Initiation à la lecture du Nouveau Testament 9782343197913, 2343197911

Cet ouvrage introduit le lecteur dans le vaste univers biblique en mettant à sa disposition des informations utiles dans

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Initiation à la lecture du Nouveau Testament
 9782343197913, 2343197911

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Initiation à la lecturedu Nouveau Testament
Introduction
TABLE DES MATIÈRES

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Stanislas LONGONGA

L’ouvrage est réparti en deux grandes parties. La première est constituée des questions introductives indispensables pour tout lecteur de la Bible : les notions préliminaires, la constitution du canon de la Bible, le rapport entre Bible et tradition, l’inspiration scripturaire, la notion de genres littéraires, mais aussi les groupes politico-religieux au temps de Jésus et les évangiles apocryphes. La deuxième partie se focalise sur les écrits du Nouveau Testament : les quatre évangiles, les Actes des Apôtres, les épîtres de Paul, les épîtres catholiques, l’épître aux Hébreux et l’Apocalypse. Pour chaque écrit, l’auteur livre des informations sur l’auteur, les destinataires, la date de composition et le message. L’ouvrage se conclut par une annexe qui répond à certaines questions en lien avec la Bible, afin de mieux comprendre le contenu des textes publiés et élargir sa culture biblique. Stanislas Longonga est prêtre du Diocèse de Kindu en RD Congo. Après ses études en théologie biblique à Rome (1990-1995), il a enseigné l’Écriture sainte aux grands séminaires Saint Pie X de Murhesa et Saint Octave (en RD Congo). Il a exercé plusieurs fonctions dans son diocèse : directeur de la Commission diocésaine Justice et Paix, directeur de la Caritas diocésaine, directeur du Bureau diocésain de développement, vicaire épiscopal, vicaire général, directeur du Petit Séminaire, directeur du Centre de pastorale, catéchèse et liturgie. Auteur de quatre autres ouvrages, il est détenteur d’un doctorat en sciences bibliques de l’université de Strasbourg et membre de l’Association catholique française pour l’étude de la Bible (ACFEB).

ISBN : 978-2-343- 19791-3 20 €

Initiation à la lecture du Nouveau Testament

Beaucoup de chrétiens ne disposent pas des clés pour la lecture et la compréhension des textes bibliques. Cet ouvrage les introduit dans le vaste univers biblique en mettant à leur disposition des informations utiles dans un langage simple et accessible, en se limitant au Nouveau Testament.

Stanislas LONGONGA

Initiation à la lecture du Nouveau Testament

Initiation à la lecture du Nouveau Testament

Initiation à la lecture du Nouveau Testament

Religions et Spiritualité fondée par Richard Moreau, Professeur émérite à l’Université de Paris XII dirigée par Gilles-Marie Moreau et André Thayse, Professeur émérite à l’Université de Louvain La collection Religions et Spiritualité rassemble divers types d’ouvrages : des études et des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus. La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue inter-religieux. Dernières parutions

Christine CHAILLOT, L’Église assyrienne de l’Orient. Histoire bimillénaire et géographie mondiale, 2020. Emmanuel JOS, L’Église catholique aux Antilles françaises de Christophe Colomb à nos jours, De la catholicisation à l’évangélisation, 2019. Sylvie GUERINEAU, Bouddhisme de tradition tibétaine en France. Lignée Karma Kagyu. Etude de la première congrégation bouddhiste reconnue par l’Etat français, 2019. Guillaume MINGIEBE KABAMBA, Impacts de la mauvaise gestion des biens de l’Église sur l’accomplissement des fins ecclésiastiques. Le cas du diocèse d’Idiofa en République démocratique du Congo, 2019. Voahanginirina Claire RAVAOARISOA, La juste autonomie des instituts de vie consacrée, Eléments fondamentaux, 2019. Claude MULLER, Les hauts-lieux spirituels du Dauphiné, 2019.

Stanislas LONGONGA

Initiation à la lecture du Nouveau Testament

Du même auteur

Jésus, libérateur des femmes, 2017, Edilivre La crise financière des Églises d’Afrique. Conséquences sur le ministère des prêtres, 2016, L’Harmattan Saint Paul, un apôtre contre les femmes ?, 2015, L’Harmattan Pour lire et comprendre les épîtres de Saint Paul, 2014, L’Harmattan

© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’École-Polytechnique ‒ 75005 Paris www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-19791-3 EAN : 9782343197913

À tous les membres du groupe facebook «Parlons Bible avec l’Abbé Stanis LONGONGA », je dédie cet ouvrage.

Introduction

Cet ouvrage est le résultat d’une initiative prise le 04 mai 2018, celle de créer un groupe facebook dénommé « Parlons Bible avec l’abbé Stanis LONGONGA » dont le but est d’introduire les intellectuels chrétiens dans le vaste univers biblique. En effet, nos fidèles chrétiens, jeunes ou adultes, intellectuels ou non, accusent un déficit dans le domaine biblique, ce qui les expose le plus souvent au piège du premier prédicateur improvisé qui frappe à leur porte, au point d’être totalement ébranlés dans leur foi. Les interprétations erronées des textes bibliques de la part de ceux qui prétendent être illuminés les entraînent le plus souvent dans la confusion. Le cas le plus récent est celui d’un pasteur d’une église de réveil qui, dans une prédication à Abidjan, avait remis en question les vérités enseignées par l’Eglise Catholique, spécialement en ce qui concerne les enseignements sur la vierge Marie, en semant l’incompréhension, et en suscitant des réactions tous azimuts.1 Par ailleurs, la plupart des chrétiens ne Nous faisons allusion à la prédication (mise en ligne sur youtube le 06 avril 2018) du Pasteur Marcello Tunasi de la République Démocratique du Congo qui, prêchant devant une

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connaissent de la Bible que les enseignements reçus du catéchisme pourtant destiné généralement aux enfants et aux adolescents, et ne disposent donc pas des clés nécessaires pour leurs premiers pas dans la lecture et la compréhension des textes bibliques. Il suffit d’écouter les questions posées lors des discussions pour s’en rendre compte. Toutes ces raisons nous ont amené à créer un groupe en vue d’une formation biblique virtuelle en livrant des informations bibliques indispensables dans un langage simple et adapté, pour permettre aux chrétiens qui souhaitent se former d’avoir un accès facile aux textes bibliques. Notre ouvrage est un recueil des enseignements dispensés dans ce groupe bien que le contenu ait été revu et augmenté. L’ouvrage est réparti en deux grandes parties : La première est constituée des questions introductives indispensables pour tout lecteur de la Bible : les notions préliminaires, la constitution du canon de la Bible, le rapport entre Bible et tradition, l’inspiration scripturaire, la notion de genres littéraires, mais aussi les groupes politico-religieux au temps de Jésus et les évangiles apocryphes.

grande assemblée des fidèles, leur intimait l’ordre de brûler les chapelets, les statues….Il s’était livré à toutes sortes d’invectives contre l’Eglise catholique, et même l’Islam. Nous avions réagit à ses propos avec un article qui avait fait le tour du monde pour le recadrer et apporter l’apaisement nécessaire aussi bien chez les chrétiens que chez les musulmans offensés.

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La deuxième partie se focalise essentiellement sur les écrits du Nouveau Testament : les quatre évangiles, les Actes des Apôtres, les épîtres de Paul, les épîtres catholiques (1Pierre, 2 Pierre, Jacques, 1, 2 et 3 Jean, Jude), l’épître aux Hébreux et l’Apocalypse. Pour chaque écrit, nous livrons des informations sur l’auteur, les destinataires, la date de composition et le message. L’ouvrage se conclut par une annexe qui répond à certaines questions posées par les membres du groupe lors de la publication de différents articles.

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Première partie Questions introductives

I. QUESTIONS PRÉLIMINAIRES 1. Que signifie « Bible » ? Le nom « bible » dérive du grec τά βιβλια (ta biblia) qui signifie « les livres ». Le pluriel veut souligner le fait que la Bible se compose d’un ensemble de livres, qu’elle est une sorte de « bibliothèque »2 constituée des textes écrits par différents auteurs, à de différentes époques, avec un style et un contenu différents. Encore de nos jours, la Bible est le livre le plus diffusé, le plus imprimé et le plus commenté du monde ; elle a été traduite dans plus ou moins 2.400 langues et des millions de personnes la lisent régulièrement. La Bible est un recueil de livres qui composent l’Ancien et le Nouveau Testament. Le terme « testament » désigne un contrat ou une alliance passée entre Dieu et l’humanité. On y décrit l’initiative, l’engagement et la réalisation du plan de Rédemption pour l’humanité pour rapprocher l’homme de Dieu et réaliser la communion avec Lui. Dans l’Ancien Testament, Dieu avait conclu plusieurs alliances Cf. Raymond E. BROWN, Que sait-on du Nouveau Testament, p. 23 ; aussi A. MARCHADOUR, Les mots de la Bible, p. 19. 2

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successives. Avec Noé d’abord ; mais l’humanité ne respectant pas les termes du contrat, dans sa bonté Dieu renouvela plusieurs fois son alliance, d’abord avec Abraham, et avec Moïse ensuite. Quant au Nouveau Testament, il concerne l’Alliance entre Dieu et l’humanité par Jésus-Christ. Cette alliance n’appelait pas au renouvellement car Jésus avait vécu d’une manière parfaite. Le Nouveau Testament ne supplante pas l’Ancien car c’est ce dernier qui lui donne son sens. Le Nouveau Testament est l’accomplissement de l’Ancien en Jésus-Christ. Les juifs ne lisent que l’Ancien Testament tandis que les chrétiens lisent et l’Ancien et le Nouveau Testament. 2. Quelles sont les langues originales de la Bible ? Les textes de la Bible qui nous sont parvenus ont été rédigés dans deux langues principales : les livres de l’Ancien Testament furent rédigés en hébreu, bien qu’il existe aussi des écrits rédigés directement en grec, comme le livre de la Sagesse, le Siracide et certains extraits du livre d’Esther et de Daniel (chapitre 13 et 14). Plus tard l’Ancien Testament fut traduit également en grec, au 3e siècle av. J.-C., et s’appela « Bible de la Septante », du nombre de personnes ayant participé au travail de traduction. Par contre, les écrits du Nouveau Testament furent rédigés en grec, langue parlée dans le monde grécoromain. Toutes les autres langues sont donc des traductions à partir de ces deux langues originales. 16

Quand on lit la Bible dans ces deux langues, on comprend mieux le sens des textes bibliques car, certaines traductions sont mal faites et ne restituent pas le sens original des textes. C’est le cas d’un verset de la prière de « Notre Père » qui vient d’être modifié dans sa version française parce que la traduction avait altéré le sens du texte grec : « ne nous soumets pas à la tentation », comme si Dieu pouvait soumettre l’homme à la tentation. La bonne traduction est : « ne nous laisse pas aller vers la tentation », c’est-à-dire « empêche-nous », « préserve-nous », « retiens-nous » quand nous commençons à aller vers la tentation [Καὶ μὴ εἰσενέγκῃς ἡμᾶς εἰς πειρασμόν ]. 3. Le canon de la Bible On appelle canon de la Bible, la liste des livres qui composent la Bible et que l’Église reconnaît officiellement. Pour l’Ancien Testament, les Protestants ont retenu seulement 39 livres auxquels les catholiques ont ajouté 7 autres (Tobie, Judith, Sagesse, Siracide [appelé aussi Ecclésiastique], le livre de Baruch, 1 Maccabées et 2 Maccabées), ce qui fait un total de 46 livres. Ces 7 livres, les protestants les appellent « apocryphes » c’est-à-dire des écrits considérés comme non authentiques ; « douteux » en d’autres termes. Les catholiques appellent par contre ces écrits « deutérocanoniques », c’est-à-dire admis dans la liste officielle seulement longtemps après. Par

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contre, le Nouveau Testament compte 27 livres qui sont communs à toutes les Églises chrétiennes. 4. Subdivision de la Bible en chapitres et versets Aujourd’hui on entend dire : « lisez tel livre, chapitre tel, verset tel… ». Mais avant, les livres bibliques n’avaient ni chapitres ni versets. Certains n’avaient même pas de ponctuation. On avait juste de longs textes difficiles à séparer. L’absence des chapitres et des versets constituait un vrai problème. Par exemple, Marc 1, 2 dit : « comme il est écrit dans le prophète Isaïe : « voici que j’envoie mon messager pour préparer la route… voix de celui qui crie dans le désert… », mais sans citer la référence. Il fallait lire tout le livre d’Isaïe pour chercher ce passage. Aujourd’hui, le lecteur est heureux d’avoir la subdivision en chapitres et versets qui l’aide à retrouver facilement les références. Mais à qui doit-on ce travail ? La division de la bible en chapitres fut l’œuvre du Cardinal Étienne (ou Stephen) Langton, archevêque de Cantorbéry (en Angleterre), alors qu’il était encore professeur à l’Université de Paris. Il fit ce travail vers 1226 (13e siècle). Depuis cette année-là, cette division devint universelle dans la forme que l’on a actuellement. Cependant son travail ne se limita qu’aux chapitres. La division en versets telle que nous l’avons aujourd’hui fut l’œuvre de l’imprimeur français 18

Robert Estienne vers 1551 (16e siècle). La toute première Bible comprenant les chapitres et les versets fut publiée en 1560, en Suisse, et s’appelait « la Bible de Genève ». A la fin du 16e siècle, les juifs, les protestants et les catholiques acceptèrent tous la division de Langton (pour les chapitres) et celle de Robert Estienne (pour les versets) qui furent ensuite universellement reconnues. II. LA FORMATION DU CANON DE LA BIBLE : COMMENT ET QUAND ? 1. Pour l’Ancien Testament La fixation définitive de la liste des livres bibliques fut précédée par des siècles de débats et discussions. On n’arrivait pas à s’entendre sur le nombre des livres à retenir comme inspirés. Pour les Juifs : il y eut moins de problèmes. Vers les années 250 apr. J.-C., leur liste était définitive : 39 livres et 7 livres éliminés (Tobie, Judith, Sagesse, Siracide [appelé aussi Ecclésiastique], le livre de Baruch, 1 Maccabées et 2 Maccabées). Ils ont considéré que Malachie étant le dernier prophète de l’Ancien Testament, tous les livres écrits après lui (après 420 avant J.-C.) devaient être éliminés, surtout que la plupart étaient rédigés non pas en hébreu, mais en grec, langue païenne selon eux. Pour les Protestants : quand Luther quitta l’Église catholique et commença la réforme protestante (16e 19

siècle), il reprit simplement la liste des Juifs, soit 39 livres que les protestants ont conservés encore de nos jours. Par exemple, il est difficile de convaincre un protestant sur le fondement biblique de la prière des morts car elle est présente dans le deuxième livre des Maccabées qui ne fait pas partie des livres qui constituent le canon protestant. Pour les Catholiques : ces derniers avaient repris et les 39 livres admis par les autres, et les 7 autres considérés comme apocryphes par ces derniers, et d’autres encore (3e et 4e livre d’Esdras, la Prière de Manassé, 3e et 4e livre des Maccabées, le Psaume 151…). Certains catholiques acceptaient certains livres, d’autres les contestaient… Le moment venu, il fallait mettre fin aux débats. C’est pourquoi le Concile3 de Trente (ville où il fut tenu) fixa, en 1546, la liste officielle et définitive des livres bibliques que nous avons aujourd’hui4 : 46 livres. Il laissa de côté le 3e et le 4e livre d’Esdras, le 3e et le 4e livre des Maccabées, la Prière de Manassé, le Psaume 151 et d’autres livres. Ces livres laissés de côté par le Concile, on les appelle aujourd’hui « les apocryphes de l’Ancien Testament ». Donc, la liste des

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On appelle «Concile» (du latin concilium = assemblée), une assemblée qui réunit tous les évêques du monde sous l’autorité du Pape pour prendre des décisions sur les questions de la foi et de la discipline de l’Eglise. Mais il y avait également des conciles locaux. 4 Cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, 1ère section, Chap. 2, Art. 3, n°120.

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livres que nous avons aujourd’hui remonte à 1546 apr. J.-C. 2. Pour le Nouveau Testament S’agissant du Nouveau Testament, le processus de reconnaissance des livres bibliques commença au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne. Certains livres furent reconnus très tôt. Clément de Rome mentionnait au moins 8 livres (en 95 apr. J.-C.) ; Polycarpe, un disciple de l’Apôtre Jean, en reconnaissait 15 (108 apr. J.-C.) ; Ignace d’Antioche en reconnaissait environ 7 (115 apr. J.-C). Plus tard, Irénée mentionna 21 livres (185 apr. J.-C.), Hippolyte en reconnut 22 (170-235 apr. J.-C.). Les livres les plus critiqués étaient Hébreux, Jacques, 2 Pierre, 2 Jean et 3 Jean et l’Apocalypse. Au milieu de ces discussions, il fallait trancher en fixant la liste officielle des livres. Il y eut d’abord le Concile de Laodicée en 393 apr. J-C. qui reconnut une liste de 27 livres que nous avons actuellement, puis le Concile d’Hippone (en 393) et celui de Carthage (397) qui reconnurent également la liste de 27 livres.5 Le Concile de Trente confirma plus tard (en 1546) la liste de 27 livres. Les Conciles appliquèrent des principes et des critères pour fixer la liste de ces livres. En voici

Cf. Jean-Daniel KAESTLI, «Histoire du canon du Nouveau Testament», in D. MARGUERAT (éd.), Introduction au Nouveau Testament, p. 467. 5

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certains : voir si l’auteur de l’écrit était un apôtre ou un proche d’un apôtre ; voir si le livre était largement accepté par les églises ; voir si la doctrine de l’écrit était cohérente et son enseignement orthodoxe ; voir si le livre renfermait des valeurs morales et spirituelles qui reflétaient l’œuvre du Saint-Esprit. III. BIBLE ET TRADITION 1. Introduction Quand Martin Luther, moine, s’était séparé de l’Église catholique, il n’avait retenu que la Bible comme source de révélation. Ainsi la différence entre les catholiques et les protestants consiste au fait que ces derniers ne retiennent que la Bible comme source de révélation. Ceci revient à dire qu’ils ne considèrent comme Parole de Dieu que ce qui est écrit dans la Bible. C’est pourquoi l’on entend souvent : « où est-ce que cela est écrit dans la Bible… Montre-moi le verset où cela est écrit… etc. ». Par contre, pour l’Église catholique, il existe deux sources de Révélation : la Bible et la Tradition. 2. La Tradition, de quoi s’agit-il ? Nous partirons d’un exemple simple pour comprendre : chacune des tribus, en Afrique, a ses coutumes bien conservées. Et l’on tient à les respecter 22

rigoureusement. Et pourtant, les ancêtres n’avaient pas consigné ces coutumes par écrit ; en effet ils ne savaient pas écrire. Comment sont-elles alors parvenues jusqu’aux nouvelles générations ? C’est à travers la transmission orale : de père aux fils et aux petits-fils. C’est cette transmission qu’on appelle « tradition ». Si la transmission orale (tradition) n’avait pas existé, aucune tribu n’allait conserver ses coutumes et sa culture. Cet exemple permet de comprendre ce qu’est la tradition dans l’Église. On le sait, quand les apôtres prêchaient, il n’y avait pas encore d’évangiles écrits. Ils transmettaient oralement ce que Jésus avait dit et fait. Les successeurs qu’ils avaient installés (évêques) avaient continué leurs enseignements, toujours oralement. Seulement plus tard, une partie de ces enseignements fut mise par écrit pour constituer ce que nous appelons « évangiles ». La tradition c’est donc la parole de Dieu non écrite, communiquée de vive voix par Jésus aux apôtres et ceux-ci à leurs successeurs et qui est parvenue jusqu’à nous sans modification à travers l’Église. En effet, les évangiles ne nous disent pas la totalité de ce que Jésus avait dit et fait ; seulement une partie. A la fin de l’évangile selon Jean, il est dit : « Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses ; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde pourrait contenir les livres qu’on écrirait ».6 Ou encore : « Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres signes qui

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Cf. Jn 21, 25.

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ne sont pas écrits dans ce livre ».7 Il convient de préciser qu’il s’agit ici de la tradition apostolique (qui vient des apôtres) qui n’est pas à confondre avec les traditions ecclésiales (qui viennent de l’Église).8 3. La Bible elle-même vient de la tradition La Bible elle-même est le résultat de la tradition c’est-à-dire d’un long processus de transmission orale d’abord. Exemple : Jésus est mort et ressuscité entre les années 30 et 33 et l’évangile de Marc qui est le plus ancien, a été écrit vers les années 70, soit 40 ans après. Celui qui a écrit a dû rassembler d’abord les témoignages des enseignements et des actes de Jésus qui se racontaient et se transmettaient oralement (tradition) pendant 40 ans, pour les mettre ensuite par écrit et former ce que nous appelons « évangile de Marc ». IV. LA BIBLE EST INSPIRÉE PAR DIEU : CE QUE CELA VEUT DIRE

En effet, une véritable confusion sur la compréhension de la notion d’inspiration persiste

Cf. Jn 20, 30. Par exemple, nous avons les traditions liturgiques, dévotionnelles, disciplinaires qui peuvent être conservées par l’Eglise ou abandonnées.

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chez bon nombre des chrétiens. C’est pourquoi une clarification s’avère nécessaire.9 1. Se débarrasser des idées reçues D’abord, quand on dit que la Bible est inspirée par Dieu, cela ne veut pas dire que la Bible est tombée du ciel. Cela ne veut pas dire non plus que les hommes n’ont rien fait pour que nous ayons les écrits bibliques. Si l’on pense de cette façon, on aura toujours des difficultés et des questions sans réponses sur les textes bibliques. Il importe de savoir que chaque livre biblique a son histoire, c’est-à-dire : son auteur, sa date de rédaction, le contexte ou les circonstances historiques qui ont poussé son auteur (ou ses auteurs) à l’écrire, son genre littéraire, ses destinataires et surtout le message qu’il veut véhiculer. 2. Alors l’inspiration, de quoi s’agit-il ? La Bible est inspirée veut dire que c’est l’Esprit Saint qui a guidé l’auteur humain dans son activité de rédaction : il lui a suggéré le contenu, a mis en lui la volonté pour écrire, l’a mis en mouvement, a éclairé son intelligence, sa mémoire, son imagination, et Pour approfondir la notion d’inspiration scripturaire, lire : A. PAUL, «L’inspiration et le canon des écritures, Histoire et Théologie», CEv 49 ; L. ALONSO-SCHÖKEL, La Parole inspirée, Paris, Cerf, 1971.

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toutes les autres facultés cognitives pour qu’il arrive à produire un texte d’une si grande profondeur et richesse. Un livre est donc inspiré parce que son auteur est inspiré. L’inspiration des livres bibliques est la conséquence logique de l’inspiration de ses auteurs humains. Nous dirions pour nous résumer que Dieu est le « véritable auteur »10 et que l’auteur humain est « un auteur matériel ou instrumental ». Cependant, il convient de préciser le fait que les limites humaines n’étaient pas supprimées lors du processus de rédaction bien que Dieu reste le véritable protagoniste dans la rédaction des textes bibliques. En effet, s’agissant de la rédaction du Nouveau Testament, R. E. BROWN dit : « Mais ceux qui rédigèrent ce document chrétien étaient des hommes… conditionnés par leur époque, s’adressant à un public de leur temps, en fonction de la conception du monde d’alors ».11 3. Peut-on dire que tous les livres bibliques racontent des faits historiques ? L’inspiration ne veut pas dire que tout événement rapporté dans la Bible a réellement et historiquement eu lieu. Dieu a inspiré certains auteurs bibliques pour

Cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, 1ère section, Chap. 2, Art. 3, n°105-106. 11 Raymond E. BROWN, Que sait-on du Nouveau Testament, pp. 67-68. 10

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qu’ils produisent certains écrits même si ces derniers ne racontent pas un événement ou une histoire réelle. Le plus important pour ce genre d’écrit est le message ou la vérité cachée derrière ce qui est raconté. Penser que tout ce qui est raconté est historique et réel mettra toujours le lecteur de la bible en difficulté et le poussera toujours à poser beaucoup de questions, surtout sur le livre de la Genèse : « Dieu, a-t-il a créé le monde en 6 jours ? », « Adam et Eve, sont-ils des personnages historiques, c’est-à-dire en chair et en os ? », « où se trouve le jardin d’Éden pour qu’on aille le visiter ? », « et le serpent qui parle ? », « et le déluge, est-ce historique ? », « et l’arche de Noé ? », « et la tour de Babel ? », ainsi que tant d’autres questions. En effet, puisque les textes bibliques peuvent être parfois seulement un canal ou un moyen dont se sert l’auteur inspiré pour faire passer un message ou une vérité de foi, le lecteur devra plutôt chercher à déceler le message qu’ils véhiculent. Si le lecteur comprend cela, alors il ne se posera plus autant de questions sur certains livres. Ce dernier multiplie parfois lui-même les difficultés pour comprendre les écrits bibliques parce qu’il ne se pose pas les bonnes questions. Il a, le plus souvent, ses propres idées reçues dès son jeune âge à travers le catéchisme ; et ceci l’empêche de changer sa façon d’appréhender la Bible, même une fois devenu adulte.

