Du paganisme au christianisme: L'exemple de Chypre 9782296563131, 2296563139

L'île de Chypre fut la première région romaine à être christianisée, en 45. Les IVe et Ve siècles font partie autan

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Du paganisme au christianisme: L'exemple de Chypre
 9782296563131, 2296563139

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Du paganisme au christianisme: L'exemple de Chypre
Sommaire

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Du paganisme au christianisme L’exemple de Chypre

Du même auteur Lumière à quatre feuilles, Recueil de poèmes, Nicosie, 1986. Peintures Dionysiaques, Recueil de poèmes, Nicosie, 1988. « La naissance de l’Eglise Orthodoxe Autocéphale de Chypre », in Istina, pp. 43-54, Paris, 1992. « L’Eglise de Chypre entre Constantinople et Byzance », in Byzantinische Forschungen, Bd 25, pp. 131-141, Amsterdam, 1999. Chypre Turquie. Perspective géopolitique. L’Harmattan, 2011

© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-296-56313-1 EAN : 9782296563131

Charalambos PETINOS

Du paganisme au christianisme L’exemple de Chypre

Avertissement. Dans le présent ouvrage, l’auteur s’exprime à titre personnel. Ses propos n’engagent aucune administration ou service.

Sommaire Avertissement. Abréviations. Avant-propos.

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CHAPITRE I Présentation générale. 1. Bref rappel historique. 2. Entre Rome et Byzance.

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CHAPITRE II Une Eglise orthodoxe autocéphale. a) Barnabé, le chypriote. b) Voyage de Barnabé, Paul et Marc à Chypre. c) L’Evangile selon Barnabé. 1. Le concile œcuménique de Nicée et les premières difficultés entre l’Eglise de Chypre et le patriarcat d’Antioche. a) L’Arianisme. b) Constantin et la doctrine. 2. Constantin et le christianisme. 3. Sardique : la confirmation de la position orthodoxe de l’Eglise de Chypre. 4. Le concile œcuménique de Constantinople. a) La gnose. b) Le Marcionisme. 5. Le concile œcuménique d’Ephèse et les nouvelles difficultés entre l’Eglise de Chypre et le Patriarcat d’Antioche. 6. S. Zénon, évêque de Chypre. 7. Concile de Chalcédoine.

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CHAPITRE III D’Aphrodite à la Vierge. a) Le chamanisme. b) Art païen, art chrétien. c) La symbolique des quatre saisons. CHAPITRE IV La géographie du culte. 1. La basilique de Chrysopolitissa (Sainte Vierge de la Cité d’Or). 2. La basilique de la Vierge Limeniotissa (Paphos). 3. La basilique paléochrétienne de Curium. 4. La basilique de Saint Epiphane (Salamine). 5. La basilique de Campanopetra (Salamine). 6. L’église paléochrétienne d’Amathonte. 7. La basilique de Saint Heraclidios à Tamassus. 8. La basilique de Tremithonte. 9. La basilique de Theodosiae. 10. La basilique paléochrétienne de Panayia Angeloktistos (Notre-Dame bâtie par les Anges) à Kitium. 11. Le monastère de Stavrovouni. 12. Le monastère de Saint André. 13. Le monastère d’Ayia Napa. 14. Le monastère de Saint Barnabé.

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CHAPITRE V Organisation et société cléricale. 1. Le haut clergé. 2. L’administration des biens ecclésiastiques. 3. Le clergé de la mission locale. 4. Martyrs et saints de l’Eglise de Chypre.

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Conclusion.

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Notes.

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Bibliographie.

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Sources consultées.

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ANNEXES Annexe I Canons du troisième concile d’Ephèse. Annexe II Vie de Constantin par Eusèbe (extraits). Annexe III Chypre chrétienne et byzantine. Annexe IV Délibérations du concile d’Ephèse. Annexe V Canons du Synode d’Antioche. Annexe VI Liste des empereurs romains et byzantins jusqu’à la dynastie justinienne.

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Annexe VII Décret de Gélase. Annexe VIII Le Code théodosien et le christianisme.

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Abréviations A.C.O. : Acta conciliorum oecumenicorum. B.C.H. : Bulletin de correspondance hellénique. C.O.D.: Conciliorum oecumenicorum decreta. P.G.: Patrologie grecque. P.L.: Patrologie Latine. Chypre ancien : Chypre ancien dans les sources grecques. Recueil de textes anciens sur l’histoire et l’ethnologie de Chypre

« Structure romaine de l’Etat, culture grecque et foi chrétienne : telles sont les grandes sources d’où Byzance est sortie. Seule la synthèse de la culture hellénistique et de la religion chrétienne avec la forme romaine de l’Etat a rendu possible la constitution de ce phénomène historique que nous appelons l’empire byzantin. Ce qui a permis cette synthèse, ce fut le décalage vers l’Orient du centre de gravité de l’empire romain, conséquence de la crise du IIIème siècle. Ce décalage a trouvé son expression la plus sensible dans la christianisation de l’Imperium Romanum et la fondation d’une nouvelle capitale sur le Bosphore. Ces deux événements, la victoire du christianisme et le transfert définitif du centre de l’Etat dans l’Orient hellénisé symbolisent le commencement de l’ère byzantin » Georges Ostrogorsky « Histoire de l’Etat byzantin »

Avant – propos. Il est des pays et des régions du monde qui ont une importance majeure. Tel est le cas de Chypre, un des berceaux de la civilisation européenne. Sur la route des trois continents, à la croisée des chemins, l’île de Chypre a toujours attiré les convoitises, a subi des influences diverses, a constitué un point d’encrage vers la région du Moyen orient, sur la route des grandes théories philosophiques, au cœur des religions - monothéistes ou pas - au cœur des routes maritimes de la région dominant la culture et la civilisation pendant des siècles, la Méditerranée. A la croisée des chemins, elle fut la première région romaine à être christianisée, en 45, par un des Apôtres. Toutefois, la foi chrétienne ne s’est pas imposée du jour au lendemain sans problème. Le paganisme a coexisté, pendant des siècles encore, avec la nouvelle foi. En attestent les nombreux monuments postérieurs à cette date.

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CHAPITRE I. Présentation générale. L’île de Chypre occupe une situation géographique privilégiée. Située dans l’angle nord – est de la Méditerranée, d’une superficie de 9 251 Km2, elle est la troisième île de cette mer. Plus petite que la Sicile et la Sardaigne, elle est plus grande que la Corse et la Crète. Sa côte nord se trouve à 70 Km de l’Asie Mineure et sa côte est à 103 Km de la Syrie. Le sud de l’île est séparé de l’Egypte, par une distance de 380 Km, la Grèce continentale est à 800 Km et Rhodes à 385. Cette situation géographique a fait le malheur et le bonheur de l’île : convoitée depuis l’antiquité par toutes les puissances, régionales d’abord, méditerranéennes ensuite, elle a connu une multitude d’occupants et de maîtres. Tour à tour place d’armes ou poste avancé dans la Méditerranée orientale, son paysage et ses monuments en gardent les traces. Deux massifs montagneux s’étirant d’est à l’ouest – le Troodos et le Pentadactylos – enserrent la pleine de Messaorée, grenier de l’île. Couverte des forêts méditerranéennes, la chaîne de montagnes au cœur de l’île, est la plus haute elle culmine à 1951 mètres d’altitude. Grecque par sa population depuis le deuxième millénaire avant J.-C., Chypre l’est restée, majoritairement, malgré les vicissitudes de son histoire. 1. Bref rappel historique. Chypre, par la richesse de son sol et de son sous-sol (cuivre, chrome, pyrite et amiante), par la douceur de son climat, par la beauté de ses paysages, par sa position stratégique, par sa situation géographique au carrefour des civilisations, éveilla la convoitise des peuples avoisinants ou lointains. - 15 -

Les fouilles archéologiques récentes ont montré que les premières manifestations de vie sociale à Chypre remontent à plus de 11 000 ans, c'est-à-dire au 9ème millénaire avant notre ère. Il s’agissait d’établissements humains organisés et structurés qui ont laissé une empreinte sur le terrain, découverte par les fouilles. La découverte et l’exploitation de mines de cuivre, vers le début du 3ème millénaire avant J.-C., a apporté une certaine richesse et a permis le développement du commerce avec les pays voisins. L’isolement de l’île est brisé. Elle devient une escale importante de la navigation en Méditerranée orientale. En même temps, elle devient un point de rencontre entre les civilisations du monde qui l’entoure. Les habitants de l’île sont devenus des fabricants/commerçants, construisant des navires de commerce et sillonnant la Grande Bleue. D’ailleurs, une des routes maritimes les plus fréquentées de l’antiquité, dans cette partie de la Méditerranée, est celle utilisant comme escale Chypre (1). Dans le courant du 2ème millénaire avant notre ère un événement d’une portée décisive s’est produit : il s’agit de l’arrivée des Grecs en provenance principalement de la Grèce continentale et de l’ile de Crète : des Minoens au XVIIIème siècle, des Mycéniens aux XVème et XIVème siècles avant notre ère et des Achéens à la fin du XIIIème et au XIIème siècle. Chypre est hellénisée. Elle fait depuis, partie de la civilisation grecque, contribuant à son développement et à son rayonnement dans le pourtour méditerranéen. La langue grecque est également introduite dans l’île, sous forme d’un dialecte apparenté à l’arcadien et transcrit dans une écriture syllabique propre à Chypre. Cette écriture a subsisté jusqu’au 3ème siècle avant J.-C., remplacée alors par l’alphabet grec. Depuis l’arrivée des Grecs, la civilisation et la langue grecque sont restées vivantes et dominantes sur l’île (2).

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A la fin du 4ème siècle avant J.-C., Chypre est intégrée dans le royaume d’Alexandre le Grand. Ensuite, elle fera partie du royaume hellénistique des Ptolémée d’Egypte. Chypre est intégrée à l’Empire romain en 58 av. J.-C. A partir de 22 av. J-C elle devient une province sénatoriale gouvernée par un proconsul. Elle restera romaine jusqu’au 4ème siècle. En 45 de notre ère commence la christianisation de l’île par les Apôtres Paul et Barnabé et l’Evangéliste Marc. A partir du Concile d’Ephèse de 431, l’Eglise de Chypre sera reconnue comme autocéphale (3). 2. Entre Rome et Byzance. Chypre a été conquise par les Romains en 58 avant Jésus-Christ. Durant la rivalité entre César et Pompée elle demeura dépendante de la province de Cilicie et pendant une courte période elle est passée sous la domination de ses maîtres précédents, les Ptolémée. La défaite d’Antoine à Actium et la mort de Cléopâtre ont mis fin à cette instabilité quant au sort de l’île. Elle fait désormais partie de l’Empire romain. En fait, Chypre ne présentait pour les Romains d’autre intérêt que celui d’une place d’armes, une position stratégique indispensable au maintien de leur autorité sur les régions du Proche Orient. Les IVème et Vème siècles qui nous intéressent, particulièrement, ici font partie autant de l’histoire romaine que de l’histoire byzantine et constituent une époque typique de transition avec ses continuités et ses ruptures. L’acheminement de l’imperium romain vers l’empire byzantin fut lent et progressif. L’époque précédant cette transition est marquée par des crises multiples au sein de l’Empire et ont abouti aux réformes - 17 -

de Dioclétien (système de la Tétrarchie, réforme administrative, réforme de la fiscalité, politique de romanisation, etc.). Ce processus s’est accéléré avec l’avènement de Constantin qui fait de l’Empire un monde nouveau : rompant avec le passé, il soumet à une monarchie un empire chrétien ou, plus précisément, mis en situation de l’être, car le christianisme ne s’est pas imposé du jour au lendemain, après sa reconnaissance par l’Etat. Quant à Chypre, à partir de 330 elle constitue une province du Diocèse d’Orient qui dépend de la Préfecture d’Orient. Elle est gouvernée par un consulaire envoyé d’Antioche, chef-lieu du Diocèse. L’île fut divisée en quatorze districts dont les chefs-lieux sont : Salamine (Constanteia), Kitium, Amathonte, Keryneia, Paphos, Arsinoe, Soloi, Lapethus, Ledrae, Chytri, Tamassus, Kurium (Kurion), Trémithonte et Carpasiae.

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CHAPITRE II Une Eglise orthodoxe autocéphale. Selon les Actes des Apôtres, l’Eglise de Chypre fut fondée vers le milieu du 1er siècle par saint Barnabé, natif de Chypre, et saint Paul, qui ont réussi à convertir au christianisme le proconsul romain, gouverneur de l’île, Sergius Paulus (4). Bien que l’évangélisation de l’île remonte aux temps apostoliques, la première hiérarchie cléricale sûrement attestée remonte seulement au concile de Nicée auquel prirent part les évêques insulaires (5). L’Eglise chrétienne de l’île, malgré les conditions favorables que lui procuraient son origine apostolique et le prestige de ses fondateurs, ne s’est pas imposée sans difficultés : les persécutions d’une part et la force de la foi païenne de l’autre, ont constitué des obstacles majeurs à son développement. A cet égard nous n’avons qu’à prendre l’exemple de Tychon, évêque d’Amathonte au milieu du IVème siècle, pour nous en rendre compte. Tychon, lors d’une visite à Paphos, a essayé d’éloigner le peuple de la ville des mystères et des fêtes païennes dédiés à Aphrodite (6). Même après la reconnaissance du christianisme par l’Etat, la foi païenne reste encore fortement implantée. Dans ce travail, nous allons nous consacrer plus particulièrement à l’histoire de l’Eglise de Chypre pendant les IVème et Vème siècles, nous allons voir la participation de cette Eglise aux conciles les plus importants et la façon dont elle a acquis son indépendance. La paix constantinienne n’a pas signifié pour autant une victoire facile du christianisme sur le paganisme. La nouvelle religion devait faire face aux anciennes croyances, encore très fortes, notamment dans les milieux intellectuels. Elle devait aussi affronter le danger provenant de l’intérieur, danger dû à l’interprétation différente de certains points de doctrine. - 19 -

Le christianisme antique est sorti assez rapidement d’une période doctrinalement assez fluide où des courants différents se côtoyaient et s’entrecroisaient. A mesure qu’ils se faisaient plus précis et plus exigeants, l’effort de réflexion sur les données essentielles de la foi et la volonté de les formuler en un ensemble structuré et cohérent et en un langage rationnel se faisaient sentir ; la marge de liberté dans leur interprétation est allée en se rétrécissant de plus en plus (7). Cette situation a été affrontée au moyen des conciles auxquels participait une grande partie du haut clergé de l’Empire. Pendant le concile, les participants débattaient des problèmes de l’époque et à la fin, ils soumettaient au vote les différentes propositions. La proposition qui obtenait la majorité des voix était considérée comme la vérité universelle et devait être appliquée partout (canon) (8). Les travaux des conciles n’étaient pas axés seulement sur les questions concernant la doctrine ; les évêques participants se penchaient aussi sur des problèmes généraux tels que l’organisation et la politique religieuse de l’Eglise. En fait le christianisme gagnant sa liberté veut se fixer une doctrine et une pratique bien définies et universelles. a) Barnabé, le chypriote. La christianisation de Chypre. Barnabé était un juif de la tribu de Lévi, né dans l’île de Chypre où une importante colonie juive s’était installée à l’époque d’Alexandre le Grand. Il reçut dans sa jeunesse une culture hellénique. Il vint à Jérusalem et fit partie de la première communauté chrétienne : « Joseph, surnommé par les apôtres Barnabé - ce qui veut dire fils de consolation - lévite originaire de Chypre, possédait un champ ; il le vendit, apporta l’argent et le déposa au pied des apôtres » (Actes des Apôtres IV 36-37).

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Dès lors, tout au long de ses courses apostoliques, il vécut du travail de ses mains, comme le dit saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens (IX 6). Barnabé a rencontré Paul à Jérusalem : « Barnabé l’ayant pris avec lui, le mena aux apôtres et leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur qui lui avait parlé et avec quel courage il avait à Damas prêché le nom de Jésus » (Actes des Apôtres IX 27). Les apôtres envoyèrent Barnabé à Antioche où il fit venir Paul. Ensuite, ils furent envoyés ensemble à Chypre puis dans d’autres régions, revenant ensuite à Antioche. Barnabé, accompagné de Jean-Marc, est retourné à Chypre où il, est mort en martyr. b) Voyage de Barnabé, Paul et Marc à Chypre. Barnabé, Paul et Marc se sont rendus à Antioche au printemps de l’an 45. A cette époque, une trentaine d'heures étaient nécessaires pour effectuer ce voyage, traversée toujours périlleuse à cause des conditions climatiques changeantes et les tempêtes fréquentes à cette saison de l’année. La navigation dans l’antiquité n’était possible, et en tout cas, recommandée, que pendant le printemps, l’été et une partie de l’automne - la belle saison qui allait de mai à septembre, afin d’éviter les vents qui conduisaient à la catastrophe. Pendant le restant du temps, la mer était fermée à la navigation (mare clausum), même si des navigateurs pouvaient braver les éléments pour l’appât du gain. Dans ce cas, les risques encourus étaient énormes, les possibilités de bénéfices également. Le voyage les a menés au plus grand port de Chypre, desservant la cité la plus importante de l’ile, Salamine, ville natale de Barnabé. Cette ville était très cosmopolite et abritait, entre autres communautés, une communauté juive importante. - 21 -

Pour Paul et Barnabé, ce premier voyage missionnaire durera environ quatre ans. Les Actes des apôtres racontent cette première mission des deux voyageurs aux chapitres 13 et 14 : « Or il y avait dans cette Église d'Antioche des prophètes et des hommes chargés d'enseigner : Barnabé, Syméon surnommé Niger, Lucius de Cyrène, Manahène, ami d'enfance du prince Hérode, et Saul. Un jour qu'ils célébraient le culte du Seigneur et qu'ils observaient un jeûne, l'Esprit Saint leur dit : « Détachez pour moi Barnabé et Saul en vue de l'œuvre à laquelle je les ai appelés ». Alors, après avoir jeûné et prié, et leur avoir imposé les mains, ils les laissèrent partir. Quant à eux, ainsi envoyés en mission par le Saint-Esprit, ils descendirent jusqu'à Séleucie, et de là prirent un bateau pour l'île de Chypre ; arrivés à Salamine, ils annonçaient la parole de Dieu dans les synagogues. Ils avaient Jean-Marc pour les seconder. Ayant traversé toute l'île jusqu'à Paphos, ils rencontrèrent un magicien juif, soi-disant prophète, du nom de Barjésus, qui vivait auprès du proconsul Sergius Paulus, un homme intelligent. Celui-ci fit venir Barnabé et Saul et manifesta le désir d'entendre la parole de Dieu. Ils rencontrèrent l'opposition du magicien Élymas (car ainsi se traduit son nom), qui cherchait à détourner le proconsul de la foi. Mais Saul, appelé aussi Paul, rempli de l'Esprit Saint, le dévisagea et dit : « Individu plein de toute sorte de fausseté et de méchanceté, fils du diable, ennemi de tout ce qui est juste, n'en finiras-tu pas de rendre tortueuses les voies du Seigneur qui sont droites ? Voilà maintenant que la main du Seigneur est sur toi : tu vas être aveugle, tu ne verras plus le soleil jusqu'à nouvel ordre ». Et subitement tombèrent sur ses yeux brouillard et ténèbres ; il - 22 -

tournait en rond, cherchant des gens pour le conduire par la main. Alors le proconsul, voyant ce qui s'était passé, devint croyant, vivement frappé par l'enseignement du Seigneur. Paul et ses compagnons s'embarquèrent à Paphos, et arrivèrent à Pergé en Pamphylie. Mais Jean-Marc les quitta et s'en retourna à Jérusalem ». (Actes des Apôtres, chapitre 13). On trouve également trace des voyages de Barnabé dans le Chapitre 15 des Actes des Apôtres : « Quelques hommes, venus de la Judée, enseignaient les frères, en disant: Si vous n'êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. Paul et Barnabas eurent avec eux un débat et une vive discussion; et les frères décidèrent que Paul et Barnabas, et quelques-uns des leurs, monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens, pour traiter cette question. Après avoir été accompagnés par l'Église, ils poursuivirent leur route à travers la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des païens, et ils causèrent une grande joie à tous les frères. Arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l'Église, les apôtres et les anciens, et ils racontèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux. Alors quelques-uns du parti des pharisiens, qui avaient cru, se levèrent, en disant qu'il fallait circoncire les païens et exiger l'observation de la loi de Moïse. Les apôtres et les anciens se réunirent pour examiner cette affaire. Une grande discussion s'étant engagée, Pierre se leva, et leur dit: Hommes frères, vous savez que dès longtemps Dieu a fait un choix parmi vous, afin que, par ma bouche, les païens entendissent la parole de l'Évangile et qu'ils crussent. Et Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, en leur donnant le Saint Esprit comme à nous; il n'a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi. Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n'avons pu porter? Mais c'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous - 23 -

croyons être sauvés, de la même manière qu'eux. Toute l'assemblée garda le silence, et l'on écouta Barnabas et Paul, qui racontèrent tous les miracles et les prodiges que Dieu avait faits par eux au milieu des païens. Lorsqu'ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole, et dit: Hommes frères, écoutezmoi! Simon a raconté comment Dieu a d'abord jeté les regards sur les nations pour choisir du milieu d'elles un peuple qui portât son nom. Et avec cela s'accordent les paroles des prophètes, selon qu'il est écrit: Après cela, je reviendrai, et je relèverai de sa chute la tente de David, J'en réparerai les ruines, et je la redresserai, Afin que le reste des hommes cherche le Seigneur, Ainsi que toutes les nations sur lesquelles mon nom est invoqué, Dit le Seigneur, qui fait ces choses, Et à qui elles sont connues de toute éternité. C'est pourquoi je suis d'avis qu'on ne crée pas des difficultés à ceux des païens qui se convertissent à Dieu, mais qu'on leur écrive de s'abstenir des souillures des idoles, de l'impudicité, des animaux étouffés et du sang. Car, depuis bien des générations, Moïse a dans chaque ville des gens qui le prêchent, puisqu'on le lit tous les jours de sabbat dans les synagogues. Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, et à toute l'Église, de choisir parmi eux et d'envoyer à Antioche, avec Paul et Barnabas, Jude appelé Barnabas et Silas, hommes considérés entre les frères. Ils les chargèrent d'une lettre ainsi conçue: Les apôtres, les anciens, et les frères, aux frères d'entre les païens, qui sont à Antioche, en Syrie, et en Cilicie, salut! Ayant appris que quelques hommes partis de chez nous, et auxquels nous n'avions donné aucun ordre, vous ont troublés par leurs discours et ont ébranlé vos âmes, nous avons jugé à propos, après nous être réunis tous ensemble, de choisir des délégués et de vous les envoyer avec nos bien-aimés Barnabas et Paul, ces hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ. Nous avons donc envoyé Jude et Silas, qui vous annonceront de leur bouche les mêmes choses. - 24 -

Car il a paru bon au Saint Esprit et à nous de ne vous imposer d'autre charge que ce qui est nécessaire, savoir, de vous abstenir des viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des animaux étouffés, et de l'impudicité, choses contre lesquelles vous vous trouverez bien de vous tenir en garde. Adieu. Eux donc, ayant pris congé de l'Église, allèrent à Antioche, où ils remirent la lettre à la multitude assemblée. Après l'avoir lue, les frères furent réjouis de l'encouragement qu'elle leur apportait. Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, les exhortèrent et les fortifièrent par plusieurs discours. Au bout de quelque temps, les frères les laissèrent en paix retourner vers ceux qui les avaient envoyés. Toutefois Silas trouva bon de rester. Paul et Barnabas demeurèrent à Antioche, enseignant et annonçant, avec plusieurs autres, la bonne nouvelle de la parole du Seigneur. Quelques jours s'écoulèrent, après lesquels Paul dit à Barnabas: Retournons visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir en quel état ils sont. Barnabas voulait emmener aussi Jean, surnommé Marc; mais Paul jugea plus convenable de ne pas prendre avec eux celui qui les avait quittés depuis la Pamphylie, et qui ne les avait point accompagnés dans leur œuvre. Ce dissentiment fut assez vif pour être cause qu'ils se séparèrent l'un de l'autre. Et Barnabas, prenant Marc avec lui, s'embarqua pour l'île de Chypre. Paul fit choix de Silas, et partit, recommandé par les frères à la grâce du Seigneur. Il parcourut la Syrie et la Cilicie, fortifiant les Églises ». De Salamine, Barnabé, Paul et Marc se sont rendus à Paphos, de l’autre côté de l’île. Ayant appris la présence à Paphos de trois nouveaux prédicateurs, le proconsul a voulu les rencontrer. Paphos était le centre principal du culte de Vénus/Aphrodite, à Chypre. C'était aussi la résidence du gouverneur romain. Le texte donne à ce fonctionnaire le titre de proconsul et le nom de Sergius Paulus. C'était la première - 25 -

fois que le christianisme touchait les dirigeants d’une province romaine. Sergius Paulus devint le premier Romain ayant une position importante dans la hiérarchie administrative et politique à se convertir. Marc, quant à lui, il est devenu plus tard un des collaborateurs précieux de Paul. Ce dernier écrit : «Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des instructions : s'il vient chez vous, faites-lui bon accueil.» (Colossiens 4, 10). Il faut également noter que ce voyage effectué par Paul à Chypre était aussi son dernier dans l’île, contrairement à Barnabé et Marc. c) L’Evangile selon Barnabé. Depuis la parution d’un Evangile associé au nom de Barnabé, la polémique n’a cessé d’enfler. Comme le dit Fr. Jacques Jomier dans son article intitulé « L’Evangile de Barnabé, à propos d’un apocryphe », paru dans la revue Esprit et Vie, numéro 22, du 18 novembre 1999, cet Evangile est très contesté : « En 1977, un texte d'évangile apocryphe avait été publié à Paris, chez Beauchesne, avec une traduction française, des notes et une étude très approfondie ; le titre de l'ouvrage en précisait le sujet : « Evangile de Barnabé, Recherches sur la composition et l'origine ». Plutôt que de présenter simplement la recension de l'ouvrage, nous voudrions signaler ici les principales implications d'une affaire qui n'a pas fini de faire parler d'elle. Sous sa forme actuelle, cet évangile existe seulement depuis quatre siècles. Diverses hypothèses ont été émises à son sujet. Le texte portait-il en lui la marque de positions judéochrétiennes des débuts de l'Eglise ? Des couches anciennes seraient-elles restées visibles dans le texte malgré les remaniements opérés par des rédacteurs successifs ? Bref nous - 26 -

sommes en face d'une énigme qui pourrait être nommée « l'affaire de l'Evangile selon Barnabé ». Enfin, de bons connaisseurs de l'histoire de l'Espagne après la reconquista veulent, avec raison semble-t-il, rattacher cette affaire à la littérature de résistance des morisques face à l'inquisition ; elle serait à mettre parmi les forgeries bien connues en Espagne datant de cette époque. Mais le plus clair de son histoire est qu'il a été adopté peu à peu par la propagande musulmane et depuis une cinquantaine d'années, il est utilisé assez largement. Il sert même en France à des propagandistes pour convertir des chrétiens à l'islam ». Le nom de Barnabé est associé à un Evangile apocryphe dans le Décret de Gélase. Cet Evangile est dans la liste des Evangiles rejetés par l’Eglise. Toutefois, nous ne disposons pas du texte de cette époque. En 1977, un texte d'évangile apocryphe avait été publié à Paris, chez Beauchesne, avec une traduction française, des notes et une étude très approfondie ; le titre de l'ouvrage en précisait le sujet : « Evangile de Barnabé, Recherches sur la composition et l'origine ». Selon toute vraisemblance, ce texte raconte une « vie musulmane » du Christ, considéré comme un prophète – égal aux autres prophètes – qui annonce la venue de Mahomet. Le cadre général du texte est le cadre défini par les quatre Evangiles canoniques, mais il les pastiche. Comme le précise Jomier « En outre, la doctrine générale sur le Christ, d'après Barnabé, était celle de l'islam. Le texte retenait l'affirmation de la naissance virginale de Jésus ; Jésus était né de Marie, sans le secours d'un père. Il effectuait des miracles « avec la permission de Dieu » comme l'enseigne le Coran. L'auteur reprenait des épisodes évangéliques et un point très net manifestait qu'il en dépendait entièrement ».

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Dans le chapitre 39 de l’évangile de Barnabé nous avons la formule musulmane de la foi : « Il n'y a qu'un seul Dieu et Mohammad est le Messager de Dieu ». Dans le chapitre 42 de l’évangile, Jésus n'est que le précurseur du Messie : « Je ne suis pas digne de dénouer les courroies de chaussures ni les lacets des sandales du Messager de Dieu que vous appelez le Messie. Celui-là est fait avant moi et viendra après moi ». Il est clair que Mohammad a le rôle principal dans l'histoire du salut et le texte rapporte le sacrifice d'Abraham en précisant bien que le fils sacrifié allait être Ismaël. Jésus affirme dès lors que la promesse à Abraham a été faite au sujet d'Ismaël et non d'Isaac (ch. 43-44). Jésus est un prophète ordinaire. Jacques Jomier précise encore : « Bref, que l'évangile de Barnabé sous sa forme actuelle ait été rédigé d'après les évangiles canoniques et s'en inspire est évident. Il leur est donc postérieur. En outre, dans ses exposés de spiritualité cet évangile reproduit des thèmes qu'il serait invraisemblable de trouver avant une date tardive, mettons le milieu du Moyen Age, et en Occident. Ainsi la topographie des régions de l'enfer ou encore la division des péchés capitaux devenus péchés mortels, ou la description des phénomènes qui précéderont le Jugement dernier. Enfin, la critique des prêtres et des religieux se fait en des termes qui rappellent beaucoup plus l'anticléricalisme occidental médiéval que la vie au Proche-Orient à l'époque à l'époque de Jésus. Même la façon de parler des pharisiens remontant à l'époque d'Elie vise avant tout les religieux occidentaux de la fin du Moyen Age et de la Renaissance ». Afin de permettre au lecteur de se forger une idée plus précise de la nature de l’Evangile de Barnabé, et vue l’importance que la polémique a prise dans le domaine de l’interprétation de cet Evangile apocryphe, nous publions ciaprès des extraits de ce texte.

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Prologue de l'évangile de Barnabé: (Source : www.aimer-jesus.com/) Barnabé, apôtre de Jésus Nazaréen appelé Christ, à tous ceux qui habitent sur la terre, souhaite paix et consolation. Très chers, le grand et admirable Dieu nous a visités, ces jours passés, par son Prophète Jésus Christ, en grande miséricorde de doctrine de doctrine et de miracles. C'est pourquoi beaucoup, trompés par Satan, sous couvert de pitié, prêchent une doctrine fort impie: ils appellent Jésus fils de Dieu, rejettent la circoncision, alliance de Dieu à jamais, et autorisent toute sorte d'aliments impurs. Parmi eux, Paul lui-même est dans l'erreur, et je n'en parle pas sans douleurs. En conséquence, je vous écris cette vérité que j'ai vue et entendue en fréquentant Jésus, afin que vous soyez sauvés, que vous vous ne soyez pas trompés par Satan et que vous ne périssiez pas dans le jugement de Dieu. Gardez-vous donc de quiconque vous prêche une doctrine nouvelle opposée à ce que je vous écris, pour que vous soyez sauvés à jamais. Que le grand Dieu soit avec vous et vous garde de Satan et de tout mal! Amen. Chapitre 10. A trente ans, comme il me l'a dit, Jésus était allé ramasser des olives avec sa mère sur le mont des oliviers. A l'heure de midi, tandis qu'il priait, parvenu aux mots: “Seigneur, avec miséricorde …”, il fut environné d'une immense splendeur et d'une multitude infinie d'anges qui disaient: “Dieu soit béni!” L'ange Gabriel lui présenta un livre comme un brillant miroir. Ce livre descendit dans le cœur de Jésus, il y apparut ce que Dieu a fait, ce que Dieu a dit, ce que Dieu veut, si bien que toute chose fut pour lui nue et ouverte, ainsi qu'il me l'a dit: “crois-le, Barnabé, je connus chaque Prophète, si bien que tout ce que je dis sort de ce livre”. - 29 -

Après cette vision, se sachant Prophète envoyé à la maison d'Israël, Jésus révéla tout à Marie, sa mère, en lui disant qu'il devait souffrir grande persécution pour l'honneur de Dieu et qu'il ne pouvait plus être continûment avec elle pour la servir. A ces paroles, Marie répondit: “Avant ta naissance, fils, tout me fut annoncé. Aussi que le saint nom de Dieu soit béni!” Ce jour-là, Jésus quitta donc sa mère pour s'adonner à sa mission prophétique. Chapitre 35. Jésus quitta Jérusalem et s'en alla au désert de l'autre côté de Jourdain. Quand ils furent assis, ses disciples lui dirent : «Maître, dis-nous comment Satan tomba par orgueil, car nous avons entendu dire qu'il tomba par désobéissance, et dis-nous pourquoi il pousse toujours l'homme à faire le mal». Jésus répondit : «Dieu ayant créé une masse de terre et l'ayant laissée pendant 25 000 ans sans rien faire d'autre, Satan, qui était en quelque sorte prêtre et chef des anges, sut, grâce à la grande intelligence qu'il avait, que Dieu devait tirer de cette masse de terre cent quarante-quatre mille marqués du caractère de la prophétie ainsi que le Messager de Dieu dont il avait créé l'âme soixante mille ans avant quoi que ce fût . Aussi dans son indignation, il excitait les anges : «Prenez garde, disait-il, un jour Dieu voudra que nous révérions cette terre. Mais considérez que nous sommes esprit et que par conséquent il ne convient pas de le faire. » Aussi beaucoup se séparèrent de Dieu. Alors, un jour que tous les anges étaient rassemblés, Dieu dit : « Vite, que chacun de ceux qui me considèrent comme leur Seigneur révèrent cette terre. Ceux qui aiment Dieu se prosternèrent, mais Satan et ceux qui pensaient comme lui dirent : «Seigneur, nous sommes esprit, et par conséquent il n'est pas juste que nous révérions cette boue. » A peine avait-il dit cela que Satan devint horrible, épouvantable à voir, et que ses par- 30 -

tisans devinrent hideux, car, à cause de leur rébellion, Dieu leur reprit cette beauté qu'il leur avait donnée en les créant. Relevant la tête, les saints anges virent le monstre épouvantable qu'était devenu Satan ainsi que ses partisans, et de frayeur, ils tombèrent la face contre terre. Satan dit alors : « Seigneur, tu m'as rendu hideux injustement, mais j'en suis content, car je veux détruire tout ce que tu feras.» Les autres diables dirent : « Ne l'appelle pas Seigneur, Lucifer, parce que c'est toi le Seigneur. » Dieu dit alors aux partisans de Satan : « Repentez-vous et reconnaissez-moi pour Dieu, votre créateur. » Ils répondirent : « C'est de t'avoir révéré que nous nous repentons parce que tu n'es pas juste, tandis que Satan est juste et innocent. C'est lui notre Seigneur. » Dieu dit alors, « Allez-vous en loin de moi, maudits, car je n'ai pas pitié de vous. » En s'en allant, Satan cracha sur cette masse de terre ; ce crachat, l'ange Gabriel l'enleva avec un peu de terre. De là vient le nombril que l'homme a maintenant dans le ventre. Chapitre 38. Jean répondit : « Maître, cesserons-nous de nous laver alors que Dieu l'a commandé par Moïse? Jésus répliqua : « Pensezvous que je sois venu détruire la loi et les Prophètes? Je vous le dis en vérité, vive Dieu, je ne suis pas venu la détruire, mais au contraire l'observer. Tout Prophète en effet a observé la loi de Dieu ainsi que tout ce que Dieu a dit par les autres Prophètes. Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, personne ne peut plaire à Dieu s'il abolit un précepte pour infime qu'il soit. Il sera lui aussi infime dans le royaume de Dieu, et même il n'y aura plus aucune part. Bien plus, je vous le dis, une seule syllabe de la loi ne peut être abolie sans péché très grave. Au contraire, je vous avertis qu'il faut observer ce que Dieu dit par le Prophète Isaïe :

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« Lavez-vous et soyez purs. Otez vos pensées de mes yeux» Je vous le dis en vérité, toute l'eau de la mer ne lavera pas celui qui aime de cœur les iniquités. Et je vous dis encore que personne ne fera une prière agréable à Dieu s'il n'est pas lavé; au contraire, il chargera son âme d'un péché semblable à l'idolâtrie. Croyez-moi, si l'homme priait Dieu comme il convient, il obtiendrait certainement autant qu'il demande. Rappelez-vous Moïse, serviteur de Dieu, qui, par la prière flagella l'Egypte, ouvrit la Mer Rouge et y engloutit Pharaon avec son armée. Rappelez-vous Josué qui fit arrêter le soleil; Samuel qui épouvanta l'innombrable armée des Philistins ; Elie qui fit pleuvoir le feu du ciel ; Elisée qui ressuscita un mort; et tant d'autres Prophètes saints qui obtenaient tout ce qu'ils demandaient par la prière. C'est que ceux-là, à la vérité, ne se recherchaient pas eux-mêmes dans leurs propres affaires; ils ne recherchaient que Dieu et son honneur. Chapitre 39. Jean dit alors : «Tu as bien parlé, Maître, mais il nous reste encore à savoir comment l'homme pécha par orgueil. Jésus répondit : Quand Dieu eut chassé Satan, et que l'ange Gabriel eut purifié cette masse de terre où Satan avait craché, Dieu créa tout ce qui vit, aussi bien les animaux qui volent que ceux qui marchent et ceux qui nagent, et il orna le monde de tout ce qu'il a. Un jour, Satan s'approcha des portes du paradis et, voyant les chevaux manger de l'herbe, il leur annonça que, si cette masse de terre recevait une âme, ils en souffriraient beaucoup et qu'ils feraient bien de piétiner cette terre de façon qu'elle ne soit plus bonne à rien. Les chevaux s'ébrouèrent et se disposèrent avec fougue à ravager cette terre qui gisait parmi les lis et les roses. Alors Dieu donna le souffle au morceau de terre impure sur laquelle se trouvait le crachat de Satan que Gabriel avait enle- 32 -

vé de la masse, et il suscita le chien. Celui-ci en aboyant, remplit de peur les chevaux qui s'enfuirent. Puis Dieu donna l'âme à l'homme, tandis que tous les saints anges chantaient. : «Béni soit ton saint nom, ô Dieu notre Seigneur ». Se dressant sur ses pieds, Adam vit, en l'air, une inscription brillante comme le soleil. Elle disait : « Il n'y a qu'un seul Dieu, et Muhammad est le Messager de Dieu » Alors Adam ouvrit la bouche et dit : « Je te rends grâces, Seigneur mon Dieu, d'avoir daigné me créer, mais dis-moi, je t'en prie, que signifient ces paroles : Muhammad Messager de Dieu ? » Y a-t-il eu d'autres hommes avant moi ? » Dieu répondit alors : « Sois le bienvenu, ô mon serviteur Adam! Je te le dis, tu es le premier homme que j'ai créé. Celui que tu as vu est ton fils qui se tiendra prêt pendant bien des années à venir au monde. Il sera mon Messager. C'est pour lui que j'ai tout créé, Il donnera lumière au monde quand il viendra. Son âme se trouve dans une splendeur céleste ; elle y fut mise soixante mille ans avant que je fasse quoi que ce soit. Adam pria Dieu en disant : « Seigneur, inscris cela sur mes ongles » Dieu inscrivit alors cela sur les pouces du premier homme. Sur l'ongle de la main droite, il y avait : « Il n'y a qu'un seul Dieu»; et sur l'ongle de la main gauche, il y avait : Muhammad est le Messager de Dieu ». Aussi, avec une affection paternelle, le premier homme baisa ces mots. Il se frotta les yeux et dit : « Béni soit le jour où tu viendras au monde!» Voyant que l'homme était seul, Dieu dit : «Il n'est pas bon que l'homme soit seul ». Il le fit donc dormir. Lui ayant pris une côte du côté du cœur et ayant rempli cet endroit de chair, il fit de cette côte Eve et il la donna à Adam pour épouse. Il les fit tous deux maîtres du paradis et leur dit : «Voici, je vous donne tous les fruits à manger, sauf les pommes et le blé ». A leur sujet il dit : «Gardez-vous absolument de manger de ces fruits, car vous en deviendriez si impurs que je ne souffrirais pas que

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vous restiez ici. Je vous chasserais dehors et vous souffririez de grandes misères. Chapitre 40. L'ayant appris, Satan fut pris de rage. Il s'approcha de la porte du paradis que gardait un horrible serpent dont les jambes étaient comme celles d'un chameau et dont les ongles des pieds coupaient de tous côtés comme rasoir. L'ennemi lui dit : « Laisse-moi entrer dans le paradis. » Le serpent répondit : « Comment te laisserai-je entrer puisque Dieu m'a commandé de te chasser ? » Satan reprit : « Voici donc comme Dieu t'aime : il t'a placé hors du paradis à la garde de ce tas de boue qu'est l'homme. Mais si tu me fais entrer dans le paradis, je te rendrai si épouvantable que chacun te fuira et qu'ainsi tu pourras aller et venir à ton gré. Le serpent dit alors : « comment te ferai-je entrer ? » Satan reprit : « Tu es grand ; ouvre donc la bouche; j'entrerai dans ton ventre; ainsi, quand tu entreras dans le paradis, tu me mettras à côté de ces deux tas de boue qui marchent depuis peu sur la terre». Le serpent le fit donc et il mit Satan auprès d'Eve, car Adam, son mari, dormait. Satan se présenta à la femme comme un bel ange et lui dit : « Pourquoi ne mangez-vous pas de ces belles pommes et aussi du blé ? » Eve répondit : « Notre Dieu nous a dit que si nous en mangeons, nous deviendrons impurs et il nous chassera du paradis. » Satan reprit : « Ce n'est pas vrai. Tu dois savoir que Dieu est méchant et envieux. C'est pour cela qu'il ne veut pas d'égaux et qu'il considère chacun comme un esclave. C'est afin que vous ne deveniez pas ses égaux qu'il vous a parlé ainsi, mais si toi et ton compagnon vous suivez mon conseil, vous mangerez de ces fruits comme les autres et vous ne serez pas soumis aux autres. Au contraire, vous connaîtriez le bien et le mal comme Dieu et vous ferez ce qui vous plaira, car vous serez égaux à Dieu. » Alors Eve en prit et en - 34 -

mangea. Son mari une fois réveillé, elle lui rapporta tout ce que Satan lui avait dit. Il prit ce que son épouse lui présentait et en mangea. Ensuite, tandis que la nourriture descendait, il se souvint des paroles de Dieu, et voulant arrêter la nourriture, il se mit la main dans la gorge, là où tout homme en a la marque. Chapitre 41. Alors ils prirent conscience qu'ils étaient tous deux nus. De honte, ils prirent des feuilles de figuier et se firent un vêtement pour leurs parties secrètes. Dans l'après-midi, voici que Dieu se révéla. Il appela Adam : « Adam où es-tu ? » Il répondit : « Seigneur, je me suis soustrait à ta présence, car nous sommes nus, moi et mon épouse, et nous avons honte de nous présenter devant toi. » Dieu dit alors : «Et qui vous a dépouillés de l'innocence, sinon le fruit que vous avez mangé ? C'est à cause de lui que vous êtes impurs et que vous ne pourrez plus rester ici dans le paradis. Adam répondit : « Seigneur, si j'en ai mangé, c'est que l'épouse que tu m'as donnée m'a prié de manger. » Dieu dit alors à la femme : « Pourquoi as-tu donné à ton mari cette nourriture-là? » Eve répondit : « Si j'en ai donné, c'est que Satan m'a trompée.» -« Et comment ce réprouvé est-il entré ici ?» dit Dieu. Eve répondit : « Un serpent qui se tient à la porte de Tramontane l'a porté près de moi. » Dieu dit alors à Adam : « Parce que tu as écouté la voix de ton épouse et que tu as mangé le fruit, que maudite soit la terre dans tes œuvres. Elle produira pour toi ronces et épines et c'est à la sueur de ton front que tu retourneras en terre». Puis il s'adressa à Eve en disant : « Et toi qui as écouté Satan et qui as donné la nourriture à ton mari, tu te tiendras sous l'empire de l'homme, il te prendra pour servante et tu enfanteras dans la douleur». Ayant appelé le serpent, Dieu appela aussi l'ange Michel, celui qui tient l'épée de Dieu. Il dit : « Chasse d'abord du paradis ce serpent scélérat, et une fois dehors, coupe-lui les - 35 -

jambes. S'il veut marcher, il traînera son ventre par terre ». Puis Dieu appela Satan qui vint en riant. Il lui dit : « Pourquoi, réprouvé que tu es, les as-tu trompés et les as-tu fait devenir impurs ? Je veux que chacune de leurs souillures, ainsi que celles de leurs enfants qui feront vraiment pénitence et me serviront, entre, en sortant de leur corps dans ta bouche, ainsi tu seras gavé de souillures ». Satan poussa alors un horrible rugissement de dit : « Puisque tu veux me faire toujours plus de mal, moi je ferai encore tout ce que je pourrai. » Dieu dit alors : « Maudit, va-t’en hors de ma présence. » Et Satan s'en alla. Puis Dieu dit à Adam et Eve qui pleuraient tous deux : « Sortez du paradis et faites pénitence. Et que votre espérance ne se perde pas, car j'enverrai votre fils, si bien que votre semence enlèvera à Satan l'empire du genre humain. Car je donnerai tout à celui qui viendra comme mon Messager ». Dieu se cacha et l'ange Michel les chassa du paradis. Adam s'étant retourné, vit écrit sur la porte : « Il n'y a qu'un seul Dieu et Muhammad est le Messager de Dieu. » Alors, en pleurant, il dit : « Plaise à Dieu, mon fils, que tu viennes vite nous tirer de misère. » Et c'est ainsi, dit Jésus, que Satan et Adam péchèrent par orgueil, l'un en méprisant l'homme et l'autre en voulant s'égaler à Dieu. Chapitre 43. Jésus redescendit vers les huit disciples qui l'attendaient en bas. Et les quatre racontèrent aux huit tout ce qu'ils avaient vu. Aussi dès ce jour-là, tout doute concernant Jésus quitta leur cœur, sauf pour Judas Iscariote qui ne croyait à rien. Jésus s'assit au pied de la montagne et ils mangèrent des fruits sauvages, car ils n'avaient pas de pain. André dit alors : « Tu nous as dit beaucoup de choses au sujet du Messie, mais, de grâce, dis-nous tout clairement. » Et les autres disciples le prièrent de la même manière. - 36 -

