dents R: raclage I: impact B: ingere G: griffade

a

Mixte: IS: impact(s) et stries SC: stries et carnivores SCI: stries, carnivores et impacts

Action humaine Les recherches ethnoarcheologiques (Binford 1978, Gifford 1980), les experimentations (Sadek-Kooros 1972, 1975 et individuelles) ou les observations de camps humains abandonnes (Gifford et Behrensmeyer 1977) apportent beaucoup a la comprehension des gestes. Elles permettent d'apprehender les etudes sous un angle technologique. Mais la difficulte vient de l' observation directe des marques dans un contexte a la fois anthropique et carnivore. Il reste !'alternative de tenter d'etablirun ordre dans les actions: quel est le premier intervenant ? Quel est le demier agent responsable de la modification de l'assemblage tel qu'on peut !'observer ? Comment peuvent s'articuler les etapes intermediaires entre ces deux extremes ? Si les marques de decoupe -butchering-, depouillage -skinning-, decharnement -filleting-, desarticulation -dismembering- sont assez simples a reperer (stries groupees courtes et paralleles, transverses ou obliques ou stries longitudinales), leur interpretation peut parfois preter confusion meme s 'il est possible d'etablir des actions determinees en fonction de leur localisation sur l' os (insertion, articulation, etc) (Planche Xill). Ce probleme se pose souvent entre desarticulation, depe~age et depouillage, lorsque l 'on se situe l'extremite d'une patte (''main" ou "pied"). Par contre, les techniques de fracturation des os et en particulier des os longs en vue de l 'obtention de moelle -crushing, bone breakage- qui soot mises en evidence par des impacts de fracturation -impact notch, chopping mark-, par la presence d'eclats -flakes- caracteristiques et par la forme des esquilles obtenues (cassures sur os frais ou sec) sont difficiles a differencier de l' action de carnivores charognards (Planche XIV, XV, XVI, XVII). C'est la raison pour laquelle nous avons base nos interpretations sur des principes d' association de traces et sur le caractere repetitif voire systematique de ces marques sur certaines parties des os longs. La differenciation entre rognage carnivore et humain n' a pu etre etablie ce qui n 'implique pas que ce dernier soit exclu. Ce phenomene est montre ethnographiquement sur des cotes, vertebres, scapulas etc (Binford 1978: 151) mais il ne semble pas que les traces observees sur les os soient tres profondes. Enfin, la mise en evidence de la succession des agents sur un meme os ne s' etablit que rarement. En general, les associations consistent en stries et impacts de fracturation ( champ "Mixte": IS). Si ces impacts sont associes a des coups de dents plus ou moins recouvrants, ils seront attribues au Carnivore. La succession pourra etre etablie lorsque le plan de fracture coupe une ou plusieurs stries: on deduira de cette

Age: TJ: fretus ou nouveau-ne J: jeune JA: jeune adulte A: adulte Fragmentation: FG: fragmentation FC: fracturation FM: mixte E: eclat Mesures: L: longueur 1: largeur indice: L / 1

a

Criteres taphonomiques Ce systeme d'exploitation des informations relatives aux observations des marques est centre sur tous les phenomenes identifiables d'alteration -weathering- au sens large. Cependant, pour des facilites de traitement et d'interpretation, nous les avons classes en trois groupes relatifs a l' action d'agents physico-chimiques ou mecaniques (tels que charriage, ruissellement, climat...) placee sous le tenne d'alteration, l' action humaine et l' action carnivore. On note la quasi absence de marques attribuables a d'autres agents biologiques tels que les rongeurs ou les plantes (vermiculations ).

a

Alteration Depuis les travaux de Behrensmeyer, la reconnaissance des processus taphonomiques est consideree comme une partie integrante de !'interpretation d'un assemblage fossile. Parmi ces processus, les conditions d'enfouissement sedimentaires (attaques physiques, chimiques, climatiques ...) sont importantes. Une fois definies et individualisees, leur reconnaissance permet de nuancer les interpretations (en particulier celles relatives aux actions hwnaines et carnivores) et de definir les limites des informations apportees par les ossements. Nous n'avons pas etabli, a la suite de cet auteur (Behrensmeyer 1978), de graduation dans le processus d' alteration mais simplement regroupe et individualise les plus frequents de fayon a pouvoir les quantifier en les associant. En distinguant des ossements fissures -cracked-, desquames -

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La Grotte Ouest du Porte/

reagit de la meme maniere, quel que soit l'agent destructeur (Hill 1976) ou l 'origine de I'impact. On constate en effet que les plans de fracture en spirale soot frequents et correspondent en general a des os longs de section plus ou moins circulaire comme les femurs ou les humerus (Planche XXI). A !'inverse, les os presentant une section plus rectangulaire ou plus anguleuse (metapode, radius, tibia..) produisent des esquilles dont les plans de fracture sont plus rectilignes, pouvant devier a l' oblique voire a la spirale en atteignant le tissu spongieux de la portion proximate ou distale de I' os (Moigne 1983).De plus, on constate que si les ondes de choc peuvent changer de direction a la rencontre d'une structure interne differente, elles ne peuvent "couper" les points forts de l'os que soot les zones d'insertion musculaire (Planche XXI).

observation que le Carnivore est intervenu apres I'Homme. Dans le cas ou les marques attribuables a un Carnivore sont absentes, c'est la fracturation de l'os en vue de l'obtention de moelle qui sera interpretee comme etant consecutive aux gestes (stries) de decoupe, decharnement ou raclage (Planche XVIII). On remarquera qu' a ces plans de fracture sont souvent associes des chocs -blows-, sortes de coups de percuteur avortes, que I' on peut parfois rapporter a I 'utilisation d 'une enclume dans la mesure ou ces traces soot opposees au point d'impact (-green-stick fracture-, Sadek-Kooros 1972). Il peut egalement s'agir d'une zone de contact avec l'enclume qui provoque un ecaillage ou un piquetage tres localise et oppose aun impact de percussion (Planche XIX) ce qui nous engage a refuter l 'action d 'un Carnivore. Il peut egalement s'agir d'un retouchoir en os. On n' oubliera pas toutefois que des phenomenes de fragmentation d' origine mecanique peuvent interferer: ils sont rarement pris en compte ici car difficilement decelables, faiblesse methodologique dont nous n 'avons pu nous affranchir. Au cours de la fracturation, il peut se produire un phenomene d'esquillement sur le plan de fracture. Il s'agit dans la plupart des cas d'un enlevement isole (Planche XX) mais qui peut egalement envahir la surface de l 'os. Cela peut resulter d 'une accumulation d'impacts ou de cassures secondaires liees a des zones de faiblesse provoquees par la fracturation. Dans le cas de petits enlevements plus ou moins continus et localises le long du plan de fracture, on parlera de retouche (Planche XX) sans pour cela anticiper sur un eventuel amenagement volontaire du bord de l 'esquille. En l' absence d' etude traceologique specifique, nous ne nous prononcerons pas sur la presence d'industrie osseuse meme si la piece presentee a la planche XX semble evoquer une preparation d' outil de type racloir convexe.

En general, les os sont attaques par les extremites articulaires puis lorsque la diaphyse est atteinte, le Carnivore tente de lecher la moelle et continue a rogner et a mordre dans l 'os jusqu'a former ce que Binford appelle le "channeled bone". 11 est important de noter que cette etape n' est que rarement observee sur le materiel osseux du Portel ce qui porte a croire que l'animal intervient sur des ossements deja fractures. Les marques les plus frequentes sont des coups de dents -tooth pits , puncture-, des marques de rognage -gnawing, chewing-, raclage -scarring-, des impacts ou des marques de dissolution extremes qui indiquent que l' os a ete ingere -disolved bone- (Planche XXII a XXIV). On peut tenter, dans certains cas, grace a des travaux consacres a la differenciation des marques selon l'agent carnivore, de determiner l' espece responsable de ces actions (Haynes 1980, 1983 ou encore Hill 1989). 2.5 Esquilles

Action carnivore Dans sa description des traces d' action non humaine (a savoir celles des Chiens et des loups), Binford remarque lui-meme que son echantillonnage presente !'inconvenient d'avoir prealablement ete traite par I'Homme (Binford 1981:36). Cependant, malgre cet avertissement (les membres etaient deja desarticules et les OS eventuellement fractures), nous nous sommes referee aux traces decrites par cet auteur en considerant avec lui que ces dernieres pouvaient etre generalisees a d'autres carnivores. Le premier risque, ou devrions-nous dire piege, est ainsi expose par les confusions entre actions humaines et actions carnivores, en particulier sur les impacts de fracturation des os longs. Ceci engage le chercheur ala plus grande prudence quant a !'observation, le releve et !'interpretation de ces traces. Pour nous, il ne parait pas que l' attribution de la fracturation soit liee a la forme d'une fracture comme cela a pu etre imagine par le passe. Le seul critere valable est la mise en evidence du point d'impact-impact notch-, la forme de l'esquille obtenue n'etant pas liee a l'impact mais a la forme de l'os originel: cela implique done que la structure inteme osseuse

Le groupe des esquilles comprend tous les fragments osseux qui n 'ont pu etre determines specifiquement ou anatomiquement ; les restes classes en Grands ou Petits herbivores sont, a ce titre, consideres comme des esquilles. Les fragments totalement indetermines sont appeles esquilles indeterminees. Ce sont essentiellement des ·elements de petite taille (moins de 5 centimetres). Les fragments bn1les, relativement peu nombreux, ont ete isoles. Les decomptes sont effectues en nombre de restes et en masse, couche par couche et selon trois classes de taille etablies sur la base des travaux realises par Delpech et Rigaud en particulier a l'Abri du Flageolet I (Delpech, 1975: 326 / Delpech et Rigaud, 1977):de Oa2 cm, de 2 a 5 cm et de plus de 5 cm. Pour les classes de taille superieure, ou pourra se reporter au champ "Mesures" etabli dans notre bordereau decrit plus haut.

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Methodologie

3. ASSEMBLAGEFAUNIQUEET STRATIGRAPHIE

de type strontium et · calcium (Toots et Voorhies 1965, Shipman 1981). Plus recemment , ces etudes se sont integrees dans une approche plus globale des processus d'alteration (White et Hannus 1983, Dauphin et al. 1989, Hare 1980).

3.1 Etude de la conservation Comme nous venons de le voir, une grande partie des phenomenes lies la conservation des ossements est repertoriee: phenomenes de ruissellement , charriage, alterations diverses , role et importance de I'Homme et des carnivores ...

a

3.2 Interpretation des assemblages L'analyse taphonomique et l'etude des processus de conservation soot destinees aune meilleure comprehension de !'assemblage osseux et sont un moyen de controler le degre de validite du materiel faunique , condition sine qua non son interpretation. Apres avoir traite le cote quantitatif (tableaux de denombre ments et bordereaux de saisie ), le materiel est apprehende sous un aspect plus qualitatif.

a

Grace la determination anatomique par espece, il est possible d'etablir un schema de conservation des os du squelette en fonction des differents facteurs . Cependant, malgre son interet et le fait que cette methode pennette une comparaison directe avec d' autres gisements, elle nous a paru incomplete du strict point de vue de la conservation. En effet, outre son role essentiel dans la charpente du squelette des mammiferes et sa signification dans l' exploitation carnee de l 'animal , I' os est un element biologique . Sa composition organique et minerale est connue et ii est evident que sa structure inteme subit des modifications au cours du temps liees ason contexte sedimentaire. C 'est la raison pour laquelle nous avons voulu croiser ces differents processus de conservation a la fois par une approche biochimique (teneur en materiel proteique et composition en acides amines) , cbimique (composition de la fraction minerale et dosage des metaux de transition) , sedimentologique (teneur de ces memes elements dans les sediments , taux de representation des argiles, PH) et archeozoologique ou la determination sera prise en compte. Enfin, nous avons effectue des mesures de densite des ossements sur la base d 'une centaine d' echantillons par couche pour lesquels nous avons mesure la masse et le volume pour en deduire la masse volumique (ou densite ).

a

Une fois les fragments osseux determines et les traces recensees, il s' agit de faire le lien entre les deux: ou se localisent les traces? Comment se distribuent-elles? Quels sont les elements anatomiques les mieux representes? Pourquoi? Quel type d 'exploitation animale peut-on deduire de ces observations? A qui doit-on attribuer la presence de !'assemblage osseux? Comment se repartissent les diverses interventions du point de vue diachronique? Est-il envisageable d'etablir une evolution stratigraphique que I' on puisse correler a des changements d' ordre culture I? Pour cela , on tentera de correler materiel lithique et osseux en realisant une sorte de calibrage stratigraphique. Nous avons deja realise ce type de calibrage en contexte arcbeologique mais adapte un site protohistorique ou le materiel lithique est "remplace " par la ceramique vaisselle: les resultats obtenus soot tres probants et ont pennis de distinguer differentes phases dans les modes de consommation de viande (Colomer et Gardeisen 1992). Entin comment toutes ces donnees s'organisent-elles , au sein d'une meme couche, mais aussi a travers toute la stratigraphie? Cette partie est decrite os par os pour chaque espece et s'applique pour tout le remplissage ; elle a parfois necessite un fractionnement theorique de I' os base sur les differents fragments retrouves (Figure 12).

a

Ces approches font suite a divers travaux ayant trait a la conservation chimique et biocbimique des phases organiques et minerales des tissus osseux (Wyckoff 1972, Glimcher 1984, Armstrong et al. 1983) souvent apprehendes , pour ce qui est de la conservation des proteines , sous l'angle des metbodes de datation par la racemisation des acides amines (Bada et al. 1973, Hare 1968, 1974) ou bien sous l'angle du regime alimentaire en mesurant les compositions en elements Prox. medial

Prox . lateral

Tub . deltordienne

Grand Rond

Crete humerale . Foramen ---;-,.==+::~>--,:~

Dist. medial

Cr~te epicondylienne

-~....-

-~~-

Dist. lateral Face laterale

Face crfuliale

Figure 12. Fractionnement d'un os en fragments representatifs . Exemple d'un humerus de cheval 27

La Grotte Ouest du Porte/

fait l'objet du demier chapitre de la troisieme partie de ce travail. Le contexte paleoenvironnemental et climatique est aborde sur la base des associations d'Ongules observes en stratigraphie et par la methode des cenogrammes . La partie biochronologie situe l'assemblage du Portel dans sa biozone en se referant ala methode de Guerin (1982).

3.3 Biostratigraphie

La partie paleontologique de ce travail est reduite: il n 'y a done pas d' etude paleontologique a proprement parler mais une approche visant a mieux situer ou differencier certaines especes ou sous-especes dans une optique biostratigraphique, biochronologique et paleoenvironnementale . Cette approche

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Le Loup

LE LOUP Ordre: Carnivora Bowdich, 1821 Famille: Canidae Gray, 1821 Genre: Canis Linne, 1758 Espece: Canis lupus Linne, 1758

I - DESCRIPTIONDU MATERIEL

2. SQUELETTE AXIAL

1. SQUELETTE CEPHALIQUE

2.1 Vertebres

1.1 Ossements craniens

2.1.1 Cervicales

La conservation des restes craniens est relativement bonne: on a retrouve un fragment de hyoide (F3). Cependant, les ossements sont peu nombreux du fait de la fragmentation intense dont est issu le materiel. Dans l' ensemble, ils semblent correspondrea des individus matures,adultes ou jeunes adultes. Sur les six restes reconnus, seuls les fragments de condyles occipitaux (NR=2) presententdes coups de dents de carnivores.Les autres elements ne temoignentque d'une fracturation a priori naturelle (mecanique).

Peu nombreuses, les cervicales se concentrent dans les couches D, F2 et F3. L'atlas de la couche D a probablement ete rogne par un petit Carnivore. Ces vertebres ne portent aucune strie de decoupe ou de quelconque intervention humaine. Leur conservation est relativement bonne, ces elements sont parvenus pour la plupart entiers. 2.1.2 Thoraciques

Seul un fragment de vertebre thoracique a ete retrouve dans la couche F3 (son rang n' a pas ete determine) et il ne presente pas de marques particulieres.

1.2 Mandibules et maxillaires

Les restes sont toujours fragmentes et aucun remontage n' a pu etre effectue. Une hemi-mandibule d'un individu age (code V) de la couche D presente des marques de dents attribuables aun animal (charognard?) dont l'espece n'a pu etre determinee.

2.1.3 Lombaires

Les fragments de vertebres lombairessont au nombre de trois, repartis dans les couches F2 et F3. L'un d'eux (F2) presente des stries de dechamement a la base de l' epine dorsale. Compte tenu de leur etat de fragmentation,il n'a pas ete possible de les situer dans le rachis ni d' effectuer de remontage. Cependant, la presence de cette strie met en evidence une consommationprobable d'un Loup par l'Homme.

1.3 Dents isolees

Les dents isolees sont bien conservees et assez nombreuses dans !'ensemble "F" en particulier dans la couche F2. C'est dans ce niveau qu'est repertorie le plus grand nombre d'individus et que la presence de juveniles est attestee par des lacteales inferieures isolees. On a compte quatre individus dans la couche F2 ce qui correspond a une occupation de la grotte par les loups peu importante. Dans les autres niveaux, les restes dentairessont plus epars et evoquent, par leur dispersion, des phenomenesde glissement ou de transport d'une couche a l'autre. Ces considerations doivent egalement tenir compte des conditions de fouilles: jusqu'a la couche F3, les sols ont ete fouilles sur une surface d'environ 12 a 13 m2 qui se reduit amoins de lm2 dans les niveaux inferieurs (coucbe K). De plus, la couche F2 a beneficie d'un tamisage plus regulier des sediments du fait de la presence de restes neandertaliens.La representationdes dents est donnee dans le tableau 2 (Tableau2): on remarque que les series sont tres faibles et que la couche la plus representative est la coucbe F2. Les dents lacteales pouvant temoigner de l' installation d'un groupe sont dissemineesal'etat isole dans les trois couches F, F2 et F3.

2.1.4 Sacrum et vertebres caudales

Seul un fragment de sacrum porteur de stries transverses de dechamement sur sa face ventrale a ete reconnu dans la coucbe F2. Il confirme, avec l' exemple de la vertebre lombaire du meme niveau, que l 'Homme est intervenu sur les carcasses (ou tout au moins une carcasse) de Loup dans le but probable de consommer la chair. Les vertebres caudales sont plus nombreuses et bien conservees (Tableau 3), entieres ou sub-entieres et sur six couches differentes (D, F, F2, F3, G, K) avec une nette dominance en F2. Les seules marques observees sont des petits coups de dents sur un specimen de F3. Cette forte proportion de vertebres caudales evoque la presence de queues probablement entieres et nous autorise a nous interroger sur leur presence. S'il n'est pas possible de retrouver des connexions ou d' etablir un nombre d 'individus sur la base de leur decompte, la representativite de ces vertebres surprend a la vue de celle observee pour les autres ele-

29

La Grotte Ouest du Portel

(d'origine mecanique).

ments squelettiques et en particulier les os longs. Un tel phenomene n'est pas sans evoquer la presence de peaux de loups (preparees par !'Homme?) melangees a des restes en partie consommes ou a des cadavres charognes. On devra cependant, avant de passer de la constatation a l 'hypothese, examiner I' ensemble des ossements du squelette de Loup, de celui des autres carnivores et eventuellement comparer aceux des herbivores presents.

3.4. Phalanges Les mieux representees sont les phalanges proximales : bien conservees, elles sont parvenues entieres raison de NR=9/l l . Reparties dans les couches D, F, F2, F3, G et ~ cinq d' entre elles ont ete mordillees par un petit Carnivore alors qu 'une seule (F) presente des stries de decoupe (depe~age ou depouillement) . Les deuxiemes phalanges proviennent l'une de la couche Bet l'aut re de F2; cette derniere porte egalement des marques de dents. En l'absence de connexions observees a la fouille , il n'a pas ete possible de determiner a quels doigts appartiennent ces phalanges , ni le nombre d' individus correspondant. Les difficultes de distinction entre anterieures et posterieures font que Les troisiemes phalanges ont ete classees dans le membre indetermine.

a

2.2 Cotes Deux fragments de diaphyse de cotes ont ete attribues au Loup. Ils ne presentent pas de marques particulieres. Leurs extremites articulaires sont absentes ; ils proviennent des couches F2 et K.

3. MEMBREANTERIEUR Aucun fragment de la ceinture scapulaire ou de I'humerus ne nous etant parvenu, nous abordons directement le membre anterieur par le radius.

4. MEMBRE POSTERIEUR

3.1 Radius

4.1 Coxal

Seul un radius gauche de la couche K est entier. Les autres restes sont des fragments d'extremite distale (NR=3 en F2), une extremite proximale (F3) et un fragment de diaphyse (F2). On ne releve que des marques de dents sur deux extremites distales (rognage de !'articulation du carpe). La fragmentation de ces os est probablement d' origine mecanique. L'eventualite d'une fracturation d'origine biologique en vue de la consommation de la moelle n 'est pas mise en evidence comrne cela peut etre le cas sur des ossements d'herbivores. Cependant, il est possible d' imaginer que si l'Homme a consomme des pattes de loups, la simple "fracturation" observee lui suffisait pour aspirer la moelle (les ruts des diaphyses cassees ne presentent que des fracturations transverses).

Un coxal droit sub-entier a ete identifie la base de la couche E. Compte tenu de son etat de conservation et de la structure argileuse et sterile de cette couche, il parait acceptable de comptabiliser cet element dans la couche F. L' aile iliaque est rognee. Par analogie a deux elements de comparaison actuels et sexues, nous attribuons sous reserve ce coxal aune femelle, faute de criteres suffisamment objectifs.

3.2 Ulna

4.3 Fibula

Les deux restes d 'ulnas sont un fragment de diaphyse rogne (F2) et une extremite distale (Fl) . Curieusement, la partie articulaire proximale qui presente , avec la diaphyse, un boo potentiel de conservation, est absente. On constate l' absence de la partie articulaire proximale de meme qu 'en parallele, l' extremite proximale du radius n' est pas ou peu conservee ; ceci indiquerait que les pattes anterieures ne sont pratiquement pas representees par leur portion proximale la plus charnue (scapula, humerus, radius, ulna) .

En l'absence de tibia , les deux seuls restes de la jambe sont des extremites distales de fibula (F2). Comme dans le cas du membre anterieur, les principaux os longs, d'ordinaire favorises par leur structure anatomique, font defaut alors que les elements reputes plus fragiles sont representes.

a

4.2 Femur Une extremite distale de femur gauche a ete retrouvee en F2: ce fragment est isole et ne temoigne d'aucune intervention humaine ou animate.

4.4 Tarse Deux os du tarse , un naviculaire et un calcaneum rognes (ce dernier etant fracture par des coups de dents animales) viennent de la couche F2. Le troisieme est un cuboide entier de la couche F3.

3.3 Metacarpe Les ossements de l'articulation carpienne sont absents. Peu nombreux , les metacarpiens temoignent de marques de rognage attribuees a des carnivores (couches Fl, F2, F3). Deux metacarpiens sont entiers et le troisieme, une extremite distale en F2, presente une cassure apparemment naturelle

4.5 Metatarse Trois metatarsiens ont ete trouves en F2. L'un d'eux (une extremite proximale) presente des marques de dents .

30

Le Loup

4.6 Phalanges

sence de connexions au niveau des extremites des pattes, que les occupants de la grotte (premier ensemble mousterien "F") preparaient des peaux de loups dans lesquelles ils laissaient les cranes et certaines extremites des pattes (peu representees par rapport aux cranes) et les queues. L'assemblage du second ensemble mousterien "C-D" se caracterise par une nette predominance des restes craniens (on ne denombre que deux vertebres, dont une caudale et deux phalanges pour le squelette post-cephalique ): une mandibule et une vertebre cervicale portent des marques de dents. L' ensemble inferieur est represente ici par la couche K: il comporte 15 fragments exempts de toute marque d'intervention anthropique ou animate. Malheureusement, la faiblesse statistique de cet echantillon ne pennet pas de tirer de conclusions sur cette couche fouillee sur une surface reduite a environ lm 2 .

Les phalanges posterieures determinees (premieres et deuxiemes) ne proviennent que de !'ensemble F (couches Fa F3). Elles soot entieres ou sub-entieres (NR=5/7) et ne temoignent de l' action de carnivores (coups de dents) que sur un specimen (F2).

5. MEMBRE INDETERMINE 5.1 Metapode Nous avons classe en metapodes des extremites distales de metacarpi ens ou metatarsi ens des couches F2 et F3 (deux fragments dont un rogne par couche ). A la vue des etats respectifs de fragmentation de l' ensemble des metapodes, les indetermines peuvent etre comptabilises en ossements a part entiere car il n 'y pas de remontage possible avec les extremites proximales determinees.

Le niveau le plus representatif est celui de la couche F2 avec 111 restes dont 57 dentaires pour un NMI de quatre. Malgre cela, il semble que l' origine anthropique de l 'assemblage soit en partie probable et l 'hypothese de peaux de loups non negligeable malgre la rarete des stries. On retiendra, pour aller dans le sens de cette hypothese, la faible proportion d'individus immatures dont la presence est etablie sur la base de trois dents deciduales trouvees en F, F2 et F3: evoquer des problemes de conservation ou de technique de fouille ne parait pas reellement justifie dans la mesure ou de nombreuses dents de petite taille (en particulier de renards) ont ete retrouvees dans ces niveaux. Si des loups se soot installes dans l 'abri, ce ne peut etre que de fa~on tres ponctuelle, leurs restes ne faisant etat que de passages. Par ailleurs, si certains individus soot morts dans la grotte, qu'en est-il de leur squelette et comment expliquer le deficit en os longs, en restes de coxal et de scapula ou encore du rachis et de la colonne vertebrale? On ne peut affirmer que la presence des restes ne soit imputable qu'a l'Homme ~ il est possible que certains animaux ( sans doute carnivores, voire des loups) aient eux-memes introduit ces ossements dans leur taniere. Les parties charnues auraient ete integralement consommees, la tete et les extremites des membres etant delaissees. L' etat de cet assemblage ne pennet- pas de faire la part des choses, c 'est la raison pour laquelle il parait prudent de considerer que differents apports expliquent la presence de ces restes: - apport anthropique: l 'Homme chasse l 'animal pour sa chair et sa fourrure - apport animal: loups introduits et consommes sur place, peut-etre par des hyenes, les parties delaissees pouvant etre rognees par d'autres carnivores tels que Renard, Blaireau, Loup ... - passage ou installation de loups dans la grotte.

5.2 Phalanges Localisees dans les couches F2, F3, G et K, les phalanges indeterminees sont toutes des troisiemes phalanges subentieres: leur fragmentation est due aux conditions d' enfouissement (pietinement, poids des terres, charriage) et a leur relative fragilite. Elles ne presentent aucune marque particu liere.

II- L' ASSEMBLAGE 1. REPARTITIONANATOMIQUE D'un point de vue quantitatif, l'essentiel de !'assemblage osseux de Loup se trouve dans !' ensemble "F". C'est egalement dans les couches de Fa F3 que les restes sont les plus diversifies malgre une dominance tres nette des tetes et extremites des pattes. Les os longs et les portions de ceintures soot relativement rares (Tableau 3). La particularite de l' assemblage reside dans une densite relativement importante de vertebres caudales ( surtout en F2 et F3). Les restes osseux de loups evoquent davantage la presence de peaux dans lesquelles les tetes et certaines extremites des pattes auraient ete conservees (Figure 13). Cependant, la seule marque attribuable une action de depe~age ou depouillement est une strie localisee sur une phalange de la couche F. Toutes les autres traces sont des coups de dents de carnivores (probablement une espece de petite taille). En effet, 10% des ossements de la couche F2 sont porteurs de ces marques: les ossements atteints soot ceux des extremites des membres et jamais du crane. Par contre, une mandibule de la couche D a ete rognee mais dans cette couche, le Loup n' est represente que par les fragments d 'un crane. En ce qui conceme les os longs, on ne retrouve que les extremites articulaires distales sans pour autant qu'il ait ete possible de mettre en evidence des cassures volontaires au-dessus des articulations. 11est done difficile d'affirmer, en l'ab-

a

2. POPULATIONANIMALE Les classes d'age de Loup sont etablies sur la presence de dents deciduales attribuees a des jeunes (J) et sur les degres d'usure des dents definitives les mieux representees (Pm4, 31

La Grotte Ouest du Porte/

Ml): on a distingue lesjeunes adultes (JA: peu ou pas usees), les adultes (A: en cours d'usure) et les vieux (V: tres usees). Les resultats sont exprimes en NMI (Figure 14) et se traduisent par la presence de loups adultes. Les individus matures soot presents voire dominants tout au long de la stratigraphie (Figure 15). L'etat de conservation des restes osseux ou dentaires ne nous autorisent malheureusement pas a etablir une differenciation sexuelle basee sur l'analyse biometrique : seule une femelle adulte a ete reconnue dans la couche D.

d'Ongules: il est possible d'envisager que les carcasses de loups pouvaient etre localisees dans un espace precis dans la grotte (question qui serait aaborder par l' analyse spatiale) ou bien abandonnees sur le lieu d'abattage, en admettant que les animaux etaient alors depouilles sur place et les peaux transportees avec les cranes, les doigts et les queues pour etre traitees (couvertures, vetements ...).

