La cosmographie du Ravennate 2870311753, 9782870311752

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La cosmographie du Ravennate
 2870311753, 9782870311752

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COLLECTION LATOMUS voL. 235

LA COSMOGRAPHIE

DU RAVENNATE

LATOMUS REVUE

D’ETUDES

LATINES

6, rue du Palais St-Jacques, B. 7500 Tournai La revue Latomus,

fondée en

1937 par M.-A.

Kugener,

L. Herrmann

et M. Renard et dirigée actuellement par M. Carl Deroux (Directeur général et rédacteur en chef) et Mme Jacqueline DuMoRTriER-BiBAuw (Directeur administratif), publie des articles, des variétés et discussions, des notes de lecture, des comptes rendus, des notices bibliographiques, des informations pédagogiques ayant trait à tous les domaines de la latinité : textes, littérature, histoire, institutions, archéologie, épigraphie, paléographie, humanisme latin, etc. Les quelque 1000 pages qu'elle comporte annuellement contiennent une riche documentation, souvent inédite et abondamment illustrée. Montant de l'abonnement au tome 56 (1997) : Prix pour la Belgique : Prix pour l'étranger:

2.900 FB, port et TVA en sus. 3.200 FB, port et TVA en sus.

Prix des tomes publiés avant l'année en cours : pour la Belgique : pour l'étranger :

3.400 FB, port et TVA en sus, 3.700 FB, port et TVA en sus.

Les quatre fascicules d'un tome ne sont pas vendus séparément.

C.C.P.

000-0752646-23

de la Société d'études latines de Bruxelles.

Une réduction de 20% est accordée aux professeurs de l'enseignement secondaire et de l'enseignement supérieur, aux chercheurs qui font partie d'organismes comme

le F.N.R.S., aux étudiants. Pour l'achat des tomes 1 à XXI, s'adresser à la Schmidt Periodicals GmbH,

Dettendorf, D-83075 Bad Feilnbach 2 (Allemagne). Correspondants : ESPAGNE :

Prof.

J.-M.

BiAzQutz,

Instituto

de Arqueologia, 4, Duque dc Medinaceli, E-Madrid

14.

Érars-Unis Er CANADA : Prof. Allen M. WARD,

| FRANCE:

Prof.

H.

Savon,

rue

Leibnitz,

ITALIE : Prof. M. L. PaLaoını, Via Bellotti, 13,

1-20129 Milano.

Dept. of History, Box U-103, University of | Suisse: Prof. Ph. Mupnv, Connecticut, Storrs, Conn. 06268 (U.S.A.). CH-1006 Lausanne.

IMPRIMERIE UNIVERSA,

52,

F-75018 Paris.

28

Montolivet,

B-9230 WETTEREN (BELGIQUE)

COLLECTION

LATOMUS

Fondée par M. RENARD en 1939 Dirigée par C. DERoux et J. DUMORTIER-BIBAUW

VOLUME

235

f Louis DILLEMANN

La Cosmographie du Ravennate ouvrage édité avec préface et notes additionnelles par Yves JANVIER

LATOMUS REVUE D'ÉTUDES LATINES BRUXELLES 1997

ISBN 2-87031-175-3 D/1997/0415/149 Droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. Toute reproduction d'un extrait quelconque, par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est strictement interdite.

PREFACE par Yves JANVIER

Le présent livre est celui dont je disais m’employer à obtenir la publi-

cation posthume quand j'ai rendu compte, dans la revue Latornus (LII, 1993, p. 723 s.), d'une réédition des /tineraria Romana d'O. Cuntz et

J. Schnetz. Le regretté Louis Dillemann (1899-1985) était de ces officiers de l'armée de terre qui ont su mettre à profit leur présence sur d'exotiques

théátres d'affectation pour fonder ou améliorer la connaissance géographique et archéologique de ces contrées et celle des guerres qui y avaient eu lieu. Conjuguant son vif intérét pour l'histoire ancienne avec

les acquis d'un premier séjour en Syrie orientale (1929-1932), il fit une entrée tardive mais remarquable dans la recherche en géographie historique en soutenant à la Faculté des lettres de Dijon une thése de doctorat d'université intitulée Haute Mésopotamie orientale et pays adjacents. Contribution à la géographie historique de la région, du ve s. avant l'ère chrétienne au vr. s. de cette ère, publiée en 1962 sous

les auspices de l'Institut français d'Archéologie de Beyrouth, et qu'il compléta aussitöt par un long article sur Ammien Marcellin et les pays de l'Euphrate et du Tigre (revue Syria, XXXVIII, 1961 sic). Ces deux importants travaux ont beaucoup servi dans l'édition commentée des livres XXIII-XXV d'Ammien Marcellin par Jacques Fontaine (C.U.F.,

1977). Sa fréquentation des sources antiques avait amené L. Dillemann à porter une attention spéciale à la Cosmographie de l'Anonyme de Ravenne. Conscient des problémes qu'elle posait encore, il annongait déjà dans sa thése (p. 139, n. 1) l'intention d'en publier une étude com-

pléte. Plusieurs articles préparatoires suivirent, les uns signalés dans la bibliographie du présent volume, un autre inédit, d'autres enfin seulement ébauchés.

6

Y. JANVIER

Dillemann considérait sa recherche d'ensemble comme achevée pour l'essentiel vers 1975, et il se consacrait à la rédaction quand, au début

de 1980, alors qu'il avait perdu l'usage d'un œil depuis quelques années, sa vue fut gravement affaiblie par un nouvel accident. Il dut désormais confier

à ses proches

le soin d'élaborer



sous

ses directives

mais,

par force, au ralenti — un dactylogramme tenu pour définitif, qu'il n'était plus en état de relire lui-méme. Dans l'attente aléatoire d'une publication imprimée, il en fut tiré vingt-cinq exemplaires «reprographiés», datés de 1984 : ultime satisfaction pour l'auteur, qui décéda l'année suivante. En fait, leur diffusion scientifique se limita à l'envoi

de deux exemplaires aux professeurs A. L. F. Rivet et Colin Smith, de la Society of Antiquaries of London, avec lesquels Dillemann avait correspondu pendant la phase de sa recherche. En vue de l'édition espérée, lui-méme puis sa succession avaient tout naturellement pressenti la Librairie orientaliste Paul Geuthner, éditrice

de la revue Syria et de la thése mentionnée plus haut. La tragédie libanaise anéantit la possibilité d'un soutien financier par Syria, et la Librairie Geuthner abandonna le projet, d'autant qu'il ne s'agissait pas d'une étude spécifiquement orientaliste. C'est une série de hasards qui me révéla plus tard l'existence de ce travail resté confidentiel, et me permit d'entrer en rapports avec ses détentrices, la veuve et la fille de l'auteur. Il m'apparut comme une injustice du sort que l'ouvrage

auquel Dillemann avait passionnément voué l'essentiel de ses recherches düt rester ignoré. La Cosmographie anonyme de Ravenne avait certes suscité déjà maintes études, mais son riche contenu toponymique est si souvent sollicité qu'on pourra étre content de disposer de la présente synthése, aussi bien pour tenter de combler des vides dans les identifications que pour réexaminer la question des sources. Dans la conjoncture économique actuelle, il est trés malaisé d'inté-

resser une maison d'édition à la mise sur le marché d'un livre étroitement spécialisé. Je ne saurais donc trop remercier le professeur Carl Deroux d'avoir accueilli cet ouvrage dans la Collection Latomus, à charge pour moi d'en mettre au point le manuscrit, et moyennant une

nécessaire participation aux frais d'impression, que les ayants droit de Dillemann ont eu le mérite de consentir. Réalisé, on l'a vu, dans des conditions pénibles, le dactylogramme

de 1984 présentait bien des imperfections. Sa révision a été une täche de longue haleine, mais fort instructive. J'ai pu avoir à ma disposition tous les brouillons, notes et inédits du disparu, ce qui m'a aidé

PREFACE

7

plus d'une fois à élucider ses dires. En plein accord avec mesdames Dillemann, je me suis attaché à parfaire la forme du livre sans en trahir le fond. Cette édition posthume est aussi un acte de piété envers la

mémoire de l'auteur; c'est bien les propositions de celui-ci, et non un produit hybride, qu'il fallait offrir au public ; au reste, je n'étais pas au départ un familier du Ravennate. C'est donc à l'écart du texte de Dillemann, dans prés de trois cents «Notes additionnelles» distinguées par des astérisques et imprimées en fin de volume (tandis que les notes en bas de pages sont d'origine), qu'on lira les explications, remarques et rectifications ponctuelles qui m'ont paru immédiatement nécessaires. Soucieux de limiter le nombre de ces notes additionnelles, je n'y ai pas signalé systématiquement toutes les différences entre l'édition de la Cosmographie à laquelle l'auteur avait choisi de se fier, celle de Pinder et Parthey (1860), et celle de Schnetz (1940) qu'il critique souvent ; de toute facon, les lecteurs devront les avoir sous la main l'une et l'autre pour suivre et apprécier les démonstrations de Dillemann. A l'intérieur de son texte, mes interventions, nombreuses mais indiscernables, n'ont affecté que l'indication des références (qui devaient étre complétées, rajeunies, voire corrigées, mais le plus souvent ajoutées), l'exactitude des graphies de noms propres et des citations (si possible au vu des édi-

tions les plus récentes), et quelquefois l'expression, qu'il fallait purger de quelques ellipses et ambiguités. Les croquis des exemplaires «reprographiés» résultaient de deux brouil-

lons successifs de l'auteur et d'une exécution finale par un dessinateur de métier, profane en topographie antique. Ils avaient ainsi fini par s'éloigner exagérément des dispositions de la Table de Peutinger, que presque tous étaient censés schématiser ; et l'utilisation de trace-lettres

avait introduit dans leurs écritures une mauvaise hiérarchie. Je les ai donc tous redessinés, mais dans l'esprit de ce qu'avait voulu Dillemann, et sans rien changer à ses choix de nomenclature. Enfin, si les énoncés des bibliographies ancienne et moderne ont été revus et complétés — notamment en ajoutant à la premiere l'indication des éditions utilisées tant par moi-méme que par l'auteur —, c'est un «Complément bibliographique» séparé qui énumére quelques travaux modernes que Dillemann n'avait pas mentionnés, ni sans doute consultés, ce qui est évident quand ils ont paru depuis 1980. Afin de ne pas reculer indéfiniment une publication déjà trop retardée

par un sort contraire, j'ai dü me résigner à quelques sacrifices. Si tout ce qui a trait aux sources antiques a été contrôlé, il m'a fallu abandonner

8

Y. JANVIER

un nombre minime de vérifications parmi les sources médiévales et les travaux modernes, d'un accés parfois difficile : en particulier, je n'ai pas pu disposer des premiéres Untersuchungen de Schnetz, celles de 1919

mises à contribution par Dillemann pour les questions de paléographie, et que désigne souvent dans son livre l'abréviation U. prise à Schnetz luiméme. J'ai dà renoncer aussi à inventorier les identifications toponymiques antérieures que Dillemann a déclarées acquises sans en préciser

le détail ni la paternité ; les spécialistes les reconnaitront plus aisément que moi. Dans un compte

(RÉA,

rendu

de l'édition Schnetz de la Cosmographie

1943, p. 311-314), Paul Lebel avait écrit, pour le seul cas de

la Gaule : «Mais il faut identifier toute la série de ces noms, ce que personne n'a encore fait». C'est à ce souhait que Dillemann a voulu

répondre pour l'ensemble du document ; mais ce n'était là qu'une partie de son objectif. Il avait donné au présent ouvrage l'ambitieux sous-

titre «Étude intégrale», et s'en expliquait ainsi au commencement d'un sommaire de présentation trouvé dans ses brouillons : «Le livre que je me propose de faire éditer est pour la première fois une étude d'ensemble approfondie. Seule une étude globale permet de juger équitablement cet ouvrage trés controversé, de comprendre comment il a été composé, de déterminer ses sources et de dégager celles, assez rares,

qui sont inédites». Les recenseurs diront s'il a atteint ou non son but. Sans doute jugeront-ils son travail diversement ; on pourra déjà subodorer dans mes notes additionnelles que Dillemann, trés à son affaire au Proche-Orient, m'a semblé quelquefois un peu moins bien informé dans des contrées occidentales comme l'Afrique du nord ou la Gaule

tardive. Quoi qu'il en soit, pour ce qui est de sa méthode il avait luiméme répondu d'avance à de prévisibles objections, comme le montre

le début de sa Conclusion : «Cette étude encourra probablement le triple reproche d'avoir pris en

général les noms de lieux inédits pour des cacographies, d'avoir recherché obstinément leur origine dans des sources antérieures, d'avoir abusé de certains procédés de restitution. Si des corrections jugées téméraires ont été proposées, c'est parce que

la lecture attentive de la totalité du texte montre jusqu'à quel point il peut étre erroné ou corrompu par endroits. Méme si quelques identifications sont rejetées, il en reste assez pour mettre les sources lointaines de l'ouvrage en évidence»...

PREFACE

9

À tout le moins, on ne pourra pas ignorer l'originalité du plan thématique adopté dans la deuxiéme partie du livre pour examiner les différentes «patries» décrites par le Ravennate ; il atteste l'aisance avec

laquelle Dillemann dominait son objet d'étude. Je n'aurai garde de terminer cette préface sans reconnaitre ma dette envers deux collégues dont j'ai recueilli les avis écrits (on en verra la trace dans les Notes additionnelles et dans le Complément bibliographique), à savoir Christiane Deluz, spécialiste du savoir géographique au Moyen Äge, et Jehan Desanges, grand connaisseur de l'Afrique

antique tant érythréenne que méditerranéenne. Ce travail d'édition posthume, difficile et imparfait, l'eüt été encore un peu plus sans leur aimable contribution. Orléans, octobre 1995.

AVERTISSEMENT DE L’EDITEUR AU SUJET DES REFERENCES

Afin d'éviter une pléthore de retouches sur le dactylogramme (car elle aurait retardé sa remise à l'imprimeur et compliqué abusivement la

täche de celui-ci), certaines de ses dispositions ont été respectées comme suit. 1°)

Table de Peutinger (en abrégé T.P) :

Ses segments ayant été numérotés et subdivisés différemment d'une édition à l'autre (mais toujours de gauche à droite), Dillemann avait choisi de se référer à celle de DrEsjARDiNs. J'ai maintenu ce choix,

y compris pour mes ajouts, considérant que cette édition d'ailleurs trés lisible est communément accessible en France et en Belgique gráce à toutes les grandes bibliothéques municipales. Les segments conservés de la Tabula y sont numérotés de I à XI, et subdivisés en trois tranches verticales A, B, C recoupées à leur tour en deux moities 1 (haute)

et 2 (basse). Dillemann n'a jamais utilisé ces chiffres arabes, le contexte de son travail permettant de s'en passer ; je les ai introduits seulement dans l'annexe «Fautes de lecture», oü on en avait quelquefois besoin. Dans l'édition MiLLER, qui propose une reconstitution du segment

perdu à gauche, celui-ci a été pris en compte. Le I de Desjardins devient donc le II chez Miller, et ainsi de suite. Miller a subdivisé les segments en cinq tranches verticales numérotées en chiffres arabes ; on s'habitue

vite à les faire correspondre aux trois de Desjardins. Le systéme de la récente édition WEBER est exposé au Complément

bibliographique. 2?) Autres références : Pour tout ouvrage ou article dont la désignation complète ne figure pas dans le texte ou les notes, méme à sa premiére mention, on voudra

bien se reporter à la Bibliographie en fin de volume.

AVERTISSEMENT

DE L'ÉDITEUR

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I n'a pas paru indispensable de rétablir une homogénéité parfaite dans l'expression des références antiques (usage des chiffres romains, par exemple). Chez PLINE L'ANCIEN notamment, Dillemann avait tantôt

reproduit et tantôt dédaigné une vieille division en chapitres, intermédiaire entre livres et paragraphes et aujourd’hui superflue ; j’ai laissé les choses en l'état, sachant qu'il ne peut en résulter aucun inconvénient réel. Pour les renvois à PROCOPE, Histoire des guerres, voir la note

additionnelle 17. Enfin, après un numéro de page, de paragraphe, de vers, etc., l’abréviation «s.» parfois introduite dans mes interventions doit être comprise au singulier.

INTRODUCTION

La Cosmographie (abr. : C.) est connue par trois manuscrits : A — Codex Vaticanus, du xiir"* siècle ; B — Codex Parisianus, du x ou xıveme siècle ; C — Codex Basiliensis, du xrvème ou xv*"* siècle.

Elle a été divisée en cinq livres : — —

le livre I est une cosmographie au sens actuel du mot. les livres II-IV sont des chorographies des pays d'Asie, d'Afrique et d'Europe.



le livre V réunit un périple de la Méditerranée (abr. : Per.) et une description des iles dans les mers et océans divers.

La première édition est de Porcheron, en 1688. Les deux dernières sont : —

l'édition de M. Pinder et G. Parthey, en 1860 (abr. : P.P.), suivie de

la Géographie de Guido (abr. : G.). Les références et citations sont —

faites ici d’apres elle ; J'edition de J. Schnetz, en 1940, dépourvue d'index. Elle reproduit en marge la pagination de la précédente (*!). Depuis trois siécles, des jugements tout à fait contradictoires ont été

portés sur cet ouvrage riche de centaines de noms géographiques souvent inédits et de références à une trentaine de sources dont les deux tiers sont inconnues. Une telle divergence d'opinions s'explique. La Cosmographie, rebutante par ses dimensions, son aridité, ses obscu-

rités, n'a été jusqu'à présent étudiée ni en entier ni à fond, mais en général par tranches ou sur certains points particuliers, à partir d'hypothéses fragmentaires qui se révélent inacceptables dans d'autres de ses parties. Une recherche approfondie portant sur l'ensemble de l'ceuvre est in-

dispensable. Seule, elle fournit des moyens d'investigation sürs. Des passages mettent en évidence des fautes indiscutables, des procédés de com-

14

INTRODUCTION

position nettement determines. D’autres passages les confirment, des régles s'en déduisent qui aident au déchiffrement du reste.

Une fois les identifications poussées aussi loin que possible, les sources et leur agencement se dégagent clairement, et parmi elles, les inédites,

qui sont rares. La Cosmographie apparait alors comme l'héntage médiocre des siècles précédents transmis à une époque de grande pauvreté littéraire. Partiellement remaniée et rajeunie à plusieurs reprises, elle a été un des princi-

paux recueils des connaissances du monde jusqu'à la Renaissance.

PREMIERE PARTIE

LA COSMOGRAPHIEET

SES SOURCES

I. Les identifications

La Cosmographie est trés mal écrite. Beaucoup de noms propres ont

besoin d'être corrigés, parfois sévèrement, par référence à un modèle. Comme elle est une compilation, ces modéles sont pour la plupart dans d'autres sources et reconnaissables par le jeu de la paléographie. A défaut, ils ont été cherchés dans la toponymie actuelle, ou directement sur le terrain par le biais de l'étymologie. l. Le déchiffrement par la paléographie Ce procédé, qui marche de pair avec la collecte des sources, ne restitue que des noms déjà connus ailleurs. C'est pourquoi la Cosmographie nous apprend si peu puisqu'elle ne devient généralement lisible que dans la mesure où elle est un démarquage. Depuis Porcheron, les identifications se sont multipliées gráce à une meilleure prise de conscience des fautes habituelles des copistes : — — —

lettres confondues ou lettres adventices ; mots collés, mal coupés, tronqués, trongons de mots intervertis ; lettres de correction en surcharge introduites au hasard dans le mot,

ou formant un groupe pris pour un autre nom ; —

abréviations indéchiffrables ;

— emploi successif de majuscules et de minuscules, de l'alphabet grec et latin, donnant naissance à deux séries de fautes superposées. D'autres changements viennent de la prononciation, ainsi { — d.

J. Schnetz a jugé les corrections de ses prédécesseurs empiriques. Il a proposé une méthode «scientifique» praticable seulement par des spécialistes de la paléographie (!). Comme il a séduit quelques adeptes de cette discipline, sa prise de position intransigeante doit étre discutée. Il a procédé au collationnement minutieux des divergences entre les

manuscrits existants ; il en a déduit leur parenté par l'intermédiaire des manuscrits antérieurs reconstitués et dotés d'un systéme d'écriture. A partir de là, une correction, pour étre acceptable, devrait dépendre de la forme des lettres de ces manuscrits hypothétiques. (1) J. ScHNETz, lui-méme).

Untersuchungen zum Geographen von Rav. (abr. U. par ScuNE1z

18

PREMIERE PARTIE

En fait, les listes de fautes pour chacun d’eux different peu entre elles — Schnetz lui-méme en convient (U. 47, 56, 67) — et les listes déjà utilisées, de sorte que, s'il a à son crédit un certain nombre d'identifications nouvelles, il ne fait dans bien des cas que confirmer celles

de ses devanciers. Sa méthode a deux défauts. Son collationnement n'est pas exhaustif. Il a prêté peu d'attention aux confusions dues à la transcription de noms grecs en latin. Il manque surtout d'objectivité, car il visait à

prouver que le Ravennate était un auteur digne de foi, disposant de documents originaux, mais trahi par les copistes. Il a eu tendance à

écarter ce qui génait sa démonstration. Sa querelle avec H. Gross à propos de la Thrace en est l'illustration. Ce dernier avait identifié Mocabora (C. p. 184, 16) avec Mocasura de TP VII C (ὃ (*!bs). J. Schnetz a soutenu que le Ravennate avait

certainement disposé d'un document particulier parce que la confusion b — s était paléographiquement impossible (Annexe II b) (?). Trop souvent, Schnetz, emporté par son zèle, a oublié le sage précepte suivant lequel «les corrections sont adjugées au rabais», c'est-à-dire que les plus discrétes sont en général les meilleures. A propos du Rhin (C. p. 228, 15) qui egreditur de loco qui dicitur Rausa confitio, il a repoussé la correction de P. P. Rauracon finis, pourtant conforme à ses listes de fautes par anticipation (fi— n;s—r;

U. 45 et 53), et en changeant une lettre sur deux il a fait apparaitre luga Poenina (°). Au chapitre II/6, Eudaemon Arabia, affirmant contre toute évidence

que le Cosmographe énumérait toujours les villes in einer geordneten Reihe (souligné par lui), il a inventé un enchainement et repoussé d'évidentes coincidences jugées fortuites comme entre Olafi (C. p. 55, 18) et Olaphia de Ptolémée (VI, vii, 34, villes de l'intérieur) (*?). Il a appliqué ses régles sans retenue et, en modifiant le découpage des mots dans la proportion insolite d'une fois sur trois, il a interprété le texte reconstitué d'aprés des sources prétendues inédites (5).

(2) H. Gross, Zur Entstehungsgeschichte der Tabula Peutingeriana, Berlin, 1913. Pour 7:P j'ai utilisé l'édition Desjardins. (3) J. Scunerz, Quellen, p. 56-58. (4) J. SchneTz, Z.N.F. 15, p. 89-91. (5) Arabien dans Philologus, 77 ; cf. liste des toponymes d’Eudaemon Arabia avec leur correction, p. 411.

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

Ces excés montrent que des chercheurs moins mais plus pondérés ont droit aussi à la parole. D'ailleurs,

il faut se rendre

à l'évidence.

Passé

19

bons paléographes un certain seuil, la

«science» est impuissante en face de certains désordres. Des cacographies sont rebelles à toute explication par la paléographie, et des passages de la Cosmographie seraient incompréhensibles sans T:P. sous les yeux (6). Un bon exemple est fourni en Francia Rinensis par Coadulfaveris (C. p. 228, 4) identifié avec Castra Herculis (TP. 1 B-C) uniquement à cause de sa place dans l'énumération calquée sur les étapes de la carte routière (7). Schnetz a appelé de tels noms des Unnamen (5). Comme la Cosmographie est presque toujours une séche énumération, il est exceptionnel que des détails facilitent une identification. C'est pourtant le cas, resté jusqu'ici inapergu, en Espagne (C. p. 302) oü les

provinces viennent en partie de Jordanés. La dernière, Aurariola, est inconnue et suivie d'un commentaire : etsi modica existit, tamen omnino fertilis et speciosissima esse dinoscitur. Ce détail inaccoutumé en queue de liste est un additif. K. Miller (5), s'appuyant sur une simple consonance, a supposé qu'il s'agissait de Provincia Carthaginensis du ivèm siècle nommée d’après la ville d'Orcelis de Ptolémée (II, vi, 60), aujourd'hui Orihuela. En

réalité, le commentaire est un résumé de la description de Minorque par Strabon (III, v, 1-2) appliqué aux Baléares, une des provinces du ıveme siècle. Une citation de ce géographe à cet endroit n'est pas surprenante, puisque c'est déjà lui qui a fourni au Ravennate le qualificatif de chiliopolis (C. p. 301, 1) pour l'Espagne (*?). Il s'exprime ainsi à propos des Baliaridas (1°) devenues Valearis maior et minor (C. p. 414, 12 et 15): Ἢ δέλάσσων

(...) κατὰ μέγεθος μὲν οὖν τῆς μείζονος ἀπολείπεται («La

petite est trés inférieure à la grande par la taille», etsi modica) ; (6) En Maurétanie Sitifienne (II1/ 7), Amabu municipium - Gaddo - Leba - Balicin Vicum - Mobziacum vient de T.P 1: Ad Sava municipium — Ad Olivam ; Ad Basilicam — Ad Ficum — Mopti municipium. (7) J. Scunzrz, dans Z. N.F. 15, p. 89, et B. H. Srorre, p. 87, ont tenté une justification par deux voies différentes. (8) J. ScuNETz, Z.N.F. 14, p. 85-97 ; Ip., Z. N.F: 15, p. 86-89 pour Coadulfaueris. (9) K. MıLLer, M. M. vi (1898), p. IO. (10) La paléographie justifie Baliarida ou Valiarida — Aurariola ; confusion fréquente b-—v-—u - a, cf. Untiana (C. p. 239, 12) et Batiana (T.P. 11 A); li a été lu ὁ (U. 45) confondu ensuite avec r (U. 13) ; la finale da est devenue ola par décollement de la haste du d.

20

PREMIERE PARTIE

κατὰ δὲ τὴν ἀρετὴν οὐδὲν αὐτῆς χείρων ἐστίν («mais ne lui cède en rien par la beauté (la qualité)», speciosissima) ;

(...) πρὸς δὲ τῇ εὐκαρπίᾳ τῆς γῆς («... à cause de la fertilité du sol», tamen omnino fertilis) (*^).

2. Les identifications par la toponymie moderne Il est naturel que l'auteur de la Cosmographie, natif de Ravenne, ait eu connaissance de noms plus récents dans son pays, Bellitiona (C. p. 251,

15) pour

Bellinzona,

Garda

(253, 9), etc., ou dans

les iles

environnantes Pagnarea, Basilidin (406, 8 et 12), Pantalasca (lire Pantalaria, 407, 10) pour Panaria, Basiluzzo, Pantellaria ; Agiation (lire Agiagium, 413, 12) pour Ajaccio, additif en fin de liste des localités corses. Ailleurs les références à la toponymie actuelle sont plus discutables. C'est le cas en Francia Rinensis et en Alamania chez A. Jacobs (!!), et également en Alamania chez Schnetz, qui s'est montré plus chauvin que paléographe en prenant huit pages pour démontrer que Solist (C. p. 233, 3) pouvait étre Hohenzollern plutót que Solicinium ajouté en fin de liste probablement par un copiste ultérieur d'aprés Ammien

Marcellin (XXVII, x, 8 et XXX, vii, 7) (!?). Quant aux identifications de Reichard en Carneola, citées par P. P. (C. p. 222), elles ne sont que des approximations sans valeur, du genre Sorbam = San Servolo, fondées sur des consonances (!?). 3. Les identifications par l'étymologie et le terrain C'est la méthode employée en Grande-Bretagne oü la perte du premier

feuillet de T:P limite considérablement le recours à la paléographie. Elle consiste à retrouver au moyen de racines celtiques le sens des noms géographiques, et, quand celui-ci est descriptif, à retrouver sur le terrain le site correspondant. I. A. Richmond et O. G. S. Crawford (abr. R. & C.) ont récapitulé les résultats de recherches menées de cette maniére dans un savant

(11) A. Jacoss, Gallia ab An. Rav. descripta, p. 27-36. (12) J. Scunetz, Alamannenorte, p. 67-76. (13) Pour Carneola, voir mon article Patria Carneola dans Philologus 116, 1972. Sorbam, pour s'en tenir à ce nom, est Sabam ou la Save, la jambe du a décollée a été lue r.

LA COSMOGRAPHIEET

article (!%). Malheureusement

SES SOURCES

21

leur hypothèse de départ est contredite

par l'expérience acquise sur le continent. Il n'est jamais sür que l'ordre des noms dans le texte de la Cosmographie corresponde à l'échelon-

nement des lieux sur une carte routiére et sur le terrain. R. & C. ont dû admettre deux exceptions, l'introduction sans avertissement, dans un itinéraire, d'un embranchement ou d'un carrefour.

La mutilation de 7T:P n'empéche pas le chapitre V/31

Britannia

d'avoir été rédigé et transmis comme le reste de la Cosmographie, d’être défiguré par les mémes fautes et d'étre passible des mémes corrections. Il est bon d'en tenir compte et d'essayer quelques procédés confirmés ailleurs, aux endroits oü les solutions proposées par R. & C. sont le moins convaincantes (15). 4.

La recherche des modeles dans les diverses sources

T.P. en fournit le plus grand nombre. D'autres proviennent d'un fonds commun oü les Géographes ont successivement puisé. Au contraire, certains appartiennent exclusivement à des auteurs dont l’utilisation dans la Cosmographie est de ce fait sûrement prouvée, quoiqu'ils ne soient pas nommés. Ainsi Strabon avec chiliopolis (C. p. 301, 1), Pline avec Sosirate et Dianae Templum devenus Sostrate

et Divina ou Duina (C. p. 44, 19-20 ; 52, 17 et 19), Isidore de Charax, 1, avec Kommisimbela = Cubicumbilo (C. p. 54, 9), Denys le Pénégéte avec Thonitis (C. p. 63, 6) pour Thospitis, Procope avec Dubios (C. p. 75, 12) (*5), Ptolémée avec de longues énumérations en Asie centrale et orientale. On ne doit recourir à d'autres sources qu'aprés avoir

épuisé toutes les possibilités de celles qui sont süres. P. P. ont eu tort d'évoquer, entre autres, le Syncelle pour

Leviada

(C. p. 84, 5), Agathias pour Cotaisin (C. p. 76, 5), Sozoméne pour Sigoron (C. p. 111, 12) puisque Ptolémée connait le premier nom, Procope le second (*9) et que le troisiéme est le doublet de Sagarion (C. p. 110, 17), le flumen Sagar de T.P. VIII B, comme l'établissent

les stations environnantes. Cette fidélité aux sources süres permet de risquer certaines rectifi-

cations. En Dalmatie, Medione iuxta Burzumon (C. p. 211, 8) a peu

(14)

The British Section of the Ravenna Cosmography dans Archaeologia XCIII,

1949. (15) Voir mon article dans Archaeologia CVI, 1978, et infra p. 195-205.

22

PREMIERE PARTIE

de chances d'étre la ville d'Acarnanie bien lointaine, nommée par TiteLive (XXXVI, 12), mais plutót la déformation d'une correction en surcharge sur la carte routiére (infra, p. 98). 5. Nouveaux procédés de correction Une étude globale permet de regrouper des déformations de méme

origine éparses dans la Cosmographie et de les corriger de la méme facon.



Sur le Périple, Schnetz (éd., p. 93) a bien vu que Dosiopolis était un complément à Theodosia (C. p. 370, 4 et 5). On en déduit qu'en Mauritania Gaditana, Ubus est la correction de Subulcus en Sububus (164,

18-19). Alors, en Dalmatie,

Emanio

(211,

13) n'est qu'une

sur-

charge de Burzumon destinée à lui rendre la forme Birziminio connue par 7t. p. 339 (16). — Des syllabes de correction en surcharge sont passées à la fin d'un mot. En Syrie, Heracome de ΤΡ XA est devenu /aracopama par

adjonction de ma corrigeant pa (C. p. 86, 6); m — p, Annexe

II d.

La méme erreur a dü faire naitre Medione de la surcharge minio, écrite

cette fois Medio et prolongée par la surcharge de correction ni lue ne (C. p. 211, 10) ; d — n, Annexe II c.



Deux noms issus d'un seul ne sont pas rares. En Assyne, Ad

Tomenta

de

ΤΡ

est devenu

Tumerta et Astenuta

avec ou sans Ad

(C. p. 66, 17-18). — Parfois une syllabe de correction est passée à un autre nom. En Macédoine, /stubera (C. p. 196, 12) a été forgé avec A Stibo et la finale

de Tranupara voisinant sur T:P. VI C. En Alamanie, Grinarione et Large de ΤΡ III A et II B sont devenus Crino et Laguirion (C. p. 232, 8 et 13). En Espagne, Bricantia (308, 5) est aussi Cabricantium (307, 13) par adjonction de la syllabe destinée à restituer à Rubriari (307, 12) la forme correcte Rubricaria. En Britannia, Sinetriadum est le doublet de Smetri avec une terminaison empruntée à Clindum qui suit immédiatement (433, 8-9). En Pannonie, Louia est devenu Ecclavia par emprunt de la syllabe destinée à rendre à Saniglon (217, 4-5) la forme Stanecli de T.P. VI A.

D'autres généralisations permettent certaines identifications. — La détermination d'une patrie au moyen de sa ville principale, Thermantica, Parsagada, Ctesifontis, etc. (C. p. 45, 4 et 7; 51, 5 et (16) Itinerarium Antonini Augusti, pagination WESSELING.

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

23

52, 8; 66, 2 et 67, 1) incite à penser qu’Hentru, Gozar, Circeon sont aussi des noms de villes (54, 21 ; 64, 13 ; 174, 6). — Des villes cótiéres sont devenues des iles et vice versa : Cerasus (C. p. 101, 6 et 392, 18) ; Veneris (414, 6) et Portus Veneris de Méla II, 84 ; Crucis, une des sept villes de Sardaigne sur TP, Erucio sur It. p. 83, est devenue l'ile Crocia (C. p. 410, 10). — Des noms en fin de chapitre sont des additifs sans rapport avec le réseau routier. En Mésopotamie, Dura Nicanoris (C. p. 82, 7) vient d'Isidore de Charax, 1 (G.G. M. p. 248, 1. 9) ; en Corse, Agiation pour Agiagium (C. p. 413, 12) est Ajaccio, d'origine plus récente que les noms qui précédent.

II. Genèse et structure

La Cosmographie de Ravenne, à prétention universelle, est rédigée selon la mode du temps sous forme de breviarium dépouillé de tout détail jugé superflu. L'auteur avertit son lecteur à deux reprises (1/18 et V/34) qu'il évite la verbosité : polylogiam fugientes ; quasi breviter, et précise : — —

Potuissemus (...) subtilius dicere totius mundi portus et promuntoria atque inter ipsas urbes miliaria (1/18, C. p. 39, 10-13) ; Potuissemus (...) earum (patriarum) castra vel promuntoria universos torrentes, verum etiam petrosa refugia, simulque earum regionum stadiis minutius enarrare (V | 34, C. p. 445, 7-12).

Cependant, dans une perspective d'ensemble, il n'est plus possible de prendre le Géographe anonyme qui se dit natif de Ravenne pour un habile compilateur agengant seul les renseignements tirés de la bibliothéque de sa ville natale. Il est un maillon dans une chaine, mais

il ne nomme pas clairement ses prédécesseurs, pas plus que Guido ne le nomme

dans sa Géographie.

Nous

sommes

donc bien obligés de

lui reconnaitre le premier róle. Selon la pratique des compilateurs de ces temps-là, il s'en est tenu aux documents qui lui étaient facilement accessibles, sans se soucier des anachronismes et des lacunes, la plus grave étant son ignorance de la conquéte musulmane. En fait, la Cosmographie a pris sa forme actuelle en plusieurs étapes difficiles à déméler ; elle a été amplifiée, rajeunie par des rédacteurs

24

PREMIERE PARTIE

successifs. Elle n'est pas seule dans l'histoire de la géographie à avoir subi de tels avatars. Des détails qui seront signalés dans la 2*7* partie ne s'expliquent pas autrement. l. L'origine du livre V

La composition de ce livre mérite une attention particuliére car elle étaye l'hypothése exprimée ici. Aucune source n'y est nommée. Le livre I, qui sert d’introduction, en donne peut-étre la raison. Il expose le plan des chorographies des livres II à IV avec l'énumération successive des patriae, civitates, flurnina (C. p. 39, 3-6). Il annonce un chapitre réduit pour les iles (C. p. 39, 7-9) avec seulement insulas, cherronisos, Cycladas, Sporadas seu Dorcadas per mundum positas (!) sans commune mesure avec l’abondante énumération du livre V oü il y a une seule Chersonése, le Péloponnése,

mais oü Cyclades et Sporades ont disparu, de méme que les trois iles au-delà de Mauritania Perosis (C. p. 158 ; cf. Ad Tres Insulas, It. p. 11) et les insulae Fortunatae (C. p. 325), du moins sous cette forme. Ces détails laissent entendre que le chapitre sur les iles initialement prévu a été remplacé par un document beaucoup plus riche, probablement anonyme, dans lequel une carte a fourni plus d'informations que T.? n'en contient. Quant au Périple, il n'est pas annoncé au livre I car, contrairement à une opinion répandue, la derniére phrase (C. p. 39, 10) répétée et complétée à la fin de l'œuvre (445, 7) ne le concerne pas, puisque

potuissemus signifie que l'auteur aurait pu faire, mais n'a pas fait, par souci d'étre bref, une description du monde plus compléte et non un périple, avec des ports, des promontoires mais aussi des forts, des torrents, des cavernes et les distances entre les villes.

D'autres indices montrent que le Périple est un document indépen-

dant intercalé par erreur dans la rédaction initiale de l'Europe. La page 325 récapitule les limites de ce continent et les peuples riverains des Océans septentrional et occidental. Elle se raccorde à la page 384 qui rappelle comment les super scriptas patrias ont été décrites alterna-

tivement de l'Océan à la Méditerranée et de la Méditerranée à l'Océan.

(17) Jorpants, Get. 1,4 : Insulas quoque (...) tam maiores quam etiam minores, quas Cycladas vel Sporadas cognominant, in inmenso maris magni pelagu sitas determinant.

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

25

Entre les deux, soixante pages sont consacrées au Périple avec l'introduction suivante : «Pour le lecteur ou l'auditeur qui aurait envie de connaitre plus précisément toutes les villes du pourtour de l'ensemble de la grande mer, simplement mises cóte à cóte, nous alions recommencer à les énumérer en

détail, quoique nous les ayons déjà toutes nommées à leur place dans chaque région».

Ce Périple qui part de Ravenne et y revient a dü étre rédigé dans cette ville d'aprés une carte routiére, mais pas d'aprés la méme que pour les patries, car les différences d'orthographe sont sensibles. Le rédacteur du ms C en a été conscient et il s'en explique à deux reprises (C. p. 330, 15 ss. ; 339, 1-14) : «Ne t'étonne pas, lecteur, si les noms des villes décrites précédemment

différent un peu de ceux que nous allons donner ci-dessous. Ils signifient une seule et méme chose».

L'indépendance du Périple par rapport à l'ensemble de la Cosmographie est confirmée sur deux autres points : a) Le chapitre 17 du livre I (C. p. 37-38) est une ébauche de périple méditerranéen avec quatre golfes. On y retrouve seulement cinq des onze villes qui limitent chaque tranche du Périple du livre V. Il a en plus les embouchures du Danube et de l'Oronte, un découpage des rives du Pont-Euxin conforme au livre IV, la mention de provinces lombardes en Italie, per fines Pentapoleos, Spoletaneorum et Beneventanorum, et de la Septimanie en Gaule. b) Le Péloponnése, rattaché au continent dans le Périple (C. V/13), est décrit plus loin avec les iles (C. V/22), comme le prévoyait le livre I.

De nouveau, une réflexion a été inspirée par cette répétition (C. p. 398399) : «Dans la Chersonése, nous lisons qu'il y a de nombreuses villes dont nous

avons déjà nommé quelques-unes sur le pourtour de la mer, mais comme de nombreux philosophes ont traité cette Chersonése parmi les iles, nous sommes obligés d'en faire autant».

2. Les ouvrages dérivés de la Cosmographie Deux maillons postérieurs de la chaine d'auteurs ont été conservés et donnent une idée de la maniére dont la Cosmographie a évolué.

Ce sont le ms C ou codex Basiliensis et la Géographie de Guido.

26

PREMIERE PARTIE

D'aprés Schnetz (U. 11, 18 IV, 34-36), l'auteur du ms C était un copiste philologue, probablement originaire de Vénétie, qui a corrigé les fautes de langue de son modele, ajouté des titres, des tableaux

statistiques ou des résumés, remarqué les coincidences ou les différences entre le Périple et les chorographies, mais surtout qui a ajouté des renseignements nouveaux sur l’Italie du nord-est (Venecia) comme

d'autres ont dû le faire ailleurs. P. P. ont démontré dans leur préface (C. p. xv) que la Géographie de Guido était postérieure à la Cosmographie à laquelle elle fait de

larges emprunts sans d'ailleurs citer son auteur anonyme, en y insérant de nombreux extraits de provenance variée.

L'origine de Guido est controversée. Se fiant à quelques subtilités paléographiques,

Schnetz (U. 66) a affirmé que ce Géographe

avait

copié un manuscrit en minuscules de Bénévent, raison suffisante à ses yeux pour le faire naitre dans cette ville, d'autant plus qu'il a fourni sur elle des détails supplémentaires (C. p. 279 ; G. p. 480, 10), argument sans valeur, car il en a fait autant pour Ravenne (C. p. 258, 3; G. p. 461). La paléographie suffit-elle pour rejeter la déclaration de Guido sur son origine ? Il se dit, lui aussi, de Ravenne, mais en des termes différents de ceux de l'Anonyme, si bien qu'on ne peut conclure en toute certitude qu'il a recopié son modèle par étourderie ou par une volonté de substitution (!5). Ajoutons que le premier à avoir fait mention du Ravennatis scriptoris cuius nomen non extat est Ricobaldus de Ferrare (fin du xir siècle) ; que Guido presbyter Ravennas était connu de Flavius Blondus, du Frioul (*7). Jordanés, qui fut probablement évêque de Ravenne, a été une des sources importantes de la Cosmographie, et le Périple du livre V a été vraisemblablement rédigé dans cette ville. Il y a là une convergence notable sur Ravenne et sa région.

11. Date de la Cosmographie Ce probléme tant discuté ne se pose plus si on admet que la Cosmo-

graphie est faite d'apports successifs. Seuls les derniers sont datables. (18) C. p. 258, 3-5 : Ravenna nobilissima, in qua licet idiota ego huius Cosmographiae expositor Christo adiuuante genitus sum. G. p. 461, 20 : Ravenna in qua idem Cosmographiae expositor huius licet indoctus imus Christi servus exortus sum.

LA COSMOGRAPHIEET

SES SOURCES

27

Le cas de Venise (C. p. 254, 15) fondée au ixt% siècle a été signalé par Schnetz (U. 34) ; l'appellation Nordomanni pour Dani (C. p. 27, 21 ; 202, 6) apparait pour la première fois au rxt% siècle aux chapitres 12,

14 et 17 de la Vie de Charlemagne par Eginhard ; l'/sauria Decapolensis en Mesogia Graecorum (C. p. 91, 1) a toutes chances d’être la Decapolis ou Haute Séleucie décrite par Constantin Porphyrogénéte (De Thema-

tibus, éd. Bekker, p. 36) ou la kleisourarchie qui l'a précédée (1). Par contre, l’adjectif d’imperialis estrata (C. p. 247, 10) ne désigne pas nécessairement Charlemagne, mais plus vraisemblablement le Basileus de Byzance puisque l'expression figure dans l'énumération modernisée des provinces aprés l'invasion lombarde. Le texte correspon-

dant de Guido (G. p. 501-502) fait état d'une période plus ancienne: la provincia Emilia devait son nom à la via constructa a Romanorum consule Emilio. A l'époque byzantine, elle traversait l'exarchat à partir du Panaro.

IV.

Les sources

Le Ravennate se donne lui-méme Il dit avoir relu les livres de nombreux impériale romaine, d'autres qui ont provoqués par les grandes migrations En

fait, les sources

connues,

pour un compilateur livresque. philosophes, les uns de l'époque tenu compte des changements (C. p. 2-4).

nommées

dans

l'ouvrage,

ne corres-

pondent guére à cette énonciation ; elles ne concernent que des points

de détail. Outre la Bible et un Liber Alexandri, sont cités (*8) :

— Quatre Péres de l'Eglise, Épiphane (2 fois), Athanase, Basile, Gré—



goire, chacun une fois avec référence exacte à leurs œuvres ; Quatre historiens de basse époque, Jordanés (8 fois), Orose (2 fois), Isidore de Séville et Eutrope, chacun une fois ; pas d'indication de

leurs œuvres ou de leur nationalité ; Trois ou peut-être quatre auteurs plus anciens, Ptolémée, Hyginus, Aratus (?) et Jamblique introduits par deux des écrivains précédents (*9).

(I9) E. HoNIGMANN, Ostgrenze, p. 43.

28

PREMIERE PARTIE

Les sources les plus nombreuses et souvent trés copieuses sont attribuées à plus de vingt philosophes portant le nom de personnages mytho-

logiques ou historiques inconnus comme géographes et classés par nationalités. Ils sont égyptiens, africains, perses, grecs, romains, ou goths (*19). Il faut lire attentivement la Cosmographie pour découvrir que ces informations se retrouvent, à de rares exceptions prés, et sans indications d'auteurs, dans les ouvrages antérieurs qui nous sont parvenus. Ce ne sont pas exactement ceux qu'annonce le Ravennate puisque le principal est une carte routière, Tabula Peutingeriana (*!!), et non un livre.

Les tentatives d'explication ne sont pas encore satisfaisantes. Pour Th. Mommsen (9), la Cosmographie est la copie d'une carte antique perdue, rajeunie par endroits, dont 7. ὶ est un extrait. Pour se donner l'apparence d'un grand érudit, le Ravennate aurait camouflé sa source unique derriére des auteurs de pure invention. J. Schnetz (Quellen) s'est insurgé contre cette double hypothèse. Relayant Porcheron et suivi par Stolte, il a défendu, sans étre encore réfuté, l'existence réelle des auteurs inconnus, et remplacé la carte

unique de Mommsen par deux, une Weltkarte circulaire et une /tinerarkarte, la premiere utilisée au livre I donnant le nom et l'emplacement

des patries, la seconde complétant les descriptions dans les livres suivants.

On verra dans la 2*"* partie les arguments peu convaincants avancés par Schnetz pour prouver l'existence des auteurs inconnus. Une étude conduite à partir de là ne méne à rien. Il vaut mieux lui réserver un

chapitre spécial. Au contraire, l'hypothése de deux cartes fusionnées est féconde. l. Les sources écrites

Les ouvrages qui ont procuré des modèles pour corriger les cacographies sont en général ceux qui ont servi de sources, mais la maniére

dont ils ont été exploités laisse entendre qu'ils ont été connus par l'intermédiaire de rédactions Goff (?!) :

de seconde

main

telles que

les décrit J. Le

.. d'Antiquité déclinante avait facilité le travail des clercs chrétiens des premiers siécles médiévaux. Ce que le Moyen Áge a connu de la culture

(20) Th. MoMMSEN, Unteritalien, p. 96-103. Voir aussi E. SCHweEDerR, W.K. R. (21) J. LE Gore, La civilisation de l'Occident médiéval, p. 149 s.

LA COSMOGRAPHIEET

SES SOURCES

29

antique lui a été légué par le Bas Empire qui avait remáché, appauvri,

disséqué la littérature (...), de telle sorte que le Haut Moyen Äge barbarisé put l'assimiler plus aisément (...) ces compilateurs fourniront aux hommes du Moyen Äge un savoir en miettes (...) c'est la culture des citations, des morceaux choisis, des digests».