Jésus dit alors : « Quiconque agit, agit pour une fin dans laquelle il se complaît. Mais je vous le dis en vérité, Dieu, parce qu'il est parfait, n'a pas besoin de se complaire en quoi que ce soit, étant donné que c'est en lui qu'il se complaît. C'est pourquoi, voulant agir, il créa avant tout l'âme de son Messager, pour lequel décida de tout créer, afin que les créatures prennent en Dieu joie et béatitude et que son Messager se réjouisse dans toutes les créatures qu'il a mises à son service. Et pourquoi cela, sinon parce qu'il l'a voulu ainsi ? Je vous le dis en vérité, les Prophètes, quand ils sont venus, n'ont apporté l'empreinte de la miséricorde de Dieu qu'à une seule nation : leurs discours ne s'adressaient qu'au peuple auquel ils étaient envoyés. Mais quand le Messager de Dieu viendra, Dieu lui donner une sorte de sceau de sa main, si bien qu'il portera le salut et la miséricorde à toutes les nations du monde qui recevront sa doctrine. Il viendra avec puissance sur les impies et il détruira si bien l'idolâtrie que Satan sera confondu. C'est ce que Dieu promit à Abraham en disant : « Voici que je bénirai dans ta semence toutes les tribus de la terre. Et de même que tu as mis en pièces les idoles, Abraham, ainsi fera ta semence ». Jacques reprit : « Maître, dis-nous donc au sujet de qui est faite cette promesse? Car les Juifs disent que c'est au sujet d'Isaac et les Ismaélites au sujet d'Ismaël.» Jésus répondit : «David, de qui est-il le fils et de quelle race ?» Jacques dit : « D'Isaac, parce qu'Isaac fut le père de Jacob et que Jacob fut le père de Judas, de la race de qui est David. » Jésus reprit alors : « Et le Messager de Dieu, quand il viendra, de quelle race descendra-t-il? » Les disciples répondirent : « De David.» Alors Jésus dit : « Vous vous trompez, car David en esprit l'appelle « Seigneur» en disant : « Dieu a dit mon Seigneur : assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds. Dieu établira ton sceptre qui dominera au milieu de tes ennemis.» Si le Messager de Dieu, que vous appelez Messie était fils de David, comment David - 37 -

l'appellerait-il Seigneur ? » Croyez-moi, c'est en vérité que je vous dis : la promesse fut faite au sujet d'Ismaël, et non pas d'Isaac. » Chapitre 54. Après ces signes, il y aura quarante années de ténèbres sur le monde, Dieu seul étant vivant, à qui soient honneur et gloire éternellement. Passés ces quarante ans, Dieu donnera la vie à son Messager, qui surgira comme le soleil, mais aussi resplendissant que mille soleils. Il siégera et ne parlera pas parce qu'il sera comme ravi hors de lui-même. Dieu ressuscitera ses quarante anges préférés qui rechercheront le Messager de Dieu, et l'ayant vu ils lui feront escorte des quatre côtés. Puis Dieu donnera la vie à tous les anges qui viendront tourner autour du Messager de Dieu comme des abeilles. Ensuite Dieu donnera la vie à tous les Prophètes qui, un par un à la suite d'Adam, iront baiser la main du Messager de Dieu, en se recommandant à lui. Dieu donnera ensuite la vie à tous les élus qui crieront : “ Muhammad, souviens-toi de nous.” A leur voix, la pitié du Messager de Dieu s'éveillera et il pensera à ce qu'il doit faire craignant pour leur salut. Puis Dieu, donnera la vie à toutes les choses créées et elles retourneront à leur existence, avec cette différence que chacune sera douée de la parole. Ensuite Dieu donnera la vie à tous les réprouvés. En les voyant réapparaître, toutes les créatures de Dieu prendront peur à cause de leur hideur et crieront : “ Que ta miséricorde ne nous abandonne pas, Seigneur notre Dieu!” Ensuite, Dieu fera ressusciter Satan. A sa vue toutes les créatures seront comme morte de crainte à cause de la forme horrible qu'il présentera. Plaise à Dieu, dit Jésus, qu'en ce jour-là, je ne voie un tel monstre! Seul, le Messager de Dieu ne craindra pas ces figures, car il ne craindra que Dieu.” Alors l'ange qui nous aura ressuscités au son de sa trompette, fera encore retentir la - 38 -

trompette pour dire : “ Venez au jugement, ô créatures, car votre créateur veut vous juger!” Un trône resplendissant apparaîtra au milieu du ciel, au-dessus de la vallée de Josaphat, et une nuée blanche viendra sur lui. Alors les anges crieront : “ Sois béni, notre Dieu, toi qui nous a créés et qui nous a sauvés de la chute de Satan!” Le Messager de Dieu craindra alors car il saura que personne n'a aimé Dieu autant qu'il faut. En effet, celui qui veut obtenir un denier d'or doit donner soixante minutes en échange, et s'il n'a qu'une seule minute, il ne peut pas la changer. Mais si le Messager de Dieu craint alors, que feront les impies qui sont remplis de perversité? Chapitre 55. Le Messager de Dieu s'en ira rassembler tous les Prophètes. Il leur parlera et les priera d'aller prier Dieu avec lui pour les fidèles. Alors, par crainte, chacun s'excusera. Vive Dieu, je n'irais pas moi-même en sachant ce que je sais. Ce que voyant, Dieu remettra en mémoire à son Messager qu'il a tout créé pour son amour. Aussi la crainte le quittera-t-elle et, avec amour et révérence, il se rendra auprès du trône pendant que les anges chanteront : “ Que ton saint nom soit béni, ô notre Dieu! ” Quand il se sera approché du trône, Dieu se révélera à son Messager, comme l'ami se révèle à l'ami quand ils ne se sont pas vus depuis fort longtemps. Le Messager de Dieu parlera d'abord en disant : “ Je t'adore, je t'aime, mon Dieu, et je te remercie de toute mon âme et de tout mon cœur, parce que tu as daigné me créer pour être ton serviteur. C'est pour mon amour que tu as tout fait, afin que je t'aime pour tout, en tout et par-dessus tout. C'est pour cela que toute créature te rend grâces, ô mon Dieu. ” Toutes les choses créées par Dieu diront alors : “ Nous te rendons grâces, Seigneur, et nous bénissons ton saint nom.” je vous le dis en vérité, en ce temps-là, les démons et les réprouvés ainsi que Satan pleureront tellement qu'il sortira plus d'eau des yeux d'un seul d'entre eux que n'en - 39 -

a le Jourdain. Et ils ne verront plus Dieu. Dieu dira à son Messager : “ Tu es le bienvenu, ô mon fidèle serviteur. Aussi demande-moi tout ce que tu veux et tu l'obtiendras.” Le Messager de Dieu répondra : “ Seigneur, je me souviens qu'en me créant, tu dis que tu voulais faire le paradis et le monde, les anges et les hommes par amour pour moi, afin qu'ils te glorifient par moi, ton serviteur. Seigneur Dieu, miséricordieux et juste, je te prie donc de te souvenir de la promesse que tu fis à moi, ton serviteur.” Dieu répondra comme un ami qui plaisante avec son ami. Il dira : “As-tu des témoins de cela, mon ami Muhammad? ” Avec révérence, il dira alors : “ Oui, Seigneur.” Dieu répondra : “ Gabriel, va les appeler!” L'ange Gabriel viendra vers le Messager de Dieu et dira : “ Quels sont tes témoins, Seigneur? ” Le Messager de Dieu répondra : “ Ce sont Adam, Abraham, Ismaël, Moïse, David et Jésus fils de Marie.” L'ange s'en ira alors et appellera les susdits qui s'approcheront avec crainte. Quand ils se seront présentés, Dieu leur dira : “ Vous souvenez-vous de ce que dit mon Messager ? Ils répondront : “ De quoi, Seigneur ? ” Dieu dira : “ Que j'ai tout fait par amour pour lui, afin que tous me louent par lui.” Chacun répondra : “ Il y a avec nous trois témoins meilleurs que nous, Seigneur.” Dieu demandera alors : “ Qui sont ces trois témoins ? ” Moïse dira alors : “ Le premier, c'est le livre que tu m'as donné.” David répondra : “ Le second, c'est le livre que tu m'as donné.” Celui qui parle dira alors : “ Tout le monde, trompé par Satan, disait que j'étais ton fils et ton compagnon, mais le livre que tu m'as donné dit, ce qui est vrai, que je suis ton serviteur, et reconnaît tout ce que dit ton Messager.” Le Messager de Dieu déclarera alors : “C'est ce que dit le livre que tu me donnas, Seigneur”. Après ces paroles du Messager de Dieu, Dieu déclarera : “ Tout ce que je viens de faire, je l'ai fait pour que chacun sache combien je t'aime. ” Cela dit, Dieu donna à son Messager un livre où sont inscrits tous les élus de Dieu et toutes les créatures révèreront Dieu en - 40 -

disant : “A toi seul, notre Dieu, soient louange et honneur, parce que tu nous as données à ton Messager !” Chapitre 71. (…) Cela dit, Jésus imposa les mains aux infirmes, qui recouvrèrent la santé. Et ils glorifiaient Dieu en disant : «Dieu nous a visités par son Prophète! Dieu nous a envoyé un grand Prophète.» Chapitre 82. Alors Jésus poussa un soupir et pleura en disant : «Malheur à toi, Judée, qui te glorifies en disant : Temple de Dieu! Temple de Dieu! Et qui vis comme si Dieu n'existait pas, toute adonnée aux plaisirs et aux intérêts de ce monde! Car, au jour du jugement, cette femme te condamnera à l'enfer puisqu'elle cherche à savoir comment trouver grâce et miséricorde auprès de Dieu!» Puis se tournant vers la femme, il dit : «Femme, vous Samaritains, vous adorez ce que vous ne savez pas, mais nous, Hébreux, nous adorons ce que nous savons. En vérité je te le dis, Dieu est esprit et vérité, et il faut l'adorer en esprit et en vérité. Car la promesse de Dieu s'accomplit à Jérusalem dans le temple de Salomon et pas ailleurs. Mais, crois-moi, il viendra un temps où Dieu donnera sa miséricorde dans une autre ville. En tout lieu, on pourra adorer en vérité; et tout lieu tiendra miséricordieusement pour agréable la vraie prière.» La femme répondit : «Nous attendons le Messie; quand il viendra il nous enseignera!» Jésus dit : «Femme, tu sais que le Messie doit venir?» Elle répondit : «Oui, Seigneur!» Alors Jésus se réjouit et dit : «À ce que je vois, femme tu es fidèle! Sache donc que c'est dans la foi du Messie que chaque élu de Dieu sera sauvé. Il est donc nécessaire que tu connaisses la venue du Messie.» La femme dit : «Seigneur, peut-être est-ce toi le Messie?» Jésus répondit : «Je suis vraiment envoyé par Dieu à la maison d'Israël, comme prophète de salut, mais après moi - 41 -

viendra le Messie envoyé par Dieu au monde entier; c'est pour lui que Dieu a fait le monde. Aussi, partout dans le monde, on adorera Dieu et on recevra miséricorde, et l'année du jubilé qui maintenant revient tous les cent ans, reviendra chaque année et en tout lieu, à cause du Messie!» Alors la femme abandonna sa cruche et courut à la ville raconter tout ce qu'elle avait entendu de la bouche de Jésus. Chapitre 95. Le gouverneur, le pontife et le roi prièrent don Jésus de monter sur un lieu élevé et de parler au peuple pour calmer la foule. Jésus monta alors sur l'un des douze rochers fit extraire du milieu du Jourdain par les douze tribus quand Israël y passa à pied sec. Puis il dit à haute voix : «Que notre pontife monte sur un lieu élevé, pour que je lui confirme mes paroles!» Le pontife y monta donc et Jésus lui dit : «Dis-le clairement pour que chacun comprenne : est-il écrit dans le testament et alliance du Dieu vivant que notre Dieu n'a pas d'origine et n'aura jamais de fin?» Le pontife répondit : «C'est ce qui s'y trouve écrit!» Jésus dit : «Y est-il écrit que notre Dieu a créé toute chose par sa seule parole? » «Il en est ainsi », dit le pontife. Jésus dit : «Y est-il écrit que Dieu est invisible et caché à l'intelligence humaine, étant incorporel, sans composition et sans mouvement ?» - «Cela est vrai! » dit le pontife. Jésus dit : «Y est-il écrit que tous les cieux ne peuvent pas contenir Dieu puisqu'il est immense? » - «C'est ce que dit le prophète Salomon, ô Jésus», répondit le pontife. Jésus dit : «Y est-il écrit que Dieu n'a besoin de rien puisqu'il ne mange pas, ne dort pas et ne souffre d'aucune déficience ?» -«Il en est ainsi!» dit le pontife. Jésus dit : «Y est-il écrit que Dieu est partout et qu'il n'y a pas d'autre Dieu que lui, lui qui frappe et qui guérit et qui fait tout ce qui lui plaît? » - «Ainsi est-il écrit!» répondit le pontife. Alors, les mains levées, Jésus dit : «Seigneur notre Dieu, c'est cela ma foi avec laquelle je viendrai à ton jugement, en témoi- 42 -

gnage contre quiconque croira le contraire!» Et tourné vers le peuple, il ajouta : «Faites pénitence, car vous pouvez reconnaître votre péché à tout ce qu'a dit le pontife et qui est écrit au livre de Moïse, alliance de Dieu pour toujours! En effet, je suis un homme visible, un peu de boue qui marche sur la terre, mortel comme le sont les autres hommes, moi qui ai eu un commencement et qui aurai une fin, et tel que je ne peux même pas créer une mouche à partir de rien.» Le peuple éleva alors à la voix en pleurant et dit : «Nous avons péché contre toi, seigneur notre Dieu, aie pitié de nous!» Tous suppliaient Jésus de prier pour le salut de la ville sainte, afin que notre Dieu irrité ne permette pas que les païens la foulent aux pieds. Alors, les mains levées, Jésus pria pour la ville sainte et pour le peuple de Dieu, chacun s'écriant : «Qu'il en soit ainsi! Amen!» Chapitre 96. Après la prière, le pontife dit à haute voix : «Arrête, Jésus, car, pour la tranquillité de notre peuple, il nous manque de savoir qui tu es.» Jésus répondit : «Je suis Jésus, fils de Marie, de la race de David, homme mortel et craignant Dieu. Je m'emploie à ce que l'honneur et la gloire soient rendus à Dieu.» Le pontife reprit : «Au livre de Moïse, il est écrit que notre Dieu doit nous envoyer le Messie. Celui-ci viendra annoncer ce que Dieu veut, et il apportera au monde la miséricorde de Dieu. Je te supplie de nous dire la vérité : «Es-tu le Messie de Dieu que nous attendons?» Jésus répondit : «Il est vrai que c'est ce que notre Dieu a promis, mais ce n'est pas moi, car il est fait avant moi et il viendra après moi.» Le pontife reprit : «De toute façon à cause de tes paroles et de tes prodiges, nous croyons que tu es prophète et saint de Dieu; aussi je te supplie au nom de toute la Judée et d'Israël, de nous dire, pour l'amour de Dieu; comment viendra le Messie.» Jésus répondit : «Vive Dieu en présence de qui se tient mon âme, je ne suis pas le Messie - 43 -

qu'attendent toutes les tribus de la terre, comme Dieu l'a promis à notre père Abraham en disant : «Dans ta semence, je bénirai toutes les tribus de la terre!» Mais quand Dieu m'enlèvera du monde, Satan suscitera de nouveau cette maudite sédition : il fera croire aux impies que je suis Dieu et fils de Dieu, et mes paroles et ma doctrine seront si contaminées qu'il restera à peine trente fidèles. Alors Dieu aura pitié du monde et il enverra son messager pour lequel il a tout fait. Il viendra du Midi avec puissance et il détruira les idoles avec les idolâtres, car il enlèvera à Satan l'empire qu'il a sur les hommes. Il apportera avec lui la miséricorde de Dieu pour le salut de ceux qui le croiront. Bienheureux qui croira à ses paroles!» Chapitre 97. Moi, qui suis indigne de délacer ses chaussures, j'ai eu la grâce et la miséricorde de Dieu de le voir ! «Le pontife, le gouverneur et le roi répondirent alors : «Ne t'inquiète pas Jésus, saint de Dieu : ce conflit ne se produira plus de notre temps. Nous écrirons en effet au sacré sénat romain, et par décret impérial, personne ne t'appellera plus Dieu ou fils de Dieu». Jésus dit alors : «Vos paroles ne me consolent pas, car les ténèbres viendront d'où vous espérez la lumière. Ma consolation se trouve dans la venue du messager de Dieu qui détruira toute idée fausse en ce qui me concerne ". "Sa foi se diffusera et s'emparera du monde entier, car c'est ce que Dieu a promis à Abraham, notre père. Ce qui me console, c'est que sa foi n'aura pas de fin, mais que Dieu la conservera intacte". Le pontife reprit : «D'autres prophètes viendront-ils après le messager de Dieu ?» Jésus répondit : "Après lui, il ne viendra pas de vrais prophètes envoyés par Dieu, mais il viendra une quantité de faux prophètes, et cela me cause de la peine, car c'est Satan qui les suscitera par un juste jugement de Dieu et ils se couvriront du prétexte de mon Evangile ». Hérode dit : «Comment est-ce par un juste jugement de Dieu que - 44 -

viendront de tels impies ? ». Jésus répondit : "Il est juste que celui qui ne veut pas croire à la vérité pour son salut, croie au mensonge pour sa damnation : aussi je vous le dis, le monde a toujours méprisé les vrais prophètes et aimé les faux, comme on peut le voir au temps de Michée et de Jérémie. Car chacun aime son semblable». Le pontife dit alors : «Comment s'appellera le Messie ? Et quel signe prouvera sa venue ?». Jésus répondit : «Le nom du Messie est Admirable, car Dieu lui-même le lui donna quand il eut créé son âme et qu'il l'eut placé dans une splendeur céleste. Il dit : «Attends, Muhammad par amour pour toi je veux créer le paradis, le monde et une grande multitude de créatures dont je te fais présent. Aussi celui qui te bénira sera béni et celui qui te maudira sera maudit ! Quand je t'enverrai dans le monde, je t'enverrai comme mon messager de salut. Ta parole sera si vraie que le ciel et la terre passeront mais que ta foi ne manquera jamais !» Muhammad est son nom béni ». Alors les gens élevèrent la voix et dirent : "O Dieu, envoie-nous ton messager ! O Muhammad, viens vite pour le salut du monde !" Chapitre 98. Après ces paroles, la foule s'en alla ainsi que le pontife, le gouverneur et Hérode, en faisant de grands discours sur Jésus et sa doctrine. Le pontife pria le gouverneur d'écrire tout cela à Rome, au sénat. Ce que fit le gouverneur. Aussi le sénat, pour complaire à Israël, décréta que sous peine de perdre la vie, personne n'appellerait plus Jésus de Nazareth prophète des juifs, ni Dieu, ni fils de Dieu. Ce décret fut placé dans le temple en lettres de cuivre. La plus grande partie de la foule s'en étant allée, il ne resta que cinq mille hommes environ sans compter les femmes et les enfants. Lassés par le voyage, ils étaient resté deux jours sans pain, car dans leur désir de voir Jésus, ils avaient oublié d'en emporter et avaient mangé des herbes crues, ils ne pouvaient s'en aller comme les autres. L'appre- 45 -

nant, Jésus en eut pitié et dit à Philippe : «Où trouverons-nous du pain pour les empêcher de périr de faim?» Philippe répondit : «Seigneur, deux cent deniers d'or ne suffiraient pas à acheter assez pain pour que chacun en reçoive un peu!» André dit alors : «Il y a ici un enfant qui a cinq pains et deux poissons, mais qu'est-ce que cela pour tant de monde?» Jésus répondit : «Faites asseoir la foule!» Ils s'assirent sur le foin par groupes de cinquante et de quarante. Alors Jésus dit : «Au nom de Dieu!» Il prit le pain et supplia Dieu. Puis il rompit le pain et le donna aux disciples, et les disciples le donnèrent à la foule. Il fit de même pour les poissons. Tous mangèrent et tous furent rassasiés. Puis Jésus dit : «Recueillez ce qui est resté!» Les disciples recueillirent donc ces morceaux et ils remplirent douze corbeilles. Et chacun se frottait les yeux en disant : «Suis-je éveillé ou est-ce que je rêve?» Tous restèrent une heure entière comme hors d'eux-mêmes à cause de ce grand miracle. Ensuite Jésus rendit grâce à Dieu et prit congé d'eux, mais soixante-douze hommes ne voulurent pas l'abandonner, et Jésus, ayant reconnu leur foi, les choisit pour disciples. Chapitre 126. Ayant convoqué ses disciples, Jésus les envoya deux à deux dans tout Israël en disant : «Allez et prêchez comme vous avez entendu ! » ils assirent et il leur posa la main sur la tête en disant « Au nom de Dieu, rendez la santé aux malades, chassez les démons et détrompez Israël à mon sujet en lui disant ce que j'ai dit devant le pontife! » Et tous partirent sauf celui qui écrit, ainsi que Jacques et Jean. Ils allèrent par toute la Judée, prêchant la pénitence comme le leur avait dit Jésus et guérissant toute sorte : d’infirmité à tel point que furent confirmées en Israël les paroles de Jésus : Dieu est un et Jésus est prophète de Dieu, puisqu'une grande foule les voyait faire ce que Jésus lui-même faisait, c'est-à-dire guérir les malades. Mais les fils du diable, c'est-à-dire les. Prêtres et les scribes, trouvèrent un - 46 -

autre moyen de persécuter Jésus. Ils commencèrent à dire que Jésus aspirait à régner sur Israël. Cependant ils craignaient le peuple; aussi c'est en secret qu'ils complotaient contre Jésus. Après avoir parcouru la Judée, les disciples retournèrent à Jésus. Il les reçue comme un père reçoit ses enfants, en disant : « Dites-moi ce qu'a fait le Seigneur notre Dieu. Oui j'ai vu Satan tomber sous vos pieds; vous le piétiniez comme le vigneron le raisin. » Ils répondirent : « Maure, nous avons guéri une infinité de malades et chassé beaucoup de démons qui tourmentaient les hommes. » Jésus dit : « Dieu vous pardonne, frères, mais vous avez péché en disant : « Nous avons guéri », c'est Dieu qui a tout fait ! » Ils répondirent : « Nous avons parlé comme des sots. Enseigne-nous donc comment nous devons parler! » Jésus répondit: « En toute bonne action, dites : « Dieu a fait », Et en toute mauvaise action, dites : « J'ai péché ». ? « Ainsi ferons-nous! » dirent les disciples. Jésus dit alors : « Et qu'a dit Israël après avoir vu Dieu faire par les mains de tant d'hommes ce qu'il a fait par les miennes'' » Les disciples répondirent : « Ils disent qu'il y a un seul Dieu et que tu es prophète de Dieu. » Jésus répondit, le visage joyeux : Béni soit le saint nom de Dieu qui n'a pas dédaigné le désir de son serviteur.» Cela dit, ils allèrent se reposer. Chapitre 136. En ce lieu maudit, les infidèles demeureront toujours en sorte que si le monde était plein de grains de mil et si, pour le vider, un seul oiseau en enlevait un grain tous les cent ans et si les infidèles ne devaient aller au paradis qu'une fois le monde vidé, ils demeureraient là avec joie. Mais cette espérance n'existe pas. Leur tourment ne peut avoir de fin car ils ne voulurent pas mettre fin à leur péché pour l'amour de Dieu. Quant aux fidèles, ils seront soulagés et leur tourment prendra fin. » En entendant cela, les disciples furent effrayés et dirent : « Les - 47 -

fidèles doivent-ils donc aller en enfer? » Jésus répondit : « Chacun, quel qu'il soit, doit aller en enfer. Il est vrai toutefois que les saints et prophètes de Dieu s'y rendront pour voir, sans souffrir aucune peine et qu'ils n'en retireront que de la crainte. Mais que dis-je ? Le messager de Dieu lui-même s'y rendra pour voir la justice de Dieu, et l'enfer en tremblera devant lui. Et, comme il sera de chair humaine, tous ceux qui sont de chair humaine et qui se trouveront dans la peine, seront exempts de peine aussi longtemps que le messager de Dieu restera à regarder l'enfer. Mais il y restera le temps qu'il faut pour fermer et ouvrir les yeux. Dieu fera cela pour que toute créature sache qu'elle a tiré profit du messager de Dieu. Quand il s'y rendra, tous les diables chercheront à se cacher sous les braises ardentes, poussant des cris et se disant l'un à l'autre : « Fuis, fuis, car voici qu'arrive Muhammad, notre ennemi ! » En l'entendant, Satan se frappera la face des deux mains et il dira en poussant des cris : « A ma honte, tu es plus noble que moi et cela n'est pas juste !» Quant aux fidèles, répartis en soixantedouze degrés, ceux des deux derniers degrés qui auront eu la foi mais sans faire le bien ? Les uns s'attristant de devoir bien agir et les autres se réjouissant du mal ?, ils resteront en enfer soixante-dix mille ans. Après ces années-là, l'ange Gabriel se rendra en enfer et il entendra dire : « O Muhammad, où sont les promesses qui nous ont été faites selon lesquelles ceux qui auront eu la foi ne resteraient pas en enfer pour toujours? » Alors l'ange de Dieu retournera au paradis, et après s'être approché avec révérence du messager de Dieu il lui racontera tout ce qu'il aura entendu. Le messager s'adressera alors à Dieu et dira « Seigneur, mon Dieu, souviens-toi que tu as promis à moi, ton serviteur, que ceux qui ont reçu ma foi ne resteraient pas en enfer pour toujours!» Dieu répondra : « Demande tout ce que tu veux, mon ami, et je te donnerai tout ce que tu demanderas ! »

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Chapitre 216. Judas fit irruption le premier dans la pièce d'où Jésus avait été enlevé et où dormaient les onze. Alors, l'admirable Dieu agit admirablement : Judas devint si semblable à Jésus par son langage et dans son visage que nous crûmes que c'était Jésus. Judas, lui, nous ayant réveillés, cherchait où était le Maître. Mais, stupéfaits, nous répondîmes : "C'est toi, Seigneur, notre Maître! Nous as-tu oubliés ? " Mais il nous dit en souriant : Etes-vous fous? Je suis Judas Iscariote." Tandis qu'il parlait, la milice entra et on mit la main sur lui car il était en tout semblable à Jésus. Quant à nous, après avoir entendu les paroles de Judas et vu la foule des soldats, comme hors de nousmêmes, nous nous enfuîmes. Jean qui dormait enveloppé d'un drap s'éveilla et s'enfuit. Comme un soldat l'avait saisi par le drap, il laissa le drap et se sauva nu, car Dieu avait exaucé la prière de Jésus et sauvé les onze du mal. Chapitre 217. Les soldats s'emparèrent de Judas et le ligotèrent non sans dérision car il niait la vérité qu'il était Jésus. Ils lui disaient en se moquant de lui : "Ne crains pas, Seigneur, nous sommes venu pour te faire roi d'Israël! Nous ne t'avons ligoté que parce que nous savons que tu refuses le royaume!" Judas répondit : "Avez-vous perdu la cervelle? Vous êtes venus prendre Jésus Nazaréen avec des armes et des lanternes comme un voleur et vous m'avez ligoté pour me faire roi, moi qui vous ai conduits ici!" Alors les soldats perdirent patience et à coups de poings et à coups de pieds ils commencèrent à rendre à Judas la monnaie de sa pièce et en furie, ils le conduisirent à Jérusalem. De loin, Jean et Pierre suivaient les soldats. Ils affirmèrent à celui qui écrit qu'ils avaient vu tous les interrogatoires auxquels le pontife et le conseil des pharisiens réunis pour mettre à mort Jésus soumettaient Judas. Celui-ci débitait tant de folies qu'il

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faisait rire tout le monde, tous croyant qu'il était vraiment Jésus et qu'il faisait le fou par crainte de la mort. Les scribes lui mirent un bandeau sur les yeux et disaient en se moquant de lui : "Jésus, Prophète des Nazaréen, - car c'est ainsi qu'ils appelaient ceux qui croyaient à Jésus-, dis-nous qui t'a frappé!" Ils le souffletaient et lui crachaient au visage. Le matin venu, le grand conseil des scribes et des anciens du peuple se réunit. Le pontife et les pharisiens cherchaient de faux témoins contre Judas, croyant que s'était Jésus. Ils ne trouvaient pas ce qu'ils cherchaient. Que dis-je, les pontifes croyaient que Judas était Jésus! Mais tous les disciples et même celui qui écrit le croyaient. La pauvre vierge mère de Jésus, elle-même, le croyait, ainsi que ses parents et ses amis et la douleur de tous était incroyable! Vive Dieu, celui qui écrit avait oublié que Jésus lui avait dit qu'il serait enlevé de monde, qu'il souffrirait dans un autre et qu'il ne mourrait qu'aux approches de la fin de monde. Aussi se rendit-il près de la croix avec la mère de Jésus et Jean. Le pontife se fit amener Judas toujours ligoté et l'interrogea sur ses disciples et sa doctrine. Judas comme privé de sens ne répondit rien là-dessus. Aussi le pontife l'adjura-t-il par le Dieu vivant d'Israël de lui dire la vérité. Judas répondit : "Je vous ai dit que je suis Judas Iscariote qui vous ai promis de livrer Jésus de Nazareth entre vos mains, mais vous, je ne sais pas par quel artifice, vous êtes sortis de vous-mêmes! Vous voulez à tout prix que je sois Jésus!" Le pontife répondit : "Séducteur pervers, par ta doctrine et tes faux miracles tu as trompé tout Israël de la Galilée jusqu'ici à Jérusalem, et maintenant tu crois échapper au juste châtiment qui te revient en faisant le fou! Vive Dieu, tu n'échapperas pas!" Cela dit, il ordonna à ses serviteurs de lui donner des soufflets et des coups de pieds pour lui faire recouvrer les esprits. Les serviteurs du pontife lui firent alors subir un traitement incroyable. Ils s'ingénièrent à trouver du nouveau pour faire plaisir au conseil. Ils l'habillèrent en jongleur - 50 -

et lui donnèrent tant de coups de poings et de coups de pieds qu'il aurait fait pitié aux Cananéens s'ils l'avaient vu ainsi. Mais les pontifes, les pharisiens et les anciens du peuple avaient le cœur si endurci contre Jésus qu'ils prenaient plaisir à voir Judas traité de cette manière en croyant qu'il était vraiment Jésus. Puis, toujours ligoté, ils l'emmenèrent chez le gouverneur. Or celui-ci aimait Jésus en secret. Persuadé que Judas était Jésus, il le fit entrer dans sa chambre et lui demanda pour quelle raison les pontifes et le peuple le livraient entre ses mains. Judas répondit : "Si je te dis la vérité, tu ne me croiras pas car tu es sans doute trompé comme le sont les pontifes et les pharisiens." Croyant qu'il voulait parler de la loi, le gouverneur répondit : "Ne sais-tu pas que je ne suis pas juif et que ce sont les pontifes et les anciens de ton peuple qui t'ont livré entre mes mains? Dis-nous donc la vérité pour que je fasse ce qui est juste, car j'ai le pouvoir de te libérer ou de te donner la mort." Judas répondit : "Seigneur, crois-moi, si tu me donnes la mort, tu feras un grand péché car tu tueras un innocent. En effet je suis Judas Iscariote et non pas Jésus. Lui, c'est un magicien. Il m'a transformé ainsi par son artifice. Le gouverneur s'étonna fort en l'entendant; aussi cherchait-il à le libérer. Il sortit dehors et dit en souriant : "De deux choses, il y en a au moins une pour laquelle il n'est pas digne de mort, mais plutôt la compassion. Il prétend - dit le gouverneur- qu'il n'est pas Jésus, mais un certain Judas qui guida la milice pour prendre Jésus. Et il dit que Jésus de Galilée l'a ainsi transformé par son art magique. Si c'est vrai, ce serait un grand péché de le tuer, puisqu'il serait innocent. Mais si c'est Jésus et qu'il le nie, il a certainement perdu l'esprit et il serait impie de tuer un fou!". Les pontifes, les anciens du peuple ainsi que les scribes et les pharisiens s'écrièrent avec force : "C'est Jésus de Nazareth que nous connaissons, car si ce n'était pas ce malfaiteur, nous ne l'aurions pas livré entre vos mains. Et il n'est pas fou non plus, mais plutôt fourbe; il cherche à échapper de nos - 51 -

main par cet artifice; mais la sédition qu'il fomenterait en s'enfuyant, serait pire que la première!" Pour se débarrasser de ce cas, Pilate - c'était le nom du gouverneur- dit : "Il est Galiléen. Or Hérode est roi de Galilée et il ne m'appartient pas de juger ce cas. Emmenez-le donc chez Hérode!" Ils conduisirent alors Judas chez Hérode. Depuis longtemps celui-ci souhaitait que Jésus vienne chez lui; mais Jésus ne l'avais jamais voulu car Hérode était païen et adorer les dieux faux et menteurs, vivant à la manière des nations impures. Chez lui, Hérode interrogea Judas sur beaucoup de sujets, mais Judas y répondait hors de propos en niant qu'il était Jésus. Alors Hérode se moqua de lui avec toute sa cour et le fit habiller de blanc comme on habille les fous. Puis il le renvoya à Pilate en lui disant : "Ne soit pas injuste envers le peuple d'Israël !" Hérode écrivit cela parce que les pontifes, les scribes et les pharisiens lui avaient donné une bonne somme d'argent. L'ayant pris par un serviteur d'Hérode, le gouverneur feignit de vouloir libérer Judas, lui aussi pour gagner de l'argent. Il le fit flageller par ses serviteurs qui furent payés par les scribes pour le faire tuer sous le fouet. Mais Dieu qui avait décrété ce qui devait arriver garda Judas pour la croix afin qu'il reçoive cette horrible mort qu'il avait vendue à d'autres. Il ne laissa pas mourir Judas sous le fouet, bien que les soldats le flagellèrent tant que son corps pleuvait du sang. Puis par moquerie, ils l'habillèrent d'une vielle robe de pourpre en disant : "Il convient d'habiller notre nouveau roi et de le couronner." Ils prirent des épines et firent une couronne semblable à celle d'or et de pierres précieuses que les rois portent sur la tête. Ils placèrent cette couronne d'épines sur la tête de judas, lui mirent dans la main un roseau en guise de sceptre et ils le firent asseoir en un lieu élevé. Les soldats venaient devant lui, s'inclinaient par moquerie et le saluaient comme "Roi des Juifs!" Ils étendaient la main pour recevoir - 52 -

des cadeaux puisque les nouveaux rois ont coutume d'en donner. Mais comme ils ne recevaient rien, ils frappaient Judas en disant : "Comment es-tu couronné, roi fou, si tu veux ni payer tes soldats ni tes serviteurs?" Les pontifes, les scribes et les pharisiens voyant que Judas ne mourait pas sous le fouet et craignant que Pilate ne le laissât libre, donnèrent de l'argent au gouverneur. L'ayant reçu, celui-ci livra Judas aux scribes et pharisiens comme méritant la mort. Avec lui, ils condamnèrent deux voleurs à mourir en croix. Ils l'emmenèrent au mont Calvaire où on suspendait les malfaiteurs. Là, ils le crucifièrent nu pour que la moquerie soit plus grande. Judas ne faisait vraiment autre que crier : "Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné, car le malfaiteur a fui et moi je suis tué à tort ? " En vérité, je le dis, sa voix, son visage et sa personne ressemblaient tellement à Jésus que ses disciples et ses fidèles, croyaient tout à fait que c'était Jésus. Certains d'entre eux s'éloignèrent de la doctrine de Jésus, en croyant qu'il était faux Prophète et qu'il avait opéré ses miracles grâce à la magie. Jésus en effet avait dit qu'il ne mourrait qu’aux approches de la fin du monde et qu'à ce moment-là il serait enlevé du monde. Mais ceux qui demeurèrent fermes dans sa doctrine étaient si affligés de douleur en voyant mourir celui qui lui ressemblait qu'ils ne se rappelaient pas ce qu'il avait dit. Aussi en compagnie de la mère de Jésus, allèrent-ils au mont Calvaire. Ils se tinrent non seulement présents à mort de Judas, en pleurant toujours, mais encore par l'intermédiaire de Nicodème et de Joseph d'Arimathie, ils réclamèrent au gouverneur le corps de Judas pour l'ensevelir. Ils l'enlevèrent de la croix en un tel deuil que certainement personne ne le croirait, et l'ayant enveloppé avec cent livres de parfum précieux, ils l'ensevelirent dans le monument neuf de Joseph.

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Chapitre 218. Chacun rentra chez soi. Celui qui écrit, ainsi que Jean, et son frère Jacques se rendirent à Nazareth avec la mère de Jésus. Ceux des disciples qui ne craignaient pas Dieu allèrent voler de nuit le corps de Judas, le cachèrent et répandirent le bruit que Jésus était ressuscité. Ainsi naquit une grande confusion. Le pontife interdit à quiconque, sous peine d'anathème, de parler de Jésus de Nazareth. Une grande persécution s'en suivit. Beaucoup furent lapidés, beaucoup frappés de verges et beaucoup exilés, car ils ne pouvaient se taire sur un tel sujet. La nouvelle parvient à Nazareth que Jésus, leur concitoyen, mort sur la croix, était ressuscité. Alors celui qui écrit pria la mère de Jésus de bien vouloir quitter son deuil puisque son fils était ressuscité. En l'entendant, la vierge Marie dit en pleurant : "Allons à Jérusalem trouver mon fils, car je mourrais volontiers quand je l'aurai vu!" Chapitre 219. Le jour où parut de décret du pontife, la vierge revint à Jérusalem avec celui qui écrit, ainsi qu'avec Jacques et Jean. Aussi, comme elle craignait Dieu. Elle ordonna à ceux qui habitaient avec elle d'oublier son fils quoiqu'elle ait sut que le décret du pontife était injuste. Comment chacun dit-il? Dieu qui connaît les cœurs des hommes sait qu'avec la mère de Jésus nous nous consumions entre la douleur de la mort de Judas, que nous croyions être Jésus notre maître, et le désir de le voir ressuscité. Aussi les anges gardiens de la vierge Marie montèrent-ils au troisième ciel où se tenait Jésus en compagnie des anges. Ils lui racontèrent tout et Jésus pria Dieu de lui donner le pouvoir de voir sa mère ainsi que ses disciples. Le Dieu miséricordieux ordonna alors aux quatre anges ses favoris, Gabriel, Michel, Raphaël et Uriel, de conduire Jésus chez sa mère et de l'y garder pendant - 54 -

trois jours de suite, ne le laissant voir qu'à ceux qui croyaient à sa doctrine. Environné de splendeur, Jésus vint où la Vierge Marie demeurait avec ses deux sœurs ainsi qu'avec Marthe, Marie-Madeleine, Lazare, celui qui écrit et Jean, Jacques et Pierre. De crainte, ceux-ci tombèrent comme morts. Mais Jésus releva sa mère et les autres en disant : "Ne craignez pas, je suis Jésus! Ne pleurez pas, je suis vivant et non pas mort!" A la vue de Jésus, ils restèrent longtemps comme privés de sens, car ils croyaient sans aucun doute qu'il était mort. Alors la Vierge dit en pleurant : "Maintenant, dis-moi, mon fils, pourquoi Dieu qui t'a donné le pouvoir de ressusciter les morts, t'a laissé mourir ainsi à la honte de tes parents et de tes amis, et à la honte de ta doctrine, de sorte que tous ceux qui t'aiment sont restés comme morts? " Chapitre 220. En embrassant sa mère, Jésus répondit : "Croyez-moi, mère : je vous le dis en vérité, je n'ai jamais été mort; Dieu m'a réservé jusqu'au approches de la fin du monde. «Ayant ainsi parlé, il pria les quatre anges de se manifester et de témoigner de la manière dont la chose s'était passée. Les anges se manifestèrent donc comme quatre soleils si resplendissants que, de crainte, tous tombèrent de crainte comme morts. Jésus donna alors quatre voiles aux anges pour qu'ils s'en couvrissent et que sa mère et ses compagnons puissent les voir et les entendre parler. Les ayant relevés, il les réconforta en disant : "Voici les ministres de Dieu : Gabriel qui annonces les secrets de Dieu, Michel qui combat les ennemis de Dieu, Raphaël qui reçoit les âmes de ceux qui meurent, Uriel qui, au dernier jour, appellera chacun au jugement dernier de Dieu. Les quatre anges racontèrent alors à la vierge que Dieu avait envoyé chercher Jésus et qu'il avait transformé Judas pour qu'il reçoive la peine qu'il avait vendue à d'autres. Celui qui écrit dit alors : "Maître, m'est-il permis de t'interroger comme lorsque tu habitais parmi - 55 -

nous?" Jésus répondit : "pose les questions qui te plaisent, Barnabé, je te répondrai!" Celui qui écrit dis alors : "Maître, puisque Dieu est miséricordieux, pourquoi nous a-t-il tourmentés en nous faisant croire que tu `tais mort? Ta mère t'a tellement pleuré qu'elle en a été tout près de mourir. Et pourquoi Dieu a-t-il laissé retomber sur toi, qui es saint de Dieu, l'infamie d'être tué parmi les voleurs sur le mont Calvaire?" Jésus répondit : "Barnabé, crois-moi, Dieu punit tout péché, pour petit qu'il soit, par une grande peine, car il est offensé par le péché. Aussi, comme ma mère, mes fidèles et mes disciples m'aimaient un peu d'amour terrestre, le Dieu juste a voulu punir cet amour par la douleur présente, pour qu'il ne soit pas puni dans les flammes de l'enfer. Quant à moi, je fus innocent dans le monde, mais comme les hommes m'ont appelé Dieu et fils de Dieu, Dieu a voulu pour que je ne sois pas raillé par les démons le jour du jugement, que les hommes me bafouent dans le monde par la mort de Judas en faisant croire à chacun que c'était moi qui était mort sur la croix. Aussi cette dérision durera-t-elle jusqu'à la venue de Muhammad, le Messager de Dieu. En venant dans le monde, il détrompera de cette tromperie tous ceux qui croiront à la loi de Dieu." Puis Jésus ajouta : "Tu es juste, Seigneur notre Dieu, car à toi seul appartiennent honneur et gloire sans fin!" Chapitre 221. Se tournant vers celui qui écrit, Jésus dit : "Barnabé, fais très attention à écrire mon Evangile sur tout ce qui est arrivé durant mon séjour dans le monde! Ecris de même tout ce qui est arrivé à Judas, pour que les fidèles soient détrompés et que chacun croie à la vérité!" Celui qui écrit répondit : "Je ferai tout cela, s'il plaît à Dieu, Maître, mais je ne sais pas ce qui est arrivé à Judas, car je n'ai pas tout vu." Jésus répondit : "Jean et Pierre qui ont tout vu sont là, ils te diront comment tout s'est passé." Puis Jésus nous commanda d'appeler ses fidèles dis- 56 -

ciples pour qu'ils le voient. Jacques et Jean rassemblèrent donc les sept disciples ainsi que Nicodème, Joseph et un grand nombre de soixante-douze et ils mangèrent avec Jésus. Le troisième jour, Jésus dit : "Allez avec ma mère au mont des Oliviers; c'est de là que je monterai au ciel et vous verrez qui m'emportera au ciel." Tous s'y rendirent donc, excepté vingtcinq des soixante-douze disciples qui, par crainte, avaient fui à Damas. Alors que tous se trouvaient en prière, à l'heure de midi, Jésus vint avec une grande foule d'anges qui bénissaient Dieu. Tous prirent peur en voyant la splendeur de son visage et tombèrent la face contre la terre. Les ayant relevés, Jésus les réconforta en disant : "Ne craignez pas, je suis votre Maître!" Il en réprimanda beaucoup qui croyaient qu'il était mort et ressuscité : "Nous pensez-vous donc, moi et Dieu, pour des menteurs? Dieu m'a donné de vivre jusqu'aux approches de la fin du monde comme je vous l'ai dit. Je vous le dis, je ne suis pas mort; c'est le traître Judas qui est mort. Prenez garde, Satan fera tout pour vous tromper! Efforcez-vous donc d'être mes témoins partout en Israël et dans le monde entier, témoins de ce que vous avez entendu et vu!" Cela dit, il pria Dieu pour le salut des fidèles et la conversion des pécheurs. La prière terminée, il embrassa sa mère et dit : "Sois en paix, ma mère, et repose-toi en Dieu, ton créateur et le mien!" Puis il s'adressa aux disciples : "Que la grâce et la miséricorde de Dieu demeurent avec vous! Alors, les quatre anges l'enlevèrent visiblement au ciel. Chapitre 222. Jésus parti, les disciples se divisèrent selon les diverses régions. La vérité haïe par Satan, fut persécutée par le mensonge, comme cela se passe encore aujourd'hui. Quelques mauvais hommes, en effet se prétendant disciples prêchaient que Jésus était mort sans ressusciter; d'autres prêchaient que Jésus était vraiment mort et ressuscité; d'autres, et parmi eux - 57 -

se trouve Paul, trompé lui aussi, prêchaient et prêchent encore maintenant que Jésus est le fils de Dieu. Quant à nous, nous prêchent à ceux qui craignent Dieu tout ce qu'il a écrit pour qu'ils soient sauvés au dernier jour du jugement de Dieu. Amen! 1. Le concile œcuménique de Nicée et les premières difficultés entre l’Eglise de Chypre et le patriarcat d’Antioche. L’arianisme est la cause de la réunion du premier concile œcuménique. Arius, le fondateur principal de cette doctrine, professait que la seconde personne de la Trinité n’était pas de la même nature que Dieu le Père, mais qu’elle était une créature de Dieu (9). a) L’Arianisme. L'arianisme est une doctrine issue des enseignements d'Arius, prêtre d'Alexandrie. Ce fut la première grande hérésie chrétienne et certainement une des plus graves. Une hérésie est, au sein d'une Eglise, une croyance ou une opinion religieuse différente de celle du dogme établi. Elle mettait en cause la Trinité et la divinité de Jésus-Christ qu'elle considérait comme subordonné au Père. Le principe fondamental de l'arianisme était la non divinité du Christ, qui aurait été créé inférieur au Père, mais supérieur aux humains. Le système d'Arius fut condamné en 320, L'agitation produite dans l'empire romain par cette hérésie conduisit l'empereur Constantin à convoquer le concile de Nicée en 325. L'arianisme y fut condamné solennellement et la consubstantialité du Christ au Père proclamée. Le conflit doctrinal se poursuivit néanmoins jusqu'à l'avènement de l'empereur Théodose. Ramené en occident par les barbares, l'arianisme survécut jusqu'au VIIème siècle (10).

