Galien, Œuvres. Tome III: Le médecin. Introduction
 9782251005553

Table of contents :
Remerciements

Notice:


I. Le Médecin et le genre isagogique

II. À la recherche d'une doctrine: sous le signe d'Hippocrate.

III. L'auteur et la date du traité.`

IV. Les sources du traité.

V. L'unité du traité.

VI. Histoire du texte: la tradition manuscrite directe.

VII. Tradition indirecte, éditions et fortune du Médecin

DE GALIEN. LE MEDECIN. INTRODUCTION.

I. Comment fut inventée la médecine ?

II. Quels sont les principes de la médecine ?

III. Combien existe-t-il de sectes médicales et qu'est-ce qui caractérise chacune d'elle ?

IV. Quels ont été les chefs des trois sectes ?

V. La médecine est-elle une science ou un art ?

VI. Qu'est-ce que la médecine ?

VII. Combien y a-t-il de parties dans la médecine ?

VIII. La division de la médecine en cinq parties est-elle nécessaire ?

IX. De quels éléments l'homme est-il constitué ?

X. Nom des parties externes du corps.

XI. Anatomie des parties internes.

XII. Ostéologie

XIII. Sur les fonctions naturelles et les humeurs.

XIV. Sur la composition de la meilleure purge.

XV. Sur le classement des traitements pharmaceutiques.

XVI. Sur les maladies des yeux.

XVII. Sur les affections de la tête.

XVIII. Sur les affections de tout le corps.

XIX. Sur les formes de la chirurgie.

XX. Sur les fractures.

Notes complémentaires

Bibliographie

Index verborum et nominum

Table des matières

Citation preview

COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE publiée sous le patronage de VASSOCIATION GUILLAUME BUDÉ

GALIEN TOME III LE MÉDECIN. INTRODUCTION

TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT PAR

C aroline PETIT Wellcome research fellow, University of Manchester

Ouvrage publié avec le concours du Centre national du Livre

PARIS LES BELLES LETTRES 2009

Confoimément aux statuts de VAssociation Guillaume Budé, ce volume a été soumis à l’approbation de la commission tech­ nique, qui a chargé Mmes Véronique Boudon-Millot et Alessia Guardasole d ’en faire la révision et d ’en surveiller la correction en collaboration avec Mme Caroline Petit.

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. © 2009. Société d'édition Les Belles Lettres 95 boulevard Raspail, 75006 Paris www.lesbeUeslettres.com ISBN : 975-2-251-00555-3 ISSN : 0184-7155

REMERCIEMENTS

Le présent ouvrage est le fruit d’un travail de longue haleine qui fut commencé en 1999 sous la forme d’un DEA puis d’une thèse de Doctorat dirigés par Jacques Jouanna. Il n’aurait pu voir le jour sans les conditions de recherche particulièrement favorables dont j ’ai profité depuis mes débuts : d’abord comme allocataire-moniteur à l’Institut de Grec de Paris IVSorbonne (au sein du laboratoire Médecine Grecque), puis en qualité de Wellcome Trust Research Fellow à Exeter d’abord et désormais à Manchester. Le Wellcome Trust pourvoit généreusement au financement de mes recherches depuis 2004 ; le département de Classics and ancient History d’Exeter m’a accueillie pendant trois ans dans une communauté intellectuelle nouvelle et stimu­ lante, sous les auspices de John Wilkins. Depuis octobre 2007, j ’ai la chance de faire partie du département de Classics and ancient History de Manchester pour mener à bien un projet sur la langue et le style de Galien, avec la collaboration de David Langslow ; j ’y bénéficie de conditions de travail exceptionnelles grâce à la biblio­ thèque John Rylands, et à une atmosphère propice à l’étude de l’histoire de la médecine comme aux travaux philologiques. J’ai aussi bénéficié de multiples séjours à la Fondation Hardt pour l’Étude de l’Antiquité Classique à Vandœuvres, notamment en 2006 et 2007, grâce à une bourse octroyée par la Fondation. Pour une partie de ma recherche sur les éditions de la Renaissance et leurs

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sources, je dois en outre signaler l’octroi en 2006 et 2007 d’une bourse de recherche de la part du British Council (dans le cadre du Programme d’Action Intégrée « Alliance ») qui m’a pennis de compléter mon informa­ tion de manière substantielle. Ma dette envers toutes ces institutions est immense. De nombreux collègues et/ou amis m’ont apporté leur concours de la manière la plus variée, la plus précieuse et la plus stimulante, que ce soit durant ma thèse, au moment de la soutenance ou pendant les différentes phases de remaniements qui ont débouché sur ce livre : en espérant n’omettre personne, je voudrais remercier très sincèrement Vivian Nutton, Klaus-Dietrich Fischer, David Langslow, Philip van der Eijk, Peter Pormann, Laurent Pemot, Brigitte Mondrain, Arsenio Ferraces Rodriguez, Claudio De Stéfani, Véronique BoudonMillot, Paul Demont, Jean-Pierre Levet, Christian Brockmann, Alain Touwaide, Muriel Pardon, MarieHélène Blanchet, Marie Cramer, Barbara Zipser, Mélina Lévy, Athina Bazou, Maia Todoua, Antoine Pietrobelli, Alessia Guardasole, Jean Gascou, Caroline Magdelaine, Jean-Luc Foumet, Jackie et Alfrieda Pigeaud, Chantal Petit. Pour leurs relectures, leurs conseils, leurs commen­ taires, ou bien pour m’avoir communiqué des documents inédits ou difficiles d’accès, ou encore des articles sous presse, ou enfin tout simplement pour m’avoir prodigué les encouragements (parfois les avertissements) décisifs, ce livre est aussi un peu le leur ! Je dois une reconnaissance toute particulière à Jacques Jouanna, qui n’a pas hésité, malgré les périls d’une tâche qui en a rebuté plus d’un dans le passé, à me confier l’édition de ce texte sous forme de thèse de doc­ torat soutenue en 2004, puis à en assurer la publication en tant que directeur de la Collection des Universités de France. Son exigence et son acribie, au cours de toutes ces années, ont été pour moi un exemple et, dans la phase finale d’élaboration de cette édition, un formidable appui.

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Mes réviseurs, Véronique Boudon-Millot et Alessia Guardasole, ont fait un travail remarquable auquel je sou­ haite rendre hommage, ainsi qu’au ‘réviseur invisible’, Peter Pormann. Les erreurs et imperfections qui demeu­ rent sont de ma seule responsabilité. Je souhaite aussi exprimer ma gratitude envers les personnels des bibliothèques et instituts d’Europe dans lesquels j ’ai travaillé avec bonheur et efficacité, notam­ ment la Biblioteca Apostolica Vaticana, la Biblioteca Nazionale Marciana de Venise, la Bibliothèque Natio­ nale, la Biblioteca Estense de Modène, la Biblioteca San Lorenzo de El Escorial, la bibliothèque royale de Copenhague, la Wellcome Library, la British Library, la bibliothèque du Warburg Institute, la bibliothèque de l’Institute of Classical Studies, la bibliothèque de la Fondation Hardt, les bibliothèques universitaires de Paris 5 (BIUM), de Montpellier, de Manchester (John Rylands), de Leyde, d’Oxford et de Cambridge, l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes de Paris, le Corpus Medicorum Graecorum à Berlin. Luca Larpi et Florence Bourbon m’ont apporté d’utiles conseils techniques dans la phase finale d’élaboration du livre. D’autres soutiens, quoique purement personnels, ont en fait joué un rôle déterminant pour lequel je ne puis, hélas, trouver les mots qui conviennent. Il me reste donc à dédier ce livre à mes parents, à mes amis, à la mémoire des amis disparus : Yasmine Lan­ glois et Stéphane Diebler (f2002); et Jean-Pierre Robert (f2004). University of Manchester, 20 janvier 2008

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L’édition de ce qui est appelé traditionnellement Intro­ ductio sive medicus attribué à Galien était de longue date un desideratum1. Entreprise par Max Wellmann à la fin du XIXe siècle, de nouveau envisagée par Fridolf Kudlien dans les années soixante, parallèlement aux travaux de Jutta Kollesch sur le traité « cousin » des Définitions Médicales également réputé pseudo-galénique, cette édi­ tion n’avait jamais pu voir le jour, et c’est en grande par­ tie à cause du nombre élevé de manuscrits qui nous ont conservé le texte. Or, malgré de constantes allusions au traité dans les études sur la médecine antique, le seul tra­ vail de quelque ampleur réalisé sur ce traité jusqu’à la présente édition2 demeurait la thèse d’Emil Issel, Quaes­ tiones Sextinae et Galenianae, Marburg, 1917. Le traité intitulé dans les manuscrits anciens « De Galien, le Médecin. Introduction » (cf. p. 2, η. 1 = p. 107) fut transmis sous le nom de Galien jusqu’à la publication de l’édition princeps (Venise, 1525), date à laquelle le traité fut rangé pour toujours parmi les traités non authentiques du médecin de Pergame. L ’étrange succès de ce petit manuel ne cessa point pourtant avec cette stigmatisation : plusieurs fois réédité en traduction latine au XVIe siècle, parmi les œuvres complètes de Galien aussi bien que 1. Cf. F. Kudlien (1963a, 253 et 1963b, 33) ; J. Kollesch (1973, 32). 2. Il s’agit d ’une version allégée et remaniée de ma thèse de docto­ rat, Paris IV-Sorbonne, 2004, sur laquelle voir ma position de thèse (Petit, 2005d).

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dans des publications séparées, il fut abondamment uti­ lisé par les historiens de la médecine et souvent cité comme source3. Cela tient principalement à deux raisons : le Médecin est un traité particulièrement riche en données historiques variées, doxographiques et autres, parfois sans parallèle dans les autres sources antiques ; c ’est un ouvrage relativement bref, dense et clair, facile à mémo­ riser, apportant des réponses simples à des questions compliquées. Le contenu du traité, qui plus est, pouvait aisément passer pour « galénique », dans la mesure où la plupart des données que l’on y trouve sont conformes à la doxa médicale de l’époque romaine. Quant à l’écriture du traité, si elle correspond peu ou prou à des normes pré­ établies pour la rédaction de ce genre d’ouvrage, elle est particulièrement efficace : en une centaine de pages à peine, presque tous les sujets de la médecine sont abor­ dés. Encore aujourd’hui, le Médecin du Pseudo-Galien est une excellente introduction à la médecine antique. L ’histoire du texte, pour autant qu’on puisse la recons­ tituer, rend justice aux qualités de ce petit traité. Dès l’antiquité tardive, une traduction latine, librement adap­ tée pour un nouveau public, témoigne de l’utilisation pra­ tique du texte dans le monde latin ; au haut Moyen Age, citations et emprunts divers, encore en langue latine, montrent qu’il est toujours en circulation4. En grec, les manuscrits médiévaux remontent au douzième siècle à 3. Prospero Alpini s’appuie principalement sur les données du Pseudo-Galien pour reconstituer l'histoire et les principes de l’antique secte des Méthodiques {De Medicina Methodica, Padoue, 1611) ; plus tard, Daniel Leclerc reprend à son compte l’histoire des origines de la médecine livrée par le Médecin {Histoire de la médecine, où Von voit VOrigine et les Progrès de cet Art, de siècle en siècle ; les sectes qui s ’y sont formées ; les noms des Médecins, leurs découvertes, leurs opi­ nions et les circonstances les plus remarquables de leur vie, La Haye, 1729, quatrième édition), et l’ophtalmologie antique reconstituée par J. Hirschberg {Wôrterbuch der Augenheilkunde, Leipzig, 1887) doit beaucoup au chapitre sur les maladies des yeux du même ouvrage. 4. Sur cette traduction, voir C. Petit (2007b, 250-270).

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peine, mais l’existence de deux familles d’ancienneté et de valeur équivalentes indique que le traité a pu être dis­ ponible selon deux translittérations différentes, contraire­ ment à beaucoup de traités galéniques. Si l’on compte les témoins de la Renaissance, qui sont nombreux, le nombre de manuscrits grecs, complets ou incomplets, se porte à quarante. C’est beaucoup plus que la moyenne des traités authentiques. D ’autres traductions latines confortent l’impression de grande diffusion du texte au Moyen Age (une traduction du xive siècle, remontant à un modèle perdu) et à la Renaissance (deux traductions, l’une publiée et sans cesse reprise par la suite, faite sur l’Al­ dine et publiée pour la première fois en 1528, l’autre, inédite quoique meilleure, et conservée dans quelques manuscrits seulement). En comparaison, la tradition orientale est décevante : si par le truchement du matériau alexandrin le texte a pu circuler dans le monde arabo­ phone5, il n ’existe à ce jour aucune preuve qu’il ait été traduit en syriaque ou en arabe. L’influence immédiate du traité est donc circonscrite au monde gréco-latin. On trouvera plus de détails dans la section de cette notice consacrée à l’histoire du texte. Un tel succès pour un traité inauthentique n’est pas inhabituel. Les faux ont souvent une meilleure fortune que les traités authentiques6. Mais pour autant qu’une 5. C ’est l’intuition de P. Pormann (2003, 240 et 2004, 26). Tout aussi difficile à établir est la connaissance, par les médecins arabes, du chapitre sur les maladies des yeux (E. Savage-Smith, in Nutton, 2002, 135-136). 6. Cf. A. Grafton, Forgers and Critics. Creativity and Duplicity in Western Scholarship, Princeton University Press, 1990. Pour rester dans le champ galénique, le traité des Définitions médicales déjà évo­ qué a joui d ’une popularité comparable. Une bonne quarantaine de trai­ tés figurent encore dans le corpus galénique, malgré des origines plus que diverses, qui n ’ont rien à voir avec le médecin de Pergame. Ecrits en grec, en latin ou en arabe, ces textes attendent pour la plupart une étude d ’ensemble sérieuse. Le catalogue de Fichtner, si précieux soit-il (Corpus Galenicum, Tübingen, 1995), ne renseigne pas vraiment sur

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généalogie de ces ouvrages soit envisageable, la méthode philologique, à laquelle nous sommes réduits, a ses limites : l’auteur et la date du traité resteront des ques­ tions à débattre. Personne n’a vraiment défendu l’idée que le traité pût, malgré tout, être de Galien ; mais alors, par qui ? Quand ? Et où a-t-il été écrit ? On peut consi­ dérer le texte comme, au plus tôt, contemporain de Galien, au plus tard, une production alexandrine tardive c’est une fourchette assez large. La personnalité de l’au­ teur, en l’absence d’autoréférence dans le texte, en l’ab­ sence aussi de style bien marqué, est à peu près impos­ sible à cerner, sauf à prendre totalement au sérieux le nombre d’allusions à l’Égypte qui saupoudrent le traité ; mais, encore une fois, rien n’est sûr : la couleur égyp­ tienne peut être un artifice littéraire aussi bien qu’un indice réel sur le contexte originel du traité. Il est à craindre que seule la découverte d’un papyrus providen­ tiel pourra faire progresser nos connaissances sur ce Pseudo-Galien d’une façon décisive. En attendant, il faut le prendre pour ce qu’il est : une source capitale, et cela pour au moins trois raisons. Il a fourni, pour des généra­ tions de lecteurs à travers les âges, une information médi­ cale réputée fiable et a donc été fréquemment utilisé ; il permet de situer Galien dans le contexte médical de son époque ; enfin les historiens de la médecine antique ne peuvent se passer de ce témoignage doxographique important. Les chapitres qui suivent analysent le traité sous trois rapports : contenu (genre et doctrine), problèmes (auteur et date, sources, unité) et histoire du texte (tradition directe et indirecte, éditions et réception du traité).

les différents contextes dans lesquels ils ont surgi, et sur les conditions dans lesquelles ils ont été incorporés au corpus galénique. Le fait que nombre d ’entre eux soient encore amalgamés à l’édition Kiihn ajoute encore à la confusion générale, puisqu’ils sont souvent cités comme du Galien authentique.

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I. LE MÉDECIN ET LE GENRE ISAGOGIQUE Que le Médecin pseudo-galénique soit un ouvrage d'introduction à la médecine ne fait aucun doute, y com­ pris pour le lecteur moderne, et dût-on même faire abs­ traction du sous-titre « introduction » ajouté par la tradi­ tion médiévale. Pour autant, il convient de préciser la nature de cet ouvrage dans le contexte des ouvrages introductifs ou, si Ton veut, « isagogiques », produits dans l’Antiquité et au Moyen Âge. Les considérations qui suivent ont été développées dans ma thèse, et sont l’amorce d’une réflexion plus large sur la rhétorique pédagogique dans les ouvrages techniques de l’époque romaine7. Qu’il s’agisse d’une sorte de « degré zéro » de la rhé­ torique est tout aussi évident : pas de période, pas de clausules, pas d’effet superflu chez le Pseudo-Galien. Néanmoins, l’existence de lois dans la rédaction de ce type d’ouvrage n’empêche pas un certain jeu sur les pos­ sibilités offertes par différents types de texte pour débu­ tants8. De plus, il convient de garder à l’esprit que les 7. Π s’agit de dégager des constantes linguistiques et stylistiques à l’œuvre chez le Pseudo-Galien et dans les ouvrages pour les débutants d’une manière générale. En matière de forme comme de contenu, l’analyse précise du Médecin permet de dessiner un contrepoint à la prose galénique, et de définir, notamment, des critères (relatifs) d’authentici té/inauthenticité d ’ordre linguistique et stylistique. Voir C. Petit, « Galien et le ‘discours de la méthode’ », à paraître dans les Actes du colloque de J. Coste sur La Rhétorique médicale à travers les siècles (Paris, 9-10 Octobre 2008). 8. Voir l ’étude foisonnante de Markus Asper (1998) sur la structure et la fonction des textes « isagogiques ». Divers travaux montrent la variété des textes de ce genre : citons ici l ’ouvrage général de M. Fuhrmann (1960), dont les conclusions à propos de la médecine sont reprises et discutées par J. Kollesch (1966 et 1973) ; sur les question­ naires d’ophtalmologie, voir M.-H. Marganne (1994), ainsi que I. Andorlini (1999, 7-15). Une synthèse plus large sur le livre médical en

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traces de cette écriture particulière se trouvent non seule­ ment dans les (rares) spécimens complets de manuels antiques (technai), mais aussi dans toutes sortes de textes littéraires : tout discours informatif sur un art (par exemple le début des traités Contre les savants de Sextus Empiricus) recourt à un matériau déjà disponible, et mis en forme d’une certaine manière. En toute rigueur donc, nos sources sur les introductions à tel ou tel art sont plus amples qu’il n’y paraît, et le Médecin mérite une mise en perspective littéraire d’autant plus large9. Les préoccupations pédagogiques sont explicites dans le Médecin, puisque l’auteur inscrit la transmission du savoir médical (ύφήγησις ou παράδοσις) parmi les trois principes de l’art (II, 1). De plus, il fait un rappel cir­ constancié des origines de l’enseignement des noms des parties du corps (il identifie le rôle clef respectivement d’Aristote et de l’école d’Érasistrate) au début du cha­ pitre X. On trouve des préoccupations historiques sem­ blables au début des Définitions médicales10. forme de questions et de réponses est disponible dans l’article d ’A. M. Ieraci Bio (1995, 187-207). A. M. Ieraci Bio n ’évoque à aucun moment le cas du Médecin ; sa distinction entre « problèmes » (intro­ duits par la question δια τί) et manuels (introduits par la question τί) est en revanche intéressante, de même que celle qu’elle propose, à l’in­ térieur du cas des manuels, entre manuels « institutionnels » et « spé­ cialisés ». On trouve encore d’autres études sur les questions et réponses dans les textes médicaux latins tardifs. Enfin, la forme litté­ raire des questions et réponses a été étudiée avec précision dans le champ des textes chrétiens par L. Perrone (1990, 417-435 et 1991, 485-505), qui renouvelle l’étude de G. Bardy (1932, 228-236). Le récent recueil de Thorsten Fôgen (2005) sur les textes techniques n’aborde que de manière très marginale la littérature pour débutants. 9. Voir C. Petit, « La médecine et ses mythes : l’héritage grec en question », à paraître dans les Actes du colloque de M. Pfaff sur La fabrique du mythe à Vépoque impériale (Strasbourg, 16-17 mars 2007). 10. Γαληνού όροι Ιατρικοί, Prologue en forme de lettre à Theuthras, K. XIX, 346-347 : l’auteur retrace l’histoire du genre des défini­ tions dans l’enseignement médical. Sur la forme épistolaire dans les textes médicaux, voir D. Langslow (2007, 211-234).

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Les qualités pédagogiques manifestes du Médecin répondent à deux visées : faciliter la compréhension et la mémorisation. Le soin apporté à la composition du traité, la clarté et la concision de l'expression, et le souci de plaire au lecteur, sont les caractéristiques saillantes du traité. Le Médecin se distribue en trois parties principales : histoire de la médecine et réflexion sur la nature de l’Art (ch. LVIII), physiologie ~ au sens ancien du terme, qui inclut anatomie et ostéologie (ch. IX-XII), pathologie et thérapeutique (ch. XIII-XX). Il est probable que cette organisation remonte à un modèle ancien déjà bien établi et ne soit pas propre à ce traité ; en tout cas, la logique interne est renforcée par quelques transitions explicites d’un chapitre à l’autre (par ex. à la fin du ch. VIII)11. Cette rigueur se retrouve à Γintérieur des chapitres euxmêmes : ainsi les deux développements successifs sur maladies aiguës et chroniques, qui forment les deux par­ ties principales du ch. XIII, sont-ils annoncés par une brève introduction générale qui explique la répartition des maladies en deux classes12. Pour chaque maladie 11. « Pour le début donc, il faut commencer par la physiologie, puisqu’on ne saurait convenablement ni conserver en bonne santé, ni, en ce qui concerne les malades, faire d ’étiologie, ni faire de sémiologie, ni soigner, sans avoir observé de quels éléments l’homme est constitué, et comment les maladies naissent lorsque la nature de ceux-ci se modi­ fie » (p. 18-19). Or cette affirmation précède immédiatement le chapitre consacré aux éléments qui constituent l’homme ; de la physiologie doit découler l’exposition des autres parties de la médecine. Il est possible que le schéma sous-jacent au Médecin corresponde simplement à la répartition entre théorie et pratique de l’enseignement qui fleurira à Alexandrie : l’ordre des traités de Galien tels qu’ils étaient lus à Alexandrie lorsque fut élaboré le Canon de ses œuvres reprend cette progression. Les introductions médiévales arabes font de même (voir D. G racia/J.L. Vidal 1974-75, 290-291 ; M. de la Concepciôn Vâzquez de Benito, 1979, 12). Cette correspondance de structure ne suffit pas à caractériser le texte pseudo-galénique comme tardif, mais montre en revanche une belle continuité dans la tradition scolaire. 12. « Les autres maladies sont de deux sortes, soit accompagnées de fièvre, soit non : les premières sont aiguës, tandis que les secondes sont chroniques » (XIII, 6). Suit l’énumération des maladies aiguës,

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enfin, l’auteur suit un schéma de présentation sans cesse répété, déjà mis en valeur par Jutta Kollesch13. La clarté de l’exposé tient par ailleurs à sa densité : dans toutes ses parties, le texte est particulièrement bref14. La phrase elle-même est, en règle générale, très brève, sa structure, schématique. Ainsi, dans les sections descriptives se rapportant au corps humain (ch. X-XII), les phrases sont en général conformes au modèle « x est appelé y ». On peut trouver dans toutes les parties du Médecin des exemples similaires. Cet emploi quasi systé­ matique de phrases courtes et stéréotypées répond à l ’évi­ dence aux objectifs premiers de ce type d’ouvrage, rendre la matière médicale facile à retenir. Lorsque la phrase se fait plus longue, elle semble toujours vouloir contenir plus qu’elle ne peut : elle trahit par là le fait que les sources ont été condensées, contractées pour entrer dans des limites prédéfinies assez étroites15. C’est par exemple l’accumulation des participes qui tient lieu d’enchaîne­ ment logique dans la description, au prix, parfois, d’un certain manque de clarté. Ainsi le circuit des veines du tandis que le développement consacré aux maladies chroniques ne commence que bien plus loin (XIII, 20). D ’une manière générale, les paragraphes se succèdent avec logique, même quand cette logique n ’est pas explicitement soulignée. Les premiers paragraphes du ch. XIII par exemple sont tous justifiés par le suivant : les humeurs, pneumas et facultés naturelles (XIII, 1-3) sont les facteurs de la santé néces­ saires pour comprendre l’origine des maladies ; connaître l’origine des maladies (XIII, 4) permet à rebours de définir la conduite à tenir pour prévenir leur apparition ; parmi ces maladies, l’auteur distingue d’abord les fièvres (XIII, 5), considérées tantôt comme des affections à part entière tantôt comme des symptômes seulement ; les autres mala­ dies (XIII, 6) sont soit aiguës, soit chroniques, c ’est-à-dire accompa­ gnées de fièvre ou non, et ainsi de suite. 13. J. Kollesch (1973, 31-32). 14. C ’est ce qui est remarquable dans ce traité : le nombre de sujets abordés en si peu d’espace. Avec les Définitions médicales, c ’est le seul traité antique à être aussi complet du point de vue thématique (Kollesch 1973, 30). 15. Ces limites peuvent être dictées par la longueur d ’un rouleau de papyrus.

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mésentère est-il difficile à suivre d’une seule traite (ch. XI, 9). L’emploi du participe (souvent associé à des rela­ tives) y permet autant d’incises ou de parenthèses à l’au­ teur, et lui épargne de longues explications. Il donne sou­ vent l’occasion d’ajouter un aspect descriptif à la simple circonstance temporelle. Lorsqu’il est surreprésenté, on a en général affaire à des passages difficiles, qui témoi­ gnent comme d’un effort de compression des données initiales16. L’agrément du lecteur n’est pas négligé, puisque le texte est émaillé de citations d’Homère (cinq fois) et d’Hérodote (une fois, ch. I), et de comparaisons imagées (les veines du mésentère sont « légères comme des san­ dales », ch. XI). Certains passages sont particulièrement soignés, comme le chapitre I qui joue le rôle de captatio benevolentiae et met en place la figure d’Hippocrate, ou le court paragraphe sur la mélancolie (XIII, 24) illustré, comme il se doit, par la figure de Bellérophon17. Le Médecin est donc une « œuvre sans qualités »18, qui semble au premier abord s’écarter de la rhétorique la plus élaborée de son temps, mais pour mieux préparer ses propres effets, à savoir l’impression de la matière médi­ cale dans l’esprit du lecteur ; cette impression passe par une certaine sévérité du style, sec et répétitif, un efface­ ment de la phrase devant son contenu. Malgré ce but 16. Les phrases de ce type sont nombreuses, tant dans la première partie du texte (ch. V, p. 10, lorsque Pseudo-Galien explique pourquoi la médecine mérite le nom d ’art), que dans les derniers chapitres (« des­ cription » de l’opération des varices, ch. XX, 15). Ces constatations rejoignent, sans surprise, les tendances de l’écriture technique identifiées par D. Langslow dans les textes médicaux latins (D. Langslow, Medical Latin in the Roman Empire, Oxford, 2000, notamment 415-416). 17. On trouvera plus de détails dans nos notes aux passages concer­ nés. 18. Cette expression est le titre paradoxal et remarquable choisi par B. Clément pour son étude, non moins remarquable, de la production de S. Beckett, L ’œuvre sans qualités. Rhétorique de Samuel Beckett, Paiis, Seuil, 1994. La rhétorique se dissimule parfois sous les dehors les plus informes et les plus communs.

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utilitariste, on peut dire que le Médecin est rédigé avec un soin marqué. Le traité entretient un rapport complexe avec le genre « isagogique » : il emprunte en effet aux principales formes (diérétique et catéchétique) dégagées par M. Asper à partir des témoignages antiques19. De plus, la comparaison avec les différents types d’ouvrages « pour débutants » laissés par Galien (le traité Sur les sectes, plus rhétorique ; ΓAnatomie mineure, plus sèche), et avec d’autres traités - et genres - comme les Défini­ tions médicales (correspondant au type du recueil de définitions), permet de caractériser un peu mieux le Médecin : il tient à la fois de l’exposé diérétique, qui propose un classement systématique (des arts, des causes, des maladies, ...), et aussi du catéchisme en forme de questions et réponses (la forme interrogative est fré­ quente en tête de chapitre, et concerne aussi d’autres par­ ties du traité, comme le chapitre XVI sur les maladies des yeux, dans l’une des branches de la tradition manuscrite). Avec ses citations littéraires et sa présentation plus abou19. L ’examen des textes introductifs conservés confirme les cri­ tères livrés par Pseudo-Soranos (244, 6 Rose), qui utilise un matériau antique divers, mais fiable ; il est renforcé par les témoignages de Nicomaque Α ριθμ η τικ ή είσαγωγή (1,6, 1 =82, 10-14 Hoche) et de Porphyre, Είσαγωγή είς τήν Α πο τελεσ μ α τικ ή ν του Π τολεμαίου (190, 18-21 Boer / Weinstock) ; voir Μ. Asper (1998, 311). Μ. Asper distingue au sein de ces ouvrages courts, clairs et synthétiques trois formes principales, non exclusives, du traité « isagogique » : il les appelle « catéchétique », « scolaire » et « diérétique ». En termes un peu moins sibyllins, on reconnaît une première foime, faussement dialoguée, où la matière est disposée en foime de (fausses) questions et de (vraies) réponses ; une seconde, qui présente sous foime écrite un enseignement d ’abord oral, et dont les indices principaux sont les sui­ vants : un certain désordre qui trahit l’oralité et l ’irruption occasion­ nelle de la première personne ; enfin, une troisième foime qui procède d’un schéma d ’exposition fondé sur la diérèse, donc sur une différen­ ciation méthodique et progressive des éléments enseignés. La première forme est selon M. Asper une version particulière de la forme « diéré­ tique » ; sous l ’alternance de questions et de réponses se cache en fait bien souvent le schéma de la « diérèse ». De sorte qu’il est plus pru­ dent de ne retenir que les deux dernières.

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tie que, par exemple, les Définitions médicales, le Méde­ cin fait également penser à un cours mis par écrit (Asper). L’analyse des sources montre la récupération de textes hippocratiques de seconde main, et renforce donc cette impression ; mais l’absence de trace nette d’oralité dans le texte des manuscrits empêche de parvenir à toute certitude. A qui le Médecin pseudo-galénique était-il donc destiné ? Si toute είσαγωγή suppose des είσαγόμενοι (des étu­ diants) - c’est le postulat (de bon aloi) d’Asper - la préci­ sion εισαγωγή donnée à la suite du titre ιατρός par les manuscrits suppose donc qu’au Moyen Age en tout cas, l’on considérait ce texte comme un ouvrage pour les débu­ tants en médecine20. En fait, la lecture de certains passages, surtout dans les parties techniques (par exemple les traite­ ments chirurgicaux), donne à penser que cet ouvrage, sous sa forme actuelle, ne pouvait bénéficier qu’à des gens déjà formés : il s’agit donc aussi, pour reprendre une termino­ logie courante, d’un « aide-mémoire » pour étudiants avancés ou médecins plus chevronnés. Cette ambiguïté fondamentale fut une des causes de son succès. II. À LA RECHERCHE D’UNE DOCTRINE : SOUS LE SIGNE D’HIPPOCRATE Le terme de doctrine est, dans une certaine mesure, inadéquat : le Médecin est depuis longtemps suspecté d’être un amalgame provenant de sources variées, ce qui compromet d’avance la cohérence du texte21. Tout en 20. Ceci est confirmé plus explicitement encore par une partie de la tradition directe (famille B), dans laquelle on lit un prologue qui destine clairement le traité aux débutants (voir Notice p. l x x et LXXX).

21. L ’hypothèse selon laquelle le Médecin ne serait qu’un assem­ blage de fragments hétérogènes, dans l’élaboration duquel l ’auteur n ’aurait eu qu’une influence minime, a été soutenue par J. Kollesch

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tenant compte de cette hétérogénéité (probable) des sources, on peut ne pas verser dans une attitude sceptique et hypercritique : la personne qui a composé le traité l’a fait avec discernement et a sélectionné, dans le matériau à sa disposition, les éléments d'un tout qui, en définitive, ne se signale par aucune contradiction. Il est donc pos­ sible de décrire succinctement le contenu doctrinal du Médecin. Les caractéristiques majeures en sont : la revendication de l'héritage d'Hippocrate, la foi en la nature et en l'art médical, principes qui gouvernent la présentation des savoirs anatomiques et physiologiques, nosologiques et thérapeutiques. On y trouve des échos à la médecine galénique tout comme des dissonances mar­ quées, qui signent l’intérêt de ce petit traité dans l’his­ toire de la médecine antique. Hippocrate, en tant que figure historique et légendaire, et fondateur de la médecine, joue un rôle symbolique clef que nous avons étudié et présenté ailleurs22. Cette présen­ tation idéalisée du maître est à comprendre en relation avec une certaine manière d’écrire sur les arts, consub­ stantielle de l'appartenance à une école (c’est aussi vrai de la philosophie) : se réclamer d’Hippocrate, pour l’au­ teur du Médecin, c’est faire profession de « rationalisme ». Hippocrate est ici le garant d’une certaine conception de la médecine, rationnelle, cohérente, fondée sur une théo­ rie de la nature. Il faut selon le Pseudo-Galien connaître la nature, afin de connaître l’homme et de pouvoir diagnostiquer et soi­ gner les maladies : « Hippocrate l’a dit en un mot : le principe du discours en médecine, c'est d'abord la (1973, 30-32) ; sur cette importante question, voir nos remarques sur l’unité du traité (Notice p. LXVi). 22. C. Petit, « Mythe et origine des arts : l’héritage grec en ques­ tion » (art. cit., supra n. 9), et « Hippocrate dans YIntroductio sive medicus pseudo-galénique ou comment enseignait-on la médecine à l ’époque romaine » (à paraître dans LEC 77, 2009). Voir également nos notes aux passages concernés.

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nature » (II, 1). Sous le haut patronage d’Hippocrate, l’auteur du Médecin privilégie la connaissance théorique par rapport à la pratique pure. Cela explique le choix et l’organisation des parties de la médecine qu’il propose (ch. VII et VIII) : il faut avant tout apprendre la « phy­ siologie », à savoir tout ce qui se rapporte à la nature et au fonctionnement du corps humain. Il conclut son ch. VIII sur cette affirmation : « Pour le début donc, il faut commencer par la physiologie, puisqu’on ne saurait convenablement ni conserver en bonne santé, ni, en ce qui concerne les malades, faire d’étiologie, ni faire de sémiologie, ni soigner, sans avoir observé de quels élé­ ments l’homme est constitué, et comment les maladies naissent lorsque la nature de ceux-ci se modifie » (VIII, 6). Connaître la nature, c’est pouvoir accéder aux causes cachées des maladies et remonter l’enchaînement des symptômes. L’étiologie (ou pathologie), science des causes, est donc la seconde partie essentielle de la méde­ cine pour un Dogmatique (et pour le Pseudo-Gai ien). Étiologie et pathologie sont deux revers d’une même médaille23. L’art médical a chez cet auteur des fonde­ ments théoriques importants et nobles : l’étiologie et la physiologie jouent un rôle essentiel dans le corps de la médecine, dont ils constituent le socle en association avec les autres parties, sémiologie, hygiène, thérapeu­ tique. L’auteur du Médecin donne donc une haute idée de la médecine : les origines de l’Art sont divines, ou peu s’en faut (ch. I) ; ses parties forment un tout parfait (ch. VIIVIII) ; pourtant, malgré sa perfection divine, la médecine n’est pas une science à proprement parler (ch. V-VI). 23. Le Pseudo-Galien affirme : « (...) l’étiologie, aussi appelée pathologie, où nous examinons ce qui est contraire à la nature, cher­ chons les causes des maladies, et nous intéressons aux concours de symptômes et aux conditions du déclin des affections ; sans connaître ces choses en effet, il n ’est pas possible d ’y opposer le traitement » (VIII, 2).

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L’art de la médecine est « parfait » (τελείαν). Or, la beauté de la médecine tient à la perfection de son organi­ sation : divisée en cinq24 parties nécessaires, qui ellesmêmes se subdivisent en sous-parties, la médecine est un tout organisé (σύστημα), où il n’y a pas d’espace vide, et qui fonctionne harmonieusement25. 24. Les parties de la médecine étaient l ’objet d ’un débat chez les médecins : Galien (De partibus artis medicative, 9, 2-6, CMG Suppl. Or. II p. 49) sans citer de nom, récapitule les différentes tentatives effectuées de son temps pour diviser la médecine en parties (la réflexion de Galien sur les parties de la médecine se développe en fait dans plusieurs traités dont le De constitutione artis medicae (CMG, V, 1, 3), sur lequel on consultera le récent volume édité par J. Boulogne (2003). Sur les divisions de la médecine voir surtout H. von Staden in Nutton, 2002, 19-45). Le Pseudo-Galien offre un témoignage concor­ dant avec les théories de certains médecins anonymes exposées (rapi­ dement) par Galien, et en même temps il est manifeste qu’il s’écarte de certains autres classements, puisqu’il ne reprend pas à son compte les divisions de la médecine établies par certains en fonction de l ’âge des patients (gériatrie, pédiatrie). Galien, lui, se maintient au-dessus du débat. En tout cas, la division de la médecine en cinq parties est unique dans les textes grecs conservés, à notre connaissance. On peut suppo­ ser qu’elle était de mise chez les médecins pneumatiques, puisque l’au­ teur du Médecin critique la position d ’Athénée d ’Attale (VII, 1), figure importante du pneumatisme, pour avoir remplacé une partie (la sémio­ logie) par une autre (la matière) : il sous-entend par là qu’Athénée divisait lui-même la médecine en cinq parties (Cf. M. Wellmann, 1895, 131). 25. La fréquence des participes commençant par le préverbe συνest éclairante : συμπεπληρωμένη, συναδούσας, συγγεγυμνασμένας s’appliquent soit à la médecine elle-même, soit aux éléments qui la composent. Pourtant, l ’auteur s’incrit en faux contre ceux qui considè­ rent la médecine comme une science : une touche sceptique vient nuancer le portrait flatteur de l ’Art commencé par Pseudo-Galien, lorsque ce dernier affirme que la science « ne vient pas du tout jus­ qu’aux hommes » (V, 1). Ces données théoriques teintées de scepti­ cisme sont en fait proches de ce que l ’on sait des opinions stoïciennes sur la question (voir nos notes). Quant à la définition de l’Art médical parmi les autres arts, elle est proche de celle de Galien, qui s’est abon­ damment exprimé sur ce sujet, mais des divergences réelles opposent le texte quelque peu lapidaire du Médecin aux subtilités galéniques : le statut de la conjecture en particulier n ’est pas identique chez nos deux auteurs (voir V. Boudon, 2003, 283-287).

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Sa présentation de l’art médical est très peu polémique (notamment quand on la compare à celle de Galien) : c’est ce qui en a fait dès le xvie siècle une source doxographique appréciée, notamment à propos de la secte méthodique26. L’impartialité apparente de l’auteur tient en fait à un mode d’écriture propre à ce type d’ouvrage et à la présentation traditionnelle des opinions d’auteurs, ce que D. T. Runia a appelé la « méthode doxographique » dont un des traits caractéristiques est la suspension du jugement27. L’auteur du Médecin présente successive­ ment les Dogmatiques, les Empiriques et les Métho­ diques, selon une méthode comparative à des fins péda­ gogiques, mais il mentionne également des sectes particulières, et l’on a parfois présenté ce texte comme une émanation de la secte pneumatique28. En fait, Il s’affranchit volontairement des sectes individuelles, pour mieux se rattacher au patronage d’Hippocrate, emblème de la médecine divine et parfaite des origines. Tout au 26. C ’est le cas de Prosper Alpin (voir C. Petit 2006). Les études les plus pertinentes sur le méthodisme ancien, sur les raisons de leur succès et de la vindicte de Galien sont celles de J. Pigeaud (notamment 1991). Voir aussi Ph. Mudry (2003, 31-38) ; l’introduction au métho­ disme dans la notice des Maladies des femmes de Soranos d’Éphèse (CUF, 2000) est incomplète en ce qu’elle se réfère très peu aux cha­ pitres fondamentaux du Médecin. Pour une synthèse récente, voir M. Tecusan, Methodism Outside Soranos. The Fragments o f the Methodists, Leiden, Brill, 2004 (vol. 1 texts and translations). 27. D. T. Runia in P. J. van der Eijk (éd.) 1999, 33-56. Pour une synthèse utile des recherches sur la doxographie antique, avec une importante bibliographie, voir P. J. van der Eijk in F. Le Blay (éd.), 2008, 107-116. Nous préparons une étude particulière sur la doxogra­ phie dans le traité du Médecin. 28. Les conclusions de l’ouvrage fondamental de Wellmann (1895) sont à présent dépassées ; les éléments de doctrine pneumatique identi­ fiables ici et là sont à mettre en relation avec le rayonnement du stoïcisme à l’époque romaine ; pour un relevé des traces de pneumatisme dans le traité du Médecin, voir E. Issel (1917, 47-52). Sur les ramifications de la notion de pneuma dans la doctrine stoïcienne, voir par exemple S. Sambursky, Physics o f the Stoics, London, 1959. Pour un recueil des fragments des Empiriques, voir K. Deichgràber (2e édition 1965).

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plus peut-on suggérer que les sectes « éclectique » et « épisynthétique », les dernières évoquées par l’auteur (ch. IV), sont les plus à même de l’avoir influencé. Au principe de la « physiologie »29 exposée dans le ch. IX du Médecin, se trouvent les éléments constitutifs (στοιχεία) de l’homme ; leur nombre et leur nature sont des repères nécessaires dans l’élaboration d’une étiolo­ gie et d’une typologie des maladies, donc également, par voie de conséquence, d’une thérapeutique. Or, les élé­ ments constitutifs de l’homme forment dans l’ouvrage comme une superposition de couches ontologiques : ce sont d’abord les quatre éléments premiers (le feu, l’air, l’eau et la terre), puis les qualités correspondantes (celles-ci ne sont pas explicites sur le moment, mais reprises plus bas dans le texte : le chaud, le froid, l’hu­ mide et le sec) ; mais ces deux niveaux sont volontiers confondus par l’auteur, qui, pour montrer le retour « à ces éléments premiers » cite Hippocrate30. Sur ces der­ niers se greffe la trilogie (d’origine hippocratique égale­ ment) des éléments solides, liquides, et des souffles (ou pneumas). Les parties solides (os, nerfs, veines, artères) contiennent les parties liquides (les humeurs), et les « souffles » (les différents avatars du pneuma vital) cir­ culent dans toutes les parties du corps, qu’ils mettent également en mouvement. On retrouve chez Galien cette tripartition du vivant, héritée d’Hippocrate, ou plutôt de la tradition des commentateurs d’Hippocrate31. Ce n’est 29. Dont la définition est la suivante : « La physiologie, tout d’abord, est une partie de la médecine dans laquelle nous parlons de la nature de l’homme ; elle se divise en discours sur les éléments dont est constitué l’homme, sur la genèse et la formation du fœtus, et troisiè­ mement en examen des parties externes et inspection des parties internes du corps, quand nous pratiquons la dissection ou traitons de la science des os » (VH, 2). 30. Hippocrate, Nature de l ’homme, 3, 3-4 (éd. Jouanna). 31. Cette analyse du corps humain est en effet tirée d ’un aphorisme contenu dans le livre VI des Epidémies (8, 7 p. 170 Roselli-Manetti).

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donc pas une présentation originale du corps humain32. L’auteur du Médecin se montre fidèle à l’héritage hippo­ cratique (du moins tel qu’il a été transmis depuis l’ère hellénistique), en reprenant à son compte aussi bien un texte classique comme celui de la Nature de Vhomme, que des interprétations stoïcisantes plus tardives (lecture d’origine hellénistique de l’aphorisme tiré des Épidémies VI). L’auteur du Médecin est aussi réceptif aux renou­ vellements « modernes » de la médecine et notamment au pneumatisme ; Erasistrate, Hérophile, Asclépiade, Athénée sont critiqués pour avoir mal utilisé l’héritage d’Hippocrate (fin du ch. IX), mais la critique des succes­ seurs d’Hippocrate n’est pas purement négative : elle permet d’incorporer la médecine des modernes au sub­ strat hippocratique. L’héritage théorique revendiqué dans le Médecin est donc multiple, à la fois ancien et moderne. La physiologie quelque peu accumulative exposée au ch. IX, parce qu’elle prend pour principes de la nature de l’homme davantage d’éléments constitutifs que les seules humeurs, engendre aussi une théorie des causes plus complexe. La naissance des maladies peut être due à l’altération d’éléments autres que les humeurs, puisque celles-ci ne sont qu’un aspect de la physiologie humaine. Il faut donc mettre en relation les ch. IX et XIII (1-4), le 32. Elle est probablement issue des innovations des « pneuma­ tiques », qui infusèrent la théorie stoïcienne du pneuma dans la méde­ cine, comme l ’affirme l ’auteur du Médecin lui-même à la fin du ch. IX. En tout cas, la présentation des éléments du corps sous cette forme quelque peu accumulative est essentielle pour la doctrine inhérente au traité : l ’auteur récuse en effet les doctrines des successeurs d ’Hippo­ crate, qui ne retiennent qu’une partie de ces éléments « hippocratiques ». Erasistrate et Asclépiade ne prennent que les parties solides pour prin­ cipes (les « principes », αρχαί, peuvent ici être confondus avec les « éléments constitutifs », στοιχεία), Praxagoras et Hérophile seule­ ment les humeurs, tandis que les pneumatiques enfin s’en tiennent au pneuma, dont l’affection première explique seule l ’apparition de la maladie.

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second ensemble reprenant et éclairant le premier pour montrer l’origine de la maladie et les moyens de préser­ ver la santé. Parmi les causes des maladies, l’auteur du Médecin envisage en effet soit la lésion des corps solides, soit l’excès (ou l’altération) des humeurs, soit l’affection primordiale du pneuma ; la modification de l’environnement (à moins qu’il ne s’agisse que de l’air ambiant) ou du régime est la cause ultime des altérations physiques à l’intérieur du corps humain (début du ch. XIII) ; l’auteur du Médecin se réfère encore une fois à Hippocrate : « selon Hippocrate, les maladies naissent toutes soit de l’extérieur, de l’environnement, soit à cause des régimes que nous suivons, facteurs à cause desquels une des quatre humeurs se retrouve en excès ou bien en défaut, ou bien change de qualité ; par ces causes également, les pneumas innés soit se tendent trop, soit se relâchent à l’excès. Quant aux corps solides ils ont bien des raisons internes et externes d’endurer plus d’affections encore » (XIII, 4)33. 33. Concrètement, à lire le développement consacré aux diverses maladies, les maladies aiguës et chroniques ont en réalité une causalité presque exclusivement humorale (bile jaune et sang pour les maladies aiguës, bile noire et phlegme pour les maladies chroniques, résume l’auteur du Médecin, ΧΠΙ, 6) ; on relève aussi le relâchement ou la tension excessive du pneuma comme cause, ainsi dans le cas de la phrénitis, de la léthargie et de l’affection cardiaque (XIII, 3) ou dans le cas de vision lésée (XIII, 36) : mais ces cas sont donnés en incise, comme des causes secondaires, et non pas intégrés dans le fil du déve­ loppement sur ces maladies ; quant aux atteintes des parties solides, elles sont traitées essentiellement dans la chirurgie (ch. XIX-XX). La théorie trouve donc une application relativement fidèle dans le texte, même si l’étiologie humorale est privilégiée. L ’application de la théo­ rie qui répartit le sang et la bile jaune d ’une part, le phlegme et la bile noire d ’autre part, comme les causes respectives des maladies aiguës et chroniques pose tout de même quelques problèmes : nulle part dans les maladies aiguës le sang n ’est une cause de maladie à proprement par­ ler ; certaines maladies ont pour cause soit le phlegme, soit la bile jaune, ce qui contredit le principe causal donné en préambule au début du ch. XIII.

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L’histoire de l’anatomie dans ce traité est unique en son genre34, en ce qu’elle nous procure une chronologie que l’on ne retrouve pas telle quelle, à notre connais­ sance, dans les textes grecs de médecine : l’affirmation du rôle pionnier d’Aristote est complétée par la mention de deux Erasistratéens ayant fait progresser la nomencla­ ture des pallies externes du corps, Xénophon et Apollonios de Memphis, sur lesquels notre information est plus que mince. Les noms des parties du corps permettent en réalité à l’auteur du Médecin d’exposer plus qu’une simple nomenclature : l’existence et la position de certaines par­ ties du corps sont l’expression de la providence (bien que ce mot ne figure pas dans le texte)35. On peut relever de multiples remarques à tonalité finaliste : le rôle des pau­ pières est de rafraîchir la vue quand elles se ferment, celui des cils est d’orienter le pneuma visuel (X, 4) ; les parties dites honteuses ont été placées à la séparation des cuisses pour plus de discrétion (X, 9) ; les fesses sont là pour former un matelas protecteur aux os volumineux du 34. La distinction opérée par l’auteur entre anatomie interne et externe, la première seule méritant vraiment le nom d’anatomie (car celle-ci suppose P intervention de la raison, ce qui n ’est pas le cas quand on se contente de donner des noms à des parties visibles du corps humain) ne va pas de soi ; Rufus ne fait nulle part de distinction comparable dans le court traité des Noms des parties du corps, bien que l’étude des parties externes et internes y soit divisée en deux par­ ties. Galien lui-même, au tout début des Pratiques anatomiques (De anatomicis administrationibus), donne une définition de l’anatomie qui paraît moins exigeante. La nomenclature anatomique et l’ordre d ’expo­ sition adoptés par le Pseudo-Galien rappellent en tout cas fortement les ouvrages synthétiques attribués à Rufus sur l’anatomie (Noms des par­ ties du corps et Parties du corps humain), pour le contenu comme pour le plan. Le vocabulaire est souvent différent (la richesse descriptive du texte de Rufus ne se retrouve pas chez notre auteur), Rufus aborde des parties du corps non étudiées ici, mais de nombreuses similitudes sont frappantes. 35. Galien, lui, est plus explicite dans le Sur Γutilité des parties : il parle de πρόνοια του δημιουργού (voir par exemple Helmreich, II, p. 16 = livre IX, ch. V).

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bassin (X, 10). Par ailleurs, les noms des parties du corps offrent parfois une certaine originalité terminologique, comme le vocabulaire des parties de l’oreille (X, 3), mais, en règle générale, beaucoup de ressemblances avec les textes médicaux d’époque impériale. Les fonctions des organes sont étudiées dans le cha­ pitre d’anatomie proprement dite (ch. XI) ; un rôle essentiel est dévolu au cerveau, sous l’autorité bien­ veillante de Platon et d’Hippocrate, qui lui attribuaient le siège de la partie gouvernante de l’âme, ou « hégémo­ nique », dans le vocabulaire stoïcien repris par l’auteur du Médecin. Le cerveau abritant l’hégémonique, il est « tout puissant sur ce qui se passe en nous » (XI, 2). Il est au principe des tissus membraneux de tout le corps (par le truchement de la membrane péricranienne), mais aussi des nerfs et de la moelle épinière. L’auteur du Médecin se situe de ce point de vue dans une longue tra­ dition de philosophes et de médecins qui attribuent le rôle central au cerveau et non au cœur. L’anatomie de l’œil est elle aussi assez détaillée, ce qui se comprend, au vu de l’importance des maladies des yeux dans la suite du traité ; elle reflète l’héritage anatomique alexan­ drin et plus particulièrement les découvertes d’Hérophile. Mais ce qui mobilise l’essentiel de l’attention de l’auteur, c’est le devenir de la nourriture (qui devient sang) et de l’air (qui devient pneuma ou souffle vital) à l’intérieur du corps ; c’est pourquoi il se livre à une étude parallèle des organes et du trajet de l’une et l’autre « matières », matières dont on se souvient qu’elles habi­ tent le corps humain respectivement en tant que nourri­ ture et en tant qu’auxiliaire des facultés naturelles pour Erasistrate (IX, 3). Notons qu’en ce qui concerne la dis­ tinction très stricte entre voie de la nourriture et voie de l’air, l’auteur, en suivant Erasistrate, s’éloigne de36 36. Ces divergences sont relatives, mais il se trouve que pour Galien par exemple, la boisson ne passe pas tout entière dans l’œso-

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Galien36. C’est donc ici l’héritage érasistratéen qui semble le plus important dans la conception pseudo­ galénique du fonctionnement du corps. En un seul cha­ pitre donc, L’auteur du Médecin montre un recours (éclectique) aux sources alexandrines et un certain écart par rapport à la science galénique. L’ultime aspect de l’anatomie est l’ostéologie (ch. XII), pour laquelle les points de comparaison sont rares ; le texte est parfois suiprenant par le vocabulaire employé (nom des sutures temporales par exemple) ou par le manque de clarté de la description37. Terminons, en manière de conclusion, sur les bizarreries du traitement de l’anatomie : ce qui se trouve dans le Médecin peut être comparé au contenu d’autres textes contemporains ou antérieurs, mais il convient de souligner tout ce qui ne s’y trouve pas : nulle part on ne lit de définition des muscles, des nerfs, des veines et des artères, ou encore de la graisse. De même, la constitution et le rôle du cœur sont dans le traité manifestement plus que secondaires, surtout par comparaison avec les lignes consacrées au cerveau. Enfin, on peut remarquer d’une manière géné­ rale que l’auteur s’intéresse plus à la fonction qu’à la nature sensible des organes qu’il décrit : les adjectifs indiquant la texture et la couleur sont rares, contrairement à l’usage de Rufus par exemple. On retiendra donc des pages anatomiques du Médecin l’impression d’un exposé quelque peu abstrait. En matière de thérapeutique, le Médecin répond à un objectif universaliste : l’auteur s’intéresse tant aux mala­ dies aiguës et chroniques, qu’aux affections cutanées, et aux affections des yeux, tant aux traitements traditionnels phage, mais se dirige en partie vers le poumon par la trachée. Voir notamment Médecin, XI, 8 et note. 37. Sur ce dernier point voir le jugement de Charles Daremberg, cité en note. Sur les restes de Postéologie grecque, voir Garofalo (2005, 3-5) ; I. Andorlini (2005, 83-91).

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par le régime ou les remèdes qu’aux opérations chirurgi­ cales les plus hardies38. Il consacre une brève étude à la fièvre, avant toute autre maladie ; c’est que le statut nosologique de la fièvre n’est pas bien établi, comme il le dit lui-même : « Les anciens pensent que la fièvre est une affection en elle-même. Mais Erasistrate et certains modernes pensent que c’est un symptôme » (XIII, 5). En apparence, il ne prend pas parti, mais il est clair d’après la suite qu’il adopte sur ce point l’opinion d’Érasistrate et de « cer­ tains modernes » : après ce court chapitre consacré à la fièvre, il définit en effet les maladies aiguës et chroniques d’après la présence ou l’absence de fièvre (celle-ci paraît donc être un symptôme). La définition même de la fièvre est elle aussi un sujet de discussion ; le traité livre une première définition dont l’origine nous est inconnue, et dont on comprend après-coup qu’elle doit être ancienne, puisque celle qui suit s’y oppose et se trouve être attri­ buée par l’auteur aux modernes39. 38. Ce trait est remarquable. Les médecins avaient tendance à se spécialiser, soit dans le traitement des maladies des yeux, soit dans les opérations des hernies des testicules par exemple. Par force, en dehors des très grandes cités comme Rome, ces médecins étaient condamnés à une vie itinérante, soignant les patients d ’un périmètre plus ou moins grand selon la densité de la population. À ce sujet, voir le témoignage de Galien au tout début du De partibus artis medicative, CMG, Suppl. Orientale, II, Berlin, 1969, 2, 2-3 (27-28). 39. Les deux définitions font intervenir le pouls dans la détection de la fièvre, mais l’une part de l’augmentation de la chaleur innée qui est empêchée de sortir, l’autre de l’augmentation contre nature de la chaleur qui vient des profondeurs du corps. La définition la plus cou­ rante chez les médecins était celle d ’une chaleur contre nature venant du cœur (Pseudo-Alexandre d ’Aphrodise, De febribus, II, 2. Pour la postérité tardive et médiévale de cette définition, voir N. Palmieri/ D. Jacquart, 1996). Il est curieux que l’auteur du Médecin s’abstienne de mentionner le cœur : ce fait peut être lié à la physiologie exposée par ailleurs, dont on a vu qu’elle faisait peu de place à cet organe essentiel. Cette juxtaposition de définitions ne nous aide pas beaucoup à caracté­ riser la position de l’auteur dans la masse des textes antiques (conser­ vés ou perdus) consacrés aux fièvres ; l’énumération des types de

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La doctrine pseudo-galénique des maladies aiguës et des maladies chroniques40 est en apparence conforme à d’autres textes, comme ceux d’Arétée de Cappadoce (l’ordre d’exposition en était apparemment codifié depuis longtemps). Le texte du Médecin est sévèrement abrégé : Arétée (pour ne prendre que cet exemple) écrivit deux livres sur les signes et les causes des maladies aiguës, et un livre sur le traitement des mêmes maladies : la partie du traité consacrée aux maladies aiguës tous aspects confondus (signes, causes, traitement) n’excède pas cinq pages. Dans ces conditions, il n’est pas facile de se livrer au jeu des comparaisons. En tout cas, quelques constantes se dégagent : outre le schéma d’exposition assez rigoureusement suivi décelé par J. Kollesch, l’étio­ logie exposée préalablement par l’auteur (XIII, 6) est reprise d’une façon régulière qui conforte l’unité du texte (c’est-à-dire de la source suivie) dans le domaine des maladies aiguës et chroniques41. Les maladies de la fin du fièvre qui suit, et qui est présentée comme consensuelle, n ’y contribue pas davantage. Sur les fièvres et les problèmes de définition et de clas­ sification qu’elles posent au médecin, voir surtout Galien, De differen­ tiis febrium (K. VII, 273-405), traité qui fut transmis dans le Canon alexandrin et qui est devenu la référence ultime au Moyen Age sur les fièvres. Voir aussi du Pseudo-Alexandre d’Aphrodise, le traité déjà cité De febribus. E. Issel (1917, 50) relève des typologies des fièvres beau­ coup moins détaillées (distinguant deux ou trois types de fièvre éphé­ mère seulement) chez les autres auteurs d ’époque impériale. Voir aussi C. Schiano (2003, 75-100). 40. Pour une présentation sommaire de l’histoire des maladies aiguës et chroniques dans les textes antiques, voir I. Mazzini (1997). 41. Les maladies aiguës sont en effet presque toujours attribuées au sang ou à la bile jaune, tandis que les maladies chroniques le sont presque toujours au phlegme ou à la bile noire. Les exceptions se trou­ vent dans les passages qui détonnent par leur contenu, et ils ont peutêtre été insérés à partir d ’autres sources : ces passages, qui sont conti­ gus, soulignons-le, sont le chapitre sur l’hydropisie (XIII, 31) et les chapitres sur les affections des reins et de la vessie (XIII, 32-35). Leur contenu est tout à fait conforme à Galien (voir par ex. le livre I du De locis affectis (= K. VIII, 9 sqq.). Le chapitre pseudo-galénique sur l’hydropisie est, lui, construit à partir de deux sources non équi-

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ch. XIII (vers, éléphantiasis, maladies bénignes de la peau) font partie des maladies chroniques selon les clas­ sements que Ton trouve dans d’autres textes ; seule la page sur Γéléphantiasis (XIII, 43) pose un problème d’in­ terprétation car sa seconde partie propose une typologie des formes de Féléphantiasis d’apparence peu ortho­ doxe42. Les maladies des yeux décrites dans le ch. XVI proviennent d’un héritage hellénistique différent, car elles relèvent d’un domaine très spécialisé. L’étude com­ parée de ce chapitre pseudo-galénique avec des papyri ou avec des compilations tardives a permis d’esquisser une voques, Hippocrate et Érasistrate, mais il est manifeste qu’ils répon­ dent à une autre logique : pour les maladies des reins et de la vessie, c ’est celle de l’exposition des maladies en fonction des lieux affectés. Il est vrai que globalement, on croit saisir dans le mouvement de l’ex­ posé des maladies le fameux ordre a capite ad calcem (le principe de classement selon les lieux affectés est donc implicite) ; mais comme par hasard, les allusions systématiques au rôle de l’humeur en excès ou altérée ne se retrouvent pas dans ces passages (autrement dit le schéma dégagé par J. Kollesch n ’y est pas opératoire). Quant au noyau commun des maladies chroniques, il présente quelques récur­ rences assez frappantes, soit pour le contenu théorique, soit pour les autorités invoquées : un bon nombre de maladies, aiguës comme chroniques, ont pour lieu affecté les nerfs qui partent du cerveau, qu’ils soient obstrués par des humeurs épaisses, ou qu’ils soient sim­ plement victimes d ’une humeur en excès ou viciée ; la référence ultime, dans ce chapitre comme dans la majeure partie du texte, est Hippocrate, qui est cité plusieurs fois. Mais la causalité récurrente des maladies que nous venons d ’évoquer, due à une accumulation d ’humeur épaisse au niveau des nerfs, doit sûrement son origine à la doctrine d ’Érasistrate et de ses successeurs (cf. Galien De atra bile, V, 20-21, CMG, V, 4, 1, 1 De Boer). On ne peut pourtant pas consi­ dérer tout le chapitre comme érasistratéen, puisque l’origine de beau­ coup de maladies est attribuée par le Pseudo-Galien à la bile noire, humeur sur laquelle Érasistrate passe pour s ’être montré excessive­ ment discret, alors que, au témoignage de Galien en tout cas, tous s’accordent à y voir la cause de la mélancolie, de Péléphantiasis, du cancer et de multiples autres affections (Galien, De atra bile, VII, 45, CMG, V, 4, 1, 1 De Boer). 42. Ce second temps de la description de Péléphantiasis nous paraît être une addition tardive ; voir Notice pp. l x x - l x x v i .

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filiation avec le célèbre spécialiste des yeux Démosthène Philalèthe43. La thérapeutique des maladies aiguës et chroniques (ch. XIII) est abordée à deux niveaux : d’une part l’au­ teur consacre un chapitre général au traitement des mala­ dies selon qu’elles surviennent par pléthore ou défaut d’une humeur ; d’autre part, maladie par maladie, il donne un aperçu (qui dépasse rarement la longueur d’une phrase simple) du traitement idoine. Comme pour le ver­ sant sémiologique et étiologique des maladies aiguës et chroniques, il est périlleux, dès lors, d’essayer d’établir des relations nettes entre le Médecin et d’autres textes44. En ce qui concerne la pharmacologie45, les catégories comme les noms des remèdes indiqués n’invitent à aucun commentaire particulier ; ces éléments ne sauraient nous mettre sur la piste d’une doctrine originale. Il n’en va pas de même de la chirurgie des ch. XIX et XX, dont les des­ criptions d’opérations chirurgicales nous conservent un héritage précieux qui, au bout du compte, signe l’origina­ lité de ce petit traité : Galien, notamment, parle peu de chirurgie dans ses textes conservés46. 43. Voir surtout M. Wellmann (1903, 546-566). 44. Les ressources générales comprennent le recours au régime, aux cataplasmes, aux clystères et aux embrocations : ces ressources sont traditionnelles, de même que plusieurs traitements précis, qu’ils soient recommandés par le Pseudo-Galien, ou au contraire désignés par lui comme dangereux (empyème du thorax). On peut enfin, et ce point est important, voir un signe de son éclectisme dans la référence au jeûne de deux jours ou diatritos : une notion méthodique qu’il reprend manifestement à son compte. 45. Nous ne prenons en considération que le ch. XV, le ch. XIV étant probablement une addition tardive : ce sont justement les bizar­ reries lexicales et les conditions de transmission de ce chapitre qui invitent à la méfiance, comme pour le passage sur l’éléphantiasis signalé plus haut. 46. Le Pseudo-Galien paraît être l’héritier d’une tradition alexandrine particulière ; les traitements proposés font partie soit d ’un réper­ toire tout à fait consensuel, comme l ’abaissement de la cataracte et la paracentèse des hydropiques (Galien et Paul d ’Égine par exemple

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L’examen de la “doctrine” reflétée par le Médecin permet de mettre en valeur aussi bien des proximités que des divergences avec la science galénique : c’est sur ces points de divergence que la valeur de Pseudo-Galien comme source apparaît vraiment, car elle permet de rela­ tiviser, de mettre en perspective l’enseignement de Galien - au lieu d’en faire une norme. Ce dernier en res­ sort parfois grandi, car plus sophistiqué - parfois aussi moins original qu’il n’y paraît de prime abord. Evidem­ ment, un tel examen doit être complété par une lecture stylistique attentive et une enquête précise sur les sources et leur utilisation par le Pseudo-Galien. III. L’AUTEUR ET LA DATE DU TRAITÉ L’authenticité du Médecin ne fut mise en cause (et sans justification) qu’avec la parution des œuvres com­ plètes de Galien en grec (1525), date à laquelle le traité fait partie du groupe des livres non authentiques (nôtha biblia), dans le volume IV de l’Aldine. Auparavant, les manuscrits grecs unanimes attribuaient le traité à Galien. La plus ancienne mention du nom de Galien accolée au confortent le Pseudo-Galien, ainsi que le livre VII du De medicina de Celse), soit d ’un arsenal moins bien accepté, comme l ’ablation et la cautérisation des cancers, l’incision des abcès intercostaux, opérations qui sont le reflet d ’une chirurgie plus audacieuse (mais dangereuse). On relève notamment dans la thérapeutique pseudo-galénique un emploi massif des cautères, puisqu’on trouve une quinzaine d ’occur­ rences des mots de la famille de cautère (comme le verbe cautériser) dans le traité ; un certain nombre de traitements chirurgicaux sont clai­ rement contraires à la pratique de Galien, comme la cautérisation pour les cancers (cf. D. De Moulin 1964, 53-82). En somme, la chirurgie permet de repérer quelques divergences par rapport au corpus galé­ nique authentique, comme si le Pseudo-Galien dépendait plus étroite­ ment de l’héritage alexandrin, recueilli sans filtrage théorique : là où Galien se fait une opinion personnelle fondée sur la comparaison, le raisonnement et la pratique, le Pseudo-Galien délivre un enseignement comme rétréci par la simplification pédagogique, calcifié, figé.

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traité remonte en fait au X e siècle, en marge d’un manus­ crit latin qui ne contient qu’un fragment de la traduction latine ancienne (Vindobon. Lat. 68). Face à la question de l’auteur, les savants trouvèrent peu de solutions de rechange, en dehors de l’idée d’attribuer le traité au médecin pneumatique Hérodote : il est, selon Galien47, l’auteur d’un ouvrage intitulé Médecin, traité dont le contenu nous est inconnu. En l’absence d’élément plus significatif, on ne peut étayer cette hypothèse. Or, après l’abandon définitif de la piste Hérodote, nul autre nom ne vint combler le vide laissé par celui de Galien. C’est donc non seulement l’auteur, mais la date du traité qui posent désormais problème. Quelques indices internes et externes sont néanmoins disponibles : notre Médecin lui-même contient des élé­ ments doctrinaux et doxographiques intéressants ; on a remarqué de longue date un grand nombre d’allusions à l’Égypte ; Galien lui-même ouvre une brèche en meny*

47. Galien, commentaire au sixième livre des Epidémies d’Hippo­ crate, II, 45 (K. XVIIa, 999 = CMG, V, 10, 2, 2 p. 117, 23-26 Wenkebach). Nous suivons en fait le texte adopté par Kudlien (1966, 59 n. 2) : El δέ τα κατά μέρος απαντα λέγοιμι, τά τε είς τό Π ρογνω στικόν ύπομνήματα και τα Π ερ ί κρίσεω ν ένταΰθα μεταφέρειν άναγκασθήσομαι. Τούτων δέ έξωθέν έστιν είς την οικονομίαν τε και χρήσιν ύφελοΰντα καί των ύφ ’ Η ρ ο δό το υ γραφέντων ενια κατά τό βιβλίον ο έπέγραψ εν αύτός « Ια τρ ό ν ». Ε’ΐρηται δέ καί προ ήμών έν οίς και περί τού προγινώ σκειν διερχόμεθα. L ’attribution du Médecin pseudo-galénique à Hérodote remonte à Jacques Dubois (Jacobus Sylvius), Ordo et ordinis ratio in legendis Hippocratis et Galeni libris, Paris, 1539, ρ. 11. Hérodote, médecin actif à la charnière des 1er et IIe siècles de notre ère, parfois identifié avec Hérodote de Tarse, le maître de Sextus Empiricus (cf. V. Brochard, réédition 2002, 327) est l’auteur d ’un traité intitulé Médecin sur lequel ni Galien ni aucune autre source ne nous donne d ’information précise : parce qu’il s’agit d ’un médecin pneumatique (cf. Galien, De simpl. med. temp. ac fac., K. XI, 443), l’hypothèse Hérodote revint sur le devant de la scène avec les recherches de Max Wellmann, qui considère le traité pseudo­ galénique comme « éclectico-pneumatique » (Wellmann 1895, 15). Kudlien (1963 et 1966) admit et récusa tour à tour cette assimilation un peu rapide, faute d’indice complémentaire.

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donnant au début du Sur ses propres livres un traité inti­ tulé Médecin qui aurait circulé frauduleusement sous son nom de son vivant. De plus, l’existence d’une traduction latine ancienne pouvant remonter au Ve s. de notre ère fournit une limite supérieure précieuse. Nous rassem­ blons ici les indices à notre disposition à ce jour. Un traité galénique ? Aussi inactuelle que la question puisse paraître, il faut revenir brièvement sur les lignes de partage qui séparent le Médecin de l’œuvre galénique conservée. Celles-ci sont d’ordre doctrinal d’une part, linguistique et stylis­ tique d’autre part. Il faut y ajouter le traitement des sources écrites - principalement la manière dont Hippo­ crate est cité et transmis48. On a déjà souligné quelques divergences entre l’ensei­ gnement transmis dans le Médecin et le Galien authen­ tique : divergences sur le statut de l’art médical (plus particulièrement de la conjecture), sur le trajet de l’air et de l’eau (Pseudo-Galien se situe dans la ligne d’Érasistrate et non pas de Galien, qui suit Platon), sur les traite­ ments chirurgicaux (notamment la cautérisation). Ces comparaisons de fond ont une limite : le style « isagogique » du traité ne permet pas de pousser l’analyse très loin, à cause de la brièveté et du ton neutre de chaque phrase ou paragraphe dévolu à un sujet précis. L’on peut essayer de trouver des indices de comparai­ son d’ordre linguistique : là encore, la sécheresse du style « isagogique » rend difficile une comparaison syn­ taxique fouillée, et l’absence d’étude sur la langue de Galien est un obstacle supplémentaire à l’analyse. De plus, la langue et le style de Galien varient considérable­ ment d’un traité à l’autre, en fonction des destinataires de l’ouvrage, du temps qu’il avait à y consacrer, etc. Pour48. Voir Notice p. LIT et C. Petit. « Hippocrate dans YIntroductio sive medicus pseudo-galénique » (art. cit., supra n. 22).

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tant, sur la base du vocabulaire employé et de certaines tournures, on peut faire les quelques remarques sui­ vantes49 : en ce qui concerne la syntaxe, l’auteur du Médecin emploie quelques tours non galéniques, comme la locution conjonctive μέχρις δτε ; d’une manière générale, l’emploi des conjonctions et des modes n’est pas conforme à l’usage galénique : il use abondamment de la conjonction de subordination μέχρι avec le sub­ jonctif sans αν ; il emploie de même ει et le subjonctif sans dv50. Un certain nombre de termes sont absents de la prose galénique, comme le verbe έφοδιάζειν (IV, 3 ; pris dans un sens métaphorique) ainsi que le substantif συνέλευσις (VIII, 2), deux hapax dans le corpus galé­ nique tout entier (mais le second est courant chez Sextus Empiricus). L’expression όδεύειν εις τό κατά φύσιν à propos du malade qui récupère (VIII, 4) est employée (à l’évidence) métaphoriquement chez l’auteur du Médecin ; on ne trouve qu’une occurrence de ce mot chez Galien, et sans ce sens métaphorique51. Le verbe χρηματίζειν (IX, 6) au sens de « prendre le nom de » n’est pas employé du tout par Galien, de même que le substantif μεταξύτης (XIX, 14) conservé par tous les manuscrits (il n’y a pas de raison de conserver l’innovation des éditions τα μεταξύ) et rare, mais attesté chez Sextus Empiricus, Origène, Jamblique. Quelques termes techniques sont totalement absents des œuvres de Galien : ληνεΐον (XI, 2)52 ; le nom d’instrument κεφαλοτρύπανον, em49. Pour une première vague de sondages, voir les recherches de Helmreich (1914) et Issel (1917). 50. Cet emploi, quoique répertorié chez Homère, est rarissime en prose attique. Voir Kühner-Gerth, Ausführliche Grammatik d. griechischen Sprache (vol. II : Syntaxe), II, 474, Anm. 1. Il n ’est guère plus courant en grec tardif (Blass-Debrunner, §375 et 383). 51. Galien, De theriaca ad Pisonem, K. XIV, 283, 6. L ’authenticité de ce traité est à présent généralement admise mais reste encore discu­ tée. Le style et le vocabulaire de Galien y diffèrent sensiblement de beaucoup de ses autres œuvres. Cf. S. Swain (1996, 430-432). 52. Helmreich l’a identifié avec le torcular Herophili (ληνός), à

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ployé deux fois (XIX, 5 et XIX, 9), qui est un hapax en grec53. On peut ajouter sous toutes réserves le nom de plante άλυπαία (XIV, 2), qui doit sans doute être rappro­ ché de αλυπον et άλυπίας, noms grecs du turbith blanc54, et le mot άρθρέμβολον (XIX, 1), qui ne fait pas de difficulté pour le sens : il existe plusieurs noms attestés chez Oribase (άρθρεμβολία) ou Apollonios de Citium (αρθρεμβόλησις) formés sur le verbe άρθρεμβολέω-ώ qui nous paraissent synonymes55 ; mais ce mot ne se retrouve pas du tout chez Galien (la chirurgie est néan­ moins mal représentée dans son œuvre conservée). Termi­ nons sur quelques faux hapax contenus dans le texte de Kühn - et apparaissant donc dans le TLG : la vox nihili ληχηνεΐον, la variante fautive κεφαλοτρέπανον pour κεφαλοτρύπανον (XIX, 5), une forme verbale μεσίζη qui n’est autre que la contraction fautive de μέση ϊζη (XX, 1), le nom τράκτυον qui ne désigne aucune plante et corres­ pond à une faute dans l’archétype de la famille B, peut-être pour τράγιον (ΙΠ, 3), le nom fautif εϊσωσις donné à une affection de la colonne vertébrale, qui doit être en réalité soit une εισω ώσις, soit une σεΐσις (XX, 9). partir de la vox nihili qui affecte les éditions à la suite de la famille A des manuscrits grecs. 53. Autres ternies rares : l’adjectif σκαμβός, qui veut simplement dire « tordu » (XX, 2) ; mais il pourrait s’agir d ’une glose. Parmi les tenues techniques rares, on trouve le verbe έγχονδρίζω an έκχονδρίζω (XIX, 16), les noms de maladie πλαδαρότης (XVI, 1 et 4) et πλατυκορίασις (XVI, 1 et 10), le mot γαλακτοποσία (XIII, 29). 54. J. André (1985, 12). De toute façon, ce mot n’est pas significa­ tif pour notre propos, puisqu’il fait partie du ch. XIV dont l’authenti­ cité est douteuse. 55. Telle n ’est pas T interprétation du Liddell-Scott qui traduit par « instrument for setting limbs ». Il est vrai que le même mot, au plu­ riel, paraît être employé dans la Septante avec un sens très concret (ins­ truments de torture). Mais dans le Médecin on le trouve inclus dans une énumération de noms abstraits désignant des opérations générales de chirurgie, et il nous semble qu’il faut donc le considérer également comme un nom d ’action, signifiant à peu près « le fait de remettre en place les articulations ».

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Il existe enfin des termes non pas étrangers à Galien, mais rares dans ses œuvres : ainsi l’adjectif κατάλληλος est employé cinq fois par le Pseudo-Galien (II, 1 ; III, 2 ; VIII, 6 ; XIII, 42 ; XV, 3) et seulement douze en tout chez Galien56, dans un corpus limité à trois traités (Sur les médicaments composés, selon les lieux, Sur les médica­ ments composés, selon les genres, Sur la thériaque à Pison). Le verbe χαρακτηρίζειν est employé quatre fois (III, 1-8, soit dans un seul chapitre et avec un seul et même emploi, appliqué aux sectes médicales) ; or c’est autant d’occurrences que dans le reste du corpus galé­ nique (authentique) entier. L’adjectif αρμόδιος appliqué à un traitement (XIII, 9) n’est pas vraiment galénique : les rares occurrences qui se trouvent dans le traité Sur les médicaments composés, par lieux proviennent, en fait, des écrits d’Archigène cités par Galien ; il reste à peine deux occurrences dans le traité Sur la ptisane. Le sub­ stantif ανασκευή (XV, 2), rare en grec, n’est employé par Galien que dans ses traités pharmacologiques Sur les médicaments composés, selon les lieux et Sur les médica­ ments composés, selon les genres, encore une fois dans des citations d’autres auteurs (Archigène, Andromachos, Héras) ; les deux termes sont beaucoup mieux attestés chez Aetius d’Amida (cela s’explique par le genre du texte et l’état des sources). Des différences se dessinent donc entre Galien et le Pseudo-Galien, mais elles ne nous apprennent rien pour la datation du traité57. 56. Il faut y ajouter Tadverbe καταλλήλως, qui apparaît deux fois. Les traités concernés, tous pharmacologiques, font preuve d ’un recours massif à des sources plus anciennes : la plupart des occurrences appa­ raissent dans des citations. 57. La comparaison avec les textes galéniques est d ’autant plus délicate que le plupart n ’ont pas reçu d ’édition critique. Il s ’agit donc d’une analyse à étendre et à poursuivre avec des outils plus efficaces, notamment en étudiant certains faits de langue chez Galien (emploi des conjonctions et une partie du vocabulaire pharmacologique, par exemple).

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Auteurs cités et datation Pour dater le texte, les noms d’auteurs présents, qui sont nombreux, fournissent quelques indices. Il s’agit principalement d’un médecin méthodique, Antipatros qui était le strict contemporain de Galien, et accessoirement d’un médecin empirique, Sextus, qui pourrait ne faire qu’un avec le célèbre philosophe sceptique. C’est en fait toute la série des méthodiques énumérés par le Pseudo-Galien au ch. TV qui est instructive : en dehors des fondateurs anciens, qui ne nous aident pas ici, la chronologie ébauchée dans le Médecin coïncide avec celle que nous donne Galien dans le traité Sur la méthode thérapeutique58 : les médecins méthodiques cités par Galien comme par l’auteur du Médecin, Proclos, Mnaséas et Dionysios exercèrent à la fin du Ier s. de notre ère. Ensuite, le dernier méthodique « orthodoxe » mentionné dans le Médecin est Antipatros, qui a de bonnes chances de coïncider avec le médecin du même nom que Galien connaissait personnellement59. Galien et Antipatros se sont donc rencontrés à Rome, et Antipatros avait environ cinquante-cinq ans. Antipatros est cité ailleurs par Galien. Il ne faut pourtant pas confondre notre Antipatros avec un autre Antipatros, plus ancien, qui n’était pas méthodique, et créa de nombreuses recettes pharmacolo58. Galien, De methodo medendi K. X, 52 : El δή σοι τα Πρόκλου και ΊΡηγίνου καί Α ντιπάτρου λέγοιμι, και προς τούτοις Ευδήμου και Μ νασέου και Φ ίλωνος καί Διονυσίου, λάθοιμ’ άν εμαυτόν έκπεσών τής προκειμ ένης νυν πραγματείας, έπιστημονικής τε οΰσης καί τό χρή σ ιμ ον αύτό πειρω μένης εκδιδάσκειν. 59. Galien, De locis affectis, fin du livre IV (K. VIII, 293-294). Cf. M. Wellmann dans l’article Antipatros 33 du Pauly-Wissowa (1894,1, 2, 2517) : « Arzt in Rom zur Zeit des Galen (im. 2. Jhdt. N. Chr.), ist vermutlich der Methodiker, den Galen des ofteren nennt (Gai. VIII, 293 ; X, 52 ; XIV, 684). » On voit que M. Wellmann, parmi les occurrences du nom d ’Antipatros chez Galien, comptabilise à tort l’unique mention qu’en fait notre Pseudo-Galien. Également, E. Issel (1917, 27).

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giques60. Le fait que le méthodique Antipatros soit connu et cité dans le Médecin nous invite à situer la rédaction du traité au milieu du deuxième siècle au plus tôt. Panni les✓ auteurs cités dans ce traité se trouve aussi Soranos d’Ephèse, méthodique dissident qui exerça au début du deuxième siècle de notre ère ; la célébrité de Soranos est attestée par Galien lui-même. En somme, Galien et l’au­ teur du Médecin vivent sur un semblable réseau de réfé­ rences ; on retrouve presque toujours chez Galien les noms des auteurs cités dans le Médecin. L’inverse n’est pas vrai à cause de la disproportion des deux œuvres ; ce n’est donc pas un critère infaillible, mais un signe que le Médecin puisse être contemporain de l’œuvre galénique, à moins qu’il n’ait utilisé Galien. Le même chapitre mentionne un certain Sextus dans la secte empirique ; ce dernier pourrait-il ne faire qu’un avec le philosophe sceptique ? C’est fort possible, car il est bien attesté que le philosophe était aussi médecin61. 60. M. Wellmann, Fleckeisens Jahrbücher, 145, 1892, p. 678. 61. Bornons-nous donc à rappeler quels éléments nous sont donnés par les textes au sujet de Tactivité médicale de Sextus Empiricus. Sex­ tus était médecin, il le dit lui-même indirectement (Μ. I, 260) : oi Ιστορικοί τον αρχηγόν ήμών τής έπιστήμης Α σ κ λ η π ιό ν κεκεραυνώσθαι λέγουσιν. « Les historiens disent que le fondateur de notre science, Asclépios, fut foudroyé ». Il écrivit lui-même des livres de médecine (Μ. VU, 202) : αλλά περί μέν τής τούτου φοράς ποικιλώτερον και κατ' Ιδίαν έν τοΐς ίατρικοϊς υπομνήμασι διεξήλθομεν, ώστε μή εχειν άνάγκην παλινφδεϊν, « mais au sujet de son penchant, nous avons déjà disserté avec plus de détails et point par point dans nos livres médicaux, de sorte qu’il n ’est pas nécessaire de recommencer ce chant ». Sextus dit aussi (Μ. I, 61) : καθώς έν τοΐς έμπειρικοΐς ύπομνήμασιν έδιδάξαμεν, « comme nous l’avons enseigné dans nos livres empiriques ». Il y a une discussion pour savoir si Sextus était plutôt empirique, comme son nom semble l’indi­ quer, ou plutôt méthodique, comme on a cru pouvoir le déduire de cer­ taines de ses affirmations. Sextus en effet a tendance à rapprocher l’école méthodique, plus que les empiriques dont il fait lui-même offi­ ciellement partie, des sceptiques ; ce point a été relevé par Wellmann et même par D. Leclerc (1729, 493), qui avait déjà utilisé ce passage de Sextus (H. P. I, 236 sqq) et en déduisait que ce dernier devait être

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Cependant sa date est discutée. Nous n’avons aucun témoi­ gnage certain concernant l’époque à laquelle vécut Sextus Empiricus. Selon Jacques Jouanna, il est logique d’induire, d’une part, qu’il est postérieur à Galien parce qu’il n’est pas cité par lui et doit donc dater du début du IIIe siècle de notre ère, et d’autre part que le traité du Médecin qui cite Sextus doit être lui aussi a fortiori postérieur à Galien. Mais un disciple de Kalbfleisch, Emil Issel, bien que sa thèse ne soit guère connue des historiens de la philosophie, a apporté des arguments en faveur d’une datation haute de Sextus Empiricus62. Ή fait observer que, la plupart des textes de Galien sur les Empiriques étant perdus, on ne peut pas s’appuyer sur cette absence pour conclure à une data­ tion basse de Sextus63. Tout en citant Sextus, le Médecin pourrait être, dans ces conditions, contemporain de Galien. En revanche, le fait que le Médecin ne cite pas Galien n’est pas un argument pour dater le texte d’avant Galien64 ; et cela pour deux raisons : si l’auteur a voulu vendre son rangé parmi les médecins méthodiques. Cependant, V. Brochard explique avec raison que Sextus a fort bien pu rester empirique, tout en prenant quelque distance avec la doctrine de sa secte. Ce qu’il y a de sûr, c’est que le témoignage de Diogène Laërce (IX 116) conporte que Sextus Empiricus était un médecin empirique, puisqu’il dit de son dis­ ciple Saturninus qu’il est lui aussi empirique. Rappelons que dans ce même passage il est dit que le maître de Sextus, Hérodote avait pour maître Ménodote de Nicomédie qualifié de médecin empirique par Diogène Laërce. Il y a donc une succession évidente de médecins empiriques. 62. La première partie des Quaestiones Sextinae et Galenianae est consacrée à la datation de Sextus Empiricus (Issel, 1917, 5-15). Voir F. Kudlien (1963a, 252), qui se plaint déjà que la thèse excellente d ’Emil Issel soit à ce point méconnue. 63. Depuis la parution de la thèse d ’E. Issel, certains traités de Galien relatifs aux Empiriques ont été découverts, mais ils ne renouvellent pas la question. La plupart des traités (et surtout les plus substantiels) sont per­ dus (voir Galien, Sur ses propres livres, p. 163 Boudon). 64. Il n ’est plus de saison de remettre en cause la célébrité de Galien en son temps : cf. O. Temkin (1973, 56-61) ; V. Nutton (1984, 2 et surtout 1988, 315-324). Galien était manifestement connu comme un médecin et philosophe d ’importance, au moins dans le monde grec.

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livre en le faisant passer pour du Galien authentique, il valait mieux ne pas parler de Galien à la troisième per­ sonne ; de plus, il arrive que tel médecin ne cite que les autorités passées et présentes qui l’arrangent ; ainsi Caelius Aurelianus, quoique largement postérieur à Galien, cite-t-il Soranos, dont il se réclame idéologiquement, mais pas le médecin de Pergame, qu’il ignore sans doute délibéré­ ment65. Galien et le faux Médecin Une piste externe invite également à voir le Médecin comme un livre écrit du vivant de Galien : l’anecdote (dont il serait de mauvais goût de suspecter l ’authenti­ cité) racontée par Galien en ouverture de son traité inti­ tulé Sur ses propres livres. Au début de l’ouvrage donc, Galien ressent le besoin d’expliquer pourquoi il donne au public un catalogue de ses propres ouvrages. Des faux circulent sous son nom, dont un livre intitulé « Médecin, de Galien »66 : « Nous étions dans le quartier du Sandalarium en effet, où se trouvent la plupart des librairies de Rome, quand nous vîmes des gens qui discutaient pour savoir si le livre même qui était à vendre était de moi ou d’un autre ; car il était intitulé “ Galien, médecin ”. L ’un des témoignages essentiels mis en valeur par V. Nutton est un texte sans doute écrit en Égypte, les Deipnosophistes d ’Athénée de Naucratis. Sur les problèmes posés par ce témoignage, voir Nutton (1988, 317-318). En tout cas, le rayonnement de la pensée de Galien jusqu’en Égypte est attesté par l’existence d ’un papyrus (au moins) de la première moitié du mc s. de notre ère conservant des fragments du De placitis Hippocratis et Platonis : voir D. Manetti (1981, 115-123). Ce témoignage a depuis été utilisé par Ph. De Lacy, dans le troisième volume de son édition du De placitis Hippocratis et Platonis (CMG, V» 4, 1, 2). 65. À ce sujet voir Ph. J. van der Eijk (1999, 416 sqq). 66. Galien, Sur ses propres livres, texte nouvellement édité par V. Boudon-Millot, 2007, p. 134 (K. XIX, p. 8-9 = Scripta minora II, 91-92, éd. Müller). Ce passage célèbre avait déjà fait l’objet d’une tra­ duction française dans le recueil de P. Moraux (1985, 152-153).

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Comme quelqu’un l’achetait en pensant qu’il était de moi, un homme versé dans la philologie, intrigué par la consonance étrang(èr)e du titre, voulut connaître 1’incipit ; or après avoir lu les deux premières lignes il repoussa le livre et ne proféra qu’une parole : “ Ce n’est pas le style de Galien, le titre de cet ouvrage est mensonger ! Celui donc qui parla ainsi avait reçu l’éducation primaire que les enfants reçoivent dès le début chez les Grecs, auprès des maîtres de grammaire et de rhétorique ; tandis que la plupart de ceux qui aujourd’hui s’occupent de médecine et de philosophie ne sont pas même capables de lire correctement et fréquentent pourtant ceux qui doi­ vent leur enseigner les plus grandes et belles choses qui soient parmi les hommes, les théorèmes enseignés par la philosophie et la médecine ». Ce passage de Galien, écrit sans doute vers la fin de son dernier séjour à Rome (fin du ne s. ou début du me s. de notre ère), nous apprend donc l’existence d’un traité intitulé Médecin, circulant sous son nom. Le texte mérite discussion. À première vue, il n’est pas absurde de penser qu’il s’agit de notre traité : le titre en était dès l’origine Ιατρός, Médecin, car les manuscrits nous l’ont transmis sous la forme Γαληνού ιατρός* εισαγωγή, où le terme εισαγωγή n’est que juxtaposé au véritable titre et désigne simplement la nature du traité, qui est de fait une « introduction » à la médecine. De plus, comme l’a déjà souligné Issel, le prologue donné par les manuscrits67 est parfaitement explicite sur ce point : επιγράφεται μεν τό βιβλίον· ιατρός (« le livre est intitulé Médecin »). L’ancienneté de cette affirmation (et du prologue en général) est impossible à établir, mais le fait que les deux familles de manuscrits grecs s’en font l’écho permet de la 67. E. Issel n ’a collationné ou fait collationner qu’une poignée de manuscrits (tous de la famille A), mais l’examen de l’ensemble de la tradition manuscrite montre que la première phrase de ce prologue est identique dans tous les manuscrits, sans distinction de famille, qui en conservent tout ou partie.

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faire remonter au moins à P antiquité tardive68. En fait, tout dépend de la manière dont on interprète le texte des manuscrits du Sur ses propres livres : ceux-ci donnent en effet non pas Γαληνού ιατρός mais Γαληνός ιατρός. Le génitif a été corrigé de longue date et défendu en par­ ticulier par Hermann Schone : Γépigraphè donnée par Galien est alors rigoureusement identique à celle de notre traité69. Il est donc possible que les deux ouvrages, notre pseudo-galénique et le faux stigmatisé par Galien dans le traité Sur ses propres livres, ne fassent qu’un : hypothèse séduisante. Une des bases de cette correction est l’inter­ prétation de l’expression το ξένον τής έπιγραφής ; la consonnance « étrange » (ou « étrangère »), du titre, peut s’expliquer de deux manières : soit par le fait que le titre était inconnu au personnage mentionné par Galien (Schëne), soit parce qu’il sonnait bizarrement (ce qui pourrait s’expliquer par la leçon Γαληνός ιατρός)70. 68. La tradition indirecte ne nous est que d ’un piètre secours puisque la traduction latine ancienne ne nous conserve que la fin du traité, sans épigraphè donc. 69. Hermann Schone (1891, 89), à la suite de Comarius, a corrigé le texte des manuscrits grecs et pense que Y épigraphè du faux dont parle Galien correspond à celle du traité qui nous occupe : « ...ins­ criptum fuisse puto Γαληνού Ιατρός, quod et rei grammaticae satis facit et cum scriptore indicat argumentum quamvis breviter et ambigue ; τό ξένον τής έπιγραφής illum non alia de causa miratum esse puta­ bimus quam quod nec noverat Galeni librum sic inscriptum, neque in hoc quid inesset ex ambigua indistinctaque inscriptione « ιατρός » plane perspiciebat ». La correction a été adoptée par V. Boudon. Voir aussi E. Issel (1917, 38). Quelques années après Issel, Max Meyerhof (1928, 539) souscrivait à la correction de Schone. Il précisait en outre, complément utile, que le manuscrit arabe contenant l’appendice à la Missive de Hunain (Aya Sofia 3590) a lu Γαληνού Ιατρός et non Γαληνός ιατρός, et affirme tenir de J. Ilberg non seulement que H. Schone a fait la correction que l ’on sait, mais aussi que des manuscrits grecs confirment cette lecture : puisque nos manuscrits actuels (au nombre de deux) ne préservent pas cette lecture, il faut croire soit que Ilberg a eu accès à un manuscrit grec aujourd’hui disparu, soit, plus vraisemblablement, que Meyerhof fait erreur. 70. O. Temkin, sans argumenter - mais peut-être n ’a-t-il pas eu

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E. Issel ajoute un argument stylistique au dossier ; il tente de démasquer le faussaire à partir d’une comparai­ son avec du Galien authentique71. Puisque l’inconnu du Sandalarium a reconnu, dès les deux premières lignes, que ce n’était pas du Galien, alors pourquoi ne pas examiner avec un soin particulier ces deux premières lignes (et quelques autres) ? E. Issel se cantonne à noter l’extrême licence de l’hiatus dans la prose du PseudoGalien72 ; tout en étant conscient que Galien lui-même n’évite pas systématiquement l’hiatus, il note que le nombre des cas d’hiatus tolérés par le Pseudo-Galien est grand en ce premier chapitre. Il relève tout particulière­ ment δοκεΐ εύρετής, ιστορία αρχεται, μεταβάσει από, χαρακτηρίζει ούν, καθολικά άνάγουσιν, etc. L’argument est faible dans la mesure où les emplois de l’hiatus dans l’océan de l’œuvre galénique n’ont pas été mesurés de manière systématique et peuvent difficile­ ment l’être. Néanmoins, la démarche d’E. Issel est inté­ ressante de par la somme d’exemples proposés (tous tirés des ch. I-X) ; c’est une des pistes à suivre pour une étude comparative des traités galéniques authentiques et inau­ thentiques73. vent de la correction de Comarius et H. Schone - , s’appuie sur la lec­ ture Γαληνός Ιατρός pour récuser l’identité de ce faux et du Médecin (Temkin 1973, 52, note 2). 71. H. Schone avait prudemment reculé devant l ’obstacle, laissant quelque peu le lecteur sur sa faim après avoir cité les premières lignes du Médecin p. 91 : « Haec sophistarum alterius p. Chr. n. saeculi dic­ tionem sapiunt, cuius vestigia satis multa, integram speciem nusquam in Galeni scriptis deprehendi posse puto. Sed de hac re videant peritiores ». 72. E. Issel (1917, 22-23). 73. La difficulté de prendre la mesure de l’hiatus chez Galien est un point assez fréquemment rappelé de nos jours, notamment par V. Nutton (CMG V, 8, 1) - prudence de bon aloi qui se retrouve dans d ’autres éditions récentes. Ph. De Lacy par exemple relève dans son commentaire au De elementis ex Hippocratis sententia (CMG V, 1,2) un certain nombre de passages où Galien change clairement l’ordre des mots pour éviter l’hiatus.

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Tout en restant prudent, il faut admettre que l’identifi­ cation du Médecin pseudo-galénique avec le faux dénoncé par Galien est tentante74. Nous n’avons ni argu­ ment décisif en faveur de cette hypothèse, ni argument contre. Il faut donc la garder à l’esprit et reprendre à notre compte les remarques d’un éditeur récent sur un autre anonyme : « Un manuel, par définition, passe par toutes les mains. Ce genre d’ouvrage est, plus encore que les autres textes que nous a légués l’Antiquité, exposé à de nombreux accidents de transmission qui font dispa­ raître, peu à peu, la plupart de nos chances de connaître leurs sources »75. Quoi de plus facile, et de plus tentant, que de mettre le nom d’un médecin célèbre, comme Galien, pour diffuser un petit livre d’introduction à la médecine ? Et quoi de plus difficile que de remonter le fil jusqu’à la source ?

74, Le sentiment cTEmil Issel (1917, 38) résume toute l’ambiguïté de la situation : « alium eiusdem tituli libellum Galenum dicere, alium eiusdem tituli et aetatis nobis adservatum esse vix crediderim ». Les textes intitulés “médecin” existaient aussi hors du champ médical. Cf. J. Kollesch (1973, 33). De plus, les introductions à la médecine devaient fleurir un peu partout, comme le confirme Galien se moquant de Julien (De methodo medendi, K. X, 53) : Ε τώ ν γάρ ήδη πλειόνω ν ή είκοσι γεγονότω ν έξ ούπερ ήμεις έπι τή ς Α λ εξ ά ν ­ δρειάς αύτώ τούτφ συνεγενόμεθα, γεγραφώς είσαγωγας αλλας έπ5 αλλαις, άει γαρ αύτάς μετατίθησί τε και μεταρρυθμίζει τώ μηδέποτ’ άρκεΐσθαι ταΐς γραφείσαις, κατ’ ούδεμίαν αυτών έτόλμησεν είπεΐν δ τί π ο τ’ έστι νόσος, (...). « Alors en effet que plus de vingt ans se sont écoulés depuis que nous avons suivi les cours de cet homme à Alexandrie, il continue d ’écrire introduction sur introduction, car il ne cesse de les modifier et de les bouleverser parce qu’il n ’est jamais content de celles qu’il a écrites, et dans aucune d ’entre elles il n’a eu l’audace de dire ce que peut bien être une maladie (...) ». 75. P. Chiron, à propos du traité Du Style (1993, xii-xm). En allant très loin dans les hypothèses invérifiables, on peut aussi imaginer qu’un littérateur plus tardif a imaginé d’écrire lui-même le fameux Médecin apocryphe évoqué par Galien.

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L’auteur du Médecin, un Grec d’Egypte ? L’ultime faisceau d’indices pour cerner l’auteur du Médecin tient à la forte couleur égyptienne du traité76. Le chapelet d’allusions (purement médicales ou non) à l’Égypte contenu dans le Médecin pseudo-galénique doit être considéré comme exceptionnel. Ces allusions sont commentées plus particulièrement dans les notes à la tra­ duction. Il convient certes d’insister sur le caractère mar­ quant du premier chapitre, qui s’ouvre sur le paysage égyptien, la découverte de la médecine en Égypte, etc une telle coloration exotique ne saurait être gratuite. Pourtant, seul le nombre d’allusions à l’Égypte dans le traité permet de relier ce dernier (par hypothèse) à la terre égyptienne : en effet, prises une par une, ces allusions trouvent, à de rares exceptions près, des parallèles litté­ raires multiples, y compris la mention de l’excision des jeunes filles nubiles par les médecins égyptiens (X, 9). À partir des « souvenirs d’Égypte » semés çà et là dans le texte, il nous paraît certes légitime de déceler le signe possible d’une familiarité présente ou passée, réelle ou livresque, avec l’univers de l’Égypte77, mais il faut pourtant rester prudent puisque aucune des allusions repérées jusqu’ici n’est particulièrement significative. Si donc l’Égypte a pu être le pays d’adoption de PseudoGalien, elle était aussi peut-être un sujet très populaire à Rome (comme le nom de Galien !). Le Médecin pourrait donc être un faux diffusé sous le nom de Galien, du vivant même de celui-ci, si l’on en croit le prologue du Sur ses propres livres. Si ce n’est pas 76. 21).

Outre ma thèse (2 0 0 4 , l x i x - l x x v i i ) , voir J. Jouanna (2 0 0 4 , 15-

77. Ainsi P. Chiron suggère-t-il une proximité de l’auteur du traité Du style avec l ’Égypte, sur la base de la présence d ’anecdotes égyp­ tiennes. Étendre ce type de conclusion à tout texte évoquant l ’Égypte me paraît néanmoins imprudent.

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le cas, il s’agit d’un manuel contemporain de Galien, ou plus tardif, mais en aucun cas antérieur au milieu du IIe s. de notre ère. De plus, la personnalité de l’auteur paraît être assez nettement liée avec l’Égypte, qui, après tout, fut peut-être le cadre de son apprentissage de l’art ; mais cette couleur égyptienne peut aussi bien être factice. D’obédience plutôt dogmatique, mais sans préjugé contre les autres sectes, l ’auteur reprend le savoir de son époque sous une forme concentrée et simplifiée, sans que l’on puisse le comparer à un médecin de l’envergure de Galien. IV. LES SOURCES DU TRAITÉ Le traitement des sources par Pseudo-Galien est d’une importance capitale pour comprendre la manière dont le traité a vu le jour. Malheureusement, l’analyse pour être efficace doit se limiter aux citations pour lesquelles on jouit de parallèles dans les textes, voire du texte original : c’est le cas des citations d’Hippocrate. L’analyse du traitement d’Hippocrate dans le Médecin est un para­ digme et doit nous servir d’unité de mesure pour appré­ cier la fiabilité de ce traité pseudo-galénique comme source pour l’histoire de la médecine. Sur cette question des sources se greffe naturellement celle de l’unité du traité : mise en cause depuis longtemps, celle-ci dépend largement de la manière dont les sources sont agencées et digérées. L’histoire du texte permet, dans une certaine mesure, de préciser les relations entre les différents cha­ pitres du Médecin. Les sources du Médecin : Hippocrate Les textes qui figurent à l’arrière-plan du Médecin sont multiples ; tous ne sont pas conservés, mais la question se pose de savoir s’il s’agit d’auteurs connus et cités de première main, ou bien si la rédaction se limite à

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reprendre un matériau déjà prédigéré - pour des débu­ tants, par exemple. Présentation simplifiée de Part médi­ cal à partir de textes originaux, ou bien vulgarisation de vulgarisation ? L’examen des citations tirées de la Col­ lection Hippocratique montre que nous nous trouvons plutôt dans le second cas. La Collection Hippocratique, abondamment représen­ tée dans le Médecin, comme dans les Définitions médi­ cales, illustre la domination historique et symbolique de la figure d’Hippocrate dans le traité78. Le Pseudo-Galien cite des extraits d’une dizaine de traités : Aphorismes, Nature de Γhomme, De Fart, Des vents, Lieux dans Γhomme, s Epidémies VI, Régime des maladies aiguës - Appendice, Prénotions Coaques, Articulations, Mochlique. La com­ paraison avec les Définitions médicales montre que les deux traités pseudo-galéniques puisent à des sources dif­ férentes, en dehors des quatre premiers ouvrages men­ tionnés ici. Les Définitions médicales citent en effet Épi­ démies I, Airs, eaux, lieux, Génération, Nature de Venfant. Maladie sacrée. Bien que l ’on compare souvent les deux célèbres traités pseudo-galéniques, un examen même superficiel de leurs sources respectives révèle des dissonances. De plus, les traités considérés comme authentiques ne sont pas les mêmes pour l’auteur du Médecin, celui des Définitions médicales, ou Galien : ainsi le traité De Part est-il authentique pour les deux derniers, mais une œuvre étrangère à Hippocrate pour l’auteur qui nous intéresse. En tout cas, le Médecin cri­ tique la définition de la médecine donnée par le traité De Part en l’opposant à la (bonne) définition, attribuée à 78. On trouvera une analyse détaillée des citations d ’Hippocrate dans les notes à la traduction ; voir aussi C. Petit, « Hippocrate dans VIntroductio sive medicus pseudo-galénique » {art, cit. note 22). Mon édition a été utilisée dans A. Anastassiou/D. Irmer, Testimonien zum Corpus Hippocraticum, I, 2006 (Addenda und Corrigenda zum Teii II B and 2), en complément aux testimonia déjà recensés dans A. Anas­ tassiou/D. Irmer, Testimonien zum Corpus Hippocraticum, II, 2, 2002.

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Hippocrate. Croyance sincère ou déformation des sources ? Nous penchons pour la seconde solution, car le fond de la citation a été altéré dans le texte pseudo-galénique79. Il est intéressant de noter que dans une fourchette tempo­ relle limitée (en gros ier-n e s. de notre ère), des traités médicaux différents se réfèrent à un coipus hippocratique dont les contours ne coïncident pas nécessairement ; un noyau d’ouvrages hippocratiques considérés comme fon­ damentaux, en revanche, se retrouve d’un auteur à l’autre {Nature de Γhomme, Aphorismes). Néanmoins, les traités galéniques et pseudo-galéniques diffèrent encore dans leur manière de citer Hippocrate : si l’auteur des Définitions médicales mentionne toujours le traité dont est issue la citation, celui du Médecin, en 79. Le Pseudo-Galien cite le traité sans l’attribuer à Hippocrate ; il cite la définition de la médecine proposée par De l ’art en l’opposant à la précédente, et en la critiquant (VI, 2) : "Ον γάρ τινες όρον εν ιατρική φήθησαν, ούκ εστιν όρος* τό τε μή πάμπαν άπαλλάσσειν των νόσων τούς κάμνοντας και τό τάς σφοδρότητας άμβλύνειν και τό τοις κεκρατημένοις μή έγχειρεΐν. Ού γάρ εξ ών μή δύνανται αί τέχναι, ά λ λ ’ εξ ων δύνανται οΐ όροι αυτών είσιν. La forme même du texte hippocratique est mise à mal par l ’auteur du Médecin ; les manuscrits donnent unanimement μή au lieu de δή. Ce peut être une faute d ’onciale dans l’archétype des manuscrits grecs, comme une déformation remontant à la rédaction du texte ; l’hypothèse de la déformation est préférable, à cause de la suite de la citation, elle aussi déformée, comme le montre le recours au texte authentique : και πρώτον γε διορεΰμαι ο νομίζω ιη τρική ν είναι * τό δή πάμπαν άπαλλάσσειν τών νοσεόντω ν τούς καμάτους και τών νοσημάτων τάς σφοδρότητας άμβλύνειν, καί τό μή έγχειρ εΐν τοΐσ ι κεκρατημένοισιν ύπό τών νοσημάτων, είδότας δτι πάντα ταΰτα δύναται ίητρική {De l ’art, 3 ,2 = 226, 12- 227, 1 Jouanna). Le Pseudo-Galien en tout cas attaque ouvertement le texte du traité De l ’art, puisque à διορεύμαι ô νομίζω Ιητρικήν είναι répond exactement ôv γάρ τινες όρον εν ιατρική φήθησαν, ούκ εστιν όρος. De plus, l ’explication de la critique du Pseudo-Galien reprend les termes mêmes du texte hip­ pocratique (le verbe δύναμαι avec pour sujet la médecine dans un cas, les arts en général dans l ’autre). Pour une discussion de ce passage du traité De l ’art dans la tradition indirecte, voir Hippocrate, Des vents! De l ’art, éd. J. Jouanna, notice au traité De l ’art, (1988, 209 ; 227, note 1). Voir enfin notre note 1. à VI, 2.

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revanche, ne le fait jamais, ce qui trahit peut-être un recours à des sources indirectes. La lettre du texte hippo­ cratique est en général peu respectée : on peut donc s’in­ terroger sur la validité du témoignage du Pseudo-Galien comme tradition indirecte80. Dans le Médecin, on ne trouve qu’une citation mot pour mot : celle de la Nature de Vhomme, dont les variantes ne sont que dialectales. À rebours, la plupart des citations ont été abrégées, défor­ mées ; on trouve également des allusions impossibles à élucider dans la Collection hippocratique. Le remanie­ ment délibéré des citations hippocratiques (par exemple le cas des Aphorismes VII, 15-16) répond au besoin déjà analysé plus haut d’écrire de manière simple et concise, pour favoriser la compréhension et la mémorisation. La forme aphoristique s’en trouve naturellement privilégiée dans le choix des citations81. Encore une fois, il est per­ mis de douter que le Pseudo-Galien opère ce remanie­ ment lui-même : il peut puiser à une source intermé­ diaire, où les textes d’Hippocrate sont déjà plus ou moins modifiés, en vue de publics différents. Pour résumer, on trouve chez le Pseudo-Galien les traces d’un catéchisme hippocratique, fait de citations supposées efficaces, et de formules bien frappées tirées des Aphorismes en particulier (au besoin récrites, renfor­ cées), mais aussi d’autres ouvrages, toujours rédigés sur le modèle aphoristique. La brièveté et la densité de l’ex­ pression sont des critères essentiels dans le choix des citations tirées de la Collection. D’ailleurs, le PseudoGalien laisse entendre plusieurs fois que le caractère ramassé des pensées d’Hippocrate est une qualité essen­ tielle de son écriture. Une exception demeure, la citation du traité De la nature de Γhomme, qui est longue de plu­ sieurs lignes et plutôt fidèle au texte d’origine. Mais cela 80. Cf. J. Whittaker (1995) à propos des citations de Platon dans le Didaskalikos. 81. Sur la forme aphoristique dans la Collection hippocratique, voir la synthèse utile de C. Magdelaine (2004).

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s’explique par le rôle fondamental dévolu à la doctrine hippocratique des éléments. L’exception n’en confirme pas moins la règle. Les conséquences de cette analyse sont importantes, parce qu’elles nous renseignent sur la manière dont on enseignait la médecine à l’époque romaine, et sur le rôle qu’y jouaient certains textes. Hippocrate y tient, sans surprise, une place importante : la manière dont il est utilisé chez le Pseudo-Galien montre que, dans l’ensei­ gnement médical impérial, on pouvait trouver une cer­ taine variété dans les textes hippocratiques à disposition ; mieux, il existe plusieurs Hippocrate en circulation, ou du moins plusieurs niveaux d’Hippocrate. À partir d’un héritage commun, on constate une utilisation bien diffé­ rente du matériau hippocratique. Pour le Pseudo-Galien, c’est l’essentiel de l ’hippocratisme, abrégé, retravaillé, qui est mis au service de la médecine du temps. Chez Galien, on assiste à l’élaboration de l’hippocratisme à venir ; Galien, auteur de commentaires, lecteur critique des autres commentateurs, se situe dans une tradition exigeante de lecture savante des textes hippocratiques. Même s’il dépend manifestement des travaux de ses devanciers, comme peut le montrer incidemment la comparaison avec le Pseudo-Galien, il demeure le représentant d’un cercle supérieur. La tradition hippo­ cratique a donc connu des destinées contrastées : objet d’exégèse érudite depuis l’époque hellénistique, elle est conservée, discutée, corrigée et enrichie par (et pour) les lecteurs de la trempe de Galien ; parallèlement, elle s’est aussi vue simplifiée et systématisée en vue de la formation des jeunes médecins. Cette utilisation diver­ gente du corpus hippocratique par les érudits et les pédagogues est dictée par le marché du livre ; la demande de la part des débutants a probablement été à l’origine de la floraison des είσαγωγαί. Elle est aussi la pierre d’achoppement entre l ’enseignement médical

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galénique, long, exigeant, fondé sur l ’effort, la lecture et la pratique, et l’enseignement rapide et pragmatique de certaines écoles médicales82. D’une certaine manière, le traitement de la Collection hippocratique chez le Pseudo-Galien nous permet de saisir le plus clairement possible la différence de nature entre ce type d’écrit et les traités authentiques de Galien83. Concluons donc au rôle décisif joué par les textes « paragaléniques », dont le Médecin, pour notre connais­ sance, notamment, de Γhippocratisme impérial et de la transmission du savoir médical à cette époque. Les sources du Médecin : médecins et philosophes On peut répartir les autres autorités mentionnées par le Pseudo-Galien entre médecins et philosophes : source doxographique précieuse, le Pseudo-Galien est aussi une mine de renseignements pour plusieurs domaines très tech­ niques de la médecine antique, notamment l’ophtalmolo­ gie et la chirurgie. Platon et Aristote ne sont mentionnés qu’en passant, pour renforcer l’autorité d’Hippocrate par exemple. De même, les stoïciens forment un arrière-plan imprécis. L’héritage des stoïciens est prégnant dans le 82. La secte méthodique en particulier prétendait former des méde­ cins en six mois ; mais la floraison des livres d ’introduction s’explique davantage par une demande générale, d ’ordre privé, que par le pro­ gramme de lecture de telle ou telle secte. Que le Médecin reprenne un matériau pédagogique réel est possible, mais cette réutilisation est pro­ bablement une initiative privée à des fins lucratives. 83. Nous rejoignons ici les conclusions de H. Diller (1933, 176177). La conception galénique de la doctrine hippocratique, que nous avons exclue de notre propos pour des raisons évidentes de méthode, a fait l’objet d ’études récentes remarquables, dont on trouvera une bibliographie partielle à la fin de l ’article de V. Boudon et J. Jouanna (1997, 213-234). Malgré la propension fréquente de Galien à galéniser l’hippocratisme, tous ces travaux montrent la profondeur et la richesse de la lecture des textes de la Collection hippocratique par le médecin de Pergame, et font par ricochet ressortir le caractère schématique de l’Hippocrate qui se dessine dans le Médecin.

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Médecin, mais il est difficile de remonter à la source même des opinions du Portique véhiculées par le traité : les textes des stoïciens anciens, concernant la logique en particulier, ont, en effet, peu survécu. Des recoupements avec d’autres témoignages indirects permettent de dessiner les grandes lignes d’un enseignement philosophique devenu très bien partagé à l’époque impériale. On trouve des parallèles pré­ cis chez Lucien, Philon, Sextus Empiricus, Galien84. Déjà chez Cicéron, on décelait des références à la physique stoï­ cienne sans pouvoir clairement les identifier ; à plus forte raison, les sources des citations de l’époque impériale ne sauraient être complètement élucidées. En tout cas, le nombre de citations très proches, chez des auteurs contem­ porains, montre que l’enseignement philosophique stoïcien faisait partie d’un bagage culturel commun ; le PseudoGalien n’est qu’un héritier panni d’autres d’une doctrine galvaudée. Les médecins sont mieux traités que les philosophes : des deux grands anatomistes de la première école d’Alexandrie, Erasistrate est de loin le plus cité : son nom est mentionné onze fois (IV, 1 ; V, 1 ; VIII, 3 : IX, 3 ; IX, 6 ; X, 1 : XI, 2 ; XIII, 4 ; XIII, 5 ; XIII, 31 ; XIII, 35), contre quatre fois seulement pour celui d’Hérophile (IV, 1 ; IV, 2 ; VI, 5 ; IX, 6). De ce dernier, le Médecin, en VI, 5, nous transmet la fameuse « définition tripartite » de la médecine (sain, malsain, neutre), qui eut tant de fortune au Moyen Age, notamment grâce à Galien85. Les autres mentions du nom d’Hérophile sont d’ordre historique (IV, 1-2), ou doxographique (IX, 6), mais sans grande précision : l’auteur attribue à Praxago84. Pour davantage de détails, nous renvoyons à nos notes mais aussi aux pages riches en références d ’E. Issel (1917, 48-52). 85. Voir V. Boudon (1994, 1421-1467). C ’est le succès impres­ sionnant de YArt médical qui décida du même coup de la postérité de la définition de la médecine issue d’Hérophile ; les commentateurs du célèbre traité de Galien s’en emparèrent et la discutèrent. Voir aussi H. Von Staden (1989, ch. 4) ; N. Palmieri (1997, 33-133).

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ras et Hérophile une doctrine privilégiant le rôle des humeurs dans la physiologie. Il s’agit d’une simplifica­ tion doctrinale dont l’auteur est coutumier. La seule cita­ tion d’Hérophile est donc celle de la définition de la médecine, sans modification par rapport au témoignage de Galien. Les traces de l’enseignement d’Hérophile sont sensibles ailleurs, en particulier - ce n’est pas une sur­ prise - dans la partie anatomique du traité : le « petit pressoir » (XI, 2) du Pseudo-Galien n’est autre que le torcular Herophili ou « pressoir d’Hérophile » des modernes ; l’anatomie des parties de l’œil et surtout la distinction des quatre tuniques qui l’entourent (XI, 4) viennent des découvertes d’Hérophile. Erasistrate fait l’objet d’un discours plus polémique, et ses opinions sont rapportées d’une façon plus systéma­ tique. On les retrouve dans l’édition des fragments d’Era­ sistrate par I. Garofalo86. En général, le témoignage pseudo-galénique confirme le reste de la tradition (ou est confirmé par elle). Néanmoins, en quelques passages, il présente une certaine originalité : le concept de τριπλέκεια αγγείων (ch. IX, p. 20) est confirmé par d’autres témoignages, mais le mot τριπλέκεια lui-même est un hapax. Il y a d’ailleurs une incertitude sur sa forme exacte87. On a déjà eu par ailleurs l’occasion de mettre en valeur certaines parentés doctrinales entre la physiologie du Pseudo-Galien et celle d’Érasistrate : l’héritage du grand anatomiste est prégnant, mais il fait parfois aussi l’objet de critiques virulentes. Athénée d’Attale eut une influence considérable ; pénétré de la doctrine stoïcienne de l’âme, il est l’une des figures essentielles de ce qu’on a appelé le pneuma-

86. Erasistrati fragmenta (éd. I. Garofalo, 1988). 87. Faut-il éditer τριπλοκία comme dans la vulgate, ou τριπλέκεια comme dans les manuscrits de la famille B ? Nous avons opté pour la seconde solution, à cause de l’existence de composés en -πλέ­ κε ta, issus d ’adjectifs en -πλεκής.

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tisme88. Sa présence dans le Médecin pourrait être un indice pour caractériser les tendances idéologiques de l’auteur du manuel, mais Athénée est un maître secon­ daire : il est tantôt critiqué (parties de la médecine, phy­ siologie), tantôt approuvé. Ses écrits sont perdus, mais le Pseudo-Galien nous livre quelques opinions précieuses89. Le point commun des auteurs cités par le PseudoGalien est de ne pas l’être de manière précise : même quand le texte paraît fidèle à sa source, l’ouvrage d’où il est tiré est toujours passé sous silence. Cette constatation rejoint les observations que nous avons faites sur le traite­ ment des citations hippocratiques et donne à penser que le Pseudo-Galien cite de seconde main ou d’après un ouvrage de vulgarisation. Les sources du Médecin : sources techniques Traiter d’une manière exhaustive les sources d’ordre proprement médical qui sont à la base de la confection du traité est chose impossible. On peut soupçonner - globa­ lement - le recours à des textes de vulgarisation ; en leur absence, la comparaison avec d’autres textes est éclai­ rante : ainsi les chapitres d’anatomie (X et XI) du Pseudo-Galien offrent-ils d’assez nombreux points com­ muns avec le livre II du De natura deorum de Cicéron, tant par le contenu que par la longueur des paragraphes. Il est également possible que l’auteur ait utilisé des monographies résumées par ses soins, à moins qu’il ne reprenne carrément des abrégés de celles-ci. Ainsi le livre de Démosthène Philalèthe sur les mala­ dies des yeux a-t-il pu apparaître comme une source (directe ou indirecte) aisément discernable. Selon tous 88. Selon le Pseudo-Galien (IX,6), les pneumatiques se baptisèrent eux-mêmes ainsi à cause du rôle central joué par le pneuma dans la naissance des maladies. 89. Susceptibles d ’être reprises dans une édition des fragments d’Athénée, si quelqu’un vient à l’entreprendre.

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les érudits depuis le début du XXe s., Γophtalmologie antique repose sur un canon d'époque alexandrine, qui est devenu la source commune de tous les médecins d’époque romaine, puis byzantine ; il s’agit principale­ ment du Περί οφθαλμών de Démosthène Philalèthe90, médecin contemporain de Néron. On trouve dans ce traité qui est perdu, mais dont d’assez importants fragments sont préservés chez des auteurs plus ou moins tardifs, les connaissances les plus abouties de l’Antiquité (exception faite de certains apports de Galien91) sur les maladies des yeux et leur traitement, tantôt pharmaceutique, tantôt chirurgical, souvent les deux à la fois. Notre unique source antique, par ailleurs, sur l’ophtalmologie alexan­ drine est le De medicina de Celse92. L ’ophtalmologie du Médecin ne fait pas exception à la règle, et paraît devoir beaucoup à ce traité de Démosthène, bien que l’illustre élève d’Herophile ne soit absolument pas cité dans le traité. Un simple survol comparatif avec le sommaire du livre VII d’Aetius d’Amida est éclairante pour saisir le nombre de maladies communes aux deux textes. Néan­ moins, le coipus que l’on peut mettre en relation avec cette source ophtalmologique est plus vaste ; nous nous permettons de renvoyer au travail fondamental de M. Wellmann, et d’ajouter la récente contribution de M.-H. Marganne93. Le Pseudo-Galien consacre deux développements complémentaires destinés au traitement des affections oculaires, le premier au sein du chapitre pharmaceutique (ch. XV, p. 70-71), le second parmi les traitements chi­ rurgicaux de base (ch. XIX). Ces deux développements, plutôt brefs, encadrent donc le chapitre nosologique qui 90. Voir M. Wellmann (1903, 546-566) ; J. Hirschberg (1918, 301345 et 1919, 183-188). Plus récemment, H. von Staden (1989, 570-578). 91. Voir H. Magnus (1901, 606-608). 92. Il s ’agit du ch. VI, 6 et du ch. VII, 7. 93. M. Wellmann (1903) ; M.-H. Marganne (1994, 133-146). Cf. K. Kalbfleisch (1901, 4-8).

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décrit les maladies des yeux. La partie pharmaceutique est placée à la fin du développement sur la pharmacie externe, soit juste avant le début du ch. XVI. Cette partie du chapitre pharmaceutique nous permet en même temps de donner un aperçu du traitement des sources pharma­ ceutiques en général : on voit que les médicaments réper­ toriés sont classés selon les types d’affections oculaires et selon leur nature ; c’est-à-dire à la fois selon les lieux (paupière, globe oculaire) affectés et selon les genres (humides, secs, cataplasmes...). Cette double classifica­ tion est issue d’une longue tradition94, mais il s’agit bien sûr ici d’un résumé, fait à partir d’un ouvrage plus consé­ quent, qui devait répertorier plusieurs variantes de cata­ plasmes et de collyres ; c’est ainsi que nous comprenons les fins d’énumération du type « ...de mélilot, de sucre, de fenugrec et de produits d'une semblable matière ». On peut penser que pour la source pharmaceutique, il s’agit encore du traité de Démosthène ; c’est un exemple de résumé que nous confirme par comparaison la lecture d’Aetius d’Amida VII, 79 : les médicaments secs contre la xérophtalmie, la sclérophtalmie et la psorophtalmie sont expliqués plus de trois pages durant dans le chapitre d’Aetius, alors que le Pseudo-Galien se contente d’une ligne. L’originalité (toute relative) du Pseudo-Galien est sen­ sible dans la présentation qu’il fait de la pathologie et de la thérapeutique des maladies des yeux : au lieu d’y consacrer une partie monolithique, à l’image du livre VII d’Aetius (qui enchaîne volontiers pathologie et thérapeu­ tique pour chaque maladie ou groupe de maladies), il répartit la matière dans trois chapitres, en distinguant thé­ rapeutique et pathologie, les deux versants de la première 94. Galien a écrit deux ouvrages monumentaux sur les médica­ ments composés, le De comp. med. sec. locos (K. XII, 378-XIII, 361) et le De comp. med. sec. genera (K. XIII, 362-1058). Dans ce domaine comme dans d ’autres, il n ’est pas possible de comparer sérieusement Galien et le Pseudo-Galien.

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encadrant la seconde95. Cette volonté d’inclure les mala­ dies des yeux dans un enseignement thérapeutique plus général, tout en reconnaissant leur spécificité (elles occu­ pent une place importante) est aussi la présentation disso­ ciée qu’adoptera Paul d’Égine pour la thérapeutique des maladies des yeux, pharmaceutique d’une part et chirur­ gicale d’autre part, dans ses livres III et VI (respective­ ment). La comparaison entre le Pseudo-Galien et les compilations médicales tardives montre donc un recours à des sources hellénistiques bien partagées, et une organi­ sation de la matière tout aussi traditionnelle. Encore une fois, l’excessive brièveté du texte conju­ guée au caractère traditionnel du contenu de cette partie du traité donne à penser que l’on a affaire à une matière coupée, abrégée, retravaillée pour entrer dans les limites du texte introductif. Les chapitres de chirurgie sont très manifestement des résumés ; ce sont même des résumés de résumés, presque une glose de table des matières, tant la concision y est extrême. La comparaison avec d’autres abrégés de chirur­ gie met à nu d’une manière flagrante ce caractère expédi­ tif : en ce qui concerne la chirurgie des os notamment, le traité hippocratique du Mochlique, le livre VIII du De medicina de Celse sont beaucoup plus détaillés que le chapitre XX du Pseudo-Galien, alors que la matière de base est la même : il s’agit des traités Fractures/ Articu­ lations d’Hippocrate. La source d’origine a été tellement abrégée que le contenu en a été sérieusement dévoyé, 95. Cette organisation est subordonnée au plan de l ’ouvrage, calqué sur les parties de la médecine et leurs subdivisions ; le Pseudo-Galien avait présenté trois parties constitutives de la thérapeutique, régime/ pharmacie/ chirurgie, et a glissé les différents pans de l’enseignement ophtalmologique de Démosthène à l’intérieur des deux dernières par­ ties, ne créant qu’un chapitre spécifique et homogène, consacré à la pathologie des yeux, assez curieusement intercalé entre la pharmacie et la chirurgie.

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comme dans le cas problématique de la luxation de la hanche. Là où tous les textes, le traité hippocratique comme tous ceux qui l’ont utilisé, proposent un traite­ ment de cette luxation (non sans prudence), le PseudoGalien affirme d’une manière péremptoire que toutes les variantes de luxation de la hanche sont incurables : « La tête du fémur attachée à l’os de la hanche fait saillie soit à l’intérieur dans le péritoine, soit à l’extérieur à l’opposé, soit en arrière dans les fesses, soit en avant dans l’aine ; les quatre sortes sont incurables » (XX, 9). Cette affirma­ tion est si contraire à l’opinion courante chez les méde­ cins antiques, que l’auteur de la traduction latine ancienne est revenu à cette dernière conception et s’est éloigné du texte grec, pour être plus conforme à ses propres convic­ tions, comme sans doute aux attentes de ses lecteurs. Il est possible aussi que la traduction latine ancienne soit fidèle à l’original, et que le grec ait subi une modification très tardive, mais cela nous entraîne trop loin, dans des spéculations invérifiables. Ce qui reste de commun au Pseudo-Galien et à ses sources, c’est la répartition tradi­ tionnelle entre chirurgie générale et chirurgie des os, ainsi que l’ordre a capite ad calcem à l’intérieur de ces cha­ pitres. Pour des rapprochements ponctuels du PseudoGalien avec les chirurgiens alexandrins dont les compila­ tions tardives nous ont transmis des extraits, nous renvoyons à nos notes. Qu’il nous suffise ici d’évoquer les noms d’Héliodore, de Léonidas et d’Antyllos paimi les auteurs que l’on peut rapprocher de la chirurgie pseu­ dogalénique. La doctrine comme le vocabulaire technique font en tout état de cause du Médecin un témoignage plus alexandrin que galénique. Les chapitres de chirurgie du Pseudo-Galien nous sont d’autant plus précieux que Galien traita peu de chirurgie dans ses ouvrages96. En effet, on doit en général se référer 96. Il l’exerça fréquemment, surtout dans sa jeunesse, en tant que médecin des gladiateurs à Pergame. Par prudence néanmoins, Galien

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à Celse pour l’époque impériale, qui est antérieur d’un siècle, et en grec aux compilateurs tardifs, en particulier Paul d’Égine97. Rappelons que la chirurgie des os (frac­ tures et luxations) dans le Médecin (ch. XX) est d’inspira­ tion hippocratique. Mais la chirurgie générale, elle, répond à d’autres sources beaucoup plus « modernes ». Le cas de la chirurgie générale est donc parallèle à celui de l’ophtalmologie : le Médecin nous offre un résumé du savoir alexandrin, précieux par son ancienneté, frustrant par sa concision. En réalité, le point commun le plus frappant de toutes ces sources techniques est encore une fois la manière dont elles sont traitées : non seulement la matière a été abrégée au point de donner un texte lapidaire, qui demeure parfois inintelligible si l’on s’en tient à la lettre elle-même, mais de plus le contenu en a été bien souvent faussé. Il est difficile de savoir si cette simplification abusive remonte à la rédaction du traité, ou bien si ce dernier a été remanié à date ancienne. Toujours est-il qu’aucun lecteur ne peut s’y retrouver sans recourir à des textes plus complets, comme, en ce qui concerne la chirurgie, de Paul d’Égine ou les chapitres correspon­ dants d’Oribase. On rejoint donc là les conclusions par­ tielles tirées du traitement de la Collection hippocratique dans le Médecin. préférait n ’employer le scalpel qu’en dernier recours et il reste peu de textes de lui relatifs à ce domaine de la médecine. Les deux derniers livres du De methodo medendi traitent de chirurgie d ’une manière rela­ tivement brève, mais peut-être Galien n ’eut-il pas le temps d ’y incor­ porer tout le matériau qu’il voulait. 97. Paul d ’Égine, livre VI. Voir l’édition (fondée uniquement sur les manuscrits de Paris) accompagnée d ’une traduction commentée de René Briau (1855). Pour un commentaire plus détaillé, voir la traduction anglaise de F. Adams (1844-1847). Ces deux ouvrages sont désonnais accessibles en ligne sur le site de la BIUM. Sur la tradition orientale de Paul d ’Égine, voir désormais P. E. Pormann (2004).

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V. L’UNITÉ DU TRAITÉ Le Médecin présente en réalité des signes d’unité et de cohérence interne très nets, mais ils sont tempérés par la présence de passages douteux, rompant l’harmonie de l’ensemble. Une unité certaine J. Kollesch a émis quelques doutes sur l’harmonie pro­ fonde de notre traité. Son analyse, quoique brève, repose sur une lecture critique intéressante des chapitres sur la thérapeutique98. Selon elle, toute la seconde partie du traité laisse deviner une dépendance étroite du texte final à l’égard de ses sources, on Ta vu très diverses. Dans ces conditions, il paraît abusif de parler d’« auteur » du traité, et illusoire de chercher à dater globalement le texte99. Les réserves de J. Kollesch sont finalement aussi les nôtres, mais pour des raisons un peu différentes ; l’analyse approfondie des sources, concentrée sur cer­ tains points, a permis de montrer une distorsion et une simplification de celles-ci dans le Médecin. Les textes 98. Nous renvoyons donc encore une fois à J. Kollesch (1973, 3035) et plus particulièrement aux pages 31-32 pour l’unité du texte. 99. J. Kollesch prend un exemple précis : le schéma d ’exposition des maladies du ch. XIII (sur les maladies aiguës et chroniques) est dif­ férent de celui du ch. XVI (sur les maladies des yeux) : dans le ch. XIII, on trouve un schéma proposant description des symptômes (= sémiologie)/ étiologie/ traitement), alors que dans le ch. XVI le schéma d ’exposition est réduit à la seule description des maladies. C’est effectivement vrai ; et on a montré dans le chapitre précédent que la thérapeutique des maladies des yeux est incluse dans le chapitre pharmaceutique (XV) d’une part, dans le chapitre de chirurgie générale (XIX) d’autre part. Il est vrai que la technique et le contenu de l’expo­ sition sont différents, et il paraît évident que des sources différentes correspondent à ces deux chapitres ; la répartition naturelle des spécia­ lités médicales dans les textes (la plupart d’entre eux ne sont-ils pas des monographies ?) rend inévitable une distorsion entre les chapitres concernés dans un manuel qui prétend les rassembler.

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hippocratiques ont subi des altérations ; des chapitres entiers de chirurgie ont été passés au laminoir et abrégés en une seule phrase - phrase en général obscure ; selon le sujet abordé, la technique d’exposition n’est plus la même (maladies aiguës et chroniques d’une part, mala­ dies des yeux d’autres part) ; la plupart des maux traités par la chirurgie n’ont pas de description préliminaire, mais figurent dans une simple énumération (ch. XVIIXVIII). De là, une certaine difficulté pour le lecteur à donner au mot « auteur » son plein sens ; le « bricolage » semble avoir prévalu sur la réflexion et le savoir. Mais on a vu aussi que le traité n’était pas écrit sans soin, qu’il suivait un plan assez précis, quoique sans grande origina­ lité, et que la fonction du manuel dictait sa forme, donc son plan et ses dimensions. Le traitement des sources ne suffit donc pas à nier la personnalité d’un auteur à la base de la rédaction. Il faut simplement ajouter, en particulier au vu des chapitres sur la chirurgie si concentrés qu’ils sont peu compréhensibles, que le traité a très bien pu subir de nouvelles coupes ou de nouveaux abrégements après sa rédaction. Le succès du Médecin comme manuel montre à lui seul que nous n’avons pas affaire à un texte dépourvu d’harmonie100. L’auteur a choisi ses sources avec suffi100. Tout d’abord, le Médecin est rédigé selon un plan construit et cohérent : les développements de physiologie (ch. IX-XII) et de théra­ peutique (ch. XIII-XX) sont tout à fait conformes à la doctrine des par­ ties de la médecine exposée dans les ch. VII et VIII du traité. L ’intérieur des chapitres est construit et suit une progression logique. Par ailleurs, une certaine unité doctrinale se dégage de l’ensemble du texte, si l’on tient compte du fait que la figure d ’Hippocrate est présente de la pre­ mière à la dernière page du traité : de ce point de vue, le ch. I, qui affirme en des termes presque hagiographiques le rôle déterminant d’Hippocrate dans la découverte de la médecine, annonce une tendance qui vaut pour tout le texte. Certes, on ne peut qualifier la matière traitée par le Pseudo-Galien d’« hippocratique » au sens strict, puisqu’elle est le reflet d ’un état bien postérieur de la médecine antique ; mais, en tout cas, la déférence exprimée dès les premières pages envers celui qui est considéré comme le fondateur de la médecine n’est pas démentie par la

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samment de soin, en fonction d’une certaine conception de la médecine, et sélectionné une matière relativement cohérente pour construire son manuel. Si le Médecin a un aspect composite, il n’est sûrement pas incohérent. Ter­ minons en soulignant que l’auteur manifeste un souci explicite de ne pas se répéter101. Pourtant, deux passages au moins sont susceptibles d’être étrangers au texte d’origine. L ’enquête sur ces deux chapitres qui détonnent est indissociable de l’hissuite ; au contraire, le nombre des citations et des mentions du nom d’Hippocrate renforce le propos initial, et contribue par là-même à don­ ner au lecteur une impression d ’unité. Le rôle des allusions à l’Égypte, quelle que soit leur origine, est exactement parallèle : la couleur égyp­ tienne du ch. I est comme prolongée par les diverses allusions aux pra­ tiques médicales égyptiennes qui émaillent le texte. Plus ponctuelle­ ment, le fait que de simples noms de maladie, évoqués à titre d’exemples dans la partie plus « théorique » du traité, soient repris dans les chapitres de pathologie et de thérapeutique nous paraît être aussi un signe d ’unité ; par exemple, la cataracte, qui affecte une chèvre au ch. I, est traitée dans les ch. XVI (description) et XIX (opération). Or, c ’est justement le traitement fortuit de la cataracte de cette chèvre qui aurait fourni aux humains l’idée de l’opération par « paracentèse », en grec παρακέντησις/ παρακεντεϊν (ce terme technique est présent tant dans l’anecdote du ch. I que dans l’opération du ch. XIX). 101. Au ch. XVII, avant d ’énumérer les affections de la tête qui trouveront un traitement dans le ch. XIX, l’auteur précise qu’il va par­ ler des maladies « qui ne sont pas répertoriées dans les maladies chro­ niques » (XVII, 1), c ’est-à-dire le ch. XIII, dont la fin est consacrée à certaines maladies de peau plus ou moins graves ; et en effet, l’énu­ mération du ch. XVII ne comprend pas (si toutefois on ne tient pas compte du développement douteux sur l’éléphantiasis qui contient la mention de l’alopécie et de l’ophiasis) de maladie déjà traitée dans le ch. XIII. Quelques lignes plus bas dans la même page du ch. XVII, alors qu’il s’apprête à traiter des affections de la tête partie par partie (crâne, oreilles, nez...), l’auteur saute les maladies des yeux en préci­ sant qu’elles sont « répertoriées à part », ce qui est un renvoi implicite au ch. XVI sur les maladies des yeux. De même, enfin, au début du ch. XX, l’auteur signale qu’il ne compte pas revenir sur les fractures du crâne, dont il a déjà traité au ch. XIX : « Pour les fractures de la tête, comment elles surviennent et comment on les soigne, cela a déjà été dit » (XX, 1).