3. CONSERVATION- TAPHONOMIE

Le Loup est une espece frequemment signalee dans les gisements prehistoriques. Si l'evolution des loups au cours du Pleistocene europeen est relativement bien connue, la signification de sa presence dans les assemblages fauniques associes ades occupations humaines est abordee plus rarement. Au Portel, comme dans tous les autres gisements du Pleistocene superieur, la forme que l 'on observe est tres proche de celle du Loup actuel. Les degres evolutifs des loups decrits par Suire (1969) permettent de situer les individus du Portel, ala vue des donnees preliminaires anotre disposition, dans les domaines de variation des populations du Wurm ancien. Une etude plus detaillee apportera sans doute des informations d' ordre biostratigraphique plus precises. Le Loup, comme la plupart des carnivores, est une espece ubiquiste capable de s' adapter adifferents contextes environnementaux ce qui ote toute signification climatique a sa presence. Son mode de vie justifie son installation en taniere dans une grotte et peut entrainer l'introduction de restes osseux qui se melent aux niveaux archeologiques. L' eventuelle activite de predation des hommes prehistoriques est souvent associee a une hypothetique activite de pelleterie sans que son exploitation a des fins alimentaires soit aussi clairement attestee que pour les herbivores. Ces faits semblent accrediter l'hypothese de la mort naturelle de ces animaux dans leur abri sauf dans le cas ou les ossements presentent des marques nettes de decoupe ; les exemples en sont relativement rares et tres ponctuels au sein d 'un meme gisement. 11nous parait done prudent de ne pas melanger exploitation de carcasse et activite de predation, le premier cas n'impliquant pas forcement le second.

4. APROPOS DU LOUP...

Les dents isolees representent 45% de l'ensemble du materiel (NR=88/196). Comme nous l' avons vu precedemment , les ossements (NR=l08) correspondent au squelette axial (vertebres) et surtout aux extremites des membres (metapodes et phalanges). En general, ces restes soot parvenus entiers. En effet, la fragmentation ne conceme ici que les os longs, particulierement mal representes (10% des restes osseux): il s'agit de fragments de radius, ulna, femur et fibula. Nous n' avons releve aucune marque d'impacts ayant pu provoquer leur fragmentation. Cette constante engage done a attribuer ces cassures a une origine mecanique. Elles sont toujours transverses par rapport al' axe de la diaphyse. On ne remarque pas, al'inverse des ossements d'herbivores, de fracturation longitudinale. Cette constatation est a la fois liee a une structure differente des ossements (ceux des carnivores soot plus robustes au niveau de l'os compact de la diaphyse) mais aussi aun traitement differentiel des restes animaux. Les marques de dents observees (21 % des restes) soot rarement associees aux os longs (NR=3/ fragments d'os longs) ; elles atteignent le crane (NR=2/l l ), les vertebres (NR=2/37), les os du tarse (NR=2/3) et preferentiellement les metapodes (NR=6/l l) et les phalanges I et II (NR=7/25). Par ailleurs, les ossements soot peu alteres et leur surface est toujours bien conservee. On ne releve ni fissuration, ni alteration ou concretion. Tout au plus pourra-t-on noter qu'ils presentent des bords legerement emousses et quelques marques de charriage et de transport. L' analyse de ces marques confirme un traitement differentiel des restes de Loup (et des carnivores en general) par rapport a ceux

32

Le Loup

Figure 13. Representation en NMI des portions anatomiquespar rapport au NMI de l'ensemble(¾NR) 100

II

80

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La Grotte Ouest du Porte/

Figure 26. Fragmentation des os longs de Renards (¾NR) proximal

II

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Fibula Tibia

Femur

Ulna Radius

Humerus 0

20

60

40

80

100

repartition est septentrionale, dans les regions arctiques de l'Eurasie et de l' Amerique du Nord. La presence des deux especes dans les grottes du Pleistocene pyreneen est largement attestee: le Renard est en effet un animal cavemicole qui creuse ses terriers dans les grottes, devenant ainsi un des agents perturbateurs qui engendrent des remaniements inter-couches archeologiques. De plus, il peut avoir une activite de charognage dont on retrouve les traces en surface osseuse. Si la presence de ces Canides ne semble pas relever d'une activite anthropique (chasse , recuperation des fourrures) comme le montre l' etude archeozoologique du Portel, il est permis d' envi sager que les renards soot venus occuper l' abri et que certains d' entre eux soot morts sur place. Dufour (1989) rapporte meme le fait qu'il a observe des renards blesses qui soot revenus mourir dans leur terrier. La repartition actuelle du ·Renard commun et son habitat ne permettent pas d' attribuer a sa presence dans les couches du Portel une signification climatique ou environnementale. Tout au plus la presence de l'Isatis dans la couche F2 indique-t-elle une note plus froide.

4. APROPOS DU RENARD ...

Notre premier travail consacre aux carnivores du Portel (Gardeisen 1985) a pennis d'isoler, au sein de la population des renards communs, deux individus dont les valeurs biometriques dentaires indiquaient la presence probable d 'Alopex lagopus (couche F2). Dans l' attente d'une etude plus approfondie de cette population, nous considerons toujours la presence de cette espece, meme avec une certaine reserve . Pour l'heure, il ne nous est pas possible d' examiner a quel type de conservation anatomique ont ete soumis les isatis, ce qui interdit toute comparaison avec la conservation des renards communs. Les valeurs des camassieres superieures (Pm4) qui s'etendent de 12 a 14,5 mm placent les renards dans les domaines de variation des Vulpesactuels pyreneens (Clot 1980: 150). Le Renard commun est un Carnivore frequent dans les faunes de la demiere glaciation: il presente, au sein de cette famille, une des repartitions geographiques les plus vastes. L'lsatis est quant alui moins cite mais ceci peut etre lie a la relative difficulte engendree par sa determination specifique ; son aire de

46

~

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K K G E F F Fl Fl F2 F2 F3 F3 G D E D B C Renard B C NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI Dents isolees Lacteales sup. 1 1 Lacteales inf. Definitives SUP. 1 2 2 6 3 2 1 3 9 3 Incisives 4 2 2 2 2 l 7 I 8 3 l I 1 1 7 6 3 3 Canines 2 4 3 4 2 2 3 I 1 6 Pml 2 I I 1 2 3 I I Pm2 l 2 1 1 2 1 5 7 Pm3 2 2 1 1 1 1 1 1 1 9 5 I I I Pm4 3 5 I 1 1 I 5 3 2 1 I 2 Ml 1 1 1 2 1 1 3 5 M2 M3 Definitives INF. 2 1 1 1 12 6 5 3 Incisives 9 7 2 3 5 2 2 15 8 6 Canines 2 1 1 1 2 3 Pml 1 1 8 5 Pm2 2 2 4 2 2 1 1 5 Pm3 4 1 1 I I 14 6 9 Pm4 1 1 1 1 1 1 2 1 11 8 2 1 Ml 2 2 4 3 7 5 I I M2 1 2 1 2 M3

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23

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3

1

Tableau 4. Denombrementdes dents isolees de Renards

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3

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RENARD

NR/NMI

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Crane Hyoi'de Maxillaire Mandibule Dents isolees sup. Dents isolees inf. Cervicales Thoraciques Lombaires Sacrum Caudales Cotes Scapula Humerus Radius Ulna Carpe Metacarpes Phalange I ant. Phalange II ant. Phalange III ant. Coxal Femur Tibia Fibula Patella Tarse Metatarses Phalange I post. Phalange II post. Phalange III post. Sesamoi'des Metapodes Phal. I Phal. II Phal. III NR Tot/NMI

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2

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2

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22

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Tableau 5. Denombrementdes restes de Renards

14

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34

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I

I

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5

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1

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3

5

44

2

9 2

74

3

~ ~

-

L 'Ours des Cavernes

L' OURS DES CAVERNES Ordre: CarnivoraBowdich, 1821 Famille: Ursidae Gray, 1825 Genre: Ursus Linne, 1758 Espece: Ursus spelaeus Rosenmuller, 1794

I - DESCRIPTIONDU MATERIEL

2.2 Cotes

1. SQUELETTECEPHALIQUE

Seul un fragment de temporal gauche a ete retrouve dans la couche B 1 (ensemble superieur B). Il correspond aun animal plutot jeune, ala vue de sa structure osseuse. Par ailleurs, un individu immature a ete identifie dans ce niveau grace a la presence de dents lacteales (canines). La rarete des restes osseux craniens s' oppose a la forte proportion de dents au sein de cet assemblage et a l'ensemble des 15 individus reconnus de la couche Ba la couche K.

Le seul fragment de cote determine specifiquement provient de la couche F2: !'attribution al'Ours des cavernes est cependant donnee sous toute reserve compte tenu de l'etat du fragment qui pourrait egalement correspondre a un Ours brun (espece cependant absente du remplissage). C' est un des rares restes du post-cephaliqueemanant de ce niveau tres fortement marque de l' empreinte anthropique. En effet, cette cote est l'unique temoignage de l'utilisation de restes d'ours par l'Homme: elle presente trois stries de dechamement isolees sur la face interne de la diaphyse. De plus, il semble qu'il y ait eu volonte de raclage de l 'os sur la face exteme. Les deux extremites ont ete rognees posterieurement.

1.2 Mandibules et maxillaires

3. MEMBRE ANTERIEUR

De meme que pour les ossements craniens, ces restes sont rares: deux hemi-mandibules en B et K ainsi que deux fragments d'hemi-maxillairesen B. Ces elements sont incomplets et il semble que leur fragmentationpuisse etre attribuee a des phenomenes mecaniques, en l' absence de tout autre type de traces. Il en resulte une perte d'infonnation certaine, d'autant plus que les dents sont souvent absentes des loges: aucune serie n' est parvenue complete.

Les restes osseux pouvant se rapporter au membre anterieur sont epars out a l 'etat isole dans la stratigraphie. Parmi les huit fragments, quatre sont porteurs de coups de dents attribuables a des carnivores (couches B, D, Fl et K) dont un humerus droit de jeune adulte (extremite proximate non synostosee) presque entier (couche B). Si on fait exception d'un scapho-lunaire et des metacarpiens, les autres restes osseux ~ont des fragments de diaphyse. Cet etat de conservation (les portions entieres et les extremites sont rognees par des carnivores a raison de 15% des NR) , en particulier dans le niveau superieurB, nous oriente vers une interpretationtres nuancee de cet assemblage soumis a des remaniements de diverses origines: naturelle, carnivore, anthropique.

1.1 Ossements craniens

1.3 Dents isolees

Les dents isolees, mieux conservees· que les ossements, sont particulierementbien representees dans les deux ensembles superieur (couche B) et inferieur (couche K) . Leur presence dans les niveauxmousteriens est ponctuelle, sans doute attribuable a des remaniementsinter-couches(Tableau6). Ce sont les dents isolees qui du fait de leur meilleure representativite ont permis une approche plus precise de la population ursine: evaluation de l'age par classe et differenciationsexuelle. Ces NMI sont representatifs d'occupations anterieures et posterieures aux ensembles mousteriens dans la grotte (Tableau6 et 7).

4. MEMBRE POSTERIEUR

Moins nombreux que pour le membre anterieur, ces restes concernent des diaphyses de tibia et fibula appartenant a de jeunes individus; ces ossements sont associes ades dents lacteales dans la couche D (Tableau 6 et 7). Un calcaneum a echappe a la fragmentation alors que la patella voisine (couche K) a ete rognee. 11est toujours difficile de se prononcer sur ce type d'association tant la dispersion stratigraphique et la faiblesse numerique des echantillons sont constantes.

2. SQUELETTEAXIAL 2.1 Vertebres

5. MEMBRE INDETERMINE

Trois vertebres (deux atlas et une thoracique) ont ete retrouvees dans la couche B. Deux d' entre elles ont ete rognees superficiellementmais sans presenter de stigmates de fracturation.

Phalanges Aucune des neuf phalanges n' a pu etre attribuee avec certitude a l'un ou l'autre des deux membres. Souvent entieres (NR=7/9) et bien conservees, elles ne presententpas de carac-

49

La Grotte Ouest du Porte/

teres particuliers si ce n' est que l 'une d' elle a ete rognee (couche F2). Il semble de maniere generale qu~elles appartiennent a des individus matures sauf dans le cas d 'une deuxieme phalange de la couche K qui evoque la presence d 'un Ours plus jeune.

D'un point de vue stratigraphique, elles sont absentes du niveau superieur B et se repartissent dans les trois ensembles de la fouille du "puits": couche D (ensemble C-D), couches Fl, F2, F3 (premier ensemble mousterien "F") et couche K (ensemble inferieur).

Figure 27. Nombre de restes d'Ours et marques de rognage

40.---------------~;:::::======:;---, D

NRours

--+- NR rognes 30

20

10

B

C

D

E

F

Fl

F2

F3

G

K

Figure 28. Population des Ours en NMI

8------------------------CJ



6



Vieux . Adultes Jeunes

4 .2

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50

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K

L 'Ours des Cavernes

Enfin, compte tenu de l' altemance d' occupations envisagee ici, il ne semble pas realiste de parler de chasse a l'Ours ou d' exploitation reelle des carcasses (de type recuperation de la fourrure) par les Neandertaliens du Portel.

Il- L' ASSEMBLAGE

1. REPARTITIONANATOMIQUE 11 ressort de la repartition stratigraphique des restes d' ours que l' essentiel des fragments provient des niveaux superieurs (B) et inferieurs (K) alors que les niveaux mousteriens ne montrent qu'une presence sporadique de cet animal (Figure 29 et Tableau 6). Les decomptes individuels sont etablis sur la presence des restes dentaires . L' echantillonnage du squelette post-cephalique est tres restreint et sa faiblesse statistique n' autorise pas en tirer des conclusions pertinentes quanta la formation et l' origine de l 'assemblage . 11faut noter que seul l' element de la couche F2 presente des stries alors que 11 fragments portent des marques de dents et de rognage sur !'ensemble du materiel (Figure 27). 11nous parait possible de supposer que la presence de restes osseux et/ou dentaires dans l'ensemble mousterien "F" puisse etre attribuable a des phenomenes de transport ou de remaniements divers. Si des ours s'etaient etablis dans la grotte entre deux passages humains, leurs restes seraient plus significatifs. On peut tres bien imaginer que certains elements osseux aient pu etre recuperes par I'Homme ( ou d' autres agents) et par exemple rognes ou stries sans pour cela etre significatifs de la venue ou de l'apport effectif de restes d' ours ou de l' animal lui-meme. Ceci laisse supposer que les ours ont plus frequemment occupe la grotte et ont pu y hiberner, voire mourir sur place, dans les periodes ou la presence de l' Homme est moins pregnante et ses hal~es dans l ' abri moins nombreuses .

2. POPULATIONANIMALE Les jeunes individus de meme que les ours dits "vieux" (c'est-a-dire dont l'usure occlusale est tres avancee, codes: V) se localisent dans les niveaux Bet C-D et K, alors que entre la couche E et la couche F3, les animaux sont apparemment adultes et isoles dans chacune des couches, si tant est que l'on puisse considerer que ces restes correspondent effectivement la presence d' animaux dans cet ensemble, ce dont nous doutons (Figure 28). La differenciation sexuelle est etablie sur la morphologie des canines et ne conceme done pas toute la population ursine. L' etat de conservation des canines ( email altere, fissures , fragmentation) n'a pas pennis une diagnose differentielle sur la base d 'une etude biometrique . Nous avons simplement determine deux groupes de taille, la suite d'autres auteurs qui ont souligne, au-dela des variations individuelles importantes, la difference de taille des crocs d' ours des cavern es males ou femelles (Piveteau 1961, Bonifay et Bussiere 1989). Rappelons que la presence d' ours dans l' ensemble "F" doit etre examinee avec circonspection et que l'installation de groupes n'est confirmee par l'analyse des populations que dans les ensembles B, C-D et K. Ces observations vont done dans le sens d' une presence naturelle des ours en altemance avec l'Homme ou d'autres carnivores.

a

a

a

Figure 29. Repartition stratigraphique des Ours

50--------------------------D 40

¾NRours

........ %N1\.11

B

C

D

E

F

Fl

51

F2

F3

G

K

La Grotte Ouest du Porte!

3. CONSERVATION

4. APROPOS DE L'OURS...

Les vestiges d'Ours presentent les caracteristiques generalement observees sur les restes de carnivores par opposition aux restes d'herbivores . On remarque toutefois que dans cet ensemble , les dents soot les elements les mieux conserves (60%) et que les ossements sont peu fragmentes . Lorsque c' est le cas, cette fragmentation est attribuee a des phenomenes mecaniques ou plus rarement a l'action des carnivores (Figure 27). Les traces visibles en surface relevent davantage de transport (charriage) et d'alterations chimiques (depots de manganese) . La tres forte dispersion et !'absence de restes des carcasses pourraient egalement se justifier par un "nettoyage" de la grotte effectue par l 'Homme au moment de son installation apres les ours : espace encombre de cadavres , puanteur ..., hypothese qui laisse alors supposer que ce phenomene a pu affecter les assemblage s d' autres espece s (Ongules) .

L'Ours est encore, l 'heure actuelle, un animal mythique de la region pyreneenne et sa reputation d'occupant des grottes, en particulier au moment de I'hibernation , trouve sa pleine signification dans son appellation Ours des cavernes. Ainsi, ont-ils frequemment utilise les grottes comme repaire tout comme le confirme la presence d'individus juveniles. De ce fait, on doit considerer que leur installation est l' origine d'un certain nombre de remaniements et de perturbations inter-couches qui sont difficiles a evaluer. De plus, bien que omnivore , l 'Ours est susceptible de collecter tou s les animaux qui lui sont accessibles et est capable, en periode de disette, de devenir charognard. L'Ours des cavernes est souvent signale dans les assemblages du Pleistocene superieur au sein d'associations fauniques variees . Certaines analyses palynologiques realisees dans des conditions privilegiees (Argant 1991: 133) montrent que cet Urside evoluait ala fois dans des milieux froids plus ou moins steppiques (avec le Renne et le Renard polaire) ou temperes , dans un environnement forestier. Ces differentes adaptations a un large eventail de biotopes en font une espece trop ubiquiste pour que sa presence puisse etre revelatrice de conditions environnementales precises.

a

a

E F F Ours B D D E B C C Dents isolees NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI Lacteales sup. 2 Lacteales inf. 1 2 3 Definitives SUP. Incisives 3 3 Canines 1 l 2 3 Pml Pm2 Pm3 Pm4 1 1 1 1 Ml 1 1 M2 1 1 M3 Definitives INF. Incisives 1 1 1 1 Canines 1 1 1 1 Pml Pm2 Pm3 Pm4 2 2 Ml 2 2 1 1 M2 2 5 5 1 M3 1 1 1 1

Total Dents NMI 2/obal

23

4

6 6

2

1 3

Fl

F2

Fl

1

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1

1

1

1 l

1

1

1

2

2

1

1 1 1

1 1

1

I?

Tableau 6. Denombrement des dents isolees d'Ours

F3 F3 G K K G NR NMI NR NMI NR NMI 1

1

1

I?

F2

NR NMI NR NMI

8

1

I?

1

I?

4

L 'Oursdes Cavernes

OURS NR/NMI

Crane Hyoi'de Maxillaire Mandibule Dents isolees sup. Dents isolees inf. Cervicales Thoraciques Lombaires Sacrum Caudales Cotes Scapula Humerus Radius Ulna Carpe Metacarpes Phalange I ant. Phalange II ant. Phalange III ant. Coxal Femur Tibia Fibula Patella Tarse Metatarses Phalange I post . Phalange II post. Phalange III post. Sesamoides Metapodes Phal. I Phal. II Phal. III NR Tot/NMI 2l01

B

B

C

C

NR NMI NR NMI 1 1

2 1 8

2 1

15

6 2 1

2 1

1

1

5

2

1

D D NR NMI

2 2

1 1

E E F F NR NMI NR NMI

Fl

Fl

F2

NR NMI

F3

F3

NR NMI

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1

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1

1

1

1

1

1

1

1

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1

1

1

1

1

1

1

1

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K

K

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1

1

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I

1

1

1

1

1

1

1 1 1

1 1

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G

2

1 1

31

G

NR NMI

1

1

2

F2

NR NMI

3

1 I?

2

Tableau7. Denombrementdes restes d'Ours

53

I

3

I?

5 I?

2

I?

15

4

La Grotte Ouest du Porte/

54

Le Btaireau

LE BLAIREAU Ordre: CarnivoraBowdich, 1821 Famille: Muste/idaeSwainson, 1835 Genre: Metes Brisson, 1762 Espece: Metes metes Linne, 1758

I - DESCRIPTION DU MATERIEL ET ASSEMBLAGE

fossilisation). La particularite de ce lot, outre les possibilites de remontage qu'il offre, est la presence d'ossements de nouveau-nes et de fretus (NMI=5). Ces animaux tres jeunes dont les squelettes sont presque integralement conserves, indiquent clairement que la grotte ouest leur a servi d'abri (Figure 32). La reconnaissance de terriers a la fouille, observes jusque dans le premier ensemble mousterien "F" nous engage afaire des blaireaux les principaux responsables des remaniements inter couches constates dans le materiel osseux. Les blaireaux ne sont sans doute pas les seuls "coupables" (on pense aux autres carnivores et aussi aux hommes) mais ce sont les seuls animaux fouisseurs pour lesquels on ait veritablement une preuve de l'installation dans la grotte. J. Vezian nomme lui-meme ce niveau "la couche a blaireaux" (notes de fouilles). L' examen des proportions squelettiques indique une bonne representativite des os longs et un deficit en ossements de petite taille (dents, carpe, tarse, phalanges) ou fragiles (vertebres, cotes): en effet, ce niveau qui obstruait l'entree de la grotte a ete degage assez rapidement sans que de veritables techniques de fouilles aient ete mises en oeuvre (Figure 33).

Le lot des ossements de Blaireau se partage en deux groupes (Figure 30): * un ensemble dit "hors stratigraphie" qui vient de la couche sommitale A et qui correspond aun ensemble tres remanie. A ce titre, la couche An' est pas consideree comme une veritable couche archeologique (cf. "Les Grottes du Portel") * un ensemble stratigraphique correspondant ades ossements et dents trouves en contexte archeologique (de la couche B a la couche K).

1. ENSEMBLE "HORS STRATIGRAPHIE" Le materiel remanie est constitue de 466 restes osseux en bon etat de conservation qui sont pour la plupart demeures entiers (ou sub-entiers ): ils indiquent le passage d 'environ 26 blaireaux (Figure 31). Ces animaux ont pu frequenter la grotte jusqu' a une epoque assez recente puisque ces restes sont associes a des fragments de poterie et a un lot d' ossements d'epoque holocene voire actuelle (presence d'especes don1estiques, etat des surfaces osseuses, degre de

Figure 30. Repartition stratigraphique des restes de Blaireaux (%NR) 100

. 80

-

.

(NRtot=

55~

60 -

. 40 -

.

20

-

.

.

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I

I B

.

. C-D

55

"F"

K

La Grotte Ouest du Pone/

Figure 31. Repartition stratigraphique des Blaireauxpar classes d'ages (NM])

30---------- - -- ---------20

0 A

B

- -- - -

~

Vieux EJ Adultes El Jeunes ■ Fretus (TJ)

upu

C-D

K

Figure 32. Conservationanatomiquecompareedes Blaireaux(ensemblesuperieur)

a

¾NMI A adultes





¾NMifretus

%N1v1IB

100 80

60 40

20 0 B

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;::.-.

...l

Cl:!

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u

La Grotte Ouest du Porte/

Figure 39. Decompte stratigraphiqueglobal des Carnivores

40

□ ¾NR tot ~

¾NMitot

30

20

B

D

C

F

E

Fl

F2

F3

G

K

Figure 40. Distributiondes restes des principaux Carnivores du remplissage (¾NR) ■ ¾NR Loup

II

¾NR Renard (I

¾NR Ours ~ ¾NR Blaireau □ ¾NR Hyene

100-------------------------------80

( NB: pour les donnees NR brutes, voir tab.14)

60

40

B

C

D

E

F

72

Fl

F2

F3

G

K

Synthese sur Jes Carnivores

ages. On note une fois de plus la dispersion de leurs restes par le decalage entre dents isolees (a l'origine du NMI) et squelette appendiculaire (Tableau 7). En !'absence de marques d'interventions d'origine anthropique, leur presence est sans doute due aune mortalite en cours d'hibemation.

1.1 Analyse par couche La stratigraphie est apprehendee dans I' ordre chronologique de depot.des couches, du bas vers le haut.

1.1.1 CoucheK Autres occupants de la cavite, les hyenes. Venues probablement installer leurs tanieres au printemps, ne demeurent de ce passage que les restes (surtout dentaires) de deux individus immatures que la rigueur d'un hiver ou les crocs d 'un Ours n 'auront pas epargnes. La presence de hyenes reste toutefois anecdotique dans cette couche par opposition aux lots d'ossements, de dents et de coprolithes exhumes des niveaux superieurs. Cette obsetvation est egalement valable pour les quatre fragments de blaireaux isoles ; leur presence va probablement dans le sens du constat selon lequel les blaireaux (entre autres carnivores) sont a I' origine de nombreuses perturbations inter-couches occasionnees par les terriers, autant en "horizontal" qu'en ''vertical". Un autre fait contribue aune vision reduite du contenu de la couche K: c 'est sa surface fouillee, diminuee par un retour de la paroi des la couche Get par la limite de fouille materialisee par les coupes longitudinaleH/G et transversales 16/17 et 14/15 (Figure 5).

La couche K se caracterise par une proportion relativement faible de carnivores (Figure 39): ce soot en grande majorite des renards puis quelques loups, ours, hyenes et blaireaux (Figure 40). Au total, 118 restes ont ete determines (Tableau 14) parmi lesquels 74 appartiennent a trois renards adultes. Ce nombre d'individus a ete etabli sur un materiel dentaire abondant (32 dents isolees, Tableau 4) et sur un lot d' ossements bien conserves dont la distribution anatomique traduit la presence originelle de carcasses entieres. Le passage des loups est plus discret, tout au moins en nombre de restes (NR=l5 pour NMI=2, Tableau 14). La dispersion des squelettes est done plus importante, surtout au niveau du squelette post-cephalique (Tableau 3). Les deux individus, adultes, ont ete reconnus a partir de quatre incisives inferieures. Pour un meme nombre de restes, la population d'Ours est de quatre individus: un ourson, une femelle adulte et deux ours

Figure 53. Repartition des Carnivores de la couche K

80--------------------------0

¾NMIK

--.-¾NRK

60

40

20

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0

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73

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u

La Grotte Ouest du Porte/

La presence du Loup est discrete (NR=4 pour NMI=l adulte) et rend delicate I 'interpretation de ce lot. Il est toutefois interessant de noter que la conservation des os par type est assez bonne pour foumir une vertebre caudale, deux phalanges et une dent isolee. Si on la compare a celle du Renard, de plus petite taille, on remarque une plus grande dispersion qui ne trouve a priori d' autre explication que dans la presence du Renard sans doute posterieure a celle du Loup. En l'absence d'individus juveniles, il n'est pas possible d' evoquer de saison d' occupation .

1.1.2 Couche G La couche G presente un assemblage constitue exclusivement de Canides. La predominance des renards, en nombre de restes, est d'ailleurs effective dans toutes les couches situees sous la couche E (Figure 40). Hormis les ceintures scapulaire et pelvienne, tout le squelette est represente (Figure 21 ). Bien que numeriquement faible, l 'echantillonnage permet de noter la regularite de l' occupation des renards . Leurs restes ne sont pas porteurs de marques d' origine anthropique .

Figure 52. Repartition des Carnivores de la coucbe G

100----------------------------0 80

¾NMIG

-.-%NRG

60 40

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0

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u

nature et leur aspect tendraient a attribuer aux loups ces interventions (Haynes 1983). De plus, dans la couche Kou les Canides sont egalement dominants, ce sont les os de hyenes juveniles qui ont ete ronges (Figure 60). Peut-etre faut-il envisager alors d' attribuer l 'introduction de ces restes de jeunes hyenes au Loup, ce qui justifierait la dispersion, jusqu' la quasi absence, de restes osseux qui ont pu etre avales. Les restes d'Ours soot peu significatifs clans cette couche (NR=2) et leur appartenance un depot effectif dans ce niveau peut etre mis en doute, essentiellement pour les raisons de dispersion horizontale induite par la presence de renards, etant donne que les ours soot presents au-dessus (F2) et au-dessous (K) de F3. 11n' apparait pas que ce genre de deficit puisse etre attribue a des phenomenes de conservation differentielle ou de fouille (Tableau 7). Pour les blaireaux, nous considerons etre devant le meme cas de figure (Tableau 8).

1.1.3 Couche F3 La forte predominance des Canides (et des renards) se maintient malgre l' arrivee de blaireaux et d' ours. A partir de la couche F3, les assemblages soot plus riches et plus diversifies. Du point de vue de leur representation en terme de NR et NMI, la couche F3 est similaire a la couche G en ce qui conceme les Canides: les restes de loups sont tres disperses alors que les renards temoignent d'une representation anatomique plus complete (Figure 20) a!'exclusion des metacarpiens et du coxal (Figure 24). On note pour le Loup la presence d'un individu immature represente par une dent isolee (alors que tousles renards soot adultes). Les couches F3 et G dominees par les Canides montrent une intensification notable des interventions de carnivores sous forme de marques de dents; ces interventions concement les deux especes Loup et Renard (Figure 60) qui sont probablement les agents responsables de ces traces . Leur

a

a

74

Synthesesur /es Carnivores

Figure 51. Repartition des Carnivores de la couche F3

80----------------------------,

□ %NMIF3

.....,_%NRF3 60

40

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0

1.1.4 Couche F2

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Cinq loups, neuf renards et cinq hyenes sont attestes dans la couche F2 avec leur progeniture. Ces populations sont tres faibles par rapport a celles des herbivores majoritairement introduits par l' Homme. 11apparait done que la presence des carnivores, que nous considerons ici comme etant naturelle (etablissement de tanieres de printemps et activites de predation/charognage entre especes), demontre une altemance dans les differentes occupations de l' abri entre l 'Homme et les animaux . Toutefois, si la chasse aux carnivores et en particulier aux Canides n' est pas clairement etablie , nous pouvons envisager la capture ou la recuperation ponctuelle d'un Loup et son depouillage (presence de stries). La problematique de l'interpretation de stries rares et isolees, cas du Loup mais aussi d'une cote d'Ours et d'une diaphyse de radius (egalement rognee) de Lion, souleve une question: dans quelle mesure la presence de stries sur les ossements estelle revelatrice d'une exploitation primaire de l'animal? Prenons le cas du radius de Lion: quel a ete le premier intervenant? L'Homme (stries) ou le Carnivore (type du channeled bone, Binford 1981)? En l'absence du caractere systematique de !'exploitation des carcasses tel qu 'il est observe sur les herbivores chasses, peut-on attribuer a !'Homme une volonte ou un opportunisme de predation et d 'utilisation de carnivores? Ou bien s'agit-t-il simplement d'une recuperation ponctuelle de carcasse: en d'autres termes , l'Homme a-t-il recupere des restes de carnivores auxquels il ne s' attaque pas directement? La representation squelettique des ours et lions appelle en effet une remarque: les restes qui nous parviennent correspondent a des parties pauvres en viande . Compte tenu du choix qu'il opere sur une carcasse d'Herbivore (parties hautes des membres) , pourquoi ne retrouve-t-on pas l' equivalent pour les carnivores? A notre avis parce que l'Homme n'est pas le premier a etre intervenu sur ces carcasses : les hyenes, loups et renards avaient deja consomme/charogne les cadavres (ours morts en cours d'hibernation par exemple ).