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b) Constantin et la doctrine. La nouvelle doctrine menaçait de porter une sérieuse atteinte à l’unité de l’Eglise, et Constantin qui venait de battre son rival Licinius et de réaliser l’unité de l’Empire, craignant probablement des troubles plus importants venant du sein de l’Eglise, a convoqué le concile et a même présidé quelquesunes de ses réunions (11). La préoccupation de Constantin est d’établir la paix de l’Eglise. Dès 312, les querelles provoquées par le schisme donatiste lui donnent l’occasion d’intervenir dans les affaires intérieures de l’Eglise. C’est aussi pour mettre fin au conflit entre les Ariens et leurs adversaires, qu’il convoque en 324 le concile de Nicée. Une fois l’orthodoxie établie, il entend que les chrétiens s’y conforment (12). Le nombre des évêques présents à Nicée varie selon les auteurs, mais tous mentionnent des chiffres de plus de 200 dont une grande partie, sont des évêques orientaux (13). Chypre a été représentée à ce concile par trois évêques : Cyrille de Paphos, Gélase de Salamine et Spyridon de Trémithonte (14). Au cours du concile, les évêques de l’île ont soutenu les thèses orthodoxes et ont voté contre l’arianisme, comme d’ailleurs la majorité des évêques présents (15). A la fin des travaux du concile, l’empereur exila tous les Ariens (16). Un autre canon du concile donne le droit à chaque Eglise de nommer elle-même son chef (17), ce qui par la suite sera très important pour l’Eglise de Chypre dans son conflit avec le Patriarcat d’Antioche. La participation de l’Eglise de Chypre au concile de Nicée n’est pas totalement désintéressée : Chypre étant dépendante administrativement d’Antioche, le patriarche d’Antioche voulait contrôler l’Eglise de l’île en nommant et en consacrant son archevêque. Antioche prétendait à l’hégémonie sur ses voisins mais il ne s’agissait pas d’une autorité politique, c’était plutôt une prostasia morale et cultu- 59 -

relle, donc une intervention plus ou moins directe dans les affaires de l’Eglise aussi. Les évêques chypriotes présents au concile de Nicée réussirent à obtenir, en plus du canon général IV, le vote d’un autre canon les concernant plus particulièrement et qui, dans une de ses parties, est favorable à l’indépendance de l’Eglise de l’île. Le concile reconnut la primauté du patriarche d’Antioche sur l’Eglise de Chypre mais en même temps laissa une possibilité aux évêques de l’île de désigner eux-mêmes leur archevêque. Un des canons du concile dit : « Si l’archevêque de Chypre meurt pendant l’hiver et que le peuple ne puisse pas prévenir le patriarche d’Antioche à cause du mauvais temps et de la tempête (18), pour que celui-ci leur désigne son successeur, ils doivent lui écrire et lui demander de leur permettre de désigner leur archevêque. Dans ce cas le patriarche ne doit pas le refuser. Après avoir reçu la lettre, il doit permettre aux treize évêques de désigner son successeur parce que si l’archevêque de Chypre meurt au début de l’hiver, l’Eglise de l’île resterait sans tête, à cause du temps, pendant très longtemps et cela créerait sans doute des problèmes » (19). En fait cette décision ménage les deux parties en présence. Le patriarche d’Antioche conserve la primauté sur l’Eglise de Chypre (nomination et consécration de son archevêque), mais en même temps les évêques de Chypre peuvent nommer eux-mêmes leur archevêque quand les conditions climatiques les empêchent de le consulter. Dans ce cas les évêques de Chypre doivent écrire au patriarche, le prévenir et nommer eux-mêmes leur archevêque. Mais si les mauvaises conditions de navigation les empêchaient de consulter le patriarche, comment pourraient-ils lui envoyer une lettre ? Par ailleurs l’Eglise de Chypre, forte de son appui local demande son indépendance à l’égard du Patriarcat d’Antioche. L’isolement géographique de l’île a dû aussi jouer pour l’indépendance de son Eglise (20). - 60 -

Le mot orthodoxe est synonyme de vraie foi ou vrai culte. La plus importante profession de foi de tous les Conciles œcuméniques est le Credo de Nicée (325). Ensuite, cette foi a été confirmée à Constantinople (381). Le 6ème Concile (680) confirmera le caractère d'autorité en tant que "règle de foi" la plus parfaite. Effectivement, le Credo a été contesté à plusieurs reprises, et il a été nécessaire de le confirmer et de le défendre tout au long des siècles du christianisme naissant et s’étendant. Le Credo possède une autorité irrévocable et permanente et définit la doctrine du christianisme. Le Credo de Nicée : « Je crois en seul Dieu, Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre et de toutes choses visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus- Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père par qui tout a été fait. Qui pour nous autres hommes et pour notre salut, est descendu des cieux, s'est incarné du Saint- Esprit et de la Vierge Marie et s'est fait homme. Qui a été crucifié pour nous sous Ponce-Pilate, a souffert et a été enseveli. Qui est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures. Qui est monté au ciel est assis à la droite du Père, d'où il reviendra en gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n'aura pas de fin. Et au Saint-Esprit, Seigneur, qui donne la vie, qui procède du Père, qui est adoré avec le Père et le Fils, qui a parlé par les prophètes. En l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés. J'attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen ». - 61 -

2. Constantin et le christianisme. Très rapidement, Constantin a su que la nouvelle doctrine, qui se rependait de manière fulgurante, devait, d’une manière ou d’une autre, être mise sous contrôle de l’Etat. Que luimême ait accepté et embrassé la nouvelle religion constitue une question secondaire, dans la mesure où les actes seulement comptent dans la pratique. Eusèbe nous apprend beaucoup sur cet état d’esprit de l’Empereur (voir en annexe II des extraits de l’œuvre d’Eusèbe). Eusèbe, le biographe de Constantin, nous informe, évidemment à sa manière et en rendant l’empereur le plus « chrétien » possible, de la manière dont il a conçu l’étendard en forme de croix et de l’adoption de sa conversion au christianisme : Vision de Constantin. CONSTANTIN implora la protection de ce Dieu, le pria de se faire connaître à lui, et de l'assister dans l'état où se trouvaient ses affaires. Pendant qu'il faisait cette prière, il eut une merveilleuse vision, et qui paraîtrait peut-être incroyable, si elle était rapportée par un autre. Mais personne ne doit faire difficulté de la croire, puisque ce Prince me l'a racontée lui-même longtemps depuis, lorsque j'ai eu l'honneur d'entrer dans ses bonnes grâces, et que l'événement en a confirmé la vérité. Il assurait qu'il avait vu en plein midi une croix lumineuse avec cette inscription. VAINQUEZ A LA FAVEUR DE CE SIGNE, et qu'il fut extrêmement étonné de ce spectacle, de même que ses soldats qui le suivaient. (Livre I, CHAPITRE XXVIII). Constantin fait faire un étendard en forme de croix. CONSTANTIN s'étant levé dès la pointe du jour raconta à ses amis le songe qu'il avait eu, et ayant envoyé quérir des Orfèvres, et des Lapidaires, il s'assit au milieu d'eux, leur proposa - 62 -

le dessein et la figure du signe qu'il avait vu, et leur commanda d'en faire un semblable, enrichi d'or, et de pierreries. (Livre I, CHAPITRE XXX). L’Empereur mise tout sur le nouveau symbole qu’il a créé, lui conférant en plus une origine sacrée et divine, démultipliant par la même occasion sa puissance de suggestion et son importance dans le cœur des fidèles. Constantin, toujours selon Eusèbe, se met à l’étude des Ecritures saintes et intervient de plus en plus dans les affaires de l’Eglise. Le souhait de l’empereur est plutôt de contrôler cette puissance naissante. Après avoir choisi son camp, Constantin se mêle plus directement dans les affaires de l’Eglise, qui, débarrassée de la concurrence païenne, se structure de plus en plus et cherche sa doctrine, celle qui deviendrait universelle. L’Empereur assiste à certaines réunions des ecclésiastiques, lorsque ceux-ci débattent des problèmes de doctrine, de foi ou même d’organisation : « Constantin assiste aux assemblées des Evêques. QUE si l'Empereur dont je parle, avait une inclination si bienfaisante pour tous ses sujets, il prenait un soin particulier des Chrétiens. Il convoqua comme un commun Eve que ordonné de Dieu des Conciles pour apaiser les différends qui s'étaient émus en diverses Provinces entre les Pasteurs de l'Eglise. Il prit la peine d'assister à leurs assemblées, de s'asseoir au milieu d'eux, d'examiner le sujet de leurs contestations, et de s'entremettre de les accorder. Il commanda alors à ses Gardes de se retirer, et se tenait assez bien gardé par la crainte de Dieu, et par l'affection de ses sujets. Il louait la sagesse et la modération de ceux qui suivaient le bon parti, et qui se portaient à la paix, et blâmait l'opiniâtreté de ceux qui refusaient de se

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rendre à la raison ». (Vie de Constantin par Eusèbe. Livre I, CHAPITRE XLIV). Constantin prend des mesures pour défendre les chrétiens et la nouvelle foi. Cette dernière devient le ciment de l’Etat byzantin : Loi de Constantin touchant la Religion Chrétienne et la Piété véritable. Constantin Vainqueur, très-Grand, Auguste : Aux Peuples de Palestine. « IL y a longtemps que ceux qui sont dans la créance, où il faut être touchant la divinité ont reconnu clairement la différence qu'il y a entre ceux qui combattent la Religion Chrétienne, et ceux qui la défendent. On voit maintenant avec une plus grande évidence que jamais 59 l'extravagance des doutes que l'on a faits sur ce sujet, et la puissance divine se manifeste par des témoignages incontestables. Ceux qui observent cette sainte loi, jouissent de toute sorte de biens, et viennent heureusement à bout de leurs entreprises, au lieu que ceux qui demeurent dans l'impiété, ne trouvent que ce qu'ils méritent. Quel bien pourraient-ils avoir dans le temps qu'ils refusent de reconnaître l'unique Auteur de tous les biens? Les choses semblent parler d'elles-mêmes.» (Eusèbe, Vie, Livre II, CHAPITRE XXIV). De ceux qui ont excité la persécution, et de qui l'ont soufferte. « CEUX qui ont la crainte de Dieu devant les yeux, et qui n'agissent que par de bonnes intentions, qui méprisent les menaces des hommes, et les périls de la vie présente par l'espérance des biens à venir, souffrent avec une patience inébranlable des traitements qui, quoique fâcheux, ne sauraient être de longue durée. Plus les travaux qu'ils ont supportés, ont été pénibles ; plus la gloire, qui les a suivis, a été éclatante. Ceux au - 64 -

contraire qui ont foulé aux pieds la justice, qui ont maltraité les serviteurs de Dieu, qui n'ont point cru être malheureux, ni coupables, quand ils les ont condamnés à mort, pour une si bonne cause, et qui n'ont pas jugé que ceux qu'ils condamnaient de la sorte fussent heureux, bien qu'ils conservassent à Dieu, la fidélité qu'ils lui avaient promise ; ceux-là, dis-je, ont eu le déplaisir de voir leurs armées en déroute, et taillées en pièces. Ils n'ont point donné de batailles, qu'ils n'aient perdues. » (Eusèbe, Vie, Livre II, CHAPITRE XXVI). Contestation excitée par Arius. L'EMPEREUR publia ces vérités à tous les habitants des Provinces par la lettre qu'il leur écrivit, et tâcha de les détourner de l'idolâtrie, et de les porter au culte du vrai Dieu. Au milieu de la joie qu'il tirait de l'heureux succès d'une si louable entreprise, il reçut nouvelle d'un tumulte qui avait notablement troublé la paix de l'Eglise. Il en fut très-sensiblement touché, et songea à l'heure-même aux moyens d'y apporter du remède. Voici quel était le sujet du tumulte. L'état de l'Eglise était florissant, et les fidèles s'adonnaient avec joie à toute sorte de saints exercices. Leur repos était si bien affermi qu'il ne pouvait être ébranlé par aucun ennemi étranger. Mais la jalousie leur dressa un piège. Elle se glissa parmi eux, et incontinent après entra impudemment dans les assemblées des saints Evêques, elle les commit les uns contre les autres, et leur suscita des différends et des querelles sous prétexte de doctrine. Cette petite étincèle excita un grand embrasement, qui commença dans Alexandrie, s'étendit sur l'Egypte, sur la Libye, sur la haute Thébaïde, et désola de telle sorte un grand 82 nombre d'autres Provinces, que non seulement les Prêtres entrèrent en des contestations pleines d'aigreur ; mais que les peuples prenant aussi parti dans les mêmes différends, firent une division, et un schisme très-funeste. Le scandale en fut si horrible que la doctrine sainte de notre Religion devint le sujet des railleries - 65 -

impies, et des bouffonneries sacrilèges que les Païens faisaient sur leurs théâtres. (Eusèbe, Vie, Livre II, CHAPITRE LXI). D'Arius, et des Partisans de Méléce. LES uns disputaient dans Alexandrie avec une opiniâtreté invincible sur les plus sublimes mystères. D'autres contestaient dans l'Egypte, et dans la haute Thébaïde sur une question qui avait été proposée dès auparavant, de sorte qu'il n'y avait aucune 'Eglise qui ne fût divisée. La Libye entière, et les autres Provinces sentirent des atteintes du même mal. Ca les Ecclésiastiques d'Alexandrie ayant écrit aux Evêques touchant leur différend, il n'y en eut aucun qui ne se déclarât pour l'un des deux partis. (Eusèbe, Vie, Livre II, CHAPITRE LXII). Bon politique, Constantin avait constaté les progrès du christianisme. Il décide de s’appuyer sur cette nouvelle religion afin d’asseoir son autorité et de cimenter l’unité de l’Etat. Avec la publication, en 313 à Milan, de l’édit de tolérance, il se rallie les chrétiens. Renonçant à la politique de persécution de ses prédécesseurs, l'empereur prend le parti de s'appuyer sur la nouvelle religion pour consolider l'unité de l'empire. Mais devant le succès de la doctrine d’Arius, Constantin voit un nouveau danger menacer l’unité pour laquelle il a tant œuvré. Son intervention dans les affaires de l’Eglise chrétienne est évidente et déterminante. Il convoque lui-même un concile à Nicée pour trancher la question du dogme chrétien. À la suite de la condamnation de l'arianisme par le concile, l'empereur ordonne l'exil d'Arius. Les affaires séculières et des affaires religieuses se trouvent entre les mains de l’Empereur qui les utilise à sa convenance. La question de son baptême tardif, qui aurait eu lieu sur son lit de mort n’enlève ni ne rajoute rien à la manière dont le christianisme a été utilisé par l’Empereur. Il n’y a que les croyants qui peuvent s’attarder sur cette question…

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La principale œuvre de Constantin reste la fondation de Constantinople pour remplacer Rome comme capitale de l'empire. Le centre de l’empire se déplace vers l’est, l’empire s’hellénise de plus en plus (21). Qu’il ait été converti au christianisme de manière sincère ou pas ; qu’il y ait eu une conversion ou pas, car aucune source indépendante ne fait état d’une telle chose, importe peu. Le résultat est que l’évolution idéologique au sein de l’Empire a été saisie de manière très claire par l’empereur, qui a utilisé cette situation à son profit. La sincérité de la conversion au christianisme de l’empereur est secondaire ; la postérité a gardé cette version des faits – la version chrétienne - devenue l’idéologie dominante dans l’Empire et effaçant les autres. 3. Sardique : la confirmation de la position orthodoxe de l’Eglise de Chypre. Malgré la condamnation de l’arianisme par le concile de Nicée, celui-ci a continué à se développer et à constituer de nouveau un danger pour l’unité de l’Eglise (22). C’est ainsi qu’un nouveau concile a été tenu à Sardique en 343-344. Ce concile n’est pas considéré par l’Eglise orthodoxe comme un concile œcuménique. L’usage de l’appellation concile œcuménique et la liste de ces conciles ont été établis par la pratique ; l’Eglise orthodoxe reconnaît sept conciles œcuméniques. Chypre a été représentée par douze évêques à ce concile, ce qui montre le développement considérable et l’organisation de l’Eglise chrétienne de l’île. Les douze évêques chypriotes qui ont signé les décisions du concile sont : Aphxibius, Photius, Gélase, Aphrodisius, Irinicus, Nounechius, Athanase, Macedonius, Triphyllius, Spyridon, Norbanus et Sosocratis. Ils étaient respectivement les - 67 -

évêques de : Constanteia, Kitium, Amathonte, Néapolis, Kurium, Paphos, Soloi, Keryneia, Ledrae, Trémithonte, Chytri et Tamassus (23). Le principal thème de discussion pendant le concile fut encore l’arianisme ; ses travaux se sont conclus par une nouvelle condamnation de l’hérésie et une confirmation du symbole de la foi de Nicée. Les évêques de Chypre ont de nouveau voté contre l’arianisme (24). 4. Le concile œcuménique de Constantinople. Pendant les règnes de Constance (337-361) et de son successeur Julien (361-363) l’Eglise de Chypre a dû affronter de grandes difficultés ; d’un côté les Ariens prennent le dessus, détruisent les documents du concile de Nicée et persécutent leurs adversaires et, d’autre part, Julien veut restaurer l’ordre ancien en matière de religion, donc il persécute les chrétiens. Pendant cette période beaucoup d’hérésies paraissent dans l’Empire. Selon Polybe de Ricocurura, biographe de saint Epiphane, on trouve à Chypre deux hérésies importantes, la gnose et le marcionisme (25). a) La gnose La gnose est née du contact du christianisme et du paganisme. Il s’agit d’un syncrétisme qui emprunte à l’antiquité finissante et aux religions à mystères le besoin de salut et de rédemption. Cette hérésie eut à un moment son siège à Constanteia. b) Le Marcionisme Le marcionisme ne reconnaît pas l’Ancien Testament ni la totalité des écrits des quatre évangélistes. Pour Marcion et ses disciples, le Christ est descendu sur la terre avec une apparence - 68 -

d’homme ; ils le distinguaient aussi de Jésus né de Joseph et de Marie. Saint-Irénée cite dans son ouvrage Adversus Haereses, ces quelques phrases qui résument assez bien la pensée de Marcion. « Il blasphème avec impudence le Dieu qu’ont annoncé la Loi et les Prophètes. Il dit que c’est un être malfaisant, aimant la guerre, inconstant aussi dans ses jugements et en contradiction avec lui-même. Jésus, dit-il, issu du Père qui est au-dessus du Dieu qui fit le monde, vint en Judée, au temps du gouverneur Ponce Pilate, procurateur de Tibère César, et se manifesta sous forme humaine aux habitants de la Judée, abolissant les Prophètes et la Loi et toutes les œuvres de ce Dieu qui fit le monde et qu’il appelle aussi le Cosmocrator. Il mutile encore l’Évangile selon Luc, éliminant tout ce qui est écrit de la naissance du Seigneur et une large partie des discours du Seigneur où il est écrit clairement que le Seigneur reconnaissait l’auteur de ce monde pour son Père. Il a fait croire à ses disciples que lui-même est plus digne de foi que les apôtres qui ont écrit l’Évangile, et il leur donne non pas l’Évangile, mais une petite partie de celui-ci. De même il mutile aussi les épîtres de l’apôtre Paul, en rejetant tout ce qui est dit clairement par l’apôtre au sujet du Dieu qui fit le monde, à savoir qu’il est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ et aussi tous les enseignements où l’apôtre fait mention des écrits prophétiques comme des prédictions de la venue du Seigneur. Il n’y aura de salut dit-il encore que pour les âmes qui auront appris sa doctrine ; mais le corps, du fait qu’il a été tiré de la terre, ne peut avoir part au salut » (Adv Haer.1, 27, 2-3) Il s’agissait d’une doctrine austère et puriste, extrêmement moralisatrice. Avec le climat favorable que les différentes hérésies ont trouvé entre 337 et 363 (surtout l’arianisme), un nouveau rassemblement des évêques de l’Empire devenait inévitable. C’est - 69 -

Théodose qui convoqua le clergé de l’Empire en 381, à Constantinople, pour discuter de nouveau principalement de l’arianisme, qui prenait des proportions inquiétantes au sein de l’Eglise (26). Le concile proclama l’égale divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit et condamna l’arianisme sous ses diverses formes (27). Pour l’Eglise de Chypre ont participé à ce concile les évêques Julien de Paphos, Théopompe de Trémithonte, Tychon de Tamassus et Mnémonius de Kitium (28). Pendant les travaux du concile, les évêques chypriotes ont soutenu de nouveau les thèses « orthodoxes » et ont voté, comme aux conciles de Nicée et de Sardique, contre l’arianisme. A la fin des travaux du concile, Théodose rend, le 30 juillet 381 Héraclée, le décret suivant : « Toutes les Eglises seront immédiatement données aux évêques qui confessent l’égale divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et qui sont en communion avec Nectaire de Constantinople ; en Egypte avec Timothée d’Alexandrie ; en Orient avec Pélage de Laodicée et Diodore de Tarse ; dans l’Asie proconsulaire et dans le diocèse d’Asie avec Amphiloque d’Iconium et Optime d’Antioche (en Pisidie). Tous ceux qui ne sont pas en communion avec les susnommés doivent être tenus pour hérétiques déclarés et, comme tels, chassés de l’Eglise (29). Les principaux canons du concile réuni à Constantinople et qui peuvent intéresser l’Eglise de Chypre sont les suivants : 1. « Que les décisions prises à Nicée demeureront inaltérables et de l'anathème des hérétiques. La profession de foi des 318 pères réunis à Nicée en Bithynie, ne doit pas être altérée, mais au contraire conserver toute son autorité, et l'on doit anathématiser toute hérésie, en particulier celle des eunomiens ou anoméens, celle des ariens ou eudoxiens, celle des semi-ariens ou pneumatistes, celle des sabel- 70 -

liens, celle des marcelliens, celle des photiniens et celle des apollinaristes ». 2. « Du bon ordre à garder dans chaque province et de la primauté qui revient aux grands sièges d'Alexandrie, d'Antioche et de Constantinople, et de ce qu'un évêque ne doit pas intervenir dans un évêché autre que le sien. Les évêques qui sont à la tête d'un diocèse ne doivent pas s'immiscer dans les affaires des Eglises qui sont hors de leurs limites, ni jeter par-là le trouble dans les Eglises. Mais, conformément aux canons, l'évêque d'Alexandrie administrera uniquement les affaires de l'Egypte, les évêques d'Orient gouverneront les Eglises du seul Orient, tout en gardant la préséance reconnue par les canons à l'Eglise d'Antioche, et les évêques du diocèse d'Asie administreront les affaires de l'Asie seule, et ceux du Pont uniquement les affaires du Pont et ceux de la Thrace, les affaires de la Thrace seule. A moins d'être appelés, les évêques ne doivent jamais intervenir hors de leurs diocèses pour des élections d'évêques ou quelque autre acte ecclésiastique. Tout en observant au sujet des diocèses la règle prescrite ci-dessus, il est évident que, conformément aux ordonnances de Nicée, le synode provincial décidera des affaires de toute la province. Quant aux Eglises de Dieu qui sont parmi les nations barbares, elles doivent être gouvernées selon la coutume établie du temps de nos pères ». 5. Le concile œcuménique d’Ephèse et les nouvelles difficultés entre l’Eglise de Chypre et le Patriarcat d’Antioche. Au début du Vème siècle, un nouveau danger commença à peser sur l’unité de l’Eglise ; il concernait cette fois la personne même du Christ. Deux conceptions s’affrontaient : l’une, représentée par l’Ecole d’Antioche, mettait l’accent sur la séparation des deux natures du Christ (divine et humaine) ; l’autre, - 71 -

représentée par l’Ecole d’Alexandrie, mettait au contraire l’accent sur l’union des deux natures. Nestorius qui avait étudié à Antioche et qui était devenu, en 428, évêque de Constantinople, poussa à l’extrême la conception de ses maîtres : il sépara les deux natures au point de prétendre que l’on ne pouvait pas donner à Marie le titre de Mère de Dieu (Théotokos) ; on pouvait, tout au plus, l’appeler Mère du Christ (Christotokos) (30). L’Eglise est, à nouveau, très sérieusement menacée dans son unité, c’est pourquoi l’empereur Théodose II décide de convoquer à Ephèse, en 431, les représentants de tout l’épiscopat de l’Empire (31). L’Eglise de Chypre fut représentée à ce concile par cinq évêques : Tychon de Chytri, Sapricio de Paphos, Rhéginus de Constanteia, Evagrius de Soloi et Zénon de Kitium (32). Finalement c’est l’empereur qui donna une solution à la question à cause de l’échec de la tentative de réconciliation entre les deux parties en présence. Après consultation des représentants des deux tendances, il se prononça en faveur de l’union ontologique (ou hypostatique) des deux natures dans le Christ et de la légitimité de l’expression Théotokos. Nestorius fut banni par décret impérial (33). Les évêques de Chypre étaient dès le début des travaux du concile contre Nestorius et ses disciples, d’autant plus qu’il représentait en quelque sorte le Patriarcat d’Antioche qui constituait un danger majeur pour l’indépendance de l’Eglise de l’île (34). Par ailleurs, le concile a de nouveau confirmé les décisions et la foi dégagées lors du concile de Nicée (35). Les votes des conciles précédents n’ont pas eu le résultat que l’Eglise de Chypre espérait. Il apparaît qu’au début du Vème siècle le patriarche d’Antioche a demandé le droit de consacrer les archevêques de l’île. Le clergé de Chypre a fortement résisté et le différend a été présenté au concile d’Ephèse par les représentants de l’Eglise chypriote. Le pa- 72 -

triarche d’Antioche s’est trouvé accusé, car il avait malmené l’archevêque de l’île Troïle, quand celui-ci était allé lui rendre visite. Les évêques de Chypre demandaient l’indépendance totale du synode de l’Eglise de l’île et l’autorisation de nommer et de consacrer les évêques et l’archevêque de leur Eglise, sans aucune intervention extérieure (36). Le concile tint compte de la proposition des évêques chypriotes et décida que toutes les Eglises consacreraient leurs propres évêques, selon les canons des Saints Pères et la coutume (37). Le Patriarcat d’Antioche demanda d’intervenir dans les affaires intérieures de l’Eglise de Chypre, mais sans aucun appui légal ; il n’existe aucun texte ni loi lui conférant ce droit. Ainsi l’Eglise de Chypre acquit son autonomie en profitant, d’une part, du fait que le Patriarcat d’Antioche était mal vu après la condamnation du nestorianisme, originaire de son Ecole, et d’autre part, du fait que ses représentants au concile d’Ephèse étaient contre cette doctrine. Les actes du Concile mentionnent, à propos de l’Eglise de Chypre : « La septième session, qui fut aussi la dernière, est marquée le lundi 31 août dans les actes ; mais on prétend qu'il faut lire le 31 juillet, parce que le concile ne s'assembla plus depuis l'arrivée du comte Jean, qui était à Éphèse, dans les commencements du mois d'août. Cette session se tint dans la grande église de la Sainte-Vierge. Rhéginus, évêque de Constantia dans l'île de Chypre, y présenta une requête, tant en son nom qu'en celui de deux autres évêques, Zénon et Evagre, se plaignant de ce que le clergé d'Antioche entreprenait contre la liberté dont ils étaient en possession, l'évêque d'Antioche ni quelque autre que ce fût n'ayant jamais eu part à l'ordination des évêques de cette île. Il paraissait en effet que les trois derniers métropolitains de Constantia avaient été établis par les évêques de Chypre. Mais après la mort du dernier, qui se nommait Troïle, Jean d'Antioche, prétendant que l'île de - 73 -

Chypre dépendait de son patriarcat, avait obtenu deux lettres de Denys, duc d'Orient : l'une au clergé de Constantia, l'autre à Théodore, gouverneur de Chypre. Dans la première, le duc disait que, puisqu'on allait tenir un concile à Éphèse, où l'on réglerait ce qui regardait l'élection de leur évêque, ils ne permissent point qu'on en élût ni qu'on en consacrât aucun jusqu'à la décision du concile sur ce point ; ou que, s'il y en avait un d'établi avant la réception de sa lettre, il eût à se trouver au concile indiqué à Éphèse. Dans la seconde, il ordonnait à Théodore d'employer son autorité et les milices qu'il commandait pour arrêter ceux qui exciteraient quelque tumulte. Cette lettre est datée d'Antioche, le 21 mai 431. Les évêques de Chypre ne laissèrent pas d'établir un évêque à Constantia, et ce fut Rhéginus sur qui tomba leur choix. Il vint à Éphèse avec trois autres évêques de son île, sans attendre les Orientaux, et s'étant joints à saint Cyrille, ils condamnèrent avec lui Nestorius, le 22 juin. Saprice, évêque de Paphos, l'un des trois qui avaient accompagné Rhéginus, étant mort à Éphèse, celui-ci et les deux autres s'adressèrent au concile pour lui demander sa protection contre les violences du clergé d'Antioche. Le concile, après avoir lu leur requête et les lettres du duc Denys, demanda qu'ils expliquassent nettement le sujet de ces deux lettres. L'évêque Zénon dit qu'elles avaient été obtenues par l'évêque et le clergé d'Antioche. " Que voulait l'évêque d'Antioche ? " dit le concile. " Il prétend, répondit Evagre, soumettre notre île et s'attribuer le droit des ordinations contre les canons et la coutume établie ? " Le concile dit : " N'a-t-on jamais vu l'évêque d'Antioche ordonner un évêque à Constantia ? " Zénon répondit : " Depuis le temps des apôtres on ne peut pas montrer que l'évêque d'Antioche, ni aucun autre, y soit jamais venu ordonner : ç'a toujours été le concile de la province qui a établi un métropolitain. Troïle, qui vient de mourir, Sabin, son prédécesseur, et le vénérable Épiphane, qui était avant eux, ont été ordonnés par un concile, sans que - 74 -

l'évêque d'Antioche ou aucun autre ait eu droit d'ordonner dans l'île de Chypre. " Ce concile, assuré par les déclarations que ces évêques avaient faites de vive voix et par écrit, rendit une sentence qui portait que, si l'évêque d'Antioche n'était point fondé en coutume pour faire des ordinations en Chypre, les évêques de cette île seraient maintenus dans la possession où ils étaient d'élire leurs évêques suivant les canons ; que toutes les autres provinces jouiraient pareillement des libertés qu'elles auraient acquises par l'usage ; qu'aucun évêque n'entreprendrait sur une province qui de toute antiquité n'aurait point été soumise à son église, et que s'il y en avait qui s'en fussent assujetti quelqu'une par violence, il serait obligé de la restituer. Le concile ne jugea pas à propos de demander que Jean d'Antioche fût entendu, parce que, appelé dans les formes, il avait refusé de comparaître. Peut-être que s'il eût été présent les évêques de Chypre n'eussent pas eu une sentence si favorable. Car Alexandre d'Antioche ayant prétendu, en 415, que les évêques de cette île ne s'étaient mis en possession de faire leurs ordinations que pour éviter la tyrannie des ariens qui avaient occupé le siège épiscopal d'Antioche pendant trente années, le pape Innocent Ier, faisant droit à sa requête, avait ordonné que ces évêques revinssent à l'observation des canons de Nicée, c'est-à-dire qu'ils rentrassent dans la dépendance de l'église d'Antioche. Toutefois, Balsamon, depuis patriarche d'Antioche, reconnaît que les faits allégués par Rhéginus et les autres évêques de Chypre étaient véritables. Pierre le Foulon, ayant usurpé le siège d'Antioche, voulut, sans s'arrêter au décret du concile d'Éphèse, se soumettre l'Église de Chypre. Mais comme l'on trouva dans le temps même de cette contestation, c'est-à-dire, vers l'an 488, le corps de saint Barnabé auprès de Constantia, un concile, tenu à Constantinople, et l'empereur Zénon déclarèrent que l'Église de Chypre, étant une Église apostolique, ne dépendait de la juridiction d'aucun patriarche » (38). - 75 -

La trêve obtenue à la suite du concile de 431 fut de courte durée. En effet, Eutychès, chef d’un couvent de Constantinople, unit tellement les deux natures du Christ qu’il prêchait que les deux natures se confondaient ; il déclarait qu’il n’avait qu’une seule nature en Lui, la divine. Cette hérésie a pris le nom de monophysisme (39). Ainsi l’empereur Marcien convoque en 451 l’ensemble de l’épiscopat de l’Empire à Chalcédoine, un faubourg de Constantinople, pour se pencher sur le nouveau problème (40). 6. S. Zénon, évêque de Chypre. La réponse du pape Innocent Ier, en 416, au patriarche d'Antioche Alexandre, à propos des prétentions de celui-ci sur l'Église de Chypre, n'a pas été suffisante. En 431, la mort du métropolitain de Constanteia, Théodore, a donné l'occasion au Patriarche d'Antioche de revendiquer une fois de plus ses prétendus droits. Il réussit à obtenir du duc d'Orient, Denys, qu'il envoyât une lettre au clergé de Constantia, pour lui demander de différer l'élection d'un nouveau métropolitain jusqu'à ce que le prochain concile, qui devait se réunir à Ephèse, eût réglé définitivement le litige. Si l'élection avait déjà eu lieu au moment de l'arrivée de l'ordonnance de Denys, l'élu devrait se rendre à Ephèse pour se soumettre à la décision conciliaire. Cette lettre partit le 21 mai 431. Elle était accompagnée d'un autre pli pour le gouverneur de l'île qui recevait le pouvoir, pour mieux veiller à l'exécution de l'ordonnance, d'utiliser la force armée si les circonstances l'exigeaient. De fait, quand ce double courrier parvint à destination, les évêques de l'île avaient déjà porté leur choix sur Rhéginus. Comme la date de l'ouverture du Concile approchait, celui-ci se mit en route pour Ephèse accompagné de trois autres évêques de l’île : Sapricius de Paphos, Zénon de Kourion et Evagre de - 76 -

Soli. Leurs noms se trouvent sur la liste des évêques présents à l'ouverture des travaux conciliaires, le 22 juin 431. Zénon demeure une figure importante dans l'histoire de l'Église de Chypre, grâce à ses interventions durant le concile, pour défendre l’indépendance de celle-ci. En outre, Zénon figure parmi les évêques qui ont condamné le nestorianisme. La condamnation de Nestorius reçut de même l'approbation de l'évêque de Kourion. Par la suite, il intervient pour informer le Concile que c'est uniquement sur les instances de Jean d'Antioche que Denys envoya les deux lettres qui enjoignaient de surseoir à l'élection du métropolitain de Constantia. Appuyant l'intervention d'Évagre de Soli, autre chypriote, qui venait d'affirmer que le patriarche d'Antioche voulait ainsi soumettre l'île à son siège, en consacrant ses évêques, en dépit des canons et de la coutume, Zénon invoque une tradition qui remonte aux apôtres. Il déclare que jamais ni l'évêque d'Antioche ni un autre ne sont venus à Chypre pour faire une consécration épiscopale ou même seulement pour y participer. Aucun précédent ne pouvait donc être invoqué en faveur des prétentions du titulaire d'Antioche. Les « Canons de Nicée » qui maintenaient les Églises dans leurs anciens privilèges, ne pourraient-ils pas fournir un appui aux prétentions d'Antioche sur l'Église chypriote ? Notamment, les canons 6 et 7 stipulant : « (6) De la primauté revenant à certains sièges et de ce qu'il ne faut pas nommer un évêque sans l'avis du métropolitain. Que l'ancienne coutume en usage en Egypte, dans la Libye et la Pentapole soit maintenue, c'est-à-dire que l'évêque d'Alexandrie conserve la juridiction sur toutes ces provinces, car il y a le même usage pour l'évêque de Rome. On doit de même conserver aux Eglises d'Antioche et des autres diocèses leurs anciens droits. Il est bien évident que si quelqu'un est - 77 -

devenu évêque sans l'approbation du métropolitain, le concile décide qu'un tel n'est même pas évêque. D'autre part, l'élection ayant été faite par tous avec discernement et d'une manière conforme aux règles de l'Eglise, si deux ou trois font de l'opposition par pur esprit de contradiction, la majorité l'emportera. (7) De l'évêque d'Aelia. Comme la coutume et l'ancienne tradition portent que l'évêque d'Aelia doit être honoré, qu'il obtienne la préséance d'honneur, sans préjudice cependant de l'autorité qui revient à la métropole. Zénon répondait à cette exigence que le titulaire d'Antioche n'a jamais eu le droit de consacrer ni le métropolitain de Constantia ni aucun autre évêque. Au contraire ce fut toujours le synode chypriote qui, selon les canons, désigna et consacra les évêques. Aussi, Zénon prie-t-il le Concile de confirmer ce privilège, faisant appel à la tradition apostolique de l’Eglise de Chypre. Devant une plaidoirie si bien défendue, le Concile donna raison aux évêques de Chypre. La décision cependant était en dépendance de l'exactitude des faits allégués par eux. La question de l'indépendance de l'Église de Chypre, loin d'être réglée définitivement par la décision d'Éphèse, devait effectivement être soulevée encore bien souvent à l'avenir (41). 7. Concile de Chalcédoine. De la part de l’Eglise de Chypre sont présents à ce concile les évêques Epiphane de Soloi, Epaphroditos de Tamassus et Soter de Théodosiae. Epiphane représentait aussi l’archevêque Olympius, Soter les évêques Héliodore d’Amathonte et Proechius d’Arsinoe, et Epaphroditos l’évêque - 78 -

Didyme de Lapethus. Photinos de Chytri a envoyé comme représentant le diacre Dionysios (42). Le concile condamna le monophysisme et précisa de nouveau la doctrine concernant les deux natures dans la personne du Christ (43). Les représentants de l’Eglise chypriote votèrent contre le monophysisme (44). Confirmant les décisions des conciles précédents, le concile de Chalcédoine éclairait encore davantage la question de la succession des évêques des différentes Eglises en précisant que chaque Eglise devait nommer ses évêques et ses archevêques et qu’aucune ne devait rester sans chef pendant plus de trois mois (45). Malgré toutes les décisions des conciles en faveur de l’indépendance de l’Eglise de Chypre, le Patriarcat d’Antioche la remit en question pendant le règne de Zénon. Le patriarche d’Antioche, nommé à ce poste par l’empereur, rouvrit le débat. Fort de son amitié avec l’empereur il aurait sûrement eu gain de cause, mais entre-temps, une histoire légendaire est venue au secours de l’Eglise chypriote. Suite à une vision de l’archevêque de Chypre Anthémios, le corps de l’Apôtre Barnabé a été découvert, avec une copie de l’évangile selon Mathieu. Cet événement prouvait l’origine apostolique de l’Eglise de l’île et, devant cette « preuve », Zénon ne put rester indifférent, d’autant plus que l’archevêque de Chypre lui offrit en cadeau la copie de l’évangile trouvée dans la tombe. L’empereur à son tour réaffirma l’indépendance de l’Eglise de l’île et confirma les privilèges impériaux que possédait son archevêque : signer à l’encre rouge, porter une chape de pourpre impériale ainsi que le sceptre impérial (46). Ce fut la dernière tentative du Patriarcat d’Antioche pour mettre sous son autorité l’Eglise chypriote : son nestorianisme lui avait fait perdre toute considération dans le monde orthodoxe.

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Pendant les conciles, l’Eglise chypriote a toujours gardé une position orthodoxe ; elle a toujours voté contre ceux qui ont été qualifiés, plus tard, d’hérétiques et elle a su tirer profit de cette situation, car elle a échappé ainsi au contrôle du Patriarcat d’Antioche et elle a obtenu un statut très avantageux, celui d’Eglise autocéphale.