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toire du texte. Les manuscrits de la famille B, ou plus exactement le groupe B2 qui seul a conservé la partie c du Médecin, nous ont conservé deux développements importants inconnus des manuscrits de la famille A et des deux éditions qui en découlent, l’Aldine et la Basiléenne102. C’est René Chartier qui les inséra dans le texte tel que nous le connaissons aujourd’hui, probablement à partir de deux manuscrits grecs de Paris, les Parisini gr. 2156 et 2158. Il est permis de se demander si ces deux passages relativement étendus remontent au texte d’ori­ gine, ou bien sont le fruit d’interpolations byzantines. Les termes employés, la place de ces passages dans l’écono­ mie du texte, le fait qu’ils soient absents du manuscrit le plus ancien, V (- Vaticanus gr. 1845), sont en effet autant d’indices qui plaident contre leur authenticité. Le cas d’autres traités, notamment les Définitions médicales pseudo-galéniques, invite à la plus grande prudence, car les manuels constituent un genre particulièrement mal­ léable et susceptible de multiples transformations en pas­ sant de main en main103. 102. Il s’agit des manuscrits Paris, gr. 2156 et 2158, Scorïalens. Gr. Σ, II, 11, et Σ, 111,17, Urbinas gr. 67. 103. L ’histoire des rapports entre textes médicaux byzantins et sources antiques est encore à écrire. La tradition des médecins anciens et celle des médecins byzantins sont pourtant liées : on trouve un bon nombre de manuscrits grecs associants textes médicaux antiques et byzantins (pour ne parler que du Médecin, citons le manuscrit du mont Athos Lavrae Oméga 72, le Mutinensis gr. 213, le Vaticanus gr. 292, le Parisinus gr. 2153). La multiplicité des sources annexes qui influença par ailleurs les médecins byzantins complique encore la tâche des éditeurs : non contents d ’assaisonner leurs propres traités de remèdes venus d ’Orient, les médecins byzantins s’emparent des textes grecs de l’Antiquité pour les compléter et les « moderniser » quelque peu. Le corpus galénique, plus que la Collecton Hippocratique, fut vic­ time de son succès. L ’un des exemples les plus remarquables est la recomposition répétée des Définitions médicales, qui figuraient déjà dans le corpus des œuvres attribuées à Galien à haute époque. Jutta Kollesch a montré que parmi la riche collection de définitions supplé­ mentaires insérée dans le texte original des Définitions au cours des

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La famille B, par contraste avec la famille A, montre des signes certains de remaniement : un chapitre complé­ mentaire sur la lèpre, ainsi qu’un chapitre pharmacolo­ gique intitulé « Sur la composition de la meilleure purge », figurent dans ces manuscrits exclusivement ; parallèlement, le prologue contenu dans les manuscrits a été abrégé et « personnalisé » par un enseignant ou quel­ qu’un qui avait intérêt à la diffusion du texte comme manuel de médecine104. Il faut mentionner, en outre, une série de variations de moindre ampleur dans le texte (gloses, etc), qui peut être plus ancienne car on la retrouve en partie dans la traduction médiévale. Il est donc difficile de ne pas faire le lien entre tous ces phéno­ mènes propres à la famille B et de ne pas les mettre en cause globalement : un manuscrit (perdu) de la famille B aura été mis à jour pour des étudiants, et donc complété, sur des sujets sensibles comme la lèpre et les médica­ ments. a

Eléphantiasis des Grecs, éléphantiasis des Arabes Tous les manuscrits ont le début du chapitre sur Y élé­ phantiasis (la lèpre moderne) : « La maladie éléphantia­ sis tire son nom de sa similitude avec l’éléphant ; en effet la peau de ceux qui souffrent de cette maladie est plus épaisse et plus dure, et présente une ressemblance par rapport à la peau de l’éléphant. La cause de la maladie est un phlegme épais et une bile noire visqueuse et très dif­ fuse. En effet ce sont ces humeurs qui lui donnent un aspect monstrueux. Le seul traitement efficace pour les siècles, une partie venait d ’un auteur contemporain du moine Mélèce (ou légèrement postérieur), auteur qui puisa dans le traité Sur la nature de Vhomme dudit moine, pour composer de nouvelles définitions dans le style des définitions originales. Voir J. Kollesch (1973, 140 sqq notamment), sur la fortune des Définitions médicales jusqu’à l ’époque moderne. Voir aussi J. Kollesch (1967 et 1968). Voir enfin P. Chiron à propos du manuel de Démétrios (1993, x i - x ii ). 104. Voir le texte à la fin de cette Notice.

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éléphantiasiques est celui des ellébores blanc et noir » (ch. XIII p. 69). Le manuscrit V passe à la maladie sui­ vante, le lichen, tandis que les manuscrits de la branche B2 ont un développement complémentaire sur les subdi­ visions de Véléphantiasis : « Certains parmi les Anciens divisent cette maladie en six, éléphantiasis, léontiasis, ophiasis, lépra, alopécie et mutilation. Ils appellent élé­ phantiasis celle qui ressemble pour la peau et les pieds à un éléphant ; en effet ceux qui ont attrapé cette maladie ont eux aussi les pieds épais, comme ces animaux. Ils disent léontiasiques ceux qui ont des éruptions tubercu­ leuses, ou œdémateuses, et sont roussâtres comme les lions, etc” (XIII, 43). Un tel panorama des formes de la maladie est unique dans les textes antiques ; tout au plus peut-on mentionner un fragment de Rufus d’Ephèse conservé chez Oribase {Coll. Med. XLV, 28), où l’on retrouve une partie des noms de maladies évoqués par notre Pseudo-Galien105. Il y a quelque affinité entre 105. « Mes prédécesseurs récents quant à eux ont également intro­ duit différents stades de la maladie, en appelant son commencement léontiasis, parce que le coips se met à sentir mauvais, les mâchoires se relâchent et les lèvres épaississent ; puis, quand les sourcils croissent, quand les pommettes rougissent, et que les malades sont entraînés vers les plaisirs sexuels, ils l’appellent satyriasis, mais c ’est une maladie différente de celle qui affecte les parties honteuses : cette dernière en effet doit son nom seulement au fait que ces parties sont en perpétuelle érection, alors que celle-ci le doit, par surcroît, à l’aspect général du malade. Lorsque les symptômes gagnent le coips tout entier, ils l’ap­ pellent éléphantiasis. Les symptômes ne sont pas cachés : ce sont des grosseurs livides et noires très semblables à des marques de coups, répartis autour des yeux, au bras et aux jambes ; beaucoup aussi sur­ gissent dans la région du dos, de la poitrine et de l’estomac, au début sans ulcération, puis également avec ulcération, avec dans le pire des cas gonflement des lèvres, gangrène profonde, au point que chez cer­ tains les extrémités des doigts vont jusqu’à se détacher et tomber, et que les ulcères ne parviennent jamais à se cicatriser. La maladie semble superficielle, parce qu’elle se manifeste à la surface de la peau ; mais sa résistance au traitement et le fait que celui-ci soit quasiment impossible suggèrent que son principe est plus profond et difficile à atteindre, comme c ’est le cas aussi, de l’avis général, pour les cancers :

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Rufus et le Pseudo-Galien : tous deux distinguent des aspects differents de la maladie, chacun portant un nom dû à sa ressemblance avec un animal (le lion par exemple) ou assimilé (le satyre). Mais ces aspects s’ins­ crivent dans une évolution temporelle chez Rufus, alors que le « paysage éléphantiasique » du Pseudo-Galien est statique : ce sont différentes formes de la maladie. Rufus et le Pseudo-Galien se rencontrent sur les noms de léonîiasis et d'éléphantiasis (« éléphant » chez Rufus), mais le contenu même de ces deux « rubriques » est divergent. La parenté demeure au stade lexical. L’éléphantiasis secondaire, celle qui n’est qu’un aspect de la maladie générique chez le Pseudo-Galien, ne correspond, du reste, à aucune description antique de Véléphantiasis, bien que pour la plupart des auteurs, la maladie doive son nom à sa ressemblance avec l’éléphant106 : c’est plutôt celle que les modernes ont appelée « Y éléphantiasis des Arabes » 107. Cependant, la présence du terme léontiasis chez Rufus confirme la valeur du témoignage du Pseudo-Galien, car c’est un quasi hapax. Léontiasis est donc une notion remontant à l’Antiquité. Par sa justesse, elle a d’ailleurs perduré chez les modernes, qui parlent dz faciès léonin à propos de certains lépreux108. de fait, Praxagoras rend leur principe tout à fait profond » (Ruf. Ap. Orib. Coll. Med. XLV, 28). Texte cité et étudié par M. D. Grmek (1983, 249-250) ; la traduction est celle de Daremberg et Ruelle. 106. Voir par exemple Galien, De methodo medendi, K. X, 82. La ressemblance physique avec l’éléphant se limite, pour les médecins antiques, à l’aspect épais et rugueux de la peau ; il ne s’agit jamais de l’œdème des membres inférieurs. 107. Nous renvoyons à Littré-Robin, Dictionnaire, article éléphan­ tiasis. L ’« éléphantiasis des Grecs » est la maladie que nous connais­ sons sous le nom de lèpre (plus précisément la lèpre tuberculeuse), tan­ dis que 1’« éléphantiasis des Arabes » est une « maladie dans laquelle certaines parties du corps, particulièrement les membres inférieurs et les organes génitaux externes, présentent un gonflement considérable (...) ». 108. Pour les curieux, E. Bumet (1932) propose une photographie édifiante de « faciès léonin ».

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Les points communs existent donc, mais ils sont minces. Nulle part ailleurs dans les textes antiques, les maladies de la peau que sont Y ophiasis, la lépra, Y alopé­ cie ne sont vues comme des aspects de Y éléphantiasis109. Déceler une évolution dans Γéléphantiasis, comme le fait Rufus et en établir une stricte typologie sont deux choses différentes ; les médecins antiques sont d’ailleurs peu bavards sur cette maladie, qui les déconcerte110. 109. M.-D. Grmek précise : « À une seule exception près (= notre passage du Médecin), Γ éléphantiasis ne fut point mise en relation de parenté, voire d ’identité, avec la lépra ou la leukè d ’Hippocrate, bien que ces dénominations continuent d ’être employées dans la littérature médicale grecque des époques hellénistique et romaine pour désigner des dermatoses du genre d ’eczéma, de psoriasis et de vitiligo » (1983, 250). Dans la même page, M. D. Grmek attire l’attention sur la spéci­ ficité du passage du Médecin et remet en cause sa classification (à la suite de Koelbing semble-t-il, mais nous n ’avons pu consulter son ouvrage, intitulé Beitràge zur Geschichte der Lepra, 47 et 55) : « D ’après le ch. 13 du traité pseudo-galénique Introductio seu medicus (Kühn XIV, 757), certains auteurs auraient utilisé le terme elephantia­ sis dans un sens générique en proposant d ’y inclure six formes ou maladies particulières, à savoir Y éléphantiasis (au sens restreint), la leontiasis, Y ophiasis, la lépra, Yalopékia et la lobé. Puisque Yalopékia (maladie qui, d ’après la description pseudo-galénique, peut être mise en rapport avec la leukè d’Aristote) et Y ophiasis n ’ont certainement rien à faire avec le complexe lépreux proprement dit, la même chose peut être affirmée pour la lépra et il n ’y a donc aucune raison de voir dans cette classification une tentative d ’identification nosologique de la « lèpre » au sens hippocratique avec la lèpre au sens moderne. Il se peut néanmoins que ce texte, attribué à Galien et très apprécié au Moyen Age, ait contribué au faux éclairage de la terminologie nosolo­ gique classique et à la confusion dont l’histoire de la lèpre a longtemps souffert ». 110. Au début du passage que nous avons traduit, Rufus précise que les textes sur Y éléphantiasis sont bien rares déjà, à l’époque où il écrit (fin du Ier s. ap. J.-C.). Sa source est Straton, médecin du ine s. avant J.-C. Il n ’y a, semble-t-il, pas eu de découverte capitale depuis. Galien lui-même étant assez discret sur cette maladie, on peut raison­ nablement en déduire que nos sources ne sont pas beaucoup plus importantes que ce qu’elles étaient à l’époque où le Médecin fut rédigé ; on ne saurait donc compter sur des sources alexandrines perdues pour expliquer la typologie esquissée par le Pseudo-Galien. Λ

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Ensuite, la catégorie intitulée λώβη (« multilation ») chez le Pseudo-Galien est douteuse : ce terme n’existe pas chez les médecins grecs pour désigner la lèpre, ni même aucune autre maladie111 ; dans l’Antiquité, il n ’a jamais atteint dans l’acception la plus concrète que le sens de « mutilation ». C’est bien ce sens concret de mutilation qui est compris dans l’acception nosologique du terme, mais celle-ci ne remonte qu’à la fin de l’Anti­ quité. On trouve couramment λώβη au sens de « lèpre » dans les textes byzantins et λελωβημένος au sens de « lépreux » ; le grec moderne a d’ailleurs gardé λώβα pour désigner cette maladie112. Le mot désigne en fait le stade ultime de la lèpre (encore appelée « mutilante » par les modernes) déjà décrit par Rufus ; il finira par désigner plus généralement la lèpre. Mais il n ’est pas attesté dans ce sens, hormis le passage douteux du Pseudo-Galien, avant les médecins byzantins113. Cepen111. M. D. Grmek (19S3, 251) ne s ’attarde malheureusement pas sur l’étrangeté de ce terme dans sa note sur le passage pseudo-galé­ nique consacré à la lèpre. 112. Voir le dictionnaire étymologique de Chantraine, et surtout, E. Kriaras (1985) article λώβα. G. P. Shipp, (1979, 372) s’appuie à tort, selon nous, sur le passage du Médecin pour attester l’ancienneté de λώβη. 113. On remarque que chez les médecins arabes, « lèpre » se dit (judhâm), formé sur (jadhama), mutiler, et « lépreux » (imajdhûm), « mutilé » : les formes λώβη et λελω βημένος a ’une paît, et d ’autre part, semblent avoir été créées d ’après le même « patron ». Est-ce un emprunt du grec médiéval à la terminolo­ gie arabe, ou bien au contraire un emprunt de l’arabe au grec de l’An­ tiquité tardive, par des voies inconnues ? Le nom judhâm de la lèpre est formé sur une racine proprement arabe, qui a priori ne doit rien à la lecture des Grecs (souvent les termes techniques n’étaient que trans­ crits (dans les premières traductions, par Al-bitriq par exemple) ; c’est l’opinion de M. W. Dois, qui en déduit même que la forme lépromateuse de la lèpre existait dans l’Arabie préislamique, et de P. Richter. Voir M. W. Dois (1979, 319) : la paléopathologie, grâce aux décou­ vertes archéologiques, paraît confirmer cette hypothèse ; P. Richter (1911, 323-352). En fait, il arrive aussi que la langue arabe traduise le grec au moyen de ses ressources propres, avec des expressions fondées

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dant, les recherches récentes de Jean Gascou montrent que le participe λελωβημένος tout au moins était employé dès la fin de l’Antiquité (ive s.) pour désigner les lépreux114. Il faut donc rester prudent, mais les subdi­ visions de la lèpre, telles que les livre notre passage et parmi lesquelles se trouve Péléphantiasis médiévale et moderne, dont la description est due aux Arabes, en par­ ticulier à Al-Razi115, nous paraissent avoir des accoin­ tances avec la médecine arabe116, pour une raison sup­ plémentaire : la popularité de la doctrine arabe propagée par les œuvres d’Abu Jaffar ibn al Jazzar (IXe s.) à Byzance. Le traité de ce dernier sur la lèpre est perdu ; mais le succès phénoménal de son Zacl al mussafir (« Viatique du voyageur »), traduit en grec dès le Xe s. dans des conditions encore assez obscures, compense cette perte dans la mesure où la lèpre y est bien repré­ sentée (livre VII)117. Or, on y retrouve une typologie de la lèpre qui rappelle étrangement le passage du Médecin qui nous occupe ici : le médecin arabe distingue quatre lèpres, la « léonine », P« éléphantine », la « seipentine sur le fond lexical arabe préexistant. Voir M. Ullmann, La médecine islamique (trad. fr. 1995, 35 sqq.). 114. J. Gascou (2005, 261-285). C ’est pour moi un agréable devoir de remercier M. Gascou de m ’avoir communiqué l’état de ses recherches sur la question lorsqu’elles étaient encore inédites. Les témoignages avancés par lui montrent d’une manière claire que Ton avait pris l’habitude de désigner les lépreux par le participe λελωβημένοι. Cette appellation détournée avait probablement une fonction conjuratoire. 115. Al-Râzî, Kitâib al-Hâwî, (éd. parue à Hyderabad en 25 volumes (pour 23 livres), 1955-71 : référence que nous reprenons de M. W. Dois (1979, 324) : IV, 59-60, 65, 73, 93, XXIII (2e partie), 133, 47-72, 88-120. 116. Voir M. W. Dois (1979, 333) : « The arabic writers tended to view elephantiasis as one form of leprosy ». 117. Je remercie cordialement Peter E. Pormann pour m ’avoir indi­ qué, transcrit et traduit ce texte inédit à partir d’un manuscrit d ’Oxford. Nous préparons une étude en collaboration sur la transmission de ce chapitre en arabe et en grec.

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» et la « vulpine », c’est-à-dire très exactement quatre des six espèces données par notre paragraphe douteux, λεοντίασις, έλεφαντίασις, οφίασις, άλοπεκία. Ces quatre comparaisons animalières sont, dans le texte arabe, affublées d’une causalité humorale parallèle : à chaque humeur prédominante correspond une forme de lèpre, évoquant tel ou tel animal, en fonction de l’aspect dominant du malade. Aux quatre formes « animalières » ont été adjoints chez Pseudo-Galien les deux termes de λώβη, et de λέπρα. Qu’Ai Jazzar soit la source directe du bref développement qui nous occupe, il n’est pas pos­ sible de le prouver ; en revanche, le nombre impression­ nant de manuscrits conservant la traduction grecque d’Al-Jazzar dès le X e s. invite à prendre l ’hypothèse au sérieux. Le texte a circulé largement, notamment à Constantinople, et l’on a même un manuscrit médiéval qui conserve ensemble ce traité et le Médecin pseudo­ galénique (Athos, Lavrae Oméga 72), attestant la légiti­ mité d’un rapprochement entre les deux ouvrages. Dernier indice contre l’authenticité du passage com­ plémentaire sur la lèpre, il convient de remarquer que la place de ce développement dans l’économie du texte est bancale : certes, il s’inscrit dans la continuité par rapport au début du chapitre sur Véléphantiasis, mais après ce paragraphe, on trouve la description et le traitement d’autres maladies de la peau, parmi lesquelles la lépra, dont on a vu qu’elle faisait partie des variantes de Y élé­ phantiasis exposées dans le paragraphe douteux. Cette répétition est suspecte. De plus, si l’on s’en tient au schéma d’exposition des maladies tel qu’il apparaît dans la partie nosologique du traité (nom de la maladie, cause, traitement), il est étonnant de voir reprendre le discours sur l’éléphantiasis alors que l’aspect thérapeutique a déjà été évoqué. Le paragraphe sur les six sortes à'éléphan­ tiasis introduit donc selon nous une rupture : la conti­ nuité de l’exposé sur les maladies de la peau est inter­ rompue. Enfin, au début du ch. XVII, l’auteur énumère

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les maladies qui affectent la tête, parmi lesquelles l’alo­ pécie et Γophiasis. Or, il a déclaré en tête de chapitre : « Voici les maux qui affectent l ’extérieur de la tête, qui ne sont pas répertoriés dans les maladies chroniques », c’est-à-dire les maladies qui ne figurent pas dans les cha­ pitres XIII, 20-47, dont fait partie le passage qui nous occupe (43). Le chapitre XIV Sur la composition de la meilleure purge Le cas du chapitre XIV est rigoureusement parallèle au précédent. Son contenu est intéressant, puisque nous avons dans ce chapitre les seules occurrences dans le texte de verbes à la première personne accompagnant des références à des ouvrages : « là où nous avons écrit Sur les médicaments simples », « le reste (...) que nous avons passé en revue point par point dans le livre Sur la composition optimale des médicaments et à partir des­ quels il faut imaginer ceux qui restent » (p. 72). Mais cette originalité est le signe même de la bizarrerie de ce passage, qui introduit une discordance dans l’ensemble du traité. Celui-ci est soigneusement écrit à la troisième personne, mais aussi à la première personne du pluriel celle-ci n’ayant que très rarement le statut de première personne118 : c’est le « nous » des médecins en général, qui équivaut au bout du compte à « on ». Cela s’explique par le genre même du Médecin : un bréviaire de méde­ cine générale ne saurait être personnel. Il arrive que des traces d’enseignement oral, quand ce dernier a précédé la rédaction d’une εισαγωγή, se retrouvent dans le texte 118. Dans certains cas, l’emploi de la première personne du pluriel dans le Médecin renvoie à l’auteur lui-même, lorsqu’il ajoute des pré­ cisions destinées à renvoyer à un autre endroit du texte, par exemple au début du ch. XI : « On appelle aussi anatomie, de façon impropre, l ’énumération des parties et portions externes du corps, c ’est-à-dire l ’exposition par le discours de chaque partie, avec leur emplacement naturel, leur ordre et l’utilité qu’elles ont chez l ’animal, et le nom qui est propre à chacune, choses dont nous avons déjà parlé » (XI, 1).

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final ; mais il nous paraît suspect que dans le cas du Médecin, ces marques apparaissent justement dans un chapitre étranger à la tradition manuscrite majoritaire. L’expressivité soudaine du chapitre XIV est donc incon­ grue119. Par ailleurs, une étude lexicale partielle permet de dou­ ter de l’authenticité et même du caractère antique du ch. XIV. Comme dans le cas du paragraphe sur Yéléphantiasisy on peut déceler dans ce chapitre les traces d’un vocabulaire tardif120. Ce critère en soi n’est pas suf119. On ne sait à qui attribuer ces autoréférences : sont-elles réelles, c’est-à-dire renvoient-elles aux œuvres écrites d ’un médecin (si oui de quelle époque) ? Ou bien sont-elles fictives, et ne sont-elles alors que les inventions d’un interpolateur voulant faire croire à l’au­ thenticité galénique du chapitre ? La banalité des titres donnés, Les médicaments simples, Sur la composition optimale des médicaments selon les parties, rappelle les traités authentiques de Galien sur les médicaments. L ’excès de zèle aura alors été préjudiciable au projet de l’interpolateur, puisque c’est l ’autoréférence propre à ce passage qui éveille en partie les soupçons. Galien a en effet écrit un traité Sur la composition des médicaments selon les lieux, un autre Sur la composi­ tion des médicaments selon les genres, un autre Sur le mélange et la faculté des médicaments simples ; mais le nombre de traités écrits sur ces matières, avec ces mêmes titres, est très important à l’époque romaine. Les traités pharmaceutiques de Galien, bien qu’ils soient devenus les ouvrages de référence après l’Antiquité, étaient loin d ’être isolés sur le marché du livre. Voir E. Issel (1917, 25) et sa bibliogra­ phie complémentaire. Ajoutons à la suite d’E. Issel que Galien avait coutume, quand il évoquait un de ses ouvrages, de le mentionner avec un terme caractéristique qui servait de support au titre : πραγματεία, ύπόμνημα, βιβλίον. Ce n ’est pas le cas ici. 120. Helmreich (1914, 25) a déjà fait remarquer que le camphre (κάφουρα) et le santal (σάνταλα) étaient inconnus de l’Antiquité ; on ne rencontre ces mots qu’à l’époque byzantine, dans les textes de Syméon Seth ou Nicolas Myrepse, soit tardivement. Le camphre est en effet un emprunt aux Arabes, et le mot grec est le reflet de cet emprunt : ΙΓ (kâfur) a donné κάφουρα. Outre ces emprunts aisément repé­ rables, il se trouve que les noms de certaines catégories de médica­ ments sont étrangers aux catégories antiques connues, par exemple les médicaments dits προοδοποιητικά, « qui ouvrent la voie », sousentendu pour les autres remèdes. On comprend assez bien la notion de médicaments en quelque sorte préparatoires et auxiliaires, mais c’est

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fisant. Il faut rappeler que dans les manuscrits, l ’actuel ch. XIV fait suite à Factuel ch. XV ; on a d’abord le Περί διαιρέσεως τής διά φαρμάκων θεραπείας et ensuite le Περί συνθέσεως άρίστης καθαρσίου. Nous avons laissé le chapitre XIV là où Chartier l’a inséré, par égard pour la tradition imprimée. En fait, la place de ce chapitre dans les manuscrits pose problème dans l’éco­ nomie du texte : il y a en effet des tensions entre les ch. XIV et XV, puisque le ch. XV (celui qui figure dans tous les manuscrits donc) comporte déjà un paragraphe sur les purgations (XV, 2). D’après cette première obser­ vation, l’harmonie du texte est quelque peu ébranlée ; en réalité, à la catégorie des purgatifs (καθαρτικά) du ch. XV correspond une autre catégorie de purgatifs dans le ch. XIV, qui n ’est pas développée : « sont purgatifs tous ceux qui purgent, ici et là où nous avons écrit sur les médicaments simples » (XIV, 3). Il y a un double renvoi au chapitre authentique qui précède, et à une mystérieuse œuvre inconnue sur les simples à laquelle l ’auteur (du chapitre XIV) fait référence. On pourrait donc encore admettre qu’il n’y pas là de problème cru­ cial ; mais le plus bizarre est la superposition de deux classements de médicaments compris dans la pharmacie interne (ή προς τά εντός φαρμακεία). L’expression est semblable dans les deux chapitres, mais le contenu est différent. De plus, certaines des catégories de médica­ ments introduites dans le ch. XIV sont étrangères aux catégories antiques connues. Le vocabulaire est en partie un concept étranger à la médecine antique. Les mots de la famille de οδοποίειν/ προοδοποιειν sont d ’ailleurs presque l ’exclusivité de Jean Chrysostome, dans un tout autre contexte. Les occurrences chez Galien et les médecins plus tardifs sont rares et ne concernent pas les médicaments. L ’adjectif προοδοποιητικός ne se rencontre que dans le Médecin. Dans le même ordre d ’idée, on peut s ’interroger sur l’ori­ gine de la catégorie des φάρμακα άποφρακτικά ; cet adjectif ne cor­ respond à rien dans la pharmacologie antique, et c ’est un hapax selon le TLG. Mais bien sûr, des recherches futures sur la pharmacologie grecque, mal connue, peuvent remettre en cause cette impression.

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d’origine byzantine, et même arabo-byzantine. Ce cha­ pitre est donc probablement une addition destinée à compléter et moderniser le texte d’un point de vue phar­ macologique ; cela est compréhensible, étant donné le progrès de la connaissance des remèdes dans l’empire, par l’intermédiaire des Arabes notamment. En revanche, il n’est pas possible à l’heure actuelle de préciser les allusions à d’autres traités pharmaceutiques insérées par l’auteur du chapitre XIV. Conclusions sur les additions de la famille B On est donc amené à tirer des conclusions parallèles de l’examen des deux développements supplémentaires de la famille B. L’origine en est probablement commune, médiévale, et même assez tardive dans le Moyen Age. L’auteur de ces interpolations est probablement un méde­ cin, en tout cas un connaisseur des textes de médecine. Le prologue B déjà évoqué dit ceci : επιγράφεται μέν το βιβλίον ιατρός * (...) εστι δέ ή πραγματεία άρίστη και μάλιστα τοΐς είσαγομένοις * δει ούν αύτήν, μετά το περί τέχνης ήτοι την όρικήν, άναγνώναι. « Le livre est intitulé Médecin ; l’ouvrage est excellent, surtout pour les débutants : il faut donc le lire après YArt médical ». Le sommaire B comporte le même substrat que celui que l’on peut lire dans V et tous ses descendants, mais quelqu’un est intervenu en abré~ géant le sommaire proprement dit et en ajoutant un jugement personnel, qui porte sur la qualité pédagogique du Médecin : l’utilisateur et interpolateur du manuscrit était sans doute un médecin, professeur de médecine, et employa le traité comme livre d’introduction d’appoint, à lire après YArt médical. Ce fait est très intéressant pour l’histoire de l’enseignement médical : le Médecin, en effet, bien qu’étant attribué à Galien, ne figurait pas dans les œuvres du Canon alexandrin. A ce titre, il avait peu de chances d’être inséré dans un cursus d’études médi-

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cales. Or on voit bien qu’un médecin byzantin (au moins) considéra le traité comme digne de figurer dans la propédeutique des étudiants en médecine. Du coup, on est tenté de penser que l’auteur des additions est aussi celui des traités auxquels renvoie le ch. XIV. Où et quand le Médecin a-t-il pu connaître ce succès scolaire ? Le fait que le manuscrit U (Urbinas gr. 67), le plus ancien témoin interpolé et porteur du prologue modifié, soit lié à l ’activité du cercle de Jean Argyropoulos à Constantinople nous met sur la piste d’une école constantinopolitaine. Quand ? L ’addition de ces deux parties a dû se produire à une date relativement basse, car d’une part les sources utilisées paraissent byzantines plutôt qu’antiques, et d’autre part le manuscrit ancien de la famille A (V = Vaticanus gr. 1845), lui, est complètement indemne, bien que son collecteur ait utilisé un manuscrit ancien de la famille B. Puisque V a été copié et corrigé au XIIe s., et que le témoin le plus récent de ces additions dans la famille B est un manus­ crit du milieu du XVe s. (U = Urbinas gr. 67), on est contraint de se contenter d’une fourchette assez large, allant de la fin du XIIe au début du x v e s. Il n’est pas pos­ sible de savoir si les additions remontent au modèle commun des groupes B1 et B2, ou bien seulement au modèle du groupe B2, puisque seul le groupe B2 a la troisième partie (= c) du traité ainsi que le nouveau pro­ logue. Remarquons que le remaniement de YIntroduc tion pourrait fort bien être dû à Jean Argyropoulos luimême ; non seulement le texte a été abondamment copié par ses auditeurs, Démétrios Angelos, Michel Apostolis, et peut-être Agallon Moschos, mais de plus, ces copies donnent souvent le Médecin et VArt médical côte à côte, et même de préférence le Médecin après YArt médical, conformément au souhait de l ’auteur du prologue remanié121. 121. Néanmoins, si J. Argyropoulos est à l’origine de ces modifi-

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VI. HISTOIRE DU TEXTE : LA TRADITION MANUSCRITE DIRECTE On dénombre à ce jour quarante manuscrits grecs, complets ou incomplets. Ces manuscrits, dont le plus ancien remonte au XIIe s. à peine, se répartissent en deux familles inégales en nombre (trente et un manuscrits pour Tune, neuf pour l’autre), mais de poids équivalent pour l’établissement du texte. Dans le cas du Médecin, on ne peut pas vraiment classer les manuscrits selon le critère de la complétude, car la seconde famille présente un aspect éclaté : c’est en mettant ses fragments bout à bout que l’on parvient à lire le texte complet en face de la famille majoritaire. En fait, si le nombre de manuscrits grecs conservés est impressionnant, les témoins clefs, eux, sont rares. Les représentants de la famille B sont tous intéressants (à des niveaux variés) parce que leur prototype est perdu ; en revanche, dans la famille A, seul le manuscrit ancien V, dont descendent en ligne plus ou moins directe tous les autres témoins, sera pris en compte122. De là une présentation synthétique de la cations, il faut alors supposer que les autres compléments de la famille B (gloses possibles dans la partie a du traité) ne sont pas de son fait et ne remontent pas à la même source que les additions des ch. XIII et XIV ; en effet, ces hypothétiques « gloses » sont déjà attestées dans la traduction latine anonyme du XIVe s. Si au contraire on considère que ces compléments sont des ajouts à mettre sur le même plan que ceux des ch. XIII et XIV (ce que je ne pense pas), alors on peut réduire la fourchette temporelle pour l’addition de ces passages (XIIe xive s.). 122. Bien que nombre de témoins de cette famille soient communs au Médecin pseudo-galénique et à YArt médical de Galien, la distribu­ tion des manuscrits est différente : le cas de YArt médical est beaucoup plus complexe, car les prototypes de la famille A y sont au nombre de trois (voir V. Boudon, Galien. Art médical, 196-219). De plus, dans le cas du Médecin, aucun recentior ne permet de suppléer les passages où V est endommagé et difficile, voire impossible à lire : les premières copies ont été effectuées après que V eut été abîmé.

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tradition directe, au détriment des recentiores de la famille A, mais au bénéfice de la clarté. La plupart des manuscrits de la famille A ne sont donc décrits qu’en note123. Liste des manuscrits classés par siècle Cette liste est établie sur la base du catalogue ancien, mais toujours précieux, d ’Hermann Diels124. Plusieurs manuscrits ne contenaient pas, en réalité, le Médecin, et d’autres témoins ont pu être identifiés par nos soins, par d’autres savants ou avec l’aide de la base Pinakes de l ’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes125. V a tic a n u s g r. 1845, ff. 44-106, XIIe s. = V P a r is in u s C o is lin ia n u s 228, ff . 96-108, XIVe s. P a r is in u s g r. 2270, ff. 1-52, XIVe s. V a tic a n u s g r. 292, ff. 179v-183v, XIVe s. = Vat A th o u s L a v r a e Î2, 72, ff . 25v-38v, XVe s.

123. J ’ai donné davantage de détails sur chacun des manuscrits dans ma thèse (Paris-IV Sorbonne, 2004, cxxvm-cxc). 124. H. Diels (1905, 100-101) ; le supplément de 1906 n ’apporte rien sinon de brefs compléments d ’information sur le Monacens. gr. 109 et le Marcian. gr. App. Cl. V, 9. 125. C ’est un plaisir de remercier ici le personnel si aimable et dili­ gent de l ’IRHT, tout particulièrement Jacques-Hubert Sautel et Pierre Augustin. Il a été possible, grâce à Pinakes, d ’identifier trois manus­ crits de Paris, les Parisini gr. 2171, 2175, 2246, tous du XVIe s., ainsi qu’un manuscrit du Vatican, le Vaticanus gr. 292, qui ne contient que le chapitre X mais remonte au XIVe s. Je suis également redevable à Antoine Pietrobelli de m ’avoir indiqué la présence du Médecin dans le Vlatadon 14 qu’il a découvert à Thessalonique, et de m ’avoir commu­ niqué des photocopies des folios concernés. Mon information sur le manuscrit a ensuite été complétée par V. Nutton. Enfin j ’ai pu avoir accès au manuscrit de la Grande Laure du mont Athos, sous forme de photographies anciennes, lors d ’une visite au CMG à Berlin, grâce à l’aimable autorisation du Directeur, Christian Brockmann que je remercie chaleureusement de son accueil. Les manuscrits qui, contrai­ rement aux indications de Diels, ne contiennent pas le Médecin sont le Vaticanus Barberin. gr. 127 et le Scorialensis Φ, III, 17.

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D r e s d e n s is g r. D a I, ff . 1-24, XVe s. L a u r e n tia n u s 74, 14, ff. 32-57, xve s. M a r c ia n u s g r. A p p . C l. V, 9, ff . 206-235, x v e s. M o n a c e n s is g r. 109, ff . 22-49, XVe s. P a r is in u s gr. 2153, ff. l-12v, xve s. P a r is in u s g r. 2156, ff. 33-41, xve s. P a r is in u s g r. 2158, ff. 32-47, XVe s. = R P a r is in u s g r. 2160, ff. 220-247, xve s. P a r is in u s g r. 2271, ff. 41-73 et 95v-107, xve s. P a r is in u s g r. 2280, ff. 389-428v, xve s. P a r is in u s g r. 2282, ff. 1-53, xve s. P a r is in u s g r. 2306, ff . 345-349, XVe s. R a v e n n a s 70, f f . 55-119, XVe s. S c o r ia le n s is gr. Σ, II, 11, ff. 1-31, xve s. = S S c o r ia le n s is g r. Σ, III, 17, ff. 25-31 et 94-101, xve s. = T V a tic a n u s U rb in a s gr. 67, ff. 1-8 et 17-32, XVe s. - U V la ta d o n 14, ff. 19-44 et 50-53, XVe s. B e r o lin e n s is P h ilip p s. 1526, xvie s. B o d le ia n u s D ’O rv ille 3 (olim O r v ilia n u s X, 1, 1, 3), ff.

214-244, xvie s. L ip s ie n s is g r. 52, ff . 1-39, XVIe s. M a r c ia n u s g r. A p p . C l. V, 4, XVIe s. ff. 267v-269r = Ma M a r c ia n u s g r. A p p . Cl. V, 10, ff. 1-27, XVIe s. M u tin e n s is E s te n s is gr. 213, ff . 198-218, XVIe s. = M M u tin e n s is E s te n s is g r. 217, ff . 34-42, XVIe s. M u tin e n s is E s te n s is gr. 226 (= a, O. 4. 12), XVIe s. ff. 271r-274v = Mu P a r is in u s gr. 1438, ff. 275-308, XVIe s. P a r is in u s gr. 2167, ff . 249-269, xvie s. = P P a r is in u s gr. 2171, ff . 209-236, XVIe s. P a r is in u s gr. 2175, ff. 1-49, XVIe s. P a r is in u s gr. 2246, ff. 231-269, xvie s. P a r is in u s gr. 2307, ff. 531-553, XVIe s. P a r is in u s su p p l. gr. 35, ff. 1-54, XVIe s. V a tic a n u s g r. 285, ff. 49-80, xvie s. A th o u s Iv ir o n 4300, 180, ff. 172-215, XVIIe s. A th e n ie n s is 1502, ff. 1-120, xvme s.

J’appelle u le consensus des manuscrits R, S, U et, le cas échéant, T.

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Un archétype déjà fautif, à l’origine de deux familles Le fait que la traduction latine ancienne nous donne une phrase qui a disparu des manuscrits grecs par saut du même au même126 nous permet de situer l'archétype des manuscrits grecs après la confection de la traduction latine, soit après le VIe s. Cet archétype présentait d'autres fautes que cette omission, comme le montre la liste indi­ cative suivante : X, 5 (p. 22, 13) : κύλα scripsi : κ ο ίλ α codd. XI, 6 (p. 35, 17-18) : déplacement probable de la relative δ ι5 ών ή π λ είσ τη άνάδοσις γίνετα ι. XI, 6 (ρ. 35, 19) : addition de ούκ επί πολύ δε après ήπλω μένη. XIII, 16 (ρ. 53, 25) : δεΐτα ι edd. : δεΐσθα ι codd. XIII, 19 (ρ. 55, 12-15) : addition d ’une définition de la chirurgie. XIII, 28 (p. 60, 1) : έκ λ εικ το ΐς edd. : έκ λ εκ το ΐς codd. XIII, 35 (p. 64, 19) : ένν η χό μ εν ο ν edd. : ένηχ. codd. XVI, 1 (p. 78, 15) : ρυάς scripsi : ροιάς codd. XIX, 15 (ρ. 99, 7) : κιρ σ ού λκ φ edd. : κ ιρ σ ο ύ κ λ φ codd. XX, 1 (p. 100, 27) : μέση ϊζη scripsi : μεσίζη codd.

On décèle aussi une série de loci corrupti dans l’ar­ chétype, qui ont donné lieu à des solutions également fautives dans les deux familles : IV, 3 (p. 10, 9) : έκ λ εκ τικ ο ι scripsi : εκ λ εκ το ί V edd. ελ εγ κ τικ ο ί M u XII, 4 (ρ. 42, 7) : μύλαι scripsi : μυλίαι V2M μυλίται ? (haud facile legitur) V edd. XII, 5 (p. 43, 1) : τφ ώμω scripsi : τφ τού ώμου V edd. ή ώμος V2M XIII, 4 (ρ. 47, 17) : ένσ τα σ ις scripsi : έκ σ τα σ ις Μ έκτα σ ις V XVI, 7 (ρ. 83, 5) : ποιη σχή μ α scripsi [similitudinem faciat vet. lat.] : π ο ιε ί σχήμα u τοΐς σ χή μ α V 126. Voir nos remarques sur la tradition indirecte ; voir aussi C. Petit (2007b).

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L’archétype est nécessairement antérieur au XIIe s., date du plus ancien manuscrit grec conservé, mais quelques indices permettent même de plaider en faveur d’un archétype en majuscule, donc antérieur au IXe s. : Ch. X, 5, au sujet des creux (κύλα scripsi : κοίλα codd.) qui se trouvent sous les yeux et gonflent sous l’ef­ fet d’une indigestion ou d’une contrariété, la famille A (représentée par V) donne τινες κοίλοι. Δια νόσους (...) tandis que la famille B (représentée par MSRTU Vat) a τινες κοιλοιδιάν, όσοις (...). Il y a eu dans le modèle de l ’une des branches (selon nous celui de la famille A) une mécoupure d’onciale à partir de la séquence TINECKOIAOIAIANOCOIC. Les flotte­ ments sur υ/οι et ου/οι s’expliquent soit par iotacisme, soit par confusion paléographique. Ch. XI, 9, on trouve un cas analogue, quoique plus complexe, au sujet du contenu de l’intestin d’une part, des veines du mésentère d’autre part, qui sont nécessaire­ ment différents selon la loi de la nature, nous dit le Pseudo-Galien. La famille A (=V) a έτέρωθεν αίματος (...) tandis que la famille B (ici seulement représentée par M Mu Ma, voir plus loin) donne d’une part : ετέρωθεν εις αίματος (Μ), d’autre part : έτέρω [έντέρω Mu] θέμις [έστιν add. Mu] αίματος (Mu Ma). Mu et Ma offrent une leçon différente (et selon nous bien plus satis­ faisante dans le contexte) qui paraît dériver d’une autre lecture que celle de V et M à partir d’un modèle commun ETEPO0EMICAIMATOC. Il y a eu confusion entre M et N, et mécoupure. V a supprimé la syllabe IC tandis que M l’a transcrite εις. D’autres fautes, propre à chaque famille, peuvent être considérées comme des fautes de majuscule : Fautes propres à la famille A : X, 11 (p. 30, 6) : πέλμα M u : τέλ μ α V XIII, 30 (p. 61, 2) : κ α χεξία ς u : κα λ εξία ς V XIII, 30 (p. 61, 2) : τελευ τώ σ α ι u : πελα τώ σ α ι (an π ελευ τώ σ α ι ?) V

LXXXVI

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XVI, 7 (p. 83, 5) : ποιή σ χή μ α scripsi [sim ilitudinem fa c ia t vet. lat.] : π ο ιεί σ χή μ α u το ΐς σ χή μ α V Fautes propres à la famille B : III, 5 (p. 7, 4) : διά ρροιαν V : διά νοια ν M u

Étude de la famille A

C’est de loin la famille la mieux représentée (trente et un manuscrits sur quararante). Malgré le nombre élevé des témoins, il est facile de s’y repérer dans la mesure où le prototype est conservé : il s’agit du Vaticanus gr. 1845 du xne s. (= V). Le prototype : le Vatican. gr. 1845 (= V) Communément daté du XIIe s., son format est de 205x145mm et il comporte 197 folios. Le Vaticanus gr. 1845 est en fait déjà un manuscrit célèbre parmi les édi­ teurs de Galien127. D ’après les recherches de J. Irigoin, il pourrait être d’origine italiote128 ; toujours est-il qu’il contient plusieurs petits traités galéniques, pour lesquels il est bien souvent le témoin le plus ancien - ainsi pour le Médecin, qui se lit aux ff. 44-106, juste après YArt médical. Le traité est précédé d’un sommaire détaillé. Malheureusement, ce manuscrit capital a souffert de l’hu­ midité : il n’est pas toujours facile à lire, et, bien qu’une main contemporaine l’ait restauré (probablement à haute époque), des lacunes demeurent. Dès cette époque, le texte a fait l’objet de corrections, probablement sur la base d’un autre manuscrit ancien, désormais perdu. Notre examen n’a pu permettre de savoir si les corrections sont de première main ou pas ; il s’agit à tout le moins d’une main proche, contemporaine 127. Voir par exemple l’édition de V. Boudon (2002, 205-206) ; V. Nutton, CMG V, 8, 1 (1979, 14-15), etc. 128. Voir Jean Irigoin (1991, 88) et Paul Canart (1987). La ques­ tion est désormée discutée.

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de celle du scribe principal129. Ces corrections sont importantes car elles comblent parfois des omissions. Dans le cas du Médecin, il semble que le manuscrit utilisé comme base comparative ait été un exemplaire de la famille B, comme le montrent les nombreuses corres­ pondances frappantes entre les corrections et les leçons des témoins restants (tous récents) de la famille B. Nous désignons sous le sigle V 2 les corrections apportées au texte de V , en accord (selon les sections concernées) tan­ tôt avec M, tantôt avec M u, tantôt avec u. I,

2 (p. 3, 9) : τα ρ ιχ εία ις recc. edd. : τα ρ ιχ ία ις V2M u

τρ α χ ε ία ις V I, 2 (p. 3, 9) : νειλ φ ο υ V2M u : νειλα ίο υ V I, 3 (p. 3, 15) : ή π είρ α V2M u : om. V III, 6 (p. 7, 20) : ά λλ ό τρ ιο ν V2M u : άπλοΰν V VIII, 2 (p. 16, 1) : έτή ρη σ α ν V2M u : om. V VIII, 3 (p. 16, 24) : αιτίου V : expnx. V2 om. M u recc.

edd. VIII, 6 (p. 18, 5) : μόριον V2M u : μόνον V XI, 7 (p. 36, 13) : ά ναπέπταται V2M : ά να πέτα ται Ma άναπάταται Mu άνατ V XII, 4 (p. 42, 6) : δ κ τω .,.τέσ σ α ρ ες V2M : om. V XII, 4 (p. 42, 23) : εξ επτά V2M : εκ των έπτα V edd. XII, 5 (ρ. 43, 1) : τφ ώμφ scripsi : τφ του ώμου V edd. ή ώμος V2M XII, 5 (ρ. 43, 2) : post ώ μοπλάτης add. έπιπ ολα ίω οΰση V2M XII, 5 (ρ. 43, 6) : έτέρα V2M : om. V XIII, 1 (ρ. 45, 18) : ποιούν V edd. : π α ρ έχ ο ν V2M XIII, 2 (ρ. 45, 23) : γεν έσ εω ς V2M : δια πλά σ εω ς V XIII, 3 (ρ. 46, 20) : έκ τή ς αυτών— έπ ιτεινο μ ένω ν V2M : om. V XIII, 11 (ρ. 51,22) : ή V2 u : εί V XIII, 14 (ρ. 52, 24) : ούτως V2 u : om. V XIII, 27 (ρ. 59, 9) : τρεις—άκινδυνοτέρα [-ωτέρα V2] V2 u : om. V XIII, 28 (ρ. 60, 7) : αναιρεί V2 u : om. V 129. Les deux hypothèses ont été avancées : voir V. Boudon (2002, 206) et M. Constantinidès (1977).

L x x x v rii

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XIII, 36 (p. 65, 14) : δυσκαταποσία V2 u : δυσκακοπ- V XIX, 6 (p. 92, 23) : σύμφυσις— βλέφαρα V2 u : om. V XIX, 8 (p. 94, 2-3) : επί κρόταφ ον V2 u : om. V XIX, 11 (p. 96, 7-8) : εϊτε— τό οξύ τού [τής u\ V2 u : om. V XIX, 14 (p. 98, 11-13) : ή έξω θεν— δακτύλιον V2 u : om. V

Mais nous rencontrons un cas problématique en I, 3 (p. 3) : λογική (V2) remplace τεχνική qui est la leçon unanime des manuscrits conservés, confortée par la tra­ duction latine médiévale (lat.), artificialis. Cette correc­ tion ne trouve donc pas de trace dans les autres manus­ crits, alors que souvent V2 semble utiliser un modèle ancien de la famille B. Étant donné le contexte immédiat (constitution de la médecine comme art par opposition à l’expérience, coordonnée par le hasard), la leçon de V2 nous paraît improbable. Il faut donc sans doute l’attribuer à une inspiration malencontreuse du correcteur. Dans d’autres cas en revanche, V2 paraît combler une omission commune à V et M ou à V et u. Le modèle ancien était donc plus complet : XII, 6 (p. 44, 10-11) : ύπό τη ν έπιφ ύσιν— τού τε [τε om. recc. edd. ] αντικνημίου V2 recc. edd. : om. VM XIX, 10 (p. 95, 11-12) : εισ ι δε oï— πεπυρω μ ένοις V2 recc. edd. : om. V u

Les descendants de V L’examen direct des descendants de V, ainsi que leur classement partiel, montre qu’aucun d’entre eux n’a de valeur particulière pour l’établissement du texte car on n’y trouve pas trace de corrections anciennes qui vien­ draient combler les défaillances de V. C’est pourquoi leur description détaillée n’a pas été reprise ici. Néanmoins, parmi les descendants de V, on peut iden­ tifier quelques groupes précis qui ont leur intérêt dans l’histoire du traité : ils montrent l’activité des médecins

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LXXXIX

du cercle de Jean Argyropoulos autour du Médecin au même titre que bien des ouvrages de Galien. L’un de ces groupes se rattache au manuscrit Paris, gr. 2270, déjà étudié par V. Boudon dans son édition de ΓArt médical au sein de laquelle il joue un rôle non négligeable130. Il

130. V. Boudon, Galien. Art médical, p. 215. Par ailleurs, d ’après B. Mondrain ce manuscrit est passé par les mains du médecin Démétrios Angelos, qui l ’a lu et restauré au XVe s. Le Médecin occupe les ff. 1-52. Le manuscrit contient d ’autres traités de Galien : De paroxys­ morum temporibus (-D e morborum temporibus en fait, ff. 53v-70v), De morbi totius temporibus (ff. 71r-84v), De uteri dissectione (84v94v), Consilium pro puero epileptico (94v-104v), De atra bile (104v124r), De tremore, palpitatione (...) (ff. 124r-147v), Ars medica (ff. 148r-176v), De morbis mulierum (177r-230v). Ce dernier « traité » n’est en réalité pas du tout de Galien, malgré son intitulé trompeur (Γαληνού περί γυναικείω ν παθών 'περί μέτρας θέσεως, μέγεθος και λοιπής διαπλάσεως) : il s’agit bien d ’un texte de gynécologie, mais c ’est le livre XVI des Libri medicinales d ’Aetius d ’Amida (ch. 1, 1-121, 11 μετά μέλιτος), incomplet par suite de la perte d ’un cahier ; à notre connaissance, ce témoin (qui pourrait être utile aussi pour l’édi­ tion de Soranos) n ’a pas été répertorié. Enfin le livre se termine par le De urinis de Johannus Actuarius. La numérotation des folios est posté­ rieure à la copie ; l ’encre est brune, mais les citations et les titres sont en rouge ; l’encre a été effacée puis repassée en maints endroits, ce qui peut correspondre à la restauration de Démétrios. Il faut être prudent en comparant la place du Paris, gr. 2270 dans l ’histoire du texte des différents traités de Galien : ce manuscrit est fait de plusieurs manus­ crits assemblés. Une première partie, très homogène, copiée par le même copiste, contient bien le Médecin mais pas YArt médical ; quoique contemporaines, ces deux parties ont donc des raisons de ne pas avoir eu des destinées rigoureusement parallèles. Dans le cas de YArt médical, ce manuscrit a servi de modèle au Paris, gr. 2153, mais descend non pas de V, mais d ’un autre manuscrit ancien de la même famille. En ce qui concerne le Médecin, le début du traité manque : un cahier a été perdu car le f.l est signé au centre de la marge inférieure d’un β' presque effacé. Début : VII, 1 (p. 14, 20) -ίστασθαι. Le modèle était manifestement abîmé : il manque l ’équivalent d ’une page de l’édition Ktihn au f. 31 (il s’agit de la lacune de la p. 64 : elle est beaucoup plus longue que dans V, et a probablement été aggravée d’une manière accidentelle). Mais d ’une manière générale, le Paris, gr. 2270 suit de très près le texte de V.

xc

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faut lui rattacher directement, en tant que copies pro­ bables, les Paris. gr. 2153131 et 2280132. J’appelle le consensus de ce groupe y. Un second groupe, apparenté au premier, se distingue par la présence de schémas caractéristiques : le Marc.

131. Ce manuscrit du troisième quart du xve s., d’assez grand for­ mat (354 x 212 mm), sur papier, comportant 517ff, contient un grand nombre de lignes par page (46 en ce qui concerne le Médecin notam­ ment), les marges étant étroites ; l’écriture, quoique régulière et aisée, est petite et serrée ; l ’encre marron, plutôt pâle, se détache assez mal sur le papier jauni. Il s ’agit probablement d ’une copie d ’érudit, desti­ née à un usage personnel. La décoration est quasiment absente : on relève des titres et des initiales en rouge. Le contenu (fort mal établi dans le sommaire d ’H. Omont, surtout en ce qui concerne les traités galéniques) est le suivant : 1) Galien Introductio sive medicus (l-12v), De diff. febrium (13r-27v, f. 28 vierge), Definitiones medicae, (29r36v), Ars medica (37r-46v), De puis. diff. (47r-78v, f. 79r vierge), frag­ ment du De dignosc. puis. (f. 79v-80v : inc. ότι μέν δέ και ταύτην άρίστην ήγητέον expi. διορισμούς τινας παραλάβοιμεν = K, VIII, 892, 2 - VIII, 899, 13), De dignosc. puls. (81r-106r), De causis puls. (106r-130r), De praesag. ex puls. (130v-169r, 169v vierge), περί ούρων πραγματεία άρίστη = traduction grecque d ’Avicenne (170r175r), Ad Glauc. Ther. (176r-187r), De crisibus (188r-216v, f. 217rv annotations diverses) ; 2) Soranos, Maladies des femmes (218r-284r) ; 3) J. Actuarius De medendi ratione (290r-413r) ; anonyme sur les anti­ dotes (413v-424r) ; excerpta de Paul d ’Égine (424v). D ’après V. Bou­ don (2000, 215) il aurait eu le Paris, gr. 2270 pour modèle. Dans le cas du Médecin, cela reste difficile à prouver, en particulier à cause de la perte du premier cahier du Paris, gr. 2270, mais certains détails peu­ vent confirmer cette hypothèse, comme la lacune de la page 64, rigou­ reusement identique dans les deux manuscrits. 132. Ce manuscrit communément daté du XVIe s. (H. Omont) est nécessairement plus ancien : voir B. Mondrain (2003, 361-384). Ce petit format très épais (428ff) contient le De methodo medendi et 17/?troductio sive medicus (ff. 389 à 428v c ’est-à-dire la toute fin du manuscrit). L’écriture est petite, serrée, difficile à déchiffrer du fait de l ’épaisseur du trait et de la grande économie de papier effectuée : la fin de 1’Introductio sive medicus est copiée dans la marge du dernier verso, d’ailleurs abîmé. Le manuscrit a été entièrement copié par Démétrios Angelos.

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XCI

App. CL V, 9i33, le Vatican, gr. 285134 et le Paris, gr. 133. Manuscrit de papier constitué de deux volumes, du milieu du XVe s. d ’après E. Mioni qui s’appuie sur de nombreux filigranes ; son format est de 295 x 215 mm (sauf ff. 422-429 : 270 x 195 mm). Grâce à l’examen approfondi de B. Mondrain (2003, 384), on peut ajouter que le manuscrit était (encore) en la possession de Démétrios Angelos le 18 novembre 1473. Ce manuscrit porte le sigle O dans le stemma de 1'Ars medica ; il est étroitement apparenté à V. Plus précisément, c ’est une copie partielle du Paris, gr. 2270 (voir plus bas), dont on a vu la dépendance par rapport à V. Le premier volume (375ff) contient essen­ tiellement des œuvres de Galien {In aphorimos Hippocratis, De tem­ poribus morborum liber, De totius morbi temporibus liber, De uteri dissectione liber, De puero epileptico consilium, De atra bile liber, De tremore, palpitatione etc, Ars medica, Introductio sive medicus. Suit un texte d ’Alexandre de Tralles et le début du traité sur les médica­ ments simples de Galien, qui se poursuit dans le volume II au prix d’une perte de quelques lignes du livre L Le schéma Υ γ ε ία ς πλάτος (« étendue de la santé », f. I78v) se retrouve dans le Vaticanus gr. 285 et le Paris, gr. 2271, manuscrits commentés par B. Mondrain et par V. Boudon (il faut y ajouter à présent le Vlatadon 14). Après la suite du De simpl. med. temp. acfac. de Galien (voir plus haut, ff. 376-459), le manuscrit donne une série d’extraits de textes médicaux divers (ff. 460-464), puis de brefs commentaires à Galien, pour la plupart très abîmés (ff. 465-472), quelques opuscules d ’Hippocrate, abondamment annotés (ff. 473-483), un commentaire au début du De elementis sec. Hippocratem de Galien (ff. 484-491), enfin une série de quatre textes galéniques : De sectis ad eos qui introducuntur, Definitiones medicae, In Hipp. librum de ac ut. Victu, De usu partium. Tous ces textes sont mutilés, mais il est opportun de constater que déjà à l’époque du Mar­ cianus gr. V, 9, les Définitions médicales et le Médecin figurent dans un même manuscrit, bien que ces deux traités introductifs ne soient pas encore rapprochés comme ils le seront à la Renaissance. Le Médecin se lit aux ff. 206-235, précédée du sommaire habituel des descendants de V. La lacune importante de la page 64 est identique à celle des Paris, gr. 2270, 2153 et 2280. Le Marcian. App. Cl. V, 9 est probablement une copie du Paris, gr. 2270, faite en grande partie par Démétrios Angelos ; si l’on en croit Mioni, ce n ’est pas lui qui copia le Médecin, mais les récents travaux de B. Mondrain prouvent que sa part dans l’exécution de la copie a été sous-estimée par le savant italien. D ’après B. Mondrain (2003, 370 et 384, addendum) donc, les ff. 125-250 sont de la main de Démétrios. 134. Ce manuscrit porte le sigle W dans le stemma de lM/s

XCII

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2271135. Les manuscrits de ce groupe, qui ont déjà été étudiés avec soin par B. Mondrain et V. Boudon, contien­ nent deux schémas, l’un sur l’étendue de la santé, l’autre sur les parties de l ’œiL En ce qui concerne le Médecin, il y a eu un accident de reliure des cahiers dans le modèle : les chapitres XVI-XX sont séparés de la première partie medica. Il est considéré comme datant de l’extrême fin du xve ou du début du xvie s. Il y a deux parties dans le manuscrit : le Médecin se trouve dans la première, juste après YArt médical encore. Pour une description très détaillée, voir le catalogue de Mercati (399-400). Par ailleurs, le manuscrit contient des notes de Georges et Andronic Éparque, respectivement le père et le grand père d ’Antoine (B. Mon­ drain, 2000, 223-250). C ’est un manuscrit très clair et bien écrit, par deux mains très proches ; la première ne concerne que les tout pre­ miers folios : il s’agit de Georges Moschos, professeur de rhétorique et de médecine à Corfou et oncle maternel d ’Antoine Éparque. B. Mon­ drain formule l’hypothèse qu’il pourrait s ’agir d ’Agallon Moschos, encore un auditeur d ’Argyropoulos au xenon du Kral. L ’Introductio sive medicus commence au f. 49r et se termine au f. 80r pour la pre­ mière partie, suivie des schémas « étendue de la santé » (ύγείας πλά­ τος, f. 80r) et « l’œil » (όφθαλμός, 80v). D ’après V. Boudon à propos de YArs medica, ce n ’est pas une copie directe de V ; il y a eu au moins un témoin intermédiaire. Dans le cas du Médecin aussi, il y a eu un modèle intermédiaire. 135. Ce manuscrit porte le sigle S dans le stemma de ΓΑή medica. D ’après les recherches de B. Mondrain, il a été entièrement copié par Démétrios Angelos, comme le Paris, gr. 2280. C ’est un petit bréviaire de poche, aux marges quasiment absentes, sans décoration : les débuts de chapitre ne sont annoncés que par la couleur rouge de la première lettre du titre et du chapitre. Le contenu rappelle nettement le Marcian. gr. App. Cl. V, 9 : on y trouve les traités de Galien Ars medica, Intro­ ductio sive medicus, De morborum temporibus, De tremore, palpita­ tione etc, De uteri dissectione, Consilium pro puero epileptico, De atra bile. Le traité qui nous intéresse s’y trouve en deux morceaux, le pre­ mier étant situé entre les ff. 41 et 73 ; ce dernier folio est noirci aux deux tiers et contient la fin du chapitre XV, ainsi que le début du cha­ pitre XVI, barré. Contrairement à ce qu’annonce le catalogue, la partie déplacée dans le manuscrit après le De morborum temporibus ff. 95v107 correspond aux chapitres XVI-XX et non pas seulement XVIXVII. Il est possible que ce manuscrit ait servi de modèle direct au Vatican, gr. 285.

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du traité {Paris, gr. 2271 et Vaticanus gr. 285). Aux manuscrits de ce petit groupe, il faut à présent ajouter le Vlatadon 14 découvert par Antoine Pietrobelli136. Comme les autres manuscrits de ce groupe, le Vlatadon 14 comporte les schémas sur la santé et sur l’œil, et les chapitres XVI-XX du Médecin y sont séparés du reste. Le manuscrit ne présente pas davantage d’intérêt pour l’édition137. J’appelle le consensus de ce groupe z. Les autres descendants de V, à l’exception des exem­ plaires utilisés par les éditeurs de la Renaissance138, pré­ sentent peu d’intérêt. J’appelle leur consensus x. On peut représenter les rapports entre les principaux témoins de la famille A de la manière suivante (sachant qu’aucun membre du sous-groupe x n’y est représenté, à l’exception de P, modèle direct de l’Aldine) :

136. Voir Boudon-Millot/Pietrobelli (2005). 137. Le texte, déjà lacunaire dans les manuscrits « frères », est encore davantage endommagé dans le Vlatadon, dont de nombreux folios sont abîmés. Une collation partielle montre que ses leçons ne présentent pas d’intérêt pour l’éditeur ; ce n ’est que peu surprenant au vu de la famille de manuscrits (z) à laquelle il se rattache nettement (il est possible qu’il dérive directement du Parisinus gr. 2271). En géné­ ral, le Vlatadon est très précieux par les textes ou portions de texte per­ dus qu’il nous conserve (Sur l ’inutilité de se chagriner ; Sur ses propres livres ; Sur l ’ordre de ses propres livres ; Sur ses opinions propres) ; en revanche, en tant que témoin dans la tradition de tel ou tel ouvrage, la collation révèle peu de divergences avec le reste de la tradition. Dans le cas du Sur ses propres livres par exemple, ses leçons sont très proches de celles du manuscrit de Milan et apportent peu à l’éditeur pour les passages qui sont communs aux deux manuscrits, (éd. V. Boudon-Millot 2007, p. 42-49). 138. Sur lesquels voir Notice, p. cxx sqq.

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XCIV

Stemma partiel de la famille A XIIe s.

XIVe s.

XVe s.

XVIe s. Aid.

E tude de la famille B

Répartition des manuscrits On peut les diviser en deux groupes, auxquels se ratta­ chent séparément trois manuscrits qui ne conservent qu’un chapitre chacun. En fait, le texte de l’archétype de la famille B a subi deux accidents à date relativement ancienne. Deux branches donc peuvent être distinguées. Il convient tout d’abord de découper le texte en fonction des accidents de sa transmission. Soit la division suivante : * ch. I - X (p. 1, 1-30, 11) : 'Έ λ λ η ν ε ς των τεχνώ ν — τη ν Οέσιν τάξεω ς = a * ch. XI - XIII, 8 (ρ. 30, 12 - 51,4) : Α να το μ ή των εντός — ο ορθρος = b * ch. XIII, 9 - XX (ρ. 51, 4 - 105 τά έλκη σπουδάζομεν = c

f in )

: Θ ρ ενΐτις μεν —

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xcv

Le premier groupe (Bl) a conservé a + b : il s’agit du manuscrit Mutinens. gr. 213 (= M), auquel on peut ratta­ cher le Mutinens. gr. 226 (= Mu) et le Marcian. gr. App. Cl. V, 4 (= Ma) qui ne contiennent tous deux que le cha­ pitre XI (c’est-à-dire seulement la première partie de b). Le second groupe (B2) a conservé a + c : il s’agit des manuscrits Scorial. Σ, II, 11 (=S) et Σ, III, 17 (= T, mais ce dernier est mutilé et ne conserve qu’une partie de c), Paris, gr. 2156 et 2158 (= R, dont le précédent n’est qu’une copie), Urbin. gr. 67 (= U). Il est difficile de déterminer le rattachement du Vatican. gr. 292 (= Vat), manuscrit du XIVe s., à l’un ou l’autre groupe : c’est le plus ancien de la famille mais il ne contient que le ch. X (dernière partie de a). Il est probablement à classer plus haut dans le stemma que tous les autres témoins de cette famille, comme il est expliqué plus loin. Etant donné que, mis bout à bout, les fragments du groupe Bl et ceux du groupe B2 forment un texte entier, il est facile de conclure à la double perte accidentelle d’un cahier (ou deux) : le groupe Bl a probablement perdu les deux ou trois derniers cahiers (c - 50% du texte), le groupe B2 le second (ou troisième) cahier (b = 20% du texte). M, S, R, T, U remontent à un modèle commun La première partie du texte (= a) permet d’opposer MSRU (+ T par déduction) à V et montre la commune appartenance de cet ensemble de manuscrits à une même famille. Rappelons que l’accord de S, R, U et T est repré­ senté par u. Liste non exhaustive des fautes de MSRU (= M u) contre V : I, 1 (ρ. 1, 3) : πρώ τοι V : πρώ τοις M u I, 1 (p. 1, 11) : οία π α ρ ’ V : οΐα περ Μ u III, 1 (ρ. 5, 11) : έσ τί V : ε ίσ ι Μ u III, 2 (ρ. 5, 18) : α ίτια ς V : α ίτια Μ u

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III, 5 (p. 7, 4) : έ π ισ χέσ θ α ι V : έπ ιδ έχεσ θ α ι Μ η III, 5 (p. 7, 4) : διά ρροιαν V : διά νοια ν Μ u III, 6 (ρ. 8, 2) : ό σ χεο ν V : ο ϋ χεο ν Μ u IV, 3 (ρ. 10, 9) : έκ λ εκ τικ ο ί scripsi : εκ λ εκ το ί V edd. ε λ εγ κ τικ ο ί Μ ιι V, 2 (ρ. 11, 2) : π οιόν τε κα ί ποσ όν συγγεγυμνασμένω ν V : π ο ιό ν τε καί ποσ όν σ υγγεγυμνάσμενον Ρ edd. ποιω ν τε καί ποσώ ν συγγεγυμνασμένω ν Μ u V, 4 (ρ. 11, 24) : πα ρασκευαστικα ί V : π α ρασ κ ευασ ­ τικά Μ u VI, 4 (ρ. 13, 16-17) : ού γάρ α εί τούτου τυγχά νουσ ιν, ά λ λ ' έξ ών σ υ νεσ τή κ α σ ι om. Μ u VIII, 3 (ρ. 16, 11) : βέλος V : μέλος Μ u (faute de minuscule) VIII, 6 (p. 18, 6) : διορθώ σεω ς V : διαρθρώ σεω ς M u IX, 2 (ρ. 20, 12) : κ α λ ει V : κα λεισ θα ι Μ u IX, 2 (ρ. 20, 19) : προειρημένους V : προκειμένους Μ u IX, 5 (ρ. 21, 14) : post π ό ρ ο ι add. ή κρεώ ματα (an κενώ ματα ?) ούκ α ισ θη τά ά λ λ ' αύτφ θήται προώ ν [-τω θήται προώ ν vac. in u ] π ο λ λ α ί καί μακραί α ντι­ θ έσ εις Μ u v a c u ita te s n o n s e n s ib ile s lat. X, 5 (p. 25, 18) : post τούτων add. άπολισ φ α M u X, 5 (p. 26, 1-2) : post ά π ο σ χισ θέντα add. τού εντός τού στόματος [σωμάτατος Μ] Μ u X, 7 (ρ. 26, 26) : τό δε ά ντικ είμ ενο ν αυτού ύποθέναρ om. Μ u (saut du même au même) X, 8 (p. 27, 14) : τω περιτόναια)— σ κεπ ό μ ενο ι om. M u (saut du même au même) X, 9 (p. 28, 7-9) : δίδυμοι— διδύμους om. M u (saut du même au même)

Le groupe B1 (M, Ma, Mu) Ce groupe de manuscrits a conservé tout ou partie de b, la seconde partie du Médecin. Ils nous donnent donc notamment le chapitre XI. Un seul nous donne cette partie b en entier, le Mutinens. gr. 213 (—M) : ce manuscrit est donc particulièrement précieux puisqu’il est le seul que nous puissions comparer à V dans cette partie du texte, et cela en l’absence de toute tradition indirecte. Mais les deux

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manuscrits qui n’ont conservé que le chapitre XI posent en réalité un problème. Il se pourrait qu’ils remontent à un modèle plus ancien que ne l’est celui de M, donc dérivent non pas du modèle B1 mais soit de l’ancêtre de toute la famille B, soit de l’archétype lui-même. Le caractère très récent de ces manuscrits incite néanmoins à la prudence. Mutinens. gr. 213 (ex III. G. 9, actuel a G. 3. 12) = M : Selon le catalogue de Puntoni139, ce manuscrit de papier, de format 300 x 230 mm, comprend 242 ff., répartis en 29 quatemions et un quinion (qui se trouve être le premier cahier). Les cahiers ne sont pas signés, mais il y a une réclame à la fin de chaque cahier. Les folios présentent une numérotation récente au crayon. On remarque un pinax de la main d’un autre copiste, qui n’est autre que le copiste A des manuscrits d’Hippocrate étudiés par J. Jouanna140. Sur ce manuscrit du X V Ie s. et ses relations avec les autres manuscrits médicaux ainsi que les éditions de la Renaissance, nous renvoyons à nos études sur les manuscrits de Modène et Gadaldini141. Sur la place des manuscrits Mutinens. gr. 226 (= Mu) et Marcian. gr. App. CL V, 4 (= Ma) au sein de la famille B, on est certes tenté, au premier abord, de les rattacher au Mutinens. gr. 213, car ils comportent comme lui le chapitre XI, qui (faisant partie de la partie b) a été perdu dans le groupe B2. En réalité, si M, Ma et Mu sont très souvent d’accord en face de V, il n’en demeure pas moins que Ma et Mu ont des fautes spécifiques en face de V et M, comme M a des fautes propres contre V Ma Mu. Le modèle ancien auquel remontent respectivement M et le modèle de Ma et Mu est donc assez éloigné dans le 139. V. Puntoni (1896, 379-536). 140. J. Jouanna, « LTJippocrate de Modène », Scriptorium 4 9 , 1995, p. 2 7 3 -2 8 3 .

141. C. Petit (2005a, 2005b, 2007a, 2008). Voir aussi Notice p. c x x i.

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temps. Notons que quelques fautes de V et M contre Ma et Mu contribuent à brouiller les pistes : elles sont rares et peut-être discutables, mais peuvent ne pas être fortuites ; enfin le traitement d’un passage litigieux déjà évoqué au début de ce chapitre peut inciter à faire remonter ces deux manuscrits d’extraits à un ancêtre plus lointain encore. On se gardera donc de proférer des conclusions trop péremptoires sur la filiation de ces divers manus­ crits, par suite de la brièveté de l’extrait contenu dans les Mutinens. gr. 226 et Marcian. gr. App. CL V, 4. Exemples de fautes propres à M contre V et Ma Mu : XI, 1 (p. 30, 12) : κ α τα χρ η σ τικ ό ς V MaMu : -στιστικώ ς Μ XI, 1 (p. 30, 17) : διεξή λ θο μ εν V MaMu : διεξή λ θο ν Μ XI, 2 (p. 31, 10) : προστυποϋς V MaMu : πρω τοτύπους Μ XI, 3 (ρ . 32, 10) : ρ α χίτη ς V MaMu : ά ρ χ ίτη ς Μ XI, 6 (ρ . 34, 24) : χα λκευτικα ΐς V MaMu : χλευτικα ΐς Μ XI, 8 (ρ . 37, 10) : δια πορθμ εύει V MaMu : διά τό πορθμ εύειν Μ Fautes propres à Ma Mu contre V et M : XI, 1 (p. 30, 19) : δ ειχθ ή να ι VM : διδα χθη να ι MaMu XI, 2 (p. 31, 17) : είς παν τό σώμα VM : εις πάντας άμα MaMu XI, 4 (ρ . 33, 15) : εσω θεν VM : ενδοθεν MaMu XI, 4 (ρ . 33, 17) : σ κ λ η ρ ό ν VM : σ μικρόν MaMu (mélecture d ’onciale ?) XI, 6 (ρ . 35, 2) : άναγκαιότατον VM : κυριότα τον MaMu XI, 8 (ρ . 37, 3) : ών VM : ίων MaMu XI, 9 (ρ . 38, 12) : σ υγχρώ μ ενα ι VM : ούν χρ ώ μ ενα ι MaMu (cette dernière faute fait penser à une mécoupure doublée d ’une mélecture d ’onciale) XI, 9 (p. 38, 12) : κουφ ιζόμεναι VM : ψηφ- MaMu XI, 10 (p. 39, 15-16) : του σώματος VM : τούς ώμους MaMu

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Fautes de VM contre Ma Mu : XI, XI, XI, XI,

2 (p. 31, 17) : διαδίδω σιν MaMu : ά να διδόα σ ιν VM 6 (p. 34, 19) : ô om. VM 6 (p. 35, 17) : αύτό MaMu : -ov VM 10 (p. 39, 6) : σ πλήνα MaMu P edd. : σ π λ η ν ι VM

Faute de V Ma Mu contre M : XI, 11 (p. 40, 1) : έλυτροειδοϋς Μ : έρυτροειδούς VMaMu έρυθροειδοΰς edd.

Le groupe B2 (U, S, R, T) Il se caractérise par la conservation de la partie c du Médecin. Ce groupe de manuscrits contient ainsi toute la fin du traité, avec la particularité de nous donner le fameux chapitre XIV de Chartier, ainsi que le développe­ ment sur Yéléphantiasis ; mais, dans tous ces témoins, le chapitre XIV est placé après le chapitre XV de Chartier. De plus, ces manuscrits offrent en préambule un prologue qui semble avoir été remanié par rapport au sommaire tel qu’il est transmis par V. Un groupe restreint formé par les manuscrits Urbinas gr. 67 (= U), Paris, gr. 2158 (R) et Paris, gr. 2156 se distingue par la présence à la fin d’une épigramme, écrite de la main du médecin Démétrios Angelos dans V Urbinas, et reproduite dans les deux manuscrits de Paris. En outre, le contenu de ces trois manuscrits est en partie identique : Y Urbinas 67 semble être la souche des deux manuscrits de Paris, mais aussi des deux manuscrits mutilés de rEscurial. Il est néan­ moins possible qu’un modèle intermédiaire ait existé entre Y Urbinas 67 et les autres témoins, qui expliquerait les fautes communes à ces derniers mais absentes de Y Urbinas 67. Il est possible aussi qu’il ait existé un modèle commun à tous ces manuscrits qui aurait tout simplement disparu. Par prudence, nous donnons dans l’apparat non seulement les leçons de U, mais aussi celles des autres témoins (encore une fois, leur consensus à tous sera noté ü).

c

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Urbinas gr. 67 = U. Selon le catalogue142, ce manuscrit de papier, comportant 419 ff. et mesurant 273 x 175mm est du xve s. pour le traité qui nous occupe (bien que H. Diels le date du xive s.). Il est en fait de contenu com­ posite : on décèle rapidement plusieurs mains, plusieurs époques allant du xine au XVe s. On ne voit pas de signa­ ture sur les cahiers en ce qui concerne la première partie, celle qui contient le Médecin. Les folios portent une numérotation récente, au crayon et en chiffres arabes. Ce manuscrit peu exploité143 est réputé désormais, grâce aux travaux de B. Mondrain, pour avoir été entre les mains de Démétrios Angelos144. Le manuscrit ne contient que des traités de Galien : on trouve d’abord (xves.) VIntroductio sive medicus, puis un fragment de commentaire aux Humeurs d’Hippocrate145. Les Paris, gr. 2156 et 2158 (= R) forment un petit groupe ayant rigoureusement le même contenu - le pre­ mier étant la copie du second146 : on y trouve dans le 142. C. Stomajolo, Codices Urbinates graeci Bibliothecae Vatica­ nae, Rome, 1895. 143. A. Guardasole a cependant bien montré la dépendance des manuscrits de Paris par rapport à Y Urbinas gr. 67 (Eraclide di Taranto. Frammenti, a cura di A. Guardasole, M. d ’Auria editore, Napoli, 1997, p. 45 sqq). 144. B. Mondrain, « Comment était lu Galien à Constantinople dans la première moitié du xve s ? », Tradizione e ecdotica, Actes du IVe colloque international sur l’ecdotique des textes médicaux grecs (Paris 2001), édités par A. Garzya et J. Jouanna, Naples, 2003, p. 361384. 145. Ce fragment, plusieurs fois édité à la Renaissance, a été étudié par P. Demont (« L ’édition Vigoreus (1555) du traité hippocratique De humoribus et d ’un « commentaire de Galien » à ce traité (= [Galien], De humoribus, XIX, 485-496 K.), avec la traduction du De humoribus galénique » (Boudon-Cobolet éd., 2004, 43-60). 146. Non seulement le contenu des deux manuscrits est en tout point semblable, mais encore le copiste du 2156 va jusqu’à reproduire la même décoration (lettres initiales en rouge enjolivées de feuillage) et la numérotation des chapitres en rouge dans la marge. De plus, dès le chapitre I, le 2156 présente une omission (ήτις υποχυθεΐσα-τω

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ci

même ordre les traités de Galien De differentiis febrium, Comm. in Hipp. De humoribus, Introductio sive medicus, un fragment de commentaire aux Humeurs d'Hippocrate, puis le traité des Simples et le De comp. med. sec. /ocos. C’est sans doute l’un de ces deux manuscrits de Paris qu’utilisa René Chartier pour son édition147. Il est pro­ bable que V Urbinas 67 ait donné lieu à une copie (per­ due), qui a elle-même servi de modèle aux manuscrits de Paris (et peut-être à ceux de l’Escurial). Le relevé des fautes communes aux manuscrits de Paris et à ceux de l’Escurial montre en effet une convergence en partie étrangère à Y Urbinas et donne à penser qu’un modèle intermédiaire a pu ajouter des fautes. Ainsi trouve-t-on une série de cas où S et R (ou S, R et T dans la fin du texte) s’opposent à U en même temps qu’à V : II, 2 (p. 4, 20) : π ρ ο σ φ έρ ειν V : -οντος MSR -ον U III, 3 (p. 6, 8) : τετη ρ η μ ένα VMU : τετη ρ η κ έ ν α ι SR III, 7 (p. 8, 14) : τοξικώ ν VU : τοξοτώ ν MSR X, 2 (p. 23, 7) : όλου VMU : λόγου SR XIII, 31 (p. 62, 8) : αΐμα VU : σώμα SRT

Scorialens. Σ, II, 11 = S : manuscrit de parchemin du XVe s., 272 x 205 mm, copié par Michel Apostolis148. Le οφθαλμω) qui correspond très précisément à une ligne dans le 2158, ce qui nous incite à penser qu’il en est une copie directe. C. De Stéfani arrive à la même conclusion pour le De differentiis febrium et Alessia Guardasole également pour les fragments d’Héraclide de Tarente. 147. Voir Notice p. CXXIIL 148. Au sujet de ce personnage originaire de Crète né en 1420 et mort entre 1474 et 1486, nous renvoyons à la notice de Gamillscheg et Harlfinger dans le Repertorium der griechischen Kopisten, p. 149, n° 278 : Michel Apostolis ou Apostolios, de Byzance. Il fut l’élève de Plethon et de Jean Argyropoulos auquel il succéda comme professeur au xenon du Kral en 1452 à Constantinople ; il voyagea en Italie et en Crète (où il est fait prisonnier) ; on le trouve en Italie de 1465 à 1466 à coup sûr et en 1468. En 1460-1461, et en 1463-64 il est à Constanti­ nople pour chercher des manuscrits ; en 1467 à Skutari (Albanie). Intellectuel, copiste, et même directeur d ’atelier de copistes, il travailla pour Bessarion, pour Frédéric I de Montefeltro. Dans la liste des

CII

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Médecin se lit dès le premier folio (jusqu’au f. 31v), suivi d’un fragment de commentaire aux Humeurs d’Hippo­ crate (ff. 32~35r) qui correspond exactement au fragment conservé à la même place dans les manuscrits Urbinas gr. 67, Paris, gr. 2158 et 2156. Enfin, le fragment ratta­ ché à cette première partie est le début du texte intitulé Γαληνού των κατ' είδος απλών, ce qui confirme que le manuscrit d’origine était un frère des précédents. Mieux, étant donné que les seize cahiers perdus, s’il s’agissait de quatemions, représentent 128 ff., il semblerait que la copie d’Apostolis ait été faite sur Y Urbinas 67 lui-même : le nombre de folios, en effet, séparant la fin du fragment de commentaire aux Humeurs du début du Γαληνού των κατ' είδος απλών (135) recoupe celui des cahiers perdus dans le Scorialensis Σ, II, 11, ce qui n’est pas le cas pour les manuscrits de Paris. La copie d’Apostolis était donc probablement une copie plus servile que ceux-ci, et conservait l’ordre d’apparition des traités. La consulta­ tion à la bibliothèque de l’Escurial du livre de Graux149 (complété au crayon par une main inconnue), nous donne un élément nouveau sur la provenance de cette copie de Michel Apostolis : il s’agit probablement du manuscrit n° 20 (numéro que l’on peut lire en haut à droite sur le premier folio du manuscrit) de la liste des manuscrits offerts par le Vénitien Barelli au Roi d’Espagne par l’en­ tremise de l’ambassadeur espagnol à Venise, Guzman de Silva. Le numéro 20 de cette liste est en effet décrit comme contenant « quaderni 8 di carta bergamina di Galeno », ce qui correspond précisément à l’apparence actuelle du Sigma II, 11. Il est donc très probable que le manuscrit était déjà mutilé au xvie s. (le don de Barelli remonte à 1574) ; en revanche, il est impossible de savoir d’où Barelli obtint le manuscrit et sa liste, éclecmanuscrits qui lui sont attribués, il n ’y a pas de médecine, sauf dans le Mutinens. Arch. 224, VI, V, et peut-être dans le Vat. pal. 214. 149. Essai sur les origines du fonds grec de VEscurial, Paris, 1880.

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cm

tique, ne comporte pas d'autre ouvrage de Galien. La reliure, faite à l’Escurial après l’arrivée du manuscrit, ne peut rien nous apprendre. Scorialens. Σ, III, 17 = T : ce manuscrit composite est du xvie s. (Graux), ou du xve s. (Revilla) : on y trouve au moins trois mains différentes et plusieurs auteurs (Galien mais aussi Théodoret, évêque de Cyr, auteur d’une Therapeutice Graecarum passionum). Ce manus­ crit portait le numéro 51 dans la collection de Matteo Dandolo, l’illustre ambassadeur vénitien150, et a dû entrer à l’Escurial en 1571151. Les sommaires, en grec comme en latin, omettent de mentionner notre traité parmi les ouvrages contenus dans le manuscrit. En ce qui concerne le Médecin pourtant, il reste les trois derniers cahiers (signés dans l ’angle inférieur externe) de ce qui fut un ensemble de cinq ; ils composent deux fragments com­ plémentaires mal reliés. Les cahiers 4 et 5 figurent l’un à la suite de l’autre entre les ff. 25 et 31v ; il s’agit des chapitres XVI à XX (un intitulé final indique la fin du traité, τέλος Γαληνού είσαγωγής, Ιατρός λέγομένης). Le second fragment est compris entre les ff. 94 et lOlv, et rejoint exactement le f. 25. Il s’agit du cahier 3. Début du fragment : -ταβάλλοιεν, συντήκουσι. (XIII, 30 : ρ. 60, 23). La suite du manuscrit permet de voir en lui un frère des manuscrits de Paris, puisqu’il contient successive­ ment dans un fragment assez long le Médecin, le frag­ ment de commentaire aux Humeurs et une bonne partie 150. Matteo Dandolo, issu d ’une riche famille vénitienne de collec­ tionneurs de manuscrits, fut préfet du Gymnase de Padoue en 1547, ambassadeur de Venise auprès de François Premier (1540-1542) puis du Vatican (1549-1551). Il mourut en 1570, ayant exercé les fonctions de Procurateur de l’église de Saint-Marc dans les dernières années de son existence. Une trentaine de manuscrits de TEscurial portent encore sa marque. 151. Hypothèse de Ch. Graux (1880, 106-107).

CIV

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du περί κράσεως των απλών φαρμάκων. Comme le fragment du Médecin lui-même correspond simplement à un morceau de la partie c du traité, on ne retiendra pas ce témoignage pour rétablissement du texte, sinon en de rares endroits. Vatican. gr. 292 = Vat : Ce manuscrit du xive s. contient le ch. X du Médecin dans les ff. 179v (en bas) à 183v (en bas). Nous renvoyons à la description du catalogue de Mercati, p. 408-409, très précise : plu­ sieurs filigranes entre autres permettent de dater à coup sûr le manuscrit du XIVe s. On ne repère qu’une seule main, sauf dans les ff. 211-234, qui furent insérés plus tard et sont datables du XVe s. (toujours d’après les fili­ granes). Le pinax est très récent (xviie-xvme). L’étude consacrée à ce manuscrit par J. Sonderkamp152 à propos de Théophane Nonnos n’apporte pas vraiment d’infor­ mations complémentaires au sujet des folios qui nous intéressent. Prenons quelques exemples permettant de situer Vat par rapport à V et M u. Tout d’abord, on trouve beau­ coup de fautes propres à Vat contre VM u dont voici un aperçu : X, 2 (p. 23, 6) et X, 11 (p. 29, 12) : σ κ έλλ η pour σ κέλη X, 3 (p. 23, 21) : δια χεύ ο ντα ι pour δια δέχο ντα ι

En particulier, Vat présente des additions comme des omissions que l’on ne retrouve ni dans V ni dans M u : X, 2 (p. 23,12) : post βρέγμα add. κα λείτα ι, ο λ έγο υ σ ιν απαλόν Vat X, 7 (p. 27, 1) : τό δέ μεταξύ τούτων πάντω ν κ οίλον χ ε ιρ ό ς Vat

On trouve aussi des fautes communes à M u Vat contre V : 152. J. Sonderkamp (1987, 202 sqq).

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X, 8 (p. 27, 9) : ά ν έχετα ι pour α νέρ χετα ι X, 8 (p. 27, 19) : π ε ρ ιέ χ ε ι pour le participe π ερ ιέχο ν.

En particulier, les omissions suivantes se retrouvent dans Vat et M u mais n’existent pas dans V : X, 8 (p. 27, 14) : τφ περιτονα ίω — σ κ επ ό μ ενο ι om. M u Vat X, 11 (p. 29, 10) : δια μ ερίζετα ι— σ κ έλ η om. M u Vat

En revanche, il y a une omission de M u non repro­ duite dans Vat : X, 7 (p. 26, 26) : το δέ ά ντικ είμ ενο ν αύτοϋ υποθέναρ om. Μ u

Le manuscrit Vatican. gr. 292 (= Vat) se rattache donc nettement à la famille B, mais présente des fautes parti­ culières qui l’isolent du groupe B1 comme du groupe B2. En raison du très grand nombre de fautes propres à Vat, on ne mentionnera les leçons de ce manuscrit que ponc­ tuellement. Conclusions L’état de la famille B invite à la circonspection. Le texte d’origine y a manifestement subi quelques altéra­ tions : dans le groupe B2, le sommaire a été écourté et comme « personnalisé » par un savant inconnu, des cha­ pitres supplémentaires ont été insérés - probablement par la même personne et à une date assez tardive. De ce fait, on peut à bon droit soupçonner les quelques mots supplé­ mentaires égrenés au fil du traité dans les manuscrits de cette famille d’être des additions volontaires, ou des insertions intempestives de gloses étrangères au texte d’origine. Néanmoins, dans l’état actuel de nos connais­ sances, nous avons cru bon de ne pas rejeter en bloc tous les éléments poités par la famille B et étrangers au texte transmis par V, le prototype de la famille A, et cela même quand le témoignage de V2, la main qui annota V,

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ne confirme pas l’ancienneté de ces éléments. En maints endroits en effet, les manuscrits de la famille B sont d’un grand secours en face de V. Il n’y a donc pas lieu de prendre V comme manuscrit de base au détriment des témoins de la famille B, bien que ceux-ci soient beau­ coup plus récents. Il faut sans doute considérer que l’on a affaire à deux traditions issues d’un archétype ancien, dont les branches se sont séparées avant le XIIe s. : que l’une des branches ne soit plus représentée que par des rameaux récents ne diminue en rien sa valeur pour la reconstitution du texte d’origine. Autre fait marquant dans la tradition du Médecin, les deux familles de manuscrits ont manifestement été en contact à trois reprises : lors des corrections de V par V2 (à partir d’un modèle ancien de la famille B) au XIIe s., puis lors de la copie des manuscrits liés à J. Argyropoulos à Constantinople au milieu du xve s., enfin lors de la copie de la série des manuscrits de Modène écrits par P« Anonymus Mutinensis » dans la première moitié du XVIe s. Ce fait ne doit pas nous inciter à mettre en doute la solidité de l’établissement de nos deux « familles » distinctes, mais, outre que des contaminations ont pu avoir lieu (on n’en a cependant relevé que très peu de cas flagrants), il est certain que les manuscrits de l’une et de l’autre famille ont été consultés et utilisés par les érudits, processus dont on trouve l’aboutissement dans l’édition bilingue de René Chartier au XVIIe s. L ’écheveau des influences des manuscrits sur les éditions et les traduc­ tions latines illustre la complexité des travaux des savants autour des manuscrits grecs, même lorsqu’il ne s’agit que d’ouvrages pseudo-galéniques. Le stemma suivant rend compte des relations entre les témoins propres à la famille B, ainsi que leur influence sur les éditions, dont les Juntines.

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Stemma de la famille B

VIL TRADITION INDIRECTE, ÉDITIONS ET FORTUNE DU MÉDECIN La tradition indirecte, n’est pas d’une richesse excep­ tionnelle : nous n’avons ni traduction syriaque ni traduc­ tion arabe153. Elle est néanmoins précieuse : la traduction 153. Hunain ibn Ishaq mentionne dans l’appendice (conservé dans le manuscrit stambouliote Aya Sofia 3590) de la fameuse Missive le Médecin évoqué par Galien dans le traité Sur ses propres livres, mais il n’existe pas d ’indice permettant d ’affirmer qu’il ait vu circuler le texte (voir M. Meyerhof, 1926, 685-724 et 1928, 539), encore moins qu’il Tait traduit. Des manuscrits mentionnés par F. Sezgin (1970, 139 et 1974, 408), seul le manuscrit du Caire (Dar-al-kutub tibb. 1103) a pu être consulté sur photocopies grâce à l’entremise de C. De Stéfani, J.-L. Foumet, R. Boutros et S. Saleh : il contient en réalité l’introduc-

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latine ancienne est antérieure à P archétype des manus­ crits grecs, et la traduction latine médiévale (contempo­ raine de Niccolô da Reggio) est un témoin important en lien direct avec la famille B. Les deux traductions latines de la Renaissance ne brillent ni l’une ni l’autre par leur génie, mais l’actitivité d’éditeurs consciencieux comme Agostino Gadaldini et plus tard René Chartier enrichit peu à peu le texte du Médecin à partir de manuscrits grecs non utilisés jusqu’alors, tout en témoignant de l’in­ térêt que l’on continuait à porter au traité. La traduction latine ancienne (= vet. lat.) Plus complexe qu’il n ’y paraît, la traduction latine ancienne, qui pourrait remonter aux v-vie s. de notre ère, est riche d’enseignements à plusieurs niveaux : elle per­ met d’améliorer substantiellement le texte grec, puis­ qu’elle est antérieure à l’archétype et, souvent, de choisir entre les leçons des deux familles ; elle nous informe sur la manière dont on lisait et utilisait les textes médi­ caux dans l’Occident ancien tardif. Le texte de cette tra­ duction, qui malheureusement ne concerne que les cha­ pitres XVI-XX du traité, est préservé dans un manuscrit célèbre du IXe s., YAugiensis CXX (Karlsruhe). Il faut y adjoindre, pour un fragment très limité, le Vindobonensis lat. 68 du Xe s (Vatican). Si les chapitres XVII-XX ont été édités naguère, le ch. XVI est encore inédit et nous avons bénéficié de la transcription de K.-D. Fischer, ainsi que de l’édition en cours d’A. Ferraces Rodriguez154. La tion à la médecine de Hunain, sous forme de questions et réponses. Les manuscrits de Hyderabad (Asaf. I, 914, tibb. 243) et Rampur (Rida 3825/5) n ’ont pu être vérifiés. Le catalogue de Manfred Ullmann (1970) ne mentionne aucun manuscrit arabe du Médecin ; en revanche Diels (1905) renvoie à un hypothétique Norfolk 3383 qu’il n ’a pas été possible de localiser. Il pourrait s’agir d ’un manuscrit donné par le Duc de Norfolk à Gresham College, London (cf. A. Touwaide, 2008, 206). 154. C ’est un bonheur de les remercier de leur collaboration géné­ reuse. Pour les chapitres XVII-XX, voir D. De Moulin (1964).

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traduction n’en est pas une au sens strict, et il serait plus prudent de parler d’adaptation du texte grec en latin, car le texte latin que nous possédons n’est pas exempt de diverses réécritures. Néanmoins, on trouve des traces du substrat constitué par la traduction initiale jusque dans des traités médicaux du haut moyen âge latin ÇLiber Pas­ sionalis, Quaestiones Medicinales), ce qui est peut-être l’indice qu’une traduction entière a circulé a la fin de l’Antiquité. Nous renvoyons pour davantage de détails à notre étude sur la traduction latine ancienne155. La traduction latine du xive s. (= lat.) Le Médecin, à l’instar de nombreux traités authen­ tiques de Galien, a d’abord été publié en latin, dans l’édi­ tion de D. Bonardus, parue en 1490 à Venise en deux volumes156. Le traité figure sous le titre Liber introductorius medicorum dans le premier volume, en seconde posi­ tion juste après le De sectis. Bonardus attribue cette tra­ duction à Niccolo da Reggio, paternité qui n’est attestée dans aucun des manuscrits. La traduction, faite mot à mot, montre en tout cas que le traducteur devait être un contemporain de Niccolo da Reggio, voire un collabora­ teur. Le modèle du traducteur était mutilé (chapitres I-X), était écrit en grec et appartenait à la famille B. Il nous reste plusieurs manuscrits de cette traduction ; ils offrent des variantes parfois intéressantes. L ’histoire de la plupart de ces manuscrits a été particulièrement bien éclairée par les travaux à plus d’un titre pionniers de V. Nutton157, auxquels nous renvoyons. On peut ajouter 155. C. Petit (2007b, 250-270). 156. L ’édition de D. Bonardus, fondamentale pour tout éditeur de Galien, est désormais disponible en ligne sur le site de la Bibliothèque Interuniversitaire de Médecine. Sur cette édition voir désormais S. For­ tuna, « Galeno Latino, 1490-1533 », Medicina nei sec oli 17, 2005, 473-475. 157. Galen, On prognosis, éd. V. Nutton, CMG, V, 8, 1, 1979, p. 23-39 ; plus récemment S. Fortuna (2006, 1- 30) ; et surtout V. Nut-

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que la tradition de cette traduction latine tronquée est, plus encore, à rapprocher d’une autre traduction anonyme contenue peu ou prou dans les mêmes manuscrits, celle de la seconde partie du De constitutione artis medicae, qui fut diffusée sous le titre grec Περί προγνώσεως158. Sur la base du nouveau classement des manuscrits du Galien latin proposé par V. Nutton159, les manuscrits ici retenus pour l’édition sont le Paris. Lat. 6865 (lat.a) et le Malatest. S,V,4 (lat.b) de Cesena, tous deux du xive s160. En effet, le premier est le plus ancien dans sa branche de la tradition, et les manuscrits plus récents n’apportent rien à ses leçons ; le manuscrit de Cesena présente des divergences importantes avec les autres manuscrits. J’ap­ pelle leur accord lat. À la suite de D. Bonardus, R. J. Durling161, dans son catalogue des traductions latines de Galien, attribue la tra­ duction tronquée du Médecin à Niccolo da Reggio. En réa­ lité, la consultation des manuscrits latins ne nous permet pas de le confirmer. Il n’est pas exclu que Bonardus ait eu accès à un manuscrit (ou davantage), aujourd’hui perdu, qui attribuait explicitement la traduction du liber introductorius medicorum au grand traducteur grec, mais il est plus probable que l’éditeur ait simplement étendu la paternité de Niccolo da Reggio, auteur de nombreuses traductions ton, « De motibus liquidis and the médiéval Latin Galen », Galenos 1, 2007, 163-174 ; id.y « The manuscripts of the Latin Galen and a quotation from De Humoribus », in V. Boudon-Millot, A. Guardasole et C. Magdelaine (eds), La science médicale antique. Nouveaux regards. Etudes réunies en Vhonneur de Jacques Jouanna, Paris, Beauchesne, 2007, 339-352. 158. Nous renvoyons à l ’édition de ce traité par S. Fortuna, CMG, V, 1, 3 (De constitutione artis medicae ad Patrophilum), Berlin, 1997, p. 32 sqq. 159. Voir notamment Nutton (2007a). 160. Voir l’argumentation convaincante de V. Nutton dans son édi­ tion (CMG, V, 8, 1 p. 26-29). 161. R. J. Durling, « A chronological census of the Renaissance éditions and translations of Galen », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 24, 1961, 230-305.

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latines de Galien, à d’autres traités qui ne précisaient pas le nom du traducteur162. C’est déjà ce que semble faire un manuscrit du XVe s ., le manuscrit de l’Académie de Méde­ cine de Paris 51163. Cela n’exclut pas que la traduction puisse être l’œuvre d’un proche de Niccolô. Le modèle était grec : pour preuve, signalons les « tra­ ductions » suivantes : I, 2 (p. X, 2 (p. X, 6 (p. X, 6 (p.

3, 3) : έκ περιπτώ σ εω ς codd. : ex peritosi lat. 23, 12) : βρέγμα codd. : bregma lat. 26, 5) : τέν ο ντες codd. : thenon lat. 26, 8) : σφ αγαί codd. : sphange lat.

Par ailleurs, le modèle était un manuscrit de la famille B : la question est en fait surtout de savoir s’il s’agit d’un manuscrit antérieur à la séparation des branches de cette famille ou bien s’il s’agit simplement d’un manuscrit du groupe B2. L’étendue de la traduction [ch. I-X] coïncide exactement avec la première partie des manuscrits de cette branche [= a] ; il est donc tentant de voir une parenté entre l’archétype de cette branche et la traduction latine. Il faut pourtant nuancer cette observation : si les manuscrits conservant la traduction latine du xive s. ne nous ont sauvegardé que les chapitres I-X, les citations 162. C ’est ce qui s ’est produit pour d ’autres traités dont la traduc­ tion était anonyme ; comme l ’affirme V, Nutton à propos du De prae­ cognitione, « Bonardus’ ascription is a mere éditorial hypothesis which associâtes other anonymous translations, such as De comate and De introductione medicorum, with a great name. The fact that a (= Acad. 51), b (= Paris, lat. 6865) and d (= Dresdens. Db 92), which together give much information about the authorship of the versions they include, say nothing here about Niccolô lends support to the view that he was not the translator of this treatise » (CMG, V, 8, 1, p. 24). Au sujet de la vie et du travail de Niccolô da Reggio, voir L. Thorndike, « Translations of works of Galen from the Greek by Niccolô da Reggio (c. 1308-1345) », Byzantina Metabyzantina, I, 1946, pp. 213235. On trouvera une bibliographie complémentaire dans V. Nutton (2007a). 163. Voir en dernier lieu S. Fortuna, 2006, 21.

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tirées d’un manuscrit perdu de la faculté de médecine de Paris incitent à la prudence164. Sous le titre ambigu de De sententia medicorum sive credulitate Galeni, sont reprises en effet des citations de plusieurs traités dont le Médecin. Sur ces cinq citations relevées par V. Nutton, quatre sont tirées, sans confusion possible, des dix pre­ miers chapitres du traité et n’apportent rien à notre connaissance de la transmission du texte165 ; mais la der­ nière correspond à une définition tirée du chapitre XIII, donc d’une partie de la traduction latine que nous n’avons pas conservée (ou pas identifiée) dans la masse des manuscrits latins : il s’agit de la définition de la fièvre (XIII, 5 : p. 48, 5-6) : febris est per alterationem caliditatis innatae ad calorem extraneum libro acut. Cap. 3). En fait, Pierre Gas ne cite pas directement le Médecin mais un autre texte sur les maladies aiguës, et indique que Galien dit la même chose dans notre traité : Idem etiam dicit libro suo de sententia medicorum sive credulitate Galeni intitulato166. On ne saurait donc écar164. De brefs passages du traité (du chapitre I au chapitre XIII) ont été extraits au xive s. : on en trouve la trace dans l'édition augmentée des Concordandae de Jean de Saint-Amand, achevée en 1363 par Pierre Gas (Petrus de Sancto Floro). Voir V. Nutton (CMG V, 3, 2, p. 25-26 et note 6). Une citation se trouve dans l’édition des Concor­ dandae par J. Pagel (1894, p. XLII) ; quatre autres dans les N eue litterarische Beitràge du même auteur (1896, 49, 67 et 119). 165. Dans l ’ordre d’apparition dans le Médecin : Galenus in quo­ dam libro suo intitulato de credulitate Galeni vel de sectis dicit, quod Graeci artium inventores Deorum infantibus attribuunt. .. sicut Homerus testatur (Médecin p. 1, 1-16 = K. 674, 3- 675, 5 : J. Pagel, 1896, 67) ; Ypocrates super omnes excessit quoniam primus ad lucem duxit perfec­ tam apud Graecos medicinam (Médecin p. 3, 20-22 = K. 676, 8-10 : J. Pagel, 1896, 119) ; Et istorum sunt triplex secta, quaedam fuit philisiologica, alia methodoica, alia empiria (Médecin p. 5, 5-6 = K. 685, 3 : J. Pagel, 1896, 67) ; digitorum vero maximus pollex nuncupatur eo quod toti manui ex opposito cooperatur equipollens (Médecin, p. 26, 17-19 = K. 704, 7-9 : J. Pagel (1894, p. XLIi). L’examen du contexte de ces citations montre que l’excerpteur avait connaissance de l’ensemble du texte (à coup sûr en ce qui concerne les premiers chapitres). 166. J. Pagel (1896, 49).

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ter l ’h y p o th èse selon laq u elle le Médecin a pu circu ler en latin dans une v ersio n plus com plète, m êm e s ’il est actuellem ent d ifficile d e l ’étay er ; il est aussi possible que le reste du tex te ait circulé sous un autre titre attribué à G alien et soit donc d isponible dans certains des n o m ­ breux m an u scrits latins de G alien. P lusieurs leçons spécifiques de l ’en sem b le de la fam ille B sont en to u t cas passées en latin ; on y trouve par exem ple, fait sig n ificatif, les m ots supplém entaires : III, 3 (p. 6, 13-14) : και τράκτυον Μ ό [et tragiurrf et tri­ ticum 15] : om. V III, 3 (p. 6, 14-15) : μ ήλον και κυδώ νιον Μ η \pomum et coctamim lat.] : μήλον κυδώ νιον V Il reste des traces en latin d ’une glose insérée à date ancienne dans la fam ille B : IX, 5 (p. 21, 14) : post πόρ οι add. ή κρεώ ματα (an κενώ ματα ?) ούκ α ισ θη τά ά λ λ ' αύτφ θή τα ι προώ ν [τφ θήται προώ ν vac. in ü] π ο λ λ α ι και μακραι α ν τι­ θ έσ εις Μ u vacuitates non sensibiles lat. E n to u t cas, le m o d è le g rec de la tra d u c tio n la tin e était san s d o u te a n té rie u r à la sé p a ra tio n des b ra n c h e s de la fa m ille B , car on tro u v e p lu sie u rs o m issio n s c o m ­ m unes à M e t u q u i n e so n t p as re p ro d u ite s d an s la tra ­ d u c tio n 167 : X, 7 (p. 26, 26) : τό δε ά ντικ είμ ενο ν αύτοΰ ύποθέναρ om. Μ u (saut du même au même) : quod vero demum super palma lat. X, 8 (p. 27, 14) : τφ π ερ ιτο να ίφ — σ κ επ ό μ ενο ι om. M u (saut du même au même) : in peritoneo extrorsum cooperti accuti lat. 167. De ce point de vue, la traduction latine médiévale (= lat.) rejoint quelque peu le cas du manuscrit grec Vatican, gr. 292 (= Vat), qui ne contient que le ch. X mais remonte au xive s. C ’est donc le plus ancien témoin de la famille B, bien qu’il soit fragmentaire ; l’accord ponctuel de lat. et Vat. (en particulier à propos des omissions) confirme l’ancienneté du modèle de lat.

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X, 9 (p. 28, 7-9) : δίδυμοι— διδύμους om. M u (saut du même au même) : Sunt autem didimi cum his qui et tes­ ticuli notantur sive sint intrinsecus sive in extrinsecus. Oscum vero dicitur quod continet didimos.

Le traitement des omissions de la famille B paraît montrer que la traduction latine a été faite sur un modèle plus complet que les manuscrits que nous connaissons ; celle-ci rejoint en effet le texte de V là où les manuscrits de la famille B en ont perdu une partie. Cependant, comme ces omissions sont dues à des sauts du même au même, elles ont pu être accidentelles dans chacune des deux branches de la famille B ; il nous semble cependant que leur nombre rend cette hypothèse improbable. On trouve d’ailleurs des points d’accord entre V et lat. contre le texte de M u : III, 5 (p. 7, 4) : έ π ισ χέσ θ α ι V [detentam lat.] : έπιδ έχεσ θ α ι M u III, 5 (ρ. 7, 4) : διά ρ ροια ν V [fluxionem lat.] : διάνοιαν M u IV, 3 (ρ. 10, 9) : έκ λ εκ τικ ο ι scripsi : έκ λεκ το ι V [elec­ tivi lat.] edd. έλ εγ κ τικ ο ι M u

Enfin, la traduction latine porte parfois la trace d’un texte plus ancien, que les manuscrits grecs ont perdu par suite des contaminations probables entre les familles A et B (voir nos remarques sur la tradition directe) ; ainsi la leçon in frumentivis ou in triticalibus (III, 3 : p. 6, 13), dont le seul vestige en grec168 est une note en marge de l’édition juntine de 1556, remonte-t-elle selon nous à un manuscrit ancien de la famille B. Il faut aussi envisager la possibilité que le modèle de la traduction latine ait été 168. Tous les manuscrits ont εναντίων, qui est difficile à justifier. Le mot grec proposé par la Juntine (δημητρίων) est soit tiré d ’un manuscrit ancien, soit le fruit d ’une rétroversion savante à partir de la traduction latine médiévale, qui était connue à la Renaissance par le truchement de l’édition de Diomède Bonardus.

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antérieur à l'archétype des manuscrits grecs ; mais cela n'est pas démontrable. Les huit manuscrits latins ont été décrits et étudiés plu­ sieurs fois. Nous renvoyons pour plus de précisions aux travaux de V. Nutton169. Traductions humanistes La traduction d'Euphrosynus (Frosino Bonini170) n’est connue que par un manuscrit du Vatican, le Vatican, lat. 442 3 171 ainsi que par un manuscrit de Florence, le Lau169. La liste des manuscrits est la suivante : Academicus 51, Paris ; Dresdensis Db 92-93 ; Malatest. S, V, 4, Cesena ; Malatest. S, XXVI, 4 ; Malatest\ S, XXVII, 5 ; Monacensis 490 (1488-1503 Diels), mutilé ; Paris, lat. 6865 ; Vatican, palat, lat. 1298 (Durling), mutilé. Voir V. Nutton (CMG, V, 8, 1, 1979) ; S. Fortuna (CMG V, 1, 3, 1997). 170. Euphrosynus Boninus Philophilus Florentinus en effet n ’est autre que Frosino Bonini, artium et medicinae doctor, qui fut dans sa jeunesse le disciple de Politien à Florence. On ignore à vrai dire la date de sa naissance comme celle de sa mort, et l’on perd sa trace de 1502 à 1516. Mais il fut professeur de grec dès 1497 à Pise, de 1516 à 1522 à Florence, puis de nouveau à Pise. Outre son enseignement, il corrige des textes grecs pour les Juntes, et traduit des œuvres médicales comme les Définitions médicales et le Médecin attribués à Galien, ou le commentaire de Giovanni Filopono aux Posteriora d ’Aristote. Cet intérêt pour les textes médicaux serait le fruit de l ’enseignement ency­ clopédique de Politien. Frosino Bonini est en réalité plus connu par une Commedia di Justizia inspirée du Ploutos d ’Aristophane, écrite en faveur du retour des Médicis : voir F. Pintor, « una commedia politica per la restaurazione medicea del 1512 », in Dai tempi antichi ai tempi moderni, Milano, 1904, pp. 391 sqq. Sur la vie de Frosino Bonini, nous renvoyons à l’article du Dizionario biografico degli Italiani. 171. Ce manuscrit est indiqué par H. Diels, mais sans information complémentaire. R. J. Durling en revanche a apporté des précisions sur ce manuscrit dans ses corrigenda et addenda p. 474. Nous l ’avons consulté directement au Vatican. Le contenu du manuscrit se limite aux Définitions médicales et au Médecin. C ’est sans doute un de ces manuscrits grecs de la Renaissance contenant les deux traités (ils sont au nombre de huit au moins) qui servit de modèle au traducteur. Bonini a donné une très belle présentation au manuscrit (in 8°, 17 lignes par page, calligraphiées, encre brune). Le Médecin se lit aux ff. 104-229. F. 104 : Galeni Pergameni Isagoge seu introductorius libellus qui et

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rentian. lat. 73, 9172. À notre connaissance, elle n’a jamais été éditée. En ce qui concerne le manuscrit du Vatican, car nous n’avons pas eu accès au manuscrit de Florence, cette traduction a été faite sur un manuscrit de la famille A (il n’y a pas de chapitre XIV, ni de para­ graphe sur Véléphantiasis, et on retrouve la lacune de la page 59). Si l’on en croit la date de la souscription écrite par le fils du traducteur (7 juillet 1524), cette traduction du X V Ie ne peut avoir été faite sur un exemplaire de l’Al­ dine, parue en 1525. Le modèle en revanche devait être un recentior issu de V. Cette traduction ne présente aucun intérêt pour l’établissement du texte173.

medicus inscribitur, Euphrosyno Bonino Philophilo Florentino Inter­ prete. Dans son avis aux lecteurs ff. 104v-105r Euphrosynus emploie la métaphore de l ’architecture afin de montrer l’utilité de ces deux livres d ’introduction pour l’Art. Traduire ces ouvrages, ce fut pour lui comme bâtir des fondations, des murailles et un toit. Voici la trans­ cription de la fin de l’avis aux lecteurs : (...) His interpretatis affatim nobis partam esse vati medicae artis locum eligere, modulum descri­ bere, fundamenta effodere, moenia erigere, tectaque super imponere ; ut et imperitia artis vitare et illius fastigia attingere qui vis facile queat operae pretium fore duximus : quapropter isagogem Galeni Perga­ meni seu mavis medicum mox vertere visum est ut quae ab optimo medico amplexanda sunt inspicientes, medici vos quoque peritissimi evadatis, ερρωσθε 172. A. M. Bandini, Catalogus codicum latinorum bibliothecae Mediceae Laurentianae, III, p. 27-28 (manuscrit non consulté). Les indications du catalogue nous permettent de constater qu’il y a des différences entre les deux manuscrits qui contiennent la traduc­ tion de Frosino Bonini : manuscrit de papier, 98ff, xvie s, écrit avec netteté, écrit ou corrigé par l’auteur. Le fait que le texte soit divisé en dix-sept chapitres donne à penser que la traduction a été faite sur un autre modèle, et surtout qu’il ne s ’agit pas d ’une copie de la pre­ mière. 173. Frosino Bonini a travaillé sur un modèle de la famille A qui en avait, par force, les lacunes et les faiblesses ; par conséquent l’en­ semble de la traduction n’a pas à être pris en compte pour l’établisse­ ment du texte. En revanche, ce n ’était pas le plus mauvais modèle pos­ sible et, il faut lui rendre justice, Frosino Bonini fut parfois plus rigoureux que Jean Guinter d ’Andemach.

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La traduction du Médecin par J. G. d’Andemach174, publiée pour la première fois en 1528, fut faite sur l’Al­ dine, un peu rapidement, comme de nombreuses autres traductions du même auteur (dont la productivité fut étonnante) : la traduction présente un certain nombre de défauts marqués, en particulier des omissions, et aussi quelques fautes qui nous paraissent assez remarquables. A titre d’exemples : I, 2 (p. 3) : Jean Guinter d ’Andemach traduit έκ του περ ίπ ε σ ειν α ιγα par male habens, ce qui est peut-être bien un contresens dans le contexte. La traduction attribuée à Niccolo da Reggio nous paraît plus solide : ce dernier prend αίγα non comme sujet de π ερ ιπ εσ εΐν , mais comme complément d ’objet, donnant au verbe le sens de « rencontrer par hasard » au lieu de « tomber malade ». Selon nous, comme pour Niccolo da Reggio apparemment, π ε ρ ιπ ε σ ε ΐν s ’explique par la proximité de έκ περίπτώ σ εω ς. C ’est la notion de hasard dans les découvertes en médecine qui gouverne ce passage. XI, 2 (p. 31) : Jean Guinter d ’Andemach saute carrément le difficile passage sur le « pressoir d ’Hérophile », 174. Jean Guinter d ’Andemach, médecin et professeur, maître et adversaire de Vésale, se consacra abondamment à la traduction des œuvres de Galien (surtout dans la première partie de sa carrière, entre 1528 et 1536). Il était si sollicité par ses éditeurs qu’il dut souvent sacrifier la qualité à la productivité. La parution de l ’Aldine donna une impulsion extraordinaire à ses traductions. Sur sa vie et son œuvre (mais plus encore sur la forme de son nom, transcrit mille façons) voir E. Tumer, « Jean Guinter d’Andemach (1505-1574), son nom, son âge, le temps de ses études à Paris, ses titres, ses ouvrages », Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, 28e année, 2e série, tome 18, 1881, p. 425-516 ; voir aussi JJ. Hôveler, « Johannus Guinterius Andemacus, ein berühmter Arzt und Gelehrter des 16. Jahrhunderts », Jahresbericht über das Progymnasium zu Andernachfür das Schuljahr 1898-99, Andemach, 1899, p. 3-21. Plus récemment et avec une bibliographie complémentaire utile, F. Broemser, « Johann Winter aus Andemach (loannes Guinterius Andemacus), 1505-1574 : ein Humanist und Mediziner des 16. Jahrhunderts », Andernacher Beitràge, 6, Andemach, 1989 (nous remercions M. Fischer de nous avoir spontané­ ment prêté ce petit volume).

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signe d ’un travail rapide ou peu pris à cœur : Ex super­ iore illius parte, venae nutrimentum a corde juxta arte­ riarum basim acceptum in id. derivant\ On reconnaît en outre la faute de nombreux recentiores transmise par l ’Aldine (αρτηριώ ν pour άρτηρίαι), qui explique en grande partie la difficulté du passage pour le traducteur, mais ne justifie pas l ’omission pure et simple de κατά τό λ εγό μ ενο ν λ η χ η ν εΐο ν . Il n ’y a pas eu d ’effort cri­ tique sur ce passage, et encore moins de recours à d ’éventuels manuscrits meilleurs que l ’Aldine.

De plus, Jean Guinter d’Andemach a souvent tendance à laisser tels quels des mots grecs qu’il ne se risque pas même à transcrire en latin (noms des parties de la méde­ cine, des causes des maladies, nombreux termes tech­ niques, y compris anatomiques). Faute de temps, nous n’avons pas mené à bien une étude détaillée des choix lexicaux de Jean Guinter d’Andemach dans l’élaboration de sa traduction ; rappelons pour mémoire que son latin est réputé pour imiter le latin médical classique de Celse175. ✓

Etant donné sa dépendance étroite par rapport à ΓΑ1dine, et le peu de soin dont elle fait preuve (en particulier dans la première édition), la traduction d’Andemach ne sera pas reprise dans l’apparat critique. L ’édition de 1528 connut successivement plusieurs couches de compléments et de corrections, bien que personne ne jugeât bon de reprendre ce travail de zéro176. 175. Voir K.-D. Fischer, « Zu des Hippokrates reich-gedeckter Tafel sind aile eingeladen ; Bemerkungen zu den beiden vorsalernitanischen lateinischen Aphorismenkommentaren », Der Kommentar in Antike und Mittelalter, Beitràge zu seiner Erforschung, herausgegeben von W. Geerlings und Ch. Schulze, Leiden, Brill, 2002, 293 sqq. 176. Il s’agit principalement de Thomas Platter et B. Lasius (édi­ teurs d’une Schola Medicorum, Bâle, 1537), B. Sylvanius, J. Cornarius et A. Gadaldini, ce dernier ayant contribué à éclairer le texte en recou­ rant à des manuscrits grecs. Voir C. Petit (2005b et 2007a). En ce qui concerne le Médecin, il faut attendre la troisième édition, celle de

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Les éditions et la fortune du traité Les deux moments clefs dans la tradition imprimée du Médecin pseudo-galénique sont la parution de l’édition Aldine (1525) - dont l’édition de Bâle (1538) est une version à peine améliorée - et l’édition Chartier (1639) qui incorpore des données manuscrites complémentaires (issues de la famille B) et les émendations dues aux Juntines (notamment celle de 1556), ces éditions en langue latine dans lesquelles bien des médecins aisés de la seconde moitié du seizième siècle lisaient Galien. Quant à l’édition Kühn (1821-1833), il ne s’agit que d’une très modeste réimpression de l’édition Chartier. L’édition Aldine est l’édition princeps du Médecin en grec ; c’est aussi la première fois que le traité est rangé parmi les écrits non authentiques de Galien (dans le volume IV), alors que les manuscrits ne mettent jamais en cause la paternité du médecin de Pergame177. Les 1556, pour voir apparaître des modifications notables. La traduction de base est celle de Jean Guinter d ’Andemach modifiée par Sylvanius, mais on trouve en marge quantité d’annotations qui prouvent un recours à au moins un manuscrit de la famille B, peut-être mutilé. Cette édition de 1556 est excessivement difficile à trouver. On n ’en a pas d’exemplaire complet à Paris (tant s ’en faut), et la Wellcome Library n ’en garde plus que deux volumes ; cependant il n ’en manque qu’un (sur six) à la Bibliothèque municipale de Reims où nous avons eu la chance de la consulter. La bibliothèque de Reims comporte un fonds médical important, grâce à des donations successives de collec­ tionneurs médecins. Un certain nombre d ’éditions anciennes de Galien et Hippocrate font partie de ce fonds ; l’Aldine et la Juntine de 1556 par exemple comportent de copieuses annotations manuscrites. 177. Ainsi le recueil d ’extraits de Galien publié par Symphorien Champier en 1517 traite-t-il le Médecin comme n ’importe quel autre traité galénique (.Speculum Galeni. Epitome Galeni, seu Galenus abbreviatus, vel incisus, aut intersectus..., Lyon 1517). D ’autres édi­ tions des œuvres complètes de Galien (en latin) préfèrent classer le traité dans la catégorie des ouvrages d ’introduction à la médecine, sans distinction d ’authenticité (la fonction de l’ouvrage prime alors sur son V t origine supposée). A propos des différents classements adoptés par les éditeurs de Galien à la Renaissance, voir C. Domingues (2004).

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sources des éditeurs, en ce qui concerne ce texte, font partie des manuscrits de Paris, dont certains sont déjà connus pour avoir servi de copies d’impression : il s’agit des Paris, gr. 2167, 2171, et (dans une moindre mesure) 2282, qui sont tous des recentiores de la famille A178. De fait, les éditeurs de Venise ignoraient l’autre branche de la tradition manuscrite ; pourtant, les copies d’impres­ sion montrent parfois un recours ponctuel à une source comportant un texte meilleur, qui concorde avec celui de la famille B. Ces points de contact restent malgré tout trop rares et ténus pour conclure à l’utilisation de tel ou tel manuscrit de la famille B. De même, les héritières immédiates de l’Aldine (toutes deux publiées à Bâle) que sont la Schola Medicorum bilingue (1537) d’une part et 178. Le Paris, gr. 2167 comporte une dédicace de John Clement à son fils Thomas (Thomae Clementi unico filio Io. pater donavit). Ce manuscrit de papier du xvie s., composé de divers fragments de manus­ crits reliés ensemble et numérotés de frais, contient davantage que l’in­ ventaire d ’Omont ne le laisse supposer, notamment le texte complet du De differentiis febrium et non pas seulement le livre I. Le manuscrit est d ’ailleurs la copie d ’impression de l’Aldine pour plusieurs traités, dont ce dernier (C. De Stéfani, 2003, 101-133). Le Paris, gr. 2171 en revanche, copié par Zacharias Calliergès, ne contient que le De methodo medendi et le Médecin (il faut y ajouter, au verso du dernier folio, quelques lignes attribuées à Athénée sur les urines). Il a pu ser­ vir de manuscrit d ’appoint car il est moins richement annoté que le 2167. Sa décoration bien particulière (mention, calligraphiée, du nombre de folios contenant le texte) indique qu’il a pu être inspiré par un manuscrit plus ancien contenant ces deux mêmes traités galéniques, le Paris, gr. 2160 copié par Jean Rhosos. De même, le mince 2282, qui ne contient que notre traité et les Définitions médicales, ne présente que peu de marques de travail. On peut y rattacher, quoique de manière assez lâche, d ’autres manuscrits tardifs comme le Paris. Gr. 2246 (qui appartint à Niccolô Leoniceno, cf. D. Mugnai Carrara, 1991), le Suppl, gr. 35 (voir Ch. Astrue, M.-L. Concasty, C. Bellon, Ch. Forstel et alii, 2003) ou le manuscrit D ’Orville 3 (Oxford) qui comptent parmi leurs copistes des collaborateurs avérés des presses aldines, comme Zacha­ rias Calliergès ou l’Anonymus Harvardianus (cf. Ph. Hoffmann, 1985 et 1987). Sur les sources de l ’Aldine de Galien et les premières édi­ tions grecques en général, voir surtout V. Nutton (1987) ; voir aussi l’éclairage nouveau donné par B. Gundert (2006).

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Tédition des œuvres complètes d’autre part (1538) ne se signalent par aucune amélioration significative du texte grec179. Bizarrement, c’est une édition latine qui marque le tournant le plus intéressant dans la tradition imprimée au XVIe s. : il s’agit de l’édition dite « Juntine » de 1556, sous la houlette d’Agostino Gadaldini, à Venise. Médecin originaire de Modène comme nombre de ses collabora­ teurs, Gadaldini a aussi un sens aigu de la langue grecque ; aussi, en travaillant aux œuvres complètes de Galien en latin pour les presses Giunta, s’attache-t-il à améliorer le texte à partir de la lecture de manuscrits grecs. Les éditions dites « Juntines » portent ce nom en hom­ mage au fondateur de la maison, Luca Antonio Giunta. Ses fils, appelés « Juntes » par francisation de leur nom, prirent la succession de leur père et publièrent à partir des années 1541-1542 une série & Opera omnia de Galien, dont le succès ne se démentit point pendant des décennies. Ces éditions soignées, de belle facture, avaient en outre le 179. L ’édition de poche de Thomas Platter et Balthazar Lasius, intitulée Schola Medicorum, est une publication bilingue grec-latin, pourvues d’indices également bilingues, du Médecin et des Définitions médicales. C ’est la seule édition séparée, en grec, pour notre traité, qui ne paraît en langue originale que dans les œuvres complètes. Destiné au public universitaire et estudiantin, la Schola Medicorum n ’a pas de grandes prétentions philologiques, mais a connu un vrai succès de librairie, comme l’atteste le grand nombre d’exemplaires encore dispo­ nibles aujourd’hui dans les bibliothèques. Sur le prospère éditeur Suisse qu’était Platter, voir P. Munroe, Thomas Platter and the educational Renaissance o f the sixteenth century, New York, 1904. Sur les autres éditions parues sous les mêmes auspices dans les années 15371540, voir V. Nutton (1987, 43) ; il résume ainsi les caractéristiques de ces éditions : « They are small in format ; they make no mention of the use of new manuscripts ; and their editors, Guinther, Morrhius, Singkeler and Torinus (...) do not rank high among Renaissance Greek scholars ». L ’édition de Bâle de 1538 n ’apporte rien de neuf non plus dans le cas du Pseudo-Galien, mais l ’importance de cette édition est en cours de réévaluation (cf. B. Gundert, 2006). Les manuscrits grecs uti­ lisés pour tenter d’améliorer le texte étaient, à l’évidence, des manus­ crits de la famille A, parfois suppléés par des conjectures d ’érudits.

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mérite de proposer des traductions nouvelles, ou des révi­ sions de traductions existantes de Galien. On y trouve même régulièrement des inédits du médecin de Per­ game180. D’autres éditions complètes de Galien virent le jour bien avant dans les presses de la maison Giunta, mais il s’agissait de rééditions de traductions latines jugées désormais obsolètes (parues en 1522 et 1528) ; les édi­ teurs vénitiens appelèrent donc « première » leur édition de 1541 -1542. La seconde parut en 1550, la troisième en 1556, la quatrième en 1565, et ainsi de suite. Dans le cas du Médecin, les Juntes reprirent la traduc­ tion de Jean Guinter d’Andemach, mais apportèrent deux séries d’émendations, les premières par Bartholomaeus Sylvanus, visibles dans les éditions de 1541-42 et 1550 : la traduction est améliorée et annotée grâce à l’examen d’un manuscrit grec de la famille A - sans qu’il soit pos­ sible de déterminer lequel. Les éditions concurrentes de Bâle (chez Froben) reprennent ensuite cette traduction modifiée telle quelle181. Les secondes émendations datent de 1556 et sont probablement dues à Gadaldini, qui uti­ lisa des manuscrits grecs auparavant inconnus ; il s’agit d’une étape importante dans l’histoire et la réception du traité, car d’une part les Juntines avaient un vif succès (du à leur évidente qualité) et figuraient en bonne place dans les bibliothèques de médecins - la grande majorité d’entre eux lisant Galien en latin plutôt qu’en grec ; d’autre part, elles influencèrent même la nouvelle édition grecque publiée par René Chartier182. 180. Nous renvoyons aux préfaces de ces différentes éditions, et à la thèse de Clara Domingues (Paris IV-Sorbonne, 2004). 181. En précisant, comme le font les Juntines : Galeno ascripta introductio seu medicus, quem librum olim Ioannes Andernacus latinum fecit : nuper vero post Bartholomaei Sylvanii recognitionem ad Graeci exemplaris collationem castigatus. « Introduction ou Médecin, attribué à Galien, livre jadis traduit en latin par J. d ’Andemach, mais corrigé récemment après la révision de Barthomaeus Sylvanius sur la foi d’un modèle grec » 182. Sur l ’activité éditoriale de Gadaldini, sa méthode et ses

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Malgré sa triste réputation de faussaire183, R. Chartier a apporté au texte du Médecin des compléments qui n’étaient pas tous le fruit de son imagination, pourtant réputée inventive. Parmi ses sources incontestables, deux manuscrits grecs de Paris (ou l’un des deux), les Parisin. gr\ 2156 et 2158, et l’une des Juntines parues à partir de 1556. Le Médecin se trouve dans le volume II (pp. 360399), qui appartient à la série des volumes sortis en 1639 ; sources manuscrites, voir récemment L Garofalo (2004) et C. Petit (2005b, 2007a, 2008). 183. Les témoignages dans ce sens sont unanimes puisque nulle étude moderne n'est parue en faveur de l ’activité éditoriale de Chartier. Malgré le travail fourni par le médecin du roi, les jugements portés sur son édition furent sévères ; Charles Daremberg dans la préface de son édition d ’Oribase (p. xxvïi) écrivait : « Il a très légèrement collationné les manuscrits de Paris ; ses corrections, fort arbitraires, sont souvent assez malheureuses. Cette édition est du moins la preuve d ’un dévoue­ ment aux lettres bien rare et bien méritoire. » Kühn et plus tard les édi­ teurs d’œuvres particulières de Galien (Millier, Mewaldt, Wenkebach, plus récemment J. Kollesch) analysèrent l’édition de Chartier dans le même sens, dénonçant un travail bâclé (« Pfuscherarbeit », Wenkebach) et de multiples falsifications du texte (Mewaldt, Kollesch). Dans le meilleur des cas, semble-t-il, Chartier n ’a rien changé au texte de Bâle (voir par exemple V. Boudon, Art médical, p. 264). Sur le travail de R. Chartier, voir principalement J. Mewaldt, « Eine Fàlschung Chartiers in Galens Schrift liber das Koma », Sitzungsberichte der kônigl. Preussisch. Akad. Der Wissenschaften, 1913 ; J. Kollesch, « René Chartier, Herausgeber und Fâlscher der Werke Galens », Klio, 48, 1967, p .183-198 ; J. Kollesch, « René Chartier als Herausgeber der Werke Galens », in Antiquitas graeco-romana, Acta congressus internationalis habiti Brunae diebus 12-16 mensis Aprilis MCMLXVI, Prague, 1968, p.525-530 (les articles de J. Kollesch comportent des renvois complémentaires à des éditions particulières de Galien men­ tionnant le rôle de Chartier). En tout cas, seul Wilko de Boer parmi les éditeurs du CMG fait un modeste éloge de celui que ses collègues appelaient « le dernier des éditeurs » {editorum omnium ultimus) : « Parisinam Charterii a. 1679 editam, quamquam ex editione Basileensi derivata est et eius coruptelas interdum auxit, tamen haud raro emendationibus optimis adornatam esse expertus sum. Hujus quoque editionis conjecturas interdum falso Marquardtius sibi assumpsit. » On voit que les éditeurs modernes ont aussi leurs défauts, et que les édi­ teurs d’autrefois ont parfois bon dos.

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on remarque que le traité a été déplacé et fait désormais partie des traités « isagogiques », ce qui est nouveau dans les éditions grecques. C’est avec Γédition de René Chartier qu’apparaissent d’une part le chapitre XIV (περί συνθέσεως άρίστης καθαρσίου) et le développement sur l’éléphantiasis de la fin du ch. XIII (p. 69-70), d’autre part une série de com­ pléments moins visibles mais aussi importants, et dus à la même source : il s’agit de la résolution de la lacune de la page 64 (ch. XIII) et de comblements d’omissions comme celles du ch. III. Ces parties du texte n’ont pu être prises que dans des manuscrits de la famille B, et même des manuscrits du groupe B2. Or, parmi ces manuscrits, Chartier n’a pu avoir accès qu’aux deux représentants de Paris184, à savoir les manuscrits 2156 et 2158 de l’an­ cienne Bibliothèque Royale, qui appartenaient au fonds Colbert185. Cela concorde tout à fait avec ce qu’il affirme lui-même dans l’embryon d’apparat critique qu’il appelle concisae notae : il déclare avoir tiré de « manuscrits royaux » le chapitre XIV, dont il donne la première édi­ tion en grec, dans sa traduction personnelle, elle aussi inédite186. Certes, il s’agit sans doute de sections du texte 184. Les autres témoins étaient et sont toujours conservés au Vatican et à l’Escurial, dont Chartier n’a pu obtenir aucune aide pour raisons diplomatiques : la France était en guerre avec toute l’Europe, ou peu s’en faut. René Chartier se plaint assez longuement de cet état de fait dans sa préface. Il a donc dû se contenter de ce qu’il trouvait à Paris. 185. Il est par ailleurs avéré que Chartier utilisa le manuscrit de Paris portant la cote actuelle Parisin. gr. 2153 ; cela n ’est pas évident dans le cas du Médecin, puisque ce recentior de la famille A ne pou­ vait lui permettre d ’améliorer sensiblement le texte ; mais J. Kollesch assure (« René Chartier Herausgeber und Fâlscher der Werke Galens », pp. 184 sqq) qu’il a utilisé ce manuscrit d ’ailleurs riche en interpola­ tions pour compléter le texte des Définitions médicales. On peut donc redessiner partiellement le corpus de manuscrits royaux utilisés par Chartier : les manuscrits 2153, 2156 et 2158 au moins furent consultés par le médecin du roi, et servirent à modifier, sinon à améliorer sensi­ blement le texte de la vulgate. 186. Chartier, II, pp. 404-405.

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non légitimes. Mais, au fond, René Chartier n’a pas eu de chance : dans le cas des Définitions médicales comme dans celui du Médecin, les manuscrits plus riches qu’il a trouvés à Paris étaient en fait des témoins affligés d’addi­ tions tardives. Toujours est-il que, grâce à son interven­ tion à partir des manuscrits de Paris, le texte imprimé a pris une tournure qui reflète l’ensemble de la tradition manuscrite, et non plus une seule famille. De plus, René Chartier incorpora une partie des don­ nées présentes dans les éditions latines, notamment les Juntines : les améliorations offertes par Gadaldini et ses collaborateurs furent donc en partie intégrées au texte grec, par l’intermédiaire de l’édition Chartier. Ces élé­ ments nouveaux peuvent remonter à la Juntine de 1556 comme à une réédition ultérieure ; la numérotation des chapitres telle que nous la connaissons, ainsi que quelques corrections au grec, fondées semble-t-il sur la collation de manuscrits, sont les vestiges des Juntines187. 187. Dans les éditions grecques et latines antérieures, la numérota­ tion des chapitres n ’était pas fixée ; elle est carrément absente des édi­ tions aldine et basiléenne, et très variable dans les éditions latines. Ainsi trouve-t-on dans l’édition Froben de 1549 une numérotation en 30 chapitres. La division que nous connaissons, qui transita par l’édi­ tion Chartier avant l ’édition Kühn, et que nous avons cru bon de main­ tenir par égard pour la tradition, remonte en dernière analyse à la Jun­ tine de 1556. Cette édition regroupe toute la thérapeutique sous un seul et unique chapitre, portant le numéro XIII. Cette partie formait déjà un tout compact avant l’intervention des Juntes, mais le titre est nouveau : il a été créé de toutes pièces afin de rendre compte de l’en­ semble concerné. Le titre abîmé issu indirectement de V, Π ερί χυμών, en latin De humoribus, ne convenait qu’aux premières lignes, d’où la création d ’un titre rallongé, supposé rendre compte de l ’en­ semble du développement : De humoribus, facultatibus, morbis, eorum differentiis, causis ac curationibus, que Chartier traduisit en grec en regard de la traduction latine (par souci de symétrie, sinon par conviction) : Π ερ ί χυμών τε καί δυνάμεων καί νοσών καί δια­ φορών αυτών καί αιτιών καί θεραπειών. Les chapitres suivants, numérotés de XIV à XIX, devinrent les chapitres XV à XX de Char­ tier-Kühn (puisque Kühn a décalqué Chartier), après l’insertion du

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Dans le cas du Médecin pseudo-galénique, l’édition Kühn n ’est qu’une réimpression de l’édition Chartier188. La fortune du Médecin La présence du Médecin dans l’enseignement médical fut constante et variée. Ce petit ouvrage a peut-être été publié du temps de Galien, sous son nom prestigieux ; puis à la fin de l’Antiquité dans une adaptation latine de sa partie chirurgicale, probablement à des fins pédago­ giques ; et peut-être aussi dans les versions arabes des sommaires alexandrins. Il figure ensuite, à Constanti­ nople, dans un programme d’enseignement médical, ce qui explique vraisemblablement qu’il figure en bonne place dans la série des ouvrages introductifs de Galien en langue latine au X IV e s. ; puis, de la Renaissance jusqu’au xvne s., bien que stigmatisé comme pseudo-galénique, il fut plusieurs fois publié et utilisé comme livre d’intro­ duction à la médecine. chapitre XIV, repris d ’un manuscrit de Paris. La Juntine de 1556 a pu être complétée à partir d’un manuscrit du groupe B1 ; En marge du chapitre III, on trouve l’annotation suivante : Codex manuscriptus habet δημητρείω ν id est cerealibus, quae lectio accommodata ad sensum est, et ita videtur legisse vetus interpres. « Un manuscrit a δημητρείων, c ’est-à-dire « céréales », lecture qui paraît accordée au sens - et ainsi semble avoir lu le traducteur ancien ». C ’est cette note que Chartier exploita pour éditer δημητρίω ν à la place de εναντίων (p. 6, 13). Aucun de nos manuscrits grecs ne conserve la leçon δημη­ τρίων, mais on en trouve une confirmation indirecte dans la version latine médiévale, qui donne et in frumentivis. Dans une autre annota­ tion marginale, on lit les lignes suivantes : Ex graecis antiquis haec adduntur : « et arterias et nervos, per quae et conspiratio et confluxio omnium et omnia fiunt ». Or, il s ’agit de la traduction littérale d ’une phrase contenue dans trois manuscrits grecs, les Mutinens. gr. 213, Mutinens. gr. 226, Marc. gr. App. cl. V, 4 (C. Petit, 2005b). Le propre de ces manuscrits est de nous avoir conservé (partiellement ou entiè­ rement) la partie b du Médecin, qui contient notamment le ch. XI. 1B8. Les mérites de l’édition Kühn restent à évaluer au cas par cas ; voir l ’article de V. Nutton dans le volume édité par ses soins (Nutton, 2002).