La couche F2 est celle qui presente le plus grand nombre de restes de carnivores, mais c'est egalement la plus riche en materiel archeologique (ossements et dents de carnivores, d'herbivores et d'hominides , industrie lithique) . L' assemblage est majoritairement constitue de restes de Can ides (renards surtout et quelques loups) et dans une moindre mesure de hyenes (Figure 40). Devant l' ecrasante proportion de ~es trois principales especes, les restes epars d'ours , de blaireaux et de lions revetent presque un caractere anecdotique, voire accidentel (Tableau 14).Les assemblages de loups et de renards ont en commun une representation squelettique qui temoigne de la presence ou de !' introduction de cadavres entiers (Figure 57). Cette analogie est liee a une bonne conservation generale des ossements et a des methodes de fouilles plus precises , en particulier grace au tamisage des sediments ; ainsi, de nombreuses dents isolees de petite taille (en particulier incisives et deciduales de renards , Tableau 4) de meme que des vertebres caudales (Tableau 3 et 5) nous sont parvenues . En terme de population de Canides , les renards sont les plus nombreux mais aussi les mieux representes (Figure 55 et 57): les carcasses de loups sont davantage dispersees , malgre des indices de representation equivalents (Figure 54). La couche F2 est la seule qui temoigne de la presence de renardeaux . Sans doute peut-on imaginer que ce quota de juveniles est sous-estime, malgre la conservation optimale des restes . 11est possible, en effet, que les loups venus installer leur taniere dans la grotte, comrne le laissent supposer les classes d'age observees (Figure 15), ont pu charogner ou chasser des renards . Si les marques d'intervention humaine sont tres rares (Tableau 11), le denombrement des restes osseux rognes montre que les trois especes se sont certainement devorees OU charognees entre elles (Figure 60). On note a partir de la couche F2 une augmentation du nombre de restes ronges qui atteindra son maximum, pour l'ensemble " F ' dans la couche Fl. 75

La Grotte Ouest du Porte/

Figure 50. Repartition des Carnivores de la couche F2

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l'assemblage de carnivores yest relativement faible (NR=58, Tableau 14). En fait, leur presence est davantage attestee dans ce niveau par les restes d 'herbivores porteurs de marques de dents que par les ossements et dents eux-memes (Figure 60).

I.I. 5 Couche F 1 Le contenu de la couche Fl se caracterise par une nette augmentation de la frequence du nombre de restes de hyenes dans un contexte toujours domine par les Canides. Cependant,

Figure 49. Repartition des Carnivores de la couche FI

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Synthese sur /es Carnivores

leve a nouveau le probleme de leur appartenance effective a cette couche. Une seconde voie d'interpretation s'ouvre cependant: cette couche est celle qui presente, dans !'ensemble "F", le taux le plus eleve de diaphyses d'herbivores rognees, associe a des frequences equivalentes de restes porteurs de stries et d'impacts de fracturation: il en resulte une double occupation concurrentielle qui peut expliquer le degagement des carcasses (toutes especes confondues mais en particulier de carnivores) par les hommes. La couche Fl presenterait le meme cas de figure ce qui nous engage, d' ores et deja, a associer ces deux couches en un seul niveau d'occupation. La couche E n'est pas consideree comme un niveau d'occupation.

1.1.6 CoucheF La couche F se presente clans la continuite de Fl avec une nouvelle diminution du nombre de restes pour un spectre faunique identique: dominance des Canides et presence de hyenes et d'ours. L'echantillonnage est tres faible (NR=28, Tableau 14) de meme que le taux d'ossements rognes se liinite aux seuls restes de loups. Bien que le lot d'ossements soit faible et les nombres d'individus reduits aun ou deux, on note chez le Loup la presence d 'un louveteau qui evoque une taniere (mais sur la seule base d'une dent lacteale isolee). Les restes de renards sont relativement plus diversifies; parallelement, les hyenes et ours soot tres mal representes ce qui sou-

Figure 48. Repartition des Carnivores de la couche F

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entre loups et renards: les premiers ne sont representes que par la tete, les phalanges et les vertebres caudales (un individu, Figure 13) alors que les seconds montrent une conservation moins selective (Figure 18). Toutefois, on se rend compte que l' on se retrouve devant un probleme statistique: l'echantillonnage des loups est trop reduit pour aller plus loin dans l'interpretation de ce fait et le contexte de perturbation engendre par la presence des hyenes (mais egalement des ours, des blaireaux, des renards et des loups eux-memes) engage a la prudence. Ce qui est certain, c' est que la couche D marque le debut de l 'occupation saisonniere des hyenes dans les ensembles superieurs en altemance probable avec les ours, les hommes et aussi les Canides (tant que leur chasse n'est pas demontree). La presence des blaireaux est certainement artefactuelle, a moins qu'ils aient ete chasses et introduits par un predateur, mais leurs restes osseux n' en portent pas de traces.

La couche D marque un changement brutal dans les occupations carnivores de la grotte: les acteurs soot les memes, mais la situation bascule entre Canides et hyenes. Ces demieres deviennent en effet majoritaires (Figure 40). Elles soot surtout representees par des coprolithes et par des dents isolees (Tableau 10) qui mettent en evidence la presence de trois juveniles (Tableau 9). Les elements squelettiques soot tres disperses mais il est tout de meme possible d'envisager !'installation d'un "nid" de hyenes dans ce niveau. Cette interpretation est egalement justifiee par une augmentation des restes osseux rognes, particulierement chez les deux Canides (Figure 60). A partir de la, il faut envisager l'eventualite de !'introduction de ces animaux par les hyenes, surtout en !'absence de traces d'intervention humaine sur les ossements. 11y a cependant une difference de representation fondamentale

77

La Grotte Ouest du Porte/

Figure 47. Repartition des Carnivores de la couche D

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taires (NMI=l en D) alors que les hyenes passent de 6 en couche D 5 en couche C ou elles ne sont representees que par des dents isolees qui determinent deux individus immatures. La situation de la couche C est done analogue celle de la couche D et determine leur cohesion au sein d 'un meme ensemble. Nous allons voir dans quelle mesure il est possible de suivre cette continuite dans l' assemblage superieur de !'ensemble B.

1.1.8 Couche C

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Cette couche n'a fourni qu'une assez faible quantite de materiel: elle constitue avec la couche D un ensemble, raison pour laquelle nous les avons souvent associees dans les decomptes. L' occupation des carnivores est encore le fait des hyenes. On note cependant une augmentation relative des restes de loups par rapport la couche D (Figure 40) mais cette vision est trompeuse car en N:MI, il n 'y a que deux loups supplemen-

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Figure 46. Repartition des Carnivores de la couche C

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Synthese sur les Carnivores

1.1.9 Couche B

La couche B est apres la couche F2 celle qui contient les restes de carnivores les plus nombreux. En effectifs (Nlv11), c'est dans cet ensemble superieur que le plus grand nombre d'individus ont ete retrouves (Tableau 14). 11se caracterise par une majorite de restes de hyenes (il s'agit de la couche ou cette espece est la mieux representee , Figure 36) venues installer leur taniere dans la grotte. On note en effet la presence de toutes les classes d'age, des plus jeunes aux plus agees (Figure 37). C'est egalement dans la couche B que se localise la plus importante accumulation de coprolithes (NR=l23) , preuve de !'occupation effective de ces animaux. La proportion de jeunes individus representes par des dents lacteales est probablement a l' origine du decalage NR/NMI qui se traduit par une forte frequence de hyenes par rapport aux ossements retrouves (Figure 45). Toutefois, meme dans l 'assemblage des adultes, la representation en restes osseux est tres faible (Tableau 10): on retrouve quelques fragments d'os longs des deux membres , en particulier du membre anterieur. Le squelette axial (un atlas) avec les ceintures scapulaire et pelvienne sont pratiquement absents. Les os de petite taille (carpe, tarse~ phalanges , sesamoides) manquent egalement. Cette repartition est en partie attribuable aux methodes de ramassage et dans une certaine mesure a l'action des carnivores sur les ossements qui se traduit par 5% de fragments porteurs de

marques de dents (Figure 60). Il faut considerer que les deficits en restes, en particulier des extremites des membres, sont dus a la consommation des parties correspondantes par les hyenes. De plus , des remaniements certains ont affecte cette couche egalement visitee par deux especes d'animaux fouisseurs, le Renard et le Blaireau, et aussi par les ours qui ont creuse leurs nids en periode d'hibemation. La couche B est l'une de celles, avec la couche D, qui presentent une proportion de restes de renards assez faible en depit d'un NN.ll qui se rapproche de celui de la couche F2, la plus riche (Figure 16 et 17). La distribution anatomique des fragments, caracterisee par une majorite de dents isolees des maxillaires par la fragmentation, montre une bonne conservation du squelette (Figure 18 et 22). Les deficits observes concement les restes de scapula, de carpe, de coxal et sont imputables a la conservation differentielle et a l'action des charognards, probablement des renards eux-memes . Le nombre de restes de renards atteint par les dents de carnivores est ace sujet superieur a la moyenne obtenue pour l'ensemble de la population des carnivores (Figure 60). En l'absence de marques d' origine anthropique, il semble que leur presence soit naturelle dans ce niveau: on imagine en effet que si les renards avaient ete introduits puis consommes par les hyenes, nous n' obtiendrions pas un tel profil de representation squelettique, partant du principe que les hyenes auraient aisement tout avale.

Figure 45 . Repartition des Carnivores de la couche B

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La Grotte Ouest du Porte!

modifiee dans l' ensemble mousterien "F" ou le Renard est le plus abondant, le Loup exploite (?) et les especes plus directement cavemicoles telles que le Blaireau, la Hyene, l 'Ours sont tres minoritaires (Figure 41). Ces demiers sont un peu plus nombreux dans !' ensemble inferieur (couches G et K). On observe done une evolution chronologique dans les ordres d'occupation du porche ouest.

La presence de blaireaux dans la couche B est certainement a mettre en relation avec !'intense presence de cet animal dans la couche sommitale A du fait du creusement de terriers observes a la fouille (Vezian, communication orale) . L'installation de ces Mustelides est encore attestee par les restes, nombreux et bien conserves, de fretus/nouveau-nes et dans une moindre mesure de juveniles et de seniles (Figure 31). 11apparait que les deux profils de mortalite des couches A et B se completent pour fonner un modele dit "familial" . La mise bas ayant lieu en debut d'ete, on peut imaginer une forte mortalite juvenile dans le courant de l 'hiver . Les repartitions anatomique s evoquent la mort sur place des individus selon un schema dependant des seuls phenomenes de conservation differentielle (perte en scapula , carpe, tarse, phalanges ).Autre locataire saisonnier mais ne prenant que ses quartiers d'hiver dans la grotte: l'Ours. La couche B presente la population ursine la plus importante avec six individus dont un juvenile , trois males adultes et deux ours ages. Leurs restes sont presque exclusivement des fragments craniens ou dentaires. Seul un humerus , entier mais rogne, a ete identifie. Cette population est done etablie sur les dents jugales principalement inferieures, les incisives et les canines (Tableau 6 et 7). La encore, les carcasses n' ont pas ete epargnees par l 'action de carnivores (Figure 27) et par les remaniements relatifs aux animaux fouisseurs. De plus, dans le cas d'occupations humaines et carnivores altemees, il est egalement possible d'envisager un nettoyage de l'abri par les hommes au moment de leur arrivee. Rien n'indique en effet que l'Ours ait ete chasse par ce demier.

* Un ensemble inferieur plus ancien caracterise par la dominance des Canides et la presence d'especes speleennes telles que la Hyene , l'Ours mais aussi le Blaireau. L'impact de !'occupation humaine est mineur dans cet ensemble (Figure 42).

* Un premier ensemble mousterien "F" ou la dominance des Canides s'affirme devant un recul net des ours, hyenes et blaireaux. La presence humaine est fortement marquee par une abondance d'especes herbivores exploitees et par un assemblage litbique caracteristique du mousterien charentien (Figure 43). L'hypotbese d'un sous-ensemble correspondant aux couches F et F 1 est avancee . * Apres la mise en place d 'un depot argilo-limoneux sterile (couche E), une seconde occupation mousterienne est attestee, mais de fa9on moins pregnante (ensemble C-D). Les Canides, en particulier le Loup, sont toujours presents (Figure 44). * L' ensemble superieur (coucbe B) voit quant a lui la perduration de l' occupation des hyenes couplee a celle des blaireaux. On ne retrouve plus de loups, seulement quelques renards et les vestiges de la venue de I'Ours des cavernes au moment de !'hibernation (Figure 44).

Dans un contexte d' occupations aussi successives que variees (renards, blaireaux, byenes, hommes), il °fautadmettre que ce type d'assemblage pose quelques difficultes d' interpretation , meme lorsque le squelette post-cephalique est plus abondant.

11resulte de cette repartition que l'on a plusieurs types d'as semblages de carnivores , et qu'une certaine alternance est mise en evidence d'un ensemble a l'autre . Cette altemance est visible dans le detail de la stratigraphie, au sein des couches. 11en ressort des tendances generales: les ensembles inferieurs et superieurs sont les moins anthropises et les spectres fauniques leurs correspondant soot plus diversifies . Le premier ensemble mousterien "F" est quant alui fortement marque de l' empreinte humaine et la presence de certains carnivores est peut-etre attribuable au Neandertalien (loups, renards). On y remarque tout de meme la presence de byenes, tant par ses restes que par les coups de dents laisses sur les fragments osseux. Enfin le second ensemble mousterien semble montrer une situation intermediaire plus confuse ou occupations humaines et carnivores sont melees. On constate neanmoins que si des animaux tels que le Loup, le Renard ou la Hyene se rencontrent dans differents ensembles, leurs restes se concentrent dans des couches determinees: ainsi, le Loup se trouve essentiellement en F2, le Renard en F2 et F3, la Hyene en B. Enfin, compte tenu des nombreux remaniements et perturbations observes en stratigraphie, on peut aisement considerer,dans certains cas, que les restes epars et isoles dans des couches proviennent de niveaux plus riches qui leurs soot proches (cas du Blaireaux et de l' Ours).

1.2 Subdivision stratigraphique

Le denombrement stratigraphique montre que les carnivores ont particulierement frequente la grotte dans les couches B et F2 (Figure 39). Cependant , on remarque que leur importance dans la couche F2 (egalement la plus riche en temoins d' occupation humaine) est liee a une dominance des Canides (loups mais surtout renards) alors que la coucbe B, de meme que !'ensemble mousterien le plus recent C-D, presentent une forte proportion de hyenes (Figure 40). Cette distribution differentielle des especes est etroitement liee a l' impact de l' Homme. Les niveaux plus recents (ensembles superieur B et mousterien C-D) montrent une occupation tres forte des hyenes attestee par la presence de nombreux coprolithes. Des animaux fouisseurs, consideres comme intrusifs , y font quelques passages ou bien peuvent avoir ete introduits par la Hyene : ce soot surtout le Renard et le Blaireau . Le Loup apparait dans l' ensemble mousterien C-D alors que le nombre de blaireaux diminue progressivement et que la Hyene reste preponderante. Il est tres clair que la situation est

80

Synthesesur les Carnivores

Figure 41. Distributiondes principauxCarnivorespar ensemble stratigraphique(%NR)

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La Grotte Ouest du Porte/

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Synthese sur /es Carnivores

mal (dans le cas ou celui-ci occupait la grotte). Dans les deux cas, il est probable que les carcasses ont ete rapidement recouvertes et protegees par les sediments et done que les phenomenes eventuels de perturbations ont ete minimises. On retiendra pour ce cas de figure l' exemple des blaireaux provenant de la couche A qui presentent un indice de 5 (NR=421 et NMI=21): leur assemblage est interprete comme un depot naturel d'animaux morts sur place et n'ayant pas subi d'alterations. Un indice relativement plus important pourra indiquer soit une faiblesse statistique de l' echantillonnage (la presence d'un seul reste impliquant celle d 'un individu: cas du Loup de la couche B ou encore de restes isoles dans la couche E par des phenomenes de transport), soit une dispersion importante des restes (transport, occupations successives, demontage des carcasses) consecutive a un apport ou une installation des animaux.

1.3 Ind.icede representation Un examen detaille sur la base des decomptes NR/NMI de chacune des couches permet de mettre en evidence des depots differencies ou non d'une couche al'autre et pour une espece donnee: une espece peut etre representee par un nombre plus ou moins important d'individus par rapport au nombre de restes comptabilises. II s'en suit que les representations sont variables. Une approche de cette representation est tentee a l'aide d'un indice I=NMI/NRxl00 calcule par espece et par couche. Le Loup n'est represente que par un faible nombre d'individus par rapport a ses restes detennines alors que l' on a denombre un plus grand nombre de renards par rapport a leur NR. Ence qui conceme la Hyene, ses proportions s'inversent entre les ensembles B/C-D et !'ensemble "F". Pour l'Ours et le Blaireau, les nombres d'individus sont relativement faibles (Figure 45 a 53). Un indice faible, c'est-a-dire un nombre restreint d'individus pour un nombre important de restes, sera revelateur d'une bonne representation des animaux. Cela pent indiquer l 'apport d'animaux entiers ou encore la mort sur place de l'ani-

II nous a paru interessant de comparer l' evolution des indices au cours du remplissage pour les trois carnivores les mieux representes a savoir le Loup, le Renard et la Hyene (Figure 54).

Figure 54. Indices de representativite des Loups, Renards et Hyenes en stratigraphie NB: a titre d'exemple theorique, un Canide represente par l'ensemble de son squelette (253 os) donne un indice de 0,4

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La Grotte Ouest du Porte/

chaque espece, en particulier de celles qui sont le moins bien representees.

Le Renard temoigne d'une stabilite notable et d'un indice regulierement faible (compris entre 2,1 et 20) qui s'accordent avec l 'hypothese formulee du passage ou de I'introduction des animaux dans la grotte et de la presence de carcasses entieres. Les restes osseux ont d'ailleurs ete relativement bien preserves des alterations et en particulier de celles qui sont attribuables aux carnivores, ce qui confirme l'idee d'un recouvrement rapide des cadavres a priori sans intervention hwnaine. Les indices observes pour le Loup ne montrent pas la meme regularite et sont superieurs a ceux du Renard. Les animaux n'auraient pas subi le meme traitement et ils ont de toute evidence ete moins nombreux; l'hypothese d'un traitement des peaux n'a-t-il pas ete envisage lors de l'etude archeozoologique du Loup? Ce serait done, dans ce cas, l'action de l'Homme qui influerait sur la representation des restes. 11 n 'est sans doute pas anodin de constater que l 'indice le plus faible est celui de la couche F2 (I=4,5), proche de celui du Renard (1=2,1).Il est evident que la difference dans !'interpretation se joue sur la repartition anatomique precise des squelettes mais que la valeur de l'indice n'en demeure pas moins significative dans sa variation stratigraphique. Les indices rencontres dans les autres couches sont en general superieurs: ils sont calcules sur des echantillonnagesreduits et temoignent de la dispersion des restes en relation avec les diverses occupations de la grotte. La Hyene presente des indices plus eleves que ceux des Canides sauf dans le cas des couches riches en materiel. Cela traduit une dispersion des restes, cette demiere n'etant pas attribuable a !'exploitation de ces animaux par l'Homme, dans la mesure ou les ossements n' en portent pas de traces et ou les repartitions anatomiques ne revelent pas de choix. Dans !'ensemble (a !'exclusion du Renard et ponctuellement du Loup), ces indices montrent une representation mediocre et une dispersion prononcee des restes de carnivores. Les etudes archeozoologiques l'ont demontre, l'impact de l'Homme est pratiquement inexistant, ce qui implique souvent que l' apport et la destruction des restes sont en grande majorite attribuables aux carnivores eux-memes, le role des hommes se limitant a une eventuelle "utilisation" du Loup et a de probables perturbations liees a leur installation dans la grotte.

Notre etude de la repartition est basee sur les NMI observes sur les portions anatomiques suivantes: la tete (dans son ensemble, c'est-a-dire les ossements craniens, mandibules, maxillaires et dents isolees), le rachis (vertebres et cotes), la scapula, le membre anterieur (humerus, radius, ulna), le carpe, les metacarpiens,les phalanges anterieures, le coxal, le membre posterieur (femur, tibia, patella, fibula), le tarse, les metatarsiens, les phalanges posterieures, le "membre indetermine" (metapodiens, phalanges surtout distales) et la queue (vertebres caudales). A partir de la, un profil de representation est etabli sur la base d 'un pourcentage de NMI egal au quotient du NMI observe par portion anatomique sur le NMI global de l 'espece (Tableau 11 et 12). Le profil de representation obtenu est compare au profil de representation de reference obtenu sur l' assemblage du Blaireau de la couche A interprete comme un depot nature! d'animaux morts sur place n'ayant pas subi d'alterations d'origine biologique (cf. histogramme ¾NMI meles A sur les figures).

2.1 Loup Le Loup se caracterise par une bonne representation de la tete, le NMI global etant etabli sur la base des dents isolees nombreuses (45% des NR, cf. Tableau 11). Le rachis (surtout cervical) est egalement assez bien represente de meme que le membre anterieur, a l' exclusion de la scapula et du carpe absents. Le membre posterieur est moins representatif de la population mais on en retrouve des restes de la ceinture pelvienne aux phalanges. Ce decalage est sans doute imputable a la meilleure conservationdu coxal et des os du tarse par rapport a leurs homologues anterieurs. La particularite de l 'assemblage du Loup reside dans la conservationprivilegiee des os appartenant aux extremites des membres (metapodiens, phalanges) et des vertebres caudales. Ce type de conservation a d'ailleurs ete observe dans les deux ensembles mousteriens C-D et "F' (Figure 13, chap. Loup) ce qui nous a amenee a formuler l'hypothese du traitement des peaux (Figure 55).

2.2 Renard

Cette approche de l' assemblage des carnivores a partir des indices calcules sur la base des NR et NMI permet de poser quelques jalons quanta !'evolution diachronique des assemblages mais appelle une approche detaillee et comparative de la repartition anatomique.

Dans !'ensemble, la representationdu Renard se rapproche de celle du Blaireau du remanie de surface tout en reproduisant les caracteristiquesdeja observees pour le Loup. Cependant, ala difference de ce demier, il n'a pas ete observe de stries et cette conservationrenvoie davantage aune decomposition sur place des squelettes.En !'absence d'intervention anthropique certaine, il parait raisonnable de considerer que cet assemblage correspond aun depot naturel de carcasses d' animaux installes dans la grotte et morts sur place (Figure 56). La difference de conservationentre Blaireau et Renard concemant les os de petite taille est attribuable aux methodes de fouilles employees dans le niveau A remanie et dans les couches stra-

2. REPARTITIONANATOMIQUE Dans le cadre de la vision synthetique du materiel faunique attribue aux carnivores, nous avons considere l' ensemble du remplissage (de B a K) de fa¥on globale pour chaque espece. Nous aborderons cette vision d'ensemble tout a fait consciente des evolutions observees dans les modes de remplissage mais son avantage est d' augmenter I' echantillonnage de 84

Synthese sur /es Carnivores

tifiees, commepeut en donner l'exemple le profil de conservation du Renard de la couche F2 pour laquelle le tamisage a ete plus systematique(Figure 57). Ce schema met egalement en evidence la conservation differentielledes os, en particu-

lier pour le rachis et les ceinturesthoracique et pelviennetoujours sous-representes dans les contextes de depots de carcasses completes.

Figure 55. Comparaisondes profils de representationdes Loups et des Blaireauxdu remanie du surface

80 · ( 72% des NR en F2 et F3 )

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2.3 Ours et Hyene

Ces deux especes presentent des profits identiques malgre la predominance de la Hyene en NR et NMI (Figure 61 et 62). Ace titre, les deux assemblagesse rejoignentpour attester du passage et de l 'occupation de la grotte par ces animaux. En

Figure61. Comparaisondes profits de representationdes Ours et des Blaireauxdu remanie de surface

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apparait nettement que les deux assemblages relevent des memes processus demise en place et que la presence de ces animaux n' est due qu'a leur venue naturelle dans la grotte.

Le Blaireau provenant des niveaux en stratigrapbie presente un profil tout a fait similaire a celui de la couche A (Figure 58). Compte tenu de l'ensemble des observations liees a l'etude de leur conservation , de leur fragmentation et a !' absence de traces d' exploitation d'origine biologique, il

Remarque: les autres carnivores ne sont pas abordes ici car leur echantillonnage osseux est trop faible (Tableau 11).

Figure 58. Comparaison des profils de representation des Blaireaux (en strati) et des Blaireaux du remanie de surface

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La figure 124 presente les frequences stratigraphiques des restes de grands Bovides en fonction de leurs longueurs, selon trois classes determinees arbitrairement.Les resultats permettent de constater que les couches a dominance carnivore dans la formation de l 'assemblage se caracterisent par de fortes proportions de fragments osseux de plus de I 00 mm et de faibles proportions de fragments de moins de 50 mm (couches C, F, Fl). Dans les couches anthropiques (F2, F3), ces donnees s'inversent. La classe des fragments compris entre 50 et I 00 mm reste relativement stable, sauf pour les couches G et K souffrent du probleme statistique de leur echantillonnage (Tableau 27). Toutefois, on remarquera que les couches B et D n 'entrent pas dans cette differenciation par classe de taille. Ceci souleve le fait, deja commente (Klein

1980: 233) selon lequel les degres de fragmentation sont interessants mais pas systematiquement representatifs des modes d'accumulation. De fait, il faut toujours replacer une couche dans son contexte archeologique et taphonomique avant d'interpreter un resultat. lei, une explication possible a ce decalage serait que la couche B est trop remaniee pour presenter un profil typique et que la couche D correspond aune situation intennediaire entre origine anthropique et carnivore qui la rend atypique. 11n' en reste pas moins que l 'occupation humaine se caracterise toujours par de fortes proportions de petits eclats d'os (chap. Esquilles) lors que le cumul fracturation/fragmentation carnivore n'atteint pas un tel degre de destructiondu materiel.

Figure 124. Repartition stratigraphique des restes de grands Bovides en fonction de leur longueur maximale

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Les grands Bovides

On remarquera enfin qu'il ya une certaine similitude dans les exploitations des grands bovides et des chevaux, similitude qui est probablement amettre en relation avec les tailles voisines de ces animaux. L' exploitation des carcasses est du meme ordre; les actions humaines et carnivores expliquent la disparition de certaines portions osseuses comme les extremites prox.imales des os longs et amplifient les phenomenes de conservation differentielle. Il y a surimposition des actions et des gestes que seule l' etude detaillee de toutes les marques visibles nous aide a faire la part. La seule difference notable dans les modes d' acquisition de grands bovides et de chevaux consiste dans la repartition stratigraphique des betes en fonction de leur age. Ce fait peut traduire des techniques de chasse adaptees ades animaux dont les comportements sont differents ce qui implique une attitude et une perception de l'animal par l 'Homme differentes.

5. A PROPOSDES GRANDSBOVIDES... La distinction des deux genres concemes par !'appellation de grands Bovides (Boeuf primitif et Bison) est toujours delicate, tant est grande leur analogie squelettique, et ce d'autant plus que l'on ne dispose que d'elements isoles et fragmentes. Si on excepte certaines portions craniennes, de vertebres ou d' ex.tremites articulaires des os longs, les fragments osseux, qui constituent l' essentiel du materiel du Portel, ne permettent pas une diagnose infaillible. Les variations morphologiques, tant individuelles que specifiques soot telles, que meme le recours a un certain nombre de travaux ne peut aider a resoudre ce probleme et voire meme le complique, tant les variations morphologiques soot grandes. Nous en avons pour exemple le seul element conserve entier au Portel: il s 'a git d'un radius (couche B) dont l'extremite proximale est

attribuable

a Bos

et l'extremite distale a Bison.

