Ispahan. Histoire et archéologie d'une ville-jardin
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Table of contents :
Frontispice
Préambule
1. Brève histoire de l’Iran depuis la dynastie safavide
La dynastie safavide, 1501-1722
La fondation, 1501-1588
L’apogée: Shāh ʿAbbās Ier (1588-1629)
Le déclin de la dynastie (1629-1722)
Après les Safavides, 1722-1925
Une dynastie afghane (1722-1732): troubles et incertitudes
Période de Nader Shāh et des princes de Chiraz (1737-1787): fluctuation des frontières
Période qājār (1787-1925): une histoire controversée
Le XXe siècle
Période pahlavi (1925-1979): dynastie et constitutionnalisme
La première République d’Iran: conflit entre identité et développement
2. ʿAbbās Ier, un despote éclairé
Son ambition
Ériger la Perse au rang des grands empires voisins: l’Empire ottoman et l’Empire moghol
Lemaintine d’une paix durable
Une gouvernance tournée vers la prosperité
Une monarchie sans partage
Un souverain bâtisseur à la vision urbaine inédite
Une image de prince moderne
«Économie-monde moderne»
La politique et la raison d’État
Un despote éclairé rompu au pouvoir et aux plaisirs
3. Création d’une cité idéale
À la recherche d’une idée de cité idéale
De l’idée au projet
Trois figures urbaines majeurs
Le Meidān
Parcours depuis la mosquée Masjed-e Jomʿeh au port Khāju
Chahār Bāgh
Du projet à la réalité
Déroulement
Le matriciel: 1598-1606
Confortation de ce matriciel dès 1612
Embellissement par les espaces publics
Stratégie de réalisation
L’exemple donné par ʿAbbās Ier
Une incitation directe dictée par ʿAbbās Ier à ses sujets
Faciliter le développement de la capitale par l’apport de populations nouvelles
S’ouvrir au monde extérieur pour faire de la ville une place incontournable
4. Dessein d’une ville
La ville
Des mots et des images
Ce qu’en disent les cartes
La place royale
Les monuments
Questions préliminaires
Sur Chahār Bāgh
Sur le Meidān
Du palais dans un parc à «l’hôtel particulier» au jardin intérieur
La maison-jardin d’Ispahan
Un modèle d’habitat commun aux villes d’Iran
Approche typologique
Les fondamentaux
Primauté à la vue
Évolutions de la maison d’Ispahan
5. L’école d’Ispahan
Ispahan safavide: une école d’urbanisme
Structure de la ville d’Ispahan et ses mutations du VIIe au XVIIe siècle
L’école d’Ispahan en urbanisme: à la recherche de la lumière et de l’harmonie
Du cosmos à la cité
La centralité du monde mineur
Approche contemporaine du passé
6. Une ville-jardin en héritage
La ville aujourd’hui
Mythe et modernité: un débat sur l’urbanisme
La ville-jardin en résistance
Reconnaissance par l’Unesco
Quelques enseignements: ville et territoire
Savoir penser l’utopie
Civilté
Relations ville-campagne
Approche environmentale
Tradition et modernité
L’architecture
L’urbanisme
Annexes

Citation preview

PHILIPPE REVAULT

Ispahan Histoire et archéologie d'une _v ille-jardin

Ispahan Histoire et archéolog ie d 'une ville-jardin

A

u centre d'un cirque de montagnes, Ispahan surgit de l'aride plateau iranien. Une oasis d'où émergent des dômes étincelants, les hautes tourelles des minarets et la rumeur d'une cité caravanière. Depuis le

xv11• siècle, tous les voyageurs gardent un souvenir inoubliable de cette cité merveilleuse, alliant les atours d'une capitale d'Empire et les aménités les plus inattendues d'un carrefour commercial. Œuvre d'art totale, ce joyau préservé de

Shah Abbas 1er (1588-1629) unit urbanisme, architecture et ornement. Autour d'un axe principal - le Chahâr Bâgh -. s'articulent une myriade de palais conviviaux, de pavillons aux chatoyantes teintes, tandis que places, canaux et jardins dessinent des ambiances chaleureuses structurées par l'eau et le végétal. Larchitecte Philippe Revault nous fait découvrir toutes les facettes visibles de cette ville-jardin (formes urbaines, habitat, rapport au climat, à l'eau) pour comprendre comment s'est formée l'idée même de cette ville. Une idée que Seyyed Mohsen Habibi et Negar Ha bibi, dans leur importante contribution, mettent en relation avec la renaissance philosophique et théologique du chiisme duodécimain et "l'école d'lspahan". Jean-Claude Golvin, architecte et archéologue, qui dirige la collection « LEsprit des lieux», donne ici une restitution originale d'lspahan, à découvrir. Philippe Revault, architecte, ex-enseignant à l 'ENSA Paris-La Villette, a œuvré dans les villes d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, appuyant ses créations sur une analyse réflexive des sociétés locales dans leur contexte historique. Expert auprès de /'Unesco, ses projets concernent aussi bien les centres anciens que les grands ensembles en France ou les quartiers non planifiés des villes du Sud. Seyyed Mohsen Habibi, professeur d 'urbanisme à l'université de Téhéran. Son livre majeur, Az shâr ta shahr (De la cité à la ville), fait référence dans les universités iraniennes. Negar Habibi, chargée d 'enseignement d 'histoire des arts de l'Islam et de l'Iran à l'université de Genève, a publié en 2018 'Ali Qoli Jebâdâr et

l'occidentalisme safavide.

32 € prix valable en France ISBN : 978-2-271-12710-5

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UNLIVREA LEMiMEPRIX PARTOUT

www.cnrseditions.fr

Dessin de Jean-Claude Golvin. Maquette:

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Philippe Revault Avec la participation de Seyyed Mohsen Habibi et Negar Habibi

Ispahan Histoire et archéologie d'une ville-jardin Désir de paradis

CNRS EDITIONS 15 rue Malebranche - 75005 Paris

L'esprit des lieux Sous la direction de Jean-Claude Golvin, la collection « Cesprit des lieux» a pour objet de faire découvrir l'originalité, la personnalité et l'esprit de sites majeurs de l'archéologie et de l'histoire européenne et proche-orientale, de !'Antiquité à l'époque moderne. S'appuyant sur les acquis les plus récents de la recherche scientifique, chaque ouvrage est conçu pour présenter, avec rigueur et clarté, à un public aussi large que possible, l'intérêt profond de l'histoire d'un lieu, en relation étroite avec son cadre géographique et monumental. Pour chacun de ces manuscrits inédits, Jean-Claude Golvin, en collaboration étroite avec l'auteur, conçoit des images de restitution originales, crédibles et évocatrices des lieux clés, afin de redonner vie à ces sites majeurs (ici pages 65 et IIO-lll). Titres déjà parus : Palmyre, par Christiane Delplace. Lascaux, par Romain Pigeaud. Paris en I200, par Denis Hayot. Carthage, par Samir Aounallah. Notre-Dame de Paris, par Dany Sandron. Novgorod, par Pierre Gonneau.

Couverture : vue aérienne d'lspahan au xv1 1• siècle, détail, reconstitution par Jean-Claude Golvin. «Au centre d'un cirque de montagnes aussi bleues que celles des miniatures, la vi lle reposait dans la brume qui montait des jardins; seules émergent d'innombrables coupoles plus bleues encore que les montagnes; là-haut, des cigognes décrivaient de vastes figures dans le ciel décoloré» (André Malraux, Royaume-Farfelu, Paris, NRF, 1928).

© CNRS Éditions, Paris,

2022 ISBN : 978-2-271-12710-5 ISSN : 2555-3852

Mise en page : Jacques-Antoine Bresch

A la mémoire de Jacques Revault (z902-I986), mon père, directeur de recherche au CNRS.

A la mémoire de Seyyed Mohsen Habibi

(I947-2020),

cet enseignant bien-aimé, le père de l'urbanisme en Iran et le père de générations d'architectes et d'urbanistes.

Préambule Au XVIe siècle, en Iran, la ville-jardin connaît son apogée. Il existe une analogie avec les cités-jardins développées par les utopistes en Europe et aux États-Unis dès le XIXe siècle, qui permettront à Henri Sellier' de prôner ce modèle de cités-jardins pour l'aménagement de la banlieue parisienne, au début du :xxe siècle. Dans les deux cas, nature et humanisme imprègnent le tissu urbain, mais leur concept initiateur diffère. J'expose dans cet ouvrage le fruit de mes recherches sur Ispahan ville-jardin. Ispahan, encore aujourd'hui reste une ville qui fascine toute personne qui la découvre ou qui se plaît à y retourner, comme envoûtée par celle-ci. Déambuler dans la ville ancienne comme dans la ville nouvelle d" Abbas le Grand nous replonge au tout début du XVII' siècle, et dans ce qui peut nous apparaître comme une énigme. Comment une ville d'une telle nouveauté et d'une telle splendeur a-t-elle pu faire irruption à une époque où la paix était l'incertitude dominante, et la tradition si ancrée ? Cette ville de par son attrait, son magnétisme, a poussé un grand nombre de voyageurs ou érudits à écrire des ouvrages pour transmettre leur plaisir et leur émotion, sans jamais dissocier histoire et description de ses principaux édifices, replacés dans leur ambiance urbaine. Il semble que pour beaucoup, cet envoûtement soit toujours présent, même près de quatre siècles plus tard. Alors pourquoi vouloir mener une étude de plus sur Ispahan? Les premiers voyageurs ont laissé des observations d'une grande pertinence pour appréhender le milieu urbain de l'époque safavide. Nombreuses

7

Préambule

sont les descriptions où les auteurs, piqués par la curiosité, embrassent différentes disciplines : la géographie, l'histoire, l'étude des mœurs et usages, la vie économique, la relation ville-campagne « pour se procurer les choses nécessaires 2 », la description des arts et des sciences, où l'architecture occupe une bonne place. Ces voyageurs bénéficient d'un accueil chaleureux, tout particulièrement auprès de Shàh 'Abbas le Grand, et peuvent ainsi s'intéresser au gouvernement politique, militaire et civil de la ville et du pays, sans oublier la religion chiite. Leurs descriptions sont parfois conditionnées par le poids de leur propre religion, vis-à-vis de la religion de l'autre, et les luttes prégnantes entre différentes croyances au sein de la chrétienté en Europe, aux xvr1 . P -Crt.llllH poffu

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Annexe 2 Glossaire succinct (par Negar Habibi et Philippe Revault) Andarouni Arbab-e Tahvil Bad-gu.ir Bagh Bdgh-shahr Balti Khaneh

BatenBdten Birouni

Chahdr-tdq

Chasht Chini Khaneh

Coran

Litt., partie intérieure de la maison (par opposition à birouni), espace privé réservé à la famille. Seigneur de la mise (titre). Litt., attrape-vent, tour à vent. Jardin ou morceau de terre clos de murs. Nom donné à la ville-jardin d'Ispahan. Petite pièce située à l'étage. Elle est réservée aux femmes et aux enfants, qui peuvent assister à ce qui se passe dans le salon principal, sans être vus. Lessence, le caché (par opposition à zaher). Litt., partie semi-publique de la maison (par opposition à andarouni), espace réservé à l'accueil des invités, surtout des hommes. Composition architecturale traditionnelle avec quatre voûtes en bonnet d'évêque ou voûte d'arête autour d'une coupole centrale à plan carré. Déjeuner. Litt., maison de chini (de la Chine) ou de porcelaine; endroit pour garder/exposer les porcelaines et céramiques de luxe. «Livre sacré de l'islam. Le mot Coran ou Kou'ran signifie lecture, récitation. Le Coran est la parole d'Allah, révélée au Prophète, conservée dans les mémoires et récitées par les fidèles. Le Coran réunit les enseignements du Prophète; il est constitué de n4 versets, chapitres'.»

r Glossaire par Golnaz AuRAKHsm, in O. ÜIBA, Ph. REvAULT, S. SANTELLI, Maisons d'Ispahan, op. cit.