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Revenons sur deux moments : la traduction latine ancienne et son adaptation ; la fortune du traité à Constantinople. Il a été courant d’attribuer toute version latine ancienne de Galien (et d’autres médecins) à l’école de Ravenne. En fait, aucun critère ne permet de relier le texte latin que nous connaissons à un lieu précis, encore moins à une école ; néanmoins, il est probable que l’au­ teur de cette adaptation en mauvais latin avait une pers­ pective pédagogique, comme en témoignent les constantes gloses de termes grecs difficiles. L’existence de cette tra­ duction ou adaptation latine démontre en tout cas la vigueur d’une tradition galénique d’enseignement médical qui ne se limite pas aux traités du fameux Canon des Alexandrins. On ne sait pas si, à Ravenne, le Médecin a servi de manuel ; en tout cas, quel que soit le lieu, le texte fut non seulement traduit, mais retravaillé par un connais­ seur des textes médicaux qui peut tout à fait avoir été pro­ fesseur de médecine189. Le rattachement du Médecin à une activité pédagogique est plus clair à Constantinople, puisque l’on dispose dans les manuscrits de la famille B d’un prologue explicite, ajouté par un lecteur enthousiaste : εστι δέ ή πραγμα­ τεία άρίστη, και μάλιστα τοΐς είσαγομένοις *δει ούν αυτήν μετά τό περί τέχνης ήτοι την όρικήν άναγνώναι. « Le livre est excellent, tout particulièrement pour les débutants ; il faut donc le lire après 1"Art médical ». Sans que l’on sache vraiment ni à quel moment, ni par qui, le Médecin a donc été considéré comme digne de figurer dans les études préparatoires à l’apprentissage de la médecine. Mieux, il était le second ouvrage, après YArt médical, d’un programme de lecture élaboré ; il faisait donc partie d’un cursus médical qui ne coïncidait pas avec 189. La supposée école ravennate a fait couler beaucoup d’encre, mais les certitudes demeurent fragiles. Voir pour un survol critique de ce sujet N. Palmieri (1993, 59-61). Sur la remise en cause de l’origine ravennate des traductions latines anciennes, voir M. Vâzquez-Bujan (1984, 153-163).

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le programme établi à Alexandrie. Dans le Canon alexan­ drin en effet, figurent seize ouvrages, tous de Galien ; on n’y trouve ni le Médecin, ni les Définitions médicales. Or, non seulement ces petits traités apocryphes connurent un succès important, si Ton en juge par le nombre de copies conservées, mais encore, on s’aperçoit que l’un d’eux au moins, le Médecin, a pu concurrencer les authentiques traités « pour débutants » de Galien et se glisser dans le cursus médical. Le Médecin a pu être lu et utilisé dans un cercle médical constantinopolitain, quelque part entre le XIIe et le début du xve s. Il peut s’agir du cercle de Jean Argyropoulos. Les médecins humanistes publièrent le Médecin avec une semblable visée pédagogique, puisque leurs déclara­ tions préliminaires visent toujours le public estudiantin et savant, susceptible d’être intéressé par cet abrégé com­ mode du savoir médical. Le caractère inauthentique du traité n’était pas un obstacle à sa diffusion, bien au contraire ; les ouvrages isagogiques formaient une classe autonome, digne de figurer en tête des œuvres complètes. Leur rôle essentiel est affirmé par le truchement de méta­ phores variées, empruntées au domaine de l’architecture ou à celui de l’aimée190. Conséquence directe de l’ample diffusion du Médecin, quelques lecteurs éminents s’emparèrent du texte. La 190. Voir par exemple l’avis au lecteur déjà cité de Frosino Bonini (Notice p. cxv) et la préface de Mariscottus à la Juntine de 1556, où la «colonne des livres d’introduction » {agmen intro ductori um libro­ rum) marche en tête, belli veluti prae ludia, précédant l’armée des livres de Galien, commandée par le prince Luca Antonio Giunta (sic). Peu importe pour Mariscottus que le traité ne soit pas authentique : Sunt praeterea quae Galeni quidem non esse scimus, sicut liber est, qui Introductio ad medicinam inscribitur : ea tamen rei commoditate per­ suasi, minime reiicienda judicavimus. « Il y a en outre des traités dont nous savons tout à fait qu’ils ne sont pas de Galien, tel le livre intitulé Introduction à la médecine ; pourtant, convaincus de leur utilité, nous n ’avons pas du tout estimé qu’ils dussent être rejetés ». Voir aussi l ’éloge humoristique en vers composé par Conrad Gesner pour l’édi­ tion de Platter et Lasius, Bâle, 1537.

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naissance de l’histoire de la médecine s’accompagne d’une recherche de sources anciennes fiables ; l’esprit polémique de Galien incite à une certaine défiance, notamment en ce qui concerne les représentants de la secte méthodique, alors que le ton neutre qui enveloppe les informations données par le Pseudo-Galien rassure. C’est ainsi qu’il devint assez tôt une source importante pour les historiens de la médecine antique. C’est le cas notamment de Prosper Alpin (15531617)191. Vers la fin de sa carrière, Prosper Alpin publia un ouvrage destiné à remettre au goût du jour les prin­ cipes de la médecine méthodique. Enseignant lui-même la médecine dans l’université réputée de Padoue, Alpin affirme que les vertus pédagogiques de cette doctrine sont incontestables pour les débutants, à condition qu’on l’adapte au goût du jour, ce qu’il fait lui-même dans le De medicina methodica. Ce livre novateur et ambitieux (il s’attaque à l’ensemble de la pathologie connue) paraît en 1611, et s’ouvre sur une discussion historique de la validité de la doctrine méthodique : Prosper Alpin s’op­ pose à la vision commune, directement émanée de Galien en fait, des Méthodiques192. Parce que la secte des métho­ diques fut florissante durant de longs siècles, elle ne peut avoir été aussi mauvaise que le prétend Galien ; tel est le point de départ de la réflexion du Préfet du jardin bota191. Prosper Alpin (1553-1617), médecin et professeur vénitien de la Renaissance finissante, est surtout connu pour ses qualités de bota­ niste, qui lui valurent de diriger le Jardin botanique de Padoue, le plus ancien d ’Europe. Il a par ailleurs observé la pratique médicale et les ressources naturelles de TÉgypte, où il a séjourné durant trois ans (de 1581 à 1584), voyage qui lui valut ses plus grands succès de librairie, La médecine des Egyptiens et Histoire naturelle de VÉgypte (parus en traduction française aux presses de l ’IFAO). Voir désormais le petit volume issu du colloque sur Prosper Alpin, voyageur et médecin (A. Bertazzo/ M. A. Cuman, 2005) et les contributions multiples de G. Ongaro. 192. L ’école de Padoue étant très galéniste, cette liberté d’esprit est en soi assez remarquable.

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nique. À l’appui de son exposé sur les principes du méthodisme, il utilise fréquemment le Médecin, dont il cite de larges extraits. Prosper Alpin cite le texte en latin, non dans sa traduction personnelle, mais d’après une édi­ tion contemporaine193. Pour Prosper Alpin donc, l’un des tout premiers de l’Europe moderne à s’intéresser aux méthodiques, YIntroduction est déjà une source fonda­ mentale pour la connaissance de l’histoire et des prin­ cipes du méthodisme. C’est un jalon important dans l ’his­ toire de la réception du traité ; mais d’une manière plus générale, la lecture de Prosper Alpin nous renseigne éga­ lement sur la manière dont les médecins utilisaient les auteurs antiques : d’une part, le latin était encore la langue dans laquelle on lisait de préférence ces auteurs, la connaissance du grec restant le privilège d’une mino­ rité ; d’autre part, la combinaison des sources les plus diverses, sans hiérarchie préétablie, permet de créer de toutes pièces une nouvelle doctrine194. Daniel Leclerc (1652-1728) paraît avoir été prédestiné à la tâche d’écrire une histoire de la médecine antique, car il était le fils d’un médecin qui enseignait le grec à Genève. Et c’est là l’objet réel de son vaste et remar­ quable ouvrage intitulé Histoire de la médecine, qui s’ar­ rête après Galien195. Comme Prosper Alpin un siècle plus 193. A titre d ’exemple, signalons que le texte de la longue citation qu’il tire du ch. III du Médecin (sur la doctrine méthodique des com­ munautés) est rigoureusement identique à celui que propose l’édition Juntine de 1565 (4e édition) dans la traduction revue et corrigée de Jean Guinter d’Andemach, que nous avons consultée pour son­ dage. Ceci n ’a rien d’étonnant, au vu du succès des éditions des Juntes, et aussi parce que Prosper Alpin travaille en pays vénitien : on s’attend d ’autant plus à ce qu’il dépende étroitement des publications locales. 194. Sur la redécouverte des Méthodiques, notamment par Alpin, voir J. Pigeaud, Aux portes de la psychiatrie. Pinel, VAncien et le Moderne (2001, 51-75). Sur Prosper Alpin et ses sources antiques à propos de la mélancolie, voir C. Petit, 2006. 195. Daniel Leclerc, Histoire de la médecine, où Von voit VOrigine et les Progrès de cet A rt, de siècle en siècle ; les sectes qui s'y sont

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tôt, il exploita largement les données du Médecin afin de reconstituer l’histoire des sectes médicales antiques196. formées ; les noms des Médecins, leurs découvertes, leurs opinions et les circonstances les plus remarquables de leur vie, La Haye, 1729 (quatrième édition). La première édition date de 1696 (Genève), la deuxième et la troisième de 1702 et 1723 (Amsterdam). 196. Ainsi peut-on lire dès le ch. II (Si la Médecine est venue immédiatement de Dieu, et comment on a pu trouver les premiers remèdes.), p. 3 : « L ’Auteur du livre intitulé l ’Introduction, que l’on trouve parmi les œuvres de Galien, nous apprend sur le même sujet, que les Grecs attribuoient l ’invention des Arts aux fils des Dieux, ou à quelques uns de leurs proches parens, qui avoient été instruits par eux ». On aura reconnu la citation, tirée du ch. I du Médecin et traduite par D. Leclerc lui-même. C ’est le Pseudo-Galien qui, mieux que Galien, fait office de source sur les origines de la médecine, à côté d’Hippocrate (Ancienne médecine) et de Cicéron (Tusculanes) ; D. Leclerc poursuit plus loin (ch. XI, p. 37) par une paraphrase du même ch. I, dans laquelle il assimile négligemment le Pseudo-Galien à Galien : « Galien supposant qu’Esculape, c ’est-à-dire l’Esculape Grec, a été celui qui a, le premier, amené la Médecine à sa perfection, veut que tous ceux qui l’ont précédé, entre lesquels il compte le centaure Chiron lui-même, et les autres Héros de ce temps là, n ’eussent qu’une simple conoissance des vertus de quelque peu de simples. À la vérité il est contraint d ’avouer, que l ’on trouvoit déjà auparavant en Égypte d’autres médicaments que des herbes, comme Homère le témoigne ; et que la coutume qu’avoient ces peuples d ’ouvrir les corps morts, pour les embaumer, pouvoit leur avoir appris diverses choses, particulière­ ment concernant la Chirurgie ; mais il croit que toute leur conoissance ne consistoit qu’en une expérience sans raisonnement, au lieu que, selon lui, Esculape avoit rendu la Médecine parfaite, et il appelle cette Médecine d ’Esculape une Médecine divine, dans la supposition qu’il la tenoit du Dieu Apollon qui étoit son père. Voilà ce que dit Galien ; mais on verra dans la suite qu’Esculape lui-même n ’en savoit guère plus que ceux dont on vient de parler ». Suit une enquête « biogra­ phique » sur Esculape, à partir de sources diverses. Le Médecin du Pseudo-Galien apparaît encore à de multiples reprises (par exemple pp. 342-344, 501-502, 505) tout au long de cet ouvrage-fleuve. C’est toujours la première partie du traité, consacrée à l ’histoire de la méde­ cine, qui intéresse Leclerc. On voit, d ’après la fin de la deuxième cita­ tion, que la valeur du témoignage pseudo-galénique est contrebalancée par d’autres sources, moins favorables à Esculape ! Leclerc aborde parfois le terrain mythologique avec un sérieux qui peut faire sourire. Mais il reste que l’apport du Médecin dans cette somme sur la méde­ cine antique est tout à fait remarquable.

CXXXÏÏ

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Dès ses premières recherches, Charles Daremberg (1817-1872) s’est intéressé à l’anatomie et à la physiolo­ gie du système nerveux de Galien : il soutint en 1841 une thèse devant la Faculté de Médecine de Paris, intitulée Exposition des connaissances de Galien sur Γanatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux ; à la suite de quoi, il consacra une partie de ses cours197 au Collège de France à ce sujet difficile. Les œuvres anato­ miques de Galien n’étaient en effet pas toutes acces­ sibles19819. Il corrige encore sa thèse plus de vingt ans après, en 1865 ; il est alors amené à consulter les traités pseudo-galéniques, au premier rang desquels le Méde­ cin1" . La perspective de Daremberg est bien différente de celle d’Alpin et Leclerc ; il s’agit ici de reconstituer ce qu’a pu être la doctrine galénique d’après l’ensemble du corpus, sans distinction entre textes authentiques et apocryphes. Le Médecin est pour lui une source auxiliaire pour la compréhension de l’œuvre galénique. Le souci de Daremberg nous rappelle, s’il en était besoin, que tout traité de médecine antique a son intérêt propre, qu’il soit d’un grand médecin ou d’un praticien plus obscur. P r in c ip e s

d ’é d it io n

C’est un empirisme prudent qui a gouverné ce travail. Face à un texte dont la date et l’auteur sont inconnus, on 197. Le cours de Ch. Daremberg parut avec l’intitulé suivant : « Collège de France. Cours sur l’histoire des sciences médicales, lre leçon. », L ’union médicale, 24 (17 déc. 1864), pp. 544-551 et 559-566. 198. Ch. Daremberg put, au cours d ’une longue correspondance avec l’arabisant anglais Greenhill, mettre à jour ses connaissances galéniques à partir de la traduction par ce dernier des Pratiques anato­ miques, conservés uniquement en arabe à partir du livre IX. Sur cette collaboration d ’une fertilité relative, nous renvoyons à la riche étude de D. Gourevitch (1997). 199. Voir ce qu’il déclare au sujet de l’anatomie du Pseudo-Galien dans une lettre à Greenhill datée du 21 décembre (voir D. Gourevitch, 1997, 445-446) que nous citons note 2 p. 41 de la traduction.

NOTICE

cxxxm

a opté pour le conservatisme vis-à-vis du texte des manuscrits grecs (ceci s’étend aux faits de langue discu­ tables, comme les hapax ; les hyperionismes au sein des citations d’Hippocrate, que l’on a conservés tels quels ; les constructions inhabituelles, comme l’emploi du sub­ jonctif après εί, etc). Par ailleurs, malgré le grand nombre de manuscrits dans la famille A, nous avons choisi la simplicité en ne retenant que le prototype V (sauf en de rares occasions), estimant que les apographes et descendants indirects n’apportaient que très peu (sinon quelques innovations, parfois judicieuses, que nous signalons) au texte que l’on peut lire dans ce manuscrit. Les apographes ne permet­ tent pas de compenser les dommages survenus dans V à date ancienne : le manuscrit était déjà abîmé lorsque l’on commença d’en produire des copies. Les manuscrits constitutifs de la famille B, en revanche, ont été exploités au maximum, mêmes les recentiores por­ teurs d’extraits (Vat, Ma et Mu). Cette partie de la tradition avait en effet reçu peu d’attention dans la tradition impri­ mée. Les deux familles ont été considérées comme d’égale valeur et d’intérêt équivalent. Quoique plus ancien, V n’a pas été utilisé comme « manuscrit de base ». L’apparat tient compte de la tradition indirecte lorsque celle-ci est disponible, mais pas de manière systématique : seulement quand elle permet d’expliquer les choix éditoriaux. Le cas de la traduction latine ancienne est un peu particulier : celle-ci étant antérieure à l’archétype, elle est susceptible de conserver de bonnes leçons. Elle tient donc une place importante dans l’apparat des chapitres XVI-XX. L’ordre des chapitres est celui des éditions antérieures (Chartier-Kühn, c’est-à-dire, en dernière analyse, la Juntine de 1556), afin de faciliter le repérage (on cite sou­ vent, dans les ouvrages savants, le chapitre, et non néces­ sairement la page dans Kühn). On a simplement affiné le découpage de ces chapitres en ajoutant des alinéas. Les chapitres donnés par les manuscrits varient : dans la

NOTICE

CXXXIV

seconde partie (ch. XIII et suivants), les titres se succè­ dent parfois presque ligne à ligne, comme si l’on avait affaire à un grand sommaire. Leur forme exacte aussi tend à varier. Les signaler dans l’apparat critique eût considérablement alourdi celui-ci, aussi nous bornonsnous à en donner une liste indicative en fin de notice. N ote

s u r l a t r a d u c t io n

La traduction française s’efforce de rester proche du texte. Celui-ci est souvent répétitif, en tout cas d’un point de vue formel, mais le français ne vient pas orner ce qui ne doit pas l’être : la fidélité prime donc sur l’élégance. Pour­ tant, la fidélité au texte grec a ses limites dans les parties les plus techniques du texte : dans bien des cas (noms des parties du corps, noms des maladies, noms des instru­ ments, des plantes et autres remèdes), il est impossible de rendre exactement chaque terme grec, parce que la termi­ nologie médicale a changé, et qu’à tout concept antique ne se superpose pas nécessairement une notion moderne cor­ respondante. On a donc opté pour le pragmatisme en trans­ crivant simplement le grec, dans les endroits où toute tra­ duction eût été un faux-sens. On s’est efforcé de donner autant de lumière que possible dans les notes, mais tous les mots du texte n’ont bien sûr pas été commentés.

cxxxv

NOTICE

Stemma

XIXe s.

Kühn

A nnexe 1

Liste comparative des chapitres du Médecin d’après les manuscrits grecs L iste des chapitres dans V

Πώς ευρηται ή Ιατρική ; Τίνες άρχαι Ιατρικής ; Πόσαι αιρέσεις έν ιατρική ; Τίνες προέστησαν των τριών αιρέσεων ; Ei επιστήμη ή Ιατρική ή τέχνη ;

L iste des chapitres dans la fam ille B

Πώς ευρηται ή Ιατρική ; Τίνες άρχαι ιατρικής ; Πόσαι αίρέσεις έν Ιατρική ; Τίνες προέστησαν των τριών αίρέσεων ; Εί έπιστήμη ή ιατρική ή τέχνη ;

CXXXVI

NOTICE

Τί έστι τέχνη ; Τί έστιν Ιατρική ; Πόσα μέρη ιατρικής ; Εί αναγκαία ή είς τα πέντε μέρη τής Ιατρικής διαίρεσις ; Περί των στοιχείων εξ ών 6 άνθρωπος συνέστηκεν Όνομασίαι των έκτος μερών του σώματος Ανατομή των εντός Όστεολογία Περί χυμών

Περί φρενίτιδος

Τί έστι τέχνη ; Τί έστιν Ιατρική ; Πόσα μέρη ιατρικής ; El αναγκαία ή είς τα πέντε μέρη τής Ιατρικής διαίρεσις ; Έκ τίνων στοιχείων ό άνθρω­ πος συνέστηκεν ; Όνομασίαι τών έκτος μερών του σώματος Περί ανατομής Όστεολογία Περί φυσικών ένεργειών τε καί χυμών

Περί φρενίτιδος Περί καύσου Περί κυνάγκης Περί πλευρίτιδος Περί πνευμονίας Περί καρδιακού Περί Ικτέρου Περί χολέρας Περί ειλεού Περί άποπλεξίας Περί άποπλεξίας Περί τετάνου Περί τετάνου Περί χειρουργίας Περί χειρουργίας Περί χρονιών παθών Περί κεφαλαίας Περί κεφαλαίας Περί επιληψίας Περί έπιληψίας Περί σκοτώματων Περί σκοτώματων Περί μανίας καί μελαγχολίας Περί μανίας καί μελαγχολίας Περί ληθάργου Περί ληθάργου Περί κατάρρους καί κορύζης Περί κατάρρους καί κορύζης Περί αίματος αναγωγής Περί αίματος αναγωγής Περί εμπυήματος Περί έμπυήματος Περί φθίσεως Περί φθίσεως Περί ή πάτος καί σπληνός Περί φλεγμονής ήπατος καί σπληνός Περί ύδρώπων Περί ύδρώπων Περί νεφρών Περί παθών έν τοίς νεφροίς Περί κύστεως Περί τών τής κύστεως παθών Περί λιθιάσεως

NOTICE

CXXXVII

Περί Ισχουρίας Περί παθών έν στομάχω Περί των κατά κοιλίαν Περί τών τής κοιλίας παθών Περί δυσεντερίας Περί δυσεντερίας Περί λειεντερίας Περί λειεντερίας Περί τεινεσμών Περί τεινεσμών Περί ελμινθες Περί έλμίνθων Περί Ισχιάδος καί άρθρήτιδος Περί ισχιάδος καί ποδάγρας καί αρθρίτιδος Περί Ισχουρίας

Περί έλεφαντιάσεως Περί λειχήνος Περί λειχήνος Περί λέπρας Περί ψώρας Περί αλφών Περί λευκής Περί συνθέσεως άρίστης καθαρ­ σίου Περί διαιρέσεως τής δια φαρ­ Περί φαρμακείας μάκων θεραπείας Περί των έν όφθαλμοις συνισ- Περί τών έν όφθαλμοις παθών ταμένων παθών200 Περί τών εντός τών βλεφάρων γινομένων Περί τών έκτος τής κεφαλής Περί τών έν τή κεφαλή καταγ­ παθών μάτων Περί τών καθ'ολου παθών201 Τίνες οΐ έν χειρουργία σκοποί ; Περί χειρουργίας ειδών202 Περί καταγμάτων Περί κατεαγότων μορίων203

200. Les maladies des yeux dans V et ses descendants se subdivi­ sent ensuite sous la forme de questions et de réponses (Τί έστι τάραξις ;Τί έστι οφθαλμία ;) tandis que dans la famille B, les subdivi­ sions ont la forme περί + Génitif. 201. De même, dans ce chapitre, la famille B comporte de mul­ tiples subdivisions sous la forme περί + Génitif. Nous n ’en donnons pas la liste exhaustive par souci de concision. 202. Même remarque. 203. Même remarque.

CXXXVIII

NOTICE A nnexe 2

Prologue des manuscrits de la famille A (transcrit d ’après le manuscrit V)204

γαληνού ιατρός *εισαγωγή Ε π ιγ ρ ά φ ε τ α ι μέν τό βιβλίον ιατρός *π ε ρ ιέ χ ε ι δε τάδε *τά π ερ ί Ιατρικής τεχνο λ ο γο ύ μ ενα κα ι τά ϊδ ια τής Ια τρικής * έσ τι δέ τά π ερ ί ια τρικ ή ς τεχνο λ ο γο ύ μ ενα τ ά δ ε · πρώτον, πώς εϋρηται ή Ιατρική *τ ίν ε ς ά ρ χα ι Ια τρικής *πόσ α ι α ιρ έ ­ σ εις έν ια τρική και τίνα τά χα ρ α κ τη ρ ιζό ντα αύτάς ' τίνες π ρ ο έσ τη σ α ν τών α ιρ έσ εω ν * τίνα τά ϊδια τής ια τρικ ή ς ' τί έσ τιν ιατρική * εΐ έπιστήμη ή Ιατρική ή τέχνη * πόσα μέρη ια τρικ ή ς ’ εί αναγκαία (ή) είς τά πέντε μέρη δια ίρεσ ις · π ε ρ ί σ το ιχείω ν έξ ών ο άνθρω πος σ υνέσ τη κε · π ερ ί φυσικώ ν ενεργειώ ν · ονομασία τών έκτος μέρων τού σώ ματος ■ ανατομή τών εντός * ο σ τεο λ ο γία * τών παρά φ ύσιν οξέω ν παθών σ η μ είω σ ις καί θερα π εία * α ιτιο λ ο γία παθών χρ ο νιώ ν σημείίοσις καί α ίτιο λ ο γία καί θερα π εία * τών π ερ ί οφθαλμού παθών δ ια ίρ εσ ις τών κατά μέρος καί σ η μ είω σ ις καί θερ α π εία * πόσα εϊδη κολλυρίω ν καί τών άλλω ν φαρμάκων τών προς άλλα πάθη * ονομασία τών π ερ ί όλον τό σώμα φυμάτων καί ε.,.μ ά τω ν καί πάσης διαθέσ εω ς ελκώ δους ή άνεϋ έλκώ σεω ς κα ί θερα πεία αυτών καί δ ια ίρ εσ ις καί κατά τού σώ ματος μόρια καί μέρη * καί π ερ ί τώ ν έν χειρ ο υ ρ γ ία υπαγομένω ν, τίνα τε καί πόσα έσ τι ■τίν ες οι έν χ ειρ ο υ ρ γ ία σ κόποι * κα ίτοι δύο τά πρώ τα εϊδη τών κατά χ ειρ ο υ ρ γ ία ν ένερ γειώ ν τούτων * καί σ η μ είω σ ις καί θ ερ α π εία πάντω ν τώ ν κατά χειρ ου ργία ν.

Prologue des manuscrits de la famille B (transcrit d ’après le manuscrit U)

+ γαληνού Ιατρός *εισαγωγή * Ε π ιγ ρ ά φ ε τ α ι μέν τό β ιβ λ ίον ια τρός *π ε ρ ιέ χ ε ι δέ τάδε · τά π ερ ί ια τρ ικ ή ς τεχν ο λ ο γο ύ μ ενα καί τά ϊδ ια τής Ιατρικής ‘ έστι δέ Τ) πραγματεία άρίστη καί μάλιστα τοΐς είσαγομένοις • δει ούν αύτήν, μετά τό π ερ ί τέχν η ς ή το ι τη ν όρικήν, άναγνώ ναι * έσ τι δέ τά π ερ ί ια τρ ικ ή ς τεχνο λ ο γο ύ μ ενα τάδε * πρώ τον, πώς εύρηται ή ια τρική * είτα, τίνες ά ρ χα ι ια τρ ικ ή ς * καί τά έξή ς μ έχρ ι θερ α π εία ς τών τής ια τρικ ή ς ιδίων, άρξώ μεθα ούν από τού πρώτου * 204. Orthographe non corrigée.

CONSPECTVS SIGLORVM

Codices manuscripti graeci : V V2 P recc.

= = = -

M M1 M2 U U2 u codd.

= = = = = =

Vaticanus graecus 1845, saec. XII. emendationes alterius vel eiusdem manus. Parisinus graecus 2167, saec. XVI. codices recentiores ex V descripti aliqui vel cuncti. Mutinensis graecus 213, saec. XVI. emendationes eiusdem manus. emendationes alterius manus. Urbinas graecus 67, saec. XV. emendationes alterius manus. consensus codicum USR vel USRT. codices cuncti.

Raro memorantur : S - Scorialensis Σ, II, 11, saec. XV. R = Parisinus graecus 2158, saec. XV. T = Scorialensis Σ, III, 17, saec. XV. Vat = Vaticanus graecus 292, saec. XIV. Ma = Marcianus App. Cl. V, 4, saec. XVI. Mu = Mutinensis gr. 226, saec. XVI. Mu1 = emendationes eiusdem manus. Translationes : vet. lat.

= translatio anonyma latina capitum XVIXX, in cod. Augiens. CXX, saec. IX.

CONSPECTVS SIGLORVM

CXL

vet. lat.2

= eiusdem translationis anonymae latinae principium, in cod. Vindob. Lat. 68, saec. X. lat.a = translatio latina anonyma capitum I-X, in cod. Parisin. Lat. 6865, saec. XIV lat.b = translatio latina anonyma capitum I-X, in cod. Malatestian. S, V, 4, saec. XIV lat. = consensus lat. ab Lib. Pass. = Liber Passionalis, ch. XLVIII (de ydropicis), in cod. St Gall 751, saec. X. Editiones vel studia : Aid. Platter Basii. Junt. Chartier Kühn

= = = =

edd. = Wellmann =

Helmreich -

De Moulin = Garofalo

=

Tecusan

=

editio aldina (editio princeps), 1525. editio basileensis Platteri et Lasii quae intitulatur Schola medicorum, 1537. editio basileensis, 1538. édition juntina, 1556. editio charteriana, 1639-1679. editio kuehniana, 1821-1833 (XIV, 674797). editiones omnes ex Aid. M. Wellmann, Fragmente der sikelischen Arzten Akron, Philistion und des Diocles von Karystos (Fragmentsammlung der griechischen Àrzte, 1), Berlin, 1901. G. Helmreich, « Handschriftliche Studien zu Galen » III, Programm des k. humanistischen Gymnasiums in Ansbach für das Schuljahr 1913114, Ansbach, 1914. D. De Moulin, De heelkunde en de vroege middeleeuwen, Leiden, Brill, 1964. I. Garofalo, Erasistrati fragmenta, Giardini, Pisa, 1988. Manuela Tecusan, The f ragments of the methodists (methodism outside Soranus), I Text and Translation, Leiden, Brill, 2004 (= fr. 282-285).

DE GALIEN LE MÉDECIN. INTRODUCTION

DE GALIEN LE MÉDECIN. INTRODUCTION 1

I. 1. Comment fut inventée la médecine ? Les Grecs attribuent Linvention des arts à des enfants de dieux, ou à des êtres proches d’eux, auxquels les dieux ont, les pre­ miers, fait part de tout art quel qu’il soit. Il en va donc de même en particulier pour la médecine, qu’Asclépios, diton, apprit d’abord de son père Apollon, puis transmit aux hommes - c’est pourquoi il passe pour avoir été son inventeur2. Avant Asclépios, il n’existait pas encore d’art médical parmi les hommes, mais les anciens possédaient une expérience3 des remèdes et des plantes, tels ceux que, chez les Grecs, connaissaient le centaure Chiron4 et les héros qui reçurent son enseignement, et tous ceux que l’on fait remonter à Aristée, Mélampous et Polyeidos5. 2 Mais chez les Égyptiens6 aussi, on utilisait les plantes et les autres remèdes, comme l’atteste Homère lorsqu’il dit : D’Égypte, où la terre féconde produit en abondance Maints remèdes bénéfiques une fois mélangés, et maints remèdes funestes7. 1-3. 5-7. Voir infra, p. 107-110. 4. Le centaure Chiron était de longue date réputé pour ses talents de médecin ; selon certaines sources il aurait instruit Asclépios et même Apollon, ce qui ferait de lui le véritable père divin de cet art. Mais l’auteur ici ne paraît pas souscrire à cette chronologie et le ren­ voie à un passé légendaire indéterminé. Parmi « ceux qui reçurent son enseignement », Achille et Jason, qu’il initia, entre autres arts, à la médecine. Chiron joue ici un rôle secondaire dans l’histoire mytholo­ gique de la médecine.

ΓΑΛΗΝΟΥ ΙΑΤΡΟΣ * ΕΙΣΑΓΩΓΗ

Kühn 674

I. 1 Πώς εΰρηται ή ιατρική ; Έλληνες των τεχνών Tas €υρέσεις θεών παισίν άνατιθέασιν, ή τισιν εγγύς 5 αυτών ois ττρώτοι οί θεοί πάσης τέχνης έκοινώνησαν. Ούτως ουν καί τήν ιατρικήν ττρώτον μεν Ασκληπιόν παρά Απόλλωνος του πατρός φασιν έκμαθεΐν καί άνθρώποις μεταδουναι, διό καί δοκει εύρετής γεγονέναι αυτής* προ δε Ασκληπιού τέχνη μεν ιατρική οΰπω ήν 10 έν άνθρώποις, εμπειρίαν δέ τινα οί παλαιοί ειχον φαρμάκων | καί βότανών, οια παρ’ Έλλησι Χείρων ό 675 κένταυρος ήπίστατο καί οί υπό τούτου παιδευθέντες ήρωες, όσα τε εις Άριστέα καί Μελάμποδα καί Πολύειδον άναφέρεται. 2 Παρά δέ Αίγυπτίοις ήν μεν καί ή τών 15 βότανών χρήοτις καί ή άλλη φαρμακεία, ως καί "Ομη­ ρος μαρτυρεί λέγων, Αίγυπτίη τή πλειστα φέρει, ζείδωρος άρουρα Φάρμακα, πολλά μεν έσθλά μεμιγμένα, πολλά δε [λυγρά. TEST. : 17 Α ίγυπτίη - 18 λυγρά Hom. Od. IV, 229-230.*5 Tit. Γαληνού Ιατρός' είσαγωγή V u Γαληνού εισαγω γή ή Ιατρός recc. edd. om. Μ Ρ introductorius medicorum liber lat.b de introductione medicorum lat.a II 4 post ευρέσεις add. ή P edd. Il 5 πρώτοι V : πρώτοις M u II 10 παλαιοί V : πάλαι Μ μ II 11 οία παρ’ V : οίαπερ Μ « II 14 post μέν om. καί Μ u II ή recc. edd. : om. Μ u non legitur V II 17 τή M u : ή V Aid. Basil, γη Chartier.

3

MEDECIN. INTRODUCTION

12-3

En outre, c’est du fait de la dissection1 des morts, à l’occasion des embaumements, que maints traitements utilisés en chirurgie passent pour avoir été inventés chez les premiers médecins ;d’autres, dit-on, ont été imaginés par hasard, comme la paracentèse2 des yeux des malades souffrant de la cataracte, due à la rencontre3 d’une chèvre qui, atteinte de cataracte, recouvra la vue après qu’une feuille de jonc pointue se fut plantée dans son œil. Le lavement, dit-on aussi, a été inventé en regardant l’ibis qui remplit la peau de son cou, comme un réservoir de clystère, d’eau de mer ou d’eau du Nil, et se l’injecte par derrière avec son bec4. 3 L’historien Hérodote dit aussi qu’autrefois, on plaçait aux carrefours les gens malades, et que ceux qui avaient eu les mêmes maladies expli­ quaient chacun par l’emploi de quels remèdes il avait guéri5 ; ainsi, à partir de l’expérience de la majorité, s’assemblaient les éléments de la médecine6. Mais cette pratique-là n’était pas rationnelle et ne relevait pas encore de l’art7 ; la médecine sous sa forme achevée et remplie des parties qui lui sont propres, celle qui est vrai­ ment divine, Asclépios seul l’inventa, et celle qui a cours parmi les hommes, les Asclépiades, instruits par celui-ci, la transmirent à leurs descendants, et en particulier à Hip­ pocrate8, qui l’emporta sur tous, et le premier mit au jour la médecine sous la forme achevée qu’elle revêt chez les Grecs.

1. Le substantif ανάσχισις est un hapax, mais il est parfaitement justifié par l’existence du verbe άνασχίζω, bien qu’il existe déjà deux termes plus courants de la même famille, απόσχισις et διά σχισις : voir G. Helmreich (1914, 6). 2. Ce « percement » renvoie à une opération très précise de la cataracte, décrite par l’auteur au chapitre XIX, 7. L ’écho de cette opé­ ration d ’un bout à l’autre du traité contribue, nous semble-t-il, à don­ ner du texte une impression d ’unité pour le lecteur.

ΙΑΤΡΟΣ * ΕΙΣΑΓΩ ΓΗ , I 2-3

3

Έκ δέ τή? εν ται? ταριχείαι? άνασχίσεω? των νεκρών πολλά καί των εν χειρουργία παρά τοι? πρώτοι? ιατροί? εύρήσθαι δοκει. Τινά δε εκ περιπτώσεώ? φασιν επινενοήσθαι, ώ? τό παρακεντεΐν τού? ύποκεχυμένου?, 5 έκ του περιπεσεΐν αίγα, ήτι? ύποχυθεΐσα άνέβλεψεν όξυσχοίνου έμπαγείση? εί? τον οφθαλμόν. Καί τό κλύζειν δέ από τή? ϊβεώ? φασιν εύρεθήναι, πληρούση? τό περί τον τράχηλον δέρμα, ώ? κλυστήρο? άσκωμα θαλασσίου υδατο? καί Νειλωου καί διά του ράμφου? 10 ένιείση? εαυτή όπισθεν. 3 Φησί δέ Ηρόδοτο? ό ιστοριο­ γράφο? τό παλαιόν εν ται? τρίοδοι? προτίθεσθαι του? | νοσουντα?, του? δέ περιπεσόντα? τοι? αυτοί? νοσήμασιν ύφηγεισθαι οι? χρησάμενο? έκαστο? εθεραπεύθη, καί οίίτω? εκ τή? των πολλών πείρα? συνερανίζεσθαι τα 15 τή? ιατρική?. Ά λλ’ αυτή μέν άλογο? ή πείρα καί οΰπω τεχνική. Τελείαν δέ ιατρικήν καί τοι? έαυτή? μέρεσι συμπεπληρωμένην, την μέν ώ? άληθώ? θείαν Ασκλη­ πιόν μόνον ευρειν, τήν δ’ εν άνθρώποι? του? Άσκληπιάδα? παρά τούτου διαδεξαμένου? τοι? μετέπειτα 20 παραδουναι, μάλιστα δέ Ίπποκράτει, ο? πάντων υπερήνεγκε καί πρώτο? εί$ φώ? έξήνεγκε τήν τελείαν παρ’ 'Έλλησιν ιατρικήν.

TEST. : 10 Φ ησί - 15 Ιατρικής, cf. Hdt. I, 197.

1 ταριχείαις recc. edd. : ταριχίαις V2M u τραχείαις V II post καί add. παρά Μ μ II 2 post χειρουργία add. ιστορία V : expnx. V2 II 3 Ιατροΐς V2 supra lineam : om. VM u II 6 εις τον όφθαλμόν V : τφ όφθαλμφ Μ μ II 9 νειλφου V2M u : νειλαίου V II του VMSU : τό R II post δέ add. καί P edd. II 11 προτίθεσθαι V : προστίτεσθαι Μ u II 14 συνερανίζεσθαι codd. : συνηρανίσθαι Chartier II 15 ή πείρα V2M u : om. V II 16 τεχνική VM u [artificialis lat.] : λογική V2 recc. edd. Il 19 μετέπειτα u : έπειτα VM II 20 Ίπποκράτει scripsi : -η Tecusan -ης codd.

676

4

MÉDECIN. INTRODUCTION

II 1-2

II. 1 Quels sont les principes de la médecine ? Les principes de la médecine sont donc trois : celui de la découverte, celui de la constitution de l’art, et celui de l’explication. De la simple découverte donc d’abord, des éléments propres à la médecine, le principe le plus ancien et dépourvu de recours à la raison est précisément l’expé­ rience, comme chez les Egyptiens et chez tous les Bar­ bares. Quant à constituer en un ensemble cohérent la médecine des Asclépiades, le principe en est la raison alliée à l’expérience. Pour l’explication, comme dit Athé­ née1, ou la transmission, comme disent certains, le prin­ cipe en est l’observation de la nature2. Hippocrate l’a dit en un mot : « le principe du discours en médecine, c’est d’abord la nature »3, En effet, c’est de la connaissance de la nature que partent les dogmatiques4, car, à partir de ce qui est conforme à la nature, ils peuvent savoir aussi ce qui ne l’est pas, tandis que sans connaître ce qui est conforme à la nature, il n’est pas possible de savoir ce qui n’y est pas conforme. Dans l’art de guérir aussi, ils ont besoin, de même, à l’origine, de la connaissance de la nature, car c’est à partir de la faculté5 naturelle des remèdes que l’on prescrit, qu’ils prennent parmi eux ce qui convient pour combattre les affections. 2 Quant à ceux des autres sectes qui rejettent la connaissance de la nature, ils partent chacun de ce qui leur permet de pres­ crire les remèdes : les méthodiques6 de l’indication four­ nie par les communautés, et les empiriques7 de l’observa­ tion d’après l’expérience. En effet, de même que pour les dogmatiques le principe du discours en médecine, c’est la nature, de même pour les empiriques le principe en est l’expérience qui le plus souvent et toujours selon les mêmes facteurs reste toujours la même. C’est par elle en effet que commence l’histoire, et c ’est en fonction d’elle que s’établit le passage au semblable. Quant aux métho7. Les Empiriques ont créé leur secte par opposition aux Dogma­ tiques ; l ’origine de la secte est controversée (voir ch. IV, 2). Voir note 4 de cette page.

ΙΑΤΡΟΣ ■ΕΙΣΑΓΩ ΓΗ , II 1-2

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II. 1 Τίνες άρχαί ιατρικής* ; Άρχαί ούν ιατρικής τρεις* ή μεν εύρέσεως, ή δε εκ τού συστήσασθαι την τέχνην, ή δε ύφηγήσεως. Εύρέσεως μέν ουν απλής των έν ιατρική ή παλαιοτάτη καί aveu λόγου αρχή καί 5 πείρα, ώς παρά Αίγυπτίοις καί πάσι βαρβάροις. Του δε ας σύστημα τέχνης άγαγειν την των Άσκληπιαδών ιατρικήν, ταύτης δέ αρχή λόγος καί πείρα. Ύφηγήσεως δέ, ώς φησιν | Άθήναιος, ή παραδόσεως, καθώς 677 τινες λέγουσιν, αρχή ή φυσική θεωρία. 'Απλώς δέ 10 Ιπποκράτης έφη, άρχή του έν ιατρική λόγου ή φύσις πρώτον* από γάρ του φυσιολογειν άρχονται οι δογμα­ τικοί, Ιπειδή εκ των κατά φύσιν καί τα παρά φύσιν δύνανται είδέναι, άνευ δέ τοΰ γνώναι τό κατά φύσιν, τό παρά τούτο εχον ούχ οιόν τε επίστασθαι. Καί εν τω 15 θεραπεύειν ομοίως εν άρχή δέονται τής φυσιολογίας, επειδή από τής φυσικής δυνάμεως των προσφερομένων βοηθημάτων τό κατάλληλον αυτών προς τα πάθη λαμβάνουσιν. 2 Οί δέ κατά τάς άλλας αιρέσεις παραιτησάμενοι τό φυσιολογειν άρχονται εκάτεροι άφ’ ών τήν 20 εξιν του προσφέρειν τά βοηθήματα περιεποιήσαντο* οί μέν μεθοδικοί εκ τής των κοινοτήτων ενδείξεως, οί 8 εμπειρικοί εκ τής των κατά τήν πείραν τηρήσεως. "Ωσ­ περ γάρ τοίς δογματικοίς άρχή του έν ιατρική λόγου ή φύσις, οΰτω τοίς μέν εμπειρικοις άρχή ή πείρα, ή 25 πλειστάκις καί αεί κατά τά αυτά καί ωσαύτως έχουσα* από ταύτης γάρ καί ή ιστορία άρχεται καί | κατά 6781 *

1 τίνες— Ιατρικής·; om. U II 3 άπλής των Μ u : άπλώς τής V II 4 post έν add. τή recc. II και VM u : ή recc. edd. Il 6 post άγαγεΐν add. ώς V II 7 post ταύτης fort, delendum δέ II άρχή recc. edd. : άρχει codd. Il 8 καθώς V : καθά Μ « Il 9 post δέ add. και recc. Il 11 πρώτον Μ u : πρώτη V II 12 και τά V : τό Μ u II παρά...παρά Μ u recc. edd. : π ερ ί...π ερ ί V II 13 δύνανται— κατά φύσιν τό παρά om. Μ u II 15 έν άρχή om. V II 20 προσφ έρειν V : -οντος MSR -ον U II 22 post τής om. των V II post κατά om. τήν Μ μ II 24 μέν om. recc. edd. Il 26 ή om. M u.

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II 2 - III 2

cliques, le principe est pour eux l’observation du sem­ blable selon les apparences, ou connaissance des commu­ nautés apparentes. III* 1 Combien existe-t-il de sectes médicales et qu’est-ce qui caractérise chacune d’elles ? Il existe trois sectes médicales : logique, empirique et métho­ dique. La secte logique est celle qui s’applique à une théorie de la nature, qui recherche les causes des mala­ dies, utilise la sémiologie pour découvrir les causes et tire le traitement de ce que prescrivent les causes, en s’y opposant. En effet les contrahes sont les remèdes des contraires1. Il y a donc quatre caractéristiques à la secte logique : théorie de la nature, étiologie, sémiologie, et quatrièmement le fait que les causes elles-mêmes suggè­ rent le traitement12. 2 La secte empirique est celle qui, face au concours des symptômes, néglige ce qui les accompagne chez les malades et se contente d’appliquer le traitement réclamé par les symptômes, sans reconnaître d’affection ni rechercher systématiquement de causes, mais en se contentant absolument de l’observation des symptômes d’après l’expérience des soins et aussi en uti­ lisant l’histoire des remèdes expérimentés auparavant, et le passage au semblable entre le cas déjà expérimenté et celui qui ne l’est pas, mais lui est à l’évidence semblable.

1. Citation célèbre du traité hippocratique des Vents, I, 5 (Jouanna p. 104 et note 3) : τα εναντία των εναντίων έστίν Ιήματα. Galien lui-même la reprend souvent. La citation hippocratique est ici assez fidèle à l’original, mais ce n ’est pas toujours le cas ; sur le traitement des citations de la Collection hippocratique, voir Notice ch. IV et C. Petit « Hippocrate dans VIntroductio sive medicus pseudo-galénique ou comment enseignait-on la médecine à l’époque romaine », Les Etudes Classiques 77, 2009 (sous presse). 2. Nous préférons, dans cette phrase, nous en tenir aux leçons des manuscrits, qui permettent d ’obtenir un texte très satisfaisant ; les deux conjectures de M. Tecusan sont ingénieuses, mais suivre la tradi­ tion manuscrite est ici préférable.

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ταύτην ή του όμοιου μετάβασις. Τοίς δέ μεθοδικοί αρχή ή κατά τα φαινόμενα του όμοιου θεωρία, ή γνώσις φαινομένων κοινοτήτων. III. 1 Πόσαι αί αιρέσεις έν ιατρική καί τίνα τα 5 χαρακτηρίξοντα εκάστην αυτών ; Αιρέσεις δέ είσιν εν ιατρική τρεις, λογική, εμπειρική, μεθοδική* λογική μέν ή φυσιολογία προσέχουσα καί τας αιτίας των νόσων εξετάζουσα καί σημειώσει προς εΰρεσιν των αίτιων χρωμένη τήν τε θεραπείαν εξ ών υπαγορευουσιν αί 10 αίτίαι, παραλαμβάνουσα καθ’ υπεναντίωσιν. Τα γόρ εναντία των εναντίων έστίν ιάματα. Τέσσαρα ουν έστί τά χαρακτηρίζοντα τήν λογικήν αΐρεσιν* φυσιολογία, αιτιολογία, σημείωσις καί τέταρτον το υπαγορεύειν αυτά τα αίτια τήν θεραπείαν. 2 Εμπειρική δέ εστιν ή 15 εις τας συνδρομάς των συμπτωμάτων, των συνεδρευόντων επί των νοσουντων άφορώσα καί τήν κατάλ­ ληλον προς τά συμπτώματα θεραπείαν τετηρηκυΐα, ούτε δέ πάθος είδυια ούτε αιτίας έξετάζουσα, άρκουμένη δέ τή επί των συμπτωμάτων, κατά πείραν των 20 προσφερομένων τηρήσει, χρωμένη δέ | καί ιστορία τή 679 των προπεπειραμένων καί τή του όμοιου μεταβάσει από του πεπειραμένου επί τό άπείραστον, όμοιον δέ TEST. : 10 Τα - 11 Ιάματα, cf. H ipp. Flat. I, 5 (ed. Jouanna ρ. 104)1*V

1 ταύτην Μ ιι edd. : ταΰτα V II 4 al om. u II αιρέσ εις VSR : ευρMU II τα om. P edd. Il 5 έκαστηv αυτών M u : αύτάς V II αίρέσεις om. Μ II είσ ιν om. V II 6 τρεις om. Μ μ II 7 φυσιολογία πρ ο ­ σέχουσα M u : φυσιολογίαν παρέχουσα V II 11 έστιν om. Μ u II έστί V : είσι Μ μ II 13 αΐτιολογία σημείω σις V : σ. α. SU2 αΐτιολογία om. MU II 14 αύτά Μ u : αύτών V αύταΐς Kühn αύτοΐς Tecusan II τήν θεραπείαν VM u : τής θεραπείας P edd. τας θεραπείας Tecusan II 17 προς τα συμπτώματα V : προς τά σώματα ή προς τά συμπτώματα Μ μ II 18 αίτιας V : αίτια Μ μ II 20 προσφερομένω ν V : προσφερόντων Μ u.

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Tout ce qu’ils ont expérimenté eux-mêmes, par l’expé­ rience identique des mêmes faits, sur de nombreux sujets, très souvent, et toujours en fonction des mêmes facteurs, ou bien ce qu’ils ont observé par hasard de toujours sem­ blable et identique1, ils l’utilisent en toute confiance, sans se mêler des facultés qu’ont les qualités de ces remèdes. 3 Ils ont été convaincus par les anciens, qui ont compilé ce qu’ils ont observé avec l’expérience2 ; c’est ce qu’ils appellent Y histoire. Ils utilisent aussi le passage au sem­ blable3, en passant à ce qui n’est pas encore venu à leur expérience, quand deux choses paraissent semblables par l’apparence d’après ce qu’ils ont sous les yeux, comme par exemple la mauve et la blette, ou la bette et la patience ; ou parmi les céréales4, le gruau, le riz et le tra~ gion5 ; ou encore parmi les fruits des hautes branches, la poire, la pomme et le coing. 4 Voilà donc les caractéris­ tiques de la secte empirique : ne regarder que le concours des symptômes, mais ni l’affection, ni les causes6 ; deuxièmement, l’observation sur ce concours de symp­ tômes de ceux qui concordent d’après l’expérience ; troi­ sièmement, histoire des cas expérimentés ; quatrième­ ment le passage au semblable. 5 La secte méthodique est celle qui s’intéresse aux communautés et à l’observation du semblable. Toutes les affections locales, en effet, les méthodiques les réduisent à deux genres généraux : le resserrement et le relâchement, qu’ils appellent commu­ nautés. Ils les reconnaissent d’après les diathèses du corps, manifestes dans l’un et l’autre cas et non pas 1. Nous adoptons la correction de Chartier sur la base du texte de la page précédente (II, 2). On trouve fréquemment cette expression quelque peu figée en grec ; voir par exemple Platon, Phédon, 78c : Ούκοϋν άπερ αεί κατά ταυτα και ώσαύτως έχει, ταυτα μάλιστα εικός είναι τά άσύνθετα, τά δέ ά λλο τ’ άλλως καί μηδέποτε κατά ταύτά, ταυτα δέ σύνθετα ; « Or ce qui précisément garde toujours les même rapports et la même nature, n ’est-ce pas en cela que consistent principalement les incomposées ? » (trad. L. Robin). Voir aussi, tou­ jours dans le Phédon, 78d, 79d, 80b ; dans les Lois, 765d.

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κατά τό φαινόμενον είδος. Όσων τ€ γάρ αυτοί δια τής των αυτών πείρας τής επί πολλών καί πλειστάκις καί αεί κατά τα αυτά καί ωσαύτως έχούσης έπειράθησαν, ή περιπεσόντες κατά τύχην παρεφύλαξαν καί ταύτά αεί 5 καί ωσαύτως έχοντα, θαρρούντες τούτοις χρώνται, où πολυπραγμονουντες τάς εκ τών ποιοτήτων δυνάμεις αυτών. 3 Πεπιστεύκασι δέ καί τοίς παλαιοτέροις, άναγραψαμένοις τα δια πείρας αυτοίς τετηρημένα, ήν καλοϋσιν ιστορίαν. Χρώνται δε καί τη του όμοιου μετά10 βάσει, μεταβαίνοντες επί τά μήπω εις πείραν αυτοίς έλθόντα, όπόταν όμοια φαίνηται τή κατά τό πρόχειρον ιδέα* ως μαλάχη καί βλίτον καί τευτλον καί λάπαθον, επί τε τών δημητρίων, ως χόνδρος καί όρυζα καί τράγιον, καί πάλιν εν τοίς άκροδρύοις, ως άπιος καί μήλον 15 καί κυδώνιον. 4 Χαρακτηρίζει ουν καί την εμπειρικήν αϊρεσιν ταυτα, τό εις τάς συνδρομάς αφοράν τών συμπτωμάτων, μήτε δέ εις πάθος μήτε εις αίτια. Δεύτε­ ρον ή επί ταις συνδρομαις τήρησις | τών διά πείρας άρμοζόντων. Τρίτον ιστορία τών προπεπειραμένων. 20 Τέταρτον ή του όμοιου μετάβασις. 5 Μεθοδική δέ εστιν ή κοινότησιν προσέχουσα καί τή του όμοιου θεωρία. Πάντα γάρ τά επί μέρη πάθη εις δύο καθολικά άνάγουσιν, εις τε τό στεγνόν καί τό ροώδες, a καλουσι κοινό­ τητας. Γνωρίζουσι δέ αύτάς από τών περί τό σώμα*7

2 τών om. MS II αύτών codd. : αύτών Tecusan II 2-3 και αεί κατά τα αύτα Chartier : κατά τά άεί αύτα Μ u αεί κατά τα αύτά V II 7 παλαιοτέροις V u : παλαιτέροις Μ παλαιοτάτοις edd. II άναγρα ψαμένοις VM : -γραμμένοις u II 8 αύτοΐς codd. : ύφ' αύτοΐς Tecusan II τετηρημένα VMU : τετη ρη κέναι SR II 10 μεταβαίνοντες Μ ιι recc. edd. : -ι V II 13 δημητρίων Junt. Chartier (frumentivis lat.a triîicalibus lat.b] : εναντίων codd. Aid. Basil. Il καί τράγιον scripsi [et tragium lat.a triticum lat.b] : καί τράκτυον [-ιον Μ] M u καί τρακτόν Tecusan om. V II 14 post μήλον om. καί V II 17 6έ del. P om. edd. Il 20 μεθοδική δέ V2M u : μέθοδος V II 22 μέρη VM u : -ους P edd. Il άνάγουσιν V :-ει M u.

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cachées. Partant, ils n’ont pas besoin de sémiologie1, puisque le resserrement se reconnaît à ce que le corps tout entier est contracté et retient l’écoulement, et que toute excrétion est manifestement entravée ; quant au relâchement, il se reconnaît à ce que la surface du corps s’étiole et les excrétions perceptibles sont très fortes en tout point du corps. Ces deux affections génériques leur indiquent par conséquent une thérapeutique de forme double, relâcher les resserrements, et resserrer les relâchements ; et, si le cas est mixte, s’arrêter au plus urgent. 6 Ils disent que toutes les communautés sont évidentes ; parmi celles-ci, certaines sont pathologiques, comme le resserrement et le relâchement, d’autres, thérapeutiques, comme relâcher et resserrer, d’autres, critiques, début, amplification, paroxysme et déclin. Les communautés qui appartiennent à la chirurgie et supposent l’extraction du corps étranger sont quatre. Le corps étranger est soit à l’extérieur, soit dans le corps ; mais il n’y a qu’un seul genre de corps étranger externe, et trois pour ceux qui sont dans le corps : selon qu’il est est étranger par le lieu, par la taille, ou par le manque. Le corps étranger externe est par exemple un objet pointu, trait, ou tout corps qui indique l’extraction totale. Parmi les genres internes ; le corps étranger par le lieu, par exemple cataracte, luxa­ tion, fracture, et tout ce qui indique le déplacement ou le rétablissement au bon endroit ; le corps étranger par la taille : par exemple tous les abcès, les tumeurs du scro-

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Sp*\

γινομένων διαθέσεων, καθ’ εκάτερον φαινομένων καί ούκ αδήλων* διό ou δέονται σημειώσεων, οιον τό μεν στεγνόν, εκ του πεπυκνώσθαι τό σώμα πάν καί έπισχέσθαι αυτού την διάρροιαν καί πάσαν φαινομένην 5 έκκρισιν παραποδίζεσθαι, τό δε ροώδες εκ του την τε επιφάνειαν του σώματος ήραιώσθαι καί τάς αισθητικός εκκρίσεις επιτετάσθαι καθ’ ότιοϋν μέρος του σώματος. Διττόν ουν θεραπείας είδος ενδείκνυται αύτοις τά γενικά δυο πάθη, χαλάν μέν τά στεγνά, στέλλειν δε τά 10 ροώδη. Όταν δε έπιπεπλεγμένα ή, προς τό κατεπείγον ϊστασθαι. 6 Κοινότητας δε πάσας μέν φαινομένας λέγουσιν* τούτων δε τάς μέν παθητικός, ως τό στεγνόν καί ροώδες* τάς δέ θεραπευτικός, ώς τό χαλάν καί στέλλειν* τάς δέ καιρι|κάς, αρχήν, έπίδοσιν, ακμήν, καί 15 παρακμήν. Αί δέ εν χειρουργίαις κοινότητες κατά την του άλλοτρίου ύπεξαίρεσιν τέσσαρες. Τό γάρ άλλότριον ήτοι έξωθέν έστιν ή εν τω σώματι. Άλλα τό μέν έξωθεν άπλουν, τρία δέ εϊδη των εν τω σώματι. Τό μέν γάρ έστι τόπω άλλοτριον, τό δέ μεγέθει, τό δέ ελλείψει. 20 Τό μέν ουν έξωθεν άλλοτριον, ώς σκόλοψ καί βέλος καί πάν δπερ ενδείκνυται την τελείαν έξαίρεσιν. Των δέ εν τω σώματι τό μέν τω τόπω άλλοτριον, ώς ύπόχυμα καί έξάρθρημα καί κάταγμα, απερ ενδείκνυται την μετάθεσιν ή άποκατάστασιν εις τον ίδιον τόπον. Τό δέ τω1 *V

1 εκάτερον V : -α Μ u II 4 έπισ χέσθαι V [detentam lat.] : έπιδέχεσθαι Μ u I! διάρροιαν V [fluxionem lat.] : διάνοιαν Μ u II 6 ήραιώσθαι VM u : άραιώδες Chartier II αισθητικός u : αίσθητάς V II Β είδος ενδείκνυται V : ού δείκνυται Μ μ II 14 post ακμήν om. και VU II 15 χειρουργίαις V : χειρουργία Μ u II την om. Μ « II 16 ύπεξαίρεσιν V : ύπεξαίρετοι MS ύπεξαίρε U II τέσσαρες. Το γάρ άλλοτριον Μ u : διττόν δέ τό άλλοτριον V II 17 post ήτοι add. γάρ V II post ή add. των V II Ά λ λ α τό μέν έξωθεν άπλουν expnx. V2 II 17-18 τό μέν γάρ—τό δέ ελλείψ ει om. V II 19 δέ (ante μεγέθει) V u : μέν Μ II 20 ουν om. V II άλλοτριον V2M u : άπλουν V II βέλος V : μέλος Μ u II 21 των V u : τή Μ II 24 τόπον Μ u : τρόπον V.

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tum, acrochordons, grosseurs et condylomas, toutes choses qui indiquent tantôt une simple incision, tantôt l’amputation totale des matières en excès ; le coips étran­ ger par le manque, qui donc n’est pas superflu, mais au contraire fait défaut, à l’image de tous les colobomasl, par exemple aux lèvres et aux yeux (c’est pourquoi cer­ tains sont appelés œil-de-lièvre2 ou bec-de-lièvre) ; sem­ blablement aussi les fistules et tout ce qui se creuse à l’intérieur, les creux, les ulcères et toutes les choses de cette nature qui réclament et indiquent de combler le manque. 7 II y a encore à côté des quatre communautés chirurgicales le genre dit prophylactique, qui lui même est aussi rangé comme communauté contre les substances nocives et les poisons, ainsi que contre tous les animaux venimeux et les bêtes féroces ailées, terrestres ou aqua­ tiques. C’est en effet un genre commun à tous d’être des­ tructeurs, sans rapport avec le resserrement et le relâche­ ment, mais constituant un autre genre à côté de ceux-là ; c’est pourquoi la thérapeutique de ces maux fonne égale­ ment une autre communauté à côté de celles-là, appelée prophylactique. 8 Ce qui caractérise donc aussi la secte méthodique, c’est en premier lieu l’observation du sem­ blable appliquée aux choses évidentes, mais pas aux choses invisibles, comme dans la secte logique ; car il y a cette différence, que chez celle-là se trouve aussi l’observation du semblable, mais appliquée aux choses invisibles. En second lieu, que du semblable dans les choses évidentes, elle ramène aux catégories générales tout ce qui concerne une partie, affections aussi bien que remèdes et moments critiques. Mais ce n’est pas à la 1. Les grecs entendent par coloboma une mutilation (en général de la face), congénitale ou non, qui laisse voir la chair à nu. Voici la défi­ nition donnée par Antyllos (chez Oribase, Coll. M ed. XLV, 25, 2) : Έ σ τ ι μέν τό κολόβωμα έλλειψ ις μορίου ή τίνος δέρματος καλύπτοντος τα σώματα. « Le coloboma est le défaut d ’une partie du coips ou de la peau qui dissimule les chairs ». Le sens moderne de « colobome » est plus restreint. Le traitement chirurgical des colobomas est évoqué à la fin du ch. XIX.

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μεγέθει άλλότριον, ώς τα αποστήματα πάντα και οι όγκοι οί περί όσχεον, άκροχορδόνες τε καί φύματα καί κονδυλώματα, απερ ένδείκνυται, τά μεν διαιρέσει μόνη χρήσθαι, τα δέ περιαιρέσει τελεία των περιττών. Τό δε τή ελλείψει άλλότριον ούχ ώς περιττευον, άλλ’ ώς ενδεές, οΐον τά κολοβώματα πάντα, ώς επί των χειλών καί οφθαλμών, διό καλούνται τινες λαγώφθαλμοι καί λαγώχειλοι. Όμοίως δέ καί αί σύριγγες καί όσα υπο­ φορά καί κόλποι καί έλκη καί πάντα τά τοιαϋτα όσα κατ’ ένδειαν τό άναπληρουσθαι επιζητεί καί ενδεί­ κνυμαι. 7 Έστι δέ παρά τάς έν χειρουργίαις τέσσαρας κοινότητας καί τό λεγόμενον προφυλακτικόν είδος, δ καί αυτό εις κοινότητα τάττεται επί τών δηλητηρίων καί τοξικών καί ιοβόλων πάντων καί δακετών πτηνών τε καί χερσαίων καί ένύδρων* κοινόν γάρ πάντων γένος τό είναι αυτά φθοροποιά, ούχ υπαγόμενα τώ στεγνώ ή ροώδει, αλλά έτερον παρά ταΟτα τό γένος* διό καί ή θεραπευτική αυτών κοινότης ετέρα παρ’ έκείνας, ή προφυλακτική λεγομένη. 8 Χαρακτηρίζει ουν καί τήν μεθοδικήν αΐρεσιν πρώτον μέν ή του όμοιου θεωρία επί τών φαινομένων, άλλ’ ούκ επί τών αδήλων, ώς έν τή λογική αίρέσει. Ταύτη γάρ καί διορίζεται, έπεί καί έν εκείνη έστίν ή τού όμοιου θεωρία, αλλά έπί τών αδή­ λων. Δεύτερον ότι εκ του έν τοις φαινομένοις όμοιου ανάγει εις τά καθόλου πάντα τά έπί μέρους, τά τε πάθη καί τα βοηθήματα καί τους καιρούς, άλλ’ ούχ ώς οί

2 όσχεον V : ούχεον Μ u il άκροχορδόνες Y : ακροχορδώ νες MU άκροδορδόνες SR II φύματα V : θύματα Μ u II 3 post ένδείκνυται om. τα Μ w II 4 τό om. Μ u II 6 ενδεές edd. : ένδέον codd. II οίον Μ u : οία V II 7 λαγώφθαλμοι και λαγώ χειλοι Chartier : λαγόφ. και λαγόχ. codd. II 10 επιζητεί V : έπιζητειται Μ u il 11 χειρουργίαις V : χειρουργία Μ μ II 14 τοξικών VU : τοξοτών MSR II 18 έκείνας Μ u : εκείνην V II 20 θεωρία VMU : θεραπεία SR II 21 έν om. V II 23 post άλλα add. ούκ Μ.

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façon des empiriques, que les méthodiques ne s’attachent qu’aux choses évidentes — les empiriques s’arrêtent à ce qui concerne la partie et ne reconnaissent rien de général. En troisième lieu, le fait qu’ils tirent le traitement de l’indication à partir des communautés, que les causes ne le leur prescrivent pas, comme aux logiques, et qu’ils ne se contentent pas de l’observation réduite aux symptômes concordants d’après l’expérience, comme le font les empiriques. IV. 1 Quels ont été les chefs des trois sectes ? 1 Ont dirigé la secte logique Hippocrate de Cos, qui à la fois fut le chef de la secte et le premier institua la secte logique, après lui Dioclès de Carystel.2, Praxagoras de Cos3, Hérophile de Chalcédoine4, Erasistrate de Céos5, Mnésithée d’Athènes6, Asclépiade de Kios en Bithynie, dit aussi de Prousias7, Athénée d’Attale en Pamphylie8. 2 Quant à la secte empirique, Philinos de Cos9 l’a dirigée le premier, après l’avoir détachée de la secte logique, d’après des principes hérités d’Hérophile, dont il fut le disciple. Mais, désireux de donner une origine antique à leur secte, afin qu’elle soit plus ancienne que la logique, ils préten­ dent que c’est Acron d’Agrigente10 qui l’a fondée. Après Philinos il y eut Sérapion d’Alexandrie11, puis les deux Apollonios, père et fils, d’Antioche12. Après eux Ménodote13 et Sextus14, qui l’ont gouvernée avec soin. 3 Quant

l. Ce chapitre a été abondamment utilisé par les historiens de la médecine et de la philosophie : dans bien des cas, c ’est notre source la plus ancienne pour établir des filiations de pensée entre chefs d ’école et entre écoles (ou « sectes »). On le retrouve dans bien des éditions de fragments mentionnées par ailleurs (Hérophile, Érasistrate, etc). 3. Praxagoras de Cos, autre médecin du IVe s. avant J.-C., fut le maître du grand anatomiste Hérophile. Voir l ’article « Praxagoras » de K. Bardoong dans Pauly-Wissowa, XXII, 2, 1954, 1735-1743. Les fragments ont été édités par F. Steckerl, The Fragments o f Praxagoras o f Cos and his School, Leiden, Brill, 1958.

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εμπειρικοί τοις φαινομένου μόνον προσέχουσιν* ϊστανται δέ έν τοις επί μέρους καί ούδέν καθολικόν ϊσασιν. Τρίτον I το έκ τής των κοινοτήτων ένδείξεως την 0€paπείαν λαμβάνειν καί μήτε τό αίτια αύτοις υπαγόρευαν, ώς τοις λογικοίς, μήτε τή επί ταις συνδρομαίς τηρήσει των δια πείρας άρμοξόντων άρκεισθαι, ώς τους εμπειρι­ κούς.

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IV. 1 Τίνες προέστησαν των τριών αιρέσεων* ; Προέστησαν δέ τής μέν λογικής αίρέσεως Ιπποκράτης 10 Κώος, ος καί αίρεσιάρχης έγένετο καί πρώτος συνέ­ στησε τήν λογικήν αϊρεσιν, μετά δέ τούτον Διοκλής ό Καρύστιος, Πραξαγόρας Κώος, Ήρόφιλος Χαλκηδόνιος, Έρασίστρατος Κείος, Μνησίθεος 'Αθηναίος, Άσκληπιάδης Βιθυνός Κιανός δς καί Προυσιεύς έκα15 λειτο, Άθήναιος ό Άτταλεύς τής Παμφυλίας. 2 Τής δέ έμπειρικής προέστησε Φιλϊνος Κώος, ό πρώτος αυτήν άποτεμόμενος από τής λογικής αίρέσεως, τάς άφορμάς λαβών παρά Ήροφίλου, ου καί ακουστής έγένετο. Θέλοντες δέ άπαρχαίζειν εαυτών τήν αϊρεσιν, ϊνα ή 20 πρεσβυτέρα τής λογικής, Άκρωνα τον Άκραγαντινόν φασιν άρξασθαι αυτής. Μετά δέ Φιλινον έγένετο Σεραπίων Άλεξανδρευς, ειτα 'Απολλώνιοι δυο, πατήρ τε καί υιός, Άντιοχεις. Μεθ’ οίις Μηνόδοτος καί Σέ|στος, οϊ I καί ακριβώς έκράτυναν αυτήν. 3 Μεθοδικής δέ 6844 4 αύτοις VM u : αυτούς P edd. il 5 τοις λογικοίς VM ιι : τούς λογικούς Ρ edd. Ii τή om. Μ μ Ii 10 ος om. Μ II 13 Κ είος Wellmann : Χίος codd. il 14 Βιέυνός VMU : Βιβυνός S II Κ ιανός [Κ ιηνός V] codd. dei. Wellmann ii Π ρουσιεύς Wellmann : Π ρουσίας codd. Ii 15 Ά θή να ιος ό Ά τταλεύς τής Παμφυλίας V : Ά . ό [6 om. U] Ά ταλεύς τ. Π. Μ u om. P edd. Il 16 προέστησε P edd. : προέστη­ σαν VM w 11 17 άποτεμόμενος VM u : άποτεμνόμενος P edd. Il 19 δέ om. M u II άπαρχαίζειν P edd. : άπαρχάζειν VM u il 21 άρξασθαι V : άρξαι M u II μετά δέ Φ ιλινον V : μετά Δέλφον [-ου U] Μ u II 23 Μ ηνόδοτος V u : Ζηνόδοτος Μ II Σέξστος VM : Σέξτος u.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

IV 3 - V 1

à la secte méthodique, Thémison1de Laodicée de Syrie la dirigea, ayant pris ses provisions de route auprès du logique Asclépiade en vue de créer la secte méthodique. Thessalos2 de Tralles la perfectionna. Après ceux-ci, vin­ rent Mnaséas3, Dionysios4, Proclos5, Antipatros6. Sur cer­ tains points, il y eut des désaccords internes, de la part dOlympicos de Milet7, Ménémachos d’Aphrodise8 et Soranos d’Ephèse9 ; il y eut aussi quelques épisynthétiques10, comme Léonidès d’Alexandrie11, et des éclec­ tiques, comme Archigène d’Apamée de Syrie12. V. 1 La médecine est-elle une science ou un art ? Certains des logiques, parmi lesquels Érasistrate, ont sup­ posé que la médecine tenait en partie de la science, par exemple les domaines de l’étiologie et de la connaissance de la nature, et en partie de la conjecture, par exemple les domaines de la thérapeutique et de la sémiologie13. Mais les méthodiques prétendent qu’elle est une science à part entière. Les uns comme les autres se sont écartés du vrai, surtout les méthodiques : une science en effet est une connaissance bien ajustée, solide, inébranlable par la rai­ son14 ; or celle-ci n’existe pas même chez les philo­ sophes, surtout s’agissant de la connaissance de la nature ; à plus forte raison elle ne saurait se trouver dans la méde­ cine, et même elle ne vient pas du tout jusqu’aux hommes15. C’est pourquoi le nom d’art conviendrait pour 1. Thémison, qui mourut vers 50 ou 40 av. J.-C., passe pour avoir fondé la secte méthodique ; mais selon D. Gourevitch, « la méthode n ’a pas de père fondateur, elle en a trois : successivement Asclépiade, Thémison, et Thessalos ! Et cette triple paternité s ’étale sur une longue durée » (voir sa « Brève histoire du méthodisme », dans la notice des Maladies des femmes de Soranos, CUF, vol. I). Thémison fut l’élève direct d ’Asclépiade. II renonça peut-être à la théorie corpusculaire de son maître, assouplissant la méthode pour la rendre plus populaire. 3. Mnaséas exerça sous Néron, sans que Ton sache bien où ; il est cité comme médecin méthodique également par Galien, Soranos et Caelius Aurelianus. Il s ’est intéressé à l’étiologie comme à certains problèmes de gynécologie.

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ήρξε μέν θ€μίσων ό Ααοδικευς τής Συρίας, παρά Ασκληπιάδου του λογικού έφοδιασθείς εις την εΰρεσιν τής μεθοδικής αίρέσεως. Έτελείωσε δε αυτήν Θεσσαλός ό Τραλλιανός. Οί δε μετά τούτους Μνασέας, Διονύ5 σιος, Πρόκλος, Αντίπατρος* διεστασίασαν δε περί τινων εν αυτή Όλυμττιχός τε ό Μιλήσιος καί Μενέμαχος ό Άφροδισεύς καί Σωρανός ο Έφέσιος. Έγένοντο δε τινες καί έτπσυνθετικοί, ώς Λεωνίδης ό Άλεξανδρεύς, καί εκλεκτικοί, ώς Άρχιγένης δ Άπαμεύς [0 τής Συρίας. V. 1 Εί επιστήμη ή ιατρική ή τέχνη* ; Τινές των λογικών, ών εστι καί Έρασίστρατος, ύπέλαβον τό μεν τι επιστημονικόν εχειν την ιατρικήν, οιον τό αίτιολογικόν καί τό φυσιολογικόν, τό δε στοχαστικόν, οιον τό [5 θεραπευτικόν καί τό σημειωτικόν. Οί δέ μεθοδικοί καί δι’ δλου επιστήμην αυτήν άποκαλοΰσιν. Διήμαρτον δέ αμφω του αληθούς καί μάλιστα οί μεθοδικοί. Επιστή­ μη γάρ εστι γνώσις άραρυια καί βέβαια καί άμετάπτωτος υπό λόγου. Αυτή δέ ουδέ παρά τοις φιλοσόφοις >0 έστί, μάλιστα εν τω φυσιολογειν* | πολύ δέ δη μάλλον 685 ουκ αν ειη εν ιατρική, αλλ ουοε ολως εις ανθρώπους έρχεται. Διό τέχνη εικότως αν λέγοιτο ή ιατρική. TEST. : 11 Τ ινές - 15 σημειω τικόν, cf. E r a s is t r a t . fragm. 32 Garofalo.

3-4 Θ εσσαλός ό Τ ραλλιανός edd. : Θ εσσαλός ό Τραλιανός VM Θ εσαλός ό Τραλλιανός u 11 5 διεστασίασαν V u : διεσίασαν Μ II περί τινω ν V : παρ'αύτόν Μ παρά τού u II 6 Ό λ υ μ π ιχό ς τε Μ u : Ό λυμπιακός V II 9 εκλεκτικοί scripsi : έκλεκτοι [electivi lat.] V edd. ελεγκτικοί Μ μ II 12 τό μέν τι V : τό μέντοι Μ u II 14 ante φυσιολογικόν om. τό V edd. Il 18-19 βεβαία καί άμετάπτωτος ύπό λόγου V : ά. ό. λ. καί β. Μ u I! 20 post δέ om. δή Μ u II 21 ουδέ δλως Μ u : ούδέ ολως V II 22 post Ιατρική add. τί έστι τέχνη·; V in marg. Μ u.

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la médecine. 2 Un art en effet est un ensemble cohérent de conceptions et de notions, organisées d’une certaine manière et dans certaines proportions1, tendant vers une fin utile à la vie2. Etant dotée elle aussi de conceptions qui concernent l’homme, qui sont en nombre suffisant pour constituer un ensemble cohérent, et qui surtout sont organisées (c’est-à-dire concordantes et en harmonie, et non pas dépourvues d’ajustement entre elles), celle-ci donc serait très justement appelée art, puisque la défini­ tion de l’art lui sied, et que les conceptions qui lui sont propres tendent vers une sorte d’utilité pour la vie. Car c’est pour sauver les hommes et les maintenir en bonne santé qu’elle est née. 3 Mais on distingue deux sortes d’arts : les uns atteignent toujours la fin qui leur est conforme, comme la menuiserie, la construction navale, l’architecture ; les autres visent leur fin, comme on vise un but, et ne la trouvent pas toujours, mais la plupart du temps, c’est pourquoi on les dit aussi conjecturaux ; parmi eux se trouverait la médecine, avec la rhétorique, l’art de piloter, et le tir à l’arc. 4 II y a une autre distinc­ tion entre les arts, qui est double elle aussi : les uns n’ont d’existence que dans le présent, et, lorsqu’ils ont cessé d’agir, on ne voit d’eux aucun accomplissement, comme l’art de la danse, de la cithare, de la lutte, et tous les arts musicaux ; les autres ne constituent véritablement aucune œuvre pendant qu’ils agissent, mais en quelque sorte préparent l’arrivée de quelque chose, et c’est après avoir cessé d’agir qu’apparaît leur accomplissement, comme la statuaire, la peinture, l’architecture et tous les

1. L ’expression a été corrigée spontanément de la même manière par M. Isnardi (1961, 263) et plus récemment par M. Tecusan (dans son édition des fragments des méthodiques, Leiden, Brill, 2004) ; le texte du manuscrit le plus ancien, V, confirme la justesse de leur cor­ rection.

ΙΑΤΡΟΣ · ΕΙΣΑΓΩΓΗ , V 1-4

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2 Τέχνη γάρ εστι σύστημα έγκαταλήψεων και δια­ νοιών, ττοιόν τ€ καί ιτοσόν συγγεγυμνασμένων, προς τι τέλος νευουσών χρήσιμον τω βίω. Καταλήψεις ουν καί αυτή έχουσα ανθρώπινος καί ταύτας ίκανάς τω πλήθει, 5 ώς σύστημα αυτών είναι, άλλως τε καί συγγεγυμνασ~ μένας, τουτέστι ττροσεχείς άλλήλαις καί συναδούσας, ουχί ασυνάρτητους, δικαιότατα αν τέχνη όνομάζοιτο, εφαρμόζοντος αυτή του δρου τής τέχνης' καί εις τι χρήσιμον τω βίω νεύουσιν αί εν αυτή καταλήψεις. Έπί ]0 γάρ τό σώζειν καί υγιαζειν τούς ανθρώπους παρήλθεν εις τον βίον. 3 Διττής δε οίίσης τεχνών διαφοράς, αί μεν γάρ τού καθ’ έαυτάς τέλους αεί τυγχάνουσιν, ώς τεκτονική καί ναυπηγική καί οικοδομική’ αί δε έφίενται μεν του εαυτών τέλους, ώς σκοπού, ουκ αεί δε αυτού 15 τυγχάνουσιν, άλλ’ ώς επί τό πολύ, διό καί στοχαστικοί λέγονται. Τούτων αν εΐη καί ιατρική, ώς ρητορική καί | κυβερνητική καί τοξική. 4 Έστι δέ καί ετέρα διαφορά τών τεχνών, διττή καί αυτή. Αί μεν γάρ εν τω γίνεσθαι μόνον τό είναι έχουσιν, μετά δέ τό παύσασθαι τής ενερ20 γ€ΐας ούδέν αυτών αποτέλεσμα δείκνυται, ώς ορχησ­ τική καί κιθαριστική καί παλαιστρική καί πάσα μου­ σική τέχνη. Αί δέ έν μέν τω ένεργεΐν ουδέν έχουσιν δλως φαινόμενον έργον, άλλ’ ώς αν τίνος μέλλοντος έσεσθαι παρασκευαστικοί, μετά δέ τό άποστήναι τής 25 ένεργείας, τότε αυτών τό αποτέλεσμα φαίνεται, ώς

2 ποιόν τε και ποσόν συγγεγυμνασμένων V Isnardi Tecusan : ποιόν τε καί ποσόν συγγεγυμνάσμενον P edd. ποιων τε και ποσών συγγεγυμνασμένων Μ u II 3-4 καί αυτή V : καί αύτή Μ μ II 6 άλλήλαις V : άλλήλας Μ u il 7 δικαιότατα Μ u : καί διότατον V Ιδιότατον P Aid. Basil. Ιδιώτατα Chartier II 8 post τέχνη ς add. ότε Tecusan (έπεί fortasse addiderim ego) II 18 καί αυτή M u : καί αύτή V II post γίνεσθαι om. μόνον V II 22 post έν om. μέν MS II 23 όλως V : ολον Μ u II ώς άν Μ u P edd. : όσα V II 24 παρασκευαστικαί V : -κά Μ η.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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arts dont les œuvres demeurent pour l’avenir ; parmi eux se trouverait la médecine, car pendant le traitement sa fin ne se dévoile pas encore, puisqu’elle est toujours en train de combattre les maladies ; mais c’est quand elle a fini d’employer les secours de la thérapeutique qu’elle laisse alors voir l’homme en bonne santé. VL 1 Qu’est-ce que la médecine ? Les logiques usè­ rent de définitions ; les empiriques, de descriptions1*V I, ; or, faire des recherches sur ces matières convient aux seuls philosophes. Voici en un mot comment les anciens méde­ cins définirent, ou décrivirent la médecine : la médecine est selon Hippocrate « une addition et une soustraction, addition des choses manquantes, soustraction des choses en excès sur les corps humains »2. 2 Ce que certains ont pris pour une définition de la médecine n’est pas une définition : « ne pas délivrer tout à fait ceux qui souf­ frent de leurs maladies et atténuer l’intensité de la dou­ leur, et ne pas soigner ceux qui sont vaincus »3. En effet ce n’est pas à partir de ce qu’un art ne peut pas faire, mais à partir de ce qu’il peut faire, qu’on doit le définir. En effet, on pourra bien dire de lui tout ce qu’il ne peut pas faire, ce qui ne lui appartient pas ne le définit pas. 3 Voici par contre comment les médecins modernes défi­ nirent la médecine : « la médecine est une science, qui 1. Voir les Quaestiones medicinales du Pseudo-Soranos (Rose p. 253, 20) : et plus definitionibus quidem utuntur dogmatici, descrip­ tionibus vero empirici. A l’exception du mot λογικοί traduit par dog­ matici, le latin décalque exactement la phrase grecque du Médecin jusque dans le parallélisme syntaxique : le complément est en tête de proposition. Il n ’est pas certain que le Médecin soit la source directe du texte latin, mais la correspondance est ici frappante. Sur les points de contact entre le Médecin et les Quaestiones medicinales, voir C. Petit (2007b, 255-257). La distinction entre όρος et ύπογραφή est d’origine stoïcienne (cf. Chrysippe, SVF, II, 227 ; Diogène Laërce, Vies et opi­ nions des philosophes illustres, VII, 60). Galien confirme la prédilec­ tion des empiriques pour les ύπογραφαί (De differentia pulsuum, K. VIII, 709).

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άγαλματοποιητικής καί ζωγραφίας καί τεκτονικής καί των άλλων ών ύστερον επιμένει τα έργα. Τούτων δ’ αν εΐη καί ή ιατρική. Έν γάρ τω θεραπεύειν ουδέπω αυτής διαδείκνυται τό τέλος, ένισταμένης αεί προς τάς 5 νόσους* όταν δε συντελέση τα τής θεραπείας, τότε υγιή τον άνθρωπον άπέφηνε. VI. 1 Τί έστιν ιατρική* ; 'Όροις μέν έχρήσαντο οι λογικοί* ύπογραφαις δε οί εμπειρικοί* τό δε περί τούτων ζητειν φιλοσόφοις μόνον αρμόζει. 'Απλώς δε 10 ούτως ώρίσαντο οί παλαιοί ιατροί την ιατρικήν, ή υπέ­ γραψαν. I Ιατρική εστι κατά μέν Ίπποκράτην πρόσθεσις καί άφαίρεσις, πρόσθεσις μέν των έλλειπόντων, άφαίρεσις δε των πλεοναζόντων έπί άνθρωπείων σωμά­ των. 2 'Όν γάρ τινες όρον έν ιατρική ωήθησαν, ουκ 15 έστιν ορος* τό τε μή πάμπαν άπαλλάσσειν των νόσων τους κάμνοντας καί τό τάς σφοδρότητας άμβλύνειν καί τό τοις κεκρατημένοις μή έγχειρειν. Ου γάρ έξ ών μή δύνανται αί τέχναι, άλλ’ έξ ών δύνανται οί όροι αυτών είσιν. Έρει γάρ αυτής όσα μή δυναται, ου τά μή υπάρ­ 20 χοντα αυτή ορίζει. 3 Οί δε νεώτεροι ούτως ώρίσαντο* ιατρική έστιν έπιστήμη, ύγιείας μεν τηρητική, νόσων δε TEST. : 11 Ια τρ ικ ή - 14 σωμάτων, cf. H ipp. Flat. I, 5 (ed. Jouanna ρ. 104-105) - 15 τό τε ~ 17 έγχειρειν, cf. H ipp. Art. III, 2 (ed. Jouanna ρ. 226)*56

1 άγαλματοποιητικής... ζω γραφιάς... τεκτονικής Μ u : άγαλματοποιητική... ζω γραφία... τεκτονική V edd. II 3 τω V u : του Μ II 4 ενισταμένης V : ένιμένη Μ άλλα μένη SR-...μένη U II 5 συντέλεση u : σ υντελέσ ει VM II τά τής VM : τάς S τά U II 6 άπέφηνε VM : -εν u II 9 μόνον Μ u : μόνοις V II 10 ante ούτως add. και Ρ edd. II 13 άνθρωπείων V u : άνθρωπίνων Μ edd. II 14 έν ιατρική Μ u : ιατρικόν V II 15 πάμπαν Μ u :·παράπαν V II 17 έγχειρειν VMU : έγχω ρεΐν SR II 19 αύτής V : αύτήν Μ « II δύναται V u : δύνανται Μ II 21 υγιείας V : ύγείας MSR υγεία U.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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veille sur la santé, et éloigne les maladies »1 : mauvaise définition ! Ce n’est pas qu’elle réalise ces choses, mais que ces choses découlent de ce qu’elle réalise, et encore pas toujours. C’est pourquoi elle n’est pas constituée de ces éléments-là, mais de ceux qui sont toujours admis par elle. Or, c’est le cas de l’addition et de la soustraction ; c’est pourquoi Hippocrate2 a dit que ce que la médecine utilisait était la médecine, c’est-à-dire les moyens dont elle se sert à la fois auprès des bien portants, quand elle vérifie leur bonne santé, et auprès des malades afin qu’ils guérissent de leurs maladies. Les actions qu’elle réalise en permanence, voilà ce qui la constitue, et non la fin qui en résulte. 4 Car une chose est l’art et autre chose est sa fin : la fin visée par l’art, en effet, est distincte de lui et en tout cas se trouve en dehors de lui, et ne l’accompagne pas en permanence3. C’est pourquoi quand il ne l’atteint pas, on ne l’appelle pas sa fin, mais son objectif, et quand il l’atteint, sa fin. De la même façon donc, l’art de piloter et l’art de tirer à l’arc ne se définissent pas par leur fin, en effet ils ne l’atteignent pas toujours, mais par ce qui les constitue et ce par quoi ils agissent afin de rencontrer leur fin, même s’ils ne la rencontrent pas4. 5 Mais l’avis de presque tous les successeurs d’Hippocrate est que cette définition d’Hérophile est la bonne : que la médecine est la science de ce qui est sain, malsain et neutre5. Elle a en2*4

2. L ’auteur revient implicitement à la définition hippocratique qu’il avait donnée en préambule, la seule définition correcte, selon lui, de la médecine ; c ’était une définition positive, et non pas négative, de la pratique médicale : elle s ’appuyait sur les actes concrets du médecin à tout moment de son activité. C ’est pourquoi elle reste meilleure que les quelques autres définitions qu’il a passées en revue. 4. Sur la bipartition des arts qui atteignent ou n ’atteignent pas leur fin, voir F. Heinimann, « Eine vorplatonische Theorie der Techne », MH, 18, 1961, 105-130.

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απαλλακτική, ουκ όρθώς. Ου γάρ αυτή ταυτα ενεργεί, άλλ’ εξ ών ενεργεί ταυτα άποτελειται καί ουκ àei. Διό ουκ εκ τούτων συνέστηκεν, ά λλ’ Ικ των ύπ’ αυτή? αεί παραλαμβανομένων. Ταυτα 8έ εστι πρόσθεσις καί άφαίρεσις. "Ωσθ’ a παραλαμβάνει ή ιατρική, ταυτ' εΐπεν αυτήν είναι ό Ιπποκράτης, οις επί τ€ των ύγιαινόντων χρήται, όταν την υγείαν αύτών συντηρή, καί επί των νοσούντων, ΐνα των | νόσων άπαλλάττωνται* ά τοίνυν αεί ενεργεί, ταυτα εστι τα συνιστάντα αυτήν, ου τα από τούτων άποτελούμενα. 4 "Ετερον γάρ τι εστιν ή τέχνη καί έτερον τό τέλος αυτής. Ου γάρ έφίεται, τούτο άλλο τί εστι παρά ταυτην άμέλει καί ουκ αεί τούτο συν αυτή έχει. Διό μέχρι μή τυγχάνη αυτού, ουδέ τό τέλος αυτής λέγεται, αλλά σκοπός, όταν δε τύχη, τέλος. Ούτως ουν καί κυβερνητική καί τοξική ουκ από των τελών ορίζονται* où γάρ αεί τούτου τυγχάνουσιν, άλλ’ εξ ών συνεστήκασι καί δι’ ών ενεργουσιν, ΐνα των τελών περιγίνωνται, καν μή περιγίνωνται. 5 Δοκεΐ δε τοΐς μετά Ίπποκράτην σχεδόν απασιν ουτος ό όρος όρθώς εχειν Ήροφίλου, ότι ιατρική εστιν επιστήμη υγιεινών καί νοσωδών καί ουδετέρων. Τών τριών γάρ τούτων TEST. : 20 Ιατρική - 21 ουδέτερων, cf. H e r o p h il , fr. 42sq V o n Staden 5 ά παραλαμβάνει VM u : άπερ λαμβάνει P edd. Il ταυτ' είπεν codd. : ταυτα ειπεν edd. Il ô om. M u II 7 αύτών V : αύτοΐς Μ « Il 9 ταύτά εστι V : ταυτ' εστι Μ u II συνιστάντα VM : συνιστώντα u II11-12 ού γάρ έφίεται, τούτο άλλο τί scripsi : ου γάρ έφίεται τού­ του, άλλ' ότι V Aid. Basil, ού γάρ έφίεται τούτο, άλλ' ότι Μ u ού γάρ έφίετον τούτο άλλο τί Basil, in marg. ού γάρ έφίεται τούτο άλλο τί Chartier II 13 τυγχάνη VM : τυγχάνει u P edd. II post ούδέ om. τό Μ u II 16-17 ού γάρ αεί τούτου τυγχάνουσιν, ά λλ' εξ ών συνεστήκασι om. M u . Il 18 καν μή περιγίνω νται Μ u : om. V edd. Il 19 6 om. V II 20 ...ε χ ε ιν Ή ροφ ίλου, ότι M u : ...έχειν. Ή ροφίλφ [post Ή ροφ ίλω add. δέ Chartier] οτι V edd. Il 21 νοσω­ δών και ούδε- Μ u recc. edd. : non legitur V II ante τριών om. τών V edd.

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MEDECIN. INTRODUCTION

VI

5- vil 2

effet la connaissance de ces trois catégories, le sain signi­ fiant que tous les éléments constituant Γhomme sont dans cet état, éléments dont le fonctionnement harmonieux constitue la santé ; le malsain, ce qui détruit Γharmonie de la santé ; et le neutre, tous les remèdes administrés au cours des maladies et la forme qu’ils prennent ; car ces moyens, avant d’être pris par le médecin, sont neutres, ni sains ni malsains. VII. 1 Combien y a t-il de parties dans ia méde­ cine ? Les parties premières de la médecine sont au nombre de cinq : la physiologie, l’étiologie ou patholo­ gie, l’hygiène, la sémiologie et la thérapeutique. Mais Athénée met la matière à la place de la sémiologie, alors qu’elle fait partie de la thérapeutique : en effet sans la matière il n’y aurait pas de thérapeutique ; or la sémiolo­ gie est aussi nécessaire à la thérapeutique, mais elle ne se confond pas avec la thérapeutique ; en effet la thérapeu­ tique procède de la matière, et la matière, hormis la thé­ rapeutique, ne contribue à rien d’autre, tandis que la sémiologie est nécessaire même sans la thérapeutique, pour savoir quelles choses se soignent, quelles choses ne peuvent être soignées et les répertorier, afin de ne pas les attaquer pour échouer devant l’impossible1. 2 II y a éga­ lement une subdivision de chacune des cinq parties de la médecine. La physiologie, tout d’abord, est une partie de la médecine dans laquelle nous parlons de la nature de l’homme ; elle se divise en discours sur les éléments dont est constitué l’homme, sur la genèse et la formation du fœtus, et troisièmement en des parties1

1. Cette critique préliminaire cTAthénée cTAttale doit faire nuancer l’idée que l’auteur puisse appartenir d ’une façon très stricte à la secte pneumatique ; Athénée est le dernier « chef » de la secte logique mentionné au chapitre IV, mais ce n ’est pas dans le Médecin une auto­ rité absolue comme Hippocrate : sa doctrine n’est pas perçue comme infaillible.

ΙΑΤΡΟΣ * ΕΙΣΑΓΩ ΓΗ , VI 5 - VII 2

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γνώσιν έχει, υγιεινών μεν των κατασκευαξόντων τα εν άνθρώπω ούτως έχειν, εξ ών ευ ήρμοσμένων προς άλληλα το υγιαίνειν συνίσταται, νοσωδών 8έ τών την υγιεινήν αρμονίαν διαλυόντων. Ουδέτερα δε έστιν άπαντα τα προσφερόμενα εν ταις νόσοις βοηθήματα καί ή ΰλη αυτών. | Ταϋτα γαρ πριν ή παραληφθήναι 689 υπό του ιατρού, ουδέτερα έστιν, οΰτε υγιεινά οΰτε νοσώδη.

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VIL 1 Πόσα μέρη ιατρικής* ; Μέρη ιατρικής τα μεν πρώτα εστι πέντε, το τε φυσιολογικόν καί τό αίτιολογικόν ή παθολογικόν καί τό υγιεινόν καί τό σημειω­ τικόν καί τό θεραπευτικόν. Άθήναιος δε αντί του σημειωτικού τό υλικόν τάττει, δ έστιν εν τώ θεραπευτικώ. Ανευ γάρ του υλικού τό θεραπευτικόν ουκ αν ειη. Σημείωσις δε καί εις θεραπείαν μεν αναγκαία, αλλ’ ούκ έστιν αυτή ή θεραπεία. Δια γαρ τής ΰλης ή θεραπεία συντελειται καί τό μεν υλικόν ανευ θεραπείας ούδεν έτερον συμβάλλεται. Τό δε σημειωτικόν καί ανευ θερα­ πείας άναγκαιον προς τό είδέναι τίνα θεραπευτώ καί τίνα αθεράπευτα καί περιίστασθαι αυτά, δπως μή επι­ βαλλόμενοι άδυνάτοις σφαλλώμεθα. 2 Έστι δε καί τών πέντε μερών τής ιατρικής υποδιαίρεσις εκάστου. Φυσιολογικόν μεν ουν έστιν αυτής μέρος, εν ω περί τής φύσεως του ανθρώπου διαλαμβάνομεν. Διαιρείται δε εις τε τον περί τών στοιχείων λόγον, εξ ών συνέστηκεν ό άνθρωπος, | καί εις τον περί γενέσεως καί διαπλάσεως 690 εμβρύου καί τρίτον εις τήν τών εκτός μερών του σώματος έπίσκεψιν, δτε άνα-1 1 post μέν add. δσα V edd. II 3 τό V : του Μ u II 7 ούδέτερά Μ u : -ον V -ων P edd. II ούτε...οΰτε VM u : ούδέ...ούδέ P edd. II 10 πέντε om. V II 17-18 ούδεν έτερον συμβάλλεται V edd. : ού συντελειται. MU II 17-19 ούδεν— θεραπείας om. SR II 19 θερα­ πευτώ VM u : θεραπευτικά recc. edd. Il 25 τε om. edd. Il 28 θεωρίαν καί εις τήν τών εντός om. Chartier.

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externes inspection du coips, quand nous pratiquons la dissection ou traitons de la science des os1. Puis l’étiologie, qui est aussi la patholo­ gie, où nous examinons ce qui est contraire à la nature, cherchons les causes des maladies, et nous intéressons aux concours de symptômes2 et aux conditions du déclin des affections ; sans connaître ces choses en effet, il n’est pas possible d’y opposer le traitement correct. La partie hygiène de la médecine se divise elle aussi en ce qui contribue à préserver la santé, ce qui prévient les mala­ dies et ce qui restitue la force après les maladies. La sémiologie se divise également en trois, reconstitution3 des symptômes précédents, observation des symptômes présents et pronostic des symptômes à venir. De même, la thérapeutique se divise elle aussi en trois, régime, chi­ rurgie et pharmacie4. VIII. 1 La division de la médecine en cinq parties est-elle nécessaire ? Tout d’abord, traiter de la nature est nécessaire, car il n’est pas possible de savoir ce qui est contraire à la nature sans savoir au préalable ce qui est conforme à la nature ; car c’est contrairement à la nature de ce qui lui est conforme que se forment les maladies. Traiter des causes et des affections est également néces­ saire : afin de voir les causes des affections auxquelles il faut s’opposer, et afin de reconnaître les affections ellesmêmes que les anciens ont nommées, et leurs constitu­ tions5. 2 Fort utile aussi la reconstitution des symptômes accompagnant les affections : car à partir de leur réunion, que les empiriques appellent « concours », on détermine les affections6. Mais les empiriques, pour les rassembler, 2. Remarquons que l’auteur reprend à son compte la notion de συνδρομή, typiquement empirique (voir ch. III). Ceci nous paraît être un indice supplémentaire de la doctrine syncrétique qui est à la base du Médecin. Le terme ne peut cependant pas être traduit par « syn­ drome » en français, car en grec il signifie simplement concours au sens d ’agglomération, de rassemblement.

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τέμνομεν, ή όστεολογουμεν. Αίτιολογικόν δέ εστιν, ο καί παθολογικόν, εν ω τα παρά φύσιν έξετάζομεν καί τάς αίτιας των νόσων έρευνώμεν καί τάς συνδρομάς των συμπτωμάτων καί τάς καταστάσεις των παθών πολύπραγμονοϋμεν. ’Ανευ γάρ τούτων ούκ εστιν όρθώς ένίστασθαι προς αυτά την θεραπείαν. Διαιρείται δε καί τό υγιεινόν μέρος τής ιατρικής εις τε τό συντηρητικόν υγείας καί εις τό προφυλακτικόν των νόσων καί εις τό αναληπτικόν άπ;ό των νόσων. Διαιρείται δέ καί τό σημειωτικόν εις τρία, εις τε έπίγνωσιν των παρεληλυθότων καί εις έπίσκεψιν των συνεδρευόντων καί εις πρόγνωσιν τών μελλόντων. Τό δε θεραπευτικόν ομοίως καί αυτό διαιρείται εις τρία, εϊς τε δίαιταν καί χειρουργίαν καί φαρμακείαν.

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VIII. 1 Εί αναγκαία ή εις τα πέντε μέρη τής ιατρικής διαίρεσις* ; Τό μέν ουν φυσιολογειν άναγκαιόν εστιν, ότι ούχ οιόν τε τα παρά φύσιν είδέναι μη πρότερον έπιστάμενον τα κατά φύσιν. Παρά γάρ την τούτων φύσιν I συνίσταται τα νοσήματα. Τό δε αίτιολογειν καί 691 20 παθολογειν καί αυτά άναγκαια* τό μέν ΐνα τάς αιτίας τών παθών ίδωμεν, προς ας δει ένίστασθαι, τό δέ ϊνα καί αυτά τα πάθη γνωρίζωμεν τα κατωνομασμένα τοίς παλαιοίς καί τάς καταστάσεις αυτών. 2 Εύχρηστος δέ καί ή τών συμπτωμάτων τών συνεδρευόντων τοις πάθε25 σιν επίγνωσις* άπό γάρ τής τούτων συνελεύσεως, ήν συνδρομήν καλουσιν οί εμπειρικοί, τα πάθη ειδο­ ποιείται. Ά λ λ ’ οί μέν εμπειρικοί επί ταις συνδρομαις

1 ô V : ή Μ u II 2 παρά Μ u : π ερ ί V II 8 τών νόσων VM1 u : τής νόσου Μ II 11 ante έπίσ κεψ ιν add. την V edd. II 13 διαιρείται είς τρία Μ u : εις τρία διαιρείται V edd. II 19 συνίσταται V :-νται Μ u II 22 post αύτα om. τα [suppl. Tecusan] edd. Il 24 post συμπτωμάτων om. τών V II 26 ειδοποιείται codd. Tecusan : -οΰνται edd.

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ont observé ce qui s’accordait à chaque symptôme ; tan­ dis que pour les méthodiques ce sont les affections qui indiquent le traitement, comme pour les logiques ce sont les causes ; les logiques examinent tout autant les affec­ tions que les concours de symptômes1 ; ils ramènent tout aux causes, mais parnii les causes, certaines sont procatarctiques, d’autres sont synectiques, d’autres sont adju­ vantes, d’autres sont prochaines, et d’autres antécé­ dentes2. 3 Sont procatarctiques toutes les causes qui marquent le commencement du mal et passent en agis­ sant, comme le refroidissement, la fatigue, la brûlure, l’indigestion ; une cause synectique est une cause dont l’existence fait exister aussi la maladie, et dont la dispari­ tion fait disparaître celle-ci, comme une épine ou une arme de jet ; est prochaine celle qui peut provoquer par elle-même la maladie, mais qui agit avec une autre cause, comme quand il y a une pierre dans la vessie doublée d’une inflammation : en effet ce sont deux causes d’ischurie ensemble3, mais elles peuvent chacune indivi­ duellement entraîner la rétention des urines ; la cause adjuvante est une partie de cause, qui en elle-même ne peut engendrer le mal, mais agit conjointement avec une autre cause, comme le coït4 agit avec l’arthrite, comme ramer fait cracher plus de sang ; la cause antécédente enfin est une cause soit préparée soit aggravée par la cause procatarctique, comme un excès de sang provient d’une nourriture trop abondante, puis est à l’origine de l’épanchement d’Érasistrate5, qui est précisément une cause synectique de toutes les maladies ; mais sans la cause antécédente6, il ne survient pas. 4 Quant à l’hygiène, non seulement parce que c’est une partie de la

1. L ’auteur du Médecin, comme d ’autres médecins dogmatiques, récupère la notion de « concours de symptômes » propre aux empi­ riques, qui s ’ajoute ici à celle d ’« affection » rejetée par les empi­ riques, mais indispensable aux dogmatiques. 5. Voir les témoignages parallèles dans l’édition d ’I. Garofalo (notamment le fr. 229).

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έτήρησαν τα προ? έκαστον σύμπτωμα άρμόζοντα* τοϊ? 8έ μεθοδικοί? τα πάθη ένδείκνυται την θεραπείαν, ώ? t o i ? λογικοί? τά αίτια. Έξετάζουσι δέ ούδέν ήττον οι λογικοί καί τα πάθη καί τά? σύνδρομά?. Τό δέ παν τοι? αίτιοι? προσέχουσιν, αιτίων δέ τά μέν προκαταρκτικά, τά δέ συνεκτικά, τά δέ σύνεργά, τά δέ συναίτια, τά δέ προηγούμενα. 3 Προκαταρκτικά μέν ούν έστιν δσα προκατάρχει καί ποιήσαντα άπαλλάσσεται, ως ψύξι?, κόπο?, έγκαυσι?, απεψία* συνεκτικόν δέ αίτιόν έστιν, ου παρόντο? πάρεστι καί τό νόσημα καί αιρόμενου λύε­ ται, ώ? σκόλοψ καί βέλο?* συν|αίτιον δέ εστι τό καθ’ 692 εαυτό μέν δυνάμενον ποιειν τό πόθο?, ποιούν δέ καί συν έτέρω, ώ? λίθο? εν κύστει καί φλεγμονή. Άμφότερα γάρ ισχουρία? αίτια όμοϋ. Δύναται δέ καί καθ’ εαυτό έκάτερον την εποχήν των ουρών επιφέρειν. Συνεργόν δέ έστι μέρο? αιτίου, καθ’ εαυτό μέν ού δυνάμενον έπιτελέσαι τό πάθο?, συνεργαζόμενον δέ ετέρω, ώ? συνεργεί λαγνεία προ? άρθριτιν καί είρεσία προ? αϊματο? αναγωγήν. Προηγούμενον δέ εστι αίτιον τό υπό του προκαταρκτικού ή κατασκευαζόμενον ή συνεργούμενον, οΐον πλεονασμό? αϊματο? γίνεται μέν υπό πλήθου? τροφή?, προηγείται δέ τη? κατ’ Έρασίστρατον παρεμπτώσεω?, ήτι? εστι συνεκτική αίτια των νοσημάτων πάντων* άνευ δέ τού προηγουμένου αιτίου ου γίνεται. 4 Τό δ* υγιεινόν ού μόνον ώ? μέρο? ιατρική?, άλλα καί TEST. : 22 προηγείται - 24 πάντων, cf. E rasistrat. fr. 128 Garofalo. 1 έτήρησαν V2M u : om. V II έκαστον V u : -α Μ II σύμπτωμα V2S : -ατα VMU P edd. Il τοΐς δέ μεθοδικοϊς V2 : τοϊς μεθοδικοίς δέ Μ u τής δέ μεθοδικής V II 5 προσέχουσιν VM u : παρέχουσιν P edd. II 9 έγκαυσις V u : εκαυσις Μ II 10 post πάρεστι om. και Μ μ II αίρομένου VM u : εξαιρούμενου P edd. II 11 βέλος V : μέλος Μ u II καθ' έαυτό VM u : καθ' αυτό P edd. II 14 αίτια όμού scripsi : άντιασμού Μ u αίτια V II 18 είρεσ ία V : είρεσέα u ήρεμέα Μ II 24 αιτίου V : expnx. V2 om. Μ u recc. edd.

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médecine, mais en plus parce qu’elle est plus belle1 que la thérapeutique, elle est placée avant celle-ci ; en effet, il y a beaucoup mieux que d’éloigner la maladie, c’est de ne pas lui permettre de commencer. De même que, pour le pilote, il est préférable d’arriver à bon port avant d’avoir rencontré une tempête, plutôt que de réchapper des périls de la tempête ! Mais il ne faut pas confondre, dans l’hygiène, le fait de se maintenir en bonne santé et celui de prévenir l’arrivée de la maladie ; l’un est le fruit du régime habituel, l’autre demande déjà des ressources thérapeutiques en vue de circonvenir et de détruire au préalable la maladie prête à se former ; toutes les mala­ dies qui se manifestent déjà et se soignent, elle les empêche de se former, avant qu’elles ne se manifestent. Semblablement, les soins pour convalescents composent une partie encore différente ; le convalescent en effet n’est plus dans un état contraire à la nature, mais pas encore non plus dans un état conforme : il est en chemin, tout juste libéré de l’état contraire à la nature pour retrou­ ver l’état conforme2 ; c’est pourquoi il a besoin d’une seconde aide, qui n ’est ni d’ordre thérapeutique, puisqu’il n’est pas malade, ni de l’ordre de l’hygiène, puisqu’il n’est pas encore en parfaite santé. C’est pourquoi ne peu­ vent être comptées comme en faisant partie toutes les choses qui relèvent de l’hygiène. 5 La partie sémiologie de la médecine est absolument nécessaire pour traiter par le régime ; en effet nous nous occupons des symptômes 1. Le Pseudo-Galien fait ici intervenir l’esthétique dans le classe­ ment des parties de la médecine. 2. « Il est en chemin... l ’état conforme » : il y a ici un saut du même au même dans la famille A, qui remonte à V lui-même. La phrase a été rétablie dans les éditions dès l ’Aldine grâce à des manus­ crits récents complétés (par exemple les Parisin. gr. 2167 (= P), Pari­ sin. gr. 2171, Parisin. gr. 2282) à partir d ’un ou plusieurs témoins de l’autre famille. La source exacte de ce complément n ’est pas identi­ fiable.

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ώς κάλλιον του θεραπευτικού καί προτάττεται αυτού. Πολύ γάρ άμεινον του άπαλλάξαι τής νόσου τό μηδέ I την αρχήν έάσαι νοσήσαι. "Ωσπερ καί κυβερνήτη αίρετώτερον τό πριν ές χειμώνα εμπεσειν διαπεραιώΪ5 σασθαι ή | χειμασθεντα καί διακινδυνεύσαντα έκφυγείν. Διαφέρει δε εν τώ υγιεινω πάλιν τό εν υγεία διατηρήσαι του προφυλάξαι νόσους επιούσας. Τό μεν γάρ δια τής συνήθους διαίτης περιγίνεται, τό δέ ήδη δειται θεραπευτικών βοηθημάτων εις τό προκαταλαβέσθαι καί ίο προδιαλΰσαι, μέλλουσαν συνίστασθαι νόσον. "Οσα γάρ τα ήδη γενόμενα πάθη ίάται, ταυτα καί πριν ή γενέσθαι κωλύει συστήναι. Όμοίως δε καί τό άναληπτικόν τούτων διαφέρει. Ό γάρ άναλαμβάνων ούκέτι μεν παρά Φυσιν εχει, ουπω οε κατα φυσιν, αΛΛ οοευει, άρτι 15 απαλλαγείς τού παρά φύσιν, εις τό κατά φύσιν, διόπερ ετέρας άγωγής δειται, ούτε θεραπευτικής, ου γάρ νοσεί, ούτε τής επί των ύγιαινόντων, οΰπω γάρ τελείως υγιαίνει. Διό ουδέ δύναται επ’ αυτών παραλαμβάνεσθαι, οΐα καί όσα επί τών ύγιαινόντων. 5 Τό δέ σημειω­ 20 τικόν μέρος τής ιατρικής άναγκαιότατον μέν έστιν εις θεραπείαν τήν κατά δίαιταν. Τά τε γάρ προγενόμενα /

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1 -τικοΰ και [καί om. recc. edd.] προτα- Μ u recc. edd. : non legitur V. Il 2 ante άπαλλάξαι add. πριν είς χειμώ να V II 4 διαπεραιώσασθαι VMSR : -περεώ σασθαι U II 5 διακινδυνεύσαντα VM u : κινδυνεύσαντα P edd. II 7 προφυλάξαι V : προφυλαξάσθαι Μ μ II 8 π ερ ιγ ίν ετα ι V : παραγ. Μ u II τό P edd. : τά VM u II ήδη VSR : εϊδη MU II 9 προκαταλαβέσθαι VM u : -λαμβάνεσθαι P edd. II 11 τά om. edd. II ήδη V u : εϊδη Μ II 14-15 ά λ λ ' οδεύει, άρτι α πα λλα γείς τού παρά φύσιν, είς τό [επί τού Μ u] κατά φύσιν Μ u recc. edd. : om. V II 17 post επί om. τών SR II ύγιαίνει M u : -οι V II ουδέ M u : ου V II δύναται Μ u : δύνανται V II 19 τό codd. Aid. Basil. : δ Chartier II 20 post άναγκαιότατον om. μέν P edd. Il 21 προγενόμ ενα M u : π ρ ο ... V προ γεγο νό τα recc. edd..

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précédents et actuels afin de trouver la cause de la mala­ die ; elle est absolument nécessaire aussi pour établir à l’avance si la maladie sera fatale ou susceptible d’être surmontée. De même aussi, les traitements par la chirur­ gie et par les remèdes ne sont pas accomplis sans la sémiologie, et ce qui en relève demande de même une sémiologie prévisionnelle, en vue de savoir ce qui est incurable et ce qui est curable, mais hautement domma­ geable, voire mortel si on le soigne. 6 La thérapeutique se divisant en régime, pharmacologie et chirurgie, le régime tout d’abord est la mise en œuvre des remèdes éva­ cuants1, reconstituants et digestifs ; il concerne tous les malades et est souverain chez les malades fébriles. La chirurgie est la partie de la thérapeutique qui soigne les hommes par incisions, cautérisations et redressement des os2. La pharmacologie est un genre de traitement qui gué­ rit les maux internes comme externes par des drogues seulement. Elle réclame donc un régime adapté, tout en requérant parfois en plus l’emploi de la chirurgie, exacte­ ment comme la chirurgie et le régime font appel en plus à la pharmacologie3. Pour le début donc, il faut commen­ cer par la physiologie4, puisqu’on ne saurait convenable­ ment ni conserver en bonne santé, ni, en ce qui concerne les malades, faire d’étiologie, ni faire de sémiologie, ni soigner, sans avoir observé de quels éléments l’homme 1. Les éditeurs de l’Aldine ont eu connaissance de la variante διαι­ ρετικών, qu’ils insèrent dans le manuscrit P au dessus de la ligne. Mais ils ne l ’ont pas retenue pour l ’édition. 2. Les manuscrits domient unanimement une seconde définition de la chirurgie, bizarrement intercalée en pleine thérapeutique générale (XIII, 19) ; ce n ’est probablement qu’une addition tardive. 3. Les trois partie de la thérapeutique, chirurgie, régime, pharma­ cie, sont ici présentées comme complémentaires ; il n ’est pas question de primauté de l ’une sur les autres, ni de l ’ancienneté plus ou moins grande de la chirurgie. C’est une originalité du traité par rapport à d ’autres textes parallèles, comme la préface du De medicina de Celse (édition de Ph. Mudry, Genève, Droz, 1987). Sur la complémentarité du régime, de la pharmacie et de la chirurgie, voir Galien, De comp. med. sec. genera, K. XIII, 604.

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συμπτώματα και τα παρόντα πολυπραγμονούμε εις το εύρειν τήν αιτίαν τής νόσου, άναγκαιότα|τον δέ καί εις 694 τό προγνώναι, εϊτε όλέθριον είτε περιεστηκός εϊη τό νόσημα. Όμοίως 8ε καί τα κατά χειρουργίαν καί τα διά φαρμάκων θεραπευόμενα, οΰτε ανευ σημειώσεως συντελείται καί τα επ’ αυτών ομοίως δειται τής προγνωσ­ τικής σημειώσεως προς τό είδέναι τίνα αυτών αθερά­ πευτα έστι καί τίνα θεραπευτά μέν, βλάπτοντα δε μεγάλως, ή καί άναιρουντα εάν θεραπευθή. 6 Του δε θεραπευτικού διαιρούμενου εις τε δίαιταν καί φαρμακείαν καί χειρουργίαν, δίαιτα μεν έστιν αγωγή διαφορητικών καί προσθετικών καί συμπεπτικών βοηθημάτων, παραλαμβανομένη μέν επί τών νοσουντων πάντων, τό δέ κύρος εχουσα επί τών πυρεττόντων. Χειρουργία δε έστι μόριον τού θεραπευτικού διά τομών καί καύσεων καί τής περί τα οστά διορθώσεως ύγιάζουσα τούς άνθρώπους. Φαρμακεία δέ εστιν είδος θεραπείας διά ψιλών φαρμάκων τα τε εντός καί τά έκτος πάθη ίωμένη. Δειται μεν γάρ τής καταλλήλου διαίτης, ποτέ δέ καί χειρουργίας προσδεομένη, ώσπερ καί χειρουργία καί δίαιτα I προσχρώνται φαρμακεία. Ανωθεν ουν άπό 695 φυσιολογίας άρκτέον, επειδή περ οΰτε έν ύγιεία συντηρειν, οΰτε έπί τών νοσουντων αίτιολογειν, οΰτε σημειοΰσθαι, οΰτε θεραπεύειν όρθώς δύναιτ’ αν τις, μή έπεσκεμμένος εκ τίνων στοιχείων ό άνθρωπος συνέστη2-3 εις τό προγνώ ναι V : τό προγνω στικόν Μ u: II 4 ante κατά χειρουργίαν add. recte τα Chartier 11 9 post ή om. καί edd. 1111 διαφορητικών V edd. : διαιρετικώ ν Μ u P II 13 μέν om. Μ μ II 15 μό­ ριον V2M u : μόνον V II 16 τα om. SR II διορθώσεως V : διαρθρώσεως Μ μ II 18 τά τε εντός καί τά έκτος πάθη Μ u : τά τε έντός καί τά πάθη τά έκτος V τά τε έντός πάθη καί τά έκτος edd. II 19 δειται scripsi : δει codd. II μέν γάρ τής scripsi : μέν γάρ V μέν μετά τής Μ u II 20 καί codd. : γε ή edd. II 23 οΰτε... οΰτε... οΰτε... οΰτε... codd. : οΰτε... ουδέ... ούδέ... ούδέ... edd. II 24 τις V : ο Μ u II 25 ο άνθρωπος συνέστηκεν V : σ. ό άν. Μ u.

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est constitué, et comment les maladies naissent lorsque la nature première de ceux-ci se modifie. IX. 1 De quels éléments l’homme est-il constitué ? L ’homme est donc constitué, selon la physique d’Hippo­ crate1, des éléments premiers de Γunivers, le feu, l’air, l’eau et la terre, sachant que l’homme est constitué non pas de ces éléments à proprement parler mais des qualités correspondantes2. Et, lorsqu’il se décompose, il revient à ces éléments premiers, comme l’a dit Hippocrate luimême : « de même il est nécessaire que chaque élément retourne à sa nature propre lorsque le corps de l’homme finit, le sec au sec, l’humide à l’humide, le chaud au chaud et le froid au froid. Telle est la nature des animaux comme de tous les autres êtres. Tout naît de même et finit de même. La nature de ces êtres en effet se constitue des choses dont j ’ai parlé et finit au même point, selon ce que j ’ai dit. Au point à partir duquel chaque être s’est consti­ tué, là est également sa fin »3. Homère le savait aussi, quand il dit : 1. La traduction de l’expression άκολούθως τοΐς φυσικοις καθ' Τπποκράτην est délicate. On peut en effet comprendre τοΐς φυσικοις comme un neutre pluriel ou un masculin - l’adverbe άκολούθως pou­ vant être suivi d ’un nom de personne ou d ’être animé comme d ’un nom de chose ou de notion (par exemple dans l’expression άκολούθως τοΐς νόμοις, « conformément aux lois »). C ’est cette dernière inter­ prétation que nous avons retenue, en choisissant le sens de « phy­ sique » ou d ’« écrits sur la physique » du neutre τά φυσικά. Néan­ moins, le masculin ne serait pas absurde dans le contexte : il s ’agirait alors des théoriciens de la nature qui suivent Hippocrate (ou bien des théoriciens de la nature, selon Hippocrate) et non pas des théories de la nature conformes à Hippocrate. L ’ambiguïté du passage ne peut être entièrement levée, mais le neutre paraît plus plausible. D ’une manière générale, les φυσικοί doivent être distingués des médecins (Ιατροί), comme le montrent les précautions oratoires de Galien dans (par exemple) le traité Sur les facultés clés médicaments simples (K. XI, 426) : en précisant l’objet de sa recherche (les facultés des simples d ’un point de vue médical), le médecin de Pergame veut éviter qu’on le confonde avec les φυσικοί.

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κ€ν καί ττώξ τρεπομένων τούτων ιταρά τήν έξ άρχήξ ψύσιν αί νόσοι γίνονται.

IX. 1 Έκ τίνων στοιχείων ό άνθρωπος συνέστηκεν' Συνέστηκε τοίνυν ό άνθρωπος ακολούθως τοις φυσικοίς 5 καθ’ Ίπποκράτην εκ των κοσμικών των πρώτων στοιχείων, εκ πυρός καί άερος καί ΰδατος καί γης* ουχ ώς εκ τούτων αυτών, αλλά έκ τών άνάλογον αύτοις συνεστώτος του ανθρώπου. Έν δε τώ διαλύεσθαι εις ταΟτα τά πρώτα αναλύεται, καθώς αυτός ό Ίππο10 κράτη ς έφη' καί πάλιν γε ανάγκη άποχωρέειν εις τήν έωϋτέου φύσιν έκαστον, τελευτώντος του ανθρώπου, τό τε ξηρόν προς τό ξηρόν καί τό υγρόν προς τό ύγρόν καί τό θερμόν προς τό θερμόν καί τό ψυχρόν προς τό ψυχρόν. Τοιαύτη δε καί τών ζώων έστίν ή φύσις καί τών 15 άλλων άπάντων. Γίνεται τε ομοίως | πάντα καί τελευτά 696 ομοίως. Συνίσταται γάρ αυτέων ή φύσις από τούτων τών είρημένων καί τελευτά κατά τά είρημένα εις τό αυτό* δθενπερ συνέστηκεν έκαστον, ενταύθα καί άπεχώρησεν. ’Έγ νω δε καί "Ομηρος καθά έφη,

TEST. : 10 και πάλιν - 19 άπεχώ ρησεν, Η ιρρ. Nat. Hom. 3, 3-4 (ed. Jouanna CMG V, 1, 1, 3, p. 172).3

3 έκ τίνων στοιχείω ν ό άνθρωπος συνέστηκεν·; Μ u : περί στοιχείω ν έξ ών ό. ά. σ. V II 5 post κοσμικών om. τών S II 7 άναλόγον V : αναλογών Μ u II 10 γε om. P edd. Il 11 έωϋτέου VM u : έωυτοϋ P edd. II 11-14 τό τε ξηρόν προς τό ξηρόν καί τό ύγρόν προς τό ύγρόν καί τό θερμόν προς τό θερμόν καί τό ψυχρόν προς τό ψυχρόν VM u : τό τε ξηρόν προς τό ξηρόν καί τό ψυχρόν προς τό ψυχρόν καί τό ύγρόν προς τό ύγρόν καί τό θερμόν προς τό θερμόν P edd. II 15 άπάντων V : πάντων Μ « II 16 αύτέων Μ u : αύτ... V αυτών recc. edd. Il 18 οθενπερ συνέστηκεν V : δθεν προσυνέστη Μ μ II 19 εγνω δε καί "Ομηρος καθά έφη Μ u : αλλά καί ο "Ομηρος έφη V καθά καί "Ομηρος έφη P edd.

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Puissiez-vous tous devenir eau et terre !1 montrant la dissolution dans ces éléments. 2 C’est aussi d’éléments secondaires, quoique proches de la nature de l’homme, les quatre humeurs, sang, phlegme, biles jaune et noire, que l’homme est, dit-il, constitué2. C’est pour­ quoi au tout début de la formation de l’embryon, l’enfant se constitue à la fois à partir de la semence et du sang maternel, qui s’écoule par l’uretère : or dans ces compo­ sants se trouvaient déjà les quatre humeurs3. Il dit aussi4 que l’homme après sa naissance est composé du mélange de trois constituants, à savoir les trois constituants sui­ vants : liquides, solides et pneumata, et il les appelle par­ ties tenantes, tenues et motrices5 ; les parties tenantes sont donc toutes les parties dures, os, nerfs, veines, artères, par lesquelles les muscles, les chairs et toute l’épaisseur du corps sont maintenus, les composés des parties internes et externes. Les parties tenues sont les parties liquides contenues dans les vaisseaux et dissémi­ nées à travers tout le corps, celles qu’Hippocrate appelle les quatre humeurs dont j ’ai déjà parlé. Enfin les parties motrices sont les pneumata. Pour les anciens, il existe deux pneumata, le pneuma psychique et le pneuma phy­ sique ; mais les Stoïciens en introduisent un troisième, le pneuma hectique, qu’ils appellent hexis6. 3 Quant à Erasistrate, ayant posé lui aussi comme principes et éléments constitutifs du corps humain tout entier l’entrelacement7 1. Homère, Iliade, VII, 99. Le manuscrit V (= Vatican, gr. 1845) et de nombreux descendants de ce manuscrit présentent la faute malen­ contreuse ημείς au lieu de ύμεις. Certains copistes récents ont corrigé spontanément la faute comme Jean Rhosos, auteur de la copie du Parisin. gr. 2160, et, plus tard, les préparateurs de l ’Aldine. 2. La conception des humeurs comme reflets ou dérivés des quatre éléments premiers est probablement ancienne ; l’assimilation des humeurs à des σ το ιχεία se retrouve par exemple dans les Définitions médicales pseudogaléniques (K. XIX, 363). Cette conception est systé­ matisée par Galien (voir surtout le De Placitis Hippocratis et Platonis, VIII, 4 = CMG, V, 4, 1, 2, vol. II, 498 sqq.), mais on en trouve déjà des traces chez les médecins pneumatiques. Voir E. Schoner (1964, 81 sqq.).

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Ά λ λ ’ υμείς μέν πάντες ύδωρ καί γαΐα γένοισθε δηλών την eis ταΰτα διάλυσιν. 2 Ώς δέ εκ δευτέρων καί εγγύς δντων τη άνθρωπίνη φύσει, εκ των τεσσάρων χυμών, αίματος καί φλέγματος καί χολής ξανθής τε καί μελαίνης συνεστάναι φησί τον άνθρωπον, διότι έν τή πρώτη διαπλάσει τού εμβρύου, εκ τε του γόνου καί του παρά τής μητρός επιρρέοντος αίματος διά του ουραχου ή σύστασις γίνεται του τικτομένου. Έν δε τούτοις ήσαν οί τέσσαρες χυμοί. Ώς δέ εκ τριών καί συνθέτων τον ήδη γενόμενον άνθρωπον εκ τώνδέ φησι συγκεισθαι, εκ τε υγρών καί ξηρών καί πνευμάτων. Καλεΐ δέ αυτά ϊσχοντα, ίσχόμενα καί ένορμώντα’ ϊσχοντα μεν ουν έστιν δσα στερεά, οστά καί νεύρα καί φλέβες καί άρτη|ρίαι, εξ ών οϊ τε μύες καί αί σάρκες καί πάς ό του σώματος όγκος πέπλεκται, τών τε εντός καί τών εκτός τα συγκρίματα. Ίσχόμενα δέ έστι τα ύγρά τά εν τοις άγγείοις έμφερόμενα καί κατά πάν το σώμα διεσπαρμένα, άπερ καλει Ιπποκράτης χυμούς τέσσαρας τους προειρημένους. Ένορμώντα δέ έστι τα πνεύματα. Πνεύματα δέ κατά τους παλαιούς δύο εστί, τό τε ψυχικόν καί τό φυσικόν. Οί δέ Στωικοί καί τρίτον είσάγουσι τό εκτικόν, ο καλοΰσιν έξιν. 3 Καί Έρασίστρατος δέ ώς άρχάς καί στοιχεία του όλου σώματος υποτιθέμε­ νος την τριπλέκειαν τών αγγείων, νεύρα καί φλέβας καί

TEST. : 1 Ά λ λ ' - γένοισθε, ΗΟΜ. IL VII, 99. - 12 ϊσχοντα - ένορμώντα, cf. Η ιρρ. Epici., VI, 8, 7 (ed. Manetti-Roselli ρ. 170). 22 Έ ρασίστρατος - 21, 12 πεπλέχθαι, cf. E rasistrat. fr. 86 Garo­ falo.1I

1 υμείς M u : ήμεΐς V !1 2 post έκ add. τών V II 5 φησί scripsi : φασι codd. Il 10 φησι Μ u : φασι V II 12 καλεϊ V : καλεΐσθαι Μ u II post αυτά add. Ιπ π ο κ ρ ά τη ς recc. Il 19 προειρημένους V : προκειμένους Μ u II 23 του om. V II 24 τριπλέκειαν Μ u : -πλοκειαν V -πλοκίαν edd. Garofalo.

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des vaisseaux, nerfs, veines et artères, il laisse néanmoins de côté les parties liquides et les pneumata ; il dit en effet que ces éléments1 habitent l’être vivant sous deux formes, le sang en tant que nourriture, le pneuma en tant qu’auxiliaire des facultés naturelles, mais il ne les prend pas pour principes. 4 On trouve2 aussi maintes autres sortes de coips qui ne sont pas constituées de son entre­ lacement, comme, par exemple, le cerveau, la moelle et tous les os ; mais il a le front d’affirmer que le cerveau comme la moelle sont un dérivé de la nourriture3, tout comme la graisse, la constitution du foie, de la rate, et du poumon. Quant aux os, il ne saurait dire qu’il s’agisse d’un dérivé de la nourriture, ni qu’ils sont composés des vaisseaux de trois sortes mentionnés plus haut ! 5 Selon Asclépiade, les éléments de l’homme sont les corpus­ cules friables et les pores4. Selon Athénée, les éléments de l’homme ne sont pas les quatre coips premiers, feu, air, eau et terre, mais leurs qualités, chaud, froid, sec et humide, dont il pose que deux sont les causes actives, le chaud et le froid, et deux les causes passives, le sec et l’humide5 ; il ajoute une cinquième chose en suivant les Stoïciens, le pneuma qui traverse toutes les parties, et par lequel tout est maintenu et organisé. 6 Mais Hippocrate est passé par trois parties, en définissant comme éléments de l’homme les parties tenantes, tenues et motrices, grâce

1. Nous avons opté pour le neutre pluriel des manuscrits, bien que la correction proposée par I. Garofalo (Erasistrati fragmenta, p. 90) soit séduisante. Il nous semble que le texte peut fort bien s’expliquer avec un neutre pluriel (reprenant les liquides et les souffles), sujet de δίοικεισθαι (au moyen), dont το ζωον est alors le complément d’objet. 2. Nous souscrivons à la correction adoptée par Ivan Garofalo à la suite de l’Aldine et du manuscrit P, son modèle. L ’infinitif des manus­ crits dépendrait en effet de λέγει et supposerait que le contenu de cette phrase fait encore partie du discours rapporté d ’Erasistrate, ce qui n ’est pas logique dans le contexte. C ’est en fait une objection du PseudoGalien à la thèse d ’Érasistrate.

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αρτηρίας, παραλείπω τά τε υγρά καί τα πνεύματα. Δυσί γάρ ΰλαις ταυτα διοικεισθαι λέγει τό ζώον, τω μεν αϊματι ώς τροφή, τω δε πνεύματι ώς συνεργώ εις τάς φυσικάς ένεργείας. Ou παραλαμβάνει δε αύτάς ώς άρχάς. 4 Πολλά δε καί άλλα σωμάτων εϊδη εύρίσκεται, ούκ εκ τής τριπλεκείας συγκείμενα, οΐον ευθύς ό εγκέ­ φαλος καί ό μυελός καί πάντα τα οστά. Τον μεν ουν εγκέφαλον ή τον μυελόν παρέγχυμα τροφής τολμά λέγειν, ώς την πιμελήν, καί του ήπατος καί | σπληνός 698 καί πνευμονος την σύστασιν. Τά δε όστέα οΰτε παρέγ­ χυμα τής τροφής δύναιτ’ αν λέγειν, ούτε εκ των προει­ ρημένων τριγενών άγγείων πεπλέχθαι. 5 Κατά δε Άσκληπιάδην στοιχεία ανθρώπου, όγκοι θραυστοί καί πόροι. Κατά δε τον Άθήναιον στοιχεία ανθρώπου ου τά τέσσαρα πρώτα σώματα, πυρ καί αήρ καί ύδωρ καί γη, άλλ’ αί ποιότητες αυτών, τό θερμόν καί τό ψυχρόν καί τό ξηρόν καί τό υγρόν, ών δυο μεν τά ποιητικά αίτια υποτίθεται, τό θερμόν καί τό ψυχρόν, δυο δέ τά υλικά, τό ξηρόν καί τό υγρόν, καί πέμπτον δέ παρεισάγει κατά τούς Στωικοός τό διήκον διά πάντων πνεύμα, υφ’ ου τά πάντα καί συνέχεσθαι καί διοικεισθαι. 6 Ιπ π ο­ κράτης μεν ουν διά τριών κεχώρηκεν, είπών στοιχεία TEST. : 13-14 σ το ιχεία - πόροι, cf. GAL. Nat. fac. I, 13, 9-12 (ed. Helmreich SM III, p.129 = Kühn II, 39). - 14 σ το ιχεία - 19 ύγρόν, cf. A r is t t . Meteor. 378b 13 et 384b 28 ; GAL. Nat. fac. I, 3, 6sq (ed. Helmreich SM III, p.1.06 = Kühn II, 8).2 2 υλαις M u : άλλαις V II post ταύτα [ταύταις Garofalo] add. τε codd. Il 5 άλλα σωμάτων Μ u : άλλων σωμάτων V II εύρίσκεται Ρ edd. Garofalo : εύρίσκεσθαι VM μ II 6 τριπλεκείας Μ ιι : τριπλοκείας V τριπλοκίας Garofalo II 10 οϋτε...ο ϋ τε... Μ u : ούδέ... ούδε... V edd. II 14 post πόροι add. ή κρεώματα (an κενώματα· ?) ούκ αίσθητά άλλ' αύτω θήται προών [-τω θήται προών vac. in u\ πολλαι και μακραί αντιθέσεις Μ u vacuitates non sensibiles lat. II 17 τό ξηρόν και τό ύγρόν V : τό ύ. και τό ξ. Μ u II 19 post πέμπ­ τον om. δέ edd. Il 21 post πάντα om. καί edd.

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auxquelles il a regroupé tous les éléments de ses succes­ seurs, la physiologie fondée sur ces éléments et Pétiolo­ gie des états non conformes à la nature ; ses successeurs quant à eux ont, je ne sais pourquoi, divisé en trois cette médecine divine et vraiment issue d’Asclépios, qui était une, et dispersé ses parties d’origine1 ; les uns ont attri­ bué aux seules humeurs la constitution des états conformes à la nature et les causes des états contraires, comme Praxagoras et Hérophile ; les autres, posant les corps solides comme principaux et élémentaires, tirent de ceux-là ce qui est constitué selon la nature et les causes des maladies, comme Érasistrate et Asclépiade ; enfin ceux de la mouvance d’Athénée et d’Archigène ont démontré que les éléments de la nature étaient constitués et organisés par le seul pneuma qui les traverse, et que toutes les maladies naissaient de l’affection initiale de celui-ci ; c’est pourquoi ils se font appeler « pneuma­ tiques ». X. 1. Noms des parties externes du corps. Sur les parties ou portions externes du coips, et sur la question de leur nomenclature, c’est Aristote qui, le premier, a entrepiis2 de délivrer un enseignement écrit ; puis il a paru également nécessaire aux médecins qui sont venus plus tard de se préoccuper du même sujet, pour ne pas avoir à montrer d’un geste de la main chaque partie ou portion, mais être capable de les désigner par la seule 1. L ’image de la dilapidation de l’héritage d’Hippocrate est très forte ; d’une, la médecine est devenue multiple, à cause de la jalousie d’insuffisants diadoques. Le royaume unifié, simple et parfait, a fait place à un royaume divisé où l’harmonie est désormais perdue. Les trois couples formés ici par le Pseudo-Galien (Praxagoras et Hérophile ; Érasistrate et Asclépiade ; Athénée et Archigène) sont le résultat d’une simplification doxographique sans parallèle connu. 2. La leçon des manuscrits S et U est la meilleure et recoupe l’idée que Georg Helmreich exprime dans sa note ad loc. (1914, 12). À par­ tir du mot peu satisfaisant de V (manifestement tronqué), conservé tel quel dans les autres recentiores, P a forgé ύπεβάλετο qui est resté dans les éditions, de l’Aldine jusqu’à Kühn.

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άνθρώττου ϊσχοντα, ίσχόμενα, ένορμώντα, 8Γ ών τα πάντα των μετ’ αυτόν περιείληφε στοιχεία και την κατά στοιχείων φυσιολογίαν τ€ καί αιτιολογίαν των παρά φύσιν* οί δέ μετ’ αυτόν ουκ οίδ’ όπως μίαν ουσαν την θείαν ταύτην καί αληθώς Ασκληπιού ιατρικήν τριχή διανειμάμενοι καί διασπάσαντες τό εν αυτή συμφυή μέρη, οί μέν μόνοις | τοίς χυμοις των τε κατα φύσιν την 699 σύστασιν καί των παρά φύσιν τός αίτιας ανέθεσαν, ως Πραξαγόρας καί Ήρόφιλος, οί 8έ τό στερεά σώματα τα, 10 αρχικό, καί στοιχειώδη υποθέμενοι, τά τε φύσει συνεστώτα εκ τούτων καί των νόσων τός αιτίας εντεύθεν λαμβάνουσιν, ως Έρασίστρατος καί Άσκληπιάδης, οί δέ περί 5Αθήναιον καί Άρχιγένην μόνω τω διήκοντι δι’ αυτών πνεύματι καί τό φυσικό συνεστάναι τε καί 15 διοικείσθαι καί τό νοσήματα πάντα τούτου πρωτοπαθούντος γίνεσθαι άπεφήναντο, δθεν καί πνευματικοί χρηματίζουσι.

X. 1. Όνομασίαι τών εκτός μερών τού σώματος' περί δε τών μερών τού σώματος ή μορίων καί τίνες αί όνο20 μασίαι αυτών, πρώτος μέν ό Αριστοτέλης επεβάλλετο διδάξαι τε καί συγγράψαι. Αναγκαιον δέ καί τοίς μεταγενεστέροις ίατροίς έδοξε καί αύτοίς τό αυτό πραγματεύσασθαι, όπως μή τήν χ€ΐρα έπιφέροντες δεικνύωσιν έκαστον τών μερών ή τών μορίων, άλλ’ έκ

2 αύτόν V : αύτήν Μ μ II σ τοιχεία Μ ιι : στοιχείω ν V II καί τήν κατά στοιχείω ν om. Μ u II 4 μίαν ουσαν τήν θείαν ταύτην V : μίαν ταύτην τήν θείαν ούσαν Μ μ II 5 ante άληθώς add. ώς Μ u II ante Α σκληπιού add. παρά Μ από u II 8 τάς αίτιας Μ u : τήν αιτίαν V II 10 τε V : τή Μ u II 15 τούτου V : τού Μ μ II 16 άπεφήναντο V : άπεφήνατο Μ « II 18 εκτός V : εντός MUR non legitur S II post περί δέ τών [τών om. Μ u\ add. έκτος edd. Il 20 πρώτος V : πρώτον Μ u II επεβάλλετο u : υπέβαλε V έπεβούλετο Μ ύπεβάλετο P edd. II 21 συγγράψαι V : γράψαι Μ μ II 23 πραγματεύσασθαι VM : πραγματεύεσθαι u P edd. II 24 έκαστον V : έκάτερον Μ u.