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CHAPITRE III D’Aphrodite à la Vierge. Le christianisme n’a pas apporté immédiatement, une révolution au niveau de la mentalité des gens. Il a su s’adapter aux traditions et croyances anciennes, tout en les transformant doucement, à doses homéopathiques. Chypre conserve certains de ses caractères ou de ses traditions venant d'époques beaucoup plus anciennes. Ces traditions sont vivaces jusqu’à nos jours dans certains cas et sont totalement intégrées dans les fêtes chrétiennes, au point de les considérer comme faisant toujours partie intégrante de la tradition populaire chrétienne. Pour n'en donner que quelques exemples, la célébration des fêtes des fleurs du mois de mai, à Paphos, à Larnaca, à Paralimni, ont été héritées des antiques fêtes de la végétation ou des fêtes de Dionysos. Même au jour d’aujourd’hui, les fêtes dédiées à Dionysos à la vigne et au vin sont foison dans l’île. La célébration du printemps, de l’ouverture de la mer à la navigation se poursuivent sans relâche. Il s’agit de fêtes et traditions anciennes, liées au paganisme et récupérées par le christianisme qui à son tour, leur a enlevé tout ce qui faisait référence aux fêtes antiques et les a enveloppées de la doctrine chrétienne les rendant fréquentables et les utilisant comme ciment de la nouvelle idéologie. L’exemple du culte d’Aphrodite en est une illustration parfaite. C'est une grande déesse, appartenant au ProcheOrient, qui est à la fois Terre nourricière et Mère universelle. Déesse de l'Amour et de la Beauté, elle séduisait et trompait chacun, tant homme que dieu. Avec son sourire doucement moqueur c'était une déesse irrésistible qui ôtait l'esprit même aux plus sages... Déesse des espaces célestes, Aphrodite a une prédilection pour les cultes à l'air libre. Elle est souveraine sur la mer sur laquelle elle se déplace dans une grande conque. - 81 -

Aphrodite est aussi un principe de fertilité terrestre : grâce à elle les forces végétales sont réveillées à chaque printemps. Elle est vénérée plus particulièrement à Paphos, où chaque année au printemps, ses prêtresses se plongeaient dans la mer et en ressortaient régénérées. Elle était également particulièrement vénérée à Cythère, et à Corinthe. Dans tous ces centres de vénération pour Aphrodite, dans ses temples, des prostituées sacrées (les hiérodules) étaient attachées à ses sanctuaires. Dans l'Iliade, elle est la fille de Zeus et de Dionè, mais selon une tradition plus ancienne et la plus fréquente, elle est née de l'écume de la mer, à proximité de Paphos, lorsque Cronos, fils d'Ouranos et de Gaia, eut émasculé son père avec une faucille et jeté ses organes génitaux dans la mer ; du sang et de l'écume jaillit alors une femme : Aphrodite. La double origine d'Aphrodite explique sans doute la distinction qui s'est établie d'une Aphrodite céleste et d'une Aphrodite plus humaine. Aphrodite est, par conséquent, l'inspiratrice de l'amour divin et céleste, de l’amour pur mais également de l’amour physique et matériel. Le culte d’Aphrodite rappelait également, les différentes divinités de la région élargie, dont provenait la déesse chypriote. Des divinités assyriennes, chaldéennes, de l'Isis égyptienne à l'Astarté phénicienne. Les différentes caractéristiques d’Aphrodite sont décrites dans l’Hymne que lui dédie Homère : « Muse, redis les travaux de la blonde Aphrodite, déesse de Chypre : c'est elle qui fait éclore de tendres désirs dans le sein des dieux, qui soumet à ses lois les mortels, les oiseaux, légers habitants de l'air, tous les monstres, et ceux du continent et ceux de la mer; c'est elle, douce Aphrodite, couronnée de fleurs, c'est elle qui courbe sous ses travaux tout ce qui respire. Mais il est trois divinités inflexibles à ses séductions et dont elle ne peut fléchir le cœur. Athéna aux yeux d'azur, fille du - 82 -

redoutable Zeus, repousse les travaux de la blonde Aphrodite. Ce qu'elle aime, ce sont les guerres, les fatigues d'Arès, les combats, les batailles, les charmants tissus. La première, elle enseigna les arts aux mortels, elle leur enseigna à façonner les chariots et les chars étincelants d'airain. C'est elle qui, dans l'intérieur des palais, apprend aux jeunes vierges à se servir de l'aiguille et forme leurs mains à ces ouvrages délicats. Aphrodite au doux sourire n'a pu soumettre à l'amour Artémis qui porte des flèches d'or et qui chérit la chasse tumultueuse. Elle aime les arcs dont la flèche rapide atteint une proie sur les hautes montagnes, les lyres, les chœurs des danses, les cris des chasseurs, l'obscurité des profondes forêts et la cité des hommes justes. Les travaux d'Aphrodite ne sont point agréables à Hestia, vierge vénérable, la première enfantée par le rusé Cronos, et la dernière selon les volontés du puissant Zeus. Apollon et Hermès désiraient épouser cette auguste déesse, mais elle ne voulut pas y consentir ; elle s'y refusa constamment, et, touchant la tête du dieu puissant de l'égide, cette déesse fit le grand serment qu'elle a toujours tenu de rester vierge dans tous les temps. Au lieu de cet hyménée, son père la gratifia d'une belle prérogative : au foyer de la maison elle reçoit toutes les offrandes des prémices ; elle est honorée dans tous les temples des dieux ; elle est pour les mortels la plus auguste des déesses. Le cœur de ces divinités a été inflexible à Aphrodite : elle n'a pu les séduire ; aucun autre ne se soustrait à Aphrodite, qu'il soit dieu ou mortel. Elle égare même la pensée de Zeus, roi de la foudre, le plus grand des dieux honoré par les hommes les plus illustres. Elle trompe à son gré cet esprit plein de prudence, l'unit à des femmes mortelles et lui fait oublier Héra, sa sœur et son épouse, qui par sa beauté l'emporte sur toutes les déesses. C'est cette divinité glorieuse qu'enfantèrent

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Cronos et Rhéa. Zeus, dans la sagesse de ses conseils, a choisi cette noble épouse, habile dans les plus beaux ouvrages. Cependant Zeus inspira au cœur de Aphrodite le désir ardent de s'unir avec un mortel, pour qu'elle ne fût pas affranchie des plaisirs terrestres ; car souvent parmi les Immortels elle se vantait avec un malin sourire d'avoir uni les dieux à des femmes qui concevaient des fils sujets à la mort, et d'avoir uni des déesses à des hommes. Zeus inspira donc au cœur de Aphrodite de vifs désirs pour Anchise, qui pour sa beauté ressemblait aux Immortels, et qui faisait paître ses troupeaux sur le sommet de l'Ida, source d'abondantes fontaines (…)». Le christianisme chypriote confère un rôle prépondérant au personnage de Marie -la Panayia (Toute Sainte), la Theotokos (Mère de Dieu). Cette identification n’a pas dû poser énormément de problèmes aux Chypriotes. La Sainte Vierge chrétienne conserve une grande partie de caractéristiques de la déesse païenne d'Aphrodite. D’autant plus que la tradition millénaire l’a fait naître à Chypre; elle englobe les fonctions de déesse-mère, qui enfante, nourrit, protège la santé de l'enfant (47). D’autre part, le chamanisme présent dans la société chypriote, demeure vivant, même bien après la reconnaissance de la foi chrétienne par Constantin. a). Le chamanisme. La présence du chamanisme dans une région n'implique pas que la vie religieuse locale se soit cristallisée autour de lui. Généralement, le chamanisme coexiste avec d'autres formes de magie et de religion. La possession et le chamanisme sont des phénomènes inclus dans leur environnement socioculturel. Les cultes ayant une relation avec le chamanisme sont en étroite relation symbolique avec la culture dans laquelle ils s'enracinent. Dans les sociétés pluriculturelles, les chamans

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jouent un rôle de «passeur culturel », établissant un pont entre les différentes cultures. En général, le chamanisme ne parle ni d'un monde à sauver ni d'un au-delà meilleur. Il y est seulement question d'un moyen donné aux hommes pour faire face à une imperfection irrémédiable. Partageant le même monde que les hommes, les esprits sont proches d'eux, sensibles à leurs actions et intéressés par un contact. En général le monde des esprits est regardé comme ni bon ni mauvais. Il existe des entités volontiers favorables aux humains, d'autres non. Même dans les cas qui semblent assez nets, les entités bénéfiques se retournent parfois contre les hommes et inversement les entités néfastes deviennent protectrices. Le chaman est un intermédiaire, un messager, celui qui, par ses actes et incantations, peut favoriser l’une ou l’autre des actions. A Chypre, dans les campagnes, ce type d’actes est resté vivant jusqu’à nos jours. L’Eglise faignant de les ignorer pour ne pas leur conférer une importance accrue. Elle les combat, toutefois, en permanence. Les religions dualistes, basées sur l’existence du bien et du mal, dans leur volonté de lutter contre le chamanisme et les cultes de possession, ont eu tendance à diaboliser les esprits. En effet, la symbolique traditionnelle du désordre n'a pas réellement sa place dans les visions dogmatiques de l'opposition du Bien et du Mal. Cette assimilation au diable est excessivement simpliste, même si elle est relativement bien acceptée par les spécialistes de l'invisible.

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b) Art païen, art chrétien. Certains historiens considèrent que les mosaïques de Paphos représentent une évolution de l’art chrétien de Chypre et même qu’ils sont les œuvres d’artistes crypto-chrétiens. Il est évident que nous pouvons chercher – et, pourquoi pas, trouver - des images ou des significations cachées dans toute œuvre artistique. Nonobstant, je pense que voir une œuvre chrétienne dans les images successives représentant le triomphe de Dionysos, le dieu grec du vin est exagéré. Voyons comment ces mosaïques sont disposées et les images qu’elles représentent. La description détaillée de ces œuvres a été faite par W.A. Daszewski, D. Michaelides et G.S. Eliades. Nous allons parler ici des représentations les plus emblématiques des mosaïques découvertes à Paphos. Un grand nombre de représentations de processions dionysiaques ont survécu jusqu'à nous depuis l'Antiquité. Beaucoup d'entre elles illustrent le retour triomphal de Dionysos après une expédition militaire aux Indes, d'où il aurait ramené les esclaves indiens et les panthères que nous voyons sur la mosaïque découverte à Paphos. D’ailleurs, la maison dans laquelle se trouve cette mosaïque a été baptisée « Maison de Dionysos ». Le dieu est représenté sur un char à deux roues. Il occupe une position centrale dans la composition. Il est ceint d'une couronne de feuilles de laurier et tient un thyrse, longue lance entourée de pampre de lierre et terminée par une pomme de pin, qui est l'un des plus importants attributs du dieu et de ses fidèles. Le suivant, un jeune satyre à queue, traîne une outre dont il vient sans doute de vider le contenu dans le grand cratère qu'il tient, non sans effort, de la main gauche. Derrière le satyre, le dieu Pan, brandissant d’une main une houlette de berger et tenant un bouclier de l'autre. Derrière lui, se trouve un esclave indien, aisément reconnaissable à sa peau noire, qui a les mains liées derrière le dos. Ensuite, viennent deux Bacchantes. La première tient de sa - 86 -

main droite un bol à libations et la seconde couronnée de fleurs, tient thyrse de sa main droite et de la main gauche la ciste mystique dionysiaque. Le thyrse et la ciste sont ornés de feuilles de lierre. Le char du dieu est tiré par deux panthères ramenées des Indes. La panthère est devenue par la suite, un des emblèmes de Dionysos. Les rênes sont tenues par Silène, le plus vieux compagnon de Dionysos, dont la tête chauve est couronnée de feuilles de lierre. Devant l'attelage, un dompteur à la peau sombre, mais moins noir que les esclaves indiens, est tourné vers les bêtes sauvages, à demi-agenouillé. De sa main droite tendue, il tient ce qui semble être des lanières. La venue du dieu est annoncée par deux autres de ses suivants: une Bacchante jouant des cymbales et un homme nu, couronné de roseaux, portant, jetée sur son épaule, une peau d'animal et qui souffle dans une longue trompette. Entre eux, se trouve un autre Iridien, qui se tourne vers le dieu, les bras levés vers son visage, et semble se lamenter sur ses malheurs. Les personnages, comme dans tous les autres tableaux, se détachent sur un fond clair sans décor. Certains d'entre eux sont posés directement sur la ligne de la bordure, d'autres sont placés au-dessus, avec de petits traits sombres sous leurs pieds, semblables à des ombres, qui symbolisent le sol, selon une convention communément acceptée dans l'art de la mosaïque à l'époque romaine. " D’autres scènes en relation avec Dionysos représentent les vendanges. Ces représentations tiennent à la fois du réel et de l'imaginaire, car des satyres cornus et de petites créatures ailées se mêlent aux humains pour cueillir les grappes, en remplir les paniers et les charger sur des ânes. Mêlées à ces scènes, il, en est d'autres qui évoquent la vie rurale: une scène de chasse, un homme prêt à attraper un lapin sauvage, un serpent enroulé à un tronc d'arbre, une perdrix picorant une grappe de raisin et des quantités d'oiseaux perchés sur les branches de la vigne (48). - 87 -

Dans un deuxième panneau, l'artiste a placé un des thèmes principaux relatif au Dieu du vin. Le centre du panneau est occupé par une représentation de l'Athénien Ikarios, fils de Pandion, et roi de l’Attique. Ce dernier invita Dionysos. Le dieu du vin l’initia à la culture de la vigne et la fabrication du vin. Le premier vin qu'il produisit, il le plaça dans des outres et l’offrit à son entourage. Il en offrit également à la jolie nymphe Akmé, qui est représentée en train de boire à la santé de Dionysos, et aux deux bergers qui s'enivrèrent. Dionysos est assis sur un siège et il est la figure dominante de l'ensemble de la scène. Il porte un vêtement et une couronne de feuilles de vignes sur sa tête et étreint dans ses deux mains une grappe de raisin. Le mosaïste a placé dans cette scène tous les attributs du dieu du vin. Rien ne vient troubler la symbolique et le message lié à Dionysos (49). Que, par la suite, le christianisme triomphant et reconnu comme religion dominante dans l’empire, ait emprunté des éléments et des images préexistants en les « christianisant » est tout à fait concevable. Toute idéologie nouvelle, qu’elle ait été désignée comme religion ou d’un autre nom, bâtit ses supports sur du déjà existant, le détourne, le sanctifie et le fait sien. Ce n’est pas un hasard si les visages des dieux grecs ou romains ressemblent aux saints chrétiens (ou le contraire), comme ce n’est pas un hasard si le monothéisme se permet des trinités, de nombreux apôtres et encore de plus nombreux saints. D’ailleurs ces derniers deviennent de plus en plus nombreux et remplissent une fonction spécifique en direction d’une région donnée, chaque fois qu’ils sont créés. Je ne vais pas me lancer ici dans cette étude qui nous éloignerait trop du sujet traité.

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c) La symbolique des quatre saisons. Une autre salle de la Maison de Dionysos est ornée des allégories des quatre saisons. Là encore, la symbolique ancienne est présente. La théorie des quatre éléments, s’applique également au domaine de la structuration du temps, dans la mesure où chacune des quatre saisons correspond à l’un des éléments classiques. Le printemps est chaud et humide comme l'air, l'été chaud et sec comme le feu, l'automne froid et sec comme la terre, l'hiver froid et humide comme l'eau. C’est beaucoup plus tard que le christianisme a adopté d’une manière ou d’une autre, la symbolique contenu dans le chiffre quatre. Le 4 est, au-delà du chiffre des quatre saisons, le nombre des points cardinaux et des quatre éléments (air, terre, eau et feu). Le symbole des quatre évangélistes ne s'est pas imposé d'emblée aux chrétiens tel que nous le connaissons aujourd'hui. Les chrétiens ont au départ rapproché les quatre évangélistes des quatre grands prophètes (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel), des quatre pères de l'Église (St Augustin, St Ambroise, St Jérôme, St Grégoire le Grand), des quatre fleuves du paradis (50).

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CHAPITRE IV La géographie du culte. Pendant la première moitié du IVème siècle s’esquisse une géographie ecclésiale nouvelle. La paix constantinienne crée à Chypre également une nouvelle géographie du culte car, durant les siècles qui ont précédé cette période, les réunions des chrétiens se tenaient dans de simples maisons de chrétiens – les domus ecclesiae – ou les catacombes. Pour ce qui est des domus ecclesiae les témoignages archéologiques sont pratiquement inexistants. Par contre les catacombes datant de ces époques existent encore à Chypre. A partir du IVème siècle de nombreuses basiliques ont été construites avec une influence architecturale des grandes églises constantiniennes : la Cathédrale et Saint Pierre (Rome), le Saint-Sépulcre (Jérusalem) et la Nativité (Bethléem). 1. La basilique de Chrysopolitissa (Sainte Vierge de la Cité d’Or). Des fouilles dirigées par Athanassios Papageorgiou du service des antiquités de Chypre ont révélé l’existence d’une basilique, à Paphos, peut-être la plus grande de Chypre (51). A l’origine la basilique avait sept travées mais au VIème siècle elles furent réduites à cinq. Elle avait un narthex et un atrium à l’ouest avec une cour ouverte et des portiques autour. L’église principale mesurait 53 mètres de long sur 38 mètres de large – à l’exclusion des arcs et du couloir sur les côtés nord et sud. Quatre colonnes de granit soutenaient une lanterne au-dessus de l’autel. Les colonnes de la nef centrale étaient en marbre excepté quatre en granit. Le parterre était couvert de mosaïques datant de différentes époques ; les plus

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anciennes d’entre elles datent du IVème siècle époque de la construction de l’église. La basilique fut détruite par les razzias arabes en 653 quand ils occupèrent Paphos ; on peut encore voir sur les colonnes en marbre quelques inscriptions écrites en arabe. 2. La basilique de la Vierge Limeniotissa (Paphos). Cette basilique a été découverte récemment par une mission du service des antiquités de Chypre (52). La basilique avait trois nefs et une abside semi-circulaire à l’est et un narthex rectangulaire à l’ouest. Plus à l’ouest il n’y avait pas d’atrium mais un exonarthex. La basilique a été détruite vers le milieu du VIIème siècle.

La basilique de la Vierge Limeniotissa D’après A. Papageorghiou - 92 -

XXXII Corso di Cultura sull’Arte Ravennate e Byzantina, Seminario Internazionale di studi su « Cipro e il Meditarraneo Orientale », Ravenne, 1985. Repris par Phryni Hadjichristophi, L’île aux cent basiliques, in Le monde de la Bible, No 112, juillet-août 1998.

3. La basilique paléochrétienne de Curium. C’est une de plus grandes basiliques découvertes à Chypre. M. Megaw, ancien directeur du service des antiquités de Chypre (1936 – 1960) a dirigé durant son service des fouilles dans cette église épiscopale. Les travaux étaient financés par Dumbarton Oakes Center for Byzantine Studies of Washington D.C. (53). Cette église fut, probablement, érigée en 400 après J.-C. sur le site d’un vieux temple païen dédié à Apollon, qui a été détruit par les tremblements de terre ; les tremblements de terre ont certes provoqué beaucoup de dégâts mais en même temps ont aidé à la disparition des temples païens et favorisé la construction de nouvelles églises. Cette transition du paganisme au christianisme est évidente à Curium où un nouveau protecteur est arrivé (le Christ) et qu’il a banni l’ancien (Apollon) dont le sanctuaire était le centre religieux et politique de Curium depuis la période archaïque (VIIème siècle avant J.-C.). La basilique servit de cathédrale de la ville de Curium durant 250 ans environ (jusqu’aux invasions arabes) (54). Des colonnes de granit marquent le côté sud du sanctuaire, où l’on peut encore voir les travaux de maçonnerie des quatre d’entre elles. Elles soutenaient un ciel d’autel en coupole. A l’est se trouve une base qui soutenait un banc monumental où le clergé s’asseyait des deux côtés de l’évêque. - 93 -

Au delà des ailes de la basilique se trouvent les ruines d’annexes en pierre où les gens qui n’étaient pas encore baptisés étaient obligés de se rendre durant la communion ; il y avait des bancs tout au long de ces murs. A l’ouest, au delà du narthex une porte centrale conduit à une chapelle où les fidèles déposaient leurs offrandes.

La basilique de Kurium D’après A. Papageorghiou

Au nord se trouve une avant-cour qui était entourée de portiques. On y pénétrait par le nord à travers un vestibule dal- 94 -

lé, à l’intérieur duquel se trouvait un réservoir d’eau, hexagonal, symbole de purification, le baptistère. Il s’ouvre par le portique et consiste à une chambre ressemblant à celle de l’église avec dallage en mosaïque, au-dessus de laquelle devait se trouver un toit soutenu par six colonnes en marbre et une série de chambres intérieures du côté sud. Là, les candidats adultes prêts à recevoir le baptême se retiraient, entraient dans les fonts baptismaux et passaient pour recevoir leurs habits. En retournant dans la chambre centrale ils formaient une procession, passaient à travers l’avant-cour et entraient dans la basilique pour leur communion (55).

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4. La basilique de Saint Epiphane (Salamine).

La basilique de saint Epiphane. Source : L’architecture paléochrétienne de Chypre, par A. Papageorghiou,

Les restes de la grande basilique de Saint Epiphane, construite après 367, ont été découverts en 1924-25 et dégagés partiellement plus tard en 1954-56 par le service des antiquités de Chypre (56). La dernière campagne a révélé des détails de la basilique qui devait être une église à cinq nefs, ainsi qu’une tombe qui devait certainement contenir les reliques de Saint Epiphane (57). - 96 -

5. La basilique de Campanopetra (Salamine). La basilique fut construite à la fin du Vème et au début du VIème siècle sur les fondations d’anciens édifices détruits par les tremblements de terre. L’église proprement dite était divisée en trois nefs (la nef centrale plus large que les autres) par deux rangées de douze colonnes corinthiennes en marbre, comprises entre deux demi-colonnes adossées aux parois de l’église. Les trois nefs ouvraient à l’ouest sur le narthex par une porte à seuil et encadrement mouluré de marbre, et s’achevait à l’est par une abside ; l’abside de la nef centrale ayant encore conservé les degrés du synthronon. L’abside est enveloppée par un couloir ménagé dans l’épaisseur du mur et recouvert d’un demi-berceau en blocs appareillés. Le mur, côté abside, est en outre percé de trois niches rectangulaires, l’une dans l’axe de l’édifice, les deux autres sur un diamètre perpendiculaire. Face à la niche centrale le mur extérieur porte gravée sur sa face interne, dans l’axe de la nef, une croix. L’extrémité est de la nef centrale, sur la longueur de deux entrecolonnements, était occupée par la plate-forme surélevée du hiéron bêma. Au nord et au sud la nef était bordée par deux galeries étroites. A la suite d’un remaniement, la galerie sud fut fermée à son extrémité est par une abside et transformée en cimetière. L’église s’étend, en tout, sur 170 mètres de long ce qui montre la richesse et l’importance de Salamine et de son clergé à cette époque (58).

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6. L’église paléochrétienne d’Amathonte. Des missions archéologiques françaises et du service des antiquités de Chypre ont découvert à Amathonte les ruines d’une petite basilique paléochrétienne datant du Vème siècle (59). Le mur de la basilique a été taillé dans le rocher sur une hauteur de trois mètres. Seule la partie supérieure du mur nord a été construite. La basilique a été aménagée sur les ruines d’un ancien temple païen. Après la destruction de l’église, pendant les incursions arabes, son côté nord a été séparé de la partie détruite par un mur. 7. La basilique de Saint Heraclidios à Tamassus. Il existe aujourd’hui à Tamassus un monastère qui porte le nom de Saint Heraclidios ; ce monastère a été détruit et reconstruit plusieurs fois depuis le IVème siècle après J.-C. (60). Des fouilles systématiques dans l’enceinte du monastère actuel ont montré que la première basilique chrétienne y a été construite au cours du IVème siècle sur des fondations anciennes (peut-être à l’emplacement d’un ancien temple païen). Le plancher de cette église a été décoré avec des mosaïques et le monogramme du Christ. Au VIème siècle cette mosaïque a été couverte de marbre dont une partie est conservée jusqu’à nos jours (61).

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8. La basilique de Trémithonte. Une mission du service des antiquités de Chypre a découvert en 1966, à Trémithonte, les fondations d’une basilique datant du IVème siècle. Les dimensions de la basilique n’ont pas été établies mais il paraît qu’elle avait trois nefs séparées par deux séries de colonnes. Après la destruction de cette première église une autre fut construite à sa place (62). 9. La basilique de Theodosiae. Des fouilles à l’emplacement de l’actuel village de Yialoussa ont conduit à la découverte des ruines d’une basilique datant du Vème siècle. La construction des murs de la basilique est pauvre mais le pavement du narthex et de l’annexe sud était en mosaïque. Il semble que la basilique ait eu des tribunes ; un escalier en dehors de l’annexe sud du narthex, menait aux tribunes. L’église était couverte d’un toit en charpente, elle fut finalement détruite au VIIème siècle (63). 10. La basilique paléochrétienne de Panayia Angeloktistos (Notre-Dame bâtie par les Anges) à Kitium. Le site n’a pas été totalement fouillé mais il semble que la première église ait été une construction couverte d’un toit de charpente. Après sa destruction au VIIème siècle une autre église fut construite à sa place (64).

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D’autres églises construites à la même époque ont été découvertes mais leurs emplacements n’ont pas été totalement dégagés. La basilique à Chytri est à trois nefs de 21 mètres de long et 14 mètres de large avec un narthex à l’ouest et une abside saillante à l’est (65). La basilique de Soli est, aussi, à trois nefs terminées, chacune, par une abside semi-circulaire. L’intérieur mesure 52 mètres de long sur 30, 40 mètres de large (66). Ont été repérés les restes des basiliques paléochrétiennes à Keryneia (67) à Arsinoe (68) et à Carpasiae (69) par des explorations archéologiques du service des antiquités de Chypre. 11. Le monastère de Stavrovouni. Le monastère et l’église furent construits sur l’ordre de Sainte Hélène en 327 après J.-C., à la fin de la grande sécheresse. En effet au début du IVème siècle la sécheresse a causé le dépeuplement de Chypre, selon la chronique de Machairas qui dit que l’île était complètement déserte. Actuellement beaucoup d’historiens n’acceptent pas cette version de faits car dans la même période l’île a contribué avec trente bateaux à la flotte de Licinius. Mais toujours est-il que quand Sainte Hélène a vu que les habitants de l’île étaient peu nombreux par rapport à la fertilité de son sol, elle a décidé d’en amener de Syrie, d’Anatolie, d’Arabie et des îles grecques Telos et Sporades. Leurs descendants, à l’ouest de l’île, ont donné leur nom à la région qui s’appelle, encore aujourd’hui, Tylliria. La venue de Sainte Hélène à Chypre semble avoir marqué le début d’une période prospère tant dans le domaine agri- 100 -

cole que dans celui du commerce, mais, de toutes façons, elle a contribué au développement du christianisme car elle a fait construire des églises elle-même, et par la suite son exemple a été imité par les chrétiens de l’île. En plus du monastère de Stavrovouni Sainte Hélène a fondé un autre monastère à Tochni. A son retour de Constantinople elle a sollicité de l’aide pour l’île à son fils qui envoya Calocairos, chef de ses compagnies de méharistes, comme gouverneur de l’île (70). 12. Le monastère de Saint André. La légende de Saint André en ce qui concerne cet endroit remonte aux temps des Apôtres. Lors d’un de ses premiers voyages à Jérusalem à l’occasion de la Pâque juive et pour participer au Synode, il vit le capitaine borgne qui commandait le bateau dans une grande anxiété par suite du manque d’eau à bord. Le bateau passait alors au large de la côte est de Chypre, juste en face de l’endroit où s’élève le monastère actuel. Saint André rendit la vue au capitaine et ordonna aux marins d’aller à terre, leur assurant qu’ils trouveraient des puits remplis d’eau douce. Effectivement ils trouvèrent de l’eau. A la suite de ce miracle, tous reconnurent le Christ comme le Messie et se firent baptiser. Le capitaine amena une icône du saint et la posa près des puits, lors de son voyage de retour ; ainsi commença la construction du monastère. Evidemment nous ne pouvons pas nous fier aux légendes, mais aujourd’hui il existe une petite pièce restaurée à plusieurs reprises que l’on suppose être l’ancienne chapelle du

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plus ancien monastère qui fut construit à cet endroit. Cette pièce a un puits au milieu. Quoi qu’il en soit nous avons des preuves données par des fouilles concernant des habitations assez importantes qui existaient à cette époque autour de l’endroit où se situe le monastère actuel. D’ailleurs l’itinéraire suivi par St André lors de son voyage vers la Terre Sainte a dû l’amener par Chypre (71). 13. Le monastère d’Ayia Napa. Il existait au début de notre ère une petite communauté au sud-ouest du monastère actuel. Le monastère est mentionné pour la première fois dans la chronique de Machairas mais il semble avoir été abandonné durant les premiers temps de l’occupation ottomane (fin XVIème s.). Il fut restauré au XIXème siècle et en 1960-67 par le service des antiquités de Chypre. 14. Le monastère de Saint Barnabé. Ce monastère situé à l’ouest de Salamine fut construit en l’honneur du saint du fait que la sépulture contenant ses reliques ainsi qu’un exemplaire de l’Evangile selon Mathieu écrit de sa main furent retrouvés en ce lieu en 478 après J.-C. Saint Barnabé a en effet continué son œuvre missionnaire avec un succès considérable après son premier voyage à Chypre avec St Paul. Il devint le premier évêque de Salamine, sa ville natale et y fut martyrisé et tué. Le monastère fut détruit pendant les invasions arabes à Chypre.

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Des fouilles menées par la mission française de l’Université Lyon II en 1970 ont mis au jour les ruines du monastère (72). Le culte de Barnabé est toujours vivant à Chypre. Les chrétiens de l’île considèrent d’une manière particulière celui qui personnifie le mieux le christianisme de l’île.

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CHAPITRE V Organisation et société cléricale. L’organisation matérielle permet à l’Eglise chypriote de servir avec faste et solennité, impressionnant ainsi davantage les fidèles, le service dirigé par l’évêque. Elle facilite, aussi, sans doute, l’organisation d’un calendrier du culte pour les martyrs en assurant déjà une sorte de conquête du temps. 1. Le haut clergé. Les évêques détiennent un pouvoir très important dans leur diocèse et certains même, plus connus et par conséquent soit craints soit respectés, participent activement à la vie, y compris politique, au niveau de l’Empire (73). Le rôle que tient l’évêque dans la liturgie ainsi que la solennité liturgique, lui confèrent encore davantage d’éclat et de puissance. Le personnage de l’évêque est primordial dans la société des IVème et Vème siècles, dans l’ensemble de l’Empire. Responsable de son diocèse, l’évêque est habilité à y faire la loi et résoudre » les problèmes qui s’y posent en matière de religion (74). Avec la reconnaissance du christianisme par l’empereur Constantin, une volte face extraordinaire s’opère dans les milieux du pouvoir dans l’ensemble de l’Empire. Les familles patriciennes, les plus cultivées et celles qui détiennent le pouvoir, voient le revirement idéologique et le changement qui est en train de s’opérer. La nouvelle philosophie est en train de prendre le dessus sur le monde antique et le nouveau pouvoir politique doit composer avec elle. Si quelqu’un souhaite maintenir son influence dans la société et le pouvoir, il doit s’y adapter, l’adopter si nécessaire, sinon, il risque de se retrouver à la marge. C’est ainsi que les familles patriciennes fournissent - 105 -

les plus gros des contingents d’évêques ; elles maintiennent de la sorte, leur emprise sur le pouvoir politique, à travers le contrôle de l’idéologie dominante. D’ailleurs, quelques siècles plus tard, le clergé de l’Empire, mené par le Patriarche de Constantinople, se permettra de déclarer tout haut son contrôle effectif et pratiquement absolu, sur les nominations des empereurs et par conséquent, la mainmise sur la politique et sur la vie séculière de l’Empire. 2. L’administration des biens ecclésiastiques. Appartenant à la communauté locale, les biens sont administrés par son chef, l’évêque. Le principe régissant cette situation est simple : Le patrimoine est celui de la communauté locale, groupée sous la direction spirituelle, mais également au fur et à mesure pratique et du quotidien, de son évêque. Il n’existe pas de propriété de l’Eglise – du moins au début de la domination du christianisme – à proprement parler. D’ailleurs, un tel système aurait généré des complications extrêmes pour l’administration des biens et aurait, par conséquent, très probablement, moins stimulé la générosité locale (75). Il n’y a pas non plus, du moins au début de la période considérée, de propriété particulière au profit d’une église déterminée, d’un monastère ou d’un hospice. Le concile d’Antioche (332-341) tout en reconnaissant que l’évêque avait le pouvoir sur les biens ecclésiastiques, prévoyait néanmoins, la participation du reste du clergé à l’administration du patrimoine. C’était probablement pour établir un certain contrôle (voir annexe V). En cas d’abus commis par l’évêque dans la gestion des biens, un synode provincial était appelé à le juger. La réglementation est minutieuse, mais dont on ne saurait affirmer qu’elle ait été scrupuleusement observée car - 106 -

l’imprécision juridique qui plane sur le titulaire du patrimoine exposait à des confusions fâcheuses entre les biens de la communauté et la fortune personnelle de l’évêque ! Le risque était d’autant plus grand qu’il était parfois difficile de déterminer si certains biens donnés à l’évêque lui avaient été attribués personnellement ou lui avaient été remis pour l’église. Comment, par ailleurs, fixer avec précision ce qui dans les revenus ou bénéfices réalisés par l’évêque lui resterait à titre personnel ou tomberait dans le patrimoine commun ? L’évêque administre les biens par lui-même directement ou en confie la gestion à un économe. La propriété ecclésiastique ne cesse de s’agrandir depuis, surtout, que la dynastie constantinienne avait fait des donations et des legs aux clercs et aux églises, dans le but de s’associer l’Eglise de l’empire (76). Ainsi, les participants aux différents conciles se voient souvent obligés de préciser avec plus de clarté le pouvoir de l’évêque (77). Mais, tout cela confère à la « classe » du haut clergé, au minimum la considération, voire la crainte, de la part du peuple. L’évêque gagne de l’importance au fur et à mesure que son autorité et son domaine de juridiction s’agrandit et que le patrimoine de la communauté dont il est le chef augmente (78). Dans la même logique, cela constitue une des raisons pour lesquelles l’évêque de Salamine a supplanté l’évêque de Paphos, capitale de l’île, prenant le titre d’archevêque. D’ailleurs, un peu plus tard, la capitale fut purement et simplement transférée à Salamine.

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3. Le clergé de la mission local Loin de grands centres, dans les petites communautés villageoises, ce sont les prêtres qui dirigent les assemblées des chrétiens, souvent dans des lieux de réunion sommairement aménagés pour recevoir de petites communautés. C’est la raison pour laquelle il y a une absence totale de témoignages archéologiques dans ces petites communautés. Aux côtés du prêtre nous trouvons le diacre et le lecteur, attaché traditionnellement aux charges de l’enseignement spirituel. C’est ce clergé qui subit le plus souvent les difficultés et les persécutions, étant en charge de la propagation de la foi chrétienne, en contact permanent avec la population. Nous avons certains témoignages de cette situation. Par exemple, le Synaxaire de Constantinople (79) qu’en 303, le prêtre Aristoclès, le diacre Dimitrianos et le lecteur Athanase ont connu la mort en martyrs. Pendant le règne de Maximien, Aristoclès a eu peur de mourir et il est parti se cacher dans une grotte dans la montagne. En priant il a vu une lumière intense dans le ciel. Une voix lui disait de se rendre à Salamine pour y affronter le martyre avec courage. Quittant la montagne, il s’est rendu à Ledrae où il a rencontré Dimitrianos et Athanase. Tous les trois se sont rendus à Salamine où ils ont été capturés, martyrisés et brulés vifs (80). Si les chrétiens veulent enseigner leur religion, ils doivent le faire dans des lieux séparés comme les églises, afin d’éviter les conflits avec les païens, encore nombreux dans l’Empire. Des écoles étaient organisées un peu partout, autour des églises, les didaskaleion. Les clercs enseignant dans les didaskaleion étaient appelés didaskalos, terme qui désigne encore aujourd’hui, en grec, les prêtres.

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L’enseignement – leçons, lectures, homélies, enseignement moral, théologique, exégétique – était donné dans les églises, souvent au cours de la liturgie. Le clergé s’en chargeait, d’où l’importance du clergé dans les petites communes. 4. Martyrs et saints de l’Eglise de Chypre. Avec la généralisation des persécutions durant les premiers siècles du christianisme, commence à être fixé dans le temps et dans l’espace, le culte des martyrs. Dans l’espace par la construction de petites chapelles souvent à l’endroit où a vécu le martyr et dans le temps avec la création d’un calendrier de fêtes dédiées aux martyrs. Le Synaxaire de Constantinople nous fournit certaines dates de la célébration des martyrs de Chypre. Nous avons évoqué plus haut les cas d’Aristoclès, de Dimitrianos et d’Athanase. Entre 303 et 305, l’évêque de Curium, Philonidès, a connu le martyre. Etant incapable de supporter l’idée que des êtres humains puissent torturer de la sorte leurs semblables, il s’est donné la mort en se jetant du haut de sa prison (81). Théodotos, évêque de Keryneia, fut torturé sous Licinius. Il a été emprisonné jusqu’en 313, date à laquelle il fut libéré grâce à la reconnaissance du christianisme par Constantin. Deux ans plus tard, il est mort des tortures subies (82). En outre, souvent, les chrétiens étaient condamnés aux travaux forcés et envoyés dans les mines de cuivre de l’île qui avaient besoin d’une main d’œuvre abondante. De même, les chrétiens des régions voisines étaient également déportés à Chypre (83). Le contrôle systématique de la dévotion populaire est ainsi organisé au fur et à masure. En un mot, il s’agit de

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l’établissement d’un culte utilisé au service de la mission chrétienne. Avec le culte des martyrs, apparait une nouvelle iconographie inspirée de la vie des martyrs et des futurs saints de l’Eglise de Chypre (84). Cette iconographie est accompagnée de toute une littérature consacrée à la vie et l’activité du futur saint. Il est évident que les documents relatifs à la vie des saints ne peuvent être considérés comme représentant la vérité historique parfaite. D’une part les hagiographes, d’autre part les fidèles eux-mêmes transforment et rendent romanesques aussi bien les activités que la propre vie des personnages ecclésiastiques les plus populaires. Avec la fin des persécutions systématiques contre les chrétiens, l’emprise sur le temps et l’espace de la religion chrétienne dans l’île est assurée par les personnages les plus illustres, qui sont voués à la nouvelle religion et qui, par leur action et leur comportement, ont aidé au progrès rapide du christianisme. Saint Spyridon, évêque de Trémithonte, domine le début du IVème siècle à Chypre. Il a marqué l’évolution de la nouvelle façon de penser dans l’île. Il s’agit d’un personnage important à qui on a attribué des miracles et dont la renommée a dépassé les limites de Chypre. En outre, il était présent au concile de Nicée et présent au chevet de l’empereur Constantin mourant. Il fut l’un des ecclésiastiques que le successeur de Constantin, Constance, consultait le plus pour les questions de doctrine (85). Une autre figure marquante du milieu du IVème siècle est l’évêque d’Amathonte, Tychon. Il est surtout connu pour son combat contre les fêtes païennes et les mystères dédiés à Aphrodite. Tychon s’est rendu à Paphos, région particulièrement concernée par les fêtes en l’honneur d’Aphrodite, née dans cette région, afin de persuader les gens d’embrasser le - 110 -

christianisme. D’après la tradition chrétienne, il a procédé à de nombreux baptêmes (86). La personnalité chrétienne de l’île qui a marqué le IVème siècle est sans aucun doute l’évêque de Salamine, Epiphane. Né dans une famille païenne, il s’est converti au christianisme très jeune. Il est devenu évêque de Salamine en 367 (87). Il a fait construire à Salamine la cathédrale la plus importante de Chypre (88). Sous le règne de Théodose 1er, Epiphane est devenu l’archevêque de Chypre. En 393, après l’édit de Théodose contre les hérétiques et les païens, Epiphane s’est adressé à l’empereur lui demandant de déporter certains hérétiques de l’île, jugés dangereux. Il faut se rappeler que Théodose avait, du vivant de Gratien et en accord avec celui-ci, dépouillé le paganisme de ses privilèges, pour réaliser l’égalité entre les deux cultes. Cette égalité était toute théorique, car, dès lors qu’on privait le paganisme de ses ressources officielles en supprimant le budget des cultes, on le plaçait forcément en situation d’infériorité. Le paganisme, habitué à compter sur une aide financière de l’état, il ne pouvait, du jour au lendemain, compter sur ses fidèles pour financer ses activités. Au contraire, le christianisme, accoutumé, durant la période pré-constantinienne, à ne compter que sur lui-même, il pouvait vivre et même mieux vivre car il n’était plus persécuté. L’empereur a donc adressé un rescrit à Epiphane dans lequel il précisait que quiconque ne se conformait pas à la volonté et aux dires de l’archevêque serait immédiatement déporté par la décision de ce dernier. Ainsi, tous les hérétiques influents de l’île, surtout les grands propriétaires terriens qui pouvaient influencer la population et qui disposaient des moyens de pression ont été déportés. Ils constituaient une entrave à la marche triomphale de la nouvelle foi (89).

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Les familles patriciennes qui n’étaient pas favorablement disposées à l’égard du christianisme étaient, à leur tour, persécutées d’une certaine manière ; leur puissance devait revenir entre les mains des chrétiens, nouveaux maîtres de la vie sociale, politique et économique dans l’empire. En outre, cet exemple illustre parfaitement l’alliance du trône et de l’autel. Cette alliance a valu à l’un comme à l’autre, l’unité et la survie comme le note Ostrogorsky (90). Lorsque l’archevêque Epiphane a demandé l’autorisation de déporter des hérétiques et qu’il l’a obtenue, il n’en a déporté que de « riches propriétaires qui tourmentaient les chrétiens ». L’Eglise étant en train de devenir le grand propriétaire, veut combattre tous les autres, et en particulier les hérétiques. De cette manière elle s’associe plus facilement la paysannerie. Parallèlement, l’état byzantin ne veut plus revenir en arrière ; il veut des paysans libres et assez indépendants pour former la base de la société byzantine qui est en train de naître. L’état byzantin a constamment soutenu ses paysans. Ce fait est visible dans les nombreuses législations sur le colonat et les propriétés foncières. Les Codes Théodosien et Justinien contiennent de nombreuses lois tentant à protéger les paysans libres contre l’expansion de la grande propriété. Les intérêts de l’Eglise et du trône coïncident (91). Cet acte montre également le prestige dont l’archevêque jouit et le pouvoir qu’il détient à cette époque. Il dépasse en puissance le pouvoir civil en place, en l’occurrence le Consulaire, traite directement avec l’empereur et ce dernier l’autorise à agir selon sa volonté. Epiphane jouit d’un tel prestige que lorsque Théodose est malade en 382 il l’appelle auprès de lui, car, comme précise la Patrologie grecque « sa force et sa foi lui étaient vitales » (92). Epiphane a été canonisé après sa mort (93).

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Conclusion Les IVème et Vème siècles de notre ère sont marqués par beaucoup de troubles et de changements. Cette période a vu la fin de l’empire romain et la naissance de l’empire byzantin. La transition s’est produite sous l’impulsion de nombreux facteurs. Un des changements fondamentaux est sans aucun doute, la confirmation du christianisme comme religion dominante dans l’empire. Le processus qui, tout au long du IVème siècle – avec la seule exception du règne de Julien - a peu à peu éloigné l’empire du paganisme en desserrant de plus en plus le lien séculaire qui les unissait est parvenu à son terme. Nombreux sont d’ailleurs, les historiens qui considèrent la date de la mort de Théodose (395), comme la date séparant l’antiquité et le moyen âge. C’est en effet, pendant son règne que le christianisme a définitivement triomphé. En outre, il est le dernier à avoir régné sur l’ensemble du monde méditerranéen (94). Le Vème siècle a été pour l’Eglise le siècle pendant lequel la doctrine a été fixée. La domination du christianisme sur le paganisme s’est renforcée. Le développement du christianisme dans l’île durant les premiers siècles de notre ère est incontestable par les multiples preuves matérielles, écrites ou imprimées dans le paysage, dont un aperçu a été donné plus haut. Parallèlement, le clergé chypriote s’organise avec une emprise de plus en plus affirmée sur la vie des habitants de l’île. Les habitudes de vie et de comportement se modifient petit à petit pour englober la nouvelle pensée et adopter les comportements qui l’accompagnent. Le christianisme absorbe et s’accapare les traditions et la sociabilité préexistantes, d’où la présence des attitudes et des substrats des fêtes et attitudes païennes, jusqu’à nos jours. - 113 -

Le paysage physique a également été modifié profondément avec l’adaptation de l’art, et de l’architecture aux nouveaux comportements. La période tourmentée du IVème siècle a été suivie par la confirmation du christianisme dans le pays. L’Eglise de Chypre, déjà puissante grâce à son ancienneté et la notoriété de ses fondateurs, grâce également à la lutte de ses habitants chrétiens contre le paganisme et enfin grâce à certains de ses évêques qui ont marqué l’histoire de l’Empire dans son ensemble (notamment Spyridon et Epiphane), s’est imposée. En outre, sa position orthodoxe –alignée en fait sur la position adoptée par Constantinople – et son isolement géographique, lui ont valu l’indépendance à l’égard du patriarcat d’Antioche. La confirmation du christianisme comme religion dominante dans l’île est confirmée par le nombre d’évêchés qu’elle compte : Selon F. Van Der Meer (Atlas, carte 16a), à la fin du VIème siècle, l’Eglise de Chypre compte dix-neuf évêchés : Arsinoe, Paphos, Soli, Kurium (Kurion), Néapolis, Amathonte, Tamassus, Idalium, Kitium, Ledrae, Trémithonte, Lapethus, Keryneia, Chytri, Ammochostus, Salamine (Constanteia), Aphrodisium, Theodosiae et Carpasiae.