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4. Pour bien interpréter un texte biblique, la connaissance de « l’intention de son auteur » et le « contexte » sont nécessaires. L’intention des auteurs bibliques n’était pas de raconter l’histoire ou les faits pour satisfaire la curiosité des lecteurs, mais celle de transmettre plutôt le message caché derrière les textes. Quand on lit un texte biblique, on doit ensuite se poser la question suivante : dans quel contexte l’auteur a-t-il écrit et quel est le message qu’il voulait transmettre ? Sinon l’on court le risque, en interprétant les textes, d’y extraire des messages imaginés ou même inventés, attribués souvent à tort à l’Esprit Saint. On perdra par exemple de vue que Paul avait écrit pour répondre d’abord aux problèmes précis dans les différentes communautés qu’il avait fondées à l’époque et que ses lettres n’étaient pas d’abord adressées aux chrétiens de notre temps. L’effort du lecteur consiste à savoir dans quelle mesure ces textes rédigés il y a presque 2000 ans peuvent encore parler aux hommes et aux femmes de notre temps. C’est ce que l’on appelle « l’actualisation » : la lecture de la Bible n’est pas une simple formalité ; elle doit s’ouvrir aux questions de notre société et interroger notre manière de vivre.

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V. LES GENRES LITTÉRAIRES DANS LA BIBLE 1. Que signifie genre littéraire ? Les genres littéraires sont les différentes formes ou manières d’écrire ou de s’exprimer. Dans une bibliothèque moderne, les livres sont rangés selon les genres littéraires : roman, poésie, histoire, biographie, théâtre… Il en est autant de la Bible car elle est une « bibliothèque » constituée d’écrits aux genres littéraires variés : la poésie, les récits, les lois, les lettres, les visions, les proverbes, les paraboles, les mythes, les romans... Le genre littéraire change selon le message à transmettre : le style d’une lettre des condoléances est différent de celui d’une lettre d’amour, de recommandation ou de demande d’emploi ; le style d’un poème est différent de celui d’un récit. « Si l’on veut interpréter correctement un livre, il est essentiel de connaître le genre littéraire auquel il appartient. Il est évident qu’un mythe, une histoire, un code de lois ou un texte scientifique s’interprètent différemment, puisque chacun porte sur un domaine particulier de connaissance et possède sa propre forme de langage ».12

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A. SPATAFORA, Langage symbolique et Apocalypse, p. 9.

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2. Qu’est-ce qu’un mythe ? Le terme mythe vient du grec «μύθος (mythos) » qui signifie « récit ». Il a pour but de donner une réponse aux grandes questions que se pose l’homme : l’origine du monde, de l’homme, de la souffrance, de la violence, de la mort… etc. Le mythe ne signifie donc pas « quelque chose qui est inventé, qui est loin de la réalité, qui est faux ». Il s’agit d’un récit situé en dehors de l’histoire. On le retrouve dans presque toutes les cultures. La vérité du mythe ne s’enracine pas dans son historicité mais dans sa manière de faire réfléchir sur les questions importantes pour l’homme et pour le monde qui l’entoure. Les anciens ne disposaient pas de nos instruments scientifiques modernes pour répondre à certaines questions. Ils offraient des réponses en fonction du niveau scientifique adapté à leur époque. Par ailleurs, le mythe est différent de la légende suite à sa dimension universelle tandis qu’une légende a une dimension locale. VI. LES GROUPES POLITICO-RELIGIEUX AU TEMPS DE JÉSUS Plusieurs groupes politico-religieux cohabitaient au temps de Jésus. Josèphe en parle lorsque, dans « Antiquités juives », il dit : « à cette époque il y avait trois haireseis [parties, sectes, écoles de pensée] chez 30

les juifs, qui avaient des opinions différentes sur les affaires humaines : les premiers étaient appelés pharisiens, les seconds sadducéens, les troisièmes esséniens ».13 En ce qui nous concerne, nous présentons ici cinq groupes. Les différences entre eux concernent surtout 3 points : leurs croyances, leur rang social et leur position par rapport à la situation politique. Ces groupes sont : 1. Les Pharisiens Pharisien vient de l’hébreu ‫ « ןשׁפר‬perishîn » qui signifie « séparé ». Ce sont ceux qui sont séparés des autres par leur style de vie. Ils appartenaient à la classe moyenne (les marchands, les artisans et les paysans…). Ils s’étaient donné comme mission de préserver la Loi de Moïse. Ils croyaient à l’existence des anges, à la résurrection des morts, à la récompense et au châtiment des âmes. Ils étaient très pieux et soignaient surtout l’aspect extérieur de leur comportement en observant strictement le Sabbat, les règles de la pureté et le paiement de l’impôt pour le Temple. Jésus avait souvent de fortes discussions avec eux (manger sans se laver les mains, guérison le jour du sabbat…). Nicodème était Pharisien.

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Josèphe, Antiquités juives, 13, 5, 9 ; §171.

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2. Les Sadducéens Les recherches font généralement descendre les sadducéens de la souche sacerdotale représentée par le prêtre Sadoc et ses partisans. Leur origine se situe probablement au temps des Maccabées.14 Il s’agit d’un sacerdoce proche du Temple. Ce groupe social, politique et religieux était formé des familles riches et sacerdotales. Pour des raisons économiques, ils collaboraient avec l’administration romaine qui gérait la Palestine à l’époque et finirent par s’identifier à l’aristocratie de l’époque. Ils interprétaient la Loi à la lettre et refusaient les traditions orales. En effet, parmi les livres bibliques, ils ne reconnaissaient que la Torah ou les 5 livres de Moïse, c’est-a-dire Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome. Toute autre affirmation n’ayant pas sa source dans la Torah était réfutée. Ils ne croyaient pas à la résurrection des morts et à la vie dans l’au-delà. On se souvient sans doute de la question posée à Jésus au sujet des sept frères qui avaient eu la même femme comme épouse. Les sadducéens voulaient savoir à qui appartiendrait la femme à la résurrection.15 Par cette question, ils voulaient tourner Jésus en ridicule en lui montrant l’absurdité de la foi en la résurrection. Plusieurs

Raymond E BROWN, Que sais-t-on du Nouveau Testament, p. 115.

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Luc 20, 27-38. 32

membres du sanhédrin ainsi que le grand-prêtre appartenaient à ce groupe. 3. Les Esséniens Ce groupe remonterait autour de l’année 200 av. J.C., dans le contexte des attentes messianiques juives. Ce sont les découvertes des manuscrits de la Mer Morte, en 1947, qui ont fourni davantage des renseignements sur ce groupe. Pour la plupart des biblistes, les esséniens auraient occupé le site de Qumrân entre 150 av. J.-C. et 70 apr. J.-C., année de la destruction du temple de Jérusalem par l’empereur romain Titus. La vie des esséniens est connue dans les moindres détails grâce à l’œuvre de Josèphe.16 Voici ce que dit R. E. BROWN à leur sujet : « La vie des esséniens ressemblait par beaucoup de traits à un groupe monastique… Dédaignant le Temple, désormais régi selon eux par de mauvais prêtres, les qumrâniens formaient la communauté de la nouvelle alliance, ils cherchaient la perfection par une observation extraordinairement stricte de la Loi et attendaient la venue imminente du Messie par lequel

Cf. Josèphe, Guerre juive, 2, 8, 2-13 ; § 19-161 ; des informations abondantes sont fournies également par Philon dans : Quod Omnis Probus 12-13 ; 75-91 ; Hypothetica 11, 1-18.

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Dieu détruirait toute iniquité et punirait leurs ennemis ».17 4. Les Samaritains Ils étaient habitants de la région de Samarie. Ils sont issus des mariages mixtes entre les juifs et les étrangers (assyriens) qui avaient envahi et occupé la Palestine. On les considérait comme des païens car ils avaient un sang étranger. Ils ne reconnaissaient pas le temple de Jérusalem et avaient leur propre temple sur le mont Garizim. Ils ne reconnaissaient que les 5 livres de Moïse (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome). Ils attendaient la venue d’un nouveau Moïse. Il y avait toujours des conflits entre les Samaritains et les Juifs. Un jour, ils avaient interdit à Jésus de traverser leur village et un des apôtres avait demandé à Jésus de leur envoyer le feu pour les consumer.18 Cependant Jésus les approchait : il parle avec la Samaritaine et présente le bon samaritain comme modèle d’amour du prochain. 5. Les Zélotes C’était des nationalistes qui se levaient contre l’occupation romaine. Leur objectif était de chasser les 17

Raymond E. BROWN., Que sais-t-on du Nouveau Testament, p. 116. 18 Luc 9, 54.

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Romains de la Palestine par une révolution violente pour construire ensuite le royaume de Dieu sur la terre. Ils avaient la sympathie du peuple et avaient répandu leur organisation clandestine sur tout le pays en provoquant des attentats et des assassinats. Il y avait aussi des zélotes (exemple l’apôtre Simon le zélote) parmi ceux qui suivaient Jésus. Ils disparurent en 70 apr. J.-C. lors de la destruction du Temple. VII. LES ÉVANGILES APOCRYPHES 1. De quoi s’agit-il ? Nous avions fait allusion à la liste des 27 livres du Nouveau Testament retenus par l’Église. Les autres livres en circulation non retenus dans la liste officielle constituent ce qu’on appelle les livres apocryphes du Nouveau Testament.19 Le terme apocryphe (du grec apokryphos), signifie « caché, obscur » et donc nonauthentique. Ce sont des écrits qui ressemblent aux textes du Nouveau Testament mais que l’Église ne considère pas comme inspirés par Dieu. Pour certains apocryphes, l’Église conseillait de les utiliser pour la

Lire : F. BOVON et P GEOLTRAIN, Ecrits apocryphes chrétiens, Paris, Gallimard, 1997 ; R.F HOCK, The Infancy Gospels of James and Thomas, Santa Rosa, Polebridge, 1995 ; J-M. PRIEUR, Apocryphes chrétiens. Un regard inattendu sur le Christianisme ancien, Aubonne, éd. du Moulin, 1995. 19

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lecture privée mais jamais pour la liturgie dans les églises. 2. Ressemblances entre les apocryphes et les évangiles canoniques Quelques fois, les apocryphes présentent des ressemblances avec le contenu des évangiles : par exemple, on y trouve : la parabole du semeur ; l’exhortation de Jésus à enlever la poutre de son œil avant d’enlever la paille dans l’œil du prochain ; l’affirmation de Jésus selon laquelle ce qui entre dans la bouche ne rend pas l’homme impur, mais ce qui en sort ; mais aussi : « nul n’est prophète dans sa patrie », « Nul ne peut servir deux maîtres à la fois », « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » ; le récit de la passion et de la mort de Jésus ; la visite des mages à Bethléem ; la fuite de Marie et Joseph en Égypte… etc. 3. Informations qui viennent des apocryphes Certains détails sont connus grâce aux apocryphes : par exemple, les noms des parents de Marie (Joachim et Anne). Ensuite, le nombre des mages venus visiter Jésus né à Bethléem. On sait qu’ils étaient au nombre de trois ; et pourtant aucun verset ne le dit dans l’évangile de Matthieu. On se limite juste à parler des

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mages sans donner leur nombre (Mt 2, 1). Cette information vient des apocryphes. 4. Liste des évangiles apocryphes Les titres de ces évangiles obéissent à la loi de la « pseudonymie ». De quoi s’agit-il ? Lorsque l’on rédigeait un ouvrage et que l’on n’était pas soi-même célèbre, on pouvait le publier en lui attribuant comme auteur un personnage célèbre de l’époque. Ainsi le livre était bien accueilli par le public et le succès était assuré. Pseudonymie vient du grec « pseudos » (faux) et « onoma » (nom), donc « faux nom ». Cette pratique s’étend même à certains écrits du Nouveau Testament : par exemple, deux auteurs anonymes ont écrit 2 lettres et les ont attribuées à Pierre qui était un personnage très connu et très respecté, et l’on dira alors « 1re épître de Pierre et 2e épître de Pierre ». Les biblistes savent que Pierre, pêcheur de métier sur le lac de Galilée, ne pouvait jamais écrire dans un grec d’une telle qualité littéraire. Ensuite les épîtres de Pierre sont probablement rédigées entre les années 70 et 90 apr. J.-C., alors que Pierre était mort entre 64 et 67apr. J.-C., lors de la persécution des chrétiens sous l’empereur Néron. D’autres textes obéissent à cette pratique, comme l’épître de Jacques.

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Il existe une cinquantaine des livres apocryphes. Nous nous limitons à donner ici la liste de certains d’entre eux : Évangile de Thomas, Évangile des Hébreux, Évangile secret de Marc, Évangile de Philippe, Pseudo-évangile de Matthieu, Protévangile de Jacques, Évangile de Pierre, Évangile de Barthélemy. Ils furent écrits entre 150 et 200 apr. J.-C.

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Deuxième partie Les écrits du Nouveau Testament

CHAPITRE 1 L’ÉVANGILE DE MARC

1. Marc redécouvert Le texte de Marc étant le plus court, on a longtemps pensé qu’il ne s’agissait que d’un résumé de l’évangile de Matthieu et qu’il suffisait de lire ce dernier pour ne plus avoir besoin de Marc. Cette position remonte surtout à Saint Augustin. Ainsi, pour longtemps, cet évangile était renvoyé au second plan. Cependant, les chercheurs

modernes

s’étaient

mis

à

étudier

attentivement cet évangile jusqu’à redécouvrir sa place. Nombreux sont de nos jours les ouvrages qui ont été publiés sur l’évangile de Marc, et nous ne nous trompons pas si disons que Marc a été redécouvert, sinon récupéré.

2. Destinataires L’évangile de Marc a été rédigé à l’intention des chrétiens d’origine non juive et particulièrement des 41

païens qui ne vivaient pas en Palestine. Cette affirmation est liée au fait qu’il n’y a aucun rapport dans l’évangile de Marc entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. Il n’y a pas non plus de référence à l’accomplissement des prophéties. Par ailleurs, Marc prend soin d’expliquer les coutumes juives, de traduire les paroles araméennes, et d’expliquer la signification de l’évangile pour les païens (cf. 7,27 ; 10,12 ; 11,17 ; 13,10). C’est donc une communauté qui est au début de son expérience et que Marc veut conduire jusqu’à la plénitude de l’expérience de foi. Son évangile est une véritable catéchèse. Certains ont pensé à une communauté de la Décapole, d’autres à la Syrie, d’autres encore aux chrétiens de Rome qui n’étaient pas d’origine juive et qu’on appelait les gentils. Il présente le mystère de la croix à la communauté issue du paganisme, réalité dans laquelle s’est complètement manifesté le Fils de Dieu. La communauté est guidée dans la découverte de Jésus, à sa suite sur le chemin de la croix parce qu’elle vit dans un contexte de persécution, et son écrit s’avère un soutien et un encouragement. En outre, l’insistance sur le thème de l’annonce et de la prédication de l’évangile correspond à l’exigence du soutien de la communauté dans son activité missionnaire. Son livre reflète une communauté dans laquelle la mission aux païens est primordiale.

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3. Auteur, date et lieu de rédaction L’évangile de Marc est au début un écrit anonyme. Les manuscrits qui donnent le nom de l’auteur sont tardifs. Les titres actuels remontent au 2e siècle quand, à cause des hérésies, on trouva opportun de démontrer son apostolicité ou, du moins, la référence à la tradition apostolique. Les témoignages de la tradition chrétienne ancienne qui remontent au 2e siècle (Papias, Justin, Irénée, Clément d’Alexandrie) s’accordent pour attribuer l’évangile à un personnage de second plan, qui s’est basé sur la prédication de Pierre.20 Marc, bien qu’il soit un personnage de second plan, avait toutefois joui d’une autorité remarquable dans la communauté où il vivait. La plupart des biblistes font dépendre la date de la rédaction du chapitre 13 qui fait allusion à la destruction de Jérusalem et du temple. Plusieurs auteurs y voient un événement déjà accompli après l’écrit et place la composition du livre après 70 apr. J.C. La tradition ancienne fait remonter la composition de l’écrit immédiatement avant la mort de Pierre ou aussitôt après ; d’où l’année 65. D’autres encore pensent qu’il fut probablement composé avant 70 car Jésus, dans Mc 13, fait juste une prophétie sur la destruction du temple, sans allusion ni au siège (Lc 21, 20), ni à la destruction de la ville (Lc 21, 24), et sans allusion non plus à l’incendie du temple.

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A. MARCHADOUR, Les mots de la Bible, p. 79.

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L’insistance de Marc sur la Galilée a laissé penser que cette région serait le lieu d’origine de l’écrit. L’hypothèse la plus répandue désigne Rome comme lieu de rédaction de cet évangile (Clément d’Alexandrie, Jérôme, Eusèbe). 4. Structure et contenu Introduction (1, 1-13) : La figure de Jean-Baptiste, le baptême de Jésus, les tentations. 1re Partie (1, 14-8,30) : Activités de Jésus en Galilée. a) 1, 14-3,6 : annonce du Royaume, appel des disciples, journée-type à Capharnaüm avec des guérisons, 5 controverses avec les adversaires, autorité de Jésus et questions sur son identité. b) 3, 7-6,6a : grand discours en paraboles et grandes œuvres (tempête apaisée, guérison du possédé, de la femme hémorroïsse, de la fille de Jaïre). c) 6,6b-8, 30 : multiplication des pains ; guérison de l’aveugle ; incompréhension des disciples ; confession de Pierre. e 2 Partie (8, 31-16, 8) : Passion, mort et résurrection. a) 8, 31-10, 52 : Annonce de la passion (8, 31 ; mais aussi 9, 30 -32 ; 10, 32-34) ; Transfiguration (9, 113) ; instructions aux disciples et guérison de l’aveugle de Jéricho (10, 1-52). b) 11, 1-13-37 : Activité à Jérusalem c) 14, 1-16, 8 : Passion-mort-résurrection Conclusion : 16, 9-20 44

5. Visée théologique Le titre de l’écrit (1,1) laisse apparaître dès le début la perspective christologique de l’évangile. Il cherche à montrer la base, les fondements et l’histoire de l’évangile même qui est profondément christologique. Chaque péricope de Marc comprend un message christologique et doit être comprise sous cet angle. On retrouve, dans l’évangile, des questions continuelles sur Jésus et sur son identité. Dans 8, 27-9,13, l’évangéliste a accumulé plusieurs éléments qui illustrent mieux le thème qui l’intéresse le plus : qui est Jésus ? D’une part, ses paroles et ses actes suscitent la stupeur, mais de l’autre la faiblesse car les mêmes paroles et actes ne se soustraient pas à la contradiction, aux discussions et à l’incrédulité. Dans l’évangile de Marc, la croix est le point le plus difficile à comprendre et à vivre, et que le disciple devrait comprendre et vivre pour éviter toute incompréhension de l’identité et de la mission de Jésus ainsi que de sa propre mission. Ce ne sont ni les miracles, ni les théophanies sur le lac ou la montagne, à la transfiguration, mais seule la croix peut révéler le sens des titres christologiques (Mc 1,1) et provoquer la confession de foi en Jésus comme fils de Dieu. Déjà le titre de Messie évoqué par Pierre à Césarée de Philippe était orienté vers la croix que Pierre ne voulait pas accepter ; mais surtout le second titre, « Fils de Dieu » qui ne se comprend véritablement que devant le crucifié. Jésus se révèle Messie en tant que 45

Fils de l’homme et serviteur fidèle sur le chemin de la croix. Le thème du royaume de Dieu recouvre tout l’horizon de la vie historique de Jésus. Il est présent au début de la prédication comme programme (1, 14-15), il est illustré dans les paraboles (chapitre 4), et mis en œuvre par Jésus à travers ses actes de puissance, les exorcismes et les miracles.

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CHAPITRE 2 L’ÉVANGILE DE MATTHIEU

1. Destinataires Dans la narration, les éléments qui éclairent le lien de Jésus avec le judaïsme sont multiples. Cela amène à affirmer que les destinataires étaient d’origine juive et non une communauté des convertis du paganisme. Jésus apparaît comme un envoyé uniquement pour Israël (10,6 ; 15,24) ; il veut respecter pleinement la loi (5,17-19 ; 12,5) ; les apôtres sont décrits comme des scribes instruits du royaume des cieux (13,52) ; la particulière attention est portée au problème de la « loi ». Ces éléments ramènent à la première période de la vie de la communauté chrétienne, avant la destruction du Temple en 70 apr. J.-C., quand elle vivait dans une relation pacifique avec la synagogue juive et le temple. Plus tard, cependant, il y eut une rupture avec le judaïsme officiel, celui qui avait rejeté la proposition chrétienne. Plusieurs thèmes expriment une relation conflictuelle (cf. 4,23 ; 12,9; 13,54). Maintenant le temple est devenu une maison 47

abandonnée (23,28) ; le royaume qui appartenait à Israël a été donné à un peuple qui le fructifie (21,41) ; le salut est passé aux païens (2,1-13 ; 27,54 ; 28,16-20). La mission universelle, qui englobe également les païens, est représentée par certaines paroles et actions prophétiques de Jésus qui loue et reconnaît le rôle salvifique de la foi de l’officier païen de Capharnaüm (Mt 8,10-13) et de la femme cananéenne (Mt 15,28). Cependant, au sein même de la communauté, il existe des difficultés : Matthieu dénonce la fausse sécurité de ceux qui ne persévèrent pas dans l’attitude d’un engagement vigilant et actif (7,21-23 ; 24,48-51; 25,2430). Vis-à-vis des disciples, une formule revient souvent dans la bouche de Jésus : « hommes de peu de foi » (6,30 ; 8,26 ; 14,32 ; 16,8 ; 17,20). Les bergers sont exhortés à utiliser la douceur envers les faibles (18,10-14). La situation complexe que reflète l’évangile de Matthieu à l’intérieur pèse sur la considération de l’origine de cet évangile au niveau littéraire et historique. Sur le plan littéraire, l’hypothèse qui semble avancée est que dans le travail rédactionnel de Matthieu, plusieurs traditions sont réunies ensemble, en tenant compte de divers éléments et de la relation de ce dernier avec les deux autres synoptiques. 2. Auteur, date et lieu de rédaction La tradition chrétienne (Irénée, Origène, Papias) a généralement identifié l’évangéliste Matthieu avec 48

l’apôtre Lévi (cf. Mc 2, 14), fils d’Alphée le publicain.21 Papias livre le premier témoignage écrit entre 120 et 130 av. J.-C. dans son « Commentaire aux paroles de Jésus ». Certains fragments de son œuvre sont conservés par Eusèbe de Césarée. Dans son Histoire Ecclésiastique, ce dernier dit : « Matthieu, dans la langue hébraïque, a rassemblé en ordre les dits ; il les interpréta (ou traduisit) toutefois chacun comme il en était capable ».22 Irénée, évêque de Smyrne et originaire de Lyon (vers 180 apr. J.-C., écrit à propos de cet évangile : « Parmi les hébreux, Matthieu publia une section écrite dans leur langue tandis que Pierre et Paul évangélisaient et fondaient l’Église à Rome ».23 Et enfin, Origène (3e siècle apr. J.-C.) confirme la persistance de la tradition sur Matthieu dans un fragment conservé par Eusèbe de Césarée : « Ainsi aije appris de la tradition à propos des quatre évangiles, les seuls qui étaient admis dans l’Église de Dieu sur la terre sans controverse : le premier à être écrit fut celui selon Matthieu, qui était collecteur d’impôts et devint apôtre de Jésus-Christ par la suite ; il le composa en hébreu pour les croyants qui provenaient du judaïsme ».24 Selon le témoignage controversé de Papias, l’évangile actuel serait la traduction d’un original 21

A. MARCHADOUR, Les mots de la Bible, p. 81. Eusèbe de Césarée, Historia Ecclesiastica, 111, 39, 16. 23 Irénée, Adversus Haereses, 111, 1, 1. 24 Eusèbe de Césarée, Historia Ecclesiastica, VI, 25, 4. 22

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araméen. Mais il était composé par quelqu’un qui connaissait et parlait grec ; les inflexions sémitisantes, reparties différemment, peuvent s’expliquer par l’utilisation des traditions palestiniennes et la familiarité avec la Bible. Par conséquent, l’ensemble des données linguistiques et la situation complexe de l’environnement vital, laissent penser que l’auteur était un chrétien de la deuxième génération qui parlait bien le grec et venait d’un milieu juif. Ce dernier n’était pas témoin oculaire du ministère de Jésus et avait utilisé le contenu de l’évangile de Marc (soit 80 %) ainsi que d’autres sources disponibles, orales ou écrites. L’évangéliste peut être compté dans le groupe de ces « scribes » qui étaient devenus disciples du royaume de Dieu et qui, du riche trésor de la tradition, avaient su faire ressortir des choses nouvelles et anciennes (13,52). Bref, la paternité de Matthieu n’est plus affirmée de nos jours ; mais il convient de retenir que l’auteur serait un juif d’origine à cause de son intérêt pour la Loi, l’importance accordée aux citations de l’Ancien Testament ou la limitation de la mission de Jésus terrestre à Israël.25 L’évangile aurait été écrit après 70 apr. J.-C., c’està-dire après la destruction de Jérusalem et du Temple (cf. Mt 22, 7 et Lc 14, 24). Ignace d’Antioche le connaissait déjà, ce qui confirme que la composition ne peut pas remonter au-delà de l’année 100. L’année 25

ELIAN CUVILLIER, in D. MARGUERAT, Introduction au Nouveau Testament, p. 68.