Tenter d'approfondir et de resoudre le probleme d'identification des differentes formes de grands Bovides serait d'un interet paleontolgique certain mais la n' est pas notre propos . Aussi, suite ala comparaison des rares pieces bien conservees et/ou entieres du Portel, nous avons ete amenee a determiner une population de grands Bovides dont les caracteres se rapprochent de fa

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La Grotte Ouest du Porte/

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La Grotte Ouest du Porte/

Figure 148. Frequence des marques d'origine biologique sur les ossements de Rennes (%NR)

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2.1 Classes d' age

les adultes entre 4 et 8 ans ; les vieux ont plus de 8-10 ans (Tableau 4 7). L' observation des degres de soudure des epiphyses ou du degre de croissance des os permet de completer ces resultats: ii s'agit d'une approche qui ne peut etre qu'indicative mais qui a l'avantage d'elargir la vision de l'ensemble des classes etablies sur les dents au squelette post-cephalique. Les frequences des ossements attribues a des jeunes ou jeunes adultes (de maniere globale pour l 'ensemble du remplissage) permet de constater que les jeunes sont egalement representes par leur squelette osseux ce qui va dans le sens de l'introduction de proies entieres et dans la confirmation de conditions de conservation d'ordre geochimique tout fait favorables ce materiel (Figure 149 et voir egalement chap. Fretus). Les decomptes d'individus par classes d'age sont rassembles dans le tableau 47. Des histogrammes de mortalite ont ete

L'etablissement de classes d'age precises se heurte une fois de plus l' etat fragmentaire du materiel. Les series dentaires inferieures sont pratiquement inexistantes du fait de la double fragmentation mecanique/fracturation volontaire des mandibules. Nous nous sommes referee aux illustrations et remarques de Bouchud ( 1966) quant al 'usure des dents inferieures que nous avons adaptees a nos series les plus abondantes de premieres et secondes molaires isolees ou en loge. A partir de la, des classes d'age sont etablies: jeunes, jeunes adultes, adultes et vieux. Le materiel notre disposition est insuffisant pour tenter d'en tirer des informations saisonnieres Toutefois, une classification indicative peut etre proposee: les jeunes individus (en lacteales) ont moins de 24 mois ; les jeunes adultes se situent entre 24 et 48 mois (2 et 4 ans);

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Le Renne

variation diachronique dans lesmodes d'acquisition des herbivores, et done dans les modes d'approvisionnement, pourrait alors revetir un caractere culturel, comme ce fut le cas lors de I' etude des cbevaux. Cette evolution dans les cboix de predation va la encore dans le sens d'une preference tres nette pour des animaux adultes, dans la force de I' age: ii y a un nouveau rapport qualite/quantite ou on prefere des animaux deja adultes (mais pas vieux) pouvant fournir un maximum de viande, meme si leur chasse est plus delicate, a des juveniles ou des vieux rennes plus facilement piegeables. Au maximwn de froid enregistre dans le remplissage ( sousensemble F2-F3-G), la proportion d'individus juveniles s'inverse. Un quota superieur de jeunes peut egalement etre lie a une occupation saisonniere qu'il n'est pas possible d'envisager ici. Malgre cela, ii est important de remarquer que divers elements convergent pour distinguer chaque assemblage inclus dans les entites archeologiques precedemment etablies (stratigraphie, sedimentologie ..).

construits par ensemble ou sous-ensemble archeologique (Figure 150 a 152). Il apparait que C-D et F-Fl se caracterisent par le meme type de mortalite, a savoir une predominance d'adultes et de jeunes adultes alors que les jeunes et les vieux rennes sont sous-representes. Par contre, clans le sousensemble F2-F3-G, plus specifiquement anthropique, on constate que les individus adultes dominent largement et que les juveniles sont mieux representes que les jeunes adultes. Avant d'attribuer cette difference aux agents taphonomiques, nous n 'oublierons pas de nous resituer clans le contexte archeozoologique qui, a aucun moment, ne nous a permis d'attribuer la formation d'un assemblage aux seuls carnivores. La seule precision que nous puissions apporter ici est que dans certains niveaux, et c'est le cas en C-D et F-Fl, le passage des carnivores a ete plus net dans le sens ou les ossements presentent de nombreuses marques de dents. Cette remarque n'implique pas forcement que les carnivores sont responsables de l 'apport des carcasses correspondantes mais comme nous avons deja pu l'evoquer, qu'ils ont pu rogner des restes introduits et abandonnes ou delaisses par I'Homme. La

Figure 150. Mortalite des Rennes clans l'ensemble mousterien C-D (NMI) 4 '

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Figure 151. Mortalite des Rennes dans le sous-ensemble F-Fl (NMI)

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La Grotte Ouest du Porte/

Figure 152. Mortalite des Rennes dans le sous-ensembleF2-F3-G (NW) 30

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2.2 Sexe

La differenciationsexuelle des rennes du Portel est basee sur la presence de canines superieures, la morphologie du pubis et la robustesse des os ou extremites articulaires qui nous sont parvenus entiers ou mesurables: il s'agit pour l'essentiel des extremites distales d 'humerus, de tibia et des os du carpe et du tarse. Pour ces demiers, la differenciationsexuelle repose sur une etude biometrique: la relation entre diametres anteroposterieurs et transversaux permet d'individualiser les deux populations. Toutefois, la repartition stratigraphique de ces restes fait que tous les individus ne sont pas representes et qu'un certain nombre d 'entre eux sont restes indetermines (Tableau 47). Les resultats obtenus pennettent de constater qu'une majorite de males (parmi les adultes) ont ete abattus ; ils sont parfois les seuls determines, dans les couches D et F 1 (Figure 153). En F2, ou chaque Renne a ete sexue, ils representent le double du nombre de femelles. En F, ils pourraient etre a egalite si le Renne indetermine etait un male. Cependant, il reste delicat de raisonner sur des nombres d'individus trop faibles (4 dans la couche F par exemple). Il ne parait pas alors possible de determiner un choix specifique dans le sexe de l' animal convoite: en l'etat actuel, ces resultats nous semblent davantage refleter un aspect opportuniste plus qu'un choix. 3. CONSERVATION- TAPHONOMIE A la suite des divers processus qui ont genere la presence des ossements et des carcasses animales a chaque etape du remplissage, des phenomenes de conservation soot intervenus, se traduisant par des degres d' alteration physico-chimiques, mecaniques et biologiques, qui une fois reconnus et quantifies, permettent d'aborder l'histoire du remplissage et servent de temoins et de criteres de faisabilite a l'interpretation archeozoologique. En ce qui concerne l'assemblage osseux de rennes, on constate rapidement que les processus les plus frequents soot d'origine physico-chimiqueet mecanique. La figure 154 montre la dominance des restes porteurs de

Adultes

Vieux

marques de charriage, emousses, alteration et que la majorite d'entre eux emane de phenomenes de fragmentation mecanique (FG n' apparait pas sur la figure 154 mais est egale a 100-FC). D'un point de vue stratigraphique, les temoins du charriage et du deplacement des ossements sont toujours les plus nombreux, et soot particulierementbien marques dans les niveaux superieurs B, C, D dans lesquels ils ont subi de nombreux remaniementsconsecutifs aux diverses occupationsde carnivores qui y ont creuse leurs terriers (Mustelides,Canides) ou installe leurs tanieres (hyenes, ours). Aces phenomenes de charriage s'ajoutent les processus de ruissellement et de transport qui provoquent les emousses de bords et de faces: ces demiers sont particulierement importants dans la couche Fl puis dans la couche B (sans doute plus longuementexposee aux intemperiesexterieures)et enfin dans la couche F2 ou ils temoignent de contextes environnementauxprobablement tres humides (Figure 155). Si on s'en refere au detail des marques de charriage, il apparait que les os dits roules (code R) representent23% de l' ensemble: ceux dont le charriage est signale en surface osseuse mais a priori hors contexte humide (code P) constituent les trois quarts de l'ensemble ; ecrasements sur place des os (code E) et impactsd 'origine mecanique (code I) sont negligeables (Figure 156). En terme d' alteration, les marques se partagent entre alterations diverses (concretionnement surtout, code A), surface desquamee (code D), os fissure (code F) et surface dissoute (code PD) que l'on peut mettre en relation avec les emousses et les os roules en contexte humide (Figure 157). En stratigraphie, les os alteres sont relativement nombreux dans les couches B, C, D, rares en F, puis diminuent progressivement de Fl a G. Ils representent les seules marques d'alteration physico-chimiqueset mecaniques relevees en K (mais sur un nombre de restes tres faible, Tableau 38). L' observation de ces traces en surface osseuse ne fait pas apparaitre de sensibilite particuliere des os en fonction de leur position anatomique: elles se distribuent de fa~on similaire d'un os a l' autre si on excepte le cas de la vertebre qui est un element isole (Figure 158).

200

Le Renne

Figure 153. Repartitionsexuelle des Rennes en stratigraphie(NMI) 40 30

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La Grotte Ou.estdu Portel

Figure 156.Frequence des marques de chaniage sur les ossementsde Rennes

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Le Renne

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4. EXPLOITATIONDES RENNES Le Renne a ete, avec le Cheval, le gibier de predilection de l'Homme du Portel, tout au moins dans les niveaux d'occupations des couches F2 et F3 ou 50 individus ont ete comptabilises. Cependant, malgre le desequilibre dans la representation stratigraphique des animaux, il est apparu que les modes d'exploitation des carcasses n'ont pas evolues: les rennes etaient ramenes entiers (avec une reserve toutefois pour le rachis et le thorax), les parties les plus riches (chair et moelle) faisant alors l' obj et de toute leur attention. Les extremites des membres presentent des marques liees au depouillage: elles ont ete abandonnees apres decoupe et quelques unes d' entre elles ont ete rognees par les carnivores. A ce stade, il est probable qu'un enfouissement relativement rapide (lie l' occupation?) les ait protegees. La conservation des restes osseux montre un schema desor-

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mais classique pour le gisement: les fragments de diaphyse sont les plus nombreux, puis les extremites distales des os longs sont les mieux conservees. A !'inverse, les extremites proximales spongieuses ont disparu, cassees par les phenomenes de pietinement et disseminees dans les lots indetermines, consommees par des animaux ou encore dissoutes par processus chimiques. Les ossements entiers soot les os courts des carpes et tarses et les malleoles: le taux d 'os longs entiers est nul (Figure 164). De ces divers processus de fragmentation/fracturation decoule une distribution homogene des restes en fonction de leur longueur (Figure 165): les elements de petite taille, inferieurs a 50 mm, soot les plus nombreux, a l' exception des couches D et F. On peut presumer, a ce niveau, que la concurrence hommes - carnivores peut expliquer ce phenomene car la fracturation carnivore n 'est jamais aussi poussee que celle des hommes.

Figure 164. Fragmentation des ossements de Rennes (¾NR)

II

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extr. prox.

extr. dist.

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La Grotte Ouest du Porte/

Figure 165. Repartition stratigraphique des restes de Rennes en fonction de leur longueur maximale (% NR)

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II

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D

E

Un autre fait est revelateur de l'importance du Renne dans l'economie de subsistance des Neandertaliens et dans l'histoire du remplissage du Portel: c' est la difference notable qui caracterise les assemblages de grands et petits herbivores dans leur conservation. A traitements quasi similaires, si on exclut les interventions des carnivores sur les grands herbivores, il semble que les petits animaux aient ete plus vite "consommes" ou tout au moins rapidement exploites puis recouverts ; leurs restes en portent des marques plus nombreuses et la representation des extremites des pattes posterieures est particuliere. Ce type de representation ne n'a pas ete observe sur les chevaux et encore moins sur les bisons, comme si ces derniers n'avaient pas ete exploites de la meme maniere ou bien comme si l'epaisseur de leur chair et de leur peau avait protege les ossements de l' atteinte des outils de decoupe. On retiendra alors l' eventualite d'une distorsion plus sensible dans les apports de grands herbivores dans la grotte entre hommes et carnivores.

F

Fl

F2

F3

G

K

5. APROPOS DES RENNES ...

a

Deja abondant la fin du Riss, le Renne prend un essor considerable pendant la glaciation wiirmienne. Dans les Pyrenees, il est plus frequemment cite que le Cheval ou le Cerf. A la suite du rechauffement posterieur a la periode glaciaire, le Renne s' est installe dans les milieux periarctiques ouverts de l'Eurasie ou ii vit encore. C'est un hote de la toundra et de la sa1ga qui se nourrit en grande partie de lichens et de diverses cichoriees. Sa presence dans les gisements prehistoriques confere aux periodes d' occupations un contexte climatique glaciaire rigoureux . Au cours du Pleistocene, chaque degradation climatique a entraine son arrivee dans le sud de l'Europe ou on le trouve en compagnie de Rhinoceros , de Mammouth , de l 'Anti lope saiga. L' abondance de ses restes clans les sites prehistoriques en a fait le chef de file de la faune dite froide que l' on classe egalement dans le groupe de milieu ouvert arctique . On considere toutefois que des conditions froides et tres humides lui sont defavorables car elles engendrent la formation d'une epaisse couche de neige qui l' empeche d'atteindre sa nourriture ; la formation de glace au sol, suite aune brusque elevation de la temperature en hiver le defavorise de la meme maniere.

206

RENNE

N

0

--.J

Dents Lacteales sup. Lacteales inf. Maxillairesjuv. Mandibules iuv. Definitives SUP. Canines Pm2 Pm3 Pm4 Pm3-Pm4 Ml M2 Ml-M2 M3 Definitives INF. Incisives Canines Pm2 Pm3 Pm4 Ml M2 Ml-M2 M3 Incisives indet. Total Dents NMI 1dobal Debrisdentaires

K K G F Fl Fl F2 F2 F3 F3 G E E F D D C C NR NMI NMI NR NMI NMI NR NR NMI NR NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI B

B

2

1

2

l

I

1 3

I

I

3

4

2 3

1

1

3

2

2

I 2

I 1

I

3 2 1 1

2

1

1

1

11

14 2

1

5 3 7 12 10 11 6

3 1 2 3 3 1 2

I 1 I 2 3 1

6

1

1

I

10

8 15 17 20

10

7

14 12 10 8 24 14 5 8

8

I 2 I

l

2 I

l

3 1

3

5

3

I

1

3

1

I

1

2

1

1

I

2 1 3

3

2

1

1

3 1 2

2 1 2

1 1 3 1 I 1 2

2

2

3

2

2

I I 4 I 2

1

26

26

Tableau 37. Denombrementdes dents isolees de Rennes

1

I

3

3

6

3

2 2

29 3

1 1

5

1

1

1 1 2 1

I

3 2

2

I

1

1 1

6

1

I

13 14

1 1

1 2

7 6

1 1 1

1

2 2

I

29 18

6

2

1

4

26 31 30 5 34 28 5 32 19 3 15 16 25 43 28 5 36

18 14 17 6 2 10 10 13 23 15 21

7 6 14 10

30

1

1

1

~ ~

~

20

1

1

2

I

2

4

27

244

438 3

13 6 10 21 18 17 12 5 10

3

5

1

::s ~

La Grotte Ouest du Porte/

Renne (NR)

A

B

Crane Hyoide Maxillaire Mandibule Dents isolees sup. Dents isolees inf. Cervicales Thoraciques Lombaires Sacrum Cotes Scapula Humerus Radius Ulna Carpe Metacarpe(MC ill) Phalange I ant. Phalange II ant. Phalange III ant. Coxal Femur Patella Tibia Os malleolaire Tarse Metatarse(MT ill) Phalange I post. Phalange II post. Phalange III post. Sesamoi'des Metapodes Phal. I Phal. II Phal. ill Metacarperudiment. Phal. I rudiment. Phal. II rudiment. Phal. III rudiment.

D

C

E

2

1

7 7

4 7

2

2

1

1

Fl

F 2

25

2 18 11

1 9 15 11 1

2 34 230 208

1 4 8 1 4 1

3 12 10 1 2 5 1 4 9 1 29 1

2 1 14

3 2 10 2 1

1

4

7 22 1

36 1

1

3

4

1 2

2 1 1

41

17

2 3

16 1 8 13 1 1 4 6

102

2

16~

32 66 244 59 92 101 29 18

15 3 23 27 2 1

26 102 13 311 42 243 395 31 24

2

57

1 2 1 2

44 17 23 16 13 16 19

1

Tableau 38. Denombrementdes restes de Rennes par type (NR) 208

9 17

1

1

TOTAL

F2

3

161

253:

Le Renne

G

F3

15 1 4 10 118 126

H

I

J

K

L

M

2

TOTAL

50 1 7

3 9 18

58 411 408

1 3

1

19 26 134 38 63 48 13 6 8 56 12 151 32 113 230 26 12

1

58 112 424 104 174 177 44 26

1 8 3 4 7 1 3 9

1 1

1 1

46 185 27 525 79 395 732 63 40

4

148

2 1 2 12 2

71

10

43 17 16 15 9 10 19

3 1 1 3 2 2 1

1461

11(

96 39 43 36 26 30 41

1 14

4604

209

RENNE

..... N

0

Bois/cheville Crane OS Hyoi"de Maxillaire Mandibule Dents isolees inf. Dents isolees suo. Scapula arti Scapula palette Humerus prox Humerusdia Humerus dist Radius prox Radiusdia Radius dist Ulna prox Ulnadia Ulna dist Carpe entier Carpe fragment Metacarpe prox Metacarpedia Metacarpedist Phal I ant. prox Phal I ant dist Phal I ant entiere Phal II ant. prox Phal II ant dist Phal II ant entiere Phal III ant. prox Phal III ant dist Phal III ant entiere Cervicales Cl Cervicales C2 Cervicales C3-C7 Thoraciques Lombaires Ve11ebresindet Sacrum Cotes Sternum

B

B

C

7 7

l

2

7 4

D

D

C

NR NMI NR NMI 1 2

2 2

F

E

E

Fl

F

Fl

2

2 11 18 1

2 2 3 l

2

3

1

2

2

F2

F3

F3

K

G

G

1 9 11 15

l 6 3 3

17 9

3 1 1 7

2 l 1 3

1

1

4

1

1 9 2 4 6

1 4 l 3 3

1

1

2

1

3 6 8 2 1

8

2 13 1 4 10 126 118 7 12

1 4 l 4 7 15 20

5

24 2 33 87 14 32 6

12 2 14 17 7 19 3

1 17

63 16 23 9 10

10 15

2

2 34 3 208 3 230 18 1 14 l 45 3 20 4 73 3 138 2 33 1 48 10 l 3 92

2 15 29 27 9

2 3

27 20 10

2

2

2

F2

K

NR NMl NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMl 5

l 16 14 26 20 17 23

5

2

1

3 18 9 1

2 5

4 1

l

2 2 2 l

9

4

2

10 8

2

2 2 I 1

6 2 2

3 1

l

1

1

l

1

I

l

1

~ ~

i

~ ~

l

2

l l

I

l

5

3

l

5 6

4

1

l

40 43 18 14

5

8

l

l

1

l

1

1

15 7 2 9

5

3 2 4

2 4

4 1 I

.... ~

~

&

N .,_. .,_.

Coxal arti Coxal autres patties Femurprox Femurdia Femur dist Patella Tibia prox Tibiadia Tibia dist Os malleolaire entier Fibula prox Fibula dia Fibula dist Tarse entier Tarse fragment Metatarseprox Metatarsedia Metatarsedist Phal I post prox Phal I post dist Phal I post entiere Phal II post prox Phal rr post dist Phal II post entiere Phal III post prox Phal III post dist Phal III oost entiere Metapodeindet Sesamoi'degrand Sesamordepetit Phal I indet Phal II indet Phal III indet

I 1

1

I 2

2

l

2 8

2 1

4

4

9

2

1 4

3

18 8 9 88

I

I

1

5

11 4 3

2 4 3

13 11 211 89 42

16 7 7 20

6

1 1 13

2

3

1

I

1 2

4

3 4 1 21

1 1

2 1 2

1

1

1

21 8

2 4

I

I

2 2 3 29 4 1

2 2 3 3 l

2

174 69 4 67 3 311 17 1 20

5 9 4 7 7 20 48 26

40 23 25 9

7 1 8 43 5 12 9 91 31 32

76 37 34 188 8 22

I

11 16

I

1

I

I

I

2 4

l

Tableau 39. Denombrementdes restes de Rennes

I

2

I I

I l

2

1

I

l

8

I I I

I

26 28 44 17 23

2 1

1 l 1 1

2

1

1

5

1

5

8

1 2

I

I

3 8 6 9 16 18

1

1

1 1

1 1

17

2

2

16 18 4

1 11

l 1

~

4

~

6

2

6

2 2 7

4 6

~

3

6

1

3

5

6

8

1 1

12

32 37 43 17 16

2 2 6 4

5

~ ~

1

7

I

3 3 1 1

I 2 l 1

2 2

I

1

Renne

CARPE Pisiforme G Pisiforme D Scaphoi"deG Scaphoi"deD Semi-lunaire G Semi-lunaire D Pyramidal G Pyramidal D Capitato trap. G Capitato trap. D Oscrochu G Os crochu D Total Carpe

F2

Fl

F

D

1

1 1 1

2 3 4 17 6 5 16 11 7

1 1 1 1 1

11

6 4

8

92

63

2

1

l 1

2 1

NM/ couche

17

3

·K

G 4 7 7 8 9 6 2 4 3 3 5 5

2

4 1

F3

9

1

1

2

1

Renne TARSE CalcaneumG CalcaneumD Talus G Talus D Cubonavicu. G Cubonavicu. D Gd cuneiformeG Gd cuneifo1meD Pt cuneiforme Total tarse NM/couche

1 1

4 2

B

F

D

C

I

1 l 1

2

1

2

I

Fl 1

F2

F3

5 2 6

43 50

6

29 26 27 10 14 8 243 40

2 1 1 2

2 1

2 1 1

7 2

4 2

23

18 19 14 11 17 8 8 10 8 113 17

36

6

G

2

2 2

Tableau 41. Tarsiens de Rennes

~ ~ C5

Tableau 40. Carpiens de Rennes

~

N

RENNE

N

Nb de Restes Crane Mandi Maxi Ve1tebres Cotes Scapula Humerus Radius Ulna Carpe Metacarpe Coxal Femur Tibia Os malleolaire Tarse Metatarse Phal. (total)

......

Renne PHALiprox PHALidist PHAL I entiere PHAL II prox PHAL II dist PHAL II entiere PHAL Ill prox PHAL Ill dist PHAL III entiere Total

F

D

B

0 3 1

Fl

1

F2

1

1 1 2 l

4

3

1 2

1 4

Tableau 42. Phalanges de Rennes (membre indetermine)

13 28 3 10 4 3 7 4 12 84

F3 16

21 6 11 3 3 5 4 7 76

G

3

l

l 5

Entier/sub-entier

NR

%NR

2

2,5

l

100

173

Proximal

NR

Diaphyse/corps %NR

30 2 121 79

51,7 2 28,1 80,6

60

28,4

20 22

10,9 3,6

115 154

11,7 34,9

98,3

75 262

94,9 65,8

190

43,l

Tableau 43. Fragmentation des restes de Rennes du Portel

NR

%NR

13 78 7

100 97,5 100

28 74 258 18 3 80 47 153 446 4 136 842

48,3 72,5 60 18,4 1,7 37,9 100 83,2 73,7 5, l 34,2 85,5

~

~ .....

~

~

-

i

RENNE

Nb deRestes Crane Mandi Maxi Vertebres Cotes Scapula Humems Radius Ulna Carpe Metacarpe Coxal Femur Tibia Os malleolaire Tarse Metatarse Phal. (total)

STRIES CD R

IMPACTS N=l N=2

p

7 I

2

6

11

1

1J 26 20 4 5 6 8 10 26

6 9 3

6 11

4 29 75 5

7 8 1

36 5 15

3

7

4 18

3 7

37 1 31 112

8

2 8

4 84 10

CARNIVORES I D

~3

R

1

4 11 2 8 4 11 6 2 1

5 11 20

1

1

1

1

18 3 26

2 19

t--, ~

::ti

N

t;;

~ ;::i

Tableau 44. Detail du decompte des fragmentsporteurs de marques d'originebiologique

~

RENNE Nbde Restes Crane Mandi Maxi Vertebres Cotes Scapula Humerus Radius/Ulna

Carpe Metacarpe Coxal Femur Tibia Os malleolaire Tarse Metatarse Phal. (total) Total I ¾NR

Stries Alteration Emousse Charria~e NR %NR NR NR %NR NR %NR

14

26 29 147 6 43 12 44 106

17,5

10

22 199 41

44,8 28,4 27,8 1,1 20,4 25,5 23,9 17,5 1,3 5,5 20,2 9,3

15 17 78 23 24 8 25 75 10 75 169 42

69,

15.

58~

I

12,5

25,9 16,7 14,8 4,4 11,4 17 13,6 12,4 12,7 18,8 17,2 95 I 3 •.

16 1

20 14,3

12

15

l

1,25

13 16,25

9 1

11,25 14,3

37,9 34,3 39,6 7,4 27,5 48,9 41,8 42,3 16,5 28,6 51,3 26.1

16 34 41 5 16 9 14 41

27,6 33,3 7,8 0,9 7,6 19,1 7,6 6,8

4 37 91

6,9 36,3 17,2

4 12

6,9 11,8 2,1 1,3 6,2 12,8 1,1 0,2

8 45 93 48 6 47 133

13,8 44,1 17,6 0,2 22,7 12,8 25,5 22

36 17 23

4,8 0,3 5

23 106 32

3,4 1,9 5,5 1,3 8,5 8,5 3,3 5,5 1,3 3,8 1,1 7.9

34.'.

27~

9 1,7 5.2 6.'.

2 2 29 7 18 4 6 33 1 15 11 35

2:

551

14

17,5

1

100

22 35 209 39 58 23 77 256 13 114 505 115 150:

TOTAL %NR NR

J/JA %NR NR

FC Carnivores Impacts NR %NR NR %NR NR %NR

42 I

42 133 6 106 11 49~

Tableau 45. Decompte anatomique des restes de Rennes par champ taphonomique

19,9 2,1 22,8 22 1,5 10,8 2.5 11.

II

7 13 6 2 l

19 3 22 111

l

5,8 10,8 7.3 12.'

1n

4.

13 80 7 1 58 102

SU

1n

211 47 184 60~ 79 39~ 985 441 391!

RENNE Nb de Restes Emousse Alteration Chaniage Stries Impacts Carnivores Mixte: IS Mixte: SC Longueurs 0 a 50mm 50 a 100mm > 100mm

B B C D D E E F C NR ¾NR NR ¾NR NR ¾NR NR ¾NR NR 10 6 24 IO 13,7 4 16 2 33,3 16 21,9 18 4 66,7 36 49,3 48 16 64 17 7 9,6 l 4 26 9 12,3 7 28 IO 13,7 8 6 2 2,7

12 10 4

48 40 16

3 3

31 42,5 43 58,9 12 16.4

50 50

F

Fl

Fl

Fl

Fl

F3

F3

G

G

K

K

¾NR NR ¾NR NR ¾NR NR ¾NR NR ¾NR NR ¾NR 6,7 52 38,5 482 21 125 9,4 6 7,2 12,l 41 30,4 394 17,2 107 8, 1 1 1,2 1 9, 1 32,2 68 50,4 916 39,3 399 30,2 14 16,9 I 1,4 8 5,9 167 7,3 63 4,8 8 9,6 17,4 22 16,3 265 11,6 148 11,2 14 16,9 5,4 2 1,5 60 2,6 22 1,7 4 4,8 4 16 0,7 10 0,8 2 2,4 4 0,2

56 37,6 90 60,4 19 12.8

70 51,9 1077 49,9 713 53,9 70 51,9 1231 53,7 653 49,4 8 5.9 227 9,9 104 7,9

49 59 41 49,4 4 4,8

9 81,8 2 18.2 ~ ~ c:s

Tableau 46. Distributionstratigraphiquedes marquesobse1veespar champ taphonomique

~

-

~

N

~

i ~

~

~ RENNES Jeunes Jeunesadultes Adultes Vieux Males Femelles adultesindet. NM/ /couche

C

B

D

E

1

l

I

2

l l

1

2 2

Fl

F2

l l 2

l 1 l

2

I

2

1

2 1

1

3 3

F

3

4

3

Tableau 47. Stmcture des populationsde Rennes en stratigraphic

F3 6 1 12 l

2

20 10 0

IO 4 6

1 1 3

30

20

Total 18 10

K

G

7 6 14 3

2 l

5

I

35

8 36

l

1

17 18

71

Le Cerf

LE CERF Ordre: Artiodactyla Owen, 1848 Famille: Cervidae Gray, 1821 Genre: Cervus Linne, 1758 Espece: Cervus elaphus Linne, 1758

I - DESCRIPTIONDU MATERIEL

1.2 Mandibules et maxillaires

1. SQUELETTE CEPHALIQUE

Les mandibules de cerfs soot representeespar huit fragments d'hemi-mandibules localises dans l'ensemble "F" (couches F, Fl et F2, Tableau 49). Leur conservation temoigne d'une fragmentationintense qui ne se traduit qu'exceptionnellement par un impact de percussion d'origine anthropique (un specimen de la couche Fl). Cet impact se situe sous la premiere molaire, sur la face linguale de l'os. La fracturation sur enclume est probable mais les traces observees sur la face vestibulaire ne sont pas nettes. Cette percussion a en partie provoque l' ouverture du canal medullaire. On constate que ce type de fragmentationest presque systematiquesur l' ensemble des hemi-mandibules mais s'il s'agit de fracturation volontaire (materiel abondant en F2), il faut admettre que les portions osseuses n'en conservent pas de marques. Certains fragments ont pu etre alteres ou fragmentes posterieurement a cette exploitationmais uniquement par des phenomenes mecaniques ; aucun reste d'hemi-mandibule ne porte de coups de dents de carnivores. Autre preuve de l' exploitationde la mandibule, la presence de stries sur un fragment d'hemi-mandibule de la couche F2. On remarque une serie de huit stries fines et paralleles entre elles situees sur la face linguale de l 'os. Leur orientation (oblique par rapport a l'axe de l'os) indique une decoupe de la langue et du larynx, au niveau de !'insertion musculaire du mylohyoidien (Figure 166).