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NOTES 1. Lucien, Le navire ou les souhaits, est très clair sur cette question. 2. Alain Blondy, Chypre, pp 20-26. 3. Charalambos Petinos, La naissance de l’Eglise Orthodoxe Autocéphale de Chypre, in Istina, pp. 43-54. 4. Actes des Apôtres, 4, 36-37 ; 11, 19-20 ; 1-12 ; 40 ; 22, 1-4. Voir aussi sur la vie de Barnabé : http://www.introibo.fr/11-06St-Barnabe-apotre « Le corps de saint Barnabé aurait été découvert à Salamine, vers 488, ce qui valut aux habitants de Chypre la reconnaissance de leur antique autocéphalie au regard du patriarche d’Antioche. Au XVIe siècle saint Antoine-Marie Zaccaria fonda à Milan une nouvelle famille de religieux qui prirent le nom de Barnabites, de l’église de Saint-Barnabé près de laquelle ils demeuraient. Saint François de Sales les estimait beaucoup, si bien qu’il disait gracieusement que lui aussi était barnabite, c’est-àdire fils de consolation. La fête de saint Barnabé est entrée assez tard dans le Calendrier romain, tandis qu’elle apparaît déjà dans le calendrier de marbre de Saint-Jean-Majeur à Naples, au IXe siècle. A Rome, le nom de l’apôtre de Chypre se trouve, dès la première heure, rapproché de ceux d’Etienne et de Mathias dans la seconde section de la grande Intercession : Nobis quoque (Canon Romain). La fête est attestée à Rome au XIe siècle, et elle se développe au XIIe. La messe manque d’unité dans sa rédaction, empruntant ses chants à d’autres fêtes plus anciennes. Les oraisons sont re-

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prises de l’ancienne messe de la dédicace de la basilique de St Nicodème au 1er juin, fête disparue depuis. Depuis le Code des Rubriques de 1960, c’est la seule fête de 3ème classe à avoir conservé le Credo. Texte de la Messe : die 11 iunii SANCTI BARNABÆ Apostoli Duplex maius (CR 1960 : III classis) (…) Léctio Actuum Apostolórum. Act. 11. 21-26; 13, 1-3. In diébus illis : Multus numerus credentium Antiochíæ convérsus est ad Dóminum. Pervénit autem sermo ad aures ecclésiæ, quæ erat Ierosólymis, super istis : et misérunt Bárnabam usque ad Antiochíam. Qui cum pervenísset et vidísset grátiam Dei, gavísus est : et hortabátur omnes in propósito cordis permanére in Dómino : quia erat vir bonus, et plenus Spiritu Sancto et fide. Et appósita est multa turba Dómino. Proféctus est autem Bárnabas Tarsum, ut qu?reret Saulum : quem cum invenísset, perdúxit Antiochíam. Et annum totum conversáti sunt ibi in ecclésia : et docuérunt turbam multam, ita ut cognominaréntur primum Antiochíæ discípuli Christiáni. Erant autem in ecclésia, quæ erat Antiochíæ, prophétæ et doctóres, in quibus Bárnabas, et Simon qui vocabátur Niger, et Lúcius Cyrenénsis, et Mánahen qui erat Heródis Tetrárchæ collactáneus, et Saulus. Ministrántibus autem illis Dómino et ieiunántibus, dixit illis Spíritus Sanctus : Segregáte mihi Saulum et Bárnabam in opus, ad quod assúmpsi eos. Tunc ieiunántes et orantes imponentésque eis manus, dimisérunt illos. Hors le Temps Pascal : Le 11 juin, SAINT BARNABÉ, Apôtre (…). Lecture des Actes des Apôtres. En ces jours-là : grand fut le nombre de ceux qui crurent et se convertirent au Seigneur. Or, la nouvelle en vint aux oreilles de la communauté qui était à Jérusalem, et ils envoyèrent Barnabé jusqu’à Antioche. Lorsqu’il fut arrivé et qu’il eut vu la grâce de Dieu, il se réjouit ; et il les exhortait tous à demeurer par la - 116 -

disposition du cœur (fidèles) au Seigneur. Car c’était un homme de bien et rempli de l’Esprit-Saint et de foi. Et une foule nombreuse se joignit au Seigneur. Et il se rendit à Tarse, chercher Saul, et l’ayant trouvé, il l’amena à Antioche. Et il leur arriva d’être ensemble une année entière dans la communauté et d’instruire une foule nombreuse. Ce fut à Antioche d’abord que les disciples reçurent le nom de chrétiens. Il y avait dans l’Église d’Antioche des prophètes et des docteurs : Barnabé, Siméon appelé Niger, Lucius le Cyrénéen, Manahen frère de lait d’Hérode le tétrarque, et Saul. Comme ils vaquaient au service du Seigneur et qu’ils jeûnaient, l’EspritSaint dit : "Mettez-moi à part Barnabé et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés." Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir. 5. V. Laurent, Le corpus des sceaux de l’Empire byzantin, T. 2, p. 307. Les sceaux publiés par V. Laurent et qui concernent l’Eglise de Chypre sont à partir du VIème siècle : les sceaux No 1478-1487 du siège archiépiscopal Constateia, 1488 de l’évêché de Paphos, 1489-1490 de l’évêché de Soloi. 6. H. Delehaye, « Vie de saint Tychon », dans « Saints de Chypre », Analecta Bollandiana, 26, p. 230 ; Service des antiquités de Chypre, Histoire et description de Paléa Paphos (en grec), pp. 4-5. 7. M. Simon, La civilisation de l’antiquité et le christianisme, Paris, Arthaud 1972, p. 308. 8. R. Metz, Histoire des conciles, Paris, Presses universitaires de France, 1968, pp. 10-11.

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9. C.J. Hefele, Histoire des conciles d’après les documents originaux, Paris, Letouzey et Ané, 1907-1909, vol. I, pp. 348349. 10. Sean Davidson, Dictionnaire des religions et des mouvements philosophiques associés, éditeur Sean Davidson, 2008. 11. Eusèbe, Vita Constantini, Discours III, X-XIV ; ouverture des travaux du concile par l’empereur. Socrate, Histoire eccl ., P.G. vol. LXVII, col. 60. Sozomène, Histoire eccl., Sources chrétiennes No 306, livre I chapitre 17. 12. Schwartz, A.C.O., Tomus quartus volumen alterum, pp. 101-104, collectio codicis Parisini 1682, Epistulae Constantini imperatoris. Hefele, op. cit., vol. I, pp. 403-404 : Lettre de l’empereur Constantin aux CCCXVIII évêques : « Je pense que tous connaissent que rien ne me tient plus à cœur que la piété envers Dieu. Il m’avait paru bon précédemment de convoquer une assemblée d’évêques dans la ville d’Ancyre de Galatie ; aujourd’hui, pour bien des raisons, il m’a semblé utile de réunir cette assemblée dans la ville de Nicée de Bithynie, tant afin d’en rendre plus facile l’accès aux évêques d’Italie et d’Europe, qu’à cause de la salubrité du climat et de la possibilité où je serai d’être présent pour prendre part à cette assemblée. Voilà pourquoi, frères très chers, je vous mande ma volonté qui est que vous vous rendiez sans délai dans la ville susdite de Nicée. Chacun de vous se préoccupant de ce qui est plus grave, se hâtera en évitant tout retard, afin d’assister effectivement, en personne, aux délibérations. Dieu vous garde, frères très chers ». 13. D’après Eusèbe, il y eut au concile de Nicée plus de 250 évêques et la foule des prêtres, des diacres et des acolytes qui les accompagnaient était presque innombrables, Eusèbe, Vita - 118 -

Constantini, Discours III, VII-IX. Athanase dit formellement qu’il y en avait 318, Athanase, Epistula ad Afros, P.G. vol. XXVI, col. 1031. Epiphane en mentionne aussi 318, Epiphane, Haeres, P.G. vol. XLII, col. 216. De même que Socrate dans Histoire ecclésiastique, P.G. vol. LXVII, col. 60 et suivantes. 14. Kédrènos, Chronique, vol. I, p. 502. Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, vol. II, col. 696, 700, 749. Pour Spyridon, célèbre pour ses miracles : Rufin, Histoire eccl., P.L. vol. XXI, col. 470. Socrate, Histoire eccl., P.G. vol. LXVII, col. 101. 15. C.O.D., conciliorum Nicaernorum, canons V et VI. Sozomène et Socrate nomment les évêques qui ont soutenu Arius : Eusèbe de Nicomédie, Théognis de Nicée, Marin de Chalcédoine, Théodore d’Héraclée en Thrace, Ménophante d’Ephèse, Patrophile de Scythopolis, Narcisse de Cilicie, Théonas de Marmarica, Second de Ptolémaïs en Egypte et Eusèbe de Césarée qui a tenté de réconcilier les deux parties. Aucun évêque chypriote n’y est mentionné. Sozomène, Histoire eccl., Sources chrétiennes No 306, livre I, 21. Socrate, Histoire eccl., P.G. vol. LXVII, col. 60 et suivantes. Athanase donne le symbole du concile de Nicée : la nature du Christ est reconnue étant la même que celle du Père, Hist. Arianorum ad monachos, P.G. vol. XXV col. 741. 16. Socrate, ibid., col. 78. Rufin, ibid., col. 471. 17. C.O.D., conciliorum Nicaenorum, canon IV. 18. J. Rougé, L’organisation du commerce maritime en Méditerranée sous l’Empire romain, pp. 32-33. Les conditions atmosphériques générales déterminent en Méditerranée deux périodes nettement opposées : celle où l’on navigue, où la mer - 119 -

est ouverte, et celle où la navigation est suspendue, où la mer est fermée, mare clausum. En général la période ouverte à la navigation va du début mars au milieu novembre ; l’ouverture de la mer est symbolisée par une cérémonie religieuse, le nauigium Isidis, au cours de laquelle un modèle réduit de navire était lancé sur la mer, portant sur sa voile une inscription en lettres d’or ; ces lettres répétaient le vœu pour le recommencement des relations maritimes heureuses. Pendant le reste de l’année la mer était fermée. 19. Hefele, Histoire des conciles, vol. I, p. 355 : Concilii Nicaeni, Canones Arabici, canon XXXVII, De electione archepiscopi Cypri (= J. Hackett, A. History of the Orthodox Church of Cyprus, New York Burt Franklin 1901, (p. 14). « De electione archiepiscopi Cypri subjecti patriarchae Antiochiae. Si episcopus Cypri diem suum in hieme obierit, et non potuerint populi propter tempestatem maris mittere Antiochiam, ut patriarcha Antiochenus constiuat ipsis archiepiscopum loco mortui, debent scribere ad patriarcham et petere ab eo ut permittat eis constituere quem voluerint ; neque prohibebit hoc patriarcha, postquam ad eum scriptum fuerit : sed potius concedat XII episcopis, ut congregentur et constituant archiepiscopum loco mortui : ne defuncto archiepiscopo principio hiemis, sine capite propter tempestatem remaneant, et ne aliquis fortassis ex XIII episcopis a vita recedat et non sit archiepiscopus qui constituat episcopum loco mortui : atque ita fiat, ut loco eo anno archiepiscopo careant : ob hanc causam constitutum est hoc ; et qui contradixerit, synodus eum excommunicat ». 20. J. Darrouzès, Textes synodaux chypriotes, R.E.B., T. 37, p. 67. 21. Voir : http://www.empereurs-romains.net - 120 -

22. Avec le règne de Julien les partisans d’Arius ont essayé de s’organiser de nouveau et de renverser la situation créée par le concile de Nicée. Saint Athanase, Apologia contra Arianos, P.G. vol. XXV, col. 281-310. La date du concile de Sardique est controversée. Socrate et Sozomène fixent l’année 347, sous les consuls Rufin et Eusèbe, la onzième année après la mort de Constantin, par conséquent après le 22 mai 347. Socrate, Histoire eccl., P.G. vol. LXVII, col. 233. Sozomène, Histoire eccl., P.G. vol. LXVII, col. 1064. D’autres historiens actuels donnent comme date du concile la date de 343-344. Hefele, op. cit., vol I seconde partie, pp. 737-741. Le concile a été convoqué par les empereurs Constant et Constance sur le désir du pape Jules. Athanase, Apologia contra Arianos, P.G. vol. XXV, col. 324. Mansi, op. cit., vol. III, col. 58. 23. Mansi, ibid., vol. III, col. 65. 24. Mansi, ibid., coll. 77-78. 25. Sancti Epiphanii Acta, P.G. vol. XLI col. 119. Gnose, P.G. vol. XLI col. 329-363. Marcionisme, P.G., vol. XLI, col. 695-817. 26. Socrate, op. cit., col. 576 ; la lettre de convocation du concile n’existe plus. 27. C.O.D., concilium Constantinopolitanum, I, 381, canon I : confirmation des décisions du concile de Nicée. Canon VII : condamnation des Ariens. 28. Mansi, ibid., vol. III, col. 570. 29. Sozomène, Histoire eccl., P.G. vol. LXVII, col. 1436. - 121 -

30. Schwartz, A.C.O., tomus primus volumen tertium, pp. 1819, V, paragraphes 1, 2, 3. Marius Mercator, P.L. vol. XLVIII, col 763. 31. Mansi, op. cit., vol. IV, col. III. 32. Schwartz, A.C.O., Exemplar gestorum quae acta sunt in sancta synodo Ephesina metropoli de recta fide, p. 54, paragraphe I. 33. Schwartz, ibid., pp. 47-52, XX, XXI, XXII ; pp. 85-89. C.O.D., concilium Ephesinum, pp. 33-56, canon IV : condamnation de Nestorius « De clericis qui Nestorii errorem sapiunt. Si qui vero abscesserint clericorum et praesumpserint vel clam vel palam ea quae Nestorii aut ea quae Caelestii sunt, sentire, et hos a sancta synodo esse depositos ». Mansi, op. cit., vol. IV, col. 1395. 34. Schwartz, A.C.O., pp. 119-120, Gesta, XLVI paragraphe I. Idem, pp. 168-169, Omelia Regini episcopi Constantiae Cypri, LVIII. 35. C.O.D., concilium Ephesinum, canon VII. 36. Mansi, op. cit., vol. IV, col. 1465-1468. 37. C.O.D., concilium Ephesinum, canon VII : confirmation des canons des conciles précédents ; canon VIII : déclaration de l’Eglise de Chypre comme Eglise autocéphale. Hackett, History of the Orthodox Church of Cyprus, p. 19 (= Tillemont, Mémoires, vol. XIV, p. 444).

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38.Voir : http://www.catholicisme.be/Textes%20fondamenraux/Conciles /Eph%E8se.htm (tome I, colonnes 852 à 887). 39. R. Metz, op. cit., p. 27. 40. C.O.D., pp. 57-60 : décision et convocation de l’empereur. Mansi, op. cit., vol. VI, col. 551-553. 41. Sauget Joseph-Marie, S. Zénon évêque de Chypre. In: Revue des études byzantines, tome 25, 1967. pp. 147-153. 42. Mansi, op. cit., vol. VII, col. 126. Hackett, op. cit., pp. 32-33. 43. C.O.D., concilium Chalcedonense, canon I : confirmation des décisions des conciles précédents. 44. Mansi, op. cit., vol. VII, col. 137 : signature des décisions du concile par Epiphane en lieu et place d’Olympius, évêque de la métropole de Chypre. 45. C.O.D., concilium Chalcedonense, canons XII et XXV. 46. L’histoire de cet événement est illustrée en quatre scènes par les fresques du monastère construit à l’emplacement de la tombe de saint Barnabé : la vision d’Anthémios, la découverte de la tombe et la déclaration par l’empereur de l’indépendance de l’Eglise de Chypre. B.C.H., 1971, pp. 538-540, la mission française de l’université de Lyon II a trouvé l’emplacement de la tombe de saint Barnabé. Kédrènos, Chronique, vol. l, pp. 618-619.

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47. Voir l’article de Marguerite Yon, La nouvelle religion dans la continuité chypriote, in Le monde de la Bible, No 112, juillet- août 1998. 48. Voir: W.A. Daszewski et D. Michaelides, Guide des mosaïques de Paphos, Fondation Culturelle de la Banque de Chypre, Nicosie, 1989. 49. Voir : G.S. Eliadès, La maison de Dionysos, Paphos 1984. 50. Voir : encyclopédie wikipedia ; http://jfbradu.free.fr/mosaiques/germigny/evangelistes.htm et http://www.france-examen.com/symboles-chiffres-73396.html. 51. B.C.H. 1978 pp. 936-937 52. B.C.H. 1979 p. 722 53. B.C.H. 1982 p. 736 54. Annual Report of the Department of Antiquities for the year 1982, pp. 21 et 40. 55. B.C.H. 1968 pp. 351-354, mission du service des antiquités de Chypre dirigé par M. Papageorgiou en 1967. Les premières découvertes ont été réalisées en 1935 par le musée de l’Université de Pennsylvania. La mission était dirigée par G. Mc Fadden. B.C.H. 1959 pp. 290-291. Service des antiquités de Chypre, Description de Curium, p. 48. Annual Report of the Department of Antiquities for the year 1982, p. 32. 56. B.C.H. 1978 pp. 932-936. B.C.H. 1979 pp. 720-722 B.C.H. 1980 pp. 801-803. Rapport des missions américaines. - 124 -

Department of Antiquities, Salamis, pp. 4-5. 57. B.C.H. 1971 pp. 538-540, mission française de l’université Lyon II. Elle a trouvé la tombe de Saint Epiphane datant du Vème siècle. Institut F. Courby Lyon, Salamine de Chypre, histoire et archéologie, pp. 313-315. 58. B.C.H. 1965 pp. 348-349. B.C.H. 1968 pp. 322-327. 59. B.C.H. 1971 pp. 396-398. B.C.H. 1972 p. 1067. Missions françaises de l’Université Lyon II (Institut Courby). Deux campagnes dirigées par MM. Pouilloux et Roux. 60. B.C.H. 1965 p. 386. B.C.H. 1978 pp. 940-941. 61. B.C.H. 1980 p. 805-806. Rapport sur les travaux de la mission de l’Ecole française d’Athènes à Amathonte par P. Aubert, A. Hermary et les membres de la mission. Rapport de M. Karageorgis sur les travaux de la mission du service des antiquités de Chypre conduite par M. K. Nicolaou en 1961, B.C.H. 1961 pp. 412-413. Bref rapport du service des antiquités de Chypre sur Tamassus pp. 8-9. Annual Report of the Department of Antiquities for the year 1982 p. 17. 62. B.C.H. 1965 pp. 297-298, mission du service des antiquités dirigée en 1964 par Papageorgiou. 63. B.C.H. 1967 p. 365, mission dirigée par M. Papageorgiou. 64. B.C.H. 1965, mission dirigée par M. Papageorgiou en 1964. 65. B.C.H. 1959 pp. 295-296.

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66. B.C.H. 1962 pp. 385-386, mission dirigée par M. Papageorgiou en 1961. 67. B.C.H. 1970 pp. 272-276, mission de l’Université Laval (Québec) sous la direction de M.J. des Gagniers. 68. B.C.H. 1959 p. 299. 69. B.C.H. 1960 p. 314, mission dirigée par M. Nicolaou. 70. B.C.H. 1963 p. 298, mission dirigée par M. Papageorgiou. Chronique de Machairas pp. 15-16 paragraphe 3. 71. K. Hadjidimitriou, Histoire, pp. 65-66. Georgiadou, Histoire, vol. II p. 10. Vie de St Spyridon, dans Chypre ancien, pp. 386-388, traduction en grec basée sur l’édition de Paul Van Den Ven, La légende de St Spyridon, Louvain 1953. Chronique de Théophane, dans Chypre ancien, pp. 390-394, traduction en grec basée sur l’édition de C. de Boor, Chronographia, Vol. I, Leipzig 1883. 72. Kliridis, Monastères de Chypre, pp. 90-93. B.C.H. 1974 pp. 850-854. P.G. Vol. II colonnes 1189-1191. Chronique, p. 155. Kedrinos, Recueil d’histoires, P.G. Vol 121 colonne 673. Poël, chronique, P.G. Vol 139, colonne 264. P.G. Vol II colone 650, et selon C.J. Hefele dans «Patrum Apostolicorum Opera» P.G. Vol II colonnes 719-726. B.C.H. 1971 pp. 538-540. 73. P.G Vol. 41, colonnes 148-149, Epiphane réconcilie l’empereur et Saint Chrysostome. Vie de Saint Spyridon, dans Chypre ancien, pp. 376-378, traduction en grec basée sur - 126 -

l’édition de Paul Van Den Ven, La légende de Saint Spyridon. Entrevue de Saint Spyridon avec l’empereur Constance, après la mort de Constantin. 74. La juridiction de l’Eglise est reconnue sous Constantin, qui, dans la constitution du 23 juin 318 oblige les juges séculiers à reconnaitre la juridiction épiscopale et à permettre de s’y adresser en cas de litige, alors même qu’ils en auraient déjà été saisis. J. Gaudemet, La formation du droit séculier et du droit de l’Eglise aux IVème et Vème siècles, pp. 72-73. 75. L’exemple dans cette direction est fourni par les Apôtres : « Et José qui fut surnommé Barnabé par les Apôtres, ce qui signifie le fils de la consolation, un lévite originaire de Chypre, ayant de la terre, la vendit et apporta le montant de la vente aux pieds des Apôtres », Actes, Chapitre IV, 36,37. 76. Pietri, Roma Christiana, p. 570. 77. C.O.D. Concilium Chalcedonense, canon VIII « De clericis, vel dispensatoribus pauperum vel monasteriorum, ut sub episcopi sui potestate permaneant ». 78. C.O.D. Concilium Chalcedonense canon IX, confirmation du pouvoir juridique de l’évêque local aux dépens du pouvoir juridique séculier. Dans un preimier temps cela concernait les affaires de l’église ; « Ut clerici inter se confligentes adeant episcopum proprium et soecularia iudicia non requirant ». Dans le même esprit, G. Bardy, Prêtres d’hier et d’aujourd’hui, pp. 45-53, démontre qu’effectivement, l’évêque est un personnage qui a une importance toujours grandissante dans la société des IVème et Vème siècles.

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79. Synaxarium Ecclesiae Constantinopolitanae opera et studio, 23 juin, colonne 765, paragraphe 2. Hadjiioannou, Chypre ancien, pp. 362-364. 80. Pietri, dans Roma Christiana, pp. 162-164, fait état, pour la même époque, de sept degrés dans la hiérarchie du clergé : les prêtres, les diacres, les sous-diacres, les acolytes, les exorcistes, les lecteurs et les portiers. 81. Synaxarium Ecc. Const., 30 août, colonnes 933-934. 82. Synaxarium Ecc. Const. , 19 janvier, col. 404. 83. Cas des chrétiens de Palestine. Dion Cassius, Histoire romaine, dans Chypre ancien, Hadjiioannou, Vol. I, pp. 362-363, traduction basée sur l’édition U.P. Boissevain, Berlin 1955. 84. L’exemple le plus connu dans l’île est celui du monastère de saint Barnabé. Depuis la construction du monastère (cette tradition est respectée jusqu’à nos jours) quatre scènes représentent l’événement qui a conduit à la sa construction : Scène 1 : L’Apôtre Barnabé apparait en vision à Anthème, alors archevêque de Chypre et lui indique l’endroit où se situe son lieu de repos. Scène 2 : Comme indiqué, Anthème fait la découverte d’un coffre dans la sépulture, sous un caroubier, contenant les restes de l’Apôtre et un exemplaire de l’Evangile selon Mathieu, écrit de la main de Barnabé. Scène 3 : Elle se passe dans la cour de la chapelle impériale de Saint Stéphane, à Constantinople. Anthème, accompagné des autres membres du haut clergé chypriote, offre l’Evangile à l’empereur Zénon. Scène 4 : L’empereur confère à Anthème les privilèges impériaux, à savoir, signer à l’encre rouge, porter une chape faite en pourpre impériale, porter le sceptre impérial. L’Eglise de Chypre devient autocéphale. - 128 -

85. Vie de Saint Spyridon, dans Chypre ancien, pp. 376-379. 86. Calendrier du mois de juin, dans Chypre ancien, p. 396. Vie de Saint Tychon, dans Chypre ancien, pp. 396-398, traduction basée sur l’édition de H. Delehaye, Saints de Chypre, Analecta Bollandiana 26, Bruxelles 1907. Service des antiquités de Chypre, Histoire et description de l’ancienne Paphos, pp. 4-5. 87. P.G., S. Epiphanii vita, Vol. 41, col. 24-32. A propos de son élection : P.G., Vol. 41, col. 64-65 : « Erant autem congregati omnes insulae episcopi ad ordinandum eum, qui posset pascere gregem Cristi ». Il a été nommé à Salamine, P.G. Vol. 41, col. 67 : « Et revelatum illi fuerat de Epiphanio, ut ordinaretur Salaminiorum Ecclesiae episcopus ». 88. La basilique fut construite par la volonté d’Epiphane ; elle lui a été dédiée. 89. P.G., S. Epiphanii vita, Vol.41, col. 98-102. 90. Ostrogorsky, Histoire, p. 61. 91. Notons à titre d’exemple les lois du Code Théodosie , livre V, 9 ; Code Justinien livre I , 2 ; livre II, 7 et 22 ; livre VIII, 5,15 et 51. Des extraits du Code théodosien sont publiés en annexe de la présente étude, afin de permettre au lecteur de se rendre compte de la situation de la législation et de la transformation de l’empire. 92. P.G., S. Epiphanii vita, Vol . 41, col. 94-98. 93. P.G., Vol. 41, col.22 : « Ex menologio graecorum – Eodem mense Maio, die XII, Sancti Patris nostri Epiphanii arciepiscopi Constantiae in Cypro ». - 129 -

94. M. Simon, La civilisation de l’antiquité et le christianisme, pp. 295-296. P. Petit, Histoire, Vol. III, pp. 125-128.

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Bibliographie. 1. Alain Blondy, Chypre, PUF, 1998. 2. BRICOUT, Joseph (1867- Dictionnaire pratique des connaissances religieuses. Paris : Letouzey & Ané, 19251928, t.4, p.698-699. 3. Catholicisme, Hier, aujourd’hui, demain (Encyclopédie) Paris : Letouzey et Ané, [1977] Fascicule, no 34, 1977, p.421-425. 4. W.A. Daszewski et D. Michaelides, Guide des mosaïques de Paphos, Fondation Culturelle de la Banque de Chypre, Nicosie, 1989. Sean Davidson, Dictionnaire des religions et des mouvements philosophiques associés, éditeur Sean Davidson, 2008. 5. DAVY, Marie-Madeleine. Encyclopédie des mystiques. Paris : Robert Laffont, 1972, p. 148-149. 6. Delehaye H., « Saints de Chypre », Analecta Bollandiana, vol. 26, pp. 161-301, Bruxelles 1906. 7. G.S. Eliadès, La maison de Dionysos, Paphos 1984. 8. EMONT, Nelly : Introduction à l’ésotérisme. Ésotérisme et christianisme. Paris : Droguet et Ardant, 1991, p. 138-140. 9. Guillou A., La civilisation byzantine, Paris, Arthaud 1974. 10. Laurent V., «Les fastes épiscopaux de l’Eglise de Chypre », R.E.B., T. VI, pp. 153-166, Bucarest, Institut français d’études byzantines, 1948. 11. Hackett J., A history of the Orthodox Church of Cyprus, New York, Burt Franklin 1901. 12. Hefele C.J., Histoire des conciles d’après les documents originaux, Paris, Letouzey et Ané, 1907-1909. 13. Hill G., A history of Cyprus, vol I, To the conquest by Richard Lion Heart, Cambridge at the University Press 1949. 14. Honigmann E., Recherches sur les listes des Pères de Nicée et de Constantinople, Byzantion T. II, pp. 429-449, Bruxelles, 1936.

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15. IRÉNÉE DE LYON : Contre les hérésies. Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur. Trad. par Adelin Rousseau, moine de l’abbaye d’Orval. Paris : Cerf, 1984, p.117. Publié aussi par Migne en 1857. Adversus Haereses. 16. Fr. Jacques JOMIER, L'Evangile de Barnabé, à propos d'un apocryphe. Cet article a été publié dans la revue Esprit & Vie, 109e année. N° 22, 18 novembre 1999. 17. KAYAYAN, Éric Le retour du gnosticisme. Lecture et Tradition, Bulletin littéraire, contrerévolutionnaire No 110 Novembre-Décembre 1984, p.910. 18. Karouzis G., Géographie de Chypre (en grec), Nicosie 1981.MASSON, Hervé. : Dictionnaire des hérésies dans l’Église catholique. Paris : Sand, 1986, 287p. 19. Metz R., Histoire des conciles, Paris, P.U.F. 1968. 20. Ostrogorsky G., Histoire de l’Etat byzantin, Paris, Payot 1956. 21. Charalambos Petinos, La naissance de l’Eglise Orthodoxe Autocéphale de Chypre, Istina, Paris, 1992. 22. Piétri Ch., Roma Christiana : recherches sur l’Eglise de Rome, son organisation, sa politique, son idéologie de Miltiade à Sixte III, 311-440, Rome, Ecole française de Rome, 1976. 23. Rougé J., Recherches sur l’organisation du commerce maritime en Méditerranée sous l’Empire romain, Paris, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1966. 24. Sauget Joseph-Marie, S. Zénon évêque de Chypre. In: Revue des études byzantines, tome 25, 1967. pp. 147-153. 25. Simon M., La civilisation de l’antiquité et le christianisme, Paris, Arthaud, 1972. 26. Wikipedia. Encyclopédie en ligne. 27. Marguerite Yon, La nouvelle religion dans la continuité chypriote, in Le monde de la Bible, No 112, juillet- août 1998. - 132 -

Sources consultées. 1. Alberigo, Joannou, Leonardi, Prodi, Conciliorum Oecumenicorum decreta, edidit : Centro di documentazione Istituto per le scienze religiose – Bologne. Editio altera Herder K.G. Fribourg en Brisgau 1962. 2. Athanase, Epistola ad Afros episcopos, P.G. vol. 26, col. 1029-1048, Paris, Migne, 1857. 3. Athanase, Apologia contra Arianos, P.G. vol. 25, col. 239410, Paris, Migne, 1857. 4. Cédrènus G., Chronique, Bonn éd. Weberi, 1839. 5. Darrouzès J., Textes synodaux chypriotes, R.E.B. T. 37, Institut français d’études byzantines, pp. 5-122, Paris 1979. 6. Darrouzès J., Notitia episcopatuum ecclesiae Constantinopolitanae, Paris, Institut français d’études byzantines, 1981. 7. Epiphane, Haeres, P.G. vol. XLII col. 11-774, Paris, Migne, 1858. 8. Eusèbe, Vita Constantini magni, par Heikel I. A., Leipzig, J.C. Hinrichs’sche Buchhandlung, 1902. 9. Georges de Chypre, L’opuscule géographique de, édité par Honigmann E., Bruxelles, Editions de l’institut de philologie et d’histoire orientales et slaves, 1939. 10. Jean Paul Yves le Goff, Code théodosien, Livre XVI, Voir : http://blogs.mediapart.fr/blog/jeanpaulyveslegoff/120809/origi nes-du-christianisme-le-code-theodosien-16. 11. Hiérokles, Le synekdémos, édité par Honigmann E., Bruxelles, Editions de l’institut de philologie et d’histoire orientales et slaves, 1939. 12. Karageorghis V., Chronique des fouilles à Chypre, articles dans B.C.H., Ecole française d’Athènes, de 1957 à 1981. 13. Laurent V., Le corpus des sceaux de l’Empire byzantin, T. 2, l’Eglise, Paris, Institut français d’études byzantines, C.N.R.S., 1965.

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14. Lucien. Le Navire ou les souhaits. Introduction, texte et traduction par Geneviève Husson. Université de Lyon, Faculté des Lettres, Paris, Les Belles Lettres, 1970. 15. Mansi J.D., Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, Florence 1759. 16. Marius Mercator, Nestorii sermones, P.L. vol. XLVIII, col. 757-864. 17. Th. Mommsen, Code théodosien, édition Th. MommsenP. Meyer, Berlin 1905, réédité en 1954. 18. Rufin, Histoire ecclésiastique, P.L. vol. XXI, col. 467-540. 19. Schwartz E., Acta conciliorum oecumenicorum, Berlin et Leipzig, éd. Walter de Gruyter, 1914. 20. Service des antiquités de Chypre, Histoire et description de Palea Paphos (en grec), Nicosie 1965. 21. Socrate, Histoire ecclésiastique, P.G. vol. LXVII, col. 33842, Paris, Migne, 1859. 22. Sozomène, Histoire ecclésiastique, livres I et II, Sources chrétiennes No 306, Paris, éditions du Cerf, 1983. Voir aussi P.G. vol. LXVII col. 843-1416, Paris, Migne, 1859.

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ANNEXES Annexe I Ephèse. Canons du troisième concile. (Source : http://www.catholicisme.be) Les 8 canons des 200 saints pères, réunis à Ephèse après le 13ème consulat de Flavius Théodose et le 3ème de Flavius Valentinien, empereurs éternels, le dixième jour des calendes de juillet. 1. Des métropolitains sectateurs de Nestorius et de Célestius. Comme il fallait que les évêques qui n'ont pas assisté au concile, mais sont restés dans leur territoire ne soient pas sans savoir ce qui a été décidé, nous faisons savoir à votre sainteté, que : Le métropolitain qui abandonne ce saint et œcuménique concile, pour entrer dans l'assemblée des apostats ou qui y entrera à l'avenir; ou celui qui a partagé les opinions de Célestius ou les partagera à l'avenir, celui-là perd toute juridiction sur les évêques de la province, et est déjà exclu de toute communion et déclaré suspens par le concile. Les évêques de sa province et les métropolitains voisins qui sont orthodoxes doivent veiller à ce qu'il soit entièrement dépossédé du rang d'évêque. 2. Des évêques qui rejoignent ceux de Nestorius. Si d'autre part certains évêques suffragants n'ont pas assisté au saint concile et ont passé à l'apostasie, ou bien cherchent à y passer, ou bien, après avoir signé la déposition de Nestorius, sont ensuite retournés à l'assemblée des apostats, ceux-là suivant la sentence du saint concile, sont exclus du sacerdoce et déchus de leur rang. 3. Des clercs déposés par Nestorius à cause de leur orthodoxie. Si dans une ville ou une campagne quelconque des clercs ont été déposés par Nestorius ou ses partisans, à cause de leurs sentiments orthodoxes, nous avons jugé qu'à juste titre ils doi- 135 -

vent être réintégrés dans leurs fonctions. En règle générale nous ordonnons que les clercs, qui reçoivent ce concile orthodoxe et œcuménique ou le recevront maintenant ou après, en quelque temps que ce soit ne doivent être subordonnés en aucune manière et à aucun moment aux évêques qui ont apostasié ou qui apostasieront ou qui vont à l'encontre des saints canons et de la vraie foi. 4. Des clercs sectateurs de Nestorius. Si certains clercs apostasient et osent prendre parti, secrètement ou publiquement, pour Nestorius, ils sont eux aussi déposés par ce saint concile. 5. Des clercs condamnés à des peines ecclésiastiques, absous par Nestorius. Quant à ceux qui ont été condamnés pour des actions coupables par un saint synode ou par leurs propres évêques, et auxquels Nestorius, agissant contre les canons, avec l'indifférence qui le caractérise, ou bien ses partisans ont cherché ou chercheront à rendre la communion ou leur rang, nous avons jugé qu'ils ne doivent retirer aucun profit de ce fait et n'en demeureront pas moins déposés. 6. De ceux qui enfreignent les décisions du concile. De même, au sujet de tous ceux qui voudraient renverser d'une manière quelconque les décisions du saint concile à propos d'un chacun, le concile décide que, s'ils sont évêques ou clercs, ils perdront entièrement leur rang, et s'ils sont laïcs, ils seront excommuniés. 7. Acclamation contre ceux qui altèrent la foi de Nicée. Le saint concile a décidé qu'il ne sera pas permis de produire en public, d'écrire ou de composer un symbole de foi autre que celui défini par les saints pères réunis à Nicée sous la conduite du saint Esprit. Ceux qui oseront composer un autre symbole, le répandre, ou le présenter à ceux qui veulent se convertir et reconnaître la vérité, venant du paganisme, du judaïsme ou de n'importe quelle hérésie, ceux-là, s'ils sont évêques ou clercs, seront dépouillés, les évêques de l'épiscopat et les clercs de la - 136 -

cléricature; s'il sont laïcs, ils seront anathématisés. De même, si des évêques, des clercs ou des laïcs étaient convaincus d'admettre ou d'enseigner la doctrine contenue dans l'exposé du prêtre Charisius, au sujet de l'incarnation du Fils unique de Dieu, ou bien encore les enseignements impurs et pervers de Nestorius qui y sont adjoints, qu'ils tombent sous le coup de la sentence de ce saint et œcuménique concile, c'est-à-dire que l'évêque soit dépouillé de son épiscopat et soit déposé, et le clerc pareillement soit déchu de la cléricature, et si c'est un laïc, qu'il soit anathématisé, comme il a été dit plus haut. 8. Vœu concernant les évêques de Chypre, qu'ils élisent à eux seuls aux sièges vacants de leur île. Un fait, qui est une innovation contraire aux coutumes ecclésiastique et une atteinte à la liberté de tous nous a été rapporté par Réginus, l'évêque très aimé de Dieu, et ses compagnons, les très pieux évêques Zénon et Evagre, de la province de Chypre. C'est pourquoi, comme le mal commun a besoin d'un remède d'autant plus fort que sa nuisance est plus grande, vu qu'aucune coutume n'a existé jusqu'ici que l'évêque de la ville d'Antioche sacre des évêques à Chypre, ainsi que les très pieux hommes qui ont eu recours au saint concile nous le prouvèrent par leurs rapports et de vive voix, les chefs des saintes églises de Dieu en Chypre resteront sans être inquiétés ni exposés à la violence, si, observant les canons des saints et vénérés pères, ils procèdent par eux-mêmes, selon l'ancienne coutume, à l'élection des très pieux évêques. Cette même règle sera aussi observée dans les autres diocèses et dans toutes les provinces, en sorte qu'aucun des évêques aimés de Dieu ne s'empare d'une autre province, qui ne fût déjà et dès le début sous son autorité ou sous celle de ses prédécesseurs; et s'il s'en était emparé et par force se la fût assujettie, il la rendra, afin que les canons des pères ne soient pas enfreints, ni que sous le prétexte d'actes sacrés ne s'insinue l'orgueil de la puissance mondaine et que sans nous en rendre compte nous perdions peu à peu la liberté, que nous a - 137 -

donnée par son propre Sang Jésus Christ notre Seigneur, le Libérateur de tous les hommes. Il a été donc décidé par le saint concile œcuménique que soient sauvegardés à chaque province purs et inviolés les droits acquis déjà et dès le début selon l'usage établi depuis toujours et le métropolitain sera autorisé de prendre copie conforme de notre décision pour garantir ainsi la sécurité de sa province. Si quelqu'un produisait une ordonnance opposée à la définition présente, le saint et œcuménique concile tout entier décide que cette ordonnance sera nulle et non avenue. Annexe II. Vie de Constantin par Eusèbe (extraits). (Source : http://remacle.org/bloodwolf/historiens/eusebe/index.htm. Texte traduit par Monsieur Cousin, Président de la Cour des Monnaies). Etendard en forme de croix et foi de l’empereur. LIVRE I CHAPITRE XXVII. Constantin se résout à n'adorer qu'un seul Dieu. COMME il était persuadé qu'il avait besoin d'une puissance plus considérable et plus invincible que celle des armées, pour dissiper les illusions de la magie dans lesquelles Maxence mettait sa principale confiance, il eut recours à la protection de Dieu. Il délibéra d'abord sur le choix de celui qu'il devait reconnaître. Il considéra que la plupart de ses prédécesseurs, qui avaient adoré plusieurs Dieux et qui leur avaient offert de l'encens et des sacrifices, avaient été trompés par des prédictions pleines de flatterie ; et par des oracles, qui ne leur promettaient que d'heureux succès, et qu'ils étaient enfin péris misérable- 138 -

ment, sans qu'aucun de leurs Dieux se fût mis en peine de 24 les secourir. Que son père avait seul reconnu leur égarement, et seul pris le bon chemin, qu'il n'avait adoré que Dieu durant toute sa vie, et que Dieu avait été en récompensé son protecteur, le conservateur de son Empire, et l'auteur de tous ses biens. Il fit une sérieuse réflexion sur la multitude des maux, dont avaient été accablés ceux qui avaient suivi une multitude de Dieux, et reconnut qu'aucun d'eux n'avait laissé de postérité, ni même la moindre mémoire de son nom, au lieu que le Dieu de son père lui avait donné d'illustres preuves de sa puissance. Il remarqua aussi que ceux qui en prenant les armes contre les tyrans avaient mis leur espérance dans la protection des Dieux n'en avaient tiré aucun avantage, l'un étant revenu avec ses troupes, sans avoir rien fait de considérable, et l'autre ayant été tué au milieu de son armée. Après avoir longtemps médité toutes ces raisons, il jugea que c'était la dernière de toutes les extravagances d'adorer des Idoles, de la faiblesse et du néant desquelles il avait des preuves si convaincantes, et il se résolut d'adorer le Dieu de Constance son père. CHAPITRE XXVIII. Vision de Constantin. CONSTANTIN implora la protection de ce Dieu, le pria de se faire connaître à lui, et de l'assister dans l'état où se trouvaient ses affaires. Pendant qu'il faisait cette prière, il eut une merveilleuse vision, et qui paraîtrait peut-être incroyable, si elle était rapportée par un autre. Mais personne ne doit faire difficulté de la croire, puisque ce Prince me l'a racontée lui-même longtemps depuis, lorsque j'ai eu l'honneur d'entrer dans 23 ses bonnes grâces, et que l'événement en a confirmé la vérité. Il assurait qu'il avait vu en plein midi une croix lumineuse avec cette inscription. VAINQUEZ A LA FAVEUR DE CE SIGNE, et qu'il fut extrêmement étonné de ce spectacle, de même que ses soldats qui le suivaient.

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CHAPITRE XXIX. Songe de Constantin. CETTE vision fit une si sorte impression dans l'esprit de Constantin qu'il en était encore tout occupé la nuit suivante. Durant son sommeil le Sauveur lui apparut avec le même signe qu'il lui avait montré en l'air durant le jour, et lui commanda de faire un Etendard de la même forme, et de le porter dans les combats pour se garantir du danger. CHAPITRE XXX. Constantin fait faire un étendard en forme de croix. CONSTANTIN s'étant levé dès la pointe du jour raconta à ses amis le songe qu'il avait eu, et ayant envoyé quérir des Orfèvres, et des Lapidaires, il s'assit au milieu d'eux, leur proposa le dessein et la figure du signe qu'il avait vu, et leur commanda d'en faire un semblable, enrichi d'or, et de pierreries. CHAPITRE XXXI. Description de l'Etendard fait en forme de croix. J'AI vu l'Etendard que les Orfèvres firent par l'ordre de ce Prince, et il m'est aisé d'en décrire ici la figure. C'est comme une pique, couverte de lames d'or, qui a un travers en forme d'Antenne qui fait la croix. Il y a au haut de la pique une couronne enrichie d'or et de pierreries. Le nom de notre Sauveur est marqué sur cette couronne par les deux premières lettres; dont la seconde est un peu coupée. Les Empereurs ont porté depuis ces deux mêmes lettres sur leur casque. Il y a un voile de pourpre attaché au bois qui traverse la pique. Ce voile est de figure carrée, et couvert de perles, dont l'éclat donne de l'admiration. Comme la pique est fort haute elle a au bas du voile le portrait de l'Empereur et de ses enfants, fait en or jusques à demi-corps seulement. Constantin s'est toujours couvert dans la guerre, de cet Etendard comme d'un rempart, et en a fait faire d'autres semblables pour les porter dans toutes ses armées.