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80 est la plus probable. Autrefois, on pensait que l’évangile de Matthieu était rédigé en Palestine. Cette hypothèse a été abandonnée. On retient aujourd’hui, dans le milieu des biblistes, que le lieu de rédaction est la ville d’Antioche en Syrie. Ce lieu est retenu en se basant sur l’analyse du contenu. 3. Structure et contenu Introduction (1, 1-4,16) 1-2 : évangile de l’enfance 3, 1-4, 16 : Baptême et tentation re 1 Partie (4, 17-9,34) Accueil de l’annonce du Royaume - Premier discours de la montagne (5-7) - Dix miracles (8, 1-9,34) 2e Partie (9, 35-12, 50) : Jésus associe les disciples à sa mission et à sa mort 3e Partie (13,1-17, 27) : le grand discours en paraboles : 7 paraboles 4e Partie (18-23) : la section conduit au lieu du drame : insertion du discours communautaire ; reproches aux scribes et aux pharisiens sur leur incohérence. 5e Partie (24-28) : Discours eschatologique ; passionmort et résurrection ; mission universelle des disciples.

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4. Visée théologique - En Jésus s’accomplissent les Écritures Dans l’ensemble de l’Évangile, Matthieu élabore un schéma d’histoire universelle qui trouve sa signification en Jésus-Christ (Fils de Dieu et Seigneur de l’univers). Jésus n’abolit pas mais accomplit ; le royaume des cieux n’est pas un fait nouveau, mais l’accomplissement de la promesse faite aux pères. Le royaume des cieux qui devait rétablir parmi les hommes l’autorité souveraine de Dieu comme roi finalement reconnu, servi et aimé, avait en fait été préparé et annoncé par l’ancienne alliance. Ainsi, Matthieu, écrivant parmi les Juifs et pour les Juifs, s’engage en particulier à montrer l’accomplissement des Écritures dans la personne et dans l’œuvre de Jésus. Il se réfère chaque fois à l’Ancien Testament pour prouver comment la loi et les prophètes sont « accomplis », c’est-à-dire non seulement réalisés dans leurs attentes, mais aussi portés à une perfection qui les couronne et les dépassent. Les autres synoptiques utilisent également cet argument scripturaire, mais Matthieu le renforce considérablement, de manière à en faire un élément significatif de son évangile.

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- L’Eglise est le véritable Israël L’histoire de cet accomplissement a été dramatique. Les destinataires naturels du Royaume ont rejeté Jésus et ne l’ont pas reconnu comme Messie. Cependant, tous les Israélites ne se sont pas opposés au Christ ; en effet, toute la communauté chrétienne des premières années était exclusivement composée des Juifs. Le problème de l’accueil de Jésus de Nazareth en tant que Messie était donc une affaire interne au monde juif et cette question est devenue explosive après la chute de Jérusalem en l’an 70 de notre ère, lorsque le groupe de pharisiens de Jamnia s’est fortement opposé aux Juifs chrétiens. C’est dans ce climat de contraste religieux que fut rédigé l’Évangile de Matthieu dont l’objectif premier était de montrer que le repli du judaïsme sur lui-même n’était pas conforme à la tradition biblique et que le christianisme, au contraire, offrant au monde entier la connaissance du Dieu unique et la participation aux promesses messianiques, était la continuation authentique du peuple de Dieu de l’Ancien Testament. Avec une formule synthétique, nous pouvons dire ceci : Matthieu enseigne que « l’Église est le véritable Israël ». - La justice du royaume La nouveauté et l’accomplissement apportés par Jésus et non acceptés par les dirigeants d’Israël sont 53

qualifiés par Matthieu par le terme « justice », c’est-àdire la révélation définitive de la volonté authentique de Dieu. La « nouvelle justice » est basée sur la loi de l’Ancien Testament et sur les traditions juives, voire les dépasse et les accomplit. Il n’est pas correct de parler de Jésus comme nouveau Moïse ; il n’est jamais présenté comme un autre législateur qui réforme les normes. Matthieu, par contre, présente Jésus dans un rôle divin : il est le Fils du Dieu vivant et le Messie : avec pareille autorité, il offre l’interprétation définitive de la loi révélée au Sinaï. Par conséquent, Jésus n’abolit pas la loi et ne veut pas l’interpréter de manière radicale. Il la mène simplement à son terme en la transcendant avec l’autorité du révélateur eschatologique : « Ne pensez pas que je suis venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir » (Mt 5,17). L’accomplissement de la loi consiste en une justice supérieure : « Si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Mt 5,20).

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CHAPITRE 3 L’ÉVANGILE DE LUC

1. Destinataires Luc est le porte-parole des chrétiens de la deuxième ou de la troisième génération pour qui il souligne la vie quotidienne du salut. Les situations quotidiennes constituent le présupposé pour que Dieu continue à travailler pour le salut. Au moment où Luc écrit, la réalité historique avait changé par rapport aux premiers temps du christianisme. Le centre du monde juif n’existe plus après la destruction du Temple et de la ville de Jérusalem en 70. Par conséquent, la préoccupation de l’évangéliste n’est plus la controverse avec les scribes et les pharisiens des milieux juif et palestinien. Le public auquel il destine son évangile se compose des églises situées dans la région de la Grèce et de la Syrie. C’est un public de culture grecque et non pas juive (comme chez Matthieu). La distance par rapport aux faits relatés comportait un risque d’apathie, de reflux et d’un christianisme fatigué. L’attente d’une venue imminente du Seigneur 55

n’était plus vécue avec l’anxiété spasmodique des premiers temps. L’intérêt, alors, de l’auteur de l’évangile est orienté vers ces chrétiens issus du paganisme pour qui il souligne l’importance d’un engagement dans l’histoire. Ils vivaient en dehors de la Palestine, donc dans un contexte culturel différent, et constituaient la majorité de nouvelles communautés. Dans l’évangile, l’auteur met toute la charge pour relancer le présent : Jésus est présenté avec des traits humains si proches du modèle de l’existence quotidienne du chrétien. Luc souligne donc l’importance d’un engagement vigilant dans l’histoire, la liberté vis-à-vis des biens matériels, la sollicitude envers les frères les plus pauvres et les plus démunis à travers la communion de biens, le besoin de vie de prière individuelle et communautaire. Le salut implique un engagement continu dans la persévérance. La note du dicton sur la suite du Christ est très illustratif : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Lc 9, 24 ; Mc 8, 34 et Mt 16,24). 2. Auteur, date et lieu de rédaction On considère généralement que l’auteur de l’évangile s’appelle Luc qui était compagnon de voyage et collaborateur de Paul. Ces informations nous viennent de deux sources : Saint Irénée dans son 56

ouvrage « Contre les hérésies »26 ainsi que le « Canon de Muratori »27 qui affirme : « Ce Luc est un médecin que, après l’ascension de Jésus, Paul prit comme son compagnon de voyage. Il écrivit en son nom propre et selon son point de vue car il n’avait pas vu personnellement le Seigneur dans la chair ». L’évangéliste ne faisait donc pas partie du groupe des témoins oculaires ; il était un intellectuel cultivé de culture grecque. Cela est démontré par sa connaissance de la littérature grecque, son style, sa manière d’écrire, sa familiarité avec la Bible grecque de la Septante et sa mentalité. Il porte un nom latin adapté au grec ; il est donc d’origine païenne. Il était lié à l’activité de Paul et en particulier aux sections des Actes des Apôtres où le narrateur semble parler à la première personne, montrant ainsi qu’il était un témoin direct (les soi-disant « sections nous » cf. 16,10 à 17 ; 20,5 à 15 ; 21,1 à 18 ; 27,1-2,16). Luc est mentionné dans les lettres pauliniennes (Col 4,14 ; 2 Tm 4,11 ; Phm 24). Cependant, l’Évangile et les Actes sont postérieurs à l’activité de Paul d’environ vingt ans et peuvent être datés entre 80 et 90. La pensée du troisième évangile et des Actes diverge également des lettres pauliniennes authentiques. On ne peut pas par conséquent attribuer avec certitude l’œuvre de Luc à 26

Cf. A. MARCHADOUR, Les mots de la Bible, p. 74. Canon de Muratori : Ludovico Antonio Maria Muratori, découvrit, vers la fin du 2ème siècle ap. J-C, des textes parmi

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lesquels se trouve aussi un canon qui reprend la liste des livres reconnus par l’Eglise de Rome. 57

un disciple direct du grand apôtre, même s’il y a des traces de collaboration. Les recherches actuelles ne disent pas exactement où était rédigé l’évangile de Luc. Cependant on sait que cet évangile n’avait pas été rédigé en Palestine car en le lisant, on se rend compte que le rédacteur connaît mal la géographie de cette région (cf. Lc 4, 44 et 17, 11). Plusieurs hypothèses sont avancées : Éphèse, Corinthe, Antioche, Macédoine et Rome. 3. Structure et contenu Prologue (1, 1-4) Introduction (1, 5-4, 13) : Origine de Jésus et prélude à sa mission a) Les origines de Jésus (1,5-2,52) b) Prélude à la mission de Jésus (3,1-4,13) re 1 Partie : La mission initiale (4,14-9,50) a) Mission à Nazareth (4, 16-30) b) Appel des premiers disciples c) Controverses et discours en paraboles d) 14 miracles e) Confession de Pierre (9, 18-22) f) Transfiguration (9,26-36) e 2 Partie : voyage vers Jérusalem (9, 51, 19,28) a) La parabole du bon Samaritain b) Marthe et Marie c) Commandement de l’amour (10,25-28) d) Instruction sur la prière (11,1-13) e) Appel à la vigilance et à la fidélité (12,35-48) 58

f) Les conditions pour suivre Jésus (14, 25-35) g) Les paraboles de la miséricorde (chapitre 15) h) Sur l’usage des richesses (16,1-31) e 3 Partie : L’accomplissement du salut (19,28-24,53) a) Entrée messianique ; activité ; controverses avec les adversaires ; paraboles des vignerons homicides ; instructions sur la venue du fils de l’homme et invitation à la vigilance et à la prière (19, 29-21,38). b) Récit de la Passion et mort (chapitre 22-23) c) Le jour de Pâques (chapitre 24) -Pâques (24, 1-12) - Les disciples d’Emmaüs (24, 13-35) Conclusion (24, 36-53) : Promesse du don de l’EspritSaint ; thème de la joie et de la louange à Dieu. 4. Visée Théologique Dans tous les évangiles, le thème central est l’œuvre et la personne de Jésus. La contribution originale qu’apporte Luc dans sa narration est la présentation du projet de salut de Dieu à travers trois moments : le moment de la proclamation ou de la préparation qui comprend le temps d’Israël, le temps de Jésus qui constitue la réalisation définitive de l’œuvre du salut et le temps de l’Église dans lequel cette œuvre se prolonge. Jésus est vu comme un prophète et présenté avec les traits caractéristiques de l’envoyé de Dieu pour apporter la révélation ; sur lui descend l’Esprit qui le guide et accomplit ainsi les prophéties dans le 59

sens annoncé par Is 61,2 et 58,6. Jésus est au sommet de toute la révélation prophétique (Lc 24, 24). Luc applique le titre de « Seigneur » à Jésus, titre réservé uniquement à Dieu dans l’Ancien Testament et qui exprime l’invocation de la communauté chrétienne. La théologie lucanienne souligne que Jésus est le Sauveur et, en tant que tel, il est au centre de toute l’histoire humaine : il est le nouvel Adam, ancêtre d’une nouvelle génération. Le salut revêt un caractère universel, il est offert à tous : hommes, femmes, pécheurs, pauvres, marginalisés. Jésus montre le visage miséricordieux de Dieu, celui qui apporte aux hommes le pardon des péchés, la libération du mal et procure la joie et la paix dans les cœurs des croyants, ainsi que le don de l’Esprit. Le Christ de Luc est le plus immergé dans l’histoire des hommes : il s’identifie aux humbles, aux pauvres, il prie, il souffre. La mort n’est pas considérée comme une expiation mais comme un moment nécessaire pour entrer dans la gloire et impliquer tous les êtres humains. L’exaltation de Jésus en tant que Seigneur est la manifestation de la manière dont il est également Seigneur de l’histoire. Le Christ entré dans la gloire donne l’Esprit, le don des temps messianiques à travers lequel il conduira l’histoire vers son accomplissement. Dans ce contexte, l’invitation à la vigilance prend forme : le salut est déjà opérationnel, mais il n’est pas acquis une fois pour toutes. Le présent est lié à la future dimension eschatologique. Par conséquent, la vie de tous les 60

jours est faite d’engagement actif et de la prière. Jésus le Christ est celui qui donne un sens au présent, un présent qui a de la consistance dans la vie quotidienne, en vue de sa venue finale.

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CHAPITRE 4 L’ÉVANGILE DE JEAN

1. Destinataires Considérant le ton général de l’évangile, on peut affirmer avec certitude que le but principal de Jean est de former des croyants, c’est-à-dire des personnes déjà avancées dans la foi ; il veut enraciner plus profondément dans la foi ceux qui croient déjà. Ce n’est donc pas un texte de première annonce destiné à l’évangélisation. C’est un texte de formation et de maturation.28 L’attention portée à une église qui est déjà croyante est très pertinente chez Jean et se remarque particulièrement dans son insistance sur les verbes « rester » et « conserver ». Deuxièmement, on peut également identifier d’autres objectifs et d’autres destinataires potentiels, mais pas de manière à caractériser pleinement À l'époque patristique, une distinction était faite entre les quatre évangiles selon le chemin emprunté par le croyant : Marc : l'évangile de l'initiation du catéchumène; Matthieu et Luc : les évangiles de la formation; Jean : l’évangile de perfection et de contemplation. 28

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l’Évangile de Jean. Dans certains versets, on peut entrevoir une intention apologétique, de défense du Christ contre les disciples de Jean-Baptiste. Certains accents spéciaux font penser à une polémique et à une controverse : la tradition patristique fait allusion à un but polémique contre les chrétiens hérétiques, comme les gnostiques. Les chercheurs modernes, en revanche, notent un ton polémique contre les Juifs incroyants, ceux qui ne voulaient pas reconnaître Jésus comme Messie. Enfin, d’autres tons suggèrent une volonté de proclamation et d’encouragement : on a formulé l’hypothèse selon laquelle il s’agirait d’un appel délibéré lancé aux judéo-chrétiens de la diaspora afin qu’ils choisissent le Christ de manière définitive en se détachant de la synagogue ; et l’on a vu également dans le quatrième évangile une ouverture missionnaire intentionnelle. 2. Auteur, date et lieu de rédaction Si la tradition de l’Église ancienne attribuait la composition de l’évangile à l’apôtre Jean, aujourd’hui par contre, cette affirmation qui remontait déjà à Irénée (180 ap. J-C) ne fait plus l’unanimité. Faute de donner le nom de l’auteur, les biblistes se limitent à affirmer que l’évangile de Jean ne serait pas l’œuvre d’un témoin oculaire, que son auteur serait un personnage de la deuxième ou même troisième génération qui s’est efforcé d’exposer l’interprétation

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de la foi chrétienne initiée par le disciple bien-aimé.29 Selon les biblistes les plus accrédités, l’évangile de Jean aurait été composé entre 90 et 100 apr. J.-C.30 à Éphèse, de l’avis de la plupart, ou à Alexandrie comme l’ont proposé certains en raison de la diffusion de cet évangile en Égypte dans les premières décennies du deuxième siècle de l’ère chrétienne ; ou encore, selon d’autres, à Antioche de Syrie,31 la plus grande ville de l’empire après Rome et centre de rayonnement du christianisme primitif dans le monde païen. Cette dernière hypothèse serait corroborée par les similitudes entre la pensée johannique et celle formulée dans ses travaux par saint Ignace, évêque d’Antioche au 2e siècle de notre ère.32

J. ZUMSTEIN, in D. MARGUERAT, Introduction au Nouveau Testament, p. 362 ; cf. aussi R.E. BROWN, Que sait-on du Nouveau Testament, p. 412 ; cf. J ZUMSTEIN, L’évangile selon saint Jean (112), p. 38. 30 Sans indiquer une date précise, J. ZUMSTEIN fixe la fin du premier siècle comme date de composition in J. ZUMSTEIN, L’évangile selon saint Jean (1-12), p. 38. 31 J ZUMSTEIN, L’évangile selon saint Jean (1-12), p. 38 ; J ZUMSTEIN, L’apprentissage de la foi. A la découverte de l’évangile de Jean et de ses lecteurs, pp. 34-35. 32 Sur les différentes hypothèses autour du lieu de composition, cf. M. RODRIGUES-RUIZ, El lugar de composiciòn del cuarto evangelio. Exposiciòn y valoraciòn de las diversas opiniones, in EstB 57(1999)613-641. 29

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3. Structure et contenu33 1, 18 : Prologue : le verbe incarné 1,19-12,50 : Première partie : le livre des signes 1. Premiers jours de la révélation de Jésus à ses disciples sous divers signes (1,19-2,11) 2. Du premier au second miracle de Cana ; thèmes de la substitution des réactions à Jésus (chapitres 2-4) : eau changée en vin, purification du Temple, Nicodème, la Samaritaine au puits, guérison du fils d’un fonctionnaire royal. 3. Jeûnes de l’Ancien Testament et leur remplacement ; thèmes de la vie et de la lumière (Chapitres 5-10) : Sabbat- Jésus nouveau Moïse, remplace le commandement du repos du sabbat (5,147) ; Pâques - le pain de vie remplace la manne (6,1-71) ; Tentes – la Source de l’eau vive et la Lumière du monde remplacent les cérémonies de l’eau et de la lumière (7,1-10,21) ; Consécration – Jésus est consacré à la place de l’autel du Temple (10, 22-42). 4. La résurrection de Lazare et ses suites (Chapitres 11-12) : Lazare rendu à la vie, Nous avons repris telle quelle la structure proposée par R.E. BROWN en raison de sa clarté : Raymond E. BROWN, Que saiton du Nouveau Testament, pp. 377-378.

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Jésus condamné à mort par le Sanhédrin, la sœur de Lazare oint Jésus en vue de sa mise au tombeau, entrée à Jérusalem, fin du ministère public et avènement signalé par l’arrivée des « gentils ». 13,1-20-31 : Deuxième partie : le Livre de la Gloire 1. La dernière cène et le dernier discours de Jésus (Chapitres 13-17). a) la dernière Cène (chapitre 13) : le repas, le lavement des pieds, la trahison de Judas, l’introduction au discours (commandement de l’amour, annonce des reniements de Pierre) ; b) Dernier discours de Jésus (Chapitres 14-17) : première partie (chapitre 14) : départ de Jésus, habitation divine, le Paraclet ; Deuxième partie (Chapitres 15-16) : la vigne et les sarments, la haine du monde, le témoignage du Paraclet, répétition des thèmes de la première partie ; Troisième partie (chapitre 17) : prière « sacerdotale ». 2. Passion et mort de Jésus (Chapitres 18-19) : arrestation, interrogatoire devant Anne et reniement de Pierre, procès devant Pilate, crucifixion, mort et ensevelissement. 67

3. La résurrection (20,1-29) : quatre scènes à Jérusalem (deux au tombeau et deux dans une chambre). 21, 1-25 : Épilogue : apparitions du Ressuscité en Galilée ; deuxième conclusion. 4. Visée théologique Le thème central et donc le but de l’évangile de Jean est spécifié au chap. 20, 30-31 : « En présence des disciples, Jésus fit de nombreux autres signes miraculeux, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-ci ont été écrits, afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom ». Attester que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, qui est venu afin qu’en croyant en lui on ait la vie, tel est le but de cet évangile. En fait, ce dernier concept est souligné au centre de l’Évangile, dans Jn 10, 10 : « Le voleur ne vient que pour voler, tuer et détruire ; Je suis venu pour qu’ils aient la vie et l’aient en abondance ». Jean présente le Christ comme le « révélateur de Dieu dans le monde ». Il est l’envoyé de Dieu34 : il ne prononce pas ses propres paroles, mais celles du Père, il ne réalise pas sa volonté, mais celle du Père, il n’accomplit pas

S’agissant de la christologie de l’envoyé, lire J. ZUMSTEIN, L’évangile selon saint Jean (1-12), p. 40. 34

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ses propres œuvres, mais celles du Père. C’est l’amour du Père en action : « Parce que Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 6).

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CHAPITRE 5 LES ACTES DES APÔTRES

À la différence d’autres écrits du Nouveau Testament, le livre des Actes des Apôtres n’est pas une lettre ni un évangile, encore moins un écrit prophétique. L’appellation « Actes des Apôtres » est attribuée à Irénée de Lyon et remonte à la fin du 2e siècle.35 Le livre raconte la naissance et l’expansion de l’Église sous la mouvance de l’Esprit-Saint. Il constitue la suite de l’Évangile de Luc. En effet, l’œuvre de Jésus ne s’arrête pas avec la fin de son activité terrestre, mais se poursuit dans la mission de l’Église par le don de l’Esprit-Saint. C’est l’EspritSaint qui reste le protagoniste dans les Actes.36 Irénée, Contre les hérésies III, 13, 3 Cf. A. MARCHADOUR, les mots de la Bible, p. 10. D. MARGUERAT pense par contre que c’est la «Parole» qui est protagoniste dans les Actes des Apôtres. Le terme «logos» revient 65 fois dans le livre des Actes sur les 330 occurrences que renferme le Nouveau Testament. Contrairement à ceux qui pensent que l’Esprit-Saint est le protagoniste, D. MARGUERAT pense plutôt que l’Esprit –Saint est par contre au service de l’expansion de la Parole. Les apôtres sont institués témoins de la Parole après la résurrection (Ac 1, 8) ; la parole grandit (6,7 ; 35 36

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1. Structure et contenu Le texte des Actes a une structure narrative et une articulation bien équilibrée des parties qui le composent. Les exégètes sont d’accord sur ce point mais proposent des schémas différents. Nous en donnons un parmi d’autres 37: ce schéma divise le texte en cinq parties : 19,20), elle pullule (12,24), elle gagne du terrain (13,49) ; c’est elle que l’on reçoit (2,41 ; 8,14 ; 11,1 ; 17,11 et que l’on glorifie(13,48) ; les nouveaux croyants sont appelés auditeurs de la Parole (4,4 ; 10,44 ; 19,10 ; enfin, on découvre même l’image d’un Paul possédé par la Parole (18,5) (cf. D. MARGUERAT, Un admirable christianisme. Relire les actes des Apôtres, p. 31). 37 D’autres schémas sont également possibles : 1. Une première proposition présente le livre des Actes divisé en deux parties, mais selon deux points de vue différents : le "cycle de Pierre" et le "cycle de Paul", offrant un soutien à la thèse théologique qui attesterait la présence du compromis entre une tendance institutionnelle pétrinienne et une tendance charismatique paulinienne, existant déjà dans l'Église primitive. 2. Une seconde proposition présente une structure tripartite des Actes, facilement reconnaissable et liée au thème du témoignage demandé par Jésus : "Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée-Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre". - Dans les chapitres 1 à 5, le témoignage rendu au Seigneur par les apôtres à Jérusalem est raconté. - Dans Actes 6 – 15,35, le témoignage s’élargit en Judée et en Samarie chez les Juifs et s’étend rapidement aux païens. - En 15,36-28,31, le témoignage atteint "les extrémités de la terre", identifiées à cette époque avec celles de l'empire romain. 3. La structure en quatre parties est formulée à partir des raisons littéraires : - La vie de la communauté chrétienne primitive (Actes 2,1 - 8,1). - Propagation du christianisme chez les païens comme chez les juifs (Ac 8,2-

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- La première présente le prologue, l’ascension de Jésus, relate l’événement de la Pentecôte et donne l’image de la communauté chrétienne primitive (Actes 1-5,17-42). - La seconde se réfère aux premières missions apostoliques, induites par le martyre d’Étienne et la persécution qui s’ensuit ; présente l’évangélisation du diacre Philippe, l’épisode de la conversion du centurion Cornelius, la vocation de Paul, l’équipe pastorale de l’église d’Antioche (Actes 6-13,1). - La troisième décrit le premier voyage missionnaire de Paul et Barnabé et le premier concile tenu à Jérusalem (Actes 13,2 – 15,3-35). - La quatrième est consacrée au récit du deuxième et du troisième voyage missionnaire de Paul, accompagné des collaborateurs valides : Silas, Timothée, Luc luimême... (Actes 15,36-20). - La cinquième montre le voyage de Paul à Jérusalem, son arrestation, sa « passion », le « naufrage », le débarquement à Malte, la reprise du voyage d’abord par mer, puis par voie terrestre jusqu’à Rome, où l’apôtre réaffirme son propre programme théologique et pastoral : « Le salut de Dieu est envoyé aux païens » (Actes 21-28,31). En effet, à Rome, l’apôtre rencontre les Juifs résidant dans la capitale et leur explique le motif de son arrestation. Cette dernière tentative n’aboutit à rien ; puis Paul a finalement rompu avec les Juifs et 15,35). - Exécution de la mission de Paul (Actes 15,36-19,40). Dernière partie du livre : l'apologie du christianisme, dont l'emprisonnement de Paul témoigne d'une innocence politique et théologique (Actes 20,1-28,31).