Annexe

Divan Divan Khaneh Erfan Eshraf Faesang Fiqh Gaz Ghayeb Gonbad Gushwareh Haftrang Hammam Haram Hashti

Hayat Hekmat Iwan ]om 'eh Kashi

Kulliya Madrasa

Mahal/eh

Mehvar

Glossaire succint

2

Cour royale. Salles principales dans les maisons. Mysticisme. Vue, avoir vue sur. Ancienne unité de distance perse cl' environ 6 kilomètres, correspondant à une heure de marche. Jurisprudence. unité de mesure égale à ro6,6 cm. Absent (par opposition à zaher). Coupole, généralement sur pendentifs dans l'habitat. Litt., boucle cl'oreille; pièce réservée aux femmes et aux enfants. Litt., sept couleurs; faïence émaillée. Bain public. Sérail ; dans la maison, espace réservé à la famille. Accès depuis la rue à un espace octogonal (hasht, «huit ») donnant sur une ou plusieurs maisons. Il est le plus souvent couvert d'une coupole sur pendentifs. Derrière ses portes un couloir à berceaux superposés préserve de la chaleur et conduit aux différents espaces de la maison. Cour ou cour-jardin. Sagesse divine. Dans la maison, salle voûtée fermée sur trois côtés et ouverte sur la cour-jardin. C'est la mosquée principale qui rassemble la communauté des croyants tous les vendredis, Masjed-e ]om 'eh. Brique cuite avec une face émaillée polychrome, provenant de la ville de Kashan. Le tracé très élaboré peut être géométrique ou floral. Ensemble architectural dans l'Empire ottoman, que nous appelons pièce urbaine. École religieuse, conçue comme une université développant les connaissances universelles, théologie, sciences, philosophie par exemple. Quartier, unité de voisinage comportant les services et équipements de proximité. Terme commun au MoyenOrient et à l'Empire ottoman. Axe orthogonal.

Meidan Moukarnas

Naqqareh Khaneh Nazer Nur Grossi

Otaq Panj-dari Qanat ou Kâriz

Tatar Tariqa Riihrau Rahrau Shabakeh Shabestan Shahr Seh-dari Takhtgah

Vaqf Vast Zaher

Place, grande place. alvéoles en nid d'abeille, construites généralement en plâtre, elles recouvrent les coupoles, leurs trompes, le cul de four des lwans, les arcs, les bandeaux, ou tout autre type d'encorbellement. Loge de la musique pour le naqqar ou le tambour. Surintendant des ateliers royaux (titre). Lumière. Lumière divine. Grande baie vitrée menuisée avec des motifs géométriques ou floraux et munie de vitres de couleurs filtrant la lumière du tatar, comportant généralement trois, cinq ou sept travées. Pièce d'habitation ou chambre. Cinq portes-fenêtres. Canaux souterrains, généralement en provenance des montagnes pour alimenter la ville en eau avec des canaux à l'air libre. Salon principal de réception de la maison, toujours axé sur le jardin. Confrérie soufie. Couloir. Personne en quête de voie mystique. Claustra menuisé ajouré, similaire au moucharabieh. Nef ou salle de prière. Ville. Baie vitrée, menuisée à trois portes-fenêtres. Dans l'habitat, large vestibule ouvert sur la cour-jardin et donnant accès aux pièces principales. Dans les palais, littéralement «lieu du trône ». Plate-forme, terrasse, esplanade pour accueillir un lieu de repos ou un espace où trôner 2 • Donation pieuse, biens de mainmorte. Donation de terrains ou de bâtiments à destination de sociétés charitables, non spéculatives. Union. L'apparence extérieure, le visible (par opposition à

bâten). Zemestan-neshin 2

Voir E.

GALDIERI, «

sous-sol habitable éclairé par des claustras. Les palais d'Isfahan », art. cité.

Annexe 3 Voyageurs cités dans le texte Voyageurs sous la dynastie safavide: Pietro Della Valle (1586-1652) Jean Baptiste Tavernier (1605-1689) Jean Chardin (1643-1713) Cornelis de Bruijn (1652-1727) Voyageurs après la dynastie safavide et contemporains : Eugène Flandin (1809-1889) et Pascal Coste (1787-1879) Joseph - Arthur de Gobineau (1816 -1882) Pierre Loti (1850 -1923) Jane Delafoy (1851-1916) Robert Byron (1905 -1941) Nicolas Bouvier (1929 -1998)

Remarques:

La lecture des récits de voyageurs arabes' en Perse révèle une approche bien différente de celle des voyageurs européens. Nous retiendrons deux entrées pour les différencier : la façon de voyager à travers les lieux retenus pour leur hébergement et les points d'intérêt visités. Cela ne les empêche pas d'avoir de nombreux sujets d'intérêt communs, comme la géographie, l'histoire, la vie à la cour, le déroulement de leur voyage ... Parmi les voyageurs arabes ayant parcouru le Maghreb et le MoyenOrient, Ibn Jubayr (n45, Valence-1217, Alexandrie) et près d'un siècle

Voyageurs cités dans le texte

Annexe 3

plus tard, Ibn Battûta (1304, Tanger-1368, Marrakech), explorateurs, voyageurs, géographes, historiens, écrivains, hommes de sciences. Ibn Jubayr décrit ainsi Bagdad: «La ville ressemble aux vestiges effacés d'un campement ou à l'apparition d'un spectre au regard vide [... ] Elle n'a plus la splendeur qui retenait le regard, ou incitait l'homme pressé à l'insouciance et à la flânerie [.. . ] Sa beauté féminine s'épanouit grâce à l'air de la ville et à ses eaux [ ... ] Elle reste la résidence des califes et le séjour des savants 2 • » Cette description, Ibn Battûta la reprendra littéralement. Ce dernier voyage en recevant l'hospitalité de cheikhs dans des madrasas ou zâ.wiya, en ville, mais aussi en zone désertique. Il recherche le contact avec des hommes pieux, alliant les sciences, la religion, la piété et la charité. « La madrasa est le lieu où se transmet la science sous tous ses aspects, théologie pure, exégèse coranique, tradition, jurisprudence (.fiqh)3. » Tous deux s'attachent à« recenser les lieux saints: sanctuaires célèbres, vestiges rappelant la mémoire d'hommes illustres, monuments élevés à la gloire de célébrités, mausolées et tombes de saints personnages4 ». Sous la dynastie safavide les voyageurs européens peuvent être des professionnels aguerris dans des domaines très variés, tels que joaillier comme Jean Baptiste Tavernier et Jean Chardin, peintre graveur tel Cornelis de Bruijn, poète et musicien comme Pietro Della Valle, ou liés à une ambassade. Ce qui les réunit, c'est une grande curiosité qui les amène à observer et restituer ce qu'ils découvrent comme les mœurs locales, l'architecture monumentale, l'archéologie. Après les Safavides, les voyageurs seront majoritairement des écrivains voyageurs, mais aussi architectes, peintres, archéologues, tous attachés à porter un regard sur ce qui leur apparaît comme nouveau, loin de leur monde européen. Ils peuvent loger sur la route, dans des caravansérails, et chercheront dans les villes à être accueillis par des confréries religieuses chrétiennes dans le but d'y recevoir toutes sortes d'informations, de rencontrer des compatriotes et d'établir des contacts avec les gens de la cour.

Portrait de Pietro Della Valle, gravure réalisée par Thomas Hirschmann autour de 1670.

Pietro Della Valle 5, dit Pellegrino Né à Rome en avril 1586 et décédé à Rome en avril 1652. Le milieu aristocratique dans lequel il vécut de par sa famille riche et connue lui donne accès à une éducation classique, ouverte aux lettres, à la musique, mais aussi aux sciences et à la médecine. Grâce à sa participation à des cercles culturels romains et napolitains, il peut entrer en relation avec des orientalistes réputés. Personnage fort érudit, il sut se laisser guider par ses impulsions dans ses entreprises, ses voyages, mais aussi ses sentiments.