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CHAPITRE XXXII. Constantin lit l'Ecriture sainte. CONSTANTIN ayant l'esprit tout rempli de l'étonnement qu'une vision si extraordinaire lui avait causé, jugea qu'il n'y avait point d'autre Dieu qu'il dut reconnaître, que celui qui lui était apparu, et ayant envoyé quérir les Prêtres, et ses ministres, il leur demanda, qui était ce Dieu, 25 et ce que signifiait la figure si lumineuse et si éclatante qu'il lui avait montrée. Les Prêtres lui répondirent que le Dieu qui lui était apparu était le fils unique de Dieu, que la figure qui lui avait été montrée, était la marque de l'immortalité, et le trophée de la victoire que le Fils de Dieu avait remportée sur la mort. Ils lui déduisirent les raisons pour lesquelles il est descendu du Ciel en terre, et lui expliquèrent le mystère de son Incarnation. L'Empereur les écouta avec une merveilleuse attention. Il compara leurs discours avec la vision qu'il avait eue, et ne douta point qu'ils ne lu enseignassent la vérité par l'ordre de Dieu. II s'appliqua ensuite à la lecture des livres sacrés, retint toujours les Prêtres auprès de lui, et se résolut d'adorer le Dieu dont ils lui avaient découvert les mystères. L'espérance qu'il avait mise en sa protection, l'excita bientôt après à entreprendre d'éteindre l'embrasement qui avait été allumé par la rage des Tyrans. NOTE (Constantin assiste à certaines réunions des ecclésiastiques)

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Vie de Constantin par Eusèbe. Etendard en forme de croix et foi de l’empereur. LIVRE I CHAPITRE XLIV. Constantin assiste aux assemblées des Evêques. QUE si l'Empereur dont je parle, avait une inclination si bienfaisante pour tous ses sujets, il prenait un soin particulier des Chrétiens. Il convoqua comme un commun Eve que ordonné de Dieu des Conciles pour apaiser les différends qui s'étaient émus en diverses Provinces entre les Pasteurs de l'Eglise. Il prit la peine d'assister à leurs assemblées, de s'asseoir au milieu d'eux, d'examiner le sujet de leurs contestations, et de s'entremettre de les accorder. Il commanda alors à ses Gardes de se retirer, et se tenait assez bien gardé par la crainte de Dieu, et par l'affection de ses sujets. Il louait la sagesse et la modération de ceux qui suivaient le bon parti, et qui se portaient à la paix, et blâmait l'opiniâtreté de ceux qui refusaient de se rendre à la raison. Vie de Constantin par Eusèbe. Mesures prises pour défendre les chrétiens et la foi. LIVRE SECOND. CHAPITRE XXIV. Loi de Constantin touchant la Religion Chrétienne et la Piété véritable. Constantin Vainqueur, très-Grand, Auguste : Aux Peuples de Palestine. « IL y a longtemps que ceux qui sont dans la créance, où il faut être touchant la divinité ont reconnu clairement la différence qu'il y a entre ceux qui combattent la Religion Chrétienne, et ceux qui la défendent. On voit maintenant avec une plus grande évidence que jamais 59 l'extravagance des doutes que l'on a - 142 -

faits sur ce sujet, et la puissance divine se manifeste par des témoignages incontestables. Ceux qui observent cette sainte loi, jouissent de toute sorte de biens, et viennent heureusement à bout de leurs entreprises, au lieu que ceux qui demeurent dans l'impiété, ne trouvent que ce qu'ils méritent. Quel bien pourraient-ils avoir dans le temps qu'ils refusent de reconnaître l'unique Auteur de tous les biens? Les choses semblent parler d'elles-mêmes.» CHAPITRE XXV. Exemple tiré de l'antiquité. « QUICONQUE rappellera dans son esprit le temps passé, trouvera que ceux qui ont pris la justice et la probité pour règle de leur conduite, ont réussi en tout ce qu'ils ont entrepris, au lieu que ceux qui ont commis des crimes, qui, ont été si insolents qui de s'élever contre Dieu, et si cruels que de n'avoir aucune compassion des misères de leurs frères, qui ont enlevé leur bien, noirci leur réputation par de fausses accusations, et leur ont fait souffrir le bannissement, et la mort, et qui n'ont jamais conçu un sincère repentir de ces désordres, ont été traités comme ils méritaient. Ce n'est pas sans raison que deux conduites différentes, ont des succès qui le sont aussi. » CHAPITRE XXVI. DE ceux qui ont excité la persécution, et de qui l'ont soufferte. « CEUX qui ont la crainte de Dieu devant les yeux, et qui n'agissent que par de bonnes intentions, qui méprisent les menaces des hommes, et les périls de la vie présente par l'espérance des biens à venir, souffrent avec une patience inébranlable des traitements qui, quoique fâcheux, ne sauraient être de longue durée. Plus les travaux qu'ils ont supportés, ont été pénibles ; plus la gloire, qui les a suivis, a été éclatante. Ceux au contraire qui ont foulé aux pieds la justice, qui ont maltraité les serviteurs de Dieu, qui n'ont point cru être malheureux, ni coupables, quand ils les ont condamnés à mort, pour une si bonne cause, et qui n'ont pas jugé que ceux qu'ils condamnaient de la - 143 -

sorte fussent heureux, bien qu'ils conservassent à Dieu, la fidélité qu'ils lui avaient promise ; ceux-là, dis-je, ont eu le déplaisir de voir leurs armées en déroute, et taillées en pièces. Ils n'ont point donné de batailles, qu'ils n'aient perdues. » CHAPITRE XXVII. Malheurs arrivés aux auteurs de la persécution. « C'EST de ces crimes que sont venues les guerres les plus cruelles, et les désolations les plus déplorables. C'est de là qu'a procédé la disette des biens les plus nécessaires, et l'inondation 61 des maux les plus terribles. Les auteurs de l'impiété ont eu une fin tragique, ou ont mené une vie infâme, et plus triste par leur propre aveu, que n'aurait été la mort. Leur misère a été en quelque sorte égale à leur injustice. Plus l'insolence, avec laquelle chacun d'eux s'est opposé à la loi de Dieu, a été extrême, plus le châtiment qu'il a subi, a été rigoureux. Ils n'ont pas été seulement punis par les peines de cette vie. Ils ont été tourmentés par l'appréhension des supplices, qui sont préparés dans l'autre. » CHAPITRE XLIV. Gouvernement des Provinces accordés. à des Chrétiens. Idolâtrie défendue. L'EMPEREUR garda incontinent après une conduite toute conforme à la loi qu'il venait de faire à l'avantage de la Religion. Il donna la plus grande partie des Gouvernements à des Chrétiens, et défendit aux Gouverneurs qui étaient encore attachés aux superstitions du Paganisme, d'offrir des sacrifices aux Idoles. Il fit la même défense aux Préfets du Prétoire qui précédaient les Gouverneurs, et possédaient les premières dignités. Il voulait que s'ils faisaient profession de la piété Chrétienne, ils en suivissent les règles; et s'ils étaient encore Païens, il 71 ne pouvait souffrir qu'ils adorassent publiquement les Idoles.

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CHAPITRE XLV. Idolâtrie défendue. Eglises bâties. ON publia deux autres lois en même temps. La première tendait à abolir le culte des Idoles qui avait été en usage dans les Villes et à la campagne, et défendait généralement d'ériger des statues en l'honneur des Dieux., de prédire l'avenir, et d'égorger des victimes. La seconde loi ordonnait que l'on bâtirait des Églises plus spacieuses, et plus vastes qu'auparavant, comme si l'on eut été assuré que tous les peuples renonceraient aux erreurs et aux extravagances du Paganisme, pour se soumettre humblement au service de leur Créateur. La piété inspirait cette pensée à l'Empereur, et le portait à donner ces ordres-là aux Gouverneurs des Provinces. Il était ordonné par la même loi que l'on tirerait du trésor Royal, tout ce qui serait nécessaire pour l'accomplissement d'un si louable dessein, et que l'on n'éviterait aucune dépense. L'Empereur écrivit pour ce sujet à tous les Evêques, et me fit l'honneur de m'écrire en ces termes, avant que d'avoir écrit à aucun autre. CHAPITRE XLVI. Lettre de Constantin à Eusèbe, et aux autres Evêques pour la constitution des Eglises. « LES fidèles serviteurs de nôtre Sauveur ayant été persécutés jusques ici par la violence 72 des tyrans : Je suis très-persuadé, mon très-cher frère, que les édifices des Eglises, sont en trèsmauvais état par le peu de soin que l'on a eu de les entretenir, et que l'on n'a pu même,, les parer avec la bienséance convenable, à cause de la crainte de la persécution. Mais maintenant que la Religion Chrétienne est libre, et que le dragon a été privé de l'autorité absolue, par un ordre de la Providence, et par un effet,, de mes soins; je ne doute point que tout le monde ne reconnaisse la grandeur et la majesté de Dieu, et que ceux qui ont commis des fautes, par erreur, ou par faiblesse, ne tâchent de s'en corriger. Avertissez les Evêques, les Prêtres, et les Diacres de votre connaissance, qu'ils pourvoient avec une application - 145 -

particulière aux bâtiments des Eglises, aux réparations de celles qui tombent en ruine, à l'augmentation de celles qui sont trop petites, et à la construction entière de celles qui seront jugées nécessaires. Demandez au Gouverneur de la Province, et au Préfet du Prétoire, ce qui sera nécessaire pour cet effet, et que les autres le demandent de la même sorte. Ils ont ordre de satisfaire exactement à tout ce que votre sainteté désirera de leur part. Je prie Dieu qu'il vous conserve, mon très-cher frère. » On envoya à chaque Evêque une copie de cette lettre. Chaque Gouverneur de Province reçut un ordre conforme, et la volonté de l'Empereur fut exécutée avec une merveilleuse promptitude dans l'étendue de tous les Pays de son obéissance. CHAPITRE XLVII. Constantin écrit une lettre contre les Idoles. CONSTANTIN faisant de jour en jour de nouveaux progrès dans la piété, écrivit une lettre aux habitants des Provinces, touchant l'aveuglement, avec lequel ses prédécesseurs avaient adoré les Idoles. Il exhorta ses sujets par la même lettre à reconnaître Dieu, l'unique Souverain de l'Univers, et à mettre l'espérance de leur salut dans la médiation de Jésus Christ. Je l'ai traduite de Latin en Grec sur l'original écrit de sa propre main, et je l'insérerai ici pour faire entendre à toute la postérité, la voix éclatante avec laquelle il a publié les grandeurs de Dieu son Maître. CHAPITRE XLVIII. Edit de l'Empereur Constantin contre le culte des Dieux. Préface de la Vertu et du Vice. Constantin, Vainqueur, très-Grand, Auguste: Aux Habitants des Provinces d'Orient. « TA lumière que la nature a répandue dans l'esprit de tous les hommes, suffit pour leur faire découvrir les soins que la Providence prend du gouvernement de l'univers. Ceux qui s'avancent par l'étude vers la vérité, ne doutent point que quiconque fait une sérieuse réflexion sur la diversité des objets, qui font ex- 146 -

74 posés à ses yeux, n'arrive enfin à la connaissance de leur principe. C'est pourquoi une personne sage ne s'étonnera jamais de la multitude, ni de la variété des opinions, qui partagent les hommes touchant le choix qu'ils doivent faire d'un genre de vie. Rien ne relève si fort la beauté de la Vertu, que la laideur du Vice qui lui est contraire. L'une a des récompenses certaines; et l'autre ne peut attendre qu'un rigoureux châtiment, qui sera prononcé par un Juge également Souverain et équitable. Je vous proposerai ici le plus clairement qu'il me sera possible, l'espérance sainte que j'ai des biens à venir. » CHAPITRE LVI. Constantin souhaite que tout le monde embrasse la Religion Chrétienne, et ne contraint pourtant personne de l'embrasser. « JE souhaite de tout mon cœur pour le bien commun de toute la terre, que votre peuple jouisse d'une paix profonde, et qui ne soit troublée par aucun tumulte, je consens que ceux. qui sont encore engagés dans les erreurs du paganisme, jouissent du même repos que les Fidèles. L'équité que l'on gardera envers eux, et l'égalité du traitement, que l'on fera tant à eux qu'aux autres, contribuera notablement à les. mettre dans le bon chemin. Qu'aucun n'en inquiète un autre. Que chacun choisisse ce qu'il jugera le plus à propos. Néanmoins ceux qu' jugeront sainement, assureront hardiment qu'il n'y a que ceux qui gardent vos commandements qui mènent une vie innocente et sainte. Que ceux qui se soustraient de votre obéissance, aient des temples consacrés au mensonge, puisqu'ils en veulent avoir. Pour nous, nous demeurerons dans la maison de votre vérité, où vous nous avez reçus dès le commencement. Nous souhaitons qu'ils y entrent aussi bien que nous, et qu'ils jouissent de l'avantage de notre société. » CHAPITRE LXI. Contestation excitée par Arius. L'EMPEREUR publia ces vérités à tous les habitants des Provinces par la lettre qu'il leur écrivit, et tâcha de les détourner de - 147 -

l'idolâtrie, et de les porter au culte du vrai Dieu. Au milieu de la joie qu'il tirait de l'heureux succès d'une si louable entreprise, il reçut nouvelle d'un tumulte qui avait notablement troublé la paix de l'Eglise. Il en fut très-sensiblement touché, et songea à l'heure-même aux moyens d'y apporter du remède. Voici quel était le sujet du tumulte. L'état de l'Eglise était florissant, et les fidèles s'adonnaient avec joie à toute sorte de saints exercices. Leur repos était si bien affermi qu'il ne pouvait être ébranlé par aucun ennemi étranger. Mais la jalousie leur dressa un piège. Elle se glissa parmi eux, et incontinent après entra impudemment dans les assemblées des saints Evêques, elle les commit les uns contre les autres, et leur suscita des différends et des querelles sous prétexte de doctrine. Cette petite étincèle excita un grand embrasement, qui commença dans Alexandrie, s'étendit sur l'Egypte, sur la Libye, sur la haute Thébaïde, et désola de telle sorte un grand 82 nombre d'autres Provinces, que non seulement les Prêtres entrèrent en des contestations pleines d'aigreur ; mais que les peuples prenant aussi parti dans les mêmes différends, firent une division, et un schisme trèsfuneste. Le scandale en fut si horrible que la doctrine sainte de notre Religion devint le sujet des railleries impies, et des bouffonneries sacrilèges que les Païens faisaient sur leurs théâtres. CHAPITRE LXII. D'Arius, et des Partisans de Méléce. LES uns disputaient dans Alexandrie avec une opiniâtreté invincible sur les plus sublimes mystères. D'autres contestaient dans l'Egypte, et dans la haute Thébaïde sur une question qui avait été proposée dès auparavant, de sorte qu'il n'y avait aucune 'Eglise qui ne fût divisée. La Libye entière, et les autres Provinces sentirent des atteintes du même mal. Ca les Ecclésiastiques d'Alexandrie ayant écrit aux Evêques touchant leur différend, il n'y en eut aucun qui ne se déclarât pour l'un des deux partis.

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CHAPITRE LXIII. Constantin envoie un Evêque à Alexandrie, pour terminer le différend. L'EMPEREUR étant sensiblement touché de la division de l'Eglise, et n'en ayant pas un moindre déplaisir qu'il aurait eu d'une disgrâce qui serait arrivée à sa famille, envoya à Alexandrie un homme célèbre par la solidité de sa foi, et 83 par la générosité de la profession qu'il en avait faite en présence des persécuteurs durant les plus mauvais temps, et lui donna une lettre pour les auteurs du différend. Je crois qu'il sera très à propos de l'insérer en cet endroit, comme une preuve authentique du soin que ce Prince prenait des affaires de l'Eglise. CHAPITRE LXIV. LETTRE de Constantin à Alexandre Evêque, et à Arius, Prêtre. Constantin, Vainqueur, à Alexandre Evêque, et à Arius, Prêtre. « DIEU qui a la bonté de seconder tous mes desseins, et de conserver tous les hommes, m'est témoin que j'ai été porté par deux motifs à entreprendre ce que j'ai heureuseté exécuté. » CHAPITRE LXV. Soins pris par Constantin pour rendre la paix à l'Eglise. « JE me suis d'abord proposé de réunir les esprits de tous les peuples dans une même créance au sujet de la divinité, et ensuite j'ai souhaité de délivrer l'univers du joug de la servitude sous laquelle il gémissait. J'ai cherchait dans mon esprit des moyens aisés pour venir à bout du premier dessein, sans faire beaucoup d'éclat, et je me suis résolu de prendre les armes pour exécuter le second. Je me persuadais que si j'étais as- 84 sez heureux, pour porter les hommes à adorer tous le même Dieu, ce changement de Religion en produirait un autre dans le Gouvernement de l'Empire. »

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Annexe III Chypre chrétienne et byzantine (Source : Clio, Chronologie : http://www.clio.fr/CHRONOLOGIE/chronologie_chypre.asp) 45 après J.-C. : Saint Barnabé, natif de Chypre et cousin de l’évangéliste Marc, débarque à Salamine en compagnie de saint Paul pour venir prêcher la nouvelle religion parmi les membres de la communauté juive de la ville mais ils sont mal reçus par les juifs et s’adressent finalement aux Grecs et aux Romains. Des communautés chrétiennes se constituent alors dans toute l’île et le proconsul romain Sergius Paulus, installé à Paphos qui est alors la capitale de l’île, se convertit à la nouvelle religion. 55 : Barnabé et Marc reviennent à Chypre où ils peuvent constater l’essor rapide de la religion du Christ mais Barnabé est martyrisé par les juifs et son corps est enterré secrètement par saint Marc près de Salamine. 325 : Trois évêques chypriotes – saint Spyridyon, évêque de Trémithonte, Cyrille de Paphos et Gélase de Salamine – participent au concile œcuménique de Nicée qui débat de la nature du Christ et définit l’orthodoxie à propos de cette question. Chypre compte alors sans doute une dizaine d’évêchés dont les plus importants sont le siège métropolitain de Salamine et ceux de Kition, Trémithonte, Paphos, Amathonte et Tamassos. 327 : Hélène, la mère de l’empereur Constantin Ier, débarque près de Kition et découvre que l’île est affectée par la sécheresse et la famine et que ses habitants ont émigré en masse vers la Syrie et la Cilicie voisines. Comme, selon la tradition, sainte Hélène apporte avec elle un morceau de la Sainte Croix découverte à Jérusalem, la situation s’améliore miraculeusement. 330 : Le siège de l’Empire romain est transféré à Constantinople.

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332 et 342 : La Salamine romaine, qui est demeurée un emporium prospère, est dévastée par deux violents tremblements de terre. IVe siècle : Indépendante, l’Église de Chypre préserve son autonomie jusqu’au début du Ve siècle. Salamine, dont le nom est remplacé par celui de Constantia, se substitue à Paphos comme capitale de l’île. 391 : L’évêque de Salamine-Constantia, Epiphanios, qui occupe le siège métropolitain de 367 à 403, participe au deuxième concile œcuménique de Constantinople et réunit un concile local à Constantia en 399 pour dénoncer les propositions hérétiques d’Origène. L’indépendance de l’Église chypriote suscite alors la colère des patriarches d’Antioche désireux de faire reconnaître leur droit de consacrer les évêques de leur région ecclésiastique mais les prélats chypriotes parviennent à sauvegarder leur indépendance. 395 : Au moment de la séparation décidée par Théodose, Chypre fait naturellement partie de l’Empire d’Orient. Sur le plan administratif, l’île est dépendante de la préfecture d’Antioche et confiée à un gouverneur militaire placé sous l’autorité du comte d’Orient. Chypre est alors divisée en quatorze régions administratives correspondant au nombre de ses diocèses, au lieu de quatre antérieurement. Pendant près de deux siècles, l’île apparaît comme une province d’intérêt secondaire dont l’activité économique, minière et commerciale s’est considérablement réduite. Elle connaît la paix mais semble désormais hors de la « grande histoire. » 431 : Mort de l’archevêque Théodore de Constantia. Élection de Reginos qui, envoyé au concile œcuménique d’Éphèse, y fait reconnaître, contre la volonté de l’Église d’Antioche, l’Église de Chypre comme indépendante et autocéphale. À la fin du Ve siècle, Pierre, le patriarche d’Antioche, proche de l’empereur Zénon, réaffirme ses prétentions en faisant valoir que le christianisme s’était implanté à Chypre à partir - 151 -

d’Antioche qui pouvait ainsi prétendre au titre de métropole par rapport à l’Église de l’île. La découverte près de Salamine du tombeau de saint Barnabé et de la copie de l’évangile de saint Mathieu conduit cependant Zénon à réaffirmer l’indépendance de l’Église chypriote et à accorder à l’archevêque Anthémios et à ses successeurs le privilège de porter le sceptre et le manteau et de signer à l’encre rouge, c’est-à-dire d’accéder à des honneurs habituellement réservés à l’empereur. Annexe IV Délibérations du concile d’Ephèse. (Source : http://www.catholicisme.be) (…) Cent quatre-vingt-dix-huit évêques se trouvèrent à cette première session, avec Vésulas, diacre de Carthage, député pour l'Afrique. Memnon, évêque d'Éphèse, ouvrit volontiers la grande église, appelée Marie, pour y tenir le concile ; mais Nestorius lui ayant demandé l'église de Saint-Jean pour tenir son assemblée à part, il la lui refusa, et le peuple, extrêmement zélé pour la doctrine catholique, s'opposa à ce qu'on la lui ouvrit. Saint Cyrille tenait le premier rang, comme occupant la place du pape saint Célestin ; ensuite était Juvénal de Jérusalem, Memnon d'Éphèse, Flavien de Philippes, qui tenait la place de Rufus de Thessalonique, Théodote d'Ancyre, Firmus de Césarée en Cappadoce, Acace de Mélytine en Arménie, Iconius de Gortine en Crète, Périgène de Corinthe, tous métropolitains, et les autres évêques, au nombre de cent quatre-vingtdix-huit, selon les souscriptions que nous en avons dans les actes de la première session du concile. Tous étant assis, Pierre, prêtre d'Alexandrie et primicier des notaires, dit que Nestorius ayant été ordonné évêque de Constantinople, l'on avait quelques jours après répandu quelques-uns de ses sermons, qui - 152 -

avaient excité un grand tumulte dans l'Église ; que le très pieux évêque d'Alexandrie, Cyrille, l'ayant su, lui avait écrit une première et une seconde lettre, pleines de conseils et d'avertissements, qui n'avaient produit aucun effet ; que le même Cyrille, ayant appris que Nestorius avait envoyé à Rome des lettres et des recueils de ses sermons, avait écrit de son côté au très pieux évêque de Rome, Célestin, qui, sur la lecture et l'examen de toutes ces pièces, avait donné une décision précise. Pierre présenta au concile tous les papiers qui regardaient cette affaire, et en particulier la lettre circulaire de l'empereur, adressée à tous les métropolitains. Juvénal de Jérusalem demanda que cette lettre fût lue et mise à la tête des actes du concile, ce qui fut fait. Firmus de Césarée dit ensuite : " Que le très saint Memnon, évêque d'Éphèse, nous rende témoignage combien il s'est passé de jours depuis notre arrivée. " Memnon répondit que depuis le terme marqué dans la lettre de ce prince, il s'était passé seize jours. Après quoi saint Cyrille détailla les raisons que nous avons rapportées, d'accélérer l'ouverture du concile, et il s'autorisa surtout d'un second ordre de l'empereur, lu par le comte Candidien, qui portait que l'on examinerait et que l'on réglerait la matière de la foi, sans aucun délai. Théodote d'Ancyre parla ensuite, et dit : La lecture des pièces se fera en son temps ; mais il est maintenant à propos que le très pieux évêque Nestorius soit présent, afin que ce qui regarde la religion soit réglé d'un commun consentement. Quatre évêques, qu'on avait envoyés la veille prier Nestorius de se trouver au concile, rapportèrent qu'il leur avait dit qu'il viendrait s'il le jugeait nécessaire ; sur quoi Flavien, évêque de Philippes, ayant dit que pour suivre l'ordre des canons, il fallait encore l'avertir, on députa trois autres évêques, auxquels on joignit Epaphrodite, lecteur et notaire d'Hellanique, évêque de Rhodes ; on les chargea d'une monition par écrit où il était fait mention de celle du jour précédent. Nestorius était dans sa maison lorsque les députés y vinrent, mais ils ne purent lui parler, en étant empêchés par une - 153 -

troupe de soldats armés de massues, que Candidien lui avait donnés. Toutefois, sur leurs instances réitérées, Nestorius leur fit dire par le tribun Florentius que, quand tous les évêques seraient assemblés, il se trouverait avec eux. Le concile, informé de tout ce qui était arrivé, jugea à propos, pour ne rien omettre de la procédure ecclésiastique, de le faire citer une troisième fois par quatre autres évêques, avec Anisius, notaire et lecteur de Firmus de Césarée. La monition qu'on leur donna par écrit était conçue en ces termes : " Par cette troisième citation, le très saint concile, obéissant aux canons, appelle votre piété, vous accordant ce délai avec patience. Daignez donc venir au moins à présent pour vous défendre des dogmes hérétiques que l'on vous accuse d'avoir proposés publiquement dans l'Église, et sachez que si vous ne vous présentez, le saint concile sera obligé de prononcer contre vous, suivant les canons. " Ces députés furent encore plus maltraités que n'avaient été les premiers. Les soldats les repoussèrent rudement, sans leur permettre de se mettre à l'ombre, et leur déclarèrent, après les avoir fait attendre longtemps, qu'ils avaient ordre de Nestorius de ne laisser entrer personne du concile. Sur ce rapport, qui fut certifié par tous les députés, Juvénal, évêque de Jérusalem, dit que quoique trois monitions fussent suffisantes, suivant les lois de l'Église, le concile était prêt à en faire une quatrième à Nestorius ; mais que, puisqu'il avait mis autour de sa maison une troupe de soldats qui en défendaient l'entrée, il était clair que le reproche de sa conscience l'empêchait de venir ; qu'ainsi il ne fallait plus songer qu'à conserver la foi et à suivre les canons. On lut donc le symbole de Nicée, et ensuite la seconde lettre que saint Cyrille lui avait écrite, sur laquelle ce Père pria tous les évêques présents de dire leur sentiment. Juvénal et les autres évêques la trouvèrent conforme à la doctrine de Nicée. Pallade d'Amasée demanda qu'on lût la réponse que Nestorius y avait faite. Juvénal de Jérusalem, en ayant entendu la lecture, dit que cette lettre ne s'accordait point du tout avec la foi de - 154 -

Nicée et anathématisa ceux qui croyaient ainsi. Flavien de Philippes et quelques autres opinèrent aussi en particulier, et tous se réunirent à condamner la lettre de Nestorius avec son auteur, s'écriant d'une voix unanime : " Que celui qui n'anathématise pas Nestorius soit anathème. " Ils demandèrent, après cela, qu'on fit lecture de la lettre du pape saint Célestin. Le prêtre Pierre en lut la traduction grecque, et ajouta : " Notre très pieux évêque Cyrille a écrit en conformité cette lettre ; nous vous la lirons si vous l'ordonnez. " Flavien de Philippes demanda qu'on la lût, et qu'elle fût insérée aux actes, comme on avait fait de celle du pape. Cette lettre de saint Cyrille était celle qu'il avait écrite au nom du concile d'Égypte à Nestorius. Théopempte et Daniel firent ensuite rapport au concile de la manière dont les lettres de saint Célestin et de saint Cyrille avaient été signifiées à Nestorius, et pour montrer qu'il persistait opiniâtrément dans ses erreurs, on obligea Théodote d'Ancyre et Acace de Mélytine à raconter l'entretien qu'ils avaient eu trois jours auparavant avec lui. Ils ne le firent qu'en répandant des larmes, parce qu'ils aimaient Nestorius ; mais comme ils aimaient encore davantage Jésus-Christ et sa vérité, ils dirent qu'ils étaient prêts à convaincre leur ami des erreurs et des blasphèmes qu'ils avaient entendu sortir de sa bouche. Le concile, avant de procéder à une condamnation plus formelle de Nestorius, crut, suivant l'avis de Flavien de Philippes, qu'il était à propos de lire et d'insérer dans les actes quelques passages des Pères, pour faire voir quelle avait été leur doctrine. On lut donc un passage du livre de saint Pierre, évêque d'Alexandrie et martyr, touchant la Divinité ; un de saint Athanase contre les ariens, et un de sa lettre à Epictète ; un de la lettre du pape saint Jules à Docimus ; un de la lettre du pape saint Félix à Maxime et au clergé d'Alexandrie ; deux des lettres pascales de Théophile d'Alexandrie ; un du traité de l'Aumône de saint Cyprien ; deux de saint Ambroise tirés de son traité de la Foi ; un de saint Grégoire de Nazianze à Clédonius, où sont les anathèmes ; un de - 155 -

saint Basile ; un de saint Grégoire de Nysse ; deux d'Atticus de Constantinople, et deux de saint Amphiloque. A la demande de Flavien, on lut vingt articles tirés des homélies et des écrits de Nestorius, et le prêtre Pierre avait en main plusieurs autres extraits semblables ; mais les évêques, voyant les blasphèmes horribles que contenaient les vingt premiers articles, ne purent souffrir que leurs oreilles fussent souillées par le récit d'un plus grand nombre de blasphèmes, et ordonnèrent que ces articles fussent insérés aux actes pour la condamnation de Nestorius. Ensuite Pierre d'Alexandrie ayant présenté la lettre de Capréolus, évêque de Carthage, elle fut lue en latin et en grec. Comme il priait les évêques du concile de résister courageusement à ceux qui voudraient introduire dans l'Église de nouvelles doctrines, et de ne point permettre que l'on remit en question ce qui avait déjà été jugé, ni que l'on donnât atteinte aux décisions du siège apostolique et des Pères, tous les évêques s'écrièrent après saint Cyrille : " Ces paroles sont les nôtres, voilà ce que nous disons tous, voilà ce que nous souhaitons tous. " Saint Cyrille demanda que la lettre de Capréolus fût insérée aux actes. Le concile prononça après cela la sentence de condamnation contre Nestorius en ces termes : " Nestorius ayant entre autres choses refusé d'obéir à notre citation, et de recevoir les évêques envoyés de notre part, nous avons été obligés d'entrer dans l'examen de ses impiétés ; et l'ayant convaincu, tant par ses lettres que par ses autres écrits, et par les discours qu'il a tenus depuis peu dans cette ville, prouvés par témoins, de penser et d'enseigner des impiétés ; réduits à cette nécessité par les canons et par la lettre de notre très saint père et collègue Célestin, évêque de l'Église romaine, après avoir souvent répandu des larmes, nous en sommes venus à cette triste sentence. Notre-Seigneur Jésus-Christ qu'il a blasphémé, a déclaré par ce saint concile, qu'il est privé de toute dignité épiscopale, et retranché de toute assemblée ecclésiastique. " Tous les évêques présents au nombre de cent quatre-vingt-dix-huit, souscrivirent - 156 -

à cette sentence, les uns, comme Acace de Mélitine et Paralius d'Andrapène, se qualifiant évêques par la miséricorde de Dieu ; d'autres, comme Eutychius de Théodosiople, prenant le titre d'évêques de la sainte, catholique et apostolique Église de Dieu. Il y en eut qui, étant incommodés, souscrivirent par la main d'un prêtre. Ceux qui arrivèrent au concile après le 22 juin souscrivirent aussi à cette sentence ; de sorte que Nestorius fut déposé par plus de deux cents évêques. Le peuple d'Éphèse, qui s'était assemblé dès le grand matin pour attendre la décision du concile, ayant appris sur le soir que Nestorius était déposé, jeta de grands cris de joie, remerciant le concile et louant Dieu d'avoir fait tomber l'ennemi de la foi. Au sortir de l'église il alluma quantité de flambeaux pour conduire les évêques jusqu'à leurs logis ; les femmes marchaient devant eux avec des parfums qu'elles faisaient brûler. On alluma beaucoup de lampes dans la ville, et on vit partout des marques de joie. Ainsi finit la première session du concile. Le lendemain, qui était le 23e de juin, le concile fit signifier à Nestorius la sentence de sa déposition, qui fut ensuite affichée publiquement et publiée sur toutes les places par les crieurs de la ville. Voici comment elle était conçue : " Le saint concile assemblé par la grâce de Dieu et l'ordonnance de nos très pieux empereurs, à Nestorius, nouveau Judas : Sache que pour tes dogmes impies et ta désobéissance aux canons, tu as été déposé par le saint concile, suivant les lois de l'Église, et déclaré exclu de tous degrés ecclésiastiques, le vingt-deuxième jour du présent mois de juin. " Le concile en donna aussitôt avis à Eucharius, défenseur de l'Église de Constantinople, aux prêtres, aux économes et au reste du clergé, leur recommandant de conserver avec soin tout ce qui appartenait à cette Église, pour en rendre compte à celui qui serait élu évêque de Constantinople par la volonté de Dieu et la permission des très pieux empereurs. Dans une seconde lettre au clergé et au peuple de Constantinople, le concile les exhortait à se réjouir de ce que le - 157 -

scandale était ôté, et à chasser les ministres de l'erreur. Cependant le comte Candidien, ayant trouvé l'affiche de la déposition de Nestorius, envoya défendre au concile de rien entreprendre au préjudice des ordres de l'empereur. En même temps il fit publier un édit où, après s'être plaint de ce qui s'était fait contre ses premières défenses et contre les ordres de ce prince, il déclarait qu'on n'aurait aucun égard à la sentence contre Nestorius. Il ordonnait aussi qu'on ne fit rien de nouveau, jusqu'à l'arrivée des évêques qui accompagnaient Jean d'Antioche. Il envoya à l'empereur l'affiche de la condamnation de Nestorius, avec une relation de ce qui était arrivé en cette occasion, représentant le concile comme une assemblée tumultueuse, où tout s'était passé contre les règles. Nestorius ne déguisa pas moins les choses dans la relation qu'il adressa de son côté à l'empereur, se plaignant des menaces et des mauvais traitements de saint Cyrille et de Memnon, qu'il taxait de séditieux. Ensuite il conjurait Théodose d'ordonner que le concile se tint dans les règles, et qu'il n'y entrât que deux évêques de chaque province, avec le métropolitain, du nombre de ceux qui étaient instruits des questions dont il s'agissait, ou de les renvoyer tous en sûreté dans leur ville épiscopale. " Car, ajoutait-il, on nous menace même de nous faire perdre la vie. " La lettre de Nestorius était souscrite de douze évêques, lui compris. Mais la plupart de ceux qui le favorisèrent d'abord, parce qu'ils le croyaient catholique, l'abandonnèrent quelques jours après, convaincus de l'impiété de ses dogmes. C'est ce que l'on voit dans la lettre du concile à l'empereur en date du 1er juillet. On y voit encore que des évêques se plaignaient de ce que Candidien les empêchait de faire savoir à ce prince le véritable état des choses : car ils avaient eu soin de faire mettre en état les actes du concile, qu'ils avaient adressés à Théodose avec une lettre synodale signée de tous les évêques du concile, avant l'arrivée de Jean d'Antioche, c'est-à-dire avant le 27 de juin. Dans la lettre synodale ils rendaient raison de la manière dont ils avaient procédé - 158 -

contre Nestorius, et pourquoi ils n'avaient pas attendu, pour le condamner, que les Orientaux fussent arrivés. Ils y parlaient du pape saint Célestin en ces termes : " Nous avons loué le très saint évêque de Rome Célestin, qui avait déjà condamné les dogmes hérétiques de Nestorius, et porté contre lui sa sentence avant la nôtre. " Ils finissaient leur lettre en priant Théodose d'ordonner que la doctrine de Nestorius fût bannie des Églises ; que ses livres, quelque part qu'on les trouvât, fussent jetés au feu, et que si quelqu'un méprisait ce qui avait été ordonné, il encourût l'indignation de l'empereur. Cependant divers évêques firent des discours sur le mystère de l'incarnation, où ils ne manquèrent pas de s'élever contre l'hérésie de Nestorius. Nous avons ceux de saint Cyrille, de Rhéginus, évêque de Constantia, et de Théodote d'Ancyre. Ce dernier compara la nécessité où l'Église s'était trouvée de déposer le nouvel hérésiarque, à celle d'un chirurgien qui coupe en pleurant un membre pourri pour conserver le reste du corps. (…) Annexe V Canons du Synode d’Antioche. (Source : http://www.catholicisme.be) Les 25 canons des saints pères réunis à Antioche. Lettre du synode Le saint et pacifique synode, réuni par Dieu à Antioche, des provinces de Coelo-Syrie, Phénicie, Palestine, Arabie, Cilicie, Isaurie : à nos saints comministres de la province, qui pensent comme nous, salut dans le Seigneur. La grâce et la vérité de Jésus Christ notre Seigneur et Sauveur, qui a visité la sainte Église d'Antioche et nous a rassemblés ici en pleine concorde et harmonie et esprit de paix, après les nombreux résultats du passé, a obtenu aussi ce résultat, sous l'inspiration du saint et pacifiant Esprit. Ce que nous avons - 159 -

trouvé bon de décider, après longue délibération et examen de nous tous, évêques réunis des diverses provinces dans cette ville d'Antioche, nous le portons à votre connaissance, confiant dans la grâce du Christ et dans l'Esprit saint, l'esprit de paix, que vous aussi vous serez du même avis, puisque vous étiez de coeur avec nous et nous aidiez de vos prières, ou plutôt unis à nous et présents dans l'Esprit saint, vous avez d'accord avec nous édicté ces mêmes ordonnances, en signant et confirmant dans la concorde de l'Esprit saint les justes décisions prises. Les canons ecclésiastiques qui furent édictés sont les suivants : 1. De ceux qui agissent contre les ordonnances de Nicée au sujet de la fête de Pâques. Tous ceux qui oseront enfreindre le décret du grand et saint concile assemblé à Nicée, en l'auguste présence de l'empereur Constantin aimé de Dieu, touchant la sainte et salutaire solennité de la pâque, doivent être excommuniés et rejetés de l'Église, s'ils s'obstinent par esprit de dispute à s'élever contre ces sages décisions. Et cela pour les laïcs. Quant aux supérieurs ecclésiastiques, évêques ou prêtres ou diacres, si après le présent décret quelqu'un ose se singulariser en célébrant la Pâque avec les Juifs, le saint concile le tient dès lors pour séparé de l'église; car non seulement il commet une faute, mais il devient pour beaucoup une cause de trouble et de perdition; de tels clercs seront dépouillés de leur office, eux et ceux qui resteront en communion avec eux après la déposition. Les clercs déposés seront privés des honneurs extérieurs auxquels ont droit ceux qui sont inscrits au saint canon du clergé et le divin sacerdoce 2. De ceux qui méprisent la prière de la messe à l'église et de ceux qui communient avec les excommuniés dans la prière. Ceux qui viennent à l'église et écoutent la lecture des saints livres, mais ne veulent pas prendre part à la prière liturgique avec le peuple, ou qui par une sorte d'indiscipline se détournent de la communion à l'eucharistie, tous ceux- là doivent être exclus de l'église, jusqu'à ce qu'ayant reconnu leur faute, ils aient - 160 -

fait les pénitences canoniques, produit des fruits de repentir et pu obtenir par leurs prières le pardon. Il n'est pas permis d'être en communion avec ceux qui sont exclus de l'église, ni d'aller prier dans les maisons de ceux qui évitent de prier avec l'église, ni de recevoir dans une église ceux qui ont été exclus d'une autre. S'il est prouvé qu'un évêque, un prêtre, un diacre ou un autre clerc reste en communion avec les excommuniés, il doit être excommunié lui-même, parce qu'il bouleverse la discipline ecclésiastique. 3. De ceux qui s'établissent dans un diocèse autre que le leur sans le consentement de leur propre évêque. Si un prêtre, un diacre ou tout autre clerc, laisse sa paroisse pour aller dans une autre, puis quittant complètement son domicile, tente de séjourner longtemps dans une autre paroisse, il ne pourra plus exercer son ministère; notamment, s'il a refusé d'obéir au rappel de son évêque et à l'ordre d'avoir à réintégrer sa propre paroisse, mais s'obstine dans son indiscipline, il doit être dépouillé complètement de ses fonctions ecclésiastiques sans espoir de réintégration. Si un autre évêque accepte un clerc déposé pour ce motif, il sera puni par un synode commun, comme transgresseur des ordonnances ecclésiastiques. 4. Des clercs supérieurs déposés qui osent célébrer. Si un évêque déposé par un concile, ou un prêtre ou un diacre déposés par leur évêque, osent continuer quelques-unes de leurs fonctions, l'évêque, selon la coutume qui a prévalu jusqu'ici, et aussi le prêtre et le diacre, qu'aucun d'eux n'espère obtenir sa réintégration par un autre synode, ni même avoir la faculté de se défendre; et de plus, ceux qui resteront en communion avec eux seront exclus de l'église, surtout s'ils osent le faire après connaissance de la sentence portée contre les susdits.

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5. De ceux qui se retirent des assemblées liturgiques de l'église et célèbrent en particulier. Si un prêtre ou un diacre, ne faisant aucun cas de son évêque, se sépare de l'église, forme une communauté à part, érige un autel et refuse d'écouter les avertissements de son évêque, ne veut aucunement prêter l'oreille, ni obéir à ses appels répétés une et deux fois, il sera déposé complètement, n'aura plus d'espoir de rémission, ni ne pourra recouvrer sa dignité. S'il continue à causer des troubles et des séditions dans l'église, qu'on le fasse revenir à l'ordre, comme un factieux, par le pouvoir séculier. 6. Des excommuniés, qu'il est interdit de les recevoir. Celui qui a été excommunié par son propre évêque ne peut être admis par un autre évêque, avant sa réintégration par le sien propre, à moins que, se présentant au synode réuni il ne se défende et convaincant le synode il n'obtienne une autre décision à son sujet. Ce décret vaut pour les laïcs et les prêtres et les diacres, et tous ceux inscrits sur la liste du clergé. 7. Qu'il ne faut recevoir aucun clerc étranger sans lettres de recommandation de son évêque. Aucun clerc étranger ne sera reçu sans lettres de recommandation. 8. Des lettres de recommandation données par les prêtres et les évêques de campagne. Les prêtres de la campagne ne peuvent donner des lettres canoniques, sauf d'adresser ces lettres aux seuls évêques voisins. Tandis que les chorévêques irréprochables peuvent délivrer des lettres de recommandation. 9. Des métropolitains de chaque province. Les évêques de chaque province doivent savoir que l'évêque qui préside à la métropole est chargé du soin de toute la province, car c'est à la métropole que se rendent de toutes parts ceux qui ont des affaires à traiter. En conséquence, il a été statué qu'il occupera aussi le premier rang pour les honneurs et - 162 -

que les autres évêques, conformément à la règle ancienne établi par nos pères, ne pourront rien faire sans lui, sinon administrer leur ville avec sa campagne; chaque évêque en effet est maître de son diocèse, il doit l'administrer avec religion et veiller sur les campagnes qui dépendent de sa ville épiscopale; il doit de même ordonner des prêtres et des diacres, et faire toutes choses avec discernement. Mais en dehors de cela il ne peut rien faire sans l'assentiment de l'évêque de la métropole, comme lui non plus ne doit rien décider sans l'avis des autres évêques. 10. De ceux qu'on appelle chorévêques et des ordinations qu'ils font. Ceux qui, résidant dans les campagnes et les bourgs, portent le titre de chorévèque, bien qu'ils aient reçu la consécration épiscopale, doivent selon la décision du saint concile, connaître les limites de leurs facultés et administrer les églises dont ils ont la juridiction et y limiter leurs soins et leur vigilance, y ordonner des lecteurs, des sous-diacres et des exorcistes, mais se contenter de ces promotions, et ne point oser ordonner des prêtres et des diacres sans l'assentiment de l'évêque, sous la juridiction duquel se trouve placé le chorévêque lui-même et son territoire. Si quelqu'un ose outrepasser ces ordonnances, qu'il soit déposé et privé de sa dignité. Le chorévêque doit être nommé par l'évêque de la ville dont dépend la campagne. 11. De ceux qui recourent à l'empereur sans le consentement du métropolitain. Si un évêque ou un prêtre ou n'importe quel autre clerc ose recourir à l'empereur sans avoir l'assentiment ou des lettres des évêques de la province et surtout de l'évêque de la métropole, il doit être condamné et privé non seulement de la communion, mais encore de la dignité qu'il possède, parce qu'il a osé importuner notre empereur aimé de Dieu, contrairement aux règles de l'Église. Si toutefois une affaire importante l'oblige de recourir à l'empereur, il doit le faire avec l'avis et le consente-

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ment de l'évêque de la métropole et des autres évêques de la province, et ne se mettre en route que muni de leurs lettres. 12. Des clercs déposés qui recourent à l'empereur Si un prêtre ou un diacre déposé par son évêque, ou un évêque déposé par un synode, ose aller importuner l'empereur, et alors qu'il eût dû porter sa cause devant un plus grand synode, exposer ses raisons devant un nombre plus considérable d'évêques et se soumettre à leur enquête et leur décision, lui, faisant peu de cas de ces moyens, insiste auprès de l'empereur, un tel ne sera digne d'aucun pardon, n'aura plus la faculté d'exposer sa défense et doit perdre tout espoir de réintégration. 13. De ceux qui venant d'une autre province osent faire des ordinations. Aucun évêque ne doit oser passer de sa province à une autre, y ordonner et établir des desservants dans des églises, pas même s'il était accompagné d'autres évêques; à moins d'y avoir été invité par des lettres du métropolitain et de ses suffragants, dont il traverse le territoire. Si, contrairement à l'ordre établi, il s'y rend et procède à des ordinations et à d'autres affaires ecclésiastiques qui lui sont étrangères, ses actes seront frappés de nullité et lui-même subira la peine de son désordre et de sa démarche inconsidérée, en restant déposé par le fait même, selon la décision du saint synode. 14. Du désaccord sur la sentence contre des évêques en accusation. Lorsqu'un évêque est accusé de diverses fautes et que les évêques de la province sont partagés à son sujet, les uns déclarant l'accusé innocent, les autres coupable, pour dissiper toute incertitude il a paru bon au saint synode que l'évêque de la métropole convoque d'autres évêques de la province voisine, pour qu'ils servent d'arbitres et dissipent le doute, portant par eux et ceux de sa province un jugement certain sur l'affaire.