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s’est tourné vers les païens qu’il a eu l’occasion de rencontrer dans la capitale de l’empire au cours des deux années de résidence forcée. Ainsi, le récit des Actes se termine sans rien dire sur l’issue du procès de Paul qui avait fait appel à César. Avec l’arrivée de l’apôtre à Rome et l’annonce de l’évangile du salut aux païens de la capitale, Luc complète son plan idéal qui consiste à retracer les étapes de la mission chrétienne « de Jérusalem... jusqu’aux extrémités de la terre ». 2. Auteur et date de rédaction Selon la tradition, Luc, le médecin, serait l’auteur des Actes. Il fut le collaborateur et le compagnon de voyage de Paul. Si l’on s’en tient au contenu de l’écrit, l’auteur des Actes est un écrivain d’un grand talent et d’une culture vaste. C’est un fin connaisseur des écritures juives en grec, mais qui ne fut pas un témoin oculaire du ministère de Jésus.38 Le livre serait rédigé autour de l’année 85 apr. J.-C. 3. Destinataires et but de l’écrit Puisque les Actes veulent souligner l’existence d’une continuité spirituelle entre l’Église des origines et les nouvelles églises fondées en dehors de la Palestine, les destinataires des Actes sont justement les chrétiens issus des milieux païens. Luc veut les aider à 38

Raymond E. BROWN, Que sait-on du Nouveau Testament, p. 268.

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avoir une parfaite connaissance de leurs racines historiques et spirituelles. 4. Visée théologique L’auteur du livre des Actes n’entend pas raconter l’histoire de l’Église, ni la biographie de Pierre, de Paul ou d’autres apôtres. Il a rassemblé plusieurs matériels historiques et les a ensuite réorganisés en présentant des scènes. Il s’agit d’un discours théologique mais historiquement fondé. Cependant, seul le discours théologique intéresse l’auteur et non la chronique. En effet, le livre des Actes est une réflexion de foi sur l’Église. Cette dernière est perçue comme une communauté des croyants sauvés par le Christ. Cependant, seulement la foi en lui et le baptême rendent possible le salut et la rémission des péchés. Dans l’Église, l’œuvre de Jésus se prolonge dans l’histoire. L’Esprit est le don envoyé par le Ressuscité qui, par son influence, guide toute la vie chrétienne. Les Actes soulignent par ailleurs les diverses manifestations de la présence de l’Esprit dans la narration : il soutient les missionnaires, il est signe d’unité, il vient au secours au moment de l’épreuve, ses dons remplissent les cœurs des croyants, il va au-delà des divisions culturelles et raciales. Les fruits de l’Esprit sont : la joie, l’amour, la promptitude à l’accueil de tous, le courage et l’ouverture vers de nouveaux horizons.

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CHAPITRE 6 BIOGRAPHIE DE PAUL ET GÉNÉRALITÉS SUR SES ÉPÎTRES

I. Biographie de Paul Parmi tous les personnages qui animent le Nouveau Testament, Paul est certainement celui dont nous détenons une plus grande richesse de données, soit parce qu’il existe de nombreux liens historiques et géographiques que nous pouvons relever à partir des textes en notre possession, soit aussi parce que son activité missionnaire était plutôt longue et surtout extraordinairement dense. Les textes qui nous donnent le plus de données sur la vie de Paul sont les Actes des apôtres, dont 20 chapitres traitent de ses œuvres missionnaires (chapitres 9-28) et ses propres écrits, bien que le cadre chronologique qui en résulte soit fragmentaire. 1. Son Nom : Il reçut le nom hébreu de Saul ou Saül, qui signifie « celui qui a été demandé (par la prière) ». Les Actes des Apôtres nous apprennent qu’au nom juif de Saul, il ajouta la forme grecque Paûlos. En effet, 77

les juifs qui vivaient en pays païen ajoutaient à leur nom juif un nom grec ou romain et choisissaient généralement celui qui avait presque le même son que le nom juif. À partir d’Actes 13, et dans toutes les épîtres, il prendra le nom de Paul. Désormais, c’est avec ce nouveau nom grec qu’il signera ses épîtres. Le triple nom, hébreu, grec et romain, indique les trois cultures qui se croisent chez Paul, ce qui fait de lui un cosmopolite, et cela se reflétera dans ses lettres et dans son annonce. 2. Date de naissance : entre l’an 5 et 10 Apr. J.-C. 3. Lieu de naissance : Paul est né à Tarse en Cilicie (Turquie actuelle). A Tarse vivaient les Juifs, les Grecs et les Romains car c’était une ville commerciale. Tarse était aussi une ville universitaire : il y avait une école de droit romain et une école de philosophie. 4. Tribu : Il était de la tribu de Benjamin. Les parents étaient des juifs pratiquants. Ils avaient aussi acquis la nationalité romaine. En effet, être citoyen romain comportait beaucoup de privilèges. C’est à ce droit que se réfère Paul quand il demande d’être jugé à Rome au tribunal impérial. 5. Études et formation : A Tarse, au sein de la famille et de la synagogue, Paul reçut une formation spirituelle et culturelle hébraïque. Il poursuivit ensuite ses études à Jérusalem (cf. Ac 22,3). Il fut placé 78

sous la direction du docteur le plus illustre de ce temps, Gamaliel, surnommé « la splendeur de la loi ». Un document raconte qu’il avait 1000 disciples dont 500 étudiaient la loi, 500 la sagesse grecque (philosophie et littérature). Gamaliel était disciple de Hillel, ancêtre du courant juif plus modéré et plus ouvert qui s’opposait au courant plus strict et traditionaliste de Shammai. On doit donc penser que Paul a acquis de Gamaliel un judaïsme plus modéré et ouvert que son caractère impulsif et passionné a cependant accentué et exalté les tons, en faisant de lui un pharisien intransigeant au point de persécuter activement les chrétiens de Jérusalem et de voter la peine de mort à leur encontre. 6. Profession : Il était constructeur des tentes (d’après Actes 18, 3). Ce métier était nécessaire pour vivre.39 7. Langues parlées : à côté de l’hébreu, il parlait parfaitement le grec.40 Étant citoyen romain, on pense qu’il devait s’exprimer également en latin. 8. Persécuteur des chrétiens : Paul s’opposa au mouvement initié par Jésus et persécuta ses adeptes qui avaient adopté une attitude négative à l’égard du Temple de Jérusalem et de la Loi mosaïque. Il était convaincu que l’homme devenait juste en observant la Loi de Moïse. La reconnaissance de Jésus comme 39 40

J. MURPHY-O’CONNOR, Histoire de Paul de Tarse, p. 41. J. MURPHY-O’CONNOR, Histoire de Paul de Tarse, p. 15.

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Messie apparaissait comme une impiété pour lui. Un Messie crucifié constituait une véritable hérésie du point de vue de la religion juive.41 Il s’était tellement distingué dans la persécution des chrétiens à Jérusalem par son engagement, qu’il sollicita la charge écrite par le grand prêtre pour être autorisé à continuer son œuvre à Damas (Ac 9, 1-9). 9. Conversion de Paul : Sur le chemin de Damas où il se rendait pour arrêter les chrétiens, Saul eut une fameuse rencontre qui changea tout le cours de sa vie. L’épisode se situerait autour des années 34-35. Il devait être âgé d’au moins une trentaine d’années au moment où s’accomplit ce revirement. En route vers Damas, il fit la rencontre avec le Christ ressuscité qui l’appela à devenir ministre et témoin des choses qu’il avait vues (Actes 26,16). Une expérience qui a radicalement bouleversé l’existence de Paul et que Luc rappelle trois fois dans ses Actes (Actes 9 ; 22 ; 26), bien que Paul ne mentionne pas souvent cet épisode et quand il le fait (1 Co 15,3-9 et Gal 1,12-17), c’est seulement avec une allusion pâle. Il a vécu cette expérience du Christ ressuscité comme un appel qui a provoqué en lui une conversion et une maturation de sa foi au sein de la communauté.

41

J. MURPHY-O’CONNOR, Histoire de Paul de Tarse, p. 28.

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10. Sa mort : Selon le témoignage d’Eusèbe de Césarée,42 Paul est mort, décapité, à Rome, sous l’empereur Néron vers 67 apr. J.-C. et serait enterré à l’emplacement actuel de la Basilique Saint-Paul hors les murs.43 II. Généralités sur les épîtres de Paul Avant de résumer chaque épître de Paul, voici certaines informations générales nécessaires. 1. Épîtres ou lettres ? Une question posée par Deissmann concerne la distinction entre « Lettre » (Brief) et « Epître ». (Epistel).44 Dans quelle catégorie des deux doit-on classer les écrits de Paul ? Selon Deissmann, la « lettre » est un écrit privé, occasionnel, ciblé, vivant et immédiat dont le contenu est compréhensible par le destinataire. Par contre, « l’épître » est une sorte de composition littéraire avec une exposition systématique et raisonnée adressée à un grand cercle de personnes.45 Les écrits de Paul sont placés à mi-

Dans Histoire ecclésiastique, 2.25 J. MURPHY-O’CONNOR, Histoire de Paul de Tarse, p. 269. 44 A. DEISSMANN, Licht vom Osten, pp. 193-208. 45 Un exemple de celle-ci, ce sont les «Lettres à Lucilius de Sénèque. 42 43

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chemin : ce sont bien des lettres, mais il n’y a pas à exclure la forme épistolaire. Sans plonger dans les discussions, les écrits de Paul peuvent être appelés « épîtres » ou « lettres ». Ce sont des lettres à cause de leur structure : on y trouve le nom de l’expéditeur (ex. Moi Paul), le nom des destinataires (ex. à l’Église de Dieu qui est à Corinthe), et les salutations à la fin. Généralement, la lettre a un caractère plus personnel qu’une épître qui a plutôt la forme d’un traité et développe un thème précis. Dans le cas de Paul. Nous retenons les deux termes. 2. Nombre Les lettres de Paul sont au nombre de 13. Cependant, les recherches bibliques récentes ont permis de savoir que parmi les 13 épîtres de Paul, 7 ont été rédigées par la main de ce dernier. Ces 7 lettres sont : Romains, 1 Corinthiens, 2 Corinthiens, Galates, Philippiens, 1 Thessaloniciens, Philémon. Les critères pour les attribuer à Paul sont : le style, le vocabulaire ainsi que la cohérence théologique. Les 6 autres font l’objet des discussions au sujet de leur paternité paulinienne. On pense généralement que ces lettres ont été attribuées à Paul et auraient été rédigées par des personnes qui s’étaient inspirées de ses idées et de sa pensée. Il s’agit de : 2 Thessaloniciens, Éphésiens, Colossiens, 1Timothée, 2 Timothée et Tite.

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Les lettres qui constituent ce deuxième groupe et désignées généralement sous le titre « Ecrits de l’école paulinienne » sont considérées comme des écrits pseudépigraphiques, rédigés dans le contexte de la tradition paulinienne pour garantir et consolider la pensée de Paul même après sa mort. La pseudépigraphie était un phénomène répandu dans l’antiquité et consistait à placer ses propres écrits sous le nom des personnages importants pour donner de la valeur à son œuvre, en l’attachant à la tradition à laquelle on nourrissait un respect particulier. Les paramètres permettant d’évaluer l’authenticité ou non d’un écrit sont, en général, le style, le vocabulaire et la cohérence théologique. Il convient de noter, enfin, que l’épître aux Hébreux n’est pas un écrit de Paul. Le nom de son auteur reste inconnu. 3. Classement dans la Bible Le classement de ces lettres suit l’ordre de grandeur décroissant, c’est-à-dire que l’on va de la lettre la plus longue (épître aux Romains avec 16 chapitres) à la lettre la plus courte (épître à Philémon, avec seulement 26 versets).

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CHAPITRE 7 LES ÉPÎTRES AUX THESSALONICIENS

I. LA PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX THESSALONICIENS

1. Ville de Thessalonique Cette ville fut fondée en 316 av. J.-C. par Cassandre qui était un général d’Alexandre le Grand. Cassandre donna à la ville le nom de sa femme qui s’appelait « Thessalonikè », qui était demi-sœur d’Alexandre le Grand.46 Thessalonique qui était déjà un centre commercial et urbain important, a rapidement pris de l’importance avec la construction de la voie Egnatia, l’artère principale qui reliait Rome à l’Est.47 C’était donc un centre urbain et portuaire parmi les plus importants de la Méditerranée et un carrefour ethnico-religieux de grande importance. On y trouvait des Grecs, des Romains, des Égyptiens et des S. LEGASSE, Les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, p. 28 ; aussi STRABON, VII, Fragments 21 et 24. 47 S. LEGASSE, Les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, p. 27. 46

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Asiatiques, chaque groupe avec ses propres divinités et ses propres croyances et cultures. Il y avait aussi une communauté juive importante avec sa propre synagogue, son tribunal et son assemblée d’anciens. En raison de sa situation, le niveau moral de la population était bas, avec tous les vices typiques d’un grand centre commercial et portuaire, comme il en sera le cas également à Corinthe. Les valeurs morales étaient défendues et propagées par des rhétoriciens et des philosophes qui jouaient le rôle d’éducateurs, mais c’était souvent des profiteurs avides. C’est peutêtre pour ne pas être confondu avec ces derniers que Paul prend sa propre défense dans 1Th 2,9-11 soulignant pour les Thessaloniciens comment il a toujours travaillé pour ne pas être entretenu par qui que ce soit et appelle en plus les Thessaloniciens euxmêmes et Dieu à témoigner sur sa rectitude envers eux. En 42 av. J.-C., Thessalonique obtient le statut juridique de « ville libre », avec sa propre assemblée populaire, un conseil, un collège de magistrats élus par le peuple et dont le nombre variait de deux à six membres. Cette faveur était due au fait que Thessalonique avait pris position en faveur d’Octave et d’Antoine lors de la seconde guerre civile.48

S. LEGASSE, Les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, p. 28 ; cf. aussi PLINE, Hist. Nat., IV, 36. 48

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2. Fondation de l’Église de Thessalonique L’importance de la ville a certainement influencé la décision de Paul de se rendre à Thessalonique, également guidé par une vision nocturne dans laquelle un Macédonien le pria de les aider (Actes 16,9-10). Paul y arrive lors de son deuxième voyage missionnaire (49-52 apr. J.-C.). La proclamation de l’évangile est brièvement décrite dans Ac 17,1-9 : Paul est allé là-bas (à la synagogue) et pendant trois samedis, il a discuté avec eux sur la base des Écritures, leur expliquant et démontrant que le Christ devait mourir et ressusciter des morts. Le Christ, est ce Jésus qu’il leur annonce. L’annonce s’adresse, comme d’habitude, d’abord aux Juifs (pendant trois samedis, il se rend à la synagogue), puis aux Grecs, aux femmes nobles, mais c’est parmi les classes les plus humbles que Paul rencontre plus de crédit : les esclaves, les affranchis et les oisifs que Paul reprendra dans 1Th 4,11-12. Le temps consacré par Paul à prêcher aux Juifs n’était que trois samedis, mais son séjour à Thessalonique a duré au moins six mois, compte tenu du fait que, s’échappant, il avait laissé une communauté déjà structurée, avec des leaders qu’il demande aux Thessaloniciens de respecter et d’aimer (1Th 5,12-13) ; mais il n’y avait pas assez de temps pour compléter la catéchèse. En fait, dans 1Th 3,10 Paul déclare qu’il souhaite revoir les visages des Thessaloniciens pour compléter ce qui manquait encore à leur foi. 87

3. Circonstances et but de l’écrit La prédication de Paul lui avait procuré beaucoup de succès et cela avait provoqué la jalousie des juifs qui montèrent la foule contre lui. L’hostilité le contraignit à une évasion soudaine et précipitée. On comprend donc son angoisse et sa préoccupation qui le tourmentent fortement pour la foi d’une communauté qu’il devait abandonner trop tôt : « Nous nous sentons consolé, frères, à l’égard de vous, de toutes les angoisses et la tribulation dans laquelle nous étions pour votre foi » (1Th 3,7). De Thessalonique il s’enfuit à Berée où il sera combattu par des Juifs venus spécialement de Thessalonique. Il s’en ira donc à Athènes, où sa tentative d’évangélisation échoua. De là, il rejoignit Corinthe où il reçut des nouvelles rassurantes sur les Thessaloniciens de la part de Timothée qui y fut envoyé. Celui-ci revint et l’informa que les Thessaloniciens étaient restés fermes dans leur foi malgré la souffrance, mais certains commençaient à subir l’influence païenne. C’est à cette occasion qu’il écrivit sa première lettre aux Thessaloniciens, qui est essentiellement, d’une part, une action de grâce à Dieu pour la fermeté de leur foi et leur persévérance ; de l’autre, un complément d’instructions et de catéchèse qu’il n’avait pas pu terminer en raison de son départ soudain (1Th 3,10). Le lieu de la rédaction

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de l’épître est Corinthe, en 51, dès le retour de Timothée.49 4. Structure et contenu de la lettre En-tête (1,1) - Remerciement et souvenirs (1,2 - 3,13) 1) Action de grâce pour la foi, la charité et l’espérance des Thessaloniciens (1,2-3) 2) Extension de l’action de grâce pour la réponse des Thessaloniciens à la prédication de Paul (1,4-10) 3) Le souvenir de l’activité de Paul devient un motif d’action de grâce (2,1-12) 4) Reprise de l’action de grâce pour la réponse des Thessaloniciens à la prédication de Paul (2,13-16) 5) Le temps de l’éloignement : Paul envoie Timothée à Thessalonique (2,17-3,5) 6) Reprise des remerciements : Timothée, de retour, apporte de bonnes nouvelles (3,6-13) - EXHORTATIONS ET DIRECTIVES (4,1-5,22) Introduction (4,1-2) 1) La recherche de la sainteté (4,3-8) 2) Amour fraternel (4.9-12) 3) Le destin de ceux qui sont morts (4,13-18) 4) Temps et moments de la fin (5,1-11) 5) Les leaders de la communauté (5,12-13)

49

S. LEGASSE, Les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, pp. 38-39.

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6) Exhortations diverses et finales (5,14-22) - CONCLUSION (5,23-28) 5. Date, lieu de rédaction et destinataires La lettre fut rédigée en 51 apr. J.-C. à Corinthe. Elle est le document le plus ancien du Nouveau Testament et sans doute le plus ancien document littéraire chrétien connu.50 Ses destinataires sont les chrétiens de Corinthe d’origine mixte, c’est-à-dire les juifs et les païens convertis. 6. Message de la lettre Quoique le contenu soit limité quant à la doctrine car il s’agit d’une lettre à caractère personnel et circonstanciel dans laquelle Paul répond aux besoins du moment et exprime ses sentiments aux membres de la communauté,51 l’épître aux Thessaloniciens peut être résumée selon les points ci-après : Elle invite à la conversion au Dieu vivant comme décision personnelle (1, 9-10) ; elle rappelle ensuite que la vie chrétienne doit être pure et sainte, vécue dans la foi, l’espérance et l’amour (4, 1-12) ; elle se penche enfin sur le sort des morts en affirmant qu’ils ressusciteront (4, 13-18). 50 51

S. LEGASSE, Les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, p. 25 S. LEGASSE, Les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, p. 57

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II. LA DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX THESSALONICIENS

1. Circonstances et but de la lettre Cette lettre a été écrite quelques mois après la première, à la suite des nouvelles plus récentes que Paul avait reçues. La première épître aux Thessaloniciens se caractérise par un climat joyeux et enthousiaste allant jusqu’à l’euphorie. C’est une action de grâce continuelle qui rebondit sur trois chapitres. Paul s’adresse aux Thessaloniciens d’une manière familière se souvenant (1Th 2) de sa venue et de son œuvre parmi eux (1Th 2,7ss). Les raisons qui l’ont amené à écrire cette première lettre ne résident que dans la grande joie pour la bonne nouvelle apportée par Timothée qui lui a enlevé cette angoisse qui le tourmentait. Il n’y a donc pas de problèmes dans cette communauté qui, d’après Paul, était devenue modèle pour les autres églises de Macédoine et d’Achaïe. Cette atmosphère si festive et familière a complètement disparu dans 2Thessaloniciens et est remplacée par un état de préoccupation, une situation de confusion, de trouble et de déception en lien avec la venue imminente du Christ, alimentés par « de prétendues inspirations », « des paroles » ou « lettres » présentées comme celles de Paul (2Th 2,2). De cette situation est née une conduite de vie désordonnée et indisciplinée, « ne faisant rien et en continuelle agitation » (2Th 3,11) vivant sur les épaules des autres (2Th 3,12). Dans la première lettre, 91

il avait parlé du retour du Christ qu’on appelle « la parousie ». Cet enseignement provoqua ce que nous pouvons appeler « la fièvre eschatologique » : certains Thessaloniciens avaient abandonné le travail parce qu’ils avaient pensé que cela ne servait plus à rien et qu’il fallait simplement croiser les bras et attendre la venue de Jésus. Ceux qui avaient abandonné le travail vivaient dans la paresse et l’oisiveté. Pour survivre, ils passaient le temps chez des voisins et des amis pour avoir de quoi se nourrir. Ils devenaient ainsi une charge pour les autres. Cette lettre sera donc écrite pour clarifier la question du retour du Christ et montrer que si le Christ retournera, ce n’est pas une raison pour vivre dans la paresse, qu’il doit les trouver au travail. Sa venue n’est pas imminente ; il ne viendra qu’après une série d’événements ; deux en particulier, l’apostasie et l’apparition de l’homme de l’impiété.52 C’est dans ce contexte que Paul s’adresse aux paresseux en disant, « celui qui ne veut pas travailler, alors qu’il ne mange pas non plus ».53 L’intention de la lettre est donc de décrire cet état de choses, de le stigmatiser et de ramener sur la voie droite une communauté qui montre des signes évidents de dérapage qui pourraient la conduire à la désintégration.

52 53

Y. REDALIE, La deuxième épître aux Thessaloniciens, p. 21. 2Th 3, 10-13.

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2. Structure et contenu Adresse et salutation (1,1-2) 1re Partie : Centre de l’écrit (2,1-14) : a) Instruction sur la parousie et mise en garde contre les faux prophètes (2,1-2) b) Signes prémonitoires (2,3-5) c) Obstacles à la parousie (2,-6-7) d) Manifestation dans un double aspect (victoire du Christ et échec du malin (2, 13-14) e 2 partie (3, 1-15) : Exhortations et instructions pratiques pour la persévérance et la vie de la communauté : dénonciation de l’oisiveté et du parasitisme. Conclusion (3,16-17) 3. Message de la lettre : l’eschatologie La question eschatologique que Paul avait abordée dans sa première lettre (chap. 4-5) est reprise dans cette deuxième lettre et se place au centre de l’écrit dès l’action de grâce.54 Les caractéristiques propres à l’eschatologie juive qui ont influencé également la pensée du christianisme des origines apparaissent dans la lettre. Dans 2Thessaloniciens, Paul affirme que la venue du Seigneur n’est pas imminente. Y penser serait une illusion et une utopie. Si le Christ doit venir pour châtier les iniques et faire entrer les fidèles dans 54

Y. REDALIE, La deuxième épître aux Thessaloniciens, p. 21.

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la gloire, ceci n’adviendra qu’après une série d’événements qui furent déjà présentés dans les apocalypses juives à propos des temps derniers. Le diable est déjà à l’œuvre en provoquant les persécutions, en diffusant l’impiété par le mensonge, l’injustice et la séduction. À un moment précis de l’histoire se révélera l’inique, un véritable anti-Christ, incarnation de toutes les puissances du mal, qui provoquera la grande apostasie. Avec des miracles et des prodiges, il trompera ceux qui n’ont pas adhéré à l’Évangile du Christ. Après l’apparition de l’inique, se révélera alors le Seigneur qui anéantira son adversaire. Les Thessaloniciens, convaincus que la fin est à la porte, se trompent. L’attente doit être caractérisée par une vie active et vertueuse : chacun doit donc s’engager sérieusement dans la vie en l’orientant vers Dieu et gagner son pain par son engagement quotidien. On a ainsi à faire à une nouvelle figure du christianisme, fermement enraciné dans l’histoire, mais avec un regard projeté en avant sans se laisser étouffer par les choses du présent ; une vie donc vécue dans l’espérance et projetée dans le futur.

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CHAPITRE 8 LES ÉPÎTRES AUX CORINTHIENS

I. LA PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

1. La ville de Corinthe Après sa destruction par les Romains, Corinthe fut reconstruite en 44 av. J.-C. par Jules César.55 Elle était florissante pour le commerce, les écoles et l’industrie ; elle était la ville la plus peuplée de la Grèce. La population comprenait des Romains, des Grecs, des asiatiques, des Égyptiens et des Juifs. La ville était fameuse pour l’immoralité et la dépravation des mœurs. On avait même inventé le verbe « corinthiser » qui voulait dire « mener une vie immorale ». Nombreuses furent les écoles de philosophie à côté desquelles se rejoignirent des centres de culte religieux pour lesquels les orientaux avaient sans aucun doute un certain charme. Les sanctuaires d’Isis, Sérapis, Cybèle et Aphrodite Jean-Pierre LEMONON, Pour lire la première lettre aux Corinthiens, p. 11.