Annexe 3

Ses voyages en Orient En 1614, à l'âge de 28 ans, il décide d'aller en pèlerinage en Terre sainte, passant par Istanbul et Le Caire. Plutôt que de retourner à Rome après son pèlerinage, il se dirige vers Bagdad, avec le projet d'aider Shah 'Abbas le Grand dans sa guerre contre l'Empire ottoman. Au cours de son passage par Bagdad, il s'éprend de Maani Jowayri, de père catholique nestorien et de mère arménienne, et l'épouse en décembre 1616, avant de rejoindre Ispahan en février 1617. En 1618 Pietro Della Valle participe à une bataille contre les Ottomans, gagnée par les Perses. Il séjourne trois années à Ispahan et réussit à y faire venir sa belle-famille. Son ouverture aux autres et sa soif d'apprendre l'amènent à maîtriser bon nombre de langues tels l'hébreu, le turc, puis avec Maani l'arabe, le persan, l'arménien et le géorgien. En octobre 1621, il décide de retourner en Europe en passant par l'Inde. Après avoir visité Chiraz, il cherche à embarquer à Bandar-e 'Abbas, avec Maani enceinte, son frère et sa jeune servante géorgienne de 12 ans, Maria Tinatin, appelée Mariuccia. Le couple avait adopté Mariuccia, orpheline, à Ispahan en 1617. Son épouse tombe gravement malade (malaria), perd son enfant et décède. Il la fit embaumer, voulant l'enterrer à Rome; ce qui se réalisera après son voyage aux Indes, trois ans après, en mars 1626. Son retour en Europe Il retrouve Rome après douze ans de voyages et poursuit son activité littéraire mais aussi musicale. Il y épouse Mariuccia. Ils auront une nombreuse progéniture, quatorze enfants. Pietro Della Valle meurt en avril 1652, à l'âge de 66 ans et est inhumé à côté de Maani. Observations sur la ville d'lspahan Ses observations, faites à l'époque de Shah 'Abbas le Grand, restent, de ce fait, des témoignages d'un grand intérêt. Il a le privilège d'habiter une demeure prêtée par le roi. À son arrivée en 1617, Ispahan lui paraît plus belle qu'Istanbul. Della Valle excelle dans l'art de décrire avec force détails les grandes fêtes et manifestations qui se déroulent sur le Meidan : réceptions d'ambassadeurs, cérémonie d'Ali, fête des roses, fête du retour du roi, organisée avec toutes les femmes de son haram dans le bazar .. . , mais

Voyageurs cités dans le texte

aussi sur l'avenue Chahar Bagh ou sur les rives du Zayandeh Rud, autour du pont Allahverdi Khan, lors de la fête de l'eau, Abrizan. Journal de voyages Pietro Della Valle avait passé un accord avec l'un de ses éminents confrères, Mario Schipano, afin de garder les différentes lettres qu'il lui enverrait durant son voyage, pour publication. Sur les trente-six lettres reçues par Schipano, dix-huit concernent la Perse. Son érudition lui permet d'observer les nombreux domaines étudiés par les voyageurs les plus réputés, l'histoire et la politique safavide, tout ce qui peut définir la société persane, le milieu géographique, le monde des villes avec leurs architectures ... L'originalité de Pietro Della Valle apparaît dans sa volonté de vouloir décrire la personnalité de Shah 'Abbas le Grand à travers son comportement et ses actions. Comprendre sa personnalité l'intéresse, et pourquoi pas tenter de l'expliquer. D'ailleurs, à travers ses chroniques, Pietro Della Valle ne cherche pas à cacher l'homme qu'il est lui-même. Publications L'intérêt des lettres envoyées à Mario Schipano est d'offrir une lecture chronologique de la découverte du monde persan par Pietro Della Valle. La première publication, celle du premier volume, a lieu en 1654, deux années après son décès. Les deux autres volumes suivront en 1658. Le succès de ces lettres leur vaut d'être traduites et publiées en plusieurs langues. En France, ce sera Voyages de Pietro Della Valle, gentilhomme romain, dans la Turquie, l'Égypte, la Palestine, la Perse, les Indes Orientales et autres lieux, Paris, Gervais Clousier, 1664, nouvelle édition, 8 vol., Rouen, Robert Machuel, 1745. Le premier ouvrage de Pietro Della Valle, portant sur Shah 'Abbas le', parut de son vivant en 1631 : Histoire apologétique d'Abbas, Roy de Perse, en la personne duquel sont représentées plusieurs belles qualitez d'un Prince héroïque, d'un excellent courtisan, & d'un parfaict Capitaine, traduicte de l'italien de messire Pierre de la Valée [sic], gentilhomme Romain, par Jean Baudoin, À Paris, Chez Nicolas de la Vigne, 1631, avec le privilège du Roy.

A11nexe 3

Voyageurs cités dans le texte

Portrait de Jean Baptiste Tavernier, baron d 'Eaubonne, 1679.

Jean Baptiste Tavernier

Né à Paris en 1605 de famille protestante et décédé à Moscou en 1689. Le milieu dans lequel il vécut avec son père, graveur, imprimeur et marchand de cartes géographiques, lui donne très tôt le désir du voyage, comme il l'exprime : « Si la première éducation est comme une seconde naissance, je puis dire que je suis venu au monde avec le désir de voyager 6 • » À 22 ans, il a déjà visité la plupart des pays d'Europe et parle plusieurs langues. Il décide d'apprendre le métier des armes en se mettant sous les ordres du vice-roi de Hongrie, au cours de la guerre de Bohême, puis à Vienne et à Mantoue où il passe aux ordres du duc de Mantoue.

Ses six voyages en Orient À 26 ans, avec le statut de marchand de bijoux et expert en pierres précieuses, il entreprend son premier voyage en Orient, à travers la Turquie, la Perse et les Indes. Pour chacun de ses six voyages, il choisit des itinéraires différents. En Perse, ses deux premiers séjours ont lieu

sous Shah Safi Ier (1629-1642). Les trois séjours suivants, sous Shah 'Abbas II (1642-1666), et le sixième séjour successivement sous Shah 'Abbas II, puis sous Shah Safi II devenu Shah Suleiman (1666-1694). Ses six voyages l'occupent pendant une période de trente-huit ans, vingt-sept ans à voyager hors de France et onze ans de préparation en Europe. Il est présenté comme le voyageur ayant séjourné le plus longtemps en Orient. Il parcourt 60 ooo lieues, soit 240 ooo kilomètres 7 . - I er voyage : 1631-1633. Il passe onze mois à Constantinople, puis se rend en Perse, deux ans après le décès de Shah 'Abbas le Grand. Il séjourne à Ispahan, à l'époque de Shah Safi Ier. - 2e voyage: 1638-1643. Il voyage en Syrie par sa capitale Alep, puis en Perse, et finit par les Indes où il visite le Grand Moghol, à Agra. - 3e voyage: 1643-1649. À peine arrivé à Paris, il repart aussitôt pour son périple le plus long, six années, où il va jusqu'à Java, et revient en France par Le Cap. - 4e voyage: 1651-1655. Embarquement à Marseille pour débarquer à Alexandrie, puis rejoindre Ormuz pour la Perse. Épisode du voyage sur le Tigre de Ninive à Babylone, puis Bagdad, Bassora et Ormuz. - 5• voyage: 1657-1662. Embarquement à Marseille pour Livourne, puis Smyrne, route du Taurus. - 6e voyage : 1664-1668. Même parcours : Marseille, Livourne, Smyrne, Alep, puis Van, Erivan, Tauris, Kachan, Ispahan.

Son retour en Europe De retour en France en 1668, devenu riche et célèbre, il vend la totalité des objets et joyaux rares qu'il a rapportés à Louis XIV Celui-ci l'anoblit en 1669 8 , avec le titre de chevalier et lui accorde la baronnie d'Eaubonne. Vingt ans après, en 1689 à l'âge de 84 ans, il décide d'entreprendre son septième voyage en Perse, en passant par une nouvelle voie, la Russie. Il décédera la même année à Moscou. Certains s'interrogent sur les raisons de ce septième voyage par lequel il renonce à la quiétude de son domaine. Peut-être le fait-il par dépit devant la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV, en 1685? Observations de la ville d'lspahan Il réside à Julfa, quartier arménien où logent généralement les non-musulmans. Avec son sens de la diplomatie et l'aide des congré-

273

Annexe 3

garions religieuses chrétiennes, en particulier celle des Capucins, il obtient des entrées auprès des grands de la cour et des audiences à plusieurs reprises auprès des rois. Il choisit dans son ouvrage de décrire comment il fut reçu, en 1664, lors de son sixième voyage, par Shâh Safi II, avec le nazir et le père Raphaël, capucin. À la différence de Jean Chardin, Jean Baptiste Tavernier ne mentionne pas comment il eut accès à ses sources, autres que ses propres observations.

Voyageurs cités dans le texte

Cet ouvrage reçoit un certain succès, puisqu'il donne lieu à 14 éditions entre la fin du XVIIe siècle et celle du XVIIIe siècle. Dans ce dernier ouvrage, la description d'Ispahan apparaît dans le quatrième livre au chapitre V, p. 388 s.

Jean Chardin'° Journal de voyages Son journal apporte beaucoup d'informations destinées aux futurs voyageurs, telles que les cinq principales routes avec leurs étapes conseillées, précisant les distances et les difficultés rencontrées. Les données climatiques et géographiques sont décrites, ainsi que les différentes monnaies en cours, les taxations, etc. Son récit organisé en cinq livres apporte de nombreuses descriptions agrémentées par des histoires rapportées par d'autres ou vécues par lui-même. Dans son avant-propos, il précise vouloir insérer « des histoires qui peuvent délasser l'esprit après le récit d'une marche ennuyeuse, des caravansérails d'espace en espace dans leurs déserts pour le soulagement des voyageurs ». Au cours de ses descriptions d'Ispahan, il compare les paysages, les avenues, les jardins, les palais, les ponts . .. qu'il estime bien inférieurs à l'équivalent en France. Il écrit à propos de Chahar Bagh : « [Cette allée] est ce qu'il y a de plus beau à Ispahan & dans tout le reste de la Perse, mais [elle] ne passerait pas pour extraordinaire en France, où nous avons plusieurs avenues de maisons particulières qui [la] surpassent en beauté9. »

Sans doute exprime+il par ces flatteries son désir de plaire à Louis XIY, à qui il dédie son ouvrage.

Publications En 1675, il publie Nouvelle relation de l'intérieur du sérail du Grand Seigneur, p~is un an après, en 1676 Les six voyages de Jean Baptiste

Tavernier, Ecuyer Baron d'Aubonne, qu'il a fait [sic} en Turquie, en Perse et aux Indes, pendant l'espace de quarante ans, À Paris, chez Gervais Clouzier et Claude Barbin, 765 p. en cinq livres.

274

Né à Paris, le 16 novembre 1643, dans une famille de protestants. Son père est bijoutier sur la place Dauphine, à Paris. Il sera lui-même bijoutier, tout en décidant de s'ouvrir à d'autres horizons que ceux de la France.