De ces sources dont le nombre surprend, certaines n'ont livré que de rares noms de lieux ou de peuples, d'autres des extraits plus copieux. Il y a aussi dans la Cosmographie de longues énumérations, par exemple de riviéres en Sicile ou en Grande-Bretagne, d’iles en mer Rouge, indépendantes des ouvrages connus, et il est impossible de savoir si elles

viennent de sources originales ou sont un tissu d'erreurs. En tout cas, la distinction fondamentale entre le cadre des patries

et leur contenu montre bien le procédé de composition du Ravennate. Dans chaque chapitre, il a rempli un cadre défini par la Weltkarte avec

ce qu'il avait sous la main sans se soucier de la chronologie ou de la géographie. C'est ainsi que Getulia (III/9) est sur l'Océan et ses villes sur le Chott el Djerid au sud de la Tunisie, qu'/ndia maior (11/2) chevauche le plateau iranien, que les provinces, les riviéres, les villes sont largement décalées les unes par rapport aux autres en Perse ou en

Parthie (II/4.5.11). 2. La carte circulaire

Une carte circulaire ou elliptique est certainement

à l'origine du

livre I, directement ou par l'intermédiaire d'un texte écrit, puisque les régions riveraines de l'Océan y sont disposées comme sur un cadran solaire. Elle ne peut avoir été la carte routiére utilisée aux livres suivants, qui devait former plutôt une bande comme TP car, mise en orbis,

elle aurait eu une dimension invraisemblable. Cette carte ne nous est pas parvenue, mais il semble bien qu'on explique l'origine de courtes sources écrites si on admet qu'elle fut une carte à «légendes» comme il en subsiste d'une époque postérieure, oü

de petites phrases, des extraits d'auteurs nommés ou non ont été insérés, ou rejetés, faute de place, sur leur pourtour. À la vérité, la premiére carte encore existante de ce genre est celle de Beatus, copiée au xrme siècle à Saint-Sever (22) ; il faudrait admettre qu'il y en a eu de

plus anciennes, aujourd'hui perdues.

(22) K. MıLLer, M. M. 1, p. 41-61 ; E. Schweper,

Weltkarte... dans Hermes 24.

30

PREMIERE PARTIE

Cette hypothése est confirmée par les verbes ascribuntur, describuntur, par la forme des légendes, tantót anonymes, tantót avec le nom de l'auteur, passées parfois du livre I aux livres suivants. Elles sont des résumés souvent fautifs ou des fusions de textes connus, avec des imprécisions, des erreurs de position ou des glissements comme sur les cartes à légendes postérieures. Celle-ci avait une originalité. Elle déterminait la place des différents pays d'aprés le parcours apparent du soleil autour du disque terrestre.

Elle devait étre accompagnée d'un commentaire justifiant le procédé par l'Ecriture Sainte, source de toute science pour les clercs de l'époque, et par le témoignage de savants profanes (mundani ou gentiles) ou de voyageurs (prudentes ambulantes viri ; sapiens viator). Quand ces derniers contredisaient la Bible, ils étaient traités de quasi cosmographi ou de fallaces pseudocosmographi. En général, les théories qui leur sont prétées sont trop vagues pour qu'ils puissent étre identifiés. Les Géographes de l'Antiquité utilisaient les vents pour s'orienter. Les principaux coincidaient avec les positions du soleil levant et couchant aux équinoxes et aux solstices, d'oü se déduisaient le nord et le sud. Leur nombre a crû jusqu'à vingt-quatre (*!?). Pline est passé des vents aux heures. Il a orienté l'Italie péninsulaire inter sextam horam primamque brumalem (111, v, 45) au lieu de dire inter Notum et Eurum. 11 a situé les iles Fortunées contra laevam Mauretaniae in octavam horam solis (VI, xxxvii, 202) (2). Sur la carte circulaire, deux groupes de six vents non nommés, soufflant per totas duodecim quas signavimus horas diei ou noctis (C. p. 9, 18 et p. 30, 19), ont été superposés aux heures calculées à l'équinoxe pour qu'elles soient toutes égales. Il ne semble pas que le cartographe ait cherché à établir une concordance mathématique entre les deux systémes. Le cas des heures de nuit est discuté sous forme de dialogue (C. I/ 13-15) suivant les théories du temps. L'important est de constater que l'auteur de la carte s'est servi d'anciens repéres par rapport aux vents, remaniés et complétés, remontant à Timosthéne, préfet de la flotte d'Alexandrie sous Ptolémée II, et transmis par Agathémère (24). Il y a un décalage entre les vents de la source initiale et les heures de la Cosmographie, parce que dans

(23) Dans

la Cosmographie,

Mauritania

Egel est à la huitiéme

(C. p. 8).

(24) AGATHÉMERE dans GGM II, p. 471-487.

heure

du jour

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

31

l’une la ligne est-ouest va de la Bactriane aux Colonnes d’Hercule, dans l'autre, de l'Inde à l'Irlande. Le tableau suivant met en évidence l'origine des renseignements

utilisés au livre I de la Cosmographie. Timosthène ap. Agathémère, 7 (traduction latine, G.G.M. Il, p. 473)

Cosmographie (citations abrégées)

Sub Apeliote : Bactriani

Duodecima hora noctis : Parthorum patria quae cum confinalis

Sub Euro : Indi

Prima hora diei : Indorum prosapiae

Sub Phenice : Mare Rubrum et Aethiopia

Tertia hora diei : Araborum patria et Mare Rubrum

Sub Noto : Aethiopia ultra Aegyptum

Quarta hora diei : Aethiopum Auxumitanorum patria cuius patriae ad frontem spatiosa Aegyptus

Ad Leuconotum : Garamantas qui supra Syrtes colunt

Indis Bactrianis

Quinta hora diei : — Aethiopia Garamantium cuius ad frontem Mauritaniae Cyrenensis patria

Ad Libem : occidentales supra Mauros Æthiopes

Sexta et septima horae diei : Aethiopia Biboblatis ; cuius ad frontem tota Africana regio et Numidia atque Mauritania Caesarensis ; Mauritania Perosis ; Mauritania Tingitana

Ad Zephyrum : Columnae Herculis et initia Africae et Europae

Octava hora diei : Mauritania Egel cuius patriae ad frontem Mauritania Gaditana cuius Gaditanae patriae proximum fretum Septemgaditanum

Ad Argesten : Iberia quae nunc Hispania

Nona hora diei : Spanorum patria

En Europe, aprés l'Espagne, Timosthéne n'a plus que des connaissances éparses : Ad Thrasciam : Scythas supra Thraciam Ad Boream : Pontum (Euxinum), Maeotin ac Sarmatas Ad Caeciam : Mare Caspium et Sacas

Sexta hora noctis : Scytharum patria Nona hora noctis : — Amazonum patria cuius ad frontem Dardania ponitur et desuper ex latere paludes quae et Maeotides appellantur Undecima hora noctis : Caspium portae

32

PREMIERE PARTIE

Dans la partie lacunaire de cet exposé, notre cartographe a intercalé des pays et des peuples européens désormais connus, tout en conservant

en Afrique et en Asie les données transmises qu'il était incapable de modifier. La carte d’Ebstorf (2) présente un rajeunissement analogue. L'Egypte est encore sous l'Auster (ou Notus), les Colonnes d'Hercule sous le Zéphirus, le Palus Maeotis sous l'Aquilon (ou Boreas), mais les Britanni apparaissent sous le Chorus (sic) et les Goti sous le septentrion.

S'étant dit une fois pour toutes compilateur, le Ravennate ne revendique pas la paternité de ce systéme de repérage cartographique, congu selon lui par les prudentes viri (qui) totum ut horoscopium spheroformum arbitrantes mundum, possunt subtilius quae ponuntur patriae in universo mundo circa Oceani limbum per tota horas (...) supputare (C. p. 11 avec restitution Schnetz). 3.

Une carte du Ravennate ?

Malgré cette déclaration, certains de ses laudateurs (26) ont tenté de

démontrer qu'il était l'auteur de la carte circulaire quoiqu'il se soit présenté à plusieurs reprises comme

l'auteur d'un livre et non d'une

carte :

Ad narrandum tuae iussioni parebo (C. p. 3, 17-18) Lectionem nostram Cosmographiae exactionem facientes (39, 15-16) Polylogiam fugientes (39, 18) Ut non amplius legentibus fastidium aut audientibus multifariam ingererem (445, 12) Constatant sur un atlas moderne que les segments horaires d'Europe étaient plus petits que les autres, ils ont refusé d'attribuer cette inégalité à l'ignorance d'un Géographe du Moyen Âge, incapable d'apprécier les dimensions des différents pays, et ont considéré qu'elle était due au fait que les segments horaires avaient été déterminés par des lignes partant d'un «observatoire» décalé vers le nord-ouest par rapport au centre du disque terrestre, et qui ne pouvait étre que Ravenne, patrie de l'auteur (513).

(25) K. MitLER, M. M. v, p. 10. (26) E. ScHwkEbpER, W.K.R. ; A. p. 46-56 ; J. SCHNETz, U. 75.

D'Avezac,

Ravennate ; Καὶ. MittER,

M.

M.

vi,

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

33

Cette explication contredit l'idée directrice de ce dernier qui, en dé-

comptant les heures à l'équinoxe de printemps, admet implicitement l'égalité du jour et de la nuit, donc des heures et des segments horaires (?7). Cette égalité est d'ailleurs mise en cause à propos de celle des trois continents dans le partage du monde entre les fils de Noé (C. p. 36

et 386-387). D'aprés le décompte du livre I, l'Afrique s'étend sur cinq heures de jour, l'Asie sur trois heures de jour et trois de nuit, l'Europe sur quatre de jour et neuf de nuit, mais cette inégale répartition en longueur est compensée en largeur (36, 3-7) : Nam et ipsa Europa angustior quam Africa esse dinoscitur, quanto magis praedicta Asia angustissima esse probatur, et dum est ipsa Europa arta in longo (et non loco) protenditur. Malgré ce texte clair, les partisans du Ravennate cartographe ont joué de l'obscurité d'un autre passage (C. p. 35, 18 - 36, 2) pour isoler un membre de phrase et lui faire dire que «quoiqu'on soit à l'équinoxe, il est démontré que la nuit est plus courte que le jour», alors que cette phrase est une réponse à une objection. Deux petites corrections rétablissent le texte dans la logique du raisonnement du Ravennate (3). D'ailleurs, si on s'en tient à la description de la Cosmographie, il n'y a pas de convergence sur Ravenne, mais sur l'ensemble de la Méditerranée, comme il est indiqué aux pages 384, 13 et 385, 1-8. La quarta hora noctis (C. p. 27-28) se prolonge de Danie en Dalmatie, donc à l'est de Ravenne ; la sexta hora diei (C. p. 6-7) couvrant à hauteur de la Méditerranée tota Africana regio et Numidia atque Mauritania Caesariensis serait bien en peine de converger sur Ravenne. J. Schnetz est revenu à la charge en 1942. Reliant la phrase Postquam me compelleres ut ego per pallidines subtilius tibi indicem mundum (27) Il dit explicitement (C. p. 26, 10-14) : aestivo tempore noctes minores existunt (...) hyemali tempore maiores dum existunt noctes. (28) Restitution proposée : Nullus etenim hoc arbitretur quia, verno tempore, ut supra dictum est, quando per supputationem horarum singulas designavimus patrias «ET» maxime «SUPER? partem Europae sol transiens collocatur, quamquam mediante verno tempore nox minor die demonstratur. [1 faut désarticuler cette lourde phrase pour la traduire clairement : «Nous avons désigné les patries une par une en décomptant les heures à l’&quinoxe de printemps comme nous l'avons dit ci-dessus. À ce moment

le soleil dans son mouvement

se trouve surtout au-dessus de l'Europe,

mais que personne ne se figure que cela démontre que, quoiqu'on soit à l'équinoxe de printemps, la nuit est plus courte que le jour».

34

PREMIERE PARTIE

(C. p. 1, 12-13) à Potuissemus (...) mirifice depingendo designare (39, 10-15), il a commenté en forgant le sens des mots (Quellen, p. 8-10) : «L'auteur a été poussé par Odon à donner une représentation de la terre

sous forme d'un dessin en noir (...) alors qu'il aurait pu merveilleusement présenter la situation de tous les pays en couleur».

Pour en arriver là, il a dü remplacer l'hapax pallidines par un autre, pullidines = pullicolores, Schwarzzeichnung (9) ; il a évité ainsi toute

discussion sur le premier qui appartient manifestement à la méme famille que palleo, pallidus, à laquelle est attachée l'idée de couleur päle, jaune, livide, plombée, toutes teintes qui s'appliquent mal à des cartes. Le

Glossarium ad scriptores mediae et infimae latinitatis de Du Cange n'a pas tenu compte de cette racine latine ; il a donné comme sens à pallido : imago, delineatio d’après Eckhart (30) qui s'était contenté d'écrire : Ab initio eiusdem libri dicit (Geographus Ravennas) se compellatum a fratre, ut per pallidines h.e. imagines vel delineationes mundum indicet, sans expliquer l'origine de ce sens qui est en réalité

celui de Bild en allemand moderne. Selon toute vraisemblance, Eckhart, féru d'étymologies germaniques, et qui prenait sans preuve le Ravennate pour un Germain, a cherché pour cet hapax un sens qui tint compte des rapports étroits de la Cosmographie avec une carte routiére. Il a cru le trouver dans un mot de vieil allemand apparenté à Bild (?!). Ainsi faudrait-il traduire postquam me compelleres ut ego per pallidines tibi indicem mundum par : «Aprés que tu m'eus poussé à te faire connaitre le monde au moyen de cartes», ce qui est contredit par l'ensemble de la Cosmographie oü il n'est jamais question de documents de ce genre. Il est plus probable que pallido ou palledo dérive du sens figuré connu

de palleo, «étre pàle par excés de travail». Il signifierait quelque chose comme «fatigues épuisantes» dans le style souvent ampoulé de l'auteur (32). Cette interprétation trouve un appui dans le passage parallele de l'Introduction de Guido (G. p. 451). Celui-ci, aprés avoir proclamé, en démarquant le Ravennate, le devoir de charité chrétienne, l'espoir de récompense future, a décidé de publier «une parcelle de ses œuvres (29) (30) (31) pluriel (32)

J. ScuNETz, Edition, p. I, note 16, sur ce /ocus valde obscurus. G. EckHaART, Leges Francorum, p. 251. D'après K. Muier, M. M. vi, p. 22, note 2, ce mot serait pilada ou pilida, lombard pour Bilder. P. Μοντειι. p. 178, a traité des noms verbaux en -do sans citer pallido.

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

3S

et de ses études acquise par un long travail». Longo labore aurait été une maniére plus simple de rendre pallidines ? De méme Ethicus (33) écrit au début de son Introduction (RIESE, GLM, p.71): Lectionum pervigili cura comperimus senatum populumque romanum totius mundi dominos, où pervigili exprime la méme idée que pallidines. 4.

Le contenu de la carte circulaire et de son commentaire

Trois points particuliers sont traités de la méme fagon au livre I. a) La position du levant et du couchant (C. p. 13) Plerique sancti patres et nonnulli huius mundi philosophi scripserunt (...) Quod testatur mihi sanctus Basilius Caesariae Cappadociae episcopus in suo Exameron, sed et Sanctus Ysidorus Ispalensis, nam Liginius et Cathon atque

Jamblichus... Cette dernière citation vient du De natura rerum d’Isidore de Séville avec les expressions Doctor idem ita testatur (XVI, 1) ; dicunt antiqui Aratus (peut-être lu Cratus, d’où Cathon?) et Hyginus (lu Liginius) (XVII, 1), etc. L'allusion à Jamblique est invérifiable, trop d'oeuvres de ce philosophe étant perdues. b) Le paradis terrestre (C. p. 14.15.19) Plerique philosophi decreverunt... Sicut hic testatur mihi sanctus Athanasius Alexandriae episcopus ab Antiocho exquisitus praeside... In eodem libro Alexandri nullo modo invenitur... c) Le cours nocturne du soleil (C. p. 21-23) Philosophorum coetus inter reliquos suos sermones determinat (...) Sed et testare sibi de hoc ipso nonnullos mundanos philosophos inter quos Liginium et Ptolomaeum (...) arctoae partis descriptorem, asserunt. Sed et Rigilinus, ut dicunt, philosophus ita decrevit... (**). (33) Ce nom seul désigne l'auteur de la Cosmographie éditée en 1843 (coll. Panckoucke) et 1878 (Rise, GL M) ; celui d'Ethicus Ister est réservé au Liber Aethici philosophi publié en 1852 par A. d'Avezac. (34) Autre utilisation d’Hyginus en Italie, voir infra, p. 102 et n. 77. Il est possible que le nom inconnu de Rigilinus cité de seconde main soit une répétition de Liginius = Hyginus écrit. Rigilus. La correction in en surcharge aurait été réintroduite dans le nom ; /— n, Annexe II c.

36

PREMIERE PARTIE

Le passage sur l'égalité des continents est au livre I, C. p. 35, sans référence à un auteur qui apparait dans le méme contexte, et avec une référence exacte à son ouvrage dans la récapitulation du livre V, p. 387 : Sicut plerique sancti Patres, inter quos fuit dicens Epiphanius ter beatissimus Cypri archiepiscopus in suo eloquio. Le témoignage d'Épiphane est encore requis pour la frontiére entre l'Asie et l'Afrique (C. p. 117, 2) qu'il situe à Rinocoruros, ville oubliée par la suite dans les chorographies (514). Le compilateur a eu une autre source, car dans sa description de l'Arabia maior la limite entre les deux continents est au Nil comme dans Pline (V, xii, 65) et sur T.P. (*!5). Ces contradictions montrent combien la coordination des diverses sources a été difficile. La méme superposition de deux informations différentes existe à la frontiére entre l'Europe et l'Asie (C. p. 114). Ici intervient Jordanés, beaucoup plus souvent exploité sans étre nommé qu'on ne l'a cru jusqu'à présent. C'est lui qui à propos des conquétes romaines dans De regnorum ac temporum successione (abr. De reg. success.) cite d'emblée Jamblique, «nommé» seulement quidam philosophorum dans la Cosmographie (p. 3). La suite sur les causes et les conséquences des migrations barbares est une généralisation à partir de faits historiques relatés dans les Getica (ch. 3 et 4). C. p. 3: (Gentes) ab aliis nationibus graviter afflictae a propriis cespitibus transmetatae sunt. Jordanès : Dani (...) Herulos propriis sedibus expulerunt (111, 23). C. p. 3: Gentes sua prae nimia superbia concupiscentes alienas aut meliores patrias. Jordanés : Rodvulf rex fuit, qui contempto proprio regno ad Theoderici Gothorum regis gremium convolavit (111, 24). C. p. 4 : Ut barbarus mos est (...) nuper aliter appellantur. Jordanés: Gothi quondam (...) terras attigerunt, illico nomen loco dederunt (IV, 25). A la huitiéme heure de nuit (C. p. 29), Jordanés est cette fois nommé à propos de la patrie des Roxolans derrière laquelle se trouvait la grande ile Scythia quam plerique philosophi historiographi conlaudant ; quam et Jordanus sapientissimus Cosmographus Scanzam appellat. La méme citation revient (C. p. 422) à propos des îles où, pour celle de Scanzie,

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

37

le Cosmographe se contente de renvoyer à Jordanès qui liquidius de eadem exposuit insula.

En revanche, la patrie des Roxolans (C. p. 175) est traitée d’apres Ptolomaeus rex et philosophus sans indication particuliére pour la Scanzie. Or Jordanès (Get. III, 16) cite Claudius Ptolemaeus, orbis terrae descriptor egregius, qui, dans son deuxiéme livre, a décrit cette ile in Oceani arctoo salo posita, et qui devient dans la Cosmographie (C. p. 23, 15) regem Aegyptorum ex stirpe Macedonum, d'aprés une confusion déjà présente chez Isidore de Séville (Orig. III, 26), preuve certaine que le Ravennate n'a lu ni Jordanés ni Ptolémée à qui il donne le titre restreint d'arctoae partis descriptor parce qu'il ne connait de lui que sa description de la Scanzie, in Oceani arctoo salo posita (*!6). Cette erreur l'entraine à une manipulation révélatrice. Pour étayer sa théorie du parcours nocturne du soleil (C. p. 22 et 23), il a embauché le Géographe alexandrin dans la cohorte des philosophes soutenant que le soleil sub profunditate Oceani arctoam partem noctu exambulat. Ignorant la théone de la sphéricité de la terre, il a supposé qu'un descriptor arctoae partis était bien placé pour savoir ce qui se passait par là. Dans la discussion sur la frontiére entre Europe et Asie (C. p. 115), aprés les monts Rimphées, notre Cosmographe a tranché en faveur du Tanais comme Jordanés (Get. V, 45) sans le nommer, et non du Phase comme certains le faisaient à tort sous prétexte que les monts du Caucase oü ce fleuve prend sa source se rattachaient aux monts Rimphées : Fluvium qui dicitur Phasis, qui de Caucasis montibus descendit, inter Asiam et Europam dividere incongrue fallunt dicentes, quia,

ut aiunt, ipsi Caucasi montes secum Caspios amplectentes magnumque flexum per longum intervallum dantes se cum praefatis montibus Rimphaeis adunant. Cette description du Caucase, déjà dans Pline (V, xxvii, 97-98) a été reprise par Jordanès (Ger. VII, 54) : Scythicas terras (...) magnis flexibus pervagatur (Caucasus) atque ibi opinatissima flumina in Caspium mare profundens (...) continuatoque iugo ad Riphaeos usque montes extenditur. L'explication du Cosmographe à propos du Phase lui est probablement personnelle. En tout cas, ce n'est ni celle d'Hérodote (IV, 45) qui avoue ignorer la cause de ce choix, ni celle de Procope (Bel. Goth. VIII, vi, 7-8) (*!7) qui dit :

38

PREMIERE PARTIE «Si une riviere peut passer pour diviser deux continents, c’est bien le

Phase, car il coule en sens inverse du détroit de Gadés qui est entre (la Libye et l'Europe), et il débouche au milieu du croissant en prolongeant clairement la division de la terre par la mer» (trad. abrégée).

La prise de position ferme contre le Phase n'a pas empéché l'Europe d'étre étendue jusqu'au voisinage des Lazes (C. p. 168-169). 5.

La carte routière

La carte routiére dressée dans l'Antiquité a eu une grande vogue. Elle a fourni des éléments à des cartes plus petites comme celle de Beatus, elle a été exploitée par Dicuil, notamment au chapitre VIII, 7 de son De mensura orbis terrae, et c'est elle qui sert de fondement à la Cosmographie de Ravenne. Ses exemplaires, faits à la main, n'étaient pas rigoureusement identiques, ils différaient par le format et l'orthographe. Celui qui a été utilisé pour les chorographies n'est pas le méme que celui qui a servi

pour le périple. T: P. en est un troisiéme. Elle a certainement incorporé des données de géographes de l'Anti-

quite, et il n'est pas facile de distinguer dans la Cosmographie ce qui était déjà sur la carte de ce que le compilateur y a ajouté. Encombrante

et coüteuse,

elle a été diffusée sous forme

de livrets

plus maniables divisés en états et provinces, analogues à l'/tinéraire d’Antonin. Jordanès (Get. I, 4) en confirme l'existence : Scriptores existunt, qui non solum urbium locorumve positionem explanant, verum etiam (...) passuum miliariorumque dimetiuntur quantitatem. C'est d'un tel livret et non de la carte elle-méme que le Cosmographe S'est servi, sinon certaines erreurs seraient inexplicables. Des localités reliées par ad aliam partem sont en réalité voisines, par exemple Antiphiron et Patera en Mesogia Graecorum (C. p. 104, 11 et 14 ; cf. 360, 11-12) ; deux des trois rivières au sud de l'Épire (193, 5-8) sont répétées loin de là en Illyrie (207, 3-4) (*!5) ; la Valérie (C. IV/20) a deux routes encadrant la Pannonie, pourtant elle est appelée Media d'aprés ce mot écrit sur T:P IV B, pro eo quod reiacet inter supra scriptas Pannonias (*!9). Stolte (p. 113) donne d'autres preuves. T.P. est un exemplaire plus aplati, plus déformé, moins riche en plusieurs endroits (Stolte, p. 24 et 114). Cette différence est nette en Sardaigne et en Corse. Le chapitre V/26 de la Cosmographie a vingthuit villes en trois groupes, 7:P les six premières seulement, en désordre et sans traits de route ; le chapitre V/27 a cinq villes, TP. seulement

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

39

la premiere. Des villes cótiéres en Méditerranée, des stations sur les routes de l'intérieur connues par d'autres sources manquent sur 7.P. mais sont à leur place dans la Cosmographie. Elles viennent d'un exem-

plaire plus complet et non de l'insertion habile d'une autre source. Inversement, des passages présents à la fois dans la Cosmographie et

sur ΤΡ peuvent venir d'un document dérivé de la carte routière et non directement de cette carte. C'est par rapport à T: P. que la Cosmographie est le plus utile, car, parfois mieux écrite, elle permet des corrections. En outre, elle a l'inestimable avantage de remplacer en Grande-Bretagne le premier feuillet perdu. Le livret parait bien avoir été relevé d'un bout à l'autre par la méme main, car on retrouve partout des procédés identiques, la méme maniére d'aborder un carrefour, de traiter un embranchement, mais surtout le procédé original qui consiste à enchevétrer deux ou plusieurs itinéraires. Cette façon de faire caractéristique avait déjà frappé R. Dussaud (?5) qui en avait tiré argument en faveur de certaines identifica-

tions. U. Schillinger-Häfele (56) l'a reconnue uniquement en trois endroits, en Italie du Sud, Mésie et Numidie sur des itinéraires grossiérement paralléles. Elle en a conclu hátivement que les noms des stations devaient être écrits sans le support d'un trait de route et qu'ils ont été enchevêtrés par suite d'un aplatissement de la carte et d'un glissement. Des investigations plus poussées font découvrir des enchevétrements analogues de routes divergeant à partir d'un carrefour et qu'un aplatissement aurait écartées davantage. C'est le cas à Cirta en Numidie (C. III/6) ; au delà d'Ecbatane en India maior (11/2) ; à Bestia Deselutta (T. ΧΙ B) en India Dimirica (C. 11/1 : Bestigia Daselenga) ; à Séleucie en Perse de Parsagade (11/5), etc., abstraction faite dans les trois derniers des localités étrangères à T: P. (ἢ. En y regardant de plus prés, on s'apergoit qu'une route principale a absorbé une route secondaire, et que, souvent, l'enchevétrement se produit en fin de chapitre. C'est bien là une habitude des compilateurs en présence d'un document. Ils le copient d'abord avec soin, puis ils se lassent et abrégent. Celui qui a transformé une carte routiére en livret, ou son utilisateur,

(35) R. Dussaup, Topo., p. 496. (36) U. SCHILLINGER-HAEFELE, Beobachtungen... dans Bonner Jahrbücher, 1963. (37) L. DiLLEMANN, La carte routière de la Cosmographie de Ravenne.

40

PREMIERE PARTIE

a commencé chaque chapitre par un relevé méthodique, puis il a passé des villes, sauté d'une route à une autre, négligé des segments entiers, rattrapé un nom important oublié, et, pour aller plus vite ou ne pas revenir en arriére, il a combiné une route secondaire avec celle qu'il était en train de relever. Il est exact que par endroits il n'y a pas de traits de route sur 7.P, mais c'est parfois parce qu'ils ont été oubliés ou effacés. Ainsi en Pannonie, le Cosmographe passe de Petavione à Vincensimo (C. p. 216, 1-2) situés sur 7:P. IV B sur deux routes distinctes, mais sur la méme (de Poetovione à Carnunto) dans It. p. 262. S'il y a un seul auteur de livret (supra), il faudrait savoir pourquoi les patries d'Europe centrale et balkanique dérivent de sources distinctes qui suivent pourtant toutes fidèlement T:P. Stolte (p. 1155. et 120-121), refusant de mettre en doute la sincérité du Ravennate, incapable selon lui d'inventer des sources, a supposé que plusieurs copistes avaient reproduit par morceaux la méme carte

routiére. Dans cette hypothése, on ne voit pas quelle raison aurait guidé le choix du compilateur entre des exemplaires trés proches l'un de l'autre. D'ailleurs des copistes différents n'auraient pas découpé les provinces comme elles le sont dans la Cosmographie. Sur la route Stopis-Scupis (T:P. VI B-C), deux stations, Praesidium et Fines (C. p. 196, 15-16), sont macédoniennes d'aprés Aristarque, mais intercalées entre Ad Cephalon et Anausaro (Ceflon et Nausaron, C. p. 205, 18-19) qui sont illyriennes d'aprés Maximus. La Dacie (C. IV/14), d'aprés Sardonius, n'est qu'une tête de pont limitée à Drubetis et Tibis(cum) «quae coniiungitur cum civitate Agmonia patriae Mysiae» (C. p. 203, 7-14), cette

«Mysie», pour Mésie, englobant d'aprés Livanius tout le reste de la Dacie (*). Qu'on ne prétende pas que cette concordance dans le découpage vient d'une carte aux limites de provinces précises, puisque Livanius fait chevaucher Dardanie et Mésie sur cinq stations (C. p. 178,

9-10 = 188, 3-4 ; 179, 1-3 = 186, 13-15). 6. Les listes complémentaires Plusieurs chapitres de la Cosmographie ont une structure anormale, passée jusqu'à présent inapergue. Aprés une énumération de villes conforme à T.P, une liste suit avec ou sans mot de liaison, reprenant en désordre certains noms

sous une forme

altérée, ajoutant des

stations oubliées, ou chevauchant sur des chapitres voisins. On a peine

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

4]

à croire que le méme compilateur ait traité le méme exemplaire de la carte routiére de deux maniéres aussi différentes. Il s'agirait plutót

d'un médiocre additif postérieur mis en fin de chapitre et dont on ne voit pas l'origine. a) La liste complémentaire la plus caractéristique est celle de Pannonie

(C. IV/19) Un premier groupe de trente et un noms (C. p. 214, 13 - 216, 6) est méthodiquement relevé sur 7: P. V C-IV B de Confluentes par Petaviona à Aravona Savaria à la limite de la province, les stations Certis, Louia

et Pirétis sautées (*?). Un deuxième groupe de sept noms situé ad aliam partem suit aussi T:P. de Burgenis à Cuminion qui est Acunum sur 7.P. (*2) et en Valérie (C. p. 219, 14), Acumincum chez Ptolémée (II, xv, 3) (8). Les deux formes, l'une corrigeant l'autre, devaient voisiner sur la carte.

Le troisiéme groupe introduit par ad aliam partem comporte trentetrois noms (C. p. 217-218) : Siclis, en Dalmatie Siclisi (C. p. 209, 10) ; Ecclavia, T. P. IV C Louia manquant au groupe 1 ; Saniglon, T.P. VI A Stanecli. La correction ec en surcharge de ig est devenue la première syllabe d’Ecclavia qui précède ; Persetis, T. P. IV C Pirétis manquant au groupe 1 ; Netabio, Petaviona du groupe 1 ;

Speridium, Bedini, Necal, Brindia ne sont pas identifiables avec certitude. Les trois premiers peuvent étre une corruption de Siparuntum, Nedinum, (Ausa)ncalei de Ptolémée (II, xvi, 6-7) ; Clande, Assino, Bercio sont répétés en fin de liste sous la forme Asinoe, Clandate, Berginio. Dans Clandate, la derniére syllable est une correction en surcharge de Clande pour Clauti, mutilation de Clautiburgum en Valérie (C. p. 220, 3) dont le deuxiéme trongon serait devenu Bercio ou Berginio ; Serbitium, T.P. V A Seruitio aprés Marsonia où lénumération du groupe 1 quitte la Save. De là part sur 7:P une route dont les étapes Fines, Lamatis, Lausaba, Baloia sont correctement relevées ; Apeva serait aussi Sapua et Aleba dans le même groupe ;

(38) PTOL£MEE, traités par lui.

Géographie ; références à l'édition de C. MuELLER

pour les livres

42

PREMIERE PARTIE

Ibisua, en Dalmatie Bistue (C. p. 211, 15) ; Derva, doublet Anderba comme en Dalmatie (C. p. 211, 11 ; TP VI A,

Sanderua). Scaladis, Saldis du groupe 1 ; Suberadona,

fusion

de

Sabarie

Arrabone

sur

T.P.

IV

B ; Aravona

Savaria au groupe 1. Le mélange de la Pannonie et de la Dalmatie correspond peut-étre à l'organisation territoriale aprés Tibére, quand ces deux provinces ont formé ensemble temporairement l'7/Ilyricum (??). b) En Numidia (C. 111/6), l'énumération conforme à T:P. jusqu'à Armasdum (C. p. 152, 5) se termine par huit noms ajoutés sans mots de liaison. Trois sont des doublets : Cirta, déjà p. 149, 3 ; Gasibala, Gausaparas (C. p. 149, Vand. IV, xv, 52) (*) ; Bagradas, riviere (C. p. 152, 17).

18), Gazophyla chez Procope (Bel.

Cinq viennent de la route la plus méridionale de ΤΡ

III A-IV

déjà partiellement relevée.

Cosmographie T.P

Africana

(de dr. à g.)

Presidi Capsa colonia Vico Gemellas Theleste col. Ad Palmam Ad Maiores Ad medias Badias Gernellas Ad Piscinam

Numidia ie relevé

Liste complémentaire

(C. p. 150)

(C. p. 152, 8-13)

Praesidin (143, 16) Capsalco Pago Gemellin Tepte colonia

(145, 13) Thalacte (145, 15) Maiores Midias

Medranis ; r=i Dabuas Gemellas

Pissinas

(39) Andreas Mocsv, art. Pannonia dans RE, Suppl. IX, 1962, col. 583.

A

LA COSMOGRAPHIEET

SES SOURCES

43

c) En Mauritania Tingitana (111/9), le feuillet de 7. P. est perdu mais le réseau routier suivi devait peu différer de celui de l'7t. Ans. (523). It. Ant.

p- 36, 6 - 38, 5

Cosmographie : Mauritania Tingitana

le relevé

Liste complémentaire

(C. p. 160, 3-7 en sens inverse)

(C. p. 160, 13-18)

Ad Dracones Tasacora Castra Nova Cadaum Castra Vagal

Dracones Tasacora Nova Castrum Cadum Castra

Castellum Tingitanum

Tingit

Taxafora

Fulga, métathèse de Fugal = Vagal

uar

Figit

Gent = Cast(ellum) (*3)

|

(Mallia) Nassufa(sar)

Sufasar (It. 31, 3 = Sufasa en Mauritania Caesariensis (C. p. 159, 10) Caput Cilani (It. 34, 2) (9). | | Subsellint

Ici la liste complémentaire ne termine pas le chapitre. Il y a encore un additif précédé d'ad aliam partem (C. p. 161, 2) qui a mis par erreur à cóté de Tingit deux villes voisines de Tingis colonia (Tanger): Septem (*!) et Venam (26) pour (A)benam qu'Orose (I, 2, 94) cite avec Calpen de part et d'autre du Fretum Gaditanum. D'autres listes complémentaires seront signalées plus loin. 7.

Les deux cartes de Stolte en Asie

Stolte (p. 106 et 118), partant de quelques remarques hátives, a émis l'hypothése de l'emploi de deux cartes distinctes en Asie :

— l’une, parente de TP, aurait servi pour les provinces romaines oü les localités se suivent dans le méme ordre que sur la carte avec des locutions de position, iuxta, non longe a, ad aliam partem. Elle aurait

englobé au-delà de la frontiére des territoires «soumis à l'influence romaine», notion bien vague destinée à justifier le cas de l'Assyrie (C. 11/11) où l'énumération des villes suit 7. P, d'ailleurs sans locution de position.

(40) Mons Transcellensis chez Ammien Marcellin (XXIX, v, 20) ; Caput Cellensis sur le limes dans Not. Dign. occ. (XXX, 9 et 18). (41) Septem Fratres en Mauritania Gaditana (C. p. 163, 1) ; Septe oppidum d'Isidore de Séville ( Etym. XV, 1, 73) ; Septon de Procope (Bel. Vand. III, i, 6).

44

PREMIERE PARTIE

L'idée de frontiéres politiques est contredite au chapitre II/ 12, Diversae patriae, qui traite ensemble l'Arménie romaine et les pays du Caucase. — une autre carte sans traits de route aurait contenu le reste de l'Asie oü les villes forment des listes continues, en désordre par rapport

à T.P La réalité est plus nuancée. Puisque sur 7. ? les itinéraires sont marqués par un trait jusqu'au bout, rien ne prouve que la carte utilisée dans la Cosmographie en différait sur ce point. La différence fondamentale entre les patries d'Asie est ailleurs. Voulant étoffer les plus lointaines, le compositeur a complété la carte rou-

tiére par d'autres sources qui n'indiquaient pas la position des localités de façon assez précise pour lui permettre de situer ses informations les unes par rapport aux autres. Il a dû recourir au procédé de la liste continue, comme il a fait en Mauritania Gaditana ou en Carneola pour la méme raison. Si on écarte les noms qui viennent d'une autre source que 7.P, le reliquat se met en place sur le réseau routier par fragments relevés suivant les mémes procédés qu'ailleurs, notamment avec des enchevétrements de routes comme en /ndia maior ou en Perse de Parsagade. Le résultat est clair en Parthie (voir infra, p. 140 s.) où se perçoit la présence sous-jacente d'une carte routiére. L'argument du vocabulaire n'est pas plus convaincant. Le Cosmographe procéde par clichés répétés dans des chapitres consécutifs. Il rattache les patries d'Asie orientale par les expressions ad meridianam ou ad septentrionalem partem. Ad aliam partem qui en dérive apparait pour la première fois dans le trés complexe chapitre 11/12, souvent pour introduire des additifs ; il se répète accidentellement dans les quatre chapitres suivants, parfois là oü on ne l'attend pas et manquant là oü on l'attend. De méme iuxta est entre deux villes pour la premiere fois en Arabia maior (11/7), mais est déjà en /ndia Dimirica (1/1) pour situer Palanda : iuxta illud (...) intransmeabile desertum. 8. Les autres sources importantes de la Cosmographie Si les sources anciennes qui ont fourni au compilateur de bréves informations ont pu être connues de lui par l'intermédiaire de cartes à légende, il peut en étre autrement pour les auteurs largement exploités. Deux méritent une mention spéciale, Ptolémée et Jordanés.

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

45

a) Ptolémée Ptolémée apparait dans la Cosmographie de trois manières différentes. — Il a été connu par Jordanés à propos de la patrie des Roxolans (C. p. 175, 4) et est appelé Prolemaeus rex et philosophus (supra p. 37). — De fausses déductions ont été tirées de ce renseignement (supra p. 37). — Des iles, des villes, des provinces et des riviéres viennent de lui sans qu'il soit nommé et indépendamment de Jordanés, preuve que

tout ce qui lui a été emprunté ne l'a pas été nécessairement dans le méme pour avec Puis

document par la méme main. Un cartographe a pu l'exploiter les iles, tandis qu'un abréviateur a pu résumer sa Géographie beaucoup de lacunes et sans respecter ses divisions territoriales. ce condensé, ou des versions de ce condensé, ont dû être utili-

sées par différents compilateurs, car on voit mal le méme mettre dans deux patries distinctes d'aprés la méme source Apradis Diarpa et Absadistiappa, Corubantaci et Corrumpandice (C. p. 41, 1 et 7 ; p. 71,

13.14.16), etc. En tout cas, les extraits qui appartiennent bien à Ptolémée, à l'exclusion de ceux qui ont la méme forme sur une carte routiére, ont entre eux un caractére commun, leur imprécision géographique plus ou moins grande. Ils sont introduits par groupes compacts ou disloqués

entre des noms de lieux venus d'une autre source sans qu'il y ait entre eux un rapport de position. b) Jordanès Les extraits attribués nommément à Jordanés, comme à Orose ou à Isidore de Séville, représentent une faible part de ce que le Cosmographe a puisé réellement chez eux. Pour le premier, les extraits anonymes sont beaucoup plus nombreux que ne le soupgonnaient Th. Mommsen et J. Schnetz (42). Parmi les huit cités sous son nom, six précisent des points de détail : C. p. 29, 10, l’île de Scythie appelée Scanzie ; C. p. 168, 12-13, forme de la Scythie ; C. p. 168, 13-14, les Chazari appelés Agazari ;

(42) Th. MOMMSEN,

Philologus 81.

o. c. ; J. SCHNETZ, Jordanis beim Geog.

von Ravenna dans

46

PREMIERE PARTIE

C. p. 179, 17, fleuves de la Scythie mis par le Cosmographe en Dardanie ; C. p. 185, 6-11, origine du nom de Marcianopolis (*27) ; C. p. 221, 1-4, les Marcomans en Valérie. Comme ces extraits sont détachables du texte, Mommsen a supposé qu'ils avaient été ajoutés aprés coup à une traduction latine de l'ouvrage écrit initialement en grec. Schnetz en a identifié dix autres anonymes qui auraient été aussi ajoutés, hypothése selon lui provisoire car «le temps n'est pas encore venu pour une prise de position claire et définitive» (art. Jordanis, p. 99).

D'autres ont déjà été signalés au livre I (supra p. 36) ou le seront dans la 2*»* partie, si bien que Jordanés apparait comme une des sources principales de la Cosmographie, utilisée d'une maniére qui mérite une attention particuliére. En effet, il est encore nommé en Dacie et en Scanzie (C. p. 205, 2 et 422, 6), mais ces deux mentions n'apportent pas de précision géographique. Rédigées dans les mémes termes : Jordanis chronographus subtilius (var. liquidius) exposuit, elles sont une simple référence à ses ceuvres selon une pratique des compilateurs notée par Lepper (9) consistant à indiquer des sources traitant le méme

sujet sans les exploiter. La formule d'introduction de la Dacie (IV/ 14) est inhabituelle. Deux philosophes goths, Menelac et Aristarchus, auraient été lus mais les informations viendraient d'un troisième, Sardatius, alors que visiblement

elles sont prises à Jordanés sauf les villes. Le chapitre se termine par la remarque : Tamen ipsas patrias praefatus Jordanis chronographus subtilius exposuit. Une superposition de sources est évidente. S'il y avait eu rédaction d'un seul jet, Jordanés aurait été cité au début parmi

les auteurs lus ; et qui plus que l'auteur des Getica méritait le qualificatif de «philosophe des Goths» qui ne lui est jamais donné ? Dans certains cas, ce dernier s'est inspiré d'auteurs plus anciens, surtout de Pline, mais le Cosmographe a plus probablement eu connaissance de la source la plus récente sous une forme arrangée avec des résumés ou des regroupements qui semblent bien avoir été inscrits sur une carte. C'est le moyen le plus simple d'expliquer le glissement de

citations rattachées à tort à des noms géographiques auxquels elles ne conviennent pas. (43) F. A. Lerrer, Trajan’s Parthian war, Introduction : I. The ancient authorities, p. 1-22.

LA COSMOGRAPHIE ET SES SOURCES

47

9. Sources grecques Plus personne ne croit, comme se le figurait Mommsen (Unteritalien, p. 113-117), que la Cosmographie, fondée essentiellement sur TP et sur Jordanés, ait été écrite initialement en grec. Il est au contraire habituel que des sources latines aient incorporé des informations en langue grecque à des époques indéterminées, et normal qu'un habitant de Ravenne ait disposé de documents grecs,

comme il le dit d'ailleurs ou le montre en différents endroits. ἢ semble méme qu'il ait été un médiocre helléniste. I] n'a pas l'air de comprendre ce que signifie Mesogia (II/ 16) puisque presque toutes les provinces de cette patrie sont cótiéres ; il prend pour une province Laminacenon (C. p. 69, 6), le «port inhospitalier» (Limenaxenon). Ceux qui ont défendu l'hypotheése d'un archétype grec ont été impressionnés par le grand nombre de finales en on, pourtant normales dans les noms venant de sources grecques, mais ailleurs simple erreur graphique comme l'a démontré Schnetz (Annexe I c). Les erreurs commises dans la lecture de lettres grecques dans des textes écrits dans cette langue sont naturelles ; d'autres erreurs dans des

textes écrits en latin s'expliquent souvent aussi bien par des confusions de lettres de l'alphabet latin. On constatera plus curieusement dans la 2è® partie que des mots

paraissent avoir été transcrits lettre par lettre du grec en latin. Enfin, certains commentateurs, dont Schnetz (U. 21), ont cru déceler des tournures grecques dans le latin souvent incorrect du Ravennate.

C'est affaire à trancher par des hellénistes qualifiés. Malgré la richesse de sa documentation, la Cosmographie n'a pas recueilli toutes les connaissances géographiques des époques antérieures. Elle est indépendante de l’Jtinéraire d'Antonin, et s'il y a des points communs entre elle et les grandes cartes du Moyen Âge, il n'y a pas de filiation directe. Elle semble notamment avoir ignoré Solin et ses Mirabilia, contrairement aux cartographes postérieurs, et s'est peu intéressée à la géographie de la Bible.

V.

Les auteurs fictifs

La mention de géographes inconnus est ce qu'il y a de plus controversé dans la Cosmographie. Elle a valu à son auteur d'étre traité de sot,

48

PREMIERE PARTIE

d'ignare, de faussaire (*75), tandis que Schnetz et Stolte se sont portés, aprés d'autres, garants de son érudition et de son honnéteté. On sort de ces contradictions en regroupant toutes les données süres et claires éparses dans l'ouvrage, compilation de sources diverses oü tout amalgame est interdit. Il ne faut pas confondre les auteurs réels nommément cités (supra p. 27) et les géographes inconnus qui forment

un bloc distinct mais pas nécessairement homogéne par son origine. Comme le Ravennate n'a disposé que d'informations de seconde main, on pourrait se demander si celles-ci ne viennent pas de ceux-là. Cette hypothése ne résiste pas à l'examen.

Le principal document,

T.P, est cité sous au moins six noms différents sans raison valable (supra p. 40), et la répartition des sources entre les livres défie toute logique : — tout le livre II (Asie) est attribué à Castorius ; — ]a moitié des patries du livre III (Afrique) ne se référe à aucune source quoique l'une d'elles, la Cyrénaique, soit la copie fidèle de TP L'autre moitié est attribuée à Castorius et à Lollianus, ce dernier une fois seul en Egypte, une fois associé à Castorius en Mauritanie Césarienne ;

— au livre IV (Europe), Castorius recule à une place modeste devant onze auteurs sans compter ceux qui sont nommés sans étre utilisés ; — par contraste, le livre V n'en connait aucun. Pourtant ses sources réelles paraissent étre les mémes que celles des livres précédents. Tout porte donc à croire qu'il y a dans la Cosmographie un plaquage d'erreurs ou de fraudes dont le mécanisme est à découvrir.

a) Le Ravennate a connu des auteurs anciens par l'intermédiaire de plus récents, Hyginius par Isidore de Séville, Ptolémée par Jordanés (supra p. 27). Pour ce dernier, il n'a pas eu sous les yeux le passage authentique des Getica, ch. 3, mais un résumé dont il a tiré des déductions fausses (supra p. 45). De Claudius Ptolomaeus orbis terrae descriptor, il a fait un roi lagide qualifié d'arctoae partis descriptor pour avoir décrit la Scanzie, comme Orose sera Orientis perscrutator pour avoir parlé de l'Indus et de Taprobane ; il lui fait endosser une théorie qui lui est absolument étrangère. Ce cas est exemplaire. Pourquoi d'autres géographes ne seraient-ils pas nés aussi d'une bévue d'un compilateur qui en a commis beaucoup ? b) Le Ravennate s'est livré à d'autres déductions fácheuses. Quand il demande au cher Odon (C. p. 32) : si legeris bellum quod gessit

LA COSMOGRAPHIE ET SES SOURCES

49

Traianus Romanorum imperator quando litus totum arctoum Oceanum ambulavit, quando et Dacorum regem devicit, il est sûr qu'aucune histoire ne relate une expédition aussi lointaine, mais comme Jordanés (De regn. success. XIII), a écrit : De Dacis Scythisque (Traianus) triumphavit, notre cosmographe a envoyé l'empereur se promener jusque

là parce qu'il savait d'autre part que la Scythie était iuxta Oceanum septentrionalem (C. p. 168). c) Il a beaucoup inventé. Il a mis des villes et des riviéres dans des patries imaginaires, Mauritania Gaditana ou Dardania. Il a multiplié abusivement le nombre des auteurs anonymes. A l'en croire, chaque

patrie aurait été décrite avant lui par plusieurs ou par de nombreux philosophes, invention gratuite déduite d'une phrase de Jordanès (Get. I, 4) : De quo tripertito orbis terrarum spatio, innumerabiles pene scriptores existunt, qui non solum urbium locorumve positionem explanant, verum etiam (...) passuum miliariumque dimetiuntur quantitatem (^^). Le monde ayant été décrit par d'innombrables écrivains, chacune de ses parties a dû l'étre par plusieurs ou par beaucoup. Dans certains cas, l'erreur est manifeste. On sait que Spania chiliopolis, le Péloponnése pris pour une île, les sept cents villes d'Italie ne viennent pas de plusieurs ou de nombreux philosophes. d) Un autre moyen de grossir les sources a été d'étaler celles qui

existalent réellement. Ici encore, le procédé est révélé à propos de Ptolémée. Celui-ci est mentionné d'aprés Jordanés chez les Roxolans

dans la 8ème heure de nuit (C. 1/12). À partir de là, il a été mis d'un côté en Sarmatie-Scythie dans les 6m et 7*me heures, de l'autre chez les Amazones dans la Je avec cette remarque : De qua patria subtilius agunt (...) Pentesileus et Marpesius atque Ptolomaeus (C. p. 174 s.). Manque de chance ! Le géographe d'Alexandrie s'est contenté de nommer ce peuple imaginaire dans son livre V (viii, 13) parmi les Sarmates

sans aucun détail. A son tour, Pentesileus, dont la place est naturellement chez les Amazones, est passé en Colchide parce qu'au ch. IV/4 de la Cosmographie cette patrie précéde celle de ces guerri£res.