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15. Des évêques condamnés unanimement par ceux de la province. Lorsqu'un évêque a été accusé de diverses fautes et que tous les évêques de la province ont été unanimes à porter sur lui un jugement défavorable, il ne pourra plus se présenter devant un autre tribunal, mais la décision des évêques de la province restera irrévocable. 16. Des évêques libres qui s'emparent d'un évêché vacant. Si un évêque sans diocèse s'introduit dans un diocèse vacant et s'empare du siège épiscopal sans l'autorisation d'un synode complet, il doit être déposé, quand même il serait parvenu à se faire élire par tout le peuple de l'Église qu'il a occupée par intrusion. Un synode complet est celui auquel assiste le métropolitain. 17. Des évêques nommés qui donnent leur démission une fois ordonnés. Si après avoir reçu la consécration épiscopale et le pouvoir de juridiction sur un diocèse, un évêque ne remplit pas son ministère et s'obstine à ne point se rendre dans l'église pour laquelle il a été ordonné, il doit être excommunié jusqu'à ce qu'il se voie dans la nécessité d'accepter ce qui lui a été destiné, ou que le synode complet des évêques de la province statue sur son cas. 18. De ceux qui ont été nommés à un évêché, mais n'y ont pas été acceptés. Si après avoir reçu la consécration épiscopale un évêque ne peut se rendre dans l'église qui lui a été destinée, non par sa faute, mais parce que son peuple refuse de le recevoir, ou pour tout autre motif indépendant de sa volonté, il conservera sa dignité et les honneurs qui y sont attachés; il aura seulement soin de ne pas s'ingérer dans les affaires de l'église où il célèbre, et il attendra la décision que le synode complet de la province prendra en examinant son cas.

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19. Des ordinations des évêques d'une province. Un évêque ne peut être élu sans synode et sans la présence du métropolitain; en plus de la présence indispensable de celui-ci, il serait certes souhaitable que fussent présents, tous les comministres de la province, que le métropolitain devra convoquer par lettre. Si tous viennent, ce sera pour le mieux; si cela est difficile, il faut que la majorité des évêques soit absolument présente ou qu'elle envoie par écrit son assentiment à l'élection, en sorte que l'ordination ait lieu soit en présence de la majorité soit avec son approbation écrite. Si l'on contrevient à cette ordonnance, l'ordination n'aura aucune valeur; si au contraire, tout se passe selon cette ordonnance, et que quelques-uns s'y opposent par esprit de contradiction, le vote de la majorité l'emportera. 20. Des synodes que les évêques d'une province doivent tenir deux fois par an. Pour les nécessités de l'église et la solution des affaires contestées il a semblé bon que deux fois par an les évêques de la province se réunissent en synode; la première fois après la troisième semaine qui suit pâques, de manière à célébrer le synode dans la quatrième semaine de la pentecôte, le métropolitain doit rappeler cela aux évêques de la province; le second synode se tiendra aux ides d'octobre, c'est à dire le quinze du mois d'hyperbérétée. A ces synodes pourront comparaître les prêtres et les diacres et tous ceux qui se prétendent lésés et le synode examinera leur cause. Il n'est pas permis aux évêques de tenir synode entre eux, sans la présence des métropolitains. 21. Qu'en aucune manière on ne doit faire des transferts d'évêques. Un évêque ne doit pas passer d'un diocèse dans un autre, s'y introduire de son propre gré ou forcé par le peuple ou contraint par les autres évêques. Il doit s'attacher à l'église pour laquelle il fut choisi par Dieu dès le début, et ne point l'abandonner, selon l'ordonnance déjà portée auparavant à ce sujet. - 166 -

22. Qu'on ne doit pas ordonner des clercs dans un diocèse étranger. Un évêque ne doit pas s'introduire dans une ville qui n'est pas soumise à sa juridiction, ni dans un territoire de campagne qui ne lui appartient pas pour y faire une ordination; il ne doit pas établir des prêtres et des diacres dans des localités soumises à un autre évêque, sinon avec le consentement de cet évêque. Si donc quelqu'un osait transgresser cette ordonnance, les ordinations faites seront nulles et lui-même sera puni par le synode de la province. 23. Que personne ne doit se nommer un successeur. Il n'est pas permis à un évêque même au terme de sa vie, d'établir un autre évêque à sa place comme son successeur. Si le cas se présentait, l'institution serait nulle. Il faut observer la coutume ecclésiastique qui prescrit de n'instituer des évêques que par un synode et avec le consentement des; évêques, qui après la mort du titulaire ont le droit de présenter celui qu'ils jugent digne. 24. Des biens appartenant à l'église et de biens personnels de l'évêque. Les biens appartenant à l'église doivent être en bon état et conservés avec un grand soin et une conscience scrupuleuse et aussi avec la pensée que Dieu voit et juge tout; on doit les administrer sous la surveillance et l'autorité de l'évêque à qui sont confiés le peuple et l'âme des fidèles. Les prêtres et les diacres qui entourent l'évêque doivent avoir une connaissance claire et précise des propriétés de l'église, de manière à savoir et ne pas ignorer ce qui appartient à l'église. Ainsi à la mort de l'évêque, ce qui appartient à l'église étant clairement connu, rien ne s'égarera ni se perdra, et le patrimoine de l'évêque ne souffrira point de dommage sous prétexte qu'il fait partie des biens ecclésiastiques. Il est juste en effet et agréable à Dieu et aux hommes que l'évêque dispose à son gré de ses biens propres, et aussi que les intérêts de l'église soient sauvegardés. L'église ne - 167 -

doit subir aucun dommage ni la chose de l'évêque aucune confiscation en faveur de l'église, ou que ses héritiers soient impliqués dans un procès, d'où la mémoire de l'évêque serait en butte à des bruits infamants. 25. Que l'évêque a le pouvoir d'administrer les biens de son église. L'évêque a la disposition des biens de l'église pour les dépenser en faveur des indigents, avec discernement et crainte de Dieu. Il peut en user pour lui- même, s'il le faut, pour ses propres besoins et pour les frères qui reçoivent l'hospitalité chez lui et qui ne doivent jamais manquer du nécessaire, selon la parole du divin apôtre : "Ayant la nourriture et le vêtement, nous devons être satisfaits". Mais si, non content de cela, l'évêque emploie ces biens à ses affaires privées, s'il ne gère pas les revenus de l'église et le produit des biens fonds selon l'avis des prêtres et des diacres, s'il les livre à gérer à ses proches ou à ses parents, à ses frères, à ses fils, de façon qu'insensiblement un préjudice réel soit porté par ces gens à l'administration de l'église, l'évêque devra rendre compte de sa gestion au synode de la province. Si d'autre part il est accusé lui ou ses prêtres, qu'ils accaparent à leur profit les revenus de l'église provenant de biens fonds ou de toute autre source, de façon à porter tort aux pauvres et à exposer aux accusations et à la diffamation l'administration et les administrateurs, à cela aussi il faudra mettre de l'ordre, par les mesures que le synode jugera bon de prendre.

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Annexe VI. Liste des empereurs romains et byzantins jusqu’à la dynastie justinienne. (Source : http://www.histoire-france.net avec l’ensemble de la bibliographie citée) Julio-Claudiens (-27-+14) Auguste (14-37) Tibère (37-41) Caligula (41-54) Claude Ier (54-68) Néron (68-69) Galba (jan.-avr. 69) Othon (avr.-déc.69) Vitellius Flaviens (69-79) Vespasien (79-81) Titus (81-96) Domitien

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Antonins (96-98) Nerva (98-117) Trajan (117-138) Hadrien (138-161) Antonin le Pieux (161-180) Marc Aurèle (180-192) Commode (janvier-mars 193) Pertinax (mars-juin 193) Didius Julianus Sévères (193-211) Septime Sévère (211-217) & (211-212) Caracalla & Geta (217-218) Macrin (219-222) Élagabal ou Héliogabale (222-235) Sévère Alexandre

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Anarchie militaire (235-238) Maximin le Thrace (février - 238) Gordien Ier et Gordien II (février-mai 238) Maxime Pupien et Balbin (238-244) Gordien III (244-249) Philippe l'Arabe (249-251) Dèce (251-253) Trebonianus Gallus (avril-août 253) Émilien (253-260) Valérien (260-268) Gallien Empereurs Illyriens (268-270) Claude le Gothique (août-oct. 270) Quintillus (270-275) Aurélien (275-276) Tacite, Marcus Claudius (août-sep. 276) Florien

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(276-282) Probus (282-283) Carus (283-284) Numérien (284-285) Carin Tétrarchie (285-305) Dioclétien (285-305) et (306-310) Maximien Hercule (293-306) Constance Chlore (293-311) Galère (305-313) Maximin Daïa (305-307) Sévère (308-324) Licinius Constantiniens (306-337) Constantin Ier (337-340) Constantin II (337-350) Constant (337-361) Constance II

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(360-363) Julien (363-364) Jovien Valentiniens et Théodosiens (364-375) Valentinien Ier (364-378) Valens (367-383) Gratien (375-392) Valentinien II (378-395) Théodose Ier (395-423) Honorius (421) Constance III (425-455) Valentinien III (mars-juin 455) Pétrone Maxime (455-456) Avitus (457-461) Majorien (461-465) Libius Severus (467-472) Anthémius (juil.-oct. 472) Olybrius - 173 -

(473-474) Glycerius (474-475) Julius Nepos (475-476) Romulus Augustule Dynastie théodosienne (364-378) Valens (379-395) Théodose Ier le Grand (395-408) Arcadius (408-450) Théodose II (450-457) Marcien (457-474) Léon Ier le Grand (474-474) Léon II (474-491) Zénon Ier Tarasius (475-476) Basiliscus, empereur rival (491-518) Anastase Ier Dynastie justinienne (518-527) Justin Ier le Grand (527-565) Justinien Ier le Grand - 174 -

(565-578) Justin II (578-582) Tibère II Constantin (582-602) Maurice Ier Tiberius (602-610) Phocas le Tyr Annexe VII. Décret de Gélase ou Lettre décrétale sur les livres à recevoir et à ne pas recevoir. (Début VIe siècle). (Sources : http://www.tertullian.org/decretum_fr.htm http://encyclopedie-afn.org/index.php/SaintG%C3%A9lase_1er http://fr.wikipedia.org/wiki/Prot%C3%A9vangile_de_Jacques http://dicionario.sensagent.com/Abgar_d%27%C3%89desse/frfr/) Table des matières I. Sur le Christ et l'Esprit II. Les livres de la Bible III. La communion de l'Eglise IV. Ecrits des Conciles, des Père et autres auteurs V. Ecrits apocryphes

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Ici débute le Concile de Rome, sous le pape Damase sur "l'Explication de la foi" I. Il a été dit : 1. Premièrement, détail de l'Esprit aux sept aspects qui demeure en Christ Esprit de Sagesse : "Christ puissance de Dieu et sagesse de Dieu" Esprit d'Intelligence : "Je te donnerai l'intelligence, je t'instruirai dans la voie que tu suivras" Esprit de Conseil : "Et son nom est appelé Ange du grand Conseil" Esprit de Force : comme précédemment " puissance de Dieu et sagesse de Dieu" Esprit de Science : "A cause de l'éminence de la connaissance de Jésus Christ" comme dit l'Apôtre. Esprit de Vérité : "Je suis la Voie, la Vie et la Vérité" Esprit de Crainte de Dieu : "Le commencement de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur" 2. La répartition du Nom du Christ est néanmoins multiforme Seigneur, parce qu'Esprit ; Parole, parce que Dieu ; Fils, parce qu'Unique-Engendré du Père ; Homme, parce que né d'une Vierge ; Prêtre, parce qu'Il s'est offert en sacrifice ; Ver, parce que Ressuscité ; Montagne, parce qu'Il est fort ; Chemin, parce que Droit ; Porte, parce que celui qui passe par Lui est dans la Vie ; Agneau, parce qu'Il a souffert ; Pierre, parce qu'Il est l'Angle de l'édifice ; Chef, parce qu'Il montre la Vie ; Soleil, parce qu'Il illumine ; Véritable, parce qu'Il vient du Père ; Vie, parce que Créateur ; Pain, parce que Cher ; Samaritain, parce que Protecteur et Miséricordieux ; Christ, parce qu'Il a reçu l'Onction ; Jésus, parce que Sauveur ; - 176 -

Dieu, parce que venant de Dieu ; Ange, parce qu'Envoyé ; Engagement, parce que Médiateur ; Vigne, parce que nous sommes rachetés par son sang ; Lion, parce que Roi ; Rocher, parce qu'Il est un appui ; Fleur, parce que Excellent ; Prophète, parce qu'il dévoile le futur. 3. En effet, l'Esprit n'est pas l'esprit du Père seulement, ou l'Esprit du Fils seulement, mais l'Esprit du Père et du Fils, car il est écrit : "Si quelqu'un aime le monde, l'Esprit du Père n'est pas en lui", et il est aussi écrit,: "Quiconque n'a pas l'Esprit du Christ, celui-là n'est pas à Lui". De sorte que le Saint Esprit est compris comme étant nommé du Père et du Fils, ce que le Fils Lui-même dit dans l'Evangile, que l'Esprit Saint "vient du Père" et " Il recevra de ce qui est à Moi, et vous l'annoncera " II. De même, il est dit Maintenant, le vrai détail des divines écritures, qui sont reçues par l'Eglise catholique universelle ; ou (celles) qui doivent être évitées 1. Ordre de l'Ancien Testament Genèse un livre Exode un livre Lévitique un livre Nombres un livre Deutéronome un livre Jésus (fils de) Naué un livre Juges un livre Ruth un livre Règnes quatre livres Paralipomènes (Chroniques) deux livres 150 Psaumes un livre Trois livres de Salomon - 177 -

proverbes un livre ecclésiaste un livre cantique des cantiques un livre La Sagesse, du même un livre Ecclésiastique un livre 2. De même, Ordre des Prophètes: Esaïe un livre Jérémie un livre avec "Cinoth", c'est à dire ses Lamentations Ezéchiel un livre Daniel un livre Osée un livre Amos un livre Michée un livre Joël un livre Abdias un livre Jonas un livre Nahum un livre Habbakuk un livre Sophonie un livre Aggée un livre Zacharie un livre Malachie un livre 3. De même, ordre des Histoires: Job un livre Tobit un livre Esdras deux livres Esther un livre Judith un livre Macchabées deux livres - 178 -

4. De même, Ordre des Ecritures du Nouveau Testament que la sainte et catholique Eglise romaine reçoit et qui est vénéré: Les "Evangiles" : quatre livres selon Matthieu un livre selon Marc un livre selon Luc un livre selon Jean un livre De même, les Actes des un livre Apôtres Les lettres de l'apôtre Paul, au nombre de 14 aux Romains une lettre aux Corinthiens deux lettres aux Ephésiens une lettre aux Thessaloniciens deux lettres aux Galates une lettre aux Philippiens une lettre aux Colossiens une lettre à Timothée deux lettres à Tite une lettre à Philémon une lettre aux Hébreux une lettre De même, l'Apocalypse un livre de Jean De même, les épîtres canoniques, au nombre de sept de l'apôtre Pierre deux lettres de l'apôtre Jacques une lettre de l'apôtre Jean une lettre d'un autre Jean, l'Ancien deux lettres de l'apôtre Jude le zélote une lettre Fin du canon du Nouveau Testament. - 179 -

III. de même, il est dit : Ici commence le décret des livres à recevoir et ne pas recevoir, écrit par le pape Gélase, et soixante-dix hommes de grande érudition, évêques du siège apostolique de la ville de Rome. 1. Après toutes ces Ecritures prophétiques, évangéliques et apostoliques que nous avons mentionnées plus haut et sur lesquelles l'Eglise catholique, par la grâce de Dieu, est fondée, nous avons estimé devoir souligner également ceci, à savoir que si c'est bien à l'Eglise catholique répandue par tout l'univers que revient l'unique chambre nuptiale du Christ, pour autant la sainte Eglise romaine n'est pas placée devant les autres Eglises par des édits de synodes, mais elle a reçu la primauté de par la parole évangélique du Seigneur et Sauveur disant : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle, et je te donnerai les clés du Royaume des cieux, et tout ce que tu auras lié sur terre sera lié aussi au ciel, et tout ce que tu auras délié sur terre sera délié aussi au ciel. 2. A cela s'est ajouté également la compagnie du très bienheureux Apôtre Paul, le vase d'élection : ce n'est pas à un autre moment, comme le disent sottement les hérétiques, mais au même moment, le même jour, par une mort glorieuse avec Pierre, qu'il a été couronné en combattant, dans la ville de Rome, sous l'empereur Néron : et de la même manière ils ont consacré au Christ l'Eglise romaine susdite, et par leur présence et leur triomphe vénérable ils l'ont placée avant toutes les autres villes dans le monde entier. 3. Le premier siège de l'apôtre Pierre est donc l'Eglise romaine qui n'a ni tache, ni ride, ni rien de semblable. Le deuxième siège cependant fut consacré à Alexandrie au nom du bienheureux Pierre par le disciple et évangéliste Marc son disciple et évangéliste. Lui même, dirigé par l'apôtre Pierre en Egypte, annonça la Parole de vérité et acheva (sa vie) glorieusement par le martyre. - 180 -

Comme troisième est tenu en honneur le siège du bienheureux apôtre Pierre à Antioche, puisqu'il y a habité avant de venir à Rome, et que là est apparu pour la première fois le nom de " chrétiens " pour la race nouvelle. IV. Et bien que personne ne puisse "poser d'autre fondement que celui qui a été posé et qui est Jésus Christ", l'Eglise sainte, c'est-à-dire l'Eglise romaine, n'interdit pas que pour son édification, outre les Ecritures de l'Ancien et du Nouveau Testament que nous recevons selon la règle, soient reçus également ces autres écrits. 1. Le saint synode de Nicée, selon les Trois cent dix huit pères, présidé par l'Auguste Constantin le Grand, lors duquel l'hérétique Arius a été condamné, le saint synode de Constantinople présidé par l'Auguste Théodose l'Ancien, lors duquel l'hérétique Macédonius a reçu la condamnation méritée ; le saint synode d'Ephèse lors duquel Nestorius a été condamné avec l'accord du bienheureux Pape Célestin, représenté par Cyrille de l'éminent siège d'Alexandrie et par l'évêque Arcadius, envoyé d'Italie ; le saint synode de Chalcédoine présidé par l'Auguste Marcien et par l'évêque Anatole de Constantinople, lors duquel les hérésies de Nestorius et d'Eutychès, avec celle de Dioscore et ses complices, ont été condamnées. Mais également d'autres synodes, s'il en est, qui ont été tenus par les saints pères jusqu'à aujourd'hui et dont nous avons décrété qu'ils doivent être observés et reçus outre l'autorité de ces quatre. Sont aussi ajoutés ci après les ouvrages des saints Pères qui sont reçus dans l'Eglise. 2. De même les ouvrages du bienheureux Cécilius Cyprien, martyr et évêque de Carthage. De même les ouvrages du bienheureux Grégoire, évêque de Nazianze De même les ouvrages du bienheureux Basile, évêque de Cappadoce

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De même les ouvrages du bienheureux Jean, évêque de Constantinople De même les ouvrages du bienheureux Théophile, évêque d'Alexandrie De même les ouvrages du bienheureux Cyrille, évêque d'Alexandrie De même les ouvrages du bienheureux Hilaire, évêque de Poitiers De même les ouvrages du bienheureux Ambroise, évêque de Milan De même les ouvrages du bienheureux Augustin, évêque d'Hippone De même les ouvrages du bienheureux prêtre Jérôme De même les ouvrages du bienheureux Prosper, homme très pieux 3. De même la lettre du bienheureux pape Léon destinée à Flavien, évêque de Constantinople ; quiconque, s'agissant de son texte, discute ne serait-ce qu'un seul iota et qui ne le reçoit pas avec vénération en toutes ses parties, qu'il soit anathème. De même les ouvrages et traités de tous les pères orthodoxes qui n'ont dévié en rien de la communauté de l'Eglise romaine, ni ne se sont séparé de sa foi, ou de son enseignement, mais furent participants de sa communion par la grâce de Dieu jusqu'au dernier jour de leur vie, il est décidé qu'ils doivent être lus. De même que doivent être reçues avec vénération les lettres décrétales que les bienheureux papes ont écrites à divers moments depuis la ville de Rome pour conseiller divers pères. 4. De même les Actes des saints martyrs, qui rayonnent par les multiples tourments et supplices, et par les admirables confessions triomphantes. Qui, parmi les catholiques, doute que la plupart d'entre eux ait pu supporter de souffrir patiemment non par sa propre force, mais par la grâce de Dieu et le soutien général ? - 182 -

Mais selon une coutume ancienne et selon une prudence particulière, ils ne sont pas lus dans la sainte Eglise romaine, parce que les noms de ceux qui les ont écrits sont totalement inconnus et qu'ils sont considérés par les non-croyants et par les ignorants comme superflus ou comme moins appropriés que ne l'était la réalité des faits. Il en est ainsi de ceux de Cyrique et Julitte, ainsi aussi de ceux de Georges qui semblent avoir été composés par des hérétiques. C'est pourquoi, ainsi qu'il a été dit, pour qu'il n'y ait pas même la moindre occasion de moquerie, ils ne sont pas lus dans la sainte Eglise romaine. Néanmoins, avec ladite Eglise, nous vénérons avec une entière dévotion tous les martyrs ainsi que leurs glorieux combats qui sont mieux connus de Dieu que des hommes. De même nous recevons avec une pleine vénération les vies de Paul, Antoine, Hilarion, et de tous les ermites, mais seulement celles qu'a composées le très bienheureux Jérôme. De même, les Actes du bienheureux Sylvestre qui présidait au siège apostolique, quoique le nom de celui qui les a rédigé soit inconnu, néanmoins nous savons que nombreux sont les catholiques qui les lisent dans la Ville de Rome, et à cause de l'ancienneté de cet usage ceci est imité de beaucoup d'églises. De même l'Ecrit de la découverte de la Croix, et d'autre part l'Ecrit de la découverte de la Tête de Jean Baptiste sont des nouveautés qui sont remises en avant, et quelques catholiques les lisent. Mais si cela parvient entre les mains des catholiques, cette phrase du bienheureux apôtre Paul doit précéder : " Examinez tout, retenez ce qui est bon ". De même Ruffin, un homme religieux, a publié de nombreux livres d'un ouvrage ecclésiastique et il a interprété également certaines Ecritures. Mais parce que le vénérable Jérôme l'a blâmé en certaines choses, à propos du libre arbitre, nous pensons ce que nous savons qu'a pensé ledit bienheureux Jérôme, et cela n'est pas - 183 -

vrai seulement pour Ruffin, mais également pour tous ceux que cet homme souvent mentionné blâme dans son zèle pour Dieu et dans la piété de la foi. De même nous recevons comme devant être lues certaines œuvres d'Origène que le très bienheureux Jérôme ne rejette pas. Mais tout le reste, nous disons que cela doit être rejeté avec son auteur. De même la Chronique d'Eusèbe de Césarée, avec ses livres de l'Histoire Ecclésiastique, quoiqu'il se soit échauffé dans le premier livre des ses récits et qu'ensuite il ait composé un livre d'éloge et de justifications du schismatique Origène, cependant à cause la connaissance de choses exceptionnelles, qui sont utiles pour l'instruction, nous ne disons en aucun cas qu'ils soient rejetés. De même, nous louons Orose, savant exceptionnel, qui composa et agença un Histoire admirable et brève, fort utile (contre) les calomnies de nos adversaires païens De même l'ouvrage sur la Pâque du vénérable Sédulius, écrit en hexamètres, nous lui décernons des marques d'éloge. De même, nous ne repoussons pas plus l'ouvrage appliqué de Juvencus, mais nous l'admirons V. Le reste, qui a été composé ou proclamé par des hérétiques ou des schismatiques, l'Eglise catholique et apostolique ne le reçoit d'aucune manière, parmi lesquels nous croyons devoir être placés ci-dessous quelques-uns, pour qu'ils soient retenus en mémoire, et évités par les catholiques De même : liste des livres apocryphes. En premier lieu, nous affirmons que le synode de Syrmium, convoqué par le César Constance, fils de Constantin, réuni par le préfet Taurus est condamné maintenant et pour toujours. "L'itinéraire" au nom de l'apôtre Pierre, appelé "Les apocryphe neuf livres de Saint Clément" Les "Actes" au nom de l'apôtre André apocryphe Les "Actes" au nom de l'apôtre Thomas apocryphe - 184 -

Les "Actes" au nom de l'apôtre Pierre apocryphe Les "Actes" au nom de l'apôtre Philippe apocryphe Un "Evangile" au nom de Mathias apocryphe Un "Evangile" au nom de Barnabé apocryphe Un "Evangile" au nom de Jacques le mineur apocryphe Un "Evangile" au nom de l'apôtre Pierre apocryphe Un "Evangile" au nom de Thomas en usage chez apocryphe les Manichéens Les "Evangiles" au nom de Bartholomée apocryphes Les "Evangiles" au nom d'André apocryphes Les "Evangiles" falsifiés par Lucien apocryphes Les "Evangiles" falsifiés par Hesychius apocryphes Le livre de l'Enfance du Sauveur apocryphe Le livre de la Nativité du Sauveur et de Marie ou apocryphe "la Sage-femme" Le livre appelé le Pasteur apocryphe Tous les livres que fit Leucius le disciple du diable apocryphes Le livre appelé les Fondements apocryphe Le livre appelé le Trésor apocryphe Le livre des filles d'Adam Leptogeneseos apocryphe Les poèmes sur le Christ, réunis en vers virgiliens apocryphe Le livre appelé "Actes de Thècle et Paul" apocryphe Le livre appelé Nepotis apocryphe Les livres de "Proverbes" rédigés par des apocryphe hérétiques et intitulés du nom de saint Sixte L'Apocalypse dite de Paul apocryphes L'Apocalypse dite de Thomas apocryphes L'Apocalypse dite d'Etienne apocryphes Le livre appelé "le Passage de sainte Marie" apocryphe - 185 -

(Transitus sanctae Mariae) Le livre appelé "la Pénitence d'Adam" apocryphe Le livre dit de "Og le géant" qui, selon les héréapocryphe tiques, combattit avec le dragon, après le déluge Le livre appelé "Testament de Job" apocryphe Le livre appelé "Pénitence d'Origène" apocryphe Le livre appelé "Pénitence de saint Cyprien" apocryphe Le livre appelé "Pénitence de Jamnès et Mambrès" apocryphe Le livre appelé "Sorts des apôtres apocryphe Le livre appelé "Louange des apôtres" apocryphe Le livre appelé "Canons des apôtres" apocryphe Le livre "Le Physicien" (Physiologus) rédigés par des hérétiques et intitulés du nom du bienheureux apocryphe Ambroise L'Histoire d'Eusèbe Pamphile apocryphe Les œuvres de Tertullien apocryphes Les œuvres de Lactance, aussi appelé Firmianus apocryphes Les œuvres d'Africanus apocryphes Les œuvres de Postumianus et Gallus apocryphes Les œuvres de Montan, Priscille et Maximilla apocryphes Les œuvres de Fauste le Manichéen apocryphes Les œuvres de Commode apocryphes Les œuvres de l'autre Clément, d'Alexandrie apocryphes Les œuvres de Thascius Cyprianus apocryphes Les œuvres d'Arnobe apocryphes Les œuvres de Tichonius apocryphes Les œuvres de Cassien, prêtre gaulois apocryphes Les œuvres de Victorinus de Pettau apocryphes Les œuvres de Fauste de Riez en Gaule apocryphes - 186 -

Les œuvres de Frumentius Caecus apocryphes Le poème sur le Christ réunis en vers virgiliens apocryphe La lettre de Jésus à Abgar apocryphe La lettre d'Abgar à Jésus apocryphe La passion de Cyrique et Julitte apocryphe La passion de Georges apocryphe L'écrit appelé "Interdiction de Salomon" apocryphe Toutes les amulettes qui sont inscrites non pas au nom des anges -comme ils prétendent - mais au apocryphes nom de grands démons Tout cela et ce qui y est semblable, qu'ont enseigné ou écrit Simon le Magicien, Nicolas, Cérinthe, Marcion, Basilide, Ebion, Paul de Samosate, Photin et Bonose qui produisirent de semblables erreurs, Montan et avec lui ses obscènes suiveurs, Apollinaire, Valentin le Manichéen, Fauste l'Africain, Sabellius, Arius, Macédonius, Eunome, Novat, Sabbatius, Caliste, Donat, Eusthate, Jovinien, Pélage, Julien d'Eclane, Celestius, Maximien, Priscilien d'Espagne, Nestorius de Constantinople, Maxime le Cynique, Lampetius, Dioscore, Eutychès, Pierre et un autre Pierre, l'un qui a sali Alexandrie, l'autre Antioche, Acace de Constantinople et ses compagnons, et non seulement eux, mais aussi toutes les hérésies, et ce que les disciples des hérétiques et schismatiques ont enseigné et mis par écrit, eux dont les noms n'ont pas du tout été retenus, nous le déclarons non seulement comme rejeté mais également comme éliminé par toute l'Eglise romaine, catholique et apostolique, et comme condamné pour toujours, avec leurs auteurs et leurs lecteurs, par le lien indissoluble de l'anathème.

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ANNEXE VIII Le Code théodosien et le christianisme. Sources : Code théodosien, édition Th. Mommsen- P. Meyer, Berlin 1905, réédité en 1954. http://blogs.mediapart.fr/blog/jeanpaulyveslegoff/120809/origi nes-du-christianisme-le-code-theodosien-16 (par Jean Paul Yves le Goff) Le Code théodosien est publié en 438. Il s'agit d'une grande compilation de lois impériales depuis le IIIème siècle jusqu'à la publication. Le Livre XVI est consacré aux lois religieuses. Elles ont été reprises dans le livre I du Code justinien. Le premier chapitre comporte 4 articles. Le second article est le fameux "Edit de Thessalonique" que certains historiens considèrent comme l'acte de naissance du christianisme - voir : Livre XVI, Chapitre 1 : la foi catholique Livre XVI, Chapitre 1 Article 1. Les empereurs Valentinien et Valens, augustes, à Symmaque, préfet de la ville. Si un juge ou son subordonné autorise des hommes de la religion catholique à se mettre au service des temples, qu'il sache que ni sa vie ni ses biens ne seront épargnés. 17 novembre 365 Livre XVI, Chapitre 1, Article 2. Les empereurs Gratien, Valentinien et Théodose, augustes : un édit pour le peuple de la ville de Constantinople. C'est Notre Volonté que tous les peuples qui sont sous l'autorité administrative de Notre Clémence adoptent cette religion que - 188 -

le divin Apôtre Pierre a transmis aux Romains, comme cette religion qui vient de lui l'affirme, jusqu'à aujourd'hui. Il est évident que c'est celle à laquelle se soumettent les Pontifes Damase et Pierre, évêque d'Alexandrie, homme d'une sainteté apostolique. Cela veut dire que, conformément à la discipline apostolique et à la doctrine évangélique, nous croirons à l'unique divinité du Père, du Fils et du Saint Esprit, réunis en une égale majesté et une sainte Trinité. Nous ordonnons que ces personnes qui suivent cette règle prennent le nom de chrétiens catholiques. Pour les autres, que nous jugeons fous et déments, ils supporteront l'infamie de leurs doctrines hérétiques; leurs lieux de réunion ne recevront pas le nom d'églises et ils s'exposeront d'abord à la vengeance divine et ensuite de ce que nous déciderons de leur réserver, en toute conformité avec le jugement divin. (28 février 380) Livre XVI, Chapitre 1, Article 3. Les mêmes augustes, à Auxonius, Proconsul d'Asie. Nous ordonnons que toutes les églises soient immédiatement remises à ces évêques qui confessent que le Père, le Fils et le Saint Esprit sont une seule majesté, une seule vertu , une même gloire, une unique splendeur; aux autres évêques qui n'ont pas l'audace de dire un désaccord mais qui considèrent que la Trinité est faite de trois personnes formant une seule divinité, c'està-dire les évêques qui semblent en union avec Nectaire, évêque de l'Eglise de Constantinople, et Timothée, évêque de la ville d'Alexandrie, en Egypte, à ces évêques aussi qui dans les régions de l'Orient semblent en union avec Pélage, évêque de Laodicée (....suit une longue liste nominative d'évêques et de lieux), ces évêques auront le droit d'obtenir des églises. Les - 189 -

autres seront expulsés de leurs églises et n'auront aucun droit ni aucune possibilité d'en retrouver, pour que, par la protection des moyens propres à maintenir la pure foi de Nicée et avec les claires indications de Notre Loi, les disputes perfides ne puissent plus exister. (30 juillet 381) Livre XVI, Chapitre 1, Art. 4 Les empereurs Valentinien, Théodose et Arcadius, augustes à Eusignius, préfet du Prétoire Nous accordons le droit de s'assembler à ces personnes qui croient selon les doctrines décrétées du temps de Constantin, de sainte mémoire, pour durer toujours, ce qui fut fait à l'occasion du Concile de Rimini devant des prêtres venus de tout le monde romain où étaient aussi des dissidents, cette foi qui fut également confirmée par le Concile de Constantinople. Le droit de s'assembler à volonté est à la disposition de ces personnes que Nous désignons ainsi. S'il en est qui s'accorde d'ellesmêmes ce droit d'assemblée et qui se permettrait de soulever des troubles néfastes pour Notre Tranquilité, qu'elles sachent qu'en tant qu'auteurs de séditions et d'agitateurs, elles paieront de leur vie et dans le sang cette faute de haute trahison. Aucune prière, secrète ou clandestine contre Notre réglementation ne leur évitera le châtiment. 10 janvier 381

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Chapitre 5 : « Des hérétiques ». 5.1 L’empereur Constantin, Auguste, à Dracilien. Les privilèges qui ont été consentis au titre de la religion doivent bénéficier seulement aux adeptes de la foi catholique. C’est Notre Volonté, en outre, que les hérétiques et les schismatiques soient non seulement privés de ces privilèges, mais aussi qu’ils soient contraints et forcés à exécuter divers travaux publics obligatoires. 1er septembre 326. 5.2 Le même Auguste, à Bassus Nous n’avons pas estimé que les Novatiens, déjà condamnés, l’aient été au point qu’il fallait leur refuser ces choses pour lesquelles ils luttent. Donc, nous ordonnons qu’ils aient, sans être inquiétés, la pleine possession de leurs lieux d’églises ou de leurs cimetières ; cela signifie que ces propriétés qu’ils possèdent pour les avoir achetées depuis longtemps, ou acquises d’une manière ou d’une autre, naturellement, on s’assurera qu’ils ne tenteront pas de s’approprier ce qui, à l’évidence, appartenait à l’Eglise avant le schisme. 23 septembre 326 5.3 Les empereurs Valentinien et Valens, Augustes, à Ampelius, Préfet de la ville Si l’on trouve où que ce soit des Manichéens assemblés ou en bandes, leurs responsables seront punis d’une lourde peine. Frappés d’infamie et d’ignominie. Ils seront mis à part des - 191 -

hommes, et leurs maisons et les lieux où la doctrine blasphématoire est enseignée, seront sans aucune hésitation considérés comme propriétés. 2 mars 372 5.4 Les empereurs Valens, Gratien et Valentinien, Augustes, à Hesperius, Préfet du prétoire Précédemment, compte tenu de la sainteté de la religion catholique, afin que cesse l’habitude illégale qu’ont les hérétiques de s’assembler, Nous ordonnons que soient confisqués tous les lieux où ils ont placés leurs autels, sous le faux prétexte de religion, en ville ou dans les campagnes, hors les églises où prévaut Notre Paix. Si de telles pratiques se produisent, que ce soit du fait de la complicité des juges, ou de la malhonnêteté des impies, on procèdera à la destruction, dans tous les cas. 22 avril 376 ou 378 5.6. Les mêmes trois empereurs à Eutrope, Préfet du prétoire Pas une place pour qu’ils célèbrent leurs mystères, pas une occasion à leurs esprits obstinés de pratiquer leur folie ne sera accordée aux hérétiques. Que tout le monde sache que, si parfois des concessions ont été faites à ce type d’hommes par tel ou tel rescrit, en cas d’obtention frauduleuse, il n’aura aucune validité. 1. Les foules seront tenues éloignées de ces réunions illégales de tous les hérétiques. Le nom de Dieu unique et suprême sera célébré par tout. On maintiendra, et cela pour toujours, la foi de Nicée, déclarée de longue date par nos ancêtres et confirmée comme étant la religion divine. La contamination de la peste photinienne, le poison du sacrilège arien, le crime de la perfide - 192 -

eunomienne et les monstruosités sectaires abominables, comme l’annonce le seul nom malsain de leurs auteurs, seront abolis, au point qu’on ne puisse plus en entendre parler. 2. D’autre part, celui que l’on reconnaîtra comme le défenseur de la foi de Nicée et l’adepte véritable de la religion catholique sera celui qui confesse que le Dieu tout puissant et Christ le fils de Dieu sont unis en un nom, Dieu de Dieu, Lumière de Lumière et qui ne viole pas, en le niant, le Saint Esprit que nous espérons et que nous recevons comme le suprême auteur de toutes choses, ce sera celui qui comprend, éclairé par la foi inviolée, la substance indivise de la Trinité non corrompue, cette substance que ceux de la foi orthodoxe, usant d’un mot grec appelé « ousia ». Ce sont ces croyances, assurément, qui pour nous sont plus qu’acceptables et doivent recevoir notre vénération. 3. Pour ceux, d’un autre côté, qui n’adhèrent pas aux doctrines précitées, qu’ils cessent de revendiquer, dans leur laborieuse tromperie, le nom de la vraie religion, qui leur est étrangère ; qu’ils soient stigmatisés ; que leurs crimes soient dévoilés. Qu’ils soient éloignés des églises et empêchés d’y entrer puisque nous interdisons et mettons hors la loi toute réunion hérétique à l’intérieur des villes. Si des groupuscules entreprennent quoique ce soit, nous ordonnons que leur folie les bannisse et qu’on les conduise hors des murs des villes, afin que les églises catholiques partout dans le monde soient restituées à ces évêques orthodoxes animés de la foi de Nicée. 10 janvier 381 5.8 Les mêmes augustes à Clicherius, Comte de l’Orient Nous ordonnons que personne, parmi les Eunomiens et les Ariens, ou les adeptes de l’enseignement d’Ethius n’ait le droit de construire des églises ni dans les villes ni dans les cam- 193 -

pagnes. Mais si quelqu’un, inconsidérément, croit pouvoir s’y autoriser, la maison en question, où que ce soit qu’elle ait été illégalement construite et aussi tout le terrain privé environnant seront affectés aux ressources de Notre fisc. Tous ces lieux ayant reçu le siège ou les ministres de cette doctrine sacrilège deviendront immédiatement propriété du fisc. 19 juillet 381 5.13 Les mêmes Augustes à Cynégius, Préfet du prétoire Les Eunomiens, les Macédoniens, les Ariens et de même les Apollinariens sont des noms infâmes, en raison de leurs fausses doctrines interférant avec les services de la sainte religion. Tous les hommes donc, qui se réclament du pontificat ou du ministère de semblables professions, qui affirment qu’ils sont prêtres d’un nom hors-la-loi et qui se confèrent à eux-mêmes le nom de ministres d’une religion criminelle, qui disent qu’ils enseignent ces doctrines qu’il serait bienséant de ne pas connaître ou bien de désapprendre, tous ces hommes seront extraits des endroits où ils se cachent dans la ville, sans mesure d’exception possible, et les cachettes seront découvertes au moyen d’une recherche systématique. Ils vivront ailleurs et n’auront aucun contact avec l’assemblée des gens de bien. 21 janvier 384. 5.14 Les mêmes Augustes à Cynégius, Préfet du prétoire Nous ordonnons que les Apollinariens et tous les autres adeptes des diverses hérésies soient interdits en tous lieux, tenus hors des enceintes des villes, à l’écart de l’assemblée des gens honorables, loin de la communion des saints. Ils n’auront pas le droit d’ordonner des clercs, ils perdront le droit de réunir des - 194 -

groupes, que ce soit églises privées ou églises publiques. Aucune autorité ne leur permettra de créer des évêques ; de plus, les personnes qui auraient été ainsi désignées perdront le nom d’évêques et renonceront à la dignité de ce titre. Elles iront en ces lieux qui les isoleront le mieux de l’association avec les hommes, même par un mur. En outre, nous ajoutons à l’ensemble des mesures que ces personnes se verront refuser la possibilité d’approcher ou de s’adresser à Notre Sérénité. 10 mars 388 5.15 Les mêmes Augustes à Trifolius, Préfet du prétoire. Tous les membres des diverses et perfides sectes qui se dressent contre Dieu, par la folie d’une conspiration misérable, n’auront pas le droit de tenir d’assemblées où que ce soit, de participer à des discussions, de tenir des réunions secrètes, d’ériger imprudemment des autels de scélérate traîtrise par les soins d’une main impie et de représenter la fausse apparence des mystères, outrageant ainsi la vraie religion. Afin que cette règle puisse effectivement atteindre le but qui convient, Votre Sublimité embauchera comme surveillants certaines personnes très fidèles qui auront la capacité à la fois d’entraver lesdites personnes, de les arrêter et de les traduire en justice. Les contrevenants, selon les sanctions précédentes, paieront le prix le plus fort et à Dieu et aux lois. 14 juin 388. 5.16 Les mêmes Augustes à Cynégius, Préfet du prétoire Nous avons appris que quelques Ariens suivent une règle générale de Notre Législation, afin d’obtenir la permission d’usurper ces pratiques dont ils pensent qu’elles leur convien- 195 -

nent. Cette règle sera abrogée et ils sauront qu’un tel homme n’est jamais sorti de Notre Impérial Sanctuaire. S’il arrivait donc que quelque chose de cette sorte soit invoqué par eux à leur avantage et si quelqu’un s’avisait de faire circuler de telles supposées règles, il sera tenu pour coupable de fabrication de faux. 9 août 388 ou 387 5.17 Les empereurs Valentinien, Théodose et Arcadius, Augustes, à Tatien, Préfet du prétoire. Les eunuques eunomiens n’auront la liberté ni de faire aucun testament, ni d’en être bénéficiaires. C’est Notre Volonté que cette règle soit respectueusement observée par tous ceux que la loi peut trouver encore en vie et que personne ne tire privilège d’aucun héritage ; en effet, si l’on montre des testaments faits antérieurement ou laissés incomplets, après la sanction de Notre Impériale Réponse, lesdites personnes n’auront pas la liberté de disposer de biens, ni de pétitionner pour la possession de biens, ou même de laisser quelque héritier, soit direct, soit par le biais d’un contrat, ou par quelque nom dont la loi a pu se servir en de telles matières. Mais toute propriété qui peut sembler appartenir ou sur le point d’appartenir à de telles personnes sera frappée de caducité au bénéfice de Notre Fisc. En bref, lesdites personnes n’auront rien en commun avec le reste de l’humanité. 5 mai 389 5.18 Les mêmes Augustes à Albin, Préfet de la ville. Si des personnes, quelles qu’elles soient, apportent le désordre dans le monde sous le nom de Manichéens, elles seront en véri- 196 -

té expulsées de tout endroit du monde, mais spécialement de cette ville, sous la menace d’un procès. De plus, les volontés desdites personnes n’auront pas la force des testaments. Il s’ensuit que la propriété elle-même sera confisquée pour le peuple et qu’il ne sera pas légal qu’aucune propriété ne transite par eux ou ne les atteigne. En bref, elles n’auront rien de commun avec le monde. 17 juin 389 5.19 Les mêmes Augustes à Tatien, Préfet du prétoire. Si certaines personnes détiennent la direction de la doctrine perverse, c’est-à-dire, évêques, prêtres, diacres et lecteurs et si certaines, parodiant le clergé, entreprennent d’imposer une souillure à la religion, ou si certaines se sont établies sous le nom d’une quelconque hérésie ou quelque fausse doctrine que ce soit à l’intérieur de la cité ou dans les quartier, elles seront expulsées de leurs lieux de réunions, qu’ils soient dans ou hors de la ville. 26 novembre 389 5.20 Copie d’une lettre sacrée impériale. Nous ordonnons que les pollutions contagieuses des hérétiques soient extirpées des villes et déracinées des villages. Il n’y aura à leur endroit aucune possibilité de rassemblement, si bien que nulle part ne s’assemblera une cohorte sacrilège de tels hommes. Aucun rassemblement, qu’il soit public ou caché, ne sera permis à la perversité de tels hommes qui puisse servir de retraites à leurs fausses doctrines. 19 mai 391