Ses deux voyages en Orient 1er voyage: 1664-1670. À 21 ans, il décide d'entreprendre son premier voyage en Perse et en Inde. Arrivé en Perse en 1665, il obtient la confiance de Shâh 'Abbas II, qui régna de 1642 à 1666. Celui-ci l'avait désigné en 1666 comme son marchand, en lui commandant la réalisation de certains bijoux. Selon Chardin les artisans persans n'ont pas la même maîtrise de la taille des pierres précieuses que les Européens. Il revient en France en 1670. 2< voyage: 1671-1681. Il décide d'entreprendre un second voyage et quitte Paris, le 17 août 1671. Après avoir embarqué à Livourne le 10 décembre 1671, il arrive à Constantinople le 9 mars 1672. Il embarque sur la mer Noire le 17 juillet 1672 et arrive à Tbilissi, capitale de la Géorgie, le 17 décembre 1672. Six mois" lui sont nécessaires pour rejoindre Ispahan, qu'il atteint le 24 juin 1673. Il quitte Ispahan le 2 février 167 4 pour se rendre à Bandar-e Abbas, port du détroit d'Ormuz, et retourne à Ispahan le 2 juillet 1674. Trois ans après, il quitte la Perse pour aller en Inde et décide de retourner en Europe dès 1681, à l'âge de 38 ans, après avoir passé une quinzaine d'années en voyage, dont une dizaine d'années à Ispahan. Son retour en Europe De retour en Europe, Jean Chardin décide de ne pas revenir à Paris, mais d'aller à Londres. Peut-être fait-il ce choix par anticipation de la

275

Annexe 3

Voyageurs cirés dans

le cexLe

ville capitale, Ispahan. Ils associent deux mollahs afin de leur apporter la base de cette description, c'est-à-dire le nom et la localisation des quartiers, le nom des rues, des édifices religieux, des bâtiments publics, des palais et des principaux édifices en mentionnant le nom et l'emploi des personnes qui les avaient édifiés et qui y demeurent. Chaque jour, les deux associés se réunissent pour évaluer le travail des deux mollahs, et traduire leurs travaux en latin, sachant par ailleurs que Chardin maîtrisait également le turc et le persan. À partir de ces mémoires, et après une vérification sur le terrain, ainsi que d'après leur propre observation «des dehors de la ville, dix lieues à la ronde », Chardin et Diager composent chacun une «relation ». En 1676, Chardin, de retour à Ispahan, synthétise ces deux «relations » en une plus courte, après une nouvelle vérification sur place. Journal de voyages Jean Chardin résume son œuvre quand il écrit «journal de mes aventures et de mes observations, depuis Paris jusqu'à Ispahan». Il précise son contenu : « une

Portra it gravure de Jean Chardin, dessiné par JeanCésar Macret, sculpteur.

révocation de l'édit de Nantes le 18 octobre 1685 par Louis XIV, moins 1'un siècle après la proclamation de cet édit par Henri IV, en 1598. A son arrivée en Angleterre, le roi Charles II (1630-1685) le déclare chevalier. Il se marie à Esther Peigné et en 1684 s'installe aux Pays-Bas comme envoyé spécial du roi. Il décédera à Londres en 1713. Observations de la ville d'lspahan À Ispahan, en 1666, il se lie d'amitié avec Herbert Diager, «chef du commerce des Hollandais, et très savant homme 12 ». Leur amitié les amène à entreprendre une œuvre commune sur la description de la

description générale de la Perse, où je traite du naturel, des mœurs et manières du peuple et de son industrie à se procurer les choses nécessaires; la description particulière des sciences et arts libéraux qui y sont en usage; celle du gouvernement politique, militaire et civil de ce peuple; et enfin la description de la religion qu'il observe[ ... ]' 3 • »

Si l'on veut se prêter à comparer ses ouvrages avec ceux des nombreux autres voyageurs, ses récits peuvent apparaître comme les plus fi.ables, principalement par leur précision, la démarche rigoureuse utilisée et l'absence de jugements arbitraires. Publications Ses voyages ont fait l'objet de nombreuses publications de son vivant, mais aussi après son décès. Aussi la table des matières peut-elle changer, l'ordre des chapitres n'étant pas le même. Ainsi, le premier volume donné à la cour de White Hall en mars 1686 comporte quatre parties. La description d'Ispahan, faite en 1673, concerne la deuxième

Voyageurs cités dans le texte

Annexe 3

partie. Cette œuvre est éditée en 1686 chez trois éditeurs, situés à Amsterdam, Paris et Londres. La première édition complète, forte de dix volumes, a lieu en 17n. La description d'Ispahan apparaît dans le tome III de l'édition de 17n, faite à Amsterdam, du vivant de Jean Chardin. Ces voyages sont ensuite édités en 1735, à Amsterdam chez Jean Louis de Lorme, puis en 1740, et enfin en 18n, chez L. Langlès'4. La description d'Ispahan se trouve dans les 6c et 7c volumes de l'édition de 18n. Tous les dessins accompagnant l' œuvre de Chardin sont l' œuvre du dessinateur Joseph Grelot, non mentionné dans ses ouvrages suite à un conflit 1s avec Chardin.

Jane Dieulafoy Née à Toulouse en juin 1851, Jane Paule Henriette Rachel Magre, dite Jane Dieulafoy décède en mai 1916 à Pompertuzat, au château de Langlade aujourd'hui disparu. Elle épouse en 1870 Marcel Dieulafoy (1844-1920), ingénieur des Ponts et Chaussées, épris d'art et d'archéologie. Celui-ci est nommé architecte des monuments historiques sous la direction d'Eugène Viollet-le-Duc. Marcel Dieulafoy participe à la guerre de 1870, en tant que capitaine. Jane le suivit, habillée en franc-tireur. En 1881, Marcel Dieulafoy, mandaté par le ministère de l'instruction publique et des Beaux-Arts, « pour rechercher les origines de l'architecture occidentale», voyage durant quatorze mois en Orient, entre 1881 et 1882. Jane Dieulafoy occupe une place primordiale dans cette mission en tant que photographe, journaliste et archéologue.

Ses deux voyages en Orient À l'âge de 30 ans, elle embarque à Marseille avec son époux, pour un périple de quatorze mois qui leur permet de visiter Athènes, Constantinople, la Géorgie, Téhéran, Kachan, Ispahan, Persépolis, Chiraz, Ctésiphon, Bagdad, Babylone, Kerbéla, le canal de Suez afin de regagner Marseille. - Ier voyage : 1881-1882. Une partie du voyage se fait par bateau, afin d'avoir plus de temps pour visiter la Perse et l'Irak.

Photo portrait de Jane Dieulafoy (dans La Perse, la Chaldée et la Susiane, Paris, Hachette, 1887).

- 2c voyage : 1883. Le couple réalise une mission de fouilles archéologiques à Suse. On leur doit la découverte de plusieurs éléments majeurs de l'art achéménide, comme la frise des lions du palais de Darius, l'escalier du palais d'Artaxerxès III et la frise des archers. Ces pièces d'antiquité de l'Empire achéménide sont rapportées en France, au musée du Louvre, où elles sont exposées dans les «salles Dieulafoy».

Son retour en Europe' 6 Malgré leur succès, aucune autre mission en Orient ne leur sera attribuée. Ils doivent se contenter d'étudier l'Espagne. Jane, habillée en homme lors de son voyage en Orient pour être libre de ses mouvements, fit une requête dans ce sens en France et l'obtint. En 1914, elle 279

Voyageurs cités dans le texte

Annexe 3

accompagne son mari lorsque celui-ci, colonel du génie, est envoyé à Rabat. Elle y dirige les travaux archéologiques de la mosquée Hassan. Une maladie l'oblige à retourner en France où elle décède en 1916. Observations de la ville d'lspahan Comme la plupart des voyageurs européens, le couple Dieulafoy réside dans le quartier réservé aux chrétiens, Julfâ, tradition créée dès la période safavide. Cela les conduit à accorder une place privilégiée dans leurs « relations de voyages» à la description de ce quartier et de ses habitants. Ils sont hébergés dans le monastère des Mékitaristes, accueillis par le R.P. Pascal Arakélian, l'unique pasteur des Arméniens unis de Julfâ, à Ispahan depuis vingt-deux ans. Ce dernier les accompagne dans leurs visites, durant tout leur séjour qui durera six semaines, de la mi-août à la fin septembre 1881. Journal de voyages Ses relations, publiées en 1887, reprennent le plan généralement suivi par les voyageurs, à savoir celui d'un carnet de voyages chronologique selon le déroulé des étapes. Si Jane s'attache à décrire les édifices importants tels mosquées, tombeaux, palais ... , elle relate également les coutumes et histoires locales, en ayant une écoute particulière auprès des femmes, approche qui la différencie des autres voyageurs principalement masculins. Maîtrisant le persan, elle n'hésite pas, lors de discussions avec des personnes vénérées tels des mollahs, à faire part de son point de vue de femme, par exemple en les questionnant sur la place réservée aux femmes au paradis. Par ailleurs, l'apport de son mari, ingénieur et archéologue, lui permet d'introduire une dimension technique à la description des édifices. Comme Pierre Loti son contemporain, tout en étant fascinée par les édifices de l'époque safavide, elle est profondément déçue par l'état de délabrement d'lspahan où elle découvre des quartiers en ruines, dont certains matériaux sont utilisés comme engrais par les paysans, et des jardins laissés à l'abandon. Les nombreuses photos qu'elle rapporte seront transcrites en gravures sur bois, qui lui permettent d'illustrer sa publication. Par ces illustrations elle se différencie des autres voyageurs en donnant de l'importance aux personnes rencontrées. Une grande partie des 236 gravures de son ouvrage représente des sujets humains, isolés ou en

280

/

1

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Il

Carte de l'itinéraire du voyage réalisé par le couple Dieulafoy en Orient. Leur itinéraire se fait en boucle, principalement en bateau . Le déplacement en caravane s'impose à eux pour visiter les principaux sites archéologiques en Turquie et en Perse.

groupe, lors de cérémonies particulières. Son ouvrage se conclut par un chapitre sur l'histoire de la Perse et deux cartes précisant leur itinéraire. La description d'lspahan et de ses abords occupe sept chapitres (XII à XVIII). Publications Jane Delafoy publie le récit de son voyage, d'abord en feuilleton dans la revue Tour du monde, de 1883 à 1886, puis sous la forme de l' ouvrage La Perse, /,a Chaldée, /,a Susiane, chez Hachette en 1887 (767 p.) .

Annexe 4 Ispahan, source d'inspiration

Films Films' réalisés dans les années 1977-1978, à la veille de la révolution islamique de 1979. Plaisir d'amour en Iran, d'Agnès Varda (1928, lxelles-2019, Paris), 6 min, 1977, « une variation sur les émois amoureux de Pomme et Ali Darius», découvrant la mosquée du Shah à Ispahan. Ispahan, lettre persane, de Jean Rouch (1917, Paris-2004, Birni N'Konni au Niger), 36 min, 1977. Jean Rouch et son ami Farrokh Ghaffâri échangent leurs impressions au cours d'une promenade dans la mosquée du Shah à Ispahan. Le vent des amoureux (Bâd-e sabâ) d'Albert Lamorisse (1922, Paris-1970, Karadj en Iran), 70 min, 1978. Un vent raconte son histoire: d'abord vent des oasis, doux et gai, il part à l'aventure à travers l'Iran et devient le vent des amoureux.

Musique Nombreuses sont les créations musicales inspirées par Ispahan. Nous en sélectionnerons deux, l'une caractérisant la période de Shah' 'Abbâs Ier avec Pietro Della Valle et l'autre, la période contemporaine avec Duke Ellington. - Pietro Della Valle, dit Pellegrino (1586-1652) La quasi-totalité de ses œuvres musicales a disparu. Le flûtiste JeanChristophe Frisch, à l'origine du groupe « Le baroque nomade», a sorti en 1 Films présentés au 38• Festival international Jean Rouch du 15 novembre au 12 décembre Paris. Les textes reprennent en partie la présentation faite sur le livret de programmation.