55

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étaient connus, à côté des temples consacrés à Jupiter et aux différents dieux. « Chaque groupe a ses dieux qui peuvent être nombreux et les temples qui leur sont dédiés ne manquent pas : temples d’Apollon et d’Athéna, d’Aphrodite, de la Fortune, d’Asclépios, temple pour la famille impériale… Isis et Sérapis, chers à l’Égypte, ne sont point ignorés ».56 La caractéristique de Corinthe, qui nous permet également de comprendre les divisions au sein de la communauté (1Co 1,11-12), était la formation de petits groupes religieux sous l’ombre d’un « protecteur ». Enfin, une importante communauté juive y résidait avec sa synagogue. La population d’environ cinq cent mille habitants, hétérogène de race, l’était également dans les couches sociales : plus de deux tiers de la population étaient composés d’esclaves et des personnes pauvres qui tentaient de survivre ; le dernier tiers étant constitué d’artisans, des marchands, et des riches. 2. Fondation de l’Église Paul s’arrêta à Corinthe où il séjourna pendant une année et demie (50-52). Il prêcha l’Évangile dans la synagogue. L’apôtre obtint un grand succès dans le cercle païen de la ville. Des Romains, des Grecs, des Syriens et certains Juifs se convertirent. 56

J-P. LEMONON, Pour lire la première lettre aux Corinthiens, p. 13.

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Après un an et demi, les Juifs, exaspérés par la concurrence, dénoncèrent Paul auprès du Proconsul romain Gallion, frère de Sénèque, qui se refusa toutefois de prendre une décision car il s’agissait, selon lui, d’une question propre au judaïsme (Ac 18, 12-17).57 Parti de Corinthe, Paul se dirigea à Éphèse. 3. Circonstances et but de l’écrit Après le départ de Paul de Corinthe, de petits groupes se formèrent au sein de la communauté : certains se réclamaient de Paul, d’autres d’Apollos, d’autres encore de Pierre ou de Jésus lui-même, d’où les disputes. Par ailleurs, dans la communauté s’étaient infiltrés des désordres, des abus, des scandales, des irrévérences dans les réunions liturgiques ; les femmes réclamaient leurs droits dans les assemblées ; certains allaient jusqu’à nier la résurrection des corps. Durant son séjour à Éphèse, Paul est rejoint par « les gens de Chloé », une femme active dans le commerce. Donc, ces « gens » étaient probablement des personnes à sa charge ou ses loyalistes. Il est donc informé des divisions au sein de la communauté de Corinthe. Une délégation composée de trois membres de la communauté (Stéphanas, Fortunatus et Achaïcus) lui fournit d’autres nouvelles alarmantes sur l’état de la vie de la 57

J-P. LEMONON, Pour lire la première lettre aux Corinthiens, p. 14.

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communauté. La communauté de Corinthe elle-même envoya une délégation à Éphèse pour demander à Paul des instructions sur les problèmes délicats de mariage, de la virginité ; probablement même sur les charismes. Pour corriger les abus, et répondre aux questions posées, Paul écrivit la première épître aux Corinthiens, à Éphèse entre les années 56 et 57. 4. Structure et contenu Introduction et remerciements (1,1-9) I. CERTAINS COMPORTEMENTS NÉGATIFS (1,10 6,20) a) division en partis (1,10-17) b) vraie sagesse (1,18 - 3,4) c) l’activité des prédicateurs chrétiens (3.5 - 4.21) d) Les incestueux (5,1-13) e) Différends entre chrétiens (6,1-12) f) Fornication (6,12-20) II. DIRECTIVES ET CONSEILS (7 - 14) a) Mariage et virginité (chap. 7) b) Les viandes sacrifiées aux idoles (8,1 – 11,1) c) Assemblées communautaires (11 - 14) III. QUESTIONS RELATIVES À LA RÉSURRECTION (Chap.15) a) La résurrection finale (15,1-34) b) Caractéristiques du corps ressuscité (15,35-53) c) Hymne triomphal (15,54-58) CONCLUSION (Chap.16)

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5. Message de l’écrit L’apôtre a un grand nombre de sujets à traiter. On peut en compter 8 de nature très diverse : 1. Les divisions dans l’église (1, 10 - 4, 21) : Paul part d’une exhortation à éviter les divisions (1, 10) et dénonce la formation de petits groupes. Il en cite quatre : celui de Paul, d’Apollos, de Képhas (Pierre) et du Christ. Même si elle n’avait pas encore provoqué une rupture totale entre les membres, cette division avait toutefois altéré l’union des cœurs et avait conduit à la création d’une pluralité de partis qui se dénigraient mutuellement. 2. Les procès dans les tribunaux païens (6, 1-11) : Il y a des chrétiens à Corinthe qui n’ont pas honte d’amener leurs problèmes devant les juges et les tribunaux païens. Ils les exhortent à trouver parmi eux des sages capables de trancher leurs différends car aller vers les tribunaux païens engendre le scandale. 3. La question du mariage (ch. 7) : On avait posé à Paul la question de savoir si le célibat n’était pas préférable au mariage. Nous pouvons résumer la position de Paul de la manière suivante : la règle doit être l’état de mariage, en raison des dangers qu’entraînerait le célibat (7, 1-9). Cependant, si quelqu’un a, par exception, le don particulier de rester pur dans l’état de célibat, la directive qui précède ne s’applique pas à lui. L’opinion de Paul est donc qu’il est honorable et avantageux pour les non mariés (jeunes gens ou veufs) 99

et pour les veuves, de rester tels, comme il l’a fait luimême, mais que le mariage est préférable à un état de constante lutte intérieure.

4. Le comportement des femmes dans les assemblées (11, 2-15) : A Corinthe, par esprit d’émancipation, sans doute favorisé par le principe chrétien de l’égalité des sexes dans le salut, on parlait trop dans la communauté de Corinthe. Le verbe grec λαλέω (lalèo) « parler » revient 34 fois dans 1Co dont 24 dans le seul chapitre 14. Paul intervient pour mettre de l’ordre en exhortant les femmes au silence dans les assemblées. L’interdiction de parler ne concerne pas le fait de prier ou de prophétiser. Dans la communauté de Corinthe, les femmes le faisaient et Paul l’affirme implicitement (cf 1 Co 11, 5 ; 1Co 11, 14) quand il dit : « Toute femme qui prie et prophétise… ». L’imposition du silence aux femmes voudrait plutôt mettre fin à toute discussion, confusion ou désordre durant les réunions. Dans 1Co 14, Paul reprocherait un parler désordonné qui semait des troubles dans les assemblées. Il est vrai que les femmes prenaient une part active à la vie et au développement des premières communautés ; il est vrai que Paul avait annoncé l’égalité des croyants dans le Christ en disant qu’il n’y avait « plus ni homme, ni femme... », cependant elles sont allées trop loin : au sein des assemblées, on les voit prendre la parole, suggérer, proposer, critiquer, refuser, interrompre celui qui parle pour poser des questions à haute voix, opiner en tous sens. Il s’agirait de l’interdiction d’un

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bavardage intempestif. Le verbe grec λαλέω (lalèo) qui signifie « parler», signifie aussi « bavarder ». 5. Les désordres dans la sainte Cène (11, 17-34) : La sainte Cène se célébrait à la fin des repas nommés agapes, qui terminaient les assemblées de l’église. Les mets du banquet commun étaient fournis par les communiants eux-mêmes et, selon que la fraternité l’exigeait, auraient dû être mangés en commun. Mais la légèreté grecque avait amené un abus révoltant. Quand le moment du repas arrivait, chacun se hâtait de manger et de boire ce qu’il avait apporté, sans s’inquiéter des frères dont l’indigence n’avait pas permis de se pourvoir aussi abondamment, de sorte qu’il y avait manque d’un côté et parfois excès de l’autre. Cette conduite était un outrage à l’église entière et un affront à ses membres pauvres. L’apôtre rappelle aux Corinthiens que de tels banquets ne sont pas de simples repas de réjouissance, mais des solennités religieuses (11, 17-22). Si la sainte cène est le rappel de l’amour du Christ qui l‘a conduit à donner sa vie pour le monde, les chrétiens qui adhèrent à lui doivent reproduire le même amour dans leurs rapports les uns avec les autres en partageant avec ceux qui sont dans le besoin. 7. La question des charismes : l’usage des dons spirituels (ch.12-14) : Quant aux dons eux-mêmes, si divers qu’ils soient, ils n’en ont pas moins une même et unique source, l’Esprit ; quant aux fonctions qui en résultent, elles ont beau être variées, elles ne s’en rapportent pas moins à un seul et même service, celui 101

du Seigneur. Pas donc besoin de s’enorgueillir ; les dons reçus doivent être mis au service de tous en vue de l’édification de chacun. 8. La résurrection des corps (ch. 15) : Certains chrétiens soutenaient la non existence de la résurrection des morts. Rappelons ici le discours de Paul aux philosophes d’Athènes sur la résurrection (Ac 17, 3132). Quand l’apôtre aborde cette question, il s’entend dire : « sur cela nous t’entendrons une autre fois ». L’apôtre traite le fait de la résurrection du corps, premièrement au point de vue de sa certitude (vv. 134), ensuite au point de vue du mode de sa réalisation ou de sa possibilité (vv. 35-52). II. LA DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

1. Circonstances et but de l’écrit Après son départ, un front d’opposants s’imposa à Corinthe, conquérant adeptes et sympathisants en mettant la communauté dans l’agitation. Il s’agit des missionnaires d’origine juive. Ils contestaient l’œuvre de Paul : ils l’accusaient de ne pas être un véritable apôtre ; qu’il était fier, orgueilleux, toujours occupé à faire ses propres éloges et à vanter ses efforts apostoliques en dénigrant les autres. Bref, une série de calomnies et insultes était lancée contre la personne et l’activité missionnaire de Paul. Dans cette circonstance, Paul écrivit la deuxième épître aux Corinthiens pour défendre la légitimité de 102

son apostolat, surtout auprès d’un groupe qui se laisse influencer par ces missionnaires. C’est aussi pour exiger la soumission de la communauté aux enseignements reçus. « La défense acharnée de son ministère ainsi que la dénonciation de sa contrefaçon, auxquelles Paul s’applique dans toute l’épître, montrent qu’à ses yeux le ministère apostolique revêt une importance capitale dans l’Église chrétienne ».58 2. Structure et contenu La lettre comprend trois parties : Prologue (1,1-11) I. Le ministère apostolique (1,12-7,16) II. La collecte pour les pauvres de Jérusalem (8-9) III. Autodéfense de Paul, authentique apôtre du Christ (10,1-13,10) Épilogue (13,11-13) 3. Date et lieu de rédaction La deuxième épître aux Corinthiens fut rédigée entre la fin de l’année 56 et le début de l’année 57. Le lieu de rédaction est la ville de Philippes.

58

P. JONES, La deuxième épître de Paul aux Corinthiens, p. 24.

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4. Message de l’écrit 4.1. Mission apostolique Paul montre l’origine divine de sa mission apostolique. Il est le dépositaire d’une mission supérieure à celle des autres missionnaires qui ont travaillé à Corinthe. Il montre qu’il a directement reçu sa mission du Christ, ce qui lui donne une autorité exceptionnelle. C’est dans ce sens qu’il faudrait comprendre le sens que Paul accorde au terme « apôtre ». En effet, apôtre signifie « envoyé », mais au sens d’ambassadeur (2Co 5, 20) ou de représentant plénipotentiaire. Son autorité vient de la position du mandant. En se disant « apôtre de JésusChrist », Paul en appelle à son autorité et affirme implicitement qu’il est doté de l’autorité de ce dernier.59 4.2. Exercice du ministère Comme le Christ, l’apôtre proclame le message dans la faiblesse, l’humiliation et le mépris des gens de ce monde. Du point de vue de leur sagesse du monde, il est le dernier de tous, la balayure des hommes. Cependant, les faibles moyens de son action en rapport avec les résultats obtenus prouvent que la force divine agit en lui. Lui, si faible, est affermi par la force de Dieu. Sa force, en effet, ne vient pas de la chair mais de Dieu, et elle est capable de renverser les forteresses. 59

P. JONES, La deuxième épître de Paul aux Corinthiens, p. 23.

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CHAPITRE 9 L’ÉPÎTRE AUX GALATES

L’épître aux Galates est une circulaire envoyée à plusieurs églises de la même région appelée « la Galatie », sans mentionner une ville en particulier. Elle est théologiquement importante pour l’exposition du rôle de la Torah dans la vie chrétienne au premier siècle, mais aussi pour la doctrine de la justification par la foi lors de la Réforme.60 1. Circonstances et but de l’écrit Quand Paul quitta la Galatie, tout allait mieux (Ga 5, 7). Mais la situation changea brusquement : « Les convertis de Paul n’ont pas encore accompli l’acte décisif qui aurait amené plusieurs d’entre eux à accepter la circoncision, mais ils sont manifestement tentés de le faire ».61 Ils pensaient que la foi au Christ n’était plus suffisante pour le salut ; qu’elle devait être complétée par l’observance de la Loi de Moïse (Ga 5,

60 61

S. C. CARLSON, The Text of Galatians and Its History, p. 1. S. LEGASSE, L’épître de Paul aux Galates, p. 31.

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4). Comment expliquer ce changement de comportement ? Ce comportement avait été provoqué par des missionnaires itinérants en provenance de Jérusalem qui avaient semé des troubles en s’opposant à la pratique missionnaire de Paul et à son autorité.62 Ils affirmaient que Paul n’était pas un apôtre comme les douze, mais un simple disciple des apôtres, un opportuniste qui cherchait à s’attirer la sympathie des païens, un parvenu, un orgueilleux et un ambitieux. Ils affirmaient également que l’Évangile prêché par Paul n’était pas complet ; que la foi et le baptême n’étaient pas suffisants pour parvenir au salut, et qu’il fallait les compléter par la circoncision et l’observance de la Loi. « Pour mieux convaincre ces néo-chrétiens de changer d’orientation, il était de bonne guerre de les détacher de celui qui les avait évangélisés en le rabaissant à leurs yeux ».63 La prédication de faux docteurs avait semé la confusion chez les chrétiens de la Galatie qui nourrissaient déjà une profonde désaffection envers l’apôtre Paul. C’est dans ce contexte de confusion que Paul écrivit l’épître aux Galates, probablement à Éphèse entre 56 et 57. Les destinataires de l’écrit seraient les communautés fondées par Paul durant le second et le troisième voyage missionnaire. L’épître aux Galates a été écrite par Paul pour défendre l’origine divine de sa prédication et de son apostolat et montrer également que la Loi de Moïse 62 63

S. LEGASSE, L’épître de Paul aux Galates, p. 30. S. LEGASSE, L’épître de Paul aux Galates, p. 32.

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était une institution transitoire qui avait trouvé son accomplissement avec la venue du Christ. 2. Structure et contenu Selon la majorité des chercheurs, la lettre peut être répartie comme suit : Introduction (1,1-10) • prologue (1,1-5) • Exorde et thème (1,6-10) - Section autobiographique (1,11-2,21) - Section doctrinale (3,1-4,31) - Section parénétique (5,1-6,10) Epilogue (6,11-18) 3. Message central de l’écrit Le thème central de l’épître aux Galates est la justification par la foi comme voie qui conduit au salut. L’épître aux Galates est un écrit toujours actuel. C’est une mise en garde contre le formalisme religieux. C’est un écrit plein de sentiments colorés, véhéments, passionnés, accablants. Ici se révèle le Paul véritable et authentique. Après tout, tout cela est compréhensible si l’on pense que l’enjeu en Galatie était la survie même du christianisme qui risquait d’être englouti par le judaïsme.

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CHAPITRE 10 L’ÉPÎTRE AUX ROMAINS

1. Rome et la fondation de l’Église romaine Au 1er siècle av. J.-C., Rome était la capitale de l’immense Empire romain qui avait réuni tous les peuples alors civilisés. La ville comptait environ un million d’habitants provenant de différentes régions. La colonie juive comptait environ 30 à 40.000 membres. Les religions orientales étaient très pratiquées. Il est probable que la foi chrétienne ait été apportée à Rome par des Juifs convertis en provenance de la Palestine. Paul n’est pas le fondateur de la communauté de Rome.64 On se rappelle que le jour de Pentecôte, il y avait également des Juifs venus de Rome (Ac 2, 10). 2. Circonstances et but de l’écrit Paul avait reçu quelques nouvelles sur la communauté de Rome. Il existait des tensions et des 64

P. PRIGENT, L’épître aux Romains, p. 7.

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divisions entre deux groupes de chrétiens : ceux d’origine païenne et ceux d’origine juive. Il y avait le danger de la constitution de deux Églises séparées. Paul se préoccupe de sauvegarder l’unité de la communauté.65Pourquoi cette tension ? Parce que les chrétiens d’origine juive critiquaient ceux d’origine païenne en leur montrant que la foi au Christ n’était pas suffisante pour le salut et qu’il fallait la compléter par l’observance de la Loi de Moïse. La situation est similaire à celle de la communauté des Galates. C’est pour apporter une clarification que Paul reprend le thème exposé dans l’épître aux Galates : il parle du salut par la foi et non par la pratique de la loi de Moïse et traite la question de l’universalité du salut. La lettre fut dictée durant le second séjour de Paul à Corinthe (Rm 16, 23) entre 57 et 58. 3. Structure et contenu DÉBUT (1,1-15) PARTIE DOCTRINALE (1,16 – 11,36) A) Justification par la foi (1,16 - 5,21) • Énoncé du thème dans un sens négatif (1,16-17) • La révélation de la colère de Dieu sur les païens (1,18-32) et sur les juifs (2,1-29) • Culpabilité universelle : « Tout le monde est sous la domination du péché » (3,1-20)

65

P. PRIGENT, L’épître aux Romains, p. 7.

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• Récupération et nouvelle énonciation dans un sens positif (3,21-31) • Preuve de la Bible : l’exemple d’Abraham (4,1-25) • Effets de la justification : - paix avec Dieu (5,1-11) - libération du péché (5,12-21) B) Le péché et le salut : la nouvelle réalité du croyant (chap. 6 - 8) • Mort avec le Christ et délivrance du péché (6,1-14) • Libération de la loi (6,15- 7,6) • Le péché et la loi avant le Christ (7,7-25) • La vie dans l’esprit (8,1-19) C) Le destin d’Israël (9,1-11,36) • Les vrais descendants d’Abraham (9,1-33) • L’obstacle d’une justice fondée sur les œuvres (10,1-21) • La conversion finale d’Israël (11,1-36) PARTIE PARENETIQUE (12,1-15,13) A) Culte spirituel (12,1-21) B) Devoirs envers les chrétiens (13,1-14) • Soumission à l’autorité politique (13,1-7) • Amour fraternel (13,8-10) • Se comporter comme des enfants de lumière (13,11-14) C) Acceptation mutuelle (14,1 - 15.13) • Le « fort » et le « faible » (14,1-23) • « Chrétiens juifs » et « Chrétiens ethniques » (15,113) ÉPILOGUE (15,14 – 16,27)

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4. Thèmes doctrinaux L’épître aux Romains est le dernier écrit de Paul et comprend l’exposé le plus complet et le plus systématique d’un enseignement parvenu à pleine maturité.66 Voici les 8 thèmes qui sont développés dans l’épître aux Romains : le péché, la justice divine, la rédemption, la Foi, le baptême, la Loi, la vie chrétienne et le mystère de l’incrédulité d’Israël. 4.1. Le péché

En suivant le schéma de la propagande juive contemporaine et le ton sommaire de la dénonciation prophétique, Paul atteste que tous, Juifs et païens, sont pécheurs devant Dieu et par conséquent, destinés à la mort éternelle. En particulier, les païens ont refusé le Créateur pour adorer le monde créé, tandis que les Juifs ont été infidèles au vrai Dieu en lui niant une obéissance authentique et en se contentant d’une observance formelle des préceptes. Dans Rm 5, 12-21, Paul remonte aux origines de l’humanité et entrevoit dans la situation de ruine des hommes le résultat d’une histoire de désobéissance qui trouve un facteur de conditionnement pesant dans la transgression d’Adam. Il accentue l’influence déterminante du péché conçu comme puissance personnifiée qui s’impose aux hommes et les pousse à la recherche excessive d’eux-mêmes. Paul connaît les 66

P. PRIGENT, L’épître aux Romains, p. 7.

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actes peccamineux mais il admet également l’existence d’une force active et maligne qui est cachée dans l’homme et le domine. Pour cela l’homme est soumis à la colère de Dieu. Ce terme anthropomorphique utilisé neuf fois dans l’épître aux Romains indique l’étrangeté de Dieu vis-à-vis du péché. Dans cette situation, l’homme est incapable de se libérer de l’esclavage du péché autant par les ressources de sa propre intelligence (les païens) que par la pratique de la Loi (les Juifs). Dans ce contexte, la rupture du caractère ethnico-religieux existant entre Juifs et païens est supprimée. Tout privilège disparaît. Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. 4.2. La justice divine La situation catastrophique du péché semble jeter l’homme dans le désespoir. C’est alors que se révèle la justice de Dieu. Le terme « justice » avec ses composés nominaux et verbaux est utilisé une quarantaine de fois dans l’épître aux Romains. Il ne s’agit pas de comprendre, comme dans les langues modernes, au sens d’une vertu qui exige qu’on rende à chacun ce qui lui est dû, selon une équivalence existant entre deux valeurs ; par exemple donner un double salaire à celui qui a fait un double travail. Selon le sens biblique de l’Ancien Testament, la justice de Dieu est la bonté qu’il a montrée en faveur des hommes par fidélité aux promesses faites 113

d’avance. Dieu est juste car il veut le salut de l’homme en conformité avec les engagements pris ; surtout à cause de la promesse faite à Abraham. Il se montre juste parce qu’il réconcilie à lui les hommes pécheurs par la médiation du Christ. Lorsqu’on affirme que Dieu justifie l’homme, on n’entend pas le dire au sens où Dieu lui donne raison, reconnaît son innocence ou ses mérites personnels. Cela signifie par contre que, librement, Dieu prononce à l’égard du pécheur un verdict de faveur qui le libère du péché et lui ouvre par bonté l’accès aux biens de la promesse. L’homme justifié devient une nouvelle créature, héritier de la vie éternelle, et cohéritier du Christ dans la résurrection finale. 4.3. La rédemption Le mystère du salut opéré par le Christ trouve une formulation puissante et originale dans l’épître aux Romains. La mort et la résurrection du Christ sont présentées comme une libération de toute l’humanité de l’esclavage du péché, comme un sacrifice d’expiation qui restitue la présence de Dieu au milieu de son peuple, comme un acte suprême d’obéissance et d’amour. La mort et la résurrection du Christ représentent le moment décisif et eschatologique de l’histoire humaine. Les événements salvifiques tracent en effet la ligne de démarcation entre le temps passé qui cesse d’exister et la création d’un nouvel état des choses. 114

Par quatre fois Paul emploie l’adverbe « maintenant » pour caractériser la nouvelle œuvre historique introduite par le Christ (Rm 3, 21. 26 ; 7, 6 ; 8,1-2). La Pâques du Christ est présentée comme le centre où converge toute l’action révélatrice de l’Ancien Testament, le point d’arrivée de la Loi mosaïque et de la loi écrite dans les cœurs des païens. Jésus est la contre figure d’Adam qui, par son obéissance a procuré le salut aux hommes en faisant preuve de son amour qui dépasse toutes les limites. 4.4. La foi L’homme devient juste par la foi. Il ne s’agit pas d’une simple adhésion intellectuelle à un certain catalogue des vérités, mais d’un abandon total de soi à Dieu et à son action. Par la foi, le pécheur accepte la révélation de Dieu dans le Christ, se soumet à son plan salvifique en adhérant intimement à la personne du Sauveur mort et ressuscité. De cette façon, l’homme manifeste sa radicale insuffisance ; puisque la foi est un don gratuit qui vient d’en haut comme signe de l’élection et de la prédilection divine. C’est pourquoi Paul ne dit jamais que la foi justifie, comme si le croyant était lui-même auteur de sa justification par sa foi. Par contre, il affirme que Dieu justifie par la foi et que l’homme est justifié par Dieu par la foi. Cette foi est accessible à tous, Juifs et païens ; pour cela tous les hommes sont égaux face à leur destin de vie. La foi a

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son siège dans l’intimité de l’homme et se manifeste extérieurement dans la vie pratique. 4.5. Le baptême La foi est intimement liée au baptême. Pour Paul, l’immersion symbolise l’ensevelissement du Christ et sa glorieuse résurrection au matin de Pâques. Le geste baptismal réalise une véritable Pâques dans la personne du baptisé puisqu’il meurt radicalement au péché et vit de la même vie du Ressuscité. Il est ainsi tenu à devenir, dans son comportement, ce qu’il est devenu fondamentalement dans le baptême. Cela n’est autre chose que la manifestation progressive du mystère pascal auquel le baptisé est configuré et assimilé. 4.6. La loi Nous renvoyons ici à l’épître aux Galates, où nous avons traité le thème du caractère transitoire de la Loi mosaïque. 4.7. La vie chrétienne Malgré la justification et la présence de l’Esprit, les croyants se trouvent encore dans les contradictions de l’histoire et sont exposés aux faiblesses de la vie terrestre. Le monde ancien qui est encore en lui et 116

autour de lui a perdu son pouvoir déterminant ; toutefois la rechute dans les vieux péchés est encore possible. D’où la lutte que le chrétien est appelé à mener contre les péchés et le mal. On comprend alors les exhortations de l’Apôtre à vivre chaque jour la liberté de l’esclavage du péché et l’obéissance au Christ, l’Unique Seigneur, par la foi, l’humilité et la charité. Le salut chrétien n’est pas une donnée offerte une fois pour toutes, mais une réalité dynamique qui se réalise chaque jour dans les décisions et les choix faits à chaque moment de l’existence. 4.8. Le mystère de l’incrédulité d’Israël Paul intègre le problème angoissant du refus opposé par Israël au Christ dans le contexte général du plan salvifique de Dieu. Les constantes de l’action divine sont visibles dans la situation d’Israël : gratuité de l’élection, liberté souveraine, promotion d’un petit reste. L’incrédulité des Juifs contribue à la conversion des païens ; leur réserve est uniquement provisoire ; un jour ils participeront eux aussi aux biens messianiques (Rm 11, 12-15). Tout est disposé pour le salut de tous, Juifs et païens. L’épître aux Romains est la lettre la plus importante de Paul et, après les Évangiles, l’écrit le plus considérable du Nouveau Testament. Elle approfondit le cœur même du message de Paul qu’il appelle « son Évangile ». 117

CHAPITRE 11 L’ÉPÎTRE AUX PHILIPPIENS

1. Philippes et la fondation de la communauté La petite ville de Philippes porte ce nom en souvenir du nom du père d’Alexandre le Grand, Philippe II de Macédoine. En effet, Les Grecs venus de l’île de Thassos et appelés « les Crénides » firent appel à Philippe II de Macédoine en 358 av. J.-C. pour combattre contre leurs ennemis les Thraces. Ce dernier conquit la ville, l’annexa et lui donna son propre nom.67 Paul avait fondé la communauté de Philippes durant son second voyage missionnaire vers l’an 50. Il était accompagné par Timothée et Silas (cf. Ac 16, 12-40). La grande partie des convertis provenait du paganisme. Accusé d’être un dangereux propagandiste des religions étrangères, Paul fut fouetté à la place publique puis relâché. La petite communauté se distinguait par sa grande générosité. Elle envoyait des aides financières à Paul quand il se trouvait à Thessalonique (Ph 4, 10) et à Corinthe (2Co 67

J-N ALETTI, Saint Paul. Épître aux Philippiens, p. 4.