1.1 Ossements craniens

L'etat de fragmentationdes restes osseux est tel qu'un certain nombre d'entre eux, comme les ossements craniens, n'ont pu etre determines specifiquement et ont ete regroupes sous le terme de petits herbivores.Ainsi, nous n' avons que trois fragments osseux de crane de Cerf, les autres materiaux ayant pu etre assimiles a cette espece etant les bois. Ils soot egalement tres fragmenteset ont subi soit des ecrasementssur place, soit les coups de crocs de carnivores.Les restes se situent essentiellement dans la couche B ou ils se localisentdans le niveau B 1 reconnu a la fouille par Jph. V ezian. La portion la mieux conservee est la meule avec sa surface de chute convexe, la perlure et le depart du merrain (NR =7 repartis en B, D, et F 1). Ces restes ne depassentjamais une longueurde 120 mm: il est parfois possible de retrouver la base du premier andouiller et du tubercule accessoire (Heintz 1970: 21) qui ont manifestement fait l' objet de la convoitise des carnivores,en particulier dans les couches B et F 1.Il n 'y a aucunbois de massacre dans cet ensemble.Les autres restes soot des fragmentsde merrain ecrases sur place et des pointes d'andouillers. L'etat des surfaces montrent une sensibilite tres nette du bois animal aux phenomenes d' alterations physico-chimiques: charriage, emousses de faces et aussi fissuration ont progressivement fragilise l'os. Aucune marque d'intervention humaine n'a ete relevee. Un lot de 54 restes repartis dans les couches B, C, D, F, F2, F3 et G (NR respectifs de 14, 3, 13, 2, 9, 11, 2) a ete isole: il s'agit de tres petits fragments de pointes d'andouillers qui n'ont pu etre attribues au Cerf ou au Renne avec certitude. Ces fragments temoignent a la fois des processus de conservation et d'intervention de carnivores ; certaines pointes ont ete ingerees. Compte tenu de leur mode de representation,de conservation et de leur repartition stratigraphique (couche B surtout), il semble prudent de rattacher leur presence dans ces couches a l'occupation des carnivores et en particulier des hyenes. Les autres restes osseux rapportes aux cranes de Cerf soot un frontal qui comprend la base du pivot (couche F) et deux fragments d'os de la mandibule: l'un d'eux (couche F3) presente a la fois des stries de decharnement sur la face inteme de l' arrondi (decoupe de la langue) et des marques de dents, un Carnivore ayant rogne l'os au niveau du condyle qui a disparu.

Les restes de maxillaires (hemi-maxillaires) se reduisent a deux fragments issus de la couche F2: ils correspondent a deux individus ages. L'un d'eux presente une serie de jugales complete. En fait, la portion osseuse se limite a la zone d'insertion des dents qui en ont favorise la conservation. Tout le reste du maxillaire a disparu. 1.3 Dents isolees

Les dents de cerfs sont presentes dans toute la stratigraphie jusqu' a la couche G incluse. Elles temoignent de la presence d' au moins neuf individus dans la couche F2 mais leur representation generale est relativement mauvaise. Une fois de plus, ce materiel est revelateurde l 'intense fragmentationdeja observee sur le site. Les individus immatures ne sont representes que par des dents isolees dans les couches B, C, D, F, F 1 (Tableau 48) et les dents labiales sont de maniere generale (egalement valable pour l'ensemble des herbivores) tres deficitaires. Ce type de conservation s' explique a la fois par les nombreuses occupations altemees d'hommes et d'ani-

215

La Grotte Ouest du Porte/

maux et les phenomenes de pietinements et de transports induits mais aussi par un tamisage irregulier des sediments a la fouille. Quelques appariements ont ete etablis dans les couches F2 et B. 11est difficile de pouvoir associer de fa~on certaine des dents isolees a une meme denture, leur etat de conservation (dents souvent cassees ou alterees) ne permettant pas d' observer tous les details. On constate toutefois une representa-

tion differentielle (Tableau 48 et 49) entre dents superieures et dents inferieures. Malheureusement, la quasi absence de mandibules et maxillaires ne nous aide pas a comprendre les eventuels schemas d'exploitation des cranes. Il est possible qu'il y ait eu un depot differencie des tetes osseuses et des mandibules desarticulees et fracturees pour la consommation de la moelle.

Figure 166. Fracturation des os de Cetfs





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double impaa (n : nombrcde rcstescon~) points d'impacts(corcspoodanti 10 obsetvalions ou plus) poinu.d'impacts (correspondantl 5 obseNations)

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217

La Grotte Ouest du Porte/

2. SQUELETTEAXIAL

3.2.2 Diaphyse

Deux restes d' atlas ont ete attribues au Cerf dans les couches F2 et G. Ils sont tous les deux fragmentes mais en l' absence de point d'impact net, il n' est pas possible d'affirmer que leur fracturation (anthropique?) soit volontaire. L'un d ' eux (couche G) porte deux stries de decoupe probablement liees a la desarticulation de la tete ou au decharnement du cou. La strie la plus longue est localisee an niveau de l 'insertion du muscle oblique caudal de la tete, sur la face dorsale de la vertebre. La seconde est une strie courbe situee sur le bord caudal de la meme face , pres de l' articulation avec l' axis . Le point d'impact d'une hypothetique fracturation de l' os se situerait sur le tubercule dorsal, au milieu de la vertebre. L' exemplaire de la couche F2 ne presente pas de stries d'exploitation ; ses bords soot emousses et masquent peut-etre un impact que laissent deviner des micro -ecrasements de l 'os sur les plans de fracture . Toutefois , le caractere intentionnel de cette fracturation ne peut etre assure . L' etat de fragmentation des cotes ne permet pas d'attribuer une determination specifique a ces restes (chap. Petits Herbivores).

Les restes de diaphyse soot particulierement bien representes dans la couche F2 mais on les retrouve egalement en D, Fl, F3 et G. La differenciation Cerf / Renne des fragments de diaphyse est essentiellement basee sur des criteres de taille (le Cerf du Portel est une fois et demi adeux fois plus grand que le Renne) et de morphologie generale de la diaphyse (plus rectiligne, plus elancee chez le Renne) . Les principaux restes de diaphyse determines sont des fragments de la portion distale de la face caudale comprenant la crete epicondylienne (NR=7/21) ou de la face craniale avec la crete humerale et la tuberosite deltoidienne (NR=8/21). Ces elements temoignent tres nettement de l' exploitation de la patte par l' Homme (Figure 166): restes porteurs de stries de decharnement (NR=I0) ou d'impact de fracturation (NR=l6 dont 7 correspondant a des doubles impacts opposes) . Par ailleurs , ces deux types de marque d ' origine anthropique se trouvent associes sur un mem e fragment osseux araison de 10 restes sur 16. L' action de l'Homme sur ce materiel est d' autant mieux etablie que l' on remarque l' absence de marques de dents sur ces diaphyses . Les impacts de percussions se retrouvent en des points tres localises des faces laterale et mediate, plus rarement sur les faces craniale et caudale ou ils sont isoles (Figure 166). Ceci est lie ala presence de doubles impacts opposes qui indiquent !'utilisation d'enclume: l'os est pose, percute sur la face supe- . rieure puis retoume. Ainsi, l'acces a la moelle est direct. Contrairement aux humerus de grands herbivores, la fracturation est obtenue rapidement et facilement: on n' observe ni reprise de percussion ni ecaillage lie au contact sur l' enclume. L'association d 'impacts et de stries sur certains ossements (code IS) montre que ces demieres soot parfois coupees par les plans de fracture relatifs la percussion ce qui confinne l' evidence de l'anteriorite de l'action de dechamement acelle de fracturati on.

3. MEMBREANTERIEUR 3.1 Scapula Les deux seules extremites articulaires de scapula reconnues sont issues des couches D et F2. Tres alterees , elles ne presentent aucune marque d'intervention biologique. Fragmentees au niveau du col, elles temoignent surtout des phenomenes d'alterations d' ordre mecanique et physico-chimique: charriage , fissuration (couche D) et depot de manganese (couche F2).

a

3.2 Humerus 3.2.1 Extremite distale

3.2.3 Extremite distale Quelques fragments d'extremites distales d'humerus, en particulier des tetes articulaires cassees et attribuables des herbivores de taille moyenne (Cervides) ou petite (petits Bovides) ont ete reconnues mais leur etat de conservation n'autorise aucune diagnose specifique (voir chap. Petits Herbivores). Il n'y a done aucun reste de cette partie de !'humerus qui soit detennine de fa~on certaine. Ce fait est imputable la conservation differentielle qui defavorise toujours les extremites riches en spongiosa. En ce sens, la conservation des humerus de cerfs s 'apparente a celle des rennes dans la mesure ou les marques de carnivores sont tres rares sur les fragments de diaphyse ou d' extremite distale: il est difficile de justifier leur deficit par les actions de carnivores , comme cela a pu etre discute sur le materiel osseux des grands herbivores (Cheval et Bison).

a

Les extremites articulaires distales de I'humerus soot relativement bien conservees dans la mesure ou cette portion de l' os est moins sujette que son homologue proximal la conservation differentielle. On remarque cependant qu'en terme de NMI (Tableau 50), elles ne representent que cinq et deux individus en F2 et F3 respectivement.

a

a

Ces restes sont dans un bon etat de conservation car la fracturation volontaire n' affecte que la diaphyse . Les processus d'alterations physico-cbimiques et mecaniques ne les ont que tres peu atteints ce qui pennet d' observer quelques stries de desarticulation (NR=3/7). Ces stries, associees par groupe de deux a dix, courtes et paralleles entre elles, se localisent au niveau des epicondyles lateral et medial de la trochlee. Elles se differencient nettement des stries de dechamement relevees sur les diapbyses par leur association raisonnee sur des surfaces reduites de l'articulation , par leur longueur reduite et 218

Le Ce,f

3.3.3 Extremite distale

par leur profondeur. En effet, les stries de decharnement soot longues, superficielles et paraissent moins organisees. La forme des rainures (largeur, profondeur) laisse imaginer qu' elles ne soot pas realisees avec les memes outils.

Les extremites distales de radius-ulna soot mal representees: on en compte trois restes repartis en F, F2 et F3. Seuls les specimens des couches F2-F3 presentent des marques de fracturation et de decoupe; I' epiphyse distale non synostosee de la couche F est exempte de toute marque. Ce lot est trop reduit pour tenter d'en tirer des informations pertinentes en ce qui conceme les modes de decoupe et de debitage des carcasses. 11semble cependant qu'il n'y ait pas eu, de la part des Mousteriens, de volonte particuliere de desarticulation radio-carpienne.

3.3 Radius-Ulna 3.3.1 Extremite proxi.male Radius Six fragments d'extremites proximales de radius ont ete determinees ; ils temoignent de la robustesse du Cerf du Portel. La difference de taille entre cerfs et rennes a souvent aide la diagnose specifique qui, selon le type des fragments, est tres delicate. Dans les cas de fragmentation, la partie mediale de l' articulation est la mieux conservee (NR=3). Les surfaces articulaires ne presentent pas de marques de desarticulation ; lorsque des marques soot observees, ce soot des impacts de fracturation localises sur la partie proximale de diaphyse presente sur le fragment (Figure 166). Cette fracturation est probablement l'origine de la cassure de !'articulation en portions mediales et laterales.

a

3.4 Carpe

a

Ulna Les extremites proximales d'ulna soot egalement tres fragmentees mais suffisamment bien conservees (meilleure representation que les radius) pour montrer des stries de decoupe (NR=3) et un impact de fracturation (NR=l). On note egalement l 'absence de coups de dents de carnivores et une sensibilite particuliere de ces fragments (olecrane spongieux a tissu compact peu epais) aux phenomenes d'alterations physico-chimiques et mecaniques.

Les restes de carpe soot assez bien representes clans la couche F2 (Tableau 51) mais particulierement deficitaires dans les autres niveaux ou le Cerf a ete identifie. Compte tenu de la taille et de la robustesse de ces os, on peut difficilement attribuer leur mauvaise representation aux techniques de ramassage ou aux conditions de conservations mecaniques et physico-chimiques. Ils ne portent pas de marques d'exploitation anthropique mais on remarque que le capitato-trapezoide de la couche D a certainement ete ingere par un Carnivore (Hyene?) et que deux specimens de la couche F2 ont ete rognes. Les observations tendent a attribuer la dispersion des os carpiens a l'action des carnivores: on s'etonnera cependant de n' avoir pu relever ces types de marques sur les carpes des autres especes de petits herbivores (Renne, Bouquetin, Chevreuil, Chamois). On peut ainsi evoquer, ace stade de la description des restes de cerfs, qu'il y a probabilite de traitement ou d'enfouissement (rejet) differentiel de ces os. 3.5 Metacarpien ID-IV (os canon)

3.3.2 Diaphyse

L' os canon de Cerf est majoritairement represente par des restes de diaphyse (NR=77/85 restes) dont 59 soot des fragments de face dorsale. Ce fractionnement de l 'os s' explique par une concentration de points d'impact de fracturation sur les faces laterales et mediates (Figure 166). Cependant, le desequilibre entre parties dorsales et palmaires est surprenant et il ne parait pas possible d'invoquer ici de phenomene de conservation differentielle ; la conservation de la diaphyse du metacarpe de Cerf rejoint en ce sens celle du Renne. On remarquera que les extremites proximales retrouvees (NR.=4/85) soot conservees sur leur partie dorsale (voir le fractionnement sur la figure 166). En dehors des difficultes de determination liees a !'intense fragmentation dont temoigne cet assemblage, nous n' avons pas d' explication probante a ce fait. L' essentiel des marques (exclusivement d' origine anthropique) se localise sur les faces laterale, mediale et dorsale (NR impacts= 19 et NR stries=6). Les stries observees sur la face palmaire se situent sur des fragments d'extremites articulaires proximales et distales (NR=2). Ces marques mettent en evidence le decharnement de l 'os et ponctuellement le racla&e de sa surface (couche F3) ainsi que sa fracturation

Les fragments de diaphyse peuvent se partager en trois groupes: les restes de radius, d'ulna et les portions latero-palmaires qui comprennent la zone de soudure radio-ulnaire. Ces demiers soot les plus nombreux (NR=l 9/42 fragments de diaphyses au total). Ils correspondent aune zone de contact compacte et robuste qui determine a la fois leur bonne conservation et leur diagnose specifique. Les autres restes sont des bords mediaux (NR=9) ou des fragments de la face dorsale (NR=4) ou palmaire (NR=3). L'ensemble de ces elements montre la dominance du role de I'Homme sur celui des carnivores (NR=l, couche F2) dans l'exploitation de l'os et du membre anterieur (Figure 166). On remarque une concentration de points d'impact de fracturation sur la face dorsale et dans une moindre mesure sur les faces laterale et palmaire (NR=14). De plus, des stries courtes et transverses (NR=5) et de raclage (longues et longitudinales, NR=5) indiquent le decharnement de l' os avant fracturation. Les associations de stries et impacts sur un meme os soot ponctuelles (NR=2) mais confirment une exploitation totale de la portion anatomique correspondante (chair, moelle et peut-etre tendons). 219

La Grotte Ouest du Portel

intentionnelle: on releve des impacts opposes (Figure I 66) qui suggerent l' utilisation d ' un support-enclume. L' association de marques (impacts/stries) est plus rare et se limite un ossement de la couche F2 . Compte tenu de la taille et de la robustesse du Cerf du Portel, ce mode d' exploitation de l' os met anouveau en evidence l' interet de l' Homme pour les segments a grande cavite medullaire .

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3.6 Phalanges Du fait de leur etat de conservation et surtout de fragmenta tion , toutes les phalanges de Cerf ont ete rassemblees dans le membre indetermine.

4. l\IEMBRE POSTERIEUR 4.1 Coxal Le bassin de Cerf n ' est represente que par deux fragments d' acetabulum issus de la couche F2: ils correspondent a deux individus (un adulte et un immature) et ne temoignent d' aucune preuve de preparation alimentaire. Leur deficit au sein de l' assemblage de Cerf est a mettre en relation avec les observations effectuees sur les grands herbivores (chevaux et bisons) . 11 ne parait pas envisageable de l'attribuer a une conservation differentielle du coxal qui reste un os robuste , tout au moins au niveau de l' acetabulum et du pubis par rapport a l' ilion et a l'ischion. On remarque que les os coxaux se sont bien conserves dans les assemblages de rennes et dans ceux de petits herbivores en general.

presente pas de marque d'exploitation .

4.4 Tibia 4.4.1 Extremiteproximale La conservation differentielle qui defavorise l' extremite articulaire du tibia et la fragmentation poussee des os longs d'herbivores n' a pas pennis de retrouver de restes attribuables au Cerf .

4.4.2 Diaphyse Les fragments de diaphyse sont les restes les plu s nombreux de tibia de cerfs. Ils se partagent en portions de face caudale (NR=20) avec zone d ' insertion du muscle poplite et foramen nourricier , et de face cniniale (NR.=9 cretes tibiales ) qui presentent de nombreux impact s de percussions (NR=l8) . Cette fracturation a ete precedee d' un decharnement de l'os qui se traduit par une forte proportion de stries longitudinales (raclages) et transverses (NR stries=l0/42 diaphyses) ; ces stries sont nombreuses et toujours paralleles entre elles. La mise en evidence de cette exploitation d' origine anthropique (un seul fragment de crete tibiale rognee en F2) se fait essentiellement sur les deux couches principales F2 et F3. Cependant, on releve egalement des impacts dans la couche D (NR= l/2), dans la couche F (NR=S/7), dans la couche FI (NR=l/2) et dans la couche G (NR=l/1).

4.4.3 Extremite distale 4.2 Femur Les restes de femur sont essentiellement constitues de fragments de diaphyse qui comprennent la surface apre de la face caudale (NR=l3/20 diaphyses) . Ces elements temoignent d'une fracturation volontaire caracterisee par des doubles percussions (NR=3/I I restes porteurs d' impacts) et des associations a des stries (NR.=3/11). La figure 166 montre que cette percussion etait preferentiellement effectuee sur les faces laterale et mediale avec quelques cas sur la face caudale . L'absence de marques de dents de carnivores tend a attribuer al 'Homme l' exploitation de cette partie de la patte qui est la plus charnue. Les extremites articulaires sont mal representees par rapport a la diaphyse: on ne compte que deux tetes femorales (dont une juvenile) dans la couche F2 et un fragment de trochlee distale attribuee au Cerf acause de sa robustesse (par opposition au Renne) . C' est en effet le critere de la taille et de la robustesse qui a aide a la determination specifique du Cerf au sein des Cervides . A ce titre, on peut attribuer le deficit en fragments de face craniale (NR=l) au probleme de determi nation anatomique et specifique .

L' extremite articulaire distale du tibia qui se caracterise pourtant par un bon potentiel de representation en tenne de conservation differentielle est peu significatif de la population de cerfs estimee sur la base du materiel dentaire (Tableau 48) . On ne denombre en effet que 5 et 2 fragments dans les couches F2 et F3 respectivement. Ces restes , malgre des phenomenes d' alteration relativement agressifs (charriage, fissuration, dissolution) temoignent a la fois de l'action humaine de fracturation (NR.=2 extremites articulaires porteuses d'impacts) et de !'intervention carnivore (NR=I fragment rogne en F3) desormais classique sur les extremites des os longs d'herbivores (Figure 166). 11n' y a cependant aucune marque de decoupe ( stries absentes) ce qui laisse supposer que le debitage des carcasses s' effectuait essentiellement par fracturation.

4.5 Os malleolaire Malgre une representation en NMI equivalente a celle des extremites di stales de tibia , nou s n 'avons pas retrouve de connexion malleole laterale et tibia . Les os malleolaires ont souffert d' alterations d'origine physico-cbimique mais ont resiste a la fragmentation mecanique grace aleur compacite ; ainsi , les 6 os determines en F2 et F3 sont-ils entiers ou subentier s (simplemen t erodes en surfac e). Il est probable que le

4.3 Patella Une seule patella a ete identifie e dans la couche B . Elle ne

220

Le Ceif

deficit en os malleolaires soit lie a la presence des carnivores qui les ont elimines en les avalant. On remarquera un specimen de la couche F2 qui presente des stries transverses de decoupe a la base de sa face exteme: cette intervention humaine est une des rares marques de decoupe observee au niveau d'une articulation.

Dans l' ensemble, les os du tarse de Cerf sont mal representes, ce en quoi ils se rapprocbent du mode de conservation des tarses de grands Bovides (et par opposition aceux du Renne). Malheureusement, la faiblesse statistique de l' echantillon ne pennet pas d'aborder cette conservation du point de vue stratigraphique.

4.6 Tarse

4.7 Metatarsienill-IV (os canon)

4.6.1 Calcaneum

4. 7.1 Extremiteproxi,male

Aucun calcaneum n' est parvenu entier: seule la moitie di stale est representee. Cet os a subi une fragmentation marquee par opposition aux autres ossements du tarse mais il n'est pas possible d'attribuer une origine anthropique ace phenomene. Les interventions humaines se limitent a la decoupe probablement circulaire de !'articulation tarsienne qui se traduit par des stries transverses localisees sur la face laterale, au niveau de la surface articulaire pour l'os malleolaire et sur le bord plantaire (Figure 166). Deux fragments issus des couches F2 et G montrent cette decoupe. Par ailleurs, on constate que l 'un des restes de la couche F2 a ete rogne par un Carnivore au niveau du tuber calcanei. Le calcaneum se caracterise done par une conservation relativement mauvaise et desequilibree: en effet, six des sept fragments sont des calcaneums gauches ce qui est surprenant compte tenu des modeles de conservation observes sur l' ensemble du squelette (equilibre droite-gauche relatif mais constant).

Les articulations proximales d'os canon sont tres mal representees: le metatarsien rejoint en ce sens la conservation du metacarpien caracterise lui aussi par la predominance des fragments de diaphyse et la rarete des extremites distales. Remarquons ici qu'aucune extremite distale n'a ete retrouvee (Tableau 50). Malgre leur faiblesse nwnerique (NR=l0), les extremites proximales mettent en evidence I'intense fracturation de l'os liee a l'action anthropique (NR=7 restes porteurs d'impacts). De fait, on peut imaginer que la rarete des fragments determines peut s'expliquer par la dispersion des ossements induite par le cumul de la fracturation et de la fragmentation en l 'absence de marques de dents et de toute action carnivore (Figure 166). Les points de percussion se concentrent sur les bords lateral et medial de la diaphyse ce qui explique le fractionnement de l 'articulation. On remarque qu'il n'y a pas de stries de desarticulation associees a cette action et que seul un fragment osseux de la coucbe F2 presente des stries sur sa face dorsale.

4.6.2 Talus

4. 7.2 Diaphyse

Les talus sont peu nombreux et proviennent de la couche F2 (Tableau 52). Trois d' entre eux sont entiers et le quatrieme est fragmente transversalement (Figure 166). Un astragale complet presente des stries nettes sur sa face mediale que l 'on peut mettre en relation avec la decoupe de l'articulation decrite a partir des calcaneums (Figure 166). Compte tenu de leur position, ces stries indiquent une decoupe effectuee sur l'articulation en connexion pouvant etre destinee au depouillage de la patte ou a la decoupe des ligaments.

Les fragments de diaphyse sont de loin les restes les plus representatifs du lot de metatarsiens de cerfs. Ils temoignent d'une exploitation poussee de l'os par des frequences importantes de restes porteurs d'impacts de fracturation (NR=41/133) et de stries (NR=l2/133). On trouve egalement des ecaillages de surface lies a l'utilisation d'un support, comme dans le cas des chevaux et des grands bovides (Figure 166). Cette fracturation a conditionne un fractionnement de l'os en portions de faces dorsales (NR=68/133), plantaires (NR=48/133) et dans une moindre mesure de faces mediales ou laterales (NR=l 7/133). En effet, les encoches se localisent essentiellement sur ces demieres et on releve des restes porteurs de doubles impacts opposes qui confirment l'emploi d'une enclwne (NR=9/41). Les differentes observations mettent en evidence un prelevement quasi-systematique de la moelle des os canons, d'autant plus evidente que le metatarsien du Cerf est particulierement robuste (l' os de la diaphyse est epais) et que ce type de traces y est aisement visible, a l'inverse des autres especes de Cervides ou de petits Bovides. La repartition stratigraphique du materiel montre la predominance des restes dans la couche F2 qui demeure, quelle que soit l'espece animale envisagee, la plus significative de l'impact de l'Homme sur !'assemblage osseux.

4.6.3 Cubo-naviculaire Deux cubo-naviculaires entiers proviennent de la coucbe F2 ; l 'un d' eux presente une serie de petites stries paralleles et obliques sur le bord dorsal de l'os, au-dessus du grand cuneiforme. 11y a done une volonte manifeste de degagement et de decoupe de !'articulation qui se retrouve sur les trois os principaux.

4.6.4 Cuneiformes Les petits et grands cuneiformes (Tableau 52) sont entiers et bien conserves mais n'ont pas ete atteints par la decoupe: leur isolement ne permet toutefois pas d' en conclure que le mode de decoupe les epargnait. 221

La Grotte Ouest du Porte!

On note l 'absence de cette portion dans ce lot, que l' on peut mettre en relation avec la rarete des restes de phalanges .

fait montre bien que l'interet de l'Homme (et egalement celui de l'animal) s'arrete a la phalange intermediaire qui contient encore un peu de moelle et n 'est pas emprisonnee dans un etui come.

5. MEMBRE INDETERMINE

5.2 Sesamoides

5.1 Phalanges

Les sesamordes attribues au Cerf sont particulierement bien representes dans les couches F2 et F3 (Tableau 49 et 50) ou ils temoignent de l'apport dans la grotte et de la decomposition in situ des acropodes. Leur etat de conservation est bon et ils ne portent pas de marque d'origine biologique.

4. 7.3 Extremite distale

L' assemblage des phalanges de Cerf presente de maniere generale un etat de conservation mediocre . Honnis six phalanges distales, aucune n' est entiere parmi les phalanges proximales ou intermediaires. La distribution stratigraphique des restes montre egalement des phenomenes de dispersion relativement importants, avec toutefois une reserve pour la couche F2 qui contient un lot plus coherent (meilleure repartition entre les differentes fractions de phalanges)

II - L' ASSEMBLAGE

1. REPARTITIONANATOMIQUE

5.1.1 Phalanges proximales

L' etat fragmente des phalanges proximales s' oppose a celui des memes ossements de rennes. Chez ce demier en effet, la majorite d'entre elles sont entieres et elles ne temoignent que rarement de fracturation volontaire. Pour le Cerf, on observe la situation inverse: compte tenu de la robustesse de l'animal du Portel et de la compacite de l'os, on pouvait s'attendre a une meilleure conservation theorique des premieres phalanges. Un seul fragment de la couche F 1 a ete rogne par un Carnivore. En fait, le principal agent perturbateur est ici l'Homme. 11faut croire que la cavite medullaire de la phalange du Cerf l'a davantage attire que celle du Renne: nous en avons pour preuve des impacts de percussions situes sur les quatre faces de l' os ou on les retrouve sur les faces opposees d'un meme fragment (la phalange est alors fracturee longitudinalement). 11 est egalement interessant de noter que ces restes ne portent pratiquement pas de stries de decoupe (un seul en F2) alors que chez le Renne, ces demieres etaient relativement plus nombreuses. Ce traitement differentiel en fonction de la taille est une fois de plus demontre. 5.1.2 Phalanges intermediaires

Peu nombreuses, les deuxiemes phalanges sont assez bien representees dans la couche F2 (conservation, equilibre entre portions proximales et di stales) ou elles temoignent d 'une fracturation anthropique materialisee par des points d'impacts circulaires (NR=4/l 7, Figure 166). Les points de percussion se situent toujours sur le bord proximal du corps de la phalange (en vue axiale). Ceci montre que le pied etait probablement "demonte" avant fracturation.

La distribution stratigraphique des restes dentaires de cerfs et des N1v1Iqui en sont deduits montre leur predominance dans les couches B et F2 (Figure 167). Cependant, c'est dans la principale couche d' occupation de l' ensemble mousterien "F" (couche F2) que la presence des Cervides est la plus significative en terme de conservation anatomique, tant en ce qui conceme les restes dentaires que les restes osseux. L' analyse des differents profils de conseivation par couche temoigne d 'un desequilibre net entre les ensembles superieur B, mousterien C-D, inferieur (couche K) et l'ensemble mousterien "F", en particulier au niveau des couches F2 et F3. Il est done difficile, face a des echantillons de restes osseux numeriquement faibles, de nous engager dans des modeles d'interpretation solides; nous nous limiterons a une simple description des assemblages. La couche B se caracterise par de nombreux restes de tetes: dents isolees et bois. Les ossements se reduisent a des fragments de metacarpiens et metatarsiens ainsi que de tarse et de phalanges (Figure 168). Ce profil traduit bien moins de dechets culinaires que des rejets de decoupe. A cette premiere remarque, s'ajoute le fait que les ossements sont davantage porteurs de marques de carnivores que de traces d'une veritable intervention anthropique de meme que c'est dans cette couche que le plus grand nombre de restes de bois de chute ronges a ete releve. De la, on peut dedu.ire que l 'accumulation de ces restes est certainement due a l'activite d'un Carnivore. Mais un autre argument peut egalement etre invoque: malgre la fragmentation extreme subie par les bois, les fragments conserves (meules et bases de merrain tres alteres) plaident en faveur de leur appartenance des individus ayant largement atteint l'age adulte (NMl=4, Tableau 50) alors que les classes d'age etablies sur la base des dents isolees ne proposent la presence que d 'un seul adulte. 11semble done que la recuperation des bois et celle des carcasses repondent a des evenements differencies mais probablement attribuables aun meme agent. Cette impression est corroboree par les memes observations dans la couche Fl ; il est interessant de remarquer que cette situation ne se retrouve pas en F2-F3-G. Il y a une influence tres nette des carnivores dans la formation

a

5.1.3 Phalanges distales

Sur les neuf phalanges distales retrouvees, huit sont entieres et aucune ne presente de trace d'exploitation d' origine biologique (Tableau 50). Malgre la diminution progressive des nombres de restes de la premiere a la demiere phalange, ce 222

Le Ce,f

de l 'assemblage de Cerf de la coucbe B, meme si on considere que les remaniements et perturbations deja evoques pour cette coucbe ont pu masquer une intervention anthropique. L' ensemblemousterien C-D est un peu plus ricbe en materiel (tous les ossements proviennent de la seule couche D) mais les restes detennines par type anatomique sont presque toujours isoles, a !'exception du femur et du tibia (Tableau 49 et 50). Le profil de conservation des restes osseux indique la presence des restes appartenant aux deux membres anterieur et posterieur mais qui ne representent, dans la plupart des cas, qu'un seul individu (Figure 169 et Tableau50). Les fragments de bois sont peu nombreux mais il semble possible de faire une analogie avec la coucbe B. La similitude entre ces deux ensembles est grande et on considere que le role des carnivores au sein de C-D y est important: ces derniers ont rapporte quelques fragments de carcasses qu'ils ont en partie devorees (disparition de certains os et marques de dents) puis les occupations successives ont dissemine le reste. De ce fait, si l'Homme a effectivement cbasse le Cerf a cette periode, il est possible que cette activite, sans doute ponctuelle, soit masquee. Les proportions en restes osseux et leur representation en nombre d'individus dans les couches F-Fl paraissent relever du meme pbenomene (Figure 170). Toutefois, la presence des carnivores en NR et NMI yest plus faible (Tableau 14, chap. Synthese Carnivores) et les marques d'intervention anthropique dominent celle des camassiers qui n' ont probablement joue qu'un role secondaire. La conservation des os par type montre une bonne representation (100%NMI) des metacar-

piens, metatarsiens et tibias tout en temoignant d'une dispersion des os longs qui sont justement ceux qui ont ete exploites pour leur chair et leur moelle (et qui ont ete fragilises). 11 y aurait done, dans ce sous-ensemble, un premier niveau d'exploitation des cerfs par l'Homme qui consomme les parties cbarnues et delaissent les extremites des pattes, puis une action secondaire des carnivores sur les restes abandonnespar les chasseurs. Ces deux agents n' en demeurent pas moins, l'un comme l'autre, des "perturbateurs" qui, a un troisieme niveau, participent a la dispersion des restes osseux et dentaires lors de leurs installations successives. Ce sont les couches F2 et F3 qui donnent la meilleure expression de l'activite humaine sur les cerfs (Figure 171). Malgre le decalage en nombre de restes d'une couche a l'autre (Tableau 49), on s'aper~oit que les profils de representation sont sirnilaires ; ils traduisent une bonne representation de chacun des elements osseux par type qui indique la presence originelle de carcasses entieres si on fait abstractiondes restes de cotes et de vertebres. Les variations observees au sein du squelette peuvent alors etre considerees comme relevant des pbenomenes de conservation (scapula, coxal) et de determination differentielle (vertebres, cotes, cranes) et exceptionnellement comme etant attribuables au role joue par les carnivores sur les restes (deficit du tarse). Le profil obtenu pour la couche G n' a pas ete inclus a ce graphique car celle-ci nous parait trop peu significative (NR=8). Le meme cas se produit dans la couche K qui ne contenait que deux fragments osseux de Cerf (Tableau 49).