2019,

à

Annexe 4

septembre 2005 un CD chez Arion, Musique des Lumières, consacré à Pietro Della Valle. On y découvre un dialogue musical entre le baroque italien du xvn< siècle et des musiques orientales : turques, perses ou indiennes, telle la mélodie « Esfahan Romanesca ». Musiques que Pietro Della Valle voulait universelles, parce qu'elles permettaient la rencontre, l'écoute de l'autre et l'échange. - Edward Kennedy Ellington dit Duke Ellington (1899, Washington-1974, New York) Pianiste réputé ayant marqué l'histoire du jazz par son inventivité musicale permanente. Son charme le conduit à être appelé comme acteur dans plusieurs films dont il réalise parfois la musique. Sa notoriété lui vaut cl' être invité à faire une tournée au Moyen-Orient, où il put tomber sous le charme d'Ispahan. Il en résulte une mélodie envoûtante, « Isfahan », 4 min 2, dans l'album Far East Suite, sorti en 1967; remastérisé en 1988 et 2018, il est repris depuis par de nombreux musiciens de jazz.

And now the purple dusk oftwilight time Steals across the meadows ofmy heart High up in the sky the little stars climb Always reminding me that we're apart You wander down the fane and far away Leaving me a song that will not die Love is now the stardust ofyesterday The music ofthe years gone by Sometimes I wonder how I spend The lonely lights / Dreaming ofa song The melody / Haunts my reverie And I am once again with you When our love was new And each kiss an inspiration But that was long ago And now my consolation is in the stardust ofa song Besides the garden wall, when stars are bright You are in my arms The nightingale / Tells his fairy tale OfParadise, where roses grew Though I dream in vain In my heart it will remain My stardust melody The memory oflove's refrain

Notes Notes du Préambule Henri Sellier (1883-1943) fut maire de Suresnes, urbaniste et réformateur social. Pour ses réalisations de quinze cités-jardins autour de Paris, • la nature doit devenir le lieu de la ville ». Il sera influencé par le modèle idéal de cité-jardin développé en Angleterre. Voyages de Monsieur le Chevalier Chardin 2 en Perse et autres lieux de l'Orient enrichi d'un grand nombre de belles figures en tailledauce, représentant les antiquités et les choses remarquables du pays, texte intégral édité et annoté par Philip Stewart, 2018, p. 447. Jean Chardin parlera des musulmans comme des hérétiques, des infidèles, Tavernier ira même jusqu'à traiter le prophète Mahomet d'imposteur. 4 « Entretien inédit de Farès Sassine avec Michel Foucault en 1979 », Foucault Studies, n' 25, octobre 2018, p. 351-378. Darab ÜIBA, Philippe REvAULT et Serge SANTELLI , Maisons d'Ispahan, Paris , Maisonneuve & Larose, 2001. 6 Voir Fernand BRAUDEL, Écrits sur l'histoire, Paris, Flammarion, coll. «Champs », 1969. 7 Christian NoRBERT-SCHULZ, Genius loci : paysage, ambiance, architecture, tcad. Odile Seyler, Bruxelles, Mardaga, 1981, rééd. 2017. Nous avons conscience des limites évoquées par Erwin Panofsky : «Notre œil voit ce que lit notre esprit. » Conscients que « percevoir un monde, 9 c'est déjà l'interpréter» , voire le modifier, comme l'explicite Boris Cyrulnik dans Des

âmes et des saisons. Psycho-écologie (Paris, Odile Jacob, 2021). 10 Tim lNGOLD, Faire. Anthropologie, archéologie, art et architecture, Bellevaux, Dehors, 2017. 11 S. Mohsen HABIBI, « I:école d'Ispahan en urbanisme : une approche contemporaine du passé », sous la direction de Bernard HOURCADE (dir.) , Iran, questions et connaissances, Actes du IV congrès européen des études iraniennes, organisé par la Societas lranologica Europaea (Paris, 6-10 septembre 1999), vol. III, Cultures et sociétés contempocaines, Louvain/Paris, Peeters/AAEI, 2003, p. 185-195.

Notes du chapitre 1 Brève histoire de l'Iran depuis la dynastie safavide (p. 11-27)

2

4

Patrick BouCHERON, Ce que peut l'histoire, leçon inaugurale prononcée le 17 décembre 2015 au Collège de France, Paris, Seuil, coll. « Points histoire », 2020, p. 37. Ces descendants étaient cous devenus des poètes, peintres ou calligraphes iraniens (note de Negar Habibi). À ne pas confondre avec l'important mouvement de contestation, durement réprimé, lors de l'élection présidentielle ambiguë de 2009 appelée la « révolution verte » (note de Negar Habibi). Tribus turcomanes d'Anatolie, de Syrie et d'Irak. Souvent nommés « les têtes rouges» en raison de leur bonnet rouge.

Noces du chapitre

1,

pages

14

à 21

Sayyid en arabe, Sayyed en persan, « seigneur/

6

7 8

9

10

11

12

maître», est un titre honorifique traditionnellement appliqué aux gens reconnus descendants du prophète Mahomet. Voir Yves BOMATI, Houchang NAHANVANDI, « La constitution du premier État chi'ite : le difficile équilibre de pouvoirs », dans Iran. Une histoire de 4000 ans, Paris, Perrin, 2019. Monde turc composé des Turcomans à l'est et des Ottomans à l'ouest. Le chiisme considère 'Ali, compagnon, neveu et gendre du Prophète, comme l'héritier de ce dernier. Pour les chiites, les sunnites ont trahi en désignant comme califes, successeurs du Prophète, Abû Bakr, puis Omar et Osman. « Depuis la fondation du chiisme, douze imams se sont succédé; le dernier, l'imam Meddy, n'est pas mort, il a disparu, et l'on évitera de lui nommer un successeur jusqu'à ce que sa destinée et sa retraite soient enfin connues » (propos d'un mollah rapportés par Jane Dieulafoy) . Voir Jean-Paul Roux, Histoire de l1ran et des Iraniens. Des origines à nos jours, Paris, Fayard, 2006. Yann RICHARD, IOO mots pour dire l1ran moderne, Paris , Maisonneuve & Larose, 2003, p. 49. IBN BATTÛTA, Voyages et périples. L1rak et la Perse, dans Voyageurs arabes. Ibn Fadlân;

Ibn Jubayr, Ibn Battûta et un auteur anonyme, traduits et présentés par Paule Charles-Dominique, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade », 1995. 13 Ibid. , p. 393, note 2. 14 Sheikh Muslihuddin SAADI SHIRAZI, Le jardin des roses (Gulistan), traduction et préface de Omar Ali Shah, Paris, Albin Michel, 1966. 15 Voir Aurélie CHABRIER, La monarchie

sa/avide et la modernité européenne, xvfsiècles, thèse d'histoire, Université de

XVlf

16

286

Toulouse-Le Mirail, 2013. Les conflits fréquents, ainsi que les grandes dépenses pour construire Qazvin, contribuent à ce que l'État soit en quasi faillite à sa mort (note de Negar Habibi).

Notes des chapitres

17

Sir John MALCOLM, Histoire de la Perse,

depuis les temps les plus anciens jusqu'à l'époque actuelle, 4 vol., Paris, Pillet Aîné, 1821, tome II, pp 260-364. Sheikh Baha Al-Oin, appelé aussi Mohammad Ben Hossein Ameli. Après une enfance au Liban, il étudia à Qazvin avant de s'installer à Ispahan. En tant qu'architecte, il participera à la conception de la mosquée du Shah, appelée aujourd'hui de !'Imam, dont il définit l'axe de la qibla, et élaborera l'horloge solaire donnant les heures de prière. Il inventera également le système de chauffage du hammam Sheikh Baha Al-Oin, reposant sur une bougie enflammant le méthane et l'oxyde de soufre provenant d'eaux usées et de toilettes à proximité. 19 Henri STIERLIN, Ispahan, image du Paradis, Paris, Bibliothèque des Arts, 1976. 20 Henry CORBIN, L'homme de lumière dans le soufisme iranien, Éd. Présence, 1971. 21 Voir Isabelle PouTRIN, « Quand l'Islam devint chiite. Religion et pouvoir chez les Safavides », 17 mai 2017, en ligne : https:// pocram.hypotheses.org/1655. 22 Sarah MIRDÂMÂDI, «Art et spiritualité à l'époque safavide. LinAuence de la pensée chiite dans les domaines artistique et architectural», La Revue de Tifhéran, n° 92, juillet 2013, http://www.teheran.ir/spip. php?article176 5#gsc.tab=o. 23 Voyages de Monsieur le Chevalier Chardin en Perse... , éd. Stewart, p. 455. 24 Gabriel MARTINEZ-GROS, « Ibn Khaldûn », exposé de l'IReMMO dans le cadre du cycle 2015-2016 de l'Université populaire • Le pouvoir politique et l'Islam à travers l'histoire. Penser le pouvoir et conseiller le prince », samedi 9 janvier 2016. 25 Nader Shah fit émasculer Agha Moharnmad, fils du puissant chef de la tribu turque des Qajars. Agha Mohammad saura prendre sa revanche lorsqu'il monta sur le trône pour devenir le fondateur de la dynastie qajar. 26 Raymond FuRON, La Perse, Paris, Payot, 1938, p. 146. 27 La notion de modernité ne recouvre pas les mêmes champs en Europe et en Perse. Pour la Perse, nous pensons principalement 18

28

29

30

31 32

33

34 35

à la construction d'un État au détriment du pouvoir tribal, alors que pour l'Occident elle se réfère à la disparition de l'ordre féodal. Voir Yves PORTER, Les Iraniens. Histoire d'un peuple, Paris, Armand Colin, 2006. Saeed HAGHIR, Modernité et société iranienne. Une étude comparée, Éd. universitaires européennes, 2ou, p. 102. Agha Mohammad Khan a déplacé la capitale d'Ispahan à Téhéran. Il a lui-même subi toute une série de violences dont celle d 'être castré (agha) par Nader Shah, afin de l'empêcher de régner un jour (note de Negar Habibi). « Les Bâbis réclament la suppression du clergé ou au moins son abaissement, la suppression de l'impureté légale, de la peine de mort et de la polygamie, la suppression pour les femmes du port du voile qui couvre tous les désordres, la restriction du divorce » (propos d' un imam cité dans Jane DrnuLAFOY, La Perse, la Cha/die et la Susiane, Paris, Librairie Hachette et Ü ', 1887, p. 155-158). Oliver Bast, Yann Richard, etc. Les Qâjârs favorisèrent l'ouverture de l'Iran au monde occidental, notamment avec l'envoi de nombreux Iraniens vers l'Europe pour étudier les sciences, la médecine et les arts modernes (note de Negar Habibi). Les costumes nationaux furent proscrits pour les hommes en 1934, et pour les femmes deux ans après, au bénéfice de vêtements de rype européen, allant même jusqu'à l'interdiction du voile pour les femmes . Avec cette interdiction du voile, l'image de la femme se retrouve au milieu du conflit entre la modernité prônée par Reza Shah Pahlavi et le clergé qui lui reprochait cette atteinte aux principes de l'islam. J.-P. Roux, Histoire de l1ran et des Iraniens, op. cit., p. 202. « Irân, étymologiquement, c'est la "terre des Aryens", nom que se donne la nation iranienne depuis le début des Sassanides (m' siècle de notre ère) par opposition à Anirân, le "non Iran" et à Turân, "le pays des Tures" » (Y. RICHARD, IOO mots pour dire l1ran moderne, op. cit., p. 89).

