CRIS DE HAINE ET RITES D'UNITE 2503502555, 9782503502557

La violence semble une composante permanente de la vie urbaine au Moyen-Age. Dans l'espace clos que ménagent les re

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CRIS DE HAINE ET RITES D'UNITE
 2503502555, 9782503502557

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Nicole Gonthier

CRIS DE HAINE ET RITES D'UNITE La violence dans les villes, xn1e -xv1e siecle

BREPOLS

Illustration de couverture: Rixes entre femmes, couteaux tires, galanteries, prostitution et corruption voisinent avec l'ordre, Ja charite, Je travail. A l'interieur de ses remparts, au cceur des cloisonnements de ses rues et de ses habitations,

la ville maintient un equilibre fragile entre les saints et les demons. (B.N., ms. fran9. 18, saint Augustin, La Cite de Dieu. Enluminure de Fran9ois Fouquet).

© 1992 Brepols Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction (integrales ou partielles) par tous procedes reserves pour tous pays. D/1992/0095/19 Depöt legal premier trimestre 1992 ISBN 2-503-50255-5 Imprime en Belgique

AVANT-PROPOS

Une etude exhaustive des violenees urbaines, deerites dans leur deroulemen t evenementiel, ne saurait trouver plaee en ees quelques pages. L'entreprise serait a la fois ambitieuse et risquee ear foreement laeunaire. En outre, les nombreuse s monograph ies urbaines que les historiens europeens ont realisees a ee jour abordent parfois ee sujet, a l'eehelon de l'histoire loeale. D'un autre eöte, des ouvrages thematiques sur les revoltes ou la marginalite ont traite de ees phenomene s en exposant les cireonstanees preeises qui les ont engendres. Que le leeteur ne s'attende clone pas a retrouver la une histoire de la Ville, ni une histoire de la eriminalite . Il s'agit plutöt d'analyser et de eomprendre les attitudes individuelles ou eolleetives qui portent les habitants des villes, du Xllle au XVIe siede, a des aetes de violenee; il s'agit de saisir eomment la violenee s'inserit dans la vie de ehaque jour, de quel poids elle pese dans les rapports soeiaux, dans la culture urbaine, dans l'evolution des gouvernements munieipaux . Ajoutons que ees quelques pages, souvent fondees sur des information s direetement prelevees dans les arehives que l'auteur a eonsultees, se veulent surtout une synthese des reeherehes reeentes produites par l'histoire des mentalites ou l'histoire soeiale. Cette synthese est clone tributaire des ehoix que font les eeoles historiques, des themes d'etude privilegies par tel ou tel pays, de l'abondanee plus ou moins grande des arehives clont disposent les ehereheurs. On eonstatera par exemple, parmi les referenees abordees, la part importante des eites italiennes, amplement etudiees par les historiens sous

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LA VIOLENCE DANS LES VILLES

tous leurs aspects - topographique s, economiques, sociaux et culturels - mais une pauvrete documentaire plus regrettable en ce qui concerne les villes anglaises. Cependant un tel desequilibre ne doit pas compromettre les conclusions proposees car on a voulu envisager cette etude de la violence d'une maniere suffisamment generale pour qu'elle ne soit pas affectee par les particularites regionales. Tout en tenant compte, bien sfir, de celles.:ci, a travers des exemples multiples et varies, ce sont les points communs des societes urbaines, en matiere de violence, que l'on a desire mettre en evidence. 11 est certain que cette synthese n'est qu'une etape dans une recherche sur la violence, les deviances, la criminalite et les systemes repressifs, entamee depuis moins de vingt ans par les historiens.

INTRODUCTION

La violence dans les villes : le theme redevient d'actualit e quand des acces de fievre destructri ce secouent pfriodiqu ement les banlieues de nos metropoles. Chacun de decrire alors le mal de vivre que developpe le milieu urbain, les sordides condition s d'existenc e que reservent quelques quartiers, et de produire les statistiqu es criminell es qui, annee par annee, mesurent les variations des pulsions agressives des habitants. Pareille recherche des causes et des consequences est-elle possible pour des pfriodes aussi reculees que la fin du Mayen Age et l'aube de la Renaissance, epoques Oll les villes accedent a un haut degre d'autonom ie Oll deviennen t des partenaire s politiques dans la constructi on des etats? Oui, car les sources abondent qui decrivent des violences ayant pour cadre une cite. Les chronique s, les textes romanesques, les registres de deliberati ons echevinales Oll consulaires, les lettres et les pieces des chancelleries royales ou imperiales, et bien sur les plethoriqu es archives judiciaire s ne cessent de mentionn er rixes, viols, guerres factieuses et "effrois" meurtriers. Le nombre de ces references suscite une premiere interrogation : la ville presente-t-elle un milieu si particulie r qu'il engendre semblable fureur? La reponse a cette question se trouve dans une etude attentive des hommes qui se cotoient dans l'espace urbain. Leurs rivalites, les interets qui les opposent, les ecarts de fortune, de culture, Oll d'age qui les separent, tOUS les facteurs de dissension doivent etre analyses et peses afin de comprend re pourquoi les societes des villes se dechirent de fa