Figure 167.Repartition stratigrapbiquedes dents de Cerfs

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Le Cerf

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2.1 Classes d'ige Pour les cerfs comme pour I' ensemble des herbivores, la determination de l'age repose sur l'examen des series dentaires en place sur mandibule ou maxillaire. Cependant, et nous avons systematiquement rencontre ce probleme, le materiel issu du remplissage du Portel presente un etat de fragmentation tel que nos estimations n'ont pu etre basees que sur l 'examen des dents isolees. Pour cette raison, nous nous sommes cantonnee aune classification en jeunes, jeunes adultes, adultes et vieux. Malgre l'imprecision de cette methode, il est possible de decrire la population de cerfs et de la comparer aux autres Ongules presents dans le gisement. 11est possible de proposer des fourchettes d'age a partir des criteres foumis par Riglet (1977). La premiere classe correspond aux individus jeunes, de la naissance 24-30 mois ; elle se caracterise par l 'eruption puis

Les jeunes adultes ont entre 2 et 5 ans: l'etat d'usure des Ml est deja avance, les M2 s'usent elles aussi progressivement mais soot encore hautes et enfin la M3 apparait a l'etat de bourgeon puis en debut d'usure de la surface masticatrice. Jusqu' aux alentours de 10 ans, l 'usure des dents se poursuit et nous nous sommes referee aux planches et tableaux d'abrasion de Riglet pour classer les individus en adultes ou vieux (Riglet 1977). Les resultats obtenus soot rassembles dans le tableau 57. La premiere constatation est que aucun Cerf age n' a ete repertorie. Les couches B et C-D se caracterisent par une dominance de jeunes animaux d'autant plus notable que les analyses de la repartition anatomique et des marques indiquent le role dominant des carnivores (Figure 172).

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Figure 172. Mortalite des Cerfs des ensembles superieur Bet mousterien C-D

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Jeunes adultes

225

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Vieux

La Grotte Ouest du Porte/

Dans l 'ensemble mousterien "F", les deux courbes correspondant aux deux sous-ensembles se distinguent par une meilleure representation de jeunes adultes et d' adultes (Figure 173). 11nous paralt interessant d'envisager que ces profils de mortalite sont le resultat des comportements differencies de l'Homme (predateur) et de l'animal (predateur ou

charognard). Les jeunes auraient ete des gibiers de predilection des carnassiers alors que l'Homme, sans toutefois les negliger, effectuait un choix genere par l'obtention d'une plus grande quantite de viande qui traduit une organisationperfectionnee et raisonnee de l 'approvisionnement.

Figure 173. Mortalite des Cerfs de !'ensemble mousterien "F" 6

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2.2 Sexe

Les determinations sexuelles des cerfs du Portel ont ete entravees par la faiblesse numerique des extremites articulaires susceptibles de differencier les males des femelles selon les criteres de robustesse habituels. Ainsi, 8 individus (6 m,ales et 2 femelles) ont ete determines sur un total de 21

Adultes

Vieux

cerfs. Il est done difficile d'en tirer des informations valides quanta un eventuel choix de la part des predateurs. Malgre cela, il a ete possible, sur la base des extremites distales de tibia et d'humerus ainsi que sur la presence de craches (Tableau48), de reconnaitre2 males en C-D ainsi que 4 males et 2 femelles en F2-F3-G (Figure 174).

Figure 174. Repartition sexuelle des Cerfs par ensemble (NMI)

8

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226

F2-F3-G

Le Cerf

3. CONSERVATION- TAPHONOMIE La frequence des ossements repertories par champ taphonomique montre une sensibilite particuliere des restes osseux de cerfs aux phenomenes de charriage, alteration et dans une moindre mesure aux emousses. Les marques d'interventions anthropiques sont largement les plus nombreuses dans le domaine des agents taphonomiques d'origine biologique: il s'averet que le faible taux de carnivores correspond aux observations effectuees dans les couches B et C-D (Figure 175). Il en decoule un taux de fracturation (FC) essentiellement imputable a l 'action anthropique. En stratigraphie, la frequence des alterations (sens large) physico-chimiques ou mecaniques est homogene d'une couche a l'autre si on exclut la couche G (Figure 176). On notera cependant un taux de charriage relativement faible dans la couche B et particulierement important dans la couche D par comparaison avec ceux de l' ensemble "F". Ces resultats doivent etre nuances par les problemes de validite des echantillons (NR=l 7 en D et NR=41 en B). D'un point de vue anatomique, les ossements les plus nombreux (en nombre de restes) soot les metacarpiens et les metatarsiens suivis des radius-ulnas et des phalanges (Figure 177). Pour ces demieres, il est evident que leur meilleure conservation est aussi liee a leur representation squelettique (24 phalanges au total contre 2 humerus ou metapodiens dans un squelette). Les taux de fracturation qui leur sont associes montrent bien, en accord avec les modes d'exploitation decrits dans la premiere partie du chapitre (et Figure 166) que les os longs et riches en moelle ont ete systematiquement fractures (humerus, radius-ulna, metacarpien, femur, tibia, metatarsien) mais aussi les os carpiens et les phalanges davantage caracterises par les rongements carnivores tout en etant egalement soumis aux actions humaines . Rappelons en effet que le terme de fracturation conceme toute fracturation d'origine biologique, qu'elle soit humaine ou car-

nivore ; la difference se fait dans le detail du decompte des champs "Stries'', "Impacts" et "Carnivore" (Figure 178). Les resultats obtenus de ce point de vue montrent une division stratigraphique tres nette entre influence carnivore (couches B et D) et influence anthropique (ensemble "F" et couche K). L'analyse quantitative des marques confirme les interpretations effectuees au cours de la description du materiel et de la repartition anatomique (Figure 179). Le seul rapport existant entre l'Homme et le Carnivore se situe dans la couche F3 ou le taux de restes porteurs a la fois de stries et de coups de dents est tres faible (Figure 180). A l'inverse, les ossements marques de la double empreinte anthropique (a savoir stries et impacts) sont assez bien representes des couches Fa F3, corroborant l' exploitation systematique et poussee des carcasses de cerfs. Le detail de ces marques au niveau anatomique montre I'importance des impacts de fracturation sur les os longs a riche cavite medullaire en association avec les stries de dechamement. Les vertebres sont seulement decharnees alors que les stries observees sur les os malleolaires et tarsiens evoquent plus precisement les actions de depouillage ou de desarticulation (Figure 178). La nature des stries observees corroborent ces remarques: les stries de raclage (code R) se localisent sur les diaphyses des os longs (humerus, radius, ulna, metacarpien, tibia et metatarsien) et sont souvent couplees a des zones d'ecaillage relatives a l'utilisation d'un support solide au cours de la fracturation ( code P) que l 'on interprete comme une percussion sur enclume (Figure 181). En regard de cette observation, on constate que ce soot les memes ossements qui portent de un a trois impacts de fracturation (Figure 182). A l' oppose, les interventions de carnivores se reduisent aux

seules marques de dents (code D), l'absence d'impacts (code I) confinnant le role negligeable joue par les animaux dans la fracturation (Figure 183).

Figure 175. Frequence des restes osseux de Cerfs par champ taphonomique (¾NR)

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La Grotte Ou.estdu Porte!

Figure 176. Frequencedes marques d'origine mecanique et pbysico-cbimiqueobservees sur les ossements de Cerfs en stratigrapbie ~

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Le Ceif

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La Grotte Ouest du Porte!

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membres et la tete car il persiste un doute quant aux cotes et vertebres) puis traite, c' est-a-dire exploite de fa9on systematique en fonction des qualites nutritives de chaque portion anatomique. Jusque la, toutes les marques ont ete assimilees a une vocation alimentaire: cependant, il n' est pas exclu que certaines operations telles que la recuperation des tendons ou des peaux n'aient pas ete realisees. Ace stade, c'est le probleme de l'interpretation des stries qui se pose et on s'aper9oit qu'il est tres difficile, voire impossible, de deteiminer avec certitude l 'action materialisee par des stries, quelle que soit leur localisation. En l'absence de marques evidentes et

11apparait, au teime de notre analyse, que le faisceau d'informations apportees par les differentes approches du materiel autorise a quelques conclusions quant a l' exploitation des cerfs. En fait, le teime d'exploitation s'applique essentiellement a l'ensemble "F' ou l'Homme est a la fois le principal (voire le seul) agent accumulateur d'ossements dans le sens ou il se differencie des carnassiers par un choix specifique de ses proies genere par un rendement optimal en viande ; le gibier est rapporte entier (tout au moins en ce qui conceme les 230

Le Ceif

surprend pas lorsque l'on se refere a leur representation anatomique qui comporte des os courts sur des echantillons nwneriquement faibles.

dans le contexte alimentaire qui semble avoir determine les modes d' exploitation, il ne nous est pas possible d'etre affirmative. Enfin, la repartition des differents fragments osseux indique que si ces demiers ont ete sownis aux phenomenes de conservation differentiellepar la perte en elementstels que les extremites proximales de tibia, humerus ou bien des extremites distales de metatarsien, femur, ulna, humerus, ils n' en sont pas moins revelateurs de bonnes conditions de conservation (Figure 184). Les diaphyses, nombreuses, sont surtout affectees par la fragmentation/fracturation. Il en decoule une repartition specifique de tout !' assemblage en fonction des longueurs de fragments (Figure 185). Cette repartition met en evidence une diminution progressive des fragments de moins de 50 mm de la couche Ka la couche F. Dans ce contexte deja decrit, il est permis d'attribuer ce fait aux occupations successives qui ont engendre des phenomenes de tassement et de pietinement importants. Les elements compris entre 50 et 100 mm se repartissent de la meme maniere en stratigraphie. Par contre, les frequences de restes de plus de 100 mm sont plus irregulieres. Elles sont importantes en F2, ce qui correspond essentiellement aux fragments de diaphyse issus des percussions volontaires primaires. Cela montre que l 'Homme fracturait dans le but d'obtenir la moelle osseuse et ne pratiquait pas de fracturation secondaire pouvant par exemple etre liee a la preparation de bouillons gras.

5. APROPOS DES CERFS ..~

Le Cerf elaphe fait encore partie de ces animaux qui frequentent la plupart des grandes forets de feuillus et de resineux d'Europe et d'Asie. Au cours du Pleistocene superieur, le Cerf se developpe davantage lors de periodes climatiques temperees et humides revelatrices de rechauffement du climat ; il est particulierement bien represente dans la premiere partie du Wurm ancien ou il est le chef de file des especes forestieres dans les associations fauniques. Moins etroitement lie a la foret que le Sanglier, il semble que le grand Cerf du Pleistocene a pu s' adapter a des conditions environnementales et climatiques plus severes qui font que l' on peut egalement le trouver en association a des faunes dites froides, comme c' est le cas au Portel (en particulier dans le sous-ensemble F2-F3-G). La forte taille du Cerf du Portel rapproche cette espece de la forme qui est attestee dans le Wurm II, c'est-a-dire dans des conditions climatiques rigoureuses et en associations avec le Renne. L' ensemble des observations effectuees dans le contexte pyreneen concourt a attribuer au Cerf un biotope nettement humide et peu froid. Sa presence sous des conditions nettement plus rodes est a mettre en relation avec des microclimats, des changements saisonniers, des interstades ou encore aux deplacements des hommes vers des territoires de chasse lui etant moins hostiles.

Enfin, les fragments de grande taille presentent des taux plus faibles dans les couches B, D mais egalement F3. Ce fait est peut-etre lie a la methode de decompte (un reste de 50 ou 100 mm sera comptabilise deux fois) et au calcul de pourcentages. Toutefois, dans le cas des couches B et D, ce resultat ne

Figure 184. Fragmentationdes ossements de Cerfs (¾NR) ■

II

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4.2 Femur

Trois os carpiens de Chamois sont parvenus: il s'agit d'un pyramidal et d'un pisiforme appartenant a un meme individu de la couche F2 et d'un second pisiforme dans la couche F3. Aucun d'eux ne portent de marques d'exploitation ou d'alteration.

Seule une tete femorale a ete detenninee dans la couche B: elle presente des coups de dents de petit Carnivore qui n' ont pas provoque sa fracturation. On peut sans doute considerer que les restes de femur soot sous-estimes du fait de l' extreme fragmentation/fracturation qui a atteint cet os riche en viande. Des fragments de femur (diaphyses et extremites articulaires) appartenant a des Cervides OU petits Bovides ont ete regroupes dans l' ensemble des petits herbivores.

3.5 Metacarpien III-IV (os canon) Panni les restes de metacarpiens de petits herbivores, aucun n'a pu etre attribue au Chamois.

4.3 Patella

3.6 Phalanges anterieures

Une patella droite cassee temoigne de la presence du Chamois dans la couche F2 . Ellene presente pas de marques de preparation ou d'intervention biologique .

Toutes les phalanges sont regroupees dans le paragraphe consacre au membre indetennine.

4.4 Tibia

4. l\1EMBREPOSTERIEUR L' etat de fragmentation des restes de tibia et l' absence d' extremites articulaires proximal es ou distales ne permettent pas d'attribuer une determination specifique aux eventuels restes de tibia de Chamois. Les fragments de diaphyse indetermines ont ete classes dans les tibias du groupe des petits herbivores (chap. Petits Herbivores). L'os malleolaire est egalement absent de l'assemblage.

4.1 Coxal Le coxal de Chamois n' est represente que par un fragment d' acetabulum gauche de la couche F2. Cet element ne porte pas de marques d'exploitation et sa fragmentation est certainement d' origine mecanique. La constance de la presence de restes de bassin dans le groupe des petits herbivores temoigne du hon potentiel de conservation de l'os coxal.

258

Le Chamois

4.5 Tarse Les ossements du tarse de Chamois sont peu nombreux et issus des couches B (NR=l talus) et F2 (NR=3 dont deux cubo-naviculaireset un talus). Ils ne presentent aucune trace d'inteivention d'origine biologique mais temoignent, grace a la bonne conservation de ces petits .os compacts, de la presence de l'acropode du Chamois la ou ni le tibia, ni la malleole ne permettaientde le supposer. 4.6 Phalangesposterieures Toutes les phalanges sont regroupees dans le paragraphe consacre au membre indetermine. 5. l\IEMBREINDETERMINE 5.1 Phalanges Au total, 16 fragments de premieres et deuxiemes phalanges ont ete detennines: six d' entre eux correspondenta des phalanges entieres (Tableau 64). Les specimens de la couche B ont ete ingerespar un Carnivore et leur attributionau membre posterieur n' est donnee ici qu' avec la plus grande reseive. Les troisiemesphalanges sont absentes de ce lot. Hormis les attaques de carnivores, ces ossements ne presentent pas de marques d'inteivention biologique. 5.2 Sesamoides Un petit sesamoi'de issu de la couche F3 est attribue au Chamois. Il ne presente pas de marque particuliere. II - L' ASSEMBLAGE 1. TAPHONOMIEET EXPLOITATION

L'assemblage de Chamois est constitue par un total de 65 restes osseuxet dentaires repartis dans les couches B, C, D, F, F 1, F2 et F3. Cependant, compte tenu de la repartition de ces vestiges, nous avons ecarte les fragments isoles dans les

couches C, F et F 1 du decompte des individus. En effet, il est difficile, sur de telles representations, de comptabiliser des individus apartir d'isolats dont la presence dans ces niveaux est douteuse du fait des nombreux remaniements. Les lots les plus significatifsseront ceux des couches B et F2F3. Dans tous les cas de figure, ce sont les dents isolees qui ont ete le mieux conservees. Les elements du squelette postcephalique soot epars mais temoignent d'une exploitation anthropiquedes chamois dans la couche F2 (Figure 192). Par contre, seules les interventions de carnivores sont relevees dans la couche B. Dans l' ensemble, le mode de conservation des restes semble associe a leur petite taille et a leur enfouissement rapide qui les a proteges des diverses agressions taphonomiques. Ils rejoignent en ce sens ceux des chevreuils. La structuredes populations etablie apartir des degres d 'usure dentaireet de la presence de lacteales montre que toutes les classes soot representees (Tableau 65) mais les processus d'exploitation obseives ne permettent pas d'elargir la vision des modes de predation a l' ensemble des chamois. 2. APROPOS DES CHAMOIS... La distribution geographique et chronologique du Chamois est semblable a celle du Bouquetin. Au sein des gisements prehistoriques, on doit constater que leurs restes sont tres rares. Actuellement,des differencesmorphologiqueset comportementalespermettent de distinguerplusieurs formes geographiques et l'insularite montagnarde du massif pyreneen autorise le classementde l'Isard au rang d'espece. L'Isard est un animal tres bien adapte au milieu montagnard. Des que l 'hiver est rigoureux, les hardes quittent les hauteurs pour se rapprocher de la foret protectrice: comme dans le cas du Bouquetin,leur deplacementen verticale est lie aleur subsistance et temoigne de conditions climatiquesparticulierement rigoureuses. D'apres Delpech (1983), dans le Wurm ancien du sud ouest de la France, la diminution du Bouquetin et le maintien du Chamois pourraient indiquer une augmentation de l'humidite alors que l' absence de Chamois et la presence du Bouquetincorrespondraientpeut-etre aun climat plus sec.

259

CHAMOIS

N 0 °'

Bois/cheviIle Crane OS Hyoi'de Maxillaire Mandibule Dents isolees inf. Lacteale Incisive Pm2 Ml M2 M3 Dents isolees sup. Pm2 Ml M2 Ml-M2 M3 Scapulaarti Scapulapalette Humerusprox Humerusdia Humerusdist Radiusprox Radiusdia Radiusdist Ulna prox Ulnadia Ulna dist Carpe entier Carpe fragment Metacarpe prox Metacarpedia Metacaroedist Vertebres Cotes

B B C C NR NMI NR NMI 2 I

2 l

I l

I

I

I

I

2

1

I

l

D

D

NR NMI

I

E F F E NR NMI NR NMI

Fl

Fl

F2

F2

NR NMI NR NMI

I

I

l

l

3 I

2 1

F3 F3 G G NR NMI NR NMI I

1

I

l

K

K

NR NMI

1 t"'1 (:)

c;)

~

~

l

1

I

4

3

1

3 I

I

2 I

I

I 1

1

2

1

1 2

2

l

1

2

1

~

~

~

~ ~

I 1

1

N

..... °'

Coxal a11i Coxal autres parties Femurprox Femurdia Femur dist Patella Tibia prox Tibia dia Tibia dist Os malleolairc cnticr Fibula prox Fibula dia Fibula dist Tarse entier Tarse fragment Metatarseprox Metatarsedia Metatarsedist Metapodeindet Sesamo1degrand Sesamordepetit Phal I indet Phal II indet Phal III indet Total / NMI

I

I

I

I

2 I

2

I

1

I

I

~

I

26

1

4

1

1

2

I I

3

1

1

I

1

l

l

4

4

1

l

1

Males Femelles adultes indet. NM/ /couche

C

B

D

E

F

Fl

I

l 2

I

F3

F2 I I

G

I

5

1

I

25

3

5

1

4

I 1

Tableau 65. Stmcture des populations de Chamois en stratigraphic

3 3

Total 2 4

2 1

l

4

K

1

1

9 9

g i::i

I I

I

Tableau 64. Denombrementdes restes de Chamois

CHAMOIS Jeunes Jeunes adultes Adultes Vieux

l

:i

·a

.D

E 0

...J

'0

::s

c,:s

~

2

(.)

c,:s

.....

Q,)

"'O 0

1-1

c,:s

~ r,i

0.

eu

B

·a

~

u

Cl:!

p.



1-,

(I>

>
100mm

60 40

20

Pts Herbi

Gds Herbi

273

Indetennines

Pts Herbivores

Crane Maxillaire (os) Mandibule(os) Dents isolees sup. Dents isolees inf. Cervicales Thoraciques Lombaires Sacrum Caudales

Totalvertebres

Iv

-.J

.,::..

Cotes I cartilage Scapula Humerus Radius

A

B

Fl

F2

F3

3

37

23

275

139

15

3

TOTAL 543

1

10

3

115

112

9

2

261

9

1

2

11 7

5 3

39 85 100 12 4

33

1

94 169 203 27 10 503 769 93 56

E

4

2

3

3 6 2

3

4

11

3 5

32

F

18

D

C

30

1 5 26

1

27

75 6

2

9

39 2 2

240

480 44

32

H

G

55

88 15 6 197

70 39 20

6 1 7

33 2

I

J

K

L

1 3

9

M

TOTAL

~ 0

....

~

~

~ ....

Ulna Carpe Metacames Cox.al Femur Tibia Os malleolaire Tarse Metatarses Sesamoides Metapodes Phal. I Phal. II Phal. III Indetermines

~

~

~ 1 1

l

4 l

3 7 2

7 1 7

1 1 2

2 4 1

2 2

2

2

1

2

l

81

14

73

6

159 36~

Tableau 67. Denombrement anatomique des restes de petits Herbivores

159 25~

11

9

2

25 11

24 4

6

13 39 38 15

9 28 34 12

4

I

l

l

3405 498~

976 187(

107 194

l

34 59 33

1

23

34 81 78 28 480( 786'

~ ~

-

Pts HerbivorE Crine

NR

N

-.J U\

Emousse Esquillement Stries Charriage Alteration Carnivores Impact Mixte FG FC FM J/JA Tot. NR

anat

Mandi os

%NR NR

Cotes (arti)

%NR NR

110

23

94

36,9

27 125 45 4

5,6 26,l 9,4 0,8

15 101 91 7

5,9 39,6 35,7 2,7

474 4 l 23

98,9 0,8 0,2 4,8

251 4

98,4 1,6 0 3,9

479

10 255

%NR

Cotes

(corps)

Cervicalcs

NR

%NR

NR

Lombaires

Thoraclques

%NR

NR

11 3 9 49 32 3

9 2,5 7,4 40,2 26,2 2,5

133

2,9

15

16

32

23,2

20

17,7

13 254 86 9

2,8 54,6 18,5 1,9

27 l 5

28,7 1,1 5,3

16 31 19 14

11,6 22,5 13,8 10,1

7 27 4

6,2 23,9 3,5

119 3

97,5 2,5

461 4

99,1 0,9

90 4

95,7 4,3

8

6,6

4 465

0,9

6 123 8 6 3 13~

4,3 89,1 5,8 4,3 2,2

12~

94

Tableau68. Denombrementanatomiquedes marques obse1veespar champ taphonomique

Indetermines

Sacrum

%NR NR

%NR NR

%NR 9

33,3

12 6 3

44,4 22,2 11,l

113

100

24 3

88,9

3 113

2,7

3

11,1

NR

%NR

1452 21 206 2000 833 45 584 33 4168 631

30,2 0,4 4,3 41,6 17,3 0,9 12,l 0,7 86,7 13,1

47 480 1

1

~

l

~

~

ti--

~~

~

27

La Grotte Ouest du Porte/

Pts Herbivore~ Nb de Restes Emousse Alteration Charriaee Stries (total) CD

B

B

NR ¾NR 9 13 33

11,7 16.9 42,9

3

3,9

3

C

C 1 3 9

D

D

NR ¾NR 10 30 90

NR 13 7 28

E

E

%NR NR 28,9 15.6 62,2

3 3

F

F

%NR NR 50 50

100

51 52 122

Fl

FI

17.8 18,2 42,7

35

12,2

23

65,7

3 6

8.6 17,1

F2

%NR NR

%NR NR 93 35 102 JO 4

42.5 16 46.6

1486 810 1907

4,6

169

40

6

60

86 10 25 32

15

6,8

459

80 20

367 82

6 3

2.7 1,4

10 8 64 21

R

p SP Impacts (total) N=l N=2 N=3 percussion : P Esquillement Carnivores Mixte: IS Mixte : SC Mixte: SCI Fraementation FG FC FM Longueur 0- 50mm 50 - 100mm ~l00mm Total'

18

3

3,9

4,4

2

6,3

8 9

44,4 50

3

16.7

12

4.2

3

I

12 3

74 3

96,1 3.9

10

100

43 2

95,6 4,4

6

100

255 27 3

89,2 9,4 I

197 21 1

90 9,6 0,4

3951 515

64 20 3

83,1 26 3,9

5 5

50 50

11 33 I 45

24,4 73,3 2,2

4 2

66,7 33,3

77 228 18 28~

26,9 79,7 6.3

62 183 2

28,3 83.6 0,9

953 3825 107 44n

77

10

6

2B

Tableau 69. Denombrement stratigraphiquedes marques observees par champ taphonomique sur les diaphysesd'os longs

276

Les petits Herbivores

F2

F3

F3

¾NR

NR

¾NR

33.2 18,1 42,6 3,8 50.9 5,9 14,8 18.9 10,3 80 17.9 2.2 0,2 1,4 0,5

88,2 11,7

21.3 85,4 2,4

264 230 440 71 25 48 4

19 16,5 31,6 5,1 35,2 67,6 5,6

121 116 5

8,6 95,9 4.1

G NR

12 9 46 11

9 2

14

14

G

K

¾NR

NR

7,8 5,9 30.I 7,2 81.8 18,2

K ¾NR

2 2 3

10,5 10,5 15.8

9,2 100

TOTAL

NR 193C 116'1 2691 299 17~ 60 60 40 627 5U 96 13

16 9

1,2 0,6

3

0,2

1260 127 3 430 989 31 139]

1 3

0,7 2

90,6 9,1 0,2

134 18

87,6 11,8

30,9 71.1 2,2

54 115 2 153

25 99 24 6

19

100

595~ 713 7

35,3 75.2 1,3

11 8 19

57,9 42,1

1671 540f 164 6692

277

%NR 28,9 17,4 40,3 4,5 56,9 20,1 20,1 13,4 9,4 82,6 15,3

2,1 0,4 1,5 0,4 0,1

89 10,6 0,1 25 80,8 2,5

La GrotteOuest du Porte/

278

Esquilles

ESQUILLES Petits herbivores - Grands herbivores - Esquilles indeterminees

Le tenne d' esquille, pris clans un sens large, sert communement a designer les fragments osseux indetermines, c'est-adire ceux dont la diagnose tant anatomique que specifique n' a pu etre etablie. Dans ce travail, nous elargissons la notion d'esquille a !'ensemble des fragments dont la determination est incomplete: ainsi, nous comprenons dans les esquilles les petits et les grands herbivores auxquels s'ajoutent naturellement ce que nous avons choisi d' appeler les "esquilles indeterminees". Cette classification a ete generee par une etude de la fragmentation osseuse basee sur les dimensions des fragments (longueurs et largeurs maximales). Ce type d'analyse s'inspire d'observations ethnologiques qui font etat de techniques de preparations alimentaires encore pratiquees chez les Eskimo Nuniamuts du Nord Alaska (Delpech et Rigaud 1974 ), techniques destinees a une exploitation de l' os qui se resume en trois etapes: extraction de la moelle, preparation de bouillons, extraction de la graisse. Cette exploitation se traduit par une fracturation volontaire predeterminee par le produit recherche (moelle, graisse). La presence regulierement attestee de nombreux fragments osseux dans les anciens campements et dans les gisements prehistoriques nous amenent a nous interroger sur la signification de tels assemblages a la suite d'autres auteurs qui ont considere l'interet de l'etude de ces fragments (Binford 1978; Brain 1981; Patou 1984; Shipman 1981). L'Homme n'est pas le seul agent a qui puissent etre attribues les phenomenes de fragmentation qui, ne l' oublions pas, peuvent egalement intervenir post-depot. Dans le cas du Portel, la presence et !'installation d'un certain nombre de carnivores, en particulier les hyenes, posent le probleme de l'attribution de cette fragmentation systematique tout au long de la stratigraphie. Pour tenter de repondre a cette question, nous avons eu recours a divers travaux bases sur les longueurs des fragments osseux et proposant des schemas d' assemblages caracteristiques de l 'un ou l' autre agent taphonomique, Homme ou Carnivore (Brain 1975, 1981; Binford 1981 ; Bunn 1982, 1983; Delpech et Rigaud 1977; Hill 1983). Si ce type de comparaison ne propose pas de solution miracle quant aune attribution certaine de l'origine de !'assemblage (la seule analyse des longueurs ne peut etre reellement significative car elle doit etre combinee a celle des diverses marques observees sur les ossements ), elle a une valeur indicative non negligeable, surtout dans une optique stratigraphique ou elle permet de mettre en evidence des phases differenciees. L' association dans l' ensemble des esquilles des petits et grands herbivores et des esquilles indeterminees presente un caractere complementaire evident qui combine les effets de l' ensemble de la fragmentation des herbivores. Les esquilles 279

indeterminees sont representees par une grande majorite de fragments de moins de 50mm alors que les tranches superieures (plus de 50mm) se rencontrent chez les petits et grands herbivores (Figure 207). De fait, on constate que les ossements de grands herbivores soot moins sensibles aux phenomenes de fragmentation (en particulier post-depot) que les petits herbivores.