(44) L'emprunt à Jordanès semble prouvé par le vocabulaire du passage (C. p. 39, 10-15) où le Cosmographe énumére tout ce qu'il aurait pu décrire. On relève miliaria/ miliarium, ponuntur /positiones, et surtout l'emploi unique d'urbes au lieu de l'habituel civitates.

50

PREMIERE PARTIE

En Europe centrale, le nom bande, de la Danie (IV/13) à contigués décrites suivant au T. P., la plus mystérieuse, celle

de Marcomirus a été étalé sur une longue la Liburnie (IV /22), couvrant des patries moins trois sources, la principale étant de la Carniole (*®).

6) Le caractère artificiel de certains découpages est mis en évidence à plusieurs reprises : —

Dans les fuseaux horaires oü les pays d'Europe occupent les dix

premiéres heures de nuit, la moitié exactement est laissée aux auteurs

goths, depuis la premiére heure, Germanorum patria (C. p. 27, 9) jusqu'à la 6me exclue où est Scytharum patria qui, d’après Get. V, 30, est Germaniae terrae confinis.



Ailleurs le Cosmographe se trahit quand il fait suivre dans l'ordre

des chapitres et non sur le terrain les pays supposés traités par le méme auteur. Comme l'exposé va alternativement de la périphérie de la carte à son centre, il ne s'est pas apergu qu'en citant Aristarque et Hylas aux chapitres 9, 10, 11 du livre IV, il désarticulait leur prétendu ouvrage entre la Macédoine et la Thessalie d'une part, la Sarmatie et la Scythie loin de là, de l'autre. — De méme, à l'ouest de l'Europe, Athanaridus ou Anaridus alterne avec Eldebaldus, se réservant le chapitre IV/40, Guasconia, et lui laissant les chapitres 39 et 41. Ainsi la Notitia provinciarum, source com-

mune de Guasconia et de Spanoguasconia, aurait été utilisée par deux

auteurs différents. L'énumération des villes le long des fleuves en Francia Rinensis (ΙΝ, 24) semble à tort un trait propre à Athanaridus puisqu'en Guasconia il suit les routes, et c'est Castorius qui en Burgundia (IV/26) suit le Rhóne et le Doubs. Les formules d'introduction Leur collationnement est instructif. Sous leur répétition monotone, elles montrent entre elles de légéres nuances dues à des négligences, des erreurs ou des inventions, plutót qu'à de réelles différences. a) Une formule de base situe la région à décrire par rapport à son

environnement au moyen des verbes est, ponitur, rarement sistuntur ou invenitur.

LA COSMOGRAPHIEET

SES SOURCES

51

Elle introduit sans indication de source :

— —

en Afrique quatre patries du bord de l'Océan (III/ 3.5.9.10) au-delà des limites de ΤΡ: en Europe, un groupe de six patries aux appellations douteuses

(C. p. 175, 16 - 176, 3) ; —

au livre V, les iles.

b) En Europe, une source a été indiquée sous deux formes différentes pour des patries également situées hors de T. P : —



dans la partie orientale, une mention finale a été ajoutée, IV/2, Quas patrias designavimus ut N. dicit (C. p. 170, 13) IV/4, De qua patria enarravit N. ou De qua patria subtilius agunt (vraisemblablement aiunt) (539) N. etc. (C. p. 174, 14 ; 175, 10) ; dans la partie septentrionale, secundum N., ou l'incise ut ait N., ont été insérés dans la description de la patrie (C. IV/12.17.18.25).

Dans IV/13 (Dania), la méme auteurs à la fois (C. p. 201, 15).

information a été attribuée à trois

c) Quand la patrie posséde des villes, la formule de base est complétée par : in qua patria plurimas fuisse civitates legimus ex quibus

aliquantas designare volumus.

Pas d'indication de sources dans les

grandes iles du livre V et dans trois patries d'Afrique : III/4, Mauritania Cyrenensis, entièrement prise à TP ; 11,9, Mauritania Tingitana et Getulia (531), venant partiellement d'une carte routière mais avec un

remaniement. d) De nouveau une source est indiquée par un additif: sed ego secundum N. aliquantas (civitates) designare volo. On le trouve aux

chapitres II/ 1.2.6.7 et IV/3.5.10.15.20.21.22.28.39.40 (*?2). Parfois l'indication de la source tombe aprés le mot patria : quam patriam

secundum

N.

nominavimus,

comme

si l'auteur de

référence

inspirait tout le chapitre. C'est ce qui se passe aux chapitres 11/5; 111/1.7.8.11 ; IV/8.11.14.41. e) Comme au paragraphe b, la préposition secundum peut étre remplacée par ut ait. C'est ce qui arrive au chapitre 11/3 ; mais ensuite, aux chapitres 11/4.8.9.10.11.13.15, l'incise, certainement déplacée, a été mise aprés inter plures cosmographos, comme si c'était l'auteur de réfé-

rence qui signalait la multiplicité des sources.

52

PREMIERE PARTIE

f) Par un autre complément noté par non aequaliter dixerunt ou alius alio modo ou non concordant, le Cosmographe a comparé deux sources avant de faire un choix, en général pour les villes. En 11/16, la comparaison a porté sur un document grec ; en III/2, sur un document égyptien ; en I11/6, sur le document de deux consuls.

Des Romains ont été opposés à des Grecs en IV/6.7.9, à des Goths en IV/14, puis opposés entre eux en IV/16 et en 26-27, tandis que les Goths sont opposés entre eux en IV/24 et 26. Dans d'autres chapitres, la rédaction différe légérement. En IV/8, la différence avec une source grecque porte à la fois sur les villes et les patries ; mais avec une certaine inconséquence,

la source choisie fournit le nom

des

villes et des riviéres. En IV/40, un Goth est éliminé en faveur d'un autre, également pour les villes et les riviéres ; en IV/29 et IV/42, trois Romains sont opposés à trois Goths, un Romain a été choisi pour toute l'Italie et ses villes, pour toute l'Espagne, ses villes et ses riviéres. Comment reconnaitre des sources précises dans tout cela quand les formules n'indiquent jamais de fagon süre l'origine des renseignements pour chaque élément des descnptions, provinces, villes ou riviéres ? Il semble qu'en gros les formules a et b se rapportent à la carte circulaire, les formules c, d, e, à la carte routiére, la formule

f à des

documents réels dont les auteurs ont pu étre inventés. On verra dans la 2% partie que le livre sur l'Europe a été certainement modernisé. C'est là aussi que les indications de sources sont les plus nombreuses, comme si le continuateur qui l'a retouché avait voulu l'enrichir. Saisi de l'habituelle lassitude des compilateurs, il aurait complété les livres II et III avec plus de négligence (*??). Quant au livre V, probablement ajouté (supra p. 24), il n'a pas été modifié du tout. C'est ainsi que Jordanès a exploité dans le De regnorum successione les quatre livres de l’Epitome de Florus, comme le montre la «Notice sur Jornandés» dans la collection Nisard, p. 412. Le premier livre a été presque entièrement copié, le second a été largement élagué, les deux

derniers trés librement cités. Il reste à rechercher d'oü sont venus les noms de ces auteurs fictifs.

a) Castorius est probablement à mettre à part. L'idée de lui attribuer la rédaction du document le plus utilisé, la carte routiére, parce qu'il

est le plus fréquemment nommé, a toujours trouvé des défenseurs depuis qu'elle a été exprimée en 1737 par le médecin Jean Astruc, de Montpellier, dans ses Mémoires pour l'histoire naturelle de la province de

LA COSMOGRAPHIE ET SES SOURCES

53

Languedoc (chapitres sur la Burgondie et la Septimanie d'aprés l'Anonyme de Ravenne, spéc. p. 176 s.). Elle a des chances d'étre exacte si on remplace «carte» par «livret», et à condition de se rappeler que le Cosmographe, avec son habitude de brouiller le vrai et le faux, laisse toujours place au doute. Castorius est évoqué en des endroits oü l'usage d'une carte routiére est le plus visible ; il ne figure ni dans les régions que 7:P. ne recouvre pas, ni au bord de l'Océan entre Rhin et Pyrénées oü la documentation a été sürement rajeunie, ni en Egypte oü la description abondante est en grande partie indépendante de 7:P, mais il est cité en Zudaemon Arabia (11/6), dépourvue de réseau routier, peut-étre par étalement de source, hypothése plausible à cause du chapitre 11/5, Patria Hentru Nabathaei, simple reproduction en d'autres termes de la description du livre I, empruntée probablement à la carte circulaire et qu'une glose in fine rattache à Castorius : Quam patriam ipse Castorius desertam asseruit (**). Castorius manque dans les trois patries d'Afrique couvertes par ΤΡ. peut-être par oubli ; il manque plus gravement sans raison valable en Epire, Illyne, Dalmatie, Dacie, décrites d'après TP, comme l'est l'Europe balkanique et centrale où il est cité et écarté (1V/3.6.7.9.19). La Cosmographie ne dit rien qui permette d'identifier ce géographe. Parmi les personnages connus de ce nom, le plus probable a paru être le notarius et diaconus mentionné dans la correspondance de Grégoire le Grand (vrèm siècle). : b) Neuf pseudo-auteurs sont nés d'un contresens, et parmi eux cinq des plus suspects. Probinus et Marcellus, Lollianus et Arbitio sont depuis longtemps identifiés avec les consuls de 341 et 355. Par une faute dont il y a d'autres exemples, l'ablatif de datation a été pris pour un complément d'agent. Bien des contradictions empéchent de déterminer avec certitude quels documents auraient été ainsi datés à quatorze ans d'intervalle. En IV/15, Provinus est associé à Marcellus avec le titre de Romanorum philosophi, aprés l'avoir été à Melitianus en III/5 où ils sont dits genere Afros. Lollianus, habituellement lié à Arbitio, est pris seul comme source en Egypte, en collaboration avec Castorius en Maurétanie Césarienne. C'est à lui que Iulius Firmicus Maternus a dédié sa Mathesis,

mais ce n'est pas une raison pour en faire un géographe, comme le voulait K. Miller. Il est peu probable que ce haut fonctionnaire qui fut comes à Alexandrie soit l'auteur d'un des plus mauvais chapitres

54

PREMIERE PARTIE

de la Cosmographie, rédigé sans tenir compte de la division provinciale de son temps. Les quatre consuls ne sont jamais nommés ensemble, mais deux par deux avec Castorius, quelquefois opposés à lui comme en Burgondie ou à Maximus en Illyrie-Dalmatie. Ils ne sont jamais pris comme source sauf Lollianus en Afrique. De ce fatras, on retiendra que la division territoriale de l'Empire au 1v*r* siècle n'est généralement pas adoptée dans les patries où les consuls sont cités mais écartés (535). Il se pourrait donc que leurs noms aient daté un tableau des provinces post-dioclétiennes. Marpesius et Pentesileus sont trés vraisemblablement nés d'un contresens dans un condensé du chapitre 7 des Getica, où sont vantés

les exploits de Marpesia, et du chapitre 8, ὃ 57, qui enchaîne : Hae quoque Amazones post haec habuere reginam nomine Penthesileam, cuius Troiano bello extant clarissima documenta. Le dernier mot a été pris non pas dans son sens «d'exploits» mais dans celui plus moderne de «documents» déjà attesté par le Code Théodosien. Ainsi deux reines sont devenues les auteurs de clarissima documenta dont le Ravennate se contente de dire: De qua patria (Amazonum) subtilius agunt (vraisemblablement aiunt) (*%) supra scriptus Pentesileus et Marpesius (C. p. 174, 14) sans affirmer qu'il les a lus. Il révéle une fois de plus son ignorance du texte exact de Jordanés qui ne préte à aucune équi-

voque. Cynchris et Blantasis (537), géographes égyptiens (C. p. 119, 14-16) ont dà naitre d'une erreur analogue dans une légende figurant encore au xıırme siècle sur la carte d'Hereford où on lit : — —

Hic congregatus populus Israel in Ramesse exiit de Aegypto, messe étant Ramnitis (C. p. 124, 6). Mandragora erba mirabiliter virtuosa.

Ra-

Le contresens devait étre dans une note rejetée sur le pourtour de la carte, inspirée par Eusébe qui dans sa Chronique a écrit à propos de Kevx£png : κατὰ τοῦτον Μωυσῆς τῆς ἐξ Αἰγύπτου πορείας τῶν ᾿Ιουδαίων ἡγήσατο. D'aprés Georges le Syncelle (5), il est le seul à fournir ce témoignage sur ce souverain appelé par d'autres ‘Akeyyéponc. La préposition κατὰ a été traduite en latin par secundum au lieu de sub et (45) Georges le Syncelle et Chronique d'Eusébe : cf. Manethonis Sebennytae fragmenta, n? 53, dans Fragm. hist. Graec., éd. Müller, II, p. 577.

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

55

le pharaon est devenu l'auteur du document sur lequel était écrit son

nom. A. Jacobs (p. 13) a proposé de voir dans Blantasis une mauvaise lecture de Plantaris vir (46), commentaire de «mandragore». Le mot, écrit sous Cynchrin, a été rattaché aussi à secundum et a donné l'illusion d'un coauteur. Une fois de plus le Cosmographe a pris sur lui de les qualifier de meridianae partis descriptores suivant la formule appliquée à Ptolémée et à Orose. Hylas, le mignon d'Hercule, serait devenu aussi un géographe par suite d'un contresens dans le résumé d'une citation de Solin (42, 2) qui a écrit : n ea (Bithynia) Prusiadem urbem et adluit Hylas flumen et perspergit Hylas lacus, in quo resedisse credunt delicias Herculi, Hylan puerum. Ce fleuve n'est pas dans la Cosmographie puisque toutes les riviéres de la cóte ouest de la Mésogée manquent, mais il est chez Isidore de Séville (Etym. XIII, 21, 20), sur la carte 1 de saint Jérôme, et le lac est sur celle d'Ebstorf. Il aura suffi qu'un commentateur ait

écrit: Flumen et lacus ab Hyla nominantur,

pour qu'un utilisateur

croie que fleuve et lac ont été nommés par (le géographe) Hylas et non d'après le légendaire Hylas (47). Si ce dernier apparait en Thessalie (IV/ 10) (*?8), c'est peut-être parce que le rédacteur du chapitre a su qu'il était le fils du roi des Dryopes, et il lui a attribué une description de sa patrie d'origine. Sardonius ou Sardatius (n — ti), prince des Scythes battu par Trajan aprés le roi Décébale, aurait été désigné comme l'auteur des chapitres IV/ 11 (Sarmatie et Scythie) et IV/ 14 (Dacie) pour la méme raison. Ici, il n'est pas possible de savoir s'il y a eu erreur ou invention délibérée, car ce personnage historique ne nous est connu que par une bréve citation d'Aurélius Victor (13, 3): Domitis in provinciam Dacorum pileatis Sacisque nationibus, Decibalo rege ac Sardonio (*?). c) Au contraire notre Cosmographe a eu certainement entre les mains un texte grec sur l'empire d'Orient, mentionné en Asie par la méme formule dans les deux régions voisines de la péninsule anatolienne. Les personnages cités ont été pris pour les auteurs du document. Ch. 11/12 Quas diversas patrias multi descripserunt philosophi,

Ch. 11/16 Quas diversas Mesogeon Graecorum patrias multi descripserunt philosophi

(46) s — vour, U. 29 et 53. (47) Pour la déformation de Hylas en Menelac, v. SCHNETZ, Quellen, p. 62 et édition de la Cosmographie, p. 53.

56

PREMIERE PARTIE

ex quibus ego legi Arsatium et Adfroditianum Persas, qui lingua graeca Orientem descripserunt, et Castorium Romanorum Cosmographum : sed non aequaliter nominaverunt civitates et supra scriptas patrias. Ego vero secundum praefatum Castorium tam ipsas civitates quam diversa flumina liquidius nominare cupio.

ex quibus ego legi lamblichum atque Pyriton et miserum Porphyrium Graecorum philosophos Orientis descriptores sed et superius dictum Castorium Romanorum Cosmographum. Sed non ipsi aequaliter, alius vero alio modo. Ego autem secundum Castorium, (qui) inferius dictas nominavi(t) civitates Schnetz a restitué la fin corrompue.

Ces textes ont seulement servi de cadre car ils disent clairement que les villes sont de la m&me source que l’ensemble du livre Il. Deux chapitres intermédiaires font allusion à ce cadre : 11/13, Mesopotamia

avec Orientis philosophos ; 11/15, Syria Cilensin Comagenis avec supra scriptos philosophos. Patria Hebraeorum (11/14) a été laissée de cóté à juste titre car elle dépend d'une autre source (infra, p. 155 s.). La plupart de ces philosophes sont identifiés. Arsatius est un souverain comme Sardonius. Le nom est celui de plusieurs rois d'Arménie ; le premier était de la famille royale parthe, soit ex stirpe Persarum. Le grec était pour eux une langue courante. Adfroditianus, exactement Aphroditianos, est identifié dans R. E. 1.2,

col. 2788-93. Le Cosmographe a eu connaissance de cet obscur prélat

de l'empire d'Orient au vitme siècle, auteur légendaire d'un livre relatant une réunion d'évêques en Perse où fut discuté le mystère de l'Incarnation. Le titre complet en était : "App διήγησις περὶ τῶν ἐν Περσίδι γενομένων διὰ τῆς ἐνανθρωπήσεως τοῦ Κυρίου. Si on supprime les cinq derniers mots, Aphroditianos apparait bien comme un historien d'événements survenus en Perse. Cette qualité a été transmise à Arsatius dans une formule unique comme ont été liées deux Amazones séparées par un grand laps de temps, comme Blantasis a été associé à un pharaon.

Porphyre et Jamblique son disciple étaient deux

philosophes de

langue grecque au sens oü l'entendait Eunape, leur biographe pour notre Cosmographe, un philosophe est un géographe. d'ailleurs pas inspiré d'Eunape (III, 2) qui appelait Porphyre philosophe». Pour en faire «le misérable Porphyre», il a fallu

(49), mais Il ne s'est «le divin un inter-

médiaire chrétien. Pyriton serait, d'aprés Wesseling, Pirithoos, l'adversaire des Amazones

sur le Thermodon, (48)

peut-étre mentionné

là par une légende de carte.

EunaApe, Vies des philosophes et des sophistes, IV et V, p. 455-460 Boissonade.

LA COSMOGRAPHIEET SES SOURCES

57

Schnetz a préféré la correction en Pyriton, l’ethnique de Beryte écrit Piriton au périple (C. p. 357, 6). Ce Beyrouthin serait alors un philosophe comme Anatolius de Béryte, premier maitre de Jamblique d'aprés Eunape (ch. X). Livanius (Libanios), le célébre rhéteur d'Antioche (Eunape, ch. XVI), voisine en Europe avec Jamblique et Porphyre. Aristarque qui vient aprés a été «insaisissable» pour K. Miller et J. Schnetz malgré leurs recherches. Il se peut que le Cosmographe ait attribué à ce prétendu auteur les patries citées à son sujet, la Macédoine et l'Hellade, comme

il a fait pour Sardonius et Hylas sans se douter

que cet Aristarque était le compagnon de saint Paul (Actes, 19, 29), natif de Thessalonique et qui parcourt la Macédoine et la Gréce avec l'apótre.

Parmi les patries où Castorius est cité mais écarté, celles qui sont traitées d'aprés les auteurs grecs appartiennent exclusivement à l'empire d'Orient et elles font géographiquement suite aux Diversae patriae du chapitre 11/12 où apparait le document grec. C'est celui-ci qui a dû étre étalé en Europe avec cependant une entorse, car les villes en Asie viendraient du Romain Castorius, mais des Grecs Jamblique, Livanius et Aristarque au nord du Pont-Euxin et dans les Balkans selon une répartition dont le caractére artificiel a été démontré (supra p. 50). d) La modernisation des patries d'Europe occidentale n'implique pas nécessairement l'existence des trois philosophes goths. Eux aussi ont pu naitre d'un malentendu.

Marcomirus n'est guére identifiable. Aucun personnage acceptable ne se profile derriére ce nom. Rappelons quand méme sans de conclusion que Marcomirus, appelé aussi Marcus mirus, pour la premiére fois en Danie (IV/13) en méme temps qu'un trés corrompu : Laudabatur Parsus marco dum non venerat Guido a donné la version correcte (G., $ 128): Laudabatur in arcu dum non noverant Gothos. Y aurait-il une parenté entre mirus et le Marcus qui était supposé louer le Parthe ?

Athanaridus et Eldevaldus sont des noms

en tirer apparait distique Gothus. Parthus Marcus

peu courants. Schnetz

trouvait au premier un air «parfaitement germanique quoiqu'il n'apparaisse plus nulle part ailleurs» (art. Quellen, p. 75). Guido (p. 554) a écrit Athanarich ; d — cl ou ch,

U. 45 et 47. Son

texte est souvent

meilleur que celui du Ravennate (U. 11). Personne ne s'est encore demandé ce que viennent faire des écrivains goths dans des régions habitées par les Francs, les Alamans, les Bretons,

S8

PREMIERE PARTIE

les Gascons. Au vrème siècle, les Goths d'Italie tenaient une place prépondérante, et leur roi Théodoric, résidant à Ravenne, a été en relation avec les Alamans, les Francs et les provinces méditerranéennes de part

et d'autre du Rhóne. Sa mort en 526 fut suivie de troubles relatés sommairement par Jordanès (De regn. success. en détail par Procope (Bel. Goth. VI, 29-30 Son successeur, son petit-fils Atalaricus, 534, et un chef goth, Hildebaldus (9), tenta

XV, éd. Savagner, p. 180 s.), ; VII, 1-2). disparut prématurément en d'usurper le pouvoir quand

Bélisaire était installé à Ravenne. Le couple formé par ces deux personnages ressemble fort à deux philosophes goths si on accepte pour Atalaricus la faute [= n (Annexe Ilc). Il est possible que leur souvenir se soit à Ravenne avec des documents géographiques contemporains

celui des courante conservé dans un

codex dont ils auraient été considérés à tort comme les auteurs. C'est par une erreur de ce genre que l'/tinéraire d'Antonin a été attribué à Éthicus par Flodoard et une Dimensio provinciarum à Hieronymus

presbyter (°°). Le roi Atalaricus est peut-étre devenu un «philosophe» par une inadvertance qui aurait reporté sur lui une phrase du message qu'il a adressé au sénat pour justifier l'élévation de l'historien des Goths Cassiodore à la dignité de préfet du prétoire : tetendit se etiarn in antiquam prosapiem nostram (...) Iste reges Gothorum longa oblivione celatos (...) eduxit (Cassiodore, Variarum, IX, xxv, 4). Dans un condensé, le qualificatif de «philosophe» usurpé par Atalaricus serait passé également à Eldevaldus comme, chez les Grecs, il est passé d'Adfroditianus à Arsatius. Pour Maximus, aucune hypothèse n'est vérifiable (*49). (49) graphe, (50) édition

C'est l'orthographe adoptée par Jordanés ; Procope écrit Ildibadus ; le CosmoEldevaldus, Eldebaldus, Heldebaldus ; Guido, Ildebaldus. A. Rıese, Geog. lat. min., Heilbronn, 1878 ; C. MANNERT, commentaire de son de T: P.

DEUXIEME PARTIE

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

Les patries et les iles vont maintenant étre étudiées en detail aprés

regroupement selon leurs sources : I Il III] IV

— — — —

Patries Patries Patries Patries

V

— Îles

hors de la carte routiére avec utilisation prépondérante de la carte routière avec d'importants compléments à la carte routière modernisées

I. Les patries hors de la carte routière Une grande partie de la terre habitée n'a pas été couverte par la carte routiére. Pour la décrire, le Cosmographe a fait appel à d'autres sources,

et d'abord à la carte circulaire. A.

EN ASIE

l. Patria Hentru Nabathaei Mazianitae (*4!)

1/2, p. 5; 11/5, p. 54-55. Le livre II reproduit en d'autres termes la description du livre I, mais en rectifiant la position de cette patrie désertique qui n'est plus

au voisinage de l'Inde mais entre la Perse et l'Arabie heureuse. J. Schnetz (?!) a changé Hentru en Chetura, mére de Madian (Gen. XXV, 1-4). La correction de : en f (Annexe 3) restitue Hofra, un nom

de ville plus conforme aux dénominations habituelles du Cosmographe (52), et plusieurs fois citée dans les luttes de Gédéon contre les «enfants de l'Orient» dont étaient les Madianites (Juges, VI, 11 et 24 ;

VIII, 27) (*42). 2. Patria Omeritia quae et Eudaemon Arabia 1/2, p. 5 ; 11/6, p. 55-58. La carte circulaire aurait eu de la peine à contenir les soixante noms de localités de cette patrie. Ils figuraient plutót sur un document particulier composé

Strabon

(XIV,

d’apres Pline (VI, xxxi-xxxii), Ptolémée (VI, vii),

14) ou d'autres, comme

le montrent

les quinze déjà

identifiés. Les recherches sont à poursuivre chez ces auteurs quoique les identifications ne soient pas toujours justifiables par des précédents paléographiques (53).

(51) J. SCHneTz, Arabien dans Philologus 77, p. 384. (52) Cf. Patria Persorum Parsagadae, Patria Assyriorum Ctesiphontis. (53) Pour le déchiffrement par SCHNETZ, voir ses Untersuchungen de 1919 (U.).

62

DEUXIEME PARTIE

Chez Ptolémée (*#) : Sargo, Sarcoé chez les Aegéens. Misaria, Gupsaria en Arabie Pétrée en méme temps que Lusa, déjà identifiée à Luta qui suit dans l'énumération. Aminea, les Minaei. Le A vient de Luta qui précéde. Lacha, Lattha, ville de l'intérieur. Lusor, Ausara chez les Achalites ;

A = A, Annexe II e.

Marthi, monts Marithae. Sabor, les Sabaei. Minea et Sabea se retrouvent en Arabia maior. Mafa, Maipha, métropole. Fabri, labri à l'intérieur. Nema, Thaima à l'intérieur ; N — T, Annexe II b. Coria, Carna à l’intérieur. Tafram, Zabram chez les Cinaedocolpites ; T — Z, Annexe II b. Samematride, monts Semiramidos. Au passage du grec au latin, le p a été lu y, et en latin le troisième m a été décomposé en rr. Chez Pline :

Gabonita, Gebbanitae, VI, 153. Periba, Mariba, VI, 157.159.160 ; P — M, Annexe IIb. Raxaturis, Aiathuris, VI, 158. Taruda, Tamudaei, VI, 157.

Agar

} Agra capitale des Laeanitae, VI, 156

Lathinat p nes Salatim, dans la méme position que Sabbatha (b = I, Annexe Ib) par rapport à Corona, déjà identifié à Corolia, VI, 154.

Manna, | Sabota, capitale des Arramitae, VI, 155 ; S = T, Annexe IIb. atramis Castrillum Amarium,

Castellum Omanorum, les Omani, VI, 145.

Chez Strabon : Borea, Deiré sur la côte éthiopienne (*#), devenu Orea en Arabia maior

(C. p. 58, 12). Chez Stéphane de Byzance (pag. Meineke) : Simphea, Sampsa, village d'Arabie, p. 554 ; y = 9, Annexe II e. Cyrituca, Kurtaia, ville de la Mer Rouge d'apres Ctésias, p. 397. Sacamum, Sikémos, ville d'Arabie, p. 568.

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ÎLES

63

3. Le pourtour de la Mer Caspienne I/12, p. 30.

Le contenu

de la onziéme

heure de nuit est incompréhensible:

Caspium portae vel vicus extremus Taurus sit qui iterum intransmeabilis eremus esse conscribitur. Schnetz a changé vicus et unus en mons, sit qui seule mention du Taurus dans la Cosmographie, avec pour Zaurum parmi les villes du chapitre II/ 12 (C. p.

Caucasus unus et en atque. C'est la peut-étre Taurium 71, 23).

L'explication est chez Orose (I, 2, 36-46) qui, à la suite de Pline (V, xxvii, 98), énumére les différents noms de l'immense chaine de montagnes étendue à travers l'Asie, sans confondre le Caucase et le Taurus : Mons Caucasus (...) primum attollitur. Cuius quidem usque in ultimum Orientem unum videtur iugum, sed multa sunt nomina ; et multi hoc ipsum iugum Tauri montis credi volunt (...) sed hoc ita non esse (...) ubi et portas habet, mons Caucasus dicitur ; a portis Caspiis, etc. (*45). Cette phrase condensée a dû donner : Caspium portae vel vicinus (et non vicus) extremus Taurus, avec une glose : Sunt qui (et non sit qui) «dicunt quod Caucasus unus est.

La description dans la Cosmographie se termine en Bactriane par une lacune (C. p. 48, 13-15) : Cui patriae Sericae confinatur Oceanus, qui per longum intervallum usque ad Caspias navigatur portas et in antea... ll faut restituer : in arctoa (pour antea) parte sunt insulae d'aprés le passage de la page 421, 7-9 : In Oceano autem Serico Indiae Bactrianae et Caspio, id est a summa ac extrema parte septentrionali,

sunt insulae. B.

EN AFRIQUE

l. Patria Aethiopum Auxumitanorum Candacissi et Troglodytorum

1/2, p. 5 ; III/ 1, p. 118-119. Les traits physiques de cette patrie désignée par une accumulation de noms connus sont répartis entre les deux livres quoiqu'ils semblent

venir de la méme source. Du livre I :

— [n qua (patria) iuxta deserta et arenosa loca, quae non longe ab Oceano sita sunt, maximus lacus invenitur Nusaclis, per quem transit fluvius Nilus.

64

DEUXIEME PARTIE

Cette information est de Pline ardentia (...) ambulans, originem protinus stagnante quem vocant VII C oü un vaste lac per quem Nilodicu(s), le Nilidis lacus de Ptolémée

(V, x, 51): Nilus (...) per deserta et (...) non procul Oceano habet lacu Niliden. Elle est reproduite sur 7. P. Nilus transit porte deux noms, Lacus Pline, et Lacus Nusap, le Nuba de

(IV, vi, 4) écrit faussement

Nusa, devenu

Nusaclis (— Nusa

lacus) du Cosmographe qui a pu le trouver ailleurs que sur TP car il est sur d'autres cartes. Le B en surcharge corrigeant S (Annexe IIb) et lu P a glissé à la fin du mot. — Qui Aethiopes plerique dracone vescuntur, ut testatur psalmigraphus. Dans le psaume 74, 14, il est question de la traversée du désert par les Hébreux : «Tu as mis en piéces la téte du Léviathan et tu l'as donnée en nourriture au peuple du désert». La légende de carte a été déplacée. — Cuius patriae ad frontem dicitur reiacet.

(...) grandis eremus

qui et Nitrensis

Ce désert de Nitre cité par plusieurs Géographes est le seul trait qui soit reporté au livre II (C. p. 116, 14) et au livre III (119, 4-5). Du livre III:

— Provincia christiana (C. p. 118, 10). L'histoire de saint Frumence sacré évêque d’Ethiopie au rvème siècle est connue par plusieurs auteurs, dont saint Athanase déjà cité dans la Cosmographie (*^5). — Quatre villes, dont deux inconnues ont été recherchées par Porcheron (éd. p. 98) chez Idrissi. Comme Ptolémée (IV, vii, 2-3) a énuméré, de la côte à l'intérieur, Adoulis, Mandaith, Mala(c)o, Axoume (*^?), il est plus probable que ces villes ont été recopiées en sens inverse par le Cosmographe, Auximis, Marthaim — Mandaith, Maraca — Mala(c)o (/ 7 r, Annexe II c), Adulim. — Le transfert des fleuves d'Aristote ( Meteorologica, I, 13, 12 — 350 b) de la rive occidentale de l'Afrique à la rive orientale a déjà été signalé. Il y a eu confusion entre l'Ethiopie, pays des noirs en général, et Aethiopia Auxumitana. Cette confusion est nécessairement livresque. — Le Nuchul (...) qui Eger appellatur, quem alii Nilum vocitant (C. p. 119, 3-7) est chez Orose (I, ii, 31) aprés Méla (III, 96). Le remplacement par Eger de Grin ou Girin de ΤΡ VII A et VI A prouve qu'il

n'y a pas eu d'emprunt direct à la carte routiére.

ETUDE

DETAILLEE

DES PATRIES

ET DES ILES

65

2. Aethiopia Garamantium

1/2, p. 6 ; I11/3, p. 136-137. Au livre I:

— Non longe ab Oceano fluvius qui dicitur Ger dilatissimus currit. C'est la position du Girin sur T. P. VI-VII. — In qua patria sunt montes qui Naubaboni appellantur. Orose (I, 2, 92 s.) et Isidore de Séville (Etym. XIV, v, 11) mettent une montagne entre les provinces cótiéres d'Afrique du nord et le désert. Elle est dessinée sur la carte de Saint-Sever. D’après Pline (V, 1, 21),

les Nababes sont à l'intérieur de la Maurétanie ; leur nom est inscrit sur T.P I B tout prés de la cóte en dessous du Mons Feratus. Dans un dispositif analogue, il a été pris pour celui de la montagne. — In qua Aethiopia est lacus qui dicitur Licumedis (Pline, V, iv, 27 ; Ptolémée, IV, v, 11) simulque lacus qui dicitur Augitta. Chez Hérodote (IV, 172 et 182), Augila est une oasis. Le nom est repris comme ethnique par Pline (V, 26.27.43.45) et Ptolémée (IV, v, 12). Au livre III:

— Le nom d'Asbyste connu par ces mêmes auteurs (*#) est ajouté à celui de la patrie. Naubaboni est changé en Nauvavon et Licumedis en Licum. — Qui Aethiopes rupes montium habitare describuntur propter immensam ac validissimam caumam. C'est une légende de carte sur les Troglodytes. — Ad frontem (...) sunt arida, deserta, montana quae dicuntur Marmarides, Nassamones, Lotofagi atque Blegmies. La description physique est d'Isidore de Séville (Ziym. XIV, v, 14):

( Aethiopia) circa occiduum autem arenosa in medio, ad orientalem vero plagam deserta. Les noms de peuples, connus par différents auteurs, viennent probablement de Pline (V, iv, 28 ; v, 33 ; viii, 44). — In qua patria nunquam civitates fuisse legimus. Pline cite deux villes chez les Garamantes (*#), et Isidore de Séville une (XIV, v, 13), nouvelle preuve que notre Cosmographe n'a lu ni l'un ni l'autre. 3. Aethiopia Biboblatis

1/3, p. 6 ; III/5, p. 138-139. Le schéma est le méme

qu'au chapitre précédent : des déserts, des

66

DEUXIEME PARTIE

troglodytes, le Ger, un lac appelé Tage ou Tagges, qui est probablement la ville de Thelge chez les Garamantes (Pline, V, v, 36), mais le nom de cette patrie comme celui de sa montagne, 7uliatodi, ne se trouvent nulle part. Schnetz, toujours à la recherche de sources inconnues, les explique par le grec dans son édition. Biboblatis serait Biblobatis, le «buisson de roseaux», peu vraisemblable dans un désert brûlant, et Tuliatodi

serait Cumatodi, ondulés, de κυματώδης, houleux, agité. Il serait plus conforme aux habitudes du Cosmographe de voir dans Biboblatis un nom de ville, Bul(u)ba oppidum, cité par Pline (V, v, 37) à propos de l'expédition de Cornelius Balbus, pourvu de la finale -tis. Le nom aurait été écrit Biboba, un | de correction en surcharge sur le deuxième b aurait été glissé aprés le troisiéme. Cette expédition est mentionnée

sur la carte d'Ebstorf. Comme il y a dans la Cosmographie beaucoup plus de noms écorchés que de noms originaux, on peut risquer une autre explication pour Tuliatodi. ll y a deux variantes dans le ms A : niliatodi et rulliatodi.

La confusion entre 1, n ou r s'explique avec des minuscules. Or TP VII C et la carte de Saint-Sever ont l'inscription suivante au-dessus du grand lac traversé par le Nil (*99) : Hy montes subiacent paludi simili Meotidi.

La deuxiéme ligne aurait été prise pour le nom en question et lue ΤΩ ( ) atodi (*5!).

des montagnes

4. Mauritania perosis vel Patria Salinarum 1/3, p. 7; III/9, p. 158. Même description dans les deux livres. Le nom de la patrie est emprunté à Pline (V, i, 10 ; VI, xxxv, 195): Flumen salsum ultra quod Aethiopas Perorsos ; Perorsi et quos in Mauretaniae confinio diximus. Le nom de la montagne, Zitri, doit être une mauvaise lecture du nom

grec Api; donné à l'Atlas par Strabon (XVII, iii, 2); composé en it, U. 43. 5. Mauritania Egel

1/3, p. 8 ; 111/10, p. 161. Les noms des montagnes sont chez Pline.

4 =

4: u dé-

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

— —

67

C.p.8: luxta sinum Oceani sunt montes et ardere ascribuntur. Pline: /mminens mari mons excelsus aeternis ardet ignibus (VI, xxxv, 197).



C. p. 8: litus ipsius Oceani sunt montes qui appellantur Bracae (ou Praxae, p. 161). — Pline : Montis Bracae promuntorio (...) quod appellatur Surrentium

(V, i, 10). L'origine d’Egel est plus obscure. La patrie de ce nom s'étend au moins en partie sur le Grand Atlas oü certains Géographes anciens mettaient les sources du Nil, appelé Eger dans la Cosmographie (C. p. 119, 6) qui cite aussi (p. 163) les villes d'Egelin et de Fons Asper, déformation évidente de Mons asper, qualificatif de l'Atlas (Pline, V, i, 6), parmi celles de Mauritania Gaditana située en avant de Mauritania Egel. Plutót qu'une réminiscence douteuse du cap Agula (55), Ege! serait l'Eger supposé né dans le Grand Atlas ; / — r, Annexe II c. C.

EN EUROPE

Le cadre des patries a été partiellement rajeuni en bordure de l'Océan et à l'intérieur du continent à la suite de l'apparition de peuples nouveaux. Les rares renseignements provenant de «philosophes goths» ont été délayés. Ils n'apprennent rien de neuf car ce sont souvent des extraits déformés des Getica portés sur un fond de carte plus ancien. l.

Patria Frixonum

Dorostates

1/11, p. 27 ; IV/23, p. 225-226. Cette patrie est considérée comme un morceau de la Germanie (ex parte ipsa Germania, C. p. 27, 14 s.) sur l'Océan, là oü Tacite (Germania, XXXIV) mettait déjà les Frisii. Selon l'habitude du Cosmographe déjà signalée, le deuxiéme nom est celui de la ville principale, Wyk-by-Duurstede, au débouché du Lek, connue depuis le vi*»* siècle. Pourtant il est dit qu'il n'y avait que deux villes en Frise, Nocdac, peut-étre une riviére à cause de sa finale, et Bordonchar, le canton de Bardangau «déjà célébre aux temps caro-

(54) C. Muezzer dans Pror., IV, vi, 2, s.v. Galinaria Acra.

68

DEUXIEME PARTIE

lingiens» d'aprés Eckhart. Le nom vient de la riviére de Borde, citée en 734 par le deuxiéme continuateur de Frédégaire, qui a connu aussi en 689 la victoire de Pépin sur Radbod à Duerstede (552.

Les habitants sont qualifiés d'audaces. Le fleuve dont le nom manque dans le texte à la fin de IV/23 est le Rhin, qui ingreditur (...) in mare Oceanum sub Dorostate Frigonum patriae (C. p. 228). 2.

Patria Saxonum

1/11, p. 27 ; IV/17, p. 212-213. Comme la précédente, cette patrie a des iles derriére elle. Elles sont nommées au livre V, p. 422: In ipso Oceano septentrionali aliquantae insulae reperiuntur sed post Saxonum patriam, ex quibus una dicta Nordostracha

et alia Fustrachia,

deux

fois le méme

nom,

avec

une

fois le préfixe Nord en plus. Pline (IV, xiii, 97) comptait vingt-trois iles à l'ouest de la péninsule Cimbrique, dont une était appelée Austeravia par les Barbares. D'aprés le deuxiéme continuateur de Frédégaire, Charles Martel en guerre contre les Frisons révoltés pénétra dans les iles de Wistrachie et d'Austrachie (*53). Les Frisons étaient audaces, les Saxons, doctissimos (...) et audaces sed non sic veloces ut existunt Dani. Quatre riviéres arrosaient la Saxe. Deux sont connues, Limizon, l'Amisia ou Ems des géographes anciens, Lippa, Luppia de Tacite (Ann. I, 60 ; II, 7). Le cas de la Linac est inextricable. Comme Saxe et Danie étaient voisines, la Linac de l'une peut étre la Lina de l'autre, ou étre

la Leine, sous-affluent de la Weser non nommée. /pada serait la rivière de Paderborn, un des premiers évéchés saxons.

3.

Dania

I/11, p. 28 ; IV/13, p. 201-202. A part le rajeunissement Northomanorum patria quae et Dania ab antiquis dicitur, 11 n'y a que du délayage dans ce chapitre. Comme l'annongait le précédent, les Danois sont super omnes nationes velocissimi. Ces qualificatifs ont été distribués par plusieurs historiens. Orose (VII, 32, 10) disait de la race des Saxons virtute atque agilitate terribilem. Jordanés (Get. 5, 40) tenait l'ensemble des Goths pour pene omnibus Barbaris sapientiores et les Hérules (Get. 23, 117) pour un

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

69

peuple quanto velox, tandis que les Danois étaient célébres pour leur

haute taille. Le fleuve Lina qui in Oceano ingreditur est peut-étre la Linac saxonne ou la Dina auprès de laquelle se tenaient les Danois (C. p. 212, 14-15), que Schnetz a corrigée en Dura à cause d'Egdora, l'Eyder. Autant avouer que le Cosmographe ne nous apprend rien de sür sur les riviéres du nord-ouest de l'Allemagne. 4. Patria Albis Maurungani

1/11, p. 28 ; IV/18, p. 213. Un point d'histoire dans le chapitre I/ 11 a suscité de longues discussions. La phrase /n qua Albis patria per multos annos Francorum linea remorata est a fait dire à Leibniz (55) : Antiquas Francorum sedes, antequam Romanis noscerentur, ad mare Balthicum quaerendas, primus me docuit Geographus Ravennas. Pour arriver à cette localisation, Leibniz a donné aux expressions ad frontem et post terga le sens particulier d'aval et d'amont quand elles s'appliquent à une riviére au lieu de celui d'en avant, en arrière, par rapport au centre de la carte. C'est un contresens puisque cette patrie montagneuse a devant elle (ad frontem) les deux Dacies, l'Illyrie et la Dalmatie. J. Schnetz (U. annexe V), renouvelant ces vains efforts pour obtenir d'un

texte

obscur

ce qu'on

en attend,

a transformé

Maurungani

en

Marcomani. La patria Albis Maurungani avait non modica flumina, inter cetera fluvius grandis qui dicitur Albis (Elbe, connue par les mêmes auteurs que l'Ems) et Bisigibilias sexaginta, quae in Oceano funduntur

(C. p. 213, 11-14). J. Schnetz a récapitulé toutes les tentatives d'identification de ce dernier fleuve avant de proposer sa solution (Z. V. F. XIV, p. 90-97). Il a découpé la Cosmographie à sa guise de maniére à compter le

chapitre IV/ 18 comme le soixantiéme. Un lecteur aurait noté en marge : Desig(navit) batrias sexaginta, les deux premiers mots lus Bisigibilias. Stolte (p. 80) a été mieux avisé en flairant dans ce chiffre une réminiscence du nombre d'affluents du Danube d’après Pline (IV, xii, 79), (55)

G.

W.

LriBNiz,

De

origine

Francorum

disquisitio,

X,

p. 12 s.. = ECKHART,

p. 251. Pour la controverse sur le sens de /inea remorata, voir Mémoires pour l'histoire des Sciences et Beaux-Arts de Trévoux, janv. 1716, p. 10-22, spec. 13; Journal des Sçavans, 1722, p. 14-16, lettre du R. P. TOURNEMINE.

70

DEUXIEME PARTIE

Ammien Marcellin (XXII, viii, 44) et Jordanés (Get. 12, 75). Les premiers ont ajouté la notion de navigabiles que la correction la discréte transforme en Bisigibilias ; n — u lu b ; v — s, U. 29 et 53. légende de carte rédigée d’après Ammien Marcellin aurait signalé le Danube navigabiles sexaginta fluvios (lu fluvius).

Evidemment le Danube

ne se jette pas dans l'Océan. L'argument

serait de poids si le Cosmographe ce genre (*54). 5.

deux plus Une pour

n'avait jamais commis d'erreur de

Turringia

IV/ 25-26, p. 229-230. C'était

encore

nuncupatur,

une

partie

de

en face des Francs

la Germanie : antiquitus rhénans, et proche

Germania

des Suéves

selon

Jordanés (Get. 55, 280) et Procope (Bel. Goth. V, xii, 11).

Il n'est pas sûr qu'une lacune nous ait privé du nom des castella construits en Thuringe. S'il s'agit de ceux de Drusus aprés sa marche

jusqu'à la Saale (Tite-Live, Epitome

140), la source initiale n'en dit

pas plus (*35). 6.

Patria Rerefenorum et Sirdifenorum

1/11, p. 28 ; IV/12, p. 201. Les mœurs des habitants sont décrites d’après un mélange de Jordanés et de Procope remontant aux Fenni de Tacite (Germania XLVI). Procope (Bel. Goth. VI, xv, 16-23) parle des Scrithiphini de l'ile de Thulé, confondue avec la Norvége, dans les mémes termes que Jordanés

(Get. 3, 21) des gentes tres Crefennae ou Rerefennae prés de l'ile de Scanzie. Ces sources permettent de compléter la phrase du Cosmographe : Per venationes tam viri quamque mulieres vivere, cibo

vel vino ignari. Aprés cibo, 11 manque un adjectif signifiant «produit par la terre» (556). D'autres détails glanés dans Getica 3 completent le tableau : C. p. 201 : Cuius patriae homines (...) rupes montium inhabitant ;

Jordanés : Hi omnes excisis rupibus quasi castellis inhabitant, à propos des Evagerae (Get. 3, 22). C. p. 201 : Quae patria super omnes frigida est un sec condensé des images de Jordanés prouvant la rigueur du climat.

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ÎLES

71

7. Le découpage de l'Europe orientale Une mauvaise carte trés aplatie est à l'origine des erreurs commises dans ces vastes territoires oü le Palus Maeotis est un póle d'attraction autour duquel plusieurs patries se sont inextricablement mélangées. Certains détails de la Cosmographie, parmi beaucoup d'autres, sont sur T.P mais ce n'est pas une preuve qu'ils en viennent. Ils ont pu

figurer sur une autre carte parente de 7. P La Scythie, étirée par Jordanés (Get. 4 et 5) de la Germanie au Pont-Euxin et au-delà des monts Rimphées, a été scindée en deux, comme chez Méla (56), et mise dans les sixième et dixième heures de

nuit au livre I, les heures intermédiaires étant occupées par les Sarmates, les

Roxolans

écrites

ou

les Amazones,

à partir du

Pont-Euxin,

toujours

énumérés

et devenus

dans

dans

les sources

la Cosmographie

riverains de l'Océan septentrional. La méme erreur a été commise pour la Colchide, absente du livre I, mais attirée vers le nord par ses voisins au livre IV. 8. Patria Scytharum

I/12, p. 28-29 ; IV/11, p. 200. C'est la partie occidentale de la Scythie, Germaniae terrae confinalis d'aprés Jordanés (Get. 5, 30) à qui les autres traits sont également empruntés : C. p. 200: Post quam patriam Oceanus innavigabilis (voir aussi C. p. 29) ; Jordanés : Scanzia (...) a septemtrione quoque innavigabili eodem vastissimo concluditur Oceano (Get. 3, 17). C. p. 200 : Omnino actuosa. Cet adjectif n'a aucun sens ici, pas plus que la correction en aestuosa, «brûlante». Algiosa convient mieux (*?7).