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dénomination ; panni eux les successeurs d’Érasistrate ont été particulièrement actifs, comme Apollonios1 de Memphis et Xénophon2, celui qui le précéda3. 2. Les médecins égyptiens divisent l’ensemble du corps en quatre, la tête, les bras, le tronc et les jambes, mais les autres divisent encore davantage les quatre parties déjà mentionnées en d’autres parties du tout, qui ne sont pas des portions de celles-là4. En tout cas, on pourrait dire que l’ensemble de la cavité de la tête est une partie du corps tout entier ; mais pour les portions de celle-ci, celle qui s’étend au-dessus des sourcils, privée de poils, d’une oreille à l’autre, est appelée « front » ; la partie située au-dessus, couverte de cheveux, « bregma » ; les parties de chaque côté de celui-ci au-dessus des oreilles, « les tempes » ; la partie qui domine le bregma au milieu de la tête, le « sommet », d’où semble naître la pousse des cheveux, comme de son centre un cercle ; la partie qui vient après le sommet à l’arrière, et descend jusqu’à la nuque, 1’« occiput ». 3 À l’avant au contraire, on appelle visage tout ce qui est situé sous le front, et délimité par les oreilles, les yeux, le nez, et la bouche jusqu’au men­ ton. Mais il commence à partir des sourcils ; car le long du front en allant de haut en bas, se trouve la barrière des sourcils, comme des bornes saillantes et poilues ; et le long des bords du front vers les tempes, aux limites de celui-ci, se trouvent les oreilles ; les parties de celles-ci qui se déploient largement sont « les ailes », celles qui se 2. On sait peu de chose de ce Xénophon, car rares sont les méde­ cins connus qui ont porté ce nom ; c ’est peut-être le disciple de Praxagoras mentionné et cité par Rufus (chez Oribase, XLIV, 15 et XLV, 11). C ’est alors aussi celui dont Érotien critique une opinion dans un fragment (33). Il est également mentionné par Caelius Aurelianus auprès de Dionysios et Hérophile {Maladies aiguës, II, 186, Drabkin p. 686). Il exerça sans doute à Alexandrie. Pour une tentative de recons­ titution plus poussée, et une discussion sur l’identité de notre Xéno­ phon et du disciple de Praxagoras, voir l’article de F. Kudlien dans le Pauly-Wissowa, IX, A, 18.

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τής ονομασίας αυτάρκη έχωσι την δήλωσιν αυτών. Μάλιστα δέ τούτο οί άπό Έρα|σιστράτου εζήλωσαν, ώς 700 'Απολλώνιος ό Μεμφίτη$ καί Ξ€νοφών ό προ αύτοϋ. 2 Διαιρούσι τοίνυν τό δλον σώμα οί μέν Αιγύπτιοι 5 ιατροί εις τέσσαρα, κεφαλήν καί χειρας καί θώρακα και σκέλη, οί δέ άλλοι εις πλείονα καταδιαιρούντες τά προειρημένα τέσσαρα εις ετερα μέρη του δλου, ούχ ώς εκείνων μόρια. Κεφαλής γοϋν τό μεν παν κύτος μέρος αν λέγοιτο του όλου σώματος. Ταύτης δε μόρια τό μεν JO έμπροσθεν υπέρ τάς όφρυς ψιλόν τριχών άπό ώτός επί ους μέτωπον καλείται, τό δε επάνω τούτου τετριχωμένον βρέγμα. Τά δε παρ’ έκάτερα τούτου επάνω τών ώτων κρόταφοι. Τό δε υπέρ τό βρέγμα κατά τό μέσον τής κεφαλής κορυφή, άφ’ ής καί δοκεΐ άρχεσθαι ή 15 εκφυσις τών τριχών, ώς άπό κέντρου κύκλος, Τό δέ μετά τήν κορυφήν εκ τών όπισθεν ώς επί τούς τένοντας καταβαΐνον ίνίον. 3 Έκ δέ τών έμπροσθεν πρόσωπον μέν τό υπό τό μέτωπον παν λέγεται, περιοριζόμενον ύσί καί όφθαλμοις καί ρινί καί στόματι μέχρι γενείου. 20 Αρχεται δέ άπό όφρύων* καθ’ α γάρ λήγει τό μέτωπον άπό τών άνω κατιόν, αί όφρύες διαδέχονται, οιον|πέ- 701 ρατα αυτού υπερέχοντα καί τετριχωμένα. Καθ’ ά δέ παρατείνει τό μέτωπον επί τούς κροτάφους, επί τοις πέρασιν αυτού, τα ώτα τέτακται. Τούτων δέ τά μέν

1 δήλωσιν αύτών V : δύναμιν αυτών ή τήν δήλω σιν Μ μ II 2 τούτο Chartier : τούτων codd. II άπό Έ ρασιστράτου VM u : περί Έ ρασίστρατον P edd. II έζήλωσαν Μ u recc. edd. : έξήλωσαν V II 5 post κεφαλήν om. και V II post χείρας om. και V II 7 όλου VMU : λόγου SR II 8 κεφαλής Y : κεφαλή M u 11 παν VS1 : πάνυ M u II 10 ψιλόν M u : ψιλών V II 13 post κατά om. τό V II 15 κύκλος M u : κύκλου V il 16 έκ V : καί Μ w II 17 ίνίον Μ u : ή νίον V II 18 post υπό om. τό edd. II 20 από όφρυών VM ιι : απ' οφρυών P edd. II 21 κατιόν VSR : κατιών M2U κτιών Μ II post κατιόν add. ύπό δέ όφρύων ή τών οφθαλμών χώρα Μ2 II διαδέχονται VS : διαχέονται Μ διαχεύονται Vat II 22 αύτού Μ u : αύτών V.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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recroquevillent vers l’avant en partant de Tanière, avec l’extrémité recourbée, « cuboïdes », sous laquelle le demi-cercle se terminant en pointe est appelé « rasoir », et le creux sous cette pointe, la « petite conque »l. L ’ori­ fice arrondi, au milieu, est appelé le « conduit auditif », sous lequel on appelle lobe la partie graisseuse attachée à l’oreille ; et la partie qui se trouve au dessus, Tantilobe. 4 Puis, sous les sourcils, il y a les yeux, qu’on appelle aussi prunelles2, pour désigner l’ensemble et ses parties ; ce qui abrite l’organisation interne des membranes ocu­ laires s’appelle « les paupières », Tune en haut, l’autre en bas, qui se rejoignent Tune l’autre fréquemment et de manière à se toucher par les extrémités, afin de rafraîchir la vue, et d’écarter les particules qui frappent les yeux en tombant, mais aussi ponctuellement comme dans le som­ meil, pour suspendre la faculté de voir, afin que l’homme se repose3. Une partie des paupières (bléphara), tout à fait devant les yeux, là où elles se rejoignent Tune l’autre, est nommée « tarse » ; c’est de là que sortent des poils, appelés « cils » (blépharides), qui tirent leur nom de la partie où ils poussent ; ils sont là pour oiienter le pneuma visuel ou, comme disent certains, les rayons qui sont dif­ fusés depuis l’intérieur4, afin de voir clairement. Qu’ils viennent à tomber, à se recroqueviller, et l’animal ne peut plus voir de la même façon, en largeur comme en lon­ gueur. Quant aux limites intérieures de l’œil, où se joi-

1. Les noms des parties de l’oreille chez le Pseudo-Galien sont par­ ticuliers, si on les compare par exemple à ceux qu’emploie Galien dans le De usu partium. 2. Nous n ’avons pas trouvé de solution très satisfaisante pour rendre dans la traduction les deux synonymes οφθαλμοί et δμματα. L ’emploi souvent poétique de « prunelle » peut néanmoins traduire la nuance, elle aussi poétique, du grec ομμα. 3. Ce passage sur la fonction protectrice des paupières est très proche du développement sur les organes sensoriels que l ’on peut lire chez Cicéron, De natura deorum, II, 142-143.

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αναπεπταμένα πτερυγώματα, τα δε άνακεκλασμένα εις τούπίσω εκ 8έ των έμπροσθεν, αύτοις τοις άκροις έπικαμπτόμενα κυβοειδή, υφ’ α τό μεν ημικύκλιον έμπεριφερές εις όξυ έπανεστηκός ξυστήρ ονομάζεται, τό δε υπό την τούτων οξύτητα κοιλον κογχίον. Τό δε κατά τό μέσον στρογγυλόν τρύπημα ακουστικός πόρος, υφ’ ον λοβίον μέν έστι τό άπηρτημένον του υτός πιμελώδες. Τό δε υπερκείμενον άντιλόβιον. 4 Ύπό δε τάς όφρυς οί οφθαλμοί είσιν, α καί όμματα καλείται, τό παν σχήμα μετά των μορίων αυτών. Τούτων δε τό μέν σκέποντα τήν ένδοθεν των χιτώνων σύστασιν βλέφαρα καλείται, τό μεν άνω, τό δε κάτω, συμβάλλοντα άλλήλοις πυκνώς καί ακροθιγώς εις άνάληψιν τής όψεως καί εις τό άπερύκειν τά πληκτικώς προσπίπτοντα τοις όφθαλμοις, επ’ ακριβές δέ ώσπερ εν τοις ϋπνοις, εις αποσ­ τροφήν τής όρατικής δυνάμεως, προς τό καθησυχάσαι τον άνθρωπον. Βλεφάρων δέ | τα μέν προς τοις όφθαλ- 702 μοις δλοις, καθά ή συμβολή αυτών προς άλληλα γίνε­ ται, ταρσοί ονομάζονται, εξ ών εκπεφύκασι τρίχες, αΐ βλεφαρίδες λέγονται, άφ’ ών πεφύκασι τά ονόματα άπενεγκάμεναι. Γεγόνασι δέ προς τό άπευθύνειν τό όρατικόν πνεύμα ή, ως τινες λέγουσι, τάς ένδοθεν έκχεομένας ακτίνας εις τό διοραν. Άμέλει τούτων έκπεσουσών ή καί κατακλωμένων, ουκέτι ομοίως επ’ ευθύ, ουδέ επί μακρόν δύναται βλέπειν τό ζώον. Τα δέ εντός TEST, : Cic. Nat. deor. II, 142-143. 2 post έκ om. δέ edd. Il 3 post κυβοειδή om, υφ'ά u 11 4 ξυστήp V : ξυτρίον Μ ξυστρίον u II 5 τούτων V : -ου Μ μ II post κατά om. τό V II 6 ον Μ u : ου V II 7 έστι om. Μ u II 11 ένδοθεν Μ u : ένδον V I! 12 κάτω VM2 u : έστω Μ II 13 ακροθιγώς Μ u : -θήγεως V -θίσεως V2 -νυγώς edd. II 14 προσπίπτοντα V u : προπίπτοντα Μ II 16 καθησυχάσαι V u : ήσυχάσαι Μ II 24 ή καί κατακλωμένων V : ή ές τά κλωμένων [ές τακλωμένων U] u ή έ...μ ενώ ν Μ II επ' εύθύ VSM : άπευθύ U II 25 τά V : τού MU ού SR.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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gnent les paupières, on les appelle « coins », le grand près du nez, le petit près de l’oreille ; la partie située entre les deux, le blanc de l’œil, au milieu duquel se trouve l’iris, cercle aux couleurs variées : c’est pourquoi on l’a appelé iris, à cause de sa ressemblance avec l’Iris du ciel. Puis à son tour le milieu de celui-ci, la pupille, par laquelle s’accomplit la vision. 5 Puis c’est le nez, entre les deux yeux, et les parties de chaque côté de celui-ci sont appelées narines ou naseaux, par lesquelles les animaux respirent et sentent ; la partie externe des narines, les « ailes », ce qui les sépare, Γ« arête ». Les parties creuses de chaque côté du nez sous les yeux sont justement appelées « poches » (kula), à partir de quoi on dit que certains ont les yeux pochés (kuloidiari)1, tous ceux chez qui ces parties se soulèvent sous l’effet d’une indigestion ou d’une contrariété ; les parties qui les dominent, entre le nez et les oreilles, ont le nom de « pommettes », qui chez ceux qui ont bon teint ou chez ceux qui ont l’âme noble rougissent sous l’effet de la honte ; « joues », les parties qui descendent sous cellesci2 jusqu’au menton et finissent là, à la pointe de celuici ; « menton », tout ce qui est sous la bouche, avec une forme allongée et arrondie ; « lèvre supérieure », ce qui est au-dessus de la bouche, sous les narines, qu’Homère appelait « moustache »3 ; « bouche », ce qui est au milieu des lèvres, constitué et contenu par elles ; car

1. On peut distinguer à cet endroit une mécoupure d’onciale dans V, qui se répercute dans toutes les éditions. Voir Notice p. lx x x v lx x x v i pour l’analyse philologique du passage. Le sens de κυλοιδιάωώ fait problème. Il y a une légère divergence des dictionnaires, alors que l’étymologie est assez claire : il s ’agit d ’avoir les poches qui sont situées sous les yeux (κύλα) gonflées (οιδεΐν), comme l’indique du reste une scholie à Aristophane. Le mot est en effet tout à fait classique et attesté dans Lysistrata. Il n ’y a pas lieu d ’introduire dans le sens du verbe la coloration noire que suggère le Liddell-Scott, bien que dans certains cas le gonflement s’accompagne d’un hématome ; les pau­ pières ne gonflent pas toujours sous l’effet des coups.

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του οφθαλμού πέρατα, καθ’ α αί συμφύσεις των βλεφάρων, κανθοί καλούνται, 6 μεν προς την ρίνα ό μέγας, μικρός 8έ ό προς το ους. Το 8έ μεταξύ αυτών, τό λευκόν του οφθαλμού, ου εν μέσω ή ίρις κύκλος ποικί­ λος τοις χρώμασι - 8ιό καί ίρις έκλήθη —από τής προς την υπαίθριον ϊριν εμφερείας. Ταύτης 8έ πάλιν τό μεσαίτατον κόρη, 8Γ ής τό όραν συντελειται. 5 Ή 8έ ρίς μεταξύ των οφθαλμών τέτακται, ταύτης 8έ τα μεν εκα­ τέρωθεν μυκτήρες ή μυξωτήρες καλούνται, 8ι’ ών άναπνει τε καί οσφραίνεται τα ζώα. Μυκτήρων 8ε τά μεν έξωθεν πτερύγια, τό 8ε διορίζον αυτά κίων. Εκα­ τέρωθεν I 8ε τής ρινός τα μεν κοίλα ιδίως, τα υπό τοις 703 όφθαλμοις κύλα καλείται, εξ ών λέγονται τινες κυλοιδιάν, δσοις ταΰτα έπαίρεται εξ απεψίας, ή δυσαρεστήματος. Τα δέ τούτοις έπανεστώτα μεταξύ ρινός καί ώτων μήλα ονομάζεται, ά τοις εύχρουστέροις καί έλευθεριωτέροις έν τώ αίδείσθαι έρυθρια, Σιαγόνες δέ τά από τούτων κατιόντα, ως επί τό γένειον καί ταύτη εις τό όξυ αυτού άπολήγοντα. Γένειον δε παν τό υποκάτω τοΰ χείλους έν περιφερει παραμήκει σχήματι. Μύσταξ δέ τό ύπεράνω τού χείλους, υπό τούς μυξωτήρας, όπερ 'Όμηρος ύπήνην έκάλεσε. Στόμα δέ τό άνά μέσον τών χειλών, όπ’ αυτών συνιστάμενον καί συνεχόμενον.

TEST. : 22 ύπήνην, cf. Ηομ. Od. XII, 279 et Π. XXIV, 348.2

2 τήν ρίνα V : τή ρινί Μ u II 5 χρώμασι V u : σώμασι Μ II άπό VSR : ύπό MU II 7 κόρη VMSR : βόρη U II 8 τέτακται V u : τέταται Μ II 11 διορίζον VMU : ορίζον S όρίζων R II 13 κύλα scripsi : κοίλα codd. concava lat. II κυλοιδιάν, δσοις scripsi [concavi quibus lat.] : κοιλοιδιαν, δσοις M u κοίλοι, διά νόσους V II 16 μήλα VM : μήλοι u II ονομάζεται V : -ονται Μ μ II 18 άπό codd. : ύπό edd. II post τούτων add. άπολισφα Μ u II τό γένειο ν V : τών γενείω ν Μ u II ταύτη εις V : ταύτης Μ w II 20 έν περ ιφ ερ ει V u : έμπεριφ ερεΐ Μ.

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c’est comme si par l’action de la bouche, celles-ci étaient jointes, puis séparées ; c’est pourquoi on dirait qu’elles viennent d’être divisées. 6 Ce qui soutient la tête jusqu’aux épaules, dans son ensemble, s’appelle « le cou » ; sa par­ tie arrière est appelée proprement « nuque » ; sous le cou, saillant de chaque côté, se trouvent les épaules, dont le sommet est appelé acromion : et la partie qui part de celui-ci vers l’avant, le « verrou »l ; entre les deux la gorge. 7 À partir des épaules commencent les bras, ratta­ chés de chaque côté aux flancs ; leur partie qui va de l’épaule au pli du coude, est appelée le bras ; le « coude », là où le bras se plie complètement, et dont la partie externe est appelée coronon ou olécranon ; après lui, l’avant-bras (coudée), dont les hommes se servent pour mesurer ; l’endroit où se termine l’avant-bras, à l’articulation avec le haut de la main, est appelé « caipe » et ce qui suit, « métacarpe » ; puis les condyles, où com­ mencent les doigts. Le plus grand des doigts est appelé Vanticheir (face à la main), à cause de sa capacité à aider le reste de la main à égalité avec elle ; celui qui suit, le « lécheur », qui, semble-t-il, tire son nom de l’usage qu’on en fait ; à la suite, le médius, et après lui le « voi­ sin du médius », consacré aux médecins et leur devant son nom2 ; puis le petit entre tous, puisqu’il est inférieur à tous. Ce qui part du carpe s’appelle le haut de la main ; quand elle est en position de supination, la partie renflée en bas du pouce s’appelle « thénar », et la partie opposée « antithénar ». La partie située sous la naissance des doigts, la « poitrine de la main »3, et celle qui est entre

3. Nous avons opté pour une traduction littérale, afin de ne pas perdre complètement l'image. La métaphore repose probablement sur la comparaison avec l’aspect renflé de la poitrine féminine : cf. Hippo­ crate, Maladies II, éd. Jouanna, p. 182 et note 2 (à propos d ’un bistouri de forme convexe, qu’Hippocrate appelle στηθοειδής).

if

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m Έοικε γάρ ταΰτα οΐον συμπεφυκότα, ειτα άποσχισθέντα τό στόμα ποιειν, Sto καί φαίνεται οίονεί άρτι διτ|ρημένα. 6 Τό 8έ εκδεχόμενον την κεφαλήν μέχρι των ώμων τό μεν παν τράχηλος λέγεται. Τούτου δε τα μεν όπισθεν ιδίως τένοντες ονομάζονται. Ύπό δε τον τράχεκατέρωθεν οί ωμοί είσιν έπανεστώτες, ών τό μεν άνώτατον άκρώμιον καλείται, τό δέ από τούτου εις τό έμπροσθεν κατακλείδες’ μεταξύ τούτων αί σφαγαί. 7 9Από δε των ώμων αί | χειρες άρχονται παρηρτημέναι 704 lo έκατέρα τη καθ’ αυτήν πλευρά. Τούτων δέ τό μεν από του ώμου μέχρι άγκώνος βραχίων καλείται. Άγκών δε καθά συγκάμπτεται ή χειρ όλη, ου τό έξω μέρος If m κορωνόν καί όλέκρανον ονομάζεται. Τό δέ μετά τούτο πήχυς, ω καί μετρούσιν οί άνθρωποι. Καθ’ δ δέ τελευτά 15 6 πήχυς καί άρθρον ποιεί προς άκραν χείρα, καρπός καλείται καί τό μετά τούτο μετακάρπιον. Ειτα κόνδυ­ λοι, δθεν άρχονται οί δάκτυλοι. Δακτύλων δέ ό μέν μέγιστος άντίχειρ καλείται, διά τό όλη τή χειρί άκρα συνεργούντα ϊσον αυτή δύνασθαι. Ό δέ μετά τούτον λιχανός, ως έοικεν, από τής χρείας τοΰνομα έχων* εφεξής ό μέσος καί μετά τούτον ό παραμέσος, ό τοις ίατροις άνακείμενος καί απ’ αυτών τοϋνομα κεκληρωμένος. Ό δέ έπί πάσι μικρός, καθ’ δ πάντων ήλάττωται. Τό μέν ουν από τού καρπού άκρα χειρ λέγεται. Ύπτιαζούσης δέ τό μέν κατά τον άντίχειρα έπανεστηκός θέναρ καλείται, τό δέ άντικείμενον αύτού ύποθέναρ. Τό 8έ ύπό τάς εκφύσεις των δακτύλων στήθος χειρός. Τό 1 post άποσχισθένχα add. του εντός του στόματος [σωμάτατος Μ] Μ u II 2 ποιεΐν V : πο ιεί Μ u II 3 εκδεχόμενον V u : έκχεόμενον Μ II 8 τούτων V : των ώμων Μ w II 10 τή VSR : των MU II 11 post μέχρι add. του u II 14-15 φ και μετρούσιν οί άνθρωποι. Καθ' δ δέ τελευτά [τελευταΐον u] ό πήχυς V u : om. Μ II 18 ακρα V : τα ακρα Μ u II 19 αυτή Μ u : αυτό V II 24 post μέν om. ούν MU II ύπτιαζούσης Μ u : έρπιαζούσης V II 25 έπανεστηκός V : έπανεστός Μ έπανεστώς u II 26 τό δέ άντικείμενον αυτού ύποθέναρ om. Μ u.

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toutes celles-là, le creux de la main. 8 En repartant d’en haut, la paitie sous l’ensemble du cou, allant du devant au creux des flancs, s’appelle « tronc » ; la partie sous la clavicule des deux côtés et sous les bras, les « côtes », dont chaque partie latérale est appelée aussi « côté » ; entre ces deux côtés, la poitrine ; et le milieu de celle-ci, le « sternum », jusqu’au cartilage qui le termine, sous lequel se trouve l’orifice de l’estomac : c’est ainsi qu’on nomme cet endroit à l’extérieur aussi. De là monte l’épi­ gastre, qui à l’avant n’est plus entouré d’os comme la poitrine ; ensuite, sous l’orifice de l’estomac : d’après l’apparence extérieure, on appelle cela communément les « hypocondres », puisqu’il est à la verticale sous le car­ tilage (chondros), comme s’il venait après. Or, des muscles soudés recouvrent le péritoine, et sont protégés à l’extérieur par la peau ; avec le même nom que les pré­ cédentes, les entrailles qui sont à l’intérieur sont appelées « hypocondres », parce qu’elles aussi sont situées sous le cartilage des fausses côtes et comme comprises dedans. Quant à la partie médiane externe, celle que l’on appelle proprement « hypocondres », la partie en avant des flancs comprenant l’hypochondre, s’appelle 1’« épigastre », et la partie qui vient des deux côtés, la « taille ». Enfin le milieu des flancs, le « nombril ». Au dessous, le basventre ; ensuite, le pubis, appelé aussi épis ion. 9 A l’en­ droit où finit le tronc, là sont placées les parties honteuses des mâles comme des femelles, à la séparation des N

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δέ μεταξύ τούτων πάντων κοίλον χειρός. | 8 "Ανωθεν δέ 705 τό υπό τον τράχηλον παν, έκ των έμπροσθεν μέχρι λαγάνων, θώραξ καλείται. Τούτου δέ τό μέν υπό τάς κλείδας αμφοτέρωθεν κατά τάς χειρας, αί πλευραί, έξ ών καί πλευράν έκάτερον λέγεται, τό δέ μεταξύ τούτων στήθος. Καί τό μεσαίτατον αυτού στέρνον, μέχρι τού χόνδρου, ύφ* ον τό στόμα τής κοιλίας* ό δέ τόπος ούτως καί έξωθεν λέγεται, εντεύθεν δέ τό έπιγάστριον ανέρχεται, όπερ έκ των έμπροσθεν ούκετι όστοίς περιέχεται ως τό στήθος. Τα δέ υπό τό στόμα τής κοιλίας* κατά την έκτος επιφάνειαν εικότως υποχόνδρια καλεί­ ται, έπεί κατά την ευθύτητα υπό τον χόνδρον έστί, ώσανεί μετά τούτον. Είσί δέ μύες ήπλωμένοι καί ύπεστρωμένοι τω περιτοναίω, έξωθεν δέ σκεπόμενοι τω δέρμάτι. Όμωνύμως δέ τούτοις καί τά ένδοθεν σπλάγχνα υποχόνδρια καλείται, επειδή καί αυτά υπό τους χόν­ δρους εστί των νόθων πλευρών οιον εντός αυτών. Τά δέ έκτος μέσα, τά κυρίως λεγόμενα υποχόνδρια, τό μέν έμπροσθεν τών λαγόνων περιέχον τό υποχόνδριον, έπιγάστριον, τα δέ εκατέρωθεν κενεών. Τό δέ μεσαίτα­ τον τού λαγόνος όμφαλός. Τό δέ υπό τούτον ήτρον. Ειτα τό έφήβαιον, δ καί έπίσειον καλείται. | 9 Εις δ 706 τελευτά ό θώραξ, ένθα καί τα αιδοία τών άρρένων τέτακται καί τών θηλειών κατά την διάφυσιν τών1

1 πάντων V u : απάντων Μ II 4 κατά Μ ιι : και V II 8 ούτως Char­ tier : ούτος ούτως u ούτος VM II 9 ανέρχεται V : ανέχεται Μ u II 9-10 όπερ έκ τών έμπροσθεν ούκέτι όστοίς π ερ ιέχετα ι ώς [από Μ] τό στήθος om. V lat. nisi haec verba addita fuerint in archetypo codicum M u II 10 post ύπό om. τό edd. II 13 ύπεστρωμένοι V : έπεστρωμένοι M u II 14 τω περιτοναίφ— σκεπόμενοι om. Μ u Vat II 17 post πλευρώ ν add. και edd. Il 18 τό μέν V : ό μέν Μ u II 19 περιέχον edd. : περιέχω ν V π ερ ιέχει Μ u Vat II 20 τά codd. : τό Chartier II τό δέ V : είς δέ τό Μ μ II 21 τούτον V : τούτο Μ u II ήτρον Μ u : ιτρον V edd. II post ήτρον add. Α ττικ ο ί λέγουσιν Μ u II 24 ante θηλειώ ν om. τών Μ μ.

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cuisses, afin qu’elles soient dissimulées par celles-ci. L’organe supérieur du mâle est la verge, et son bout, le « gland » ; quant au conduit pratiqué pour l’excrétion de l’urine, on le nomme du fait de son usage « urètre » ; ce qui protège le gland, le « prépuce » ; la ligne qui par­ court la verge en dessous dans le sens de la longueur, « suture » ; ce qui s’étend jusqu’au siège est appelé « périnée »l ; on appelle « didymes » les testicules à l’intérieur comme à l’extérieur, et « scrotum » ce qui enveloppe les testicules. Pour la partie honteuse des femmes, car c’est ainsi que l’appelaient les anciens, le sexe lui-même s’appelle « peigne »2 ; ce qui enveloppe le sexe, « ailes » ; le petit morceau de chair au niveau de la fente, « nymphe »3, que, du fait de sa proéminence, les Egyptiens décident souvent d’exciser chez les jeunes filles4. Une partie commune aux deux sexes, passant par le siège, est fort utile pour suspendre, quand nous le vou­ lons, l’excrétion5 ; elle est appelée anus à cause de sa forme, et sphincter à cause de son action. 10 Quant à ce qui est sous le cou à l’arrière, voici sa disposition et sa nomenclature : l’ensemble est appelé « dos » ; de là, de chaque côté, les « omoplates » ; entre les deux, le métaphrénon, sous lequel se trouve aussi, en dedans, l’esto­ mac ; en plein milieu du dos tout entier, d’en haut jusqu’aux fesses, le « rachis », dont la partie située en droite ligne sous le métaphrénon était nommée « échine » par Homère, qui ajouta par souci de clarté : ...à l’échine, au milieu du dos6 3. La « nymphe » (νύμφη), au singulier, désigne chez les Grecs le clitoris ; nous avons cru bon de garder la « nymphe » dans la traduc­ tion car c ’est par ailleurs le mot grec κλειτορίς qui a donné notre mot clitoris. Chez les modernes, les « nymphes » au pluriel désignent les petites lèvres. 5. Il manque un nominatif dans la phrase : Chartier avait proposé une restitution compliquée et sans rapport avec les manuscrits. Nous nous sommes permis, faute de mieux, d’ajouter un modeste τι, dont la disparition aurait pu s’expliquer par haplographie avec la fin du verbe εύχρηστεΐ ; c ’est la solution qui violente le moins le texte des manus­ crits.

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μηρών, όπως κρύπτηται ύττό τούτων. Του μέν ουν άρρενικού τό προύχον καυλός. Τό 84 ακρον αυτού βάλανος. Καθ’ δ 84 τετρύπηται προς έκκρισιν του οΰρου, αϊτό τής χρείας ουρήθρα ονομάζεται' τό 84 σκέιτον τό ακρον ποσθή. Τό 84 κάτω μέρος του καυλου κατά μήκος αυτού ραφή. Τό 8έ διατεΐνον μέχρι τής έδρας ταύρος καλείται. Δίδυμοι 84 καί δρχεις ένδοθέν τε καί έξωθεν ονομάζονται, καί δσχεον τό περί τούς διδύμους. Τού 84 γυναικείου αιδοίου, ουτω γάρ αυτό οί παλαιοί ύνόμαζον, αυτός μ4ν ό κόλπος κτείς καλείται. Τά 84 περιέχοντα τον κόλπον πτερυγώματα. Τό 84 μέσον τούτων κατά την 8ιασχί8α εκπεφυκός σαρκίδιον, νύμφη, δ καί διά τό προκύπτειν επί πολύ έκτομής άξιούται παρά Αίγυπτίοις επί των παρθένων. Κοινώς 8έ διά τής έδρας προς τό έπέχειν οπότε βουλόμεθα τας έκκρίσεις εύχρηστε! , δακτύλιος δέ από τού σχήμα­ τος καί σφιγκτήρ από τής ένεργείας κέκληται. 10 Τό 84 υπό τον I τράχηλον εκ τών όπισθεν, ούτως έχει θέσεώς 707 τε καί ονομασίας' τό μέν παν νώτα καλείται. Ενταύθα δέ τά μέν εκατέρωθεν ύμοπλάται, τό 84 μεταξύ αυτών μετάφρενον, ω καί στόμαχος ένδοθεν ύπόκειται. Τό 84 μεσαίτατον τού νώτου παντός άνωθεν μέχρι γλουτών, ράχις. Ταύτης 84 τό μέν ευθύ υπό τό μετάφρενον άκνηστιν ειπεν "Όμηρος, καί διασαφών προσέθηκεν, κατ' ακνηστιν μέσα νώτα. TEST. : 25 κατ' - νώτα, H o m . Od. X, 161.

3-4 τού οϋρου om. V 11 6 μέχρι τής V : μέχρ ις Μ u 11 7-9 δίδυ­ μοι—διδύμους om. Μ u Vat II 9-10 οί παλαιοί om. V I! 10 κτείς V u : κλεις Μ 11 14 post κοινώς δέ add. τό στόμα τού απευθυσμένου Chartier II 15 post έδρας add. έξερχόμενον Chartier II 16 post εύχ­ ρηστε! addidi τι II 17 τής V u : τας Μ II κέκληται V : καλείται Μ u II 18 θέσεως VM u : διαθέσεως P edd. II 19 ενταύθα Μ u : εντεύ­ θεν V II 24 καί Μ u : ô V II 25 κατ' ακνηστιν S : κατά κνήστιν VM RU II μέσα νώτα V u : μέσαν ώτα Μ.

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car elle est à la verticale au milieu du dos, et au milieu entre le métaphrénon et les reins. Les reins donc la conti­ nuent - on les appelle aussi lombes -, où nous portons la ceinture. Ils s’étendent jusqu’au sacrum ; de part et d’autre de celui-ci, les os des hanches, et dessus les fesses ; c’est parce que les os qui sont dessous sont très gros, qu’ils ont été tapissés de corps charnus1, dont le volume imposant, à cause de leur aspect circulaire, leur a valu le nom de « globes2 ». 11 À partir de là, le corps qui était d’une seule pièce se dédouble ; il se divise en effet en deux membres, que l’on appelle « jambes », dont la séparation est qualifiée de fourchue par les anciens. Leur ensemble jusqu’aux extrémités, on l’appelle « jambes », mais leur partie qui vient juste après les os du bassin, « cuisses » ; l’endroit où ensuite ces membres rejoignent ceux du dessous et forment une articulation s’appelle « genou » ; sa partie arrière, « jarret » ou « pli du genou » ; puis la plus grande partie des membres qui partent de là vers le bas, les « jambes » ; leur partie antérieure, « tibia », leur partie postérieure, « mollet » ; les extrémités des os de la jambe, qui saillent à l’intérieur comme à l’extérieur, reçoivent le nom de « chevilles » ; les parties qui partent des chevilles sont appelées à bon droit « pieds » : à partir d’eux les hommes se sont inventé une autre unité de mesure, en utilisant leur pied comme unité ; la partie postérieure a pour nom « talon » ; la partie antérieure, des chevilles aux doigts, est appelée « tarse » ; la partie de celui-ci quand les pieds vont l’un

1. Ceci est un exemple parmi d ’autres du finalisme présent dans le traité ; toute partie du corps a une raison d ’être et une fonction, voulues par la Nature, qui a un statut providentiel dans la pensée stoïcienne : c ’est par l’intermédiaire du rayonnement de la philosophie stoïcienne que les médecins ont intégré l’explication finaliste de toutes les parties du corps. L ’œuvre la plus représentative de cette vision des corps et des êtres est le traité De usu partium de Galien.

ίΐ:■ It' ρ; Β­

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έπεί καί κατά την ευθείαν του μήκους μέσα είσί τα νώτα καί δτι μέσον Ιστί μεταφρένου καί όσφύος. Διαδέχεται ουν ή όσφύς, ήτις καί ιξός ώνόμασται, καθ’ δ ζωννύμεθα. Λήγει δέ αΰτη εις τό ιερόν όστοΰν. Παρ’ έκάτερα 8 έ τούτου τα ισχία, έφ’ οις οί γλουτοί. Δια τό τό οστά είναι τό υποκείμενα μέγιστα, ενθεν ύπεστρώθη αυτοΐς σώματα σαρκώδη. ?Ων τα κυρτώματα εκ τού περιφερή είναι, σφαιρώματα προσαγορεύεται. 1 1 Εντεύθεν δέ ήνωμένον τό σώμα διχοφυές γίνεται. Διαμερίζεται γόρ ΙΟ εις δύο, a καλείται σκέλη, ών την διασχίδα, διχάλαν οί παλαιοί λέγουσιν. Ταυτα δε δλα μεν μέ|χρι περάτων, 708 σκέλη λέγεται, τούτων δέ τα μέν από τών ισχίων ευθύς άρχόμενα μηροί. Καθό δέ μετά ταυτα συμβάλλει τα κώλα τοίς υποκάτω καί άρθρον ποιεί, γόνυ καλείται. 15 Ου τό κατόπιν, ιγνύα ή άγκύλη καλείται. Τα δέ εντεύ­ θεν, επί τα κάτω μέγιστα κώλα κνήμαι. *Ών τό μέν έμπροσθεν άντικνήμιον, τό δέ όπισθεν γαστροκνημία. Τά δέ πέρατα τών τής κνήμης οστών εις τε τό ένδον μέρος καί εις τό έξω έξέχοντα, σφυρά προσαγορεύεται. 20 Τά δέ άπό τών σφυρών κυρίως πόδες λέγεται. Ά φ ’ ών καί έτερον μέτρον εαυτοίς οί άνθρωποι εΰραντο, τον πόδα άραντες. Τών δέ ποδών τό μέν όπισθεν πτέρνα ονομάζεται. Τό δέ έμπροσθεν άπό τών σφυρών μέχρι

1 την om, edd. II μέσα είσ ι τα V : μέσαν U μέσα Μ om. S II 2 ότι Μ « : τό V II post έστί add. του Μ II 3 post ή τις om. και V II 5 post ισχία add. εισι V έστι recc. edd. II post τό om. τα M u II 6 αυτοΐς om. Μ II 9 ήνω μένον M u : ήνομένως V II διαμερίζεται— σκέλη om. Μ u Vat II 11 περάτων P edd. : πέρατος M u πέρατα V II 13 άρχόμενα Μ u : ερχόμενα V II καθό V : βαθύ Μ u II 14 post ποιεί add. οπερ » II 15 τό V u : τά Μ edd. II Ιγνύα V : ίγνύη Μ u. II post άγκύλη add. καλείται Μ II 17 γαστροκνημία Μ u : γαστροκνήμη V II 19 έξέχοντα Μ u : έξέχον V II προσαγορεύεται V : -ονται Μ u II 20 λέγεται Μ : λέγονται V u El 21 ετερον Μ u : -οι V II έαυτοΐς V u : αυτοΐς Μ II 22 άραντες V : εύρ- U om. MSR.

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vers l’autre, jusqu’au gros orteil à partir de l ’intérieur de la cheville, « pedion » ; la partie située sous celle-ci, juste au milieu au point le plus bas du pied, « voûte » ; la partie la plus basse, que nous foulons et sur laquelle nous marchons, « plante des pieds » ; sa partie qui s’étend jusqu’aux orteils après la voûte, la « poitrine du pied ». Ensuite les doigts, en nombre égal à ceux des mains, mais portant des noms différents, parce qu’ils ne remplissent pas les mêmes fonctions, sauf tout ce qui vient de la différence de taille, ou de l’ordre dans lequel ils sont rangés. XI. 1. Anatomie des parties internes1. On appelle aussi anatomie, de façon impropre, l’énumération des parties et portions externes du corps, c’est-à-dire l’expo­ sition par le discours de chaque partie, avec leur empla­ cement naturel, leur ordre et l’utilité qu’elles ont chez l’animal, et le nom qui est propre à chacune, choses dont nous avons déjà parlé ; mais on appelle anatomie au sens propre l’explication des parties internes avec intervention de la raison2. L’anatomie en effet ne consiste pas à les désigner à la vue, mais à acquérir la connaissance de cha­ cune d’entre elles avec intervention de la raison, ainsi qu’à apprendre comment les facultés naturelles s’accom­ plissent à travers elles et quels liens ont entre eux les vis­ cères et les autres parties du corps par l’intermédiaire des

1. Ce chapitre, transmis dans deux manuscrits récents {Marcianus gr. App. cl. V, 4 et Mutinensis gr. 226) sous la forme d ’un texte auto­ nome de Galien, a donné lieu à un malentendu chez les érudits ; il est donné tel quel (sous le titre De anatomia internarum et externarum partium) par H. Diels dans son catalogue {Die Handschriften der anti­ ken Arzte, 1905, 115-116) et plus tard par les auteurs de la « Bibliographia galeniana » {ANRW, II, 37, 2, p. 1388). Les deux manuscrits du XVIe s. tiennent une place légèrement problématique dans la tradi­ tion ; étant donné le caractère parfois unique de leurs leçons, nous avons pris le parti de les faire figurer dans l’apparat critique.

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δακτύλων ταρσός καλείται. Τούτου 8 έ τό μεν ένδοθεν προς άλλήλους άφορώντων των ιτοδών, ως επί τον μέγαν δάκτυλον, άρχόμενον από τοΰ έσω σφυρού, πεδίον. Τό δε υπό τούτο ευθύς έν μέσω κατωτάτω τού ποδός, κοίλον. Τό δε κατώτατον, έφ’ ω πατουμεν καί ω έπιβαίνομεν, πέλμα. Ου τό μεν προς τους δακτύλους μετά τό κοιλον επανεστηκός, στήθος ποδός. Ειτα οί δάκτυλοι, I ισάριθμοι μεν τοις των χειρών, ου τυχόντες 709 δε των αυτών ονομάτων, διά τό μηδέ τάς αυτάς χρείας επιτελεΐν, πλήν όσα εκ τής κατά τό μέγεθος διαφοράς, ή έκ τής κατά την θέσιν τάξεως.

XL 1. Ανατομή των εντός* Ανατομή καταχρηστικώς μεν λέγεται καί ή των έκτος μερών τε καί μορίων του σώματος διέξοδος, ήτις εστί διά λόγου διήγησις έκάσ15 του, μετά τής κατά φύσιν θέσεως αυτών καί τάξεως καί χρείας, ήν παρέχεται τώ ζωω καί μετά τής οικείας εκάστου ονομασίας, περί ών ήδη διεξήλθομεν’ κυρίως δε λέγεται ανατομή, ή τών εντός μετά λόγου άνάπτυξις. Ου γάρ τό τή όψει αυτά δειχθήναι άνατομή εστιν, άλλα 20 τό μετά λόγου εκάστου αυτών γνώσιν λαβειν, τάς τε κατά φύσιν ενεργείας, δπως δι’ αυτών άποτελουνται έκμαθειν καί τάς κοινωνίας ας έχει προς άλληλα τά 1 ένδοθεν V : έμπροσθεν Μ « II 2 άφορώντων Μ u : άφορών V II 3 εσω om. V II 4 τούτο Μ u : τούτου V II 5 φ (ante πατούμεν) V : ού Μ u II 6 πέλμα Μ u : τέλμα V II τούς δακτυλούς V : τοΐς δακτυλοις Μ u II 7 ειτα οΐ V : είθ' οί Μ u II 11 post τάξεως def. u des. lat. il 12 άνατομή τών έντός V : περί ανατομής Μ περί ανα­ τομής τών εντός καί έκτος Μυ om. Ma II ab άνατομή [a tit. Mu] inc. MaMu II καταχρηστικώ ς V MaMu : -στιστικώς Μ II κ. μέν V Ma Mu : μέν κ. Μ II 13 έκτος V MaMu : έντός Μ II 14 διά λόγου om. Μ II 15 μετά om. V II 17 διεξήλθομεν V MaMu : διεξήλθον Μ II 18 post λέγεται add. ή P edd. II 19 τό τή οψ ει V MaMu : τώ τ. ο. Μ II δειχθήναι VM : διδαχθήναι MaMu II έστιν V MaMu : λέγεται Μ II 21 άποτελουνται V MaMu : έπιτ- Μ II 22 προς VM : καί Ma Mu.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XI 1-2

veines, des artères et des nerfs, vaisseaux qui permettent la confluence et la conspiration de toutes choses entre elles1. 2. Le cerveau donc, pour Erasistrate, ne paraît être composé d’aucun des vaisseaux qu’il prend pour prin­ cipes, ceux dont j ’ai déjà parlé ; c’est pourquoi il lui paraît même être un dérivé de la nourriture. Mais en réa­ lité c’est un corps à part entière et de ce fait, principal et tout puissant sur ce qui se passe en nous ; c’est pourquoi on lui attribue la partie hégémonique de l’âme, ainsi que le font Platon et Hippocrate2. Il est entouré de deux « méninges » ; l’une est collée et pressée contre lui, que l ’on appelle « choroïde » et comporte davantage de veines ; l’autre, superposée à celle-ci, adhère plutôt au crâne en certaines parties, et comporte davantage de nerfs. En partant du haut donc, des veines acheminent depuis le cœur la nourriture jusqu’à lui, par ce qu’on appelle petit pressoir3, tandis qu’à partir de la base du cerveau4, ce sont des artères5 ; c’est de cette partie du cerveau aussi que naissent les nerfs, d’où ils transmettent à tout le corps les facultés psychiques. Mais il y a deux sortes de nerfs, celle des nerfs connectifs, qui assurent la cohésion des os entre eux, et celle des nerfs sensitifs et moteurs, qui produisent la sensation dans le corps et envoient partout le mouvement volontaire6 ; de là aussi

4. La « base du cerveau » peut désigner le cervelet en grec, mais dans la mesure où le nom spécifique du cervelet (παρεγκεφαλίς) est employé par ailleurs dans le texte (p. 36), nous préférons conserver la traduction littérale. 5. Toutes les éditions depuis l’Aldine ont un texte gravement fautif à cet endroit, à cause de quelques recentiores de la famille A ; ils don­ nent en effet αρτηριών (voire άρτηριαίων) au lieu d ’ap rq p la i. Il faut dire que l’omission de δέ dès le manuscrit V dans la famille A rendait la confusion (par la proximité du génitif εκ των προς τη βάσει) aisée, car elle occultait le parallélisme entre les trajets des veines et des artères. Celui-ci est pourtant confirmé par Galien dans ses traités d ’anatomie : nous renvoyons aux descriptions du De usu par­ tium (Helmreich, II, 7-8, 10, 13-14).

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ΙΑΤΡΟΣ * ΕΙΣΑΓΩΓΗ, XI 1-2

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m- σπλάγχνα καί τα άλλα μέρη τού σώματος διά φλεβών SwSS&V

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10

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καί αρτηριών καί νεύρων δΓών ή σύρροια καί ή σύμπ­ νοια πάντων προς άπαντα γίγνεται. 2 Ό μεν ουν εγκέ­ φαλος έ£ ούδενος τών προειρημένων, κατ’ Έρασίστρατον άρχικών αγγείων πεπλέχθαι φαίνεται, διό καί παρέγχυμα τροφής δοκεΐ αύτώ είναι. | Έστι δ’ άπλοΟν 710 σώμα καί διά τούτο αρχικόν καί κυριώτατον τών εν ήμίν. Διό καί τό ηγεμονικόν τής ψυχής αύτώ πιστεύουσιν, ώς Πλάτων καί Ιπποκράτης. Περιέχεται δε υπό μηνίγγων δύο, τής μεν προσεχούς καί προστυπούς αύτώ, ή καλείται χοροειδής καί έστι φλεβωδεστέρα. Ή δέ έτέρα επί ταύτης ουσα προσήρτηται μάλλον τώ κρανίω κατά τινα μέρη καί έστι νευρωδεστέρα. Έκ μέν ουν τών άνω φλέβες από καρδίας εις αύτόν όχετεύουσι την τροφήν, κατά τό λεγόμενον ληνειον, έκ δέ τών προς τή βάσει άρτηριαί. Εντεύθεν δε καί τα νεύρα άρχεται έκφύεσθαι αύτού, δθεν καί εις παν τό σώμα διαδίδωσιν τάς ψυχικάς ένεργείας. Νεύρων δέ εϊδη δύο, τό μέν τών συνδετικών, τών συνεχόντων τα οστά προς άλληλα, τό δέ τών αισθητικών καί κινητικών, α τήν αϊσθησιν έμποιει τώ σώματι καί τήν προαιρετικήν κίνησιν εις παν TEST. : 2 δι' - 3 γίγνεται, cf. ΗίΡΡ. Alim. 23 (ed. Joly ρ. 143) ; GAL. Nat. fac. I, 13, 7-9 (ed. Helmreich SM III, p.129 = Kühn II, 39) ; Caus. Puls. XII (ed. Kühn IX, 88). - 6 Έ σ τ ι δ - 9 Ιππο κ ρ ά τη ς, cf. P l a t . Tim. 44d. 2-3 και αρτηριών και νεύρων δι' ών [post ών add. καί Mu] ή σύρροια καί ή σύμπνοια [-πνια Ma] πάντων προς [προς Μ : καί MaMu] απαντα γίγνεται om. V edd. tl 5 πεπλέχθαι φαίνεται V Μ MaMu : φ. π. edd. II 7 τών om. Mu II 10 τής VM MaMu : καί μιας Chartier II προστυπους V MaMu : πρωτοτύπους Μ II 12 ταύτης V : -ην Μ -η Ma Mu II 15 ληνειον id est torcular Herophili (ληνός) MaMu : νηλίον Μ ληχηνειον V II post έκ om. δέ V II 16 άρτηρίαι VM : αρτηρία MaMu άρτηριών edd. Il post καί om. τά V II 17 έκφύεσθαι VM : φύεσθαι MaMu II εις παν τό σώμα VM : εις πάντας άμα MaMu il διαδίδωσιν MaMu : άναδιδόασιν VM II 20 ά τήν VM : αίτιον MaMu.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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la naissance des muscles1. 3 Les canaux des yeux vien­ nent eux aussi de la base du cerveau ; c’est par leur inter­ médiaire que le pneuma visuel est transmis aux yeux2. De là aussi partent des « apophyses » qui vont vers les narines, par l’intermédiaire desquelles nous sentons les odeurs, et le cerveau se purifie ; en revanche, en direc­ tion des oreilles, il n’y a pas d’apophyse. Mais la méninge elle-même est percée à l’arrière et fait une apo­ physe vermiforme, par laquelle les oreilles sont elles aussi purifiées ; et au début de la méninge se trouve la partie qu’on appelle coniforme. Là commence aussi la moelle du rachis. Le cerveau a deux cavités ; selon cer­ tains, une seule, où siège la partie gouvernante de l’âme. Les os du crâne sont enveloppés, en haut sous la peau, par la membrane appelée péricrâne, sortie des méninges en passant par les sutures ; celle-ci est aussi l’origine de la membrane qui ceint les côtes, du diaphragme, du péri­ toine et de toutes les membranes « nerveuses ». 4 L’œil est constitué selon Hippocrate de deux tuniques, qu’Hippocrate appelle « méninges » parce qu’elles proviennent des « méninges », mais selon les modernes, il est consti­ tué de trois, et selon certains, de quatre3 tuniques. La pre­ mière donc, à l’extérieur, est la kératoïde, blanche pour

1. Le grec est ambigu : les muscles naissent-ils (et par quel biais ?) du cerveau, comme les nerfs, ou bien des nerfs eux-mêmes ? L ’absence de développement sur les muscles rend l ’interprétation dif­ ficile. Néanmoins, si les nerfs proviennent du cerveau, ainsi que les nerfs optiques et autres apophyses, il est probable qu’il s’agisse ici également de la base du cerveau comme source des muscles. L ’idée est si étonnante qu’il faut prendre le texte avec prudence, bien que les manuscrits soient unanimes ici. 2. Les nerfs optiques ont été découverts par Hérophile, qui leur a donné le nom de πόροι ; selon les Anciens, ils sont parcourus par une partie du pneuma hégémonique, qui porte le nom de πνεύμα ôpattKÔV et transmet aux yeux la faculté de voir.

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ΙΑΤΡΟΣ · ΕΙΣΑΓΩ ΓΗ , XI 2-4

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διαπέμπει, έξ ών καί των μυών ή γένεσις. 3 Των δέ οφθαλμών οί πόροι έκπεφύκασι καί αυτοί από τής βάσεως του εγκεφάλου, δι* ών τό όρατικόν πνεύμα εις τους οφθαλμούς διαδίδοται. Εντεύθεν δε καί εις τούς μυκτήρας | αποφύσεις ήρτηνται, δι* ών τε όσφράινόμεθα καί δι* ών εκκαθαίρεται ό εγκέφαλος. Εις δέ τα ώτα αποφύσεις μεν ουκ είσι. Τέτρηται δε αυτή ή μήνιγξ εκ των όπισθεν καί σκωληκοειδή άπόφυσιν ποιείται, δι’ ής καί αυτά άποκαθαίρεται καί έν αρχή ταύτης τό λεγόμενον κωνοειδές. Εντεύθεν δε καί ό ραχίτης μυε­ λός άρχεται. Κοιλίας δε έχει ό εγκέφαλος δύο* κατ’ ένίους δε μίαν* ένθα τό ήγεμονικόν τής ψυχής ΐδρυται. Περιέχεται δέ καί τα του κρανίου οστά άνωθεν υπό τό δέρμα, τω περικρανίω λεγομένω ύμένι, εκπεφυκότι μέν διά των ραφών, εκ τών μηνίγγων* αρχή δέ ουτος γίνεται του τε υπε£ωκότος τάς πλευράς ύμένος καί του δια­ φράγματος καί του περιτοναίου καί παντός ύμένος νευρώδους. 4 Ό δέ οφθαλμός συνέστηκεν μέν καθ' Ίπποκράτην εκ χιτώνων δύο, ους μήνιγγας ό Ιππο­ 20 κράτης καλεΐ, επειδή εκ τών μηνίγγων έκπεφύκασιν. Κατά δέ τούς νεωτέρους έκ τριών, κατ’ ένίους δέ εκ τεσσάρων. Πρώτος μέν ουν έξωθέν έστιν ό κερατοειδής,

TEST. : 18 Ό δέ - 20 έκπεφύκασιν, cf. Hipp. L o c . Hom. II, 3 (ed. Joly ρ. 40) et infra p. 33.1

1 δέ om. M Ma Mu II 6-7 τά ώτα VM : ταύτα MaMu II 7 είσ ι VM : έστι MaMu II αύτή MaMu : αϋτη VM II μήνιγξ VM Ma : -ιξ Mu II 8 post έκ add. δέ MaMu II 9 αύτα V : αύτή Μ αύ... MaMu I! ante έν om. και Mu II άρχή V MaMu : αύτή Μ II 10 ραχίτης V MaMu : άρχίτης Μ II 11 άρχεται VM : και Mu om. Ma II 11-12 κατ' ένίους [καθ' ούς MaMu] δέ μίαν, ένθα V MaMu : καθ' ας Μ II 1314 τό δέρμα Μ MaMu : τω δέρματι V II 16 τε.,.κ α ι om. Μ II 18 ό δέ om. Μ II 19 ό Ιπ π ο κ ρ ά τη ς om. MaMu II 21 κατ' ένίους V : καθ'ους Μ MaMu II 22 πρώτος V MaMu : πρώτα Μ Ηέστιν om. Μ.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XI 4-5

l’essentiel, mais amincie à l’endroit de l’iris, elle laisse voir la couleur sous-jacente, où elle apparaît noire, plutôt verte, ou bleue. La deuxième est la rhagoïde, qui res­ semble au grain (rhagos) d’une grappe à l’intérieur ; elle est percée à la pupille. La troisième est Vamphibiestroïde, qui se plisse comme si elle recevait dans ses plis en haut la quatrième pellicule introduite par certains, qu’ils appellent du reste cachée. C’est en effet une mem­ brane très mince et très ténue ; les première et deuxième sont de solides membranes et d’épaisses tuniques, tandis que les troisième et quatrième sont très ténues. C’est pourquoi Hippocrate ne connaît que les premières ; il dit : « l’œil a deux « méninges » ; mais ces membranes enveloppent trois humeurs, Yhydatoïde, Yhyaloïde et la cristalloïde »1. La partie interne des paupières est faite de chair, la partie médiane de cartilage ; à l’extérieur elles sont protégées par la peau. Mais à cause de la dureté du cartilage médian, de la graisse y a été disposée comme un matelas2, graisse qui, lorsqu’elle augmente beaucoup pro­ duit les hydatides3. 5 La langue pour sa part est pour

2. Ce « matelas » joue un rôle comparable aux fesses pour les os volumineux qu’elles recouvrent. Voir ch. X, 10. 3. Il est question de cette affection et de son traitement dans la der­ nière partie du traité : voir XVI, 1 et XIX, 6.

ΙΑΤΡΟΣ * ΕΙΣΑΓΩ ΓΗ , XI 4-5

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λευκός μέν κατά τα άλλα, κατά δέ την ϊριν λεπτυνόμεvos διαφαίνει τό υποκείμενον χρώμα, καθ’ | ο μέλας, ή 712 γλαυκότερος, ή χαροπός φαίνεται’ δεύτερος δε έστιν ό ραγοειδής ραγί σταφυλής έοικώς τα ένδοθεν, τετρημένος δέ κατά την κόρην. Τρίτος δε ό αμφιβληστροειδής, έγκολπούμενος ώσπερ καί δεχόμενος επ’ ακρω τον υπό τινων είσαγόμενον τέταρτον χιτώνα, ον καί άδηλον ττροσαγορεύουσιν. Έστι μέν γάρ υμήν σμικρότατός τε καί ισχνότατος, Ά λ λ ’ ό μέν πρώτος καί ό δεύτερος στερροί υμένες καί χιτώνες παχείς είσιν, ό δέ τρίτος καί ό τέταρτος ισχνότατοι. Διό καί Ιπποκράτης τους πρώ­ τους μόνους οίδε, λέγων’ ό δέ οφθαλμός μήνιγγας έχει δύο, υγρά δέ περιέχουσιν οί υμένες ουτοι τρισσά, τό τε υδατοειδές καί τό υαλοειδές καί τό κρυσταλλοειδές* βλεφάρων δέ τα μέν έσωθεν σαρκώδη, τά δέ μεταξύ χονδρώδη. Έξωθεν δέ δέρματι σκέπεται. Διά δέ τό σκληρόν του μεταξύ χόνδρου πιμελή ύπέστρωται αύτώ οιον μάλαγμα, ήτις επί πολύ πλεονάζουσα τάς υδατίδας ποιεί. 5 Ή δέ γλώσσα σαρκώδης μέν τό πλειστον* TEST. : 12 ο δέ - 14 κρυσταλλοειδές, cf. Hipp. (ed. Joly ρ. 40) et supra p, 32.

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Hom. II, 3

2 διαφαίνει V MaMu : διαφ έρει Μ II 3 γλαυκότερος V : γλαυκός M MaMu II έστιν om. Μ II 4 εοικώς VM : -ός MaMu II post τετρημένος om. δέ P edd. Il 5 post τρίτος om. δέ Μ II αμφιβλη­ στροειδής V MaMu : άμεριαλεστροειδής Μ II 6 ακρω V : ακρας MMaMu II 7 άδηλον VM MaMu : άνώνυμον V2 II 8 ύμήν σμικρότατος VM ό ύμήν [υμήν supra lineam] μικρότατος Mu υμικρότατος Ma II 10 στερροι VM MaMu : σ τερεοί edd. Il είσιν om. M MaMu II 11 ante τέταρτος om. ό MV II ισχνότατοι V MaMu : -ος Μ II 12 ό δέ om. Μ II 13 τό τε M MaMu : τότε V II 14 ύδατοειδές VM : -ώδες MaMu II υαλοειδές V Ma : ύαλωειδές Mu όελοειδές Μ II κρυσταλλοειδές V : κρυσταλοειδές MaMu άρυσταλλοειδές Μ II 15 έσω ­ θεν VM : ένδοθεν MaMu II 17 σκληρόν VM : σμικρόν MaMu II 18 post επί add. τό edd. Il 19 γλώσσα V MaMu : γλώττα Μ II τό πλειστον VM MaMu : τά πλειστα edd.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XI 5-6

Pessentiel faite de chair ; deux sortes de nerfs la relient à la base du cerveau, celle des nerfs dits « mous », par les­ quels elle renvoie la perception du goût à Pinstance diri­ geante, et celle des nerfs « durs », par lesquels le mou­ vement volontaire lui revient. Au niveau de sa racine, se trouve l’épiglotte, qui, en se retirant lors de la déglutition protège le pharynx afin qu’aucun aliment solide ou liquide n’y tombe. Les amygdales sont là pour la même raison, au nombre de quatre, deux qui sont apparentes, à la racine de la langue, de chaque côté, et deux qui se trouvent en retrait de celles-ci. On les appelle aussi paristhmia, parce que l ’endroit de chaque côté duquel elles sont situées ressemble à un isthme, surtout quand elles sont enflammées, parce qu’elles rétrécissent à l’excès ce passage. 6 Puisque l’animal est habité par deux matières, nourriture et pneuma1y voici d’abord quels sont les voies et réceptacles du pneuma : narines, bouche, bronchosy trachée altère, poumons. Le nez et la bouche pour inspirer, et le gosier, afin d’éviter que trop d’air car il est froid - ne pénètre dans la trachée ; la trachée artère est l’entrée que celui-ci emprunte pour aller jusqu’au poumon, situé dans la poitrine, grâce auquel s’accomplit l’ensemble de la respiration ; il se dilate pour recevoir l’air, et se contracte pour l’expulser. C’est pour-

1. L ’auteur reprend ici à son propre compte la théorie qu’il attri­ buait, non sans distance critique en apparence, à Érasistrate (ch. IX, 3). La distinction très nette entre nourriture et pneuma, semble-t-il héritée d ’Érasistrate, conduit à une double distinction dans la suite du texte : le trajet de Pair (qui devient souffle vital, pneuma, dès son entrée dans le corps) et le trajet de la nourriture sont présentés parallèlement, sans lien apparent ; les conduits appelés trachée artère et œsophage qui par­ tent de la cavité buccale sont de la môme façon décrits comme deux voies parallèles, l’une concernant la respiration, l’autre la digestion. On voit l’importance de la dichotomie impliquée par le couple air/nourriture dans la physiologie de l ’auteur.

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διττόν δέ νεύρων είδος έμπέφυκεν εις αυτήν έκ τής του εγκεφάλου βάσεως, τό μέν των καλουμένων μαλακών νεύρων, δι* ών την αΐσθη|σιν την γευστικήν επί τήν 713 αρχήν άναδίδωσι. Τό δέ των σκληρών, 8 ι* ών και ή κίνησις, ή προαιρετική επ’ αυτήν άναφέρεται. Πρό$ δέ τή ρίζη αυτής έμπέφυκεν ή έπιγλωττίς, ήτις εν τώ καταπίνειν άνατρέχουσα επιπωματίζει τον βρόγχον, ΐνα μή τι τών στερεών ή υγρών εμπέση εις αυτόν. Τή 5 δέ αυτής αίτιας ένεκα καί αί άντιάδες γεγόνασι, τέσσαρες ουσαι 10 τον αριθμόν, δύο μέν προφανείς προς τή ρίζη τής γλώττης εκατέρωθεν, δύο δέ έχόμεναι τούτων ένδότεραι. Λέγονται δέ αύται καί παρίσθμια, δια τό έοικέναι ίσθμώ τό χωρίον εις ο παρακεινται, μάλιστα δέ όταν φλεγμαίνωσιν. Διότι στενουσιν άγαν τήν δίοδον 15 ταύτην. 6 Έπεί δέ δύο υλαις διοικειται τό ζώον, τροφή καί πνεύματι, πνεύματος μέν οδοί τε καί δοχεία τάδε, ρίνες, στόμα, βρόγχος, τραχεία άρτηρία, πνεύμων. 'Ρίς μέν καί στόμα προς τό άναπνειν, ό δέ γαργαρεών, ΐνα μή άθρόως εις τον βρόγχον προσεμπίπτη ψυχρός ών ό 20 αήρ* άρτηρία δέ τραχεία, πάροδός έστιν αυτώ εις πνεύμονά έν τώ στήθει κείμενον, δι* ου καί ή πάσα αναπνοή γίνεται, διαστελλομένου μέν, ΐνα δέ|ξηται, συστελλομέ- 714 νου δέ, ΐνα έκπέμψη. Διό καί έοικε τή μέν ένεργεία ταΐς χαλκευτικαΐς φύσαις, τώ δέ σχήματι βοός οπλή. Έν

1 έμπέφυκεν VM : έκπ- MaMu II 2 ante εγκεφάλου add. et dei. εύαγγέλου Mu il 8 ή V MaMu : και Μ II εμπέση V MaMu : -οι Μ II 9 αί om. MaMu II 11 τούτων ένδότεραι V : ταύταις ένδοτέρω Μ MaMu II 12 αύται VM : αί άντιάδες MaMu II 13 Ισθμω το χω ρίον [τω χορίω Mu] Μ MaMu : τό χ. i. V II 14 φλεγμαίνω σιν VM : -μήνωσι MaMu II δίοδον VM : όδόν MaMu II 15 έπει δέ V MaMu : επειδή Μ II 16 δοχεία Μ MaMu : δοχαί haud facile legitur V καταδοχαι edd. Il 18 τό άναπνειν V : τήν πνοήν Μ είσπνοήν MaMu II 19 τον om. MaMu II προσεμπίπτη Μ : προσεμπιπτει V εμπίπτη MaMu II ών om. V II ό om. VM II 20 ante πνεύμονα add. τον edd. Il 24 χαλκευτικαΐς V MaMu : χλευτικαΐς Μ.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

X I6

quoi il ressemble par son action aux soufflets de forge­ ron, et par son aspect à un attelage de bœufs1. Une fois le pneuma élaboré dans le poumon, la partie la plus néces­ saire est envoyée vers le ventricule gauche du cœur, tan­ dis que la partie inutile est expirée par les voies mêmes qu’elle a empruntées lors de l’inspiration. Quant aux vaisseaux de la nourriture, ceux qui servent de réservoir, et les instruments qui servent à l’élaboration, les voici : bouche et dents, œsophage, estomac, jejunum et intestin grêle2. Bouche et dents pour broyer, œsophage pour appéter et avaler ; ce dernier est situé à côté de la trachée artère et s’étend jusqu’au diaphragme ; l’estomac sert à la cuisson ; il commence pour ainsi dire au milieu du car­ tilage (chondros), où on situe l’orifice de l’estomac, puis passe sous le foie, son corps dessinant un sigma, et se penche vers la gauche à l’autre extrémité, où se trouve le pylore, afin que la nourriture n’y tombe pas en masse3 ; jejunum et intestin grêle pour la digestion ; le jejunum a beaucoup de replis et il est entouré par le mesaraion ou mesenterion, que tissent les veines qui aboutissent à lui, par lesquelles s’accomplit l’essentiel de la digestion aux portes du foie. L ’intestin grêle est contigu au jejunum au point de sembler en faire partie ; il ressemble en effet à

1. L ’image de l’attelage de bœufs et celle du soufflet de forgeron sont classiques pour décrire les poumons : le soufflet se trouve chez Aristote, De la respiration (= De la jeunesse et de la vieillesse2), 474 a 12. 2. Il se peut que l’omission de l ’estomac (γαστήρ) dans cette énu­ mération soit accidentelle, car il figure dans le développement qui suit. 3. Ceci est en effet la fonction du petit muscle sphincter nommé « pylore », c ’est-à-dire « gardien », « portier ».

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πνευμόνι 8 έ κατεργασθέντος του πνεύματος, το μέν άναγκαιότατον εις τήν άριστεράν κοιλίαν τής καρδίας φέρεται, τό δέ άχρηστον έκπνειται δΓ ωνπερ είσεπνεύσθη. Τροφής δέ αγγεία, τα προς υποδοχήν καί όργανα προς κατεργασίαν τάδε* στόμα, όδόντες, στομαχος, κοιλία, νήστις καί λεπτά έντερα. Στόμα μέν καί όδόντες προς λέανσιν. Στόμαχος δέ προς ορεξιν καί κατάποσιν. ΓΊαρατέταται δέ τή τραχεία αρτηρία καί διατείνει μέχρι διαφράγματος. Κοινή δέ προς πέψιν ή γαστήρ. ’Άρχεται δέ ώς άπό μέσου του χόνδρου, ένθα στόμα κοιλίας λέγεται, ύπιουσα δέ τό ήπαρ, τω κυτει σιγματοειδώς ουσα, επί τα αριστερά νεύει, τω ετέρω άκρω, ένθα καί ό πυλωρός εστιν, ΐνα μή άθρόως διεκπίπτη αυτής ή τροφή. Νήστις δέ καί λεπτόν έντερον προς άνάδοσιν* πολλούς δέ ελιγμούς ή νήστις έχει καί συνέχεται τω μεσαραίω, ή μεσεντερίω, δ έξυφαίνουσιν αί εις | αυτό καθήκουσαι φλέβες, δΓ ών ή πλείστη άνά- 715 δοσις γίνεται επί πόλας ήπατος. Συνάπτεται δέ αυτή τό λεπτόν έντερον, ώς μέρος αυτής δοκειν είναι* έοικε γάρ νήστει ήπλωμένη. Εξής δέ τό τυφλόν έντερον,1*V

1 post πνεύμονι om. δέ MaMu II 2 άναγκαιότατον VM : κύριότατον MaMu II 3 άχρηστον V : άχρετον Mu ά χρεΐον Ma άχρο ... Μ II 5 post στόμα acid, μέν και edd, II 6 νήστις [expnx. Mu] V MaMu : κύστις Μ II 8 παρατέταται VM : παράτεται Mu παραταί τε Ma II 9 κοινή VM : κοιλίαι Mu κοιλία Ma II 9-10 προς πέψ ιν ή γαστήρ. άρχεται δέ om. Μ II ή γαστήρ om. Ma II 10 ώς om. Ma Mu II χόνδρου VM Ma : χόλδρου Mu II 12 σιγματοειδώ ς VM : -ής MaMu edd. Il 13 ένθα και ô VM : καθά ώς MaMu II διεκπίπτη VM : δι' έμπίπτη Mu δΓ έμπίπτει Ma II 14 αύτής VM : αύτω MaMu il 15 δέ ελιγμούς MaMu Chartier : δέ έλειγμούς V διελιγμούς Μ II ή νήστις έχει VM : έ. ή ν. MaMu II 16 μεσεντερίω VM Ma : -ρω Mu II post έξυφαίνουσιν add. εξ ών φαίνουσιν Μ MaMu II 17 αυτό MaMu : -όν VM II δ ι' ών—γίνετα ι hic transp. edd. : post ήπλωμένη (1. 20) habent VMMaMu II 18 ήπατος MMaMu : -ι V II συνάπτεται V : συνήπτεται Μ συνήπται MaMu II 19 δοκειν είναι om. MaMu II 20 post ήπλωμένη add. ούκ επί πολύ δέ VMMaMu.

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un jejunum simplifié1. En suivant, le caecum, pour recueillir la nourriture ; à la suite de celui-ci, le côlon, pour recueillir les excréments triés lors de la digestion ; traversant à droite au-dessus du nombril, en dedans du foie et de la rate, il redescend en entourant tout l’épi­ gastre et finit au rectum. 7 II y a deux conduits qui par­ tent de la cavité buccale ; l’un est placée à l’avant du cou et est appelée bronchos ou trachée-artère. À son extré­ mité, là où il aboutit dans la bouche, on l’appelle pha­ rynx, ou larynx12. L’ensemble du conduit est constitué de cartilages semblables à des anneaux ou à des cercles, afin qu’il reste droit pour que l’animal inspire sans à-coups. C’est pourquoi son orifice est toujours grand ouvert. Car s’il est possible de supporter longtemps de ne pas man­ ger, on ne peut pas s’abstenir de respirer, ne fût-ce qu’un instant3. C’est aussi pour cette raison qu’il garde ce pas­ sage libre pour le pneuma, afin de ne jamais barrer la route au pneuma. S’il laisse entrer en lui pendant le repas quelque aliment, aussitôt s’ensuivent toux et étouffement, jusqu’à ce que, chassé par le pneuma, il soit remonté à la surface. La trachée artère diffuse le pneuma jusqu’au

1. Le texte est également obscur dans les deux familles de manus­ crits ; nous avons conservé le déplacement de mots (δι ων.,.άναδόσις) opéré par les éditeurs de l’Aldine, faute de trouver un sens clair au texte pourtant unanime des manuscrits, qui donnent cette proposition relative après ούκ έπι πόλυ δε (qui, en l’occurrence, n ’est qu’une addition à éliminer selon nous). S ’agit-il d ’une glose insérée au mau­ vais endroit dans l’archétype des manuscrits grecs ? La tradition indi­ recte fait ici cruellement défaut. Le respect de la tradition imprimée nous paraît ici le plus sûr moyen de livrer un texte à peu près lisible, mais cette relative est néanmoins suspecte. Sur la forme simplifiée du jejunum comme point de comparaison, voir XII, 4. 2. Le vocabulaire relatif à cette partie du corps est encore fort imprécis à l’époque de Galien. Il est aussi possible que « larynx » ne soit qu’une glose pour « pharynx ».

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προς υποδοχήν τής τροφής. Έπί δε τούτω τό κώλον προς ύττοδοχήν των διακεκριμένων περιττωμάτων εκ τής άναδόσεως, διαβαινον δε επί τα δεξιά ύπερ όμφαλόν εντός τού ήπατος καί του σπληνος εις τα κάτω 5 πάλιν φέρεται διαζώσαν το έπιγάστριον δλον καί τελευτά κατά τό άπευθυσμένον. 7 Δύο τοίνυν πόροι άρχόμενοι άπό τής τού στόματος ευρυχωρίας, ό μεν κατά τό έμπροσθεν τού τραχήλου τέτακται καί καλεί­ ται βρόγχος, ή τραχεία αρτηρία. "Οθεν δε άρχεται, καθ’ 10 α άνεστόμωται φάρυγξ λέγεται, ή λάρυγξ. Συνέστηκε δε ό πας πόρος, εκ χόνδρων οιον κρικοειδών, ή κυκλο­ τερών, ινα ασύμπτωτος μένη προς τό άδιαλείπτως είσπνέειν τό ζώον, διό καί αεί άναπέπταται αυτού τό στόμα. Τροφής μεν γάρ άποσχέσθαι έπί πλειστόν εστιν 15 υπομένειν, μή είσπνέειν δέ, ούδε τό άκαριαιον* διά τούτο δε καί καθαρόν τώ | πνευματι την δίοδον ταύτην παρέχει, όπως μηδέποτε εμποδίζη την οδόν τώ πνεύματι, Άμέλει εϊπου εν τώ τρέφεσθαι λαθόν παρεμπέσοι τι εις αυτήν, ευθύς βήξ καί πνιγμός επακολουθεί, άχρις 20 ού έξωθούμενον υπό τού πνεύματος άνενεχθή. Διαπέμπει δε τό πνεύμα ή τραχεία άρτηρία εις τον πνεύμονα1 *V 1 τούτω VM : τούτο MaMu 112 διακεκριμένω ν VMaMu : κεκριμένων Μ II 3 διαβαινον V : διαβαίνων Μ άνανευων MaMu II 4 post εντός add. έπι MaMu II ante σπληνος om. του MaMu il 6 κατά τό άπευθυσμένον V : έπι τό άπευθυσμένον [απηνθισμ- Μ] Μ Ma Mu II 8 τό Μ MaMu : την V II 11 ό πας πόρος Μ MaMu : ό πόρος πας V II χόνδρω ν VM : -ου MaMu II κρικοειδώ ν [κριβοειδών Μ] ή κυκλοτερών VM : κρίκων κοιλωτέρων MaMu II 12 είσ πνέειν VM MaMu : -πνειν edd. II 13 ante αεί add. αύτός MaMu II άναπέπταται V2M : άναπέταται Ma άναπάταται Mu άνατ V II αυτού om. Ma Mu II 15 είσ π νέειν Μ : είσπνευσαι MaMu είσπνέουσαι V είσπνεΐσθαι edd. Il ούδε VM : μηδέ MaMu II άκαριαιον VM : άκαίριαιον Mu άκαίραιον Ma II 16 τώ πνεύματι post πα ρέχει [-ειν Mu] transp. Μ MaMu il 17 έμποδίζη Ma edd. : έμποδίζει VM Mu II 18 ειπου VM Ma : όπου Mu II παρεμπέσοι V :-ει M Mu -η Ma II 19 αυτήν Μ : -ον MaMu -ό V il άχρις VM : μέχρις MaMu II 20 ού om. MaMu II 21 τον om. MaMu.

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poumon et le transporte dans les trachées artères qui se trouvent dans le poumon, appelées bronches (bronchia). 8 L’œsophage se trouvant plus à l’intérieur que la tra­ chée, contre les vertèbres du cou, suit pour une grande partie le trajet de la trachée artère, mais le bronchos se trouvant devant fait saillie lorsqu’on avale la nourriture et se trouve étroitement fermé par l’épiglotte, qui se trouve à la racine de la langue. L’épiglotte cependant ne se contente pas de fermer l’orifice, elle fait passer la nourri­ ture (qui est enlevée par la langue comme par une pelle), en la transportant à la manière d’un pont, dans l’œso­ phage, par dessus l’orifice du bronchosK Quant à l’œso­ phage, ayant pour fonction naturelle la faculté d’exciter l’appétit, il est dilaté par l’appétit et avale les aliments qui lui sont apportés. Ensuite le conduit contracté par la partie supérieure pour ainsi dire écrase les aliments et les pousse vers les régions inférieures en les chassant à tra­ vers le diaphragme qui fait corps avec l’orifice de l’esto­ mac ; à travers cet étroit passage, la nourriture passe dans l’estomac. 9 La fonction naturelle de l’estomac est de cuire la nourriture qui lui est apportée ; une fois cuite, celle-ci ressemble tout d’abord au jus de ptisane ; puis, à

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καί περαιοΰται eis Tas εν αυτω Tpaxeias αρτηρια$, al καί aurai βρόγχια καλούνται. 8 Ό 8e στόμαχο5 ενδοτέρω τού βρόγχου ών, Trpos t o î s σπονδύλοι$ τού τραχήλου, συμπαρεκτείνεται μέν τή τραχεία αρτηρία επί πολύ, άλλ’ ό μέν βρόγχο$ προσκείμενο5 , εν τω καταπίνεσθαι τήν τροφήν προσανατρέχων, επιπωματί­ ζεται άκριβώ$ τή έπιγλωττίδι, rjTis πέφυκεν εκ τη5 ρίζης τή$ γλώττη$. Ή δε επιγλωττί$ ου μόνον αυτό τό στόμα επιπωματίζει, αλλά καί τήν τροφήν τήν υπό τή$ γλώττη5 οΐον υπό πτύου άναλιχμωμένην διαπορθμεύει, ώσπερ γέφυρα, επί τον στόμαχον υπέρ τό στόμα τού βρόγχου υπερτιθεισα αυτήν. Ό δέ στόμαχο$ φυσικήν ενέργειαν εχων τήν ορεκτικήν δυναμιν διαστέλλεται μέν υπό I rqs ôpé£eios καί καταπίνει τα εισφερόμενα. Ό δέ τω υπερκειμένω συστελλόμενο$ οΐον εκθλίβει καί άπωθειται αυτά επί τα υποκείμενα μέρη εκβαλών διό τοΰ διαφράγματο$ συμφυοΰ5 τω στόματι τή$ KO^ias, δι’ ου στενού πόρου o v t o s €ΐ$ τήν γαστέρα ή τροφή παρέρχεται. 9 Taorpos 8έ ή μέν φυσική ενέργεια πέττειν τήν προσενεχθεΐσαν αυτή τροφήν. Πεφθεισα δέ αΰτη πρώτον μέν εοικεν χυλω πτισσάνη$· Δια δέ τοΰ 2 post αύταί add. και V II βράγχια VM : βρόγχοι MaMu II 3 ών VM : Ιών MaMu II 5 προσκείμενος VM : προκ- MaMu II 6 προσα­ νατρέχων VM : προα- MaMu II 7 ήτις VM : ή MaMu II 8 αύτό om. edd. Il 9 post τροφήν om. τήν MaMu II ύπό V MaMu : άπό Μ II 10 πτύου V MaMu : πτύον Μ II άναλιχμωμένην Μ Ma recc : -λικμωμένη Mu -λειγμω μένην V II διαπορθμεύει V MaMu : δια τό πορθμεύειν Μ II 12 ύπερτιθεισα V MaMu : έπιτιθεΐσα Μ υπερθεΐσα edd. II 6 scripsi : ή V εΐ Μ άει MaMu II 15 ύπερκειμένφ Μ MaMu : όπο- V II συστελλόμενος Μ MaMu : στελλομένη V II 16 μέρη Basil, in marg. Chartier : μέχρι VM μέχρις MaMu II 17 συμφυούς scripsi : -ή Μ MaMu -εΐ V II 18 στενού πόρου V στενοπόρου MaMu στενού Mi II τήν om. Μ MaMu II post γαστέρα om. ή VM II 19-20 πέττειν V : πέττον Μ πέττει MaMu edd. Il 20 προσενεχθεισαν V MaMu : προσυνεχθεΐσα Μ II πεφθεισα V MaMu : πεφ θείση Μ II 21 αύτη V MaMu : αύτή Μ II δέ VM Ma Mu : τε edd.

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travers ce qu’on appelle le pylore, qui est plus étroit encore, la nourriture est introduite dans le jejunum qui, étant un viscère mince, a été pour cette raison resserré par la nature en mille replis, afin qu’il ne se fasse pas couper ou déchirer facilement. Ses replis sont maintenus et sou­ tenus par ce qu’on appelle le mesaraion ou mesenterion ; mais le mesaraion ne remplit pas seulement cette fonc­ tion : il fait aussi en sorte que les deux veines qui sortent sous le foie (qui se divisent ensuite en maintes ramifica­ tions et aboutissent au mesaraion), elles non plus ne se déchirent pas, car elles sont ténues. Elles sont donc sou­ tenues par le tissu formé par le support lui-même, elles avancent en s’appuyant sur celui-ci, rendues légères comme des sandales, et arrivent ainsi à tous les replis, semblables à des sangsues, débouchent sur le jejunum tout entier, et elles reçoivent la nourriture qui y a été changée en suc1. Dès qu’elles la reçoivent, elles la chan­ gent en sang alors qu’elle était auparavant du suc, tant qu’elle était dans le jejunum ; en effet il n’est pas pennis qu’un autre vaisseau contienne du sang, et une veine ne peut contenir rien d’autre que du sang, comme l’affirme la loi de la nature2. 10 Les mêmes veines ont donc reçu la

1. L ’auteur emploie un langage très imagé (les veines sont succes­ sivement des sandales et des sangsues) dans cette phrase qui décrit le mouvement des veines, portées par le mésentère, jusqu’aux replis de l’intestin ; on les croirait animées d’une vie propre. 2. Le texte de la famille A repris par tous les éditeurs est manifes­ tement faux ; les manuscrits de la famille B, rares à donner le texte du chapitre XI, sont divergents. Nous avons adopté la lecture proposée par le Marcian. gr. App. Cl. V, 4 (= Ma) ; son jumeau le Mutin. Gr. 226 (= Mu) ajoute des fautes, et M propose une interprétation à peine dif­ férente de V : bien que, encore une fois, ces manuscrits soient très récents, donc suspects, il nous semble que le texte qu’ils proposent est plus satisfaisant que celui des autres manuscrits. Il y a peut-être une mécoupure d ’onciale à l’origine de la divergence έτέρωθεν.,.νΜ/ έτέρω θέμις... Ma Mu. Cela suppose un lointain modèle ancien pour la filiation de Ma et Mu, mais la chose n’est pas rigoureusement impossible.

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λεγομένου πυλωρού όντος έτι στενωτέρου, διηθείται εις την νήστιν ή τροφή, ήτις λεπτόν έντερον οίισα, διό τούτο υπό τής φύσεως εις έλικας πλείστας συνετέθη, όπως μη ραδίως διακόπτηται, ή διασπάται. Συνέχονται δέ αί έλικες αυτής και υποβαστάζονται τω λεγομένω μεσαραίω ή μεσεντερίω' ου μόνον δέ τήν χρείαν ταυτην παρέχει τό μεσάραιον, άλλα καί τάς υπό του ήπατος εκπεφυκυίας δυο φλέβας, έπειτα εις πολλάς άποσχίδας διαιρουμένας, αΐ έμβάλλουσιν εις τό μεσάραιον, όπως καί αυται μη διαρρηγνύωνται, ίσχναί ουσαι. Ά λ λ ’ ανέχονται υπό του ένυφασμένου αύτώ υπερει| 718 σματι, συγχρώμεναι τοότω καί οΐον διαβάθρα κουφιζόμεναι περαιοΰνται καί ούτως επί πάσας τάς έλικας τής νήστεως εοικυίας βδέλλαις άνεστομωμέναι εις τήν νήστιν πάσαν, δέχονται τήν έν αύτώ κεχυλωμένην τροφήν. "Αμα δέ τω δέξασθαι ευθύς έξαιματούσιν αύτήν χυλόν όντα τό πρόσθεν, μέχρις δτε έν τή νήστει εστί. Ούτε γάρ έτερον θέμις αίματος είναι άγγείον, ούτε φλέβα άλλου τίνος είναι περιεκτικόν ή αίματος, ως ό τής φύσεως νόμος διαγορεύει. 10 Πάλιν ουν διά τού*7

1 έτι στενω τέρου V : έπί στενω τέρου Μ έπιστενοτέρου Ma Mu II διηθείται V MaMu : διηθεΐσα Μ II 2 post ήτις add. νήστις Μ II λεπτόν VM : -ότατον MaMu II 3 συνετέθη Μ MaMu : haud facile legitur V II 4 όπως VM Ma : δπερ Mu II 5 όποβαστάζονται VMMaMu : -στίζονται edd. Il 6 μεσαραίω VMMa : μεσαρκίω Mu II 7 και V MaMu : καν Μ II 8 post είς add. τάς Μ II 10 διαρρηγνύωνται M MaMu : διαρρήγνυνται V Aid.Basil, διαρρήσσω νται Chartier II ίσχναί VMMa : ίσχυραί Mu II 12 συγχρώ μεναι VM : ούν χρώμεναι MaMu II διάβαθρα VM : διάβα... MaMu II κουφιζόμεναι VM : ψηφ- MaMu II 13 ούτως VM : ούκ MaMu II 14 εοικυίας V : -ότα Μ -ότος MaMu II άνεστομωμέναι M MaMu : -αις V II post άνεστομωμέναι add. δέ M MaMu II 17 δτε om. M MaMu II 18 ούτε VM MaMu : ουδέ edd. Il ετερον θέμις scripsi : ετέρω θέμις Ma έντέρω θέμις Mu έτέρωθεν V έτέρω θεν είς Μ II post θέμις add. έστιν Mu II 19 φλέβα Μ MaMu : φλέγματος ή V II ή αίματος ώς om. Chartier.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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nourriture en retour en la transportant par le mesaraion, et, de multiples devenues deux, l’envoient dans le foie par ce qu’on appelle ses portes. Et tandis que la nourri­ ture se change en sang dans le foie, en même temps s’opère le tri de la bile. Alors la bile jaune est transportée à la vessie qui se trouve dans le foie ; la bile noire, à la rate. La nourriture changée en sang est remontée du foie vers le ventricule gauche du cœur ; du cœur, par les veines de la gorge le sang est conduit vers le haut ; par la veine cave, il est conduit à toutes les parties du corps1. De la veine cave, une fois le sérum séparé du sang par le tri, des ramifications veineuses le conduisent jusqu’aux reins, qui se trouvent au niveau de la hanche, sous les muscles lombaires ; c’est par leur intermédiaire que l’urine est filtrée ; celle-ci arrive ensuite à la vessie, par ce qu’on appelle les uretères ; la vessie recueille l’urine dans son réservoir puis l’évacue au dehors par le col. 11 Les didymes sont de nature glanduleuse, mais aussi les réservoirs et la fabrique de la semence, qui leur est apportée par les suspenseurs. D’autres vaisseaux y abou­ tissent, qui les nourrissent. Ils sont enveloppés par deux

I . Pour ce parcours de la nourriture ou du sang dans le corps, voir aussi Cicéron, De natura deorum, II, 137.

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μεσαραίου αί αύταί φλέβες διαφέρουσαι έδέξαντο, δύο γενόμεναι εκ πολλών έμβάλλουσιν είς τό ήπαρ κατά τάς λεγομένας αυτοί) πύλας. Έν δε τώ ήπατι έξαιματουμένης τής τροφής, όμου διακρίνεται καί τό χολώδες αυτής. Καί ή μέν ξανθή χολή Ιπί κύστιν τήν εν τώ ήπατι φέρεται, ή δε μέλαινα επί σπλήνα. Ά π ό δε ήπατος έξαιματωθεισα ή τροφή είς τήν δεξιάν άναδίδοται τής καρδίας κοιλίαν. Ά πό δέ τής καρδίας, διό μεν τών σφαγιτίδων, επί τα άνω τό αίμα άναδίδοται. Διά δέ τής κοίλης φλεβός, επί πάντα του σώματος τα μέρη. Ά πό γοϋν τής κοίλης φλεβός διακρινομένου του όρρώδους | άπό τού αίματος, άποσχίδες επί νεφρούς φέρουσιν, οϊ κεινται κατά τήν όσφόν υπό τάς ψόας, δΓ ών διηθείται τό ούρον. Έπι κυστιν δέ παραγίνεται, διά τών λεγομένων ουρητήρων. Ή δέ κύστις δέχεται μέν κατά του σώματος αυτής τό ούρον, εκκρίνει δέ διά τού καυλου είς τα εκτός. 11 Δίδυμοι δέ τήν μέν συστασιν άδενώδεις, δοχεία δέ είσιν καί εργαστήρια του γόνου, δς φέρεται επ’ αυτούς διά τών κρεμαστήρων. Καθήκει δέ είς αυτούς καί έτερα άγγεια τά τρέφοντα αυτούς. Περι-*812

1 αί αύται φ λέβες Μ MaMu : αί φ. αύται V II διαφέρουσαι om. V II 4-5 και τό χολώ δες αύτής Μ MaMu : έκαστον τών περιττω ­ μάτων V II τώ om. MaMu II 6 σπλήνα MaMu P edd. : σπληνι VM II 8 post δέ om. τής M MaMu II 9 τα VM : τών Mu II τό αίμα άναδίδοται [διαδίδοται MaMu] V MaMu : ά. τό αίμα Mi II τής om. Ma Mu II 10-11 έπι πάντα— φλεβός om. MaMu II 11 γοϋν V : δέ Μ II όρρώδους VM Aid. Basil. : ορώδους MaMu έρρώδους Chartier II 12 άπό om. Mu II 13 όσφύν V MaMu : -ήν Μ II υπό VMu : έπι M Ma II ψόας VM : ψύας MaMu II δ ι' ών VM : διό MaMu II 14 ούρον VMaMu : υγρόν Μ II post κύστιν om. δέ M MaMu II παραγίνεται om. MaMu II 15-16 του σώματος VM : τούς ώμους MaMu II 17 τα VM : τό MaMu II 18 γόνου VM MaMu1 : λόγου Mu II καθήκει MMa Mu : καθήκουσι V II 20 είς αύτούς V : είς αύτα Μ MaMu II τρέφοντα VMMa : φέροντα Mu II αύτούς om. MaMu.

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membranes, Vélytroïde et celle qu’on appelle dartos. Par dessus, le scrotum. Chez les femmes la matrice ressemble à un scrotum retourné. Des veines aboutissent à l’inté­ rieur de celle-ci, on ne peut plus nombreuses, par les­ quelles est purifié le sang qui est retenu pendant les gros­ sesses et qui vient nourrir et façonner l’embryon. En effet, deux des veines du réseau du chorion, deux des artères de ce même endroit, et un des nerfs, se rejoignent et terminent l’uretère, qui va jusqu’au nombril du foetus et par lequel celui-ci est fabriqué et suspendu. Du nom­ bril les veines conduisent le sang aux portes du foie chez les embryons ; tandis que, pendant la grossesse, les artères vont à l’artère aorte, et le nerf dont il était ques­ tion, au rachis1. XII. 1 Ostéologie12. Les os sont attachés de deux manières : l’une sert au mouvement, et on l’appelle arti­ culation, et l’autre sert à empêcher le mouvement, et on l’appelle synarthrose. Celle-ci se présente sous trois formes, suture, symphyse, emboîtement ; c’est par suture que les os de la tête sont joints entre eux ; on ne trouve pas plus de cinq sutures : la coronale passant par le bregma, celle « d’une obole » passant par le sommet, la lambdoïde passant par l’occiput, les deux temporales, une

1. Sur l’embryologie antique, voir désormais le volume édité par L. Brisson, M.-H. Congourdeau et J.-L. Solère (2008). 2. L ’ostéologie sommaire telle qu’elle est développée ici est l’un des rares textes antiques conservés à nous en transmettre une présenta­ tion systématique. Parmi les quelques sources que l’on peut comparer à ce bref exposé figure, au premier plan, le traité Sur les os, pour les débutants, de Galien (édition nouvelle par I. Garofalo, CUF, 2005). Le vocabulaire est sensiblement le même, la classification des os comme les définitions données se rejoignent souvent. L ’ordre de présentation, a capite ad calcem, est également similaire. Le témoignage de Galien est bien sûr plus développé, et porte la marque de sa personnalité : il prend parti contre divers « sophistes », tandis que le chapitre pseudo­ galénique conserve de bout en bout un ton neutre.

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έχεται δε ύπό δύο χιτώνων, τού τε έλυτροειδους καί του δαρτου λεγομένου. Έττί δέ τούτοι? ή όσχή. Ταΐς δε γυναιξίν ή υστέρα έοικεν όσχή ανεστραμμένη. Άνεστόμωνται δε εις τό ένδον αυτής φλέβες, ώς ότι πλεΐσται, ψ· I 5 δι’ ών τό αΐμα άποκαθαίρεται, ο εν ταΐς συλλήψεσιν ί επέχεται καί χωρει εις τροφήν καί διάττλασιν του εμ­ βρύου* από γάρ των φλεβών των ττλεκουσών τό χορίον γενόμεναι δύο φλέβες καί από των κατ’ αυτό αρτηριών δύο άρτηρίαι καί από τών νεύρων νευρον εν συνελθόντα αποτελεί τον ουραχόν, δς εμβάλλει εις τον όμφαλόν I 10 του εμβρύου, εξ ου καί εκφύεται καί άποκρεμάται. Από 6 έ όμφαλου αί μεν φλέβες | επί ήπατος πύλας τό αΐμα 720 διαδιδόασιν επί τών εμβρύων. Αί δέ άρτηρίαι κατά την κύησιν εις τήν παχεΐαν αρτηρίαν εμβάλλουσιν. Τό δέ Ϊ :ί5 νευρον τούτο εις τήν ράχιν. XII. 1 Όστεολογία* Τών δε οστών διττή ή σύνθεσις, ή μεν προς τό κινεισθαι καί καλείται άρθρον, ή δε προς τό ακίνητον καί καλείται συνάρθρωσις. Είδη δε ταύτης τρία, ραφή, σύμφυσις, γόμφωσις. Κατά ραφήν μέν ουν ? 20 σύγκειται τά τής κεφαλής οστά. 'Ραφαί δε εύρίσκονται ϊ επί τών πλείστων πέντε, στεφανιαία ή διά του βρέγμα­ t I τος, όβολιαία ή διά κορυφής, λαμβδοειδής ή διά ίνίου, κροταφιαΐαι δύο, καθ’ έκάτερον κρόταφον μία. Όστά δε1*V 1 δύο χιτ. VM : χιτ. δύο MaMu II έλυτροειδους Μ : έρυτροειδούς VMaMu έρυθροειδοΰς edd. II 3 ανεστραμμένη [-αμένη Ma Mu] VMaMu : άνεσταμένη Μ II post άνεστόμωνται om. δέ edd. Il 4 τό VM : τα MaMu II ώς ότι VM : ώ σει MaMu II 7 χορ ίο ν V : χωρίον Μ Ma non legitur Mu II 8 αύτό V : -ήν Μ MaMu II 10-11 εις τον όμφαλόν τού εμβρύου VM MaMu : είς τού έ. τον ο. edd. II 12 ήπα­ τος Μ MaMu : -ι V II αίμα VM : άρμα MaMu II 13 διαδιδόασιν Μ : διδόασιν V οίον διδόασιν Ma οίον δίδωσιν Mu II 14 κύησιν VM : κύστιν MaMu edd. Il 15 τούτο om. MaMu II post ράχιν des. MaMu II 16 όστεολογία VM : περί όστεολογίας edd. Il 20 σύγκειται M : -νται V edd. Il post τά add. έκ edd. Il 22 λαμβδοειδής M edd. : λαβδV II post διά add. τής edd. Il 23 κροταφιαΐαι Μ κροτάφιαι V.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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par tempe1. Mais les os du crâne sont sept, celui de Y inion, les deux du sommet, les deux des tempes, celui du front, celui du polymorphe ; le cerveau a deux excroissances, de chaque côté du cervelet, que Ton appelle couronnes ; elles sont ajustées dans les cavités de la première vertèbre, où, comme sur un pivot, la tête de l ’apophyse de la seconde vertèbre tourne de côté, se penche en arrière et en avant. 2 Après cela, les deux apo­ physes dites ostoïdes, peu écartées, par lesquelles les ten­ dons et les nerfs de la nuque descendent2 ; ensuite, deux autres au-dessus des conduits auditifs, appelées os zygoïdes. En dessous, des os (dits) lithoïdes, au nombre de deux eux aussi. En avant, les excroissances en forme d’aiguille ; elles sont là pour écarter les parois du gosier ; et on appelle os hyoïde celui auquel leurs extré­ mités sont jointes par un cartilage. Au-dessus, ceux qui n’ont pas de nom, à l’avant desquels se trouve la partie dite polymorphe. 3 C’est par symphyse que sont joints les os du maxillaire supérieur ; le visage a neuf sym­ physes, une par orbite des yeux, deux aux ailes du nez, une scindant le nez au milieu, dans le sens de la longueur, deux aux pommettes et deux sur le palais en biais, puis une coupant celles-là et scindant le palais dans le sens de la longueur. Les symphyses des zygomatiques sont com­ munes au visage et à la tête. Il y a douze os du visage : les deux du nez, les deux des yeux, les deux des pom­ mettes, les quatre du palais, les deux des alvéoles3, ceux

3. À propos des alvéoles (φατνία), voir Galien, De ossibus ad tirones, V, 5 et la note d’Ivan Garofalo (CUF 2005, p. 59 note 4).

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κρανίου επτά* ίνίου εν* κορυφής δυο' κροτάφων δυο* μετώπου εν* πολυμόρφου εν* έκφύσεις Se έχει ό εγκέ­ φαλος δύο, εκατέρωθεν τής παρεγκεφαλίδος, αΐ κα­ λούνται κορώναι. Έναρμόζονται δέ εις τάς τού πρώτου σπονδύλου κοιλότητας, Ιν ω καθάπερ επί κνώδακος τής του δευτέρου σπονδύλου άποφύσεως ή κεφαλή εις τε τα πλάγια επιστρέφεται, άνανεύει τε καί επινεύει. 2 Μετά δε ταύτα, αί όστοειδείς άπο|φύσεις καλούμεναι 721 δύο μικρόν διεστώσαι, δι’ ών τένοντες καί νεύρα κατα10 φέρονται* ειτα άλλα δύο επάνω των άκουστικών πόρων, τά ζυγοειδή καλούμενα οστά* υπό δε ταΰτα λιθοειδή οστά δύο καί ταύτα. Έμπροσθεν δε αί βελονοειδείς Ικφύσεις. Έγένοντο δε εις διάστασιν τού φαρυγέθρου. Καί λέγεται υοειδές όστούν, καθ’ δ χόνδρω συνδείται & Λ 0 αυτών τα άκρα. Επάνω δε τούτων τα ανώνυμα, ών κατά ρ το έμπροσθεν μέρος κειται τό πολύμορφον. 3 Κατά δέ σύμφυσιν τά τής άνω γνάθου οστά σύγκειται. Συμφύ­ σεις δε έχει τό πρόσωπον εννέα, μίαν μεν κατά ευρυχ­ ϋ ωρίαν έκατέραν των οφθαλμών τεταγμένην* δύο δε εκ §20 πλαγίων τής ρινός, καί άλλην μέσην τήν ρίνα επ’ ευθείας τέμνουσαν. Δύο δέ κατά τών μήλων καί δύο κατά τής υπερώας πλαγίας. Μίαν δέ επ’ ευθείας διαι­ ρούσαν αύτάς καί τέμνουσαν τήν υπερώαν. Κοιναί δέ προσώπου καί κεφαλής αί επί τών ζυγωμάτων. Όστά &5 δέ προσώπου δώδεκα, ρινός δύο, οφθαλμών δύο, μήλων

2 έκφύσεις V : έκ φύσεως Μ II 7 επιστρέφεται V : -ονται Μ II 8 όστοειδείς Chartier : οστοδεΐ Aid. Basil, οστω ειδεΐς V όστωδεΐς Μ II 11 καλούμενα V : λεγόμενα Μ II 13 φαρυγέθρου VM Aid. Basil. : φαρυγγέτρου Chartier II 14 ô V : ôv Μ II 15 αυτών V : αυτά Μ II 16 μέρος V : μέσον Μ II 17 όστά σύγκειται V : σ. ô. Μ II 1819 κατά εύρυχωρίαν έκατέραν V : κατά τής έμβρυχωρίας έκατέρας Μ II 19 δύο V : δευτέραν Μ II 21 τέμνουσαν V : τέμνουσιν Μ II τών μήλων Μ : τά μήλα V μήλα edd. II 22 δέ V : μέν Μ II 23 post διαιρούσαν om. αύτάς V.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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qui ressemblent aux ailes. La mâchoire inférieure est constituée selon certains de deux os, qui sont joints par symphyse au menton ; selon d’autres, d’un seul os1. 4 C’est par emboîtement que sont jointes les dents, car elles sont emboîtées dans les alvéoles. Elles sont au nombre de trente-deux, mâchoires supérieure et infé­ rieure comprises : huit incisives, quatre canines, vingt molaires. Parmi les autres os, la clavicule est liée par symphyse à 1’acromion, et semble faire un mixte d’arti­ culation et de symphyse avec le sternum ; elle ressemble au sigma romain, sous sa forme simplifiée2. Puis les « verrous », au nombre de deux eux aussi ; ils ressem­ blent plutôt au sigma grec, sous sa forme simplifiée3. Puis à la suite, les côtes : elles sont douze de chaque côté. Sept d’entre elles sont attachées aux vertèbres du rachis et au sternum, de chaque côté ; les cinq dernières aboutissent au rachis à l’arrière, et, se pliant les unes vers les autres à l’avant, elles sont attachées par un cartilage. Les vertèbres sont en tout vingt-quatre : sept divisent le cou ; douze le dos ; cinq les lombes ; à l’extrémité, le sacrum, qui semble composé de vertèbres accolées les unes aux autres. Le sternum lui aussi paraît composé de sept os soudés entre eux, en forme de glaive. 5 Chacun des deux bras est attaché à l’épaule par articulation ; il va

1. Galien fait partie de ceux qui pensent que l’os du menton est double {De ossibus ad tirones, VT, 1). 2. Le grec dit « lui aussi simplifié » (και αύτω ήπλωμένφ), ce qui peut renvoyer à la comparaison de l ’intestin grêle au jejunum « sim­ plifié » (εοικε γάρ νή σ τει ήπλωμένη) dans le chapitre précédent (XI, 6). Dans la traduction, il nous a paru difficile de rendre και αύτω, parce que le rapprochement n ’est pas immédiat dans l’esprit du lecteur.

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δυο, υπερώας τέσσαρα, τα των φατνίων δύο, τα τοίς πτερυγίοις δμοια οστά. Ή δέ κάτω γνάθος κατ’ ένίους μέν δύο έστίν οστά | συμπεφυκότα κατά το γένειον* 722 κατ’ ένίους δέ εν. 4 Κατά γόμφωσιν δε σύγκεινται οί όδόντες, έγγεγόμφωνται γάρ τοίς φατνίοις. Είσί δέ τον αριθμόν λβ. εν τε τή άνω καί κάτω γνάθω* τομ€ΐς οκτώ, κυνόδοντες τέσσαρες, μύλαι είκοσι. Των δε άλλων οστών αί μεν κλείδες ττρός μέν τό άκρώμιον συμφυείς δέδενται, προς δέ τό στερνόν μίγμα άρθρου καί συμφύ“ lio σεως δοκοΰσιν ποιείσθαι. Έοίκασι δέ τω σχήματι τω ρωμαικω σίγμα καί αύτω ήπλωμένω’ αί δέ κατα­ κλείδες δύο μέν καί αυται’ έοίκασι δέ μάλλον τω ελληνικώ σίγμα καί αύτω ήπλωμένω. Έξης δέ πλευραί, δώδεκα γάρ αί πάσαι καθ' εκάτερον πλευράν. Επτά δέ αυτών πρός τε τούς τής ράχεως σπονδύλους καί προς ?1 5 èi' τό στερνόν συνάπτουσιν εκατέρωθεν. Αί δέ λοιπαί πέντε τή μέν ράχει συμβάλλουσιν έκ τών όπισθεν, κατά I δέ τα έμπροσθεν εις άλλήλας άνανεύουσαι, χόνδρω συνδέονται. Οί δέ σπόνδυλοι είκοσιτέσσαρες μέν οί Ϊ20 πάντες. Διαιρούνται δέ τραχήλου μέν επτά* νώτου δώδεκα* όσφύος δέ πέντε. Έπί πάσι δέ τό ιερόν όστοϋν, δοκοϋν έκ σπονδύλων συγκείσθαι προσπεφυκότων άλλήλοις. Τό δέ στέρνον ομοίως καί αύτό δοκεί έξ επτά οστών συγκείσθαι, συμπεφυκότων άλλήλοις έν τφ | 723 ξιφοειδεί σχήματι. 5 Βραχίων δέ έκάτερος κατά άρθρον te ·

Ϋ.γ.

1 τά τών φατνίων δύο om. Μ II 2 post ομοια om. οστά V II 2-4 ένίους...ένίους V : ους.,.οϋς Μ II 4 κατά γόμφωσιν δέ V : κ. δ. γ. Μ II 5 έγγεγόμφω νται V : έγεγόμφωνται Μ II 6 τομείς V : ρ τομίαι Μ II όκτω .,.τέσσαρες V2M : om. V II 7 μύλαι scripsi : μυλίαι V2M μυλίται ? (haud facile legitur) V edd. I! 11-13 αί δέ κατα­ κλείδες—ήπλωμένω expnx. V2 : om. Μ II 13 πλευραί V : πλευράς Μ II 20 νώτου Chartier : νωτιαίου VM il 21 post όσφύος om. δέ Μ II 22 δοκοΰν om. Μ II προσπεφυκότων VM : συμπεφυκότων edd. II ÉF 23 έξ έπτά V2M : έκ τών έπτά V edd. II 25 βραχίων V : βραχίονες Μ II έκάτερος V : -οι Μ.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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en biais avec sa tête, qui est superficielle, dans la cavité de l’omoplate. Les omoplates dominent les muscles qui tapissent les côtes à l’arrière. Le cubitus et le radius sont reliés par symphyse, mais sont aussi liés à l’autre extré­ mité de l’humérus par articulation ; en effet le bras est attaché par trois de ses condyles au relief en forme de sigma du cubitus ; et grâce au quatrième condyle, le radius pivote comme sur un axe. Les os du carpe, qui sont au nombre de trois, sont liés entre eux par sym­ physe ; mais ils sont attachés par articulation au cubitus et au radius. Les os du métacarpe sont cinq ; ils foiment eux aussi une articulation avec les os du carpe, car ils sont attachés par symphyse ; de plus, les os du carpe tiennent entre eux et aux os du métacarpe par symphyse ; mais ils sont liés par articulation aux premières phalanges des doigts ; il y a trois phalanges pour chaque doigt, et elles sont attachées entre elles par articulation. 6 L’os de la cuisse (fémur) est unique ; il entre dans la cavité pro­ fonde de la hanche avec sa tête légèrement recourbée, et il est attaché par un nerf qui sort duu milieu de la cavité et entre au milieu de la tête du fémur. Les hanches, qui forment deux os, sont reliées derrière par symphyse au sacrum, et devant l’une à l’autre, où on les appelle aussi os pubien. Pour chaque jambe, il y a deux os : le tibia et

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διήρμοσται τω ώμω. Εμβάλλει δε τη εαυτού κεφαλή πλαγίου eis την κοιλότητα rrjs ώμοπλάτη$· Έπίκεινται δέ αί ύμοπλάται μυσίν t o i s ύπεστρωμένοΐ5 Taîs πλευpaîs έκ των όπισθεν. Πήχυ5 δε καί κερκ'^ παράκεινται μεν άλλήλο^ κατά σύμφυσιν, συμβάλλουσιν δε καί τού βραχίονο$ τή έτέρα κεφαλή κατ’ άρθρον. Τρισί μεν γάρ εαυτού κονδύλου eis την σιγματοειδή του πήχεο$ άνογλυφήν εναρμόζεται 6 βραχίων. Τω δέ τετάρτω κονδυλω ùs περί κνώδακα ή κερκί$ περιστρέφεται. Καρπού δε τά οστά τρία μεν όντα πρό$ μέν άλληλα συμφύσει δέδενται* προς 8 έ πήχυν καί κερκίδα κατ’ άρθρον διήρμοσται. Τά δε τού μετακαρπίου πέντε εστίν’ άρθρον δε καί αυτά ποιεί προ 5 τα του καρπού, προ$ ταύτα γάρ συμπέφυκε. Τά δέ τού καρπού προ 5 μέν αυτά καί προς τά τοΰ μετακαρπίου συμφύσει συνέ­ χεται, πρ 0 5 δέ Tas πρώτα$ των δακτύλων σκυταλίδα$ κατ’ άρθρον συμβάλλονται. Δακτύλων δέ σκυταλίδε$ μέν καθ’ έκαστον τρει$, κατ’ άρθρον δέ ή σύνθεσι$ αυτών. 6 Μηρού δέ | έν μέν όστούν. Συμβάλλει δέ έπικεκαμμένη μετρίω$ τή κεφαλή αυτού εί$ βαθειαν κοτύ­ λην τού ισχίου καί νεύρου άπήρτηται εκφυομένου εκ ?■ μέση$ τή$ κοτύλη$ καί έμφυομένου εις μέσην την ν τοΰ μηρού. Τά δέ ισχία δύο οστά όντα, εκ μέν των όπισθεν κατά σύμφυσιν παράκειται τω ίερω όστω’ Μ εκ δέ των έμπροσθεν άλλήλο^, ένθα καί ήβη 5 οστά 1 διήρμοσται V : -ο Μ II τφ ώμω scripsi : τώ του ώμου V edd. ή ωμός V2M II 2 πλαγίω ς haud facile legitur V : πλαγία Μ II post ώμο­ πλάτης add. έπιπολαίφ οΰση V2M II 5 καί om. Μ II 6 έτερα V2M : om. V II 10 post καρπού δέ om. τα Μ II 14 τα δέ τού καρπού Chartier : τα δέ τού τάρσου VM Aid. Basil. Il 15 αυτά scripsi : αυτά VM II 16 σκυταλίδας V : -ες Μ 11 19 έπικεκαμμένη recc. edd. : έπικεκαμ... V2 έπικαμμίως Μ II 21 νεύρου Μ : -φ V II έκφυομένου Μ : -φ V II 23 όστά δντα Μ : όντα οστά V II μέν post δύο transp. Μ II 24 παράκειται scripsi : -νται codd. II τω ίερω όστω V : των Ιερών οστών Μ.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XII 6-7

le péroné. Le péroné n’atteint pas la diarthrose du genou, seulement l’extrémité du tibia, qui possède quatre creux en surface, où elle reçoit les condyles du fémur, qui sont deux. Placée dessus, la rotule, petit os rond saillant, assez plat, comme un tout petit bouclier contigu à leur jonction parce qu’ils sont articulés entre eux en surface. L’extré­ mité supérieure du péroné est liée par symphyse à la face antérieure du tibia, sous l’épiphyse ; mais aux chevilles, à l’extrémité du tibia et du péroné, les os sont liés l’un à l’autre par un ligament fibro-cartilagineux ; il prend appui sur l’astragale, en enveloppant les os. 7 L’astra­ gale, situé dans la longueur du pied, prend appui sur le calcaneum et lui est attaché sans mouvement possible ; mais il est lié par diarthrose aux os du tibia et au sca­ phoïde, dans sa partie antérieure. Le scaphoïde est creusé là où il rencontre l’astragale, au point de ressembler à un bateau (scaphos) ; convexe à l’opposé, il a néanmoins trois trous, dans lesquels il reçoit les os chalcoïdes, qui sont au nombre de trois. Le cuboïde se situe en dehors ; mais il est articulé par diarthrose au scaphoïde et au cal­ caneum ; il a de plus une excroissance qui part du bas vers l’avant, sous laquelle s’est glissé l’os du tarse, pour qu’il soit soutenu. Ensuite celui qu’on appelle métatarse, constitué lui aussi de cinq os. A la suite se trouvent les

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καλεΐται. Κνήμης 8 έ εκατέρας, δύο μέν τα οστά, τό τ€ τής κνήμης καί τδ τής περόνης. Ούκ έξικνεΐται 8 ε ή περόνη προς τό κατά γόνυ άρθρον, άλλα μόνον τό τής κνήμης άκρον, τέσσαρας έχον εν αύτώ επιπόλαιους 5 τύπους, εις οϋς υποδέχεται τους του μηρού κονδύλους δύο όντας. Έπίκειται 8 έ αυτοί ς ή έπιγονατίς, εκ των έμπροσθεν όστάριον στρογγύλον, ύπόπλατυ οΐον άσπιδίσκιον συνέχον αύτών την συμβολήν, διά τό επιπολαίως συνηρθρώσθαι. Τής δε περόνης τό μέν άνω άκρον 10 συμπέφυκε κατά του αντικνημίου υπό την επίφυσιν, κατά δε τα σφυρά επί πέρατα του τε άντικνημίου καί τής περόνης, προς μέν άλληλα συνδείται νευροχονδρώδει δεσμω. Έπιβέβηκε 8 έ τω άστραγάλω, εντός αύτών συνέχον τα οστά. 7 Ό 8 έ άστράγαλος κατά μή15 κος του I ποδός κείμενος τή μέν πτέρνη έπιβέβηκε καί 725 συνήρμοσται άκινήτως. Τοις δέ τής κνήμης όστοις καί τω σκαψοειδει κατά τά εμπρόσθια αύτου μέρη συμβάλ­ λει κατά άρθρον. Τό δέ σκαφοειδές καθά μέν συμβάλ­ λει τω άστραγάλω κεκοίλωται, ώς σκαφοειδές δοκεΐν 20 είναι. Έκ δέ του άντικειμένου κυρτόν ον έχει τρίβους τρεις, αις δέχεται τά χαλκοειδή οστά τρία όντα’ τό δέ κυβοειδές έξωθεν μέν τήν θέσιν έχει’ συνήρθρωται δέ προς τό σκαφοειδές καί τήν πτέρναν. Εχει δέ καί έκφυσιν εκ των κάτω εις τό έμπροσθεν, ύφ’ ήν ύπελή25 λυθε του ταρσού τό όστούν, προς τό άνέχεσθαι αυτό. Ειτα τό καλούμενον πεδίον εκ πέντε καί αυτό συγκείμε­ νον οστών’ ειτα εφεξής είσιν οί πέντε δάκτυλοι τού7

7 στρογγύλον Μ : στρογγυλοϋν V II 8 συνέχον Μ : -ων V II αύτών V : -ώ Μ II 10-11 ύπό τήν έπιφύσιν—του τε [τε om. recc. edd. ] αντικνημίου V2 : om. VM II 14 αύτών VM : -οΰ edd. Il συνέχον Μ :-ων V II 15 πτέρνη Μ : περόνη V II 17 σκαφ οειδεΐ recc. : -η V σκαρφοειδεΐ Μ II 22 κυβοειδές V : κυκονοειδές Μ II 23 post προς add. τε Μ II πτέρναν V : πτέρνα Μ II 25 post ταρσού add. ταυτης V τοσαύτης Μ II άνέχεσθαι Μ : άνέχειν V.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XII 7 - XIII 2

cinq doigts du pied, tous formés de trois phalanges, dis­ posées comme celles des mains, sauf pour le grand doigt, car il est le seul à être formé de deux phalanges. Des liga­ ments membraneux unissent leurs diarthroses ; au contraire ce sont des ligaments très solides, et certains parmi eux épais et de nature fibro-cartilagineuse, qui unissent les os de Γ astragale et du calcaneum. XIII. 1. Sur les fonctions naturelles et les humeurs1. Les humeurs du corps, qui sont au nombre de quatre dès le début de la vie, sont mêlées les unes aux autres et répandues dans le corps. L’une domine plutôt en un lieu, l’autre en un autre : le sang dans le cœur, le phlegme dans la tête, la bile jaune dans le foie, la bile noire dans la rate2. Il y a deux formes du pneuma inné, physique et psychique. Certains en introduisent un troisième, le pneuma hectique : c ’est un pneuma qui assure la cohé­ sion des pierres. Le pneuma physique nourrit les êtres animés et les plantes ; le pneuma psychique, en ce qui concerne les êtres animés, permet aux animaux de sentir et d’exécuter tout mouvement ; il réside chez les ani­ maux : en effet les animaux sont constitués des trois pneumata. Le pneuma psychique est logé dans la tête, le pneuma physique dans le cœur, le pneuma hectique dans tout le corps3. 2 Les fonctions naturelles4 sont, au début de la vie conception et formation du foetus, et pour les

1. Le titre de ce chapitre dans V est à peine lisible en bas de page, dans la marge et tronqué : περί χυμών. C ’est pourquoi les apographes ont parfois omis le titre, et c’est ainsi que dans certains recentiores on ne voit qu’une minime séparation entre les deux chapitres XII et XIII, matérialisée par un simple point rouge. C’est aussi ce qui explique que dans le sommaire des recentiores de la famille A, on sti­ pule qu’un chapitre intitulé περί φυσικών ενεργειώ ν manque dans le texte. Le titre complet de la famille B représentée ici par un seul témoin, M (= Mutinens. gr. 213) nous montre que le chapitre n ’a pas vraiment été perdu.

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ποδός, έκ τριών άπαντες φαλαγγών, ομοίως τοις κατά τας χείρας συγκείμενοι πλήν του μεγάλου, μόνος γαρ αυτός έκ δύο έγένετο. Συνάγουσι δέ τός μέν τούτων διαρθρώσεις υμενώδεις τινές σύνδεσμοι, τός δε κατά 5 τον αστράγαλόν τε καί τήν πτέρναν ισχυροί τε πάνυ καί τινες εξ αύτών στρογγύλοι τε άμα καί νευροχονδρώδεις. XIII. 1 Περί φυσικών ενεργειών τε καί χυμών* | Οί δε 726 εν τώ σώματι χυμοί έκ πρώτης γενέσεως τέσσαρες όντες 10 συμμιγείς μέν είσιν άλλήλοις καί άνακεκραμένοι τώ σώματι. Πλεονάζει δε άλλος εν άλλω μάλλον τόπω, τό μεν αιμα εν καρδία, τό δε φλέγμα έν κεφαλή* ή ξανθή 6έ χολή έν ήπατι* καί ή μέλαινα έν σπληνί. Του δε έμφύτου πνεύματος διττόν είδος* τό μέν φυσικόν, τό δε 15 ψυχικόν. Είσί δε οϊ καί τρίτον είσάγουσι, τό έκτικόν. Έκτικόν μέν ουν έστι πνεύμα, τό συνέχον τούς λίθους. Φυσικόν δέ τό τρέφον τα ζώα καί τά φυτά. Ψυχικόν δέ τό έπί τών έμψύχων αισθητικά τε ποιούν τα ζώα καί |: κινούμενα πάσαν κίνησιν. Ίδρυται δέ έν τοις ζώοις* έκ 20 γάρ τών τριών συνέστηκε τά ζώα. Τό μέν ουν ψυχικόν έν τή κεφαλή κατωκισται, τό δέ φυσικόν έν καρδία, τό δέ έκτικόν έν παντί τώ σώματι. 2 Φυσικαί μέν ουν είσιν ένέργειαι, άπό πρώτης γενέσεως κύησις καί διάπλασις, 2 τας χεΐρας V : χεΐρ α Μ II 3 post δύο add. οστών Μ II 4 τας δέ edd. : τούς δέ VM II 5 πτέρναν V : πτέρνα Μ II 8 περί φυσικών ένεργειών τε και χυμών Μ : περί χυμών V Aid. Basil, de humori­ bus, facultatibus, morbis, eorum differentiis causis ac curationibus Junt., quem titulum περί χυμών τε και δυνάμεων καί νοσών καί διαφορών αύτών καί αιτιών καί θεραπειώ ν transt. Chartier II δέ om. Μ II 12 ante κεφαλή add. τή edd. Il 15 έκτικόν recc. edd. : έκ- VM II 17 ψυχικόν V : φυσικόν Μ II 18 ποιούν V edd. : παρέχον V2M II 19 ίδρυται V edd. : ϊδρυνται V2M II έν τοις ζφ οις V : τών ζφων Μ έκ τών ζφων V2 II 20 τών V2M : om. V II συνέστηκε V : συνέστη Μ II 21 κατφκισται om. Μ II 22 έκτικόν V : έκκριτικόν Μ II 23 γενέσεω ς Υ2Μ : διαπλάσεω ς V.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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êtres achevés appétit, absorption, cuisson dans l’estomac, répartition, conversion en sang, élimination, nutrition, accroissement. Sont éliminés dans le corps excréments, phlegme, biles, urine, sueurs, morves, salive, lait. Fonc­ tions psychiques : sensation et volonté. Il y a cinq sens, que les animaux exercent par P intermédiaire des organes du corps, vue, ouïe, goût, odorat et toucher1. L’âme exerce une volonté, d’une part indépendamment du corps, par le raisonnement et la pensée, d’autre part en relation avec le corps, lorsqu’elle le met en mouvement pour prendre de la nourriture, l’excrétion, ou pour les déplacements. La respiration paraît être une fonction composée, qui s’accomplit en partie selon la volonté, en partie involon­ tairement et naturellement, pendant le sommeil par exemple. 3 L’homme assurément est en bonne santé si les éléments premiers qui le constituent et les éléments seconds qui Pont formé, les quatre humeurs, sont bien répartis pour la quantité et bien accordés pour les quali­ tés, si les corps solides qui le composent ne se divisent ni ne se tassent ni ne quittent leur emplacement naturel, et si les pneumata ne se tendent pas trop, comme chez les malades de la phrénitis, ni ne se relâchent trop, comme chez ceux qui sont atteints de léthargie ou ceux qui souf­ frent d’affection cardiaque ; chez ceux-là en effet le pneuma hectique semble relâché. L ’homme peut se main­ tenir en bonne santé s’il fait de l’exercice régulièrement et s’il se contente des aliments habituels dans son pays à

1. C f Pseudo-Galien, Définitions médicales, K. XIX, 379. Le nombre des sens et leurs noms ont été codifiés par Aristote. Sur la liste des sens à l’époque impériale et notamment dans les textes pseudo­ galéniques, voir J. Jouanna, « Sur la dénomination et le nombre des sens d’Hippocrate à la médecine impériale : réflexions à partir de l’énumération des sens dans le traité hippocratique du Régime, c. 23 », Les cinq sens dans la médecine de Γépoque impériale : sources et développements (Actes de la table ronde du 14 juin 2001, éd. I. Boehm et P. Luccioni), Lyon, 2003, p. 18.

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επί δέ των άποτεχθέντων όρεξις καί κατάποσις, ή έν τώ στομάχω πέψις, άνάδοσις, έξαιμάτωσις, διάκρισή, θρέψις, αυξησις. Διακρίνεται δέ εν τώ σώματι σκύ|βαλον, 727 φλέγμα, χολαί, ουρον, ίδρωτες, μύξαι, σίαλον, γάλα. Ψυχικαί δε δυνάμεις, αϊσθησίς τε καί ττροαίρεσις. Αισ­ θήσεις μεν ουν είσι πέντε, ας τά ζώα παρέχει διά των τοΟ σώματος οργάνων, δρασις, ακοή, γεϋσις, δσφρησις I καί αφή. Προαιρείται δέ ή ψυχή, τά μεν άνευ του σώμα­ τος λογιζομένη, ή ενθυμουμένη’ μετά δέ του σώματος !ίο προαιρείται, κινούσα αυτό προς υποδοχήν τινων, ή έκκρισιν, ή την κατά τόπους κίνησιν* ή δέ άναπνοή σύνθετός τις ενέργεια δοκει είναι, πή μέν κατά προαίρεσιν, πή δέ άπροαιρέτως καί φυσικώς γενομένη, ώς εν ? τοις ΰπνοις. 3 Υγιαίνει τοίνυν ό άνθρωπος, των μέν Î15 πρώτων εξ ών συ νέστηκε των στοιχείων καί των δευ­ τέρων εξ ών διεπλάσθη των τεσσάρων χυμών, ποσότ­ ητάς τε συμμέτρως έχόντων προς άλληλα καί ταις ποιότησιν εύαρμόστως* τών δέ στερεών σωμάτων, εξ ών σύγκειται, μήτε διαιρουμένων, μήτε καταπυκνουμένων, 20 μήτε έξισταμένων έκ τής αυτών χώρας. Τών δέ πνευ­ μάτων μήτε έπιτεινομένων άγαν, ώς επί τών φρενιτικών, μήτε εκλυομένων, ώς επί τών ληθαργικών, ή επί τών εν καρδιακή | διαθέσει όντων’ τουτοις γάρ τό έκτικόν 728 πνεύμα έοικεν εκλυεσθαι. Έν υγεία δέ συντηρητέον τον 25 άνθρωπον, τοις τε συνήθεσι γυμνασίοις χρώμενον καί

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1 κατάποσις V : κατάπτωσις Μ II 2 έξαιμάτωσις V : έξεμέτησις Μ II 3 έν V : πέντε Μ II σκύβαλον V : -α Μ II 4 χολαί V : -ας Μ II Ιδρώτες V : -ας Μ II 5 τε om. Μ II 6 ας V : α Μ I! τα V : τφ Μ II 7 δσφρησις V : δσφ ησις Μ II 8 καί om. V II 9 post ενθυμού­ μενη add. έπιθυμοϋσα μνημονεύουσα φαντασμένη Μ II δέ om. Μ II II τόπους V : -ον Μ II 12-13 πή .,.π ή Chartier : π ή .,.π ή VM Aid. Basil. Il 13 καί om. Μ II 15 ών V : ώ Μ II post συνέστηκε om. τών Μ II 16 διεπλάσθη V : δέ έπλάσθη Μ II 20-21 έκ τής αυτών— έπιτεινομένων V2M : om. V II 23 καρδιακή διαθέσει V : καρδίας άκηδιάσει Μ II 2 5 χρώ μενον Μ recc. edd. : χρω μένοις V.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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chaque saison, en surveillant toutefois leur abondance, qui provoque des indigestions, à partir desquelles s’ins­ tallent les maladies. Il faut aussi prévenir les maladies sur le point de s’installer. Si elles sont produites par abon­ dance, prescrire jeûne, purgation ou saignée ; si c’est par fatigue ou manque, il est utile de reposer et nourrir. 4 Selon Hippocrate, les maladies naissent toutes soit de l’extérieur, de l’environnement, soit à cause des régimes que nous suivons, facteurs à cause desquels une des quatre humeurs se retrouve en excès ou bien en défaut, ou bien change de qualité1 ; par ces causes également, les pneumata innés soit se tendent trop, soit se relâchent à l’excès. Quant aux corps solides ils ont bien des raisons internes et externes d’endurer plus d’affections encore2. Mais pour Érasistrate et Asclépiade, il n’y a en tout et pour tout qu’une cause pour toute maladie, pour l’un épanchement de sang dans les artères, pour l’autre obs­ truction des corpuscules dans les pores3. Les signes d’une maladie par abondance sont le grossissement des vais­ seaux, la rougeur du visage, le gonflement de tout le corps, la grandeur et la tension du pouls ; si c’est une maladie par manque, l’affaissement du volume4 corporel,

2. Le Pseudo-Galien a repris implicitement, dans ces quelques lignes, la physiologie exposée au ch. IX, 2, qu’il attribuait à Hippocrate, à partir de l’aphorisme tiré des Epidémies : ϊσχοντα, ίσχόμενα και ένορμώντα. La distinction, parmi les éléments constitutifs du corps, entre les parties humides, les parties solides et les souffles est ici à la base d’une étiologie parallèle des maladies : les humeurs sont les pre­ mières à pouvoir être affectées d ’un changement, qui donne naissance à la maladie, mais il en va de même des parties solides et des souffles. On voit par là l’empire qu’a pris le pneumatisme d ’origine stoïcienne dans les doctrines de cette époque, malgré le prestige de la tradition hippocratique.

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τροφαίς ταίς κατά χώραν έν έκαστη ώρα τετηρημέναις, τό πλήθος αυτών μόνον φυλαττόμενον, έξ ου άπεψίαι γίνονται, άφ’ ών αί νόσοι συνίστανται. Προφυλακτέον 8έ τάς νόσους μελλούσας έσεσθαι. Εί μέν έκ πλήθους, άποσιτίαν παραλαμβάνειν, ή κάθαρσιν, ή φλεβοτομίαν* εί δέ άπό καμάτου καί ένδειας, άναπαϋσαι καί ύποθρέψαι σύμφορον. 4 Αί δέ νόσοι γίνονται πάσαι καθ’ Ίπποκράτην αί μέν έξωθεν έκ του περιέχοντος, αί δέ έκ των διαιτημάτων a προσφερόμεθα, υφ’ ών ή πλεονάζει τις των τεσσάρων χυμών, ή έλλείπει, ή κατά ποιότητα μεταβάλλει. Ύπό δε τούτων καί τά έμφυτα πνεύματα a μέν έπιτείνεται άγαν, a δέ χαλάται εις υπερβολήν. Τα δέ στερεά σώματα καί ένδοθεν καί έξωθεν πολλάς αιτίας έχει του υπομένειν πλείονα πάθη. Κατά δέ Έρασίστρατον καί Άσκληπιάδην, ώς έπίπαν μία αίτια έπί πάσης νόσου, καθ’ δν μέν ή παρεμπτωσις | του αίματος εις τάς αρτηρίας* καθ’ δν δέ ή ένστασις των όγκων έν τοίς άραιώμασιν. Σημεία δέ πλήθους μέν νοσοποιουντος, κυρτωσις άγγείων καί έρευθος έπί τό πρόσωπον καί όγκος δλου του σώματος καί των σφυγμών τό μέγεθος μετά ευτονίας. Ένδειας δέ αιτίας

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TEST. : 7 Al δέ - 11 μεταβάλλει, cf. H ip p . Morb. I (ed. Jouanna in Cnide p. 347). - 14 Κ ατά - 18 άραιώμασιν, cf. S e x t . E m p ir . M. 8, 220 (ed. Mutschmann- Mau) ; C e l s . 16 (ed. Mudry p. 18-19) ; A u r e l . Acut. 1, 14 (ed. Drabkin p. 105).

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3 προφυλακτέον V : φυλακτέον Μ II 4 τάς om. Μ II post νόσους add. κυριεύουσας εί μέν έκ πλήθους σημειώσεως Μ II post μελλούσας [μελούσας Μ] VM add. γίνεσθαι ή edd. II 5 παραλαμβάνειν Chartier : -ων VM Aid. Basil. Il 6 ante ένδειας om. έξ edd. Il 7 νόσοι V : νοϋσοι Μ II post αί δέ add. έσωθεν edd. Il 10 έλ λ είπ ει Μ : -οι V II 11 τούτων V : -οις Μ II 15 μία αίτια Μ : μίαν αίτίαν V II 16 τού αίματος εις τάς αρτηρίας Μ : είς τ. ά. τού αίματος V II 17 ένστασις scripsi : έκστασις Μ έκτασις V II 18 μέν om. edd. Il 19 κύρτωσις V : -εις Μ II 19-20 τό πρόσωπον V : τά πρόσωπα Μ II 21 αιτίας om. V.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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la maigreur du visage, la petitesse et le relâchement du pouls. 5 Les anciens pensent que la fièvre est une affec­ tion en elle-même. Mais Érasistrate et certains modernes pensent que c’est un symptôme1. La fièvre2 est un réchauffement de la chaleur innée, parce qu’elle est refoulée vers l’intérieur et ne peut être évacuée par la res­ piration. Nous reconnaissons ceux qui ont la fièvre à leur chaleur intense et maintenue à l’intérieur, et au début de la maladie, à un pouls dont l’attaque est indistincte, le mouvement inégal, avec fréquence ; mais au point culmi­ nant de la maladie, à la vivacité, l’amplification et la vitesse excessive du pouls. En revanche selon les modernes, c’est une chaleur venue du tréfonds de l’être, supérieure à la chaleur naturelle, mordante, âcre, persis­ tante, accompagnée de la fréquence et de la sécheresse du pouls, qui définit la fièvre. Mais pour tous, il y a deux formes de fièvre, continue et intermittente. La fièvre continue est celle qui ne cesse pas complètement avant que la maladie ne soit totalement détruite ; en revanche, il y existe six formes de fièvre intermittente selon les anciens : quotidienne, tierce, quarte, quintane, septane, nonane. La fièvre quotidienne est celle qui se manifeste et cesse chaque jour ou chaque nuit ; tierce est la fièvre

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ουσης σύμπτωσις του όγκου καί ίσχνότης περί το πρόσωπον καί μικροσφυξία μετ’ άτονίας. 5 Τον μέν ουν πυρετόν οι παλαιοί πάθος, αυτόν καθ’ αυτόν ηγούνται, Έρασίστρατος 8έ καί των νεωτέρων τινές έπιγέννημα. Πυρετός 8έ έστι τροπή του έμφυτου θερμού επί τό καυσωδέστερον, διά τό εις τό ένδον άποστρέφεσθαι καί έμποδίζεσθαι διαπνειν. Σημειούμεθα δε τούς πυρέττοντας εκ τε τής θερμής τής επιτεταμένης καί άπροίτου οΰσης καί των σφυγμών έν αρχή μέν εισβολής άμυδράς καί ανωμάλου κινήσεως μετά πυκνότητος, έν άκμή δέ σφοδροτάτης μετά έπάρσεως καί τάχους ύπερβάλλοντος. Κατά δέ τους νεωτέρους ή έκ βάθους άναφερομένη θερμασία πλείων τής κατά φυσιν, δακνώδης καί δριμεΐα καί έπίμονος, μετά τής των σφυγμών πυκνότητάς τε καί σκληρότητος, τον πυρετόν άφορίζει. Εϊδη δέ πυρετών κατά πάντας δύο, δ τε συν|εχής καί διαλείπων. Συνεχής μέν ουν έστιν ό εις άπυρεξίαν, πριν τελέως λυθήναι τό νόσημα, μή παυόμενος. Πάλιν δέ του διαλείποντος είδη είσίν εξ κατά τους αρχαίους, άμφημερινός, τριταΐος, τεταρταίος, πεμπταΐος, έβδομαΐος, έναταΐος. Άμφημερινός μέν ουν έστιν ό καθ’ Ικάστην ή νύκτα, ή ήμέραν έπισημαίνων καί άνιέμενος. TEST. : 4 Έ ρασίστρατος - έπιγέννημα , cf. E r a s is t r a t . Fragm. 195 Garofalo ; D io c l . Fragm. 56c van der Eijk.

2 μικροσφυξία V : μικροσφυγξία Μ II 5 του om. edd. Il 6 είς το om. V II 8 τε om. Μ II 9 και των σφ. V : εκ τε των σφ. Μ II post έν αρχή μέν add. καί Μ II 10 πυκνότητος V : σφυδρότητος Μ II 11 σφοδροτάτης V : -η Μ II 13 πλείω ν edd. : πλείω VM II καί δριμεΐα om. Μ II 14 τε om. Μ II 15 post σκληρότητος add. ούσα V II τον πυρετόν άφορίζει V : πυρετός άφορείσθω Μ II 16 συνεχής VM Aid. Basil. : συνδεχής Chartier II 18 μή om. Μ II 19 είσιν om. Μ II 20 άμφημερινός V : άφημερινός Μ II 21 εναταΐος V : ένναταΐος Μ II 22 έκαστην ή νύκτα ή ήμέραν V : ήμέραν ή νύκτος ή ήμέρας Μ II καί VM : ή edd.

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qui revient après un jour ; quarte, après deux jours ; quintane, après trois jours, septane, après cinq jours, nonane, après sept jours. L ’hémitritée tantôt apparaît dans la fièvre continue, tantôt est classée parmi les fièvres intermittentes. 6 Les autres maladies sont de deux sortes, soit accompagnées de fièvre, soit non : les pre­ mières sont aiguës, tandis que les secondes sont chro­ niques1. Voici les maladies aiguës : phrenitis, causus, synankè, pleuritis, peripneumonia, affection cardiaque, ictère, choléra, iléos, affection colique, apoplexie, téta­ nos, opisthotonos, emprosthotonos2. Les maladies aiguës proviennent toujours du sang et de la bile jaune, lorsqu’ils sont en excès dans certaines parties du corps qu’ils infestent, et qu’ils y tournent mal ; les maladies chroniques proviennent du phlegme et de la bile noire, de la même façon lorsqu’ils deviennent beaucoup plus abondants que de nature, ou bien lorsqu’ils deviennent plus âcres3. Il faut soigner les malades en retranchant quelque chose à ceux qui souffrent de pléthore, soit par le régime, soit par le jeûne, soit par une purgation, soit par la saignée ; et en ajoutant et en apportant quelque chose à ceux qui souffrent d’un manque ; pour ceux dont la maladie est causée par une indigestion ou par l’âcreté des humeurs, il faut aider la digestion avec des lotions et des cataplasmes, et diluer les aliments âcres tout en employant des nourritures digestes et humidifiantes. 7 II y a quatre moments pour appliquer les remèdes tout au long de la maladie dans ses phases particulières, le début, 1. La distinction opérée ici entre les maladies aiguës et chroniques est à l’origine, en apparence, du plan général de la suite du chapitre XIII ; mais la succession des paragraphes est en réalité moins limpide qu’il n ’y paraît. A titre de comparaison indicative, cette distinction entre maladies accompagnées ou non de fièvre ne recoupe aucune des définitions des maladies aiguës et chroniques données par les Défini­ tions médicales. Néanmoins, les maladies aiguës sont bien réputées pour être accompagnées de fièvre dès la Collection hippocratique : voir par exemple le Régime dans les maladies aiguës, V, 1-2 (Joly p. 37-38).