1

et

2,

pages

21

à 31

36 R. FURON, La Perse, op. cit., p. 229. 37 Entretien sur RF!, httpi://rfi.my/307P.f, publié le 13/08/2018 à 13h18 et Imperialism & Unequal Development, New York et Londres, Monthly Review Press, 1977. 38 Y. RICHARD , IOO mots pour dire l1ran moderne, op. cit., p. 122. 39 Organisation de renseignement et de sécurité de l'État, qui joua le rôle principal de répression aveugle, de 1954 à 1978, contre toute forme d'opposition au régime. 40 Le nombre de morts varie selon les sources, allant de 300 ooo à un million. 41 Pour les Occidentaux, cette guerre menée par l'Irak devait empêcher la propagation de la révolution islamique dans cette partie du monde, tout en préservant leur exploitation des richesses pétrolières. 42 Akram KHARIEF, « Téhéran pourrait-il résister à une attaque américaine? Défense à double détente en Iran », Le Monde diplomatique, juin 2019, p. 8.

Notes du chapitre 2

Abbas le', un despote éclairé (p. 29-58)

2

4

A. CHABRIER, La monarchie safovide, op. cit. Concernant les engrais employés dans l'agriculture, ce n'est qu'à travers la lecture de trois auteurs que l'on peut approcher d'une vue globale. Voir chap. 6, « Une villejardin en héritage ». Le même trait est présent chez Louis XIV qui centralise toute l'information politique mais aussi celle concernant la vie privée de ses sujets en commençant par celle des princes. C'est en lien avec la naissance de l'État moderne et l'absolutisme qui l'a construit. Voir Histoire apologétique d'Abbas, Roy de Perse, en la personne duquel sont représentées plusieurs belles qualitez d'un Prince héroïque, d 'un excellent courtisan, & d 'un parfoict Capitaine, traduite de l'italien de messire

Notes du chapi tre 2, pages 40 à 52

Noces du chapitre 2, pages 31 à 40

Pierre de la Valée [sic], gentilhomme Romain, par Jean Baudoin, Paris, Nicolas de la Vigne, 1631. Dans cet ouvrage écrit en 1630 et publié en 1631, Pietro Della Valle développe son titre en trois chapitres : le premier décrit « les sept conditions fort louables» d" Abbas l". Le deuxième, plus court, rapporte « les blasphèmes qu'on attribue à ce Prince » et le troisième précise « les justifications contre les blâmes ci-dessus allégués, couchant sa façon de vivre ». Il a recours, semble-c-il, au modèle thèse/antithèse/synthèse. Afsaneh et Farzaneh Pourmatiheri, dans « Les voyages de Tavernier en terre persane », La &vue de 'Rhéran, n' 46, septembre 2009, rappellent que la Perse était surnommée « le carrefour des évènements de !'Histoire ». 6

7 8

voyages de Pietro Della Valle, gentilhomme romain, dans la Turquie, l'Égypte, la Palestine, la Perse, les Indes Orientales et autres lieux, nouvelle édition revue, corrigée et augmentée, 8 vol. , À Rouen, Chez Robert Machuel, 1745, ici t. III, p. 305. Ibid., p. 368.

voyages de Monsieur le Chevalier Chardin en Perse... , éd. Philip Stewart, p. 713.

9

Voir note 57, Partie 1, Pietro della Valle,

IO

Voir note 57, p. 46.Pietro della Valle,

n

12

Michel de Montaigne (1533-1592) dans ses Essais, commentaires sur la vie politique de son temps, exprime combien la poésie est une force. Il associera la lyre et l'épée. Voir note 57, p. 40. Pietro della Valle

13

Voir note 57, p. 30. Pietro della Valle

la modernité européenne, XVIe-XVIIe siècles, thèse Histoire Université de Toulouse le Mirail, 2013, 557 p, p 326. in ACADEMIA. 16 Voir Bernard LEWIS (dir.), Le monde de /1s/am, Bruxelles, Elsevier Sequoia, 1976, p. 267 17 Jean Baptiste Tavernier (1605-1689) , Les six

voyages de Jean Baptiste Tavernier, chevalier d'Eaubonne, qu'il a fait en Turquie, en Perse et aux Indes, pendant /'espace de quarante ans, Paris, 1679, 3 Volumes. 18 Jean CHARDIN , voyage de Paris à Ispahan, t . 1, De Paris à Tiflis, t . 2 , De Tiflis à Ispahan, éd. Stéphane Yerasimos, Paris, La Découverte/Maspero, 1983. Voir note 69. Les six voyages de Jean Baptiste Tavernier ... , livre V, chap. XIII, p. 663 20 Voir note 69. Les six voyages de Jean Baptiste Tavernier... , livre V, chap. XIII, 21 Voir G. MARTINEZ-GROS, « Ibn Khaldûn », exposé de l'IReMMO dans le cadre du cycle 2015-2016 de l'Université populaire « Le pouvoir politique et l'Islam à travers l'histoire. Penser le pouvoir et conseiller le prince •, samedi 9 janvier 2016. 22 Voir Les six voyages de Jean Baptiste 19

Histoire apologétique d'Abbas, Roy de Perse ...

24

15

288

Roy de Perse »

Farhad Khan Qarehmâ.nlu connut une ascension fulgurance et devine le plus puissant des émirs Qizilbash. Sa gloire et l'influence qu' il voulut avoir sur Shah 'Abbas entraînèrent sa perce. Alors que Shah 'Abbas venait de le nommer gouverneur de Hérat reconquise et de sa province, il le fic abattre. Voir A. CHABRlER, La monarchie safavide, op. cit. , p. 304-312. Chabrier Aurélie, la monarchie safavide et

25 26

27

28

Ibid. 74., J.B. Tavernier, livre IV, chap. Il, p. 529-530. Les assertions de Pietro della Valle concernant la mauvaise maîtrise par le shah de la lecture et de l'écriture sont peu crédibles. Pietro della Valle « Histoire apologétique d'Abbas, Roy de Perse » A Paris chez Nicolas de la Vigne, MOC.XXXI, 312 p., p. 90, Partie 1. Ibid. 74, J.B. Tavernier, livre IV, chap. Il, p. 529-530. Pietro della Valle « Histoire apologéciq ue d'Abbas, Roy de Perse » A Paris chez Nicolas de la Vigne, MOC.XXXI, 312 p., p. 94. C'est à lui que l'on doit ce pont magnifique dans l'axe de Chahar Bagh, nommé aussi Si-o-seh Pol(«pont des trente-trois arches »). Voir note 78. P 240, Pietro della Valle

Valle, gentilhomme romain? Histoire apologétique d'Abbas ... , op. cit., p. 265.

32

Voyages de Monsieur le Chevalier Chardin en Perse. .. , éd. Stewart, p. 694. I:incérêt de cet ouvrage est qu'il restitue tous les passages concernant les réflex.ions de Chardin en matière de religion, passages supprimés par l'éditeur De Lorme de l'édition de 17n.

voyages de Pietro Della Va/le, gentilhomme romain, t. III, p. 39. 34 Ibid., p. 1226.

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Barbin, 1676. 23

• Histoire apologétique d'Abbas, Roy de Perse »

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Tavernier, Écuyer Baron d'Aubonne, qu'il a fait [sic] en Turquie, en Perse et aux Indes, pendant l'espace de quarante ans, ... , 5 livres, À Paris, Chez Gervais Clouzier ec Claude

Histoire apologétique d'Abbas ... ,

« Histoire apologétique d'Abbas,

« Histoire apologétique d'Abbas, Roy de Perse» 29 Voir note 78, p. 245, Pietro della Valle « Histoire apologétique d'Abbas, Roy de Perse» 30 Voir note 59, p. 268. Voyages de Pietro Della

38

Idem note 84, p. 278. Le jeu de mots est aussi une preuve de son humour. Le roi appelait cet esprit bouffon Ketche/ Anayet, c'est-à-dire Anayet le teigneux, au lieu de Ke/ Anayet, qui était son nom. voyages de Monsieur le Chevalier Chardin en Perse ... , éd. Stewart, p. 1083. Cette histoire peut nous évoquer le recueil anonyme des contes populaires de tradition orale des Mille et une nuits, d 'origine indienne, persane, recueillis par les Arabes au x' siècle. Antoine Galland (1646-1715) les traduira en 1701. « Il y a toujours dans Ispahan onze mille femmes publiques donc l'on tient registre. On fait monter à plus de quinze cents le nombre de celles qui ne sont point enregistrées et qui font leurs affaires plus secrètement». Jean Chardin ( voyages de

Monsieur le Chevalier Chardin en Perse ... , éd. Stewart, p. 728) 39

voyages de Monsieur le Chevalier Chardin en Perse ... , éd. Stewart, chap. IX, « De

l'astronomie et de l'astrologie», p. 582. 40 Michel BASTIAENSEN, « Pietro Della Valle et le héros baroque», Revue belge de philosophie et d'histoire, 1982, p. 540-551. 41 Pierre LoTI, Vtrs Ispahan, 1904, rééd. Paris, Calmann-Lévy, 1915, 330 p, p 204-205. 42 Ferdowsi (940-v. !020), né à Tus, auteur du Livre des rois, de Rostam et Sohrâb; Omar