Cette forme ultérieure d’alsiosa a été probablement inspirée par l'expression Scythico algore (Get. 5, 45) devenue dans une légende de carte algiosa Scythia. C. p. 28 : Unde Sclavinorum exorta est prosapia, sed et Vites (pour Antes) et Chimabes ;

(56) PowPoNiUs MELA met des Scythes en Asie (I, ii, 11), mais il décrit en Europe Gentium prima Scythia, alia quam dicta est (1, iii, 18), différant donc de celle précédemment évoquée.

72

DEUXIEME PARTIE

Jordanés : Principaliter tamen Sclaveni et Antes nominantur (Get. 5, 34) ; Ab una stirpe exorti, tria nunc nomina ediderunt, id est Veneti Antes Sclaveni (Get. 23, 119). Procope ne connait que les Sclaveni et les Antes (Bel. Goth. VII, xiv, 2 et 29). Il est vain de tenter de retrouver Veneti dans Chimabes. Ces derniers sont plutót les Chamaves, ajoutés par un compilateur qui s'est rendu coupable ailleurs d'associations aussi erronées, comme avec les Bastarni devenus Bassarini en Colchide (voir infra). 9.

Patria Sarmatorum

1/12, p. 29 ; IV/11, p. 199-200. Elle emprunte aussi ses traits à Jordanes : C. p. 29 : Post terga Oceanus innavigabilis (voir supra). Ibid: Ex qua patria gens Carporum quae fuit expedita in bello egressa est (*58). Jordanés : Carporum tria milia, genus hominum ad bella nimis expeditum (Get. 15, 91, sans rapport avec les Sarmates). Le fleuve

Bangis,

venant

des monts

Sarmates

et débouchant

dans

l'Océan, n'est pas le Buces de Pline (IV, xii, 84), mais le Vagi, lu Vagi, exutoire du lac Wener, qualifié d'undosus par Jordanés (Get. 3, 17). Les données ont été interverties entre le Bangis et la Vistule. C'est elle qui vient des monts de Sarmatie. L'autre fleuve, quasi ad partem Danubii qui dicitur Appion, est Apo fl. sur T.P VI B sous l'inscription Amaxobii Sarmate. 10.

Patria Roxolanorum Suaricum Sauromatum

1/12, p. 29 ; IV/4, p. 175. Sur T.P VIII A, les Sorices sont en aval des Roxulani, et le mot Saurica plus à droite. Les géographes qui ont connu les Sauromates les mettent à l'est du Palus Maeotis. Une seule phrase sur les Goths, les Danois, les Gépides, originaires de cette patrie, regroupe trois informations éparses dans Getica 3.4.17

(C. p. 29, 14-17). Des deux fleuves, la Vistule prend ici le qualificatif d'undosus (C. p. 175, 9) donné par Jordanés au Vagi ; la Lutta est le Guthalus de Pline (IV, xiv, 100) qui nomme ensuite Visculus sive Vistla. Dans le mot tronqué, G a été lu L (annexe 114). C'est le Goetelba d'Adam

ETUDE

DETAILLEE

de Bréme (57), le Góta

DES PATRIES

Elf moderne,

ET DES ILES

exutoire du lac Wener,

73

donc

en

fait le Vagi. ll.

Patria Amazonum

1/12, p. 29 ; IV/4, p. 174-175. Les Amazones se seraient installées dans cette patrie iuxta Oceanum (...) quae dicitur ab antiquis Amazonum postquam eas de montibus Caucasiis venisse legimus. Le dernier membre de la phrase au livre I

est répété trois fois à peu prés dans les mémes

termes au livre IV

et au livre V (C. p. 324 et 417). C'est une légende de carte résumant Getica, ch. 7, sans souci de la géographie et de la chronologie. 12. Patriae ad frontem Roxolanorum et Amazonum

1/12, p. 29 ; IV/S, p. 175-176. En avant de ces deux patries, les fuseaux horaires se prolongent jusqu'au Palus Maeotis, celui des Amazones par la Dardanie au livre I, celui des Roxolans au livre IV par les territoires de peuples au nom douteux qu'il est impossible de localiser par rapport à la Dardanie : — Sithotrogorum serait d’après Schnetz une fusion de Scyth(ia K)otrigouron que Procope situe prés du Palus Maeotis (Bel. Goth.

VIII, v, 4). — Campi Campanidon s'explique par T: P. VII C où voisinent deux inscriptions : Cap(ut) fluminis), Cap(ut Hyp) anis qui est le Bug. — Getho Githorum est l'association de deux noms synonymes d’après Orose, I, 16, 2: Getae illi qui et nunc Gothi. TP Vl Ba Piti Gaete, et Jordanés, Gautigoth (Get. 3, 22). — Fanaguron étant aussi Onogoria, vicina paludis Maeotidae sum-

mitatis (voir infra p. 76), il vaut mieux corriger Paludis Maeotidon qui suit Fanaguron en paludis Maeotidae au lieu d'en faire une autre patrie (58). — Sugdabon, au milieu de toutes ces erreurs, a des chances d’être

la corruption d'un nom connu de cette région. Le seul qui ait un rapport est Sindice (C. p. 77,

3; T.P. IX A Sindecae) ; en grec v — y ; dans le

(57) K. MirLER, M. M. V, p. 25. La carte d'Ebstorf porte par erreur Albis qui Goetelba a Gotis dicitur. (58) Remarquer le mélange des terminaisons latines en -orum et grecques en -on (Annexe Ic).

74

DEUXIEME PARTIE

mot latinisé, la confusion c = b est possible (Annexe II c). La finale serait aussi fantaisiste que dans Maeotidon ou Campanidon (559). Le rédacteur, ou un continuateur, a cru bon de situer le Palus Maeotis par rapport aux deux patries qui sont traitées en détail, Bosforania et Dardania (1V/3 et 5) : Quae Maeotida regio vel si in hoc loco nominata est, quae tamen dum satis spatiosa existit, usque ad praefatam Bosphoranam patriam pertingit nec non iuxta regionem Maeotidam est patria maxima quae dicitur Dardania (C. p. 176). Le palus Maeotis est décrit en ces termes au livre I : Sicut alii historiographi enarrant, per multorum miliarium spatia aliqua pars ab hominibus perambulari potest. Jordanés (Get. 24, 123-126) et Procope (Bel Goth. VIII, v, 7-12) racontent comment des chasseurs Huns (*) s'apercurent qu'il était franchissable quand une biche traquée le traversa pour

leur échapper. Jordanés a donné ses dimensions : Circuitus passuum milia CXLIIII (Get. 5, 33). 13.

Patria Colchia Circeon Melanglinon Bassarinon

IV/4, p. 174. Par une erreur déjà signalée, cette patrie in omnibus eremosa a été

mise ad partem

septentrionalem

iuxta

Oceanum

confinalis maioris

Scythiae, et également au voisinage des Amazones. J. Schnetz a tenté de sauver la réputation de l'auteur de cette bévue. Il a admis dans son édition que tout ce passage était fabuleux. Les Kirkaioi seraient les descendants de la magicienne Circé, et, par une restitution également «fabuleuse», il a corrigé laborieusement Bassarinon en Sarmaton, afin d'éviter d'y voir les Basternae contermini Dacis

(Pline, IV, xiv, 100). Circeon est plus simplement la ville du phase Circaeum de Pline (VI, iv, 13) ajoutée au nom de la patrie selon une pratique courante du Cosmographe déjà signalée. Pline parle aussi des Colchicae solitudines (VI, xi, 29) et met les Melanchlaeni, connus depuis Hérodote (IV, 20 et 100), sur le littoral à la suite de la Colchide (regio Colica,

VI, 15). 14. Scythia maior et gens Gazorum

1/12, p. 30 ; IV/1, p. 168. C'est la partie orientale de la Scythie décrite ainsi : —

antiqua : Pline (IV, xii, 81), prisca appellatio.

ÉTUDE

DÉTAILLÉE

DES PATRIES

ET DES ÎLES

75

— in omnibus eremosa : Pline (VI, xx, 53), vastae solitudines. — litus Oceanum septemtrionalem iuxta praefatos montes Rimphaeos, quae patria longe lateque spatiosissima : Jordanés (Get. 5, 3132), longe se tendens lateque aperiens (...) ab arctoo (...) circumdatur Oceano (...) in cuius Scythiae medio est locus qui Asiam Europam-

que (...) dividit, Riphaei scilicet montes. La gens Gazorum était probablement portée sur une carte (adscribitur) en avant et sur le cóté de la Scythie. Le livre IV précise (C. p. 168) que sa patrie s’appelait Chazaria, qu'elle était in locis planiciis longe lateque nimis spatiosissima, comme la Scythie dont elle aurait fait partie précédemment : et usque Maior Scythia appellatur (561).

Le qualificatif maior est employé par Jordanès (Ger. 10, 62) : Partem Moesiae, quae nunc a magna Scythia nomen mutuata minor Scythia appellatur. Le document sur lequel repose ce chapitre a été modernisé, comme

le prouve la présence de fluvius Cuphis, signalé seulement dans les sources

byzantines

plus

tardives.

La

Chazaria

est le royaume

des

Khazars établi depuis le viè® siècle entre Dniepr et Volga, c'est-à-dire en Scythie pour le Cosmographe, et en relations fréquentes avec Byzance. Il n'est donc pas nécessaire de bouleverser le texte, comme l’a fait Schnetz, pour passer tout ce qui concerne la Scythie avant l'item

introduisant la Chazaria. Les Chazari (de race dite ouralo-altaique) ont été identifiés, à tort ou à raison, par le Cosmographe avec les Acatziri de Jordanés (Get. 5,

36) qui les met entre les établissements bulgares du Pont et les Jtemesti, riverains de l'Océan, au-delà de l'embouchure de la Vistule. Comme ces derniers sont inconnus,

il faut probablement

corriger /temesti en

item Aesti (*62) (ou Haesti) qui étaient sur les bords de l'Océan Germanique (Get. 23, 120). 15.

Les riverains du Pont-Euxin

1/17, p. 38; IV/1-2, p. 169-170. Aprés la Chazaria, le terme de «patrie» est donné à des territoires riverains du Pont-Euxin, connus par Pline (VI, iv, 14), Procope (Bel. le golfe Pontique, prés du pays des Lazes, sans que le rapport avec la Colchide ait été pergu. Une des villes d'Abasgia, Sevastolis (C. p. 169, 11), est dans

76

DEUXIEME PARTIE

plusieurs sources écrites et sur T.P. (*9) ; Damiupolis est seulement sur le périple du livre V écrit Lamiupolis (C. p. 367, 17), A = 4. L'habitat des onze peuples qui suivent se confond avec les patries précédentes. Leurs noms sont chez de nombreux auteurs depuis Hérodote. D'aprés leur orthographe et la maniére dont ils sont groupés, huit semblent pris à Denys le Périégéte (vers 306-310) et deux à Procope, Scymni et Zechi (Bel. Goth. VIII, u et iv). Psatiron (C. p. 170, 11) viendrait du fleuve sarmate Psathis, de Ptolémée. Onogoria (170, 17) est une corruption de Phanagoria (® = 0) (*64) aprés Abasgia sur le golfe Pontique, devenu Fanaguron (supra p. 73), Phamacorium sur T.P. VIII C. Ypodon (170, 12) devient l'ile Ypode (infra p. 192). Le Cosmographe a ajouté d'aprés Livanius, sa source supposée: (Incolae) multitudinem piscium ex vicinantibus locis habere. En réalité,

c'est Jordanés (Get. 5, 46) qui a écrit : (Danaper) piscesque nimii saporis gignit, ossibus carentes, mais Hérodote le premier (IV, 53) a signalé dans le Borysthéne l'abondance de grands poissons sans arétes destinés aux salaisons. Strabon (XI, ii, 4) a recopié l'information. Un contresens a fait croire que ces poissons devaient étre salés parce qu'ils étaient fades, et il a probablement donné naissance à une légende de carte que notre Cosmographe s'est cru autorisé à commenter : Ut barbarus mos est, insulse eos perfruere. Finalement Stolte (p. 120) en a conclu que «Livanius montrait quelque intérét aux coutumes des pays qu'il décrit».

II. L'utilisation prépondérante de la carte routiére La carte routiére a fourni une riche matiére facilement utilisable dans le cadre de la carte circulaire quand les divisions territoriales portaient les mémes noms sur les deux cartes. Dans certains cas cependant la suture des deux documents a posé des problémes. A.

EN AFRiQUE

DU NoRD

l. Mauritania Cyrenensis (*65) 1/3, p. 6 ; 11/4, p. 137-138. Ici tout vient de

Τὶ

VII: la frontière à Arephilenorum,

les douze

villes, les deux rivieres, Torres ou Torrens (*%) et Leon, cette derniére

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

77

ayant donné sur T:P VII C son nom à l'étape de son franchissement, Ampalaontes, corruption d'Ad flu. Leontes (*97). 2. Africana

1/3, p. 7 ; 111/5, p. 139-146. Elle a les mêmes dimensions que sur T: P. où le mot Africa s'étend de l'ouest de Carthage à Leptis magna (*8). C'est le découpage territorial des trois premiers siécles de l'ére chrétienne quand la Tunisie et la Tripolitaine actuelles étaient réunies (589). Les villes sont réparties en cinq groupes. — Le premier suit fidèlement T:P sur la côte (*’0) avec une seule observation: /syri est plutôt Zure de T. P. VII A, avec un 1 adventice comme il y en a plusieurs exemples, qu'/sina du Périple (voir infra p. 89). — Les deuxième et quatrième partent tous deux de Tacapas sans le nommer, le deuxiéme ne dépassant pas Nepte, on verra pourquoi en Getulia. Au quatrième un peu corrompu, il reste à expliquer Mandate

mule, fusion de Manzat et (Thama)mule qui précédent. Trois noms qui se suivent sont certainement interpolés. Le mauvais état du texte

à cet endroit autorise à risquer une identification. 7.P VI B-C porte le nom de Garamantes sous Leptis magna. Or, la Cosmographie (C. p. 136) nomme chez eux les Marmarides, les Nasamones, les Lotofagi. Deux mauvaises coupes et des fautes courantes de lecture ont pu donner Murine de Marmaf(rides), Senana de (Na)samones, Cytofori de Lotofagi. C — L, U. 60;g—cetc-r. — Les troisiéme et cinquiéme groupes ont un point de départ beaucoup plus à l'ouest, l'un de Capsalco (57) (ΤΡ IV A Capsa colonia), l'autre de Thalacıe (C. p. 145, 13; TP III C Theleste), qui reparait en Numidie sous la forme Tepte colonia (152, 10) avec deux stations encadrant Capsa sur T. P. (C. p. 150, 7 et 152, 12) (*72). De là les deux énumérations sautent à la frontière de Numidie (579) et se retrouvent au carrefour d'Aquis (avec vignette sur ΤΡ IV B), omis comme la plupart des stations thermales à vignette dans cette partie de la Cosmographie, aprés Bamethi (C. p. 143, 17) dans l'une et Bathmetim (145, 16) dans l'autre. Deux noms, tous deux inconnus mais aussi proches graphiquement et topographiquement, sont à confondre. Ils cachent un détail intéressant (Croquis 1 p. 79).

78

DEUXIEME PARTIE

Dans l'Atlas archéologique de Tunisie, 12 ἐπε livraison, feuille de Teboursouk, Coreva (C. p. 145, 17: Corebam) est mis à Henchir ed Dermoulia, Aquas à Henchir el Barhala. Le texte ajoute : «borne limite entre Africa vetus et Africa nova» (9). Or Bathmetim reproduit assez

correctement le grec βαθμίς, δος à qui les dictionnaires donnent le sens de gradin, barriére de départ d'une course, au figuré début, exorde.

Aux hellénistes de juger s'il y a un rapport possible entre ce nom et la frontiére entre les deux Afriques (9). D'Aquis, le cinquiéme groupe suit la route de Carthage par Corebam (T.P IV B Choreua) avec retour sur Membrissa (C. p. 146, 5: Membrisca) ; le troisième groupe, celle de Thenae par Tuburbo maius et Thirusdron avec retour sur Aquas Regias (ΤΙ ΡΝ A). À hauteur

d'Aggersel, sur la côte, Binda vicus omis au premier groupe (P. V A Vinavicus) est récupéré avec son doublet Calbenedi pour Col(onia) Ben(e)di (C. p. 144, 5 et 7). Le troisième groupe reprend aussi Abeulone (144, 8), qui est Auula

sur

T.P

IV C sur la route d'Aquas

Regias

à hauteur de Tuburbo maius. Trois rivieres d'Africana (C. p. 146) sont en Tripolitaine et sur ΤΙ (*'*) ; la quatrième, Panarezon, probablement aussi. Avec l'erreur fréquente de P pour F, il faudrait lire F{lumen) Aurezon, l'Ausere de

T.P. VI A qu'on retrouve parmi les villes dans Auceritim (C. p. 143, 6). 3.

Numidia

1/3, p. 7; II1/6, p. 146-153. La Numidie est appelée en plus une seule fois Bizacium dans son titre du livre III. Ces deux noms sont associés exceptionnellement par Procope (Bel. VIII, xvii, 21) à propos d'Antalas et d'Iaudas, chefs des Maures de ces régions. Ensuite rien ne se rapporte plus au Byzacium

de Pline (V, iii, 24 s.) ou à la Byzacéne du iv*"* siècle (*75). a) Les quatre-vingt-cinq localités, doublets déduits, sont toutes sur

ΤΡ, mais beaucoup d'autres semblent avoir été laissées de côté systématiquement puisque, quinze fois sur vingt, elles ont été sautées deux par deux sauf à partir de la route la plus méridionale (C. p. 150, 7 et 11). La fin du chapitre avec l'enchevétrement de routes et une liste com-

plémentaire a déjà été traitée (supra p. 39 et 42). (59) Pıine (V, ii, 25): (Africa) dividitur in duas provincias, veterem ac novam, discretas fossa (...) Thenas usque perducta. (60) Pour un mot grec en pays latin, voir Catabolon en Burgundia (C. p. 238, 14).

79 ET DES ÎLES DES PATRIES DÉTAILLÉE ÉTUDE

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80

DEUXIEME PARTIE

L'identification

de quelques

noms

sur

ΤΡ

a échappé

à Stolte

(p. 58 s.) : — —

Lapisede (C. p. 149, 7) est (Ad uil)lam Sele, ΤΡ 11 B au carrefour de Rusicade ; m = p, [= d, annexe II c et d. Novale et Berrice, Cornon après Culchul (149, 8-11) sont Nobas (s droit lu 7, U. 35 et 45), Berzeo, Colon(ia) sur la route venant

de Milev (TP II B - I C). —

Baccaras est Baccarus sur la route en dessous de la précédente à hauteur de Tucca, T.P. I C.



De Thugursicus (C. p. 150, 3), T.P. (III C) n'a que la finale Sibus (c = b, Annexe II c) (*?9).



P. P. ont rapproché avec raison Sufulus de Sufibus, important carrefour dans /t. (p. 47.48.49.55) sur la route Tuburbo-Tacapas, rayonnant sur Aquis Regiis, Hadrumetum et Thenae. T. P. n'a conservé que des fragments de cette partie du réseau routier.

b) Malgré les apparences contraires, certaines riviéres de Numidie (C. p. 152 s.) ne viennent pas d'une source particuliére. Toutes sauf

une se retrouvent sur 7. P. après de fortes corrections. L'Armoniacus est reconnaissable dans la station Armonaca (C. p. 47, 14), Armoniocus

au périple (348, 4) ; sur T.P

IV A, Armascla fl. est

une autre transcription d'oü vient la station Armasdum (152, 5). Bagrada, Fl. Bagamada sur T.P. IV B (en mer), est correctement écrit parmi les villes (152, 9 : Bagradas). Ubus est sur T.P. III B Ubus flumen, et auparavant la station Usussa

(C. p. 148, 1). Masaga,

l'Ampsaga de Pline (V, i, 21), est probablement la longue

rivière sans nom de 7:P I B au nord de Culchul et débouchant en mer à droite de Saldas. Abiga décrite par Procope (Bel. Vand. IV, xiii et xix) peut avoir été portée sur la carte routière et disparaître dans l'aplatissement de ΤΡ en méme temps que Mascula, à l'est de Timgad, située probablement

dans la méme région. Puplitus est un nom de station, Popleto, sur T.P. II C (*7??).

Les quatre derniers noms viennent d'une liste complémentaire, trés corrompue comme d'habitude : Amesa est une surcharge destinée à rendre plus proche d'Ampsaga.

à Masaga

une forme

ETUDE

DETAILLEE

DES PATRIES

ET DES ILES

8l

Sadinta, amputé du S initial provenant de la finale de Puplitus qui précéde, est une fausse lecture d’Adima (m décomposé en nt) venant d'Ad Dianam (It. p. 21), Diana au périple (C. p. 348, 5). C'est le temple dessiné prés du littoral sur TP. III C, dont le nom a été donné à la station Odiana (T.P. III B) pour Ad Diana, sur la route Hippone Regio — Bulla Regia. Limeletendum est un commentaire trés déformé de ce qui précède, à lire Flumen et teplum ; p = n, [= d, Annexe II c et d. 4. Mauritania Sitifensis

111/7, p. 153-154. Cette province, créée à la fin du rt qui ne connait, comme

siècle, ne figure pas au livre I

Pline, que Mauritania Caesariensis. Isidore de

Séville ne fait pas toujours la différence. Dans Etyrn. XIV, v, Sitifensis est la seule des deux à étre citée parmi les provinces africaines au paragraphe 3, contrairement aux paragraphes 10 et 11 où on lit : Mauretania vocata a colore populorum (...) ita Mauritania a nigrore nomen sortita est. Cuius prima provincia Mauretania Sitifensis est,

quae Sitifi habuit oppidum (...) Mauretania vero Caesariensis : coloniae Caesareae civitas fuit (...) Utraeque igitur provinciae sibi coniunctae. Isidore donne pour limites aux deux ensemble : à l'est et à l'ouest, Numidie et flumen Malvum d’après Pline (578); au nord et au sud, Méditerranée et Mont Astrixis, qui discernit inter fecundam terram et harenas iacentes usque ad Oceanum d’après Orose, I, 2, 93. Ce texte a inspiré la description du chapitre III/7: Super ipsam Numidiam in montanis et planiciis locis est patria quae dicitur Mauritania quasi Rubea, quae et Sitifensis appellatur. Cuius fines a montibus usque ad Mare magnum pertingunt ; nam ad Oceanum nullo modo. Cette réflexion finale confirme l'origine de l'information ; elle est l'écho de la phrase d'Isidore de Séville sur les sables qui s'étendent jusqu'à

l'Océan au delà de la province fertile. Une fois encore le compilateur montre qu'il n'a pas eu directement n'aurait pas oublié de nommer Sitifis, Cette référence à Isidore de Séville à Mauritania quasi rubea, car il serait

le texte sous les yeux, sinon il le chef-lieu (9!). incite à proposer une explication étonnant que deux auteurs aussi

(61) Sur T.P. IB, le carrefour est marqué d'une vignette, mais sur la carte utilisée le nom a dû être oublié, comme c'est fréquent sur T. P.

82

DEUXIEME PARTIE

proches aient employé deux adjectifs de couleur différents pour qualifier cette province sans qu'il y ait un rapport entre eux. Comme rubea est un mot rare (62), il s'agit plutót de rubra dont dérivent plusieurs topo-

nymes en Afrique du Nord (9), mais qui ici serait une cacographie du nigra d'Isidore de Séville ; n = ri U. 17 et 45; le i lié à l’i qui suit a donné u ; g = b, Annexe II c. Les douze localités de Maurétanie Sitifienne ont été retrouvées au

prix de grosses corrections gräce à Stolte (p. 59) pour Amabu municipium Gaddo Leba correspondant à Ad Sava munic(ipium) Ad oliva, et gráce à K. Miller (M. M. VI, p. 33, croquis 13) pour Balicin Vicum Mopziacum correspondant à Ad Basilicam Ad Ficum Mopti municipium. La position de la première ville, Tuca, quae iuxta Mare magnum dividitur inter (...) Numidiam et ipsam Mauritaniam Sitifensem, tient compte de Pline, V, i, 21: Tucca (sic) impositum mari et flumini Ampsagae ; V, ü, 22 : Ab Ampsaga Numidia, et non de T: P IC qui met correctement 7Lcca à l'intérieur des terres mais avec la mention Fines Affrice et Mauritanie. 5.

Mauritania Caesariensis

1/3, p. 7 ; 111/8, p. 154-158. Plusieurs identifications ont déjà été faites, partiellement ailleurs que sur ΤΡ dont le premier feuillet manque. À ajouter : Quetas,

répétition

de

civitas

dans

item

iuxta

civitas

Quetas ;

ΟΞ. G(*?). Auzimasta (C. p. 157, 8) = Auza (It. p. 30) et castra de TP 1Aà gauche de Galaxia (*9). Lamarasium (157, 9) = Tamascani municipium sur T.P. à droite de Galaxia. Tababac (157, 11) = Nababes, nom de peuple sur T: P I B au dessus de Tigisi ; T — N, Annexe II b.

(62) Il est attesté seulement trois fois sous des formes différentes : robeo (VARRON, Res

rust.

11, 5, 8), rubei (PALLADIUS,

Opus

agric.

IV,

14, 3), rubios

(Cot uMELLE,

De re rust. VI, 1) pour la robe du bétail. (63) HÉRODOTE Il, 12, la Libye ἐρυθροτέρην : Prot£MEE IV, ii, 2; 1, 5: vi, 6: rubricatus en Africa, campus rufus en Tingitane ou en Libye intérieure ; rubras en Maurétanie Césarienne (C. p. 156, 9).

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

83

Bambinide (157, 12) = Lambinide ; B — L, Annexe II a. Cette correction est autorisée par l'existence de Lambdienses sur un milliaire signalé par E. Cat dans Bulletin de correspondance africaine, t. 1, p. 14-22 (*8!). Balasadais (157, 14) — Taladousioi, nom de peuple en Mauritania Caesariensis (Ptolémée, IV, ii, 5) devenu Gedalusium sur T.P. 1 C (en rouge à droite de Saldas) ; métathése et T = 7, puis G = B, Annexe Ila,

ou T = G comme T = C, U. 54 et 64. Riviéres (C. p. 158) : Agilaam est le nom d'une station à lire 4 Calama, comme Mina et Tasagora sur la route A Calama Rusucurru (It. p. 36-37). Sira est une autre station pour Siga (Ptolémée, IV, ii, 2) ; y — p. Isaris et Malba sont Sisaros et Maloua, du méme auteur, méme référence (*82). Cette utilisation de Ptolémée permet de supposer d'autres emprunts en Libye intérieure (Pt. IV, vi, 4): Nigrensis serait le marais Nigritis, et Ligar, le Nigeir ; N — A. 6.

Getulia

III/9, p. 159. Ce chapitre a été forgé de toutes piéces par l'amalgame de renseignements certainement livresques, car la carte la plus médiocre ne permettait pas de telles erreurs. Le Cosmographe a pris sur lui de regrouper tout ce qu'il avait recueilli sur les Gétules, grands nomades répandus dans toute l'Afrique connue des Anciens.

L'information initiale vient nécessairement du livret issu de la carte routiére dont seul le rédacteur était capable de réserver cinq stations sur une route longeant

le Chott

el Djerid entre Nepte et Capsalco

(C. p. 143, 13 et 16) comme il a été indiqué en Africana. A cet endroit, le mot

Getuli devait être inscrit, comme

il l'est sur

TP

II C-IV

A

entre Ad Calceum Herculis et Capsa ou en Tripolitaine sur les feuillets VI A-B et VII B (Bagigetuli, Gnadegetuli, Nigizegetuli). Pline signale des Gétules de ce cóté (V, viii, 43), mais surtout à l'ouest

du continent africain à l'intérieur des terres, là où ont été mises les patries Perosis et Tingitana : Aethiopas Perorsos quorum a tergo Pharusios, his iungi in mediterraneo Getulos Daras (V, i, 10) ; (Tingitanam) Getulae nunc tenent gentes (N, i, 17).

La citation de saint Grégoire avec mention de l'ouvrage d'oü elle

84

DEUXIEME

PARTIE

est tirée se présente comme celles des autres Péres de l'Eglise relevées au livre I, et doit venir de la méme source. La combinaison de ces divers renseignements a donné la rédaction

suivante : Iterum in montanis et asperis seu aridissimis locis in supra scripta Mauritania quae dicitur Perosis, quae ponitur iuxta Oceanum et Mauritaniam Tingitanam, quae ponitur iuxta mare magnum, est patria (...) Getulia (d'aprés Pline), de qua in sua omelia refert S(anctus) Gregorius. In qua Getulia, pro aquae inopia, dum longe ab Oceano et ad mare magnum amplius (d'aprés Pline), et flumina ibidem existunt minime (commentaire de l'auteur), aliquantas fuisse civitates legimus. Ces derniéres viennent du livret issu de la carte routiére et sont bien loin des Mauritaniae Perosis et Tingitana. 7.

Mauritania Gaditana

1/3, p. 8 ; III/ 11, p. 161-164. La Mauritanie Tingitane était la province la plus occidentale d'Afrique du nord. Dans la Cosmographie, elle a cédé ses villes et sa place prés du détroit Septemgaditanum à une Mauritania Gaditana tandis que son nom a été maintenu sur une partie de la Maurétanie Césarienne. A défaut du premier feuillet perdu de T.P, le périple du livre V dénonce un aplatissement et un décalage considérables de la carte routiére à cet endroit. En effet, aprés la derniére ville d'Espagne, Belone (C. p. 344, 9), le franchissement du détroit ne se fait pas au plus court par Tingi colonia vers la «Maurétanie maritime», mais par Bovalica

sur l'Atlantique à sept étapes de là. L'erreur qui a fait naitre une Mauritania Gaditana à la place d'une Mauritania Tingitana semble due à Procope. Dans Bel. Vand., il ne

parle jamais de Tingis mais de Gadeira qu'il situe à tort en Libye (*8?). A propos des deux continents de part et d'autre du détroit, il écrit (Bel. Vand. 111, 1, 5-6) : «(Quand on navigue vers l'est), celui qui est à droite a reçu le nom d'Asie (sic) ; il commence à Gadeira et à la colonne d'Hercule méridionale. Les habitants appellent Septon le fort qui est là (...). De l'autre côté, c'est l'Europe» (*%).

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ÎLES

85

Deux fois, la distance d'est en ouest en terre africaine est comptée

de la Tripolitaine ou de Césarée jusqu'à Gadeira (Bel. Vand. MI, i, 14 et IV, v, 5-6).

Enfin et surtout

Procope

termine

ainsi son

résumé

de

l'histoire des Maures aprés leurs victoires sur les Vandales (Bel. Vand. IV, x, 29) : Mavpitaviav τε τὴν νῦν καλουμένην ἐκ Γαδείρων μέχρι τῶν Καισαρείας ὁρίων τείνουσαν καὶ Λιβύης τῆς ἄλλης τὰ πλεῖστα ἔσχον.

En fait, le territoire en question ne s'est pas appelé Maurétanie «maintenant», c'est-à-dire du temps de Procope ; Pline écrivait déjà (V, i, 17) : Tingitanae provinciae (...) gentes in ea, quondam praecipua Maurorum, unde nomen. Il y a eu assez d'erreurs dans la Cosmographie lors du passage du

grec au latin pour qu'il soit plausible d'admettre qu'un traducteur a compris «les Maures ont pris la Maurétanie qu'on nomme maintenant d'aprés «Gadeira» au lieu de «les Maures ont pris possession du pays appelé maintenant Maurétanie s'étendant de Gadeira aux frontiéres de la Césarée», en donnant à ἐκ le sens de «d’après» et non celui de «à partir de». Cette troisiéme Maurétanie aurait été baptisée du nom de sa ville principale, comme le sont ailleurs les deux autres Maurétanies (Bel. Vand. IV, xx, 30-31), au lieu de l'être par un adjectif dérivé de

ce nom. Le Cosmographe a cru aussi que la Mauritania Gaditana avait un autre nom, Abrida, chez les Barbares (C. p. 8) ; in qua Gaditana patria gens Wandalorum a Belisario devicta in Africam fugit et nunquam comparuit. Cette phrase, recopiée au livre IIl (C. p. 162) avec une légère variante (in Africa mieux que in Africam), doit étre une légende de carte rejetée, faute de place à l'endroit voulu, au bas de la carte, prés du détroit de Gibraltar dans une carte orientée l'est en haut. Elle est, sans Abrida, tirée de l' Histoire des Vandales d’Isidore de Séville, au régne de Gelimer, quem Belisarius cum omni gente Wandalorum proelio fugavit (...) sicque regnum destructum est et finitum Wandalorum (éd. Mommsen dans M.G. H. auct. ant. XI, 1894, p. 299 s.). D'aprés

Procope (Bel.

Vand.

IV, ii, 2), Gelimer a été vaincu à Tri-

camarum, un nom d'origine latine (64), à ii, 4) donc bien en Proconsulaire ou Africa Abrida pourrait étre le nom du champ culaire (barbaro modo) retrouvé par K.

150 stades de Carthage (IV, proprement dite. de bataille en langue vernaMiller (M. M. VI, p. 32 s)

(64) Camara signifie «voüte». Cf. Fons Camerata, à côté de Portu Sigensi, It. p. 13.

ΤΡΊΤΑ

en Afrique ; Camarata

86

DEUXIEME PARTIE

dans Victor de Vita, Persec.

Wand., éd. Halm (M.G.H. auct. ant. III, 1),

I, 13 et 11, 26 où Félix Abaritanus est cité parmi les évêques de la province proconsulaire tanus (*85),

avec deux

variantes,

Abbiritanus

et Abdiri-

Cette confusion entre Mauritania Gaditana et Abrida avec la mention /n Africa a inspiré une glose erronée à la fin du chapitre (C. p. 164, 10-15) : Mauritania Gaditana (...) coniungitur cum freto qui dicitur Septegaditano, qui dividit Mauritaniam ab Hispania, id est AFRICANAM PROVINCIAM ab Europa. Ayant cru à l'existence d'une Mauritania Gaditana, le Cosmographe lui a laissé les localités appartenant à la véritable Maurétanie Tingitane

et connues, à défaut de 7:P perdue ici, par le périple (C. V/4) et surtout par /t. (p. 1-9 et 23) qui décrit à partir de Tingis une voie maritime en Méditerranée, une route le long de la cóte atlantique et une route vers l'intérieur. Il a ajouté d'autres informations non identifiées ou puisées chez Ptolémée et chez Pline ; en particulier, vers la fin, des

noms de tribus. Incapable de les insérer en bonne place, il a composé en désordre une liste continue de trente-neuf prétendues localités ou civitates sans locutions de position. R. Rebuffat, isolant un fragment de cette liste à la maniére habituelle des commentateurs de la Cosmographie, Ya utilisé pour rapprocher Boniuricis de Banasa, ce qui «prouverait une fois de plus sa valeur (du texte du Ravennate) pour la géographie ancienne de la Tingitane» (65). Négligeant Pareatina près du fleuve Malba, il fait partir de Tingis l'énumération des stations de la route côtière jusqu'à Banasa. Le Cosmographe est passé ensuite sur la route de l'intérieur jusqu'à Tremulas, en partant de Gigantes. Cette station est à porter à son crédit. Située non loin de Lixos, elle rappelle la lutte d'Hercule contre Antée (Pline, V, i, 3). D'aprés

Robert

Graves (Les mythes grecs, p. 400), le

Gigantis tumulus existait encore à l'époque romaine et fut fouillé par Sertorius (*86), Avant d'en finir avec la route côtière à partir de Tamasida, le Cosmographe est allé chercher Septem Fratres sur la voie maritime ; ensuite il a repris la route de l'intérieur à Bobiscianis, mais tandis que jusqu'alors son énumération coincidait avec celle d’/r., elle en differait (65) R. REBUFFAT, Les Baniures, un nouveau document sur la géographie ancienne de la Maurétanie Tingitane dans R. CHEvALLIER, Littérature gréco-romaine et géographie historique, p. 451-463, spéc. p. 456-460.

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

désormais.

Au

lieu de

Vopiscianis,

Gilda,

Aquis

Dacicis,

87

Volubilis,

Tocolosida (It. p. 23), il a écrit Bobiscianis, Aquis Daticis, Tocolosion, Bolubili, Gudda, et introduit deux noms pris à Pline, Baba avant Tocolosion (à 40 m.p. de Lixus, Pline V, i, 5), Baniuricis, les Baniures, entre Bolubili et Gudda. Pour ramener cette tribu vers Banasa, R. Rebuffat a supposé que les quatre derniers noms ont été énumérés exceptionnellement du sud au

nord, ce qui lui a permis de situer les Baniures entre Bobiscianis et Gudda dont l'emplacement est d'ailleurs conjectural. Il s'est désintéressé de la suite oü plusieurs noms ne sont pas identifiés. Cependant Argenti peut être Argyrou Oros d'Aristote (Meteor. 1, 13, 12 = 350 b) (66) ;

Egelin est à rapprocher d'Egel, nom d'une Maurétanie voisine ; Fons Asper est Mons Asper de Pline (V, 1, 6), qualificatif de l'Atlas. Puis

viennent plusieurs tribus, faisant suite aux Baniures, identifiées par Schnetz dans son édition, et au milieu d'elles, Turris Buconis, connu par Ptolémée, IV, 1, 7 (Bökkavov nuspooxoneiov, comm. Müller p. 591). Dans ce désordre, il est vain d'essayer de localiser des noms uniquement d'aprés leur place dans la liste de la Cosmographie. Les riviéres de Mauritania Gaditana viennent aussi de Pline (V, i, 5) : Subulcus pour Sububus ; la surcharge de correction Ubus au dessus d'ulcus prise pour une autre rivière (*87). Salensis est la rivière de Sala : oppidum Sala eiusdem nominis fluvio inpositum. 8. Mauritania Tingitana

1/3, p. 7 ; III/9, p. 158-161. Mélée à la Gétulie et aussi artificielle qu'elle, la Mauritania Tingitana

a été maintenue à l'est de la Mauritania Gaditana par confusion entre Tingis colonia et Castellum

Tingitanum

dans la région d'Oran.

Dé-

coupée dans la Mauritania Caesariensis, elle a gardé des traces de muti-

lation. Comme la Gétulie, elle est décrite sans référence à une source, sans étre rattachée à la province précédente par sa premiére ville. Elle est mise par erreur au bord de la Méditerranée et aux confins de la

Mauritania

Gaditana

alors que la premiére ville de cette derniére,

Pareatina, est non longe a Portu Sigense (C. p. 162, 11) qui est Signa municipium en Mauritania Caesariensis (156, 8).

(66) Pour Aristote dans la Cosmographie, voir aussi les riviéres d'Aethiopia Auxumitana (supra p. 64).

88

DEUXIEME PARTIE

Ses localités sont pour la plupart sur la route d'/t. (p. 36-37) A Calama Rusuccuru, quelques-unes étant reprises dans une liste complémentaire (supra, p. 43). Entre ces deux énumérations paralléles, deux noms inconnus mais corrects, Ripas nigras, Stavulum regis (C. p. 160, 10-11), sont à porter au crédit de la Cosmographie dans une région oü de nombreuses ruines n'ont pas encore été identifiées. Deux autres, Tepidas (aquas) Fovea rotunda (160, 8-9), sont probablement les formes latines de Hydata Therma et Rhobonda de Ptolémée (IV, ii,

6-7) de qui vient aussi Ataba pour Altaoua. Deux villes de l'additif final, Septem, Venam, ont déjà été identifiées (supra, p. 43). Placées cóte à cóte sur le détroit, elles permettent peut-étre d'expliquer la troisiéme, Turbice, à lire Turbide (c — d, Annexe II d) adverbe signifiant «tumultueusement», pris pour un nom propre, qualifiant briévement ce passage dangereux tel que le décrivent plusieurs Géographes (67). La récapitulation du livre IV (C. p. 325) contient deux informations suspectes à propos du Fretum Septemgaditane ubi est mons Statiola et insulae Fortunatae. La position de ces iles vient d'un texte tronqué de Pline qui les situe par rapport à Gadés, mais à 750 milles (VI, xxxvii, 202). L'erreur vient de Jordanés (Get. 1, 7) : Et sunt iuxta fretum Gaditanum, haut procul una Beata et alia quae dicitur Fortu-

nata. La Cosmographie cite au milieu de cet archipel l'ile de Scopolis (C. p. 444, 7). Il y a donc de fortes chances pour que Statiola soit une cacographie de Scopulo dans un mélange de notions de Pline (III, 1, 4) : Utrimque impositi montes, et de Mela (III, 1, 4) : in ipso mari monumentum Caepionis scopulo magis quam insulae impositum. Les confusions 1 = c, a = 0, 0 = u sont courantes ; p — n, Annexe Ild ;

le n a été lu ensuite ti, U. 45.47.52. Le paragraphe des rivières (C. p. 161) contient un pluriel abusif. Il faut lire fluvius qui dicitur Turbulentus quem alii Daumam (ms C Davinam) appellant (*®), et non flumina quae dicuntur Turbulenta quam alii, etc. On retrouve ainsi le Ger turbulentus d'Aethiopia Biboblatis, situé en arrière de Mauritania Caesariensis (C. p. 7).

(67) M. PowsicH, La navigation antique dans le détroit de Gibraltar dans R. Cur. VALLIER, O.c. p. 257, emploie les expressions «effets bouillonnants, tourbillon redoutable, eaux tumultueuses».

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

89

Le Ger et le haut Nil avec lequel il est confondu (C. p. 119, 6-7) sont les seuls fleuves africains de la Cosmographie qui portent plusieurs noms, Dara chez Orose (I, ii, 31), Dyris chez Vitruve (VIII, 2, 6). Une correction pour changer Durin en Daram a abouti probablement à Davinam plutót que Daumam ; r — v, U. 54. 9. Les sources africaines de Schetz (article Quellen, p. 71-75). Schnetz a voulu prouver par quatre exemples que l'Anonyme avait disposé de sources originales au livre III, et exploité notamment les deux auteurs de race africaine nommés en Africana (C. p. 139, 9-10). 1* exemple : Irusbinus (C. p. 141, 13) serait un pluriel libyen, correspondant à Ruspina (349, 12) pris à tort pour un pluriel grec. Ch. Tissot (8) explique autrement le même / initial dans /sina (C. p. 352, 14) qui est /scina dans 1t. (p. 65) et chez Ptolémée (IV, 3, 11), Scina loc(us) Iudeo(rum) sur T.P. VII A. Ce serait un préfixe libyen indiquant le masculin et non le pluriel, ajouté à la racine sémitique SKN signifiant «habitant». Il n'est pas sûr qu’/sina existe dans l'Africana du Ravennate (C. III/ 5).

T.P

VII A compte

cinq stations entre

Macomada

C. p. 140, 4 et 6) dont

et ad Palmam

(= Sacomades

et Palma,

Zure et Scina,

Cosmographie

une seule, /syri, qui est aussi bien, sinon mieux,

la

Zure

que Scina. Dans ce cas il y aurait ici deux exemples d’/ initial parmi d'autres, car on trouve en Mésopotamie /batitas (C. p. 81, 13), TP X B Batitas ; en Perse de Parsagade Yaeantalia (53, 1), TP. X C Donantilia; Yctiopon (54, 11), ΤΙ XI A Cesiphum ; et en Media maior, Isumbo (63, 14), Zambis chez Ammien Marcellin (XXIII, vi, 39). Dans ces conditions, il est difficile de partager l'enthousiasme de Schnetz, affirmant que «celui qui voudrait envoyer les données du Ravennate au royaume des fables serait détrompé par la forme /rus-

binus» (Quellen, p. 72). 2ème exemple : Abrida, le nom barbare de Mauritania Gaditana, serait le mot kabyle Abrid, dont la désinence aurait valeur déterminative. Abrid signifiant

(68) C. Tissor, Géographie comparée de la province romaine d'Afrique, t. 11, p. 237.

90

DEUXIEME PARTIE

route, chemin, Abrida serait «La Route» par excellence, soit le détroit de Gibraltar (cf. supra, p. 85 s.). 3ème exemple : En Mauritania Sitifensis, son qualificatif quasi rubea serait la traduction latine d'un mot étranger non retenu. 4ème exemple (Quellen, p. 70) : Schnetz s'est également efforcé de prouver que Theucera en Mauritania Cyrenensis (C. p. 137, 16) et Theuchira du périple (353, 15)

n'avaient rien à voir avec Tauchira de T.P. VII C. Le nom aurait eu une forme ancienne en au attestée par Hérodote, Scylax et Lycophron, et une forme plus récente en eu depuis Arrien (*#). Le Ravennate aurait su moderniser. Pour établir cette évolution Schnetz a dü passer sous silence Taucheira de Strabon (XVII, ii, 20-21) et Teuchira de Pline (V, v, 32). En réalité, l'orthographe du nom est flottante. B. l.

En EUROPE

Generalites

La carte routière est prépondérante dans les patries suivantes : sur le Pont-Euxin, en Bosforania ; dans les Balkans (IV/6-10) ; en Europe Centrale (IV/14-16 ; 19-20 ; 22) ; en Italie ; en Gaule, en Burgundia et

Provincia Septimania. La présentation est toujours la méme. Après avoir nomm les auteurs qu'il a lus, le Cosmographe en choisit un pour les villes, et quel qu'il soit, celles-ci se retrouvent sur 7.P. Parfois elles ne correspondent pas exactement au cadre annoncé. La constatation d'une discordance entre les sources (en Thrace, Mésie, Macédoine, Burgondie, etc.) peut donc

reposer sur une comparaison réelle entre deux documents, quoique dans certains cas des formules stéréotypées aient pu étre employées dans des chapitres oü elles n'avaient rien à faire. La carte routière a été complétée çà et là par des extraits d'auteurs connus, Jordanés nommé ou non, Ptolémée, Procope ou d'autres jamais nommés. Comme

en Afrique, J. Schnetz a tenté de laisser leurs chances aux

auteurs inconnus que le Cosmographe prétend avoir utilisés. Son opi-

nion sur Mocabora en Thrace a déjà été citée (supra, p. 18). En Macédoine, il ne veut pas croire (Quellen, p. 82 s.) que Licinium (C. p. 195, 10)

ÉTUDE

DÉTAILLÉE

DES PATRIES

ET DES ÎLES

91

vienne de Lignido de T[.P VI C. Pourtant une forme Licinito n'est pas impossible ; d = 1, U. 13. Il refuse aussi d'admettre que le lac Pelsois (C. p. 218, 19) en Pannonie ait été pris à Jordanés (Ger. 52, 268, lacum Pelsodis) ou à Pline (III, xxiv, 146, Peiso) à cause du qualificatif maximus qui manque chez les deux (530). Comme si le Cosmographe n'abusait pas des superlatifs de dimension ! 2. Licania Bosforania (*?!) 1/17, p. 38, Vasporum vel Chersona ; 1V/3, p. 171-174. Schnetz (éd. p. 45) a expliqué Licania = Lic(et Pusfor)ania, correction de la finale de Bosforania. T.P VIII A porte Bosforani. Elle est ici trés aplatie et resserrée, le Périple y supplée pour quelques identifications. Sanabatin (C. p. 172, 14), T.P VIII A-B Cannate (en rouge); la syllabe ba est une mauvaise correction de sa en surcharge introduite dans le mot ; b — s, Annexe IIb. Asandi + Cita, T.P. IX A Sindecae avec un A initial comme dans Abritani qui suit, pour Britani. Aumon, ΤΡ VIII B Monini, écrit sur deux lignes (*?2), la finale ini sur la première a été lue au par décomposition du n et passée en tête. Malorossa Machare sont à lire Macora seu Machara. Panthuas est le tronçon Panticas de Panticapaeum (Méla, II, 1, 3).

Ratyra est Lagyra de Ptolémée (III, vi, 2) en Chersonèse Taurique. Salonime, T.P. VIII A Sololime pour le grec Kalos limen ; 1 — n, Annexe II C (Méla II, 1, 3).

La suite est un extrait de Jordanés (Ger. 5, 32, oppidis haud obscuris) emprunté à Méla (II, 1, 3.6.7), intercalé dans le Périple en sens inverse,

d'ouest en est (C. p. 370, 1-7), tandis que la suite normale du Périple (369, 12-16) est en Dardanie. Méla: Murmecion, Panticapaeon, Theodosia (...) Calos limen (...) Cherronesus (...) Borystenidam et Olbian (...) Callipidas Hypanis in-

cludit. Jordanès : Borysthenida, Olbia, Careon, Myrmicion et Trapezunta.