1-ESQUILLESINDETERMINEES Nous designons sous le terme d'esquilles indeterminees tous les fragments osseux indetermines des deux points de vue anatomique et specifique. Ces restes sont ace point fragmentes qu'ils n'ont pu etre classes ni dans le groupe des grands herbivores, ni dans le groupe des petits herbivores. Les esquilles soot nombreuses, de la couche B a la couche L (Tableau 70). Ce lot est constitue de petits fragments appartenant probablement a l'ensemble du squelette des mammiferes. Cependant, de par leur structure, il semble qu'il englobe une assez forte proportion de restes craniens, de vertebres, de cotes et clans une moindre mesure d' os longs avec une predominance de fragments d' extremites articulaires. On remarque en effet une faible representation d' os compacts pouvant appartenir a des fragments de diaphyse. Nous les avons comptabilises de deux manieres: en nombre de restes (NR) et en masse en individualisant les esquilles bnllees (Tableau 70 et 71 ). Le seu1 classement possible ne pouvait etre base que sur des classes de taille (longueur maximale de l' esquille) ; nous en avons determine trois: -de Oa 20 mm -de 20 a 50 mm - de plus de 50 mm. La repartition ainsi obtenue met en evidence une variation stratigraphique des frequences de taille entre les esquilles de moins de 20 mm et celles comprises entre 20 et 50 mm (Figure 208). Les petits fragments de moins de 20 mm sont particulierement bien representes dans la couche C (second ensemble mousterien) et augmentent progressivement de Fa G (premier ensemble mousterien) clans un contexte ou !'action anthropique domine celle des carnivores. Il est done interessant de noter que cette repartition correspond aux niveaux dont l' occupation est la plus intense en terme d'assemblage faunique (sens large) et d'industrie lithique associee. Un premier degre d'analyse consiste reconsiderer ces couches en fonction des donnees taphonomiques qui nous soot connues. En terme de mise en place des assemblages, les carnivores soot consideres comme etant dominants en B, C,

a

La Grotte Ouest du Porte/

F-Fl alors que l'action anthropique est nettement attestee en F2-F3-G.A partir de la, on constate que C s'individualise de D dans l'ensemble mousterien le plus recent soit par une action plus anthropique, soit par une aire de defecation. Si le taux de representation des esquilles de moins de 20 mm est equivalentde Ca G (pourtant considere comme anthropique), c'est peut-etre que cette couche, qui est la plus profonde et qui se comporte,au niveau des marques d' origine biologique, sur le meme modele que F3, reflete un taux de fragmentation eleve imputable aux phenomenes de tassement et de pietinement. Toutefois, cette classification est a ce stade incomplete puisqu'elle se limite pratiquement a des fragments de moins de 50 mm. En fait, les restes osseux de plus de 50 mm ont ete "determines" en grands ou petits herbivores. Bien qu' ayant

ete traites au meme titre que les autres especes,ces ensembles n 'en regroupent pas moins des esquilles. Afin de pallier cette lacune, nous regroupons les resultats obtenus dans ces groupes pour completernotre classification par des longueurs comprises entre 50 et 100 mm et plus de 100mm (Figure 209). La repartitionmise en evidence dans la figure 209 permet d' observer une forte proportion de fragments "longs" localises dans l'ensemble "F" avec un maximum releve pour les deux classes, couche F2, dans un contexte ou les petits fragments de moins de 20 mm sont particulierement bien representes (de 40 a 65%). L'analyse qui suit montre aquel point la proportion de fragmentsde petite taille est determinante dans l'interpretation de l'assemblage.

Figure 208. Classes de longueur des esquilles des couches Ba G

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%~..&pl~pl-~-. ............ .s.,a._...,........... ~ B C D E F Fl F2 F3 G

II NR>

de5cm

IEINR de 2 a 5cm □ NRde0a2cm

Figure 209. Frequencedes restes par classes de longueur(esquillesindeterminees)

30"'T"""-------------=------~-----_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-~■ 0a50mm

II

50 a 100mm

20

0

B

C

D

E

F

Fl

F2

280

F3

G

H

K

L

Esqui/les

II - PETITS ET GRANDS HERBIVORES Les petits et grands herbivores se composentrespectivement de 6692 et 9956 fragments osseux soit un total de 16 648 restes. Ces deux groupes presentent des caracteristiquesgenerales communes.On note que leur conservationen terme de longueursd'ossements est du meme type (Figure 210 et 211) malgre les differencesdans les charpentessquelettiquesd'un Bison et d'un Renne. Ce fait est particulierementnet dans la couche F2 ou l' analyse est frappante: il se pourrait alors, comme on a deja eu !'occasion de le remarquerau cours des etudes archeozoologiques,qu'il y ait un veritable calibrage dans les proportions des fragments obtenus par fracturation anthropique.Dans ce cas, la notion de calibrage va dans le sens de la chaineoperatoiremise en reuvredans l' exploitation des carcasses. De plus, cette uniformite ne se constate pas dans les couches plus marquees par la presence carnivore: il y a done mise en evidence d'un phenomene specifiquement anthropique. Les phenomenes de fracturation post-depositionnelle restent delicats a aborder et ne sont pas pris en considerationici. La couche F3 presente des frequences legerementdifferentes d'une classe de taille al'autre en particulierpour les elements de moins de 50 mm (dont la distribution inteme est -equivalente de F2 a F3, Figure 208) et ceux de plus de 100 mm. Nous n'avons malheureusement pas d'explication a cette situationpour laquelle une analyse spatialeouvriraitpeut-etre une voie de recherche. Aun autre niveau de comparaison,les degres de conservation sont du meme ordre (charriage, emousse, alteration) et decroissent de fa~on significative selon la profondeur des couches. Le taux d' emousses legerement superieur des petits herbivores s' explique par une sensibiliteplus grande de ces

ossements aux phenomenes de charriage et de ruissellement liee a leur relative fragilite. Les difference.s de structure et de morphologie entrainent une meilleure detennination anatomique des grands herbivores, bien que les taux d'indetennines soient toujours predominants. 11 ressort neanmoins de cette analyse que malgre une conservationdifferentielledefavorable, les elements du squelette axial et en particulier les cotes soot bien representes. Entin, quel que soit le niveau de detennination anatomique, les taux de fracturation sont relativement faibles (10,6 et 14,7%). Les frequences d'impacts, de stries et de marques de carnivores observees en stratigraphie permettent d'attribuer un role plus ou moins dominant de l'un ou l' autre des deux agents principaux: les resultats se rejoignent pour attribuer a l'Homme l'essentiel de la fracturationdans l'ensemble mousterien "F" (et jusqu'a la couche G) alors que les ensembles sommitaux et inferieur se caracterisentpar des interventions plus marquees des carnivores.Ce fait peut etre conforte par la composition anatomique de !'assemblage des petits herbivores (couches B, C, D) constitue exclusivementde restes de squelette axial et cephaliquemajoritairementmarques par les interventionsde carnivores(par oppositionaux impacts d'origine anthropique,Figure 212). Si on croise ces donnees avec les frequences des fragments compris entre O et 20 mm relevees dans ces couches (en particulier la couche C, Figure 208), on peut envisager que l'apport de ces os est imputable a des carnivores ayant introduit des restes de carcasses ; la presence de hyenes et de loups (voir chap. "Syntbese sur les Carnivores") est attestee par des restes osseux, des coprolithes et confirmeepar la mise en evidence d'un ensemble de tres petits fragmentsosseux roules ou ingeres pouvant evoquer dans la couche C une aire de defecation.

Figure 210. Frequencede restes par classesde longueur(petits Herbivores) 80

■ 0 a 50mm

II

60

Im

50 a 100mm > 100mm

40

20

0 B

C

D

E

F

Fl

F2

281

F3

G

H

K

L

La Grotte Ou.estdu Porte/

Figure 211. Frequence des restes par classe de longueur (grands Herbivores)

80

■ 0 a 50mm ■ 50 a 100mm ml > 100mm

60 40

20

0 B

D

C

E

F

F2

Fl

F3

G

H

K

L

Figure 212 . Origine de la fracturation observee par couche archeologique (petits et grands Herbivores)

30-----------------------------l!I

% carnivores % impacts

20

B

C

D

E

F

Indices d 'allongement

Fl

F2

F3

G

K

L qui ne sont pas assez significatives) . L'ensemble des resultats obtenus sur les assemblages confirme done les observations stratigraphiques et l' interet de l' analyse taphonomique pour la comprehension du remplissage. A chacune des couches correspond une entite osteologique soumise differents mecanismes d'enfouissement repondant aux facteurs sedimentologiques, physico-chimiques, mecaniques et archeozoologiques. La distribution et la variation des indices d' allongement se traduit par une certaine unifonnite de la couche C a la couche G alors que Bet K sont differenciees (Figure 213, 214, 215) au niveau de l'indice 2-3. 11est important de remarquer que ces deux couches sont les plus significatives de l 'installation de tanieres de hyenes mais aussi du passage d 'un certain nombre de carnivores tels que les ours, renards, blaireaux (voir chap. Synthese sur les Carnivores, Tableau 14). Cette uniformite correspond aux phases d'occupations les plus

Comme nous l' avons expose dans la partie methodologique de ce travail, les fragments osseux ont ete mesures et un indice d'allongement deduit (quotient de la longueur sur la largeur, voir chap. Methodologie ). Nous avons principalement utilise ces donnees dans le but de detenniner une evolution stratigraphique. En effet, l' analyse des differents champs taphonomiques a pennis d'individualiser trois niveaux de remplissage (voir chap. Petits Herbivores et Grands Herbivores): niveau somrnital avec les couches B et C-D, niveau moyen avec !'ensemble "F" et selon le cas la couche G, niveau inferieur ( couche K et eventuellement G). Avec les indices d' allongement, nous retrouvons ce type de distribution avec plus d'acuite: !'ensemble superieur B s'individualise de !'ensemble mousterien C-D, la couche G semble davantage s' associer al 'ensemble "F" la couche K constituant aelle seule !'ensemble inferieur (on neglige ici les couches H, I, J,

a

282

Esquilles

importantesmais est independantedes modes de fracturation mis en evidence (Figure 212). Ces resultats nous amenent done aconsiderer,a la suite d'autres auteurs (Binford 1988, Bunn 1982)que les interventionshumaineset carnivorespeuvent entrainer les memes phenomenes de fracturation du point de vue de la taille des fragments (essentiellement constituesici de fragmentsde diaphyse). n est ainsi demontre que la base de l 'interpretationdoit etre fondee sur un faisceau de donnees convergenteset que les donnees isolees doivent etre apprehendeesavec prudence. C'est dans cet esprit que nous abordons l' etude comparativedes classes de longueurs d' esquillesprovenant de tanieres de hyenes ou de loups et de gisementsoccupespar des chasseurs-cueilleurs.

III - INTERPRETATIONDE L' ASSEMBLAGE D'ESQUILLES

L' analyse comparativedes assemblagesd' esquilles est basee sur les travaux de Brain (1981) en ce qui conceme les sites a occupations humaines tels que Bushman Rock Shelter, Wilton Large Rock Shelter, FackeltragerShelter, Pomongwe Cave. Les donnees relatives aux tanieres de hyenes du Pare National de Kalahari sont egalement emprunteesa cet auteur et celles de l'Itimalaiyak Wolf Den a Binford (1981). En dehors de I'Homme, les principaux agents accumulateurs d'os dans les grottes soot des carnivores (Hyenides, Felides, Canides, Ursides), des Pores-epics ou des Chouettes. En ce qui conceme la grotte ouest du Portel, seuls les carnivoresont

Figure 213. Indicesd'allongementdes restes attribuesaux petits et grands Herbivores(¾NR) 40

30

a----

couche B



couche C

C>--

couche E



couche D

20

10

1 - 1,99

2 - 2,99

3 - 3,99

4 - 4,99

5 - 5,99

6 - 6,99

7 - 7,99

8-9

Figure 214. Indices d'allongementdes restes attribuesaux petits et grands Herbivores(ens. "F"; ¾NR) 40 El--

• •

30

0

couche F couche Fl couche F2 couche F3

20

10

1 - 1,99

2 - 2,99

3 - 3,99

4 - 4,99

283

5 - 5,99

6 - 6,99

7 - 7,99

8-9

La Grotte Ou.estdu Porte/

Figure 215. Indices d'allongement des restes attribues aux petits et grands Herbivores (ens. inf.; ¾NR}

40-----------------------------30

~

coucheG



coucheK

20

10

l - 1,99 2 - 2,99

3 - 3,99

4 - 4,99

5 - 5,99

6 - 6,99

7 - 7,99

8-9

terature (Brain 1981: classes de longueur en inches ( I inche = 2,54 cm). En l'etat actuel de nos recherches, ce type de donnees est rare, c'est la raison pour laquelle nous sommes limitee aux resultats obtenus dans les grottes, abris et tanieres africaines. La comparaison repose done sur l 'hypothese selon laquelle les comportements animaux sont incbanges malgre le decalage chronologique, geographique et specifique.

ete mis en evidence par la presence de restes osseux, dentaires et de marques de dents: il s' agit de hyenes, de loups et dans une moindre mesure d'ours et de felins. Les etudes de comportement des hyenes et des loups montrent que ces animaux etablissent leur taniere a un rythrne saisonnier correspondant a la naissance des jeunes. Les tanieres sont alors occupees dans le courant du printemps pour une periode plus ou moins longue. L' espace occupe par le groupe se partage en zones auxquelles correspondent des activites specifiques: aire de repos, de nourriture, de defecation. La repartition spatiale des restes ne sera pas abordee dans le cadre de ce travail pour des raisons que nous avons exposees plus haut. Malgre cette lacune qui ne pourra etre comblee qu'a la reprise des fouilles, nous avons etabli pour chacune des couches archeologiques un "profil" de repartition des esquilles en fonction de leur longueurs selon des classes adaptees a celles utilisees dans la lit-

D'une maniere generale, les differences entre assemblages d' origine anthropique et carnivore se situent dans la variete des especes representees, dans le degre de fragmentation et dans le taux de marques attribuables a l'Homme ou au Carnivore (impacts, stries, dents, rognage). Ainsi, on constate que les hyenes et les loups apportent des os a priori entiers et que la fracturation induite par leur consommation produit des fragments d'assez grande taille (Figure 216).

Figure 216. Classes de longueur (cm) des fragments osseux de repaires de Hyenes en %NR (d'apres Brain 1981)

20.-------------------=======:i

■ Kruger Park

II

Gemsbok

El Kalahari

0

-0

~

M

N

~ M

V)

~

'9 V)

r-\C)

00

~

o;' 00

- -0 - 0

°' 284

N

M

I

I

N

-.:t' I

M

- -J... V)

~

\0

r--

\C)

-" r--

1

Esquilles

Lorsque les ossements soot ingeres puis rejetes, les debris correspondantaux aires de defecation soot de tres petite taille (Figure 217). Ils peuvent alors etre confondus avec les debris de fracturation anthropique pour l' obtention de bouillon gras ; c'est la que doivent intervenir les observations sur les modes

de fracturation et de mise en place des niveaux archeologiques. Dans l'ensemble, on considere que les ossements de camps de chasseurs-cueilleurs soot plus fragmentes que dans les tanieres et que de plus, on observe une selection clans le choix des especes.

Figure 217. Classes de longueur des esquilles provenant d'une aire de defecation de Loups (¾NR)

Itimalaiyak Wolf den Binford 1981, p. 58 20

NR=l27

10

0

§ 00

0

§ ~

0

§

§

§

§

N

°'

M

°'

0

0

N

Selon Bunn, la difference de comportement Homme/animal s' observe davantage sur les extremites articulaires relativement bien conservees dans les repaires et fracturees par les hommes (Bunn 1983). En fait, ce genre d'appreciation ne peut etre systematique sur les gisements ou de nombreux parametres susceptibles de brouiller les pistes interviennent. Dans le remplissagede la grotte ouest du Portel, les fragments de moins de 50mm soot toujours majoritaires, la plupart d'entre eux etant compris entre 25 et 50mm sauf dans la couche C ou nous avons deja emis l'hypothese d'une aire de defecation. On s'aper~oit qu'il est possible de regrouper certaines couches a partir de leur profit de frequences de longueurs. Ainsi, B, D, F, Fl d'une part, qui se caracterisent par la predominance des restes compris entre 25 et 50 mm (Figure 218 et 219). En ce sens, elles s'apparentent aux niveaux de Bushman Rock Shelter et de Pomongwe Cave (Figure 222) qui soot des sites d'occupations de chasseurscueilleurs (Brain 1981). En depit de notre analyse taphonomique qui confere a ces couches une importance marquee des occupations carnivores, on constate que leur contenu ne s 'integre pas reellement dans les donnees connues de repaires de hyenes africaines (Figure 216). En effet, les resultats

§

°' ~

°'

I.O

°'

t"-°'

0

0

0

0

~

M

§

i,')

V)

§ 0

00

I\ I.O

t"--

obtenus par certains auteurs (Brain 1981, Shipman 1981) sur des tanieres de hyenes montrent que ces dernieres abandonnent souvent une majorite de fragments osseux d'une longueur superieure a80-100 mm, ou quoi qu'il en soit, toujours au-dessus de 50 mm. Cela tendrait ademontrer que malgre la presence pregnante des carnivores, ces couches (B, D, F, Fl) sont aussi tres anthropisees. Anthropisees sans doute, mais differenciees du groupe F2-F3, G et K qui se caracterise par une forte dominance de fragments de moins de 25 mm. Pourtant, si F2, F3 et G soot incontestablement les couches anthropiques par excellence, la couche K qui leur est associee a, d'un point de vue archeozoologique et taphonomique, une connotation carnivore tres nette. On se trouve alors, dans ce cas de figure, en accord avec les donnees obtenues par Brain (1981) dans les quatre niveaux de Wilton Large Rock. Ce en quoi il s 'avere que pour un meme auteur, des gisements correspondant a des occupations de chasseurs-cueilleurspeuvent presenter des caracteres generaux legerement differents, mais toujours coherents au sein d 'un meme site. Ce que Brain decrit sur des sites differents, nous I' observons dans le remplissage du Portel ouest.

285

La Grotte Ouest du Porte!

Figure 218. Classes de longueurdes esquilles des couchesC et D

80 ¾NRC ¾NRD

60

40

20

0 0 - 25mm

25 - 50mm

50 - 75mm

75 - 100mm 100 - 125mm

> 125mm

Figure 219. Classes de longueur des esquilles des couchesB, F, F 1

80--------------------------IE) ¾NRB 60

~

¾NRF

0 %NRF1 40

20

0

0 - 25mm

25 - 50mm

50 - 75mm

75 - 100mm 100 - 125mm

> 125mm

Figure 220. Classes de longueur des esquilles des couchesF2 et F3 60

■ el

50 40

%NRF2 %NRF3

30 20 10 0 0 - 25mm

25 - 50mm

50 - 75mm

286

75 - 100mm 100 - 125mm

> 125mm

Esquilles

Figure 221. Classesde longueur des esquilles des couches Get K 100---------------------------

E:::]%NRG 0 ¾NRK

80

60 40 20

O - 25mm

25 - 50mm

50 - 75mm

75 - 100mm. 100 - 125mm > 125mm

Figure 222. Classes de longueurdes fragments osseux de Bushman Rock Shelter (¾NR)

60--------------------------NR tot. = 2723 50

■ Bantu

(d'apres Brain 1981)

II

LSA [3 MSA

40 30

20

0 0 - 25mm

25 - 50mm

50 - 75mm

75 - 100mm 100 - 125mm > 125mm

Figure 223. Classes de longueurdes fragments des 4 niveaux de Wilton Large Rock Shelter (¾NR)

80

60

NR=33891 (d'apres Brain 1981)

40

■ Niveau 1

II II

Niveau2 Niveau3 ~ Niveau4

20 0

0 - 25mm

25 - 50mm

50 - 75mm

287

75 - 100mm 100 - 125mm > 125mm

La Grotte Ouest du Porte!

Figure 224. Classes de longueur des fragments osseux de Fackeltrager Shelter (¾NR)

50 40

NR=1588 (d 'apres Brain 1981)

30 20 10 0 0 - 25mm

25 - 50mm

50 - 75mm

75 - 100mm 100 - 125mm

> 125mm

Figure 225. Classes de longueur des fragments osseux des differents niveaux de Pomongwe Cave (¾NR) 100

NR=9549 (d'apres Brain 1981)

80 60



II El

lzl □



40 20

Niveau 1-2 Niveau 3 Niveau4 Niveau5-6 Niveau 7-9 Niveau 10

0 0 - 25mm

25 - 50mm

50 - 75mm

A quoi attribuer ces changements?

75 - 100mm 100 - 125mm

> 125mm.

mm) alors que les autres classes (jusqu'a 100 ou plus de 100 mm) soot seulement representees, est le resultat d'activites anthropiques: c'est le cas, au Portel, des couches F2 et F3, mais aussi de B, D, F et Fl representees jusqu'a plus de 125 mm. La ou les donnees taphonomiques soot les plus reservees quant a la determination de l' activite humaine, a savoir les couches C et K, on ne retrouve que des fragments de moins de 50 mm: il y a la une analogie assez nette avec les donnees exposees par Binford ( 1981) sur l' aire de defecation des loups de Itimalaiyak Wolf Den. On en revient done a l'occupation principalement carnivore de ces deux couches.

La premiere reponse est d'ordre culturel: changement d'un ensemble archeologique mousterien a l'autre, sachant que les deux complexes archeologiques soot nettement separes par une couche sterile epaisse. La seconde idee pourrait etre une explication d'ordre mecanique: plus la couche est profonde, plus le taux de tres petits fragments(< 25 mm) augmente: 32% en F2, 52% en F3, 78% en G, 89% en K. S'agirait-il alors du resultat d'un tassement progressif des objets dans le sediment dont le poids et les phenomenes d'ecrasements (en particulier le pietinement)provoquent la fragmentation? En effet, toutes les autres classes de taille, a partir de 25 mm, diminuent progressivement de la couche F2 a la couche K. Dans la litterature que nous avons utilisee (mais les analyses de longueurs soot assez limitees), un assemblage majoritairement constitue de petits fragments (de moins de 25 ou 50

L'analyse des longueurs d' esquilles vient favorablement infirmer les resultats deja obtenus ce qui lui donne toute sa place dans un cadre d'analyse taphonomique. On regrettera seulement l'insuffisance de ce type d'etude qui interdit d'elargir la comparaison a des gisements du Pleistocene superieur plus proches de nous.

288

Couches B C D E F Fl F2 F3 G I K

L

TOTAL

NRde0a2cm NRde 2 a 5cm 850 1650 2750 615 500 1005 26 171 2033 1500 2750 2100 8250 5182 3400 7500 1500 6000 19 189 3000 385 209 37 3287, 1874'

NR> de 5cm esauilles bn1lees 26 5 13 63 54 1 0 6 152 0 128 7 207 1550 1250 108 38 6 2 0 2 0 1 0 291~ 705

NR = 52240

Tableau 70. Denombrement des esquilles par classe de taille (exprime en NR)

l;1

>(:) ~

N

00

E:



~

Couches B

C D

E F Fl F2 F3 G

I K

L

TOTAL 17687,lsoit

de 0 a 2cm 340 1290 248 17 785 808 3250 2490 2100 42 1278 59 1270' 17,7Kg

de 2 a 5cm 2760 1415 2167 494 4260 4000 8000 5900 2480 24 807 70 399

> de 5cm

165 42 310 23 740 660 860 465 28 4 IO 5 331~

esauilles bn1lees 6,6 21,6 7,3 0 3 3 750 470 7,6 0 0 0 1269.

Tableau 71. Denombrement des esquilles par classe de taille exprimee en masse (g)

Nb Reste

GdsHerbi. GdsHerbi. GdsHerbi. Pts Herbi. Pts Herbi. Pts Herbi. Esquilles Esquilles Total Total Total

~

B

Longueurs 0 a 50mm

C

50 a 100mm > 100mm 0 a 50mm 50 a 100mm > 100mm 50 a 100mm > 100mm 0 a 50mm 50 a 100mm > 100mm

Total

276

3365 13 3382 54 3

4

343

4

32 229 72 11 33 1 1505 54 1548 316 73 193~

H

Fl

F2

F3

G

197 6 208 43 1

228 18 3533 152 3690 800 71

74 476 98 62 183 2 4850 128 4986 787 100

862 4785 526 953 3825 107 13432 207 15247 8817 633

458 1179 91 430 989 31 10900 108 11788 2276 122

33 64 1 54 115 2 7500 6 7587 185 3

252

4561

587:

2469'

14181

777~

E

D

12 36 3 5 5

36 92 28 64 20 3 2500 26 2600 138 31

F

7 35 1 4 2

80 420 53 77

I

K

L

9

2

3

11 8

3

208 2 208 2

3385 2 3405 12

246 1 246 1

3

2H

341'

24,

TOTAL

1603 7321 873 1671 5408 164 51621 705 54895 13434 1037 6936i

Tableau72.Denombrement stratigraphique desfragmentsindeterrnines (gdset pts Herbivoreset esquilles) ~ ~

~ N \0 0

Esquilles Tot = 69366

0 - 25mm 25 - 50mm 50 - 75mm 75 - 100mm 100- 125mm > 125mm Tot. couche Pts et Gds Herb Tot = 16648

1 - 1,99 2 - 2,99 3 - 3,99

4 - 4,99 5 - 5,99 6 - 6,99 7 - 7,99 >8

Tot.couche

B

C

852 1750 107 39 25 6 2753 B

2751 632 46 12 2 2 3440 C

76 51 40 20 14 2 2

2 227

17 21 11 3 1 0 0 2

62

F

D

E

500 1056 234 101 79 17 1937

26 181 27 18 4 0 254

D

E

75 133 80 37 17 5 4 5 378

1508 2187 585 258 82 15 4518 F

8 17 9 5

5 0 0 0 51

225 278 155 82 23 11 0 6 833

Fl

F2

F3

2105 8308 7555 2881 4277 6956 530 6340 1839 313 3089 573 112 791 137 29 123 33 5883 24311 14205

6004 1585 163 26 5 0 7751

Fl

G

F2

229 2517 317 4011 172 2050 57 1063 23 266 105 8 4 41 5 16 905 10672

F3

879 1098 622 166 56

3003 392 12 2 0 0 3417

T A I

L L E

K

3

49 82 57 23 7 4

10

4

4

0 245

3177

~

K

G

5 3 4 1 3 1 1 0 30

Tableau73. Denombrement des esquillesselonles classesde longueuret desrestesde petitset grandsHerbivoresselon les indicesd'allongement

I

N D I C

E

s

~

~ .....