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Τριταιος δέ 6 παρά μίαν. Τεταρταίο? δε ό παρά δύο. Πεμπταιος δέ ό παρά τρεις, Έβδομαιος δε ό παρά πέντε. Έναταιος δέ ό παρά επτά. Ό δέ ήμιτριταιος δτε μέν εν συνεχεία έπιφαίνεται, δτε δέ έν τοίς διαλείπουσι τάττεται. 6 Των δέ άλλων νοσημάτων είδη δύο, είτε συν πυρετω εϊη είτε άνευ πυρετού. Τά μέν γάρ έστιν οξέα, τά δέ χρόνια. Όξέα μέν έστι τάδε, φρενιτις, καύσος, συνάγχη, πλευρίτις, περιπνευμονία, καρδιακή διάθεσις, ίκτερος, χολέρα, ειλεός, κωλική διάθεσις, άποπληξία, τέτανος, όπισθότονος, εμπροσθότονος. Τα μέν ουν οξέα ώς επίπαν υπό τε αίματος καί χολής ξανθής συνίσταται, πλεοναζόντων έν τισι μέρεσι του σώματος έν οις νοσοποιουσιν εκτρεπομένων επί το κάκιον, τά δέ χρόνια υπό φλέγματος καί με|λαίνης χολής ομοίως, ή πληθυνόντων πολύ παρά τό κατά φύσιν, ή μετάβαλλόντων επί τό δριμύτερον. Θεραπευτέον δέ τούς νοσουντας, κατά μέν δίαιταν άφαιρουντα των έκ πλή­ θους νοσούντων, ή δι’ άσιτίας, ή διά καθάρσεως, ή διά φλεβοτομίας. Προστιθέντα δέ καί προσφέροντα τοις εξ ένδειας εις τήν νόσον έμπεσουσιν, οίς δέ απεψία καί δριμύτης υγρών αίτια έστί, συμπέττειν δει ταις έπιβροχαις καί τοις καταπλάσμασι, κατακεραννύναι δέ τά δριμέα καί εύχύλοις καί ύγραινούσαις τροφαις χρήσθαι. 7 Οί δέ καιροί των βοηθημάτων έν τε δλω τω νοσήμάτι καί ταις μερικαΐς έπισημασίαις είσί τέσσαρες,1 1 post τριταιος om. δέ Μ II post τεταρταίος om. δέ Μ II 1-3 post πεμ πταΐος.,.έβδομαΐος...έναταιος om. δέ VM II 3 ό δέ ή. scripsi : ό ή. δέ Μ : ό ή. γάρ V II 5 τάττεται V : τέτακται Μ II 6 πυρετω Μ : -οις V II 7 ante όξέα add. και Μ ίί post οξέα add. ούν edd. II 10 εμπροσθότονος om. Μ II 12 συνίσταται V :-νται Μ II 13 νοσοποιοΰσιν V :-εΐ Μ II 16 post τούς add. έκ πλήθους edd. II 17 post άφαιρουντα add. τε edd. Il 17-18 των έκ πλήθους νοσούντων Μ : τον έκ π. νοσοΰντα V II 19 προσφέροντα V : προεισφέροντα Μ II 21 συμπέττειν δει V : συμπεσεΐν δεΐται Μ II 23 εύχύλοις V : έκ χύμοις Μ.

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Γamplification, le point culminant, le déclin. Au début de toute maladie, il convient de ne pas manger jusqu’au diatritos1 ; mais pour certains, de s’abstenir de tout jusqu’au diatritos ; les modernes jugent bon de pratiquer la sai­ gnée au début jusqu’au diatritos, les anciens la prescri­ vent même après le troisième jour, si les forces du malade peuvent le supporter et si la maladie le réclame. Le moment opportun pour donner de la nourriture se situe après le diatritos pour les modernes2 ; en revanche pour les anciens, cela ne concerne pas tous les malades, mais simplement ceux qui souffrent de pléthore, les jeunes gens ou les plus âgés ; en ce qui concerne les enfants au contraire, ils les nourrissent dès le début, ainsi que ceux dont c’est l’habitude, à cause de leur pays ou de leur environnement3. 8 Avant de donner de la nourriture à ceux qu’on nourrit après le premier diatritos, il faut employer les lotions sur la tête et sur le tronc ; puis les cataplasmes et les clystères. Pour les embrocations, il faut toujours en appliquer sur le tronc de chaudes et simples à base de cumin et de xylanéthon bouillis, et sur la tête des chaudes contre la léthargie et tout écoulement, mais des rafraîchissantes contre la phrenitis et toute fièvre aiguë4. Parmi les cataplasmes, les uns sont prépa­ rés uniquement à base de miel et d’huile d’olive - on les appelle adoucissants - d’autres, faits d’un mélange d’eau et d’huile - ceux que l’on appelle omèlusin5, d’autres sont réalisés avec des ingrédients tels que la fleur de farine, la graine de lin, et le fenugrec. Les clystères sont faits à base d’un mélange d’eau et d’huile, de miel, de 1. Le diatritos est une période de deux jours pendant laquelle le malade ne doit rien prendre ; c ’est une notion typiquement métho­ dique, et il est significatif de l ’influence de cette secte qu’elle puisse ainsi marquer un modeste abrégé de thérapeutique générale comme ce chapitre XIII du Médecin. C’est E. Issel qui le premier a fait remarquer cet emprunt de l ’auteur du Médecin aux méthodiques (Quaestiones Sextinae et Galenianae, p. 52). 3. Voir note 1.

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αρχή, επίδοσις, ακμή, παρακμή. Έν αρχή μέν όλου του |ί; νοσήματος άποσιτία αρμόζει μέχρι τής διατρίτου. Έφ’ Iών δε καί αποχή παντός μέχρι τής διατρίτου. Φλεβο­ τομίαν δε εν αρχή μέν κρίνουσιν οί νεώτεροι, μέχρι τής διατρίτου, οί δε παλαιοί καί μετά την τρίτην παραλαμβάνουσιν, εάν τα τής δυνάμεως υφεστήκη καί τό νόσημα άπαιτή. Τροφής δε καιρός ό μετά την διάτριτον κατά τούς νεωτέρους, κατά δε τους παλαιούς ούκ | 732 επί πάντων, άλλ’ επί των εκ πλήθους νοσοόντων καί 10 επί νέων καί επί πρεσβυτέρων. Έπί δε παιδιών απ’ αρχής τρέφουσιν καί έφ* ών έθος τοιουτον, ή δια χώραν, ή διά τό περιέχον. 8 Προ δε τής τροφής των μετά την πρώτην διάτριτον έμβροχαις χρηστέον τής κεφαλής καί των μέσων. Ταΐς δε εξής καταπλάσμασι 15 καί κλύσμασι. Τάς μέν ουν έμβροχάς αεί τάς έπί των μέσων θερμός παραληπτέον καί άπλάς έψουντας κύμινον ή ξυλάνηθον, τάς δέ έπί κεφαλής θερμός μέν έπί λήθαργου καί πόσης καταφοράς, εμψυχουσας δέ έπί φρενιτίδων καί έπί παντός πυρετού οξέος* των δέ 20 καταπλασμάτων τό μέν διό μόνου μέλιτος καί ελαίου κατασκευάζεται καί καλείται μαλακτικά, τό δέ δι* ύδρελαίου, άπερ όνομάζουσιν ωμήν λυσιν, τό δέ έμπλασσόμενα τουτοις, οιά εστι γυρις καί λινόσπερμον

1 έπίδοσις Μ : άνάβασις V II όλου του νοσήματος V : τ. ο. ν. Μ II 2 άποσιτία V : -εία Μ II διατρίτου scripsi : δια τρίτου Μ δια τρίτης V II 2-3 έφ' ών δέ —- τής διατρίτου om. Μ II 3 αποχή V : αρχή Chartier II διατρίτου scripsi : διά τρίτης V II φλεβοτομίαν V : -α Μ II 4 μέν V : έκ Μ II διατρίτου scripsi : διά τρίτου Μ διά τρίτης V II 5 post και add. τά Μ II 6 υφεστήκη Chartier : -ει V οι Μ II 7 άπαιτή Μ : -εΐ V II ô om. V II 13 έμβροχαις scripsi : έπιβροχαις V εμβροχεΐν Μ II 15 μέν Μ : δέ V II post άεί add. και edd. II 16 post άπλάς add. μέν Μ II 17 τάς V : τά Μ II κεφαλής Μ : -ήν V II 18 post καί add. ώς έπί πόλυ ώς Μ II 21 κατασκευάζεται V : σκευάζεται Μ II μαλακτικά V : μακτά Μ II 22-23 έμπλασσόμενα MV : έμπασσόμενα edd.

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sels, d’un peu de nitre. Le moment de les appliquer se situe avant la nourriture, quand les symptômes se relâ­ chent dans le déclin de la maladie. Pour les fièvres conti­ nues, au petit jour1. 9 La phrénitis2 est une perte de la rai­ son accompagnée de forte démence, de mouvements désordonnés des bras, de crocydisme et de carphologie3, ainsi que de fièvre aiguë. Elle survient la plupart du temps à cause de la bile. Elle s’installe autour de l’encé­ phale, des méninges, ou comme disent certains des « phrènes », partie appelée diaphragme. Le traitement qui convient est le suivant : si on arrive à la prévoir, au début, par la saignée et l’application de ventouses, sous­ traction, clystère et jeûne conviennent ; en revanche, si la maladie est installée, lotions soporifiques et onguents hypnotiques, et nourritures humidifiantes. 10 Le causus est une sorte de fièvre, mais il est rangé par Hippocrate4 parmi les maladies aiguës, comme la fièvre quarte dans les maladies chroniques, mais chez les modernes ce n’est plus le cas. Il s’installe à cause d’une bile pas trop sèche au niveau des petites veines du foie. On le soigne au début par la saignée et par le refroidissement au point culminant, que ce soit par boissons rafraîchissantes ou par compresses, comme celles à base d’un mélange d’eau et d’huile bouillies. 11 La cynanke et la synanke sont des inflammations au niveau du cou, l’une le suffoquant vivement à l’intérieur (cynanke), tandis que la synanke tend plutôt vers l’extérieur, et pour cette raison suffoque moins, et est moins dangereuse. Les deux maladies vien­ nent soit de la bile, soit d’un phlegme amer. Elles s’ins-

1. Ici se termine le manuscrit M, le seul représentant de la famille B à nous donner, en face de V (le prototype de la famille A), le ch. XII et le début du ch. XIII. Etant donné qu’il prend fin très précisément là où reprend le texte dans les manuscrits de l’autre branche de la famille B, il est clair que, dans chaque branche de cette famille, un cahier dif­ férent a disparu à date relativement ancienne.

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και τήλις. Οί δέ κλυσμοί δΓ υδρελαίου καί μέλιτος καί αλών καί νίτρου βραχέος. Καιρός δέ τούτων ό προ τής τροφής έν άνέσει των έτπσημασιών έν παρακμή, έπί δέ τών συνεχών ό όρθρος. 9 Φρενιτις μέν ουν έστιν έκστα5 σις διανοίας μετά παρακοπής σφοδράς καί χειρών αλό­ γου περιφοράς καί κροκυ|δισμού καί καρφολογίας καί πυρετού οξέος. Γίνεται δέ έξ αιτίας ως έπί πολύ χολής. Συνίσταται δέ περί εγκέφαλον, ή μήνιγγας, ή ως τινες λέγουσι περί φρένας, ο διάφραγμα καλείται. Θεραπεία 10 δέ αρμόδιος ήδε. Εί μέν προγνοίη τις εν άρχή διά φλε­ βοτομίας καί σικύας, άφαίρεσις δέ καί κλυσμός καί άποσιτία αρμόδιος. Ένστάντος δέ τοϋ πάθους έπιβροχαί καρωτικαί τε καί υπνωτικά επιχρίσματα καί τροφαί υγραίνουσαι. 10 Ό δέ καΰσος είδος μέν έστι 15 πυρετού, τέτακται δέ υπό μέν Ίπποκράτους έν τοις οξέσιν, ώς ό τεταρταίος έν τοις χρονίοις, υπό δέ τών νεωτέρων ούκ έτι. Συνίσταται δέ έκ χολής, ουκ άγαν ξηράς περί τα φλεβία, τά κατά τό ήπαρ. Θεραπεύεται δέ φλε­ βοτομία έν άρχή καί ψυχρού δόσει έν άκμή, ή πόμασιν 20 έμψύχουσιν, ή έπιθέμασιν, οιόν έστι τό δΓ ύδρελαίου ζεστού. 11 Κυνάγχη δέ καί συνάγκη φλεγμοναί είσι περί τον τράχηλον, ή μέν περί τό έντός αυτού όξέως πνίγουσα, ή κυνάγκη* ή δέ συνάγκη εις τά έκτος μάλλον νεύουσα καί διά τούτο ήττον πνίγουσα καί 25 ήττον κινδυνώδης έστι. Γίνεται δέ έκάτερον πάθος ή TEST. : 13 Ό δέ - 15 δξέσιν, cf. Ηιρρ. Aer. III, 4 (ed. Jouanna ρ. 191) ; Reg. Acut. V, 1 (ed. Joly p. 37-38).*9

3 έν παραχμή VM : και π. edd. Il 4 post όρθρος des. Μ II a φρενΐτις inc. rursus μ II 5 αλόγου u : -ων V II 7 οξέος VU : όξέως S II 9 ό VU : ή S II 12-13 έπιβροχαί καρωτικαί edd. : έπιβροχαΐς καρωτικαις codd. Il 13 ante ύπνωτικα add. τά codd. Il 14 ό om. edd. Il 20 έπιθέμασιν codd. : έπιθέσεσ ιν edd. Il δΓ VU : δέ S II 22 ή V2 u : εί V.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XIII 11-14

tallent tantôt avec une fièvre aiguë, tantôt sans fièvre. Le traitement le plus noble et le plus prompt, consiste à sai­ gner aussitôt, dès le début de la maladie, et ensuite, à donner des médicaments qui évacuent le phlegme et à appliquer à l’extérieur des compresses de cérat. Asclépiade, pour ceux qui suffoquent extrêmement, va jusqu’à l’incision du larynx. 12 La pleuritis est une inflammation interne du côté, accompagnée d’une fièvre aiguë, de dou­ leurs vives, et de toux1. Elle provient surtout de la bile. Elle se traite au début par la saignée2, ensuite par les cata­ plasmes et par les fomentations sèches, comme celles à base de millet et de sel, troisièmement par les médica­ ments qui purgent à l’intérieur, intitulés « pleuritiques ». Surveiller néanmoins chez ces patients les flux du ventre. 13 La péripneumonia paraît pour les uns être une inflam­ mation grave du poumon et manifeste ce fait par sa gra­ vité3 ; pour les autres, le poumon ne peut pas être enflammé, mais ils disent que c’est la région qui l’entoure (péri-pneumona) qui, mise dans un tel état, fait que l’on nomme ainsi cette maladie4. Elle s’installe avec une fièvre aiguë, et par les mêmes causes que la pleuri­ tis ; mais, selon certains, à cause du phlegme5. Le traite­ ment est pour l’essentiel identique à celui de la pleuritis. 14 L ’affection cardiaque n’a pas reçu ce nom du fait que la maladie affecte le cœur, mais parce que les anciens appelaient cardia l’œsophage. Il arrive que lorsque l’œsophage se distend au cours d’une fièvre aiguë les malades subissent une évacuation forte. La maladie vient le plus souvent de privations excessives de nourriture ou d’une saignée inopportune, ou encore d’une soustraction de sang dénuée de raison d ’être. C’est pourquoi ils ont 2. La leçon d’origine de V était peut-être la bonne, à une faute de déclinaison près (cas de φλεβοτομία) ; la locution ή + préposition + complément est confirmée dans les deux autres traitements possibles donnés par l’auteur (ή διά + G.). Mais puisque le texte de V2 et des manuscrits de la famille B est concordant, et acceptable, nous préfé­ rons garder le texte de la vulgate.

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ύπό I χολής, ή ύπό φλέγματος αλμυρού. Συνίσταται 8έ 734 δτ€ μέν συν πυρετώ όξει, οτε δέ χωρίς πυρετού. Θερα­ πεία 6ε ή μέν γενναιότατη καί όξυτάτη ευθύς εν αρχή δια φλεβοτομίας, μετά δέ ταύτα δια των άποφλεγμα5 τιζόντων φαρμάκων καί των έξωθεν επιτιθεμένων κηρωτών. Άσκληπιάδης δέ επί των άκρως πνιγομένων καί λαρυγγοτομει. 12 Πλευρίτις δέ έστι φλεγμονή περί το πλευράν εκ των ένδον, μετά πυρετού οξέος καί άλγημάτων σφοδρών καί βηχός. Γίνεται δέ ύπό χολής 10 μάλιστα. Θεραπεία δέ εν αρχή μέν φλεβοτομία, ειτα ή διά τών καταπλασμάτων καί ξηρών πυριών, οιον κέγχρου καί άλών τρίτη ή διά τών άνακαθαιρόντων ένδοθεν φαρμάκων πλευριτικών επιγραφομένων. Φυλάττεσθαι δέ επί τούτων τάς τής κοιλίας ρύσεις. 13 Ή δέ περι15 πνευμονία τοίς μέν δοκει φλεγμονή βαρεία είναι περί πνεύμονα καί τώ βάρει τούτο διαδείκνυται. Τοίς δέ où δοκει ό πνεύμων δυνασθαι φλεγμαίνειν, τα πλησίον δέ αυτού φασίν εν τοιαύτη διαθέσει γινόμενα ούτως όνομάζεσθαι αυτήν ποιεί. Συνίσταται δέ τό πάθος τούτο 20 μετά πυρετού οξέος καί ύπό | τών αυτών αίτιων ών καί 735 ή πλευρίτις* κατά δέ τινας ύπο φλέγματος. Θεραπεία δέ τα πολλά όμοια τή πλευρίτιδι. 14 Ή δέ καρδιακή διάθεσις ουκ από τοΰ ττερί καρδίαν είναι τό πάθος ούτως ώνομάσται, ά λλ’ έπεί καρδίαν οι παλαιοί τον 25 στόμαχον έκάλουν. Τούτου δέ άναλυομένου εν πυρετώ όξεί συμβαίνει τους κάμνοντας διαφορεΐσθαι. Γίνεται δέ τό πάθος ως επί τό πολύ μέν εκ τών άμέτρων άποσιτιών, ή εκ φλεβοτομίας άκαίρου, ή τίνος άφαιρέσεως7 7 λαρυγγοτομει u : -ή V It 8 όξέος V2 : -ως V u II 10 post μέν add. ή ύπό V expnx. V2 II 11-12 κέγχρου codd. :-ων edd. II 1415 περιπνευμονία SR Chartier : πνευμονία VU P Aid. Basil. Il φλεγμονή βαρεία V : φλεγμονήν βαρεΐαν u II 20 οξέος V : -ως u II post ών om. και edd. II 24 ούτως V2 u : om. V II ώνόμασται codd. : ώνομάσθη edd. Il 27 post επί om. τό S.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XIII 14-17

besoin de nourriture qui se répartit bien et qui réchauffe, comme par le vin mêlé à la glace et parmi les aliments solides tout ce qui est plutôt nourrissant et peut tonifier l’œsophage. Il arrive parfois que cette maladie survienne par l’inflammation des entrailles, en particulier du foie, lorsque, au contraire, il faut procéder à une soustraction de sang et appliquer des cataplasmes sur les parties enflammées. 15 L ’ictère est une remontée de bile vers la peau, tantôt accompagnée de fièvre aiguë, tantôt aussi sans fièvre, avec brûlure à l’intérieur et difficultés diges­ tives. Il faut, si le milieu du corps est enflammé, utiliser d’abord les cataplasmes, et, en cas de pléthore sousjacente, la saignée, sinon, les médicaments qui évacuent la bile soit par le ventre et l’intestin, soit par l’urine, soit par le nez, soit par la sueur. 16 Quant au choléra1, il en existe deux formes d’après Hippocrate : d’abord l’humide, dont beaucoup savent qu’il est accompagné d’excrétion forte et bilieuse, par en bas comme par en haut, de coliques douloureuses auxquelles s’ajoutent les spasmes et des crampes, surtout dans les mollets. Les soins se composent de lotions chaudes sur les membres atteints de crampes, de bains après la purgation, de nour­ riture facile à supporter, à répartir, à digérer. Hippocrate appelle la seconde espèce choléra sec2, qui a la même cause et s’installe au même endroit, mais sans flux de ventre ni vomissements. C’est pourquoi il requiert3 au préalable du repos et des cataplasmes, et non pas un apport de nourriture mais au contraire une suppression. 17 L’iléos et l’affection colique sont des inflammations I. Aucun des deux « choléras » ne correspond à la maladie épidé­ mique qui dévasta l’Europe au XIXe s. ; il s ’agit pour les médecins grecs d ’un simple syndrome digestif, voir M. D. Grmek, Les maladies à l'aube de la civilisation occidentale, p. 20 et du même auteur, la note 99 à Arétée, Des causes et des signes des maladies aiguës et chro­ niques, II, 5, traduction de Laennec (p. 49). Sur le « choléra » antique, voir B. von Hagen, « Antike Choleraberichte », Jenaische Zeitschrift fur Medizin und Naturwissenschaft, 75, 1942, 279-299.

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αλόγου παραληφθείσης. Αιό τροφής δέονται τής εύαναδότου καί άναθερμαινούσης, ώσπερ τής δΓοϊνου καί χιόνος καί των στερεών όσα τροφιμώτερα καί τον στόμαχον τονουν δυνάμενα. Έστι δε δτε καί φλεγμαινόντων των ένδον, μάλιστα δε τού ήττατος, τούτο γίνε­ ται, δτε τουναντίον, άφαιρέσεως δείται καί καταπλάσεως τής επί των φλεγμαινόντων. 15 Ίκτερος δε έστιν άνάχυσις χολής εις την επιφάνειαν, ότε μεν συν πυρετω όξει, ότε δε καί άνευ πυρετού, μετά έγκαύσεως των ένδον καί κακοστομαχιάς. Δείται δε, εί μεν τα μέσα φλεγμαίνει, καταπλασμάτων πρώτον καί εί πλήθος ύποκέοιτο φλε|βοτομίας, εί δέ μή, των τήν χολήν 736 κενούντων ή διά κοιλίας καί εντέρων, ή δΓ ουρών, ή διά ρινών, ή διά ιδρώτων. 16 Ή δέ χολέρα διττή εστι καθ’ Ίπποκράτην, ή μεν υγρά, ήν καί πολλοί ΐσασι μετ’ έκκρίσεως σφοδράς καί χολώδους κάτωθέν τε καί άνω­ θεν καί στροφών χαλεπών μετά τών επιγινομένων σπασ­ μών καί συνολκών κατά τάς γαστροκνημίας μάλιστα* επιμέλεια δέ επιβροχών μέν θερμών κατά τών συνελκομένων* καί λουτρού μετά τήν άποκάθαρσιν καί τροφής ευδιοικήτου τε καί εύαναδότου καί εύστομάχου. Τό δέ έτερον είδος ξηράν χολέραν καλει ό Ιπποκράτης, υπό μέν τού αυτού αίτιου γινομένην καί περί τά αυτά συνισταμένην, άνευ μέντοι ρύσεως κοιλίας καί έμέτων. Διό καί δείται προανέσεώς τε καί [διά] καταπλασμάτων καί ου προσφοράς, άλλα τουναντίον ένδειας. 17 Ειλεός δέ TEST. : 14 ή δέ - 26 ένδειας, cf. HlPP. Reg. Acut. (sp.) LI (ed. Joly p. 90) ; Epid. V, 10 (ed. Jouanna p. 6).2

2 post ώσπερ om. τής edd. Il 9 μετά έγκαύσεως V : μετ' έ. u 11 14 δια Ιδρώτων u : δΓ i. V II 16 post χολώδους add. και V II 17 έπιγινομένων V : έπιγενομένω ν w II 21 εύαναδότου codd. : εύανοδedd. II 23 αυτού codd. : αύτω Chartier II 24 έμέτων VU : έ μέσων S II 25 δεΐται edd. : δεΐσθαι codd. fl ante καταπλασμάτων deleui διά.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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des intestins, l’une de l’intestin grêle, l’autre du colon. C’est pourquoi les excréments sont enfermés, ainsi que les vents, qui, enroulés dans les intestins, du fait qu’ils ne peuvent pas sortir provoquent des douleurs vives et des coliques1. D’après l’état dans lequel il met le malade et d’après ses symptômes, Viléos est plus aigu et d’autant plus dangereux. Des vomissements parmi les symptômes de Viléos surviennent chez ceux qui souffrent gravement de l’une ou l’autre de ces maladies. On guérit2 le mieux Viléos au début par la saignée, et la plupart du temps par des jeûnes, des cataplasmes qui relâchent et détruisent les inflammations. Les médicaments « coliques » que l’on administre par voie anale sont bien évidemment utiles, car ils atténuent les douleurs, apportent le sommeil et sti­ mulent l’excrétion. 18 L’apoplexie survient par pléthore d’humeurs épaisses obstruant les vaisseaux de la tête qui transmettent à tout le corps la sensation et le mouve­ ment ; c’est pourquoi les apoplectiques se retrouvent pri­ vés de la sensation, de la voix, et du mouvement3. Hip­ pocrate dit au sujet de cette affection : il est impossible de guérir une apoplexie violente, et difficile d’en soigner une petite4 ; saigner aussitôt ceux qui sont atteints, à condition que l’âge soit conforme et que les forces puissent le supporter. 19 Le tétanos, 1’opisthotonos et l’emprosthotonos sont des affections des nerfs. Chacun est une forme de spasme des nerfs qui, partant de la tête, transmettent le mouvement au corps. Elle survient par l’obstruction des nerfs par des humeurs épaisses, tantôt à l’arrière, de sorte qu’on ne peut plus se pencher en avant,

2. L ’addition de ίάται par Chartier nous paraît indispensable pour que la phrase ait un sens ; nous l’avons donc reprise à notre compte. 3. Ceci est cohérent avec la doctrine affichée depuis le début par l’auteur ; ce dernier ne s’est pas fait faute, en effet, de rappeler que les nerfs partent du cerveau et transmettent au corps la sensation et le mouvement : voir ch. XI, 2.

§1

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ΙΑΤΡΟΣ · ΕΙΣΑΓΩ ΓΗ , XIII 17-19

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καί κωλική διάθεσις φλεγμοναί είσιν εντέρων, ή μέν του λεπτού, ή δέ του κώλου. Διό καί αποκλείεται τά τ€ διαχωρήματα καί αί φύσαι ένειλούμεναι τοις έντέροις, τώ μή έχειν διέξοδον, | όλγήματα σφοδρά ιταρέχουσι 737 καί στρόφους. Όξύτ€ρον δέ καί τή διαθέσ€ΐ καί τοις συμπτώμασιν ό ειλεός καί κινδυνωδέστερος. Εμετοί τε γίνονται των είλεωδών, τοις εσχάτως έχουσιν εκάτερον τό πάθος. Έν αρχή μέν φλεβοτομία ό ειλεός μάλιστα ίάται, τα πολλά δέ άσιτίαις καί καταπλάσμασι τοις άνιείσι καί λύουσι τάς φλεγμονάς. Έναργέστερον δέ βοηθεΐ τά ένδοθεν ένιέμενα κωλικά φάρμακα. Των τε γάρ άλγημάτων ρύεται καί ίίπνον επάγει καί την διαχώρησιν κινεί. 18 Αποπληξία δέ γίνεται μέν διά πλήθος υγρών παχέων, έμφραττόντων τά από τής κεφαλής αγγεία, τά διαδιδόντα εις παν τό σώμα τήν αΐσθησιν καί τήν κίνησιν, διό καί αναίσθητοι καί άφω­ νοι καί άκίνητοι γίνονται οί άπόπληκτοι. Λέγει δέ Ιπποκράτης περί τουδε τού πάθους* άποπληξίην ισχυρήν μέν λύειν αδύνατον, άσθενέα δέ ου ρηΐδιον. Φλεβοτομεΐν δέ ευθυς τούς κεκρατημένους, εάν καί τά τής ήλικίας συνάδη καί ή δυναμις υπάκουη. 19 Τέτα­ νος δέ καί όπισθότονος καί έμπροσθότονος περί τά νεύρα πάθη. Είδος δέ έστιν εκάτερον σπασμού τών από τής κεφαλής νεύρων, δΓ ών τήν | κίνησιν διαδίδωσιν εις 738 τό σώμα. Γίνεται δέ έμφραξιν υγρών παχέων τών νεύρων, ότέ μέν εις τουπισθεν, ώστε μή συννεύειν, καί TEST. : 18 άποπληξίην - 19 βηίδιον, cf. Littré IV, 482).

H lPP.

Aph. II, 42 (ed.

4 διέξοδον u : έξοδον haud facile legitur V τήν έξοδον edd. Il 9 Ιάται add. Chartier il 10 έναργέστερον codd. : ένεργέστερον edd. Il 17 post γίνονται om. ol edd. Il 19 Ισχυρήν u : -αν V II 21 υπά­ κουη u : -ει V II 23 post νεύρα add. τά codd. Il 26 συννεύειν Chartier : συνεύειν codd.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XIII 19-20

on l’appelle alors Γopisthotonos ; tantôt en avant, de sorte qu’on ne peut plus se pencher en arrière, et on l’appelle emprosthotonos ; tantôt verticalement, de sorte qu’on nepeut plus se courber, et on l’appelle tétanos. On la soigne par saignée, en cas de pléthore sous-jacente, comme c’est le cas pour un malade chez Hippocrate, qui s’était blessé à la tête en tombant1. On guérit ces malades en versant sur eux beaucoup d’eau froide, surtout en été, si le malade n’est pas chétif, mais bien en chair, car cela entraîne un rappel de chaleur. Et aussi, la plupart emploient des cérats qui réchauffent légèrement et qui relâchent, des onguents ayant les mêmes propriétés, appliquent de la laine imprégnée d’huile, utilisent des fomentations et des cataplasmes chauds. [La chirurgie est une ablation méthodique de ce qui est justement appelé étranger, par coupures et coutures renforcées par les soins des blessures et ulcères, appliqués au corps humain.]2 20 Voici les maladies chroniques qui s’installent dans le corps : céphalée, épilepsie, vertiges, éblouissements, folie, mélancolie, léthargie, rhume, enrouement, catarrhe, crachements de sang, empyème du thorax, phtisie, abcès entre les côtes, abcès caché3, maladie du foie, constipa­ tion, dysenterie, ver plat, ver rond, ascarides, maladie de la hanche, arthrite, podagre, éléphantiasis ; mais elle

1. E. Issel a émis une hypothèse pour identifier le cas dont il est question ici. Il propose Epid. VI, 5, 1, 23, à propos d ’un certain Eumèlos de Larissa. L ’allusion du Pseudo-Galien ne fournit guère d ’indice, et l ’on ne saurait se guider à l’aide du participe τραυματισθείς, d ’emploi tardif (et complètement étranger à la Collection hippocra­ tique). 3. Sur ce type d’abcès, voir Oribase, Coll. Med., XLIV, 6 (tiré d ’Héliodore). Le traitement est évoqué plus brièvement dans la suite du ch. XIII du Médecin, p. 28.

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καλείται όπισθότονος, ότε δε των εις το έμπροσθεν, ώστε μή άνανεύειν, καί καλείται έμπροσθότονος, ότέ 8ε επ’ ευθείας, ώστε μή συγκάμπτεσθαι, καί τέτανος προσωνόμασται. Θεραπεύεται δε υπό φλεβοτομίας, εί πλήθος ύπόκειται, ώς ό παρ’ Ίπποκράτει καταπεσών καί τήν κεφαλήν τραυματισθείς. Ίάται δε αυτούς καί ψυχρού πολλου κατάχυσις, θέρους ώρα μάλιστα, εί μή ισχνός, άλλ’ εύσαρκος εΐη ό πασχών. Θέρμης γάρ έπανάκλησιν ποιείται. Ώς δε οι πολλοί χρώνται κηρώμασι τοίς ή ρέμα θερμαίνουσι καί χαλώσι καί άλείμμασι τοΐς όμοίοις καί ερίων ήλαιωμένων επιθέσει καί πυρίαις καί καταπλάσμασι θερμοΐς. [Χειρουργία έστιν άρσις Ιμμέθοδος του ιδίως λεγομένου άλλοτρίου διά τομών τε καί καταρτισμών μετά τής τών τραυμάτων καί ελκών θεραπείας, έπ ανθρώπου σώματι παραλαμβανομένη.] 20 Χρόνια 8έ πάθη περί τα εντός συνίσταται τάδε* κεφαλαία, επιληψία, ίλιγγοι, σκοτώματα, μανία, μελαγ­ χολία, λήθαργος, κόρυζα, βράγχος, κατάρρους, αίμα­ τος άναγωγή, εμπύημα έν θώρακι, φθίσις, απόστημα εν μεσοπλεύρια), απόστημα έν κατακαλύψει, ήπατική διάθεσις, τεινεσμός, 8υσεν|τερία, έλμινς ή πλατεία, έλμινς 739 ή στρογγυλή, άσκαρίδες, ίσχιάς, άρθρίτις, ποδάγρα, TEST. : 5 ώς - 6 τραυματισθείς, cf. H ip p . Epid. VI, 5, 6 (ed. Manetti-Roselii ρ. 110). - 8 Θ έρμης - 9 ποιείται, cf. H ip p . Aph. V, 21 (ed. Littré IV, 538).3 3 συγκάμπτεσθαι V : συγκάπτεσθαι u II 12-15 χειρουργία έστιν άρσις έμμέθοδος του ιδίως λεγομένου άλλοτρίου διά τομών τε [τε om. edd. ] και καταρτισμών μετά τής τών τραυμάτων καί έλκων θεραπείας επ' ανθρώπου σώματι παραλαμβανομένη add. codd. : transp. P edd. usque ad incipium cap. 19, vide p. 90 II 16 συνίσταται edd. : -νται codd. Il 17 σκοτώματα u : σκηρώματα V (I 18 βράγχος V : -η u II 20 κατακαλύψει scripsi : κατακλεισιν codd. Il 21 έλμινς ή πλατεία codd. : ελμινθες ai πλατεΐαι edd. Il έλμινς ή στρογγύλη VSR : ελμινθες ή στρογγύλη U ελμινθες al στρογγύλαι edd.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XIII 20-23

semble faire partie des maux externes1. 21 Parmi donc les maladies chroniques, la céphalée est une douleur surve­ nant de façon intermittente à l’intérieur de la tête, mou­ vante la plupart du temps, et causée par le phlegme. Mais lorsque la douleur touche une partie seulement de la tête on l’appelle aussi hétérocranie. Le traitement des deux se fait par soustraction de sang ou par pose de ventouses sur Yinion, par évacuation de phlegme, par purgation du ventre et par emplâtres, tout ce qui appartient au genre des cataplasmes, sous forme d’émollient et d’onguent, et pour finir la cause est complètement asséchée par sina­ pisme. 22 L’épilepsie, que l’on appelle aussi maladie sacrée2, s’installe aux extrémités des nerfs qui partent de la tête, par lesquels sont transmis à tout le corps la sensa­ tion et le mouvement ; la cause de l’affection, selon Pla­ ton et Hippocrate3, est le phlegme allié à la bile noire. C’est pourquoi ceux qui sont atteints par ce mal tombent, parce que les voies de la sensation et du mouvement se bouchent, et écument4, à cause de l’agitation des humeurs, qui vient du spasme des nerfs ; c’est pourquoi il arrive aussi qu’ils urinent involontairement. Le mal est soigné chez les enfants prépubères par la nature, qui éclate vers la puberté et provoque une crise de la maladie, en asséchant les causes du mal par la chaleur innée. Mais chez ceux qui ont dépassé la puberté, le mal est difficile, voire impossible à soigner. 23 Les éblouissements et les vertiges sont apparentés à l’épilepsie, surviennent par les mêmes causes, et s’installent dans la même région ; mais

4. Sur le verbe άφρίω {vel άφριέω) voir Hippocrate, Maladies Π (éd. Jouanna) p. 138, note 1. Ici, seuls les manuscrits de la famille B offrent une leçon acceptable : le verbe άφριάω-ώ, formé sur άφρίω, est certes une forme réputée poétique (LSJ, Chantraine), mais ce n ’est pas une raison suffisante pour la corriger.

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έλεφαντίασις* δοκει δέ των έκτος είναι. 21 Των ουν χρονιών κεφαλαία έστί κ€φαλής άλγημα ένδιάθετον περιοδικώς ένίοτε, τα πολλά κινούμενον, ύττό φλέγμα­ τος γινόμενον, ότέ δέ εις εν μέρος τής κεφαλής τό αλγημά έστι καί καλείται έτεροκρανία* ϊασις δέ άμφοτέρων δι’ άφαιρέσεως αίματος, ή δια σικόας έττι τό ίνίον καί άποφλεγματισμου καί διό κοιλίας κάθαρσιν καί έπιθεμάτων, δσα αναγράφεται έν καταπλάσματος τρόπω, ή έν μαλάγματι, ή έπιχρίσματι, τό δέ τελευταιον σιναπισμώ άναξη ραίνεται τό αίτιον. 22 Επιληψία δέ, ήν καί ίεράν νόσον καλουσι, συνίσταται μέν περί τάς άρχάς των από κεφαλής νεύρων, δι* ών ή αϊσθησις καί ή κίνησις εις απαν τό σώμα διαδίδοται. Αίτια δέ του πάθους, ώς ό Πλάτων καί Ιπποκράτης φασί, φλέγμα καί χολή μέλαινα, διό καταπίπτουσιν οί τω πάθει έχόμενοι, έμφραττομένων αύτοις των οδών τής τε αίσθήσεως καί τής κινήσεως, άφριώσι δέ διά τον κλόνον τών υγρών, ος γίνεται άπό του σπασμού τών νεύρων, διό | έστιν δτε 740 καί ουρον έκκρίνουσιν άπροαιρέτως. Ίάται δέ τό πάθος έπί μέν τών προ ήβης παίδων, ή φύσις έκλάμψασα περί ήβην καί κρίσιν του νοσήματος έργασαμένη, τω έμφύτω θερμώ άναξηράνασα τά αίτια. Τοις δέ μετά τήν ήβην δυσίατον, ή καί άνίατον τό πάθημα. 23 Τά δέ σκοτώματα καί αί ϊλιγγες συγγενή έστιν έπιληψίας καί υπό τών αυτών αιτίων γινόμενα καί περί τά αυτά χωρία

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TEST. : 13 Α ίτια - 15 μέλαινα, cf. P lat. 77m. 85a-b ; H ipp. Epid. VI, 8, 31 (ed. Manetti-Roselli p. 192 sq) ; Aph. III, 20 (ed. Littré IV, 494) ; Reg. Acut. (sp.) VII (ed. Joly p. 71).

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1 δοκεΐ δέ τών έκτος είναι fort. add. codd. Il 9 μαλάγματι... έπιχρίσματι codd. : μαλάγμασ ιν.,.έπιχρίσμασ ιν edd. Il σιναπισμω V : συν. u II 13 άπαν u : παν V II 14 φασί V : φησί u II 17 άφριώσι u : άφρίττουσι V άφρώσι edd. Il 23 post ή om. καί u II 24 ante έπιληψίας add. τής edd.

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leur implantation est superficielle et peu profonde, c’est pourquoi ils sont plus faciles à soigner, grâce à des pur­ gations du ventre, surtout à base de hiéra, et ensuite grâce à la prescription d’évacuations de phlegme et de vomissements en alternance, les uns après le dîner, et les autres à jeun. Dans tous les cas l’ellébore1 est bénéfique. 24 La perte de la raison présente deux formes principales, la manie et la mélancolie ; les différences sont nom­ breuses aussi à l’intérieur de ces deux espèces, et impos­ sibles à énumérer de façon exhaustive2. La perte de rai­ son s’installe dans la tête tout entière ; la cause de la manie est la bile jaune : pour cette raison, ceux qui sont possédés par cette maladie sont troublés, emportés, ont la main leste, et sont arrogants. La cause de la mélancolie est la bile noire, humeur plutôt froide et sombre ; c’est pourquoi ces malades craignent le bruit3 et sont tristes ; ils se méfient de tout, détestent les hommes et se plaisent dans les lieux déserts, tel que nous est décrit Bellérophon : Cependant, le long de la plaine d’Alès4, il errait seul, Dévorant son cœur, évitant le sol foulé par les hommes5. Le traitement se fait par purgation du ventre et surtout par vomissements ; et, dans tous les cas, les deux ellé­ bores guérissent. 25 La léthargie est le mal contraire de la phrenitis ; c’est en effet un endormissement profond dont il est difficile de se relever ; les malades oublient tout ce qu’ils disent, mais cela ne les quitte pas durant la 2. Le classement de la manie et de la mélancolie est conforme à la tradition majoritaire des médecins. Pour une tradition différente, voir Celse d ’après l ’analyse de J. Pigeaud (1994, 257-279). Sur la manie, la mélancolie, la phrénitis et leurs « innombrables » variantes, on peut se reporter à la courte mais appréciable synthèse de J. L. Heiberg, Geisteskrankheiten im klassischen Altertum, Berlin-Leipzig, 1927. Voir aussi la note suivante. 4. La « plaine d ’Alès » est située en Cilicie et Hérodote la men­ tionne au livre VI des Histoires, ch. 95 ; on la retrouve plusieurs fois chez Strabon, Geographica, XIV, 5.

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συνιστάμενα. Επιπόλαια μέντοι ή κατασκευή αυτών καί ούκ ενδιάθετος, διό καί εύιατωτερα καθάρσεσι ταις από κοιλίας, μάλιστα τή ιερά, έπειτα άποφλεγματισμοις καί εμετοις εν κύκλω παραλαμβανομένοις, τοις μέν από δείπνου, τοις δέ νήστεσιν. Έπί πάσι δε κατορθούται έλλεβόρω. 24 Τής δε περί την διάνοιαν έκστάσεως, δύο μεν τα εξέχοντα είδη μανία τε καί μελαγχολία. Πολλαί δε καί εν τούτοις αί διαφοραί, ακατονόμαστοι ουσαι. Συνίσταται μέν ουν περί κεφαλήν πάσαν έκστασις διανοίας. Αίτια δέ τής μέν μανίας ξανθή χολή. Διά τούτο ταραχώδεις καί έκφοροι καί πρόχειροι υβρισταί τε οί τούτω έχόμενοι τω πάθει. Τής δέ μελαγχολίας | αιτία μέλαινα χολή, ψυχρότερος χυμός καί ζοφώδης. Διό ψοφοδεείς τε είσι καί δύσθυμοι οί τοιουτοι. ύποπτοι δέ εις πάντα καί μισάνθρωποι τε καί έρημίαις χαίροντες, οιος ό Βελλεροφόντης ιστο­ ρείται* ’Ή τοι ό καππεδίον το Άλήιον οιος άλάτο, Μ 0ν θυμόν κατέδων, πάτον ανθρώπων άλεείνων. Ίασις δέ διά καθάρσεως των άπό κοιλίας καί μάλιστα ή δΓ έμέτων. Έπί πάσι δέ έλλέβορος έκάτερος λύσις. 25 Ό δέ λήθαργος εναντίον πάθος έστί τή φρενίτιδι. Καταφορά γάρ εστι βαθεΐα καί δυσανάκλιτος. Οί κάμνοντες επιλανθανόμενοι πάντων όσα λέγουσι, ταΰτα δέ έν πυρετω αύτοις συνεδρεύει. Τόπος μέν ουν του TEST. : 18 ’Ή τοι - 19 άλεείνω ν, Ηομ. //. VI (201-202) ; cf. A r istt . Problem. XXX, 1 (ed. Louis p. 30 [953a]) ; Cic. Tuse. III, 26.2

2 εύιατωτερα codd. Aid. Basil. : -οτέρα Chartier il 6 έλλεβόρω edd. : έλεβ- codd. Il 9 άκατονόμαστοι scripsi : -ai VU : άκατωνόμασται SR άκατωνόμαστοί Chartier II 14 ψ οφοδεείς SR : ψοφωδεεΐς VU ζοφ οειδεΐς edd. il 16 Β ελλεροφόντης V : Βελερ- u Βελλορ- edd. II 18 ό καππεδίον Chartier : ό καπεδίον Platter Basil. : ώκα πεδίον codd. Aid. Il 20 ϊασις δέ edd. : ϊασις τε codd.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XIII 25-27

fièvre. Le lieu de la maladie est la tête ; en effet c’est au niveau de ses méninges qu’elle s’installe ; sa cause est le phlegme, humeur froide, qui par sa froideur et son humi­ dité les plonge dans le sommeil. Le traitement qui convient est le traitement contraire à celui de la phreni­ tis : frictionner les extrémités du corps au moyen de sub­ stances âcres et piquantes, et approcher des produits odo­ rants stimulants. De même, des nourritures qui diluent et coupent le phlegme, des lotions sur la tête de produits desséchants, et des cataplasmes par endroits sur le tronc ; car souvent ces parties, si elles sont enflammées, oppres­ sent également l’origine des nerfs dans la tête. 26 Le rhume, l’enrouement et le catarrhe, ces maux commen­ cent par la tête qui se remplit, puis qui se vide, soit par le nez et on l’appelle rhume, soit par le pharynx et on appelle le mal enrouement, soit par le thorax et on l’appelle catarrhe. Le rhume est facile à guérir et dure peu de temps ; en deuxième position, l’enrouement : une alimentation peu abondante, des nourritures chaudes et à base de blé ont souvent chassé la maladie ; mais le catarrhe est difficile, et souvent impossible à guérir. En effet quand les chairs sont dévorées par un catarrhe âpre et amer, des crachements de sang surviennent. 27 Mais il y a trois causes aux crachements de sang : soit, à cause de l’usure des vaisseaux, le sang se répand dans la tra­ chée puis remonte par la bouche ; soit à la suite d’une violente rupture de vaisseau, soit à cause de la faiblesse et du relâchement des vaisseaux, qui ne contiennent plus (le sang), mais par leur ouverture font suinter celui-ci1. Mais il ne faut pas confondre excrétion et crachement de

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πάθους ή κεφαλή. Περί γαρ μήνιγγας αυτής συνίσταται. Αίτιον δε τούτου φλέγμα, χυμός ψυχρός, καί τη ψύξει καί τή ύγρότητι εις ύπνον αυτούς κατάγον. Θεραπεία δε αρμόδιος, ή ύπεναντία τή φρενίτιδι, άνάτριψις των άκρων, διό, τινων δριμέων καί νυσσόντων, όσφραντών τε προσαγωγαί άνεγειρόντων. Τροφαί τε ομοίως | διαχέουσαι καί τέμνουσαι τό φλέγμα, έπι- 742 βροχαί τε τής κεφαλής διό των άναξηραινόντων καί καταπλάσματα εστιν όπου κατά των μέσων. Πολλάκις γαρ ταυτα φλεγμαίνοντα πιέζει καί την εν τή κεφαλή αρχήν των νεύρων. 26 Κόρυζα δε καί βρόγχος καί κατόρρους άπό κεφαλής μεν άρχεται τό πάθος πληρουμένης, ειτα κατασταζούσης, ότέ μεν εις ρίνας, καί καλείται κόρυζα, ότέ δε εις βρόγχον, καί βρόγχος έπονομάζεται τό πάθος, ότε δε εις θώρακα, καί κατόρρους λέγεται. Ευίατον μέν ουν καί πρόσκαιρον ή κόρυζα* δεύτερον ό βρόγχος. Όλιγοσιτία γαρ καί θερμαί τροφαί καί σιτώδεις ερύσαντο πολλάκις των παθών. Δυσίατον δε ό κατόρρους καί πολλάκις ανίατος. Έκ γόρ κατάρρου δριμέος καί άλμυρου διεσθιομένων των σωμάτων αίματος αναγωγή γίνεται. 27 Αίτίαι δε αϊματος αναγωγής τρεις* ή γαρ κατά άνάβρωσιν των αγγείων, παραρρέοντος του αίματος εις τήν τραχείαν αρτηρίαν, άνάγεται διό στόματος, ή διό δύναμιν ρήξεως γενομένης, ή διό ασθένειαν καί ατονίαν των αγγείων où στεγόντων, άλλα άναστομουμένων διαπηδώντων τό αίμα. | Διαφέρει δε αίματος έκκρισις καί 743

1 αύτής u : αυτοΐς V II 3 καταγον VU : -ων SRU2 !ί 5 νυσσόντων I u : νοσ. V II 11 των codd. : είναι Chartier 11 12 τό πάθος u : τα πάθη I V2 om. V II 14 έπονομάζεται codd. : ονομάζεται edd. II 17 βράγχος I edd. : βρόγχος codd. II όλιγοσιτία codd. : -αι edd. II 22 ή u : δή V II ρ 24 post διά*1 add. τού edd. II 26 άναστομουμένων codd. : άναστομωμένων Aid. Basil, άνεστομωμένων Chartier II διαπηδώντων τό αίμα codd. : διαπηδώντος τού αίματος edd.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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sang1 : l’une vient soit du poumon soit de la trachée ; l’autre vient de l’œsophage, et le sang paraît noirâtre, tan­ dis que le sang qui vient du thorax est plus clair et écumant, et de plus l’un remonte accompagné de toux, l ’autre non. Souvent aussi, le sang, descendu de la tête à la bouche par des perforations du palais, donne l’illusion du crachement alors que ce n’en est pas un. Les princi­ paux lieux d’où remonte le sang sont trois : le pharynx, et le crachement de sang qui vient de là est moins dange­ reux et plus facile à guérir, la trachée artère, et ce mal est difficile à guérir et dangereux, troisièmement celui qui vient du poumon, plus difficile à guérir et plus dangereux que tous les autres, car très souvent l’empyème et la phti­ sie le suivent, comme le dit Hippocrate : « après crache­ ment de sang crachement de pus, après crachement de pus phtisie, après phtisie mort »2. Pour certains le sang peut aussi remonter du côté ; mais cette façon-là n’est pas claire. Le traitement du crachement de sang consiste à retenir le sang, soit en le faisant changer de place par saignée, surtout chez les sujets jeunes, soit en le fixant grâce à du vin mêlé d’eau, soit en diminuant sa quantité par le jeûne, soit par un médicament simple, comme l’acacia, l'hypocystide, le balaustion, le suc de plantain, et autres médicaments du même type. 28 Le traitement ancien de l’empyème emploie des cautères desséchant le thorax et détourne le flux vers l ’extérieur, tandis que le

1. Le crachement (ou T« anagogie », selon un joli néologisme de Laënnec) de sang avait déjà fait l’objet d ’une monographie de la part d ’Érasistrate. Sur les distinctions entre les lieux d ’où remonte le sang, les causes et les noms idoines de ces phénomènes, voir Arétée de Cap­ padoce, Des signes et clés causes des maladies aiguës, II, 2 (traduction de R. Laënnec commentée par M. D. Grmek).

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Μ αίματος αναγωγή. Ή μ4ν γάρ ή από πνεύμονος ή από Β τής τραχείας αρτηρίας γίνεται* ή 84 από στομάχου καί τό αίμα μελάντερον φαίνεται, τό 84 από θώρακος ξανθότερον καί άφρίζον, επειτα τώ τό μ4ν μετά βηχός άνά. 5 γεσθαι, τό 84 άνευ βηχός. Πολλάκις 84 καί από κεφα­ λής διά των τής υπερώας τρημάτων εις τό στόμα |§· καταφερόμενον τό αιμα, άναγωγής φαντασίαν παρέχει § ούκ ουσαν. Τόποι 84 εξ ών κυρίως τό αίμα ανάγεται τρεις, πρώτος μ4ν τό φαρύγεθρον, καί άκινδυνοτέρα καί |θ εύιατοτέρα εντεύθεν ή του αίματος άναγωγή, δεύτερα U από τής τραχείας αρτηρίας, καί δυσίατος αΰτη ή διαφορά καί κινδυνώδης, τρίτη ή από του πνεόμονος Ü πασών δυσιατοτέρα καί κινδυνωδεστέρα, έφ’ ή μάλιστα II' καί τό εμπύημα καί ή φθίσις, καί ως φησιν ΊπποÂ- κράτη ς* έφ’ αίματος πτύσει πύου πτύσις* επί πύου 1 πτύσει φθίσις* επί φθίσει θάνατος. Δοκει δε τισι καί από πλευρού αίμα άνάγεσθαι. Αμφίβολος 84 ουτος ό H τρόπος. Ίασις 84 αίματος αναγωγής επισχεθήναι τό αίμα, ή διά φλεβοτομίας μετοχετεύσαντα | μάλιστα επί 744 20 τών νέων, ή διά όξυκράτου στήσαντα, ή άποσιτία μειώ§ζ* σαντα τό πλήθος, ή διά τίνος τών άπλών φαρμάκων, οιον ακακίας, υποκυστίδος, βαλαυστίου, άρνογλώσσου χυλού καί τών όμοιων. 28 Εμπυήματος 84 ίασις ή μ4ν παλαιά διά καυστηρίων άναξηραινόντων τον θώρακα 25 καί εις τα εκτός μεταρρευματίσαι, ή δ4 νεωτέρα συμ-

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TEST. : 15 έφ' αίματος - 16 θάνατος, cf. H ip p . Aph. VII, 15-16 (ed. Littré IV, 580).

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9 τρεις— άκινδυνοτέρα [-ωτέρα V2] V2 u : om. V II πρώτος edd. : -ον codd. II φαρύγεθρον u : -τρον V II 10 εύιατοτέρα S : -ωτέρα VU II δευτέρα u : -ος V II 12 τρίτη codd. : -ος edd. Il 14 post φθίσις om. και V II 19 μετοχετεύσαντα V : -ας u II post μετοχετεύ­ σαντα add. καί edd. Il 20 στήσαντα V : -ας u II μειώσαντα V : -ας u II 22 άρνογλώσσου u : άρνωγ. V.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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traitement moderne consiste à employer conjointement les cataplasmes et les éleetuaires1, et ensuite à purger rapidement par le haut au moyen des médicaments donnés par la bouche, avant que le corps ne soit purgé. Mais les médicaments sont justement intitulés « pour les malades d’empyème ». Les empyèmes situés entre les côtes, une fois incisés comme il convient, en y appliquant de la charpie, évacuent l’humeur ; en effet, si l’évacua­ tion est faite en une seule fois, elle tue2. Des empyèmes surviennent aussi sous le diaphragme, que l’on appelle « abcès cachés », qui ne sont pas aussi dangereux, ni dif­ ficiles à guérir ; la plupart, en s’écoulant à l’intérieur, se résorbent à cet endroit, ou bien par l’incision des chairs à l’extérieur. Dioclès3 rapporte par ailleurs que les empyèmes du thorax, en s’écoulant parfois dans l’artère qui conduit aux reins et à la vessie, sont évacués par cette voie avec les urines. 29 On appelle en général phtisie4 la consomption du corps dans le poumon ou dans la région du thorax en cas d’empyèmes. Cette affection est diffi­ cile, voire impossible à guérir ; un régime de laitage5 au point culminant, et les régions plutôt sèches comme la haute Égypte et la Libye6, sont les remèdes qui guérissent le plus souvent le mal. Hippocrate dit en outre qu’il existe une phtisie de la hanche7, c’est la consomption du corps à la suite d’empyèmes autour du sacrum ; de même la phtisie rénale. 30 Les inflammations du foie et de la rate, si elles tournent en empyèmes, provoquent égale­ ment une consomption modérée du corps ; mais ces empyèmes sont plus faciles à guérir et moins dangereux

1. Heureuse conjecture de l ’Aldine. 4. Les témoignages antiques sur la phtisie ont été examinés par B. Meinecke, « Consumption (tuberculosis) in classical antiquity », Annals o f medical history, IX, 1927, 379-402. Pour une bibliographie plus étoffée, voir Hippocrate, Maladies II, éd. J. Jouanna (CUF 1983) p. 250. M. D. Grmek, dans Les maladies à l ’aube de la civilisation occidentale, étudie la tuberculose dans le monde antique en lien avec la lèpre.

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ΐΓ€ΐτάναι τοις τ€ καταπλάσμασι και τοις έκλεικτοις, επειτα άνακαθάραι ταχέως τοις δια στόματος διδομένοις φαρμάκοις, πριν ή καθαιρεθήναι τό σώμα. Ε π ι­ γράφεται δέ τα φάρμακα ιδίως, προς έμπυικούς. Τα δέ εν μεσοπλευρίοις συνιστάμενα έμπυήματα τεμνόμενα ιδίως προς μοτόν έχει την έκκρισιν του υγρού* ή γάρ άθρόα αναιρεί. Γίγνεται δέ έμπυήματα καί υπό τό διά­ φραγμα, α λέγουσιν εν κατακαλυψει αποστήματα, ούχ ομοίως κινδυνώδη, ουδέ δυσίατα, τα πολλά εντός ρηγνύμενα ταύτη έκκρίνεται, ή διαιρούμενων των έκτος σωμάτων. Ιστορεί δέ Διοκλής καί τα εν θώρακι έμπυή­ ματα, έστιν δτε συρρηγνυμενα εις τήν έπί νεφρούς καί κύστιν φέρουσαν αρτηρίαν, ταύτη | άποκρίνεσθαι συν 745 τοις οΰροις. 29 Φθίσις μέν κυρίως λέγεται ή έν πνευ­ μόνι, ή εις τον θώρακα έπί των έμπυημάτων σύντηξις του σώματος. Δυσίατον δέ τό πάθος, ή καί ανίατον. Γαλακτοποσία τε έν αυτή τή ακμή καί τόποι ξηρότεροι καί τής Αίγυπτου τα άνω καί ή Λιβύη ίώνται μάλιστα τό πάθος. Λέγεται δέ καί ίσχιαδική τις φθίσις υπό Ίπποκράτους, ή έπί τοις περί τό ιερόν όστουν έμπυήμασι σύντηξις του σώματος. Όμοίως δέ καί ή νεφρι­ τική. 30 Αί δέ περί ήπαρ καί σπλήνα φλεγμοναί, εί μέν εις έμπύημα μεταβάλλοιεν, συντήκουσι καί αυται μετρίως τό σώμα. Ευιατότερα δέ ταυτα τα έμπυήματα των έν πνεύμονι καί άκινδυνότερα. Εί δέ μη μεταβάλ-

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TEST. : 11 'Ισ το ρ εί - 14 οϋροις, D io c l . fragm. 93 van der Eijk. 14 Α έγεται - 16 σώματος, cf. H ip p . Coae. I, 1, 140 (Littré V, 612614).*S

1 έκλεικτοις edd. : έκλεκτοις codd. Il 4 φάρμακα VU : φθάρ. S II 5 μεσοπλευρίοις V : -ψ SR non legitur U II εμπυήματα VU : p έμπύημα SR I! 7 αναιρεί V2 u : om. V II 10 εκτός V : έντός u II H 18 Λιβύη codd. : Λιβύα edd. Il 20 περί S : παρά VU II post περί add. τό u Chartier II 23 post έμπύημα με- inc. T II 24 εύιατοτέρα S : ! -ωτέρα VTU.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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que ceux du poumon. En revanche si les inflammations ne tournent pas et restent crues et squirreuses, en ajoutant des cachexies dans le corps, elles finissent par entraîner aussi des hydropisies. Tant qu’elles restent de simples inflammations, celle du foie entraîne en outre des fièvres continues, celle de la rate le plus souvent des fièvres quartes, car la cause de cette espèce est la bile noire, dont le vaisseau est la rate ; d’où le remède de la fièvre quarte, avant le frisson de la fièvre, en chauffant les extrémités par fumigation, à cause de la froideur de l’humeur, et dans les intervalles, l’élimination par vomissements. 31 Selon les médecins modernes, il y a trois formes d’hydropisie1, ascite, tympanite et hyposarcide ; mais selon Hippocrate, deux sortes, car l’ascite et la tympanite sont de la même sorte : pour chacune en effet il y a un épanchement de la nourriture changée en eau, dans la région qui se trouve entre les intestins et le péritoine ; mais pour l’ascite il y a plus d’eau, et moins d’air, tandis que pour la tympanite il y a beaucoup d’air et moins d’eau. L'hyposarcide est une déliquescence, dans le corps tout entier, des parties solides à l’état aqueux ; cette variété, même Hippocrate la déclare incurable2. On l’appelle aussi leucophlegmatique3. La cause de toute hydropisie, comme le dit Erasistrate4, est une inflamma­ tion du foie ou de la rate qui est devenue chronique et squirreuse ; car en empêchant dans ces viscères l’élabo-

1. Ce chapitre se retrouve pour une grande part en latin dans le traité médiéval intitulé Liber passionalis, que nous avons intégré dans l’apparat critique, grâce à la bienveillance de M. Fischer, qui nous a communiqué les correspondances entre les deux textes, relevées par ses soins. 3. Nous avons conservé la forme λευκοφλεγματίας, qui est celle de l ’adjectif ; sur la maladie appelée λευκοφλεγματία, voir Galien, De symptomatum causis, K. VII, 224 ; De praesagitione ex pulsibus, K. IX, 293 ; De methodo medendi, K. X, 82 ; in Hippocr. Aphorismos comm., K. XVIIIA, 191 ; etc.

ΙΑΤΡΟΣ * ΕΙΣΑΓΩΓΗ, XIII 30-31

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λοιεν, άλλ’ άπεπτοι μένοιεν αί φλεγμοναί καί σκιρρώ8εις καχεξίας έπιφέρουσαι τώ σώματι καί τελευτώσαι ύδρωπας έπιφέρουσι. Μέχρι 8έ άπλαΐ φλεγμοναί είσιν, ή μεν περί ήπαρ πυρετούς επιφέρει συνεχείς, ή 8ε περί σπλήνα τεταρταίους ώς έπί το πολύ. Αιτία γαρ του τύπου τούτου μέλαινα χολή, ής άγγειον ό σπλήν, οθεν ίαμα τεταρταίου, προ μεν τοϋ ρίγους, πυ|ριώντα τα 746 άκρα δια την ψυχρότητα του χυμού, εν 8έ τοις διαλείμμασιν ή 8ι’ έμέτων αγωγή. 31 Ύδρώπων δε τριττόν είδος κατά τούς νεωτέρους, ό μεν άσκίτης, ό 8έ τυμπανίτης, ό δε υποσαρκίδιος. Κατά δέ Ίπποκρατην δύο φύσιες. Ό γαρ άσκίτης καί ό τυμπανίτης τής αυτής ιδέας έστί. Έφ’ έκατέρα γαρ παρέγχυσίς έστιν τής έξυδαρουμένης τροφής εις τον μεταξύ τόπον των τε έντέρων καί τού περιτοναίου* άλλ’ έπί μεν του άσκίτου πλέον τό ύδωρ, έλαττον 8έ τό πνεύμα. Έπί δε τού τυμπανίτου πλεΐστον τό πνεύμα, έλαττον δέ τό υγρόν. Ό δέ υποσαρκίδιος κατά πάν έστί τό σώμα άνάλυσις των στερεών σωμάτων εις ϋδατος φύσιν. Τούτον καί Ιπποκράτης άνίατόν φησιν. Καλείται δέ καί λευκόφλεγματίας. Αιτία δέ παντός ύδέρου, ώς μέν Έρασίστρατός φησιν, φλεγμονή ήπατος ή σπληνός χρονισθεισα καί σκιρρωθεισα. Έμποδίζουσα γαρ τής τροφής

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TEST. : 11 Κατά - 62, 4 ανίατος, cf. H ip p . Reg. Acut. (sp .) LU (ed. Joly p. 91). - 21 Α ιτία - 23 σ κ ιρ ρ ω θ ε ισ α , E r a s ïs t r a t . fragm. 249 Garofalo.I

1 άλλ' άπεπτοι μένοιεν VSU : αλλ' άπεμπτοι μένοιεν R : άλλα πεπτοιμένοιεν T II 2 καχεξίας u : καλεξίας V II τελευτώσαι u : πελατώσαι (an πελευτώσαι· ?)V II 3 ΰδρωπας u Chartier : ϋδροπας Aid. Basil. : ύδρω... V II 7 πυριώντα P edd. : πυροΰντα V u II 9 τριττόν U edd. : τρίτον codd. Il 12 φύσιες codd. : φύσεις edd. If 14 post των om. τε RT II 16 πλέον u : πλεΐον V edd. Il post έλαττον om. δέ edd. Il 17 πλεΐστον codd. : πλεΐον edd. Il post έλαττον om. δέ edd. Il 20 λευκοφλεγματίας VSRU : φλεγματίας T : leocofleumatia Lib. Pass.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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ration et la répartition de la nourriture dans le coips tout entier, elle la transforme en eau, et après l’avoir refroidie elle la répand entre les intestins et le péritoine. Selon Hippocrate cette maladie aussi est incurable ; mais même si une hydropisie survient sans inflammation, surtout une hyposarcide, comme la chaleur innée refroidit et ne domine plus la nourriture contenue dans les vaisseaux, alors le sang refroidit, se change en eau et s’écoule à tra­ vers les veines, comme l’huile traversera les parois des outres. Car tant qu’il y a du sang dans les veines, il est parfaitement maintenu à l’intérieur des veines ; mais quand la partie lipidique qui est en lui est en excès, comme chez les gens gras, celui-ci se répand et fabrique de la graisse. Ou bien parce que le sang est changé en eau ou bien parce qu’il n’est pas contenu, il se répand, soit dans la région qui se trouve entre les intestins et le péri­ toine, soit dans le corps tout entier. Le traitement des deux premières hydropisies se fait soit par émollients desséchants, soit par médicaments diurétiques, soit par médicaments qui purgent par le bas. 32 Les reins affec­ tés1 causent des douleurs vives, et le lieu affecté y est dif­ ficile à distinguer, parce qu’il est contigu aux parties externes et que le colon repose dessus ; c’est pourquoi, alors qu’ils souffrent d’une affection, ils donnent l’illu­ sion d’une inflammation des parties externes ou bien d’une diathèse colique. Or souvent aussi les reins souf­ frent par sympathie avec le colon2. Les maladies qui s’installent aux reins sont celles-ci : inflammation, ulcé­ ration, lithiase, paralysie. 33 En cas d’inflammation, aucun signe ne transparaît dans les urines ; elle ajoute

2. Déterminer le lieu affecté est une étape essentielle du diagnos­ tic ; le Pseudo-Galien expose ici les difficultés de repérage propres au affections des reins, mais ce souci reflète toute une interrogation contemporaine chez les médecins grecs. Nous renvoyons au prologue du De locis affectis de Galien.

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τήν εν τοις σπλάγχνοις τούτοις κατεργασίαν τε καί άνάδοσιν εις παν το σώμα έξυδαρει αυτήν, καταψυχθεΐσα δε παρεγχειται μεταξύ εντέρων καί περιτοναίου. Κατά δε Ίπποκράτην καί αυτή μεν | ανίατος· εί 747 6έ καί ανευ φλεγμονής γινόμενον ίίδερον, μάλιστα τον υποσαρκίδιον, του έμφυτου θερμού καταψυχομένου καί ουκ έτι κρατοΟντος τήν εν τοις άγγείοις τροφήν, διό καταψυχόμενον τό αιμα εξυδαροΟται καί παραρρεΐ διά των φλεβών, ώς εκ τών ασκών τό έλαιον διαιτηδήσει. Μέχρι μεν γάρ εν ταΐς φλεψίν αίμα έστιν, ακριβώς υπό του σώματος τών φλεβών συνέχεται. "Οταν δε ή εν αυτώ λιπαρότης πλεονάση, ώς επί τών πιμελών, παρεγχεόμενον τούτο πιμελήν ποιεί. Ή έξυδαρούμενον τό αίμα ή μή στεγνόμενον διαρρεί, ή εις τον μεταξύ τόπον τών εντέρων καί του περιτοναίου, ή κατά παν τό σώμα. Ίασις δε τών δυο ετέρων υδρώπων, ή διά μαλαγμάτων άναξηραινόντων, ή διά φαρμάκων διουρητικών, ή διά καθαρτικών υπηλάτων. 32 Νεφροί δε πεπονθότες άλγήματα μεν σφοδρά επιφέρουσιν, δυσδιάκριτος δε επ’ αυτών ό πεπονθώς τόπος διά τό συμπεφυκέναι αυτόν τοις έξωθεν σώμασι καί επικείσθαι τό κώλον αυτοις* διό εν πήσει γινόμενοι φαντασίαν παρέχουσι φλεγμονής, ή τοι περί τα εκτός ή κωλικώς διαθέσεως. Πολλάκις δέ | 748 καί κώλω συμπάσχουσιν οι νεφροί. Πάθη δέ συνίσταται περί νεφρούς ταϋτα, φλεγμονή, έλκωσις, λιθίασις, πάρεσις. 33 Φλεγμονής μεν οΰσης, ουδέν διασημαίνειI 3 παρεγχειται u : παρέχεται V παρέγχεται V2 II 4-5 εί δέ edd. [si autem Lib. Pass.] : εί δε δέ V είδε δέ u II post υδερον add. και edd. Il 8 αίμα VU : σώμα SRT sanguis Lib. Pass. II 9 διαπηδήσει T edd. : -ση VSRU II 12 πιμελώ ν VSU : μελλών R μελών T II 14 ή μή edd. : καί μή codd. Il 16 έτέρων VSRU : έντερων T II δια μαλαγμάτων VSTU [ex malagmatibus Lib. Pass.] : δΓ άμαλαγμάτων R II 18 όπηλάτων u recc. edd. [ypiliton Lib. Pass.] :...πηλάτων V II 20 αύτών V : -φ u II 22 π ή σ ει V : τάσει u πυήσει edd. Il 24 συνίσταται scripsi : -νται codd. edd.

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simplement des douleurs, qui ne dévoilent pas nettement le lieu atteint en premier pour les raisons dont nous avons parlé ; les douleurs sont difficiles à calmer, ne s’atté­ nuent pas avec les cataplasmes, et ne cèdent pas à la soustraction de sang par ventouses, mais seulement à cer­ tains médicaments pour les reins administrés par l’inté­ rieur. En cas d’ulcération, tantôt ce sont des matières purulentes qui sont évacuées par les urines, tantôt des matières sanguinolentes. En cas de lithiase, tantôt ce sont des matières sanguinolentes qui sont évacuées, parce que les chairs sont déchirées par la pierre, tantôt ce sont des graviers qui se trouvent dans les urines, si la pierre est friable, ou vient de se former. En cas de paralysie l’urine s’écoule sanguinolente, comme si elle n’avait pas été séparée du sang1. 34 Voici les affections qui s’installent au niveau de la vessie2 : inflammation, paralysie, lithiase, ulcération, surtout au niveau du col. Il survient outre celles-ci ischurie, strangurie, dysurie, à la suite de ces maladies et pour d’autres raisons. Des douleurs au pubis et une gêne dans la miction indiquent une inflammation ; mais un cataplasme, des lotions et un manque de nourri­ ture détruisent l’inflammation, mais si elle persiste une soustraction de sang par saignée le fera. Ce qui indique une ulcération, c’est une excrétion tantôt de matières sanguinolentes, tantôt de matières purulentes, et parfois aussi de matières visqueuses, et les douleurs au pubis. Le traitement consiste en des applications et surtout en l’apport d’un régime savoureux et de nourriture de saveur douce, plus les médicaments contre Γulcération de la vessie administrés par l’intérieur, et le médicament de Bissinos3. Ce qui montre une paralysie de la vessie, c’est même l’excrétion involontaire des urines. L ’affection est difficile voire impossible à guérir4. Ce qui indique le plus précisément la présence d’une pierre dans la vessie,

1. Ceci concorde avec la physiologie développée par le PseudoGalien plus haut ; voir Médecin, ch. XI, 10.

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δι’ ουρών* άλλα μόνον άλγήματα επιφέρει, ουκ ακρι­ βώς έπιφαίνοντα τον πρωτοπαθουντα τόπον δι’ α έφαμεν. Δυσπαραμύθητοι δέ αί όδύναι, ούτε καταπλάσμασιν εΐκουσαι, οϋτ€ τή διά σικύας άφαιρέσει ένδιδούσαι, μόνον δέ εΐπερ τοίς ένδοθεν διδομένοις νεφριτικοις φαρμάκοις. Εί δέ έλκωσις εϊη, δτε μέν πυώδη διά των ουρών άποκρίνεται, δτε δέ αιματώδη. Λιθιάσεως δέ ουσης, ότέ μέν αιματώδη άποκρίνεται, τραχυνόμενων τών σωμάτων υπό του λίθου, ότέ δέ ψαμμία υφίσταται τώ ουρώ, ci εύθρυπτος εΐη ό λίθος, ή καί γενέσεως αρχήν έχοι. Έπί δέ παρέσεως αιματώδες τό ουρον άποδίδοται, ως αν ou διακρινόμενον. 34 Περί δέ κύστιν ταυτα συνίσταται τα πάθη, , πάρεσις, λιθίασις, έλκωσις, περί τον τράχηλον μάλιστα. Έπισυμβαίνει δέ τουτοις ισχουρία, στραγγουρία, δυσουρία, άπό τε τούτων καί έξ άλλων αιτίων. Φλεγμονήν μέν ουν δηλοι τά περί τό εφή|βαιον άλγήματα καί δυσχέρεια περί τήν του οΰρου εκκρισιν. Λύει δέ φλεγμονήν κύστεως κατάπλασμα καί επιβροχή καί ενδεια τροφής. Εί 8έ ύπερβάλλοι καί άφαίρεσις αίματος διά φλεβοτο­ μίας. Έλκωσιν δέ σημαίνει, ποτέ μέν αιματώδη έκκρινόμενα, ποτέ δέ πυώδη, έστι δέ δτε μυξώδη καί τά περί τό εφήβαιον άλγήματα. Ίασις δέ ή τε διά τών επι­ θεμάτων καί μάλιστα γλυκυχυμία καί ευχυμος τροφή προσφερομένη, καί τα ένδοθεν διδόμενα προς έλκωσιν κύστεως καί τό Βισσίνου φάρμακον. Πάρεσιν δέ κύστεως, δηλοι μέν καί ή τών ούρων άπροαίρετος έκκρισις. δυσίατον δέ, ή καί άνίατον τό πάθος. Λίθον δέ εν κύσ-1 1 μόνον V m : μάλλον V2 recc. edd. Il 5 post διδομένοις add. τισ ί edd. Il 9 υφίσταται scripsi : -νται codd. edd. 1111 εχο ι Chartier : -ει codd. Aid. Basil. Il 12 post δέ add. τήν edd. Il 13 φλεγμονή addidi II post πάρεσις add. πιτυρίασις codd. Il 16 post τούτων om. και V II 17 δυσχέρεια edd. : -αν codd. Il 18 οϋρου VSTU : όρου R II 19 έπιβροχή codd. : -ai edd. Il 20 ύπερβάλλοι Chartier : -ει codd. Il 23 ή τε om. edd.

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ce sont les doigts lorsqu’ils s’enfoncent dans le rectum au niveau du siège, de façon à ce que le doigt lécheur et le médian se plient vers l’avant à leur extrémité, en appuyant sur la vessie ; là, ils rencontrent la pierre qui flotte dedans et la font remonter vers le col de la vessie. Il y a de multiples sortes de pierres ; en effet les unes sont attachées à la vessie, les autres sont flottantes : les unes sont faciles à briser, les autres difficiles. Les pierres attachées sont difficiles à guérir la plupart du temps ; quant aux autres, les médicaments dissolvants peuvent évacuer les pierres friables, mais les chirurgiens ôtent les pierres dures ou difficiles à dissoudre, en incisant la partie charnue du col de la vessie1. 35 L ’ischurie est la suspension totale des urines ; la strangurie consiste à uriner goutte à goutte ; la dysurie a pour seul et unique effet de gêner la miction. Ces maux ont de multiples causes, tantôt une pierre coincée dans le col de la vessie et obstruant complètement le conduit, ou bien quelque chose qui est resté à l’intérieur ou qui nage dans la vessie. L’ischurie survient aussi à la suite d’une inflam­ mation excessive de la vessie, ou d’un trop-plein, la vessie étant incapable de se contracter, ou parce que, à cause de l’âcreté des urines, le col se resserre fermement sous l’effet de la morsure, ou bien parce qu’un caillot de sang obstrue la sortie, ou bien à cause de l’épaisseur des

1. Le traitement chirurgical de la lithiase est livré au ch. XIX, 12.

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τει όντα, σημειουνται μέν ακριβέστατα οί δάκτυλοι καθιέμενοι εις το άπευθυσμένον επί τής έδρας, ως τ€ επικάμπτεσθαι τον λιχανόν δάκτυλον καί τον μέσον τοις άκροις ώς έπί τό έμπροσθεν έπί την κύστιν, ένθα καί έντυγχάνουσι τω λίθω έμπλέοντι καί άναφέρουσιν αυτόν εις τον τράχηλον τής κυστεως. Λίθων δέ διαφοραί πλείονες* οί μέν γάρ αυτών προσφυείς, οί δέ απόλυτοι, καί οί μέν εύθραυστοι, οί δέ δάσθραυστοι. Δυσίατοι μέν ουν | ώς έπί τό πολύ οί προσφυείς. Των δέ 750 άλλων τούς μέν εύθραυστους, τα φάρμακα δυναται διαλύοντα έκκρίνειν. Τούς δέ στερεούς καί δυσλύτους οί χειρουργοί κομίζονται, διαιρουντες τής κυστεως τό σαρκώδες του τραχήλου. 35 Ισχουρία μέν ουν εστιν ή τελεία εποχή τών ούρων. Στραγγουρία δέ, ή κατά στράγγα οΰρησις. Καί δυσουρία τό αύτό τούτο μόνον ποιούσα, δυσχέρειαν τού άπουρειν. Γίνεται δέ ταυτα διά πολλάς αιτίας, ότέ μέν διά λίθον έσφηνωμένον τω τραχήλω τής κυστεως καί τελείως έμφράττοντα τον πόρον ή ένδον τι καταλιπόντα ή εννηχόμενον τή κύστει. Γίνεται δέ ισχουρία διά φλεγμονήν κυστεως ύπερβάλλουσαν καί διά πλήρωσιν άμετρον, ού δυναμένης περισταλήναι τής κύστεως, καί διά δριμύτητα τών ούρων τού τραχήλου ακριβώς συστελλομένου τή βήξει, καί διά θρόμβωσιν αίματος άποκλείουσαν τήν δίοδον,3

3 καί τον μέσον u : έπί τον μέσον haud facile legitur V άπτόμενον τοις ακροις V2 II 4 ώς έ. ιι : καί έ. V II 5 άναφέρουσιν V edd. : j| έν σφηνουσιν u II 8 εύθραυστοι V : άθ. u II 10 άλλων V : αύτών f u II δύναται scripsi : -νται codd. edd. Il 13 σαρκώδες codd. : σαρκοειδές edd. Il 16 άπουρειν V : έπ. u II 17 λίθον έσφηνω μένον U : Β τον λίθον έσφηνώμενον Chartier λίθων έσφηνωμένων V λίθου κ έσφηνώμενον SRT τών λίθον έσφηνωμένων Aid. Basil. Il 18 τεj! λείως codd. : τελέω ς edd. Il 19 έννηχόμενον edd. : ένηχ. codd. Il i' 24 θρόμβω σιν...άποκλείουσαν u : θρόμβον...άποκλείοντα edd. παχύτητα...άποκλείοντος V II τήν δίοδον V : τα ένδον u.

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humeurs qui s’appuient sur le conduit. Une fois cuites donc les urines en cours d’excrétion, il faut se débarras­ ser de cette épaisseur, ou dissoudre le caillot avec les pro­ duits qui peuvent le faire fondre, ou vider le trop-plein grâce au cathéter d’Érasistrate1. Celui-ci ressemble tout à fait au sigma romain2*.36 Le commencement du ventre et des intestins3 est l’œsophage, qu’ils soient dans un état conforme à la nature, ou dans une disposition contraire. Les maux qui touchent l’œsophage sont l’inflammation, l’ulcération, le crachement de sang, la flatuosité, l’excès d’humidité, la perte d’appétit, l’impossibilité à dominer ce qui lui est apporté. Ce qui indique une inflammation, c’est la douleur interne. On la soigne par des lotions, des cataplasmes, une nourriture à base de blé, facile à supporter. Ce qui indique une ulcération dans l’œsophage c’est en particulier la putréfaction, la morsure, la diffi­ culté à avaler. Le traitement se fait par des applications à l’extérieur et par des nourritures succulentes ; le sang qui remonte de l’œsophage est arrêté par les médica­ ments donnés pour le crachement de sang thoracique, qui ont été mentionnés plus haut. La flatuosité de l’œso­ phage est résorbée par les carminatifs et tout ce qui fait éructer. L’humidité excessive4 est asséchée par des ali­ ments secs et par une boisson à base d’absinthe. La perte d’appétit parfois vient du phlegme alentour, et il faut assécher la cause, ou bien de la bile qui flotte à la sur­ face, et il faut purger l’œsophage, ou bien de l’incapacité

2. Au sujet du cathéter d ’Érasistrate et de son utilisation, voir le ch. XIX, 12. La ressemblance de cet instrument avec le « sigma romain » y est réaffirmée. 4. La maladie de l ’œsophage appelée πλάδος est définie dans d ’assez nombreux autres textes médicaux comme un excès d ’humi­ dité ; on peut mettre en relation ce nom et celui, beaucoup plus rare, d ’une maladie des yeux nommée πλαδαρότης : voir Médecin, ch. XVI, 4.

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καί δια παχύτητα των υγρών προσισχομένων. Πεπεμμένων μεν ουν των έκκρινομένων δντων, την τοιαυτην παχύτητα άποσπάσθαι χρή, τον 84 θρόμβον διαλύειν τοις δυ|ναμένοις τήκειν, την 84 πλήρωσιν κενουν τω 751 Έρασιστρατείω καθετήρι* εστι 84 ουτος προσεοικώς τω ρωμαικώ σίγμα. 36 Ή 84 περί κοιλίαν καί εντερα αρχή [ό] στόμαχός 4στι καί κατά φύσιν έχόντων καί παρά φύσιν διατιθεμένων. Στομάχου τοίνυν παθήματα φλεγμονή, ελκωσις, αίματος αναγωγή, εμπνευμάτωσις, πλάδος, ανορεξία, ακράτεια των προσφερομένων. Φλεγμονήν μ4ν ουν σημαίνει τό άλγημα εγκείμενον. Επιμέλεια 84 8ι' έπιβροχών καί καταπλασμάτων καί τροφών σιτω8ών καί ευδιοικήτων. Έλκωσιν 84 εν στομάχω 8ηλοι ιδίως σήψις καί δήξις καί δυσκαταποσία. Ίασις 84 διά τε τών εξωθεν επιτιθεμένων καί 8ιά τροφών ευχυλων, αίμα 84 άπό στομάχου άναγόμενον έπέχει διδόμενα, τα προς αίματος αναγωγήν τήν άπό θώρακος, τα προγεγραμμένα. Έμπνευμάτωσιν 84 διαλυουσι στομάχου αί όξυποροι καί όσα έρυγήν ποιεί. Πλάδον 84 άναξηραίνει ξηροφαγία τε καί αψινθίου πόσις. Ανορεξία 84 ή μέν τις γίνεται διά φλέγμα παρακείμενον καί 8εΐ άναξηραίνειν τό αίτιον, ή 8ιά χολήν επιπολάζουσαν καί δει άνακαθαίρειν | τον στόμαχον, ή άδυνατουντα τήν φυσικήν 752 TEST. : 4-5 τώ - κάθετη ρι, cf. E r a s is t r a t . fragm. 189 Garofalo.1

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1 τών om. edd. Il ύγρών scripsi : οΰρων codd. Il προσισχομένω ν Aid. Basil. : προσ ι...μ ένω ν V σχο add. in marg. V2 om. u II πεπεμμενών μέν [μέν om. Chartier] ουν τών έκκρινομένω ν δντων τήν τοι- u Chartier : vac. in V (textus corruptus) recc. Aid. Basil. II 3 άποσπάσθαι [άσπάζεσθαι u] χρή, τον δέ u Chartier : vac. in V recc. Aid. Basil. Il 6 ή u edd. : ει V II 7 ante στόμαχος deleui ό II 8 τοίνυν VSRU : τίνυν T II 14 δυσκαταποσία V2 u : δυσκακοπ- V II 15 εύχύλων V : αχ. w il 19 όξύποροι u : έξόποροι V II π ο ιεί VST : κινεί RU II 20 ανορεξία δέ recc. edd. : ανορεξίαν δέ V ή δέ ανορεξία u.

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de la faculté naturelle à rendre l’appétit, comme les yeux voient mal à cause de la faiblesse du pneuma visuel. Pour soigner cette perte d’appétit il faut donner les produits qui provoquent et rappellent l’appétit. L’œsophage devient incapable de dominer ce qu’on lui apporte par excès d’humidité, mais surtout par manque de ressort et de force, comme une main paralysée ne peut saisir ce qu’elle touche ; il faut donc le tendre et le renforcer, donc renflouer le corps tout entier. 37 II arrive à l’esto­ mac la plupart des maux de l’œsophage, sauf la perte d’appétit ; mais le fait de ne pas cuire la nourriture lui est propre et lui arrive très souvent, à la suite de quoi la diar­ rhée survient. Quant aux autres maux, ils doivent donc être guéris comme ceux de l’œsophage ; mais la diarrhée doit être examinée attentivement, afin de savoir pourquoi elle survient, pourquoi la nourriture n’a pas été cuite ; et si c’est à cause d’une inflammation, appliquer cata­ plasmes et lotions, si c’est à cause du phlegme déplacé qui produit l’humidité, assécher l’humidité par le régime, et si c’est par pléthore de bile, purger la bile, si c’est par manque de ressort, redonner du ressort au corps comme aux gens qui en sont privés ; en revanche, si c’est de la qualité même des aliments apportés, parce qu’ils sont dif­ ficiles à cuire, prompts à se gâter, ou qu’ils ont quelque autre défaut, interdire de tels mets à celui qui vient d’être soigné. 38 La dysenterie est une affection des intestins ; elle survient après la diarrhée quand les matières corrom­ pues sont invétérées, dévorent et ulcèrent les intestins. Elle survient aussi sans diarrhée préalable, à cause d’une

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ενέργειαν άποδιδόναι την ορεκτικήν, ώς καί οφθαλμούς άμβλυωπειν δΓ ατονίαν του όρατικου πνεύματος. Προς δέ την τοιαύτην άνορεξίαν χρή τα προκλητικά καί υπομνηστικά τής όρέξεως προσφέρειν. Άκρατης δέ γίνεται 6 στόμαχος των προσφερομένων καί δια πλάδον, μάλιστα δέ δΓ ατονίαν καί άσθένειαν, ώς καί χειρ παρειμένη ούκ ϊσχει ών αν έφάπτηται. Χρή ουν τονουν αυτόν καί ίσχυροποιείν, τό τ€ όλον τό σώμα άνατρέφειν. 37 Περί δέ κοιλίαν γίνεται μέν πολλά των περί τον στόμαχον πλήν τής ανορεξίας. Τό δέ μη πέπτειν τα σιτία ίδιον αυτής καί τα πλεΐστα περί αυτήν γίνεται, ω πάθος έπεται ή διάρροια. Τα μέν ουν άλλα ομοίως ίατέον τοίς περί τον στόμαχον. Τήν δέ διάρροιαν άκριβώς έξεταστέον, δΓ ήν αιτίαν άπεπτηθείσης τής τροφής γίνεται. Καί εί μέν διά φλεγμονήν, καταπλάσσειν καί έπιβρέχειν, εί δέ διά φλέγμα παρακείμενον ποιούν τον πλάδον, άναξηραίνειν τή διαίτη τήν υγρότητα, εί δέ παρά χολής πλήθος, τήν χολήν καθαίρειν, εί δέ δΓ ατονίαν, ώς τοις άτονουσι τόνον | έμποιειν τω σώματι. 753 Εί δέ παρ’ αυτήν τήν ποιότητα των προσενεχθέντων δύσπεπτων οντων, ή άφθάρτων, ή τι έχόντων άλλότριον, άποθεραπευσαντα παραιτείσθαι τα τοιαυτα. 38 Δυσεντερία δέ έστι πάθος περί τα έντερα* γίνεται δέ επί διαρροία χρονιζόντων των διεφθαρμένων καί διεσθιόντων καί έλκούντων τα έντερα. Γίνεται δέ καί άνευ διάρροιας έξ άρχής, υπό χυμού τίνος δριμέος δια-

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7 παρειμένη VU : παρακείμενη SRT II ϊσ χ ε ι SRT recc. edd. : ισχύει VU II 7-9 χρή ουν τονούν αυτόν και ίσχυροποιεΐν, τό τε όλον τό σώμα άνατρέφειν om. SRT II 9 των VSRU : τον T II 10 πέπτειν V : πέττειν u II 14 άπεπτηθείσης Chartier : άναπεπτηθείσης VSR -θήσης T απεπτηθείσσης U άπεφθείσης Aid. Basil. Il 15 καταπλάσσειν codd. : -ττειν edd. Il 16 ποιούν τον edd. : ποιοϋντα codd. Il 21 άφθάρτων[3η1β άφθάρτων add. t Aid. Basil.] u P Aid. Basil. : εύφθάρτοις V εύφθάρτων Chartier II τι V u Chartier : τοι P Aid. Basil.

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humeur âcre qui dévore les intestins. Parfois aussi la dys­ enterie survient à la fin d’une maladie ; Hippocrate1 défend de la soigner, de peur que, par la suspension de celle-ci, une autre maladie plus forte ne s’ensuive. On soigne celle qui suit la diarrhée par les médicaments qui arrêtent et calment le flux, et on soigne celle qui vient de la morsure d’une humeur âcre par ceux qui adoucissent et qui ont la propriété de tempérer, tout en nettoyant à fond les parties ulcérées elles-mêmes par les mêmes moyens. Mais, si la maladie perdure, des matières en lambeaux et putréfiées s’écoulent, moment où il convient d’adminis­ trer les suppositoires, composés d’arsenic rouge, de chaux, d’arsenic jaune et de substances comparables. Mais si les excréments ne sont pas en lambeaux, il ne faut pas utiliser ces remèdes, car ils provoquent un spasme. Si une telle ulcération des intestins a lieu plus haut, de même il ne faut pas utiliser ces suppositoires, car ils ne peuvent atteindre la zone malade, parce qu’en tou­ chant les parties saines ils les détruisent ; il faut utiliser des médicaments faits pour remonter plus haut, ceux qui sont répertoriés contre la dysenterie. 39 La lienterie sur­ vient aussi à la suite de la dysenterie, lorsque, sous l’effet d’une ulcération abondante, des cicatrices nombreuses se forment sur les intestins, cicatrices qui empêchent les intestins de dominer la nourriture ; c’est pourquoi on l’a appelée lienterie, parce que les intestins sont lisses (leios). Une telle lienterie est incurable, car on ne peut guérir les cicatrices. Celle qui survient par manque de ressort des intestins est rétive et difficile à guérir ; traiter

1. Il s’agit d ’un lieu inconnu d ’après le relevé de D. Irmer et A. Anastassiou. Nous devons reconnaître notre propre ignorance sur l’ori­ gine « hippocratique » prêtée par le Pseudo-Galien à cette affirmation.

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φαγόντος τό έντερον. Έστι δέ δτε καί επί λύσ€ΐ νοσή­ ματος γίνεται ή δυσεντερία, ήν απαγορεύει ό Ιππο­ κράτης ίάσθαι, μή εκ τής εποχής έτερόν τι μειζον επιγένηται νόσημα. Την μεν ουν εκ διάρροιας γενομενην ίάται τοίς στελλουσι καί ίστάσι τό ρεύμα, την δε εκ τίνος δήξεως χυμού δριμέος ίάται τοίς καταγλυκαίνουσι καί κατακεράσαι δυναμένοις, έκκλύζοντα καί αύτά τά ήλκωμένα τοίς όμοίοις. Χρονίζοντος μεντοι τού πάθους νομώδη καί σεσηπότα εΐωθεν διαχωρειν, 10 δτε άρμόζουσιν οί ένιέμενοι τροχίσκοι, οί διά σανδαράχης καί τιτάνου καί αρσενικού καί των τοιούτων συντι­ θέμενοι, Μή I όντων δε νομωδών των διαχωρουμένων, μή 754 χρήσθαι τούτοις, επεί σπασμόν έπιφέρουσιν. Εί δέ καί ανωτέρω ή τοιαότη έλκωσις των εντέρων εΐη, ουδέ 15 ούτως χρηστέον τοις τροχίσκοις. Ου γάρ φθάνουσιν επί τά πεπονθότα έξικνείσθαι* των γάρ υγιεινών καθαπτόμενοι όλεθρόν εργάζονται* άνωτερικοις δέ φαρμάκοις χρήσθαι, τοις προς δυσεντερίαν άναγεγραμμένοις. 39 Λειεντερία δέ γίνεται μέν καί από δυσεντερίας, δταν 20 πολλής έλκώσεως οΰσης επί τά έντερα ούλαί πολλαί έπιγένωνται, δι’ ας ου κρατεί τα έντερα τής τροφής, δθεν λειεντερία εΐρηται εκ τής περί τά έντερα λειότητος. Διό καί ανίατος ή τοιαύτη λειεντερία. ούλάς γάρ ούκ έστιν ίαν. χαλεπή δέ καί δυσίατος ή δι’ ατονίαν 25 εντέρου γινομένη. Έγχειρειν δέ τή θεραπεία, τόνον

Ê

TEST. : 1 ’Έ σ τι - 4 νόσημα, cf. H ip p . Reg. Acut. (sp .) XXXV (ed. Joly ρ. 85).

Μ

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2 ante δυσεντερία om. ή u 11 3-4 έπιγένηται u : -γίνεται V II 5 post την om. δέ SRT II 6 δήξεως SRTrecc : -ος VU II 7 έκκλύζοντα καί αυτά U : εκλύζοντα καί αυτά VSRT έκλύζοντα τα αυτά Aid. Basil, έκκλύζων τε τά αυτά Basii, in margine Chartier II 9 σεσηπότα codd. Aid. Basil. : -κότα Chartier II 10 σανδαράχης u recc. : -εις V II 11 τιτάνου u recc. : -ρου V II 13 έπεί VSTU : επί R II 19 ante άπό om. καί edd. Il ante δυσεντερίας add. τής edd. Il 25 τή om. SRT.

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néanmoins de cette manière, en donnant du ressort au corps tout entier et aux intestins. La lienterie vient aussi du phlegme qui baigne les intestins et les rend glissant ; il faut l’assécher par l’abstinence et par une nourriture qui combat le phlegme. 40 Le ténesme survient à propre­ ment parler au niveau du rectum ; en effet celui-ci lorsqu’il est enflammé provoque en permanence des ten­ sions et des envies d’aller à la selle, et c’est ce qui définit le ténesme. Le traitement se fait par des fomentations par le bas astringentes, et par une nourriture à base de blé et ralentissant le transit. Si le mal persiste, il faut employer aussi les lavements à base de jus de ptisane et de graisse de bouc. 41 Les vers aussi sont une maladie des intestins, mais il y a trois sortes de vers : les vers ronds sont longs d’une demi coudée ou plus, et vont jusqu’à l’œsophage ; les vers courts et semblables à des vers de terre assez longs sont appelés ascarides, et ils s’installent au niveau du rectum ; enfin les vers plats et très longs, au point qu’ils s’étendent sur toute la longueur de l’intestin. On les appelle aussi « bandelettes », parce qu’ils ressem­ blent à des bandelettes, également aussi « ténias ». Les vers ronds sont faciles à guérir ; en effet ils abondent chez les enfants. Les ascarides sont nombreux chez ceux qui approchent de la puberté, et sont difficiles à guérir et à chasser, si ce n’est par des nourritures âcres, et par des médicaments composés de picra et de calaminthe, qui la plupart du temps les expulsent. 42 La goutte sciatique, l’arthrite et la podagre se distinguent les unes des autres seulement par la grandeur, mais pour ce qui est des

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έντιθέντα τώ re δλω σώματι και τοίς έντέροις. Γίνεται δε λειεντερία καί δια φλέγμα έπικλύσαν τα άντερα καί δλισθον εμποιούν αύτοις, καί δ€ΐ άναξηραίνειν άποσιτία τε καί τροφή τή προς φλέγμα άντιτασσομένη. 40 Τεινεσμός δέ ιδίως περί το άπευθυσμένον γίνεται. Φλεγμαινον γάρ τούτο συνεχείς | εντάσεις καί προ- 755 θυμίας προς διαχώρησιν εμποιεί καί τούτο εστιν 6 τει­ νεσμός. ϊασις δε διά πυριαμάτων κάτωθεν των στυφόντων καί τροφή σιτώδης καί σταλτική. εί δε επιμένει καί ένέματα διά πτισάνης χυλού καί στέατος τραγείου χρηστέον. 41 Καί ελμινθες δε πάθος εντέρων. Τρισσόν δέ είδος έλμίνθων* αί μέν γάρ στρογγύλαι σπιθαμιαίοι το μήκος, ή καί μείξους, αΐ καί μέχρι στομάχου νέμονται. Αί δέ βραχεΐαι καί έμφερείς σκώληξι μακροτέροις, καλούνται δέ άσκαρίδες, συνίστανται δέ περί το άπευθυσμένον. Αί δέ πλατειαι καί επιμήκεις, ώστε δλω τω έντέρω παρατείνονται. Λέγονται δέ καί κειρίαι εκ του έμφερείς είναι κειρίαις, ομοίως δέ καί ταινίαι. Εύίατοι μέν ουν αί στρογγύλαι* πληθύνουσι γάρ επί παίδων. Αί δέ άσκαρίδες πλεονάζουσιν επί των παρηβώντων, δυσίατοι δέ καί δυσέκκριτοι, μόνον υπό των δριμυφαγιών καί φαρμάκων των διά πίκρας συντιθεμένων καί έλενίου, ως επί τό πλειστον έκβαλλομένων. 42 Ίσχίας1

1 post δλφ add. τφ edd. II 2 ante λ ειεντερ ία add. και S recc. edd. Il 4 post τε om. και R II 5 τεινεσ μ ό ς...γίνετα ι edd. : τεινεσ ­ μοί...γίνονται codd. Il 6 σ υνεχείς VU : -ώς SRT II 9 έπιμ ένει u edd. : επιμ έ... V II 10 τραγείου u edd. : -ας V II 11 ante ελμινθες om. καί edd. Il 17 κειρίαι SRT : κηρίαι VU II έκ του VU : δια τό SRT II 18 κειρίαις SRT : κηρίαις VU II post ομοίως add. recte δέ edd. Il εύίατοι SRT recc. edd. : -ai VU II 19 ante στρογγύλαι om. al edd. il παίδων codd. : -ίων edd. Il 20 παρηβώντων u : -όντων V II 21 δυσέκκριτοι VSTU : δυσέγκ. R II δριμυφαγιών u edd. : δριμωφ. R : δριμοφ. V II 22 συντιθεμένων codd. : -τεθεμένων Ald.Basil. -τεθειμένων Chartier II 23 έλενίου Chartier : -είου codd. -οίου Aid. Basil. Il έκβαλλομένων codd. : έμβ. edd.

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causes et des lieux affectés en premier, ce sont les mêmes ; elles surviennent en effet le plus souvent à cause du phlegme et s’installent au niveau des nerfs qui relient les articulations et leur transmettent le mouve­ ment. La goutte sciatique survient au niveau de l’articula­ tion de la hanche ; elle s’étend souvent jusqu’aux che­ villes. On la traite par une saignée à la cheville, par des ventouses sur la hanche, par des clystères âcres, et par les remèdes qui provoquent une sorte de dysenterie, et à l’extérieur par des cataplasmes fortifiants et émollients. La podagre ne s’installe qu’aux pieds mais elle a pour symptôme supplémentaire, d’une part une douleur de nature fiévreuse à son point culminant, c’est pourquoi elle requiert des soins rafraîchissants ; d’autre part une somnolence accompagnée de refroidissement dans son déclin, c’est pourquoi elle requiert alors des soins réchauffants. L ’arthrite est la même maladie que les pré­ cédentes, mais elle s’installe dans toutes les articula­ tions ; elle requiert pour médicaments curatifs les cérats qui réchauffent et le régime approprié. 43 La maladie éléphantiasis tire son nom de sa similitude avec l’élé­ phant1 ; en effet la peau de ceux qui souffrent de cette maladie est plus épaisse et plus dure, et présente une res­ semblance par rapport à la peau de l’éléphant. La cause de la maladie est un phlegme épais et une bile noire vis­ queuse et très diffuse. En effet ce sont ces humeurs qui lui donnent un aspect monstrueux. C’est pourquoi le seul traitement efficace pour les éléphantiasiques est celui des ellébores blanc et noir. [Certains parmi les Anciens12 divi­ sent cette maladie en six, éléphantiasis, léontiasis, ophia1. Cf, Galien, De methodo medendi, K. X, 82 : il s ’agit du fameux passage étudié par F. Skoda (Médecine ancienne et métaphore, 185 sqq.), où Galien passe en revue les différentes origines des noms des maladies : Y éléphantiasis (que Galien appelle plus brièvement Y élé­ phant) tire donc son nom d ’une ressemblance extérieure avec l’animal, mais sans plus de précision ; en réalité, c’est la ressemblance avec la peau de l’éléphant qui retenait l’attention des Anciens.

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δέ καί άρθρίτις καί ποδάγρα μεγέθει μόνον άλλήλων διαφέρουσι, ταΐς δέ αίτίαις | καί τοίς τόποις τοίς πρωτοπαθουσι τά αυτά έστιν* υπό τε yàp φλέγματος ώς επί το πολύ γίνονται καί περί τα νεύρα συνίστανται, τα συνέχοντα τά άρθρα καί την κίνησιν αύτοις παρέχοντα, άλλ* ή μεν ίσχίας περί τό άρθρον τό κατ' ίσχίον γίνε­ ται, διατείνεται δε πολλάκις μέχρι σφυρών* ’ίασις δε διά φλεβοτομίας από σφυρου, καί διά σικυας από του ισχίου καί διά κλυσμών δριμέων καί δι’ α δυσεντερίας τρόπον τινά ποιουσι καί τά έξωθεν καταπλάσματα άκοπα καί μαλάγματα. Ποδάγρα δε περί μόνους τούς πόδας συνίσταται καί επισημαίνει εν ακμή μέν πυρετώδες άλγημα, διό των έμψυχόντων δειται, παρακμή δέ ναρκώδες καί μετά ψύξεως, όθεν των θερμαινόντων δειται. Άρθρίτις δέ ταυτόν πάθος τοίς προειρημένοις περί πάντα τα άρθρα συνιστάμενον. Φαρμάκων δέ δειται θεραπευτικών τών άλεαινόντων κηρωμάτων καί τής καταλλήλου διαίτης. 43 Ή δέ ελεφαντίασις τό πάθος έσχε τό άνομα από τής όμοιότητος τής προς τον έλέφαντα* τό γάρ δέρμα τών εν τώ πάθει τούτω κατεσχημένων παχότερόν τε καί σκληρότερόν έστιν, έμφέρειαν έχον προς τό τών | ελεφάντων δέρμα. Αίτια δέ του πάθους φλέγμα παχύ καί χολή μέλαινα, ή βλεννώδης μάλιστα ένσπειρομένη. Οί γάρ χυμοί ουτοι θηριώδες αύτό άποφαίνουσιν. Διό καί μόνη θεραπεία άνυσιμος επί τών έλεφαντιώντων, ή δι* έλλεβόρου λευκού καί μέλανος. [Τινές δέ τών παλαιοτέρων εις έξ διαιρούσι τό3

3 post έπι om. τό edd. Il 6 κατ' ίσ χίο ν VSTU : κατισχίον R κατά ίσ χίο ν Chartier II 8 του om. SRT II 9 δΓ ά edd. : διά codd. II 13-15 παρακμή— δειται om. u II 19 post από om. τής V II 22 αίτια codd. : -ον edd. Il 23 βλεννώδης u edd. : -εις V II 24 ένσπειρομένη VSTU : έσπ. R II 25 ανύσιμος VSTU : ôv. R II 26 έλλεβόρου edd. : έλεβόρου codd. Il 27-70,14 τινές δέ τών παλαιοτέρω ν—ποιουμένην add. u Chartier : non habent V recc. Aid. Basil.

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sis, lépra, alopécie et mutilation. Ils appellent êléphantiasis celle qui ressemble pour la peau et les pieds à un élé­ phant ; en effet ceux qui ont attrapé cette maladie ont eux aussi les pieds épais, comme ces animaux1. Ils disent léontiasiques ceux qui ont des éruptions tuberculeuses, ou œdémateuses, et sont roussâtres comme les lions. Ils appellent ophiasis la maladie qui dépouille les malades de leur peau à l’image des serpents. Alopécie, d’après la comparaison avec ces animaux (alopex, le renard) ; la mutilation, celle qui corrompt les extrémités des mains et des pieds, et « mutilés », ceux qui ont perdu des membres dans cet état2. La lépra, celle qui rend la peau rugueuse, et qui la fait telle qu’on la voit sur les lépreux3.] 44 Le lichen est également une maladie de la peau. Il y a deux formes de lichen : l’un est bénin et plus docile, l’autre est malin et plus rétif ; chez ces malades se détachent de la peau des squames, et l’endroit situé sous ces squames apparaît plus rouge et proche de l’ulcé­ ration. La maladie vient d’un phlegme salé et de la bile jaune, car les squames se détachent de la peau comme c’est le cas sur les vases plongés dans la saumure. On le traite par les médicaments qui attirent le phlegme et par les onguents à l’extérieur. 45 La lépra est elle aussi une maladie de la peau, qui la rend plus blanche et plus rugueuse. Cette rugosité est comme celle des boutons blancs qui ont poussé. 46 La psora est plus ulcéreuse ; mais les deux maladies viennent spécifiquement d’un phlegme salé. Le traitement est le suivant : médicaments attirant le phlegme et onguents à l’extérieur, tout ce qui est répertorié contre la lépra et la psora. 47 Ualphos a3 3. E. Gurlt, dans son résumé du Médecin, traduit cette phrase ainsi : « Beim Aussatz wird die Haut rauh, wie man es bei den Aussâtzigen entstehen sieht » (Geschichte der Chirurgie, I, p. 462). Il fait de λεπρώ ν un masculin et prend l’adjectif λεπρός au sens de « lépreux » ; cette acception est très tardive en grec (et même médié­ vale), du moins au sens moderne de la lèpre. Une telle interprétation renforce l’hypothèse d ’une datation tardive de ce passage, mais il convient de prendre garde à l’ambiguïté de ce génitif pluriel.

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ττάθος αυτό, e is έλεφαντίασιν, λεοντίασιν, όφιασιν, λέπραν καί άλωπεκίαν καί λώβην* έλεφαντίασιν μέν ουν λέγουσι την έμφερή κατά τό δέρμα καί κατά t o u s πόδας έλέφαντι* παχεΪ5 γάρ καί ουτοι t o u s πόδα5 I: 5 έχουσιν οί τω πάθει τούτω περιπεσόντε$ δηλονότι, ώσπ€ρ εκείνοι* λεοντιαν δέ φασι t o u s όχθώδεΐ5 έπαvaoTaoeis exovTas, ή καί οίδηματώδει$ καί πυρωτέpous όντα$ δίκην λεόντων, όφιασιν δέ την έκδέρουσαν to u s άλόντα$ ως όφει$. αλωπεκίαν δέ από μεταφορα5 νίο των ζώων εκείνων* λώβην δέ, την τα άκρα χειρών τε καί ποδών διαφθείρουσαν καί t o u s των τοιοότων μελών εστερημένου$, λελωβημένου$. λέπραν δέ την τραχύνουσαν τό δέρμα καί οΐον όράται επί των λεπρών, ποιουμένην.] 44 Ό δέ λειχήν πάθθ5 μέν καί auTÔs δέρ|'15 paTOs. I διττόν δέ ειδο$ λειχήνο5, ό μέν f^pos καί 758 πραότερο5, ό δέ aYpios καί χαλεπώτερο5. άφίστανται δέ επί τούτων καί λεπίδε$ του δέρματο5 καί ό υπό Tas λεπίδα$ τόπο5 ένερευθέστερο$ καί e y y ù s ήλκωμένου φαίνεται, γίνεται δέ τό πάθο$ υπό φλέγματο5 αλμυρού 20 καί χολή s τηs ξανθήs* ένθεν ώ ς έπί τών αλμών τών κεραμίων άφίστανται τού δέρματο5 αί λεπίδε5· ïaais δέ ή τε διά φαρμάκων φλεγμαγωγών καί διά τών έξωθεν επιχρίστων. 45 Λέπρα δέ πάθο$ μέν καί αυτή δέρματο$ επί τό λευκότερον καί τραχύτερον τρεπόμενον. ή δέ 25 τραχυτη$ οΐον ψυδρακίων έπανεστώτων. 46 Ή δέ ψώρα έστίν έλκωδεστέρα. Γίνεται δέ έκάτερον leitos υπό φλέγματο$ άλμυρου. laais δέ ή τε διά φλεγμαγωγών φαρμάκων καί τών έξωθεν επιχρισμάτων, δσα πρό$ λέπραν καί ψώραν άναγέγραπται. 47 Ό δέ άλφο53 3 εμφερή STUChartier : ~εΐ R II 7 πυρωτέρους u : πυρροτέρους Chartier II 11 μελών STU Chartier : μελλών R II 17 έπι τούτων και λεπίδες V : και λ. έ. τ. u II 22 post και om. διά edd. Il 25 οίον VSTU : οίων R II 27 αλμυρού SRT : άλμηρ. VU2 άλυκοΰ U il ή τε codd. : ήδε edd.

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deux variétés, le blanc et le noir ; le noir vient de la bile noire, c’est pourquoi les remèdes mélancoliques le plus souvent l ’évacuent ; le blanc vient du phlegme, mais pas salé. La leucé est une maladie semblable à Yalphos blanc (ileucos), mais a pour signe supplémentaire (la couleur d’) une terre très blanche. Et elle se différencie de la lépra par le fait qu’elle est lisse et ne rend pas la peau rugueuse, comme c’est le cas pour la lépra. Les médicaments attirant le phlegme, et les onguents à l’extérieur évacuent toutes ces maladies1. [XIV. 1 Sur la composition de la meilleure purge2. La pharmacie des maux internes est composée des médi­ caments désobstruants, coupants, atténuants, de ceux qui ouvrent la voie, des stimulants, des purgatifs, des correc­ tifs du vice des médicaments, des digestifs et de ceux qui suspendent une évacuation excessive. Sont désobstruants tous ceux qui dilatent les voies et permettent l’écoule­ ment des matières. Sont coupants tous ceux qui coupent les humeurs et cuisent les unes en les épaississant, les autres en les atténuant. Ouvrent la voie tous ceux qui conduisent et envoient les médicaments dans les parties que nous désirons, comme le santal3 pour ceux qui veu­ lent purger le foie, et pour ceux qui veulent purger la rate, Vasplénium ; pour les reins et les hanches, la centaurée et la bourse à pasteur ; la péonie et la cassidoine soignent l’arrière de la tête, et la marjolaine et les médicaments semblables, l’avant de la tête. Pour le sternum, le pou­ mon, le thorax, le cœur, la région post-diaphragme et le 1. Cette famille de maladies de peau a connu une fortune linguis­ tique imbriquée avec celle de la lèpre (éléphantiasis) ; souvent présen­ tées ensemble sous l ’étiquette « maladies de la peau », elles ont fini par se superposer et se confondre dans les traductions. Au Moyen Âge, έλεφαντίασις devient en latin lepra, tandis que le terme elephantiasis sert à traduire l ’arabe dâ ’ al-fîl. Au sujet de cette série de maladies bénignes, déjà rapprochées entre elles dans la Collection hippocra­ tique, voir M.-D. Grmek, Les maladies à Vaube de la civilisation occi­ dentale, 244-248.

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διττόν έστι πάθος, 6 μέν λευκός, ό δέ μέλας. γίνεται δέ ό μέν μέλας υπό μελαίνης χολής* διό καί μελαγχολικά τα πολλά ρύεται. Ό δέ λευκός υπό φλέγματος γίνε­ ται, ούχ άλυκου. Ή δέ λεύκη όμοιον μεν τό πάθος άλφώ λευκώ, μάλλον δε επισημαίνει γην λευκοτάτην. | Λέπρας δέ διαφέρει τώ λειον είναι καί μη τραχύνεσθαι τό δέρμα, ώς επί λέπρας. ΊΡύεται δέ τούτων απάντων τα φλεγμαγωγά φάρμακα καί τά έξωθεν σμήγματα,

[XIV. 1 Περί συνθέσεως άρίστης καθαρσίου* Συντί10 θεται δέ ή προς τα εντός φαρμακεία άπό τε απο­ φρακτικών καί τμητικών καί λεπτυντικών καί προοδοποιητικών καί προτρεπτικών καί καθαρτικών καί κολαστικών τής τών φαρμάκων κακίας, εύστομάχων τε καί εφεκτικών τής αλόγου φοράς. Αποφρακτικά μέν 15 ουν δσα τους πόρους αραιοί καί τα σώματα ευροα ποιεί* Τμητικά δέ οσα τέμνει τους χυμούς καί πέττει τους μέν παχύνοντα, τούς δέ λεπτύνοντα, Προοδοποιητικά δέ όσα προάγει καί προπέμπει τα φάρμακα εις α βουλόμεθα μόρια, ώς επί μέν τών ήπαρ καθαίρειν βου20 λομένων, σάνταλα* τών δέ σπλήνα, σκολοπένδριον* νεφρους δέ καί ισχία, κενταύριόν τε καί θλάσπΓ τά όπισθεν τής κεφαλής, παιώνία καί στοιχάς* τά έμπροσ­ θεν ίάται καί σάμψυχον καί τά τοιαυτα* στήθη καί πνεύμονα καί θώρακα καί καρδίαν καί μετάφρενα καί2

2 μελαγχολικά edd. : μελαγχολία codd. II 6 τφ edd. : το codd. II 8 σμήγματα edd. : σμιγ. codd. II 9-73, 4 cap. XIV add. u Chartier : non habent V recc. Aid. Basil, (hic, post cap. XIII transp. Chartier sed in codicibus post cap. XV apparet) Il 11 post τμητικών om. τε Chartier II 13 εύστομάχων STU Chartier : δυστ. R II 16 πέττει STU : πέτει R : πέπτει Chartier II 20 σάνταλα u : σάνδαλα Chartier II 22 παιωνία Chartier : παιονία u II στοιχάς Chartier : στιχάς u II έμπροσθεν Ιάται scripsi : έμπροσθεν ϊα τε u : έμπρόσθιά τε Chartier II 23 σάμψυχον SRU Chartier : σάψ. Τ.

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ventre, la betterave à sucre, le styrax et la graine de fenugrec, l’amande, le safran, la graine de mercuriale ; pour les jointures et les articulations, les deux hermodactes et pour d’autres parties, d’autres médicaments, qu’il faut conjecturer à partir de ce qui a déjà été dit. 2 Sont stimu­ lants tous les médicaments qui mettent en mouvement et stimulent, comme l’agaricum, l’iris, la rhubarbe indienne, l’épi de nard, la chair de coloquinte, le tragacanthe, la scammonée, l’aloès, ou le suc de choux ou de roses, ou leurs graines ; de même le sel minéral, l’épithymus, comme l’épurge, le bdellium et l’ellébore, la graine de radis, le turbith blanc, le vinaigre ou le chrysobalanus et les myrobalana, la bryonia et le sel de pin, et en plus la racine de Y euphorbia pityusa, l’hermodacte rond et de même pour le reste les médicaments voisins, que nous avons passé en revue point par point dans le livre Sur la composition optimale des médicaments1 et à partir des­ quels il faut imaginer ceux qui restent. 3 Sont purgatifs tous ceux qui purgent, ici et là où nous avons écrit sur Les médicaments simples12. Corrigent le vice tous ceux qui ont la particularité de s’opposer aux médicaments nocifs, comme le zingiber à l’agaricum, et au jus de scammonée, la mastique, la gomme arabique ou le camphre3, ou le jus de coing ; à la coloquinte, l’huile d’amande, à Yalypaia la moutarde ; comme à l’ellébore, le castorium, ou l’hydromel ; à l’épurge, la cinnamome ; à l’aloès la mastique ; tout comme le smymium la sti­ mule ; et tout ce que nous avons dit dans le livre Sur la composition optimale (des médicaments). Sont digestifs 1. Il est impossible de déterminer l’identité de l’auteur de ce livre ; si Ton admet que ce chapitre pharmaceutique est une insertion tardive, la référence indiquée concerne probablement l’auteur byzantin qui la mentionne, et non Pseudo-Galien, ou tout autre auteur antique. 2. Même remarque. Le titre prête à confusion car il pourrait s’agir du traité de Galien sur les simples {De facultatibus ac temperamentis simplicium medicamentorum), auquel on se référait parfois sous ce titre simplifié. Mais les ouvrages sur les simples étaient nombreux.

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έντερα, γλυκύρριζον | καί στύραξ καί σπέρμα τήλεως* 760 αμύγδαλά τε καί κρόκος καί καρπός λινοζώστεως καί τους αρμούς καί τα άρθρα, έκάτερον ερμοδάκτυλον καί άλλοις άλλα, άπερ έκ των είρημένων δει συντεκμαίρεσθαι. 2 Προτρεπτικά δέ δσα κινεί καί προτρέπει τά φάρ­ μακα, ώς μεν άγαρικόν, έρις, ρέον δε Ινδικόν, στάχυς* εντεριώνην δέ κολοκυνθίδος, τραγάκανθα* σκαμμωνίαν δέ, άλόη, ή χυλός κράμβης, ή ρόδων, ή σπέρματα, ωσαύτως άλας ορυκτόν* το έπίθυμον, ώσπερ το εύφόρβιον, βδέλλιον καί τον έλλέβορον' ραφανίδος σπέρμα καί την άλυπαίαν* οξος ή χρυσοβάλανος καί τά μύροβάλανα* βρυωνία καί το ελατήριον άλας. Καί μεν δη καί τής πιτυουσης την ρίζαν, έρμοδάκτυλον τό στρογ­ γυλόν καί τοις άλλοις ωσαύτως τά παραπλήσια, άπερ έν τω περί άρίστης συνθέσεως φαρμάκων κατά μέρος διήλθομεν καί δει έκείθεν νομίζεσθαι τά έλλείποντα. 3 Καθαρτικά δέ δσα καθαίρει κάνταύθα κάν τω περί απλών φαρμάκων ήμιν γέγραπται. Κολαστικά δέ τής κακίας δσα τοις δηλητηρίοις των φαρμάκων | άντι- 761 κείσθαι έχει ιδίωμα, ώς άγαρικου μέν ζίγγιβερ, σκαμμωνίας δέ όπου, μαστίχη ή κόμμι Αραβικόν ή καφουρά ή κυδωνιών μήλων χυλός* κολοκυνθίδος δέ άμυγδάλινον έλαιον* άλυπαίας δέ νάπυ* ώσπερ έλλεβόρου καστόριον, ή υδρόμελι* καί εύφορβίου κιννάμωμον. άλόης δέ γε μαστίχη* ώσπερ αυτήν προτρέπει τό σμύρνιον* καί τάλλα δσα ήμιν εν τω περί άρίστης συνθέσεως2 2 αμύγδαλά SRU Chartier : άμήγδ. T II καρπός u : σπέρμα Chartier II 6 στάχυς Chartier : ~ος u II 7 κολοκύνθιδος Chartier : -ίνθιδος u II σκαμμωνίαν Chartier : σκαμω. u II 9 ωσαύτως U Chartier : ώσαύλως SRT II ante εύφόρβιον [έφόρβιον u] om. τό Char­ tier Il 10 έλλέβορον Chartier : έλεβ. u II 13 πιτυούσης u : πτυούσης Chartier II 20 έχει om. Chartier II σκαμμωνίας Chartier : σκαμω- u II 22 κολοκύνθιδος Chartier : -ίνθιδος u II άμυγδάλινον u : αμυγδάλων Chartier II 23 νάπυ Chartier : νάπι u II έλλεβόρου Chartier : έλεβ. u II 24 ευφόρβιου Chartier : έφ. u II σμύρνιον Chartier : σμύρνον u.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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et suspensifs d’une évacuation excessive due aux médica­ ments tous ceux qui revigorent, maintiennent et réveillent les facultés naturelles. Mais les passer en revue point par point nous a paru superflu pour le moment.] XV. 1 Sur le classement des traitements pharma­ ceutiques. Il y a deux pharmacies, celle des maux internes, employée surtout par le diététicien, et celle des maux externes, sans laquelle les recours de la chirurgie ne sont pas complets. La pharmacie des maux internes a douze formes : contre les maux de la tête, contre ceux de la bouche, médicaments digestifs, béchiques, antalgiques, antidotes, purgatifs, médicaments du foie, de la rate, des reins, médicaments contre les pierres et les ulcères de la vessie, médicaments de l’utérus. Les médicaments de la bouche sont ceux qui concernent les gencives qui sai­ gnent, purulent, se putréfient et les dents, tous les médi­ caments contre les aphtes et les escarres, et tous ceux qui s’opposent au relâchement de la luette. Parmi les médica­ ments digestifs, certains concernent le manque de ressort de l’œsophage, ou de l’estomac ; d’autres leur gonfle­ ment ; d’autres le crachement de sang ; d’autres sont destinés aux pleuritiques, au péripneumoniques et aux phtisiques ; d’autres aux asthmatiques, ou aux « orthop­ noïques »* ; d’autres contre la rugosité de la trachée artère et la perte de voix. Parmi les antalgiques, les uns concer­ nent les reins, d’autres les flux de ventre, les dysenteries,

1. Contrairement à la plupart des autres maladies concernées par ce chapitre thérapeutique, les asthmatiques et les orthopnoïques ne sont pas évoqués par ailleurs dans le traité ; voici une information sur les orthopnoïques, tirée d ’Aetius d ’Amida (.latrica, VIII, 63, 27) : ot δέ Ιδίως δυσπνοικοί και όρθοπνοικοί καλούμενοι απύρετοι ώς έπίπαν είσι και βάρους μεγίστου αϊσθησις αύτοΐς γίγνεται και ούδέν πυώδες άναπτύσσουσιν. « Quant à ceux qu’on appelle dyspnoïques et orthopnoïques, ils sont en général sans fièvre, pris par la sensation d ’un poids immense, et ne crachent aucune matière purulente ».

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€Ϊρηται. Εύστόμαχα δέ καί έφεκτικά τής άλογου των φαρμάκων φοράς, δσα τονοί και συνέχει καί τάς φυσικάς διεγείρει ένεργείας. Τό δέ κατά μέρος ταυτα έπεξεργάσασθαι περισσόν νυν ήμίν έδοξεν.] i5

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XV. 1 Περί διαιρέσεως τής διά φαρμάκων θεραπείας* Ή δέ φαρμακεία διττή έστιν, ή μέν προς τά Ιντός πάθη, ή μάλιστα χρήται ό διαιτητικός* ή δέ ττρός τά έκτος, ής ουκ aveu συντελείται τά κατά χειρουργίαν. Τής μέν ουν προς τά έντός φαρμακείας είδη έστί δεκαδυο. τό μέν των εν τή κεφαλή παθών* τό δέ των στοματικών* τό | δέ τών 762 πεπτικών* τό δέ τών βηχικών* τό δέ τών άνωδύνων* τό δέ τών άλεξιφαρμάκων* τό δέ τών καθαιρόντων. τά μέν ήπατικά ιδίως* τά δέ σπληνικά* τά δέ νεφριτικά* τά δέ προς τούς εν τή κυστει λίθους καί έλκη* τά δέ προς υστέραν* τά μέν δη στοματικά έστι τάδε’ προς ούλα αίμασσόμενα, σηπόμενα, βεβρωμένα καί όδόντας καί δσα προς άφθας καί έσχάρας, δσα τε προς σταφυλήν κεχαλασμένην. Τών δέ πεπτικών τα μέν έστι προς ατονίαν στομάχου, ή κοιλίας* τά δέ προς έμπνευμάτωσιν τούτων* τά δέ προς αίματος άναγωγήν* τα δέ προς πλευριτικους, ή περιπνευμονικούς* τά δέ προς φθισικους* τά δέ προς άσθματικούς, ή όρθοπνοικούς* τά δέ προς τραχύτητα άρτηρίας καί φωνής έκκοπήν. Τών δέ άνωδύνων τά μέν προς νεφριτικούς, τα δέ προς κοιλίας ρύσεις καί δυσεντερίας καί προς κωλικούς καί είλεώ-

4 περισσόν STUChartier : -ίσον R Ιί εδοξεν u : ^δοξε Chartier il 5 cap. XV ante cap. XIV apparet in codicibus u (vide p. 71) Il περί— θεραπείας V : περί φαρμακείας u II 12 post καθαιρόντων add. καί I- Chartier II 13 νεφ ριτικά V : νεφ ρητικά U νεφρηνικά S νεφρικά T II jj; 15 έστι τάδε* u : έστι, τα δέ V II 18 πεπτικώ ν codd. : πεττ. edd. Il 1 21 περιπνευμονικούς VSRU : περί πνευμονικούς Τ περιπνευματιί κούς Chartier II 22 ασθματικούς V : άσμα- u II post τραχύτητα add. τε edd. Il 24 νεφριτικούς edd. : νεφρητ- codd. K · ; g;.:. Ii.

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les coliques et l’iléos ; leur point commun est de lutter contre la douleur quelle qu’elle soit. Certains antidotes simples détruisent chacun un autre produit ; la théria­ que lutte contre tous, qu’on la prenne avant ou après1. 2 Parmi les purgatifs, certains purgent par en haut, comme ceux qui sont composés avec de l’ellébore et tous les émétiques, les autres sont administrés par en bas, comme ceux faits de scammonée, d’aloès, de pin, de coloquinte, d’épurge, de baie de daphnécnidium et de tels produits. Un troisième groupe est placé à côté de ceux là, les médi­ caments contre les vers plats, tel que celui qui est com­ posé de bois de cerf, de menthe et de poivre. Il y a une quatrième forme de purgatifs qui ne concernent que la tête, administrés par la bouche ou le nez en fonction des maladies limitées à la tête ou aux yeux, et la plupart des médicaments contre les ictères. Les purgations par en haut conviennent pour arrêter les maladies chroniques ; le moment opportun pour les administrer se situe dans les intervalles. Les purgations par en bas concernent les maladies aiguës, à l’exception de la pleuritis et de la péri­ pneumonie ; le moment qui convient pour toutes est le relâchement des paroxysmes particuliers. 3 La pharmacie externe a onze parties : en effet certains médicaments sont coupants, d’autres sont digestifs, d’autres arrêtent l’hémorragie, d’autres font suppurer, d’autres sont purga­ tifs, d’autres remplissent, d’autres freinent, d’autres sont cicatrisants, certains s’appliquent sur les yeux, d’autres sur tout le corps, certains brûlent les érysipèles, les her­ pès et les anthrax, d’autres sont des onguents fortifiants et réchauffants qui agissent sur les paralysies, les malades 1. Il est évident qu’il faut ici suivre la leçon de V et des premières éditions (προλαμβανόμενη), contre la correction de Chartier (προσλαμβανομένη), que l’on pourrait prendre pour une faute d’inattention si elle n ’était confirmée par les manuscrits de la famille B, dont Char­ tier s’est très probablement inspiré. La thériaque est en effet efficace contre tous les poisons, même à titre préventif (c’est pourquoi les empereurs s’en faisaient préparer régulièrement). Plusieurs traités sur la thériaque sont attribués à Galien.

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δεις. Κοινώς 8έ ττάντα προς πάσαν οδύνην. Τά δέ άλεξιφάρμακα τά μέν απλά, άλλα προς άλλο δηλητήριον. Ή δέ θηριακή προς πάντα καί προλαμβανομένη καί έπιδιδομένη. 2 Τών δέ καθαιρόντων τά μέν άνωθεν κα|θαίρει, ώς τα δι* έλλεβόρου καί τα εμετικά πάντα* τά 763 δέ κάτωθεν παραλαμβάνεται, ώς τα διά σκαμμωνίας καί αλόης καί ελατηρίου καί κολοκυνθίδος καί ευφορ­ βίου καί κόκκου κνιδίου καί τών τοιουτων. Τρίτα δέ τούτοις τετάχθω καί τά προς ελμινθας πλατείας, οιά εστι τό διά κέρατος έλαφείου καί ήδυόσμου καί πεπέρεως. Έστι δέ καί τέταρτον είδος τών κεφαλήν μόνην καθαιρόντων διά στόματος καί ρινών a παραλαμβάνεται ιδίως επί τε τών εν τη κεφαλή καί τοίς όφθαλμοίς παθών καί τά πλεΐστα έπί ίκτερων. 'Αρμόζουσι δέ αί μέν διά τών άνω καθάρσεις προς άνασκευήν τών χρο­ νιών. Καιρός δέ αυτών τά διαλείμματα. Αί δέ κάτωθεν, προς τά οξέα νοσήματα κατάλληλοι, πλήν πλευρίτιδος καί περιπνευμονίας. Καιρός δέ αυτών πάντων ή άνεσις τών επί μέρους παροξυσμών. 3 Τής δέ προς τά εκτός φαρμακείας είδη έστίν ενδεκα. Τά μέν γάρ διάφορητικά, τά δέ συμπεπτικά, τά δέ έναιμα, τά δέ πυοποιά, τά δέ άνακαθαρτικά, τά δέ άναπληρωτικά, τά δέ κατα­ σταλτικά, τά δέ I επουλωτικά, τά δέ οφθαλμικά, τά δέ 764 έν ολω τώ σώματι, τά δέ καυστικά επί ερυσιπέλατα καί ερπητας καί άνθρακας’ τά δέ είσιν αλείμματα άκοπά τε καί θερμαντικά προς παραλύσεις ποιούντα καί άρθριτι-

3 προλαμβανομένη V Aid. Basil. : προσλ- u Chartier fl 5 έλλε­ βόρου edd. : έλε- codd. Il ante έμετικά om. τα edd. !! 6 σκαμμωνίας edd. : σκαμω- codd. Il 7 κολοκυνθίδος V : -ινθίδος u II εύφορβίου V : έφ- u II 9 ελμινθας πλατείας u : έλμισπατείας V II 10 πεπέρεω ς V : -εος u II 13 τοΐς όφθαλμοίς edd. : τούς όφθαλμούς codd. Il 17 πλήν om. edd. Il πλευρίτιδος codd. : -ας edd. Il 19 μέρους u : μέσους ? (haud facile legitur) V II 20 γάρ om. SRT II post γάρ add. jg αύτών edd. Il 26 Αρθριτικούς VU : αρθριτικά R : αρθρικά ST.

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de l’arthrite, de la podagre, de toute affection des nerfs, du tétanos et de Γopisthotonos. D’autres résorbent les boutons qui fleurissent sur la peau en cas de leucé, à'alphos, de lichen et de lépra. 4 Les médicaments cou­ pants et digestifs conviennent à tout abcès ou grosseur de ce type. Sont coupants tous ceux qui sont à base de sel et de nitre, comme celui de Ctésiphon1 ; et digestifs ceux qui sont composés de résine, de galbanum et de parfum de Libye. Parmi les médicaments qui stoppent l’hémorra­ gie, certains sont de couleur brune et conviennent aux blessures récentes sur le corps, d’autres sont verts et noirs, comme la barbare, et conviennent aux blessures de la tête et aux morsures de chien. Pour les ulcères, s’ils sont enflammés il faut employer les suppurants, comme le tétrapharmaque2, et les purgatifs s’ils sont sales, comme la plante verte diluée. Les médicaments qui rem­ plissent pour les ulcères creux, et pour ceux où la chair prolifère, les médicaments qui freinent, comme ceux qui sont faits à base de couperose jaune et d’écailles, qui conviennent aussi pour les hémorragies difficiles à enrayer. 5 On emploie les médicaments caustiques tantôt pour inciser et développer les chairs, comme pour le pourtour des abcès, tantôt, dans le cas de paupières relâ­ chées, au lieu de procéder à une suture, en ôtant la partie qui convient de la cicatrice nous tirons vers le haut ce qui est relâché3. Tantôt aussi nous les employons pour les céphalées difficiles à guérir, en les transformant, par le biais d’escarres profondes, en flux d’humeurs vers l’exté­ rieur. La matière des médicaments caustiques est compo­ sée de chaux vive, arsenic jaune, arsenic rouge, lie de vin brûlée et les produits semblables. Parmi les médicaments 2. Ce quatre-quarts de la pharmacie grecque était composé de cire, de suif, de poix et de résine. Probablement à cause de la célébrité de ce remède, le mot τετραφάρμακον a pris un sens métaphorique dans la langue philosophique ; il résume chez les Epicuriens les quatre axes principaux de la doctrine du maître (voir Philodème, Contre les sophistes, IV, 10-14).

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κούς καί ποδαγρικούς καί πάσαν νεύρων ττήσιν καί τετανικούς καί όπισθοτονικούς. Τά δε σμηκτικά των εις την επιφάνειαν έξανθούντων, λεύκης, άλφοΰ, λειχήνος καί λέπρας. 4 Τά μεν ουν διαφορητικά καί συμπεπτικά επί φυμάτων καί παντός αποστήματος τοιούτου άρμο­ ζα. Διαφορητικαί δε είσιν αί διά αλών πάσαι καί οσαι διά νίτρου, ώς το Κτησιφώντος. Συμπεπτικά δε τά διά ρητίνης καί χαλβάνης καί άμμωνιακού θυμιάματος. Των δε έναίμων φαρμάκων αί μεν φαιαί επί τών κατά του σώματος προσφάτων τραυμάτων άρμόζουσιν. Αί δε ιδίως χλωραί καί μέλαιναι, ώς ή βάρβαρος, πρός τε τά εν τή κεφαλή καί πρός τά κυνόδηκτα. Έπί δε έλκων τοις μεν πυοποιοις έπί τών φλεγμαινόντων χρηστέον, ώς τή τετραφαρμάκω, τοις δε άνακαθαίρουσιν έπί τών ρυπαρών, ώς τή χλωρά άνειμένη, τοις δέ άναπληρουσιν έπί τών κοίλων. Τοις | δέ καταστέλλουσιν ώς έπί τών 765 ύπερσαρκουντων, ώς τοις διά μίσυος καί λεπίδος, ά καί έπί τών δυσεπισχέτων αιμορραγιών αρμόζει. 5 Τοις δε καυστικοις ότε μεν πρός τό διελεΐν καί άναπτυξαι σώματα χρώμεθα, ώς έπί τών αποστημάτων την περιοχήν, ότε δέ έπί τών κεχαλασμένων βλεφάρων άντί άναρραφής, άφαιροϋντες τό σύμμετρον τής ουλής, άνασπώμεν τό κεχαλασμένον. Ότε δέ έπί κεφαλαίας δυσιάτου παραλαμβάνομεν, διά βαθείας έσχάρας μεταβάλλοντες εις τά έκτος ρεύματα. "Υλη δέ τών καυTEST. : 7 τό Κ τησιφώ ντος, C e l s . De medicina V, 18, 31 ; G a l . Comp. med. per genera (ed. Külin XIII, 936).I

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1-2 και πάσαν— όπισθοτονικούς om. T II ττησιν codd. : πήξιν edd. al. τή ξιν Basil, in margine II 4 μέν om. edd. Il 6 διαφορητικαί V : -à u II 7 Κ τησιφώ ντος u edd. : -ι V II συμπεπτικά u : -ηκά V II 8 άμμωνιακού V : άμων- u II 13 τοις SRT recc. : το ... V II 15 ρυπα­ ρών u recc. : ρυσπαρών ? (haud facile legitur) V II χλω ρά Chartier : -ή codd. Aid.Basil. Il post άνειμένη add. και V.

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céphaliques, certains conviennent aux teignes, aux pelli­ cules et aux éruptions, d’autres aux céphalées et aux hétérocranies. Parmi les médicaments des oreilles, cer­ tains conviennent à l’inflammation des oreilles, d’autres aux ulcères, d’autres aux écoulements de pus, d’autres aux difficultés d’audition, et d’autres aux oreilles contu­ sionnées. 6 Dans les médicaments des yeux, il y a sept sortes : certains conviennent aux ophthalmies commen­ çantes, comme ceux qui sont composés de glaucium, de safran et les petits collyres, d’autres aux diathèses, comme l’huile de nard et les collyres dits de Théodote1, certains aux fluxions, comme ceux qui sont faits d’encens, d’acacia et du fruit de la bruyère, certains aux rugosités (trachomata), comme les médicaments faits de métaux, tels que le cuivre extrait par fusion, le minerai de cuivre et la limaille de cuivre. La cinquième sorte est celle qui convient aux xérophthalmies et aux psorophthalmies, composée des collyres et des médicaments secs qui affûtent la vue, qui sont de la même matière que les précédents2. La sixième est celle des médicaments humides, qui sont répertoriés contre les cataractes, et sont préparés à partir de venins, en particulier de hyène. La septième sorte est celle des cataplasmes, que l’on appli­ que sur les yeux vivement enflammés et très doulou­ reux ; ils sont composés de mélilot, de vin doux, de fenugrec et de produits d’une semblable matière. Nous enduisons aussi les paupières au début avec des répulsifs, tels que ceux qui sont faits de glaucium, ceux qui sont faits de glaucium uniquement et ceux qui sont fait avec

1. Au sujet de ces médicaments de Théodote, voir Aetius, Iatrica, VII, 62 et 117. Galien mentionne un θεοδότιον dans le De comp, med. sec. locos, K. XII, 754. 2. Le traitement pharmaceutique de ces maladies est plus détaillé chez Aetius d ’Amida, VII, 79, chapitre inspiré, dit-on, de Démosthène Philalèthe.