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11, 4). Paul était particulièrement attaché à cette communauté très chaleureuse. C’était sa communauté préférée.68 2. Circonstances et but de l’écrit Quand les Philippiens apprirent que Paul se trouvait en prison, ils envoyèrent leur délégué Épaphrodite pour lui apporter leur contribution financière et se mettre à son service. Mais, peu de temps après, Épaphrodite fut gravement malade. Une fois guéri, Paul l’exhorta à retourner à Philippes et lui confia la lettre qu’il avait rédigée pour la communauté. C’est cette lettre que l’on appelle « L’épître aux Philippiens ». Par cette lettre, Paul voulait non seulement signifier aux Philippiens son action de grâce pour le secours et l’aide reçus d’eux alors qu’il était prisonnier à cause de l’évangile, mais aussi les exhorter à vivre dans l’unité en une période d’opposition et de persécution (Ph 2, 19-20).69 Le but de la lettre est le remerciement pour l’aide reçue. Elle a été écrite par Paul durant la période de la captivité (Ph 1,7.13.17), mais il est difficile de connaître le lieu de rédaction : à Rome, à Césarée ou à Éphèse, à Corinthe.70 Par contre, une captivité à p Éphèse semblerait plus crédible, bien que cela ne soit

Cf. A. MARCHADOUR, Les mots de la Bible, p. 97. J-N ALETTI, Saint Paul. Épître aux Philippiens, 6. 70 J-N ALETTI, Saint Paul. Épître aux Philippiens, pp. 2-4. 68 69

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mentionné ni dans la lettre ni dans les Actes des Apôtres. Dans cette hypothèse, la lettre aux Philippiens aurait probablement été écrite à Éphèse vers 55-56. Cette lettre dont l’authenticité paulinienne est indiscutable est rédigée dans un style familier et affectueux ; il n’y aborde que très rarement des questions doctrinales. Bien que courte, elle permet néanmoins de saisir certains aspects importants de la méthodologie pastorale de Paul, ainsi que des éclairages théologiques et doctrinaux. Elle peut être considérée comme un écrit pastoral dans lequel prédominent les exhortations visant l’édification de la communauté, ce qui fait penser qu’il y avait, au sein même de la communauté, des problèmes d’orgueil qui ont suscité la rivalité et la division. 3. Contenu de la lettre 1, 12-26 : Nouvelles relatives à l’apôtre lui-même. 1, 27-2, 18 : Exhortations à l’union et à la fidélité dans toute leur conduite. 2, 19-30 : Nouvelles de Timothée et d’Épaphrodite 3, 1- 4, 1 : Le progrès constant dans la vie chrétienne 4, 2-9 : Dernières recommandations particulières : pour que la bonne marche de l’église ne soit pas troublée, il faut l’union entre ceux qui sont à sa tête.

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CHAPITRE 12 L’ÉPÎTRE À PHILÉMON

1. Circonstances et but de l’écrit Cette lettre adressée à Philémon est l’écrit le plus court du Nouveau Testament car il ne comprend que 25 versets. De quoi s’agit-il ? Philémon, un chrétien de la ville de Colosses, avait un esclave nommé Onésime. Ce dernier avait fui de chez son patron suite à une faute. Cependant la nature de la faute n’est pas connue bien qu’on pense généralement à un vol.71 On ne sait comment, dans sa fuite il rencontra Paul qui le convertit au christianisme et le baptisa (Phm 11). Paul voulait bien le garder avec lui mais il était contraint au respecter du droit romain. Selon ce droit, un esclave fugitif attrapé devait être renvoyé chez son patron. En effet, le patron avait le pouvoir de condamner à mort l’esclave fugitif ou de lui graver un signe indélébile au front. Ce signe était la lettre F (du latin « Fugitivus » qui signifie fugitif). Paul qui se trouvait en prison pensa alors renvoyer 71

Ralph P. MARTIN, Colossians and Philemon, p. 145.

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Onésime chez Philémon. Il le confia à Tychique qui se rendait également à Colosses. Il confia également la lettre à Tychique qui devait la remettre à Philémon. Dans celle-ci, il supplie Philémon de bien accueillir son esclave devenu chrétien, c’est-à-dire son frère dans la foi, et de lui pardonner sa faute. Le genre littéraire est celui d’une lettre de recommandation. 2. Contenu Bien qu’il soit court, le billet à Philémon présente toutes les caractéristiques d’une lettre : Salutation et adresse : 1-3 Remerciement : 4-7 Corps épistolaire : 8-20 Conclusion : 21-25 3. Message de l’écrit Par la conversion au Christ, l’esclave est devenu le frère du patron. C’est pourquoi le patron offensé doit entretenir un nouveau rapport avec l’esclave. En effet, Paul n‘avait aucun pouvoir ni moyen pour abolir l’esclavage dans le puissant empire romain. Toutefois, il humanise l’esclavage en évoquant des aspects chrétiens et moraux.72 Tout en acceptant le cadre juridique existant, il change les rapports 72

Cf. Ralph P. MARTIN, Colossians and Philemon, p. 149.

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interpersonnels en insistant sur l’égalité entre esclave et patron dans le Christ et en promouvant la libération. Le comportement de Paul devait aboutir un jour à la pacifique révolution, la plus importante de l’histoire humaine, l’abolition légale de l’esclavage. On a dit de la lettre à Philémon qu’elle était le premier manifeste en faveur de l’abolition de l’esclavage, non par le recours à la force, mais par la charité chrétienne.

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CHAPITRE 13 L’ÉPÎTRE AUX COLOSSIENS

1. L’Église de Colosses La petite ville de Colosses est située à 200 kilomètres d’Éphèse. Il n’existe aucun détail sur la manière dont l’Évangile était parvenu dans cette contrée. Selon l’épître elle-même, le fondateur de cette communauté serait Épaphras, qui était sans doute un païen (Col 4, 12) converti par Paul à Éphèse. 2. Circonstances et but de l’écrit Quant Épaphras rencontra Paul en prison, il lui fit le rapport de l’église de Colosses où les membres étaient restés fidèles à ses instructions ainsi que de leur détermination à rester fermes dans la foi (2, 5-7).73 Il lui parla en même temps de la situation de l’Église dans laquelle s’était répandue une nouvelle doctrine contraire à la tradition évangélique.74 Il s’agit plus 73 74

Cf. Ralph P. MARTIN, Colossians and Philemon, p. 7. Cf. Ralph P. MARTIN, Colossians and Philemon, pp. 8-23.

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exactement d’un mélange entre les éléments du judaïsme, du gnosticisme et du christianisme. Les faux docteurs exigent, entre autres, l’observance des prescriptions alimentaires (Col 2, 16) et l’observance de la Loi de Moïse. Ils enseignent que Dieu a créé le monde non pas directement, mais par des êtres intermédiaires appelés Principautés, Puissances, Trônes, Anges, Dominations… Le Christ est classé parmi ces éléments. On attendait le salut non pas du Christ mais de ces éléments. C’est dans ce contexte que l’épître aux Colossiens est rédigée pour combattre ces erreurs. L’apôtre exhorte les Colossiens à progresser, sans se laisser détourner de la voie qu’ils ont suivie. 3. Structure et contenu Le corps de la lettre peut être subdivisé en deux parties : doctrinale, polémique contre les tendances syncrétistes (1, 9-2, 25) et parénético-exhortative (3, 14, 6). 1re partie : Introduction : 1, 9-14 Hymne christologique : 1, 15-20 Invitation à se maintenir fermes dans la foi et l’espérance : 1, 21-2, 3. Polémique contre les faux docteurs : 2, 4-23 2e partie : Vie nouvelle de communion avec le Christ,

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Nouveaux rapports issus de la vie nouvelle, la charité dans les relations entre croyants à tous les niveaux de la vie : 3, 1-41 Exhortations finales : 4, 1-6 4. Message de l’écrit Le thème spécifique de l’épître aux Colossiens est la suprématie du Christ Créateur et Rédempteur sur l’univers. Il n’est pas seulement la Tête de l’Église, mais le Seigneur de toute la création, les êtres célestes et terrestres y compris. Les nouveaux titres que le Christ reçoit sont : Premier-né de toute la création, Principe, Premier-né d’entre les morts, Plénitude de Dieu. La suprématie du Christ est fondée sur sa préexistence divine. Dans aucun autre texte, la préexistence du Christ est affirmée avec une telle vigueur comme dans l’hymne christologique de Colossiens 1,15-20.

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CHAPITRE 14 L’ÉPÎTRE AUX ÉPHESIENS

1. Destinataires La communauté chrétienne d’Éphèse qui a donné le nom à l’écrit n’est plus considérée aujourd’hui comme destinataire. Paul a vécu 3 ans à Éphèse, il a connu des gens ; cependant il ne salue personne en particulier dans la conclusion de la lettre comme il le fait ailleurs. Timothée, personnage connu à Éphèse n’est pas mentionné dans le souhait. L’expéditeur de la lettre se félicite pour le progrès réalisé non par connaissance directe mais parce qu’il lui a été rapporté ainsi (Ep, 1, 15). Tous ces éléments prouvent que les Éphésiens ne sont pas les destinataires de l’écrit. Il s’agit plutôt d’une circulaire adressée à plusieurs églises. L’en-tête « Aux Éphésiens » se justifie par le fait que la lettre avait été

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conservée et retrouvée à Éphèse quand on commença à rassembler les écrits de Paul vers 125 apr. J.-C.75 2. Structure et contenu Ire Partie : 1, 3-3,21 : - Grande bénédiction initiale - Révélation du mystère de Dieu dans le Christ - Unification des Juifs et des païens par le Christ à travers la croix - Les apôtres et les prophètes comme fondement de l’Église e II Partie : 4,1-6,20 : Caractéristiques de la vie nouvelle des baptisés. - Unité dans l’Église (4,1-16) - Abandon du vieil homme (4, 17-24) - Revêtement de l’homme nouveau (4,25-5,3) - Opposition à la vie païenne (5,4-20) - Les relations familiales (5,21-6,9) - Revêtir l’armure de Dieu (6,10-20) 3. Auteur L’épître aux Éphésiens fait partie des 6 épîtres que Paul n’a pas écrites de sa propre main, mais qui lui ont été attribuées à cause de son autorité, sa notoriété et Le manque d’informations sur la dénomination de l’écrit, l’auteur, les destinataires est sans doute à l’origine du titre de 75

l’ouvrage de M-E BOISMARD, L’énigme de la lettre aux Éphésiens.

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son influence dans l’Église primitive. Les 5 autres sont : 2 Thessaloniciens, Colossiens, 1 Timothée, 2 Timothée et Tite. 4. Message de l’écrit Le thème dominant de l’épître est l’Église. Elle comprend l’ensemble des baptisés. Le Christ est supérieur à l’Église qui est son corps. L’Église, en outre, est la Plénitude du Christ, c’est-à-dire le lieu pleinement rempli de sa présence de sorte que le Christ n’est pas seulement Transcendant mais aussi immanent à elle. Cette relation toute spéciale de l’Église avec le Christ est soulignée par l’image matrimoniale. Elle est fondée sur les apôtres, le Christ étant la pierre angulaire. Le Christ est le point de départ et le point d’arrivée vers lesquels tendent toute la vie de l’Église et les ministères. Toute discrimination est dépassée dans l’Église qui accueille les personnes provenant de diverses expériences religieuses et culturelles (2, 14-16). L’éthique chrétienne est conçue comme un dépouillement du vieil homme et un revêtement de l’homme nouveau (4, 1-4). Les rapports entre maris et femmes sont approfondis à la lumière du rapport matrimonial existant entre le Christ et l’Église, rapport fondé sur l’amour (5, 25. 28).

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CHAPITRE 15 PREMIÈRE ÉPÎTRE À TIMOTHÉE, DEUXIÈME ÉPÎTRE À TIMOTHÉE, ÉPÎTRE À TITE

I. Généralités 1. Pourquoi étudier les 3 épîtres ensemble ? Les deux lettres à Timothée et celle à Tite forment un groupe d’écrits bien distincts des autres. Elles se ressemblent dans le vocabulaire, la structure et le contenu. À partir du 18e siècle, on les appelle « les lettres pastorales »76 (du latin, pastor = pasteur, berger) car elles constituent un manuel ou un guide pour les pasteurs qui ont la charge de diriger les communautés. Ces lettres s’adressent à Timothée et Tite, qui sont des collaborateurs de Paul à qui il avait confié la charge des églises qu’il avait fondées. Il avait confié Éphèse à Timothée, et Crète à Tite.

Cf. M. GOURGUES, Les deux lettres à Timothée. La lettre à Tite, pp. 41-42. 76

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2. La question de l’authenticité paulinienne Les positions actuelles sur cette question se répartissent selon trois tendances : Aujourd’hui encore, certains commentateurs continuent à soutenir l’authenticité paulinienne des lettres pastorales. Pour expliquer les différences de style et de vocabulaire par rapport à Paul, ils évoquent tantôt son âge avancé, tantôt la part de son secrétaire, tantôt les situations nouvelles.77 Selon la seconde hypothèse, une part des lettres remonterait à Paul lui-même et une autre serait à attribuer à ses disciples.78 Selon la troisième hypothèse, qui est la plus acceptée de nos jours par la majorité des biblistes, les trois lettres ont été rédigées plutôt par des disciples se réclamant de Paul au cours du dernier tiers du 1er siècle.79

Cf. M. GOURGUES, Les deux lettres à Timothée. La lettre à Tite, p. 44. Les tenants de cette position parmi les commentateurs récents sont : MOUNCE (2000), JOHNSON (2001) et TOWNER (2006). 78 Point de vue de MILLER (1997) et P.N HARRISON. PRIOR (1989) et MURPHY-O’CONNOR (1991) soutiennent l’authenticité paulinienne de 2 Timothée à la différence des deux autres. 79 Cf. M. GOURGUES, Les deux lettres à Timothée. La lettre à Tite, p. 45. 77

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3. Timothée et Tite, qui sont-ils ? Timothée était originaire de Lystres, né d’un père païen et d’une mère juive (Eunice) devenue chrétienne. Attiré par la prédication de Paul à Lystres, il se convertit, se fit baptiser et devint son collaborateur, son fils dans la foi, son ami, son confident, son héritier spirituel. Il fut chargé d’importantes missions. Selon 1Tm 1, 3 il lui aurait confié la responsabilité de la communauté d’Éphèse. Timothée est un nom grec qui signifie « celui qui honore Dieu ». Tite, Païen de naissance, se convertit ensuite et devint chrétien. Choisi par Paul comme collaborateur, il lui était très précieux pour des missions spéciales. Homme de caractère, bon négociateur, il réconcilia Paul avec les Corinthiens (2Co 7, 6-16) et fut chargé de la collecte en faveur des chrétiens de Jérusalem. II. Contenu des trois épîtres Paul donne des conseils et dresse une liste des qualités d’un vrai responsable (diacre, ancien, évêque). Il doit être irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, équilibré, digne, hospitalier, capable d’enseigner, pas buveur ni batailleur, pacifique, détaché de l’argent, sachant bien diriger sa maison et maintenir ses enfants dans la soumission et une parfaite honnêteté.

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Il y a en outre la nécessité d’annoncer l’Évangile à temps et à contre temps, de garder le dépôt de la Foi et d’éviter les faux docteurs qui propagent de faux enseignements. 1. Contenu de la Première épître à Timothée Adresse (1,1-2) 1. Annonce de l’évangile et fausses doctrines (1,3-20) 2. Organisation du culte (2,1-15) 3. Les ministres de l’Église ((3,1-16) 4. Stratégie pastorale (4,1-6,19 a) Fausses doctrines et conseils à Timothée (4,116) b) Directives sur les veuves (5, 1-16) c) Les anciens (5,17-23) d) Les esclaves (6, 1-2a) e) Les faux docteurs et devoir de Timothée (6b-19) Conclusion (6,20-21) 2. Contenu de la deuxième épître à Timothée Adresse et action de grâce (1,1-5) 1. L’apôtre du Christ (1,6-2,13) 2. Lutte contre les faux docteurs (2,14-26) 3. Les faux docteurs annoncés pour les temps derniers (3,1-9) 4. Fidélité de Paul (3,10-4,5) 5. Dernières recommandations et salutations (4,6-22) 138

3. Contenu de l’épître à Tite Adresse (1,1-4) 1. Rôle des Anciens contre la fausse doctrine (1,5-16) 2. La vie authentique des fidèles (2,1-3,11) Conclusion (3,12-15)

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CHAPITRE 16 LES ÉPÎTRES CATHOLIQUES

Le Nouveau Testament inclut sept lettres que l’on appelle « épîtres catholiques ». Ce terme vient du grec « katholikos » qui signifie « universel, général ». Ce sont donc des écrits qui ne sont pas destinés à des communautés spécifiques (par exemple aux Corinthiens, aux Éphésiens, aux Thessaloniciens), mais à « toutes » les communautés ou églises. On les appelle également « lettres universelles ».80 I. PREMIÈRE ÉPÎTRE DE PIERRE

1. Auteur La lettre elle-même indique comme auteur Pierre l’apôtre en faisant allusion à la collaboration de Silvain (5, 12) souvent identifié avec Silas, collaborateur de Paul connu grâce aux Actes des Apôtres et aux épîtres de Paul. L’attribution de E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, p. 5. 80

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l’épître à Pierre ne fait pas l’unanimité parmi les chercheurs. Certains critiques maintiennent l’origine de l’autorité pétrinienne de l’écrit tandis que d’autres le considèrent comme un pseudépigraphe. Quant à la possibilité d’attribuer la paternité de l’écrit à Silvain, bon nombre des biblistes affirment que ce dernier serait le véritable auteur à qui Pierre aurait confié la responsabilité de la rédaction effective. Quoi qu’il en soit, la lettre était connue et acceptée comme œuvre de Pierre depuis l’antiquité. Les premières citations de la lettre se trouvent chez Polycarpe de Smyrne qui, dans son ouvrage « L’épître aux Philippiens » cite plusieurs fois l’écrit de Pierre. Par ailleurs, nous savons d’Eusèbe de Césarée que même Papias de Hiérapolis utilisait les citations de la lettre de Pierre. 2. Destinataires, lieu de rédaction et datation La lettre est adressée aux fidèles des provinces centrales et nord-occidentales de l’Asie Mineure. Le lieu de composition est Babylone (5, 13) qui, au sens métaphorique, pourrait indiquer Rome.81 Concernant la datation, ceux qui soutiennent l’attribution de l’écrit à Pierre proposent une date comprise entre 62 et 64. D’autres proposent une date située autour du 81

E. COTHENET, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, pp. 145.

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dernier quart du premier siècle, soit entre 90 et 95, durant le règne de Domitien. Pour les tenants de cette thèse, certains indices suggèrent une datation postérieure à la mort de Pierre et à la prédication paulinienne. Deux des provinces auxquelles est adressée la lettre, la Cappadoce et la Bithynie-Pont n’avaient pas connu la prédication de Paul. On pourrait présumer que le temps nécessaire à la constitution des communautés locales dans ce vaste espace était révolu. Les thèmes traités indiquent le passage des problèmes du début de la communauté judéo-chrétienne – l’observance de la loi mosaïque - à une situation dans laquelle les rapports entre les chrétiens et les non-chrétiens se trouvent au centre des préoccupations. Cette évolution pourrait orienter la datation de la lettre après la prédication paulinienne. Enfin, on peut constater un changement substantiel d’opinion sur les autorités romaines qui ne sont plus « ministres de Dieu » (Rm 13, 6), mais sont vues dans un sens neutre (2, 13-17) : il s’agit d’une vision compatible avec une situation dans laquelle les chrétiens ne sont pas en danger déclaré, mais tirent des leçons des persécutions de Néron, durant lesquelles le même Pierre perdit, selon la tradition, la vie. La lettre ne parle pas d’une persécution officielle, mais d’une situation d’hostilité.

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3. Contenu Cette épître s’adresse d’abord à de nouveaux convertis pour leur faire comprendre ce que l’évangile apporte comme changement dans leur vie (1,3 à 2,10). De 2,11 à 3,12, l’auteur encourage les chrétiens à se conduire en vrais disciples de Jésus dans le monde. Dans la dernière partie de l’épître, il les exhorte à tenir ferme au milieu de l’opposition (et même de la persécution 4,12-19), avant de rappeler les devoirs des anciens et des jeunes (5, 1-12). II. DEUXIÈME ÉPÎTRE DE PIERRE

1. But et contenu de la lettre La lettre est relativement courte et comprend 61 versets. L’objectif de la lettre est celui de mettre les lecteurs en garde contre les faux docteurs et de calmer l’inquiétude causée par le retard de la parousie. Développant le thème central du retard de la parousie, l’auteur rappelle que pour le Seigneur mille ans c’est comme un jour, que le temps d’attente laissé à l’homme est une opportunité pour sa conversion, et que la fin des temps arrivera sans préavis. De ce point de vue, l’écrit reprend le thème de la présence de Dieu dans l’histoire et la nécessité de le concilier avec la situation de persécution et du péché. Voici le contenu de cette lettre ayant des caractéristiques d’un 144

testament spirituel ou d’un discours d’adieu commun à la tradition biblique82 : Chapitre 1 : Présentation de l’auteur (1,1) avec une allusion à l’annonce de Jésus sur sa mort (1, 14) ; il rappelle avoir été témoin de la transfiguration et invite à vivre saintement (1, 16-18). Chapitre 2 : Rappel de la première lettre (1,3) qui est sans doute 1Pierre ; mise en garde contre les faux docteurs et prophètes. Chapitre 3 : Il affronte le thème de l’attente du Seigneur (3, 13-14). 2. Auteur, date et destinataires L’identité de l’auteur est liée à la question de la datation. La lettre est écrite par « Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ ». Dès l’antiquité, cette attribution avait fait l’objet des discussions et aujourd’hui encore, certains préfèrent l’attribuer à un auteur anonyme du 2e siècle, sans qu’il ne manque toutefois quelqu’un qui soutient l’authenticité pétrinienne. E. COTHENET pense que la lettre pourrait être attribuée à « un chrétien cultivé d’Alexandrie, ville dont la communauté se rattache

82

E. COTHENET, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, p. 273.

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selon la tradition à Marc, l’interprète de Pierre ».83 On peut toutefois considérer la lettre comme une circulaire destinée à toutes les communautés ecclésiales de l’Asie Mineure. III. PREMIÈRE ÉPÎTRE DE JEAN

1. Auteur, date et lieu de rédaction Les témoignages de la tradition s’accordent pour attribuer cette lettre à Jean l’évangéliste. Le contenu, le vocabulaire et le style de la lettre présentent des affinités avec l’évangile de Jean. Certains biblistes modernes pensent que l’auteur de 1Jean et de l’évangile de Jean est la même personne. Selon d’autres, le travail de rédaction relèverait de plusieurs mains. La lettre dans sa forme actuelle, aurait été écrite vers la fin du 1er siècle, à Éphèse, selon la tradition. Les biblistes s’accordent pour une datation autour de 100, comme conséquence de sa dépendance de l’évangile de Jean et du changement d’attitude par rapport à la parousie.