Callipidae,

Chersona,

Theodosia,

Périple : Salolime, Mucracum, Olivapolis (p. 369) ; Poristenida, Calipolis, Cersona, Theodosia, Dosiopolis complétant Theodosia, Careon, Trapezus (p. 370). Enumération en Bosforania (C. p. 173-174) : Murmicon (...) Salonime, Boristenida, Olbiapolis, Capolis pour Calipolis, Dori pour Dosi

92

DEUXIEME PARTIE

(correction de Theosiopolis en surcharge), Chersona, Theosiopolis, Careon, Trapezus. Careon pour Capeon est le tronçon final de Panticapaeon. Cette graphie, commune à Jordanés et au Périple, établit un lien inhabituel entre les deux documents. 3.

Tracia

IV/6, p. 180-185. Cette province est surtout cótiére et approximativement dans les limites fixées par Pline (IV, x, 38 ; IV, xi, 40-42). Si le Cosmographe a constaté que ses sources ne coincidaient pas, c'est probablement parce

que l'une d'elles émanant de deux consuls du ivè® siècle faisait état de la division administrative de cette époque, le diocése de Thrace. Stolte (p. 71) n'a pas reconnu quatre localités : Timum (C. p. 181, 12), Tumo sur le Périple (371, 1). Leuce (182, 9), ile au large de Constantinople sur T:P VIII A.

Cela (182, 11), Colla sur T.P VII C. Dioroe (184, 8), fusion de Dios leron, traduction du Templo Iovis de T.P. VII B-C. L'histoire de Marcianopolis, ville de Mésie, placée ici (593), est significative de la maniére dont a été traité l'ouvrage de Jordanés. Quatrevingts mots de Get. 16, 93 ont été résumés en dix. La seule riviére de Thrace, Potamia, vient de cet extrait. 4. Mysiae

IV/7, p. 185-192. Les deux Mysies annoncées, inferior et superior, sont sur T: P, mais les villes sont seulement celles de la Mysie inférieure étendue à juste titre au nord du Danube (9) et empiétant sur la Dardanie (*%). Ici aussi le Cosmographe a constaté que ses sources ne concordaient pas, peut-étre, comme en Thrace, par opposition entre la province et le diocése, de création plus récente. Les groupes de noms 1 et 2 sont prolongés par les groupes 5 et 6 au delà de Nobas et de Gavilis. Quelques incertitudes ne permettent

(69) M. Fı.uss, art. Moesia dans R.E., XV.2, col. 2350-2411 ; voir aussi infra, p. 134 et n. 94.

ÉTUDE

DÉTAILLÉE

DES PATRIES

ET DES ILES

93

pas d'affirmer que cette coupure correspond à la limite entre les diocéses de Thrace et de Mésie. L'enchevétrement de deux routes a été signalé (supra, p. 39). Des quatre-vingt-douze villes, seul Vico Bapeni (C. p. 189, 20) n'a pas été identifié. Bersamis entre Aquis calidis et Gavilis (C. p. 187) est Burdenis de T.P VII B écrit sous Cabilis sur une route en dessous ; s — d, Annexe II b (*95). Burticum iuxta Cedoniam (188-189) doit étre une répétition de Brutia avant Apulon (188, 11-12) où est réellement l'embranchement. La rivière /atrus est dans Get. 18, 101: Nicopolim iuxta latrum,

reconnaissable sur 7. P. VII B dans Nicopolistro. La ville n'est pas mentionnée dans la Cosmographie. 5. Patriae duae Epiros Pelagonia

IV/8, p. 192-193. Seul Epirum

novum

est sur

TP.

VI B au nord d’Acta Nicopolis,

mais les villes sont celles d'Epirus vetus. Il est impossible de savoir où le Cosmographe est allé chercher Pelagonia, territoire macédonien connu par plusieurs géographes (*%). Villes et rivières sont sur 7. P, sauf Delphi disparu dans l'écrasement de la carte. 6.

Macedonia

IV/9, p. 193-197. Villes et rivières sont toutes sur 7: P, mais trois d'entre elles demandent une explication. Thuris (C. p. 195, 7) entre Stenas et Olympius devait étre écrit sur la carte routière dans le crochet entre ces deux localités, vide sur 7: P, au passage d'une rivière, le fl. Thiris, qui n'est pas le Tontus de Thrace comme le croyaient P. P. (55). Arason (195, 18) à deux stations d’Zraclia, identifié par C. Müller avec le Gasaros de Ptolémée (538), est plutôt Arzum porté sur ΤΡ VIL A au-dessus d'Heraclea Santica sur la route Hadrianopoli- Phinipopolis partiellement négligée dans la Cosmographie. Istubera (196, 12) vient de TP VI C qui porte Stopis XXX Tra-

nupara XX, et au-dessous astibo L (m. p.). Le nom de Stopis devait manquer sur la carte utilisée, comme cela arrivait parfois pour les villes

94

DEUXIEME PARTIE

à vignette. Istubera a été forgé à partir d'A finale ra de Tranapara.

Stibo, complété

par la

7. Ellas Thessaliae

IV/10, p. 197-199. Toutes ses villes sont sur T:P

ou sur le Périple. La dernière, Lin,

a été lue depuis toujours LIII, distance totale sur 7:P VI C entre Falera XXXVIII Grannona XV Larissa (*9). Malgré cette évidence, Schnetz a voulu voir dans ce chiffre LIII le numéro du chapitre afin de pouvoir numéroter 60 celui d’Albis Maurungani (supra, p. 69). 8.

Datia

I/ 11, p. 28 ; IV/14, p. 202-205 ; croquis 2 p. 95. La Cosmographie annonce deux Dacies, minor et magna au livre I (cf. Scythia minor et magna, supra p. 75), prima et secunda au livre IV, dites aussi Gipidia, où habitaient à l'époque les Huns et les Avares. Ces renseignements ont été puisés chez Jordanés (non nommé) dans trois

chapitres différents des Getica : Gothia, quam Daciam appellavere maiores, quae nunc Gepidia dicitur (12, 74). a Dacia et Pannonia provinciis, in quibus tunc Hunni (...) insidebant (43, 226). Hunni (...) bifariam populorum rabiem pullularunt : nam alii Altziagiri, alii Saviri nuncupantur (5, 37). D'après Brandis (00), il y eut sous Hadrien une Dacia superior (les Siebenburgen) et une Dacia inferior (Petite Valachie). Seules les villes de celle-ci sont mentionnées dans la Cosmographie (p. 203 s.), et elles sont toutes sur 7: P. VI B-C sauf les trois dernières, Canonia, Potula, Bacaucis, à la place habituelle des additifs mis en fin de liste. L'énumération commencée à Drubetis (C. p. 203, 7) quitte immédiatement la route d'Apula (T.P. VII A) dont la moitié des stations sont comptées en Mésie ; elles passent à la route au-dessus jusqu'à Tibis(co) quae coniungitur cum civitate Agmonia patriae Mysiae en

oubliant Tierua. Reprenant cette station (Tera, 203, 17), elle repart de Tivisco cette fois sur la route de Viminatio qu'elle suit de droite à gauche jusqu'à Arcidaua sur le Danube (Arcidaba, 204, 4).

(70) Art. Dacia dans R.E., IV.2, col. 1970.

95 ET DES ÎLES DES PATRIES DÉTAILLÉE ÉTUDE

02s

"V HA - 8 IA dL INS DIDG — ὦ sındoa)

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oyeutunA

96

DEUXIEME PARTIE

Le dédoublement de Tivisco (*!®) ne prouve pas qu'il y ait eu deux villes de ce nom. L'aplatissement de la carte a couché horizontalement la route Tierua-Agnauis (Agmonia, C. p. 203, 14) qui devrait étre en gros sud-nord, et faute de place, le cartographe a tracé à part la route Viminatio- Tivisco ('). On a été tenté de combiner Canonia et Potula (204, 5-6) pour en faire Centü Putea, la station avant Arcidaua (72). Cette explication est peu satisfaisante, il vaut mieux en chercher une autre. Ptolémée (III, viii, 3) cite parmi les peuples de Dacie les Albocenses et les Potulatenses, en dessous des Buridavenses dont la ville est Bur-

ridava, sur ΤΡ VI C entre Drubetis et Apula. Potula et Bacaucis sont donc à chercher de ce cóté-là. C. Müller (éd. de Ptol. p. 444) a identifié Potula avec la moderne Potelu sur le Danube entre Romula et Castris novis, mais la ville des Albocenses serait de la forme Alba. Bacaucis est donc le nom du peuple privé de sa syllabe initiale, porté sur la carte routiére comme beaucoup d'autres oü ils sont pris pour des villes par le Cosmographe. Cette localisation rend plausible une explication de Canonia par la paléographie. L'avant-derniére station avant Apula sur T:P. est Cedonie (C. p. 188, 14 en Mésie) que Müller propose de

corriger en Ceboniae (Pt. III, viii, 4, comm. p. 447), rappelant la riviére moderne de Cibin prés d'Hermanstadt. Ecrite Ceuonie, elle est facile à confrondre avec Canonia. Les rivières (C. p. 204) sont chez Jordanès (Get.), les trois premières au ch. 34, 178, les suivantes au ch. 22, 113, sauf l'Arine, cacographie de Miliare (?). Plusieurs sont hors du territoire délimité par les villes citées dans le chapitre. Le Cosmographe a ajouté : Quae omnia flumina in Danubio merguntur, nam fluvius Flautasis finit ipsam patriam, d'aprés

Jordanés

(Get.

5, 33-34)

décrivant

la frontiére de la Dacie :

Ab eoo Flutausis secat, qui rapidus ac verticosus in Histri fluenta furens divolvitur. Introrsus illis Dacia est (*!9!). 9. Iilyricus

I/11, p. 28 ; IV/15, p. 205-207. (71) Pour d'autres dédoublements de villes sur 7. P, voir infra, Mésopotamia, p. 118. Le texte de Ptolémée est douteux sur ce point. (72) ΚΕ. XXILI, col. 1189, s.v. Potula. (73) Miliare aurait pris la finale ia par contagion été écrit sur deux lignes, Mili oublié, Aria lu Arine.

autre explication plus compliquée.

de Tisia, Tibisia, etc., et aurait Schnetz (Jordanis, p. 88) a une

ÉTUDE

DÉTAILLÉE

DES PATRIES

ET DES ILES

97

Le chapitre commence par une mise en place de l'Illyrie : Non ultra Danubium sed quomodo ad mare magnum ponitur patria quae dicitur Illyricus, et quae a multis philosophis maxima septentrionalis pars lilyricus etiam adscribitur, tamen haec patria dicitur pro certo Illyricus.

Cette notion d'une grande

Illyrie à l'époque d'Aurélien est chez

Jordanés (De regn. success. XI, éd. Savagner, p. 108) qui la tenait luiméme de Rufus Festus (7-8). Ensuite le Cosmographe énumére les villes

d'une Illyrie côtière entre les monts Acrocérauniens d’Epire et le Drilo, qui est le territoire devenu province romaine en 148 avant J.C. Les villes sont toutes sur T. P. VI, ou explicables par elle (*102). Il en est de méme pour les riviéres. Les noms des trois premiéres sont sur la route côtière partant d'Acta Nicopoli en Epire (*!%). L’Evenus et l'Acielous sont déjà cités dans cette province (C. p. 193, 7 et 8). L' Halisso fl. est devenu l'Alosus comme sur le Périple (C. p. 378, 6 :

Alosum). Ce retour à l'Épire, une des dix-huit provinces de l'//lyricus de Jordanés, n'est peut-étre pas fortuit. 10.

Dalmatia

1/11, p. 28 ; IV/16, p. 207-212. Une fois de plus le Cosmographe a constaté que ses sources ne .concordaient pas. On ne voit pas à quoi il faisait allusion tant les dé-

coupages territoriaux sont difficiles à suivre de ce cóté. En tout cas, la source choisie pour les villes arrête la Dalmatie à Jader du côté de la Liburnie, à peu prés comme Pline qui met la frontiére à Scardona

(III, xxii, 141). Les soixante-deux villes avec quelques doublets sont réparties en quatre groupes. Quarante-neuf sont sûrement sur 7: P. ou sur le Périple. Plusieurs autres s'y retrouvent sans trop de peine, mais l'attention se porte sur les cinq qui ont un double nom, car ce trait original a été considéré comme une preuve de l'existence de l'auteur de référence, Maximus, qui aurait disposé d'informations particuliéres, alors qu'en fait certains de ces compléments sont probablement des agencements de fantaisie dus au rédacteur, ou proviennent d'une carte routiére

modernisée, comme semble le prouver Decadaron (C. p. 208, 7), Decadoron

sur le Périple

(379,

12), identifié par P. P. avec

Decatera

de

Constantin Porphyrogénéte (*!%), les bouches de Cattaro qui ne sont pas dessinées sur T.P. Epitaurum i.e. Ragusium est exact (C. p. 208, 10).

98

DEUXIEME PARTIE

Pardua i.e. Stamnes (208, 13) ; P. P. ont identifié le deuxiéme nom avec Hiera-Stamnai Illyriorum de Scylax, mais sans justifier le changement de nom. Aronia i.e. Mucru (209, 1) est Inaronia sur T. P. V B à gauche de Narona (C. p. 208, 15: Narrona) ; le deuxiéme nom est Mocron de Constantin Porphyrogénéte, De adm. Imp., 36. Unione i.e. Musaro (209, 6) n'est ni sur T.P. ni sur le Périple. C. Müller y a vu un doublet d'Oneo (C. p. 209, 2) nommé aprés Aronia. Musaro dérive probablement de Chórion Mouicouron en Dalmatie (Procope, Bel. Goth., VII, xxxv, 25), autre forme de Mucru, chacune ayant été accolée à deux noms voisins ; c — s, U. 22. Bausiona i.e. Orido (209, 12) n'existe pas non plus. C'est le doublet d’Arausione qui suit (209, 14), l'Arausa d’It. (p. 272). Orido peut être retrouvé au prix d'une légére correction si on admet que le Cosmographe a agencé ses sources à sa guise. Ce serait Oricum (c — d, Annexe II d), en vérité à l'entrée de l'Adriatique (Hérodote, IX, 93 ; Méla, II, 3, 56 ;

Polybe, V, 52, 3; Eustathe, comm. 399).

Autres identifications : Petinitis (C. p. 209, 4), fusion de Port. Epetius de TP. V B;p—n, Annexe I] d. Decimin en tête du troisième groupe est cité avant Andretio (*!05) qui est à XVI m. p. à gauche de Salona sur TP V B. Plutôt qu'un hypothétique Decimum ou un dérivé de Decuni de Pline (*!06), c'est Ad Diana, ville à vignette en dessous de Salona, par l'intermédiaire de Dianion du Périple (C. p. 380, 10) ; a = ci, U. 47 ; ni= m. Le dernier groupe est très corrompu. Il repart de Medione iuxta Burzumon qui est au premier groupe Burzumi, Birziminio sur It. p. 339. P. P. ont identifié cette premiére ville avec Medeon, en Acarnanie,

connue par Tite-Live (XXXVI, 12). Cet historien n'a pas laissé d'autre trace dans la Cosmographie, et on ne voit pas par quelle erreur cette

localité aurait été mise à cóté de Burzumon.

Une autre explication

est plausible si on tient compte du mauvais état du passage. Sur les douze noms de ce groupe, quatre ont déjà été retrouvés sur

T.P. V C-VI A, dont Bistue betus (vetus sur T.P) et Anderba qui est Sanderua devenu Derva en Pannonie (C. p. 218, 3). Quatre autres sont à ajouter : Ausustis, identifié par Schnetz comme doublet (C. p. 210, 9), Ad Fusciana sur T.P. V C.

d’Aufustianis

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

99

Novas est du méme coup identifié au Novas de T:P. qui suit Ad Fusciana.

Epilentio est Dilunto en dessous de Bistue vetus;

D=P

U. 60 et 64. Pour Emanio et Medione, voir supra, p. 22.

Parmi les rivières, la première et la dernière portent un nom de ville. Narenum est la rivière sans nom sur ΤΡ V C débouchant à Narona. Salon doit provenir d'un contresens sur une phrase de Pline (III, xxii, 142) : Narona colonia (...) a Salona LX XXV m.p., adposita cognominis sui fluvio où adposita aurait été rapporté à Salona. Les deux autres, Margus et Drinius, sont des riviéres de Mésie supérieure (*!07), ll.

Pannoniae

IV/ 19, p. 213-219. Les deux Pannonies supérieure et inférieure sont sur 7T:P. IV B-V C, conformément à l'organisation administrative des trois premiers siécles (*!®). Notre auteur a remarqué avec raison que ses sources ne concordaient pas puisqu'il a réparti les villes en tenant compte de la

Valérie, créée par la réforme dioclétienne. L'essentiel a déjà été dit sur la consistance de cette province, sur ses villes et sur son lac (supra, p. 41 et 91). Les rivières donnent lieu à quelques remarques. Le lac Pelsois les sépare en deux groupes qui, de ce fait, doivent avoir chacun sa person-

nalité. Au premier groupe, Bustricius reproduisant une Bistritza slave est à mettre au crédit de la Cosmographie. Ira n’a aucun correspondant connu. On a tenté d'y voir Mura, la Mur, qui n'est pas attestée précédemment (*'!®). I] y a peut-être une autre explication. Jordanés cite les rivières secondaires à l'occasion de faits de guerre (74^). C'est le cas pour l’/ra (Get. 45, 236) qui est à proximité de Dertona en Ligurie.

Maiorianus y fut tué par les Alains qui résidaient alors dans les deux Pannonies (Get. 31, 161). Il suffit que, dans le remaniement du texte de Jordanés, la mention de Dertona ait disparu pour que le compilateur

ait cru que l'/ra était en Pannonie. Au deuxième groupe, Dravis est sur T.P IV B-V B, mais sans nom (*!!9), Le Parsium serait selon certains le Parisos de Strabon (VII, iii, 13 et v, 2)

qui, d’apres la description qui en est faite, à la frontiére dace, serait le (74) Ger. 17, 44, 45, 47, 50, 52, 54, 57.

100

DEUXIEME PARTIE

Pathissus de Pline (IX, xii, 80), donc hors de la Pannonie de la Cosmographie. Erreur pour erreur, si on admet que le deuxième groupe est homogène et vient de la carte routière, Parsium serait Fl. Arsia de T.P. IV Aen Istrie. Le Cosmographe a bien mis en Dalmatie des rivières de Mésie ; P — F U. 60, pour F(lumen). 12.

Valeria

IV/20, p. 219-221. Toutes les villes sont sur 7:P. sur deux routes longeant le Danube et la Save (*!!). Le Cosmographe a donc regroupé la Valérie et la Savie

de la réforme dioclétienne et a cru les mettre entre les deux Pannonies qu'en réalité elles encadrent Il a ajouté (C. p. 221): gens obtinuit sicut testatur C'est un abrégé de De regn.

(supra, p. 38) (*!!?). Quam Valeriam aliquando Marcannorum (...) Jordanis sapientissimus chronographus. succes. X1 (p. 106 s.) : Marcomani et Quadi

in illa Valeria quae inter Draum Danubiumque interiacet. 13.

Liburnia Tarsaticencis

IV/22, p. 223-225. Les dix-neuf villes se retrouvent, souvent au prix de fortes restitutions : —

sur une route cótiére presque entiérement disparue sur T.P, mais décrite par le Périple (C. p. 381). La source est donc une carte routiére et non Pline ou Ptolémée, comme certains l'ont cru.



sur une route intérieure de Senia à Burno. Les deux localités non identifiées, Olisa et Tarneum (C. p. 224, 13-14), sont sur T.P IV B et V A. Olisa est le premier trongon d'Ausa(ncalione), la jambe du premier a décollée a été prise pour un /, lé deuxiéme trongon étant Necal (supra, p. 41). Tarneum est Burno qui est bien une ville de Liburnie (75) ; T = B, Annexe II a.

14. Italia

IV/ 29-38, p. 246-295. a) Une liste de dix-huit provinces a été superposée à la liste des villes. Elle n'a pas été établie d'aprés une carte car chaque nom est accom(75) La frontiére chez Pline (III, 141) est à Scardona (supra, p. 97). Cf. Procope (Bel. Goth. V, xvi, 13 et 15): Uligisalus le Goth à la reconquéte de la Dalmatie a pénétré en Liburnie ; battu à Scardona, il s'est replié sur Burnus.

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

101

pagné d'un commentaire. C'est un condensé parfois obscur des remaniements territoriaux de l'époque lombarde d'aprés Paul Diacre. Quelques éclaircissements sont possibles. Seme et 7ème provinces : A hauteur de Ravenne, il existait précédemment deux provinces, la Flaminie et Picenum annonaire sur la mer avec Ravenne, la Flaminie

et Picenum suburbicaire dans la montagne. Aprés l'invasion lombarde, les Byzantins ont organisé deux Pentapoles, une maritime, une en montagne. C'est la situation décrite par le Cosmographe : Ad mare magnum Adriaticum est provincia Flaminia Ravennatis ; item Annonaria Pentapolensis est super ipsam Pentapolim, id est provincia «quinque castellorum (C. p. 247-248). Une difficulté nait de la suite, quae ab antiquis ita vocabatur, qui ne peut évidemment pas se rapporter aux Pentapoles de création récente. Th. Mommsen a proposé de changer ita en Umbria, ce qui est paléographiquement difficile à accepter ( Unteritalien, p. 105). Des trois provinces énumérées ici, seule la Flaminia avait gardé son ancien nom ; c'est donc à elle qu'il faut restituer le membre de phrase

final, déplacé par une erreur de copiste. 8ème province : C'est la provincia Spolitium Saucensis ad mare magnum Adriaticum iuxta Pentapolim, à l'époque oü le duché de Spoléte s'est étendu jusqu'à la cóte. Cette situation est indiquée par Saucensis, à corriger en saurensis à cause de la rivière et de la ville de ce nom (*!!3), 9ème province : Dans provincia Denersis Diacre (II, 20, 1): Valeria une correction compliquée, simple de lire (Valeria i)d e.

(C. p. 248, 5), on devine la Nursia de Paul cum Nursia. J. Schnetz (U. 68) a proposé Ba Nursis (*!1^). Il est plus Nursia (76).

13ème et 15*"* provinces : L'ancienne Campanie a été partagée entre le duché lombard de Bénévent et le duché grec de Naples, appelé d'aprés sa nouvelle capitale Campania Taracinensis. Le décalage d'époque entre la liste des provinces et celle des villes ressort ici puisque, dans cette derniére, Capoue est encore caput Campaniae (C. p. 227, 11). (76)

Pour cette abréviation de id est, cf. T. P. IV B : Jovis Penninus id ὃ Agubio.

102

DEUXIEME PARTIE

16ème et 17ème provinces : Même découpage de Tuscia entre provincia Romae et provincia quae dicitur Tuscia (lombarde).

Tuscia (grecque)

b) Avant de procéder à l'énumération des villes, le Cosmographe rappelle que, selon certains philosophes, l'Italie en a compté plus de sept cents. Ce chiffre serait dü à Hyginus dans une de ses oeuvres aujourd'hui perdue (77). Sur les quatre cent quatre-vingt quatorze villes citées, doublets compris, trois cent quatre-vingt-dix-huit sont sur ΤΡ et trente-six au Périple. Pour les soixante autres, il n'est pas toujours possible de distinguer celles qui ont disparu dans les déformations de notre carte routiére, les emprunts à des sources connues et les modernisations. On admettra que les treize noms correctement placés et identifiés grâce à Π. étaient sur la carte routière, ainsi que les six noms isolés retrouvés chez César, Strabon, Tacite ou Appien.

Au contraire, les quatre ou cinq noms épars que la Cosmographie a en commun avec Paul Diacre peuvent lui avoir été empruntés, comme Papia quae et Ticinus (C. p. 251, 2) correspondant à Ticinus, quae alio nomine Papia appellatur (11, 15). Les noms en groupes sont plus vraisemblablement des additifs : Caesarea, Classis (C. p. 258, 7-8) sont chez Jordanés (Ger. 29, 151):

prima Ravenna, ultima Classis, media Caesarea. Monte Feletre, Orbino desuper Sesena (C. p. 273, 1-4) sont chez Procope (Bel. Goth. VI, xi, 2-3) : Urbinus, Kaisena, Montepheretre oü des garnisons ont été laissées.

Une exploitation plus rigoureuse de T.P suggère d'autres identifications : Oxilla, Scationa (C. p. 251, 10-11) répétent probablement Occellio, Segatione (250, 1 et 249, 17). Sibrium (252, 7) aprés Vercellis et Novania viendrait de T. P. Insubres (nom de peuple) écrit entre Vergellis et (fl.) Nouaria (*!!5). Befania (272, 15) est Mevanie, T. P. IV B ; B — M, Annexe II b (*!!6), Solanon, Galligus, Galatia (276, 1-3) répétent Eclanon, Gatianibas, à lire Gatia Nobas (T. P. V C, Galatie, Ad Novas).

(77) D'Avezac, Le Ravennate et son exposé cosmographique, p. 56 ; K. Mile, M. M. VI, p. 39 pour une citation de Blondus à propos d' Hyginus déjà cité, cf. note 34.

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

103

Flegenas aprés Concilas (276, 14-15) a dérouté tous les chercheurs. Ce pourrait étre une cacographie de Lucaniae, en grec Leucaniai, dans un contexte médiocre, de méme tournure que Luceria Apulae (282, 7) : L — F, Annexe II a; le / de correction a été introduit dans le nom après Ε΄; finale instable et c — g. c) Les rivières manquent partiellement sur la côte est au sud d'Ancóne et totalement sur la cóte ouest, de sorte que la Cosmographie ne connait pas le Tibre. Il est impossible de savoir au juste quelles sources ont servi à dresser la liste. Pline y est pour une part ; 7:P. est à la fois plus riche et plus pauvre que la Cosmographie, et il est sûr que le cartographe chargé

d'écrire les riviéres à l'encre rouge a commis de grosses erreurs, comme le prouve la cóte adriatique au sud de Ravenne. Les étapes Pisauro, Mataurum fl, Misco fl. sur T.P. IV A-B sont respectivement placées sur le Rustunum, le Mataua, le Flosis. Cette constatation permet de retrouver Duria Bautica, la Doire Baltée (C. p. 288, 15), qui devrait étre la riviére arrosant Augusta Praetoria (Aoste). Or c'est l'affluent

en aval qui est appelé Betuctelum, cacographie de Bautica flum(en), sur 7.P. II C. Autres identifications (C. p. 289) : Lambrus, T.P. 111 A fl. Ambrum. Sarius aprés l'Adua, Pline (III, xix,

131), /acus (...) ut Adduam

Larius ; S — L, Annexe II b.

Alubra, T.P. III A Fl. Odubria. Trebias est sur T.P. III B la rivière sans nom débouchant à Placentia, la Trebia Placentinum de Pline (III, xvi, 118-119). Les noms des riviéres sur l'Adriatique (C. p. 291) ont été modernisés sous l'influence du voisinage de Ravenne : Maricla/ Marecchia, Folia/ Foglia (ex- Pisaurus), Izinon| Esino ; le Suasanon a le nom d'un peuple, les Suasani de Pline (III, xiv, 114). d) L'exposé de l'Italie se poursuit par une description de la couronne de montagnes au nord, quos quidam Titanos dicunt (292, 6). Schnetz a proposé deux corrections inutiles : —

Le Cosmographe ayant commencé son énumération par les hauteurs qui pertingunt mari Gallico a raison de dire ab ipso latere puisqu'il

vient de terminer le chapitre précédent par les riviéres débouchant in mare Gallicum. 1] n'y a pas de raison de changer ipso en uno.

104



DEUXIEME PARTIE

Les Alamans ne sont pas nommés parmi les peuples occupant l'autre versant des montagnes quoique leur patrie soit dite confinalis Italiae (C. p. 230, 2). Pour réparer cet oubli, Schnetz a transformé les Mauriani en Alamani (U. 38-39) sous prétexte que la Maurienne était trop insignifiante pour figurer dans l'énumération. C'est oublier que

cette vallée est signalée par le dernier continuateur de Frédégaire comme le grand passage des Carolingiens sur la Lombardie trois années de suite, entre 753 et 755 (*117), Cette absence des Alamans est probablement encore due à un mauvais résumé de Jordanès (Get. 55, 280 s.) qui a défini ainsi les frontières du pays des Suéves : Ab oriente Baioarios habet, ab occidente Francos (...) Quibus Suevis tunc iuncti Alamani aderant ipsique Alpes Rhaeticas omnino regentes (5118). Ce texte a été mutilé et le dernier membre de phrase a été rattaché aux Baioarii, ce qui a donné (C. p. 292, 8-12):

Qui montes dividunt (...) inter Maurianos et Italiam, inter Ranicos (pour Rhaeticam), quae modo a Bauvariis dominatur, et Italiam. e) La description de l'Italie se termine bizarrement (IV/38) par une juxtaposition de deux textes trés voisins qui ne peuvent étre de la méme

main. Les Géographes anciens ont souvent précisé la forme d'un pays par

une comparaison. Ici l'Italie est d'abord comparée tout entière à un champignon, à un sigma grec, à des coquillages, à une main d'homme, à une feuille de platane, chaque fois d'aprés quidam ou alii philosophi, non identifiables (*119). Le second texte rectifie en répartissant plus logiquement les comparaisons une par une sur les quatre cótés de la péninsule. 15. Burgundia IV/26-27, p. 236-242 ; Croquis 3, p. 106. Cette province, comme

toutes celles de Gaule, a eu son nom moder-

nisé aprés les grandes migrations. Elle aurait remplacé une Gallia secunda (C. p. 236, 10-11) qui n'existe pas dans la nomenclature officielle, et Francia Rinensis, dite antiquitus Gallia Belgica Alobrites, (226, 10-11 ; cf. Alobriges, 236, 9), empiéte sur elle par son dernier terme (infra, p. 168). Les villes, énumérées d'aprés Castorius, sont toutes sur ΤΡ

1B-I1 B

à deux ou trois exceptions prés, mais plusieurs prétent à discussion. Elles sont réparties en sept groupes inégaux, les six premiers allant

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

105

du nord au sud, le septiéme, iuxta fluvium Duba, rejeté en queue à la place habituelle des additifs. Deux de ses villes, Busuntius et Mandroda, sont également en Alamanie (C. p. 230, 16 et 18). U y a tant

de flottements chez le Cosmographe dans les limites des patries qu'il serait vain de chercher dans ce chevauchement

la trace d'une modi-

fication de frontiére à deux dates différentes. N est plus curieux de constater que les villes des deux groupes du nord, le premier et le septiéme, sont relevées le long d'une riviere, le Rhóne supérieur et le Doubs. Ce procédé inhabituel est employé en Francia Rinensis et en Alamania par Anaridus qui n'en a donc pas

l'exclusivité. Avant de discuter les identifications douteuses, il faut insiter sur les erreurs de T: P. Sa déformation a décalé la lettre par rapport au trait. Les villes riveraines de la Saône sont rejetées à gauche d'une large boucle, Valence est loin du Rhóne, la route de Lyon à Toulouse par

Anderitum (IB) qui court du nord-est au sud-ouest est tracée horizontalement. Il y a à la suite deux Geminas et deux Alarante des noms sont tellement corrompus dans la Cosmographie, Alcacothin (240, 3) pour In Alpe Cottia ou Metroselon (241, Mellosedo (T. P. 1 A), qu'ils sont reconnaissables uniquement

(ll A); comme 2) pour par la

place qu'ils occupent dans l'énumération. Le deuxième groupe.

Le premier groupe s'arrête à Tenusilay qui est Etanna sur ΤΡΊΤΑ après Gennaua. Le deuxième groupe se relie à lui par la formule iuxta Genuam est civitas (...) Obelonon (C. p. 237, 16-18). Il existe effectivement sur ΤΡ une station Obilonna à droite de Gennaua sur la route en dessous (*!2). Ensuite tout se passe comme si le rédacteur

était parti de Chalon (T:P I C Cabillione, lu Gabilona au sixième groupe) d'abord au nord jusqu'à Bidana (T. P. Vidubia), ensuite au sud. Il semble donc qu'Obelonon soit Gabilona et qu'Etanna de T: P, appelé Tenu(a) Silarum dans la Cosmographie, ait été lu ensuite Genua, de méme que Zegna sur ΤΙ ΡΒ II A entre Vigenna et Valentia a été transcrit Genua (C. p. 239, 10) ; T = G, Annexe II a. La présence d’Obilonna non loin de Gennaua du premier groupe serait une pure coincidence. Une confusion du méme ordre existe au sixiéme groupe oü Augunon (TP. 1 C Aug. Dunum) est suivi d' Ugenon qui est un doublet et non Ugernon (Beaucaire, C. p. 238, 9).

PARTIE DEUXIEME

106

67 PUOTMDÈTIT ze°°

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ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

107

Les traces de grec.

En tête du troisième groupe, la station de T:P II B In Alpe Graia est remplacée par Catabolon dont l'ongine grecque est sûre (75). De nombreux noms de TP en -um ou en -o ont pris la finale -on (Annexe I c). Le quatriéme groupe (C. p. 240). Ce de la nous deux nom

groupe partant d’Alpe Cottia (T.P. II B) abandonne la route Durance à partir de Bapinco (Gap). Aprés trois noms sur lesquels reviendrons, il se termine à Gemina, T.P II A Geminas, écrit fois sur la route au-dessus à hauteur de Vapincum. Comme son l'indique, Geminas est une bifurcation menant d'une part dans

la basse

Durance,

de

l'autre dans

la vallée de

la Dróme

par

le col

de Cabre. /r. p. 357 établit que les trois stations de cette vallée, Luco, Bococilon, Auguston, appartiennent normalement au quatriéme groupe et ont été rattachées par erreur au cinquième où elles sont énumérées en sens inverse (C. p. 241, 8-10). ΤΕ doit donc être corrigée à cet endroit. Le trait de route aprés Geminas ne vas pas à Stabatione mais à Vapincum. Des trois stations intercalées entre Bapinco et Gemina, deux sont sur la route en dessous passant par la trouée Argens-Arc avec un embranchement vers Anteis. Selon une habitude déjà signalée, le releveur a voulu récupérer cette station et il a pris en méme temps Foro Voconi

à l'origine de la bifurcation en séparant les deux mots devenus Bocconi et Forantes. De la méme fagon le deuxiéme groupe a récupéré Ugernon (Beaucaire) oublié en Septimanie. On a voulu voir dans Bricantinomagus lile de Brégangon, encore plus au sud que Foro Voconi quoique le suffixe magus, «le marché», convienne peu à un ilot. C'est plutót une correction, mise entre Bocconi et Forantes, pour rapprocher Brincatione (C. p. 240, 4) de Brigantione de T.P. avec adjonction de magus, comme Caturrigas d'It. p. 342 est Catorigomagus sur T. P I] B. Les affluents du Rhóne (C. p. 242, 8-11) ont peu de rapport avec ΤΡ qui ne connait ni Saganna ni /zera et dont Fl. Arar et Ponte Dubris sont devenus Arab et Duba dans la Cosmographie.

(78) Cf. en Mesogia Graecorum : Catavolon (C. p. 93, 7), T.P. IX C Catabolo.

108

DEUXIEME PARTIE

16. Provincia Septimana

1/17, p. 38 ; IV/28, p. 242-246 ; IV/37, p. 293, 16-18. On retrouve dans ce double nom la Provincia ou Narbonnaise, et une appellation ancienne (Pline, III, iv, 36 ; Méla, II, 5, 75) (*!2!) remise en usage (79). Les deux mots figurent de part et d'autre du Rhône sur la carte de Saint-Sever. Les deux groupes de villes viennent de la carte routière (T:P I B-II B et Périple, C. V/3). Dans le premier, Teloni (C. p. 243, 17, Toulon) a

été récupéré aprés Foro lulii sur l'itinéraire maritime partant de cette ville, conservé par /t. p. 505. Le deuxième groupe (C. p. 245), provenant du Périple (C. p. 340 s.), s'emboite dans le premier. Abate est Agate ; b — g, Annexe II c. Burrea qui précède Abate doit être (A)rauris, l'Hérault ; les deux noms sont liés chez Méla (II, 5, 80), Arauris iuxta Agatham. Terus Narbonensis (C. p. 246, 6) a été l'objet de vaines tentatives d'identification. La confusion courante L = T, U. 39, permet d'y voir le Liria dont le qualificatif est justifié par un extrait de Pline (III, iv, 32), Narbo Martius Decumanorum colonia (...) flumina Araris, Liria. 17. Spania 1/3, p. 8-9 ; IV/42-45, p. 300-322. a) Le livre I situe dans

la me

dans la 10ème, Galletiae vel Spaniae

heure du jour Spanorum

patria;

Vasconum patria, confondant une

région et un peuple de la côte nord d'Espagne ; dans la 11ème, Vasconum

patria (ancienne Aquitania).

|

A la 10m heure, une glose rappelle: quae Galletia ex praedicta Spania pertinet, à cause du livre IV oü une liste de huit provinces (C. p. 302, 4-11) a été superposée à celle des villes comme en Italie. Cette liste a conservé trois des sept provinces de la réorganisation du vème siècle : Galletia nommée la première, Lysitania, Betica. Les trois suivantes viennent des Getica, ch. 44: Austrigonia, Asturia, Iberia, citées à propos du roi suéve Riciarius ; la septième, Hispalis, est le

(79) Aux sources des vıırtme et ix*"* siècles citées par P. P. (C. p. 38), ajouter GR£GOIRE DE Tours

11, 20, création du duché

la Septimanie par le roi Gontran.

des sept cités : VIII, 28.30.35, attaque de

ÉTUDE

DÉTAILLÉE

DES PATRIES

ET DES ILES

109

nom de la grande ville de Berica ; la huitième, Aurariola, a déjà été identifiée (supra, p. 19). . La chorographie fait aussi allusion à une media provincia avec Toléde

(C. p. 312). b) Quoique la perte du premier feuillet de T: P empêche de le prouver, 1l est sür que les villes ont été prises sur une carte routiére qui n'apprendrait pas grand'chose, puisque deux cent trente-neuf noms

sur deux

cent soixante-quatorze ont été retrouvés par les deux derniers éditeurs sur le Périple ou dans l'7tinéraire d’Antonin. Une trentaine d'autres noms sont chez Pline ou Ptolémée, mais comme ils sont épars dans les énumérations, ils peuvent venir également de la carte routiére, dif-

férente ici ou là du Périple ou d'/t. Cette carte routiére devait étre trés aplatie et déformée pour que les Îles Britanniques, l'Espagne et le nord-ouest de l'Afrique aient tenu sur le méme feuillet. L'allongement est prouvé par le Périple au franchissement du détroit (supra, p. 84), et confirmé par le découpage de la cóte d'Espagne en trois secteurs. Le second, super fretum Septem,

commence à Belone (C. p. 305, 15) et il faut attendre Augusta Bracaria (307, 6) pour être iuxta Oceanum. . A cause de ces déformations, une position indiquée par iuxta d’après la carte peut étre inexacte sur le terrain.

Le Cosmographe a réparti les villes en dix-huit groupes (*!!2). 1] a fait le tour des cótes, des Pyrénées méditerranéennes aux Pyrénées atlantiques (C. p. 302-308), puis il a pénétré trois fois à l'intérieur, une premiére fois à hauteur de Tarragone en direction de Saragosse et de Séville par Toléde, Mérida et Cordoue (308-317) ; une deuxiéme fois à Irun en direction de Mérida (318-319) ; une troisième fois à Braga pour relever ie nord-ouest de la péninsule par un circuit (319-321). Plusieurs nouvelles identifications peuvent étre proposées. Le groupe 1 a deux fois Saguntum (C. p. 303, 14 ; 304, 5). Arragona et Tarsagona (303, 9 et 13) semblent étre aussi la répétition du méme

nom.

'

: La derniére cité du groupe 2, Augusta Bracaria (307, 6), au lieu d'étre

suivie au groupe 3 des localités de Limea à Bricantia (307, 16-308, 5), en est séparée par cinq noms identifiés plus au nord. Parmi eux, Rubriari a été corrigé par Schnetz dans son édition en Rubricaria dont le ca a été passé à Cabricantium (supra, p. 22). Un sixième nom, Samarium

(307,

14), est le fleuve

Tamara

de Ptolémée

de Méla (III, 1, 11); S — T, Annexe II b.

(II, vi, 2), Tamaris

110

DEUXIEME PARTIE

La suite du groupe 3 est prise dans un certain désordre sur la cöte ou à l'intérieur, et semble se retrouver partiellement chez Ptolémée. Medioga pourrait étre Noiga chez les Cantabres (Pt. II, vi, 6) ; uno

en surcharge a corrigé celui qui avait été lu d (Annexe I b) et a été introduit dans le mot. Ontonia a été corrigé en Cistonia qui suit (C. p. 308, 6-7), hodie Cestone a Deva fluvio versus ortum (Müller, éd. de Ptol. p. 147, comm.

l. 8). Castra Manuaria (C. p. 308, 8) est répété en Memoriana (320, 15) où la syllabe nu lue na en surcharge a glissé à la fin du mot. Arragina serait une mutilation d'Argenomescum chez les Cantabres (Pt., II, vi, 50 ; Müller, p. 168 s., comm. I. 10). Saramon (C. p. 308, 10) peut étre Se(gi)samone du groupe 17 (318, 12) ; s — r ; hodie Sasamon (Müller, p. 170, comm. 1. 7). Morodon a été rapproché de Moroica chez les Cantabres (Pt., II, vi, 50 ; Müller, p. 169 s., comm. I. 5). Voir aussi Morogi (Pline, IV, xx, 110).

Cambrim (C. p. 308, 12) a été corrigé par Schnetz en Canibrt (déjà en 307, 10) d'aprés les mss. A et B. Dracina serait Tritino (ou Tricino) de Méla III, 1, 15. Voir Müller, p. 147 s., s. v. Deva, dans Pt., II, vi, 8. Tenobrica (C. p. 308, 14) doit étre Tonobrica du groupe 17 (318, 11).

Sandaquitum serait alors Antequia du méme groupe (318, 9). Cambracum pourrait être Camarica (Pt., II, vi, 50 ; Müller, p. 169, comm. 1. 3). Ossaron, le dernier nom de la liste, combine Οἰασσώ de Ptolémée et le nom moderne Irun. Au groupe 4, Salam (C. p. 309, 10), aprés Pacca= "Iaxka de Pt. selon P. P. (Jaca), est probablement Salum (le Somport ἢ), mot plusieurs fois employé dans les Pyrénées. Le groupe 6 est iuxta Caesaraugustam. Sa première ville, Contrebia (310, 5), est prés de deux localités cótiéres du groupe 7 au sud de Dertusa. Schnetz a corrigé la derniére, Precorium, en Pretorium qui, dans l'énumération à partir des Pyrénées, est aprés Barcelone sur le Périple (C. p. 341) et avant sur /t. p. 398. Leonica est chez Ptolémée (II, vi, 62) une ville des Edetani à l'intérieur, avec pour coordonnées 14?40'-40? 15', donc au sud de Caesaraugusta. Auci et Gergium qui encadrent Leonica dans la Cosmographie ont été cherchés par Müller dans la méme région à Arsi et Osicerda. Avec l'identification Precorium/ Pretorium, Auci pourrait étre Ausa (Pt., II, vi, 69)

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

dans la région d'Orgia (25 m. Au groupe entre Dertusa

de p. 7, et

111

Gérone, et Gergium est plus prés paléographiquement au nord de Caesaraugusta) que d'Osicerda. Intibili du Périple (C. p. 342, 12), oublié au groupe 1 Saguntum (C. p. 304), a été récupéré sous la forme

Lintibilin (310, 14) iuxta (Con)trebiam, premiére ville du groupe 6. De ce fait, Jologum qui précède peut être une répétition d'//dum (304, 4 et 342, 11), la haste du d décollée (Annexe II d) donnant oc, c — g. Au groupe 10 situé chez les Vascons (Pt., II, vi, 66), il est tentant de voir dans Beldalin (C. p. 312, 1) avant Erguti, corruption d'Ergavica, une répétition de Belbili (309, 16) chez les Celtibéres (Pt., II, vi, 57 Bilbilis) où l'existence d'un autre Ergavica serait à l'origine de l'erreur ; b — d, Annexe II c. Le groupe 12, iuxta Complutum (C. p. 312, 18 - 313, 7), se termine par l'énigmatique Belisarium que Müller (Pt., II, vi, 49, comm. p. 167 s.v. Cougium) a tenté de retrouver par la toponymie. La paléographie fournit une autre explication. Les stations communes entre /t. p. 434435 et la Cosmographie sont énumérées en sens inverse à l'exception

d’Albocela : It.

C. p. 312-313

C. p. 319

Sibariam

Ocelodorum

Ocelo Duri

Sebarium

Albocela

Albeceia

Amallobriga Nivaria

Cauca Nibaria

Cauca

Abulobrica Belisarium

Belisarium correspondait donc à Sibariam lu Beliarium avec deux fautes courantes, S = B, b = li (Annexes I b et II b). Le S de correction

sur B aurait été introduit dans le mot. Au groupe 14, Noclensis (C. p. 315, 12) entre Corduba et Catalune est Uciense, It. p. 403 : alio itinere a Corduba Castulone, Epora Uciense

Castulone. Au groupe 16, Assidone et Saudone (C. p. 317, 6 et 9) viennent tous deux d'Asindon ou Asido (Pt., II, iv, 10 ; Müller, p. 123, comm. 1. 8). Dans Saudone/ Asindon, n = u. Au groupe

BINON

17 (C. p. 318, 4 - 319,

Lacobrica

Biminatium,

15), on lit Segisamone

et plus

loin (C. p. 320)

(...) AM-

AMNION

Asturica Balsata (pour Vallata) ITERAM NUM. Les trois noms ici en

112

DEUXIEME PARTIE

majusoukes doivent avoir la méme origine à cause d'Jt. p. 453-454 : Vallata INTERAMNIO Palantia Viminacio Lacobrigam Segisamone. Comeniaca, inséré deux fois dans le groupe 17 (C. p. 318, 19 et

319, 5), est probablement une correction marginale erronée de Biminatium/ Viminacio, mal placée dans le texte et venant d'une mauvaise lecture de la transcription du grec Ouiminacion ; O — C;u— o.

Au groupe 18, Lugisonis (C. p. 321, 1), qui suit deux noms de peuples pris pour des villes, peut être Lucenses (g = c), écrit Lucises. La: surcharge en sur i lue on a été introduite aprés le premier s. €) Les rivières (C. p. 321, 12-21).

|

Six rivières sur dix sont faciles à identifier. Les quatre autres sont : Medulla, déjà en Spanoguasconia (300, 15) qui est assimilée à Galletia dans la 10*»* heure du jour.

Samus, amputé de son initiale provenant de Baetis qui précède, est l'Anas. / ibesia est Bi(ro)besia, affluent du haut Ebre arrosant la ville du méme nom (C. p. 318, 10 : Birobesca). Hade est probablement le Tader de Pline (III, iii, 19) dans la région de Carthagène, Táfiep de Pt., II, vi, 14 (Müller, p. 150, s. v. Taberis).

C.

EN ASIE

l. Généralités

Contrairement à ce que croyait Stolte (supra, p. 43 s.), la part de la carte routiére est prépondérante dans l'énumération des villes non seule-

ment en Mésopotamie, Syrie-Commagène et Mésogée des Grecs, mais également dans les deux Perses, et importante dans d'autres patries

non romaines. Comme en Europe, les villes ne sont pas exactement dans le cadre des provinces quand il y en a un. Les références à la source utilisée

sont trop vagues pour permettre de déterminer avec certitude si celleci a fourni seulement les villes ou aussi les provinces et les rivières. Au livre II, chapitres 8-11 et 13-15, l'incise ut ait Castorius, variante du secundum Castorium des chapitres 1, 2, 5-7, 12, suit inter plures philosophos par une erreur de copiste, comme si c'était Castorius qui signalait la multiplicité des sources. La rédaction correcte est au chapitre 11/3 : In (...) India Serica plurimas fuisse civitates per plures philo-

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ÎLES

113

sophos legimus, sed ego, ut Castorius ait, eiusdem patriae civitates aliquantas designare volo (8) (supra, p. 51). Dans la partie romaine, aucune province ne date sürement de l'organisation post-dioclétienne. Certaines sont manifestement anciennes : Commagéne, Mysie, Ionie. A partir du chapitre I1/12, il est fait état d'un document original (supra, p. 55 s.). Il est attribué à des philosophes de langue grecque, Orientis descriptores, auxquels font allusion ensuite les chapitres 13, 15 et 16. Cet Orient est dans la langue du temps l'Empire d'Orient dont faisaient partie les régions traitées dans ces chapitres. Il était certes

plus

étendu,

mais,

comme

trop

souvent,

le document

utilisé

est

incomplet. En tout cas, il y a toutes chances pour que les noms de Syria Cilensin Comagenis et de Mesogia Graecorum en viennent. Pour le premier, E. Honigmann (®!) a raison contre Schnetz (U. 53). Sin est la préposition grecque sun et non le début de Fin, restitution inacceptable puisque la Phénicie est traitée au chapitre 16 et non au chapitre 15. Le mot Mesogia, pourtant employé dans son vrai sens en Thrace (C. p. 183,

12), est ici un contresens, car la plupart des provinces sont

cótiéres avec la mention iuxta mare Ponticum, ad mare Magnum. Le document utilisé, un simple cadre probablement, devait être rédigé suivant le méme plan que le Liber Junioris philosophi distinguant les parties de l'Asie Mineure propinquantes mari de celles qui étaient mediterranea. Ce terme a été retenu seul pour l'ensemble. De l'avis d'Honigmann, les noms de lieux de la carte perdue «dessinée par le Ravennate» viennent d'un Grec, voire d'un exemplaire grec. Ils trahissent leur origine et sont en général plus mal conservés dans la Cosmographie que sur T. P. Un collationnement minutieux ne permet pas d'étre aussi catégorique. Dans une région hellénisée, la toponymie courante était souvent grecque. Les seules preuves à retenir sont d'ordre paléographique, mais elles ne sont pas toujours convaincantes. Phaltauri (C. p. 86, 11), TP. X A Thiltauri, provient d'une confusion

O = ® aussi bien que d'une fausse lecture T = P U. 60. Empsa (86, 1), T P. IX C Emma, semble venir d'une confusion 2 = y, mais Ptolémée a /mma (V, xiv, 11).