~

~ ~

-

Conservationosseuse

CONSERVATION OSSEUSE

Les differents etats de fragmentation et d'alteration obseives sur les ossements d 'une couche a l' autre de la stratigraphie nous ont engagee a nous interroger sur les processus de conseivation osseuse engendres par les conditions d' enfouissement et de sedimentation. Cela revient aposer le probleme de l 'histoire du remplissage mais cette fois, en dehors des interventions humaines ou animales: dans ce cadre, l'os n'est plus considere comme un materiau archeozoologique mais comme un element sedimentologique. L' etude des faunes du Pleistocene met en evidence le classement differentiel des elements du squelette des animaux. Il est desormais admis (Leroi-Gourhan 1955; Bouchud 1975; Poplin 1977) que l'archeozoologue se trouve devant un echantillon osseux et dentaire plus ou moins representatif de l'echantillon originel. Le probleme de la representativite de cet echantillon et par consequent de la faisabilite d 'une analyse sous une approche ou sur une autre (paleoecologique, palethnographique, paleoenvironnementale, paleontologique, archeozoologique ...) doit etre systematiquement souleve. En ce sens, l'analyse taphonomique, qui de part sa definition originelle s'etend bien au-dela des assemblages fauniques (Efremov 1940; Olson 1980), intervient comme un "reconstructeur" de l'histoire des fossiles, depuis la mort de l'animal jusqu'a sa decouverte (Shipman 1981). C'est a partir de l'etude zoologique des restes que la taphonomie contribue a "resoudre les problemes lies a la conseivation differentielle des os qui peut etre due ades phenomenes physico-chimiques (...), a des comportements animaux ou a !'action humaine" (Guerin et Faure 1987: 822). En general, les criteres utilises dans la reconnaissance du mode de fonnation d 'un gisement relevent essentiellement du contexte geologique mais plus rarement du fossile lui-meme: analyse des caracteres extrinseques des ossements (Poplin 1973) et analyses des composants organiques et mineraux de l' os. En effet, la presence de matiere organique dans les ossements fossiles, meme tres anciens, de meme que la conseivation de leurs proteines soot des donnees admises depuis les travaux de Abelson (1954). Les resultats montraient que les fossiles ne sont pas entierement mineralises et les nombreux travaux qui ont suivi, en particulier sur l'utilisation de la reaction de racemisation des acides amines, ont demontre que la conseivation des proteines ne depend pas directement de l' age du fossile mais plutot de la nature du sol qui les enferme et que le degre d'enfouissement, d'un point de vue stratigraphique, n 'intervient pas forcement dans la conservation du materiel proteique: les proteines soot d'autant plus degradees que I' activite geochimique du sol correspondant au preleve-

ment du fossile est intense. Apres enfouissement, les os subissent diverses attaques chimiques qui sont fonction des conditions environnementales et des proprietes du tissu osseux. Les processus diagenetiques alterent la composition originelle de l'os: perte, enrichissement, remplacement. Or, si ce demier est desorganise ou altere, sa solidite et sa robustesse sont atteintes dans la mesure ou la matrice organique de l' os et ses composants mineraux soot essentiels dans le maintien de ses proprietes physiques. De fait, les modifications cbimiques interviennent a deux niveaux: elles affectent la resistance mecanique des os et influent sur le comportement de ces derniers vis-a-vis de la diagenese. Jusqu' a present, les recherches concemant la phase minerale de l' os ont davantage porte sur le potentiel de la cbimie osseuse en matiere de donnees concemant le regime alimentaire, la subsistance, l'environnement, la maladie ou le stress (Price et al. 1985). L'analyse des constituants de !'apatite est effectuee dans un cadre de biologie animale (Parker et Toots 1980). En ce qui nous conceme, c' est dans une optique strictement taphonomique que nous nous pla~ons, car si les modifications en elements cbimiques peuvent refleter differentes adaptations physiologiques, elles n 'en sont pas moins dependantes des conditions d'enfouissement post-mortem ; le principal facteur de modification etant certainement la fossilisation. L'interet est done de mesurer les differences de modifications au sein de la stratigrapbie entre ces deux elements majeurs que sont l'os et le sediment et d'etablir un lien entre !'assemblage et son histoire: mode d'introduction et d'exploitation des animaux, modifications taphonomiques (role de l'Homme, des animaux, du contexte geochimique). Les fragments osseux selectionnes pour cette etude ont ete examines selon plusieurs criteres complementaires: - criteres physiques (aspect et couleur de l'os, densite) - criteres taphonomiques (ecbantillonnage des esquilles de diaphyse d'berbivores) - criteres anatomiques (assemblage osseux des chevaux) - criteres biochimiques (conservation de la fraction organique de l' os = acides amines) - criteres cbimiques (conservation de la fraction minerale).

1. CRITERESPHYSIQUES 1.1 Aspect - couleur Dans un premier temps, des differences assez nettes soot apparues d'une couche a l'autre dans !'aspect general des restes osseux. Ces changements sont lies a divers degres de 291

La Grotte Ouest du Porte/

fossilisation (os apparemment plus lourd et plus compact, plus mineralise done bien conserve) ou a des conditions geochimiques intervenantdans des contextes sedimentairespouvant induire des colorations variees ou un etat plus ou moins altere se traduisantpar des surfaces plus poreuses, corrodees, concretionnees. Ainsi, les caracteristiquespropres achacune des couches ontelles partois permis de reattribuer a sa couche un ossement non marque ou bien de constater que des phenomenes de transport ou de glissement avaient, a posteriori , deplace des ossementsdans des couches voisines. Il est done important de relever de telles observationspuisqu'elles ont une implication archeozoologiqueevidente. C' est en ce sens que nous considerons ce type d'approche (et de maniere generale toute l' analyse taphonomique)comme etant un moyen de controler le degre de validite du contenu faunique des couches. Les differents types de coloration mis en evidence sur les ossements vont dans le sens de la subdivision de la stratigraphie precedemmentetablie. La couche sommitale A presente un amalgame des diverses caracteristiques observees dans les niveaux superieurs qui souligne les nombreux remaniements subis. * Ensemble superieur, couche B: les os sont gris fonce ou noircis. Certains sont particulierement compacts et lourds, paraissant bien mineralises alors que d'autres sont en partie alteres par des phenomenes de ruissellement. En fait, cet assemblage est heterogene. * Ensemble mousterien C-D: les os sont de couleur marron fonce anoire et semblent, comme dans la couche B, bien fossilises. Ils sont parfois recouverts d'oxyde de manganese. * Couche E: cette couche est sterile et les rares ossements marques E ont ete reattribues a la couche F a cause de leur aspect et apres confirmationpar les donnees de fouilles (coordonnees en trois dimensions, en particulier la profondeur). * Ensemble mousterien "F": bien que presentant des caracteristiques generales communes aux quatre couches (F, F 1, F2, F3), il est possible de mettre en evidence deux sousensembles F-Fl et F2-F3. En effet, on remarque dans chacune des couches un boo degre de conservation: les surfaces soot lisses et plus ou moins alterees selon que l' os se trouve dans l'un ou l'autre sous-ensemble. Les fragments semblent moins lourds et moins compacts que dans les ensembles susjacents (exception faite de la couche F): ils presentent une couleur marron claire ajaune. Toutefois,on notera que s'il est relativementfacile de reperer un os provenant de la couche F (plus marron) ou de Fl (plus gris), la differencede couleur est moins accusee entre F2 et F3. * La couche G se differencie par un aspect particulierement preserve des surfaces osseuses et par une couleur ocre la distinguant nettement du marron / jaune des couches superieures. * Ensemble inferieur,couche K: les os soot davantagealteres, phenomene que nous attribuons aun transport ou un pietinement important pouvant etre liea I'installation de carnivores. On les trouve exceptionnellementen excellent etat de conser-

vation comme c'est le cas des ossements de chevreuils. Ils soot de couleur plutot grise et d'aspect bien fossilise, souvent piquetes de manganese. Les ossements sont bien conserves si on exclut les phenomimes de fragmentation, de transport et de ruissellement. Toujours englobes dans un sediment sablo-argileuxrelativement meuble, ils n'ont pas pose de problemes de degagement ala fouille de meme que des operations de restaurationn'ont pas ete necessaires. 1.2 Densite

Afin de nous affranchir du caractere sans doute trop subjectif des descriptions qui viennent d'etre donnees, nous avons effectue des mesures de densite en selectionnant des echantillons osseux de 100 fragments d' os compact (diaphyses)de la couche B a la couche G, la couche K etant trop pauvre en materiel. Les masses ont ete mesurees sur une balance electronique (0,01 g. de precision) et les volumes dans des eprouvettes de 1000, 500 et 50 ml. Les resultats obtenus (Tableau74) mettent en evidence des taux de correlationeleves entre masse et volume ce qui tend a montrer une uniformite certaine au sein de chacune des couches. Les densites moyennes deduites de ces donnees (quotient de la masse sur le volume) varient relativement peu en stratigraphie (Figure 226) tout en soulignant l'aspect plus dense des ossements provenant des ensembles superieursjusqu'a la couche F qui presente les valeurs les plus elevees. Cependant, la variation reste faible (moyennes de 1,57 en F2 a2,36 en F) et la question posee est de savoir s'il est possible de mettre ces resultats en relation avec les phenomenesde charriage et surtout de ruissellement decrits suivant les criteres taphonomiques (os charries, roules, emousses, dissous).

2. CRITERESTAPHONOMIQUES L'analyse taphonomique en vue de l'etude des modes de conservationest etablie sur la base de 16648fragmentsappartenant aux esquilles de petits et grands herbivores (Tableau75). Nous ne revenonspas ici sur la methode de releve et de traitement des champs taphonomiquesdeja exposee dans le chapitre "Methodologie" de la premiere partie de ce travail. Les champs taphonomiquesreconnus dans le cadre des phenomenes d'alterations mecaniquesou physico-chimiquessont l' "Emousse", le "Charriage" et l' "Alteration" qui peuvent etre detailles en emousses de bords ou de faces, charries,ecrases OU roules et lustres, concretionnes,dissous, desquamesOU fissures. Les champs lies a !'action d'agents biologiquessont egalement pris en compte ("Carnivore", "Stries", "Impacts", "Fracturation"). Le premier constat est que dans l' ensemble, les trois champs principaux ("Emousse", "Charriage" et "Alteration") evoluent sensiblement de la meme maniere clansla stratigraphie (Figure 227). Les marques de charriage restent preponderantes meme si on note une diminution generale des traces

292

Conservationosseuse

avec la profondeur des couches, constatation qui reste a nuancer du fait de la diminution du nombre d' echantillons par couche (Tableau 75). Ce charriage se traduit par un taux minime de restes osseux ecrases et se partage entre fragments charries et roules clans un contexte de ruissellement en relation avec les taux d'emousses (Figure 228 et 229). L'importance de ces phenomenes, en particulier pour les couches B, C et D se traduit par des marques d'emousses de faces dominants qui impliquent un transport en milieu hwnide plus important (Figure 230). Il ya done une distinction tres nette entre les deux ensembles superieur B et C-D et les ensembles "F" et inferieur ouon constate que la couche E (argilo-limoneuse compacte et sterile) joue un role important.

Toutefois, le ruissellement et le charriage en milieu humide n'ont pas reellement d'incidence sur l'aspect desquame, fissure ou dissous des surfaces (Figure 231). La patine lustree est associee a des frequences d'emousses et de charriage qui traduisent bien un veritable polissage par l' eau et le transport dans ces niveaux. Compte tenu des frequences observees, de la forrne et de l'origine de la fragmentation, il n'est des lors plus pemris d'attribuer ce polissage aune eventuelle production d'industrie ou d'utilisati on de l'os (Vezian 1989). L'eau se comporte comme un element d'erosion: elle dissout les substances, en s'associant elle transforme, en gelant elle casse, elle use les surfaces, elle altere en roulant les elements et son pouvoir d'erosion augmente lorsqu'elle est acide.

Figure 226. Evolution stratigraphique des moyennes de densites par couche 3

. 2

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G

Figure 227. Evolution stratigraphique des marques d'origine mecanique ou physico-chimique 80 El

• •

60

% emousses

¾chaniage % alteration

40

20

o----,~-----------------------------------' B

C

D

E

F

293

Fl

F2

F3

G

K

La Grotte Ouest du Porte!

Figure 228. Detail des observationsmacroscopiquesrelativesaux phenomenesdits de charriage(%NR) Ecrases

II

Roules ~

100

80

60

40 20

0 B

C

F

E

D

Fl

F2

F3

K

G

Figure 229. Relation entre restes osseux lustres, emousses et roules (%NR)

80--------------------

... ---------_-_-_-_-:_-:::=-=-' a Lustres • •

60

Emousses Roules

40

20

B

C

D

E

F

Fl

F2

F3

K

G

Figure 230. Detail des observationsmacroscopiquesrelativesaux phenomenes d'emousses(%NR)

100

I•

~ Emousses B

Emousses F

I

80 60

40 20

0 B

C

D

E

F

294

Fl

F2

F3

G

K

Conservationosseuse

Figure 231. Detail des observations macroscopiques relatives aux phenomenes dits d'alteration (¾NR)

D

Lustres

~ Concretions

II

Dissous

II

Desquames ■ Fissures

80 60 40

0

B

C

D

E

Fl

F

Les phenomenes que nous venons de decrire soot plus etroitement associes a des couches qui temoignent de presence carnivore marquee (Figure 232), dans les ensembles B et CD. Ces interventions sont moins specifiques aux carnivores en F, ou on releve un certain nombre de preuves d' activites anthropiques. A partir de Fl, les taux carnivores/striesimpacts anthropiques s'inversent (Figure 232) et les frequences d'emousses, charriage, alteration augmentent

F2

F3

K

G

(Figure 227). A ce stade, on observe surtout des emousses de bords (Figure 230) et une diminution progressive des fragments roules (Figure 228): le contexte du transport est moins humide. Il est done possible d'etablir, au-dela des evenements post-depositionnels survenus apres la mise en place des sediments, un lien entre conservation osseuse et occupations de la grotte.

Figure 232. Evolution stratigraphique des marques d'origine biologique (¾NR)

30------------------------------

D

% carnivores

-+- % stries 0

-

20

o

0

B

C

D

E

F

295

¾impacts

Fl

F2

F3

¾FC

G

K

La Grotte Ouest du Porte/

3.CRITERESANATOMIQUES Les divers phenomenes de conservation lies aux conditions de modifications mecaniques, physico-chimiques et biologiques des surfaces osseuses ont-ils une incidence au niveau anatomique? La figure 233 montre que les os courts (carpe, patella, tarse et phalanges ainsi que les metatarsiens) sont les moins sensibles aces phenomenes.Les os longs et les restes craniens sont tres marques par le charriage ; on constate que les frequences de restes porteurs de ces traces d'alterations sont plus nombreux sur le membre anterieur que sur le membre posterieur.Les ossements les mieux conserves d'un point de vue biochimique sont ceux qui ont le moins souffert des phenomenes de ruissellement (emousses) si on excepte les radius-ulna:il y a done un lien entre le degre d' alteration taphonomiqueet la conservationdes proteines. Il apparait que tout le squeletten'a pas les memes potentialites de conservation: chaque type d'os a ses propres caracteristiques anatomiques, morphologiques et de resistance mecanique qui en induisent la robustesse relative. La conservationdifferentielle corresponda ce classementpreferentieldes divers elements du squelette appendiculaire(Bouchud 1977). Les differentes caracteristiquesque nous venons de decrire etant sou.mises, avant leur depot dans le sediment,aux actions des hommes et des carnivorespuis, apres le depot, aux actions mecaniqueset geochimiquesengendreespar leur enfouissement,nous avons choisi de presenter les resultats obtenus en liaison avec les echantillonnages osseux effectues en vue des analyses bio-

chimiques et chimiques. C'est la raison pour laquelle nous n 'aborderons ici que la conservation des ossements de chevaux dans les couches F, F2 et F3. Du point de vue de la repartition des marques d' origine anthropique ou carnivore, ces trois couchespresententdeux modeles d'interventionbiologique (Figure 71, chap. Cheval) ou il apparait que si les couches F2 et F3 presentent une dominance anthropique, la couche F temoigne d'un double impact carnivore et humain concurrentiel (Figure 232) ; ainsi, dans le cadre d'interventions des deux agents, il sera possible d' evaluer le role des processus biochimiques et chimiques clans les modes de conseivation des os. La premiere expression de la conservation anatomique est etablie lors du denombrementdes fragments en nombre de restes, puis en pourcentage (%NR) calcule sur le total des fragmentsosseux determinesdans chacune des trois couches. Les dents isolees sont exclues ; elles ne sont prises en compte que pour l 'etablissementdu NMI global de couche. Dans une secondeetape, un nombreminimumd'individus est evalue pour chaque ossement selectionne; il intervient directement dans le calcul d'un taux de representation TR= NMI (type d'os) / NMI (global de couche) * 100propre a chaque ossement (Tableau76). 11est ainsi possible,pour chaque couche, d'etablir une hierarchie au sein des divers elements du squelette appendiculaire sur la base des deux donnees complementairesque soot le NR et le NMI.

Figure 233. Taphonomiedes restes osseux de Chevaux (%NR)

100,----------rn.-----------;:=====::::::;i ■

% emousse 11 % alteration (ii % charriage

80 60

40 20 0

500 g: Nb= 17 y = 14,933 - 0,40625x avec r=0,94 Especes < 500 g: Nb=4 y = 4,8395 - 0,26140x avec r=0,61 Ensemble inferieur (K): Especes > 500 g: Nb=14 y = 14,389 - 0,45860x avec r=0,90 Especes < 500 g: Nb=9 y = 5,4001 - 0,22893x avec r=0,83 Malgre une certaine irregularite dans les nombres d' especes representees, ces resultats montrent une bonne coherence des coefficients de correlation correspondant aux grands mammiferes. Les donnees sont plus inegales quant au groupe des micro-mammiferes mais ce phenomene parait en relation avec la faiblesse numerique des echantillons. De fait, quant le nombre d' especes augmente (ensemble inferieur pour la microfaune, ensembles superieurs et "F" pour les grands mammiferes ), les coefficients sont nettement meilleurs.

coefficients decor2.2.2 Interpretation Les cenogrammes obtenus (Figure 259 a 262) tendent amontrer qu'il n'y a pas eu de variations de la base au sommet du remplissage: ils sont homogenes et se rapportent a la courbe type de milieu ouvert et humide ce qui est une confirmation des resultats deja obtenus (sedimentologie, tapbonomie, associations d'herbivores, micro-vertebres).

Ensemble superieur (B): Especes > 500 g: Nb=l 7 y = 14,832 - 0,39569x avec r= 0,97 Especes < 500 g: Nb=6 y = 4,9579 - 0,2663 lx avec r=0,72

Figure 259. Cenogramme de !'ensemble superieur B

16-r----------------------------6

00 0

14 6

...J

12

6

6

6 6

6

6

6 6

10

6

6

6

6

6 6

8

6

6 6

4

6

6

6

6 6

2 -t----r---r---,,--,,--,,--~-,--..,....---ra--,---r---,,--,r--r--...--r-

______

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.....

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 . Rang des especes

325

La Grotte Ou.estdu Porte/

Figure 260. Cenogrammede !'ensemblemousterienC-D 16-----------------------------, eo 14

j

A A A A

12

A A A A A

10

A A A

8 6 A

A A

4

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2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25

Rang des especes

Figure 261. Cenogrammede !'ensemblemousterien "F"

>-

16----------------------------A

~ 14

...J

A A A A A A A A

12

A A A

10

A

A A A

8

A

6 A

4

A

A

A

2-+-----------------------------t 0 I

2 3 4 5 6 7 8 910111213141516171819202122232425

Rang des especes

Figure 262. Cenogrammede l'ensembleinferieur

>eo 0

...J

14 12 10

A

A A

A A A A

A A A A A

8 A A

6

A A

4 A

2 0 1 2 3 4 5 6 7 8 910111213141516171819202122232425

Rang des especes

326

Biostratigraphie

Cette convergence des differentes methodes d' approches du paleoenvironnement de l'Homme et des animaux nous autorise a conclure a l' existence d 'un milieu ouvert et humide depuis les premieres frequentations de la grotte jusqu'a l'ensemble archeologique le plus recent, c'est-a-dire sur la periode d'occupation du Paleolithique moyen (ensembles mousteriens) au debut du Paleolithique superieur qui correspond ala couche B.

3. BIOCHRONOLOGIE La faune et l'industrie lithique soot, a l'heure actuelle, les seules donnees pouvant nous orienter vers une indication chronologique du site : en effet, les datations par les methodes physiques et biochimiques ne sont pas encore totalement realisees. En resume, nous avons a notre disposition un remplissage du Pleistocene superieur qui contient une industrie mousterienne de type charentien dans les deux ensembles "F" et C-D du Paleolithique moyen et une industrie plus evoluee qui evoque celle du Paleolithique superieur (V ezian 1988, 1989) dans la couche B ( ensemble superieur). Les premieres analyses des restes humains engagent a associer l'industrie de !'ensemble "F" a une occupation neandertalienne (Lumley 1976 et Gruselle 1993). Enfin l' etude des micro-mammiferes indique des associations qui s' observent dans le Riss ill (couche K) et le Wurmancien (Marquet 1989). On peut sans doute esperer que des analyses posterieures poursuivies dans le cadre de la reprise des fouilles apporteront des informations plus precises du point de vue de la datation du remplissage. Les analyses morphologiques et biometriques n' etant pas encore realisees, nous n 'avons pu relever de tendances evolutives pouvant etre utilisees comme marqueurs biochronologiques. A ce stade, nous ne disposons que de la liste faunique et de la repartition des especes. II apparait done, en l' etat de nos connaissances des populations, que les premices d'une indication chronologique relative ne peuvent etre abordees qu'en terme d'associations fauniques. L' abondance relative d 'une espece constitue non pas un element decisif de datation mais une indication chronologique qui se limite a la connaissance de l'intervalle de temps entre sa premiere et sa demiere apparition dans une zone geographique donnee. Cependant, derriere la notion de region geographique presumee comme homogene du point de vue de son environnement a un moment donne de son histoire (ou des composantes relativement stables apparaissent tels que le substrat geologique, le relief, le climat) se cachent differents biotopes auxquels correspondent des conditions ecologiques variees, pouvant etre par exemple liees a des microclimats. Les facultes d'adaptation des especes animales et celles des carnivores en particulier font que ces animaux ne seront pas forcement revelateurs du paleoenvironnement mais plutot de l 'histoire de l' occupation de la grotte.

pour le Wurm II par son caractere froid (omnipresence du Renne) et la presence du Cheval (E. c. cf. germanicus ). De plus, les premieres indications apportees par la biometrie des Canides placent les loups et les renards dans les domaines de variations des populations wurmiennes (Suire 1969 ; Clot 1980). Ace stade, nous restons toutefois reservee quant aux imprecisions des comparaisons liees a la chronologie glaciaire (qui reste malgre tout une base de reference dans la litterature) d'une part et aux differences qui peuvent s'observer en terme de presence animale d'un point de vue geographique (Gerber 1973; Laquay 1981; Altuna et Mariezkurrena 1988). En se reportant aux definitions des biozones enoncees par Guerin (1982, 1987), il apparait que les associations observees au Porte! s'integrent dans celle de la biozone 26 avec en particulier Coelodonta antiquitatis antiquitatis, Equus caballus cf. germanicus, Rangifer tarandus, Ursus spelaeus, Mammuthus primigenius et egalement Microtus gregalis, Microtus malei et Lagurus . Les equivalences au cadre chronologique de la succession des periodes glaciaires (malgre les incertitudes de celles-ci selon les regions et en particulier pour les Pyrenees) nous ramenent a la demiere glaciation wurmienne. Cependant, la fourchette chronologique correspondante est tres vaste: de 100 000 a 10 000 ans. Si on s'en refere a la revision de la chronologie alpine etablie a la suite de la confrontation des etudes palynologiques, de la courbe isotopique de l'Oxygene et des etudes prehistoriques, le Wurm ancien _correspond aux stades isotopiques de 5d a 3 (Tableau 84). Les variations observees au Portel dans l' ensemble "F" a savoir une dominance des formes de milieu ouvert tels que le Renne, le Cheval, le Bison avec des especes montagnardes (Bouquetin, Chamois) associes au Cerf de grande taille, au Mammouth et au Rhinoceros laineux situent le remplissage des la fin du stade 4 jusqu' au stade 3, ce qui correspond approximativement a l'ancienne denomination de wurmien II (Tableau 84). L' assemblage faunique de la grotte ouest du Portel s'integre done bien au sein des donnees accumulees par les paleontologistes pour les periodes correspondantes dans le sud de la France. On citera, sans vouloir etre exhaustive, les travaux de Gerber (1973), Pillard (1972), Lavaud (1980), Laquay (1981), Guadelli (1987), qui permettent, malgre quelques variations d' ordre geographique ou topographique de dresser un panorama sans doute assez complet de la faune. On retiendra done parmi les carnivores le Loup et le Renard, frequemment signales ; le Renard polaire, plus rare ; l'Ours et la Hyene des cavemes, frequents a diverses periodes ; les felins sont signales mais toujours dans des proportions tres faibles (Chat sauvage, Lynx, Lion des cavemes), de meme que les Mustelides (le Blaireau pouvant presenter des cas particuliers d'accumulation comme c'est le cas dans les couches sommitales du Portel). Parmi les herbivores, les rennes, chevaux et bisons sont presque toujours attestes voire dominants. Les especes de milieu boise tels les cerfs, chevreuils et sangliers se rencontrent mais sans commune mesure avec les

D'ores et deja, la combinaison des differents groupes d'Ongules indique une similitude avec les equivalents connus 327

La Grotte Ouest du Porte/

particulier au niveau de la repartition du Renne), mettent en evidence les differences observables d'une region a l'autre, que ces differences soient dues a des conditions geographiques, ecologiques ou a des traditions culturelles. Dans ce demier cas, un phenomene majeur pouvant modifier le spectre faunique d 'un gisement prehistorique est la mise en evidence de chasse specialisee (ce qui n' est pas le cas de la region cantabrique d'apres Altuna op. cit.). Pour l'heure , il apparait que les donnees accessibles a la region pyreneenne soot tres parcellaires. De plus, il se dessine, au niveau geographique , une mosa.Iquede situations pour lesquelles il est premature de vouloir tirer des tendances generale s tant que les analyses ne sont pas achevees . Cependant, il est permis, en l 'etat actuel de nos connaissances, de rattacher le Portel ouest a la region AquitainePerigord et en particulier a des sites tels que Combe-Grenal.

populations de rennes et de grands herbivores denombrees . Leur predominance est rattachee a la premiere phase wiirmienne (Wurm I) a laquelle correspond un climat plus tempere. Le Bouquetin, le Chamois sont egalement signales de fayon episodique de meme que les tres grands herbivores (Mammouth, Rhinoceros). Les sites mousteriens pyreneens eql!livalents sont rares et ce sont surtout les nombreuses etudes accordees aux gisements de la region cantabrique et du pays basque qui offrent le plus de donnees (Freeman 1973 ; Strauss 1983 ; Altuna 1989, 1990). 11apparait que les faunes de ces niveaux mousteriens sont essentiellement constituees de cerfs, de grands bovides (Boeuf primitif , Bison) et de chevaux comme c'est le cas a l'Arbreda, en Catalogne du sud (Rueda i Torres 1993). Le Renne n'y est pratiquement jamais signale de meme que les mammouths et rhinoceros sont tres rares. Ces resultats (en

Figure 263. Repartition des Rongeur s par groupe ecologique en % NR (d'apres Marquet 1989)

20----------------------------forestiers temperes 10

espace decouvert ou forestier \

0 B

C-D

Fl

F2

F3

G

K

Figure 264. Repartition des Rongeurs par groupe ecologique en ¾NR (d'apres Marquet 1989)

100~--- ----------------------80

steppes continentales --

.......•

60

40

20 B

C-D

Fl

F2

328

F3

G

K

Biostratigraphie

Propositionde chronologie Au terme de nos analyses, il est possible de proposer une chronologie indicative au remplissage de la grotte ouest du Portel. La repartition stratigraphique en ensemble inferieur, premier ensemble mousterien "F"; second ensemble mousterien C-D et ensemble superieur B peut etre correlee aux references chronologiques glaciaires et isotopiques de la maniere suivante (Tableau 84). Ces propositions sont a completer par d' autres analyses (datations absolues, paleobiochimie, ...) :

- ensemble inferieur = Riss III ? - Wurm ancien I, stades 5 a4 N.B.: une datation preliminaire par la methode ESR indiquerait un age d' environ 134 000 ± 8 000 ans pour la base du remplissage - ensemble mousterien "F": Wurm ancien II, stade 3 - ensemble mousterien C-D: Wurm ancien II - interstade wiirmien - ensemble superieur B: transition Paleolithique moyen et superieur, interstade Wiinnien. Les resultats de l'etude de l'industrie sont en attente pour preciser le stade chrono-culturel.

329

La Grotte Ouest du Porte!

milieu tempere boise milieu ouvert arctique / montagne milieu non arctique ouvert Caorines ChevalBison Me2aceros Cerf Chevreuil Sanelier Renne

NMIOngules decouche

pourcentage d'Herbivores

31 10 27 0

48,4 41,7 65,9

6,5 20 11,1

F Fl F2

22 29 116

78,6 82,9 84.7

F3 G

45 14

79,9 93.3

H I J K L

0 1 0 8

% NMI / total

d'Onm.tles B C D E

16,1 14,8

58,1 40 63

12,9 20 7,4

27,3 20,7 34.5

4,5 3,4 6

54,5 55,2 50

9,1 17,2 9.5

44,4 35,7

11,1 2 1,4

33,3 35,7

8,9 7

10

100

100 12,5

12,5

36,4

25

50

Tableau 82. Repartition stratigraph ique des Ongule s par groupe environnemental et interpretations

surface Ml inf

Mammuthus EQuuscab. cf. germanicus Coelodontaantiquitatis Bison cf. vriscus Ranf!ifertarandus Megaloceroscf. f!if!anteus Cervuselavhus Cavreoluscavreolus CaJJravvrenai"ca RUJJicavranQJicavra Sus scrofa Canis luJJus Vulves vulves A loJJexlaf!ovus Ursussvelaeus Meles meles Martesmartes Mustela vutorius Panthera(leo)svelaea Lynx lynx Felis sylvestris Crocutacrocuta Microtus sv. Eliomys quercinus AJJodemussvlvaticus Microtusagrestris Arvicolaterrestris Microtusarvalis Citellus sv. Microtuswef!alis Pliomvs lenki

Ensembl e superieur (B) LogY Nb Ml

0 X X 499 ,7

0

4

X X

X 0 X 42 ,6

Ensemble mousterien C-D LogY surface Ml inf Nb Ml

12,884 14,845 *13.114 11,561 13,017 12,594

438,6 489.1 212 ,9

0 X

10,868 *9,320

128,8 50, 1

0

12,594 1 1

*11,024 *9,567

1 3

*10.712 *9,311

0 1 4

*10,868 *9,341

335 .8 88,7

0 X X

0 X

13.458 9,34 7.244

X 0 X X X 439 ,7

6 2

*12,769 14.845 *13.081 *11,799

0 1

373.8 90,3

5

X

3

X

12,18 9.769 8,219 *11,9607 3,962

0 X

3,254 3,974 5,078 3,975

X X

X 0 X

3,912

0

13.458 9,34

X

0 0 X

12,18

0 0 431,8

5

*11,9307

X 0 0 0

3,962

X X

5,078 3,975

0 0 0

Tableau 83. Surface s des Ml inferieures et Log Y (Log poids ) de l'espece correspondante en vu e de l'etablissement des cenogrammes par ensemble archeologique

330

Biostratigraphie

Microfaune dominance