83

E. COTHENET, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, p. 174.

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2. Destinataires et but de l’écrit Les destinataires de la lettre sont les païens des communautés de l’Asie Mineure convertis au christianisme. Elle est écrite pour inviter les communautés chrétiennes à l’amour fraternel et, surtout, pour les mettre en garde contre les faux docteurs gnostiques et hérétiques qui répandaient les fausses doctrines vers la fin du 1er siècle. Ces derniers niaient l’humanité de Jésus (2, 18-19). L’épître définit également les critères d’une vie chrétienne authentique : la vérité (1, 6), l’obéissance (2, 3), la pureté (3,3), la foi (3, 23), l’amour (2, 7-8 ; 3, 14 ; 4, 7 ; 5, 1). 3. Contenu de la lettre Si la deuxième et la troisième épître de Jean sont si brèves qu’elles n’ont pas besoin d’un plan, la première épître qui ressemble à un traité de théologie peut être structurée de la manière ci-après84 : Prologue (1,1-5) : « Nous vous annonçons la vie éternelle » (1,2) « Dieu est Lumière » (1,5) Section 1 (1,6-2,2) : La justice accomplie en Christ. Section 2 (2,3-11) : Observer le commandement de l’amour. Cette structure est celle proposée par M. MORGEN, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, p. 221. 84

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Section 3 (2,12-17) : Non la convoitise du monde mais la volonté de Dieu Section 4 (2,18-28) : L’Anti-Christ égare ; l’onction enseigne. Section 5 (2,28-3,10) : Dieu est juste Section 6 (3,11-18) : Aimons-nous car nous sommes nés de Dieu. Section 7 (3,19-24) : Faire ce qui plaît à Dieu Section 8 (3, 25-4,6) : Nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit d’égarement. Section 9 (4,7-5,12) : « Nous avons cru l’amour que Dieu a pour nous » (4,16) ; « Dieu est Amour » (4,8.16) Épilogue (5, 14-21) : « Le Dieu vrai et la vie éternelle » (5,20). IV. DEUXIÈME ÉPÎTRE DE JEAN

1. Date de rédaction La deuxième et la troisième lettre de Jean sont, parmi les écrits du Nouveau Testament, semblables aux lettres privées hellénistiques. En outre, elles emploient le même langage, s’accordent en longueur et dans la forme épistolaire (adresse, introduction, conclusion) et sont rattachées au même auteur pour ces motifs. La langue est celle de la Koinè comme pour l’évangile de Jean. Au début de la lettre, l’auteur se présente simplement avec le titre de « presbytre ». Selon les biblistes, ou bien ce titre est général pour 148

indiquer son appartenance au presbyterium, ou bien il s’agit d’une référence aux presbytres qui, selon Irénée et d’autres, étaient gardiens de la tradition apostolique. La datation de la lettre serait à situer autour de 100, comme cela résulte aussi des thèmes et des enseignements qui y sont contenus. 2. Destinataires et but de l’écrit Les destinataires de la lettre sont les chrétiens issus du paganisme, membres d’une communauté appelée « dame élue ». Comme pour les autres lettres de Jean, cette lettre qui ne comprend que 13 versets a pour but de soutenir la pureté de la foi, d’inviter à la pratique de l’amour et de la charité fraternelle, et de mettre en garde contre les faux docteurs qui attaquent la foi des chrétiens. V. TROISIÈME ÉPÎTRE DE JEAN

1. Date et lieu de rédaction La similitude de contenu et de style avec la première lettre orienterait l’écrit vers Jean, ou au moins vers les cercles de ses disciples. Les chercheurs modernes pensent toutefois que Jean n’en est pas l’auteur. Comme les autres textes de Jean, la lettre, dans sa

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forme finale, devrait avoir été écrite vers la fin du 1er siècle, probablement à Éphèse. 2. Destinataire et but de l’écrit Le destinataire de la lettre est un certain « Gaius », probablement chef d’une communauté chrétienne. La lettre est rédigée suite au refus de la part de Diotrèphe, chef d’une communauté chrétienne, d’accueillir les envoyés de l’ancien (presbytre). Ceuxci trouvent refuge dans la maison de Gaius à qui est destinée la lettre. L’auteur se plaint du comportement de Diotrèphe qui vise les premiers postes dans la communauté, refuse d’accueillir les frères envoyés et empêche même à d’autres de le faire (v. 10). Il invite Gaius à persévérer dans le bien : « N’imite pas le mal, mais le bien » (v.11). La lettre se veut donc une mise en garde contre le comportement dictatorial dans l’Église. Diotrèphe dont il est question dans l’épître est le symbole de tous ceux qui affichent pareil comportement. VI. L’ÉPÎTRE DE JACQUES

La courte lettre considérée comme adressée aux douze tribus d’Israël est probablement une homélie qui, à cause de la richesse de son contenu, a commencé à circuler parmi les communautés

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chrétiennes primitives pour être lue dans les assemblées. 1. Auteur et date de rédaction L’auteur se présente dans 1,1 comme étant « Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ ». En effet, cinq personnes portent ce nom dans le Nouveau Testament : Jacques le majeur, fils de Zébédée, frère de Jean et disciple de Jésus ; Jacques, fils d’Alphée, disciple de Jésus ; Jacques le Mineur ; Jacques, père de l’apôtre Judas ; et Jacques le Juste, « frère du Seigneur ».85 L’identification de l’auteur n’est donc pas facile. Traditionnellement, la lettre fut attribuée à Jacques le Juste, un des frères de Jésus, vers la fin de la moitié du 3e siècle. Ce Jacques qui n’appartenait pas au groupe des douze et devenu chef de l’Église de Jérusalem, est cité dans les Actes des Apôtres : 12, 17 ; 15, 13 et dans Galates 1, 19 et 2, 9. Dans le cercle de la critique biblique moderne, on pense plutôt à un pseudépigraphe ; c’est-à-dire la lettre aurait été écrite par un auteur inconnu lié à la tradition chrétienne helléniste et attribuée à Jacques pour en accroître l’autorité. Par ailleurs, il n’existe pas d’indices convaincants pour fixer la date de la rédaction de cette lettre : « Les exhortations morales 85

E. COTHENET, in E. COTHENET / M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, pp. 115-116.

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qui en constituent une grande part sont par nature intemporelles. L’absence de toute allusion au Temple de Jérusalem ne suffit pas pour conclure que la lettre a été écrite après 70. Mais la controverse avec des déformations de la théologie de Paul suppose un certain recul ».86 2. Contenu L’écrit est relativement court. Il comprend cinq chapitres : 1,1-19 : c’est une synthèse de l’enseignement chrétien : endurance dans les épreuves ; réalisation de la parole 2,12-26 : Rappel de la foi en Jésus et de la pratique de la charité envers les pauvres 3,1-18 : Modération dans l’usage de la langue 4,1-13 : Critique des passions, particulièrement la cupidité, et le respect du frère 5,1-20 : Condamnation des richesses et réflexion sur la venue du Seigneur ; onction des malades, secours aux égarés

86

E. COTHENET, in E. COTHENET / M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, p. 115.

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3. L’épître de Jacques et le sacrement des malades Le chapitre 5 revêt une importance capitale pour la doctrine sacramentelle catholique, surtout Jc 5, 14-18 où les malades sont exhortés à appeler les anciens, et que ceux-ci, après les avoir oints d’huile, prient pour eux : « la prière de la foi les sauvera, le Seigneur les relèvera et, s’ils ont commis des péchés, ils leur seront remis (5, 15) ». Cet enseignement constitue le fondement du sacrement d’onction des malades. VII. L’ÉPÎTRE DE JUDE

1. Auteur L’auteur se présente au verset 1 comme étant « Jude, serviteur du Christ, frère de Jacques ». Cependant il ne se présente pas comme l’apôtre Jacques et ferait allusion aux apôtres comme à un groupe dont il ne fait pas partie (17-18). Toutefois, les versets 1.17.18 ne suffiraient pas pour exclure Jude du cercle des douze selon certains biblistes. Pour d’autres, il pourrait s’agir de Jude présenté comme frère de Jésus dans les sources évangéliques, de l’apôtre Jude Thaddée, ou encore d’autres personnages portant le même nom.87 87

E. COTHENET, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, p. 269.

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Aujourd’hui, l’écrit est considéré comme un pseudépigraphe et l’auteur judéo-chrétien anonyme connaissait la lettre de Jacques ainsi que d’autres écrits juifs comme l’Assomption de Moïse, l’Apocalypse d’Enoch, et aurait voulu accorder une grande crédibilité à l’écrit en lui associant le nom d’un des frères de Jésus. 2. Date de rédaction La date de composition reste incertaine. La fin du monde et le jugement universel sont attendus comme imminents dans la lettre et les enseignements transmis par les apôtres sont oraux ; ces éléments feraient remonter la datation de la lettre au christianisme primitif entre les années 50 et 70. Pour d’autres, il existerait aussi des indices pour une datation plus tardive, entre 90 et 140, postérieure à l’époque apostolique : au v. 3, l’auteur parle de l’ère apostolique comme révolue et rappelle aux destinataires de la lettre, aux vv. 17-18, les paroles leur adressées par les apôtres concernant la venue des imposteurs à la fin des temps. 3. Canonicité La lettre fut très tôt intégrée dans le canon bien qu’avec certaines incertitudes. Elle est reprise dans le

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Canon de Muratori et Eusèbe de Césarée la classe parmi les écrits discutés, bien qu’acceptés. Ce qui a le plus suscité le doute sur la canonicité de Jude est l’usage des sources apocryphes considérées comme non-canoniques : l’Assomption de Moïse, le Livre d’Enoch. Enoch 1.9 est cité littéralement dans Jude 1415 ; la référence à Enoch comme le « Septième Adam » (v.14) est reprise par Enoch 40.8. 4. Contenu et but de l’écrit Le but de l’écrit est de prévenir les destinataires des dangers apportés par les faux docteurs qui mettent en péril la foi chrétienne. On dénonce leur conduite immorale et le jugement qui les attend, en invitant les chrétiens à rester attachés à la foi transmise par les apôtres (Jude 20-21).88 La lettre comprend 25 versets répartis de la manière ci-dessous89 : Salutation (1-2) But de la lettre : la lutte pour la foi mise en péril (3-4) Dénonciation des faux docteurs (5-16) Exhortation aux fidèles (17-23) Doxologie finale (24-25) Cf. E. COTHENET, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, pp. 269-270. 89 Le plan est celui de E. COTHENET, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, p. 271. 88

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CHAPITRE 17 L’ÉPÎTRE AUX HÉBREUX

1. Auteur et date de rédaction L’épître aux Hébreux ne porte pas la signature de son auteur comme on l’a vu par exemple avec les lettres de Paul. L’auteur reste donc inconnu. Paul n’en est pas l’auteur comme on le pensait avant. Comme le dit Origène : « Celui qui a écrit cette épître, seul Dieu le sait ».90 Plusieurs hypothèses ont été avancées : Paul (Augustin, Jérôme), un disciple de Paul qui reprend les enseignements pauliniens (Clément d’Alexandrie, Origène), Barnabé (Tertullien) ou Apollos91 (Martin Luther, Spicq). Comme le dit Françoise VOUGA, « Aussi bien le milieu d’origine et la date que l’auteur et les destinataires de l’épître aux hébreux restent des énigmes pour la recherche historique littéraire ».92 Origène, dans Eusèbe, Histoire ecclésiastique, VI, 25,14 On considère la description d’Ac 18, 24 qui pourrait lui correspondre. 92 F. VOUGA in D. MARGUERAT, Introduction au Nouveau Testament, p. 332. S’agissant de l’auteur, lire aussi, A. VANHOYE, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, pp. 10-11. 90

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S’agissant de la date de composition, faute de précision sur la date exacte, ici aussi on se livre à des hypothèses : la marge la plus fréquemment suggérée est celle entre les années 60 et 90. Les biblistes hésitent entre une date avant la destruction du temple (donc les années 60) ou après (les années 80). Ceux qui considèrent les années 60 se fondent sur le manque d’allusion à la destruction du Temple dans le texte. Quant aux tenants d’une rédaction vers les années 80, ils s’appuient sur l’allusion insistante au remplacement des fêtes, sacrifices, et lieu de culte terrestre juifs (8, 7-8. 13).93 2. Destinataires L’analyse littéraire permet de conclure que l’épître serait adressée aux chrétiens d’origine juive qui connaissaient bien les institutions juives à savoir le Temple, le sacerdoce et les sacrifices. Certains Pères de l’Église ont pensé aux chrétiens de la Palestine ou de Jérusalem même.94 Faute d’indications au sein du texte lui-même, plusieurs autres lieux ont été suggérés : Samarie, Chypre, Éphèse, Antioche, Colosses, Bithynie, Pont ou Corinthe.95 Considérant le 93

R. E. BROWN, Que sait-on du Nouveau Testament, p. 749. Cf. Jean Chrysostome, Ad Chenas, PG 63, 9-14; Théodore de Mopsueste, Ad Butefas, PG 66, 952 Jérôme, Ad Timotheum, V, 23, PL 23, 617; Théodoret, Ad Julienas, PG 82, 676. 95 Cf. F. VOUGA in D. MARGUERAT, Introduction au Nouveau Testament, p.335. 94

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contenu de l’épître elle-même, on est en droit de conclure que l’auteur n’a pas à faire aux chrétiens de première génération : « L’homélie nous laisse voir qu’il s’agit de chrétiens convertis depuis longtemps (5,12 ; 13,7). Ils se sont montrés très généreux (10,3234) et le sont encore (6,9-10), mais, devant affronter de nouvelles épreuves (12, 1.7), ils ont besoin d’être stimulés, ce que le prédicateur ne manque pas de faire avec vigueur (5,11-12 ; 6,11-12 ; 10,36 ; 12,3-13) ».96 Après avoir passé en revue les différentes hypothèses, R. E. BROWN conclut : « Nous devons nous satisfaire de cette ironie du sort que le rhétoricien le plus sophistiqué et le théologien le plus élégant soit un inconnu… La qualité de son grec et sa maîtrise des Écritures grecques suggèrent que c’était un judéochrétien de bonne éducation hellénistique et connaisseur des catégories philosophiques 97 grecques ». 3. Genre littéraire L’introduction indique clairement qu’il ne s’agit pas d’une lettre. Il en est autant de la conclusion. On est en présence d’une homélie ou d’un sermon qui cherche à captiver l’esprit et à faire réfléchir. La

A. VANHOYE, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, p. 11. 97 R. E. BROWN, Que sait-on du Nouveau Testament, p. 748. 96

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conclusion confirme qu’il s’agit d’un discours d’exhortation, d’une homélie judéo-chrétienne.98 4. Structure et contenu99 Exorde : Dieu nous a parlé (1,1-4) I. Situation du Christ (1,5-2,18) II. Le Christ Grand Prêtre digne de confiance et miséricordieux (3,1-5,10) Le Christ Grand Prêtre digne de foi et appel à la foi (3,1-4,4) Le Christ Grand Prêtre pleinement humain (4,155,10) III. Le Christ Grand Prêtre parfait (5,11-10,39) Appel à l’attention et à la générosité (5,11-6,20) Grand Prêtre d’un genre différent (7,1-28) Une offrande sacrificielle bien différente (8,1-9,29) Une offrande parfaitement efficace (10,1-18) Appel à l’union vitale avec le Christ Grand Prêtre (10, 19-39)

A. VANHOYE, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, p. 9. 99 Cette subdivision est celle de VANHOYE, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, p. 10. 98

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IV. La foi et l’endurance (11,1-12,13) Éloge de la foi (11,1-40) Appel à l’endurance dans les épreuves (12,1-13) V. Recherchez la paix et la sainteté (12,14-13,19) Souhait final (13,20-21) Mot d’envoi (13,22-25) 5. Message de l’écrit Les Juifs convertis au Christianisme étaient restés nostalgiques des rites qui se déroulaient dans le Temple. C’est pourquoi l’auteur se propose de montrer la supériorité du Christ par rapport aux rites, aux personnages et aux institutions de l’Ancien Testament en développant un thème particulier, celui du sacerdoce du Christ. « L’auteur nous montre, à nous chrétiens, que pour nous mettre en rapport confiant avec Dieu, nous avons désormais un prêtre, et même un Grand Prêtre, le Christ ».100 Le Christ est supérieur aux anges, aux prophètes, et aux autres personnages. Par rapport aux autres grands prêtres, le sacerdoce du Christ se caractérise par la similitude et le dépassement : le grand prêtre mourrait et devait être remplacé ; par contre le Christ est Grand Prêtre pour toujours. Le grand prêtre étant le pont (du latin pontifex = celui qui fait le pont) entre Dieu et les A. VANHOYE, in E. COTHENET/ M. MORGEN/ A. VANHOYE, Les dernières épîtres. Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude, p. 9.

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hommes, la pérennité de Jésus dans ce rôle signifie aussi que par lui l’accès de l’homme à Dieu est toujours possible. Dans l’ancienne alliance, la victime pour le sacrifice était un animal ; le Christ par contre s’offre lui-même. Les sacrifices se répétaient selon les besoins ; le Christ par contre s’offre une seule fois pour toutes. Les autres prêtres étaient de la tribu de Lévi ; le Christ par contre est de la tribu de Juda.

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CHAPITRE 18 LE LIVRE DE L’APOCALYPSE

Ce livre n’a intégré le canon que plus tard (entre 3e et 4e siècle). Ce retard était sans doute dû au fait que beaucoup de chrétiens le considéraient comme un livre déconcertant. En effet, ses visions étranges et ses images bizarres le rendent difficile à comprendre.101 1. La dénomination Le terme « apocalypse » ne veut pas dire « cataclysme, désastre, fin du monde » comme nous font croire le plus souvent les médias. Ce terme vient du grec « apokalypsis » qui signifie « révélation », action d’enlever le voile, de retirer ce qui couvre ou cache. Ce livre peut donc s’appeler « Apocalypse » ou « Révélation ».

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A. SPATAFORA, Langage symbolique et Apocalypse, p. 9.

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2. Le contexte historique du livre Les caractéristiques qui qualifient les communautés chrétiennes auxquelles l’écrit est adressé (chapitre 23) aident à en définir le contexte. La situation décrite cadre bien avec le contexte politique, économique, social et religieux de l’Asie Mineure (Éphèse) à la fin du 1er siècle de notre ère. On peut probablement dire que l’Apocalypse a été composée vers la fin du règne de l’empereur Domitien (vers 95 apr. J.-C.), à une époque où le refus des chrétiens de rendre des honneurs divins à l’empereur entraînait une grave persécution de la part du pouvoir. Ce climat de difficulté apparaît dès le début de l’Apocalypse (Ap 1,9 : « Moi, Jean, votre frère et compagnon de tribulation ». Le séjour de Jean sur l’île de Patmos (1,9) n’est pas volontaire, mais contraint par une autorité. En droit pénal romain, la deportatio in insulam était bien connue. On est à la fin du 1er siècle apr. J.-C., Pierre et Paul ont déjà été victimes de la justice impériale. Les chrétiens qui réagissent paient de leur vie (voir le cas de Pergame Ap 2,13 : « Antipas, mon fidèle témoin, a été mis à mort »). Ajouter à cela la rupture définitive des relations avec le monde juif réorganisé après la chute de Jérusalem (70 apr. J.-C.), autour de la Torah et du groupe des pharisiens. Après des décennies de vie commune, le conflit est désormais irrémédiable. Il est temps de choisir son côté. L’affrontement semble inévitable (Ap 2,9). Même l’environnement païen est 164

hostile et contraire : confusion doctrinale, ésotérisme, magie, mode de vie confortable et consumériste risquent maintenant d’infecter les chrétiens euxmêmes. S’il y avait des ennemis extérieurs au petit groupe de chrétiens, il ne faut pas penser que la situation interne de la communauté était parfaite. La petite communauté chrétienne connaissait des tensions et des conflits relationnels (variété de sousgroupes contrastant les uns avec les autres ; risque de confusion doctrinale, d’hérésie [2, 25 ; 2, 20]). Au nom du Christ, l’auteur s’oppose à ces déviations en louant les fidèles forts et déterminés et en les invitant à la cohérence. 3. Structure et contenu 1. Prologue et vision inaugurale : 1,1-20 2. Jean écrit aux sept communautés d’Asie Mineure : 2,1-3,22 3. Visions prophétiques : 4,1-5,14 : vision prophétique de l’histoire : l’empire est l’oppression 4. Les sept sceaux : 6,1-8,1 5. Les sept trompettes : 8,2-11,19 : relecture de l’Exode 6. Chapitre 12-14 : la femme et le dragon La grande tribulation : 12,1-14,20 : la communauté chrétienne parmi les bêtes (13 et 14) 7. Les sept coupes : 15,1-6,21, relecture de l’Exode 8. Le jugement : 17,1-20,15, vision prophétique de l’histoire : l’empire est tombé 165

9. La nouvelle Jérusalem : 21,1-22,15 10.Épilogue : 22,16-21 4. Message de l’Apocalypse Écrit au temps de souffrance, de désespoir et de persécution des chrétiens sous l’empereur romain Domitien, l’auteur voulait apporter un message de consolation et d’espérance : malgré les tribulations incomprises par les chrétiens, le cours de l’histoire connaîtra une issue positive avec la victoire de l’Agneau immolé (Ap 9, 11,16), même si les forces du mal condamnées à l’échec donnent l’impression de l’emporter. Dieu aura la victoire finale, il sauvera ceux qui resteront fidèles et terrassera les forces du mal qui se lèvent contre ses fidèles.102 5. Le langage symbolique du livre La mauvaise compréhension de l’Apocalypse est liée à la fausse idée qui consiste à penser que ce livre s’adresse aux chrétiens d’aujourd’hui à condition qu’ils sachent décoder les symboles. Et pourtant les symboles doivent être compris dans le contexte des destinataires du 1er siècle. Le livre de l’Apocalypse appartient au genre littéraire apocalyptique qui se caractérise par les images et les symboles.103 102 103

A. SPATAFORA, Langage symbolique et Apocalypse, p. 38. A. SPATAFORA, Langage symbolique et Apocalypse, pp. 9-10.

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Le texte du livre de l’Apocalypse ne doit donc pas être pris à la lettre. Il doit être interprété symboliquement. Comprendre cela permet d’éviter la déformation du message. Dans son effort de déterminer la signification des symboles, le lecteur ne doit pas imposer une signification qui soit le fruit de son imagination humaine. En effet, la grande partie des symboles provient de l’Ancien Testament.104 Il ne s’agit donc pas d’un phénomène nouveau dans la Bible. Les livres d’Amos (7-9), de Zacharie (1-6), d’Ézéchiel et de Daniel (2 ; 4 7 ; 8 ; 10) ont certainement inspiré l’auteur de l’Apocalypse. Voici quelques figures et représentations symboliques dans l’Apocalypse105 : Agneau contre la bête : le Christ contre Satan Grande Prostituée/ Babylone : L’Empire romain Épouse : L’Église Dragon /serpent : allusion au récit des origines dans le livre de la Genèse. Tentateur : Satan (Ap 12 et 20). Corne : symbole de la puissance. Cheveux blancs : symbole de l’éternité et non pas de la vieillesse. Longue robe : symbole de la dignité royale. Ceinture en or : Symbole du pouvoir royal.

A. SPATAFORA, Langage symbolique et Apocalypse, p. 39. Cf. E. CUVILLIER, in D. MARGUERAT, Introduction au Nouveau Testament, p. 392-393.