(80) Pour une erreur du méme genre avec ut, cf. C. p. 27,9. (81) E. HoNIGMANN, art. Syria 3 dans R.E. IV A.2, col. 1651.

114

DEUXIEME PARTIE

Malmiora (87, 15), T. P. IX C-X A Palmyra, II = M, mais P est aussi confondu avec M, Annexe II b. Ponte (87, 1) correspond à Gephyra sur T.P. IX C (*!2).

D'autres identifications sont possibles dans les pays qui vont étre étudiés maintenant, à condition que l'énumération de la Cosmographie soit suivie rigoureusement sur 7. P. 2. Patria Persorum Parsagade (*!%) I/2, p. 5; 11/5, p. 51-54 (Croquis 12 p. 144). Parsagade n'est pas sur T:P. mais est à sa place parmi les villes (C. p. 52, 8), à l'est de Persépolis, non loin de Stagus (52, 11), le flumen Sitioganus quo Pasargadas septimo die navigatur (Pline, VI, xxvi, 99). Plusieurs noms des quinze provinces à terminaison grecque (C. p. 51, 9 - 52, 2) sont simultanément chez plusieurs auteurs (*!25), mais c'est Denys le Périégéte qui permet l'identification de plus grand nombre. Agrienon, Latramon, Cabeon, Cletabion, sont en latin (vers 956-959) Agraei, Chatramis, Sabae, Cletabeni, qui réapparaissent en Arabie avec une autre terminaison (C. p. 56, 23 ; 57, 20 ; 59, 2-3). Teriton, vers 982 Teredon ; t — d, U. 22. Ascion, vers 1069 Tascii. Tantaleon, Gargaridion, vers 1143 s. Peukalei, Gargaridae.

Deux autres noms sont chez Pline : Cossion, les Cossiaei (VI, xxxi, 134). Gyrilion est Cyro(po Jlis, regio maritima sur le golfe Persique (VI, xxix, 115) ; cf. Sevastoli (C. p. 169, 11) pour Sevastopolis. Carbinisacron est la fusion probable de Carbantum ((Pline, Vl, xxxi, 133), montagne entre Suse et Ecbatane, et de Sacrone (Ptolémée, VI, ii, 5), ville de l'intérieur de la Susiane. Les villes sont en majorité plus à l'ouest que les provinces et quarante

sur cinquante-trois sont sur 7.P. Leur énumération commence à la suite d’India Dimirica et méthodiquement un nom d'une autre source est intercalé entre ceux de T: P. (*126), C.p. 52,8 Parsagada 10 Armoza Regia (Ptolémée, VI, viii, 5, en Carmanie) 12 Palmodes pour Paludes 14

Piratum, nom commun

16 Bicus pour Lacus (Ptolémée, V, xix, en Babylonie, traduction latine : Efficiunt auteni hi fluvii eorumque brac-

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

115

chia lacus atque paludes (Müller, p. 1019) ; cf. sur TP X B paludes sous la boucle de l'Euphrate). 17 Sostrate (Pline, VI, xxxi, 136 en Elymais), déjà en /ndia maior (C. p. 44, 20). Autour d'Ecbatane (52, 21), trois noms de 7:P. (*!?7) sont mêlés à deux autres : Duina, déjà en India maior sous la forme Divina (C. p. 44, 19) où on reconnait Dianae templum augustissimum de Pline (VI, xxxi, 135) ; Carema, Cariné de Ptolémée en Médie (VI, ii, 15) ou Carina d'Isidore de Charax, 4, en Basse Médie. Dix-sept noms (C. p. 53) se groupent ensuite autour d'un carrefour suivant le procédé d'enchevétrement de routes (#2). Un d'eux, Scene, aboutissement de la route des Nomades de Strabon (XVI, 1, 27), permet de corriger Sohene de T.P X C et de retrouver cet itinéraire sur la carte routière (83). L'énumération se poursuit le long de l'Euphrate jusqu'à l'inscription de TP. X A-B: Fines exercitus Syriaticae, où elle chevauche sur Syria Cilensin Comagenis (C. 11/15). Il est difficile de discerner ce qui vient de T: P. ou d'ailleurs. Barpsis (C. p. 54, 7) est Bersiba de Ptolémée (V, xvii, 5), Ti! Barsip des documents assyriens d'aprés Dussaud (Topo., p. 462). Cubicumbilo, ajouté à la fin de cette énumération, est Kommisimbela d'Isidore de Charax,

1.

Puis un retour à l'est donne une liste complémentaire de sept noms (C. p. 54, 10-16) avec ses défauts habituels : Zara, pas de choix possible, faute de contexte, entre plusieurs identifications. Yctiopon, T. P. XI A Cesiphum, Ctesiphontem en Assyrie (C. p. 67, 1), Ictiphon sur la carte de Saint-Sever. Imda, pour (Arte)mida aussi en Assyrie, Artemita à cóté de Cesiphum sur ΤΡ Ange (ΤΡ XI B), déjà en India Bactrianis (C. p. 47, 16) sur la route Ecbatanis- Tazora. Parduce, Persica inscrit sur ΤΡ entre Ecbatane et Persépolis ;

D=S(*3), (82) Cf. mon article dans Bonner Jahrb. 175, 1975. (83) L. DizLEMANN, Haute Mésopotamie orientale et pays adjacents, Scenae.

Index s.v.

116

DEUXIEME PARTIE

Tare, T.P. XI A Epara à côté de Spasinucaras ; T = P, U. 60 et 64. Spasinucaras, déjà C. p. 53, 7. 3. Patria Persorum Assyriorum Ctesifontis Peloriaca II/ 11, p. 66-68 ; Croquis 4 ci-dessous. La patria Persarum du livre I a été scindée en deux au livre 11. Ce découpage vaut seulement pour les villes qui, provenant ici toutes

de T:P, sont décalées vers l'ouest par rapport aux provinces (*!2) et une partie des fleuves. On sent nettement la superposition de sources distinctes.

Vers Artaxata

Vers Nisibi )

»

Vers Singara

A

Nicea Nialia

more Thelser

Inn Ecbatanis Croauıs 4. — Patria Persorum Assyriorum sur T.P.

X C - XI A.

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ÎLES

117

a) Les trois provinces (C. p. 66, 5-7) : Edruxion est la (G)édrosie. Gimandrion vient des Etymandri d'Arie (Ptolémée, VI, xvii, 3); T = " Sarradon, lire Sarrädon, vient des Darandae de Drangiane (Ptolémée, VI, xix, 3); S — D, Annexe II b.

b) Dix-huit villes sur vingt-six ont déjà été retrouvées sur TP XI A. Les autres y sont aussi : —

Sur la route

Ecbatanis- Artaxata

X C-

:

Bantem (C. p. 66, 15), Baptana d’Isidore de Charax, 5, Ecbatanis de T:P. déjà en Perse de Parsagade (C. p. 52, 21) (*130). Astenuta et Tumerta qui suit, double lecture de T:P. Ad Tomenta. Zeracana aprés Rapsum est Eneca de T.P aprés Rhasum. Dans (Z)eracana, na est une correction de ra en surcharge rejetée à la fin du mot. —

Sur la route partant de Ctésiphon vers la gauche : Balictanor (C. p. 67, 2) n'est pas une «localité d'Assyrie» comme

l'a

cru Streck (34^) sans faire allusion à Beth-Nicator dont l'évêque a été martyrisé sous le règne de Sapor II (85). Ce nom est une erreur de lecture ; il est suivi d’Artemida, Artemita sur T. P. XI A et chez Isidore de Charax, 2, avec la mention «ville grecque». Une correction Da en surcharge sur la finale a été lue Ba (B— D, U. 64) et rattachée à Lictanor, déformation de Nicanor(is) qui suivait comme dans Dura Nicanoris en Mésopotamie (C. p. 82, 7) ; [= n, Annexe II c.



Sur la route Thelser- Albania intercalée dans la précédente :

Thionas doublet et Patitä au syllabe, cf.



qui suit Danas dans la Cosmographie (p. 67, 9-10) est son non Titana fl. de T.P. X C. Ce dernier est Peratitam (68, 2), ms B, récupéré en fin de liste ; pour le sens de la premiere supra, p. 78, Panarezon.

Reprise de la route venant de Ctésiphon (C. p. 67, 12-14 ; P. X C): Tebe, lire Tebe, T. P. Sabbin ; pour T — S, Annexe II b. Ara, T. P. Hatra.

Alepicre, lire Alepicre,

T[. P. Ad fl. Tigrem (*?') ; T = P U. 60 et 64.

(84) STRECK, art. Balictanor dans R.E., Suppl. I, col. 239. (85) J. S. Assemanı, Bibliotheca orientalis, t. 1, p. 17 et 189 ; t. 111.2, p. 747.

118

DEUXIEME PARTIE

c) Les trois premiers fleuves, Ydaspis aris, Gimandros, Ypanis (C. p. 68, 6-8) ont été identifiés en Arie, en Arachosie et vers l'Indus.

Gimandros a le méme nom que la province Gimandrion. Pencotrox peut par analogie étre apparenté à la province Edruxion, Pen représentant flu, comme

Pa dans Patitam ci-dessus ; c = e, d = ot,

Annexe Il d. Thionas, Marimia sont fl. Rhamma et Danas sur ΤΡ, route Thelser-

Albania. Ma serait un préfixe analogue à Pa, puisque fl. Rhamma a été lu seulement Rum parmi les villes (C. p. 67, 8) ; P — M, Annexe II b. 4. Mesopotamia 1/8, p. 20 ; 11/13, p. 78-82 ; Croquis 5 p. 119. Voir aussi Dillemann, H. M. P. A., passim.

Le livre I décrit les fleuves du pourtour : Jpsi Tigris et Euphrates (...) qui postmodum implentes copiosam terram Assyriorum, Mesopotamiam luce clarius designant. C'est un démarquage de Jordanés (Get. 7, 53): Euphratem Tigrimque (...) qui amplexantes terras Syrorum Mesopotamiam et appellari faciunt et videri. Le livre II a repris la formule en la modifiant légèrement.

Ce cadre a été rempli, sans provinces ni riviéres, par cinquante-six villes d’après Castorius, dont quarante-quatre sont sûrement sur 7: Β X B-C. D'autres s'y retrouvent à condition de tenir compte de la déformation de cette carte réduite à un schéma sans réalité topographique, comme le montrent la position d'Edesse sous Ressaina et le dédoublement des carrefours, deux Nisibi (*!32), Chanmaudi/ Thamaudi, Ressaina| Fons Scabore, Singara/ Sirgora. —

De part et d'autre d’Edesse : Barna (C. p. 80, 3, nommé

entre

entre Bicum

Vicus et Thalama sur ΤΡ

et Thatama,

est Sathena

X B. C'est la répétition de Batnis

(79, 18 ; B = δ) sur la route au-dessus ; r = t, U. 43;1—

t, U. 62.

Thelmisa, nommé avant Sichinus, est Thilapsum avant Sihinnus sur ΤΡ

X C. La mutation du nom précédent dans la liste, Thumnida = T.P.

Thubida,

autorise

la correction

Thelbisa

prononcé

Thilapsum,

et

l'identification avec Bebase d'Ammien Marcellin (XVIII, 7, 9 ; 10, 1). I] n'y a pas de confusion u = y. Digeren (C. p. 80, 11), à lire Digeren, répète Singara qui suit ; D — S, Annexe II b.

119 ET DES ILES DES PATRIES DÉTAILLÉE ÉTUDE

DDnempec

'O-8 X d 4L Ins pnusodosay — ᾿ς SINDOY)

120

DEUXIEME PARTIE

Bara (81,

14) est nommé

dans la Cosmographie

entre Ibatitas et

Alaina, deux stations de T.P. X C séparées par le trait d'une route venant de Lacus nom, qui signifie jours à l'entrée du (pour Singara) ; r Dagala (81, 17) Aris Saviri sont

Beberaci (lac Khatounyé) d’où Bara a disparu. Ce «forteresse» en iranien, s'est maintenu jusqu'à nos principal col du mont Sindjar en direction de Sirgora — n, U. 14.16.47. tient la place de Dicat (P. X CO) ; 1— I, U. 62. sur T. P. Hatris et Sabbin ; n — ri, U. 47.

— Sur les routes de Ressaina et d'Edesse convergeant (TP X CO):

sur Singara

Amaude (C. p. 81, 20) est TP. Chanmaudi, aujourd’hui Amouda. Selinus (82, 3) est le doublet de Sichinus (80, 9). Thelia, Babla (82, 2 et 4) sont probablement Thebeta et Baba de T. P. au-dessus de Sihinnus = Sichinus. —

Sur la route du haut, Ad Tygrem-Arcamo : Artazates (C. p. 82, 1) est 7} Arcaiapis.



Sur la route au sud de la Mésopotamie vers Seleucia :

Nazara (C. p. 82, 5) est TP. Seleutia vient ensuite. Arsamosatim

(80,

Naharra (*!À9) ; z — h, Annexe

Il d ;

18) est Arsamosate sur l'Arsanias, une des bran-

ches de l'Euphrate. Pline (VI, ix, 26) la situe Zuphrati proximum. Elle n'est pas sur 7. P. ; elle est dans la Cosmographie avant Arsinia qui est sur la route de T. P. A-B venant de Melentenis. Elle reparait en Arménie sous la forme Arsamotasa (C. p. 75, 7). —

Dura Nicanoris, d'Isidore de Charax, I, a été ajoutée en fin de liste.

5. Syria Cilensin Comagenis

1/17, p. 37 ; 11/15, p. 85-90. Le livre I en a cité un fragment correctement décnt, probablement d'aprés une carte: Laodicia ubi fluvius Orientis (pour Orontis) qui venit de Syria per civitatem Arethusam in mare ingreditur. a) Le cadre est mal tracé. Des trois provinces syriennes inscrites sur

T.P, Cole (Koile), Arabia, Phoenix, la Cosmographie n'a retenu ici que la première (5139) et a ajouté la Commagéne avec deux villes seulement, Samosata et Since (*'35). Elle a entièrement négligé deux routes

ÉTUDE

DÉTAILLÉE

DES PATRIES

ET DES ILES

121

entre Antioche et l'Euphrate avec les deux villes importantes de Cyrro (Cyrrhus) et Dolica (Dolicha), ΤΡ X A. Le reste est en Mésogée des Grecs (C. I1/16) qui a Germania et les inscriptions Incomacenis et A Comacenis (5135). b) Toutes les villes sont sur 7.P. ; elles sont énumérées par bandes successives sans rapport avec les divisions administratives romaines ou les pays de Ptolémée. Dans la premiere bande (C. p. 85, 21 - 86, 15): laracopama, T.P. Heracome ; la dernière syllabe est la correction en surcharge de pa (supra p. 22) (*!?7). Achia : Schnetz a tenté la reconstitution Amia sans voir qu'Achia est la fin du mot Anti/ochia coupé en deux par la vignette.

L'énumération en circuit revient à son point de départ par Chacida (T.P IX C Calcida). Dans la deuxiéme bande (C. p. 86, 18 - 89, 6): Daphnis a disparu sur T:P dans la vignette (*138). Zaronavus pour (ZJaron(a)vus ou Aroubis, mauvaise graphie d’Arulis de T. P. X B. La première bande contient Araris (86, 9). Europa pour Europos, correctement placé, a dû disparaître de 7.P. Adiazane pour (A)Diazane est Diotahi de TP X B; n— h, Annexe Il d.

c) L'énumération des riviéres renseigne sur la composition de la carte utilisée. Elle a reproduit un fragment de la carte 1 de saint Jérôme (K. Miller, M. M. II, pl. 11 ; III, tab. I) sur laquelle l'inscription Syria Celes a à droite les deux riviéres bibliques de Damas, l'Abana et le Farfar retenus dans la Cosmographie, à gauche Comagena pro(vincia) le long de l'Euphrate. Au-dessus de ce mot, ce fleuve reçoit un affluent,

Cobar fl., Genese (X,

à gauche duquel est écrit Chalanne c(ivitas), la ville de la 10) (*9).

Ce nom a

été pris pour celui de l'affluent et

est devenu dans la Cosmographie le Chalamac qu'on a jusqu'ici cherché en vain sur le terrain. Les quatre rivières suivantes sont sur T: P. (*!9), les Chrisoroas, Adon, Potamia, chez Ptolémée (V, xiv, 7 et est suivi de potamou ekbolai. Adone et Potamia sont le quart supérieur droit de la carte de Beatus, dite de

trois dernières, 3) oü l'Adonis ensemble dans Paris II. Il se

peut d'ailleurs que ces riviéres aient existé sur une

carte routiére

meilleure. Sur 7:P, la rivière de Biblo(s), dessinée mais non nommée,

122

DEUXIEME PARTIE

est l'Adonis ; celle de Balneis n'est pas l’Eleuther mais un Chrysorrhoas (Dussaud, Topo., p. 69.91.128) (*141). 6. Diversae patriae in Mesogia Graecorum

I/ 16-17, p. 36-38 ; 11/ 16-19, p. 90-114. La péninsule anatolienne et son socle ont été répartis entre les deux chapitres 12 et 16 du livre II, au méme titre vague de diversae patriae, séparés par plusieurs routes de 7: P. non relevées dans la Cosmographie.

Le livre I est certainement mutilé à cet endroit car rien ne justifie les expressions praedicta Asia et patrias (...) ut diximus (C. p. 36, 5 et 13). Une lacune s'ouvre dans la phrase Bithynia (...) ponitur super mare magnum «. id est angustum quod exit de mari magno Pontico in Propontida (p. 36-37). Le périple des quatre golfes (I/17) trace en fait les limites de la Mesogia, ab lero et Chaldaeorum terra usque ad Lazorum patriam (C. p. 38, 1-2) qu'on retrouve au livre II (90, 12) : patria Chaldaeorum quae coniungitur (...) Lazorum patriae. a) Les patries, ou plutót les provinces, sont énumérées (C. p. 90, 8 91, 10) avant les sources qui, nous dit-on, ne concordent pas. Elles

forment une liste disparate mal adaptée à celle des villes. La Cappadoce manque, et la première, Fenitia, est encastrée dans le chapitre 11/15 où elle est déjà partiellement décrite, probablement d’après TP. IX B qui ne connait pas Marathon (C. p. 93, 16) et a la forme grecque Anda-

rado, tandis qu'au chapitre 16 les villes viennent plutót de Pline (V, xvii, 78-79) (*142), Quinze provinces sur dix-neuf ont un nom courant que rien ne permet d'attribuer à un auteur plutót qu'à un autre. Les quatre autres sont à expliquer : —

Patria Ephesiana «indubitablement» ville quelconque à polis. Ce n'est que

Helore (C. p. 91, 5-6). Schnetz a cru retrouver dans le dernier mot la station d' Helea (107, 17), huit étapes d'Ephése au-delà de Smyrna metrola transcription en caractéres latins d'une formule

grecque courante ($6) où H Chora est devenu Helore. —

Patria Isauria Decapolensis, item patria Seleutia (91, 1-2; supra p. 27). Decapolensis est la Decapolis connue par Constantin Por-

(86) Cf. Πρέκαλις ἡ χώρα, Βενετίων ἡ χώρα, Procore, Bel. Goth. V, xv, 25.

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

123

phyrogénéte (De thematibus, 1. I, édition Bekker, p. 36) qui est d'ailleurs la Séleucie supérieure. Il y a eu confusion avec /Isauria. Leur introduction dans la liste a laissé une trace. La mention ad



mare magnum colfum orientalem iuxta superius dictam Ciliciam (90, 15-17) apparait à propos d'elles et non quand la Cilicie est nommée. Patria Chaldaeorum (90, 12). D'aprés Strabon (XII, iii, 18-20), les Chaldaei, appelés autrefois Chalybes, habitaient au-dessus de Pharnacia au milieu d'autres peuples de la région de Trapezus. Le nom a été donné plus tard à un des plus anciens thémes byzantins, Chaldia, dont le chef-lieu était Trapézonte (57). On ne peut affirmer

en toute certitude que Patria Chaldaeorum désigne le théme quoique deux indices légers fassent pencher en sa faveur : la proximité du pays des Lazes que Strabon n'a pas connu et la mention iuxta mare Ponticum introduite à cet endroit et non pour Belfagonia (— Paphlagonia) qui précéde, comme ad mare magnum pour Isauria. Le Cosmographe aurait retenu les deux bouts de la chaine défensive des Byzantins tendue le long de la frontiére arabe, de la Méditerranée

au Pont-Euxin. b) Les villes sont nommées d’après Castorius et TP y tient une place prépondérante puisque, sur les trois cent quarante, les trois quarts en proviennent certainement. Le dernier quart a déclenché une polé-

mique aujourd'hui dépassée entre G. Hirschfeld (8) et K. Miller qui, dans ses Mappaemundi, voyait en Castorius l'auteur de la carte routiere (5143) tandis que son contradicteur prétendait que la Cosmogra-

phie était une mauvaise copie de la Weltkarte d'Auguste. L'existence de quatre-vingt-cinq noms absents de T:P. était l'argument majeur (cf. Hirschfeld, art. cit., col. 627).

De prime abord, il faut défalquer de ce chiffre : — — —

les noms retrouvés sur le Périple qui est issu d'une carte routiére 27 les doublets signalés par Stolte (p. 47) ...................................... 15 les villes à vignette sans nom sur 7. P, Archelaida, Sardis, Claudipolis

(C. p. 97, 20 ; 98, 8; 112, 9) (*149 ........nennensessnnnnesssanenennnnnnnnnenn

3

(87) E. HoNIGMANN, Ostgrenze, p. 53 et passim. (88)

G.

HiRSCHFELD,

compte

rendu

de:

MıLLer,

Berlin. philol. Wochenschrift, 1888, col. 624-634.

Weltkarte des

Castorius,

dans

124



DEUXIEME PARTIE

les identifications ultérieures de Schnetz, Scasuson = Octacuson, Arbasera = Parbosena, Puconia = Eugoni, Sitorei = Acitoriziaco (C. p. 95, 9 ; 96, 5 ; 98, 16 et 19) ................. eese 4

Autres identifications faciles :

Fibras (103, 17), Patras de T.P IX A. Cambra (104, 3), Symbra de Ptolémée en Lycie (V, iii, 3). Samiton (108, 4), doublet d’Adrimition qui précéde ; S — D, Annexe II b. Acordis (109, 9), doublet d'Agressin qui précède, 7T:P. Argesis (*!45) lu Agersis, d’où Acordis ; c — g;s- d, Annexe ID b ......................... 4 Avant de chercher à identifier les trente-deux localités restantes, 1] faut étudier T: P. de prés.

L'Asie Mineure y est terriblement déformée. La cóte sud est une ligne droite horizontale d’/ssus

à Lampsaque à l'entrée nord des Dardanelles

avec Smyrne au milieu ; la côte nord est repliée sur elle-même à partir de Polemonio de sorte que Trébizonde semble être sur la rive septentrionale de la Mer Noire. On devine l'écrasement et la distorsion qui en résultent. La carte routiére utilisée pour la Cosmographie était peut-

étre moins mauvaise. Il lui manquait néanmoins la région d'Ancyre. Une comparaison avec la grand-route Constantinople-Antioche d’It. (p. 139-147) met en évidence les conséquences de cette absence.

À cause de ces différences entre les deux exemplaires, des localités maintenues

sur l'un manquent

d'autres sources,

notamment

sur l'autre, mais se retrouvent

chez

Ptolémée.

dans

Ce serait une erreur de

croire qu'elles viennent nécessairement de ces derniéres. C. Müller, dans son édition de Ptolémée, a fait ressortir par endroits d'étroites coincidences entre des énumérations du Géographe d'Alexandrie et des routes de 7: P. (89). Il n'y a donc pas lieu de suivre Hirschfeld quand il attribue à Ptolémée cinquante-deux villes de la Mésogée. Dans le reste de la

Cosmographie, les extraits de cette source ne sont jamais correctement placés par rapport aux localités issues de TP ; il est peu croyable qu'il en soit autrement en Mésogée.

(89) Ainsi T:P. IX A-B Tavio, Euagina, Saralio, Zama, Aquas Arauenas, Dona, Sermusa, Siva, Cambe, Mazaca (cesarea), et T. P. Tavio, Aegonne, Ptemari, Zela, Seramisa, Neocesaria : cf. Pt. V, iv, 7 : Ταούιον- Φουβάγινα- ZapáAoc-Záua- Xapovrjva-'OócyaZiova-Kdunar-Mälaxa ; Pt. V, vi, 8: Ταούιον- ᾿ Ἐγωνία- Πλευμαρίς-ΖῆλαΣερμοῦσα- Νεοκασάρεια (tableaux Müller, p. 854 et 872 s.).

ETUDE

DETAILLEE

DES PATRIES

ET DES ILES

125

En outre, les noms sont souvent orthographies ici d’une maniere detestable ; seule leur place dans l'énumération permet de les retrou-

ver sur la carte routière. Citons parmi bien d'autres Castabola (TP IX C) ou Tateabio (VIII B) devenus Nastavera et Atravion (C. p. 94,

11 ; 109, 3). Dans ce désordre, le Cosmographe a tenté d'abord de tenir compte des provinces. Aprés la Cilicie, la Cappadoce et la Paphlagonie, il y a renoncé et s'est contenté de se situer iuxta mare Ponticum et ad mare magnum. ll a multiplié les ad aliam partem mal placés, recopié

avec une orthographe

différente des noms

déjà relevés, utilisé ses

procédés habituels et notamment les enchevétrements de routes.

Certaines restitutions antérieures sont à rectifier : —



Daspaucanion (C. p. 92, 15) aprés Seleucothin. P. P. ont proposé la lecture Seleucia tracheia ad Calycadnum. Comme le Périple (C. p. 359, 5-7) porte Seleucia Trumphurion Sarpedon où Trumphurion est pour Trach(eia) phrurion, Schnetz a restitué Seleuceia id (est) asp(er)a ac (Sarped)onion. Compte tenu des confusions courantes, on lit plutót Sar pe donion devenu Daspau canion. Pacosanda (C. p. 94, 16) aprés Samma (Croquis 6, p. 126). Pour

Stolte, Pacosanda est Capriandas de T.P

X A sur la route en

dessous de Sama (*!46).

T.P. montre que le carrefour de Melentenis a été relevé branche par branche suivant le procédé habituel (C. p. 94, 14 - 95, 2) : Route I Lacalasin Samma Castorum (pour castrum ?). Route III Thertonia Ad Aras. Route IV Metita Corte Melitini. Pacosanda tombe sur la route II où est Ciaca devenu Paco (C = P.

U. 60) auquel a été ajoutée une répétition de Samma sous la forme





Sanda ; n = d, Annexe II c. Lerisus, nommé avant Metita, se situe entre cette station et Barsalium, comme Lacriasus de Ptolémée (V, vi, 25) cité par cet auteur avec Barzalo. Granga (C. p. 96, 6) n'est pas Gangaris (96, 13) de TP. VIII C (solution Schnetz) mais Gangra vel Germanicopolis, absent de Τ P. mais à sa place dans l'énumération (*!47), Sicae (102, 12), plutôt que Sukai de Stéphane de Byzance (solution P. P.) est Side, doublet en 103, 13. Sur TP. IX B, Animurio est entre Sidi à gauche et Arsinoe à droite ; selon une de ses habitudes,

126

DEUXIEME PARTIE

etta Gprisnda

6

Barsalium

IV vers Samosale

8

i

Amasia

. to”

τῶf. °°

.

ed”

mi por

. Aegonne

pra Neocesaria

Seramisa

Nicea

Tateabio

9

Agrillo —

Prus ias

Cio

Croquis 6 à 9. — Parties de Mesogia Graecorum sur ΤΡ

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

le releveur est parti d'Anemurion

127

(C. p. 102, 10), ville à vignette,

et a pris le nom à droite puis le nom à gauche. —

Garbriando (102, 15) aprés Celenderis et Colonia Isauria ne peut

être Capriandas sur ΤΡ

— —

du côté de Melentenis. On le retrouve

lié à Siledron, doublet de Celenderis, sous la forme Garandro (106, 16-17), apparentée à Pabando (93, 11), T.P IX B Paduando audessus d’Isaria. Itenna (103, 14) est une ville plutôt que la tribu de Polybe, V, 73 (solution P. P.). Voir RE. VII, col. 706-707, s.v. Etenna. Centonia et Aulatatopolis (111, 5-6), croquis 7, p. 126. Schnetz les a transformés en Cytonium et Aureliane sans localisation. Il y a en réalité un enchevétrement de routes par rapport au carrefour de Mileopoli déjà relevé sous la forme Militropolis (109, 11) entre Atrianuthera et Apollonia (cf. T. P. VIII B). Le releveur a pris sur la route I, Alida Acmonia ; sur la route II, Thyatira Pergamos ;

sur la route I, Centonia Aulatatopolis qu'il faut lire Militopolis ; A — M, Annexe I a, la correction to de ta introduite dans le mot. Au retour sur la route I, Acmonia a été repris sous la forme Centonia ; A sauté, m = nt. Cette répétition d'un nom sous deux formes

différentes a déjà été signalée plusieurs fois.

À l'exemple de Lerisus ci-dessus, des noms Ptolémée et manquant de la carte. Ainsi :

Talbinda et Subrada (C. p. 103, 15-16). Antrapa (104, Caesarea en Cretopolis (106, Certains sont

isolés existant chez

sur 7.P. ont toutes chances d’être des lacunes

qui est Sabatra

d'Isaurie

sur

T.P

IX

A

2), Adriaca en Lycie et non Andraca de Paphlagonie. Bithynie (109, 14); Afrodisiade en Carie (103, 18) ; 1) (5148). correctement placés :

Germanitia de Commagéne, non loin de Comacenin, Incomacenis sur .P X A (C. p. 95, 3et 8). Momphocrene aprés Pabando (C. p. 93, 11 et 14) sur un débris de la grand-route Constantinople-Antioche d'/t. p. 139-147, où les deux noms se suivent p. 145. Anchiala (C. p. 93, 13), «un peu au-dessus de la mer» selon Strabon (XIV, v, 9), a été incorporé dans l'énumération avec Irnisos (93, 12)

128

DEUXIEME PARTIE

qui est probablement /r(e)ne pol(is) dans la m&me région ; / pris pour un 5 droit, dont il y a plusieurs exemples sur 7: P. à la fin d'un mot. Platana (109, 5) suivi de Cyos n'est pas Lataneia de Ptolémée (V, i, 3 ; Müller, p. 803 s.) comme l'ont cru P. P., devenu Lagania avant Mizago sur ΤΡ (*!^), mais est la rivière Plataneus que Pline (V, xliii, 148) met aussi vers Cios: Nunc reliqua in ora. A Cio intus in Bithynia (...) sunt in ora amnes (...) Plataneus... Des noms groupés, absents de 7:P, ne sont pas non plus des insertions intelligentes d'une autre source, en l'occurrence Ptolémée ; ils figuraient sur une carte meilleure. 1* groupe (*!9) — quis 8, p. 126.

Casselena,

Colonia,

Eudipsis (C. p. 97, 1-3). Cro-

Ces trois noms sont chez Ptolémée (V, vi, 8-9) sous une forme voisine. Il énumère : dans le Pont de Galatie, Amasia, Choloe, Egonia, Pida, Sermusa ; dans le Pont Polémoniaque, Gozalena, Eudiphus, Neocaesarea. A cet endroit, T:P. IX A-B présente deux routes à partir de Neocesaria. Elles ont été relevées à partir de Mirones à qui la vignette de Neocesaria a dû être attribuée par une erreur dont il y a d'autres

exemples, une premiére fois par Mironi Pephagoniae, Pallagres (pour Palalce), Amasia (C. p. 95-96) ; une seconde fois par Nerone, Casselena, Colonia (Coloe pris pour une abréviation de Colonia), Eudipsis, Pidis, Neocessaria, Seramissa (...) Agonne (C. p. 97). La carte routiére a été si bouleversée dans cette région que le fameux cap Carambis est largement à l'intérieur sur 7. P. (*!5!), Il n'est pas étonnant que deux stations aient disparu. Comme six autres se retrouvent chez Ptolémée, il est plus normal de supposer une concordance avec cet auteur et non un emprunt.

Pline (VI, 8) appelle Gazacena la région d’Amasia, arrosée par l’/ris

qui manque sur 7.P. mais est cité dans la Cosmographie parmi les riviéres (C. p. 113, 10). 2ème groupe — Neapolis, Papa, Mestia (C. p. 102, 18 ; 103, 1-2). Ces villes sont énumérées entre Colonia Isauria (...) Capa et Antiochia Pisidias qui sont sur une méme route trés resserrée de T: P, Isaria, Caspa, Antiochia Pisidia (*15?). Ptolémée (V, iv, 9) confirme l'existence de Neapolis en Pisidie, de Misthium et de Pappa en Isaurie. Papa et

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

129

Capa sont identiques (C = P) ; les deux autres noms ont dá disparaitre dans l'écrasement de la carte.

3ème groupe —

Thrivis, Nissa, Agrilla (C. p. 105, 10-12). Croquis 9,

p. 126. La comparaison avec le Périple fait ressortir dans la Cosmographie, p. 105, deux insertions introduites par ad aliam partem. Périple (C. p. 361) : Cnidum, Alicarnasum, Mindon, lason, Meleton, Eraclia. C. p. 105: Chinnidum, Alicarnasum, Iason, Mindon ; Item ad aliam partem (...) Mileton Cariae, Thrivis, Nissa, Agrilla ; Item ad aliam partem (...) Antiochia Pisidiae, Neapolis, Papa. La deuxiéme insertion est facile à reconnaitre, c'est le deuxiéme groupe ci-dessus. Dans la premiére, Ad aliam partem est à mettre aprés Mileton. P. P. l'identifient ainsi : Nissa serait Nysa, la ville bien connue du Méandre (Strabon, XIII, 4, 14 ; XIV, 1, 42-43 ; Ptolémée, V, ii, 15). Thrivis serait Tripolis sur la méme riviére. Agrilla n'est pas l'Agrilion nommé dans la Cosmographie p. 109, 4. Comme Agrilion est plus loin, également dans une insertion, une autre identification est plausible. La Cosmographie énumére (p. 108, 18-19 ; 109, 1-6) : Prusias, Nicaea. Item ad aliam partem (...) Atravion,

Agrilion, Platana, Nicaea. En effet, route PrusiasCio devenu Atravion,

Cyos. Ici encore, ad aliam partem devrait être avant la partie correspondante de 7Z:P VIII B porte une et, au-dessus, le carrefour Nicaea menant à Tateabio, et à Agrillo, devenu Agrilion. C'est probablement

ce trio inséré entre Prusias et Cyos qui l'a été aussi en Carie sous la forme Thrivis- Nissa- Agrilla. 4ème groupe La Cosmographie (p. 106) a relevé sur

T: P. (IX A) la région située

au nord de l'inscription Caria Lycia, soit la Pisidie et la Phrygie. Elle a intercalé quatre noms qui ne sont pas sur T: P. : Apollonia, Cormasa, TAGINA, Apamea Cyvoton, TAXON, LATRILEON, FILACTION, Themissinion (...) Laoditia pillicon. Or Ptolémée met en Grande Phrygie (V, ii, 17) au début Dorylaeum, à la fin Apamea Cibotos (...) Themisonium, Phylacaeum (...) Gazena.

130

DEUXIEME PARTIE

C. Müller rappelle (p. 834) que Ramsay (dans Asia Minor) a proposé de corriger Gazena en Takina ou Tagina, dont Taxon serait la répétition. Latrileon doit étre Doryleon (A = 4) cite plus loin (C. p. 110, 16), d’après T.P. VIII B Dorileo. Sur T.P IX A, Appollonia et Apamea Ciboton sont sur une route, Cormassa, Temissonio, Laudicium pilycum sur une route parallele. Il y a donc un enchevétrement de routes auquel quatre noms ont été ajoutés d'une manière inexplicable. Sème groupe — Andron, Binzea, Apristia, Olenus (C. p. 110, 12-15).

La représentation de la Galatie est tout à fait gátée sur la carte routiére par la disparition d'Ancyre qui a entrainé celle de plusieurs autres stations, et sur 7.P le tracé inexact de deux axes routiers. La Cosmographie énumére (Croquis 10, p. 131) : —

sur la route

I (p. 97, 20-98,



Aspas, Nigatio ; sur la route II (p. 110, 9-16),

4), Archelaida, Laoditia

Corbeufe,

Catacecaumeni,

Carnias, Amorion,

Abrostola, et intercale Andron, Binzea, Apristia, Olenus avant Doryleon. Apristia est plutót un des deux Abrostola qu'Agrizama de Ptolémée (*!53). /t. (p. 144.201.202.205) permet une certaine restitution (Croquis 11, p. 131). De son cóté, Ptolémée cite (V, iv, 5-6) : — —

chez les Tolistobogi, Germa colonia, Pessinus, Vindia, Andrus, Tolastochora ; chez les Tectosages, Ancyra, Olenus, Corbeuntis, Agrizama, Vinzela, Carima.

C. Müller a montré (p. 851) la coincidence entre Ptolémée et TP sur la route II au-delà de Tolosocorio. Il est donc probable que, pour les localités de la Cosmographie existant chez Ptolémée, il y a parallélisme entre les sources plutót qu'emprunt. Germa et Vindia chez les Tolistobogi sont sur It. p. 201 s. ; ce sont probablement aussi Vinzela et Carima chez les Tectosages, devenues Carnias et Binzea dans la

Cosmographie (554). Rien ne permet de placer Andron et Olenus dans ce réseau routier. 6@me groupe — (C. p. 111,

8- 112, 15).

Il termine la Mésogée des Grecs comme une sorte de liste complémentaire disparate. Il part de la Bithynie et y revient aprés un circuit.

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

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131

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U Laudiciaca tacecaumeno

Coloniam Arcilaida Tana (145) Croquis 10 (en haut). — Partie de Mesogia Graecorum sur ΤΡ VIII B - IX A. Croquis 11 (en bas). — Partie de Mesogia Graecorum d’après l'{tinéraire d'Antonin.

Sur vingt-sept noms, les seize derniers à partir de /uliupulis se retrouvent sans peine sur 7:P VIII A-B.

Abstraction faite d’Aglasiae, la première localité est Ateus, castron connu par Théophane et son continuateur (9?) qui le citent en méme temps que Nicée, Chrysopolis et Chalcédoine sous le régne de l'empereur Léon. Quand celui-ci se sentit lâché par son armée, il chercha refuge au Castron Ateous, puis ἐν χωρίῳ Tonléovu. TP VIII B reproduit le carrefour de Dorileo où les premières étapes sur trois routes (90) THÉOPHANE, Chroniques, p. 624-626 (partie traduite en latin par Anastase) ; THEOPHANES CONTINUATUS, p. 245 (en grec).

132

DEUXIEME PARTIE

divergentes sont Nacolea (C. p. 111,

10), Cocleo (Colleon,

111,

11, le

Goeleon ci-dessus) et Fl. Sagar (Sigoron, 111, 12). Plus à l'est, Tautus et Tonia (111, 15-16) répétent Thavia et Thonea (96, 3-4), le premier étant le nominatif de Tauio de T:P. IX A (i — t) (?!). L'énumération continue ensuite vers l'ouest. Le circuit semble englober un fragment de trois noms d'une incursion dans la région de Sebaste qui serait Aibasta (C. p. 111, 14), à deux étapes de Magalasso (d'aprés T.P. IX B-C) qui serait Aglasiae (111, 8), à deux étapes également d'(Arijarathia ou Orathei (111, 13) d’après

It. p. 181. En résumé, cinq noms de plus de la Cosmographie ont été identifiés parmi les trente-deux qui ne l'étaient pas encore ; onze sont en réalité

des

doublets;

les noms

isolés

ou

en

groupe

existant

chez

Ptolémée étaient vraisemblablement sur une carte routiére moins aplatie et déformée que T: P, si bien qu'il n'y a aucune preuve sérieuse d'utilisation d'une autre source. c) Les riviéres — (C. p. 113-114). Comme d'autres listes de riviéres, celle du chapitre II/ 19 est mutilée. Il y manque la côte de la mer Egée. L'énumération est faite comme celle des provinces et des villes, successivement en Cilicie, sur la partie orientale de la côte du Pont-Euxin, sur sa partie occidentale (*!55). Les

cinq derniers noms sont un additif. En Cilicie, Miramus et Piramus, Cygnos et Cithios (— Cicnios, h — n, Annexe II d) sont des doublets (*156). Tinnes est le Calycadnus dessiné mais non nommé sur T:.P IX B avec, à sa source, l'inscription Ad Fines, prise pour son nom (T = ἢ}.

Parmi les riviéres suivantes, plusieurs ont le nom de la ville voisine : Polemonion est le Melanthius (station Melantum sur T: P) Artemon est le Sangarius (station Artamen, C. p. 99, 11), dont l'embouchure est près de cette ville (*157). Amissus est à l'embouchure du Lycastus non porté sur T.P Ageum est le nom donné à la rivière sans nom de 7:P. débouchant à droite d'Aregea, cacographie d'Aegeae. Mille serait Mallo sur ΤΡ à l'embouchure d'une rivière venant de Tarse (5158). (91)

Pour le nominatif au lieu du locatif, voir U. 12. Cf. Dardanus (C. p. 108, 11)

et Dardanon (C. p. 363, 12).

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

133

Illeron pourrait par analogie venir d’/lio et être le Scamandre, dessiné sans nom à droite d’Alexandria Troas (ΤΡ VIII A-B).

Parmi les cinq riviéres ajoutées in fine, Cariuntis déjà nommé chez les Lazes (C. p. 78, 18: Chariuntas) est hors des limites de la Mésogée (cf. Cariente, T. P. X A, tout en haut). Susciro est à rechercher de ce cóté. A quatre étapes à droite de Cariente, T.P. nomme le Tassiros, un nom multiforme (92. Graphiquement, Susciro peut venir de Thassiros (??) et Davero en serait un mauvait doublet (S — D, Annexe II b ; v — s, U. 53). Scaphiae est un Scopia grec. Ptolémée (V, ii, 8) a Scopias Acra en

Doride.

III. Importants compléments à la carte routière l. Généralités

Tandis que dans vingt-huit patries les villes viennent presque exclusivement de la carte routiére, dans douze autres le Cosmographe a en plus abondamment puisé à d'autres sources. Ce sont: en Europe la Dardanie, en Afrique l'Égypte, en Asie les trois Indes, les deux Médies, la Parthie, l'Hyrcanie, la Palestine, l'Arabia maior et Diversae patriae.

Elles ont entre elles des traits communs.

La part qui revient à la

carte routiére et celle qui revient à d'autres sources forment deux groupes juxtaposés, ou au contraire elles sont mélées sans respect pour la topographie, avec ou sans locutions de position. Ad aliam partem est souvent une formule vague introduisant une information non loca-

lisable tirée d'une autre source. Ainsi combinées, les listes de villes ne se relient pas entre elles de patrie à patrie ; chacune de celles-ci occupe par rapport à ses voisines une position imprécise et parfois inexacte.

(92) Périple (C. p. 367, 13), Tasbiros ; 11/12, p. 76, 8, Thabyrrus ; Ptolémée (V, 8, 4 et 14), Thessuris ; Arrien (Per. P. Eux., 13), Tarsouras ; Pline (VI, 14), Thersos. (93) Pour Th rendu par S, voir dans H. M. P. A., p. 40, l'exemple de Thospitis = Sosingites. L'instabilité du ^ aprés T explique ici la confusion S = T:

134 2.

DEUXIEME PARTIE Dardania

1/12, p. 29 ; IV/5, p. 176-179. La Dardanie est une patrie imaginaire comme Mauritania Gaditana, incluse dans la %me heure de nuit en avant de la patrie des Amazones et étendue jusqu'au Pont-Euxin avec le double qualificatif de spatiosa et d'antiqua (C. p. 29, 21-22), à cóté des paludes Maeotides, au voisinage de Bosforania. D'après les fleuves qui la traversent, elle correspond au territoire des Amazonarum viris (...) qui a Borystene amne, quem accolae Danaprum vocant, usque ad Tanain fluvium circa sinum paludis Maeotidis conse-

debant (Get. 5, 44). C'est la version d'Hérodote (IV, 110-117). Quand les Amazones, emmenées par leurs vainqueurs, échouérent près du palus Maeotis, elles y rencontrérent les Scythes avec qui elles s'accouplérent avant d'aller s'installer à trois jours au-delà du Tanais et du Maeotis. Pour

Strabon

(XI,

v,

1), les hommes

qui

engrossaient

ces femmes

légendaires étaient les Gargariens, leurs voisins sur les pentes nord du Caucase. L'autorité romaine s'est étendue sur cette rive du Pont-Euxin, à

certaines époques. Sous Néron, la Mésie inférieure a été agrandie de la Transdanubie jusqu'à Tyras (94) (5159). Le nom donné à cette patrie est dü vraisembablement à une confu-

sion facile sur une carte médiévale avec la Dardanie cisdanubienne de Jordanés (De regn. success. XI, p. 106 s.) : Lucius praetor Dardanios Moesiosque domuit ; Aurelianus Daciam ripensem constituit et Dardaniam iunxit. Le cadre ainsi défini a été rempli avec trente-quatre villes et sept fleuves d'origine diverse. Son caractére spécifique est mis en évidence par quelques détails. La terminologie est hésitante. Il est question tantót de Dardania patria, tantôt de diversae patriae (C. p. 176, 9; 177, 1 ; 179, 4). Les auteurs de référence ne sont plus des philosophes mais des adscriptores sans nationalité, et parmi eux figure pour la première fois un authentique historien latin, Eutrope, dont on voit mal ce qu'il vient faire ici (?5). Si on se fiait aux deux ad aliam partem, les villes formeraient trois groupes chevauchant à l'est sur Bosforania, au sud-ouest sur Mysia. (94) M. FLuss, art. Moesia dans RE. XV.2 col. 2377 ; C. MurLLER, éd. Ptolémée, HI, 10 (Moesia inferior), comm. p. 456 s.

(95) Eutrope a nommé les Dardaniens en V, 7 et VI, 2 et la Dardanie en X, 4.

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

135

Ie groupe — (13 villes) Stamuamum, Sta(gnum) Mur (si) Lamsacum, La(cum) Nusacum, le Ancarum et Saram, Azagarium et théne de Ptolémée (III, v, 14). Aulansum, Mulisinon du Périple (A — M, Annexe I a).

Numuracum,

Mucracum

anum (Get. 5, 30). cap. fl. Nusacus de T: P. VII C. Sarum, villes au-dessus du Borys(C. p. 369,

12) avant Mucracum

du Périple. Un mi de correction destiné

à donner la vraie forme qui est Murmicum (C. p. 173, 9 en Bosforania) a été passé en téte et lu riu. Solama, mutilation de (Vago)solam, fleuve cité par Jordanès après stagnum Mursianum.

Un ad aliam partem coupe à tort l'emprunt fait au Périple. Tirepsum aprés Phira (pour Thira) est à lire Tira ipsum ; c'est la rivière aprés la ville (Pline, IV, xii, 82: Amnis imponens).