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στικών άσβεστος ζώσα καί αρσενικόν καί σανδαράχη καί ψέκλα καί τα τοιαϋτα. Των δε κεφαλικών τα μεν ιτρός άχώρας καί πίτυρα καί έκβράσματα αρμόζει, τα δε προς κεφαλαλγίαν καί έτεροκρανίαν. Των δε ώτικών τά μεν προς φλεγμονήν ώτων, τά δε προς έλκωσιν, τό 6έ προς πυορροοΰντα, τά δε προς δυσηκοΐαν, τά δε προς ώτα τεθλασμένα. 6 Των δε οφθαλμικών φαρμάκων είδη είσίν επτά, τά μεν γάρ προς άρχομένας οφθαλμίας αρμόζει, ώς γλαυκίου καί τα διά κρόκου καί τα κυκνάρια* τα δε προς τάς διαθέσεις, ώς τά νάρδινα καί τά θεο|δότια καλούμενα. Τά δε προς ρεύματα, ώς τά διά 766 λιβάνου καί ακακίας καί ερίκης καρπού. Τά δε προς τραχώματα, ώς τά διά των μεταλλικών, οΐον κεκαυμένου χαλκού καί χαλκίτεως καί λεπίδος χαλκού. Πέμπτον δέ έστι τό προς ξηροφθαλμίας καί ψωροφθαλμίας είδος τών κολλυρίων καί ξηρών όξυδερκικών, ά τής αυτής ύλης έστί τοις προγεγραμμένοις. Έκτον δε τό τών υγρών είδος, τών προς ύποχύσεις άναγεγραμμένων, ά διά χολών σκευάζεται καί μάλιστα δι* υαίνης. "Εβδομον δέ τό τών καταπλασμάτων είδος, ά παραλαμβάνεται επί τών άκρως φλεγμαινόντων οφθαλμών καί περιοδυνώντων, Έστι δέ τάδε διά μελιλώτων καί γλυκέος καί τήλεως καί τής τοιαύτης ύλης. Περιχρίομεν δέ τα βλέφαρα έν άρχή μέν τοις άποκρουστικοίς,1

1 ante άσβεστος add. κονία edd. II 2 φέκλα VU2 : σφέκλα SR TU II 8 οφθαλμίας u recc. : όφθαλμι... V II 11 τά δέ προς ρεύματα edd. : τα 6έ ώς προς βεύμα codd. II 12 έρίκης codd. Aid. Basil. : έρείκης Chartier II 13 μεταλλικώ ν V : μεταλι- u II 16 οξυδερκικών VU : οξυδερκίων SRT II 17 τό om. edd. Il 19 ά edd. : a ï codd. Il σκευάζεται scripsi : -ονται codd. edd. Il 20 έβδομον SRU edd. : εύδ- VT II 22 περιοδυνώντων Chartier : -όντων u recc. Aid. Basil. : -ούντων V II τάδε Chartier : τά δέ Ald.Basil. τά codd. Il 23 τήλεω ς u recc. edd. : τέλεω ς V II τής codd. : τά edd. Il περ ιχρίο μ εν VSRU : -ωμεν T.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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du safran ; dans les cas avancés en revanche, avec des médicaments desséchants et apaisants, comme l’huile de nard et les médicaments de Théodote. Quant à tous les produits dont on enduit pour l’esthétique, comme ceux qui sont composés de vermillon et de fard, ils font partie non de la médecine mais de la cosmétique1. XVI. 1 Sur les maladies des yeux2. Voici les affec­ tions3 qui attaquent l’œil tout entier : taraxis, ophtalmie, inflammation, épiphora, œdème, emphysème, squirrosis, chèmosis, anthrax, fluxion, strabisme, spasme, palmos, myopie, gangrène, décomposition, ulcère, fistule, xéroph­ talmie, psorophtalmie, sclérophtalmie, chute, atrophie ; au niveau des membranes4 : rupture, corrosion, disten­ sion, ouverture, épaisseur, resserrement, plissement, allongement, étiolement ; celles de l’intérieur des pau­ pières : rugosité, épaisseur, sycosis, tylosis, sclèria, chalazosis, pladarotès, mydèsis, sarcosis, pôriasis ; celles de l’extérieur des paupières : hydatides, lithiase, phtiriase, mèlicéris, gangrène, abcès, colobomas. Au niveau de la couronne des paupières : orgelet ou posthia, trichiasis, distichia, tristichia, phalangosis5, pyrosis, ptilosis, pso-

1. Selon Galien, il existe une cosmétique médicale, et une autre uniquement liée à l ’esthétique, ainsi qu’il l’explique dans le traité De partibus artis medicative, d’après la traduction arabe tirée éditée et tra­ duite par M. Lyons, CMG Suppl. Or. II, Berlin, 1969. 3. La traduction des noms de maladie des yeux est une question insoluble : à tout nom ancien ne correspond pas nécessairement un concept moderne. Les informations données par Pseudo-Galien sur chaque maladie sont d ’ailleurs maigres. Devant l’impossibilité de don­ ner systématiquement une traduction satisfaisante, nous avons souvent recouru à la simple transcription du nom grec. 4. Toute la série des noms de maladie qui concernent les mem­ branes de l ’œil sont étrangères à la version latine ancienne, au contenu du chapitre XVI et, peut-être, au texte d ’origine. 5. Ces trois noms sont quasiment synonymes : τριχίασ ις est le nom générique, les deux autres sont des variantes particulières.

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oîa εστι τα δια γλαυκίου, καί αύτώ μόνω γλαυκίω καί τοΐς δια κρόκου. Έπί δέ των ενδιαθέτων τοΐς άναξηραίvouai καί παραμυθουμένοις, oîov ναρδίνοις καί θεοδοτίοις, "Όσα δέ προς εύμορφίαν έπιχρίεται, ως τα δια 5 σάνδυκος καί ήδυχρόου, ούκ ιατρικής, άλλα καλλωιτιστικής έστιν ίδια. |

XVI. 1 Περί των έν όφθαλμοίς συνισταμένων παθών* Πάθη δέ περί μέν τον δλον οφθαλμόν συνίσταται τάδε* τάραξις, οφθαλμία, φλεγμονή, επιφορά, οίδημα, έμφύJ0 σήμα, σκίρρωσις, χήμωσις, άνθραξ, ρεύμα, στραβισμός, σπασμός, παλμός, μυωπίασις, γάγγραινα, σηπεδών, έλκος, σΰριγξ, ξηροφθαλμία, ψωροφθαλμία, σκληροφθαλμία, πρόπτωσις, άτροφία. Περί δέ τούς υμένας τάδε* ρήξις, διάβρωσις, διάτασις, άναστόμωσις, Ϊ5 παχύτης, πυκνότης, ρόσωσις, έκτασις, άραιότης. Περί δέ τα εντός μέν βλεφάρων τραχύτης, παχύτης, σύκωσις, τύλωσις, σκληρία, χαλάζωσις, πλαδαρότης, μύδησις, σάρκωσις, πωρίασις. Περί δέ τά έκτος των βλεφάρων ύδατίδες, λιθίασις, φθειρίασις, μελικηρίς,

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|*I 1-2 και αύτώ μόνφ γλαυκίφ καί τοΐς δια κρόκου [κρόκοις codd.] codd. : καί τοΐς δια κ. καί αύτώ μ. γ. edd. II 5 ούκ u edd. : ούχ V II 7 a cap. 16 incipiunt vet. lat. vet. lat.2 II π ερ ί των έν όφθαλμοίς συνισταμένων [συνισταμένων om. u] παθών : de oculoI rum causationem vel quante cause in eis superveniunt vet. lat. II | 9 τάραξις codd. : traxis vet. lat.2 om. vet. lat. II φλεγμονή έπιφορά scripsi \flegmone aepifora vet. lat.] : έ. φ. codd. II 10 χήμω σις, dvθραξ, στραβισμός, σπασμός, παλμός, μυωπίασις, γάγγραινα, I σηπεδών, έλκος, σΰριγξ non hab. vet. lat II ρεύμα scripsi [reuma vet. lat. vet. lat.2] : om. codd. Il 12 ψωροφθαλμία codd. : sorobthalmia jj vet. lat.2 om. vet. lat. Il 13 περί δέ τούς υμένας τάδε* ρήξις, διάβρωH σις, διάτασις, άναστόμωσις, παχύτης, πυκνότης, ρύσωσις [ρύσσ. fl VSRT], εκστασις [έκτ. edd.], άραιότης non hab. vet. lat. Il 17 σκλη ­ ρία codd. [scleria vet. lat.2] : om. vet. lat. Il 18 σάρκωσις, πω ρίασις I non hab. vet. lat. Il 19-78, 1 μελικηρίς, γάγγραινα, φύματα, κολοβώ­ ματα non hab. vet. lat.

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riasis, madarotès, paralysie ; communes à l’ensemble des paupières : paralysie, chute en avant, retournement vers l’extérieur ; au niveau des coins : encanthis, cro­ chet, ectropè, ptérygion, écoulement, excroissance. A l’extérieur, aigilops, anchilops. Au niveau du blanc de l’œil : psydracion, ulcère, hyposphagma, apostasis\ chèmosis, coeloma, argèmon, ptéiygion, phacôsis, ictère, pierre. Au niveau de l’iris : néphélion, achlys, épicauma, ulcère, bothrion, phlyctène, myocéphalon, staphyloma, hypopyon, rupture, cicatrice, leucoma, coeloma, chute, onglet, purulence, ulcération. Au niveau de la pupille : clou12, cataracte, glaucosis, mydriasis, phtisie, synchysis, platycoriasis3, amaurosis, plissement, nyctalopie, hémé­ ralopie4, myopie, suppuration. Au niveau des canaux : rupture, épanchement, chute, ulcération, anthracosis5. 2 La taraxis a lieu quand l’œil est commotionné en sur­ face - même modérément, et finit par devenir rouge. L’ophtalmie a lieu lorsque le blanc de l’œil est un peu rouge et les paupières soulevées, que le mouvement des

1. L ’insertion (Τάπόστασις n ’est pas étrangère au domaine nosolo­ gique, mais ne se retrouve pas parmi les maladies des yeux exposées dans la suite du texte. Ce terme désigne en général un écoulement d ’humeur. 2. Nous rétablissons ήλος, donné par la version latine mais aussi par le développement lui-même dans la suite. Le mot grec ήλος est issu du vocabulaire de l ’artisanat et de la construction, et signifie à l’origine « clou », d ’où « durillon », « cal » en dermatologie. Nous préférons garder la métaphore. 5. La version latine ancienne ajoute une série de noms de maladies à la fin du sommaire (voir apparat). Ils ne correspondent pas à des maladies exposées en fin de chapitre ; d ’après l’édition en cours de M. Ferraces Rodriguez, il faut lire onicion, [platicoriasis], anaclorafin, macrohion, amfiopia, tarace.

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γάγγραινα, φύματα, κολοβώματα. Περί δέ την στεφά­ νην κριθή καί ποσθία, τριχίασις, δίστιχία, τριστιχία, φαλάγγωσις, πύρωσις, πτίλωσις, ψωρίασις, μαδαρότης, παράλυσις. Κοινώς δε προς όλα τα βλέφαρα, παράλυσις, πρόπτωσις, εκτροπή. Περί δέ τους καν­ θούς, έγκανθίς, αγκύλη, πτερύγιον, ρυάς, πρόσφυσις. Έξωθεν δε αίγίλωψ, άγχίλωψ. | Περί δέ τό λευκόν ψυδράκιον, έλκος, ύπόσφαγμα, άπόστασις, χήμωσις, κοίλωμα, άργεμον, πτερύγιον, φάκωσις, ίκτερος, πώρος. Περί δέ την ϊριν νεφέλιον, άχλύς, έπίκαυμα, έλκος, βοθρίον, φλυκτίς, μυιοκέφαλον, σταφύλωμα, ύπόπυον, ρήξις, ουλή, λεύκωμα, κοίλωμα, πρόπτωμα, όνυξ, πύωσις, έλκωσις. Περί δέ την κόρην ήλος, ύπόχυσις, γλαύκωσις, μυδρίασις, φθίσις, σύγχυσις, πλατυκορίασις, άμαύρωσις, ρυτίδωσις, νυκτάλωψ, ήμεράλωψ, μυωπίασις, διαπύησις. Περί δέ τούς πόρους άπόρρηξις, παρέμπτωσις, σύμπτωσις, έλκωσις, άνθράκωσις. 2 Τάραξις μέν ουν έστιν, όταν συγκινηθείς ό οφθαλμός έπιπολαίως καν μετρίως επί τό έρυθρότερον καταστή τελέως. Όφθαλμία δέ έστιν, όταν τό λευκόν ένερευθές ή καί τα βλέφαρα έπηρμένα μετά τού τήν τε μύσιν των 2 δίστιχία, τρ ισ τιχία ... πύρωσις non hab. vet. lat. Il 3-4 ψωρίασις, μαδαρότης, παράλυσις non hab. vet. lat. Il 5 πρόπτωσις non habet vet.lat. Il 6 έγκανθίς V : έγκαθις u II αγκύλη [άγγύλη u] codd. : non hab. vet. lat. Il £υάς scripsi : ροιάς codd. Il 7 άγχίλω ψ u : άγχίλων V non hab. vet. lat. Il 8 άπόστασις non hab. vet. lat. fort, delendum II 9 πτερύγιον, φάκωσις, ίκτερος, πώρος non hab. vet. lat. Il 11 μυιοκέφαλον Chartier : μυο- codd. mioctafallon vet. lat. il 12-13 κοίλωμα, πρόπτωμα, ονυξ, πύωσις, έλκω σις non hab. vet. lat. Il 13 ήλος scripsi [elops vet. lat.] om. codd. vet. lat.2 Il 14 μυδρίασις non hab. vet. lat. fort, delendum II πλατυκορίασις codd. : platogoriasis vet. lat. Il 15 ρυτίδωσις non hab. vet. lat. Il ήμεράλωψ non hab. vet. lat. Il 17 άνθράκωσις edd. [antraucosis vet. lat.] : om. codd. Il post άνθράκωσις add. encauma onicion placicoriasis anadorafin ; macrobion amfiopiata race vet. lat. Il 18 συγκινηθείς codd. : συστραφείς Basil, in margine II 19 καν codd. : καί edd. Il 21 έπηρμένα VU [,sublevata vet. lat.] : επηρτημένα SRT.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XVI 2-3

paupières fait mal et qu’y porter les mains est doulou­ reux1. L ’inflammation est une extension de la rougeur et de l’étirement des paupières au point que l’on regarde en l’air avec difficulté. L’épiphora a le même nom quelle que soit la partie du corps quand survient une inflamma­ tion violente et que s’écoulent des flux abondants ; mais son nom s’applique proprement aux yeux quand, accom­ pagnée d’une très forte inflammation, une grande quantité de flux s’écoule2. Il y a un œdème quand l’œil3 apparaît soulevé, décoloré et peu mobile ; parfois aussi le blanc surplombe le noir. Il y a emphysème lorsque l’œil, ayant enflé tout d’un coup, se décolore et devient glaireux ; il concerne pour ainsi dire toujours les vieillards, surtout l’été. Une squirrosis survient quand une inflam­ mation chronique s’étend, la chair devenant plus abon­ dante et sublivide4. L ’œil souffre de fluxion non seule­ ment lorsqu’il devient rouge, mais quand de plus il fait couler beaucoup de larmes. 3 II y a xérophtalmie 5 quand les coins de l’œil sont ulcérés, plus rugueux, irrités, que les paupières rou­ gissent et que des lamies au goût de sel ou de nitre s’échappent. Il y a sclérophtalmie quand les paupières sont plus dures et que l’œil lui-même est peu mobile et un peu rouge. Il y a chute lorsque l’œil, après un choc, 1. Les maladies que les Grecs appellent respectivement τάραξίς et οφθαλμία sont très proches ; le Pseudo-Galien livre le témoignage le plus ancien que nous possédions sur la distinction entre les deux mala­ dies (voir J. Hirschberg, Wôrterbuch der Augenheilkunde, p. 70-72). La définition de Galien, tirée du De compositione med. sec. locos (K. XII, 711), sera reprise telle quelle par Oribase. 2. J. Hirschberg, qui cite, comme souvent, le Pseudo-Galien à l’appui, fait observer que la conception de cette maladie n ’a pas changé à l’époque où il écrit. La définition de Pseudo-Galien n’est pourtant pas reprise chez les médecins ultérieurs. 3. Nous rétablissons dans la traduction le sujet sous-entendu dans le texte, qui est certainement ό οφθαλμός.

ΙΑΤΡΟΣ · ΕΙΣΑΓΩΓΗ, XVI 2-3

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βλέφαρων έπαλγή είναι καί τήν των χειρών έπαφην έιτώδυνον. Φλεγμονή δέ έστιν έπίτασις του τε έρυθήματος καί τής έπάρσεως των βλέφαρων, ώς έπιπόνως αναβλέπειν. Έπιφορά 8 έ κοινόν όνομα έπί παντός του $ σώματος καί φλεγμονής σφοδρός έπιφερομένης καί ρευμάτων | λάβρων έπιρρεόντων. ιδίως δε έπί οφθαλμού λέγεται, έπειδάν μετά φλεγμονής μεγίστης καί ρεύμα­ τος πλήθος έπίρρυεν. Οίδημα δέ έστιν, όταν έπηρμένος καί άχρούστερος ή καί δυσκίνητος έπιφαίνηται’ ενίοτε 0 δε καί τό λευκόν υπέρ τό μέλαν έπαίρεται. Εμφύσημα δέ έστιν, όταν άφνω οίδίσας ό οφθαλμός άχρούστερος καί φλεγματωδέστερος γένηται. γίνεται δέ ώς έπίπαν πρεσβυταις, μάλιστα θέρους. Σκίρρωσις δέ γίνεται κατ’ έπίτασιν φλεγμονής χρονίου τής σαρκός αύξανομένης 5 καί ύποπελιαζούσης. Ρευματίζεται δέ ό οφθαλμός, όταν μη μόνον έρυθρός ή, αλλά καί όταν πολύ δάκρυον έκκρίνη. 3 Ξηροφθαλμία δέ έστιν, όταν οί κανθοί ελκώδεις καί τραχύτεροι καί κνησμώδεις είσί καί τα βλέφαρα έρυθρά καί δάκρυον άλμυρόν ή νιτρώδες διαστάζει. Σκληροφθαλμία δέ έστιν, όταν τα βλέφαρα σκληρότερα ή καί αυτός ό οφθαλμός δυσκίνητος καί ένερευθής. Πρόπτωσις δέ 5 έστιν, όταν ό οφθαλμός κινηθείς μετά φλεγμονής προ-*6 ώς om. u II 5 σώματος V [ corpus vet. lat.] : περιττώματος u II 56 καί ρευμάτων λάβρων V [et in reumaticis vet. lat.] : είς γευμάτων χώραν u II 6 οφθαλμού codd. : -ών edd. Il 8 έπίρρυεν codd. : -ή Chartier veniat vet. lat. Il έπηρμένος V U [sublevata vet. lat.] : -ηρτημένος SRT II 9 f| u : ή V II δυσκίνητος codd. : inmortalia et inflata vet. lat. Il 12 ante έπίπαν om. ώς u II 13 πρεσβύταις codd. : iubenibus vet. lat. Il 1 7 -2 0 quando— autem vet. lat. : om. codd. Il 21 έρυθρά codd. [rubea vet. lat.] : έρυθρια edd. Il 22 άλμυρόν ή [ή codd. : καί edd.] νιτρώδες non hab. vet. lat. Il 2 3 σκληρότερα V : σκληρά u dura vet. lat II 25 όταν om. SRT II κινηθείς codd. : κινητός edd. 3

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XVI 3-4

tombe en avant tout en étant enflammé. On parle d’atro­ phie de l’œil quand, à la suite d’un mauvais état de santé prolongé, ou d’une cause invisible, l’œil, comme un peu poussé dehors, puis se creusant au niveau de ses racines, non sans souffrance, rapetisse et voit confusément voire pas du tout. 4 On dit que les paupières sont rugueuses quand, une fois retournées, elles apparaissent gorgées de sang, plus rugueuses, plus charnues et semblables à des graines de figue1. Sont épaisses les paupières qui, une fois retournées, apparaissent plus dures que de nature et plus charnues que les paupières rugueuses. Il y a sycosis quand à l’intérieur des paupières s’est formé quelque chose ressemblant à de la chair, avec excroissance, et que l’œil entier a du mal à bouger. Il y a tylosis, quand les rugosités des paupières, par leur ancienneté, deviennent plus épaisses, plus blanches, difficiles à percevoir et pour cette raison difficiles à éradiquer2. La sclèria est un gon­ flement accompagné de rougeur de la paupière et de dou­ leur, difficile à éradiquer et plus long qu’une inflamma­ tion. La chalazosis consiste en des gonflements arrondis, situés en périphérie à l’intérieur de la paupière, ressem­ blant au grêlon (chalaza). La pladarotès est constituée de sortes de corps mous, épais, de formation récente, situés sur la face interne des paupières et ne présentant pas encore de rugosité, d’où le nom de pladarotès3. Mydèsis est le nom commun aux chairs détruites par putréfaction. Ce même phénomène attaque aussi les paupières, et elle sapparaissent plus gonflées, atteintes d’une fluxion per­ manente, à cause de l’augmentation de la graisse autour

3. L ’adjectif πλαδαρός, qui a donné πλαδαρότης, signifie « mou, flasque » et s ’oppose nettement à τραχύς, « rugueux ». On ne trouve nulle part ailleurs dans les textes antiques de description de cette mala­ die. Il y a une omission dans la version latine ancienne, qui a soudé les définitions des maladies χαλάζω σις et πλαδαρότης. Au sujet de l’humidité excessive affectant l ’œsophage (πλάδος), voir Médecin, ch. XIII, p. 65.

ΙΑΤΡΟΣ * ΕΙΣΑΓΩ ΓΗ , XVI 3-4

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πέση. Άτροφήσαι 8έ λέγουσιν οφθαλμόν, όταν έ£ αρρώστιας μακράς, ή έκ τίνος αδήλου αιτίας, ώσπερ ολίγον έξω|θούμενος, ειτα κοιλαινόμενος κατά τας ρίζας αλγών μικρός τε γίνηται και άμυδρώς ή μηδ’ 5 όλως βλέπη. 4 Τραχέα δέ τα βλέφαρα λέγεται, όταν έκστραφέντα έναιμότερα φαίνηται καί τραχότερα καί σαρκωδέστερα καί κεγχραμίσιν όμοια. Παχέα δέ βλέ­ φαρα τα έκστραφέντα των κατά φυσιν καί σκληρότερα καί σαρκωδέστερα των τραχέων φαινόμενα. Σύκωσις δέ 0 έστιν, όταν εντός των βλεφάρων σαρκωθείη σαρκί παραπλήσιον μετά υπεροχής καί ό οφθαλμός άπας δυσκίν­ ητος ή. Τύλωσις δέ έστιν, όταν τα εν τοις βλεφάροις τραχώματα διά παλαιότητα παχύτερα καί λευκότερα καί δυσαίσθητα ή καί διά τούτο δυσαπότριπτα γένη5 ται. Σκληρία δέ έστιν έπαρμα μετ’ έρυθήματος έπί τό βλέφαρον καί οδύνης, δυσαπότριπτον καί χρονιώτερον φλεγμονής, Χαλάζωσις δέ έστι περιφερή τινα ένδοθεν τού βλεφάρου έπάρματα περιγεγραμμένα, έοικότα χαλάζη. Πλαδαρότης δέ έστι μαλακά οιον σώματα παχέα 0 καί νεοσύστατα κατά τα έντός των βλεφάρων οΰπω τό τραχύ έχοντα, διό πλαδαρότης καλείται. Μύδησις δέ κοινόν όνομά έστι | σωμάτων έκ σήψεως άπολλυμένων. Γίνεται δέ τό αυτό τούτο καί περί τα βλέφαρα καί ογ­ κωδέστερα φαίνεται καί συνεχώς ρευματίζεται, πλείο-1 1 άτροφ ήσαι... όφθαλμόν u : ατροφία... όφθαλμόν V άτροφίαν... οφθαλμού edd. atrofa... oculi vet. lat. II 4 μικρός τε codd. : μικρότερος edd. minor vet. lat. II 5-6 τα βλέφαρα—τραχύτερα non hab. vet. lat. Il 10 ante εντός [intro vet. lat.] add. τό edd. Il 13 παχύ­ τερα V [pinguia vet. lat.] : τραχύτερα u II 14 δυσαίσθητα VSTU : δυσέσ- R II 15 σκληρία codd. [scleria vet. lat.] : σκληρίασις edd. Il 18 ante χαλάζη add. τή edd. Il 19 πλαδαρότης non hab. vet. lat. Il παχέα scripsi [conpagatio vet. lat.] : παλαιό [παλαιό γε recc.] SRT recc. om. V II 20 νεοσύστατα u [recentiva vet. lat.] : άκροσύστατα V άχρούστατα Chartier II οΰπω τό τραχύ V :...τέ τραχύ STU om. R nullam asperitatem vet. lat. II 22 σωμάτων codd. [corporum vet. lat.] : -ος Chartier.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

XVI 4-6

d’elles. 5 On parle d’orgelet, aussi appelé grain d’orge, quand à l’intérieur des paupières, contre les couronnes1, survient un hypopyon allongé, semblable à un grain d’orge pour la forme ; d’autres boutons plus gros, surve­ nant au milieu des paupières, sont appelés orgelets. Il y a lithiase, quand, une fois les paupières retournées, il y a des corps ressemblant à des cailloux, blancs, épais, et qui, pour ainsi dire semblables à des pierres (lithoi), piquent l’œil. On dit que les paupières souffrent de phtiriase lorsque sur la largeur des cils survient une quantité de petits poux (phtheires). On dit que l’œil est atteint de ditrichiase quand, sous les cils naturels, d’autres pous­ sent, piquent l’œil et provoquent une fluxion2. Il y a ptilosis sans que d’autres cils poussent dessous, mais quand les cils naturels eux-mêmes en tombant et en se brisant sont cause de piqûres pour l’œil. Il y a phalangosis quand survient une ditrichiase ou une tristichiase des cils qui ont poussé dessous sur la paupière supérieure ou inférieure. 6 On dit que l’œil est paralysé quand les mouvements naturels l’abandonnent et qu’il ne peut regarder ni en haut ni en bas, mais perd sa sensibilité ; cela arrive aussi souvent à des parties3 de l’œil. On parle d’ectropion des paupières quand elles sont retournées davantage qu’après ulcération due aux ophtalmies. On parle d’encanthis, quand, à la suite d’une ulcération, le coin de l’œil du côté

1. Dans la partie anatomique de l’ouvrage, les « couronnes », c ’est-à-dire les bords des paupières, s ’appellent « tarses » ; voir ch. X, 4. 3. On ne voit pas très bien à quelles parties de l’œil la paralysie peut bien s’appliquer ; l’œil doit être entendu ici comme l ’organe tout entier, avec les paupières. Il est du reste permis de se demander si μέρη τινα ne pourrait être une mélecture de βλέφαρα, mais en l’absence d ’argument concluant, nous préférons renoncer à cette conjecture quelque peu hasardeuse.

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vos πιμελής περί αυτά γινομένης. 5 Κριθή δέ, ή και ποσθία λέγεται, δταν έντός των βλεφάρων προς ταις στεφανίαις ύπόπυον παράμηκες, δμοιον κριθή κατά τό σχήμα γένηται. Γίνεται 6έ και άλλα μείζονα κατά μέσα τα βλέφαρα κριθή λεγάμενα. Λιθίασις δέ έστιν, δταν έκστραφέντων των βλεφάρων δμοια πώροις περί τά βλέφαρα ύπάρχη λευκά καί παχέα καί οιον λίθοις έμφερή νύσσοντα τον οφθαλμόν. Φθειριαν δέ φαμεν τα βλέφαρα, δταν περί τά τετριχωμένα πλατέα πολλοί φθείρες σμικροί γίνωνται. Διτριχιαν δέ λέγεται ό οφθαλμός, δταν υπό Tas κατά φύσιν τρίχας αλλαι ύποφυεισαι νόσσωσι τον οφθαλμόν καί ρευματίζωσι. ΓΊτίλωσις δέ έστιν, δταν αλλαι μεν μή ύποφύσωσιν, αυται δε αί κατά φύσιν συμπεσουσαι καί κατακλασθεισαι νυγμους παρέχωσι. Φαλάγγωσις δέ έστιν, δταν διστιχία, ή τριστιχία των ύποφυομένων τριχών ή εν τω ανω ή εν τω κάτω βλεφάρω. 6 Παραλελύσθαι δέ λέγεται ό οφθαλμός, δταν | αυτόν επιλείπωσιν αί φυσικαί κινήσεις καί μή δύνηται άναβλέπειν, ή κάτω βλέπειν, άναίσθητος δέ ή. Πολλάκις δέ καί περί μέρη τινά του οφθαλμού τούτο συμβαίνει. Έκτετράφθαι δέ λέγουσι τά βλέφαρα, δταν επί πλέον έκτραπή έλκωθέντων εξ οφθαλμιών, Έγκανθίδα δέ λέγουσιν, δταν

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2 ante έντός add. τά [τό edd. ] codd. Il στεφανίαις codd, : -ναίαις Aid. Basil, -νιαίαις Chartier laciniis vet. lat. Il 5 ante βλέφαρα om. τα edd. Il 6 πώροις V [lapidibus vet. lat.] : πόροις u II 7 παχέα edd. [pinguis vet. lat.] : τραχέα codd. Il 9 πλατέα u : -ες V non hab. vet. lat. Il 9-10 πολλοί φθείρες σμικροί SRT : πολλαί φ. σμικραί VU pedi! culi vet. lat. II 10 γίνω νται u : -ονται V I! 12 ρευματίζωσι u edd. : -ουσα V reumatizantes vet. lat. II 13 μή ύποφύσωσιν codd. [non ! exeant vet. lat.] : υποφύουσιν edd. II 15 παρέχω σι scripsi [noceant vet. lat.] : παρέχουσι V παράγουσι u II 16 ύποφυομένων V : -φαιΜ νομένων u II 20-22 περί μέρη τινά (an περί βλέφαρα ?)— λέγουσι §§ non hab. vet. lat. Il 21 τού οφθαλμού om. u. Il 23 εξ οφθαλμιών u : Ü εξοφθαλμιών V ex nimio dolore oculorum vet. lat. Il έγκανθίδα V : ! έγκαθ- u acharis vet. lat.. I;

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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du nez est victime d’une excroissance de chair. Ce sont les gens de mer qui souffrent le plus de ce mal1. On parle de ptérygion quand, après ulcération et croissance exces­ sive du blanc de l’œil, une fine pellicule nerveuse vient recouvrir l’œil, en partant de l’un des coins, jusqu’à tou­ cher le noir et la pupille. Il y a rhyas à l’œil quand le coin se détache par une cause invisible, ou bien quand il a été enlevé par une opération chirurgicale et devient incapable de retenir les larmes, mais qu’au contraire il provoque une fluxion2. Les paupières adhèrent au blanc ou au noir de l’œil par suite d’une ulcération ; si elles adhèrent au noir, elles empêchent complètement de voir, mais si c’est au blanc, moins : on appelle alors ce mal ankylosis. On parle d’aigilops, ou anchilops, quand sur le coin de l’œil qui se trouve près du nez survient un abcès contenant du pus, ou bien qui, en tournant à la graisse, ronge l’os et répand son humeur soit dans le coin de l’œil, soit jusque dans le nez3. Le psydrakion porte le même nom sur tout le corps et survient sur le blanc de l’œil, comme une efflorescence rouge à partir du sommet. 7 L’ulcère sur­ vient sur le noir ou sur le blanc de l’œil, lorsque l’épi­ derme s’ouvre en forme de croissant ou bien en rond, assez profondément, de la même couleur (que la partie de l ’œil concernée) ou sublivide. On parle d’hyposphagma quand, les vaisseaux de la première membrane s’étant rompus sous l’effet d’un choc, du sang affleure entre la fibre du blanc et la face interne de la tunique, et que sur 1. Soit que le traducteur ait jugé cette dernière observation inutile, soit qu’il ne Tait point trouvée dans le texte d ’origine, on ne la retrouve pas clairement dans la version latine ancienne. Le substantif θαλασσουργοί est un mot rare dans les textes médicaux, surtout sous la forme ionienne, mais on trouve une fois θαλασσουργίη chez Hip­ pocrate, Régime, III, 68, 1 p.71 Joly. M. Ferraces-Rodriguez pense néanmoins que le texte de la version latine conserve peut-être une trace de cette remarque de Pseudo-Galien ; en l’état (provisoire) de sa recherche, il propose de lire non pas quod plus patiuntur humanis naturis mais quod plus patiuntur in mare piscatores.

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έξ έλκώσεως ύπερσαρκώση ό κανθός προς την ρίνα. Πάσχουσι δε τούτο μάλιστα οί θαλασσουργοί. Πτερόγιον δε λέγουσιν, όταν επιπλέον έλκωθέντος καί ύπερσαρκώσαντος τού λευκού ύμήν λεπτός καί νευρώδης 5 έπιδράμη τον οφθαλμόν, άρξάμενος από τίνος των κανθών, έως τού μελανός καί τής κορυφής εφάψηται. *Ρυάς δε εστιν επί όφθαλμώ, όταν εκ τίνος αιτίας άδη­ λου ό κανθός παρέλθη, ή εκ χειρουργίας άρθή καί μηκέτι στέγειν τό δάκρυον οιός τε ή, άλλα ρευματίζε10 ται. Προσφύεται δε τα βλέφαρα ή τω λευκώ ή τω μελάνι εξ έλκώσεως. Καί εάν μεν τω μελάνι προσφυή, τελέως κωλύει την δρασιν, εάν δε τω λευκώ, ήττον* καλείται δε άγκύλωσις. Αίγίλωπα δε λέγουσιν, ή άγχίλωπα, δταν άπόστημά τι γένηται προς τω κανθω 15 τω παρά τή ρινί πύον περιέχον, ή | λιπαινον τό όστέον συρρηγνύμενον ή εις κανθόν ή εις ρίνα περιχει τό υγρόν. Ψυδράκιον δ’ εστί κοινώς λεγόμενον περί παν τό σώμα καί περί τό λευκόν τού οφθαλμού γίνεται οΐον εξάνθημα εξ άκρου έρευθές. 7 "Ελκος δε γίνεται περί τό 20 μέλαν ή τό λευκόν, δταν ή επιδερμίς διαιρεθή μηνοει­ δής ή στρογγυλή τό σχήμα, κοιλότερον, όμόχρουν ή ύπόλευκον. Ύπόσφαγμα δε λέγουσιν, δταν υπό πλη­ γής ραγέντων τών έν τω πρώτω χιτώνι αγγείων μεταξύ τής κτηδόνος τού λευκού καί τού εντός χιτώνος αίμα 25 ύπέλθη, καί παραχρήμα μεν έναιμον ή τό χρώμα τού2

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2 πάσχουσι VSTU : παράσχουσι R II πάσχουσι— θαλασσουρ­ γοί non hab. vet. lat. II 5 άρξάμενος V [incipiens vet. lat.] : άψάμενος u il 7 ρυάς codd. : ροιας edd. riasis vet. lat. Il 9 οίός τε ή codd. Aid. Basil, [potest vet. lat.] : οίόν τε f| Chartier II 11 έαν V : εΐ u II 11-13 καί έαν—προσφ ύη...έάν δε—άγκύλωσις [άγγύλωσις u] non hab. vet. lat. Il 15 πύον Chartier : πύον codd. Aid. Basil. Il 17 ψυδρά­ κιον non hab. vet. lat. Il post ψυδράκιον om. δε u II 17-18 κοινώς λεγόμενον περί παν τό σώμα V : περί παν τό σ. κοινώς λ. u II 19 έξ άκρου VSTU : έξάκρου R II 20-21 μηνοειδής.,.στρογγύλη V : μηνοειδές.,.στρογγύλον u II 22 λέγουσιν V [dicunt vet. lat.] : λέγεται u.

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MÉDECIN. INTRODUCTION

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le coup la couleur de l’œil prend la teinte du sang, puis devient livide. Il y a chèmosis, quand à la suite d’une inflammation vive les deux paupières se retournent et ne recouvrent plus complètement l’œil ; on parle néanmoins surtout de chèmosis quand le blanc de l’œil est enflammé des deux côtés de l’iris, mais se creuse à l’endroit de l’iris et ressemble par l’aspect au coquillage appelé came (0 διαιροΰντες τήν επιφάνειαν καί άποδέροντες τοις δακτύλοις, λύοντες τήν πλοκήν των άγγείων | κομιζόμεθα. 786

2-3 έπί κρόταφον V2 u : om. V II 3 ante διαιρουμένων add. άφαιρεΐται τινά τρίγωνα V expnx. V2 II είς βάθος non hab. sed ut [id est vel sec. De Moulin] ligatio de spacu add. vet. lat. II 7 τιλτοΐς V u Basii, in marg. : τοις P Aid. Basii, linteola vet. lat. II ξηροΐς codd. Aid. Basii. : ξυρ- Chartier non hab. vet. lat. II μέχρι V : μέχρις u II 8 καυτηρίου V u : καυστ- P edd. Il 9 κεφαλοτρυπάνω codd. : -τριπάνω Aid. Basil, -τρεπάνφ Chartier II ώς έπί [τήν add. edd.] βίνα codd. edd. : usque quo sanguis per nares veniat vet. lat. II 10 πολύπο­ δας u edd. : πολύ τό δέρμα V polipum vet. lat. Il 11 στενω VSRTU1 : σμικρω U II 12 ώς έπί τό πολύ άθεράπευτοι [-αι V] non habet sed quod dicitur putredine narium add. vet. lat. II 14 πυοποιήσω σι codd. : -μεν edd. II 18 το ις άντιοτόμοις codd. : insiostoma vet. lat. II 19 τραχήλω VU : παρατρ- SRT cervice vet. lat. II 20 άποδέροντες SRT edd. : -δαίροντες VU.

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écartée avec les doigts, nous défaisons le nœud formé par les vaisseaux. Les ganglions surviennent la plupart du temps au métacaipe, et nous les éradiquons le plus sou­ vent chez les femmes qui travaillent la laine ; on les gué­ rit aussi en les ramollissant grâce à des cérats. Nous ôtons les abcès et les écrouelles des aisselles par l’excision. De même pour ceux des aines1. Nous incisons les abcès situés entre les côtes, sans faire s’écouler le pus tout d’un coup, mais petit à petit. Il y en a aussi qui les cautérisent2. Les carcinomes surviennent dans de nombreuses parties du corps, mais surtout aux seins. On les excise où qu’ils soient, et on les cautérise avec des cautères pas trop chauds. Certains cependant les tranchent et les cautéri­ sent en même temps, avec des rasoirs rougis au feu3. 11 On appelle tous ceux qui ont le nombril proéminent exomphales ; mais il y a trois espèces : les pneumatomphaies, les entéromphales et les hydromphales. Toutes trois requièrent l’intervention de la chirurgie ; on passe un double fil dans une aiguille et on ligature le nombril4. Pour les « hydropisiques »5 nous pratiquons la paracen­ tèse un peu au dessous du nombril à gauche, avec une feuille de myrte6 en fer jusqu’à rencontrer le vide. Le traitement chirurgical de ceux qui n ’ont pas de prépuce est double, les uns étant privés d’un peu de peau à l’inté­ rieur, les autres à l’extérieur, sont incisés en surface et en 1. Le traitement chirurgical des écrouelles, en particulier sur les aisselles et les aines, est exposé avec force détails par Aetius d’Amida, Iatrica, XV, 5. 3. Sur le traitement des carcinomes, on trouve une nette opposition de Galien, qui rejette la cautérisation (voir de Moulin). Paul d’Egine, VI, 45, 2. Encore une fois, Pseudo-Galien suit les traitements radicaux des chirurgiens alexandrins. 4. Paul d ’Egine consacre un chapitre beaucoup plus détaillé à l’opération des « exomphales » : VI, 51, 2. 5. Il faut sans doute comprendre que le Pseudo-Galien parle tou­ jours des « exomphales » ; le mot s’applique peut-être à la catégorie des « hydromphales ». En tout cas les manuscrits n ’offrent pas de variante. Il s’agit soit d ’une faute remontant à l’archétype, soit d’un lapsus de l ’auteur.

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Τα 8e γάγγλιά έν τοις μετακαρπίοις μέν ώς έπί τό πολύ γίνεται καί γυναιξίν έριουργοις τα πλεΐστα έκθλώμεν, α δή καί κηρώμασιν έκμαλασσόμενα καθίσταται. Τα 6έ εν μασχάλαις φύματα καί χοιράδας μετά περιαιρέσεως 5 τέμνομεν. Όμοίως δε καί τάς έν βουβώσι. Τα δε έν μεσοπλευρίω άποστήματα διαιροΰντες ούκ άθρόως ττοιούμεθα τού πύου την έκκρισιν, άλλα προς μέτρον. Είσί δε οΐ καί διακαίουσιν αυτά. Καρκινώματα γίνεται μέν έν πολλοΐς μέρεσι του σώματος, μάλιστα δε περί 10 τους μασθούς. Περιαιρειται δε ένθα αν η καί καυτηρίοις διακαίεται ού σφοδρά πεπυρωμένοις. Είσί δε οΐ ξυραφίοις πεπυρωμένοις ομου τέμνουσι καί διακαίουσιν. 11 Έξόμφαλοι δε πάντες μέν οι έχοντες έν υπεροχή τον όμφαλόν λέγονται. Διαφοράς δε έχουσι τρεις* οί μέν 15 γάρ αυτών πνευματόμφαλοι, οί δε έντερόμφαλοι, οί δε υδρόμφαλοι. Πάσαι 8έ αί διαφοραί υπάγονται χειρουργίαις, λίνου διπλού διά βελόνης διεμβαλλομένου καί περισφιγγομένου τού όμφαλοΰ. Τους δε ύδεριώντας παρακεντουμεν μικρόν υπό τον όμφαλόν, έκ των $ εύωνύμων σιδηρά μυρσίνη μέχρι κενεμβατήση. Των δε λειποδέρμων διττή | ή χειρουργία, των μέν ένδοθεν υποδερομένων, των δε έξωθεν έπιπολής διαιρούμενων έν κύκλω, ϊνα ένδον ή πόσθη έπισπασθή. Οί δε πεφιμωμέ-*5 1-5 τα δέ γαγγλία— βουβώσι non hab. vet. lat. fl 3 δή V : δέ u II 5 τάς VU : ταΐς SRT II 6 μεσοπλευρίω codd. : arteria vet. lat. Il αθρόως V [subito vet. lat. j : -αν u II 7 ante προς μέτρον [an κατά μ. ? cata modicum vet. lat.] add. ώς u II 10 καυτηρίοις codd. : καυστ- edd. II 11 ante σφοδρά om. ού u II 11-12 εισι δέ οϊ—^πεπυρωμένοις V2 edd. : om. V u II 14-16 διαφοράς— διαφοραί non hab. vet. lat. Il 18 περισφιγγομένου V : -ωμένου u II 19 παρακεντουμεν [paracintizamus vet. lat.] VU : κατακ- SRT II 20 μέχρι κενεμβατήση [usque ferramentum in vacum modice veneatrit (id est penetravit an -erit sec. De Moulin) vet. lat.] V edd. : μέχρι κενεμβατήσεως STU : κέκρικεν έμβατήσεως R II 21 ante των δέ λειποδέρμων add. lipodermi dicuntur, quibus alipes subtus cutis jacent vet. lat. II 22 ύποδερομένων SRTChartier : ύποδαιρ- VU Aid. Basil. Il 23-96,7 ϊνα— έντιθεμένου non hab. vet. lat.

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cercle, de sorte que le prépuce soit attiré à l’intérieur1. Ceux qui souffrent de phimosis sont opérés du prépuce, en ramenant celui-ci autant que possible en arrière, puis en éliminant les cals qui apparaissent à la surface de la peau avec la lancette. Les hypospadies sont ceux qui ont de naissance l’urètre en bas, sous ce qu’on appelle le frein. Il faut soigner ce mal en perçant2 l’extrémité du gland et en introduisant un petit tuyau3. Ceux qu’on appelle atrètes, qu’ils aient une très petite ouverture ou pas du tout, subissent le traitement chirurgical suivant4 : en introduisant la pointe de la lancette, nous rouvrons les chairs, puis en faisant passer le doigt dessous nous libé­ rons tout le conduit5. 12 Nous opérons ceux qui ont une pierre dans la vessie, d’abord en coinçant la pierre dans le col de la vessie, puis, en utilisant la pierre comme sup­ port pour couper, nous incisons d’un seul coup les chairs qui reposent dessus, et nous retirons la pierre avec une pince à pierre. Pour ceux qui souffrent d’incontinence, quelle qu’en soit la cause, si le cal devient trop gros, nous le supprimons par excision6. Pour ceux qui souffrent de rétention d’urine par réplétion, parce que leur vessie est distendue de tous côtés et incapable de se contracter, nous évacuons l’urine par cathéter ; le cathéter ressemble au sigma romain7. On l ’introduit dans la verge par l’urètre jusqu’à la vessie, avec un fil à l’intérieur, dont une boucle dépasse légèrement à l’extrémité, qui s’im­ prègne d’urine, et que l’on tire ensuite vers l’extérieur ; 2. Comme le fait judicieusement remarquer G. Helmreich (« Handschriftliche Studien... », p. 32), le participe présent τιτραμένης est justifié par le participe έντιθεμένου qui lui est coordonné. 3. Voir le chapitre de Paul d’Egine, VI, 54. La définition initiale est très semblable : Π ολλοΐς έκ γενετή ς ή βάλανος ού τέτρηται, άλλ’ ύπό τφ κυνι καλούμενα) κατά τον άπαρτισμόν τής βαλάνου τό τρήμά έστιν. Le traitement proposé ensuite est différent ; mais Paul opère un tri personnel : il ne donne que le traitement le moins dange­ reux. Chez Paul, c ’est le traitement de l’une des variantes de la phimo­ sis qui comprend l’introduction d ’un tuyau (σωλήνα).

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νοι τήν άκροποσθίαν χειρίζονται άπαγομένης τής άκροποσθίας 4φ’ δσον δύναται, εΐτα των προφαινομενών τύλων απολυόμενων φλεβοτόμω εξ έπιπολής. Ύποσπαδίαι δε είσιν οι εκ γενετής έχοντες τήν ουρήθραν κάτωθεν, υπό τον λεγόμενον κύνα. Θεραπευτέον δε τιτραμένης τής βαλάνου άκρας καί σωληνιδίου εντιθεμένου. Οί δέ λεγόμενοι άτρητοι, είτε τρήμα εχοιεν λεπτόν εΐτε μηδ’ δλως, ουτω συγχειρίζονται* τό οξύ του φλεβοτόμου καθιεντες προσαναπτύσσομεν, ειτα τον δάκτυλον υποβάλλοντες ττανταχόθεν άπολύομεν. 12 Τούς δε λίθον έχοντας εν κύστει τεμνομεν σφηνώσαντες μέν τον λίθον εν τω τής κόστεως τραχήλω, έπικόπω δέ τω λίθω χρώμενοι διαιρουμεν άθρόως τά επικείμενα σώματα καί λιθολάβω τον λίθον κομιζόμεθα. Τους δε ρυαδικούς, τούς όπωσουν γεγονότας, εάν μέγας λίαν ό τύλος ή, περιαιροΰντες άνασκευάζομεν. Οίς δέ έποχή οΰρου διά πλήθος ένοχλεΐ, περιτεινομένης τής κυστεως | καί συστέλλεσθαι μή δυναμένης, 788 διά καθετήρος κομιζόμεθα τό ουρον. Έοικε δέ ό κάθετήρ τω ρωμαικω σίγμα. Καθίεται δέ εις τον καυλόν διά τής ουρήθρας μέχρι τής κυστεως, έχοντος έν εαυτω ράμμα έπ’ άκρου έχον έριον βραχύ προκύπτον προβρεχόμενον τω οΰρω, έπειτα έλκόμενον εις τά έκτος*1 1 άπαγομένης VSTU : έπαγ- R έπαναγ- edd. II 2 δύναται u edd. : -νται V II 4 ύποσπαδίαι codd. edd. : al. άχσπάθαι ( ?) Basil, in mar­ gine Il 6 τιτραμένης VU : τετμημένης SRTChartier τετρημμένης Aid. Basil. Il 7-9 εϊτε— τό οξύ τού [τής u] V2 u : om. V II 8 ουτω Basil, in marg. Chartier : non habent codd. Aid. Basil. Il συγχειρίζονται V2 edd. : άναχ- u om. V II 9 είτα u edd. : εϊτε V II 13 έπικόπω V u Basil, in margine Chartier : -ίφ P Aid. Basil. Il 14 λιθολάβω codd. : litanaboleus (id est λιθαναβολεύς sec. De Moulin) vet. lat. Il 15-97, 1 τούς δέ ρυαδικούς— αύτω non hab. vet. lat. Il 17 ante πλήθος add. τό edd. Il 20 καυλόν Basil, in margine Chartier : κύκλον codd. Aid. Basil. Il 21 εχοντος VSTU : -ως R -ες edd. Il εαυτω codd. : αύτω edd. Il 22 ράμμα SRTChartier : ράγμα VU Aid. Basil. Il εριον scripsi : ερίου codd.

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l’urine le suit pour sortir, comme s’il était son guide1. 13 Les grosseurs qui affectent le scrotum sont de sept espèces, hydrocèle, porocèle, stéatocèle, sarcocèle, épi­ plocèle, variquocèle, entérocèle ; il y a des cas où elles se mélangent, comme l’hydrentérocèle et la sarcoépiplocèle. Pour les malades atteints d’hydrocèle, il faut inciser le scrotum et, à l’endroit le plus vascularisé, lorsqu’on ren­ contre la tunique pleine d’humeur, vider celle-ci et enle­ ver l’excédent de la tunique. Dans les cas où il n’y a pas de tunique, nous nous contentons d’évacuer l’humeur. Il faut opérer de même les stéatocèles et porocèles, en pre­ nant le scrotum dans la main gauche, puis inciser en sur­ face jusqu’à ce qu’on rencontre le morceau de chair (,stéar) ou la pierre (poros), ou quelque autre corps que ce soit, et que nous l’enlevions. Ceux qui souffrent de sar­ cocèle sont également traités de cette manière. Il faut exciser seulement la chair (sarx) blanchâtre qui se trouve contre celle qui a surgi, et après avoir décollé et détaché la (chair) rouge, alors ôter ce qui reste. Pour les variquocèles, après avoir tendu (la peau) avec un crochet, tout en incisant superficiellement, soulève et décolle la varice en laissant la largeur du petit doigt, puis coupe ce qui reste en le tirant à toi. Il faut faire bien attention aux crémas-

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συνέπεται δέ αυτω τό ούρον, εις έκκρισιν οιον όδηγούντι αύτώ. 13 Των δέ περί οσχεον συνισταμένων όγκων είδη είσίν επτά* ύδροκήλη, πωροκήλη, στεατοκήλη, σαρκοκήλη, έπιπλοκήλη, κιρσοκήλη, έντε5 ροκήλη. Είσί δέ καί έφ* ών έπιπλέκεται ταύτα, οιον ύδρεντεροκήλη, σαρκοεπιπλοκήλη. Έπί μέν ουν των ύδροκηλικών δΐ€λόντα δει τό οσχεον καί κατά τό φλεβωδεστατον εντυχόντα τω χιτώνι τω τό υγρόν περιέχοντι κενώσαι καί τό περισσό του χιτώνος επαΙΟ φαιρείν. Έφ’ ών δε ανευ του χιτώνός έστιν, εκκρίναντε$ τό υγρόν αρκουμεθα. Tas δε στεατοκήλας καί ιτωροκήλας τεμνειν χρή ομοίως υπολάβοντας τή αριστερό χειρί τό οσχεον, επειτα διαιρείν τό εξ έπιπολής εως εντύχωμεν τω στεατι ή πώρω, ή δ τι αν ή καί τούτο 15 κομι|σώμεθα. Καί οι σαρκοκηλικοί δέ ομοίως χειρί- 789 ζονταΓ δει μόνην τήν ττρός τήν ύποττίπτουσαν σάρκα λευκανθίζουσαν ττεριαιρειν, τήν δε ερυθρόν άττοδέροντα καί άτταλλοτριούντα τότε άφαιρειν τό έγκαταλείμματα. Έττί δέ των κιρσοκηλών άνατείνας άγκίστρω, 20 έξ έτππολής διαιρών καί άναλαβών τον κιρσόν καί άποδείρας άπολιπών ώσεί μικρού δακτύλου τό πλάτος,

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1-2 οδηγούντι Chartier : οδηγούν codd. Aid. Basil. Ii 2 ante των δέ [δέ om. V] περί οσχεον add. περί κηλών καί τής αύτών διαφοράς u II 2-6 εϊδη— σαρκοεπιπλοκήλη non habet sed ut praediximus et nunc curarum eorum dicimus eodem loco add. vet. lat. !l 5 καί om. V : post ών transp. edd. II 11-12 καί πωροκήλας non hab. vet. lat. II 12 ύπολάβοντας scripsi [tenentes vet. lat.] : ύποβάλλ- u ύπερβαλλV Ii 13 τό edd.· : τον codd. II post διαιρεΐν om. τό edd. II 15 κομισώμεθα codd. [eiciamus vet. lat.] : -ζόμεθα edd. II post σαρκοκηλικοί add. quod est hernia callosa vet. lat. II post προς add. δέ Chartier Ii 1618 δει μόνην—άπαλλοτριοΰντα non hab. vet. lat. Il 17 άποδέροντα SRT edd. : άποδαιρ- VU II 19 post κιρσοκηλώ ν add. quod est sicut colobri venas in testiculos habentes vet. lat. Il 20 ante άναλαβών add. plagisture (id est ύποσπαθιστήρ sec. De Moulin) vet. lat. Il 21 post πλάτος add. et spacum cum acus inmitte et in ambas partes liga et sic media incide et dimitte spacos pueris et postea cura adhibe vet. lat.

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ters ou aux didymes qui sont entrelacés tout autour. Nous opérons ainsi les malades d’entérocèle ou d’épiplocèle : après avoir soigneusement refoulé par pression l’intestin (2, après avoir saisi la peau à la surface, que nous incisons d’abord, ensuite en attirant la varice avec un crochet, nous la ligaturons et, ayant fait cela après toutes les incisions, soit nous l’extrayons avec un crochet à varice en coupant les extrémités, soit nous l’arrachons en tirant en arrière après avoir fait passer par le corps de la varice un fil, au moyen d’une sonde à nœuds. Les « dragonneaux », comme on les appelle, sont semblables aux varices, mais provoquent une violente douleur en remuant lorsqu’ils sont quelque peu saillants3. Il faut donc, comme pour les varices, les ligaturer et les extraire après incision. 16 Nous cautérisons après les avoir retranchés clous, cals, acrochordons, thymoi et myrmécies, ou bien nous les saupoudrons de psorikon. Quant aux colobornas des narines, des oreilles ou des lèvres, nous les ramenons ainsi à leur état naturel : nous scarifions les lèvres de toutes parts au scalpel après les avoir décollées, puis nous les rapprochons et suturons d’une façon bien serrée ; et au niveau des joues, à chaque 1. Ce passage rappelle en effet de loin Hippocrate, Fistules, IV (« technique de Kaufmann », ajoute R. Joly). Cette dernière remarque sur le traitement des fistules ne figure pas dans la version latine ancienne. Elle a pu être ajoutée tardivement au texte grec ; mais ce n ’est qu’une supposition. D ’ailleurs, Paul d ’Egine attribue lui aussi tout à fait clairement cette méthode à Hippocrate (VI, 78, 2). 3. Le Médecin fournit un témoignage original parmi les textes médicaux antiques sur les δρακόντια (nous empruntons la traduction « dragonneau » à R. Briau, traducteur de Paul d ’Egine (IV, 58) ) ; nulle part ailleurs en effet ces vers parasites (filaria medinensis) infil­ trés sous la peau ne sont considérés comme des veines, mais toujours comme des nerfs (νεύρα). Galien lui-même ne connaît cette affection, fréquente dans la péninsule arabique, que par ouï-dire. M. Ullmann voit dans ce passage la source possible des Arabes, qui nommèrent cette affection « veine de Médine » {La médecine islamique, p. 92). Il est plus probable selon nous que les Arabes eurent accès à une source plus ancienne, que YIntroduction ne fait que reprendre.

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Άναγέγραπται δέ καί παρ’ Ίπποκράτει πρώτω ό τρόπος ουτος. 15 Tous δέ έν roîs σκέλεσι κιρσούς ττρώτον έξωθεν έπισημηνάμενοι δι’ ολου έγχαράξεσιν, ειτα κλίναντες, έξ επιπολής λαβόμενοι του δέρματος, αυτό 5 ττρώτον διαιρουμεν, ειτα άγκιστρα) έπισπώμενοι τον κιρσόν διαδέομεν καί μ€τά πάσας τάς διαιρέσ€ΐς τούτο ποιήσαντες, ή κιρσουλκώ εξαιρουμεν διακόπτοντες τα άκρα, ή διπυρήνω διαλαβόντες λίνω διά τής κοιλίας του κιρσού κατ’ αναστροφήν έξέλκομεν. Τά τ€ λεγό10 μένα δρακόντια δμοιά Ιστι τοΐς κιρσοίς* μ€γάλην δέ άλγηδόνα Ιπιφέρα κινούμ€να, μικρόν προκύπτοντα. | δει ουν διελόντα ώς έπί των κιρσών άποδεΐν καί ούτως έξαιρειν. 16 Τους δέ ήλους καί τύλους καί άκροχορδόνας καί θύμους καί μυρμηκίας έκτέμνοντες επικαίομεν, 15 ή τώ ψωρικώ επιπάσσομεν. Τα δέ κολοβώματα, τα περί μυκτήρας, ή ώτα, ή χείλη ούτως εις τό κατά φυσιν άποκαθίσταται* τά μέν χείλη σμιλαρίω πανταχόθεν άναδέροντες αίμάσσομεν, ειτα προσάγοντες ράπτομεν πυκνότερον, προς δέ τάς σιαγόνας εξ έκατέρου πέραTEST. : 1 Ά να γέγραπται - 2 ούτος, cf. H ip p . Fistul. IV (ed. Joly ρ. 139-141).

1-2 Ά να γέγραπται— ούτος non hab. vet. lat. il 2 Τπποκράτει πρώτω codd. : Ίπποκράτους πρώτου edd. II έν τοΐς σκέλεσι STU : έν τοΐς κέλεσ ι V άντοΐς σ κέλεσ ι R II post κιρσούς add. sicut colobri vene quod foras videntur vet. lat. II 2-3 πρώτον— έγχαράξεσιν non hab. vet. lat. II 3 όλου VST : ολον RU II 4 post κλίναντες add. aegrium vet. lat. II 7-9 ή— έξέλκομεν non hab. vet. lat. II 7 κιρσουλκφ edd. : κιρσουκλώ codd. Il 8 διπυρήνω Chartier : -πυρίνω u Aid. Basil, -πηρίνω V II 11 κινούμενα, μικρόν προκύπτοντα non habet vet. lat. Il 12-13 διέλοντα—άποδεΐν [άποδεΐν codd. Basil, in marg. : -δέρειν edd. ] και ούτως έξαιρεΐν non hab. vet. lat. Il 14 έπικαίομεν V2 u [incendimus vet. lat.] : άποκ- V II 15 τφ ψωρικφ codd. : medicaminibus, quibus escam in unum curamus vet. lat. II κολοβώματα U edd. : κολοβομ- VSRTU2 non hab. vet. lat. (I 18 άνα­ δέροντες SRT[excoriantes vet. lat.] : άναδαιρ- VU.

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extrémité des lèvres, là où elles se rejoignent, nous inci­ sons à l’intérieur et à l’extérieur, et nous maintenons l’ouverture par des tampons de charpie, pour éviter que la chair en croissant n’entraîne un relâchement. Quant aux colobomas des oreilles et des narines, lorsque le cartilage est divisé, il faut exciser le cartilage1 et de même faire une suture avec un fil de laine2. XX. 1. Sur les fractures. Les membres fracturés sont redressés par l’extension et se solidifient grâce au ban­ dage. Pour les fractures de la tête, comment elles sur­ viennent et comment on les soigne, cela a déjà été dit. S’il y a fracture au visage, soigner comme celles de la tête, en excisant l’os affecté. Mais il faut aussi connaître toutes les fractures des os que l’on ne peut pas soigner ; par exemple, si le nez vient à être fracturé, on ne peut le redresser3. L ’oreille aussi peut être fracturée d’après Hip­ pocrate, parce que le cartilage imite l’os, et paraît diffi­ cile à rétablir dans son état ancien. Même si le nez s’affaisse en son milieu du côté du palais, comme dit Hippocrate, il est aplati sans remède4. Si la clavicule est fracturée, ou le « verrou », ou bien une côte, ces maux sont également souvent sans remède. Il faut faire des applications, surtout sur le « verrou », et bander d’une aisselle à l’autre. 2 Si l’un des membres principaux est 2. Les textes antiques portant sur l’opération des colobomas sont rares ; ce paragraphe pseudo-galénique est donc particulièrement pré­ cieux, Les descriptions parallèles se trouvent chez Celse {De medicina, VII, 9, 2-5), et, à l’état très fragmentaire (pour tout dire inutilisable) dans un papyrus {P. Univ. Giss. 4. 44) édité par M.-H. Margarine dans La chirurgie, 1-12. Plus tard, Oribase reproduit le texte très précis d ’Antyllos, chirurgien alexandrin du IIe s. (ou plus tard), que nous avons déjà cité en partie. Paul d’Egine est extrêmement rapide (VI, 26), à l’image de Galien {De methodo medendi, K. X, 1002), qu’il reprend à la lettre. Les modernes se sont en tout cas extasiés, à la lecture du texte de Celse, sur la haute qualité de ces opérations, dont les principes sont encore à base de ceux de la chirurgie actuelle. L ’auteur du Médecin a déjà évoqué cette mutilation à titre d ’exemple au ch. III, 6.

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τος των χειλών, καθ’ α συμπέφυκεν άλλήλοις, ένδοθέν τε καί εξωθεν διαιροϋμεν καί τίλμασι διαστέλλομεν, προς το μή την σάρκα φυ€ΐσαν, χάλασμα παρασχειν* τά δέ έν τοις ώσίν ή μυκτήρσιν κολοβώματα, όταν ό χόνδρος η Τηρημένος, εκχονδρίζειν Ôeî καί ούτως διαρράτττ€ΐν έρείω ράμματι.

XX. 1 Περί καταγμάτων* Τα δέ καταγνυμενα κώλα έκ διατάσεως μέν ευθετίζεται, εξ επιδέσεως δέ πώρουται. Τα μέν ούν περί κεφαλήν κατάγματα ποσαχώς τε 10 γίνεται καί όπως θεραπεύεται εΐρηται. Καν έν προσώπω κάταγμα γένηται, ως τά εν τη κεφαλή θεραπευειν, έκκόπτοντα τό πεπονθός όστουν. | Είδέναι δέ χρή καί 792 δσα των καταγνυμένων οστών αθεράπευτα. Έάν μέν ούν ρίς κατεάγη, ούκ όρθούται. Καί ούς δέ κατάγνυσ15 θαί φησιν Ιπποκράτης, ότι καί ό χόνδρος όστουν μι­ μείται, καί δυσαποκατάστατος είναι δοκει εις τό άρχαιον σχήμα* άλλα καν εξ υπερώας μέση ΐζη ή ρίς, ώς φησι, σιμοϋται αθεράπευτος. Έάν δέ κλείς κατεάγη, ή κατακλείς, ή τις πλευρά καί ταυτα, ώς επί τό πολύ 20 δυσαποκατάστατα. Έπιτιθέναι δέ χρή επί των κατακ­ λείδων μάλιστα καί έπιδειν άπό μασχάλης επί μασχά­ λην. 2 Έάν δέ τι των μειζόνων κώλων κατεάγη, ή των

TEST. : 13 Έ ά ν ~ 17 σχήμα, cf. H ipp . Artic. XL ~ 17 άλλα 18 αθεράπευτος, cf. H ip p . Mochl. XXXIX ; Artic. XXXVII ; Epid. IV, 19, 3 et VI, 1, 3.45

4 κολοβώματα [-όματα VU2] codd. : condilomata vet. lat. Il 45 όταν— διηρήμενος non hab. vet. lat. Il 5 έκ χονδρίζειν codd. : ascidere vet. lat. Il 7-9 Π ερί—πωρουται non hab. vet. lat. Il 7 καταγ­ μάτων V : κατεαγότων μορίων u καταγνυμένων κώλων και έξαρθρουμένων μορίων edd. II 15 φησιν 'Ιπποκράτης non hab. vet. lat. IS 17-18 αλλά—αθεράπευτος non hab. vet. lat. Il 17 μέση ί'ζη scripsi : μεσίζη codd. Il 19 ή κατακλείς non hab. vet. lat.

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brisé, ou une petite portion, comme les phalanges des doigts, ou les os du carpe, du métacarpe, du tarse : tous les os présentent des fractures soit en gros morceaux, et la fracture est « en tige coupée », « en tronçon de radis » ou « en éclats » ; soit en de plus menus, et c'est une fracture « en bris de noix » ou « en grains de farine »l. Il faut d’abord bander tous les os fracturés et les étirer, puis les écarter avec beaucoup de force et de fermeté, et les maintenir bien séparés les uns des autres, afin qu’ils se redressent et retrouvent leur ancienne place. Il faut redresser les os sans les traiter tous de la même façon, mais selon la forme du membre qui leur est atta­ ché. S’il sont droits, en droite ligne, mais s’ils sont courbes ou torts2 d’une quelconque autre manière, à l’identique. 3 La méthode de préparation d’un bandage pour tous les os, c’est de faire un bandage à partir de vieux bouts de tissu fin, en fonction de la largeur et de la longueur du membre. La largeur pour les plus grands doit être de quatre ou cinq doigts, et pour les plus petits, pas inférieure à trois doigts. Voici l’usage pour bander : le premier bandage, en partant de la fracture, fait trois tours au maximum vers le haut ; le second part du même endroit, et, en alternant les bandes, va d’abord vers le bas, puis remonte vers le haut, de sorte qu’il fait le double du premier. 4 II doit être imbibé avec un mélange d’huile et d’eau, ou d’huile et de vin, ou de miel et d’huile, jusqu’au premier diatritos, ensuite avec du cérat

2. L ’adjectif σκαμβός est fort rare ; il se trouve à peu près unique­ ment chez les auteurs chrétiens, à l’exception d ’une occurrence chez Plutarque, dans l’opuscule sur Les expressions proverbiales employées par Alexandre (I, 18, 2) : Το σκαμβόν ξύλον ούδέποτε όρθοΰν : έπι των πειρω μένω ν διάστροφα ξύλα κατευθύνειν. « Arbre tort ne se redresse pas ; quand on essayait de corriger des arbres tordus ». Dans ce cas précis, il se peut que nous n ’ayons affaire qu’à une glose.

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μικροτέρων μερών, οΐον δακτύλων σκυταλίδες, ή καρ­ πού οστά, ή μετακαρπίου, ή ταρσού, πάντα μεγαλομερώς μέν κατάγνυται, καυληδόν, ή ραφανηδόν, ή σχιδακηδόν, επί λεπτόν δε καρυηδόν ή άλφιτηδόν. Πρότερον μεν ουν χρή έπιδέοντα πάντα τα καταγνύμενα καί διατείνοντα πάνυ ίσχυρώς καί βεβαίως διαστήσαι καί πολύ άποστήσαι άλλήλων, ϊνα εύθετισθή καί άποκατασταθή εις το άρχαίον σχήμα. Εύθετίζειν δέ χρή τα οστά, ούκ επί ίσον πάντα, αλλά προς τό σχήμα του όμοξύγου κώλου* εάν τε εύθυ | ή, έπ ευθείας, εάν τε καμπύλον ή άλλως πως σκαμβόν, ομοίως. 3 Τρόπος δέ παρασκευής έστιν έπιδέσεως εις πάντα, επίδεσμον ποιειν εξ όθονίων παλαιών, προς τε τό πλάτος καί τό μέγεθος του κώλου. Πλάτος μέν επί τών μεγίστων δακτύλων τεσσάρων ή πέντε, έπί δέ τών ισχνότερων μή έλασσον δακτύλων τριών. Έπιδέσεως δέ νόμος ουτος’ ή πρώτη επίδεσις άπό τού κατάγματος επί τρεις επιδέσεις άνω νεύεται ως έπί τό πλειστον, ή δέ δευτέρα άπό του αυτού τόπου άρχεται, άλλασσομένων τών επιδέσεων, κάτω μέν νεύεται, έπί τα άνω δέ άνάγεται, ώστε είναι διπλήν τής πρώτης. 4 Διάβροχον δέ είναι ύδρελαίω ή οίνελαίω ή γλυκελαίω μέχρι πρώτης διατρίτου, έπειτα κηρωτή λελυμένη καί ύγρα, ως παχύ *5

3-4 σ χιδα χη δό ν... άλφιτηδόν edd. : -χιδό ν...-τιδό ν codd. II 5 έπιδέοντα codd. Chartier : -ας Aid, Basil. II τα om. edd. Il διατείνοντα SRT Chartier : -αντας VU Aid. Basil. Il 8 άποκαταστάθη V : -κατάστη u non legitur vet. lat. Il 9-12 Εύθετίζειν— ομοίως non hab. vet. lat. Il 9 ίσον codd. : ευθύ edd. Il 10 τό om. SRT edd. Il ΙΟ­ Ι 1 τε .,.τε codd. : δ έ .. .δέ Aid. Basil, μ έν.,.δέ Chartier II 12 Τρόπος VU : -ους SRT II εστιν om. u II 16-21 Π λάτος— πρώτης non hab. sed eodem loco Usum : in s usum propter cursum humoris ut non catacontra humore exeat de loco inquiente et mutante frequentius ligatura hab. vet. lat. II 17 ούτος V u : τοιοϋτος V2 recc. edd. II 18-20 νεύεται... νεύεται [νέμεται SlT*U] VSRTU : νέμ ετα ι... νέμεται edd. Il 23 διατρίτου codd. : διά τρίτης edd.

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dilué dans de l’eau, de façon à constituer une huile épaisse. Il faut comprimer le membre, mais pas trop, afin qu’il ne se nécrose pas, mais adhère bien et soit bien pressé1contre le bandage ; sans jeu non plus, afin que les liquides susceptibles de couler par dessus soient mainte­ nus à l’extérieur et repoussés, en vue d’éviter l’inflam­ mation. Ensuite, appliquer des compresses en faisant trois ou quatre couches, en comblant l’épaisseur du membre, de sorte qu’elles ne se chevauchent pas, ni ne créent d’intervalles à cause de leur écartement. Par dessus, appliquer un troisième bandage : en partant de la frac­ ture, aller vers le bas puis remonter vers le haut, et une fois là, faire un nœud. 5 II faut faire le premier change­ ment de bandes le troisième jour ; le suivant, après le septième jour, en laissant un plus long intervalle en fonc­ tion des nécessités pratiques. On pose des attelles2 à par­ tir de narthex authentique, par dessus le dernier bandage, en ajoutant de la laine, les tiges de narthex étant dispo­ sées par intervalles, quand (la fracture) est parfaitement exempte d’inflammation (ses renflements étant visibles sur la face externe, tandis que la partie plane repose sur un manteau à l’intérieur, avec des bandelettes ou du fil de pêche ficelés autour)3. 6 Pour les fractures ouvertes, au lieu de tout cela, appliquer4 des compresses faisant deux ou trois couches, chacune remplissant en l’entourant l’épaisseur du membre, de sorte qu’en se chevauchant leurs extrémités soient séparées de lui, il faut bander5 le membre entier enveloppé de celles-ci, en veillant d’abord à ce qu’elles soient imbibées des mélanges qu’on applique sur le corps déjà mentionnés ; et par dessus ✓

2. La pose d ’attelles répondait d ’après Paul d ’Egine (VI, 99, 5) à des règles différentes chez les médecins anciens et chez les modernes, les premiers attendant le septième jour, les modernes enchaînant sans transition bandage et pose d ’attelles. Notre Pseudo-Galien paraît faire partie des « anciens ». 4. Il faut probablement sous-entendre έπιτιθέναι, si l’on construit la phrase à l’image de celle qui concerne l’application des compresses un peu plus haut.

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έλαιον είναι. Πιέζειν 8έ μήτε πάνυ άγαν ΐνα μή νεκρωθή άλλ’ ώστε προσκεισθαι καί προσερηρεισθαι, μήτ€ κεχαλασμένως, ινα συνέκχη καί άποκρούηται τα έπιρρέοντα, προς τό μή φλεγμαίνειν. Έπ€ΐτα σπλήνας τριπ5 τύχους ή τετραπτύχους ποιούντας έπιτιθέναι, πληρούντας του κώλου τό πάχος ώστ€ μήτ€ επιπίπτειν | άλλήλοις μήτε άφ€στώτας διαλείμματα ποιειν’ έπί δέ τούτοις έπιδεσμίδα τρίτην επιβάλλοντας από τού κατάγματος κάτω νεύεσθαι, επί τα άνω χωρείν καί έκει jO τερματίξεσθαι. 5 Αί δέ επιλύσεις αί μεν πρώται διά τρίτης, αί δε μετά την έβδομην διά πλειόνων προς τάς επείγουσας χρείας. Ναρθηκίζουσαι δέ από νάρθηκος αληθινού επί τής εσχάτης έπιδεσμίδος, ερίου προστιθε­ μένου εκ διαστημάτων τασσόμενων των ναρθήκων, δταν 15 ακριβώς άφλέγμαντον ή, των μέν κυρτών αυτού έξωθεν όρωμένων, τού δέ λείου επιβάλλοντος ένδοθεν ίματίω, επ’ αύτοις άμματιξομένων ή ταινιδίων ή ναυτικού ράμματος. 6 Έπί δέ τών μετά τραύματος καταγμάτων, αντί τούτων πάντων σπλήνας διπτύχους ή τριπτύχους 20 ποιούντας, έκαστον πληρούντα τό πάχος έν κύκλω τού κώλου, ως χωρίζεσθαι τα πέρατα αυτού επιπίπτοντα άλλήλοις, άπαν τε κώλον τούτοις επιδειν συγκείμενον, έχοντες'πρώτως μέν τοις οις επιβάλλουσι τώ σώματι διαβρόχους είναι τών προειρημένων, επί δέ τούτοις 25 προϋποκείμενα έχουσιν έρια καί άποδεσμίδας άπλάς1

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1 είναι VSTU : εΐ R II μήτε codd. : μηδέ edd. II 2 προσκεΐσθαι recentiores aliqui Helmreich : προκ- codd. edd. II προσερηρεΐσθαι VU : -ερειρήσθαι SR -ερήσθαι T II 3 κεχαλασμένω ς VSTU : και χαλασμένως R II συνεκχή και άποκρούηται edd. : συνεκχεϊται και αποκρούεται codd. II 4-10 Έ π ε ιτ α —τερματίζεσθαι non hab. vet. iat. Il 8 επιβάλλοντας Chartier : -i codd. il 9 νεύεσθαι scripsi : νέμεσθαι codd. edd. Il 11 έβδόμην U edd. : εϋδ- VSRT II 16 δρω­ μένων u : αίρουμένων V II Ιματίω codd. Aid. Basil. : άμματίω Chartier II 17 ταινιδίω ν edd. : τεν- codd. Il 22 επιδειν scripsi : έπί δέον edd. έπιδέω ν [-ων expnx. ST] VSRTU II συγκείμενον u edd. : -α V II 23 οις u : σ οΐς V II 25 άπλάς codd. : -ώς edd.

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celles-ci, qui ont de la laine placée dessous au préalable, des bandelettes simples posées sur la laine, à l’endroit ménagé pour le tuyau ouvert. Cette méthode de bandage convient particulièrement aux fractures en « grains de farine », aux fractures ouvertes, et où l’écrasement des muscles est important ; il faut alors aussi y placer de la charpie imbibée des produits idoines. Il y a cinq sortes de charpie : tissée, rasée, tirée brin à brin, en mèche de lampe, façonnée en forme de membre viril1. 7 Pour les membres luxés, il faut également commencer par une extension ; la réduction est ensuite propre à chaque cas après l’extension. On rétablit tous les membres avec le banc d’Hippocrate2, en étirant et en remboîtant tout à la fois. La tête peut être luxée, car la première vertèbre du cou s’emboîte dans la seconde ; le maxillaire inférieur sort de la jointure des pommettes, et on le remet à mains nues, en le déplaçant latéralement de ci - de là, pour la repousser vers le haut3. 8 L’épaule se déboîtant selon Hippocrate seulement dans l’aisselle, la réduction se fait par l’ambe avec extension ; il y a d’autres méthodes de réduction, dites « de la palestre »4. Il y a quatre sortes de luxations du coude, une à l’intérieur, une à l’extérieur, une en avant, et une en arrière. Nous rétablissons les luxations à l’intérieur ou à l’extérieur ainsi, en ramenant par extension les os sortis de leur emplacement, et les luxations en avant ou en arrière, sans extension : l’une 1. Nous nous permettons ici de reprendre les traductions des noms de charpie par M.-H. Marganne (La c h i r u r g i e p. 30), qui nous paraissent excellentes. 2. Le fameux « banc d’Hippocrate » n’a pu être vraiment reconsti­ tué, malgré les efforts des érudits depuis la Renaissance ; le nom de cette machine a varié (et Hippocrate ne l ’appelle pas lui-même « banc ») mais on le mentionne dès les commentaires alexandrins, comme celui d ’Apollonios de Citium. Aucun auteur ancien ne le décrit d ’une manière satisfaisante. Néanmoins, on trouve des éléments importants dans la contribution du chirurgien lyonnais J. E. Pétrequin, qui pense avoir réussi à le faire connaître « dans ses véritables dispo­ sitions » (Chirurgie d'Hippocrate, II, 528-539).

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έπί τοις έρίοις I κατά τής υποτιθέμενης έδρας τού ανοικτού σωλήνος' μάλιστα δέ ουτος 6 τρόπος τής επιδέσεως αρμόδιος έπί των άλφιτηδόν καταγνυμένων, μετά τραυμάτων καί πολλής περιθλάσεως των μυών, 5 έφ’ ών καί μοτά χρή προυποτιθέναι διάβροχα τοις άρμόζουσι. Μοτών δέ εϊδη πέντε* στρεπτός, ξυστός, τιλτός, έλλυχνιωτός, πριαπισκωτός. 7 Έπί δέ των έξαρθρουντων δει μεν καί τής διατάσ€ως προηγούμενης' ή δέ έμβολή καθ’ έκαστον οικεία μετά την διάτασιν ΐ0 παραλαμβάνεται. Πάντα δέ έπί του Ίπποκρατείου βάθ­ ρου καταρτίζεται, όμου τ€ διατεινόμενα καί συμβαλλόμ€να. Έξαρθρεί δέ κεφαλή μέν, ένήρθρωται γάρ τω πρώτω σπονδυλω του τραχήλου προς τον δεύτερον. Ή δέ κάτω γνάθος εξίσταται μέν του κατά μήλα ζυγώματος, έμβάλλ€ται δέ μόναις ταις χερσί παραγομένη ένθεν κάκειθεν έπί τά συνερειδόμενα προς τή άνω, 8 Του δέ ώμου εις μασχάλην μόνην καθ' Ίπποκράτην όλισθάνοντος ή δι’ άμβης έμβολή μετά διατάσεως. Είσί δέ καί άλλαι παλαιστρικαί λεγόμεναι. Άγκώνος δέ 20 έξαρθρημάτων διαφοραί τέσσαρες, ή μέν έσω, ή δέ έξω, ο ' > >/ λ I < ç \ ) « Λ . ' x 5 ήe οε εις τα\ έμπροσθεν, | ή οε εις ταν όπισθεν τας μεν εις τα εκτός ή εις τά εντός, μετά διατάσεως άντιπαράγοντες τά έξεστώτα όστέα οΰτως καθιστώμεν, τάς δέ εις τούπίσω, ή εις τό έμπροσθεν, άνευ διατάσεως' ή μέν >5 γάρ εκ συγκάμψεως άθρόας, έντιθεμένου τίνος τή TEST. : 17 Του - 18 όλισθάνοντος, cf. Hipp. Artic. I.*8 3 άλφιτηδόν edd. : -τιδόν codd. pulverati vet. lat. Il 5-7 έφ'ών— πριαπισκωτός non hab. vet. lat. Il 7 έλλυχνιω τός VSTU : έλαχ- R II 8 προηγουμένης edd. : -μένως codd. Il 12 εξαρθρεΐ codd. : -oi Chartier II 14 κατά μήλα codd. Basil, in margine Chartier : κατ' άλληλα Aid. Basil. Il 17-104, 2 Του δέ ώμου-—μετακαρπίου non hab. sed Humor autem extrema dicitur. Aliquando autem foris exit aliquos boali. hab. vet. lat. II 17 καθ' Ίπποκράτη ν om. V edd. II 18 όλισθάνοντος VU : -θαίνοντος SRT.

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provient en effet d’une brusque flexion, la flexion du coude ayant subi une accentuation ; l’autre provient d’une violente traction. Les luxations du carpe, du méta­ carpe et des doigts sont corrigées par une petite extension des mains. 9 Toute déviation du rachis, courbure, secousse1, scoliose, est impossible à redresser. La tête du fémur attachée à l’os de la hanche fait saillie soit à l’inté­ rieur dans le péritoine, soit à l’extérieur à l’opposé, soit en arrière dans les fesses, soit en avant dans l’aine ; les quatre sortes sont incurables2. Au genou, la luxation vers l’extérieur est courante, et le rétablissement est facile, par flexion ; vers l’intérieur elle est moins fréquente et moins facile à rétablir ; elle est encore plus rare vers l’arrière, et impossible vers l’avant. En effet les os ne sortent jamais grâce à la rotule qui maintient le genou, à moins que celle-ci ne soit elle-même fracturée3. Aux talons, un petit déplacement est difficile à remettre en place ; s’il est important et violent, il ne supporte pas même qu’on le redresse. En effet il est trop dangereux, y compris s’il s’accompagne d’une blessure. Les doigts de pied luxés se redressent comme ceux de la main. Toutes les diastases des symphyses elles mêmes, au visage, au radius et au cubitus, au fémur et au péroné, au métacarpe et au tarse peuvent être remises à leur ancienne place. 10 Quant aux os nécrosés ou dévorés par la gangrène, à la suite de frac-

3. La luxation du genou vers l ’avant est en effet rarissime, mais d ’aucuns prétendirent l’avoir rencontrée et soignée, comme le chirur­ gien alexandrin Mégès ; c’est en tout cas le témoignage de Celse (VIII, 21, 1-2) : In priorem non prolabi plerique scripserunt ; potestque id vero proximum esse, cum inde positum patella ipsa quoque caput tibiae contineat. Meges tamen eum cui in priorem partem excidisset, a se curatum esse memoriae prodidit. « La plupart ont écrit que (le genou) ne peut être luxé vers l’avant ; et cela doit être bien proche de la vérité, puisque la rotule elle-même, étant placée où elle Test, main­ tient aussi bien la tête du tibia. Mégès a néanmoins rapporté avoir soi­ gné quelqu’un dont le genou était sorti vers l’avant ».

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συγκάμψει του άγκώνος, καθίσταται* ή 8έ εκ τάσεως σφοδροτέρας. Καρπού δε καί μετακαρπίου καί δακτύ­ λων εξαρθρήματα Ικ βραχείας διατάσεως των χειρών εύθετίζεται. 9 'Ράχεως δε πάσα διαστροφή, ή τε ΰβωσις 5 καί σεΐσις καί σκολίωσις, αδιόρθωτα. Μηρού δε η προς τα ισχία κεφαλή ή εσωθεν εις τό περιτόναιον εμπίπτει, ή εξωθεν εις τό άντικείμενον, όπίσω τε εις γλουτόν καί έμπροσθεν εις βουβώνα. Ανίατοι δε τεσσαρες διαφοραί. Κατά δε τό γόνυ συνεχής μεν ή εις τό εξω εξάρθρ10 ηοπς καί ραδία ή άποκατάστασις διό συγκάμψεως, Έλαττον δε ή εις τα εντός καί γίνεται καί άποκαθίσταται, ετι δε σπανιώτερον ή εις τουπίσω. Ή δε εις τοΰμπροσθεν ουδέ όλως γίνεται. Ουδέποτε γάρ εξίσταται τα οστά διό την συνεχουσαν επιγονατίδα, πλήν εί μή καί 15 αϋτη κατεάγη. Κατά δε τα σφυρό βραχεία μεν παρεναλλαγή γενομενη δυσαποκατάστατος, πολλή | δε καί 797 βίαιος ουδέ ανέχεται τήν διόρθωσιν* επικίνδυνος γόρ σφοδρά καί εί μετό τραύματος γένηται. Δάκτυλοι δέ ποδός έξαρθρήσαντες ως των χειρών άπευθύνονται καί 20 αποτείνονται. Αί δε των συμφύσεων αυτών πάσαι διαστάσεις, ώς επί προσώπου καί πήχεως καί κερκίδος κνήμης τε καί περόνης, μετακαρπίου τε καί ταρσού καί ετι εις τό όρχαιον άποκαθίστανται. 10 Τό δέ μελαινόμένα καί νεμόμενα, είτε εκ καταγμάτων είτε βίαιου5 5 σ εΐσις Helmreich : εισω σις V οσωσις u II 6 εσωθεν Chartier : εσω τε [haud facile legitur V] codd. Aid. Basil, il 7-15 όπίσω— κατεάγη non hab. sed Cum sanias in foras venientis, retro inponere linteola rotunda et inguine et sic extendentem genuas et frequentius infundere in broche. Ille autem male sunt fracture femorum in foris : ambulare non dimittunt nec torque rependem. Minus est etiam in intro et bene conponitur quod inante nullatenus propter ambulandi racionem quia passum extendere non dimittent, multi enim eas iterato confragunt, hab. vet. lat. II 7 τε VU : δέ SRT II 10 συγκάμψεως u recc. edd. : ...άμψεως V II 11 ή om. edd. Il εντός V Chartier : έκτος u Aid. Basil. Il 16 γενομενη codd. : γιν- edd. Il 20 καί αποτείνονται om. V vet. lat. il 21 πήχεω ς edd. : -εος codd.

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tures ou d’une compression violente, nous réséquons sou­ vent les membres entiers. De même pour ceux qui vien­ nent de se faire surprendre par un animal venimeux. Ensuite, grâce à des cautères excessivement chauds, nous stoppons la gangrène. Après l’emploi des cautères, nous appliquons un cataplasme de vert de poireau avec du sel, puis quand les escarres sont propres, nous les traitons comme des ulcères. Quant aux morsures de bêtes veni­ meuses, nous ne voulons pas les faire cicatriser rapide­ ment, mais la plupart du temps nous nous appliquons à faire suppurer les plaies.

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σφίγξ^ως, έκπρίζομ€ν όλα τα κώλα πολλα,κις, ομοίως καί τα υπό των ιοβόλων ήδη προκατ€ΐλημμένα. Έπειτα καυτήρσιν αγαν πεπυρωμενοις ίστώμεν την νομήν, μ€τό δε τους καυτήρας πράσω τω χλωρω καταπλάσσομ€ν μεθ’ αλών, ειτα δταν καθαρθώσιν αι εσχάραι, ως έλκη θεραπευομεν. Τα δέ των ιοβόλων δήγματα ουδέ ταχύ επουλουσθαι βουλόμεθα, άλλ’ ώς επί τό πλ€Ϊστον ρευματίζεσθαι τα έλκη σπουδάξομεν.

2 προκατειλημμένα VSTU : -καταλημένα R II 8 post σπουδάζομεν des. vet. lat. add. τέλος Γαληνού είσαγωγή Ιατρός V τέλος Γαληνού είσαγω γής ή Ιατρού Ρ τέλος Γαληνού είσαγω γής Ιατρού λεγομένης SRT δόξα τω άγίψ θεω. τέλος Γαληνού είσαγωγής Ιατρός λεγομένης U.

NOTES COMPLÉMENTAIRES

P. 2. 1. Le titre du traité est un sujet délicat. Dans l ’état du texte le plus ancien que nous connaissons, la version latine contenue dans le manus­ crit Augiensis CXX, il n ’y a pas de titre. Mais d’après la tradition grecque, tout porte à croire que le titre réel était Ιατρός, Médecin, et que le terme είσαγω γή ne sert qu’à préciser la nature de l’ouvrage, qui est bel et bien une « introduction » à la médecine. Dans le Vaticanus graecus 1845 (= V) en effet, notre manuscrit grec le plus ancien et l’ancêtre de la majorité des témoins, les deux termes sont simplement juxtaposés, et les témoins de la famille concurrente concordent avec V. Ce n’est que dans les manuscrits récents ayant servi de modèle à l’Al­ dine que la conjonction ή de la vulgate apparaît. Ajoutons que les manuscrits de la famille B, tous du XVe ou du XVIe siècle, ont ajouté un intitulé final : « Introduction de Galien, appelée Médecin » (Γαλη­ νού είσαγω γή, Ιατρός λεγομένη). Les deux termes étaient présents dans les modèles de ces témoins récents puisque la traduction latine du XIVe siècle traduit le titre, selon les manuscrits, tantôt par de introduc­ tione medicorum, tantôt par introductorius medicorum liber. De plus, un prologue anonyme remontant probablement à l’archétype des manuscrits grecs, puisqu’il débute de la même façon dans V et dans les témoins de la famille B, précise que « le livre est intitulé Médecin » (επιγράφεται μέν τό βιβλίον Ιατρός). Le titre original était donc Médecin et le second terme, Introduction, était plutôt un sous-titre, destiné à indiquer plus clairement le contenu du traité. La banalité du titre et la relative confusion engendrée par la juxtaposition des deux termes ont induit en erreur Fuat Sezgin dans sa recherche de témoins arabes du traité : ni L ’Introduction, (al-Isâgûgf) contenue dans le manuscrit du Caire Dar-al-kutub tibb. 1103, ni L ’introduction à la médecine sur le traitement des maladies (al-mudkhal fi-t-tibb fi ilagat al-amrad) des manuscrits de Hayderabad et Rampur (voir Sezgin, 1970, 139 ; 1974, 408) ne correspondent au traité pseudo-galénique. En revanche, le Médecin de nos manuscrits grecs pourrait bien coïnci­ der avec l’ouvrage du même titre qui circulait frauduleusement sous le

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NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 2

nom de Galien de son vivant (Galien, Sur ses propres livres, p.134 Boudon). À l’inverse, on a également envisagé que l’ouvrage attribué à Galien dans les manuscrits soit en fait le Médecin du pneumatique Hérodote (voir Notice p. xxxvn). 2. Selon une tradition suivie par d ’autres, comme Celse (préface au De medicina) et Pline l’Ancien {Histoire naturelle, XXIX, 2-4), Asclé­ pios aurait été divinisé à la suite de sa découverte de la médecine : il n ’était pas encore un dieu au moment de l’invention ou de la décou­ verte de la médecine. Notre auteur préfère insister sur une origine pro­ prement divine de l’art médical (et ceci est plus conforme à la tradition rhétorique) afin de mieux souligner sa perfection dans la suite : s’il adoptait la version selon laquelle la médecine fut inventée avant qu’Asclépios ne devînt lui-même un dieu, son origine serait entachée d ’une sorte d ’imperfection, qui ne s’accorderait pas avec la haute opi­ nion qu’il a de son art. Son point de vue s ’oppose donc à celui de l’au­ teur d 'Ancienne médecine, qui attribue la naissance de la médecine au besoin qui s’était fait jour parmi les hommes de guérir les maladies. Pseudo-Galien distingue pour sa part deux états successifs (mais qui dans une certaine mesure se superposent) de la médecine : celui des tâtonnements empiriques des premiers temps, et celui de la médecine rationnelle, héritage divin des Asclépiades. L ’auteur d'Ancienne méde­ cine ne retient que le premier temps, qu’il considère comme le moteur permanent du progrès médical. Notons que cette manière de présenter les origines d ’un art a quelque chose de systématique ; pour une pré­ sentation similaire de la découverte de la sidérurgie, jusque dans les moindre détails du vocabulaire, voir Diodore de Sicile, V, 74, 2 : "Ηφαιστον λέγουσιν εύρετήν γενέσθαι τής περί τον σίδηρον εργασίας άπάσης (...) καί τάς αλλας δε χρείας τάς του πυρός άπάσας προσεξευρεΐν καί παραδοΰναι τοΐς τε τάς τέχνας εργαζο­ μένου; καί τοΐς αλλοις άπασιν άνθρώποις. 3. A l’instar de Platon dans le Gorgias, l’auteur distingue nette­ ment dans ce chapitre la médecine en tant qu’art (τέχνη) de la simple expérience pratique (έμπειρίαν) acquise par les Anciens, qui ne cor­ respond pour lui qu’à des tâtonnements désordonnés (άλογος καί οΰπω τεχνική) et au hasard (τυχή) ; la médecine transmise aux hommes par Asclépios est divine (θείαν), rationnelle et ordonnée : elle est composée de plusieurs parties formant un tout plein (τοΐς έαυτής μέρεσι συμπεπληρωμένη), donc parfait et achevé (τελείαν). Galien lui aussi tient beaucoup à cette idée de composition de l’art médical, dont la cohérence est pour lui presque celle d’un système ; nous éviterons ce terme, anachronique, bien que la σύστασις τής ιατρικής de Galien (voir le traité qui porte ce titre, K. I, p 224-303 = CMG V, 1, 3, éd. Fortuna) s ’y apparente lexicalement. En ce qui concerne notre traité, le terme n ’est pas employé dans ce premier cha­ pitre mais le sera dès le chapitre suivant sur les principes de la méde-

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cine (p. 4 : συστήσασθαι την τέχνη ν et είς σύστημα... άγαγεΐν). Dans le De sectis, Galien emploie le terme άθροισμά (K. I, 67, 13 SM III, 3, 15 Helmreich) pour désigner l’amas désordonné des connaissances médicales acquises par la seule expérience, terme qu’il est facile d ’opposer au σύστημα mentionné ci-dessus. L ’expérience pratique que l’auteur du Médecin oppose à l ’art médical s ’apparente nettement à une accumulation désordonnée et fortuite de connais­ sances. De ce point de vue donc, il y a une certaine parenté entre Galien et lui. 5. Aristée, Mélampous et Polyeidos sont des héros célèbres pour leurs qualités de médecins : Aristée est abondamment vanté par Nonnos de Panopolis dans les Dionysiaques, XVII, 357 sqq ; le devin Mélampous a guéri les filles de Proetios (Pseudo-Hippocrate, Lettre 16, 50) de la folie avec de l’ellébore (Hérodote raconte cette histoire plus en détail au livre IX, 34 des Histoires) ; Polyeidos tout comme Mélampous était devin et médecin : voir Eustathe, Commentaire à riliade, I, 78, 27. En revanche, l’auteur du Médecin ne mentionne pas les deux héros Machaon et Podalire. 6. L ’Egypte est très présente dans ce chapitre : richesse de ses ressources botaniques, faune (ibis ~ le nom lui-même est égyptien, voir J.-L. Foumet, 1989, 60) et végétation (jonc), embaumement des morts, Nil. Sur ce passage, et sur la possible origine égyptienne de l’auteur, voir A.-E. Hanson (1985, 25-26). Elle reprend l’argumenta­ tion d’E. Issel, Quaestiones sextianae et galenianae, Marburg, 1917, qui le premier a évoqué cette possibilité. Il est possible que la méde­ cine égyptienne et son imposante ancienneté aient influencé et favorisé l’empirisme chez les médecins grecs : on remarque dans ce passage une quasi identification entre la médecine des Anciens fondée sur l’ex­ périence et l ’Égypte. Dans notre traité néanmoins, des héros grecs anciens sont eux aussi associés à cet état primitif de la médecine. Voir H. M. Koelbling (1977, 163). Sur les origines égyptiennes de l’art médi­ cal (et les nombreuses hypothèses alternatives qui ont eu cours), voir aussi le commentaire au Serment d’Hippocrate, attribué à Galien - tel qu’on peut le reconstituer d ’après les sources arabes, avec les notes de F. Rosenthal (1956, 56-59). Sur l’origine égyptienne d ’autres arts, voir par exemple la divination selon Hérodote (II, 58). 7. Ces deux vers sont extraits du chant IV de VOdyssée, v. 229230. Ces vers d ’FIomère étaient couramment cités par les auteurs qui s’interrogeaient sur la genèse de l’Art. Galien par exemple cite les vers 230-231 dans le court traité destiné à Thrasybule, L ’hygiène appar­ tient-elle à la médecine ou à la gymnastique ? (K. V, 869-870 = SM III, 78-79 Helmreich). Ch. Froidefond, commentant ces vers, fait observer qu’il existait une résistance à l’opinion de la suprématie et de l’ancienneté de la médecine égyptienne ; Eschyle, dans les Suppliantes, v. 260 sqq. rappelle par exemple l’histoire d ’Apis, fils ✓

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nom de Galien de son vivant (Galien, Sur ses propres livres, p.134 Boudon). À l’inverse, on a également envisagé que l’ouvrage attribué à Galien dans les manuscrits soit en fait le Médecin du pneumatique Hérodote (voir Notice p. x x x v ii ). 2. Selon une tradition suivie par d ’autres, comme Ceise (préface au De medicina) et Pline l’Ancien {Histoire naturelle, XXIX, 2-4), Asclé­ pios aurait été divinisé à la suite de sa découverte de la médecine : il n ’était pas encore un dieu au moment de l’invention ou de la décou­ verte de la médecine. Notre auteur préfère insister sur une origine pro­ prement divine de l’art médical (et ceci est plus conforme à la tradition rhétorique) afin de mieux souligner sa perfection dans la suite : s’il adoptait la version selon laquelle la médecine fut inventée avant qu’Asclépios ne devînt lui-même un dieu, son origine serait entachée d ’une sorte d ’impeifection, qui ne s’accorderait pas avec la haute opi­ nion qu’il a de son art. Son point de vue s’oppose donc à celui de l’au­ teur d'Ancienne médecine, qui attribue la naissance de la médecine au besoin qui s’était fait jour parmi les hommes de guérir les maladies. Pseudo-Galien distingue pour sa part deux états successifs (mais qui dans une certaine mesure se superposent) de la médecine : celui des tâtonnements empiriques des premiers temps, et celui de la médecine rationnelle, héritage divin des Asclépiades. L ’auteur d 'Ancienne méde­ cine ne retient que le premier temps, qu’il considère comme le moteur permanent du progrès médical. Notons que cette manière de présenter les origines d ’un art a quelque chose de systématique ; pour une pré­ sentation similaire de la découverte de la sidérurgie, jusque dans les moindre détails du vocabulaire, voir Diodore de Sicile, V, 74, 2 : Ή φ α ισ το ν λέγουσιν εύρετήν γενέσθαι τής περί τον σίδηρον εργασίας άπάσης (...) και τας αλλας δε χρείας τας του πυρός άπάσας προσεξευρεΐν καί παραδοΰναι τοΐς τε τας τέχνας έργαζομένοις και τοΐς αλλοις απασιν άνθρώποις. 3. A l’instar de Platon dans le Gorgias, l’auteur distingue nette­ ment dans ce chapitre la médecine en tant qu’art (τέχνη) de la simple expérience pratique (έμπειρίαν) acquise par les Anciens, qui ne cor­ respond pour lui qu’à des tâtonnements désordonnés (άλογος καί οΰπω τεχνική) et au hasard (τυχή) ; la médecine transmise aux hommes par Asclépios est divine (θείαν), rationnelle et ordonnée : elle est composée de plusieurs parties formant un tout plein (τοΐς έαυτής μέρεσι συμπεπληρωμένη), donc parfait et achevé (τελείαν). Galien lui aussi tient beaucoup à cette idée de composition de l ’art médical, dont la cohérence est pour lui presque celle d ’un système ; nous éviterons ce terme, anachronique, bien que la σύστασις τής ιατρικής de Galien (voir le traité qui porte ce titre, K. I, p 224-303 = CMG V, 1, 3, éd. Fortuna) s’y apparente lexicalement. En ce qui concerne notre traité, le terme n ’est pas employé dans ce premier cha­ pitre mais le sera dès le chapitre suivant sur les principes de la méde-

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cine (p. 4 : συστήσασθαι την τέχνη ν et είς σύστημα... αγαγεΐν). Dans le De sectis, Galien emploie le terme άθροισμά (K. I, 67, 13 = SM III, 3, 15 Helmreich) pour désigner Lamas désordonné des connaissances médicales acquises par la seule expérience, terme qu’il est facile d ’opposer au σύστημα mentionné ci-dessus. L ’expérience pratique que l ’auteur du Médecin oppose à l’art médical s ’apparente nettement à une accumulation désordonnée et fortuite de connais­ sances. De ce point de vue donc, il y a une certaine parenté entre Galien et lui. 5. Aristée, Mélampous et Polyeidos sont des héros célèbres pour leurs qualités de médecins : Aristée est abondamment vanté par Nonnos de Panopolis dans les Dionysiaques, XVII, 357 sqq ; le devin Mélampous a guéri les filles de Proetios (Pseudo-Hippocrate, Lettre 16, 50) de la folie avec de l’ellébore (Hérodote raconte cette histoire plus en détail au livre IX, 34 des Histoires) ; Polyeidos tout comme Mélampous était devin et médecin : voir Eustathe, Commentaire à !'Iliade, I, 78, 27. En revanche, l’auteur du Médecin ne mentionne pas les deux héros Machaon et Podalire. 6. L ’Égypte est très présente dans ce chapitre : richesse de ses ressources botaniques, faune (ibis - le nom lui-même est égyptien, voir J.-L. Foumet, 1989, 60) et végétation (jonc), embaumement des morts, Nil. Sur ce passage, et sur la possible origine égyptienne de l’auteur, voir A.-E. Hanson (1985, 25-26). Elle reprend l ’argumenta­ tion d’E. Issel, Quaestiones sextianae et galenianae, Marburg, 1917, qui le premier a évoqué cette possibilité. Il est possible que la méde­ cine égyptienne et son imposante ancienneté aient influencé et favorisé l’empirisme chez les médecins grecs : on remarque dans ce passage une quasi identification entre la médecine des Anciens fondée sur l ’ex­ périence et l ’Égypte. Dans notre traité néanmoins, des héros grecs anciens sont eux aussi associés à cet état primitif de la médecine. Voir H. M. Koelbling (1977, 163). Sur les origines égyptiennes de l’art médi­ cal (et les nombreuses hypothèses alternatives qui ont eu cours), voir aussi le commentaire au Serment d ’Hippocrate, attribué à Galien - tel qu’on peut le reconstituer d ’après les sources arabes, avec les notes de F. Rosenthal (1956, 56-59). Sur l’origine égyptienne d ’autres arts, voir par exemple la divination selon Hérodote (II, 58). 7. Ces deux vers sont extraits du chant IV de VOdyssée, v. 229230. Ces vers d ’Homère étaient couramment cités par les auteurs qui s’interrogeaient sur la genèse de l’Art. Galien par exemple cite les vers 230-231 dans le court traité destiné à Thrasybule, L ’hygiène appar­ tient-elle à la médecine ou à la gymnastique ? (K. V, 869-870 = SM III, 78-79 Helmreich). Ch. Froidefond, commentant ces vers, fait observer qu’il existait une résistance à l’opinion de la suprématie et de l’ancienneté de la médecine égyptienne ; Eschyle, dans les Suppliantes, v. 260 sqq. rappelle par exemple l’histoire d ’Apis, fils

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d ’Apollon, sauveur d ’Argos (Le mirage égyptien dans la littérature grecque d'Homère à Aristote, Paris, 1970, p. 58). P. 3. 3. Le verbe π ερ ιπ εσ εΐν contient ici l ’idée de « tomber par hasard », plutôt que celle de « tomber malade » ; en effet, la notion de hasard vient d’être introduite à la ligne précédente par un mot de la même famille (έκ περιπτώσεω ς), et le cas de la chèvre est une illus­ tration du caractère fortuit des découvertes en médecine : il a fallu un double hasard pour avoir l’idée du traitement de la cataracte par para­ centèse, rencontrer une chèvre atteinte de cataracte d ’une part, et la voir guérir après s ’être fait percer l’œil par une feuille de jonc d ’autre part. Jean Guinter d ’Andemach au XVIe siècle a compris le texte dif­ féremment, sans doute à cause de l ’emploi du même verbe quelques lignes plus bas au sens de « tomber malade », et a traduit par male habens. Le traducteur anonyme du XIVe siècle, en revanche, traduit correctement par ex accidendo. 4. Cette anecdote était célèbre ; d’après A. E. Hanson (1985, 26), elle serait tirée d ’une collection de découvertes faites par des animaux et ayant profité aux hommes. D ’autres auteurs antiques la mentionnent, comme Cicéron, De natura deorum II, 126 ; Pline, Histoire naturelle, VIII, 97 ; Plutarque, Moralia 381c et 974c ; Elien, De natura anima­ lium, Π, 35 ; Galien, De venae sectione adv. Erasistratum (K. XI, 168, 3-4). Ces découvertes animalières rapportées par les Anciens eurent un certain succès dès la Renaissance. Celle de l ’ibis figure dans des recueils d'emblemata dont celui d ’Alciati, 1550 (Henkel/Schône, Emblemata, Stuttgart, 1976, col.793). Elle est aussi reprise par Prosper Alpin au début de son traité sur La médecine des Égyptiens, Venise, 1591. L ’ibis des Egyptiens a été remplacé par la cigogne en Occident, animal moins exotique pour les Européens et passant pour se faire le même genre de lavement. La traduction latine du XIVe s. du Médecin comporte déjà une trace de cette adaptation, puisque ibis y est glosé par ciconea (ainsi dans la marge du codex Academicus 51 ; de même dans l’édition de Pavie de 1515-1516 et ses réimpressions). L ’association de l’ibis, devenu cigogne, avec un des expédients les plus communs de la médecine occidentale, le lavement, est à l’origine du choix des trois cigognes comme emblème de la Faculté de médecine de Paris. 5. L ’auteur rapporte ici avec ses propres mots l’anecdote racontée par Hérodote dans les Histoires sur les mœurs des Babyloniens (Héro­ dote, Histoires, I, 197) : Δεύτερος δέ σοφίη όδε άλλος σφι νόμος κατέστηκε· τούς κάμνοντας ές την άγορήν έκφορέουσι- ού γαρ δή χρέω νται Ιητροΐσι. Π ροσιόντες ών προς τον κάμνοντα συμβουλεύουσι περί τής νούσου, εϊ τις και αύτός τοιούτο επαθε όκοΐον αν £χη ό κάμνων ή άλλον είδε παθόντα· ταΰτα προσιόν­ τες συμβουλεύουσι και παραινέουσι άσσα αύτός ποιήσας έξέ-

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φύγε όμοίην νούσον ή άλλον είδε έκφυγόντα. Σιγή δε πάρεξελθεΐν τον κάμνοντα οΰ σφι έξεστι, πριν αν έπείρηται ήντινα νουσον έχει. « Voici la seconde par la sagesse des lois qu’ils ont éta­ blies : ils transportent les malades sur la place, car ils ne disposent pas de médecins. S ’approchant donc du malade, tous ceux qui ont aussi souffert d ’un mal d ’une nature semblable à celui de ce malade, ou vu un autre en souffrir, donnent des conseils sur sa maladie ; ils s’appro­ chent et donnent ces conseils, et expliquent tout ce qu’ils ont fait euxmêmes ou vu faire à un autre pour réchapper de la même maladie. Il ne leur est pas permis de passer devant le malade en silence, avant de lui avoir demandé quelle est sa maladie ». A. Barguet, dans les notes de sa traduction, précise qu’il doit s ’agir de villages reculés, car l ’exis­ tence de médecins est attestée ; ils travaillaient sous le contrôle de « l’Etat, qui tarifait les interventions et punissait les fautes opératoires des chirurgiens ». A. E. Hanson (article cité) indique que la même his­ toire est racontée par Strabon (III, 155c), à propos des montagnards espagnols ; le géographe ajoute une comparaison avec les anciens Égyptiens, mais précise plus loin qu’il s ’agit d’une coutume babylo­ nienne (XVI, 746c). L ’auteur du Médecin n ’est donc pas le seul à faire cette confusion (il ne précise pas de quelle population parle Hérodote, mais on peut penser qu’il continue d ’évoquer les Égyptiens) entre Égyptiens et Babyloniens à partir du récit d ’Hérodote, qu’il reprodui­ sait probablement de mémoire, comme Strabon. 6. E. Issel propose un rapprochement judicieux de ce passage avec Plutarque, De latenter vivendo {Moralia 1128e) : ΟΙ δέ σφόδρα παλαιοί και τούς νοσοϋντας φανερώς προσεΐχον. Τούτων δ* έκα­ στος εϊ τι πρόσφορον έχοι, παθών αύτός η παθόντα θεραπεύσας, έφραζε τω δεομένω * και τέχνη ν οΰτω φασιν έκ πείρας συνερανιζομένην μεγάλην γενέσθαι. « Les Anciens exhibaient même les malades. Et chez eux, celui qui avait quelque indication à apporter, soit qu’il fût malade lui-même, soit qu’il ait guéri un malade, il la livrait à celui qui en avait besoin ; et c ’est ainsi, dit-on, que l’art en se rassem­ blant à partir de l ’expérience (commune) prit de l ’importance ». 7. Nous avons conservé la leçon de V et de tous les témoins de la famille B (version latine médiévale incluse) contre la correction intro­ duite dans V par le second copiste, qui se répercuta dans les apographes et toutes les éditions depuis l’Aldine. La source de cette cor­ rection fait problème : dans nombre de cas, V2 concorde avec les témoins de la famille B, mais ici, on a plutôt l’impression d ’une cor­ rection spontanée, et malheureuse : l ’expression οϋπω λογική est redondante par rapport à άλογος, alors que οϋπω τεχνική concorde parfaitement avec le propos de l’auteur, qui ne confond pas l’art, asso­ cié à la raison, et l ’expérience, associée au hasard. 8. Hippocrate paraît, dès la fin de ce chapitre liminaire, investi d’une prééminence quasi divine, puisqu’il figure dans la lignée des

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fondateurs immortels de l ’art. Ce prélude pose les jalons d ’un traité qui se veut fidèle à l’esprit et à la lettre hippocratiques. L ’auteur paraît néanmoins distinguer (την μέν την 6έ) la médecine proprement divine, que seul Asclépios inventa, et la médecine des hommes issue de celle d ’Asclépios, par l’intermédiaire des Asclépiades et plus parti­ culièrement d ’Hippocrate. Cela ne l’empêche pas, quelques pages plus loin, de qualifier la médecine hippocratique de « divine » et « vérita­ blement issue d ’Asclépios » (ch. IX). La distinction nous paraît donc simplement d ’ordre temporel : la médecine hippocratique n ’est pas moins parfaite que celle que transmit le dieu Asclépios, elle est 1’héritière de celle-ci. Elle lui succède dans le temps sans qu’il y ait altéra­ tion de sa qualité. P. 4. 1. Athénée d ’Attale est une figure importante de la médecine pneu­ matique. Il y a une controverse sur les dates de ce médecin depuis M. Wellmann : il a pu vivre soit au premier siècle avant notre ère, soit au premier siècle après (voir Der neue Pauly, vol. Il, 201-202). C ’est en tout cas une autorité non négligeable dans le Médecin. L ’auteur en effet cite son nom à plusieurs reprises. Galien lui-même estimait fort l’enseignement d ’Athénée, et par dessus tout son ouvrage intitulé βοηθήματα (Galien, K. I, 457). 2. L ’auteur du Médecin distingue trois principes à l ’origine de la médecine, qui recoupent en fait une distinction historique implicite : l’expérience est le principe de la médecine empirique des Egyptiens et de tous les Barbares ; la raison alliée à l’expérience est au principe de l’art médical cohérent des Asclépiades ; enfin l’observation de la nature est au principe de la transmission de l ’art. On reconnaît dans les deux premiers « principes » les deux moments de l ’histoire de la médecine décrits dans le chapitre I, tandis que le troisième correspond au devenir de la médecine après Hippocrate, l ’ère du commentaire. Ce troisième temps n ’est pour l’instant pas connoté de façon négative, mais le devient plus tard dans le développement (ch. IX), puisque l ’au­ teur nous indique que l’héritage d’Hippocrate a été mal géré par ses successeurs. 3. Voir Hippocrate, Lieux dans Vhomme, 2, 1 (p. 39 Joly ; p. 38 Craik) : φύσις δέ του σώματος, αρχή τού έν Ιητρική λόγου. La citation de l’auteur du Médecin n ’est pas exacte ; on peut attribuer ce décalage au fait qu’il cite Hippocrate de mémoire, ou bien aux défor­ mations de la tradition : l’auteur citerait alors une source intermédiaire et non le texte hippocratique lui-même. La filiation paraît néanmoins évidente. Nous éditons πρώτον et non pas πρώτη (vulgate), considé­ rant qu’il s’agit de la lectio difficilior. Cette citation d ’Hippocrate, pre­ mière d ’une longue série dans le traité, est significative d ’une certaine tendance des œuvres de la Collection hippocratique : la nécessité de ✓

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connaître la nature (de l’homme, des corps) pour fonder le discours médical. Il s’agit d ’une ligne de force dans la Collection, que l’on retrouve dans les traités chirurgicaux, mais aussi par exemple dans le prologue de Nature de la femm e, ou le traité du Régime (pour une bibliographie indicative partielle de la notion de φύσις dans la Collec­ tion hippocratique, voir la traduction récente (avec texte grec, intro­ duction et notes) de Valeria Ando, Ippocrate, Natura délia donna, BUR, Milano, 2000, p. 209). C ’est de cette tendance que l’auteur du Médecin se réclame, à l’instar de tous les dogmatiques, Galien en tête : voir le début du De ossibus ad tirones (K. II, 731-732) : δήλον γάρ δή ώς έν άπασι τοΐς έν Ιατρική σκοπόν εχειν δει τό κατά φύσιν. οστις δέ τούτο αγνοεί, οϋτε οπη τά πεπονθότα τής φύσεως έξίσταται, οϋτε ώς χρή αύτά έπανάγειν εις τό κατά φύσιν, εισεται· ώστε ούδέ γνω ρίζειν τάς νόσους, ούδ’ ιάσθαι ορθώς δυνήσεται. « Il est évident en effet que pour tous ceux qui s ’adonnent à la méde­ cine, il faut avoir pour but ce qui est conforme à la nature. Celui qui ignore cela ne sait pas quelles sont les parties naturelles affectées, et ne saura pas comment il faut les ramener à leur état naturel ; de sorte qu’il ne pourra ni reconnaître les maladies, ni les soigner correctement » (éd. Garofalo la, 2, p. 38). Sur le concept de nature chez Galien, voir la récente synthèse de F. Kovacic (2001) et J. Jouanna (2003, 229-268). 4. Les Dogmatiques, dits aussi Logiques, constituent la principale « secte » parmi les médecins grecs antiques ; bien que leur école soit la plus ancienne, puisqu’ils se réclament d’Hippocrate, comme le rap­ pelle Pseudo-Galien lui-même au chapitre IV, p. 8, le nom de dogma­ tiques leur a été attribué plus tard par les médecins empiriques, qui ont créé leur propre secte par opposition à la prétention des héritiers de la médecine hippocratique de connaître les lois de la nature ainsi que les causes cachées des maladies. En réalité, le nom générique de dogma­ tiques recouvre une myriade de petites sectes différentes, qui souvent portaient le nom de leur fondateur : on trouvait ainsi des Hérophiléens ou partisans d ’Hérophile, des Erasistratéens, c ’est-à-dire sectateurs d’Érasistrate, etc. 5. La nature de la faculté (dunamis) des médicaments simples est au centre des préoccupations de Galien dans le champ de la pharmaco­ logie ; le Pseudo-Galien n ’emploie pas ce terme au hasard. On peut aussi le traduire par propriété ou vertu (au sens de la vertu d ’un remède), selon le contexte. Voir Galien, De simpl. med. fac. ac temp. I, 1 (K. XI, 379) ; Dioscoride, De materia medica 1-9 (Wellmann 1-5 ; sur cette préface, voir Nutton/Scarborough, 1982, 187-227). 6. Les méthodiques sont les membres de la troisième grande secte médicale. Ils eurent trois fondateurs successifs, qui modifièrent la nature de la secte (voir ch. IV, p. 8). A l’époque romaine, la secte méthodique connut un vif succès, en particulier dans la capitale de l’Empire. Galien, qui considérait ses représentants comme des impos-

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leurs et était leur concurrent dans la bonne société de Rome, fustige sans cesse leur incompétence et leur démagogie ; par contraste, le ton neutre du Pseudo-Galien (voir ch. III et IV) fait du Médecin une source plus fiable pour l ’étude de cette secte. Ce fait a été décelé dès la Renaissance par Prosper Alpin, De medicina methodica, Padoue, 1611. Mais les tentatives de réhabilitation du méthodisme firent long feu, comme le rappelle Cabanis dans Coup d ’œil sur les révolutions et la réforme de la médecine, Π, p. 113 : « Caelius Aurélien, dont le livre contient d ’ailleurs des choses utiles, nous fait connaître assez en détail les principes de la doctrine méthodique (...). Prosper Alpin, dans le seizième siècle, et Baglivi dans le dix-huitième, ont tenté de rajeunir cette doctrine. Ils l ’ont tenté l’un et l’autre avec génie, mais sans suc­ cès. D ’autres ont osé le faire sans génie ; leur petite vogue éphémère a presque toujours fini de leur vivant ; et leurs noms ne seront même pas cités pour ces essais infructueux ». Plus récemment, voir l ’étude de J. Pigeaud, « Les fondements du méthodisme » (1991). Sur l’utilisation du Médecin comme source par Prosper Alpin, voir Notice p. CXXiX. P. 6. 2. La conjecture de M. Tecusan pose deux problèmes ; d ’une part le complément d ’agent du verbe au parfait se met au datif seul (point n ’est besoin, donc, d’ajouter la préposition υπό, qui d ’ailleurs dans ce cas est suivie du génitif), d ’autre part, l ’emploi du réfléchi à l’époque impériale est extrêmement lâche et rien ne nous autorise à corriger le texte des manuscrits sur ce point. 3. Le « passage au semblable » (ή του όμοιου μετάβασις) est une notion essentielle dans la médecine empirique ; il permet de faire face à une situation inédite à partir de ce que l’on connaît déjà. L’ex­ pression grecque a été traduite différemment par Daniel Leclerc : la « substitution d ’une chose semblable » (Histoire de la médecine, Paris, 4e édition, 1729, p. 344). Daniel Leclerc adjoint une explication dans une note : « Le mot μετάβασις signifie proprement passage, ou changement, et δμοιον signifie semblable. Les Interpretes Latins de Galien ont traduit, transitus ad simile, mais il semble qu’ils n ’ont pas suivi le grec mot à mot, ou du moins qu’ils ont tourné la phrase autre­ ment qu’elle n ’est dans le texte, quoi qu’ils ne se soient pas éloignez du sens de l’Auteur : le mot de substitution, dont nous nous servons, revient aussi à la même chose, quoi que l ’expression soit différente ». C ’est donc un souci de fidélité à la tournure grecque qui guide le choix de Daniel Leclerc. Pour louable que soit cette tentative, nous ne la sui­ vrons pas car elle s ’écarte d ’une traduction déjà bien établie chez les éditeurs et traducteurs de Galien, et n ’apporte rien pour la compréhen­ sion de la notion. 4. Tous les manuscrits donnent εναντιών au lieu de δη μητριών, qui nous paraît cependant une leçon plus séduisante, puisque les « fruits

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des hautes branches » qui suivent s’opposent alors logiquement aux « fruits de Déméter », le και πάλιν répondant au τε. Cela dit, les grains de riz et de blé ont tout lieu d ’être opposés aux plantes nommées auparavant, au vu de leurs propriétés contraires - si l’on peut reconsti­ tuer celles-ci ; dès lors, au nom de la logique du texte, qui donne des exemples opposés de plantes ayant des propriétés communes, εναντιών ne paraît pas injustifié. C’est Chartier qui a adopté la leçon δη μη­ τριών ; il la tire probablement de la troisième édition juntine (1556) ou d’une réédition postérieure, où elle se trouve donnée en marge sous la forme δημητρείων ; on ne la retrouve dans aucun manuscrit grec conservé, mais tous les manuscrits de la traduction latine du XIVe siècle attestent qu’on a pu la lire dans un manuscrit ancien, puisque celle-ci donne et in frumentivis ou et in triticalibus. Par ailleurs, l’examen des notes marginales imprimées dans la même édition de 1556 prouve que l’auteur de ces notes a consulté un manuscrit de la famille B ; il est donc possible que la leçon δημητρείων provienne d ’un manuscrit de la famille B, qui plus est un manuscrit ancien ou copié sur un manuscrit ancien - il peut aussi s’agir d ’une rétroversion du latin au grec, car les annotations attestent également un recours à la traduction latine. Par conséquent, nous suivons Chartier et l’auteur des corrections de la Jun­ tine de 1556 en optant pour δη μητριών contre έναντιών (cette leçon a pu s’imposer dans la famille B par contamination). 5. Georg Helmreich (1914, 7) rejette purement et simplement le mot τράκτυον sans chercher à faire de conjecture ; ce dernier a été « introduit frauduleusement par le Français Chartier » (nous sommes en 1914), dit Helmreich, qui voit peu de raisons pour prendre en consi­ dération « ce mot inintelligible », d ’autant plus qu’il n ’est pas attesté dans les manuscrits de Dresde et de Munich qu’il a collationnés. Helm­ reich, contrairement à Chartier, n ’a pas connu de manuscrit de la seconde famille. Et il n ’est pas facile en effet de restituer le mot grec d’origine : à une omission pure et simple de V répond une faute de copie dans tous les témoins de la famille B. La traduction latine médié­ vale elle-même offre des divergences d ’interprétation : on trouve selon les manuscrits tragium, triticum ou encore traganum. La leçon fautive τράκτυον peut donc venir de τράγιον (la leçon la plus probable du point de vue paléographique) comme de τράγος ou de τραγανός (mais ce sont des masculins). Nous choisissons τράγιον qui s ’explique mieux pour l’histoire du texte, et convient aussi mieux pour le sens. R. J. Durling, dans son Dictionary o f medical terms in Galen, dit sim­ plement du τράγιον que c’est une plante fétide, « smelling like a hegoat ». Il renvoie à J. André, Les noms de plantes dans la Rome antique, Paris, 1985. Les noms antiques des céréales sont variés et flot­ tants. Un même mot (par exemple χόνδρος que nous trouvons dans le même passage) peut désigner tantôt le blé froment, tantôt l’épeautre. Chantraine signale sans se compromettre que τράγιον peut désigner

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une céréale mal définie et « diverses plantes ». Ce sont finalement les textes anciens eux-mêmes qui nous donnent les indications les plus précieuses : Galien signale les vertus du τράγιον dans le De simpli­ cium medicamentorum temperamentis ac facultatibus, K. XII, 143. Ce nom désigne en fait deux plantes, dont la seconde, plus petite et d’as­ pect différent, a des effets bénéfiques sur les problèmes de flux intesti­ naux : Galien emploie d ’ailleurs le même adjectif (στυπτικός, astrin­ gent) pour caractériser les vertus du riz comme du second τράγιον ; ’Ό ρυζα ’έ χ ει τι στνπτικον, διό και την γαστέρα μετρίως έπέχει (De simpl. rned. temp. ac fac., K. XII, 92) : « le riz a un certain pou­ voir astringent, c ’est pourquoi il retient dans une certaine mesure le flux de ventre » ; τό δ ’ έ'τερον τράγιον τό τούτου μικρότερον, ού τά φύλλα τω σκολοπενδρίω προσέοικε, φαίνεται μέν πολλαχόθι, στνπτικής δ’ ούκ ολίγης μετέχον δυνάμεως, ώς και προς τά ί>οώδη των παθημάτων άρμόττειν (ibid. ρ. 143) : « Quant à l’autre tragion, plus petit que celui-ci, dont les feuilles ressemblent au scolo­ pendre, on le trouve un peu partout, et il a une vertu astringente non négligeable, de sorte qu’il est adapté contre les écoulements dans les maladies » (C f Dioscoride, IV, 50). Ce rapprochement nous paraît suf­ fire à justifier la pertinence de la restitution de τράγιον dans le contexte. Quant à la traduction, elle ne va pas de soi : J. André luimême ne propose pas d’identification précise. Nous nous en tenons donc, faute de mieux, à la transcription du mot grec. Notons pour finir que τραγανός ne serait pas absurde, dans la mesure où ce peut être un autre nom du χόνδρος (χόνδρος- τραγανός, ούτος ό άλιξ. ή παχύς, ή μωρός Hésychius). Il faudrait alors comprendre que le troisième terme est une glose insérée par erreur, hypothèse qui reste possible, étant dormé les doutes qui pèsent sur les possibles additions des manuscrits de la famille B (voir Notice ch. V). Mais le rythme ternaire ώς χόνδρος και ορυζα και τράγιον est plus flatteur, et parallèle à celui de la phrase suivante, ώς άπιος και μήλον και κυδώνιον. On nous objectera que le troisième terme de cette dernière énumération n ’est pas sûr ; en tout cas le και qui le précède a pu être ajouté. Ce qui nous paraît certain, c ’est que la conjecture proposée par Manuela Tecusan n’a pas de sens dans le contexte (τρακτόν désigne une pâte rou­ lée), malgré la réflexion intéressante sur les mots de cette famille par Pascal Luccioni (2003, 242-254). 6. Le Pseudo-Galien veut dire que les empiriques, à la différence des dogmatiques, ne passent pas par le concept de maladie, ni ne se soucient des causes de celle-ci. Les symptômes peuvent se recouper d’un cas à l’autre et donc appeler un traitement similaire - pour autant, il serait abusif, pour les empiriques, de reconnaître exactement la même maladie chez des malades différents. Affection s ’oppose donc ici à concours de symptômes dans la mesure où il s’agit d ’un concept excédant la réalité des symptômes.

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P. 7. 1. Ceci est la conséquence logique (et révolutionnaire) du concept méthodique d ’« indication ». Ce dernier n ’est pas l’apanage des méthodiques, mais il a chez eux un sens très précis qui ruine la méde­ cine traditionnelle ; l ’indication livre en effet instantanément le traite­ ment et comme l’écrit J. Pigeaud, « Ce n ’est pas un fait d ’observation répétée ; ce n ’est pas un fait de démonstration ; cela ne prend pas de temps, de durée. C ’est immédiat. C ’est la saisie d’un rapport néces­ saire, objectif » (nous renvoyons à son étude déjà citée « Les fonde­ ments du méthodisme », pour une analyse plus détaillée). S ’il n ’y a plus besoin de la connaissance des signes, alors tout l’enseignement de la médecine est caduc. Autre conséquence, l ’indication supprime l’as­ pect conjectural de l’Art médical ; celui-ci devient une « science à part entière », comme l ’écrit Pseudo-Galien un peu plus loin (p. 10). C ’est pourquoi les dogmatiques ne peuvent souscrire aux concepts métho­ diques. Pseudo-Galien se fait l’écho de la critique dogmatique de l’at­ tribution de la qualité de science à la médecine. P. 8. 2. Ce qu’on entend par « œil de lièvre » chez les Anciens a connu des variations de sens ; celles-ci sont passées en revue par J. Hirschberg, Wôrterbuch der Augenheilkunde, p. 50. P. 9. 2. Dioclès de Caryste, souvent appelé « le second Hippocrate », exerça au milieu du IVe siècle avant J.-C. et, le premier, évoqua le mélange de sang et de pneuma dans les vaisseaux sanguins. Il appar­ tient à l’école sicilienne. W. Jaeger a tenté sans convaincre les spécia­ listes de revoir la datation de ce personnage, voyant en lui un disciple d ’Aristote. Voir F. Kudlien, « Problème um Diokles von Karystos », Sudhoffs Archiv, 47, 1963, p. 456-64. Voir aussi l’édition commentée des Fragments de Dioclès par Ph. Van der Eijk, Brill, 2000-2001 (2 vol). Il n ’y a aucun doute sur le fait que Dioclès ait été un dogma­ tique, comme l’attestent d ’autres fragments, et comme on peut le déduire des titres connus de ses œuvres (voir Ph. Van der Eijk, vol. II, p. 19). Sur Dioclès, voir plus loin p. 60 et note. 4. Hérophile de Chalcédoine s’installa à Alexandrie à la fin du IVe s, après avoir suivi les leçons de Praxagoras. Il pratiqua la vivisec­ tion animale, et peut-être humaine, ce qui lui permit de faire progresser la science anatomique. Pseudo-Galien se fait l ’écho de l ’importance historique d’Hérophile, bien que ce ne soit pas toujours explicite. Les nouveautés hérophiléennes sont considérées comme des acquis dans la médecine impériale, trop anciens pour qu’on rappelle encore leur ori­ gine. Outre ses découvertes capitales en anatomie, Hérophile laissa un héritage théorique non négligeable, comme sa définition de la méde-

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cine en trois parties, qui distingue les choses saines, malsaines et neutres {Médecin, ch. VI, p. 12, et note). Sur Hérophile, voir la syn­ thèse de H. von Staden, Herophilus. The Art o f Medicine in Early Alexandria, Cambridge, 1989. 5. Érasistrate, autre médecin fameux d ’Alexandrie, fut l’élève de Chrysippe de Cnide (qui contestait l ’utilité de la saignée) et fonda la secte rivale de celle d ’Hérophile. La secte des Erasistratéens existait encore au temps de Galien et probablement aussi de ce fait au temps de Pseudo-Galien. Érasistrate est fréquemment mentionné dans le Méde­ cin, tant au sujet de la théorie physiologique qu’il professa (ch. IX) qu’au sujet du cathéter qui porte son nom (p. 65 et p. 96). Anatomiste et chirurgien réputé, il fit au plan théorique une étrange synthèse de pneumatisme et d ’atomisme, dont probablement Asclépiade de Bithy­ nie s’inspira. C ’est la bête noire de Galien, et c ’est le seul auteur contre lequel le paisible ou indifférent Pseudo-Galien fait mine de s’emporter réellement ( 18-19). C ’est à cause d ’une semblable animosité que l’on prête une tendance héropliiléenne à YAnonymus londinensis (voir A. Thivel, « La doctrine d ’Hippocrate dans YAnonyme de Londres », Hommage à Fernand Robert, Paris, 2002, 197-209) ; il est en revanche difficile d ’adopter un tel point de vue en ce qui concerne l’auteur du Médecin, à cause de la multiplicité des autorités présentes dans le traité. L ’héritage d ’Hérophile est prégnant, mais n ’est pas engagé dans une polémique contre les Erasistratéens (ou qui que ce soit d ’autre). Pour une synthèse sur l’enseignement d’Érasistrate, voir les Erasistrati fragmenta édités par I. Garofalo, Giardini, Pise, 1988, 1-58. 6. Mnésithée, médecin à Athènes vers 350 av. J.-C., est ici séparé de son habituel compagnon de doxographie, Dieuchès. Voir J. Bertier, Mnésithée et Dieuchès, Leiden, Brill, 1972. On sait peu de chose de la doctrine de ces deux personnages. Dans la liste des grands médecins dogmatiques de Celse (Préface), on ne trouve pas Mnésithée mais, à la suite de Praxagoras, Chrysippe, le maître d ’Érasistrate ; cela dans un souci évident, bien souligné par Ph. Mudry dans son commentaire, de parallélisme entre Praxagoras et Hérophile d ’une part, Chrysippe et Érasistrate d ’autre part. K. Deichgrâber consacre à Mnésithée un long article dans le Pauly-Wissowa, XV, 30. 7. Asclépiade de Bithynie est né vers 125 av. J.C. à Prousias (voir plus bas) en Bithynie et mort à Rome vers 40 av. J.C. ; on a finalement peu d’informations anciennes fiables sur lui (les sources doxographiques ont une tendance fâcheuse à la simplification). Il est ici classé parmi les dogmatiques mais il introduit une rupture dans la mesure où il fut consi­ déré après coup comme l’instigateur de la secte nouvelle des Métho­ diques (voir quelques lignes plus bas dans le texte). Au sujet de sa doc­ trine, qui a dû évoluer dans le temps, voir le récent ouvrage de J. T. Vallance (1990). I. Garofalo souligne que la présence, dans cette liste de dogmatiques (et dans quelques autres), d’Asdépiade de Bithynie, qui

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récusait la valeur de l’anatomie, montre que les critères pour être consi­ déré comme dogmatique sont assez lâches : « L’inclusione del Asklepiades nelle liste mostra che Panatomia non è indispensable per essere considerati dogmatici, ma solo il ricorso alla theoria », in Erasistrati fragmenta, Giardini, Pise, 1988, p. 63. Les origines mêmes d ’Asclépiade ne sont pas très claires et ont suscité une abondante littérature. Max Wellmann (Die Fragmente der sikelischen Arzte) corrigea à bon droit προυσίας en προυσιεύς : la confusion est aisée, en minuscule, entre la lettre a et la diphtongue ευ, et le fait est indécidable dans le cas du manuscrit le plus ancien, V. Des études plus récentes ont en effet démon­ tré que la ville natale d ’Asclépiade n ’est sans doute pas Pruse, mais sa voisine Prousias, aussi appelée Kios. Voir E. Rawson (1982, 358-370). En revanche, M. Wellmann supprima κιανός alors qu’il s’agit simple­ ment de l’adjectif formé sur l’autre nom de Prousias, Kios. Le témoi­ gnage de Strabon est le principal point d ’appui de cette théorie, qui nous paraît recevable. Georg Helmreich avait du reste souligné le premier, sauf erreur de notre part, la légitimité de l’adjectif κιανός à cette place (« Handschriftliche Studien zu Galen ΙΠ », p. 8). Mais enfin, comme le dit elle-même l’auteur de cette étude sur la vie et la mort d’Ascîépiade, « it is Asclepiades’ ideas, not his life, that are ultimately important ». 8. Le nom d ’Athénée d ’Attale (voir note 8 p. 9) a été omis dans toutes les éditions, à cause du modèle de l ’Aldine, P (Parisinus gr. 2167), le seul de la tradition manuscrite à présenter cette omission. Comme l’a déjà remarqué I. Garofalo (Erasistrati fragmenta, p. 63) il n’est sans doute pas anodin que la liste des chefs de la secte dogma­ tique soit close par le nom d ’un pneumatique. Cela peut être le révéla­ teur d’une tendance dominante à l ’époque où écrit l’auteur, voire de sa propre appartenance à la secte pneumatique. Il faut pourtant se garder de toute assimilation trop rapide dans la mesure où Pseudo-Galien n ’hésite pas à critiquer Athénée au chapitre VII. 9. Philinos de Cos vécut vers le milieu du IIIe s. av. J.-C, et ses écrits en pharmacologie furent par la suite utilisés par Galien et Pline l’Ancien. On ne connaît de sa doctrine que son scepticisme à l’égard de l’évidence sensible. 10. Acron d ’Agrigente, médecin de Sicile, tenait école à Athènes ; contemporain d ’Empédocle, il est donc plus vieux qu’Hippocrate, d ’où l’intérêt pour les empiriques de le choisir pour fondateur, comme l ’ex­ plique, non sans une pointe d ’ironie, Pseudo-Galien. Plutarque (De Iside et Osiride, 79, 383d) affirme qu’il se fit une réputation pendant la peste d’Athènes, en installant des feux à proximité des malades pour purifier Pair. 11. Sérapion d ’Alexandrie exerça dans la première moitié du IIe s. av. J.-C. ; il joue un rôle fondateur dans l ’histoire des concepts empi­ riques, mis en valeur par Galien dans le De subfiguratione empirica, ch. 40.