Khayyâ.m (1048-n31), né à Nishapur, poète et mathématicien; Nezâ.mi (n41-1209), né à Gandja en Azerbaïdjan, auteur de Majnoun et Lei/a, de Khosrow et Chirine; Ha.fez, originaire de Chiraz et auteur du Divân, au XIV' s. 43 La Suleymaniye s'inscrit dans un complexe, fondation pieuse, constitué de quatre medrese, un collège de médecine, un hôpital, un îmaret (cuisine populaire) , une auberge pour derviches voyageurs, un hammam et un bazar. Au centre de l'encloscimetierre derrière la mosquée Suleymaniye est disposé le mausolée de Suleyman et légèrement décalé, celui de son épouse Hürrem Sultane d'origine ukrainienne (Yerasimos Stéphane « Constantinople, de Byzance à Istanbul, éd. Place des Victoires, Paris, 2010, pp 45-55 et 260-266). 44 Ces deux édifices exceptionnels one le même plan carré oblong centré, couvert par une coupole (Sainte-Sophie : diamètre 31 m et hauteur 56 m au sol, et la Suleymaniye diamètre 26,5 met hauteur 49,50 m) épaulée sur deux côtés par des demi-coupoles (Henri Stierlin, Soliman et /'architecture ottomane, Paris, Payoc, pp 124-140). 45 Henri STIERLIN, Soliman et /'architecture ottomane, Paris, Payoc, 1985, p. 34. 46 Dans les Lettres persanes, Montesquieu fait rendre hommage à Shah 'Abbas I" par la voix de son personnage principal Usbek : « Le monarque qui a si longtemps régné n'est plus. Il a bien fait parler des gens pendant sa vie ; tout le monde s'est tu à sa mort. Ferme et courageux dans ce dernier moment, il a paru ne céder qu'au destin. Ainsi mourut Chah Abas, après avoir rempli toute la terre de son nom.» 47 J. ÜIEULAFOY, La Perse, la Chaldée et la Susiane, op. cit., p. 267. 48 À la fin de son règne, Shah 'Abbas aimait hiverner avec sa cour et ses croupes à FaradAbâ.d, ville du Mazandéran d'où venait sa mère (voir Voyages de Pietro Della Valle, op. cit., t. III, p. 221). 49 J. ÜIEULAFOY, La Perse, la Chaldée et la Susiane, op. cit. , p. 105-I07. La hauteur de la coupole du mausolée est à 51 m du

Noces des chapitres

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dallage du parvis et celle de l'arc de l'entrée à 25,5 m de hauteur. 50 Voir Voyages de Corneille Le Bruyn, par la Moscovie, en Perse et aux Indes Orientales, 5 vol., Rouen, Charles Ferrand, 1725, t. IV. 51 Fatima al-Maasouma est la fille du septième imam chiite duodécimain Musa al-Kazim et la sœur du 8' imam Ali ar-Rida (ou Reza). Elle est connue et révérée pour sa piété et meurt en 816. 52 Lucien-Louis BELLAN, Les grandes figures

de l'Orient. Tome III. Chah'Abbas !, sa vie, son histoire, Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1932. Christelle DEDEBANT, «Deux rois pour un âge d'or à Ispahan », Geo, 26 juillet 2018, https://www.geo.fr/histoire/iran-ispahandeux-rois-pour-un-age-d-or-187949. 54 La distance encre Farad-Abad et Kashan est d'environ 330 kilomètres. À l'époque neuf jours auraient été nécessaires pour transporter sa dépouille à cheval, à raison de sept lieues par jour. 55 Voir André GODARD, Athâr-É lrân, Annales du service archéowgique de l1ran, t. Il, fasc. I, Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1937. 56 Voir Fernand BRAUDEL, Civilisation maté53

60 Machiavel l'écrivit sans doute en 1513. Il fut édité en Italie en 1532 et traduit par Gaspard d'Auvergne pour être édité en français en 1553, par Enguilbert de Marnef. à Poitiers. 61 Antonio INVERNIZZI, «Tableaux persans, récits et images de voyage à travers la Perse safavide », Parthica. lncontri di culture ne! mondo antico, vol. 12, 2010, Pisa-Roma, Fabrizio Serra editore, 2011, p. 117-149. 62 Edgar WIND, Mystères païens de la Renaissance, traduit de l'anglais par PierreEmmanuel Dauzat, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque illustrée des histoires », 1992. 63 Patrick Boucheron, op. cit.

Notes du chapitre 3 Création d'une cité idéale (p. 59-101)

rielle, économie et capitalisme XV et XVIII siècles, 3 vol., Paris, Armand Colin, 1979; Alain B1HR, Le pmnier âge du capitalisme, z4z5-z763, 3 vol., Syllepse, 2018-2019 ; • [économie-monde moderne selon Braudel. Considérations critiques », hnps://enueleslignesentrelesmocs. blog/2019/12/11/leconomie-monde-moderneselon-braudel-considerations-critiques/. Dans cet article, Alain Bihr préfère le concept de « proro-capitalisme » à celui utilisé par Fernand Braudel. 57 FERDOWSI, Le livre des rois (Shânâmé), traduit du persan par Jules Mohl, extraits choisis par Gilbert Lazard, Arles, SindbadActes Sud, 2002. 58 Sheikh Muslihuddin SAADI SHIRAZI, Le

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Pedro CALDER6N DE LA BARCA, La vie est un songe, préface de Marc Vitse, traduction nouvelle et noces de Lucien Dupuis, Paris, Gallimard, coll. • Folio théâtre », 1996.

Déjà dans les années 1325, Ibn Battûta donnait à voir Ispahan comme « une contrée pleine de vergers, de cours d'eau et de villages où l'on voit beaucoup de pigeonniers» ( Voyages et périples. L1rak et la Perse, op. cit., p. 551). Voir L.-L. BELLAN, Les grandes figures de

l'Orient. Tome 111 Chah'Abbas /, sa vie, son histoire, op. cit. Jean-Dominique BRIGNOLI, Les palais royaux safavides (z5oz-q22). Architecture et pouvoir, thèse de doctorat, Université

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jardin des roses (Gulistan), op. cit. 59

Notes du chap itre 3, pages 64 à 85

et 3, pages 52 à 63

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d'Aix-Marseille I, Université de Provence, LAMM,2009. Brignoli cite le livre de Haravi sur l'art des jardins : « tracés et plantations, essences [.. .] Recherche d'équilibre avant tout[ ... ] permettant une certaine volupté. Lare des jardins est indissociable de la conception des bâtiments, où le palais est dans un jardin, alors que le jardin est dans la maison ». J. DIEULAFOY, La Perse, la Chaldée et la Susiane, op. cit., p. 281. P. Lon, Vers Ispahan, op. cit. , p. 208. Voir Nader ARDALAN et Laleh BAKHTIAR,

The Sense of Unity : The Sufi Tradition in Persian Architecture, Chicago, University

talâr », in Godard André, Athâr-é lrân, Annales du Service Archéologique de l1ran ,

of Chicago Press, 1979. Les auteurs voient dans le réseau des rues une similirude avec les nervures de feuilles d'arbres ou avec le système veineux humain. 8 Jean-Paul Dollé, Métropolitique , La Villette, 2002, 100 p., pp. 41-46. « Le héros beaudelairien, c'est le "flâneur" [.. .] le flâneur des grandes villes est comme le poète [... ] car il peut dans la foule devenir ce qu' il n'est pas, se métamorphoser à l'infini, en autant de personnages qu'il voit et qu'il croise; il peut surtout donner libre cours à son imagination devant le spectacle incessant de la rue. » 9 La localisation, la forme et l'organisation urbaine de Bagdad, appelée également Madinat Al-Salam, « la cité de la paix », résulteraient du conseil des astronomes les plus renommés d'Al-Mansour. 10 Tels Francesco di Giorgio Martini (14391502), Giorgio Vasari le Jeune (1562-1625). Ils redécouvrirent la pensée antique avec notamment le De architectura de Vitruve (81 av. J.-C. - 15 apr. J.-C.), et son plan de cité idéale de forme circulaire. 11 « Le climat, rendant la construction des rues couvertes indispensable, on arrive cout naturellement à la conception de la ville à deux étages : ville couverte et ville de terrasses • (Eugène Élie BEAUDOIN, « Ispahan sous les grands chahs, XVII' siècle »,

Paris ed. Paul Geuthner, Tome Il, Fascicule I, 1937, 167 p., p 83. H . STIERLIN, Ispahan, image du Paradis, op. cit., p. 38. Voir Donald W1LBER, «Aspects of the Safavid Ensemble at lsfahan », !ranian Studies, vol. 7, n ° 3-4, Studies on Isfahan : Proceedings of the Isfahan Colwquium, Part Il, Summer-Autumn 1974, p. 406-420. Eugenio GALDIERI, « Les palais d'Isfahan », ibid., p. 380-415.

Urbanisme. &vue mensuelle de l'urbanisme français, n° 10, janvier 1933, p. 15). Voir Amos !lAPOPORT, • The Architecture of lsphahan •, Landscape, n° 14-2, hiver 1964-1965, p. 4-11. 13 Dans son ouvrage passionnant, Henri Stierlin légende sa photo de la place en écrivant : « Le Meidan-e Shah est en grande partie une réalisation de prestige dans l'urbanisme d'lspahan : en effet, ses façades ne forment qu' une vaste scénographie en trompe l'œil [.. .] D'ailleurs les arcatures de l'étage sont souvent aveugles. » 14 «On suréleva (fin XVI'-début XVII' siècle) de trois étages le pavillon Timouride et on lui adjoignit l'avant corps qui porte le célèbre 12

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Les six voyages de Jean Baptiste Tavernier ... , op. cit., livre IV, chap. V, p. 394.