Tyra oppido nomen

2ème groupe — (7 villes) Les noms trés corrompus de ces villes en désordre venant d'une autre source, ad aliam partem aurait dû être placé devant elles. Iscina,

le port

des

/siakoï du

Periple

d’Arrien,

31, entre

Odessus

et l' Ister. Capora, les Tagorae sur le Tanais (Pline, VI, vii, 22) ; C — T, U. 54 et 64. Alincum, Leinon sur un affluent du Borysthéne (Ptolémée, III, v, 15)

avec un A initial comme Asandi ou Abritani en Bosforania (C. p. 172, 15 et 18). Ermerium pour Hermisium (r — s, U. 53) entre Theodosia et Kalos Limen (Méla, II, 1, 3 ; Pline, IV, xii, 87). Urgum, Hyrgis, affluent du Tanais (Hérodote, IV, 57) ; les Ourgoï de Strabon (VII, iii, 17) entre Borysthéne et Danube. Sturum, Sturni de Ptolémée (III, v, 10). Congri,

Tagri lu Tagri de Ptolémée (III, v, 11) ; C — T:

L'énumération continue sans transition reprises en «Mysie» (IV/7) (*160).

avec douze

villes de

ΤΡ

Nous sommes avertis que les riviéres (C. p. 179) sont prises à Jordanés. Les détails ajoutés le sont aussi, mais déformés. Schnetz y a vu à tort la preuve d'une autre source. Cosmographie : Oristhenis, Danapris qui cedunt in mare distingués l'un de l'autre par erreur.

Ponticum,

136

DEUXIEME PARTIE

Get. 5, 44 : Borysthene amne quem accolae Danaprum vocant. Cosmographie : Desuper ipsum fluvium Danapri per longum intervallum est (...) fluvius maximus Tanais. Get. 5, 35 : Antes (...) a Danastro extenduntur usque ad Danaprum ; quae flumina multis mansionibus ab invicem absunt. Le Cosmographe ne connaissant le Danaster que par son nom de Tiras a reporté au Tanais la distance par rapport au Danaper. Ava, YAuha (Get. 17, 99) où les Gépides ont été battus par le roi Ostrogotha dont le peuple habitait super limbum Ponti (Get. 14, 82). Mariscus est cité en additif au-delà du témoignage de Jordanès, ce qui ne l'empéche pas de pouvoir étre de la méme source. Schnetz a préféré y voir l’actuel Argés à l'ouest de Bucarest, d'oü vient Transmarisca sur T.P. VII A et Stamarisca en Mésie (C. p. 187, 1) fort loin de la derniére ville de Dardanie, Cappidava.

Au contraire, la Marisia de Dacie (Get. 22, 113 s.) est longée par la route Apula-Porolissos, ville comptée en Dardanie (C. p. 178, 9), et est encore un lieu de bataille (cf. supra, p. 99 et note 74). 3.

Les trois Indes

Le livre

I met d'abord l'ensemble des Indorum prosapiae dans la

lee heure du jour entre le désert qui barre l'accès du Paradis et les Persae inferiores ou Parthi (C. p. 4-5). Ensuite les Indiens sont répartis entre trois patries : India Bactrianis à côté des Parthes à la 12ème heure de nuit (C. p. 30) ;

India Dimirica (C. p. 14) à côté du Paradis, appelé aussi Evilat, la contrée qui, dans la Genése (2, 11), est entourée par le Phison (*!6!) ; India maior Thermantica Elamitis n'apparait qu'au livre II. Son

troisième nom est l’Elam biblique ou l'Elymais de Pline (VI, 111 et 134-136) dont elle a deux villes et une riviére.

La division de l'Inde en trois se retrouve sur la carte de saint Jérôme (*!€?) et chez Abdias (%), mais avec des dénominations et une répartition qui ne cadrent guére avec celles du Ravennate.

La difficulté trois Indes

a commencé pour lui quand il a dü répartir entre ses

les maigres

renseignements

de la carte routière.

Pour

y

(96) Αβυιαβ, Historia certaminis apostolici, livre VIII, d'après K. MıLı.er, M. M. V, p. 71.

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

137

parvenir, il a mis l’/ndia maior sur le plateau iranien en rejetant les deux

Médies à l'ouest dans ce qu'il appelait la Parthie et l'Arménie.

Pour étoffer ces différentes patries, il a utilisé en désordre une liste de noms extraite de la Géographie de Ptolémée sans aucun souci de la topographie. 4.

India Dimirica

II/ 1, p. 40-43. L'extrémité des deux routes paralléles au bas du dernier feuillet de T.P et la route transversale qui les relie lui ont été réservées. Une trentaine de noms sur cinquante-sept s'y retrouvent sans ordre. Cepen-

dant certains fragments ont conservé la trace des procédés habituels de relevé, dont un enchevétrement de routes (Dillemann dans Bonner Jahrb. 175, 1975). Aux identifications déjà faites, on ajoutera (C. p. 41-42 ;

T.P. XI C): Nincibala, doublet de Nilcinna, T.P. Nincildae ; n — l, Annexe II c. Parogaarum,

T. P. Paricea.

Immata, lire Thimata,

T. P. Thimara ; 1 — Τὶ m = hi, Annexe II d.

Pitinna, doublet de Patinnae,

T. P. Patinae.

Elcundis, ΤΡ (Fl.) Tundis. Albi Alexandri aprés Alexandria Bucephalos (C. p. 43, 12-13) est à

lire Equi Alexandri (??). Il est également possible de compléter l'identification de noms provenant du livre VII de Ptolémée d'aprés l'édition L. Renou, tous du cha-

pitre I sauf les deux premiers : Palanda (iuxta intransmeabile desertum, C. p. 40), dernière ville de l'Inde transgangétique (VII, ii, 25), et Sinna, titre du chapitre III (Σίνων θέσις). Appartiennent au chapitre I : Bonogaris, Pt. 56 Banagara (version lat. de Kanagara). Bilimasgram, Pt. 18 Tilogrammon ; B — T, Annexe II a. Sainpam, ms. A Säpam, Pt. 73 Samba(laka). Samar, Pt. 9 Kamara (*!6). Corubantaci, Pt. 65 Kognabanda ; y = p, v —v; le ci final doit être

la correction en surcharge de Mirris qui suit. Mirris, Pt. 8, mss. latins Mu(sijris (*164).

(97) Orose Ill, xix, 4, Bucefalen quam de nomine equi sui (Alexander) ita vocari praecepit, d'après PLINE VI, xxiii, 77.

138

DEUXIEME PARTIE

Saotis, Cetis, Ceta (C. p. 41, 3 ; 42, 10 et 16), Pt. 14 Kottis. Tolabum, Pt. 70 Tolobana. Absadistiappa, Pt. 71 Aspatis. Garafana, un nom terminé par gara, comme Banagara (supra), aux deux trongons inversés. Les deux

rivières Aunes

et Paridis sont sur

T.P

XI

C où

Paleris

a été lu Paredis ou Paridis ; | — d, Annexe II c. Karl Hoffmann (98) a voulu démontrer que certaines graphies de la Cosmographie ne sont pas des fautes de copiste mais des transcriptions

meilleures des langues indiennes : Patitana (C. p. 42, 19), orale plus ancienne. Sampam (C. p. 40, 20) Coropatina (41, 17) ne sion fréquente de 1 pour

Pt. Patistama (VII, I, 64), serait une forme serait le sanscrit Campa pour la Cochinchine. dériverait pas de Kouraporeina par la confur, mais d'une manière meilleure de rendre

une lettre indienne. 5. India Maior

II/2, p. 44-45 (Croquis 12, p. 144).

Les dix noms sur dix-neuf venant de T:P s'inscrivent dans une curieuse couronne découpant quatre routes issues du carrefour d'Ecbatane (Dillemann dans Bonner Jahrb. 175) (*!65). Trois localités non identifiées jusqu'à présent (C. p. 44, 14-16) sont sur la route d'Artaxata : Modmot sera traité en Diversae patriae s.v. Osmot. Antera, T. P. X C Anteba.

Gobdie, T. P. XC Gobdi. Thermantica (45, 4), ajoutée à India maior comme si c'était sa capitale, est une ville quelconque de ce faisceau routier. Divina et Sostrate (44, 19-20), déjà en Perse de Parsagade, sont chez Pline (supra, p. 21). D'autres noms viennent de Ptolémée oü ils désignent souvent des provinces :

(98) K. HoFFMANN, Ind. Nam. dans Z.N.F. 16, 1940, p. 219-223.

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

139

Mouvastica, Modomastiké en Carmanie déserte (VI, vi, 2). Cameza, Comisene en Parthie (VI, v, 1). Aspada pour Aspadana, Mardane pour la Mardiène (VI, iv, 3-4). Murge, la Margiane (VI, x). Bacesia, le dernier nom, est Bagistana, ville de Médie connue par

Stéphane de Byzance, p. 155 Meineke. Les deux riviéres sont chez Pline : — —

Vinenora, fusion d'Ananis et de ora (VI, xxvii, 107) : Carmaniae oram patere (...) Nearchus scripsit (...) ad flumen Ananim. Oridis, l'Oratis (VI, xxvui, 111) : Persidis initium ad flumen Oratim

quo dividitur ab Elymaide. L'ensemble des identifications montre que le contenu d'/ndia maior n'a rien à voir avec l'Inde. 6. India Serica Bactrianis

11/3, p. 45-48. Voisine des Parthes au livre I, de l'Hyrcanie au livre II (C. p. 60, 10), cette patrie aux trois noms, dont le second est chez Ptolémée (VI, xvi), forme un cadre qui n'a pas de rapport avec la plupart des fleuves

et des villes qu'il contient. a) Pour celles-ci, environ vingt-huit sur quarante-huit proviennent en désordre des routes de T:P. divergeant des carrefours de Nagae et de Tazora (T. P. XI B) entre India Dimirica et India maior. Dix nouvelles identifications sont à ajouter :

Ola avant Ganges est une cacographie de Ad fl, TP XI C Ad fl. Ganges. Bactriana, inscrit sur T: P au-dessus de la route

Nagae- Antiochia.

Asacorum, à relier à Europos qui précède et lire Arsacorum. Carcoe, T.P. Cetrora. Tosorata, T.P. Tazora. Simtura, T. P. Spatura. Paspora, T. P. XI A Pascara.

Tudana, T.P. Fociana, Ptolémée (VI, xvii, 6) Tauciana en Arie. Dirica, T[.P. XI C Da(miprice sous la route Nagae-Aspacora. Thage, T. P. Nagae, doublet de Age (C. p. 47, 2).

140

DEUXIEME PARTIE

Ces noms se mélent à d'autres venant de Ptolémée :



En Inde (VII, i)

Ustobarisata, Pt. 48 Ostobalasara. Indovar, Pt. 49 Indabara, ainsi que Indovarium. Pasticar, Pt. 49 Pasikana. Aranbula (*195), Pt. 86 Arembour. Indrapana, Pt. 56 Andrapana. Acetis, voir Cetis en India Dimirica (supra p. 138). — En Arie (VI, xvii) Tribassus, Pt. 8 Tribazina. Sistata, Pt. 4 Dista. Cosata, Pt. 8 Cotaca.

Gugitana, Pt. 6 Capoutana. — En Drangiane (VI, xix) Cis/ trope renversé donne Tropecis, doublet du suivant. Tropsasia, Pt. 4 Prophtasia Baccas, Pt. 1 les monts Bagoes. — —

En Serikè (VI, xvi), Serisia pour Serike. En Sogdiane (VI, xii), Morrana, Mordana (*!67). b) Les fleuves :

Torgoris. Ptolémée connait en Seriké (VI, xvi) une montagne (8 2), un peuple (δ 5), une ville (δ 7) du nom d'Ortorocara, transformé par Pline chez les Séres (VI, xx, 55) en Attacorae pour un golfe et un peuple. Orose (I, ii, 44) situe le mons Taurus, habité par les Paropanisades, a fonte fluminis Gangis usque ad fontes fluminis Ottorogorae, devenu fl. Togorre sur la carte de Saint-Sever (*!68). Accessinis, affluent de l'Zndus chez Pline (VI, xxiii, 71: Acesinus), de I' Hydaspe chez Denys le Périégéte (vers 1138 : Akesines). La lacune à la fin du chapitre 11/3 a été restituée supra, p. 63. 7.

Parthia

I/2 et 12, p. 5 et a) Le début du comme à la 12ème rum (...) confinalis

30 ; II/4, p. 48-50 (Croquis 12, p. 144). chapitre II/4 met cette patrie iuxta Indiam Sericam heure de nuit du livre I où elle est /ndis Bactrianoavec l'Albanie et l'Hyrcanie. C'est à n'en pas douter

l'habitat primitif des Parthes «qui n'est pas trés considérable» (Strabon,

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

141

XI, ix, 1). La frontière à l'Indus, ajoutée à la fin du chapitre d’après Orose (I, ii, 17-19) expressément nommé, est celle de la Grande Parthie de Pline (VI, xvi, 41): Persarum regna quae nunc Parthorum intellegimus, étendue de l'autre cóté jusqu'au Tigre (VI, xxxi, 137). Les villes qui remplissent ce cadre sont situées sur ΤΡ à côté de la Perse de Parsagade, comme il est dit en C. p. 51, 3: luxta (...) patriam Parthorum est patria Persorum (...) Parsagadae, et à la rigueur à côté d'India maior mais loin d'/ndia Bactrianis, en contradiction

avec l'indication du début du chapitre, ce qui dénote la difficulté de raccorder des sources superposées. Ensuite la Parthie chevauche sur d'autres patries avec qui elle partage des trongons de routes jusqu'au Tigre.

Les sept provinces sont complétement décalées par rapport aux villes en direction de l'est. Cinq sont chez plusieurs Géographes, deux ne sont que chez Denys le Périégéte : Satriadon, Satraidai (vers 1097) et

Sabeon, Sabai sur le Kophés (vers 1140-41). b) Quinze villes sur trente ont déjà été retrouvées sur T:P (*!65), Plusieurs autres le sont également si on suit minutieusement l'énumération sur la carte à partir du carrefour d'Ecbatane en Perse de Parsagade, la première étant Concabas (T.P. XI A: Concobas) sur la route de Nagae en degà d' India maior. Sur la route d'Artaxata : Tarspeda, T. P. X-XI Trispeda. Zercane qui suit est Zeracana en Assyrie (C. p. 66, 20), Eneca sur

TP. XI A (supra, p. 117). Sur la route d'Artaxata à Tigranocarten par Isumbo (*?0) : Zotozeta avant Ragauna, T. P. XC Coloceia avant Raugonia qui est aussi en Media maior ainsi qu’/sumbo ; Tigranocerta est répétée en Media minor (C. p. 65, 13). A partir du carrefour d'Artaxata non répété, une ville est prise sur chaque route, les trois étant aussi en Arménie : Caspi, T. P. Caspiae. Ondacara, T. P. Andaga.

Gebbin, T. P. Geluina (*!?!), A partir du carrefour de Tigranocerte non répété, les deux routes qui en partent sont enchevétrées avec celle de Melentenis qui les coupe transversalement.

142

DEUXIEME PARTIE

Exagigarda est la ville à vignette sans nom sur T:P. XB à XXVII m.p. d’Ad Tigrem (Dillemann, H. M. P. A., p. 121) (6172. Sardera, T. P. XC Sardebar.

Une telle régularité dans l'application des procédés habituels de relevé, une fois la liste des villes débarrassée de celles qui ont été ajoutées à la carte routiére, détruit la thése de Stolte d'une seconde carte différente (supra, p. 43). Ces villes ajoutées (C. p. 49) viennent de Ptolémée : —

En Parthie (VI, v) : Orta, Sismaida, Pt. 4 Arta(cana), Simpsimida qui se suivent. Aspa, Pt. 3.



Disma, Ymoa, lire Sisma, Imida, répétition de Sismaida. En Médie (VI, ii) : Eurobus, Mardusa, Pt. 2 Amardus fl. Calata, Pt. 18 Canatha.

c) Le fleuve de Parthie : La discussion sur l'embouchure de l’Indus qui sert de frontière avec l'Inde révéle un travail de réflexion de la part du rédacteur.

Evoquant le témoignage d'Orose, il écrit : Indus, qui, ut dicit Paulus Orosius, in mare Rubrum

ingreditur ; mais Orose a démarqué

Pline

(VI, 107-108) pour qui mare Rubrum englobe les deux golfes Persicus et Arabicus, tandis que, pour le rédacteur, mare

Rubrum

est seule-

ment sinus Arabicus, comme il le dit p. 60 (*!73). D’oü un premier rectificatif : Ceteri vero dicunt quod in Persicum colfum mergitur (Indus).

Puis la méme main ou une autre en a ajouté un deuxiéme, probablement au vu d'une carte : Attamen scimus quod in meridianum (Indus) mergitur Oceanum ad faciem insulae Taprobanae. Les deux seules citations d'Orose dans la Cosmographie concernent ce fleuve et cette ile

(C. p. 420, 7).

8. Arabia Maior

11/7, p. 58-60. L'Arabia du livre I à la 3ème heure du jour a été scindée en deux, Arabia Eudaemon et Arabia maior, dénomination inventée comme celle d'India maior. Le Périple anonyme de la mer Erythrée (?) connait seulement une «Arabie première» (5174). Pour la situer , le Cosmographe (99) Périple de la mer Érythrée, 16.

ETUDE

DETAILLEE

DES PATRIES

ET DES ILES

143

a mis sans le dire la limite entre l'Asie et l'Afrique au Nil, en contra-

diction avec saint Épiphane (supra, p. 36) (*!75). Deux documents distincts ont fourni les villes : 1* document

Si on corrige Orea enpurium en Deire (Strabon, XVI, iv, 4 et 14) (*176) à la sortie du sinus Arabicus (cf. Borea en Arabia Eudaemon, C. p. 57, 3),

les villes qui se succédent vers le nord, toutes sur la cóte ouest de la mer Rouge, viennent d'un périple probablement porté sur une carte. Apres Mios Ormos et Arsinoe, la suite s'embrouille. Samotracis et Satanna sont indéchiffrables. Schnetz (Arabien, p. 406 s.) a tenté d'expliquer la présence insolite en cet endroit du nom d'une ile de la mer Egée, dont elle est absente au livre V (5177). Parana et Petria sont sur T.P. VIII C Phara Na(ila) et Petris. Minea, Sabea, Cletabis sont des noms de peuples chez Denys le

Périégète, vers 957 (19), déjà en Perse de Parsagade (Cabeon, Cletabion, C. p. 51-52). Olelum,

Ocelis de Pline (VI, 104) et Solin (54, 8), Acila de Pline

(VI, xxxii, 151), est l'emporium des Sabéens. Aflaron Aquadosa est à lire Ad fl. Ar(n)ona q(uae) undosa, fleuve biblique (Deuter. 3, 8.12.16) porté sur une carte, comme Imago mundi d' Henn de Mayence (*!?8),

il l'est sur

2?"e document Joint au premier par iuxta (...) Berenecide, il énumére les stations de la route de TP. VIII B-C Pernicide portum-Hormucopto. 9. Hyrcania

1/12, p. 30 ; 11/8, p. 60-62 (Croquis 12, p. 144). Le cadre de cette patrie trés connue, placé dans la Cosmographie entre la Parthie et l'Inde de Bactriane, est rempli, sans souci de la géographie, de noms épars dans diverses sources.

T. P. est trés mauvaise à cet endroit. Des peuples, des provinces, des riviéres sont entassés entre un golfe de la mer Caspienne et la chaine du Taurus, oü ils n'ont rien à faire.

(100) Traduction latine : litus Rubri maris habitant Minnaei, Sabae, vicinique Cletabeni.

PARTIE DEUXIEME

144

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ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

145

a) Le chiffre de onze provinces (C. p. 60, 12 - 61, 2) est considérable

pour un territoire aussi exigu. Plusieurs sont citées par divers auteurs mais pas en Hyrcanie. L'orthographe montre que Mardianum, Derbiceon, Ytio Scython (pour Otioscythae) et peut-étre Eroon pour Hiroae

viennent de T.P. XI. Tocarion et Erurion sont chez Denys le Périégéte (vers 752) les Tochari et les Phurri, vers le pays des Séres. Issis est une énigme. Ce mot entre dans la composition d' Hyrcanorum Yssoon à la 12*»* heure de nuit, et du golfe d’Hyrcaniae Isson dans la récapitulation du livre V (C. p. 392, 1). Pline (VI, vii, 22) connait les /ssi, mais sur le Tanais.

b) TP X C fournit huit des vingt villes. Elles sont situées sur une route en circuit et certaines identifications de P. P. sont à corriger. Sazala est Lezela ; S — L, Annexe II b.

Teladalfir, fusion de Teleda Phil(ado) qui se suivent sur T. P. Le premier est rétabli en Telada (C. p. 61, 20) puis en Tilida (62, 3). Liponissa, T. P. Lupones au-dessus de la route en circuit. Viennent de Ptolémée : —





En Médie (VI, ii), Cipropolis pour Cyropolis, $ 2. Tarsambaram pour Pharambara, $ 9. En Hyrcanie (VI, ix, 5), Axara pour Maxerai ; également sur T:P. ΧΙ B-C (Maxere) sous la route Nagae- Antiochia. En Sarmatie (V, viii, 2),

Aquilleam pour Achilleion. — En Albanie (V, xi, 2), Belalus et Gareas pour Telaiba (B = T, Annexe Il a) et Gerros (5179). Viennent probablement de Pline : Portum, Castillum, Camia (pour Cumia), Armastica, par l'in-

termédiaire de la phrase (VI, xii, 30) PORTAE Caucasiae (...) citraque in rupe CASTELLO quod vocatur CUMANIA (...) ex adverso maxime HERMASTI oppidi. Ptolémée a Harmaktika en Ibérie (V, x, 2). Les deux derniers noms sont :



Tegamia qui serait d'aprés Schnetz Gelamia cité au Caucase par Markwart. Si on s'en tient aux sources habituelles, la forme la plus voisine est (amnes) Sigania (Pline, VI, iv, 14) sur le Pont-Euxin.

146



DEUXIEME PARTIE

Gravete pour Gavrete qui est Gabris de Ptolémée en Médie (VI, ii, 8).

c) Parmi les six riviéres (C. p. 62, 9-14), cinq dont quatre répétées en II/12 (78, 4-7) sont sur tion (*!80),

T:P. XI

A et identifiables aprés correc-

Austia, lire Ostia, «l'embouchure». Sicris est le Psychros de Ptolémée en Sarmatie d'Asie (V, viu, 4), à 30 stades de la frontiére occidentale de la Colchide dans le Périple d’Arnen, 8. Maritus est le Marubius de Ptolémée, aussi en Sarmatie (V, viii, 2)

comme la ville d'Aquilleam ci-dessus et le Tanais, sur lequel Pline a mis les /ssi (VI, vi, 22). L'Oxus est cité par Méla (III, v, 42) avec l'/axartés dans le golfe d'Hyrcanie (5181).

d) Schnetz pense avoir retrouvé les Hyrcaniens dans la récapitulation de la frontiére nord de l'Asie (C. p. 144, 14-16) : Habet ipsa Asia finem Oceanum Syricum (pour Sericum) Indiae Bactriae, Caspium et Congrae et Reitae. Il a corrigé Reitae en Scythae et Congrae en Canyrae ou Hyrcanae par déplacement des syllabes. Cette hypothése semble confirmée par une phrase d'Orose (I, ii, 47) : Inde tenus Scythico mari (...) usque ad mare Caspium (...) Hyrcanorum et Scytharum gentes. À signaler aussi sur ΤΡ X C, au milieu du circuit routier dont les villes sont

attribuées à l'Hyrcanie, le mot Hiroae qui peut être la mutilation de Hir iae. 10.

Media Maior

11/9, p. 62-64 (Croquis 12, p. 144). L’India maior ayant pris la place de la vraie Media maior, celle de la Cosmographie a été repoussée vers l'ouest et mal rattachée aux

patries voisines. Elle n'est pas non longe ab Hyrcania puisque ses deux premières villes sont sur 7: P à gauche d'Artaxata en Parthie ou en Arménie (*!82), tandis que le circuit routier sur lequel les villes d’Hyrcanie ont été prises est à droite. De méme patria Assyriorum non longe

ab ipsa Media (C. p. 66) est séparée d'elle par la Mésopotamie.

Sur

ΤΡ Media maior a été écrit au hasard en India Dimirica (*'3).

Parmi les quatre provinces, Gelon sont les Geli connus par Pline (VI, 48), Ptolémée (VI, ii, 5: IMAaı) ou Strabon (XI, v, 1).

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

147

Artatio est une ville prise pour une province, probablement Arsacia, nom parthe d’Zuropos en Médie (Strabon, XI, xiii, 6). Et ceteras Unites est à corriger en ciurciates à cause du nom de ville qui précède.

Barriana, T. P. ΧΙ B Bariani qui est loin de là en haut du feuillet. Le fleuve est exceptionnellement nommé avant les villes : In qua (...) Media Tigris fluvius insulam facit quae dicitur Thonitis. Stolte a bien vu (p. 37 s.) que la transformation d'un lac en une ile était une erreur de carte. Denys le Périégéte (vers 987-989) est seul à appeler ainsi le Thospitis ou lac de Van ; p — n, Annexe II d. Il est à l'origine du contresens, περίτροχος ayant été traduit «courant autour» au lieu de «circulaire». La liste de vingt et une villes est un mélange désordonné de plusieurs

sources. Cinq

ont déjà été identifiées sur les deux

branches

du carrefour

d'Isumbo de T.P X C. Quatre sont à situer aprés correction sur trois routes du carrefour d'Artaxata de T.P. X C: —

Sur la route d'Ecbatanis, Adaba pour Anteba, Antera en India maior (C. p. 44, 15) ; Cerium pour Sorvae à côté d’Anteba.



Sur la route de Caspiae, Condaca pour Condeso.



Sur la route de Raugonia, Incate pour (Pa)racata. Viennent de Ptolémée :



— — —

En Médie (VI, ii), Data = Datha, ὃ 17; Gazaci = Gazaca, ὃ 10 ; Aradita = Aradriphé, $ 18, t — f, Annexe II c ; Abacagna = Abacaina, S 17. En Perse (VI, iv, 6), Babra — Gabra ; B — G, Annexe II a. En Parthie (VI, v), Didima — Disma ; D — S, Annexe II b. En Sogdiane (VI, xii, 6), /ndua= Indica lié à Mordana devenu Morrana en India Bactrianis (C. p. 47, 17 ; supra p. 140).

À ajouter deux identifications possibles : Scrabon, de (Ba)zigraban d’Isidore de Charax, 6, en Haute Médie.

Amoequum, Amoukion, évéché au bord du lac de Van (Honigmann, Ostgrenze, p. 208).

148 ll.

DEUXIEME PARTIE Media Minor

II/ 10, p. 64-65 (Croquis 12, p. 144). Le cadre de cette patrie est complétement décalé par rapport à son contenu. Son nom exact est Media minor quae et Gozar dicitur, oü Gozar est la ville principale (supra, p. 22 s.). Gozar est donc Gazaca, capitale de l'Atropaténe (Strabon, XI, xii, 3), mise en Media maior (C. p. 64, 3: Cazaci) et absente de T:P. où elle doit être Filadelfia sur la route Ecbatanis- Artaxata, respectivement à 155 et 145 unités de longueur de chacune de ces deux villes (5184), comme Gazae, oppidum d'Atropaténe, est chez Pline (VI, xvi, 42) à mi-distance entre les deux. Les vingt et une villes forment deux groupes : le groupe, à l'est (C. p. 64, 18 - 65, 8). De ΤῈ Xl B Prostas (pour Propasta) et Carcoe, qui sont déjà en India Bactrianis (C. p. 46, 18 et 47, 8) (5185). De Ptolémée : —



Déjà en India Bactrianis (C. p. 46, 12.15.16.19 ; 47.5) : Strippa = Ci/strope ; Aravigulo = Araubula (b = g, Annexe II c); Triraxus — Tribassus ; Labiana ; Andratana — Andrapana. Déjà en Parthie (C. p. 49, 2 et 17) : Aracotus — Arachoton ; Ospa — Aspa. Viennent encore de Ptolémée :

En Médie (Vi, 1) Ladaca.

En Drangiane (VI, xix) Nastana, Nostana. et deux provinces En Assyrie (VI, i) En Inde (VII, i) devenu ici Aravigulo

prises pour des villes : Sitarane, la Sittacéne ; Carbestrio, Kerobothros (*186).

citée avant

Arembour

2ème groupe, à l'ouest (C. p. 65, 9-16), huit villes de T: P. X B sur le carrefour de Tigranocarten, dont quatre déjà en Parthie (C. p. 50). Dans ce désordre, il est impossible de savoir où la Cosmographie est allée chercher ses riviéres : — —

Dae. Le seul nom approchant est celui d'une tribu, Daae, connue en Perse depuis Hérodote (I, 125). Nabor, mieux que Nabrum dans le golfe Persique proposé par P. P.,

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

149

viendrait de Navaram, ville de Media minor (C. p. 65, 15) orthographiée Nabarra en Parthie (50, 11). 12.

Diversae Patriae

1/8, p. 19-20 pour l'Arménie ; 1/12, p. 30 ; 11/12, p. 68-78 (Croquis 12,

p. 144). Dans les chapitres précédents, le Cosmographe a tenté maladroitement de traiter l'Hyrcanie et les deux Médies en donnant à chacune

une vingtaine de villes, au risque d'en mettre quelques-unes dans deux patries différentes. Il introduit maintenant un document particulier sans réussir à l'emboiter convenablement. Ce document, provenant sans doute partiellement d'une source grecque (supra, p. 55) et contenant des extraits de Procope, empiéte sur les limites déjà tracées et laisse un grand vide du cóté de la Mésogée des Grecs oü manquent la route Satala- Melentenis et les trois itinéraires convergeant de Comana Pontica, Mazaca, Polemonio sur Nicopolis. D'habitude, des détails du livre I sont reportés dans les chorographies. Cette fois le commentaire sur l'Arménie n'a pas été retenu, pas méme les deux grands fleuves qui y prennent naissance. a) Sur les neuf patries, cinq ont des noms connus, mais l'idée de les traiter ensemble est de Pline (VI, xv, 37) d’après Agrippa : Agrippa Caspium mare gentesque quae circa sunt et cum iis Armeniam determinatas (...) patere (...) prodidit. L'Arménie est partagée comme de coutume en Maior et Minor (la premiére dite Ararat, d'un mot biblique qui n'est pas au livre I), puis en quatre avec une erreur dans la répartition. Les autres patries (C. p. 68, 17-19) sont chez Pline : Siania Caucusorum (pour Caucasorum) venant de flumen Chobum e Caucaso per Suanos fluens (VI, iv, 14). Patria Masageton (VI, xix, 50 : Massagetae). Patria Caspiae venant de accolunt Caspi (VI, xv, 39).

Patria Lepon venant de gentes infra Lupeniorum (Vl, x1, 29); ΤΡ X C Lupones. b) Ce vaste cadre, in quibus (patriis) satis longe lateque existunt spatiosissime (C. p. 70), a été rempli au moyen de vingt et une provin-

ces, cent vingt-deux villes et vingt-six fleuves, expressément d’après Castorius, sauf les provinces.

150

DEUXIEME PARTIE

Celles-ci (C. p. 69, 3 - 70, 3) viennent de diverses sources : Camogenis, la Commagéne, est aussi en Syrie (85, 16) et en Mésogée

(95, 8). Boloconoton est Bolon Castron non loin de Theodosiopolis (Procope, Bel. Pers. I, xv, 32).

Balbiniton, la Balabiténe, est une des cinq satrapies rattachées par Justinien à la 4me Arménie en 536 (Procope, De Aed. III, 1, 24-29). Laminacenon, pour Limen Axenon, «le port inhospitalier», a été pris pour une province, nouvelle preuve que le compilateur connaissait mal le grec. Arbilesenon est Orbalisené, premiére province d'Armenia minor de

Ptolémée (V, vi, 18) (5157). Camposalamenon vient de Campus et de Tolomeni de T.P. XI A. Colfiaruinseon, ms B Colfiarium Seon pour gentes Cholcorum de Pline (VI, iv, 12) (101). Tanateon peut étre Tanaitas de Pline (VI, vii, 22) puisque la limite de l'Asie est au Tanais. Ansipedon, Anzit pedion (Cf. Campus ci-dessus) est l'Anziténe, une des cinq satrapies rattachées à la 4** Arménie. Polybe (VIII, fragment 23) l'appelle Kalon pedion (5188). Fassianon, habitants de la Phasiane, actuellement Passin ova (Honigmann, Ostgrenze, p. 196). Carriziton, Caranitis de Pline (V, xx, 83) ; z = n, Annexe II c. Ciboliton, (Ka)bolitai (*!9) de Ptolémée en Paropanisade (VI, xviii, 3). Igraleton, probablement regio Cegritice de Pline (VI, iv, 14) citée par lui aprés les Suani, une des patries ci-dessus.

Filagreton qui suit doit étre un doublet. Micetiton Dibalon, T.P. IX C Divali Musetice (*!99), Certinon, d’après P. P., viendrait de Kerketai de Denys le Périégète, vers 682, cités aprés les Cimmerii que Ptolémée (V, viii, 13) met en Sarmatie (*19!), Otenon est la province d'Arménie de Pline (VI, xvi, 42), Armeniae Otene regione. Tangarenon, de Gangara, ville d'Albanie (Ptolémée, V, xi, 2) ; 7 — T.

(101) Pour -fia ou -phia = cha, voir Colchana/ Colphiana (C. p. 50, 6-7) ; pour Seon, G=S, U. 60.

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

151

Dercibeon, ΤΡ XI A-B Derbicce. Paraliton, T. P. X C Paralocae Scythae. c) Les villes sont réparties en deux groupes presque égaux. 1* groupe, cinquante-six noms (C. p. 70, 17 - 73, 6). La plupart viennent d'un extrait anonyme de Ptolémée exploité en

désordre en dehors de toute réalité géographique. Une partie a déjà été utilisée dans d'autres patries sous une orthographe différente : En India Dimirica :

Palma Dosamara, Palanda Samar (C. p. 40, 15 et 22). Apradis Diarpa, Absadistiappa (41, 7). Corrumpandice, Corubantaci (41, 1). Ronnacaris, Bonogaris (40, 18). Samba, Sainpam (40, 20). Siltam Gramam, Bilimasgram (40, 19), S — B, Annexe II b. Modura, Moduram (40, 21). Sotida, Saotis (41, 3). Samarra, Samar (40, 22). En /ndia Bactrianis et Media minor : Raramdula, Araubula (46, 15) ; Aravigulo (64, 19). En Assyrie, Ptolémée VI, i : Irona = Isona (*!9?) ; Arepa = Arrapa, ὃ 5 ; Oroppa = Oroba, Saccidum et Saccibem desertum, son doublet qui suit, sont Sacada, ὃ 3 ; b = d, Annexe II c ; ci — a, U. 47. Nerisacandis, lire Ninus Sacandis (pour Sacada). Les deux se suivent chez Ptolémée (VI, i, 3). Desertum se rapporte à Ninus VI, xvi, 42 : Fuit et Ninos (...) quondam clarissima). Caverim = Sauara, ὃ 3. Paranim qui suit est son doublet ; U. 60et64;u— n, n— r, U.47.

ὃ 4. à lire noms (Pline, C = P.

Bethessa = Bithaba, ὃ 4. En Hyrcanie, Ptolémée VI, ix : Arsita, Arsitis, $ 5 ; Sinacana, Sinaca, ὃ 7 ; Siramin, Saramanne, ὃ 2.

En Armenia maior, Ptolémée V, xii :

Sedona, Sidone ; Sila, Sele. Soli qui suit est un doublet (5153).

152

DEUXIEME PARTIE

En Armenia minor, Ptolémée V, vi, 20:

Inispa, Ispa. En Perse, Ptolémée VI, iv, I:

Mogradam (avec le qualificatif desertum répétant celui de Saccibem qui précéde), Bagrada ; M — B, Annexe II b. En Albanie, Ptolémée V, xi, 3: Bacchiera, Bacchia. En Sarmatie d'Asie, Ptolémée V, viii, 2:

Cimmir, Kimmerion akron, justifiant l'extension géographique des provinces de Tanateon et de Certinon. En Colchide, Ptolémée V, ix, 5 : Saracos, Saracé. En Bactriane, Ptolémée VI, xi, 7:

Zarioda, Zarispa.

Les emprunts à Pline sont rares : Ostorodon, les (Pratit) as Parodon des Portes Caspiennes (VI, xviii, 44) (*!94^). L'origine grecque de l'expression justifie x = τ, Castillum, déjà en Hyrcanie (C. p. 61, 11) (*!95), Siriana, Syriana en Margiane (VI, xviii, 47).

Onze noms sont épars sur T.P, quelques-uns déjà relevés dans d'autres patries et trop dispersés pour provenir directement de la carte routiére. Plus vraisemblablement une autre carte en a reproduit un fragment, comme ce fut le cas pour celle de Saint-Sever (!%). Ce fragment contenait la longue chaine de montagnes qui traverse le feuillet XI sous divers noms, de Mons

Taurus à gauche à Sera maior à droite,

son centre étant au-dessus de deux carrefours, celui de Nagae avec sur chaque route les stations de Palitas et de Pascara, celui de Tazora d'oü part la route d’Alexandria Bucefalos.

On reléve en effet (C. p. 71, 1.2.3.5.23 ; 72, 12.15.17 ; 73, 4) : Palita. Aspera, doublet Caspera pour Pascara.

(102)

E. ScuweprR,

Weltkarte, dans Hermes XXIV, p. 587-604.

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

153

Tachora, Tazora. Taurium, Taurus. Serra minor, absent de ΤΡ

Thimata, Thimara sous Sera maior (*!96), Zirra, que P. P. font venir de Cirri(be) Indi dont le nom est inscrit sous la chaine de montagnes (T. P. XI C). Osmot, le dernier nom, est trés important car il sert de liaison entre le premier et le deuxiéme groupe (C. p. 73, 7-8). Il était sur une carte puisque /azo est dit iuxta Osmot ; c'est Lazo sur T.P. XI A (croquis 12), à côté de quoi il n'y a que l'inscription Mons Taurus. T.P. X C laisse entrevoir une identification. Deux localités d'/ndia maior dans la Cosmo-

graphie sont énumérées de gauche à droite sur la route d'Artaxata, Antera et Gobdie, précédées de Modmot

(C. p. 44,

14) à confondre

avec Osmot. L'origine commune des deux serait Mosmot ou Mos Mot, une syllabe corrigeant l'autre, premier mot de l'inscription Mons Taurus,

comprise

comme

deux

noms

de localités,

le second

devenu

indépendamment Taurium ci-dessus (103). 2ère groupe, soixante-six noms (C. p. 73, 8 - 77, S) (*19”) Ce groupe

n'est pas homogène.

Il comprend

essentiellement trois

segments de routes de T: P. entrecoupés d'additifs. —

1

segment,

quatorze stations de la route Lazo-Artaxata-Ad

fontem felicem (T. P. X C-B) avec quatre noms intercalés : lanio, doublet de /azo.

Gavala, Ptolémée Gabala en Médie (VI, ii, 8) ? Savatinum, répétition de Tendava (C. p. 73, 19 et 21) écrit sur deux lignes relevées à l'envers et qui peut être 7ynda(ri)da en Lazie, celeberrima, dit Pline (VI, iv, 13) ; d — s, Annexe II b. — 2*" segment, onze stations s'échelonnant sur l'embranchement Artaxata- Trapezunte avec à chaque fois l'omission réguliére de deux stations de ΤΡ (*!9?). Medoia Salommecia sont devenus Medocina Solodocina en Mésogée (C. p. 101, 13-14). — Entre les deux segments, deux villes du Phase (C. p. 74, 5-6) : Surtum, Surium de Pline (VI, iv, 13). Sarapama, Sarapana de Strabon (XI, ii, 17). (103) Erreur du méme genre en Créte (C. p. 396-398) oü trois noms de montagnes sont pris pour des villes.

154

DEUXIEME PARTIE

— Apres le deuxiéme segment, huit noms de changement de source (C. p. 75, 1-8) :

suivent sans indication

Anxis, ville principale d'Anziténe ou Ansipedon. Anamta, l'Anaet(icja de Pline (V, xx, 83). Simbra, Sinibra en Petite Arménie (Ptolémée, V, vi, 19 : Zrvrpa). Fleba, Elegea de Pline (V, xx, 84) ; F— E; b — g, Annexe II c. Mogussa, Dagusa en Petite Arménie chez plusieurs auteurs (*!99) ; M = D, Annexe II b.

Bolba, chef-lieu de la province Balbiniton ci-dessus. Arsamotasa pour Arsamosata, ville d'Anziténe mentionnée par Polybe (R.E. II.1, col. 1271, s.v. Arsamosata) (*99). Albano, Albana en Albanie (Ptolémée, V, xi, 2). — Deux petits additifs précédés chacun d'ad aliam partem sont probablement d'un autre rédacteur qui ne savait oü les mettre. Deux des villes sont de Procope, Theodusopolis et Dubios, à huit jours l'une de l'autre (Bel. Pers. II, xxv, 1 et 30) ; les trois autres seraient de Ptolémée : Venatoni — Veneca en Médie ; Somaschae — Camechia

en Albanie (V, xi, 4) ; /virium = (Arm)avira en Arménie (V, xii, 5). — 3tme segment (C. p. 75, 20 - 77, 5), vingt et une stations sur la route côtière de ΤΡ, faisant suite à la Mésogée (*2!) ; la dernière, Ermonasa, répétée en Bosforania, C. p. 172, 5. d) Les fleuves sont divisés en trois groupes par deux ad aliam partem. 1* groupe, huit fleuves (C. p. 77, 8-15).

Les identifications appellent quelques remarques. La liste commence avec l'Araxes et finit avec le Cyros, le Cisson et le Cambissis. Si on s'en tient à Pline qui parait étre la source originelle, celui-ci a cité ensemble l'Araxe et le Cyrus (VI, x, 26), le Cyrus et le Cambyses (VI, xv, 39). Jordanès (Get. 7, 54) a regroupé Araxem, Cyssum et Cambysem. Il est tentant de corriger chez lui Cyssum en Cyrum comme a fait Schnetz (Jordanis, p. 91) aprés Mommsen et de prendre Cyros pour une correction de Cisson. Dans l'intervalle ont été intercalés : Mardes, Ptolémée Amardoi en Médie (VI, ii, 5), ce qui justifie l’identification ci-dessus de deux localités de cette contrée. Coapis, le Choaspes de Pline venant de Médie (VI, xxxi, 130), la moderne Kerkha, largement au sud.

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

155

Terdon, dans ces conditions, pourrait étre Teredon malgré la situation méridionale, la mention de Pline (VI, xxxii, 145) abrégée l'ayant fait confondre avec une riviére : E Parthico autem regno navigantibus (vicus) Teredon. Bactros, plutót que de Quinte-Curce, est de Pline (VI, xix, 52) : In Bactros (...) ex India perueniri ad Bactrum flumen quod in Oxum influat. 2ème groupe, quatorze fleuves (C. p. 77, 18 - 78, 12). Quatre venant de T:P sont déjà en Hyrcanie (62, 11-14): Sicris, Maritis, Nigrinus, Astias pour Austia/ Ostia. Il est difficile, parfois impossible, d'identifier les autres tant leurs noms sont corrompus.

Cormata,

également dans Éthicus parmi

les fleuves de l'Océan

oriental (*202), est probablement flumen Corma vers l'Adiabéne (Tacite, Ann. XII, xiv). Canimadium serait Ca(nijmasium (s = d) pour Camasim (C. p. 75, 21) devenu Acomas sur le Périple (C. p. 367, 5) et Acapsis dans le troisiéme groupe de fleuves. Cucuas est le Cyaneos de Pline (VI, iv, 13), Cyanes sur T. P, Ciameis

(C. p. 76, 9) (*203), Gaucus, le Glaucus de Pline cité aprés le Cyaneos.

Filigiston, ms A Filogiston, à rapprocher de la province Filagreton

(C. p. 69, 16), peut-étre le Figoton d'Éthicus né dans le Caucase au chapitre Océan oriental (I, 7 ; GL M, p. 74). Almanticum, probablement fl. Melanthium (Pline, VI, iv, 11).

prés de

Polemonium

3ème groupe (C. p. 78, 15-18), quatre fleuves du pays des Lazes, déjà

identifiés. 13.

Patria Hebraeorum ludeae Palestinae

II/ 14, p. 82-85. Le terme administratif de Palestine porté sur T: P. IX A-B est accolé à la Judée dans la Cosmographie par une déformation d'une citation d’Isidore de Séville (Etym. XIV, ii, 17): Palestinam cuius pars est

Iudaea. Cette patrie décrite d’après des documents spéciaux a été insérée dans la Cosmographie par la formule /tem ponitur patria sans l'indication habituelle des territoires voisins (*24), Une glose a restitué en fin de cha-

156

DEUXIEME PARTIE

pitre : Quae ludaeorum patria etiam Arabia (lire Arabiae) ex uno latere conscribitur. Les cinquante-quatre villes, énumérées d'aprés Castorius, se répar-

tissent en deux groupes à peu prés égaux, séparés par un intercalaire introduit par /tem desuper avec trois villes de Samarie prises à Isidore de

Séville

(Etym.

XV,

i, 21.22.25) : Samaria,

Scichas

pour

Sichem,

Bethel (C. p. 83, 16-18). 1* groupe, vingt-trois villes (C. p. 82, 13 - 83, 14). Ce groupe se divise en trois parties mises bout à bout sans interruption: — Neuf noms bibliques courants énumérés du sud au nord, dont deux seulement sont sur 7. P. (*?05),



Dix étapes de la route côtière de T:P entre la Syrie et l'Egyp-

te (*206), — Quatre noms de Helusa, station de V, xv, 7). Capala pour lequel Andranosa, Gadda xv, 5). (*207).

l'intérieur : T.P. avant Jérusalem ; ville d'Idumée (Ptolémée, la correction la plus discrète est Gabala (104). pour Engadda arenosa en Judée (Ptolémée, V,

2ème groupe, vingt-huit noms (C. p. 84, 1 - 85, 8).

Dix sont à la fois chez Ptolémée et sur T:P IX A possible de découvrir un ordre logique de relevé (!05). ΤΡ donne en plus Amavante Cofna. Ptolémée donne en plus :

pour

Amathunie

sans qu'il soit entre

Luddis

et

Fasselide, Phasaelis en Judée (V, xv, 5). Leviada, Libias à l'est du Jourdain (V, xv, 6). lamniam, lamnia en Judée (V, xv, 5). Pellam, Pella en Décapole (V, xiv, 18).

(104) «A district south of Moabitis in Idumaea», JostPue, Ant. lud. XVIII, 113, édition Loeb p. 80, note a. (105) Ce sont Copna, Thamara, Baratagoda (Pt., V, xv, 5) ; Philadelphia, Sithopolis (V, xiv, 18) ; Neapolis (V, xv, 4) ; Gadaram, Capitoliada (V, xiv, 18) ; Tiveriada (V, xv, 3) ; Caesarea Panias (V, xiv, 17).

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

157

Sapori, Sapphuri en Galilee (V, xv, 3).

Iuliada, Iulias, nom grec de Bethsaida du 1° groupe, en Galilée (V, xv, 3).

Les quatre noms suivants sont exclusivement chez Joséphe : lericho écrit Hiericus par Ptolémée (V, xv, 5), Herichonte sur T. P. Macasa corrigé par Schnetz en Marasa pour Marisa (ou Mares-

hah) (99),

Salomiada, autre nom de Phasaelis légué à Salomé par Hérode (Ani. Iud. XVII, 189 et 321). Samachon, Semachonitis (Ant. Iud. V, 199) (*28). Deux autres noms semblent bibliques (Josué 15, 36 et 49) : Gadora, à distinguer de Gadaram (C. p. 84, 17), serait Gederah. Devite serait Debir. Les deux rivières (C. p. 85, 11-12) sont sur 7. P,, mais les lacs si carac-

téristiques ont été oubliés (*209), 14. Aegyptus

I/2, p. 6 ; III/2, p. 119-136. Au livre I, l'Égypte est dans la 45 heure de jour en avant de l'Éthiopie dont elle était séparée par le grand désert Nitrensis. Par exception sa ville principale, Alexandrie, est mentionnée.

Sa frontiére du cóté de la Palestine est mise soit à Rinocoruros dans la récapitulation de l'Asie à la fin du livre IL, soit au Nil au chapitre de l'Arabia maior (11/7) (*2!0),

Mémes variations à l'ouest. L'Égypte est arrétée à Agabis avant Cyrenes (C. p. 135, 2 et 137, 8-10) ou englobe la Pentapole comme on verra plus loin. C'est la preuve d'une superposition de sources diffé-

rentes.