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Blanc : symbole de la pureté, de la victoire. Ceux qui se présentent devant le Trône avaient des vêtements blancs. Rouge : symbole du meurtre, de la violence, du sang des martyrs. Noir : symbole de l’impiété. La mer : est le symbole du mal : lieu où habitent les forces du mal. « Il n’y aura plus de mer » à la fin des temps, dit l’Apocalypse. Quand Jésus marche sur la mer, cela signifie qu’il écrase les forces du mal et les domine. Ciel : symbole du lieu où réside Dieu. Terre : lieu où s’affrontent le ciel et la mer, c’est-à-dire Dieu et les forces du mal. L’homme qui habite la terre est donc directement concerné par ce combat. Mais aussi les chiffres : 1 : représente Dieu ; la racine, la perfection, l’unité : « Adonaï est un » ; Dieu est la source, le cœur, et le cœur est unique. 2 : représente le couple ; la complémentarité ; dans la Genèse, Dieu crée une humanité enrichie en complémentarité. 3 : Dieu est trois fois Saint (Ap 8,8), la perfection. 4 : représente les points cardinaux, toutes les directions, l’universalité. 5 : Dieu intervient. L’intervention de Dieu dans l’histoire (4 + 1). 6 : imperfection (7-1) 168

666 : le maximum d’imperfection. 7 : C’est le chiffre de Dieu et du Christ ; il indique la perfection universelle. 10 : Indique une quantité non négligeable, mais limitée. 12 : Le nombre de la totalité ; 3 x 4 ; les tribus d’Israël ; les apôtres. 24 : (12 × 2) : symbolise la plénitude de la révélation de Dieu dans l’histoire et donc l’Ancien et le Nouveau Testament. 1000 : Nombre indéfini, incalculable, une grande quantité, le maximum humainement concevable, fini mais proche de l’éternité ; il indique également la totalité divine et la plénitude de l’action de Dieu. 144 000 : 12 × 12 × 1000, c’est-à-dire le peuple de Dieu dans sa totalité guidé dans le temps (1000) par la plénitude de l’action salvifique du Christ. 6. Auteur L’auteur du livre se nomme lui-même Jean au début du livre (1,1) et ailleurs. Si la deuxième génération des chrétiens l’avaient tout de suite identifié à Jean l’apôtre, cette attribution avait été contestée déjà au 1er siècle. Il ne s’agirait ni du fils de Zébédée, ni de l’auteur de l’Évangile ou des épîtres de Jean. On l’appelle généralement « Jean de Patmos », du nom de l’île où il habitait.

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Cependant, s’il est vrai que Jean ne peut pas être l’auteur du 4e évangile, le livre proviendrait sans doute d’un de ses disciples ou de son église. L’auteur serait une personne cultivée d’origine juive qui écrit en grec.

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ANNEXE RÉPONSES AUX QUESTIONS POSEÉS PAR LES MEMBRES DU GROUPE « PARLONS BIBLE AVEC L’ABBÉ STANIS LONGONGA »

Comme nous l’avions évoqué à l’introduction, cet ouvrage est un recueil de nos articles publiés dans le groupe facebook « Parlons Bible avec l’abbé Stanis LONGONGA » en vue de la formation biblique des intellectuels chrétiens. Après chaque article publié, certains membres s’adonnaient au jeu de questions et réponses pour plus de détails et pour mieux comprendre le contenu des textes publiés. Nous reprenons ici certaines de leurs questions avec nos réponses, convaincu qu’elles pourront aider d’autres chrétiens en quête d’élargissement de leur culture biblique.

QUESTION 1 S’agissant du livre de l’Apocalypse, pouvons-nous affirmer, qu’il ne concerne pas les chrétiens de notre temps, qu’il ne doit pas être considéré comme une source de 171

révélation des choses à venir ? Et pourtant il nous parle bien de la fin des temps ! La lecture de ce livre m’a toujours placé face aux multiples points d’interrogations. RÉPONSE Tous les livres bibliques nous concernent car chaque livre a un message valable pour les chrétiens de tous les temps. C’est cela l’actualité de la Parole de Dieu. L’erreur que l’on commet consiste souvent à interpréter le texte à la lettre en le sortant de son contexte au lieu de se concentrer sur le message. Le livre de l’apocalypse apporte un message d’espérance à tout chrétien confronté à la souffrance, aux persécutions et aux forces du mal en affirmant que Dieu a le dernier mot et que la victoire finale lui revient... Par contre s’adonner aux calculs pour déterminer la date de la fin du monde n’est pas nécessaire et ne nous aide en rien dans notre vie chrétienne.

QUESTION 2 Mais un sujet me tiens à cœur Monsieur l’abbé. Dans quel genre littéraire peut-on classer le livre de la Genèse, surtout les onze premiers chapitres ? En outre, pourquoi de tels sujets ne sont pas abordés dans nos différentes paroisses ? Est-ce vrai que nos pasteurs ont peur d’expliquer ces choses

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pendant les homélies de peur que la foi de leurs fidèles ne chancelle ? RÉPONSE Les 11 premiers chapitres de la Genèse appartiennent au genre littéraire mythico-sapientiel. En effet, derrière le langage mythique, c’est bien l’intention de véhiculer un message qui anime les écrivains sacrés. Par ailleurs, les genres littéraires des textes bibliques ne sont pas une matière destinée aux homélies qui ont une autre visée. L’homélie est une exhortation ayant trait à la vie pratique qu’il convient de distinguer avec un discours académique.

QUESTION 3 Vous invitez souvent à établir une distinction entre le message biblique et le genre littéraire employé pour le véhiculer. À ce sujet vous avez parlé du mythe comme genre littéraire. Je me demande si le contenu des textes bibliques n’est pas lié uniquement aux points de vue de leurs auteurs humains. En effet, se servir des mythes pour transmettre des vérités bibliques, cela ne remet-il pas en cause la véracité des textes bibliques ? ; Car, disons la vérité, un mythe est différent d’un fait réel.

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RÉPONSE Dans le chapitre sur l’inspiration de la Bible, j’avais affirmé que la Bible n’est pas un livre tombé du ciel et que ce sont des hommes comme nous, inspirés par Dieu, qui ont mis par écrit ce que nous lisons. J’ai insisté sur le message car Dieu peut inspirer un auteur même à travers un mythe, ou un roman (comme le livre de Jonas) pour transmettre un message. Un événement peut même ne pas être historique mais son message est valable. Jésus ne fait-il pas la même chose ? Il parle de la parabole du bon samaritain, du riche et de Lazare, du semeur, du publicain et du pharisien... Cela ne veut pas dire qu’il fait allusion à des événements précis. Ce sont juste des exemples qu’il donne pour livrer des enseignements.

QUESTION 4 S’agissant de Judith qui tranche la tête du général Holopherne pour obtenir la libération de son Peuple, étaitce là le seul moyen auquel il fallait recourir ? Le meurtre, est-il permis par Dieu ? RÉPONSE En fait, le livre de Judith ne raconte pas un fait historique réel. Il a été écrit sous forme d’un roman dont le but était de transmettre plutôt un message. Par 174

exemple la ville de Béthulie n’existe pas géographiquement. Ce qui est important n’est donc pas le contenu du livre pris à la lettre mais le message qui est véhiculé : Dieu est capable d’utiliser les moyens considérés comme faibles aux yeux des humains (Judith la femme) pour opérer de grandes choses et punir l’arrogance et l’orgueil dont Holopherne est le symbole.

QUESTION 5 Si Pierre n’est pas le vrai auteur des épîtres qui portent son nom, alors pourquoi l’Église les a-t-elle inscrites dans le canon ? RÉPONSE Il est difficile de déterminer les vrais auteurs des livres du Nouveau Testament, et même de l’Ancien car ils étaient rassemblés longtemps après leur rédaction, un siècle et même plus pour les écrits de l’Ancien Testament. Ce que nous disons des épîtres de Pierre vaut également pour d’autres écrits, à savoir les Évangiles et certaines épîtres de Paul. La connaissance du vrai auteur ne fait pas partie des critères retenus pour inscrire un livre dans le canon. Ce qui est important est que le contenu de ces livres ne soit pas contraire à la foi et à l’enseignement de Jésus.

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QUESTION 6 J’aimerais connaître d’autres livres bibliques dont les noms des auteurs ne sont pas authentiques. RÉPONSE Par exemple : L’Épître de Jacques et les évangiles. Mais aussi Colossiens, Éphésiens, 2Thessaloniciens 1Timothée, 2Timothée et Tite qu’on attribue à Paul alors qu’il n’en est pas l’auteur matériel.

QUESTION 7 Pourquoi les apôtres qui avaient une position privilégiée aux côtés de Jésus n’ont-ils pas pensé à écrire ? RÉPONSE Les apôtres n’étaient pas des gens d’une vaste culture et d’un haut niveau scientifique pour le faire. Par exemple, Pierre qui deviendra plus tard le chef des douze, n’était-il pas simplement pêcheur sur le lac de Galilée ? Et certains autres encore, pêcheurs comme lui… Et même pour les évangiles, la pseudonymie était de règle également. Les évangélistes sont de vrais théologiens.

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QUESTION 8 Il est dit que tous les écrits bibliques sont inspirés. Comment se fait-il que des paroles transmises par des hommes de bouche à oreille soient inspirées ? Que veut dire en fait « inspirés » ? RÉPONSE Les évangiles, dans leur forme actuelle, ont connu des étapes : d’abord la prédication de Jésus, continuée ensuite dans l’enseignement des apôtres ; enfin la mise par écrit de l’enseignement orale, ce que l’on appelle « évangiles ». Par ailleurs, l’inspiration des écrits bibliques ne veut pas dire que nous avons affaire à des textes tombés du ciel. Cela veut dire simplement que c’est Dieu, par l’Esprit-Saint, qui a guidé et éclairé la volonté, l’intelligence, la mémoire... des auteurs humains dans la rédaction de ces textes.

QUESTION 9 Existe-t-il une date d’expiration pour l’inspiration ? RÉPONSE Dieu est toujours à l’œuvre encore de nos jours. Et s’il continue à inspirer les hommes de nos jours, ce n’est pas pour leur communiquer de nouveaux 177

enseignements car tout a été dit par Jésus. Les hommes inspirés interviennent de nos jours pour clarifier l’un ou l’autre point de la Révélation. L’inspiration n’expire pas car parler d’expiration c’est limiter l’action de Dieu dans le temps. Si Dieu a dit sa dernière parole en Jésus, l’Église reconnaît cependant l’existence des « révélations privées » qui ont pour rôle d’expliciter la révélation définitive. Je m’excuse pour ce langage purement théologique.

QUESTION 10 La Bible suffit-elle à elle seule ou doit-on lui associer la tradition ? Je suis un protestant et voudrais être éclairé à ce sujet ? RÉPONSE Ma position est que chacun se soumette aux recommandations de son Église. Pour les catholiques, Bible et Tradition vont ensemble et pour les protestants, seule la Bible est source de Révélation. Je vous recommande de rester dans l’unité et la communion avec votre hiérarchie.

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QUESTION 11 Y a-t-il des livres apocryphes qui livrent plus de détails sur Marie que les évangiles ? Ensuite, peut-on penser qu’un des livres apocryphes soit un jour inscrit parmi les livres bibliques ? RÉPONSE Le Protévangile de Jacques renferme beaucoup de détails sur la vie de Marie (sa famille, son enfance et son éducation, son mariage avec Joseph...). Cependant ces détails relèvent plus de la fantaisie et de l’imagination que des faits historiques. Quant à une éventuelle intégration d’un quelconque écrit apocryphe dans la Bible, il convient de retenir que la liste officielle des livres bibliques a été close définitivement depuis 1546, au Concile de Trente.

QUESTION 12 Quels sont les critères ayant concouru à la non intégration des livres apocryphes dans la Bible ? RÉPONSE Parmi les critères, il y avait, entre autres : le fait qu’ils étaient écrits longtemps après les évangiles (2e et même 3e siècle), donc après l’ère apostolique ; il y a 179

aussi leur contenu qui est différent des évangiles ; enfin, même si les apocryphes donnent quelques détails importants, leur contenu est souvent le fruit des fantaisies et non de la vérité.

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BIBLIOGRAPHIE ALETTI J-N., Saint Paul, épître aux Philippiens, J. Gabalda et Cie, Paris, 2005. ALONSO SCHÖKEL L., La parole inspirée, Lectio Divina, Cerf, Paris, 1996. BOISMARD M-E., L'énigme de la Lettre aux Éphésiens, éd. Gabalda et Cie, Paris, 1999. BOVON F. et GOLTRAIN P., Écrits apocryphes chrétiens, Gallimard, Paris, 1997. BROWN B.E., Que sait-on du Nouveau Testament, Bayard, Paris, 2000. CARLSON S.C., The text of Galatians and its History, Mohr Siebeck, Tübingen, 2015. CAZEAUX J., l’évangile selon Matthieu : Jérusalem, entre Bethléem et la Galilée : essai, Cerf, Paris, 2009. COTHENET E./MORGEN M./ VANHOYE A., Les dernières épîtres : Hébreux, Jacques, Pierre, Jean, Jude : commentaire pastoral, Bayard/ Centurion, Paris, 1997. FOCANT C., L'évangile selon Marc, Cerf, Paris, 2004. GOURGUES M., Les deux lettres à Timothée ; La lettre à Tite, Cerf, Paris, 2009. HOCK R. E., The Infancy Gospels of James and Thomas, Santa Rosa (Californie), Polebridge Press, 1995. JONES P., La Deuxième épître de Paul aux Corinthiens, Edifac, Vaux-sur-Seine, 1992. KAESTLI J-D., Histoire du canon du Nouveau Testament 181

/ Le Canon du Nouveau Testament : regards nouveaux sur l’histoire de sa formation / sous la direction de Gabriella ARAGIONE, Éric JUNOD et Enrico NORELLI ; Frédéric AMSLER [et al.] Genève : Labor et Fides, DL 2005. LEGASSE L., L'épître de Paul aux Galates, Lectio Divina commentaire 9, Cerf, Paris, 2000 Id., Les épîtres de Paul aux Thessaloniciens, Lectio Divina, Commentaires 7, Cerf, Paris, 1999 LEMONON J-P., Pour lire la Première lettre aux Corinthiens, Cerf, Paris, 2017 MARCHADOUR A., Les mots de la Bible, Bayard, Paris,1997 MARGUERAT D., Un admirable christianisme : relire les Actes des apôtres, éditions Cabédita, Divonne-lesBains, 2013. MARTIN R. P., Colossians and Philemon, The New Century Bible and Commentary : Marshall, Morgan an d Scott, London, 1973. MEYNET R., L'Évangile de Luc , éd. Gabalda et Cie, Paris, 2011. MURPHY-O’CONNOR J., Histoire de Paul de Tarse : le voyageur du Christ, Cerf, Paris, 2004 PAUL A., L’inspiration et le canon des écritures. Histoire et Théologie, in CEv 49. PRIEUR J-M., Apocryphes chrétiens. Un regard inattendu sur le christianisme ancien, éd. Du Moulin, Paris, 1995. PRIGENT P., L'épître aux Romains, Labor et Fides, Bayard, Paris, 2002. 182

REDALIE Y., La deuxième épître aux Thessaloniciens, Labor et Fides, Genève, 2011. SPATAFORA S., Langage symbolique et Apocalypse, Editions jésuites, Namur/Paris, 2016. ZUMSTEIN J., L'apprentissage de la foi : à la découverte de l'évangile de Jean et de ses lecteurs, éd. Labor et Fides, Genève, 2015. Id., L'évangile selon saint Jean (1-12), éd. Labor et Fides, Genève, 2014.

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TABLE DES MATIÈRES

Introduction ..............................................................9 Première partie : Questions introductives..........13 I. Questions préliminaires .....................................15 1. Que signifie « Bible » ? ....................................15 2. Quelles sont les langues originales de la Bible ?...........................................................16 3. Le canon de la Bible ........................................17 4. Subdivision de la Bible en chapitres et versets ...............................................................18 II. La formation du canon de la Bible : comment et quand ? ................................................19 1. Pour l’Ancien Testament ................................19 2. Pour le Nouveau Testament ..........................21 III. Bible et Tradition .............................................22 1. Introduction ......................................................22 2. La Tradition, de quoi s’agit-il ? ......................22 3. La Bible elle-même vient de la tradition .......24

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IV. La Bible est inspirée par Dieu : ce que cela veut dire ...............................................24 1. Se débarrasser des idées reçues ......................25 2. Alors l’inspiration, de quoi s’agit-il ? ............25 3. Peut-on dire que tous les livres bibliques racontent des faits historiques ? .........................26 4. Pour bien interpréter un texte biblique, la connaissance de « l’intention de son auteur » et le « contexte » sont nécessaires ......................28 V. Les genres littéraires dans la Bible .................29 1. Que signifie genre littéraire ? .........................29 2. Qu’est-ce qu’un mythe ?..................................30 VI. Les groupes politico-religieux au temps de Jésus ....................................................30 1. Les Pharisiens ...................................................31 Les Sadducéens .....................................................32 Les Esséniens.........................................................33 Les Samaritains .....................................................34 Les Zélotes .............................................................34 VII. Les évangiles apocryphes ..............................35 1. De quoi s’agit-il ? ..............................................35 2. Ressemblances entre les apocryphes et les évangiles canoniques ...........................................36 3. Informations qui viennent des apocryphes ..36 4. Liste des évangiles apocryphes ......................37

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Deuxième partie : les écrits du Nouveau Testament ..........................................39 Chapitre 1. L’Évangile de Marc ............................41 1. Marc redécouvert .............................................41 2. Destinataires......................................................41 3. Auteur, date et lieu de rédaction ...................43 4. Structure et contenu .........................................44 5. Visée théologique .............................................45 Chapitre 2. L’Évangile de Matthieu .....................47 1. Destinataires......................................................47 2. Auteur, date et lieu de rédaction ...................48 3. Structure et contenu .........................................51 4. Visée théologique .............................................52 Chapitre 3. L’Évangile de Luc ...............................55 1. Destinataires......................................................55 2. Auteur, date et lieu de rédaction ...................56 3. Structure et contenu .........................................58 4. Visée Théologique ............................................59 Chapitre 4. L’Évangile de Jean..............................63 1. Destinataires......................................................63 2. Auteur, date et lieu de rédaction ...................64 3. Structure et contenu .........................................66 4. Visée théologique .............................................68 Chapitre 5. Les Actes des Apôtres ........................71 1. Structure et contenu .........................................72 187

2. Auteur et date de rédaction ............................74 3. Destinataires et but de l’écrit ..........................74 4. Visée théologique .............................................75 Chapitre 6. Biographie de Paul et généralités sur ses épîtres .................................77 I. Biographie de Paul ..............................................77 II. Généralités sur les épîtres de Paul .................81 1. Épîtres ou lettres ? ............................................81 2. Nombre ..............................................................82 3. Classement dans la Bible .................................83 Chapitre 7. Les épîtres aux Thessaloniciens ......85 I. La Première épître aux Thessaloniciens ..........85 1. Ville de Thessalonique.....................................85 2. Fondation de l’Église de Thessalonique .......87 3. Circonstances et but de l’écrit .........................88 4. Structure et contenu de la lettre .....................89 5. Date, lieu de rédaction et destinataires .........90 6. Message de la lettre ..........................................90 II. La Deuxième épître aux Thessaloniciens ......91 1. Circonstances et but de la lettre .....................91 2. Structure et contenu .........................................93 3. Message de la lettre : l’eschatologie ...............93 Chapitre 8. Les épîtres aux Corinthiens ..............95 I. La première épître aux Corinthiens .................95 1. La ville de Corinthe ..........................................95 2. Fondation de l’Église .......................................96 3. Circonstances et but de l’écrit .........................97 188

4. Structure et contenu .........................................98 5. Message de l’écrit .............................................99 II. La deuxième épître aux Corinthiens ..............102 1. Circonstances et but de l’écrit .........................102 2. Structure et contenu ........................................103 3. Date et lieu de rédaction..................................103 4. Message de l’écrit .............................................104 Chapitre 9. L’épître aux Galates ...........................105 1. Circonstances et but de l’écrit .........................105 2. Structure et contenu .........................................107 3. Message central de l’écrit ................................107 Chapitre 10. L’épître aux Romains .......................109 1. Rome et la fondation de l’Église romaine .....109 2. Circonstances et but de l’écrit .........................109 3. Structure et contenu .........................................110 4. Thèmes doctrinaux ...........................................112 Chapitre 11. L’épître aux Philippiens..................119 1. Philippes et la fondation de la communauté ............................................119 2. Circonstances et but de l’écrit .........................120 3. Contenu de la lettre ..........................................121 Chapitre 12. L’épître à Philémon..........................123 1. Circonstances et but de l’écrit .........................123 2. Contenu .............................................................124 3. Message de l’écrit .............................................124

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Chapitre 13. L’épître aux Colossiens ...................127 1. L’Église de Colosses ........................................127 2. Circonstances et but de l’écrit .........................127 3. Structure et contenu .........................................128 4. Message de l’écrit .............................................129 Chapitre 14. L’épître aux Éphésiens ....................131 1. Destinataires......................................................131 2. Structure et contenu .........................................132 3. Auteur ................................................................132 4. Message de l’écrit .............................................133 Chapitre 15. Première épître à Timothée, deuxième épître à Timothée, l’épître à Tite .......135 I. Généralités ............................................................135 1. Pourquoi étudier les 3 épîtres ensemble ? ....135 2. La question de l’authenticité paulinienne ....136 3. Timothée et Tite, qui sont-ils ? .......................137 II. Contenu des trois épîtres ..................................137 1. Contenu de la Première épître à Timothée ...138 2. Contenu de la deuxième épître à Timothée .........................................................138 3. Contenu de l’épître à Tite ................................139 Chapitre 16. Les épîtres catholiques ....................141 I. Première épître de Pierre...................................141 1. Auteur ................................................................141 2. Destinataires, lieu de rédaction et datation ..142 3. Contenu .............................................................144

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II. Deuxième épître de Pierre ................................144 1. But et contenu de la lettre ...............................144 2. Auteur, date et destinataires ...........................145 III. Première épître de Jean ...................................146 1. Auteur, date et lieu de rédaction ...................146 2. Destinataires et but de l’écrit ..........................147 3. Contenu de la lettre ..........................................147 IV. Deuxième épître de Jean .................................148 1. Date de rédaction .............................................148 2. Destinataires et but de l’écrit ..........................149 V. Troisième épître de Jean ...................................149 1. Date et lieu de rédaction..................................149 2. Destinataire et but de l’écrit ............................150 VI. L’épître de Jacques ...........................................150 1. Auteur et date de rédaction ............................151 2. Contenu .............................................................152 3. L’épître de Jacques et le sacrement des malades ...........................................................153 VII. L’épître de Jude ...............................................153 1. Auteur ................................................................153 2. Date de rédaction .............................................154 3. Canonicité ..........................................................154 4. Contenu et but de l’écrit ..................................155 Chapitre 17. L’épître aux Hébreux .......................157 1. Auteur et date de rédaction ............................157 2. Destinataires......................................................158 3. Genre littéraire ..................................................159 4. Structure et contenu .........................................160 5. Message de l’écrit .............................................161 191

Chapitre 18. Le livre de l’Apocalypse .................163 1. La dénomination ..............................................163 2. Le contexte historique du livre .......................164 3. Structure et contenu .........................................165 4. Message de l’Apocalypse ................................166 5. Le langage symbolique du livre .....................166 6. Auteur ................................................................169 ANNEXE : Réponses aux questions des membres du groupe « Parlons Bible avec l’Abbé Stanis LONGONGA » .....................171 Bibliographie.............................................................181 Table des matières....................................................185

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Structures éditoriales du groupe L’Harmattan L’Harmattan Italie Via degli Artisti, 15 10124 Torino [email protected]

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Stanislas LONGONGA

L’ouvrage est réparti en deux grandes parties. La première est constituée des questions introductives indispensables pour tout lecteur de la Bible : les notions préliminaires, la constitution du canon de la Bible, le rapport entre Bible et tradition, l’inspiration scripturaire, la notion de genres littéraires, mais aussi les groupes politico-religieux au temps de Jésus et les évangiles apocryphes. La deuxième partie se focalise sur les écrits du Nouveau Testament : les quatre évangiles, les Actes des Apôtres, les épîtres de Paul, les épîtres catholiques, l’épître aux Hébreux et l’Apocalypse. Pour chaque écrit, l’auteur livre des informations sur l’auteur, les destinataires, la date de composition et le message. L’ouvrage se conclut par une annexe qui répond à certaines questions en lien avec la Bible, afin de mieux comprendre le contenu des textes publiés et élargir sa culture biblique. Stanislas Longonga est prêtre du Diocèse de Kindu en RD Congo. Après ses études en théologie biblique à Rome (1990-1995), il a enseigné l’Écriture sainte aux grands séminaires Saint Pie X de Murhesa et Saint Octave (en RD Congo). Il a exercé plusieurs fonctions dans son diocèse : directeur de la Commission diocésaine Justice et Paix, directeur de la Caritas diocésaine, directeur du Bureau diocésain de développement, vicaire épiscopal, vicaire général, directeur du Petit Séminaire, directeur du Centre de pastorale, catéchèse et liturgie. Auteur de quatre autres ouvrages, il est détenteur d’un doctorat en sciences bibliques de l’université de Strasbourg et membre de l’Association catholique française pour l’étude de la Bible (ACFEB).

ISBN : 978-2-343- 19791-3 20 €

Initiation à la lecture du Nouveau Testament

Beaucoup de chrétiens ne disposent pas des clés pour la lecture et la compréhension des textes bibliques. Cet ouvrage les introduit dans le vaste univers biblique en mettant à leur disposition des informations utiles dans un langage simple et accessible, en se limitant au Nouveau Testament.

Stanislas LONGONGA

Initiation à la lecture du Nouveau Testament

Initiation à la lecture du Nouveau Testament