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12. Les deux médecins empiriques portant le nom d ’Apollonios sont bien connus à cause de la « controverse des caractères », rappor­ tée par Galien (In Epid. III Hippocratis comm., II : K. XVIIA, 605). Il s ’agissait de divergences d ’interprétation sur les lettres (caractères) qui précédaient chaque cas présenté dans le livre III des Epidémies d’Hip­ pocrate. Apollonios père fut surnommé l ’Empirique et vécut au début du second siècle avant J.-C. : cette datation repose sur celle de Zénon l’Hérophilien, l ’objet des attaques d ’Apollonios au sujet des caractères. Son fils, qui n ’est autre qu’Apollonios Byblas (son érudition lui valut ce surnom, attesté chez Galien comme chez Soranos), poursuivit la querelle, et d ’autres médecins empiriques après lui. La mention « d ’Antioche » est selon F. Caujolle-Zaslawsky (Dictionnaire des phi­ losophes antiques, I, p. 283) propre à notre Pseudo-Galien, qui est aussi le seul à nous transmettre la filiation de ces deux Apollonios. En réalité, il existe tant d ’autres médecins portant le nom d ’Apollonios, que l’identification de tel ou tel est parfois impossible. Celse par exemple mentionne ensemble deux Apollonios différents des nôtres (De medicina, préface). Cf. T. Mola, La scuola di Erofilo, Apollonio Erofileo e gli altri medici che ebbero nome Appollonio, Roma, 1962. Voir aussi le cas d ’Apollonios de Memphis dans le chapitre X du Médecin, p. 23. 13. Ménodote de Nicomédie exerça vers 125 ap. J.C. ; ennemi acharné des méthodiques, il était très attaché à la déontologie médi­ cale, conseillant aux médecins de fuir la gloire et le gain. Il criti­ quait particulièrement la méthode analogique. Galien, qui expose ses vues dans le De subfiguratione empirica, s ’est vivement opposé à lui. Selon V. Brochard, Ménodote « est le premier sceptique qui nous soit donné, en tenues formels, comme un médecin empi­ rique » (Les sceptiques grecs, p. 325). Sur l ’enseignement de Ménodote et Sextus, voir le chapitre lumineux de V. Brochard inti­ tulé « le scepticisme empirique » ( - livre IV). Néanmoins, la por­ tée des fragments conservés a été récemment réévaluée dans un sens sceptique par L. Perilli, Menodoto di Nicomedia. Contributo a una storia galeniana délia medicina empirica, K. G. Saur, München Leipzig, 2004. 14. Pour la question sur l’identité de ce Sextus médecin empirique et sur sa date, voir Notice, p. xliii sqq. P. 10. 2. Thessalos de Tralles connut son apogée vers 55 ap. J.C. ; il affina la théorie méthodique, ajoutant les communautés chirurgicales aux autres communautés. Du fait des invectives répétées de Galien (voir par exemple le jugement fictif de Thessalos dans le chapitre 2 du livre I du De methodo medendi, - K, X, 8-18), Thessalos est resté chez les médecins un nom synonyme de dangereux révolutionnaire et

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d’usurpateur. Les médecins modernes ont volontiers traité de « nou­ veau Thessalos » les auteurs de théories nouvelles comme Paracelse ou J. Brown (c/. J. Pigeaud. Aux portes de la psychiatrie. Pinel, ΓAn­ cien et le Moderne, Paris, Aubier, 2001). Pour une synthèse sur le personnage de Thessalos, voir l’article de H. Diller dans le PaulyWissowa (1936). 4. Il s’agit peut-être du Dionysios (Denys) donné pour empirique par K. Deichgraber (Die Empirikerschule, Berlin, 1930). Selon F. Caujolle-Zaslawsky, il n ’y a rien de certain sinon que « nous pouvons seu­ lement retenir que, sur le modèle dialectique des dissoi logoi, Denys a établi une liste d ’opinions médicales contradictoires » (voir Diction­ naire des philosophes antiques, II, p.862-863). Galien en tout cas s ’en prend à lui en même temps qu’à d ’autres méthodiques dans les deux premiers livres du De methodo medendi. 5. Proclos fut un élève de Thémison, selon Max Wellmann, Die pneumatische Schule bis auf Archigenes, Berlin, 1895, p. 7. Voir Galien, De methodo medendi, K. X, 52. 6. Antipatros est un médecin méthodique contemporain de Galien, qui exerça à Rome ; celui-ci l’attaque dans le livre I du De methodo medendi. Si Antipatros et Galien sont contemporains, alors Antipatros et Pseudo-Galien le sont aussi : du moins, Pseudo-Galien ne peut être antérieur à Antipatros, donc à Galien. Il n ’y a aucun auteur plus récent cité dans le traité. C ’est l ’un des arguments les plus forts d ’E. Issel pour considérer le Médecin comme un texte contemporain de l’ensei­ gnement du maître de Pergame. Voir Notice, ch. III. 7. Olympicos fait partie de la série de médecins méthodiques mis en cause par Galien dans le De methodo medendi, K. X, 54. Il exerça selon K. Deichgraber (Pauly-Wissowa XVIII, 35) vers 100 ap. J.-C. Galien le qualifie de « verbeux », ληρώδης. 8. Ménémachos d’Aphrodise. est réellement peu connu ; on sait presque uniquement ce que le Pseudo-Galien nous en dit, à savoir qu’il était méthodique dissident. Galien le mentionne en passant, par exemple dans le De methodo medendi, K. X, 53-55, panni les autres méthodiques. Selon Max Wellmann, c ’est encore un élève de Thémi­ son {Die pneumatische Schule bis auf Archigenes, Berlin, 1895, p. 7). 9. La renommée de Soranos d ’Ephèse dépassa largement celle des autres médecins cités dans ce chapitre, au point que toute une série de légendes se forma autour de lui : on en fit par exemple le médecin de Cléopâtre, alors qu’il exerça à la fin du Ier s.- début du IIe s. ap. J.-C. Il étudia à Alexandrie et exerça à Rome sous Trajan et Hadrien. Se récla­ mant de la secte méthodique, Soranos est un esprit libre, qui n ’hésite pas à critiquer d ’autres médecins de son bord. De lui nous n ’avons conservé que les Maladies des femmes, traité qui ne fut d ’ailleurs découvert que récemment dans le Parisinus gr. 2153. Mais on lui attri­ bue beaucoup d ’autres œuvres, dont une vie d ’Hippocrate. Dans cer-

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tains manuels de médecine médiévaux, comme le Liber passionalis, Soranos jouit d ’un prestige comparable à celui de Galien et d ’Hippo­ crate (voir K.-D. Fischer, « Dr Monk’s medical digest », Social hisîory o f medicine, 13, 2, 2000, 239-251). D. Gourevitch résume ainsi ses qualités d ’indépendance : « Méthodique, il connaît pourtant bien Hippocrate et la pensée médicale du Ve s., et n ’est pas plus ignorant que les dogmatiques. Il a pratiqué les grands anatomistes, alors que son école lui interdit l’anatomie. Et vis-à-vis de sa propre secte, il ne se conduit jamais en dévot » (Soranos, Maladies des femmes, CUF, notice p. XLIII). 10. Les épisynthétiques sont une énigmatique secte dont les textes grecs ne parlent pas (mais voir note suivante), sauf un autre PseudoGalien, dans les Définitions médicales (K. XIX, 353) : ιδ. Ια τρ ική ς αίρέσεις al πρώται δύο εμπειρική και λογική και τρίτη μεθο­ δική. δοκει δέ και τετάρτην αϊρεσιν έξευρεΐν ’Α γαθΐνος 6 Λακε­ δαιμόνιος, ήν ώνόμασεν έπισυνθετικήν, ενιοι δέ έκλεκτικήν. ετεροι τήν έκτικήν. « 14 : Les deux premières sectes médicales sont la logique et l’empirique, et la troisième la méthodique ; mais il semble qu’Agathinos le Lacédémonien en ait inventé une quatrième, qu’il appela épisynthétique et certains éclectique ; d’autres, hec­ tique ». L ’auteur des Définitions médicales confond visiblement épisynthétiques et éclectiques, ce que notre auteur ne fait pas ; le troi­ sième nom d ’ « hectique » donne à penser qu’il s’agit sans doute de pneumatiques, influencés par le stoïcisme, puisque le pneuma hectique est une notion stoïcienne (cf Médecin, ch. IX et ch. XIII) ; mais en l ’absence d ’autres éléments, nous ne pouvons différencier clairement les sectateurs d ’Agathinos des éclectiques. Notons que selon la Souda, Agathinos serait le maître d ’Archigène d ’Apamée, que l’auteur du Médecin range...parmi les éclectiques. Il est attesté par ailleurs que les méthodiques eurent des liens avec le stoïcisme : voir Galien, Contre Julien, CMG V, 10, 3, 1951, p. 4L Julien aurait tenté de concilier la doctrine méthodique non seulement avec le stoïcisme, mais aussi avec les doctrines de Platon et d ’Aristote. 11. Le Pseudo-Galien n ’est pas le seul à qualifier Léonidès d ’ « épisynthétique » ; beaucoup plus tard, Caelius Aurelianus emploie l’adjectif latin (emprunté au grec) episynthetiens, appliqué au même Léonidas (M.A., II, 7 Drabkin, p. 124). Appelé Léonidès ou Léonidas selon les textes, ce médecin alexandrin exerça à la fin du Ier siècle ap. J.C. et était spécialiste d ’ophtalmologie : il inspira l’ophtalmologiste Severus d’après Paul d ’Egine (VI, 8) et Aetius d ’Amida (VII, 93). Cae­ lius Aurelianus s ’approprie sa définition de la léthargie, mais récuse son explication selon laquelle les canaux se bouchent au niveau du cerveau. Il est selon Max Wellmann un représentant de la secte pneumatique. 12. Archigène d ’Apamée exerça vers 100 ap. J.-C. ; c ’est un méde­ cin réputé pour son obédience pneumatique mais aussi pour ses quali-

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tés de médecin en général. Galien le mentionne très fréquemment, en particulier dans le De locis affectis. 13. On trouve un écho à cette opinion d ’Érasistrate dans les Quaes­ tiones medicinales du Pseudo-Soranos : apud quosdam partim disci­ plina est, partim conjectura. Voir Anecdota graeca et graecolatina II, 1870, p. 247, 22 de V. Rose. C ’est E. Issel qui a fait ce rapprochement dans sa thèse {Quaestiones sextinae et galenianae, p. 34). Rose, et Stadler, qui compléta l’édition de Rose (Archivfür lateinische Lexico­ graphie XIV, 1906), n ’ont insisté que sur le chapitre consacré aux par­ ties du corps. Pour le reste, les Quaestiones medicinales doivent sur­ tout selon eux aux Définitions médicales, également pseudo-galéniques (par voie indirecte). 14. Cette définition de la connaissance scientifique est d ’origine stoïcienne ; voir Philon d’Alexandrie {De congressu erud. gratia §141 Vol. III p. 101, 5 Wendland) pour un témoignage très approchant : Ε π ισ τή μ η ς δέ· κατάληψις άσφαλής και βέβαιος, άμετάπτωτος ύπό λόγου. « Quant à la science : une conception sûre et solide, inébranlable par la raison ». L ’ensemble du chapitre pseudo-galénique repose sur des distinctions stoïciennes entre art et science. Autre témoi­ gnage parallèle de Sextus Empiricus, Adv. Math. VII, 150. Voir note 4 de la même page. 15. L ’auteur prend parti contre une idée selon lui excessive de la médecine : contrairement à l’opinion des méthodiques notamment, elle n ’a pas le statut de science, puisque la science est même hors de la por­ tée des hommes. Cette remarque colore sa conception de la médecine d ’un certain scepticisme. E. Issel rapporte (d’après le livre d ’E. Zeller, Philosophie der Griechen) deux textes de Sénèque faisant preuve de la même humilité face à la possibilité d’atteindre le vrai : le premier est tiré des Questions naturelles, VII, 25, 2 (A. Gercke, Teubner, p. 258) et porte sur les lacunes des humains en matière d ’astronomie ; l’autre figure dans les Lettres à Lucilius, 65, 10 (L. D. Reynolds, Oxford, p. 177) et mérite d’être cité (Sénèque s’adresse donc à Lucilius) : pro­ nuntia quis tibi videatur verisimilimum dicere, non qui verissimum dicat ; id enim tam supra nos est quam ipsa veritas. Ce scepticisme affiché est-il sincère ou décoratif, nous ne le savons pas. Sur l’aspect hautement scientifique de la médecine pour les méthodiques, voir l ’ar­ ticle déjà cité de J. Pigeaud « Les fondements du méthodisme » ; et plus récemment Ph. Mudry, « Le regard souverain ou la médecine de Γévidence », 2003. P. IL 2. Définition d ’origine stoïcienne. On la retrouve sous une forme approchante chez Philon d ’Alexandrie encore {De congressu erud. gratia §141 Vol. III p. 101, 5 Wendland). Voir note 2 de cette page. Sextus Empiricus critique cette définition, qu’il cite dans les Hypoty-

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poses pyrrhoniennes, III, 188 : [κδ τί έστιν ή λεγομένη τέχνη περί βίον.] Π άλιν οΐ Στωικοί περί ψυχήν αγαθά φασιν είναι τέχνας τινάς, τάς άρετάς- τέχνην δε είναι φασι σύστημα εκ καταλήψεων σογγεγομνασμένων, τάς δέ καταλήψ εις γίγνεσ θαι περί τό ηγεμονικόν. Georg Helmreich (1914, 9) fait en outre un rapprochement judicieux avec Lucien, Sur le parasite, ch. 4 : Τ έχνη έστίν, ώς εγώ διαμνημονεύω σοφού τίνος άκούσας, σύστημα εκ καταλήψεων συγγεγυμνασμένων πρός τι τέλος εϋχρηστον τω βίφ : « L ’art, si je me sou­ viens bien de ce que j ’ai entendu de la bouche d’un sage quelconque, est un ensemble cohérent de conceptions organisées en vue d’une fin utile à la vie ». P. 12. 2. Cette définition célèbre est tirée du traité des Vents, I, 5 (Jouanna p. 104-105 et note 1) : Ιητρική γάρ έστιν άφαίρεσις και πρόσθεσις, άφαίρεσις μέν των πλεοναζόντων, πρόσθεσις δέ των ελλειπόντω ν. « Car la médecine est soustraction et addition, sous­ traction de ce qui est en excès, addition de ce qui est en défaut » (trad. Jouanna). On en trouve un écho tant chez Galien {De methodo medendi, K. X, 772) que chez Celse {De medicina, II, 2). Sur les cita­ tions tirées de la Collection hippocratique dans Médecin, voir C. Petit {LEC 77, 2009, à paraître). 3. Citation (très approximative) du traité de YArt, III, 2 (Jouanna p. 226 et note 8) : τό δή πάμπαν άπαλλάσσειν των νοσεόντω ν τούς καμάτους και των νοσημάτων τάς σφοδρότητας άμβλύνειν, και τό μή έγχειρ ειν τοΐσ ι κεκρατημένοισιν υπό των νοσημάτων. Au vu de sa critique de la définition de la médecine donnée par le traité de YArt, il est clair que l’auteur du Médecin distingue nettement les deux traités des Vents et de YArt : le premier est pour lui un traité d ’Hippo­ crate, alors que le second est d ’un autre médecin. C ’est une position originale puisque Érotien, contemporain de Néron, donc antérieur d’un siècle à l’auteur du Médecin, considérait le traité de YArt comme un écrit authentique d’Hippocrate. De même, l ’auteur des Définitions médicales, qui cite le traité de YArt en exemple dès le prologue, et attribue on ne peut plus clairement cette même définition à Hippo­ crate : θ. 'Ιπποκράτης εν τφ περί τέχνη ς ώρίσατο τήν Ιατρικήν ούτως και πρώτως μέν αύτήν νομίζων Ιατρικήν είναι τό δή πάμ­ παν άπαλλάσσειν των νοσεόντω ν τούς καμάτους καί τό τάς σφο­ δρότητας των νοσημάτων άμβλύνειν και τό μή έγχειρ έειν τοΐσι κεκρατημένοισιν ύπό των νοσημάτων είδότας δτι πάντα ταϋτα ού δύναται ή ίατρική τέχνη έπανορθούσθαι. La personne visée par le Pseudo-Galien ici, on peut l’imaginer, pourrait être l’auteur des Défini­ tions médicales. L’enseignement des deux manuels est, sur ce point, contradictoire. Il est possible que le μή du Médecin ne soit qu’une faute pour le δή de la définition hippocratique, mais nos manuscrits

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sont unanimes. En outre l’auteur du Médecin insiste dans la suite sur le caractère négatif de cette mauvaise (selon lui) définition, ce qui corro­ bore l’emploi du μή à cette place. Enfin, comme le texte de la défini­ tion a subi d ’autres altérations (ex : καμνόντας pour καμάτους), il est à craindre que cette déformation du sens remonte à la rédaction du texte. P. 13. 1. Cette définition ne se retrouve pas telle quelle dans les autres écrits médicaux conservés. L ’adjectif τηρητική est relativement rare, mais απαλλακτική Test plus encore. C ’est un hapax au féminin. On ne retrouve pas dans les textes grecs ces deux adjectifs appliqués à la médecine. Le Médecin apporte donc ici un témoignage unique, sauf erreur. En revanche, on trouve un écho à cette opposition entre les deux fonctions de la médecine chez Soranos (Maladies des femmes, I, 42) ; le sujet n ’est pas ici l’art médical en général, mais la grossesse : le fait d’être enceinte est-il thérapeutique ou préservatif ? D ’après le médecin d ’Éphèse, ni l’un ni l’autre. Il réfute dans ce passage l ’opinion de méde­ cins inconnus : συλλαβοΰσαι μέν γάρ ούκ απαλλάσσονται των προϋπαρχόντων περί την υστέραν οχληρών, άπαλλασσόμεναι δε τούτων τότε συλλαμβάνουσιν. εΐ δέ και ύπό τής συλλήψεως απαλλάσσονται, βοήθημα γίνεται νόσων ή σύλληψις, ού τηρητικόν του ύγιαίνειν, ώσπερ ούδ’ ή φλεβοτομία διά τούτο ύγιεινόν γίνεται παράλημμα, διότι λύει νόσους. « Ce n ’est pas qu’une fois enceintes elles sont débarrassées des grosseurs qu’elles avaient à l’uté­ rus, mais qu’en se débarrassant de ces grosseurs, alors elles tombent enceintes. Et si d ’aventure elles en sont débarrassées en devenant enceintes, le fait de le devenir est un remède contre les maladies, mais il n ’est pas préservatif de la santé, de même que la saignée est un expé­ dient sain, dans la mesure où il dissipe les maladies. » Soranos réfute donc l’idée que la grossesse soit un bien en soi pour la santé des femmes et surtout les préserve des maladies. On décèle dans ce passage une opposition sous-jacente entre ce qui écarte la maladie et ce qui pré­ serve la santé ; une définition méthodique de la médecine pourrait être à l’origine de cette opposition, mais ce n’est là qu’une hypothèse. 3. Ce passage est difficile. Le texte de Chartier me paraît le meilleur : comprendre le premier mot de la phrase comme une simple négation au lieu du pronom relatif au génitif ne permet pas d ’aboutir à un sens satisfaisant et le texte des manuscrits doit donc être corrigé. La traduction latine du XIVe s. (quod enim) montre d ’ailleurs que le texte d’origine des manuscrits de la famille B comportait sans doute la bonne leçon (ού). Une seconde difficulté réside dans la mécoupure ά λ λ ' ότι pour άλλο τι : ici encore il faut suivre Chartier. Il est pro­ bable que ce dernier s’inspire des notes marginales de l’édition de Bâle, qui reflètent sans doute les efforts des éditeurs, peut-être John

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NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 13-15

Clement (voir B. Gundert, 2006), pour corriger le texte obscur de P Al­ dine. Enfin le présent de l ’indicatif έφίεται a été corrigé dans l’édition de Bâle en έφίετον, mais il est difficile de justifier un adjectif verbal dans le contexte. 5. Le texte que nous éditons, celui de la famille B, nous paraît plus satisfaisant que celui de V ; bien que celui-ci soit le manuscrit le plus ancien, il semble avoir ici omis un élément et malencontreusement coupé la phrase. L ’auteur du Médecin va plus loin en réalité que le texte de la vulgate ne le laissait croire. Il nous apprend que la défini­ tion d’Hérophile avait connu un succès important : elle était même lar­ gement admise par les médecins. On le supposait depuis les travaux de H. Von Staden, qui a édité les Fragments d ’Hérophile, mais le témoi­ gnage du Médecin paraît être décisif. Galien, qui cite à l’occasion cette définition (elle est même à la base de YArs medica et connut, par le truchement de ce célèbre traité, une fortune considérable, en particulier chez les Arabes), est pour sa part avare de reconnaissance envers le vieux maître alexandrin, et ne dit nulle part que cette définition fait ou a fait la quasi unanimité de ses collègues. Voir H. Von Staden (1989, 108-112) ; V. Boudon, « Les définitions tripartites de la médecine chez Galien », AN RW, II, 37-2 (voir aussi Art médical 396-398 ( = note 4 de la page 276 de son édition). P. 15. 1. La partie intitulée « physiologie » des Grecs comprend toute l’anatomie et même l’ostéologie ; telle qu’elle est présentée ici par l ’auteur, elle annonce les chapitres IX-XII du Médecin. Le texte que nous éditons ici est plus complet que le texte de la vulgate, car il y avait un saut du même au même dans l ’édition de Chartier (omission de θεωρίαν και είς τήν των έντός). Kiihn ne s’en est pas aperçu et a reproduit l’omission. 3. Le Pseudo-Galien distingue ici l’identification des symptômes au chevet du malade (examen clinique) de la reconstitution après-coup des symptômes qui ont précédé (par la déduction et l ’interrogatoire du malade, via Y anamnèse, sur laquelle voir J. Pigeaud, 1977). Le mot est repris dans le chapitre suivant, où il se peut qu’il ait le sens plus large de « connaissance », mais je pense qu’il faut conserver la force du préfixe en référence à ce passage précis. 4. La tripartition de chaque partie de la médecine nous paraît être un des gages de sa perfection aux yeux de l’auteur. Les textes qui men­ tionnent ces divisions du corps de la médecine ne sont pas nombreux, mais cette discussion doit être le reflet d ’une polémique chez les méde­ cins ; on en trouve également un écho dans les premières lignes du traité de Galien intitulé De partibus artis medicative (traité perdu en grec, mais conservé en arabe et en latin : la version latine de Niccolô da Reggio fut d ’abord publiée dans H. Schône, « Galenus de partibus

NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 15-16

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artis medicative », Festschrift der Universitât Greifswald, 1911, 1-39. La version arabe, accompagnée de l’édition de la version latine par J. Kollesch, D. Nickel et G. Strohmaier se trouve dans le CMG, Suppl, or. II, Berlin, 1969). Sur ce texte, voir aussi H. von Staden in Nutton (2002), 19-49. 5. Sur la notion hippocratique de constitution, voir M. D. Grmek (1983). 6. Nous avons adopté le singulier donné par tous les manuscrits au lieu du pluriel de la vulgate imprimée, qui est une conjecture de l’Al­ dine (non encore faite dans le manuscrit P, mais l ’expression y est sou­ lignée, signe d ’une interrogation des éditeurs). Il faut alors comprendre que le sujet est τα πάθη et que le verbe est au passif, au lieu que le plu­ riel des éditions depuis l’Aldine suppose comme sujet οί εμ πειρικοί ou bien un indéfini « on », cette dernière hypothèse aboutissant à la même traduction que si l’on garde le texte des manuscrits. Nous pen­ sons que la mention des empiriques se réduit à la relative ήν συν­ δρομήν καλοΰσιν ot εμ πειρικοί ; l ’utilité de rassembler les symp­ tômes est envisagée à un niveau plus général, elle permet de définir les affections. Comme la notion d ’affection (πάθος) est rejetée par les empiriques (ch. III, p. 4), suppléer le sujet ol έμ πειρικοί dans la prin­ cipale est absurde. On voit que la conjecture ειδοποιούνται est de trop. Apparemment, c ’est aussi la conclusion à laquelle est parvenue M. Tecusan qui (sans voir les manuscrits, encore une fois) a corrigé la forme de pluriel donnée par Kuhn et rétabli le singulier. P. 16. 2. Les nuances causales exposées par l’auteur sont très familières à Galien, qui y a consacré plusieurs ouvrages ; elles sont en réalité issues de la complexe logique stoïcienne. Voir J.-J. Duhot, La concep­ tion stoïcienne de la causalité (1989) ; J.-B. Gourinat, La dialectique des Stoïciens (1997). Voir aussi R. J. Hankinson, « Galen’s theorie of causation », ANRW, II, 37, 2. Il faut croire qu’à l’époque où écrivent Galien et Pseudo-Galien, ces notions étaient assimilées et faisaient par­ tie du bagage commun des médecins dogmatiques. 3. Nous proposons de lire αίτια όμού à cause de la leçon (inintel­ ligible telle quelle) des manuscrits de la famille B : celle-ci peut s’ex­ pliquer par une mécoupure d ’onciale, doublée d ’une faute sur l'omi­ cron, devenu sigma lunaire, et d ’une faute sur le premier iota, transformé en nu. On aurait eu en majuscules la séquence AITIA OMOY. L ’adverbe όμού est employé par ailleurs trois fois dans le texte, et Galien lui-même l ’emploie parfois en fin de phrase {De diff. puls. K, VIII, 526 ; De composit. med. sec. loc.y K, XIII, 34). Ce n ’est pas une raison suffisante, et du reste le texte de la famille A se suffit à luimême ; mais nous préférons ne pas prendre le risque de perdre un mot, incident qui a tout de même pu se produire dans V.

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NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 16-19

4. Sur l’action nuisible ou favorable des rapports sexuels, ce sont surtout les médecins du Moyen Age qui se sont affrontés. Chez Hip­ pocrate, le coït est une cause d ’échauffement du corps {Du régime des maladies aiguës) ; on peut raisonnablement en déduire que dans cer­ taines dispositions du tempérament, le coït est à éviter pour le malade. Les commentateurs de Galien se sont emparés de ce sujet qui les pas­ sionne, à partir d ’un chapitre de 1'Ars medica du médecin de Pergame (ch. XXIV, 9, p. 351-352 Boudon). Les relations sexuelles entrent dans les six choses « non-naturelles » introduites par les Arabes ; à ce sujet, voir N. Palmieri, « La théorie de la médecine des Alexandrins aux Arabes », Les voies de la science grecque, Genève, Droz, 1997, 33-133 (surtout 112 sqq.). Dans la médecine antique cependant, il faut distinguer au cas par cas - et l ’abstinence est souvent aussi perçue comme néfaste (voir par exemple Galien sur la masturbation en géné­ ral, et celle de Diogène en particulier, Sur les lieux affectés, VI, 5 = K. Vili, 417-421). 6. Nous rétablissons αίτιου sur la foi de V. Le fait que V2 l’ait sup­ primé n ’est pas une raison suffisante pour croire que c ’était une addi­ tion dans V ; soit V2 l’a jugé inutile dans le texte et l’a exponctué de son propre chef, soit le modèle qu’il a utilisé pour ses corrections ne l’avait pas et ce fait peut-être dû à une omission dans le modèle en question. Il n ’y a donc pas de raison claire pour éliminer αίτιου. P. 18. 4. L ’auteur annonce en partie son plan (ch. IX à XII) tout en justi­ fiant l’importance préliminaire des savoirs fondamentaux contenus dans la « physiologie ». Cette insistance révèle un auteur héritier des principes dogmatiques ou logiques, pour qui la connaissance de la nature (voir ch. III) est primordiale. P. 19. 2. Nous avons opté pour l ’accusatif singulier άνάλογον au lieu de choisir le génitif pluriel άναλόγων, bien que ce dernier semble aller de soi dans le contexte, avec un sens proche de ποιοτήτω ν ; mais άνά­ λογον est donné par le manuscrit le plus ancien et paraît être la lectio difficilior. Il a bien sûr une valeur adverbiale. Pour le sens, la diffé­ rence entre le neutre adverbial et l’adjectif substantivé n ’a pas de réelle conséquence : il s ’agit toujours des « choses qui correspondent » aux éléments premiers. Nous avons pour des raisons de clarté opté pour la traduction de τα άνάλογον par « qualités correspondantes » bien que le mot ποιοτήτες figure par ailleurs dans le texte (p. 21). 3. Hippocrate, Nature de Vhomme, 3, 3-4 (éd. Jouanna, CMG I, 1, 3, 1975, 172). L ’édition Kühn proposait un texte altéré à cet endroit : l’ordre des qualités y était bouleversé. En fait, les manuscrits, eux, sont beaucoup plus conformes au texte hippocratique tel que nous le

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connaissons, à peu de variantes (dialectales) près. Cette citation tient une place importante dans la physiologie développée dans le Médecin. Elles est complétée et renforcée par une autre citation tirée du livre VI des Epidémies, voir note 5 p. 20. Phillip de Lacy revient longuement sur l’ordre des éléments et des qualités et ses conséquences dans l’in­ troduction de son édition du De elementis ex Hippocratis sententia de Galien (CMG, V, 1 , 2 ) ; pour prendre la mesure des correspondances entre éléments, qualités et humeurs, voir également son commentaire, p assim. P. 20. 3. Cette idée se retrouve chez Galien, De Placitis Hippocratis et Platonis, VIII, 4, 4-5 (CMG, V, 4, 1, 2, vol. II, p. 498, 26-31) : και τούτο εστιν αύτό τό αίμα, τής γενέσεω ς ημών ώς ΰλη, τό συγκεί­ μενον μέν εκ των τεσσάρω ν χυμών κατ’ έπικράτειαν δ ’ ύνομασμένον ούτως, γεννώμεθα γάρ εξ αύτοΰ κατά τάς μήτρας κυούμενοι και τήν τε πρώτην διάπλασιν εκ τούτου λαμβάνομεν, εφεξής δέ ταύτη τών διαπλασθέντων μορίων τήν τε διάρθρωσιν καί τήν αϋξησιν καί τήν τελείω σιν. « Or, c ’est là ce qu’est le sang, pour ainsi dire la matière à partir de laquelle nous sommes faits, la sub­ stance constituée par les quatre humeurs, mais nommée ainsi parce que c ’est le sang qui domine. Car nous sommes engendrés par lui, pendant notre conception dans la matrice, et c’est à partir de lui que nous com­ mençons à être fabriqués, puis, à la suite de cela, que nous sommes assemblés en parties issues de cette fabrication, puis que nous grandis­ sons, enfin que nous arrivons à terme ». 4. Le texte est incertain ligne 5 et ligne 10 : faut-il lire φησι ou φασι ? Dans le premier cas, le discours rapporté est celui d’Hippo­ crate, dans le second, c ’est un discours plus général par rapport auquel l’auteur prend une certaine distance. Les manuscrits sont partagés lors de la seconde occurrence, et unanimes à donner le pluriel lors de la première ; pourtant nous avons édité le singulier dans les deux cas, parce que cette partie du texte développe encore la doctrine d ’Hippo­ crate : la comparaison avec Galien (voir note suivante) montre en effet que cet enseignement hippocratique était bien partagé à l’époque impé­ riale. 5. Cf. Hippocrate, Epidémies VI, 8, 7 que nous citons dans la der­ nière édition critique, celle de D. Manetti et A. Roselli (Ippocrate, Epidemie libro sesto, Introduzione, testo critico, commento e traduzione a cura di Daniela Manetti e Amneris Roselli, Firenze, 1982) p. 170 : Τά ϊσχοντα, ή ένορμώντα, ή ένισχόμενα. « Le contenant, le mouvant, le contenu » (trad. Littré ; traduction semblable dans l ’édition RoselliManetti). Les témoignages de Galien et de Pseudo-Galien sont concor­ dants pour ce passage, de même que l’explication des trois teimes. Voir Galien, De differentiis febrium, K. VII, 278 ; De tremore, K. VII,

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NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 20-21

597. La même interprétation perdure chez Alexandre d ’Aphrodise (De febrium, XVII, 1, 4-5), Palladius, Stéphane d’Athènes et Stéphane d ’Alexandrie ; elle est vraisemblablement d’origine stoïcienne, peutêtre issue des médecins pneumatiques qui ont adapté le stoïcisme à la médecine et développé le rôle du (des) πνεύμα (πνεύματα) en physio­ logie : l’assimilation de τα ένορμώντα aux πνεύματα paraît dériver de la fonction de l’âme appelée όρμή chez les Stoïciens, qui com­ mande le mouvement. La partie directrice de l’âme (appelée « l’hégé­ monique », voir Médecin, ch. XI, p. 31) se déplace dans le corps pour mouvoir les parties de celui-ci ; le pneuma psychique (car c’est lui seul qui est concerné, par opposition au pneuma hectique et au pneuma physique) est donc à la fois mouvant et moteur. La traduction par « choses motrices » nous paraît préférable au « mouvant » de Littré, dans la mesure où la finalité de T ορμή est le mouvement de l’être animé, non de l’âme pour elle-même. 6. L ’auteur revient avec plus de précision sur la définition de ces trois pneumas au ch. XIII, 1. Le pneuma dit « hectique » ou « hexis » depuis les Stoïciens assure simplement la cohésion des parties solides des corps (y compris les pierres ; chez les êtres animés, il s’agit de la cohésion des os). Le pneuma physique ou « physis » permet la croissance, des végé­ taux mais aussi des cheveux par exemple, chez les êtres animés ; enfin le pneuma psychique, propre aux êtres animés, véhicule toutes les fonctions de l’âme (ψυχή), dont la représentation et le mouvement (ορμή). Cf. Philon, Allegoriae legum, II, 22 (- SVF, Π, 458). 7. Τ ριπλέκεια est un hapax ; ce concept attribué à Érasistrate n ’est mentionné nulle part ailleurs sous cette forme, même si l’entrela­ cement des vaisseaux est suggéré par d ’autres témoignages et notam­ ment par celui de Galien dans le De usu partium, VII, 8 (cf. I. Garo­ falo, Erasistrati fragmenta, 90-91). I. Garofalo choisit la forme à degré fléchi (-πλοκ-) ; mais, considérant l ’existence d ’adjectifs composés en -πλεκής (sur lesquels on peut former des dérivés en -πλέκεια), nous avons opté pour la leçon des manuscrits de la famille B. P. 21. 3. La notion de παρέγχυμα τροφής appliquée aux organes comme le foie, le poumon, la rate est exclusivement associée à Érasistrate et à sa mouvance. Contrairement à ce qu’avance I. Garofalo (Erasistrati fragmenta p. 91), ce n ’est pas uniquement dans ce passage du Médecin que l ’expression παρέγχυμα τροφής est explicitement attribuée à Éra­ sistrate en personne ; Galien pour sa part dit certes parfois « les gens de la mouvance d ’Érasistrate », οί περί τον Έ ρασίστρατόν (De tem­ peramentis, p. 57, 10-12 Helmreich), mais en d ’autres occasions aussi, « Érasistrate » seulement (voir par exemple son Commentaire à la Nature de l ’homme, K. XV, 8 (= CMG, V, 9, 1 p. 6, 25-26) :(. . . ) και σαρξ, ή τε των μυών (...) ή τ ’ έν τοΐς σπλάγχνοις, ήν δή και

NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 21

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'παρέγχυμα’ καλεΐν 6 Έρασίστρατος εϊωθεν). « (...) et la chair, celle des muscles comme celle que contiennent les viscères, qu’Érasistrate avait coutume d ’appeler παρέγχυμα ». Mais ce point n ’est qu’un détail. La traduction même pose problème : παρέγχυμα dérive de παρεγχέω-ώ, « répandre à côté » ; la nourriture, c’est-à-dire le sang, se déverse (on peut croire que c’est à l ’extrémité des vaisseaux, en bout de course, mais ce n ’est pas certain) pour former la matière des viscères, dont - et c’est ce qui irrite le plus Pseudo-Galien - celle du cerveau. En termes clairs, l ’auteur juge excessif et réducteur d ’assimi­ ler la substance des organes à celle de la graisse. Tous les médecins en effet s’accordent à dire que la graisse est bien un « dérivé » (comme nous proposons de traduire παρέγχυμα) de la nourriture, voir par exemple Pseudo-Galien, Définitions médicales, K. XIX, 367. Chez Galien, les viscères sont fait de « chair » (σάρξ) ; mais on a l ’impres­ sion que le médecin de Pergame, pourtant si virulent contre Érasistrate à certains moments, ne mentionne le nom de παρέγχυμα que de manière anecdotique ; il ne semble y avoir là qu’une divergence lexi­ cale secondaire et non une véritable polémique. Le nom donné à la substance des viscères est sans importance pour Galien, même s’il ne reprend pas à son compte le παρέγχυμα τροφής d’Érasistrate. Par ailleurs, on ne trouve pas chez lui de passage où il soit question du cer­ veau comme « dérivé de la nourriture ». La critique ici développée par Pseudo-Galien est donc relativement isolée. 4. Les manuscrits de la famille B ont après πόροι quelques mots additionnels d ’origine inconnue que nous considérons comme une glose ; celle-ci était d ’ailleurs déjà illisible dans le modèle des manus­ crits grecs, qui la conservent sous une forme altérée, et la version latine médiévale n’en reprend que la partie la plus claire. La doctrine d ’Asclépiade est ici résumée d ’une manière très ramassée, mais fiable ; les όγκοι sont des « grosseurs », des agrégats de corpuscules qui ne doi­ vent pas être confondus avec les atomes, insécables. C’est pourquoi ils sont dits θραυστοί, « friables ». C f Galien, De naturalibus facultati­ bus, Brock (Loeb) p. 60 (= K. II, 39) : κατά δέ τον Ά σ κ λ η π ιά δ η ν ούδέν ούδενι συμπαθές έστι φύσει, διηρημένης τε και κατατεθραυσμένης είς αναρμα σ το ιχεία καί ληρώ δεις όγκους άπάσης τής ούσίας. « Selon Asclépiade en revanche, rien n ’est en sympathie, mais la nature tout entière est divisée et fragmentée en éléments sans lien et en grosseurs stupides » (suit une longue réfutation de la théorie d’Asclépiade appliquée à l ’anatomie et à la physiologie) ; voir aussi De constitutione artis medicae, éd. Fortuna, CMG V, 1,3, 1996, p. 76, 20 ; Sextus Empiricus exprime la même idée sans nuance polémique (νοητοί τινές είσ ιν έν ήμΐν πόροι Μ. III, 5). Voir G. Harig, « Die philosophische Grundlagen des medizinischen Systems des Asklepiades von Bithynien », Philologus, 127, 1983, 43-60. Plus récemment voir J. T. Vallance (1990). Les questions des érudits portent sur le sens

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NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 21-23

d ’un autre adjectif se rapportant aux όγκοι, l’adjectif άναρμοι dont on se demande s’il peut être simplement synonyme de θραυστοί. Voir aussi D. Manetti (2003, 335-347). 5. La doctrine ici attribuée à Athénée rappelle celle d ’Aristote dans les Météorologiques, 378b 13 et 384b 28, et dans De la Génération et de la corruption, 329b 24. Galien lui-même fait référence à ces textes dans le De naturalibus facultatibus, I, 3, 8 (Jones p. 14-15) en les attri­ buant, comme il se doit, à Aristote. Cf. J. Pigeaud, L ’homme de génie et la mélancolie, Paris, Rivages, p. 117. Il peut s’agir d’une erreur de l’auteur du Médecin, mais Athénée a pu aussi bien reprendre à son compte la distinction d’Aristote entre qualités actives et passives. P. 23. 1. Cet Apollonios de Memphis est à identifier. Les rédacteurs du Dictionnaire des philosophes antiques ne l’ont pas pris en compte (y compris dans le tout récent supplément). Il est pourtant également mentionné dans les Définitions médicales pseudo-galéniques parmi les auteurs importants de définitions : μετά δέ τούς τούτου (= Ίπποκράτους) χρόνους οί γενόμενοί τινες συνέγραψαν όρους, και ούτοι δέ ού πάντας. Δοκούσι δέ έπιμ ελεις γεγονέναι έν τή τοιαύτη θεωρία οΐ τε άπό τής Ή ροφ ίλου αίρέσεω ς και Απολλώ νιος 6 Μεμφίτης, ετι δέ καί Α θη να ίο ς ό Ά τταλεύς, άλλα και ούτοι ούτε τή τά ξει τή δεούση έχρήσαντο ούτε συνήγαγον τήν πραγμα­ τείαν, άλλα διεσπαρμένω ς έν τοΐς βιβλίοις συνέγραψαν, έτι δέ καί ένδεώς άνεγράφησαν- ούτε γάρ πάντες ώρίσαντο τα κατά τήν Ιατρικήν. « Certains de ceux qui vinrent après son époque (= d ’Hip­ pocrate), composèrent des définitions, mais ils ne les composèrent pas toutes. Ceux de la secte d ’Hérophile et Apollonios de Memphis passent pour avoir été actifs dans cette vision des choses, puis Athénée d ’Attaie, mais ceux-là non plus n ’usèrent point de la mise en ordre requise, ni ne rassemblèrent la matière : ils les rédigèrent en ordre dispersé dans leurs ouvrages » {Définitions méd. K. XIX, 347). Cf. Aetius d ’Amida (pour une recette de collyre), Iatrica VII, 22 ; Galien (pour une autre recette), De antidotis, K. XIV, 188. On ne peut en tout cas le confondre avec Apollonios de Citium, puisque Érotien les distingue clairement dans l’énumération suivante (au sujet de la définition de Γάμβή, instrument qui sert à réduire les luxations, voir Médecin, ch. XX) : Διοκλής δ ’ έν τφ Κ α τ’ Ιητρεΐον υπόκοιλόν τινα χώραν. 'Απολλώνιος δ ο Μ εμφίτης εν τ φ Περί άρθρων ύπεροχήν παρά τό λοιπόν ξύλον. Α πολλώ νιος δ* ό Θήρ έξοχήν. ό δέ Κ ιτιεύς Α πολλώ νιος έν τω Π ερί άρθρων σιγματοειδή έκκοπήν. (Glos­ saire, éd. Klein, 72). Apollonios de Memphis a donc écrit, comme son homonyme plus célèbre de Citium, un livre sur les articulations (qui peut aussi être un commentaire aux Articulations d ’Hippocrate). Galien apporte un témoignage décisif dans le De differentia pulsuum,

NOTES COMPLEMENTAIRES P. 23-24

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K. VII, 759 : il y expose trois définitions du pouls proposées par un Erasistratéen élève de Straton, qui a toutes chances d’être notre Apollonios de Memphis, friand de définitions. Il aurait vécu dans la seconde moitié du IIIe s. av. J.-C. Voir l’article du Pauly-Wissowa, II, 3. 3. On peut rapprocher cette brève introduction à l’étude des noms des parties externes du corps humain du petit livre de Rufus d ’Ephèse sur les Noms des parties du corps. Là où Rufus entreprend de démon­ trer, dans son prologue, à partir de l ’exemple des autres arts, qu’il est nécessaire au débutant en médecine de commencer par l ’apprentissage des noms des parties du corps, le Pseudo-Galien se contente d ’une phrase ; la nécessité d ’apprendre les noms des parties du corps est pour lui acquise. Tout au plus rappelle-t-il le souci qui poussa les médecins à approfondir ce domaine depuis Aristote : la simple commodité de l’enseignement. En tout cas, la série des noms que donne le PseudoGalien ici est unique : le rôle d’Aristote, d’Érasistrate, et surtout celui de Xénophon et d ’Apollonios de Memphis ne sont nulle part ailleurs mentionnés ensemble. 4. L ’auteur oppose les « Égyptiens » à un autre groupe de méde­ cins qu’il ne caractérise pas autrement. Les médecins d ’Égypte qui divisent le corps en quatre parties (μέρη), elles-mêmes subdivisées en un nombre indéterminé de portions (μόρια), sont probablement les médecins grecs de la prestigieuse école alexandrine. L ’auteur luimême se rattache implicitement à l’école d ’Alexandrie en reprenant à son compte, dans les lignes qui suivent, la division en quatre parties qui se subdivisent en portions ou sous-parties. Les « autres » divisent le corps en d ’infinies parties (μέρη), sans distinguer parties et portions. En d ’autres termes, ceux-là font une économie de vocabulaire. Peutêtre faut-il rapprocher ces médecins non identifiés de Rufus d’Ephèse : celui-ci apparemment, dans les Noms des parties du corps, ne pose pas de distinction entre μέρος et μόριον ; en revanche, il distingue des μέγιστα μέρη (qui d ’ailleurs ne recoupent pas exactement les quatre μέρη des Égyptiens : Rufus ajoute le cou, αύχήν) parmi l ’ensemble des μέρη. Donc, l ’œil comme la tête sont pour Rufus des parties (μέρη) du corps entier, avec une simple nuance de taille, alors que pour les Égyptiens (au nombre desquels se place notre Pseudo-Galien donc), la tête est une partie (μέρος) tandis que l’œil est une portion (μόριον) de celle-ci. La nuance est, on le voit, bien faible pour nous, mais elle semblait d’importance au Pseudo-Galien. Il est d ’ailleurs dif­ ficile de rendre d ’une façon satisfaisante en français la nuance entre μέρος et μόριον. Nous avons choisi « partie » et « portion » parce que le second mot est un diminutif du premier, à l ’image du grec. P. 24. 4. On attribue en général l ’invention de ces « rayons » à Chry­ sippe : Χ ρύσιππος κατά την συνέντασιν τού μεταξύ άέρος όραν

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NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 23-25

ή μάς, νυγέντος μέν ύπο του όρατικοΰ πνεύματος, όπερ άπό τού ηγεμονικού μέχρι τής κόρης διή κει, κατά δέ την προς τον π ερ ­ ικείμενον άέρα έπιβολήν έντείνοντος αύτόν κωνοειδώς, όταν ή όμογενής ό αήρ. Π ροχέονται δέ εκ τής όψεως ακτίνες πύριναι, ούχί μέλαιναι και όμιχλώ δεις * διόπερ ορατόν είναι το σκότος. « Chrysippe (dit) que nous voyons d ’après la contention de l’air inter­ médiaire, lorsqu’il est frappé par le pneuma visuel, qui se répand depuis l’hégémonique jusqu’à la pupille, et aussi selon son irruption dans l’air ambiant, lorsqu’il s’étend selon une forme conique, quand l’air est de même nature que lui. Des rayons ignés sortent de l ’œil, ni noirs, ni sombres : c ’est pourquoi les ténèbres sont visibles » (SVF, II, p. 233, n° 866). Galien est opposé à la notion de rayons ignés issus de l’œil ; c’est un terme qu’il ne reprend pas à son compte, malgré sa dette à l’égard des théories stoïciennes (voir Siegel, Galen on sense perception). Dans une des nombreuses citations du De demonstratione (traité perdu en grec) conservées dans le Livres des doutes concernant Galien de Razi (dont il existe par bonheur une édition, Al kitâb al-shûkûk ‘alâ Jâlînûs, éd. M. Mohaghegh, Téhéran, 1993), le médecin de Pergame se montre même clairement critique : « Die Rede dessen, der behauptet, dass vom Auge Strahlen ausgehen, bis sie zu dem Gesehenen gelangen, ist eine Unmoglichkeit, weil sich die Strahlen nicht bis zu den Stemen ausdehnen konnen ». Nous citons par commodité la traduction de G. Strohmaier dans « Bekannte und unbekannte Zitate in den Zweifeln an Galen des Rhazes », Text and tradition. Studies in ancient medicine and its transmission presented to Jutta Kollesch, edited by K.-D. Fischer, D. Nickel and P. Potter, Leiden, Brill, 1998, p. 272 (voir Al-Râzî, p. 9, 22 Mohaghegh). P. 25. 2. La forme άπολίσφα conservée dans la famille B, au-dessus de la ligne, est sans doute le vestige fautif d ’une variante (ou d ’une glose) : άπολισθαίνοντα pour κατίοντα (c/. Alcinoos, Didaskalikos p. 40 1. 38 Whittaker). La traduction latine du XIVe siècle n ’en porte pas de trace : la forme descendentes des manuscrits peut traduire l’un ou l’autre mot grec. 3. La traduction laisse bien sûr un peu à désirer, dans la mesure où c ’est μύσταξ qui a donné moustache et non ύπήνη ; malheureusement chez Homère, ύπήνη désigne bel et bien les poils de la barbe qui pous­ sent au-dessus de la bouche (ce sont les premiers à pousser), et non la lèvre supérieure en général. Au contraire, μύσταξ prend ce dernier sens. Notons que ni les dictionnaires ni le TLG n ’attestent le mot ύπήνη chez Homère ; on a simplement l’adjectif ύπηνήτης par deux fois (une occurrence dans VIliade, une dans Y Odyssée), qui signifie « portant sa première barbe ».

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P. 26. 1. La partie que le Pseudo-Galien désigne ainsi paraît être l'extré­ mité antérieure de P acromion, qui fait la jonction avec la clavicule (κλεΐς) ; c ’est un fait original. Les autres auteurs antiques tiennent en général le mot κατακλεις pour un autre nom de l’acromion, par exemple Galien : καί τινες μεν των ανατομικών αύτήν την σύντα­ ξιν αυτών όνομάζουσιν άκρώμιον άρμονίαν· ενιοι δε τρίτον ετερον π α ρ ’ άμφότερα τα συζευγνύμενά φασιν όστοΰν όπάρχειν, έν άνθρώποις μόνοις εύρισκόμενον, ο κατακλείδα τε και άκρώμιον προσαγορεύουσιν (De ossibus ad tirones, K. Π, 766) ; Galien ne semble pas reprendre à son compte la dénomination du troisième os, propre à l’homme, que certains anatomistes appellent katakleis ou acromion. Néanmoins il atteste que ce nom désigne une partie particu­ lière, distincte de la clavicule et reliant celle-ci à l ’omoplate. De même Rufus : άκρώμια δ ’ ol σύνδεσμοι τών κλειδώ ν καί τών ύμοπλατών, εχομένως δε και αι κατακλείδες (chez Oribase, XXV, 1, 27). L ’acromion est en effet un os unique qui joint la clavicule à l ’omo­ plate, mais il fait un angle ; il semble que certains médecins aient poussé le raffinement jusqu’à distinguer deux parties, l ’une posté­ rieure, qui forme la pointe de l ’épaule, Tacromion, et l’autre anté­ rieure, qui fait une sorte de « verrou » (le sens premier de κατακλεις) avec la clavicule (κλεις signifiant de son côté « clef »). On retrouve ce nom plusieurs fois dans le traité, dans le ch. XII (p. 42), et le ch. XX (p. 100), ce qui nous incite à ne pas le négliger. 2. Le « voisin du médius » est en effet un nom courant de l’annu­ laire chez les médecins (cf. Galien, De curandi ratione per venae sec­ tionem K. XI, 296 ; De anatomicis administrationibus K. II, 264 ; II, 318 et II 381 ; De musculorum dissectione K. XVIIIb, 953 et 1017). L ’auteur du Médecin dit que c ’est le doigt qui est consacré aux méde­ cins car il leur sert à certaines opérations bien précises comme l’appli­ cation de collyres. L ’annulaire est d ’ailleurs souvent associé au pouce, soit pour la récolte des simples, soit pour la préparation et l ’adminis­ tration des remèdes, ce qui explique l ’expression latine digiti medici­ nales. Voir J. André, Le vocabulaire latin de l ’anatomie, p. 103 ; R. Ganszyniec (1920, 180). P. 28. 1. Le mot grec ταύρος que nous traduisons par « périnée », parce que le sens est ici évident, repose sur une métaphore discutée : F. Skoda ne rapporte la métaphore qu’au sexe masculin (Médecine ancienne et métaphore, 159-160), ce qui est justifié par la plupart des occurrences de cette métaphore (notamment chez Aristophane), tandis que J. André fait état d ’attestations parallèles de l’emploi de taurus en latin pour désigner le périnée, peut-être par emprunt au grec (Le voca-

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bulaire latin de l'anatomie, 232-233). L ’emploi de ταύρος au sens de périnée est en tout cas très original en grec ; cet emploi chez PseudoGalien confirme la théorie de J. André. L ’origine de la métaphore ne tombe pas sous le sens ; J. André tente de l’expliquer par l ’épaisseur de la peau du périnée, qui peut rappeler celle du taureau. 2. La métaphore du « peigne » (κτείς) est selon F. Skoda (Méde­ cine ancienne et métaphore, 169-170) due au sème « poilu », selon J. André (Le vocabulaire latin de l *anatomie) à la comparaison avec un crustacé de forme triangulaire également appelé « peigne », à cause de sa surface striée (une des espèces est notre coquille Saint-Jacques). Il y a quand même une petite difficulté ici dans le texte, dans la mesure où κτείς désigne habituellement le pénil, de forme triangulaire comme le coquillage ; or l ’auteur du Médecin donne ce nom au κόλπος, c’est-àdire à la partie la plus intime du sexe féminin, protégée par les lèvres. L ’origine de la métaphore en est peut-être changée : les replis de la vulve feraient ici penser aux stries du coquillage plutôt qu’à sa forme triangulaire, à moins que ce ne soit au mollusque lui-même ? On voit donc qu’il existait des différences dans la terminologie anatomique de toutes les parties du corps. Comparons avec les informations que nous donne Rufus d ’Ephèse : Τ ής δέ γυναικός τό αίδοΐον, κτείς μέν το τρίγω νον πέρας τού όπογαστρίου* άλλοι δέ έπίσ ειον καλοΰσιν. Σχίσμα δέ, ή τομή τού αίδοίου. Τό δέ μυώδες έν μέσφ σαρκίον, νύμφη, καί μύρτον* οί δέ ύποδερμίδα, οΐ δέ κλειτορίδα όνομάζουσι, καί τό άκολάστως τούτου απτεσθαι κλειτοριάζειν λέγουσιν. Μ υρτόχειλα δέ τα έκατέρωθεν σαρκώδη* ταύτα δέ Εύρυφών καί κρημνούς καλεί* οΐ δέ νΰν τα μέν μυρτόχειλα, πτερυγώματα, τό δέ μύρτον, νύμφην (Noms des parties du corps, 109-113). « Quant à la partie honteuse de la femme, l’extrémité triangulaire de l ’hypogastre est nommée « peigne » ; d’autres l’appellent « pubis ». La fente de la partie honteuse, « fissure ». Le morceau de chair muscu­ leux qui se trouve au milieu, « nymphe » ou « myrte » ; les autres le nomment hypodermis, d ’autres encore clitoris, et la manipulation immodérée de celui-ci, clitorisme. Les parties charnues disposées de part et d ’autre, « lèvres de myrte » ; mais Euryphon les appelle aussi « rebords ». Ceux d ’aujourd’hui appellent les lèvres de myrte « ailes », et le myrte « nymphe ». » Il apparaît que Rufus et l ’auteur du Médecin divergent pour l’appellation du pénil, que Rufus nomme κτείς et le Pseudo-Galien έπίσ ειο ν ; à rebours, la « fissure » de Rufus semble être le « peigne » du Pseudo-Galien. Les « ailes » et la « nymphe » sont en revanche des noms sur lesquels ils s’accordent tous deux. Soranos est plus proche de Rufus (voir pour confirmation les schémas donnés dans l’éd. de Soranos par D. Gourevitch). La méta­ phore du peigne se retrouve chez des auteurs non spécialisés, comme Callimaque, Diodore de Sicile ou le Philodème de l’Anthologie pala­ tine (voir F. Skoda, p. 170).

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4. Il existe d ’autres allusions à cette coupable pratique, dans des textes médicaux grecs plus tardifs. Aetius rapporte l ’opération en détail (.latrica XVI, 115) d ’après Philouménos (médecin du IIe s. ap. J.-C, qui pourrait être la source de Pseudo-Galien) tandis que Paul d’Egine n ’en propose qu’un résumé sans nom d’auteur (VI, 70, 1). L ’opération est aussi explicitement attribuée aux Égyptiens chez Aetius (Philoumé­ nos), mais semble fort bien connue des Grecs qui la décrivent ; Aetius est plus précis que le Pseudo-Galien : il raconte que le grossissement du clitoris conduit à l’indécence et à la honte, car le simple frottement contre les vêtements éveille le désir de s’accoupler, « c ’est pourquoi, en réponse au grossissement du clitoris, il a paru bon aux Égyptiens de l’enlever, surtout quand les jeunes filles sont sur le point de se marier » (διόπερ προ τής μεγεθοποιήσεω ς εδοξε τοΐς Α Ιγυπτίοις άφαιρεΐν αυτό τότε μάλιστα, οπότε προς γάμον άγεσθαι μέλλοιεν αί παρθένοι). Le motif de l’excision du clitoris par les Égyp­ tiens n ’a donc rien à voir avec la médecine ; il s ’agit de juguler le désir féminin pour la tranquillité des maris... Notons que les médecins se contentent de couper ce qui est en excès (ινα τό περιττευον μόνον άφαίρεθή) ; ce n ’est donc pas une amputation totale (cette modération n’a pas pour but de sauver le plaisir des futures mariées, mais d ’éviter de provoquer l’incontinence, voir les passages mentionnés plus haut de Philouménos chez Aetius, et de Paul d ’Égine). Les modernes appellent clitorismie le « développement exagéré du clitoris, qui en exige parfois l’amputation » (Selon le dictionnaire d’É. Littré et Ch. Robin) : l ’ex­ cision soi-disant thérapeutique n ’est donc pas restée une spécialité des Égyptiens anciens. L’opération fut même à la mode dans l’Angleterre victorienne, où l’on invoquait - à tort - l ’autorité d ’Hippocrate pour asseoir la légitimité de l’opération (voir H. King à propos d ’Isaac Brown, Hippocrates’ woman, 15-19). On trouve en fait des allusions à l’excision du clitoris chez des auteurs anciens non médicaux comme Philon d ’Alexandrie {Quest. et resp. in Genesin, III, 47), Strabon (Geo­ graphica, 17, 2, 5) et même, plus tard, saint Ambroise (Sur le patriarche Abraham II, 11-78). Voir R. Flemming, Medicine and the Making o f Roman Women, 2000, 218 et D. Monserrat, S ex and Society in Graeco-Roman Egypt, 1996, 41-44. En revanche, aucune source égyptienne ne pennet de confirmer le caractère proprement égyptien de cette pratique. 6. Homère, Odyssée, X, 161. Il s’agit de l’épisode du cerf ; dans l ’île de Circé où Ulysse et ses compagnons viennent de débarquer, le roi d’Ithaque rencontre opportunément un cerf, qu’il frappe de sa lance « à l’échine, au milieu du dos ». P. 29. 2. Les globes ou hémisphères du postérieur humain sont rarement désignés par une métaphore céleste ou géométrique : le mot « croupe »,

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évoquant l’arrière-train puissant du cheval, nous paraît conserver une connotation de rotondité - même si, étymologiquement, ce n’est pas le cas. C ’est une solution tentante. Pour des raisons de fidélité néan­ moins, nous avons opté pour les « globes » au lieu de la « croupe ». P. 30. 2. Ce préambule méthodologique contient une profession de foi rationaliste évidente : la distinction entre la nomenclature des parties externes (contenu du chapitre X), simple opération descriptive du lan­ gage, et l ’anatomie proprement dite, qui fait intervenir le raisonnement afin de fournir une explication du fonctionnement du corps humain, en dit long sur la confiance de l’auteur dans les possibilités de la raison humaine ; ανατομή et άνάπτυξις contiennent du reste le même pré­ fixe άνα- suggérant un effort de reconstruction et de révélation par la pensée. A la démarche διά λόγου (par le discours) s’oppose une démarche μετά λόγου (au-delà du discours, c ’est-à-dire par la raison). La distinction opérée par l’auteur entre ces deux anatomies, qui donne lieu dans le texte à une division en deux chapitres, peut être opposée à la démarche moins pointilleuse de Rufus d ’Ephèse dans les Noms des parties du corps, qui enchaîne, sans poser de distinction préalable, les noms des parties externes du corps et ceux des parties internes. P. 31. 1. Bien qu’on ne la trouve que dans des manuscrits récents, il n’y a pas de raison de considérer cette fin de phrase comme interpolée ; elle s’insère en effet parfaitement dans le contexte et dans la doctrine de l’auteur, qui fait la part belle au pneuma dans sa physiologie. Il s ’agit d ’un souvenir d ’Hippocrate, De Valiment, XXIII (éd. Joly p. 143) : σύρροια μία, σύμπνοια μία, συμπαθέα πάντα (« confluence une, conspiration une, sympathie de toutes choses »). Galien lui-même rap­ pelle volontiers cette formule (De naturalibus facultatibus, K. II, 39 : καί διά τούτ’ έν τοΐς σώμασιν ημών σύμπνοιάν τε μίαν είναι φησι καί σύρροιαν καί πάντα συμπαθέα ; De causis pulsuum, K. IX, 88 : ό γάρ τοι πατήρ του δόγματος ό θειος εκείνος 'Ιππο­ κράτης, σύρροια μία, φησί, σύμπνοια μία, πάντα πάσι συμπαθέα, φύσις κοινή), qu’il considère comme authentique alors que le recueil De Γaliment est probablement, pour nous modernes, un texte d ’époque hellénistique, influencé par un stoïcisme étranger à la pensée du Père de la médecine (Joly). Galien écrivit d’ailleurs un commentaire au traité De Valiment, que nous n ’avons pas conservé, mis à part un court fragment, dans un papyrus du Ille s. de notre ère (P. Flor. 2, 115) : le commentaire conservé dans les éditions modernes n ’est en effet qu’un faux de la Renaissance. On trouve en marge de l’édition juntine de 1556 une traduction latine du passage, qui prouve qu’un manuscrit apparenté aux Mutinens. gr. 226 et 213 ou au Marc. App. Cl. V, 4 (ou

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bien l’un de ces trois manuscrits) a été lu par Gadaldini et/ ou un de ses collaborateurs (Notice p. cxxi ; Petit 2005b). 2. Platon place en effet la partie divine, rationnelle de Pâme dans la tête ; dans le Timée, 44d, Platon insiste sur la dépendance de tout le corps par rapport à la tête, siège de cette âme divine : Τας μέν δή θείας περιόδους δύο οΰσας, τό τού παντός σχήμα άπομιμησάμενοι περιφ ερές ον, είς σφ αιροειδές σώμα ένέδησαν, τούτο ο νυν κεφαλήν έπονομάζομεν, δ Θειότατόν τέ εστιν και των εν ήμιν πάντων δεσποτοΰν-ώ και παν τό σώμα παρεδοσαν υπηρεσίαν αντω συναθροίσαντες Θεοί (...). « Or il y avait deux révolutions divines. Imitant la figure du Tout, laquelle est sphérique, les Dieux ont introduit ces révolutions dans un corps sphérique. C ’est ce que nous appelons maintenant la tête, qui est la partie la plus divine et qui commande à toutes celles qui sont en nous. A la tête, les dieux ont uni, soumis et donné pour serviteur le corps tout entier » (trad. A. Rivaud, CUF). Il faut se garder d’une attitude qui serait simplificatrice ; la tripartition platonicienne de Pâme ne se superpose pas à la doctrine stoïcienne du pneuma hégémonique. Mais on comprend que l’assimilation de la rai­ son et de la tête fasse ici de Platon une référence importante. Il est plus délicat en revanche de déterminer à quel texte attribué à Hippocrate notre auteur peut bien faire allusion ici. D. limer et A. Anastassiou ne proposent aucun rapprochement. L ’idée qu’Hippocrate plaçait le siège de Y hégémonique dans la tête paraît conforme à Pair du temps et à la doctrine galénique en particulier, mais nous ne connaissons pas de texte de la Collection qui la corrobore (l’hégémonique étant une notion stoïcienne, postérieure à Hippocrate). 3. Nous essayons de rendre par « petit pressoir » P hapax ληνεΐον, qui nous paraît être un diminutif de ληνός, le « pressoir d ’Hérophile » (le premier sens est « cuve du pressoir à vin ») ; il s ’agit du confluent des sinus longitudinaux inférieurs et supérieurs (à ce sujet voir H. von Staden, Herophilus, 158-159 et 223-224). Nous restituons λη νεΐο ν à partir de l’examen de la tradition manuscrite : λ η χη νεΐο ν est issu d’une double faute dans V (= Vaticanus gr. 1845) se trouve dans tous les manuscrits de la famille A ainsi que dans toutes les éditions depuis l’Aldine, tandis que la famille B (Mutinens. gr. 213) propose νήλιον, qui est une autre faute (confusion - en onciale ou en minuscule ancienne ~ entre le lambda et le nu. La (supposée) bonne leçon se trouve dans deux manuscrits du XVIe s. (on doit probablement les rat­ tacher à la famille B également) qui ne contiennent que le chapitre XI, les Mutinens. gr. 226 (= Mu) et Marc. gr. App. Cl. V, 4 (== Ma). S ’agitil d’une innovation ou bien ces recentiores sont-ils des copies d ’un manuscrit ancien qui aurait gardé la bonne leçon ? Quoi qu’il en soit, ληνεΐον nous paraît être la forme à rétablir dans le texte, pour des rai­ sons paléographiques d ’une part, et d ’autre part parce que l ’emploi du diminutif n ’est pas absurde. Galien lui-même juge bon de distinguer

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deux ληνοί, l’un étant plus petit, l’autre plus grand : le médecin de Pergame reprend en effet à son compte la découverte d ’Hérophile, mais précise qu’on peut distinguer en fait deux « pressoirs », points de rencontre de veines différentes, l ’un situé en profondeur et plus impor­ tant - celui d ’Hérophile - , l’autre situé en surface et n ’alimentant qu’une région superficielle du cerveau (De anatomicis administrationibus, K. II, 712-713 = livre IX, ch. I-II). Celui d ’Hérophile étant le plus grand des deux, on ne voit pas clairement comment Pseudo-Galien est arrivé au diminutif pour le désigner. Mais il se peut que d ’autres dis­ tinctions que celle de Galien aient été proposées par d’autres anato­ mistes, dans la lignée d ’Hérophile ou non. On peut aussi imaginer que le Pseudo-Galien, ici comme en d ’autres endroits, est tout simplement coupable d ’imprécision et donne un nom inexact. Quoi qu’il en soit, corriger κατά τό λεγόμενον λη νεΐο ν en κατά τήν λεγομένην ληνόν nous paraîtrait une liberté excessive. Nous considérons que la partie désignée ici est bien le ληνός, mais que le mot écrit par PseudoGalien était sans doute ληνεΐον. 6. Le Pseudo-Galien prend soin ici de distinguer les « nerfs connectifs » (tendons) des nerfs sensitifs et moteurs, que l’ambiguïté du terme grec νεΰρον ne permet pas toujours de comprendre claire­ ment. P. 32. 3. L ’anatomie de l’œil que nous présente le Pseudo-Galien est un héritage remontant à Hérophile ; c’est lui en effet qui distingua les quatre tuniques dont il est ici question. Après Hérophile, le seul pro­ grès décisif concernant l’anatomie de l’œil avant l ’époque moderne fut le fait de Galien, dont la riche description (De usu partium X, 1-2 Helmreich = K. ΠΙ, 759-769) révèle des comiaissances plus approfon­ dies que la courte synthèse pseudo-galénique. On observe un certain flottement selon les textes dans les noms des tuniques de l ’œil : si la première tunique, κερατοειδής (c’est-à-dire la cornée) est universelle­ ment admise, la seconde tunique, appelée ραγοειδής (« semblable au grain de raisin »), parce qu’elle est charnue à l’intérieur, très lisse à l ’extérieur, comme la peau du raisin, par le Pseudo-Galien, est appelée par d ’autres χο ρ ιο ειδή ς à cause de sa vascularisation, qui la fait res­ sembler à la membrane du même nom qui entoure le fœtus ; celle que le Pseudo-Galien nomme αμφιβληστροειδής (« semblable à un filet », il s’agit de la rétine) à la suite d ’Hérophile est plus couramment nommée αραχνοειδής (« semblable à la toile d ’araignée »). Des des­ criptions parallèles, antérieures à notre traité, se trouvent chez Rufus d ’Ephèse (Noms des parties du corps, 153), qui nous explique l’origine de ces noms, et chez Celse (De medicina, VII, 7, 13) : ces textes sont cités intégralement par M.-H. Marganne, L ’ophtalmologie dans l ’Égypte gréco-romaine d ’après les papyrus littéraires grecs, Leiden,

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Brill, 1994. La quatrième tunique évoquée par le Pseudo-Galien pose un problème : s ’agit-il de la membrane sans nom qui entoure le cris­ tallin ? Ou bien s ’agit-il de la tunique que Galien lui-même appelle χιτώ ν άδηλος, c ’est-à-dire notre conjonctive ? L ’explication du Pseudo-Galien nous inviterait plutôt à pencher pour la première hypo­ thèse ; dans ce cas, on comprend pourquoi un lecteur byzantin (l’au­ teur des corrections dans V = V2) a inscrit comme variante ανώνυμον pour άδηλον, car Rufus nous explique que cette membrane demeura longtemps sans nom (ανώνυμος), tandis qu’on l ’appela plus tard φακοειδής (c’est-à-dire lenticulaire). Le Pseudo-Galien est donc le seul auteur à nommer « cachée », « invisible », la lenticulaire, alors qu’à la même époque Galien nomme ainsi la conjonctive, que ses devanciers n ’avaient pas découverte. Cela est un peu troublant : on voit que si par hasard la conjonctive est aussi bien comme du PseudoGalien que de Galien, le mérite du médecin de Pergame peut s’en trou­ ver diminué. Cela dit, il nous semble difficile, au vu de la lettre du texte, d’admettre la seconde hypothèse ; le Pseudo-Galien précise bien que la tunique « cachée » est comme enserrée dans les plis de Vam~ phiblestroïde, alors que la conjonctive, la tunique « cachée » de Galien est à la surface de l’œil ; le premier appelle « cachée » une tunique renfermée à l’intérieur du globe oculaire, puisque c’est l ’enve­ loppe du cristallin, alors que le second appelle la conjonctive « cachée » parce qu’elle est presque indiscernable à la vue. La mem­ brane qui entoure le cristallin est elle aussi très ténue, et pour cette rai­ son invisible ; mais elle est d ’autant moins perceptible que c ’est une membrane interne. P. 33. 1. Cette citation est sans écho précis dans la Collection hippocra­ tique (D. Irmer/ A. Anastassiou, Testimonien zum Corpus hippocraticum, II, 2) ; mais on l’a rapprochée d’un passage des Lieux dans Γhomme (II, 3 p. 40, 12 Joly) où il est question de trois méninges de l’œil, ce qui a posé un problème aux commentateurs (R. Joly comme E. Craik) : plus bas, le Pseudo-Galien attribue en effet à d ’anonymes « modernes » l ’opinion des trois méninges. Est-ce à dire qu’il parle de l ’auteur des Lieux dans l ’homme ? En fait, on peut légitimement se demander s ’il n ’y pas eu tout simplement une confusion entre deux passages très rapprochés dans le même chapitre des Lieux dans l ’homme : quelques lignes après le passage sur les « méninges » de l’œil, Hippocrate dit en effet que le cerveau, lui, a deux méninges : Μ ήνιγγες δέ δύο είσ ι τού εγκεφάλου (...). « Les méninges du cer­ veau sont au nombre de deux (...) ». Nous laissons volontairement de côté la fin de la phrase, qui pose un problème d ’édition. R. Joly et, dans son sillage, E. Craik, font comme si le passage du Médecin (qui paraît donc s’éloigner nettement de la tradition hippocratique) était tiré

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de Galien lui-même et soulignent que le médecin de Pergame tient pourtant les Lieux dans Γhomme pour un traité authentique ; en fait, d’une part, le Médecin n ’étant pas de Galien, la question de la cohé­ rence entre ce passage et le reste du corpus galénique ne se pose pas ; d ’autre part, certes, si vraiment le Pseudo-Galien pense aux Lieux dans Γhomme quand il énonce l’opinion des « modernes », il assimile peutêtre ce traité à un texte non authentique de la Collection, mais il peut aussi avoir simplement confondu les deux passages du même chapitre que nous évoquions plus haut. Dans le premier cas, on peut en conclure que le Pseudo-Galien vivait sur une conception du Corpus hippocratique différente de celle de Galien ; dans le second cas, il a simplement déformé une fois de plus le texte authentique d ’Hippo­ crate. Les deux hypothèses confirment chacune séparément des obser­ vations que nous avons pu faire par ailleurs, sur d ’autres citations de la Collection hippocratique. Sur le traitement de celle-ci, voir C. Petit CLEC 77, 2009, à paraître). P. 36. 3. C ’est ce « critère de la mort immédiate » (selon l’expression d ’A. Debru, dans Le corps respirant, Leiden, Brill, 1996, 129-132) que les Stoïciens anciens invoquaient pour identifier le souffle (pneuma), l ’âme et la vie, d’où l’existence de théories pneumatiques en médecine. Celles-ci sont, à l’époque de Galien et du Pseudo-Galien, très bien dif­ fusées chez les médecins. P. 37. 1. Le rôle de l’épiglotte est ici fermement souligné : c’est le rôle d ’un couvercle empêchant la nourriture et la boisson de passer dans la trachée, et même d ’un pont, conduisant les aliments droit dans l ’œso­ phage. De fait, l ’auteur du Médecin se rattache implicitement à la doc­ trine d’Érasistrate selon laquelle les trajets de la nourriture et de la boisson d’une part, et de l’air d’autre part, sont complètement séparés. Au contraire, Platon et même Galien se faisaient les relais - presti­ gieux - de la croyance ancienne selon laquelle les liquides se dirige­ raient au moins en partie dans les poumons (c/. Ph. De Lacy, 1972, 34). A l’époque impériale, on trouve un passage parallèle au nôtre, quoique plus rapide chez Rufus d ’Ephèse, Parties du corps humain, 20 : Κατά δέ την βάσιν ταύτης έκπεφυκυια τυγχάνει ή έπιγλωσσίς, οίονεί γλώ σσα μικρά έπάνω του πλάτους ένεστώσα κατά την φάρυγγα, έκ βάσεως πλατυτέρας είς στενόν άπολήγουσα, χονδρώ δης την σύγκρισιν, κατά την προς τον φάρυγγα συγγένειαν, ή τής μεν τραχείας άρτηρίας πώμα γίγνεται, τής δέ είς τον στόμαχον παραπομπής οδός. « L ’épiglotte sort de la base (de la langue), comme une petite langue (...) qui est d’une part un cou­ vercle pour la trachée artère, d’autre part une route pour le cortège qui

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se rend vers l’œsophage ». On trouve déjà un écho à cette doctrine en langue latine chez Cicéron, De natura deorum, II, 54, 136 (Loeb, Rackham, p. 252) : {aspera arteria) tegitur quodam quasi operculo, quod ob eam causam datum est ne si quid in eam cibi forte incidisset spiritus impediretur. On ne sait quelle a pu être la source exacte de Cicéron ; mais il est probable qu’elle était fort proche de celle de Pseudo-Galien lui-même, pour ce passage comme pour l ’ensemble des trajets de l’air et de la nouniture. Voir aussi note 1 p. 37. P. 41. 1. Les noms des sutures du crâne n ’existaient pas à l’époque d’Hip­ pocrate ; Rufus d’Ephèse rapporte qu’ils furent inventés par des « médecins égyptiens parlant mal le grec » (Ό νόμα τα δέ αύτών παλαιά ούκ έστιν, άλλα νυν έτέθη ύπό τινων Α ίγυπτίων Ιατρών φαύλως έλληνιζόντων* στεφανιαία μέν τη προς το βρέγμα, λαμβδοειδής δέ, τη περί τό ίνίον, έπιζευγνύουσα δέ, τη μέση- λεπιδοειδεϊς δέ, ταΐς των κροτάφων. « Leurs noms ne sont pas anciens, mais ont été institués par des médecins égyptiens parlant mal le grec : ils ont donné le nom de « coronale » à la suture du bregma, celui de « lambdoïde » à celle de Vinion, celui de « jugulaire » à celle du milieu, et celui de « lépidoïdes » à celles des tempes » {Noms des par­ ties du corps, 133). En particulier les noms de la suture στεφανιαία et de la λαμβδοείδης sont des créations égyptiennes ; il est remarquable qu’un siècle plus tard, à l’époque de Galien, on ne pense même plus à l’origine de ces noms, mais qu’ils soient au contraire si bien assimilés par tous les « bons Grecs » médecins. Galien les emploie en effet cou­ ramment. Sur les sutures du crâne d ’après Galien, voir De usu partium, K. III, 711-712 et 756 ; De ossibus ad tirones, K. II, 740-742. Le nom des sutures temporales (κροταφιαΐαι) donné par Pseudo-Galien est vraiment remarquable : on ne le trouve pas en dehors de ce texte. Le terme courant est λεπιδοειδεΐς, comme chez Rufus et Galien. C ’est pourquoi il faut souligner sa présence dans les Quaestiones medici­ nales du Pseudo-Soranos, qui peuvent être considérées comme une partie de la tradition indirecte du traité. Nous devons le passage de Rufus à J. Jouanna ; voir depuis J. Jouamia 2004, p. 1-21. 2. Il est difficile pour le médecin moderne de retrouver son chemin dans l’exposé du Pseudo-Galien. Ch. Daremberg lui-même avoue ses difficultés à Greenhill, son correspondant britannique, à propos de ce passage (voir Notice p. cxxxil) : « L ’anatomie de Y In­ troductio est bien irrégulière ; il y a même des confusions de noms et de parties. Aussi, je ne suis pas sûr du tout de ce que le pseudo Galien {sic) entend par Ο ΣΤΟ ΕΙΔΕΙΣ Α Π ΟΦ Υ ΣΕΙΣ et surtout par TA ΔΕ TAYTA. Je croyais d ’abord qu’il s ’agissait des apophyses transverses des vertèbres, à cause de la mention de Ν ΕΥ ΡΑ , mais il me semble, maintenant que vous attirez de nouveau mon attention sur

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ce passage, qu’il s’agit toujours de la tête, et que les apophyses sont les apophyses mastoïdes, y compris sans doute aussi les protubé­ rances occipitales postérieures. Ces régions peu saillantes chez le singe où l’occiput est d ’ailleurs assez étroit, sont percées de trous par où s ’échappent des nerfs, et elles donnent attache à des masses fibreuses, que les Anciens désignent souvent par l ’expression Τ Η Ν Ω Ν ou N EY PO N car ils les ont surtout décrites d ’après les ani­ maux où elles sont peu saillantes. Toutefois, cher ami, je ne vous donne cette interprétation que sous toutes réserves ; il me faudrait revoir encore une tête de magot, et les passages parallèles. Je vous tiendrai au courant de ces nouvelles recherches, qui sont nécessaires, et plus je regarde le passage, plus aujourd’hui je le juge obscur et compliqué » (lettre du 21 déc. 1865). P. 42. 3. Faut-il conserver avec le correcteur de V cette phrase qui, exponctuée dans V, n ’apparaît dans aucun recentior de la famille A, et n ’a pas d ’écho non plus dans la famille B (M) ? Il se peut que cette phrase soit un ajout postérieur, calqué sur la phrase précédente. Aussi bien, l’omission dans V peut s ’expliquer par saut du même au même. Ici encore, la tradition indirecte, si elle existait, serait d ’une grande uti­ lité. Mais dans la mesure où la phrase n ’est pas absurde dans le contexte, nous avons opté pour le conservatisme. De plus, elle concerne la partie, difficile à cerner avec précision, appelée « ver­ rou », κατακλεις. Le mot est d ’un emploi rare, et il est pris dans un sens particulier dans le Médecin. C ’est pourquoi nous avons restitué cette phrase. Voir note 1 p. 26. P. 45. 2. Ce début de chapitre n ’est pas une répétition pure et simple des informations déjà transmises au ch. IX ; l’auteur complète ce qu’il a dit au sujet des humeurs en précisant le lieu où chacune prédomine. Cela est nécessaire pour la suite de son exposé sur l’origine des mala­ dies. 3. Comme pour les humeurs, l ’auteur ajoute ici des précisions importantes au sujet des différences entre les pneumata ou souffles vitaux ; comme les humeurs, les pneumata ont leur lieu propre. Comme les humeurs, ils causent des maladies lorsqu’ils sont affectés en premier (voir pp. 46-47 et p. 66). 4. Ici commence le (court) chapitre, soi-disant perdu, sur les fonc­ tions naturelles ; la perte d ’une partie du titre dans les manuscrits de la famille A a fait croire aux copistes que le développement correspon­ dant au titre, qui perdurait dans le sommaire, avait disparu. Voir note 1 p. 45.

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P. 47. 1. D. Irmer et A. Anastassiou classent à bon droit cette citation dans la série des lieux introuvables dans la Collection hippocratique, car ce n’est pas une citation exacte. On peut néanmoins rapprocher ce passage du début du traité d ’Hippocrate Maladies I, ch. 2 (texte édité par J. Jouanna, Pour une archéologie de Vécole de Cnide, p. 347) : Ai μέν ούν νούσοι γίνονται απασαι, των μέν έν τω σώματι ένεόντων, άπό τε χολή ς και φλέγματος, των δέ εξωθεν, από πόνων και τρωμάτων, και ύπο του θερμού υπερθερμαίνοντος και τού ψυ­ χρού ύπερψύχοντος. « Les maladies naissent toutes soit de causes internes au corps, de la bile et du phlegme, soit de causes externes, de travaux et de blessures, et aussi du chaud quand il est trop chaud et le froid trop froid ». L ’altération des humeurs remplace chez le PseudoGalien l’excès dans les qualités primordiales du traité hippocratique, mais le début du passage est très comparable : la construction de la phrase est la même, et on retrouve l ’opposition entre causes externes et internes (bien que ce mot ne soit pas exprimé chez le Pseudo-Galien) de la maladie. L ’« environnement » du Pseudo-Galien est allusif : « ce qui est autour » d ’une manière générale si on prend τού περιέχοντος pour un neutre, ou bien l’air ambiant si c ’est un masculin (il faut alors sous-entendre άέρος). Dans le premier cas, le Pseudo-Galien est plus proche de Maladies I, dans le second il s’en éloigne franche­ ment. Il y a plus de chances que nous soyons dans le premier cas de figure, car on trouve p. 45 το περιέχον, « l’environnement ». Sur l’étiologie parallèle de Maladies I et d'Affections, voir J. Jouanna, Pour une archéologie de Vécole de Cnide, p. 348. 3. C’est à partir des autres témoignages connus sur la doctrine d’Asclépiade que nous avons corrigé le texte des manuscrits ; chez Sextus Empiricus, on trouve bien ενστασις νοητών όγκων êv νοητοΐς άραιώμασι (Μ. 8, 220). La préface du De medicina de Celse confirme cette lecture (ch. 16, p. 18-19 Mudry et comm. ad loc. p. 9394), tout comme Caelius Aurelianus {Maladies aiguës, 1, 14, 105 sqq.), qui expose en détail le système pathologique d’Asclépiade. Le Pseudo-Galien a déjà évoqué brièvement la doctrine d ’Asclépiade ch. IX, p. 21 ; déjà à cette place, les idées d ’Asclépiade suivaient immédiatement la doctrine d’Érasistrate, mais sans rapprochement explicite. 4. On a dans ces deux phrases deux emplois différents, quoique rapprochés, du mot όγκος ; dans le premier cas, l’engorgement du corps victime de pléthore se traduit par un « gonflement », tandis que le corps d’un malade par manque voit son volume, sa masse, sa gros­ seur diminuer. On ne peut donc pas traduire le même mot de la même manière. Au sujet du sens du mot όγκος, voir la mise au point de J. Jouanna, « Le mot grec όγκος ou de l’utilité d ’Hippocrate pour

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comprendre les textes poétiques », CRAI, janvier-mars 1985, 31-62 ; cette étude n’est malheureusement pas mentionnée dans le RBLG qui renvoie curieusement à F. Skoda, Médecine ancienne et métaphore (ouvrage cité), §8.6 : c ’est en effet la référence unique que donne l’in­ dex de cet ouvrage à όγκος, mais le paragraphe porte en réalité sur les hernies (κηλαί), sans réflexion particulière sur le sens du mot όγκος. Voir aussi Galien, Art médical, éd. V. Boudon, p. 331, note 5. P. 48. 1. Sur le fait que la fièvre était pour Érasistrate un symptôme (έπιγέννημα), on trouve un témoignage parallèle chez le Pseudo-Plutarque (Placita philosophorum, 910 e-f), dont le texte est cité dans les Frag­ ments d ’Érasistrate par I. Garofalo sous le n° 195 (mais tiré de VAetius Doxographus d ’H. Diels) ; I. Garofalo ne mentionne pas, sauf erreur de notre part, ce passage du Médecin. La même idée est attribuée à Dioclès dans le traité pseudo-galénique De historia philosopha (Diels 131, 4 = Van der Eijk 56c). Pour Ph. Van der Eijk, qui ne mentionne pas le passage du Médecin, l’idée peut être considérée comme diocléenne (en tout cas les modernes la considèrent comme telle) mais le terme même d ’έπιγέννημα n ’est pas attribuable à Dioclès, car il est trop tardif (il n ’apparaît pas avant l’époque de Galien). Voir l’édition de Ph. Van der Eijk, vol. II, 124-125. C. R. S. Harris considère le témoignage du Médecin comme plus fiable que celui du De historia philosopha sur Érasistrate (The heart and vascular System in ancient Greek medicine, p. 205). Galien fait une distinction sémantique subtile entre σύμπτωμα et έπιγέννημα, mais récuse finalement l’emploi du second terme, pour s’en tenir au premier (De symptomatum differentiis, K. VII, 42 et 51). Le fait est qu’έπιγέννημα est d’un emploi beaucoup plus rare que σύμπτωμα. Pour un auteur qui privilégie la clarté de l’exposition, comme Galien, le mot le plus courant est naturellement la meilleure option. 2. Les définitions de la fièvre furent nombreuses ; témoin (entre autres) le traité du Pseudo-Alexandre d ’Aphrodise Sur les fièvres (II, 1) : Π υρετόν τοίνυν, ïv ’ εντεύθεν τού λόγου αρξωμαι, άλλοι μεν άλλως ώρίσαντο, Ε μ π εδο κ λ ή ς δε και Ζήνων και των Ίπποκρατείω ν οΐ πλείους θερμασίαν παρά φύσιν, από καρδίας μέν αρχομένην, προιοϋσαν δέ εκ ταύτης δ ι’ αρτηριών και φλεβών έφ’ απαν το σώμα, και τας φυσικός αίσθητώς βλάπτουσαν ένεργείας, έφασαν είναι· και εικότως. « Cependant la fièvre - afin que je com­ mence par là mon exposé - , a été diversement définie ; Empédocle, Zénon et la plupart des Hippocratéens ont dit que c ’est une chaleur contre nature, qui naît dans le cœur, de là se propage dans le corps tout entier par les artères et les veines, et lèse visiblement les facultés naturelles ; ils ont raison ». Comme le souligne encore le Pseudo-

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Alexandre, les fièvres forment le sujet d ’un gros livre ; la preuve en est fournie par l ’importante monographie consacrée par Galien à la fièvre, le De differentiis febrium en deux livres, dans lequel il aborde les nom­ breuses classifications et dénominations des fièvres. Au sujet des noms des fièvres, voir aussi de Galien le traité Π ερί Ιατρικών ονομάτων, conservé uniquement en traduction arabe dans un seul manuscrit de Leyde (voir l ’édition de Meyerhof en collaboration avec Schacht, et du même auteur, l ’article de synthèse « Über das Leidener arabische Fragment von Galens Schrift Über die medizinischen N amen », Sitzungsberichte der preussischen Akademie der Wissenschaften, phil.hist. Klasse, Berlin, 1928, 296-312). P. 49. 2. Le développement sur les maladies aiguës intervient seulement après un paragraphe de généralités concernant l’étiologie et la théra­ peutique, p. 51. 3. En ce qui concerne les maladies aiguës, l ’auteur semble privilé­ gier, au vu de ce paragraphe du moins, une étiologie de type humoral exclusivement. Les quatre humeurs forment deux couples antagonistes, provoquant pour l’un (sang et bile jaune) les maladies aiguës, pour l’autre (phlegme et bile noire) les maladies chroniques. P. 50. 2. Le fait que l’auteur attribue aux modernes en général, par oppo­ sition aux anciens, la méthode du diatritos est un indice encore plus fort de la prégnance des idées méthodiques à cette époque (voir note 1 P· 50). 4. On trouve ici une opposition entre léthargie et phrénitis qui sera encore soulignée plus loin par Fauteur (voir p. 57) ; la première étant la maladie contraire de la seconde, la thérapeutique suit elle aussi cette opposition, ici par le truchement de lotions, les unes chaudes, les autres rafraîchissantes. 5. La locution ωμή λύσις est une variante (fautive) du mot ώμήλυσις, dont la forme étymologique est ώμήλεσις ; il s ’agit d ’un cata­ plasme à base de farine d ’orge non grillée, en général bouillie dans du vin et de l’huile, si l’on en croit Hippocrate (Maladies //, ch. XXX et XXXI), et non dans de l’eau et de l’huile comme on le lit ici (par parenthèse, le mot ύδρέλαιοv n ’appartient pas au vocabulaire hippo­ cratique). Faut-il en déduire que cette proposition relative n ’est qu’une glose, qui plus est fautive ? Sur la nature du mot ώμήλυσις, voir J. Jouanna, « Une forme étymologique retrouvée : ώ μήλεσις dans le Glossaire hippocratique de Galien et dans le traité hippocratique des Maladies II, c. 31 », Revue de philologie, LUI, 1979, 260-263. Voir aussi la note 5 de la page 165 de son édition de Maladies H, CUF, 1983.

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P. 51. 2. Ici commence, en ce qui concerne la famille B des manuscrits, la troisième partie du texte (= c), qui est aussi la plus longue. Seuls les manuscrits du groupe B 2 contiennent cette partie ; à partir de cet endroit, à l’exception de quelques points notables (comme la lacune de V, p. 64, l ’insertion probable de passages plus tardifs, p. 69 et p. 71), le texte des deux familles est plus homogène qu’il ne l’était dans la première moitié du traité (a + b). 3. Chez Hippocrate, καρφολογεΐν signifie « tirer des brins de paille », alors que le κροκυδίσμος consiste à arracher des flocons de laine de sa couverture ; mais les expressions qu’Hippocrate employait au sens propre perdent chez Galien une partie de leur aspect concret : elles ne désignent plus alors que des gestes d’hallucinés, puisque les flocons et les brins de paille sont imaginaires. Le symptôme est d’au­ tant plus funeste. Ces deux mots sont systématiquement employés côte à côte chez Galien et chez Hippocrate, mais le sens de l ’expression a tendance à se figer avec la perte de substance concrète de chaque mot : ils finissent par être confondus à force d ’être réunis pour ainsi dire dans le même symptôme, et dans la langue française, « crocydisme » n ’a plus cours, son sens propre ayant été absorbé par « carphologie ». Nous traduisons néanmoins κροκυδίσμος par crocydisme, même si ce mot est désuet, pour respecter la distinction de sens existant en grec entre κροκυδίσμος et καρφολογία. Pour l ’histoire du sens de ces deux mots, voir la mise au point de J. Jouanna dans Hippocrate, Fayard, 1992, p. 414-415. 4. D. Irmer et A. Anastassiou (Testimonien zu dem Corpus Hippocraticum, II, 2) classent cette allusion dans les lieux sans correspon­ dant dans la Collection hippocratique. En fait, c ’est parce qu’il y a trop de rapprochements possibles. On peut par exemple rapprocher ce pas­ sage du Médecin du traité intitulé Airs, eaux, lieux (III, 4 = Jouanna p. 191, 6-8), où le causus figure (au pluriel) dans une énumération de maladies aiguës, explicitement données pour telles : Π λευρίτιδες δε και περιπλευμονίαι καί καυσοι καί όκόσα οξέα νουσήματα νομίζονται ούκ εγγίγνονται τα πολλά. « Mais les pleuritis, les péripneumonies, les causus et toutes les maladies aiguës la plupart du temps ne s’y produisent pas ». Voir aussi le traité du Régime dans les maladies aiguës (V, 1 = Joly p. 37, 21- 38, 1) : Έ σ τ ι δέ ταΰτα οξέα, όκοια ώνόμασαν οί αρχαίοι πλευρΐτιν, καί περιπλευμονίην, καί φρενΐτιν, καί λήθαργον, καί καΰσον, καί τάλλα νουσήματα όκόσα τουτέων έχόμενά έστιν, ων οί πυρετοί το έπίπαν ξυνεχέες. « Or sont aiguës les maladies nommées comme suit par les anciens, la pleu­ ritis, la péripneumonie, la phrénitis, la léthargie, le causus, et toutes les autres maladies qui dépendent de celles-ci, et dont les fièvres sont en général continues ».

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P. 52. 1. Il y avait un débat entre les médecins sur le lieu affecté dans la maladie appelée pleuritis ; les uns considéraient que c ’était le poumon lui-même, les autres qu’il s’agissait de l’inflammation de la membrane située sous les côtes (voir par exemple Caelius Aurelianus, Maladies aiguës, II, 96, Drabkin p. 188). Il semble que le Pseudo-Galien se rat­ tache plutôt au second groupe (dont les représentants éminents sont Dioclès, Erasistrate et Asclépiade), bien que le texte ne soit pas très précis. 3. Il faut comprendre ici que, pour une catégorie de médecins, la gravité de la maladie indique que c ’est le poumon lui-même, organe de la respiration, qui est atteint ; non les tissus alentour. 4. Ceux qui pensaient que le poumon lui-même était affecté entraient en réalité davantage dans les détails que ne le laisse entendre ici le Pseudo-Galien : le lieu affecté à l’intérieur du poumon était l’objet d ’une polémique (les veines pour Dioclès, les artères pour Erasistrate...) : voir Caelius Aurelianus, Maladies aiguës, Π, 147-153 (Drabkin p. 230 et 236). 5. Nous n ’avons pas de point de comparaison dans les textes au sujet de l’humeur qui cause la péripneumonie. y

P. 53. 2. L ’énigme du « choléra sec » n ’a pas été résolue : il « reste pour nous une notion obscure, Galien ne nous apportant pas les précisions qu’on aurait souhaitées ; il faut sans doute y voir un flux de bile sèche, c ’est-à-dire, vraisemblablement, épaisse. Voyez un cas de χολέρη en Epidémies, V, 10 » (R. Joly, Régime dans les Maladies Aiguës, note 1 p. 90). 3. Nous avons repris la correction des éditeurs de l’Aldine (δεϊται), contre la leçon des manuscrits (δεΐσθαι) ; celle-ci aurait pu s ’expli­ quer par un recours au style indirect, toujours lié à la source « hippo­ cratique » de l’auteur, mais l’emploi dans la phrase précédente de καλεΐ suivi d ’un complément d ’objet et de son attribut ne permet pas de penser que δεΐσθαι pourrait dépendre du même verbe. P. 54. 1. La doctrine ancienne et sans doute populaire qui attribue la nais­ sance des maladies à des résidus d ’air dans le corps, formant des poches et des gonflements douloureux {cf. A. Thivel, « La doctrine d’Hippocrate dans YAnonyme de Londres », Hommage à Fernand Robert, Paris, 2002, 208-209), ne nous paraît pas devoir être retenue pour expliquer ce passage. C ’est en effet une inflammation qui pro­ voque la rétention des excréments et des vents, et donc les maladies appelées iléos et affection colique, et non pas l’inverse. On peut com-

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parer ce passage avec le développement plus conséquent proposé par Arétée de Cappadoce, Des causes et des signes des maladies aiguës et chroniques, II, 6 : « Il se fait dans les intestins une inflammation qui occasionne une douleur mortelle, car une infinité de gens en meurent avec de violentes tranchées. Il s’y développe un gaz (πνεύμα), froid et inerte qui s’échappe difficilement par en bas et difficilement aussi par en haut, mais qui reste amassé et englobé dans les circonvolutions intestinales supérieures » (traduction de Laennec, annotée par M. D. Grmek. Le mot souligné est le fait de Laennec, « conscient, dit M. D. Grmek, de la connotation anachronique du terme gaz »). Arétée emploie πνεύμα au lieu de φΰσα, mais le phénomène décrit est le même. Tandis que le Pseudo-Galien, dans son souci habituel de sim­ plification, étudie ensemble Viléos, qui ne concerne que l’intestin grêle, et Γaffection colique, son symétrique du côlon, Arétée distingue les deux maladies et les présente successivement ; néanmoins, le second rejoint le premier en précisant que le côlon peut être atteint de la même manière que l ’intestin grêle. Enfin, Arétée atteste, comme le Pseudo-Galien, que Yiléos est plus dangereux que Y affection colique. 4. Hippocrate, Aphorismes, II, 42 : Λ ύειν άποπληξίην ισχυρήν μέν αδύνατον, ασθενέα δέ, ού ρηΐδιον. La leçon des manuscrits de la famille B (Ισχυρήν) nous a paru plus accordée non seulement avec le texte hippocratique, mais aussi avec l’ensemble de la citation telle qu’on la lit dans tous les manuscrits, c ’est-à-dire avec un respect scru­ puleux (parfois trop) de la forme ionienne des mots. P. 55. 2. Nous considérons cette définition de la chirurgie comme inter­ polée bien qu’elle figure dans tous les manuscrits à cette place ; les éditeurs de l’Aldine, comme on le voit dans leurs manuscrits de travail, le Parisinus gr. 2167 (= P) et le Parisinus gr. 2171, ont été gênés par l ’irruption de cette phrase à cet endroit et l ’ont déplacée. Elle y est mise entre crochets et reléguée par une note dans la partie chirurgicale du traité. C ’est ainsi que dans l ’Aldine, et dans toutes les éditions sui­ vantes, elle figure au tout début du premier chapitre de chirurgie (notre actuel ch. XIX). Nous avons cru bon de la remettre à la place qu’elle occupe dans les manuscrits ; il est absolument impossible qu’elle ait figuré en tête du chapitre XIX, puisque la traduction latine ancienne ne l’a pas. Nous n ’avons pas trouvé l ’origine de cette définition. P. 56. 1. L ’auteur (à moins que ce ne soit un lecteur ou un copiste ano­ nyme beaucoup plus tardif) introduit ici un doute sur le classement de la maladie appelée éléphantiasis parmi les maladies chroniques ; en effet, la lèpre (car c ’est le terrible mal que désigne ce nom grec, voir p. 69) était réputée être une maladie de peau, et était couramment clas-

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sée parmi celles-ci. Rufus d ’Ephèse au contraire émet des doutes au sujet du classement courant, en comparant la gravité de Yéléphantiasis avec celle du carcinoma : Δ οκεΐ μεν ούν έπιπόλαιον είναι τό νόσημα, ότι έν τφ δέρματι φαίνεται- τό δέ περί την ϊα σ ιν δύσκολον και τό έγγυτάτω του αδυνάτου βαθυτέραν την αρχήν υποβάλ­ λει και ής ού ράδιον άψασθαι, οίόν τι και περί τά καρκινώματα πεπίστευται είναι- και γάρ τούτων ό Π ραξαγόρας βύθιον την αρχήν ποιεί μάλιστα. (Ruf. ap. Orib., XLV, 28 ; pour la traduction de ce passage, voir Notice p. l x x i , note 105). Que l’auteur du Médecin soit un étudiant qui retranscrit un cours, ou bien un lecteur plus tardif, le doute exprimé ici peut s’expliquer par l’influence de l’opinion domi­ nante. 2. Le nom ancien de l ’épilepsie est en effet « maladie sacrée » ; le mot grec έπιληψ ία fut forgé plus tard. Le nom, ancien de la « mala­ die sacrée » s ’expliquait de diverses manières, en particulier par l’ori­ gine divine que l ’on attribuait à l’épilepsie ; Hippocrate (en tout cas l’auteur de Maladie sacrée ; nous renvoyons à la toute nouvelle édi­ tion commentée de J. Jouanna) s ’est battu contre cette interprétation puérile dans la première partie du traité qui porte le nom de la maladie, où il s’efforce de montrer qu’il s’agit d ’un mal naturel et héréditaire, en tout cas pas plus sacré qu’un autre. Malgré la perte de sens des mots, puisqu’on ne croyait plus à l ’origine divine de la maladie, le pre­ mier nom de « maladie sacrée » demeura en usage encore longtemps ; Aristote l’emploie encore couramment, alors que le terme έπιληψ ία (en ionien έπιληψ ίη) met du temps à s’imposer. Il n ’est nettement admis qu’à l ’époque de Galien, d ’après les textes dont on dispose. De nombreuses études ont été publiées sur l’épilepsie des Anciens, dont celle d’O. Temkin, The falling sickness : a history o f epilepsy from Greeks to the beginning o f modem neurology en 1994 (pour une bibliographie complémentaire voir Maladie sacrée, éd. Jouanna, notice p. VII, note 1). 3. Le Pseudo-Galien simplifie la doctrine d ’Hippocrate et de Pla­ ton, sans doute afin de pouvoir citer côte à côte ces deux prestigieuses autorités. Pour Hippocrate, la cause de la maladie sacrée n ’a rien à voir avec la bile noire, du moins dans le traité qui est consacré à cette mala­ die (voir Maladie sacrée, chapitres 2-13) ; c’est peut-être alors plutôt un traité plus récent et moins spécialisé de la Collection hippocratique qui a retenu l’attention de l’auteur du Médecin : les brefs développe­ ments sur l ’épilepsie contenus dans Epidémies VI, les Aphorismes, et le Régime dans les maladies aiguës (voir Maladie sacrée, éd. Jouanna, notice p. L, note 77) mentionnent la bile noire et rappellent plus nette­ ment Platon. Platon ajouta en effet la bile noire au phlegme pour expli­ quer la genèse de la maladie (voir Timée, 85a-b). Il sera en cela suivi par l ’auteur du Problème XXX attribué à Aristote (voir Maladie sacrée, éd. Jouanna, notice p. L). On voit que la tradition médicale

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ultérieure a quelque peu influencé la lecture d ’Hippocrate au cours des siècles ; l’opinion devenue dominante sur la bile noire comme cause partielle de l ’épilepsie a fait prévaloir sur la monographie qui était consacrée à la maladie la lecture d ’ouvrages hippocratiques plus récents et secondaires. Peut-être l ’étiologie démodée de Maladie sacrée est-elle en partie la cause de la désaffection des Anciens pour ce traité (Maladie sacrée, éd. Jouanna, notice p. VIII-IX), admirable pourtant à nos yeux de modernes. P. 57. 1. L ’ellébore est un des remèdes les plus célèbres de l’Antiquité, en particulier contre la mélancolie ; les médecins de la Renaissance se méfiaient de sa puissance mais on continua de le prescrire, faute d ’al­ ternative. Souvent cité dans les textes médicaux bien sûr, y compris le Médecin (quatre occurrences, plus deux dans le douteux ch. XIV), l’el­ lébore est par ailleurs mentionné dans de nombreux textes non spécia­ lisés : on le trouve par exemple chez Lucien, Histoire vraie, II, 7, à propos du cas d ’Ajax, car il est considéré comme la panacée contre les « maladies mentales » (qui ne s’appellent pas encore ainsi). Connu depuis le fond des âges, ce puissant remède purgatif et vermifuge a longtemps eu des conséquences dévastatrices en thérapeutique car on ne savait pas le doser (voir D. Gourevitch, 1996). Galien résume les propriétés des ellébores blanc et noir dans le De simplicium medica­ mentorum temperamentis ac facultatibus (K. XI, 874, 9). 3. Les manuscrits récents de la famille A ont ici une faute qui s’est répercutée dans toutes les éditions : ζοφ οειδεΐς au lieu de ψοφοδεεΐς « qui craignent le bruit » d ’où le sens plus général de « craintifs ». L ’adjectif ψοφοδεεΐς cadre à première vue avec le célèbre aphorisme hippocratique qui durant des siècles servit de base à la réflexion sur la mélancolie : ’Ή ν φόβος ή δυσθυμίη πουλύν χρόνον διατελέη, μελαγχολικόν το τοιοΰτον {Aphorismes, VI, 23) : « Si crainte et chagrin s’éternisent, mélancolique est le mal ». La crainte resta long­ temps un élément essentiel dans la caractérisation des symptômes de la mélancolie : nous renvoyons à Arétée de Cappadoce et son célèbre chapitre sur la mélancolie (voir la traduction par Laennec des Causes et signes des maladies aiguës et chroniques, publiée récemment avec un précieux commentaire de M. D. Grmek, Droz, 2000, 72-76), et aux textes médicaux de la Renaissance en général, qui sont fortement tri­ butaires de la doctrine des Anciens (pour une photographie des idées de la fin de la Renaissance sur la mélancolie, nous renvoyons à notre traduction du chapitre sur la mélancolie du De medicina methodica de Prosper Alpin [C. Petit 2006]). Néanmoins le Pseudo-Galien est plus précis ; le sens premier de ψ οφοδεεΐς « qui craignent le bruit » ne renvoie selon nous pas tant à l ’imagination lésée des mélancoliques (qui leur fait craindre des choses vaines), qu’à la sensibilité exacerbée

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de ces malades, incapables de supporter leurs semblables, toujours en quête de solitude, comme nous l’apprend l’auteur lui-même dans l’en­ semble du passage. Il faut donc garder ce premier sens dans la traduc­ tion. C’est en tout cas un emploi unique de l’adjectif dans un contexte médical, à plus forte raison au sujet des mélancoliques ; par ailleurs, hormis une occurrence dans le Phèdre de Platon (257d), le mot n ’est pas attesté avant Plutarque. Malgré un air de déjà vu, le passage consa­ cré par l ’auteur du Médecin à la mélancolie est donc relativement ori­ ginal. 5. Homère, Iliade, VI, 201-202. Quoique brève, la description des mélancoliques, flanquée du « cas Bellérophon » est des plus saisis­ santes. Bellérophon, après avoir tenté d ’atteindre l’Olympe monté sur son cheval ailé, Pégase, fut pris en haine par les dieux. C ’est à cette triste période de la vie du héros que ces deux vers d ’Homère font allu­ sion ; ils ont été souvent cités ailleurs, à commencer par le fameux Problème XXX, 1 analysé par H. Flashar (Aristoteles. Problemata phy­ sica [Aristoteles Werke Bd. 19], übersetzt von H. Flashar, AkademieVerlag, Berlin, 1962 ; commentaire 711-727) et J. Pigeaud (Aristote, L ’homme de génie et la mélancolie, traduction, présentation et notes par J. Pigeaud, Paris, Rivages, 1988) ; ils sont aussi cités par Cicéron (Tusculanes, III, 26) et par maints auteurs de la Renaissance et de plus récents encore, comme R. Burton (Anatomie de la mélancolie, traduc­ tion française de B. Hoepffner, Corti, 2000, vol. I, p. 660 et 665). Cela tient à la célébrité du Problème XXX, 1 lui-même, qui est probable­ ment la source de tous ces textes, y compris de ce passage du Médecin, comme le souligne à juste titre H. Flashar (p. 718), qui déduit en revanche à tort (p. 715) du même passage du Médecin que Galien luimême connaissait le Problème XXX, 1. Cette erreur se répercute dans l’ouvrage de Th. Rütten (1992, 57). Au contraire, le passage du Com­ mentaire aux Articulations (K. XVII B, p. 29 = CMG V, 2, 1 p. 138), traité réputé authentique, également cité par H. Flashar, semble vérita­ blement confirmer que Galien avait lu le texte. Homère passe pour avoir considéré, déjà, le cas de Bellérophon comme pathologique (W. Kullmann, Das Wirken der Gotter in der Ilias, Berlin, 1956, p. 25). Par ailleurs, M. Fischer nous a fait l’amitié d ’attirer notre attention sur une curiosité de l ’histoire de cette citation à la Renaissance : dans son Commentarius de anima paru en 1540, Philipp Melanchthon cite ces deux vers en latin sous la forme corrigée Qui miser in campis errabat solus Aleis J Ipse suum cor edens hominum vestigia vitans (p. 121). Selon M. Fischer, la source inavouée de Melanchthon est YIntroduc­ tion ou médecin. Or, le texte du Médecin même dans les éditions latines était encore tributaire avant 1540 du texte fautif donné par l’Al­ dine (voir apparat) ; l’édition bilingue gréco-latine de Platter et Lasius (Schola medicorum, Bâle, 1537) donne bien un texte grec corrigé, mais traduit comme suit : Qui miser in campis moere ns errabat Aleis JIpse

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suum cor edens, hominum vestigia vitans. Quoique plus proche de la version de Melanchthon, on voit que cette édition ne peut être sa source directe. Pourtant, nos recherches complémentaires sur les édi­ tions anciennes d’Aristote et de Cicéron ne nous ont pas permis non plus de retrouver l’origine exacte de la citation. C ’est le Problème XXX, 1 qui est à l’origine de tout ce passage de Melanchthon sur la mélancolie (il est question des grands hommes victimes de cette affec­ tion), mais la version des Problèmes de Th. Gaza parue à Paris chez S. de Colines en 1534 nous donne : ïn campos solus latos, inque avia rura,/Ipse suum cor edens hominum vestigia vitans. Enfin, à défaut de nous donner la clé du texte de Melanchthon, l’édition des Tusculanes de Cicéron par Érasme, parue à Bâle en 1523 (celle de Beroald de 1533 est identique pour ce passage) nous met sur la piste de l’origine des corrections de l’édition de Platter et Lasius évoquée plus haut : Qui miser in campis moerens errabat Aleis,/Ipse suum cor edens, hominum vestigia vitans. Soit dit en passant, Beroald s’attribue à tort la conjecture Aleis qui se trouvait déjà chez Érasme, et a abusé quelques lecteurs modernes comme J. Pigeaud (L’homme de génie..., p. 112). Sur les exemples mythologiques repris par les Anciens au sujet des mélancoliques et des maniaques, voir J. L. Heiberg, Geisteskrankheiten im klassischen Altertum, p. 3. P. 58. 1. Le texte peut paraître un peu bizarre à cause de la succession, sans mot de liaison, des deux participes άναστομουμένων et διαπηδώντων ; il nous semble pourtant nécessaire de revenir au texte des manuscrits. La construction paratactique n ’est pas absurde en soi (voir Kühner-Gerth, Ausführliche Grammatik, II, 2, 103 sqq) ; elle s’ex­ plique ici par le fait que les deux participes ne sont pas sur le même plan, le premier ayant selon nous une valeur causale, alors que le second (sur lequel porte en réalité άλλα) est construit parallèlement à ού στεγόντων. Nous avons transposé « le sang » dans la première partie de la phrase par souci d ’harmonie en français. P. 59. 2. Hippocrate, Aphorismes, VII, 15-16 : Έ π ι αίματος πτύσει, πύου πτύσις. Έ π ι πύου πτύσει, φθίσις καί ρύσις· έπήν δε τό σ ίε­ λον ισχηται, άποθνήσκουσιν. « Après un crachement de sang, cra­ chement de pus. Après un crachement de pus, phtisie et flux. Et lorsque les crachats cessent, les malades meurent » (trad. C. Magdelaine). L ’auteur du Médecin a condensé les deux aphorismes en un, et leur a d ’une certaine façon donné plus de force, en imprimant à la mort un caractère inéluctable : επί φθίσεί θάνατος. La cadence mineure de l’ensemble, et le rythme ternaire des sentences, construites sur le même modèle, rendent l’expression plus frappante encore.

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P. 60. 2. Cette opinion sur les dangers de Γάθρόα κένωσις était très répandue chez les médecins, depuis l’aphorisme VI, 27 au moins : Ό κ ό σ ο ι εμπυοι η ύδρωπικοι καίονται, έκρυέντος του πύου ή τού ύδατος άθρόου πάντως άπόλλυνται. « Ceux qui, en cas d ’empyème ou d ’hydropisie, sont traités par incision ou cautérisation meurent infailliblement si le pus ou l ’eau sont évacués d ’un seul coup » (trad. C. Magdelaine) ; Galien y apporte une nuance complémentaire, juste­ ment à propos de l’empyème du thorax : αλλά νυν γε το κοινόν παρακεντήσεώς τε και καύσεως, όπερ έστίν άθρόα κένωσις, ό Ιπποκρ ά τη ς συμβουλεύει φυλάττεσθαι. Φ αίνεται γάρ ούτως άποβαΐνον ώς λέγει. Γέγραπται δε και προς Έ ρασιστράτου λεπτομερέστερον περί των υδερικών έπι πλέον ώς φάσκοντος αυτού πεπειράσθαι τής άθρόας κενώσεως πυρετούς τε φερούσης και θάνατον. Ό ρ ώ μ εν δέ έπι των άλλων μορίων ώσπερ έπι θώρακος, όταν όγκος τις έμπυήση μέγας, έπισφαλή γινομ ένην την άθρόαν κένωσιν, εν γε τω παραχρήμα λειποψ υχούντω ν τε καί καταπιπτόντων την δύναμιν και μετά ταΰτα δυσανάκλητον έχόντων την ασθένειαν. « Mais en tout cas le composé de la para­ centèse et de la cautérisation, c ’est-à-dire l’évacuation en une seule fois, Hippocrate conseille de s’en garder. Et en effet, il semble qu’il en aille comme il dit. Et il a été écrit avec force détails par Érasistrate, que c ’était particulièrement le cas pour les hydropiques, car il affirme avoir vu l’évacuation en une seule fois entraîner la fièvre et la mort. Or nous voyons sur les autres parties du corps, comme le thorax, que lors­ qu’une grosse tumeur se remplit de pus, l’évacuation en une seule fois est dangereuse, car aussitôt perdent du pneuma et per­ dent des forces ; après quoi il leur est difficile de rappeler leur fai­ blesse » (Galien, In Hippocr. Aphor., K. XVIIIA, 39-40). PseudoGalien ne s’éloigne donc pas ici de la doctrine galénique ; il reste fidèle à une opinion ancienne, peut-être émanée d ’Érasistrate. 3. Apparemment, il n ’existe pas d ’autre attestation de cette opinion de Dioclès de Caryste. Cette phrase du Pseudo-Galien constitue le fragment 93 de Dioclès dans l ’édition récente de Ph. Van der Eijk, Lei­ den, Brill, 2000-2001 (vol. I, 170-171). Dans le bref commentaire qu’il consacre à ce passage, Ph. Van der Eijk attire l ’attention sur l’incon­ gruité de cette « artère » : « it is doubtful that the reference to the artery attributed to him (...) reflects Dioclean terminology (no such artery is known to modem anatomy) » (vol. II, p. 189). Le fait que l’anatomie moderne ne connaisse pas cette artère ne signifie pas qu’elle n ’ait pas pu exister pour Dioclès. En l’absence de témoignage concordant, on ne peut que prendre acte de celui de Pseudo-Galien. 5. Le substantif γαλακτοποσία est d ’emploi rare ; on ne le trouve guère que dans Epidémies VII, 45, 4 (éd. Jouanna). En revanche, le régime lacté est une thérapie courante, bien qu’à notre connaissance, il

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n ’en soit pas fait mention dans le cas des phtisiques, sauf dans le traité hippocratique Maladies II (ch. 51p. 188-189 Jouanna), mais le régime lacté est alors préconisé dans le cas d ’une autre maladie, la φθίσις νωτιάς. Le régime lacté fait partie de la panoplie des remèdes cnidiens critiquée par l’auteur du Régime dans les maladies aiguës au tout début du traité (éd. Joly). Voir aussi K. Deichgràber, « Zur Milchtherapie der Hippokratiker (Epid. VII) », in H. H. Eulner (éd.), Medizingeschichte in unserer Zeit, Festgabe E. Heischkel und W. Artelt zum 65. Geburtstag, Stuttgart, F. Enke Verlag, 1971, p. 36-53. M. Ullmann fait mention d ’un traité de Rufus d ’Ephèse connu des Arabes (cité dans le Kitâb-alhâwî d ’Al-Razi par exemple) intitulé περί γαλακτοποσίας (Die Medizin in Islam, p. 75). 6. Nous ne connaissons pas d ’autre texte antique mentionnant les bienfaits de ces régions arides spécialement pour les phtisiques. Il y a peut-être ici un souvenir d ’Hippocrate, Régime, II, 3-4 (éd. Joly), où l’auteur explique la sécheresse de la Libye par l’action du vent du sud, qui, personnifié dans le texte hippocratique, dessèche les plantes et les hommes, en les vidant de l’humidité qui est en eux, puisqu’il ne peut « boire » celle des cours d ’eau ou de la mer, absents du pays : άποξηραινόμενος δε άραιούται· διό ανάγκη θερμόν αύτόν καί ξηρόν ενθάδε παραγίνεσθαι. Έ ν μέν ουν τοισ ιν έγγιστα χω ρίοισιν ανάγκη τοιαύτην δύναμιν άποδιδόναι θερμήν καί ξηρήν, καί π ο ιέει τούτο έν τή Λιβύη· τά τε γάρ φυόμενα εξαυαίνει, καί τούς ανθρώπους λανθάνει άποξηραίνων- άτε γάρ ουκ έχω ν ούτε εκ θαλάσσης ικμάδα λαβεΐν ούτε έκ ποταμού, έκ των ζώων καί εκ των φυόμενων έκπίνει τό υγρόν. « En se desséchant le vent du sud devient plus léger. C ’est pourquoi il est fatal qu’il arrive chaud et sec. Dans les régions très voisines, il manifeste nécessairement une telle force chaude et sèche, comme il le fait en Libye : il brûle les végétaux et, sans qu’on s’en aperçoive, il dessèche les hommes. Etant donné, en effet, qu’il ne peut tirer de l’humidité ni de la mer, ni d’un fleuve, il en vide les êtres vivants et les végétaux » (traduction de R. Joly). C ’est sans doute ce même vent sec et chaud qui est censé pomper l’humidité excessive des phtisiques selon l’auteur du Médecin ; ce dernier, ayant probablement vécu (étudié ou exercé) en Égypte, a de bonnes raisons de connaître les bienfaits ponctuels des régions désertiques de l’Égypte et de la Libye. Précisons que l’Égypte est bien dans d ’autres textes antiques une destination proposée aux phtisiques ou aux malades souf­ frant de toux, mais pour les bienfaits du voyage en mer et non pour ceux du climat : ainsi chez Celse, III, 22, 8 et IV, 10, 4 (idée confir­ mée par Pline le Jeune, Lettres, V, 19, 16 : voir M.-H. Marganne, « Thérapies et médecins d ’origine “ égyptienne ” dans le De medicina de Celse », 1998, 137-150) et chez Galien, De simplicium medicamen­ torum temperamentis ac facultatibus K. XII, 191, 1. Le premier pas­ sage de Celse et celui de Galien sont invoqués par Issel pour montrer

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le peu d ’intérêt du passage du Pseudo-Galien ; il nous semble au contraire qu’ils font voir toute son originalité. En tout cas, on peut aussi rapprocher ce passage pseudo-galénique d ’un texte de Galien transmis par Oribase (Coll. Med. IX, 6, 4, 4), intitulé περί χωρίων : l’Égypte et la Libye y sont associées en tant que régions chaudes, mais sans aucune indication sur les éventuelles vertus thérapeutiques de leur climat. 7. Hippocrate, Prénotions coaques, 140 : Τ οΐσι 8έ πολλάκις ύποτροπιασθεΐσιν, ή ν έξάμηνον ύπερβάλλωσιν, ίσχιαδική φθίσις έπιεικέω ς γίνεται. Nous ne connaissons pas d ’autre allusion à cette variété de phtisie. P. 61. 2. Cf. Hippocrate, Régime des maladies aiguës, app. LII : Ύ δρώπων δύο φύσιες, ών 6 μεν ύπο τη σαρκί εγχειρέω ν γ ίγ ν ε­ σθαι αφυκτος, 6 δε μετ’ έμφυσημάτων πολλής εύτυχίης δεόμε­ νος. « Il y a deux espèces d ’hydropisie : celle qui cherche à se déve­ lopper sous les chairs est irrémédiable ; celle qui s’accompagne d’emphysème demande beaucoup de chance » (trad. R. Joly p. 91). R. Joly adopte sans la justifier la leçon de A (= Parisin. Gr. 2253) ύπο τή σαρκι alors que M (Marcianus gr. 269) et V (= Vaticanus gr. 276) ont υποσαρκίδιος, comme l’Introduction. Pour une série de textes com­ parables dans la Collection hippocratique, voir R. Joly p. 91, note 2. Remarquons que le Pseudo-Galien emploie alternativement les termes ύδερος et ύδρωψ pour désigner l ’hydropisie ; en cela, le premier se situe davantage dans la lignée des traités cnidiens, l ’autre dans la lignée des traités coaques. Peut-être faut-il attribuer cette alternance à une dualité de sources : d ’une part la source hippocratique (ύδρωψ), d’autre part la source moderne, tirée d’Érasistrate (ύδερος). Une recherche de la fréquence des deux termes chez Galien semble montrer une semblable coexistence de ύδρωψ et ύδερος, mais avec davantage d’occurrences pour ύδερος. 4. On dispose de nombreux autres témoignages sur cette opinion d ’Érasistrate ; voir I. Garofalo, Erasistrati fragmenta, p. 152-154 (ce fragment porte le n° 249 dans l ’édition d ’I. Garofalo). Il est intéressant de constater que l’auteur du Médecin, qui critiquait vertement Erasistrate au ch. IX, reprend à l’occasion sa doctrine, preuve d ’un certain éclectisme. ✓

P. 62. 1. Les affections des reins ne figurent pas dans le sommaire des maladies chroniques donné par le Pseudo-Galien un peu plus haut (p. 55) ; il faut reconnaître qu’en leur qualité de maladies aiguës, elles n ’ont rien à y faire (précisons que le sommaire des maladies aiguës du Pseudo-Galien, p. 49, n ’y fait pas non plus la moindre allusion). Le

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matériau de ce paragraphe est cependant antique, et s’il a été inséré après la rédaction du Médecin, ce qui est possible, cela doit remonter à une date ancienne, contrairement aux développements douteux sur Véléphantiasis et les médicaments (ch. XIII, p. 69 et ch. XIV). Il figu­ rait en tout cas dans l ’archétype des manuscrits grecs. Arétée de Cap­ padoce consacre une étude aux affections des reins. Des causes et des signes des maladies aiguës, Π, 9 (pp. 58-59 dans la traduction de Laën­ nec). A la suite de ce chapitre, il aborde comme le Pseudo-Galien les affections de la vessie. P. 63. 2. Mêmes remarques que pour les affections des reins, page 62, note 1. Cf. Arétée, Des causes et des signes des maladies aiguës, II, 10 (59-61). 3. Il nous a été impossible d ’identifier ce Bissinos ou Bissinès ; en revanche, E. Issel propose un rapprochement sagace de ce passage avec Galien, De compositione medicamentorum per genera, K. XIII, 330, où il est question du « médicament de Biennitos (...), utile contre les ulcérations de la vessie ». Or les manuscrits divergent sur la forme du nom Βιεννίτου, le manuscrit de Münich ayant Βιατίνου. L ’usage semblable des deux médicaments, et la forme très approchante des deux noms de médecins, donnent à penser qu’il peut s’agir d ’un seul et même remède. Nous gardons la forme Bissinos, car il ne serait pas pru­ dent de la modifier en fonction du texte de Galien, qui n ’a de toutes façons pas encore reçu d’édition critique. 4. Toute forme d ’incontinence urinaire est à peu près incurable selon les médecins grecs ; ici, l’incontinence n ’est présentée que comme un symptôme de la paralysie, mais le résultat est le même. Il est question d ’un traitement chirurgical de l’incontinence (ρυάς), uri­ naire sans doute, au ch. XIX, p. 96. Mais le passage est peu fiable. Voir notre commentaire dans la note ad loc. P. 65. 1. Toute cette longue phrase, quoique méthodiquement construite (aux causes possibles de l’ischurie correspondent en ordre inverse les différents traitements adaptés à chaque situation), n ’est pas tout à fait claire : un accident dans le manuscrit le plus ancien, V (= Vaticanus gr. 1845), est à l ’origine d ’une lacune entravant la lecture du texte dans tous les manuscrits de la famille A, ainsi que dans les éditions Aldine et Basiléenne. Dans la famille B, il n’y a pas de trace de lacune, mais le texte n ’est pas tout à fait satisfaisant, et Chartier a dû faire une conjecture à la place du verbe άσπάζεσθαι, saugrenu, donné non seu­ lement par les manuscrits de Paris qu’il a consultés, mais aussi par les autres témoins de cette branche. Nous reprenons son άποσπάσθαι par commodité. Au sujet de l’inesthétique série de participes au génitif

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πεπεμμένω ν μεν ούν των έκκρινομένω ν οντων, nous avions d’abord succombé à la tentation de corriger le participe οντων en ουρών, mais la présence de οντων peut s’explique par la tournure, habituelle en grec impérial, qui associe le participe, présent ou parfait, avec le verbe être. Nous devons remercier notre collègue et ami Sté­ phane Larché, éditeur du De placitis Hippocratis et Platonis de Galien pour cette suggestion. 3. Cette phrase étrange constitue la transition vers les affections du tube digestif, qui commence avec l’œsophage. Comment comprendre le texte des manuscrits au début de la phrase ? La solution que nous avons adoptée est un peu boiteuse, puisqu’elle nous oblige à éliminer l’article ό devant στόμαχός, ce qui nous paraît peu satisfaisant. Mais le texte des manuscrits est fautif dans l ’un et l ’autre cas. Il nous semble tout de même que le ει de V est une faute d ’iotacisme. Le sens géné­ ral est relativement aisé à deviner (« puisque le tube digestif com­ mence avec l’œsophage, alors mon exposé sur les affections de ce tube doivent commencer par l’œsophage aussi », semble dire l’auteur), mais il doit y avoir une corruption ancienne du texte à cet endroit. P. 69. 2. Il ne nous a pas été possible de trouver les « Anciens » dont il est question ici ; sans doute ne s ’agit-il pour l ’ensemble de ce passage que d ’une interpolation byzantine. La source elle-même a peu de chances d ’être réellement ancienne. Pour une étude critique du para­ graphe, voir Notice ch. V. P. 70. 1. La ressemblance des éléphantiasiques pour la peau e t les p ied s (nous soulignons) avec les éléphants n ’est pas une constatation antique, mais une observation que les modernes doivent aux Arabes, tout simplement parce qu’il faut distinguer deux maladies différentes : Yéléphantiasis des Grecs (= lèpre des modernes), que les Arabes appellent judhâm, et Véléphantiasis (dâ’ al-fil) des Arabes (= éléphan­ tiasis des modernes), qui se manifeste par un gonflement des membres inférieurs (voir M.-D. Grmek, Les maladies à l ’aube de la civilisation occidentale, p. 255). Au début du paragraphe commun à tous les manuscrits et remontant sans doute au texte d ’origine, la ressemblance des éléphantiasiques avec l ’animal se limite à l ’aspect de la peau, ce qui est conforme aux autres témoignages antiques. 2. Λώβη ne signifie « lèpre » que tardivement dans les textes grecs ; en tout cas le terme est inconnu des médecins anciens dans ce sens. Le symptôme de la chute des extrémités n ’est pas clairement relevé avant les médecins arabes : il figure certes dans les descrip­ tions des Anciens, mais il n ’est pas rendu par un terme technique tel que le mot λώβη qui nous occupe ; le concept de lèpre mutilante (en

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arabe judhâm, à la lettre « mutilation ») a été selon P. Richter (« Beitrâge zur Geschichte des Aussatzes », Archiv fu r Geschichte der Medizin, 4, 1911, p. 329) repris par les médecins occidentaux, notam­ ment byzantins. En réalité, il semble que les mots de la famille de λώβη aient servi à désigner la lèpre et les lépreux dès l’Antiquité, si l’on en croit des études papyrologiques récentes comme celle de J. Gascou : ce point concerne en tout cas le participe parfait λελωβημ έ ν ο ς ; voir Notice, p. l x x ii sqq. P. 71. 2. Ce chapitre est probablement une addition des manuscrits de la famille B. Inséré dans l’édition Chartier en 1639, il provient d ’une source manuscrite incontestable, mais une étude lexicale notamment donne à penser que la rédaction en doit être très tardive. Nous l’avons conservé par égard pour la tradition, puisqu’il est compris dans l’édi­ tion de référence de Kühn. Voir Notice ch. V. 3. G. Helmreich (« Handschriftliche Studien... » p. 25) fait obser­ ver que la présence du santal trahit le caractère tardif de ce chapitre. Voir aussi p. 72, note 3 à propos du camphre. P. 72. 3. Le mot κάφουρα ne peut remonter à la rédaction du traité, car c’est un emprunt très tardif à l’arabe (kâfûr). C ’est un des élé­ ments qui donnent à penser que l’ensemble de ce chapitre n’a rien à voir avec le texte d ’origine. G. Helmreich (« Handschriftliche Stu­ dien... » p. 25) ajoute que le terme κάφουρα n ’est pas attesté avant Syméon Seth et Nicolas Myrepse. Évidemment, il se peut aussi que seul le mot soit interpolé, indépendemment du chapitre. Au sujet de la possible origine byzantine de ce chapitre comme du passage sur Vêléphantiasis, voir note 2 p. 69 (et Notice ch. V). P. 75. 1. G. Helmreich (« Handschriftliche Studien... » p. 26), suivi par E. Issel (iQuaestiones Sextinae et Galenianae, p. 26), a identifié ce Ctésiphon en deux passages, dans le livre V du De medicina de Celse, bien que la forme du nom soit légèrement différente, et chez Galien. Celse mentionne une préparation contre différents types de grosseurs inventée par un certain Clésiphon : Clesiphontis : cerae Creticae, resinae terebenthinae, (...). Potest vero ea compositio etiam ad paroti­ das, phymata, strumam omnemque coitum umoris emolliendum. « De Clésiphon : à base de cire crétoise, de résine de térébinthe, (...). Cette préparation est efficace aussi contre les parotides, les abcès, les tumeurs scrofuleuses et pour ramollir toute collection d ’humeurs » (Celse, De medicina, V, 18, 31). Plus tard c ’est bien le même remède d ’un personnage nommé Ctésiphon qui est tout aussi prisé par Galien :

NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 75-77

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Κ ηρίνη Κ τησιφώ ντος προς χοιράδας, γάγγλιά, παρωτίδας καί τάς έπί των μασθών αποστάσεις ώς ούδέν άλλο των φαρμάκων τούς τε όγκους διαλύει, τό τε παρακείμενον παν υγρόν κομίζεται (...). « La cire de Ctésiphon contre les écrouelles, les kystes, les paro­ tides, les grosseurs sur les seins résorbe comme aucun autre médica­ ment les tumeurs, supprime tout épanchement d ’humeur (...) » (Galien, De comp. medicamentorum per genera, K. XIII, 936). Il semble que les trois médecins de Celse et de Galien ne fassent qu’un, si l’on en juge par les indications de ce médicament, qui concerne dans les trois cas des grosseurs contre nature. Caesarius avait donc raison dans son édition de Celse (c’est Issel qui nous rapporte cette conjec­ ture) de corriger Clesiphontis en Ctesiphontis. Nous ne connaissons rien de ce Ctésiphon, si ce n ’est une autre recette mentionnée par Galien dans le même ouvrage (K. XIII, 927). 3. Le traitement que l’auteur évoque si rapidement ici est en réalité un peu plus complexe qu’une suture ; voir la description du trichiasis ch. XVI, p. 81 et le traitement chirurgical, ch. XIX, p. 93. Pour une semblable alternative entre chirurgie et pharmacie en vue de guérir le trichiasis, voir ce passage de Severus cité par Aetius, Iatrica, VII, 68 : ή μεν ούν τής τριχιάσεω ς τελεία θεραπεία ή άναρραφή των βλεφάρων έστίν. επειδή δέ τινες διά μαλακίαν ούκ ανέχονται εαυτούς τή χειρουργία παραδοΰναι, βοηθητέον αύτοΐς, ώς οίόν τε. γεγράφαι μεν ούν οί αρχαίοι βοηθήματα έπ ’ αύτών τοιαύτα. « Le traitement complet du trichiasis est la suture des paupières ; mais comme certains, par manque de fermeté d ’âme, répugnent à se livrer à la chirurgie, il faut leur porter secours autant que possible. Les anciens ont justement consigné des remèdes semblables appliqués à leur cas ». P. 77. 2. Le long sommaire qui ouvre ce chapitre nous paraît contaminé par de nombreuses gloses insérées dans l’archétype des manuscrits grecs ; les manuscrits sont quasiment unanimes, mais la version latine ancienne, qui commence précisément ici, offre un sommaire nettement dégraissé : est-ce le choix du traducteur ou bien faut-il considérer que le sommaire a été augmenté plus tard ? Nous penchons pour la seconde solution, car d ’une part le contenu du chapitre ne répond pas à toutes les entrées prévues dans le sommaire, et d’autre part, les noms de maladie qui manquent dans la version latine sont à peu de chose près ceux qui n ’ont pas d ’écho dans le corps du chapitre ; enfin, un examen attentif montre que plusieurs noms se chevauchent pour le sens : nous renvoyons aux notes suivantes pour plus de détails. Le cha­ pitre sur les maladies des yeux est inspiré, comme tous les textes antiques et byzantins sur ce sujet, de l’ouvrage de Démosthène Philalèthe, médecin d’obédience hérophiléenne du Ier s. ap. J.-C. Le chapitre XVI du Médecin est bien sûr une version abrégée, si on le compare

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NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 77-78

avec le livre VII d’Aetius d ’Amida, tout entier consacré aux maladies des yeux. Sur Démosthène, et sur la postérité de son ouvrage Sur les yeux, voir Tarticle de M. Wellmann (1903). Voir aussi les travaux de J. Hirschberg, notamment « Die Bruchstücke der Augenheilkunde des Demosthenes » (1919, 183-188) ; plus récemment l’article Demos­ thenes Philalethes de F. Kudlien dans Der kleine Pauly, 2, 1964, col. 1487, et les pages de H. von Staden dans Herophilus, 570-578. On s’est longtemps demandé, en cherchant le traité perdu de Galien sur les maladies des yeux, si ce chapitre pseudo-galénique avait pu inspirer les savants arabes en passant pour du Galien authentique. Mais selon E. Savage-Smith, aucun indice ne permet de conclure à une connaissance directe de ce chapitre (in Nutton, 2002, 135-136). P. 78. 3. Π λατυκορίασις et μυδρίασις sont deux synonymes, à la diffé­ rence que le premier est beaucoup plus rare ; il n ’est attesté qu’une autre fois chez Jean Philopon, In Aristotelis libros de anima commen­ taria, éd. Hayduck 339, 17 ; on trouve plus fréquemment πλατυκορία (vel -ρίη). Arétée déjà donne πλατυκορίη pour synonyme de μυδρίησις (Des causes et des signes des maladies aiguës, I, 7, 7). Plus tardi­ vement πλατυκορία est attesté notamment chez Aétius et Léon. Le second terme, μυδρίασις, qui est le nom courant de la maladie, doit être une glose destinée à expliciter son synonyme peu connu, insérée par erreur dans le corps du texte. Le fait que la version latine ancienne ne conserve que πλατυκορίασις (piatogoriasis) nous paraît corroborer cette hypothèse. Il semble que dans le corps du texte (p. 85), ce soit de la même façon le nom courant qui ait pris le pas sur le mot rare. A cet endroit, nous avons cru bon de rétablir πλατυκορίασις sur la seule foi de la version latine. Toutefois, on peut se demander si les deux termes ne désignant pas deux affections distinctes. Une énumération compa­ rable des affections de la pupille dans les Cyranides (I, 16) mentionne πλατυκορία et μυδρίασις comme deux affections distinctes. 4. Ή μεράλω ψ , qui est un hapax en grec ancien, est aussi à l’évi­ dence, selon nous, une interpolation byzantine ; il n ’y a pas de des­ cription correspondante dans le texte et la tradition indirecte est muette. Ce point a été subodoré par D. Gourevitch, qui conteste la vali­ dité de ce concept en médecine grecque ancienne, étant donné que rien dans les textes conservés ne permet de corroborer l’existence d’une notion antagoniste de la nyctalopie des Anciens (voir sa riche étude sur « Le dossier philologique du nyctalope », Hippocratica, Paris, 1980, 167-187 ; ajoutons que J. Hirschberg avait déjà consacré sept colonnes de son Worterbuch der Augenheilkunde à l ’histoire de la notion de nyctalopie depuis les Anciens), devenue... l’héméralopie des Modernes. Le terme grec ήμεράλωψ est selon elle trop faiblement attesté par ce sommaire de maladies des yeux pour être valide. La version latine

NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 78-79

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ancienne n ’a pas de traduction de ce mot, et lui donne donc raison. Il n ’est pas absolument exclu que cet ήμεράλωψ vienne d ’une source antique, mais les chances sont décidément infimes. L ’examen de l ’en­ semble du sommaire donne à penser que nous sommes en présence d ’une interpolation parmi d ’autres. Néanmoins, un témoignage tardif, que nous a communiqué K.-D. Fischer nous contraint à apporter une ultime nuance ; les Quaestiones medicinales du Pseudo-Soranos (manus­ crit de Chartres 62) propose en effet à la suite de la définition de la nyctalopie, la définition d ’une maladie nommée héméralopie. Sur les adjectifs en -ωψ, voir le récent article de J. Jouanna, « Histoire du mot αίμάλωψ d ’Hippocrate à Galien et à la médecine tardive : contribution à l’étude des dérivés en -αλ- de la famille de αίμα et des termes tech­ niques en -ωψ », Revue des Etudes grecques, 114, janvier-juin 2001, p. 1-23. P. 79. 4. On remarque un certain scepticisme chez Hirschberg à propos de cette maladie des yeux ; mais Aetius donne une définition appro­ chante, quoique non strictement parallèle (VII, 16) du σκιρρώ δες οίδημα. 5. L ’examen de la version latine ancienne s’avère providentiel ; le grec a un saut du même au même sur όταν {quando vet. lat.), qui devait se trouver dans l’archétype des manuscrits grecs, puisque tous les manuscrits présentent la même faute par omission. L ’omission de la définition de la xérophtalmie avait déjà été subodorée par M. Wellmann (1903, 563) ; mais M. Wellmann, qui ne connaissait pas la ver­ sion latine ancienne du ch. XVI, découverte par M. Fischer, attribuait cette faute de copie à l’étourderie de l’obscur compilateur du Méde­ cin : « demnach haben wir bei Galen eine Textlücke zu constatieren, die in dem Abirren des Schreibers ihre Erklarung findet ». De même M.-H. Marganne {L’ophtalmologie, 1994, 137-138) attribue à l’auteur du Médecin une confusion qu’il ne fait pas. En réalité, le texte d ’ori­ gine comprenait bien la définition de la xérophtalmie et le nom de la psorophtalmie. Pour la définition de la xérophtalmie, voir déjà Celse, VI, 29 : est etiam genus aridae lippitudinis : xerophtalmian Graeci appellant. Neque tument, neque fluunt oculi, sed rubent tamen et cum dolore quodam gravescunt et noctu praegravi pituita inhaerescunt : « Il y a aussi une espèce d ’ophtalmie sèche : les Grecs l’appellent xérophtalmie. Les yeux ne grossissent ni ne Huent, mais ils rougissent cependant et sont affligés de douleur, et sont collés durant la nuit par une pituite très abondante ». Voici la définition de Démosthène Philalèthe (d’après Aetius, VII, 78) : ξηροφθαλμία δέ έστιν, όταν ύπόξηρος ό οφθαλμός γένηται και κνησμώδης και ήσυχη εμπονος χω ρίς σκληρότητος των βλεφάρων : « La xérophtalmie a lieu quand l’œil devient un peu sec, provoque des démangeaisons et fait

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NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 79-81

souffrir au repos, sans dureté des paupières ». On constate qu’il y a de légères différences entre les définitions proposées ; le Pseudo-Galien paraît à la fois proche de la définition de Celse (présence d ’humeurs), dont la source est inconnue, et de Démosthène (première partie de la définition). Comme pour les deux maladies apparentées, la psorophtal­ mie et la sclérophtalmie, la proximité entre Démosthène et le PseudoGalien est patente, il n ’y a pas lieu de remettre en cause la source pro­ bable du Pseudo-Galien dans ce cas précis ; mais il n ’est pas interdit de penser que d ’une part la source de Celse (ou Celse lui-même ?) a pu être aussi, en plus, celle du Pseudo-Galien, et d ’autre part que le tra­ ducteur latin a pu adapter ce texte à ses connaissances et le compléter. Notons pour terminer que la médecine moderne entend par xérophtal­ mie tout autre chose que les Anciens : la xérophtalmie moderne, syno­ nyme de xérosis, désigne une « épidermisation de la conjonctive et de la cornée liée à leur assèchement » (Dictionnaire médical Flammarion p. 771, cité par M.-H. Marganne p. 137), alors que la xèrophtalmia des Anciens n ’est qu’une blépharite sèche. P. 80. 1. La comparaison des rugosités de la paupière avec des graines de figue n’apparaît pas dans toutes les autres descriptions conservées de cette maladie, sauf chez Aetius, VII, 45 (nous citons le texte édité par Hirschberg) : έπ ’ εκείνω ν μέν γάρ δασύτερα καί τραχύτερα καί έναιμότερα φαίνεται έκστραφέντα τα βλέφαρα· έπί δέ τούτων ώσπερ τινά κ έγχριν ή ορόβια μικρά όρας έπανιστάμενα των βλεφάρων εντός· καί έστι τούτο τό είδος των άλλων δυσιατότερον. « Chez ceux-là, les paupières apparaissent plus grenues, plus rugueuses, plus sanglantes quand on les retourne ; tandis que chez ceux-ci, on voit comme un grain de figue ou de vesce qui a poussé sur la face interne des paupières ; or, cette variété est de toutes la plus dif­ ficile à guérir ». 2. Les maladies de la paupière présentées séparément ici, τραχύτης, παχύτης, σύκωσις, τύλωσις, sont en fait quatre stades différents de la même affection, le trachome ; cette distinction entre plusieurs moments de la maladie se retrouve chez Aétius (VII, 45), qui s’inspire là de Sévérus, mais avec une légère différence dans la terminologie. Dans son étude sur l’histoire du trachome des Grecs aux Arabes, M. Meyerhof omet de citer ce passage du Médecin (« The history of tra­ choma treatment in Antiquity and during the arabic Middle Ages », 1936, 26-87), mais constate une remarquable continuité de Galien au Kitâb al-Hâwi de Razi, dont il traduit quelques chapitres consacrés à l’ophtalmologie. P. 81. 2. Ceci est très exactement la définition que donne l’oculiste Sévé­ rus d ’après Aétius d’Amida (latrica, VII, 68), mais pour le trichiasis :

NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 81-84

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τρ ιχία σ ιν δέ λέγουσιν, όταν υπό τάς έν τοΐς βλεφάροις κατά φύσιν τρίχας αλλαι υποφυεΐσαι και εϊσω νεύουσαι διανύττουσι τούς χιτώ νας και ρευματίζουσι τον όφθαλμόν. Mais Sévérus ajoute : λέγεται δέ τριχίασ ις, και όταν αύτα τα βλέφαρα χαλασθη ή ό ταρσός εισω νεύσας, ώστε μηδέ φαίνεσθαι ραδίως τάς τρίχας, ει μή τις άντιτείνη και διαστείλη τα βλέφαρα. « On parle aussi de trichiasis quand les paupières elles-mêmes se relâchent ou que le bord s’incline vers l ’intérieur, de sorte que les cils n ’apparaissent plus très bien, à moins de tirer en arrière et d ’écarter les paupières ». L ’auteur du Médecin a néanmoins conscience de la possibilité de relâ­ chement des paupières, puisqu’il en indique le traitement chirurgical à propos du trichiasis dans le ch. XIX (p. 92 sq.), et l ’alternative médi­ camenteuse au ch. XV (p. 76). P. 82. 2. A propos de cette maladie, qu’il qualifie de « fantastique » chez les Anciens comme chez les Modernes, voir J. Hirschberg, Wôrterbuch, 91-92. En tout cas, le témoignage de Celse (VII, 7, 4), celui de Galien (De usu partium, III, 810) et celui d’Aetius (VII, 90) concor­ dent. 3. Le nom de la maladie signifie « œil de chèvre », car les rumi­ nants ont sous le coin interne de l’œil une glande qui sécrète du mucus. Voir la description parallèle de Celse dans le De medicina, VII, 7 : Etiamnum in angulo, qui naribus propior est, ex aliquo vitio quasi parva fistula aperitur, per quam pituita adsidue destillat : aegilopa Graeci vocant. Idque adsidue male habet oculum ; nonnumquam etiam exesso osse usque nares penetrat. « Parfois aussi dans le coin de l ’œil le plus proche du nez, une sorte de petite fistule s ’ouvre à cause de quelque vice de conformation, à travers laquelle s’écoule une pituite permanente : les Grecs l’appellent « egilops ». Or ce mal ne quitte pas l’œil ; parfois même l ’os est rongé, et elle pénètre jusqu’au nez ». Sur l’influence du terme de pathologie aegilops sur le sens de hircus, le bouc, que d ’aucuns ont interprété comme un terme d ’anato­ mie signifiant « le coin de l’œil », voir A. Ferraces Rodriguez (1998, 215-227). P. 83. 2. Sur la maladie appelée έπιφορά, voir p. 79. P. 84. 1. Il a déjà été question de la cataracte au ch. I, avec l’épisode de la chèvre. Le traitement chirurgical en sera évoqué plus tard, au ch. XIX, p. 93 (voir note). Nous adoptons le texte des manuscrits pour la fin de la phrase, bien que la conjecture de Γ Aldine ne soit pas aberrante ; on peut en effet imaginer que c ’est une mélecture qui est à l’origine de la leçon άμαυροΰσαν, alors qu’on attendrait à cette place un infinitif

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NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 84-86

parallèle à κωλΰσαι. Mais ή και άμαυροΰσαν τό φαίνειν est selon nous parallèle à la proposition subordonnée consécutive entière intro­ duite par ώστε, et non pas seulement à l’infinitif κωλΰσαι : la concré­ tion d ’humeur va jusqu’à empêcher la vision, ou bien simplement obs­ curcit l’apparence des choses ; cela est cohérent. Il y a simplement une anacoluthe entre les deux subordonnées, la consécutive et la relative. Il n ’est donc selon nous pas nécessaire de modifier le texte de la tradi­ tion ; notons néanmoins que l’absence de ce membre de phrase dans la version latine ancienne pourrait faire croire à une addition tardive, mais les autres définitions connues de la cataracte ajoutent volontiers cette nuance. Voir par exemple Paul d ’Égine, VI, 21 : Ύ πόχυμά έστιν αργού υγρού σύστασις έπι τον κερατοειδή χιτώ να κατά τήν κόρην έμποδίζουσα τό όράν ή τό τρανώς όράν. « La cataracte est une accumulation d ’humeur brillante à l’endroit de la cornée, au niveau de la pupille, empêchant de voir ou de voir clairement ». P. 86. 3. La version latine ancienne dit tout simplement le contraire, ce qui est certainement une erreur. Elle diverge d ’ailleurs légèrement du texte grec conservé en plusieurs endroits : plusieurs mots ne s’y retrouvent pas, comme le πέντε qui précède l ’énumération des frac­ tures du crâne. 4. Cette expression redondante est surprenante au premier abord. Néanmoins, on peut peut-être l ’expliquer par le fait que le PseudoGalien reprend sa source en la condensant ; cf. Paul d’Ègine, VI, 90 : Ιδ ίω ς δέ τό εν τη κεφαλή κάταγμα διαίρεσίς έστι τού κρανίου (...). Suit dans le texte de Paul une énumération très comparable des fractures du crâne. Le Pseudo-Galien et Paul sont donc les représen­ tants d ’une tradition légèrement divergente de la ligne hippocraticogalénique : Galien, sur la foi d ’Hippocrate, propose une liste différente de cinq fractures du crâne, qu’il complète avec les distinctions des « chirurgiens modernes » (Gai. ap. Orib. XLVI, 21). Le tableau com­ plet de Galien ne recoupe que partiellement celui du Pseudo-Galien et de Paul. 5. Ces deux mots désignent déjà clairement dans la Collection hip­ pocratique {De Valiment, XX) des affections de la peau ; tous deux issus de métaphores agricoles, achor (formation de squames) et pityron (pellicules) nommaient d ’abord respectivement la balle des grains de blé et le son du blé, puis ils sont passés, par le langage populaire sans doute, dans le vocabulaire médical, de sorte que de nos jours, si achor a été délaissé en français (mais pas en allemand) au profit de « teigne » (nous adoptons cette traduction, la seule exacte en français moderne), pityriasis est resté le terme scientifique pour désigner la for­ mation de pellicules. Pour une étude approfondie, voir Françoise Skoda (1986, 215-222).

NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 87

167

P. 87. 3. La série de définitions qui figure dans l’apparat critique est tirée de la version latine ancienne contenue dans le manuscrit de Karlsruhe ; il n ’en reste aucune trace dans le texte grec. Cette portion du texte, contrairement au bref passage du début du chapitre (p. 79 et note 5) qui correspondait nettement à une omission dans l’archétype des manus­ crits grecs, est peut-être une addition de l’auteur de la version latine. Bien que ces définitions s ’insèrent parfaitement dans le propos, puis­ qu’elles reprennent, et dans l’ordre, des termes figurant dans les énu­ mérations de maladies précédentes, elles ne concordent pas avec l ’en­ semble formé par les chapitres XVII-XVIII, qui servent de sommaire aux deux derniers chapitres de chirurgie et n ’introduisent pas, en géné­ ral, de définitions. Pour une étude des passages problématiques qui ont pu être ajoutés dans la version latine ancienne, voir C. Petit (2007b). 4. Dans la partie anatomique du Médecin (ch. X, p. 24, 1), l’auteur désigne par πτερυγώματα la partie la plus déployée de l’oreille externe ; il est étonnant de retrouver le même terme, désignant cette fois une maladie. Certes, il arrive fréquemment dans la Collection hip­ pocratique que l’on trouve le même nom pour une partie du corps, et pour l’inflammation de cette partie ; il en existe en particulier plu­ sieurs exemples dans Maladies //, comme άντιάδες = amygdales (XI, 1) /amygdalite (XXX, 1) ; ύπογλωσσίς = partie située sous la langue (XI, 1) / inflammation de cette partie (XXXI, 1). Mais en l ’occurrence, nous n ’avons pas trouvé de texte parallèle pouvant expliquer ce fait. Peut-être faut-il lire περίθλασης πτερυγωμάτων et non pas περίθλασις, πτερυγώματα. Chez les médecins, les πτερυγώματα désignent le plus souvent les lèvres du sexe féminin, parfois aussi les ailes du nez et donc celles des oreilles. Le Médecin propose un échantillon de cha­ cun de ces emplois dans le ch. X. 5. Le mot σίμω σις est un hapax. Il ne figure pas dans la version latine ancienne, non plus que les mots κάταγμα, διαστροφή, ëvGXaσις ; mais son existence est justifiée par le verbe σιμόω-ώ formé sur σιμός, « camus », qui remonte à Hippocrate et que l’on retrouve dans le ch. XX (p. 100) du Médecin. Chantraine mentionne le nom σίμωσις qu’il attribue à Galien, et traduit par « le fait d ’avoir le nez camus » ; mais le substantif, à l ’image du verbe, fait allusion à l’as­ pect du nez à cause de certaines fractures (incurables selon le PseudoGalien). Le fait d ’avoir le nez camus n ’est pas pathologique en soi, même si des connotations morales négatives y étaient associées (voir Chantraine) ; il nous semble donc plus juste de traduire par « aplatis­ sement » (même si ce tenue ne rend pas compte du retroussement conélatif du nez), la σίμω σις résultant d ’une action contondante sur la face. 6. Nous nous fions à l’accord de V et u pour éditer απόστημα επί γλώττης, mais sans grande conviction ; il est possible que le modèle

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NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 87-92

de l’Aldine ait fait l’objet d ’une faute en réalité assez heureuse (επιγλωττίς) : en effet, la version latine ancienne a ypoglosis, qui pourrait bien traduire ύπογλώσσις. À une erreur de préverbe près dans les manuscrits grecs, doublée d ’une mécoupure et d ’une faute d’iotacisme, on se retrouve en présence d ’une affection différente : au lieu d ’un abcès sur la langue, une inflammation sublinguale. C f Hippocrate, Maladies I f ch. XXXI (Jouanna 166, 1 ύπογλωσσίς). À ce compte-là, il conviendrait d’éditer απόστημα, ύπογλώσσις ; mais nous ajoute­ rons une restriction en précisant que le terme ne paraît avoir de sens pathologique que dans le traité hippocratique mentionné plus haut. Chez Arétée, c ’est uniquement la région sublinguale ; chez Galien, il s’agit d ’une pastille à placer sous la langue. P. 89. 3. L ’adjectif τυφλός appliqué aux hémorroïdes est surprenant ; en général, il qualifie certaines fistules (voir ch. XIX, p. 98 : ασύντμη­ τοι, των μη συντετρημένων). Bien que τυφλός ne figure nulle part dans le texte aux côtés des fistules, on peut se demander s ’il n ’y a pas ici une omission dans l ’énumération d’un mot tel que σύριγγες ; la version latine ancienne prouve une distinction d ’origine entre αιμορ­ ροΐδες σύντρητοι (?) et τυφλαί : on lit amorragis pater (= patens ou aperta selon De Moulin), emorragis checate {caeca selon De Moulin), Il n ’en demeure pas moins que ces adjectifs s’appliquent aux fistules ; on peut supposer un texte grec original de la forme suivante : αιμορ­ ροΐδες, σύριγγες σύντρητοι (?) ή τυφλαί. Ρ. 91. 5. Il faut bien sûr comprendre ici non pas que les membres se nécrosent ou sont amputés à cause de la rupture des vaisseaux, mais que l ’emploi des cautères est dû à la rupture des vaisseaux en cas de nécrose des tissus ou d’amputation ; c ’est le moyen le plus radical pour stopper l’hémorragie. 6. Cette énumération introduit une répétition par rapport au som­ maire des maladies de la page 86. La version latine ancienne ne la reprend pas. P. 92. 1. Le mot τρ ιχία σ ις s ’applique à plusieurs maladies (présence de « cheveux » dans les urines, maladie du sein chez les nourrices), mais surtout à une maladie des yeux dont il est question dans la page sui­ vante ; ici, le nom de τρ ιχία σ ις semble être synonyme de τριχίσμός, plus courant pour désigner une fêlure de la finesse d ’un cheveu (θρίξ) dans un os (voir par exemple Paul d ’Égine, VI, 90 : ce passage est du reste rigoureusement parallèle à celui du Médecin et se situe dans un contexte similaire, juste après l’énumération des types de fracture :

NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 92-93

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τινές δέ και τριχισ μόν τούτοις προσηρίθμησαν* ά λ λ ’ εστιν ο τριχισμός στενοτάτη ρωγμή και την αϊσθησιν διαλανθάνουσα, δ ι’ ο πολλάκις λεληθυΐα διά τό μή ακριβή γενέσθαι τήν σημείωσιν θανάτου γέγονεν αίτια. « Certains ont ajouté à ces fractures le trichismos ; mais le trichismos est une très fine fêlure qui échappe à la sensation ; c ’est la raison pour laquelle souvent, elle passe inaperçue, parce qu’elle n’est trahie par aucun signe précis, et entraîne la mort »). La maladie des yeux appelée τρ ιχία σ ις et dont le traitement chirurgi­ cal est évoqué p. 92 ne figure pas dans le ch. XVI du Médecin. 3. Ces trépans arrondis, connus du temps d ’Hippocrate, étaient pourvus de dents, et permettaient de prélever un morceau d ’os, par un mouvement circulaire suivi d ’une traction. Voir le demi χο ινικ ίς pho­ tographié dans Th. Meyer-Steineg, Chirurgische Instrumente... Tafel I, fig. 6. 4. Cette proposition conditionnelle pourrait bien être une addition dans l’archétype des manuscrits grecs ; non seulement elle ne figure pas dans la version latine ancienne, mais en plus elle est en contradic­ tion avec le propos du texte, puisque Yaigilops est classé dans les maladies des yeux au ch. XVI. Les éditeurs de l’Aldine ont déplacé ce membre de phrase (avec une forme différente d ’ailleurs) pour le faire figurer avant le mot aigilops. Mais le texte grec n ’était pas plus satis­ faisant pour autant : σύμφυσις είς αυτό των περί τούς οφθαλμούς, αίγίλωψ. Ρ. 93. 3. On trouve chez Paul d ’Égine (VI, 21) une description plus détaillée de l’opération et de ses suites dans un chapitre fort précis sur la cataracte, repris de Galien (qui par ailleurs y fait une rapide allusion dans YArt médical, XXXV, 5 Boudon = K. 402, 6). On y trouve une grande similitude dans les termes techniques, comme παρακεντεΐσθαι et κενεμβατήσει ; mais la fin de la phrase du Pseudo-Galien n ’est pas vraiment rendue plus claire par la comparaison avec ce texte : après l’opération, on bande les paupières du malade, y compris celles de l’œil sain, pour éviter tout mouvement des yeux, et le malade est sommé de garder le lit dans cette posture pendant sept jours, sauf nécessité urgente. En effet rien n ’est plus précaire que la guérison d’une cataracte, qui peut récidiver à tout moment, si l’œil fait trop d ’efforts, ajoute Paul. Ceci nous paraît expliquer la proposition ώστε μή άναβλέψαι, sans que l ’on ait recours à une correction du texte. Néanmoins, sur la base de la traduction latine ancienne, M. Fischer nous a proposé de lire άνακύψαι ou αναστρέψαι ; la traduction latine en effet n ’est pas intelligible telle quelle : il faut (toujours selon M. Fischer) lire ne (= ut ) iterum saliat, donc comprendre que le sujet du verbe est l ’œil du malade et non le malade lui-même : « afin que l ’œil ne bouge pas ». Le verbe salio, sauter, bondir, traduirait plu-

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NOTES COMPLÉMENTAIRES P. 93

tôt un verbe comme κύπτω. Une autre correction est possible, en écri­ vant non pas saliat mais resiliat (on trouve la forme resaliat dans la Mulomedicina Chironis). Faute d ’expérience en la matière, nous nous contentons de signaler la possibilité d ’une telle correction, qui est séduisante ; l ’utilité de la traduction latine ancienne n ’est plus à démontrer, mais on voit qu’il est parfois difficile de mettre en évidence la correspondance entre celle-ci et le texte grec, surtout quand ce der­ nier est aussi difficile. En fait, la comparaison des manuscrits grecs ne suffit pas du tout à nous donner une phrase satisfaisante : le parallé­ lisme entre les deux verbes κενεμβατήση καί παρακέντηση est ban­ cal au vu des autres textes connus sur l’opération de la cataracte. On attendrait quelque part le nom de l ’instrument (παρακεντητήριον), rendu en latin par ferramentum et semble-t-il rappelé par αυτού dans l’expression τφ ακρω αυτού. Soit le παρακεντητήριον (mot rare dont la perte ou l’altération se comprend aisément) a été déformé pour donner le verbe παρακεντήση, soit il est simplement tombé avant παρακεντούντες (nous remercions M. Fischer pour cette explication plausible). Un autre problème réside dans la compréhension littérale des deux participes, ξύοντες καί σφίγγοντες (l’absence de complé­ ment d ’objet les rend plus que flottants) et peut-être faudrait-il encore une fois corriger le texte : on ne voit pas à quel moment correspond l ’idée de rasage ; en revanche l ’opération suppose en général (voir textes mentionnés plus haut) un mouvement tournant de l’aiguille après la paracentèse proprement dite, afin de fixer l’humeur coagulée, mouvement qui n ’est pas décrit ici et que l’on aimerait retrouver dans cette fin de phrase obscure. La description la plus ancienne de l’opéra­ tion de la cataracte est en fait celle de Celse (VU, 7, 13-14), et rejoint nettement le témoignage de Galien donné par Paul : la convergence des témoignages tout au long de l ’Antiquité incite à s’étonner de la version pseudo-galénique du traitement de cette maladie. Il faut, selon nous, considérer que le texte a été déformé. Rappelons à titre d ’infor­ mation que le texte de Celse est le plus célèbre, et que les autres témoi­ gnages antiques conservés ne décrivent également que l’abaissement de la cataracte ; mais certaines trouvailles archéologiques semblent montrer que l’on pratiquait également dès l’époque impériale (et non pas seulement depuis les progrès de la médecine arabe, comme on l’a longtemps cru) l ’extraction de la cataracte au moyen d ’aiguilles creuses. Pour une synthèse appréciable et riche en illustrations sur le sujet, voir de M. Feugère, E. Künzl et U. Weisser, « L ’opération de la cataracte dans le monde romain et l ’instrumentarium de Montbellet », Dossiers Histoire et Archéologie, 123, jan. 1988, 66-71. 4. L ’hypospathismos est une opération attestée chez les médecins grecs depuis Sévérus à peine (Ier s. de notre ère), dans un fragment conservé par Aétius (VII, 94). On en trouve la description la plus détaillée chez Paul d ’Égine, VI, 6. La fluxion des yeux est censée être

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causée par la descente de phlegme dans les vaisseaux du front et éven­ tuellement des tempes ; l’opération consiste à décoller la peau et le péricrâne de l ’os, inciser les vaisseaux concernés, et faire croître la chair entre le crâne et la peau, de façon à épaissir celle-ci aux dépens des vaisseaux qui se trouvent dessous : la chair comprime les vais­ seaux qui, plus étroits, empêchent l ’écoulement trop abondant de phlegme. La fluxion est supposée s’en trouver enrayée. Pour la variante nommée périscythismos, voir note 1, p. 94. P. 94. 1. Opération alternative de Y hypospathismos, le périscythismos a la réputation d’être plus efficace, bien que nuisant gravement à l’appa­ rence du convalescent : l’incision frontale laisse une fort grande et fort laide cicatrice. Voir le témoignage de Sévérus déjà mentionné, d ’après Aetius (VII, 94) : Τον ύποσπαθισμον παραλαμβάνουσι φεύγοντες την άπρέπειαν τής επί του περισκυθισμοϋ γιγνομ ένης κατά κύ­ κλον μεγίστης ούλής. Ή δέ αποθεραπεία άτελεστέρα έκείνης * οθεν δη μάλλον τω περισκυθισμφ χρηστέον, του αναγκαιότερου φροντίδα ποιούμενοι. « On prescrit Y hypospathismos pour éviter la laideur de la cicatrice circulaire énorme qui découle du périscythismos. Mais la guérison est alors moins achevée ; c’est pourquoi il vaut mieux employer le périscythismos, en prenant en compte le plus néces­ saire ». Les trois triangles que mentionne le Pseudo-Galien sont chez Philoxène, chirurgien alexandrin de la fin du IIe s. av. J.-C., des crois­ sants, qui forment avec l’incision transversale une lettre π (voir Mar­ garine, U ophtalmologie, 167). L ’opération telle qu’elle est rapportée dans notre traité présente donc une certaine originalité. Le périscythis­ mos est à l ’origine une coutume barbare très spectaculaire, très suivie chez les Scythes, qui scalpaient leurs victimes et portaient les peaux détachées des crânes comme autant de sinistres trophées, qui ressem­ blaient à des sortes de serviettes, suspendues au cou de leur cheval. Cf. Hérodote, Histoires, IV, 64 : Ά π ο δ είρ ε ι δέ αυτήν τρόπφ τοιφδε· περιταμών κύκλω περί τα ώτα και λαβόμενος τής κεφαλής έκσ είει, μετά δέ σαρκίσας βοός πλευρή δέψ ει τήσι χερσί, όργάσας δέ αύτό άτε χειρώ μακτρον έκτηται, έκ δέ των χαλινώ ν τού ίππου τον αότός έλαύνει, έκ τούτου εξάπτει καί άγάλλεται. Ό ς γάρ άν πλεΐστα χειρώ μακτρα έχη, άνήρ άριστος ούτος κέκριται. Π ολλοί δέ αύτών έκ των άποδερμάτων καί χλαίνας έπείνυσθαι ποιεΰσι, συρράπτοντες κατά περ βαίτας· « Voici comment on scalpe (la tête) : après avoir incisé en cercle en contournant les oreilles et saisi la tête, on en détache (la peau) par secousses, puis on la racle avec une côte de bœuf et on l’assouplit en la travaillant avec les mains ; ensuite après l’avoir tannée on s ’en sert comme d ’une ser­ viette, et on l’attache aux rênes de son cheval et on s’en enorgueillit. En effet celui qui possède un grand nombre de serviettes est estimé un

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homme très brave. Beaucoup d ’entre eux font aussi des manteaux pour se vêtir, en les cousant ensemble comme des peaux de bête ». La pre­ mière mention du périscythismos comme opération chirurgicale remonte à Dioclès de Caryste (ap. Héliodore, ap. Oribase, XLVIII, 25 = fr. 166 Van der Eijk) ; les opérations de ce genre étaient loin d ’être originales dans le monde gréco-romain puisque de nombreux Barbares les pratiquaient, comme les Éthiopiens ou les Gaulois chevelus (voir Celse, De medicina VII, 7, 15). Nous renvoyons pour plus de détails sur les opérations chirurgicales des fluxions des yeux au ch. VI du livre de M.-H. Margarine, L ’ophtalmologie, 147-172 ; voir aussi du même auteur « L ’utilisation du « scalp » comme remède aux affections ocu­ laires » (1985, 600-603). 4. Le μύδιον est un petit forceps, d ’après Chantraine. Il en existe plusieurs variétés, brièvement passées en revue par Meyer-Steineg, p. 39. Il est surtout mentionné chez Paul d’Égine mais on le trouve aussi chez Celse, sous le nom de vulsella. C ’est une petite pince qui sert tout particulièrement en cas d ’excision de corps peu volumineux, qu’il faut saisir solidement néanmoins, comme le clitoris : μυδίω πλατυστόμω συλλαβών την νύμφην δια τής εύωνύμου χειρ ό ς άποτεινέτω, τή δέ δεξιμ άποτεμνέτω παρά τούς όδόντας τού μυδίου (Philouménos ap. Aet., XVI, 115) : « après l’avoir saisi au moyen d ’un mydion à pinces plates, qu’il (le praticien) l ’étire de la main gauche, et de la droite, qu’il le tranche le long des dents du mydion ». Sur l ’excision du clitoris dans la médecine égyptienne, se reporter au ch. X du Médecin, p. 28 et note 4. P. 95. 2. Sur ces variantes de cautérisation plus ou moins musclées, voici le récit de Paul d ’Égine, VI, 44, 2 : ετεροι δέ, ώς φησι και ό Λ εωνίδης, καυτήριον πυρηνοειδές πεπυρακτωμένον διά μεσο­ πλευρίου του κατά τό απόστημα διωσάμενοι εως τού πύου την καϋσιν εΐργάσαντο. Τ ινές δέ και χειρουργήσαι τούτους έτόλμησαν διά μέσου πέμπτης και έκτης πλευράς έγκαρσία τομή διελόντες μικρόν ύπολόξως τό δέρμα, κάπειθ’ οϋτω σκολοπομαχαιρίφ τον όπεζωκότα συντρήσαντες υμένα και τό πύον έκκρίναντες. Κ αί ούτοι δέ και οί διά σιδήρου καίοντες άχρι βάθους ή παραυτίκα τον θάνατον έπιφέρουσι τού ζωτικού πνεύματος άθρόως άμα τφ πύφ κενωθέντος ή σύριγγας ανιάτους εργάζονται. « Les autres, selon Léonidès aussi, procédaient en enfonçant un petit cautère à bout rond rougi au feu dans l ’espace intercostal où se trouve l’abcès, jusqu’à ce qu’ils aient réalisé la cautérisation du pus. Certains eurent même l ’audace de procéder à un traitement chirurgical en prati­ quant une incision oblique entre la cinquième et la sixième côte, un peu en biais sur la peau, puis en évacuant le pus après avoir perforé la membrane sous-jacente à l’aide d ’un bistouri. Ces derniers comme ceux qui cautérisent en profondeur avec le fer soit entraînent immédia-

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tement la mort, le pneuma vital étant évacué en masse en même temps que le pus, soit provoquent des fistules incurables ». Le Pseudo-Galien est donc le représentant d ’une tendance « sévère » en matière de chi­ rurgie, qui sera réprouvée par la suite par des médecins comme Paul. Mais il faut noter dans ce passage la conformité du propos du PseudoGalien par rapport à ce qu’il a dit plus haut, conformément à la tradi­ tion médicale tout entière, au sujet du danger de 1’άθρόα κένωσις dans le cas de l’empyème du thorax : voir p. 60 et note 2. Le PseudoGalien prône l’incision des abcès intercostaux, mais sans procéder en une seule fois. 6. Il faut ici sous-entendre σμίλη : voir par exemple Galien, De methodo medendi K. X, 1011 (δια μυρσίνης σμίλης). P. 96. 1. D ’après le texte, il semble qu’il y ait deux traitements des « lipodermes » ; l’exposé est trop concis pour être compris, mais un court chapitre de Paul d’Égine nous donne quelques détails : Έ φ ’ ών ολίγον ένδει τφ δέρματι του αιδοίου, τινές δια τήν απρέπειαν διττόν έπενόησαν χειρουργίας τρόπον, ποτέ μέν άνω κατά τήν άρχήν του αΙδοίου τό δέρμα τέμνοντες κυκλοτερώς ένεκα τού λυθείσης τής συνεχείας έλκεσθαι κάτω τό δέρμα μέχρι του έσκεπάσθαι τήν καλουμένην βάλανον, ενίοτε δε ύποδέροντες σμίλη κατά τό ένδον άπό τής κατά τήν βάλανον βίζης, ειτα έλκοντες κάτω, κάπειτα δεσμουντες μαλακω τινι όθονίω πέριξ τήν πόσθην, δηλονότι μεσολαβουμένου τίνος όθονίου κατά τήν γεγονυιαν ύποδοράν ύπέρ του μή συμφυήναι τήν πόσθην τη βαλάνφ. « Dans les cas où il manque un peu de peau au sexe, certains, à cause de la laideur de ce défaut ont imaginé un traitement chirurgical double, tantôt coupant en cercle la peau en haut, à la base du sexe, afin que, par le relâchement de la tension, la peau soit tirée vers le bas jus­ qu’à ce que la partie appelée « gland » soit recouverte ; tantôt en la décollant à l’aide d’un scalpel, à l ’intérieur en partant de la racine du gland, puis en la tirant vers le bas, enfin en attachant un fil souple autour du prépuce, étant entendu qu’un fil a été intercalé à l’endroit du décollement, afin que le prépuce n ’adhère pas au gland » (VI, 53). Paul ajoute qu’Antyllos n ’apprécie pas cette dernière méthode, et que lui-même ne s’attarde pas sur cette opération, car elle n ’est plus guère pratiquée : le mal est d’ailleurs selon lui peu gênant. Le traitement « double » signifie donc que l ’on peut traiter le mal de deux façons. On pouvait utiliser cette opération, appelée « épispasme » (de έπισπάω-ώ, donné dans notre texte 1. 16, έπισπασθή) afin de restau­ rer le prépuce après circoncision : voir plus tard Epiphanios, De men­ suris et ponderibus, 16 (M. 43.264C). 4. Le texte de V avait une omission à cet endroit, qui fut comblée par la main du correcteur V2 ; mais le rognage de la page rendit cet ajout fort difficile à lire, d’où le texte lacuneux des recentiores de la

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famille A. Pour un semblable accident dans la même famille de manus­ crits, voir p . 64. 5. Le masculin donné par tous les manuscrits peut paraître surpre­ nant dans cette phrase, car la maladie évoquée sous ce nom est généra­ lement une maladie de femme : il s’agit de l’obstruction du vagin par une excroissance charnue ou membraneuse, qui peut gêner l’accouple­ ment, l ’accouchement, et même l’écoulement menstruel (Soranos, I, 17, 3 et ΠΙ, 9, 3 ; Paul, VI, 72). Cependant le terme άτρητος est employé aussi pour une obstruction de l’anus chez les enfants nou­ veau-nés ; cf. Paul VI, 81 (περί δακτυλίου άτρήτου) avec une opéra­ tion comparable. Le texte ne doit donc pas être changé. 6. Le texte désigne par δυαδικούς « ceux qui sont atteints de βυάς » ; Daremberg a expliqué la signification générale de cet adjectif substantivé dans la Gazette médicale de P aris , 1847, p. 48. Il s’agit d ’un écoulement involontaire, dans plusieurs affections différentes, notamment des yeux (voir Médecin, ch. XVI, p. 82, où nous ne le tra­ duisons pas par « fluxion » mais le transcrivons simplement, afin de ne pas fane de confusion avec le ρεύμα ou ρευματισμός qui désignent à proprement parler la fluxion, p. 79). Mais ce passage sur l ’incontinence (car c ’est de cela qu’il s’agit ici) est délicat ; d’abord, l’écoulement désigné par le mot ρυάς est indéterminé : on ne sait s’il est question d’incontinence urinaire ou intestinale. Comme le texte se poursuit par la rétention d ’urine, et que les affections du siège (hémorrhoïdes, fis­ tules) ne sont abordées qu’après, on peut penser qu’il s’agit d ’inconti­ nence urinaire. Mais le traitement chirurgical exposé n’en est pas plus clair ; qu’est-ce que ce cal (τύλος), qui provoque l’incontinence et qu’il faut enlever par la chirurgie ? Les textes parallèles sont relative­ ment rares ; ils sont rapidement passés en revue par M.-H. Marganne, La chirurgie...y 105-109 (l’auteur omet d ’ailleurs ce passage du Méde­ cin), à propos du papyrus P. Monac. 2. 23, qui conserve un fragment d ’Héliodore sur l’incontinence intestinale. Parmi les causes d ’inconti­ nence urinaire répertoriées chez les médecins, on trouve surtout les séquelles d ’opérations de la vessie (incisions, excision du col), ou bien la paralysie des muscles de cette région : par exemple dans un frag­ ment d’Héliodore conservé chez Oribase (Coll. Med., L, 4). L ’inconti­ nence urinaire est en tout cas incurable selon Héliodore, d’après le même fragment. En revanche, l’incontinence intestinale, qui a le même type de causes (séquelles d ’opérations des fistules par exemple, ou paralysie du sphincter), peut être traitée si elle est prise à temps. Le papyrus cité plus haut suggère un traitement chirurgical, si la restitution έγχει]ρήσεω ς de D. Manetti est correcte. Si vraiment certains cas d ’incontinence intestinale étaient traités par la chirurgie, pourquoi n ’en irait-il pas de même pour l’incontinence urinaire ? Sans indications complémentaires, il est impossible de préciser ici les conditions de l’opération. Celle-ci étant très isolée dans les textes, et difficile à inter-

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prêter, on peut se demander s ’il n ’y a pas là une trace d ’accident dans l’histoire du texte ; la version latine ancienne saute complètement ce passage, peut-être parce qu’il paraissait déjà obscur au traducteur (mais il peut s ’agir également d ’un accident dans la transmission de la ver­ sion latine). On pourrait imaginer qu’un copiste a sauté du traitement d’une affection à celui de la suivante. Il se pourrait, par exemple, que nous soyons en présence d ’un nouveau saut du même au même sur όταν, comme dans le cas de la psorophtalmie (p. 79). Mais ici, la ver­ sion latine ne nous est d ’aucun secours. Notons enfin que dans le déve­ loppement de pathologie du ch. XIII, p. 63, Pseudo-Galien donne la paralysie de la vessie (qui se traduit par une « excrétion involontaire d’urine », c’est-à-dire par l’incontinence) pour à peu près incurable. Cela est en contradiction avec le prétendu traitement chirurgical du ch. XIX qui nous occupe ici. Dans l’attente d ’éléments nouveaux donc, nous réservons cette question ; M. le Professeur Fischer suggère que le cal (τύλος) peut être celui d ’une fistule urinaire, consécutive à une lithotomie ; on l ’enlève en effet par voie chirurgicale. 7. Le cathéter d ’Érasistrate ressemble vraiment au « sigma romain ». On en trouve une photographie (cathéter pour homme, trouvé à Ephèse) chez Meyer-Steineg, Tafel VII, fig. 1. Ce point a d ’ailleurs déjà été souligné dans le chapitre XIII, au sujet des maux de la vessie (p. 64). Les différentes causes de rétention d ’urine ou ischurie y étaient rapidement présentées, suivies d ’un non moins rapide exposé du traite­ ment idoine, au cas par cas. P. 97. 1. Le texte des manuscrits n ’est pas extrêmement satisfaisant au sujet de l’utilisation du cathéter : le génitif ^χοντος (p. 96,1. 21) s’ex­ plique par la tolérance relative dans la langue grecque du génitif absolu ayant pour sujet celui de la principale (voir sur ce point Kühner-Gerth, Ausführliche Grammatik, Π, 2, p. 110) ; la conjecture εχοντες de l’Aldine n ’est en tout cas pas justifiée (tout au plus pourrait-on suggé­ rer un εχω ν plus classique au lieu d ’ έχοντος). Dans la suite, ράμμα nous semble désigner l’ensemble du fil contenu dans le corps du cathé­ ter, qui peut sortir aux deux extrémités de l’instrument (qui est creux), alors qu’ εριον est simplement le bout de fil replié qui dépasse du côté du cathéter qu’on introduit dans l’urètre, afin de capter Γurine bloquée dans la vessie. La phrase est incompréhensible si on garde le génitif ερίου, dont la fonction est alors inexplicable. Il ne peut qu’être com­ plément d ’objet de εχον, et sujet des trois participes προκύπτον, προβρεχόμενον, et έλκόμενον. C ’est bien cette extrémité repliée du fil qui précède l’instrument dans l’urètre, et qui la première est imbibée par l’urine, comme le montre la répétition du préverbe προ-. Il nous semble donc légitime, en vue de la cohérence du texte, de corriger έρίου en εριον.

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P. 98. 5. Nous adoptons ici la conjecture de certains manuscrits récents (ë%ov τα διη ρη μένα) car le participe masculin (έχοντα) présent dans le manuscrit ancien V et dans les témoins de la famille B ne peut s’ac­ corder avec rien (λίνον βύσσινον est un neutre). Pour la même raison, la conjecture de l’Aldine est fausse. Nous avons donc un accusatif absolu (λίνον βύσσινον συνεστραμμένον έν άκρω τής μηλωτίδος έχον τα διρρημένα) dont le sujet (qui gouverne deux participes) est repris par τούτφ, complément du participe άποσφίγγοντες apposé au sujet. 6. Le verbe έκτυλοω-ώ signifie réduire le cal, en particulier quand il est responsable d ’une fistule (voir Oribase, XLIV, 20, 12), et cela en le ramollissant, comme nous l’apprennent les textes médicaux contem­ porains et ultérieurs : Γέκτύλωσις consiste en effet à introduire un collyre dans la fistule, de façon à ramollir le cal (Oribase, X, 239) ; l’inflammation cesse, une croûte se forme et tombe, signe de la guéri­ son (Paul d ’Égine, IV, 49, 3). La nature de cette opération rend logique l’alliance des verbes έκτυλώσαντες et έπουλούσιν, puisque l’élimi­ nation du cal permet la cicatrisation. Galien emploie ces deux verbes côte à côte comme de quasi synonymes, dans le De compositione medicamentorum per genera (K. XIII, 528). Les recettes du collyre en question sont multiples selon Paul d ’Égine, qui en livre entre autres une d ’Alexandrie, qui pourrait correspondre à la « méthode égyp­ tienne » ici évoquée et que l ’auteur a peut-être de bonnes raison, de bien connaître. La « méthode égyptienne » ne figure pas dans la ver­ sion latine ancienne, sans doute parce que cette expression n ’était plus comprise à la lettre : la recette était perdue. P. 99. 2. Le participe κλίναντες n ’a pas de complément d ’objet dans le texte grec, mais le traducteur latin en a inséré un (aegrium) ; la com­ paraison avec les longues explications des compilateurs plus tardifs est éclairante (cf. Oribase, Coll. Med. XLV, 18, 5 : κατακλινούμεν τον πάσχοντα ; Paul d ’Égine, VI, 82 : άνακλίναντες τε τον άνθρωπον), et nous invite à suppléer à notre tour « le malade » dans la traduction de ce passage du Médecin. Le bien fondé de la traduction latine ancienne est donc confirmé par les témoignages d ’autres médecins grecs. Néanmoins, nous nous contentons d ’ajouter un complément en traduction, sans aller jusqu’à compléter le texte grec lui-même, n ’ayant pas de certitude suffisante sur le mot à restituer : τον πάσχοντα ? τον νοσουντα ? τον κάμνοντα ? τον άνθρωπον ? Le sens est clair, mais la forme bien aléatoire. Sur le traitement des varices, voir aussi Celse, De medicina, VII, 31, 1-3 (plus particulièrement VII, 31, 2-3 pour l ’ex­ cision).

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P. 100. 1. Le verbe έκχονδρίζειν donné par tous les manuscrits est un hapax, mais son symétrique έγχονδρίζειν (Archigène d ’Apamée, dans Galien, De compositione medicamentorum secundum locos, K. XII, 661) l’est aussi. La confusion entre έκχ- et έγχ- étant une faute de copie très courante dans les manuscrits, nous pourrions tout aussi bien lire εγχονδρίζειν, mot également rare ; il convient de faire la part du sens de chacun de ces deux verbes, et de vérifier s ’il ne s’agit pas par hasard du même mot transmis sous deux formes différentes par les manuscrits. Dans ce dernier cas, il faudra trancher en faveur d’une forme et d ’une seule. Commençons par έκχονδρίζειν ; les diction­ naires divergent sur le sens de ce mot : Bailly donne le sens de « rendre cartilagineux » avec une référence à Galien, 2, 397 sans cor­ respondance avec l’édition Kühn, mais pas de référence à PseudoGalien ; en réalité, cette référence ne correspond à rien dans l ’édition Kühn. Le LSJ propose un sens tout opposé, avec une référence à notre passage : « eut away, remove cartilage ». On a donc des interpréta­ tions opposées pour ce verbe. Pour εγχονδρίζειν, cela n’est pas plus clair : Bailly propose le sens de « rapprocher les cartilages », avec renvoi... à Archigène chez Galien, sans plus de précision ; en fait, l’édition à laquelle renvoie Bailly est celle des Medicorum XXI vet. opusc. de C. F. de Matthaei, Moscou, 1808 où sont regroupés les frag­ ments d’Archigène d ’Apamée. Cette édition peut être consultée à la BIUM ; malheureusement nous n ’avons pas pu retrouver le fragment concerné. Mais le fragment d ’Archigène est probablement identique à celui que nous connaissons (Archig. ap. Gai., K. XII, 661). Le LSJ quant à lui propose (bizarrement) pour έγχονδρίζειν, avec cette même référence, le sens de « form into grains », à partir de l’adjectif έγχονδρος, « in grains » ; il est suivi par le dictionnaire de Chantraine, dans lequel on lit « έγχονδρίζειν : rendre grenu (méd.) ». Enfin le DGE (VI, Madrid, 2002) donne de son côté : « recomponer cartilagos en la oreja, Archig. en Galen. XII, 661 ». Nous nous trouvons donc devant deux choix antagonistes pour έκχονδρίζειν, « exciser le cartilage » ou « restaurer le cartilage » ; et il nous faut déterminer le sens exact d’έγχονδρίζειν, qui paraît flottant. En fait, la clé du passage du Méde­ cin nous est fournie par une description parallèle du chirurgien Antyllos, cité par Oribase (Coll. Med. XLV, 26, 4) : παραπλήσια δ ’ ή κατά τα ώτα των κολοβωμάτων έστι διόρθωσις· όπόταν μέντοι γε μή μόνον το δέρμα, άλλα και δ χόνδρος αυτός έλλείπη, εϊτε κατά τα ώτα, είτε κατά τά άκρα τής £>ινός, χρή προ τής επαγωγής του δέρ­ ματος περικόπτειν τον χόνδρον αύτόν, ώστε άπευθύνεσθαι κατά ποσόν την γενομένην του κολοβώματος κοιλότητα· ουτω γάρ έπαχθέντος του δέρματος, ούκ απρεπές φανείται το άποτέλεσμα. « La restauration des colobomas des oreilles est très semblable ; néan-

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moins, quand non seulement la peau, mais aussi le cartilage lui-même fait défaut, que ce soit aux oreilles ou sur les extrémités du nez, il faut avant de rapprocher la peau exciser le cartilage lui-même, de manière à rectifier autant que possible la fissure du coloboma qui est apparue ; en effet, lorsqu’on a rapproché la peau de cette façon, le résultat ne paraît pas disgracieux ». Il est évident que Pseudo-Galien exprime la même chose qu’Antyllos, en raccourci, grâce au verbe intransitif έκχονδρίζειν, qui signifie donc bien « exciser le cartilage » (περικόπτειν τον χόνδρον). Quand au sens du verbe έγχονδρίζειν dans le texte du De compositione medicam, sec. locos de Galien, il nous paraît vraiment devoir être opposé à celui de έκχονδρίζειν pour la forme, mais le contexte ne confirme pas vraiment le sens de « restaurer le car­ tilage ». Nous nous appuyons sur le passage de Galien lui-même, dont voici tout le contexte : έφ ’ ών δέ τέθλασται τά ώτα, πληρώσας έσωθεν τήν κοιλότητα την προχειροτέραν του χόνδρου,(...) όταν ξηρανθή, στρύχνον μετά ψιμμυθίου έπάλειφε μέχρι καταστή. Έ π ι δέ των π ερ ί τα ώτα τραυμάτων και διαιρέσεω ν έγχονδρίσας έπιμελώ ς αγκτηρίασον, είτα τοις άφλεγμάντοις και τη λοιπή κολλητική αγωγή χρώ. Τά δέ φλεγμαίνοντα τρήματα των λοβών έπι παίδων, έλαίω έν χαλκω λύχνω Ιωθέντι καταχρίω ν ύγιάσεις. Ά σ κ λη πιά δη ς δέ τούτω προς ώτα τεθλασμένα έχρήσατο. « Dans les cas où les oreilles ont été écrasées, comble à Tintérieur le creux le plus proche du cartilage, (...) et quand c ’est sec, applique du strychnon mêlé d ’étain, jusqu’au rétablissement. Mais dans les cas de plaies et de divisions des oreilles, agrafe soigneusement après avoir rapproché les cartilages. Quant aux plaies enflammées des lobes chez les enfants, tu les guériras en les enduisant d’huile teinte dans une lampe de cuivre. Asclépiade utilisa aussi ce remède sur les oreilles écrasées » (K. XII, 661). Tout d ’abord, l ’emploi simultané de διαίρεσις et de έγχονδρίζω nous rappelle (abstraction faite des préverbes) l’opération du coloboma décrite par Pseudo-Galien (όταν ό χόνδρος ή διρρημένος, έκχονδρίζειν δει) et par Antyllos dans le passage cité plus haut ; sur­ tout, la lecture de passages parallèles sur le traitement des maux de l ’oreille nous incite à réviser la première traduction ; Celse évoque deux cas de traumatisme de l’oreille, selon que celle-ci est ouverte ou non {De medicina VIII, 6, 1-2). Dans un cas donc, il y a fracture du cartilage sans que la peau soit entamée ; dans l ’autre, la peau et le car­ tilage sont ouverts, et il faut ôter le cartilage avant de faire cicatriser la plaie. Si on n ’excise pas une partie du cartilage, la croissance de la chair laisse une vilaine cicatrice boursouflée sur l’oreille ! Il nous semble que le passage de Galien évoque ce même cas de cartilage divisé avec plaie de l ’oreille ; partant, il est tentant de corriger έγχονδ ρίσας en έκχονδρίσας même si les manuscrits de Galien donnent tous έγχ-. 3. En fait, les fractures du nez sont curables selon Hippocrate (Arti­ culations, XXXVI sqq.) ; de même encore chez Paul d’Égine. En

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revanche, au ch. XXXV des Articulations, Hippocrate s’insurge contre les bandages esthétiques mais inutiles, voire nuisibles, appliqués par certains sur les nez rendus camus par une fracture. 4. Cf. Hippocrate, Articulations, XXXVII : la fracture avec enfon­ cement, dont le résultat est l ’aspect camus du nez, est en fait selon Hippocrate facile à traiter. Le Pseudo-Galien emploie dans le ch. XVII (p. 87) un nom de la même famille, σίμωσις, qui s’applique certaine­ ment à ce type de fracture. Mais cette phrase de Pseudo-Galien dérive en réalité certainement du Mochlique (ch. XXXIX) : Ο ίσιν όστέον άπό ύπερφ ης άπήλθε, μέση ϊζει ή £>ις τουτέοισιν. Nous avons réta­ bli μέση ϊζη sur la seule foi du texte d ’Hippocrate (tous les manuscrits grecs ont ici une haplographie qui forme une vox nihili, μεσίζη). Le passage du Mochlique n’est d’ailleurs pas facile, à cause de son exces­ sive brièveté ; le commentaire de Pétrequin attribue cet affaissement du côté du palais à la nécrose de celui-ci. Le chirurgien lyonnais ren­ voie à bon droit à deux autres passages rigoureusement parallèles de la Collection (Epid. VI, 1, 3 et Epid. IV, 19, 3). P. 101. 1. Les noms de ces fractures sont des subtilités post-hippocratiques. Galien (De methodo medendi, K. X, 424) ironise sur ce raffinement des modernes qui consiste à vouloir nommer toutes les formes pos­ sibles de fracture : ένιοι δε των νεωτέρων Ιατρών άχρι τοσούτου φιλοτιμουνται πάσας των καταγμάτων τάς διαφοράς Ιδίοις όνόμασιν έρμηνεύειν, ώστε και ήαφανηδόν τι και άλφιτηδόν γίνεσθαι φασίν, ούκ άρκούμενοι τω λόγφ δηλώσαι το πολυειδώς συντετριμμένον οστούν. « Certains médecins modernes mettent un tel point d ’honneur à trouver des noms particuliers pour toutes les diffé­ rences de fractures, qu’ils affirment l’existence d’une fracture « en tronçon de radis » ou « en grains de farine », non contents de décrire l’os broyé de multiples façons ». Galien ajoute un éloge de la simpli­ cité d ’Hippocrate en la matière. Les fractures « en bris de noix » et « en grains de farine » sont deux noms du même phénomène selon Paul d ’Égine (VI, 89, 2) : άλφιτηδόν δέ έστι ήήξις όστέου πολυμερής είς λεπτά* ή δέ αύτή και καρυηδόν παρά τισ ιν εϊρηται. Ρ. 102. 1. G. Helmreich a raison de reprendre à son compte la conjecture προσκεΐσθαι des recentiores qu’il a collationnés ; le préverbe προσest en effet justifié par le voisinage immédiat de προσερηρεΐσθαι. Ce dernier verbe (προσερείδω) est d ’emploi relativement rare en grec, plus encore en grec médical ; Galien emploie le participe présent actif à propos de la pression de tampons de charpie (De compositione med. sec. locos, K. XII, 692), soit dans un contexte similaire. Hippocrate en revanche emploie le participe parfait passif appliqué aux όπερα,

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sortes de pilons servant à remboîter les épaules luxées (Articulations, LXXVIII, 28). 3. On enveloppe en effet la jambe fracturée dans un épais manteau après traitement de la fracture, comme nous l’apprend Paul d ’Égine (VI, 106). Toute cette phrase demande un effort d ’analyse. Tout d ’abord, nous avons choisi contre la vulgate (toutes les éditions ont la leçon de V, αίρουμένων) la leçon de la famille B (δρωμένων), qui nous semble s’imposer d ’après l’opposition explicite entre la bosse de la fracture, tournée vers l’extérieur, et la partie plane, tournée vers l’intérieur, contre le manteau. Le sens de « que l’on peut voir », « visible », concorde avec la configuration de la partie bossue du membre fracturé, alors qu’on ne voit pas très bien comment il pourrait s’agir ici de la « supprimer ». Bien que la forme ramassée de l ’ex­ pression ne rende pas la compréhension littérale évidente (του δέ λείου έπιβάλλοντος ένδοθεν ίματίω), la conjecture de Chartier (άμματίφ pour Ιματίω) n ’a vraiment pas grand sens. Peut-être n ’estelle d’ailleurs qu’une faute d ’inattention, due à la proximité de άμματιζομένων. En tout cas le texte des manuscrits est préférable, car le manteau, immobilisant et protégeant la jambe (le Pseudo-Galien ne précise pas de quel membre il traite, mais les passages parallèles, en particulier celui de Paul, parlent de la jambe) du malade, est bien attesté dans les descriptions de réduction de fracture. Cela n ’empêche pas que le texte est difficile à cet endroit : le sens de τό λεΐον (s’il s ’agit bien d ’un neutre) et celui d ’επιβάλλω ne vont pas de soi. Nous comprenons que το λεΐον désigne la partie plane de la fracture par opposition à la bosse (ici au pluriel, κυρτών) qui la caractérise ; έπιβάλλω est pris dans un sens intransitif, tel que « s’appliquer sur », d ’où notre traduction par « reposer sur ». 5. Nous proposons de lire έπιδεΐν au lieu de έπιδέων, nominatif masculin singulier qui nous semble impossible à justifier : il n ’y a pas de sujet exprimé ni de verbe conjugué, et surtout il est alors en contra­ diction avec le pluriel έχοντες qui suit ; dans tous les cas il faut donc corriger le texte. La correction des éditeurs vénitiens (έπι δέον) est absconse (pour nous en tout cas). Enfin G. Helmreich se garde bien d ’aborder le sujet. Quelle que soit la leçon des manuscrits, la phrase nous paraît en effet incompréhensible ; même en adoptant la correction que nous proposons, il y a une sorte d ’anacoluthe : le long complé­ ment d ’objet dépend d’un verbe à l ’infinitif sous-entendu par nous (voir note 4, p. 102) ; il est repris par τούτοις, lui-même complément de συγκείμενον. Cette application de compresses se distingue nette­ ment de celle qui concernait, quelques lignes plus haut, les fractures fermées : ici, elles se chevauchent, là, elles ne devaient pas se chevau­ cher. Par ailleurs, certaines opérations sont symétriques, comme le bandage qui maintient les compresses ; mais là aussi la fracture ouverte suppose une méthode différente : on introduit de la laine et un « tuyau ».

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P. 103. 3. Hippocrate avait en effet « inventé » la manœuvre moderne de Nélaton : Articulations, ch. 30 (résumé en Mochlique, ch. 4). Il y a lieu de croire que les Égyptiens anciens pratiquaient déjà cette réduction. Nous renvoyons à l’article de M.-H. Marganne, « Précédents antiques à la manœuvre de Nélaton », Revue médicale de Liège, 40, 3, 1.985, 105-108 ; voir aussi du même auteur, La chirurgie dans ΓÉgypte gréco-romaine..., 35-66. Le Pseudo-Galien suit la tradition hippocra­ tique, à l’instar de Celse ou Galien lui-même. Seul parmi les textes antiques se distingue le témoignage d ’Oribase, qui emploie le « banc d ’Hippocrate » (Coll. Med., XLIX, 28). 4. Les autres auteurs reconnaissent d ’autres luxations de l’épaule que celle de l’aisselle ; mais cette dernière est de loin la plus courante, comme l’affirme Pétrequin, Chirurgie d'Hippocrate, II, p. 526. Néan­ moins d’autres étaient déjà connues d’Apollonios de Citium, d’Héliodore et de Galien, qui distingue luxation axillaire (celle d ’Hippocrate donc) et luxation en avant. Pour une petite histoire de la luxation de l’épaule chez les Anciens, voir Pétrequin, Chirurgie d ’Hippocrate, II, 526-528 : « Des luxations de l’épaule qu’Hippocrate n ’a pas vues et qu’ont signalées les Anciens ». La réduction par l ’ambe est l’une des multiples façons de réduire la luxation de l’épaule ; pour la luxation dans l’aisselle, la seule retenue dans ce texte, comme chez Hippocrate, le médecin de Cos passait en revue six méthodes différentes, mais notre auteur n’en retient qu’une, la plus énergique d ’après M.H. Mar­ ganne, la réduction par l’ambe : « Dans cette méthode, on se sert d ’une pièce de bois arrondie à une extrémité et garnie d ’un rebord saillant (d’où le nom d ’ambè, qui signifie bordure, protubérance). On l’attache sous le bras luxé, en sorte que le bout arrondi se trouve sous l’aisselle. Le patient passe son bras par-dessus une poutrelle attachée entre deux piliers. On fait subir une traction au bras malade tandis que le reste du corps fait contrepoids. » M.H. Marganne, p. 131. L ’expli­ cation d’Hippocrate se trouve dans Articulations, ch. 7. Notre auteur fait allusions aux autres méthodes, « dites de la palestre », mais il pré­ fère se contenter du strict nécessaire dans son exposé, c ’est-à-dire du plus utile. P. 104. 1. Cette « secousse » de la colonne vertébrale a au moins le mérite d’exister ; voilà pourquoi nous reprenons la conjecture proposée en note par G. Helmreich (« Handschriftliche Studien... », p. 34). Celuici s’appuie sur un passage de Galien (Commentaire aux Articulations d ’Hippocrate, K. XVIIIA, 565) : προειρηκώ ς περί του κατά ράχιν πάθους, δ προσαγορεύουσι σεΐσιν. « Après avoir parlé d ’abord de l’affection du rachis que l’on appelle secousse ». Il s’agit en effet d’une secousse de la colonne, dans laquelle les vertèbres ne subissent pas de déplacement les unes par rapport aux autres, mais sont ébran-

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lées dans leurs articulations entre elles. Galien énumère les quatre affections du rachis quelque soixante-dix pages plus haut : τρία γάρ ταΰτα πάθη κατά την ράχιν εν ταΐς των σφονδύλων γίγνεται μεταστάσεσι, κύφωσις, λόρδωσις και σκολίωσις· όπίσω μέν άποχωρούντων ή κύφωσις, είς τά πρόσω δέ Ιόντων ή λόρδωσις, έπι δέ τό πλάγιον έκτρεπομένω ν ή σκολίω σις. έξωθεν δέ τούτων ή σ εΐσ ις καλούμενη τέταρτον πάθος εστι των έν τη βάχει σφονδύλων, όταν διακινηθώ σι μέν αί άρμονίαι, κατά χώ ραν δέ οί σφόνδυλοι μένωσι. « Les affections du rachis parmi les déplace­ ments de vertèbres sont au nombre de trois, les voici : cyphose, lor­ dose, et scoliose. Lorsqu’elles se courbent en arrière, c ’est une cyphose ; lorsqu’elles vont en avant, une lordose, et lorsqu’elles se détournent de côté, une scoliose. En dehors de celles-ci, il y a une qua­ trième affection des vertèbres du rachis nommée secousse, quand les emboîtements des vertèbres sont ébranlés mais que celles-ci restent en place » (K. XVIIIA, 494). Galien en parle encore dans le Commentaire aux Aphorismes (K. XVIIIA, 171). Il nous semble donc que σ εΐσ ις a sa place dans l’énumération des maux de la colonne vertébrale, d ’au­ tant plus que la confusion GICGCIC / CCICIC est plausible en majuscule. Le mot des manuscrits de la famille A (εϊσωσις) ne cor­ respond à rien dans les textes, et celui de la famille B (όσωσις) non plus. Il a donc pu se produire dans les deux cas une mélecture de CGI CI C. Il est possible aussi (et même plus vraisemblable sur le pian paléographique) que εΐσω σις soit une haplographie de εΐσω ώσις (c/. Hippocrate, Aph. III, 26 et K.-D. Fischer (2003, 162 note 31). Dans le contexte, le nom de σ εΐσ ις nous paraît plus plausible : il s’agit en effet de la colonne dans son ensemble, non des vertèbres cervicales (des enfants) en particulier. La présentation du Pseudo-Galien est un peu étrange, dans la mesure où il met sur le même plan la « courbure » (υβωσις), terme générique des déformations de la colonne, et la sco­ liose, qui en est une des espèces (voir le passage de Galien déjà cité). Selon Paul d ’Égine et contrairement à ce que prétend Pseudo-Galien, le traitement des déviations du rachis existe. Sur les affections du rachis d’après les représentations artistiques, voir M. D. Grmek/ D. Gourevitch, Les maladies dans l ’art antique (1998, 212-219). 2. La version latine ancienne diverge ici fortement de son modèle grec : en opposition complète avec celui-ci, non seulement elle pré­ sente la luxation de la hanche comme curable, mais en plus elle expose le traitement. Ce passage fait partie de ceux qui ont été, semble-t-il, remodelés par le traducteur. A ce sujet, voir C. Petit (2007b). Les autres auteurs antiques reprennent la vulgate hippocratique, comme Celse (VIII, 20, 2-8), Oribase (XLVII, 7), et Paul d ’Égine (dans le long chapitre VI, 118). Celle-ci avait néanmoins été critiquée au temps d ’Hippocrate, comme nous l ’apprend Galien dans son commentaire aux Articulations (K. XVIIIA, 731) : Κ ατεγνώ κασιν Τπποκράτους

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έπεμβαλεΐν τό κατ’ ισ χίο ν αρθρον, ώς αν έκπίπτον αότίκα πρώτος μέν Κ τησίας ό Κ νίδιος συγγενής αύτοΰ * καί γαρ αύτός ήν Ά σ κλη πιά δη ς το γένος, έφεξής δέ Κ τησίου καί άλλοι τινές. « On a reproché à Hippocrate de remettre en place l’articulation de la hanche, sous prétexte qu’elle se déboîtait aussitôt ; Ctésias de Cnide le premier, qui était son parent —car il appartenait au genos des Asclépiades, et à la suite de Ctésias quelques autres ». Donc, à l’époque de Galien, on avait connaissance d ’une opinion contraire à celle d ’Hippo­ crate sur la luxation de la hanche ; il est donc possible, malgré l’una­ nimité des sources antiques connues, d ’imaginer qu’une tradition opposée s’est maintenue dans les textes, dont le Médecin serait un der­ nier écho. Mais dans l ’état actuel de nos connaissances, le texte pseudo-galénique paraît avoir été tellement abrégé, retravaillé, que l’on peut aussi imputer l’opinion selon laquelle la luxation de la hanche est toujours incurable à une simplification abusive des sources ; les autres textes, d’Hippocrate en particulier, font preuve en effet d ’une certaine prudence et déclarent que la luxation n ’a de chances d’être réduite que si on la prend très tôt. Pour une semblable divergence du Médecin patrapport à ses sources chirurgicales, voir dans le même chapitre les frac­ tures du nez et des oreilles (p. 100).

I

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BIBLIOGRAPHIE

I. Editions du

M é d e c in

La liste suivante comprend éditions grecques, latines et bilingues, éditions séparées et œuvres complètes. Elles sont présentées par ordre chronologique. Ne sont reprises ici que les éditions que nous avons consultées et mentionnées. Pour un recensement détaillé de toutes les éditions de la Renaissance contenant le Médecin, voir R. J. Durling, « A chronological census of Renaissance éditions and translations of Galen » (cité plus bas dans la bibliographie) et les mises à jour successives (la dernière en date étant celle de S. Fortuna). * 1490, Opera, éd. D. Bonardus, Venise (P. Pincius), 2 vol. (liber Galieni qui dicitur introductorius medicorum vol. 1, ff. 8r- lOr = signatures bb-bbiii). * 1515-1516, Quarta impressio ornatissima continens omnes Galeni libros. .. éd. Rusticus Placentinus, Pavie. * 1522/1528, Galeni operum impressio novissima... [Juntes], Venise. * 1525, Aldine, Galeni opera omnia, vol. IV, l r - l l r , Venise. * 1528, Claudii Galeni Pergameni Introductio seu medicus. De sectis ad medicinae candidatos opusculum, Guinterio I. A. interprete, ff. lr-47r, Simon de Colines, Paris. * 1537, Schola Medicorum, Th. Platter/ B. Lasius, p. 1-110 (grec) et 183-265 (latin), Bâle. * 1538, Galeni opera omnia, vol. IV, p. 371-390, Bâle. * 1549, Opera... Froben, coi. 195-236, Bâle. * 1550/ 1556/ 1565/ 1576/ 1583, Galeni opera omnia quae extant, Juntes, Isagogici libri, ff. 50v-60v, Venise. * 1639-1679 Chartier : Galeni Pergameni et Hippocratis Coi opera omnia, Paris, II, p. 360-399 (bilingue grec-latin).

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INDEX VERBORVM ET NOMINVM 1

A αγαλματοποιητική V, 4 άγαρικόν [XIV, 2] αγγειολογία XIX, 1 ; 8 άγκιστρον XIX, passim αγκύλη X, 11 ; XVI, 1 άγκύλωσις XVI, 6 άγκών X, 7 ; XVII, 2 ; XX, 8 αγχίλωψ XVI, 1 ; 6 αγχόνη XVII, 2 άδηλος III, 5 ; III, 8 ; XI, 4 (anat) ; XVI, 3 ; 6 άθέρωμα XVII, 1-2 ; XIX, 3 Ά θή να ιο ς II, 1 ; IV, 1 (9Α. ό Ά ττα λεύς της Παμφυλίας) ; VII, 1 ; IX, 5 ; IX, 6 αϊξ I, 2 αίγίλωψ XVI, 1 ; 6 ; XIX, 2 ; 6 ;9 Α ίγυπτίη I, 2 ; Α ίγυπτίος I, 2 ; II, 1 ; X, 2 ; X, 9 ; XIX, 14 ΑΙγύπτος XIII, 29 αΐδοΐον X, 9 ; γυναικεΐον α. X, 9 ; XVII, 2 αίμα IX, 2-3 ; XI, 9 ; XI, 11 ; XIII, 1 {et passim) ; XVI, 7

αϊματος αναγωγή VIII, 3 ; XIII, 20 ; 26-27 ; 36 ; XV, 1 αίμορροΐδες XVIII, 1 ; XIX, 14 αίρέσεις II, 2 ; III, 1 ; III, 8 ; IV, 1 ; IV, 2 ; IV, 3 αίρεσιάρχης IV, 1 αϊσΟησις XI, 2 ; XIII, 2 αισθητικός III, 5 αίτια ΠΙ, 1-2 ; VII, 2 ; VIII, 1 ; 5 ; IX, 6 ; XIII, 4 ; 9 ; 42 ; XVI, 3 ; 6 ; 10 αίτιον III, 1 ; 4 ; VIII, 2-3 ; IX, 5 ; ΧΠΙ, 21-22 αΐτιολογέω-ώ VIII, 1 ; VIII, 6 αιτιολογία III, 1 ; IX, 6 αΐτιολογικόν VII, 1 ακακία ΧΙΠ, 27 ; XV, 6 ακαριαιον XI, 7 ακατονόμαστος XIII, 24 ακμή III, 6 ; XIII, 7 ; XIII, 10 ακνηστις X, 10 άκοή XIII, 2 ακράτεια XIII, 36 άκρα χειρ X, 7 άκρόδρυα III, 3 ακροθιγώς X, 4 άκροποσθία XIX, 11

Le présent index est sélectif et ne prend en compte qu’un choix limité des mots remarquables présents dans le texte grec ; il comprend aussi les noms propres. Certains mots sont donnés au pluriel car ils n’apparaissent que sous cette forme dans le texte ; enfin les adjectifs substantivés sont donnés tels quels.

216

INDEX VERBORVM ET NOMINVM

άκροχορδόνες III, 6 ; XVIII, 1 ; XIX, 16 άκρώμιον X, 6 ; XII, 4 ; XVII, 2 "Ακρων (Ά κραγαντΐνος) IV, 2 ακτίνες X, 4 άλες XIII, 8 ; [XIV, 2] ; XV, 4 ; XX, 10 άλεξκράρμακα XV, 1 άληθώς I, 3 ; IX, 6 Ά λ ή ιο ν XIII, 24 άλλότριον III, 6 άλογος I, 3 ; XIII, 14 αλόης [XIV, 2] ; XV, 2 *άλυπαία [XIV, 2] άλφιτηδόν XVIII, 2 ; XX, 2 άλφός ΧΙΠ, 47 ; XV, 3 ; XVIII, 1 αλωπεκία [XIII, 43] ; XVII, 1 αλω πεκίασις XIX, 3 άμαύρωσις XVI, 1 ; 10 αμβη XX, 8 άμετάπτωτος V,1 άμμωνιακόν XV, 4 αμύγδαλα [XIV, 1] άμυγδάλινον έλαιον [XIV, 3] άμυδρός XIII, 5 άμυδρώς XVI, 3 άμφημερινός ΧΙΠ, 5 αμφιβληστροειδής XI, 4 αναγράφομαι III, 3 άνάδοσις XI, 6 ; ΧΠΙ, 2 ; 31 αναλαμβάνω VIII, 4 αναληπτικόν VII, 2 ; VIII, 4 άνάληψ ις X, 4 άνάλογοςIX , 1 άνακαθαρτικά XV, 3 άναπληρω τικά XV, 3 άναπνοή XI, 6 ; XIII, 2 άνάπτυξις XI, 1 άναρραφή XV, 5 άναστόμωσις XVI, 1 άνάσχισις I, 2 ανατέμνω VII, 2 ανατομή XI, 1

άνθράκωσις XVI, 1 ; 11 άνθραξ XV, 3 ; XVI, 1 ; XVII, 2 ανθρώπινος V, 2 ; IX, 2 άνθρωπος I, 1 ; V,1 ; 4 ; VII, 2 ; VIII, 6 ; IX, 1 ; IX, 2 ; X, 7 ; 11 ; XIII, 3 ; 24 άντιάδες XI, 5 άντικνήμιον X, 11 ; XII, 6 άντιλόβιον X, 3 άντιοτόμος XIX, 10 Α ντίπα τρο ς IV, 3 άντίχειρ X, 7 ανορεξία ΧΙΠ, 36 ανώδυνος XV, 1 ανώμαλος XIII, 5 ανώνυμος XII, 2 άπαρχαίζω IV, 2 άπευθυσμένον XI, 6 ; XIII, 34 ; 40-41 ; XIX, 1 απεψία X, 5 ; XIII, 3 απήχημα XVn, 1 ; XIX, 3 άπιος III, 3 άπλοτομία XIX, 1-2 αποκαθαίρω XI, 3 ; XI, 11 αποκατάστασις III, 6 ; XX, 9 άποκρουστικά XV, 6 Α π ό λ λ ω ν I, 1 Α π ο λ λ ώ νιο ι δύο (...) Ά ντιο χ εϊς IV, 2 Α π ο λ λ ώ νιο ς 6 Μ εμφίτης X, 1 άπόπληκτος XIII, 18 αποπληξία XIII, 6 ; 18 άπόρρηξις XVI, 1 ; 11 άποσιτία XIII, 3 ; 7 άπόστασις XVI, 1 απόστημα III, 6 ; ά. έν μεσο­ πλεύριο) (XIII, 20 ; XIX, 10) ; ά. εν κατακαλύψει (XIII, 20) ; XV, 4 ; XVI, 6 ; XVII, 1-2 ; XIX, 2 αποτέλεσμα V, 4 άποφρακτικά [XIV, 1] άπόφυσις XI, 3 ; ΧΠ, 2 απυρεξία XIII, 5

INDEX VERBORVM ET NOMINVM Α ρ α β ικ ό ν vide κόμμι Α ρ α ­ βικόν άραιότης ΧΥΙ, 1 άραίωμα XIII, 4 άργεμον XVI, 1 ; 7 άρθρέμβολον XIX, 1 αρθριτικός XV, 3 άρθρίτις VIII, 3 ; XIII, 20 ; 42 ; XVIII, 1 άρθρον X, 7 ; X, Π ; XII, 1 (et passim) ; XIII, 42 ; [XIV, 1] ; XVIII, 2 Ά ρ ισ τεύ ς I, 1 Α ρ ισ το τέλ η ς X, 1 αρμόδιος XIII, 9 ; XIII, 25 ; XX, 6 αρμόζω III, 4 ; 8 ; VI, 1 ; 5 ; VIII, 2 ; XIII, 7 ; 38 ; XV, 2 ; 4-6 αρμοί [XIV, 1] άρνογλώ σσος XIII, 27 αρρώστια XVI, 3 αρσενικόν XV, 5 αρτηρία IX, 2 ; IX, 3 ; XI, 1 (corr.) ; XI, 2 ; Π ; XIII, 28 ; ά. τραχεία : XI, 6 ; XI, 7 ; XI, 8 ; XIII, 27 ; παχεια ά. XI, 11 αρχαίος XIII, 5 (vide παλαιοί) ; XX, 1-2 ; 9 αρχή II, 1 ; II, 2 ; III, 6 ; IX, 3 ; XI, 3 ; XIII, 7 (et passim) Ά ρ χ ιγ έ ν η ς (ό Ά παμ εύς τής Συρίας) IV, 3 ; IX, 6 άσβεστος XV, 5 ασθματικός XV, 1 άσκαρίδες XIII, 20 ; 41 άσκίτης XIII, 31 Ά σ κλη πιά δα ι I, 3 ; II, 1 Ά σ κλη πιά δη ς (Βιθυνός Κιανός) IV, 1 ; IX, 5-6 ; XIII, 4 ; 11 Α σ κ λ η π ιό ς I, 1 ; IX, 6 άσκωμα I, 2 αστράγαλος XII, 6-7

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άσύμπτωτος XI, 7 άσυναρτήτοι V, 2 άτονία XIII, 4 ; 27 ; 36-37 ; 39 ; XV, 1 άτρητος XIX, 11 ατροφία XVI, 1 αΰξησις XIII, 2 αφή XIII, 2 άφορίζω XIII, 5 άφριάω-ώ XIII, 22 άφθαι XV, 1 ; XVII, 1 άχλύς XVI, 1 ; 7 άχώρα XV, 5 άψινθίον XIII, 36 Β βάθρον (Τπποκρατ.) XX, 7 βάλανος X, 9 ; XIX, 11 βαλαυστίον XIII, 27 βάρβαρος II, 1 ; XV, 4 (phyt.) βαρυηκοΐα XVII, 1 βδέλλιον [XIV, 2] βέβαιος V,1 βεβαίως XX, 2 Β ελλεροφόντης XIII, 24 βελόνη XIX, 6 ; 11 βελονοειδής XII, 2 βέλος III, 6 ; VIII, 3 βηχικά XV, 1 βήξ XI, 7 ; ΧΙΠ, 12 ; 27 Βισσίνος ΧΙΠ, 34 βλεφαρίδες X, 4 βλέφαρον X, 4 ; XI, 4 ; XV, 5 ; XVI, 1 (et passim) ; XIX, 6 ; 9 βλίτον ΙΠ, 3 βοηθήματα II, 1 ; II, 2 βοθρίον XVI, 1 ; 7 βοτανή I, 1 βουβών XVI, 11 ; XVII, 2 ; XIX, 2 ; 10 ; XX, 9 βράγχος ΧΠΙ, 20 ; 26 βραχίων X, 7 ; XII, 5 ; XIX, 2 βρέγμα X, 2 ; XII, 1 ; XIX, 2

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INDEX VERBORVM ET NOMINVM

βρόγχια XI, 7 βρόγχος XI, 5-8 ; XIII, 26 βρυωνία [XIV, 2] βρώσις όδόντων XVII, 1 βύσσινος XIX, 14 Γ γαγγλία XVII, 2 ; XIX, 10 γάγγραινα XVI, 1 γάλα ΧΙΠ, 2 γαλακτοποσία XHI, 28 γαργαρεών XI, 6 γαστήρ XI, 6 ; XI, 8 ; XI, 9 γαστροκνημία X, 11 ; XIII, 16 ; XVII, 2 γαστρορραφία XIX, 1 γένειο ν X, 3 ; 5 ; XII, 3 ; XVII, 1 γένεσ ις VII, 2 ; XIII, 1 γένυς XVII, 1 γεύσις XIII, 2 γιγνώσκω II, 1 γλαυκίον XV, 6 γλαύκωσις XVI, 1 ; 10 γλουτός X, 10 ; XIX, 2 ; XX, 9 γλυκελαίον XX, 4 γλυκύρριζον [XIV, 1] γλυκύς XV, 6 γλυκυχυμία ΧΠΙ, 34 γλώ σσα XI, 5 ; 8 γνάθος ΧΠ, 3 ; XX, 7 γνωρίζω III, 5 ; VIII, 1 γνώ σις II, 2 ; V,1 ; VI, 5 ; XI, I γόμφωσις XII, 1 ; XII, 4 γόνος XI, 11 γόνυ X, 11 ; XII, 6 ; XVII, 2 ; XX, 9 γυνή XI, 11 ; XIX, 10 γύρις XIII, 8 Δ δακετά III, 7 δακνώδης ΧΠΙ, 5

δακτύλιος X, 9 ; XIX, 14 δάκτυλος X, 7 ; X, 11 ; XII, 5 ; ΧΠΙ, 34 ; XVII, 2 ; XIX, 11 ; 13 ; XX, 2-3 ; 8-9 δαρτός XI, 11 δέρμα I, 2 ; X, 8 ; XI, 4 ; XIII, 43-47 ; XVIII, 1 ; XIX, 3-4 ; 15 δηλητήριον III, 7 ; [XIV, 3] ; XV, 1 δημήτρια III, 3 διάβρωσις XVI, 1 διάθεσις III, 5 ; XIII (passim) ; XV, 6 διαιρέο-ούμαι VU, 2 ; VIII, 6 ; X, 2 δια ίρεσις III, 6 ; VIII, 1 ; XIX, I ; 8 ; 15 δίαιτα VII, 2 ; VIII, 4-6 διαιτητικός XV, 1 διάκρισις XIII, 2 διαλείπω ν XIII, 5 διάνοια V, 2 διάπλασις VII, 2 ; IX, 2 ; XI, II ; ΧΙΠ, 2 διαπύησις XVI, 1 διάρροια III, 5 ; XIII, 37-38 διαστάζω IV, 3 διάστασις XVU, 2 διαστροφή XVII, 1 διάτασις XVI, 1 ; δ. βαφών XVII, 1 ; δ. των συμφύσεων XVII, 1 ; XX, 1 ; 7 ; 8 διάτριτος ΧΠΙ, 7 ; ΧΙΠ, 8 ; XX, 4 διαφορά V, 3 διαφορητικός VIII, 6 ; XV, 2 διάφραγμα XI, 3 ; XI, 8 ; XIII, 9 δίδυμοι X, 9 ; XI, 11 διέξοδος XI, 1 διή γη σ ις XI, 1 δικαιότατα V, 2 (corr.) Δ ιοκλής (ό Κ αρύστιος) IV, 1 ; XIII, 28

INDEX VERBORVM ET NOMINVM Διονύσιος IV, 3 διορίζω ΠΙ, 8 ; X, 5 διπύρηνος XIX, 15 διστιχία XVI, 1 ; 5 διχάλα X, 11 δογματικός II, 2 δοθιήν XVII, 2 δρακοντίασις XVffl, 1 δρακόντιον XIX, 15 δύναμις II, 1 ; III, 2 ; X, 4 (όρατική δ.) ; XI, 8 (όρεκτική δ.) ; XIII, 2 δυσάρεστη μα X, 5 δυσεντερία XIII, 38-39 ; 42 δυσηκοΐα XV, 5 δυσουρία ΧΙΠ, 34-35 Ε έβδομαΐος ΧΠΙ, 5 έγγείσωμα XVÏÏ, 1 ; XIX, 3 έγκανθίς XVI, 1 ; 6 ; XIX, 6 έγκαταλήψις V, 2 έγκέφαλος IX, 3 ; XI, 2-3 ; 5 ; XII, 1 ; ΧΠΙ, 9 ; XVI, 11 ; XIX, 3-4 έγχάραξις XIX, 3 ; 15 έδρα X, 9 ; XIII, 34 ; XVIII, 1 ; XIX, 2 ; 5 ; 14 ; XX, 6 είδέναι II, 1 είδοποιέο-οΰμαι VIII, 2 είλεός XIII, 6 ; XIII, 17 είρεσία VIII, 3 εισβολή XIII, 5 έκβράσματα XV, 5 έκβύρσωσις XVIII, 2 έκκοπεύς XIX, 5 έκκοπή (φωνής) XV, 1 ; έκκοπή XIX, 1-2 (chir.) ; 5 εκκρισις III, 5 ; X, 9 ; ΧΙΠ, 27 ; 34 ; XIX, 10 ; 12 ^κλεικτα XIII, 28 έκλεκτικοί IV, 3 έκμανθάνω I, 1 ; XI, 1 £κπρισις XIX, 1

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^κστασις (διανοίας) XIII, 9 ; 24 ^κτασις XVI, 1 έκτικόν IX, 2 ; XIII, 1 ; 3 έκτομή (νύμφης) X, 9 έκτροπή XVI, 1 ; (6) έκτυλόω-ώ XIX, 14 έκφέρω (είς φως) I, 3 εκφυσις XII, 1 έκχονδρίζω XIX, 16 ελαιον XX, 4 έλατήριον [XIV, 2] ; XV, 2 έλένιον XIII, 41 έλεφαντίασις XIII, 20 ; 43 έλκος III, 6 ; XV, 1 ; 4 ; XVI, 1 ; XVII, 2 ; XX, 10 ελκωσις ΧΙΠ, 32 {et passim) ; XVI, 1 ; 6 {et passim) έλλέβορος ΧΙΠ, 23 ; 43 ; [XIV, 2] ; XV, 2 'Έ λλη νες I, 1 ; I, 3 έλλυχνιω τός XX, 6 ελμινς XIII, 20 ; 41 ; XV, 2 έλυτροειδής XI, 11 (corr.) εμβρυον VI, 2 ; IX, 2 ; XI, 11 έμπειρική ΠΙ, 2 ; 4 ; IV, 2 ; έμπειρικοι Π, 2 ; ΠΙ, 8 ; VI, 1 ; VIII, 2 εμπίεσμα XVn, 1 ; XIX, 3 έμπνευμάτωσις XIII, 36 ; XV, 1 εμπροσθότονος ΧΠΙ, 6 ; 19 εμπύημα (έν θώρακι) ΧΠΙ, 20 ; 27-30 έμπυικός XIII, 28 έμφύσημα XVI, 1-2 ; XVII, 2 εναιμα XV, 3-4 έναταιος ΧΠΙ, 5 ένδείκνυμι III, 5 ; 6 ; VIII, 2 δνδειξις II, 2 ; ΠΙ, 8 ένεργεία V, 4 ; IX, 3 (φυσική έ.) ; X, 9 ; XI, 1 ; XI, 2 (ψυχική έ.) ; XI, 8 (φυσική έ.) ; XI, 9 (φυσική έ.) ; XIII, 1-2 ; 36 ; [XIV, 3] ; XIX, 1 ένεργέω-ώ V, 4 ; VI, 3

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INDEX VERBORVM ET NOMINVM

ενθλασις XVII, 1 ενστασις XIII, 4 (corr.) εντεριώνη (κολοκυνθίδος) [XIV, 2] εντεροκήλη XVIII, 1 ; XIX, 13 έντερόμφαλος XIX, 11 εντερον XIII, 15 (vide λεπτόν εν. ; τυφλόν εν.) ; XIII, 17 ; 31 ; 36 (et passim) ; [XIV, 1] ; XIX, 1 ; 13 ένυδρα III, 7 έξαιματέω-ώ XI, 9-10 έξαιμάτωσις ΧΠΙ, 2 έξαίρεσις III, 6 έξάρθρημα III, 6 ; XVII, 1 ; Χ νΐΠ , 2 ; XX, 8 έξάρθρησις XX, 9 εξετάζω ΠΙ, 1 ; ΙΠ, 2 ; VII, 2 ; VIII, 2 ; ΧΙΠ, 37 έξις II, 2 ; IX, 2 έξόμφαλος XIX, 11 έξυδαρέω-ώ ΧΙΠ, 31 έξω σις XVII, 2 έπανάκλησις (θέρμης) XIII, 19 έπαρσις XIII, 5 έπεξεργάζομαι [XIV, 3] έπιγάστριον X, 8 έπιγέννημα ΧΙΠ, 5 έπιγλω ττίς XI, 5 ; XI, 8 έπίγνω σις VÏÏ, 2 ; VIÜ, 2 έπιγονατίς XII, 6 ; XX, 9 έπιδερμίς XVI, 7 έπίδεσις XIX, 1 ; XX, 1 ; 3 ; 6 έπιδεσμίς XX, 4-6 έπίδοσις III, 6 ; XIII, 7 έπίθυμον [XIV, 2] έπίκαυμα XVI, 1 ; 7 επιληψ ία XIII, 20 ; 22-23 έπινυκτίδες XVII, 2 έπιπεπλεγμένος III, 5 επιπλοκή λη XVUI, 1 έπίπλους XIX, 13 έπιπωματίζω XI, 5 ; 8 έπίσ ειον X, 8 έπισημαίνω XIII (passim) έπίσκεψ ις VII, 2

έπίστασθαι II, 1 επιστήμη V,1 ; VI, 3 επιστημονικόν V,1 έπισυνθετικοί IV, 3 έπιφορά XVI, 1-2 έπουλίς XVU, 1 ; XIX, 10 έπουλόω-ώ XIX, 14 ; XX, 10 έπουλωτικά XV, 3 έποχή (των ουρών) V in, 3 Έρασιστρατείος (καθετήρ) XIII, 35 Έ ρασίστρατος (Κ εΐος) IV, 1 ; V, 1 ; VIII, 3 ; IX, 3 ; 6 ; X, 1 ; XI, 2 ; XIII, 4-5 ; 31 ερευνόω-ώ VII, 2 έρίκη XV, 6 εριον XX, 5 ερις [XIV, 2] έρμοδάκτυλον [XIV, 1-2] ερπητες XV, 3 ; XVII, 2 έρυσίπελας XV, 3 ; XVII, 2 έσχάρα XV, 1 ; 5 ; XX, 10 εσχάρω σις XVn, 1 έτεροκρανία ΧΙΠ, 21 ευθετίζομαι XX, 1 ευμορφία XV, 6 ευρεσις I, 1 ; II, 1 ; IV, 3 εόρετής I, 1 εύρίσκω I, 1-3 ; VIII, 5 ; IX, 4 ; ΧΠ, 1 εύρυχωρία XI, 7 ; XII, 3 εύστόμαχος [XIV, 3] εότονία XIII, 5 εύφόρβιον [XIV, 2] ; XV, 2 εφαρμόζω V, 2 εφεκτικά (τής αλόγου των φαρμάκων φοράς) [XIV, 3] έφήβαιον X, 8 έφ ηλις XVII, 1 έφοδιάζω IV, 3 Ζ ζίγγιβ ερ [XIV, 3] ζυγοειδής XII, 2 ζύγωμα XII, 3 ; XX, 7

INDEX VERBORVM ET NOMINVM ζωγραφία V, 4 ζώον IX, 3 ; X, 4-5 ; XI, 6- 7 ; XIII, 1 ; [43] Η ήβη XIII, 22 ήγεμονικόν (τής ψυχής) XI, 2 ; XI, 3 ηδύοσμος XV, 2 ήδυχρόος XV, 6 ήλος XVI, I ; 9 ; XVIII, 1 ; XIX, 16 ήμεράλωψ XVI, 1 ημικύκλιον X, 3 ήμιτριταϊος XIII, 5 ήπαρ XI, 6 ; 9-10 ; XIII, 1 ; 10 ; 14 ; 30-31 ; [XIV, 1] ήπατικός XIII, 20 (ήπατική διάθεσις) ; XV, 1 Η ρ ό δο το ς I, 3 Ή ρ όφ ιλο ς (Χ άλκηδόνιος) IV, 1- 2 ; VI, 5 ; IX, 6 ήρωες I, 1 ήτρον X, 8 Θ θαλάσσιος I, 2 θαλασσουργός XVI, 6 θάνατος ΧΙΠ, 27 θειος I, 3 ; IX, 6 θέμις XI, 9 (corr.) Θεμίσων (ό Λ αοδικεύς τής Συρίας) IV, 3 θέναρ X , 7 θεοδότια XV, 6 θεοί I, 1 θεραπεύω I, 3 ; II, 1 θεραπευτικόν VII, 1 ; VIII, 4-6 θέρος XVI, 2 θέσις X, 10 (corr.) ; X, 11 ; XI, 1 ; XII, 7 Θ εσσαλός ô Τ ραλλιανός IV, 3 θεωρία II, 1-2 ; III, 5 ; 8 ; VII, 2

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θηριακή XV, 1 θηρίωμα XVII, 2 θλάσπι [XIV, 1] θραυστός IX, 5 θρέψις ΧΠΙ, 2 θύμοι X V m , 1 ; XIX, 16 θυμίαμα XV, 4 θώραξ X, 2 ; 8 ; XIII, 26 ; 29 ; [XIV, 1] I Ιάματα III, 1 Ιατρική I, 1 ; 3 ; II, 1-2 ; V, 1 ; 3 ; VI, 1 ; VIII, 4-5 ; IX, 6 ; XV, 6 Ιατροΐς I, 1-2 ; VI, 1 ; X, 1 ; 2 ; 7 ϊβ ις I, 2 ιγνύα X, 11 ίδρωτες ΧΠΙ, 2 ; 15 Ιερά XIII, 23 (phyt) Ιερά νόσος XIII, 22 Ιερόν οστούν X, 10 ; XII, 4 ; 6 ; XIII, 29 ίκτερος XIII, 6 ; 15 ; XV, 2 ; XVI, 1 ίλιγγοι XIII, 20 ; 23 (ϊλιγγες) Ιν δ ικ ό ν vide ρέον Ιν δ ικ ό ν ίνίον X, 2 ; XII, 1 ; XIII, 21 Ιξός X, 10 ιοβόλον III, 7 ; XX, 10 ϊονθος XVII, 1 Τπποκρατεΐος XX, 7 Ιππ ο κ ρ ά τη ς I, 3 ; II, 1 ; IV, 1 ; VI, 1 ; 3 ; 5 ; IX, 1-2 ; 6 ; XI, 2 ; 4 ; XIII, 4 ; 10 ; 16 ; 1819 ; 22 ; 27 ; 29 ; 31 ; 38 ; XIX, 14 ; XX, 1 ; 8 ίρις X, 4 ; XI, 4 ; XVI, 1 {et passim) ; XIX, 7 ίστορέω-ώ XIII, 24 ; 28 Ιστορία II, 2 ; III, 3-4 Ιστοριογράφος I, 3 Ισχιαδική (φθίσις) XIII, 29 Ισχιάς XIII, 20 ; 42 ; XIX, 2

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INDEX VERBORVM ET NOMINVM

Ισχίον X, 10 ; XII, 6 ; XIII, 42 ; [XIV, 1] ; XX, 9 Ισχουρία VIII, 3 ; XIII, 34-35 K καθαίροντα XV, 1-2 καθαρσίος [XIV, 1] κάθαρσις ΧΠΙ, 3 ; 7 ; 23-24 ; XV, 2 καθαρτικός ΧΙΠ, 31 ; [XIV, 1 ; 3] κάθετη ρ ΧΙΠ, 35 ; XIX, 12 καθολικός ΙΠ, 5 ; 8 ; XIX, 1 καθόλου ΠΙ, 8 καιρός ΧΠΙ, 7-8 ; XV, 2 καλλω πιστική XV, 6 καμάρωσις XVU, 1 ; XIX, 3 κανθός X, 4 ; XVI, 1 ; 6 καρδία XI, 2 ; 6 ; 10 ; ΧΠΙ, 1 ;1 4 ; [XIV, 1] καρδιακή διάθεσις ΧΙΠ, 3 ; 6 ; 14 καρκίνωμα XVII, 2 ; XIX, 10 καρπός X, 7 ; ΧΠ, 5 ; XVII, 2 ; XX, 2 ; 8 ; κ. λινοζώστεως [XIV, 1] καρυηδόν XVIII, 2 ; XX, 2 καρφολογία XIII, 9 καστόριον [XIV, 3] κάταγμα ΙΠ, 6 ; XVII, 1 ; ΧνΐΠ, 2 ; XIX, 2-3 ; 5 ; XX, 1 κατάγω XIX, 7 καταδιαιρέω-ώ X, 2 κατακλείς X, 6 ; XII, 4 (corr.) ; XX, 1 κατάληψις V, 2 κατάλληλος II, 1 ; III, 2 ; VUI, 6 ; XIII, 42 κατάποσις XI, 6 ; ΧΙΠ, 2 κατάρ ρους XIII, 20 ; 26 κατασταλτικά XV, 3 κατάστασις VII, 2 κατάταξις XIX, 1

καταφορά XIII, 8 ; 25 καταχρηστικός XI, 1 καυληδόν XVIII, 2 ; XX, 2 καυλός X, 9 ; XI, 10 ; XIX, 12 καΰσις XIX, 1-2 καΰσος ΧΠΙ, 6 ; 10 καυστήρ XIX, 2 ; 9 καυστικά XV, 3 ; 5 καυσώδης ΧΠΙ, 5 καυτή ριον XIX, 10 καυτήρ XIX, 2 ; 9 ; XX, 10 καφουρά [XIV, 3] κεγχραμίς XVI, 4 κ ειρ ία ι XIII, 41 κενεμβατέω-ώ XIX, 7 ; 11 κενταύριον [XIV, 1] Κένταυρος I, 1 κέρας ελάφ ειον XV, 2 κερατοειδής XI, 4 κερκίς XII, 5 ; XX, 9 κεφαλαία ΧΙΠ, 20-21 ; XV, 5 κεφαλή X, 2 ; ΧΠ, 1 ; ΧΠΙ, 1 {et pas sim) ; [XIV, 1] ; XV (passim) ; XVII, 1 ; XIX, 23 ; 5 ; XX, 7 ; 9 κεφαλικά XV, 5 κεφαλοτρυπάνον XIX, 5 ; 9 κ η ρ ίο ν Χ ν ίΙ, 1 κιθαριστική V, 4 κίνησ ις XI, 2 ; ΧΙΠ, 5 κιννάμωμον [XIV, 3] κιρσοκήλη XVIII, 1 ; XIX, 13 κιρσός XVII, 2 ; XIX, 13 ; 15 κιρσουλκός XIX, 15 κλείς X, 8 ; XII, 4 ; XX, 1 κλύζειν I, 2 κλυστήρ I, 2 κνήμη X, 11 ; XII, 6 ; XVII, 2 ; XX, 9 Κ νίδιος vide κόκκος κ ογχίον X, 3 κοίλα X, 5 {vide κυλά) ; κοΐλον χειρ ό ς X, 7 κοίλη φλέψ XI, 10 κοιλία XI, 3 ; 6 ; 10 ; XIII, 15 ;

INDEX VERBORVM ET NOMINVM 21 ; 23-24 ; 36 {et passim) ; XV, 1 ; XIX, 15 κοίλωμα XVI, 1 ; 7 κοινότητες II, 2 ; III, 5 ; 6 ; 7 ; 8 κοινωνία XI, 1 κόκκος Κ νίδιος XV, 2 κολαστικά (τής κακίας) [XIV, 3] κολλύριον XV, 6 κολόβωμα III, 6 ; XVI, 1 ; XIX, I ; 16 κολοκυνθίς [XIV, 2-3] ; XV, 2 κόλπος III, 6 ; X, 9 (anat.) κόμμι 'Α ραβικόν [XIV, 3] κόνδυλοι X, 7 κονδύλωμα III, 6 ; XVIII, 1 κόρη X, 4 ; XVI, 1 ; 8 {et pas­ sim) ; XIX, 7 κόρυζα XIII, 20 ; XIII, 26 κορυφή X, 2 ; XII, 1 ; XVI, 6 κορώναι XII, 1 κορωνόν X, 7 κοσμικός IX, 1 κράμβη [XIV, 2] κρανίον XI, 2 ; XII, 1 ; XVII, 1 κρεμαστήρ XI, 11 ; XIX, 13 κριθή XVI, 1 ; 5 κρικοειδής XI, 7 κρόκος [XIV, 1] ; XV, 6 κροκυδισμός XIII, 9 κροταφιαΐα XII, 1 κρόταφος X, 2 ; XII, 1 ; XIX, 8 κρυσταλλοειδές XI, 4 κτείς X, 9 κτηδών XVI, 7-8 Κ τησιφώ ντος (το) XV, 4 κυβερνήτης VIII, 4 κυβερνητική V, 3 κυβοειδές X, 3 ; ΧΠ, 7 κυδώνιον III, 3 ; [XIV, 3] κύησις XI, 11 (corr.) ; XIII, 2 κυκλοτερής XI, 7 κύκλος X, 2 ; 4 ; XVI, 7 ; ΙΟ­ Ι! ; XX, 6

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κυκνάρια XV, 6 κύλα X, 5 (corr.) κυλοιδιάω-ώ X, 5 (corr.) κύμινον XIII, 8 κυνάγκη XIII, 11 ; XVII, 2 κυνόδηκτα XV, 4 κυνόδοντες XII, 4 κυρίως XI, 1 ; XIII, 29 ; XVI, 7 κύρος (έχειν) VIII, 6 κύστις VIII, 3 ; XI, 10 ; XIII, 28 ; 34 ; XIX, 12 κύων XIX, 11 κωλική διάθεσις ΧΠΙ, 6 ; 17 ; 32 κώλον XI, 6 ; ΧΠΙ, 17 ; 32 ; XIX, 2 ; XX {passim) κωνοειδές XI, 3 κώφωσις XVII, 1 Λ λαγνεία VIII, 3 λαγών X, 8 λαγώφθαλμος III, 6 λαγώ χειλος ΠΙ, 6 λαμβδοειδής XII, 1 λάπαθον III, 3 λαρυγγοτομέω-ώ XIII, 11 λάρυγξ XI, 7 λέανσις XI, 6 λ ειεντερία XIII, 39 λειποδέρμος XIX, 10 λ ειχή ν ΧΠΙ, 44 ; XV, 3 ; XVIII, 1 λελωβη μένος [XIII, 43] λεοντίασις [XIII, 43] λέπρα [XIII, 43] ; XIII, 45-47 ; XV, 3 ; XVIII, 1 λεπτός passim ; λεπτόν έντερον XI, 6 ; XI, 9 ; XIII, 17 λεπτυντικός [XIV, 1] λεπτύνω [XIV, 1] ; med. XI, 4 ; XVII, 1 λεύκη XIII, 47 ; XV, 3 ; XVIII, 1

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INDEX VERBORVM ET NOMINVM

λευκόν (του όφθαλμοΰ) X, 4 ; XVI ipassim) λευκοφλεγματίας XIII, 31 λεύκωμα XVI, 1 ; 9 Λ εω νίδης ό Ά λεξανδρεύς IV, 3 ληθαργικός XIII, 3 λήθαργος ΧΙΠ, 8 ; ΧΙΠ, 20 ; XIII, 25 *ληνεΐον XI, 2 (corr.) *ληχηνειον XI, 2 (apparatus) λιβάνον XV, 6 Λιβύη XIII, 29 λιθίασις XIII, 32 (et passim) ; XVI, 1 ; 5 ; XIX, 6 ; 9 λιθοειδής ΧΠ, 2 λιθολάβος XIX, 12 λίθος (εν κύστει) VIII, 3 ; XIII, 1 ; 34-35 ; XV, 1 ; XIX, 12 λινοζώ στις [XIV, 1] λίνον XIX, passim λινόσπερμον XIII, 8 λιχανός X, 7 ; XIII, 34 λοβίον X, 3 λογικός III, 1 ; 8 ; IV, 1-3 ; V, 1 ; 4 ; VI, 1 ; VIII, 2 λόγος II, 1 λώβη [XIII, 43] Μ μαδαρότης XVI, 1 ; XVII, 1 μαζοί XVn, 2 μαλάχη III, 3 μανία XIII, 20 ; 24 μαστίχη [XIV, 3] μασχάλη XIX, 2 ; XX, 1 ; 8 μεθοδική III, 5 ; 8 ; IV, 3 ; μεθοδικοί II, 2 ; V, 1 ; VIII, 2 μελαγχολία XIII, 20 ; XIII, 24 μελαγχολικά XIII, 47 Μ ελάμπους I, 1 μέλαν (τού όφθαλμού) XVI (passim)

μελανίαι XVII, 2 μέλι XIII, 8 μελική ρίς XVI, 1 ; XVII, 1-2 ; XIX, 3 μελίλωτον XV, 6 Μ ενέμαχος ό Ά φ ροδισ εύς IV, 3 μέρος VII, 1-2 ; VIII, 4-5 ; X, 1-2 ; X, 11 ; XI, 1-2 ; 10 ; XVI, 6 μεσαραΐον XI, 6 ; XI, 9 ; XI, 10 μεσεντέριον XI, 6 ; XI, 9 μέσος (δάκτυλος) X, 7 ; XIII, 34 ή τού όμοιου μετάβασις II, 2 ; ΙΠ, 2-4 μεταδίδωμι I, 1 μετάθεσις III, 6 μετακάρπιον X, 7 ; ΧΠ, 5 ; XIX, 10 ; XX, 2 ; 8-9 μεταλλικά XV, 6 μεταξύτης XIX, 14 μεταφορά [XIII, 43] μετάφρενον X, 10 ; [XIV, \] μέτωπον X, 2 ; X, 3 ; XII, 1 ; XIX, 2 ; 8 μήλον III, 3 ; X, 5 (anat.) ; ΧΠ, 3 ; XX, 7 μηλωτίς XIX, 14 μήνιγξ XI, 2-4 ; XIII, 9 ; XIII, 25 ; XIX, 3-4 Μ ηνόδοτος IV, 2 μηρός X, 10-11 ; XII, 6 ; XX, 9 μήτρα XVin, 1 ; XIX, 1 μικρός (δάκτυλος) X, 7 μικροσφυξία XIII, 4 μίσυ XV, 4 Μ νασέας IV, 3 Μ νησίθεος "Αθηναίος IV, 1 μόριον V m , 6 ; X, 1-2 ; 4 ; XI, 1 μοτός XIII, 28 ; XX, 6 μουσική V, 4 μύδησις XVI, 1 ; 4 ; XVII, 2 μυδίον XIX, 10

INDEX VERBORVM ET NOMIN VM μυδρίασις XVI, 1 μυελός IX, 3 ; XI, 3 μύες IX, 2 ; X, 8 ; XI, 2 ; XX, 6 μυιοκέφαλον XVI, 1 ; 8 μυκτήρες X, 5 ; XIX, 16 μύλαι XII, 4 (corr.) μύξαι XIII, 2 μυξωτήρες X, 5 ; XI, 3 μυροβάλανον [XIV, 2] μυρμηκίαι XVIII, 1 ; XIX, 16 μυρσίνη XIX, 11 μυρσινοειδώς XIX, 2 μύσταξ X, 5 μυωπίασις XVI, 1 μύωψ XVI, 10 Ν νάρδινα XV, 6 νάρθηξ XX, 5 ναυπηγική V, 3 Ν ειλφ ος I, 2 νέκρω σις XVII, 2 νεοσύστατα XVI, 4 (corr.) νεΰρον IX, 2 ; IX, 3 ; XI, 1 (corr.) ; XI, 2 ; 5 ; 11 ; XII, 2 ; ΧΠΙ, 19 ; 22 ; 25 ; 42 νεύω V, 2 ; XI, 6 νεφέλιον XVI, 1 ; 7 νεφριτικά XV, 1 νεφριτική (φθίσις) ΧΠΙ, 29 νεφροί XI, 10 ; ΧΙΠ, 28 ; 32 ; [XIV, 1] νεωτέρα XIII, 28 νεώ τεροι XI, 4 ; XIII, 5 ; 7 ; 10 ; 31 ; νήστις XI, 6 ; XI, 9 νίτρου XIII, 8 ; XV, 4 νόθοι πλευροι X, 8 νόσημα passirn νόσος passim νοσοποιέω-ώ XIII, 4 νυκτάλωψ XVI, 1 ; 10 νύμφη X, 9 νώτα X, 10 ; XII, 4

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Ξενοφών X, 1 ξηροφαγία XIII, 36 ξηροφθαλμία XV, 6 ; XVI, 1 ; 3 ξιφ οειδής XII, 4 ξυλάνηθον XIII, 8 ξυράφιον XIX, 10 ξύρησις XIX, 1 (corr.) -2 ξυστήρ X, 3 ; XIX, 10 ξυστός XX, 6 Ο όβολιαία ΧΠ, 1 όγκος III, 6 ; IX, 2 ; 5 ; XIII, 4 ; XIX, 13 οδεύω (είς το κατά φύσιν) VIII, 4 όδονταλγία XVII, 1 οδόντες XI, 6 ; XV, 1 ; XIX, 10 όζαινα XVII, 1 ; XIX, 10 οίδημα XVI, 1-2 ; XVII, 2 οικοδομική V, 3 οίνέλαιον XX, 4 ολέκρανον X, 7 Ό λυ μ πιχό ς τε ό Μ ιλή σ ιος IV, 3 "Ομηρος I, 2 ; IX, 1 ; X, 5 ; 10 όμματα X, 4 όμοΰ VIII, 3 (corr.) ; XIX, 10 όμφαλός X, 8 ; XI, 6 ; XIX, 11 ονομασία X, 1 ; 10 όνυξ XVI, 1 οξέα XIII, 6 ; 10 οξος [XIV, 2] όξυδερκικός XV, 6 όξυσχοίνος I, 2 όπισθοτονικός XV, 3 όπισθότονος XIII, 6 ; 19 όρασις XIII, 2 ; XVI, 6 όρατικός X, 4 ; XI, 4 όρεξις XI, 6 ; ΧΠΙ, 2 ορθοπνοικός XV, 1

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INDEX VERBORVM ET NOMINVM

δρθρος XIII, 8 ορίζω VI, 1-2 όρος V, 2 ; VI, 1-2 ; 5 ορρώδης XI, 10 όρυξα III, 3 δ ρ χεις X, 9 ορχηστική V, 4 οστοΰν IX, 2 ; 4 ; X, 10 ; XI, 2 ; ΧΠ {passim) ; XVI, 6 ; XVII, 1 ; XVIII, 2 ; XIX, 34 ; 9 ; XX {passim) όστεολογέω-ώ VII, 2 όσφρησις ΧΙΠ, 2 όσφύς X, 10 ; XI, 10 ; XII, 4 δσ χεο ν III, 6 ; X, 9 ; XVIII, 1 ; XIX, 13 οσχή XI, 11 ουδέτερα VI, 5 ουλή XVI, 1 ; 9 ούραχός IX, 2 ; XI, 11 ουρήθρα X, 9 ; XIX, 11-12 ούρητήρ XI, 10 ουρον XI, 10 ; XIII, 2 ; 15 ; 22 ; 28 ; 32 {et passim) ; XIX, 12 ους X, 2-4 ; XV, 5 ; XVII, 1 ; XIX, 1 ; 16 δφθαλμία XV, 6 ; XVI, 1-2 δφθαλμικά XV, 3 ; 6 όφθαλμός I, 2 ; III, 6 ; X, 3-5 ; XII, 3 ; XV, 2 ; 6 ; XVI, ί {et passim) ; XVII, 1 ; XIX, 2 ; 6 όφίασις [ΧΠΙ, 43] ; XVII, 1 όφρΰς X, 2-4

Π πάθος passim παθολογέω-ώ VIII, 1 παθολογικόν VII, 1 παΐς XIII, 22 ; 41 παιω νία [XIV, 1] παλαιοί I, 1 ; VI, 1 ; VIII, 1 ; IX, 2 ; X, 9 ; 11 ; XIII, 5 ; 7 ; 14 ; [43 (comp.)] ; XIX, 5 ;

παλαιά XIII, 28 ; το παλαιόν 1,3 παλαιστρική V, 4 ; XX, 8 παλμός XVI, 1 παραγωγαί XVIII, 2 παραδίδωμι I, 3 παράδοσις II, 1 παρακεντέω-ώ I, 2 ; XIX, 7 ; 11 παρακίνημα XVIII, 2 παρακμή III, 6 ; ΧΙΠ, 7 ; XIII, 8 παρακοπή XIII, 9 παράλυσις XV, 3 ; XVI, 1 παράμεσος X, 7 (δάκτυλος) παραποδίζομαι ΙΠ, 5 παράρθρημα XVÜI, 2 παρεγκεφαλίς XII, 1 παρεγχέω -ώ XIII, 31 παρέγχυμα τροφής IX, 4 ; XI, 2 παρέγχυσις ΧΙΠ, 31 ; XVI, 10 παρέμπτωσις VIII, 3 ; XIII, 4 ; XVI, 1 ; 11 παρέρχομαι (είς τον βίον) V, 2 πάρεσις XIII, 32 {et passim) παρθένος X, 9 παρίσθμια XI, 5 ; XVII, 1 ; XIX, 10 παρουλίς XVII, 1 ; XIX, 10 παρω νυχία XVII, 2 πάχος XX, 4 ; 6 παχύς passim παχύνω [XIV, 1] παχύτης ΧΠΙ, 35 ; XVI, 1 ; 4 (παχέα) πεδίον X, 11 ; XII, 7 ; XVII, 2 πείρα I, 3 ; II, 1-2 ; III, 2-4 ; 8 πέλμα X, 11 πεμπταΐος XIII, 5 πεπέρι XV, 2 πεπτικός XV, 1 περ ια ίρ εσ ις Πί, 6 ; XIX, 1-2 ; 10 περίθλασις XVU, 1 ; XX, 6 περικράνιος XI, 3 ; XIX, 3-4

INDEX VERBORVM ET NOMINVM περιπίπτω I, 2 ; III, 2 περιπνευμονία XIII, 6 ; 13 ; XV, 2 περίπτω σις I, 2 περισκυθισμός XIX, 1-2 ; 8 περισσόν [XIV, 3] περιτόναιον XI, 3 ; XIII, 31 ; XIX, 13 ; XX, 9 περίττωμα XI, 6 περόνη XII, 6 ; XX, 9 πέττω XI, 9 ; XIII, 37 πέψις XI, 6 ; XIII, 2 πηξις XVI, 9 πήσις (νεύρων) XV, 3 πήχυς X, 7 ; XII, 5 ; XX, 9 πιμελή IX, 4 ; XI, 4 ; XIII, 31 ; XVI, 4 *πιτυούση [XIV, 2] πίτυρα XV, 5 πιτυρίασις XVII, 1 πλαδαρότης XVI, 1 ; 4 πλάδος XIII, 36-37 πλατυκορίασις XVI, 1 ; 10 Πλάτων XI, 1 ; XIII, 22 πλεονασμός αίματος VIII, 3 πλευρά X, 7-8 ; XI, 3 ; XII, 45 ; XX, 1 πλευριτικός XV, 1 πλευριτις XIII, 6 ; 12-13 ; XV, 2 π λευρο ν X, 8 ; XII, 4 ; ΧΙΠ, 12 ; 27 πνεύμα IX, 2-3 ; 5-6 ; X, 4 (όρατικόν π.) ; XI, 3 (όρατικόν π.) ; XI, 6 ; XIII, 1 ; 34 πνευματικοί IX, 6 πνευματόμφαλος XIX, 11 πνεύμων XI, 6-7 ; XIII, 13 ; 27 ; 29 ; [XIV, 1] πνιγμός XI, 7 ποδάγρα XIII, 20 ; 42 ; XVII, 2 ; XVIII, 1 ποδαγρικός XV, 3 ποιόν τε και ποσόν V, 2

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Π ολύειδον I, 1 πολύμορφον XII, 1-2 πολύπους XVII, 1 ; XIX, 10 πολυπραγμονέω-ώ III, 2 ; VII, 2 ; VIII, 5 πόρος IX, 5 ; X, 3 (ακουστικός π.) ; XI, 3 ; 7 ; XII, 2 (ακου­ στικός π.) ; XVI, 1 ; 11 ; XIX, 13 (σπερματικός π.) ποσθή X, 9 ; XIX, 2 ; 11 ποσθία XVI, 1 ; 5 ποΰς X, 11 ; XII, 7 ; XIII, 4243 ; XVII, 2 ; XX, 9 Π ραξαγόρας (Κώος) IV, 1 ; IX,

6 πράσον XX, 10 πρεσβύτης XVI, 2 πριαπισκω τός XX, 6 πρϊσις XIX, 2 προαίρεσις XIII, 2 προαιρετικός XI, 2 προγιγνώσκω VIII, 5 ; XIII, 9 πρόγνω σις VII, 2 προγνω στικός VIII, 5 προηγούμενα (αίτια) VIII, 2 προκαταρκτικά (αίτια) VIII, 2 ; 3 Π ρόκλος IV, 3 προοδοποιητικά [XIV, 1] πρόπτωμα XVI, 1 πρόπτωσις XVI, 1 ; 3 ; XVIII, 1 προσεχής V, 2 προσθετικός VIII, 6 πρόσφυσις XVI, 1 ; (6) πρόσωπον X, 3 ; XIII, 4 ; XVII, 1 ; XX, 1 ; 9 προτρεπτικά [XIV, 2] Π ρουσιεύς IV, 1 (vide Ά σ κ λ η πιάδης) προφυλακτικόν III, 7 πρωτοπαθέω-ώ IX, 6 ; XIII, 33 ; 42 πρώτος I, 1 ; 3 ; Π, 1 ; VI, 1 ; IX, 1 ; XIII, 3 ; 8 ; XIX, 1415 ; XX, 3-5 ; 7

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INDEX VERBORVM ET NOMINVM

πτέρνα X, Π ; XII, 7 ; XVII, 2 πτερύγιον X, 5 ; XVI, 1 ; XIX, 6 πτερυγώματα X, 3 ; 9 ; XVII, i πτηνά III, 7 πτίλω σις XVI, 1 ; 5 πυκνότης XIII, 5 ; XVI, 1 πύλαι ήπατος XI, 6 ; 10 ; 11 πυλίδες XVIII, 1 πυλωρός XI, 6 ; XI, 9 πυοποιός XV, 3-4 πυρετός XIII, 5 (et pas sim) πύρωσις XVI, 1 πύωσις XVI, 1 πω ρίασις XVI, 1 πωροκήλη XVIII, 1 ; XIX, 13 πώρος XVI, 1 ; XVII, 2 ; XVIII, 1 ; XIX, 13 πώρωσις XVIII, 2 Ρ ραγάδες XVIII, 1 ραγοειδής XI, 4 ράμμα XIX, 14 ; 16 ; XX, 5 ράμφος I, 2 ραφανηδόν XVIII, 2 ; XX, 2 ραφανίς [XIV, 2] ραφή X, 9 ; XI, 3 ; XII, 1 ; 4 ράχις X, 10 ; XI, 11 ; XII, 4 ; XX, 9 ρέον Ιν δ ικ ό ν [XIV, 2] βεΰμα XV, 5-6 ; XVI, 1 ; XVII, 1 ; XIX, 6 ; 8 γευματίζω XVI, 2 ; 4-5 ; XIX, 2 ; XX, 10 ρευματισμός XVIII, 2 ρ ή ξ ις Χ ν ί, 1 ; 11 ρητίνη XV, 4 ρητορική V, 3 βίνησις ΧΕΧ, 1-2 ρίς X, 3-5 ; XI, 6 ; XII, 3 ; XIII, 15 ; 26 ; XV, 2 ; XVI, 6 ; χ ν π , 1 ; XIX, 1 ; 9-10 ; XX, 1 Ποώδες III, 5 ; 7

ρυάς XVI, 1 ρύσωσις XVI, 1 ρυτίδωσις XVI, 1 ρωγμή XVII, 1 ; XIX, 3 Σ σάμψυχον [XIV, 1] σανδαράχη XV, 5 σάνδυκος XV, 6 σάνταλα [XIV, 1] σάρξ IX, 2 σαρκίδιον X, 9 σαρκοεπιπλοκήλη XIX, 13 σαρκοκήλη XVIII, 1 ; XIX, 13 σάρκω σις XVI, 1 σ εΐσ ις XX, 9 (corr.) Σεραπίω ν Ά λεξανδρεύς IV, 2 Σέξστος IV, 2 σημαίνω XIII (passim) σημειον XIII, 4 σημειέο-οΰμαι XIII, 5 σημείω σις ΙΠ, 1 ; 5 ; VII, 1 ; VIII, 5 ' σημειω τικόν VII, 1 ; VIII, 5 σηπεδώ ν XVI, 1 σήψ ις XVI, 4 ; XVII, 1 σιαγόνες X, 5 ; XIX, 16 σίαλον ΧΙΠ, 2 σίμω σις XVII, 1 σκαμβός XX, 2 σκαμμωνία [XIV, 2-3] ; XV, 2 σκαφοειδές (όστοΰν) XII, 7 σκέλος IX, 2 ; X, 11 ; XIX, 15 σκίρρωμα XVII, 2 σκίρρω σις XVI, 1-2 σκληρία XVI, 1 ; 4 σκληρός XIII, 43 ; XVI, 3-4 σκληρότης ΧΙΠ, 5 σκληροφθαλμία XVI, 1 ; 3 σκλήρωμα XVII, 2 σκολίω σις XX, 9 σκολοπένδριον [XIV, 1] σκόλοψ III, 6 ; VIII, 3 σκοτώματα XIII, 20 ; 23

INDEX VERBORVM ET NOMINVM σκύβαλοv XIII, 2 σκυταλίδες XII, 5 ; XX, 2 σμηκτικά XV, 3 σμιλαρίον XIX, 10 ; 16 σμίλη XIX, 9 σμύρνιον [XIV, 3] σπαθομήλη XIX, 8 σπασμός X III, 19 ; 22 ; 38 ; XVI, 1 σπέρμα τήλεω ς [XIV, 1] σπιθαμιαίος ΧΠΙ, 41 σπλήν XI, 6 ; 10 ; XIII, 1 ; 3031 ; [XIV, 1] σπληνικός XV, 1 ; XIX, 2 σπονδύλος XI, 8 ; XII, 1 ; 4 ; XX, 7 σταφυλή XV, 1 ; 8 ; XVII, 1 ; XIX, 10 σταφύλωμα XVI, 1 ; 8 ; XIX, 6 ; 10 στάχυς [XIV, 2] στέαρ ΧΠΙ, 40 ; XIX, 13 στεατοκήλη XVIH, 1 ; XIX, 13 στεάτωμα XVII, 2 στεγνόν ΠΙ, 5 ; 7 στέλλειν III, 5 στέρνον X, 8 ; XII, 4 στεφάνη XVI, 1 στεφανιαία XII, 1 ; XIX, 8 στήθος X, 8 ; σ. χειρ ό ς X, 7 ; σ .π ο δ ό ςΧ , 11 ; XI, 6 ; [XIV, 1] στοιχάς [XIV, 1] σ τοιχεϊον VÜ, 2 ; IX, 1 ; 3 ; 56 ; XIII, 3 ; XIX, 8 στόμα X, 3 ; 8 (σ. τής κοιλίας) ; XI, 6-8 ; XIII, 27 ; XV, 2 ; XIX, 14 στοματικά XV, 1 στόμαχος X, 10 ; XI, 6 ; 8 ; ΧΙΠ, 14 ; 27 ; 36 ; XV, 1 στοχαστικός V,1 ; V, 3 στραβισμός XVI, 1 στραγγουρία XIII, 34-35 στρεπτός XX, 6

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στρογγύλος XIII, 41 ; [XIV, 2] ; XVI (passim) στύραξ [XIV, 11 Στωικοί IX, 2 ; IX, 5 συγγεγυμνασμένος V, 2 σύγχυσις XVI, 1 ; 10 σύκωμα XVII, 1 σύκωσις XVI, 1 ; 4 σύλληψις XI, 11 συμπεπτικός VIH, 6 ; XV, 2 ; 4 σύμπνοια XI, 1 σύμπτωμα III, 2 ; VIII, 2 σύμπτωσις XVI, 1 ; 11 σύμφυσις XII {passim) ; XVII, 1 ; XVIII, 2 ; XIX, 6 ; XX, 9 συνάγχη XIII, 6 ; 11 ; XVÜ, 2 συναδω V, 2 ; ΧΠΙ, 18 συναίτια VIII, 2 συνάρθρωσις ΧΠ, 1 σύνδεσις XVIII, 2 συνδρομή (των συμπτωμάτων) ΠΙ, 2 ; 4 ; 8 ; VII, 2 ; VIU, 2 συνεκτικά (αίτια) VIII, 2 σύνεργά (αίτια) VIII, 2 συνεχής XIII, 5 σύνθεσις XII, 1 ; 5 ; [XIV, 1 ; 3] ; XIX, 1 συνθετισμός XIX, 1 συντεκμαίρομαι [XIV, 1] συριγξ III, 6 ; XVI, 1 ; XVII, 2 ; XIX, 14 σύρροια XI, 1 (corr.) σύστημα II, 1 ; V, 2 σφαγαί X, 6 σφαιρώματα X, 10 σφάκελος XVIII, 2 σφιγκτήρ X, 9 σφυγμός XIII, 4-5 σφυρά X, 11 ; XIII, 42 ; XX, 9 σχιδακηδόν XVIII, 2 ; XX, 2 σώζειν V, 2 σωλήν XX, 6 σω ληνιδίον XIX, 11 σώμα passim Σωρανός (ο Έ φ έσ ιος) IV, 3

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INDEX VERBORVM ET NOMINVM T

ταινία XIII, 41 ταινίδιον XIX, 6 ; XX, 5 τάραξις XVI, 1-2 τα ριχεία I, 2 ταρσός X, 4 ; X, 11 ; XII, 7 ; XX, 2 ; 9 ταύρος X, 9 τεινεσ μός XIII, 20 ; 40 τεκτονική V, 3 ; V, 4 τέλειο ς I, 3 ; III, 6 ; XVI, 11 τέλος V, 2 ; 3 ; VI, 4 τένοντες X, 2 ; 6 ; XII, 2 τερηδώ ν XVIII, 2 τέρμινθος XVII, 2 τετανικοί XV, 3 τέτανος XIII, 6 ; 19 τεταρταίος ΧΠΙ, 5 ; 10 ; 30 τετραφάρμακον XV, 4 τεΰτλον ΙΠ, 3 τήλις ΧΠΙ, 8 ; [XIV, 1] ; XV, 6 τέχνη I, 1 ; Π, 1 ; V, 1-2 ; VI, 2-4 τεχνικ ό ς I, 3 τή ρ η σ ις Π, 2 ; ΙΠ, 2 ; ΙΠ, 4 ; III, 8 τίλμα XIX, 16 τιλτός XIX, 9 ; XX, 6 τμητικά [XIV, 1] τομείς XII, 4 τοξική V, 3 τοξικά III, 7 τραγάκανθα [XIV, 2] τράγιον (corr.) III, 3 τραύμα XVIII, 2 ; XX, 6 ; 9 τραχεία αρτηρία, vide αρτηρία τράχηλος I, 2 ; X, 6 ; XI, 7-8 ; XII, 4 ; ΧΠΙ, 34 ; XVII, 2 ; XIX, 10 ; 12 ; XX, 7 τραχύνω ΧΠΙ, 33 ; [43] ; 47 τραχύς ΧΠΙ, 46 ; XVI, 3-4 τραχύτης XVI, 1 τραχώματα XV, 6 ; XVI, 4 τρ ιπλ έκ εια IX, 3 (corr.)

τρ ισ τιχία XVI, 1 ; 5 τριταΐος ΧΠΙ, 5 τρ ίχες X, 2 ; 4-5 ; XVII, 1 τρ ιχία σ ις XVI, 1 ; XIX, 3 τροφή VIII, 3 ; IX, 3 ; XI, 2 ; 6 ; 8-10 ; XIII, 8-9 (et passim) τρύπημα X, 3 τύλος XIX, 12 ; 16 τύλωσις XVI, 1 ; 4 τυμπανίτης ΧΠΙ, 31 τυφλόν εντερον XI, 6 Y όαίνη XV, 6 υαλοειδές XI, 4 ϋβωσις XX, 9 υγεία VIII, 4 ; 6 ; XIII, 3 όγιάζω V, 2 ; VIU, 6 υγιαίνω VÏÏI, 4 ; ΧΙΠ, 3 υγιεινά VI, 5 ; ύγιεινόν VU, 1 ; VIII, 4 ύγιής V, 4 ύδατίδες XVI, 1 ; XIX, 6 ύδατοειδές XI, 4 ϋδερον ΧΠΙ, 31 ύδρελαίον ΧΠΙ, 8 ; 10 ; XX, 4 ύδρεντεροκήλη XIX, 13 υδροκέφαλον XVII, 1 ; XIX, 34 υδρόμελι [XIV, 3] ύδρόμφαλος XIX, 11 ύδρώψ XIII, 31 ύλη IX, 3 ; XI, 6 ; XV, 6 υλικόν VII, 1 ύμήν XI, 3 ; XVI, 1 ; 6 ; 8 υοειδές XII, 2 ύπεναντίω σις ΠΙ, 1 ύπεξαίρεσις ΙΠ, 6 ύπερσάρκωμα XVII, 2 ύπερώα XII, 3 ; XX, 1 ύπήνη X, 5 ύπογραφή VI, 1 ύποδιαίρεσις VII, 2 ύποδοχή XI, 6

INDEX VERBORVM ET NOMINVM όποθέναρ X, 7 υποκεχυμένος I, 2 ύποκυστίς ΧΙΠ, 27 υπόπυον XVI, 1 ; 5 ; 8 υποσαρκίδιος XIII, 31 ύποσπαδίας XIX, 11 ύποσπαθισμός XIX, 1-2 ; 8 ύπόσφαγμα XVI, 1 ; 7 ύποχόνδρια X, 8 ύπόχυμα III, 6 ; 11 ; XIX, 6 ; 7 ύπόχυσις XV, 6 ; XVI, 1 ; (10) υστέρα XI, 11 ; XV, 1 υφήγησις II, 1 Φ φαγέδαινα XVII, 2 φαινόμενα Π, 2 ; III, 2 ; 5-6 ; 8 φαιός XV, 4 φακός XVII, 1 φάκωσις XVI, 1 φάλαγγες XII, 7 φαλάγγωσις XVI, 1 ; 5 φαλάκρωσις XVII, 1 φαντασία XIII, 27 ; 31 φαρμακεία I, 2 ; VII, 2 ; VIII, 6 ; XV (passim) φάρμακον I, 1 ; VIII, 5-6 ; XIII, 11 ; 27-28 ; 42 ; [XIV, 1] ; XV (passim) φαρύγεθρον XII, 2 ; XIII, 27 φάρυγξ XI, 7 φατνία XII, 3 φατνίωμα XVII, 1 φέκλα XV, 5 φθείρες XVI, 5 φθειρίασις XVI, 1 φθίσις ΧΙΠ, 20 ; 27 ; 29 ; XVI, 1 ; 10 φθοροποιός III, 7 Φ ιλΐνος Κ ώος IV, 2 φιλόσοφος V,1 ; VI, 1 φλέβες IX, 2-3 ; XI, 1-2 ; 6 ; 911 φλεβία XIII, 10

231

φλεβοτομία ΧΠΙ, 3 ; 6 (et pas­ sim) φλεβοτόμος XIX, 11 φλέγμα IX, 2 ; ΧΙΠ, 1 (et passim) φλεγμονή VIII, 3 ; XIII, 11-13 ; 17 ; 30 ; 32 (et passim) ; XVI, 1-2 (et passim) ; XVn, 2 φλύκταινα XVI, 8 φλυκτίς XVI, 1 ; XVII, 2 φρένες ΧΙΠ, 9 φ ρενίτις ΧΠΙ, 6 ; X III, 8 ; XIII, 9 ; XIII, 25 φρενιτικός XIII, 3 φύγεθλον XVII, 2 φύμα III, 6 ; XV, 4 ; XVII, 2 ; XIX, 10 φυσιολογέω-ώ Π, 1 ; V,1 ; VIII, 1 φυσιολογία II, 1 ; III, 1 ; VUI, 6 ; IX, 6 φυσιολογικόν VII, 1 φυσικός Π, 1 ; IX, 1 ; IX, 2 ; XIII, 1 (vide ένεργεία) φύσις II, 1-2 ; VIII, 1 ; 4 ; 6 ; IX, 2 ; IX, 6 ; XI, 1 ; 9 ; ΧΙΠ, 22 ; XIX, 10 ; 16 φυτά ΧΙΠ, 1 X χάλαζα XVI, 4 ; XVII, 2 χαλάζωσις XVI, 1 ; 4 χαλάω-ώ III, 5 χαλβάνη XV, 4 χαλκιτις XV, 6 χαλκοειδής XII, 7 χαλκός XV, 6 χαρακτηρίζω III, 1-2 ; 4 ; 8 χείλη III, 6 ; X, 5 ; XIX, 1 ; 16 χείμεθλον XVII, 2 χειρ X, 2 ; 7 ; 11 ; XVII, 2 ; XX, 7-9 χειρουργία I, 2 ; III, 6-7 ; νΠ , 2 ; νΠΙ, 5-6 ; [XIII, 9] ; XV, 1 ; XIX, 1 ; 3 ; 6 ; 11

232

INDEX VERBORVM ET NOMINVM

χειρουργός XIII, 34 Χ είρω ν I, 1 Χ ειρώ νειον XVII, 2 χερσαίος III, 7 χήμω σις XVI, 1 ; 7 χιτώ ν XI, 4 ; XI, Π ; XVI {passim) ; XIX, 3-4 ; 13 χλω ρός XV, 4 ; XX, 10 χο ινικ ίς XIX, 5 χοιράδες XVII, 2 ; XIX, 10 χολέρα ΧΙΠ, 6 ; XIII, 16 χολή ξανθή IX, 2 ; XI, 10 ; XIII, 1 {et passim) χολή μελαίνα IX, 2 ; XI, 10 ; ΧΙΠ, 1 {et passim) χόνδρος III, 3 ; X, 8 ; XI, 6 ; XIX, 16 ; XX, 1 χορίον XI, 11 χοροειδή ς XI, 1 χρηματίζω IX, 6 χρήσιμ ον V, 2 χρ όνια (πάθη) XIII, 6 ; 10 ; 20 χρυσό βάλανος [XIV, 2] χυλός κράμβης (ή ρόδων) [XIV, 2]

χυλός πτισάνης XI, 9 ; XIII, 40 χυμοί IX, 2 ; XIII, 1 ; 3-4 ψ ψόα XI, 10 ψοφοδεής ΧΙΠ, 24 ψυδράκιον XVI, 1 ; 6 ψ υχικόν IX, 2 ; XIII, 1 {vide ένεργεία) ψώρα XIII, 46 ; XVIII, 1 ψωρίασις XVI, 1 ψωρικόν XIX, 16 ψωροφθαλμία XV, 6 ; XVI, 1 ; 3 (lat.) Ω ωμή λύσις XIII, 8 ώμος X, 6 ; XII, 5 ; XVÏÏ, 2 ; XX, 8 ώμοπλάται X, 10 ; XII, 5 ώτικά XV, 5

TABLE DES MATIÈRES

Remerciements ................................................

vii

N otice ....................................................................

xi

I. Le Médecin et le genre isagogique . . . . xv IL A la recherche d’une doctrine : sous le signe d’Hippocrate................................ xxi III. L ’auteur et la date du tra ité .................. xxxvi - Un traité galénique ? ........................ xxxvm - Auteurs cités et datation.................... xlii - Galien et le faux M édecin................ XLV - L’auteur du Médecin, un Grec d’Égypte ? ........................................ L IV. Les sources du traité.............................. π - Les sources du Médecin : Hippocrate Ll - Les sources du Médecin : médecins et philosophes.................................... lvi - Les sources du Médecin : sources techniques.......................................... Lix V. L’unité du tra ité .................................... lxv - Une unité certaine.............................. lxv - Éléphantiasis des Grecs, Éléphantiasis des Arabes ........................................ LXIX - Le chapitre XIV Sur la composition de la meilleure purge........................ LXXVI - Conclusions sur les additions de la famille B ............................................ lxxix V

234

TABLE DES MATIÈRES

VL Histoire du texte : La tradition manus­ crite directe............................................ LXXXI - Liste des manuscrits classés par siècle lxxxii - Un archétype déjà fautif, à Lorigine de deux familles................................ lxxxiv - Étude de la famille A ........................ lxxxvi - Le prototype : le Vatican, gr. 1845 (= V ) .................................................. LXXXVI - Les descendants de V .......................... L xxxvm - Étude de la famille B ........................ x c iv - Répartition des manuscrits................ x c iv - M, S, R, T, U remontent à un modèle com m un............................................ xcv - Le groupe B1 (M, Ma, M u). xcvi xcix - Le groupe B2 (U, S, R, T ) .. VII. Tradition indirecte, éditions et fortune du Médecin............................................ cvn - La traduction latine ancienne (= vet. la t.) .................................................... cvm - La traduction latine du XIVe S. (=lat.) cix - Traductions humanistes...... cxv - Les éditions et la fortune du traité . . . c x ix - La fortune du Médecin........ cxxvi Annexe 1. Liste comparative des chapitres du Médecin d'après les manuscrits grecs. . . . cxxxv Annexe 2. Prologue des manuscrits de la famille A ..................................................cxxxvm Prologue des manuscrits de la famille B cxxxvm CONSPECTVS SlGLORVM..................................................

CXXXIX

T raduction - T exte .............................................

1

N otes C omplémentaires ....................................

107

B ibliographie .........................................................

185

N o m in v m ...........................

215

I ndex V erborvm

et

COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE OUVRAGES PARUS Série grecque dirigée par Jacques Jouanna de l’Institut professeur émérite à l’Université de Paris Sorbonne Règles et recommandations pour les éditions critiques (grec). (1 vol.). ACHILLE TATIUS. Le Roman de Leucippé Clitophon. (1 vol.),

et

APHTHONIOS. Corpus Rhet. I. Progymnasmata. APOLLONIOS DE RHODES. Argonautiques. (3 vol.). APPIEN. Histoire romaine. (6 vol. parus).

AELIUS ARISTIDE (Pseudo-) Arts rhétoriques. (2 vol.).

APSINÈS. Art rhétorique. (1 vol.).

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ALCÉE. Fragments. (2 vol.).

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LES ALCHIMISTES GRECS. (3 vol. parus).

ARCHIMÈDE. (4 vol.).

ALCINOOS. Les Doctrines de Platon. (1 vol.). ALEXANDRE D’APHRODISE. Traité du destin. (1 vol.). ANDOCIDE. Discours. (1 vol.). ANONYME DE SÉGUIER. Art du discours politique. (1 vol.). ANTHOLOGIE GRECQUE. (12 vol. parus). ANTIGONE DE CARYSTE. Fragments. (1 vol.). ANTIPHON. Discours. (1 vol.). ANTONINUS LIBERALIS. Métamorphoses. (1 vol.).

ARGONAUTIQUES ORPHIQUES. (1 vol.). ARISTÉNÈTE. (1 vol.). ARISTOPHANE. (5 vol.). ARISTOTE. De l’âme. (1 vol.). Catégories. (I vol.). Constitution d’Athènes. (1 vol.). Du ciel. (1 vol.). Economique. (1 vol.). Génération des animaux. (1 vol.). De la génération et la corruption. N1,c éd. (1 vol.). Histoire des animaux. (3 vol.). Marche des animaux - Mouvement des animaux. (1 vol.). Météorologiques. (2 vol.). Parties des animaux. (1 vol.).