Comme dans toute l'Antiquité, l'Égypte se divise en superior et inferior (53) Anocura et Mareonon (C. p. 117, 6) devenus Adnocura et Mareotin (C. p. 119, 12), respectivement dvoxwpa, opposé à κάτω ywpa de Strabon (XVII, i, 4), et Regio Mareotis à proximité de la Libye

(Pline, V, vi, 39) (*212), Pour les villes, le Cosmographe a abandonné Castorius, qui n'est méme pas cité, au profit d'un autre Romain, Lollianus. Deux auteurs (106) Voir Index général des Ant. lud. dans l'édition Loeb, s.v. Jericho et Marisa (occurrences nombreuses).

158

DEUXIEME PARTIE

égyptiens (supra, p. 54) ont été écartés aprés la constatation habituelle : Non aequaliter nominaverunt civitates. La liste est une des plus longues de l'ouvrage, deux cent soixante et onze noms répartis en sept groupes reliés par ad aliam partem ou item supersunt,

dont

soixante-dix

seulement

sont sur

7:P

Une

telle

disproportion pose un probléme que jusqu'ici seuls deux commentateurs ont abordé. Parthey, dans un article aujourd’hui vieilli (197), frappé par «un type égyptien surprenant» a cherché des identifications dans cette direction ; Stolte (p. 52 s.), convaincu de l'existence des deux auteurs égyptiens, a relevé les doublets, croyant à tort qu'ils correspondaient à des couches successives de documents.

Le chapitre Égypte a deux traits spécifiques : —

ΤΡ

est ici particulièrement

mauvaise,

exagérément

aplatie et

contractée. Or bon nombre de localités viennent d'itinéraires connus par 7t. Comme cet autre routier n'est nulle part une source de la Cosmographie, il faut en conclure que celle-ci a été rédigée d'aprés une carte meilleure que ΤΡ



Beaucoup de villes portent le même nom et peu d'indices per-

mettent de discerner d'une maniére süre laquelle est visée. Le texte est aussi corrompu qu'ailleurs. Des corrections simples donnent quelques solutions acceptables : d'autres sont impossibles. Comment savoir si Chale, Thale, Phale (C. p. 121, 3; 128, 2 ; 129, 8) sont

la déformation d'un méme nom ou trois villes différentes ? Une étude attentive aboutit aux observations suivantes : a) Un recours direct à la toponymie égyptienne ou copte donne peu de résultats. I] n'y a pas de réminiscences bibliques contrairement aux autres géographies du Moyen Âge. En dehors des routes, la source est essentiellement grecque avec Strabon en première place (5213). Une exploitation directe d'Hérodote n'est pas sûre, car les noms qu'il a en propre sont rares. D'autres sont exclusivement chez Stéphane de Byzance avec citation ou non de l'auteur de référence, preuve de l'utilisation d'ouvrages aujourd'hui perdus. L'existence de villes inconnues au nom correct le confirme (C. p. 122, 13 ;

128, 15-17 ; 129,9

; 131, 8):

(107) G. PARTHEY, Aegypten beim Geographen königl. Akad. der Wissenschaften zu Berlin, 1858.

von Ravenna dans Abhandl.

der

ÉTUDE

DÉTAILLÉE

DES PATRIES

ET DES ÎLES

159

Thetmelim, qu'une correction facile (m — p, Annexe II d) transforme en Tethpolin, de Teuth, le dieu inventeur de l'écriture à Naucratis (Platon, Phédre, 274c-275b). Eridopolis. Apopistepolis, d’Apopis, frére du Roi-soleil (Plutarque, /sis et Osiris,

36, 365 D).

|

Cholchonopolis, de Chalkaion, fabrique d’airain, et son doublet, Chalchonogopolis. Angiopolis, d’Angeion, vase, récipient.

b) Des corrections modérées font apparaitre des mots grecs ou latins pris pour des noms de localités. L'emploi simultané des deux langues laisse supposer l'existence de deux documents. Au groupe 1 : Meon bourg».

Epoecim

(C. p. 122, 3-4) pour Neon

Epoikion, «le nouveau

Au groupe 2, six noms dont quatre à la suite : Nocolan (124, 9), métathése

pour Naulochon,

«rade de stationne-

ment». Pozeon pour Podeon, «langue de terre». Peucestim, de Peucestis, gouverneur d'Egypte (Quinte-Curce, IV, viii, 4). Ponega pour Ponema, «ouvrage» ; u — y. Chiorenda (124, 14) dont le début est à lire Chiro, comme ci-dessous Chyrocamus. Opulegi (128, 3) lu par Schnetz Opu(s) legio(ni) ; la finale ni lue in a été soudée au mot suivant /nthenis. Au groupe 3: Potant, Bathios (131, 9-10) pour Potam(os) bathus, «le fleuve profond» ; m — nt. Quianis, Centiter, Timuli, Frigia, Tareas (132, 7-11), à lire: Quianis = Pyramis ; Q = B U. 52. Centiter = seu aliter (198), Timuli frigia tareas = Tumuli figura turris (!P). Chyrocamus (132, 15), açonné de main d'homme». (108) Autres corruptions de seu : Malorossa Machare en Bosforania (C. p. 173, 4-5), Cariolon Thedoricopolis en Alamanie (C. p. 232, 15-16). (109)

SrRABoN

XVII,

i, 33:

les pyramides

xi, 61 : Turres quae pyramides vocantur.

sont les tombeaux

des rois ; PLINE

V,

160

DEUXIEME PARTIE

Dans les trois premiers groupes de villes, des fragments de route dispersés sont mélés en grand désordre à des apports d'autres sources avec, d'un groupe à l'autre, des répétitions qui semblent provenir de

remaniements maladroits. Les trois groupes suivants sont entièrement conformes à ΤΡ Un septiéme groupe de onze noms introduit par item supersunt clót l'énu-

mération. Ce schéma ne diffère pas de celui des onze patries qui viennent d’être

étudiées. L'Egypte doit donc étre traitée comme elles aprés une remise en ordre qui seule permet de tenter des identifications au milieu de tant d'obscurités. le groupe, cinquante-trois noms (C. p. 120, 10 - 123, 8). Ces noms, presque tous déchiffrables, semblent indiquer que ce groupe décrivait initialement l'Egypte de l'ouest. a) Sur la route Alexandria - Memphis - Antino de T.P. (*214), Les stations sont réparties en deux lots compacts,

l'un au début,

l'autre à la fin, ou s'égrénent entre les deux. Le premier lot a été reconnu par P. P. On y ajoutera Arsina (C. p. 120, 14), à sa place d'aprés Pline (V, ix, 50) qui cite oppidum Herculis ( Eraclia, C. p. 120, 11) puis (V, xi, 61): supra dictum Herculis; deinde Arsinoes ac iam dicta Memphis (C. p. 122, 14). Le deuxième lot est à reprendre. Les deux stations de T: P, Acori(m) et Antino(y) (C. p. 123, 7-8), permettent de retrouver : Thangin (123, 6) dans Fenchi qui précède (T = F, Annexe h — n, Annexe II d, la finale devenue ni a été lue in); Nasciri (123, 3) dans Tasdri ; N — T, ci — d, Annexe II d.

II a;

b) Dans le delta et aux environs. À ajouter (C. p. 121-122): Necropolis, faubourg d'Alexandrie (Strabon, XVII, i, 10). Marolon pour Mareonon (C. p. 117, 6) ; n = I, Annexe II c.

Nasta, mutilation de (Bin)nastas Tetrion pour Netrion, les deux bon, XVII, i, 23) ; N = T, Annexe Circora, devenu Cercyris au 3%

du 2*** groupe (129, 12). Nitriai au dessus de Memphis (StraII b. groupe (130, 6), est Korkuris de Sté-

phane de Byzance, p. 374 Meineke. Thetmelim pour Thetpolin (ci-dessus, associé à Naucratis).

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

161

c) Sur la route en rive gauche du Nil (/t. p. 157-160). La présence

d’/bion

et de son doublet

Evion

(C. p. 121, 6 et

d'Oxirincos (122, 16), de Dios pour Diospolis (123, identifications d'aprés 7t. p. 160 : Ermuntis, Hermunti d' It. Corumbo pour. Cöft)r(a) Ombos devenu Ommos

12),

1), permet trois

au 4"

groupe

(C. p. 133, 12). Colomos dérivé également d'Ombos (*215). d) Sur la route en rive droite du Nil (/t. p. 167). Lirinconeo (C. p. 123, 4) pour Hieracon à deux étapes d’Antenou ; H — L, Annexe II b. e) Dans la région à l'ouest du delta (C. p. 121-122). Ormos, en grec «le port», nommé entre Phyte, Pythis de Ptolémée (IV, v, 3) en Libye maritime, et son doublet Pithin. Lugeton, Akra leu(ko)geios de Strabon (XVII, i, 14). Antigonis ; sur ΤΡ VIII A un embranchement part d'Anti(pego) vers Gonia. Penuris, T. P. Paliuris à deux étapes d’Antipego ; It. p. 71, Paniuros. Nesi,

T. P. Nesus.

Marmicis pour Marm(ar)ica, connu par plusieurs sources (*?!6), f) Sur la mer Rouge. L'identification de Miche et de Pholocteris par P. P. (C. p. 121, 5 et 8) permet celles de : Tauriros (123, 5), Ταῦροι δύο ὄρη de Strabon (XVI, iv, 7) sur le golfe Arabique. Idiopartum (122, 12), mutilation probable de 7T: P VIII C (Pernic)ide

portum. 2ème groupe (C. p. 123, 11 - 129, 16). Ce groupe, numériquement le plus important avec cent vingt et un noms, a pu décrire initialement l'Égypte de l'est, mais il recouvre et complète par endroits le le groupe. Comme lui, il emprunte à TP son début avec Firnon pour Farum, le phare d’Alexandrie dessiné sur la carte, et sa fin avec Arsinoe quae ponitur ad mare Rubrum.

162

DEUXIEME PARTIE

a) Sur la route Alexandria - Memphis - Antino (T.P. VIII B). Naucratim et Tinoy (C. p. 123, 18 et 127, 3) répétent Naucreatis et Antinoy du | groupe. Itavenis (127, 2) est la fin de la cacographie déchiffrée par C. Müller sur l'embranchement venant d’Antino et portant Prolemaidonar, Sinottü, Venne ; Ptolemaido et Arsinoe dégagés, le reste est devenu Itavenis. Mepsea (lire Mepheia, 9 — y) Phateopolis (126, 3-4) représentent Ἡφαίστου ἐν Μέμφι d' Hérodote (II, 2). Menfris (126, 15), autre doublet de Memphis. b) Dans le delta et aux environs. Petotono (123, 12), Phtenetou nomos de Ptolémée (IV, v, 20) dont la métropole est Buto. Tembro (126, 16), en copte Tiemro dans le nome Preneto ci-dessus (P. P. d'aprés Champollion). Thedis (123, 14) écrit aussi Thelis (124, 8), mutilation de Metelis qui suit ; / — d, Annexe II d. Metelis, «proche d'Alexandrie» (Stéph., p. 449 Meineke).

Ysotenis (123, 19), fusion de /seum et de Tenis. Pelta (124, 3) pour Delta sur ΤΡ Che (124, 5), Chei kómé du nome de Mareotis (Ptolémée, IV, v, 4).

Spanacha (125, 16), doublet de Psanuace (C. p. 129, 2) du nome d'Atribitis d'Artémidore (Stéph., p. 701, écrit Psenaco). Thirsitis (126, 2), Pharbaithos ou Pharzithos selon l'orthographe du Synekdemos d'Hiéroclés, 728, 5 (édition E. Honigmann) ; s — b, Annexe II b ; Th = Ph, Annexe II e. Tanimis (128, 7) pour Tanites cité au voisinage de Pharbetites par Strabon (XVII, 1i, 20). Araronos (128, 20), écrit Anarodos (129, 7) pour Antirrhodos dans le port d'Alexandrie (Strabon, XVII, i, 9) ; n = d, Annexe II c. c) Sur la route du delta reconstituée avec 7: P, le Périple (C. p. 355-356) et /t. (p. 152-154). Hiracleum, It. p. 152 Heracleus.

Ernopes, T.P. Ermupoli (110). Thanis, Périple Tani (C. p. 355, 17). (110) Pour l'abréviation de la finale, cf. Cholchonogopolis (C. p. 128, 16) écrit Chalchonogopis au ms A.

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ÎLES

163

Thepmos, It. p. 153 Thumuis avec la méme déformation que Theomis

ci-dessous. d) Sur la route longeant la branche orientale du delta d’après VIII C et 7t. (p. 169-171, per partem Arabicam). Ramnitis

(124, 6) pour

Ramsitis,

ville construite

TP

par les Hébreux,

est le Vico Iudaeorum d' It. p. 169. Semutis (125, 6), T. P. Simiati. Lenum (125, 12), TP. Lacus, le n vient de la jambe du a

collée à c.

Nastrim (127, 8 ; lire Castrum, N — C, Annexe II b) suivi de Babilon est Babylón phrourion de Strabon (XVII, i, 30). Amarixa (127, 11), T. P. (Lacus) Mori pour Amari.

Magoi et Mago (128, 6 et 129, 5) pour Mag(dol)o dans It. p. 171. Permoli, doublet de Permun (C. p. 129, 4 et 6), nom copte de Péluse

d’après Champollion ; / — i, Annexe II c. Ucustaunas (129, 13), ms A Veustaunas pour Vete(ranorum) Scenas sur /t. p. 169. Arsinoe quae ponitur iuxta mare Rubrum (129, 15-16). Cette approche de la mer Rouge permet de supposer que Teriosa, Terrosa, Termosa (128, 8.9.11) répétent une mutilation de (Philo)terias du ler groupe (*?!7). e) Sur la route en rive gauche du Nil et environs (/t. p. 156-162) (*?!8), —

Peuvent être considérés comme sûrs : Theuse (C. p. 124, 18) = Chusis ; Cete (126, 10) = Cene ; Theomis (126, 11) pour Contra Thumuis ; Ermupolis (126, 12). Ces deux derniers noms sont plutôt sur cette route que dans le delta à cause des noms qui les entourent. Psualis pour Pselcis, Natepa pour Napata, qui se suivent (126, 13-14),

sont la première et la dernière des villes prises par Publius Petronius (Pline, VI, xxxv, 181 et Strabon, XVII, i, 54). Nesepe (C. p. 128, 10), doublet de Natepa.



Sont douteux : Selitra (127, 5) — Tentira (1 — n, t — i), à cause de Caenopoli qui précède et est en face de Tentira (Ptolémée, IV, v, 31-32). Chollenon (124, 2) et Honires (125, 5) pourraient étre sur cette route Apollonon (a — c, Annexe I b, p — h, Annexe II d) et Minoris avec une métathése (*219),

164

DEUXIEME PARTIE

f) Sur la route en rive droite du Nil (Jt. p. 164-169). Stanae (C. p. 125, 7) — Scenas (Mandras) ; Pilemus (126, 5) — Phile ins(ula) ; Madoris (127, 12) — Mad(oyris de (Scenas) Mandras ; Afrodite (127, 13) — Afrodito. g

Sur la route Copto-Berenice (T.P. VIII B-C et It. p. 172-173) en Arabia maior : Fovi (C. p. 124, 19) = Iovis, TP. Dios; Falorum (124, 13) = Falacro (*?2).

h) Sur la cóte libyenne. Ici la Pentapole ou Διβύη ἡ ἄνω d'Hiéroclés (732, 8) a été incorporée

à l'Egypte au-delà d'Agabis (C. p. 137). Challis (123, 13), TP. VII C Callis. Pateris (125, 13), doublet de Penuris du 1** groupe (121, 19). Adranes (125, 15), It. p. 67 Adriane, T. P. Hadrianopol, entre Bernicide et Tauchira. Arsi (125, 19) pour Arsi(noe), Teuchira vocitata (Pline, V, v, 32). Semeos (125, 20), Semeros sur It. p. 67 aprés Ptholemais. Versemeos (126, 18), fusion des deux noms précédents. Anasitotos (126, 17), ile Ainesippeia (deux x lus r) à l'est de Catabathmon, Strabon, XVII, i, 14. i) Sur la cóte à l'est du delta. Gausio (C. p. 128, 12), ms A Gausit, Agipsum de Pline (VI, xxxiii, 167), du grec Geision, suivi par Archa, en grec «commencement» ; le Gerron orion de Ptolémée (!!!). j

Dans le deuxiéme groupe, P. P. ont identifié sept noms sans pouvoir les situer topographiquement : Siguionis, Psinarni, Theompolis, Chostes, Nichis, Coma, Collitois (C. p. 124, 4.21 ; 125, 17.18 ; 127,

7.10.17). On y ajoutera : Dolis (125, 11) — Polis (Steph. p. 531 Meineke) ; Tuge (129, 1) = Thana (Steph. p. 640), v = y (*221), Trois autres noms, non compris ceux qui ont déjà été signalés, semblent étre des noms communs grecs : Semar (125, 9) = Sema, «monument» ; Chara (127, 6) — Chóra ; Lagonus (129, 3) — Lagón, «creux». 3ème groupe, cinquante-quatre noms (130, 3 - 132, 17). Treize sont déjà dans les groupes précédents : Pagire et Phaguse — (111) C. MuELLER, édition de Ptolémée, IV. v, 5, p. 682, s.v. Γέρρον ὅριον.

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ÎLES

165

Patuse ; Cercyris — Circora ; Thenis — Thanis ; Rumnastes — Ramnitis (le s de correction sur le n a été réintroduit dans le nom); Eron; Mephisin — Memphis ; Parevis (lire Parenis) — Bacrenis ; Magada — Mago pour Magdolo ; Iracleum = Hiracleum ; Temnis (lire Temuis) = Thumuis ; Tecte — Cecta ; Phanim (lire Pharum) — Firnon. Voir index P. P. ou Schnetz. Dix noms communs ont été pris pour des villes, dont huit ont déjà été signalés. A ajouter : Pophois (131, 3) = Taphoi, Taphos (Strabon, XVII, i, 33) ; Olianarta (130, 3), lire alia parte, n — p, Annexe II d. Les autres noms complètent les parties déjà traitées, sauf Cassion (130, 8) et Passion (132, 16), en Palestine sous la forme Nassion (83, 9) au-delà de Péluse en Augustamniké A. La source est donc postérieure à la réforme post-dioclétienne (*22).

À ajouter : —

Dans le delta :

Eristomon (130, 5), artistomon de Strabon, XVII, i, 6. Androca (130, 18) = Andro, It. p. 154. Irregenis (131, 17), ms A Tregenis = Fragonis d’Hierocles (724, 11). Gaba (131, 19) = Taba, It. p. 153; G — T, Annexe I a. Senemun (132, 3), T. P. Serapeum (*23) ; n — r, U. 14, 16, 47 ; m— p, Annexe II d. —

Le long du Nil: Eraceupolis (130,

16), doublet Eruce qui suit, est Heracleous polis

(Strabon, XVII, i, 39). Inmadis (131, 11) = Imandes, (Strabon, XVII, i, 37 et 42).

Seat (131, 20) pour Siouth, nom copte de Lycopolis d'après P. P., Siouph dans la province de Sais (Hérodote, II, 172). Spadois (132, 5) pour Peos (Artemidos), It. p. 167 ; le s initial vient de Temnis qui précède. Pollamonis (132, 13), cacographie d'Apollónos polis (Strabon XVII, i, 47) ; à la finale, n — p. Cf. Ernopes (supra note 110). —

Sur la cóte ouest :

A l'ouest d'Agabis, Apollonium (130, 10), T:P VII C Appollonia. A l'est d'Agabis, Seretis (131, 5) — Gereatis, It. p. 71 ; Lactucome (131, 12) oü le premier mot est une fusion de Leuké akté de Strabon, XVII, i, 14.

166 —

DEUXIEME PARTIE Sur

la

mer

ins(ula) aprés

Rouge,

Honosios

(131,

4),

Berenice,

Pline VI,

168-169;

probablement

o=eet

Halonesi

u; u=n,

An-

nexe I b.

4?me et 5?me groupes (C. p. 132, 20 - 133, 13). Ces deux groupes relevés sur la carte routiére sont à fusionner. Averenidis, lire A Vernicide, T. P. VII C Bernicide, est le point de départ en Pentapole. La source est donc postérieure à la réforme dioclétienne (*224), Apollonia, sur T.P. (supra) ; derniére ville de la Pentapole, Pline, V, v, 31-32. Fition, promontoire Phycus aprés Apollonia chez Pline. Melcatim, Nancritis, sur T. P. VIII B, déjà au 1° groupe (*?3). Nuleon pour Auleu sur la méme route de TP, mais oubliée au ler groupe. Lucopolis, T. P. Tyconpoli. Oraugoron, cacographie d'Anocura (117, 5 ; cf. 119, 12 Adnocura),

précédant /tem ad aliam partem ex regione Thebaide. 6ème groupe (C. p. 133, 17 - 135, 2). Avec dix-neuf stations dont plusieurs sont déjà dans les groupes précédents, c'est la suite de la via maris de Syrie et de Palestine iuxta Alexandriam. 7ème groupe (C. p. 135, 4-14). Onze noms introduits par la formule /tem supersunt, employée aussi en Liburnie et en Italie (C. p. 224, 11 et 254, 9). À ajouter aux identifications déjà proposées : Leugipo — Lugeton (C. p. 121, 10). Tharsantes = Pharbétités de Strabon XVII, i, 20 ; s = b, Annexe II b ; n — ti, U. 43. Thunuces — Thinodes (mons), Ptolémée IV, v, 10. Agerea, lire

A Gerea, comme ci-dessus Averenidis, départ d'un itiné-

raire. Cf. Pline VI, xxxiii, 167 : (Iter) a Gerro. Le fleuve d'Égypte, le Nil, est décrit (C. p. 135, 15 - 136, 3) d’après une légende de carte inspirée par Orose (1, ii, 28-31) et Isidore de Séville (Etym. XII, 21, 7). Aegypti patriam rigat fluvius qui dicitur Nilus, qui est super diversa

(Fluvium Nilum) faciens insulam nomine Meroen in medio sui (...)

ÉTUDE

DÉTAILLÉE

DES PATRIES

flumina praecipuus, qui et varias ferarum gignit progenies (...) Qui Nilus infra se habere videtur insulam quae dicitur Meroin.

ET DES ÎLES

167

plana Aegypti rigat (...) Quod quidem verum est esse huius modi fluvium magnum qui tali ortu talique cursu sit et re vera omnia Nili monstra gignat.

Quem

Nilum alii Geon esse dixe-

(Texte d'Orose) Geon (...) apud Aegyptios

Nilus

runt.

vocatur.

(Texte de la Cosmographie).

(Citation d'Isidore de Séville).

IV. La modernisation de la Cosmographie l. Généralités Le cadre des cinq patries d'Europe riveraines de l'Océan entre l'Espagne et le Rhin a été rajeuni afin de tenir compte des changements provoqués par les grandes invasions. Comme souvent, il est indépendant de son contenu.

Le nouveau découpage n'a pas pour origine quelque document de chancellerie datant du vreme siècle ; il a été fait d’après les données de géographes en général connus, et adapté maladroitement aux anciennes divisions administratives romaines. Sa présentation, émaillée de lacunes et de cacographies, a été gravement perturbée par l'absence d'une

grande partie du territoire au nord de la Loire. Le livre I, sans tenir compte des Belges, passe directement de Britonum patria — la Bretagne continentale — à Germanorum patria, quae modo a Francis dominatur, comme le dit Jordanés (Get. 11, 67) : Germanorum terras, quas nunc Franci optinent (C. p. 9 et 27) (*226). Le terme Francia qui apparait au livre IV est écrit sur T:P. I B-C au-dessus du Rhin. C'est Orose (I, ii, 63) qui a fixé à ce fleuve les limites de Gallia Belgica (!?), et celles d'Aquitaine (I, u, 67) en gros à la Loire: Ligeris fluminis, qui ex plurima parte terminus eius est. Entre les deux, Gallia Lugdunensis a disparu (*227).

(112) Voir aussi SrRABON, et sont voisins de l'Océan.

IV, iv, 3: Les Belges habitent entre le Rhin et la Loire

168

DEUXIEME PARTIE

La combinaison de ces renseignements a donné : — au chapitre IV/24, p. 226, Patria quae dicitur Francia Rinensis quae antiquitus Gallia Belgica Alobrites ; ce dernier nom, à corriger en Allobroges (*?9), a été ajouté passagérement par une erreur initiale de lecture de carte, tandis que les villes correspondantes prises à ΤΡ ont été mises à leur place en Burgundia. — au chapitre 40, p. 298, Ligeris qui dividit inter Gallias et ipsam Aquitaniam, oü le pluriel Gallias rappellerait l'existence de deux Gaules dont une a été omise (722). Les différences entre les deux résumés de l'Europe (C. p. 324 s.) et du monde (C. p. 417 s.) sont significatives et ne doivent pas étre corrigées. Le premier résumé, calqué sur le livre I, n'a retenu que Gallia Belgica possédée par les Francs et Britania (5230). Le second, peut-être d'une autre main,

a bouché

le trou entre les deux en introduisant la

Neustrie, attestée dés 567 : Galliam Belgicam et Germaniam (...) item Britaniam et patriam quae dicitur Nistricus (C. p. 417, 13-16). Au livre IV, le rédacteur, procédant par bandes successives du nord au sud, est reparti de Patria Frigonum (1V/23) suivie de Francia Rinensis (IV/24) avec ses villes et ses fleuves et quelques détails sur le Rhin. Puis viennent Turringia (IV/25) et Patria Suavorum et Alamanorum (IV / 26) terminée par une lacune (C. p. 233, 4). A partir de là, le Cosmographe, ne sachant dans quel cadre mettre les villes riveraines de la Meuse non nommée, de la Moselle et de la Loire, a rouvert pour elles celui de Francia

Rinensis (C. p. 233, 5)

de manière à atteindre la frontière d'Aquitaine (*2!). Le texte est donc corrompu, comme l'est la suite qui relie la derniére ville de la Moselle à Toronis, la derniére ville de la Loire: Toronis, quae confinatur cum praenominata civitate quam praediximus Pocellis pertinente iam ad Germanorum patriam (235, 5-8), cette Germanie étant l'ancien nom de la Thuringe (C. p. 229), proche de la patrie des Alamans commengant elle-même à Maguntia (C. p. 228) (552. La faute de civitate quam praediximus Pocellis, nommée en réalité pour la premiére fois, est du méme ordre que celle de praenominatum fluvium Mosela quae Francia Rinensem nominavimus (C. p. 233, 13-14). Ici il faut remettre praenominatum à sa place et lire : fluvium Mosela praenominata quam Franciam Rinensem nominavimus ; dans la phrase précédente, il faut restituer civitate < Conbulantia quam praediximus «iuxta flumen Pocellis qui est à lire

ÉTUDE DÉTAILLÉE DES PATRIES ET DES ILES

169

Mosellis. Cette correction proposée par Jacobs (p. 35, n. 4) est la plus économique (*233) ; M = P, Annexe II b ; c — s, Annexe I b. Les mots sautés peuvent étre des négligences de copiste, la grande lacune entre Toronis et Pocellis est plutót due au rédacteur, compilateur livresque et piètre géographe qui a ignoré Gallia Lugdunensis (*?*).

Une lacune analogue (C. p. 287, 17). 2.

existe

en

Italie entre

Luca

et Sinogaliense

Francia Rinensis

IV/24, p. 226-229 ; IV/26, p. 233-236. Les villes sont énumérées le long des fleuves. On a voulu voir là un procédé caractéristique de l'auteur de référence, Anaridus, en oubliant

qu'en Guasconia ce dernier suit les routes et non les fleuves, et qu'en Burgundia Castorius, lui aussi, suit le Rhóne et le Doubs. Sur le Rhin, l'énumération commence à Maguniia, limite entre les deux provinces romaines de Germanie. Les noms, quoique trés corrompus, se retrouvent sur 7. P I A-II B, sauf : Anternacha, forme modernisée d'Antunnaco. Trepitia. Serima identifiable par comparaison entre T.P et /t. (p. 254) avec Dur(n)joma(go) ; S = D ; Annexe II b. Sur la Meuse non nommée, six villes viennent probablement d'un document plus moderne (C. p. 233, 7-12). Les identifications de Jacobs (p. 34) d'amont en aval sont plausibles et les longues considérations

de Schnetz (U. 49 et 77) les modifient peu. Henri Pirenne a noté la découverte de nombreuses monnaies mérovingiennes dans trois des villes identifiées avec Huy, Dinant et Namur (115). Sur la Moselle, toutes les stations ont été identifiées (C. p. 233, 16 -

234, 8). Sur la Loire (C. p. 234, 12 - 235, 5), Jacobs (p. 35) a cherché sur le terrain des identifications pour les noms inconnus qu'on retrouve aussi bien sur T:P I C, à condition de tenir compte de l'état méconnaissable de la route longeant la Loire et des nombreuses cacographies du chapitre. Martialis, deuxième nom de la liste, est identifié sûrement par Jacobs dans la région de Volvic, donc loin de la Loire. (113)

PiRENNE, Mahomet et Charlemagne, p. 154.

170

DEUXIEME PARTIE

Balidas, le premier nom, peut aussi étre distant du fleuve. Il viendrait par metathese de Badilas, deformation de Vadicasses, nom de peuple au sud des Tricasses. Aug. Bona, Troyes, subsiste seul sur TP où il

est à proximité de fl. Liger. Arigilia est Ariolica, écrit sur T. P. en dessous de fl. Garunna (*?5). Arculla pour Aricilla est le doublet du précédent. Bodonias est Roidomna (Roanne) à côté d’Ariolica sur ΤΡ Cenabum et Caesarodunum ont été modernisés en Aurelianis et Toronis, conformément à Notitia Galliarum, III-IV (#38). Les riviéres (C. p. 235, 10 - 236, 7) proviennent d'un document particulier car une partie couvre la lacune entre Toronis et Pocellis. Certaines paraissent attestées ici pour la premiére fois. Une faute de copiste a introduit deux noms de localités, Cappis et Catalaunis Campaniae, parmi les rivières. Le premier aprés Maderna (la Marne) doit être lu in campis, le second est le nom propre Catalaunis oublié aprés campis,

écrit en marge et ajouté en fin de liste. 3.

Patria Suavorum et Alamanorum

IV/26, p. 230-233 ; (Croquis 13, p. 171).

Les frontiéres de cette patrie, propinqua Turringiae, confinalis Italiae, en amont de Francia Rinensis et chevauchant sur Burgundia sont celles de Get. 55, 280 s. : Regio illa Suevorum (...) habet, ab occidente Francos, a meridie Burgundiones, a septentrione Thuringos. Quibus Suevis tunc iuncti Alamani aderant ipsique Alpes Rhaeticas omnino regentes (cf. supra p. 104 et n. add. 118). L'identification des quarante-deux villes est souvent difficile. Beaucoup semblent venir d'une carte routière plus complete que T: P, modernisée par endroits avec des additifs parfois mal placés. Trois locutions de position découpent les villes en quatre groupes. 1* groupe, quatre noms (C. p. 230, 15-18). Trois sont sur la route II a : Ligonas, forme modernisée d'Andemantunno.

Bizantia, Mandroda, déjà en Burgundia (*27). Nantes est un additif. Jacobs (p. 32, n. 2) a trouvé les Nantoides dans les Chroniques de Saint- Benigne sous le régne de Charles le Chauve ; mais, d’apres Strabon (IV, iii, 3), les territoires bordant le Rhin ont été habités primitivement par les Nantuates. Ce petit groupe non rattaché

171 ET DES ÎLES DES PATRIES DÉTAILLÉE ÉTUDE

2

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172

aux patries postérieur.

DEUXIEME PARTIE

voisines

est probablement

un

additif d’un

compilateur

2ème groupe, seize noms (C. p. 231).

Sur la route I a, la premiere ville, Gormetia, est confinalis cum praenominata Maguntia civitate Francorum. Gormetia, Sphira, Stratisburgo sont les formes modernes de noms

de 7:P. (*338) Altripe, Brezecha, Bazela, connus par d'autres sources que T. P, sont à leur place. Aprés Augusta qui est Augusta Rauracorum, les six noms suivants déjà identifiés par Jacobs (p. 32) ou par Schnetz dans son édition ne sont pas sur 7:P. : Caistena, Cassangita, Wrzacha, Constantia, Rugium, Bodungo. Les deux derniers noms, Arbore felix, Bracantia (*?9), sont sur la route I b (Croquis 13).

3ème groupe, quinze noms (C. p. 232, 3-17). Les noms sont mélangés. L'énumération reprend iuxta Stratisburgo avec deux localités de part et d'autre, Alaia et Chorust déjà identifiés. Frincina à la suite de Ziaberna est pour Fricina, déformation de Frigida (n = d, Annexe II c) comme dans Taverna frigida en Italie

(C. p. 269, 1). L'énumération repasse à la route Il a, là où s'est arrêté le I" groupe. Laguirion pour Large. Aon qui précède est la finale -ion de Laguirion écrite probablement sur une ligne au-dessus. Ziurichi, additif moderne. Duebon est Tenedone, route II b ; d — b, Annexe II c. Crino est Grinarione sur la méme route ; la jambe du a décollée a donné -irione, curieusement ajouté à Large devenu Laguirion ci-dessus. Stafulon est Stabulis d' It. (p. 354) où il est entre Cambete et Argentouaria, deux stations de la route I a. Cariolon Theodoricopolis est à hre Curia seu Theodoricopolis, modernisation intéressante par sa référence au souverain goth qui étendait son influence sur les Alamans ; 5 — /, U. 35 et 43 (*?49), Vermegaton, probablement Bre(me)gäton pour Brigantio de T:P. II C

à l'embranchement de la route de Curia (*241), déjà à la fin du 2tme groupe

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

173

sous la forme Bracantia. Il est possible que le mot mago écrit au-dessus ait été incorporé dans le nom, go supprimé à cause de ga (!!4).

4ème groupe, sept noms (C. p. 232, 20 - 233, 3). Ce groupe a suscité une vive curiosité en Allemagne oü neuf savants se sont acharnés à le déchiffrer avant la publication de l'article de

Schnetz (/4lamannenorte) sans parvenir à se mettre d'accord. Il semble pourtant qu'il n'a pas été rédigé autrement que les autres groupes. Augusta nova est aujourd'hui Augst, de l'autre cóté de l'Ergolz par rapport à Bále aprés la destruction d’Augusta Rauracorum par les Huns en 450.

Ensuite la route II b a été relevée à rebours d'une manière aussi incorrecte qu'au 2*"* groupe. Rizinis serait ( Bijricianis, déjà proposé. Turigoberga est une fusion. Il faut mettre à part Thricum, forme ancienne de Ziurichi, attestée par une inscription trouvée en 1747 et

portant Stat(io) Turicen. Le nom a

été introduit ici comme

Ziurichi

l'a été au 3% groupe. Berga serait la mutilation de Brigo(banna). Ascis avec cette orthographe serait un dérivé de Esche, «le fréne», courant

dans la toponymie allemande. Paléographiquement, il y a des exemples de s renforgant le c (!!5). Dans ce cas, c seul serait une fausse lecture de r dans Aris (flavis). Les trois derniers noms seraient des additifs postérieurs. Ascapha rappelle, sinon Aschaffenburg oü des trouvailles proviennent des 10%me et 25*me légions romaines, du moins la rivière Aschaff, affluent

du Main. Uburzis, Würzburg, connu dés 688 par le martyre de saint Kilian.

Le compilateur qui a mis ces deux villes à la suite ne s'est pas préoccupé de savoir si elles étaient alamaniques à la fin du vi siècle. Solist est Solici(nium) d'Ammien Marcellin (XXVII, x, 8 et XXX, vii, 7).

La prononciation du c au ıv?me siècle est sans importance. Seule compte la maniére dont le lisaient les copistes de la Cosmographie qui à coup sür le confondaient facilement avec s.

(114) Pour deux formes avec ou sans mago, cf. supra p. 107 à propos de Bricantinomagus. (115) Cf. TP. 1 B en rouge Auci, contre Notitia Galliarum, 14, civitas Ausciorum et Amm. Marcellin (XV, 11, 14) Ausci.

174 4.

DEUXIEME PARTIE Patria Vasconum

1/3, p. 9; IV/40, p. 296-299. Le Cosmographe l'appelle dans les (ou ab antiquis) Aquitania dicebatur. tiére au nord. C'est celle d'Orose et goths (5222). I] n'y a donc pas lieu de Sur 7: P, le mot Aquitania est écrit

deux livres Patria quae antiquitus Il lui donne la Loire comme fronnon celle du royaume des Wisiremplacer Vascons par Wisigoths. en rouge au-dessous d'une rivière

qui est Aturis, l'Adour, dont le nom a

été sauté (*24) et en travers de

laquelle la carte de Saint-Sever porte

Vasconia.

Les deux

noms

ont

été confondus et étendus vers le nord sans raison historique valable. D'aprés les auteurs que le Ravennate aurait consultés, cette patrie

était multum fertilem (...) in omnibus victualibus (C. p. 296, 15-16). Renseignement réellement recueilli ou cliché (116) ? (*244), Les villes sont divisées en deux groupes par ad aliam partem. ler groupe, treize noms tous identifiés (C. p. 297 et 298, 1). Son originalité est connue. Seules les villes à vignette ont été relevées

le long des routes sous leur nom de la Notitia Galliarum en Aquitanica prima et secunda, les limites de ces provinces n'étant d'ailleurs pas respectées. Les deux derniéres villes d'Aquitanica prima, Anderitum et Reuessione,

étant sans vignette

sur

T:P,

ont été laissées en Burgun-

dia (5355). 2*"* groupe, sept noms (C. p. 298, 4-10). Il est introduit par ad aliam partem qui n'a pas de sens géographique puisque sa première ville Blavia (Blaye) est à côté de Bordicalon (Bordeaux), la dernière du 1* groupe. C'est un moyen d'ajouter une liste complémentaire corrompue comme toujours, relevée aussi sur TP. où on la retrouve avec quelque peine. Luci vient de (Lactorates)Auci, nom de peuple (en rouge sur 7T: P I B). Langlo serait Voroglo à côté d'Aquis Calidis sur T:P I C (*26).

Blivida est le doublet de Blavia ? Bagaridon ressemble fort à Vagoriton de Ptolémée (II, vii, 7) qui le met en Lugdunensis vers la Sarthe. Comme le nom est en queue de

liste, il n'est pas impossible qu'il soit un additif erroné. Sinon, il pourrait être une métathése pour Baragidon, galo.

T.P. I A Varatedo près de Burde-

(116) Ausone, épitre III vante la fertilité du territoire des Pictonii.

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

175

Les riviéres (C. p. 298, 13 - 299, 5), toutes identifiées, viendraient de la méme source que les villes au dire du Cosmographe, p. 296. Elles sem-

blent plutót faire suite à la liste utilisée en Francia Rinensis indépendamment des villes. Ici aussi certaines paraissent attestées pour la premiére fois dans la Cosmographie. 5. Patria Spanoguasconia

1/3, p. 8-9 ; IV/41, p. 299-300. Le Cosmographe a défini difficilement le cadre de cette patrie par rapport à l'Espagne (supra, p. 108), mais il l'a détachée de Galletia à partir du livre IV. Déjà les chroniqueurs comme Frédégaire, ou son dernier continuateur

du vur®e siècle, ne distinguaient pas toujours clairement l'Aquitaine défendue au moyen de bandes de Gascons, et le pays de montagnes aux gorges inaccessibles au sud de la Garonne où elles étaient recrutées, et qui est décrit ici, à l'origine probablement d’après une carte : munitissimam (...) circumvallatam ex tribus partibus Alpinis montibus et a quarto latere a praedicto Oceano. Les Pyrénées, frontiére de l'Espagne (C. p. 322), sont divisées en Saltum Pireneum Spanoguasconiae iuxta

litus Oceani, Saltum Pireneum Guasconiae, saltum Pireneon iuxta mare magnum Gallicum. La description de cette région montagneuse est dans l’ Histoire des Goths d’Isidore de Séville : Sisebutus (...) Roccones (pour Bascones) montibus arduis undique consaeptos (...) devicit (éd. Mommsen, p. 291). Les villes mises dans ce cadre sont celles de Novempopulania dans Notitia Galliarum. Les quatre premières sont sur 7: P, d'autres devaient être sur le premier feuillet perdu (*%7). À celles déjà identifiées s'ajoutent : Aguisla, de Aquis, Aquensium sur Notitia; le la final est la première syllabe de Lactoratium qui suit sur la Notitia. Landinorum est Lugudunum sur la route de Toulouse aprés Aquis Convenarum dans It. (p. 457). Vestianum, mieux Vostianum, est Boatium de Notitia. Les deux derniers noms, Sacer et son doublet Sacerons, de Sacer ins(ula), sont des additifs ultérieurs venant de /ns. Sucron de ΤΡΊΑ au-delà des Pyrénées. Méla (II, 6, 92) cite le golfe Sucronensis et flumen

Sucron. La riviére Medulla est aussi en Espagne (C. p. 321, 13) à cause de la confusion initiale de Spanoguasconia avec Galletia. Ce nom vient

176

DEUXIEME PARTIE

peut-étre de Meduli, le Médoc, qui aurait été porté sur le premier feuillet manquant de 7.P 6.

Patria Britonum

1/3, p. 9 ; IV/39, p. 295-296. Le nom de cette patrie a été modernisé puisqu'il n'y a pas eu de Bretons sur le continent avant le ve siècle. La Bretagne est correctement placée dans les fuseaux horaires du livre I aprés la patrie des Gascons limitée au nord par la Loire. Par

deux fois, au livre IV et au livre V (C. p. 417 s.), le Cosmographe a insisté sur

la différence

entre

elle et l'ile Britannia,

et, pour

la

distinguer, il lui a donné le qualificatif d'in paludibus que Schnetz (Quellen, p. 75 s.) a tenté d'expliquer par la linguistique comme il a fait en Afrique pour plusieurs noms. A l'exemple des patries avoisinantes

où l'ancien nom est rappelé à côté du nouveau, le mot Britannia aurait été suivi d'Armorica. L'auteur de référence pour ce chapitre, un Goth, aurait traduit la syllable mor dans sa langue oü elle signifie «marais». ΤΡ permet de risquer une autre explication. La péninsule n'y figure pas et la nomenclature a été coupée en deux. Portu Namnetu (Nantes), Dartoritum (Vannes) sont vers le Sinus Aquitanicus ; les Veneti et les

Osismii sont coincés entre la Seine et le Patabus là où commence l'inscription Belgia. Entre les noms de ces deux peuples, on lit Gesoriaco quod nunc Bononia à XXIIII m. p. de Castello Menapiorum. Différentes sources traitent la Bretagne aussi sommairement.

Pour

Méla (III, 2, 23), la péninsule avance en mer à partir des Santoni jusqu'aux Osismii, puis la cóte repart vers le nord jusqu'aux Morini, la derniére nation belge, avec le port de Gesoriacum. Strabon (IV, iv, 1) dit en sens inverse : «Aprés ces peuples (Morini, Menapii), il ne reste en fait de peuples belges que ceux qui habitent le littoral océanique. Ce sont en premier lieu les Vénétes (...) ensuite les Osismiens» (trad. F. Lasserre). De méme Eutrope (IX, 21): Per haec tempora etiam Carausius (...) cum apud Bononiam per tractum Belgicae et Armorici pacandum mare accepisset... Une carte routière moins étriquée que T: P a pu consigner ces maigres informations relevées en ces termes au chapitre IV/39 de la Cosmographie : Ad Oceanum occidentalem iuxta superius dictam Galliam Belgicam ponitur patria (...) Britania in paludibus. Les deux villes sont des noms de peuples :

ETUDE DETAILLEE DES PATRIES ET DES ILES

177

Ebris, abréviation d'Ebroici (non porté sur T: P) qui ont donné leur nom à Evreux ; Venetis.

Le fleuve Sigugna Boo qui in Oceanum ingreditur est Sequana, la Seine, Boo étant probablement la première syllabe de Bononia. Il n'est pas impossible que la carte ait porté le mot paludes entre cette ville et Castello Menapiorum, comme en d'autres endroits (supra, p. 114 s.) selon l'information de César (Bel. Gall. III, 28) : Morini Menapique (...) silvas ac paludes habebant, répétée par Strabon (IV, iii, 4-5). 7.

Patria Carneola

IV/21, p. 221-223. La grande lacune ouverte dans la Cosmographie au-delà des patries d'Europe centrale, Pannonie, Valérie, Liburnie, décrites d’après Τ᾽ est partiellement comblée par deux formations territoriales plus récentes, l'Alamanie étendue approximativement sur la Vindélicie et la

Rhétie (5248), la Carniole sur laquelle nous sommes renseignés à deux reprises: —

Au chapitre 21, Juxta ipsam Valeriam ponitur patria quae dicitur Carneola quae et Alpes Iuliana antiquitus dicebatur.



Au chapitre 37 (C. p. 293) dans la description du pourtour montagneux de l'Italie septentrionale, qui montes dividunt (...) inter patriam Carnium et Italiam, quod iugum Carnium dicebatur ab antiquis Alpis Iulia (TP. NI C, In Alpe lulia). Qui montes (...) descendunt ex parte ad mare Adriaticum non longe a civitate Tharsatico provinciae Liburniae.

D'après Tomaschek ( R. E. IIL.2, 1899, col. 1600, s.v. Carniola), l'appellation

Carniola

date

de

l’époque

lombarde

comme

les

provinces

italiennes (supra, p. 101), mais cela ne signifie pas que les noms des localités soient contemporains. Une meilleure connaissance de la structure interne des chorographies révéle un fréquent décalage dans le temps et dans l'espace entre le cadre des patries et leur contenu. Faute d'avoir fait cette constatation, les nombreux

chercheurs qui se sont intéressés

à la Carniole sont partis sur une fausse piste. Un texte particuliérement corrompu et jusqu'ici indéchiffrable leur a paru provenir d'une source originale, et, du méme coup, le philosophe goth Marcomir auquel notre Cosmographe se référe a pris une apparence de réalité.

178

DEUXIEME PARTIE

La R.E. a plication ; elle en 1970, elle a 1575, un long

réservé a mis encore article

une place exceptionnelle à ces tentatives d'exquatorze villes de Carniole dans ses colonnes et, publié dans son supplément XII, colonnes 1569de Jaroslav Sasel qui ne fait pas avancer d'un

pas les identifications tout en rejetant celles de Reichard, fondées sur

la toponymie contemporaine et proposées par P. P. dans leur édition. L'expérience acquise permet de reprendre le probléme des sources sur d'autres bases sans essayer de tirer de là une conclusion d'ordre historique (!!7). Les Alpes Juliennes étaient traversées dans l'Antiquité par une route trés importante. D'aprés Pline (III, xviii, 128), le vaisseau Argo, aprés avoir remonté la Save, avait été porté à bras d'hommes via Nauportus ; Strabon (VII, 5, 2) a décrit les passages ouverts à travers l'Okra, de Tergeste chez les Carni au lac Lugeus, et d'Aquilée à Nauportos chez les Taurisci appelés plus tard Norici au voisinage du Corcoras, affluent de la Save ; du temps d'Ammien Marcellin (XXI, ix, 4), la route était pourvue de relais, mutatione celeri cursus publici transitis Alpibus Iuliis,

et la garnison d'Aquilée (XXI, xii, 4 ss.) était en mesure d'en fermer le passage. C'est par là que Théodoric a envahi l'Italie selon Jordanés (Get. 57, 292) : Venetiarum fines ingressus ad Pontem

Sontii nuncu-

patum castra metatus est. Cet itinéraire est dans /r. (p. 128-129) et sur 7:P. III C-IV B avec ici comme principales étapes Aquileia, Ponte Sonti, In Alpe lulia, Nauporto, Emona, Sauo fl., Celeia, Petauione.

Certains noms qui viennent d'étre cités apparaissent clairement au chapitre IV/21. Fluvius Corcac (C. p. 223, 3-4) est depuis toujours identifié avec le Corcoras de Strabon (VII, 5, 2) ; le lac est le Lugeus du méme auteur

qu'une

fausse

lecture d'Okra

en akra

a fait mettre

in summitate

montium. Seution (222, 7), in valle eiusdem patriae (!!5), est Sontion (o = e, U. 13 et 47), les Ambisontioi de Ptolémée (II, xui, 2), Ponte Sonti

de TP III C. Sorbam (222, 9) est Sabam ; a = oi ou or, Annexe II d.

(117) Voir mon article Patria Carneola dans Philologus 116, 1972. (118) La correction dans l'édition Schnetz de in valle en in ali