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Ibn Battûta attribue cette configuration spatiale à l'enseignement des quatre rites religieux. 20 Voir dossier de proposition d' inscription sur la liste du patrimoine mondial par !'Unesco, 2012. 21 E. GALDIERI, • Les palais d'lsfahan », art. cité, pp. 380/ 415. 22 Jacques Revault, archives personnelles sur les mosquées, 1978. 23 A. GODARD, Athâr-É lrân, Annales du service archéologique de l1ran, op. cit., p. 19. 24 Voyages de Monsieur le Chevalier Chardin en Perse ... , éd. Stewart, p. 1054. 25 « Le chiffre sept, dans les croyances préislamiques et islamiques de la Perse a été chargé de symboles différents, entre autres la constitution de l'univers par sept planètes (mazdéen) ou la situation du paradis coranique au septième ciel • (Fariba NoURDEH, « Ispahan : une ville dans un jardin », Urbanisme. Revue mensuelle de l'urbanisme français, n° 293, mars-avril 1997, p. 13-17). 26 Voyages de Monsieur le Chevalier Chardin en Perse.. . , éd. Stewart, p. 1053. 27 Voyages de Pietro Della Valle, gentilhomme romain ... , op. cit., t. III, p. 42. 28 Allahverdi Khan fut sous Shah 'Abbas I" général des ghulams et gouverneur du Fars. 29 Voyages de Mr le Chevalier Chardin en Perse .. . , éd. 1711, c. Ill, p. 57. 30 I.:avenue des Champs-Élysées, créée en 1667 à Paris à la demande de Louis XJV,

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N otes d u chapitre 4, pages

Notes des chapitres 3 et 4, pages 85 à rn4

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par le paysagiste du château de Versailles, André Le Nôtre, sur des anciens marais, est également concave avec une longueur de près de 2 kilomètres. Si le terrain était plat, sa perspective plus banale la rendrait plus pénible à parcourir. En cas de terrain convexe, elle ne pourrait pas être perçue dans sa totalité. Voyages de Mr le Chevalier Chardin en Perse .. . , t. III. Voyages de Mr le Chevalier Chardin en Perse ... , éd. Stewart, p. 1054. J. DrnuLAFOY, La Perse, la Chaldée et la Susiane, op. cit., p. 342. Joseph ISAAC, « La rue et la conversation », Le Courrier du CNRS, n° 81 : La ville, été 1994. Michel LUSSAULT, Hyper-lieux. Les nouvelles gi ographies de la mondialisation, Paris, Seuil, 2017. Wilfrid BLUNT et Wim SWAAN, Ispahan, perle de la Perse, Paris, Albin Michel, 1967, p. 63. Pour J.-0. Brignoli, le plan de la ville nouvelle obéit à l'espace palatial. De ce fait, il propose trois phases : la première de 1590 à 1596 : la sublime porte et la Qeisarieh; la deuxième de 1596 à 1602 : le projet de Bagh-e Naqsh; et la troisième de 1602 à 1618, projet d'un nouveau centre, le Meidân-e Naqsh-e Jahân. Notre approche partant de l'hypothèse quel' espace public est l'approche qui crée la modernité de la nouvelle ville, nous avons choisi de retenir deux phases. Voir J. Chardin. Voyages de Mr le Chevalier Chardin en Perse. . . , éd. Stewart, p. 1055. F. NouRDEH , « Ispahan : une ville dans un jardin », art cité. Voyages de Pietro Della Valle, gentilhomme romain ... , op. cit. , t. III, p. 378. Il tire son nom du quartier voisin et a été construit par Shah 'Abbas Il. Il est aussi appelé pont Baba Rusk al-Oin. J . DrnULAFOY, La Perse, la Chaldée, la Susiane, op. cit. , p. 343. Ibid Voyage, de Mr le Chevalier Chardin en Perse. .. , éd. Stewart, p. 1072.

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Ibid, p. 1022. Ibid., p. 4m. Voir ibid. , p. 1000 s. Ibid., p. 999. Ibid., p. 1072. Ibid , p. 1066. C'est en 1605 que Shâh 'Abbâs Ia déporta les habitants de Julfà pour les amener à Ispahan dans le faubourg appelé «la nouvelle Julfà ». Voyages de Mr le Chevalier Chardin en Perse . . . , éd. Stewart, p. 1078. Ibid Voyage en Perse de MM Eugène Flandin, peintre, et Pascal Coste, architecte, attachés à !'Ambassade de France en Perse, pendant les années I840 et I84I entrepris par ordre de M' le Ministre des Affaires étrangères, d'après les imtructiom dressées par l1mtitut, publié sous les auspices de M ' le Ministre de l'intérieur, 6 vol. cosignés, Paris, Gide et Jules Baudry, 1851, t. Il, p. 10. Voyage, de Mr le Chevalier Chardin en Perse. .. , éd. Stewart, p. 1076. Ibid., p. 986. Ibid, p. 810-8n. Ibid., p. 423. Ibid, p. 122. Ibid, p. 1084. Ibid. , p. 988. Voyage en Perse de MM Eugène Flandin, peintre, et Pascal Coste, architecte, . .. ,. Cette image s'impose aux nombreux voyageurs découvrant Ispahan. Cinquante ans plus tard, P. Loti dans Vers Ispahan, p.18 7, reprendra la formule de P. Coste sans le citer. P. Lon, Vers Ispahan, op. cit., p. 192. A. GODARD, Athâr-É lrân, Annales du service archéologique de l1ran, op. cit., p. 20.

Notes du chapitre 4 Dessein d'une ville (p. 103-214) Johan Wilhelm Baur (1607, Scrasbourg-1642, Vienne) peintre illustrateur

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baroque, paysagiste, auteur de petits formats. Il travailla à Rome pour les grandes familles italiennes, puis à Vienne pour l'empereur Ferdinand III. Certaines de ses œuvres furent gravées par François Xavier Habermann (1721-1796) pour entrer dans la collection des prospects et être vues à travers un dispositif optique, comme l'atteste le titre gravé à l'envers. Il est possible que ces dessins reflètent l' imaginaire des peintres résultant de la lecture de récits de voyageurs. Leur représentation picturale s'appuie sur l'univers esthétique qui leur est familier, ici les codes de l'architecture baroque. Adam ÜLEARIUS, Relation du voyage de Moscovie, Tartarie et de Perse fait à l'occasion d 'une ambassade envoyée au Grand-Duc de Moscovit et au Roy de Peru, par le Duc de Holstein, depuis l'an I633, jusques en l'an I639, traduite de l'allemand du sieur Olearius, secrétaire de ladite ambassade, par L.R.D .B. [le résident de Brandebourg, Abraham de Wicquefort}, Paris, Clouzier, 1656; Voyages très curieux et très-renommez faitJ en Moscovie, Tartarie et Perse, par le Sr. Adam Olearius, Bibliothicaire du Duc de Holstein, et Mathématicien de sa Cour .. . , Amsterdam, Michel Charles Le Cene, 1727. Vu leur relation conflictuelle, l'artiste peintre rentra en France sans être payé par Chardin. Cornelis de Bruijn ou de Bruyn, et en français Cornelius le Brun. François I", par cette alliance, combattra l'empereur d'Espagne, son ennemi, et développera les relations commerciales avec la Turquie. Voyage en Perse de MM. Eugène Flandin, peintre, et Pascal Coste, architecte, . . . , op. cit. Puis Flandin écrit deux tomes plus personnels, en 1856. Les planches font l'objet de deux volumes constitués de deux tomes chacun, portant sur « La Perse ancienne», publiés en 1844. Suivirent un ouvrage sans texte, avec les planches réalisées par Flandin sur « La Perse moderne », publié en 1851, et un second ouvrage avec les planches de Coste sur « La Perse moderne », précédées d'un texte, édité en 1867.

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La centralité d'Ispahan est affirmée par une

zone carrée, non grisée comme les parties urbanisées, et le Meidân ainsi que Chahar Bagh ont la même orientation erronée nord-sud. 8 J.-0. BRIGNOLI, « Pascal Coste et la Perse. I.:apport des dessins d'un orientaliste à la recherche sur l'architecture palatiale : le cas d'Isfahan », dans Nathalie BERTRAND (dir.), L'Orient des architectes, Actes du colloque de mai 2003 , Aix-en-Provence, Presses universtaires de Provence, 2006, p. 33-50. 9 Pictorial Documents of Iranian Cities in the Qadjar Period, éd. M . Mehryar, Sh.S. Fatullayen, F.F. Tehrani, B. Qadiri, Tehran, Shahid Beheshti University, lranian Cultural Heritage Organization, 2000. 10 Voyages de Corneille Le Brun par la Moscovie, en Perse, et aux Indes Orientales : ouvrage enrichi de plus de 32 0 taille, douces, des plus curieuse,, representant les plus belles vuës de ce pais ... , 2 vol. , à Amsterdam, Chez les frères Wetstein, 1718, t. I. II Par exemple, la carte touristique de 1960, la carte du Guide Bleu, Éd. Hachette de 1974, jusqu'à la plus récente de 2016, dite« Carte Ispahan Métropole ». 12 Carte TAVO, Tùbingen Atlas der Vorderen Orients, établie à l'échelle 1/12 ooo' par l' université de Tübingen en 1989, Dr Ludwig Reichert Verlag, Wiesbaden. 13 Farshid EMAMI , • Coffeehouses, Urban Spaces, and the Formation of Public Sphere in Safavid Isfahan », Muqarnas. An Annual on the Visual Vultures of the Islamic World, vol. 33, 2016, p. 177-220. 14 Le café, qahwa en arabe, est introduit en Égypte à l'époque mamelouk, au début du XVI' siècle, en provenance de l'Éthiopie et du Yémen. 15 Negar Habibi nous précise que dans l'album de Kaempfer avec des peintures signées par Jâni Farangi, sont représentés sur une même page une prostituée fumant le narguilé et un imam! 16 F. EMAM1, • Coffeehouses, Urban Spaces, and the Formation of Public Sphere in Safavid Isfahan », art. cité, p. 186. 17 En fait d'orientation nord-ouest/sud-est.

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Notes du chapitre 4, pages 123 à 140

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La dynastie qaJar (1787-1925) choisit d'implanter sa capitale à Téhéran. Patrick RINGGENBERG, Architectures persanes, Téhéran-Londres, Candie & Frog, 2018. « Le milieu de la place est tout couvert de sable très délié ; ainsi il est toujours sec, et très commode pour faire des courses et se divertir à cheval » ( Voyages de Pietro Della Valle, gentilhomme romain, t. III, p. 40-41). Voyages de Mr le Chevalier Chardin en Perse ... , éd. Stewart, pp. 1003-1004. « Le grand mât situé au milieu de la Méidan servait à l'entraînement du tir à l'arc. On plaçait à son sommet une pomme ou un petit melon, une assiette remplie d'argent ou - lorsque le roi était présent une coupe d'or. Les archers chargeant au grand galop devaient dépasser le mât puis se retourner sur leur selle et décocher une flèche » (W. BLUNT et W. SwAAN, Ispahan, perle de la Perse, op. cit. , p. 67). Voyages de Pietro Della Valle, gentilhomme romain .. . , op. cit., t. IV, pp. 4-5 et 7-13. Le peintre Guillaume-Joseph Grelot, au service de Jean Chardin, quitta ce dernier qui refusait de lui payer son dû, pour rentrer en Europe avec le gentilhomme vénitien Ambrogio Bembo, en 1674. La référence à Serlio concerne sa restitution de l' apadana de Persépolis. A. INVERN1zz1, Tableaux persans, op. cit., p. 117-155. Engelbert Kaempfer (1651-1716), médecin, naturaliste, biologiste, explorateur et voyageur allemand, accompagna l' ambassadeur suédois en Perse. Il a passé vingt mois en Perse, du 29 mars 1684 au 20 novembre 1685. Engelbert KAEMPFER, Exotic Attractions Persia, r684-r688, Travels and Observations, éd. Willem Floor et Colette Ouahes, Washington, Mage Publishers, 2018. Gaston LENÔTRE, Paris révolutionnaire, 1895, Paris, Perrin, coll. «Tempus », 2014. E. l