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5.21 Les mêmes Augustes à Tatien, Préfet du prétoire. Concernant les fausses doctrines hérétiques, Nous ordonnons que s’il apparaît que certaines personnes ont ordonné des clercs, ou ont accepté des charges de clerc, elles seront condamnées chacune à une amende de dix livres d’or. Le lieu dans lequel prennent place les pratiques interdites viendra, par tous les moyens, grossir les ressources de Notre Fisc, s’il apparaît clairement que le délit a été commis avec la complicité du propriétaire. Mais s’il devait apparaître que le possesseur était dans l’ignorance d’un tel méfait, surtout s’il a été commis en secret, Nous ordonnons que son fondé de pouvoir, si c’est un homme libre, paie dix livres à Notre Fisc ; s’il se trouve être d’extraction servile et ne peut être à la hauteur de la pénalité financière, en raison de sa pauvreté et de son bas niveau, il sera battu à coups de bâton et condamné à être déporté. De plus, Nous entendons tout spécialement que si un tel endroit se trouvait être une propriété impériale ou une propriété soumise au droit public et que le régisseur ou le procurateur ait autorisé la réunion, chacun des deux écopera d’une amende de dix livres d’or, en vertu de la sanction précédemment établie. S’il apparaît que ces personnes prises à se livrer à de tels mystères s’avèrent dans le même temps avoir usurpé par leur usage le titre de clercs, Nous commandons que chacune d’elles soient punies d’une amende de dix livres d’or et que le paiement soit effectif. 15 juin 392

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5.22 Les mêmes empereurs Théodose, Arcadius et Honorius, Augustes, à Victorius, proconsul d’Asie. Les hérétiques n’auront le droit ni de créer ni de confirmer légalement des évêques. 15 avril 394 5.23 Les mêmes Augustes à Rufin, Préfet du prétoire. Précédemment, Nous avons cru qu’une loi devait être promulguée concernant les Eunomiens, afin qu’ils ne puissent ni recevoir ni laisser quoi que ce soit par testament. En fait, après plus ample délibération, Nous révoquons aujourd’hui ladite loi. Ils vivront selon la règle commune ; ils pourront désigner des héritiers ou être désignés comme héritiers dans les testaments écrits. 20 juin 394 5.24 Les mêmes Augustes à Rufin, Préfet du prétoire. La folie des hérétiques n’ira pas au-delà dans le projet de perpétuer ses crimes pas plus qu’ils ne tiendront des conciles illégaux. Nulle part ils ne tenteront d’apprendre ni d’enseigner leur doctrine de blasphèmes ; leurs évêques n’auront pas l’audace d’enseigner une foi qu’ils n’ont pas, ni de créer des ministres qui ne sont pas des ministres. Une telle audace ne recevra aucune indulgence ni ne s’augmentera pas du fait de la complicité des juges ou de personne à qui le soin de gérer ces choses fut confié par les constitutions de Notre Père. 9 juillet 394

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5.26 Les mêmes Augustes à Rufin, Préfet du prétoire Pas un seul des hérétiques qui sont aujourd’hui assujettis par les innombrables lois de Notre Saint Père n’osera réunir des assemblées illégales et contaminer par un esprit mécréant le mystère du Dieu tout puissant, que ce soit en public ou en privé, secrètement ou en plein jour. Personne n’osera s’adjuger le titre d’évêque ou avec un esprit empoisonné, s’arroger la qualité ecclésiastique avec les titres les plus sacrés. 30 mars 395 5.28 Les mêmes Augustes à Aurélien, Proconsul d’Asie. Ces personnes qui peuvent s’avérer déviantes, même sur un point de doctrine mineur, par rapport aux principes et aux voies de la religion catholique sont réunis sous l’appellation d’hérétiques et doivent être exposées aux sanctions qui ont été prises contre elles. Votre Expérience, par conséquent reconnaîtra qu’Heuresius doit être considéré comme hérétique et non pas être compté parmi les très saints évêques. 3 septembre 395 5.30 Les empereurs Arcadius et Honorius, Augustes, à Cléarque, Préfet de la ville Tous les hérétiques apprendront, sans doute possible, qu’aucun lieu n’est à eux dans cette ville, soit que ces lieux aient reçu le nom d’églises, ou de conseil de gestion, ou maison d’anciens, soit qu’on les utilise comme lieux de réunion dans des maisons

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ou des endroits privés. Ces maisons ou ces endroits privés seront affectés à Notre Fisc. De plus, tous les clercs hérétiques seront expulsés de la plus sacrée des villes et ils n’auront pas l’autorisation de se réunir à l’intérieur de ses limites. Ajoutons que lesdites personnes se verront interdire de se rendre ensemble à des réunions profanes dans la ville pour y faire des prières, que ce soit de jour ou de nuit. Si l’on permet à quoi que ce soit de la sorte de prendre place dans des édifices privés ou publics, une amende de cent livres d’or sera obligatoirement imposée à l’Administration de Votre Sublimité. 3 mars 396 ou 402 5.34 Les mêmes Augustes à Eutychanius, Préfet du prétoire. Les clercs des superstitions eunomiennes et montanistes seront mis à l’écart de toute association et de tout contact avec toute commune et toute ville. Si, par hasard, ils s’établissaient dans la campagne et s’ils étaient convaincus, soit de rassembler du monde, soit de participer à des assemblées, ils seraient déportés à vie. De plus, le régisseur du domaine encourra la pénalité suprême et le propriétaire perdra son domaine, s’il s’avère que c’est à leur connaissance et avec leur complicité que ces réunions condamnées et malsaines se sont déroulées sur leurs terres. Si, en vérité, après que cet ordre ait été publié en bonne et due forme, ces hérétiques sont arrêtés dans une ville quelconque ou bien s’ils sont convaincus d’être entrés dans telle ou telle maison dans le but d’accomplir leurs rites superstitieux, leurs biens seront confisqués et eux-mêmes se verront infliger le châtiment suprême. La maison dans laquelle ils seront entrés de la manière qu’on vient de dire, sera attribuée au fisc sans délai, sauf dans le cas où le maître ou la maîtresse de maison les aurait - 201 -

immédiatement expulsés et signalés aux autorités. Nous ordonnons que l’autorité adéquate recherche et produise, avec la plus grande diligence les livres contenant la doctrine et la matière de tous leurs crimes ; qu’ils soient immédiatement détruits par le feu sous le contrôle des juges. S’il se trouve que quelqu’un est reconnu coupable d’avoir caché certains de ces livres, quelque que soit le prétexte ou le moyen et qu’il a refusé de les restituer, il apprendra qu’il subira lui aussi la peine capitale pour avoir dissimulé des écrits et des livres malsains et s’être livré criminellement à la magie. 4 mars 398 5.35 Les mêmes Augustes à Dominator, Vicaire d’Afrique Nous décrétons que les pernicieux Manichéens et leurs maudites réunions, qui ont déjà été condamnées à de justes peines, subissent encore la contraire de ce règlement spécial. Donc, qu’on les recherche, qu’on les amène devant les autorités publiques et que de tels détestables criminels reçoivent la correction appropriée la plus sévère. Les tourments de l’Autorité se porteront aussi contre personnes se mettant dans la situation condamnable de protéger lesdits hérétiques. 17 mai 399 5.38 Les mêmes Augustes et l’Auguste Théodose, un édit. Personne ne mentionnera la mémoire d’aucun manichéen, d’aucun donatiste qui, à ce que Nous apprenons, ne veulent pas cesser leur folie. Il y aura une seule religion catholique, un seul salut. On ne recherchera qu’une sainteté égale aux trois personnes de la Trinité, une harmonie interne. Mais si quelqu’un se permet de participer à des actes interdits et illégaux, il - 202 -

n’échappera pas aux filets des innombrables règlements précédents ou de la loi que Notre Clémence a précédemment dictée. Si, par hasard, des foules séditieuses s’assemblent, que l’on sache, sans doute possible que les aiguillons pointus d’une très sévère punition s’appliqueront. 12 février 405 5.39 Les mêmes Augustes à leur ami cher, Diotimus, compliments. Nous décrétons que les hérétiques de la superstition donatistes, en quelque lieu que ce soit, paieront sans délai le plein tarif des amendes qu’ils doivent, soit qu’ils reconnaissent leur crime, soit qu’ils en soient convaincus par l’observance rigoureuse de ce que prévoit la loi. 8 décembre 405 5.40 Les mêmes Augustes à Senator, Préfet de la ville Nous avons récemment rendu public ce que nous pensions, au regard des donatistes. Cependant, mentionnons en particulier Notre détermination de poursuivre avec la dernière sévérité les Manichéens, les Phrygiens et les Priscilliens. En conséquence, cette sorte d’hommes n’aura ni loi ni droit en partage avec le reste des humains. En premier lieu, vraiment c’est Notre Volonté qu’une telle hérésie soit considérée comme un crime public, puisque tout ce qui se commet contre la divine religion rejaillit en mal sur tous. Egalement, Nous poursuivrons lesdites personnes en leur confisquant leurs biens, tout en ordonnant, toutefois, qu’ils soient déférés à leurs proches, ascendants ou descendants, collatéraux, même jusqu’au second degré, dans l’ordre normal des successions. Donc, finalement, Nous autorisons une telle parentèle au - 203 -

droit d’héritage, sauf si elle-même s’est rendue coupable de la même faute. C’est également Notre Volonté que les hérétiques eux-mêmes soient mis dans l’incapacité d’accepter quelque don ou quelque héritage que ce soit, d’aucune manière. Bien plus. Nous n’admettrons pas qu’aucune personne ainsi convaincue de crime puisse faire des dons, acheter, vendre ou finalement contracter. En outre, l’enquête se poursuivra au-delà de la mort. Car, si dans les crimes de haute trahison, il est permis que la mémoire du défunt supporte l’accusation du crime, c’est justice qu’en un tel cas aussi le défunt continue à en répondre. Par conséquent, quiconque est accusé d’avoir été un Manichéen ou un Phrygien ou un Priscillien, l’acte de sa dernière volonté sera invalidé, qu’il ait la forme d’un testament, d’un codicille, d’une lettre, ou n’importe. Dans ce cas-là aussi les conditions subséquentes seront respectées, au regard des degrés de parenté énumérées ci-dessus. De plus, Nous ne permettrons pas aux enfants de devenir hérétiers ou susceptibles de l’être, s’ils n’ont pas abjuré la dépravation de leurs pères ; car Nous étendons Notre pardon à ceux qui se repentent de leur transgression. C’est Notre Volonté aussi que les esclaves soient exempts de la faute, si s’écartant de leurs maîtres sacrilèges, ils apportent leur foi et leurs services à l’Eglise catholique. S’il existe une propriété terrienne sur laquelle une réunion de tels gens se tient, alors que le propriétaire, sans être lui-même impliqué dans le crime, en a connaissance et ne l’a pas empêché, une telle propriété sera ajoutée à Notre patrimoine. Si le propriétaire était dans l’ignorance, son gérant ou le régisseur de la propriété sera battu à coups de fouet à lanières et condamné à perpétuité au travail de mines. Le gardien en chef, s’il est suffisamment responsable, sera déporté. Si le gouverneur de la province, par complicité ou favoritisme retarde le procès de tels crimes quand il en a été informé, ou s’il oublier de punir ceux qui ont été condamnés, qu’il sache qu’il subira une amende de vingt livres d’or. Egalement la dé- 204 -

fense et les chefs militaires de chaque cité se verront imposer une pénalité de dix livres d’or, à moins que, dans l’exécution de ces affaires ordonnées par les juges, ils ne fassent preuve de plus de soin et d’habileté. 22 février 407 5.41 Les mêmes Augustes à Porphyre, Proconsul d’Afrique Bien que, selon la coutume, les crimes soient expiés par la sanction, c’est Notre Volonté, cependant, de rectifier les pervers désirs humains par l’exhortation à la repentance. Donc, s’il se trouve des hérétiques , qu’ils soient Donatistes, Manichéens ou bien de tel ou tel type de croyances ou sectes se réunissant pour des rites païens, qu’ils rejoignent par une simple déclaration la foi et les rites catholiques, que nous souhaitons voir adopter par tous ; même dans le cas où de tels hérétiques ont nourri les profondes racines de leur mal par une longue et continuelle méditation au point de paraître exposés à ces lois antérieures, cependant aussitôt auront-ils confessé Dieu par une simple profession de foi, Nous décrétons qu’ils seront absous de toute faute. Ainsi, pour toute offense criminelle, qu’elle soit commise avant ou après, ce que Nous regrettons, bien que la faute paraisse appeler urgemment la sanction, il suffira pour l’annuler qu’ils condamnent leur fausse doctrine, de leur propre mouvement et qu’ils reconnaissent le nom du Dieu toutpuissant, qu’au cœur de leurs périls ils ont la possibilité d’appeler, car quand on invoque le secours de la religion, jamais il ne fait défaut dans les peines. En conséquence, exactement comme Nous ordonnons que Nos lois précédemment édictées pour l’éradication des mentalités sacrilèges soient exécutées jusqu’à leur ultime expression, ainsi Nous décrétons que toute personne qui donne la préférence à la foi de la pure religion, serait-ce même tardivement, ne sera pas soumise à ces - 205 -

lois que Nous avons produites. Nous prenons les règlements suivants pour que tous puissent savoir que l’application de la peine concernant les penchants païens des hommes ne manquera pas d’être faite, et que cela bénéficiera au vrai culte. Que soit respecté l’appui de la loi. 15 novembre 407 5.42 Les empereurs Honorius et Théodose, Augustes, à Olympe, Maître des offices et à Valens, Comte des serviteurs Nous interdisons que ces personnes qui sont hostiles à la religion catholique remplissent un emploi impérial dans les Palais, pour que quiconque ne s’associe à Nous dans le domaine de la foi et de la religion ne s’associe à Nous en aucun domaine que ce soit. 14 novembre 408 5.44 Les mêmes Augustes à Notre cher ami Donat, salut ! La nouvelle et inhabituelle audace des Donatistes, hérétiques et Juifs, a fait voir leur désir de semer la confusion dans les sacrements de la foi catholique. Une telle audace et une peste contagieuse si on la laisse s’étendre et gagner du terrain. Nous commandons donc que la sanction d’une juste peine s’applique à ces personnes qui tentent quoi que ce soit de contraire et d’opposé à la communauté catholique. 24 novembre 408

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5.45 Les mêmes Augustes à Théodore, Préfet du prétoire pour la seconde fois. La vigilance des miliciens, des décurions et de tous les membres des administrations municipales s’exercera à ce que pas un dissident du clergé de l’Eglise catholique n’ait la possibilité de faire un rassemblement illégal, soit sur le territoire de la ville, soit dans quelque recoin. Nous décrétons que la propriété de tels lieux de réunion tombe dans le domaine public, sans que personne ne s’y oppose. Ceux qui oseraient discuter et argumenter sur ce que l’enseignement divin condamne seront proscrits et forcés à l’exil. 27 novembre 408 5.47 Les mêmes Augustes à Jovius, Préfet du Prétoire. Si quelqu’un tentait de contrevenir à ces dispositions prises à maintes reprises pour le salut commun, c’est-à-dire pour les intérêts de la sacrosainte Eglise catholique, à l’encontre des hérétiques et des adeptes d’un autre dogme, il sera dépossédé de ce qu’il avait gagné, quand bien même il tenterait de se prévaloir de Notre recommandation (etc.). 26 juin 409 5.48 Les mêmes Augustes à Anthemius, Préfet du prétoire Nous décrétons que les Montanistes, les Priscillanistes et autres produits d’une même infâme superstition, qui se moquent des punitions vengeresses prévues par quantité d’édits impériaux sacrés, ne seront pas admis aux listes établies sous serment à destination du service impérial, où l’on obéit aux ordres de - 207 -

l’empereur. Mais si quelqu’un parmi lesdites personnes, soit que son statut natif l’ait fait décurion, ou membre du sénat municipal ou membre d’un service impérial en tant que fonctionnaire du gouvernement ait à remplir de telles tâches, Nous ordonnons qu’il soit tenu de les poursuivre, afin qu’il ne puisse pas s’accorder une exemption recherchée, sous le couvert d’appartenance à une religion condamnée. Or, c’est Notre plaisir qu’on ne soit pas dispensé du service impérial, ni dans l’administration gouvernementale, ni dans les conseils municipaux, d’accord avec la loi qui fut promulguée dans la partie occidentale de l’Empire et qui interdit aux adeptes de tels cultes condamnés de passer des contrats et les écarte de toute relation avec le monde romain. 21 février 410 5.51 Les mêmes Augustes, à Héraclion, compte d’Afrique. La divine réponse impériale accordant aux adeptes de la superstition hérétique de se livrer discrètement à leurs rites sera totalement annulée. Tous les ennemis de Notre Sainte Foi sauront que s’ils tentent, par leur maudite témérité criminelle, de se réunir en public, ils souffriront à la fois le châtiment de l’exil et du sang. 25 aout 410 5.66 Les mêmes Augustes à Léontius, Préfet de la ville, Nestor, l'auteur d'une superstition monstrueuse sera condamné et l'appellation qui convient stigmatisera ses partisans afin qu'ils ne gardent pas abusivement le nom de chrétiens. Exactement comme les Ariens, par une loi de Constantin, de sainte mémoire, reçurent le nom de Porphyriens, d'après Porphyre, - 208 -

compte tenu de ce que l'impiété est la même, les adeptes de la secte néfaste de Nestor seront appelés Simoniens, afin qu'il soit clair qu'ils ont reçu le nom de celui qu'ils ont imité en abandonnant Dieu. Que surtout personne n'ose posséder, lire, copier ces livres impures de la secte néfaste et sacrilège de Nestor, écrits contre la vénérable branche des orthodoxes et contre les décrets du très saint synode des évêques, tenu à Ephèse. Nous ordonnons que lesdits livres soient promptement et avec zèle recherchés et brûlés en public. De plus, dans des débats religieux, personne ne fera mention de tels hérétiques, autrement que par le nom que Nous avons indiqué. Personne, ni secrètement, ni publiquement, ne fournira un lieu dans le but qu'une réunion se tienne ni en ville, ni à la campagne, ni où que ce soit. Nous ordonnons que les gens en question n'aient plus le droit de tenir des assemblées; et chacun saura que quiconque violerait ces lois serait puni de la confiscation de ses biens. 3 août 435 Livre XVI 6.4 Les mêmes Augustes à Hadrien, Préfet du prétoire. Nous pourvoyons à ce que, par l'autorité de ce décret, soient extirpés les adversaires de la foi catholique. Par cette nouvelle constitution, donc, Nous ordonnons la destruction de la secte qui, afin de ne pas être appelée hérésie, préfère porter le nom de schisme. Car de ceux qui sont appelés Donatistes, on dit qu'ils sont allés si loin dans la perversité qu'ils refont le sacrosaint baptême avec un criminel mépris de la loi, foulant ainsi au pied les mystères, contaminant par la répétition de cette profanation ceux qui avaient une fois pour toutes été purifiés par le don de la divinité, en accord avec la tradition religieuse. D'où il s'ensuit que le schisme a fait naître l'hérésie. Par conséquent, une séduisante et fausse doctrine allèche les esprits trop cré- 209 -

dules, cultivant l'espoir d'un second pardon, car il est facile de persuader les pécheurs que le pardon accordé une fois peut être accordé une seconde fois; nous ne voyons pas pourquoi il serait refusé une troisième. Lesdites personnes de la sorte contaminent avec le sacrilège du second baptême leurs esclaves et les hommes soumis à leur pouvoir. De là, par Notre Loi nous décidons que tout personne surprise à donner un second baptême sera déférée devant le juge en charge de la province. Donc, les coupables seront sanctionnés par la confiscation de leurs biens et condamnés à la pauvreté d'où il ne leur sera jamais plus possible de sortir. Mais si leurs enfants se distancient de la dépravation de l'association paternelle, ils ne perdront pas le droit à l'héritage paternel. Ainsi, s'il advient qu'ils aient été entraînés dans la perversité de la dépravation paternelle et qu'ils choisissent de revenir à la religion catholique, on ne leur refusera pas le droit d'avoir la propriété de tels biens. En outre, ces lieux ou ces propriétés foncières qui peuvent apparaître ensuite avoir fourni l'abri à de tels funestes sacrilèges iront accroître les ressources du fisc, pourvu qu'il soit établi que le maître ou la maîtresse soit était éventuellement présent, soit avait donné leur consentement; en fait, le maître et la maîtresse porteront aussi, justement, le sceau de l'infamie. Si, cependant, c'est sans la connaissance des propriétaires qu'un tel crime a été perpétré chez eux, grâce à l'entremise du régisseur ou de l'intendant, la sanction de la confiscation du bien foncier ne sera pas prise et les auteurs du crime dans lequel ils auront été impliqués seront battus à coups de fouet et seront frappés d'une sentence d'exil, qui les poursuivra tout au long de leur vie. De plus, afin que personne ne puisse couvrir du secret et du silence la faute de connaître qu'un péché honteux a été perpétré à l'intérieur des murs domestiques, s'il arrive que des esclaves soient contraints à renouveler le baptême, ils auront le droit de - 210 -

trouver refuge dans une église catholique pour bénéficier de sa protection contre les auteurs du crime et leurs associés, protection leur garantissant la liberté. Par cette disposition il leur sera permis de défendre la foi que les maîtres ont combattue contre leur libre arbitre. La loi ne doit pas exposer les défenseurs du dogme catholique à commettre le crime qu'elle interdit à d'autres qui sont sous leur dépendance; il convient tout particulièrement que tout le monde, sans considération de condition ou de statut, soit gardien de la sainteté départie par le ciel. Si, en vérité, certaines personnes parmi les sectes ci-dessus mentionnées n'ont pas craint d'administrer le baptême une seconde fois ou si quelques-uns et en consentant ou en trempant dans l'affaire n'ont pas condamné le crime, qu'ils sachent qu'à jamais leur sera dénié le droit non seulement de faire des testaments, mais aussi d'acquérir quoique que ce soit à titre de dons, ou de passer des contrats, à moins qu'ils n'amendent leurs conceptions et ne corrigent la fausse doctrine de leur esprit perverti en retournant à la vraie foi. La même punition n'épargnera pas plus ces personnes qui se sont compromises dans de telles assemblées interdites ou des cultes tenus par ceux précédemment mentionnés. Donc, si des gouverneurs de province, au mépris de cette décision, supposaient que leur consentement puisse être donné, qu'ils sachent qu'ils seront punis d'une amende de vingt livres d'or et que les personnes de leur administration pourront recevoir la même condamnation. Les chefs de décuries et les miliciens municipaux sauront qu’ils risquent la même amende à ne pas exécuter ce que Nous commandons ou, si en leur présence, quelque violence est faite. 12 février 405

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Livre XVI, Chapitre 7 : "Des apostats" 7.1 Les empereurs Gratien, Valentinien et Théodose, Augustes à Eutropa, Préfet du prétoire Ces chrétiens qui se sont faits païens se verront privés du pouvoir et du droit de faire des testaments et tout testament d'un tel défunt, si testament il y a, sera invalidé par le défaut de fondement. 2 mai 381 Livre 16, Chapitre 8 : Des juifs, des coelicoles et des samaritains 8.1. L'empereur Constantin, Auguste à Evagrius Nous voulons que les Juifs, leurs anciens et leurs patriarches sachent que si, après promulgation de cette loi, l'un d'eux ose attaquer, à coups de pierres - ou de toute autre façon, cela s'est vu - quelqu'un qui aurait pris ses distances vis à vis de leur lugubre secte, pour venir à l'adoration de Dieu, un tel agresseur sera livré aux flammes et brûlé, avec ses complices. En outre, si une personne du peuple s'engage dans leur secte funeste et participe à leurs réunions, il supportera avec eux la punition qu'ils méritent. 13 août 339 8.2 Le même Auguste, à Ablavius, Préfet du prétoire Si certaines personnes s'adonnent avec une dévotion complète aux synagogues des Juifs, comme des patriarches et des prêtres et en viennent à vivre dans la secte en question, et prennent - 212 -

part décisive à l'établissement de leur loi, elles continueront à être exemptes de toutes les charges publiques incombant à titre privé ou civique. Ainsi, de telles personnes qui auraient la charge de décuries, ne seront pas soumises aux corvées d'escortes officielles, puisque de tels hommes ne seront pas obligés de quitter l'endroit où ils sont. En outre, ceux qui ne sont pas décurions seront à jamais dispensés de le devenir. 29 novembre 330 8.3 Les mêmes Augustes, aux décurions de Cologne. Par une loi générale, Nous avons permis aux sénats municipaux de nommer des Juifs dans leurs conseils. Mais, afin que quelque chose de l'ancienne loi demeure à titre de dédommagement, Nous accordons le privilège à deux ou trois personnes de chaque groupe de ne pas être soumis à ce type de nomination. 11 décembre 321. 8.4 Les mêmes Augustes aux prêtres, servants des synagogues, pères des synagogues et tous les autres qui œuvrent dans ladite place. Nous commandons que les prêtres, serveurs de synagogues, pères des synagogues et tous les autres qui œuvrent dans les synagogues soient libres de tout service public obligatoire de nature physique. 1er décembre 331.

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8.5 Les mêmes Augustes à Félix, Préfet du prétoire (Après d'autres sujets). Les Juifs ne permettront pas que soit inquiété ni molesté celui qui s'est converti du judaïsme au christianisme. Une telle offense sera punie selon la nature de l'acte qui aura été commis (etc.). Cette loi n'a aucun besoin d'interprétation. 8 mai 336 8.6 L'Empereur Constantin, Auguste, à Evagre (Après d'autres sujets) Pour tout ce qui concerne les femmes qui, précédemment, étaient employées dans Notre impérial Gynécée que les Juifs ont amenées à s'associer à leur turpitude, c'est Notre plaisir qu'elles soient restituées à cet établissement. Qu'interdiction soit faite désormais aux Juifs d'entraîner des chrétiennes dans leurs vilenies; si, malgré cela, ils le font, ils s'exposeront au risque de la peine capitale. 13 août 339 8.7 Les mêmes Augustes et Julien, César, à Thalassius, Préfet du prétoire. En accord avec la vénérable loi qui a été prise, Nous commandons que, si une personne quelconque se convertit du christianisme au judaïsme et rejoint 3 juillet 357 (ou 353)

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8.8 Les empereurs Théodose, Arcadius et Honorius, Augustes, à Tatianus, Préfet du prétoire Les Juifs se plaignent de ce que certaines personnes exclues de parmi eux par leurs propres décisions, ont été réintégrées par l'autorité des juges, en dépit des dispositions de leurs lois. Nous ordonnons que cesse un tel abus. De même, que des personnes trop zélées dans la susdite superstition n'aient pas la capacité d'organiser des réconciliations indues, que ce soit par le pouvoir des juges ou par l'obtention de subreptices décrets contredisant les volontés de leurs chefs qui, selon ce que décident leurs plus fameux et leurs plus élevés patriarches, ont le droit manifeste de légiférer dans leur propre religion. 17 avril 392 8.9 Les mêmes Augustes à Addeus, Comte et Maître des deux branches de l'Armée d'Orient. Il est suffisamment établi que la secte des Juifs n'est interdite par aucune loi. Aussi, il nous semble gravement choquant que leurs réunions aient été interdites dans certains endroits. Votre Sublime Grandeur s'emploiera donc, après réception de cet ordre, à contenir avec la sévérité qui s'impose les excès de ceux qui, au nom de la religion chrétienne, croient pouvoir commettre des actes illégaux et tenter de dépouiller et détruire les synagogues. 29 septembre 393

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8.10 Les empereurs Arcadius et Honorius, Augustes, aux Juifs Aucun étranger à la religion juive ne fixera les tarifs en lieu et place des Juifs quand ceux-ci mettent leurs produits en vente. Car il est juste de créditer chacun de bonne foi. Par conséquent, les gouverneurs de province ne permettront à quiconque d'enquêter sur vous ou de vous réguler. Mais si quelqu'un, en dehors de vous-mêmes et de vos chefs, s'arroge le droit de s'attribuer ladite prérogative, les gouverneurs ne manqueront pas de le châtier pour usurpation de droits d'autrui. 28 février 396 8.11 Les mêmes Augustes à Claudien, Comte d'Orient Si quelqu'un a l'audace de mentionner de façon injurieuse les illustres Patriarches, il subira une peine rigoureuse. 24 avril 396 8.12 Les mêmes Augustes à Anatole, Préfet du prétoire d'Illyrie Votre Très Haute Autorité s'emploiera à faire connaître, dès réception de cette note, aux gouverneurs qu'ils doivent protéger les Juifs contre les attaques verbales et faire en sorte que leurs synagogues ne soient pas inquiétées. 17 juin 397

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8.13. Les mêmes Augustes à César, Préfet du prétoire Que les Juifs observent leurs rites propres. Cependant, en protégeant leurs privilèges, Nous ne ferons qu'imiter les Anciens dont les mesures avaient déterminé ces privilèges, c'est-à-dire que ceux qui s'appliquent aux clercs de la Vénérable religion chrétienne, par décision de Notre Impériale Divinité, s'appliquent aussi aux sujets soumis à l'autorité des illustres Patriarches, pour ce qui concerne les docteurs, les prêtres et tous ceux qui participent aux cérémonies cultuelles. Ainsi l'avaient précédemment décidé la Divine et Impériale Autorité des saints empereurs Constantin, Constance, Valentinien et Valens. On exemptera donc ces Juifs qui n'obéiront qu'à leurs lois. 1er juillet 397 8.14 Les mêmes Augustes à Messala, Préfet du prétoire C'est le signe caractéristique d'une erreur religieuse que de voir les chefs, les prêtres des Juifs, ou ceux qu'ils nomment missionnaires et que les autorités synagogales envoient à la collecte d'or et d'argent leur porter en retour les fonds qu'ils ont tirés de chacune des synagogues. En vérité, Nous aimerions que ce qui a été collecté à l'occasion de telles missions, soit honnêtement reversé à Notre Trésor. C'est pourquoi Nous décrétons qu'à l'avenir, rien n'ira plus à l'Autorité synagogale. Le peuple juif apprendra donc que Nous avons aboli la pratique d'un tel gaspillage. S'il arrive encore qu'aient lieu de telles missions d'extorsion auprès des juifs, la Justice interviendra afin que soient condamnés ceux qui auraient violé Nos lois. 11 avril 399

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8.15 Les mêmes Augustes, à Eutychès, Préfet du prétoire Nous décrétons que tous les privilèges que Notre père, de sainte mémoire et les précédents empereurs ont conféré aux respectables chefs des synagogues et aux autorités qui leur sont soumises et qui exercent le pouvoir en leur nom, soient maintenues. 3 février 404 8.16 Les mêmes Augustes, à Romulien, Préfet du prétoire Nous décrétons que les Juifs et les Samaritains qui se flattent d'avoir le privilège d'être membre de Notre Service secret perdent l'emploi qu'ils avaient dans l'organisation impériale. 22 avril 404 8.17 Les mêmes Augustes, à Hadrien, Préfet du prétoire Nous avons, par le passé, ordonné que les Juifs de ces régions qui avaient coutume d'apporter leurs contributions à la synagogue ne soient pas taxés. Aujourd'hui, Nous révoquons l'ordre en question, favorable à des privilèges statutaires tels que l'avaient accordé les précédents empereurs et Nous voulons, dans Notre Clémence, que les Juifs aient le privilège de Nous envoyer leurs contributions, comme tout le monde. 25 juillet 404

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8.18 Les empereurs Honorius et Théodose, Augustes, à Anthemius, Préfet du prétoire Les gouverneurs des provinces interdiront aux Juifs, à l'occasion du rite de leur grande Fête Aman, commémoratrice d'une antique épreuve, de jeter au feu et d'incinérer une réplique de la Sainte Croix, dans le but sacrilège de blasphémer contre la foi chrétienne, à moins qu'ils associent à leurs places Notre foi. Qu'ils observent leurs propres rites sans mépriser la foi chrétienne. Il est certain qu'ils perdront tous les privilèges qui leur ont été accordés, s'ils ne mettent pas un terme à de telles pratiques illégales. 29 mai 408 8.19 Les mêmes Augustes, à Jovien, Préfet du prétoire. Une fois de plus, le crime de fausse religion se fait jour sous le nom plus ou moins net que se donnent à eux-mêmes les Coelicoles, inconnus jusqu'à ce jour. Si ces gens, dans le délai d'un an ne retournent pas à l'adoration de dieux et à la vénération du christianisme, ils apprendront qu'ils s'exposent à subir les lois dont Nous avons voulu que les hérétiques aient à connaître. Car il est certain que si une doctrine s'écarte de la foi chrétienne, elle est contraire à la loi chrétienne. Certaines personnes, à vrai dire, peu soucieuses de leur propre vie et de Notre Loi, osent distordre la foi à un degré tel qu'elles obligent certains chrétiens à assumer le détestable et offensant nom de Juifs. Bien que ces personnes coupables d'un tel crime dont dûment été condamnées par les lois des précédents empereurs, cependant, il ne nous déplait pas de les admonester fréquemment de façon à ce que ces personnes qui ont été instruites dans les mystères du christianisme ne soient pas contraintes à souscrire à une - 219 -

perversité qui est juive et étrangère à l'empire romain, après même qu'elles aient souscrit au christianisme. Si certains s'avisaient de tenter un tel parcours, Nous disons que les auteurs d'un tel forfait, ainsi que leurs complices, s'exposent aux sanctions prévues par les précédentes lois, car il est certainement plus grave que la mort et plus cruel que de tuer, de polluer la foi chrétienne avec les impiétés juives. Nous ordonnons donc que personne ne porte la main contre les églises, ou que - texte manquant - avec Notre législation qui est fidèle et tournée vers Dieu, Notre Volonté est que quiconque enfreindra cette loi sera tenu responsable du crime de haute trahison. 1er avril 409 8.20 Les mêmes Augustes à Jean, Préfet du prétoire S'il se trouve en quelque endroit des conventicules de Juifs portant le nom de synagogues, que personne n'ose les violer, les occuper ou se les attribuer, puisque tout le monde a le droit à la jouissance paisible de ce qui lui appartient, sans que l'utilisation religieuse ou cultuelle n'interfère. En outre, puisque le droit et la coutume des temps anciens ont protégé pour lesdits juifs le jour sacré du Sabbat, Nous décrétons qu'il sera interdit que qui que ce soit appartenant à cette religion soit traduit en justice ces jours-là pour affaires publiques ou privées: il y a assez d'autres jours pour se mettre en règle, et il et conforme à la modération de notre présente époque que les privilèges accordés ne soient pas bafoués , quoiqu'il en soit des dispositions prises par les anciens empereurs en la matière. 26 juillet 412.

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Livre, XVI Chapitre 9 : « Les Juifs n’auront pas d’esclave chrétien » 9.1 L’Empereur Constantin, Auguste, à Félix, Préfet du prétoire Si un Juif acquiert un esclave chrétien et le circoncit, ou même un esclave de tout autre secte, une fois circoncis, il ne le gardera pas en esclavage. Au contraire, la personne qui aura subi un tel traitement recevra le privilège de la liberté, etc. 8 mai 336 (ou 21 octobre 335) 9.2 L’Empereur Constantin, Auguste, à Evagrius Si un Juif croit pouvoir faire l’achat d’un esclave d’une autre secte ou d’un autre peuple, un tel esclave sera immédiatement remis au fisc. Si un juif achète un esclave et le circoncit, il sera puni non seulement par la perte de l’esclave, mais il connaîtra aussi la peine capitale. Mais si un Juif n’hésite pas à appeler des esclaves appartenant à la foi vénérable, on lui retirera toutes ces sortes d’esclaves trouvés en sa propriété et aucun délai ne sera souffert concernant la propriété de tels hommes qui seraient chrétiens (etc.) 13 août 339 9.3 Les empereurs Honorius et Théodose, Augustes, à Annas, Didascale et les Anciens des Juifs. Nous ordonnons que les maîtres Juifs, sans craindre quelque chicane que ce soit, puissent posséder des esclaves chrétiens à la seule condition qu’ils permettent à ceux-ci d’observer leur religion. Donc, les juges des provinces examineront avec soin - 221 -

la crédibilité des informations qu’on leur fournit et sauront qu’ils doivent réprimer l’insolence de ces gens qui pensent pouvoir accuser les Juifs au moyen de réclamations indues. Nous décrétons que toutes les manœuvres entreprises frauduleusement et subrepticement dans le passé ou qui pourraient l’être désormais, seront annulées. Qui que ce soit qui viole ces règlements sera puni comme coupable de sacrilège. 6 novembre 415 9.4. Les mêmes Augustes à Monaxius, Préfet du prétoire Un Juif ne doit pas acheter un esclave chrétien ni en faire l’acquisition par le biais d’un don. Si quelqu’un manque au respect de cette règle, il perdra la propriété de ce qu’il a indûment acquis et l’esclave lui-même recevra la liberté, en récompense de ce qu’il aura volontairement fait connaître cet état de chose. Mais un Juif peut voir en toute propriété d’autres esclaves appartenant à la religion vraie, bien qu’il soit lui-même adepte d’une religion néfaste, soit qu’il les possède de longue date, soit qu’il les acquiert par héritage ou par un fonds de garantie, à la condition toutefois de ne pas les réunir volontairement ou non sous l’infecte bannière de sa propre secte. Donc, en cas de violation de cette règle, les auteurs d’un tel crime subiront la peine capitale, après confiscation de ce qui leur appartient. 10 avril 417 10.14 Les mêmes Augustes à César, Préfet du prétoire Si la loi ancienne accordait des privilèges aux prêtres civils, aux ministres, aux préfets, aux hiérophantes des sacrés mystères, qu’ils soient désignés par ce nom ou par un autre, ces - 222 -

privilèges seront complètement abolis. Ces personnes n’auront pas à se réjouir de bénéficier d’une protection spéciale, puisque l’on sait que leur profession est condamnée par la loi. 7 décembre 396 10.15 Les mêmes Augustes à Macrobus, Vicaire d’Espagne et Proclianus, Vicaire des cinq provinces De même que Nous interdisons les sacrifices, c’est Notre Volonté que les ornements des édifices publics soient préservés. Quiconque essaierait de détruire de telles œuvres n’aurait pas l’opportunité de se réjouir de la protection d’aucune autorité, si par hasard il produisait pour sa défense tel rescrit ou telle loi. De tels documents lui seront arrachés des mains et référé à Notre Sagesse. Si une personne se croit à même de produire de telles garanties de la poste impériale, Nous décidons que ces documents soient pris et produits devant Nous. Ceux qui auront accordé à de tels gens le droit d’utiliser la poste seront, chacune, condamnés à payer deux livres d’or. 29 janvier 399 10.16 Les mêmes Augustes à Eutychanius, Préfet du prétoire. S’il existe des temples dans les régions de campagne, ils seront mis à bas, sans troubles ni tumultes. Car quand ils abattus et disparaissent, il s’ensuit que la base matérielle de la fausse croyance est détruite. 10 juillet 399.

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10.17 Les mêmes Augustes à Apollodore, Proconsul d’Afrique De même que Nous avons déjà aboli les rites profanes par une loi salutaire, de même, Nous ne permettons pas l’abolition des assemblées joyeuses de citoyens et les divertissements populaires. Pour cela, Nous décrétons que, selon l’ancienne coutume, des distractions soient fournies au peuple, mais sans sacrifice ni exécrable croyance, et l’autorisation sera donnée de se rendre à des banquets joyeux, à chaque fois que la demande publique s’en fait sentir. 30 août 399 10.18 Les mêmes Augustes à Apollodore, Proconsul d’Afrique. Personne se réclamant de l’autorisation de Nos Décrets n’essaiera de détruire les temples rendus vides d’objets illicites. Car Nous décidons que l’état des édifices doit demeurer inaltéré ; mais si l’on surprend quelqu’un à perpétrer un sacrifice, il sera puni suivant les lois. Les idoles seront démontées sous la direction des autorités après qu’une enquête ait eu lieu, puisqu’il est évident qu’encore aujourd’hui un culte déraisonnable est rendu aux idoles. 30 août 399 10.19 Les empereurs Arcadius, Honorius et Théodose, Augustes à Curtius, Préfet du prétoire (Après d’autres questions) Que les impôts en nature soient décomptés aux temples et reversés au bénéfice des dépenses destinées aux meilleurs de nos soldats.

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Si, encore aujourd’hui, des idoles se tiennent devant les temples et les oratoires, pour avoir reçu ou recevoir l’adoration des païens de partout, on les arrachera de leurs bases, puisque Nous rappelons que cette réglementation a maintes fois été établie. Les édifices des temples eux-mêmes, qu’ils soient situés dans ou hors des villes seront détruits partout et les temples situés sur Nos terres seront transférés aux usages qui conviennent. Les propriétaires auront l’obligation de les détruire. Il ne sera en aucun cas permis de tenir des banquets ouverts en l’honneur des rites sacrilèges dans les lieux funéraires ou pour célébrer quelque solennelle cérémonie. Nous garantissons aux évêques de tels lieux le droit de faire appel à leur pouvoir ecclésiastique pour interdire de telles pratiques. En outre, Nous condamnons les juges à une peine de vingt livres d’or, et les membres de leurs équipes à la même somme, s’ils négligent par connivence, de faire appliquer ces règlements. 15 novembre 408 10.20 Les Empereurs Honorius et Théodose, Augustes Nous ordonnons que les prêtres de la fausse religion païenne subissent la punition appropriée à moins qu’avant les calendes de novembre, ils s’éloignent de Carthage et retournent dans les villes de leurs ancêtres. Que les mêmes prêtres, à travers toute l’Afrique subissent la même punition, à moins qu’ils ne quittent la cité métropolitaine pour regagner leurs propres villes. Egalement, conformément à la législation de saint Gratien, Nous ordonnons que tous les lieux sous la coupe de la fausse doctrine des Anciens et de leurs rites sacrés soient affectés à Notre Trésor privé. Conséquemment, à partir du jour où il fut interdit que des dépenses publiques aillent à cette détestable fausse croyance, les ressources issues de tels lieux seront sous- 225 -

traites à leurs propriétaires illicites. Mais si la bonté d’un précédent Empereur ou si Notre Majesté souhaite que quoi que ce soit des biens précités reste garanti à ces personnes, cette propriété restera valide à jamais en tant que leur patrimoine. Nous décrétons que cette réglementation ne s’appliquera pas seulement à travers l’Afrique, mais à travers toutes les parties de Notre monde. (…) 30 août 415 10.21 Les mêmes Augustes à Aurélien, Préfet du prétoire pour la seconde fois (Après d’autres questions). Ces personnes souillées par les fausses doctrines ou les crimes des rites païens ne seront pas admises dans les services impériaux et ne recevront pas l’honneur du rang d’administrateur ou de juge. 7 décembre 416 10.22 Les mêmes Augustes à Asclepiodote, Préfet du prétoire (Après d’autres questions) Les règlements et dispositions antérieurement promulguées supprimeront toute survivance du paganisme, quoique nous pensions qu’il n’y en a déjà plus (etc). 9 avril 423 10.24 Les mêmes Augustes, à Asclepiodotus, Préfet du prétoire (Après d’autres questions). Nous punissons de la privation de leurs biens et de l’exil, les Manichéens, ainsi que ceux que l’on appelle les Pépysites. De même, ces personnes qui sont pris que tous les autres hérétiques pour la seule raison précise qu’ils - 226 -

s’écartent de la croyance générale concernant la date de Pâques, subiront la même peine, s’ils persistent dans ladite folie. Mais Nous commandons spécialement que ceux qui sont chrétiens, ou supposés tels, ne s’abritent pas derrière l’autorité de la religion en portant la main contre les Juifs et les païens qui vivent tranquillement et ne tentent rien de contraire à l’ordre et à la loi. Car si de tels Chrétiens se livrent à des violences à l’encontre de personnes vivant tranquillement et s’approprient leurs biens, on les obligera non seulement à restituer ce dont ils se sont emparés, mais même le triple ou le quadruple de ce qu’ils auront dérobé. Egalement, les gouverneurs des provinces et leurs équipes sauront que, s’ils permettent de tels délits, la même peine qu’aux criminels s’appliquera à eux. 8 juin 423 10.25 Les empereurs Théodose et Valentinien, Augustes, à Isidore, Préfet du prétoire Nous interdisons à toutes ces personnes d’esprit païen et criminel de pratiquer toute détestable immolation de victimes, tout odieux sacrifice et toutes ces actions du même genre condamnées de longue date par les autorités. Nous ordonnons que leurs sanctuaires, leurs temples, leurs chapelles – même s’il n’y en a plus beaucoup – soient détruits sur injonction des magistrats et qu’ils soient purifiés par l’érection d’un signe de la vénérable religion chrétienne. Que chacun sache que s’il est établi par une preuve convenable devant un juge compétent que quelqu’un s’est moqué de cette loi, à celui-là s’appliquera la peine de mort. 14 novembre 435

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